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(Neuf heures quatre minutes)
Le Président (M. Audet): Je déclare la
séance de la commission de l'économie et du travail ouverte. Je
vous rappelle le mandat de la commission, qui est de procéder à
une consultation générale sur la proposition de plan de
développement 1993-1995 d'Hydro-Québec.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Parent
(Sauvé) est remplacé par M. Fradet (Vimont); Mme Dupuis
(Verchères) par Mme Marois (Taillon).
Le Président (M. Audet): Merci. Alors, les membres de la
commission ont pris connaissance de l'ordre du jour. Est-ce que l'ordre du jour
est adopté?
Une voix: Adopté.
M. Chevrette: Oui, mais avec une suggestion.
Le Président (M. Audet): Oui.
M. Chevrette: Étant donné qu'il y a un groupe qui
ne se présente pas...
Le Président (M. Audet): D'accord.
M. Chevrette: ...me dit-on on me dit que les
ingénieurs ne viennent pas donc je suggère qu'on devance
tous les groupes pour finir à 21 heures au lieu de 22 heures.
Mme Bacon: Bien, c'est parce que, si on fait ça... Il y a
les discours en Chambre, si ma mémoire est fidèle, sur la
journée des femmes.
M. Chevrette: Ah! Ah!
Mme Bacon: Vous allez vouloir être présent, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Madame, j'irai vous écouter avec tous
les...
Mme Bacon: Non, non, pas moi, là, mais on va
écouter les autres.
M. Chevrette: Ça veut dire que vous commenceriez à
16 heures au lieu de 15 heures.
Mme Bacon: Bien, probablement. C'est assez long,
habituellement.
M. Chevrette: Ah! moi, je ne peux pas résister... Mme
Bacon: Vous ne pouvez pas refuser ça.
M. Chevrette: ...à une telle demande en cette
Journée internationale des femmes, qui était hier.
Le Président (M. Audet): Alors, l'ordre du jour est
modifié...
Mme Bacon: Pourquoi on ferait...
Le Président (M. Audet): ...dans la mesure où, cet
après-midi, nous pourrons reprendre nos travaux à 16 heures.
M. Chevrette: 16 heures.
Le Président (M. Audet): Ça va?
Mme Bacon: C'est ça.
Le Président (M. Audet): O.K. Alors, je vous rappelle
brièvement les groupes que nous entendons ce matin. Je veux souhaiter la
plus cordiale bienvenue au Conseil de la culture des régions de
Québec et de Chau-dière-Appalaches. Monsieur, mesdames. Ensuite,
à 10heures, nous recevrons l'association des producteurs privés
d'hydroélectricité du québec. suivra ensuite, à 11
heures, les ami-e-s de la terre du québec.
Alors, puisque nos invités ont déjà pris place, je
vous rappelle brièvement nos règles de procédure: vous
disposez d'une vingtaine de minutes pour vous présenter d'abord
ce qui est très important pour le Journal des débats
et ensuite faire l'exposé de votre mémoire. Ensuite
suivra une période d'échanges d'une quarantaine de minutes.
Alors, M. Cloutier, ou madame, peu importe, là. Alors, madame,
allez-y.
Conseil de la culture des régions de
Québec et de Chaudière-Appalaches
Mme Laliberté (Manon): Mme la ministre, M. le
Président, Mmes et MM. les membres de la commission parlementaire, au
nom des 2500 artistes professionnels et travailleurs culturels des
régions 03 et 12 qu'il représente, le Conseil de la culture
souhaite d'abord remercier la commission de l'économie et du travail de
lui
donner l'occasion, ce matin, de participer aux débats sur le plan
de développement d'Hydro-Québec.
Je voudrais vous présenter immédiatement les personnes qui
m'accompagnent ce matin: à ma droite, M. Jean-Paul Cloutier, premier
président de la Fondation de l'Opéra de Québec,
trésorier de la Corporation de l'Opéra de Québec et
représentant la table musique; Mme Louise Laplante, directrice
générale de l'Orchestre symphonique de Québec; à ma
gauche, Me Andrée Kronstrom, secrétaire du Conseil de la culture
et représentante du secteur danse. Je voudrais également signaler
la présence dans cette salle de plusieurs représentants du milieu
culturel de notre région. Mon nom est Manon Laliberté, et je suis
la directrice générale du Conseil de la culture.
Je voudrais immédiatement passer la parole à Me Kronstrom
qui vous rappellera brièvement la mission de notre organisme, puis
à M. Jean-Paul Cloutier qui vous présentera une synthèse
de notre mémoire ainsi que nos recommandations. Merci.
Le Président (M. Audet): Merci.
Mme Kronstrom (Andrée): Alors, comme Mme Laliberté
vient de le souligner, notre conseil de la culture représente les
artistes professionnels et travailleurs culturels des régions de
Québec et de Chaudière-Appala-ches. Sa mission principale est
d'assurer le développement culturel de son territoire. Le Conseil assume
cette mission à partir d'une approche fondée sur la concertation
et au moyen d'une structure représentative du milieu. Le Conseil de la
culture des régions de Québec et de Chaudière-Appalaches
est ainsi la principale instance de concertation du milieu culturel dans la
région. Les préoccupations et recommandations
énoncées dans le présent mémoire sont directement
issues de ce milieu, et c'est, en fait, à la demande des organismes
qu'il représente que le Conseil de la culture intervient dans la
discussion du plan de développement d'Hydro-Québec.
Pour le milieu culturel, il est essentiel que les membres de la
commission chargée d'étudier le plan de développement
d'Hydro-Québec soient informés du rôle joué par
Hydro-Québec dans le développement culturel et ainsi
sensibilisés aux implications que pourraient avoir, dans le domaine
culturel, les orientations prises par la société
d'État.
Alors, M. Cloutier va maintenant brièvement résumer les
caractéristiques du rôle joué par HydroQuébec dans
le secteur de la culture, le jugement que nous en faisons et les
recommandations qui en découlent. M. Cloutier.
M. Cloutier (Jean-Paul): Alors, M. le Président, Mme la
ministre, MM. les membres de la commission parlementaire, vous voyez que la
journée de la femme, pour nous autres, ce n'est pas seulement un nom.
Voyez comment je suis entouré ce matin. Je suis entouré de
trois...
M. Chevrette: Un vrai ancien politicien.
M. Cloutier: Oui. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Cloutier: On garde cette qualité-là...
M. Chevrette: Ha, ha, ha!
M. Cloutier: ...de l'équilibre.
Mme Bacon: Vous allez encourager le député de
Joliette.
M. Cloutier: Oui, c'est vrai. (9 h 10)
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Cloutier: Alors, je vais faire un bref résumé.
Je n'ai pas l'intention de lire le mémoire vous l'avez
mais ça nous est apparu important, le Conseil de la culture qui
regroupe, qui chapeaute tous les organismes culturels de la région de
Québec, de venir faire une intervention au sujet du plan de
développement d'Hydro-Québec. Et ça adonne bien, Mme la
ministre, qui a déjà été ministre des Affaires
culturelles, comprend bien, je pense, l'importance que nous soulignions cet
aspect de l'intervention d'Hydro-Québec dans le domaine culturel.
Aujourd'hui, je pense qu'il est admis et il est souhaitable que les
entreprises soient des bons citoyens corporatifs, et une entreprise de
l'envergure d'Hydro-Québec doit être un citoyen responsable, et
d'autant plus que le secteur culturel, c'est un secteur qui crée des
emplois, c'est un secteur générateur d'activité
économique, et ça, je pense que ça a été
amplement démontré.
Quelle est la place, quelle est cette place qu'Hy-dro-Québec a
prise avec les années dans le secteur culturel? Nous, pour notre part,
nous sommes très satisfaits le Conseil de la culture veut le
souligner par son intervention de ce matin de l'appui
d'Hydro-Québec dans ce secteur. Son intervention est basée sur un
soutien majeur. Chaque année, dans la région, la région
03, la région de Québec, il y a des subventions qui sont
versées à une cinquantaine d'organismes, et 50 organismes dans le
domaine culturel, dans la région de Québec, c'est important. Et
c'est une politique on pourrait la caractériser comme suit, aussi
très diversifiée.
Hydro-Québec ne se contente pas d'appuyer les grands organismes
culturels comme, en fait, ceux qui sont représentés ici ce matin,
en grande majorité, soit l'Orchestre symphonique, ou l'Opéra de
Québec, ou la danse, mais il y a une foule de petits organismes qui,
aussi, profitent de cette redistribution que fait HydroQuébec dans le
domaine culturel. Et aussi, je pense qu'il faut le souligner, cette politique
d'Hydro-Québec d'attribuer de l'aide et des subventions s'appuie sur une
analyse sérieuse des performances artistiques. Ce n'est pas
distribué comme ça, là, sans fondement. Et aussi,
ça s'appuie sur une continuité: quand Hydro commence à
appuyer un organisme, c'est continu après ça; ce n'est pas
une année et, après ça, ça disparaît;
ça se continue. Alors, on doit féliciter la société
d'État pour ces caractéristiques de son aide au secteur
culturel.
Ces sommes-là sont loin d'être négligeables.
Évidemment, je n'ai pas, ce matin... C'est Hydro qui pourrait founir,
là, des chiffres, mais je sais personnellement, pour avoir milité
dans plusieurs organismes, quelle est l'importance de l'aide. Et, moi, je pense
que Mme Laplante, au cours des échanges, tantôt, pourra donner des
chiffres pour l'Orchestre symphonique. Notre président, M. Jacques
Perreault, le président de la Fondation de l'Opéra, pourra faire
la même chose pour l'Opéra. Alors, cette aide-là, ce n'est
pas négligeable, c'est important. Et ça constitue aussi un effet
d'entraînement pour les autres entreprises du secteur privé.
Vous savez, quand Hydro décide d'appuyer un organisme, on le dit
et on le dit avec fierté, parce que c'est un signe de qualité
pour la performance artistique de ces organismes-là, et ça incite
d'autres entreprises à faire la même chose. Et, je l'ai dit
tantôt, ça s'inscrit aussi, cette aide-là, dans la
durée, alors c'est une contribution à la stabilisation des
entreprises et à la consolidation des organismes culturels, surtout des
plus petits organismes qui ont moins de moyens que les grands que j'ai
mentionnés il y a un instant. on ne voudrait pas non plus laisser croire
qu'hy-dro-québec est seule à soutenir le secteur culturel. je
pense qu'on pourrait mentionner, et vous le savez, ici, à la commission
parlementaire, des grandes entreprises comme le mouvement desjardins, bell
canada, alcan, la laurentienne, enfin des institutions financières dans
la région de québec sont aussi des partenaires. bien souvent, ce
sont des partenaires de la société d'état dans
l'intervention en faveur des organismes culturels.
C'est important. Je dirais que c'est d'une importance cruciale, les
soutiens d'Hydro-Québec, parce que les activités culturelles ne
peuvent pas s'autofinancer, c'est impossible. Écoutez, si on chargeait
le prix réel du billet pour une production d'envergure, ça serait
hors de portée pour la majorité des gens. Alors, c'est pour
ça qu'il faut qu'il y ait un soutien. D'abord, le premier soutien, bien
sûr, c'est les gouvernements. Je pense que Mme Bacon est bien
placée pour le savoir, ayant été ministre des Affaires
culturelles, que le premier soutien, c'est évidemment les gouvernements.
Mais, après ça, je pense que le secteur privé doit
être présent aussi.
On a vécu une période plus difficile, ces deux ou trois
dernières années. Les entreprises du secteur privé, les
grandes entreprises du secteur corporatif ont été obligées
de faire des choix. Elles ont beaucoup de demandes et, dans le flot de demandes
qu'elles reçoivent, ces entreprises, des fois, elles sont
obligées de laisser passer des organismes qui, par ailleurs,
mériteraient d'être appuyés. Alors, la période de
récession ne nous a pas rendu la vie facile, mais on sent que,
maintenant, en 1993, on peut espérer que ça ira mieux.
À Québec je le dis surtout pour ceux qui sont
peut-être moins familiers avec l'économie de la région
ici, il y a moins de sièges sociaux, c'est moins... On regarde
à Montréal, quand il paraît des annonces dans les journaux
sur les interventions des grandes entreprises, il y en a plus, des
sièges sociaux, c'est plus important. Alors, à Québec, on
peut les compter sur, je pense, les doigts d'une main ou de deux mains, les
grands sièges sociaux. Alors, on apprécie qu'Hydro se conduise
comme un siège social ici, à Québec, et que son
intervention soit majeure.
Alors, je résume, M. le Président, en terminant, en disant
que notre intervention, c'était pour sensibiliser les membres de la
commission parlementaire à ce volet de l'activité d'Hydro, si
vous voulez. Dans son plan de développement, on ne voudrait pas que le
secteur culturel soit oublié ou que la marge de manoeuvre d'Hydro soit
rétrécie au point que ça pourrait compromettre la survie
de certains organismes. Alors, on voulait aussi rendre, bien sûr,
crédit à Hydro-Québec pour les efforts très
sérieux consentis jusqu'ici, en souhaitant, évidemment,
égoïstement, que ça se continue. Et on ne voudrait pas
qu'Hydro remette en cause ses efforts qu'elle a mis des années à
bâtir et cette politique qu'elle a mis des années à
bâtir.
Alors, nous recommandons, évidemment, et c'est normal, au nom du
milieu culturel, que, dans son plan de développement futur,
Hydro-Québec continue de disposer des moyens nécessaires pour
maintenir son implication dans le secteur culturel. Hydro-Québec doit
rester une institution sur laquelle le monde culturel peut compter, et
particulièrement ici, dans la région de Québec.
Alors, merci, M. le Président, et on est prêts à
répondre à des questions.
Le Président (M. Audet): Merci. Je vais maintenant
reconnaître Mme la ministre de l'Énergie et des Ressources.
Mme Bacon: Alors, mesdames, messieurs, je voudrais vous remercier
d'être ici, à la commission parlementaire qui se penche,
évidemment, davantage sur le plan de développement
d'Hydro-Québec. Mais, comme vous nous le dites si bien, c'est un tout.
Je pense qu'Hydro-Québec, quand elle se conduit comme un bon citoyen
corporatif, c'est aussi important dans son plan de développement.
Vous mentionnez dans le mémoire que nous avons reçu que
les entreprises doivent être de bons citoyens corporatifs,
s'intégrer aussi dans la vie culturelle de leur société.
Est-ce que, selon vous, Hydro-Québec cible bien son appui dans le
domaine culturel?
M. Cloutier: Cible bien son appui?
Mme Bacon: Cible bien son appui, oui, dans les différents
secteurs qu'elle supporte.
M. Cloutier: Bien, si on se base sur les critères
qu'utilise Hydro-Québec pour appuyer les organismes culturels, on peut
dire que chacun des organismes étant pris individuellement Mme
Laplante pourrait parler
pour l'Orchestre symphonique; moi, je pourrais parler pour
l'Opéra de Québec on peut dire qu'on est satisfaits de
l'intervention d'Hydro-Québec. La polyvalence et la diversité de
son intervention nous font constater qu'elle appuie aussi les petits organismes
parce que, aussi, on est appelés, nous, à faire la promotion de
ces petits organismes là.
Alors, je pense qu'Hydro-Québec aussi, dans ses choix, fait les
bons choix des organismes à appuyer. Évidemment, si ses moyens
étaient plus considérables... J'imagine qu'Hydro-Québec
doit aussi refuser, parfois, d'intervenir non pas dans certains secteurs, parce
que la liste que... J'ai vu, moi, une liste d'interventions
d'Hydro-Québec, et je peux dire qu'il n'y a pas beaucoup d'organismes
qui ont été oubliés. Tous les secteurs, de façon
plus ou moins importante... Et, là-dessus, je pense que Mme Laplante, du
côté de l'Orchestre, pourra donner tantôt des chiffres si
elle le désire.
Mme Bacon: Vous parlez de critères. C'est basé sur
des critères, quand même, les sommes qui sont versées.
Quels sont les critères qui sont utilisés par Hydro-Québec
et peut-être que Mme Laplante peut répondre à
ça pour investir des sommes dans des régions
données?
Mme Laplante (Louise): Mme la ministre, merci de cette question.
Je pense que ce qu'on me demande à Hydro-Québec, c'est d'abord de
prouver l'appui du Québec. Et, dans ce cas-là, dans le cas de
l'Orchestre symphonique de Québec, il se trouve qu'Hydro-Québec a
commencé par subventionner une série nouvelle qui s'adressait
à un large public. Donc, ça a commencé par un désir
de développement de l'auditoire. Et cette série, qui s'appelle la
Série Hydro-Québec, très originalement, a eu
énormément de succès. C'est la série la plus
populaire. C'est elle qui amène à l'Orchestre des milliers de
nouvelles personnes à chaque année, donc qui nous permet de
rencontrer des objectifs, je dirais, de développement de l'auditoire,
donc des objectifs philosophiques. (9 h 20) évidemment, la question
financière est très importante. j'aimerais, si vous le permettez,
parler de l'impact dans un budget comme celui de l'orchestre. et j'imagine
qu'on pourrait faire un peu la même démonstration, dans d'autres
proportions, dans des budgets un peu plus petits. on nous demande, le
ministère de la culture nous demande de chercher de l'appui
auprès des entreprises privées. on doit faire cette
démonstration-là, nous, au gouvernement qui nous subventionne.
et, dans un budget, disons, de 4 000 000 $ comme le nôtre, on va chercher
25 %, c'est-à-dire 1 000 000 $ en dons et en subventions corporatives.
si on n'avait pas ça, c'est-à-dire qu'il nous manquerait 25 % de
notre budget. qu'est-ce qui arriverait? comment pourrions-nous faire la
démonstration auprès de ceux qui nous subventionnent,
auprès du ministère, auprès du conseil des arts,
auprès de la ville de québec, de la communauté urbaine,
quand on nous demande, d'un côté: allez chercher des sous dans le
secteur privé? alors, on doit faire cette
démonstration-là. Et, du côté du secteur
privé, inversement, on doit faire la preuve qu'on est un organisme qui
est valable et qui répond à des besoins de la population.
Je pense que c'est un tout. C'est notre système
nord-américain, particulièrement canadien, qui est comme
ça. Vous savez qu'il est très... Ce n'est pas à vous que
je vais démontrer comment ça fonctionne ici, mais on doit
compter... C'est majeur, cette aide. Et, si elle est plus petite dans d'autres
organismes, elle est probablement aussi importante en termes de pourcentage ou
en termes d'impact sur le budget. alors, en réalité, si on
regarde un peu une perspective d'avenir, qu'est-ce qui nous attendrait si
l'orchestre symphonique de québec perdait, par exemple, les 80 000 $
à 90 000 $ qu'hydro-québec injecte chaque année? où
irions-nous les chercher? combien de dons individuels est-ce que ça peut
prendre pour aller chercher 90 000 $, et combien encore de subventions ou de
pourcentage de subventions? ça va retomber sur la table de la ministre
de la culture, c'est évident, s'il y a une perte comme ça. je
pense que, dans notre système canadien, c'est un jeu d'équilibre.
il y a environ 40 % à 50 % qui proviennent de subventions, il y a 20 %,
25 % qui viennent de dons et le reste vient de la billetterie. et c'est la
même chose, finalement, qu'en europe, parce que, en europe, finalement,
c'est 20 %, 25 %, 30 % qui viennent de la billetterie. les 80 % viennent des
gouvernements. là, c'est un partage entre le gouvernement, l'entreprise
privée et les individus.
Mme Bacon: II serait peut-être intéressant de
comparer la contribution d'Hydro-Québec au soutien des arts avec celle
d'Hydro-Ontario, ou peut-être encore avec celle d'autres entreprises
d'utilité publique ailleurs au Canada ou même aux
États-Unis. Est-ce que le Conseil a accès à des
données qui nous permettent ce type de comparaison, et peut-être
quelle conclusion pourrions-nous en tirer, de ça, si vous avez
accès à ces données-là?
Mme Laliberté: Actuellement, nous n'avons pas accès
à ce genre de données-là, mais ce serait
intéressant, effectivement, de les confronter.
Mme Bacon: Pour pouvoir comparer. Les interventions
d'Hydro-Québec se font certainement en concertation avec le milieu.
Est-ce que les organismes représentatifs du milieu ont leur mot à
dire quand la concertation se fait avec Hydro-Québec?
M. Cloutier: De la façon que...
Mme Bacon: Comme le Conseil, par exemple?
Mme Laliberté: II n'y a pas de lien direct, sauf que tous
ces gens-là sont appelés à travailler ensemble par
l'intermédiaire de comités, comité arts-affaires à
la chambre de commerce et différents comités, en fait, qui
travaillent autour de la question des arts et des affaires et de la notion de
commandite. Donc, à l'intérieur de
ces instances-là, les gens sont appelés à se
parler, mais, pour Hydro-Québec en tant que telle, ce sont des
critères bien précis qui évaluent chacune des demandes de
commandite.
Mme Bacon: Ça se fait directement avec les groupes
eux-mêmes et non avec tout le milieu, comme votre groupe à
vous?
Mme Laliberté: Ça se fait directement par
Hydro-Québec, sur une base d'évaluation, sur une grille
d'évaluation.
M. Cloutier: Par exemple, si on prend l'exemple de l'Opéra
M. Perreault et M. Boutet sont ici, les deux présidents actuels
quand on veut produire un événement spécial,
mettons un récital d'opéra comme celui de ce soir à
l'Assemblée nationale, on fait appel à des commanditaires
privés. Alors, on fait notre propre demande à
Hydro-Québec, et Hydro étudie notre demande sur la base des
critères qu'on a soulignés, et là elle prend une
décision. Mais il n'y a pas, comme Mme Laliberté le disait, de
concertation organisée dans le milieu pour dire: Voici, on
présente à Hydro un plan global pour la région de
Québec, parce que je pense que ça serait aller peut-être un
peu loin dans la place que l'on prendrait. Alors, chacun des organismes,
actuellement... Est-ce qu'Hydro-Québec fait un genre d'équilibre?
Ça, c'est elle qui pourrait répondre à ça.
Mme Bacon: D'accord, merci.
Le Président (M. Audet): Merci. M. ie député
de Joliette.
M. Chevrette: Tout d'abord, un commentaire qui
s!adresse à Hydro. J'apprécierais qu'on connaisse
précisément la politique de développement culturel, sa
participation culturelle; ses critères, comme vous avez
mentionné, j'aimerais les avoir. Je voudrais savoir les secteurs
subventionnés dans le niveau culturel. Est-ce que c'est seulement
l'aspect ou les troupes professionnelles, ou bien s'il y a également,
dans le loisir socioculturel, des subventions? J'apprécierais de savoir
les montants annuels qui sont versés par Hydro dans le domaine culturel.
Ça serait intéressant qu'Hydro fasse connaître ces ch^es,
comme citoyen corporatif, d'autant plus que nous sommes tous des actionnaires
d'Hydro, donc on a le droit de connaître, naturellement.
Vous avez mentionné une chose qui est importante et qu'on ne
souligne pas assez: c'est dans le domaine culturel que ça coûte le
moins cher de créer un emploi. Ça, on devrait le dire assez...
Parce qu'il y a des gens qui, surtout dans des périodes de
récession économique, disent: Regarde-les donc donner de l'argent
à la culture! Si ma mémoire est fidèle Mme la
ministre pourra me corriger avec 8000 $, tu peux créer un emploi
dans le domaine culturel, alors que, dans le domaine industriel, c'est souvent
à coup de 30 000 $, 40 000 $, 50 000 $ que tu crées un emploi.
Et, dans certains cas, c'est 200 000 $. Donc, il n'y a pas de cachette à
les dire, ces choses-là, pour démystifier
précisément l'apport que peut donner un citoyen corporatif
à la création d'emplois dans tel ou tel secteur. Et ça, je
pense qu'on ne le dit pas assez. Et, comme politiciens, on ne contribue pas
à démystifier, précisément, probablement pas de
mauvaise foi, mais on devrait le dire très clairement, parce que c'est
des choses concrètes qui ne sont pas assez véhiculées sur
le terrain.
Ma question. Vous dites je vais essayer de retrouver l'endroit
précis à la page 3 de votre mémoire: «Le
Conseil de la culture des régions de Québec et de
Chaudière-Appalaches, au nom des organismes qu'il représente,
tient à souligner sa grande satisfaction devant les soutiens et appuis
mis en place jusqu'ici par Hydro-Québec». Si vous comparez
Hydro-Québec et je ne voudrais pas vous placer dans l'embarras,
parce que vous avez à transiger avec Bell Canada, avec d'autres, comme
vous l'avez dit est-ce qu'Hydro-Québec constitue un modèle
à imiter, à suivre, ou si ça se compare au niveau des
grands citoyens corporatifs?
M. Cloutier: On n'a pas les chiffres des contributions de Bell
Canada, de...
M. Chevrette: Non, mais votre expérience.
M. Cloutier: Oui. Dans notre expérience pratique... Moi,
j'ai travaillé au sein de plusieurs organismes qui ont sollicité,
à un moment où à un autre, des contributions
d'Hydro-Québec, et je peux dire que ces contributions se comparent
avantageusement avec tout ce qui peut être fait par d'autres entreprises.
Et, sans connaître les chiffres, je pense que d'autres pourraient avoir
le même sentiment que la contribution d'Hydro-Québec est
supérieure à celle que... Sauf pour des événements,
des choses très ponctuelles; mettons que l'Université Laval fasse
une grande campagne de souscription, et là il peut y avoir des
entreprises directement reliées au développement de
l'université qui font une contribution très, très,
très forte et très substantielle. Mais je parle du fonctionnement
normal et ordinaire des organismes culturels de la région de
Québec; je pense qu'Hydro-Québec peut se classer en tête
des contributions. C'est ce que l'on perçoit à ce moment-ci, et
ce, dans tous les secteurs. Hydro-Québec peut intervenir à
l'Institut québécois de recherche sur la culture pour contribuer
à la confection des histoires régionales; elle peut contribuer
à FideArt pour un grand concert à la chapelle historique du
Bon-Pasteur, elle peut contribuer à la danse pour d'autres
événements très ponctuels, et ça... (9 h 30)
Je voudrais revenir à ce que M. le député de
Joliette, M. Chevrette, a dit tantôt, le coût de création
d'un emploi. Je prends un exemple que je connais bien, l'opéra. On fait
travailler l'Orchestre symphonique. Il y a 70 musiciens et, à chaque
opéra, l'Orchestre symphonique travaille, entre guillemets, et on lui
donne une contribution majeure. Ils ont besoin de ça, l'Orchestre
symphonique. Alors, avec deux opéras par année, on
donne un mois d'ouvrage à l'Orchestre symphonique. Prenez tous
les métiers reliés: d'abord, il y a les chanteurs, il y a les
choristes, mais vous avez tous les métiers que l'on ne voit pas et qui
sont reliés à la production d'un opéra. Alors, il y a
je ne sais pas, quoi 200, 250, 300 personnes qui travaillent
pendant des semaines et des semaines à la production d'un spectacle
d'opéra. Alors, c'est un exemple que je donne. L'Orchestre symphonique,
c'est la même chose, et des petits organismes et Mme Laplante le
disait tantôt ont des petits budgets, mais la contribution
d'Hy-dro-Québec est importante par rapport à leur enveloppe
globale; mais les emplois, eux autres aussi, ils créent des emplois.
Alors, je pense que c'est important, la contribution d'Hydro-Québec.
M. Chevrette: Vous avez...
Le Président (M. Audet): Excusez. Mme Laplante, vous
vouliez ajouter quelque chose?
Mme Laplante: J'aimerais simplement, à titre
d'information, ajouter que l'OSQ a émis 300 T4 cette année. Nous
avons émis 300 T4 cette année. Évidemment, ce n'est pas
tous pour des sommes de 50 000 $, vous imaginez bien, mais c'est quand
même 300 artistes qui ont gagné un certain montant avec
l'Orchestre.
Le Président (M. Audet): M. le député.
M. Chevrette: À toutes fins pratiques, si j'ai bien
compris votre message, vous venez remercier Hydro. Mais, en même temps,
parce qu'il faut lire entre les lignes dans votre mémoire, j'ai le
sentiment, en le lisant, que vous venez dire: Merci, mais, de grâce,
continuez. À partir de ce qui se dégage de votre mémoire,
est-ce que vous avez des craintes? Est-ce qu'il y a des fondements de crainte
qu'Hydro-Québec, par exemple, pour sa santé financière...
Parce que, dans votre résumé, vous avez habilement dit, comme un
bon politicien sait le faire, qu'il fallait que ça continue, qu'il y a
des restructurations, etc. Mais est-ce que vous avez des motifs minima de
croire qu'Hydro, dans la restructuration ou dans son plan de Défi
performance, aurait des intentions de couper à ce niveau-là?
M. Cloutier: L'expérience passée m'a appris, M. le
député, que les citoyens ne remercient pas pour ce qu'ils ont eu,
ils remercient pour ce qu'ils vont avoir, ce qu'ils s'attendent d'avoir. Ha,
ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Cloutier: Alors, c'est sûr qu'on apprécie
beaucoup ce qu'Hydro a fait jusqu'à maintenant, mais, dans tout ce
contexte dans lequel évoluent les entreprises et Hydro n'est pas
différente des autres entreprises tous ces plans de
rationalisation, toutes ces mises à pied, ces restructurations, on
craint que des choses qui nous semblent acquises à nous ne puissent
être remises en question. Et ça, on ne voudrait pas que le volet
culturel, qui est modeste par rapport au fonctionnement d'Hydro, aux millions
et aux milliards, si vous voulez, on ne voudrait pas que ce volet-là
diminue. Et, même s'il y avait possibilité qu'il augmente... Parce
que ce n'est pas encore... Ce qui est important, c'est la signification que
cette intervention d'Hydro prend en chiffres absolus, mais aussi comme effet
d'entraînement. Parce que, je l'ai dit tantôt, plusieurs grandes
entreprises corporatives ou moyennes entreprises disent: Hydro appuie cet
organisme-là, c'est donc un signe de qualité, c'est donc un signe
que cet organisme mérite de l'aide. Et elles s'appuient
là-dessus; elles ne vont pas plus loin dans leur recherche; pour elles,
c'est un critère, c'est une référence.
M. Chevrette: D'autant plus qu'il y a des groupes qui sont venus
devant nous, effectivement, depuis le début, là ça
fait 5 ou 6 jours que l'on fait, peut-être plus il y a des gens
qui sont venus demander carrément qu'Hydro-Québec ne se contente
que de la production d'hydroélectricité, un point, c'est tout.
Elle ne devrait pas se mêler à l'industriel, ne pas se mêler
à d'autres choses. Donc, que répondez-vous à ces
groupes?
M. Cloutier: On répond qu'on n'est pas d'accord,
premièrement; on n'est pas d'accord. Écoutez, je pense que, si
toutes les entreprises ne se limitaient très étroitement
qu'à leur mandat... Il y a des entreprises qui fabriquent des
boîtes de carton; elles pourraient, ces entreprises, ne fabriquer que des
boîtes de carton, mais est-ce que ce serait s'intégrer dans la
société dans laquelle on vit? Est-ce que ce serait faire partie
de la vie, de la qualité de la vie que de ne faire que strictement le
premier mandat qui nous est dévolu? Je pense que, bon, autant Bell
Canada assure les services de communication, autant Bell Canada s'implique dans
le développement culturel, et toutes les entreprises. Les institutions
financières font de la finance, bien sûr, mais il y a aussi des
retombées, il y a une présence, il y a du prestige, il y a une
satisfaction d'avoir contribué à l'avancement, à
l'évolution, à l'épanouissement, à la richesse du
milieu. Alors, je pense que c'est tout ça qu'Hydro doit
considérer et que, si ce volet-là était
écarté, dans l'hypothèse la plus pessimiste, où
diminuée, dans l'hypothèse ni optimiste, ni pessimiste, je pense
que ce serait...
M. Chevrette: Vous connaissez bien Hydro. Il y a toujours un
scénario fort, moyen et faible. Merci.
M. Cloutier: Merci.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Saint-Maurice.
M. Lemire: Vous venez de souligner le soutien financier
d'Hydro-Québec. M. le président, ou M. le trésorier,
pourriez-vous me donner le chiffre, selon vous, du support financier que vous
avez eu d'Hydro-
Québec dans le secteur culturel, dans les deux régions,
pour les dernières années ou la dernière année?
Avez-vous un aperçu?
M. Cloutier: Bon. Évidemment, on n'est pas dans les
secrets d'Hydro, mais on a l'occasion de leur parler souvent, parce qu'on
demande de l'aide, soit par téléphone ou soit par correspondance,
en présentant des dossiers. Bon, disons qu'en en causant de façon
très informelle avec eux, là, on pense que leur contribution
pourrait se situer entre 250 000 $ et 300 000 $ pour les organismes culturels
de la région de Québec. Ça nous apparaît
extrêmement important.
M. Lemire: Comme le disait tantôt madame, à la
billetterie, ça représentait un pourcentage. Le pourcentage de la
subvention ou du support d'Hydro-Québec peut représenter quel
pourcentage de vos événements?
Mme Laplante: pour l'orchestre symphonique de québec,
c'est 7 %, monsieur.
m. lemire: c'est 7 %. j'ai une autre question: croyez-vous
qu'hydro-québec est bien placée dans le moment pour choisir les
organismes et les activités qu'elle supporte dans son choix?
M. Cloutier: On parle pour la région de Québec,
là. Il n'y a pas seulement une aide financière. Je pense
qu'Hydro-Québec achète aussi des billets pour les
différents spectacles des organismes. Alors, ils peuvent aller
vérifier sur place la qualité des productions, des
représentations qui sont faites. Alors, en s'impliquant personnellement,
il y a des membres d'Hydro-Québec à différents
échelons, qui siègent aussi sur des conseils d'administration;
c'est pour eux autres aussi un poste d'observation. Et je ne parle pas
seulement pour la région de Québec, c'est dans toute la province.
Personnellement, ces gens-là s'impliquent et ils acquièrent une
connaissance du milieu, des besoins du milieu, de la qualité de la
production, de la qualité des interventions dans le domaine culturel.
Alors, je pense qu'on peut dire que, de façon générale,
Hydro a une bonne connaissance de ce qui se passe dans le milieu.
Le Président (M. Audet): Ça va?
M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Quand vous avez à négocier avec
Hydro, est-ce qu'il y a une filière bien établie, par exemple,
pour la négociation du volet culturel, ou si c'est purement un lobby
normal? Je comprends que, dans votre cas, l'Opéra ou l'Orchestre
symphonique, c'est depuis plusieurs années, mais est-ce que Mme la
directrice générale, par exemple, sait que, s'il s'ajoute un
nouveau volet culturel dans la région... Est-ce qu'il y a une
filière particulière à Hydro-Québec? Vous vous
adressez au conseil d'administration? Comment vous procédez pour
renégocier, par exemple, la subvention d'Hydro?
Mme Laliberté: Il y a des gens qui sont attachés
à des fonctions de marketing. Il y a de l'ouverture pour des nouveaux
projets culturels. Dans certains cas, on les a approchés pour des
manifestations nouvelles, et il y a une ouverture d'esprit pour les nouveaux
projets.
M. Chevrette: Est-ce qu'on sait si, à HydroQuébec,
ça fait l'objet de décisions du conseil d'administration ou si
une vice-présidence spécifique a le pouvoir de prendre une
décision?
Mme Bacon: Il me semble que c'est le secrétariat qui
décide, en fait qui reçoit les demandes et qui les analyse, et,
ensuite, c'est porté... Je pense que ça doit être
porté aussi au niveau supérieur, mais les décisions se
prennent au niveau du conseil. Les décisions sont remises au conseil,
mais la préparation des dossiers se fait au niveau du
secrétariat. Il me semble. (9 h 40)
M. Cloutier: Je pourrais peut-être ajouter à
ça, Mme la ministre et M. Chevrette, qu'on a déjà
demandé... Dépendamment des montants, quand on dépasse un
certain... Des fois, on est optimiste et on soumet une demande qui nous
apparaît, à nous, modeste, mais qui apparaît à Hydro,
dans un contexte particulier, un peu excessive. Alors, à ce
moment-là, on nous dit: Si vous diminuez votre chiffre, peut-être
qu'on pourrait régler ça au niveau... Et, ce que j'ai compris,
c'est qu'il y a des niveaux aussi, comme dans les institutions
financières. On m'a toujours dit: Si vous dépassez un certain
montant, ça va au siège social, ça va au conseil
d'administration, mais, si vous restez un peu plus modeste, on va
décider ça ici. Alors, on se dit: Bien, on y retournera deux
fois. On va diminuer le montant et on va y aller deux fois. Mais je sais que,
nous, nos demandes, on les achemine à Hydro-Québec via le
département des communications et des relations publiques
d'Hydro-Québec, ici, à Québec. Alors, ils ont une
équipe qui étudie les demandes et, s'ils ont besoin de demandes
de renseignements supplémentaires, on les fournit.
M. Chevrette: Est-ce que les modalités, c'est plus... Je
m'informe, parce que j'ai connu cela un peu avec le Festival international de
Lanaudière où Hydro achetait plutôt un spectacle. Est-ce
que c'est cette forme-là qui est privilégiée, ou si c'est
vraiment une subvention de base dans les organismes que vous
représentez?
M. Cloutier: Mme Laplante pourra parler pour l'Orchestre
symphonique. En ce qui concerne l'Opéra, à Québec, Hydro
n'achète pas, sauf dans les récitals d'opéra où
elle a une contribution très forte et très spéciale. Mais,
à Montréal, à l'Opéra, on voit dans les annonces
sur les journaux que telle soirée d'opéra est
réservée à tel commanditaire en particulier. Alors, nous,
on en conclut que ce commanditaire-là a fait une contribution
spéciale pour cette soirée d'opéra. On n'a jamais
demandé sous cet aspect-là, nous, à l'Opéra, mais
je pense qu'il y aurait des possibilités si on le faisait.
Mme Laplante, si...
Mme Laplante: Bien, je pense que c'est important aux deux
niveaux, c'est-à-dire que la commandite permet d'atteindre certains
objectifs plus spécifiques, comme le développement de l'auditoire
dont je parlais tout à l'heure pour des projets spéciaux. Par
contre, les dons permettent simplement de supporter l'organisme. Donc,
ça agit en modèle au niveau philanthropique. Je crois que les
deux sont très importants. L'Orchestre bénéficie des deux
formes d'aide d'Hydro.
M. Chevrette: C'est parce que j'ai un souci dans tout cela, et M.
Cloutier va comprendre. Il y a toujours une crainte qu'on ne subventionne une
élite exclusivement, alors que, par le biais de l'achat d'un spectacle,
oft peut faire bénéficier énormément de gens qui
n'auraient pas les moyens, à la billetterie, précisément,
de se payer un tel spectacle tout en raffolant, par exemple, de l'opéra
ou bien de la musique classique. C'est pour ça que je demandais au
début qu'Hydro dépose sa politique et ses critères, parce
qu'on doit avoir un souci de l'accessibilité la plus grande possible
à une population, et non pas réserver exclusivement à une
élite.
Parce qu'on se le fait reprocher, par exemple, dans la politique des
musées. On dit: Ça, c'est réservé à une
élite, puis le monde ne peut pas y aller. On commence à ouvrir,
par exemple, aux jeunes pour qu'on puisse leur donner le goût de la
culture, de la musique, de l'opéra, des lettres, etc. Et c'est un peu
pour ça que je pose toutes ces questions, pour venir à bout de
démontrer une volonté, en tout cas, d'élargir un peu
l'accessibilité. Est-ce que vous sentez qu'Hydro est ouverte à
ça?
M. Cloutier: Oui. Moi, je peux dire que, quand on consulte les
programmes souvenirs qui sont donnés le soir des spectacles, on constate
par la publicité qu'assez souvent une entreprise en particulier a
commandité tel spectacle. Ça peut être une chorale; je
pense que ça peut être une des chorales de Québec qui
reçoit une aide particulière pour présenter un concert.
Ça peut être, comme je l'ai dit tantôt, un récital,
ça peut être la même chose... Hydro aussi pratique cette
politique. Mais, avec les grands organismes, nous, on n'a pas encore eu recours
à ça. Mais vous nous faites penser que...
M. Chevrette: Je voyais madame sourire. J'aimerais ça
qu'elle exprime son sourire par des mots.
Le Président (M. Audet): Madame, vous voulez ajouter
quelque chose?
Mme Laplante: Non. Je frémis, monsieur, quand vous parlez
d'élite. Vraiment, j'aimerais m'exprimer là-dessus, parce que la
musique et l'art, ce n'est pas pour l'élite, c'est pour tout le monde.
C'est vraiment pour tout le monde. Si on n'avait pas...
M. Chevrette: C'est l'élite du portefeuille dont je parle,
madame. C'est très différent, ça. Je pense que je ne me
trompe pas, moi non plus, quand je dis ça. Je frémis de vous
entendre, moi aussi, là. Parce que le portefeuille, ça
existe.
Mme Laplante: Mais tous les montants sont importants, même
s'ils sont petits. Et ça permet, on l'a dit tout à l'heure,
même à de petits organismes qui feraient, par exemple, une oeuvre
de création, donc dans ce qu'il y a de plus difficile au plan artistique
et qui n'est peut-être pas, dans un premier temps, accessible à
tout le monde... Des fois, c'est un petit montant qui peut être
très important pour la création.
M. Chevrette: Non, mais je veux rectifier ce que... Vous m'avez
interprété vraiment faussement parce que, moi, je vous dis qu'on
a des budgets, les députés, ce qu'on appelle le budget
discrétionnaire, support ou soutien au... Voyez-vous, j'ai même de
la misère parce que... Qu'est-ce qu'on fait avec ça, bien
souvent? C'est précisément de le donner à des gens qui ont
le goût de faire des choses mais qui n'en ont pas les moyens financiers.
Et tu peux être un amant, par exemple, de la musique classique, puis tu
n'as pas nécessairement les moyens d'y participer ou d'y accéder,
d'aller entendre, par exemple, l'Orchestre symphonique de Montréal ou de
Québec.
Ce que je veux dire, c'est si, par exemple, Hydro, dans ses politiques,
pense à cela et achète, par exemple, un spectacle, met à
la disposition de jeunes étudiants en musique une certaine portion de la
billeterie qu'elle a achetée pour permettre précisément
à ces jeunes de vivre quelque chose d'intéressant, c'est dans ce
sens-là. Je ne voulais pas vous faire frémir, madame, quand je
parle d'élite. L'élite n'est pas nécessairement... Quand
je parle d'élite, moi, c'est dans le sens de celui qui a la
possibilité d'y aller. C'est un mauvais terme que j'ai utilisé,
mais tu peux être sans le sou, puis être un artiste extraordinaire,
puis un amant de la musique, des lettres ou de l'opéra. Je pense que
vous m'avez saisi, maintenant.
Mme Laplante: Oui, je vous comprends, mais... M. Chevrette:
On va arrêter là, d'abord. Mme Laplante: Ha, ha, ha! Si
vous voulez, oui.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Saint-Maurice.
M. Lemire: Je voudrais savoir, Mme Kronstrom qui
représente la table de danse, est-ce que, d'après votre analyse,
la société d'État vous supporte suffisamment dans votre
démarche? C'est assez...
Mme Kronstrom: Au niveau de la danse, c'est sûr, et comme
Mme Frulla l'a déjà souligné, la danse a toujours
été le parent pauvre, un peu, au niveau artistique, tant au
niveau public qu'au niveau subventions, parce qu'il n'y a pas
énormément d'organismes. Et l'autre problème et
c'est le volet qui a été soûle-
vé c'est le public. C'est que, souvent, il y a plusieurs
spectacles qui se donnent, mais il y a peu d'assistance, ce qui fait que de
grosses sommes d'argent sont englouties pour monter le spectacle, sauf que
c'est présenté une fois ou deux fois. Alors, c'est vraiment le
côté public aussi.
Et justement par, peut-être, une politique d'achat de billets, de
distribution de billets, ça aiderait le public de la danse, ça
aiderait les gens à être sensibilisés, ça motiverait
aussi les jeunes danseurs et les troupes à faire beaucoup plus de
spectacles. Parce que c'est sûr que, quand on est un artiste, le but
principal, c'est de pouvoir danser et danser sur une scène, donc
s'exprimer. Alors, je pense que c'est un volet très important au niveau
de la danse. Bien entendu qu'on veut...
M. Lemire: J'aimerais peut-être... Mme Kronstrom:
Oui.
M. Lemire: Croyez-vous que l'argent dépensé par
Hydro-Québec dans le développement culturel s'inscrit dans cette
pensée de la culture, qui est toute...
Mme Kronstrom: De façon générale, je pense
que ça a déjà été souligné, le fait
qu'Hydro-Québec donne de l'argent, mais aussi sur une base permanente.
C'est qu'Hydro a toujours été là dans les
différentes manifestations, et c'est toujours quelqu'un qui est
là dans les différentes soirées Hydro-Québec qu'on
peut voir. Maintenant, au niveau de la danse, c'est sûr qu'il y a moins
de spectacles, surtout à Québec, il y a moins d'activités
comme telles. Donc, on voit moins Hydro paixe qu'ii y en a moins. Alors,
ça, c'est un peu un cercle vicieux. Plus il y aura de danse, plus il y
aura d'organismes, plus il y aura de demandes de subventions, et c'est
sûr qu'Hydro va sûrement contribuer beaucoup plus, mais c'est
toujours un jeu de l'offre et de la demande.
C'est sûr qu'en danse il y a moins de visibilité, et donc
moins de participation, peut-être, d'Hydro parce que, justement, il y a
moins d'organismes. Mais je pense que, comme pour les Grands Ballets qui sont
un organisme connu et depuis fort longtemps, il y a une contribution. Bon.
Quand on parle de Casse-Noisette qui tourne toujours, il n'y a pas de
problème. Mais c'est sûr qu'il y a des jeunes troupes, et surtout
à Québec, ici, dans la région, qui n'ont pas,
peut-être, l'appui. Je suis sûre qu'elles font des demandes
à Hydro, mais... L'avenir est toujours prometteur, j'ai
l'impression.
M. Lemire: Merci.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le député
de Saint-Maurice.
Je vais maintenant reconnaître M. le député de
Drummond. (9 h 50)
M. St-Roch: Oui. Merci, M. le Président.
Alors, ce sera seulement deux commentaires, parce qu'à la page 5
de votre mémoire, dans vos premières recommandations, vous
souhaitez avoir sensibilisé les membres de la commission de
l'économie et du travail à l'importance d'Hydro-Québec au
niveau de la culture. J'ai toujours partagé la philosophie, moi, en
privé, et encore plus maintenant que je suis député,
qu'une entreprise doit avoir un rôle social, doit avoir une conscience
sociale puis être un bon citoyen corporatif, puis qu'on ne vit pas
simplement de matérialisme puis dans le signe du dollar, comme certains
organismes qui ont voulu qu'Hydro-Québec se confine à produire et
vendre de l'électricité. Je pense qu'Hydro-Québec est une
compagnie moteur dans le développement économique du
Québec, mais aussi qu'il y a le volet culturel que vous avez si bien
souligné ce matin. Et je puis vous assurer, moi, pour être un
député de région, avoir la chance aussi de côtoyer
Hydro-Québec dans un événement majeur qui est le Festival
mondial de folkore, où on met à la portée des
Québécoises et des Québécois cette grande richesse
du patrimoine universel. Alors, sans Hydro-Québec, je pense que
ça serait difficile de tenir des événements de cette
envergure-là en région.
Et le deuxième volet pourquoi je pense qu'il est important aussi
pour Hydro-Québec de maintenir ça, et vous l'avez souligné
tout à l'heure dans votre remarque: il n'y a pas simplement des gens au
niveau de la grande organisation qui s'impliquent au niveau du
développement culturel. Quand je regarde des régions comme chez
moi, je regarde la part, moi, que les travailleurs et les travailleuses de la
base d'Hydro-Québec font à la réalisation d'un
événement majeur au Québec, et je pense que c'est tout
à l'honneur d'Hydro-Québec.
Je tiendrais, en conclusion, à vous remercier aussi parce que,
souvent, dans notre société moderne, on reçoit beaucoup
mais on oublie de dire merci. Alors, je pense que le témoignage que vous
rendez ce matin à Hydro-Québec est appréciable, puis je
peux vous assurer que vous pouvez compter sur l'appui du député
de Drummond pour faire en sorte, dans ses messages de conclusion, qu'il incite
fortement Hydro-Québec à continuer son apport au niveau de la
culture, parce qu'il est un des outils majeurs et importants de
développement dans notre collectivité. Je vous remercie.
Le Président (M. Audet): M. Cloutier, vous voulez ajouter
quelque chose? Oui.
M. Cloutier: M. le Président, je voudrais ajouter quelque
chose en remerciant les membres de la commission parlementaire. Je voudrais
attirer l'attention sur l'importance de la politique de jumelage des
subventions. Mme Bacon l'a pratiquée quand elle était au
ministère; M. Richard, Clément Richard, qui a été
son prédécesseur, l'a pratiquée aussi. Et c'est
excessivement important parce que, là, vous donnez aux organismes et
à ceux qui travaillent au sein des organismes une motivation
extraordinaire pour aller chercher des sous.
Ça va mieux pour faire des levées de fonds quand vous
dites à l'organisme: Si tu mets, d'un côté, 100 $, le
gouvernement va mettre 100 $. Alors, c'est comme
ça qu'on a réussi, il y a 10 ans, à mettre en place
des organismes, même dans une période de récession, et
l'Orchestre symphonique a une fondation, l'Opéra a une fondation,
beaucoup d'organismes... Je ne sais pas s'il y en a dans la danse, mais
beaucoup d'organismes ont mis sur pied des fondations. Et c'est avec ça,
c'est avec cette politique de jumelage de subventions qu'on a réussi
à bâtir quelque chose d'important. Alors, je pense que, si le
gouvernement et si la ministre de la Culture, avec les nouvelles structures
mises en place, peuvent jeter un coup d'oeil du côté de cette
possibilité, on travaillerait dans ce sens-là.
Le Président (M. Audet): D'accord. Alors, mesdames, M.
Cloutier, au nom des membres de la commission, je vous remercie
sincèrement.
M. Cloutier: On vous donne rendez-vous, M. le Président.
C'est le grand... Si le président avait un micro, le président de
la fondation... Ce soir, dans le salon rouge c'est pour ça qu'on
est ici ce matin, on a été déplacé c'est le
récital d'opéra des jeunes talents, des belles voix de la
région de Québec. Les lauréats des prix...
Mme Bacon: C'est parce qu'eux autres ils vont travailler, M.
Cloutier, ce soir.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): C'est ça. Alors,
merci.
Afin de permettre à l'Association des producteurs privés
d'hydroélectricité du Québec de s'installer, nous allons
suspendre nos travaux deux minutes.
(Suspension de la séance à 9 h 54)
(Reprise à 10 h 1)
Le Président (M. Audet): S'il vous plaît! Nous
recevons maintenant l'Association des producteurs privés
d'hydroélectricité du Québec. Alors, au nom des membres de
la commission, messieurs, je vous souhaite la plus cordiale bienvenue. Je vous
rappelle brièvement nos règles de procédure: Vous disposez
d'une vingtaine de minutes pour nous présenter votre exposé, et
je vous invite, avant de débuter votre exposé, à vous
identifer pour la transcription de nos débats. Ensuite, suivra une
période d'échanges qui durera une quarantaine de minutes. Vous
avez la parole. Allez-y, on vous écoute.
Association des producteurs privés
d'hydroélectricité du Québec
M. Lefrançois (Gilles): M. le Président, Mme la
ministre, MM. les membres de la commission, je suis Gilles Lefrançois,
président de l'Association. J'aimerais vous présenter mes
collègues. À ma droite, Pascal Brun, qui est trésorier de
l'Association; à ma gauche immédia- te, Pierre Lajoie, qui est
secrétaire, et, à ma gauche, Pierre Dumas, qui est
secrétaire; à la gauche de Pierre Dumas, Pierre Lajoie, qui est
aussi membre du conseil d'administration de l'Association.
Il nous fait plaisir de répondre à votre invitation et de
venir vous exposer notre point de vue sur le plan de développement
d'Hydro-Québec. L'Association des producteurs privés
d'hydroélectricité du Québec a été
fondée en 1991. Elle regroupe les principaux promoteurs de sites
hydroélectriques privés au Québec. Un représentant
de notre association a assisté à toutes les séances de
consultation publique sur l'élaboration du plan de développement
d'Hydro-Québec et nous avons consacré de nombreuses heures
à étudier la documentation qui a été fournie.
À titre de promoteurs, d'entrepreneurs et de citoyens responsables, nous
sommes donc particulièrement préparés et
intéressés à faire valoir notre point de vue sur les
quatre thèmes qui ont fait l'objet de la consultation,
c'est-à-dire les moyens de production, l'efficacité
énergétique, les industries à forte consommation et les
exportations.
