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(Dix heures cinq minutes)
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je déclare la séance de la commission de
l'économie et du travail ouverte. Je vous rappelle le mandat de la
commission qui est de procéder à une consultation
générale sur la proposition de plan de développement
1993-1995 d'Hydro-Québec. M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M.
Bélanger (Laval-des-Rapides) par M. Philibert (Trois-Rivières),
M. Benoit (Orford) par Mme Bégin (Bellechasse), M. Charbonneau
(Saint-Jean) par M. Kehoe (Chapleau), M. Parent (Sauvé) par M. Fradet
(Vimont) et M. Blais (Masson) par M. Brassard (Lac-Saint-Jean).
Le Président (M. Audet): Merci. Alors, les membres de la
commission ont pris connaissance de l'ordre du jour. Est-ce que l'ordre du jour
est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Audet): Adopté. Alors, je vous
rappelle brièvement nos travaux ce matin. Oui, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Je ne veux prendre personne par surprise. J'ai
demandé à Mme la ministre, tantôt, et je voudrais
officialiser ma demande au niveau de la table ici, étant donné
que nous sommes appelés à siéger jusqu'au 25 ou 26 mars,
quelque chose du genre, et qu'on doit siéger, y compris les vendredis
après-midi, de consentement, nous serions prêts à allonger
le temps d'étude chaque jour, au moins d'une heure, pour
récupérer le vendredi après-midi et pouvoir terminer,
parce qu'il y a beaucoup de députés qui ont du travail dans le
comté avant la reprise de la session, et c'est mon cas également,
de sorte qu'on serait prêts, nous, à ce qu'il y ait une
organisation qui se mette sur pied entre les deux, nos représentants,
nos fonctionnaires politiques, pour vous présenter un horaire qui
tiendrait compte du même temps-semaine, mais à l'intérieur
du vendredi midi, maximum.
Le Président (M. Audet): On pourrait débuter plus
tôt le matin.
Mme Bacon: À 9 heures.
M. Chevrette: Plus tôt le matin, et s'il faut couper une
heure le midi, vous verrez, là. Moi, je suis prêt à tout
consentement là-dessus pour permettre aux députés,
également, de faire du travail dans leur propre circonscription
électorale tout en entendant les groupes. La même chose, ils ne
seront pénalisés d'aucune façon.
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'il y a consentement des
membres de la commission?
M. St-Roch: Oui, il y a consentement, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Ça va. D'accord. Alors, on
prend note de ça, M. le député de Joliette, puis on va
essayer de prendre entente. D'accord? Alors, je vous rappelle nos travaux pour
ce matin. À 10 heures, nous recevrons l'Union des municipalités
du Québec, à 11 heures, la Confédération des
syndicats nationaux, et nous suspendrons à midi. Alors, j'invite
immédiatement l'Union des municipalités du Québec à
prendre place.
Madame, messieurs, je vous souhaite, au nom des membres de la
commission, la plus cordiale bienvenue à nos travaux. Puisque vous
êtes des habitués, je vous rappelle quand même
brièvement la façon dont se dérouleront nos travaux
pendant cette heure. Alors, vous avez 20 minutes pour faire l'exposé de
votre mémoire, ensuite, suivra une période d'échange d'une
quarantaine de minutes. J'inviterais le porte-parole à se
présenter et à présenter aussi les gens qui
l'accompagnent. Alors, messieurs, madame, vous avez la parole.
Union des municipalités du Québec
(UMQ)
M. Mercier (Ralph): M. le Président, je vous remercie. Mme
la ministre de l'Énergie et des Ressources, Mmes et MM. les
députés de cette commission, je veux tout d'abord vous remercier
de nous donner l'occasion d'être devant vous aujourd'hui et vous
indiquer, tel qu'il apparaît dans notre mémoire, que l'Union des
municipalités du Québec regroupe environ 300
municipalités, bien sûr, au Québec, représentant
environ 80 % de la population du Québec et gérant
approximativement 85 % des budgets municipaux.
Il faut dire aujourd'hui que plusieurs municipalités au
Québec seraient éventuellement intéressées à
prendre en charge la distribution de l'électricité sur leur
territoire. L'Union des municipalités du Québec se fait
aujourd'hui leur porte-parole devant les membres de la commission de
l'économie et du travail. La municipali-sation de la distribution de
l'électricité s'inscrit dans la tendance actuelle de
décentralisation qui vise à confier la gestion des services au
palier gouvernemental le plus
près des utilisateurs de ces services. Les municipalités
sont effectivement les instances publiques les plus près des citoyens
et, conséquemment, les plus aptes à répondre efficacement
à leurs besoins. D'une part, le moment semble opportun de manifester
l'intérêt des municipalités membres de l'Union à se
porter acquéreurs des réseaux de distribution de
l'électricité sur leur territoire, puisque Hydro-Québec
procède actuellement à une réorganisation de sa structure
administrative.
Hydro-Québec est également appelée à se
questionner quant à sa mission et aux moyens qu'elle prend pour la mener
à bien au bénéfice de l'ensemble de notre
société. D'autre part, la société d'État a
elle-même déjà amorcé une démarche de
délégation de responsabilités en proposant aux
municipalités un programme les incitant à faire l'acquisition des
réseaux locaux d'éclairage public. En soi, la distribution de
l'électricité par des municipalités est un
phénomène largement répandu sur le continent
nord-américain. (10 h 10)
Au Canada, plusieurs centaines de municipalités offrent ce
service à leurs citoyens. En Ontario, notamment, plus de 300
municipalités assument la distribution de l'électricité,
principalement en milieu urbanisé alors qu'Hydro Ontario limite son
mandat à la production et au transport d'énergie. Aux
États-Unis, on compte 2056 réseaux municipaux de distribution et
1052 coopératives. Au Québec, la majeure partie de
l'électricité est produite et distribuée par
Hydro-Québec. Il existe tout de même des réseaux de
distribution indépendants dont neuf réseaux municipaux et un
réseau coopératif qui redistribuent l'électricité
et, dans certains cas, opèrent des microcentrales de production
électrique. Ces 10 réseaux, municipaux et coopératif, sont
regroupés au sein de l'Association des redistributeurs
d'électricité du Québec. Les municipalités membres
de l'AREQ entendent bien continuer à distribuer
l'électricité sur leur territoire, car elles réussissent
à rentabiliser cette activité dont les profits sont
redistribués sous forme de rabais de taxes aux citoyens. En somme, les
bénéfices d'opération de ces réseaux peuvent
être utilisés en fonction des besoins locaux.
Dans sa proposition de stratégie québécoise
d'efficacité énergétique, le ministère de
l'Énergie et des Ressources, tout comme Hydro-Québec, prône
le partenariat. Les municipalités proposent donc un partenariat
renouvelé sur la base d'un rôle élargi pour ces
dernières dans l'activité de distribution électrique. La
prise en charge de la distribution de l'électricité par un plus
grand nombre de municipalités ne devrait aucunement désavantager
financièrement Hydro-Québec. Les réseaux municipaux ne
doivent pas être perçus comme des concurrents, mais justement
comme des partenaires qui assumeront plus efficacement une des étapes de
l'alimentation en énergie pour le bénéfice de toute la
population québécoise.
La distribution d'électricité par le biais des
municipalités présente de nombreux avantages; la
rentabilité associée à la prestation de ce service
apparaît en tête de liste. En fait, les réseaux municipaux
sont gérés comme des PME où on vise l'atteinte de
l'efficacité maximale au moindre coût. De plus, le service
à la clientèle répond à de hauts standards de
qualité tout en étant beaucoup plus personnalisé,
précisément à cause de la proximité de la
clientèle à desservir. Par ailleurs, compte tenu de la
simplicité de la structure organisationnelle, le personnel est
polyvalent. Les bureaux du service municipal d'électricité sont
localisés, la plupart du temps, dans les édifices occupés
par les autres services municipaux et le service de distribution
d'électricité utilise généralement l'infrastructure
administrative de la municipalité. conséquemment, le partage des
ressources entre les divers services municipaux permet d'offrir un service de
qualité supérieure à celui d'un réseau de la taille
d'hydro-québec et ce, à meilleur coût pour les
contribuables. malgré l'imposition aux réseaux municipaux d'un
tarif établi à l'intention de l'industrie, la viabilité de
ces réseaux est tout de même reconnue. en 1990, les
municipalités qui ont assumé la distribution de
l'électricité ont réalisé des revenus nets variant
de 3,4 % à 8,5 % de leur budget d'opération total, soit de 0,09 $
à 0,41 $ du 100 $ d'évaluation. ces revenus sont loin
d'être négligeables puisqu'ils représentent des sommes
allant de 600 000 $ pour la ville d'amos à près de 10 000 000 $
pour la ville de sherbrooke.
Les quelques réseaux municipaux québécois sont des
secteurs témoins de distribution de l'électricité. Ils
fournissent de l'électricité à plus de 250 000 personnes,
soit 125 000 foyers québécois, commerces et industries, selon un
mode de gestion propre à la PME. L'expertise développée
par les villes membres de l'AREQ est considérable. Certaines d'entre
elles possèdent leur propre réseau depuis plus de 100 ans et ces
municipalités se disent prêtes à partager leur savoir en ce
domaine avec les villes qui se joignent à leurs rangs.
La prise en charge des réseaux de distribution par les
municipalités urbaines permettra d'offrir des garanties quant à
l'efficacité, l'efficience, le contrôle des finances, la
qualité du service et le respect des consommateurs. Les conseils
municipaux sont garants de la qualité de toutes les activités qui
relèvent de leur administration. En résumé, la
distribution de l'électricité par les municipalités
apparaît à l'UMQ comme une excellente façon de maintenir un
service efficace, tout en fournissant aux municipalités un moyen de
tirer des revenus supplémentaires qui serviront éventuellement
à réduire le fardeau fiscal exigé des
résidents.
En assurant une gestion locale du service de distribution de
l'électricité à la clientèle résidentielle,
on soulage la société d'État d'un service qu'elle a de
plus en plus de difficulté à gérer efficacement, compte
tenu de son imposante structure organisationnelle et de son éloignement
des communautés locales. Les administrations publiques et les citoyens
veulent que l'on tienne compte de leurs particularités.
Hydro-Québec se situe à
contre-courant de ces nouvelles préoccupations sociales, car sa
mission est de rechercher plutôt des économies d'échelle en
standardisant les méthodes à l'ensemble du territoire
québécois. L'UMQ croit fermement que la municipalisation des
réseaux de distribution électrique devrait permettre d'atteindre
un taux de satisfaction de la clientèle plus élevé et une
plus grande autonomie d'action tout en permettant aux municipalités de
réaliser des revenus appréciables.
Une réévaluation de la participation d'Hydro-Québec
dans la distribution électrique en milieu urbain pourra très
certainement contribuer, à notre avis, à l'amélioration de
la productivité de cette société d'État. Nous
recommandons, par conséquent, la formation immédiate d'un
comité composé de représentants du ministère de
l'Énergie et des Ressources, d'Hydro-Qué-bec et de l'UMQ, qui
aura pour mandat d'analyser la viabilité de la proposition de l'UMQ en
fonction des caractéristiques des différents milieux, ainsi que
la réalisation, dès 1993, d'une expérience-pilote avec une
municipalité membre de l'UMQ intéressée par l'idée
de prendre à sa charge cette activité.
En terminant, M. le Président, Mme, MM. les membres de cette
commission, j'aimerais vous remercier évidemment tous d'avoir permis
d'exposer les points de vue de l'Union sur la municipalisation de la
distribution de l'électricité. M'accompagnent, bien sûr,
aujourd'hui, Mme Denise Auger, à ma gauche, conseillère en
environnement à l'Union, et, à ma droite, M. Pierre
Prévost, directeur général adjoint à l'Union des
municipalités du Québec et chargé aussi de la recherche.
Nous sommes, bien sûr, disposés à tenter de répondre
aux questions que vous auriez à notre égard. M. le
Président, merci.
Le Président (M. Audet): Merci. Alors, je vais maintenant
reconnaître Mme la ministre de l'Énergie et des Ressources.
Mme Bacon: M. le président, Mme Auger, M. Prévost,
j'aimerais vous exprimer mes remerciements pour cette contribution à un
processus de consultation important et soyez assurés que vos avis sur la
municipalisation de la distribution de l'électricité seront pris
en considération, je pense, au moment opportun, mais je vous encourage
à poursuivre cette réflexion déjà si bien
commencée et ça contribue, je pense, significativement, à
l'édification, disons-le, d'un Québec meilleur.
Si je reviens à votre mémoire, à la page 4, dans
l'introduction, vous mentionnez être le porte-parole de plusieurs
municipalités intéressées à prendre en charge la
distribution de l'électricité sur leur territoire. Est-ce que
vous pouvez indiquer quelle est l'ampleur de l'intérêt qui est
porté par vos membres au phénomène de la municipalisation
de la distribution de l'électricité en nous précisant
peut-être, si vous l'avez, le nombre de municipalités
intéressées de même que l'identité de quelques-unes
d'entre elles et de quelle façon avez-vous établi la consultation
avec vos membres? Et, est-ce qu'il y a quand même des réticences
qui vous ont été exprimées par certains de vos
membres?
M. Mercier: Tout d'abord, je dois vous indiquer qu'il y a quand
même un certain nombre de municipalités qui se sont directement
démontrées intéressées à la prise en charge
de la distribution. Vous en avez, par exemple, dans la région du
SaguenayLac-Saint-Jean, vous en avez également aussi dans
l'Estrie. Pour vous dire le nombre exact, nous ne l'avons peut-être pas
actuellement sous la main, mais je dois vous dire d'autre part que, pour avoir,
évidemment, délibéré de la question au conseil
d'administration de l'Union où siègent déjà 32
représentants de municipalités, cet avis-là était
largement partagé. On sait que l'on a un questionnement un peu partout
et régulièrement à l'intérieur, évidemment,
de la permanence de l'Union en ce qui a trait effectivement à ce
dossier. Je pense qu'il est clairement indiqué qu'il y a un
intérêt certain, évidemment, à une
possibilité d'acquisition sur ce plan-là. (10 h 20)
II y a effectivement, tel que me l'indique M. Prévost qui est
à la recherche, deux municipalités qui seraient
intéressées, et on l'indique aussi dans notre mémoire,
à une expérience-pilote. Il faudra, bien sûr, s'asseoir; je
pense qu'aussi on l'a demandé. On vous suggère, bien sûr,
à la commission, ici, de regrouper un comité qui pourrait
effectivement, avec Hydro et le ministère de l'Énergie et des
Ressources et l'Union, trouver les avenues possibles et peser,
évidemment, certains avantages et, peut-être aussi, certains
questionnements qui pourraient être des désavantages parce que
vous posiez la question tantôt: Est-ce que tout le monde, dans le fond,
est bien d'accord ou s'il n'y aurait pas des réticences?
Je ne pense pas que ce soit nécessairement des réticences,
mais davantage un questionnement qui sera largement répondu à
l'intérieur, probablement, des activités d'un comité. M.
Prévost m'indiquait que la ville de Gatineau et, également, de
Drummondville sont des villes qui seraient intéressées, bien
sûr, à s'engager dans un projet-pilote. Je pense que
l'intérêt est là, il s'agit de voir de quelle façon
les choses pourraient être mises en place pour être capables, dans
le fond, d'être opérationnels sur ce plan-là et
céder la distribution à des municipalités qui en seraient
intéressées.
Mme Bacon: II y a certaines municipalités, on le
mentionnait tantôt, qui sont intéressées, mais,
au-delà des réseaux municipaux qui existent, vous nous dites
qu'il y en a d'autres qui ont envie de...
M. Mercier: Bien sûr.
Mme Bacon: ...partager cette possibilité. Vous
n'êtes pas sans savoir que les municipalités qui ont fait cession
de leur réseau depuis 1963, l'ont fait principale-
ment parce que ces municipalités-là n'étaient pas
en mesure, pour diverses raisons, de voir à l'opération de ce
réseau. On peut même dire que, dans certains cas, il y en avait,
des réseaux, qui étaient un peu en état de
délabrement, je pense qu'il faut aller jusque-là.
Dans l'éventualité où une municipalisation serait
effective, quelle serait la garantie qu'on pourrait avoir, que vos membres
peuvent nous offrir pour empêcher qu'une telle situation ne se produise
pas dans 20 ans ou dans 25 ans, par exemple?
M. Mercier: M. le Président, pour répondre à
Mme la ministre sur ce, je dois vous indiquer, d'abord, qu'il y a des
municipalités qui, effectivement, ont cédé à la
société d'État leur réseau et il y avait des
raisons, je pense, qui étaient nécessairement valables à
ce moment-là, c'était celui de la rentabilité. Il faut
voir qu'il y a un seuil de rentabilité. Dans certains cas, vous devez
évidemment atteindre ce seuil; donc, sur le plan peut-être d'un
nombre de petites municipalités, on a dû le céder. Mais si,
dans le fond, cette possibilité était élargie, je pense
que, même sur le plan des petites municipalités, on pourrait,
à ce moment-là, évidemment, se faire desservir ou avoir
des ententes avec des municipalités voisines de plus grande importance,
donc, à ce moment-là, toute la question de la distribution
devient viable.
Votre deuxième partie, la question m'échappe pour le
moment.
Mme Bacon: Je vous dis: Qu'est-ce qui nous dit que ça ne
se reproduira pas, que dans 20 ans, dans 25 ans les municipalités
remettraient encore un réseau qui est en état de
délabrement? Je pense qu'il faut le dire.
M. Mercier: D'accord. Vous indiquez la question, quand
même, de la qualité du réseau, qui en est une importante.
À notre avis, au sein d'un comité, on pourrait effectivement
élaborer davantage là-dessus, mais on pourrait très bien
voir, demain matin, une forme de normalisation, évidemment, du
réseau où il y aurait une certaine vérification de cette
normalisation-là qui pourrait s'insérer à
l'intérieur, bien sûr, des protocoles d'entente de cession du
réseau de distribution à la municipalité. Je pense qu'il y
a des moyens de contrôle qui n'avaient peut-être pas
été mis en place antérieurement, qui pourraient
l'être tantôt, qui feraient en sorte, dans le fond, qu'on s'assure
un entretien minimum du réseau qui soit conforme, je pense, à
certains critères bien établis. Mais le comité comme tel,
je pense, pourrait bien toucher à cette question-là.
Mme Bacon: Le secteur de la distribution chez Hydro-Québec
compte pour environ 15 % des 37 000 000 000 $ d'actifs de l'entreprise, ce qui
représentait, en 1991, plus de 5 000 000 000 $ de valeur. À
ça s'ajoute une partie des immobilisations concernant les immeubles
administratifs de services, pour plus de 3 000 000 000 $. Comment vos membres
envisage- raient-ils l'achat ou le financement des infrastructures de
distribution d'Hydro-Québec, d'autant plus que l'UMQ se plaint encore de
l'augmentation de ses charges financières qui découle de la
réforme de la fiscalité municipale?
M. Mercier: Vous avez raison. M. le Président, Mme la
ministre a raison. On se plaint, bien sûr, des charges additionnelles
qu'on a en raison de certains transferts. Ça, c'est très
évident parce qu'on n'a pas les revenus en conséquence de
ça. Mais il faudrait voir qu'évidemment dans, je pense, la
cession du réseau de distribution il y a des possibilités d'aller
chercher des revenus intéressants. On voit, à la page 9 où
vous retrouvez un tableau, que dans les neuf villes qui actuellement
gèrent, dans des cas la production et la distribution, il y a
effectivement une rentabilité, il y a une viabilité, c'est
intéressant. Donc, je pense qu'effectivement, à partir des
revenus, il serait relativement facile d'être capable d'investir
davantage dans l'acquisition et aussi dans l'immobilisation. Je pense que ce ne
sera pas nécessairement un problème.
Mais il faut voir que dans certains cas c'est évident que
ça peut peut-être être peu viable, mais dans d'autres cas je
pense que ça pourrait l'être en jumelant, dans le fond, en
associant un nombre de municipalités à un réseau
donné qui pourrait être géré, évidemment, par
une ville-centre, par exemple.
Mme Bacon: Avez-vous évalué quels seraient les
gains effectifs pour les consommateurs relativement au transfert des
activités de distribution d'Hydro-Québec vers les
municipalités qui sont intéressées?
M. Mercier: Je pense que sur ce plan, sur le plan du
consommateur, ça pourrait être relativement neutre, sauf
qu'à l'intérieur de chacune des communautés il pourrait y
avoir sur le plan de la taxe foncière, bien sûr, un avantage. Je
pense que c'est là qu'il faut le voir.
Mme Bacon: Merci.
Le Président (M. Audet): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Oui, M. le Président, je connais assez bien
ce dossier, puis je vous avoue que je suis perplexe devant la position de
l'UMQ. C'est à se demander si ce n'est pas exclusivement pour contrer
les effets de la réforme Ryan qu'il y a un engouement tout à coup
pour avoir l'obtention des réseaux de distribution et pour faire de
l'argent. D'autant plus perplexe quej'ai regardé les statistiques
que vous déclarez à votre tableau, à la page 9 et
vous me permettrez de dire que j'en suis sceptique également. Parce que
j'ai fait l'étude, étant moi-même dans une ville où
on a des réseaux de distribution, et j'aimerais bien
qu'Hydro-Québec ou encore le ministère de l'Énergie et des
Res-
sources me fasse une étude réelle de la rentabilité
des réseaux depuis qu'Hydro a fixé les tarifs identiques pour le
consommateur. Le prix de vente, vous le savez, n'est à peu près
pas négociable; il est imposé par Hydro.
Donc, la marge de profit pour une municipalité peut être
très aléatoire, d'autant plus que ça dépend de
l'état du réseau. La comptabilité même pour la
rentabilité quant au revenu net je sais que le directeur
général adjoint va comprendre tout de suite ce que je veux dire
si une ville met l'ensemble de ses employés au fonds
général et qu'il y a un partage artificiel des coûts de
rentabilité ou pas, ça peut être
«boosté», ça vous le savez très bien,
ça peut être gonflé. Moi, personnellement, c'est vrai que
vous proposez un comité d'étude, je trouve ça sage de
votre part, avant de vous embarquer allègrement, parce que dans un
comité d'étude qui gratterait très sérieusement
d'abord la question, analyser l'état du réseau Mme la
ministre en a fait une allusion quand Hydro va venir de faire des
travaux et venir de rénover tout un réseau, ah là, il va
devenir avantageux pour une municipalité, à court terme. Mais
dès que l'état de vétusté commence, là, les
municipalités et vous le savez également, je ne vous
apprends rien vont vouloir vendre à gros profit, pour une somme
globale, pour baisser la dette municipale. On n'est pas fous nous autres non
plus. On a vu neiger un petit peu dans ça et on sait comment ça
marche.
Mais comme hommes et femmes politiques responsables de ça, moi,
je ne suis pas fermé à une étude, loin de là! Mais
faudrait-il regarder quels sont les buts, les objectifs exacts de ça. Si
c'est seulement pour contrer l'effet d'une réforme fiscale, je m'excuse,
mais il ne faut pas placer une société d'État qui est
l'apanage de l'ensemble d'une collectivité en état de situation
d'être le palliatif à tout. Et, ça, moi je n'accepterais
pas cela parce que les actionnaires, entre guillemets, ce n'est pas seulement
un tissu urbain, c'est aussi le tissu rural. On a une responsabilité
globale au niveau de la société d'État pour l'ensemble du
tissu social québécois. Donc, autant le monde rural qu'urbain.
(10 h 30)
Donc, je trouve sage votre prudence de ne pas vouloir plonger
aveuglément, mais je trouve drôle en même temps que vous
disiez: Pourquoi ne pas faire une expérience-pilote? Je m'excuse, mais
il y en a neuf expériences-pilotes. Joliette, c'est une
expérience-pilote. Aima, Jonquière, c'est loin d'être
pilote, ça, c'est concret. Vous n'avez pas besoin
d'expériences-pilotes dans une ville nouvelle puisque vous avez
déjà neuf villes qui assurent la distribution. Vous avez
là un éventail qui vous permettrait de gratter tous les tenants
et aboutissants de l'expérience. Pourquoi y aller faire une ville? Je ne
comprends pas la motivation de vivre une expérience-pilote quand on vit
une expérience constante dans neuf villes pour voir véritablement
ce qui se passe. Ça, il va falloir que vous m'éclairiez un petit
peu là-dessus.
Après ça, j'aurai d'autres questions, mais je suis aussi
bien d'arrêter parce que je ne vous donnerai pas la chance de me
répondre. Je dois vous dire que votre motivation de départ
m'agace parce que, là, c'est rendu que vous cherchez tous les palliatifs
possibles à une réforme fiscale que vous avez mal
digérée, et je vous comprends, je suis d'accord avec vous. N'y
aurait-il pas lieu de regarder sous d'autres cieux?
M. Mercier: M. le Président, je suis heureux de cette
question parce que, dans le fond, ce n'est pas un palliatif à la
réforme fiscale que nous cherchons. Je pense que c'est quand même
un sujet qui est sur la table de l'Union depuis plusieurs années.
Aujourd'hui, ça se veut davantage probablement une solution pour tenter
de rationaliser et d'apporter une certaine efficience et une efficacité
au système public dans son ensemble. On parle, à un moment
donné, de décentralisation. On tente, évidemment,
d'apporter ou de déférer davantage de responsabilités aux
municipalités. Je pense que les municipalités sont en mesure
d'assumer de nouvelles charges sur le plan de la responsabilité en
autant qu'on y retrouve, effectivement, des revenus correspondants.
Voilà un bel exemple dans le cas de la distribution de
l'électricité. C'est bien évident qu'il y a des revenus
intéressants qui font en sorte que ça puisse diminuer la charge
sur le plan du foncier qui, aujourd'hui, évidemment, est rendue à
ses limites. Ça, on le sait, on l'a déjà souligné
devant une autre commission parlementaire sur les finances publiques.
D'autre part, c'est évident qu'on a vécu, avec neuf
municipalités, neuf agglomérations, une expérience
constante, comme l'indiquait M. le député, et on se rend à
l'évidence, lorsqu'on regarde le tableau... Remarquez qu'il peut
peut-être y avoir de légères fluctuations dans les
pourcentages, mais je pense qu'ils traduisent très nettement la
réalité elle est bien celle-là de ce qu'on
retrouve à la page 9 de notre mémoire. Sur la question d'une
expérience-pilote, et M. le député l'a souligné
aussi, après s'être entendus à l'intérieur d'un
comité, on croyait qu'avant de l'étendre et mis à
part les municipalités qui sont déjà touchées
évidemment, à la grandeur du Québec, de prendre une
municipalité qui ne fait pas ça, actuellement, mais qui a
l'intérêt de le faire et voir de quelle façon ça
peut se vivre... C'est davantage sur ce plan-là, pour voir de quelle
façon ça peut s'implanter, de quelle façon ça peut
se vivre au cours de la période d'implantation. Il y a aussi l'arrimage,
je pense, il faut quand même bien l'admettre, des fonctions qu'on
retrouve à l'intérieur des conventions collectives que vivent
plusieurs municipalités. Donc, c'est sur ce plan-là.
D'autre part, M. le Président, si vous le permettez,
tantôt, lorsque M. Chevrette a touché d'autres aspects qui sont
peut-être un petit peu plus techniques, qui ne sont pas
nécessairement de mon ressort sur le plan politique, j'ai senti aussi
que M. Prévost, qui est chargé à la recherche, qui a
été aussi directeur général adjoint à
l'Union, avait peut-être le goût de préciser un
peu plus. Donc, si vous le permettiez, peut-être qu'on pourrait
entendre aussi M. Prévost là-dessus.
Le Président (M. Audet): M. Prévost.
M. Prévost (Pierre): Merci, M. le Président. En
fait, en réponse à la question du député, les
chiffres qui sont présentés dans le tableau figurant dans le
mémoire sont des chiffres qui sont officiels, c'est-à-dire des
chiffres qui proviennent des réseaux et qui proviennent essentiellement
des municipalités. Je ferai juste remarquer que c'est des chiffres qui
sont conformes aux manuels de comptabilité municipale, la même
comptabilité qui a permis au gouvernement de justifier que les
municipalités étaient assez riches pour se permettre un transfert
de responsabilités financières il n'y a pas si longtemps. Donc,
je ne crois pas qu'on aurait un intérêt quelconque à
gonfler ces chiffres-là en disant que c'est une mine d'or. Ce
n'était pas l'intention.
M. Chevrette: Ce n'est pas l'intention de la municipalité,
M. le directeur général adjoint? Si je veux vendre mon
réseau, je peux montrer qu'il est très rentable, n'est-ce
pas?
M. Prévost: Oui, mais en fait... M. Chevrette:
Merci.
M. Prévost: ...je ne parlerai pas au nom des gens qui ont
déjà un réseau parce qu'ils vont être là
d'abord ce soir pour se faire entendre, d'une part.
M. Chevrette: On va les questionner.
M. Prévost: D'autre part, en ce qui concerne
l'expérience-pilote, je pense que M. Mercier a bien répondu en
disant que ce qui est important, dorénavant, c'est de parler de
réimplantation municipale dans le domaine de la distribution de
l'électricité. Il s'agit de voir où est-ce qu'on peut
faire se rejoindre les intérêts d'Hydro-Québec, du
gouvernement, des municipalités, enfin, du contribuable.
M. Chevrette: Vous semblez affirmer dans votre mémoire que
vous seriez beaucoup plus efficace au niveau municipal qu'Hydro-Québec.
Vous ne semblez pas, vous l'affirmez catégoriquement! Et,
deuxièmement, vous dites qu'il n'y aura plus de retombées. Est-ce
à dire qu'Hydro-Québec, par exemple, quand elle investit dans les
régions, vous n'avez pas de retombées de ça? Quelle
différence qu'il y a entre les retombées faites par
Hydro-Québec, directement dans une région, puis les
retombées que vous auriez? Il n'y en a pas plus, parce
qu'Hydro-Québec entretient les réseaux, autant urbains ou ruraux,
là où elle en a la responsabilité. Elle injecte dans
l'équipement la même affaire. Vous semblez dire que le contenu
québécois serait tellement supé- rieur. Je ne comprends
pas tellement votre argumentation là-dessus, et j'aimerais que vous
soyez très explicites, parce que vous semblez laisser miroiter que la
société d'État n'a pas d'impact, ou peu dans les
régions. Mais je pourrais vous citer les passages.
M. Prévost: Est-ce que je peux me permettre de
répondre?
M. Chevrette: Oui, j'ai arrêté, donc, c'est parce
que je vous laisse la parole. Sinon, j'aurais continué!
Le Président (M. Audet): Allez-y, M. Prévost.
M. Prévost: En fait, on a parlé de maximiser le
retour local sur ces investissements-là. On n'a pas du tout
prétendu qu'Hydro-Québec n'a pas, au plan du contenu
québécois, il n'est pas question d'obtenir des rendements
supérieurs à ce que fait Hydro-Québec et ce n'est pas du
tout remis en question. Mais, en fait, c'est une question de rendre une partie
de la rente hydroélectrique québécoise qui est, en fait...
On ne se le cachera pas, c'est une des principales raisons de la
nationalisation, enfin, de l'expansion du réseau d'Hydro-Québec
en 1963: rendre une partie de cette rente-là sur le plan local. C'est un
peu le thème qu'on disait tantôt, c'est une espèce de
réimplantation des municipalités dans ce domaine-là, parce
que, au fond, les municipalités rendent déjà de multiples
services locaux qui sont tout aussi essentiels à la
société. On pense à l'adduction d'eau, au
déneigement puis aux services de sécurité publique.
Donc, c'est évident que ce serait opéré avec autant
de sérieux que le reste des activités municipales.
Le Président (M. Audet): Merci. M. Mercier, vous voulez
ajouter quelque chose. Allez-y.
M. Mercier: M. le Président, si je peux ajouter
effectivement sur l'efficacité, quand même, des services
municipaux comparativement à ceux d'Hydro, on a peut-être
l'exemple actuellement dans la cession des réseaux d'éclairage
à l'intérieur des municipalités. Et je pense qu'au
vécu, jusqu'à maintenant, en tout cas, elle s'est prouvée
très positive. Le temps de réponse, par exemple, dans bien des
cas, sur des demandes particulières au niveau de ne serait-ce que
d'ampoules brûlées, est de beaucoup plus court que sous
l'administration précédente d'Hydro dans le même
réseau. On pouvait voir des ampoules, dans des cas, qui prenaient deux
mois... Je vous citerais même des cas de trois mois que c'a pris
effectivement pour remplacer l'ampoule, alors que dans une période
minimale d'une semaine tout est réglé, parce que c'est la
municipalité qui gère. C'est normal, la municipalité est
sur les lieux. Elle est près de ses citoyens. Elle est près de sa
communauté, puis c'est beaucoup plus rapide. Hydro a évidemment
des effectifs répartis un peu partout au Québec, mais il y a
quand même aussi des priorités à l'intérieur des
travaux qu'elle
fait. Et peut-être, dans certains cas, il y a certains travaux
où ça pourrait... en tout cas, il y a moins d'urgence et on
néglige. Le temps passe et, finalement, c'est le citoyen aussi qui en
souffre sur ce plan-là.
Le Président (M. Audet): D'accord, merci. Je vais
maintenant reconnaître M. le député de Chapleau.
M. Kehoe: M. Mercier, le concept que vous avancez ce matin est
très intéressant, mais je pense qu'il y a des problèmes
majeurs pour son implantation; plus spécifiquement en ce qui concerne
l'exploitation des réseaux de distribution de
l'électricité, ça demande des connaissances techniques et
des personnels spécialisés que les municipalités
actuellement ne détiennent pas, évidemment. Comment voyez-vous le
transfert d'expertise technique nécessaire au fonctionnement de ces
réseaux à des municipalités? Comment allez-vous
l'accomplir? (10 h 40)
M. Mercier: Vous avez déjà 10 endroits, je pense
9 ou 10 endroits où ça existe qu'on peut donner
comme exemple où ça fonctionne bien. Je ne pense pas qu'il y ait
de problèmes à ces endroits. L'expérience est là.
Si vous vous retrouvez avec des municipalités tantôt qui devront
l'assumer, je pense qu'il y a quand même un bon nombre de
municipalités qui ont déjà de l'expertise à
l'intérieur de leur personnel en ce qui touche le secteur
électrique. C'est bien évident qu'il y aura tantôt aussi,
je pense, quand même, certaines séances ou groupes de formation.
Il y aura à donner une formation minimale, je pense, pour être
capables de gérer les situations particulières que
représente la distribution. Encore une fois, ce n'est pas un
problème sur ce plan. Je pense que les municipalités comme telles
aujourd'hui vivent un changement important sur le plan des technologies, ne
serait-ce que sur le plan de l'informatique, et il y a quand même, je
pense, un recyclage des gens qui est fait à l'intérieur des
personnels des municipalités. Règle générale, je
pense que ça se vit très bien. Donc, il n'y a pas d'exception
pour le réseau électrique. Je pense que ça peut
très bien se faire, ce n'est quand même pas sorcier. Il y a
peut-être des particularités, mais je pense qu'à
l'intérieur d'une session de formation, ou quelques-unes, il y a
possibilité de faire en sorte qu'on ait des gens qui soient absolument
au courant de tous les aléas du système de distribution.
M. Kehoe: Actuellement, une ville comme Gati-neau vous
avez mentionné tantôt qu'il y a des négociations y
a-t-il un projet-pilote dans la région de l'Outaouais?
M. Mercier: Non, j'ai indiqué tantôt que Gati-neau
était intéressée. Gatineau, d'ailleurs comme
Drummondville, était intéressée à pouvoir
effectivement, tantôt, faire de la distribution. Donc, c'est
peut-être des municipalités qui pourraient être
visées demain matin si on voulait effectivement mettre en place un
projet-pilote. Mais, actuellement, c'est très clair qu'elles ne le font
pas.
M. Kehoe: Vous voulez dire que ces municipalités,
Drummondville, Gatineau et les autres municipalités, auront des
personnels actuels en place qui, avec un certain entraînement, quoi? par
les gens d'Hydro-Qué-bec?
M. Mercier: Bien sûr, bien sûr, vous avez des gens,
je pense, qui sont quand même accrédités avec des licences
comme électriciens à l'intérieur de ces
municipalités. Ces gens-là, je pense, avec leurs connaissances,
sont capables, avec un minimum de formation, d'être en capacité,
quand même, de faire les travaux nécessaires dans la
gérance d'un système de distribution.
M. Kehoe: À la page de votre document, vous
alléguez que la prise en charge de la distribution de
l'électricité par les municipalités ne devrait pas
désavantager Hydro-Québec sur le plan financier. Pourriez-vous
expliquer comment vous venez à cette conclusion?
M. Prévost: Oui, en fait, M. le Président, il
s'agissait de bien préciser que l'intention, ce n'était pas de
couler Hydro-Québec. Donc, il s'agit, un peu, la réponse qu'on a
donnée tantôt, de faire coïncider les intérêts,
et Hydro-Québec a très longtemps prétendu que
l'activité de distribution électrique, ça, ce
n'était pas rentable à cause du peu de flexibilité qu'elle
obtient de ses différentes conventions collectives. C'est une
activité qui est plus intensive en main-d'oeuvre, et c'est justement un
des aspects; les municipalités qui sont intéressées, enfin
qui pourraient prendre en charge cette activité-là, pourraient
très bien fonctionner à partir des conventions collectives
qu'elles ont actuellement, à partir du personnel qu'elles ont
actuellement et en offrant un supplément de formation, mais il ne semble
pas que ce soit, de prime abord, l'activité qui, à partir du
moment où Hydro-Québec obtient un tarif, lorsqu'elle vendrait
à ces réseaux-là, un tarif suffisant pour couvrir ses
coûts... il ne semblerait pas que ce serait au détriment de sa
rentabilité.
M. Kehoe: Quelle est la position d'Hydro-Québec dans cette
affaire-là? Sont-ils d'accord? Y a-t-il des négociations
actuellement avec eux?
M. Prévost: Aucune négociation. Les seules
négociations qui ont lieu avec Hydro-Québec se font sous le
chapeau de l'AREQ, donc l'Association des redistributeurs
d'électricité des neuf municipalités et la
coopérative. Elles ont trait aux tarifs qu'Hydro-Québec charge
à ces redistributeurs-là, tarifs qui les pénalisent
jusqu'à un certain point, parce qu'un redistributeur ce n'est pas comme
une grande entreprise qui peut y aller avec une consommation.
M. Kehoe: Grosso modo, est-ce qu'Hydro-Québec est d'accord
avec votre position?
M. Prévost: On n'a aucun contact. On a
préféré venir devant la commission plutôt que
de...
M. Kehoe: C'est la première fois que c'est discuté
en public, devant la commission ici...
M. Prévost: Oui.
M. Kehoe: ...grosso modo. Puis, si je comprends bien, il y a des
négociations ou quoi entre l'Union des municipalités et certaines
municipalités, plus spécifiquement, vous avez parlé de
Gatineau, Drummondville, puis il y a des négociations qui se font
actuellement ou des pourparlers.
M. Prévost: Ce ne sont pas des négociations, c'est
simplement une prise de contact avec certains de nos membres pour
vérifier là où il y a un intérêt à
être partie d'un projet-pilote.
M. Kehoe: À l'heure actuelle, on parle
d'intérêt à un projet-pilote. C'est là que c'est
rendu le dossier? C'est bien ça?
M. Prévost: Oui.
M. Kehoe: Juste une dernière question. Que pensez-vous du
virage que vient d'effectuer HydroQuébec en intégrant le concept
de qualité totale à sa philosophie d'entreprise? Pouvez-vous
indiquer où en sont rendues les municipalités dans ce
domaine?
M. Mercier: Je pense que c'est quand même un objectif
intéressant, d'être capable d'établir la qualité
totale comme projet, et tenter de faire en sorte, dans le fond, qu'on
améliore l'efficacité, bien sûr, de sa machine publique, de
son administration publique, mais surtout être capable de donner un
meilleur service aux citoyens. Je pense que qualité totale doit viser
d'abord le citoyen avant tout.
Sur le plan des municipalités, vous avez plusieurs
municipalités au Québec, actuellement, des municipalités
d'importance dont la mienne, la ville de Charlesbourg, on a été
peut-être une des villes initiatrices de projets de qualité
totale, où ça donne des résultats, je pense, fort
intéressants. C'est motivant pour les employés et ça fait
en sorte aussi qu'on soit capable de rendre de meilleurs services aux
contribuables qui, bien sûr, assument la facture.
Je pense que, sur ce plan-là, nous, on est d'accord avec les
projets de qualité totale, en autant, bien sûr, que ce soit bien
administré. Je pense qu'il faut faire attention de ne pas se retrouver
dans un objectif qui ne soit pas celui qui vise le citoyen, d'abord.
M. Kehoe: Quand vous parlez des pourparlers avec les
municipalités et des discussions, ainsi de suite, est-ce que c'est avec
des municipalités comme Montréal, Laval, Québec, toutes
les municipalités de la province, ou je veux dire... Vous avez
mentionné plus tôt des municipalités. Gatineau, je sais, la
population c'est 92 000, Drummondville, c'est je ne suis pas sûr
une soixantaine de mille. Est-ce que c'est des municipalités en
bas de 100 000 personnes, ou si c'est...
M. Mercier: Comme je vous indiquais au début de
l'exposé, nos membres sont aux environs d'un nombre de 300 et on a 80 %
de la population du Québec à l'intérieur de notre
«membership», donc les villes que vous indiquez sont à
l'intérieur, bien sûr, de notre «membership». On a des
villes de taille importante, des moyennes et des petites. On a les trois
variétés.
M. Kehoe: Merci.
Le Président (M. Audet): Merci. Maintenant, je reconnais
M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Si jamais la
ministre ou le gouvernement ou Hydro-Québec allaient vers une
expérience-pilote du genre, j'aimerais que, d'abord, on associe les
consommateurs québécois qui sont des actionnaires dans le
cheminement d'un tel projet pour qu'on puisse véritablement avoir un mot
à dire comme ensemble québécois, et non pas une
négociation close entre l'UMQ et Hydro-Québec.
Deuxièmement, je voudrais émettre le commentaire suivant.
J'aimerais que, s'il y avait mandat éventuel, on gratte également
comment l'arrimage, par exemple, avec les objectifs de la société
d'État, qui parle, par exemple, de Défi performance, qui parle
d'objectifs précis, qui semble avoir beaucoup de difficultés
à évaluer ses programmes d'économie d'énergie, mais
qui en a, en tout cas, des objectifs sur papier, j'aimerais que ce soit
étudié, ces arrimages-là, ces objectifs-là, par
rapport à l'offre et la demande. Si on devait répandre, par
exemple, une situation comme celle que vous demandez de façon assez
large, est-ce que vous serez assujettis, par exemple, aux contraintes de
l'offre et de la demande? Parce qu'on sait qu'une ville pourrait décider
un parc industriel, par exemple; si on devait décider d'un type de
tarification dans une telle situation, quelle incidence ça pourrait
avoir?
Moi, j'aurais beaucoup de questions parce qu'autrement on risque de s'en
aller vers une privatisation sous le couvert d'expériences-pilotes ou
exclusivement une portion d'une politique énergétique qui est la
distribution. Quand on sait que la distribution peut avoir une
répercussion sur l'ensemble de la politique globale totale, je vous
avoue que j'aimerais ça voir les mandats écrits, moi. J'aimerais
ça qu'on puisse le discuter, et j'aimerais ça qu'on puisse
associer d'autre monde parce que, je vous avoue, la première intuition
quand j'ai lu
votre mémoire, savez-vous ce que j'ai vu? J'ai dit: Tiens, ils se
cherchent une source de revenus.
C'est à peu près tout ce que je ressens, parce qu'on sent
bien que ce n'est pas gratté comme dossier. À moins que je me
trompe, on sent bien que ce n'est pas fouillé beaucoup. Mais les
répercussions sont solides et ça fait partie du patrimoine
québécois, ça, global et non pas sectoriel, urbain versus
rural. Je ne sais pas quelle est votre réaction face à mes propos
peut-être tendancieux, mais pas injurieux. C'est une intuition que j'ai
et j'aime autant être franc et vous la donner. J'aimerais vous entendre
réagir. (10 h 50)
M. Mercier: M. le Président, je pense que ce n'est pas un
élément totalement nouveau, dans le fond, auquel on
réfère ce matin. Il y a déjà des expériences
vécues, il y a des villes il y en a 9 ou 10 actuellement
qui vivent effectivement...
