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(Dix heures neuf minutes)
Le Président (M. Audet): Je déclare la
séance de la commission de l'économie et du travail ouverte. Je
vous rappelle le mandat de la commission qui est de procéder à
une consultation générale sur la proposition de plan de
développement 1993-1995 d'Hydro-Québec. M. le secrétaire,
est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, M.
Bélanger (Laval-des-Rapides) par M. Philibert (Trois-Rivières);
M. Charbonneau (Saint-Jean) par M. Kehoe (Chapleau); Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata) par M. Forget (Prévost); M. Leclerc
(Taschereau) par M. Gauvin (Montmagny-L'Islet) et M. Parent (Sauvé) par
M. Fra-det (Vimont).
Le Président (M. Audet): Merci. Est-ce que les
parlementaires ont pris connaissance de l'ordre du jour?
Mme Bacon: Oui.
Le Président (M. Audet): Ça va. Est-ce que l'ordre
du jour est adopté?
Mme Bacon: Adopté. (10 h 10)
Le Président (M. Audet): Alors, je vous rappelle
brièvement le déroulement de nos travaux. Ce matin, à
10heures, pendant une heure, nous procéderons à des remarques
préliminaires, en commençant par la formation
ministérielle, l'opposition officielle et, ensuite, nous terminerons
avec m. le député de drummond. à 11 heures,
hydro-québec nous fera la présentation de son plan de
développement et s'ensuivra une période de questions, à 11
h 45 jusqu'à 12 h 30, des questions sur la qualité du
service.
Alors, je veux souhaiter la plus cordiable bienvenue aux gens
d'Hydro-Québec et nous allons immédiatement débuter nos
travaux. J'invite Mme la ministre, responsable du dossier de l'énergie,
dans ses remarques préliminaires.
Déclarations d'ouverture Mme Lise Bacon
Mme Bacon: M. le Président, mes chers collègues, il
nous fait certainement plaisir de vous souhaiter la bienvenue aux travaux de la
commission parlementaire de l'économie et du travail qui est
chargée d'analyser la proposition du plan de développement
d'Hydro-
Québec pour la période 1993-1995. Je ne vous cacherai pas
que c'est avec une certaine fierté que j'amorce avec vous cette
séance de travail. À sa façon, cette commission
parlementaire constitue une sorte de première. Elle concrétise
une étape importante que nous avons franchie dans le renouvellement du
processus de décision relatif au développement
d'Hydro-Québec.
Dans une société comme celle du Québec
d'aujourd'hui, les choix énergétiques ne se réduisent plus
à des options techniques ou économiques. Us constituent des choix
sociaux engageants, dont la légitimité doit reposer sur des
valeurs largement partagées, sinon sur un consensus. La présente
commission constitue le forum privilégié pour analyser,
questionner, discuter et évaluer les options qui nous sont soumises par
la société d'État. Ultimement, c'est à nous qu'il
revient d'assurer l'adéquation entre les choix de développement
énergétique et les besoins de notre société. Les
enjeux de ces choix sont d'une telle importance qu'il s'avérait de plus
en plus nécessaire que les options soumises à la commission aient
préalablement fait l'objet d'une consultation de la population et
qu'elles aient été intégrées dans le cadre d'un
plan de développement triennal.
C'est pourquoi, en juillet 1991, le gouvernement adoptait un nouveau
processus d'élaboration et de suivi du plan de développement
d'Hydro-Québec. En vertu de cette exigence, la société
d'État doit dorénavant soumettre, à tous les trois ans, un
plan de développement élaboré au terme d'une consultation
publique. Le plan de développement sur lequel nous allons nous pencher
est le premier de cette génération. Pour Hydro-Québec, il
a illustré et peut-être même provoqué
ce qu'on a qualifié de nouvelle culture d'entreprise et j'ose
espérer que l'analyse de ce plan de développement nous permettra
de constater qu'il porte les fruits d'une interaction bénéfique
entre Hydro-Québec, la population et le gouvernement.
En novembre dernier, Hydro-Québec déposait sa proposition,
conformément aux échéances qui lui étaient
imposées. Le gouvernement a alors invité différents
intervenants à nous faire part de leurs commentaires sur cette
proposition. Il a également fait en sorte que les documents soient
disponibles et accessibles pendant une période de trois mois, afin de
préparer la commission parlementaire.
Au cours des prochaines semaines, nous entendrons plusieurs intervenants
qui se présenteront devant la commission pour faire valoir leur opinion.
Ce sera pour nous une occasion exceptionnelle d'écouter, de comprendre
ce que divers groupes de la société pensent des choix qui nous
sont proposés. À en juger par le nombre de personnes ou
d'organismes qui ont manifesté
l'intention de faire connaître leur point de vue à la
commission, je pense que nous pouvons nous réjouir de
l'intérêt suscité par le processus. Et, si ce premier
constat augure de la qualité des interventions, j'ai tout lieu de croire
que nos séances de travail seront très profitables pour valider,
pour corriger ou enrichir le plan de développement qui nous est
proposé. Nous aurons également à prendre en
considération des points de vue individuels, sectoriels ou
institutionnels auxquels nous devons rendre justice, tout en les
pondérant au regard de l'intérêt collectif.
Les ressources énergétiques, et au premier chef
l'électricité, constituent un service de première
importance pour l'ensemble des Québécoises et des
Québécois. L'utilisation optimale de ces ressources a un effet
direct sur la qualité de vie de nos concitoyennes et concitoyens. La
jouissance quotidienne de certains avantages ne devrait pas nous en faire
oublier l'importance et, par ailleurs, l'électricité
représente également un levier de développement
économique majeur qu'il nous faut utiliser au meilleur de nos
possibilités. Face aux défis considérables
qu'entraîne la mondialisation des marchés, il importe plus que
jamais d'exploiter, avec discernement et efficacité, cette ressource.
L'utilisation judicieuse des ressources énergétiques est un
objectif engageant qui nous amène à questionner nos habitudes de
consommation et nos credo de développement. Au-delà des
modifications de nature culturelle qui s'enracinent progressivement dans notre
quotidien et dans nos valeurs personnelles et collectives, un tel objectif nous
impose aussi un dépassement en matière de technologie, de
recherche et développement, de gestion. Exploiter du mieux possible les
économies d'énergie avant d'amorcer de nouveaux
développements, intégrer pleinement la préoccupation du
développement durable, tenir compte de préoccupations sociales et
de l'intérêt des communautés touchées, voilà
autant de défis très contemporains qu'il nous faut relever en
conciliant, au meilleur intérêt de la collectivité, des
aspirations qui sont parfois contradictoires.
Nous pouvons, certes, nous féliciter de certaines
réalisations qui sont à notre crédit. Je citerai, à
titre d'exemple, la stratégie québécoise
d'efficacité énergétique que j'ai rendue publique en
décembre dernier, ou encore l'effort considérable
qu'Hydro-Québec a entrepris en matière d'économie
d'énergie. Si nous pouvons nous réjouir de ces acquis, tout comme
de l'amélioration du processus d'élaboration du plan de
développement, il reste beaucoup à faire et les questions dont
nous allons discuter demeurent toujours complexes. Les décisions que
nous devrons prendre auront des conséquences importantes sur notre
avenir immédiat et sur un avenir plus éloigné. Il est de
notre responsabilité de faire, aujourd'hui, des choix dont les effets
seront déterminants, demain. Et, malgré les impondérables
avec lesquels il faut composer, il nous faut choisir une voie entre les risques
de manquer d'énergie à moyen terme et ceux de trop
développer, entre des intérêts individuels et des
intérêts collectifs, entre les obligations qu'on impose à
Hydro-Québec au nom des consommateurs et les exigences auxquelles on
soumet l'entreprise au nom d'une saine gestion.
À la fin des travaux de la commission, après avoir
traité du plan de développement, nous aurons l'occasion
d'analyser, de façon plus détaillée, les engagements de
performance d'Hydro-Québec et la proposition tarifaire rendue publique
le 17 février dernier. Ces engagements de performance constituent une
nouvelle donnée soumise à l'analyse des parlementaires. À
la demande du gouvernement, dans la foulée du nouveau processus de
décision relatif au plan de développement, Hydro-Québec
doit soumettre à la commission ses objectifs précis pour les
trois prochaines années. Ces objectifs constitueront, en quelque sorte,
des indicateurs de gestion qui nous permettront d'évaluer, à
chaque année, le degré de succès avec lequel
Hydro-Québec aura su relever les défis et répondre
adéquatement à ses engagements.
La proposition du plan de développement soumise à
l'approbation du gouvernement présente, sur un horizon de long terme,
les grands choix qui s'offrent à Hydro-Québec, au gouvernement et
à l'ensemble de la collectivité québécoise. Il faut
en effet savoir que les décisions concernant la construction d'une
grande centrale hydroélectrique, par exemple, se prennent environ 10 ans
avant sa mise en service. On peut raisonnablement penser que la croissance
économique du Québec entraînera une augmentation des
besoins en électricité au-delà des économies
d'énergie que les consommateurs pourront réaliser grâce
à la stratégie québécoise, l'efficacité
énergétique et les efforts d'Hydro-Québec.
Il faut s'interroger sur les moyens de satisfaire, avec le moindre
impact environnemental et au moindre coût, ces nouveaux besoins en
électricité. Le choix même de
l'hydroélectricité, comme mode de production
privilégié pour répondre à la croissance de la
demande, doit être fait en toute connaissance de cause. La proposition du
plan analyse divers scénarios et suggère aussi des options. Pour
ce qui est de la demande, compte tenu de la disponibilité sur le
territoire québécois d'un important potentiel
hydroélectrique non aménagé, HydroQuébec et les
participants au processus de consultation ont analysé
l'intérêt économique et social de promouvoir le
développement des marchés tels que les exportations, la venue
d'industries pour lesquelles l'électricité constitue un facteur
de localisation. Là encore, la commission aura l'occasion de questionner
les solutions avancées dans la proposition.
Au chapitre de l'intérêt des consommateurs dont la
commission parlementaire et le gouvernement ont la garde, l'amélioration
de la qualité de service, l'évolution des tarifs feront
également l'objet de nos travaux. Au-delà des
préoccupations à long terme reflétées dans la
proposition du plan d'Hydro-Québec, il convient de prendre en
considération le contexte économique actuel auquel sont
confrontés les Québécois et examiner les avenues qui
permettraient à Hydro-Québec d'apporter sa
contribution à la reprise économique qui s'amorce. Dans sa
proposition de plan de développement, Hydro-Québec envisage
déjà de proposer des formules tarifaires adaptées aux
besoins des industries. De plus, les discussions ont eu lieu entre
Hydro-Québec et le gouvernement sur ce sujet afin de mieux cerner la
contribution possible d'Hydro-Québec. (10 h 20)
À la lumière du débat qui débute
aujourd'hui, j'ose anticiper qu'Hydro-Québec sera en mesure de nous
présenter les contributions concrètes qu'elle entend mettre en
oeuvre, à brève échéance, afin de soutenir cette
reprise tant attendue.
En guise de conclusion, je voudrais lancer un appel à tous ceux
et celles qui auront à intervenir dans le cadre des travaux de la
présente commission parlementaire. Je voudrais les inviter à
collaborer à une démarche d'analyse et de choix dans la
perspective de notre mieux-être collectif. Au moment où la
concurrence mondiale nous oblige à une performance renouvelée, au
moment où la raréfaction des ressources et la crise des finances
publiques nous obligent à des choix difficiles, il est plus que jamais
nécessaire que nous fassions l'apprentissage d'un véritable
partenariat social. Défendre des intérêts sectoriels sans
perdre de vue l'enjeu collectif, assurer le bien-être d'aujourd'hui sans
hypothéquer l'avenir, voilà le vrai défi qui nous est
proposé et l'exercice de responsabilité auquel nous sommes
conviés. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci, Mme la ministre. Je vais
maintenant reconnaître le porte-parole de l'Opposition officielle en
matière d'énergie. M. le député, vous disposez de
20 minutes.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Mme la ministre,
mesdames, messieurs, toute commission parlementaire est importante, mais celle
qui commence ce matin revêt à mes yeux une importance
particulière, car c'est de nos discussions que devrait normalement
ressortir un cadre d'action en matière d'hydroélectricité
pour la fin de ce siècle et ce tournant si important qu'est celui de
l'an 2000.
La vice-première ministre aime bien utiliser l'expression qu'il
est minuit moins cinq. Je ne sais pas si elle a eu raison ou non de s'en servir
pour dramatiser une récente mais remarquée analyse de la
société québécoise, mais, en matière
d'énergie, c'est tout à fait exact. Aussi, face au menu important
qui sera le nôtre au cours des prochaines semaines, avenir de
l'électricité au Québec, engagements de performance
d'Hydro-Québec ainsi que les hausses de tarifs pour les deux prochaines
années, je ne puis qu'espérer que nous saurons aller
au-delà de la superficialité occasionnelle des discours pour
vraiment aller au fond des problématiques qui sont devant nous,
notamment par rapport aux données que détiennent le gouvernement
et Hydro-Québec.
Avant d'aborder le coeur de mon intervention, je m'en voudrais de ne pas
remercier tous les groupes qui ont participé à la consultation
sur le plan de développement d'Hydro-Québec et
particulièrement tous les citoyens qui se sont déplacés
dans les régions pour assister aux séances d'information. Je
remercie également les organismes qui ont fait l'effort de
préparer des mémoires sur les sujets qui sont soumis à
notre attention et qui viendront les présenter dans les jours à
venir. quant à moi, je vous avoue être resté sur mon
appétit après avoir pris connaissance du plan en question. en
effet, je réclame depuis trop longtemps un véritable débat
public sur l'énergie pour me satisfaire de la porte trop étroite
qu'on ouvre aujourd'hui. de façon un peu décevante, l'objet de
cette commission ne porte que sur l'électricité, ce qui fait en
sorte qu'on ignore le rôle du pétrole et du gaz naturel que le
québec importe et qui représentent pourtant environ 60 % de notre
bilan énergétique. au lieu d'un débat national sur
l'avenir énergétique du québec, nous avons à
discuter des propositions d'hydro-québec qui semble se considérer
maintenant comme simple producteur et distributeur d'électricité.
j'aurais souhaité un débat plus vaste qui aurait traité
d'un point fondamental pour notre avenir, la sécurité maximale
d'approvisionnement en énergie du québec.
Je constate aussi que les choix de développement qui sont devant
nous sont plutôt limités. Il n'y a ainsi aucune marge de manoeuvre
avec la production privée. Elle représente 760 MW, quelles que
soient les options. C'est donc décidé. Les objectifs
d'efficacité énergétique sont connus depuis longtemps.
Aucune nouveauté dans les choix possibles de développement
hydroélectrique. Seule nouveauté pour satisfaire certaines
revendications: les éoliennes. Le gouvernement semble avoir lourdement
encadré l'ensemble de la démarche. Il semble aussi vouloir
braquer tous les projecteurs sur Hydro-Québec pendant que les autres
acteurs de la scène énergétique agissent ailleurs, sans
contrainte, dans un domaine qui, pourtant, concerne l'ensemble de la
population.
Ceci dit, sur le contenu du plan comme tel, j'ai l'intention d'articuler
ma critique sur les huit thèmes suivants: Tout d'abord, bilan de l'offre
et de la demande. Sur ce sujet, j'ai des inquiétudes importantes.
Traditionnellement, Hydro-Québec soumettait des prévisions de
croissance beaucoup trop fortes, à tel point qu'elle n'avait pas besoin
de programme d'efficacité énergétique pour réaliser
des économies. Ces économies étaient automatiques.
C'était encore vrai ces dernières années. Par rapport au
plan déposé en 1990, le plan actuel indique que les ventes ont
été inférieures aux prévisions de 0,3 TWh, en 1990,
de 7 TWh, puis, en 1991... excusez, en 1991, de 7 TWh et de 6,4 TWh, en
1992.
Toutes les prévisions, jusqu'en l'an 2010, sont aussi revues
à la baisse. Les prévisions étaient donc trop
élevées mais, au moins, Hydro-Québec présentait des
projets clairs, précis, pour répondre à la demande. On
pouvait ainsi apprécier sa prudence et être sûrs
d'être approvisionnés en électricité. Or, cette
prudence semble avoir disparu dans le plan qui nous est proposé.
À tel point, qu'on peut craindre que le Québec se retrouve dans
un contexte de pénurie d'ici la fin du siècle, à moins,
bien sûr, qu'on nous cache quelque chose.
Je m'explique. Cette fois, les prévisions d'Hydro-Québec
semblent être assez solides, pourtant. Qu'il s'agisse de la
démographie, des phénomènes migratoires et du
développement économique, notamment dans le secteur industriel,
les prévisions se comparent à celles d'Hydro Ontario et des
entreprises d'électricité de New York et de la
Nouvelle-Angleterre. Je m'inquiète donc de constater que d'ici l'an
2000, pour assurer l'équilibre entre l'offre et la demande, on compte
sur 77 % d'efficacité énergétique et de production
privée. Et même d'ici 1996, cet équilibre repose sur
l'apport combiné de 9 TWh d'énergie et de 1810 MW de puissance
venant de l'efficacité énergétique et de la production
privée. Il est donc très important de ne pas manquer notre coup.
efficacité énergétique. à ce propos, je voudrais
reparler du pétrole et du gaz naturel que le québec importe en
totalité et qui, je le rappelle, représentent ensemble 60 % de
notre bilan énergétique. je m'étonne que le gouvernement
actuel ne fasse porter l'entière responsabilité des
économies d'énergie que sur la seule ressource que le
québec produit lui-même, à savoir
l'électricité. comment se fait-il qu'on ne parle pas, par
exemple, de transport, de développement urbain, alors qu'on ne
contrôle pas le prix des autres formes d'énergie, beaucoup plus
polluantes d'ailleurs? j'aimerais rappeler à la ministre qu'on
prévoit un prix du pétrole égal à l'inflation plus
2 % par an d'ici l'horizon 2006 et un prix du gaz égal à
l'inflation plus 5 % d'ici l'horizon 2010. l'immobilisme du gouvernement en ce
qui concerne les autres formes d'énergie ne risque-t-il donc pas de
coûter très cher au québec?
Revenons au programme d'efficacité énergétique
d'Hydro-Québec. Il tarde à prendre son envol même si
l'objectif à l'horizon 2000 est maintenu. Ainsi, la prévision de
réalisation à l'horizon 1995 a été réduite
de moitié depuis le plan 1990-1992; 2,9 TWh contre 5,6 TWh. Plus grave
encore, dans le plan 1993 lui-même, déposé fin 1992,
l'objectif pour 1995 est encore de 3,6 TWh alors que dans les engagements de
performance qui viennent d'être déposés,
c'est-à-dire à peine deux mois plus tard, on ne prévoit
plus que 2,9 TWh. Je le répète, 2,9 TWh en 1995. Or, le plan
prévoit toujours 5 TWh d'économie en 1996 pour équilibrer
la demande. Il faudra donc, pratiquement, en un an, réaliser le double
des économies accumulées depuis 1991. Je n'arrive pas à
voir comment Hydro-Québec pourra atteindre cet objectif, d'autant plus
que la cible pour l'an 2000 est toujours maintenue à 9,3 TWh.
À mon avis, la tenue d'une commission parlementaire sur ce seul
sujet devrait être envisagée. Je demande donc à
Hydro-Québec de nous dire quel contrôle elle exerce sur son
programme d'efficacité énergétique, comment elle en mesure
les résultats et comment elle valide ces derniers résultats. Je
voudrais également savoir dans quel secteur les économies
déjà faites ont été réalisées et
combien il en coûte par secteur. (10 h 30)
Pour clore ce dossier en prenant le plan 1990-1992, le suivi de ce plan
déposé fin 1991 et le plan des engagements de performance qui
nous est soumis aujourd'hui, on constate qu'Hydro-Québec ne
contrôle pas la situation, soit que le potentiel d'économies est
mal évalué, soit que les moyens mis en oeuvre ne sont pas
efficaces. Les Québécoises et les Québécois
devraient être inquiets d'une telle situation car le risque est grand de
ne pouvoir répondre à la demande, et ce dès 1996, avec les
moyens actuellement prévus, à moins encore une fois
qu'Hydro-Québec dispose d'une marge de manoeuvre dont elle ne veut pas
parler. Je compte bien tenter d'approfondir cette question d'ici la fin de la
commission.
Production privée. Je trouve également difficile à
comprendre qu'Hydro-Québec ait inclus systématiquement dans
toutes les options envisagées 760 MW d'achat de production privée
d'ici 1996. Comme je l'ai dit tantôt, pour une telle quantité
d'électricité, on nous informe que c'est déjà
décidé, mais ces achats se feront à quel prix? On ne le
sait pas. On nous en donne une indication dans l'annexe appelée
«Combinaisons d'option impacts», et je cite ce qu'on
retrouve en annexe: «Le remplacement de projets hydroélectriques
par de la cogénération additionnelle 440 MW, combinaison 2
génère un coût de 30 % supérieur. Ce
résultat s'explique par le fait que les prix actuellement prévus
pour l'achat d'électricité auprès de producteurs
privés surestiment le coût évité des
équipements qui seront effectivement déplacés par cet
achat additionnel. Par contre, il serait difficile d'obtenir des offres
sérieuses si nous devions offrir des prix significativement
inférieurs à ceux offerts actuellement.» Fin de la
citation. J'aimerais d'ailleurs savoir où vous en êtes dans vos
négociations avec les producteurs privés. Il semble bien, selon
les informations obtenues, que ça va plutôt mal dans les
négociations. Je ne peux croire qu'Hydro-Québec décide
soudainement d'acheter à un prix si élevé de
l'électricité qu'elle peut produire elle-même à un
coût moindre. Ce n'est pourtant pas dans ses habitudes, d'ailleurs. On
nous dit que ces achats sont déjà décidés, et je
pose donc la question: Qui a pris la décision?
Ce qui est également grave, c'est qu'on risque de fausser un
débat qui ne manque pas d'intérêt. En soi, la production
privée est un complément intéressant, aussi bien pour
l'industrie que pour Hydro-Québec. Il s'agit qu'elle soit bien
intégrée au parc de production d'Hydro-Québec et au
processus industriel, dans le cas de la cogénération, ce qui
minimise alors les charges financières d'Hydro-Québec et peut
être une source également de profits pour les promoteurs.
Toutefois, certaines questions se posent. Quelle est la garantie que ces
projets auront un prix de revient
inférieur ou égal aux coûts marginaux
d'hydro-québec? présentement, on sait qu'il sera supérieur
de 30 % dans le cas des achats déjà décidés.
connaît-on les risques de faillite des différents promoteurs?
cette orientation ne risque-t-elle pas de détourner les promoteurs de
leur vocation industrielle pour rechercher des profits à court terme au
détriment du maintien et de la création d'emplois? si les
promoteurs s'aperçoivent que leur prix de revient ne permet pas de faire
de profits assez intéressants, ne risquent-ils pas d'exercer des
pressions pour forcer hydro-québec à augmenter les prix? un autre
genre de contrat secret. le processus d'autorisation gouvernementale en
matière d'environnement sera-t-il le même pour les promoteurs que
celui qui s'applique à hydro-québec? quelles sont les limites de
ce complément de production en matière de fiabilité
d'approvisionnement? hydro-québec devra-t-elle construire des
équipements supplémentaires pour pallier les défaillances
possibles des producteurs privés? cette orientation n'est-elle pas, avec
le recours de plus en plus marqué à la sous-traitance, un pas
supplémentaire vers une forme de privatisation d'hydro-québec?
d'ailleurs, sur ce sujet précis de la privatisation, je formule le voeu
que le gouvernement et hydro-québec agissent en toute transparence et
présentent leur projet, si projet il y a, à la consultation
publique. les québécois n'accepteraient pas d'être
placés devant un état de fait réalisé par la porte
d'en arrière. sur le fond comme tel, j'inviterais d'ailleurs la ministre
à se rappeler pourquoi, en 1962, on a nationalisé
l'électricité. voilà des questions qui auraient dû
être soumises au débat public, mais le gouvernement et
hydro-québec, en nous annonçant dès le départ que
les décisions sont prises, semblent tout faire pour que ce débat
soit esquivé. c'est dommage, mais j'ai d'autres questions à poser
également sur le même sujet.
On évoque à quelques reprises, dans les engagements de
performance, la possibilité de réaliser, et je cite: «des
ventes additionnelles à court terme». On sait que
l'hydraulicité est redevenue normale en 1992. Je pose donc quatre
questions à Hydro-Québec: S'agit-il de ventes
excédentaires? Quelle quantité d'énergie? Ces ventes
s'échelonnent sur combien d'années? Et quel prix
espère-t-on obtenir pour ces ventes? Est-ce une bonne
interprétation de penser qu'Hydro-Québec espère
écouler 14 TWh d'ici 1995 à un prix moyen de 0,022 $ le kWh alors
qu'on achètera du privé à 0,043 du kWh, ce qui
représente le coût marginal de Grande-Baleine? J'ai hâte de
voir l'interprétation. Je trouve cette situation extrêmement
malheureuse. La production privée bien gérée et bien
intégrée au parc de production d'Hydro-Québec pourrait
être un facteur de développement industriel très
intéressant, une valeur ajoutée pour l'ensemble de
l'économie et pour la gestion de notre ressource
hydroélectrique.
Les exportations. Sur ce sujet, Hydro-Québec est
particulièrement discrète. On apprend quand même que les
possibilités de nouveaux contrats sont nulles d'ici l'an 2000.
Peut-être y aurait-il une possibilité de 1500 MW d'ici 2004 qui
s'ajouteraient aux contrats déjà existants, à savoir les
373 MW avec le Vermont et les 800 avec New York. Où est donc
passé le rêve de M. Bourassa qui, en 1985, prévoyait des
exportations de 12 000 MW, rêve qu'Hydro-Québec, de peine et de
misère, a réussi à ramener, quelques années plus
tard, à un niveau plus raisonnable de 3500 MW? Et qu'ont fait M.
Bourassa et les différents ministres de l'Énergie pour appuyer ce
rêve? Ils ont laissé le fédéral et l'Office national
de l'énergie autoriser, avec l'appui du gouvernement du Québec,
la construction du gazoduc Iroquois qui permet au Nord-Est américain
d'accéder au gaz naturel albertain, ce qui, lit-on dans l'annexe sur les
exportations, fait en sorte, et je cite: «Le marché du gaz naturel
est donc actuellement très concurrentiel, d'autant plus que la mise en
service du gazoduc Iroquois augmente la disponibilité du gaz canadien
dans le Nord-Est américain. Les réseaux voisins américains
entendent profiter de cette situation dans leurs achats auprès des
producteurs indépendants d'électricité.» Le
résultat, eh bien, avant que l'entente soit définitivement
conclue avec New York pour un énorme contrat ferme de 1000 MW, les
producteurs regroupés dans NYPA ont réclamé une
réduction de 30 % sur les prix négociés, ce qui a
relégué ce contrat aux oubliettes. Si bien que, poussée
par l'obsession du premier ministre, HydroQuébec s'est
équipée d'interconnexions d'une capacité qui
dépasse largement les besoins actuels, nous disent les
spécialistes mêmes d'Hydro. Je ne poserai même pas de
question sur la rentabilité actuelle, donc, des exportations tant que de
nouveaux contrats ne seront pas signés. Une autre belle occasion
manquée cependant, et c'est à se demander si le gouvernement
actuel ne se fait pas un meilleur promoteur du gaz albertain que de notre
propre ressource hydroélectrique.
Les contrats secrets. C'est curieux, mais c'est au sujet des dossiers
qui ont l'influence la plus lourde et la plus directe sur son
développement qu'Hydro-Québec s'entoure de la plus grande
discrétion. J'en arrive aux contrats à partage de risques,
à propos desquels je pose régulièrement des questions qui
restent sans réponse satisfaisante. Le dossier, dans son état
actuel, est à peine effleuré dans le plan de développement
qui nous est soumis. Combien perdons-nous chaque année avec ces
contrats? Uniquement pour l'année 1992, il s'agit de pertes d'environ
200 000 000 $ selon le président d'Hydro-Québec. À ce
rythme-là, si le prix international de l'aluminium reste à son
niveau actuel, c'est près de 1 500 000 000 $ qu'Hydro-Québec est
menacée de perdre d'ici la fin du siècle. À ce sujet, il
est faux de prétendre que de telles pertes n'affectent pas les tarifs.
L'érosion des critères financiers d'Hydro-Québec ne pourra
pas continuellement les absorber, ni les coupures massives de postes, ni les
économies qu'on envisage de faire dans les activités
reliées au service à la clientèle, d'ailleurs.
Sans ces pertes, avec le contrôle qu'Hydro-Québec exerce
déjà sur ses dépenses, ce sont des baisses de
tarifs qu'on pourrait annoncer. Ce dont la population aurait tant besoin
dans le contexte de récession qu'on connaît et dont on ne voit pas
la fin. Mais il faut savoir que tout le monde n'est pas perdant dans cette
affaire. En premier lieu, évidemment les alumineries, mais aussi le
gouvernement. On lit ainsi que, dans l'hypothèse d'un
développement du marché des gros consommateurs
représentant 540 MW, Hydro-Québec perdrait 540 000 000 $. Comme
par hasard, 540 MW, 540 000 000 $ de perte. Mais que le gouvernement, lui,
d'autre part, récupérerait 465 000 000 $ en retombées
fiscales. En somme, Hydro-Québec est un gros citron que le gouvernement
ne cesse de presser. S'il continue, le citron va se tarir et c'est l'ensemble
de la société québécoise qui sera perdant. Alors,
il faut en avoir le coeur net. Je demande donc à Hydro-Québec de
déposer devant cette commission parlementaire le bilan complet et
précis des pertes, des investissements, des emplois soutenus et des
retombées fiscales pour le gouvernement depuis que les premiers contrats
secrets ont été signés.
Remarquez bien que je ne demande pas le dépôt public des
contrats eux-mêmes. De toute façon, les Américains se
chargent de nous en informer publiquement; ce qui ne semble pas possible ici.
Je demande simplement le bilan complet et précis de la gestion de ces
contrats. (10 h 40)
Les moyens de production. En un mot, sur les moyens de production, il
est évident que j'adhère à l'orientation de
privilégier l'amélioration des équipements de production
existants, ainsi que le développement de la filière
hydroélectrique. Ceci étant dit, je voudrais parler de deux cas
précis d'actualité. Le projet Sainte-Marguerite, appelé SM
3, et le projet du lac Robertson.
Dans le cas de la Sainte-Marguerite, les discussions semblent bien se
dérouler devant le BAPE et les autochtones paraissent même
attentifs, nous dit-on, aux arguments qui favorisent le projet, et tant mieux.
Il reste toutefois des inquiétudes en ce qui concerne le saumon, qui
génère une activité économique de 25 000 000 $ par
an, même, dans la région de Sept-îles. Je m'étonne
à ce sujet d'ailleurs. En 1990, il semblait possible de réaliser
le projet en deux phases, variante qui aurait permis d'ailleurs de
compléter les études concernant le saumon. Aujourd'hui, c'est
devenu impossible. Le seul argument qu'on avance, c'est celui du coût
supplémentaire de 19 000 000 $ par an qu'un scénario sans
dérivation des tributaires de la Moisie entraînerait. Ce qui
m'amène au projet du lac Robertson, parce qu'il doit y avoir une
cohérence d'un projet à l'autre.
Contrairement à SM 3 ou à Sainte-Marguerite, on ne montre
pas, cette fois-ci, la même rigueur économique dans le cas de ce
projet. Celui-ci avait un certain sens lorsqu'il était question
d'alimenter le réseau de la Basse-Côte-Nord et, par câbles
sous-marins, les Îles-de-la-Madeleine. Aujourd'hui, il me semble qu'un
seul petit calcul économique montre que la solution la plus rentable
pour les seuls réseaux de la Basse-Côte-Nord aura
été les groupes diesel. À ce chapitre, j'aimerais voir la
recommandation signée par le responsable de ce
dossierj'espère que vous la déposerez où il y
a sûrement une comparaison entre la solution diesel et la solution
retenue. J'aimerais particulièrement analyser avec Hydro-Québec
la différence de coûts annuels entre les deux solutions.
Voyez-vous, on nous dit, d'une part, que Sainte-Marguerite sans
dérivation est un coût supplémentaire insupportable, alors
que, d'autre part, on accepte allègrement de retenir la solution la plus
coûteuse pour le lac Robertson. Pourtant, Hydro-Québec accepte
sans sourciller de perdre des sommes considérables dans d'autres
secteurs auxquels j'ai fait référence précédemment.
D'ailleurs aussi, toujours au sujet du lac Robertson, j'aurai des questions
bien précises et ça vous permettra de vous préparer
puisque je vais les dire.
On nous informe qu'on a déclaré la soumission la plus
basse non conforme; on aimerait savoir pourquoi. On nous annonce
également qu'on a fait fi de toutes les soumissions sur la table;
pourquoi? Pour ensuite négocier avec la firme Les Entreprises
Saint-Laurent, et pourquoi? Mais ce qui nous inquiète le plus, c'est la
célérité inhabituelle avec laquelle vous avez
procédé. J'aimerais avoir les résolutions du conseil
à cet effet et les dates. Je demande également à
Hydro-Québec de déposer donc toutes les résolutions et les
notes du conseil d'administration relatives à ce dossier. C'est à
se demander si Hydro-Québec ne veut pas
délibérément nous préparer un avenir de perdants.
En effet, il se dégage une série de décisions de gestion
qui conduisent à des pertes importantes. Pourtant, avec un minimum
d'imagination, on aurait pu trouver une solution plus originale et moins
coûteuse que le lac Robertson. On intègre, en effet, un
scénario euphorique de 1000 MW d'éoliennes d'ici l'an 2000, la
combinaison 5. C'est d'abord de la poudre aux yeux et, tel que je
l'interprète, moi, personnellement, c'est un manque de respect envers
une solution qui mérite plus d'attention. Au lieu de discourir sur un
pacte théorique de 1000 MW, n'aurait-il pas été mieux
d'envisager un projet plus concret, soit du diesel couplé à des
éoliennes sur la Côte-Nord pour minimiser les coûts de
pétrole et faire ainsi la démonstration d'un complément
utile que peut représenter ce type d'équipement?
Les ressources humaines. Vous savez, rien n'est plus glorieux pour une
entreprise que de vanter la qualité de ses ressources humaines et Hydro
n'y échappe pas, c'est sa richesse essentielle, déclare-t-elle
dans ses discours et ses documents officiels. Son savoir-faire constitue son
bien le plus précieux, proclame-t-elle sur toutes les tribunes.
L'entreprise montre souvent plus de compétence à tenir le langage
de la vertu qu'à gérer ses bilans financiers, mais c'est toujours
le personnel qui écope lorsqu'il faut établir une priorité
entre les deux. Le choix est particulièrement clair depuis 1986.
Systématiquement, on privilégie le secteur privé, la
sous-traitance et les grandes industries, même au risque de
mettre en difficulté des sociétés d'État et
de pénaliser les travailleurs salariés. L'avenir, aujourd'hui,
est, au mieux, à l'emploi précaire, sinon au chômage. C'est
le choix de société qu'offre aujourd'hui ce gouvernement à
la population québécoise et, plus particulièrement,
à sa jeunesse. Hydro-Québec ne fait pas autrement. Elle accepte,
d'emblée, de perdre de l'argent avec les alumi-neries, les producteurs
privés, l'efficacité énergétique et les contrats de
gérance faramineux qu'elle accorde.
Quels résultats cela donne-t-il? Le vice-président aux
ressources humaines et à la qualité donne la réponse dans
une entrevue à Hydro-Presse, le journal des employés
d'Hydro-Québec: II y a, dit-il, un écart négatif de 20 %
entre les revenus et les coûts et c'est au personnel qu'incombera la
responsabilité de combler l'écart. Et comment? Par une
réorganisation qui doit aboutir, d'ici 1995, à la suppression de
1500 postes. Belle source de motivation!
Dans la foulée, également, on gèle l'embauche tout
en fixant un objectif d'accroître le nombre de femmes quand on sait
très bien pourtant qu'elles seront les premières victimes des
mises à pied. On met donc en valeur un objectif vertueux en sachant
qu'on se prive des moyens de l'atteindre. On décide en toute
connaissance de cause de laisser vieillir cette grande entreprise, et on ferme
la porte brutalement au nez de tous les jeunes diplômés ou pas
dont Hydro-Québec était un des rares espoirs.
Est-ce ce message que la population québécoise
espérait d'Hydro-Québec? Est-ce le choix de société
que le gouvernement a à lui offrir? Le sujet de cette commission
parlementaire, c'est l'avenir. En ce qui concerne les ressources humaines, on
ferme toutes les portes. Par sa réorganisation, Hydro-Québec
prétend vouloir se rapprocher de sa clientèle. Or, elle ferme des
bureaux d'affaires et coupe des emplois dans les régions souvent
fragiles.
Quant à la proposition tarifaire, maintenant qui paie la note
pour les scénarios perdants qu'Hydro-Qué-bec réalise et
nous propose, avec l'accord et les ordres de la ministre de l'Énergie?
On sait que le marché des exportations fait à peine ses frais. On
sait également que le marché des contrats à partage de
risques nous coûte une fortune. Et que dire des frais de garantie de
plusieurs centaines de millions de dollars imposés l'an dernier et
auxquels j'ai fait sérieusement opposition. Il y a donc un marché
qui paie plus que sa part pour ces belles aventures et c'est celui du simple
consommateur québécois. On sait qu'une journée
complète de commission a été réservée
concernant toute la question de la tarification de l'Hydro. Aussi, j'aurai
l'occasion, à la fin de nos travaux, d'élaborer de façon
plus spécifique et détaillée sur ma perception de comment
doit s'articuler cette tarification. Dans cette optique, j'ai également
l'intention de poser des questions précises aux représentants
d'Hydro-Québec sur les trois volets de la proposition tarifaire; soit
les tarifs saisonniers, l'alignement de la hausse des tarifs sur l'inflation et
la prétendue dimi- nution de l'interfinancement des marchés.
En conclusion, il est clair qu'Hydro-Québec n'a pas
nécessairement tous les torts et que notre société
d'État doit composer avec les contraintes que le gouvernement du
Québec lui impose. À ce titre, les ponctions d'argent et autres
frais de garantie pèsent lourd sur la marge financière d'Hydro.
Il en va de même des rêves énergétiques du premier
ministre ainsi que des politiques gouvernementales en matière de
contrats à risques partagés et de production privée.
Sur ces points, c'est aussi la ministre qui a des comptes à
rendre et c'est elle qui doit se sentir interpellée au premier chef. Par
contre, je regarde ce qu'Hydro-Québec propose à cette commission
parlementaire, et j'ai le sentiment que ce plan de développement est un
fourre-tout, un recueil de revendications auxquelles on donne satisfaction dans
les textes. Toutes les hypothèses s'y retrouvent. Il n'y a pas
d'orientation précise cependant, de proposition claire, ni de
véritable choix. Même le projet Grande-Baleine qui paraissait si
urgent l'an dernier n'est qu'à peine mentionné.
Je constate aussi qu'à travers ses orientations tarifaires et ses
orientations de gestion des ressources humaines, Hydro-Québec a peu de
considération pour le simple citoyen et ses employés. Je retiens
enfin que la direction d'Hydro-Québec devra être plus sensible aux
préoccupations des régions et également aux courants qui
agitent la société qui la fait pourtant vivre et lui donne sa
raison d'être. Sans quoi, elle risque de perdre complètement le
sens de la mission qui lui a donné naissance au début de la
Révolution tranquille.
C'est pourquoi Hydro-Québec devra, au cours de cette commission
parlementaire, faire un véritable effort de transparence et fournir
à la commission tous les véritables chiffres qui la guident dans
ses interventions. C'est dans cette perspective que je viens de poser une
série de questions et je compte bien obtenir les réponses de la
part du gouvernement et d'Hydro-Québec, car il est essentiel pour moi
que nous allions au fond des choses. Je vous remercie. (10 h 50)
Le Président (M. Audet): Merci, M. le député
de Joliette. Avant de céder la parole à M. le
député de Drummond, je veux juste rappeler, au niveau de notre
règlement, en ce qui touche certains documents dont vous avez
souhaité le dépôt par Hydro-Québec, que je
m'enquerrai auprès d'Hydro-Québec sur la nature de ces
documents-là et nous pourrons procéder au dépôt s'il
y a lieu. Alors, je vais maintenant reconnaître M. le
député de Drummond. Vous disposez d'une période de 20
minutes.
M. Jean-Guy St-Roch
M. St-Roch: Merci, M. le Président. Vous me permettrez, M.
le Président, en tant que député indépendant, avec
des moyens de recherche des plus limités, la loi 73 n'ayant pas encore
été adoptée à l'Assemblée
nationale, de faire des remarques préliminaires en me faisant le
porte-parole, ce matin, des actionnaires d'Hy-dro-Québec qui sont mes 42
500 électeurs et, si j'ajoute mes citoyens et citoyennes qui,
bientôt, deviendront en âge de voter, près de 60 000
citoyens qui ont double fonction, qui sont actionnaires, mais qui sont aussi
clients d'Hydro-Québec.