Pour bien évaluer les orientations proposées par
Hydro-Québec, il est important de considérer la situation
économique du Québec et son potentiel énergétique
par rapport aux autres provinces et aux autres pays. Première
caractéristique, un potentiel hydroélectrique exceptionnel. Au
point de vue énergétique, le Québec est dans une position
absolument privilégiée et peut-être unique au monde. Le
Québec possède en effet 18 600 MW d'énergie
hydroélectrique économiquement aménageable, et ceci sans
considérer les projets de moins de 100 MW et sans considérer les
producteurs privés. Cette puissance de 18 600 MW équivaut
à 69 % de la puissance installée actuellement au Québec et
cela est suffisant pour tous les besoins du Québec jusqu'en l'an 2021,
soit les 30 prochaines années, en assumant le taux de croissance
prévu dans le scénario moyen ou le plus probable.
Deuxième caractéristique, c'est une forme d'énergie
avantageuse économiquement et écologiquement. L'énergie
hydroélectrique au Québec est l'énergie la moins
dispendieuse à long terme, la moins polluante, la plus fiable au point
de vue approvisionnement, la plus prévisible au point de vue des
coûts, la meilleure au point de vue de la balance des paiements, et elle
est renouvelable. Que faut-il de plus?
Troisième caractéristique: l'importance du
développement économique. En ce début de 1993 au
Québec, le taux de chômage officiel est de 13,4 % et le taux de
chômage réel de 18 % à 20 %. Avec toutes ces
conséquences néfastes au point de vue économique et
social, c'est la pire forme de gaspillage et d'inefficacité. Il n'y a
donc aucun doute que le développement économique, aussi durable
que possible, doit être une priorité pour la société
québécoise.
Quatrième caractéristique: un avantage comparatif pour le
Québec. En cette période de globalisation des marchés et
de concurrence féroce à l'échelle planétaire,
chaque pays, chaque région doit utiliser tous ses atouts pour se
développer. Pour le Québec, son potentiel hy-
droélectrique doit être utilisé dans toute la mesure
du possible.
Ceci ne veut pas dire que l'efficacité énergétique
ne peut pas contribuer au développement économique, mais il
faudra s'assurer, par le choix des options et par la concertation avec
l'industrie, que les emplois créés sont bien situés au
Québec et non à l'extérieur.
Finalement, une situation unique. Comme notre situation est unique, il
faut éviter d'importer d'autres pays ou d'autres provinces des formules
et des solutions toutes faites simplement parce qu'elles sont à la mode.
La diminution de la demande n'est pas nécessairement synonyme de
progrès et la croissance zéro n'est pas nécessairement un
idéal. Quand un État ou une province doit compter uniquement sur
le nucléaire ou le thermique, quand le kilowattheure coûte trois
fois plus qu'ici, il est évident que les priorités seront bien
différentes.
Alors, premier sujet de consultation: les moyens de production.
L'orientation 19 d'Hydro-Québec se lit comme suit:
«Privilégier la filière hydroélectrique, y compris
les petites centrales des producteurs privés, comme filière
principale. » Pour toutes les raisons déjà
mentionnées, nous croyons que c'est la meilleure solution pour le
Québec.
En ce qui concerne la production hydroélectrique privée,
nous apprécions le fait qu'il n'y ait pas de limite imposée sur
la quantité de projets ou sur le temps de réalisation. le plan de
développement d'hydro-québec précise. "quant aux petites
centrales hydroélectriques, nous favorisons les propositions des
producteurs privés portant sur des centrales de moins de 25 mw. »
ceci est dans le plan lui-même, dans le document principal. cependant, en
étudiant les annexes, nous nous inquié-tonssur le nombre
et la qualité des sites disponibles pour le producteur privé. en
effet, dans l'annexe 3 consacrée aux moyens de production, on lit:
«hydro-québec étudie la possibilité
d'aménager de nouvelles centrales hydroélectriques de petite
envergure», c'est-à-dire de 0 à 25 mw, alors que jusqu'ici
hydro-québec avait considéré aménager uniquement
les sites de 0 à 25 qu'elle possède déjà et qui,
pour la plupart, ont déjà été
aménagés. ceci indique, pour nous les producteurs privés,
un recul par rapport à la situation actuelle.
Pour préciser la politique énoncée dans
l'orientation 19, nous vous proposons l'adoption de la politique suivante: tous
les sites hydroélectriques de moins de 25 MW devraient être
réservés au secteur privé, sauf les sites
déjà aménagés qui appartiennent à
Hydro-Québec et qu'elle exploite déjà ou qu'elle entend
remettre en exploitation au cours des deux prochaines années. L'autre
exception: les sites publics qui sont requis par Hydro-Québec pour
l'aménagement d'un complexe hydroélectrique plus important. Ce
qu'on demande, c'est l'exclusivité, sauf exception, pour le secteur
privé sur les sites de 0 à 25 MW.
De plus, quand on regarde un peu plus loin dans l'avenir parce
qu'on n'a pas l'occasion de venir ici à tous les jours il serait
avantageux pour Hydro-Québec et le Québec de favoriser le
développement de la pro- duction privée en adoptant les
politiques suivantes: les sites publics de 25 à 100 MW qui ne sont pas
retenus par Hydro-Québec devraient être disponibles pour les
producteurs privés et la politique d'achat d'électricité
par Hydro-Québec devrait inclure, aux mêmes conditions,
l'électricité provenant des centrales qui seraient
aménagées sur des sites privés ou publics de plus de 25
MW.
Nous croyons que cette politique devrait être adoptée pour
les motifs suivants: 1° les producteurs sérieux ont besoin d'une
politique claire pour planifier leur développement et le Québec a
besoin de producteurs sérieux et compétents; (10 h 10) 2°
Hydro-Québec a d'ailleurs amplement de sites plus importants et qui
correspondent mieux à ses capacités: 18 000 MW de grands projets
et, éventuellement, 4000 MW dans les projets de moyenne envergure;
3° les producteurs privés peuvent développer des petites
centrales à des coûts moindres qu'Hydro-Québec, à
preuve, les producteurs privés ont plusieurs projets de remise en
service de vieux aménagements qu'Hydro-Québec n'avait pas
jugé rentables; 4° tout ce qui peut être dit en faveur de
l'hydroélectricité en général s'applique aux
projets de production privée d'hydroélectricité. En plus,
ces projets ont des caractéristiques qui les rendent
particulièrement intéressants au point de vue environnemental et
socio-économique. Premièrement, souvent ils sont
réalisés à partir de barrages existants;
deuxièmement, la plupart sont au fil de l'eau, c'est-à-dire
qu'ils n'accumulent pas d'eau dans de grands réservoirs et
évitent ainsi la plupart des problèmes environnementaux;
troisièmement, ils sont situés dans toutes les régions du
Québec et favorisent le développement régional;
quatrièmement, ils sont à proximité des lignes de
distribution et, donc, les pertes de transport sont minimes de même que
les inconvénients de construire de nouvelles lignes;
cinquièmement, le prix payé par Hydro pour
l'électricité est le coût évité, donc pas de
subvention; sixièmement, Hydro n'a besoin ni d'investir, ni d'emprunter,
et ainsi une partie de la dette qui serait autrement publique reste dans le
domaine privé; septièmement, ils favorisent le
développement multifonctionnel des rivières. À titre
d'exemple, la construction de trois centrales sur la rivière
Jacques-Cartier, près de Québec, faite en consultation avec
l'association de protection de la rivière, va favoriser de façon
considérable la réintroduction du saumon dans cette
rivière. Finalement, les projets sont soumis à toutes les
procédures d'approbation du ministère de l'Environnement, allant
même jusqu'aux audiences publiques pour les projets les plus
importants.
Alors, si on passe maintenant au deuxième sujet, où la
consultation a été tenue par Hydro-Québec,
c'est-à-dire l'efficacité énergétique,
l'orientation 18... Est-ce qu'il y en a qui voudrait avoir des copies du
mémoire, qui ne l'aurait pas? Tout le monde en a une copie.
Le Président (M. Audet): Chaque membre de la commission
l'a eu et la plupart en ont pris connaissance.
M. Lefrançois: Parfait, j'arrive. Le Président
(M. Audet): Allez-y!
M. Lefrançois: L'efficacité
énergétique. L'orientation 18 d'Hydro-Québec:
«Maintenir l'objectif d'économie d'énergie de 9,3 TWh en
l'an 2000.» Nous croyons que cet objectif est à la fois
réaliste et ambitieux et nous appuyons totalement le critère du
coût évité pour décider si une mesure
d'économie doit être adoptée.
Il y a plusieurs choses que vous allez entendre sans doute plusieurs
fois. Je voudrais peut-être arriver immédiatement à
l'article 6. Pour ce qui est du financement des mesures d'économie, nous
sommes en général contre les subventions. Nous sommes contre les
subventions pour nous-mêmes et nous sommes contre les subventions pour
les autres aussi. Par exemple, au lieu de subventionner un consommateur pour
qu'il adopte un système de chauffage biénergie, nous
suggérons plutôt des frais de raccordement plus importants pour
toute nouvelle résidence qui utiliserait l'énergie
électrique seulement. Ceci mettrait fin à une situation assez
cocasse: comme le prix du chauffage électrique domiciliaire est
subventionné, c'est-à-dire trop bas par rapport au vrai
coût, le consommateur n'a pas d'incitation à utiliser la
biénergie. Pour corriger cette déformation, on ajoute une autre
subvention. Alors, nous, on suggérerait d'éliminer le
problème à la source et de charger plus cher à ceux qui
veulent être tout électrique.
Le sujet suivant, sur lequel la consultation a porté, les
industries à forte consommation d'électricité.
L'orientation 27: «Favoriser l'implantation ciblée et
limitée d'industries à forte consommation
d'électricité.» Nous sommes d'accord avec cette orientation
et avec les conditions proposées. Nous croyons cependant que les
industries à forte consommation doivent payer à moyen terme le
plein tarif grande puissance. Si on leur accorde des conditions
spéciales de paiement basées, par exemple, sur le prix de vente
de l'aluminium, il faut s'assurer que, sur une période maximum de 10
ans, non seulement l'escompte sera éliminé, mais les rabais
encaissés seront remboursés.
Finalement, sur les exportations, l'orientation 28, qui est de favoriser
le développement des exportations, nous approuvons entièrement
cette orientation de même que les conditions proposées par
Hydro-Québec. Notre position se base sur les points suivants: la
rentabilité économique des exportations permet de réduire
la facture pour les entreprises et les consommateurs résidentiels
québécois; l'énergie exportée ne nuit en rien au
développement de l'entreprise locale, puisqu'il s'agit de surplus que
les Québécois ne peuvent utiliser et que ces surplus sont vendus
à prix plus élevé que le tarif grande puissance; comme il
s'agit uniquement de devancement de construction de centrales, l'effet
négatif sur l'environnement est minimisé; finalement, 51 % des
emprunts d'Hydro-Québec étant en monnaies
étrangères, la vente d'énergie aux États-Unis est
une source précieuse de dollars américains pour Hydro et pour le
Québec.
Le Président (M. Audet): Ça va? Merci beaucoup,
messieurs.
Je vais maintenant reconnaître Mme la ministre de
l'Énergie.
Mme Bacon: M. le Président, je suis très heureuse
d'accueillir aujourd'hui les représentants de l'Association des
producteurs privés d'hydroélectricité du Québec.
C'est une association qui a pris naissance suite à la mise en place d'un
programme gouvernemental des petites centrales hydroélectriques. Je dois
dire que vous avez déployé beaucoup d'efforts dans le secteur
électricité et votre participation à cette commission est
très appréciée.
Vous nous recommandez de rendre disponibles au secteur privé les
sites publics de 25 à 100 MW qui ne seraient pas retenus par
Hydro-Québec. C'est un octroi qui ne peut être autorisé que
par loi spéciale, si décision il y avait. Est-ce que vous
suggérez d'assujettir ces sites au programme des petites centrales
hydroélectriques et à ses modalités d'attribution ou si
vous avez d'autres recommandations à faire par rapport à 25
à 100 MW?
M. Lefrançois: Dans notre objectif, la façon de
procéder actuelle est excellente parce que, en commençant avec
des centrales de 0 à 25, ça permet au producteur de prendre de
l'expérience, de se développer, de devenir plus compétent,
plus important pour, plus tard, dans une deuxième étape,
s'attaquer aux sites de 25 à 100 MW.
En ce qui concerne l'attribution, jusqu'ici, nous sommes pleinement
satisfaits de la façon de procéder qui est adoptée,
c'est-à-dire que le site est annoncé publiquement, les gens qui
sont intéressés font une proposition et les propositions sont
évaluées en fonction de critères définis. Pour le
moment, on n'a pas d'objection à ce que le même mécanisme
s'applique. Cependant, à mesure que l'industrie va progresser, on pense
que peut-être, s'il y a deux ou trois sites sur une rivière, il
faudrait attribuer les deux ou trois sites en même temps, parce que
ça peut totaliser 40 ou 50 MW, de façon à ce que ce soit
plus facile de planifier et qu'on puisse bénéficier des
économies qui existent. Plutôt que d'y aller toujours site par
site, peut-être qu'il faudrait y aller rivière par
rivière.
Maintenant, on sait que, présentement, pour plus de 25 MW,
ça prend une loi spéciale, mais on assume qu'une loi
spéciale, ça dépend de la volonté du gouvernement,
et, si la volonté est là, bien, que ce soit une loi
spéciale ou un décret, ce n'est pas ça qui serait
l'obstacle majeur.
Mme Bacon: Après 25 à 100 MW, M. Lefrançois,
allez-vous nous en demander davantage?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lefrançois: Bien, disons que ce n'est probablement pas
moi qui va être président de l'association dans ce
temps-là.
Mme Bacon: C'est une étape importante ou c'est une
étape tout simplement?
M. Lefrançois: Bien, disons que ce n'est pas une
étape qu'on a besoin de réaliser demain matin, là. C'est
une étape qui peut se réaliser dans trois ans, dans quatre ans.
Il faut commencer par marcher avant de courir. Pendant trois ou quatre ans, on
va pouvoir se satisfaire de 0 à 25. (10 h 20)
Mme Bacon: À la page 3, au point 3 de votre document, vous
rappelez le taux de chômage élevé et ses
conséquences sociales qui sont néfastes, évidemment, pour
ensuite conclure que le développement économique doit être
une priorité. À ce chapitre-là, est-ce que vous pourriez
faire état des retombées économiques des
aménagements des petites centrales hydroélectriques en termes
d'emplois, de main-d'oeuvre, de matériaux, d'équipements,
d'investissements et des perspectives qu'on peut avoir?
M. Lefrançois: Au point de vue de l'investissement, une
règle qu'on peut appliquer, qui est pas mal toujours vraie, c'est
à peu près 2 000 000 $, un coût de 2 000 000 $ par
mégawatt. O.K.? Alors, il y a présentement des demandes
auprès d'Hydro-Québec pour 252 MW, ce qui veut dire à peu
près 500 000 000 $ d'investissement. si on regarde la partie qui demeure
au québec, il y a à peu près juste les groupes
turbines-alternateurs où on parle d'importations, et on arrive, nous,
à la conclusion que ça peut représenter, dans l'ensemble
des projets, à peu près 15 % d'importations, ce qui veut dire
qu.; 85 % des 2 000 000 $ sont dépensés dans la province de
québec. on se demandait aussi quelle était la portion
dépensée régionalement versus la province. comme le
coût des travaux, à peu près 45 % des coûts, c'est
des travaux civils, c'est-à-dire du béton, de l'excavation, etc.,
on peut arriver à la conclusion qu'à peu près 40 % des
dépenses sont faites régionalement.
En termes d'emplois, évidemment, les 2 000 000 $, tôt ou
tard, c'est des emplois. Maintenant, au point de vue pratique, pendant la
période de construction, si je pense, disons, à un site que je
connais, d'à peu près 6 MW, ça va être à peu
près 60 emplois pendant un an et demi.
Mme Bacon: Vous soutenez...
M. Lefrançois: Ça, c'est pour un site.
Mme Bacon: Excusez-moi. Oui, M. Lefrançois.
M. Lefrançois: Je disais que, pour un site de 6 MW que je
connais, c'est à peu près 60 emplois pendant un an et demi
localement, à part de l'emploi qui est créé par l'achat
des turbines-alternateurs, etc.
Mme Bacon: C'est des emplois locaux.
Vous soutenez, en page 6 de votre mémoire, que les producteurs
privés peuvent développer les petites centrales à des
coûts moindres qu'Hydro-Québec. Comment pouvez-vous faire une
affirmation? En tout cas, pouvez-vous l'expliquer, votre affirmation, et quels
seraient les avantages comparatifs des producteurs privés?
M. Lefrançois: Moi, je tournerais la question de bord et
je vous dirais: Si Hydro-Québec était très efficace pour
faire des petites centrales de 3 MW, il faudrait se poser des questions quand
elle en fait de 1000 MW, parce que c'est des compétences, c'est des
choses complètement différentes. Chacun, dans sa vie de tous les
jours, prend des décisions, quand il y a des besoins. S'il veut acheter
un gâteau, il va aller chez le dépanneur; s'il veut en acheter
1000 ou 2000, il va aller voir Vachon. La compagnie Vachon n'est pas capable de
vous livrer un gâteau chez vous de façon économique, mais,
par contre, si vous en achetez 1000, ça vaut la peine de négocier
avec elle. C'est la même chose dans le domaine de
l'hydroélectricité.
Hydro-Québec est équipée pour faire et elle
le fait très bien de gros projets parce que, sur un très
gros projet, ça va prendre un spécialiste dans les barrages,
ça va prendre un spécialiste dans les conduites forcées,
ça prend un spécialiste dans les turbines, ça prend un
spécialiste, etc. Quand vient le temps de faire une petite centrale qui
va coûter 10 000 000 $, ça nous prend des
généralistes, ça nous prend des gens qui connaissent tous
les aspects, ça nous prend des gens qui sont polyvalents, et ce n'est
pas du tout la même organisation. Hydro-Québec a toujours des
standards. Alors, la centrale de 2 MW, il faut qu'elle respecte les standards
comme la centrale de 200, puis les employés sont accoutumés de
travailler comme ça, tandis que, nous, que le fil soit noir ou qu'il
soit blanc, on n'a pas des codes qui sont valables pour l'ensemble de la
province, on a nos codes qui sont valables pour une centrale. Alors, la
flexibilité, la polyvalence et toutes ces choses-là.
Mme Bacon: Est-ce que ça vaudrait autant, M.
Lefrançois, si vous aviez droit à des centrales de 25 MW à
100 MW?
M. Lefrançois: Je dirais que dépassé 100, on
retomberait, comme dans la plupart des industries... Il y a les petits, puis il
y a les grands, puis ceux qui sont entre le deux, c'est souvent des hybrides,
puis c'est souvent difficile de bien faire. C'est pour ça que, dans
notre esprit, 100, c'est pas mal la limite maximum pour dire qu'on a des
entreprises qui fonctionnent bien.
Mme Bacon: À des coûts moindres?
M. Lefrançois: À des coûts moindres,
exactement.
M. Dumas voudrait rajouter quelque chose.
Mme Bacon: Oui, M. Dumas.
M. Dumas (Pierre): Peut-être ajouter, oui, un
complément d'information à ce que disait M. Lefran-çois.
Il faut dire que les petites centrales, les 70 et quelques projets qui sont
approuvés ou en négociations avec Hydro-Québec sont, dans
la très grande majorité, situés dans des villages, dans
des régions développées, ils sont dans la population, et
on retourne un peu au concept des centrales qui ont été
construites à la fin du siècle dernier, au début de ce
siècle. Ce sont d'ailleurs les mêmes sites qui sont
réactivés, qui sont rajeunis, qui sont
rééquipés, et c'est à ce moment-là qu'on a
défini le terme «centrale». C'est-à-dire qu'au lieu
d'avoir chacun sa petite source d'énergie ou pas d'énergie du
tout on faisait, au centre du village, une unité de production qu'on
radiait ensuite à l'ensemble de la population du village. Alors,
c'était une centrale. On peut dire, dans ce sens-là, que nos
centrales de la Baie James sont très excentriques; ce sont des
«excentrales», finalement.
Et la centrale, dans le village, elle a été construite par
l'homme d'affaires du coin, par le commerçant, par l'industriel qui
avait ses employés autour de lui, et le village s'est
développé autour de sa centrale qui a donné le moteur
énergétique, le moteur économique, le moteur industriel
à sa localité.
On retourne, dans tous les cas qu'on connaît, à la
même situation: les opérateurs des petites centrales, c'est du
monde du village. Quand lui n'est pas là, c'est son beau-frère ou
son beau-père. On revient quasi à l'artisanat, au début,
et je pense, sans vouloir déprécier d'aucune façon
Hydro-Québec, qu'Hydro-Québec ne peut pas faire du
quasi-artisanat.
Hydro-Québec est très bien équipée, comme le
disait M. Lefrançois, pour exploiter de très grands complexes,
à très grande distance, avec des possibilités de
télécommunications, de télécommande et de
télémesure, chose qu'on n'a pas besoin de faire dans les petites
centrales. S'il y a une lumière à changer, si l'alarme sonne,
l'opérateur est là, il quitte son salon et il est là cinq
minutes après. Ce n'est pas un camion qui vient de 75, 80 ou 150 km de
distance. C'est une question d'échelle et seuls les privés, je
crois, comme le disait M. Lefrançois, jusqu'à 25 MW et dans la
zone grise de 25 et de 100 peuvent le faire économiquement.
Hydro-Québec, dans l'annexe 3 du plan de développement,
dans les moyens de production, dit très bien que, si ce n'est pas
économique pour elle d'aménager un site, elle le refile à
l'industrie privée, ce qui laisse la possibilité à des
tiers, qui disposent d'une meilleure flexiblité d'exploitation, de
procéder à son aménagement. Hydro-Québec
reconnaît clairement que l'industrie privée est en mesure
d'aménager économiquement des sites qui ne sont pas
économiques pour elle.
Le Président (M. Audet): Merci. Je vais maintenant
reconnaître M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Oui, tout d'abord, il y a une foule de questions.
Je n'aurai jamais assez de temps pour vous poser tout le paquet de questions
que je voudrais. Tout d'abord, c'est la privatisation. Je vais partir
là-dessus, et c'est un commentaire que je vais faire. Votre
appétit se limite à 25 MW, mais avec l'ouverture à 100.
Vous n'êtes pas sans savoir la position, en tout cas, que, nous, de
l'Opposition, on a pris, à savoir que si on veut privatiser au
Québec l'hydroélectricité, on doit faire un débat
ouvert et public, global, avec des interventions de la population parce que,
Hydro-Québec, c'est un joyau québécois, qui appartient
à l'ensemble des Québécois, et on ne veut pas qu'on
privatise par la porte arrière ou qu'on soit placé devant des
situations de fait, mais qu'on fasse un véritable débat
là-dessus. Ça, je pense que, d'entrée de jeu, je me devais
de vous faire connaître carrément notre position, pour que ce soit
très clair, que ce soit honnête et que ce soit transparent.
Ceci dit, vous relevez du ministère, à toutes fins
pratiques, et non pas d'une régie quelconque. Parlant de prix, d'abord,
comment sont fixés vos prix?
M. Lefrançois: Le principe, c'est qu'ils nous paient le
coût évité. Alors, le coût évité,
lorsqu'il a été établi en 1990, le point de
référence était Grande-Baleine. Alors, on a dit: Le
coût du MW qui serait produit à Grande-Baleine serait de 0,422 $
du kWh, donc c'est ça qu'on vous donne.
M. Chevrette: Donc, la même affaire que la
cogénération.
M. Lefrançois: Exact, parce que, que ce soit la
cogénération ou l'hydroélectricité, c'est
comparé à ce qu'Hydro-Québec ferait si on n'existait
pas.
M. Chevrette: C'est le coût de Grande-Baleine rendu
à Montréal, 0,43 $, pour arrondir les chiffres.
M. Lefrançois: Exact. C'était 0,422 $, c'est rendu
0,433 $ en date de novembre 1991, mais c'est juste de l'indexation.
M. Chevrette: Oui, je sais que ça fluctue.
O.K. Il n'y a pas de régie, vous ne relevez d'aucune
régie, par exemple. (10 h 30)
M. Lefrançois: Bien, disons que notre principal
régisseur, c'est Hydro-Québec, parce que le contrat avec
Hydro-Québec nous impose des contraintes, nous impose des lignes, des
règles de prévention, des règles de maintenance, des
règles de sécurité, nous impose des conditions quand on va
entrer en opération, etc.; donc, notre principal régisseur, c'est
Hydro-Québec.
Mais évidemment qu'avant ça il y a toutes les
règles normales. Alors, si le terrain est zone agricole, on est sujets
à la Loi sur la protection du territoire agricole; il faut passer
à travers toutes les procédures du ministère de
l'Environnement, et le ministère de l'Énergie intervient si c'est
un site public. Alors, si c'est un site totalement privé, ça
s'arrête là; si c'est un site public, bien, il faut que le
ministère de l'Énergie nous
accorde le site via un processus établi d'avance.
M. Chevrette: Vous ne croyez pas qu'il serait plus pratique
d'avoir des audiences génériques pour l'ensemble des mini-projets
que de les faire un après l'autre?
M. Lefrançois: Au point de vue de l'environnement ou au
point de vue...
M. Chevrette: Au point de vue environnement.
M. Lefrançois: Bien, au point de vue environnement, c'est
parce que chaque projet est très spécifique. Nous, en autant
qu'on est concernés... Disons que la chose qu'on voudrait éviter,
c'est que, lorsqu'on va en audiences publiques, une des questions qui est
posée, c'est: Quelle est la nécessité d'avoir une centrale
hydroélectrique? Alors, nous, on ne veut pas avoir besoin de
répondre à ça pour une centrale en particulier. On veut
être capables de dire: C'est la politique du gouvernement qui a
décidé qu'il y aurait des centrales publiques. À partir de
là, quels problèmes on cause à l'environnement, ou comment
on améliore l'environnement? Mais chaque site est tellement particulier
qu'on préfère que chaque site soit étudié à
son mérite et que...
M. Chevrette: C'est parce que vous affirmez, dans votre texte
c'est à partir de votre texte que je vous ai posé la
question vous dites qu'étant donné que, pour la
majorité, c'est la correction de barrages déjà
existants...
M. Lefrançois: Oui.
M. Chevrette: ...au point de vue environnemental, ça
présente peu de problèmes par rapport au niveau d eau, etc.,
c'est pour ça que je vous ai posé la question, c'est à
partir de votre texte.
M. Lefrançois: Bien... Oui, mais...
M. Chevrette: Parce que ça semble contradictoire avec la
réponse que vous me donnez.
M. Lefrançois: Non, ce n'est pas contradictoire. Si on
réaménage un site déjà existant, on va passer par
le ministère de l'Environnement, mais les questions vont être
très faciles à répondre, parce que les impacts vont
être mineurs. Supposons que c'est un autre site de 5 MW sur un site
vierge, qui est une rivière à saumon en plus, bien, là,
même si c'est juste 5 MW, les questions sont très longues. O.K.?
Je le sais, j'en ai un comme ça, et ça prend du temps.
M. Chevrette: Ce n'est pas la même discussion, ça,
je suis d'accord avec vous, mon cher monsieur.
M. Lefrançois: Exact. C'est pour ça que...
M. Chevrette: Surtout si vous touchez au saumon.
M. Lefrançois: Exact. Vous en avez deux ici qui savent
qu'est-ce que ça veut dire.
M. Chevrette: Ils sont ici? Ha, ha, ha! O.K. À la page 8,
vous êtes carrément contre 1 ' interfinancement.
M. Lefrançois: Oui.
M. Chevrette: C'est d'une évidence totale.
M. Lefrançois: Bien, disons, évidemment, on est
contre. On sait que, comme politiciens ou comme gouvernement, ce n'est pas la
chose la plus facile à corriger.
M. Chevrette: Oui, mais, comme producteurs privés,
là, on va s'en parler aussi.
M. Lefrançois: Ha, ha, ha! Le principe: On est contre
toute subvention, et pour nous et pour les autres, et donc contre
l'interfinancement.
M. Chevrette: Oui, mais c'est parce que vous allez... Je veux
bien comprendre la trame de votre mémoire. Vous affirmez le principe que
vous êtes contre l'interfinancement, vous arrivez aux compagnies grandes
consommatrices, énergivores à outrance, que sont les alumineries,
et vous dites: À moyen terme, ils doivent payer plein tarif. Si vous
êtes contre, vous êtes contre. Vous n'êtes pas contre
à moyen terme, ni à court terme, ni à long terme, vous
êtes contre.
M. Lefrançois: On ne recommande pas que ce soit une
subvention. Si on leur dit: Pour t'étàblir, au lieu de payer 0,03
$, tu vas payer 0,01 $ la première année, et tu vas payer 0,02 $,
et ensuite tu vas payer 0,03 $, et ensuite tu vas payer 0,04 $ et 0,05 $, et,
sur une période de 10 ans, il faut que tu paies le même prix que
tout le monde...
M. Chevrette: Comment conciliez-vous ça avec les contrats
déjà signés pour 30, 40 ans?
M. Lefrançois: Bien, disons que, en autant qu'ils
s'éloignent de ça; on est contre.
M. Chevrette: Bien oui, mais il y a une situation... Moi, je suis
peut-être trop pragmatique, mais il y a un contrat de signé.
M. Lefrançois: On ne peut pas rien faire avec ça,
un contrat qui est signé.
M. Chevrette: Donc, vous avez écrit pour rien
là-dessus.
M. Lefrançois: Non. Il va y en avoir d'autres,
possiblement. On parle des futurs...
M. Chevrette: Bien non, ils ont décidé... Ils se
sont aperçus qu'ils se sont fourré les pieds dans les plats, ils
n'en feront plus; c'est ça qui est écrit dans le plan de
développement.
M. Lefrançois: Non, ce n'est pas tout à fait
ça qui est écrit, non. Ça parle que ça va
être...
M. Chevrette: Oh!
M. Lefrançois: Bien, regardez l'orientation 19, ou je ne
sais pas quel numéro... L'orientation 27: Favoriser l'implantation
ciblée et limitée. On est d'accord avec ça.
M. Chevrette: Oui, oui, mais vous savez très bien qu'Hydro
s'est expliquée là-dessus, elle a dit: Je n'ai pas le choix, il y
a Alouette phase II qui est acceptée...
M. Lefrançois: Oui.
M. Chevrette: ...et je pense qu'il y a Lauralco, ou quelque chose
du genre. Mais de nouvelles alumine-ries, là, à portée de
vue, je pense qu'ils se sont rendu compte qu'ils se sont pété le
nez dans la vitrine, bien correct, et qu'ils n'en feront plus. Sauf qu'on est
pris avec pour probablement une trentaine d'années; ça va nous
coûter à peu près 1 500 000 000 $. De ce
côté-là, moi, je suis bien d'accord avec vous, mais
pourquoi voudriez-vous c'est là qu'est ma question
à ce moment-là, qu'on paie pendant 30 ans? Qui va payer s'il n'y
a pas d'interfinancement? Vous êtes-vous posé la question: qui va
être la victime de ça, de la bêtise passée, si vous
abolissez tout interfinancement?
M. Lefrançois: Bien...
M. Chevrette: Ça va être vos papetières, dont
vous parlez, qui sont déjà pénalisées...
M. Lefrançois: Oui, mais...
M. Chevrette: ...et vous ne voulez pas qu'elles paient pour les
grosses alumineries...
M. Lefrançois: Oui, mais...
M. Chevrette: ...ça va être le citoyen
québécois qui consomme de l'électricité et qui est
actionnaire. Contrairement à l'objectif de l'année 1962, il
devait avoir l'électricité au plus bas prix tout le temps, tout
le temps. Je ne vous comprends pas.
M. Lefrançois: C'est parce que vous ne voulez pas. Ha, ha,
ha!
M. Chevrette: Non, non. Je m'essaie, mais je veux...
M. Lefrançois: Non?
M. Chevrette: ...vous faire sortir...
M. Lefrançois: Oui.
M. Chevrette: ...ce que vous avez dans les tripes.
M. Lefrançois: O.K. Je vais vous expliquer clairement. Ce
qui existe, existe. Bon. Ce qui est fait, est fait; les contrats doivent
être respectés. Quand ça a été fait, ils ont
jugé que l'apport économique était assez important pour
justifier les prix qu'ils ont signés. Évidemment que là,
on peut leur tomber dessus parce que, avec le prix de l'aluminium qui est
très bas, bien, ça fait une très grosse différence.
Et probablement que... Peut-être que dans trois ans, si le prix de
l'aluminium est très élevé, ça sera une toute autre
histoire. Mais c'est fait.
Par conséquent, ça n'empêche pas que, dans le futur,
nous autres, on dit: Si vous êtes pour faire des concessions, que ce soit
temporaire, il faut que ça se repaie. Et, dans tout ce qui existe
aujourd'hui, il faut éliminer graduellement l'interfinancement,
ça, c'est sûr. Évidemment que ces quelques millions vont
devoir être supportés par l'ensemble de la population. Mais, quand
ces industries-là ont été créées, ça
bénéficiait à l'ensemble de la population aussi.
M. Chevrette: O.K. Si vous voulez avoir un prix garanti de 0,043
$...
M. Lefrançois: Oui.
M. Chevrette: ...et vous dites que vous êtes contre les
subventions...
M. Lefrançois: Oui.
M. Chevrette: ...n'est-ce pas là une façon
déguisée d'aller chercher des subventions officiellement? Parce
que ça paraît bien, je vous assure, 0,043 $, ça m'en a
coûté... Je pourrais le vendre 0,037 $ et je ferais de l'argent,
mais on m'assure 0,043 $. Ce n'est pas là une forme
déguisée de subvention?
M. Lefrançois: Non, pas du tout. Si ça vaut 0,043
$, on est prêts à le vendre 0,043 $. Si, demain matin, ils nous
disent pour une raison quelconque: Ça nous coûterait 0,033 $
à Grande-Baleine, et que, par conséquent, il n'y a plus de
projets qui sont rentables, on n'en fera pas.
M. Chevrette: On va essayer de reprendre ça. M.
Lefrançois: Oui, mais regardez.
M. Chevrette: Vous êtes très habile, mais ce n'est
pas ça que je vous pose comme question.
M. Lefrançois: Vous aussi! Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Chevrette: Vous dites ceci, M. Lefrançois: On ne veut
pas de subvention.
M. Lefrançois: Non.
M. Chevrette: J'ai bien compris votre mémoire
là-dessus. Ça, c'est clair, c'est limpide, c'est transparent, il
n'y a pas de problème.
M. Lefrançois: Et vous êtes en faveur de ça.
M. Chevrette: Pardon?
M. Lefrançois: Et vous êtes en faveur de
ça.
M. Chevrette: Ça, je pourrais le discuter dans un autre
temps avec vous. Ceci dit, la cogénération ou quand tu assures un
prix ferme...
M. Lefrançois: Oui.
M. Chevrette:... de 0, 043 $ du kwh, vous venez nous dire: nous,
les privés, ça coûte bien moins cher que ça à
opérer. pas de problème. on va réaliser ça à
moindre coût qu'hydro-québec. mais, si on vous disait: on va vous
assurer une marge de profit de 12 %, pas une cent de plus, comme ça se
fait à peu près devant les régies, vous le savez...
à ottawa, c'est 12, 5 % même quand on fait appel... donc, mettons
12, 5 % pour être réaliste avec ce qui se passe normalement.
M. Lefrançois: Moi, je pense...
M. Chevrette: Si on enlevait les 0, 043 $ dont vous parlez.
M. Lefrançois: O. K. Mais disons que, si
HydroQuébec construisait demain matin une centrale, ça lui
coûterait 0, 043 $ et ça resterait 0, 043 $ pour au moins 20 ans.
O. K. ? Alors, quand elle nous donne les 0, 043 $ pour 20 ans, c'est normal,
c'est dans l'ordre des choses.
Maintenant, moi, je trouve qu'à 0, 043 $ sur disons 100 sites qui
existent au Québec, pris au hasard, il y en a peut-être 30 qui
vont être rentables. O. K. ? Seulement 30 vont être rentables. Il y
en a qui vont l'être plus que d'autres, mais il y en a juste 30 qui vont
être rentables; il y en a 70 qui ne le seront pas, supposons. Mais est-ce
qu'on va augmenter le prix pour rendre les autres 70 rentables?
Moi, je ne suis pas en faveur de ça. Je dis: Tant que le
coût évité est de 0, 043 $, amenez-moi les sites qui sont
rentables à 0, 043 $, et ceux qui ne le sont pas, c'est bien de valeur,
mais il va falloir attendre, et, si ça monte un jour, vous les ferez.
Nous autres, on a, par exemple, loué pour 60 ans trois sites sur une
même rivière. Avec 0, 043 $, on a un site qui est assez rentable,
on en a un qui est juste sur la limite et on en a un qui ne l'est pas. C'est
sur la rivière Portneuf, près de Forestville. (10 h 40)
On va faire les deux sites qui sont rentables, puis celui-là qui
n'est pas rentable, on ne le fera pas. Pourquoi Hydro-Québec nous
donnerait 0, 048 $ pour qu'on aille faire ce site-là? Ce n'est pas
logique. On est prêt à vivre avec ça. On va faire nos deux
sites, et on va vivre avec, et, si un jour ça monte à 0, 058 $ et
que l'inflation n'a pas été trop grande, on construira le
troisième. Tous les producteurs ont les mêmes problèmes. Il
y a beaucoup de sites qui seraient le «fun» à faire, mais
qu'on ne peut pas faire parce que ce n'est pas rentable. On se contente de ce
qui est rentable.
Le Président (M. Audet): Merci. Mme la ministre de
l'Énergie.
Mme Bacon: Juste pour l'information de la commission, et
peut-être enlever un petit peu les craintes du député de
Joliette par rapport à la privatisation. On regarde le parc actuel
d'Hydro-Québec, plus Churchill, il y a plus ou moins 30 000 MW. Le
potentiel de nos grandes rivières, c'est plus ou moins 18 000 MW. Quand
on regarde les petites constructions, les petites centrales de 25 MW, c'est 500
MW à 1000 MW sur l'ensemble du potentiel. Alors, je ne pense pas qu'on
puisse parler de privatisation qui commence par la porte d'en arrière en
ce moment. Ce n'est pas beaucoup.
M. Chevrette: Je parlais de leur appétit de 25 à
100.
Mme Bacon: On n'est pas rendus là, on parlait dans quatre
ans tout à l'heure. Si j'ai bien compris, ce n'est pas pour demain
matin. Alors, juste rétablir ça.
Mon collègue de Saint-Maurice.
M. Lefrançois:... pas réinviter?
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Bacon: Mon collègue de Saint-Maurice.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Saint-Maurice.
M. Lemire: Je voudrais revenir, M. le Président, sur
l'interfinancement. Je remarque que, dans votre mémoire, à l'item
9, vous mentionnez qu'il devrait être éliminé le plus
tôt possible. C'est ce que vous avez mentionné au
député de Joliette tantôt. La situation d'interfinancement
repose sur le fait que les abonnés d'Hydro-Québec n'offrent pas
le même rendement à l'entreprise, puis je remarque que les
secteurs résiden-
tiels et agricoles présentent un rendement plus faible. Ce n'est
pas tellement payant.
Ma question: Ne croyez-vous pas que l'établissement des
rendements visés devrait tenir compte des risques encourus par
Hydro-Québec lorsqu'elle fournit de l'électricité? Et,
selon vous, est-ce que les différents marchés
d'Hydro-Québec à l'heure actuelle présentent les
mêmes risques?
M. Lefrançois: Disons qu'il y a un certain
élément là-dedans, mais il reste que les pertes pour
mauvaises créances, il y en a dans l'industrie, puis il y en a dans le
secteur résidentiel aussi. Ça dépend des
résidentiels, ça dépend où ils sont situés.
Supposons que ça représenterait 0,1 %, si c'est réellement
un coût et qu'on pouvait prouver demain matin que le taux de mauvaise
créance est énorme, sûrement que ça pourrait rentrer
dans le coût, mais, actuellement, j'aurais tendance à croire que
ça s'équivaut.
Aussi, il y a le fait que, à ce que je sache, si vous devez
apporter une ligne spéciale ou faire des aménagements
spéciaux pour un gros consommateur industriel, je crois qu'il y a des
prévisions de faites immédiatement pour s'assurer qu'il va payer
le coût additionnel de la ligne. O.K.? De toute façon, je pense
que ça fonctionne. Donc, si, au bout de 5 ans, il ferme ses portes au
lieu de les fermer au bout de 20 ans, l'immobilisation spéciale qui a
été faite pour lui, je pense qu'elle a été
réglée. Donc, c'est simplement qu'il arrête de prendre de
l'électricité. Si vous avez collecté jusqu'au dernier
mois, ce n'est pas pire qu'une résidence qui se défait.
M. Lemire: Je voudrais revenir maintenant sur les industries
à forte consommation d'électricité. À la page 9 de
votre mémoire, vous avez parlé des conditions spéciales
des paiements basés, par exemple, sur le prix de la vente de
l'aluminium. Moi, ce que je voudrais savoir: Pourquoi proposez-vous une
période de 10 ans?
M. Lefrançois: Disons qu'il n'y a rien de sacré.
Ça peut être 12, ça peut être 13, ça peut
être 15, mais sur une période prévisible... Disons, il me
semble, que 10, c'est assez long, là. Si quelqu'un s'implante et qu'il
n'est pas rentable au bout de 10 ans, là, il ne le sera peut-être
jamais.
M. Lemire: Même dans un contexte de crise
économique? On aurait pensé que la crise aurait duré un
an, et là on est rendu à trois ans. Même dans ce
contexte-là, vous pensez que 10 ans, c'est...
M. Lefrançois: Bien moi, je trouve que 10 ans, c'est un
bon objectif.
M. Lemire: Oui? M. Lefrançois: Oui.
M. Lemire: Maintenant, je reviendrais avec l'environnement, si
vous me permettez. Vous m'avez dé- montré, à la page 7,
que vous êtes... Vous mettez en relief le développement
multifonctionnel des rivières dotées d'aménagements
hydroélectriques. Vous donnez un exemple de réintroduction du
saumon dans une rivière. Quelles sont, d'après vous, les mesures
les plus susceptibles d'harmoniser les principales vocations d'un site
hydroélectriques?
M. Lefrançois: Disons que, pour parler de cette
rivière-là en question, je vais passer la parole à Pierre
Dumas, mais, si voulez parler du principe, le principe, c'est que le
ministère de l'Environnement accorde le permis. O.K.? La première
question que le ministère de l'Environnement pose avant d'accorder le
permis: Qu'est-ce que la communauté pense de votre projet? Alors, si
vous voulez obtenir une autorisation et que vous avez l'ensemble de la
communauté qui est contre, c'est bien difficile pour le ministère
de l'Environnement de l'accorder. Alors, ça force le promoteur, disons
comme un cas que je connais particulièrement, où il y a des
saumons, à trouver le moyen de ne pas nuire au saumon, peut-être
de favoriser le saumon.
Il y a un cas assez particulier dont je voudrais vous parler,
celui-là de la rivière Jacques-Cartier. Pierre Dumas est le
principal...
M. Lemire: L'expert.
M. Lefrançois: ...la personne impliquée. Je peux
lui demander de vous en parler un peu.
M. Dumas: Je ne voudrais peut-être pas parler trop
spécifiquement de la rivière Jacques-Cartier. Vous avez
peut-être lu des articles de journaux. Dans ce cas-là, il y a une
imprécision quant à l'avenir du projet justement en raison de la
mise en valeur intégrée, et je ne voudrais pas mettre en jeu ici
des intérêts et un projet privé dans un débat qui
est plus large.
Je voudrais, par contre, faire le lien avec ce que je disais tout
à l'heure quand je mentionnais que les petites centrales
hydroélectriques sont au coeur de la population, sont dans les villages.
Les centrales hydroélectriques ont la mauvaise habitude de s'installer
ou d'être plus rentables aux endroits où il y a des chutes, et on
comprendra pourquoi. Et une chute dans un village, bien, c'est l'endroit
privilégié pour un site touristique, pour le paysage, pour la
récréation, pour un paquet d'activités de plein air. Il
n'est absolument pas question, dans aucun des projets que je connais et des
projets qui sont envisagés, les 70, de bousiller l'environnement, de
faire quelque chose qui n'est pas harmonieux, qui est mal
intrégré. Alors, il faut, veux veux pas... Même le
ministère de l'Environnement l'exige, comme le disait M.
Lefrançois. Même s'il ne l'exigeait pas, on ne pourrait faire
qu'une centrale mal intégrée dans son environnement et, la
deuxième, on se ferait mettre à la porte.
L'expérience qu'on vit le plus souvent, c'est qu'il y a des
projets qui sont envisagés, il y en a qui ne sont pas encore sur la
liste, qui sont en train d'être travaillés. Les premières
étapes: il faut aller voir le maire, il faut
aller voir la MRC, il faut aller voir tous les organismes du milieu, il
faut négocier avec eux le paysage, l'aspect récréatif, la
mise en valeur du patrimoine, faire quelque chose de doux où tous les
partenaires se considèrent gagnants. Et, quand on a fait ça dans
un village, on a vu à quelques reprises dans des réunions
où le maire du village d'à côté vient nous voir et
nous dit: Écoutez, moi, j'en ai une chute et il n'y a personne qui est
venu me voir et il n'y a personne qui veut faire de centrale. Venez-vous-en,
j'en veux un projet intégré! Et ce n'est qu'à cette
condition-là qu'on pense qu'on pourra faire des projets
hydroélectriques.
Et, dans ce sens-là, je profite de l'occasion pour exprimer un
peu la désapprobation de l'Association ici à une affirmation qui
est évoquée par Hydro-Québec, encore dans l'annexe 3, au
plan de développement, quand Hydro-Québec dit qu'un
mégaprojet, par exemple, à la Baie James, évidemment, a
beaucoup d'impact sur l'environnement, mais que, si on additionnait bout
à bout les impacts de petites centrales, ça serait plus qu'un
projet; c'est mieux d'en faire un gros que 100 petits. Et ça, on est
tout à fait contre. On n'est absolument pas d'accord avec cette
affirmation-là. On a demandé à Hydro-Québec de nous
démontrer le fondement de cette déclaration, on n'a pas eu encore
la démonstration, mais on veut pousser la discussion un peu plus loin et
leur amener notre argumentation qui démontre que plusieurs petites
centrales sont mieux qu'une grosse centrale de puissance
équivalente.
Évidemment, les petites centrales ne remplaceront jamais le
complexe Grande-Baleine, on ne parle pas du même parc de puissance, mais
les petites centrales sont douces, sont harmonieuses.
Le Président (M. Fradet): Merci, M. le
député de Saint-Maurice.
Je reconnais maintenant M. le député de Laviolet-te.
M. Jolivet: Merci, M. le Président.
À la page 5 de votre mémoire, vous faites mention que les
sites hydroélectriques de moins de 25 MW devraient être
réservés au secteur privé. Vous n'êtes pas sans
savoir qu'il y a des municipalités qui, actuellement, possèdent
des barrages, des centrales hydroélectriques. Vous n'êtes pas sans
savoir non plus que des municipalités ont fait mention qu'elles
voulaient entrer dans ce secteur-là. Alors, on a eu des discussions avec
les gens d'Hydro-Québec et, finalement, on a obtenu une opinion
légale nous indiquant que les municipalités ne sont pas
habilitées, en vertu de la loi, à vendre de
l'hydroélectricité à Hydro-Québec, ce qui ne les
empêche pas d'en faire pour leurs propres besoins, probablement.
À partir de ça, s'il y avait un changement à la loi
permettant aux municipalités de pouvoir entrer dans le secteur de vente
de l'électricité à Hydro-Québec, est-ce que vous
seriez contre? Est-ce que vous considérez que c'est un site qui est
public, c'est-à-dire pas un site, mais une centrale qui est publique et
non pas une centrale privée?
M. Lefrançois: Nous, on trouve que le partage actuel est
excellent, parce que, si une municipalité a la possibilité
d'aménager quelque chose à l'intérieur et a son propre
réseau de distribution, il y a déjà un critère
d'efficacité qui apparaît parce qu'il faut que le réseau de
distribution fasse des profits, etc. À partir du moment où une
municipalité se met à produire pour Hydro-Québec,
là, ce n'est pas évident que le critère économique
va toujours être là, O.K.? (10 h 50)
Nous, s'il y a un site qui n'est pas rentable à 0,043 $, on ne le
fait pas. Une municipalité pourrait se rendre compte que le site, il
serait rentable à 0,048 $, qu'à 0,043 $, il ne l'est pas. Mais
qu'est-ce que c'est ça? Ce n'est pas grave, avec les programmes divers,
puis avec les programmes de ci, puis avec les programmes de subvention untels,
on va réussir à baisser les coûts. Puis, finalement, ils se
mettent à faire des sites de 0,048 $, puis qui ne devraient pas exister,
et ils n'ont pas le même critère que nous qui existe tout le
temps, qui est: le coût du projet, il est tout là, puis le revenu,
il est tout là, puis il faut que ça balance. O.K.?
Dans une municipalité où il y a beaucoup de chômage
je dirais dans toutes les municipalités la tentation,
c'est de dire: Bien, écoute, même si ça, ce n'est pas tout
à fait rentable, on va le faire pareil, on va donner de l'ouvrage au
monde, c'est bien important, etc. Et là, à mon avis, ça
peut dégénérer de façon très importante,
puis ce ne sera plus un programme normal. Donc, on trouve que tel que c'est
là, on est absolument d'accord avec ça.
M. Jolivet: Deux questions encore. La première, c'est pour
celles qui existent et qui fabriquent de l'électricité et la
vendent. Vous n'avez pas d'objection, si je comprends bien, à les
maintenir comme telles. Pour ceux qui viendraient...
M. Lefrançois: Vous parlez dans les
municipalités?
M. Jolivet: Dans les municipalités, oui. M.
Lefrançois: Pas de problème.
M. Jolivet: Et, dans le cas de municipalités qui
voudraient avoir de nouveaux sites, de nouveaux barrages, de nouvelles
centrales et qui seraient dans un coût équivalent au vôtre,
même moindre, est-ce que vous seriez en désaccord aussi?
Là, vous êtes en désaccord dans la mesure où ce
serait moins dispendieux et, en conséquence, vous dites: Nous sommes
contre cette façon de voir les choses, à cause des programmes
dont vous faites mention. Mais pour un site qui serait rentable et qui
permettrait à la municipalité de retirer une partie de l'argent
pour payer des services dans sa municipalité?
M. Lefrançois: Moi, ce que je conseillerais à une
municipalité, si c'est un site rentable, c'est d'aller voir
un promoteur et de se faire donner un pourcentage sur les revenus bruts.
Ça va être beaucoup plus facile, beaucoup plus facile à
contrôler. Ils vont avoir les mêmes avantages.
Nous autres, on a actuellement un site, disons, dans une ville, la ville
de Port-Cartier. On a négocié un pourcentage sur les revenus
bruts, on a négocié qu'on ferait tel et tel aménagement
pour eux. Pour la ville, à mon avis, c'est l'idéal. Ils ont le
revenu, ils sont sûrs de l'avoir, ils ont les aménagements, puis
ils n'ont pas à rentrer dans un processus, quand même, assez
complexe. Et une chose qui est sûre, c'est que, si le projet est
rentable, il va se faire, puis, s'il ne l'est pas, il ne se fera pas. À
mon avis, c'est la meilleure solution.
M. Joli vet: Merci.
Le Président (M. Fradet): Merci. M. le
député de Joliette, maintenant.
M. Chevrette: Je vais partir de votre dernière
allégation. C'est clair et je n'ai rien contre ça, c'est normal,
en entreprise privée, qu'on fasse des profits à partir de projets
qu'on... Il n'y a pas personne qui a encore la vocation d'aller bâtir des
projets à perte, je comprends ça. Mais Hydro-Québec n'a
pas la même mission que vous autres. Et toutes les régions du
Québec... Si on a étatisé l'hydroélectricité
en 1962, c'était pour sortir de la grande noirceur. Parce que Shawinigan
Water and Power, si ce n'était pas payant d'allonger une ligne à
quelque part, bien ils restaient à la noirceur, puis on se chauffait
à la lampe à l'huile, puis à pomper le fanal, comme on
disait.
Vous ne ferez pas de projet dans un milieu où ce n'est pas
avantageux de le faire. Donc, Hydro-Québec devra se substituer à
vous autres pour aller porter l'électricité, par exemple,
à une entreprise qui se développerait, qui exigerait 4, 5 MW.
M. Lefrançois: Pas du tout. Parce que HydroQuébec,
déjà, va porter l'électricité partout, O.K.?
M. Chevrette: Oui.
M. Lefrançois: Et ça, c'est...
M. Chevrette: Ah! mais vous savez très bien qu'il y a des
régions du Québec qui sont à la limite.
M. Lefrançois: Oui, mais ce n'est pas les...
M. Chevrette: Je pourrais vous en donner des régions,
là...
M. Lefrançois: Mais ce n'est pas les...
M. Chevrette: Ils ne le disent pas parce qu'ils ont peur
d'affoler le monde...
M. Lefrançois: Oui.
M. Chevrette: ...mais ils sont à la limite, par exemple,
de la réfection. s'il y avait un barrage additionnel dans la
région de saint-esprit, par exemple...
M. Lefrançois: Oui.
M. Chevrette: ...de 25 MW, ça serait très
rentable pour Hydro de le laisser à l'entreprise privée, si
jamais l'entreprise privée... au lieu de changer tout son
système, puis d'augmenter le voltage.