M. Chevrette: C'est 9.
M. Mercier: ...soit la production et la distribution, et depuis
nombre d'années. Il y en a même une à l'intérieur de
ça, ça fait au-delà d'une centaine d'années. Donc,
je pense qu'il y a déjà un vécu. Sauf que, si on veut
appliquer, bien sûr, un modèle nouveau, on est d'avis que,
malgré tout, on devrait probablement passer par un projet-pilote,
après l'avoir, je pense, analysé et étudié au sein
d'un comité, tel qu'aussi le suggérait tantôt M. le
député.
D'autre part, sur la question que ça ressemble à de la
privatisation, où on parle de privatisation, est-ce que, par exemple, on
pourrait dire que le transfert de la voirie locale ça a
été de la privatisation? Pas tout à fait. Cependant, c'est
la municipalité qui l'assume. Il ne s'agit pas ici,
nécessairement, d'aller chercher uniquement des revenus additionnels,
mais c'est une question d'efficacité, je pense, dans le système,
et vous indiquiez tantôt une question de parc industriel. Parc
industriel, je dois vous dire qu'aujourd'hui, si vous avez du
développement dans un parc et vous voulez développer un
territoire donné à l'intérieur de ce parc-là,
installer tous les éléments qui sont nécessaires à
la distribution de l'électricité, vous allez peut-être
attendre aussi quelques mois. Si c'est la municipalité qui le fait, elle
est capable d'agir et très rapidement. Elle est près de son
milieu. Alors, il s'agit ici de tenter de regarder le transfert de nouvelles
responsabilités, des responsabilités, pas celles uniquement qui
sont déficitaires, mais également certaines
responsabilités. On y retrouverait aussi, je pense, un
bénéfice pour la population locale. C'est ça qu'il faut
regarder. Le transfert de responsabilités ne veut pas
nécessairement dire transfert des factures à payer, ce qu'on a
déjà vécu. Je pense qu'il faudrait voir un transfert
d'activités aussi intéressantes pour le milieu, et c'est
ça la différence entre les transferts qu'on a vécus dans
les derniers mois, pour ne pas vous dire les quelques dernières
années, et ce qu'on propose ici ce matin. Mais je suis d'accord... On
est d'accord qu'il faudrait, bien sûr, regarder, je pense, l'ensemble des
éléments qui toucheraient un tel changement, au sein d'un
comité, tel qu'on le suggère dans le mémoire.
M. Chevrette: Une minute, là. Bien, M. Mercier, ça
ne veut pas dire, parce que je tiens ces propos, que j'étais d'accord
avec le pelletage des factures.
M. Mercier: Ah! J'ai compris ça.
M. Chevrette: Vous aurez remarqué qu'il y a eu tellement
de rencontres sur lesquelles il y avait... Au moins sur un point où on
était unanimes, c'était là-dessus, avec l'Union des
municipalités et l'UMRCQ. Mais, moi, je pense qu'il y a une
différence ici. De par la tradition, la voirie... Vous prenez l'exemple
avec la voirie. Mais, en l'occurrence, ça a fait un débat
national ça, la question de l'hydroélectricité. Ça
fait partie du contrat social québécois. Il y a eu même une
élection qui a porté exclusivement là-dessus, cela a fait
l'objet d'une élection nationale en 1982...
Une voix: En 1962.
M. Chevrette: En 1962, excusez, et puis ça fait partie des
moeurs, des coutumes et de l'avoir collectif québécois. Quand
vous comparez cela à l'acheminement d'une responsabilité de
voirie, je trouve que la comparaison cloche un peu pas mal, merci.
Mais ceci dit, moi, je voudrais conclure là-dessus en vous
disant: C'est une forme de privatisation que se délester d'un pouvoir.
C'est une forme de privatisation. Et il faudrait avoir toutes les
données, les chiffres en fonction du contribuable, également, et
l'impact que ça aurait, par exemple, si toutes les villes du
Québec distribuaient l'électricité.
Quel est l'impact pour Hydro-Québec pour son secteur rural,
maintenant? Il faudrait au moins avoir ces chiffres-là. Moi, je n'ai pas
tendance à commencer dans ces choses-là, même par une
expérience-pilote, sans qu'il y ait eu une évaluation très
serrée, très globale, et soumise à la discussion publique
parce que c'est un des joyaux du public québécois et non pas
l'apanage exclusivement des villes. Et c'est ça que je veux
expliquer.
Je ne suis pas rébarbatif à une discussion, mais vous
comprendrez que mon souci premier c'est de voir à ce que l'actionnaire,
qui est le citoyen québécois dans sa totalité, connaisse
les tenants et aboutissants, même avant de plonger dans une
expérience-pilote qui, lentement mais sûrement, t'achemine vers
une politique, après, de privatisation qui, à mon point de vue,
doit être interrogée avant même que ça
débute.
Le Président (M. Audet): Brièvement.
M. Mercier: M. le Président, que les citoyens soient
informés, je pense que c'est essentiel, et on a de
beaux exemples de vécus déjà depuis nombre
d'années avec des municipalités où il y a non seulement de
la distribution, dans des cas aussi, de la production. Mais, ici, ce n'est pas
la production qu'on vise, c'est davantage la distribution. Il faut dire aussi
que, depuis 1962, il y a une trentaine d'années de ça, il y a
quand même aussi, je pense, un peu d'évolution, beaucoup
d'évolution qui s'est faite depuis. C'est un modèle qui se vit
actuellement ailleurs, ça se vit dans l'Ontario. Je comprends qu'on
puisse indiquer: Est-ce que ça ne ressemble pas davantage à une
forme de privatisation? Mais j'aimerais ça quand même vous
rappeler que, si l'ensemble des Québécois sont actionnaires, dans
le fond, de la grande société d'État qu'est 1'Hydro, il
faut voir aussi qu'à l'intérieur des municipalités il y a
les mêmes citoyens qui sont actionnaires aussi des intérêts
qu'il y a à l'intérieur de leur communauté. Donc, je pense
que c'est une chose qui est faisable. C'est pour ça que l'Union vient
apporter, bien respectueusement ici, ses recommandations ce matin et que l'on
souhaiterait, évidemment, que ça puisse être touché
à l'intérieur d'un comité d'étude sur la
possibilité de faire.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Lavio-lette, très brièvement...
M. Joli vet: Brièvement.
Le Président (M. Audet): ...l'enveloppe de temps est
écoulée déjà.
M. Jolivet: Oui, brièvement. Simplement, c'est parce que
c'est en contrepartie de ce qui a existé dans la dernière vague
de vente des réseaux de distribution, Grand-Mère en particulier,
vers Hydro-Québec. Alors, il faudrait regarder les impacts que ça
a eus dans ce temps-là.
J'aurais juste une petite question rapide. Vous avez parlé dans
le document de distribution d'électricité. J'aimerais savoir:
Est-ce que vous vous êtes penchés sur l'autre partie la
semaine passée, je posais la question à Hydro-Québec
la possibilité de construction de petits barrages par les
municipalités et quelle est votre position?
M. Mercier: Oui. Il y a, effectivement, nombre de
municipalités qui seraient intéressées, demain matin ou au
moment où ça pourrait être fait, de pouvoir opérer
de petites centrales. Actuellement, il y a des programmes qui existent, qui
permettent à l'entreprise privée de le faire, mais les
mêmes programmes ne touchent pas les municipalités. Donc, je pense
qu'il serait aussi opportun que les municipalités puissent gérer
ces mêmes petites centrales qui se développeraient demain
matin.
M. Jolivet: Juste...
Le Président (M. Audet): Merci.
M. Jolivet: ...M. le Président...
Le Président (M. Audet): C'est terminé.
M. Jolivet: Oui, mais c'est une question pour vous. Est-ce que
vous pourriez me dire si vous avez reçu l'avis juridique, l'opinion
juridique concernant les petits barrages? Je ne haïrais pas l'avoir si
ça a été distribué.
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'on a...
M. Jolivet: II y a quelqu'un qui devait nous le faire
parvenir...
Le Président (M. Audet): Non, on n'a pas reçu le
document encore...
M. Jolivet: ...à un moment donné. En tout cas!
Le Président (M. Audet): ...au Secrétariat. Une voix:
C'était Hydro.
M. Jolivet: C'était Hydro, mais par l'intermédiaire
des gens qui sont là.
Le Président (M. Audet): J'ai demandé à
HydroQuébec de les transmettre au Secrétariat des commissions et
on m'informe qu'on n'a rien reçu.
M. Jolivet: O.K.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Drummond.
M. Chevrette: Hydro a sûrement des oreilles ici.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Drummond.
M. St-Roch: Merci, M. le Président. Alors, je dois vous
avouer que la lecture de votre mémoire me laisse perplexe à bien
des égards et aussi soulève énormément
d'inquiétude de ma part, pour avoir eu, en tant qu'élu, une
expérience de gestion dans un réseau municipal de distribution
d'électricité. À prime abord, il apparaît, lorsque
je regarde le tableau 9, que ce soit au niveau de la rentabilité, au
niveau des revenus ou au niveau des évaluations par 100 $, il semble
apparaître que les réseaux où on a une partie de
fabrication sont les mieux situés; plus on s'éloigne vers
strictement la distribution, les revenus par 100 $ sont à la baisse.
Alors, j'en veux pour exemple Westmount. Alors, ne croyez-vous pas, comme l'a
souligné d'ailleurs mon collègue de Joliette, que, dans le temps,
lorsqu'on sera
municipalise dans 10, 15 ou 20 ans d'ici, les revenus
générés feront en sorte qu'on ne sera pas capable de
garder le réseau de distribution moderne? Ça, c'est ma
première question.
Je vais vous les poser toutes les deux, une à la suite de
l'autre. Dans la foulée de ce qu'on a vécu aussi avec le projet
de loi 74 parce que, si un très grand nombre de
municipalités font la distribution, M. le directeur
général adjoint indique que c'est beaucoup plus facile avec les
employés municipaux, avec la flexibilité qu'on pourrait avoir...
Mais ne croyez-vous pas qu'Hy-dro-Québec, si elle a à se
délester d'une partie importante de son réseau de distribution,
se devra, à ce moment-là, de faire face à un
problème de main-d'oeuvre et qui ne voudront pas... dire: C'est
très bien, vous allez prendre la main-d'oeuvre associée avec ce
réseau de distribution là? Premièrement! Alors, à
ce moment-là, vous perdez la flexibilité et les économies
que vous semblez vouloir insinuer qui seraient possibles, dans un premier
temps. Et, dans un deuxième temps, ne croyez-vous pas que si jamais
cette distribution-là par le réseau municipal arriverait, bien,
on aurait tendance à voir surgir le même phénomène
qu'on a discuté avec le projet de loi 74, une syndicalisation à
la grandeur de la province qui va faire en sorte qu'on sera pris à
ravoir ces salaires qui sont uniformes parce qu'on fera face, en tant
qu'élu, à la même responsabilité: À travail
égal, salaire égal? Alors, petite municipalité versus
grande municipalité, inflation. Finalement, les gains qui apparaissent,
peut-être, à très court terme, lorsqu'on les projette au
bout d'une couple d'années et dans le temps, seraient
complètement éliminés, avec tous les inconvénients
qui en résulteraient à ce moment-là. (11 heures)
M. Mercier: M. le Président, je commencerais par la
dernière partie de la question de M. le député et c'est
sur le plan même de la syndicalisation. Il faut quand même voir
ici, à l'intérieur des membres de l'Union, qu'une bonne
majorité de ces municipalités ont déjà des
employés syndiqués.
D'autre part, il faut voir aussi la viabilité de la gestion,
évidemment, de la distribution, la rentabilité. On sait
très bien que, pour certaines petites municipalités, ça
peut peut-être ne pas être rentable. Il devra y avoir un
regroupement autour d'une municipalité d'importance, donc une entente
intermunicipale. Je pense que sur ce plan-là, évidemment, le plan
de la syndicalisation ne se pose pas parce que c'est les employés d'une
municipalité d'importance qui détiendraient ce mandat.
Sur le plan des personnels existants à l'heure actuelle à
Hydro, je pense que c'est un aspect qui devrait être touché
à l'intérieur d'un comité d'étude qu'on
suggère dans notre mémoire. Il est bien évident aussi que
je n'ai pas toute la projection, bien sûr, des gens qui se retrouveront
demain matin ou tantôt à la retraite au niveau
d'Hydro-Québec, mais je pense qu'il y a des mesures qui pourraient
être prises et qui feront en sorte que les personnels ne s'ajouteront pas
à Hydro, sauf que... Ils ne s'ajouteront tout simplement pas. Ils ne
diminueront peut-être pas demain matin nécessairement, mais ils
n'augmenteront pas non plus du jour au lendemain, ils n'augmenteront
peut-être pas non plus dans l'avenir.
Sur le plan de réseaux modernes, à mon avis, c'est bien
évident que vous avez des municipalités qui produisent de
l'électricité. Ceux-là, on le voit bien dans les tableaux
de notre page 9, ils sont peut-être un peu plus rentables sur le plan des
revenus, les revenus nets de fin d'année, c'est bien évident. La
distribution l'est un peu moins mais, encore une fois, elle demeure aussi
intéressante pour les municipalités. D'autre part, je pense que
c'est des aspects aussi qui devront être touchés à
l'intérieur d'un comité d'étude, sur la question de
maintenir un réseau dans un bon état, le maintenir, je pense, au
point, comme vous l'indiquiez, moderne; il y a une question de normalisation
aussi qui devra être convenue à l'intérieur d'une cession
d'un réseau. Je pense que ça aussi c'est des aspects qui devront
éventuellement être touchés. On ne peut pas
transférer et dire: Bien voilà, bonjour, vous ferez ce que vous
voudrez du réseau. Il faut avoir, je pense, certains critères de
normalisation. Donc, il pourrait y avoir des suivis là-dessus pour
garantir, quand même, à l'ensemble des citoyens un service qui
soit équivalent d'une municipalité à l'autre. Il ne
faudrait pas se retrouver avec un service excellent dans un bout de
réseau et, dans l'autre réseau, on tombe à plat pour
toutes sortes de raisons. Je pense que ce serait impensable, ça.
Le Président (M. Audet): Merci. Ça termine nos
échanges. Alors, au nom...
M. Chevrette: Merci. On aurait eu beaucoup de questions en
matière environnementale, par exemple, la multiplication des sites
dangereux.
Le Président (M. Audet): Merci. Alors, au nom des membres
de la commission, je veux remercier Mme et MM. de l'Union des
municipalités du Québec. Merci.
Nous allons suspendre nos travaux quelques minutes. Pendant ce temps,
j'inviterais la Confédération des syndicats nationaux à
prendre place, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 11 h 3)
(Reprise à 11 h 6)
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'économie et du travail reprend ses
travaux. Nous recevons maintenant la Confédération des syndicats
nationaux. Alors, au nom des membres de la commission, madame, messieurs, je
vous souhaite la plus cordiale des bienvenues. Puis, je vous rappelle
brièvement le déroulement de nos travaux. Vous disposez d'une
vingtaine de minutes pour exposer votre mé-
moire. Ensuite, suivra une période d'échange d'une
quarantaine de minutes. Avant de débuter votre exposé, je vous
invite à vous présenter s'il vous plaît pour les fins du
Journal des débats. Alors, vous avez la parole, madame.
Confédération des syndicats nationaux
(CSN)
Mme Lamontagne (Céline): Merci, M. le Président. Je
veux d'abord présenter la personne qui m'accompagne qui est Peter
Bakvis, adjoint à l'exécutif de la CSN et, moi, je suis
Céline Lamontagne, vice-présidente de la CSN. Alors, je voudrais
remercier la commission d'avoir accepté de nous entendre ce matin et
aussi rappeler que, pour la CSN, le débat entourant le plan de
développement d'Hydro-Québec mais aussi l'ensemble de la
politique énergétique au Québec, c'est un débat
qu'on fait depuis plusieurs années dans nos rangs. On fait aussi le
débat sur l'hydroélectricité. Je peux aussi vous dire
qu'à l'intérieur même de nos membres on peut retrouver un
peu l'éventail des opinions qui existent dans la société
québécoise. Qu'on pense au débat, par exemple, entourant
les grands barrages. On retrouve comme un microcosme des opinions qui peuvent
exister dans la société québécoise et, dans ce
sens-là, c'est intéressant.
Par ailleurs, rappeler que pour nous toute la politique de
l'hydroélectricité, la politique de l'énergie repose sur
certains principes et certaines orientations. D'abord, on croit que le
développement de la ressource énergétique doit susciter la
création d'emplois, doit protéger l'environnement et assurer
Fautosuffisance énergétique du Québec. Et aussi, comme
bien d'autres, on privilégie la filière hydraulique avant la
filière thermique ou la filière nucléaire.
Nous avions présenté, en 1990, un mémoire devant
cette commission. Nous avions, à cette occasion-là,
déploré un peu le manque de consultation ou le manque de
transparence à certains niveaux d'Hydro-Québec. On doit souligner
aujourd'hui un aspect positif qui s'est développé dans les
dernières années. C'est la consultation qu'Hydro-Québec a
faite qui a précédé le dépôt de son plan de
développement de 1993. Nous avons participé à cette
consultation et nous considérons qu'il y a des aspects positifs. D'une
part, cette consultation a réuni un nombre important de groupes et aussi
elle a donné des résultats qui transparaissent même dans le
plan de développement de 1993. Entre autres, un exemple, on aborde les
énergies alternatives et on sait que c'est suite à des demandes
ou à des discussions qu'il y a eu avec les groupes dans la consultation
préalable.
Cependant, même si, nous, on croit que pour le prochain plan de
développement il devrait y avoir une pareille consultation, à
notre avis, cela ne dispose pas complètement du débat sur une
politique de l'énergie qui est réclamé par plusieurs
groupes au Québec et cette consultation, même intéressante,
à notre avis, a ses limites parce que ça demeure toujours dans le
cadre de l'entreprise d'Hydro-Québec avec les études et les
expertises d'Hydro-Québec. Donc, on propose, comme on l'a fait en 1990,
la création, toujours, d'une commission québécoise sur
l'énergie dont le mandat serait d'autoriser les grandes décisions
en matière énergétique après avoir soumis les
différentes options à la consultation publique et à des
études indépendantes. (11 h 10)
Ce qui était important dans cet aspect-là de cette
commission, c'est la capacité pour la commission d'avoir des
études et des expertises indépendantes de celles qu'on a par
Hydro-Québec. Cette proposition-là, je le disais tout à
l'heure, on l'a faite en 1990 et on la refait en 1993, ça nous semble
toujours important, et je dois dire dès le départ qu'à
notre avis ça ne remplace pas le rôle du gouvernement, le
rôle des élus et le rôle de cette commission parlementaire.
C'est des aspects particuliers, des mandats particuliers qui seraient soumis
à une commission québécoise sur l'énergie, et je
rappelle aussi, comme on le dit dans le mémoire, que de tels types de
commissions existent ailleurs, aux États-Unis entre autres. Alors, c'est
un aspect important de notre mémoire.
Par ailleurs, nous avons aussi regardé certains
éléments, plusieurs éléments du plan de
développement 1993 d'Hydro-Québec. Alors, sur un point important
qui est la demande d'électricité ou les prévisions, les
perspectives d'évolution de la demande, bon, nous, on considère
que tout ce qui entoure les projections de la demande, c'est une donnée
fondamentale dans un plan de développement, cela va de soi, car
ça détermine tout le reste du plan de développement, y
compris si oui ou non on doit aller vers des mégaprojets ou des nouveaux
barrages. Alors, nous avons cependant quelques inquiétudes sur l'analyse
que fait Hydro-Québec des évaluations de la demande future. On
constate, par ailleurs, que plusieurs pays industrialisés, certains
États voisins ont évalué à la baisse leur demande
future alors que, nous, Hydro-Québec continue à augmenter sa
prévision de demande, et il nous semble, à la lecture du plan de
développement, qu'Hydro-Québec ne prend pas très au
sérieux les conséquences ou les impacts qu'a eus la situation
économique et, surtout, qu'elle ne s'engage pas de façon
très déterminée ou très convaincue dans des
programmes d'économie d'énergie. Alors, c'est pourquoi nous
recommandons que le ministère de l'Énergie et des Ressources
commande des contre-expertises sur l'évaluation de la demande
d'électricité de 1992 à 2010 et que, dans le choix des
projets de développement d'Hydro-Québec, on privilégie
ceux qui accordent un maximum de flexibilité pour faire face à
des fluctuations non prévues de la demande. Donc, c'est-à-dire
des projets qui permettent une flexibilité pour que ce soit plus facile
de s'adapter s'il y a des fluctuations entre les prévisions et la
demande qu'on fait.
Un autre aspect, c'est tout le volet des économies
d'énergie. On constate, entre autres, deux problèmes dans le plan
de développement. Premièrement, on
constate qu'il y a eu une réalisation seulement de 22 % des
économies projetées et qu'on a révisé à la
baisse les objectifs en termes d'économie d'énergie. Et,
pourtant, Hydro-Québec reconnaît que les économies
d'énergie ou des programmes d'économie d'énergie peuvent
être créateurs d'emplois, et nous on est d'accord pour dire aussi
que ça peut stimuler l'activité économique, d'autant plus
si on va de l'avant, si on est innovateur, créateur à ce
niveau-là. Alors, c'est pourquoi on recommande à la commission de
confier à un organisme indépendant alors, c'est notre
commission québécoise de l'énergie avec
Hydro-Québec, d'élaborer un programme d'économie
d'énergie, et aussi de mettre en place des mesures d'économie
à un rythme accéléré durant les années
quatre-vingt-dix, et qu'un des objectifs du programme soit d'assurer un maximum
de retombées au Québec, de retombées en termes
économiques.
L'autre aspect du plan, c'est tout le débat autour des
énergies alternatives. Ce qu'on peut constater, c'est que le plan 1993
démontre une certaine ouverture à des énergies autres que
la filière hydraulique, mais on constate aussi qu'il n'y a pas
d'engagement ferme, très, très ferme, de la part
d'Hydro-Québec. Alors, nous, on est d'accord pour qu'on poursuive la
politique de diversifier les achats d'électricité en provenance
de sources comme les petites centrales hydroélectriques et thermiques
ainsi que la cogénération et Péolienne et surtout qu'on
fixe un échéancier et établisse des moyens d'action
précis pour la mise en place de générateurs éoliens
dans les réseaux non reliés au réseau principal.
Et aussi un autre aspect qu'on développe dans le mémoire,
c'est que le ministère de l'Énergie et des Ressources
établisse des mesures pour favoriser l'utilisation accrue du gaz naturel
comme source de chaleur industrielle, entre autres pour le chauffage des locaux
commerciaux, institutionnels et résidentiels. Et, à notre avis,
il faut que soit intensifiées, finalement, la promotion et la
publicité autour de l'utilisation du gaz naturel.
Un autre aspect de notre mémoire c'est tout ce qu'on a
appelé la contribution d'Hydro-Québec au développement
industriel et plus précisément toute la question des contrats
d'électricité à des conditions particulières.
Alors, je pense que je ne développerai pas longuement sur cette
question-là, mais pour dire qu'on comprend la réticence,
maintenant, d'Hydro-Québec de voir se multiplier de tels contrats. Et on
est d'accord pour dire que de tels contrats devraient contribuer, finalement,
au raffermissement des grappes industrielles du Québec et qu'on devrait
aussi tendre à ce que ces entreprises-là transforment ces
produits au Québec. Et on est aussi en accord avec le fait de
développer les technologies électriques qui sont aussi, on le
croit, plus créatrices d'emplois que les industries énergivores
ou à forte consommation d'électricité. Mais il y a un
aspect important, toujours, et qu'on a aussi souligné dans notre
mémoire de 1990, on croit que les contrats à conditions
particulières devraient être soumis pour approbation à un
organisme public et qu'il devrait faire un calcul indépendant des
coûts et des bénéfices de ces dits contrats, ça pour
l'avenir, que les contrats à des conditions particulières soient
toujours soumis à un organisme public indépendant
d'Hydro-Québec.
De plus, on croit aussi, toujours dans la perspective du
développement économique, qu'Hydro-Québec devrait
encourager ou faire la promotion, avec d'autres, évidemment, avec
d'autres organismes ou d'autres entreprises privées même, du
transport en commun électrique ou 1'electrification du transport en
commun, que ce soit le transport interurbain comme les trains de banlieue ou le
TGV, mais aussi du transport à l'intérieur des grandes villes, du
transport urbain. On croit qu'il y aurait beaucoup d'avantages à de
telles politiques. D'une part, ça nous permettrait une plus grande,
comme société québécoise, autosuffisance
énergétique; d'autre part, c'est clair que le transport
électrique à l'intérieur des villes ça serait un
facteur de diminution de la pollution et aussi ça nous permettrait de
développer de nouveaux créneaux ou de nouvelles... au niveau
industriel, de nouveaux aspects industriels. (11 h 20)
Bon. En ce qui concerne les contrats d'exportation, maintenant. Nous, on
croit toujours... D'abord, un aspect important qui est dit dans le plan, avec
lequel on est d'accord, c'est quand Hydro-Québec dit qu'il ne devrait y
avoir aucun devancement d'équipement tant qu'on n'aura pas un contrat
ferme de vente d'électricité à l'extérieur; nous
aussi, on recommande, cependant, toujours, que tous les nouveaux contrats
d'exportation d'électricité soient soumis à un processus
d'approbation par un organisme externe.
En ce qui concerne, maintenant, un point assez important, c'est toute la
tarification de l'électricité. Nous, on croit qu'il faut
maintenir le principe de l'inter-financement entre les différents types
de clientèles et, dans ce sens-là, il ne devrait pas y avoir
d'augmentation particulière ou de hausse particulière pour le
secteur résidentiel. On ne devrait pas, non plus, augmenter les
coûts d'électricité durant l'hiver; les factures, pour les
Québécois et les Québécoises, durant l'hiver, sont
déjà assez hautes, mais on devrait, par ailleurs, adopter des
mesures incitatives volontaires, même, des tarifs modulés, selon
l'heure, pour faire en sorte qu'on diminue la consommation
d'électricité aux heures de grande affluence. Donc, il devrait y
avoir, oui, des mesures incitatives au niveau du résidentiel,
particulièrement, évidemment, durant la période d'hiver,
mais pas une hausse majeure pour le résidentiel. Parce que, nous, on
voit des dangers, entre autres, qu'après ça, les villes, ce soit
moins cher que les lieux éloignés, que les régions
très éloignées ou même que ceux qui vivent sur les
îles soient pénalisés, payent plus cher parce que le
coût est plus élevé. Alors, on veut maintenir un peu la
grille tarifaire, mais en ayant des mesures incitatives pour que les gens
consomment moins aux hautes périodes d'utilisation de
l'électricité.
En terminant, je voudrais rappeler qu'on veut
réaffirmer, aussi, l'importance de préserver
HydroQuébec comme étant une société d'État,
donc, on est contre toute forme de privatisation totale et même
partielle. On croit qu'Hydro-Québec a contribué à la
qualité de vie des Québécoises et des
Québécois et qu'elle a contribué à promouvoir le
développement économique et la création d'emplois au
Québec et on pense que la meilleure façon, aussi, comme
société et comme population, de contrôler la
société d'État, c'est que ça soit une
société publique. Alors, on veut réaffirmer ça,
parce qu'on sait qu'il y a des rumeurs qui circulent, de temps à autre,
sur la privatisation d'Hydro-Québec. Alors, je vous remercie.
Le Président (M. Audet): Merci, Mme Lamonta-gne. Je vais
maintenant reconnaître Mme la ministre de l'Énergie et des
Ressources.
Mme Bacon: M. le Président, Mme Lamontagne, M. Bakvis,
j'aimerais vous remercier de votre participation à cette commission
parlementaire. Vous avez abordé, évidemment, de très
nombreux thèmes dans votre mémoire, mais je pense que ça
contribue à l'évolution de notre réflexion sur les
différents sujets que vous avez abordés.
Votre première recommandation concerne la prévision de la
demande d'électricité au Québec. Vous la remettez en
question et vous demandez que le ministère de l'Énergie et des
Ressources commande des contre-expertises à cet effet-là. Et,
outre Hydro-Québec, le ministère de l'Énergie et des
Ressources, l'Office national de l'énergie de même
qu'Énergie, Mines et Ressources Canada publient une prévision de
la demande d'électricité pour le Québec. Bien que
reflétant, évidemment, certaines différences aux divers
horizons, ces prévisions donnent, à toutes fins utiles, des
résultats qui sont comparables. Quels sont les éléments
qui vous portent à croire que les prévisions de la demande
d'électricité d'Hydro-Québec sont
surévaluées?
M. Bakvis (Peter): Bon. En fait, ce que nous soumettons, c'est...
D'abord, dans le mémoire, c'est quelques réflexions qui, surtout
en fonction de ce qui se passe dans un certain nombre de réseaux voisins
on cite des cas... Certains sont d'ailleurs notés dans les
différentes annexes du plan de développement
d'Hydro-Québec où on a révisé assez radicalement
à la baisse des prévisions en fonction de l'impact de la
récession des trois dernières années. On rappelle, on a
perdu ici, au Québec, environ le cinquième des emplois
manufacturiers depuis trois ans. Hydro-Québec, dans ses
prévisions, en fait, prévoit même une augmentation qui est
légèrement supérieure, en termes de croissance, que ce
qu'elle prévoyait en 1990 pour les 18 prochaines années. Pour
Hydro-Québec, la récession semble être un
phénomène ou un incident de parcours alors qu'il y a beaucoup
d'analystes de la situation économique qui disent que ce qui se passe
avec le secteur manufacturier, malheureusement, va laisser des impacts à
long terme.
Alors, c'est pour ça que ce facteur-là, on trouve que
ça mérite un deuxième regard, ce qu'on soumet. On ne dit
pas... On ne soumet pas un autre chiffre qui, pour nous, est plus
réaliste, on n'a pas l'expertise. Je crois qu'un des problèmes
c'est qu'ici, au Québec, l'expertise là-dessus, c'est
Hydro-Québec qui la détient. Même les autres organismes que
vous avez mentionnés, qui font des prévisions, s'appuient quand
même en bonne partie sur cette expertise-là. l'autre
élément, c'est la question des économies d'énergie.
hydro révise à la baisse, au moins jusqu'en 2005, ses
prévisions quant aux économies à réaliser. comme
mme lamontagne l'a mentionné, en 1992, on a atteint seulement 22 % de ce
qui était prévu il y a à peine trois ans. alors, il y a,
quant à nous, des efforts supplémentaires à
réaliser. ce n'est pas tellement pour le moyen et le long terme qu'on a
des inquiétudes, c'est sur le court terme. on ne semble pas s'y engager
très sérieusement. si on le faisait, bien, évidemment,
ça aurait un impact sur la demande. on dit aussi que ça peut
être drôlement créateur d'emplois que de s'engager
rapidement et sérieusement dans un programme d'économie
d'énergie, alors que ce qu'on voit dans le plan de développement
d'hydro-québec, c'est de remettre tout ça dans 10 ans d'ici.
alors, on pense qu'à court terme il y a des choses à faire.
Mme Bacon: J'aurais peut-être quelques discussions à
entreprendre avec vous quant aux chiffres d'Énergie et Ressources,
ministère de l'Énergie du Canada, mais qui se ressemblent. En
fait, on a 196,3 TWh pour Hydro-Québec, entre 192,4, 196,5. Ces chiffres
sont passablement les mêmes. Il y a tellement d'informations dans votre
mémoire que je préfère continuer là-dessus.
Au niveau des économies d'énergie, vous venez
vous-même d'en parler, vous recommandez que le ministère confie
à un organisme gouvernemental indépendant qui devra
travailler, évidemment, de concert avec Hydro-Québec le
soin d'élaborer un programme d'économie d'énergie qui
prévoit la mise en place des mesures à un rythme
accéléré durant les années quatre-vingt-dix. Mais
comment serait financé un tel organisme? Combien, selon vous, ça
prendrait de temps avant qu'il soit vraiment opérationnel? Parce qu'il
faut se donner le temps de le mettre en marche. Est-ce qu'une nouvelle
structure ne serait pas une duplication de ce qui se fait déjà,
tant à Hydro-Québec qu'au ministère de l'Énergie et
des Ressources?
Mme Lamontagne: Premièrement, quand on parle d'une
structure, oui, ça ajoute une nouvelle structure. C'est toujours un
débat, surtout dans le contexte actuel, mais je pense que, même si
cette structure-là peut coûter quelques sous, peut-être
qu'elle nous fera épargner beaucoup d'argent si elle peut faire des
contre-expertises, et éviter peut-être, sans parler d'erreurs...
d'avoir deux évaluations plutôt qu'une.
Deuxièmement, quand on parle de dédoublement, bien, je
pense que, quand on parle d'une commission sur l'énergie, ce n'est pas
seulement pour la filière hydroélectrique, mais c'est pour
l'ensemble des politiques énergétiques, y compris le gaz, etc. Si
cette structure-là peut être opérationnelle, je ne sais pas
dans combien de temps, là, ça dépendra de la
décision du gouvernement, mais ça peut se faire assez
rapidement.
Juste une autre remarque sur les programmes d'économie
d'énergie. On dit qu'Hydro-Québec fait des efforts, fait beaucoup
de publicité dans les résidences, etc., mais, à un moment
donné, c'est à se demander si elle n'est pas un peu comme en
conflit d'intérêts. Elle produit de l'électricité,
elle a à vendre de l'électricité et il faut aussi inviter
la population à diminuer sa consommation d'énergie. Donc, il
semble aussi que l'apport d'un organisme externe à Hydro pourrait
peut-être être bénéfique même au niveau de la
création, des idées, etc., pour vraiment s'engager
sérieusement dans une politique d'économie d'énergie. (11
h 30)
Mme Bacon: Est-ce que vous iriez aussi loin que de dire: il faut
prendre le budget prévu par Hydro-Québec parce qu'on sait
qu'il y a 1 800 000 000 $ pendant 10 ans et qui pourraient peut-être
servir quand on parle de financement est-ce que vous verriez ce
budget-là... à ce moment-là, c'est trop rattaché
à HydroQuébec?
Mme Lamontagne: Pour financer la commission? Normalement,
ça devrait être un financement gouvernemental.
Mme Bacon: Dans votre mémoire, vous recommandez que le
ministère, au niveau de la tarification, n'autorise pas d'augmentation
tarifaire qui vise particulièrement le secteur résidentiel ou la
consommation pendant les mois d'hiver. Et selon vous, pour décourager la
consommation durant les périodes de pointe, Hydro-Québec devrait
plutôt adopter des mesures incitatives volontaires, telles que des tarifs
modulés selon l'heure, dans votre mémoire.
Dans son annexe sur les orientations tarifaires à long terme,
Hydro-Québec étudie plusieurs options en matière de
tarification différenciée dans le temps pour chacun des secteurs
de la consommation. Dans le secteur résidentiel, la
société d'État propose d'augmenter le caractère
saisonnier du tarif domestique de base plutôt que d'introduire un tarif
saisonnier obligatoire. Par ailleurs, un tarif expérimental du type
«horo-hebdo» saisonnier serait offert pour permettre aux clients
qui peuvent modifier leur comportement de réduire leurs factures. Moi,
j'aimerais avoir votre point de vue sur l'ensemble des orientations tarifaires
à long terme d'Hy-dro-Québec, en dehors de cette question de
Pinterfi-nancement, l'ensemble des modifications proposées. Est-ce que
vous ne pensez pas que ça constitue un important progrès quand
même en matière de tarification?
M. Bakvis: On a lu soigneusement et avec beaucoup
d'intérêt l'ensemble de l'annexe d'Hydro-Québec
là-dessus. Quant à beaucoup des orientations qui sont
développées, ça fait soulever plutôt des
inquiétudes, parce que l'idée de dire que, puisque ça nous
coûte plus cher fournir de l'électricité l'hiver, on va
augmenter les tarifs l'hiver pour décourager la consommation, ça
nous apparaît que, finalement, il n'y a pas de possibilité pour le
client de modifier son comportement qui lui permettrait finalement de
réaliser des économies. Les gens qui chauffent à
l'électricité ne vont pas chauffer l'été à
la place de chauffer l'hiver, parce que ça va coûter moins cher
l'été. Alors, à moins d'inciter, à la longue, les
gens à convertir vers d'autres types de chauffage... Nous, on est
d'accord avec ça, d'ailleurs. Quand on mentionne le gaz, par exemple, ce
n'est pas nouveau quand on dit ça, qu'on pense que c'est
sous-utilisé au Québec, entre autres, pour le chauffage
résidentiel. On est d'accord qu'on incite une utilisation, mais pas en
pénalisant les gens qui parfois ont déjà fait des
investissements importants, disons, au niveau personnel, qui n'ont pas d'autre
choix, et aussi il y a des régions du Québec où on n'a pas
le gaz, dans les régions rurales, en particulier.
Alors, c'est ça, ce qu'on retient, nous, comme intéressant
et qu'on encourage le gouvernement d'adopter, c'est au niveau des mesures
incitatives où le client a un certain contrôle. Que les gens
fassent leur lessive et séchage du linge après 20 heures
plutôt qu'à 19 heures ou 18 heures, à la pointe de la
consommation, ça nous semble tout à fait normal, des mesures
comme celles-là.
Mais, nous, notre point de départ, c'est un peu que
l'électricité, c'est un besoin essentiel de base qu'on ne peut
pas, dans la société moderne... Et beaucoup de mesures
proposées par Hydro-Québec se traduisent finalement... deviennent
une espèce de taxation extrêmement régressive. C'est pour
ça qu'on ne peut pas être d'accord avec ça.
Mme Bacon: Vous ne croyez pas au signal de prix en matière
d'efficacité énergétique?
M. Bakvis: Excusez?
Mme Bacon: Vous ne croyez pas au signal de prix, par exemple, en
matière d'efficacité énergétique? Il y a des gens
qui prétendent que, si c'était beaucoup plus élevé,
les gens seraient davantage portés à faire des économies
d'énergie.
M. Bakvis: Oui, c'est sûr qu'ils le feraient à la
longue. C'est-à-dire que, si tu doubles le prix de
l'électricité fournie aux clients résidentiels l'hiver, il
y en a qui vont convertir assez rapidement. On trouve que c'est injuste. C'est
le même type de débat qui se fait sur le service de
téléphone. Ça peut être rationnel pour Bell Canada
de vouloir augmenter les tarifs de 25 % pour le service de base. Il y en a
plusieurs dans la société qui
ont toujours défendu que cela constitue un service essentiel dans
la société moderne et je dirais, au Québec, que
l'électricité l'est encore plus. Alors, oui, ils signalent des
prix par des mesures plutôt incitatives.
Le Président (M. Audet): Je dois maintenant
reconnaître M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Oui, tout d'abord, je voudrais vous dire que j'ai
bien aimé votre mémoire parce qu'il y a une vision globale et non
pas restrictive. Même si vous privilégiez
l'hydroélectricité comme source énergétique, vous
êtes conscients, par rapport aux autres mémoires, vous êtes
un des rares qui le voient de façon globale, l'énergie au niveau
du Québec, et ça je pense que c'est louable et c'est valable.
Deuxième chose que je voulais dire également, c'est que
vous présentez des solutions intéressantes. Je pense que tout le
monde observe qu'Hydro-Québec est la seule à avoir l'expertise.
Elle nous demande, bien sûr, de bonne foi de participer, sauf que vous
n'avez aucune ressource neutre, compétente qui pourrait
contre-expertiser, effectivement, ou apporter des bémols. Je donne
l'exemple à partir de votre propre mémoire quand vous dites: On
s'interroge très sérieusement sur l'efficacité
énergétique et ses résultats. Hydro ne semble pas trop
aller. Effectivement, quand on regarde 1990, 1991, 1992, il y a des volte-face
continuels dans l'évaluation de leurs chiffres. Exactement, j'ai fait le
même constat, au début de la commission, que vous faites dans
votre mémoire. C'est peut-être pour ça, entre vous et moi,
qu'elle surestime la demande. Quand vous regardez, ils sont tellement peu
sûrs de leurs résultats d'efficacité
énergétique, ils ont peut-être besoin d'avoir un coussin
pour se justifier en fin de course. En tout cas, ils vont nous le dire, sans
doute, parce que tout leur est rapporté, il y a des commandes qui se
glissent instantanément, me dit-on. Donc, ce sera intéressant de
voir la réaction d'Hydro là-dessus, mais je suis content que vous
le souleviez, que je ne sois pas le seul, de sorte qu'ils vont peut-être
sentir le besoin de nous éclairer là-dessus. Mais, à mon
point de vue, il y a un petit jeu là-dessus. Ils savent très
bien, ils n'ont pas d'outils de contrôle actuellement et, ça,
c'est... Il y a même des experts qu'on peut rencontrer, à
Hydro-Québec même, qui peuvent nous dire: II n'y en a pas de
contrôle, effectivement. Donc, je voulais souligner ça comme
apport positif.
Pour ce qui est de la commission que vous suggérez, je ne suis
pas contre, moi, mais j'ai une interrogation, c'est comment Hydro pourrait
être compétitive si ses chiffres sont étalés au
public au niveau de ses offres et de ses négociations, par exemple, par
rapport aux autres sources, par rapport même à d'autres
structures. Là-dessus, Hydro va vous répondre qu'étaler
ses positions à une commission vous venez de lui enlever toute sa
stratégie de négociation. Il y a quelque chose là qu'il
faudrait peut-être gratter. Mais si, véritablement, par exemple,
on veut avoir un contrôle des sources d'énergie et des
équilibres, il faudrait en arriver à avoir une commission de
l'énergie au Québec, ça, c'est clair. D'autant plus que je
regarde les contrats énergivores pour les grandes industries
consommatrices d'énergie, on l'apprend par l'extérieur. Il n'y a
pas grand secret dans cela, je me dis: Si on l'apprend par les
États-Unis, y aurait-il un gros danger de l'apprendre du Québec,
d'autant plus que nous sommes les actionnaires? Il y a quelque chose là
à gratter, mais j'aimerais vous entendre là-dessus, parce que
l'argument d'Hydro, ça va être: Oui, mais vous venez de nous
priver de notre pouvoir, de notre rapport de forces en négociation.
Mme Lamontagne: Bien, là, vous parlez des contrats de
vente à l'extérieur de l'électricité?
M. Chevrette: Oui, on pourrait parler aussi de l'autre aspect:
des contrats en général, des industries à grosse
consommation.
Mme Lamontagne: Les contrats, vous avez répondu un peu
à la question. Les contrats qui ont été secrets, on s'est
arrangé et ça s'est su aux États-Unis, donc, finalement,
ils n'ont pas été secrets, ces contrats-là, ils sont assez
largement connus. Et les contrats d'exportation d'électricité,
ils sont connus aussi dans les États où on exporte de
l'électricité. Donc, il n'y a pas de gros secret là. (11 h
40)
Je ne dis pas que ce n'est pas à regarder, mais à mon avis
ça ne devrait pas être un empêchement pour mettre une
commission qui va avoir aussi d'autres mandats que celui-là, et s'il
s'avérait qu'à un moment donné il y a une
négociation qui est en cours, bon, on pourra voir, à ce
moment-là, mais c'est très hypothétique parce que
finalement on a fini par tout savoir, même ce qu'on ne voulait pas nous
faire savoir à un moment donné.
Et aussi, quand on parle des États-Unis, justement, il y a un
problème qu'on a actuellement. On sait qu'Hydro-Québec subit
des... a été, je ne dirais pas maltraitée, mais en tout
cas subit beaucoup... Mme Bacon dit, oui, elle a été
maltraitée durant la dernière année, sauf que s'il y avait
à côté de 1'Hydro une commission indépendante qui
aurait ses experts... les groupes ne seraient pas obligés d'aller aux
États-Unis pour avoir des expertises autres que celles d'Hydro. Si
ça confirme les expertises de l'Hydro, c'est tant mieux et ça
valoriserait, je pense, l'image et on a avantage à ce que l'image
d'Hydro-Québec soit valorisée comme Québécois et
comme Québécoises. Ça ne faisait plaisir à personne
ce qui s'est passé à New York et dans la publicité autour
de notre société d'État. Donc, je pense que c'est un
argument supplémentaire pour la mise sur pied de cette commission.
M. Chevrette: Votre argument, votre recommandation 6, si je
comprends bien, la grande différence, par
exemple, qu'il y aurait par rapport à ce qui existe ce qui
existe présentement, c'est que les contrats on les apprend après
qu'ils sont signés ce que vous recommandez ici c'est une
période tampon entre la conclusion d'une négociation de contrat
et son approbation finale. Je pense, en tout cas, qu'on pourrait éviter,
effectivement, d'être liés pour 20, 30, 40 ans à des
conditions qui ont peut-être fait l'objet plutôt de
décisions politiques que de décisions extrêmement
serrées sur le plan de l'évaluation économique, par
exemple.