J'aborderai cette commission parlementaire, M. le Président, dans
un contexte un peu plus global de changement profond de nos
sociétés devant la mondialisation qui nous amène à
l'heure des choix, que ce soit au niveau des finances publiques ou que ce soit
au niveau des grandes sociétés comme Hydro-Québec. J'ai eu
l'occasion, en 1990, lorsque j'ai participé à ma première
commission en tant que membre de la commission de l'économie et du
travail sur le plan de développement 1990-1993, de signaler que, dans le
temps, Hydro-Québec était le vaisseau amiral de la
collectivité québécoise. Elle a été sa
fierté. Elle a permis d'émerger dans bien des domaines, de
créer des générations d'entrepreneurs, au
mieux-être, finalement, de notre collectivité
québécoise.
Alors, en regard de la commission parlementaire de 1990, je me dois,
dans un premier temps, de souligner les améliorations qui ont eu lieu au
niveau d'Hydro-Québec. Il avait été le voeu de cette
commission, à ce moment-là, qu'Hydro devait consulter davantage
ses clientèles et aussi toutes les composantes de notre
société, ce qu'on a retrouvé par un décret, en
1991, qui, je pense, a commencé à apporter une certaine
transparence. Au niveau de l'efficacité énergétique,
à la lecture de tous vos documents, M. le Président, j'ai
remarqué qu'on était loin de la pomme de douche de 1990 comme
mesure miracle pour économiser de l'énergie. Or, je pense qu'on
commence à dégager déjà des perspectives
intéressantes, et j'aurai l'occasion, au courant de cette commission,
d'aller davantage surtout au niveau de la recherche et du
développement.
La diffusion des acquis. J'ai mentionné aussi, et c'est un
reproche que j'avais fait, en 1990, à HydroQuébec de très
peu diffuser ses connaissances accumulées, ce qui privait, finalement,
beaucoup de nos jeunes au niveau des choix de carrière, d'empêcher
les diffusions de connaissances qui étaient un acquis et aussi de
vulgariser l'information à laquelle vous avez fait face. Alors, je pense
que lorsque je regarde aussi le climat un peu plus global, oui,
Hydro-Québec commence à être à l'écoute de
ses citoyens et de ses citoyennes et surtout de ses actionnaires. Elle n'est
pas parfaite. Il y a un bout de chemin de fait; il reste beaucoup à
faire. Alors, j'espère qu'au courant de nos travaux nous pourrons
poursuivre davantage.
Ceci étant dit, M. le Président, j'aborderai cette
commission aussi avec beaucoup d'humilité, ne prétendant pas tout
savoir et tout connaître avec Hydro-Québec. Alors, si, à
l'occasion, mes questions ou mon questionnement vous paraît farfelu
à vous, MM. les experts, dites-vous bien que le député de
Drummond se veut être le reflet de ses citoyens et de ses citoyennes. Je
ne reviendrai pas sur les grands enjeux qui ont été
traités, autant par Mme la vice-première ministre et ministre
responsable de l'Énergie que par le critique officiel de l'Opposition,
M. le député de Joliette. Je me contenterai, à ce
moment-ci, de vous indiquer les questionnements qui vous paraîtront
peut-être bien à terre, mais qui reflètent les perfections
de la clientèle, et surtout des actionnaires à la base. Alors,
j'aurai l'occasion, et tout particulièrement à la fin de nos
travaux au niveau de la tarification, de vous questionner sur votre
méthode et votre stratégie d'interfinancement. Au regard de ce
qui nous a été annoncé ici, ce sont quand même des
augmentations de tarifs, que j'estime alentour de 330 000 000 $ sur une base de
deux ans au niveau du petit consommateur domestique et qui, soit dit en
passant, procureront aux deux niveaux de gouvernement, par taxation de TPS ou
de TVQ, un montant additionnel de 52 600 000 $, dans un contexte de
récession et de sortie de récession avec une reprise très
lente. Je vous questionnerai sur la méthode de tarification que vous
osez employer. j'aurais l'occasion aussi, j'espère, au courant de cette
commission, dans la foulée de votre document à la page 57, de vos
méthodes de recouvrement où vous nous indiquez que vous voulez
réduire vos pourcentages de 0,9 % à 0,6 %, alors, j'espère
que j'aurai l'occasion de pouvoir questionner et de voir comment
hydro-québec approchera le recouvrement de 64 500 000 $ en argent de
1991 qu'elle avait, vos méthodes de prévention aussi. en tant que
député d'une circonscription comme la mienne, lorsque des
citoyens et des citoyennes nous arrivent avec des comptes
d'électricité d'au-delà de 2000 $, on peut se questionner
sur la lenteur de recouvrement et des processus qu'hydro-québec a
engagés. alors, j'aimerais, au courant de cette commission, prendre
l'opportunité d'avoir un peu plus de précisions sur ce sujet, et,
quatrièmement, sur la sécurité des ouvrages existants et,
surtout, au niveau des grands barrages dans des milieux fortement densities au
niveau population.
Aussi, un autre volet que j'ai retrouvé dans votre documentation,
c'est les développements de moyenne puissance, de ce que vous estimez en
haut de 25 MW et entre 25 et 100 MW que vous ne prévoyez seulement
qu'à l'horizon de l'an 2000. J'espère avoir l'occasion d'y
revenir et de voir s'il ne serait pas possible de remettre ça dans un
contexte de reprise et de développement économique et de relance
de devancer ces projets-là comme peut-être source alternative
à la grande problématique que le député de Joliette
a mentionnée dans son exposé.
J'aimerais aussi revenir sur votre nouvelle politique au niveau de
protection des équipements par engagement d'un corps policier. Alors,
lorsqu'on crée un autre corps policier au Québec, j'aimerais
savoir les buts exacts qui sont poursuivis par ce corps policier là en
vertu de la protection des équipements aussi ou son
utilisation dans un grand contexte un peu plus global de la philosophie
d'organisation d'Hydro-Québec, incluant ses pouvoirs d'enquête et
ses pouvoirs d'accumuler de l'information.
J'aimerais aussi revenir, parce que, en 1990 et lors de rencontres
subséquentes au travers des années avec la direction
d'Hydro-Québec, nous avions signalé, à ce
moment-là, un groupe de députés, la
nécessité d'Hydro-Québec de réduire ses structures.
Or, j'aimerais avoir l'opportunité de revenir et de voir avec vous, MM.
les présidents, le niveau de structures entre monteurs de lignes,
disons, et un président d'Hydro-Québec, et quelles sont les
intentions d'Hydro-Québec, parce que, dans un contexte moderne, une des
manières qu'on peut réduire, c'est de couper les services
à la base, mais aussi, c'est d'essayer d'emmener le président de
l'organisation le plus près possible du travailleur de base. Si
ça, est la philosophie vers laquelle nous devrions nous diriger avec
Hydro-Québec, parce qu'on élimine, à ce moment-là,
des chances de progression dans l'entreprise et pour garder la motivation de
nos collègues, ça sous-entend aussi des programmes de formation
et de recyclage pour donner des mouvements transversaux pour garder
l'intérêt et la motivation de notre personnel.
J'aimerais aussi avoir l'occasion de couvrir l'effet potentiel de
l'utilisation de l'électricité au niveau de la santé par
les champs électromagnétiques, entre autres, et par toute cette
grande problématique. J'ai découvert, à la lecture de
votre documentation, que vous attendez des rapports pour 1993, au niveau des
études épidémiologi-ques que vous avez entreprises avec
d'autres partenaires.
J'aimerais aussi avoir la chance, en tant que député d'une
collectivité où nous avons beaucoup de groupes communautaires et
où j'ai toujours cru, lorsque j'étais dans le côté
privé, qu'une organisation se doit aussi d'avoir une conscience sociale,
se doit aussi d'assurer ce rôle dans sa collectivité, de regarder
votre politique de tarification au niveau des organismes à but non
lucratif.
J'aimerais aussi avoir l'opportunité de regarder le rôle et
la composition du conseil d'administration d'Hydro-Québec ainsi que ses
procédés de sélection et l'utilisation
qu'Hydro-Québec en fait au courant de sa vie quotidienne. Et aussi avec
ce dont nous entendons parler de plus en plus au niveau des grandes
sociétés d'État et, principalement, ce qui est apparu
dernièrement avec la position financière d'Hydro Ontario et des
suggestions qui ont été faites par certains milieux
québécois au niveau de la privatisation d'Hydro-Québec,
j'aimerais avoir la possibilité d'échanger avec vous sur cette
philosophie et comment la direction d'Hydro-Québec aborde cette nouvelle
problématique à laquelle nous aurons à faire face et,
surtout, en considérant l'endettement majeur qu'Hydro aura, d'ici l'an
2000, lorsqu'on parle qu'il y aura 50 000 000 000 $ de dette globale, à
la lecture de vos documents que nous avons. Et aussi, dans la même
foulée, regarder plus près avec vous tout le rôle et la
fonction de la diffusion des brevets, de la commercialisation de vos
découvertes par l'entremise de la société Nouveler et s'il
n'y aurait pas possibilité d'inclure davantage à nos citoyens et
nos citoyennes à participer activement au niveau du développement
de ces industries.
Et un autre sujet de préoccupation qui inquiète le
député de Drummond et, par ricochet, ses citoyens et
citoyennes c'est l'accroissement des charges globales de plus de 1 000
000 000 $ entre 1993 et 1995 dont on sait que l'intérêt aura une
part majeure.
Alors, j'aimerais avoir la chance d'échanger avec vous et de
replacer cet endettement d'Hydro-Québec et ce financement requis dans
les années à venir sur la santé financière à
l'horizon de l'an 2000, parce que nous savons que nous avons des cycles
économiques de bas et de hauts. Nous jouissons présentement d'un
dollar qui est à la baisse avec des intérêts qui suivent
à la baisse. Mais qui sait, dans 5 ou 6 ans, avec un accroissement
d'intérêt qui pourrait aller, comme on l'a déjà vu
dans le passé, à l'entour de 10 % et 12 %, quels seraient les
effets sur votre santé financière et, par conséquent, sur
notre vaisseau amiral? (11 heures)
Et finalement, dans votre programme de diffusion, au niveau des
économies d'énergie, vous prévoyez investir 3 000 000 000
$; 2 000 000 000 $ de la part d'Hydro et 1 000 000 000 $ qui viendrait de la
part des consommateurs, l'utilisation des nouvelles technologies et des
programmes d'aide et principalement cette nouvelle problématique qui
implique la domotique et l'im-motique. Je pense que le Québec peut se
prétendre être un chef de file au niveau de la
recherche-développement et d'être à l'orée de
grandes percées. Et comment est-ce qu'Hydro-Québec pourrait jouer
un rôle d'accélération au niveau aussi des économies
d'énergie qu'on pourrait en développer, mais aussi comme
rôle moteur de développer cette technologie qui pourrait
être exportée sur une scène un peu plus globale?
Et finalement, comme dernier point, M. le Président,
j'espère aborder tout le domaine de la cogénéra-tion. Mon
collègue de Joliette y a fait référence tout à
l'heure. Il y a des choses, à la lecture de vos documents, qui me
laissent supposer je n'ai aucune raison de douter des évaluations
que vous donnez au prix du gaz naturel qu'à l'orée de l'an
2000 beaucoup de sociétés qui auront été en
cogénération pourraient être en difficulté
financière à cause de l'accroissement des coûts de gaz
naturel. Alors, est-ce qu'on n'est pas en train de subventionner indirectement,
à l'orée de l'an 2000, certaines grandes multinationales de notre
collectivité et de préparer graduellement quelque chose auquel
nous aurons à faire face? Alors, j'aurai l'occasion d'y revenir.
Et en conclusion, M. le Président, comme je l'ai mentionné
plus tôt, j'accueillerai aussi avec plaisir tous ceux et celles qui ont
pris la peine de déposer des mémoires. Ils sont volumineux, je
peux vous le dire, en
étant un député; à la lecture de 88
mémoires, il y a beaucoup d'intérêt. Et j'aborderai les
échanges que nous aurons à l'intérieur des discussions
autant avec HydroQuébec qu'avec les partenaires qui ont
présenté des mémoires à la recherche d'une seule
chose, que finalement, au sortir de notre commission, vers la fin de mars, nous
pouvions dégager les grandes orientations à l'horizon de l'an
2000 qui favoriseront un vaste consensus et qui continueront à
améliorer ce qui s'est fait dans la foulée de 1990, cette
fierté que nous devons retrouver dans notre vaisseau amiral qu'est
Hydro-Québec. Parce que, lorsque je regarde une scène un peu plus
globale devant la mondialisation des marchés, il n'y a pas de doute que
le Québec a un avantage majeur avec sa société
Hydro-Québec lorsqu'on regarde tous les traités de
libre-échange, de GATT ou d'ALENA qui se sont produits depuis 1990, et
que, si nous savons orienter et utiliser ce levier de développement
économique au niveau énergétique, développer cette
fierté, en être fier, améliorer notre efficacité,
nous avons un outil fantastique de développement en autant que jouions
nos cartes correctement.
Alors, je vais conclure, M. le Président, que vous pouvez compter
sur un questionnement serré à la recherche des faits et de
l'information et dans le but de faire d'Hydro-Québec une
société prospère et, par ricochet, d'espérer oser
revaloriser le rôle d'un député à l'Assemblée
nationale. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le député
de Drummond. Alors, bienvenue encore une fois. Nous allons maintenant entendre
la présentation du plan de développement d'Hydro-Québec.
Alors, M. le président, je vous inviterais, afin de faciliter la
transcription de nos débats, de présenter les gens qui vous
accompagnent.
Présentation du plan de
développement
M. Drouin (Richard): Oui, merci, M. le Président. Je suis
accompagné du président et chef de l'Exploitation, M. Armand
Couture, et, à ma gauche, M. André Delisle, qui est
vice-président Planification générale. Je souligne
également la présence dans l'auditoire d'exécutifs ou
d'officiers de nos principaux syndicats à Hydro-Québec qui sont
dans la première rangée à ma droite.
M. le Président, Mme la ministre, M. le leader parlementaire de
l'Opposition, Mmes et MM. les députés, Hydro-Québec a
déposé le 30 octobre dernier sa proposition de plan de
développement 1993, se conformant ainsi au décret adopté
par le gouvernement, le 10 juillet 1991. Tel que demandé, notre
proposition présente nos orientations en matière de
qualité du service à la clientèle, qualité du
produit, responsabilité environnementale et sociale, ressources humaines
et gestion, technologie et les investissements requis pour les réaliser.
Deuxièmement, nos prévisions de l'évolution des besoins en
électricité du Québec ainsi que les orienta- tions
possibles et recommandées pour y répondre. Troisièmement,
une analyse comparative des options examinées, sans et avec
développement de marché. Quatrièmement, les
investissements requis pour réaliser les orientations proposées.
Cinquièmement, nos propositions d'orientation en matière du prix
de l'électricité.
Notre proposition de plan de développement 1993 a
été élaborée en tenant compte de trois
décisions majeures que nous avons prises au cours des dernières
années. Ces décisions sont: l'implantation de la qualité
totale et l'écoute de la clientèle, l'adoption d'une vision de
l'entreprise et la réalisation d'une consultation publique pour
élaborer notre plan de développement. L'adoption, en novembre
1990, du programme Défi performance, qui vise à permettre
à nos employés de satisfaire avec diligence toutes les demandes
de notre clientèle au moindre coût, nous a amené à
réaliser une démarche sans précédent pour mesurer
de façon rigoureuse les attentes et les exigences de toutes nos
catégories de clients. Bien qu'il s'agisse pour nous d'un premier
exercice, nous en avons tiré des renseignements essentiels à
l'élaboration de la proposition que nous vous soumettons et à la
définition de plusieurs des engagements de performance qui feront
l'objet de vos travaux dans quelques semaines.
Après près de 50 ans d'histoire, nous avons
décidé de proposer à nos clients, notre actionnaire, nos
employés et nos partenaires une vision de l'avenir
d'Hydro-Québec. Cette vision a été arrêtée en
1991 et s'exprime ainsi: D'ici l'an 2000, Hydro-Québec veut être
reconnue par ses clients comme la meilleure entreprise
d'électricité au Canada pour la qualité de ses services.
Elle veut également que les Québécois la reconnaissent
comme un partenaire majeur dans le développement durable du
Québec, et pour atteindre ces objectifs elle mettra en valeur le
savoir-faire de ses employés et la ressource hydroélectrique.
Cette vision exprime notre objectif collectif comme gestionnaires et
employés d'Hydro-Québec face aux diverses attentes de la
société québécoise que nous desservons. Elle
concrétise notre mission en l'adaptant à la réalité
des années qui viennent.
En novembre 1991, nous avons entrepris une importante consultation
publique sur les options possibles pour répondre aux besoins
d'électricité de nos clients jusqu'en l'an 2010. Nous avons
invité plus d'une centaine de groupes ou associations
représentant toute la gamme des préoccupations et attentes qui
peuvent s'exprimer dans notre société en matière
d'électricité comme source d'énergie. Plus de 75 groupes
ont participé activement, en étroite collaboration avec un bon
nombre de nos gestionnaires et spécialistes, aux rencontres
d'information et de consultation qui ont porté principalement sur les
thèmes suivants: l'efficacité énergétique, les
industries à forte consommation d'électricité, les
exportations et les moyens de production. Ces thèmes ainsi que les
mécanismes de la démarche ont été discutés
avec les groupes et associations participant à l'exercice. Les
relations et échanges que nous avons eus avec tous les
participants ont été empreints de franchise et d'une
volonté très marquée de contribuer à la
réflexion qui doit nous amener à effectuer les meilleurs choix en
matière d'électricité pour l'avenir de notre
société. Les ayant rencontrés personnellement à
deux reprises, je voudrais aujourd'hui répéter publiquement
combien tous mes collègues d'Hydro-Québec et moi-même ont
apprécié l'attitude et les contributions précieuses que
nous ont apportées ces intervenants. Ces interventions ont d'ailleurs
grandement enrichi le contenu de notre proposition de plan. C'est pourquoi nous
avons consacré une annexe de notre proposition de plan à la
description et aux fruits de cette démarche de consultation publique.
Grâce à la présente commission parlementaire, tous ces
groupes ou associations, de même que bien d'autres, pourront vous
soumettre, au cours des prochaines semaines, leurs commentaires et
recommandations suite à leur analyse de notre proposition de plan. Ce
sera, pour vous comme pour nous, une occasion exceptionnelle de les
écouter et de voir si notre proposition ou certaines de ses orientations
peuvent être améliorées de manière à mieux
répondre à la vision de l'entreprise que nous poursuivons. (11 h
10)
Nous sommes une entreprise de service, de service public à toute
la population du Québec. Notre objectif et notre raison d'être
c'est de satisfaire totalement l'attente de nos clients résidentiels
comme celle des industries, commerces et des institutions, et nous sommes
résolus à y arriver. Satisfaire nos clients d'aujourd'hui, c'est
entre autres de réduire le temps d'interruption de service. En trois ans
nous sommes passés de 6,7 heures par client par année à
4,45, et nous devons poursuivre. Deuxièmement, répondre plus
rapidement aux appels de nos clients. En trois ans, nous sommes passés
d'un pourcentage de 66 % à 93 %. Mais satisfaire totalement nos clients,
et au moindre coût, c'est aussi beaucoup plus que cela. Nos clients
veulent un service prévenant et personnalisé, des actions rapides
et des conseils pertinents en matière d'utilisation de
l'électricité. Au-delà des factures précises et
compréhensibles, des préavis pour les interruptions
planifiées, nous devons améliorer la clarté de nos
pratiques et documents, ainsi que la courtoisie et la compétence de nos
employés. Nous devrons en outre personnaliser davantage nos rapports
avec nos clients et les aider à mieux gérer leur consommation
d'électricité. nos clients ont des attentes précises quant
au prix de l'électricité. ils veulent consommer judicieusement et
payer les tarifs les plus bas. l'importance de l'électricité, qui
représente aujourd'hui près de 42 % du bilan
énergétique du québec, se traduit chez toutes nos
catégories de clients par une sensibilité accrue au prix. comme
l'électricité est l'énergie choisie pour le chauffage des
locaux et de l'eau par un grand nombre de clients, il en résulte que
chaque client consomme en moyenne beaucoup plus de kilowattheures par
année que dans les provinces ou les États voisins. Par
conséquent, que ce soit pour des motifs de concurrence ou de gestion du
budget familial, la facture d'électricité représente, pour
une majorité de nos clients, une préoccupation importante, et
nous y sommes très sensibles. Nous aurons d'ailleurs l'occasion d'y
revenir lors de l'examen de notre proposition tarifaire pour l'année
1993-1994, dans quelques semaines.
Nos clients veulent qu'Hydro-Québec assume ses
responsabilités environnementales et sociales dans l'exercice de ses
activités. La santé de la population, la sécurité
du public et la protection de la qualité de la vie et du milieu naturel
sont au coeur de leurs préoccupations et des nôtres. Nos clients
veulent être assurés que tout le personnel de l'entreprise se
soucie en priorité de répondre à toutes leurs attentes, au
moindre coût. Pour y arriver, nous misons sur l'adhésion de tous
à la culture de la qualité, la formation continue de notre
personnel et l'implantation d'une structure et d'un mode de gestion plus
efficaces. Pour répondre à ces attentes, nous devons, de plus,
consacrer à la recherche et au développement une portion qui
atteindra 2 % de notre chiffre d'affaires d'ici l'an 2000; des travaux qui
viseront principalement, et à court ou moyen terme, à augmenter
la continuité du service et la qualité du produit,
améliorer l'exploitation du réseau, optimiser l'utilisation de
l'énergie et augmenter la productivité, protéger
l'environnement et protéger la santé et la sécurité
de nos clients et de nos employés. C'est en répondant à
toutes ces attentes qu'Hydro-Québec entend réaliser son
rôle d'entreprise de service et atteindre sa vision d'entreprise.
Mais, en plus de répondre aux attentes d'aujourd'hui,
Hydro-Québec doit mettre en place les moyens qui lui permettront de
répondre aux attentes et aux besoins de demain. La collectivité
québécoise doit prendre deux décisions principales
à long terme en matière d'électricité, et ces
décisions sont au coeur des travaux de cette commission parlementaire,
comme elles ont été au centre de la consultation publique que
nous avons réalisée au cours de l'année 1992. Nous devons
décider des moyens à prendre pour continuer à satisfaire
nos besoins en électricité. Nous devons aussi décider de
poursuivre ou non le développement de certains marchés et en
définir les limites et les conditions. Pour aborder ces deux questions,
il faut d'abord se rappeler qu'au Québec, comme ailleurs, l'augmentation
de la consommation globale d'énergie est très lente,
malgré la croissance de l'activité économique. Chaque
activité humaine ou chaque unité de production tend à
consommer moins d'énergie. La consommation d'énergie par habitant
n'a pas augmenté beaucoup depuis 20 ans, mais
l'électricité a sensiblement augmenté sa part de
marché, passant de 20 % à 42 % de notre bilan
énergétique. Compte tenu de la croissance prévue des
besoins industriels et des ménages, nous prévoyons, selon notre
scénario moyen, que la demande d'électricité croîtra
en moyenne de 1,8 % par année, après économies
d'énergie, entre 1992
et 2010. Ainsi, nos clients de 2010 seront plus nombreux, et nos ventes
seraient d'environ 47 000 000 000 de kWh de plus que nos ventes actuelles, qui
se chiffrent à 133 000 000 000 de kWh au Québec.
Pour satisfaire ces besoins additionnels ou les ralentir,
Hydro-Québec peut faire appel à plusieurs moyens: 1.
l'amélioration de notre réseau existant et l'augmentation du
rendement de nos équipements; 2. la promotion de l'efficacité
énergétique sous deux formes: les économies
d'énergie qui visent à consommer moins
d'électricité pour un même service, et elles permettent de
reporter la construction de centrales dites de base; la gestion de la
consommation qui permet de différer la consommation dans le temps, et
elle permet de reporter la construction de centrales de pointe; 3. l'ajout de
nouveaux équipements de production, ces équipements pourraient
être hydroélectriques, thermiques, nucléaires,
éoliens, etc.
Toutes ces options ont été longuement discutées en
consultation. Elles ont abouti à l'élaboration de combinaisons
vraisemblables, puis à leur analyse comparative selon différents
critères qui tiennent compte des impacts environnementaux autant que des
conséquences économiques pour nos clients, pour le gouvernement
et pour Hydro-Québec. À cette combinaison de moyens, il nous
fallait ajouter les possibilités de développement de
marché que nous offre la disponibilité de
l'hydroélectricité. En effet, Hydro-Québec possède
un réseau unique en Amérique puisque plus de 95 % de notre
électricité est produite à partir de l'eau. Il s'agit
d'une ressource précieuse et renouvelable. Notre système est
basé sur des réservoirs qui accumulent de l'eau en période
de crue pour répondre aux besoins qui varient en fonction de notre
climat. Nous arrivons aussi à produire des kilowattheures à un
coût plus économique que les sources alternatives disponibles et
ces kilowattheures peuvent contribuer à stimuler le développement
économique du Québec par le développement des
électrotechnologies, qui permettent la mise au point de
procédés électriques, qui remplacent des
procédés classiques qui font appel au gaz ou au pétrole,
et augmentent ainsi la compétitivité des entreprises.
L'implantation d'industries à forte consommation
d'électricité; notre niveau d'engagement actuel auprès de
ce type d'industries nous conduit toutefois à proposer des objectifs
limités en cette matière. Les exportations
d'électricité; l'existence du réseau d'interconnexions de
6000 MW et les possibilités de surplus d'eau ainsi que les tendances
actuelles d'achats et d'échanges entre réseaux voisins incitent
au maintien de cette option malgré un ralentissement notable des
prévisions de besoins des réseaux voisins d'ici l'an 2000.
Pour analyser l'ensemble des options possibles, tant du
côté de l'offre que de la demande, et mesurer leurs impacts sur
nos besoins à moyen et long termes, nous avons convenu et proposons de
retenir les sept critères suivants: la rentabilité pour
Hydro-Québec et sa clientèle; deuxièmement,
l'adhésion au principe du développement durable;
troisièmement, le meilleur coût pour la clientèle;
quatrièmement, la santé financière de l'entreprise;
cinquièmement, le soutien à l'emploi au Québec;
sixièmement, une marge de flexibilité en matière de
planification et, dernièrement, le respect des critères de
fiabilité en énergie et puissance pour assurer la
continuité du service.
Les orientations que nous proposons découlent de l'application de
ces critères et tiennent compte des avis exprimés par les
participants à la consultation. Elles traduisent les principaux enjeux
de notre proposition de développement qui sont: celui de
l'efficacité énergétique, c'est-à-dire notre
volonté collective de mettre en place tous les moyens requis pour que
nous puissions réaliser l'objectif de réduction de notre
consommation d'électricité d'au moins 9 000 000 000 de kWh par
année, à compter de l'an 2000. C'est un défi important car
il fait appel à la participation de tous nos clients ainsi qu'à
des interventions de l'État. Plusieurs de nos programmes connaissent du
succès auprès des clientèles visées, mais notre
véritable succès doit se mesurer sur le compteur de chaque
client. Votre appui en cette matière nous est indispensable. (11 h
20)
Deuxièmement, celui de l'hydroélectricité:
l'hydroélectricité est une forme de production
d'électricité qui est au Québec, tout à la fois
économique, renouvelable et peu dommageable pour l'environnement. Cette
réalité se heurte cependant aux convictions de ceux et celles qui
prétendent, un peu partout, que le développement des ressources
hydroélectriques du Québec, par des complexes importants,
entraîne des conséquences irréparables pour le milieu
naturel et pour les communautés qui habitent ces régions. La
poursuite du développement de ces ressources nécessitera des
actions encore plus importantes pour réduire et gérer les impacts
sociaux et environnementaux de ces projets. Elle nécessitera, de plus,
des efforts en vue de mesurer les effets environnementaux cumulatifs et les
externalités. Il faudra, enfin, accorder une importance accrue aux
consultations auprès des populations locales, afin de mieux harmoniser
nos projets avec les attentes du milieu. Nous devons assurer à toutes
les parties la réalisation de leurs aspirations et la poursuite de leur
développement et ce, dans toutes les régions du Québec.
Ces facteurs ainsi que la complexité croissante des processus d'examen
et de révision des études d'impact nous incitent à
proposer une plus grande flexibilité au niveau des dates de mise en
service requises pour les futurs projets. Mais ces deux enjeux principaux
relatifs à l'équilibre offre-demande, de même que toutes
les orientations proposées dans notre plan 93, doivent supporter notre
principal enjeu qui est d'offrir à tous les citoyens du Québec et
aux commerces, industries et institutions, un service de qualité reconnu
et fiable, au moindre coût.
Il y a trois ans, le gouvernement du Québec décidait de
modifier la périodicité, la démarche d'élabora-
tion et le contenu du plan de développement
d'Hydro-Québec. Nous espérons que la proposition que nous avons
rendue publique en novembre dernier et qui fait l'objet de la présente
commission parlementaire répond aux attentes maintes fois
exprimées dans cette assemblée et qu'il sera possible, au terme
de ces travaux, de statuer sur les orientations proposées.
Je souhaite vivement que les échanges que nous aurons au cours
des prochaines heures vous permettront de recueillir tous les renseignements
pertinents pour comprendre et évaluer les orientations que nous
proposons. Je vous remercie, M. le Président, et vous demande de
céder la parole à M. André Delisle, vice-président
à la Planification générale, qui reviendra de façon
plus précise sur les différentes combinaisons que nous avons
étudiées en matière d'offre et de demande, ainsi que sur
les orientations que nous proposons.
Le Président (M. Audet): Merci. M. Delisle.
M. Delisle (André): On vous distribue à l'instant
même copie d'une planche que je vais utiliser.
Le Président (M. Audet): Alors, on va procéder
à la distribution. Vous pouvez y aller, M. Delisle.
M. Delisle: D'accord. Ma proposition porte sur l'offre et la
demande d'électricité et le prix de l'électricité.
En ce qui concerne l'offre et la demande d'électricité, les
options à long terme concernent les moyens disponibles pour satisfaire
les besoins d'électricité et le développement des
marchés, comme l'a indiqué M. Drouin dans sa présentation,
je vous réfère à la page 4 de la présentation. Au
cours de la consultation publique, nous avons examiné, avec les
différents groupes, les principaux moyens disponibles pour satisfaire
les besoins d'électricité au Québec. On voit ici, un peu,
la liste de ces moyens-là. L'amélioration du réseau
existant, que ce soit, par exemple, au niveau de la réduction des
déversements productibles ou que ce soit au niveau de
l'amélioration du rendement des groupes turbo-alter-nateurs, a
été un moyen qui a été un peu accepté par
tout le monde, a fait un peu l'unanimité et vous voyez, dans le plan de
développement, effectivement, que dans toutes les propositions qu'on
fait l'amélioration du réseau existant est la première
priorité qui est présentée.
L'efficacité énergétique a été
également examinée. On a examiné trois options.
Unepremière option où on ferait de l'efficacité
énergétique en fonction de la rentabilité privée
d'Hydro-Québec, c'est-à-dire qu'on ferait de l'efficacité
énergétique jusqu'au moment où ce n'est plus rentable pour
Hydro-Québec.
Une autre option où la rentabilité est examinée du
point de vue de l'ensemble du Québec, mais en considérant une
borne de rentabilité hydraulique, c'est-à-dire qu'on ferait des
économies d'énergie jusqu'à ce que ce soit moins rentable
que de faire un équipement hydraulique marginal.
Une troisième option où, encore là, c'est la
rentabilité du point de vue de l'ensemble de la société
québécoise, mais en prenant pour borne de rentabilité le
thermique, c'est-à-dire qu'on ferait des économies
d'énergie jusqu'à ce que ce soit plus rentable en comparaison
avec le thermique.
Dans la consultation publique, il est rapidement apparu que l'option
à laquelle on considère seulement la borne de rentabilité
privée d'Hydro-Québec ne faisait pas de consensus, si bien que
dans les différents scénarios qu'on présente on a retenu
l'option à 9,2 TWh et l'option à 10 300 000 000 kWh qui concerne
la rentabilité sociale du Québec.
Le troisième moyen disponible qui a été
examiné, le remplacement de l'électricité par des
combustibles fossiles, qu'on peut caractériser comme un peu le
scénario de la substitution... En fait, dans le cadre d'un tel
scénario, Hydro-Québec inciterait les différents
consommateurs à consommer d'autres combustibles plutôt que de
l'électricité. Un tel scénario est certainement
très intéressant dans un réseau thermique puisque c'est
beaucoup plus efficace de consommer du combustible chez le client parce que sa
fournaise fonctionne à 85 % d'efficacité que dans une turbine
qui, elle, produit souvent à moins de 50 % d'efficacité.
Les autres moyens qui ont été examinés, en termes
d'ajout de moyens de production, concernent la filière hydraulique
on va y revenir par la suite concernent la filière
thermique et la cogénération où on a examiné deux
options qu'on reprend également par la suite. La filière
nucléaire a été également examinée. Par
contre, elle n'est pas retenue par la suite dans nos combinaisons parce qu'elle
s'avère 40 % plus chère que la filière hydraulique et son
acceptabilité sociale est difficile.
Quant aux nouvelles sources d'énergie, l'énergie
éolienne, comme on le verra plus tard, on a retenu un scénario
là-dessus où on intègre 1000 MW éoliens sur le
réseau principal, et aussi en matière d'énergie solaire on
a examiné différentes options, mais pour rapidement s'apercevoir
qu'au Québec ce n'est pas notre premier atout. On a examiné
également des moyens pour satisfaire les besoins en puissance.
De l'ensemble des options qu'on vient de voir ensemble, on a construit
cinq options avec les participants. La combinaison 1 est l'option où on
ferait des économies d'énergie, comme je l'ai mentionné,
en tenant compte de la rentabilité pour la société
québécoise, mais par rapport à l'option hydraulique.
C'est-à-dire que tous les moyens d'économie d'énergie qui
sont moins chers que faire de l'hydraulique, on les considère dans cette
option-là. Également, dans cette première
option-là, de l'hydraulique serait nécessaire au-delà des
équipements en construction à partir de 1997.
Dans la combinaison 2, c'est encore le même choix en
matière d'économie d'énergie. Par contre, on ajoute de la
cogénération. Aux 760 MW qui est actuellement en
négociation, on irait jusqu'à 1200 MW de
cogénération dans ce scénario-là et, par
contre, le reste des besoins à partir de 1999 serait satisfait par la
filière hydraulique également.
Dans la troisième option, là maintenant, en matière
d'économie d'énergie, on irait un peu plus loin,
c'est-à-dire qu'on ferait toutes les mesures d'économie
d'énergie qui sont moins coûteuses que la filière thermique
et on compléterait par de l'hydraulique.
Dans la quatrième option, c'est encore tous les moyens qui sont
moins coûteux que la filière thermique, mais dans celle-là,
aux 760 MW actuellement en négociation de «cogen», on
ajouterait 740 MW supplémentaires, si bien qu'on aurait 1500 MW de
cogénération dans ce scénario-là, plus des
centrales à cycle combiné, à partir de 2001 par la suite.
Donc, dans la combinaison 4, Hydro-Québec ne serait plus dans
l'hydraulique au-delà de ce qui est en construction actuellement.
Dans la combinaison 5, on a toujours le même choix en
matière d'efficacié énergétique à 10,2 TWh,
de l'ajout d'hydraulique à partir de 1998, mais ici on teste ce que
ça ferait sur l'ensemble des variables l'inclusion de 1000 MW
d'éoliens sur le réseau principal. (11 h 30)
À la planche 6, on présente les options en matière
de développement de marchés qu'on a également
considérées, parce qu'on peut avoir une approche plus ou moins
proactive pour développer nos marchés.
En matière d'électrotechnologies, on analyse deux options.
En matière d'industrie à forte consommation
d'électricité, on a analysé avec les groupes trois options
et, en matière d'exportation, deux options qui sont un petit peu
précisées à la planche 7. La combinaison 1, c'est une
combinaison dans laquelle on ne ferait pas de développement de
marchés et c'est par rapport à cette combinaison-là qu'on
compare les autres combinaisons.
Dans la combinaison 1A on ferait des électrotechnologies
jusqu'à 220 MW et on voit que dans toutes les autres combinaisons, c'est
le même montant d'électrotechnologies qu'on susciterait chez nos
clients.
Dans la combinaison IB, au-delà des électrotechnologies
dont on vient de parler, on susciterait, par une action proactive, des projets
pour jusqu'à 180 MW par les industries à forte consommation
d'électricité. Dans ce cas-ci, il s'agirait de petits projets
ciblés de 30, 40 MW, alors que dans la combinaison 1C on irait un peu
plus loin. Il y a un écart de 360 MW au niveau des industries à
forte consommation d'électricité. Donc, dans la combinaison 1C,
ces 360 MW seraient alloués à une nouvelle aluminerie. Donc, le
scénario 1C se trouve à examiner, par rapport au scénario
IB, c'est quoi l'effet d'avoir une nouvelle aluminerie pour HydroQuébec
et le Québec .
Dans la combinaison ID, on a toujours les électrotechnologies
à 220 MW, on a notre approche ciblée en matière de forts
consommateurs et on a 1500 MW d'exportation, probablement, compte tenu de
l'état du marché, aux alentours de 2200, 2400 qui seraient
ajoutés comme besoin.
À la planche 8, on voit un peu quels sont les résultats de
l'ensemble de ces travaux-là. Je vais essayer de vous expliquer un petit
peu les concepts, parce que pendant le prochain mois les mémoires vont
vous parler beaucoup de ces chiffres-là et c'est donc très
important, sans doute que vous les compreniez parfaitement. À la
première ligne ici, on essaie de voir quel est le coût
actualisé de l'ensemble des investissements, des dépenses
d'exploitation, des achats d'énergie, des taxes, etc., qui sont
impliqués par la satisfaction des besoins concernés, des besoins
d'électricité au Québec. Le chiffre qui est là,
c'est en milliards de kilowattheures, actualisé en 1992. Ce qu'on peut
voir, par exemple, c'est que dans la combinaison 4 ça coûterait 41
600 000 000 $ pour satisfaire les besoins au Québec en utilisant le
thermique, alors que dans la combinaison 1 c'est 37 100 000 000 $. Donc, on
parle de 4 500 000 000 $ de plus en valeurs actualisées pour satisfaire
les mêmes besoins au Québec dans la combinaison 4.
L'indice comparatif des coûts, lui, permet de comparer les
coûts de ce qui varie à la marge dans chacun des scénarios.
Donc, c'est un écart par rapport, si on veut, à la combinaison 1.
Par exemple, dans la combinaison 2, quand on dit 1.30, ça veut dire que
remplacer 440 MW d'hydraulique dans la combinaison 1 par 440 MW de
cogénération dans la combinaison 2, ça coûte 30 %
plus cher à la marge de faire ça.
Dans la troisième ligne, l'écart annuel moyen des
coûts de fourniture en millions de dollars actualisés pour
l'ensemble de la période 1996-2010, ici ce qu'on présente, c'est
les coûts comptables qu'il faudra récupérer sous forme de
tarifs si on met en place chacune de ces combinaisons-là. Par exemple,
à la combinaison 4, 90, ça veut dire qu'il faudrait payer pendant
les 14 ans 90 000 000 $, en moyenne, de plus de tarifs chaque année. Ce
qui, pour l'ensemble de la période, équivaut à 1 point de
tarif si on choisit ce scénario-là, versus les tarifs qu'on
aurait à payer, si on choisissait la combinaison 1.
À la ligne suivante, on parle des investissements pour l'ensemble
de la période. Encore là, 1 000 000 000 $ de 1992. Donc, c'est
les investissements d'Hydro-Québec. On voit qu'ils varient beaucoup.
Encore là, la combinaison 4, c'est une combinaison dans laquelle on
investirait beaucoup moins, puisqu'on est dans le thermique. Par contre, je
dois vous mentionner que ces investissements-là incluent ceux de la
phase II en cours de réalisation pour les années suivantes.
La marge bénéficiaire globale d'Hydro-Québec,
qu'est-ce que c'est? C'est le rapport entre le bénéfice de
profits d'Hydro-Québec et l'ensemble des ventes. Ce qu'on voit, c'est
que dans la combinaison 4 cette marge bénéficiaire là est
pas mal différente que dans les autres combinaisons. En fait, moins on
fait d'investissements, plus la marge bénéficiaire va avoir
tendance à être... Moins on utilise de nos propres investissements
à Hydro-Québec, plus la marge bénéficiaire va avoir
ten-
dance à être basse. On pourra y revenir, si vous voulez,
par la suite.
Au niveau des emplois soutenus par les investissements, ici, on est en
années-personnes pour l'ensemble de la période, c'est des
années-personnes, donc les emplois reliés à l'ensemble des
investissements qui sont faits et ça inclut, dans le cas des
économies d'énergie, les emplois qui seraient créés
par les milliards d'investissements des consommateurs. Donc, vous voyez, encore
ici, que les investissements varient passablement d'un scénario à
l'autre et ils sont beaucoup plus faibles dans la combinaison 4.
Au niveau des retombées fiscales, ici, c'est des retombées
fiscales pour l'actionnaire, le gouvernement du Québec, et ça
concerne l'ensemble, les retombées fiscales reliées à
l'ensemble des activités d'investissement et d'exploitation qui sont
impliquées là-dedans. Dans la combinaison 1, le chiffre n'est pas
là, mais ça serait 2 600 000 000 $ qu'il faut lire. C'est que
dans la combinaison 1, ce qu'on dit, c'est que l'ensemble des activités
dans cette combinaison-là aurait pour effet, en valeurs
actualisées de 1992, de créer pour 2 600 000 000 $ de
retombées fiscales pour notre actionnaire. Ce qu'on voit dans les
combinaisons alternatives, c'est la variation par rapport à ça,
par exemple, comme dans la combinaison 4, moins 605 000 000 $, ça veut
dire que ça serait 1 995 000 000 $, les retombées fiscales dans
ce scénario-là.