M. Lefrançois: Oui, mais, c'est parce que là, moi,
je voudrais faire la distinction entre fournir le service
d'électricité à la clientèle... O.K.? On est tous
d'accord que tout Québécois, peu importe où il est
situé, va recevoir l'électricité, puis va payer le
même prix; même si ça coûte une fortune, il a le droit
de l'avoir. Et ça, Hydro-Québec remplit déjà ce
mandat, O.K.? Nous, on arrive et on agit uniquement dans le domaine de la
production, ce qui veut dire que, si on s'installe, disons, tel village, au
lieu que l'électricité vienne de Montréal, bien, elle va
venir localement. Mais il reste toujours un fait, que la clientèle
locale, qu'on soit là, qu'on ne soit pas là, ne sera pas
affectée. Elle est déjà servie et, quand on va être
là, le gros souci d'Hydro-Québec, c'est justement qu'on ne puisse
pas faire d'interférence et diminuer le service à la
clientèle. Donc, elle nous impose toutes sortes de mesures de
sécurité pour être bien sûr qu'elle ne soit pas
obligée de couper le courant plus souvent pour nous autres, que
ça va être le même service qu'avant.
Et je dirais que tout le monde a l'électricité partout et
c'est rare... Ça peut arriver que, dans un cas, on favorise... Souvent,
on va favoriser l'efficacité d'Hydro-Québec parce qu'on
s'implante sur les bouts de ligne, si on peut dire, et c'est bien plus
intéressant, mais tant mieux! On a le même prix.
M. Chevrette: Avez-vous eu des échanges avec Hydro sur le
projet de Robertson?
M. Lefrançois: Disons, on a vu...
M. Chevrette: 21 MW, 340 000 000 $. Qui dit mieux?
M. Lefrançois: II faut dire que ce n'est pas en pleine
ville, le lac Robertson; ce n'est pas en pleine ville, O.K.? Aussi, il y a un
autre facteur qu'il faut considérer, qui existe même pour
l'entreprise privée, c'est que, si vous voulez aller installer un plan
à Kuuj-juaq, vous n'aurez pas 0,433 $, vous allez avoir le coût
évité à cet endroit-là, qui peut être de 0,08
$ ou de 0,10 $. O.K.? Alors, à Robertsonville, le coût
évité est peut-être de 0,10 $, est peut-être de 0,15
$. Alors, peut-être que même à 300 000 000 $, c'est encore
rentable, mais je ne peux pas vous dire.
M. Chevrette: On en discutera.
Le Président (M. Audet): Merci. Pas d'autres
interventions?
M. le député de Drummond.
M. St-Roch: Merci, M. le Président.
Vous avez mentionné qu'il y a 70 projets à l'étude
pour à peu près 252 MW. Si je vous demandais la question
suivante: Est-ce que votre association, avec ce que vous connaissez de la
situation, peut livrer, pour Horizon 2003, 730 MW d'électricité
à même les projets privés? Est-ce que c'est faisable? Si
oui, est-ce qu'il faut se concentrer et déborder dans les 25 à
100?
M. Lefrançois: Disons que c'est une grosse question.
Là, évidemment, on peut assumer que les 250 qui sont
présentés actuellement, c'est peut-être les plus faciles,
c'est ceux où il y a déjà des aménagements. Il y a
des centrales, là-dedans, de 2 MW, de 1 MW, que, s'il n'y avait pas
déjà un aménagement de fait, ce serait jamais possible de
partir d'un site vierge. Donc, je croirais que les 250 qui sont là,
c'est les plus faciles. Les 250 suivants, au lieu d'être des projets avec
une moyenne de 4 MW, ça va être des projets avec une moyenne de 10
MW, 12 MW sur des sites vierges. Et se rendre à 730 d'ici 10 ans,
garanti... Déjà, dans les sites, dans ceux qu'on a là, on
se rend en 1996. Je doute que, dans les conditions actuelles, on puisse se
rendre là.
M. St-Roch: La deuxième question, M. le Président.
Dans l'éventualité qu'il y aurait un changement de politique
gouvernementale pour vous octroyer des projets en haut de 25 MW, là, on
commence à penser à des montants d'investissement qui sont assez
substantiels, avec des perturbations du milieu qui sont un peu plus
étendues. Dans la politique à l'heure actuelle
d'Hydro-Québec, il y a le fameux 2 % qui est alloué pour
compensation, soit au niveau environnemental, et aide aussi à corriger
des choses et au développement régional. Est-ce que ce serait
pensable, si jamais on était en haut de 25 MW, que cette même
politique là serait maintenue par l'entrepise privée?
M. Lefrançois: C'est possible. Si vous regardez,
d'ailleurs, aujourd'hui, les sites que je connais plus, les sites qui sont
publics, déjà il y a des aménagements qui sont faits, qui
dépassent peut-être le 2 %. La seule chose qui est importante,
c'est de le savoir au départ. Si vous dites: Prévoyez dans vos
coûts 2 % pour des coûts d'investissement pour donner à la
communauté, bien là, on va dire: Ça nous coûtait 100
000 000 $, maintenant, ça nous en coûte 102 000 000 $. Est-ce que
le projet est encore rentable? Alors, ce serait surprenant qu'un 2 % fasse un
écart, fasse abandonner un grand nombre de projets. En autant que c'est
su d'avance, c'est faisable, parce qu'on va le calculer.
Le Président (M. Audet): Merci. Alors, messieurs, au nom
des membres de la commission de l'économie et du travail, je vous
remercie de votre présenta- tion.
Nous allons suspendre nos travaux deux minutes afin de permettre aux
Ami-e-s de la terre du Québec de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 11 heures)
(Reprise à 11 h 2)
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! Nous reprenons nos travaux. Nous recevons maintenant le groupe les
Ami-e-s de la terre du Québec. Alors, madame, monsieur, on vous souhaite
la plus cordiale bienvenue à cette commission parlementaire. Je vous
rappelle brièvement nos règles de procédure. Vous disposez
d'une vingtaine de minutes pour nous faire votre exposé, mais, avant, je
vous invite à vous présenter afin de permettre la transcription
du Journal des débats. Ensuite suivra une période
d'échanges qui durera une quarantaine de minutes. Vous avez la
parole.
Ami-e-s de la terre du Québec
M. Waaub (Jean-Philippe): Bonjour à tout le monde. Merci
de nous recevoir aujourd'hui. Mon nom est Jean-Philippe Waaub, pour les Ami-e-s
de la terre du Québec, avec Margot Allen. On va vous présenter
notre mémoire, donc, en une vingtaine de minutes. On a ajouté
quelques petits points qui ne sont pas écrits, évidemment;
ça arrive souvent, étant donné les délais qu'on a
pour faire le mémoire et que la réflexion se poursuit. Alors,
sans plus tarder, je passe la parole à Margot Allen pour commencer.
Mme Allen (Margot): Les producteurs d'énergie partout au
monde subissent des changements et des transformations. Planification: pourquoi
les producteurs d'énergie devraient incorporer les coûts
environnementaux. Ceux qui insistent pour dire que les emplois
créés par les projets hydroélectriques doivent passer
avant les considérations environnementales se trompent. L'un ne peut
exister sans l'autre. Nous ne pouvons plus ignorer les aspects négatifs
de nos choix énergétiques. Les coûts absolument
énormes de l'exploitation des ressources naturelles ont
échappé à l'attention de l'homme depuis un siècle,
mais ces coûts n'échapperont pas aux lois de la nature auxquelles
on doit toujours rendre compte. Les acquis perdus et la perte en
productivité qui en découle érodent silencieusement le
bien-être économique d'une nation. On ne peut sacrifier l'avenir
économique du Québec pour créer des emplois temporaires
dans le secteur de la construction.
Les ressources naturelles ne peuvent plus être
considérées comme des dons de la nature. Ignorer les coûts
environnementaux au niveau de la planification, de l'évaluation des prix
et de la sélection des ressources, c'est essentiellement leur fixer une
valeur de zéro. Par contre, quantifier les coûts environnementaux
externes au niveau de la planification et de la sélection des res-
sources servira à diminuer les problèmes de santé
et les dommages causés par la pollution ainsi qu'à encourager les
producteurs d'énergie à investir dans les ressources moins
polluantes. Les coûts légaux et les coûts de
réparation ou de dépollution vont continuer à augmenter.
Alors, considérer ces coûts à éviter dans la
planification et la sélection des ressources peut nous aider à
éviter les coûts supplémentaires dans le futur. Il s'agit
là d'une simple mesure de sécurité pour réduire les
niveaux d'incertitude associés au plan de développement
d'Hy-dro-Québec.
Recommandation 1: Hydro-Québec doit s'engager à quantifier
les coûts environnementaux, sociaux et économiques de ses projets.
On accepte plus facilement d'évaluer les
«externalités» positives création d'emplois,
retombées économiques mais on hésite à faire
ressortir les coûts négatifs.
Quelques pays commencent à répertorier tous les effets
environnementaux reliés à chaque source d'énergie dans le
but de favoriser les sources énergétiques les moins dommageables
pour l'environnement. À cet égard, un livre, «Environmental
Costs of Electricity», publié en 1990, fait une révision
des études qui quantifient les coûts indirects par
différentes sources d'énergie: charbon, pétrole, gaz
naturel, nucléaire, hydroélectricité, solaire,
éolienne, incinération, technologies de conservation
d'énergie. Les annexes 1 et 2 sont quelques exemples de façons de
quantifier les coûts environnementaux et sociaux reliés aux
projets hydroélectriques.
Recommandation 2: Hydro-Québec doit incorporer les coûts
externes à ses coûts internes dans son analyse du coût pour
chaque projet. Il y a différentes façons de le faire. On peut
s'inspirer de l'approche «Least Cost Integrated Resource Planning»,
déjà un standard de travail dans 35 États
américains. Les références 3 et 4 dans la bibliographie
suggèrent diverses méthodes d'incorporer les coûts externes
dans la planification des ressources.
M. Waaub: En ce qui concerne la méthode de planification,
la méthode «Integrated Resource Planning», ou planification
intégrée des ressources, a retenu l'attention
d'Hydro-Québec qui s'est un peu mise à l'ouvrage, mais qui,
hélas, n'a pas pu procéder à cet exercice-là pour
ce plan de développement ci, ce qui est un peu dommage dans le mesure
où elle reviendra seulement dans trois ans pour faire le prochain
exercice, alors qu'on aurait pu considérer de façon
systématique à la fois les options d'offre et de demande du point
de vue de la rentabilité sociale globale, c'est-à-dire en
incluant les coûts sociaux et environnementaux des options tout en
respectant les critères financiers de l'entreprise. On pourra revenir
là-dessus, sur la différence de planifier les ressources
énergétiques en fonction d'une rentabilité sociale globale
plutôt que d'une rentabilité d'entreprise.
Mme Allen: Section 2, la prévision de la demande. Une
phase déterminante du processus de planification est la phase
d'intégration des options d'offre et de demande. La planification doit
commencer par une analyse des besoins, c'est-à-dire l'utilisation finale
de l'énergie. Les consommateurs ne veulent pas de l'énergie, ils
veulent des services que fournit l'énergie: chauffage, éclairage,
services électrolytiques, mécaniques et informatiques. Nous
devons nous poser des questions fondamentales: Comment combler ces besoins avec
le plus d'efficacité? Quelles sources sont les moins chères au
niveau environnemental et social, autant qu'au niveau économique?
Quelles sources sont les mieux adaptées à chaque besoin?
L'électricité en constitue seulement un parmi plusieurs moyens de
satisfaire ces besoins.
Recommandation 3: il faut faire une analyse de tous les moyens de
satisfaire chaque besoin pour voir quelle source d'énergie est la mieux
adaptée pour chaque utilisation finale. La conservation doit être
considérée comme une des sources et il faut l'exploiter au
maximum. Par exemple, il semble que l'utilisation de
l'électricité pour le chauffage des locaux en hiver n'est pas une
utilisation rationnelle de cette ressource. Calculer une tarification moyenne
sur toute l'année ne sert qu'à dissimuler le fait que l'emploi de
l'énergie électrique pour le chauffage de locaux est dispendieux.
Voir les annexes 3 et 4.
Hydro-Québec doit garder une grande réserve uniquement
pour la courte durée de l'appel maximal de puissance et, en dehors de la
période d'appel maximal, une partie de la capacité de production
n'est pas utilisée. Les références 5, 6 et 7 dans la
bibliographie démontrent comment l'utilisation du solaire passif peut
servir à réduire la consommation énergétique d'un
bâtiment pour les systèmes de chauffage, d'éclairage, de
refroidissement et de ventilation. D'autres possibilités à
étudier sont un meilleur aménagement urbain, l'incorporation du
solaire actif et passif dans la construction neuve et la rénovation, la
récupération de chaleur, l'emmagasinage de chaleur,
l'intégration d'appareils pour le transfert et le stockage de la
chaleur. (11 h 10)
Sujet 3, les industries à forte consommation
d'électricité. Le Canada est un des pays les plus
énergivores du monde, et ce, pour diverses raisons, entre autres, une
structure industrielle énergivore basée sur la production des
produits primaires, pâtes et papiers, minéraux et produits
agricoles. Quels sont les besoins industriels du Québec? Comment
pouvons-nous les combler avec le moins d'impacts négatifs possible
les impacts environnementaux, sociaux et économiques et le
plus d'impacts positifs emplois et retombées
économiques?
Il s'agit d'un projet de société. Le développement
du Québec basé sur les industries à forte consommation
d'électricité est de l'antidéveloppement car elles
créent très peu de plus-value en leur fournissant
l'énergie en deçà du coût de production. Si ces
industries paient moins que le coût de production, le reste des
consommateurs sont obligés de payer le déficit qui est ainsi
créé. De plus, les payeurs de taxes défraient les
coûts reliés à la dépollution et aux maladies
causées par ces industries. Est-ce qu'il ne serait pas mieux de
favoriser les industries de récupération et de recyclage qui
permettent d'épargner non seulement en énergie, mais aussi
en ressources? Par exemple, le recyclage d'aluminium utilise 95 % moins
d'énergie que la production primaire et le recyclage du papier
nécessite 64 % moins d'énergie que la fabrication à partir
de pulpe. Voir l'annexe 5 pour les détails. Il faut chercher à
réduire surtout notre niveau de pollution.
Alors, notre recommandation 4: les grands projets industriels doivent
aussi faire l'objet d'évaluations environnementales.
Recommandation 5: il faut d'abord calculer le potentiel de
réutilisation et de recyclage pour chaque industrie. Si nous allons
accorder des rabais tarifaires, il faut les accorder aux industries de
réutilisation et de recyclage. Il faut demander des tarifs beaucoup plus
élevés pour les pollueurs et arrêter de compter sur
l'argent de la société et les taxes présentes et futures
pour la dépollution.
Recommandation 6: pour les contrats déjà signés,
Hydro-Québec doit s'engager à fournir des analyses non seulement
sur les avantages, mais aussi les désavantages.
Recommandation 7: en attendant, il faut un moratoire sur tout nouveau
contrat avec les industries de forte consommation
d'électricité.
Sujet 4, les ventes à l'exportation. Quels sont les avantages et
les désavantages de l'exportation? Quels sont les risques
environnementaux, sociaux et économiques pour le Québec? La
production d'un excès d'énergie pourrait s'avérer
très coûteuse pour la population québécoise. Il faut
savoir si l'énergie exportée sert réellement à
réduire la consommation de combustibles fossiles et ainsi que les
précipitations acides au Québec ou si l'énergie ne sert
qu'à alimenter une croissance industrielle. Est-il logique d'emprunter
de l'argent pour l'exportation et de subir les problèmes
environnementaux et sociaux ainsi créés, quand tous les emplois
créés par l'utilisation de cette électricité le
seront aux États-Unis? De plus, les paiements d'intérêt sur
l'argent emprunté qui quitte le Québec vont stimuler
l'économie ailleurs, pas chez nous. Nous risquons une perte nette
plutôt qu'un bénéfice.
Recommandation 7: il faut un moratoire sur les nouveaux contrats
d'exportation.
Recommandation 8: pour les contrats déjà signés,
Hydro-Québec doit s'engager à fournir des analyses non seulement
sur les avantages, mais aussi sur les désavantages et à
démontrer que ses ventes contribuent à une dépollution
globale.
M. Waaub: En ce qui concerne les critères dont
Hydro-Québec parle dans le plan de développement et auxquels les
exportations devraient satisfaire, ça me semble assez vague. Justement,
notamment toute la question du plein coût social de production est
importante dans la mesure où il n'est pas question que toutes les
nuisances environnementales se fassent au Québec et tous les gains se
fassent aux États-Unis. Notamment, si on prétend qu'on va
améliorer l'état de l'environnement global, on devrait
peut-être en avoir même une rente plutôt que donner notre
énergie à rabais. Tout ça aug- menterait les prix,
évidemment.
Il y a aussi toute la question dans les exportations, certains l'ont
déjà soulevée, de s'approvisionner en devises
américaines. On finit par entrer dans une spirale qui est inflationniste
au niveau des infrastructures, où on construit pour obtenir des devises
et, après, on doit payer des intérêts en devises et
construire pour continuer à alimenter le projet. De plus, c'est une
entreprise à hauts risques, les exportations, parce que, contrairement
à ce qu'on pense, nous autres, on n'est pas tout à fait d'accord
avec l'idée qu'on en aura besoin dans 20 ans. De plus, les
Américains eux-mêmes ne sont pas sûrs d'en avoir besoin
pendant les 20 prochaines années. D'ailleurs, ils ont annulé de
plus en plus les contrats. Ne fût-ce que de mentionner qu'en bas de 0,05
$ US le kilowattheure l'État de New York a identifié plus de 5000
MW d'économie d'énergie potentielle à avoir avant
d'acheter à Hydro-Québec. L'annulation du contrat du Maine s'est
faite pour les mêmes raisons.
Mme Allen: Sujet 5, l'efficacité
énergétique. Il y a d'immenses possibilités
d'économiser argent et énergie par l'efficacité
énergétique, mais nous devons aller plus loin que les simples
coûts évités à Hydro-Québec et aux
consommateurs. Que faire des coûts à éviter pour l'ensemble
de la société, les dépenses gouvernementales pour la
dépollution, pour la santé, etc.? Les pays qui consacrent des
investissements importants à l'amélioration de leur
efficacité énergétique et à la conservation de
l'énergie réduisent les coûts reliés à
l'énergie et ils ont de meilleures chances de rester compétitifs
sur le marché mondial.
Il y aura aussi des avantages pour toutes les régions du
Québec. La réduction locale de la consommation d'énergie
permet de stimuler le développement économique de chaque ville du
Québec. L'argent non dépensé en électricité
demeure disponible à d'autres fins et contribue à l'expansion du
secteur commercial et à la création d'emplois locaux. Certains
rapports indiquent même que l'investissement dans la conservation
d'énergie crée plus d'emplois que la génération de
nouvelle électricité. Notre argent doit être investi dans
les secteurs les plus avantageux pour notre économie.
Recommandation 9: il faut chercher à éteindre le maximum
du potentiel économiquement réalisable. Les prix de
l'énergie devraient non seulement refléter le plein coût
environnemental et social de la production, mais Hydro-Québec devrait
aller jusqu'à employer les prix pour encourager la conservation
d'énergie. Une politique de tarification différenciée
changerait totalement la problématique. Chaque client devrait payer le
vrai coût pour l'électricité qu'il consomme. Ce qui compte,
c'est qu'au total la facture soit moindre ou égale pour le consommateur.
Les kilowattheures sont moins chers, mais il y a moins de kilowattheures
consommés.
Recommandation 10: voici quelques autres possibilités pour
inciter le consommateur à réduire les consommations
d'énergie: une vérification de l'efficacité
énergétique, les nouvelles technologies, les standards de
performance, la substitution de l'inefficace pour Peffica-
ce, taxes pour promouvoir l'efficacité, rendre visible la
consommation horaire, fixer des objectifs de consommation pour un
édifice ou par ménage, subvention pour les cas où le
«payback time» est trop cher, mais où la mesure est
socialement rentable.
M. Waaub: En ce qui concerne l'efficacité
énergétique, il est important aussi de souligner
qu'Hydro-Québec ne bénéficie pas du tout du soutien du
gouvernement en ce qui concerne les mesures d'efficacité
énergétique. On pourrait vous montrer un peu et discuter
de ça par la suite comment le gouvernement pourrait jouer un
rôle réellement efficace dans la conservation de
l'électricité au Québec. Et c'est un problème
important. On peut aller bien au-delà des 9,3 TWh prévus.
En plus, en ce qui concerne la question des emplois, bon, je pense que
les chiffres annoncés par Hydro-Québec, dans son plan de
développement à la page 39, me semblent assez critiquables en ce
qui concerne la différence entre les emplois de conservation. On pourra
en parler aussi.
En ce qui concerne, maintenant, les tarifs, c'est important que,
justement, Hydro-Québec et le ministère peut-être fassent
la preuve qu'on va pouvoir conserver les tarifs. Selon moi, c'est impossible.
Je peux vous faire une petite démonstration qu'avec 50 000 000 000 $ ou
60 000 000 000 $ de dettes et des paiements annuels de 5 000 000 000 $ à
6 000 000 000 $, il faudrait qu'on soit une dizaine de millions de
Québécois ou 12 000 000 de Québécois pour payer
cette affaire-là dans les conditions qu'on pense. je pense que le
gouvernement ici, les élus, ne devrait pas, en partant, donner une
augmentation de tarifs supérieure à l'inflation,
c'est-à-dire supérieure à 1,8 %. de plus,
hydro-québec se donne aussi, concernant les tarifs, des politiques, des
polices d'assurance parce qu'elle reconnaît qu'elle ne prévoit pas
l'évolution de la demande. elle ne peut pas contrôler les taux
d'intérêt ni le taux de change, etc. ça donne des
éléments d'incertitude assez terribles, surtout quand on a 50 000
000 000 $ de dettes. imaginez, si le taux d'intérêt augmente de 5
%, la différence que ça fait en milliards de dollars à
payer par les consommateurs québécois.
De plus, les tarifs devraient refléter le vrai prix de
l'énergie. Nous autres, on est en faveur d'une tarification au
coût marginal de production et d'une utilisation de la rente que cela
procure pour justement financer des programmes, en collaboration avec le
gouvernement, sur les économies d'énergie.
(11 h 20)
Mme Allen: sujet 6, moyens de production. le développement
de sources alternatives d'énergie solaire passif et actif,
éolienne, etc. est essentiel pour nous permettre de
réduire notre pollution, nos tensions sociales et le stress sur notre
économie. les mégaprojets d'hydro-québec immobilisent
d'énormes capitaux pendant de longues périodes. ces capitaux plus
les paiements en intérêts... présentement, nos paiements en
intérêts sont 40 % de chaque dollar que le consom- mateur paie
à Hydro-Québec. Alors, ces capitaux pourraient être
utilisés autrement pour stimuler l'économie. Les sources
d'énergie de plus petite envergure ont plus de flexibilité,
peuvent être mises en production plus rapidement et demandent moins de
capital.
Les recommandations, je pense que je ne vais pas les
énumérer, mais je voulais juste... Vous avez une copie de notre
mémoire. Mais j'aimerais juste soulever les questions sur la recherche
et le développement. En 1990, l'électricité a reçu
100 000 000 $ pour la recherche et le développement, tandis que le
solaire a eu seulement 1 000 000 $. Alors, si on veut voir un
développement équitable de toutes nos ressources
d'énergie, il faut que l'argent donné pour la recherche et le
développement soit plus équitable aussi.
Sujet 7, la révision et la clarification de la politique
énergétique du Québec. Une vraie évaluation des
besoins énergétiques du Québec ne peut se faire lorsqu'un
seul des producteurs d'énergie a la possibilité de faire valoir
son point de vue. L'information devient nécessairement
biaisée.
Recommandation 14: il faut penser à la mise sur pied d'une
commission indépendante pour entendre et évaluer les propositions
de toutes les options énergétiques au Québec. Il faut
évaluer ces options du point de vue économique, social et
environnemental. Il faut évaluer non seulement les moyens de production
de l'énergie, mais aussi les moyens de l'utilisation de cette
énergie.
Le Président (M. Audet): En terminant, s'il vous
plaît.
M. Waaub: En terminant, j'aimerais insister sur l'option de
développement durable qu'Hydro-Québec veut faire et j'aimerais
revenir là-dessus dans la période des questions. Notamment, une
option sérieuse de développement durable par le gouvernement du
Québec et Hydro-Québec mettrait fortement en doute la croissance
de la demande en ce qui concerne les industries fort consommatrices
d'énergie, notamment le rôle du recyclage dans l'aluminium et les
pâtes et papiers.
En plus, il y a quelques enjeux environnementaux qui sont importants:
l'acceptabilité de la pollution au mercure, les lignes sous-fluviales,
notamment à l'île d'Orléans, qu'on pourrait imaginer. Un
autre point qui est important aussi, c'est le contrôle des
dépenses d'Hy-dro-Québec en faveur d'une régie
d'électricité qui reverrait aussi ces points-là et,
peut-être, garder pour la période des questions aussi, le
rôle des autochtones et le rôle des syndicats, aussi, dans le
débat.
Le Président (M. Audet): Merci. Je vais maintenant
reconnaître Mme la ministre de l'Énergie et des Ressources.
Mme Bacon: Je voudrais d'abord vous remercier de votre
contribution à la commission parlementaire et vous dire aussi que vos
commentaires, vos recommandations seront certainement soigneusement
étudiées puis-
que nous tentons de prendre en considération ce que les gens
viennent, dans leur témoignage, nous suggérer et nous
recommander.
Je trouve que plusieurs de vos commentaires sont fort pertinents
vis-à-vis des enjeux environnementaux, des enjeux sociaux aussi de
l'électricité au Québec. Vous avez une approche pour
améliorer l'efficacité énergétique et faire un
usage plus rationnel de l'énergie. On ne peut pas faire autrement
qu'être d'accord avec cette approche-là, bien que vous trouviez
que le gouvernement n'en fasse pas suffisamment. Mais j'y reviendrai. Vous
m'avez suggéré plusieurs questions, mais il y en a quelques-unes,
en tout cas, que je voudrais vous demander tantôt.
Mais, dès le début de votre mémoire, vous mettez
l'emphase sur l'importance de la planification. Vous soulignez la
nécessité qu'Hydro-Québec quantifie, prenne en compte les
«externalités» qui sont liées à chacun de ses
projets dans l'analyse de son coût. Vous fournissez d'ailleurs, en
annexe, les coûts associés aux différents impacts d'un
projet d'aménagement hydroélectrique d'une rivière
à saumon, par exemple, sur la côte ouest américaine. Est-ce
que vous croyez que ces valeurs accordées par la Bonneville Power
Authority au coût des impacts s'appliquent également aux
différents projets d'Hydro-Québec? Est-ce qu'on peut transporter
ça ici, dans les différents projets d'Hydro-Québec?
M. Waaub: Dans les méthodologies d'évaluation des
coûts des impacts, c'est sûr qu'il y a des choses à
examiner. C'est évident que c'est au cas par cas. Il y a beaucoup de
façons, de méthodologies de travail et, même, on pourrait
dire que certaines méthodologies sont elles-mêmes à
critiquer. Notamment, par exemple, quand on évalue le coût d'une
ressource à la capacité de payer des gens de la défendre
et quand on voit qu'on est en crise économique, ça n'annoncerait
pas gros pour l'environnement. Donc, il y a un certain nombre d'enjeux
environnementaux, c'est sûr, qui doivent être évalués
en coût, en dollars, projet par projet et en fonction d'une expertise qui
est disponible au Québec, certainement.
Par contre, il y a des enjeux environnementaux qui ne doivent pas se
réduire à une dimension coût et qui doivent rester un enjeu
environnemental jusqu'à la prise de décision. Notamment, selon
moi, la question de l'acceptabilité des risques relativement au mercure,
par exemple... Hydro-Québec prétend que le mercure diminue
après 25 ans. J'aimerais bien savoir, moi, si le Québécois
moyen accepterait de subir quelque chose pendant 25 ans, notamment
relativement, par exemple, à son régime alimentaire. Si on lui
disait: Bon, au lieu de manger ton steak chaque jour, mange des fruits à
la place parce que, le steak, il est contaminé pendant 25 ans, je ne
pense pas qu'on apprécierait ça à sa juste valeur.
L'acceptabilité sociale joue, dans les questions. On a beau faire
du «monitoring», de la surveillance, de l'expertise et se servir en
plus de ça comme champ de recherche, c'est louable et c'est louable,
aussi, de vou- loir diminuer les impacts, mais, quand il s'agit de projets
nouveaux, il faut aussi se fier à ce qu'on sait déjà et
minimiser pour l'avenir et à son vrai coût. Je pense que, si on en
tenait compte à son vrai coût, ça diminuerait de beaucoup
la rentabilité des projets d'Hydro-Québec. Quand on parle de
0,042 $, 0,043 $ du kilowattheure de Grande-Baleine, par exemple, ça
change tout à partir du moment où on ajoute tous les autres
coûts qu'il faudrait prendre en compte. À ce moment-là, les
mesures d'efficacité d'énergie seraient encore plus
rentables.
Mme Bacon: Justement, l'efficacité
énergétique et l'utilisation appropriée, rationnelle de
l'énergie, c'est des pierres angulaires de votre position, si j'ai bien
compris votre dossier. En ce qui concerne l'efficacité
énergétique, vous déclarez qu'il faut chercher à
atteindre le maximum du potentiel économique réalisable, que les
prix de l'électricité doivent refléter le plein coût
environnemental et social de la production, et vous venez de nous le redire. De
combien devrait-on majorer les tarifs de l'électricité pour
qu'ils reflètent vraiment le plein coût environnemental et social
de la production du Québec?
M. Waaub: C'est une question que je devrais vous poser,
justement, de faire travailler vos fonctionnaires pour qu'ils essaient de le
déterminer.
Mme Bacon: Non, mais vous venez nous dire qu'il faut en tenir
compte.
M. Waaub: l'expérience montre que c'est à peu
près 20 %. l'expérience étrangère montre que, si on
majorait de 20 % le coût marginal, on aurait une première
évaluation représentative des vrais coûts de
l'énergie. en ce qui concerne l'efficacité
énergétique, à ce moment-là, vous comprendrez que,
si le gouvernement appuyait un petit peu la politique de tarification au vrai
coût, mais, en plus, en ce qui... j'en profite, ici, pour reglisser la
question des économies d'énergie et du rôle du
gouvernement. c'est prouvé que... tout ça se joue ensemble,
évidemment, c'est toutes des actions parallèles. c'est
prouvé que, quand le gouvernement subventionne des mesures
d'efficacité d'énergie auprès des consommateurs, dans les
cinq à sept ans, il a récupéré son argent et plus,
à cause des effets d'entraînement dans l'économie, à
cause des retours qui se sont faits et à cause, aussi, du fait qu'on n'a
pas investi, justement, dans des mégaprojets qui endettent la
collectivité.
Mme Bacon: Quand vous parlez d'augmentation de 20 % ou de 25 %
des tarifs, est-ce que vous croyez que la société
québécoise, dans son ensemble, est prête à payer
plus cher sa facture d'électricité pour favoriser
l'efficacité énergétique au-dessus du coût
marginal?
M. Waaub: Oui, tout à fait, dans la mesure où sa
facture totale n'augmente pas, c'est-à-dire que, comme on l'a
très bien prouvé, il y a moyen de faire une saine gestion de la
demande en énergie et, par les mesures
d'efficacité d'énergie, pour payer le vrai coût de
l'électricité mais en diminuant la consommation, ça fait
que la facture totale du consommateur, elle, ne change pas.
Mme Bacon: mais... en tout cas, ça ne me semble pas
simultané, là. je pense que, quand vous parlez d!augmentation de
20 %, 25 %... vous nous disiez tantôt, au cours de la lecture de votre
mémoire: ii faut garder la hausse tarifaire au coût de
l'inflation, 1,8 %, si ma mémoire est fidèle. comment
conciliez-vous ça en parlant d'augmentation de 20 % à 25 % de la
facture? c'est loin de 1,8 %, ça. (11 h 30)
M. Waaub: Oui. Il faut se résigner, aussi, à la...
Il faut voir comment on voit le plan de développement. Quand
Hydro-Québec arrive ici avec son plan de développement, nous
autres, on joue sur plusieurs plans. On joue sur l'avenir, le long terme, et on
a des propositions de long terme. Ça, c'est une proposition de long
terme à atteindre, O.K.? En attendant, tout le monde sait bien que le
plan d'Hydro-Québec va être à approuver et que, comme
chaque année, le jeu des offres et des contre-offres pour les
augmentations d'électricité va se jouer et que, tout compte fait,
on aura une augmentation comme chaque année. Alors, pour cette
augmentation-là de cette année-ci, ma recommandation, c'est de
dire: Ne dépassez pas le 1,8 %, ce serait déjà ambitionner
sur le programme.
Mme Bacon: Mais ils n'ont pas eu l'augmentation qu'ils avaient
demandée l'an dernier.
M. Waaub: Non. Est-ce qu'il y a des raisons? Nous autres, on est
en faveur, notamment, qu'il y ait une régie de
l'électricité qui contrôle les dépenses. Il y a un
certain nombre de dépenses, par exemple, qu'Hydro-Québec fait et
qu'elle rejette dans les augmentations de tarifs et je pense qu'une
régie n'accepterait pas tous les postes budgétaires
qu'Hydro-Québec présente pour ses augmentations tarifaires, dans
ses dépenses globales.
Mme Bacon: Vous avez dit tantôt que le gouvernement ne
faisait pas suffisamment pour l'efficacité énergétique.
Vous avez sûrement pris connaissance de la stratégie
gouvernementale en efficacité énergétique.
M. Waaub: Oui.
Mme Bacon: Qu'est-ce que le gouvernement pourrait faire
concernant l'efficacité énergétique que vous blâmez,
en fait, que le gouvernement ne fait pas?
M. Waaub: O.K. J'étais là lors de votre
présentation, à l'hôtel Sheraton de Laval, il y a quelque
temps, lors de la présentation...
Mme Bacon: Quand vous en avez discuté.
M. Waaub: ...et on en a discuté justement, mais je peux
revenir un petit peu là-dessus, je trouve ça intéressant.
Bon! La question qui est importante, c'est justement que le rôle du
gouvernement, dans la politique d'efficacité énergétique,
annonce en partant qu'en ce qui concerne le domaine de
l'électricité il fait entièrement confiance à
Hydro-Québec. Or, en ce point, nous autres, on trouve que le
gouvernement manque à sa mission de protéger
l'intérêt de l'ensemble de la société.
Justement, il existe un certain nombre de mesures d'efficacité
énergétique dont on sait qu'elles sont rentables de façon
sociale, mais qui ne sont pas rentables au niveau de l'entreprise
immédiatement, tout de suite, mais, au niveau de la rentabilité
sociale, si on regarde l'ensemble des coûts pour toute la
société, le gouvernement aurait avantage notamment à
subventionner certains équipements, certains moteurs ou des choses comme
ça, par rapport à l'industrie, par rapport au consommateur
privé. L'expérience, notamment, d'autres pays comme la Hollande,
etc., montre très bien que les politiques, par exemple... Un des freins
à l'efficacité énergétique, c'est que les
consommateurs veulent retrouver leur argent dans les trois ans. O.K.? Pour une
simple question de pain et de beurre, tout simplement.
Mais, à long terme et le gouvernement est là pour
ça, garantir l'intérêt de l'ensemble de la
société dans une optique à long terme, pas juste dans une
optique d'un mandat il est question d'améliorer cette
politique-là. Notamment, par exemple, moi, je suis un peu surpris qu'on
ait, à travers toute la province, des programmes de rénovation de
logements. Alors qu'on sait que les mesures de rénovation de logements
améliorent beaucoup l'enveloppe thermique et que c'est un des gains
importants, eh bien, il n'existe pas de réglementation qui oblige les
gens qui rénovent leur maison, par exemple, ou les logements à
obtenir un certain standard de qualité. Il y a des petites choses...
Mme Bacon: II y a le Code du bâtiment.
M. Waaub: ...mais c'est déjà dépassé.
C'est déjà dépassé. On pourrait exiger bien mieux,
sauf qu'il y a un «trade off», il y a des compromis qui se font
continuellement, et le compromis est le suivant. On peut toujours isoler
à 100 % une maison, mais, en même temps, les dépenses en
investissement que ça demande font que le coût des travaux devient
prohibitif et qu'à ce moment-là les gens ne sont peut-être
plus intéressés à investir. C'est là que le
gouvernement doit jouer et trouver un équilibre harmonieux. D'un
côté, les règlements obligent une certaine norme
d'isolation, mais c'est largement en dessous du R-2000, par exemple. Alors,
pourquoi exiger du R-2000 dans la construction neuve, qui est
déjà lui-même dépassé puisqu'on a maintenant
les fameuses maisons performantes qui ont des consommations
énergétiques encore en deçà de R-2000 et, dans les
rénovations de logements, c'est en dessous de R-2000 encore,
l'efficacité?
Le Président (M. Audet): Merci. M. Waaub: Oui.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Taillon.
Mme Marois: Merci, M. le Président.
Bonjour. Ça me fait plaisir de vous saluer. Je veux vous
féliciter pour la qualité de votre mémoire. Dans le fond,
ce que vous nous amenez à faire, je pense, comme commission, et ce qui
est tellement essentiel dans le débat qui concerne l'énergie,
mais qui concerne aussi tout le débat environnemental, c'est, je dirais,
à évaluer, à soulever des questions qui sont majeures pour
notre avenir et qui exigent qu'on s'y penche maintenant parce que, si on ne le
fait pas maintenant... Je comprends la ministre de dire: Dans le fond, il y a
un coût énorme à rencontrer peut-être maintenant, si
on veut faire ce virage-là, sauf qu'il va tellement être plus
énorme, plus grand plus tard, que ça vaut peut-être la
peine de commencer quelque part, au moins, aujourd'hui. Je pense que votre
mémoire a le mérite de nous obliger à positionner ces
questions.
Moi, je vais commencer par la fin de votre mémoire. Il y a
beaucoup de questions plus techniques que je veux poser, mais je vais commencer
par la fin parce que j'ai l'impression qu'on risque de toujours prendre
l'ensemble de la problématique par le petit bout de la lorgnette si on
ne fait pas un débat en profondeur. Et là, à la
recommandation 14, ce que vous nous dites c'est l'avant-dernière
recommandation: II faut une commission indépendante. Il faut mettre sur
pied une commission indépendante pour entendre et évaluer les
propositions de toutes les options énergétiques au Québec.
Et, à mon point de vue, évidemment, ça comprend, et
j'imagine que ça le comprend aussi, qu'on évalue tous les impacts
environnementaux de ces choix, dans chacun des cas.
Je vous dis pourquoi je commence par cela. C'est parce que le reste
devient des propositions... Évidemment, il y a des propositions fort
pertinentes, là, je ne dis pas qu'elles ne sont pas pertinentes, mais
tant qu'on n'a pas, un peu, fait les bonnes évaluations, on risque aussi
de faire des erreurs, même en croyant qu'on fait des bons choix, dans
l'utilisation de certaines filières énergétiques, entre
autres. Moi, je voudrais vous poser comme question: Quelles sont les conditions
que vous croyez nécessaires pour qu'un tel débat soit efficace et
utile? Et j'entends par là: Est-ce qu'il est nécessaire qu'il y
ait des études préalables soit sur des expériences
ailleurs, dans d'autres pays, soit sur des expériences sur le continent
nord-américain, soit comme telle de la recherche un petit peu plus en
profondeur, pour ne pas dire fondamentale, avant que ce débat n'ait
lieu, ou si nous avons suffisamment de données maintenant pour engager
ce débat, alors, les conditions sur les contenus et sur la forme que
ça devrait prendre? Parce qu'une... Moi, je suis tout à fait
favorable à cela. Mais, je veux dire, il faut cependant qu'on l'encadre
de telle sorte qu'on en tire des leçons qui vont nous permettre d'agir
en conséquence. Alors, j'aimerais un petit peu vous entendre
là-dessus.
M. Waaub: Bon. Moi, je vous remercie de votre intervention. En ce
qui concerne l'expertise concernant les conditions préliminaires
à ce débat, je pense que, durant les consultations
qu'Hydro-Québec a tenues et on a pu voir qu'il y avait de
nombreuses personnes qui se sont présentées l'expertise
est là et les méthodologies de travail sont là aussi, sont
déjà expérimentées dans de nombreux autres pays.
Hydro-Québec est déjà au courant de ces
méthodologies puisque je sais qu'ils ont envoyé leurs experts
apprendre tout ça et, donc... Et, comme Hydro-Québec a la
meilleure expertise dans le domaine, à peu près, au
Québec, donc, normalement, on est équipé au sein
d'Hydro-Québec. Je pense que, au sein du ministère de
l'Énergie et des Ressources aussi, les personnes sont très au
courant de ces outils. Il reste que, selon moi, l'enjeu principal, c'est un
enjeu de contrôle politique de l'hydroélectricité comme
outil de développement du Québec. Et je m'exprime
là-dessus.
Nous autres, on est en faveur d'une régie de
l'électricité. À partir du moment où il y a une
régie de l'électricité, on ne peut plus se servir
d'Hydro-Québec comme on le fait depuis 20 ans comme levier de ceci et de
cela, un peu partout. C'est fini. Ce serait mettre fin à ces politiques
qui veulent qu'en injectant, dans des mégaprojets, des fonds publics en
masse on essaie de relancer l'économie. De toute façon, ce sont
des politiques complètement dépassées, mais on semble
acculé à ça. On manque complètement d'imagination,
selon moi, au niveau du développement économique où on
pense qu'on va relancer l'économie à partir de ce genre de
projet. (11 h 40)
Donc, selon moi, la régie aurait le grand avantage d'enlever du
secteur politique les enjeux conflictuels concernant l'utilisation
d'Hydro-Québec à des fins de développement
économique, alors que sa mission première, c'est une mission de
service public. Pour prendre un exemple, on va créer des emplois
soi-disant en créant des mégaprojets, mais de quelle sorte
d'emplois il s'agit? De quelle sorte de développement il s'agit? Il
s'agit d'emplois temporaires. Ce sont les mêmes travailleurs de la
construction qui ont déjà espéré beaucoup des
premiers projets et qui, aujourd'hui, crient famine parce qu'ils n'ont pas de
projet. Si certains syndicats, justement, continuent à être en
faveur, dans l'arène politique, de ce genre de projet, c'est tout
simplement parce qu'il n'y a rien d'autre qui leur est proposé et parce
que le gouvernement fait incurie dans le domaine du développement
économique. On a M. Tremblay qui dit qu'il veut développer des
grappes industrielles, qu'il faut qu'on défragilise en faisant de
l'industrie manufacturière et, en même temps, on investit
seulement ou majoritairement dans des projets d'aluminerie, par exemple, alors
qu'on sait très bien que les alumineries, on exporte l'aluminium et
qu'en fait c'est une exportation carrément déguisée
d'électricité directement, que ça ne crée pas de
plus-value ou à peine, parce que la vraie plus-value serait dans
l'industrie de transformation et que cette industrie de transformation est
située près des marchés qui ne sont pas ici. Ça,
c'est une des questions.
Donc, on voit que les enjeux sociopolitiques dominent l'arène
alors que ça devrait être ressaisir le problème au niveau
d'une régie qui contrôle la méthodologie, qui
contrôle la façon d'investir et qui contrôle un tas de
paramètres qui sont mentionnés dans notre mémoire et dans
d'autres mémoires. Je pense que c'est vraiment...
Mme Marois: Là, je comprends bien le point de vue que vous
défendez, mais ce que vous me dites, c'est: Voici ce que j'attendrais,
moi, comme résultat, dans le fond, d'un débat qui aurait lieu sur
la question de l'hydroélectricité et des autres formes
d'énergie, parce qu'on ne parle pas seulement de celle-là,
évidemment, si on fait un débat et je comprends ce point de vue
là. Mais ce que j'aimerais que vous m'explicitiez ou me disiez, si vous
y avez réfléchi, c'est: Quelle devrait être l'ampleur de ce
débat-là? Combien de temps on devrait y consacrer? Est-ce que
ça exigerait qu'on mette des moratoires pendant le débat,
etc.?
M. Waaub: Moi, je pense que, justement, vous avez soulevé
de bonnes questions. On est actuellement à une période où
la croissance ne sera, de toute façon, pas grande à cause d'un
contexte économique. Donc, on peut profiter, peut-être, d'une
dizaine d'années pour examiner en profondeur et réorienter le
développement économique, industriel et énergétique
du Québec. Tout va ensemble. C'est un projet de société
qu'il faut se définir. Je pense que, aussi bien pour les projets
d'avenir, les partis politiques auront à se prononcer sur, justement,
des projets de société. Je pense qu'on a un petit peu failli
à la gestion quotidienne. On a oublié ce genre de projet.
Selon moi, le débat doit justement prendre en
considération pas juste l'énergie, mais justement le projet de
société que le Québec se donne. C'est vrai que ça
paraît un peu contradictoire, on dit: On fait une politique
d'énergie force motrice de développement économique, puis
en même temps, la politique de développement économique, on
voit bien qu'elle est en cul-de-sac par rapport à cette politique
énergétique là, que ça ne nous amène nulle
part. Par exemple, j'ai remarqué, notamment, que, quand
Hydro-Québec fait son programme d'efficacité
énergétique, son approvisionnement en mesures d'efficacité
énergétique est quasiment à 95 % à
l'extérieur du Québec. Alors, on dit: Oui, mais, au
Québec, on n'a pas développé cette expertise-là.
Mais qu'est-ce qu'on attend? Dans 10 ans, on va encore nous dire qu'on ne l'a
pas développée, si on ne prend pas position aujourd'hui. Il faut
bien commencer quelque part. Je pense qu'il est temps de prendre position.
D'ailleurs, Hydro-Québec, dans son plan de développement
et à travers le résultat de la consultation, lance un certain
nombre d'avertissements au gouvernement et aux députés, de dire:
On attend un signal. On attend un signal sur la tarification. On attend un
signal sur les vrais coûts de l'énergie. On attend un signal sur
les méthodologies. On attend un signal sur une éventuelle
régie de l'électricité. Ces enjeux-là sont
discutés maintenant, depuis plusieurs années, et puis il y a une
responsabilité politique à prendre. C'est évident que ce
n'est pas à Hydro-Québec de prendre cette
responsabilité-là d'elle-même. Alors, ça prend
à peu près, donc, selon moi, 5 à 10 ans dans lesquels des
débats vont se tenir.
Mme Marois: Je trouve ça intéressant parce que,
entre autres, dans une des recommandations, par exemple, vous dites: On
souhaite un moratoire sur les nouveaux contrats d'exportation, mais on sait
qu'Hydro, par exemple, ne prévoit pas de nouveaux développements
vers l'exportation avant quelque part l'an 2000, ce qui fait qu'on a le temps
souhaitable et nécessaire pour évaluer un certain nombre
d'impacts. Effectivement, si on produisait de l'énergie par
l'hydroélectricité et que ça avait comme effet de
réduire l'utilisation des énergies fossiles, par exemple, et
qu'il y ait un lien direct, bien, je pense qu'on pourrait donner un aval
à un certain nombre de projets qui iraient dans ce sens-là. Mais
encore faut-il savoir s'il y a un lien de cause à effet.
Toute l'efficacité énergétique aussi... Quand on
confie une tâche à Hydro-Québec sous cet angle-là,
bien sûr que c'est important, mais je pense qu'il faut se tourner aussi
vers les économies d'énergie qui sont liées à
l'utilisation du transport en commun, à la réduction de
l'étalement urbain. Ça, ce sont des phénomènes qui
sont assez majeurs dans nos sociétés et qui ont un impact
énorme quant à la consommation de différentes
énergies, qu'elles soient fossiles ou autres, finalement.
M. Waaub: Exactement. La valorisation de l'habitat, par exemple.
Tant qu'on valorise un mode d'habitat très consommateur
d'énergie, on a beau isoler les maisons, d'une certaine façon, on
utilise l'espace, on utilise de l'énergie. La même chose dans le
transport. Il y a moyen de rationaliser la consommation d'énergie et
d'énergie électrique aussi dans des secteurs qui relèvent
d'une intervention planifiée et concertée de tous les
ministères: les Affaires municipales, Industrie et Commerce,
ministère de l'Énergie et des Ressources, les Forêts, etc.,
et de plus en plus, d'ailleurs.
Je suis un peu étonné. On parle de développement
durable. La table sur l'économie et le développement qui
s'occupait de développement durable, elle est lettre morte depuis
quelques mois, maintenant. Qu'est-ce qui se passe au sein du gouvernement
à ce sujet-là? Les enjeux devraient revenir, il me semble. On
était les premiers au Québec à mettre le processus en
branle et tous les autres ont fini et, nous autres, on n'a toujours rien
à proposer.
Mme Marois: Oui. Vous avez raison, c'est inquiétant.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Vimont.
M. Fradet: Merci, M. le Président.
Ça me fait plaisir de vous rencontrer, pour ma
part, pour la première fois en commission parlementaire et de
vous lire et de vous entendre sur l'énergie au québec. j'ai
plusieurs questions à vous poser, mais je n'aurai malheureusement pas
tout le temps que j'aurais voulu. vous critiquez assez
sévèrement, depuis tout à l'heure, l'action
gouvernementale et d'hydro-québec; vous voulez des moratoires à
plusieurs endroits. vous avez parlé d'augmentation de tarifs de 20 %
tout en contrôlant l'augmentation des coûts à la population
au taux d'inflation, qui se situe, selon vous, à 1,8 %. moi, je pense
qu'il faut, lorsqu'on fait une analyse, la faire très
précisément. aussi, lorsqu'on propose à des
parlementaires... vous mentionnez, entre autres, dans une recommandation, qu'il
faut donner la même chance à tous les producteurs d'énergie
et à tous les groupes de s'exprimer. je pense que c'est ce qu'on fait
depuis plusieurs semaines, ici, en commission, d'entendre, et c'est notre
rôle.
Vous avez aussi mentionné qu'il était difficile pour le
gouvernement de critiquer le programme énergétique
d'Hydro-Québec. Je vous rappellerai que, l'an dernier, les
parlementaires qui sont ici pour accorder et entendre Hydro-Québec sur
l'augmentation de tarifs ont posé de sérieuses questions face
à différents formats d'efficacité
énergétique proposés par Hydro-Québec, entre autres
sur la pomme de douche, sur les ampoules. Et c'est notre rôle, en tant
que parlementaires. Je ne voudrais juste pas que vous pensiez que notre
rôle n'est pas celui-là en créant une régie de
l'électricité ou une commission indépendante. Nous sommes
imputables à la population à tous les quatre ou au maximum cinq
ans et, ne vous en faites pas, nous aurons à prendre des
décisions politiques et nous les prendrons. Nous prendrons nos
responsabilités lors des prochaines élections. Je ne voudrais pas
que votre pensée s'en aille comme d'autres groupes nous l'ont
mentionné, qu'on voulait former une régie ou une commission
indépendante de l'énergie parce qu'on nous trouvait
incompétents ou peut-être non disponibles à faire ce
travail.
J'aurais une question à vous poser, entre autres, sur les
mégaprojets que vous critiquez sévèrement. Je pense qu'il
faut vraiment, aussi, regarder, comme vous le dites, l'ensemble des impacts
sociaux et environnementaux lorsqu'on fait un projet. Premièrement, il
n'y aura pas de mégaprojet s'il n'y a pas une demande
supplémentaire en électricité. Ça, c'est clair dans
ma tête. On ne crée pas ou on ne construit pas des
mégaprojets pour créer de l'emploi simplement, mais il faut qu'il
y ait une demande supplémentaire en électricité. Je ne
voudrais pas qu'il y ait d'ambiguïté là-dessus. En tout cas,
en ce qui me concerne, en tant que député... puis ne vous en
faites pas, je serai capable de faire mes recommandations à la ministre
de l'Énergie, qui siège à côté de moi. est-ce
que vous êtes d'accord avec le fait qu'il y aura une augmentation de la
demande d'électricité de 2,2 % sur les 10 prochaines
années?
M. Waaub: Non, je ne suis pas d'accord avec cette...
M. Fradet: Vous n'êtes pas d'accord avec ça. M.
Waaub: Je pense que la demande sera celle...
M. Fradet: Vous pensez qu'avec la
cogénéra-tion...
M. Waaub: Excusez-moi.
M. Fradet: Oui.
(11 h 50)
M. Waaub: la demande sera ce qu'on la laissera être. si on
la laisse être 3 %, elle va être 3 %. mais on peut même la
restreindre à moins de 0 % et on peut même capitaliser sur les
projets qu'on a pour faire du développement, en faisant de
l'économie d'énergie. d'ailleurs, hydro-québec a
même invité elle-même le fameux expert amory lovins, du
centre de recherches du colorado, à être un peu un témoin
expert, et il a mentionné qu'on peut réduire jusqu'à 30 %
la consommation d'électricité au québec, mais, dans un
horizon donné, évidemment, avec des mesures de soutien du
gouvernement, avec tout ça, avec un programme qui vise ça.