Et, ça, il y a une piste très intéressante à
gratter. Vous vouliez ajouter?
M. Bakvis: Seulement compléter un petit peu. On croit
qu'au Québec on a souvent été à l'avant-garde pour
ce qui est du contrôle public de certaines institutions, mais on voudrait
aussi éviter à ce qu'on nous fasse des leçons de
démocratie. Mme Lamontagne a mentionné le cas des contrats
d'exportation aux États-Unis, enfin, ce contrat ferme qui est
signé actuellement avec le Vermont. Ils ont fait un
référendum comme acheteurs ou plusieurs séries de
référendums. Je pense qu'ils en ont même fait deux parce
qu'il y a eu des contestations, des procédures dans le premier. On ne
demande pas autant. On demande un organisme public où des gens peuvent
soumettre des idées, où on peut commander des contre-expertises
et tout ça.
Alors, si l'acheteur, lui, peut faire un référendum... On
dit que ça nous plaçait en mauvaise position de
négociation, on a des difficultés à suivre ça. Et
pour ce qui est des contrats énergivores, effectivement, c'était
l'argument soulevé, le Québec n'était pas le seul à
jouer sur ce terrain-là. Il y a notamment aux États-Unis le
Bonneville Power, je crois, c'est les États du Nord-Ouest qui ont
déjà offert des contrats à des conditions similaires.
Alors, dans cette région-là, ces contrats-là sont soumis
à un processus d'approbation publique parce qu'on juge que tout contrat
à des conditions particulières a nécessairement des
impacts sur les tarifs payés par d'autres.
Alors, les autres ont aussi le droit de regard là-dessus. Et je
pense, je ne vous dévoile rien, mais les conditions de ces
contrats-là étaient passablement connues dans l'industrie,
c'est-à-dire les industries qui ont signé ces contrats-là,
qui ont bénéficié de ces contrats-là. Les seuls qui
étaient tenus dans le secret étaient la population
québécoise. Ça ne nous apparaît pas du tout normal,
d'autant plus que ça représente un manque à gagner qui a
des impacts sur les tarifs et par tous les autres, que ce soit les industries
ou les clients résidentiels.
M. Chevrette: Votre argument est de poids, effectivement, quand
on voit la cancellation de contrats qu'ils étaient supposés de
signer en bonne et due forme avec New York Authority Power, ou bien le Vermont,
effectivement, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas, comme citoyens,
avoir un avis d'une commission d'experts, effectivement. Je trouve qu'il y a
quelque chose d'intéressant là qui pourrait être aussi une
protection, je pense, pour un gouvernement qui a une décision ultime
à prendre par rapport à une conjoncture x, parce qu'il y a des
conjonctures différentes. tu peux être en surplus, tu peux
être dans un état de surplus au niveau de l'énergie,
ça ne se situe pas de la même façon que si c'est sur le
bord d'une pénurie et, à ce moment-là, une commission
indépendante pourrait faire le joint aussi avec l'ensemble des
énergies possibles. c'est peut-être ça qui manque le plus
présentement. on se préoccupe beaucoup du plan de
développement d'hydro, mais c'est 40 % de l'énergie au
québec, et on ne se préoccupe pas du tout des 60 %. et puis il
n'y a pas de programme d'économie d'énergie sur les 60 %. on
laisse porter à la seule ressource énergétique tout le
poids de l'économie d'énergie à toutes fins pratiques,
quand on étudie le plan d'hydro. pourtant, l'article 17 de la loi
constitutive d'hydro, elle est supposée être responsable des
énergies. ça m'a frappé dans le plan de
développement de ne pas voir, comme vous, cette interrelation entre les
différentes sources d'énergie au québec.
Vous affirmez... Juste une petite question pour finir?
Le Président (M. Audet): Oui, en terminant.
M. Chevrette: Ça semble contradictoire, mais ça ne
l'est pas, et j'aimerais vous entendre. Vous préconisez beaucoup
l'utilisation du gaz naturel, et dans votre exposé...
Une voix: Pour le chauffage.
M. Chevrette: Ah! Et au niveau du chauffage, j'ai
remarqué... Je ne me souviens plus le numéro de votre
recommandation, mais, dans votre exposé de départ, vous avez dit
que vous privilégiez d'abord et avant tout
l'hydroélectricité. J'aimerais que vous fassiez certaines
clarifications parce qu'on pourrait être portés à croire
par rapport à votre exposé qu'il y a une contradiction.
Mme Lamontagne: Je pense qu'on n'a pas dit que le gaz naturel
devait remplacer complètement l'électricité. Quand on dit
qu'on privilégie l'hydraulique, c'est par rapport aussi au
nucléaire. Évidemment, le scénario du nucléaire est
assez éliminé. Nous, ce qu'on dit par rapport au gaz,
actuellement, c'est sous utilisé. Il y a des ressources qui existent au
Québec. Le réseau, d'ailleurs, a été agrandi et
élargi. Le gaz pourrait être moins coûteux, surtout dans les
industries où on consomme beaucoup d'énergie. Donc, on pense
qu'au lieu, par exemple, d'utiliser le pétrole pour le chauffage, ou le
pétrole et l'électricité, on pense qu'il vaudrait mieux
utiliser le gaz, donc utiliser au maximum aussi cette ressource-là. On
n'a pas parlé de transport au gaz naturel. Je sais que Gaz
Métropolitain a ses propres véhicules pour son gaz, mais, pour,
entre autres, les
industries à forte consommation ou tout ce qui est commercial et
industriel, on pense qu'on devrait, oui, utiliser le gaz et ça ne va pas
en contradiction avec le fait que globalement, au Québec, notre
principale ressource ou notre filière qu'il faut développer,
ça demeure l'hydraulique ou l'hydroélectricité.
Le Président (M. Audet): Merci. Brièvement, s'il
vous plaît.
M. Bakvis: Très brièvement. Oui. Les endroits,
finalement, où on propose une utilisation accrue du gaz, c'est au niveau
du chauffage résidentiel, en fait le chauffage des locaux de
façon générale. Alors, actuellement, c'est l'hiver, c'est
la pointe de l'hiver. Des fois, on fournit cette électricité en
brûlant du mazout à Tracy et à d'autres endroits et c'est
extrêmement coûteux et très polluant aussi. On achète
aussi des réseaux voisins et, eux, ce n'est pas de
l'hydroélectricité. Alors, dans ce sens-là, ça ne
remplace pas. Pour ce qui est de l'industrie, bien, on constate que,
finalement, c'est un choix éminemment économique. Il y a, par
exemple, une partie de l'industrie du papier qui a rentré
l'électricité au début des années quatre-vingt,
lorsqu'Hydro-Québec a offert l'électricité à la
moitié du prix industriel normal, mais pour une période
limitée. Une fois ces périodes écoulées, ils ne
sont plus intéressés, sauf qu'ils ont fait des investissements au
niveau de l'infrastructure pour la rentrer, mais le gaz s'avère plus
rentable. Alors, tout ce qu'on dit c'est que le client mérite
d'être informé de l'ensemble des options, l'ensemble des choix
possibles, pour pouvoir faire un choix rationnel. Et ça, peut-être
parfois on a un peu trop publicise l'électricité et pas les
autres options.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Saint-Maurice. (11 h 50)
M. Lemire: Je voudrais vous faire remarquer, M. le
Président, que c'est Hydro qui a payé pour les bouilloires et qui
a payé tous les équipements quand on a fait un programme
énergétique pour les papetières.
Je remarque que, dans votre mémoire, les contrats
d'exportation... Vous recommandez dans votre mémoire que tout nouveau
contrat d'exportation soit soumis à un processus d'approbation par un
organisme public qui doit, notamment, faire un calcul indépendant des
coûts et des bénéfices. J'aimerais vous souligner que tout
contrat d'exportation doit être, à ce moment-ci, approuvé
par le Conseil des ministres. D'autre part aussi, tous les contrats
d'exportation à l'extérieur du Canada font l'objet d'un permis et
aussi d'une licence émise par l'Office national de l'énergie. Ils
sont, auparavant, examinés attentivement par cet organisme. Il ne faut
pas oublier non plus que, présentement, on assiste à une
cancellation, c'est-à-dire qu'un important contrat très lucratif
pour le Québec vient justement d'être annulé par
l'État de New York en raison, notamment, d'une impor- tante
révision à la baisse de leurs prévisions et de la demande,
mais, également, en raison du prix qui est jugé trop
élevé.
Ma question: Êtes-vous toujours convaincus qu'il faut aller de
l'avant malgré cela, et soumettre tout nouveau contrat d'exportation
à un processus d'approbation par un autre organisme? Parce qu'on sait
que le processus qui existe présentement, en passant par le Conseil des
ministres, même si cela implique un double emploi de nos ressources et
des coûts additionnels, pensez-vous qu'on devrait, à ce moment-ci,
continuer la démarche que vous avez entreprise, c'est-à-dire de
former une commission?
Mme Lamontagne: D'abord, la commission, ce n'est pas seulement
pour les contrats d'exportation; deuxièmement, quand on dit
«approuvé par le Conseil des ministres», il n'y a pas de
problème là, c'est normal que les élus approuvent le
contrat, mais est-ce que c'est le Conseil des ministres qui va faire faire les
études, les expertises? Le Conseil des ministres, en tout cas, je ne le
sais pas, je n'ai jamais siégé, mais il va prendre sa
décision à partir de l'évaluation faite par
Hydro-Québec. Alors, nous, on dit: II faut quand même un autre
organisme qui n'est pas Hydro-Québec...
M. Lemire: Ce n'est pas la même chose.
Mme Lamontagne: ...qui fasse l'évaluation de ces
contrats-là et le Conseil des ministres aura l'évaluation
d'Hydro-Québec et l'évaluation de la commission et pourra
d'autant plus prendre une décision éclairée sur le fait de
faire un contrat ou de signer un contrat d'exportation.
M. Lemire: Je vous ferai remarquer qu'il y a aussi le
ministère de l'Énergie et des Ressources qui a une surveillance
très importante; il y a une discussion chaque fois
qu'Hydro-Québec fait un pas de l'avant dans tout engagement et ça
prend un décret du Conseil des ministres dans tous ces engagements
qu'Hydro-Québec prend.
Mais je voudrais, dans la même lignée, vous...
Le Président (M. Audet): Brièvement, M. le
député.
M. Lemire: Bon! C'est ça, c'est que vous recommandez au
gouvernement québécois de mettre sur pied une commission qui
approuverait toutes les grandes décisions, c'est ce qu'on a entendu. Je
voudrais revenir là-dessus parce que j'aimerais ça que vous me
disiez, que vous me fassiez connaître vos idées et vos
commentaires sur la commission qui vous écoute présentement.
Mme Lamontagne: Sur la commission parlementaire? C'est une
commission parlementaire de députés qui aura à faire un
rapport; espérons que les recomman-
dations de ceux qui se sont présentés devant la commission
vont influencer le rapport de la commission parlementaire. Moi, je pense que,
oui, dans la démocratie qu'on connaît, il existe des commissions
parlementaires et elles ont leur rôle à jouer, leur place à
jouer, entendre les organismes représentatifs de la population et agir
comme députés, comme ministres sur le contrôle des
décisions politiques, contrôler les décisions politiques de
ce gouvernement. C'est dans la tâche de la démocratie et ça
n'a pas de rapport avec une commission québécoise de
l'énergie qui pourrait faire des expertises et, je le rappelle, qui ne
serait pas juste une commission de surveillance comme on veut
l'interpréter d'Hydro-Québec, mais aussi qui regarderait
l'ensemble de la politique d'énergie au Québec. On a encore du
pétrole, à ce que je sache, on utilise le pétrole, le gaz,
etc. Ce n'est pas aussi très, très original comme idée
puisque ça existe, de telles commissions, dans d'autres États
américains. Alors...
M. Lemire: Juste...
Le Président (M. Audet): C'est terminé, M. le
député.
M. Lemire: Juste pour...
Le Président (M. Audet): Très, très
brièvement.
M. Lemire: Un petit mot.
M. Chevrette: Ça en fera plus à dire
après.
M. Lemire: C'est que présentement, madame, je voudrais
tout simplement souligner qu'on assiste à des rationalisations à
tous les niveaux. Hydro-Québec a commencé à faire des
rationalisations et, sur le terrain, comme député, comme
élu, ce qu'on entend dire, il faut arrêter de doubler les
organismes et, présentement au gouvernement, on a trop d'organismes, on
a trop de... Et ça coûte cher pour les citoyens. À votre
avis, est-ce que vous pensez encore que c'est nécessaire de créer
un autre organisme par-dessus tout ce qui existe présentement? Est-ce
qu'on ne devrait pas plutôt essayer d'améliorer le processus de
discussion avec tout ce qui existe?
M. Bakvis: Bien, la réponse est oui parce que la
commission qu'on propose n'existe pas. Ça ne vise pas à remplacer
des choses qui se font déjà. Ça ne se fait pas.
C'est-à-dire que l'approbation publique des contrats de vente qui
dérogent des tarifs normaux, ça n'existe pas. L'approbation
publique des contrats d'exportation au niveau québécois,
ça n'existe pas. Il y a le Conseil des ministres, bien sûr, mais
ce n'est pas là un forum où l'ensemble des citoyens, les groupes
intéressés peuvent soumettre leurs idées, les
contre-expertises, etc. Est-ce que ça exige des coûts? Oui. I*uis
ça devient aussi très coûteux lorsqu'on fait des mauvais
choix. Et d'ailleurs, c'est quand même un peu drôle, aux
États-Unis, où d'habitude on parle beaucoup de
déréglementation depuis quelques années, au niveau de
l'énergie c'est une société drôlement plus
réglementée actuellement qu'ici. Les sociétés, qui
sont parfois publiques, parfois privées, les sociétés de
production, généralement sont soumises à ça parce
qu'ils ont fait des gaffes, ils ont fait un surinvestissement parfois, ils ont
fait des mauvais investissements qui ont coûté des milliards de
dollars, finalement, aux consommateurs. Et il y a un processus d'approbation
qui permet de recevoir d'autres points de vue, d'autres types d'expertise et,
finalement, tu as un coût très peu élevé quand tu
peux éviter certains choix d'investissements qui sont mauvais ou de
faire de bons investissements plutôt que des mauvais.
Alors, dans ce sens-là, on trouve que c'est tout à fait
justifié comme proposition. Ça ne vise aucunement à
enlever le rôle qu'a une commission parlementaire pour surveiller les
opérations d'une société d'État qui s'appelle
Hydro-Québec. On veut justement que cette commission porte aussi sur les
autres producteurs d'énergie au Québec.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Drummond.
M. St-Roch: Merci, M. le Président. Je tiendrais à
vous féliciter, à vous remercier pour la qualité de votre
mémoire parce qu'il fait appel à une denrée qui est
très rare en 1993, c'est la vision globale des choses.
À la recommandation 2 de votre mémoire, à la page
9, il y a un bout de phrase qui m'intrigue, moi, lorsqu'on parle des
économies d'énergie. Vous mentionnez: «Un programme
d'économies d'énergie qui respecte la santé des
personnes.» Vous semblez exprimer une crainte. Est-ce que vous voudriez
élaborer un peu plus, s'il vous plaît?
Mme Lamontagne: Bien, je vais vous donner un exemple concret
qu'on a vécu lors de la crise du pétrole. Lors de la crise du
pétrole, on a voulu économiser, entre autres, sur la ventilation
des édifices hermétiques et ça a causé d'autres
types de problèmes. On a baissé la réglementation et,
là, on demande qu'elle soit rehaussée... améliorée
c'est-à-dire, et ça a causé des problèmes de
santé finalement chez plusieurs personnes, qui sont reconnus de plus en
plus par les spécialistes et les scientifiques. Alors donc, il faut
toujours penser, oui, économiser l'énergie, mais respecter la
santé des personnes vu que c'est notre objectif à tous.
M. St-Roch: À la page 1 de votre mémoire, vous
insistez, vous en faites une priorité qu'Hydro-Québec se doit de
demeurer une société publique. Alors, le mémoire
présenté avant vous faisait appel à une municipali-sation,
là. Je ne dis pas une privatisation, mais une municipalisation au niveau
de la distribution. Quelles sont vos réactions par rapport à une
municipal isation du
réseau de distribution d'Hydro-Québec? (12 heures)
Mme Lamontagne: J'avoue qu'on n'a pas réfléchi
à cette question-là, mais spontanément je dirais qu'on
aime mieux que la distribution soit prise en charge et continue à
être prise en charge par la société d'État au niveau
national.
Je sais aussi que le représentant de l'Union des
municipalités a parlé de la possibilité que la
municipalité gère certains petits barrages. Ça, on
n'aurait pas d'objection. Aussi bien les donner aux municipalités
qu'à des entreprises privées. Mais en ce qui concerne la
distribution, pour une raison, entre autres, qui a été
invoquée même parce que je l'entendais tout à
l'heure pour l'équité et s'assurer qu'il y ait une
qualité de service qui soit la même partout au Québec,
nous, on croit qu'il faut que ça continue à être
distribué par Hydro-Québec.
M. St-Roch: Toujours dans la même foulée, Mme
Lamontagne, on aura d'autres mémoires qui vont fortement nous
suggérer de privatiser en tout ou en partie Hydro-Québec. On aura
la chance d'y revenir au cours des semaines à venir. Mais, au niveau de
la grande famille d'Hydro-Québec, il y a une section qui s'appelle
Nouveler qui est le bras d'Hydro-Québec pour commercialiser et mettre en
marché tous ses brevets et elle contribue aussi à financer des
industries. Est-ce que vous pensez que cette partie-là qu'on appelle
Nouveler pourrait être privatisée tout en gardant un
contrôle majoritaire à Hydro-Québec, en privatiser une
partie qui permettrait, finalement, à des épargnants
québécois d'avoir des actions de qualité sur le
marché tout en prenant aussi peut-être pour acquis qu'on pourrait
mieux garder au Québec le résultat de ces découvertes et
de ces brevets?
Mme Lamontagne: Pour le moment, on pense qu'il faut garder
intacte la société Hydro-Québec comme
société publique et, surtout quand on parle de la section de
développement, il faut aussi conserver notre expertise, nos analyses,
etc. Alors, spontanément, je dirais non. Je ne crois pas que cette
section-là devrait être privatisée.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Moi, c'est en réaction au
député de Saint-Maurice quand il compare le fait que les contrats
ont fait l'objet d'études par TONE. Franchement là! L'ONE n'a pas
à s'interroger sur la négociation tarifaire des coûts,
absolument pas. Ce que vous suggérez, c'est précisément
pour pallier aux gaffes, par exemple, même du coût social ou du
coût économique par la suite. Ça, je pense que c'est
nettement différent et j'abonde dans votre sens.
D'autant plus que je pense à un cas précis. Par exemple,
le gazoduc Iroquois. S'il avait fait l'objet d'une commission, ici, Hydro sent
même le besoin, en annexe vous l'avez lu autant que moi de
dire que les conséquences sont majeures pour le Québec parce que
c'est peut-être une des causes, par exemple, de l'abandon du contrat de
1000 MW. Si une commission avait soutenu ça publiquement, ça
aurait pu influencer la décision politique ultime au moins et les
groupes de pression auraient pu s'exprimer, auraient pu avoir une expertise
qu'on n'a pas présentement. Parce qu'une société
d'État qui est sous la tutelle gouvernementale n'a pas bien, bien le
choix. Si le gouvernement est pour, il n'y a pas de commission neutre avec un
mandat spécifique au point de vue législatif, et ça je
pense que c'est loin d'être du dédoublement. Cette structure
coûterait 2 000 000 $ puis, si elle en fait sauver 250 000 000 $ par
année, elle ne coûte pas cher cette structure-là, entre
vous et moi. D'autant plus qu'on parlait du ministère. Avec tout le
respect que j'ai pour le ministère Mme la ministre en conviendra
avec moi le ministère n'a pas l'ombre du début des
ressources qu'a Hydro-Québec pour légitimer n'importe quoi. On le
sait, ça. Il y a du monde compétent, je ne veux pas parler de la
compétence des individus, mais le ministère de l'Énergie
et des Ressources n'a pas les ressources comparables à une
société d'État. C'est évident, ça. Donc,
moi, c'est tout ça qui me fait dire que c'est une suggestion
extrêmement heureuse. On devrait y penser très
sérieusement. Puis, plus on va voler de nos propres ailes, plus elle
devient importante.
Le Président (M. Audet): Merci. Des commentaires à
ajouter?
Mme Lamontagne: Ça va. Merci.
Le Président (M. Audet): Ça va. Alors, au nom des
membres de la commission, je veux vous remercier, Mme Lamontagne et M. Bakvis.
Nous suspendons nos travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 4)
(Reprise à 15 h 5)
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'économie et du travail reprend ses
travaux. Je vous rappelle brièvement le mandat de la commission qui est
de procéder à une consultation générale sur la
proposition de plan de développement 1993-1995
d'Hydro-Québec.
Alors, nos travaux cet après-midi: à 15 heures, nous
recevrons le Mouvement Au Courant, à 16 heures, la
Fédération nationale des associations de consommateurs du
Québec et nous terminerons, en fin d'après-midi, avec les
municipalités régionales de comté de Maria-Chapdelaine et
du Domaine-du-Roy. Alors, j'invite immédiatement le Mouvement Au Courant
à pren-
dre place, s'il vous plaît. Au nom des membres de la commission,
je vous souhaite la plus cordiale bienvenue.
Une voix: Merci.
Le Président (M. Audet): Je vous rappelle
brièvement le déroulement de nos travaux. Vous disposez d'une
vingtaine de minutes pour présenter votre mémoire et vous
présenter, ce qui est bien important pour le Journal des
débats, ensuite, suivra une période d'échanges
d'une quarantaine de minutes. Alors, je vous cède la parole
immédiatement.
Mouvement Au Courant
Mme Castel (Daphna): Merci, M. le Président, Mme la
ministre, M. le leader de l'Opposition. Bonjour. Mon nom est Daphna Castel. Je
suis la présidente du Mouvement Au Courant. Je suis accompagnée
de M. John Burcombe, qui est le secrétaire-trésorier du Mouvement
Au Courant. Jean Philippe Waab, le vice-président, devait nous
accompagner, mais il a été retenu à Montréal car il
termine la présentation de sa thèse de doctorat sur la question
énergétique et il vous prie de l'excuser.
Avant de faire notre présentation, M. le Président,
j'aimerais de plus souligner que nous avons apporté avec nous et
déposé des copies révisées de notre mémoire.
Il n'y a pas de changement essentiel, mais les fautes ont été
corrigées.
Le Président (M. Audet): Elles seront distribuées
aux membres de la commission. Elles sont présentement en reproduction
à la photocopie.
Mme Castel: M. le Président, nous voudrions d'abord vous
remercier d'avoir invité le Mouvement Au Courant aux travaux de la
commission de l'économie et du travail. Avant de présenter un
résumé de notre mémoire, nous aimerions cependant rappeler
à la commission les deux grands objectifs que poursuit le Mouvement Au
Courant. Nous avons d'abord comme objectif de veiller à la protection et
à l'utilisation rationnelle des ressources naturelles dans une
perspective de développement viable; deuxièmement, de persuader
le citoyen et le gouvernement de la nécessité de mettre en place
les institutions et les mécanismes démocratiques
nécessaires afin que les politiques et les projets de
développement soient évalués et décidés de
façon impartiale et transparente avec la participation
systématique des citoyens.
Le Mouvement Au Courant considère, et vous avez la preuve tous
les jours, que les politiques économiques traditionnelles qui reposent
encore principalement sur l'exploitation des ressources naturelles ne sont plus
en mesure d'assurer le développement viable nécessaire. C'est
dans cette perspective que nous nous sommes employés, dans notre
mémoire, à démontrer que la politique
énergétique québécoise qui s'appuie essentielle-
ment sur le développement et l'utilisation massive de
l'hydroélectricité, malgré les engagements pris envers
l'efficacité énergétique, doit être
révisée en profondeur dans les meilleurs délais.
Cette politique, qui a été pour l'essentiel
élaborée il y a 30 ans, lors de la nationalisation de
l'électricité, dans un contexte social et économique
différent, ne correspond plus, selon nous, aux réalités
actuelles ni aux exigences du futur. Aujourd'hui, il est devenu aussi essentiel
de faire, comme en 1962, les choix de société qui s'imposent
clairement. Nous pouvons prolonger le passé en endossant la proposition
de plan de développement d'Hydro-Québec et sa proposition
tarifaire. Nous nous cantonnerons alors dans un système
économique révolu, selon la très grande majorité
des experts, et nous reporterons à plus tard les changements
inévitables. Nous continuerons à nous endetter massivement pour
consacrer, de façon inefficace, d'énormes ressources
financières afin d'alimenter en électricité des industries
et fournir des services qui génèrent peu de valeur ajoutée
et encore moins d'emplois. Et nous continuerons à détruire nos
rivières. (15 h 10)
Nous pouvons, au contraire, reconnaître que nous sommes au terme
d'une époque et à l'aube d'une nouvelle ère qui nous
impose des changements radicaux si nous voulons prospérer comme
société plutôt que de continuer à nous appauvrir.
Nous devons accepter de nous adapter autant aux nouvelles valeurs et aux
nouveaux besoins de notre société qu'aux contraintes que nous
impose l'économie mondiale. Nous devons abandonner la fausse
sécurité du passé pour nous tourner vers l'avenir. Ce
n'est pas facile car, en apparence et à court terme, les politiques
traditionnelles apparaissent avantageuses, car elles semblent créer de
la richesse alors qu'elles nous enlisent encore plus profondément.
Ce dilemme auquel notre société est confrontée est
bien illustré par le mégaprojet hydroélectrique
Sainte-Marguerite, sur la Côte-Nord, qui oppose, d'un côté,
les gens de la région qui veulent, avec raison, travailler et assurer la
survie de leur entreprise à ceux qui, à notre avis, posent la
véritable question: Avons-nous vraiment besoin de
l'électricité de cette centrale? La collectivité doit-elle
investir 3 000 000 000 $ qui créeront une vingtaine d'emplois permanents
pour satisfaire des besoins qui pourraient être remplis de façon
beaucoup moins coûteuse en utilisant beaucoup moins de ressources et en
créant beaucoup plus d'emplois?
Je ne suis pas le texte littéralement parce qu'il a fallu le
raccourcir un peu. Alors, de temps en temps, je saute des paragraphes.
Dans cette perspective, M. le Président, le Mouvement Au Courant
fait, dans son mémoire, deux recommandations fondamentales: d'abord,
l'implantation immédiate d'un moratoire d'une durée minimale
d'une année portant sur le plan de développement proposé
ainsi que sur les propositions tarifaires et, pendant cette période, la
révision publique, neutre et détaillée de la
politique énergétique du Québec, de la politique
d'électricité ainsi que la mission et les activités
d'Hydro-Qué-bec.
Nous recommandons, de plus, que, dans le cadre de ce moratoire, la
réalisation des projets hydroélectriques, les négociations
actuelles ou éventuelles visant l'exportation
d'électricité ou le renouvellement de contrats arrivant à
échéance, et les négociations actuelles ou
éventuelles avec des industries énergivores, soient suspendues
jusqu'à l'adoption d'une nouvelle politique énergétique.
Nous demandons aussi que les négociations et les signatures de contrats
d'achat avec les producteurs privés d'électricité soient
suspendues jusqu'à l'adoption d'une nouvelle politique
énergétique et, spécifiquement, d'une politique de
cogénération.
Pendant la durée de ce moratoire, nous recommandons que la
politique énergétique du Québec, la politique de
développement d'électricité, les politiques
d'efficacité énergétique du gouvernement et
d'Hydro-Québec, les plans de développement et les politiques
tarifaires, la mission d'Hydro-Québec et les mécanismes de
contrôle qui la régissent, les mécanismes de planification
et de décision des politiques ainsi que la procédure de
consultation de la population fassent l'objet d'une révision publique en
profondeur. Cette révision devrait éventuellement mener, selon
nous, à l'adoption d'une loi-cadre sur l'énergie, à la
mise en place d'une méthodologie de planification intégrée
des ressources, à l'adoption d'une procédure formelle et neutre
de consultation publique et à la mise en place d'une régie de
l'énergie et d'un conseil consultatif sur l'énergie. j'aimerais
dire quelques mots sur les politiques d'efficacité
énergétique. dans la nouvelle proposition de plan qui est
essentiellement similaire, au niveau des objectifs et des stratégies, au
plan précédent, hydroquébec propose un programme de
dépenses de plus de 50 000 000 000 $ d'ici 2002, dont 32 900 000 000 $
en investissements. bien qu'hydro-québec affirme privilégier
l'efficacité énergétique pour satisfaire les besoins, 93 %
de ces investissements sont destinés à la production et au
transport de l'énergie et à la réfection des centrales.
seulement 7 % sont consacrés aux programmes d'économie
d'énergie, de gestion de la consommation et des
électrotechnologies. nous aurions cru pourtant que l'élaboration
de la nouvelle stratégie d'efficacité énergétique
du gouvernement aurait entraîné la remise en question de la
politique énergétique puisque, aujourd'hui, les politiques
énergétiques modernes s'articulent principalement autour de la
conservation de l'efficacité énergétique et de la gestion
de la demande. mais, tant au gouvernement qu'à hydro-québec, on
refuse toujours de reconnaître, non seulement cette
réalité, mais ces exigences des politiques économiques,
environnementales et énergétiques modernes. l'efficacité
énergétique est traitée en marge de la politique centrale.
elle est encore perçue avec méfiance et même comme un
obstacle au développement alors qu'elle permet, au contraire, de
réduire les coûts sociaux et d'augmenter, à long terme, la
richesse collective.
J'aimerais dire quelques mots sur la révision de la mission
d'Hydro-Québec. Le Mouvement Au Courant considère qu'il faut
dissocier la mission première d'Hy-dro, qui devrait être de
satisfaire les services électriques au plus bas coût social
possible, des responsabilités sociales et économiques qui lui ont
été traditionnellement confiées ou qu'elle s'est
attribuées. À notre avis, le rôle d'Hydro-Québec
doit être strictement celui d'un producteur et d'un distributeur de
services électriques. Hydro-Québec doit s'assurer qu'elle tient
compte, dans ses politiques, des intérêts du Québec. Mais,
selon le Mouvement Au Courant, il n'a pas à avoir de mission sociale. La
mission sociale est une responsabilité de l'État qu'il n'est pas
avantageux de déléguer à une utilité publique.
Sur la révision du fonctionnement et des activités
d'Hydro-Québec, Hydro-Québec est une compagnie de services
publics en situation de monopole. Pourtant, contrairement à Bell Canada
et à Gaz Métropolitain, par exemple, elle n'a pas à
justifier son programme d'investissements et ses demandes tarifaires devant une
régie dont la responsabilité est de scruter au fond les
mérites des requêtes. Cela est d'autant plus étonnant que
cette société d'État investit chaque année des
sommes énormes, soit de 4000000000$ à 5000000000$ qui sont, en
bout de ligne, à la charge de la société. De plus,
Hydro-Québec n'est assujettie à aucun mécanisme de
planification au moindre coût, comme le «Least Cost Planning»
ou la planification intégrée des ressources, ce qui la forcerait
à adopter les options les plus avantageuses.
Le gouvernement a, par ailleurs, récemment amendé la Loi
sur la qualité de l'environnement bill 61 afin de
soustraire, lorsqu'il le juge nécessaire, des politiques et des projets
de développement aux audiences publiques du BAPE, en plus de soustraire
tout projet de moins de 100 MW aux audiences publiques. Cette décision
constitue, à notre avis, un énorme recul au plan de la
justification et de l'évaluation neutre et transparente des projets.
Enfin, Hydro-Québec propose dans son nouveau plan d'adopter une
stratégie de flexibilité qui lui permettrait d'obtenir des
autorisations sans justification spécifique pour une série de
projets qu'elle réaliserait à sa convenance. Nous
considérons tout à fait inacceptable cette nouvelle tactique
visant à faciliter encore plus les processus déjà peu
exigeants d'acceptation des projets d'Hydro-Québec. Nous sommes donc
forcés de conclure, M. le Président, que, loin de
s'améliorer depuis 1990, les mécanismes de planification et
d'approbation du plan de développement de la politique tarifaire et des
projets individuels sont encore moins exigeants, moins rigoureux et moins
démocratiques qu'avant. Il sera dorénavant encore plus difficile
pour le Québec de prétendre, sur la scène internationale
en particulier, que le développement électrique fait l'objet
d'une évaluation ouverte et rigoureuse. (15 h 20)
Le Mouvement Au Courant recommande que la ministre de l'Énergie
et des Ressources se prévale des dispositions prévues à la
Loi sur le vérificateur général pour demander, en accord
avec le conseil d'administration d'Hydro-Québec, au Vérificateur
général d'effectuer un contrôle et une vérification
des dépenses et activités d'Hydro-Québec au cours des
trois dernières années. Nous suggérons à la
ministre de demander au Vérificateur général
d'évaluer spécifiquement l'ensemble du Programme
d'efficacité énergétique d'Hydro-Québec depuis ses
débuts et le Programme de mise en valeur de l'environnement de 1985
à 1992, auquel le critique de l'Opposition a fait
référence la semaine dernière.
Quelques mots sur les mécanismes de consultation publique. Nous
considérons que la procédure de consultation de la population sur
le plan de développement doit être revue en profondeur, d'abord,
pour favoriser une participation plus large des citoyens et, ensuite, pour
s'assurer que leurs opinions et leurs volontés sont prises en compte
dans l'élaboration du plan. Cette première consultation fut, en
pratique, réservée à des groupes
sélectionnés par Hydro-Québec et invités aux
réunions à Montréal. De plus, la proposition de plan tient
très peu compte des discussions et des recommandations d'une large
faction des participants à la consultation, qui avaient demandé,
en particulier, qu'un scénario de croissance minimale de la demande soit
élaboré en détail de façon à pouvoir le
comparer, aux plans de la faisabilité et de la rentabilité, aux
scénarios traditionnels d'Hydro-Québec.
Alors, maintenant, quelques mots sur les prévisions de la
demande. Dans le cas des prévisions de la demande, le Mouvement Au
Courant tient à rappeler que les prévisions de dépenses et
d'investissements d'Hydro-Québec, dans l'ordre de 50 000 000 000$,
reposent sur des hypothèses de croissance annuelle de la demande
d'environ 2 % pour la prochaine décennie. ce taux moyen de croissance
est supérieur, souvent très supérieur aux
prévisions de croissance de la demande d'électricité de la
plupart des régions ou des états plus riches et ayant une
économie plus dynamique que celle du québec. par exemple,
l'ontario, qui évaluait encore récemment une proposition de plan
de développement reposant sur des prévisions de croissance
annuelle de 2,3 %, vient de l'abandonner en déclarant qu'elle
prévoyait maintenant disposer de surplus de production à long
terme.
Le Mouvement Au Courant recommande en particulier que la
stratégie de développement des marchés qui cible
l'alimentation des industries énergivores, le développement du
marché des électrotechnologies et celui de l'exportation fasse,
avec les hypothèses de pénétration de chauffage
électrique, l'objet d'une enquête approfondie. Trois de ces quatre
marchés sont en effet subventionnés de façon à en
assurer la pénétration.
Les propositions de tarifs. Sur la proposition tarifaire, nous tenons
d'abord, M. le Président, à dénoncer la tactique qui
consiste à la déposer alors que les intervenants ont
déjà remis leur mémoire. Cela constitue une autre tactique
pour garder le public à l'écart. Le Mouvement Au Courant
considère qu'il est urgent de réviser en profondeur les
politiques qui sous-tendent la tarification d'électricité et de
revoir les principes sur lesquels elles reposent.
Le Président (M. Audet): En conclusion, s'il vous
plaît.
Mme Castel: Alors, j'arrive à la conclusion. Nos
recommandations par rapport à la tarification, c'est que les tarifs
reflètent les coûts réels de production en termes d'usage
final.
Les conclusions. Deux conclusions principales se dégagent
clairement de l'analyse de cette proposition de plan de développement.
D'abord, cette proposition s'inscrit essentiellement dans le prolongement des
plans précédents. En ce sens, Hydro-Québec propose une
stratégie dépassée. Le plan proposé s'appuie sur
une croissance continue et élevée de la demande
d'électricité, ce qui implique des investissements massifs en
nouvelles infrastructures de production en particulier. Cette proposition ne
reflète d'aucune manière le virage attendu vers le
développement viable, donc vers la conservation, l'efficacité, la
productivité énergétique et la protection de
l'environnement.
Sur le plan économique, la proposition du plan de
développement est inadéquate à deux niveaux. Elle n'amorce
pas les virages économiques et technologiques requis par les
perspectives économiques et les exigences de concurrence et ne satisfait
pas non plus aux préoccupations exprimées dans le document sur
l'état des finances publiques: «Vivre selon nos moyens». Si
le plan proposé est implanté, la dette d'Hydro-Québec, qui
est de 32 000 000 000 $ actuellement, s'élèvera, selon
Hydro-Québec, à 50 200 000 000 $ en l'an 2000, soit dans sept
ans, et à 69 200 000 000$ en 2010. Cela nous apparaît
préoccupant.
Pourtant, Hydro-Québec ne semble pas juger nécessaire de
minimiser ses risques en réduisant drasti-quement son programme
d'immobilisations et en adaptant des stratégies innovatrices et
flexibles pour satisfaire les besoins électriques.
En dernière analyse, cependant, c'est au gouvernement que revient
la responsabilité finale d'adopter ou de rejeter cette proposition de
plan. La décision qu'il prendra nous permettra de voir s'il est vraiment
sérieux lorsqu'il nous demande de vivre selon nos moyens. S'il est
sérieux, il devra s'engager à élaborer et mettre en place
une politique énergétique moderne et, dans ce contexte, à
revoir en profondeur, non seulement le plan de développement, mais aussi
les mandats et les orientations d'Hydro-Québec. Nous espérons
qu'il aura le courage de le faire et que l'Opposition officielle aura le
courage de l'appuyer. Je vous remercie.
Le Président (M. Audet): Merci. Je vais mainte-
nant reconnaître Mme la ministre de l'Énergie et des
Ressources.
Mme Bacon: Alors, Mme Castel et M. Burcom-be, j'aimerais vous
exprimer mes remerciements pour votre contribution aux travaux de la commission
parlementaire. Je pense que vos avis seront pris en considération
à un moment opportun. Je vous encourage aussi à continuer
à poursuivre votre réflexion.
J'avais basé mes questions sur votre premier document, mais je
pense qu'il y a peut-être une remarque que je voudrais faire sur le
deuxième document, quand on pense à la contribution des nouveaux
moyens, à la satisfaction des besoins d'énergie, disons pour la
période 1993-2000. Vous sembliez inquiets par rapport aux
économies d'énergie. C'est 46 % les économies
d'énergie et 14 % l'hydroélectricité. Alors, on fait
beaucoup plus de place maintenant aux économies d'énergie pour
ces années qui viennent.
Depuis quelques années, votre mouvement a réclamé
systématiquement la tenue d'audiences publiques au Bureau d'audiences
publiques sur l'environnement, le BAPE, pour tout projet de
développement d'Hydro-Québec et, plus récemment, de
cogénération. Regardons les audiences publiques du BAPE sur le
projet Sainte-Marguerite, par exemple. Elles auront coûté,
jusqu'à maintenant là, 1 500 000 $. Le BAPE a
dépensé 600 000 $, Hydro-Québec, 500 000$ et les
organismes gouvernementaux, 400 000 $. Est-ce que, quand le Mouvement Au
Courant demande de telles audiences publiques, vous faites au préalable
une évaluation des coûts-bénéfices pour l'ensemble
des Québécois et Québécoises sur chacun des
projets, disons, d'Hydro-Québec où vous demandez des audiences
publiques?
Mme Castel: Oui, bien sûr, on prend tout en
considération, mais il nous semble très évident que
l'objet de cette audience, c'est de vérifier si une dépense
beaucoup plus large dans le cas de la Sainte-Marguerite, c'est 3 000 000
000 $ si cette dépense est vraiment nécessaire, si elle
est valable, si les audiences peuvent démontrer, par exemple, que le
projet n'est pas justifié, en espérant toujours que le
gouvernement prendra en considération les conclusions que le BAPE tire
sur les différents projets qu'il examine. On trouve qu'une
dépense de 1 000 000 $ n'est pas chère si ça arrive,
peut-être, à nous éviter de faire l'erreur de
dépenser 3 000 000 000 $ dans un projet dont on n'a pas vraiment besoin.
(15 h 30)
Dans le même cas, j'aimerais aussi faire référence
au projet de Bécancour où, encore une fois, on est intervenu. Je
ne sais pas le coût de cette audience, mais on a argumenté le
même raisonnement. C'était un projet qui coûtait 400 000 000
$ pour fournir 300 MW d'électricité pour une période de
pointe de 200 heures par année. On trouvait que c'était vraiment
cher de fournir l'électricité à ce coût. Ça
vire à peu près entre... Je pense que ça peut monter
jusqu'à 3 $ le kilowattheure si la centrale n'est pas utilisée
pour la période prévue.
Mme Bacon: L'équipement de pointe est différent
quand même. Ce n'est pas un équipement régulier.
L'équipement de pointe, on ne le calcule pas de la même
façon, je pense, le kilowattheure.
Mme Castel: Non, c'est pour ça que c'est tellement
dispendieux. On trouve qu'il y a des éléments de gestion de la
demande qui peuvent aplanir les points à un coût moindre et d'une
façon beaucoup plus efficace. On espérait démontrer
à cette audience du BAPE qu'Hy-dro-Québec pourrait se servir des
moyens de gestion de la demande.
Mme Bacon: Juste peut-être une dernière question,
Mme Castel. Est-ce que votre préoccupation est nettement
économique ou si elle est environnementale aussi?
Mme Castel: Elle est surtout économique parce que notre
groupe a des experts qui proviennent des champs plutôt
économiques, énergétiques, de génie, etc. Quand
même, chaque membre, je pense, a à coeur la question
environnementale. Alors, peut-être qu'au niveau personnel c'est
plutôt une approche environnementale, mais, au niveau du fonctionnement
du groupe, c'est des questions économiques et énergétiques
qui nous concernent.
Le Président (M. Audet): M. Burcombe, vous voulez ajouter
quelque chose.
M. Burcombe (John): j'ai un point à ajouter sur le
coût des audiences. dans le cas de sainte-marguerite, je crois que le
promoteur est prêt à allouer 1 % du coût du projet
c'est ce qu'il a dit pour la valorisation de l'environnement. alors,
pour moi, un montant de 1 500 000 $ dans l'évaluation du projet, c'est
un minimum. c'est une infinitésimale partie du coût du projet.
Mme Castel: D'habitude, aux États-Unis, c'est le promoteur
qui est chargé des coûts des audiences publiques.
Mme Bacon: Peut-être que je suis un peu plus sensible parce
que le ministère a dû payer aussi sa part dans le coût.
Quand vous nous rappelez de vivre selon nos moyens, nous sommes assez
préoccupés par ça nous aussi. Vous indiquez dans votre
mémoire, en fait, le premier que nous avions reçu, à la
page 7, et je vous cite tout de suite: «Les États et les
utilités qui ont déjà adopté des stratégies
corporatives reposant sur la planification au moindre coût, le
"Least-Cost Planning", et surtout sur le "Integrated Resource Planning" peuvent
maintenant satisfaire les services électriques à moindre
coût et, surtout, de façon beaucoup plus acceptable
socialement que les entreprises conventionnelles.» Est-ce que vous pouvez
nous indiquer quels sont ces États et aussi les modes de production que
ces États utilisent et les tarifs qui sont en vigueur?
Mme Castel: La méthodologie «Integrated Resource
Planning», la gestion intégrée des ressources, est
appliquée aux États-Unis depuis à peu près, je
dirais, 8, 10 ans, mais, l'année passée, il y avait
déjà, je pense, presque 30 États américains qui
l'ont appliquée de façon différente ou dans des mesures
différentes. Mais la dernière loi sur l'énergie, qui est
la loi 92 qui vient de sortir, demande à chaque État
américain de regarder l'opportunité d'appliquer cette
méthodologie dans cet État. Alors, ça va être
appliqué probablement dans tous les États américains,
surtout, avec l'expérience, le Nord-Ouest du Pacifique, la Californie et
le Nord-Est américain, incluant New York, Massachusetts, New England,
tous les États du Nord-Est qui appliquent cette méthodologie
d'une façon beaucoup plus poussée, beaucoup plus
intéressante aussi.