Continuons à la page suivante, où on regarde maintenant
les aspects plutôt environnementaux de ces combinaisons-là.
D'abord, à la première ligne, les espaces requis en 2010, donc
c'est pour une année donnée, pour nos équipements en
kilomètres carrés, on voit qu'on parle d'environ 5000
km2 d'utilisation de territoire par nos équipements. Par
contre, ce n'est pas complètement des nouveaux territoires
ennoyés. À la ligne d'après, on voit les terres
ennoyées, encore là, en 2010, en kilomètres carrés,
on voit que c'est environ 2200 km2 qui seraient ennoyés par
l'établissement de nos équipements dans les différentes
combinaisons. Par contre, bien entendu, dans la combinaison 4, c'est sans objet
puisque c'est un scénario dans lequel il n'y a pas d'hydraulique.
À la ligne suivante, on traite des émissions
atmosphériques brutes au Québec en 2010 encore. Par exemple, si
on voit que c'est assez semblable, quoique la combinaison 4, bien entendu,
comme il y a du thermique, si je donne un exemple, en CO2, dans la
combinaison 4, on parle de 13 300 000 tonnes d'émissions de
CO2 qui seraient couramment faites au Québec, par
année, si on optait pour la combinaison 4, comparativement à 3
655 000 tonnes dans la combinaison 1. Ces émissions-là
comprennent les émissions reliées à la
cogénération, reliées à Tracy parce que le
fonctionnement de Tracy a une espérance de fonctionnement dans les
différents scénarios reliées aussi aux turbines
à gaz à cycle combiné et, également, les
émissions qui sont reliées à nos réservoirs. Vous
savez que nos réser- voirs, en fait, provoquent certaines
émissions.
Par la suite, on traite des principaux enjeux en termes plus qualitatifs
au niveau environnemental, perceptions et changements sociaux, l'impact de ces
combinaisons-là à cet égard, de même que sur la
qualité de l'eau, de l'air et du sol, occupation et structuration du
territoire, écosystème naturel.
De l'ensemble de ces variables-là, le plan de
développement d'Hydro-Québec confirme que la combinaison 1 nous
apparaît, à Hydro-Québec, comme étant la meilleure
combinaison, tant du point de vue de l'économique que du point de vue
des impacts environnementaux, que du point de vue des impacts
économiques. Donc, ça confirme que la filière hydraulique
nous semble être la meilleure filière pour le Québec.
Si on continue, maintenant, au niveau des impacts des options de
développement de marchés, encore là, la première
ligne, c'est la rentabilité globale pour HydroQuébec en milliards
de dollars actualisés en 1992. Ici, ce qu'on fait, c'est qu'on compare
les revenus de chacune des options avec ses coûts. Par exemple, si je
prends la combinaison IB, moins 70 000 000 $, ça veut dire que les
revenus qu'on tirerait d'avoir un programme d'électrotechnologie de 180
MW sont, en moyenne... ne sont pas en moyenne, sont, en dollars
actualisés, 70 000 000 $ moins grands, c'est ça, moins grands que
les coûts de cette initiative-là. Je dois vous dire tout de suite
qu'il y a une erreur ici dans la combinaison 1C, il faut mettre bien entendu
des parenthèses parce que cette solution-là amènerait une
perte de 540 000 000 $ pour Hydro-Québec. (11 h 40) également, on
me souligne, c'est que le titre rentabilité globale pour
hydro-québec, on ne devrait pas lire milliards, on devrait lire
millions, bien entendu. excusez. la ligne suivante, on est toujours dans
l'indice de rentabilité. quand l'indice est plus grand, quand le rapport
de revenus-coûts, qui est l'indice de rentabilité est plus grand
que un, ça veut dire qu'hydro-québec couvre ses coûts, y
compris 12 % de rendement sur son avoir propre. donc, si on prend la
combinaison ib à .96, on couvre nos coûts et puis une partie de
notre rendement sur l'avoir propre, mais pas tout notre rendement sur l'avoir
propre.
À la troisième ligne, l'écart annuel moyen des
coûts de fourniture, encore là en moyenne pour la période
de 1996-2010, on a les différents chiffres. C'est l'impact net sur nos
clients assujettis de chacun de ces choix-là. Encore là, dans le
scénario 1C, par exemple, l'impact net ça serait d'augmenter les
tarifs en moyenne de 85 000 000 $ par année, c'est-à-dire environ
un point de tarif.
À la colonne ID, on voit 25 000 000 $. Je dois tout de suite vous
mentionner que le profit qu'on voit à la première ligne, 835 000
000 $ qu'on ferait en termes actualisés Hydro-Québec, en ayant,
en faisant 1500 MW d'exportation, je dois tout de suite vous dire que ce
profit-là il n'est pas par hypothèse dans ce
scénario-
là alloué, c'est-à-dire que l'État
pourrait décider de le donner aux clients ou pourrait décider de
se le faire verser en dividendes, ou pourrait décider de le laisser
à l'intérieur de l'entreprise, mais dans le scénario ici
on ne l'a pas alloué, on ne l'a pas mis, suivant en cela notre politique
tarifaire, on ne l'a pas alloué aux clients.
La quatrième ligne d'investissements en 1996-2010. Encore
là, on voit les investissements dans le scénario ID, on voit que
les investissements, on parlerait de 50 000 000 000 $ d'investissements, donc
quand même 6 000 000 000 $ de plus que dans la combinaison 1. Marge
bénéficiaire, vous avez les différents chiffres. C'est
moins élevé dans la combinaison 1C, bien entendu, puisqu'on
serait dans une opération qui n'est pas lucrative pour
Hydro-Québec. Les emplois, c'est le même concept que tantôt,
seraient beaucoup plus élevés dans le cas du scénario ID
à 531 000 $ que dans le scénario 1, par exemple.
Retombées fiscales, encore là c'est la même chose
que tantôt. Ça s'ajoute ici aux retombées fiscales dont on
a parlé. Donc, dans le scénario ID, par exemple, il y aurait 535
000 000 $ de plus de retombées fiscales que les 2 600 000 000 $ qu'on a
vus dans le scénario 1. Si on continue, maintenant, à la planche
11, les espaces requis. Vous constatez que dans le scénario ID, bien
entendu, les espaces requis sont maintenant à 6975 km2,
puisqu'on devance des équipements pour vendre à l'exportation,
équipements qui seraient autrement nécessaires plus tard, si on
ne devançait pas.
Terres en loyers, également. C'est plus élevé dans
le scénario ID. Ici il y a un élément nouveau. C'est les
émissions atmosphériques évitées en 2010, chez nos
clients aux États-Unis. Du point de vue environnemental, c'est que si on
devance des équipements au Québec, pour vendre à
l'exportation, ça aurait pour effet bénéfique de faire
éviter des émissions, par exemple, de CO2, de 7 400
000 tonnes par année dans l'État, par exemple, américain,
chez qui on exporterait.
Vous avez par la suite tous les principaux enjeux qui sont
présentés. Ce que je dois vous dire, c'est que, dans le plan de
développement, le scénario qui est privilégié c'est
le scénario ID qui comprend une politique proactive en matière
d'électrotechnologies, une approche ciblée en matière de
grands consommateurs, et avec un certain nombre de conditions, et
également une approche de vente à l'exportation jusqu'à un
maximum de 10 % de nos ventes régulières au Québec. Encore
là, relié à certaines conditions.
Si on va maintenant à la planche 13, on peut regarder ces
choix-là. Qu'est-ce que ça donne du point de vue de la
prévision de la demande, et qu'est-ce que ça donne du point de
vue du bilan? Ici, on traite des besoins avant intervention. Ça inclut
les pertes, d'accord? M. Drouin, dans sa présentation, a
présenté les chiffres, mais c'étaient les ventes
régulières sans les pertes. Ici, ce qu'on voit, c'est que la
demande tendancielle, au Québec, entre 1992 et 2010, bien, nos analyses
nous amènent à penser que le taux moyen de crois- sance, à
partir de 1992, serait d'environ 2,2 % par année, pendant ces
périodes-là, en moyenne. après intervention, on parle de
1,8 %. ici, les interventions, c'est les trois suivantes. c'est que si on fait
un programme d'efficacité énergétique, bien entendu,
ça va réduire la demande qu'on aurait eue sans efficacité
énergétique. par contre, comme on a dit, on recommande de faire
des électrotechnologies, mais on recommande aussi d'avoir une approche
ciblée en termes de grands consommateurs. ces montants-là sont
compris quand le taux est considéré après intervention.
cette prévision-là de 2,2 % présume que l'industrie des
pâtes et papiers va s'ajuster à un environnement difficile
ça, c'est un de nos gros clients. c'était notre plus gros client;
ça va devenir notre deuxième plus gros client dans les prochaines
années et présume aussi un certain nombre de projets
d'expansion d'industries à forte consommation
d'électricité totalisant 1200 mw entre 1992 et 2010. ça,
c'est des projets qui viendraient, même si on n'a pas d'approche
proactive comme celle qu'on recommande. dans ces 1020 mw, il y en a
déjà 560 qui sont déjà signés: alouette 2,
norsk hydro et qit et il y a 460 mw qui sont non signés, mais qu'on
prévoit dans les différents marchés, qui seraient des
nouveaux clients qui viendraient, au québec, même si on n'a pas
d'approche proactive.
À la page 14, on a maintenant les différents
résultats plus précis, par période, que donnent, en fait,
ces prévisions-là. On voit, à la première ligne,
nos ventes régulières, qui passeraient de 133 à 198, on a
un certain nombre de livraisons sous entente, notamment avec le réseau
Alcan pour 6 à 7 TWh, milliards de kilowattheures. Les ventes à
l'exportation également, à la troisième ligne, ça,
c'est des contrats déjà signés, c'est-à-dire que si
on ne fait plus d'autres contrats, ce qu'on voit, c'est qu'à partir de
2005 les ventes à l'exportation vont diminuer de 12 TWh à 5 TWh
par rapport à la période d'avant. Donc, ça nous fait des
livraisons totales qui passeraient de 152 à 209. Par contre, vous le
savez, quand on prend l'électricité dans le Nord et qu'on la
descend vers le Sud, il y a des pertes, et également quand on la fait
passer par les différents niveaux de réseaux de
répartition. Donc, il y a des pertes qui s'ajoutent. Ça fait des
besoins globaux, sans développement de marché, qui passeraient de
165 à 230. Ça, c'est avant nos approches proactives. Si on ajoute
les projets qui viendraient dans le cadre de notre politique de
développement industriel proactif ciblé et les besoins
liés aux exportations, les chiffres, par exemple, en 2010, passent de
230 à 242. Il y a une réserve énergétique requise.
Donc, on parlerait de 248 TWh en l'année 2010.
Partant de là maintenant, les besoins d'énergie à
satisfaire, à la page 15, on présente les différents
moyens existants engagés et les autres qui seraient nécessaires
pour satisfaire ces besoins-là. D'abord, on a un parc existant. On a des
achats également, principalement avec Churchill Falls, qui nous donnent
déjà 172 TWh par année. Donc, on l'a, ça. Si on se
met à l'année
2010, là, ça fait 172 TWh. Également, on a des
centrales en construction dans le cadre de La Grande phase II, LG 1, Brisay, LA
1, c'est 14 TWh. Puis, on est déjà dans une approche de
négociations, comme on l'a mentionné, avec certains producteurs
privés, pour 760 MW. Ça, ça nous donnerait, en 2010, 6
TWh. les améliorations du réseau la première
priorité qu'on s'est donnée, à la ligne suivante
nous donnent 2 twh additionnels en 2010 qu'en 1995. l'efficacité
énergétique, qui est notre deuxième priorité, nous
donnerait 10 twh en l'an 2000. ici, ça se compare aux 9,3 dont on
parlait tantôt, parce que les 9,3 étaient en ventes, quand on se
met en besoins, c'est-à-dire, au niveau de la centrale, on est à
10 twh, et, comme vous voyez, le 10 twh doublerait en l'an 2010.
c'est-à-dire qu'en l'an 2000 on se trouverait à avoir tapé
33 % du potentiel qu'on a estimé, en 1992, le potentiel
d'efficacité énergétique alors qu'en l'an 2010 on aurait
tapé 66 % du potentiel estimé en 1992. (11 h 50)
L'ensemble des moyens qui viennent d'être identifiés,
à la ligne suivante...
Le Président (M. Audet): Si vous voulez conclure, M.
Delisle. L'enveloppe de temps est presque terminée...
M. Delisle: Oui.
Le Président (M. Audet): ...si ce n'est qu'elle est
terminée.
M. Delisle: O.K. Donc, ça vous donne, en fait... Ce que je
voudrais faire ressortir ici, c'est qu'on a besoin d'un certain nombre de
moyens additionnels qu'on voit à la ligne «Moyens additionnels
nécessaires». C'est qu'à partir de l'an 2000 on a besoin
d'avoir de nouvelles centrales hydrauliques. À la page suivante, on a la
liste des centrales qui peuvent être mises en service avec la date au
plus tôt. On aura l'occasion d'y revenir. Ce qu'il faut retenir ici,
c'est que, dans le plan de développement, on présume que les
choix définitifs vont être faits au moment où
l'équipement sera requis et puis, seulement à ce
moment-là.
Il y a deux pages qui vous donnent un petit peu les décisions,
les moments où on doit prendre les décisions, pages 17 et 18.
Mais, en fait, je pense que je vais laisser faire. On aura l'occasion d'en
reparler. Au niveau des prix d'électricité, à la page 20,
retenez que l'ensemble des stratégies d'Hydro-Québec impliquent
52 000 000 000 $ d'investissements dans les années 1993-2002. Et puis,
à la page 21, on vous présente ici, en 1992, notre structure de
coûts de fournitures. Donc, on voit, en 1992, qu'il nous en coûte
0,053 $ par kilowattheure pour fournir l'énergie aux clients assujettis.
De ce 0,053 $, il y en a 0,039 $ qui vient de ce qu'on appelle les autres
charges, c'est-à-dire amortissements, taxes et achats. Et puis il y a
0,014 $ qui vient de nos frais d'exploitation et ça donne 0,053 $ au
total. dans la mesure où on veut contenir nos tarifs à
l'inflation, le 0,053 $ va augmenter jusqu'à 0,069 $ en l'an 2000. comme
nos investissements vont provoquer les estimés auxquels je
référais tantôt, vont provoquer une augmentation de la
catégorie «autres charges et intérêts» à
0,054 $, on voit que les frais d'exploitation devront augmenter de moins de 0,8
% par année si on veut être capables de réaliser l'objectif
d'avoir des tarifs à l'inflation. ça va impliquer 20 %
d'amélioration de productivité.
Enfin, à la dernière planche, on a un peu ici les tarifs
d'Hydro-Québec comparés avec d'autres provinces ou États.
On voit qu'on est dans une position quand même relativement
intéressante. C'est le cas aussi de tous les réseaux
hydrauliques. Vous remarquerez que les réseaux hydrauliques sont les
réseaux qui ont les meilleurs tarifs et on voit donc que les gens qui
nous ont précédés à la direction
d'Hydro-Québec ont fait des choix stratégiques extrêmement
intéressants puisque, aujourd'hui, on est à même de
profiter de ces tarifs très bas. Merci.
Le Président (M. Audet): Merci, M. Delisle. Les
parlementaires brûlent d'impatience pour les questions à poser.
Alors, suivra une période de questions d'environ 45 minutes. Je vais
maintenant reconnaître Mme la ministre responsable de l'Énergie et
des Ressources.
Qualité du service
Mme Bacon: Merci, M. le Président. Je voudrais remercier
les représentants d'Hydro-Québec pour la présentation de
son plan de développement et commencer tout de suite, comme le
président le disait, à poser quelques questions.
Les intérêts des consommateurs... et je pense que nous
attachons tous, comme parlementaires, beaucoup d'importance aux
consommateurs... et ces intérêts-là portent principalement
sur deux grandes variables. D'abord, la qualité de services et le prix.
Je pense que vous l'avez dit vous-même. À la section 2 de la
proposition du plan de développement, Hydro-Québec se
présente comme une entreprise de services. Vos clientèles ont
clairement fait savoir ce qu'elles attendaient en matière de
qualité de services. Un redressement important s'imposait et, depuis
1990, il est vrai qu'il y a des améliorations qui ont été
réalisées. Mais, malgré ce progrès, on comprend,
à la lecture de la section 2, qu'il reste encore beaucoup de chemin
à faire avant d'arriver à l'objectif identifié en haut de
la page 18, à savoir être reconnu par la clientèle,
à l'horizon 2000, comme la meilleure entreprise
d'électricité au Canada.
Résultats et objectifs du programme Défi
performance
Est-ce que vous pourriez brièvement faire le point
sur les résultats concrets et les objectifs futurs de l'ambitieux
programme Défi performance que vous avez.
M. Drouin: Premièrement, je voudrais informer la
commission que se sont adjoints à nous Jacques Régis, qui est
vice-président exécutif de Production, Transport et
Télécommunications, et Gilles Béliveau, qui est
vice-président exécutif de Clientèle et Distribution.
Si j'ai bien compris le sens de la question, M. le Président,
c'est celui de faire une brève description du progamme Défi
performance et des objectifs que nous nous sommes donnés. D'abord...
Mme Bacon: Excusez-moi, M. le Président, c'est surtout les
résultats. Le programme, on le connaît, mais les résultats
obtenus et les objectifs futurs. C'est un programme ambitieux.
M. Drouin: En termes de qualité du service.
Mme Bacon: Oui, c'est un programme ambitieux, mais je pense qu'on
voudrait avoir tout de suite, là, si vous pouviez faire le point sur les
résultats obtenus.
M. Drouin: Bon. Alors, je vais demander à M.
Béliveau de vous donner des informations relativement aux
résultats obtenus en clientèle et par la suite M. Régis
pourra parler des résultats au niveau de la production.
Le Président (M. Audet): M. Béliveau.
M. Béliveau (Gilles): Merci. M. le Président, je
vous rappellerai que dans les commissions passées et ça
date déjà de 1989 on avait pris des engagements
précis sur, d'une part, l'amélioration, la continuité du
service et, d'autre part, l'amélioration de la qualité de nos
services commerciaux. Alors, pour donner suite à ces engagements on
avait dit que nous allions mettre sur pied des programmes
d'amélioration, principalement à ce moment-là,
d'investissements et vous vous rappellerez, par exemple, notamment, en
distribution. Nous nous étions engagés sur un programme
d'investissements de 700 000 000 $ qui se déroule tel que prévu,
avec quelques petites anicroches passées, dues aux difficultés de
parcours que nous avons eues dans les années 1990- 1991, et, d'autre
part, sur des programmes d'amélioration de la maintenance de nos
installations. alors, grâce à cela, nous avons réussi,
à date, sur le plan de la continuité du service, à
atteindre, tel que vous le voyez à la page 34 des engagements de
performance, nous avons réussi à atteindre cette année,
c'est-à-dire à la fin de 1992, une continuité... à
baisser notre continuité à 4,45 heures, quatre heures et demie
par client alors que, si je remonte en 1989, l'année où nous
avons pris l'engagement, nous étions à près de 8 heures
et, en 1990, à 6,7 heures. effectivement, il y a une petite erreur, je
tiens à vous le souligner, c'est 7 heures exactement. alors, nous avons
diminué notre temps d'interruption de 7 heures à 4 heures et
demie et, tel que le dit notre objectif pour 1995, nous entendons
réduire cette continuité-là à 4 heures par
année et évidemment, si la température est belle comme ce
fut le cas cette année, nous atteindrons même 3,2 heures. À
ce moment-là, nous pourrons nous comparer avantageusement... nous serons
en bas de la moyenne des utilités canadiennes. Évidemment, nous
n'aurons pas atteint la performance de la meilleure utilité au Canada
encore, c'est pour l'an 2000, mais nous serons en bas de la moyenne des
utilités canadiennes. Alors, voilà sur la plan de la
continuité du service. Alors, je laisserai mon collègue de
Transport, tout à l'heure, vous parler brièvement de ce qui s'est
fait au niveau du réseau de production en transport.
Quant à l'amélioration de la qualité des services
commerciaux et conformément à ce que nous avons
décelé en 1992 dans nos tables de consultation auprès de
nos différentes catégories de clients, le client s'attend de nous
à avoir un service prévenant et personnalisé.
Prévenant, ça veut dire qu'il veut qu'on aille au-devant de ses
besoins quant aux conseils qu'il entend obtenir de nous pour diminuer sa
facture, améliorer son confort. Personnalisé, ça veut dire
qu'il veut qu'on réponde à ses problèmes, à ses
besoins, à ses questions. Et je voudrais ici signaler, parce que c'est
important, que «personnalisé» ne veut pas dire un service en
personne. Ce qui nous a amené d'ailleurs, pour optimiser notre service,
c'est-à-dire améliorer la qualité et en diminuer nos
coûts et on en reparlera peut-être un petit peu plus tard
cet avant-midi à regrouper nos services commerciaux dans les
différents bureaux d'affaires que nous avons à travers la
province. (12 heures) alors, ça nous a permis, sur ce plan-là,
grâce à ces programmes-là, à atteindre un taux de
satisfaction de la clientèle qui est passé, si je peux retrouver
la page la page 13 qui est passé en 1992 de 84 % à
90 %, et vous vous rappellerez, au moment où on a pris ces
engagements-là, que le taux de satisfaction était de l'ordre de
47 %. alors, ça s'est traduit par un taux de réponse aux appels
téléphoniques qui est rendu à 93 % 93 % c'est la
moyenne des utilités américaines alors on entend maintenir
ce 93 % là, mais travailler davantage sur la qualité des
réponses qu'on donne aux clients et, surtout, diminuer le temps
d'attente des clients au téléphone. c'est-à-dire que les
entreprises performantes américaines, à 93 %, ne font jamais
attendre le client au téléphone au-delà de 20 secondes.
nous, nous sommes légèrement au-dessus d'une minute, alors nous
travaillons actuellement sur la diminution de ce taux d'attente là.
alors, ça s'est traduit aussi, tel que le disent les autres graphiques,
par des délais de raccordement, aujourd'hui, qui sont à
l'intérieur des normes, dans 90 % des cas, et évidemment par les
différentes autres améliorations que vous constatez dans les
pages 15, 16, 17 et 18 de nos engagements de performance.
M. Drouin: Je pense, M. le Président, que vous
avez un peu une idée des critères qu'on se donne, des
objectifs, des cibles très précises et qu'on aura l'occasion
d'examiner, au niveau de l'engagement de performance qui est plutôt
cédulé à la fin de la présente commission
parlementaire. Ce qui est important, pour répondre à la question
de la ministre, c'est de souligner que l'approche de l'entreprise est beaucoup
plus structurée qu'elle ne l'était autrefois. Et cette approche
est faite avec, bien sûr, notre engagement dans la gestion de la
qualité totale et, en faisant ça, il y a plusieurs projets et
programmes qui ont été mis en marche. On a parlé de la
vision tantôt. Vous savez, c'est la première fois
qu'Hy-dro-Québec se donne une vision d'entreprise. Une vision en
fonction de sa clientèle. Alors, ça c'est un objectif majeur.
Deuxièmement, on a parlé ou on parlera de la table des tables,
qui consiste à faire une consultation très précise de
l'ensemble des clients de l'entreprise pour déceler les besoins de ces
clients-là. Alors, les trois grands besoins qu'on a identifiés,
dans l'ordre sont: le service prévenant et personnalisé, le prix
et la continuité du service. Ensuite de ça, c'est formation. Au
cours de l'année 1992, on a effectué énormément de
sessions de formation, 332 sessions de formation; en 1991-1992, 3000 personnes
ont passé par ces sessions de formation. Donc tout ça pour dire,
en réponse à la question, que Défi performance nous a
permis de structurer la démarche de façon à ce que ce ne
soit pas une poussée de qualité de service fantastique pendant
une période d'un an ou 2 ans, mais que ce soit réellement une
démarche en continu au cours des 5, 10 et 15 prochaines
années.
Le Président (M. Audet): Mme la ministre.
Mme Bacon: justement, m. le président, vous nous parlez,
m. drouin, de la formation de votre personnel. on sait que vous avez investi
quelque 47 000 000 $ en 1991 et 55 000 000 $ en 1992. c'est environ 1 % des
tarifs. j'aimerais ça que, pour le bénéfice de la
commission, vous puissiez nous exposer les grandes lignes des mesures de
formation qui ont été implantées dans l'entreprise, ou qui
le seront prochainement, pour soutenir les efforts relatifs à
l'amélioration de la qualité des services. c'est quand même
des sommes qui sont élevées.
M. Drouin: Effectivement, M. le Président, tout le projet
de la gestion de la qualité passe par, primordia-lement, la formation.
Et la ministre de l'Énergie et des Ressources a parfaitement raison,
nous avons engagé des sommes importantes au niveau de la formation, et
je demanderai à M. Jean-Marie Gonthier, qui est vice-président
exécutif Qualité et Ressources humaines, de vous en brosser un
court tableau.
M. Gonthier (Jean-Marie): M. le Président, pour vous
donner une idée des coûts actuellement, nous sommes passés
de 1986 à 1992 de 24 000 000 $ à 55 000 000 $ de formation.
Ça représente à peu près 4 % de la masse salariale,
alors que la majorité des grandes entreprises canadiennes
dépensent autour de 2 % de la masse salariale, d'où l'importance
accordée au savoir-faire de l'entreprise. Pour ce qui est de Défi
performance, nous avons dépensé, à date, en deux ans, 1
000 000 $ de formation reliée à la formation du personnel sur les
nouvelles méthodes de travail, les nouvelles approches de
résolution de problèmes, sur l'amélioration continue et
ça représente, sur les six jours en moyenne de formation par
employé, à peu près une des six journées
totales.
Le Président (M. Audet): D'accord. Je vais maintenant
reconnaître M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Je vais emboîter le pas dans ce que madame a
dit. Au niveau du service à la clientèle, les chiffres paraissent
bien, les graphiques sont beaux, mais quand je lis le relevé de presse,
par exemple, des régions, Rivière-du-Loup, Victoriaville
le président a eu de la misère à certains endroits
à s'exprimer je voudrais savoir si vous avez un programme
spécifique pour essayer de vendre aux gens ce que vous essayez de leur
faire croire.
M. Drouin: Premièrement, si vous faites allusion à
Victoriaville ou à d'autres villes, contrairement à ce qui peut
se véhiculer, nous ne tentons pas de centraliser nos services à
des endroits comme Montréal et Québec. La décentralisation
que nous faisons et la restructuration consistent justement à
améliorer le service de la clientèle. Laissez-moi vous donner
juste quelques chiffres. Nous avons 3 000 000 de clients au Québec. On
constate que dans 45 bureaux d'affaires il n'y a que 180 000 de ces
clients-là qui se présentent et à peu près 60 %
à 70 % de ces clients-là se présentent pour payer leur
facture. Donc, on a à peu près 30 % de ce 180 000 qui vient au
bureau pour des raisons, je dirais, d'affaires, soit pour obtenir des
informations, soit pour se renseigner, choses qui peuvent très bien se
faire par le téléphone. Nous, ce qu'on souhaite, c'est de
regrouper certaines masses critiques de nos employés, de façon
à donner un meilleur service à la clientèle. Je donne, par
exemple, qu'il est beaucoup plus efficace pour l'entreprise et n'importe quelle
entreprise, maintenant que les moyens électroniques de communication
sont donnés et sont réellement en place, c'est beaucoup plus
efficace de concentrer une masse critique d'employés dans une
municipalité, dans un endroit, qui permet d'avoir plus d'employés
au même endroit et, par conséquent, d'avoir une présence
plus grande pour donner la réponse au client. Autrement dit, deux
employés dans chaque municipalité du Québec, ça ne
donne pas du tout le même rendement que de regrouper une cinquantaine
d'employés qui ont les moyens de téléphone et qui peuvent
répondre, avoir la formation, avoir la supervision, avoir
l'interactivité entre ces employés-là. C'est ça
l'objectif qu'on vise, et ce à quoi vous faites allusion à
Victoria-
ville, c'est ce que j'ai tenté de leur expliquer.
M. Chevrette: Mais je pense à Rivière-du-Loup. On
ne nage pas dans le trèfle aux genoux sur le plan économique.
Quand il y a une disparition subite de 33 emplois fort bien
rémunérés dans une petite ville, vous savez très
bien que, sur le plan concret, les autorités en place, tout le monde
s'inquiète parce que perdre 33 emplois très
rémunérateurs dans un milieu, ça a des conséquences
économiques, vous le savez très bien. C'est dans ce
sens-là que... À mon avis, c'est dans ce sens-là que les
gens présentent une critique. On l'exprime peut-être mal, mais sur
le plan des faits vous savez pertinemment que les autorités en place,
les conseils de développement économique, les corporations de
développement économique sont inquiets de ce
côté-là parce qu'on crée un vide assez
rapidement.
M. Drouin: M. le Président, je dois vous dire que nous
sympathisons énormément avec les municipalités qui sont
impliquées. C'est bien sûr. Nous aussi on est bien conscients de
l'impact économique que l'on génère dans les
régions du Québec, mais, d'un autre côté, on a un
appel pressant, pressant de vous tous et toutes qui êtes ici, de
réduire nos coûts. Il n'y a personne dans la population du
Québec qui ne nous dit pas régulièrement: Vous avez trop
de monde chez vous et, 27 000 employés, vous pouvez en couper et
ça va réduire les coûts. Le message est trop important de
la part de la clientèle, M. le Président, pour que nous
négligions l'objectif que nous avons de maintenir l'augmentation de nos
tarifs à l'inflation, et on reviendra sur la mécanique de
ça parce que, vous savez, on ne contrôle que très peu de
nos charges d'exploitation. Le reste, c'est des charges d'intérêt,
c'est des charges d'amortissement, c'est des taxes, enfin des redevances. Mais
ce qu'on contrôle au niveau des charges d'exploitation, ça nous
impose de les réduire énormément, au point que le tableau
qui vous était montré tantôt par M. Delisle nous oblige
à n'augmenter en sou du kilowattheure que de 0,8 % nos charges
d'exploitation d'ici les sept prochaines années. Donc, il faut faire
plus avec moins et c'est notre intention. Votre message nous a
été transmis très clairement, mais en plus de ça,
quand j'ai référé à la table des tables
tantôt, le message des clients place le prix de
l'électricité avant la continuité du service. C'est donc
un message qui nous apparaît très important à respecter et
c'est la raison pour laquelle nous passons à travers cette
période qui est un peu plus difficile et qui consiste à essayer
de mieux faire avec nos ressources. (12 h 10)
M. Chevrette: Je comprends que vous faites allusion à la
tarification, mais on en traitera à la fin de la tarification. On verra
c'est dû à quoi les augmentations de tarifs que vous demandez.
Mais je voudrais revenir exclusivement au fait que dans les mises à
pied, par exemple, au niveau des ressources humaines, vous aurez 1500 mises
à pied d'ici l'horizon de 1995, ou à peu près.
M. Drouin: C'est inexact ça, M. le Président, je
m'excuse.
M. Chevrette: C'est vos propres chiffres dans vos propres
communiqués.
M. Drouin: Non, non. C'est parce que nous avons, bon an mal an,
des départs de l'ordre de 500 personnes d'une façon naturelle,
des employés qui quittent, bon an mal an, sur une base à peu
près de 500 par année. Ça veut dire, sur ces trois
ans-là, 1500 personnes. Vous savez qu'à Hydro-Québec on a
l'avantage d'avoir la sécurité d'emploi, comme beaucoup
d'employés du gouvernement. Donc, on ne peut pas parler de mises
à pied comme on en parle d'une façon régulière dans
les journaux pour toutes les autres entreprises du Québec. Et dans ce
sens-là...
M. Chevrette: Mais, M. Drouin, vous avez été
négociateur, puis moi aussi. Un «case load» je connais
ça un peu, autant que vous, je pense, parce que j'en ai
négocié pas mal moi aussi, puis, quand on ferme 1500 postes,
c'est qu'on répartit l'ouvrage des 1500 postes sur ceux qui restent,
voyons!
M. Drouin: Bien oui.
M. Chevrette: C'est dans ce sens-là.
M. Drouin: Mais ce que je veux dire, c'est que ça ne
crée pas pour les employés permanents de l'entreprise des mises
à pied et, par conséquent, des pertes d'emplois pour ces
employés permanents.
M. Chevrette: Ce n'est pas ce que j'ai dit. Vous allez fermer au
total 1500 postes, est-ce que c'est plus précis? Si ça peut vous
faire plaisir, moi ça ne me dérange pas, en autant qu'on
s'entende sur les mots.
M. Drouin: Non, non, ce que je veux vous dire c'est que nous
avons 27 000 employés aujourd'hui. Dans trois ans d'ici...
M. Chevrette: Vous allez en descendre à 25 500. M.
Drouin: ...nous en aurons 25 500.
M. Chevrette: Cette décision-là se situe dans le
cadre où vous demandez à vos employés un effort de
productivité additionnel. Vous savez, c'est pour le moins cocasse qu'une
entreprise, en même temps qu'elle insécurise, demande une
motivation accrue à la productivité. Sur le plan des principes
écrits, c'est beau. J'ai eu la chance de mettre la main sur toutes les
feuilles de M. Gonthier, les avis aux employés, y compris celles qui ne
se sont jamais rendues dans certains bureaux, j'ai
eu la chance de les avoir. Êtes-vous conscient que ça
gronde à l'intérieur?
M. Drouin: Écoutez, on est toujours conscients que
ça crée un impact. Quant à gronder, je pense qu'il y a une
marge. C'est clair que ça crée un impact, mais, vous savez, il
n'y a pas un employé d'Hydro-Québec, il n'y a pas un cadre qui
n'est pas conscient aussi que, quand on se compare, on constate qu'on a trop
d'effectifs...
M. Chevrette: Comment expliquez-vous, M. Drouin...
M. Drouin: M. le Président, quand on se compare à
50 entreprises d'électricité à travers le Canada et les
États-Unis, quand on se compare aux 15 entreprises qui sont les plus
près de nous, on constate qu'on a beaucoup à faire pour arriver
à un ratio d'employés par rapport au nombre de clients, quand on
se compare à ces autres entreprises-là. Et c'est ça que
nous faisons: la démarche qualité consiste à faire du
balisage, c'est-à-dire à se comparer avec d'autres entreprises et
à voir comment on se situe. Quand on fait tous ces exercices-là,
on constate qu'on a du chemin à faire. C'est ça qu'on est en
train de faire, puis je pense que vous devriez nous appuyer dans ce
sens-là parce que c'est vous-même au cours des diverses
commissions parlementaires qui nous avez toujours dit qu'on avait trop
d'employés, pas parce que les employés sont inefficaces, ce n'est
pas ça, c'est parce qu'on en a trop pour faire tout ce travail-là
et, donc, il faut essayer de diminuer un peu et de rationaliser.
M. Chevrette: Bon, bien, je serai obligé de revenir.
Le Président (M. Audet): Mme la ministre.
Mme Bacon: Au niveau du service personnalisé, vous mettez
l'accent sur la nécessité de continuer d'améliorer le
service de base et, malgré l'augmentation du taux global de
satisfaction, on constate quand même un niveau significatif de plaintes
des clients. Comment pouvez-vous expliquer ces contradictions qui sont
apparentes ou pas?
M. Drouin: je pense qu'on vit tous ce même
phénomène-là, en 1992-1993, où les gens deviennent
plus exigeants et très exigeants à l'égard de
l'entreprise. on a, dans l'engagement de performance qu'on étudiera
à la fin de la commission, des engagements très précis
pour la réduction des plaintes par 100 000 clients, de 21 jusqu'à
15. c'est un peu paradoxal parce que, comme l'a souligné m.
béliveau, on est parti d'un taux de satisfaction, en 1990, qui
était en bas de 50 %. toute l'année 1992, on a une moyenne de 84
%, mais les six derniers mois de l'année 1992, c'est 90 %. je vous dis
que le dernier sondage qu'on vient d'avoir c'est une maison externe qui
fait ce sondage-là pour le mois de janvier, nous montre le taux
de satisfaction à 91 %, 92 %.
Alors, ce que nous expliquons, M. le Président, c'est
qu'effectivement notre clientèle devient de plus en plus exigeante. Dans
ce sens-là, ça amène des plaintes, ça amène
des récriminations. Nous voulons nous y adresser d'une façon
très particulière en ayant un objectif précis
là-dessus pour les trois prochaines années.
Mme Bacon: Au niveau de l'orientation 2, vous visez à
aider le client à gérer sa facture et à contrôler sa
consommation. Comment pouvez-vous concilier les modes de versements
égaux que vous avez et l'importance que vous semblez attacher au signal
du prix pour amener le consommateur à mieux contrôler sa
consommation?
M. Drouin: vous savez, on a un problème particulier au
québec, dans le sens où 70 % de nos clients résidentiels
se chauffent à l'électricité. ils ont donc une seule
facture pour l'ensemble de l'énergie, je dis «l'ensemble»,
ça n'empêche pas d'avoir d'autres formes d'énergie, mais
presque l'ensemble de l'énergie, c'est-à-dire le chauffage et les
autres besoins domestiques. ça crée donc, pour la période
d'hiver, dans un climat comme celui du québec, des factures
d'électricité élevées. en plus de ça, la
facturation se fait à tous les deux mois, donc la facture, au lieu
d'être une facture mensuelle, est une facture qui vient à tous les
deux mois, la facture du mois de janvier ou février, selon la
clientèle, ou mars, est habituellement une facture assez salée.
c'est dans le but d'aider notre clientèle que nous avons établi
un mode de versements égaux qui permet d'échelonner sur une
période d'un an, mensuellement, le paiement de sa facture
d'énergie. ce qui nous a semblé intéressant dans
ça, c'est que nous nous étions donné des objectifs, en
1990, qui étaient de l'ordre de 20 % et on s'en va vers le 30 %
très rapidement. on constate donc que nos clients expriment une
satisfaction de se voir délester, je dirais, temporairement, en
échelonnant sur une base mensuelle, je le répète, leur
facture énergétique dans 70 % des cas, c'est-à-dire ceux
et celles qui se chauffent à l'électricité.
Mme Bacon: Mais est-ce que vous constatez qu'il y a une meilleure
utilisation au niveau de la consommation, par exemple? Est-ce que c'est
vraiment un signal que nous donnons aux consommateurs...
M. Drouin: Peut-être pas...
Mme Bacon: ...quand on lui facilite la tâche par les
paiements mensuels?
M. Drouin: ...à ce niveau-là, peut-être pas
à ce niveau-là. Je pense que, M. le Président, on a
peut-être
raison de dire que ce n'est pas l'endroit où on passe un signal.
Je pense que c'est un endroit où on permet à la clientèle
de mieux régler sa facture d'électricité, mais ce n'est
pas là qu'on passe un signal.
Mme Bacon: À la page 21, vous rappelez que
l'amélioration de la continuité de service a coûté
près de 1 000 000 000 $ au cours de la période 1990-1992. Combien
d'argent prévoyez-vous devoir encore investir pour atteindre la moyenne
des autres membres de l'Association canadienne de l'électricité,
disons sur un horizon 2000?
M. Drouin: Je pense que...
M. Béliveau: On va trouver l'information et ils vont vous
répondre. (12 h 20)
M. Régis (Jacques): On peut peut-être dire, au
niveau du Programme d'amélioration de la maintenance, le PAM, vous vous
souvenez qu'il y avait un programme qui était prévu entre 1989 et
1996, qui présentait des investissements de l'ordre de 1 200 000 000 $.
Or, à ce jour, nous avons investi, jusqu'à l'année 1992,
quelque 311000 000$. Maintenant, nous avons revu l'utilisation de ce
programme-là justement pour atteindre nos objectifs, mais avec une plus
grande efficacité, de sorte qu'avec des choix plus judicieux nous
prévoyons investir, d'ici 1996, 750 000 000 $ plutôt que 1 200 000
000 $, et en obtenant les mêmes résultats.
Ça je pense que c'est un élément qu'on a mis de
l'avant pour être sûrs qu'on priorise bien l'utilisation de ces
montants, mais en obtenant les résultats anticipés soit le 0,5
heure pour le réseau de transport et la répartition, donc, 4
heures globales pour la continuité du service au niveau de nos
clients.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Pour continuer dans la veine où j'ai
commencé tantôt, je voudrais savoir si dans votre plan de
redressement, au niveau des effectifs, il y a une partie très
intéressante dans vos recommandations quant à la sous-traitance.
Est-ce que vous allez continuer à sous-traiter au même rythme que
vous sous-traitez présentement? Est-ce qu'il se peut qu'on trouve encore
aujourd'hui, au moment où on se parle, à l'intérieur de la
boîte d'Hydro-Québec des sous-traitants qui sont assis, des gens
engagés dans une firme, alors que vous avez des employés avec qui
vous ne savez pas quoi faire?
M. Drouin: Non, écoutez. Là-dessus, c'est clair
qu'il faut s'attaquer à l'ensemble des problèmes. N'allez pas
penser qu'on va réduire le personnel à Hydro-Québec pour
augmenter la sous-traitance, parce que ce qu'on vise principalement, c'est
d'améliorer la producti- vité, mais de réduire nos
coûts, nos frais d'exploitation de l'ordre de 10 % d'ici 1995, et de 20 %
d'ici l'an 2000. Dans ce sens-là, on ne peut pas échanger quatre
0,25 $ pour 1 $, et dire: On va couper dans le personnel, mais on va mettre
plus de sous-traitance. Et je ne dis pas qu'il n'y a pas des problèmes
à régler dans le cas de certains cas de sous-traitance, ce n'est
pas ça l'idée.