Moi, je ne suis pas dans la philosophie du libre marché où
on laisse tout aller et on prétend que c'est ça, la meilleure
façon de satisfaire les besoins. Je pense qu'il y a un besoin d'avoir
une planification là-dessus. Alors, je m'excuse, je vous laisse
continuer.
M. Fradet: Mais, malheureusement, on ne me laissera pas
continuer. J'aurais bien aimé.
M. Waaub: Ah!
Le Président (M. Audet): Son enveloppe de temps est
malheureusement terminée.
Mme la députée de Taillon, vous avez cinq minutes.
Mme Marois: C'est bref. Je vous remercie encore une fois, M. le
Président.
J'écoutais le député nous dire de ne pas
s'inquiéter, qu'on prenait nos responsabilités et qu'on rendrait
des comptes devant Félectorat, évidemment, et qu'on serait
jugé par l'électorat au moment de l'élection. Mais, moi,
je pense que c'est inquiétant parce que je ne pense pas qu'on ait... Je
pense qu'on doit, évidemment, assumer nos responsabilités, mais
ce qui est inquiétant, c'est que justement, dans le cadre de ce que l'on
discutait tout à l'heure, cette table sur l'environnement et le
développement durable, en fait, ne s'est réunie que deux fois
depuis sa création. Alors, il y a sûrement un manque de
volonté quelque part en ce qui a trait aux questions
environnementales.
On parlait des grands projets industriels. Là, je vais revenir
sur une des recommandations que vous faites et qui va dans le sens, justement,
de cette absence de volonté. Moi, force m'est de constater ça,
quand je vois les lois qui s'adoptent et la façon dont on ne les
applique pas. Vous dites, entre autres, à la recommandation 4:
«Les grands projets industriels doivent aussi faire l'objet
d'évaluations environnementales.» C'est intéressant parce
que vous êtes revenu à la question des entreprises de
réutilisation et de recyclage qui devraient peut-être, elles,
être avantagées dans certaines circonstances si on peut
évaluer qu'il y a un impact significatif sur l'environnement et sur la
réduction de l'utilisation de nos ressources, dans un premier temps,
pour prendre celles qui sont déjà là sous forme de
déchets, dans le fond, et les remettre en service, si on veut.
Ce qui est un peu inquiétant et j'aimerais avoir un petit
peu votre point de vue sur ça... Parce que, en décembre dernier,
on a adopté une loi qui est la loi 61. Enfin, on s'est opposé
à cette adoption-là parce que, d'abord, un, on trouvait que
c'était très cavalier, la façon qu'on l'a faite, sans
aucun respect pour les gens, les membres de l'Assemblée nationale, mais,
en plus de ça, il y a des trous, à notre point de vue, quant au
risque de voir s'échapper des projets industriels de l'évaluation
environnementale souhaitable et nécessaire. Je sais que vous avez
sûrement pris part au débat. J'aimerais entendre votre point de
vue sur cette question-là...
M. Waaub: C'est certain que...
Mme Marois: ...puisque vous le demandez carrément ici,
d'une façon claire et sans réserve.
M. Waaub: ...les lois concernant l'évaluation
environnementale se sont considérablement affaiblies avec le processus
qui a été mis en route. Dorénavant, je pense qu'on a
redonné du pouvoir politique, justement, alors qu'on avait, avant, un
pouvoir plus technocratique. Est-ce que c'est bien? Est-ce que c'est mauvais?
Nous autres, on pense que c'est mauvais parce qu'il faut faire confiance un peu
à nos experts du ministère de l'Environnement qui avaient... Ce
n'est pas pour rien qu'il y a des lois et ce n'est pas pour rien qu'on avait
des mesures à mettre en place. Les enjeux environnementaux vont
continuer d'exister dans l'avenir. Justement, dans le cadre du
développement durable, c'est un peu désolant de voir que le
gouvernement lâche du lest et profite d'une période
économiquement difficile pour justement... et qui crée
forcément un climat social en faveur de ce genre de mesure là,
pour la croissance à tout prix, alors que, justement, on devra en payer
les conséquences après pendant très longtemps. ne
regardons, par exemple, que les questions de développement durable dans
les secteurs de l'aluminium et des pâtes et papiers. dans le secteur des
pâtes et papiers, si on veut, comme on dit, recycler 50 % de la fibre,
c'est technologiquement possible d'avoir 50 % de pâtes recyclées.
ça, ça veut dire c'est un marché
nord-américain que le marché québécois ne
suffit pas, que, de toute façon, les moulins québécois
vont produire la moitié de ce qu'ils produisent actuellement en fibres
de première qualité et, donc, que les consommations
d'énergie vont diminuer.
La même chose dans le secteur de l'aluminium. Le recyclage dans le
secteur de l'aluminium, ce n'est pas gratuit. Ce n'est pas pour rien que
même l'Alcan pense à, par exemple, des politiques de recyclage
accru. C'est rentable pour eux. Ça coûte cher, de la bauxite, la
faire venir de la Jamaïque, etc. Moi, j'ai calculé personnellement
qu'une politique de recyclage nord-américaine de l'aluminium
entraînerait une absence de croissance dans l'industrie de l'aluminium,
contrairement à ce qu'on prévoit, là, et puis même
une légère décroissance et que ça
entraînerait, par exemple, toutes ces mesures-là, autour de 4000
MW en moins à installer. Ce n'est pas rien, ça. C'est des mesures
qui demanderaient peut-être de s'en informer, surtout que c'est des
choses qui viennent de soi puisque les entreprises, même, de recyclage,
etc., c'est des entreprises qui veulent faire de l'argent et qui arrivent sur
le marché de toute façon. Qu'on le veuille ou qu'on ne le veuille
pas ici, elles vont s'imposer. Le cas des pâtes et papiers est flagrant
puisque, là, on se fait imposer le marché américain.
Le Président (M. Audet): Merci. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député de Drummond.
M. St-Roch: Merci, M. le Président.
J'aimerais revenir sur un de vos propos de tout à l'heure
à une question de Mme la ministre. Lorsqu'on parlait de tarification et
d'augmentation de coûts d'électricité, on parlait
d'efficacité globale, vous êtes revenu en réponse avec
l'établissement d'une régie, puis vous avez continué votre
réponse en disant qu'une régie permettrait de regarder plusieurs
postes budgétaires, et là vous avez semblé hésiter.
J'aimerais savoir, en laissant entendre qu'il y aurait peut-être bien des
choses qui ne seraient pas autorisées au niveau des postes
budgétaires d'Hydro-Québec, qu'est-ce que vous aviez à
l'idée, à ce moment-là.
M. Waaub: Par exemple, personnellement, comme consommateur
québécois, j'ai été choqué de la campagne de
publicité d'Hydro-Québec en faveur de Grande-Baleine qui a
coûté 6 000 000 $ et dans laquelle on nous faisait accroire que la
famille Grégoire comprenait pourquoi on avait besoin de Grande-Baleine,
etc. Ça, c'est 6 000 000 $. Selon moi, il y a tout un système qui
fait qu'Hydro-Québec peut financer son propre marketing public de
promotion de projets, de mégaprojets avec des fonds publics. C'est
normal qu'ils essaient de faire leur marketing. Ça, je comprends
ça. Mais qu'après ils nous refilent la note comme
consommateurs... Qu'ils fassent ça à même la marge de
profit qu'ils sont obligés de donner au gouvernement ou de dividendes
à leurs actionnaires, pas dans les choses qui sont
répercutées après sur des tarifs.
Il y a ça, mais il y a d'autres choses. Là, je ne suis pas
un expert des postes budgétaires d'Hydro-Québec, mais je sais
qu'il y en a plusieurs, que divers intervenants ont déjà
suggéré qu'une régie pourrait justement
décider des choses qui seraient importantes.
M. St-Roch: Deuxième question. À votre
recommandation 5, lorsque vous parlez du potentiel de réutilisation et
de recyclage de chaque industrie, je souscris à ça. Je pense que
vous misez juste. Mais ne croyez-vous pas qu'il va falloir un jour aller plus
loin que ça? Si on veut réellement parler de développement
durable... Et je vais prendre un exemple: toute l'industrie de l'emballage.
Ça va être à partir de la conception d'un produit qu'il va
falloir prévoir la réutilisation et les méthodes de
recyclage qu'on va faire. À l'heure actuelle, il y a de grands secteurs
au niveau du recyclage dont on ne sait pas quoi faire présentement avec
la matière première. On a juste à regarder toute la
récupération du plastique.
On commence un peu à voir poindre certaines utilisations. Ne
pensez-vous pas qu'au niveau philosophique global une politique gouvernementale
devrait inclure la planification du recyclage? À partir d'une
automobile, on commence déjà à voir certains grands
fabricants d'automobiles qui commencent à planifier certaines
réutilisations, une certaine industrie de recyclage pour minimiser les
coûts et, aussi, dans un contexte global. Ça, ça devrait
être la première chose qu'il faudrait regarder si on veut
réellement parler efficacité énergétique à
long terme, si on veut parler de politique globale, de protection de
l'environnement. Il va falloir un jour commencer par cette technique-là,
cette approche-là globale.
M. Waaub: Je suis tout à fait d'accord avec vous dans la
mesure où justement le gouvernement va s'engager, dans l'avenir,
à aller de l'avant avec le développement durable. Je pense que ce
dont il s'agit, c'est d'une révision en profondeur de la façon
dont on produit et de la façon dont on consomme dans l'ensemble de la
société. Ça, ça bouleverse complètement le
genre de prévision de croissance de la demande qu'Hydro-Québec a
tendance à faire, ou on fait des courbes tendancielles.
À partir du moment où on investit dans ce genre de
changement de société, on investit dans des changements
d'attitude et de comportement qui modifient complètement les patterns de
consommation et les patterns de production. Et ça, ça s'en vient,
et ça s'en vient de toute façon, d'ailleurs, parce que, comme
HydroQuébec le mentionnait elle-même, ils sont surpris de la
vitesse à laquelle les gens embarquent dans les programmes
d'efficacité énergétique. Le public, il donne le signal
qu'il est prêt depuis quelques années déjà.
Maintenant, il faut qu'on lui donne les moyens de réaliser ses
aspirations.
Le Président (M. Audet): Merci. Alors, au nom des membres
de la commission, madame, monsieur, je vous remercie de votre
présentation.
Nous allons suspendre nos travaux jusqu'à cet après-midi,
16 heures.
(Suspension de la séance à 12 heures)
(Reprise à 16 h 3)
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît. La commission de l'économie et du travail reprend ses
travaux.
Je vous rappelle brièvement le mandat de la commission, qui est
de procéder à une consultation générale sur la
proposition de plan de développement 1993-1995
d'Hydro-Québec.
Alors, il y a des changements au niveau des membres de la commission. M.
le secrétaire, si vous voulez en faire part, s'il vous plaît.
Le Secrétaire: Oui. M. Gobé (LaFontaine) devient
membre de la commission, ainsi que M. Forget (Prévost); M. Fradet
(Vimont) va remplacer M. Borde-leau (Acadie).
Le Président (M. Audet): C'est parce que, ce matin, M.
Fradet (Vimont) a été annoncé comme remplaçant de
M. Parent (Sauvé). Maintenant, M. Parent (Sauvé) n'étant
plus membre, suite à l'avis qui a été donné par le
whip en Chambre tantôt, c'est M. Forget qui devient membre de la
commission. Alors, étant donné que M. Forget doit s'amener sous
peu, M. Fradet ne peut le remplacer. Alors, il y a eu un changement à ce
niveau-là. M. Fradet remplacera, à ce moment-là, M.
Bordeleau (Acadie).
Est-ce qu'il y a consentement là-dessus?
M. Chevrette: Consentement. Nous autres, on ne refuse pas les
lumières.
Le Président (M. Audet): Alors, bravo, merci. Alors, nous
recevons cet après-midi le Parti vert, ainsi que l'Association d'huile
à chauffage du Québec inc. et l'Association des distributeurs
indépendants de produits pétroliers. Alors, puisque les gens du
Parti vert sont déjà installés à la table,
messieurs, au nom des membres de la commission, je vous souhaite la plus
cordiale bienvenue et je vous rappelle brièvement le déroulement
de nos travaux. Vous disposez d'une vingtaine de minutes pour nous faire part
de votre exposé. Ensuite, suivra une période d'échanges
qui durera approximativement une quarantaine de minutes. Avant de
procéder à votre exposé, je vous inviterais, aux fins du
Journal des débats, à vous identifier, s'il vous
plaît. Vous avez la parole, vous pouvez y aller.
parti vert du québec
M. Ouimet (Jean): Alors, mon nom est Jean Ouimet, je suis le chef
du Parti vert du Québec, et Jean-François Labadie m'accompagne
aujourd'hui. Alors, la présentation que je vais vous faire, c'est un
peu, là..-. On a déposé tantôt la version finale. On
va essayer de vous résumer ça. Les principaux arguments, ce sont
les mêmes que dans la version préliminaire, alors il n'y aura pas
de changements pour vous surprendre. Simplement pour vous rappeler que le Parti
vert du Québec,
nous, le projet politique qu'on s'est donné, comme parti
politique, c'est justement de participer à la réalisation d'un
développement viable au Québec. Le développement durable,
c'est une expression plus populaire. Nous, on a retenu le développement
viable. Aux dernières élections, le Parti vert a quand même
eu un appui significatif d'une partie de la population, et on veut donc
continuer à véhiculer cette vision-là du
développement viable au Québec. alors, pour nous, un
développement viable, ça commande une réduction pour les
pays du nord de notre consommation d'énergie, pour faire en sorte que
les pays du sud puissent, eux autres, plus consommer d'énergie, et
ça, ça fait suite au rapport brundtland, qui recommandait que les
pays industrialisés en général envisagent une
réduction de leur consommation d'énergie de 50 % d'ici 30 ans
pour que les pays du sud puissent consommer, eux, de l'énergie, pour se
développer. c'est là qu'il va falloir qu'il y ait un
échange entre le nord et le sud et c'est dans cette
perspective-là, nous, qu'on regarde le scénario que nous propose
hydro-québec, avec lequel on a certaines réticences. il y a un
pays comme la suède qui a décidé de relever le défi
du développement viable et qui a, justement, étudié des
scénarios pour prévoir des réductions de la croissance de
la demande et faire en sorte, donc, de pouvoir relever ce
défi-là, qui nous est présenté dans le rapport
brundtland. malheureusement, ce n'est pas ça qu'on observe ici, au
québec. si on regarde le plan de développement
d'hydro-québec, lui, il nous propose une augmentation de 38 % d'ici
2005. ce qu'il y a d'intéressant, c'est d'observer ce qui nous
était proposé dans le plan de développement de 1991,
où on nous proposait trois scénarios de croissance annuelle, au
niveau des ventes d'électricité, qui fluctuaient entre 1,2 %, 2 %
pour le scénario moyen et 2,6 % pour le scénario fort. deux ans
plus tard, après deux ans de récession, où les
perspectives économiques sont encore plutôt douteuses
même si on sait qu'il y a une reprise, il n'y aura pas une grosse
envolée en termes de consommation d'énergie tout d'un coup
hydro-québec nous propose, dans son plan de développement, une
proposition où là le scénario faible, moyen et fort est
majoré. de 1,1 % on passe à 1,4 %. le scénario de
référence moyen, on l'amène à 2,2 % et le
scénario fort, on parle de 2,8 %.
Pour nous, c'est quelque chose qui est tout à fait inacceptable
dans le contexte de conjoncture actuelle, d'autant plus qu'il y a beaucoup de
pays et des États aux États-Unis qui envisagent des croissances
tournant alentour de 1,6 % au niveau de la demande d'électricité.
Alors, je pense que, dans ce sens-là, nous, on questionne le
scénario moyen qui est retenu par Hydro-Québec et, selon nous, au
Parti vert du Québec, ce serait beaucoup plus réaliste
d'envisager un scénario qui tournerait plus près du
scénario faible.
On a retenu le chiffre de 1,4 % de la croissance parce que
c'était plus facile de prendre des chiffres d'Hydro-Québec. On
n'a pas les ressources pour pou- voir faire un scénario qui serait plus
près de 1,6 %, mais, pour nous, donc, on a retenu l'idée de 1,4 %
pour regarder, avec ce scénario-là de la croissance de la
demande, ce qu'on a besoin comme nouveaux barrages hydroélectriques au
québec, entre autres. c'est là qu'on trouve des choses
intéressantes.
Alors, nous, on croit qu'il est possible de limiter notre augmentation
des besoins globaux à 26 % d'ici 2010 en retenant, justement, le
scénario faible. Alors, si on retient le scénario faible, on
aurait, en 2010, une consommation de 170 TWh. Si on rajoute les livraisons de 6
TWh, les ventes à l'exportation, en les maintenant au même niveau,
les pertes d'électricité, le développement industriel sans
signer de nouveaux contrats pour les alumineries, en ne signant pas non plus de
nouveaux contrats à l'exportation, on arrive à des besoins
globaux d'énergie de 211 TWh.
Alors, maintenant comment peut-on répondre à cette
demande-là, à ces besoins-là d'énergie au
Québec? Alors, pour nous, pour répondre à ces
besoins-là, il faut envisager quatre moyens. On va parler
d'efficacité énergétique, de la gestion de la demande, de
la politique économique moins énergivore et des sources
d'énergie douce. Alors, si on regarde juste le scénario au niveau
de l'efficacité énergétique, on retient la conservation de
l'énergie et l'efficacité.
Alors, au niveau de la conservation, il y a tout un ensemble de moyens
qui peuvent être mis de l'avant pour permettre de réduire notre
consommation, justement, d'énergie en la conservant plus et avec
efficacité. Dans les pays de l'OCDE comme dans beaucoup de secteurs, on
évalue le potentiel d'efficacité énergétique comme
étant substantiel. (16 h 10)
Au niveau de la gestion de la demande, si on pensait à
l'étalement des heures de travail, l'intensification de la production
énergivore durant la nuit et tarifer la consommation selon le niveau et
selon l'heure de consommation, ça pourrait être des façons
de mieux pouvoir gérer la demande et de réduire le besoin d'avoir
une grande puissance aux heures de pointe, justement. Évidemment, des
politiques économiques qui viseraient plus à développer
des secteurs comme celui de l'information, des biotechnologies, des transports
collectifs, feraient en sorte qu'on pourrait réduire notre consommation
d'énergie globale. Développer des secteurs de gestion des
déchets, entre autres. On sait que la gestion des déchets nous
permettrait d'avoir un bilan énergétique plus favorable, et aussi
des sources d'énergie douce. Alors, de ce côté-là,
aussi, au niveau des biomasses, l'énergie éolienne,
géothermique, on pourrait penser au niveau hydraulique et solaire. si on
regarde une étude qui a été faite aux états-unis
par le world watch institute, eux, ils évaluent qu'on pourrait arriver,
dans 10, 20 ans, aux états-unis, à une diversité de
sources d'énergie qui est intéressante. donc, on parle de 30 %
d'énergie solaire, 20 % d'énergie hydroélectrique. on sait
que, au québec, on a un plus grand potentiel, mais on peut voir que
même ils ont diversifié, ils n'ont pas mis leurs oeufs dans le
même
panier. Alors, on dit, au Québec, ça serait important,
donc, de s'ouvrir plus du côté des énergies douces.
Alors, quel est l'objectif qu'a retenu Hydro-Québec en termes
d'économie d'énergie? C'est le premier point, puis je pense que
c'est celui sur lequel on veut plus s'attarder aujourd'hui.
Hydro-Québec, en 1990, ils nous disaient qu'on pouvait avoir un objectif
de 12,9 TWh. Pour le plan de développement 1993, on parle de 9,3 TWh.
Alors, il y a une réduction de l'objectif. C'est drôle, à
Hydro-Québec, on a l'impression que, depuis qu'il y a une nouvelle
vice-présidence à l'efficacité énergétique,
on investit plus dans l'économie d'énergie, mais on est moins
efficace de ce côté-là.
Alors, selon des experts qu'on a consultés, on pourrait se donner
un objectif, en 2010, de 20 TWh, soit 30 % du potentiel
technico-économique de 31,7 TWh. Et on pourrait aussi, avec une gestion
de la demande, comme je le mentionnais tantôt, limiter la
nécessité d'avoir une grande puissance pour les heures de pointe.
On pourrait aussi penser aux énergies douces comme l'éolienne et
le solaire pour être capable de pouvoir approvisionner le réseau,
en même temps de pouvoir utiliser de l'hydrogène pour substituer
le pétrole par de l'électricité. Alors, pour nous, les
enjeux énergétiques exigeraient, pour qu'on puisse avoir un vrai
débat là-dessus, savoir où on s'en va, qu'il y ait une
commission indépendante sur l'énergie pour, justement, veiller
à la réalisation des objectifs énergétiques qu'on
pourrait se donner, au Québec, pour aller dans le sens d'un
développement viable.
Alors, pour nous, donc, ce qu'on retient, c'est que, avec les moyens
déjà en place, en rajoutant les parcs de centrale existants, les
constructions de La Grande phase II, les améliorations du réseau,
l'efficacité énergétique, en retenant un scénario
de 20 TWh, on arrive à des moyens pour répondre aux besoins de
214 TWh, alors que, avec le scénario qu'on vous présentait, on en
avait 211 TWh. Alors, je pense qu'on considère ça suffisamment
important pour voir que, avec des scénarios faibles qui se rapprochent
plus de la réalité, en termes de croissance économique et
de besoins énergétiques versus les installations
déjà en place qu'on a, qui sont de 211 TWh, ça vaut la
peine de se questionner si on doit investir 25 000 000 000 $ pour construire de
nouveaux barrages hydroélectriques sur des territoires qui sont,
actuellement, en train d'être discutés au niveau de qui va
gérer le territoire pour les autochtones. Et on considère
ça inacceptable de se lancer là-dedans tête perdue,
là, tête première, plutôt, pour investir 25 000 000
000$. On se dit plutôt: Allons-y vers l'économie d'énergie,
retenons un scénario où on serait capable de pouvoir s'ajuster
s'il y avait une demande plus grande, mais retardons encore plus longtemps la
construction de nouveaux barrages hydroélectriques. Et il y a des
sources douces d'énergie qui pourraient être aussi
développées et qui permettraient de répondre encore mieux
à la demande.
Alors, c'est dans ce sens-là, nous, qu'on considère que de
simplement dire que ça prend de nouveaux barrages
hydroélectriques, la démonstration n'est pas faite par
Hydro-Québec comme quoi c'est ça qui doit nécessairement
être envisagé. Selon nous, le scénario faible est
suffisamment probable pour qu'on le considère sérieusement et
que, peut-être, on envisage, le temps de régler des choses avec
les autochtones sur la gestion de leur territoire, de penser à d'autres
sources d'économie d'énergie, d'autres sources d'énergie
douce comme l'éolienne et le solaire. Alors, c'est dans ce
sens-là qu'on voulait présenter notre mémoire, et
ça résume à peu près notre position.
Le Président (M. Audet): Merci. Je vais maintenant
reconnaître Mme la ministre de l'Énergie et des Ressources.
Mme Bacon: Alors, je voudrais vous remercier de votre
contribution à la commission parlementaire. Je pense que vos
commentaires vont recevoir toute l'attention qu'ils méritent dans le
cadre de notre processus décisionnel dans lequel nous nous trouvons.
En ce qui a trait à l'efficacité
énergétique, vous mentionnez que, selon certains experts, il est
possible et souhaitable de réaliser des économies
d'énergie. Vous nous disiez, dans votre dossier préliminaire, 15
TWh et vous mentionnez, aujourd'hui, 20 TWh en l'an 2000. À quelle forme
d'énergie faites-vous allusion? Et, compte tenu de la participation
actuelle de la population au programme ECOKILO, à combien
évaluez-vous le coût de mesures nécessaires pour arriver
à ce résultat que vous nous mentionnez?
M. Ouimet: Malheureusement, on n'a pas les ressources
nécessaires pour faire de telles analyses, au Parti vert du
Québec. Ce qu'on a retenu, c'était que 15 TWh, je crois que
c'était pour 2000, je pense, et 20 TWh, c'était pour 2010.
Mme Bacon: Ah bon!
M. Ouimet: C'est pour ça. C'était deux dates
différentes.
Mme Bacon: C'est ça.
M. Ouimet: Alors, pour nous, c'était des objectifs que des
experts disaient qu'on pouvait réaliser. Lorsqu'on regarde des
évaluations qui ont été faites au niveau de l'OCDE sur des
potentiels d'économie d'énergie sur ce qui a été
mis en place, entre autres au Japon, comme mesures, on se rend compte qu'ils
ont été capables d'augmenter de façon remarquable leur
efficacité énergétique dans plusieurs secteurs. Je pense
que c'est avec des expériences dans d'autres pays qu'on voit que le
potentiel a été beaucoup plus développé qu'ici, au
Québec. Et c'est sur cette base-là que les experts nous disent
qu'au Québec, étant donné notre contexte, on pourrait
viser plus haut et donc atteindre près de 60 % du 31 TWh techniquement
possible.
Mme Bacon: Dans la proposition du plan de
développement, Hydro-Québec nous propose de favoriser
l'efficacité énergétique jusqu'à concurrence du
coût marginal des nouveaux équipements de production et des
nouveaux équipements de transport. J'aimerais avoir votre opinion
là-dessus. Est-ce que vous ne croyez pas que la société
québécoise, dans son ensemble, qu'elle soit prête à
payer plus cher sa facture énergétique en favorisant
l'efficacité énergétique au-dessus du coût
marginal?
M. Ouimet: Je pense que, si on met en place des bonnes mesures,
on pourrait faire en sorte que le coût du kilowattheure pourrait
augmenter, mais que la facture, elle, pourrait ne pas augmenter. Si on met en
place de bonnes technologies d'efficacité énergétique au
niveau des foyers, entre autres, on sait qu'on est capable de réduire la
consommation d'énergie de façon importante au niveau des
foyers.
Justement, j'ai des données là-dessus. On peut regarder,
par rapport à certains pays, au niveau de toutes les différentes
installations qu'on retrouve dans un foyer. On peut voir l'exemple des
États-Unis et de la Suède, lorsqu'on compare ça avec des
équipements performants au niveau énergétique, ce que
ça donne comme comparaison. Alors, on compare ici le chauffage, la
climatisation, l'eau chaude, les réfrigérateurs, les
congélateurs, cuisinières, éclairage et autres, et on peut
voir qu'aux États-Unis ou en Suède on parle de 1500 à 1200
unités malheureusement, les unités, j'ai oublié de
les mettre là-dessus versus, avec des appareils performants, de
328 à 260. Alors, c'est quand même à peu près le
cinquième, avec des appareils performants, qu'on réussit à
réduire, la consommation d'énergie au foyer. Alors, pour nous,
d'augmenter le prix du kilowattheure, tout en donnant des technologies qui
permettent de réduire la consommation d'énergie, c'est
intéressant.
Je me souviens, lorsqu'on est passé la dernière fois, il y
avait M. Lamarre qui était ici au nom de Lavalin et qui nous parlait
d'une expérience qui avait eu lieu à Laval où on avait
fait un essai sur un ensemble de maisons domiciliaires. On avait pu montrer
qu'avec une technologie informatisée on pouvait réduire de 50 %
la consommation d'énergie dans les foyers. Alors, pour nous, il serait
justement possible de pouvoir augmenter, peut-être, le prix du
kilowattheure, mais, avec une meilleure technologie, de maintenir la facture
où elle est et de faire en sorte que les Québécois
deviennent moins énergivores. C'est ça, l'objectif qui nous
intéresse.
Mme Bacon: Mais le consommateur moyen va avoir à payer un
prix assez élevé, quand même.
M. Ouimet: Pour nous, le consommateur moyen pourait faire en
sorte de pouvoir maintenir sa facture où elle est là avec des
technologies plus efficaces. C'est les gros consommateurs qui, selon nous,
devraient être moins subventionnés. On est dans une
société où plus on consomme, moins ça nous
coûte cher, et, pour nous, c'est envoyer de mauvais signaux. Lorsqu'on
regarde ce que ça coûte, les subventions qu'on accorde aux
alumi-neries qui sont parmi les plus gros consommateurs au Québec,
ça coûte très cher. Alors, on se dit: II faudrait faire en
sorte que les gros consommateurs, eux aussi, utilisent leur imagination pour
voir comment réduire leur consommation d'énergie.
Mme Bacon: Oui, mais,,, quand vous voyez les équipements
achetés, par exemple, le consommateur à revenus moyens aura des
sommes assez importantes à débourser.
M. Ouimet: Oui, il pourrait y avoir des investissements...
Mme Bacon: On ne parle pas de commerces, là, on parle de
domestique. (16 h 20)
M. Ouimet: C'est sûr que les technologies qui permettraient
d'être plus efficace nécessiteraient de faire des investissements,
et, dans ce sens-là, il doit y avoir un engagement de la population
à dire: Oui, on relève le défi de réduire notre
consommation d'énergie. Et ça ne peut pas être simplement
tiré par le gouvernement, ça doit émerger d'une
volonté collective, d'une volonté où vraiment toute la
population participe à ça. De là l'intérêt
d'une commission indépendante sur l'énergie pour voir quel
défi on relève collectivement par rapport à notre
consommation d'énergie au Québec, comment on veut s'inscrire,
dans le cadre du développement viable au niveau planétaire,
à cette contribution-là pour réduire notre consommation
d'énergie.
Alors, je pense que le gouvernement doit inspirer une démarche
collective pour faire en sorte qu'on discute de nos choix de consommation pour
que les gens s'engagent à les réduire, et, suite à
ça on le regarde au niveau juste de la collecte sélective
quand les gens veulent embarquer là-dedans, ils prennent les
moyens nécessaires, ils font les efforts. Les gens veulent que ça
change. Alors, c'est avec la population qu'on peut relever un défi comme
ça.
Mme Bacon: Pour que les différentes formes
d'énergie soient traitées sur un pied d'égalité
relativement aux «externalités», qu'est-ce que vous nous
suggérez? Est-ce qu'on devrait augmenter ou est-ce qu'on devrait
diminuer les taxes sur le carburant?
M. Ouimet: On a déjà fait mention, à la
commission parlementaire où on a parlé de fiscalité, d'une
taxe sur le carbone. Pour nous, ce serait quelque chose d'important, d'avoir
une taxe sur le carbone qui puisse servir justement à pouvoir
peut-être investir dans de nouvelles sources d'énergie moins
polluantes ou peut-être aussi même de faire un bilan entre la
quantité de gaz carbonique qui est relâchée par la
combustion du carbone versus la plantation d'arbres, trouver un genre
d'équilibre entre les émissions de gaz carbonique et leur
stabilisation à travers les arbres. Alors, il pourrait y avoir une taxe
sur le carbone, sur l'énergie en générale,
mais qui devrait être en fonction du niveau de pollution de
l'énergie puis de sa source. Alors, c'est sûr que, comme le
pétrole, c'est celui qui nous intéresse le plus pour l'effet de
serre, on a parlé d'une taxe sur le carbone, mais ça pourrait
être appliqué aussi dans d'autres sections.
En fin de compte, pour nous, l'idée de la taxe, c'était
d'avoir une taxe qui permette de refléter mieux les coûts sociaux
et les coûts écologiques. Parce que c'est ça, le
problème, c'est les fameuses «externalités» qui
doivent être «internai isées» pour mieux faire des
choix collectifs. Tant qu'on ne connaît pas les coûts réels,
c'est souvent là qu'on est biaisé. On croit que, à court
terme, ça nous coûte moins cher, mais, si on calculait, même
à court terme, les coûts sociaux et les coûts
écologiques, on ferait souvent des choix différents que ceux
qu'on est amené à faire.
Mme Bacon: Si on augmente quand même le coût des
équipements, si on fait des taxes, comme vous le proposez, notre
industrie de ressources naturelles, vous n'avez pas peur qu'on la brise, cette
industrie-là de ressources naturelles qu'on possède au
Québec, qui est un atout important dans l'économie du
Québec, qui est créatrice d'emplois?
M. Ouimet: Je crois qu'il faut maintenir ça, mais il faut
peut-être s'assurer qu'elle respecte les seuils de renouvellement de la
ressource dans plusieurs secteurs. Il ne faut pas quand même viser la
surexploitation. Je pense qu'on a découvert, au niveau des
pêcheries, qu'on a poussé un petit peu trop de ce
côté-là, et il faudrait s'assurer que l'exploitation ne
dépasse pas les seuils de renouvellement des différentes
ressources. Dans ce cadre-là, il faudrait peut-être avoir des
mesures un peu plus strictes pour s'assurer, entre autres, qu'on ne remplace
pas une forêt diversifiée par une forêt de monoculture
où on a juste des pins ou des sapins qui sont plantés, ou de
l'épinette noire parce que ça pousse mieux dans certaines
régions. On dit qu'il faudrait avoir, qu'il faudrait respecter la
diversité de l'écosystème pour maintenir sa
stabilité. Alors, dans ce sens-là, c'est une meilleure gestion de
la ressource naturelle qui ferait en sorte qu'on arrêterait de la
surexploiter.
Mme Bacon: Au sujet des filières éoliennes et des
filières solaires, vous mentionnez que plusieurs États
américains et des pays européens ont fait le choix d'utiliser ces
nouvelles sources d'énergie. Elles ont fait la preuve de leur
rentabilité économique. Est-ce que ce choix-là d'utiliser
de nouvelles sources d'énergie pourrait se traduire par des projets de
puissance substantielle?
M. Ouimet: Oui, bien, on peut référer, justement,
à une étude qui a été faite sur le... Attendez.
Parce qu'il y a une étude qui a été faite
là-dessus, justement, qui est très intéressante.
(Consultation)
M. Ouimet: Bon, je vais y aller de mémoire. C'était
l'Association canadienne d'énergie éolienne qui avait
évalué le potentiel au Québec de l'ordre d'à peu
près 11 TWh, si ma mémoire est fidèle, avec un ensemble de
moulins à vent, si on veut, qui pourraient s'installer sur la
Côte-Nord, en Gaspésie et également sur le sud de la
côte de la Baie James, ce qui permettrait donc d'apporter une
quantité d'énergie considérable, de créer des
milliers d'emplois également et de faire en sorte de pouvoir
approvisionner les secteurs plus éloignés avec des réseaux
qui seraient plus autonomes en même temps.
C'est sûr que, pour un réseau hydroélectrique,
ça pose des problèmes parce que ce n'est pas le même type
de puissance, mais c'est quand même une source d'énergie qui,
selon nous, vaut la peine d'être évaluée. Et on constate
que le Québec est un des endroits en Amérique du Nord où
le potentiel d'énergie éolienne est parmi les plus
élevés, avec les grands vents qu'on a le long du fleuve
Saint-Laurent et au niveau de la baie James. Je pense que ça vaudrait la
peine de réaliser ce potentiel-là et de faire en sorte de le
développer et de créer des emplois également en
région. J'aurais eu des données plus techniques, mais,
malheureusement, je ne les retrouve pas.
Mme Bacon: Ça va.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Bonjour, M. le Président.
Tout d'abord, j'ai quelques questions, en particulier avec les
énergies... Moi aussi, je vais partir avec ce que Mme la ministre vous
demandait sur les éoliennes. Hydro-Québec parle de 1000 MW en
éoliennes. Est-ce que vous croyez que ce type d'énergie peut
être utilisé exclusivement dans certaines régions du
Québec, substituer, par exemple, l'hydroélectricité, dans
certains milieux, exclusivement par des éoliennes?
M. Ouimet: Exclusivement, c'est peut-être un peu
délicat, parce que c'est sûr qu'il y a quand même les
aléas des vents. Ils ne soufflent pas toujours. Alors, il faut trouver
une façon de pouvoir stocker, aussi, cette énergie-là.
C'est un des problèmes des énergies douces comme le solaire
aussi, c'est le stockage. Maintenant, on sait qu'il se développe des
meilleurs moyens, avec des batteries, différents moyens de stocker
l'énergie. L'hydrogène est justement une façon de pouvoir
stocker l'énergie qui est en plus. On l'envisage au niveau de
l'hydroélectricité, mais on pourrait aussi penser l'utiliser pour
l'énergie solaire et éolienne pour emmagasiner cette
énergie-là, à ce moment-là.
M. Chevrette: Les experts nous disent toujours, en tout cas ceux
qu'on a rencontrés ou qu'on peut consulter, que c'est un type
d'énergie accouplé avec un autre type d'énergie...
M. Ouimet: Oui, c'est ce qui est préférable,
oui.
M. Chevrette: ...si on veut véritablement
développer ce type d'énergie. D'autre part, moi, j'ai toujours
une crainte que je voudrais vous exprimer. Qu'est-ce que vous diriez, vous, par
exemple du Parti vert du Québec, si nous, du gouvernement, avec le
Parlement, présentement, décidions d'installer une série
de moulins à, vent aux Îles-de-la-Madeleine, parce qu'il vente en
Jésus? Si on faisait des audiences publiques, qu'est-ce que vous
viendriez dire si on avait un parc assez bien meublé, merci,
d'instruments qui mènent beaucoup de bruit puis qui polluent
visuellement les Îles-de-la-Madeleine?
M. Ouimet: C'est des points également à
considérer...
M. Chevrette: Oui, mais...
M. Ouimet: ...la pollution visuelle, la pollution sonore. Il faut
être capable de pouvoir pondérer tout ça, entre la
nécessité de consommer du pétrole pour
générer de l'énergie, générer de
l'électricité ou bien utiliser ces sources-là. Alors,
c'est un équilibre, puis il faudrait voir si c'est acceptable, une
certaine quantité à certains endroits. Il faut voir avec la
population. Pour nous, le solaire et l'énergie éolienne, ce n'est
pas de dire: On met des panneaux partout puis on met des moulins à vent
partout. Il faut être capable de voir, avec la population, ce qui est
acceptable. La notion d'acceptabilité reste aussi pertinente pour des
sources d'énergie douce qu'elle l'est pour d'autres sources
d'énergie.
M. Chevrette: C'est parce que, aux États-Unis, on en a
fait, des expériences, vous l'avez vous-même signalé. Les
gens se plaignent du bruit, puis ils se plaignent de la pollution visuelle.
M. Ouimet: Oui.
M. Chevrette: Mais, moi, je voudrais bien qu'il y ait une
certaine forme de cohérence, à un moment donné, dans...
Parce qu'on est toujours «squeezes» dans le sens suivant. Les gens
disent: Pourquoi n'allez-vous pas vers des énergies plus douces? On dit:
Parfait, on embarque. On fait des audiences publiques, ça ne marche plus
parce que, là, il y a la pollution visuelle. Ils se prononcent pour
l'hydroélectricité, mais ils ne veulent pas qu'une ligne passe.
Ils se prononcent pour le solaire, mais ils disent: Oui, mais où est-ce
qu'on va installer ça? Où est-ce que le soleil est dominant? On
se rend compte que, bien souvent, c'est dans des régions qui sont
déjà très, très développées sur le
plan résidentiel, par exemple, et industriel, puis qu'il n'y a pas de
place pour...
M. Ouimet: Mais, ce qui est...
M. Chevrette: Moi, j'ai toujours tendance à être un
petit peu offusqué du fait qu'on préconise des choses, puis les
mêmes gens qui préconisent sont les gens qui viennent se battre
tout de suite après pour nous dire que ça n'a pas de bon
sens.
M. Ouimet: Bien, comme pour les éoliennes, je pense que
où c'était envisagé, dans l'étude qui a
été faite par l'Association canadienne d'énergie
éolienne, c'était quand même dans des régions
très peu peuplées. On parle de la Côte-Nord, ou entre
Baie-Comeau et puis Sept-îles. Il n'y a pas grand monde dans ce
coin-là.
M. Chevrette: Oui, mais prenez Rivière-du-Loup
jusqu'à Gaspé. Il y en a du vent, là.
M. Ouimet: C'est ça. Puis il y a des endroits où
ça ne dérangerait pas trop.
M. Chevrette: Imaginez-vous de quoi ça aurait l'air, des
moulins à vent à partir de... Est-ce que ça serait
bienvenu, sur le plan touristique, de voir des moulins à vent puis
d'entendre ça? Tu sais, les gens de Gaspé diraient: Nous
prenez-vous pour des malades?
M. Ouimet: Mais ce que je remarque, quand je vais à
Cap-Chat, je peux vous dire que l'attraction qui est là-bas, le moulin
à vent qui est là attire du monde.
M. Chevrette: II y en a un.
M. Ouimet: II y en a un.
M. Chevrette: Si vous en aviez à tous les 500 pieds,
pensez-vous qu'ils nous parleraient de venir voir leurs 500 pylônes?
M. Ouimet: Non, c'est ça. Ce qu'il faudrait voir, avec la
population locale, c'est ce qui serait acceptable, à quel endroit ils
accepteraient d'avoir des moulins à vent et à quel endroit ils ne
voudraient pas en avoir. Je pense qu'il faut vraiment discuter avec la
population, voir où ça peut se mettre.
M. Chevrette: Oui, mais, M. Ouimet, c'est parce que je veux vous
démontrer par mon questionnement qu'on pourrait bien rêver, par
exemple, d'avoir 1000 MW en Gaspésie, mais la population juge qu'ils
arrêtent à 300 MW. Donc, vous êtes loin de votre objectif
global du 1000 MW, comprenez-vous? On peut avoir des objectifs bien
précis, mais, si on compose avec les populations touchées, vous
n'aurez pas le même résultat. Vos objectifs nationaux, vous ne
pouvez pas les concilier avec le principe du respect des populations locales
touchées. Moi, c'est ça que je veux...
Puis ce n'est pas à vous que je m'adresse, dans le fond, c'est un
message que je veux apporter à certains groupes qui visent des objectifs
nationaux puis qui disent: Bien, en même temps, respect des populations
locales. Moi, j'en suis pour ça, mais, à un moment donné,
il va falloir comprendre qu'il y a des objectifs
nationaux qui ne cadrent pas nécessairement avec les objectifs
des populations touchées. (16 h 30)
M. Ouimet: Tout à fait.
M. Chevrette: Parce qu'on ne peut pas être à la fois
pour les autochtones à tout prix et pour le barrage de Grande-Baleine
sur l'autre bord, tu sais. À un moment donné, il ne faut pas
parler des deux côtés de la bouche. Il y en a peu, au
Québec, qui peuvent faire ça.
M. Ouimet: Ha, ha, ha! Pour nous, c'est pour ça que
l'idée d'avoir un débat sur l'avenir énergétique du
Québec, c'est essentiel pour savoir quel choix la population est
prête à faire, quels sont les objectifs. Il faut composer avec la
population, on en est bien conscient, et, nous, on dit: C'est un objectif
à se donner, à réaliser peut-être dans 20, 30 ans.
Quelle direction est-ce qu'on prend? Est-ce qu'on maintient notre direction de
consommer de plus en plus d'énergie ou bien si on décide de
réduire ça et on le réduira au rythme où la
population est capable de l'accepter? Il faut qu'il y ait un débat
là-dessus, sur l'avenir énergétique du Québec,
c'est crucial.
M. Chevrette: Ça, je suis d'accord avec vous que... C'est
par ce moyen-là, d'ailleurs, qu'on pourrait sensibiliser les groupes
à une certaine forme de cohérence...
M. Ouimet: Tout à fait. Tout à fait.
M. Chevrette: ...également, et vous avez absolument
raison. Vous vous surprenez, vous aussi, des objectifs d'Hydro-Québec en
efficacité énergétique qui changent.
M. Ouimet: Tout à fait.
M. Chevrette: Moi aussi. Mais je ne sais pas s'il y a une erreur
dans votre texte ou si les données qu'on a eues sont erronées,
mais vous dites qu'ils ont changé de 1 TWh d'objectif de 1990-1993.
M. Ouimet: Oui. Sur un point, là, au niveau... Il faudrait
que je retrouve...
M. Chevrette: C'est parce que les chiffres, moi... C'est que
l'objectif pour 1995 était maintenu. C'était 5,6 TWh, ce que j'ai
toujours trouvé assez optimiste, pour ne pas dire plus, parce que ce
n'est pas le mot qui me vient dans la tête, mais je ne l'échappe
pas. De 1990 à 1994, ils vont chercher 2,9 TWh d'économie
d'énergie et, de 1994 à 1995, tout à coup, Hydro explose,
devient forte sur le plan de l'efficacité énergétique.
Là, ils passent à 5,6 TWh pareil, alors qu'on voit très
bien, dans leur plan successif, effectivement, qu'ils ont diminué, se
rendant compte qu'ils ne l'avaient pas atteint, je suppose. Je ne sais pas,
là. Il doit y avoir quelque chose, parce que les chiffres diminuent.
Est-ce que vous croyez qu'Hydro.... Vous n'avez pas participé à
la consultation d'Hydro?
M. Ouimet: Non. Comme parti politique, on n'était pas
invité à ces consultations-là.
M. Chevrette: Ah! ils ne vous ont pas invité, vous
autres.
M. Ouimet: C'était juste les groupes écologistes
qui étaient invités.
M. Chevrette: Ça aurait pu faire partie du financement des
partis. Ha, ha, ha!
M. Ouimet: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Non, mais vous ne savez pas quel outil de
contrôle utilise Hydro-Québec, sa façon de contrôler
l'efficacité, ses programmes d'efficacité
énergétique?
M. Ouimet: Non. Ça, je ne pourrais pas vous
répondre. Disons que je ne suis pas le technicien, quand même,
dans ce domaine-là. Malheureusement, il ne pouvait pas être avec
moi aujourd'hui, alors je ne serais pas à même de vous
répondre à cette question-là. J'essaie de trouver pour le
térawattheure en moins, parce que c'était quand même
très spécifique, sur un secteur.
M. Chevrette: Oui, c'est possible, mais c'est parce que, quand
j'ai vu le chiffre, ça ne coïncidait pas, moi, avec...
M. Ouimet: C'était 1 TWh par rapport au potentiel
d'économie d'énergie dans le secteur résidentiel.
C'était dans ce secteur-là.
M. Chevrette: O.K.
M. Ouimet: C'est sûr qu'il peut y en avoir dans d'autres
secteurs, mais, là, c'était pour ce secteur-là
particulièrement.
M. Chevrette: À la page 2 de votre mémoire, en
bas...
M. Ouimet: Oui.
M. Chevrette: ...vous payez toute une traite .'à Hydro,
là, et vous dites qu'elle présente un scénario de
croissance illimitée.
M. Ouimet: Oui.
M. Chevrette: Moi, je dois vous dire que c'est la première
fois que je vois Hydro sans plan de croissance illimitée. Je ne sais pas
si on fait la même lecture du plan de développement. Pour moi,
c'est la première fois
qu'Hydro-Québec ne rêve pas trop en couleur, là. Et
en page 3, là, il y a du carnage, la camisole de force, puis vous lui
payez toute une traite. Ce sont des cannibales, je ne le sais pas trop,
là.
M. Ouimet: Ha, ha, ha! Disons que, là, vous avez la
version...
M. Chevrette: Moi, je vous avouerez que... C'est parce que je
finis. Vous dites que ce sont des mégalomanes, à part de
ça. Moi, je pense qu'ils ont provoqué une rareté. Vous
avez peut-être raison pour un bout, mais vous en mettez plus que le
client en demande. Ceci dit, je trouve qu'Hydro a été plus
réaliste que le gouvernement. Rappelez-vous le rêve de M. Bourassa
de 13 000 MW harnachés, qui a été diminué par Hydro
à 3500 MW et qui est diminué même à 1000 MW d'ici
2005. Je trouve qu'Hydro, peut-être par la force des choses, sans leur
donner le mérite... Vous ne trouvez pas qu'ils ont cessé
d'être un petit peu «gargantuels»?
M. Ouimet: Disons que, quand je compare les courbes de croissance
qu'on nous propose...
M. Chevrette: Gargantuesques.
M. Ouimet: Quand on regarde les courbes de croissance qu'on avait
dans le scénario du plan de développement 1991 et celui qu'on a
maintenant en 1993, on peut voir que le scénario moyen, là, c'est
le scénario qui suit cette ligne-là, ici. C'est ça, le
scénario que nous propose Hydro-Québec. C'est une croissance
où on ne voit pas vraiment la fin versus ce que propose la Suède,
où, là, vous allez voir qu'il y a des scénarios où
il y a une baisse. La croissance illimitée, c'est celle-là, mais
ils la rejettent. Ils retiennent des scénarios de réduction, et,
là, ce n'est pas la même direction.
M. Chevrette: C'est accentué dans le sens qu'il n'y a
jamais de...
M. Ouimet: La tendance se maintient.
M. Chevrette: ...stagnation qui arrive. O.K.
M. Ouimet: Avec Hydro-Québec, la tendance se maintient
comme s'il n'y avait pas de limites. «The sky is the limit»,
à voir le graphique, là.
M. Chevrette: J'y reviendrai tantôt. M. Ouimet:
D'accord.
Le Président (M. Audet): Mme la ministre de
l'Énergie.
Mme Bacon: Je voudrais peut-être apporter une correction
sur les 12,9 TWh en 1990 versus les 9,3 TWh à l'horizon 2000. On sait
que les économies tendancielles sont celles qui se réalisent de
toute façon, dû au développement technologique et au
comportement des consommateurs. Ça, ça totalisait 3,9 TWh en
1990, et ils ne sont pas pris en compte dans les 9,3 TWh, mais c'est encore
prévu, et, si vous l'ajoutez, vous êtes proche du 12,9 TWh. Alors,
c'est des économies tendancielles qui sont de toute façon
prévues.
M. Ouimet: Et qui se rajouteraient donc aux...
Mme Bacon: Ils ne sont pas comptabilisés quand on parle du
9...
M. Ouimet: O.K.
Mme Bacon: ...mais ça revient à la même
chose. Vous arrivez à 12. Je voulais juste apporter cette
correction-là.
M. Ouimet: D'accord.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Saint-Maurice.
M. Lemire: Moi, je voudrais revenir sur le potentiel
énergétique éolien. À mon avis, on doit
l'envisager, je pense, avec prudence, notamment pour les problèmes qu'on
connaît au Québec, les problèmes de verglas. On a connu la
noirceur au Québec, il n'y a pas si longtemps. Nos lignes de transport
ont été brisées à cause de la tempête de
verglas qu'on a connue dans le Nord. On a été chanceux, on n'a
pas perdu les équipements, on a perdu seulement les lignes de transport.
Moi, je voudrais savoir: Croyez-vous qu'il y a des menaces de risque que le
verglas empêche l'éolienne de se développer au
Québec? Est-ce qu'il y a un risque?
M. Ouimet: Bien, disons qu'il y a d'autres pays qui l'utilisent,
comme au Danemark, et je pense que, le Danemark, ils ont des hivers comme ici.
Ils sont sur le bord de la mer, et il doit y avoir des conditions climatiques,
en termes de verglas et de précipitations de cette nature, qui doivent
être semblables. Alors, j'imagine qu'ils ont dû trouver des
solutions à ce genre de problème au Danemark et qui pourraient
être la technologie qu'on pourrait utiliser ici, au Québec,
également.
M. Lemire: II va falloir être très prudent.
J'aurais une autre question. Suite au questionnement que vous faites
«Est-ce qu'Hydro-Québec ne chercherait pas à endormir la
population québécoise vous avez écrit ça
en lui faisant croire qu'elle s'occupe vraiment de la protection de
l'environnement?» ma question: Compte tenu qu'Hydro-Québec est
reconnue et c'est dit même par des experts américains
comme un chef de file en matière de protection et de recherche
environnementale, voulez-vous nous expliquer la base de votre
questionnement?
M. Ouimet: Bien, disons que, lorsqu'on regarde
un peu tout le dossier Grande-Baleine, il y a tout un problème de
faire des évaluations d'impacts globaux avec un projet comme ça.
Ça n'a pas été complété pour le projet de La
Grande phase I, où il n'y a pas eu d'évaluation globale qui a
été présentée. On a eu des évaluations
sectorielles, mais il n'y a pas d'évaluation globale qui a
été présentée sur la phase I de La Grande. Alors,
dans ce sens-là, on considère qu'il n'y a pas vraiment une
volonté de sérieusement s'occuper d'environnement pour faire
cette comptabilisation-là, cette compilation-là des
différentes études sectorielles. Je pense que, s'il y a une
volonté sérieuse d'Hydro-Québec, ça devrait
être fait sur La Grande pour qu'on soit capable d'évaluer quel
sera l'impact global sur un projet comme Grande-Baleine. C'est dans ce
sens-là qu'il y a un manque de volonté d'Hydro-Québec de
faire cette étude globale. Alors, pour nous, ça, c'est un point
qui est très important. (16 h 40)
Lorsque je regarde aussi dans la proposition qui nous est
présentée, où Hydro-Québec nous dit avoir le
sentiment d'être aussi responsable pour les retombées
écologiques et sociales, avoir cette responsabilité sociale et
écologique, et que, par la suite, elle nous dit que, quand on veut
évaluer les coûts globaux, on ne peut pas évaluer les
coûts sociaux et les coûts écologiques, alors qu'il y a des
études qui ont déjà été faites à
certains endroits pour sortir certaines évaluations des coûts
sociaux et écologiques dus à certains impacts, je me dis qu'il
doit y avoir un investissement, de la recherche qui se fasse pour vraiment
développer des outils pour mesurer ces fameuses
«externalités» là. Si Hydro-Québec a vraiment
une volonté d'être responsable socialement et
écologiquement, elle doit mettre les ressources nécessaires pour
faire cette évaluation-là, et je n'ai pas senti, dans la
proposition qui nous a été faite, qu'il y avait une
volonté de développer une évaluation des impacts sociaux
et écologiques en matière économique. Pour nous, dans ce
sens-là, c'est un engagement qui est très beau, mais, sur le
terrain, quand vient le temps de sortir des données, on sent qu'il y a
un manque de volonté pour l'évaluation globale de La Grande ou
bien pour l'évaluation des fameuses
«externalités».