C'est une méthodologie bien précise; elle a comme principe
de favoriser la conservation et l'économie d'énergie, la gestion
de la demande en premier lieu. Puis, en appliquant cette méthodologie
qui est essentiellement la comparaison de toutes les options qui peuvent
répondre à une demande pour des services électriques
c'est là que la notion de services électriques rentre
en faisant la comparaison entre toutes les options... Puis les options
dites d'efficacité énergétique, dans le sens large, sont
considérées comme des options de production. On choisit l'option
à moindre coût et à moindre impact sur l'environnement et
qui répond aussi aux critères qui sont établis dans chaque
État à partir de sa situation spécifique. Par exemple,
dans le Pacifique Nord-Ouest, ils sont très concernés par leurs
saumons. Puis ils ont passé des législations pour éviter
que certaines rivières soient touchées par des projets de
développement. alors, ça, c'est un critère qui est pris en
compte quand ce type de comparaison est faite. et quand cette
méthodologie est appliquée, en effet, comme résultat, par
exemple, à new york, leur demande d'énergie passait de 2,5 %
à 0,08 % par année, pendant la décennie prochaine et ils
trouvent comme, par exemple... dans le pacifique nord-ouest, ils ont 47 options
différentes pour répondre à la demande; dans les nouvelles
productions, il y en a peut-être trois.
Alors, c'est toutes sortes d'éléments ou de projets ou de
façons de répondre aux besoins de services électriques qui
évitent, finalement, à long terme, la nouvelle construction, qui
les remettent dans le temps le plus long possible.
Mme Bacon: Mais est-ce que les coûts sont les mêmes?
Est-ce qu'ils sont comparables aux coûts, à la tarification
d'ici?
Mme Castel: Mais le critère de choix, c'est le moindre
coût sauf que, des fois, ils décident d'allouer à
l'efficacité énergétique une prime, parce qu'ils disent
qu'elle est socialement beaucoup plus acceptable, qu'elle crée beaucoup
plus d'emplois, qu'elle a beaucoup de retombées intéressantes
comme au niveau technologique, par exemple. Alors, ils sont prêts
à allouer une prime aux projets d'efficacité
énergétique. Ce n'est pas dans tous les cas, mais il y a des cas
où il y a des États qui font cela. Alors, le coût est soit
plus bas, soit égal ou soit un petit peu plus élevé. Mais
ils trouvent tous que ça vaut la peine d'allouer ce coût.
Mme Bacon: Si j'ai bien compris votre mémoire, vous
suggérez que les tarifs d'électricité soient basés
sur les coûts marginaux.
Mme Castel: Oui.
Mme Bacon: Hydro-Québec a évalué, à
la page 57 de son annexe sur les orientations tarifaires à long terme,
l'impact d'une telle politique. Est-ce que vous pouvez nous indiquer quel
serait l'impact de l'application de la tarification de
l'électricité au coût marginal sur le bilan
énergétique, la sécurité des approvisionnements, la
compétitivité des entreprises et la capacité aussi...
parce que c'est important la capacité de payer des consommateurs. Est-ce
que vous ne croyez pas que les critères mériteraient d'être
pris en considération, ces mêmes critères-là que je
viens d'énumérer?
Mme Castel: Oui. En premier lieu, on propose que les tarifs
soient basés sur les coûts marginaux et aussi en termes d'usage
final, qu'on ne demande pas au monde de payer les mêmes coûts pour
toute utilisation. Par exemple, le chauffage électrique. On sait qu'en
moyenne le chauffage électrique coûte à peu près
0,50 $ le kilowattheure en période de pointe. Alors, on aimerait
pas tout de suite, avec le temps, bien sûr pouvoir créer
des conditions où au moins, en premier lieu, les consommateurs soient
conscients des coûts d'électricité. Et le grand
problème aujourd'hui, c'est que personne ne connaît les vrais
coûts de chacun des équipements électriques qu'il utilise.
On demande la transparence en premier lieu, que le consommateur soit capable de
connaître les vrais coûts de chaque utilisation.
Mme Bacon: Vos 0,50 $, Mme Castel, vous les prenez où?
Mme Castel: Je pense que c'est d'Hydro-Québec. John, as-tu
les moyennes des périodes de pointe?
M. Burcombe: C'est que c'était bon avec le projet de
Bécancour pour les 200 heures d'opération prévues. Le
coût moyen vient à 0,50 $ le kilowattheure. (15 h 40)
Mme Castel: En période de pointe hivernale, oui, j'ai
cherché le moment le plus dispensieux, mais ça ne change pas la
réalité que les gens utilisent le chauffage électrique en
période de pointe hivernale et que les charges d'Hydro-Québec
sont plutôt dans les périodes hivernales et dans les
périodes de pointe; c'est des charges importantes. La pointe n'est pas
une pointe. La pointe fine est peut-être une pointe fine, mais, à
part de ça, les pointes durent assez longtemps ici à cause de
toute sorte de conditions climatiques.
Mme Bacon: Ce ne serait pas la turbine à gaz.
Mme Castel: Bécancour, c'est des turbines à gaz,
mais le coût de Bécancour est élevé.
Mme Bacon: Bécancour. Mme Castel: Oui, oui.
Le Président (M. Audet): Merci, ça va. M. le
député de Joliette.
Mme Castel: Mais, je n'ai pas complété ma
réponse.
Le Président (M. Audet): Allez-y brièvement. C'est
parce qu'on a des enveloppes de temps à respecter, madame. C'est
malheureux, mais allez-y brièvement.
Mme Castel: Je le ferai très brièvement. Sur le
bilan, ça va, bien sûr, réduire la demande
d'électricité; sur la sécurité, je pense que
ça va augmenter la sécurité parce qu'on est trop
dépendant d'une source d'énergie. Sur la
compétitivité, ça va réduire la facture
énergétique de la production. Ça va améliorer la
compétitivité. Sur la capacité des personnes à
payer, c'est là que le programme d'efficacité
énergétique rentre en compte parce qu'il réduit la
consommation. Alors, ça va aider à tout le monde.
Le Président (M. Audet): Merci, madame. M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, si je riais, c'est que je
trouvais que le président avait été replacé
à l'ordre de façon efficace. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): Ha, ha, ha! Allez-y, M. le
député.
M. Chevrette: Ceci dit, M. le Président, je voudrais tout
d'abord faire quelques remarques. Vous parlez exclusivement
d'hydroélectricité. Vous ne parlez pas des autres sources
d'énergie.
Mme Castel: II y a un autre mémoire où on parle de
la cogénération aussi, mais je n'ai pas pu revenir.
M. Chevrette: effectivement, mais c'est par ricochet. vous
n'abordez pas de front les 60 % que représente le pétrole ou le
gaz, pas du tout; est-ce que c'est voulu, c'est à dessein?
Mme Castel: C'est qu'on parle du plan de développement
d'Hydro-Québec, là il n'y a pas question de transport.
M. Chevrette: Je sais, mais vous n'auriez pas
préféré un débat sur l'ensemble de la situation
énergétique québécoise?
Mme Castel: On demande cela. Oui. On demande que l'ensemble des
questions énergétiques soit regardé par le gouvernement.
Oui, en effet.
M. Chevrette: C'est ce que je croyais lire en filigrane, madame.
Il y a une autre chose qui me surprend un peu, c'est quand vous demandez un
moratoire complet et vous dites: l'Opposition aura-t-elle le courage d'appuyer
une telle position? Je vous dirai tout de suite que, moi, je serais prêt
pour le motif suivant: II est vrai que, dans les plans antérieurs,
Hydro-Québec y allait de projets spécifiques. Ce qui me frappe,
cette année, dans son plan de développement, et vous êtes
les seuls à date, dans ceux que j'ai je ne les ai pas tous lus,
par exemple, pour être honnête, il m'en reste à lire parce
qu'il y en a un joyeux paquet mais, pour la première fois,
Hydro-Québec, maintenant, veut avoir des permissions un peu «at
large», ce qui lui permet de jouer à peu près sur tous les
tableaux et ce qui encourt des risques, d'autre part, effectivement,
peut-être de profiter de certaines situations, par exemple, comme vous le
dites.
Par exemple, une récession. Il n'y a rien de plus favorable pour
une société d'État, comme Hydro-Québec, devant un
besoin urgent d'emplois, d'éviter le débat, par exemple, sur la
valeur patrimoniale d'une rivière. Devant le désir d'avoir des
emplois dans une région donnée, on peut faire fi de tout ce qui
peut représenter les autres potentiels, même, sur le plan des
retombées économiques de cette même rivière. Et vous
en donnez un exemple et à juste titre, je pense.
Donc, est-ce que ça prend cependant la question que je
voulais vous poser là-dessus un moratoire complet ou si ce n'est
pas plutôt une demande de spécifications sur les volontés
concrètes dans une période de 15 ans, par exemple? On sait
qu'Hydro-Québec, à moins qu'elle nous cache la
vérité chose qui me surprendrait, ils ont tellement
d'expertise et tellement de transparence que, si on leur demande, ils vont nous
le donner tout de suite. Il y a des oreilles partout, en fait, à
Hydro-Québec. Je voudrais dire par là qu'il me semble qu'on
pourrait les obliger à nous dire, concrètement, d'ici 10 ans,
c'est quoi les projets «priorisés». Sinon, vous vous en
allez tous azimuts. Ce n'est plus un plan
de développement, ce n'est plus une planification rigoureuse.
Est-ce que c'est ça que vous faites ressortir, si je comprends
bien...
Mme Castel: Oui.
M. Chevrette: ...votre mémoire?
Mme Castel: Je suis contente de votre question parce que,
personnellement, je pense que cet élément du plan c'est
l'élément le plus dangereux, pas juste parce
qu'Hydro-Québec va avoir la possibilité de revenir et mettre en
oeuvre n'importe quel ouvrage à n'importe quel moment, mais parce que
c'est l'exact opposé à l'approche de la gestion
intégrée des ressources. Toute la gestion de la demande, toute
l'efficacité énergétique, dans son sens large, repose sur
une planification de très petites étapes. Les États
américains ont appris... Dans le Pacifique Nord-Ouest, ça leur a
coûté 70 000 000 000 $ pour apprendre la leçon, mais ils
ont appris que c'est très dangereux de planifier des gros morceaux, que
la façon la plus efficace pour arriver au choix optimal, c'est de
planifier une toute petite étape à la fois et de connaître
la plus grande, la plus large quantité de données possible sur
chaque projet, sur chaque proposition. C'est ça qui leur permet de faire
des choix aussi précis et aussi petits, un choix à la fois. C'est
ça qui, finalement, leur permet d'éviter de construire de gros
projets parce qu'ils savent qu'ils ont toutes sortes d'options pour les
années à venir. Tandis que l'approche d'Hydro-Québec c'est
de ne même pas choisir un projet, c'est de regarder tous les projets dans
leur ensemble. Ça, je trouve que c'est très, très
dangereux parce que ça évite les vraies planifications.
En ce qui concerne le moratoire, la raison pour un moratoire, c'est
parce qu'on trouve que la politique énergétique est
désuète. Dans notre mémoire, on décrit plusieurs
raisons pourquoi cette politique ne répond plus aujourd'hui aux
conditions économiques, sociales, environnementales, etc., et on pense
que c'est urgent de revoir cette politique énergétique,
peut-être avec les moyens modernes, avec l'ouverture moderne envers le
développement durable. En attendant, on trouve que c'est très
dangereux de signer des contrats parce qu'on est pris avec des contrats qui
étaient signés et on est obligés de fournir
l'électricité. C'est très dangereux de planifier des
projets parce que, quand un projet est proposé, tout de suite les gens
de la place, comme dans le cas de la Côte-Nord, pour eux, ça
devient un projet de travail. Alors, c'est très difficile à
arrêter.
Pour nous, le moratoire, c'est pour éviter de prendre des
décisions qui vont faire en sorte que notre politique
énergétique qui va évoluer avec le temps sera prise en...
Comment je le dirais? Ce sera très difficile d'avoir une vraie politique
énergétique ouverte et moderne si on est pris par des engagements
qu'on ne peut pas changer. C'est pour ça qu'on demande un moratoire, au
moins d'une année, pour avoir le temps de regarder tous les
éléments, et on n'a pas peur qu'il n'y aura pas assez
d'électricité. Même Hydro-Québec nous le dit dans
son plan, la réserve va toujours être là pour
répondre aux demandes imprévues. Alors, on n'a pas de crainte que
ça pourrait causer des problèmes.
M. Chevrette: Vous semblez vouloir limiter le rôle
d'Hydro-Québec à un rôle de distributeur, si vous voulez,
parce qu'on regarde... Vous parlez de la construction de grands ouvrages.
Ça pourrait faire appel au privé. À plusieurs reprises,
vous semblez insinuer, en tout cas, qu'Hydro-Québec, dans sa propre
mission, c'est trop large. Mais vous ne croyez pas que les limiter à un
simple rôle de distribution laisse, à ce moment-là, la
planification de la ressource exclusivement au pouvoir politique?
Mme Castel: Mais on pense toujours qu'il faut mettre un
«board» indépendant en place. On pense que c'est une
anomalie que ce type de «board» ou de conseil ou de commission
n'existe pas. Ça ne devrait jamais être une décision
politique. La politique devrait définir les objectifs, les
priorités, les orientations, mais les décisions devraient
toujours être évaluées par une instance
indépendante. Par contre, on trouve que... Au contraire, on ne veut pas
limiter Hydro-Québec à un rôle de distribution, on veut lui
donner le mandat de fournir des services électriques. C'est beaucoup
plus large que son mandat actuel, parce qu'actuellement il est un producteur
d'énergie, d'électricité, tandis que le fournisseur des
services électriques, c'est lui aussi qui se charge des programmes
d'efficacité énergétique de gestion de la demande. Il va
être dans plusieurs champs où il n'a jamais été
avant. Mais on pense que, si on veut avoir une allocation optimale des
ressources, il faut pouvoir différencier clairement entre un rôle
de fournisseur d'énergie et un rôle de société qui
est de créer des conditions de travail, de donner de l'argent aux
communautés pour la mise en valeur de l'environnement. Nous enliser
encore plus dans notre dette nationale qui continue à augmenter du
côté d'Hydro-Québec en même temps que du
côté du gouvernement, on trouve que ça dépasse de
loin le mandat d'une utilité d'énergie.
M. Chevrette: lorsque vous dites: s'il y a matière
à réflexion dans le sens suivant, il est vrai que, dans une
période difficile sur le plan économique, je vous avoue que
ventre affamé n'a pas de raison; ça réfléchit
beaucoup moins. deuxièmement, s'il y a le suçon en plus du 1 % ou
du 2 %, ça calme souvent certains édiles municipaux. ça,
il y a absolument du vrai dans ce que vous dites et on en a parlé, je
pense que c'est dans la première ou la deuxième journée
des audiences. d'autre part, enlever toute responsabilité sociale
à une société d'état, tant et aussi longtemps
qu'elle a tous les rôles qu'elle a présentement, ça
m'ap-paraîtrait un peu utopique. (15 h 50)
Mme Castel: Aussi dangereux. Il faut, bien sûr, limiter les
rôles que l'utilité a. Mais les grosses utilités comme dans
le Pacifique Nord-Ouest et ailleurs, elles ont quand même une
responsabilité sociale dans la mesure où il faut qu'elles
fournissent le service électrique à un plus bas coût social
possible. Ça veut dire qu'il faut qu'elles tiennent en
considération tous les éléments sociaux, par exemple, les
«externalités», les coûts environnementaux, les
coûts des impacts cumulatifs, etc. Dans leur calcul, tous ces
éléments-là devraient rentrer en compte et ils ont quand
même un aspect des responsabilités sociales qui est très
important, mais, les conditions dans lesquelles Hydro-Québec oeuvre
maintenant dans la société québécoise, je pense que
c'est beaucoup, beaucoup trop large. En parlant des programmes de mise en
valeur, je ne sais pas si vous êtes en possession de ce document qui est
«Les statistiques 1985-1992», qui démontre, dans chaque
instance, les montants d'argent qui étaient versés aux
communautés. Mais, moi, par exemple, dans le cas de Bécancour,
j'ai été vraiment frappée par le fait que la ville de
Bécancour a reçu 2 000 000 $ et que la MRC de Bécancour a
reçu 2 000 000 $, pour un projet de turbines à gaz qui est
finalement dans les zones d'exclusion de Gentilly 2. Alors, je trouve que c'est
exagéré. Il y en a pas mal d'exemples exagérés ici.
C'est un saupoudrage d'argent qui... Tant mieux pour les communautés qui
les reçoivent, mais est-ce que c'est normal que la
société, dans son ensemble, paie ces montants d'argent?
M. Chevrette: Moi, je vous suis pour un grand bout sur le fait
suivant: C'est qu'il est évident qu'Hy-dro-Québec devient juge et
partie parce que c'est elle qui a l'expertise et comme il n'y a pas de
commission chargée d'étudier de façon neutre et objective
le risque, avec un outil comme celui qu'elle a, avec son 1 % ou son 2 %, c'est
carrément d'acheter le silence, d'une certaine façon. C'est
ça qui est mauvais comme système. Je suis entièrement
d'accord avec vous. Sur le plan des principes, il va falloir, un jour ou
l'autre, qu'on ait une régie qui ait aussi une expertise tout aussi
valable qu'Hydro-Québec pour renseigner le plus adéquatement les
citoyens. Je vous suis de ce côté-là.
D'autre part, je suis un peu perplexe sur la façon de
procéder dans l'immédiat. Dans l'immédiat, il faudrait, si
on est pour changer la mission, au préalable mettre les structures en
place. Parce que changer la mission et que les structures ne soient pas
effectives en même temps, le danger, c'est: Qui va mener la barque? Ce
serait le pouvoir politique exclusivement.
Mme Castel: Non.
M. Chevrette: Le pouvoir politique, c'est lui qui adopte et signe
les contrats secrets.
Mme Castel: Mais on souligne tout le temps, on revient tout le
temps à l'importance que la participation du public a dans le
développement de politiques énergétiques modernes. Pour
des raisons différentes, mais entre autres parce que le public... Si on
parle de service électrique, c'est le public qui a autant son mot
à dire que l'utilité publique, parce que c'est le public qui va
dire quel service il demande et quel service il peut laisser aller aussi. C'est
très important que le public soit là. C'est très important
que le public aide le gouvernement à réévaluer sa
politique énergétique. C'est un projet de société
et c'est très urgent, ça fait trois ans que le Mouvement Au
Courant le répète à chaque opportunité. C'est de
plus en plus urgent parce que le développement de
l'électricité, au Québec, c'est vraiment
l'élément le plus important dans son économie. Si cet
élément n'est pas développé de la meilleure
façon possible... Par contre, ça nous cause toutes sortes de
torts, entre autres, l'endettement, les impacts sur l'environnement et,
surtout, le fait qu'on ne prenne pas le chemin vers un développement
moderne le développement économique à valeur
ajoutée, par exemple, à haute teneur technologique. Tous ces
éléments qui existent au niveau de l'efficacité
énergétique dans le sens large, mais qui n'existent pas dans le
cas de développement hydroélectrique massif, par exemple.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Drummond.
M. St-Roch: Merci, M. le Président. Pour revenir avec cet
organisme indépendant, il y a deux manières qu'on peut l'aborder.
Il peut être complètement indépendant, mais agir à
titre consultatif, ou il peut avoir une priorité décisionnelle.
Quelle voie privilégiez-vous au niveau de votre organisation?
Mme Castel: Ah! On a regardé l'expérience de
plusieurs États américains, aussi en Europe, et je ne serais pas
en mesure, personnellement, de dire laquelle sera la meilleure dans le cas du
Québec. Je pense que la réflexion de société qui
devrait se faire devrait s'arrêter sur le choix des types de
«board» ou de commission ou de comité indépendant.
Mais ce que j'ai vu, qui ressemble le plus au Québec, c'est
l'expérience du Nord-Ouest américain parce que les conditions
là-bas sont très semblables aux nôtres. Là-bas,
c'est un conseil qui oeuvre à partir d'une loi, un conseil
indépendant nommé par le gouvernement, mais à partir d'une
loi qui a beaucoup de pouvoirs, mais qui n'a pas tous les pouvoirs comme une
commission qui est complètement indépendante. Ça sera un
modèle à examiner. Je ne sais pas si ça sera le
modèle idéal, mais, de toute façon, il me semble plus
approprié, si on voit que les conditions sont semblables dans les deux
cas. Mais c'est la question première qu'un réexamen de la
politique énergétique devrait regarder.
M. St-Roch: À la page 21, je présume que c'est le
premier mémoire que nous avons reçu...
Mme Castel: Oui, page 21?
M. St-Roch: Oui, à 2.2.3.2, recommandation 3...
Mme Castel: Attendez.
M. St-Roch: ...c'est la question de la totalité des
études environnementales.
Mme Castel: Si vous voulez, 2.2...
M. St-Roch: Oui, à la page 21, c'est 2.2.3.2, c'est la
recommandation... Je vais vous la lire: «Que la totalité des
études environnementales requises par les diverses activités
d'Hydro-Québec, principalement celles reliées aux grands projets,
soit désormais effectuée par des spécialistes
externes...»
Mme Castel: Oui.
M. St-Roch: Ce qui m'inquiète, moi, ou ce qui m'intrigue,
je devrais plutôt dire...
Mme Castel: Oui.
M. St-Roch: ...c'est la note que vous avez au bas de la page et
qui dit: Dans ce domaine comme dans bien d'autres, Hydro-Québec
monopolise souvent l'expertise...»; à son corps défendant,
parce qu'elle est la seule qui emploie ces spécialistes-là.
Alors, en relation avec la note, si Hydro-Québec monopolise toute
cette expertise-là, qu'est-ce que vous prévoyez pour aller
chercher à l'extérieur l'expertise que... (16 heures)
Mme Castel: Ah non! La façon qu'on voit cela, c'est que
tout ce département d'Hydro-Québec, le département
scientifique, le département de l'environnement d'Hydro-Québec,
devrait être séparé d'Hydro-Québec et maintenu comme
un organisme indépendant parce que, en travaillant pour
Hydro-Québec, il y a plusieurs aspects qui deviennent anormaux. Par
exemple, c'est presque tous les scientifiques de qualité du
Québec qui travaillent pour Hydro-Québec. Mais leur travail n'est
jamais publié. Il n'est même pas accessible aux autres
scientifiques qui veulent en avoir connaissance parce que c'est soit secret ou
ce n'est pas le temps ou ils attendent pour un moment propice ou je ne sais pas
quoi. Mais la grande majorité du travail scientifique dans le Nord est
faite par Hydro-Québec. Elle n'est jamais disponible, elle n'est jamais
publiée. Pour des scientifiques, de ne pas publier leur travail, c'est
vraiment une punition.
En plus, ces scientifiques-là, ces départements-là
dépensent des millions et des millions de dollars. Ça a sorti
très bien aux audiences de Sainte-Marguerite. À un moment
donné, un des conseillers du BAPE a dit: Mais voyons, combien d'argent
dépensez-vous? Apparemment, ils dépensent plus que tous les
organismes scienti- fiques, le gouvernement, les universités, tout le
monde ensemble, plusieurs fois plus. Alors, il y a beaucoup d'argent qui est
dépensé pour les objectifs d'Hydro-Québec et tout le reste
devrait se contenter des miettes, de très peu.
Le Président (M. Audet): Merci, madame. Malheureusement,
c'est déjà terminé.
M. St-Roch: Très bref. Avec la même permission que
vous avez...
Le Président (M. Audet): On va prendre du retard...
M. St-Roch: Avec la même permission que vous avez
donnée au député de Saint-Maurice.
Le Président (M. Audet): Un peu plus tard lorsqu'on aura
un peu plus de «lousse».
Alors, au nom des membres de la commission, je veux remercier madame et
monsieur du Mouvement Au Courant. Nous allons suspendre quelques secondes pour
permettre à la Fédération nationale des associations de
consommateurs du Québec de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 2)
(Reprise à 16 h 5)
Le Président (M. Audet): La commission de
l'économie et du travail reprend ses travaux. Si vous voulez prendre
place. Alors, je veux souhaiter la plus cordiale bienvenue à la
Fédération nationale des associations de consommateurs du
Québec. Je vous rappelle brièvement le déroulement de nos
travaux. Vous disposez d'environ une vingtaine de minutes pour présenter
votre mémoire et vous présenter aussi. Et ensuite suivra une
période d'échanges qui durera approximativement une quarantaine
de minutes. Je vous cède la parole en vous invitant à vous
présenter. Merci.
Fédération nationale des associations de
consommateurs du Québec (FNACQ)
M. Chaîné (Denis): Bonjour, mon nom est Denis
Chainé. Moi, je suis consultant budgétaire à l'ACEF de
Québec. Je suis représentant pour la FNACQ au niveau de
l'énergie. Je vous présente ici mon collègue Richard
Dagenais, qui est recherchiste à la FNACQ et qui a produit pour nous le
mémoire que vous avez entre les mains.
Alors, l'essentiel de notre présentation va se faire à
partir de la synthèse qu'on vous a remise qui, substantiellement,
reprend les arguments qui sont à l'intérieur du mémoire
principal.
Mme la ministre, mesdames, messieurs, membres
de la commission, nous sommes heureux de l'occasion qui nous est offerte
aujourd'hui de vous exprimer notre point de vue et nos attentes face à
la proposition de plan de développement d'Hydro-Québec.
Je vous rappelle que la FNACQ est une fédération
d'organismes qui est vouée à la défense et à la
promotion des intérêts des consommateurs et des consommatrices,
plus particulièrement ceux et celles à faibles et modestes
revenus. Alors, la FNACQ agit en tant que porte-parole de ces organismes
membres sur différents sujets d'importance, tels Fagro-alimentaire, les
télécommunications, l'énergie,
l'électricité, le crédit, l'endettement, la santé
et les services professionnels.
Or, la FNACQ actuellement, c'est cinq groupes membres dont les ACEF de
l'Estrie, Granby, Québec, la Rive-Sud de Montréal et Auto-psy de
la région de Québec.
D'abord, disons que nous sommes heureux de l'ouverture de la ministre de
l'Énergie et des Ressources lors de la clôture du dernier colloque
sur la stratégie québécoise d'efficacité
énergétique en faveur d'un processus de planification
intégré des ressources. Nous croyons que ce processus appelle,
d'une part, à la consultation de tous les intervenants, pas juste les
entreprises, pour connaître la pluralité des valeurs en jeu de
notre société et, d'autre part, à la concertation afin que
tous s'accordent sur la nature des problèmes et enjeux et collaborent
dans le choix et l'application des solutions jugées les meilleures par
la majorité des intervenants.
Nous rappelons que, selon nous, il est clair que le développement
énergétique doit tenir compte des utilisateurs finaux des
produits et services dans l'économie, c'est-à-dire les
consommateurs et les consommatrices, et que sa discussion doit être
intégrée dans une discussion plus vaste traitant du projet de
société. Nous croyons que tout projet de société
doit être axé sur le maintien et la promotion du bien-être
et de la qualité de vie de la collectivité et que la notion de
bien-être doit déborder la simple consommation matérielle
de biens et de services.
Alors, quelques principes qui, selon nous, devraient guider les actions
d'Hydro-Québec. D'abord, le mandat d'Hydro-Québec devrait
être de produire et distribuer l'électricité aux
ménages et aux entreprises du Québec aux meilleures conditions
possible. Hydro-Québec ne doit pas, quant à nous, faire le
travail du gouvernement en matière de développement
régional et économique, de réduction du déficit
gouvernemental ou de la balance commerciale. De même, Hydro-Québec
ne devrait pas perturber l'allocation des ressources au profit des grandes
industries énergivores. Ensuite, HydroQuébec devrait garantir
à toutes les catégories de clientèles un service de
qualité, au prix le plus juste et le plus bas possible qui tienne compte
du pouvoir d'achat, de la valeur du service pour chacune des catégories
de clientèles, tout autant que d'une utilisation rationnelle et efficace
du produit lui-même et des ressources utilisées pour sa
production.
Ensuite, le gouvernement doit développer un ensemble de
mécanismes internes et externes qui assurent qu'Hydro-Québec,
incluant son actionnaire principal et ses diverses catégories
d'administrateurs et d'employés, n'abuse pas de sa position de monopole,
ni n'en tire de bénéfices indus au détriment de sa
clientèle.
Enfin, Hydro-Québec doit être à l'écoute et
au service de la population et, pour nous, la meilleure façon de le
garantir, est de soumettre Hydro-Québec au contrôle d'une
régie publique permanente composée de personnes dont on est
assurés de la compétence et de l'objectivité. Nous y
reviendrons un peu plus loin en conclusion.
Nous voulons d'abord dire quelques mots sur le processus de consultation
qu'a entrepris Hydro-Québec et qui visait à informer les groupes
intéressés au développement énergétique au
Québec et à prendre le pouls de ces groupes sur des sujets qui
intéressaient d'abord l'entreprise. Il s'agit d'un processus novateur
qui a exigé beaucoup d'efforts et d'ouverture de la part de l'entreprise
et de son personnel impliqué dans la consultation. Mais
Hydro-Québec a limité les choix des thèmes et des
discussions à ce qui l'intéressait directement et entrait dans le
cadre de son mandat. Des questions de fond n'ont pu être discutées
et doivent donc l'être à un autre niveau.
Outre le problème lié à la disparité des
moyens pour étudier, comprendre et faire une synthèse critique de
la masse d'informations transmises sur le sujet technique traité, il
subsiste, dans ce genre de consultation, le problème de transparence,
d'objectivité et de liberté de choix et d'expression. Il est en
effet difficile aux employés d'Hydro-Québec de se dégager
de la culture d'entreprise et du cadre d'analyse et d'évaluation
développé au cours des années. On peut se poser la
question: À quoi aura servi la consultation? (16 h 10)
Elle aura d'abord permis la diffusion d'informations et l'échange
de points de vue ainsi qu'elle aura initié le changement d'attitude
d'Hydro-Québec vers une plus grande humilité et ouverture. Mais
nous croyons que la position présente d'Hydro-Québec on
parle de son plan de développement telle que décrite dans
le plan 1993 s'inspire d'abord de sa logique et de ses principes
d'évaluation habituels et est peu influencée par la consultation.
Somme toute, les attitudes changent graduellement, mais le fond reste, pour
l'instant, le même dans ses éléments fondamentaux.
La consultation c'est une forme de recommandation pour
être jugée entièrement crédible, devrait être
menée par une organisation indépendante et compétente qui,
en accord avec les groupes qui y participent, traiterait de sujets possiblement
plus larges et inviterait divers spécialistes, autant
d'Hydro-Québec que d'ailleurs, à fournir l'information et les
présentations aux groupes consultés et à répondre
adéquatement aux questions soulevées par les participants
à la consultation. Donc, ce mécanisme amélioré de
consultation ne constitue, selon nous, qu'une évolution vers un
processus de
consultation neutre, efficace et durable, chapeauté par une
régie publique compétente. De même que le débat
public sur l'énergie devra se faire, il faudra mettre en place les
mécanismes d'une planification intégrée des ressources
dans le meilleur intérêt de tous les Québécois et
les Québécoises.
Nous allons maintenant vous présenter la synthèse de nos
réflexions, remarques et recommandations concernant l'évolution
possible du secteur énergétique, au Québec, et plus
spécifiquement sur l'évolution du secteur de
l'électricité et du plan de développement
d'Hydro-Québec. Nous suivrons la démarche proposée par les
organisateurs de la commission en insistant sur les points qui touchent
directement ou indirectement les consommateurs et les consommatrices.
D'abord, en ce qui concerne les industries énergi-vores et les
électrotechnologies. Dans notre mémoire de 1990, nous avons
formulé les craintes suivantes et qui semblent peut-être se
révéler exactes aujourd'hui. Je cite une partie de notre
mémoire: «Cette politique de spécialisation industrielle,
alliée au programme de partage de risques et de bénéfices
d'Hydro-Québec avec les grandes usines industrielles, accroîtra
l'instabilité de la demande d'électricité et les revenus
qu'en retirera Hydro. Nous doutons de ce que l'ensemble de la clientèle
soit protégée des effets d'une baisse de revenus de ces gros
clients en période de récession économique. D'ailleurs
pourquoi ne pas offrir pour les autres catégories d'usagers un tel
programme?»
Nous désirons donc que soit restreinte au lieu que soit
facilitée l'expansion des industries de transformation primaire
énergivores afin de cibler la création d'entreprises de
transformation secondaire qui créent plus de valeur ajoutée
à partir des matières premières produites ici, le tout
s'intégrant dans une politique de développement économique
durable visant prioritairement le plein emploi.
Par rapport aux électrotechnologies, comme les marchés
ciblés sont ceux de la petite et moyenne puissance dont les tarifs
rapportent bien, ces programmes sont rentables pour Hydro-Québec, qui
aide financièrement les entreprises qui implantent des
électrotechnologies dans le processus de production. Nous sommes
d'accord avec le programme d'implantation des électrotechnologies dans
la mesure où cela vise d'abord à rendre les entreprises
québécoises et spécialement les PME plus efficaces et
moins polluantes. Mais nous ne voulons pas que l'objectif premier soit
d'augmenter les ventes d'Hydro-Québec.
En ce qui concerne, maintenant, les exportations d'énergie. Selon
nous, trois conditions doivent être remplies pour exporter à long
terme. D'abord, il faut que ce soit rentable pour nous et que cela ne permette
pas de désavantager nos entreprises et que l'on ait des contrats fermes
avec des tarifs avantageux tout le long du contrat. Ensuite, il ne faut pas que
l'on se prive, dans le futur, en exportant ou que cela nuise à notre
développement économique en restreignant la disponibi-
lité de l'électricité. Enfin, si on devance les barrages
pour exporter, il faut être certain que l'on aura besoin, plus tard, de
cette énergie pour nos besoins propres, que l'énergie
hydroélectrique soit compétitive avec les autres formes
d'énergie alors disponibles, en pondérant les coûts sociaux
et environnementaux de chaque forme pour les phases de la construction
d'équipement, du transport et de la production d'énergie.
Considérant l'incertitude sur l'évolution de la demande et
l'évolution technologique d'autres filières
énergétiques, les énergies douces, éolienne et
solaire, par exemple, il nous semble très risqué de devancer des
barrages hydroélectriques, étant donné les changements
rapides que l'on vit actuellement. De même, nous ne croyons plus possible
d'exporter avec contrat ferme, à long terme, car de nouveaux moyens, les
énergies pho-tovoltaïques, l'éolienne, les nouveaux
appareils sont reconnus plus prometteurs aux États-Unis que les
centrales thermiques ou nucléaires. En ce sens, il faudrait
éviter de dépenser trop de ressources pour signer de nouveaux
contrats si on ne peut en retirer que de maigres résultats. De plus, on
ne doit pas exporter notre électricité afin d'éviter les
problèmes de pollution aux États-Unis, car les barrages
hydroélectriques perturbent aussi l'environnement et les pays
énergivores doivent se responsabiliser face à
l'environnement.
En ce qui concerne, maintenant, l'efficacité
énergétique, nous soulignons à nouveau que le terme
«économie d'énergie» englobe l'efficacité
énergétique et non l'inverse et que les économies
d'énergie peuvent aussi se faire par une modification des besoins, ce
que n'inclut pas l'efficacité énergétique. Si on s'accorde
avec les hypothèses et les choix de mesure retenus par
Hydro-Québec, il semble logique d'appuyer Hydro dans ses choix. Mais
nous souhaitons que l'on élargisse le champ des hypothèses et
mesures retenues par Hydro afin d'explorer de nouvelles avenues qui nous
semblent prometteuses. Nous avons le droit de connaître toutes les
possibilités raisonnables et intéressantes avant de faire nos
choix. Principalement, dans le processus de décision et
d'évaluation des programmes d'économie d'énergie, il
faudrait prendre en compte toute l'externa-lité de la filière
hydroélectrique comme, par exemple, les coûts sociaux
amenés par les gros travaux; on peut parler d'isolement, de la division
des familles, de la perturbation de l'environnement physique, de la pollution
au mercure, au gaz méthane, l'inondation de grandes surfaces, la
pollution visuelle des lignes et les risques que les ondes électriques
des fils affectent les humains et autres vivants. Il faudrait trouver des
moyens d'accroître les taux de participation aux programmes
d'économie d'énergie, entre autres, en trouvant de nouvelles
formules de financement et de nouvelles mesures. Par exemple, l'aide aux
économies d'énergie pourrait aller jusqu'à 80 % pour les
moins fortunés et être adaptée à la capacité
de payer de la clientèle et à leur statut propre. Il faut
développer des formules nouvelles de l'aide en fonction du revenu et de
la richesse
des ménages, participation du consommateur aux mesures
financées à même les économies
réalisées, déduction d'impôt des dépenses en
efficacité énergétique et en rénovation, programmes
adaptés aux locataires.
Alors, quelques exemples, il faut favoriser des mesures nouvelles et
implantées de façon intégrée et consistante. On
peut parler de l'isolation des bâtiments usagés ou neufs,
résidentiels et autres, installation de portes et fenêtres plus
performantes du point de vue énergétique, favoriser un meilleur
aménagement urbain et favoriser aussi le solaire passif dans la
construction neuve et la rénovation. En passant, il appert que, pour 2 %
de plus à la facture d'une maison neuve, on peut réduire sa
consommation d'énergie de chauffage de 50 %, ce qui semble une mesure
très rentable. on peut faire connaître au consommateur des
produits nouveaux plus efficaces, encourager les habitudes de recyclage et de
récupération.
Dans un autre domaine, il faut faire aussi des efforts significatifs en
recherche et développement et l'utilisation des techniques et appareils
efficaces. D'ailleurs, on pourrait améliorer les normes en
efficacité électrique des appareils
électroménagers, en ciblant ceux qui occasionnent le plus de
pertes à l'extérieur. On pense aux sécheuses, aux
lave-vaisselle, par exemple. Dans le domaine de la construction des
bâtiments adaptés à notre climat; afin de promouvoir
l'utilisation de matériaux recyclés, il faut une
amélioration de l'enveloppe thermique des maisons et des
mécanismes de contrôle de la qualité de l'air à
l'intérieur des bâtiments, ainsi que l'utilisation extensive de
l'énergie solaire passive pour réduire les coûts de
chauffage et améliorer l'éclairage. On peut penser aussi à
la recherche et développement dans les équipements de chauffage.
Alors, on parle encore du solaire passif, les pompes thermiques et
géothermiques.
Concernant maintenant l'encouragement de la substitution des sources
d'énergie, il faut le faire dans la mesure où cela est rentable
et que cela n'accroisse pas la charge de pollution en milieu urbain
densément peuplé. 51 on juge que le chauffage électrique
des résidences n'est pas rentable pour la société, il
faudrait, par réglementation, faire en sorte que cela cesse, car, si on
fait en sorte que les tarifs augmentent rapidement pour que les consommateurs
remplacent leur chauffage électrique, cela serait coercitif et punitif
alors que le gouvernement et hydro-québec avaient encouragé
auparavant ce chauffage, dans le passé. en ce sens, les individus ne
doivent pas payer pour les erreurs qui ne sont pas les leurs.
Il vaut donc, selon nous, la peine d'accroître les efforts pour
éviter, dans toute la mesure du possible, la construction de nouveaux
barrages plus coûteux et qui affectent l'environnement.
Maintenant, en ce qui concerne les moyens de production. Lorsque vient
le temps d'évaluer les coûts de la filière
hydroélectrique, Hydro-Québec dit que les coûts de ses
équipements incluent les mesures de protec- tion environnementale. Mais
il faudrait évaluer toutes les externalités de la filière
hydroélectrique: les coûts sociaux amenés par les gros
travaux, dont on parlait tout à l'heure, l'isolement, division des
familles, perturbation de l'environnement physique, inondation de grandes
surfaces, pollution visuelle, risques que les zones électriques
affectent les humains et les autres vivants.
Encore une fois, il faut faire des efforts significatifs en recherche et
développement dans le domaine des énergies nouvelles et douces.
De plus, Hydro-Québec devrait accepter les critiques positives faites
par des experts indépendants sur ses hypothèses et ses
méthodologies d'analyse et de comparaison. Il est possible de faire dire
bien des choses aux chiffres, à condition de choisir les bonnes
hypothèses, d'où la nécessité de contre-expertise
sur les choix fondamentaux. De plus, la cogénération, pouvant
servir en attendant d'autres moyens, doit être compétitive avec
l'hydroélectricité. On ne veut pas de subvention
déguisée. Mais, comme elle crée de la pollution
atmosphérique, il faut évaluer l'impact environnemental, local et
global de chaque projet avant autorisation. Hydro-Québec doit s'assurer,
avant d'acheter par contrat l'énergie d'un projet de production
privée, que celui-ci sera utilisé de façon optimale.
Enfin, nous rejetons l'idée de développer la
filière nucléaire, car on craint les accidents avec les centrales
et les déchets nucléaires. Il faudrait plutôt comparer avec
les énergies alternatives. (16 h 20)
On va parler un peu de la tarification qui avait été
abordée dans d'autres ateliers, lors des consultations.
Hydro-Québec souhaite que le tarif moyen évolue, d'ici l'an 2000,
selon l'indice des prix à la consommation. Mais elle n'indique pas
comment évolueront les tarifs après l'an 2000, ni l'effet sur les
tarifs de la completion de grands travaux au début du prochain
siècle. De plus, elle souhaite réduire graduellement
l'interfinancement et, donc, faire croître plus rapidement les tarifs
domestiques, sans toutefois indiquer comment ces tarifs évolueront, sans
doute pour ne pas apeurer les consommateurs.
Nous nous opposons donc au rééquilibrage des tarifs
d'électricité entre les diverses catégories de
clientèles, notamment au niveau des services électriques
essentiels et du fait que le traitement fiscal de la dépense
électrique est inéquitable entre les ménages. On pense aux
principales taxes qui sont déductibles d'impôt. La tarification
doit non seulement tenir compte des principes économiques centrés
sur l'efficacité, mais elle doit tenir compte de principes sociaux comme
l'équité, l'accessibilité à un prix abordable aux
services essentiels, car, pour nous, l'électricité est un service
essentiel, de la capacité de payer et de la nature du service pour
chaque catégorie d'usagers. C'est ainsi que l'établissement des
critères financiers ne doit pas se limiter à la stricte question
de rentabilité, mais tenir de cet ensemble plus large de principes
socio-économiques. Ainsi, si Hydro-Québec entend modifier la
structure tarifaire au
niveau domestique, elle doit encourager les économies
d'énergie en tenant compte de la capacité de payer des
ménages. Ainsi, on devra compenser les efforts en économie
d'énergie sans accroître le fardeau des ménages. La
structure tarifaire est un élément de choix pour les
consommateurs. Certains peuvent préférer des tarifs plus stables
dans l'année afin de faciliter leur planification budgétaire de
sorte que c'est le coût total qu'ils paient annuellement qui les
intéresse. Il faut faire attention pour ne pas avoir d'écart trop
important entre les différentes tranches de tarifs, car on
découragera plus qu'autrement les consommateurs à participer
à des programmes facultatifs. Par exemple, si le tarif par grand froid
est jugé trop élevé par les consommateurs au point de les
rendre inconfortables, il est bien possible que plusieurs décrochent
tout simplement. Il faut donc considérer les désincitatifs
d'ordre psychologique, même si on peut montrer objectivement que le
consommateur moyen y gagne, car le consommateur, lui, ne se considère
pas comme une statistique.
Pour favoriser les ménages à bas et faibles revenus, on
souhaiterait un remboursement fiscal du type appliqué par les
impôts fonciers, soit une hydro-rente, afin de réduire la
régressivité de la dépense électrique chez les
consommateurs. Nous sommes d'accord avec le mesurage individuel dans le secteur
multifamilial pour rendre tous les consommateurs conscients de leurs
dépenses d'électricité dans la mesure où les
avantages retirés par la société en termes
d'économie d'énergie ne dépassent pas les coûts
associés à l'implantation du mesurage individuel dans le secteur
résidentiel. Ensuite, les tarifs commerciaux et industriels doivent
aussi encourager l'économie d'énergie en tenant compte aussi de
la saisonnalité des coûts de fourniture. Les tarifs industriels
doivent être respectés et non être discriminatoires et, s'il
y a des avantages tarifaires à donner pour favoriser certaines
industries, ils devraient être déboursés par le
ministère de l'Industrie et du Commerce pour ne pas désavantager
les autres clients d'Hydro-Québec, sachant que la dépense en
électricité est très régressive pour les
consommateurs.