L'idée, c'est d'attaquer l'ensemble des problèmes et de ne
pas essayer de colmater un trou et de créer une brèche ailleurs.
Alors, sur ce plan-là, nous n'avons pas l'intention de compenser la
réduction du personnel à Hydro-Québec par de la
sous-traitance additionnelle parce que ça amènerait des
coûts additionnels et, par conséquent, aucune réduction
dans nos coûts tel que nous l'envisageons.
M. Chevrette: Vous aurez remarqué que je vous ai un petit
peu brassé sur vos objectifs vertueux. En particulier, celui des femmes,
où vous avez de nobles objectifs. J'aimerais que vous me fassiez la
démonstration qu'elles ne seront pas les premières victimes de
vos mesures de redressement.
M. Drouin: Écoutez, je vais émettre un principe et
après ça je pense qu'on pourra entrer dans certains
détails. C'est clair que, lorsqu'on est en période de
régression de personnel, ça pose des problèmes, soit au
niveau de l'embauche ou au niveau des choix de personnel à cause des
règles de conventions collectives, l'ancienneté, etc. Le message
important que je veux passer avant de peut-être apporter quelques
détails, c'est que l'entreprise, au cours des trois prochaines
années et, allons plus loin, au cours des sept prochaines années,
parce qu'elle réduit de 20 % ses frais d'exploitation, ne cessera pas
d'embaucher du personnel. Comprenons-nous bien.
Je veux dire, même la réduction du personnel n'est pas
toujours là où effectivement on a besoin de réduire. Donc,
on va devoir remplacer du monde dans des fonctions importantes de l'entreprise,
soit au niveau du service à la clientèle, soit au niveau des
métiers, etc. Alors, je veux tout simplement dire qu'il n'est en aucune
façon dans notre intention de ne plus embaucher et de fermer la porte
à l'embauche. Ce n'est pas ça.
J'ai dit qu'il y avait eu des départs naturels dans l'entreprise
au cours des quelques années, des trois dernières années,
de l'ordre d'à peu près 500 personnes. Il n'est pas dit
qu'à l'occasion d'une restructuration comme ça certains autres
employés, en plus du 500 normal, n'exprimeront pas le besoin ou le
désir de quitter l'entreprise en prenant leur retraite plus tôt.
On n'aura pas un programme là-dessus, mais ce que je dis, c'est qu'il y
a un certain incitatif à ça. Donc, on continuera d'embaucher.
Dans ce sens-là, on a réduit notre objectif que nous
avions au niveau de l'équité en emploi et du nombre de femmes. On
l'a réduit. Il était de 1 % par année
auparavant. Et on avait de la difficulté à le
réaliser et je pense qu'on peut élaborer beaucoup de raisons pour
les difficultés, mais au moins on s'est donné des objectifs
quantitatifs précis, annuels. L'objectif global, c'était d'avoir
30 % de représentation féminine dans l'entreprise d'ici l'an
2000. L'objectif qu'on avait sur une base annuelle, c'était de 1 %. On
l'a mis, ce 1 %, pour les trois prochaines années, au lieu de le mettre
sur une base annuelle parce que, un, on voulait être réalistes et,
deux, on veut être sûrs de se donner des moyens qui nous
permettraient de le réaliser, même dans des circonstances
où, effectivement, nous sommes en diminution d'effectif global. Je ne
sais pas si M. Gonthier qui est v.-p., Ressources humaines, peut ajouter
là-dessus.
M. Gonthier: Peut-être que les données
précises que je peux ajouter, c'est qu'on prévoit embaucher
à peu près entre 200 et 300 personnes par année dans les
prochaines années. On a prévu, à l'intérieur de la
réorganisation, des modalités qui vont favoriser, dans les
mouvements de personnel, la relocalisation des femmes en priorité. On a
aussi prévu augmenter nos ratios d'embauchage féminin, donc
d'être plus agressifs au niveau des embauchages.
M. Chevrette: Quelle est la représentation féminine
au niveau des cadres supérieurs et des cadres intermédiaires? Au
niveau des v.-p., d'abord, commençons par ça.
M. Gonthier: Actuellement, au niveau du comité de gestion,
il y a 2 femmes sur 12, 13 personnes.
M. Chevrette: Vous avez combien de cadres supérieurs?
M. Gonthier: Dépendant de la définition, là,
je parle toujours des «relevants».
M. Chevrette: Bien, des directeurs de service. Vous avez les
v.-p., vous avez les directions par la suite. Quel est le pourcentage?
M. Gonthier: II y en a à peu près 140 en tout.
M. Chevrette: Quelle est la représentativité
féminine?
M. Gonthier: Si vous me donnez un instant, je vais vous donner
l'information.
M. Chevrette: Je peux vous en donner deux.
M. Gonthier: chez les cadres de direction, c'est 9,9 %. la somme
des cadres, parce qu'il y a trois niveaux de cadres, ça donne environ 28
% à 29 %. les spécialistes, c'est 29 %, les ingénieurs,
presque 10 %, les constables, c'est 12 %. dans les domaines syndi- qués,
chez les bureaux, il y en a 59 % alors que, chez les métiers et les
techniciens, c'est en moyenne 2 %. C'est la partie où c'est plus
difficile, parce que les bassins d'embauchage ne sont pas là. C'est
aussi la partie où il y a le plus d'employés à
Hydro-Québec.
M. Chevrette: Merci.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Drummond.
M. St-Roch: Merci, M. le Président. Alors, tel que je
l'avais indiqué dans mes remarques préliminaires, lorsqu'on parle
de ressources humaines, on parle nécessairement d'encadrement. On parle
aussi de niveaux hiérarchiques. À ma souvenance, la commission
parlementaire de mai 1990 nous avait permis d'indiquer, lorsqu'on comparait
d'autres organisations similaires à Hydro-Québec, le nombre
élevé, particulièrement au niveau de la
vice-présidence. Alors, dans le programme de rationalisation qu'on voit,
d'ici 1995, les 1500 employés, Hydro, dans toute sa documentation, est
restée étrangement silencieuse concernant ces paliers
hiérarchiques, sa décentralisation, sa réduction
d'encadrement, parce que je dois admettre que vous avez un objectif très
ambitieux. Je remarque aussi, à la page 11 de votre plan de
développement, que vous prévoyez être à la
comparaison des autres organisations similaires, au Canada, d'ici l'an 2000.
Alors, vous vous donnez sept ans pour réaliser ça. Ça
m'apparaît déjà beaucoup, sept ans, lorsqu'on essaie de
compresser. Alors, j'aimerais savoir un peu plus quelles sont les intentions
d'Hydro au niveau de l'encadrement et des niveaux hiérarchiques, parce
que c'est une manière de revaloriser aussi le travailleur à la
base lorsqu'on décentralise, mais aussi qu'on envoie les
responsabilités et non juste les commandes. (12 h 30)
M. Drouin: Ce que je peux répondre au député
de Drummond là-dessus, M. le Président, c'est qu'effectivement
nous portons une attention constante à notre taux d'encadrement et le
balisage nous révèle qu'il y a des progrès à faire,
vous avez raison là-dessus. Depuis la commission parlementaire de 1991,
je pense, où on avait été interpellés sur le nombre
de vice-présidents, nous avons réduit, depuis cette
période-là, le nombre de vice-présidents parce qu'il
était dans l'intention de l'entreprise, de toute façon, et
ça fait partie du programme de gestion de la qualité totale, de
réduire là où c'est possible les niveaux d'encadrement,
mais aussi la hiérarchie. On est passés de 45
vice-présidents, et nous sommes aujourd'hui 38. Je dois dire, dans
ça, que certains des vice-présidents ne sont pas
nécessairement des niveaux hiérarchiques. Par exemple, nous avons
un vice-président localisé en Europe, à Bruxelles; pour
les fins de la représentation d'Hydro-Québec au niveau de la
Communauté européenne, vous comprendrez bien que c'est important
qu'il ait un niveau hiérarchique qui lui
permette d'avoir les contacts avec les communautés
européennes. Donc, c'est un des cas, mais je dois vous dire qu'en termes
de principes, à chaque fois qu'il y a un poste qui se libère dans
la direction de l'entreprise, nous prenons le soin d'examiner attentivement
l'opportunité du remplacement dans ce poste-là.
Si je peux vous donner un exemple tout récent, nous avons le
malheur de perdre notre vice-président Finances et Administration, qui
est M. Labonté, et c'a été annoncé qu'il quittait
l'entreprise. Nous avons donc examiné la structure de l'entreprise et
nous avons décidé de fusionner la vice-présidence Finances
et Administration avec celle de la Planification générale.
Toujours dans cet objectif d'essayer, à chaque fois que la situation se
présente, de diminuer.
Malgré tout ça, je dois vous dire que notre taux
d'encadrement, en comparaison avec un bon nombre d'entreprises... Je ne
voudrais pas revenir sur les énoncés que j'ai faits en termes
d'encadrement au niveau du gouvernement du Québec, parce qu'on se
compare très bien. Mais au niveau des autres entreprises, que ce soit
Gaz Métropolitain ou que ce soit, enfin, d'autres entreprises qu'on
connaît bien, nos taux d'encadrement sont très comparables et,
parfois, mieux que les entreprises avec lesquelles on se compare au Canada.
M. St-Roch: Je dois donc en conclure, M. le Président, que
38 vice-présidents, c'est le chiffre à l'heure actuelle puis
qu'on ira cas par cas. Il n'y a pas de politique à long terme qui
amènerait à ce qu'on avait comparé dans le temps au
niveau, si ma mémoire est fidèle, de Florida Power, qui
était à l'entour de 20 vice-présidents. Alors, on va
rester à 38.
En ce qui concerne le nombre de paliers hiérarchiques, est-ce qu
'Hydro-Québec a regardé cette
probléma-tique-là?
Le Président (M. Audet): M.Couture.
M. Couture (Armand): Je voudrais vous rappeler que la
réorganisation qu'on fait présentement est une
réorganisation structurelle qui a pour but de donner plus d'autonomie
dans le secteur et de réduire le niveau de support dans l'administration
à deux au maximum.
Alors, toute la réorganisation est structurelle et a pour but,
non pas de réduire uniformément partout, mais de réduire
de telle façon à ce que l'efficacité augmente.
C'est-à-dire qu'on veut avoir une autonomie accrue au niveau du secteur,
donc, une masse critique et un regroupement. Alors, ce sont les régions
qui se déploient vers les secteurs, de manière à
réduire le niveau de support technique et administratif dans
l'organisation de l'exploitation.
Le résultat de ça, c'est que, sur 600 postes
réduits dans la réorganisation qui se fait ce printemps, nous
avons 125 cadres. Alors, vous voyez que la proportion est beaucoup plus
élevée étant donné le genre de
réorganisation que nous faisons que nous avons dans l'entre- prise qui
est de l'ordre d'à peu près 1 sur 10. Alors, dans ce cas-ci, nous
apportons une attention très grande au niveau, si vous voulez, entre la
base et le siège social.
M. St-Roch: J'aurais une dernière brève...
Le Président (M. Audet): L'enveloppe est malheureusement
terminée. Vous pouvez revenir cet après-midi, M. le
député. Mme la ministre de l'Énergie.
Mme Bacon: Juste une dernière question très courte
par rapport au Défi performance. La qualité de services: est-ce
qu'il vous est possible d'identifier les bénéfices concrets que
les consommateurs peuvent et pourront observer et qui découlent des
efforts que vous faites en ce moment? Est-ce qu'il y a des
bénéfices concrets?
M. Drouin: Évidemment, le bénéfice concret
de tous les exercices que nous faisons, c'est de répondre à la
priorité des consommateurs dans trois... enfin, je dis dans trois, mais
c'est plus que trois, mais au moins les trois majeurs, le service
prévenant, le prix et la qualité du service. Et, dans ce
sens-là, ça se traduit par des diminutions concrètes de
dépenses d'exploitation de l'ordre de 30 000 000 $ ou 35 000 000 $.
C'est clair que ça doit se traduire par une réduction des
dépenses et, par conséquent, la faisabilité de respecter
l'engagement qu'on a pris et qu'on veut continuer à prendre de maintenir
les tarifs le plus bas possible. Et, dans le cas présent, nous nous
sommes donné l'inflation.
Mme Bacon: Et aussi par une augmentation de
productivité.
M. Drouin: Définitivement. Définitivement que la
productivité doit être le fruit de ça directement.
Le Président (M. Audet): D'accord. Alors, ça
termine nos travaux pour ce matin. Nous suspendons jusqu'à 15 heures et
je vous souhaite un bon appétit.
(Suspension de la séance à 12 h 35)
(Reprise à 15 h 6)
Le Président (M. Audet): S'il vous plaît! La
commission de l'économie et du travail reprend ses travaux. Je vous
rappelle le mandat de notre commission qui est de procéder à une
consultation générale sur la proposition de plan de
développement 1993-1995 d'Hy-dro-Québec. Nous en sommes
maintenant rendus au bloc portant sur des questions sur l'offre et la demande
d'électricité. Alors, Mme la ministre.
Offre et demande d'électricité
Programmes d'efficacité énergétique
Mme Bacon: M. le Président, peut-être au chapitre
des économies d'énergie, comme près de la moitié
des nouveaux besoins en électricité d'ici l'an 2000 devraient
être comblés par les économies d'énergie, c'est un
outil qui doit recevoir autant d'attention, sinon plus, que celle
accordée à la construction des barrages, par exemple. La
stratégie gouvernementale d'efficacité ,
énergétique a été rendue publique en
décembre dernier et le programme d'Hydro-Québec couvre un vaste
éventail de moyens visant à appuyer les consommateurs dans leur
démarche. Je vous ai déjà démontré, je
pense, l'importance que j'attache à cette question en vous demandant un
rapport particulier que la présente commission parlementaire
étudiait en mars 1992, après avoir pris connaissance des
modifications apportées au projet d'efficacité
énergétique et j'ai demandé si Hydro-Québec
était relativement confiante d'atteindre l'objectif pour 1992. En
résumé, je pense, la réponse était oui.
Aujourd'hui, le plan de développement 1993 révèle que
l'objectif pour 1992 n'a pas été atteint, que les
résultats pour 1991 et les objectifs pour les années 1993
à 1995 sont réduits une nouvelle fois. Alors, comment
expliquez-vous ces nouveaux réajustements?
M. Drouin: Je vais demander au vice-président
exécutif Commercialisation, Pierre Bolduc, de vous donner des
éléments de réponse à votre question, M. le
Président.
Le Président (M. Audet): ...vous identifier, s'il vous
plaît.
M. Bolduc (Pierre): Pierre Bolduc, vice-président
exécutif Commercialisation. M. le Président, les objectifs
qu'Hydro-Québec a établis en économies d'énergie
sont des objectifs qui doivent se comparer à ceux d'un grand projet
hydroélectrique qui doit mobiliser énormément de
ressources et qui doit mettre en branle des intervenants dans des douzaines de
secteurs différents. Et, à mesure que ce projet-là avance
dans sa conception et dans son élaboration, il est à peu
près inévitable d'ajuster les prévisions de
résultats intermédiaires, c'est-à-dire ceux qui se
déroulent d'année en année. Dans un premier jet de
planification sur les économies d'énergie au plan de
développement publié en 1990, nous avions établi la cible
globale pour l'an 2000 et nous avions, sur la base d'une planification
relativement préliminaire et superficielle, étalé un
cheminement graduel vers cet objectif-là, en fonction de résulats
annuels progressant de façon plus ou moins constante. La
réalité d'un projet comme celui de l'efficacité
énergétique, c'est d'abord... on est dans un domaine tout
à fait nouveau pour lequel il n'existe pas de modèle, comme il
existe pour les grands projets hydroélectriques,
d'échéancier et de rythme de mise en place et de
développement. Il a donc fallu, en même temps que d'autres
entreprises d'électricité qui vivaient une expérience de
mise en place de ce genre de programme, établir des moyens de concevoir
et d'amorcer le déroulement de ces programmes-là. En 1991, une
ébauche du plan détaillé d'action en efficacité
énergétique a été complétée à
Hydro-Québec et, à ce moment-là, l'objectif pour 1992 a
été établi à 673 GWh par année; en termes de
résultat un chiffre passablement plus bas que ce qui avait
été établi dans la planification préliminaire de
1990. Et les programmes ont effectivement été mis en place de
façon la plus rapide et la plus massive possible pour atteindre ces
résultats. (15 h 10) aujourd'hui, en 1993, nous constatons que les
résultats évalués au meilleur de notre connaissance et
avec un bon degré de prudence et de conservatisme parce que ces
mesures-là ne sont pas aussi simples que de lire un compteur
d'électricité, je pense que vous le comprenez sont de 488
gwh, donc 72 % de l'objectif que nous nous étions donné pour
cette année-là. il est intéressant de noter que les
dépenses ou les coûts du programme, sur la même base,
s'établissent à 85 % de ce qui avait été
prévu pour dépenses cumulatives jusqu'à la fin de 1992. ce
que nous avons constaté, c'est qu'il y a énormément
d'inertie à la mise en place des résultats des programmes
d'efficacité énergétique. si on prend un exemple dans le
secteur de l'évaluation de l'efficacité énergétique
des bâtiments industriels, nous avons effectué en 1991 et 1992
près de 3000 analyses détaillées dans ces bâtiments
et nous avons présenté des recommandations pour des mesures
d'efficacité énergétique qui éventuellement vont
produire 500 gwh par année. mais, quand on regarde le déroulement
normal de ce genre d'analyse là, les entreprises qui ont des
recommandations doivent, à l'intérieur, passer par un processus
de décision, doivent prévoir des budgets et, en
général, les recommandations sont mises en place un an, parfois
deux ans et encore davantage dans une période de ralentissement
économique, après les analyses que nous avons faites. donc, les
investissements déjà faits vont rapporter, mais de façon
cumulative, à mesure que ces projets-là se développent.
nous avons tout récemment revu de façon très
détaillée la planification opérationnelle de tout le
projet d'efficacité énergétique. nous avons apporté
certains ajustements à nos prévisions du déroulement
annuel de ces différents programmes, mais nous avons en même temps
confirmé la faisabilité de l'objectif de l'an 2000 et nous avons
mis en place une planification très détaillée que je
serais porté à comparer à celle qui, dans un projet
hydroélectrique, serait d'avoir les plans et devis
complétés pour savoir ce que nous allons faire en
efficacité énergétique. donc, à mesure que nous
avançons dans cette planification, le degré de confiance dans nos
résultats anticipés augmente beaucoup et nous avons, avec
l'exercice récent, confirmé l'objectif pour l'an 2000.
Mme Bacon: Si je vous demandais combien a
coûté jusqu'à maintenant chaque kilowattheure
économisé, est-ce que vous êtes capable de me faire le
coût de chaque kilowattheure économisé?
M. Bolduc: Oui, juste un instant. En moyenne, sur les
kilowattheures que nous avons économisés, le coût pour
Hydro-Québec est de 0,028 $ par kilowattheure. Le coût investi par
les clients d'Hydro-Québec, parce que dans presque tous les cas nous
demandons aux clients de faire leur part, a été de 0,0107 $, pour
un coût total de 0,0387 $, et nous calculons que le coût
évité, c'est-à-dire ce qu'il nous aurait
coûté pour livrer et produire ces mêmes
kilowattheures-là, aurait été de 0,0608$, donc une
économie nette de 0,0221 $ par kilowattheure. Je pense qu'il faut
expliquer que le coût évité dont on parle ici, 0,0608 $, ne
doit pas être confondu avec le coût évité de la
production, parce que dans une bonne partie des cas il s'agit
d'économies d'énergie au secteur résidentiel qui incluent
tous les coûts de distribution pour lesquels nos coûts
évités, évidemment, sont plutôt près de 0,09
$ par kilowattheure quand on regarde les coûts marginaux de distribution.
Donc, l'économie est claire et nette en fonction des objectifs du
programme. C'est un coût évité passablement plus
élevé que ce qu'il a coûté à l'ensemble de la
société qui résulte de ces programmes-là.
Mme Bacon: On observe de plus en plus chez les réseaux
voisins américains et canadiens, notamment en Ontario, un ralentissement
des efforts en matière d'économie d'énergie. D'une part,
la conjoncture économique actuelle qui a pour effet de ralentir la
croissance de la demande n'est certainement pas favorable aux économies
d'énergie, mais il apparaît quand même que certains
investissements n'aient pas atteint le niveau de rentabilité
escompté. Est-ce qu'Hydro-Québec connaît, à l'heure
actuelle ou connaîtra-t-elle dans un avenir proche, le même genre
de problèmes que connaissent certains États américains ou
même l'Ontario?
M. Bolduc: Nous avons été, et c'est une des raisons
pour lesquelles les retards dont on parlait tout à l'heure sont
évidents, extrêmement prudents dans la validation de
l'économie potentielle et de l'économique des mesures que nous
préconisons. Nous avons au Québec, évidemment, une
situation tout à fait particulière par rapport à beaucoup
d'autres réseaux hydroélectriques, par la nature même de
notre climat et la présence du chauffage électrique de
façon beaucoup plus massive que partout ailleurs. Nous avons aussi des
coûts d'électricité beaucoup plus bas qu'ailleurs. Ce qui
change pour le client l'efficacité énergétique. Les
modifications que nous constatons chez plusieurs réseaux voisins sont
justement dans des niveaux de rentabilité ou des niveaux d'intervention
que nous avons jusqu'ici préféré éviter. Nous avons
tâché d'identifier, parmi le potentiel technique et
technico-économique de mesures d'économie d'énergie qui se
chiffraient à beaucoup plus que notre objectif, nous avons
identifié celles qui permettent un maximum de rentabilité en
fonction de nos circonstances à nous. En faisant ça, nous avons
éliminé des mesures que d'autres réseaux ont choisi de
prendre parce qu'ils étaient sous la pression énorme de produire
des résultats à très court terme de la part des attentes
de leurs clients et de tout leur environnement. Dans certains cas, on a
précipité des dépenses très, très rapides et
aujourd'hui, face à l'impact de ces dépenses-là sur les
tarifs éventuels, il y a un certainj'utiliserais le mot
«backlash» aux États-Unis des clients qui, tout
à coup, constatent que la facture devient vite élevée pour
ces mesures d'économie d'énergie et il y a une remise en cause
dans plusieurs cas de l'ampleur des mesures qui ont été
prises.
Quand on valide les situations particulières qui font l'objet de
ces révisions-là par rapport à notre planification, je
peux dire avec assurance et confort que nous avons évité ce genre
de piège, jusqu'ici, et nous avons justement souvent, face à des
questions qui nous sont posées, par exemple, hésité
beaucoup et nous hésitons toujours et nous n'irons probablement pas
jusqu'à des investissements massifs dans des programmes d'isolation des
maisons, parce que, justement, ce genre d'investissement massif, quand on le
calcule par rapport à la facture d'électricité moyenne des
clients ou à la consommation d'électricité, ne peut pas se
justifier économiquement, ni pour le client, ni pour la
société, et risquerait d'entraîner des dépenses
importantes. Ontario Hydro a fait une expérience-pilote de cette nature
à Espanola où ils ont remplacé, à grands frais,
l'isolation des maisons, les fenêtres et ils ont constaté de
façon très ferme la non-rentabilité. Ils ont
abandonné ce genre de programme. Alors, c'est pour ça qu'il y a
une différence entre notre stratégie et celles qu'on constate
ailleurs.
Mme Bacon: Vous n'utilisez pas, si je comprends bien, les
mêmes coûts évités pour la cogénération
que vous utilisez pour les économies d'énergie. Puisqu'on dit
qu'épargner c'est aussi produire, est-ce que vous ne pouvez pas faire la
même chose «cogen» par rapport aux économies
d'énergie?
M. Bolduc: Au niveau de la production, nous utilisons les
mêmes coûts évités...
Mme Bacon: Votre président semble dire que c'est une bonne
question.
M. Bolduc: Oui. Au niveau de la production ou du réseau
haute tension, nous utilisons les mêmes coûts évités,
mais, quand on évite de la consommation dans une maison chez un client
résidentiel, on n'épargne pas seulement le coût de la
production, on épargne tout le coût de répartition, de
distribution, de facturation et ainsi de suite; lorsqu'on achète d'un
cogénérateur, on doit toujours transporter cette
électricité, la distribuer, la facturer. Donc, il y a des
coûts évités plus élevés en
économisant de l'électricité dans une maison qu'en
achetant la même électricité à un niveau de 200 ou
300 MW sur le réseau haute tension. Le principe est le même. C'est
juste que dans un cas nous tenons compte de la nature précise et de la
localisation des économies et de son impact réel sur nos
coûts évités.
Mme Bacon: L'efficacité énergétique peut
évidemment aussi viser la substitution de l'électricité
par d'autres sources d'énergie pour réduire la demande
énergétique. Lors de la consultation publique
d'Hydro-Québec, la plupart des participants se sont opposés
à la substitution, compte tenu de la pollution atmosphérique qui
en découle. Et, malgré ça, il y a certains intervenants
qui soutiennent qu'il serait rentable de subventionner la substitution dans le
cadre du programme d'efficacité énergétique pour certains
segments du marché. Comment expliquez-vous cette divergence d'opinions
que vous avez entendues au cours de vos consultations? (15 h 20)
M. Bolduc: Elle se situe à deux niveaux. D'abord, il y a
le niveau un peu philosophique vis-à-vis l'énergie
électrique par rapport à d'autres sources d'énergie. On
dit parfois: L'énergie électrique est trop noble pour s'en servir
pour chauffer. C'est une vision qui provient de la nature thermique de la
plupart des autres réseaux qui ont à se prononcer sur des choix
tels que le chauffage électrique. C'est évident, quand on produit
de l'électricité à partir du mazout ou du gaz naturel,
à une efficacité inférieure à 40 %, disons, qu'il
est presque absurde d'utiliser cette électricité produite avec
une perte d'efficacité énorme pour ensuite chauffer des maisons
alors qu'on pourrait utiliser le même combustible, le gaz naturel ou le
mazout, directement dans la maison pour la chauffer avec une efficacité
de 90 %, 95 %.
C'est une vision à peu près universelle, mais qui est
strictement basée sur la caractéristique que, dans ces endroits,
l'électricité est produite à partir de combustible.
Lorsqu'on a une ressource hydroélectrique comme la nôtre, le
raisonnement est totalement différent puisque
l'électricité est produite sans perte d'efficacité au
niveau des centrales hydroélectriques et qu'il n'y a pas de raison
philosophique ou d'approche énergétique de base de faire ce
même genre de raisonnement.
Évidemment, l'autre aspect, le deuxième, c'est celui des
prix qui, compte tenu des visions que beaucoup partageaient, il y a quelques
années, de montée continuelle des prix de mazout et de gaz
naturel, est contredit par la réalité aujourd'hui. Et on commence
à voir des prévisionnistes qui se prononcent sur des visions de
prix de ces combustibles qui pourraient demeurer relativement bas sur une assez
longue période. Donc, la rentabilité immédiate existe pour
un client de chauffer à l'électricité par rapport au gaz
dans un contexte où, même à l'inflation, qui est
très limitée... Le prix de l'électricité peut
augmenter et on commence à se demander si le prix des autres
combustibles va augmenter aussi. Ça devient un choix du client qui est
plus difficile qu'il ne l'a été dans le passé.
À Hydro-Québec, nous avons fait évidemment beaucoup
de comparaisons de cette nature-là et nous avons aussi fait des
comparaisons sur la base, non pas seulement du prix payé par le client,
mais du coût évité en termes économiques, à
long terme, pour la société avec des scénarios de
substitution de gaz naturel ou de mazout par rapport à
l'électricité. Notre constatation aujourd'hui, c'est que dans le
secteur résidentiel, en tout cas, on peut avoir des divergences vers le
haut ou vers le bas de quelques points de pourcentage, mais la vision que nous
retenons, c'est devenu très neutre en termes économiques. Il
semble y avoir presque une équivalence probable pour un client et pour
la société entre un chauffage électrique ou un chauffage
au gaz et au mazout et, dans ces circonstances, notre proposition c'est de
laisser jouer les lois du marché. Compte tenu de nos capacités de
prévisionnistes, nous ne nous sentirions pas responsables de conseiller,
et encore moins de subventionner des clients pour faire une substitution et de
découvrir dans quelques années que ça a été
une erreur, que les prix des combustibles ont augmenté et d'avoir
à répondre à nos clients de ce conseil imprudent, je
dirais.
Donc, dans ces circonstances, notre vision c'est que nous essayons, dans
notre politique tarifaire, de refléter le mieux possible nos coûts
évités, nos coûts marginaux, nos coûts en termes de
différenciation en pointe, hors pointe et en termes de marge de
consommation pour donner le bon signal de prix. Nous préférons
laisser le consommateur faire sa propre décision en fonction des lois du
marché.
Dans le secteur commercial, la situation est un peu différente
parce que, actuellement, je pense qu'il est assez connu que le prix, pour le
chauffage dans le secteur commercial, compte tenu de nos tarifs et de la
situation de ce marché-là, est devenu très, très
défavorable à l'électricité et très
favorable au gaz. Malgré ça, on ne voit pas de mouvement massif
des clients pour se transformer au gaz naturel bien que, dans certains cas,
l'économie est presque du simple au double. Donc, là encore, dans
ce contexte-là, nous sentons que les clients ont des raisons de rester,
d'utiliser des critères de choix qui ne sont pas nécessairement
le strict calcul économique à court terme, et nous
suggérons de laisser les lois du marché encore là
s'appliquer.
Nous avons évidemment fait et nous continuons de faire la
promotion de la biénergie qui constitue, pour nous, un excellent choix
intermédiaire pour des gens qui envisageraient une transformation ou un
remplacement de chaudière, parce que la biénergie donne un peu le
meilleur des deux mondes. Elle donne aux clients un choix de s'ajuster dans
l'avenir en fonction de prévisions qui peuvent être
différentes de ce qu'on pense aujourd'hui. Nous avons aussi, dans nos
études d'efficacité énergétique, surtout pour les
clients aux secteurs commercial et industriel, adopté une politique
d'être très francs et très ouverts avec les clients et,
dans les analy-
ses que nous faisons faire, si les conclusions sont que le client aurait
intérêt à aller au gaz, notre politique, c'est simplement
de lui faire prendre connaissance de ces conclusions-là et de ne pas
l'influencer, ni de l'influencer de rester à l'électricité
ni de transformer au gaz. C'est une politique de neutralité, en fin de
compte.
Mme Bacon: Mais est-ce que vous êtes en train de me dire
que vous avez évalué la rentabilité des programmes de
biénergie pour Hydro-Québec et pour les clients, pour sa
clientèle?
M. Bolduc: Oui.
Mme Bacon: C'est fait, ça.
M. Bolduc: Dans les programmes d'efficacité
énergétique, nous faisons les analyses...
Mme Bacon: De rentabilité.
M. Bolduc: ...pour les aider à réduire leurs
coûts d'énergie. Dans certains cas, ça peut les amener
à changer, à investir davantage dans leurs propres installations
de climatisation, de ventilation, de chauffage ou autres mesures.
Évidemment, le contexte, coût de combustible ou coût
d'électricité, entre dans ces analyses-là. Il y a des
applications très ponctuelles où on peut constater qu'une
subtitution peut être... On ne va pas cacher au client quand ça
peut apparaître, pour lui, une bonne solution. On est très,
très francs et ouverts avec les clients pour qu'ils sachent faire les
meilleurs choix par eux-mêmes.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Moi, je voudrais vous lire l'article 22 de votre
propre loi constitutive et vous poser des questions à partir de cela:
«La Société a pour objets de fournir de l'énergie et
d'oeuvrer dans le domaine de la recherche et de la promotion relatives à
l'énergie, de la transformation et de l'économie de
l'énergie, de même que dans tout domaine connexe ou relié
à l'énergie.» Et vous venez de répondre à
madame en disant que, si le gaz naturel est plus avantageux, vous avez une
position neutre. Ne croyez-vous pas que la vocation même
d'Hy-dro-Québec, au-delà du fait qu'on a la perception que c'est
exclusivement de l'hydroélectricité, c'est beaucoup plus à
partir des textes légaux mêmes que vous devez avoir une vision
globale des problèmes énergétiques
québécois?
M. Drouin: M. le Président, je pense que c'est notre
rôle d'avoir une vision globale. Cependant, il faut rester quand
même à l'intérieur de la mission. Notre mission, c'est
l'électricité. Ce que M. Bolduc a tenté de vous expliquer,
c'est qu'il est de notre devoir, dans les analyses énergétiques
que nous faisons, de bien informer le client sur les différentes
opportunités qu'il a. Autrement dit, le marketing agressif, à ce
point de vue là, n'existe pas. Il faut être en mesure... Vous
savez, en France, le marketing du gaz et de l'électricité se fait
à l'intérieur d'une même entreprise. C'est EDF-GDF
Services, qui est une entreprise constituée des deux intervenants
énergétiques, qui rencontre le client et qui lui présente
les meilleures opportunités.
Nous essayons de faire la même chose. Nous essayons aussi
d'inciter les gens à utiliser l'énergie qui est la plus
économique. Il y a certaines régions de la province, par exemple,
aux Îles-de-la-Madeleine, où nous essayons de promouvoir
l'utilisation du mazout au lieu de l'électricité, puisque, comme
l'a mentionné M. Bolduc tantôt, ce n'est pas économique que
de produire de l'électricité au mazout et de demander,
après ça, aux gens de chauffer à
l'électricité. Alors, c'est notre rôle, nous le faisons.
Nous subventionnons le mazout pour que l'équivalent du chauffage au
mazout aux Îles-de-la-Madeleine soit de 80 % de la facture
d'électricité. Et, malgré ça, il y a un 25 %, 30 %
de la population qui continue quand même à se chauffer à
l'électricité et qui ne profite pas de cette opportunité
d'économie que nous leur donnons.
Je pense que nous essayons, dans le cadre actuel de ce qui existe au
Québec, de bien s'arrimer avec l'ensemble des autres énergies.
Mme la ministre de l'Énergie a un comité-conseil ou un
groupe-conseil sur l'efficacité énergétique qui a
été constitué. Nous sommes présents là,
moi-même avec le président de Gaz Métropolitain, les
représentants du mazout, l'Association des manufacturiers et où
nous débattons ces grandes questions de la planification
intégrée des ressources, de façon à essayer
d'intégrer, le plus possible, pour l'ensemble du Québec, les
différentes sources d'énergie que nous avons. (15 h 30)
M. Chevrette: vous escomptez beaucoup sur l'économie
d'énergie pour les prochaines années. si on regarde dans le plan
de 1992, vous aviez réduit vos objectifs. en 1993 la même chose et
vous gardez le cap, cependant, pour 1995, de 5 %. c'est-à-dire que dans
un an... c'est-à-dire que de 1995 à 1996 vous serez obligé
d'économiser le double de ce que vous aurez économisé de
1991 à 1995. est-ce réaliste?
M. Drouin: Je vais demander à M. Bolduc de répondre
à cette question précise, mais je vais juste vous mettre dans le
contexte de ce qu'on vit au Québec sur le plan des économies
d'énergie et de bien mettre cette commission dans le contexte global de
l'efficacité énergétique. Vous savez, les gouvernements
qui sont venus tour à tour au Québec depuis 1970 ont
préconisé, durant la crise du pétrole et durant d'autres
événements sur le plan économique, des mesures
d'efficacité énergétique importantes. Qu'on parle des
gouvernements du Québec, du gouvernement fédéral, des
programmes Énergain,
d'une série de mesures qui ont été prises, qui ont
fait en sorte que, dans une résidence moyenne au Québec, entre
1970 et 1990 je l'évoquais un peu dans mon discours ce matin,
mais c'est bon de le souligner entre 1970 et 1990, la consommation
moyenne dans une résidence a été réduite de 48 000
kWh à 28 000 kWh par année. Donc une diminution de consommation
énergétique, je dis bien, parce que ça comporte la
conversion du mazout à l'électricité, alors la
réduction de la consommation énergétique, ce qui fait que
le Québec est le moins gros consommateur en Amérique du Nord par
rapport au reste des autres provinces et également par rapport aux
États-Unis. je veux tout simplement mettre ça en contexte, m. le
président, pour démontrer que des mesures additionnelles... vous
savez, on a découvert, par des sondages, que 60 % des lavages se
faisaient à l'eau froide. on l'a su par des enquêtes, on l'a su
par des sondages, on a découvert un tas de choses où
effectivement, soit par l'action gouvernementale, soit par l'action des
entreprises d'énergie, soit par toutes sortes de mesures que les gens se
sont données eux-mêmes, finalement les québécois et
québécoises étaient déjà assez efficaces
dans leur consommation énergétique. nous sommes embarqués
dans ce projet-là en 1990, il faut le dire, avec les moyens du bord,
parce qu'il était important que nous embarquions dans ce
projet-là et que nous commencions à faire des choses sur le plan
des économies d'énergie. mais ce que m. bolduc disait à
une réponse de la ministre tantôt, c'est que, de toute
façon, nous ne voulons pas dépenser des sommes inutiles sans
savoir les résultats que ça escompte, et je vous souligne
quelques chiffres. c'est qu'en ontario on a réduit récemment son
dossier des économies d'énergie de 11,5 twh, à l'horizon
2000, à 8,7, ce qui est en bas de notre 9,3. quand on regarde les 10
compagnies à peu près les plus engagées dans les
économies d'énergie, je vous dirai que ces compagnies-là
sont toutes à peu près au même niveau ou plus bas que
nous.
Alors, c'est sûr qu'on considère qu'il y a des objectifs
à atteindre et du rattrapage à faire, mais que les structures
sont maintenant mises en place nous permettant de gérer beaucoup mieux
ce dossier. Quant à la question précise que vous avez
posée, peut-être que M. Bolduc peut y apporter un
élément à savoir comment...
M. Chevrette: ...ma question, mon cher M. Drouin, parce que vous
n'avez pas répondu à...
M. Drouin: Non, j'ai fait un...
M. Chevrette: ...même pas à un petit point de la
question.
Le Président (M. Audet): Veuillez vous adresser au
président, s'il vous plaît.
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Est-ce que je peux
vous rappeler que M. Drouin n'a pas répondu à ma question?
Le Président (M. Audet): Allez-y.
M. Chevrette: Ma question était simple. Vous avez
déposé un plan de développement en 1992 où vous
aviez un cap bien précis, un objectif bien précis pour 1995. Deux
mois à peine après, vous baissez même l'objectif de 1995
à 2,9 et vous gardez l'objectif en 1996 de 5. Comment,
réalistement, pouvez-vous, en un an, doubler vos objectifs
d'efficacité par rapport à ce que vous aurez atteint pendant
quatre ans?
M. Drouin: C'est ce que je demandais à M. Bolduc de vous
répondre.
Le Président (M. Audet): M. Bolduc.
M. Bolduc: Pour répondre à cette question, il faut
d'abord bien constater que les programmes d'efficacité
énergétique sont des programmes qui ont un effet cumulatif. Il
s'agit de les mettre en place, de les démarrer, d'amener les gens soit
à modifier leur comportement ou à installer des
équipements ou des appareils ou d'autres éléments
physiques qui affectent leur consommation d'électricité, et
à ce moment-là les économies se reproduisent
d'année en année, en tout cas, durant la vie utile des mesures
qui ont été prises. Juste pour illustrer ce
phénomène-là, si on arrêtait, ce soir, on coupait
tous les budgets et on disait: Hydro-Québec ne fera plus de nouveaux
programmes d'efficacité énergétique, on ne va que
continuer et terminer les programmes déjà engagés et on ne
lancera plus rien de nouveau, on obtiendrait, selon les résultats qui
sont maintenant constatés dans ces programmes-là, et le rythme
d'implantation des mesures que nous mesurons, on atteindrait, en 1996, la
moitié de l'objectif de 4,1... votre question était de 1995 ou
1996, je m'excuse, là.
M. Chevrette: C'est parce que je suis surpris même par le
début de votre réponse. Je vais vous dire pourquoi. Si
c'était vrai ce que vous venez de nous dire, là, vous n'auriez
pas baissé continuellement vos objectifs depuis 1992.
M. Bolduc: La raison pour laquelle...
M. Chevrette: Vous auriez eu une constante, et...
M. Bolduc: La raison pour laquelle nous avons diminué nos
objectifs, c'est que ces programmes-là prennent du temps à
s'implanter. Je donnais tout à l'heure un exemple que je peux reprendre
d'une autre façon. Quand nous avons convaincu le propriétaire
d'un immeuble qu'en installant un nouvel éclairage, en changeant le
système de climatisation, de ventilation, en faisant certains
ajustements au fonctionnement de ses
espaces communs il pouvait, lui-même, indépendamment de
toute subvention, économiser des milliers de dollars par année,
ce que nous avons fait graduellement, à mesure que nous mettions en
place des équipes, que nous formions des firmes et des associés
pour nous aider à faire ces analyses, et que nous nous assurions que les
analyses étaient faites correctement, une fois que nous amenons au
client la proposition, nous avons constaté et c'est un fait de la
vie que nous avions sans doute surestimé que ces gens-là
ne prennent pas des décisions instantatées. Ce n'est pas comme
dans le résidentiel où on convainc un client d'installer un
meilleur calfreutage de ses portes et il le fait le lendemain matin. Dans tout
ce qui est commercial et industriel, ça peut prendre jusqu'à deux
ans avant que les gens installent, et on n'a pas diminué le
résultat de ces programmes-là du tout en termes cumulatifs, mais
on a diminué, on a allongé les délais avant qu'ils
commencent à prendre vraiment leur plein effet. Et c'est pour ça
que les résultats, au lieu d'avoir une courbe linéaire, comme on
avait théoriquement dessiné au début, suivent une courbe
qui est à peu près typique de tout ce qui est
développement, de tout ce qui est construction, c'est-à-dire que
ça démarre lentement, ça prend son ampleur et à un
moment donné, à mesure que tout ça tombe en place, la
croissance est pratiquement exponentielle.