M. Lemire: Vous avancez aussi, dans votre mémoire, le
scénario faible, c'est-à-dire que vous proposez une croissance
d'électricité de 1,4 % annuellement. À la suite de vos
conclusions bien entendu basées... Sur quoi vous êtes-vous
basés pour en arriver à ces conclusions-là? Pouvez-vous
préciser vos sources d'information, revenir là-dessus? Vous", en
avez parlé un petit peu tantôt, mais, moi, j'aimerais avoir plus
d'information pour savoir de quelle façon vous avez évalué
et où vous êtes allé chercher ces
données-là?
M. Ouimet: d'abord, comme je le mentionnais tantôt, selon
des gens qui sont dans le domaine, ils nous ont dit que, dans les états,
plusieurs états aux états-unis et dans plusieurs pays, on
envisageait une croissance de la demande de 1,6 %. ça tournait alentour
de 1,6 % dans plusieurs endroits, dans le scénario de croissance de la
demande. ici, au québec, comme on n'avait pas, nous, un scénario
de 1,6 % qui était proposé par hydro-québec, on a retenu
un scénario de 1,4 %, tout en étant conscients que ça
serait un peu plus haut que ça, plus près de 1,6 %. mais on
n'avait pas les experts pour pouvoir replacer le scénario à la
hauteur de 1,6 %, alors on a retenu 1,4 % pour faire la présentation
d'aujourd'hui, et en regardant que, au bout du compte, lorsqu'on prend en
considération un scénario de 1,4 %, on arrive à même
dégager 3 twh, si on prend le calcul que je faisais tantôt: 214
twh qu'on pourrait produire au québec avec les installations actuelles
ou qui sont en train d'être développées versus la
consommation qui, elle, pourrait être maintenue à 211 twh.
Alors, on est conscients que ça pourrait être
différent si on avait 1,6 % de scénario de croissance, mais, par
contre, il pourrait y avoir des sources on parle d'éoliennes
qui pourraient être des sources d'énergie douce, qui
pourraient, aussi, être peut-être plus développées et
être plus mises dans la balance, aussi.
M. Lemire: Comme ça, vous considérez normal
qu'Hydro-Québec nous propose plusieurs scénarios?
M. Ouimet: Tout à fait. Ce qu'on trouve anormal, c'est que
les scénarios qui nous sont présentés dans la proposition
sont à peu près de 0,2 % plus élevés que le
scénario qui nous a été présenté il y a deux
ans, alors qu'on est encore en une période de stagnation
économique, à tout le moins, et on ne voit pas exactement quand
on va en sortir, en se relançant dans une consommation d'énergie
importante. Même au niveau des alumineries, ils mettent la pédale
douce, parce qu'ils se rendent compte que le marché mondial est
saturé et qu'on ne peut pas se lancer à développer aussi
vite qu'on pensait. Alors, c'est dans ce contexte-là qu'on trouve
ça drôle qu'Hydro-Québec propose un scénario plus
fort maintenant qu'il y a deux ans. Si, au moins, c'était
cohérent et que c'était le même scénario, qui
était déjà très élevé par rapport
à d'autres pays, on aurait déjà pu le questionner, mais,
là, c'est encore plus fort. C'est ça qu'on ne comprend pas.
M. Lemire: Mais je pense qu'il faudrait peut-être justifier
davantage ce que vous nous dites comme analyse, la façon que vous amenez
ces conclusions-là, parce que ce n'est pas à cause des
alumineries que, à ce moment-ci, Hydro-Québec propose plusieurs
scénarios. Je pense que c'est bien plus pour protéger et pour
sécuriser davantage l'approvisionnement de tous les citoyens, au
Québec, et sécuriser principalement l'avenir des
Québécois pour la demande en énergie dans les prochaines
années. C'est pour cette raison qu'Hydro-Québec présente
plusieurs scénarios, et une des raisons pourquoi on vous consulte en
cette commission, c'est pour savoir ce que vous pensez des scénarios. Ce
n'est pas parce qu'il y a eu des alumineries qui ont été
bâties voilà plusieurs années.
Parce qu'il faut se souvenir que l'aluminerie à
Bécancour a été construite parce qu'il y avait des
surplus à ce moment-là, lors de la première Baie James, et
il y avait quelques milliers de MW additionnels. Plutôt que de laisser
passer l'eau par-dessus les barrages, notre ami du temps, le ministre de
l'Énergie Yves Du-haime, a fait un contrat avec la nouvelle
société qui est venue s'établir à Bécancour,
et, nous, en arrivant au pouvoir, on a corrigé ça pour arriver
avec des contrats qui vont être reliés à la
compétitivité et, en même temps, au profit de l'entreprise.
C'est très différent.
M. Ouimet: Oui, mais, lorsque vous parlez de l'avenir, justement,
des Québécoises et des Québécois, le rapport
Brundtland dit que, si on veut assurer un avenir au niveau de la
planète...
M. Lemire: Au niveau mondial. M. Ouimet: ...au niveau
mondial... M. Lemire: C'est ça.
M. Ouimet: ...il faut que les pays du Nord envisagent de
réduire leur consommation d'énergie. Et ce qu'Hydro-Québec
nous propose, c'est un scénario où il y a encore une croissance
qui n'est pas encore questionnée. Selon nous, il faudrait que les
Québécois puissent sortir de la tête de peloton, où
on est les plus énergivo-res, pour devenir plus efficaces avec notre
énergie et faire en sorte de peut-être se comparer au Japon,
à un moment donné, pour voir comment eux, ils arrivent à
produire beaucoup de biens sans devoir consommer autant d'énergie que
nous.
M. Lemire: Mais, quand le rapport Brundtland parle de ça,
on se compare, et, quand on se compare, les autres pays ou les autres
provinces, leur hydroélectricité n'est pas produite à 95 %
par l'eau.
M. Ouimet: Oui, d'accord.
M. Lemire: Nous, c'est ça, c'est la force qu'on a,
présentement, au Québec.
M. Ouimet: Oui.
M. Lemire: Je pense qu'on a un avantage.
M. Ouimet: Tout à fait.
M. Lemire: Maintenant, on veut aussi améliorer
l'économie d'énergie. D'ailleurs, on a des programmes pour
ça. J'aurais une autre question, si vous me le permettez.
Le Président (M. Audet): Alors...
Mme Bacon: Juste une autre question dans le même
sens...
Le Président (M. Audet): Mme la...
Mme Bacon: ...si vous me permettez, M. le Président. Quand
vous citez le rapport Brundtland, quand vous citez, en fait, la planète,
là, parce que c'est ça qui nous préoccupe, où
est-ce que vous situeriez les alumineries?
M. Ouimet: Dans quel sens? Comme source de pollution?
Mme Bacon: Bien, si vous dites qu'on ne devrait pas les avoir
ici, où est-ce qu'elles devraient être, les alumineries?
M. Ouimet: Je pense que ce qu'il faudrait, c'est faire en sorte
de s'assurer qu'on recycle encore plus au niveau des minerais, qui sont des
ressources non renouvelables. Je ne pense pas que ce soit en favorisant une
consommation toujours de plus en plus grande de ces ressources non
renouvelables qu'on va pouvoir réaliser un développement durable
au niveau planétaire.
Mme Bacon: Ça va toujours en prendre un petit peu, des
alumineries, là.
M. Ouimet: Oui, mais si...
Mme Bacon: C'est parce qu'on ne peut pas dire qu'il ne peut pas y
en avoir jamais, là.
M. Ouimet: D'accord, mais...
Mme Bacon: Où est-ce que vous les situeriez? Dans quel
pays?
M. Ouimet: Au niveau des alumineries? Mme Bacon: Oui.
M. Ouimet: Bien, je pense que celles qui sont déjà
en place, elles devraient rester là, puis elles devraient mettre en
place des technologies pour pouvoir arrêter la pollution qu'elles
génèrent dans l'environnement. On n'est quand même pas pour
défaire ce qui est déjà là. Déjà,
avec ce qu'il y a là, on répond plus qu'à la demande
actuelle. Il y a une surproduction au niveau international. Et, si on mettait
en place une technologie du recylage de l'aluminium, tout l'aluminium qui est
déjà en place, actuellement, si on se mettait à le
recycler, on pourrait faire en sorte de réduire pendant plusieurs
décennies la nécessité de devoir en produire plus, alors
qu'on est en train d'enterrer des richesses importantes quand on enterre nos
cannettes d'aluminium. Et c'est ça qu'il faut aller chercher.
Mme Bacon: Oui, mais Brundtland nous dit de situer, disons, les
alumineries là où il y a des richesses renouvelables, des
ressources renouvelables, et on a des
ressources renouvelables, au Québec. C'est pour ça qu'on
en a.
M. Ouimet: C'est pour ça qu'on ne vous dit pas de...
Mme Bacon: Et c'est Brundtland qui dit ça.
M. Ouimet: On ne vous demande pas de démanteler les
alumineries qui sont déjà en place. Les alumi-neries qui sont
déjà en place, on dit oui à ça. Même dans
notre proposition, on reconnaît que les contrats déjà
signés, au niveau des exportations et des alumineries, devront
être respectés. Et ce qui était prévu pour produire
de l'électricité, pour répondre à ces
besoins-là, O.K. Mais on dit: Est-ce qu'on doit s'engager dans de
nouveaux contrats à l'exportation, puis dans de nouvelles alumineries?
C'est là, la question. Nous, on se dit: S'il faut produire plus pour
pouvoir répondre à ces nouveaux contrats là, c'est
là-dessus qu'on n'est pas d'accord. Mais les alumineries qui sont
déjà en place, on n'est pas pour les démanteler. Je pense
qu'on peut continuer à les opérer, mais en minimisant leur impact
sur l'environnement, comme c'est déjà en train de se faire. Il va
falloir qu'on aille encore plus loin de ce côté-là.
On n'est pas, non plus, pour démanteler les barrages
hydroélectriques qui sont déjà en place. Je pense qu'on a
beaucoup développé ce potentiel-là, et on considère
qu'on devrait arrêter de toujours mettre nos oeufs dans le même
panier et commencer à diversifier avec une politique économique
qui soutienne plus des industries du tertiaire, qui sont moins
énergivores, plutôt que juste des alumineries, qui sont
très consommatrices d'énergie.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Oui. J'aurais le goût de faire une
embardée sur les contrats secrets.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Je me retiens. Je pense que...
Mme Bacon: Vous pouvez vous laissez aller, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Pardon?
Mme Bacon: Vous1 pouvez vous laissez aller.
M. Chevrette: Je peux me laisser aller? Donc, j'y vais. Le
député de Saint-Maurice disait, oui, que le ministre de
l'Énergie du temps a signé un contrat à Bécancour.
C'est vrai, à un moment et à des conditions, d'abord, qui ne sont
plus celles d'aujourd'hui, qui ont été modifiées par les
13 contrats simultanés signés avec l'ensemble des alumineries,
qui vont nous coûter quel- que chose comme 1 500 000 000 $ dans quelques
années, et ceci, un contrat avec 13 alumineries, non pas dans un
contexte de surplus d'énergie, mais dans un contexte qui nous a
amenés, justement, à une rareté. Ça, c'est beaucoup
plus grave. Et ça, ça se discute. Si c'était là le
débat, vous verriez que je mâcherais moins mes mots.
Mais, ceci dit, quand vous parlez, par exemple, de la planification
d'Hydro-Québec, moi, il y a un bout où je vous suis fort bien,
c'est quand vous affirmez qu'Hydro devra programmer, planifier son
efficacité énergétique en fonction d'une courbe
zéro quant à, éventuellement, la construction de barrages
additionnels, un peu comme certains pays l'ont atteint, comme la Suède,
que vous donnez comme exemple. Mais, moi, ce qui m'inquiète dans
ça, c'est que, tant et aussi longtemps qu'on va faire porter toute la
pression de l'efficacité énergétique sur uniquement
l'hydroélectricité, je me demande où on va aller. Parce
que le débat sur l'énergie que vous demandiez au début
s'impose, là. 60 % de la consommation énergétique n'est
pas dans le domaine de l'hydroélectricité...
M. Ouimet: C'est ça.
M. Chevrette: ...il est dans le gaz naturel puis dans le
pétrole.
M. Ouimet: Tout à fait.
M. Chevrette: Et toute la pression sur la réduction de la
consommation énergétique se fait sur
l'hydroélectricité. Je me demande bien où on va aller.
Parce que, d'une part, tu ne fais aucune pression à ceux qui peuvent y
aller bride abattue, puis tu voudrais habituer le monde à se serrer la
ceinture dans un seul secteur énergétique. À mon point de
vue, c'est illogique, ça. C'est illogique, même dans le processus
d'une préparation des mentalités québécoises. Ou tu
fais le débat global puis tu instaures une mentalité globale de
l'efficacité énergétique, ou c'est de la poudre aux yeux,
c'est du leurre que d'essayer de faire croire que tu veux habituer les gens
exclusivement à réduire leur consommation hydroélectrique
puis aller bride abattue dans le reste. Ça ne cadre pas avec un
processus intellectuel intelligent. Et ça, moi, je pense que, dans votre
partie de mémoire où vous demandez un débat global, vous
avez entièrement raison. (16 h 50)
L'autre partie sur laquelle je suis entièrement d'accord, c'est
sur la commission énergétique. Moi, je pense qu'il faut qu'il y
ait un organisme neutre qui soit capable de dire des choses à Hydro,
parce que Hydro est la seule à avoir l'expertise, puis elle endort tout
le monde. Avec une commission d'énergie neutre qui aurait les budgets et
la compétence pour donner dés contre-expertises, je pense qu'on
pourrait assister à moins d'aberrations.
Par exemple, Hydro-Québec, à un moment donné, fait
la promotion du chauffage électrique, et là elle dit:
Oups! ça consomme, c'est épouvantable, il faut se serrer
la ceinture, alors qu'il y a du gaz naturel qui serait moins coûteux,
à part ça, à court terme, nous dit-on, et qui pourrait
desservir avec 50 % plus d'efficacité. Est-ce que c'est vrai? Moi, je ne
le sais pas, je ne suis pas un scientifique, mais, s'il y a des gens qui ont le
courage de venir le dire ici, il doit y avoir un peu de vrai dans ça. Ce
n'est contredit par personne d'autre, là, actuellement. Sauf qu'en
même temps que tu te permets des promotions tu demandes... C'est tout
croche, cette histoire-là, et ça m'inquiète à moyen
terme. Et je pense que le débat énergétique, on devrait le
faire dans les meilleurs délais, au Québec, si on veut
véritablement créer cette mentalité pour l'ensemble des
consommateurs québécois face à l'ensemble des sources
d'énergie, sinon on manque le bateau. Et je pense bien que vous avez
entièrement raison dans votre mémoire de ce
côté-là.
Maintenant, j'ai une question à vous poser: Quelle est votre
réaction, vous autres, par exemple, face au gaz naturel, à ceux
qui disent qu'ils ont un réseau bien établi, qui
représente quand même un potentiel de 115 ans, nous ont-ils dit,
à peu près 115 ans? Comment vous voyez ça, la combinaison
ou la diversification des sources d'énergie?
M. Ouimet: La diversification est intéressante.
Maintenant, on voudrait quand même éviter de consommer plus
d'énergie fossile, et je pense que le gaz, ça s'inscrit quand
même là-dedans, là. Le gaz naturel, le pétrole,
c'est quand même une source d'énergie fossile qu'on se trouve
à consommer et qui se trouve à relâcher du gaz carbonique.
Alors, dans ce sens-là, on trouve ça plus intéressant la
filière hydroélectrique. On reconnaît quand même que
la filière hydroélectrique est moins productrice de gaz à
effet de serre, et ça, on le reconnaît. Et c'est dans ce
sens-là que ce n'est pas de taper sur les barrages
hydroélectriques, c'est plutôt au niveau de notre vision sur
l'avenir énergétique du Québec qu'on questionne, et on
pense qu'il y aurait moyen de répondre à ces besoins-là.
À la limite, on pourrait peut-être envisager de construire de
nouveaux barrages qui répondraient mieux à certains
critères plus localement, ce qui permettrait peut-être de
substituer la consommation de pétrole par la consommation
d'électricité. Alors là, ça irait dans un sens
intéressant où éventuellement le gaz naturel... Ça
pourrait être des étapes intermédiaires qui dégagent
un peu moins de gaz carbonique.
M. Chevrette: Mais prenons l'exemple au lac Robertson,
là.
M. Ouimet: Oui.
M. Chevrette: Vous allez avoir un barrage hydroélectrique
au coût de 340 000 000 $ pour 21 MW ou quelque chose du genre, là.
Je peux me tromper de quelques sous, là, mais, nous dit-on, il y avait
des formules beaucoup moins onéreuses sur le plan financier, et,
deuxièmement, si on avait fait preuve d'imagination, par exemple, on
aurait pu coupler Féolienne au lieu de promettre 1000 MW, là,
tous azimuts, et tenter une première expérience bien
concrète en combinaison avec un produit fossile, par exemple.
M. Ouimet: Tout à fait. C'est le lieu idéal aussi
pour ça, parce que la Côte-Nord a été
repérée comme un des endroits potentiels pour le
développement de l'énergie éolienne. Alors, c'est ce genre
d'imagination là qu'il faut avoir, de combiner l'éolienne avec un
barrage, pour pouvoir minimiser so^n impact, et il faut que la population soit
dans le coup là-dedans. Je pense que la population de la Côte-Nord
serait intéressée par des emplois de cette nature-là, qui
viendraient de deux sources différentes, éolienne et barrage
hydroélectrique. Mais je pense qu'il faut mettre la population dans le
coup.
Actuellement, la population est hors circuit. On n'a pas accès
à ce débat-là, et c'est un enjeu crucial pour l'avenir du
Québec de savoir où on s'en va au niveau de notre énergie.
Et, comme vous l'avez mentionné, ils ne doivent pas considérer
uniquement l'électricité, mais aussi considérer les autres
formes d'énergie qui sont également très importantes.
Alors, il faut qu'il y ait un débat là-dessus, et c'est ce qu'il
n'y a pas. La grande frustration des gens qui se préoccupent
d'environnement au Québec, c'est de ne pas avoir l'occasion de
débattre ça sérieusement, pour un pays qui veut,
justement, nous dire qu'il se préoccupe des générations
futures.
M. Chevrette: Je suis surpris que, dans votre mémoire,
pour le Parti vert, vous ne parliez pas, par exemple, de rivières
patrimoniales. Vous ne parlez pas de cela, et, moi, je m'attendais de vous
autres, là il n'y a pas de cachette, là que vous me
disiez: Bien, écoutez, on ne développera pas pour
développer. On doit se garder quelques joyaux qui nous appartiennent.
Pouvez-vous me dire pourquoi vous avez évité de parler de cet
aspect-là?
M. Ouimet: II y a une question de temps, simplement. C'est
sûr que, le Parti vert, on a des faibles ressources. Je suis le seul
permanent, et, avec les quelques personnes avec lesquelles on peut travailler,
on est arrivé... Parce qu'on se prépare, comme d'autres partis
politiques, pour les prochaines élections générales. Nos
énergies sont mises dans différentes directions, alors...
M. Chevrette: Voulez-vous une combinaison d'énergie? Ha,
ha, ha!
M. Ouimet: Ha, ha, ha! C'est un point également important,
malheureusement, qu'on n'a pas pu développer.
M. Chevrette: O.K. C'est parce que c'est un aspect qui est peu
touché, la question de certains cours d'eau qui pourraient être
gardés comme valeur patrimoniale, et puis, au Québec, il n'y en a
aucun. On a peut-être 150 réserves écologiques, je pense,
de pointées et
tu n'as pas un cours d'eau qui ne pourrait pas actuellement ne pas faire
l'objet d'une possibilité d'étude de barrage parce qu'ils
demandent le feu vert sur n'importe quel cours d'eau. Vous l'avez
remarqué?
M. Ouimet: Comme la rivière Moisie, c'est un bel exemple
comment une rivière avec un potentiel...
M. Chevrette: L'Ashuapmushuan.
M. Ouimet: L'Ashuapmushuan, c'est ça. Ce sont des
rivières comme ça qui devraient être
préservées. Je suis tout à fait d'accord. Il faudrait
qu'il y ait une volonté politique d'aller dans ce sens-là aussi.
C'est peut-être ça qui manque actuellement pour préserver
ces secteurs-là. Parce qu'on a pensé harnacher les
rivières du Québec, et c'est souvent les plus grosses qui sont
les plus belles.
M. Chevrette: Oui. Il faut dire que, quand on profite, en
particulier aussi, d'une... Quand on n'a pas une politique là-dessus
puis qu'on n'a pas décidé de consacrer des rivières comme
sites patrimoniaux, ce qui arrive, c'est qu'on profite de la récession
économique, où toute une population va dire: Moi, c'est des jobs.
Puis tu ne peux pas blâmer les populations. Et, à court terme,
donc, il y a un appétit pour les emplois, et c'est humain, c'est normal.
Mais comment voulez-vous, à ce moment-là, que même un
groupe sérieux, quel qu'il soit, puisse se battre contre cela? Il n'y a
aucune commune mesure, parce qu'on joue sur des situations conjoncturelles pour
faire prendre des décisions au détriment d'un
développement correct à moyen et long terme. Merci.
Le Président (M. Audet): Merci.
Il ne reste plus de temps, alors c'est terminé. Alors, messieurs,
au nom des membres de la commission, je veux vous remercier sincèrement
de votre présentation, et, afin de permettre à l'Association
d'huile à chauffage du Québec de prendre place, nous allons
suspendre les travaux deux minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 57)
(Reprise à 17 h 2)
Le Président (M. Audet): Nous recevons maintenant
l'Association d'huile à chauffage du Québec inc. et l'Association
des distributeurs indépendants de produits pétroliers. Alors,
messieurs, au nom de la commission, je vous souhaite la plus cordiale
bienvenue. Je vous rappelle brièvement nos règles de
procédure. Vous disposez d'une vingtaine de minutes pour nous exposer
votre mémoire et vous présenter, ce qui est très
important. Ne pas l'oublier avant de débuter votre présentation.
Ensuite, suivra une période d'échanges d'une quarantaine de
minutes. La parole est à vous, on vous écoute.
Association d'huile à chauffage du
Québec inc.
(AHCQ) et Association des distributeurs
indépendants de produits pétroliers (ADIP)
M. Charlebois (Paul-Émile): Merci. J'aimerais vous
présenter, à ma droite, M. Gilbert Boulé,
vice-président de l'Association d'huile à chauffage, ainsi que
son président, Pierre Martel; à ma gauche, Daniel La-brecque, qui
est vice-président de l'Association des distributeurs
indépendants, ainsi que moi-même, Paul-Émile Charlebois,
qui suis président.
M. le Président, Mme la ministre de l'Énergie et des
Ressources et vice-première ministre, Mme Lise Bacon, Mmes et MM. les
députés membres de cette commission, M. le secrétaire,
mesdames et messieurs, l'Association d'huile à chauffage du
Québec ainsi que l'Association des distributeurs indépendants de
produits pétroliers sont heureuses d'avoir été
conviées à présenter à cette commission de
l'économie et du travail leurs propositions relativement au plan de
développement triennal qu'a soumis Hydro-Québec. Nous vous en
remercions. Nos deux associations se sont réunies dans le but de mieux
sensibiliser les parlementaires, les consommateurs et les médias
à nos préoccupations communes. Nos associations regroupent plus
de quelque 4000 emplois directs et 2000 emplois indirects au Québec, qui
représentent l'ensemble du secteur pétrolier
québécois, tant au niveau des entreprises majeures qu'au niveau
des petites et moyennes entreprises reliées au chauffage.
Le 22 mai 1990, nous nous retrouvions devant cette commission,
espérant de tout coeur que nos doléances soient non seulement
entendues, mais qu'elles soient considérées au même titre
que celles d'Hydro-Québec. Même si cette lueur d'espoir fut vaine,
nous considérons que nous avons plus que jamais fait la preuve que le
statu quo des dernières années a eu des effets lamentables,
à la fois pour le gouvernement, pour Hydro, pour l'industrie
pétrolière et, surtout et avant tout, pour le consommateur. Nous
devons tous ensemble tenter de rechercher des solutions.
Comme vous avez pu le constater à la lecture de notre
mémoire, nous éprouvons de grandes réticences à
soutenir un plan de développement qui, malheureusement, dans son
ensemble, fait abstraction presque totalement du concept de biénergie
dont nous nous acharnons depuis quelques années à vanter les
mérites. Comment, dans le contexte actuel de préservation et
d'efficacité énergétique, Hydro-Québec peut-elle
passer outre à une solution aussi viable et avantageuse à la fois
pour elle, pour le consommateur et pour l'industrie pétrolière
que nous représentons? Chacun d'entre nous pourrait sortir grand gagnant
de ce débat de société si, avec la bonne foi qui devrait
se manifester de la part de chacun des intervenants au dossier, nous essayions
de renforcer ce concept biénergétique afin de l'étendre et
de le mettre en oeuvre à l'échelle du Québec.
Hydro-Québec dira sans aucun doute que la biénergie en
matière résidentielle existe déjà et que les
programmes prévus à ces fins vont déjà bon train.
Théo-
riquement, même si certains programmes de biénergie
existent déjà, jamais ne sera-t-il possible d'en observer les
avantages et bénéfices si Hydro-Québec ne parvient pas
à se convaincre qu'il est primordial de considérer l'industrie
pétrolière d'égal à égal. Les statistiques
le prouvent: avec seulement 28 % de la part du marché
biénergétique québécois, l'industrie
pétrolière court à sa perte. Le consommateur doit absorber
des coûts faramineux pour combler ses besoins minimaux. Le réseau
hydroélectrique deviendra à court terme surchargé, ce qui
occasionnera la nécessité de développer de nouveaux
projets hydroélectriques et provoquera à nouveau des
tollés de protestation de la part des populations locales et des
environnemental istes.
Tout milite en faveur de la promotion de la biénergie.
Premièrement, le partenariat. Les objectifs que le gouvernement ainsi
qu'Hydro-Québec se sont fixés en matière
d'efficacité énergétique, de protection de l'environnement
et de développement économique seraient fort mieux
réalisables si nous nous concertions pour travailler à
l'élaboration d'une telle alternative. Pour ce faire, il faudrait
qu'Hydro-Québec apprenne enfin à nous percevoir comme des
partenaires professionnels, sérieux et aptes à collaborer avec
elle. Nous représentons l'une des industries majeures du Québec
et nous n'acceptons plus d'être relégués au dernier rang
par Hydro-Québec.
Contrairement à la rumeur populaire largement
véhiculée par Hydro, nous sommes loin d'avoir l'intention de
promouvoir la substitution de l'électricité par l'huile à
chauffage. Ce que nous désirons, c'est de maintenir notre parc au mazout
et de trouver des solutions pour réduire les coûts très
élevés que doit assumer le consommateur pour les périodes
de pointe.
Vous savez, M. le Président, nous devons tous ensemble avoir une
vision d'avenir. Personne ne peut garantir avec certitude ce qui se produira au
tournant du siècle. Il faut dès aujourd'hui commencer à
envisager des solutions d'approvisionnement en énergie qui sont viables
et bénéfiques pour tous à long terme. La biénergie,
vous en conviendrez, constitue une voie d'avenir privilégiée.
Mais encore faudrait-il que les jeunes qui achètent aujourd'hui leur
maison cessent de ne penser qu'à l'électricité et soient
éduqués aux bienfaits des autres formes d'approvisionnement
énergétique. (17 h 10)
Une meilleure technologie. L'industrie pétrolière a
démontré, grâce à des technologies à la fine
pointe de la recherche et du développement, qu'elle peut constituer un
allié de premier ordre dans la mise sur pied de systèmes
sécuritaires et économiques. Ces systèmes sont
définitivement mieux adaptés aux désirs et aux besoins
contemporains du consommateur de vivre dans un air ambiant sain et confortable.
Depuis plusieurs années déjà, notre industrie participe
à l'élaboration et à l'exécution de programmes en
matière de recherche et de développement et contribue
financièrement à la mise sur pied de ces derniers. Ces
investissements ont été réalisés malgré
l'absence de reconnaissance et de soutien de la part du gouvernement. Si nous
cessions de voir notre part du marché biénergétique se
désintégrer, en grande partie à cause de la politique
d'Hydro et de l'inaction du gouvernement en matière
biénergétique, nous serions sans doute plus enthousiastes
à investir davantage dans le domaine de la recherche et du
développement.
Hydro doit cesser de se fier sur les finances publiques. Le secteur
privé considère que le contribuable a suffisamment financé
le réseau.hydroélectrique à même les finances
publiques. Afin de pallier une stratégie aussi incohérente dans
le contexte économique actuel, il est grand temps que les
décideurs gouvernementaux soient conscients de la
nécessité de laisser le secteur privé intervenir et
investir dans un tel champ d'activité. Le taux d'endettement actuel de
chaque Québécois est encore pire et celui des
générations futures est, hors de tout doute, fort
inquiétant. Il est vrai, plus que jamais, que le gouvernement doit
être au moins ouvert aux offres d'investissement pouvant émaner du
secteur privé. Le partenariat, vous en conviendrez, est la solution de
l'avenir, mais encore faut-il que ce partenariat respecte chacune des parties
en cause.
Le mazout constitue, lui aussi, une ressource «propre, propre,
propre». Une industrie présentement en danger de survie pourrait
assainir ses finances, croître et créer des milliers d'emplois.
Aucune raison logique ne pourrait justifier le gouvernement de permettre par
son silence l'extinction d'une industrie comme la nôtre. Le mythe que
l'électricité est la ressi ressource environ-nementalement
la plus sécuritaire doit disparaître et laisser place
à la vérité.
Sans vouloir revenir de façon trop répétitive sur
le contenu de notre mémoire, mon collègue, M. Pierre Martel,
expliquera, dans les prochaines minutes, les propositions que nous avons
soumises à Hydro-Québec, mais qui sont restées, à
maintes reprises, lettre morte.
M. Martel.
M. Martel (Pierre): Merci. C'est donc dans cet esprit et avec
l'idée d'un partenariat sérieux avec Hydro-Québec que nous
avons formulé à cette dernière des propositions des plus
concrètes, avec une portée monétaire substantielle, dont
je vous fais le résumé à l'instant. Je vous inviterais
tout d'abord à vous référer aux pages 6, 7 et 8 du
mémoire que nous vous avons soumis.
Suite à la dernière commission parlementaire à
laquelle nous avons participé en mai 1990, nous avons compris plus que
jamais que, si nous voulions parler ou négocier avec Hydro, il fallait
parler argent. Pour ces raisons, des offres et propositions selon nous,
fort avantageuses pour Hydro ont été
présentées à de nombreuses reprises, notamment par M.
Gilbert Boulé, ici présent, mais les refus successifs de la
société d'État nous incitent maintenant à commencer
à douter de la bonne foi de cette dernière.
Pour les maisons déjà existantes, nous proposons de
participer financièrement au remplacement des appareils de chauffage au
mazout par des appareils plus efficaces et de maintenir le parc au mazout
actuel. Hydro-Québec estime que, d'ici l'an 2000, 90 000
résiden-
ces remplaceront leur système par un système tout à
l'électricité. De ce nombre, 60 000 pourraient être
remplacés par des appareils au mazout plus efficaces. De plus, 22 000
autres appareils au mazout pourraient être remplacés. Dès
lors, l'économie en électricité serait de 0,9 TWh pour
Hydro-Québec, soit 60 000 maisons multiplié par la consommation
moyenne d'une maison, 14 000 kWh, et l'économie en argent serait de 30
000 000 $, chaque kilowattheure coûtant 0,034 $ à
Hydro-Québec.
Ensuite, toujours pour les maisons existantes, nous proposons
d'appliquer un programme de biénergie avec une répartition 50-50.
Selon les prévisions d'Hy-dro, si nous changions les propositions de
72-28, qui sont actuellement à l'avantage d'Hydro-Québec,
à 50-50, une économie d'électricité
supplémentaire de 0,5 TWh serait enregistrée. pour les maisons
neuves, notre objectif est basé sur le fait que 50 % des nouvelles
résidences unifamilia-les pourraient être
biénergétiques, dans une proportion de 50 %
électricité, 50 % mazout, soit 121 000 unités. dès
lors, l'économie en électricité serait de 0,9 twh pour
hydro-québec, soit 121 000 maisons multiplié par 7000 kwh, qui
est la consommation réduite de 50 %, et l'économie en argent
serait encore une fois de 30 000 000 $, chaque kilowattheure coûtant
0,034 $ à hydro-québec.
Ainsi, dans son ensemble, notre proposition ferait donc
économiser 2,3 TWh supplémentaires à HydroQuébec,
soit environ 76 000 000 $ en comparaison au programme existant. Comme vous
pouvez le constater à même notre document, l'impact
monétaire de notre proposition est un apport direct de 102 000 000 $ du
secteur privé à Hydro-Québec. Vous conviendrez avec nous
que, dans le contexte économique actuel, une offre de partenariat du
secteur privé pour 102 000 000 $ s'avère, à notre avis,
une proposition intéressante. Dans une industrie concurrentielle comme
la nôtre, non subventionnée, le fait d'obtenir l'assentiment des
membres de nos associations pour une contribution monétaire de cette
amplitude est une preuve du sérieux de nos propositions.
Nous avons encore eu la preuve, après la présentation de
ces propositions à Hydro-Québec, que celle-ci n'a aucunement
l'intention de changer un iota à sa stratégie
énergétique et qu'elle considère le secteur chauffage de
l'industrie pétrolière comme un citoyen de deuxième
classe, qui ne fait que déranger certaines de ses actions. En effet, Mme
la ministre, Hydro-Québec a rejeté cavalièrement toiftes
les propositions mentionnées précédemment. Pour vous
montrer, encore une fois, le peu de considération envers tous les
intervenants dans le dossier, les consommateurs, l'industrie
pétrolière et les emplois directs et indirects qu'elle
génère, nous avons reçu la réponse officielle
d'Hydro-Québec, une société publique, par l'entremise
d'une note manuscrite gri-bouillée sur notre propre correspondance avec
elle, retransmise par télécopieur à nos deux associations.
C'est comme ça, chez Hydro-Québec, que l'on donne une
réponse à des propositions d'investissement et de partenariat de
plus de 100 000 000 $.
Je crois, Mme la ministre, que nous avons aiguisé nos crayons et
qu'il n'appartient pas seulement à Hydro-Québec de
déterminer aujourd'hui si ces offres sont acceptables ou non, surtout
avec le peu d'esprit d'ouverture dont elle a fait preuve. Il appartient au
consommateur, par la voix de ses élus, d'avoir la possibilité de
faire un choix éclairé, et non pas de s'en faire imposer un.
Merci.
M. Charlebois: Comme nous vous l'avons indiqué, un
partenariat à part entière est nécessaire si nous voulons
en arriver ensemble à des avenues respectables. Nous, l'industrie
pétrolière québécoise, devons être
intégrés au processus décisionnel eu égard aux
tenants et aboutissants des grandes politiques énergétiques et
des objectifs et stratégies qu'elles sous-entendent. Nous devons
également travailler en collaboration étroite avec Hydro ainsi
que le ministère concerné, afin d'accroître la
qualité de la recherche et du développement effectués en
la matière et, donc, d'assurer au consommateur un produit de
qualité, économique et respectueux de son environnement.
Les membres de cette commission ont un rôle majeur à jouer
dans ce débat qui nous concerne tous. Ils doivent rappeler au
gouvernement les paramètres qu'il s'est lui-même fixés, en
mars 1992, dans sa politique d'efficacité énergétique. En
l'occurrence, ils doivent démontrer au gouvernement la
responsabilité qui lui incombe dans la protection des
intérêts du consommateur et dans la coordination des
activités pouvant mener à un partenariat équitable, sain
et profitable. À ces fins, nous recommandons que le gouvernement du
Québec crée un comité formé de trois principales
industries d'approvisionnement énergétique, soit celles de
l'électricité, du mazout et du gaz naturel, afin qu'elles
parviennent ensemble à la formulation de propositions et de solutions et
que ces dernières fassent ensuite l'objet d'une analyse par le Bureau de
l'efficacité énergétique. Un tel exercice ferait appel
à la bonne foi de chacun des intervenants en cause et donnerait
naissance à un véritable partenariat.
Nous terminons nos propos en citant un extrait du document «La
stratégie québécoise d'efficacité
énergétique», déposé par Mme Lise Bacon en
mars 1992: Une promotion de l'efficacité énergétique est
l'objet d'initiatives de toutes sortes: initiatives des producteurs et
distributeurs d'énergie, avec des moyens et des priorités
variables; initiatives des industries grandes consommatrices d'énergie,
pour lesquelles la réduction dans la facture énergétique
est un élément crucial de la compétitivité sur les
marchés; initiatives de tous les individus et organismes
concernés par la décision finale de consommer l'énergie.
Toutes ces initiatives concourent au même objectif et doivent être
encouragées par l'État, mais elles doivent également
être coordonnées. Il est, en effet, essentiel d'éviter les
dédoublements et les contradictions qui pourraient gêner ou
même remettre en cause le succès de ces actions entreprises. Cette
tâche de coordination revient, bien entendu, à l'État, qui
peut
s'appuyer à cette fin sur des relais déjà
existants. Je vous remercie.
Le Président (M. Audet): Merci beaucoup.
Je vais maintenant reconnaître Mme la ministre de l'Énergie
et des Ressources. (17 h 20)
Mme Bacon: Alors, je voudrais vous remercier, messieurs,
d'être présents ici, à la commission parlementaire,
malgré les frustrations exprimées de la dernière
commission parlementaire, de quand même avoir la possibilité
d'être avec vous et de discuter avec vous aujourd'hui. Je pense que
ça apporte un éclairage dont nous avons quand même besoin,
au niveau de cette commission. Je dois vous dire que vous êtes quand
même présents dans un... Et ça, c'est le ministère.
J'ai formé un comité de travail sur la gestion
intégrée des énergies et je pense qu'à ce
moment-là votre industrie est présente. Vous avez un
représentant qui siège au même titre
qu'Hydro-Québec, que Gaz Métropolitain, que les ACEF ou que les
gens, les consommateurs, et qui fait quand même une prestation importante
à ce comité. Vous avez le même titre que les autres qui
sont présents; alors, je ne voudrais pas que vous vous sentiez de
seconde classe, comme vous l'avez dit tantôt. Peut-être face
à Hydro-Québec ça, il faudra que je les questionne,
j'ai pris bonne note de ce que vous avez dit tantôt. Je pense qu'il y a
des choses qui sont difficiles à accepter. Je vais aller
vérifier.
Le dernier et récent...
M. Chevrette: Le fouet, c'est le fouet! C'est le bâton!
Mme Bacon: Non, non. C'est comme ça qu'on me fait une
mauvaise réputation.
M. Chevrette: Votre caricature de ce matin est très bonne.
Le bâton et la carotte, «watch out»!
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Bacon: Ha, ha, ha! Le dernier et récent programme de
biénergie d'Hydro-Québec, qu'ils appellent
«Bi-énergie nouvelle»... Les besoins d'Hydro-Québec
sont, en fait, d'effacer une partie de la demande de pointe du réseau
électrique. Hydro-Québec y voit aussi un avantage pour le
consommateur d'améliorer le confort chez lui et de réaliser en
même temps des économies sur sa facture d'énergie. Selon
votre regroupement, est-ce que le programme d'Hydro-Québec
présente des risques pour le consommateur?
M. Charlebois: Mme Bacon, le système biénergie,
comme tel, on le prône, mais ce qui nous cause une grande
difficulté dans l'industrie, c'est le niveau de transfert. O.K.?
Autrement dit, on demande à l'industrie de desservir le consommateur,
mais pour un mois par année. C'est un peu comme si on vous disait:
Mme
Bacon, vous allez prendre votre auto pendant le mois de janvier. Sur 12,
il y a un mois qu'elle fonctionne. Essayez de partir votre auto au bout de 11
mois. C'est ce qu'Hydro-Québec nous demande de faire.
Nous, avec l'équipement, un camion de livraison... Un simple
camion de livraison nous coûte au-delà de 100 000 $. Comment
voulez-vous qu'on tienne de l'équipement d'un tel prix sur le chemin
pour desservir l'heure de pointe qu'Hydro-Québec ne peut pas fournir.
C'est ce qu'on demande à Hydro-Québec, un partage plus
équitable pour qu'on puisse quand même vivre et maintenir nos
équipements, nous aussi, comme HydroQuébec veut maintenir ses
équipements.
Mme Bacon: Vous avez mentionné que les programmes
antérieurs n'ont pas réussi. Il y a 60 000 clients
d'Hydro-Québec qui avaient délaissé le système
biénergie, après y avoir adhéré. Qu'est-ce qui,
selon vous, a amené ces clients-là à délaisser la
biénergie? Est-ce que le nouveau programme d'Hydro-Québec permet
de conserver les clients à la biénergie?
M. Martel: Évidemment, le programme est tout nouveau. Il
va avoir deux ans en juillet. Les raisons des insuccès, au début
des années quatre-vingt, c'est assez simple pour nous. C'est qu'il n'y a
pas eu du tout de collaboration avec l'industrie pétrolière. Il y
a eu une confrontation. Hydro-Québec, c'est un fournisseur
d'énergie, mais les gens qui font le service à la
clientèle et les gens qui vont dans les maisons, ce sont les gens de
l'industrie pétrolière, tant des majeurs que des
entrepreneurs.
Et ce qui est arrivé au début des années
quatre-vingt, c'est qu'Hydro avait fait des ententes avec des manufacturiers et
pour des équipements qui étaient je pense que, de la voix
même d'Hydro, ils vont vous le dire désuets, des
équipements qui, techniquement, n'étaient pas à point.
Alors, on les a installés, puis ce programme, au début des
années quatre-vingt, était tellement peu suivi, à un point
tel où les clients se faisaient presque payer pour en installer un,
finalement. Alors, c'était quand même très avantageux. On
recevait presque un montant d'argent pour installer un système de
biénergie, ce qui était bien amusant. Sauf que, par après,
évidemment, Hydro, après avoir déboursé les
montants des subventions, on a laissé, si on veut, entre guillemets, la
pomme pourrie à l'industrie pétrolière ou aux gens
à faire le service. Alors, c'était la première raison pour
laquelle le programme n'a pas fonctionné.
Avec le programme Bi-énergie nouvelle, les équipements
sont de beaucoup supérieurs. Donc, on assume que, probablement, il va y
avoir un pourcentage d'efficacité de beaucoup supérieur, sauf que
c'est vrai qu'actuellement l'industrie pétrolière est dans le
programme biénergie puisque, de toute façon, quand une fournaise
fonctionne à la biénergie électricité,
mazout bien sûr qu'il y a un fournisseur ici, qui va fournir le
client.
Par contre, vous voyez, à nos propos, qu'on ne peut pas dire
qu'il y a eu une grande consultation. Il y a eu une consultation, oui, mais
à savoir si on a considéré
les propos de l'industrie pétrolière, je ne pense pas
qu'on a considéré vraiment nos propos, à savoir un
partenariat, parce qu'un partenariat, habituellement, je pense que ça
doit être équitable. Je pense que, dans ce cas-ci, ce ne l'est pas
du tout. Alors, le succès du programme? Au niveau technique,
probablement qu'il va fonctionner sur une courte période, parce que les
équipements sont supérieurs, parce que l'industrie
pétrolière et les manufacturiers ont investi de l'argent dans
l'équipement. Par contre, quand va venir le temps de faire du service,
ça va encore nous retomber dans les pattes. À ce
moment-là, ce sera à nous à assumer les coûts, si
jamais il y a eu des installations qui ont été moins bien faites
par des gens qui sont plus ou moins compétents.
Mme Bacon: Quand vous nous dites que les négociations avec
Hydro-Québec ont achoppé, ont échoué,
là...
M. Martel: Oui.
Mme Bacon: ...qu'est-ce que c'est les points d'achoppement, les
principaux points d'achoppement que vous avez?
M. Martel: Tout. Je veux dire les points d'achoppement...
Premièrement, Hydro-Québec ne veut absolument pas bouger sur la
répartition 72-28. Donc, quand un équipement
biénergétique fonctionne à plein rendement dans un hiver
normal, il y a 72 % qui est de consommation électrique, 28 % mazout. Ce
qu'on leur dit, nous, c'est que... Puis je pense que vous avez dû le
savoir, il y a eu des présentations d'autres fournisseurs
d'énergie, etc. Un kilowhattheure amené à une maison,
ça coûte environ 0,092 $ du kW; ils le vendent 0,056 $. Donc,
ça leur en coûte 0,034 $ ou 0,036 $ chaque fois qu'ils
amènent 1 kW dans une maison.
Nous autres, on leur dit: Si vous réduisez de 72 % à 50 %
la consommation électrique, bien, déjà, vous allez
économiser, parce que de 72 % à 50 % multiplié par 0,034
$, il y a une économie. Puis nous, en tant que fournisseur
d'énergie, on n'aura pas le problème de la voiture
stationnée 11 mois dans le stationnement, c'est-à-dire qu'on va
pouvoir... Nous autres, on a des équipements, on a des inventaires de
produits, des équipements, des gens qui travaillent pour nous. On n'est
pas pour maintenir ça pour fonctionner un mois ou un mois et demi par
année ou pour faire 2 livraisons, alors que, habituellement, on en fait
7, 8, 10. Alors, c'est un peu ça fa problématique. C'est
là-dessus qu'on achoppe, 50-50. Pourquoi ils refusent 102 000 000 $?
J'espère que vous allez trouver la réponse parce que, nous, on ne
l'a pas eue. Ils ne veulent pas nous le dire. Ça ne correspond tout
simplement pas à leur stratégie énergétique.
Puis, comme on l'a mentionné dans notre mémoire, on n'a
jamais offert la substitution, parce que je pense que ça c'est utopique.
On ne demande pas la substitution des appareils électriques par des
appareils au mazout. On demande tout simplement d'avoir une part dans un
marché qui, je pense que, pour l'avenir du Québec et pour les
consommateurs, doit être avantageux autant pour eux autres, pour leur
consommation directe, que pour la société en
général. Si ça coûte moins cher à Hydro, le
consommateur va éventuellement payer moins de taxes, on
l'espère.
Mme Bacon: Vous suggérez, dans votre présentation,
un comité tripartite.
M. Martel: Oui.
Mme Bacon: Quel serait le mandat que vous voudriez voir donner
à ce comité-là et quels sont les objectifs que vous voulez
atteindre, parce qu'il faut quand même se fixer ça au
départ?
M. Martel: Moi, j'aimerais bien voir l'agenda caché
d'Hydro. Si on pouvait juste le savoir, je veux dire en tant que... Je pense
qu'il y a eu des présentations de M. Caillé, de Gaz Métro,
qui a probablement eu des propos similaires, dans certains cas, avec nous, qui
est un autre fournisseur d'énergie. Il y a peut-être un agenda
caché qu'on ne connaît pas.
Il y a des choses qu'on propose, et je pense, en toute logique, que les
propositions qu'on fait semblent, à tout le moins, rationnelles. Puis,
qu'on se fasse refuser de façon, je veux dire, cavalière, sans...
Ce qu'on vous dit aujourd'hui, c'est le résultat de trois ans de
négociations. Ce n'est pas d'hier qu'on est ici.
Mme Bacon: Oui, mais le mandat que vous donneriez à ce
comité tripartite?
M. Martel: Le mandat, c'est de connaître la façon la
plus efficace, je pense, de chauffer les résidences du Québec,
tout en regardant, évidemment, au point de vue macro-économique,
les économies que tous les gens peuvent engendrer, les économies
que ça peut engendrer tant au niveau, si on veut, gouvernemental, au
niveau d'Hydro, puis au niveau du consommateur final, qui est celui qui paie au
départ.
Mme Bacon: Et les objectifs à atteindre, c'est que chacun
a sa part du marché?
M. Martel: je pense que ça serait logique. on n'est pas en
train de dire à hydro: sortez complètement du marché. sauf
que, si vous regardez... d'un côté, ils nous disent: bon, on
investit 1 800 000 000 $ dans un programme d'efficacité
énergétique, puis, d'un autre côté, on continue
à construire 45 000 maisons à chaque année et il y en a
99,9 % qui se construisent, qui sont à l'électricité, avec
des plinthes électriques. puis ça, bien, on n'en parle pas plus
qu'il faut. alors, finalement, on peut investir le montant qu'on voudra. je
vous garantis qu'en l'an 2003, quand ils auront investi 1 800 000 000 $, ils
vont avoir construit assez de maisons électriques neuves pour effacer
toute cette économie-là qu'ils vont avoir
générée.
Mme Bacon: Quand vous fixez à 3000 $ la subvention
qu'Hydro-Québec devrait verser pour l'installation d'un système
de chauffage biénergie dans les maisons neuves, sur quoi vous vous basez
pour trouver le chiffre de 3000 $? Est-ce que cette subvention-là serait
rentable pour l'ensemble des consommateurs d'électricité?
M. Martel: Bien, premièrement, j'aimerais bien vous le
dire, mais... Au départ, elle est déjà fixée, parce
que Hydro donne déjà 3000 $, actuellement.
Mme Bacon: Oui.
M. Martel: Alors, on ne change rien dans le programme.
Mme Bacon: Vous gardez le même montant?
M. Martel: On garde le même montant, sauf que, nous, on
donne 500 $ de plus. Ce qu'on dit à HydroQuébec, c'est: Vous,
vous avez un programme de 3000 $, parce que vous avez fait vos
économies, puis vous avez, évidemment, un cash-flow pas mal plus
gros que nous autres. Nous autres, on vous dit: On va vous aider à
promouvoir l'investissement dans la maison neuve, on va vous donner un 500 $
additionnel, plus, évidemment, notre participation au niveau du
programme biénergie. Alors, avec toute l'industrie
pétrolière, je pense que tous les gens commis dans un programme
biénergétique, on n'essaiera pas, ni l'un ni l'autre, de se
mettre des bâtons dans les roues, mais on va travailler, je pense, dans
le même sens.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Oui, c'est un cri du coeur que vous nous
lancez.
M. Martel: Oui, ça a pris du temps avant qu'on en fasse
un, mais, là, je pense qu'on est à bout.
M. Chevrette: Ça se sent au niveau du mémoire,
effectivement. J'étais même surpris.
M. Martel: Pardon?
M. Chevrette: J'étais même surpris.
M. Martel: Habituellement, les gens de l'industrie
pétrolière sont très conservateurs.
M. Chevrette: C'est parce qu'on n'est pas porté... Oui,
mais c'est...
M. Martel: Mais ce n'est pas une allusion politique que je fais
ici, là. (17 h 30)
M. Chevrette: Non, non. Je...
Mme Bacon: Ici, ça ne nous touche pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Soyez sans crainte, de ce côté-ci non
plus. On a pris des beaux risques, dans le passé.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Le message est passé. Changeons de
poste.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Donc, blague à part, votre mémoire...
D'abord, pour moi, il est très révélateur, parce que je
vous avoue que je ne croyais pas que vous auriez périclité
autant. Puis, il ne faut quand même pas se surprendre à
cause de toutes les prises de position contre l'utilisation du mazout. Depuis
des années, se sont multipliées les interventions contre de
façon assez régulière, mais je ne croyais pas que
ça avait chuté de moitié ou à peu près. En
tout cas, en ce qui regarde le nombre de détaillants, c'est clair que
c'est de moitié, d'après ce que j'ai compris dans votre
mémoire, en membres.
M. Martel: Oui. En consommation, c'est encore plus.
M. Chevrette: En consommation, c'est...
M. Martel: En consommation, c'est encore plus.
M. Chevrette: C'est encore plus?
M. Martel: Oui. En consommation, si je me rappelle bien, fin des
années soixante, début des années soixante-dix, il y avait
1 300 000 maisons qui chauffaient au mazout. Aujourd'hui, il y en a environ 450
000. Donc, c'est une chute d'environ 900 000 maisons, encouragée par les
programmes gouvernementaux, autant au niveau fédéral qu'au niveau
d'Hydro-Québec. Puis, on a fait un petit calcul rapide, l'autre jour.
S'il n'y avait pas eu cet encouragement, HydroQuébec, du fait que ces
900 000 maisons sont rendues électriques, perd 428 000 000 $ par
année pour amener l'électricité dans ces maisons, parce
que, si elles étaient restées au mazout, ça ne lui
coûterait pas le coût net que ça coûte pour amener 1
kWh dans une maison, aujourd'hui, qui est 0,034 $, là.
M. Chevrette: Mais, pour ce qui est des groupes environnementaux,
des groupes écologiques qui se prononcent catégoriquement contre
vous...