Rapidement, très rapidement, même, sur la prévision
et l'évolution de la demande d'électricité. N'étant
pas des experts prévisionnistes, nous ferons un commentaire
général sur cet aspect. Hydro-Québec devrait permettre
à des experts de critiquer ses hypothèses de travail et tenir
compte des champs de possibilités plus vastes en matière
d'évolution économique et technique. Par exemple, la
réduction de la demande électrique par logement pour la chauffe
pourrait être plus forte si on ouvrait le champ possible des mesures
d'économie d'énergie et si le gouvernement était plus
actif en termes de normes et règlements dans la construction
résidentielle et commerciale. De même, l'évolution des prix
relatifs d'énergie pourrait s'avérer fort différente de ce
qu'Hydro-Québec anticipe. En fait, en termes de prévisions, ce
qu'on anticipe risque parfois d'être ce que l'on souhaite si on a une
forte marge de manoeuvre sur l'évolution de la demande et que l'on
domine les produits concurrents.
Encore plus brièvement sur la privatisation. Depuis quelque
temps, il est question de la privatisation d'Hydro-Québec ou de
certaines de ses activités. Si quelque option devait être
envisagée sérieusement, nous croyons que celle-ci devrait faire
l'objet d'une consultation publique afin que les choix proposés soient
discutés et partagés par l'ensemble de la société
québécoise.
En conclusion, pour une définition claire du mandat d'Hydro et du
rôle de son actionnaire principal, nous concluons ici en affirmant la
nécessité de tenir compte dans les choix de développement
énergétique pour le Québec des besoins de la
collectivité québécoise en poursuivant d'abord et avant
tout un objectif de développement durable axé sur le
bien-être de la société.
Nous formulons maintenant un ensemble de recommandations finales.
D'abord, en accord avec les principes ci-haut mentionnés, nous
préconisons que soit redéfini clairement le mandat
d'Hydro-Québec pour qu'elle agisse comme une entreprise de services
publics ayant comme objectif premier la satisfaction des besoins en
électricité des consommateurs et des consommatrices du
Québec et ce, au meilleur prix possible, donc, en intégrant les
coûts directs d'exploitation des ressources et les coûts indirects
environnementaux et autres. Hydro-Québec ne devra pas
prévilégier le développement axé sur les industries
énergivores, car cela est inconsistant avec la notion de
développement durable. Elle doit donc éviter de biaiser le
mécanisme d'allocation des ressources tout comme elle ne doit pas jouer
le rôle d'une agence gouvernementale qui aurait pour mandat de promouvoir
le programme par une politique du parti au pouvoir.
Le Président (M. Audet): Brièvement, s'il vous
plaît.
M. Chaîné: Alors, afin de garantir à toute la
population des décisions objectives en matière de tarifs et de
choix d'investissement, il nous apparaît important que soient mis en
place des mécanismes d'évaluation et de prise de décision
impartiaux et efficaces détachés de tout programme politique.
Nous parlons donc d'une régie de l'électricité qui aurait
pour mandat de décider des tarifs d'Hydro-Québec et des projets
suggérés par Hydro-Québec dans ses plans de
développement. La régie effectuera diverses études et
pourra demander à Hydro-Québec de lui produire des rapports sur
des sujets précis afin d'obtenir une information complète et
précise dans le cadre de son mandat. Elle pourra, par exemple, mieux
préciser la structure de coûts d'Hydro-Québec et comparer
la productivité d'Hydro-Québec avec celle d'autres entreprises
équivalentes. La régie pourrait entendre dans le cadre
d'audiences publiques bien structurées les groupes
intéressés aux diverses questions touchant la tarification et le
développement électrique au Québec.
Nous sommes fermement convaincus qu'il faille prendre des
décisions et poser des actions qui vont dans le sens du
développement durable afin d'assurer la pérennité de
l'espèce et éviter le gaspillage des autres ressources. C'est au
prix de cette discipline de base sur le respect de l'environnement et des
personnes que nous bâtirons une société meilleure et plus
juste pour tous. La meilleure façon de s'assurer que les bons choix
seront posés en faveur de toute la collectivité, c'est via des
mécanismes de consultation et de concertation efficaces,
équilibrés et acceptés de tous. Merci de votre
attention.
Le Président (M. Audet): Merci, M. Chainé. Je vais
maintenant reconnaître Mme la ministre de l'Énergie.
Mme Bacon: Merci, M. Chainé, M. Dagenais. Au nom de la
commission, je voudrais vous remercier sincèrement pour votre
participation à cet exercice de réflexion que nous menons tous
ensemble et je pense que vos préoccupations dont vous nous avez fait
part seront certainement prises sérieusement en considération.
Nous avions ce matin l'Union des municipalités du Québec qui
proposait à la commission parlementaire la municipalisation de la
distribution de l'électricité au Québec. Est-ce que vous
vous êtes penchés sur cette question-là et comment
réagissez-vous à l'idée de confier aux
municipalités la distribution d'électricité? J'ai
posé la question à savoir si les consommateurs en
bénéficient, je n'ai pas eu de réponse, mais je pense
qu'on doit avoir comme préoccupation majeure, à ce
moment-là, les consommateurs si on veut faire un changement presque
aussi dramatique que celui-là.
M. Chainé: Ce que je peux vous dire brièvement,
c'est que de notre côté nous ne nous sommes pas vraiment
penchés sérieusement sur ces optiques-là encore. J'avoue
qu'on en parlait il n'y a pas tellement longtemps puis, comme c'est des
questions qui commencent à poindre sérieusement, j'avoue qu'on
aura à évaluer l'impact que ça pourrait avoir pour les
consommateurs et les consommatrices. Mais, pour le moment, je ne pense pas
qu'on ait les données qui nous permettent de donner une opinion
sérieuse sur la question. À moins que...
Mme Bacon: Mais il me semblait, je pense, qu'il y ait un travail
considérable encore à faire là-dessus.
M. Chainé: Je pense qu'il y a un travail
considérable encore à faire là-dessus.
Mme Bacon: D'accord. En page 25 de votre mémoire, vous
dites qu'il faut améliorer le mémoire que nous avions
reçu les normes des appareils électriques. Vous savez
qu'en juin 1991 le gouvernement a fait adopter une loi sur l'efficacité
énergétique d'appareils qui fonctionnent à
l'électricité ou aux hydrocarbu- res et il y a des normes de
performance qui sont imposées à certains appareils
électroménagers, des équipements de chauffage et des
équipements de climatisation qui sont fabriqués ou vendus au
Québec. Vous connaissez certainement cette loi que nous avons fait
adopter et est-ce que vous pouvez nous indiquer si le gouvernement devrait
adopter des normes encore plus sévères ou étendre la
réglementation à plus d'appareils que nous avons
déjà avec cette loi-là, et quel est votre sentiment
à cet égard-là?
M. Dagenais (Richard): À prime abord, j'aurais tendance
à penser qu'il y a plus d'efforts à faire, c'est-à-dire
qu'on devrait élargir, finalement, les exigences parce qu'il faudrait
tenir compte, entre autres, des coûts marginaux de long terme, par
exemple, de l'énergie et pas uniquement des coûts présents.
C'est ça qu'est le problème de l'importation du fait qu'on ne
produit pas tous les appareils qui sont fabriqués ici, je pense. Mais,
idéalement, quant à moi, c'est d'avoir des normes suffisamment
sévères pour que le choix du consommateur soit simple à
faire, sachant que les coûts prévus d'énergie sont
évalués à tant, par exemple, c'est-à-dire que ce
n'est pas au consommateur de faire des prévisions économiques.
Normalement, les gestionnaires publics devraient tenir compte des
prévisions économiques et des coûts globaux pour que le
consommateur puisse faire des choix, mais d'appareils qui sont vraiment le plus
efficace possible considérant les coûts, l'ensemble des
coûts qu'il aura à supporter par la suite. (16 h 30)
Mme Bacon: Est-ce que vous l'appliqueriez à d'autres
appareils que ceux que nous avons déjà mentionnés dans la
loi? Est-ce que vous retendriez davantage ou rendriez la réglementation
plus sévère?
M. Chainé: J'allais répondre peut-être d'une
autre façon, sans passer par la réglementation. Il y a aussi un
aspect par rapport aux appareils où on insistait beaucoup. On se
questionnait, nous autres, sur toute la question de la recherche et
développement, c'est-à-dire que, là, je ne sais pas si
ça doit revenir directement à HydroQuébec, cette
question-là. Mais, lorsqu'on pense au coût
énergétique de certains apparareils, je pense qu'il y a des
efforts... en tout cas, au moins en recherche et développement, pour
développer des appareils beaucoup plus performants. En termes de normes,
je pense qu'il y a des efforts qui sont en train de se faire. On en est
très conscients. En termes de recherche et développement, ce
qu'il faudrait voir, c'est à qui reviendrait le mandat de faire des
recherches poussées, surtout pour les appareils énergivores, pour
voir à développer des appareils qui, en fin de compte, au bout de
la ligne, pourraient éviter des coûts quand même assez
appréciables et peut-être même éviter la construction
de certains barrages à ce moment-là.
M. Dagenais: Je pense qu'idéalement il faut
élargir à tout appareil qui consomme une énergie et
dont les coûts d'usage vont finalement se répercuter sur la
dépense du consommateur, et ce qu'on retrouve sur le marché, par
exemple, des appareils qui sont moins performants et, des fois, l'écart
par rapport aux plus performants est du simple au double.
Alors, à mon sens, il faudrait évaluer l'impact d'avoir
des normes suffisamment élevées pour tous les appareils, que
ça devienne une norme sur le marché d'avoir une efficacité
énergétique très élevée. Et je pense que
l'impact ne sera peut-être pas élevé si on exige, pour
l'ensemble, d'avoir des normes d'efficacité élevées.
Mme Bacon: Vous avez mentionné, en page 29 de votre
mémoire, que l'aide aux économies d'énergie pourrait aller
jusqu'à 80 % pour les moins fortunés. À cet égard,
vous suggérez de développer de nouvelles formules dont vous
donnez quelques exemples. Est-ce que vous pouvez nous indiquer l'une ou l'autre
ou même plusieurs des formules qui ont été essayées
ailleurs? Est-ce que c'est suivant l'expérience d'autres et est-ce
que... qui du distributeur ou de quelque autre organisme public chargé
de soutenir les moins fortunés en assume les coûts?
M. Dagenais: globalement, c'est sûr que c'est le
consommateur qui va finir par assumer les coûts, parce que ça va
se répercuter sur les tarifs ultérieurement. l'objectif, c'est
que les externalités qui ne sont pas évaluées par les
consommateurs individuels soient incorporées dans les décisions
d'ensemble et que c'est tout le monde qui l'assume globalement. il y a un
endroit, par exemple, aux états-unis où on fait une
expérience où l'entreprise a payé à peu près
100 % des dépenses et où elle a vraiment fait de la
publicité importante et où le taux de participation était
plus élevé que 90 %, par exemple.
Alors, lorsqu'on mobilise la population, il y a vraiment
possibilité que la population embarque dans le projet. Au niveau des
mesures, je pense que les problèmes de capacité de payer de
certaines classes de consommateurs, il faut se pencher sur cette
question-là et sur le problème aussi des locataires dont la prise
de décision n'est pas directe. Et je pense que c'est deux types de
problèmes, sur les faibles et modestes revenus, qui ont des
problèmes à trouver les liquidités pour investir, et les
choix des locataires qui sont redevables des propriétaires.
Mme Bacon: Pour promouvoir l'efficacité
énergétique, vous soulignez, toujours en page 29, qu'il faut
améliorer, entre autres, l'information des étudiants. L'automne
dernier, le gouvernement a rendu publique sa stratégie
québécoise d'efficacité énergétique dans
laquelle l'information occupait une place importante. Est-ce que vous croyez
que les actions proposées à cet égard-là dans le
document sont suffisantes et, sinon, auriez-vous autre chose à nous
proposer?
M. Dagenais: À brûle-pourpoint, non. Mais je pense
qu'il faut investir des efforts pour conscientiser. À mon sens, les
prix, les tarifs ne sont pas suffisants pour amener des comportements
adéquats. Il doit y avoir une conscientisation, je pense, à
partir du jeune âge chez l'enfant. J'ai la biénergie, par exemple;
ce n'est pas parce que le tarif est moins élevé que je ne
fermerai pas ma lumière quand je vais sortir d'une pièce. J'ai
adopté des comportements et, à ce moment-là, je suis
conséquent avec ce comportement et cette conscientisation que j'ai
développés aussi.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Joliette, s'il vous plaît.
M. Chevrette: Je considère que vous avez un mémoire
très étoffé. M. Dagenais a dû fouiller passablement
pour apporter autant de données mathématiques, en particulier. Je
remarque que c'a été fort poussé, puis je vous en
félicite. Il y a quelques points, cependant, sur lesquels je veux
questionner, parce que ça m'a surpris... à vous entendre, ma
surprise va peut-être retomber un peu. À la page 7 de votre
mémoire, le mandat d'Hydro-Québec, celui que vous aviez
envoyé... Je parle de votre première version, la mauve. Vous
dites ceci au mandat d'Hydro-Québec: «Hydro-Québec doit
agir à l'intérieur d'un mandat clair qui est celui de produire et
de distribuer l'électricité aux ménages et aux entreprises
du Québec aux meilleures conditions possible.» Jusque-là,
ça va bien. C'est la phrase après. «Hydro-Québec ne
doit pas quant à nous faire le travail du gouvernement en matière
de développement régional et économique, de
réduction du déficit gouvernemental ou de la balance
commerciale.»
Je pense qu'il y a trois idées dans ça. Tout d'abord,
est-ce que vous ne croyez pas qu'Hydro-Qué-bec doit jouer un rôle
sur le plan du développement régional quand c'est possible?
M. Dagenais: Ce que je veux dire dans tout ça, finalement,
c'est que le mandat d'Hydro-Québec se doit de s'appuyer tout d'abord sur
des bases économiques et non pas politiques, c'est-à-dire qu'il y
a un mandat, finalement, d'offrir un service à la population et, si
c'est économique, finalement, et si c'est rentable pour l'ensemble de la
société, je pense que, oui, ça doit être fait, mais
en tenant compte d'un ensemble de critères plus larges,
environnementaux, entre autres. Je pense que les consommateurs sont
prêts, finalement, à appuyer parce qu'il y a une conscientisation
plus large, finalement, parce qu'un environnement sain c'est aussi une
façon de consommer, je pense.
M. Chevrette: D'accord, si je comprends bien, si, sur le plan
environnemental, il n'y a pas de problème, c'est heureux si ça
contribue au développement
régional. Ce n'est pas le...
M. Dagenais: Je ne suis pas contre, par exemple,
qu'Hydro-Québec maintienne des services en région et tout
ça. Je pense que c'est normal aussi que, si la population paie, il y ait
des services en retour. Je pense qu'il y a une question d'équité
là-dessus. Mais je veux dire que ce n'est pas le rôle
d'Hydro-Québec, quant à moi, de perturber l'allocation des
ressources pour attirer, par exemple, à Baie-Comeau, les grandes
industries. À mon sens, ça doit se faire à un autre niveau
que ça. HydroQuébec, c'est de fournir l'électricité
aux meilleures conditions possible et non pas d'attirer des industries, par
exemple.
M. Chevrette: Je comprends le sens. En matière de
développement, bon, en matière de réduction du
déficit gouvernemental ou de la balance commerciale, ici, je suppose que
vous faites allusion aux frais de garantie qui ont été
imposés par le gouvernement, à l'augmentation de la taxe sur le
capital?
M. Dagenais: C'est un des aspects et l'autre aspect, c'est les
profits, finalement, qui sont générés à chaque
année.
M. Chevrette: S'il y avait le respect, je ne me souviens pas en
vertu de quel article, je ne sais pas si c'est 17 de la loi où
Hydro-Québec peut payer des dividendes en autant qu'il y a le respect
des ratios je pense que c'est 25 %, si ma mémoire est
fidèle ce n'est pas ça que vous voulez toucher?
M. Dagenais: Non, je pense que... Ce qu'on veut dire, c'est que,
finalement, il y ait des pressions pour augmenter les tarifs uniquement pour
diminuer le déficit gouvernemental, par exemple. Ça, je pense que
ce serait malvenu pour les consommateurs de dire: On augmente au même
tarif qu'Hydro Ontario, par exemple. Il faudrait en profiter pour augmenter
plus vite que ce qu'en réalité ies coûts augmentent...
M. Chevrette: là, on se comprend. et je suis d'accord avec
vous autres, d'ailleurs, parce que, si on n'avait pas eu ça,
probablement que ce serait trois points de moins sur les tarifs. l'an
passé, ils nous disaient qu'à chaque 50 000 000 $ qu'on venait
chercher c'était un point de tarification, 1 %. donc, c'est gros,
effectivement. les frais de garantie ont coûté 150 000 000 $ si ma
mémoire est fidèle. alors, voyez-vous, s'il n'y avait pas
ça, on pourrait ne pas avoir d'augmentation de tarif cette année
puisqu'ils demandent 2,7 % ou 2,9 %. donc, on serait corrects pour cette
année.
M. Dagenais: Un élément concernant les frais de
garantie, c'est qu'Hydro-Québec dit qu'elle voudrait avoir un rendement
sur son avoir qui tienne compte du risque. Alors, je pense que si le
gouvernement va chercher, par le biais des taxes, le coût du risque,
finalement, ça ne doit pas être répercuté sur les
profits, par exemple. Donc, ça se répéterait en double, je
pense, pour le consommateur.
M. Chevrette: C'est la même chose. Vous faites allusion aux
contrats à partage de risques. Je ne me souviens plus à quel
endroit. Ça aussi, ça a eu une répercussion énorme
pour le consommateur. Si ma mémoire est fidèle, M. Drouin a
parlé de 200 000 000 $ l'an passé.
M. Dagenais: 250 000 000 $ en 1992. 240 000 000$ en 1991.
M. Chevrette: Ça veut dire que c'est plusieurs points de
tarification pour le consommateur.
M. Dagenais: Je pense que s'il y avait eu ces
entrées-là, finalement, c'est sûr que ça aurait
amené moins de pression sur la hausse.
M. Chevrette: Est-ce que c'est à partir de ces
constats-là que vous recommandez une régie
indépendante?
M. Dagenais: Ça fait plusieurs années, je pense,
que la FNACQ demande, pour un ensemble de raisons, finalement, que le processus
d'ajustement des tarifs soit clair, finalement neutre ou non influencé
par le processus politique, si on veut. Mais ce sont des éléments
qui entrent en ligne de compte, oui.
M. Chaîné: Je pourrais peut-être rajouter
aussi que, souvent, lorsqu'on regarde tout le matériel qui nous est
fourni à analyse, lorsqu'on a à produire, par exemple, ce genre
de mémoire là, c'est immanquable, on ne peut pas s'empêcher
de passer la remarque que, dans le fond, on est un peu enfermés dans la
logique d'Hydro-Québec. Ce sont eux qui produisent les analyses, ce sont
eux qui produisent les chiffres, les explications, alors, quelque part, c'est
la seule base. Ce qu'on laisse entendre, c'est que, ça, je pense qu'en
recherche, moi, je ne suis pas économiste personnellement, mais je pense
qu'en recherche ça tient à peu près dans tous les
domaines la personne qui formule les hypothèses, je pense qu'on
peut le dire à notre façon. Je me permets peut-être de
faire un mot d'humour, c'est de la même façon que les entreprises
qui produisent du tabac à cigarettes sont capables de faire dire aux
chiffres que le tabac ce n'est pas nocif pour la santé et que ça
ne produit pas le cancer. Alors, dans ce sens-là, pour nous, les
règles du jeu nous semblent... En tout cas, peut-être que le mot
«douteuse» peut-être que c'est aller trop loin, mais
ça pourrait garantir, en tout cas pour nous, jusqu'à un certain
point, une certaine objectivité. (16 h 40)
M. Chevrette: Quand vous dites, à la page 9: «Mais
Hydro-Québec a limité le choix des thèmes et des
discussions à ce qui l'intéressait directement et entrait dans le
cadre de son mandat. Des questions de fond n'ont pu être discutées
et doivent donc l'être à un autre niveau», est-ce que vous
pourriez me donner des exemples pour lesquels...
M. Chaîné: Mais, avant même de parler de
questions de fond, on pourrait dire que déjà la question de la
tarification n'était pas présente dans les quatre
premières questions qui avaient été soumises alors que
ça nous semblait aller de soi que, lorsqu'on parle de moyens de
production, etc., la question de la tarification rentre en ligne de compte.
Ça fait que déjà au départ, sans parler même
de grandes questions de fond, pour nous qui représentons les
consommateurs, la question des tarifs, ça joue quelque part et
déjà là, en partant, on a été un petit peu
irrités sur la façon dont les questions se sont
posées.
M. Chevrette: Elles ont été posées
après aussi.
M. Chaîné: Oui. C'est à la demande de la
majorité des groupes présents, d'ailleurs, que la question de la
tarification soit développée un peu plus.
M. Dagenais: Peut-être deux exemples aussi. J'ai
participé sur la formulation des études externes qui ont
été demandées à Hydro-Québec. Relativement,
par exemple, au mandat économique d'Hydro-Québec,
Hydro-Québec ne veut pas toucher, finalement, la question politique.
Elle dit: Ce n'est pas mon rôle, c'est au ministère d'administrer
les ressources, d'y toucher. Par contre, une étude externe, ce n'est pas
fait pour HydroQuébec normalement, c'est fait pour les groupes
consultés et la population. Je pense qu'il y avait là une
incompréhension, peut-être, du mandat à réaliser par
les études externes.
L'autre aspect c'est... Dans la question de la tarification par
exemple... Je demandais, par exemple, à Hydro-Québec s'il serait
possible d'analyser les raisons qui motivent l'établissement de
l'interfinancement au fil des années. Alors, comme ce sont des aspects
politiques, Hydro-Québec n'est pas intéressée à
toucher ces aspects-là, par exemple. Et toute la question de la
planification intégrée des ressources. Le processus de
planification, Hydro-Québec dit: Ça relève finalement du
gouvernement. Donc, il faut aller à un autre niveau pour toucher cette
question-là. C'est-à-dire est-ce qu'on doit instaurer, par
exemple, un processus de planification intégrée des ressources?
Hydro-Québec dit: Ce n'est pas mon mandat de le demander et de le faire
aussi.
M. Chevrette: Au niveau des programmes d'isolation, j'ai toujours
été embêté, moi je ne sais pas ce que vous en
pensez par ce type de programmes parce que bien souvent, tels que
conçus, les programmes aident le propriétaire. Donc, on isole les
maisons, le propriétaire reçoit des subventions et, par la suite,
il n'y a rien de fait pour le consommateur; parce qu'il est dans un logement
mieux isolé, il paie un petit peu cher, mais lui, en bout de course...
Est-ce que vous avez pensé à des formules à
suggérer autant au gouvernement qu'à la société
d'État? Des formules qui atteindraient véritablement le
consommateur.
M. Dagenais: Bien, il existe aux États-Unis des programmes
d'aide qui exigent, par exemple, que le propriétaire ne refile pas sur
les loyers les sommes, par exemple, qu'il reçoit en subventions. Je
pense qu'il y aurait aussi le rôle de la Régie du logement
à entrer en ligne de compte dans ça et l'information au
consommateur, finalement.
M. Chevrette: Je reviendrai. Ils me disent que je n'ai plus de
temps. Je reviendrai sur les tarifs modulés.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Drummond.
M. St-Roch: Merci, M. le Président. À la page 11 de
votre nouveau mémoire, vous apportez un nouveau concept qui est celui
d'une hydro-rente, et je dois admettre que ça m'intrigue. Quel concept
utiliseriez-vous? Je comprends le but que vous voulez obtenir, mais il y a
différentes proportions. Quelqu'un peut être à un revenu,
pour reprendre votre expression, bas et faible, mais suivant le type
d'habitation qu'il peut avoir, sa facture énergétique peut
changer drôlement d'un endroit... à cause de la région qui
est plus froide ou à cause de l'isolation des maisons. Est-ce que vous
seriez capable de développer un petit peu et d'élaborer un petit
peu ce que vous entendez par hydro-rente et ce que vous entendez aussi au
niveau de sommes monétaires par ménage ou en pourcentage?
M. Dagenais: Vous avez, par exemple, dans le mémoire que
vous avez reçu au départ, un tableau, en page 48, qui donne des
données sur les dépenses des ménages. On observe, par
exemple, que pour les ménages à faibles revenus, en 1986, pour le
Québec, la moyenne du revenu qui passait en dépenses
d'électricité, c'était de l'ordre du 6,4 %, alors que, les
plus riches, c'était 1,6 96. Donc, il y a régressivité
quand même importante là et on peut dire, par exemple, que sur une
moyenne, si vous prenez une famille qui n'a qu'un chef de famille et qui a un
revenu de 8000 $ à 10 000 $, on peut penser que la part de
l'électricité c'est plus de 10 % du revenu. Alors, l'objectif
c'est de procéder un peu comme le remboursement de l'impôt
foncier, c'est-à-dire tenir compte des revenus de la personne et de ses
dépenses en électricité et, à partir de là,
de rembourser finalement une partie par la fiscalité.
M. St-Roch: Dernière question...
M. Dagenais: II y aurait le problème, je m'excuse, du
locataire qui ne paie pas directement son électricité. À
ce moment-là, c'est peut-être le propriétaire qui pourrait
répartir les dépenses d'électricité selon ses
locataires.
M. St-Roch: aussi, lorsqu'on regarde au niveau de la tarification
parce qu'on va avoir à s'adresser cette question-là avec
hydro-québec la dernière journéequand on regarde les
coûts d'hydro-québec... on nous a dit que dans la période
1993-1995, entre autres, au niveau des coûts variables, on serait
capables de les contrôler alentour de 0,8 % d'augmentation. mais
lorsqu'on regarde un peu les coûts fixes, en particulier les coûts
d'intérêt, on pourrait faire face à un accroissement de 1
000 000 000 $ en 1993-1995 qui mettrait une forte croissance, si ma
mémoire est fidèle, alentour de 3,4 %, le niveau d'accroissement,
est-ce que vous seriez d'accord à dire qu'un des critères qu'on
pourrait donner à hydro-québec, au niveau de ses grandes
politiques d'investissements, parce qu'il semble que c'est ça qui va
avoir davantage un impact au niveau des tarifs, c'est de ne jamais
dépenser un montant total de dettes, de travailler davantage vers
d'autres méthodes alternatives, telles que les économies
d'énergie ou ces choses-là? par exemple, si on disait:
hydro-québec ne doit jamais dépasser un total de 35 000 000 000
$... l'endettement. ça, c'est son plafond maximum.
M. Dagenais: Compte tenu toujours de ses revenus aussi.
M. St-Roch: Oui.
M. Dagenais: En fait, c'est peut-être en termes de
pourcentage des revenus qui passe en intérêt, par exemple, des
dépenses d'intérêt qu'on pourrait voir ça. Mais il
faudrait évaluer la question, l'impact que ça a sur l'offre de
services électriques, par exemple.
M. St-Roch: Vous savez, ce qui est inquiétant, si vous me
permettez un dernier commentaire, on verra un peu plus tard, la dernière
journée, mais on nous prévoit avec les augmentations
suggérées, principalement au niveau du résidentiel, un
accroissement sur deux ans à peu près de 338 000 000 $. Un peu
plus loin dans le rapport on dit que ça n'aura aucun impact sur les
revenus, cette augmentation-là, au niveau du domestique. Il y a
quelqu'un quelque part qui paie 338 000 000 $ pour absorber une dépense
ailleurs, hein? C'était plutôt un commentaire à ce
moment-ci.
M. Chainé: C'est parce que là je ne saisissais pas
trop le sens.
Le Président (M. Audet): Ça va? Merci. M. le
député de Gatineau.
M. Lafrenière: Merci, M. le Président. Je voudrais
vous féliciter pour votre participation. Vous dites en page 21: La
société d'État reconnaît que ceux qui
bénéficieront d'un programme d'économies d'énergie
pourront voir baisser leur facture, alors que ceux qui n'y participeront pas
verront au contraire la leur augmenter pour compenser les dépenses
d'Hydro-Québec. Ma question: Pouvez-vous nous indiquer à quel
endroit dans le plan Hydro-Québec fait cette admission?
M. Dagenais: Cette remarque-là n'a pas
nécessairement été faite dans le plan même, elle a
été faite dans le document antérieur. Il faudrait que je
réfère au document si vous voulez vraiment la source.
M. Lafrenière: Vous dites que ça se reflète
dans les documents?
M. Dagenais: Ça a été donné dans des
documents antérieurs lors de la consultation.
M. Lafrenière: Vous ne pouvez pas préciser quel
document?
M. Dagenais: II faudrait que je vérifie et je pourrais
toujours vous transmettre l'information exacte. Pour l'instant, je n'ai pas la
source exacte ni l'endroit.
M. Lafrenière: Vous dites, à la page 18, ne plus
croire possible d'exporter avec contrat ferme à long terme, car les
nouveaux moyens énergétiques sont reconnus plus prometteurs aux
États-Unis dans des types comme éolienne, nouveaux appareils. Sur
quoi basez-vous cette assertion?
M. Dagenais: Premièrement, sur l'abandon du contrat avec
New York Power Authority, entre autres, c'était la disponibilité
du gaz naturel qui était à moindre coût qui permettait de
produire à coût compétitif par rapport à
l'électricité. Alors ça c'est un aspect et je pense que
les observations, les lectures que j'ai faites me portent à penser que
d'ici quelques années il va y avoir aussi des moyens
développés qui vont permettre de produire
l'électricité à coûts comparables finalement
à l'électricité qu'on produit ici.
M. Lafrenière: À quelques reprises, dans votre
mémoire, vous parlez de prix justes qui tiennent compte du pouvoir
d'achat. Pouvez-vous préciser votre pensée sur cette question ou
dois-je comprendre que vous acceptez des hausses de tarifs égales
à l'inflation? (16 h 50)
M. Dagenais: La question du prix juste renvoie, finalement, aux
coûts de distribution. Le problème, je pense, dans le cas
d'Hydro-Québec, c'est qu'il y a des coûts fixes importants,
c'est-à-dire qu'il y a des coûts de production et de transport qui
sont élevés, et que la redistribution de ces
coûts-là entre les différents usagers
n'est pas évidente. On pourrait dire, par exemple, que c'est en
fonction vraiment de la consommation qu'on répartit ces
coûts-là, mais il y aura d'autres critères aussi qu'on
pourra utiliser pour répartir les coûts fixes importants. Alors,
premièrement, l'aspect de prix justes, quant à nous, il
réfère aussi à une bonne productivité de
l'entreprise et aussi à une répartition juste en fonction aussi
de la valeur du service. Ce qu'on appelle la valeur du service, c'est que, pour
nous, il y a les services de base pour le secteur résidentiel qui
doivent permettre à chacun des usagers de pouvoir utiliser
l'électricité dans la mesure de ses moyens. Alors, on pense, par
exemple, à l'utilisation du réfrigérateur ou des choses du
genre. S'il existe, par exemple, comme pour le chauffage, des alternatives, il
faudrait évaluer, finalement, le rôle que ces
alternatives-là peuvent jouer, si vraiment l'électricité
n'est pas suffisamment rentable pour la société, si on veut.
Mais je pense qu'au niveau des services de base il faut permettre
à l'ensemble des citoyens de pouvoir utiliser les services de base
à coût juste et raisonnable. Je ne sais pas si ça
répond à votre question.
M. Lafrenière: Vous soulignez dans votre mémoire,
à la page 19, que, selon vous, le terme «économie
d'énergie» englobe l'efficacité énergétique
et non l'inverse. Ma question: Pouvez-vous préciser votre pensée
puisque la majorité des spécialistes considèrent, au
contraire, que c'est l'efficacité énergétique qui englobe
des économies d'énergie?
M. Dagenais: L'efficacité réfère à la
productivité, si on veut, des moyens de production et de consommation et
non pas au comportement et au besoin lui-même. Par exemple, si, moi, je
décide de laisser ma lumière allumée dehors, ce n'est pas
inefficace, ce n'est pas efficace. Le moyen lui-même peut être
efficace pour produire le service, mais le besoin réfère à
autre chose que l'efficacité énergétique.
L'économie d'énergie englobe l'efficacité parce que
l'efficacité permet de réaliser des économies. Les
économies d'énergie peuvent être réalisées
aussi par une modification des besoins, une modification des comportements
aussi. Alors, lorsque je parle, par exemple, des choix humains, on ne
réfère pas à- une efficacité. Vouloir prendre son
bain à l'eau chaude plutôt qu'à l'eau tiède,
finalement, ce n'est pas une question d'efficacité, c'est une question
de choix humain. Alors, c'est dans ce sens-là que je dis que
l'économie d'énergie englobe l'efficacité, parce qu'il y a
d'autres aspects aussi qui ne sont pas traités directement par
l'efficacité énergétique.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Je voudrais revenir à la tarification parce
que vous affirmez qu'on doit payer selon les capacités, une phrase
à peu près du genre, en tout cas, peu importe le libellé
exact. Concrètement, étant donné que ça peut
être conjoncturel, le revenu d'un individu, il peut être trois mois
sur l'aide sociale, il peut être six mois sur le chômage ou il peut
être un bout au salaire minimum parce qu'il ne trouve rien et il peut
être en emploi, est-ce que vous ne considérez pas que c'est
plutôt par le biais de la sécurité du revenu qu'on doit
régler ces choses, plutôt que d'implanter un régime de
tarifs modulés qui peut être très difficile sur le plan de
l'administration et de la gestion, qui peut être même coûteux
pour une société d'État en termes de gestion?
M. Dagenais: Oui. D'abord, je pense, effectivement, que l'aspect
redistribution des revenus doit passer par la fiscalité et les
décisions du gouvernement. Lorsqu'on parle d'un prix juste et
équitable qui tient compte des besoins, c'est que, pour nous, par
exemple, le besoin du consommateur est différent du besoin de
l'entreprise, parce que l'entreprise utilise le service électrique comme
un intrant pour réaliser des profits, alors que, pour le consommateur,
finalement, c'est pour assumer un rôle au niveau familial et social,
c'est pour assumer des services finaux vraiment qui ne seront pas
rentabilisés par la suite.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez été à
même de vérifier, j'allais dire, une série de gadgets
floridiens, mais je vais m'en abstenir, mais d'étudier un peu les
différents moyens mis de l'avant par Hydro-Québec, par exemple,
les pommes de douche, par exemple, ÉCOKILO, par exemple, les lampes
opaques par rapport au climat qu'on a. Ta lumière ne garroche pas de
chaleur, mais ton calorifère en pompe un peu plus. Est-ce que vous avez
été à même, comme consommateurs, de vous pencher sur
le type d'instruments et de programmes actuels d'Hydro? Est-ce que c'est
adapté au contexte de notre climat ici en termes de programmes
d'économies d'énergie?
M. Dagenais: Moi, je pense que d'abord il faudrait aller du
côté où les économies sont les plus importantes
à réaliser et, pour nous, c'est d'abord du côté du
chauffage et de l'isolation des résidences. Et, à mon sens, il y
a une possibilité pour la recherche-développement de produire des
nouveaux modes de chauffage. Je pense à la pompe géothermique qui
reste très dispendieuse, mais dont le potentiel est quand même
très intéressant. Si on investit vraiment des efforts
satisfaisants en recherche et développement, on pourra produire des
appareils qui vont permettre de se chauffer à beaucoup moindre
coût, donc de résoudre le problème de pointe, par exemple,
l'hiver.
On doit viser ces priorités-là prioritairement quant
à nous, là où il y a les plus grosses dépenses
énergétiques et les plus grosses pertes
énergétiques.
M. Chevrette: Croyez-vous au tarif signal dont on parle? À
un moment donné, on dit un prix spécifique
pour des périodes spécifiques va contribuer à faire
réfléchir le consommateur. Croyez-vous à ça?
M. Dagenais: Je dirai qu'à prime abord c'est des aspects
strictement économiques et je pense qu'on ne tient pas compte, à
ce moment-là, des aspects sociaux, des aspects humains. Je pense, par
exemple, quand on chauffe une maison, ce n'est pas parce que c'est un choix
qu'on fait, c'est parce qu'on est dans une réalité
géographique qui fait qu'on a besoin de chauffer. Donc, le besoin, on ne
le crée pas par soi-même, mais on doit y répondre parce
qu'on a finalement le maintien d'une qualité de vie à faire.
Alors, si on avait le choix de dépenser de ce point de vue
là, il est clair qu'on pourrait dire: Le consommateur, on va le tarifer
et il va modifier ses choix si ce n'est pas rentable pour la
société. Mais il y a quand même des besoins fondamentaux,
je pense, à satisfaire et le consommateur n'a pas un choix direct face
à ces problèmes-là, je pense.
M. Chevrette: Ce qui m'a toujours frappé, moi, c'est que
le problème, on dirait que c'est un cul-de-sac. Plus tu es pauvre, moins
tu as de logements isolés, plus ça te coûte cher pour
chauffer et plus tu es égorgé. J'ai essayé de discuter
avec plusieurs groupes qui vivent le problème, qui vivent avec ces
gens-là qui sont en difficulté, mais s'ils pouvaient nous
présenter des solutions concrètes pour qu'on puisse les parrainer
par la suite, les défendre, les soutenir... Mais tout le monde fait le
constat puis, malheureusement, on entend très peu de solutions, si ce
n'est que, par le biais de la sécurité du revenu, ça je le
comprends là, mais est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, à court
terme, de penser à une panoplie de moyens qui viendraient régler
ces problèmes-là? Parce que, effectivement, moi je connais des
personnes qui gagnent à peine 250 $ par semaine, avec deux enfants, puis
qui se ramassent dans des logements où ça coûte 400 $ ou
500 $ par deux mois de ce temps-ci pour chauffer, c'est un minimum. C'est
pratiquement... Tu regardes les fenêtres puis tiens-toi loin si tu vas
là. Est-ce que vous avez pensé à des genres de formules,
de programmes que vous pourriez suggérer?
M. Chaîné: Je voudrais dire là-dessus que...
En tout cas, là on va comme bifurquer un petit peu parce que c'est des
programmes d'abord qui sont des coûts pour Hydro-Québec puis,
comme tel, on n'est pas sûrs des retombées économiques sur
Hydro elle-même. Mais regardons, par exemple, ce qui se passe avec les
gens, bon, qu'est-ce qui provoque cette vague de déménagements?
Souvent, l'augmentation du loyer est la première cause. Mais, lorsqu'on
déménage dans un autre loyer, le fait de connaître la
consommation énergétique d'un nouveau logement n'est pas
évident en soi. On a appris que... Bon, d'abord on a fait des demandes
à HydroQuébec et il y avait eu une table de concertation qui
s'est penchée sur un paquet de propositions l'année
passée, qui avait des représentants des ACEF comme nous, le
ministère de l'Énergie, Hydro-Québec et autres et, parmi
des choses qu'on disait: Mais il devrait y avoir, en tout cas, au moins une
ouverture pour HydroQuébec, pour être capable d'informer les gens
sur la consommation énergétique d'un logement.
Ce qu'on en sait actuellement, puisqu'on n'a pas de réponse
officielle, c'est que ça va se faire peut-être sur une base
expérimentale dans la région de Montréal cette
année. Donc, ce n'est pas un programme universel d'information aux
locataires sur le coût d'un logement. (17 heures)
On pourrait même aller plus loin. On pourrait même se
questionner. Et là vous allez voir que peut-être les
propriétaires changeraient peut-être de poil face à
l'économie d'énergie. Faire l'évaluation de l'enveloppe
thermique d'un bâtiment. Je pense que, à un moment donné,
on pourrait se rendre compte qu'il y a des logements qui pourraient quasiment
être catalogués insalubres, jusqu'à un certain point, parce
que ça n'a pas un certain sens. On voit des logements, par exemple, un
cinq et demi à 300 $. Moi d'abord, je me méfierais, mais, quand
même, il y a des gens qui sont attirés par le prix, mais ces
genres-là, c'est des gouffres au niveau énergétique.
Alors, comme tel, simplement faire l'évaluation. Bon, on peut se dire:
Ça pourrait avoir, en tout cas, au moins un apport pour l'entreprise
elle-même, qui en viendrait à mieux connaître son parc de
logements. De toute façon, on sait qu'Hydro a fait un certain nombre
d'études sur des choses dont on n'a pas, nous, tous les
résultats, mais on en a eu des bribes sur la table de concertation dont
je vous parlais tout à l'heure. Mais on a fait des propositions sur
diverses choses, entre autres, à Hydro-Québec. Et, comme je vous
dis, on n'a pas eu de réponse encore présentement. On a
même pensé à des programmes d'aide pour des personnes qui
ont des problèmes de recouvrement. Dans un certain sens, ça avait
comme objectif puis Hydro aurait pu en être contente
d'augmenter la marge de paiement de factures pour les gens en
difficulté. Encore là, ça ne fonctionne pas.
Donc, il y a peut-être une question aussi de mentalité
à Hydro-Québec. Certains m'ont dit: Oui, Hydro, c'est une
entreprise qui doit produire de l'électricité. Quelque part, on
se questionne encore. Je dirais même que notre réflexion n'est pas
terminée sur le fait de dire: Est-ce qu'Hydro ce n'est qu'une entreprise
qui produit de l'électricité? Je pense qu'elle ne produit pas un
bien de consommation, mais pas n'importe quel bien. Comme je dis souvent, un
peu à la légère, ce n'est pas du pop-corn
qu'Hydro-Québec produit. Hydro-Québec produit un bien essentiel.
Est-ce qu'on peut traiter cette entreprise-là comme une entreprise comme
les autres? Je ne suis pas tout à fait certain.
Alors, il y a quelque part où l'entreprise elle-même...
mais aussi je pense qu'il y a des efforts, au niveau du gouvernement, qui
doivent être faits. Il faut allier là, et ce n'est pas
évident; ce n'est pas Hydro
toute seule, ce n'est pas le ministère de l'Énergie et des
Ressources tout seul, il y a un rapport avec les municipalités. Quand on
parle d'insalubrité, et des normes au niveau des maisons, il y a un
ensemble d'intervenants qui auraient à s'asseoir pour discuter de ces
questions. Ça fait partie, je pense, du genre de questions qu'on
pourrait se poser, qui pourraient améliorer à la longue,
en tout cas on pourrait dire l'économie d'énergie, entre
autres, mais aussi le bien-être des gens que, nous, on représente,
les consommateurs et les consommatrices à faibles et modestes
revenus.
Le Président (M. Audet): Merci. Alors, malheureusement,
c'est déjà tout. Messieurs, merci sincèrement.
J'invite maintenant la MRC de Maria-Chapdelaine et la MRC du
Domaine-du-Roy à s'avancer. Afin de leur permettre de prendre place,
nous allons suspendre une couple de minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 2)
(Reprise à 17 h 5)
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'économie et du travail reprend ses
travaux. Nous recevons maintenant la municipalité régionale de
comté de Maria-Chapdelaine et la municipalité régionale de
comté du Domaine-du-Roy. Alors, messieurs, la plus cordiale bienvenue
à notre commission.
Je vous rappelle brièvement le déroulement de nos travaux.
Vous avez une vingtaine de minutes pour nous présenter votre
mémoire et vous présenter aussi, ce qui est très
important. Ensuite suivra une période d'échange d'une quarantaine
de minutes. Alors, je vous demande de commencer et de vous identifier et
d'identifier aussi les gens qui vous accompagnent. Merci.
MRC de Maria-Chapdelaine et MRC du
Domaine-du-Roy
M. Fournier (Rosaire): Merci, M. le Président. Mme la
vice-première ministre, ministre de l'Énergie et des Ressources,
Mme Bacon, madame, messieurs de la commission sur l'énergie, à
titre de représentants des MRC du Domaine-du-Roy et de
Maria-Chapdelaine, nous tenons à vous remercier de l'occasion qui nous
est offerte de contribuer aux travaux de la commission parlementaire. Pour
l'occasion, nous allons faire une présentation de l'équipe. En
premier lieu, permettez-moi de présenter les membres de cette
équipe qui interviendront à tour de rôle: M. Gaston
Vallée, maire de Cham-bord et préfet de la MRC du Domaine-du-Roy,
M. Claude Munger, maire de Roberval, faisant partie de la MRC du
Domaine-du-Roy, M. Jean-Marc Gendron, maire de Mistassini, faisant partie de la
MRC de Maria-
Chapdelaine, et moi-même, M. Rosaire Fournier, maire de
Girardville et préfet de la MRC de Maria-Chapdelaine. Nous sommes aussi
accompagnés de Denis Taillon, secrétaire-trésorier de la
MRC du Domaine-du-Roy, et de Jacques Potvin, coordonnateur de la MRC de
Maria-Chapdelaine.