M. Chevrette: Mais ce n'est pas le genre de courbe...
M. Bolduc: Et c'est ça que nous mesurons ici.
M. Chevrette: Mais ce n'est pas le genre de courbe que vous nous
présentez, M. Bolduc. Vous nous présentiez une courbe en 1991,
qui faisait ça, qui a chuté, qui va chuter jusqu'en 1995, et
là en 1995, oups! le double. Qu'est-ce qui va se produire? Quelle magie
Hydro-Québec va-t-elle utiliser pour qu'en l'espace d'un an vous
doubliez le rendement de l'efficacité énergétique?
M. Bolduc: Nos prévisions sont je m'excuse,
là, j'ai de la misère à suivre les comparaisons que vous
faites parce qu'il faut comparer...
M. Chevrette: Bien, écoutez, je me base sur vos propres
chiffres.
M. Bolduc: Ce que je veux dire, c'est que notre prévision
actuelle en est une de croissance continue. Elles ont pu chuter par rapport
à nos prévisions antérieures, mais nous ne
prévoyons pas des quantités inférieures en 1994 par
rapport à celles de 1993. Nous avons une croissance continue qui
s'accélère, qui change de rythme en 1995, c'est exact, parce que,
justement, l'effet cumulatif des programmes qui progressent graduellement va
être atteint à son maximum et les nouveaux programmes que nous
prévoyons lancer en 1993 et 1994 vont commencer, en 1995, à
donner leur plein effet. C'est comme si on installait trois usines
graduellement pour produire des résultats. Pendant qu'on construit les
usines, ça ne donne pas de résultats, mais, lorsque les usines
entrent en service en 1995, tout à coup la production augmente assez
rapidement et c'est exactement ça qui est reflété dans nos
prévisions actuelles.
M. Chevrette: et dans l'espace de deux mois, m. bolduc, dans
l'espace de deux mois, le plan de développement 1992 et les engagements
de performance de 1993, deux mois après, vous êtes passés
de 3,6 % à 2,9 %, à la baisse. et vous nous dites qu'en 1995 vous
allez atteindre 5 % pareil.
M. Bolduc: Oui, c'est ce que nous vous disons, et je pense que...
Je ne voudrais pas que vous preniez nos chiffres annuels comme, disons, des
résultats à atteindre en soi. J'ai vécu personnellement,
il y a 20 ans, la mise en place de l'organisation de la construction du
complexe La Grande, phase I, et je peux vous dire que c'était
très fréquent, à trois mois d'intervalle, que les
prévisions de montée d'un barrage comme celui de LG 2, à
mesure qu'on avançait dans l'ingénierie et à mesure qu'on
connaissait mieux les conditions de construction, les méthodes de
construction, à tous les trois mois on révisait nos
prévisions et c'est normal. Mais ce qui était maintenu,
c'était l'objectif de mise en service en 1979, à l'époque,
qui a été atteint pleinement, et il ne faut pas nous en tenir
à des échéanciers qui s'ajustent avec le temps à
mesure qu'on connaît mieux notre marché, qui sont des chiffres
transitoires. L'important c'est l'objectif final. (15 h 40)
Tout comme dans la construction ou dans n'importe quel autre domaine,
c'est normal et c'est sain qu'on aiguise nos crayons, qu'on fasse une meilleure
prévision, qu'on entre dans le détail de l'ingénierie et
de la conception de ces programmes-là et, dans trois mois, je suis
prêt à parier que si vous nous le demandiez, franchement, j'aurais
peut-être encore des chiffres légèrement différents
pour des étapes intermédiaires parce qu'on va toujours continuer
d'améliorer notre projection, mais ce qu'on veut faire c'est atteindre
l'objectif final.
M. Chevrette: Êtes-vous en train de me dire que ça
ne vaut pas la peine ce qu'on fait là? Parce que, moi, j'ai lu les plans
de développement d'Hydro-Québec, de trois ans en trois ans. La
première année, vous annoncez des choses; la deuxième,
vous dites que vous vous êtes légèrement trompés et,
la troisième, vous préparez d'autres plans de
développement. C'était ça, à peu près, la
coutume à Hydro-Québec. Et relisez-les depuis cinq, six plans
triennaux, vous allez voir que c'est exactement le portrait. Et là vous
êtes en train de me donner la même réponse: Dans deux mois,
je pourrais te donner
des chiffres différents.
Ou bien c'est sérieux les projections que vous faites et c'est
basé sur un minimum de rigueur avec des outils de contrôle et avec
de la validation des résultats pour en venir à faire une
projection sérieuse. Vous vous présentez ici en disant:
Voilà un plan de développement sérieux, rigoureux et voici
notre alignement, et vous venez de me dire que dans deux mois ça peut
changer.
M. Drouin: M. le Président, je voudrais souligner qu'en
matière d'efficacité énergétique je pense qu'on ne
prétend pas avoir toute la vérité et je pense qu'il n'y a
pas une utilité en Amérique du Nord qui a toute la
vérité là-dessus. Je pense qu'on échange beaucoup,
on essaie de profiter de l'expérience des autres utilités. C'est
clair, vous avez raison, on a été obligés de regarder des
chiffres, regarder des progressions et changer ces chiffres-là. Je pense
que ça fait partie du contexte normal. On vit une situation
économique qui est extrêmement difficile. Ça a un impact
important sur tout le dossier d'efficacité énergétique. La
seule autre réponse que je voudrais ajouter à ça, c'est
que, chez nous, on a pris la décision d'essayer de comptabiliser les
kilowattheures économisés en fonction de critères
véridiques. C'est-à-dire que, là aussi, on a beaucoup
à apprendre. Comment différencier un kilowattheure
économisé par notre impact d'économies d'énergie
par rapport à un kilowattheure économisé à cause de
la récession, disons? On essaie de comptabiliser le plus justement
possible et peut-être, ià-dessus, on va découvrir dans
quelque temps qu'on est un peu trop conservateurs lorsqu'on regarde ce qui se
passe à côté de nous. On est en consultation avec des
provinces qui sont très bien organisées au niveau... la
Colombie-Britannique; évidemment, l'Ontario est notre voisine. Alors,
tout ce que je veux dire, c'est qu'on ne voudrait surtout pas prétendre
ici qu'on est en possession de la vérité totale sur la question
des économies d'énergie. On veut évoluer, on veut
réellement raffiner nos chiffres et on regarde quand même les
objectifs parce qu'on pense qu'à un moment donné ce qu'on
investit aujourd'hui et qui ne semble pas produire ce qu'on pensait qui
produirait va produire quelque chose plus tard.
M. Chevrette: Est-ce que vous pourriez nous déposer, M.
Drouin... M. le Président, est-ce que le président
d'Hydro-Québec pourrait s'engager à déposer ici ce que je
demandais ce matin? Dans quels secteurs les économies ont
été faites? Et combien il en coûte par secteur? Puisqu'il y
a des analyses qui se font, j'aimerais ça qu'on puisse, d'ici la fin de
la commission, avoir ces données-là, parce qu'il y a des gens qui
soutiennent qu'il n'y a pas de mesures de contrôle et qu'il n'y a pas de
validation de résultats et j'aimerais ça qu'on les ait...
M. Drouin: Ah non! Il n'y a pas...
M. Chevrette: ...pour qu'on puisse discuter correctement à
partir...
M. Drouin: Oui, oui.
M. Chevrette: ...des chiffres, des données
concrètes. mais ce qui m'inquiète, m. drouin, c'est vos derniers
propos, votre dernier propos. vous dites que vous n'avez pas la science infuse
ni la vérité absolue, par contre, toutes vos projections en
besoins d'énergie pas toutes, c'est faux, mais la grande
majorité 77 % des besoins énergétiques... c'est
basé sur l'économie d'énergie et sur la production
privée. et comme vous me dites que vous n'êtes pas certain, dans
le domaine de l'efficacité énergétique, vous ne trouvez
pas ça fort que toute votre programmation d'ici l'an 2000 soit
basée sur l'efficacité énergétique si vous
n'êtes pas plus sûr que ça?
M. Drouin: Pas du tout. Il ne faut pas oublier que notre plan de
développement, quand on met les proportions que vous avez dit sur
l'efficacité énergétique, il faut tenir compte qu'au
moment où on se parle, de 1990 à 1995, on va avoir mis en
service, en termes de complexe hydroélectrique, 5000 MW de puissance,
entre 1990 et 1995. Ce n'est pas «compute» dans le pourcentage dont
vous venez de tenir compte. Ce dont on tient compte dans l'apport
hydroélectrique de 1995 à 2000, c'est les deux centrales de EM 1
et Laforge 2.
Ma réponse à votre question, M. le Président, c'est
tout simplement que nous faisons un monitoring constant. Vous savez, on se
rajuste là-dessus. Il ne faut pas dire non plus qu'on n'a pas d'autres
alternatives. On a des alternatives sur le plan hydroélectrique, on a
des alternatives sur le plan de la production privée. C'est des choses
qui vont nous amener à nous ajuster dans le temps et comme on fait au
moment où on se parle, avec les chiffres qu'on a, on pense qu'on peut
continuer avec ces projections-là et réajuster notre tir au fur
et à mesure.
Le Président (M. Audet): Brève question, M. le
député.
Une voix: C'est parce qu'elle est longue. Je vais la laisser
passer.
Le Président (M. Audet): D'accord. Je vais
reconnaître M. le député de Drummond, qui a souhaité
intervenir. Vous avez près de cinq minutes, M. le
député.
M. St-Roch: Merci, M. le Président. Dans la même
problématique et dans la foulée des questions de Mme la ministre
et de M. le député de Joliette, je dois vous avouer que je suis
inquiet aussi devant le potentiel de réalisation de vos économies
d'énergie. Parce que, lorsque je regarde le 9,3 TWh d'ici l'an 2000,
38,6 % seront du résidentiel, 32,3 % du commercial, 29,1 %
seront de l'industriel. Quand on regarde à l'intérieur de
chacune des composantes et dans la foulée des réponses de M.
Bolduc, il est dit dans cet énoncé-là que 1,4 TWh
proviendra du chauffage des locaux, puis 0,8 TWh proviendra des
économies de chauffage à l'eau. Or, dans les explications que
vous avez données, M. le Président, on remarque que ces deux
composantes-là composent les deux tiers des économies
d'énergie au niveau résidentiel. Ce sont quand même des
sommes substantielles. Alors, ma première question: Qu'est-ce qu'Hydro
prévoit pour économiser, dans le pratico-concret, le 1,4 TWh au
niveau du chauffage des locaux dans le résidentiel et pour être
sûrs et certains qu'on va arriver à l'horizon 2000 avec cette
économie-là?
M. Drouin: M. Bolduc va répondre à ces
questions-là, M. le Président.
M. St-Roch: Je m'excuse, mais je veux vous rappeller, M. Bolduc,
qu'on m'a donné seulement cinq minutes. Alors, si vous voulez être
bref, ça va me donner la chance de poser plus de questions. Je vous
remercie.
Le Président (M. Audet): Vous avez raison, M. le
député. Allez-y, M. Bolduc.
M. Bolduc: Nous préconisons d'abord des mesures
très légères en coûts, mais très efficaces en
résultats. La plus évidente, c'est, par exemple, convaincre les
gens, comme nous le faisons, par nos programmes de communication, de baisser
leur thermostat. C'est un exemple assez simple, mais qui produit des
économies énormes, si on arrive à changer le comportement
des gens, sans avoir des investissements très lourds et c'est
évidemment extrêmement rentable. On préconise aussi
beaucoup de mesures d'étanchéisation des maisons à travers
nos programmes d'analyses et à travers la promotion de produits
économiseurs d'énergie, les éconos, tout ce qui est
coupe-bise, tout ce qui est étanchéisation des portes et
fenêtres par des articles de quincaillerie relativement bon
marché. Nous pensons aussi contribuer à une partie importante de
cet objectif de réduction des coûts de chauffage.
En termes de réduction des coûts de chauffe-eau, nous avons
un programme de recherche qui devrait, d'ici un an, aboutir à la mise en
marché d'un chauffe-eau superefficace, entre guillemets, qui permettra
d'économiser beaucoup sur les pertes associées au chauffage de
l'eau. Nous recommandons l'isolation des conduites d'eau à la sortie des
chauffe-eau jusqu'à une certaine distance, qui réduit de beaucoup
les pertes de chaleur dans ce cas-là, et nous avons aussi des programmes
de recherche sur ce que j'appellerais des mesures intelligentes, qu'on parle de
maisons intelligentes, par exemple, des choses qui aident à optimiser
l'utilisation du chauffage, qui permettraient de programmer les thermostats
pour réduire la température quand les gens ne sont pas là,
pour avoir la bonne température au bon moment. C'est une foulée
de mesures de ce genre-là avec, évidemment, éventuellement
une certaine aide ou une certaine promotion dans la nouvelle construction, ou
dans la rénovation, de conseils pratiques aux gens qui veulent s'acheter
de meilleures fenêtres et ainsi de suite, mais sans des subventions
massives, simplement au niveau de la formation, à la qualité des
installations et à l'inspection de ces installations-là pour
donner confiance au client en termes de résultat d'efficacité
énergétique.
M. St-Roch: Parce qu'il y a beaucoup de misé sur la
collaboration des gens, alors je vais faire le pont avec une des questions que
je soulevais ce matin dans mes remarques préliminaires. Je pense que
toute une série de mesures que vous venez d'identifier, ça
s'appelle beaucoup mesures de contrôle. Alors, soit qu'on le fasse
manuellement ou qu'on ait des systèmes dits domotiques et immotiques.
Alors, à ce moment-ci, est-ce qu'il y a des intentions
d'Hydro-Québec, à l'intérieur... Vous prévoyez
quand même des budgets de 2 000 000 000 $ de la part d'Hydro, 1 000 000
000 $ de la part des clients, globalement. Dans la foulée de la question
de M. le député de Joliette, j'aimerais voir la
répartition de ce 2 000 000 000 $ d'Hydro-Québec
d'investissements pour chacune des catégories. Or, est-ce qu'il est
prévu par Hydro-Québec d'innover puis de mettre à la
disposition de ses clientèles, dans le but d'obtenir ces
objectifs-là qui sont quand même 30 % des économies
prévues au niveau résidentiel, des budgets de conversion ou
d'utilisation de la domotique dans le côté résidentiel et
l'im-motique dans la question commerciale? (15 h 50)
M. Bolduc: C'est un sujet sur lequel nous travaillons très
intensivement avec tous les intervenants québécois dans la
domotique. Nous sommes représentés au sous-comité
domotique des grappes industrielles où on retrouve les principaux
intervenants dans ce domaine-là. Nous avons, jusqu'ici,
subventionné des expériences-pilotes de domotique dans des
maisons. On en trouve actuellement au Salon de l'habitation à
Montréal qui s'ouvre bientôt et dans d'autres applications pour
vérifier, pour valider et mesurer les possibilités dans ce
domaine. Nous faisons, au laboratoire d'électrotechnologie
d'Hydro-Québec à Shawinigan, des mesures sur des appareils
électroniques, des thermostats, des appareils comme ça qui
permettraient d'en arriver à l'économie. Et notre vision c'est
que, oui, à mesure qu'il va se démontrer une rentabilité
d'application de la domotique à l'efficacité
énergétique résidentielle, nous allons contribuer, nous
allons être un participant très actif et nous allons, avec les
fabricants, contribuer à mettre au point des produits, et la forme que
ceci pourra prendre pourra être l'information et la promotion de ces
produits-là, comme nous le faisons pour d'autres produits. Est-ce que
ça comportera des subventions? Ça va un peu dépendre du
coût de ces produits-là et de la rentabilité pour le
client.
Le Président (M. Audet): Merci.
M. St-Roch: J'aurais...
Le Président (M. Audet): Madame...
M. St-Roch: Je reviendrai pour la dernière question.
Le Président (M. Audet): Vous pourrez revenir, M. le
député de Drummond. Je vais maintenant reconnaître Mme la
ministre de l'Énergie et des Ressources.
Mme Bacon: Oui. Si nous allons du côté de
l'amélioration du réseau existant, à la page 37 de la
proposition du plan de développement, vous indiquez que vous allez
recourir en priorité à l'amélioration du réseau
dans tous les cas où le coût des mesures, pour un service
équivalent, serait inférieur ou égal au coût de
nouveaux équipements de production. Compte tenu des avantages
évidents de l'amélioration du réseau, pas
d'externalité, par exemple, la société d'État
pourrait-elle utiliser d'autres critères que le coût
évité?
M. Drouin: Je vais demander à M. Couture de
répondre à cette question.
M. Couture: M. le Président, l'exemple de
l'amélioration du réseau serait, par exemple, pour la centrale de
Manie 5, de remplacer les turbines alternateurs avec des machines plus
efficaces, ce qui nous permet d'obtenir avec la même eau turbinée,
je pense, 238 MW de plus. Évidemment, nous regardons dans ce
cas-là l'aspect technique, l'aspect économique et l'aspect
environnemental pour en arriver à une décision. Ce n'est pas
entièrement des décisions techniques. Nous regardons, par
exemple, le passage de l'eau entre les centrales Les Cèdres et
Beauharnois et nous essayons d'optimiser le plus possible le turbinage de l'eau
qui passe à cet endroit-là, soit dans une centrale, soit dans
l'autre. Alors, vous avez des considérations environnementales,
économiques et techniques qui nous permettent d'améliorer, et
nous le faisons chaque fois que le coût de cette
amélioration-là est plus économique que de construire de
nouvelles installations.
Mme Bacon: Est-ce que le potentiel global, tant technique
qu'économique, du réseau existant a été
évalué par Hydro-Québec?
M. Couture: Oui. Nous avons revu à peu près toutes
les parties du réseau pour être capables de déterminer de
quelle façon, ponctuellement, on peut regarder les améliorations
qui se présenteraient à la centrale de La Tuque, sur le
Saint-Maurice, aux centrales de Shawi-nigan, et nous faisons le tour des
centrales pour établir, à peu près, le gain
d'efficacité qu'on pourrait avoir, soit en laissant passer moins d'eau.
Nous avons plusieurs centrales qui sont au fil de l'eau. Donc, nous essayons
d'optimiser, dans ce cas-là, la production lorsque l'eau est au maximum
et nous faisons le tour du réseau pour qu'à chaque endroit on
puisse essayer de déterminer quelle est la façon
d'économiser davantage et d'utiliser le réseau avec plus
d'efficacité.
Mme Bacon: Vous ne répondez pas sur quel est le
potentiel.
M. Couture: Le potentiel?
Mme Bacon: Le potentiel global, tant technique
qu'économique, du réseau existant.
M. Régis: Je peux peut-être...
Mme Bacon: Ça a été évalué par
Hydro-Québec.
M. Drouin: M. Régis va répondre à cette
question.
M. Régis: M. le Président, je peux peut-être
mentionner qu'on a évalué pour l'horizon 2000, en termes
d'énergie, l'équivalent de 4,3 TWh qu'on a été
capables de récupérer. Et ça, c'est sur l'horizon 1989
à l'an 2000. Et, en 1992, fin 1992, nous avions déjà
réussi, juste par l'amélioration de la gestion du rendement de
nos équipements, à récupérer 2,4 TWh
là-dessus. Donc, un potentiel de 4,3, on est déjà à
2,4 que nous avons pu faire à peu de frais. D'autre part, en termes de
puissance, nous avons évalué que nous étions capables
d'augmenter la puissance de nos équipements existants à l'horizon
2000 à 760 MW. Au moment où on se parle, nous avons
déjà intégré quelque chose comme 500 MW. Donc,
c'est le potentiel qu'on peut situer à ce moment-ci de
l'amélioration du parc de l'équipement existant.
Mme Bacon: Au tableau 7 de la page 80 de l'annexe sur les moyens
de production, vous faites état, en ce qui a trait à la
cogénération, d'un prix de revient établi sur la base des
coûts évités. Cette grille des coûts
évités, est-ce qu'elle s'applique également pour la
production privée issue des petites centrales hydroélectriques
et, si oui, comment est-elle dressée cette grille-là?
M. Couture: Dans les appels d'offres qui ont été
faits il y a quelque temps déjà pour la
cogénération ou dans le prix payé pour
l'électricité qui provient des petites centrales, ça avait
été établi à un moment donné comme
étant le coût équivalent de construire Grande-Baleine.
Évidemment, depuis il y a eu des variations dans les coûts
évités. Mais nous avons gardé, en équité
pour les soumissionnaires, le même prix d'achat, même si nos prix
évités ont pu varier légèrement. Alors, nous payons
le même prix pour la production cogénération et petites
centrales.
Mme Bacon: Dans le plan de développement
précédent, le projet Péribonka, d'une puissance de 400 MW,
était à l'étude. Ce projet n'apparaît plus dans la
liste des projets à potentiel économiquement aménageable.
Est-ce qu'il y a quelque chose... Quel est l'intérêt de ne plus
faire la Péribonka? Est-ce qu'il est justifié de retraiter par
rapport à ce projet-là?
M. Couture: M. le Président, madame, la Péribonka
est à l'étude préliminaire actuellement. Nous n'avons pas
les données précises qui pourraient nous permettre de le placer
à l'intérieur d'un plan de développement. Il y a des
problèmes avec la Péribonka dans le sens que c'est une centrale
qui serait insérée entre des installations d'Alcan. Alors, tout
dépend du mode d'opération de ces centrales pour nous donner un
prix de revient précis. Alors, nous poursuivons nos discussions
actuellement pour voir s'il n'y aurait pas possibilité de faire cet
aménagement, mais en ayant des ententes qui sont encore à
discuter sur le mode d'opération, par exemple, quant à la
quantité d'eau déversée par les centrales de la
Péribonka. Les centrales de la Péribonka, en
général, sont réglementées par les contraintes du
niveau du lac Saint-Jean. Alors, ce n'est pas tout à fait les
mêmes contraintes qu'on applique sur notre réseau. Il faut trouver
un moyen de résoudre ces contraintes pour être capables de savoir
quel serait le prix de revient de la centrale qu'on pourrait ajouter sur la
Péribonka.
Mme Bacon: La proposition du plan suggère une place pour
la filière éolienne dans les réseaux qui sont non
reliés. Compte tenu des progrès réalisés dans ce
domaine-là, est-ce que vous pouvez nous indiquer quelles mesures vous
allez mettre en place pour évaluer concrètement
l'intérêt de cette filière pour le Québec? Est-ce
qu'il y en a un intérêt vraiment?
M. Bolduc: M. le Président, madame, nous avons l'intention
d'aller plus loin dans l'expérience des éolien-nes. Il y a
déjà eu plusieurs expériences de faites. Actuellement,
nous considérons demander des propositions d'intérêt aux
producteurs privés qui pourraient installer de l'éolienne sur un
réseau isolé où on pourrait remplacer du carburant qui
sert à faire fonctionner des centrales diesel par des éoliennes.
Donc, on aurait un couplage éolienne-diesel où c'est avantageux
pour le producteur de remplacer le plus possible le carburant. Nous allons voir
à partir des intérêts qui nous seront manifestés
s'il y a lieu d'aller plus loin avec l'expérience.
Mme Bacon: Quelles sont les étapes de réalisation
du projet-pilote aux Îles-de-la-Madeleine, parce qu'il y en a un
projet-pilote aux Îles-de-la-Madeleine?
M. Bolduc: Nous sommes en train de préparer un appel de
propositions. Évidemment, Hydro-Québec dépense
déjà, par année, des sommes substantielles pour suivre un
projet-pilote qui est actuellement installé à
l'île-du-Prince-Édouard. Alors, il y a des éoliennes
à cet endroit-là qui ont été faites sous le
pilotage du gouvernement fédéral avec la collaboration de
l'utilité locale et de nous, qui nous permettent d'avoir des
données assez précises sur la possibilité d'utiliser des
éoliennes ici. Maintenant, nous voulons aller plus loin et donner la
chance aux producteurs privés d'en installer. Les meilleures conditions
qu'on peut trouver au Québec sont sans doute aux
Îles-de-la-Madeleine et c'est pourquoi nous espérons, par un appel
de propositions, voir s'il est réaliste d'en installer. (16 heures)
Mme Bacon: Si on passe d'éoliennes au nucléaire, on
sait qu'il y a un vieillissement prématuré de certaines
pièces de centrales nucléaires ontariennes. Est-ce que ça
ne risque pas de survenir à la centrale Gentilly 2? Et, s'il y a un
risque, qu'est-ce que ça coûterait ce vieillissement des
pièces?
M. Couture: C'est très difficile de répondre avec
précision à cette question. Les Candu 600, qui sont
installés en plus grande majorité à travers le monde,
particulièrement à l'étranger... au Nouveau-Brunswick et
au Québec, sont les centrales nucléaires avec la meilleure
performance des centrales canadiennes. Elles sont légèrement
différentes de celles qui sont en Ontario, qui sont plus grosses. Alors,
notre centrale de Gentilly 2, les centrales coréennes vous savez
que le Canada a vendu trois centrales semblables additionnelles au cours des
deux dernières années ces centrales-là, de
même que celles du Nouveau-Brunswick, ont les facteurs de rendement les
plus élevés à peu près au monde. Alors, nous
croisons nos doigts et espérons que cette bonne performance continuera
de s'appliquer dans le futur.
Mme Bacon: À la page 45 de la proposition de plan, vous
évaluez à 50 % plus élevé le coût de la
filière thermique de base par rapport à celui de la
filière hydraulique. Comment pouvez-vous expliquer que lors de l'appel
de propositions de 1991, en avril 1991, des promoteurs privés vous
avaient soumis des projets qui totalisaient environ, je pense, 8000 MW, dont
une part importante de projets à cycle combiné, sachant
pertinemment qu'Hydro-Québec ne paierait que 0,044 $ le kilowattheure?
Comment vous pouvez expliquer qu'on vous ait soumis autant de projets,
même à 0,044 $?
M. Drouin: M. Bolduc va répondre à cette
question.
M. Bolduc: Un premier point, c'est que, évidemment, il
faut comparer ces prix-là dans le même contexte. Quand nous
évaluons une centrale thermique dans le plan de développement,
c'est pour fins de comparaison avec un projet hydroélectrique. Donc,
c'est en termes de services équivalents. Il y a des ajustements qui sont
faits pour la durée de vie de ces différents types de
centrale.
II y a des ajustements qui sont faits pour les coûts de transport
et pour la réserve qui est requise pour assurer le même service,
réserve qui est très différente dans le cas d'une centrale
thermique par rapport à une centrale hydroélectrique. Quand nous
parlons du prix d'un producteur privé, il s'agit du prix brut, sans
tenir compte d'aucun de ces éléments additionnels pour faire une
comparaison, à service égal. C'est une des raisons pour
lesquelles il y a eu des différences de prix. Maintenant, M. Couture a
peut-être autre chose à ajouter.
M. Drouin: L'élément additionnel qu'on peut ajouter
à ça, c'est que le thermique, dans le sens de la
cogénération, on planifie des Centrales d'une durée
d'à peu près 30 ans alors que, sur la Saint-Maurice, je pense
qu'on peut constater, la rivière Gatineau, des centrales... On planifie
pour 50 ans, mais il y a des centrales qui continuent de fonctionner
après 60, 70 ans. Alors, c'est ce qui fait que la filière
thermique, dans notre plan de développement, représente un
coût additionnel par rapport au prix de la cogénération que
nous avons mis dans l'APR 1991.
Mme Bacon: Comment se comparent vos évaluations des
coûts du thermique par rapport à ce qu'on peut observer chez les
autres producteurs du Nord-Est américain, par exemple, ou même de
l'Ontario? Comment vous pouvez comparer vos évaluations des
coûts?
M. Bolduc: Les comparaisons que nous avons faites très
fréquemment aux fins de calculer le potentiel d'exportation
d'électricité indiquent une cohérence très,
très forte entre nos hypothèses et celles qu'on retrouve dans ces
réseaux-là, une fois qu'on fait chez eux les mêmes
ajustements pour, justement, comparer une durée de vie
équivalente et pour tenir compte des effets de réserve et des
effets de circonstances spécifiques de ces projets-là. Encore une
fois, des producteurs privés de cogénération offrent des
prix qui, dans l'immédiat et de façon brute, sans tenir compte de
cet effet d'ensemble du réseau, sont plus bas que ceux que nous
utilisons lorsque nous avons fait tous ces ajustements, mais, ramenant tout
ça à des données brutes équivalentes, nous avons,
dans les cas comparés, vu une cohérence assez nette entre nos
hypothèses et celles qu'on voyait chez les réseaux voisins. Il
faut évidemment aussi ajuster ces coûts-là en fonction des
visions que chacun peut avoir des coûts futurs de combustible, parce que
dans une centrale thermique, évidemment, on ne regarde pas que le
coût d'investissement, mais le coût de fonctionnement sur une
longue durée. Certains réseaux ont une vision optimiste, d'autres
une vision plus pessimiste des coûts de combustible, et c'est là
que toutes les divergences vont apparaître.
Mme Bacon: On sait qu 'Hydro Ontario a revu son plan de
développement en profondeur et Hydro Ontario prévoit maintenant
des surplus de l'ordre de 3000 MW d'ici l'horizon 2000. Est-ce que ça
peut avoir des implications sur le programme d'équipement
d'Hy-dro-Québec?
M. Couture: On se pose cette question-là, M. le
Président, madame, à savoir quel serait le prix des surplus qui
pourraient exister à Hydro Ontario. Il y a plusieurs
considérations techniques qu'on doit prendre en compte avant d'avoir
cette réponse. Par exemple, la capacité des interconnexions entre
l'Ontario et le Québec. On prévoit qu'à long terme on aura
des interconnexions qui seront plus fortes et qui pourront permettre plus
d'échanges entre les deux réseaux.
Maintenant, les surplus doivent être regardés soit à
court terme, soit à moyen terme, soit à long terme. Les surplus
qui existent en Ontario ne nous permettraient pas, probablement, à court
terme, de faire les interconnexions requises. À moyen terme et à
long terme, il faut regarder que ces surplus sont des surplus d'énergie
nucléaire et de charbon et probablement une combinaison des deux. Nous
n'avons pas présentement le prix qu'Hydro Ontario nous chargerait
à moyen terme ou à long terme. À long terme,
peut-être que ces surplus n'existent plus, parce qu'ils prévoient,
théoriquement, le même accroissement de demande que nous. Mais
s'ils existaient, à moyen terme ou à long terme, il faut attendre
de voir à quel prix ils pourraient nous l'offrir pour savoir s'il
faudrait construire des interconnexions ou regarder ce dossier comme on regarde
n'importe quel autre moyen de satisfaire la demande au Québec.
Mme Bacon: Pour la première fois, vous présentez
des combinaisons d'options en matière d'offre. On retrouve ça
à la page 49 de votre proposition. Mais il n'y a aucune
référence qui est faite au nucléaire ou, encore, à
des achats massifs auprès de réseaux voisins dans le cadre des
combinaisons proposées. Est-ce que vous pouvez nous indiquer quelles
sont les raisons qui ont amené Hydro-Québec à proposer ces
combinaisons d'options?
M. Couture: Ceci est élaboré dans le contexte de la
consultation des groupes d'intérêt. Et vous savez, nous avons
consulté 75 groupes et nous avons négocié, si vous voulez,
les différentes options qui devaient être analysées avec
ces groupes pour répondre à leurs attentes. Par exemple, on
disait: Mais pourquoi avoir mis 1000 MW d'éolienne alors que ce n'est
pas très réaliste? Ce n'était pas parce qu'on pensait que
c'était réaliste, c'était parce qu'on voulait satisfaire
les gens qu'on consultait et qui nous demandaient d'évaluer cette
option-là pour pouvoir la comparer.
Alors, nous avons donc établi des comparaisons avec trois niveaux
de cogénération, 760 qui est en cours, dont 200 MW sont
déjà achetés et signés, et nous avons une option
avec 1200 MW de cogénération et une autre avec 1500. Ces
différentes solutions ont été le résultat pour
satisfaire les gens qu'on consultait et pour
fournir, dans notre proposition, des bases réelles de
comparaison, des options réelles pour lesquelles nous proposons une
option qui est meilleure, à notre point de vue, mais d'autres personnes
consultées, et la commission et le gouvernement, pourraient avoir des
opinions qui sont différentes des nôtres.
Mme Bacon: Je vous réfère à la page 50,
toujours dans le plan. Quel est l'impact tarifaire de chacune des combinaisons
d'options qui sont présentées, par exemple, à la page
50?
M. Delisle: On l'a à la troisième ligne, M. le
Président, madame. On a l'écart annuel moyen des coûts de
fourniture pour la période de 1996-2010. Les chiffres qui sont
là, si on prend la combinaison 4, par exemple, les 90 000 000 $,
ça signifie que l'impact tarifaire de cette combinaison-là est de
90 000 000 $, annuellement, pendant les 14 ans, et, sur la moyenne de ces 14
ans, 90 000 000 $, ça représente environ un point de tarif, 1 %
de tarif. Donc, on peut dire... À partir de cette
règle-là, vous pouvez dériver les autres
augmentations.
Mme Bacon: Au tableau 3 de la page 50 du plan,
«Crédits et investissements d'Hydro-Québec»
n'incluent pas... Je comprends bien que les investissements
d'Hydro-Québec n'incluent pas les investissements faits par la
clientèle et par les producteurs privés dans la
cogéné-ration. Est-ce que vous pouvez informer les membres de la
commission de l'ampleur de ces investissements ou s'ils ne sont pas inclus
là-dedans?
M. Delisle: Effectivement, les investissements qui sont là
sont les investissements d'Hydro-Québec, sauf que si vous allez à
la ligne «Emplois soutenus par les investissements totaux»,
là, vous avez les emplois soutenus par les investissements totaux, y
compris les consommateurs quand ils font des économies d'énergie
dans le cadre de nos programmes. Donc, si vous voulez voir un peu l'impact
économique global de l'activité, c'est à cette
ligne-là qu'il faut aller.
Mme Bacon: À l'examen des impacts environnementaux des
différentes combinaisons, on observe que la filière thermique
génère d'importantes émissions atmosphériques, dont
le CO2. Moi, j'aimerais connaître, d'une part, les
réactions des participants à la consultation
d'Hydro-Québec et aussi l'impact de ces émissions de
CO2 par rapport à l'ensemble des émissions de ce type
au Québec. (16 h 10)
M. Drouin: ...vice-président à l'environnement
à Hydro-Québec, M. Daniel Dubeau, M. le Président.
M. Dubeau (Daniel): M. le Président, la réaction
des groupes comme tels, je pense que les gens sont assez sensibilisés
aux phénomènes entourant, entre autres, les gaz à effet de
serre pour se préoccuper de l'utilisation massive du thermique. Au
Québec, donc, d'emblée, majoritairement, les groupes se sont
prononcés en faveur de l'hydroélectricité. Les analyses
que, nous, on a fait à l'interne, nos scientifiques nous disent que le
mazout contribue à l'effet de serre 14 fois plus que l'option
hydroélectrique et, selon les hypothèses de perte de gaz dans les
réseaux, le gaz naturel contribue à l'effet de serre 13 à
15 fois plus que l'option hydroélectrique. Donc, au point de vue
environnemental, c'est sûr qu'il y a une évidence qui favorise
l'hydroélectricité.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Je reviens où j'en étais, à
savoir que vous attachez beaucoup d'importance, pour les prochaines
années, à l'efficacité énergétique et
à la production privée. Je voudrais savoir, dans un premier
temps, si vous avez la garantie que ces projets, en ce qui regarde la
production privée, auront un prix de revient inférieur ou
égal aux coûts marginaux d'Hydro-Québec.
M. Drouin: M. Bolduc.
M. Bolduc: Le tarif que nous offrons aux producteurs
privés, c'est un tarif uniforme, d'abord; ce n'est pas un prix
négocié ou un appel d'offres au plus offrant. Nous avons
établi, il y a environ 18 mois, un tarif qui est uniformément
appliqué à tous les cas de production privée, compte tenu
d'ajustements en fonction du réseau de tension où ils sont
reliés au réseau d'Hydro-Québec. Ce tarif-là a
été établi en fonction du calcul des coûts
évités d'Hydro-Québec, tel qu'évalué
à ce moment-là. Évidemment, comme les programmes
évoluent, comme les coûts évités évoluent et
que les hypothèses économiques, taux d'intérêt, taux
d'inflation, évoluent à tous les trimestres, on ne peut pas
négocier avec une série de promoteurs en leur disant: C'est un
prix qui va fluctuer de trimestre en trimestre. Donc, on a, à un moment
donné dans le temps, calculé les coûts évités
et, comme le disait M. Couture tout à l'heure, ces coûts-là
étaient basés sur le coût de Grande-Baleine, tel
qu'évalué en 1991. Et nous avons établi un tarif qui est
approximativement, avec ajustement selon les niveaux de tension, de 0,044 $ le
kilowattheure et c'est ce prix-là, un prix qui est exprimé sous
forme d'annuités croissantes, c'est-à-dire qui est ajusté
annuellement en fonction de l'inflation, qui équivalait exactement
à notre estimation du coût de Grande-Baleine à cette
époque. Alors toutes les négociations et tous les appels de
propositions et les contrats qui ont été signés jusqu'ici
sont à ce prix-là exactement.
M. Chevrette: Qui est de 30 % supérieur dans les cas
d'achats déjà décidés.
M. Bolduc: Ce prix-là est aujourd'hui supérieur
à
nos coûts évités, dans certaines circonstances.
C'est-à-dire qu'aujourd'hui le 760 MW de production privée qui
doit entrer en service entre 1995 et 1997, disons, ne remplace pas
d'équipement hydraulique à un prix inférieur à
celui que nous payons, parce qu'il n'est pas possible, dans ces
délais-là, de faire d'autres équipements hydrauliques.
Donc, la notion de coûts évités doit évidemment
être placée dans le contexte des dates de mise en service dont on
parle. Actuellement, nos coûts évités, pour des mises en
service en 1995 et 19%, ce serait le coût d'investir plus massivement en
efficacité énergétique, par exemple, ou d'acheter des
réseaux voisins sur une base ferme et garantie pour une période
équivalente. Ça n'est pas de construire des projets hydrauliques
et le coût évité dont nous parlons dans notre plan de
développement, c'est le coût évité à plus
long terme, à l'horizon de l'an 2000 où nous avons des choix.
C'est pour ça que, comme il fallait, à un moment donné, en
1991, établir un prix, nous l'avons fait sur la base de nos coûts
évités à ce moment-là. On aurait pu, à ce
moment-là, commencer des travaux de construction pour un projet à
un coût évité équivalent et aujourd'hui, même
si nos coûts évités avaient baissé, on ne pourrait
plus revenir en arrière. Donc, comme le choix aujourd'hui s'est fait en
fonction d'une date de décision 1991, le tarif ne peut plus fluctuer.
Nous avons maintenu ce tarif-là pour les producteurs
privés...
M. Chevrette: Et c'est ce qui vous...
M. Bolduc: ...sachant très bien qu'à un prix plus
bas la plupart de ces producteurs-là ne pourraient plus livrer la
marchandise, de toute façon.
M. Chevrette: oui, mais le 30 %, c'est vous autres qui l'affirmez
dans l'annexe, c'est bien vrai, ça?
M. Bolduc: c'est 30 % par rapport à nos coûts
évités, long terme...
M. Chevrette: Non, c'est parce que je voulais vous l'entendre
dire que c'était vrai.
M. Bolduc: C'est exact, oui.
M. Chevrette: Parce que vous avez pris cinq minutes pour me dire
que ce n'était pas... sans le dire. Je voulais que vous le disiez. C'est
bien vrai, là?
M. Bolduc: C'est vrai mais c'est essentiel d'expliquer
pourquoi.
M. Chevrette: Avez-vous fait des études très
sérieuses et est-ce que vous connaissez les risques de faillite des
différents promoteurs?
M. Bolduc: Les producteurs privés, partout en
Amérique du Nord, signent des contrats avec les entre- prises
d'électricité sur la base que ces contrats-là leur servent
à obtenir, des institutions financières, un financement qui leur
permet de réaliser ces projets-là. Et, évidemment, les
institutions financières font, au départ, un
«screening», un test et une évaluation de ces
projets-là qui donnent, au départ, une caution relativement
importante quant au sérieux et à la solvabilité des
projets en question. Mais, au-delà de ça et au-delà de la
caution qu'apportent les institutions financières, nous avons des
formules contractuelles qui nous permettent, en cas de faillite d'un producteur
privé qui aurait construit une centrale, de prendre possession de
l'installation, éventuellement, et de la confier à un autre
producteur ou de décider de l'exploiter nous-mêmes, donc de nous
donner un maximum de protection dans ces circonstances-là.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez évalué le risque
que certains promoteurs changent de vocation industrielle,
précisément parce que c'est plus payant de vendre de
l'électricité à court terme que de maintenir leur
opération?