M. Martel: Oui.
M. Chevrette: ...vous dites qu'il y a du charriage-
M. Martel: Bien oui, c'est...
M. Chevrette: Vous affirmez qu'il y a du charriage, mais vous
n'élaborez pas davantage. Quand ils disent que c'est la source
d'énergie la plus polluante par rapport aux trois grandes sources, qui
sont l'hydroélectricité, le gaz naturel et vous, qu'est-ce que
vous répondez, à ces gens?
M. Martel: Bah! Ce que je vous réfère...
Premièrement, je ne veux pas faire une bataille de spécialistes,
parce que je n'en suis pas un, puis je...
M. Chevrette: Bien, moi non plus, on va s'entendre.
M. Martel: Si je me réfère à vos propos,
tantôt, la pollution... Il y a la pollution de l'air, il y a la pollution
visuelle, la pollution sonore, etc. Alors, je pense qu'on pourrait
élaborer longtemps sur le terme «pollution», puis sur le
terme «effet de serre». Je pense qu'il y a des gens qui ne
s'entendent pas encore sur l'effet qu'il y a sur l'effet de serre. Il y a des
gens qui disent que c'est extrêmement dangereux puis que, dans cinq ans,
on va disparaître, on ne pourra même plus sortir dehors.
Alors, nous, on a un document qui est en train d'être
comptabilisé au niveau de l'effet environnemental de nos propositions.
En fait, il faut quand même réaliser qu'actuellement il se passe
quelque chose x au niveau environnemental, et puis, nous, avec l'effet de nos
propositions, on veut démontrer que l'effet net ne sera sûrement
pas une détérioration de l'environnement, mais sûrement une
amélioration de l'environnement versus ce qui se passe actuellement.
M. Chevrette: C'est indiscret de vous demander si la
réponse d'Hydro était signée par quelqu'un?
M. Martel: Oui, elle est signée par quelqu'un. M.
Chevrette: C'est qui?
M. Martel: Parce que c'est le forum. Je l'avais écrit,
puis je l'ai enlevé. Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Non, non, mais, moi, je veux savoir. C'est public,
ça. '
M. Martel: Oui, bien, c'est signé par Raymond Godbout,
vice-président délégué à l'efficacité
énergétique.
M. Chevrette: O.K. Vous n'aurez pas à chercher, Mme la
ministre.
Mme Bacon: Je l'aurais trouvé. Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Je suis convaincu que vous l'auriez trouvé,
mais j'ai tendance à vous aider.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Bacon: On a vu ça aujourd'hui.
M. Martel: C'est beau, le partenariat, hein!
Mme Bacon: Oui, mais ça ne dure pas tout le temps.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Ça dépend des journées.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Ça dépend de la température.
M. Chevrette: Je vous remercie de l'information.
À la page 6, vous dites que le mazout, c'est «propre,
propre, propre»...
M. Martel: Non, ce n'est pas à 6, ça.
M. Chevrette: ...et vous vous moquez, d'une certaine
façon, de l'hydroélectricité, qui a déjà
utilisé ce slogan.
M. Martel: On n'est pas 12 012, nous autres, par exemple.
M. Chevrette: Non. Ils sont rendus 27 000. Mais ma question est
très sérieuse. Fondamentalement, reconnaissez-vous, cependant,
que l'hydroélectricité est moins polluante que le mazout?
M. Martel: c'est comme je vous le disais tantôt, m.
chevrette, ça dépend ce qu'on qualifie comme pollution. si, moi,
j'ai un pylône de 100 pieds en arrière, puis que, quand c'est
humide, j'entends l'hydroélectricité passer dans les fils, puis
qu'il y a des gens qui disent qu'il y a de l'incidence sur le cancer à
cause de ça moi, je ne suis pas un expert, comme je vous le dis
ce n'est pas évident que, pour moi,
l'hydroélectricité, ce n'est pas polluant. puis, si je reste dans
une réserve, quelque part, qu'on inonde un terrain, une région x,
ce n'est pas évident, pour moi, que l'hydroélectricité, ce
n'est pas polluant. '
Alors, si on parle de pollution, comme je vous le dis, on peut en
discuter longtemps, puis on peut peut-être dire: Bien, on parle du
méthane, on parle du CC^, on parle des CFC? Vous savez que, la
pollution, on peut s'étendre longtemps sur le sujet. Ce qu'on sait, par
exemple, c'est que, si on chauffe, quand on vous parle d'une solution pour le
consommateur, quand on parle d'une résidence, aujourd'hui, qui est
chauffée avec des plinthes électriques, vous savez que
l'environnement
ambiant, dans une maison chauffée avec des plinthes
électriques, l'air devient vicié. Puis ça, il y a des
études qui sont en train d'être faites par des scientifiques pour
montrer que, premièrement, il y a, au niveau du taux d'humidité,
au niveau de la circulation de l'air, etc., des choses qui sont... Même,
il va y avoir des réglementations au niveau fédéral et,
j'espère, au niveau provincial, au niveau de la circulation d'air, du
nombre de changements d'air. Ça, ça en est de l'environnement,
puis ça en est de la pollution par l'électricité qui se
produit dans les maisons.
Alors, je ne serais pas prêt à vous dire: Oui, on est plus
polluant. Ça dépend sur quelle base on va discuter et sur quels
items vous voulez discuter.
M. Chevrette: Pour un gars qui n'est pas spécialiste, vous
vous débrouillez assez bien dans vos réponses.
L'autre question que j'ai à vous poser, c'est la suivante:
Comment vous expliquez, vous autres, qu'Hy-dro-Québec se refuse
même à discuter? Comment vous expliquez ça?
M. Martel: Comme je vous le dis, ça fait trois ans qu'on
discute avec Hydro-Québec, puis ça, c'est la deuxième
phase. Il y a eu le programme biénergie au départ, au
début des années quatre-vingt, où il y a eu des
discussions avec Hydro-Québec jusqu'à la dernière minute
et, finalement, bon, les négociations ont achoppé. On arrive avec
un programme Bi-énergie nouvelle, où les intentions semblent
très bonnes. Nous, on a approché Hydro-Québec, on a eu des
consultations. Des réunions, croyez-moi, on en a eu, avec des gens
très haut placés d'Hydro, les plus haut placés d'Hydro,
même, et puis on nous a dit: Bah! C'est vrai, un partenariat, c'est
intéressant, et tout ça. Alors, évidemment, nous,
peut-être qu'on était un peu naïf j'espère
qu'on le devient moins aujourd'hui on a avancé dans ce
dossier-là pour se faire répondre, une bonne journée,
après avoir acculé ces gens-là au mur, parce que...
Nous, on a des associations, mais on a des membres, et il y a de grosses
compagnies comme de petites compagnies. On est prêt à commettre
des énergies et des dollars, mais, à un moment donné, il
faut qu'on ait un «commitment»: ou bien non on y va, ou bien non on
n'y va pas. Alors, on a eu la réponse d'Hydro. Évidemment, ils
ont le droit de répondre ce qu'ils veulent. Alors, ils ont
répondu ce qu'ils voulaient, et ça, on a constaté encore
leur réponse négative. Évidemment, la façon
cavalière... J'ai profité du forum aujourd'hui, parce qu'on avait
un petit peu de frustration, et ça nous donne l'occasion de la
passer.
M. Chevrette: Ça soulage. M. Martel: Ça fait
du bien. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Vous ne croyez pas qu'à moyen et à
long terme il va falloir que vous vous résigniez? Si on regarde
évoluer tous les intervenants qui sont passés devant nous,
à moyen et à long terme, tout le monde nous demande de diminuer
les sources de pollution. On s'en va vers des énergies neuves,
nouvelles, telles les éoliennes, le solaire, et on en met. Ça a
l'air d'être un courant, en tout cas, qu'on sent, qui semble
irréversible. Est-ce que vous avez pris conscience de cela? Et est-ce
que vous êtes sur le point d'être capable de discuter, par exemple,
avec Hydro-Québec, de nouveaux types de technologies qui pourraient
être des substitutions à la situation actuelle?
M. Martel: Écoutez, c'est difficile de voir dans le futur.
Je vous écoutais tantôt avec vos commentaires sur les
éoliennes, s'il y en avait une série jusqu'à Gaspé,
peut-être que ça ne serait pas trop excitant.
M. Chevrette: II y en a un groupe qui va proposer ça
demain.
M. Martel: Oui. D'accord.
M. Chevrette: On a lu les mémoires un peu d'avance.
M. Martel: Mais, évidemment, je pense que tout le monde a
le droit de prêcher pour sa paroisse, mais, si je vous donne un
exemple... On parle de prévisions, ou bien on va vous parler des
tendances au niveau de l'environnement, de la pollution. Au début des
années quatre-vingt, on prédisait que le baril de pétrole
coûterait 60 $ le baril. Puis, évidemment, il y avait des projets
d'investissements un peu partout dans le monde. Bon, il y en a encore qui se
font pas loin de Terre-Neuve. Or, si je vous citais des statistiques, ce n'est
pas... Le prix ne vient pas tout à fait en relation avec ce que vous
dites, mais ça vous donne une idée que les gens qui
prédisent le futur ont un petit peu de difficultés. depuis 1983,
le prix de l'électricité a augmenté de 54 %, celui du gaz
de 45 % et celui de l'huile à chauffage, du mazout domestique a
diminué de 1 %. alors, au début des années quatre-vingt,
on prédisait le baril de pétrole à 60 $ le baril; une
augmentation faramineuse d'à peu près 300 %. admettons qu'il est
stable, le prix du pétrole. donc, oui, vous avez raison. c'est sûr
qu'il y a une tendance au niveau d'être plus propre, plus fin, mais je
pense que l'industrie pétrolière, si vous regardez
l'efficacité des équipements qu'il y a aujourd'hui, il y a eu
énormément de recherche et je l'ai mentionné
tantôt dans le mémoire non subventionnée. je pense
que jamais personne de l'industrie pétrolière n'a demandé
des subventions pour des équipements ou quoi que ce soit. on a
amélioré l'efficacité de nos équipements. on est
habituellement des gens qui sont assez proactifs au niveau de la protection de
l'environnement.
Je peux parler strictement du secteur chauffage. Si vous connaissez
l'industrie pétrolière un peu plus, vous
savez qu'au niveau du raffinage, que ce soit l'essence sans plomb, que
ce soit, par exemple, un groupe d'intervention comme le COPIM, au niveau
maritime, je pense qu'on a toujours été proactifs. Puis, en bon
français, on ne dort pas sur la «switch». (17 h 40)
M. Chevrette: Mais je pense que le Québec est
peut-être dans une situation un petit peu particulière, en ce sens
que, nous, on n'a jamais eu d'aide ou pas du tout du gouvernement
fédéral. Je regardais le fédéral investir dans
Hibernia, c'est des gros sous; dans l'expérience du nucléaire en
Ontario, c'est des millions et des centaines de millions de dollars que le
fédéral a investis. Mais, nous, au Québec, on s'est
débrouillé seul, et puis ça a été... Vous
ridiculisez un petit peu le joyau québécois qu'est
Hydro-Québec, au-delà de ses défauts, c'est un maudit beau
capital qu'on a acquis comme population québécoise...
M. Martel: Effectivement.
M. Chevrette: ...comme coin de terre.
M. Martel: On n'est pas en train de vous dire qu'on veut
détruire Hydro-Québec, au contraire, on est en train de demander
à Hydro-Québec de travailler avec elle. On est prêt
à investir 100 000 000 $ dans un programme, et elle ne veut pas. Si vous
regardez au travers de nos propos, c'est sûr qu'il y a peut-être un
moment donné où on était un petit peu sarcastique
je vous expliquais pourquoi tantôt mais je pense que la base de
nos calculs, elle est très rationnelle. On veut investir de l'argent, on
n'est toujours bien pas pour se mettre à genoux devant elle.
Je trouve qu'à un moment donné il faut arrêter, et
il faut dire les choses comme elles sont. Je pense qu'on peut travailler dans
un partenariat avec elle, on a des choses à offrir. Hydro-Québec
a une compétence, effectivement. Si on regarde au niveau des
utilités, en Amérique du Nord, Hydro-Québec est
probablement une des meilleures, dépendant des façons dont on les
évalue, mais, nous aussi, au niveau de l'industrie
pétrolière. Regardez tout ce qui s'est passé depuis 1970.
On nous a tapé sur la tête, on a essayé de nous
éliminer de toutes les façons possibles et imaginables et on est
ici devant vous. Mon confrère me disait dernièrement qu'il y a 20
ans il y a un industriel qui lui a dit: Ne fais pas ton avenir dans l'huile
à chauffage, il n'y en aura plus dans 5 ans.
Alors, ici, on est en 1993, et je pense qu'il y encore de l'espoir. Si
on commence à regarder les choses de façon positive, moi, je me
dis que l'industrie pétrolière peut travailler de concert avec
Hydro-Québec, et on peut faire de grandes choses. Je ne veux pas
dénigrer Hydro-Québec, loin de là, sauf que je pense que
son attitude, ça, par exemple, on pourrait en discuter longtemps.
M. Chevrette: Ah! ça, je suis d'accord avec vous.
Le Président (M. Audet): Merci.
M. Charlebois: M. Chevrette, si vous permettez...
Le Président (M. Audet): Oui.
M. Charlebois: Je suis fier d'être Québécois,
je suis fier d'Hydro-Québec, mais je suis fier aussi de gagner ma vie
avec le pétrole.
M. Chevrette: Ah! ça, je n'en doute pas.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Gatineau, vous disposez d'environ sept minutes et demie.
M. Lafrenière: Merci, M. le Président.
À la page 6 de votre mémoire, vous proposez que les
subventions versées par le contribuable pour maintenir le tarif
d'électricité à un niveau compétitif soient
désormais réduites. Pourriez-vous expliciter davantage vos
préoccupations?
M. Martel: Excusez-moi, monsieur. Pourriez-vous juste
répéter votre question? Parce que je cherchais ma page.
M. Lafrenière: À la page 6 de votre mémoire,
vous proposez que les subventions versées par le contribuable pour
maintenir le tarif d'électricité à un niveau
compétitif soient désormais réduites. Pourriez-vous
expliciter davantage vos préoccupations?
M. Martel: Ce qu'on disait en fait c'est un petit peu
détourné ça... Ce qu'on disait, c'est que plus
Hydro-Québec continue à construire des maisons
électriques, plus ça lui coûte cher, parce que, comme on le
disait tantôt, quand on amène 1 kWh dans une maison, ça lui
coûte un coût net de 0,034 $ du kilowattheure. Alors, plus elle
continue de faire ça, plus le consommateur subventionne, par l'entremise
de ses taxes, par l'entremise de ses paiements différés, etc.,
Hydro-Québec pour pouvoir amener l'électricité justement
à ces maisons.
Alors, ce qu'on dit, nous autres, c'est qu'ultime-ment et
là on n'entrera pas dans la tarification, parce que c'est un sujet sur
lequel on pourrait parler longtemps on dit, je pense, qu'il faudrait
tendre vers le vrai coût, et, à ce moment-là, on
s'apercevrait qu'effectivement il y a des énergies qui sont beaucoup
plus économiques que l'électricité. Je parle toujours du
secteur résidentiel.
M. Lafrenière: Vos propositions portent sur le parc des
maisons existantes et sur les nouvelles constructions.
M. Martel: Oui.
M. Lafrenière: Votre objectif de rejoindre 50 % des
constructions neuves, soit une maison sur deux, n'est-il pas un peu
ambitieux?
M. Martel: bien, je pense qu'il n'est pas... il y a
peut-être d'autres gens qui ont demandé à
hydro-québec de se retirer totalement du marché. nous autres,
l'utopie, je pense qu'on n'est pas tout à fait d'accord. alors, ce qu'on
dit, c'est 50 % du marché, en fait, biénergétique. il faut
quand même s'entendre là, il y a de l'électricité
dans ces maisons-là. l'utopie c'est de dire qu'on voudrait avoir tout le
marché à l'huile à chauffage. ça, on sait qu'on ne
l'aura pas. on pourrait dire qu'on veut avoir 50 % du marché tout
à l'huile à chauffage, mais, encore là, on le met de
côté cet objectif-là tout de suite. on aimerait bien, comme
paul-émile le disait, gagner notre vie, mais on dit: 50 % à la
bié-nergie.
Je pense que le consommateur ne réalise pas et on le voit
lorsqu'on discute avec les gens les gens ne réalisent pas ce qui
se passe actuellement. Si on faisait un sondage, si j'avais fait un sondage ici
auparavant, vous auriez dit probablement qu'Hydro-Québec est la source
d'énergie la moins chère, peut-être. Dépendant des
présentations qu'il y a eu, vous en auriez peut-être nommée
une autre. Mais ce qu'on est en train de mentionner ici, c'est 50 %. Je pense
c'est sûr que c'est un objectif à long terme; on n'est pas
en train de dire que, demain matin, on va atteindre cet
objectif-là que, si la population réalisait... Regardez
dans les provinces maritimes, en Atlantique, que ce soit à Terre-Neuve
ou en Nouvelle-Ecosse, etc., il se construit plus d'une maison sur deux
totalement au mazout. On est encore quand même dans le même pays,
et ils ont un climat qui nous ressemble.
M. Lafrenière: La commission ici a reçu le
mémoire de l'Association des redistributeurs d'électricité
du Québec et des réseaux municipaux, qui proposent
d'étendre l'option biénergie à la grandeur du
Québec, et ce, par souci d'efficacité énergétique.
Comment votre groupement réagit-il à cette proposition
d'appui?
M. Martel: bien ça, premièrement... vous parlez de
contrôler, probablement, les sondes biénergie de façon
automatique on sait que ça existe actuellement. hydro ou les
redistributeurs d'électricité pourraient contrôler et avoir
jusqu'à 98 % de consommation électrique dans une maison.
maintenant, si vous, ça vous intéresse de prendre votre douche
à trois heures du matin ou de faire votre lavage à cette
heure-là, c'est une chose. ce qui arrive, c'est que, si, à un
moment donné, on contrôle ça, ce n'est qu'un incitatif
à utiliser ou non la biénergie ou l'électricité.
alors, c'est bien évident, puis je peux comprendre le mémoire des
redistributeurs d'électricité, mais si on regarde, par exemple,
notre cas à nous, je pense qu'il est préférable, si l'on
veut, de s'en aller vers une option qu'on prône.
M. Lafrenière: On constate, sur le marché, que les
systèmes de chauffage s'améliorent et deviennent moins
énergivores. Faites-vous la promotion de ces équipements plus
performants?
M. Martel: Encore là, je reviens toujours avec ma
non-subvention, mais on fait du financement d'équipement depuis plus de
10 ans, et on finance des consommateurs à même notre propre
cash-flow. Avant même le programme de biénergie
d'Hydro-Québec, il se vendait des milliers de fournaises totalement au
mazout, parce qu'il n'y en avait pas, de fournaises intégrées
biénergétiques, avant le programme d'Hydro-Québec. Alors,
on finançait. On a toujours donné des facilités de
financement à ces gens-là, puis on en donne encore, même au
travers du programme biénergie. Donc, Hydro-Québec subventionne
un montant x, mais, nous, on absorbe quand même le coût du
financement, actuellement.
M. Lafrenière: C'est un facteur qui contribue à vos
ventes?
M. Martel: Oui, évidemment. Oui. Oui, parce que c'est un
service au client, on offre des plans de financement, dépendant des
compagnies, jusqu'à 60 mois. Alors, à ce moment-là,
ça permet au consommateur, évidemment, d'établir un
budget, puis de pouvoir étaler ses paiements sur une période de
36 à 60 mois.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Moi, c'est un commentaire, dans un premier temps.
Notre société est gâtée.
L'hydroélectricité représente pour elle quelque chose de
propre, non apparent, pas de fumée, rien, tu sais, puis pas de
réservoir à côté. Vous pensez
véritablement... Je ne sais pas comment vous réagissez, mais
croyez-vous que la population va, à très court terme, changer ses
habitudes, ses gâteries en faveur d'une source d'énergie qui, soit
dit en passant, est publicisée dans le sens d'être plus polluante,
en plus?
M. Martel: Oui, mais...
M. Chevrette: Est-ce que vous avez réalisé cela?
Comment vous voyez la possibilité d'une modification, à ce
moment-là, du comportement d'une société?
M. Martel: Évidemment, il y a, premièrement, un
forum comme celui-ci qui, on l'espère, va nous permettre de faire
connaître un petit peu la position au niveau de l'huile à
chauffage. Deuxièmement, vous parliez d'un réservoir,
tantôt. Il y a actuellement des recherches, et, croyez-le ou non, nulle
part en Amérique du Nord... Vous savez qu'aux États-Unis il y a
11 000 000 de résidences qui chauffent au mazout domestique dans l'est
des États-Unis, et ils ont encore le même vieux réservoir
qui a été inventé dans les années quarante, alors
que, nous, depuis environ un an et demi,
nos manufacturiers ont des nouveaux modèles de réservoirs
qui ne sont absolument pas apparents. Il y a des réservoirs qui mesurent
six pouces de large et qui peuvent s'appliquer sur un mur, une paroi murale,
où vous ne les voyez même pas.
Alors, il y a des études qui se font, il y a des travaux qui se
font de ce côté-là. On est conscients qu'au point de vue
esthétique, et parce que les maisons rapetissent un peu, les gens
veulent avoir plus d'espace viable. On travaille là-dessus, on en est
conscients, sauf que, vous savez, si on parle d'autres sources
d'énergie, si on parle, par exemple, du gaz propane ou de quoi que ce
soit, il y en a, des réservoirs, soit à l'intérieur, soit
à l'extérieur, etc. À un moment donné, je pense que
les gens doivent passer par-dessus, si on parle au niveau de l'économie,
puis tout ça. Nous, on fait des travaux pour essayer justement de
cacher... En fait, si on pouvait cacher le réservoir, le faire
disparaître quelque part, probablement que les gens seraient encore plus
réceptifs à l'huile à chauffage. Mais il faut, au
départ, faire connaître notre produit, puis ça, on vous
l'avoue, que, peut-être, ça a été...
Premièrement, il y a eu des campagnes pour le dénigrer, et on
n'avait pas les moyens de combattre ça. Peut-être qu'aujourd'hui
il y a des façons, en tant qu'association, de promouvoir notre produit,
puis, si on peut travailler de concert avec des gens comme Hydro-Québec,
et puis...
Imaginez si Hydro-Québec, on travaillait main dans la main avec
eux, comment ça serait positif. Les Hydro-Québécois, on en
a fait la promotion pendant des années, tout le monde était fier,
puis toujours fier d'utiliser l'électricité. Maintenant, chauffer
à l'électricité, ce n'est peut-être pas la meilleure
solution. Alors, il faudrait qu'à un moment donné il y ait
quelqu'un qui le dise, puis il faudrait peut-être qu'Hydro n'ait pas peur
de le dire. Ils le disent peut-être, mais ce n'est pas toujours sur la
place publique.
M. Chevrette: Accepteriez-vous de participer à un
débat beaucoup plus global sur le plan énergétique? (17 h
50)
M. Martel: Sûrement qu'on accepterait, sauf que, comme Mme
Bacon le mentionnait tantôt, il y a déjà un groupement
formé avec les gens de l'ICPP, où on est représenté
par une branche. Évidemment, vous réalisez que, dans un
comité comme celui-là, on est beaucoup plus au niveau
macro-économique et des grandes solutions globales au niveau
énergétique, etc. Nous, lorsqu'on plaide dans un mémoire
comme celui-ci, on parle de... Véritablement, on cible quelque chose qui
est le programme biénergie, qui n'est pas un programme
particulièrement dispendieux si vous regardez l'enveloppe totale au
niveau d'Hydro-Québec, mais qui aurait des effets extrêmement
positifs, tant au niveau du consommateur, qu'au niveau d'Hydro-Québec,
qu'au niveau, évidemment, de nos associations, des membres de nos
associations. C'est bien sûr qu'on ne peut pas refuser, si on veut, de
participer à un comité, sauf que, comprenez-nous, ça me
semble un paquet de comités et de discussions qu'on a sur le même
sujet. On en est rendu...
M. Chevrette: Oui, mais, moi, je ne parlais pas d'un
comité de travail, là, un débat national sur
l'énergie comme telle.
M. Martel: Sûrement.
M. Chevrette: Parce que, vous êtes bien conscient... Vous
étiez ici, tantôt, quand j'ai parlé au groupe qui vous a
précédés. On fait un débat pour 40 % de
l'énergie, en oubliant 60 %, et on axe... Je me rends compte qu'il y a
beaucoup de mémoires qui, dans le fond, vous visent, alors qu'on
étudie le plan de développement d'Hydro-Québec. Il y a
d'autres mémoires qui viennent chialer contre d'autres formes
d'énergie. On parle du plan de développement de
l'hydroélectricité. C'est pour ça que, moi,
j'adhère au courant de ceux qui disent: Si on avait peut-être un
débat plus large... Mais je comprends qu'il faudrait peut-être
l'encadrer quant à la forme pour ne pas que ça devienne non plus
un immense spectacle, pour arriver à des choses précises, et
peut-être contribuer à modifier des comportements de la population
sur l'ensemble des sources énergétiques.
M. Martel: On ne peut pas être contre un débat de
cette sorte, sauf qu'il faut réaliser qu'évidemment nos
associations sont majoritairement formées d'entrepreneurs, de gens qui
ne peuvent pas attendre peut-être encore quatre, cinq, six ans, à
savoir que quelque chose de bien gros se développe. On a besoin de
solutions rapides, le plus rapidement possible, justement, pour pouvoir
continuer à opérer.
Finalement, n'oubliez pas qu'il y a des solutions qui sont
irréversibles. Un coup qu'un consommateur est à
l'électricité avec des plinthes électriques, je vais vous
garantir que ça va lui coûter toute une fortune pour revenir
à l'air chaud, mais c'est lui qui va être pénalisé,
par exemple, actuellement, parce qu'il est pris avec ses plinthes
électriques, ses enfants ont de la misère à respirer, et
ils font des allergies. Il ne peut pas ajouter aucun équipement, que ce
soit un humidificateur, un filtre électronique, un air climatisé,
quoi que ce soit. Il ne peut rien faire. Il est pris avec ses plinthes
électriques.
M. Chevrette: Dans ce cas-là, on lui fait accroire que
c'est les tapis.
M. Martel: Pardon?
M. Chevrette: On lui fait accroire que c'est les tapis.
M. Martel: Ouais. C'est ça, oui. Une voix: II fait quoi?
M. Martel: Les tapis.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Drummond.
M. St-Roch: Voulez-vous rajouter quelque chose? Une voix:
II a dit les tapis.
M. Boulé (Gilbert): Ah! Les tapis? Ah! c'est correct.
Le Président (M. Audet): Allez-y, M. le
député de Drummond.
M. Chevrette: C'était une blague.
M. St-Roch: Merci, M. le Président.
Moi, je vous écoute... Qu'est-ce que je vais faire, là, si
je suis un consommateur, demain matin? Parce que rien ne m'empêche, moi,
de construire une nouvelle maison et de dire à Hydro-Québec: Bon!
Je vais prendre ta subvention biénergie et je vais utiliser le mazout.
Qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui, en 1993 les subventions sont
là, vous avez votre part que vous donnez aussi...
M. Martel: Non, on ne donne pas de part, actuellement.
M. St-Roch: Vous ne la mettez pas. Parce que vous avez
parlé tout à l'heure d'une méthode de financement
où il y avait une aide...
M. Martel: Oui. Ce qu'on offre au client, c'est, par exemple...
Qu'il achète quelque équipement que ce soit, on lui offre la
possibilité de faire des paiements mensuels sur une période.
Donc, on fait du financement, entre guillemets, de quelque équipement
que ce soit.
M. St-Roch: Mais qu'est-ce qui va faire que les consommateurs
vont décider d'utiliser la biénergie, même si
Hydro-Québe disait demain matin: On y va avec votre formule, on
convertit nos 3000 $, vous mettez vos 500 $, on s'en va et on va promouvoir le
mazout? Qu'est-ce qui va faire que, moi, en tant que consommateur, je vais
être incliné, là, à prendre votre option au lieu de
prendre tout électrique ou au lieu de prendre biénergie avec le
gaz?
M. Martel: Bien, il faut réaliser, premièrement,
que les gens consomment... Ils font construire des maisons électriques
parce que ça fait 25 ans qu'ils se font dire que
l'électricité, c'est la source d'énergie la meilleure et
la plus économique. Alors, il faudrait, premièrement, que
quelqu'un leur dise que ce n'est pas vrai. Il faudrait qu'il y ait des
programmes incitatifs, à savoir que, les gens, il faudrait qu'ils
dirigent autrement leur consommation que vers l'électricité dans
les maisons.
Ça, nous, on peut le faire, mais il faut quand même
réaliser qu'il y a deux poids, deux mesures. Il y a
Hydro-Québec avec des milliards de dollars, et il y a nous, qui
sommes des associations formées d'entrepreneurs qui doivent investir des
montants d'argent. Donc, c'est David et Goliath. À ce moment-là,
nous, on fait la promotion, et il y en a des gens, vous savez... Depuis des
années, il y avait des maisons qui s'installaient avec des fournaises au
mazout. Sans qu'il n'y ait de subventions, les gens en achetaient, ils ne s'en
allaient pas avec des plinthes électriques. Nous, on a une force de
vente... Comme je vous l'expliquais tantôt, il y a des gens qui vont dans
les maisons, qui vont parler à la clientèle, etc., sauf
qu'à un moment donné il y a la loi des nombres. Si on ne le dit
pas au consommateur, si on n'a pas l'appui, si on veut, du gouvernement et
d'Hydro-Québec et qu'Hydro-Québec ne dit pas vraiment les choses
qui devraient être dites, à savoir qu'effectivement le mazout...
D'autres sources d'énergie sont plus économiques il ne
faut pas se le cacher que l'électricité.
L'électricité, c'est la forme d'énergie la plus
chère au Québec.
M. St-Roch: Mais vous ne croyez pas que le vrai problème,
là...
M. Martel: Oui.
M. St-Roch: ...la vraie solution, c'est de revenir avec tout F
interfinancement, au niveau de la tarification, avec l'interfinancement...
M. Martel: Oui.
M. St-Roch: ...et de dire: Si le consommateur a à payer
les coûts réels...
M. Martel: Vous avez bien raison.
M. St-Roch: ...à ce moment-là, ça va
l'inciter? Autrement, comment est-ce que vous iriez avec votre système?
Tant et aussi longtemps que vous ne reflétez pas les coûts directs
au niveau de la tarification, il n'y a pas d'incitatif à faire que le
consommateur va analyser différentes méthodes.
M. Boulé: Ça, c'est sûr, mais disons que ce
n'est pas sous notre contrôle. C'est évident
Hydro-Québec l'a avoué elle-même dans les ateliers
que, si elle vendait l'électricité au bon prix, elle ferait un
milliard et demi de plus de dollars par année. Mais, étant
donné qu'elle ne charge pas le bon prix, elle cache ce prix-là,
il se fait de l'interfinancement. Un jour ou l'autre, on va arriver à la
croisée des chemins, et les prix vont être là. tout
à l'heure, pierre martel a dit que l'électricité, dans les
10 dernières années, a augmenté de 54 %. dans les
années futures, ça va augmenter encore. on essaie de la maintenir
en deçà de l'inflation, mais ça devrait être plus
que ça. regardez je regardais les chiffres, ce matin
comparez l'électricité par rapport à d'autres provinces
canadiennes. à part winnipeg et edmonton, c'est au québec que
l'électricité est la moins
chère. en suisse, c'est 0,13$ kw; ici, c'est 0,056$.
peut-être que les suisses sont plus francs, ils donnent l'heure juste,
parce qu'un jour c'est nos enfants qui vont payer pour ça. le
marché résidentiel donne juste 17 % des revenus, et regardez les
millions d'abonnés qu'il y a là-dedans. ça n'a pas
d'allure.
M. St-Roch: Dernière question, parce qu'on me signale
qu'il reste très peu de temps. Quand je regarde au niveau, toujours, du
consommateur ou de la consommatrice, quand on fait le choix d'un système
de chauffage, on parle au moins d'une dizaine d'années, normalement,
dans le temps. Alors, quand on regarde toutes les rumeurs qui circulent au
niveau de l'approvisionnement, au niveau du raffinage surtout, est-ce qu'il n'y
a pas une inquiétude supplémentaire de la part des
consommateurs...
M. Martel: Je suis content que vous me posiez cette
question-là.
M. St-Roch: ...de dire: II n'y a plus de raffineries au
Québec, on les voit fermer l'une après l'autre? Est-ce qu'on
n'expédie pas, finalement, nos dollars complètement à
l'extérieur et qu'on ne deviendra pas dépendants d'une situation
qui peut être politique, économique ou géopolitique
où est-ce qu'on n'aurait aucun contrôle?
M. Martel: Vous savez que l'industrie pétrolière a
toujours été une industrie qui était responsable envers
ses clients, et je pense qu'il n'y a pas un client qui peut dire, au
Québec, qu'il a manqué de produits pétroliers. Je vais
donner l'exemple le plus flagrant. En décembre 1989, l'hiver le plus
froid en 150 ans, Hydro-Québec nous a dompé 500 000 000 de litres
à aller livrer au mois de décembre, parce que, eux autres, ils
n'étaient plus capables d'amener l'électricité dans ces
maisons-là. L'industrie pétrolière, lorsque la voie
maritime était bloquée, qu'il y avait la grève de la garde
côtière et qu'il faisait à peu près -35 °C
dehors, on nous a dit: Bien là, on ne peut plus fournir ces clients
à la biéner-gie, qui sont des clients commerciaux. Voulez-vous,
s'il vous plaît, vous en occuper? L'industrie pétrolière
s'est retournée, et il n'y a pas un consommateur qui a manqué
d'huile à chauffage.
Alors, je pense que la question de l'approvisionnement, ce n'est pas
inquiétant du tout. Je pense que l'histoire de l'industrie
pétrolière au Québec peut prouver hors de tout doute qu'il
n'a jamais manqué de produits pétroliers au Québec. Il n'y
a pas un client, je pense, qui peut dire qu'il a manqué de produits,
alors qu'il y a des clients qui ont cessé d'être
approvisionnés par Hydro et peut-être par d'autres sources
d'énergie. Mais je ne pense pas que l'industrie pétrolière
ait jamais dit à un seul client: Oups! Excusez, là, on ne peut
plus vous fournir.
M. St-Roch: Prévoyez la même chose dans le
futur.
Une voix: Merci.
Le Président (M. Audet): Alors, messieurs, au nom des
membres de la commission, je vous remercie sincèrement de votre
présentation. Je vous souhaite une bonne fin de soirée, et nous
suspendons nos travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
(Reprise à 20 h 5)
Le Président (M. Forget): Alors, la commission recommence
ses travaux. Je rappelle que le mandat de la commission est de procéder
à une consultation générale sur la proposition de plan de
développement 1993-1995 d'Hydro-Québec.
Je demanderais aux intervenants de l'Association Québec-solaire
de bien vouloir se présenter.
Association Québec-solaire (AQS)
M. Côté (Richard): Oui. Alors, voici Guylaine
Desmarais, qui est vice-présidente de l'Association, et puis moi, mon
nom, c'est Richard Côté, je suis président de
l'Association.
Le Président (M. Forget): Merci. Alors, je vous rappelle
le temps alloué pour la période de présentation et la
période d'échanges: l'exposé de l'organisme est de 20
minutes et la période d'échanges est de 40 minutes.
Alors, Mme la ministre?
Mme Bacon: Non, non, c'est à eux, leur exposé.
Le Président (M. Forget): Ah! c'est vrai! Excusez-moi, Mme
la ministre. Alors...
Mme Bacon: Nous voulons les entendre, M. le Président.
Le Président (M. Forget): Voilà! Merci beaucoup.
Après ça, on va les...
M. Chevrette: Vous êtes nerveux, M. le
Président?
Le Président (M. Forget): Non, je ne suis pas nerveux. Je
suis près des gens de Joliette, je ne suis pas nerveux du tout.
M. Chevrette: Ah! O.K., très bien. Mme Bacon:
Joliette, Laval, c'est correct. M. Chevrette: ...à
Joliette.
Mme Desmarais (Guylaine): O.K. Alors, M. le Président, Mme
la ministre, les membres de la commis-
sion, l'Association Québec-solaire tient premièrement
à féliciter Hydro-Québec d'avoir tenu sa consultation
publique. En général, nous sommes très satisfaits des
résultats obtenus, surtout avec le délai qui était
alloué. Entre autres, dans les questions retenues, des choses comme la
«priorisation» des économies d'énergie comme moyen de
production, l'augmentation de la recherche et développement sur
l'efficacité énergétique, les éoliennes et les
piles photovoltaïques, la restructuration incitative des tarifs et
l'étude des «externalités» reliées aux moyens
de production, ce sont, entre autres, celles-là qui nous semblent les
plus progressistes dans les idées retenues.
Dans les mesures applicables immédiatement, l'AQS se
réjouit de voir les principales technologies solaires, comme le
chauffage passif des locaux, le préchauffage de l'air de ventilation et
le chauffage de l'eau, figurer au document «Progrès technologiques
et utilisation efficace de l'électricité». Mais
Hydro-Québec affirme qu'elle entend promouvoir les avantages du solaire
passif. Par contre, on mentionne aussi les nouvelles sources d'énergie
qui pourraient pénétrer le marché québécois
après l'an 2000. or, le cnrc, le conseil national de recherche du
canada, avait déjà estimé, en 1980, que les mesures de
nature architecturale, comme l'orientation, la fenestra-tion, la disposition
des pièces et l'utilisation de certains matériaux, étaient
les plus rentables parmi les mesures solaires pour combler les besoins en
chauffage des bâtiments. c'était une étude de 10 maisons
solaires passives dans l'est du canada qui avait été entreprise
en 1980, et cette étude-là en vient à la conclusion que,
pour un coût initial nul ou presque, l'architecture solaire peut
rapporter des gains énergétiques pour couvrir 25 % à 35 %
des besoins. il y a aussi une campagne de «monitoring» de niveau b,
qui est un niveau technique assez poussé, qui a été faite
entre 1983 et 1986 sur 20 maisons solaires à travers le canada. cette
étude-là a confirmé que la contribution solaire moyenne
était d'environ 28 %. donc, on peut voir, avec ces études, que
l'architecture solaire fait certainement partie des mesures dont le coût
est inférieur au coût marginal de fourniture de
l'électricité. compte tenu de sa maturité technologique,
le solaire passif devrait donc être inclus immédiatement dans
l'option a d'efficacité énergétique. il permettrait,
à ce moment-là, d'augmenter rapidement l'objectif de façon
rentable. tout ce que ça prendrait, c'est un effort
supplémentaire d'information et de commercialisation soutenu pour
aiguiller la demande et obtenir des résultats significatifs. on voit
déjà qu'il y a un intérêt à ce
niveau-là, et il existe déjà, au québec, un certain
nombre d'experts au niveau de la construction, des architectes, des
ingénieurs, des urbanistes; ce sont tous des experts dans ce
milieu-là qu'on pourrait utiliser. (20 h 10)
Une étude récente du CANMET sur le potentiel solaire
passif au Canada, de 1990 à 2010, estime à 3 TWh par année
la contribution solaire additionnelle de certaines technologies solaires au
chauffage des locaux québécois à l'horizon 2000. Ce
potentiel-là, qu'ils ont évalué, s'additionne à
celui des mesures habituelles de l'architecture solaire passive, qui est la
fenestration, l'orientation, des choses comme ça.
Ce chiffre-là est très conservateur parce qu'il inclut
uniquement les technologies solaires émergentes les plus commercial
isables et suppose un taux de pénétration du marché
très raisonnable. On note pourtant que ce chiffre est supérieur
au potentiel commercial de 2,7 TWh par année qu'Hydro-Québec
attribue à l'ensemble des économies d'énergie dans le
chauffage des locaux mentionné dans l'option A.
Alors, on note qu'il y a une différence entre les deux chiffres.
Ça soulève peut-être la question qu'on aurait besoin de
faire une étude plus poussée pour vraiment évaluer le
potentiel solaire et les économies qui pourraient être
attribuables à différentes méthodes, ce qui n'a pas
été fait. En général, les experts s'entendent pour
dire que, dans le bâtiment, on pourrait économiser environ un
tiers de l'énergie par l'architecture solaire et un tiers par d'autres
mesures d'économie d'énergie dans le bâtiment.
On note qu'il n'existe actuellement aucune étude complète
sur le potentiel de l'énergie solaire au Québec et on sait
pourtant qu'il y a un potentiel. Alors, l'AQS propose qu'Hydro-Québec
entreprenne une évaluation sérieuse de ce potentiel.
L'utilisation de la méthodologie habituelle de l'entreprise permettrait
d'analyser et de comparer les mesures solaires avec les autres mesures
d'économie d'énergie, et, nous, à l'AQS, on aimerait les
appuyer dans cette démarche-là. On pourrait offrir une expertise
et des ressources à Hydro-Québec.
Alors, comme conclusion, en attendant les résultats de cette
étude, on peut quand même dire qu'il est évident que
l'architecture solaire figure au premier rang des mesures d'économie
d'énergie dans le bâtiment neuf et qu'elle devrait être
identifiée clairement parmi les options d'efficacité
énergétique dans l'annexe 2 du plan de développement afin
que les intervenants concernés perçoivent un signal positif.
Je signalerai aussi que l'AQS travaille actuellement, avec la
collaboration d'Énergie, Mines et Ressources Canada, du Bureau de
l'efficacité énergétique et d'Hydro-Québec,
à sensibiliser les intervenants municipaux à l'importance d'une
orientation correcte des nouveaux lotissements pour profiter du potentiel
solaire. On organise un colloque le 17 mars, qui aura comme thème:
«Planification urbaine solaire», et qui visera à informer
les gens à ce niveau-là et à mettre les différents
intervenants en contact. On envisage aussi cette année toute une
série d'actions dirigées vers les constructeurs d'habitation pour
leur démontrer la simplicité des options solaires et on souhaite
réellement qu'Hydro-Québec s'implique dans ces actions de
promotion, qui vont profiter aussi à sa clientèle.
Je parlais du colloque. Nous, on aimerait continuer la collaboration qui
a déjà été amorcée avec Hydro-Québec
pour cet événement-là, la continuer et aussi la
développer pour que les objectifs généraux soient
atteints, des objectifs qui, en fait, concordent, qui sont
communs. En fait, les deux organismes ont des ressources
complémentaires qui pourraient travailler ensemble pour atteindre les
buts.
M. Côté (Richard): Alors, je voudrais vous parler
peut-être, moi, des principaux avantages économiques de
l'énergie solaire. Alors, si on regarde le principal avantage
économique du chauffage solaire, c'est que ça constitue une
création de richesse durable, voire inépuisable parce que chaque
mètre carré de surface qui est bien orientée peut
représenter environ la valeur d'un kilowatt de puissance
installée. Même si c'est installé sur la façade
d'une maison ou sur le toit d'un bâtiment au lieu d'être dans un
barrage quelque part dans le Grand-Nord, c'est quand même
l'équivalent d'une puissance installée dont les multiples se
mesurent en termes de kilowatts plutôt qu'en termes de mégawatts,
mais, si on additionne tous ces kilowatts-là, ça finit par faire
des térawatts, comme Guylaine disait tout à l'heure.
Avec un faible investissement initial, chaque consommateur qui le
décide peut capter chez lui le rayonnement solaire gratuit pour le
transformer en énergie thermique à moindre coût souvent que
s'il utilisait des sources d'énergie conventionnelles. Les
bâtiments solaires continuent à récolter de
l'énergie durant toute leur vie utile, qui peut être
généralement de 20 à 50 ans. Il y a des bâtiments
qui ont duré 2000 ans, mais, avec la qualité de construction qui
se fait aujourd'hui, on peut quand même compter que ça dure une
cinquantaine d'années.
Alors, c'est une source d'énergie qui est quand même
durable, qui va bien avec tous les efforts dans le sens du développement
soutenable. Ceci réduit évidemment d'autant la charge
imposée au réseau électrique et la nécessité
pour Hydro-Québec de s'endetter à l'extérieur. Parce que
les investissements sont généralement le fait de particuliers ou
de petites enterprises, alors ça ne nous oblige pas à emprunter
à l'extérieur. C'est de l'investissement intérieur qui est
très intéressant pour l'économie.
Ensuite, les kilowattheures qui sont générés,
à ce moment-là, s'ajoutent au produit intérieur brut du
Québec et puis ça contribue à renforcer notre
économie. La création d'emplois associée à la
conception et la construction d'installations solaires est sensiblement la
même que celle qui résulte de la construction de barrages
électriques. Ça, c'est affirmé dans le plan de
développement d'Hydro-Québec. Ils ont fait des comparaisons et
puis ils ont trouvé que c'est à peu près le même
ratio de création d'emplois que de faire des gros barrages. Sauf que la
différente principale, c'est que la création d'emplois dans ce
cas-là est étalée dans le temps et dans l'espace, au lieu
d'être toute concentrée dans un gros projet qui demande
énormément d'investissements extérieurs. Et puis,
ça dépend des décisions d'investissement de chaque
consommateur qui peut manifester sa conscience écologique, si on peut
dire, et puis son désir de laisser un patrimoine écologique
intéressant à ses enfants, en faisant cet
investissement-là.
D'ailleurs, le Mouvement des caisses populaires
Desjardins, il y a huit caisses de l'est de Montréal,
dernièrement, qui se sont associées avec l'Association
Québec-solaire, qui ont donné chacune un millier de dollars, et
puis la Confédération aussi a donné un millier de dollars.
On a demandé une subvention au Bureau de l'efficacité
énergétique qui a doublé le montant pour faire une
étude de faisabilité sur l'addition d'éléments
solaires dans un contexte urbain, c'est-à-dire dans le faubourg
Québec à Montréal. Et puis ça, ça vient de
la base de ces caisses-là, ce sont les actionnaires de ces caisses
populaires, les membres qui ont décidé qu'ils voulaient faire un
effort dans ce sens-là puis qui voulaient trouver des manières de
financer, des manières innovatrices de financer les économies
d'énergie, par exemple, en accordant des taux d'intérêt
plus bas ou en accordant des primes, en tout cas en faisant des choses comme
ça. Alors là, je crois qu'on voit que la conscience de
l'énergie solaire est rendue à des niveaux financiers
intéressants. Ce n'est plus juste une idée qu'avaient des hippies
dans les années soixante-dix, si on peut dire. C'est rendu à un
autre niveau maintenant. Il y a des experts qui sont formés
là-dedans.
Si on regarde les systèmes les plus courants et leur
période de retour sur l'investissement, un bâtiment solaire passif
très simple, en fait, a une période de retour sur
l'investissement presque nulle. Parce que tout ce dont il s'agit de faire,
c'est de bien orienter la façade principale et de répartir les
fenêtres en gardant le même nombre de fenêtres dans la
maison, en en mettant plus du côté sud puis moins du
côté nord puis du côté est et ouest. Donc, le total
est le même, c'est le même coût total. La seule condition
préalable, c'est évidemment que les rues soient bien
orientées pour permettre aux maisons de profiter de ça. Et
ça, ça fait facilement 20 % d'économie de chauffage, sans
mettre de masse thermique, sans mettre de système compliqué,
juste en prenant de la construction standard.
Il y a d'autres technologies, disons, à un niveau un peu plus
coûteux, des technologies genre le «solar wall»
c'est-à-dire le mur solaire dans le genre de celui que la compagnie
Bombardier vient d'installer sur son usine de Valcourt. Ça, c'est une
espèce de système de tôle perforée très
simple qui a un retour sur l'investissement d'environ trois ans puis qui sert
à préchauffer l'air de ventilation des bâtiments
industriels où il y a une grande nécessité de changer
l'air. Alors, des systèmes comme ça pourraient s'appliquer aussi
aux bâtiments commerciaux, aux tours à bureaux, à n'importe
quel bâtiment, en les adaptant légèrement, en faisant un
peu de recherche et développement là-dedans. Et ça, c'est
une technologie qui a un retour sur l'investissement de moins de trois ans.
Alors ça, c'est très intéressant pour les financiers.
Généralement, quand c'est moins de cinq ans, ils trouvent
ça intéressant.
Si on va un peu plus loin dans le retour sur l'investissement, il y a
certaines mesures, comme le plancher solaire direct à basse
température, entre autres, qui est très populaire en Europe,
parce que les Européens trouvent que c'est le système de
chauffage le plus confortable et les thermiciens s'accordent pour dire
ça.
Ça, c'est un système qui possède un retour sur
l'investissement de plus de cinq ans mais, quand même, qui procure un
très grand confort additionnel. Et puis, ça pourrait facilement
être implanté par des compagnies qui existent ici actuellement,
qui ont des systèmes de chauffage de plancher mais qui chauffent
ça avec du gaz ou avec de l'électricité. (-20 h 20)
II y a des systèmes combinés où, quand il fait
soleil, c'est le soleil qui fait accumuler de l'énergie dans la dalle
et, lorsqu'il n'y a pas de soleil, on peut avoir un appoint électrique
ou au gaz qui serait hors pointe, parce que le chargement thermique de la dalle
se fait pendant toute la journée, pendant que ce n'est pas l'heure de
pointe électrique et, lorsque les gens arrivent à la maison,
disons vers 16 heures ou 17 heures, là, la dalle est chaude, puis elle
rayonne de la chaleur dans la maison pendant toute la soirée sans
consommer d'électricité, à ce moment-là, parce
qu'elle est déjà chauffée. Puis, vers la fin de la
soirée, quand les gens se couchent, bon, ça refroidit
légèrement, puis ça refroidit tranquillement jusqu'au
matin, puis ça recommence, un cycle quotidien, comme ça.
Ce genre de stratégies je ne vous donne pas un
aperçu exhaustif de toutes les stratégies; je vous donne
simplement des exemples qui fonctionnent bien, puis que ce sont des
systèmes disponibles commercialement ça répond bien
à l'objectif d'Hydro-Québec d'étaler la demande.
Malheureusement, il existe des préjugés bien répandus qui
veulent qu'il n'y ait pas suffisamment de soleil au Québec et qu'il
fasse trop froid pour utiliser l'énergie solaire. Mais il n'y a rien de
plus éloigné de la vérité. Parce que, si on
regarde, par exemple, la France, qui est à peu près à la
même latitude que nous, elle a des taux d'ensoleillement hivernais moins
grands que nous, mais ça n'a pas empêché l'Agence
française pour la maîtrise de l'énergie et
Électricité de France d'encourager fortement le recours au
solaire dans les bâtiments résidentiels, entre autres en faisant
des tarifications intéressantes pour les gens qui réussissent
à avoir un niveau de cotation énergétique
élevé pour leur bâtiment.
Il y a des pays, comme la Suède et la Norvège où
est-ce qu'on ne peut pas dire que c'est la Floride, là, qui sont aux
environs du 60° parallèle, donc ils ont encore bien moins de soleil
que chez nous, bien, ils ont jugé bon, eux autres, de développer
des systèmes d'habitats solaires adaptés à leur latitude
en utilisant des techniques qui sont très semblables à celles
qu'on peut utiliser ici. Eux autres, en plus, ils ont construit des
systèmes de chauffage urbain collectifs où chaque habitation,
disons, par des capteurs sur le toit, accumule de la chaleur solaire durant
tout l'été et puis ils envoient ça dans un immense
réservoir commun pour le redistribuer pendant l'hiver, un peu comme un
réseau de chauffage à vapeur urbain.
Alors là, si on regarde un peu les actions à prendre pour
établir ces stratégies solaires, je crois que la principale
action à prendre, c'est d'informer les consommateurs, et puis ça
suppose un travail à long terme sur le marché de la construction,
puis sur les consommateurs de la construction.
Si on veut obtenir des résultats dans cinq ans, il faut commencer
aujourd'hui à entreprendre ces actions. Si on attend dans cinq ans avant
de commencer à entreprendre des actions, bien, ça va être
dans un autre 10 ans qu'on va commencer à avoir des résultats.
Alors, c'est le genre de chose qui, pour l'instant, ne coûterait pas
très cher, de faire des campagnes d'information, mais qui va amener des
résultats à moyen et à long terme. Même si le
solaire ne peut pas combler les objectifs à court terme
d'Hydro-Québec, soit d'essayer de sauver le plus de kilowattheures
possible rapidement, je crois qu'il ne faut pas le négliger pour autant,
parce que ça représente un potentiel dont l'ordre de grandeur est
semblable à celui de toutes les autres mesures d'efficacité
énergétique réunies dans le bâtiment, selon les
chiffres qu'on a, d'après l'étude canadienne et puis
d'après l'étude d'Hydro-Québec. Mais je crois que ce sont
des chiffres qui sont peut-être un peu difficilement comparables. C'est
pour ça qu'on croit qu'il faudrait absolument faire une étude en
prenant les mêmes bases de comparaison, une étude où on
utiliserait les mêmes méthodes d'évaluation
qu'Hydro-Québec pour tout analyser ça.
Plus on retarde la mise en place d'actions concrètes de
promotion, plus on éloigne le moment où la clientèle
d'Hydro-Québec, pourra voir diminuer sa facture
énergétique de façon durable.
Le Président (M. Forget): M. Côté, il vous
reste une minute.