Dans le cadre de notre présentation, nous porterons à la
considération de cette commission notre vision et nos attentes en regard
des projets de production d'énergie et nous le ferons à la
lumière d'un vécu qui mérite d'être connu et qui
témoigne d'une volonté de maximiser le développement de
notre région et celui du Québec. Enfin, avant de céder la
parole à mes confrères, je désire vous rappeler que les
MRC de Maria-Chapdelaine et du Domaine-du-Roy sont situées au nord du
lac Saint-Jean, bien entendu, d'une part, et, d'autre part, des deux
côtés de la rivière Ashuapmushuan.
Actuellement, cette rivière fait l'objet, de la part de la
société Hydro-Québec, d'un important projet de production
hydroélectrique, projet d'ailleurs inscrit à la proposition de
plan de développement soumise à la présente commission
parlementaire. Je passe la parole à M. Vallée.
M. Vallée (Gaston): Merci. M. le Président, Mme la
ministre, madame, messieurs de la commission, à la page 5 de notre
document sur la nature du projet, il faut mentionner qu'à la fin des
années soixante-dix Hydro-Québec avait réalisé des
études sur la rivière Ashuapmushuan en vue
d'établissements hydroélectriques. Maintenant, le résultat
de ces études-là est arrivé au début des
années quatre-vingt avec le projet de quatre centrales sur ladite
rivière, lequel projet a été rapidement abandonné
suite à la conjoncture économique et également à
une certaine réticence qui a été établie dans le
milieu en fonction et de l'environnement et de la ressource ouananiche.
Cependant, en 1989, Hydro est revenue avec un projet
révisé qui, à ce moment-là, comportait deux
centrales d'une capacité de 778 MW. Donc, c'était un projet qui
devait être géré en fonction de pointes horaires pour
satisfaire des besoins ponctuels. Donc, sur le plan financier, les informations
que nous avions sont à l'effet que ce projet était
extrêmement intéressant pour Hydro, donc pour toute la
collectivité québécoise.
En ce qui concerne la démarche du milieu, Hydro nous proposa,
à ce moment-là, un comité aviseur qui était
composé de différents éléments
représentatifs de notre région et également de nos MRC,
les deux MRC concernées par ledit territoire. Cependant, nous avons
refusé d'oeuvrer sur ce comité, préférant
plutôt y aller d'un comité conjoint ad hoc formé des deux
MRC, Maria-Chapdelaine et Domaine-du-Roy, lesquelles MRC sont directement
concernées par le territoire sous leur gestion, à savoir le TNO
concerné.
Donc, ce comité-là s'est donné comme mission de
procéder à l'analyse des études, faire rapport au conseil
des deux MRC, ensuite soumettre des recommandations
qui s'imposaient auxdites MRC. Donc, c'est à partir de notre
responsabilité de gestionnaires de ces territoires et ayant la profonde
conviction qu'à cause de l'envergure de ce projet ce projet devait tenir
compte des intérêts de nos concitoyens et, ce faisant, de
créer une sous-région forte qui, de là, contribuerait
à renforcer notre propre région, au sens large, et
également tout le Québec.
Donc, pour l'assister dans son travail, notre comité conjoint a
eu recours à six tables ad hoc pour oeuvrer soit, une, dans
l'écologie, l'environnement et l'agriculture, une autre pour la
forêt, une pour le ré-créotouristique, une pour les impacts
économiques, une autre pour la maximisation des retombées et,
enfin, la sixième, pour travailler sur le programme de mise en valeur de
l'environnement. (17 h 10)
Donc, c'est plus de 60 personnes oeuvrant dans des
spécialités directement inhérentes aux tables en question,
des gens de toute la région SaguenayLac-Saint-Jean, qui ont
été mises à contribution et qui nous ont soumis, en
définitive, une analyse en regard des études fournies par
Hydro-Québec, lesquels résultats d'analyse nous ont permis de
conclure que le contenu de ces études d'avant-projet
présentées par Hydro-Québec ne permettaient pas de juger
de l'acceptabilité sociale, économique et environnementale du
projet à ce stade de la phase I du projet Hydro-Québec.
Donc, le rapport recommandait qu'avant de statuer sur cette
acceptabilité Hydro devait fournir des réponses additionnelles,
lesquelles réponses, dans le temps, étaient inscrites dans la
phase II du projet. Cependant, nous, avant d'aller dans la phase II, nous
demandions à Hydro et Hydro l'a accepté de nous
donner des réponses aux questions qui nous préoccupaient,
à savoir vis-à-vis de la ouananiche, vis-à-vis le frasil
et la création d'embâcles sur la rivière Ashua-pmushuan, et
également les problèmes liés à la ressource
forestière.
I! y avait également un volet économique où nous
avons demandé à Hydro de prendre des engagements positifs,
à savoir la mise sur pied d'un comité de maximisation, la
confirmation d'un crédit de mise en valeur de l'environnement
associé à l'assouplissement des règles d'utilisation et,
troisièmement, la création d'un fonds de
développement.
Donc, ces recommandations ont fait un large consensus dans notre milieu.
Ensuite, c'est certain que les gens de notre milieu nous demandent de nous
préoccuper des questions environnementales. Ils nous demandent
également que les retombées économiques aient une vision
à court, moyen et long terme, et également que tout ceci
représente un impact majeur sur notre développement futur.
Merci.
M. Munger (Claude): M. le Président, la
réalité sociale et économique de nos deux MRC est
critique. Le vieillissement de notre population, l'exode de nos jeunes vers les
grands centres est ce facteur qui nous inquiète particulièrement.
cette population, la plus active, la plus dynamique, âgée de 30
à 34 ans, nous quitte pour d'autres cieux. nous avons
évalué que, de 1971 à 1986, 22,3 % de la population de nos
deux mrc dans cette strate d'âge a quitté la région,
comparé à 10,5 % pour l'ensemble du québec dans ses
mouvements de population. donc, le taux d'inoccupation de la population,
ça amène comme conséquence que la relève s'en va,
les cerveaux nous quittent. le problème de l'emploi est essentiellement
à l'origine de cette décroissance démographique. on dit
qu'un taux d'inoccupation élevé amène un territoire en
déclin démographique. donc, l'emploi constituerait un facteur
d'attraction et, par conséquent, un facteur d'accroissement
démographique.
Notre économie a toujours été axée sur
l'exploitation des richesses naturelles, parfois un peu de première
transformation. La région affirme depuis plusieurs années sa
volonté de prendre en main son développement et de mettre en
place les conditions qui le favorisent. Depuis leur création, les MRC,
nos deux MRC respectives, entre autres, souscrivent à cette
volonté de prise en charge de leur développement par leur
participation à plusieurs démarches de planification.
L'énergie électrique peut contribuer au
développement des régions et de la nôtre, en particulier,
dans trois domaines précis, à savoir les grands projets
hydroélectriques, les projets de mini-centrales hydroélectriques
et, enfin, les projets de cogénération. Ce potentiel de
développement doit, à court, moyen et long terme avoir un apport,
remplir les attentes, les besoins des milieux qui sont touchés.
La réalisation de grands projets d'aménagement
hydroélectrique, dans une région comme la nôtre, nous
confronte à des choix de développement à long terme.
À titre d'exemple, la rivière Ashuapmushuan est une
rivière qui présente toutes les caractéristiques d'une
rivière à statut patrimonial: un territoire forestier productif
l'entoure, un potentiel de développement
récréotou-ristique intéressant, la reproduction de la
ouananiche pourrait supporter une pêche sportive, même en
rivière. Son aménagement à des fins
hydroélectriques modifierait le territoire et ses potentiels de
développement. Il provoquerait également un accroissement
considérable de l'activité économique, mais durant une
période plus ou moins longue et plus courte que longue, qui
générerait, à ce moment-là, une espèce
d'explosion qui, une fois les retombées passées, créerait
des impacts économiques et sociaux plutôt négatifs, des
récessions, des faillites, etc.
En matière de retombées régionales, l'analyse de la
proposition du plan de développement nous permet de dégager les
perspectives d'intervention privilégiées par Hydro-Québec.
Celles-ci ciblent beaucoup plus des perspectives à court et à
moyen terme, à savoir la maximisation des retombées
économiques et le programme de mise en valeur de l'environnement.
Conséquemment, nous croyons qu'Hydro-Québec, actuellement,
n'indique aucune mesure visant à favoriser le développement
à long terme des milieux touchés par les projets de cette
société d'État.
Historiquement, la région du Lac-Saint-Jean a basé son
développement, comme je vous le disais tout à l'heure, sur
l'exploitation de ses ressources naturelles. Nous devrons poursuivre dans la
même veine en tentant, toutefois, d'augmenter la valeur ajoutée
issue de la transformation de ces ressources naturelles. Nous devrons
développer de nouveaux créneaux. L'énergie
électrique constitue une ressource naturelle. Ces grands projets
hydroélectriques peuvent offrir, à ce moment-là, des
perspectives à long terme de développement économique
régional. Et, pour peu que nous puissions élaborer des solutions
qui offrent au milieu concerné par ces projets des perspectives
intéressantes à long terme, nous estimons que plusieurs obstacles
à la réalisation de ces projets pourraient être
surmontés. Nous voulons collaborer, contribuer au développement
du Québec. Mais nous voulons, d'abord et avant tout, fournir aux
communautés que nous représentons des opportunités de
développement à long terme qui pourront contribuer à
résoudre les problèmes sociaux, démographiques et
économiques auxquels nous sommes confrontés. Par ce fait
même, je crois que nous contribuerons au développement de
l'ensemble du Québec.
Les mesures que nous avons présentées sont des
éléments fondamentaux d'une politique dont devrait se doter
Hydro-Québec pour contribuer davantage au développement des
milieux touchés par ces grands projets. Cette commission offre
l'opportunité au gouvernement du Québec d'indiquer une nouvelle
voie à Hydro-Québec en matière de support au
développement économique des régions. On espère
qu'elle visera aussi à responsabiliser les régions dans la prise
en charge de leur développement. Merci.
M. Gendron (Jean-Marc): M. le Président, Mme la
vice-première ministre et ministre de l'Énergie, Mme Bacon, Mme
la députée, MM. les députés, on m'a confié
la tâche de présenter le dernier volet du mémoire qui est
peut-être le volet qui est porteur d'une certaine originalité.
Alors, comment arriver à atteindre tous les objectifs que mes
collègues vous ont présentés précédemment?
Il y a effectivement trois mesures: deux qui sont connues et qui ont
été peaufinées au fil des temps, et une troisième
qui est plus originale et qui peut être, dans certains cas,
«choquative», dépendamment de l'endroit où on se
trouve au Québec. C'est évident que, vu de Montréal et de
Québec, ce n'est pas tout à fait la même chose que vu du
SaguenayLac-Saint-Jean, et particulièrement du Lac-Saint-Jean.
Alors, la première consiste à favoriser la maximisation
des retombées lors de la construction. Alors, l'objectif visé est
de 299 600 000 $. On doit vous dire que cet objectif-là est un objectif
qui est réaliste et, quand on tient compte de certaines études,
qu'on tient compte de certaines expériences vécues dans certains
autres projets réalisés par Hydro-Québec sur notre
secteur, il est possible d'arriver à atteindre cet objectif- là
assez facilement. Je fais référence à l'expérience
de la 12e ligne. Lorsque Hydro était venue nous présenter ce
projet-là, on lui avait mentionné qu'effectivement, si on
s'orientait vers des contrats ou des sous-contrats très importants, a
priori, on éliminait tous les entrepreneurs régionaux d'une
soumission initiale. On les limitait à un rôle de
sous-contractants. Mais que si on segmentait les contrats, ce qui
représentait peut-être certains petits problèmes au niveau
de la gestion, on aurait pour effet de permettre à nos entrepreneurs
régionaux de participer à ce projet-là, et on doit dire
que, dans ce cas-là, Hydro-Québec a appris, lors des
échanges qu'il y a eus entre les partenaires régionaux et
Hydro-Québec, et qu'ils ont fait preuve d'un certain assouplissement.
(17 h 20)
Donc, lorsque l'on parle de maximisation des retombées, on ne
veut pas créer une structure parallèle. Quand vous regardez les
recommandations que vous retrouvez dans le mémoire qui vous a
été déposé initialement, à la page 13, nul
ne cherche, au niveau de la table, à créer une duplication. Ce
qu'on dit c'est que comme partenaire... parce qu'effectivement dans ces
cas-là on est appelés à devenir des partenaires, on
convient des règles du jeu pour permettre à tous de pouvoir y
avoir accès et ainsi de participer à la maximisation des
retombées pour les gens qui sont concernés au premier chapitre,
c'est-à-dire les gens qui habitent la région
immédiate.
Dans un deuxième temps, le programme de mise en valeur de
l'environnement, le PMVE, on aimerait remplacer un «peut» par
«doit». Au lieu de parler «peut aller jusqu'à
concurrence de 2 % de la valeur du projet», on préférerait
le verbe «doit» qui est nettement plus clair et qui prête
beaucoup moins à interprétation. Et dans un deuxième
temps, toujours à ce niveau-là, nous apprécierions, suite
aux expériences vécues dans le passé, qu'il y ait un
élargissement de l'application et des normes concernant les mises en
valeur environnementales, pour permettre une plus grande souplesse à ce
chapitre-là.
Finalement, le point qui, lui, est carrément une approche
nouvelle, c'est concernant le fonds de développement. C'est que nous
avons vécu, et, plusieurs d'entre nous, si on fait
référence à nos grands-parents et aux personnes qui sont
un petit peu plus âgées que nous, ils ont connu, par
l'intermédiaire des différents barrages qu'une
société privée que vous connaissez peut-être, Alcan,
a eu l'occasion de réaliser sur la Péribonka, ils ont connu les
booms des barrages. O.K.? Alors, autrement dit, pendant une période de
cinq, six, sept ou huit ans, lorsqu'on réalisait un barrage,
Chute-des-Passes ou chute à la Savane, c'était la période
où les retombées économiques retombaient dru, mais, une
fois cette période-là passée, on retombait dans une
période où, effectivement, ça retombait moins dru.
Or, ce qu'on propose, à la lumière des expériences
vécues antérieurement, c'est qu'on se dit que la région
qui s'investit environnementalement parlant dans
ce projet-là, qui voit une de ses ressources harnachée, il
serait sage qu'Hydro-Québec, comme partenaire qui vient intervenir sur
notre territoire, contribue, de façon récurrente, selon des
modalités qui seront à convenir, à l'alimentation d'un
fonds de développement qui nous permettrait de voir au
développement de ces régions-là qui sont directement
concernées par le projet en question. Et, quand on parle de
régions, on ne parle pas de la grande région
éclatée, on parle de la région qui est directement
concernée par le projet, c'est-à-dire l'endroit sur lequel les
TNO sont situés.
Vous comprendrez, Mme la ministre et M. le Président, que
l'électricité voyage beaucoup plus facilement qu'elle voyageait
et, compte tenu que, techniquement, on est capable de la faire voyager plus
facilement, ce n'est pas évident que comme facteur de localisation, le
rapprochement devient un «must», devient une obligation pour
l'entreprise. Vous comprendrez également qu'une fois le barrage
complété, réalisé, il devient difficile pour les
régionaux que nous sommes d'y trouver notre compte et on pense que cette
dernière modalité nous permettrait, de façon structurante,
de voir, via ce fonds de développement industriel, nous permettrait de
corriger des lacunes, de corriger des problèmes structuraux très
sérieux qu'une région-ressource comme la nôtre rencontre
et, au premier chapitre, l'exode de ces jeunes que nous voulons retenir chez
nous pour être capables de dynamiser notre milieu.
En terminant, concernant les mini-centrales, vous savez que dans notre
coin, en plus des maringouins, nous avons beaucoup de rivières qui sont
harnachables, où on peut installer des mini-centrales. Nous aimerions
que le gouvernement songe à la possibilité d'assouplir le Code
municipal pour permettre aux municipalités de devenir,
éventuellement, un intervenant dans l'établissement de ces
mini-centrales-là, ce qui pourrait, accessoirement, devenir un excellent
moyen pour nos milieux de se prendre en main et de trouver un financement qui
se fait de plus en plus rare pour réaliser les idées qui se font
de plus en plus nombreuses.
En terminant, on applaudit à votre politique, eu égard aux
usines de cogénération qui représentent pour notre milieu,
encore une fois, un item très important et on espère que les
réponses seront positives dans les projets qui vous ont
été présentés. Merci de votre attention.
Le Président (M. Audet): Merci, messieurs. Alors, je vais
maintenant reconnaître Mme la ministre de l'Énergie et des
Ressources.
Mme Bacon: Alors, je voudrais, messieurs, vous remercier pour
votre participation à cette vaste consultation publique et je comprends
votre volonté de vouloir bénéficier de la présence
d'Hydro-Québec dans votre région pour avoir le maximum des
retombées économiques. Je vous encourage même à
poursuivre votre démarche de concertation avec Hydro-Québec et je
pense que c'est dans le dialogue qu'on va arriver à un
développement harmonieux des différents projets.
Vous souhaitez qu'Hydro-Québec ait une politique claire
relativement aux retombées économiques de tous les projets et
qu'elle soit basée sur un véritable partenariat avec le milieu.
Vous mentionnez certains éléments que devrait contenir cette
politique pour que les responsables régionaux soient impliqués
dès le début du processus de planification. Est-ce que vous
pourriez en dire un peu plus sur les mécanismes de démarrage du
processus et aussi les mécanismes de communication qui y sont
afférents?
M. Gendron (Jean-Marc): Alors, c'est évident qu'au niveau
de nos régions il y a des intervenants qui vont être
ciblés. Vous savez que les MRC sont responsables de ce qui se passe au
niveau des TNO. Donc, normalement, entre Hydro-Québec et les MRC
concernées, avant de présenter un projet déjà tout
préparé d'avance, il y aurait lieu, dans la perspective de
favoriser une maximisation des retombées économiques, de convenir
de règles du jeu, au niveau ne serait-ce que: Comment est-ce qu'on
approche toute la question de l'émission des appels d'offres? C'est
très clair que si, au niveau de cette règle du jeu, on s'enligne
vers des enveloppes où à l'appel d'offres la personne ne peut que
répondre par une soumission de 200 000 000 $, de 500 000 000 $ ou 300
000 000 $, on vient immédiatement d'éliminer tout ce qu'il y a ou
presque tout ce qu'il y a d'entrepreneurs régionaux. C'est un genre de
mécanisme.
On devrait, également, convenir, d'entrée de jeu, de
moyens pour se communiquer l'information, de moyens pour être capables
d'assurer un suivi, pour voir à ce que l'objectif 1, la maximisation des
retombées, soit atteint. Je vous le répète, on ne cherche
pas une duplication, on ne cherche pas des moyens tatillons pour alourdir le
processus. Ce qu'on cherche, en véritables partenaires, advenant le cas
que ce projet-là réponde aux impératifs environnementaux,
c'est un «partnership» qui se fasse à visage
découvert et selon des règles du jeu qui conviennent à
tout le monde, particulièrement aux régionaux qui peuvent devenir
des intervenants dans ce dossier-là.
Mme Bacon: Toujours au chapitre...
Le Président (M. Audet): Excusez. M. Munger, vous voulez
ajouter quelque chose?
Mme Bacon: Vous avez des choses à ajouter?
M. Munger: Vous permettez, M. le Président, Mme la
ministre, là-dessus, leur exemple de la 12e ligne qu'on a cité
tout à l'heure, où il y a vraiment un bel exemple...
Mme Bacon: Oui.
M. Munger: ...de partenariat entre Hydro-Québec et le
milieu, mais ce qu'on souhaite, c'est que ce partenariat débute un petit
peu plus tôt chronologiquement, si vous voulez, pour que les choses ne
soient pas toutes faites au moment où on commence à travailler
ensemble...
Mme Bacon: À discuter.
M. Munger: ...qu'il y ait des choses qui soient
déjà... Et, là-dessus, en termes de mécanique, nos
sociétés de développement, nos commissaires industriels
sont l'approche, la voie la plus appropriée pour créer ce lien et
travailler avec Hydro-Québec dans ce sens-là.
Mme Bacon: Selon vous, le gouvernement, évidemment, doit
accorder à Hydro-Québec une plus grande marge de manoeuvre pour
accroître les retombées économiques de ces projets. D'autre
part, vous suggérez également la constitution d'un fonds de
développement autogéré, alimenté par une mise de
fonds initiale je suppose par Hydro-Québec supporté
par la suite par des entrées récurrentes provenant des revenus
générés par le projet. Est-ce que vous avez analysé
les conséquences de votre demande en termes de répercussions sur
la facture des consommateurs et, également, sur la
compétitivité de nos industries?
M. Gendron (Jean-Marc): Bon! Écoutez, Mme la ministre,
c'est évident que, cet après-midi, nous n'avons pas l'intention
d'en faire un débat chiffré, d'en faire un débat de
millions et de dollars.
Mme Bacon: Vous en avez mentionné quelques-uns.
M. Gendron (Jean-Marc): Oui. C'est évident qu'il y en a
qui sont plus faciles à accrocher parce qu'on fait
référence à un vécu. Quand on parle de maximisation
des retombées, même les analystes qui ont été
retenus par Hydro-Québec disent que c'est très réaliste de
parler de l'ordre de 300 000 000 $; quand on parle des 2 % de PMVE, c'est
inscrit dans la politique d'Hy-dro-Québec lorsqu'elle réalise des
projets de cette nature-là. Mais, là où on arrive dans une
approche qui est carrément nouvelle, c'est quand on parle de fonds
récurrents. Alors nous, ce qu'on veut apporter à votre attention,
c'est l'élément suivant: C'est que, lorsque HydroQuébec
installe de façon permanente une installation hydroélectrique
comme celle qu'elle projette de faire sur l'Ashuapmushuan, c'est évident
qu'année après année il y a entrée de revenus pour
Hydro-Québec, qu'il y a une plus-value qui se dégage. (17 h
30)
Vous savez, on ne veut pas saigner Hydro-Québec. On veut
également collaborer à la santé financière du
Québec. Mais, en contrepartie, le Québec c'est aussi la somme de
ses parties. Et ce qu'on aimerait voir introduire dans la politique
d'Hydro-Québec, c'est qu'il y ait une reconnaissance de la contribution
régionale et vous savez très bien, vous tous qui avez à
gérer les finances publiques, qu'actuellement la pluie de
retombées en provenance des paliers de gouvernement supérieurs va
carrément en diminuant de façon très, très,
très intensive. Alors nous, ce qu'on se dit, c'est qu'avec un projet de
cette nature-là qui intervient chez nous on pourrait, de façon
très sérieuse, de façon politiquement et moralement
justifiée, envisager que, le temps que ce barrage-là est en
exploitation, on puisse toucher des redevances qui nous permettraient de
constituer un fonds de développement régional.
Le Président (M. Audet): M. Munger.
M. Munger: M. le Président, Mme la ministre, au
SaguenayLac-Saint-Jean, on a vu partir les grands pins il y a un
siècle. Il n'y en a plus. On a vu partir les épinettes, les
sapins et il en part encore, mais il en part moins et, quand ils partent, ils
partent de beaucoup plus loin.
Nous avons actuellement, j'ai fait la démonstration tout à
l'heure, en tout cas, j'ai mentionné que nous étions en perte de
cerveaux actuellement. Et la région a pris conscience que maintenant
plus rien ne doit sortir de la région sans qu'il en reste quelque chose.
Et ça, c'est évident et c'est une prise de position majeure de la
part des citoyens et des citoyennes que nous représentons. Il faut
absolument que, lorsqu'on part de quelque part, la région-ressource ne
serve pas à donner la transfusion aux autres régions jusqu'au
point où on la saigne complètement. Il faudra, à ce
moment-là, que la région garde ou conserve quelque chose.
Ça peut être même des poussières au niveau du global
d'Hydro-Québec, mais pour nous ça a une importance majeure.
Mme Bacon: Vous reconnaissez certainement qu'il y a plusieurs
visions du développement régional. Il y a des groupes qui vont
préférer un développement qui est axé sur les
richesses naturelles ou patrimoniales ou culturelles en encourageant, par
exemple, le tourisme ou la récréation. D'autres vont revendiquer
tout simplement le développement industriel, l'exploitation des
ressources.
Vous êtes des élus. Comment vous voyez la conciliation des
différentes forces actives que vous devez avoir dans votre région
et comment les canaliser pour qu'elles soient utilisées dans une
perspective commune de développement? M. Vallée.
Le Président (M. Audet): M. Vallée.
M. Vallée: Si nous réussissons à renforcer
notre milieu immédiat, nous avons la conviction que, ce faisant, nous
renforcerons également, comme je l'ai dit tout à l'heure, notre
grande région et que nous contribuerons à renforcer tout le
Québec. C'est peut-être une
vision, à ce moment-là, qui, dépendant du point
où on se place sur le territoire, ne s'accepte pas peut-être aussi
facilement, cependant, nous avons la conviction que dorénavant ça
devrait se passer ainsi.
Mme Bacon: Mais vous ne m'avez pas tout à fait
répondu. Est-ce que c'est déjà fait, la conciliation des
choix dans votre région, ou s'il y a un groupe qui, nettement, veut
bénéficier d'un développement régional sur le plan
économique, bien que le tourisme, la partie récréative
c'est aussi important sur le plan économique? Comment conciliez-vous,
dans votre région, les différentes tendances avec ce que, vous,
vous mettez de l'avant au niveau d'un développement économique
via le biais du développement hydroélectrique par
HydroQuébec?
M. Gendron (Jean-Marc): Mme la ministre, vous me corrigerez si
effectivement je ne réponds pas à votre question, mais ce que je
semble comprendre dans l'économie de votre question...
Mme Bacon: Je ne fais pas ça pour corriger, là. Je
veux avoir des réponses.
M. Gendron (Jean-Marc): Oui. Ce que je semble comprendre dans
l'économie de votre question, c'est que c'est évident qu'autour
de ce projet-là il y a des personnes qui sont contre de façon
systématique et fondamentale, il y a des personnes qui sont à la
recherche de la vérité, il y a des personnes qui sont
plutôt sympathiques puis il y a finalement des personnes qui veulent la
réalisation de ce projet-là à tout crin. Mais je pense
qu'une très vaste proportion des gens de la région du
SaguenayLac-Saint-Jean, et surtout du Lac-Saint-Jean, posent comme
prérequis fondamental qu'il n'est pas question que ce projet-là
se réalise s'il n'y a pas de retombées structurantes.
Dans un deuxième temps, Mme la ministre, c'est évident
que, dans toute démocratie, il y a toujours dissidence. Et c'est sain
qu'il en soit ainsi. Elle nous force dans nos derniers retranchements et elle
nous amène à être plus imaginatifs et plus créatifs.
C'est très clair qu'au niveau de la région on est en train de
procéder à l'élaboration de notre planification
stratégique régionale. C'est évident que dans notre
région on a l'habitude de se parler. On se tient en groupes. Puis,
également, on a de bonnes prises de bec ensemble. Mais c'est
évident que, pour être capables de réaliser et de mettre en
place des activités structurantes, tout le monde a compris que la
dépendance mono-industrielle était porteuse de bien des
problèmes. Tout le monde a compris que nous avons des handicaps
sérieux à surmonter. Et nous avons compris qu'il nous reste
encore au niveau régional des potentiels intéressants dont nous
voulons nous servir pour être capables de procéder à la
relance de cette magnifique région qu'est le Lac-Saint-Jean et le
Saguenay. Là, je ne sais pas si j'ai répondu à votre
question, il y a un consensus qui se fait. C'est que c'est intéressant
d'avoir des idées, mais ce qui est encore plus important, c'est d'avoir
des moyens. Et la façon d'avoir des moyens, c'est de pouvoir disposer de
formes et de sources de financement qui ne sont pas soumises et
là je ne peux pas être péjoratif aux aléas
politiques.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Lac-Saint-Jean.
M. Chevrette: C'est moi qui commence.
Le Président (M. Audet): Oh! M. le député de
Joliette, excusez-moi.
M. Chevrette: Je vais lui passer la parole après. Mais je
voudrais, dans un premier temps, vous dire que je partage un bout de votre
réflexion en tout cas, à savoir qu'Hydro-Québec ne peut
pas faire du cas par cas. Je pense qu'il faut une politique uniforme au niveau
du Québec et dans les régions du Québec. On a vu du cas
par cas sur les territoires autochtones. On sait quels précédents
ça crée. Robertson, et ça va être Sept-îles
tantôt, puis...
Je pense qu'il est temps qu'Hydro-Québec comprenne que les
régions ont besoin d'une politique claire. Moi, je pense que vous posez
le problème de fond. D'autant plus que, juste à la lumière
de vos exposés, c'est normal qu'il y ait des gens dans le milieu qui
aient des perceptions différentes. M. Munger disait: Notre
rivière a une valeur patrimoniale. Donc, il y en a qui ont une
sensibilité très forte à cela et qui vont probablement
s'objecter précisément à cause de cela. Pour d'autres,
c'est la ressource faunique qui va primer et, pour d'autres, on dit: Bien,
écoute, on est pour un projet quelconque mais pas à n'importe
quel prix. Je pense que vous avez bien exposé les différentes
tendances qu'il peut y avoir sur place.
Mais, en particulier, je voudrais relever le bout: Hydro-Québec
devrait faire travailler les gens du milieu. Par le passé... Et
ça c'est une remarque de plus en plus persistante non seulement dans
votre région, mais un peu partout à travers le Québec,
c'est de la manière dont est fait l'appel d'offres des contracteurs
québécois, la seule chance qu'ils ont, c'est de s'en aller dans
une fusion ou une jonction avec un gros; que ce soit Kiewit, que ce soit
d'autres. On a vu Pomerleau être obligé de se regrouper avec
d'autres, etc. Mais il n'y a à peu près pas de
possibilités de réaliser des contrats qui, pourtant... prenons un
exemple, construire une route. Elle peut être segmentée puis
très, très bien, puis permettre, par exemple, à des
contracteurs locaux et régionaux d'avoir accès et vous
avez tout à fait raison. Ça, je pense que ce n'est pas si
difficile que ça à gérer à part de ça.
Ça, je pense que ça pourrait très bien faire partie d'une
politique claire d'Hydro-Québec à ce niveau-là. La
même chose pour la réalisation des segments, par exemple, d'un
barrage ou de raccordement d'un tribu-
taire avec... Je pense qu'on peut très bien scinder, vous avez
raison là-dessus.
Pour ce qui est de la partie maintenant du développement du fonds
d'environnement ou du fonds de développement régional, est-ce
qu'Hydro-Québec vous a dit comment ce serait géré le fonds
de l'environnement? Vous avez dit qu'ils se sont montrés ouverts. Moi,
les informations qu'on m'a données, ce sont eux qui décident des
projets. Ce sont les gens du milieu qui exposent des projets, mais c'est
tranché par Hydro. Est-ce que c'est ça qu'on vous a dit dans vos
discussions? Prenons d'abord le fonds de développement pour les fins
environnementales, la mise en valeur environnementale. (17 h 40)
M. Vallée: D'accord. Ce que nous retrouvons dans le plan
de développement à Hydro-Québec, à ce
moment-là, où ils font une ouverture et un pas en avant,
ça nous le reconnaissons, c'est un gros pas en avant qu'ils ont fait,
à savoir, attribuer une partie de la compensation environnementale
à un volet développement économique. Bon. Nous, nous
applaudissons à ce pas en avant parce que, quand même, c'est
important. Cependant, nous ripostons immédiatement de la manière
suivante. C'est que le dommage environnemental, le besoin de compensation
environnementale demeure tout autant important et doit être tout autant
élevé qu'il était auparavant.
Donc, nous ne pouvons pas, dans le contexte actuel, aller chercher
à même la compensation environnementale un volet
développement. Cependant, nous le revendiquons nous-mêmes, un
fonds pour du développement, et ce fonds pour le développement,
nous insistons pour, en somme, qu'il prenne naissance de deux manières:
une manière de lancement par une mise de fonds initiale, Mme la
ministre, comme vous l'avez bien dit tout à l'heure, et, qu'il y ait
aussi un caractère de récurrence. Ça s'appellera,
là... Nous, on n'en a pas sur le nom, de quelle manière ça
doit s'appeler, mais, seulement, dans notre esprit, nous, c'est assez simple,
c'est que ça ressemble à ce qu'était une compensation
financière, si on recule à il y a plusieurs années, pour
les établissements hydroélectriques et au moment où Alcan
en a réalisé, par exemple, sur la Péribonka et la grande
décharge sur la rivière Saguenay. Donc, c'est là que nous
disons: Cette compensation qui portera le nom, et, là, ça me
soucie peu le nom que ça va porter... Seulement, cette
compensation-là, par exemple, on accepte une contrainte à cette
compensation parce qu'il ne faut en aucun temps que cette compensation soit
mise à contribution par des politiciens, grands ou petits, de
municipalités, pour aller diminuer leurs factures de taxes une
année donnée, par exemple, ou même toutes les
années. Il faut que ce fonds, cette compensation récurrente soit
dédiée à du développement, du développement
autogéré par le milieu rapproché, dans les
circonstances.
Donc, nous autres, à ce moment-là, déjà,
dans notre tête, dans notre esprit, c'est très, très,
très identifié comme mesure et comme utilisation. Ce que nous
demandons ici, à la commission parlementaire, nous sommes bien
conscients que, probablement, ce que nous demandons là, ça
déborde le cadre qui régit HydroQuébec et que ça se
réfère directement au gouvernement. Donc, c'est pour cette
raison-là que nous avons senti le besoin de venir nous faire entendre
par la commission et nous comptons que bonne note sera prise afin de permettre
à Hydro d'initier de telles mesures ou de référer à
qui de droit.
Le Président (M. Audet): M. Munger, vous voulez ajouter
quelque chose?
M. Munger: Oui, je voudrais ajouter quelque chose, M. le
Président, si vous le permettez. Si j'ai bien compris la question de M.
le député, c'est que les mesures de compensation
environnementale, tel que ça fonctionne actuellement, c'est vrai que
c'est Hydro-Québec qui décide, sauf qu'il semble être
annoncé que ce sera un petit peu différent. Dans notre
mémoire, on réclame, justement, d'avoir voix au chapitre,
c'est-à-dire qu'il y ait moins de rigidité là-dedans parce
que parfois, bien sûr, les mesures de compensation environnementale, on
pourrait, nous, amener des éléments qui sont plus proches du
milieu. En tout cas, on veut avoir nettement un mot à dire
là-dessus. On demande d'être partenaires de plus près dans
ça.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Oui, M. le Président. Je pense qu'il y a
quand même une chose qu'il faut signaler et noter, c'est que le projet de
harnachement de l'Ashuapmushuan est un projet fort controversé dans la
région. Plusieurs sondages, même des sondages qui ont
été faits par Hydro-Québec, indiquent que c'est loin de
faire l'unanimité. Il y a une très large proportion de la
population, même une majorité, qui s'oppose à ce qu'on
réalise un tel projet. Il y en a qui sont contre carrément et
sans réserve; d'autres posent des conditions, mais il n'y en a pas
beaucoup dans la région qui sont pour sans réserve. Vous faites
partie, à mon avis, de ceux qui pourraient dire: Oui si certaines
conditions sont remplies. Entre autres, et c'est là-dessus que je
voudrais vous entendre, c'est toute la question des impacts environnementaux.
Vous avez signalé tout à l'heure et, là-dessus, je
suis en plein accord parce que mes collègues et moi-même avons
pris cette position-là en demandant à Hydro de ne pas autoriser
la phase II, parce qu'on sait que quand on entre dans la phase II, c'est
quasiment automatique, le projet se réalise de ne pas autoriser
la phase II, mais d'approfondir un certain nombre de sujets concernant
particulièrement les impacts environnementaux. Vous le citez, d'ailleurs
c'est dans votre rapport également à propos de la
ouananiche, de sa survie, à propos des embâcles sur la
rivière, à propos également de tous les problèmes
reliés à la ressource forestière qui
est quand même importante sur ce territoire-là.
Si Hydro-Québec, par ses études additionnelles, n'apporte
pas de réponse satisfaisante concernant ces sujets ou ces questions
quand même majeures, est-ce que, à ce moment-là, ça
va faire en sorte que vous allez adopter une position défavorable au
projet?
M. Gendron (Jean-Marc): M. Brassard, je trouve votre
préambule particulièrement juteux et intéressant, et puis,
entre gens qui habitons cette belle région du Lac-Saint-Jean, je pense
qu'on peut démystifier certaines choses puis on peut relativiser
certaines prises de position. C'est évident que, dans ce
débat-là, si on veut le caricaturer, il y a David dans le coin
gauche et Goliath dans le coin droit. Je vous laisse deviner qui est Goliath et
qui est David! M. Brassard, vous savez également que ce...
M. Brassard: C'est David qui a gagné, hein? Des voix:
Ha, ha, ha!
M. Gendron (Jean-Marc): Oui, mais vous savez que l'histoire ne se
répète pas nécessairement. Dans un deuxième temps,
M. Brassard, vous comprendrez également qu'il y a eu une bataille
médiatique d'importance. Et vous savez que dans ce genre de situation
là, les médias ont toujours tendance à accorder beaucoup
de place à David. Et puis, par un heureux hasard de circonstances, vous
savez très bien dans quelle ville se concentre surtout le noyau des
têtes dirigeantes de l'opposition.
Or, ceci étant dit, c'est évident qu'au niveau
médiatique il s'est dit à peu près toutes sortes de
choses, des vraies, des moins vraies, des tout croches, puis des absolument
fausses, on en convient. Vous avez bien campé également dans
votre question le noeud du problème. C'est qu'au niveau de
l'acceptabilité sociale, phase I, lorsque Hydro-Québec nous a
présenté les études qu'elle avait faites eu égard
aux retombées environnementales et qu'elle nous a demandé de nous
prononcer sur l'acceptabilité sociale, nous lui avons dit: Nous avons
besoin d'un complément d'information pour être capables de nous
prononcer à ce stade-ci. Et les trois problèmes majeurs qui
ressortaient: II y avait la question de la ouaouaniche, la question du frasil,
la question, également, liée à la ressource
forestière.
Au moment où on se parle, nous n'avons pas encore eu de
réponse d'Hydro-Québec. Nous attendons les réponses
d'Hydro-Québec. Et, lorsque nous serons rendus à la
rivière, nous franchirons le pont. C'est évident également
que, comme condition à notre acceptabilité sociale, il y a aussi
la dimension économique. C'est clair que le phénomène tout
vers l'extérieur et rien qui ne reste chez nous, ça ne marche
plus, ça. Puis on a fixé... puis je pense que dans notre
mémoire, c'est clair, c'est évident, c'est que, nous, nous avons
une approche d'ouverture fermée. Ça va dépendre des
réponses que nous allons avoir aux questions que l'on pose. Ça va
dépendre des contre-propositions que nous allons recevoir. Et puis,
étant également élus, nous allons avoir le courage
politique d'aller présenter à nos commettants et commettantes le
bien-fondé de notre position. Mais c'est très clair qu'il nous
manque des réponses pour être capables de donner nos
réponses.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Trois-Rivières.
M. Philibert: Oui. Dans votre mémoire, vous passez
inaperçu... Vous n'abordez pas toute la question des projets
d'efficacité énergétique d'Hydro-Québec. J'aimerais
ça vous en entendre parler. Vous avez sûrement une idée sur
ça. Et qu'est-ce que vous pensez des possibilités de
retombées économiques régionales, des projets
d'efficacité énergétique comparativement aux projets de
construction de barrages hydroélectriques?
M. Munger: M. le Président, il va sans dire que le mandat
que les deux MRC se sont donné pour présenter aujourd'hui un
mémoire, ça touchait le barrage de FAshuapmushuan comme
modèle et puis les projets de développement d'Hydro-Québec
en termes de construction ou de développement. Nous n'avons pas
abordé comme tels les programmes d'efficacité
énergétique d'Hydro-Québec en tant que MRC ou en tant
qu'élus. J'ai des opinions personnelles, sans doute mes collègues
aussi. Mais nous n'avons abordé aucunement ce modèle-là
à l'intérieur de notre mémoire, et pour cause. Nous
croyons que nous avions suffisamment de pain sur la planche avec ce qui est
là. (17 h 50)
M. Philibert: Merci.
M. Vallée: Et nous prenons pour acquis que... nous sommes
intervenus où ça nous touchait de plus près. Maintenant,
il est sûr que d'autres se chargeront sûrement d'y aller
d'interventions dans ce sens-là. Mais nous n'avons pas d'objections
fondamentales à ce volet-là en particulier.
M. Philibert: II y a un potentiel absolument fantastique en
termes de retombées économiques et je ne sais pas si vous
êtes prêts à prendre le leadership dans votre région,
à un moment donné, de faire réfléchir des gens qui
pourraient suggérer à Hydro-Québec ou enfin faire en sorte
qu'un plan d'action soit mis sur pied pour bénéficier
également dans votre région de ces retombées
économiques là.
Maintenant, je reviens sur toute la question des programmes de mise en
valeur. Vous attendez beaucoup d'Hydro-Québec dans le projet de
l'Ashuapmushuan, pour réaliser une gamme très variée
d'initiatives en matière environnementale. En matière
environnementale, ça se comprend, toutes les régions le font et
vous êtes tout à fait justifiés de le faire parce
qu'effective-
ment le paysage change, il y a toutes sortes de mesures à faire.
Mais vous, est-ce que vous faites un lien, quand même, quand vous parlez
du harnachement de cette rivière-là, est-ce que vous faites un
lien, par exemple, avec le potentiel faunique? Est-ce qu'il y a un
dérangement qui est amené par Hydro-Québec? Vous parlez de
la mise en valeur d'éléments patrimoniaux; est-ce que vous faites
un lien avec ce projet-là? L'amélioration des forêts
intermunicipales, est-ce que le projet d'Hydro-Québec a une incidence
sur les forêts intermunicipales?
M. Gendron (Jean-Marc): M. le Président, si M. le
député a l'impression qu'on demande beaucoup, j'aimerais lui
faire remarquer qu'Hydro-Québec va venir chercher beaucoup, dans un
premier temps. Dans un deuxième temps, les trois préoccupations
auxquelles vous faites référence, à la page 7, c'est
tellement important, à notre point de vue, que ça a
motivé, fondamentalement, la non-émission d'opinions sur
l'accessibilité sociale en phase I. Troisièmement, je ne sais pas
si vous péchez la ouananiche, O.K., mais quand on regarde le projet qui
est prévu sur Ashuapmushuan, qui est un peu la pouponnière des
ouananiches, c'est évident que si jamais on harnachait,
dépendamment de la formule qui va être retenue, on va être
obligés de faire des mesures de mitigation, on va être
obligés de faire des passes migratoires pour rendre accessibles à
ces jeunes ouananiches qui veulent se projeter dans le temps, des
rivières qui, actuellement, sont physiquement inaccessibles à
causes des chutes auxquelles elles sont confrontées. Et puis, des
montaisons, des passes migratoires, je ne sais pas si vous le savez...
Après ça, M. le Président, le problème
lié à la ressource forestière, c'est que la zone qui va
être inondée, c'est une zone qui est extrêmement importante:
terres fertiles pour permettre la production d'essences qui servent à
plusieurs scieries. On parle que la zone inondée, ça
représenterait l'alimentation qui équivaudrait à la
fourniture, en matières premières, d'une scierie qui emploierait
vous me rectifierez si j'erre 90 employés. Donc, c'est
évident que cette amputation-là qu'on va faire à notre
potentiel, on va être obligés de la compenser par des mesures
sylvicoles qui vont justement permettre, dans une certaine mesure, de compenser
le potentiel perdu.