M. Bolduc: On parle de cogénération ici, je
présume. Dans les cas de cogénération, nous avons choisi
les projets parce que les offres reçues étaient d'un ordre de
grandeur beaucoup plus élevé que nos besoins. Nous avons retenu
un certain nombre de projets en fonction d'un certain nombre de critères
et il y a un critère fondamental qui était celui de
l'efficacité énergétique, c'est-à-dire de
l'équilibre entre la production de vapeur et de la production
d'électricité. Et, dans la plupart des cas, nous avons affaire
à des promoteurs qui sont des tiers, c'est-à-dire qui ne sont pas
des clients industriels directement, mais des tiers qui vendent, d'une part, de
la vapeur à un client industriel et, d'autre part, de
l'électricité à Hydro-Québec et dont toute la
rentabilité est basée sur les revenus provenant des deux
côtés. Encore une fois, les institutions financières
interviennent dans la mise en place de ces assemblages financiers en regardant,
à la fois, le sérieux et la pérennité du client
industriel qui achète la vapeur, et tous les autres
éléments, incluant les contrats de fourniture de gaz naturel et
ainsi de suite.
Je crois qu'il n'y a qu'un cas ou deux, sur tous les promoteurs,
où le projet est présenté par l'industrie elle-même.
En général, ce n'est pas une industrie. L'industrie est
associée de l'autre côté du contrat en termes d'acheteur de
vapeur.
M. Chevrette: Oui, mais si je vous pose la question... Vous vous
rappellerez qu'il y a eu une négociation avec Abitibi-Price
dernièrement. Vous vous rappellerez que même Mme la ministre
disait: Si jamais on signe un bail pour régulariser les contrats des
barrages sur les rivières, il faudra quand même s'assurer que, si
on régularise, ça maintiendra l'emploi et non pas que ça
permettra purement et simplement à une compagnie
d'aller chercher, à court terme, 200 000 000 $ pour fins
énergétiques seulement. Si je vous pose la question, c'est parce
que c'est plausible.
M. Drouin: M. le Président, il ne s'agissait pas de
cogénération mais il s'agissait d'un...
M. Chevrette: Non, je comprends, mais le même
phénomène peut se produire pareil.
M. Drouin: ...non, non, et nous sommes très conscients,
d'ailleurs, nous sommes en relation très étroite avec le
ministère sur ce plan-là, et c'est clair que nous sommes
extrêmement prudents. Mais, comme l'a mentionné M. Bolduc, les
projets de cogénération proprement dits sont habituellement
présentés par des promoteurs privés qui vendent la vapeur
à la papetière et vendent l'électricité à
Hydro-Québec. Alors, sur ce plan-là, je dirais qu'on a beaucoup
de projets qui sont très sérieux. Et, pour devancer,
peut-être, une de vos questions: pour réaliser le 760 MW qu'on
s'est donné en termes d'objectif, il a fallu qu'on accepte de
négocier avec beaucoup plus que 760 MW parce qu'on sait que, dans le
raffinement des relations contractuelles, il y en a qui vont se retirer, et de
façon à ce qu'on termine le plus près possible de notre
objectif de 760 MW.
M. Chevrette: Mais, officiellement, vous en avez accepté
760? (16 h 20)
M. Drouin: Officiellement, c'est-à-dire que l'objectif au
plan, enfin, dans nos équilibres offre-demande, c'est 760, mais nous
négocions avec plus que ça. Autrement dit, nous avons
peut-être 1200 MW en négociation, avec l'idée
d'arrêter à 760, mais en utilisant le meilleur 760 qui est
disponible. Et si on regarde les chances de succès parce que
l'hydroélectricité nous défavorise un peu, dans le sens
où nos coûts marginaux sont tellement bas que les marges de profit
des producteurs privés ne sont pas si grandes que ça; alors, dans
ce sens-là, on essaie de négocier avec l'ensemble des 1200.
Actuellement, on en a 200 de signés sur 760. Donc, on s'attend de se
rendre à 760. Ça peut être 750, ça peut être
800, mais on va tourner entre le 700 et le 800, ayant comme objectif, toujours,
760.
M. Chevrette: Est-ce que le processus d'autorisation
gouvernementale en matière d'environnement qui sera appliqué
à ces promoteurs sera le même qu'on applique à
Hydro-Québec?
M. Couture: Oui, en principe, les lois de l'environnement
s'appliquent à ces genres de production qui sont de capacité
telle que les directives doivent être obtenues; sur demande du public, le
ministre peut demander des audiences publiques. Ce n'est pas automatique, mais
ça suit le processus normal que nous suivons pour les autres centrales
de même envergure.
M. Chevrette: Est-ce que vous êtes obligés de
construire des équipements supplémentaires pour pallier à
des défaillances possibles dans le secteur privé?
M. Couture: Nous avons des critères sur le réseau
qui s'appliquent aux différents modes de production, et lorsque nous
faisons un plan d'équipement, compte tenu du «mix» entre
l'hydraulique, le thermique et le nucléaire, nous établissons
quelque chose qui varie entre 10 % et 13 % de réserves, qui sont
nécessaires pour pallier aux équipements qui seraient
possiblement non fonctionnels à la pointe.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Lavio-lette.
M. Jolivet: Oui, M. le Président, je vous remercie.
Dans la même veine des petits barrages, j'aimerais savoir parce
qu'on connaît les municipalités qui avaient à
l'époque leur réseau de distribution, dans d'autres cas,
même, Sherbrooke, la fabrication d'électricité
est-ce qu'il y a des empêchements, si jamais une petite
municipalité voulait avoir un petit barrage, est-ce que votre loi
l'interdit, est-ce que c'est la loi des municipalités, laquelle,
là, parce que j'aimerais savoir à ce niveau-là?
M. Bolduc: Une municipalité qui est propriétaire de
droits d'eau ou d'installations sur une rivière et qui...
M. Jolivet: ...pourrait construire un petit barrage?
M. Bolduc: ...nous offre la production privée, peut le
faire. D'ailleurs, c'est le cas à Jonquière, actuellement; un des
projets qui nous est soumis est soumis par la ville de Jonquière, qui
est propriétaire de son réseau, et qui propose de nous en vendre,
sur la base de l'ensemble de notre politique d'achat des petits producteurs
d'hydroélectricité.
M. Jolivet: Donc, il n'y a rien qui vous l'empêche, selon
votre loi, à vous autres, pas plus que la loi des affaires
municipales?
M. Bolduc: Non. Bien, je ne connais pas la loi des...
M. Jolivet: O.K.
M. Bolduc: ...affaires municipales, mais, dans notre politique,
nous le faisons...
M. Jolivet: Vous avez déjà un... O.K., c'est
correct. C'est parce qu'il y a des gens qui commencent à parler de la
possibilité que des municipalités fassent le barrage et
produisent l'électricité en conséquence et la revendent
ensuite à Hydro-Québec. Une autre question, c'est... Tout
à l'heure, M. Bolduc nous faisait mention,
en termes de coûts d'achat d'électricité, gaz
naturel, pétrole, là, du prix du marché. La tendance
habituelle qu'on a connue dans les années précédentes
était toujours de maintenir le coût de l'électricité
à un niveau entre le gaz naturel et le pétrole, le mazout. Est-ce
que ce que vous êtes en train de nous dire que c'est changé, cette
mentalité-là? Parce qu'on disait: II y a beaucoup de gaz naturel
disponible, alors utilisons-le. Il y aura beaucoup moins de pétrole,
dans le futur, de mazout, alors protégeons-le. Le coût du mazout
était toujours plus haut, le coût du gaz naturel, plus bas, et
l'électricité, entre les deux. Est-ce que c'est ça que
vous êtes en train de nous dire, que ça devrait changer?
M. Bolduc: Non, pas du tout. Le coût de
l'électricité est toujours établi en fonction des
coûts d'Hydro-Québec, pour récupérer les coûts
qu'elle nécessite pour fins de produire cette
électricité-là. C'a été une coïncidence
ou une situation non planifiée que ça se situe, à un
moment donné, entre le gaz et le mazout. Mais Hydro-Québec n'a
pas une politique tarifaire qui est faite en fonction d'objectifs de
concurrence...
M. Jolivet: Ah, bien, j'ai assisté... Oui, mais j'ai
assisté à plusieurs commissions parlementaires, depuis 1976, et
c'a été une des directives, il me semblait, au niveau
d'Hydro-Québec, de maintenir à un niveau entre les deux, surtout
à l'époque où le gaz naturel a fait son entrée au
Québec. C'était une politique, il me semble.
M. Drouin: Bien, c'est-à-dire qu'on a parlé
beaucoup, à ce moment-là, de garder une certaine
compétitivité entre les différentes sources
d'énergie. Je veux dire, le résultat de ça, vous l'avez,
bien, dans la proposition tarifaire, mais on a un graphique qui démontre
que l'électricité, au cours des 25 dernières
années, s'est tenue à peu près à l'inflation, bon
an mal an, alors que le mazout et le gaz ont subi ce qu'on appellait des
bal-lounes dans la période 1982, etc. L'électricité a
toujours été dans la courbe d'en bas, collée sur
l'inflation, alors que le gaz et le pétrole sont au-dessus de
l'inflation pour ces périodes-là.
M. Jolivet: L'autre question concernait l'environnement, les
études environnementales et petits barrages. Est-ce que la nouvelle loi,
d'après vous autres, qui a été passée avant les
fêtes, ne permettrait pas, à ce moment-là, au Conseil des
ministres de décider, en dehors de toute entente, cette
possibilité-là de soustraire les petits barrages? Est-ce que vous
n'êtes pas à même de nous dire qu'il n'y a pas eu un
changement majeur?
M. Drouin: M. Dubeau.
M. Dubeau: M. le Président, nous sommes actuellement
à étudier le projet de règlement qui va rendre applicable
la loi 61. Donc, pour l'instant nous croyons que ce serait
prématuré de présumer de ce qui sera décidé
au niveau du règlement. Donc, je pense que pour l'instant il faut
attendre la décision qui sera prise par le gouvernement.
M. Jolivet: En tout cas, quant à nous autres, on a des
craintes. On vous le dit, c'est tout.
M. Chevrette: Est-ce que vous pouvez nous déposer... Je
vous parlais du pipeline Iroquois, ce matin. Est-ce que vous pourriez nous
déposer l'étude qui a été faite par
Hydro-Québec sur les conséquences de ce pipeline vers le Nord-Est
américain?
M. Drouin: Je vous avoue que vous avez peut-être des
informations que je n'ai pas.
M. Chevrette: II y «a-t-u» moyen que vous vous
renseigniez pour que vous puissiez me faire venir ça? Il doit y avoir au
moins deux, quatre, six, huit, dix... dix grandes observations majeures qui ont
été faites par les spécialistes d'Hydro-Québec
concernant la venue de ce pipeline-là. Est-ce que vous pourriez nous
fournir l'étude qui a été faite par vos...
M. Drouin: Dans la mesure où ça existe, je vais
vérifier. Je vous avoue que vous m'apprenez quelque chose.
M. Chevrette: Est-ce que les ingénieurs n'ont pas fait
l'analyse, suite à une commande d'un directeur précis?
M. Drouin: Ah! Écoutez, pour dire que les
ingénieurs ne font pas d'anayse, c'est sûr qu'il s'en fait des
analyses, mais vous dire qu'il y a un rapport qui est venu à notre
niveau relativement au coût du pipeline Iroquois, moi je vous dis que,
depuis que je suis à Hydro-Québec, je n'en ai pas entendu parler
et ça s'est construit pendant que j'étais là.
M. Chevrette: Donc, est-ce que vous pourriez faire
vérifier...
M. Drouin: Je vais vérifier. Oui.
M. Chevrette: ...et si une étude existe...
M. Drouin: Oui.
M. Chevrette: ...nous la donner, sur les répercussions
pour Hydro-Québec, par exemple, entre autres.
M. Drouin: Je vais vérifier.
M. Chevrette: D'accord. Il me reste du temps?
Le Président (M. Audet): II vous reste encore trois
minutes, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: O.K. Je voudrais aborder le volet de... M. Le Hir
va venir bientôt devant nous et il va commencer à ouvrir un volet
sur la privatisation. On sait qu'il y a un premier pied dans l'étrier
qui est mis avec l'achat, par l'entreprise privée, de certaines
quantités et on sait aussi que les municipalités et villes du
Québec, également, parlent de plus en plus... Il y en a qui
aimeraient ça se porter acquéreurs d'un réseau de
distribution. Ça existe toujours de toute façon auprès
d'une dizaine de villes québécoises, je crois, sous
réserve je sais que ma ville est encore dans ça, moi,
Joliette, Sherbrooke, il y en a quelques-unes et on sent un peu un
courant, une volonté de faire en sorte qu'on puisse s'ouvrir à la
privatisation. Je suis persuadé que si je vous pose la question de
front, vous allez vous en remettre à la ministre, parce que vous allez
dire que c'est une décision politique, mais je vais quand même
vous la poser. Tout d'abord, j'ai lu un de vos articles, M. Drouin, je ne me
souviens pas quelle date je suis beaucoup attentif aux journaux ou aux
revues qui sortent d'Hydro-Québec depuis qu'on m'a nommé critique
et vous-même, dans votre bouche, vous soulignez cette
possibilité éventuelle. J'ai supposé, comme fin
négociateur que vous étiez, que c'était peut-être,
dans un premier temps, pour faire peur un peu aux employés, pour les
motiver à une plus grande productivité, parce que je me suis dit:
C'est impossible qu'Hydro, comme telle, se penche là-dessus ou prenne
cette orientation-là. Le journaliste m'a dit tantôt que Mme la
ministre avait été très catégorique en sortant
d'ici tantôt et qu'elle avait dit non à la privatisation. Mais il
y a anguille sous roche, on n'en parle pas pour rien. Je suis convaincu qu'il
va y avoir des lobbies et des courants très forts qui vont inciter les
gens à faire un débat sur la privatisation. Et c'est pour
ça que j'ai pris les devants dans mon exposé de ce matin, en
disant: Si jamais on devait y aller, il faudrait au moins faire un débat
public. Est-ce qu'on vous a logé des commandes pour étudier
certains volets de privatisation à Hydro-Québec? (16 h 30)
M. Drouin: Alors, très clairement je pourrais
répondre par un mot en vous disant non. Et ça, les journalistes
m'ont posé la question: Est-ce qu'on vous a demandé
d'étudier la privatisation, est-ce qu'on vous a fait des demandes
là-dessus? La réponse, c'est non. C'est catégorique
là-dessus. Cependant, je ne peux pas m'arrêter à une
réponse semblable dans les circonstances, parce qu'on en parle beaucoup,
et je veux juste souligner que nous ce qu'on dit c'est que, quand on regarde le
contexte de la privatisation à Hydro-Québec, il faut bien
comprendre qu'on en entend beaucoup parler à cause de ce qui se passe
dans un réseau voisin, et qu'il y a beaucoup de choses qui sont
discutées en rapport avec la privatisation dans le réseau voisin.
Nous, notre position à date, et je pensais que vous alliez
référer à un article que j'ai écrit dans la revue
Forces, il y a à peine un mois seulement, où effectivement
j'ai vanté le rôle des sociétés d'État au
cours des 30 dernières années de l'histoire du Québec, et
le rôle important que la plupart des sociétés d'État
ont eu à jouer dans le développement économique du
Québec, en évoquant l'ensemble des sociétés
d'État, et plus particulièrement la société
Hydro-Québec et la Caisse de dépôt.
Nous, ce qu'on a dit à nos employés, et ce qu'on dit
à nos cadres et ce qu'on se dit à nous-mêmes, c'est qu'il
faut que cette entreprise-là soit efficace. Il faut qu'elle soit
productive, il faut qu'elle soit, enfin, qu'elle donne un bon rendement, parce
que, quand on fait une certaine analyse de l'ensemble des
sociétés d'État qu'il y a dans le monde par rapport
à des sociétés privées, on ne trouve pas une
constance dans le fait que les sociétés privées sont plus
efficaces que les sociétés d'État. On ne trouve pas de
constance dans ça. Effectivement, il y a des sociétés
d'État qui sont extrêmement efficaces, et nous pensons
qu'Hydro-Québec a la capacité de devenir très efficace, et
elle est en train de faire un virage important sur le plan de la gestion des
ressources humaines, sur le plan du retour à la clientèle. Et ce
qu'on a dit à nos employés, c'est: Arrangeons-nous pour que, s'il
y a un débat sur la privatisation, il se tienne en fonction des
véritables enjeux, du développement économique du
Québec, de la société québécoise et non pas
en fonction que nous soyons une entreprise qui ne réponde plus aux
besoins de notre clientèle, qui soit bureaucratique, qui soit lourde,
etc. Défi performance tend vers ça. Bien sûr que,
même à l'intérieur de l'entreprise, les gens nous posent
des questions en disant: Êtes-vous en train réellement de
préparer la privatisation de l'entreprise? On prépare
l'efficacité de l'entreprise.
Et là-dessus, M. le Président, je me dois de dire, au
moment où on aborde une commission parlementaire sur Hydro-Québec
et sur notre plan de développement, qu'il y a beaucoup de questions qui
doivent se poser en termes de la privatisation d'Hydro-Québec. On pense,
à ce moment-ci de l'histoire d'Hydro-Québec, à cette
période-ci de son cheminement, que nous avons une société
qui, tout de même, produit pour l'ensemble des Québécois 7
% de rendement sur l'avoir propre. On sait très bien que, si on
privatise une telle entreprise demain matin, on va être régi par
une régie de services publics comme le téléphone ou le
gaz, et qu'on va vouloir, pour les actionnaires qui seraient de
l'extérieur, un rendement de 12 % ou 13 %, comme c'est normal dans toute
entreprise ou utilité publique. Ça veut dire pour les
Québécois des augmentations de tarifs importantes, que nous
n'imposons pas pour le moment, parce que nous pensons que notre capacité
financière nous permet de supporter, pour l'ensemble des
Québécois, un rendement sur l'avoir propre de l'ordre de 7 % pour
l'année 1992, de 6 % peut-être pour l'année 1995, mais
qu'après les mises en service de la phase II de la Baie James ces
critères financiers s'amélioreront grandement.
Quant aux autres critères financiers, ils sont assez
intéressants à ce moment-ci, pour que le financement sur le plan
international soit encore extrêmement bien vu par l'ensemble des maisons
financières qui contri-
buent au financement d'Hydro-Québec. Dans ce sens-là, tout
ce qu'on dit, nous, et ce n'est pas à nous effectivement et vous l'avez
mentionné et je le répète, ce n'est pas à nous
à nous prononcer sur la privatisation d'Hydro-Québec, mais tout
ce qu'on dit: Arrangeons-nous pour que ce soient les vraies questions qui se
posent, les questions qui vont permettre une réflexion, et qui vont
permettre de constater comment Hydro-Québec peut, dans l'ensemble qui
existe actuellement, contribuer et continuer de contribuer au
développement économique du Québec. Ça, c'est le
volet que j'appellerais mise en marché d'un certain nombre d'actions
d'Hydro-Québec. Il faut aussi se poser... Là, je n'ai pas
énuméré l'ensemble des questions, mais il faut se poser
les questions sur la fiscalité. Actuellement, nous payons 600 000 000 $
de taxes au gouvernement du Québec, des droits de garantie, nous ne
payons pas d'impôt au fédéral. Qu'est-ce qui arriverait
dans le cas d'une privatisation? La fiscalité changerait, nous aurions
à payer de l'argent à d'autres endroits qu'au gouvernement du
Québec.
Il y a un tas de questions qu'il faut se poser en termes de ce que
ça représente la privatisation, et je pose les questions, M. le
Président, pour être bien sûr que cette
réflexion-là se fasse en fonction des véritables enjeux.
Partout dans le monde on la pose la question de la privatisation. Il ne faut
pas essayer de se rabattre derrière notre carcan et dire: On est dans un
bien-être d'une entreprise d'État, restons dans le bien-être
d'une entreprise d'État, ce n'est pas notre rôle et il ne faut pas
faire ça.
Le deuxième volet, c'est celui de privatiser la distribution.
Le Président (M. Audet): Brièvement, s'il vous
plaît.
M. Drouin: Oui, mais c'est un dossier important, M. le
Président, et je voudrais être bien...
M. Chevrette: Je vous trouve bien meilleur que jeudi passé
à part cela.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): Allez-y, M. le président.
Allez-y.
M. Drouin: La deuxième question qu'il faut se poser, M. le
Président, c'est celle de privatiser la distribution. Bien, privatiser
la distribution, il faut là aussi se poser la question primordiale qui a
été posée aux Québécois en 1962 lors de la
nationalisation de l'électricité, c'est-à-dire la
tarification égale pour l'ensemble des Québécois, le
paiement uniforme. La privatisation d'une partie ou en plusieurs parties de la
distribution, à mon avis, viendrait contrecarrer ce type d'exercice qui
a été fait par les Québécois qui consiste à
s'assurer que par- tout au Québec le tarif de
l'électricité reste le même. Ah! bien oui, on va vous dire
qu'à certains endroits on fait de la péréquation dans le
domaine de la distribution d'électricité, c'est-à-dire que
les zones bien nanties, les zones urbaines, sont des zones qui peuvent
contribuer financièrement, par une taxe quelconque on me dit que
ça existe en Alberta à des tarifs
d'électricité qui seraient plus élevés, compte tenu
de la population plus disséminée dans des régions
rurales.
M. le Président, c'est des questions que je pose, ce n'est pas
des opinions que j'émets, mais je dis que, quand on aura répondu
à un ensemble de questions que je ne voudrais pas être exhaustives
ici, j'ai l'impression que la décision va être facile à
prendre.
Le Président (M. Audet): Merci. Alors, sur ce, on va
suspendre deux petites minutes, question d'une pause-santé et de
reprendre un peu son souffle.
(Suspension de la séance à 16 h 37)
(Reprise à 16 h 44)
Le Président (M. Audet): Si vous voulez reprendre place,
nous allons reprendre nos travaux. À l'ordre, s'il vous plaît! Je
vais maintenant reconnaître M. le député de Drummond. Vous
avez cinq minutes.
M. St-Roch: Merci, M. le Président. Alors, pour finir mon
intervention précédente, je vous demandais, messieurs, de
regarder, d'inclure la domotique et l'im-motique au niveau de vos programmes,
parce qu'à la consultation de vos documents, dans le document 6,
«Prévisions de la demande d'électricité du
Québec», on retrouve clairement à la page 66 que
l'utilisation de l'électricité pour le chauffage est encore
prévisible et s'en va en accroissant. Est-ce que vous reconnaissez que,
de 44 % en 1981, on a passé à 73 % en 1982 et, vers les horizons
de l'an 2010, nous serons à 82 % des maisons utilisant
l'électricité comme chauffage, d'où l'importance d'ajouter
un outil de gestion qui aiderait à réaliser les économies
d'énergie?
Je vais revenir au niveau des moyens de production et des
évaluations des coûts. Je dois vous avouer qu'à la lecture
de vos documents j'ai été confus, et même encore
aujourd'hui, sur le montant réel que vous utilisez au niveau des sous
par kilowattheure pour utiliser et évaluer les nouveaux
procédés ou les projets. À la page 36, encore du plan de
développement, nous retrouvons que vous utilisez le 0,092 $ par
kilowattheure. Alors, on nous dit: Dans tout ce qui va servir à
prévenir des économies de chauffage, on va utiliser 0,092 $.
Lorsque je retourne à la page 43 du même document, là on
parle de grandes oeuvres, entre 0,035 $ et 0,046 $. Alors, vous allez vous
imaginer lorsqu'on lit une fin de semaine des documents, de dire aujourd'hui,
et ma question va être précise: Si on veut évaluer, et
vous
avez porté des barrages de moyenne capacité en haut de 25
MW, à partir de l'an 2000 et plus... Alors, à partir de ce
moment-là, quel coût actuel utilisez-vous? Parce que j'ai
déduit qu'on ne se compare plus à Grande-Baleine, on met
ça de côté, alors, on utilise quoi finalement pour les
coûts entre le 0,092 $ et 0,035 $ ou le 0,046 $?
M. Delisle: André Delisle. En fait, on prend toujours
Grande-Baleine. Grande-Baleine est toujours là. C'est la centrale
marginale qui est là au bout. Par contre, il faut que vous voyiez que ce
qu'on évite, c'est une consommation chez vous, d'accord?, au niveau de
la distribution. Donc, si les kilowattheures qui sont évités sont
les kilowattheures que vous consommez, ce n'est pas les mêmes coûts
que les kilowattheures, par exemple, qu'on évite, les
térawattheures ou les kilowattheures consommés par Alouette
à Sept-îles. À Alouette à Sept-îles, on
produit, puis on va amener ça par le réseau de transport, puis on
va aller à Alouette, puis c'est très près. Par contre,
pour aller chez vous, on va descendre plus longtemps sur le réseau de
transport, on va avoir plus de pertes, mais, à un moment donné,
on va être obligés de transformer l'électricité du
niveau de ce 135 kV à des niveaux plus bas. Après ça, on
va utiliser le réseau de distribution pour aller chez vous. Une fois
qu'on va être rendus chez vous, on va envoyer des gens pour aller mesurer
votre consommation. Si vous avez des problèmes, vous allez appeler, etc.
Donc, vous allez nous forcer à encourir plus de coûts pour
satisfaire votre besoin qu'Alouette. En plus, si vous utilisez de
l'énergie pour vous chauffer, par exemple, ce n'est pas la même
chose que si vous utilisez de l'énergie tous les jours, d'une
façon régulière, je ne sais pas, pour l'éclairage,
parce que, le chauffage, vous allez vous chauffer surtout l'hiver.
Donc, l'hiver, en plus d'avoir des équipements de base pour
satisfaire votre besoin, on va être obligés d'ajouter des
équipements de pointe. De là on va arriver au 0,95 $ dont vous
parlez, alors que quand on parle du coût pour fournir de
l'électricité, disons à une alumine-rie sur la
Côte-Nord, on va arriver à des coûts beaucoup, beaucoup plus
bas, peut-être le tiers de ces coûts-là. Donc, voyez-vous,
le coût évité, par définition, il y a une
référence au kilowattheure qu'on se trouve à éviter
comme consommation; où est ce kilowattheure-là et à quel
moment dans l'année il est puis à quel moment dans le jour il
est, c'est une dimension très importante pour déterminer
ça.
M. St-Roch: Merci. L'autre question en ce qui concerne ce que
j'avais soulevé ce matin. On a partiellement répondu au niveau de
la cogénération, au niveau des 760 MW. Une de mes
inquiétudes de lire votre documentation, lorsqu'on parle...
Premièrement, la durée des contrats est de combien?
M. Drouin: Pour la cogénération? M. Bolduc.
M. Bolduc: 15 à 20 ans. De préférence 20
ans.
M. St-Roch: Puis, à ce moment-ci, les prix sont 0,045 $...
Vous avez mentionné tout à l'heure 0,04 $ du kilowattheure. Sur
15 ans ou 20 ans?
M. Bolduc: Ils sont basés sur 0,043 $, mais c'est une
annuité croissante, c'est-à-dire 0,043 $ en dollars de 1992, si
je me rappelle bien, avec ajustement à l'inflation...
M. St-Roch: À l'inflation.
M. Bolduc: .. .pendant la durée du contrat.
M. St-Roch: À l'inflation et non au niveau des cours
énergétiques prévus.
M. Bolduc: À l'inflation.
M. St-Roch: C'est là qu'est mon inquiétude parce
que lorsque je lis vos documents aussi, lorsqu'on pense l'horizon 2000, vous
indiquez clairement que la cogénération ne sera plus de vos
priorités à cause des coûts croissants du gaz naturel.
Est-ce qu'il n'y a pas de danger, lorsqu'on regarde 2002, 2005 gouverner
c'est prévoir qu'on arrive à un point, si vos
prévisions d'accroissement de coût du gaz naturel sont ce qu'elles
sont déterminées dans vos documents, que ces centrales-là
finalement ne deviennent pas rentables? Si elles ne deviennent pas rentables,
si c'est des partenaires qui vendent à vous de
l'électricité et de la vapeur, j'imagine, à quelque part,
il va y avoir des augmentations de coûts. On sait que la plupart de ces
usines... (16 h 50)
Le Président (M. Audet): M. le député, si
vous voulez terminer votre question.
M. St-Roch: Oui. On sait que la plupart de ces usines-là
vont être dans un secteur bien particulier d'utilisation de vapeur.
Est-ce qu'il n'y a pas danger qu'on fasse face, dans le temps, à des
problèmes qu'on est en train de pelleter en avant, puis des demandes
possibles de subventions et d'aide pour certains secteurs industriels?
M. Drouin: Premièrement, on ne prend pas d'engagements
au-delà de la période pour laquelle on signe le contrat.
Deuxièmement, c'est clair que notre option pour le futur c'est
l'hydroélectricité. Donc, qu'est-ce qui va arriver au bout de ces
15 ou 20 ans là? Concluons que le promoteur, lui, quand il va chercher
son financement, évidemment, celui qui le finance sait que c'est un
projet de 15 ans. Donc, le «pay back» du projet doit se faire
à l'intérieur de la période du contrat.
Quant au gaz, c'est le risque qu'il doit assumer. Mais, habituellement,
il ne l'assume que s'il peut obtenir un prix ferme pour le gaz qu'il
achète. Les gens ne
réussissaient pas autrefois à obtenir des prix pour le gaz
à plus que 5 ans, parfois même 10 ans. On a vécu
l'expérience, au cours de la dernière année, que les gens
sont capables d'affermir des prix du gaz pour une période beaucoup plus
longue qu'auparavant. Dans ce sens-là, c'est «package» au
point que, au bout du 15 ou 20 ans, à l'expiration du contrat, ça
devient une complète nouvelle négociation avec un projet nouveau
ou avec le même projet, mais sans qu'il y ait d'obligation
financière rattachée au promoteur qui lui ferait faire faillite
ou qui nous obligerait à le subventionner.
M. St-Roch: Merci.
Le Président (M. Audet): Mme la ministre de
l'Énergie et des Ressources.
Mme Bacon: Quels sont les moyens qu'Hydro-Québec met
à la disposition des cogénérateurs pour les aider dans la
mise en oeuvre de leur projet?
M. Bolduc: Hydro-Québec, évidemment, a donné
le maximum d'informations aux cogénérateurs sur les conditions
d'achat de l'électricité qui vont bien au-delà du prix. Il
y a une coordination technique très complexe, surtout pour des gros
projets, en termes de conditions de raccordement et de conditions techniques
d'exploitation et d'appareillage de commandes et de sécurité pour
que les installations du cogénérateur fonctionnent en harmonie et
sans danger avec le réseau d'Hydro-Québec. Hydro-Québec a
ajusté même ses normes techniques, dans certains cas, pour tenir
compte de la particularité des cogénérateurs. Mais,
au-delà, disons, de cette information et de ces échanges
techniques, HydroQuébec considère les cogénérateurs
comme des entrepreneurs indépendants et n'intervient pas
généralement dans le déroulement même de
l'assemblage de leur projet. Nous avons une politique aussi équitable
que possible entre les différentes propositions. Nous avons très
clairement énoncé nos règles de sélection qui ont
permis d'en arriver à l'ensemble des dossiers qui sont actuellement en
négociation. Ils sont encore en concurrence les uns avec les autres.
Donc, Hydro-Québec tend à avoir une politique aussi neutre
que possible tout en leur donnant un maximum d'informations sur toutes les
considérations. Dans certains cas, il y a eu des situations où
les sites proposés, où les sites idéaux pour certaines
installations de cogénération étaient des terrains
appartenant à HydroQuébec et nous avons regardé, de bonne
foi, s'il pouvait se faire des transactions sur une base équitable,
mettre à leur disposition ces terrains-là sur une base
commerciale. Mais, à partir de là, le promoteur qui reçoit
un prix fixe, évidemment, doit prendre ses responsabilités et
obtenir son financement, obtenir ses contrats de gaz, obtenir ses approbations
environnementales sans que, normalement, nous n'intervenions dans le
détail de son déroulement.
Mme Bacon: L'évaluation de la croissance future des
besoins en électricité, c'est évidemment un facteur
clé de la planification à long terme du programme
d'équipement d'Hydro-Québec. Je pense qu'il importe, dès
aujourd'hui, d'avoir une idée aussi précise que possible de
l'évolution des besoins qui sont à satisfaire au cours des 15 ou
20 prochaines années. Pour la première fois, Hydro-Québec
nous présente l'évolution des besoins futurs en excluant des
interventions possibles pour favoriser le développement des
marchés. On pourra revenir sur ce thème-là plus tard.
Mais, pour l'instant, j'aimerais demander à Hydro-Québec de faire
ressortir les motifs qui sous-tendent une croissance des besoins en
électricité à long terme et ce, sans le
développement des marchés.
M. Delisle: En fait, M. le Président, si vous le voulez,
je pourrais distribuer un petit document de quatre à cinq pages pour
répondre à cette question-là parce qu'il y a beaucoup de
chiffres. Donc, si l'on peut...
M. Chevrette: D'accord. C'est ce que j'appelle de la
transparence. Envoyez fort!
Le Président (M. Audet): M. Delisle.
M. Delisle: D'accord.
Le Président (M. Audet): Oui.
M. Delisle: donc, à la première page des tableaux
que je vous donne, on a les ventes régulières québec et
les besoins prioritaires. puis, on retrouve nos 2,2 % de taux de croissance
auxquels mme la ministre a référé. à la page
suivante, on a la décomposition un petit peu de ce 2,2 % de croissance
à travers les différents secteurs. on voit que c'est dans le
domaine domestique que le taux est le plus bas, alors que dans le secteur
industriel on a un taux à 2,9 %. les fiches suivantes nous permettent un
peu mieux de comprendre ce qui se passe. dans le secteur domestique agricole,
la croissance totale entre 1992 et l'an 2000, à la troisième
fiche, est de 12,7 twh. c'est ça qui est un peu en arrière de la
croissance du 1,3 de tantôt. qu'est-ce qui se passe? qu'est-ce qui
explique cette croissance-là? c'est que d'ici l'année 2010 il va
y avoir 723 000 ménages supplémentaires, si on se fie à
nos prévisions. la raison en est, bien entendu, la croissance de la
population qui explique cette poussée-là, mais un des facteurs
importants, au-delà de la croissance de la population, qui expliquent un
peu ce phénomène-là, c'est surtout l'immigration et le
vieillissement de la population qui expliquent le phénomène de la
formation des nouveaux ménages. c'est que, vous le savez, la politique
gouvernementale, dans les années 1992-1994, c'est d'avoir 45 000
immigrants par année, au québec, et 30 000, en fait, par la
suite. également, le vieillissement de la
opopulation fait qu'il y a plusieurs nouveaux ménages qui se
forment actuellement. donc, sur les 12,7 twh, ça nous amène
à 12,1 twh expliqués par ce facteur-là. on parle, depuis
tantôt, de la conversion du chauffage du pétrole vers
l'électricité. suivant nos prévisions, des 350 000
logements chauffés au mazout, actuellement, il y en a 180 000
c'est à peu près 10 000 ou 12 000 par année qui
viendraient à chauffer à l'électricité. ça
explique 2,4 twh. si je continue dans les autres secteurs et que j'essaie
d'aller plutôt aux facteurs importants: au secteur général
institutionnel, on parle de 13,7 twh, milliards de kilowattheures de croissance
d'ici 2010. le principal facteur, bien entendu, c'est la croissance des
surfaces de plancher. ça s'explique dans le secteur commercial. notre
pib commercial, dans nos prévisions, est prévu croître
à 2,3 % de croissance d'ici 2010. donc, ça implique un certain
nombre de pieds carrés de plancher en conséquence, et c'est le
facteur majeur de la croissance du côté secteur
général institutionnel alors que, du côté
industriel, c'est là vraiment qu'est la plus grande source de la
croissance pour hydro-québec, 34 twh. la reprise à elle seule va
expliquer 6 twh de ces 34. le reste de l'explication vient de nouvelles charges
qu'on prévoit dans nos différents secteurs de consommation:
pâtes et papiers, affinage. on pourrait le regarder plus
profondément par la suite, mais prenons la sidérurgie, ici. bien,
on a des prévisions au niveau du ferro-silicium, du
silicium-métal, aciérie électrique atlas, etc., ce qui
fait qu'on prévoit 1,9 twh d'ici 2010. dans la chimie, il y a toute une
panoplie de projets dans la chimie industrielle. également, vous avez
9,5 twh dans le bas de la page dans toutes les autres industries.
en fait, on prévoit, dans le secteur manufacturier, d'ici l'année
2010, que le pib manufacturier va augmenter de près de 2,6 %. donc,
ça, ça apporte, en soi, une consommation
énergétique.
Si on va à la page suivante, qu'on va à la fiche sur les
pâtes et papiers, qui est un de nos principaux clients, on parle de 7,1
TWh dans le secteur des pâtes et papiers d'ici 2010. Il faut voir que de
ce 7,1 c'est les deux derniers éléments dans le bas de la
page il y a 1,3 plus 0,5 TWh qui, au départ, parce qu'on va
récupérer des clients, vont nous venir, notamment, de Stone
Consolidated, etc. Donc, il reste 5 TWh qui viendraient, non pas du papier
journal, parce que, pour nous, compte tenu de la position concurrentielle du
papier journal, dans le fond, on ne voit pas une croissance du
côté du papier journal dans les prochaines années, mais on
voit une croissance du côté de ce qu'on appelle le papier de
spécialité, qui est utilisé dans les ordinateurs, etc.,
compte tenu de la qualité de la fibre au Québec. Il y en a aussi
dans les autres papiers et cartons avec la reprise de l'économie et les
besoins dans le domaine de la construction, et également du
côté de la pâte commerciale. (17 heures)
Maintenant, si on va du côté de la fonte et de l'affinage,
on parle de 9,1 TWh de croissance d'ici l'année 2010, 6,5 TWh du
côté de l'aluminium. Ça, en fait, c'est Alumax puis
Alouette I qui vont finir d'embarquer sur le réseau en 1993 et Alouette
II, vous savez que c'est programmé pour 1996 pour 3 TWh, le
magnésium 1,2 TWh compte tenu du contrat qu'on a de signé avec
Norsk Hydro, etc. si on passe à la page suivante et c'est
peut-être la page la plus importante quant à moi on voit
que, oui c'est dans le milieu de la page dans le scénario
moyen, on prévoit 2,2 % de taux de croissance. mais on voit que, pour
encadrer notre scénario moyen à hydro-québec, on fait un
scénario fort à 2,8 % de croissance puis un scénario
faible à 1,4 % et, entre ces deux bornes-là, 2,8 % de croissance
puis 1,4 % de croissance, il y a 50 twh en l'année 2010. 50 twh, c'est
trois fois grande-baleine.
Donc, d'après notre vision de l'avenir à nous
d'Hydro-Québec, on dit qu'à l'année 2010 il y a une
fourchette de 50 TWh qui est trois fois Grande-Baleine. Puis la
prévision de la demande, elle a 60 % à 70 % de probabilité
d'être dans cette fourchette-là. Donc, c'est très important
puis c'est une des thèses majeures du plan que dans un
contexte d'incertitude comme ça sur comment la demande va se
développer dans les prochaines années, c'est très,
très important que la flexibilité, ce soit le motus, ce soit le
principe le plus important d'opération d'Hydro-Québec, de telle
sorte que, si on a le scénario faible, on puisse satisfaire nos clients,
mais en ne perdant pas trop d'argent, parce qu'on a trop
développé de projets et que, par contre, si on a le
scénario fort, on puisse satisfaire la demande au Québec puis
pour que les gens en aient à tous les jours, mais sans avoir à
encourir des coûts énormes.
Donc, on est toujours en train de parler du scénario moyen, mais,
vous savez, le scénario moyen, c'est un point dans le temps, ça,
en l'an 2010, alors que, dans 20 ans d'ici, 18 ans d'ici, le Québec,
est-ce qu'il va s'adapter au libre-échange ou non, etc.? Il y a
plusieurs questions et puis il y a des aléas, il y a des risques. Et,
nous, il faut gérer dans ce cadre-là.
La dernière fiche, c'est un peu... On voit dans cette
fiche-là qu'on prend notre 2,2 % de taux de croissance dans le
scénario avant intervention, et on fait ressortir le niveau des
interventions qu'on voit, et ça nous amène à 1,8 %, comme
on l'a dit, avant maintenant, comme vente d'électricité
après intervention.
Mme Bacon: Est-ce que vous pouvez nous indiquer quels sont les
principaux facteurs susceptibles de modifier substantiellement votre
prévision à long terme?
M. Belisle: À long terme?
Mme Bacon: Oui.
M. Delisle: Je dirais que la démographie est un
facteur très, très, très important. Et, ça,
il y a l'immigration là-dedans, il y a le taux de
fécondité. Également, moi, je dirais que le
deuxième facteur le plus important, c'est comment le Québec va
réagir à la concurrence internationale qu'il y a maintenant.
Est-ce qu'on va réussir, dans le fond, à développer notre
économie à travers toutes ces embûches-là puis toute
cette concurrence-là puis faire un succès ou est-ce qu'on ne
réussira pas à le faire? Puis, à ce moment-là, si
on ne réussit pas à le faire puis nos entreprises ne
réussissent pas à se maintenir, dans le fond, c'est les deux
grands facteurs, je pense, qui peuvent expliquer l'évolution.
Mme Bacon: En termes de croissance future des besoins en
électricité, est-ce qu'on peut imaginer une conjugaison de ces
facteurs-là qui pourrait conduire à une croissance nulle des
besoins? Est-ce que c'est imaginable?