M. Côté (Richard): Oui. Alors, un exemple du
rôle que pourrait tenir l'Association Québec-solaire par rapport
à Hydro-Québec, ça serait de répondre aux question
du public concernant les énergies soutenables à la ligne
téléphonique 1-800-énergie. Nous, on veut établir
des collaborations avec Hydro-Québec, on veut les augmenter. Notre
volume d'activité, actuellement, est presque suffisant pour justifier
l'engagement d'une personne-ressource à plein temps et notre plan de
développement prévoit, dans un avenir rapproché
c'est un plan de développement qu'on a présenté au
ministère de l'Énergie et des Ressources il y a deux ans
toutes sortes d'activités de transfert technologique, comme des
ateliers, des conférences, des publications et des actions de ce type
qu'on veut entreprendre en conjonction avec d'autres associations, comme
l'APCHQ, le BEE et puis d'autres intervenants du milieu.
Là, on organise aussi un concours de design urbain solaire dont
les gagnants vont être dévoilés au congrès de la
Société de l'énergie solaire du Canada qui va être
tenu conjointement avec l'Association Québec-solaire au mois de juillet,
ici, à Québec. Alors, on espère faire une grosse action
publicitaire avec ça pour montrer aux médias qu'il y a toutes
sortes de solutions possibles et puis on va s'arranger pour faire une
publication avec ça, après. La plupart des intervenants qu'on a
approchés, jusqu'à date, sont très
intéressés à collabo-
rer avec nous et ils ont montré leur intérêt
à ce qu'on élargisse notre domaine d'activité aux autres
énergies renouvelables pour avoir un plus large bassin de
«membership».
Alors, en guise de conclusion, j'aimerais insister, disons, sur l'offre
que fait l'Association Québec-solaire de collaborer avec
Hydro-Québec et avec tous les autres intervenants pour fournir
l'expertise concernant l'énergie solaire, parce que c'est la
stratégie énergétique que Mme Bacon a
dévoilée l'automne dernier qui insiste sur le fait qu'on doit
travailler avec les associations existantes pour faire une synergie. Et c'est
de cette façon-là, en créant une synergie, qu'on va
réussir à arriver à quelque chose.
Alors, je vous remercie beaucoup, Mmes et MM. les membres de la
commission, de nous avoir écoutés.
Le Président (M. Forget): Merci. Alors, Mme la ministre de
l'Énergie et des Ressources, un échange de 10 minutes.
Mme Bacon: Oui. Alors, je voudrais vous remercier, M.
Côté et Mme Desmarais, de nous faire bénéficier de
votre expérience et de votre expertise dans le domaine de
l'énergie solaire. Moi, j'aimerais en savoir davantage sur votre
association. Est-ce que vous avez des membres à travers le
Québec? Est-ce que vous avez des buts bien précis en vous
reproupant comme ça? Et quel est votre plan d'action pour les prochaines
années?
M. Côté (Richard): On a des membres à travers
le Québec au nombre d'environ... ça fluctue selon les moments de
l'année; le minimum c'est environ 100 et ça monte à 300
dans le temps des colloques quand il y a plus d'intérêt. Les buts
de l'Association, qui sont inscrits dans sa charte, c'est de faire la promotion
de l'énergie solaire parce qu'on constate que les
pétrolières font la promotion de l'énergie
pétrolière, les gazières font la promotion du gaz et
ça prend quelqu'un pour faire la promotion de l'énergie solaire
et des autres formes d'énergie renouvelable parce que ce sont des formes
d'énergie qui sont jugées comme essentielles pour le
développement durable. Et puis notre plan de développement
prévoit des actions, par exemple je devrais peut-être vous
en laisser une copie, après, ça serait peut-être mieux que
de tout vous lire ça parce que...
Mme Bacon: Ça va. D'accord. Je ne voudrais pas vous faire
énumérer.
M. Côté (Richard): ...il y en a une trentaine de
pages.
Mme Bacon: Je vais vous poser quelques questions, M.
Côté.
M. Côté (Richard): Oui.
Mme Bacon: Est-ce que le Québec présente des
obstacles particuliers à l'utilisation du solaire? Ou bien est-ce que,
ici comme ailleurs, la pénétration des technologies solaires
n'est pas simplement retardée par la progression relativement lente des
prix de l'énergie comparativement aux projections qu'on a pu faire
à une certaine époque?
M. Côté (Richard): Oui. Ça, c'est sûr
que les prix de l'énergie ne montent pas aussi vite, mais, comme je vous
ai démontré tout à l'heure, il y a certaines solutions
solaires qui n'ont pas de coût additionnel. En fait, c'est comme si on
avait de l'énergie gratuitement au lieu de la payer 0,06 $ le kWh.
Ça, c'est le solaire passif. L'obstacle principal à
l'implantation de ces solutions simples, c'est que, traditionnellement, vu que
le fleuve est orienté nord-est, sud-ouest, Jean Talon a divisé
les concessions perpendiculaires au fleuve. Alors, toutes les trames de rues
urbaines, en général, sont orientées à 45
degrés par rapport au nord ou au sud, en particulier la trame urbaine de
Montréal.
Mais il y en a beaucoup, il y a des trames urbaines, par exemple, dans
le West Island, dans le Lakesho-re, dans certaines banlieues, il y a bien des
villes qui sont orientées est-ouest. Par exemple,
Saint-Jérôme est une ville dont une partie est très bien
orientée pour bénéficier du solaire. Et puis, justement,
le colloque qu'on organise le 17, c'est pour faire prendre conscience aux
intervenants municipaux de la nécessité de bien orienter les rues
dans les nouveaux lotissements si on veut profiter de l'énergie solaire,
si on veut avoir un rendement, disons, de 100 %. Parce que, quand on a une
orientation à 45 degrés, on obtient quand même certains
rendements, mais c'est moins intéressant, donc ça fait un
rapport...
Mme Bacon: Mais c'est le principal obstacle, ça, M.
Côté?
M. Côté (Richard): Je dirais que c'est un des
principaux obstacles, oui, actuellement.
Mme Desmarais: II y en aurait un autre, moi, que je verrais,
c'est le manque d'information. Comme M. Côté avait
mentionné, c'est le manque d'information, parce que, comme il a
mentionné, dans des pays comme la France, la Norvège, c'est
déjà presque courant, l'utilisation de systèmes solaires,
mais ici on a la mauvaise conception que ce n'est pas efficace et que c'est
quelque chose de marginal pour des gens hippies ou «granola».
M. Côté (Richard): Oui. Il y a un petit livre, ici,
qui est publié par le Comité d'action pour le solaire, c'est le
résultat d'un concours «Maisons solaires, maisons
d'aujourd'hui», qui se tient tous les ans en France; où on voit
des maisons solaires, là-dedans, de tous les types, de toutes les
descriptions, correspondant à tous les genres de styles qui sont
à la mode. Alors, on voit bien que ce n'est pas un animal étrange
qui mange du foin en hiver, c'est quelque chose de bien réel, qui
fonctionne bien. Et puis ici, c'est parce qu'il n'y a pas eu de campagne
de promotion et d'éducation encore dans ce sens-là.
Mme Bacon: Pourquoi, dans votre mémoire, vous n'avez
retenu que la contribution du solaire passif? Est-ce que la contribution des
autres technologies solaires est négligeable, d'après vous, parce
que ce n'était pas ça il y a quelques années, ou bien que
le déploiement ne concerne pas Hydro-Québec? (20 h 30)
M. Côté (Richard): C'est parce que, dans le document
principal du plan de développement d'Hydro-Québec, elles sont
déjà mentionnées, les autres technologies. Il y a juste le
solaire passif, lui, qui figure, disons, à Pavant-dernière page
et à la dernière annexe. Alors, on s'est dit qu'il devrait aussi
y avoir au moins quelques phrases dans le plan principal qui mentionnent cette
source-là.
Si on parle de l'électricité photovoltaïque,
ça, évidemment, pour l'instant, au coût que ça
coûte, c'est négligeable comme apport au Québec. C'est
quelque chose qui est très intéressant, par exemple, si on veut
pénétrer des marchés d'exportation, par exemple dans les
pays du Sahel où il n'y a pas de réseau électrique et
où c'est une façon économique, à ce
moment-là, plutôt que d'acheter des piles qui leur coûtent
très, très cher du kilowatt, si on a des photopiles solaires, on
peut faire de 1'electrification villageoise, du pompage, des choses comme
ça, et puis aussi pour des choses éloignées comme des
stations répétitrices de micro-ondes dans le Grand-Nord ou des
affaires comme ça, c'est intéressant, le photovoltaïque.
C'est un domaine, disons, où on suppose que les prix vont baisser dans
le futur avec plus de recherche et développement.
Si on regarde le solaire actif, il y a des études qui ont
été faites par Hydro-Québec, par exemple sur les
chauffe-eau, qui ont démontré que, sur des blocs d'appartements,
par exemple de 10 logements et plus, ça devient rentable d'installer des
systèmes de chauffage de Peau qui sont des systèmes
mécaniques assez complexes, parce que, avec la technologie des tubes
sous vide, ça peut être performant même en plein hiver.
Mais, malheureusement, le seul fabricant de tubes sous vide a fermé ses
portes au Québec, c'est Fournelle, parce qu'il n'y avait pas
suffisamment de marché, là, il n'y avait pas suffisamment
d'incitation pour qu'on utilise son produit.
Mme Bacon: Quel rôle souhaiteriez-vous voir jouer par
Hydro-Québec relativement à l'implantation des technologies
solaires vous avez parlé tantôt d'offres de collaboration
ou même à l'égard des énergies nouvelles?
M. Côte (Richard): Ce qu'on aimerait, c'est qu'au lieu de
mettre l'énergie solaire dans le sac des économies
d'énergie, sur le même pied qu'une ampoule de 20 W ou d'une
affaire comme ça, vu que le potentiel de l'énergie solaire est
égal au potentiel de toutes les autres économies d'énergie
réunies, il faudrait, je pense, qu'il ait une place
prépondérante et qu'on le mentionne. Qu'on ne fasse pas juste
dire: C'est une petite affaire parmi d'autres, mais qu'on le mentionne comme
tel, pour donner un signal au consommateur que c'est quelque chose
d'intéressant, l'énergie solaire, c'est quelque chose qui est
encouragé par Hydro-Québec.
Mme Bacon: Est-ce que la prise en compte par Hydro-Québec
des «external ités», c'est susceptible d'avantager les
technologies solaires ou les énergies nouvelles en général
parce que je pense qu'on ne peut pas les dissocier les unes des autres
pour que l'implication directe d'Hydro-Québec dans leur
développement et leur déploiement ne soit pas indispensable?
M. Côté (Richard): Excusez, j'ai mal compris
votre...
Mme Bacon: Est-ce que la prise en compte par Hydro-Québec
des «externalités» est susceptible d'avantager les
technologies solaires ou les énergies nouvelles pour que l'implication
directe d'Hydro-Québec dans leur développement ou leur
déploiement ne soit pas indispensable?
M. Côté (Richard): Je crois que ça ne serait
pas suffisant. Ce que ça va donner, si on prend en compte des
«externalités», ça va changer
légèrement, disons, le prix ou le seuil de rentabilité des
énergies nouvelles. Donc, ça va devenir plus attrayant du point
de vue de l'investisseur, mais je crois que ce n'est pas suffisant parce que
ça prend une poussée de plus, ça prendrait vraiment une
bonne poussée là-dessus pour partir ça, pour que,
après ça, ça puisse rouler tout seul. Juste le calcul
d'«externalités», d'après moi, ce n'est pas
suffisant.
Mme Bacon: Ce n'est pas suffisant, d'après vous.
M. Côté (Richard): Mais c'est essentiel quand
même, il faut...
Mme Bacon: Oui. D'accord, ca va.
Le Président (M. Forget): Merci, Mme la ministre.
Alors, j'inviterais le député de Joliette.
M. Chevrette: Je ne sais pas trop par quel bout commencer, parce
que vous affichez beaucoup de convictions. Par contre, il y a très peu
de données scientifiques comme base de ces convictions-là. Et
c'est pour ça que je ne sais pas par quel bout commencer, parce que
ça fait plusieurs années qu'on entend parler d'énergie
solaire. D'autre part, je suis prêt à admettre avec vous qu'il y a
très peu de spécialistes qui ont réfléchi et qui
ont pensé véritablement à faire en sorte, par exemple, que
le parc immobilier de maisons résidentielles soit conçu pour
aller capter le maximum d'énergie.
Mais les gens nous disent: Oui, c'est vrai, ça a un avantage
l'hiver, le printemps, mais, à certains moments donnés, c'est le
contraire, ça nous prend de l'énergie pour climatiser nos maisons
parce qu'il y a trop d'énergie solaire passive de la manière dont
c'est disposé. Qu'est-ce que vous répondez à ces
gens-là?
M. Côté (Richard): Bien, ça, justement, quand
c'est mal conçu, disons, et puis, par exemple, si on met trop de
fenêtres du côté ouest ou du côté est,
évidemment que ces fenêtres-là vont capter de
l'énergie surtout en été, dans l'après-midi ou le
matin, et là ça va faire des surchauffes.
M. Chevrette: Oui.
M. Côté (Richard): Alors, le secret, disons, du
solaire passif, c'est de concentrer la plus grande quantité de
fenêtres du côté sud et de mettre des avant-toits qui font
que, lorsque, le soleil est haut en été, il ne
pénètre pas dans les fenêtres, alors ça ne fait pas
de surchauffe, mais, lorsqu'il est bas, en hiver, là, il
pénètre dans les fenêtres et il chauffe, quand on en a
besoin. Ça, disons que c'est le principe de base.
Par rapport à ce que vous disiez sur les études
scientifiques, les études qu'on a citées ici sont des
études canadiennes, sur le sujet, qui sont quand même comparables.
Il y a beaucoup d'études américaines sur le sujet, il y a des
études françaises, il y a des études suédoises,
mais, malheureusement, il n'y a pas d'étude québécoise en
profondeur. Et puis, j'aimerais autant que vous voir une étude
québécoise en profondeur sur le sujet pour qu'on puisse comparer
des pommes avec des pommes, savoir comment on peut comparer les autres formes
d'efficacité énergétique avec l'énergie solaire
dans le contexte bien particulier du Québec.
M. Chevrette: Mais, d'entrée de jeu, on sait très
bien que l'énergie solaire ne peut pas être une source exclusive,
il faut que ce soit une source combinée. Est-ce qu'on s'entend
là-dessus?
M. Côté (Richard): Oui, oui.
M. Chevrette: Bon. Je vais vous poser directement la question.
Avec quelle source est-ce que vous privilégiez la combinaison? Avec
l'électricité, avec le gaz naturel ou si vous acceptez l'un ou
l'autre?
M. Côté (Richard): Avec l'un ou l'autre. Je crois
que c'est plus facile de lé faire avec l'électricité,
compte tenu, aussi, de ce qu'on pourrait appeler la culture de chauffage des
gens, qui sont habitués au chauffage électrique. Et puis c'est
parce que, généralement, les techniques solaires se basent sur
l'inertie thermique d'une dalle ou des choses comme ça. Ça prend
du temps à chauffer puis ça prend du temps à refroidir.
Alors, le complément idéal, ce sont des simples plinthes
électriques qui peuvent donner une chaleur instantanée lorsqu'on
en a besoin. Puis disons que, si la dalle n'est pas encore rendue tout à
fait assez chaude pour chauffer, bien, on peut tout de suite, avec la plinthe
électrique, faire un appoint. On peut aussi utiliser le gaz si ça
fait partie des stratégies d'Hydro-Québec, parce que, dans
certains cas, Hydro-Québec préfère qu'on utilise le gaz
pour le chauffage. Oui, ils le mentionnent...
M. Chevrette: Je m'excuse, je veux vous arrêter parce que
ce n'est pas ce que j'ai compris ici, moi. Depuis une semaine et demie, c'est
le contraire, tout le monde vient nous dire qu'Hydro-Québec ne pense
qu'en fonction de l'hydroélectricité. Gaz Métropolitain
est venu ici, l'Association québécoise du gaz naturel, le mazout
est venu après-midi avant vous autres puis ce n'est pas ça qu'ils
disent d'Hydro-Québec. Ils disent: Hydro-Québec ne nous fait pas
de place. C'est pour ça que...
M. Côté (Richard): Bon...
M. Chevrette: Qui vous a dit ça, à
Hydro-Québec, qu'ils faisaient de la place au gaz naturel, pour qu'on
lui parle un peu pour savoir ce qu'il pense?
M. Côté (Richard): J'ai lu ça dans le plan de
développement. Ils disent que, dans certains cas, ils
préfèrent... Ils veulent remettre les gens à la
biénergie, entre autres pour couper la pointe. Ils veulent utiliser le
gaz pour faire de la cogénération dans des gros complexes
immobiliers, ils veulent avoir des centrales à gaz pour la pointe, pour
les moments de pointe, près des villes, des centrales à gaz qui
sont près des agglomérations puis qui peuvent fonctionner,
disons, seulement pendant une heure ou deux chaque jour. Alors, moi, je pense
qu'ils ont une place pour le gaz. Probablement qu'ils ont moins de place pour
le mazout parce que, du point de vue conjoncturel, le gaz, bon, c'est un
produit canadien qui est en surplus actuellement, qu'on vend à vil prix
aux États-Unis, c'est-à-dire que l'Ouest canadien vend pour rien
aux États-Unis, alors que...
M. Chevrette: Le gaz albertain...
M. Côté (Richard): Oui.
M. Chevrette: ...par le gazoduc Iroquois.
M. Côté (Richard): C'est ça. Puis on en a un
gazoduc qui vient jusqu'ici, qui a juste besoin de quelques réparations
pour fonctionner et puis qui pourrait permettre d'utiliser une combinaison de
gaz et d'électricité. Moi, je pense que toutes les formes
d'énergie sont complémentaires et puis que ça
dépend de chaque circonstance.
M. Chevrette: Mais, comme promoteur de l'énergie solaire,
comment vous inscrivez-vous dans le débat des énergies en
général? Est-ce que vous avez, par exemple, le souci de la
qualité environnementale? Est-ce que vous vous situez dans le groupe des
écolos qui
disent, par exemple, qu'il faut miser exclusivement sur
l'efficacité énergétique? D'autres disent:
L'hydroélectricité, c'est propre, propre, propre, les autres
sources sont polluantes, les sources fossilifères, il faut les bannir.
Où vous branchez-vous, dans tout ça, comme énergie
complémentaire?
M. Côté (Richard): J'ai l'impression que chacun a
peut-être tendance à prêcher pour sa paroisse...
M. Chevrette: C'est vrai, ça.
M. Côté (Richard): ...mais, dans notre cas, disons
que la considération de base qui motive les gens à utiliser
l'énergie solaire est une considération écologique, parce
qu'on sait que c'est une énergie qui est propre, qui est durable, qui
est inépuisable. Et puis la raison pour laquelle on privilégie
d'utiliser l'hydroélectricité comme complément, c'est
parce que, ça aussi, c'est à peu près ce qu'il y a de plus
propre. C'est quand même plus propre que le gaz, ça ne fait pas
d'effet de serre. Ensuite, en troisième lieu, je mettrais le gaz parce
que c'est plus propre que le pétrole. Je mettrais une échelle
comme ça par rapport, disons, aux dommages environnementaux que peut
créer la forme d'énergie, puis je mettrais peut-être le
nucléaire en dernier lieu de tout, qui serait une ressource à
laquelle on doit recourir vraiment quand on n'a pas le choix de faire autre
chose. Comme en France, par exemple, ils n'ont pas le choix, ils sont
obligés de faire des réacteurs. Alors, ils vivent avec, ils ne
savent pas si ça va leur sauter sur la tête un jour, mais ils
n'ont pas le choix. Puis c'est pour ça, d'ailleurs, qu'ils encouragent
beaucoup le solaire, c'est parce que, eux, leur choix, il n'est pas très
intéressant.
Mme Desrnarais: ...
M. Chevrette: Est-ce que vous voulez ajouter, madame?
Mme Desmarais: Non. J'ai juste passé un petit commentaire.
Ça va.
M. Chevrette: Excusez. Vous parlez, dans votre mémoire,
que vous êtes très contents qu'Hydro-Québec ait
été correct dans sa consultation. Bravo! Vous sem-blez croire
qu'Hydro-Québec fait beaucoup de place à l'énergie
solaire. Est-ce que c'est suite à des conversations? Parce que vous
mettez une ou deux références du plan de développement,
mais, moi, je n'ai pas vu d'objectifs, par exemple dans le plan de
développement d'Hydro, très, très précis quant
à l'énergie solaire. Ils ont fait des grandes phrases pour faire
plaisir à tout le monde, mais même les 1000 MW d'éoliennes,
c'est 1000 MW garrochés ici et là, mais il n'y a pas de projet
précis pour dire: On va le réaliser. (20 h 40)
Même le groupe qui représentait l'énergie
éo-lienne cet après-midi, le Parti vert, il parlait, par exem-
ple, qu'il faut respecter les populations. Mais, si tu as 1000 MW de
prévus pour les îles-de-la-Medeleine, je ne suis pas sûr que
le député Farrah va être bien, bien fort sur les moulins
à vent partout sur l'île, à cause du bruit et à
cause de la pollution visuelle. Donc, on ne pourra pas combiner à la
fois l'objectif de pollution visuelle et de pollution par le bruit avec
l'objectif de la population qui ne voudrait pas. Moi, j'ai de la misère
à suivre un peu tout ce débat-là parce que c'est
contradictoire dans les énoncés de principes.
M. Côté (Richard): Oui, mais, moi, je les ai prises
quelque part les affirmations, elles sont dans le document de travail no
4...
M, Chevrette: Oui, je sais.
M. Côté (Richard): ...qui va avec le plan de
développement. Il y a toute une page où c'est écrit
qu'Hydro-Québec va encourager le recours à l'énergie
solaire passive.
M. Chevrette: Oui, mais là, je vous pose la question,
c'est pour ça, je l'ai lu, ça, votre document. Je vois les
références, mais avez-vous un programme qui démontre
qu'Hydro-Québec, par exemple, met de l'avant l'encouragement à
l'énergie solaire? Avez-vous trouvé un programme?
M. Côté (Richard): Non, c'est justement pour
ça qu'on vient témoigner parce qu'on dit: C'est bien beau d'avoir
écrit une phrase comme ça à la dernière page de
leur affaire, mais on aimerait ça qu'ils en fassent un programme et
qu'ils nous incluent dans l'efficacité énergétique.
M. Chevrette: Là, on se comprend, M. Côté, on
se comprend très bien. Il y a une différence entre faire une
phrase ronflante pour faire plaisir à des groupes qu'on a
consultés et passer à l'action concrète.
Le Président (M. Forget): M. le député de
Joliette, une minute.
M. Chevrette: Pardon?
Le Président (M. Forget): II reste une minute.
M. Chevrette: Je vous remercie. Ça allait bien.
Le Président (M. Forget): Oui, ça va bien.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: II m'a coupé complètement.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Vous ferez pareil avec la ministre tantôt,
s'il vous plaît.
Une voix: Bon!
M. Chevrette: Blague à part, moi, je ne crois pas ces
phrases ronflantes qui font plaisir à tout le monde quand ce n'est pas
concrétisé par un objectif précis, par un programme
concret. Par exemple, dans Féolienne, ils mettent 1000 MW. Au moins, ils
mettent un chiffre. Dans le domaine de l'énergie solaire, il n'y a aucun
objectif d'atteinte de kilowattheures, ou de mégawatts, ou de
térawattheures. Il n'y a rien.
M. Côté (Richard): Ce qu'ils ont dit, ils ont
groupé ça dans les formes d'énergie peu
développées et qui sont bonnes pour après l'an 2000. Ils
ont groupé ça un peu là-dedans.
M. Chevrette: Oui, oui. Ah! ça, je l'ai vu.
M. Côté (Richard): Malgré ce qu'ils ont dit,
qu'ils allaient l'encourager, et tout ça, alors, nous, on voudrait
qu'ils l'encouragent maintenant, pas qu'ils attendent à l'an 2000, parce
qu'on est tanné d'attendre. Nous autres, on est des gens d'action, on
fait des actions depuis des années pour essayer de démontrer aux
gens...
M. Chevrette: Avez-vous l'expertise nécessaire, M.
Côté, pour dire, par exemple, qu'Hydro-Québec devrait fixer
un objectif, ne serait-ce que minime, un objectif précis, et du type de
programme dont il faudrait qu'elle fasse la promotion pour l'atteinte de cet
objectif-là?
M. Côté (Richard): Oui. Le type de programme,
ça, on sait déjà exactement ce qu'on encouragerait comme
type de programme. Pour ce qui est de fixer un objectif, je crois qu'il
faudrait le faire avec HydroQuébec, en étudiant leur
scénario avec eux autres, parce que, lors de la consultation, ils ne
nous ont pas montré jusque dans le fond leur scénario, comment
ils calculaient leurs chiffres, s'ils utilisent toujours le programme
Énergain pour calculer leurs chiffres. On ne sait pas comment ils les
ont calculés. Alors, si on regardait ça, on pourrait certainement
fixer, en accord avec HydroQuébec, un objectif réaliste, parce
que c'est sûr que la question de la pénétration des
marchés, quand c'est des technologies nouvelles et tout ça, il
faut aller vers les innovateurs. C'est sûr qu'on n'aura pas des millions
de maisons solaires demain matin au Québec, mais il faut commencer, il
faudrait aire: Bon! Telle année, on va en faire 100 et, l'année
d'après, on va en faire 200, vraiment faire un plan de
développement, un plan, disons, de mise en marché de ça,
comme ils ont fait pour les maisons Novelec à un moment donné,
comme ils ont fait pour les maisons R-2000 au fédéral.
Le Président (M. Forget): Je remercie M. le
député de Joliette.
Alors, M. le député de Taschereau, il vous reste cinq
minutes.
M. Leclerc: Oui, merci, M. le Président.
Vous me permettrez de revenir une seconde sur la première
question du député de Joliette où il mettait en
contradiction un peu les problèmes de chauffage l'hiver et de
climatisation l'été. Je vous avoue que de plus en plus au
Québec, me semble-t-il, les gens climatisent, les entreprises
climatisent, les commerces climatisent. Et vous, est-ce que vous avez pris
connaissance d'études américaines, notamment dans le Sud des
États-Unis, où il y a vraiment beaucoup de climatisation? Et
est-ce que ces études-là concluent que, oui, c'est encore
possible de faire des économies en orientant les maisons comme il se
doit?
M. Côté (Richard): Moi, j'ai travaillé
pendant trois ans au Nouveau-Mexique à concevoir des maisons solaires.
Je travaillais pour un entrepreneur qui les construisait. Dans cette
région-là, qui est beaucoup plus ensoleillée,
malgré que c'est quand même assez froid... Les gens ne s'imaginent
pas que, dans les montagnes, il y a 7000 degrés jours de chauffage et il
y a de la neige et il ne fait pas chaud, au Colorado, ces places-là. Des
maisons à haute masse thermique n'ont pas besoin de climatisation
justement avec les stratégies que je disais, d'abriter des rayons
d'été et d'avoir les fenêtres bien orientées. Et
puis, au Québec... J'habite moi-même dans une maison solaire
expérimentale que j'ai construite il y a quelques années. Bien,
je n'ai jamais besoin de climatiser. Je veux dire, je ne mettrais jamais de
climatiseur là-dedans parce que je n'en ai pas besoin.
L'été, le soleil, il descend et il arrive juste sur le bord de la
fenêtre; il ne rentre pas dans ma maison. Et puis, vu que j'ai des dalles
de plancher d'une certaine épaisseur, avec un matériau à
haute densité, la nuit, j'ouvre mes fenêtres, disons, et ça
se refroidit cette affaire-là. Alors, ça me fait comme une dalle
froide toute la journée qui garde ma maison froide. Alors, en utilisant
les techniques solaires, on peut aussi faire de la climatisation naturelle,
sans appareil.
M. Leclerc: Le principe des vieilles églises. M.
Côté (Richard): Un peu, oui.
M. Leclerc: Pouvez-vous nous donner un chiffre? Combien, en
pourcentage, votre maison qui est une maison solaire, comme vous dites,
coûte de plus qu'une maison équivalente conventionnelle?
M. Côté (Richard): Dans le cas de la mienne, je ne
pourrais pas vous donner de chiffre précis.
M. Leclerc: En pourcentage.
M. Côté (Richard): C'est parce que c'est une maison
expérimentale. Mais, dans une maison qui n'a pas de masse thermique, qui
a juste la stratégie de bien placer les fenêtres, de bien les
orienter, le coût additionnel est 0, sauf peut-être le coût
de design, peut-être quelques centaines de dollars pour mieux
«designer» le
plan, avoir un plan mieux fait. Dans le cas où on ajoute, disons,
des éléments de masse thermique, là, on se trouve à
faire un type de construction qui est un peu plus lourd, qui est un peu plus de
haute qualité. Alors, si on compare ça, disons, à une
maison ordinaire de 150 000 $, une maison d'un certain luxe, c'est à peu
près le même prix aussi. On a peut-être quelques milliers de
dollars de plus à investir dans la masse thermique, par exemple une
cheminée de pierre, des dalles en céramique, des choses comme
ça. Et, si on passe carrément à des systèmes actifs
avec des capteurs sur le toit, là, bon, ça peut être 10 000
$ de plus.
M. Leclerc: O.K. Et vous faites beaucoup référence,
donc, à l'urbanisme, à l'architecture. Quand vous faites vos
colloques, parce que vous semblez dire que c'est les moments forts de votre
groupe, est-ce que l'Ordre des architectes, les urbanistes, de façon
générale, participent à vos choses? Est-ce que vous sentez
que vous percez parmi ces gens-là?
M. Côté (Richard): Oui. Je ne sais pas si vous avez
eu le dépliant du colloque tout à l'heure. Il y a la liste de
tous les gens qui sont membres de notre comité aviseur. Il y a le
président de la Corporation professionnelle des urbanistes, il y a des
gens de l'Ordre des architectes, de l'APCHQ, des
arpenteurs-géomètres. Nous, notre stratégie, c'est d'aller
dans tous les milieux qui ont quelque chose à voir avec le solaire, puis
les réunir ensemble pour qu'ils mettent leur tête ensemble et
qu'ils trouvent des solutions. Et on a l'appui de tous ces gens-là. Par
exemple, le concours qu'on est en train d'organiser, le concours d'urbanisme,
bien, évidemment, le président du jury, ça va être
le président de la Corporation professionnelle des urbanistes parce que,
eux autres, ils étaient enchantés quand on leur a proposé
ce colloque-là, quand on leur a proposé ce concours-là.
C'est le genre d'actions qu'ils aiment parce qu'ils trouvent que c'est un
problème important. Les arpenteurs-géomètres aussi sont
très intéressés par la question parce que eux ont un
rôle à jouer dans les lotissements.
M. Leclerc: Évidemment, c'est peut-être plus
compliqué d'avoir une action directe auprès des consommateurs
qui, un à un, décident du modèle de leur maison et de
l'emplacement, mais est-ce qu'on ne devrait pas d'abord s'attarder aux
édifices publics qui sont des gros consommateurs d'énergie et sur
lesquels on a peut-être plus d'emprise quant aux normes qu'ils doivent
suivre?
M. Côté (Richard): Dans le cas d'édifices
publics neufs, ce n'est pas tout à fait la même stratégie,
dans les édifices publics parce que souvent, l'édifice public,
à cause de l'éclairage dedans et des gens qui sont
là-dedans toute la journée, il produit un excès de chaleur
et puis, dans le cas d'un édifice public, généralement, ce
qu'on cherche à faire, c'est à prendre cet excès de
chaleur là et, au lieu de le jeter par la fenêtre, c'est de
l'emmagasiner peut-être dans le sous-sol ou dans la dalle pour, pendant
la nuit, pendant que les gens ne sont pas là, pour le réutiliser
pour chauffer l'édifice pendant la nuit pendant que les gens ne sont pas
là au lieu d'allumer le chauffage.
Alors, les stratégies ne sont pas exactement les mêmes.
Mais, par contre, la stratégie de préchauffage de l'air de
ventilation pourrait très bien s'appliquer en «retrofit» sur
des édifices publics existants. Ça, ça ne serait pas bien
compliqué de «designer» des configurations qui permettraient
de bien intégrer ça, à faible coût.
Le Président (M. Forget): Alors, M. le
député... M. Leclerc: Merci.
Le Président (M. Forget): ...de Taschereau, votre temps
est écoulé. Je vous remercie.
Alors, M. le député de Joliette. (20 h 50)
M. Chevrette: Oui. Merci, M. le Président.
Je voudrais revenir sur un point. Vous dites qu'Hydro-Québec a
quand même quelques pages de faites. Il n'y a pas rien de concret et vous
venez nous dire qu'est-ce qu'il faudrait pour être concret. Il faudrait
passer à l'action immédiatement, etc. Mais ne croyez-vous pas
qu'Hydro-Québec, dans le fond, ne cherchera pas à
développer ces énergies concurrentielles? Qu'il vaudrait mieux
une commission de l'énergie indépendante qui doit juger de
l'équilibre des énergies, de l'utilisation des énergies ou
je ne sais quoi? Plusieurs ont soumis ça, la commission de
l'énergie indépendante, pour qu'on puisse s'exprimer. Qu'est-ce
que vous dites face à ça, vous autres?
M. Côté (Richard): Je suis d'accord avec
l'idée d'une commission indépendante pour analyser les
scénarios, mais je ne suis pas d'accord avec le fait qu'on soit
concurrentiel avec Hydro-Québec. C'est comme si Hydro-Québec
disait que les économies d'énergie, c'est concurrentiel avec
Hydro-Québec. Je crois qu'ils ont compris le discours de gens comme
Amory Lovins qui dit que 1 kWh qu'on économise, c'est comme si on le
produisait sans que ça ne nous coûte rien. Alors, 1 kWh qui vient
de l'énergie solaire, c'est la même chose, c'est une production de
richesse qui fait qu'Hydro-Québec, les kilowattheures qu'on n'utilise
pas pour chauffer nos maisons, elle peut les vendre à l'étranger
et faire entrer des devises avec ça.
M. Chevrette: Mais les gars de mazout qui ont passé avant
vous autres là, ils ont reçu une fin de non-recevoir avec un
crayon écrit sur leur propre lettre qu'ils avaient envoyée en
disant: «No way!», puis on est une énergie pourtant qui
pourrait faire économiser des kilowattheures qu'on pourrait vendre pour
faire de l'argent. Je comprends. Moi, je vous avoue, on est ici, nous autres,
ça fait une semaine et demie, puis c'est diamétralement
opposé les uns aux autres. Vous, vous prétendez
qu'Hydro-Québec vient de comprendre qu'économiser 1 kWh
d'énergie hydroélectrique, c'est de
l'argent qu'elle va faire, puis ils ont répondu aux gens du
mazout: «No way», on ne veut rien savoir de vous autres.
M. Côté (Richard): C'est parce que le mazout, il
faut l'acheter aussi, puis c'est des devises... Ça vient de
l'extérieur du pays, en général.
M. Chevrette: Non, non, mais le citoyen qui paie, le citoyen qui
ferait un combiné électricité-mazout pourrait faire
économiser... Ils nous ont donné des chiffres assez
éloquents. Gaz Métropolitain a fait pareil, puis Hydro ne semble
pas ouverte du tout, puis elle le serait pour l'énergie solaire?
M. Côté (Richard): II y a certaines personnes
à Hydro qui sont convaincues du raisonnement dont je vous faisais
part.
M. Chevrette: Eh bien, j'espère! Ça, je suis
d'accord.
M. Côté (Richard): Mais ce n'est pas tout le monde.
Hydro, ils sont rendus à combien? 20 020 ou...
M. Chevrette: 27 000. Bien, il va en rester 25 000.
M. Côté (Richard): Bon. O.K. Alors, il y a des gens
progressistes à Hydro comme il y en a dans n'importe quelle
société, puis il y en a d'autres qui sont plus conservateurs,
c'est normal, n'importe où. Mais je crois quand même que les
arguments sont là et, du point de vue scientifique, ils sont
plutôt irréfutables ces arguments-là même si des gens
ne sont pas d'accord.
M. Chevrette: C'est parce que celui qui a répondu, M.
Côté, au distributeur de mazout, c'est le vice-président
à l'efficacité énergétique.
M. Côté (Richard): M. Ouimet?
M. Chevrette: Je ne me rappelle pas de son nom, moi.
M Côté (Richard): M. Godbout, ah bon!
M. Chevrette: Si c'est le vice-président, c'est celui qui
est en charge de l'efficacité énergétique.
M. Côté (Richard): M. Godbout est le
président d'honneur du...
M. Chevrette: II y en a rien qu'un...
M. Côté (Richard): M. Raymond Godbout est le
président d'honneur du congrès de la Société
d'énergie solaire du Canada, conjoint avec le... qui va se tenir au mois
de juillet, ici, à Québec. Puis, il va probablement être
sur le jury de notre concours d'urbanisme.
Mme Desmarais: En plus, quand on parlait d'objectifs communs
tantôt, c'est qu'Hydro-Québec semble avoir misé sur les
économies d'énergie, puis l'énergie solaire, c'est une
façon d'atteindre ces objectifs-là pour moins cher et, encore
plus, d'ajouter à tout ce qu'elle prévoit avec les ampoules qui
consomment moins, les têtes de douche, les choses comme ça;
ça aiderait à pousser son programme plus loin. Alors, ce n'est
pas vu comme concurrentiel. En fait, c'est ce qu'on disait tantôt dans le
mémoire, ça allait dans la même direction.
M. Chevrette: Je comprends, mais on pourrait discuter longuement.
Vous parlez d'ampoules. Je pourrais bien vous dire que les ampoules, par
exemple, qui ne dégagent pas de chaleur en hiver obligent ta plinthe
électrique à en produire davantage, des effets combinés,
vous le savez. Donc, on pourrait discuter longuement de ça.
Mme Desmarais: Non, mais, je veux dire, ça fait partie de
leur programme.
M. Chevrette: Mais, moi, c'est parce que je ne comprends pas
qu'Hydro pourrait se montrer ouverte à des types d'énergie, c'est
vrai, qui ne coûtent rien... L'énergie solaire, il s'agit d'avoir
un concept, je comprends tout ça, puis j'en ai visité
quelques-unes, puis je trouve ça intéressant. Et je suis bien
content d'apprendre que vous êtes plus chanceux que d'autres types
d'énergie qui visent précisément à faire
économiser. Il y a au moins un secteur vers lequel Hydro semble ouverte.
Je pourrais finir ma phrase, M. le Président?
Le Président (M. Forget): Oui, oui, mais je voulais juste
vous mettre au courant. Oui, c'est bien, M. le député de
Joliette. Continuez.
M. Chevrette: Bien, je n'ai jamais chialé sur rien. Quand
madame a deux phrases à finir, je lui laisse finir avec beaucoup de
politesse et je vous demande la pareille. C'est correct?
Je vous disais que je suis heureux, je suis très heureux que vous
ayez une oreille attentive à Hydro-Québec, et je vous souhaite
bonne chance, mais exigez des programmes concrets et non pas des voeux
pieux.
M. Côté (Richard): L'ennui, c'est que, si c'est nous
qui exigeons ces programmes-là, on est trop petits. Justement, c'est
peut-être pour ça qu'ils ne nous ont pas dit «no way!»
à nous. Ils n'ont pas peur de nous autres, on est tellement petits
qu'ils n'ont pas peur de nous autres. Alors, on a beau leur demander et leur
demander, finalement, ils finissent pas céder légèrement,
un petit peu à la fois, mais, moi, je crois que ce serait au
ministère de l'Énergie, qui est le patron d'Hydro-Qué-bec,
de leur dire: Bien, on veut que vous alliez dans cette direction-là,
puis, s'il vous plaît, donnez un peu plus de place à
l'énergie solaire.
M. Chevrette: Une autre fois, elle va sortir son fouet.
Le Président (M. Forget): Alors, merci, M. le
député de Joliette.
J'inviterais le député de Drummond.
M. St-Roch: Merci, M. le Président.
Dans la même foulée un peu que M. le député
de Joliette, ne croyez-vous pas, dans un contexte de politique globale
d'énergie, quand je regarde au niveau passif, que ce serait beaucoup
plus facile d'essayer de convaincre tout le monde on a 1558
municipalités au Québec, avec tout ce que ça comprend
de dire: Oui, scientifiquement, c'est valable; à partir
d'aujourd'hui, tout nouveau lotissement se doit d'être orienté
pour avoir le maximum d'économie solaire? Ça, c'est quelque chose
qui pourrait arriver au niveau d'une norme, au niveau d'une loi, qui ferait
qu'à partir de la sanction de la loi ou de la norme tout le monde se
serait rendu conforme. Ne croyez-vous pas que ce serait une des
premières choses à faire en tant que, ici, membres de la
commission et aussi législateurs lorsqu'on monte en haut au salon bleu?
Que c'est ça qu'il faudrait prôner le plus rapidement possible
pour faire ces gains-là de perception au niveau des gens? J'aurai une
autre question après ça dans un autre domaine.
M. Côté (Richard): Oui. Je suis d'accord avec vous
que la voie législative est intéressante, et puis justement,
actuellement, on est à réviser la loi de l'économie
d'énergie. Ce serait peut-être quelque chose d'intéressant
de mettre ça là-dedans. Bon, pour l'instant, avec le colloque
qu'on organise, on essaie d'utiliser l'approche incitative pour commencer. Si
ça ne marche pas, après ça, il faudra peut-être
utiliser des approches plus musclées et, à ce moment-là,
passer par des législations. Mais, en France, par exemple, dans la
législation, ils ont comme des niveaux de cotation
énergétique des bâtiments et puis, pour atteindre le niveau
5 qui donne le droit aux plus grandes réductions de tarif
d'électricité de France, ils ne peuvent pas y arriver sans
utiliser le solaire. Alors, ça incite les gens, par la loi, à...
La réglementation est incitative. Elle n'est pas nécessairement
coercitive, dans ce cas-là.
M. St-Roch: Dans un autre domaine complètement à
part, c'est un élément au niveau de l'agro-ali-mentaire, au
niveau de toute la serriculture au Québec. On sait qu'un des
problèmes majeurs qu'on a c'est le chauffage l'hiver, puis avec
l'électricité. Je suis d'accord avec vous, pour avoir
regardé et fouillé ça un peu j'aurais mille et une
questions à vous poser qu'au niveau de l'ensoleillement on n'a
rien à envier ici, que ce soit avec la Hollande ou quoi que ce soit.
Alors, pourquoi la serriculture ici n'a jamais pensé à utiliser
l'énergie scolaire pour se chauffer et avoir les économies qui la
mettraient dans une position beaucoup plus rentable? C'est le manque de
technologies, le manque d'équipements? Qu'est-ce qui est en cause?
M. Côté (Richard): Je crois qu'ils ont adopté
un modèle de serres qui est comme horizontal, c'est-à-dire qui
fait face, qui rayonne vers le ciel en haut où c'est le plus froid,
parce que le rayonnement s'en va, c'est comme un trou noir en haut, tandis que
le principe du solaire passif, bon, c'est de rayonner vers le côté
sud où c'est le plus chaud. Donc, on rayonne moins. Et puis, si on
adoptait, par exemple, pour la serriculture, de faire de la serriculture sur
ces coteaux du côté sud, peut-être qu'on aurait de
meilleures performances parce que là, au lieu d'avoir un versant qui
donne au nord et l'autre versant qui donne au sud, alors on en a un qui perd de
l'énergie et l'autre qui en gagne, on aurait rien qu'un versant qui
donnerait au sud et puis ce serait rien qu'un gain à ce
moment-là.
Ça, c'est le genre de choses qui m'intéressent
personnellement et que je voudrais travailler éventuellement, parce que
je suis un peu dans la recherche et développement. J'aimerais ça
travailler ce genre de choses là, mais, là encore, essayer
d'avoir une subvention pour faire ça, c'est impossible. Les
gouvernements ne donnent plus de subventions à la recherche. Même
s'ils disent qu'ils vont en donner, ils n'en donnent pas.
M. St-Roch: Vous ouvrez une autre parenthèse au niveau de
la recherche et développement. Ne croyez-vous pas, à regarder et
aussi pour avoir lu les volumes d'Hydro, qu'il ne semble pas qu'il va y avoir
énormément d'argent qui va être mis au niveau de recherche
et développement dans cette technologie-là par
HydroQuébec? Je vous écoute aujourd'hui. On sent qu'on a une base
de spécialistes ici, au Québec, parce que Hydro nous a
parlé aussi de maillage, d'essaimage, d'aller avec des experts, de
contracter à l'extérieur du circuit pour gagner ces
expertises-là. C'est un endroit où Hydro devrait accroître,
quant à moi, ses pourcentages de budget de recherche et
développement, qu'elle en donne une partie pour qu'on
accélère ces domaines-là. (21 heures)
M. Côté (Richard): Oui. Je pense que ça
devrait être fait parce que je crois que l'approche d'Hydro-Québec
pour la R-D, c'est de la R-D de très haute technologie, par exemple
l'hydrogène, le projet Toka-mak, disons de la recherche
d'ingénieurs, si on peut dire, là, de haute technologie, et puis
peut-être qu'ils sont moins orientés, comme culture de la
boîte, à penser à des choses plus simples. Ils sont
habitués à penser à des choses compliquées puis
grandioses, disons, au lieu de penser à des petites choses simples.
Le Président (M. Forget): M. le député de
Drummond.
M. St-Roch: Juste un bref commentaire, M. le Président. En
conclusion, on pourrait peut-être passer le message aussi à tout
le regroupement des serriculteurs, leur dire aussi d'aller chercher cette
filière-là solaire, avec recherche et développement avec
Hydro-Québec, au lieu d'accepter seulement des montants d'argent.
Merci.
Le Président (M. Forget): Alors, Mme Desmarais, M.
Côté, au nom des membres de la commission, je voudrais vous
remercier.
Alors, on va suspendre la commission pour deux petites minutes pour
permettre à nos invités, l'Association régionale des
commissaires industriels du SaguenayLac-Saint-Jean, de s'installer.
(Suspension de la séance à 21 h 1)
(Reprise à 21 h 4)
Le Président (M. Forget): Je demanderais aux
invités de prendre place. La commission de l'économie et du
travail reprend ses travaux. Je rappelle le temps alloué pour la
période de présentation et la période d'échanges:
l'exposé de l'organisme, 20 minutes; la période
d'échanges, 40 minutes. Je demanderais au président de
s'identifier et d'identifier les gens qui l'accompagnent.
Association régionale des commissaires
industriels du SaguenayLac-Saint-Jean (ARCI)
M. Boivin (Marc): Alors, M. le Président, bonsoir.
Mesdames et messieurs de la commission, bonsoir également. Mon nom est
Marc Boivin. Je suis président de l'Association régionale des
commissaires industriels de la région du SaguenayLac-Saint-Jean et
directeur général de la Société de
développement de Jonquière.
Je vous présente mes collègues: ici, à ma droite,
M. Claude Godin, directeur général de la Société de
développement Domaine-du-Roy, Roberval et son territoire;
également, à ma gauche, M. Gilles Potvin, directeur
général de la promotion industrielle du secteur de
Saint-Félicien; également M. Guy Grenier, directeur
général de la Corporation de développement
économique Maria-Chapdelaine, secteur Dolbeau-Mistassini. J'aimerais
également vous présenter M. Rénald Martin, commissaire
industriel au conseil économique d'Alma, qui est tout juste ici,
derrière nous.
Donc, cette Association régionale des commissaires industriels
regroupe les corporations qui sont ici représentées ce soir, mais
aussi la Corporation de développement économique de Chicoutimi et
également la Corporation de développement économique de la
ville de La Baie. Avant de débuter, nous aimerions saluer de
manière particulière Mme Blackburn, députée de
Chicoutimi, avec qui nous avons toujours de fructueux échanges dans nos
travaux de développement à l'égard de la
région.
M. le Président, Mme la ministre, mesdames et messieurs, la
région du SaguenayLac-Saint-Jean s'est ouverte à la
colonisation et au développement il y a un peu plus de 100 ans. Elle
s'est industrialisée à partir de ses ressources
forestières et énergétiques, surtout reliées
à ses puissantes rivières drainant un territoire de 87 000
kilomètres carrés. L'essentiel de l'activité
économique régionale a été bâti autour des
pôles industriels de trans- formation du bois et de l'aluminium, qui, il
faut bien le signaler à ce moment-ci, subissent une crise structurelle
très importante, donc des pôles industriels qui visaient et qui
visent encore essentiellement l'exportation de ressources naturelles sur les
marchés internationaux.
Le développement de la région a donc été
très majoritairement décidé de l'extérieur, ce qui
lui a valu le qualificatif de région-ressource, comme plusieurs
régions du Québec, d'ailleurs. Dernièrement, en 1990, elle
se donnait même le vocable de région-laboratoire, tel que
décidé lors du dernier sommet économique qui eut lieu dans
la région, parce que, précisément, on veut y
expérimenter des façons différentes de faire les choses
afin d'éviter de reproduire les erreurs du passé,
c'est-à-dire, évidemment, d'exploiter des ressources naturelles
uniquement dans le but d'en faire le commerce extérieur.
On ne peut pas dire que les développeurs du passé ont fait
preuve d'une grande originalité. C'est peut-être un constat
historique non seulement pour la région, mais aussi pour plusieurs
autres régions du Québec. L'exploitation des ressources
naturelles pour l'exportation a été la dominante du
développement régional depuis les 50 dernières
années. Nos équipements industriels se compé-titionnent
plus qu'ils ne se complètent et les grappes industrielles sont
plutôt rares dans notre territoire, parce que, évidemment, grappe
industrielle est aussi synonyme d'intégration industrielle à
partir de l'extraction et de l'exploitation de la matière
première jusqu'à sa transformation et sa distribution sur les
marchés de consommation.
Selon les estimations, la région présente près de
500 barrages, dont 67 forment des retenues d'eau de plus de 500 hectares; 18
centrales hydroélectriques d'importance opèrent dans la
région, fournissant un potentiel de 2550 MW, en majeure partie sur la
propriété de l'entreprise privée qu'est la compagnie
Alcan, mais qui est aussi un fournisseur d'énergie électrique
à d'autres entreprises, dans le domaine des pâtes et papiers
particulièrement, dont Domtar, Dolbeau, la compagnie papetière
Domtar, de Dolbeau, par voie d'entente avec Alcan.
À l'exception des alumineries et des usines de transformation
primaire du bois pour l'exportation, peu d'autres types d'entreprises à
forte valeur ajoutée existent dans notre région. Depuis une
vingtaine d'années, la région a commencé à montrer
des signes d'essoufflement de son développement et des symptômes
inquiétants de «maldéveloppement», tels que
l'épuisement des ressources forestières avec l'éloignement
de plus en plus progressif des parterres de coupe face aux usines de
transformation, la dégradation importante de l'environnement aquatique,
l'exode des jeunes, qui est véritablement un drame social, une
augmentation du chômage et de la pauvreté ainsi qu'une
surmortalité et une détérioration de la santé
publique. Même la ouananiche, dont on voulait faire un pôle de
développement touristique important, a connu, dans les dernières
années, une diminution drastique d'abondance. La population
régionale a désespérément besoin de projets de
développement qui
lui permettent de donner un nouvel essor à son économie et
d'assurer ainsi une qualité de vie à sa population actuelle et
future. (21 h 10)
En 1979-1980, Hydro-Québec proposait de construire sur
l'Ashapmushuan un complexe hydroélectrique permettant de harnacher la
puissance de cette rivière, le troisième affluent en importance
du lac Saint-Jean. En 1993, ce projet est toujours d'actualité,
malgré des péripéties qui ont retardé de
façon importante la réalisation. Les principales
réticences à ce projet proviennent de la population et de
certains groupes de pression qui considèrent que le harnachement de
cette rivière, tel que prévu par Hydro, ne correspond pas
nécessairement à un mode de développement viable pour
notre région. Une région victime du
«maldéveloppement», qui voit actuellement sa population la
déserter, ses écosystèmes se dégrader et son
économie se détruire peut-elle accepter qu'on lui propose, au nom
du développement durable, des projets qui ne font que
répéter l'histoire? Sommes-nous condamnés à
répéter l'histoire?
Certains éléments nouveaux doivent être
considérés pour qualifier des projets de développement
durable. Ce n'est pas seulement un concept de salon. Parmi les questions
auxquelles Hydro-Québec n'a pas su répondre dans les
consultations d'avant-projet du harnachement possible de l'Ashapmushuan, les
questions liées à l'influence de la construction de barrages pour
le développement à long terme de la région ont
été escamotées ou ont reçu des réponses
insatisfaisantes. Pendant l'ensemble de cette consultation, Hydro-Québec
s'est comportée envers les propositions régionales de
façon défensive, hésitant à entrer dans un dialogue
réel, soi-disant pour ne pas créer de précédent
avec une région. Évidemment, la politique des
précédents est toujours très difficile à
gérer dans un contexte de changement accéléré tel
qu'on peut le vivre dans une région comme la nôtre.