Et, finalement, il y a également le problème du frasil,
à la création d'embâcles, qu'on va être obligé
de regarder et toute la dimension patrimoniale. Vous savez que c'est un peu la
route qui a été empruntée par nos ancêtres de
même que les premiers habitants, les autochtones. Donc, c'est riche d'un
potentiel patrimonial important et, avant de procéder à
l'inondation, on devra faire un «survey» archéologique et,
au besoin, faire des fouilles nettement plus pointues pour être capables
d'inventorier et d'aller chercher ce que ces sites-là ont à nous
livrer parce qu'une fois que c'est inondé, c'est bien dommage, c'est
terminé au point de vue archéologique. Alors, c'est
évident que la région du Lac-Saint-
Jean, particulièrement les deux MRC, a, avec HydroQuébec,
à regarder l'ensemble du portrait, et c'est évident qu'il va y
avoir des retombées négatives, ça, c'est très clair
là, je ne voudrais pas être méchant un peu
moins sur la rue Crescent à Montréal, mais beaucoup dans notre
coin de pays. Et c'est évident qu'on a à s'asseoir et, en
partenaires, à regarder correctement toutes les dimensions, et avant de
partir avec des a priori, moi je suis contre ou moi je suis pour,
assoyons-nous, regardons ça correctement. Et ce n'est pas une
démarche de quêteux qu'on fait là. C'est une
démarche de gens responsables. Hydro-Québec a à coeur de
fournir l'hydroélectricité au meilleur coût à
l'ensemble des contribuables québécois et les personnes que vous
avez devant vous ont à coeur qu'on continue, en l'an 2000, de parler de
la région du Lac-Saint-Jean et du Saguenay comme étant une
région dynamique parce que ses dirigeants de l'époque ont su bien
identifier les enjeux et ont su prévoir des mesures structurantes pour
continuer que le SaguenayLac-Saint-Jean se projette dans le temps. C'est
essentiellement ça.
Le Président (M. Audet): Merci. M. Munger, vous voulez
ajouter quelque chose?
M. Munger: Un petit complément bien terre à terre,
s'il vous plaît, M. le Président, pour dire ceci. C'est que F
Ashuapmushuan fait partie de notre jardin, et comme bon maraîcher, quand
je m'en vais au marché avec mes légumes, je tiens à
revenir avec quelque chose, sinon je fais la charité. Et
l'Ashuapmushuan, quand ça va partir de notre jardin, il va falloir qu'on
revienne chez nous avec quelque chose, c'est-à-dire que mon jardin ne
s'épuise pas sans qu'il nous en reste quelque chose.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Non, M. Brassard.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Oui. Tout simplement, peut-être pour conclure.
On parle souvent et on parle beaucoup et abondamment du potentiel
récréotouristique de la rivière Ashuapmushuan et il me
semble que, pour faire un choix judicieux et éclairé, il faut
avoir des réponses aux problèmes que vous avez fort bien
décrits, M. Gendron, les problèmes forestiers, la faune
aquatique, la ouananiche, les problèmes d'embâcles, bon. Il faut
avoir des réponses à ces problèmes-là. Mais, en
même temps, si on veut faire un choix éclairé et si on veut
que vos populations fassent un choix éclairé, il faudrait...
Parce que, le projet d'Hydro, lui, il est bien détaillé, il est
bien décrit et on sait comme il va être fait. Il est abondamment
détaillé. Il n'y a pas de mystère dans le projet
d'Hydro. Par contre, le potentiel récréotouristique, c'est
pas mal plus vague et plus nébuleux. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu,
par des études appropriées, de faire un examen et un bilan assez
exhaustif du potentiel récréotouristique pour qu'on puisse avoir
les deux en face de nous? Vous ne trouvez pas qu'à ce moment-là
le choix serait probablement plus judicieux et plus éclairé si
c'était le cas?
Et une dernière petite question à propos de votre fonds de
développement. Si je vous comprends bien, il couvre uniquement le
territoire des deux MRC?
M. Vallée: La zone rapprochée.
M. Gendron (Jean-Marc): Vous avez tout compris, M. Brassard.
M. Brassard: Métabetchouan, c'est pas mal rapproché
aussi. Et Desbiens aussi, c'est pas mal rapproché.
M. Vallée: Bon. M. le Président, en réponse
à M. Brassard au sujet du volet récréotouristique. Nous,
de la MRC du Domaine-du-Roy, au moment de l'analyse de toute cette
problématique-là, nous avons... Parce que, la
problématique récréotouristique, elle était dans
notre esprit, nous la connaissions. On a dit: Nous allons tenter de
l'expérimenter sur place. Parce que, effectivement, tout le monde dit
depuis des générations: Elle a un potentiel, elle a un potentiel.
Cependant, on ne semble ie reconnaître vraiment qu'au moment où
Hydro arrive avec un projet précis. Donc, ce que nous avons fait, nous
avons été faire deux jours... Les élus municipaux de la
MRC du Domaine-du-Roy ont été faire deux jours de descente en
canot, justement dans le secteur concerné par les inondations et le
secteur dit d'intérêt particulièrement pointu. Je dois vous
dire, M. le député, que ce n'est pas un exercice vraiment pour
des novices parce qu'on a failli noyer mon collègue, le maire de
Roberval du tanps. Ensuite, le secrétaire-trésorier de la
municipalité de Chambord avec ses deux fils s'en sont tirés de
peu, de justesse. Donc, tout ça pour vous dire que le secteur
particulier où on touche... vraiment on parle barrage, on parle
d'«ennoiement», bien, c'est un secteur particulièrement
dangereux et, à ce moment-là, je crois que, comme mon
collègue, M. Gendron, le disait tout à l'heure, si on
réussit à faire de la mitigation, à faire un peu de
compensation, bien, il va rester quand même des secteurs de
rivière fort intéressants et je pense que nous devons dire
à ce moment-ci que le récréotouristique ne sera pas ignore
totalement dans l'éventualité d'une réalisation de
complexes hydroélectriques. (18 heures)
M. Gendron (Jean-Marc): M. le Président, en
complément d'information, M. Vallée, il conte ça
épeu-rant là. La rivière Ashuapmushuan c'est un beau
défi, puis c'est une rivière qui est extraordinaire pour faire du
canot-camping, mais il faut avoir un minimum de ba- gage
d'expérience.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron (Jean-Marc): Pour répondre plus directement
à votre question, M. Brassard, j'étais le président de la
sous-commission récréotouristique et ça me fera plaisir,
M. Brassard, de vous faire parvenir une évaluation très pointue
de tout ce qu'il y a d'envisageable, comme activité
récréotouristique sur ce plan d'eau là, de vous faire
également parvenir une autre dimension qui devrait vous
intéresser, la dimension socio-économique reliée à
la pratique de ce genre d'activités là.
M. Chevrette: Des évaluations?
M. Gendron (Jean-Marc): Oui, concrètes, faites par des
spécialistes, puis corroborées, puis qui ont fait l'objet
d'échanges.
M. Vallée: Puis on joindra à ça le
vidéo qui a été pris lors de notre descente.
Une voix: M. Vallée se noyant.
M. Brassard: Est-ce que ça comprend un cours de canotage
pour le préfet de la MRC du Domaine-du-Roy, le maire de Chambord? Un bon
cours.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): Alors, messieurs, au nom des
membres de la commission de l'économie et du travail, je vous remercie
de votre présentation, je vous souhaite un bon retour chez vous. Nous
suspendons nos travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 12)
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'économie et du travail reprend ses
travaux.
Je vous rappelle le mandat de la commission qui est de procéder
à une consultation générale sur la proposition de plan de
développement 1993-1995 d'Hydro-Québec.
Ce soir, nous recevons l'Association des redistributeurs
d'électricité du Québec ainsi qu'Héliojoule et nous
ajournerons vers 22 heures.
Je souhaite la plus cordiale bienvenue aux gens de l'Association des
redistributeurs d'électricité du Québec. Je vous rappelle
brièvement le déroulement de nos travaux. Vous disposez d'une
vingtaine de minutes pour nous faire la présentation de votre
mémoire. Ensuite,
s'ensuivra une période d'échanges d'une quarantaine de
minutes, peut-être un peu moins, compte tenu de l'horaire. Je vous
inviterais à procéder et, le porte-parole, à
présenter les gens qui l'accompagnent. Merci.
Association des redistributeurs
d'électricité du Québec (AREQ)
M. Martel (Marcel): Bonjour, M. le Président. Mon nom est
Marcel Martel. Je suis maire de Jonquière et je suis premier
vice-président de l'AREQ. J'aimerais d'abord vous remercier de
l'opportunité que vous nous offrez, membres de cette commission, de
venir nous exprimer. Je remplace à pied levé le président
de l'AREQ, M. Paul Gervais, qui est retenu et qui me prie de l'excuser face
à l'impossibilité d'être ici ce soir. Le caractère
néophyte de mes fonctions m'a obligé, évidemment, à
me faire accompagner de personnes d'une qualité exceptionnelle afin
d'être à la hauteur et j'aimerais vous présenter, à
mon extrême gauche, M. Danny Ponzo, qui est vice-président adjoint
de l'AREQ et qui est directeur de l'énergie électrique de la
ville de Westmount. À ma gauche, M. Gilles Veilleux, qui est
vice-président de l'AREQ et directeur général adjoint de
la ville de Sherbrooke. À mon extrême droite, M. Richard Guimont,
qui est membre du conseil d'administration de l'AREQ et qui est
trésorier de la ville de Baie-Comeau, et, à ma droite, M. Claude
Jean, qui est directeur adjoint aux travaux publics, division
électricité de la ville de Jonquière, et qui est
vice-président adjoint de l'AREQ.
Le Président (M. Audet): Merci.
M. Martel: Mme la ministre, membres de cette commission, lors de
sa participation à la commission parlementaire de mai 1990,
l'Association des redistributeurs municipaux et coopératifs
d'électricité du Québec, s'est assurée d'une place
au sein des organismes invités à participer au processus de
consultation sur le plan de développement d'Hydro-Québec. L'AREQ
entend poursuivre cette participation puisqu'elle partage avec
Hydro-Québec le mandat de distribution électrique au
Québec.
Le présent mémoire a pour but de formuler des commentaires
concernant la proposition du plan de développement 1993-1995
d'Hydro-Québec et de faire connaître publiquement certains enjeux
des réseaux de l'AREQ, lesquels sont de véritables partenaires
sur la scène énergétique québécoise.
En 1963, le gouvernement québécois a décidé
de nationaliser la majorité des réseaux privés au profit
d'Hydro-Québec. Les 80 réseaux municipaux et coopératifs,
qui étaient par définition publics et qui appartenaient
déjà à la collectivité, étaient exclus de
cette nationalisation. Aujourd'hui, les 10 réseaux de l'Association des
redistributeurs municipaux et coopératifs du Québec appartiennent
aux villes d'Alma, Amos, Baie-Comeau,
Coaticook, Joliette, Jonquière, Magog, Sherbrooke, Westmount et
à la Coopérative régionale d'électricité de
Saint-Jean-Baptiste. Depuis la nationalisation des réseaux privés
d'électricité en 1963, le nombre de réseaux municipaux et
coopératifs est passé de 80 à 10 réseaux
actuellement.
Certaines lois, certaines mesures administratives et certains choix de
société, comme la généralisation du chauffage
électrique résidentiel, ont considérablement
affecté les revenus des réseaux municipaux et coopératifs.
Le tarif grande puissance L est appliqué aux achats d'énergie de
tous les clients d'Hydro-Québec ayant une puissance appelée
supérieure à 5000 kW. pour les réseaux qui effectuent de
la distribution, l'impact des pointes d'hiver causées par le chauffage
électrique amène des coûts prohibitifs. les réseaux
de l'areq doivent donc assumer leur rôle de distributeurs
d'électricité dans un contexte où hydro-québec
détermine à la fois les prix d'achat et de vente de
l'énergie. ainsi, les réseaux municipaux et coopératifs
achètent leur énergie électrique au tarif l fixé
par hydro-québec et la redistribuent selon les tarifs de vente du
règlement tarifaire d'hydro-québec. l'ampleur du chauffage
électrique résidentiel sur le territoire québécois
fait en sorte que l'énergie demandée par les clients des
réseaux de l'areq crée des appels de puissance hivernaux de plus
en plus intenses autant sur leur réseau de distribution que sur les
circuits de génération et de transport d'hydro-québec. les
écarts grandissants entre les pointes d'hiver et d'été
coûtent très cher aux réseaux de l'areq dans le contexte
tarifaire actuel. 44 % des surprimes d'hiver payées par l'ensemble des
clients du tarif l proviennent des réseaux municipaux et
coopératifs qui représentent seulement 9 % des revenus totaux
incluant les surprimes du tarif l.
Par ailleurs, l'AREQ suggère de favoriser l'expansion du parc de
chauffage biénergie. Forte de son statut de distributeur
d'énergie et d'initiateur en matière de gestion
énergétique, l'AREQ souhaite être davantage
consultée lors de l'élaboration de certaines stratégies
énergétiques qui la concernent. L'AREQ possède une
expertise de haut niveau en gestion de petites centrales de production
d'électricité et elle veut davantage en faire profiter la
collectivité québécoise. L'AREQ suggère, d'une
part, que les exportations d'électricité soient faites dans un
contexte équitable pour tous et, d'autre part, d'être mise
à contribution dans la prospection d'industries à forte
consommation afin que les collectivités que ses membres desservent
puissent bénéficier de création d'emplois.
Conclusion et recommandations. Depuis la dernière commission
parlementaire du travail et de l'énergie de mai 1990, l'Association des
redistributeurs d'électricité municipaux et coopératifs du
Québec a travaillé ardemment pour être reconnue comme un
partenaire social légitime et crédible dans le domaine de
l'énergie au Québec. La participation engagée de l'AREQ
à toutes les séances de consultation pour le plan
de développement d'Hydro-Québec et à la
consultation de Mme la ministre de l'Énergie et des Ressources du
Québec sur les stratégies québécoises
d'efficacité énergétique ne sont que quelques volets de
ses efforts pour contribuer activement à l'avenir
énergétique québécois. Il est clair que les
réseaux municipaux et coopératifs qui composent l'AREQ veulent
faire partie intégrante de cet avenir. (20 h 20)
Recommandation 1, statut de distributeur. Pour être en mesure de
jouer leur rôle de partenaires énergétiques
québécois, les réseaux de l'AREQ doivent d'abord
être reconnus dans leur légitimité de distributeurs
d'électricité. Le statut de distributeur signifie que
l'énergie électrique provenant du parc provincial de
génération doit être facturée non seulement sur la
base des coûts de fourniture, mais aussi en tenant compte de certains
choix de société. Ces choix sont le chauffage électrique
résidentiel, la parité tarifaire sur tous les territoires
québécois et l'interfinancement du tarif résidentiel par
le tarif commercial en particulier. Que le ministère de l'Énergie
et des Ressources et Hydro-Québec reconnaissent le rôle important
des réseaux municipaux et coopératifs comme des distributeurs
d'électricité et s'engagent à poursuivre l'adaptation des
modalités d'application du règlement tarifaire en fonction des
particularités et du rôle de ces réseaux.
Recommandation 2, consultation de l'AREQ pour tout nouveau programme.
Depuis la commission parlementaire de 1990, les relations de l'AREQ avec
HydroQuébec se sont grandement améliorées. À titre
d'exemple, l'AREQ et Hydro-Québec ont multiplié les efforts, de
telle sorte que les programmes d'efficacité énergétique
d'Hydro-Québec ont été instaurés au sein des
réseaux municipaux et coopératifs. Toutefois, dès la
conception de ces programmes, il faudrait tenir compte des réseaux de
l'AREQ pour ainsi faciliter l'implantation de ceux-ci dans les réseaux.
Que le gouvernement du Québec et Hydro-Québec reconnaissent
l'importance de maintenir en vie un secteur témoin
décentralisé de distribution é'ectrique sous
propriété municipale ou coopérative et qu'ils consultent
l'AREQ préalablement à toute orientation, définition et
élaboration de nouveaux programmes ou décisions ayant un impact
financier ou technique sur l'ensemble des réseaux municipaux et
coopératifs. Ce genre de démarche a fait ses preuves et est
définitivement profitable pour tout le monde, comme nous l'avons vu
précédemment en marge du dossier de l'efficacité
énergétique.
Recommandation 3, délimitation territoriale. Que le
ministère de l'Énergie et des Ressources du Québec
réserve à chaque ville possédant un réseau
d'électricité le privilège de desservir la totalité
des unités foncières sous sa juridiction.
Recommandation 3A, délimitation territoriale coopérative.
Que le ministère de l'Énergie et des Ressources du Québec
réserve à la Coopérative Saint-Jean-Baptiste le
privilège de desservir la totalité des citoyens, commerces,
firmes et institutions qui sont situés à l'intérieur du
périmètre régional actuellement desservi.
Recommandation 4, intégrité territoriale. Que le
ministère de l'Énergie et des Ressources du Québec
garantisse l'intégrité territoriale de chaque réseau de
l'AREQ.
Recommandation 5, sites de production hydroélectrique.
L'expertise et le dynamisme du secteur municipal dans le domaine de la
production de l'électricité au Québec n'est plus à
démontrer. Par ailleurs, le programme de production privée
d'électricité du gouvernement québécois et
d'Hydro-Québec est une initiative très judicieuse dans le
contexte de développement durable en matière
énergétique. Toutefois, ce programme a manifestement
été conçu sans tenir compte du potentiel de contribution
des réseaux municipaux.
Que le ministère de l'Énergie et des Ressources du
Québec reconnaisse aux réseaux de l'AREQ un droit de
préemption par rapport au secteur privé sur tous les sites
hydroélectriques existants ou potentiels à moins de 48
kilomètres des limites du territoire desservi ou de la
municipalité propriétaire du réseau. Une renonciation
officielle devra être émise par le ou les réseaux
concernés avant que le site ne soit offert au secteur privé.
Prix pour l'accroissement de la capacité de la nouvelle
production. Que le ministère de l'Énergie et des Ressources du
Québec garantisse au réseau de l'AREQ le droit d'obtenir le
même prix que le secteur privé pour l'énergie produite dans
l'une ou l'autre de ses centrales dont la capacité totale ou partielle
vient accroître le parc hydroélectrique québécois.
Voilà!
Donc, l'Association des redistributeurs d'électricité
municipaux et coopératifs du Québec et ses membres ont
été heureux de participer au processus de consultation sur le
plan de développement d'Hydro-Québec et elle souhaite continuer
à servir les intérêts de la collectivité
québécoise. Merci.
Le Président (M. Audet): Merci beaucoup. Je vais
maintenant reconnaître Mme la ministre de l'Énergie et des
Ressources.
Mme Bacon: Oui, M. le Président, je voudrais remercier les
représentants de l'AREQ pour leur participation à cette
commission parlementaire et je souhaite que vous poursuiviez votre bon travail
dans la production ou la distribution de l'électricité et que
vous puissiez continuer d'innover en matière d'efficacité
énergétique.
Si je reviens à votre document, vous vous définissez comme
un secteur témoin dans la distribution de l'électricité.
Et, en principe, l'existence d'un secteur témoin, ça devrait
permettre au gouvernement de mieux évaluer la performance
d'Hydro-Québec. Pouvez-vous nous expliquer, peut-être plus en
détail, quels sont concrètement les avantages pour le
Québec de posséder un secteur témoin comme le vôtre?
Et qu'est-ce qui vous différencie d'Hydro-Québec, du point de vue
du
consommateur, par exemple? Autrement dit, en quoi la présence des
réseaux municipaux favorise-t-elle une amélioration de la
performance d'Hydro-Québec dans la distribution de
l'électricité?
M. Martel: Bien, d'abord, écoutez. Nous, on le vit bien,
entre autres dans notre municipalité puisque, sur notre même
territoire, on a à la fois Hydro-Québec et notre propre
système. Enfin, on est redistributeurs d'électricité. Et
il est clair qu'on constate jusqu'à quel point ça peut être
avantageux pour nos contribuables, nos concitoyens, de faire affaire
directement avec les élus, entre autres. Je vois un peu, dans notre
municipalité, que ce soit dans un secteur qui est desservi avec
tout le respect que j'ai pour Hydro-Québec qui est desservi par
Hydro-Québec ou chez nous, on constate toujours que les plaintes et les
problèmes que l'on a, ça atterrit toujours quelque part au
conseil municipal ou à la mairie. Maintenant, un des avantages, je
pense, de la municipalisation, c'est, évidemment, l'utilisation de toute
la machine administrative de notre ville pour gérer le réseau.
Ça s'inscrit parfaitement dans la continuité des services
à la population, et c'est un peu pardonnez-moi l'expression
un peu perdu, dans le sens où on a une division des travaux
publics, c'est tout à fait complémentaire, la trésorerie,
le génie civil, ça s'insère bien dans toute notre machine
administrative, entre autres. Voilà.
Mme Bacon: à la page 8 de votre mémoire, vous
indiquez qu'il est important de continuer à utiliser les alternatives
tarifaires, dont la structure émet des signaux de plus en plus clairs et
précis aux différentes catégories de clientèles, et
ça pourrait amener des économies appréciables à
long terme. dans le cas du tarif domestique, hydro-québec propose
d'augmenter son caractère saisonnier, en portant l'écart entre
les deux prix de l'énergie de 20 % à 25 %, plutôt que
d'introduire un tarif saisonnier obligatoire. moi, j'aimerais savoir dans
quelle mesure le caractère saisonnier est réellement perçu
par la clientèle; autrement dit, est-ce que la tarification actuelle,
pour le client, pour lui, a davantage un intérêt, pour le client,
de... de... à économiser l'énergie en hiver, plus en hiver
qu'en été, par exemple?
M. Veilleux (Gilles): Je ne sais pas si je saisis bien votre
question, Mme Bacon. Nous en avons discuté...
Mme Bacon: Sur le caractère saisonnier, je pense que c'est
important...
M. Veilleux: Oui, vis-à-vis la clientèle
résidentielle...
Mme Bacon: Oui, oui.
M. Veilleux: ...c'est que, dans le fond, ce n'est pas... je pense
que dans ce sens-là il faut voir les intérêts du
Québec dans son entier, et c'est dans ce sens-là que cette
discussion et... et c'est dans ce sens-là que dans nos rencontres avec
Hydro-Québec, nous l'avons défendu, le problème du
chauffage électrique, c'est que ça amène des pointes
d'hiver très intenses, très fortes, qui amènent la
construction d'installations de pointe qui ne servent que quelques heures par
année. Alors, inévitablement, pour l'avenir de l'ensemble de nos
ressources énergétiques, je pense qu'il va falloir envisager, un
jour, d'inciter fortement les gens à réduire d'une façon
ou d'une autre, et, comme c'a été fait dans d'autres pays, le
signal tarifaire est une bonne façon d'inciter fortement les gens
à réduire la consommation aux heures de pointe. (20 h 30)
L'autre façon que nous avons vue et qui fonctionne bien, et qui
amène des économies de coûts, aussi, et dans laquelle les
réseaux municipaux sont embarqués aussi fortement, c'est les
sytèmes de chauffage en bié-nergie, puisque la biénergie
permet, justement, de ne pas forcer la production hydroélectrique aux
heures de pointe. Alors, c'est dans ce sens-là. Nous autres, ce qu'on
pense, c'est que si on laisse aller les gens, inévitablement, on s'en va
avec des coûts grandissants, de plus en plus élevés aux
heures de pointe, et une façon d'inviter les gens, en plus de nos
campagnes de promotion et autres pour réduire la consommation aux heures
de pointe, c'est le signal tarifaire. On pense qu'on n'a à peu
près pas le choix.
Mme Bacon: Dans votre troisième recommandation, vous
demandez que le ministère de l'Énergie et des Ressources
réserve à chaque ville possédant un réseau
d'électricité le privilège de desservir la totalité
des unités foncières sous sa juridiction. Moi, j'aimerais savoir
si l'application de ce principe entraînerait des modifications
importantes aux réseaux existants de distribution de
l'électricité.
M. Jean (Claude): La majorité des villes qui sont
déjà desservies par les réseaux municipaux ont des
systèmes assez simples. Lorsqu'on parle de distribution, à ce
moment-là, on parle du réseau au niveau des fils, des poteaux,
tout le reste, et même des sous-stations électriques. C'est la
majorité comme telle des points de mesurage qui délimitent la
section entre Hydro-Québec et les réseaux municipaux, tout le
temps délimités à partir, bien souvent d'un seul et unique
poteau. Donc, au niveau infrastructures, la majorité des territoires
municipaux seraient facilement, au niveau... techniquement parlant, faisables,
donc délimiter le territoire entre Hydro-Québec et les
réseaux municipaux.
Mme Bacon: Vous recommandez aussi que soit accordé aux
municipalités un droit de préemption sur les sites de production
hydroélectrique à moins de 48 km des limites de leur territoire.
Est-ce que vous faites une
distinction entre les municipalités exploitant un réseau
de distribution et les municipalités limitrophes qui n'en
possèdent pas quant à ce droit-là de préemption par
rapport au secteur privé?
M. Veilleux: C'est difficile pour nous de se prononcer pour
d'autres. Il est évident que ceux qui ont déjà des
installations de production ou qui en ont et qui aimeraient les remettre en
service, comme dans la ville de Jonquière par exemple, c'est
évident que nous avons l'infrastructure requise, nous avons le
personnel, nous avons la compétence pour gérer de telles
installations. Alors, pour nous, une centrale de plus ou de moins, je ne dirais
pas que c'est insignifiant, mais ça ne représente pas
grand-chose. D'ailleurs, la ville de Magog et la ville de Sherbrooke viennent
d'acheter conjointement la centrale qui appartenait auparavant à
Dominion Textile et par la suite à C.S. Brooks. Nous avons fait la
transaction au mois de juillet, l'année passée, et, en
décembre, la centrale était détachée. L'usine de
Dominion Textile-C.S. Brooks est maintenant exploitée conjointement par
les deux villes de Magog et de Sherbrooke et il n'y a pas d'addition de
personnel, c'est le même personnel. Les travaux de modification qu'il
fallait faire ont été effectués, soit par notre personnel,
soit par des firmes de génie-conseil locales et maintenant c'est
exploité par notre personnel, avec l'expertise qu'on a
déjà, et on pourrait en ajouter facilement deux, trois, quatre ou
cinq de plus et ça ne changerait absolument rien.
Dans le cas de Jonquière, c'est évident que la centrale a
besoin de rénovations pour être remise en service; ils ont
déjà leur personnel et c'est relativement facile aussi. Dans
d'autres cas, je ne pourrais pas me prononcer.
Mme Bacon: D'accord. Merci.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Merci. M. le Président, dans un premier
temps, je vais faire quelques commentaires. Je connais assez bien votre
situation puisque ma propre ville est dans votre Association, Joliette. Cet
avant-midi, nous avons reçu l'Union des municipalités du
Québec. Je ne sais pas si vous avez eu la chance de lire leur
mémoire. Je suppose que, oui, vous en avez pris connaissance. Ils nous
demandent d'avoir un projet-pilote, moi je leur conseillais d'aller voir les
neuf. C'étaient vraiment des expériences-pilotes que vous viviez,
puisque vous n'avez pas à expérimenter quoi que ce soit, vous le
vivez. Ça m'est apparu même drôle que l'Union des
municipalités, pour ne pas dire plus, franchement, quand on a neuf
villes à l'intérieur d'une Union, je me demande pourquoi on
demanderait un projet-pilote. Vous avez toute l'expertise qu'il faut pour
répondre à quelque expérience que ce soit. Je ne vois pas
encore, malgré toute la bonne volonté que j'ai, je ne comprends
pas le mémoire de votre Union.
Ceci dit, je voudrais vous poser une question très claire:
Pourquoi le problème des surprimes d'hiver ne trouve pas de solution?
Est-ce que vous le savez d'où vient le blocage et pourriez-vous me
donner les raisons?
M. Veilleux: en fait, disons au départ que c'est un sujet
qui n'est pas facile à régler. le tarif auquel les réseaux
municipaux sont assujettis date des années 1982, 1983, 1984, à
peu près, et c'est progressivement que l'effet concret s'est fait sentir
au fur et à mesure que l'augmentation du chauffage électrique a
pris de l'ampleur aussi et, dans une courbe que vous retrouvez à la fin
du mémoire, vous voyez vraiment ce qui s'est passé dans les
dernières années. ce n'est donc que progressivement que cette
ampleur-là s'est faite. alors, disons que depuis la dernière
commission parlementaire... disons qu'au départ il y avait tout un...
vous disiez tantôt que c'est un petit peu bizarre peut-être. il
faut dire qu'avant je peux parler en connaissance de cause,
j'étais là il y a deux ans, il y a trois ans jusqu'à
la dernière commission parlementaire, la pertinence de continuer
à avoir des réseaux municipaux, c'était loin d'être
évident et c'est depuis cette période-là que vraiment,
regroupés aussi ensemble en association, les réseaux municipaux
ont fait voir ce qu'ils étaient capables de faire et c'est devenu plus
évident qu'ils rendaient un service important à la
collectivité québécoise. alors, en même temps, il
fallait aussi établir des mécanismes de discussion avec
hydro-québec. ce qui s'est fait. nous avions demandé d'avoir
quelqu'un à hydro-québec qui soit un interlocuteur. on voulait
des engagements d'hydro-québec envers les réseaux municipaux
comme quoi hydro-québec n'était plus intéressée
à prendre possession des réseaux municipaux, mais était
intéressée à travailler avec eux et ceci s'est fait par la
signature d'ententes au niveau de la biénergie, etc. alors, on a deux ou
trois dossiers qui sont bien réglés. i\ reste un des plus
importants, c'est celui de la tarification, le tarif l, les surprimes, et on
comprend, jusqu'à un certain point, la complexité
d'établir un mécanisme différent, étant
donné l'ensemble des entreprises qui sont aussi au tarif l. et il s'agit
de trouver une solution qui est intéressante pour les deux et nous
sommes confiants que, d'ici un an, on devrait être capables de trouver
cette solution. mais on est d'accord que ce n'est pas une solution facile.
c'est pour ça qu'on comprend que ça prenne du temps, mais on est
confiants que ça va se passer comme ceci, que ça va arriver un
jour.
M. Chevrette: Ça ne répond pas pantoute à ma
question. Vous êtes excellent patineur. C'est pas ça que je vous
ai posé comme question. Quelle est la cause du blocage? Y en
«a-tu» une?
M. Veilleux: Pardon?
M. Chevrette: À part d'être dur, difficile, ardu,
pénible, lancinant, comme dirait Jacques Laperrière...
M. Veilleux: Ouais.
M. Chevrette: Y «a-tu» une raison fondamentale
pourquoi ça bloque?
M. Veilleux: C'est... Bien, c'est difficile de vous
répondre là-dessus parce que, finalement, le tarif L...
Effectivement, les réseaux municipaux sont des acheteurs de puissance en
gros qu'ils redistribuent alors que les entreprises, eux autres,
l'achètent et l'utilisent. Alors, il y a une différence de fond.
Alors, comment faire un compromis qui ne serait pas à rencontre des
autres acheteurs? C'est cette solution-là qui n'est pas
élaborée encore et on l'élabore progressivement. On a fait
du chemin, mais je ne peux pas vous donner de réponse parce qu'elle
n'est pas facile à trouver et on va la trouver ensemble
progressivement.
M. Chevrette: Donc, vous avez espoir. M. Veilleux: Oui.
M. Chevrette: Quant au tarif D, la rentabilité du tarif D
dans vos réseaux, vous autres, est-ce que c'est rentable? Est-ce que
ça fait ses coûts? Vous dites, vous affirmez dans votre
mémoire je ne me souviens pas à quelle page, je pense que
c'est à la page 7 vous affirmez qu'Hydro évoque le fait
qu'ils ne font pas leurs coûts, alors que dans la proposition tarifaire
d'Hydro à la page je pense que c'est le tableau, page 18
on sait que ça rapporte 7 %. Donc, c'est faux ce qu'Hydro vous dit comme
raison puisqu'ils font leurs frais par rapport aux coûts. Et puis, vous
autres chez vous, est-ce que le tarif D c'est rentable?
M. Veilleux: Nous autres, on a... Ça dépend,
ça va varier d'un réseau à l'autre. Dans le cas de
Sherbrooke, si je ne me trompe pas, c'est au-delà de 80 % de notre
réseau qui sont des abonnés au tarif D et, effectivement, c'est
avec ces abonnés-là que nous faisons notre profit. Dans les
autres réseaux, ça va varier dépendam-ment que ce sont des
centres-villes ou non mais, effectivement, pour nous, le tarif D est un
élément où on...
M. Chevrette: ...coûts de fourniture. Est-ce que c'est
indiscret de vous demander la marge?
M. Veilleux: La marge de profit...
M. Chevrette: Ça dépend probablement d'une ville
à l'autre, mais...
M. Veilleux: Oui. Bien, c'est ça. En fait, je pense que le
tableau que...
M. Chevrette: Proposition tarifaire, c'est le livre blanc. (20 h
40)
M. Veilleux: En fait, si je peux parler de la ville de
Sherbrooke, mais c'est tellement difficile. Je peux vous donner une
réponse, mais je vais vous l'expliquer par trois facteurs. C'est que le
réseau que je connais le mieux, évidemment, c'est celui de
Sherbrooke. La rentabilité nette du réseau de Sherbrooke est
reliée à deux autres facteurs importants qui sont la production
des centrales. Étant donné que nous achetons au tarif L, le tarif
L nous apporte de fortes surprimes en période de grande consommation
d'hiver, mais nos centrales nous permettent d'écrêter nos pointes
et de réduire de beaucoup ces consommations, ces achats
d'électricité. Et, deuxièmement, il y a aussi tout le
délestage en biénergie que nous faisons de nos abonnés,
soit dans l'institutionnel, le commercial et le résidentiel qui viennent
aussi écrêter.
Donc, si ce n'était de cela, de ces deux facteurs-là,
évidemment, les profits nets que nous retirerions de notre réseau
seraient diminués de quelques millions de dollars, mais toutes les
simulations qu'on a faites à date pour essayer de trouver une
réponse à ça, on n'a pas pu la trouver. On sait fort bien
qu'on sauve beaucoup d'argent avec nos centrales, qu'on en sauve avec nos
délestages. Alors, le profit net de Sherbrooke, on parlait de 1990, vous
aviez des chiffres pour 1990 ce matin qui étaient peut-être de 9
000 000 $ disons, peut-être qu'ils auraient été de 6 000
000 $ si ce n'eût été des centrales et de la
biénergie. Évidemment, on fait aussi de l'argent avec nos
abonnés au tarif M et au tarif G, grande puissance et moyenne puissance,
mais on en fait majoritairement sur le domestique, il n'y a aucun doute
là-dessus.
M. Chevrette: Je vous réfère à la page 18 de
la proposition tarifaire pour 1993-1994, vous regarderez la marge
bénéficiaire d'Hydro-Québec en ce qui regarde le tarif D,
c'est un rendement de 7 %. Quand ils vous disent qu'ils ne couvrent pas les
coûts de fourniture, c'est faux, complètement faux. C'est eux
autres mêmes qu'ils l'écrivent. C'est pour ça que je trouve
drôle que vous arguiez que ce soit leur position de départ quand
ils négocient avec vous. Il y a de la mauvaise foi en quelque part
là.
M. Veilleux: Disons que, dans notre cas, on n'est pas
équipés là pour faire la distinction sur la marge
tarifaire de chacun de nos tarifs comme Hydro-Québec peut le faire. On
ne peut pas savoir ce qui est dans le D, ce qui est dans chacun des tarifs. On
n'a pas les instruments pour répondre à ça,
malheureusement.
M. Chevrette: O.K.
M. Martel: Nous sommes peut-être dans une situation un peu
différente, nous, à Jonquière, compte tenu de 96 %
c'est bien ça? de résidentiel.
M. Jean: Peut-être que je peux répondre à
votre question concernant la question, on peut dire, de profits nets. Si vous
regardez comme telles les 10 villes qui restent présentement à
l'AREQ, pas une n'a la même configuration au niveau clientèle,
à part le fait, peut-être, qu'il y a énormément de
résidentiel, ça, c'est une chose. Si vous regardez une ville
comme Westmount qui est à forte densité résidentielle et
commerciale et puis un réseau qui n'est pas tellement étendu,
donc, on parle de densité à ce moment-là, au niveau de
distribution. Si vous parlez d'une ville comme Baie-Comeau qui est dans le
Grand-Nord, avec des hivers très froids et des étés plus
ou moins chauds, et, si vous regardez une ville comme Jonquière qui a 60
000 de population, avec une pointe de 120 MW en hiver et 42 MW en
été, vous voyez les écarts, comparés,
peut-être, à des villes plus au sud, exemple, Sherbrooke qui a des
hivers relativement doux et des étés très chauds.
En même temps, on regarde la question de tarification et de
profits nets, nos coûts d'achat versus nos coûts de vente. Nos
coûts d'achat, c'est le tarif L de grande entreprise avec des surprimes
d'hiver et puis il y a une tarification qui est faite pour la grande industrie
qui peut refiler dans ses produits finis le coût, comme tel, de ses
coûts d'achat. Nous, au niveau des villes on a le tarif L de grande
entreprise qui, bon an mal an, change au niveau de la grille de tarification.
D'ailleurs, depuis 1989, il y a eu beaucoup de changements. Puis, on a le tarif
domestique, général et moyenne puissance pour être capables
de contrebalancer notre prix d'achat. Entre les deux, il existe ce qu'on
appelle notre configuration de clients qui sont les domestiques; donc, presque
90 % de nos cliens et puis le mélange comme tel de commercial et de
mini-industries.
Ça veut dire qu'il n'y a pas vraiment une ville qui a le
même pourcentage de revenus nets étant donné qu'il n'y a
pas une ville qui a la même configuration de clients au niveau de la
répartition. Comme le G comme tel et le M génèrent une
certaine partie de profits qui sont normalement beaucoup supérieurs
selon F interfinancement d'Hydro-Québec au D et qu'il n'y a pas une
ville qui fait le même pourcentage de profits une par rapport à
l'autre... Il y a aussi sa situation géographique. Les villes du
Grand-Nord ont des pointes qu'on appelle des demandes d'appel de
puissance beaucoup supérieures en écart par rapport
à leurs pointes d'été que les villes plus au sud. Donc,
donner le «pattern» général d'une ville en
particulier, ou donner, oui, les villes font 10 %, 15 % ou 17 % de profit, ce
serait presque analyser à la pièce ce qu'un réseau
municipal peut être. Si vous avez aussi des réseaux qui ont des
branches plus au niveau des campagnes, à ce moment-là, la
rentabilité devient encore beaucoup plus affectée. C'est
d'ailleurs une des raisons pour lesquelles Hydro-Québec peut sortir 7 %
au niveau du domestique; si vous prenez l'ensemble des clientèles
domestiques qui incluent les villages et les rangs, à ce
moment-là, la rentabilité peut diminuer. Donc, il y a à la
fois la distri- bution géographique et démographique qui peut
changer les profits d'une ville à l'autre.
Le Président (M. Audet): Merci.
M. Chevrette: Non, mais Hydro, c'est sur le global. Je
reviendrai.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Kamouraska-Témiscouata.
Mme Dionne: Oui, M. le Président, j'aurais trois questions
à poser. Alors, peut-être que, l'un ou l'autre vous pourriez y
répondre. La première c'est sur l'efficacité
énergétique. En page 8 de votre mémoire, vous dites que
certains réseaux de l'AREQ ont mené des initiatives très
heureuses en matière d'efficacité énergétique. Le
délestage que vous effectuez vous permet d'éviter une partie des
frais causés par les modalités du tarif L. Ma question: Est-ce
que vous croyez que ces mesures seraient aussi rentables pour vos
réseaux si votre structure de coûts, c'est-à-dire
essentiellement le tarif grande puissance, ne comportait pas les contraintes
que vous dénoncez? Je ne sais pas qui peut nous...
M. Veilleux: Effectivement, c'est qu'en plus de réduire la
demande d'électricité au niveau du Québec quand on fait du
délestage chez nos abonnés et l'ensemble des réseaux, je
ne me souviens pas, au-delà peut-être de 1500 abonnés en
biénergie maintenant, ça soulage, disons, le problème de
pointe d'Hydro-Québec. C'est évident qu'en plus ça
réduit nos périodes de pointe. Ça réduit notre
coût aux périodes de pointe, mais les réseaux municipaux
vont toujours continuer à faire cet effort-là parce que,
inévitablement, c'est un problème québécois et je
pense qu'on n'a pas le choix que d'embarquer. Disons que c'est la survie de nos
ressources naturelles qui est en cause et les réseaux embarquent dans ce
projet de biénergie et d'efficacité
énergétique.
Mme Dionne: Quand on dit certains réseaux, ce n'est pas
tous les réseaux qui en font, mais vous envisagez que tous les
réseaux vont en faire dans un avenir rapproché?
M. Veilleux: Oui. Selon la demande des abonnés,
l'implantation des programmes de Bi-Énergie Nouvelle, entre autres,
c'est fait. Pour l'ensemble des autres programmes d'efficacité
énergétique, ça, c'est fait. Le programme ÉCOKILO,
par exemple, a été implanté dans presque la
majorité des réseaux municipaux.
Mme Dionne: O.K. Ma deuxième question, ça suit
peut-être celle que la ministre vous a posée tout à
l'heure. Vous avez parlé de délimitation territoriale et tout
ça et, dans votre quatrième recommandation, vous demandez que le
ministère garantisse l'intégrité territoriale de chaque
réseau. Je voudrais que vous m'expli-
quiez davantage ce en quoi l'intégrité est menacée
et c'est quoi le lien entre la délimitation dont vous avez parlé
avec la ministre tout à l'heure dans votre autre recommandation.
M. Veilleux: En fait, c'est plutôt une prévention,
je dirais, pour l'avenir qu'un problème qu'on vit actuellement. C'est
que, dans le passé, dans les années 1982, 1983, 1984, 1985,
Hydro-Québec avait fait une vente de feu d'énergie
excédentaire en offrant des conditions extrêmement
intéressantes pour les entreprises et, pour les réseaux
municipaux, ça impliquait de construire des parties de réseaux
pour aller alimenter à perte des entreprises ou des institutions
à l'intérieur de leur territoire, et les réseaux
municipaux ne pouvaient pas le faire. Alors, ils ont été
obligés, par la force des choses, pour ne pas pénaliser des
citoyens, des entreprises de leur ville, de laisser aller certains de ces
abonnés-là vers Hydro-Québec. Dans le fond, ce qu'on veut
souligner là-dedans, c'est qu'on souhaiterait qu'une telle chose ne se
reproduise pas à l'avenir.
Mme Dionne: Sans consultation, à tout le moins
entente.
M. Veilleux: C'est ça.
Mme Dionne: O.K. Ma dernière question, M. le
Président, ça touche les sites de production
hydroélectrique. Vous affirmez, dans le préambule de votre
recommandation 5, que le programme gouvernemental des petites centrales
hydroélectriques a manifestement été conçu sans
tenir compte du potentiel de contribution des réseaux municipaux. Ma
question c'est: Est-ce à dire que vous considérez l'initiative du
gouvernement à cet égard comme un élément de
concurrence aux activités des corporations municipales plutôt
qu'un complément, surtout dans les nombreux cas où il n'existe
pas de réseau municipal?
M. Veilleux: Non, en fait, ça ne va pas si loin que
ça. C'est tout simplement que... Actuellement, c'est qu'il y a un
règlement qui interdit aux réseaux municipaux, même ceux
qui sont organisés, qui ont déjà de la production comme
Sherbrooke, Magog, Coaticook et Jonquière, de se prévaloir du
programme mis à la disposition des petites centrales. Nous croyons,
étant donné l'expertise que nous avons développée
chacun chez nous dans ce domaine-là, que nous devrions au moins
être pris en considération lorsqu'une nouvelle centrale devient
à la disposition du public, au moins être capables de faire notre
offre de services et de démontrer que nous sommes capables d'en faire
une bonne gestion pour les années futures.
Mme Dionne: Que les corporations municipales puissent le faire au
même titre que toute autre entreprise privée.
M. Veilleux: Que l'entreprise privée. C'est ça,
exactement.
Mme Dionne: Merci. (20 h 50)
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Laviolette.
M. Jolivet: Merci, M. le Président. J'étais
présent en 1990. Alors, la situation de crise de 1990 est bien
différente de celle de ce soir. Je pense que vous aviez craint, à
ce moment-là, la force d'Hydro-Québec pour vous faire
disparaître comme elle avait essayé de le faire, comme vous en
faisiez mention, par des ventes de feu, d'une certaine façon, mais en
invitant aussi les municipalités, en offrant des avantages, à se
départir de leurs réseaux, dans certains cas, de distribution en
particulier.