M. Delisle: c'est peut-être imaginable, mais ce n'est pas
probable. on vient de dire que, d'après nos calculs à nous,
ça va être entre 1,4 % et 2,8 %, à peu près 70 % de
probabilité. donc, j'imagine que le scénario d'une croissance
nulle est un scénario qui ne doit pas avoir une probabilité bien,
bien grande.
Mme Bacon: Dans le cadre du scénario moyen
élaboré par Hydro-Québec, les prévisions à
long terme, la demande en provenance du secteur industriel occupe
évidemment une place prépondérante. C'est plus de la
moitié de la prévision en augmentation, la demande, d'ici 2010.
Dans ce contexte-là, j'aimerais qu'Hydro-Québec explicite
peut-être davantage les hypothèses rattachées à la
croissance des différents secteurs industriels. Est-ce que c'est ce que
vous avez dans votre...
M. Delisle: C'est un peu ce que j'ai fait, oui.
Mme Bacon: Oui, mais vous n'en avez pas d'autres que
ceux-là? C'est ceux-là?
M. Delisle: En fait, on a toute la prévision. On a toute
l'annexe sur la demande qu'on a déposée...
Mme Bacon: Oui.
M. Delisle: ...où on a essayé de vous montrer
toutes les perspectives qu'il y avait dans tous les secteurs. Je pense
qu'au-delà de ça ce serait de... Vous savez, dans les grands
consommateurs, Hydro-Québec a une relation privilégiée
avec chacun des clients. Donc, chaque compagnie de pâtes et papiers,
chaque compagnie dans la fonte et l'affinage, etc., c'est un client qu'on
essaie de connaître, on essaie de connaître ses projets, etc. Donc,
c'est ce qui fait qu'on peut avoir une prévision assez
intéressante de ce côté-là.
Mme Bacon: Correct. Les prévisions du ministère de
l'Énergie et des Ressources correspondent sensiblement à vos
prévisions à long terme, mais est-ce que vous pourriez nous
indiquer si les prévisions d'Hydro-Québec portant sur la
consommation d'électricité concordent avec celles d'autres
entreprises ou organismes, par exemple?
M. Delisle: Oui. En fait, ça nous conforte. Je ne sais pas
si ça vous conforte, vous, mais ça nous conforte, effectivement,
d'avoir des prévisions qui sont pas mal en ligne avec celles du
ministère et aussi non seulement le ministère
québécois, mais le ministère fédéral. On a
des prévisions qui sont très, très semblables avec ces
gens-là. Et, également, il y a des firmes comme la firme WEFA et
d'autres firmes qui font des prévisions à long terme avec
lesquelles on se compare, etc., et on peut dire qu'en général les
prévisions qu'on a se comparent avec les résultats de ces
prévisions de nos compétiteurs, si je peux dire.
Mme Bacon: La croissance de la demande qui est prévue par
Hydro-Québec dans sa proposition du plan 1992 s'établit, comme on
vient de le voir encore, à 2,2 % pour l'horizon 1992-2010. Sur ce
même horizon, le plan de développement 1990-1992 prévoyait
une croissance de 1,9 %. On assiste donc à une hausse de la croissance
de la demande alors que le niveau prévu en 2010 demeure globalement
inchangé. Est-ce que vous pouvez nous expliquer les raisons qui motivent
le maintien de la prévision à long terme d'Hydro-Québec
alors que les résultats à court terme que nous connaissons
s'avèrent inférieurs à ceux prévus dans le plan
1990-1992?
M. Delisle: Le fait que le taux soit plus élevé que
ce qu'on avait avant et qu'on arrive au même niveau, c'est que, dans le
fond, on va avoir à croître plus pour arriver à ce
niveau-là en l'an 2010. Fondamentalement, la lecture qui est faite de ce
qui se passe actuellement, c'est que c'est quelque chose qui est conjoncturel,
sauf si on se compare par rapport à l'année 2010, donc on
présume qu'on va rattraper un peu ce qu'on a perdu et puis qu'on va
retrouver le niveau qu'on avait avant. Par contre, si je pense à
l'année 2000, c'est clair qu'on présume qu'on va avoir une
certaine perte d'environ 3 TWh à cet horizon-là.
Le Président (M. Audet): Deux minutes.
Mme Bacon: Est-ce qu'au niveau des critères de
sélection... que le développement des marchés, vous pouvez
nous expliquer les tableaux 5 et 6 des pages 59 et 60? Ça porte sur les
impacts des options de développement des marchés.
M. Delisle: En fait, les critères, vous dites, de...
Mme Bacon: Sur les tableaux 5 et 6...
M. Delisle: Oui.
Mme Bacon: ...portant sur les impacts des options de
développement des marchés. Est-ce que vous pouvez nous expliquer
ces tableaux-là, 5 et 6?
M. Delisle: Oui. En fait, comme on l'a vu un peu ce matin, on
s'est donné un certain nombre de critères pour juger des
différentes options de développement des marchés, que ce
soit la rentabilité pour Hydro-Québec, que ce soit l'impact sur
les coûts de fourniture, les investissements, la marge
bénéficiaire, le niveau des emplois, les retombées
fiscales, l'environnement, etc. Quand on regarde l'ensemble des options
auxquelles la société québécoise fait face à
cet égard-là, on arrive, du point de vue d'Hydro-Québec,
à la conclusion que le scénario ID est le scénario optimal
dans le sens que c'est le scénario qui apporterait une
rentabilité intéressante pour Hydro-Québec; beaucoup
d'emplois dans l'économie, des retombées fiscales et
également une amélioration de l'environnement dans le sens qu'on
éviterait des émissions atmosphériques chez nos voisins.
(17 h 10)
Donc c'est un peu la conclusion qu'on tire de ça. Par contre, on
voit aussi que du côté des électrotechnologies, dans ce
même tableau, c'est une stratégie qui en elle-même a l'air
assez intéressante pour presque tous les critères
également. Il y a juste un petit effet sur les tarifs qui serait
constaté. Par contre, au niveau des grands consommateurs, notre analyse
nous amène à conclure, compte tenu du fait que ce sont des gros
consommateurs justement et puis qu'on leur vend de l'électricité
au coût moyen alors que les coûts marginaux sont pas mal plus
élevés que les coûts moyens, que, malgré qu'il y ait
des effets intéressants du côté de la fiscalité et
du côté des emplois et des investissements, ce
scénario-là, surtout si on pense au scénario 1C, en fait
nous apparaît moins intéressant.
Une voix: Merci.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Je reviens au gazoduc Iroquois pour une question.
Le gouvernement du Québec s'est prononcé en faveur de ce gazoduc
devant TONE, l'Office national de l'énergie. Est-ce qu'à
l'époque on vous avait demandé votre opinion sur les impacts
possibles que pourrait avoir, par exemple, ce gazoduc sur les ventes futures
d'hydroélectricité au Nord-Est américain?
M. Drouin: À ma souvenance, M. le Président, je ne
le crois pas.
M. Chevrette: Vous ne croyez pas?
M. Drouin: Non. Et je voudrais juste me situer dans le temps.
À ma connaissance, c'est en 1988, fin 1988, qu'il en a été
question, et à ma souvenance je ne me souviens pas qu'on m'ait
demandé ou qu'on nous ait demandé un avis là-dessus. Mais,
avec ce que vous avez dit tantôt, je vais quand même aller aux
sources et vérifier.
M. Chevrette: Tout ce qui m'a été donné de
moi aussi je cherche le document il m'a été
donné de lire des raisons évaluées par Hydro-Québec
en particulier lors de la perte du contrat de 1000 MW, et l'analyse des causes
de la perte du contrat, c'est peut-être là, je vais vous donner
les pistes aussi pour vous aider à trouver...
M. Drouin: Oui, oui.
M. Chevrette: ...ladite étude. Dans l'analyse des causes
de la perte, la cause première, ou une des causes premières,
c'était précisément l'utilisation du gaz naturel
albertain, à cause de la chute du prix du gaz naturel en plus, et il
s'ajoutait d'autres causes, bien sûr, la récession, mais
c'était pour vous aider à fouiller davantage et peut-être
aller me chercher le document qu'il me faut, j'aimerais l'analyser très
sérieusement.
M. Drouin: écoutez, dans le cas de l'annulation du contrat
de new york, c'est clair que les gens de new york nous ont posé leur
dilemme de dire écoutez, avec la provenance ou les prix du gaz naturel
que les producteurs privés et je pense qu'ils ont
été même astreints, ils ont signé un contrat avec
des producteurs privés que les producteurs privés
pouvaient produire de l'électricité à bien meilleur prix,
non pas que l'hydroélectricité du québec, mais à
notre prix d'exportation. alors, autrement dit, avec les risques que comporte
l'exportation de l'hydroélectricité, c'est clair que nous
envisagions, on l'a déjà dit dans une commission parlementaire,
nous envisagions d'à peu près avoir un tarif qui est à peu
près le double du tarif industriel québécois. alors, on
nous demandait de réduire, et je pense que vous l'avez
évoqué vous-même ce matin dans votre allocution, on nous a
demandé de réduire de 30 % notre prix d'exportation et on a
jugé qu'en fonction des risques globaux que comporte normalement un
dossier d'exportation on ne pouvait pas s'engager dans ça. alors, c'est
clair dans notre esprit que la production de l'électricité avec
les prix du gaz, tels qu'on les connaît en 1991, 1992 et 1993,
compétition-nait nécessairement avec le prix d'exportation
d'hydro-québec.
M. Chevrette: Ça correspond à ce que j'ai lu.
Deuxièmement, ce matin je citais un de vos passages dans les engagements
de performance; vous dites à un moment donné des ventes
additionnelles à court terme, vous pouviez procéder à des
ventes additionnelles à court terme. S'agit-il de ventes
excédentaires?
M. Drouin: Bien, en fait vous référez probablement
aux 14 TWh que nous avons inscrits.
M. Chevrette: Exactement.
M. Couture: Les ventes de 14 TWh sont un
déséquilibre temporaire entre l'offre et la demande si vous
regardez les années courantes. On pense que les 9 TWh qu'on a eus de
plus ou les 8 TWh qu'on a eus de plus en hydraulicité l'année
dernière pourraient se répéter. Nous l'avons, soit pour
remplir nos réservoirs, soit pour l'écouler, si vous voulez,
à l'exportation ou aux industries locales. Alors, c'est un surplus qui,
nous espérons, va provenir des excès de pluie qu'on peut avoir au
cours des prochaines années. Comme on a passé cinq ans avec des
déficiences hydrauliques de 85 TWh, le 14 que vous voyez est un chiffre
assez modeste. Je rappelle que nous avons eu un manque d'hydraulicité de
85 TWh entre 1986 et 1991; 1992, c'est rétabli, et nous pensons que
c'est en cycle. Nous avons besoin de ces ventes-là, si vous voulez, pour
être capables de limiter nos hausses tarifaires à l'inflation pour
ces trois années-là, compte tenu de l'augmentation de nos
charges.
M. Chevrette: Ça s'échelonne sur combien
d'années, ça?
M. Drouin: C'est trois ans. Ce qu'on a prévu, c'est 2 TWh
en 1993, 3 en 1994 et 9 en 1995.
M. Chevrette: Quel prix espère-t-on obtenir pour ces
ventes?
M. Drouin: En fait, vous avez mentionné
l'électricité excédentaire tantôt. C'est à
peu près des prix équivalents à 0,02 $ du kilowattheure.
C'est des prix inférieurs à nos tarifs normaux et qui font
l'objet, par conséquent, de contrats particuliers. On avait vécu
une période comme ça entre 1984 et 1988 où, effectivement,
au lieu de déverser de l'eau au-dessus des barrages, nous avions fait un
programme d'électricité excédentaire. Alors, je pense
bien... Nous, on appelle ça de l'électricité additionnelle
parce que ce n'est pas réellement des surplus dus à des fortes
précipitations, mais c'est des surplus énergétiques dans
nos réservoirs, compte tenu que nous avons une capacité
supérieure dans nos réservoirs à celle qui est
nécessaire pour faire face aux besoins en cette
période-là. Alors, il faut être prudent. Quand on est
rendus à 80 % de niveau des réservoirs, il faut gérer
l'ensemble de nos réservoirs de façon toujours à
éviter qu'un des réservoirs ou des réservoirs puissent
déverser parce qu'on n'aurait pas les ventes pour absorber ce type
d'énergie qu'on pourrait générer.
M. Chevrette: Au niveau des exportations maintenant. On se rend
compte que d'ici l'an 2000 il n'y a pas de nouveau contrat d'exportation, il y
a seulement ceux existants présentement, 373 MW et 800 MW si j'ai bien
compris, qui prévaudraient jusqu'au moins en 2000. Par la suite, vous
annoncez la possibilité, d'ici 2004, de 1500 MW additionnels, alors que
dans un document que je lisais, par exemple, on disait que, jusqu'en 2010, il y
a un surplus d'électricité... «des surplus
électriques jusqu'en 2010 dans l'État de New York et même
en Nouvelle-Angleterre.» Est-ce que ce 1500 là n'est pas purement
et simplement parce que ça paraît bien, mais, dans le fond, il n'y
a aucune certitude, il n'y a pas...
M. Drouin: Je pense que ce n'est pas tout à fait exact.
Dans les chiffres, je voudrais peut-être corriger un peu. D'abord,
l'État de New York semble avoir des surplus pour une période plus
longue que la Nouvelle-Angleterre, mais il ne faut pas oublier qu'on a un
contrat qui expire en l'an 2000 avec la Nouvelle-Angleterre. Les 75 ou 80
utilités de la Nouvelle-Angleterre achètent de nous 7 TWh par
année. Les livraisons vont probablement s'échelonner
jusqu'à la période de 2002. C'est cette ligne que nous avons
construite entre Radis-son, Nicolet et des Cantons et Sandy Point, qui livre
cette énergie-là. Donc, seulement le renouvellement de ce type de
contrat là nous amènerait 1200 MW au niveau renouvellement.
Alors, on a mis 1500 MW parce que, plutôt que de mettre le 3500 qui
était plus pour nous un maximum dans les plans précédents,
parce qu'on nous disait: On n'exportera pas plus que 10 % de notre production,
là, on a essayé d'évaluer le marché
réellement à sa juste valeur pour mettre 1500 MW. Et je pense
qu'au moment où on se parle ça concorde avec les besoins des
utilités du sud de la frontière.
M. Chevrette: Mais le 1200 ou 1000 dont vous parlez, c'est
à cause de l'échéance d'un contrat?
M. Drouin: Oui, c'est ce que je dis. C'est que le contrat qu'on
appelle NEPOOL phase II vient à échéance. Normalement, il
venait à échéance en 2000, mais parce que les livraisons
ont été retardées au départ, elles vont
s'échelonner plus tard, à la fin, disons 2001, 2002, et je dis
que ce sept térawattheures-là, les utilités
américaines n'ont pas de construction en marche nécessairement
pour faire face à ça. Donc, le renouvellement de ça nous
apparaît plausible et seulement ça viendrait satisfaire 1200 des
1500 dont vous parlez, M. le Président.
M. Chevrette: Non, c'est parce que je suis parti de 12 000, je
suis descendu à 3500 et on est rendus à 1500, puis il y a une
possibilité de 1200.
M. Drouin: Vous savez...
M. Chevrette: J'essayais de faire un raisonnement, là,
avec vous... (17 h 20)
M. Drouin: Oui, oui, j'ai bien compris. Je veux juste vous
souligner qu'au niveau des exportations d'électricité, vous
savez, ça fluctue énormément. Je l'ai dit l'an dernier
à la commission parlementaire, les prix du gaz tels qu'ils sont, c'est
clair que ça crée une situation de compétition pour
laquelle... Bon! Alors, dans trois ans d'ici, quand on regarde ce qui s'est
passé en 1982 et 1986, vous savez, où c'était le marasme
total en 1982, puis en 1986, la demande d'électricité s'est mise
à monter, on a eu, en dedans de cinq ans, 50 % d'augmentation au
Québec de la consommation d'électricité, et, en même
temps, au niveau des exportations, on a eu des demandes très
importantes. Alors, nous on est très flexibles là-dessus et je
pense que, sur le marché des exportations, on va toujours être
prêts à avoir une bonne part des marchés d'exportations qui
sont importantes et rentables pour le Québec.
M. Chevrette: C'est une belle tentative, mais de là
à fluctuer de 12 000 MW à 1200, vous comprendrez que vos
explications ne me convainquent pas, M. Drouin.
M. Drouin: Écoutez, moi, je vous dis que...
M. Chevrette: II y a du rêve un peu dans ça
aussi.
M. Drouin: Non, mais écoutez, je n'ai jamais vu de
chiffres à l'intérieur de l'entreprise...
M. Chevrette: Non, vous vous êtes bien essayé, mais
ça ne me convainc pas. C'est ça que je voulais vous dire.
M. Drouin: Correct.
M. Chevrette: Je voudrais parler un petit peu de contrats secrets
qui coûtent assez cher, merci. Vous nous avez échappé un
chiffre l'an dernier, il n'est jamais revenu trop, trop précis. Mais ce
matin je vous demandais s'il était possible, non pas de déposer
les contrats, mais de nous donner des informations bien précises. Et je
vais répéter tout ce que j'aimerais avoir là-dessus pour
voir si vous allez bien nous les donner. J'aimerais savoir s'il vous est
possible de déposer devant cette commission parlementaire le bilan
complet et précis des pertes, des investissements, des emplois soutenus
et des retombées fiscales pour le gouvernement depuis les premiers
contrats secrets qui ont été signés.
M. Drouin: M. le Président, vous savez que la consultation
qu'on a faite pendant près d'un an auprès des différents
groupes qu'on évoquait ce matin portait sur les quatre
éléments, entre autres les entreprises à forte
consommation d'électricité. À l'occasion de cette
consultation-là, nous avons déposé donc on peut
considérer que c'est un document public un document de cette
épaisseur qui fait état de l'ensemble des chiffres que le leader
parlementaire évoque en termes de rentabilité, en termes de
coûts, etc. Ce document-là, je ne voudrais pas le déposer
à ce stade-ci, sans le revoir parce qu'il a été
déposé au début de l'année 1992 et, tenant compte
des questions que vous avez posées dans votre allocution, on pourrait y
apporter les précisons que vous demandez, mais c'est clair que lors de
la consultation, vous savez, les groupes consultés sont partis avec
énormément de méfiance sur la consultation que nous avons
mise de l'avant et je dois vous avouer que pour la plupart d'entre ces
groupes-là, je dirai la très grande majorité, ils ont
été extrêmement satisfaits de la documentation que nous
leur avons déposée et des analyses que nous avions faites
relativement au dossier que vous évoquez.
Ceci dit, en passant, je souligne cependant que les retombées au
niveau des emplois sont tout de même intéressantes. Vous savez, au
moment où on parle de développement régional, au moment
où on parle d'emplois soutenus dans les régions, je ne sais pas
si vous avez vu les articles dans les journaux dernièrement sur
l'économie dans une région comme Sept-îles, je veux dire,
c'est clair que c'est un dossier qui a eu des retombées
intéressantes au niveau régional.
M. Chevrette: M. Drouin, si je vous pose la question, c'est
justement pour évaluer, parce que vous savez pertinemment qu'on n'a pas
les chiffres précis. Je veux les avoir à chaque année,
moi. Je pense que c'est important pour les actionnaires que nous sommes de
connaître annuellement quelles sont les pertes en fonction de la
signature de ces contrats secrets. Il y a eu des retombées
économiques positives lors de la construction de ces usines, bien
souvent, mais quand on regarde le coût d'opération annuel, les
pertes d'Hydro-Québec annuellement par rapport au niveau d'emplois
permanents par la suite, on peut évaluer le coût-emplois. Et
ça, c'est important à savoir. Je pense que vous êtes en
mesure... À partir des chiffres que vous allez nous donner comme pertes
annuelles, on pourra évaluer ce que nous coûte un emploi, par
exemple, chez Alouette, à Lauralco, à Bécancour, etc. Je
pense qu'au lieu d'en parler et d'apprendre ça par les journaux
américains il serait peut-être bon qu'on l'apprenne ici au
Québec. C'est nous autres qui payons.
M. Drouin: Écoutez, quand on en parle dans les journaux
américains et quand il y a du monde qui s'en plaignent aux
États-Unis, c'est parce que ça a un effet intéressant,
hein?
M. Chevrette: Oui, mais je comprends, M. Drouin. Mais il a fallu
vous arracher ça après une journée et demie quand vous
êtes venu l'année passée, qu'il y avait quatre contrats qui
n'avaient même pas de clause de confidentialité et on ne les a pas
eus plus. Donc, s'il vous plaît. On peut s'en parler longtemps de
ça.
M. Drouin: M. le Président, on va faire tout ce qui est
nécessaire pour vous donner toute l'information.
M. Chevrette: C'est bien.
M. Drouin: On a rendu public tout récemment, et on l'a dit
à plusieurs reprises, qu'en 1992 les pertes occasionnées par les
contrats à partage de risques et de bénéfices
étaient de l'ordre de 245 000 000 $.
M. Chevrette: Maintenant, une dernière question parce
qu'il me reste quelques minutes.
Le Président (M. Audet): II vous reste encore cinq
minutes.
M. Chevrette: J'aimerais savoir comment totalisent actuellement
les obligations fiscales envers le gouvernement? Si je prends la taxe sur le
capital, si je prends les frais de garantie, si je prends les contrats secrets
qui ont été signés suite à une intervention
gouvernementale, ça totalise combien annuellement?
M. Drouin: Alors, vous avez... Je ne sais pas si vous avez le
document, mais dans l'engagement de performance on a mis à la page 53 un
tableau qui représente les résultats des coûts du capital
et autres charges et, dans ça, on a mis ce qu'on appelle les taxes et,
bien sûr, les droits de garantie. En 1991, à titre d'exemple ou
à titre de renseignement, nous avons payé 392 000 000 $ de taxes;
en 1992, ce montant est monté à 594 000 000 $ à cause de
150 000 000 $ sur les droits de garantie et de 50 000 000 $ additionnels sur la
taxe sur le capital. Nos prévisions, M. le Président, pour la
période 1993, 1994 et 1995, font passer la taxe de 594 000 000 $,
l'ensemble des taxes de 594 000 000 $ à 721 000 000 $ pour
l'année 1995. Alors, je les donne: 643 000 000$ en 1993, 679 000 000$ en
1994 et 721 000 000 $ en 1995.
M. Chevrette: Ça les taxes, je suppose que vous prenez
taxes sur capital plus frais de garantie.
M. Drouin: Exact, mais il y a d'autres taxes qui sont des... Bon
alors, allez-y, M...
M. Chevrette: Bien, les deux principales, je suppose.
M. Drouin: Oui.
M. Labonté (Michel): Les frais de garantie. En 1992, les
frais de garantie, 151 000 000 $...
Le Président (M. Audet): Si vous voulez vous identifier,
s'il vous plaît.
M. Labonté: Michel Labonté.
M. Drouin: Michel Labonté, vice-président
exécutif Finances et Administration.
Le Président (M. Audet): Allez-y.
M. Labonté: Frais de garantie, 151 000 000 $, la taxe sur
le capital, 231 000 000 $, la taxe sur le revenu brut, 176 000 000 $ et les
taxes municipales et scolaires diverses sur les bâtiments administratifs,
entre autres, de l'ordre de 36 000 000 $.
M. Chevrette: Donc, les quelque 720 000 000 $ en 1995, ça
c'est une somme annuelle. Il faudrait ajouter à cela... Non, non. Mais
pour mes fins à moi, là. Il faudrait ajouter à cela les
pertes dues aux contrats à frais partagés.
M. Drouin: Oui, mais ce n'est pas une taxe, ça.
M. Chevrette: Ce n'est pas une taxe, mais ça rentre dans
une obligation qu'Hydro-Québec a d'aller chercher les sommes
compensatoires. Si vous avez à payer 720 000 000 $ en taxes de toutes
natures et qu'en plus il y a un trou béant au niveau des contrats
à capital de risque, étant donné que cette année,
c'est 66 000 000 $ qui représentent 1 % ou à peu près le
ratio... (17 h 30)
M. Drouin: Oui, à peu près là.
M. Chevrette: Avant c'était 50 000 000 $ égale 1 %
de tarification. Il y a quelqu'un qui m'a dit chez vous...
M. Drouin: 1 % de tarification sur 7 000 000 000 $, c'est 70 000
000 $.
M. Chevrette: C'est 70 000 000$. Donc, 150 000 000 $ se rajoutant
à ça, savez-vous que ça fait plusieurs points de
tarification. Je vais m'arrêter là pour tout de suite.
M. Drouin: Regardez, je vous rappelle toujours, parce que j'ai eu
le débat l'an dernier là-dessus, que les coûts de
fourniture et les tarifs de nos clients ne tiennent pas compte, de quelque
façon que ce soit, des pertes occasionnées par les contrats
à partage de risques et de bénéfices. Je
répète. En tout cas, je vous dis qu'on ne traite pas dans les
coûts de fourniture les pertes occasionnées par les contrats
à partage de risques. Autrement dit, le manque à gagner entre le
tarif industriel et le tarif pour les contrats à partage de risques qui
est de l'ordre, comme je vous l'ai dit, pour l'année 1992 de 245 000 000
$, n'est pas tenu en compte lorsqu'il s'agit d'établir les tarifs. C'est
comme si c'était une filiale d'Hydro-Québec dans laquelle on
perdrait 245 000 000 $ purement et simplement.
Là où vous avez raison, c'est que le profit annuel
de l'entreprise reflète un manque à gagner de 245 000 000
$. Hydro-Québec, parce qu'on en parlait tantôt, en termes
d'entreprise pour les Québécois, c'est clair
qu'Hydro-Québec fait un profit avant impôt de presque 1 400 000
000 $ ou, enfin, 1 300 000 000 $ avant impôt.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Drummond, vous avez cinq minutes.
M. St-Roch: Oui, merci, M. le Président. Vous allez
comprendre que je suis obligé toujours de faire du rattrapage. Au niveau
des moyens de production, à la page 80, j'aimerais une réponse
brève s'il vous plaît. Vous semblez ignorer le potentiel du
Bas-Churchill au Labrador, ce qui avait été
considéré dans le plan 1990-1993. Est-ce qu'il y a des
pourparlers en cours et où se situe ce dossier?
M. Drouin: On n'a jamais incorporé dans notre plan de
développement le potentiel du Bas-Churchill au Labrador. Nous avons
toujours traité ce dossier comme étant un dossier
séparé. On ne l'a pas incorporé dans notre planification,
ni en 1990, ni cette année. Par conséquent, nous devons tout
simplement regarder ce dossier-là comme une opportunité, dans le
temps où ce sera nécessaire, une opportunité d'ajouter
à l'offre, mais aussi en fonction des besoins soit du Québec ou
soit de nos clients externes.
M. St-Roch: J'aurais le goût de vous dire en boutade,
ça semble suivre l'évolution du dossier constitutionnel. Autre
question, les chiffres qui ont été donnés avec la demande
de croissance de 7,1 TWh avec l'industrie des pâtes et papiers. À
ce moment-ci, je ne veux pas toucher la tarification, on aura la chance d'y
revenir à la fin des travaux. Vous mentionnez à la page 28 du
document 7 qu'un groupe de travail a été également
formé avec des entreprises de l'industrie des pâtes et papiers
afin d'étudier différentes modalités de tarification
offrant un peu de flexibilité. Ma question à ce moment-ci n'a pas
lieu à la tarification, mais, au niveau de l'efficacité
énergétique, vous prévoyez que l'industrie des pâtes
et papiers va récupérer à peu près 1,1 TWh dont on
aura besoin au niveau des efficacités. Dans ces discussions, est-ce que
vous tenez compte des obligations qu'auront les pâtes et papiers à
réduire leur consommation énergétique avec une
tarification parce que si l'on discute, et on verra un peu plus loin que si
ça semble en baisse, le danger de dire, vu que ça va coûter
moins cher, on ne fait pas les efforts, on n'investit pas les énergies,
les sommes monétaires...
M. Drouin: Une des choses sur laquelle on a insisté
énormément dans nos discussions avec les pâtes et papiers,
et nous sommes très heureux d'avoir un comité qui puisse nous
permettre d'échanger sur une base régulière avec les
pâtes et papiers... On sait que la problématique n'est pas facile
et la conjoncture n'est pas facile pour eux. Donc, une des priorités
qu'on s'est donnée dans les discussions avec les pâtes et papiers,
c'est justement l'efficacité énergétique.
Là-dessus, il y a eu des discussions importantes sur les
opportunités qui pouvaient se présenter en termes
d'économie d'énergie et par conséquent de réduction
de leurs coûts avec un «pay back» qui soit très court.
On a eu des discussions importantes avec les pâtes et papiers et on va
continuer d'en avoir.
Quant aux autres discussions, bien sûr que dans notre offre,
l'offre que nous faisons, le tableau sur l'offre de
l'électricité, vous voyez une certaine quantité
d'interruptibles. L'interruptible permet, en période de pointe, d'aller
chercher de la puissance additionnelle, et ça contribue à des
revenus intéressants pour des entreprises qui peuvent nous offrir de
l'interruptible. Là-dessus, on a eu des bonnes discussions, non
seulement des bonnes discussions, mais qui ont débouché sur des
ententes importantes au niveau de l'interruptible avec des résultats
financiers intéressants pour les pâtes et papiers.
M. St-Roch: Une autre question, parce qu'à la lecture de
vos documents, vous voulez constituer une espèce de réserve
monétaire pour combler les frais d'hydraulicité. Tout à
l'heure, vous avez mentionné qu'il y aurait un surplus potentiel de 14
TWh qui seraient probablement disponibles pour 1993, 1994, 1995, que vous
semblez vouloir mettre sur le marché aux alentours de 0,02 $ le
kilowattheure. Est-ce que les revenus de ce surplus en haute
hydraulicité vont partir ou débuter la banque de réserve
que vous voulez avoir?
M. Drouin: Dans les conditions actuelles, pas tout à fait,
et je vais demander à M. Labonté de vous donner des explications.
C'est ce qu'on appelle le fonds de stabilisation.
M. Labonté: Là-dessus, les 14 TWh dont on parle
à l'heure actuelle ont été incorporés dans nos
équilibres financiers sur la base d'une hydraulicité moyenne au
cours des trois prochaines années. L'idée d'un compte de
stabilisation... Son fonctionnement viserait essentiellement à essayer
de stabiliser l'évolution du bénéfice net de l'entreprise
au cours de périodes de faible et de forte hydraulicité,
c'est-à-dire qu'en période de forte hydraulicité, quand
les ventes additionnelles sont occasionnées par de l'hydraulicité
supérieure à la moyennne, on pourrait mettre de l'argent de
côté par le biais d'une écriture à un compte, de
manière à s'en servir pour faire face au coût des mesures
exceptionnelles en période de faible hydraulicité. Des mesures
exceptionnelles, on s'en rappellera, c'est l'achat d'énergie des
réseaux voisins, le fonctionnement de tracés, etc., de sorte que
ça permettrait d'amenuiser l'impact potentiel d'un cycle de faible
hydraulicité sur la tarification également dans ces
périodes-là.
M. St-Roch: La question qui en découle au niveau de la
tarification, on verra ça à la fin.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le député
de Drummond. Je vais maintenant reconnaître Mme la ministre de
l'Énergie. Vous avez à peu près 10 minutes, Mme la
ministre.
Mme Bacon: j'aimerais peut-être tout de suite, pour
l'information du député de joliette, m. le président, lui
dire les montants qui sont versés aux différents gouvernements
à travers le canada. si hydro-québec a sa part, 6,2 %, on peut
aller voir manitoba hydro avec 6,5 %, edmonton power avec 17,4 %, transalta
avec 15,5 % et b.c. hydro avec 15,4 %. ce serait peut-être un document
que vous devriez avoir pour votre lecture.
Si on en vient au développement industriel, il faut rester dans
la même veine, si on regarde encore votre tableau de la page 59, vous
indiquez que le développement des industries a des impacts
négatifs sur la rentabilité d'Hydro-Québec. Compte tenu
que ces industries-là paient le tarif, elles, comme toutes les autres
industries, est-ce qu'il faut conclure que tout le développement
industrie1 n'est pas rentable pour Hydro-Québec?
M. Delisle: Effectivement, ici, on présume que les
entreprises paieraient le tarif L, donc une charge de 540 MW au tarif L. Quand
on compare ça avec nos coûts marginaux, on voit qu'en termes
actualisés ça nous amène 540 000 000 $ de pertes. Donc,
chaque fois qu'il y a une charge qui s'ajoute sur le réseau
d'Hydro-Québec, pour Hydro-Québec ce n'est pas des affaires
payantes. Nous, dans le fond, ce qui est intéressant, c'est l'ensemble
de nos ventes qu'on regarde. On est une utilité publique avec des
coûts marginaux croissants.
Mme Bacon: Est-ce que c'est vrai aussi pour le domestique?
M. Delisle: Oui, c'est vrai pour tout le monde, toute charge.
M. Drouin: Toute nouvelle charge.
Mme Bacon: À quoi attribuez-vous le fait que le
développement des électrotechnologies, les exportations soient
les seuls marchés qui présentent un indice de rentabilité
supérieur à 1? (17 h 40)
M. Delisle: Bien, les exportations, c'est parce que, comme disait
M. Drouin, on vend dans ce marché-là à un prix qui est
presque deux fois supérieur à ce qu'on vend dans les
marchés équivalents au Québec. Dans le cas des
électrotechnologies, c'est qu'il y a beaucoup de ces
électrotechnologies qui sont auprès des petites entreprises qui,
elles-mêmes, paient des tarifs, comme on le sait, à cause de
l'interfinancement, qui sont assez élevés. Et c'est relié
à ce phénomène-là.
Mme Bacon: On est rendus ici. En termes d'orientations en
matière d'offres, Hydro-Québec propose 11 orientations de long
terme dans les domaines de l'offre et de la demande
d'électricité. Et ces orientations concernent les moyens de
production et les développements des marchés. Les grandes
orientations 17 et 18 qui apparaissent aux pages 61 et 62 de votre proposition
visent à prioriser l'amélioration du réseau existant et
des économies d'énergie.
On constate, d'ailleurs, que ces moyens vont contribuer à la
satisfaction des nouveaux besoins d'énergie d'ici l'an 2000 dans des
proportions respectives de 9 % et de 46 %. Dans ce contexte-là, il
s'agit d'une orientation majeure qui a notamment le mérite de ne
présenter aucun impact environnemental significatif. Est-ce que vous
pouvez nous indiquer dans quelle mesure cette proportion des économies
d'énergie représente un risque pour la satisfaction des besoins
à l'horizon 2000, advenant la non-réalisation de l'objectif
visé?
M. Delisle: C'est un moyen important. Par contre, il y a des
moyens alternatifs qui sont à notre disposition. On sait qu'on a eu
beaucoup, plusieurs offres du côté de la production privée.
On a donc ça qu'on pourrait utiliser. On sait que les réseaux
voisins sont en surplus. On pourrait donc importer également, si bien
que quand on regarde ça en termes de risques, actuellement, on a
plutôt un portefeuille d'options qui, compte tenu de la conjoncture
économique dans le Nord-Est américain, est assez large. On n'est
pas dans un contexte où on craint pour la sécurité des
approvisionnements au Québec.
M. Couture: M. le Président, en plus, comme réponse
complémentaire, on pourrait dire que, sur les économies
réalisées sur notre réseau, c'est tout à fait
contrôlable et il n'y a pratiquement aucun risque si on veut
procéder selon l'échéancier prévu. On connaît
très bien les défis techniques qui peuvent être
rencontrés pour améliorer le réseau. Sur
l'efficacité énergétique, il se pourrait qu'il y ait une
marge d'erreur. Mais nous avons d'autres moyens de compenser. Par exemple, on
pourrait enclencher de plus petites centrales hydroélectriques qui
prennent beaucoup moins de temps à réaliser que les grands
projets.
On compte que, pour Sainte-Marguerite, il faudra huit ans entre la date
d'obtention du permis et la première production
d'électricité. À Grande-Baleine, nous prévoyons
sept ans. Dans les projets moyens, assez gros, nous prévoyons cinq ans
et, dans les petites centrales, c'est encore plus court. Alors, on pourrait
décider, en 1995, de supplémenter, si vous voulez, nos offres par
d'autres petites centrales et il y aurait, en plus, l'achat des réseaux
voisins. Il y aurait de la cogé-nération qui ne prend que trois
ans, normalement, après avoir obtenu le permis, deux à trois ans,
en fait, pour être réalisée, de sorte que nous avons des
moyens de pallier aux aléas, si vous voulez, des prévisions. Et
c'est
pourquoi nous faisons un programme qui veut rencontrer une demande
moyenne. Lorsqu'il y a soit un scénario fort, soit un scénario
faible ou quelques aléas de quelque nature que ce soit dans l'offre, on
peut pallier avec les moyens que j'ai mentionnés.
Mme Bacon: C'est parce que, dans la proposition du plan de
développement, vous abandonnez, ni plus ni moins, votre approche de
déterminer si vous envisagez de vous donner plus de souplesse, si on
comprend bien votre plan de développement...
M. Couture: C'est exact. D'ailleurs...
Mme Bacon: ...en créant une banque de projets. C'est
l'approche que vous voulez privilégier.
M. Couture: Mais c'est un peu nouveau pour nous. C'a
été une innovation que de mettre dans le tableau, à la
page 78, les projets, non pas à la date où ils veulent qu'ils
entrent en opération, mais à la date... Excusez... Et ce que nous
voulons faire... Je ne suis pas sûr que j'ai la bonne page. Je veux
juste... C'est celle où nous enlignons les projets par la date la plus
tôt à laquelle nous pourrions les avoir. Alors, c'est à la
page 78.
Mme Bacon: C'est ça.
M. Drouin: Les projets envisagés pour combler et la date
la plus hâtive de sorte qu'avant on disait: Ça nous prend tel
projet à telle année, point. Alors que, là, on met que
Laforge 2, la date la plus hâtive, c'est 1996. Ça ne nous
empêche pas de le faire pour 1998 si on veut. Eastmain, c'est 1998.
Alors, on met des dates comme ça en disant: Si jamais, quand on aura les
permis, on peut voir comment s'agencent les autres projets et par
conséquent ne pas être déterministe, l'expression
était tout à fait juste.
Mme Bacon: Mais, en tenant compte de l'exemple récent du
projet de la centrale du lac Robertson, ça fait l'objet d'une
contestation en raison, entre autres, des délais entre l'autorisation et
le début de la réalisation du projet. Comment cette approche que
vous privilégiez pourrait s'appliquer à des projets majeurs?
M. Couture: C'est que, M. le Président, Mme la ministre,
les projets majeurs sont en partie en dehors de notre contrôle quant
à la date d'obtention de permis. Vous savez la complexité des
audiences publiques et des conditions qu'il faut rencontrer pour obtenir les
permis. Alors, nous ne pouvons pas préjuger et chaque fois que nous
avons préjugé d'une date précise de mise en service pour
Grande-Baleine... ça crée un manque de crédibilité
lorsque la date ne peut pas être rencontrée pour une raison
quelconque. Nous avons à négocier avec les populations
concernées. Nous avons à obtenir les permis. Nous avons des
aléas par rapport aux études elles-mêmes qui peuvent
être demandées en addition. Nous avons, dans le cas de
Grande-Baleine, une consultation additionnelle qui est en cours auprès
d'à peu près tous les villages qui sont concernés, de
sorte que nous prévoyons une date et nous disons: Notre objectif, c'est
d'obtenir Sainte-Marguerite en l'an 2001 et d'obtenir Grande-Baleine soit en
2001 ou 2002 pour être capables de produire pour la première fois.
Mais ces dates-là peuvent être retardées par toutes les
procédures et nous allons avoir, si besoin en est, des alternatives pour
être capables de supplémenter un retard d'un an si jamais
ça devait se présenter.
Le Président (M. Audet): Terminé? Alors, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Je vais revenir aux contrats secrets.
J'étais à dire tantôt que vous aviez 720 000 000 $ de taxes
ou de contraintes...
M. Drouin: En 1995.
M. Chevrette: ...en 1995. Oui, oui, vous êtes parti de
500... Je ne veux pas défaire ce que vous avez fait, c'était bien
fait. Et s'ajoute à cela, bien sûr, même si c'est
considéré comme une perte et non pas comme un... il n'en demeure
pas moins que, si vous n'aviez pas ça dans les jambes, vous auriez 150
000 000 $ par année, ou à peu près, de revenus
additionnels, ce qui vous mettrait... Je calculais ça tantôt et
vous pourriez respecter tous les ratios qui vous sont dévolus et
même pouvoir payer des dividendes alors que là on va se chercher
des dividendes nous empêchant d'en faire. Est-ce que j'interprète
mal la situation?
M. Drouin: Oui, mais ce qui est important... M. Chevrette: Non,
mais ma question est précise.
M. Drouin: Non, mais en fait vous avez raison sur le
raisonnement, mais tout ce que je veux ajouter, c'est que ça ne nous
exempterait pas de charger au client les véritables coûts de
fourniture de l'électricité pour les classes de clients avec qui
nous faisons affaire. Alors, je veux dire, si nous avions 300 000 000 $ de plus
de profits dans l'entreprise ou 200 000 000 $ de plus de profits dans
l'entreprise, nos critères financiers seraient nettement
améliorés. J'ai parlé tantôt d'un rendement de
l'ordre de 6 % ou 7 % sur l'avoir propre alors que les utilités veulent
avoir normalement 12 %. Alors, c'est clair qu'on absorbe ça dans notre
perte, mais ça ne fait pas pour autant... si on avait cet
argent-là, ça ne nous empêcherait pas du tout de charger le
véritable prix de la fourniture de l'électricité aux
autres clients, ce que nous cherchons à faire par les tarifs que nous
avons en vigueur.