Cette ouverture est cependant nécessaire à toute
démarche ultérieure si on veut qualifier ce projet de
développement durable, et je tiens à le souligner dès
maintenant, dans un esprit constructif et positif et non pas dans un esprit
revendicatif ou de négociation, c'est davantage une approche de
partenariat dans le but de réaliser des objectifs communs, à
savoir le mieux-être de la population. En effet, le développement
durable doit contribuer à assurer la qualité de vie de la
génération actuelle, tout en ne remettant pas en question la
capacité des générations futures de satisfaire à la
leur.
Or, le passé nous démontre que la construction de
barrages, même si elle a un effet économique pendant la
période de la construction proprement dite et aussi un effet
économique positif sur l'ensemble de la collectivité
québécoise, il faut bien le souligner ne présente
à peu près aucune retombée économique pendant les
années de son exploitation, les années subséquentes, pour
la région immédiate, évidemment, qui est touchée
par l'opération de ces installations-là. Or, la dernière
chose dont les générations à venir ont besoin dans la
région, c'est certainement d'un barrage de plus simplement pour avoir un
barrage de plus dans le but d'augmenter la capacité
énergétique. Évidemment, je pense qu'il n'y a pas une
région qui n'est pas prête à faire son effort pour
participer à l'effort collectif d'autonomie énergétique de
la province, mais, en contrepartie, il faut s'assurer que ces
installations-là, ces investissements-là ont un impact durable
pour la région, non pas dans le but de siphonner des fonds de
l'État ou d'essayer de négocier des rentes de façon
permanente, mais...
Éliminons la dimension des rentes et parlons davantage de
partenariat dans le but de créer de la valeur dans les régions
qui sont en train de mourir à petit feu au moment où on se parle,
comme peut-être aussi certaines grandes agglomérations centrales.
On pourrait donc, à ce moment-là, aller un peu plus loin dans une
démarche, dans une véritable politique de développement
énergétique qui puisse être arrimée également
à une politique de développement économique, tel que
l'entend, d'ailleurs, le ministre Picotte dans sa réforme des conseils
régionaux et tel que l'entend, d'ailleurs, le ministre Gérald
Tremblay dans sa réforme reliée aux grappes industrielles. Nous
autres, on voit des interrelations là-dedans, parce qu'on est convaincus
qu'il y a des leviers économiques qui peuvent être utilisés
dans le but d'accélérer l'implantation de ces
réformes-là.
Nous voulons profiter de la commission parlementaire sur
l'économie et le travail pour explorer des pistes. Évidemment,
c'est à se parler et à échanger qu'on sera en mesure
d'identifier des leviers qui pourront nous servir à réaliser des
stratégies communes à l'égard du développement
économique du Québec et de ses régions. Et c'est donc
à travers certains des objectifs de son plan de développement
qu'il faut, donc, contribuer d'une manière significative au
développement régional, tout en continuant de réaliser le
mandat principal de l'entreprise de service qui fournit aux
Québécois de l'électricité qui leur est
nécessaire pour maintenir leur qualité de vie, mais aussi pour
permettre à la collectivité de maintenir un niveau de vie
intéressant, une qualité de vie intéressante et aussi un
pouvoir économique intéressant face à son
développement.
Alors, nous suggérons de développer les entreprises
régionales susceptibles de porter à long terme la
responsabilité du développement régional, et ces
entreprises-là pourraient devenir d'excellents clients
d'Hydro-Québec dans le but d'utiliser de l'énergie additionnelle
dans un contexte où elles pourront se développer et dans un
contexte où elles pourront conquérir de nouveaux marchés,
et donc créer de nouveaux emplois, mais aussi utiliser de
l'énergie nécessaire à leur compétitivité,
de l'énergie à bon compte. Parce que c'est clair que la PME aussi
a besoin d'un support de l'État et d'Hydro-Québec dans le but
d'avoir des tarifs concurrentiels qui lui permettent de compétitionner
sur les marchés dans un contexte de libre-échange. Et c'est donc
par une attribution judicieuse des fonds qu'Hydro-Québec pourrait
consentir à une démarche positive de développement de nos
entreprises régionales, que nous pourrions envisager le
développement même du potentiel d'Hydro-Québec dans les
régions périphériques, dans les régions
dites éloignées.
Évidemment, pour nous comme pour tout résident qui se
respecte, dans la province ou ailleurs, la région
éloignée, c'est toujours celle qui est à côté
de nous, de nous-mêmes. C'est un concept qui est bien abstrait, d'une
certaine façon, quand on a l'amour de notre région ou l'amour de
notre territoire ou de nos populations respectives. Or, c'est une dimension qui
nous préoccupe au plus haut point, et le plan de développement
actuellement préparé par Hydro-Québec présente
certaines orientations qui nous permettent de croire que la
société d'État peut jouer un rôle nouveau dans le
développement régional. Comme principal instrument qui, depuis 50
ans, a été le levier économique principal du Québec
dans le développement de la province, nous, on pense
qu'Hydro-Québec doit définitivement déborder uniquement
son rôle de producteur, et également davantage jouer un rôle
social, en collaboration avec les ministères économiques qui se
sont aussi donné des stratégies de développement et de
partenariat avec les régions et les collectivités locales.
Par ses projets de production, ses orientations de recherche et de
développement aussi bien que ses objectifs d'économie
d'énergie, Hydro-Québec peut devenir un agent réel de
développement durable pour la région mais aussi pour toutes les
autres régions du Québec, aussi bien productrices que
consommatrices d'électricité. Avec un peu d'imagination et de
bonne volonté mais aussi beaucoup de détermination, il faudra
bien le dire, il est possible pour Hydro-Québec, comme aussi pour les
collectivités locales de notre région et d'ailleurs, de partir
sur de nouvelles bases et de devenir de réels partenaires du
développement.
Nous constatons, par exemple, que l'orientation 20 de la
stratégie de développement d'Hydro propose d'élargir le
programme de mise en valeur de l'environnement à des initiatives
favorisant le développement régional dans le cas des centrales.
Cette orientation nous paraît mal ciblée pour favoriser le
développement viable d'une région. Ce n'est pas à
l'intérieur de la maigre enveloppe du programme de mise en valeur de
l'environnement qu'on peut trouver une marge de manoeuvre pour le
développement régional.
Ce qu'on pense, c'est qu'il faut absolument séparer les postes
budgétaires. Quand on parle d'environnement, on ne parle pas de
développement économique et, quand on parle de
développement économique, on ne parle pas nécessairement
d'environnement. Ce sont deux dynamiques qui sont totalement différentes
mais qui peuvent être interreliées dans un concept de
développement durable. Cette approche serait, de toute façon,
vouée à l'échec. En effet, le mode de répartition
de ces fonds ne favorise pas réellement des projets porteurs d'avenir
pour la région; il sert plutôt à réparer les
dégâts plus que les erreurs. Parce que, évidemment, quand
on construit, on essaie de gérer le chantier lui-même et puis tous
les impacts environnementaux que ça peut représenter autour. (21
h 20)
De plus, les fonds disponibles pour les questions environnementales dans
notre société sont si rares qu'il ne conviendrait point d'y
puiser quelques ressources pour le développement régional. De
même, le développement touristique, une avenue intéressante
dans une approche intégrée de développement durable, ne
saurait être le plus important pôle de développement viable
d'une région comme la nôtre. Ça ne veut pas dire que ce
n'est pas intéressant et important; ça veut seulement dire que ce
n'est pas nécessairement la priorité des priorités en
termes de développement économique. Malgré nos avantages
touristiques axés sur le paysage, l'histoire, la culture et la faune,
ces ressources ne peuvent entretenir à elles seules la qualité de
vie à laquelle nos citoyens aspirent.
En plus du reste de ses exportations, la région exporte
actuellement ce qu'elle a de plus précieux: ses jeunes,
éduqués et formés, tous prêts à enrichir les
métropoles mais aussi les autres provinces, et souvent les autres pays,
parce que, de plus en plus, on constate un exode des jeunes également
à partir des métropoles québécoises. On nous dit
qu'il faudrait peut-être qu'elle exporte plus d'énergie, mais, si
elle veut traverser le XXIe siècle, elle ne pourra pas faire les deux.
Les projets de développement qui résultent de retombées
éventuelles des projets d'Hydro-Québec doivent donc offrir
à nos jeunes la capacité de réaliser chez eux leur
potentiel humain. Cette politique devrait être d'autant plus incitative
qu'elle s'applique sur un territoire plus proche physiquement des impacts d'un
projet donné.
Parmi les choix de développement énergétique, les
diverses alternatives qui s'offrent à Hydro n'ont pas toutes le
même coût par kilowattheure. Elles n'ont pas non plus la même
fiabilité pour répondre aux besoins en période de pointe.
À l'inverse des centrales à gaz qui représentent une
solution dispendieuse pour satisfaire la demande de pointe, le harnachement de
certaines rivières situées à proximité de centres
urbains permet de planifier des coûts de construction beaucoup moindres
pour la même puissance. Par exemple, on n'a pas à construire de
réseau routier particulier pour acheminer les appareillages et les
matériaux en place; on peut loger une partie des travailleurs dans des
unités de logement soumises aux forces du marché; on peut
éviter certains frais de dédommagement des populations
autochtones résidentes. Ces centrales peuvent répondre de
façon fiable aux demandes de pointe, contrairement à des parcs
d'éoliennes, et elles correspondent à la priorité 22 du
plan de développement d'Hydro-Québec.
Malheureusement, les rivières proches des centres de population
deviennent, après leur harnachement, moins intéressantes pour
certains aspects récréatifs. Le harnachement risque aussi de leur
faire perdre une partie de leur valeur écologique et patrimoniale
particulière, parce que c'est évidemment là que les gens
vivent, à côté de l'installation. Ces pertes
représentent des coûts sociaux et environnementaux qu'il est
difficile de comptabiliser mais qui se comparent aisément à la
différence de prix avec les moyens plus dispendieux de production de
l'énergie, notamment dans les territoires nordiques. Pis encore, ces
coûts seront assumés en termes de man-
que à gagner par les générations à
venir.
Et, en termes de conclusion, M. le Président, l'ARCI demande
à Hydro-Québec de travailler de concert avec les autorités
politiques régionales que sont les municipalités dûment
élues par leur population respective dans la définition des
moyens à être mis en place afin d'atteindre les objectifs de
développement du milieu. Hydro-Québec devrait s'assurer que la
région définisse elle-même la structure réceptrice
du fonds, que la sous-région immédiate reçoive une
compensation à la mesure des inconvénients et que l'ensemble de
la région puisse, par les interventions du fonds, recevoir un appui
important à l'intérieur d'une stratégie régionale
de développement qui a déjà été
élaborée par l'ensemble des maires de la région du
SaguenayLac-Saint-Jean à travers le Forum d'action
économique régional qui est un des partenaires
privilégiés du Conseil régional de développement
qui est en voie de structuration ou de restructuration, dépendamment
comment on le voit.
Finalement, Hydro-Québec, toujours en collaboration avec la
région, devrait s'assurer de la pérennité du fonds en
relation avec l'idée de supporter le développement de nos PME
régionales, justement dans le but de réaliser le
développement durable. Merci.
Le Président (M. Forget): Merci. Alors, j'invite la
ministre de l'Énergie et des Ressources à échanger pour 10
minutes.
Mme Bacon: Alors, je vous remercie de mettre un peu plus de
lumière sur des activités d'Hydro-Québec en région
et d'apporter votre contribution à cette commission parlementaire.
En me référant à votre mémoire, pour
créer un fonds de développement régional et pour aller
au-delà de l'orientation d'Hydro-Québec, qui vise à
oeuvrer en harmonie avec les populations qui sont touchées, vous
suggérez d'imposer à la population, pour toutes les nouvelles
centrales, un prix qui serait basé sur le coût moyen des centrales
développées en régions nordiques. Les coûts
liés à ces centrales sont et, ça, selon votre
mémoire plus élevés que ceux établis en
régions accessibles. Vous ne croyez pas qu'une mesure semblable
provoquerait une hausse de tarif?
M. Boivin: C'est possible. Ça dépend quels seraient
les nouveaux volumes d'énergie produits face aux projets qu'on voudrait
implanter et réaliser dans l'ensemble, si on veut, des installations qui
seraient proches des agglomérations urbaines ou rurales. Donc, il y a
certainement une relation directe entre le nombre de projets, et le nombre de
kilowatts qu'on veut produire de plus, et le coût moyen de production
qu'on peut anticiper sur l'ensemble du réseau d'Hydro-Québec dans
un contexte de tarification globale.
Évidemment, je pourrais répondre oui, je pourrais
répondre non. On n'a certainement pas les données pour être
en mesure d'y répondre de façon précise, mais il y a une
chose qui est sûre, c'est que, dans le contexte où on a des
économies à la réalisation du projet en lui- même...
Et c'est sûr que le but premier d'Hydro-Québec de construire ce
genre de projet là proche des régions accessibles, c'est
justement de réduire les coûts.
Alors, ce que vous posez comme question, si j'ai bien compris: Si on
prend le différentiel de réduction de coûts puis qu'on le
verse dans un fonds de développement, est-ce que, dans le fond, on
n'annihile pas exactement l'effort qu'on veut faire, justement, pour essayer de
mettre en valeur des ressources qui seraient plus accessibles? Bien, je me dis
que, dans la mesure où ces fonds, je dirais, débloqués ou
consentis au développement régional créeraient de la
valeur... Il ne s'agit pas, pour nous, d'un fonds qui serait constitué
dans le but de verser une redevance ou une rente à des populations, mais
d'un fonds de développement qui aurait comme objectif fondamental de
créer de la valeur, donc de créer des entreprises, créer
des emplois, générer des impôts et aussi de consommer de
l'énergie hydroélectrique; ces entreprises deviendraient
elles-mêmes des clients additionnels dans le paysage des PME
québécoises.
Or, comment on peut faire la relation entre un impact économique
de création de valeurs que procurerait la marge de manoeuvre du fonds en
lui-même et l'impact sur les tarifs hydroélectriques? Il y aurait
certainement une analyse détaillée à faire
là-dessus, mais ce serait certainement un maillage extrêmement
intéressant entre Hydro-Québec et les politiques gouvernementales
de développement régional, qui visent effectivement à
essayer de mettre sur pied du maillage, du partenariat dans chacune des
régions.
M. Godin (Claude): Je pourrais peut-être compléter
la réponse.
Mme Bacon: Oui, allez, je vous en prie.
M. Godin (Claude): Mme la ministre, effectivement, pour
être plus direct en réponse à votre question, ça
occasionnerait, pour l'ensemble des consommateurs du Québec, une
augmentation du prix moyen, parce que tout bénéfice consenti au
profit d'une région productrice va devoir être
nécessairement absorbé par l'ensemble des consommateurs. Mais,
dans la région du SaguenayLac-Saint-Jean, on a dit qu'il
s'était fait des développements dans le passé. On a dit
que ces développements se sont faits de façon anarchique, ne se
sont pas faits au profit des populations régionales concernées.
On se rend compte qu'à l'heure actuelle, sur l'ensemble de la
région, tout le monde serait d'accord je dis tout le monde, tous
ceux qui sont intéressés par la question économique
de dire oui à des projets de développement
énergétique en autant qu'Hydro-Québec considère la
région comme un partenaire.
On est prêts à s'associer dans une négociation avec
Hydro-Québec, où on serait perçus comme tel, parce qu'il
faut bien reconnaître qu'entre les 0,05 $ de prix de vente moyen au
Québec, ou 0,055 $, ou 0,06 $, le prix de vente moyen
d'électricité au Québec, lorsqu'on le compare avec les
0,14$, par exemple, aux
États-Unis, le prix moyen, bien, il y a un prix minimum
acceptable qu'on se doit de payer pour l'énergie au Québec. Donc,
nous, on dit: Si ça coûte 0,07 $ pour produire de l'énergie
au Moyen-Nord, puis que ça coûte moins cher pour en produire plus
près, la différence de coût entre les deux, c'est la marge
de manoeuvre que possède Hydro-Québec pour négocier avec
la région réceptrice.
Donc, ce n'est pas juste les 2 % du programme de mise en valeur; c'est
effectivement le différentiel de coûts, de prix de revient de
l'énergie qui constitue la marge de manoeuvre dans sa négociation
avec les régionaux. Puis on sait pertinemment... Puis je pense que les
maires, entre autres, des deux MRC qui sont directement concernées,
à savoir la MRC Le Domaine-du-Roy et celle de Maria-Chapdeleine, qui
revendiquent des avantages récurrents... Notre mémoire dit: Bien,
écoutez, il y a un différentiel de coûts qui peut
être de l'ordre de 0,005 $ à 0,01 $ du kilowattheure produit.
C'est la marge de manoeuvre dont dispose Hydro-Québec pour rendre
acceptable le projet d'investissement de la population régionale.
Mme Bacon: Est-ce que, ce faisant, vous ne demandez pas davantage
pour votre région que si c'était construit au Nord?
M. Godin (Claude): Non, parce que...
Mme Bacon: vous voulez la différence et vous voulez en
plus les 2 %, si je vous ai compris. (21 h 30)
M. Godin (Claude): Mme la ministre, le programme de mise en
valeur environnementale, il s'applique partout. O.K. Donc, c'est une politique
générale.
Mme Bacon: Oui, mais vous voulez la différence, en plus,
des coûts.
M. Godin (Claude): C'est une politique générale.
Nous, on suggère à Hydro-Québec d'établir un prix
de revient moyen, acceptable pour l'ensemble de la population du Québec,
qui pourrait être celui du prix des développements au Moyen-Nord.
Donc, s'il y a effectivement des économies à produire plus
près, que ce soit au SaguenayLac-Saint-Jean, sur la
Côte-Nord ou ailleurs, le différentiel de coûts, qu'il soit
versé en partie ou en totalité écoutez, ce serait
en totalité et on serait bien heureux au bénéfice
du développement régional, et ceci, ce serait au profit de tout
le monde. Nos régions se meurent. On a besoin d'investissements. Vous le
savez, le gouvernement, à l'heure actuelle, reçoit des demandes
de tous les conseils régionaux pour des enveloppes de
développement plus grandes. HydroQuébec pourrait être
l'instrument qui permettrait aux régions de se développer.
M. Boivin: Tout en faisant en sorte que les régions
deviennent de véritables partenaires d'HydroQuébec dans les
projets, dans un contexte où, mutuelle- ment, on est d'accord sur
l'objectif qu'on veut créer de la valeur, Hydro-Québec, son
objectif fondamental en fabriquant de l'électricité, c'est qu'il
crée une utilité, une valeur pour les citoyens et les
consommateurs. Alors, on a à peu près les mêmes objectifs
parce que, d'une certaine façon, quand bien même on produirait de
l'électricité, si, demain matin, les régions n'ont plus la
possibilité d'en acheter parce qu'elles n'ont pas économiquement
la force de consommer et les capacités économiques de consommer,
bien, le marché interne va se dégrader progressivement. Et c'est
exactement ce qui est en train de se produire dans plusieurs régions du
Québec, dont la nôtre.
Donc, ce qui est proposé, concrètement, c'est de dire:
Voici; il y a des marges de manoeuvre qui peuvent être
dégagées dans un contexte de partenariat. Il ne s'agit pas de
prendre les sommes et de les donner en assistance sociale mais de prendre les
sommes pour créer de la valeur additionnelle qui va être
régénérée dans l'économie
québécoise à travers la fiscalité et à
travers, aussi, la consommation additionnelle d'énergie
hydroélectrique.
Mme Bacon: En fait, ce que vous me dites, c'est que vous voudriez
qu'à partir de maintenant les centrales qui sont construites le soient
au coût évité de Grande-Baleine, par exemple.
M. Godin (Claude): Oui.
Mme Bacon: C'est ça?
M. Godin (Claude): Oui, les coûts comparés.
Mme Bacon: Oui. Au niveau du développement de projets,
vous souhaitez qu'Hydro-Québec s'assure de la participation des
entreprises locales de façon à permettre le développement
ou le transfert d'expertise en région. Quels seraient les
mécanismes qu'Hydro-Québec devrait développer pour
s'assurer de cette participation-là?
M. Boivin: Je pense qu'au niveau régional il y a
déjà des initiatives fort louables qui sont, je dirais, en
évolution assez accélérée à ce moment-ci
dans le contexte de la restructuration du CRCD, mais il y a aussi les maires de
la région du SaguenayLac-Saint-Jean qui ont pris une
décision très importante, dès le printemps 1992, de mettre
sur pied un forum régional d'action économique. Et ce
forum-là, d'ailleurs, s'inscrit dans le contexte du travail du CRCD qui,
lui-même, s'est donné le mandat de déterminer,
d'élaborer une stratégie de développement
économique au cours des deux prochaines années. Alors, c'est
sûr que, nous, on n'a pas vraiment le temps d'attendre les deux
prochaines années. C'est pour ça que les commissaires industriels
de la région, en collaboration avec leur corporation de
développement économique et leur maire respectif, ont mis au
point une stratégie économique basée sur le vécu et
basée sur, je dirais, les choses pratiques de la vie, à
savoir de réaliser des projets, pas pour dans 10 ans mais
immédiatement.
Et c'est dans ce contexte-là qu'on a déposé une
stratégie qui a été acceptée par l'ensemble des
maires, et une stratégie qui a également été
déposée au CRCD. Et tout ce brassage d'idées là va,
je dirais, se structurer, se rationaliser dans le contexte des travaux de la
stratégie de développement économique que le CRCD va
enclencher au cours des prochaines semaines.
Alors, nous, ce qu'on dit, c'est qu'il existe aujourd'hui des
mécanismes de concertation régionaux à l'intérieur
desquels Hydro-Québec peut évoluer dans un contexte où on
sait très clairement sur quoi on travaille avant de commencer. Il ne
s'agit pas d'essayer de négocier ça de façon globale ou de
discuter de ces questions-là de façon globale, mais de partir sur
un principe fondamental, à savoir qu'il est possible de faire un
partenariat régional uniquement, à notre sens, comme commissaire
industriel, dans le contexte où on veut et on peut créer de la
valeur économique. Parce qu'il est hors de question pour nous de parler
de rentes, de parler d'une dimension d'assistance sociale dans un contexte
où tout le monde veut s'en sortir et mettre l'épaule à la
roue pour créer de la valeur pour l'ensemble de la collectivité.
Et on pense qu'Hydro-Québec, c'est certainement un des leviers
privilégiés qui peut être utilisé et qu'on doit
utiliser dans un contexte où on doit absolument prendre les virages
technologiques, les virages sur les marchés extérieurs, etc.
Le Président (M. Forget): Alors, merci, Mme la
ministre.
Alors, j'inviterais le député de Joliette.
M. Chevrette: Oui, je trouve votre mémoire bien fait
puisque vous vous situez, au niveau argumentaire, dans les deux groupes qu'on a
entendus. Tout d'abord, vous vendez les mérites de ce que vous avez
aussi bien que ceux qui sont contre le projet, et vous exigez plus ou, en tout
cas, vous allez jusqu'aux modalités des prérequis que demandaient
les maires. À mon point de vue, le mémoire comme tel est plus
précis. Et je trouve que, au niveau des prérequis, vous y allez
plus carrément. Parce qu'il y a certains maires qui sont venus, on a eu
bien de la misère à leur faire dire qu'il y avait des
prérequis. Je me rappelle, moi, surtout celui qui était
porte-parole je ne me souviens pas de son nom c'était plus
carré au niveau de...
Des voix: Gendron.
M. Chevrette: Gendron. Mais l'autre, Hydro était bien
smatte, puis partenaire, puis il ne disait pas... J'ai eu bien de la
misère à lui faire échapper qu'il y avait des
prérequis, mais je suis venu à bout de le lui faire dire.
D'ailleurs, aidé du commissaire industriel que vous avez à votre
gauche, monsieur le porte-parole, il a senti le besoin de dire qu'il y avait
des prérequis véritables. Et, sans ces prérequis, j'ai
réussi à leur faire dire aussi qu'il n'était pas question
d'avoir un projet, parce qu'on perdait, déjà, au moins le
potentiel qu'on avait présentement.
Vous êtes plus carré aussi au niveau du fond
environnemental, de mise en valeur environnementale. Je ne suis pas loin de
partager entièrement votre point de vue sur ce point-là. Mais,
fondamentalement, ce que vous demandez, c'est un nouveau type de relation plus
global qu'Hydro-Québec. Et ce n'est pas pour rien. Je pense que vous
dites... Picotte fait partie de ça, dans sa réforme. Moi, je
pense... C'est de même que je l'ai compris, votre mémoire.
M. Boivin: M. Tremblay aussi.
M. Chevrette: En d'autres mots, ce que vous voulez dire, c'est:
Écoutez, les gens puis je voudrais voir si j'ai bien compris
on est mal pris. On subit toutes sortes de problèmes: l'exode des
jeunes, une région qui se délabre, à toutes fins
pratiques. On a un certain potentiel; on n'a même pas d'argent pour
exploiter le potentiel actuel. Et, si vous nous enlevez notre potentiel sans
nous donner des budgets récurrents, un fonds, un fonds d'indemnisation,
là... pas d'indemnisation, mais c'est un fonds de
développement...
M. Boivin: De création de valeur.
M. Chevrette: Exact. J'ai trouvé ça bien comme
expression, d'ailleurs. Ça ressemblait aux vrais commissaires
industriels, ça. Mais, fondamentalement, ce que vous demandez, c'est un
nouveau contrat, un nouveau contrat de relations entre gouvernement et
sociétés d'État avec les régions. Est-ce que c'est
un prérequis?
M. Boivin: Je dirais que oui, d'une certaine façon, parce
que la stratégie de développement économique et industriel
du Québec repose essentiellement sur Hydro-Québec. Ça,
c'est un constat historique. On ne fera pas... On ne remontera pas les cours
d'histoire pour démontrer ça. Je pense qu'on s'entend pas mal
tous là-dessus. Si on ne continue pas, puis on ne fait pas une formule
de mariage ou de partenariat entre le principal levier de développement,
d'intervention de l'État dans l'économie qu'a
représenté historiquement HydroQuébec, on aura beau faire
de grands discours... Mais il y a une chose, au moins, qui nous appartient.
HydroQuébec, ça, ça n'appartient pas aux autres; ça
appartient à la population, ça appartient aux citoyens. Et donc,
à mon sens, Hydro-Québec doit être une entreprise
profitable d'un point de vue financier, et ça doit se traduire dans les
tarifs aux citoyens, bien sûr, mais la «profitabilité»
doit aussi se traduire dans la création de valeur au niveau des PME
manufacturières industrielles.
M. Chevrette: Hydro-Québec, demain matin,
déciderait de vous donner 2,5 % de la valeur du projet dans un fonds de
développement régional, puis il dirait: C'est notre dernier mot.
Quelle serait la...
M. Boivin: C'est dans le...
M. Chevrette: II dirait: C'est notre dernier mot...
M. Boivin: Oui.
M. Chevrette: ...2,5 % dans un fonds de développement
régional de la valeur du projet et 1 % dans le fonds de mise en valeur
environnementale. Il dirait: C'est notre dernier mot. Quelle serait la position
des commissaires industriels?
M. Boivin: On dirait oui et non.
M. Chevrette: Ah! mais ça, ni oui, ni non, bien au
contraire, ça n'existe pas, ça.
M. Boivin: Mais, en politique, des fois, ça existe.
Mais...
M. Chevrette: Oui, mais c'est des «tataouineux» avec
qui je n'aime pas frayer. (21 h 40)
M. Boivin: Mais il y a une chose qui est sûre, c'est que,
dans notre esprit, il ne s'agit pas de créer un fonds pour créer
un fonds. Il ne s'agit pas de créer un fonds pour créer un fonds.
Si, comme régionaux, on n'est pas assez matures, on n'est pas assez
dynamiques pour proposer à un fonds de développement,
récurrent ou non récurrent, des projets qui sont
économiquement défendables et qui créent une valeur
réelle en termes de création d'emplois, bien, évidemment,
notre objectif, ce n'est pas de créer un fonds qu'on devrait
dépenser à tout prix ou investir à tout prix parce qu'on a
obtenu un fonds.
M. Chevrette: Mon cher monsieur, vous êtes très
habile, mais je vais reposer ma question. On vous offre demain matin,
proposition ferme et finale, un fonds de 2,5 % sur le champ, sans
récurrence d'aucune manière. Ne patinez pas, donnez-moi une
réponse.
M. Boivin: On n'est pas en négociations. On dirait
certainement oui, dans un premier temps.
M. Chevrette: Donc, vous seriez pour le projet.
M. Boivin: Pardon?
M. Chevrette: Vous seriez pour le projet.
M. Boivin: Bien sûr.
M. Chevrette: Mais, à ce moment-là...
M. Boivin: Mais il y a une chose, c'est qu'on serait en accord
avec la proposition qui nous serait faite parce que, un, c'est mieux que rien,
parce qu'on est des commissaires industriels, n'oubliez jamais ça.
M. Chevrette: Donc, la récurrence, ce n'est qu'un objet de
négociation.
M. Boivin: Ce n'est pas une question de négociation, c'est
une question de partenariat. Est-ce qu'on croit que les instruments de
l'État, qui appartiennent aux citoyens, peuvent servir de levier de
développement économique pour les régions du
Québec? Si on croit à ça, bien, on s'arrange pour,
justement, faire des investissements puis faire des maillages et faire des
partenariats avec les régionaux. Ça veut dire que l'objectif
ultime, en autant que la chose est possible, en autant que la
faisabilité est démontrée, en autant que les citoyens, les
entrepreneurs, les politiciens de nos régions respectives font leur
devoir, en autant que tout le monde fait son devoir, c'est d'avoir toujours de
l'argent pour en faire, du développement.
M. Chevrette: Oui, mais écoutez bien. Moi, je regarde
votre...
M. Godin (Claude): M. Chevrette, j'aimerais apporter un
complément.
M. Chevrette: En autant que vous ne prenez pas tout mon temps,
parce que je veux finir là-dessus.
M. Godin (Claude): m. chevrette, vous dites 2,5 %.
premièrement, c'est des chiffres lancés en l'air.
M. Chevrette: Je donne un exemple théorique.
M. Godin (Claude): Ça fait 25 000 000 $. Je vous dis non,
parce que la compensation qui est amenée n'atteint pas les objectifs
souhaités. parce que, lorsqu'on parle d'un différentiel de
coûts de l'ordre de, peut-être 0,055 $ à 0,02 $
écoutez, là, on n'est pas ici pour discuter de chiffres
c'est une contribution annuelle au développement régional, de la
part d'hydro-québec, qui pourrait se situer entre 5 000 000 $ et 25 000
000 $ annuellement. donc, les 2,5 %, il faudrait qu'ils soient beaucoup plus
larges pour qu'on les accepte de façon unanime sur le plan
régional. donc, ça, c'est juste des extrapolations de
chiffres.
M. Chevrette: Non, mais, si je disais ça, c'est parce que,
dans votre...
M. Godin (Claude): Mais, si Hydro-Québec nous verse, M.
Chevrette, 200 000 000 $ en partant et que l'objectif de contribution au
développement régional soit de 10 % ou de 15 % en ayant une
autogénération de fonds, là, on vous dira oui, parce que
le même objectif sera atteint.
M. Chevrette: C'est bien sûr. C'est ça.
M. Godin (Claude): Mais c'est vos 2,5 % qui sont la cible pas
assez élevée.
M. Chevrette: Non, non, mais ce n'est pas pour
rien que je l'ai fixé là, c'est parce que je connais un
peu Hydro-Québec et je sais très bien, à peu près,
ce qu'ils peuvent offrir aux autochtones et ce qu'ils offrent à peu
près où ils passent, et je n'ai pas l'impression qu'ils vont
s'enligner sur le précédent que vous demandez. Parce que, moi, je
prétends que, ce que vous demandez, c'est beaucoup plus une politique
globale du développement régional en soi où vous mettez
à contribution Hydro-Québec. C'est de même que je le
comprends.
M. Boivin: C'est exactement ça. En d'autres termes, on ne
veut pas de compensation.
M. Chevrette: J'ai bien compris.
M. Boivin: On ne veut pas de compensation pour acheter la paix,
pour s'assurer de la paix. Ce n'est pas ça. On propose...
M. Chevrette: Mais le tarif différencié dont vous
parlez dans votre formule... C'est une formule fort intéressante, dans
le fond, parce que vous maintenez un taux moyen au Québec, quel que soit
le projet, de sorte que la différence aide précisément
à, non seulement... Je ne dirais pas à amenuiser, parce que
ça devient le mot «indemnité» il faut que je
me surveille, quand même, dans mon vocabulaire mais il permet
d'avoir une politique de développement régional un peu
compensatoire, par exemple, parce que ça peut grossir le programme
régulier de développement régional qui serait
établi au Québec. Si tu as une politique de développement
régional où le gouvernement met 1 000 000 $ ou 2 000 000 $ par
année dans un fonds de développement régional,
Hydro-Québec, par le fait qu'elle utilise si j'ai bien compris,
toujours vos infrastructures naturelles, devient un ajout pour compenser
je dis bien pour compenser, entre guillemets pour pallier la
possibilité de développement que vous auriez à partir de
vos voies naturelles. Est-ce que je comprends bien?
M. Godin (Claude): Oui.
M. Boivin: C'est exactement ça, mais je n'aime pas le mot
«pallier».
M. Chevrette: Non, je sais, mais c'est parce que, là, mes
synonymes, à cette heure-là, sont moins rapides.
M. Boivin: Parce que ce n'est pas notre état d'esprit.
Notre état d'esprit, c'est qu'on pense qu'Hy-dro-Québec peut
jouer un rôle fondamental pour créer de la valeur, créer du
développement économique dans la province, avec un effet indirect
sur la fiscalité et sur la création d'emplois, qui va faire en
sorte que les sommes investies à travers Hydro-Québec via les
projets régionaux vont être récupérées par
d'autres canaux, parce que l'économie, évidemment, c'est tout des
vases communicants. C'est sûr que, développer un modèle
pour démontrer ça, ce n'est pas évident, là;
ça peut donner de l'ouvrage à au moins cinq personnes pendant
trois ans. Mais, nous, on n'a pas le goût d'attendre trois ans avant
d'avoir le modèle.
Je pense qu'il y a des orientations politiques et économiques qui
doivent être données. Et, nous, ce qu'on pense, c'est
qu'aujourd'hui on est dans une situation dramatique dans la région: on a
des pertes d'emplois, on a des taux de chômage absolument
désastreux, qu'on n'a même pas espoir d'être capable de
ramener à un niveau acceptable au cours des prochains mois et des
prochaines années. Alors, c'est sûr qu'on a besoin du
gouvernement, on a besoin d'Hydro-Québec qui est le principal levier
économique historique de la province, sur lequel on peut compter, sur
lequel on doit compter pour, justement, faire ces virages-là.
Mais, encore là, il ne s'agit pas de dire à
HydroQuébec: Venez nous développer. Il faut que, comme
régionaux, on fasse notre job aussi. Il faut qu'on ait des projets, il
faut qu'on ait des structures qui soient crédibles au niveau
régional et qu'on soit capable de se concerter, et de
«prioriser» des projets, et d'appuyer nos PME. Mais, encore
là, il ne s'agit pas d'un fonds pour aller construire des aqueducs et
des égouts dans un village où il n'y en a pas encore, là.
O.K.? Il s'agit...
M. Chevrette: Ou bâtir un petit centre communautaire et,
après ça, bye, bye.
M. Boivin: Ou de choisir de bâtir un petit centre
communautaire pour le maire du village, pour favoriser sa
réélection. Ce n'est pas ça, là. On parle
uniquement d'un fonds d'investissement pour supporter la croissance des
PME.
M. Chevrette: Ça, c'est clair. J'aime ça de
même.
Le Président (M. Forget): Alors, je remercie M. le
député de Joliette.
Alors, j'inviterais M. le député de Gatineau.
M. Lafrenière: Merci, M. le Président.
Les producteurs privés d'électricité qui ont
installé des industries majeures depuis le début du siècle
ont permis d'assurer le développement économique de votre
région en utilisant notamment le potentiel hydroélectrique. Par
ailleurs, les problèmes que rencontre votre région correspondent
aux problèmes d'une bonne partie des autres régions dont
l'économie est de type monoindustriel. Ma question: En quoi un fonds de
développement régional provenant des profits
hydroélectriques serait-il plus efficace que d'autres formes de fonds
pour appuyer le développement de votre région?
M. Boivin: Au Québec, on est aujourd'hui tout à
fait dans l'enfance de l'art dans le domaine du capital de risque. Les quelques
fonds de capital de risque qui existent sont des fonds qui sont tellement
petits et qui prennent tellement pas de risques ou peu de risques qu'on n'est
pas capable, définitivement, d'avoir une
stratégie de développement, de création de PME de
façon systématique et agressive. Et ce n'est pas parce qu'il
manque d'idées, ce n'est pas parce qu'il manque
d'«entrepreneurship», et ce n'est pas parce qu'il manque de talent,
et ce n'est pas parce que les gens n'ont pas le goût d'être
compétitifs avec les Américains, les Japonais et les
Européens, et on peut tous les additionner ensemble.
On a les capacités de faire ça; on a une population
éduquée, une population qui a le coeur à l'ouvrage, qui
est capable de créer de la valeur, mais on a un problème
fondamental dans la région, dans les régions du Québec, et
c'est aussi vrai dans les métropoles comme Montréal et
Québec: il n'y en a à peu près pas, de capital de risque
disponible privé, j'entends. Public, ça, c'est une autre
histoire. La SDI et les garanties de prêts, c'est tout à fait une
autre dynamique.
Maintenant, nous, on dit que, comme régionaux, il est fondamental
qu'on puisse bénéficier d'un support financier pour aller de
l'avant avec des projets. Vous savez, ce que les municipalités et ce que
les collectivités locales réussissent à dégager,
c'est à peine les ressources pour nous payer pour être ici ce
soir. On peut bien chacun se cotiser pour essayer d'aider une PME ou essayer de
faire un démarrage, mais c'est loin d'être suffisant pour qu'on
puisse le réaliser. Et ça, c'est la réalité
quotidienne qui se vit dans l'économie québécoise, et ce
n'est pas unique à la région. On est d'accord en vous disant que,
dans le fond, les préoccupations qu'on soulève ne sont pas juste
des préoccupations du SaguenayLac-Saint-Jean, c'est des
préoccupations de l'ensemble de la population de la province. Alors,
c'est très clair.
M. Lafrenière: Vous indiquez que le prix de revient du
kilowattheure est moins élevé lorsque la centrale est
développée dans une région accessible plutôt qu'en
région nordique. Quels sont les coûts que vous avez
considérés pour arriver à cette conclusion?
M. Boivin: On n'a pas d'étude là-dessus; on n'a pas
d'expertise non plus pour évaluer les différentiels de
coûts de construction. C'est sûr que ce serait important qu'on les
ait, mais, encore là, les ressources sont limitées, et je pense
qu'au niveau d'Hydro-Québec il est très facile d'obtenir ces
données-là assez facilement.
M. Lafrenière: Alors, merci.
M. Boivin: Mais, simplement, la simple logique des choses nous
amène à prendre ces conclusions-là comme étant
crédibles. (21 h 50)
M. Godin (Claude): Je vous dirai que transporter de
l'énergie sur 1000 km ou la transporter sur 500 km, il y a
déjà là un différentiel de coûts
extrêmement important, ne serait-ce que pour les 500 000 000 $
d'investissements qui ne sont pas requis par Hydro-Québec pour assurer
ce même transport. Il y a tous les coûts reliés à la
construction. Quant à la production d'énergie comme telle, c'est
le même coût, mais ce sont tous les coûts d'amortissement,
d'hébergement, de transport de main-d'oeuvre, puis mettez-en, coût
du capital. Donc, ne serait-ce que le transport, c'est déjà une
réduction de coût importante au niveau de la consommation, du prix
de revient.
Le Président (M. Forget): Merci beaucoup, M. le
député de Gatineau.
M. le député de Joliette.
M. Chevrette: II y a sans doute les pertes du réseau
aussi. Plus tu es long, plus tu as des chances de pertes. Ça rentre dans
le coût de revient, effectivement. Et je suis convaincu qu'au point de
vue construction même ça coûte pas mal moins cher. Il ne
s'agit que de lire un petit peu les décrets, juste les décrets et
conventions collectives, pour savoir que c'est un coût moindre
énorme; ça doit être près de la cent du
kilowattheure, sûrement. Ça, c'est évident.
Ceci dit, dans votre milieu, il y a des gens éper-dument contre,
des gens éperdument pour. Le monde municipal me semble assez pour, tout
en ayant, pour certains, des exigences très fortes, pour d'autres moins
fortes; ça transpire au niveau des réponses. Et, en ce qui vous
regarde, moi, je sens qu'il y a énormément de cohérence au
niveau de la solidité des prérequis. Est-ce que
j'interprète bien votre mémoire?
M. Boivin: Je pense que c'est tout à fait exact. Dans le
fond, ce qu'on est venus vous dire, c'est qu'on a le goût d'être
autre chose que des porteurs d'eau ou des retenants d'eau pour faire tourner
des turbines. On a le goût de participer au défi collectif que
représente Hydro-Québec, et d'y participer non seulement dans une
direction mais que l'ascenseur revienne dans l'autre direction aussi. Parce
qu'on a aussi besoin d'Hydro-Québec, qui représente probablement
notre levier principal de développement économique dans la
province, pour, justement, nous épauler. Parce qu'on aura beau faire des
discours pendant longtemps sur les stratégies économiques, les
restructurations de tel conseil en tel autre conseil, quelque part, ça
va prendre des entrepreneurs, ça va prendre des promoteurs puis
ça va prendre de l'argent pour créer de la valeur, créer
des emplois. Et, ça, ça ne se fait pas ailleurs que
là.
M. Chevrette: Si on enlève, par exemple... Il y a une
bonne partie de votre forêt qui... Un bon rond, si je me souviens... Je
ne me souviens pas exactement de la superficie, mais... Puis très
productrice, on m'a dit; très productive. Supposez que ça
disparaisse, ça, demain matin. Quelles sont les alternatives de
développement, chez vous?
M. Godin (Claude): En fait...
M. Chevrette: II y a la forêt, puis peut-être un peu
au niveau du tourisme, parce qu'il y a une inondation beaucoup plus vaste.
M. Godin (Claude): en fait, ce qu'on est venus vous dire par
rapport à votre question précise sur la forêt: les
études d'impact d'hydro-québec estiment à 1 % la perte de
forêt productrice pour la région. bien, 1 %, lorsqu'il est
exprimé comme ça, c'est peu, mais, lorsque traduit en emplois,
c'est énorme. parce que la forêt, chez nous, c'est 12 000 emplois
directs; 1 % de 12 000 emplois directs, bien, ça fait 120 emplois
directs. on nous prévoit 75 emplois directs pour l'opération des
barrages après. donc, on se retrouve...
M. Chevrette: Déficitaires.
M. Godin (Claude): ...avec moins qu'on avait. Mais ce qu'on est
surtout venus dire ce soir, ici, c'est l'expression de... Tantôt, on
exprimait des réticences de la population régionale à la
venue du harnachement de PAshuapmushuan. Parce qu'on se rend bien compte que,
oui, il va y avoir un boum mais, après ça, qu'est-ce qu'on fait?
L'énergie, c'est la seule ressource naturelle qui reste au
SaguenayLac-Saint-Jean. La forêt est épuisée, le
mémoire le dit. Les créneaux de développement futurs pour
la région du SaguenayLac-Saint-Jean, c'est quoi?
Tantôt, on parlait de région monoindustrielle, mais
ça ne sera même plus une région industrielle tantôt.
Le bois s'éloigne; on n'est absolument pas sûr des mesures
palliatives qui ont été avancées puis j'emploie
bien le terme «palliatif», parce que... Puis l'industrie
touristique, la région du SaguenayLac-Saint-Jean n'est pas,
à notre avis, dans une position telle qu'elle puisse prétendre
développer l'industrie touristique qui va lui permettre de faire vivre
sa population.
Donc, il reste des mégawatts disponibles, qui sont offerts
à la consommation du Québec puis au marché d'exportation,
sauf qu'on dit: Si vous venez l'exporter chez nous, on veut que cette
ressource-là contribue à l'amélioration de la
qualité de vie des citoyens qui y vivent aujourd'hui et des enfants qui
y seront demain. Donc, c'est pour ça qu'on propose un partenariat. On ne
dit pas à Hydro-Québec: Versez-nous 40 000 000 $ par
année; on dit à Hydro-Québec: Partageons l'économie
que vous réalisez. C'est ce qu'on dit à Hydro-Québec.
Donc, c'est de faire reconnaître à Hydro-Québec
qu'il y a un différentiel à produire de l'énergie en
région proche des bassins de consommation et que ceci devrait se faire
au bénéfice de la région productrice, tout comme la
région consommatrice bénéficie du fait que les
régions ont consenti à uniformiser le prix de
l'électricité au Québec. Est-ce que Pechiney serait
implanté à Bécancour si Pechiney avait dû payer le
transport de l'énergie en provenance de la Baie James? Est-ce qu'elle ne
se serait pas installée beaucoup plus proche de la production, tout
comme Alcan l'a fait en 1927 au SaguenayLac-Saint-Jean? Si Alcan revenait
se réimplanter dans la région, revenait se réimplanter au
Québec en 1993, je ne suis absolument pas sûr qu'avec les
politiques d'uniformisation des prix de l'électricité Alcan
s'implanterait au SaguenayLac-Saint-Jean.
Donc, il y a des avantages qui sont consentis par les régions au
profit des bassins de consommation. On estime qu'il est juste
qu'Hydro-Québec considère qu'une compensation soit versée
à la région productrice, tout comme la région productrice
consent des avantages à la région consommatrice.
M. Boivin: II y a peut-être un élément que
j'aimerais ajouter. Quelle que soit la collectivité ou la taille de la
collectivité, comme société québécoise dans
son ensemble, il y a un aspect qui est fondamental, c'est qu'il faut que le
territoire soit occupé par des personnes et des occupants qui sont
dynamiques, qui font partie de la prospérité de l'ensemble de la
collectivité. C'est pour cette raison que, avec la technologie qui nous
permet de transporter aujourd'hui l'énergie sur de très longues
distances sans qu'on soit obligé d'imposer à ces
entreprises-là de s'implanter à la source d'approvisionnement de
cette énergie hydroélectrique, il est clair que, si on n'a pas
une espèce de retour d'ascenseur pour, justement, minimiser les impacts
dus à l'éloignement de nos populations des marchés de
consommation... Parce qu'une entreprise qui s'établit à
Jonquière n'a pas le même coût de conquête des
marchés que l'entreprise qui s'établit à Montréal,
ou à Joliette, ou ailleurs dans la province. Et, ça, ce n'est
rien qu'une question de raisonnement et de logique face au système de
marché qu'on connaît.
Donc, il y a un choix de société à faire. Est-ce
qu'on veut maintenir les régions ouvertes? Et de quelle façon on
veut les maintenir ouvertes si on veut qu'on puisse contribuer à notre
façon à l'effort collectif face à notre qualité de
vie et à l'amélioration de nos conditions?
Le Président (M. Forget): Alors, j'inviterais le
député de Drummond.
M. St-Roch: Merci, M. le Président. Vous aviez un
complément à rajouter? J'ai vu...
M. Potvin (Gilles): Oui...
M. St-Roch: Bon, allez-y, même si c'est sur mon 'temps.
M. Potvin: Oui. Peut-être rien qu'une petite mise au point,
un petit commentaire, parce que j'ai témoigné... C'est la
deuxième reprise que je témoigne devant les membres de la
commission; un petit rappel à faire à propos de la région,
surtout que vous avez entendu, peut-être, des sons un peu discordants,
des tendances, des fois, même opposées. Mais je rappellerai qu'en
ces périodes critiques où il faut rationaliser et il faut
optimiser les investissements publics, la plus belle démonstration que
la région est venue faire devant vous depuis une semaine et demie
et d'ici la fin de la commission, éventuellement c'est que la
région du SaguenayLac-Saint-Jean est sans doute la région
au Québec
la plus sensible, la mieux préparée pour développer
ce nouveau modèle, cette nouvelle formule de partenariat avec
Hydro-Québec. On a exacerbé toutes les tendances chez nous; on
est prêt à produire rapidement, à se mettre à table
et puis à produire, à être très productif dans
l'élaboration de ce nouveau modèle. Alors, on vous rappelle la
disposition, la disponibilité de la région pour collaborer avec
le gouvernement et Hydro-Québec pour développer le modèle
le plus efficace pour l'ensemble du Québec.
M. St-Roch: Merci.
Une réflexion: Vous avez absolument raison lorsque vous
mentionnez qu'on n'a pas vraiment de capital de risque dans l'entreprise
privée, ici, et je vous trouve très généreux
lorsque vous dites que la SDI assume cette partie-là. (22 heures)
Ceci étant dit, vous êtes le troisième intervenant
à venir ici, devant nous... Oui, moi, je suis quelqu'un du coeur du
Québec. Alors, on approche vos problèmes, peut-être, avec
un peu de recul. Il y a deux théories: c'est de laisser cette
rivière-là, l'Ashuapmushuan, comme patrimoine et aller
bâtir et développer toute une infrastructure
récréotouristique. Et il y avait aussi les concessions qu'on
semblait donner, qui étaient de dire: Bien, il y a des rivières
chez nous qui sont déjà harnachées ou partiellement
harnachées; il y a peut-être d'autres barrages qu'on pourrait
sortir; on pourrait finir de massacrer ce qui est déjà
massacré, et ça serait plus acceptable. Ça, il y a un
groupe qui est venu nous dire ça. On parlait de la Péribonka.
Alors, ma question est celle-ci. J'ai lu votre mémoire, j'ai
compris la différence que vous faisiez entre rente et
pérennité du fonds, parce qu'à un moment donné je
me questionnais sur ce que ça voulait dire...
M. Boivin: Oui, il y a une différence.
M. St-Roch: ...mais vos réponses ont apporté une
clarification. Alors, ma question est celle-ci: Dans
l'éventualité où le gouvernement, dans sa
stratégie, dirait: Oui, on va garder des rivières patrimoniales
au Québec pour les générations futures, laisser à
nos petits-enfants le soin de se casser la tête un jour, si
HydroQuébec choisissait la Péribonka, est-ce que les
prérequis que vous avez mis dans votre mémoire seraient
exactement les mêmes?
M. Boivin: Écoutez, on ne s'est pas posé la
question sur la valeur... On s'en est posé, des questions, sur la valeur
patrimoniale. Moi, personnellemenet, je suis né à
Péribonka. Alors, je peux vous parler de la rivière
Péribonka. J'ai grandi...
Une voix: Elle est déjà harnachée.
M. Boivin: Oui, elle est déjà harnachée, et
c'est une très belle rivière harnachée, en passant. Les
outar- des atterrissent quand même le printemps, et il n'y a aucun
problème au point de vue qualité de vie pour les citoyens qui ont
vécu à côté de la rivière Péribonka,
qui est une rivière harnachée depuis le début de
l'opération des barrages dans la région. Donc, il y a des
façons de faire. C'est sûr qu'aujourd'hui on a
amélioré les procédés, on a amélioré
le design des barrages pour, justement, tenir compte des impacts
environnementaux. Et, nous, ce qu'on souhaite, c'est qu'effectivement on prenne
toutes les précautions nécessaires pour préserver la
qualité de vie et le patrimoine touristique, faunique et floral de la
région.
Maintenant, il y a une chose, c'est qu'on est 6 000 000 d'habitants... 7
000 000? Je suis déjà passé date.
Une voix: On va...
M. Boivin: On est 7 000 000 d'habitants sur un territoire grand
comme plusieurs pays. Or, je me dis que je ne peux pas croire qu'on ne peut pas
essayer de maîtriser la nature, d'apprivoiser cette nature-là au
profit économique des citoyens. Parce que ça ne sert strictement
à rien à personne de harnacher des rivières s'il n'y a pas
d'impact sur la qualité de vie des citoyens qui l'environnent...
M. St-Roch: J'ai très peu de temps. Je suis obligé,
malheureusement, d'être impoli et de vous couper, mais ce n'est pas
ça qui est ma question. Ma question était: S'il y avait une
décision politique qui dirait: L'Ashuapmushuan, celle-là, on la
garde comme rivière patrimoniale et la Péribonka parce
qu'on a ouï-dire aussi qu'il y a 330 MW de possibilité on
continue à la harnacher et on va aller développer les 330 MW sur
la Péribonka, tout en gardant les caractéristiques de protection
de l'environnement, est-ce que les demandes que vous faites ce soir, dans votre
mémoire, seraient les mêmes?
M. Boivin: Les mêmes. Ah! tout à fait.
M. St-Roch: Bon! C'est ça que je voulais entendre.
M. Boivin: Ce n'est pas juste pour l'Ashuapmushuan.
M. St-Roch: Tous les projets hydroélectriques, petits ou
moindres.
M. Boivin: Ah oui!
M. Godin (Claude): Tous les potentiels.
M. St-Roch: Oui, je n'avais pas compris, excusez-moi.
Le Président (M. Forget): Alors, merci, M. le
député de Drummond.
Au nom des membres de la commission, je voudrais vous remercier de votre
participation, et la commission de l'économie et du travail ajourne ses
travaux jusqu'à 10 heures demain, à la salle du Conseil
législatif.
(Fin de la séance à 22 h 4)