La semaine passée je reposais la question ce matin
à l'Union des municipalités M. Veilleux, je crois, a dit
tout à l'heure qu'il y avait Magog qui avait acheté ou je ne sais
pas, dans ce coin-là, un nouveau réseau de fabrication
d'électricité, des barrages. Je ne sais pas si vous êtes au
courant que, en vertu de la loi d'Hydro-Québec, elle a le droit d'en
acheter des municipalités, mais qu'en vertu de la loi des Affaires
municipales on nous a parlé... On attend toujours ce document-là
qui est une opinion légale dans laquelle on indique que,
désormais, les municipalités n'ont plus de droit de vendre de
l'électricité à Hydro-Québec. Alors, ça ne
vous touche probablement pas, parce que vous avez des droits acquis, si on peut
l'utiliser comme tel.
Mais est-ce que, si c'était réel, ça vous
inquiète pour les autres municipalités qui voudraient avoir des
petits barrages et fournir en conséquence? Est-ce que vous avez
été mis au courant de cette opinion légale?
M. Veilleux: En fait, la situation actuelle et,
là-dessus, il y a un comité qui vient d'être formé,
qui va commencer à discuter de dossiers c'est que les
municipalités n'auraient pas le droit de vendre de l'énergie
à Hydro-Québec. C'est à peu près ça. Et,
là-dessus, les avocats vont se disputer longtemps, et c'est pour
ça qu'il ne faut pas chercher la solution chez les avocats.
En fait, ce qu'on demande, nous autres, ce qu'on dit là-dedans,
dans notre mémoire, puis ce qu'on demande tout simplement, c'est que,
quand une municipalité part une nouvelle centrale ou remet en fonction
une centrale déjà existante, l'apport au bilan
énergétique du Québec de cette centrale-là est
aussi important pour Hydro-Québec que si c'est une entreprise
privée qui le fait. Alors, il y a des entreprises privées qui
vendent de l'énergie à Hydro-Québec et qui en
achètent aussi dans la génération combinée, pour
utiliser le mot anglais, toujours. Et il y a des contrats de vente
d'énergie à Hydro-Québec à des tarifs de
coûts évités pour la construction de Grande-Baleine et
elles achètent de l'électricité au tarif L pour leur
utilisation.
Alors, nous autres, ce qu'on dit, c'est qu'on aimerait avoir la
même possibilité. C'est que quand on ajoute une nouvelle
capacité on ne parle pas de la production existante la
nouvelle capacité de production, Jonquière repart sa centrale
désaffectée depuis quelques années, qu'elle puisse
vendre... être créditée, dans un sens, comme d'autres
compagnies le sont, pour la même valeur que si c'était une
entreprise privée qui achetait ce qui... héritait de cette
centrale.
M. Joli vet: ...de préemption, c'est-à-dire avoir
le choix de partir une centrale nouvelle, à ce moment-là, est-ce
la crainte que vous pourriez avoir, compte tenu de l'opinion légale que
les Affaires municipales ne vous donneraient pas la permission au niveau des
municipalités?
M. Veilleux: II semblerait, en tout cas, qu'il y aurait un
règlement où la loi interdirait... Maintenant...
M. Jolivet: ...la loi?
M. Veilleux: Je pense que le Parlement est là,
l'Assemblée nationale est là pour changer des lois.
M. Jolivet: O.K.
Le Président (M. Audet): II reste une minute.
M. Chevrette: Une minute et demie?
Le Président (M. Audet): À peu près!
M. Chevrette: C'est ça. Premièrement, si je lis
votre mémoire, je comprends que, dans un premier temps, vous en avez
contre les primes d'hiver. Deuxièmement, vous craignez
également... pas vous craignez, vous constatez que vos efforts de
délestage ne sont pas récompensés à leur juste
valeur, si je lis bien votre mémoire, toujours. Troisièmement,
vous craignez les répercussions de l'achat de
l'électricité privée et puis, par contre, vous n'osez pas
trop parler, parce que vous dites: Tout est en négociation puis c'est
difficile, puis ce n'est pas facile! En un mot, quel est votre message que vous
voulez nous passer?
M. Veilleux: Un mot?
M. Chevrette: Ah! en deux mots. Ecoutez, c'est une façon
de s'exprimer. Vous savez très bien que je n'oserais brimer un
maire!
M. Veilleux: C'est très clair que le tarif L nous cause
préjudice à l'heure actuelle, parce qu'on est perçu comme
un client industriel alors qu'en réalité M. Jean l'a fort
bien illustré tout à l'heure on a 96 % de
résidentiel chez nous. Alors, c'est évident que si la manoeuvre
d'Hydro-Québec qui visait à faire en sorte que tout le monde
s'électrifie et que tout le monde se chauffe à
l'électricité réussit, bien là, ça nous
crée de sérieux problèmes dans le sens où il faut
se fixer quelque part où on doit, d'une part, acheter, souscrire
à de l'électricité que l'on ne consomme pas et qu'à
toutes fins pratiques on exporte l'été et payer des surprimes
épouvantables précisément parce que la manoeuvre a
réussi. Je ne prétends pas... Je ne veux pas porter un jugement
sur l'importance ou pas de la manoeuvre. Je n'ai pas la compétence pour
le faire mais je sais une chose, c'est que ça nous coûte
très cher. Parallèlement à cette situation-là, je
dois dire que, au fond, des grands projets... Non, ce bout-là, je ne
vous le dirai pas parce que, là, je trahirais mon rôle de 1er
vice-président. Ce serait plus personnel. Je le dirai en d'autres temps.
Mais, en tout cas, ça, je peux vous dire que... Merci.
M. Chevrette: Moi, je serais désireux de tout savoir, par
exemple.
Le Président (M. Audet): Merci. Je vais maintenant
reconnaître M. le député de Drummond.
M. St-Roch: Merci, M. le Président. Oui, puis je partage
vos craintes parce que lorsque je regarde ces fameuses pointes d'hiver
là... Lorsqu'on regarde à peu près les statistiques, 44 %,
en 1981, des résidences au Québec étaient chauffées
à l'électricité, 73 % en 1992. Lorsqu'on regarde, à
la page 66 du document 6 d'Hy-dro-Québec sur la demande, qu'on voit que,
vers l'an 2010, on se dirige vers 82 %, alors, il ne semble pas y avoir
d'indication que le phénomène de se chauffer à
l'électricité au Québec est à la baisse. Alors,
vous avez raison d'être inquiets, dans l'avenir, avec ces fameuses
pointes d'hiver là.
Moi, j'aimerais revenir au niveau de la cogénéra-tion.
Ça m'a surpris, dans votre mémoire, vous avez été
silencieux. Vous n'avez pas parlé de demande ou de possibilité
d'intervention que vos municipalités, vos réseaux puissent entrer
dans ce cercle-là de la cogénéra-tion qui pourrait
peut-être vous aider à minimiser vos coûts. Est-ce que c'est
à l'étude ou si vous vous en tenez strictement à
l'hydroélectricité?
Une voix: Je peux répondre là-dessus.
M. Martel: Oui. Mais j'aimerais quand même terminer sur ce
que j'avais dit tout à l'heure, sans entrer dans des
intérêts trop spécifiques. Ce que je veux dire, c'est que,
quand je parle de porter préjudice, assez curieusement...
Évidemment, la nationalisation de l'électricité a fait en
sorte que, partout au Québec, on ait des tarifs, on ait accès
à un même service. Ça, je le comprends très bien.
Sauf que, quand je regarde puis que je caricature évidemment, la
meilleure façon de comprendre les affaires, c'est encore parfois de les
caricaturer quand je regarde la façon dont ça se dessine,
avec le tarif L, nommément, assez curieuse-
ment, plus vous vous approchez des barrages à l'extrême
nord, plus vous êtes désavantagés par rapport à
ça. Et plus on s'en va vers le sud, plus c'est avantageux d'investir
dans un réseau parce que le retour sur l'investissement est bien
meilleur puis les contraintes de marges sont beaucoup moins fortes. Et on est
tenus à des gymnastiques difficiles. Et je vous dirai... Et je n'ai pas
suffisamment investi... Je n'ai peut-être pas insisté davantage
là-dessus tout à l'heure, mais je pense que l'efficacité
que l'on a dans notre réseau, on la doit en grande partie à la
qualité de notre personnel, à la proximité de nos services
à notre population et d'être très près. Puis, on a
développé, certes, une expertise, sauf que ça ne nous a
pas beaucoup aidés à travers le temps. Et je dois dire, à
ce chapitre-là, que... Pour revenir à ce qu'on disait tout
à l'heure, moi, j'espère qu'on apportera certains petits
correctifs pour faire en sorte qu'on ne sera pas pénalisés sur la
petite centrale. J'ai eu l'occasion de m'entretenir avec... Et j'ai eu
l'impression d'avoir eu une oreille attentive. Mais j'espère très
sincèrement qu'on ne sera pas pénalisés à ce
chapitre-là.
M. Veilleux: Je vais répondre à la question de M.
le député de Drummond. Pour se lancer dans la
cogéné-ration, ça prend un acheteur de vapeur et ce n'est
pas n'importe qui qui, finalement, est un acheteur de vapeur. Ça fait
qu'il faut regarder dans nos villes qui est un acheteur potentiel de vapeur et,
à date, en tout cas, on n'en a pas vu. Il va s'en faire près de
Sherbrooke, Windsor, Brompton, mais c'est un peu loin de notre réseau.
Alors, c'est la raison pour laquelle on ne peut considérer cette
option-là.
Le Président (M. Audet): Merci. Vous avez d'autres
commentaires à ajouter? Ça va? O.K.? Alors...
M. Jean: S'il vous plaît...
Le Président (M. Audet): Oui?
M. Jean: Juste un commentaire, justement. Au niveau de la
cogénération, dans les réseaux de l'AREQ, il y avait
déjà la ville d'Alma dans laquelle il y avait ce qu'on appelle
une usine de pâtes et papier, l'usine Price, nommément Price Alma.
Vous avez aussi Price Kénoga-mi qui a déjà
présenté des projets de cogénération.
C'étaient d'ailleurs, comme disait Gilles, deux clients qui
nécessitaient justement de la vapeur. Eux avaient nécessairement
des rénovations à faire dans la section des bouilloires
électriques. Ça fait qu'ils ont déjà parti ce
projet-là pour, justement, assurer la survie de leur usine. Je te dis
qu'après, là, les réseaux municipaux, une fois que ces
deux clients-là sont écartés, les clients de vapeur, comme
dirait M. Veilleux, il n'en existe plus. (21 heures)
Le Président (M. Audet): D'accord. Merci beaucoup...
M. Chevrette: Je peux faire une suggestion... Le Président (M.
Audet): ...alors, au nom...
M. Chevrette: Vous pourriez peut-être signer des contrats
secrets.
Le Président (M. Audet): Alors, au nom des membres de la
commission, je vous remercie sincèrement de votre présentation.
Je vous souhaite bon retour chez vous. Merci. Alors, afin de permettre au
groupe Héliojoule de prendre place, nous allons suspendre nos travaux
deux minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 1)
(Reprise à 21 h 4)
Le Président (M. Audet): La commission reprend ses
travaux. Nous recevons maintenant Héliojoule. Alors, monsieur, je vous
souhaite la plus cordiale bienvenue. Je vous rappelle brièvement nos
règles de procédure. Vous disposez d'une vingtaine de minutes
pour votre présentation.
M. Downs (Anthony Conway): Oui.
Le Président (M. Audet): Ensuite, suivra un échange
qui durera environ une quarantaine de minutes. Alors, si vous voulez vous
présenter, monsieur...
M. Downs: Oui.
Le Président (M. Audet): ...et nous faire part de votre
présentation.
Héliojoule
M. Downs: Peut-être, M. le Président, que je
pourrais juste lire le résumé, comme point de départ.
Le Président (M. Audet): D'accord.
M. Downs: Le pourcentage de femmes parmi les employés
n'augmente que lentement, mais il augmente sûrement auprès
d'Hydro-Québec. On constate qu'à l'échelon de
vice-président ou l'équivalent il n'y a presque pas
d'anglophones. En général, les emplois ont été
créés... Le seul critère d'embauché devrait
être les aptitudes du postulant ou de la postulante pour la tâche
à accomplir.
L'approche d'Hydro-Québec envers la recherche et le
développement manque de rigueur et bénéficierait d'une
injection de savoir-faire des experts-conseils externes qui se
spécialisent dans la gestion de la R et D corporative.
Le plus important client d'Hydro-Québec, c'est
Hydro-Québec elle-même et il pourrait bien y avoir des
économies possibles dans sa consommation interne.
La légende qui dit que les industries énergivores sont de
nature gaspilleuse est enterrée une fois pour toutes, j'espère.
La contribution à la conservation d'énergie que peut faire la
famille moyenne semble modeste.
L'auteur critique sévèrement le projet qui va coûter
2 000 000 000 $ et qui a comme thème «La conservation
d'énergie et la gestion de la consommation». Il le
caractérise comme étant le marketing à l'envers, une
stratégie négative qui cherche à freiner la croissance
d'Hydro-Québec. D'une économie de 4 400 000 000 de kWh
visée pour les deux années 1991-1992, moins que 1 000 000 000 fut
réalisée. Si le projet réussit, la taxe de vente sur
l'électricité perçue par le gouvernement du Québec
sera diminuée de 50 022 000 $ en 1999.
Les exportations sont médiocres, avec des ventes hors
Québec inférieures à celles de 1973, à un niveau
qui persistera jusqu'au prochain siècle.
L'affirmation que la restructuration graduelle des tarifs permettra
à la clientèle de réduire sa facture
d'électricité est fausse. L'auteur cite la Seattle City Light
comme étant une entreprise modèle qu'Hydro-Québec devrait
essayer d'égaler. Leur électricité est vendue à
moitié prix aux retraités et aux personnes démunies et le
prix global moyen n'a grimpé que de 2 % en six ans.
Je ne veux pas lire le mémoire au complet. Juste quelques
commentaires sur chaque opinion ici. Le mot «orientation» me frappe
comme malheureux parce que «orientation» pour moi veut dire une
direction, puis prendre deux directions différentes, c'est un peu un
cauchemar. J'aurais aimé voir le mot «initiative» ou
«action» ou quelque chose de même. Je constate que,
finalement, j'ai été pris avec 800 pages de documentation
à étudier, tandis qu'il y a trois ans, lorsque j'avais soumis un
mémoire, il y avait juste ce document, 140 pages à
étudier.
Une autre chose, mon approche a été basée sur les
rapports annuels, puis, bien sûr, le rapport annuel pour l'année
passée n'est pas encore disponible, ce qui a été un peu un
handicap. Le point que j'aimerais faire concernant les consultations, je crois
que l'expression «chacun son métier» puis j'ai peur que, si
les personnes comme moi ou les groupes d'intérêt spécial
dominent la situation, il y ait un danger de diminuer la responsabilité
et l'autorité aux directions d'Hydro-Québec. (21 h 10)
Parlons maintenant de la recherche et développement. Je trouve
qu'il n'y a pas de chiffres pour expliquer' combien d'argent est
consacré à ce sujet. Les comptes de dépenses sont en
pourcentage au lieu d'être en dollars. Ce n'est pas tout à fait
clair comment l'argent sera utilisé. Je contraste le budget
d'Hydro-Québec d'une centaine de millions avec celui de l'Association
canadienne d'électricité qui est juste d'à peu près
16 000 000 $ par année, puis l'Association a à peu près
une soixante de projets par année. Donc, je suggère
qu'Hydro-Québec fasse appel aux experts-conseils.
Maintenant, la question de l'utilisation de l'électricité
dans la maison. Je cite deux petites anecdotes: la pomme de douche qui a
été un échec chez moi et aussi les ampoules fluorescentes
qui, pour ceux qui chauffent à l'électricité, ne sont pas
rentables pour le moment. Peut-être que le prix va baisser
tantôt.
La chose qui m'inquiète le plus, c'est la conservation
d'énergie et la gestion de la consommation. Je suis un consommateur
d'électricité, puis la manière dont je la consomme, c'est
à moi de décider ou ma famille de décider, puis
qu'Hydro-Québec propose de contrôler ma consommation d'une
manière ou d'une autre, je trouve ça inacceptable.
Hydro-Québec, leur mandat, qui date depuis 1944, c'est de vendre de
l'électricité au plus bas prix possible et d'une manière
fiable. Je ne suis pas contre l'efficacité énergétique,
mais je trouve que c'est une affaire pour les architectes, les
ingénieurs ou les physiciens qui conçoivent les
réfrigérateurs et climatiseurs d'air, les maisons, etc., etc.
Hydro-Québec ajuste à fournir l'électricité puis...
Je viens juste de dire chacun son métier. Ça, c'est leur
métier, ça, c'est leur préoccupation, je dirais.
Exportations. Il n'y a pas grand-chose à dire. Ils sont
décevants. Je ne sais pas qu'est-ce qu'Hydro-Québec propose. Ils
parlent de favoriser les exportations. Qu'est-ce que ça veut dire? Je ne
sais pas.
Un dernier point. Cette restructuration, il y a trois changements
proposés: un dans le tarif D. Probablement que tout le monde ici paie.
Il va y avoir une petite augmentation qui m'aurait coûté
peut-être 3 $ ou 4 $ sur ma dernière facture. Il y a une petite
minorité de la clientèle qui utilise la biénergie, une
fournaise essentiellement à l'électricité, mais en hiver,
en plein hiver, quand il fait très froid, il y a un brûleur
d'huile ou de gaz naturel ou propane. Ces personnes-là, à l'heure
actuelle, sont privilégiées, elles ont fait un investissement,
elles ont reçu une jolie subvention d'Hydro-Québec, elles sauvent
240 $ par année à l'heure actuelle. Leur tarif a grimpé un
petit peu. Hydro-Québec admet que ça va leur coûter 40 $
par année, mais elles vont être toujours en avance sur le client
ordinaire. Puis, troisièmement, Hydro-Québec parle d'un tarif qui
est vraiment difficile à saisir, tellement compliqué que le
cadran... excusez, le compteur va coûter 42$ de plus par année,
juste pour mesurer l'électricité selon la température,
selon la journée de la semaine, selon l'heure du jour. Vers minuit, le
prix va baisser.
Donc, je n'ai pas pris tout à fait mes 20 minutes, M. le
Président, mais, au lieu de continuer et de casser le français,
ce serait peut-être préférable que j'essaie de
répondre à vos questions ou objections.
Le Président (M. Audet): Pas de problème. Ça
allait très bien, monsieur. Alors, on peut procéder à la
période de questions. Je vais maintenant reconnaître Mme la
ministre de l'Énergie et des Ressources.
Mme Bacon: Alors, j'aimerais, M. Downs, vous remercier pour vos
commentaires. Je pense que vous avez soulevé plusieurs questions qui
méritent d'être analysées plus attentivement,
spécialement en ce qui concerne le résultat des programmes
d'économie d'énergie et la recherche et le
développement.
Vous semblez reprocher à Hydro-Québec d'être
allée loin en ce qui concerne la consultation publique, dans votre
document. Vous affirmez, concernant la responsabilité
d'Hydro-Québec en ce qui touche la planification électrique de
Québec, et là je vous cite: «The utility must not allow
this responsibility to be usurped by public-relations specialists who then
delegate it to the people». Moi, j'aimerais que vous me précisiez
votre pensée à ce sujet-là; sur la planification et le
développement du secteur de l'électricité au
Québec, est-ce que ça ne laisse pas de place à certains
choix de société que seule une consultation publique peut
préciser? Il y a des moments où on a besoin de consulter la
population.
M. Downs: Oui, si c'est fait sincèrement en cherchant les
idées, mais je trouve difficile à comprendre que les
ingénieurs, les scientifiques, les comptables et la haute direction
d'Hydro-Québec... ils n'ont pas besoin de consulter le public. Certes,
inviter leurs commentaires ou faire des sondages Gallup ou Crop ou quelque
chose de même, mais d'inviter quelqu'un comme moi par exemple. Bon, M.
Downs, qu'est-ce qu'il faut faire à Hydro-Québec? Parce que,
quand on lit leur rapport de consultation, vous avez les pensées, les
suggestions et les opinions des groupes ou des personnes ordinaires, puis
après ça vous avez les réponses d'Hydro-Québec qui
donnent l'impression qu'Hydro-Québec écoute parce qu'ils ne sont
pas certains où aller. Donc, c'est bon de consulter le public, mais j'ai
de grandes réserves à ça. Les chirurgiens à
l'hôpital Sainte-Justine ne consultent jamais les gens ordinaires sur
comment ils devraient faire et organiser leurs salles d'opération.
Mme Bacon: On dit qu'ils enterrent leurs erreurs. Je ne me ferai
pas d'amis avec mes amis chirurgiens. Je voudrais peut-être revenir
là-dessus parce que ça nous a été demandé
à la dernière commission parlementaire, qu'Hydro-Québec
consulte davantage. C'est pour ça qu'on a demandé à
Hydro-Québec de faire une grande série de consultations avant de
venir nous présenter à nous, ici, leur plan de
développement. Et ça, ça a été
demandé par tous les groupes qui sont venus nous rencontrer à la
dernière commission parlementaire.
M. Downs: O.K. D'accord.
Mme Bacon: Vous différez d'opinion?
M. Downs: Oui, oui.
(21 h 20)
Mme Bacon: Vous êtes surpris qu'après 50 ans
d'existence il soit encore possible d'identifier 32 avenues de progrès
à poursuivre et vous considérez que ces avenues-là ne sont
pas convergentes mais plutôt divergentes et vous pensez qu'elles sont le
reflet de 109 groupes d'intérêts consultés on
revient encore à la consultation publique et pas celui d'experts
d'Hydro-Québec. Est-ce que vous pourriez nous expliquer en quoi ou de
quelle façon les orientations proposées par Hydro-Québec
sont divergentes?
M. Downs: Les propositions d'Hydro-Québec sont les
réponses.
Mme Bacon: Elles ne convergent pas selon vous?
M. Downs: II n'y a pas de conflit entre HydroQuébec et les
groupes consultés. Tout est harmonie, et je suis soupçonneux d'un
tel état d'affaire. Mme Bacon, je parle, dans le mémoire, de la
Seattle City Light.
M. Chevrette: Ça n'a pas d'allure!
M. Downs: Pas d'allure?
M. Chevrette: Excusez, je parlais aux gens d'Hy-dro
là-bas.
M. Downs: Pardon?
M. Chevrette: Je disais aux gens d'Hydro que ça n'avait
pas d'allure d'avoir une harmonie de même. Je m'adressais aux gens
d'Hydro.
M. Downs: Je vais m'adresser à...
Mme Bacon: Non, non, continuez à nous parler, M.
Downs.
M. Downs: On parle de consultation. Maintenant, à Seattle,
c'est une compagnie comme Hydro-Québec...
Mme Bacon: Public utility.
M. Downs: ...et maintenant les citoyens sont assis autour de la
table avec les membres de la Seattle City Light. Il y a un forum public pour
établir les taux et, ici, Hydro-Québec décide, demande la
permission du gouvernement tandis qu'à Seattle c'est beaucoup plus
démocratique. Il y a vraiment... Bien, le public est impliqué en
déterminant les taux. C'est vrai que la Seattle City Light a le dernier
mot, mais les citoyens sont sur un comité de fixation, de calcul des
prix.
Mme Bacon: Mais vous ne trouvez pas que dans une commission
parlementaire où les élus représentent la population, vous
pensez qu'ils ne sont pas autorisés à décider ou à
recommander au gouvernement un taux, une tarification?
M. Downs: Bien, j'espère que oui, c'est vrai, j'aimerais
bien, et je référerais aux questions de
l'électricité à moitié prix pour les
démunis. Depuis le 1er février, M. Jacques Filteau, de
Cap-de-la-Madeleine, a perdu la vie par manque d'électricité.
C'est facile de blâmer M. Filteau de ne pas avoir payé son
électricité jusqu'à 3700 $. C'est aussi facile de pointer
un doigt accusateur vers Hydro-Québec, mais, au fond, c'est la
pauvreté qui a précipité cette affaire. Aux
États-Unis, elles sont matérialistes, les personnes d'affaires.
Je trouve que ça aiderait énormément dans notre situation
d'aujourd'hui.
Mme Bacon: Dans votre mémoire, à la page 10, vous
invitez l'ensemble des membres de la commission à examiner attentivement
le projet d'efficacité d'Hydro-Québec. Il est de votre avis
qu'Hydro-Québec n'est pas véritablement et je pense que
vous nous le dites très clairement dans votre mémoire
intéressée envers l'efficacité énergétique
comme une fin en soi, mais plutôt comme un moyen de décourager les
ventes d'un produit dont elle ne dispose pas en quantité suffisante en
raison de la récente faible hydraulicité qu'on a connue il y a
quelques années. Vous citez les faibles résultats obtenus
jusqu'à présent en matière d'économie
d'énergie. Pourquoi considérez-vous qu'Hydro-Québec n'est
pas véritablement intéressée par les économies
d'énergie quand on pense qu'elle a un budget de 1 800 000 000 $ pour son
dossier d'économie d'énergie?
M. Downs: Mais Hydro-Québec manque
d'électricité parce qu'elle manque d'eau. Il manque de neige et
d'eau de pluie. Donc, Hydro-Québec, il faut qu'elle fasse quelque chose,
et elle a opté pour ça. Je ne sais pas quelle a été
Phydraulicité ou la récolte d'eau l'année passée,
malheureusement. Est-ce que ça a été...
Mme Bacon: Ça a été bon.
M. Downs: Ça a été bon, d'accord. Donc,
à ce moment-là, on n'a pas besoin d'être
obsédés par cette efficacité énergétique,
parce que ça n'avance pas à moins que... Je cite quelque chose
que j'ai vu dans le journal, il y a un an. On n'a pas vu encore... Je ne suis
pas au courant quels ont été les résultats l'année
passée, 1992 c'est-à-dire, en ce qui concerne l'économie
d'énergie. Est-ce qu'ils avaient poigne leur cible ou est-ce qu'ils ont
manqué encore dans leurs efforts?
Mme Bacon: Non, non, mais ils ont continué. Ils ont
continué, parce qu'ils ont quand même un budget de 1 800 000 000 $
sur 10 ans. Et, au début, je pense qu'ils s'attendaient à faire
davantage sur l'économie d'énergie ou l'efficacité
énergétique. Mais, comme la population avait déjà
une discipline par rapport à l'efficacité
énergétique, les gains n'ont pas été aussi
énormes, aussi importants qu'on l'avait prévu, parce que,
déjà, la population fait un effort. Mais il faut continuer.
M. Downs: Bon, il faut féliciter la population! Mais j'ai
constaté qu'en 1991 Hydro-Québec a vendu de
l'électricité aux États-Unis à 0,027 $ le
kilowattheure. Puis ça, c'est en été probablement. En
hiver, quand nous manquons de l'électricité, est-ce qu'on n'est
pas capables de l'avoir à 0,03 $ le kilowattheure de New York ou 0,04 $?
Quand on parle du coût de l'électricité en hiver qui
remonte à 0,09 $ le kilowattheure, j'ai de la difficulté à
comprendre ça, mais je ne suis pas comptable.
Mme Bacon: Le prix ne change pas, M. Downs. Le prix de
l'électricité ne change pas. C'est la consommation qui
augmente.
M. Downs: Non mais, en hiver, s'il y a une pénurie d'eau,
puis ensuite il y a manque... que la récolte de l'eau n'est pas
adéquate, Hydro-Québec va manquer de l'électricité.
À ce moment-là, elle est obligée de l'importer ou de faire
partir la centrale thermique, qui coûte plus cher. Mais je trouve
qu'Hydro-Québec exagère un peu quand elle parle du coût en
hiver de fournir de l'électricité, leur coût, pas le
coût au client.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, j'ai quelques questions,
parce que j'ai de la difficulté à comprendre certains points.
M. Downs: C'est mon anglais, je m'excuse!
M. Chevrette: Non, non, ce n'est pas ça. C'est même
des affirmations autant dans le texte anglophone que francophone. Ce n'est pas
une question de... C'est au niveau de l'écrit même. Vous dites,
par exemple, je vous donne deux exemples: Vous dites qu'il n'y a pas beaucoup
de femmes à Hydro-Québec, et puis il n'y a pas beaucoup
d'anglophones. Mais vous dites qu'on doit engager sur une base de
compétence, sur la base de la compétence seulement.
M. Downs: Oui.
M. Chevrette: Bon. C'est un ou l'autre. Ou on discrimine
positivement pour aller chercher des femmes et pour aller chercher des
anglophones ou on va sur la compétence. Ça me semble
contradictoire. Est-ce que je fais erreur?
M. Downs: Non, non, c'est ma manière de l'exprimer. Moi,
en général, je dirais que... j'insiste que les aptitudes du
postulant ou de la postulante, parce qu'il y a des questions d'autochtones.
Dans la consultation, dans sa proposition, Hydro-Québec,
elle-même, parle d'avoir une main-d'oeuvre qui est plus une
«reflection»
de notre société québécoise. Puis moi, je
suis contre ça. Je dirais: Hydro-Québec, continuez de même
à éviter la discrimination. Puis personne ne parle des
handicapés non plus. On parle... on veut plus de femmes ou des
autochtones, des Noirs, j'imagine, les minorités, les Anglais, les
anglophones, excusez... Je dirais que, laissons évoluer naturellement la
structure à HydroQuébec.
M. Chevrette: O.K. Donc, je comprends que vous êtes
d'accord avec la politique d'Hydro-Québec puis de ne pas s'attacher aux
voeux que formulent à gauche et à droite des individus.
M. Downs: Non. (21 h 30)
M. Chevrette: O.K. Là, ça me fait un bout de
clarifié. Deuxième bout. Vous critiquez énormément
ou très sévèrement même le projet qui va
coûter 2 000 000 000 $ et qui a comme thème «la conservation
d'énergie et la gestion de la consommation».
M. Downs: Oui.
M. Chevrette: Bon! Puis vous dites: Ils n'ont pas atteint leur
pointe ou leur objectif. Je suppose que c'est ça que vous voulez
dire?
M. Downs: Oui. En autant que je sache...
M. Chevrette: O.K. C'est vrai qu'Hydro-Québec, en 1992,
1993, 1994, a changé ses objectifs. Mais, comme disait la ministre,
c'est quand même 1 000 000 000 $ point quelque chose.
Une voix: Point huit.
M. Chevrette: Point huit? C'est de l'argent en mosus,
ça.
M. Downs: Oui.
M. Chevrette: Mais qu'est-ce que vous reprochez, à ce
moment-là? C'est parce qu'ils n'ont pas d'outils de contrôle?
C'est parce qu'ils changent d'idée? C'est quoi exactement, le
reproche?
M. Downs: Bien, peut-être qu'ils étaient trop
ambitieux. J'imagine qu'ils ont regardé la consommation annuelle de 130
000 000 000. Ils ont dit: Bon, on va prendre 10 % de ça, 13 000 000 000.
Un an après, les 13 000 000 000 ont descendu à 9 300 000 000.
Puis maintenant, les 9 300 000 000... Les cibles annuelles ont
été baissées encore et encore. Cette hydraulicité,
c'est ça qui est le fond du problème. Seattle City Light, que
j'admire énormément, eux autres, ils avaient même
imposé une surcharge à cause de la sécheresse.
HydroQuébec, ils ont souffert depuis sept huit ans d'un man- que d'eau.
Pourquoi ne pas expliquer à la clientèle: Écoutez, nous
sommes obligés de monter le prix cette année, mais pour un an
seulement. Parce qu'ils l'ont fait aux États-Unis, mais ils l'ont
baissé après, Seattle City Light.
M. Chevrette: Mais en quoi Hydro-Québec aurait
été justifiée de monter sa tarification parce qu'il y
avait une faible hydraulicité si elle pouvait aller acheter sur les
marchés du Nouveau-Brunswick, de l'Ontario ou par je ne sais pas
comment on appelle l'opération d'interconnexion, là le
retour, l'hiver, de l'énergie qu'on vend l'été à
des prix qui nous permettaient, je ne sais pas, de mettre une tarification de 3
% ou de 4 %? Je ne comprends pas pourquoi on irait augmenter de façon
très chère. C'est ça que je ne comprends pas. Ce serait
l'objectif de quoi?
M. Downs: Mais pour avoir de l'argent pour acheter de
l'électricité.
M. Chevrette: Ah!
M. Downs: Je ne travaille pas pour Hydro-Québec.
M. Chevrette: Bien non, mais vous n'avez pas l'air à les
haïr. Vous voulez qu'ils dépensent à mort puis vous leur
reprochez. C'est ça que je ne comprends pas. Dans le texte anglophone,
là, Hydro devrait créer des jobs, créer des jobs,
continuer à investir, faire des projets.
M. Downs: Non, ils ont créé...
M. Chevrette: Et vous arrivez et vous dites: 1 800 000 000 $ sur
l'économie d'énergie, c'est bien trop fort. Le 1 800 000 000 $,
c'était pour améliorer le bassin d'Hydro, la capacité
d'Hydro. C'est ça que j'essaie de concilier entre mes deux oreilles.
C'est vrai qu'à cette heure-là j'ai de la misère
mais...
M. Downs: Ha, ha, ha! Mais 1 800 000 000 $ ce n'est pas pour
acheter une turbine ou bâtir une barrière. C'est pour donner aux
clients de biénergie... Je ne le sais pas... Ils m'ont envoyé une
pomme de douche gratuite.
M. Chevrette: Ha, ha, ha! M. Downs: Disons que...
M. Chevrette: Vous n'aimez pas les petits kits. Vous n'aimez pas
ça, les petits gadgets qu'ils vous envoient.
M. Downs: Ah! J'étais très fier, je l'ai
installée mais ma fille m'a dit... Excuse, c'est une anecdote. Ma
fille trouve qu'il n'y avait pas assez d'eau qui sortait de la pomme de
douche.
M. Chevrette: Ha, ha, ha! L'économie d'énergie. Ha,
ha, ha!
M. Downs: Mais si je pouvais aller un peu plus loin...
L'idée de harnacher la rivière La Grande, ça date de 1950.
C'était M. Finlayson, de Shawinigan Water and Power, apparemment. Lui
avec son équipe, ils avaient fait les études hydrographiques,
hydrologiques. Je me demande, à ce moment-là, s'il avait
regardé soigneusement les statistiques concernant la
précipitation. Moi, je vais parler avec quelqu'un qui travaille pour
Environnement Canada, un météorologue à Montréal.
Je lui dis: Est-ce qu'il y a une possibilité que tous ces calculs...
Où mettre les barrières? À quelle hauteur? Quelle
superficie des réservoirs? Est-ce qu'il y a une possibilité que
tout le monde, dans les années cinquante et les années soixante,
ont pris pour acquis que le prix tomberait comme il a toujours tombé,
parce qu'il y avait... Environnement Canada, officieusement, dit qu'il y a
très peu de données sur la précipitation dans le Nord du
Québec. Donc, peut-être, depuis les années 1950, on a
vécu avec cette menace d'un manque de précipitations. Tout d'un
coup, bien, depuis sept ans, graduellement, ça devient de pire en pire.
Jusqu'en 1991, on a manqué l'électricité d'une valeur de 1
000 000 000 $. Le manque de neige et de l'eau de pluie, c'est ça qui est
la vraie cheville d'Achille Achille's heel c'est ça qui
est le fardeau d'Hydro-Québec, et moi, je serais très content
s'ils faisaient face à ça, et nous impliquaient dans une
consultation publique, qu'on comprend.
M. Chevrette: M. St-Roch.
La Présidente (Mme Dionne): Alors, merci, M. le
député de Joliette. Par souci d'alternance, bien sûr, c'est
à mon tour.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Dionne): M. Downs... Alternance,
hein?
Une voix: ...
La Présidente (Mme Dionne): Oui, hein, merci. M. Downs,
dans votre mémoire, vous vous présentez comme le
propriétaire d'Héliojoule, hein?
M. Downs: Oui.
La Présidente (Mme Dionne): ...ayant oeuvré
à la conception d'une ligne de production de masse de 300 unités
à l'heure de panneaux solaires...
M. Downs: Oui.
La Présidente (Mme Dionne): ...et travaillant actuellement
au développement d'une utilisation finale de l'aluminium...
M. Downs: Oui.
La Présidente (Mme Dionne): ...complètement
neuve...
M. Downs: Oui.
La Présidente (Mme Dionne): ...hein? Vous travaillez donc
dans le domaine de la recherche et du développement.
M. Downs: Bien, je suis retraité, maintenant. Je suis
assis en fauteuil, comme chimiste.
La Présidente (Mme Dionne): Vous êtes
retraité? Bon. Ma question est la suivante: Est-ce que vous avez
déjà été amené à collaborer avec
Hydro-Québec dans votre domaine, là, de travail?
M. Downs: Non, non.
La Présidente (Mme Dionne): Non, pas du tout?
M. Downs: Non. Bien, je n'ai pas fait de... on ne se
connaît pas. Je n'ai pas fait de demande à HydroQuébec. Je
ne sais pas s'il y a des subventions, peut-être que je devrais
m'organiser. Je ne sais s'ils donnent les subventions, ou...
M. Chevrette: II paraît.
M. Downs: Oui?
La Présidente (Mme Dionne): Oui.
M. Downs: Bon.
La Présidente (Mme Dionne): Vous pourriez leur
écrire...
M. Chevrette: J'espère que ce n'est pas la base de
l'harmonie dont vous parliez, bon. Ha, ha, ha!
M. Downs: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Dionne): Ha, ha, ha! Il faudrait
peut-être voir, M. Downs...
M. Downs: Oui...
La Présidente (Mme Dionne): Alors...
M. Downs: ...merci, oui, pour la suggestion.
La Présidente (Mme Dionne): Ma deuxième question
est la suivante: Dans les orientations d'Hydro-Québec, il y en a une,
c'est le développement des exportations...
M. Downs: Oui.
La Présidente (Mme Dionne): ...en raison, notamment, de
leur rentabilité économique pour le Québec, et aussi parce
qu'elles procurent des revenus qui aident la société
d'État à aligner ses hausses tarifaires sur l'inflation.
M. Downs: Oui.
La Présidente (Mme Dionne): Vous affirmez, dans votre
mémoire, que les exportations d'Hydro-Qué-bec sont soumises aux
aléas de la conjoncture économique, sur laquelle la
société d'État n'a aucun contrôle.
M. Downs: Oui, oui.
La Présidente (Mme Dionne): Hein?
M. Downs: Oui, oui.
La Présidente (Mme Dionne): Alors, ma question est la
suivante: Etes-vous pour ou contre l'orientation d'Hydro-Québec, qui
croit qu'il sera possible d'exporter des quantités plus importantes au
début du prochain siècle, et que, d'ici là, la conjoncture
économique pourrait se modifier et permettre des exportations de
quantités additionnelles à plus court terme?
M. Downs: Je suis optimiste...
La Présidente (Mme Dionne): Vous êtes optimiste.
M. Downs: ...Mme la Présidente, oui...
La Présidente (Mme Dionne): À court terme, ou dans
le prochain siècle?
M. Downs: Le prochain siècle.
La Présidente (Mme Dionne): À long terme?
M. Downs: Oui, oui...
M. Chevrette: Demandez...
M. Downs: ...parce que...
M. Chevrette: Demande-lui donc pourquoi il est optimiste.
M. Downs: ...si...
La Présidente (Mme Dionne): Oui.
M. Downs: ...la sécheresse continue, il faut attendre que
nous ayons Grande-Baleine. Autrement, nous n'avons pas assez
d'électricité à vendre. Ce n'est pas la demande qui manque
à l'heure actuelle. Ha! HydroQuébec essaie de supprimer la
demande. Donc, en ce qui concerne les exportations, ça, c'est une
demande de l'extérieur. Mais j'en suis certain que l'économie va
s'améliorer; deuxième chose, espérons qu'on va avoir la
pluie que Finlayson avait prévue dans les années 1950;
trosième chose, en New York, ils vont acheter notre
électricité à 0,027 $ le kWh, parce qu'eux autres,
là-bas, ils la vendent à 0,14 $ le kWh. Donc, ils font un joli
profit en achetant de nous pour revendre aux citoyens de New York. (21 h
40)
La Présidente (Mme Dionne): Donc, vous êtes confiant
que, à cause de la demande, là-bas, aux États-Unis,
ça va augmenter, là...
M. Downs: Oui...
La Présidente (Mme Dionne): ...dans le prochain
siècle?
M. Downs: ...au début du prochain siècle.
La Présidente (Mme Dionne): Du prochain siècle.
O.K. Merci, M. Downs. M. le député de Drummond, maintenant.
M. St-Roch: Merci, Mme la Présidente. M. Downs, à
quelques reprises, vous avez émis le voeu d'avoir l'opportunité
d'être assis avec les citoyens, de participer, d'avoir plus
d'informations et d'être capable de participer au niveau de
l'établissement des taux. Il y a plusieurs mémoires jusqu'ici qui
nous ont recommandé d'avoir une commission de l'énergie qui
serait complètement indépendante, où Hydro ferait ses
propositions. Mais cette commission-là serait d'une façon
beaucoup plus large parce qu'elle regarderait toutes les formes
d'énergie. Alors, est-ce que c'est le type de commission que vous avez
en tête lorsque vous vous dites: J'aimerais être assis, être
écouté et participer à l'élaboration des tarifs et
des grandes orientations d'Hydro-Québec?
M. Downs: Ce serait une excellente idée d'impliquer les
citoyens dans le processus d'établissement des prix. Oui.
M. St-Roch: L'autre question ça va être une
dernière, M. le Président c'est au niveau de la recherche
et du développement.
M. Downs: Oui.
M. St-Roch: Vous ne semblez avoir aucune
confiance, autant dans votre document anglais que français, au
niveau de la recherche et développement d'Hy-dro-Québec, et vous
recommandez même d'aller chercher une firme d'expertise à
l'extérieur. Est-ce que c'est pour faire les grandes orientations de
recherche et développement, faire la recherche eux autres mêmes ou
faire la mise en marché des produits? Qu'est-ce que vous entendez
réellement par aller chercher à l'extérieur cette
expertise-là?
M. Downs: Juste pour structurer un peu leur recherche et
développement. Je mentionne la voiture électrique. Il y a trois
ans, dans un mémoire, j'avais suggéré
qu'Hydro-Québec pourrait acheter quelques véhicules
électriques pour étudier, adapter pour nos hivers avec beaucoup
de neige et les grands froids. Trois ans plus tard, on n'est pas plus
avancés. HydroQuébec devrait chercher, pas l'efficacité
énergétique, devrait chercher les marchés pour
l'électricité, pousser les climatiseurs en été, les
voitures électriques, pousser davantage l'hydrogène comme
carburant. M. Bourassa a été en Allemagne, il y a deux ans. Il a
rencontré Airbus, il a rencontré Mercedez-Bens. Airbus examine la
possibilité d'utiliser l'hydrogène pour les moteurs à
réacteur. Mercedez, pour remplacer le diesel par l'hydrogène.
Ça, c'est à long terme, peut-être jusqu'en 2030. Mais
n'oublions pas qu'il faut voir loin. Nous avons un contrat avec Churchill Falls
qui durera jusqu'en 2041 et, ici, on parle de trois ans. Donc, un peu de
vision. Quelque chose d'ambitieux! Je suis pour qu'on poursuive nos
études de fusion nucléaire, mais on n'en entend pas parler. Je
sais qu'il y a des recherches qui se poursuivent. Ces choses-là, pas
pour d'ici 5 ans ou d'ici 10 ans, juste recherche et développement
à très, très long terme, mais juste dans la bonne
voie.
M. St-Roch: Une dernière chose, M. le Président.
Rien au niveau de l'énergie solaire?
M. Downs: L'énergie solaire, je mentionne ça parce
que c'est quelque chose à dire de moi. Non. L'énergie solaire, il
y a des possibilités, mais pas pour Hydro-Québec. Ça,
c'est excusez des arachides. C'est un projet-pinottes. Pour une
petite ou moyenne entreprise, c'est idéal. Pas pour Hydro-Québec.
Eux autres, c'est l'électricité solaire. Moi, c'est la chaleur
solaire. Donc, le photovoltaïque, il devrait certainement...
Le Président (M. Audet): Merci. M. Downs: ...le
combustible aussi. M. St-Roch: Merci, M. Downs.
Le Président (M. Audet): Alors, ça complète
nos interventions. M. Downs, au nom des membres de la commission, je veux vous
remercier sincèrement pour votre présentation et vous souhaiter
une bonne fin de journée. Alors, nous ajournons nos travaux
jusqu'à demain matin, 10 heures.
(Fin de la séance à 21 h 45)