M. Chevrette: Mais vous avez justifié l'an passé
peut-être que je comprends mal aussi, mais vous me l'expliquerez
vous nous avez justifié une augmentation de tarif l'an
passé par l'imposition des frais de garantie. Et là je vous dis:
Si ça n'existait pas, vous ne seriez peut-être pas obligés
de tarifer. Comment vous conciliez ça avec votre argument du printemps
dernier sur lequel vous vous basiez, à ce moment-là, pour
augmenter les tarifs à partir de l'imposition des frais de garantie?
Moi, je voudrais bien voir de la cohérence dans ça.
M. Drouin: Non, non, mais c'est parce que les frais de garantie,
les taxes et tout ce que vous voulez entrent dans les coûts de fourniture
de l'électricité de l'ensemble des Québécois.
Alors, lorsque nous sommes obligés et c'est la raison pour
laquelle nous avions demandé une augmentation de l'ordre de ce que vous
avez parlé, pour deux raisons: la faible hydraulicité... (17 h
50)
M. Chevrette: C'est exact.
M. Drouin: ...et les frais de garantie. Mais ça c'est des
frais qui sont imputables à l'ensemble de notre clientèle. Alors,
c'est dans ce sens-là que nous disions que l'augmentation tarifaire,
voulant refléter les véritables coûts de fourniture
à nos clients, doit incorporer les frais de garantie et les coûts
pour la faible hydraulicité.
M. Chevrette: Et si ça fait partie intégrante, si
vous n'aviez pas eu à les payer, vous auriez eu moins d'arguments pour
en demander plus.
M. Drouin: Bien là...
M. Chevrette: Ça allait de soi, ça.
M. Drouin: En fait c'est ça le raisonnement.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Et le même raisonnement vaut pour les
contrats secrets.
M. Drouin: Vous m'enlevez les mots de la bouche.
M. Chevrette: Si vous n'aviez pas eu de contrats secrets...
M. Drouin: Non.
M. Chevrette: ...avec autant de pertes...
M. Drouin: Non, attention, ce n'est pas la même chose. Ce
n'est pas la même chose parce que 200 000 000 $ de taxes et 300 000 000 $
de pertes d'un contrat à partage de risques, ça ne va pas dans le
même poste. Et le 300 000 000 $ de pertes on ne l'impute pas à
l'ensemble de notre clientèle comme on impute les coûts de la
faible hydraulicité et les coûts des taxes.
M. Chevrette: Ça je reconnais ça, c'est vrai.
M. Drouin: Et je répète la meilleure image, c'est
comme si nos exportations et nos contrats à partage de risques
étaient dans une filiale, et que cette filiale-là nous
amènerait dans nos résultats consolidés une perte de 300
000 000 $. Mais la compagnie d'électricité qui fournit
l'électricité aux Québécois ne charge aux
Québécois que les coûts qui leur sont imputables en
fonction de nos frais d'exploitation.
M. Chevrette: Oui. Est-ce à dire que vous pouvez nous
donner assez facilement l'impact, par exemple, de ces contrats-là sur le
taux de rendement, par exemple, des tarifs domestiques, du tarif industriel, du
tarif grande puissance?
M. Drouin: Non.
M. Chevrette: Vous n'êtes pas capables de faire la
distinction?
M. Drouin: Ça va avoir un impact sur nos critères
généraux financiers, à savoir, par exemple, le rendement
sur l'avoir propre mais pas sur la marge bénéficiaire du client
qui est résidentiel, industriel ou commercial. Mais ça va avoir
un impact sur l'avoir propre, c'est-à-dire sur le critère
général de l'entreprise qui fait en sorte qu'ayant un profit de
700 000 000 $ au lieu d'avoir un profit de 1 000 000 000 $ son rendement sur
l'avoir propre est inférieur de x %, à savoir de 3 %.
M. Chevrette: Pourquoi dans vos propres tableaux je vous
le montrerai après souper parce qu'il est en haut vous
prévoyez au niveau du tarif domestique, par exemple, un taux de
rendement de 17 % et, quand vous mettez les contrats à partage de
risques, il tombe à 10 %? C'est donc que vous avez
évalué...
M. Drouin: Oui mais...
M. Chevrette: ...à partir de chacun des tarifs quel
était l'impact des contrats à partage de risques sur le taux de
rendement de chacun des secteurs.
M. Drouin: On a validé, par des calculs, et, quand je vous
parle des coûts de fourniture, on essaie de démontrer pour chaque
catégorie de clients quelle est la marge bénéficiaire
générée pas ces clients. Dans le cas du domestique, on
constate que la marge bénéficiaire est très mince, et
c'est dans ce sens-là qu'on dit qu'il y a un phénomène
d'interfinancement entre différentes catégories de clients,
exemple: le domestique ayant une marge
bénéficiaire de l'ordre de 5 % et le commercial ayant une
marge bénéficiaire pour nous de 40 %, bien, à ce
moment-là, il y a un déséquilibre dans la contribution de
chaque catégorie de clients, il y a déséquilibre dans le
profit de l'entreprise, alors que les contrats à partage de risques ne
sont pas du tout «computes» dans les marges
bénéficiaires de chaque catégorie de clients. tout ce
qu'on constate, et c'est le chiffre que je vous donnais tantôt, c'est
que, si nous chargions en 1992 le tarif l à toutes les industries qui
sont visées par un contrat à partage de risques, nous aurions un
revenu additionnel de 245 000 000 $. mais rappelons-nous: l'objectif des
contrats à partage de risques et de bénéfices consiste
à avoir, dans une période où les temps sont difficiles, un
revenu moindre et, là où le prix de l'aluminium est beaucoup plus
élevé, des revenus additionnels.
Deuxièmement, il faut savoir que, dans nos contrats à
partage de risques et de bénéfices, sur une période,
disons, de 20 ou de 21 ans, au fur et à mesure, la première
tranche de 7 ans, les tarifs sont moins élevés parce que c'est la
période où l'entreprise qui s'est installée a des
coûts de capitaux très importants, mais, au fur et à mesure
que le contrat progresse, la marge ou le tarif augmente et, par
conséquent, nous donne un meilleur résultat. Alors, nous,
l'objectif, c'est d'obtenir le rendement du tarif industriel pour la
période totale du contrat. C'est clair, on l'a dit et je pense que vous
le savez, la situation de l'aluminium à travers le monde, à cause
du dumping qui se fait dans des pays que l'on connaît, je veux dire,
crée un impact très négatif sur le prix de l'aluminium et,
par conséquent, nous occasionne, pendant la période dont on fait
état, des pertes que l'on espère pouvoir récupérer
à un moment donné dans le temps avec un prix de l'aluminium qui
soit beaucoup plus fort.
M. Chevrette: Compte tenu du dumping russe et de l'impact que
ça a occasionné, est-ce que vous avez revu vos pronostics?
M. Drouin: On est en train de les revoir. Dans les chiffres que
vous avez mentionnés tantôt et que vous avez requis qu'on puisse
vous déposer, on pourra, d'ici la fin de la commission parlementaire ou
à l'occasion de notre retour devant la commission parlementaire, vous
déposer un document que j'appellerais plus à jour, compte tenu
que les chiffres que nous avons déposés à la consultation
datent de janvier 1992.
M. Delisle: Mais...
M. Chevrette: Je vous remercie.
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'il y a d'autres...
Une voix: II voulait ajouter, monsieur...
M. Chevrette: Vous voulez ajouter?
M. Delisle: Oui.
Le Président (M. Audet): M. Delisle.
M. Delisle: Effectivement, si on se met en septembre 1992, les
prix qu'on prévoyait pour le prix de l'aluminium étaient, pour
l'année 1993, à peu près 0,10 $ plus élevés
que ce qu'on prévoit maintenant; la même chose en 1994 et en 1995,
si bien que c'est seulement en 1996 qu'on prévoit retourner à la
prévision qu'on avait en septembre 1992. Donc, oui, on tient compte de
cette situation un peu spéciale actuellement qui existe sur le
marché de l'aluminium.
M. Chevrette: Mais avant le dumping russe, si ma mémoire
est fidèle, il y a des firmes d'évaluation sur le plan
international qui mettaient une courbe ascendante exclusivement en 1995,
puis... On a des graphiques, en tout cas, qui viennent de chez vous,
d'ailleurs. C'est vous autres qui nous aviez fourni ces informations-là
à l'époque et qui démontraient, peut-être, une
possibilité non pas d'atteindre le tarif L, mais de se rapprocher un peu
plus du tarif L jusqu'en 1996 et, par la suite, on prévoyait encore un
déclin. C'est pour ça que je vous demande s'il y a
révision compte tenu du dumping de la Russie parce que ça peut
même effacer la courbe ascendante qui était prévue au
niveau des firmes d'évaluation sur le plan international.
M. Drouin: je voudrais juste vous rappeler à cet
égard que, quand on parle des coûts de fourniture du tarif l,
etc., nous incorporions, à ce moment-là, la marge
bénéficiaire prévue au niveau des industries, et ce que je
vous mentionnais dans ça, c'est que même si nous ne
réalisions pas le tarif l, à ce moment-là, nous ne
vendions peut-être pas à perte, mais la marge
bénéficiaire, comme je l'ai mentionné tantôt, au
niveau du domestique étant de 5 %, celle qu'on vise au niveau de
l'industriel est de l'ordre de 18 %, c'est clair que si on réalise
seulement 5 %, bien, on ne fait pas une perte, mais on a moins de marge
bénéficiaire. et ça, je veux dire, on va refaire les
chiffres pour vous donner un portrait plus à date.
Le Président (M. Audet): Merci. Alors, compte tenu de
l'heure, nous allons suspendre nos travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 59) (Reprise à 20 h
3)
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'économie et du travail reprend ses
travaux. Je vous rappelle le mandat de la commission qui est de procéder
à une consultation générale sur
la proposition de plan de développement 1993-1995
d'Hydro-Québec. Je vous rappelle aussi que nous en sommes toujours
à la période de questions sur l'offre et la demande
d'électricité. Nous pourrons poursuivre avec des questions
d'ordre général vers 21 heures, lorsque nous aurons
terminé cette période d'une heure. Alors, je vais
reconnaître immédiatement Mme la ministre de l'Énergie et
des Ressources.
Mme Bacon: Je vous remercie, M. le Président. Dans la
proposition du plan 1993, vous indiquez à l'orientation 22 que vous
allez entreprendre un programme d'avant-projet pour les centrales
hydroélectriques de moyenne envergure. Est-ce que vous pouvez
élaborer sur ce programme-là et le potentiel de ces centrales?
Orientation 22.
M. Drouin: La dernière partie de votre question, M. le
Président?
Mme Bacon: Si vous pouvez élaborer sur le programme parce
que vous parlez d'un programme d'avant-projet...
M. Drouin: Oui.
Mme Bacon: ...et quel serait le potentiel de ces
centrales-là?
M. Drouin: M. Yves Filion qui est vice-président
exécutif, groupe Équipements.
Le Président (M. Audet): M. Filion, on vous
écoute.
M. Filion (Yves): M. le Président, nous avons un potentiel
de centrales de moyenne envergure que nous considérons actuellement,
dans le niveau de rentabilité, inférieur à 0,046 $ du
kilowattheure, d'environ 600 MW. Le potentiel, toutefois inférieur au
coût du nucléaire, est plus élevé. Maintenant, il
est peut-être un peu tôt pour se prononcer sur un coût
précis à ce niveau-là puisque nous avons un programme
annuel d'études sommaires et préliminaires qui nous permettent de
préciser quel est le potentiel réel au niveau technique,
économique et environnemental. Nous avons toutefois identifié,
suite aux études que nous avons réalisées à date,
des sites qui sont intéressants pour constituer une première
étape de centrales de moyenne envergure. On peut parler des sites, par
exemple, de Kipawa dans le Témiscamingue, de Mercier dans la Gatineau et
des sites également de la Sarcelle et Boyd et Sakami dans le
détournement de Eastmain et d'autres sites que nous allons continuer
d'étudier dans notre programme 1993 et dans les années
subséquentes.
Mme Bacon: Est-ce que vous savez quand vous pouvez rendre
disponible toute votre évaluation du potentiel des petites et moyennes
rivières? Est-ce que c'est déjà fait ou si vous êtes
à travailler là-dessus?
M. Filion (Yves): On a une évaluation d'un potentiel,
mais, le problème, je pense que c'est de pouvoir déterminer
quelle est la quantité qui est rentable en deçà du
coût d'autres options, telles que, par exemple, le nucléaire que
nous évaluons actuellement à 0,057 $ du kilowattheure. Alors,
à ce moment-là, je pense qu'il nous faut aller avec des
études additionnelles pour préciser davantage le coût de
ces aménagements-là, puisque notre précision au niveau des
études sommaires et des études préliminaires est
d'à peu près 25 % à 30 %. Alors, je pense qu'il faut
être prudent au niveau des estimations qu'on réalise à ce
niveau-là en offrant des engagements au niveau d'un potentiel qui soit
économiquement aménageable. Mais nous avons actuellement
identifié au moins 600 MW qui pourraient être
économiquement aménageables, des centrales qui sont autour de 100
MW unitaires.
Mme Bacon: Vous dites que vous êtes en train de
préparer une évaluation, mais quand sera-t-elle disponible, M.
Filion?
M. Filion (Yves): Nous avons un budget. Je pense qu'on peut
parler d'un effort continu, puisque nous avons un budget annuel qui varie entre
1000000$et2000000$par année que nous consacrons à des
études sommaires et préliminaires pour mieux connaître le
potentiel des moyennes rivières du Québec.
Mme Bacon: Ça ne me donne pas ma réponse. Je vous
donne un exemple. Je pense, entre autres, à Sainte-Marguerite 2 dans sa
nouvelle version. Est-ce que ça fait partie de ce potentiel-là ou
si c'est tout à fait à part le potentiel que vous allez
chercher?
M. Filion (Yves): Cet aménagement-là fait partie du
potentiel. La Sainte-Marguerite 2 est une centrale sur laquelle nous avons fait
une étude préliminaire, effectivement, qui nous a permis de
constater qu'on pouvait aménager une centrale, par exemple, de 80 MW et
qui pourrait être économique. Maintenant, cet
aménagement-là est priorisé avec d'autres
aménagements possibles et il doit être rangé en termes de
priorité au cours des prochaines années en fonction des centrales
qui présentent un meilleur potentiel. Donc, on peut penser que
l'aménagement de SM 2 pourrait devenir intéressant au cours des
prochaines années et pourrait à ce moment-là, si le besoin
le justifie, permettre de démarrer un avant-projet qui nous permettra de
vraiment connaître de façon plus précise la
faisabilité d'un tel projet.
Mme Bacon: Est-ce que vous allez pouvoir déposer un
document sur votre évaluation? Est-ce que c'est dans trois mois, dans
six mois, dans un an?
M. Filion (Yves): Sur l'évaluation de SM 2?
Mme Bacon: Non, sur l'ensemble du potentiel des petites et
moyennes rivières. C'est-à-dire que vous êtes en train
d'évaluer, mais à un moment donné il doit y avoir un
document qui va être disponible dans trois mois, dans six mois.
M. Filion (Yves): Ici, par exemple, on a une liste que je peux
vous donner immédiatement.
Mme Bacon: Mais vous êtes en train d'évaluer. C'est
ça que vous nous dites.
M. Filion (Yves): On est en train d'évaluer, mais le
problème c'est qu'on ne peut pas actuellement prétendre qu'on va
faire un effort d'évaluation de toutes les moyennes rivières du
Québec en un an ou deux, parce que je pense qu'il faut...
Mme Bacon: Alors, c'est sur une période de plusieurs
années.
M. Filion (Yves): C'est un effort continu. Mme Bacon:
C'est correct, c'est ça.
M. Filion (Yves): C'est un effort continu parce que...
Mme Bacon: J'ai ma réponse.
M. Filion (Yves): ...à ce moment-là, on
étudie, je dirais, en études sommaires, environ cinq sites par
année. Et, des cinq sites, il y en a peut-être deux ou trois qui
s'avèrent intéressants, deux ou trois qui sont exclus. De cette
façon-là, on réussit à constituer une banque de
centrales moyennes qui demeurent intéressantes et qui, ensuite, peuvent
être rangées en fonction des priorités. C'est ce qui nous a
conduits à inscrire dans le plan de développement quatre moyennes
rivières sur lesquelles on a décidé d'entreprendre un
avant-projet, comme, par exemple, Kipawa et Mercier, et d'autres qui vont
suivre au cours de 1993. (20 h 10)
Mme Bacon: Est-ce qu'on peut imaginer que, une fois par
année, on va avoir une évaluation annuelle?
M. Filion (Yves): Mais je pense...
Mme Bacon: Une fois par année, une évaluation
annuelle, c'est de la redondance, ça.
M. Filion (Yves): C'est possible qu'à chaque année
on puisse...
Mme Bacon: Je veux tellement vous faire dire, M. Filion, que vous
allez nous donner, à chaque année, au moins une
évaluation.
M. Filion (Yves): Oui, oui, je pense que c'est possible que,
chaque année, on mette à jour le potentiel des moyennes
rivières avec leur niveau de rentabilité en fonction des
études qui auront été réalisées durant
l'année. C'est certainement possible. Pour maintenant, on peut
même vous donner une liste des centrales de moyennes rivières dont
le coût estimé est inférieur à 0,052 $ du
kilowattheure. On a une liste d'environ une dizaine d'aménagements qui
se classent...
Mme Bacon: Quitte à déposer à la commission
quand vous pourrez la déposer.
M. Filion (Yves): Je pense qu'il n'y a aucun problème
à la déposer, certainement.
Mme Bacon: À la page 67 de votre proposition de plan de
développement, Hydro-Québec présente son orientation 25
sur les externalités. Et, à ce titre-là, elle nous indique
qu'elle étudie la méthode d'aide multicritè-res à
la décision. Sur ce dernier point, est-ce que vous pouvez expliquer,
brièvement, en quoi consiste cette méthode d'évaluation?
Est-ce qu'il est possible de connaître l'état d'avancement des
études qui sont en cours?
M. Couture: M. le Président, Mme la ministre, la
méthode multicritères est celle que nous utilisons
présentement. C'est-à-dire que quand vous voyez
l'évaluation de nos différentes alternatives 1, 2, 3, 4, et 1A,
IB, 1C, ID, vous voyez que vous avez des lignes qui représentent des
critères différents. Alors, on a déjà, si vous
voulez, dans notre système une évaluation multicritères.
les externalités sont les impacts résiduels. lorsque vous avez
fini de regarder ce qui est quantifiable, il reste des choses non
quantifiables, et c'est la méthode des externalités. ce qui est
le plus connu sur les externalités, c'est la pratique américaine
de pénaliser, disons, les centrales qui ont des émissions
atmosphériques, par exemple, co2. on va dire: on va
pénaliser ces centrales-là par rapport à d'autres,
à cause de l'effet de serre, de 10 % ou d'un pourcentage quelconque au
point de vue évaluation économique. on n'a pas de critères
reconnus pour des projets hydroélectriques. alors, est-ce qu'on devrait
considérer comme externalités, disons, la valeur du site au point
de vue esthétique? comment quantifier ça? alors, nous
procédons à des études pour voir de quelle façon on
pourrait quantifier ou trouver une façon d'évaluer ces
externalités et les prendre en compte dans l'évaluation de
l'ordre de préférence de réalisation des projets.
Mme Bacon: Mais d'ailleurs, vous le mentionnez dans la
page 13 du document technique sur l'environnement il est impossible de
quantifier l'ensembe des externalités causées par l'implantation
des équipe-
ments. Est-ce qu'Hydro-Québec considère que les
coûts reliés aux mesures d'atténuation, de compensation et
aux programmes de mise en valeur de l'environnement constituent une certaine
internalisation des externalités?
M. Couture: Ce sont des externalités qui sont
internaiisées, c'est-à-dire que les mesures de mitigation sont
chiffrées et prises en compte dans l'évaluation. C'est une sorte
d'externalités qu'on peut compter et on les appelle
«internaiisées». Mais, par contre, les impacts
résiduels sont en partie compensés par notre politique de mise en
valeur, par exemple. Alors ça, c'est arbitraire et c'est un pourcentage
du budget qui est consacré à des études d'environnement ou
à des projets régionaux, si vous acceptez nos orientations, et
qui sont une compensation des externalités qui ne sont pas
chiffrées.
Mme Bacon: Est-ce que ça peut se traduire en un
pourcentage moyen par rapport au coût des projets? Oui?
M. Couture: Notre politique des mises en valeur actuelle consacre
1 % pour les projets de lignes et 2 % pour les projets de centrales à
compenser, si vous voulez, des externalités qui ne sont pas
quantifiées. Et c'est la politique de mise en valeur que nous proposons
d'étendre du secteur environnement au secteur développement
régional.
Mme Bacon: O.K. On connaît les incidences
bénéfiques de l'implantation des électrotechnologies chez
les industries québécoises, par exemple, au niveau de leur
coût de production, de la qualité de leurs produits. Les
électrotechnologies sont rentables pour Hydro-Québec, comme le
montre la combinaison ID à la page 59. Est-ce qu'Hydro-Québec
peut nous indiquer le potentiel de ce marché et comment se compose le
0,6 TWh de l'an 2000?
M. Drouin: M. Bolduc.
M. Bolduc: Les électrotechnologies que nous avons
entrepris de développer dans la phase actuelle du plan de
développement sont assez différentes de celles qui ont fait
l'objet de nos programmes antérieurs en ce sens qu'à une certaine
époque un des buts des électrotechnologies, dans un contexte
d'abondance ou même de surplus d'électricité,
c'était de favoriser l'utilisation de l'électricité dans
les procédés industriels.
Aujourd'hui évidemment, dans un contexte d'efficacité
énergétique, la nouvelle phase de promotion des
électrotechnologies cherche à promouvoir avant tout
l'efficacité énergétique globale et, de façon
encore plus large, l'efficacité au niveau des extrants d'une entreprise
industrielle incluant une meilleure qualité des produits par
l'utilisation de procédés qui font appel à
l'électricité, mais qui ne font pas appel à
l'électricité en termes nécessairement quantitatifs, mais
en termes de substitu- tion à une forme d'énergie, qui,
globalement, serait plus coûteuse en énergie. Donc, que
l'électricité représente en soi une économie
d'énergie au niveau global où l'électricité apporte
et c'est le cas dans beaucoup de procédés de fabrication
modernes un élément d'uniformité dans la
qualité d'un produit par rapport à une source thermique moins
facilement contrôlable ou physiquement moins étendue en termes
d'avoir une absolue uniformité des procédés de
fabrication.
Donc, c'est avant tout un objectif de valorisation de nos entreprises en
termes d'un meilleur extrant qui, en termes d'efficacité globale
améliorée par rapport aux procédés
antérieurs, donne une meilleure compétitivité à ces
entreprises en ayant une uniformité de qualité des
résultats. Notre vision de ce programme tel qu'il se développe
actuellement, c'est qu'il va beaucoup plus maintenant s'adresser aux petites et
moyennes entreprises plutôt qu'aux moyennes et plus grandes entreprises
comme ça a été souvent le cas dans le passé. Donc,
les effets économiques de ce programme vont se retrouver un peu partout
dans toutes les régions, vont, dans certains cas, favoriser le
développement assez fort de certaines filières industrielles.
Tous nos efforts sont faits en vue d'apporter à ces
entreprises-là une occasion d'essayer et de démontrer des
technologies d'avant-garde en leur donnant une certaine assurance contre le
risque que représente la mise à l'essai de ces
technologies-là, mais en leur permettant, une fois les technologies bien
démontrées, de se retrouver à l'avant-garde au niveau des
marchés internationaux et de valoriser le développement
industriel au Québec.
Mme Bacon: Quelle est l'importance des sommes qui sont investies
en recherche-développement qui se rattachent aux
électrotechnologies? Est-ce que ces sommes sont suffisantes? Est-ce
qu'on peut faire davantage pour avoir une plus grande pénétration
des électrotechnologies?
M. Bolduc: En 1993, à titre d'exemple, on parle de 14 000
000 $ d'investissements en recherche-développement et en
démonstration pour favoriser l'implantation des
électrotechnologies.
Mme Bacon: Ça vous semble suffisant ça, M.
Bolduc?
M. Bolduc: Ça nous semble à la mesure de ce que
nous pouvons gérer de façon efficace, à la mesure des
spécialistes disponibles, des potentiels. À mesure que le
programme avance, on pourra voir s'il y a lieu de faire des ajustements.
Mme Bacon: En 1992, il y a trois industries qui accaparent
près de 70 % de la demande du secteur industriel, à savoir les
pâtes et papiers, la fonte et l'affinage de métaux non ferreux et
la chimie. Est-ce que vous avez l'intention d'accentuer davantage vos
inter-
vendons vers la promotion de la diversification du tissu industriel
québécois, par exemple, dans les prochaines années et
quelles seraient les industries où vous comptez donner une
priorité, si ça existe, s'il y a lieu?
M. Bolduc: Nous travaillons de façon la plus
étroite possible avec la stratégie des grappes industrielles, au
Québec. Nous avons, évidemment, beaucoup d'investissements en
place dans ces secteurs traditionnels qui, au point de vue consommation
d'électricité, vont continuer. C'est assez difficile d'imaginer
un scénario où il y aurait une transformation rapide de cette
répartition-là parce que, évidemment, ce sont des secteurs
dont la consommation d'électricité comporte
généralement une part très importante des coûts de
fabrication. L'évolution qui se dessine, et que nous tentons de
favoriser, impliquant en particulier des secteurs de transformation, des
secteurs de haute technologie, des secteurs à contenu
électronique, domotique et autres, ce sont, en général,
des consommateurs d'électricité beaucoup plus modestes. Nous
essayons d'harmoniser l'ensemble de nos politiques, que ce soient nos
politiques de recherche et de développement, de travail de concert avec
l'industrie, nos programmes d'efficacité énergétique et
nos autres programmes pour aller dans le sens de cette évolution, mais
il ne faut pas penser que c'est la consommation d'électricité qui
va être un élément aussi central, disons, de cette
évolution. Notre vision, en termes de prévisions de la demande,
je pense qu'on peut le confirmer, c'est quand même que les secteurs
pâtes et papiers, fonte et affinage vont demeurer, en termes de
consommation d'électricité, une partie très importante.
(20 h 20)
Mme Bacon: Vous mentionnez, évidemment, que
l'évolution du prix de l'électricité constitue la
préoccupation majeure de vos clients. Soyez assurés que je
partage entièrement leur préoccupation. Nous aurions aussi
l'occasion, je pense, à la fin de nos travaux de la commission, de
discuter plus en profondeur la proposition tarifaire pour les années
1993-1994, mais, pour l'instant, j'aimerais quand même m'attarder sur
votre orientation 30 qui vise à aligner les hausses tarifaires sur
l'inflation pour la période 1993-2000. C'est une orientation qui devrait
permettre, somme toute, de préserver la capacité de payer des
consommateurs au cours des prochaines années. En raison de la structure
de vos coûts, quelles sont les mesures que vous entendez prendre pour
respecter tout à fait cette orientation?
M. Drouin: M. le Président, dans les tableaux qui ont
été déposés à cette commission ce matin, on
réfère, bien sûr, aux mesures qu'on entend prendre sur
l'évolution des coûts d'exploitation ou des frais d'exploitation
au cours des sept prochaines années. Et, dans ce tableau, nous faisons
valoir que l'évolution des charges au niveau des charges
financières, c'est-à-dire l'amortissement,
l'intérêt, les taxes, contribueront pour une proportion
très grande au cours des sept prochaines années. Et, en
conséquence, nous devons réduire nos charges d'exploitation sur
lesquelles nous avons le contrôle. Nous devons les réduire, au
niveau de cents du kilowattheure, à huit dixièmes d'un sou du
kilowattheure pour les sept prochaines années alors que les charges sur
lesquelles, entre guillemets, je dirais qu'on n'a pas de contrôle ou
moins de contrôle, parce que le taux d'intérêt, le taux de
change, évidemment, la capitalisation sont des choses pour lesquelles il
y a des mécaniques bien établies, évolueront, elles, de
4,3 au cours de la même période.
Et pour maintenir un taux à l'inflation de l'ordre de 3,4,
c'est-à-dire ce qu'on a prévu comme inflation d'ici l'an 2000, on
n'a pas le choix de réduire nos charges d'exploitation pour atteindre
une évolution de huit dixièmes d'un sou du kilowattheure. Et,
dans ça, il y a 70 % des charges qui sont des charges de main-d'oeuvre.
Alors, je pense qu'on fait la démonstration que, pour respecter
l'engagement que l'on a pris, nous n'avons pas le choix que de faire des
exercices très détaillés sur toutes nos charges
d'exploitation, de façon à gagner, à faire un gain de
productivité de l'ordre de 10 % d'ici l'an 1995 et de 20 % d'ici l'an
2000. et c'est de là que découle l'exercice de l'augmentation de
cette productivité. la constatation auprès de nos clients d'une
priorité aussi importante que celle de la gestion des prix nous
amène à faire un exercice très important à ce
niveau-là.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Avant le souper, je
vous ai interrogé sur la marge bénéficiaire à
partir de l'ensemble des ventes désassujetties. Et je vous disais que,
lorsque vous mettez ensemble les ventes assujetties et les contrats
particuliers et les exportations, 11 y avait une chute. je voudrais vous
référer au tableau 3.1 de la page 18 de la proposition tarifaire
1993-1994. vous aviez semblé surpris que j'avance ces chiffres-là
puis, là, je les ai retrouvés. c'est bien les chiffres que j'ai
donnés. donc, je voudrais entendre vos commentaires.
M. Drouin: Est-ce que je pourrais... La question, c'est...
M. Chevrette: vous disiez que ça avait... j'essayais de
vous faire dire que les contrats secrets... parce que j'utilise
«secrets» au lieu d'être des contrats à partage de
risques. les risques sont tous sur le même bord, donc je suis aussi bien
de dire que ce n'est pas... je vous disais que, quand vous répartissiez
les marges bénéficiaires par secteurs, on se rendait compte qu'un
secteur très rentable voyait ses bénéfices de beaucoup
baisser quand on lui attribuait la part à payer des contrats secrets.
quand je regarde à la page 18, tableau 3.3 c'est exactement les
chiffres que je vous donnais la marge bénéficiaire est de
17 %. et, quand on
ajoute les contrats particuliers et l'exportation, ça chute
à 10,7 %.
M. Drouin: Mais ce qui est important, là, c'est que, quand
on regarde les quatre premières catégories, on constate, sur le
tarif L, qui est celui réellement sur lequel peuvent être
basés les contrats à partage de risques et de
bénéfices, que la marge bénéficiaire
souhaitée est de 13,5 %. Et les contrats à partage de risques ne
sont pas dans ça. Us sont en bas de la ligne, dans les 10,7 %. Par
conséquent, il faut comprendre que si vous mettez les deux ensemble,
bien sûr, on peut avoir un rendement, une marge
bénéficiaire de l'ordre de 10,7 %. Mais ça n'a pas rapport
avec le 17 %.
M. Chevrette: Et F interfinancement, dans tout ça? Vous
avez... Grouillez pas. Vous disiez... Si j'ai bien compris les explications,
remarquez bien que c'est possible. Mais vous disiez que le problème de
l'interfi-nancement était réel. Ça, vous l'avez
affirmé.
M. Drouin: Ça, vous l'avez dans les deux premières
lignes, M. le Président.
M. Chevrette: Oui. Sauf que, à l'endroit où vous le
faisiez porter, vous, qu'Hydro-Québec situait dans sa proposition
tarifaire pour 1993-1994, est-ce que c'était au bon endroit que vous
disiez ou bien si c'était sur l'ensemble des trois secteurs?
M. Drouin: Moi, je prenais les quatre catégories
tarifaires que vous voyez dans les quatre premières lignes.
M. Chevrette: D, G, M, L,oui.
M. Drouin: oui, c'est ça. alors, tarif d, domestique. vous
remarquez que la marge bénéficiaire est de 7 %. alors que quand
on tombe dans la petite puissance, c'est-à-dire l'institutionnel pour
nous autres, la moyenne puissance qu'est la petite industrie, on tombe à
des marges de 31 % et 34 %. ça veut dire que, pour les deux
catégories du milieu, ils contribuent à 65 % de la marge
bénéficiaire d'hydro-québec alors que le domestique ne
contribue que de 7 % et, bien sûr, le tarif l ou la grande puissance
contribue à 13 %. et on pense que 13 %... je veux dire... c'est
peut-être un peu bas aussi parce qu'on viserait peut-être 17 % ou
18 % comme marge idéale. mais ce n'est pas aussi flagrant que la
différence qu'il y a entre le domestique et les deux catégories
du milieu, c'est-à-dire l'institutionnel et le commercial.
M. Chevrette: Est-ce que vous pourriez déposer le
rendement équivalent sur l'avoir propre de chacun des trois grands
marchés pour chaque année?
M. Drouin: J'imagine que oui, M. le Président.
M. Chevrette: Je les attends.
M. Drouin: Bien là, je ne sais pas si on a ça. Il y
aurait quelques calculs à faire.
M. Chevrette: Non, non. Mais je veux dire «je les
attends», vous nous les donnerez au cours de...
M. Drouin: Oui, oui. O.K.
M. Chevrette: ...la commission. Un coup de fil à
Montréal; ils doivent avoir ça.
M. Drouin: oui. je veux juste vous souligner que la contribution
relative aux bénéfices de l'entreprise est importante aussi parce
que l'on voit, encore une fois, que pour la contribution du tarif d, c'est 18 %
alors que les deux autres c'est 27 % et 38 %. et ça, c'est la
contribution aux bénéfices de l'entreprise. mais on peut faire
certains calculs pour vous donner les chiffres...
M. Chevrette: D'accord.
M. Drouin: ...que vous recherchez.
M. Chevrette: Vous venez de parler de rivières. Mme la
ministre vous demandait des évaluations sur les petites rivières
qui pourraient servir éventuellement de projets. Est-ce qu'il y a des
rivières qui sont classées, si vous voulez, comme faisant partie
du patrimoine et intouchables ou si tout le champ vous est ouvert sans aucune
contrainte?
M. Drouin: Je pense qu'on peut... Je veux dire c'est clair qu'on
ne se donne pas un champ libre à toutes les rivières et on est
tout à fait ouverts pour discuter de n'importe quel patrimoine que
certains soulèvent comme étant un patrimoine, disons,
récréotouris-tique ou autre. C'est le cas, par exemple, de
l'Ashuap-mushuan. Dans ces cas-là, je veux dire, ça fait partie
des études d'avant-projet, comme on l'a fait sur la Sainte-Marguerite
versus la Moisie.
M. Chevrette: Mais ce que je veux vous... M. Drouin: II
n'y en a pas de déclarée... M. Chevrette: Non, non,
mais... M. Drouin: .. .patrimoine. M. Chevrette: II n'y en a pas.
M. Drouin: Non.
M. Chevrette: Mais il n'y a pas... Au niveau, par exemple, de
l'Environnement, ou du ministère de l'Énergie ou encore au niveau
du MLCP, est-ce qu'il n'y a
pas une liste... Je ne le sais pas, je vous la pose. M. Drouin:
Oui.
M. Chevrette: Est-ce qu'il n'y a pas une liste vous demandant de
ne pas toucher à ce patrimoine qui constitue une valeur très
forte sur le plan faunique et qui connaît des retombées
économiques extraordinaires dans un milieu? (20 h 30)
M. Drouin: M. Dubeau va...
M. Chevrette: Ashuapmushuan, ça ne vous a pas
empêchés d'étudier et de continuer à travailler.
M. Drouin: Oui.
M. Dubeau: M. le Président, il existe effectivement au
Canada un réseau canadien...
M. Chevrette: C'est ça.
M. Dubeau: ...des rivières qui ont une valeur
patrimoniale. Elles sont définies par le gouvernement
fédéral et pour l'instant aucune rivière au Québec,
à ma connaissance, n'est intégrée dans le réseau
canadien des rivières à valeur patrimoniale.
M. Chevrette: II y a une demande pour le Saguenay et c'est tout.
Ça, je suis au courant. Mais, vous autres, vous n'avez pas eu de
consigne, de contrainte au niveau du gouvernement via un ministère?
M. Dubeau: Non, M. le Président.
M. Chevrette: C'est ça que je veux savoir.
M. Dubeau: Non, M. le Président.
M. Chevrette: Est-ce que ça fait partie de vos analyses,
de façon très sérieuse, quand vous arrivez dans un milieu
et vous savez qu'une rivière peut constituer un potentiel
extrêmement important pour le développement économique
d'une région?
M. Dubeau: Comme vous le savez, M. le Président,
Hydro-Québec a adhéré au concept de développement
durable en 1989 suite à la Commission mondiale sur l'environnement et le
développement. Or, HydroQuébec, dans ses études
d'avant-projet, tente d'avoir une approche multifonctionnelle,
c'est-à-dire de regarder l'utilisation des ressources du territoire en
fonction de l'ensemble des potentiels qu'il présente. Un des projets
actuellement qui fait l'objet d'une telle approche, c'est le projet
Sainte-Marguerite où, à la fois, on regarde la valeur
énergétique de la rivière Sainte-Marguerite, mais
également, en fonction du potentiel récréotouristique de
la rivière Moisie, on a prévu des mesures d'atténuation
particulières pour mettre en valeur la ressource du saumon de la
rivière Moisie.
M. Chevrette: Parlant de la Moisie, durant qu'on y est, comment
vous m'expliquez qu'en 1990 ce projet était «phasable»,
c'est-à-dire qu'on pouvait le faire en deux phases, sans
dérivation des tributaires dans un premier temps, et qu'en 1993 c'est
devenu impossible?
M. Filion (Yves): M. le Président, je pense que ce serait
bon ici d'expliquer un petit peu le processus que nous suivons dans la
réalisation des avant-projets des aménagements.
M. Chevrette: Mais, spécifiquement à la Moisie.
M. Filion (Yves): Je vais prendre l'exemple précis de la
Sainte-Marguerite pour illustrer. Nous réalisons les avant-projets en
deux phases. Dans l'avant-projet phase I, nous étudions toutes les
variantes possibles d'aménagements sous les aspects technique,
économique et environnemental et nous essayons de déterminer la
solution optimale qui va déterminer si l'avant-projet mérite
d'être poursuivi en phase II avec une variante qui est
privilégiée. Et en phase II nous réalisons une
optimisation de cette variante privilégiée là au niveau
des impacts environnementaux, des mesures d'atténuation et d'une mise
à jour des coûts et des échéanciers pour
réaliser ce projet-là.
Donc, dans le projet Sainte-Marguerite, nous avons effectivement, en
phase I, étudié différentes variantes d'aménagement
dont des variantes sans détournement, avec différents niveaux de
réservoirs et nous sommes finalement arrivés à la
conclusion que la variante optimale au point de vue technique,
économique et environnemental était la variante Sainte-Marguerite
avec détournement et c'est celle-là qui a été
retenue et qui a fait l'objet d'une recommandation d'Hydro-Québec pour
aller en avant-projet phase II. C'est suite à cet avant-projet phase II
que nous avons transmis au ministère de l'Environnement du Québec
un rapport d'avant-projet qui fait maintenant l'objet d'audiences publiques par
le BAPE.
M. Chevrette: La même logique est observée sur
toutes les rivières?
M. Filion (Yves): Exactement! C'est cette logi-que-là qui
est observée sur tous les avant-projets que nous réalisons sur
les grandes rivières, incluant le complexe Grande-Baleine, le
Haut-Saint-Maurice qui se fait actuellement et ailleurs également.
M. Chevrette: Passons à Robertson.
M. Drouin: Peut-être juste un complément, M. le
Président, si vous permettez.
M. Dubeau: En complément d'information, la planification
originale du projet Sainte-Marguerite prévoyait qu'on devait
déposer notre étude d'impact en 1989. Nous avons ajouté
deux ans d'études additionnelles concernant la problématique du
saumon, suite à la création d'un comité scientifique
d'experts externes à l'entreprise qui a regardé l'ensemble des
études que nous avons réalisées et qui nous ont fait des
recommandations spécifiques que nous avons suivies à la lettre.
Donc, ça nous a pris deux ans d'études additionnelles, un retour
au terrain, une remodélisation de l'ensemble de nos résultats
pour satisfaire le comité scientifique qui dit lui-même et
on a publié dans l'étude d'impact le résultat de leur
analyse que nous avons poussé au maximum, selon l'état
actuel des connaissances, les études sur la rivière Moisie. Il
n'y a aucune rivière à saumon à Québec qui a
été étudiée comme la rivière Moisie et nous
sommes très heureux de l'avancement de connaissances
qu'Hydro-Québec a pu permettre à la communauté
scientifique avec cette étude d'impact et ça fait partie du
concept de développement durable.
Par ailleurs, M. le Président, il faut aussi voir que, non
seulement ce que nous avons développé jusqu'à maintenant
est assez extraordinaire, nous avons même mis au point une méthode
qui va nous servir à dénombrer le nombre de géniteurs qui
remontent la rivière Moisie et qui va permettre au MLCP de fixer
précisément des quotas de pêche en fonction de la
connaissance réelle des géniteurs dans la rivière.
Merci.
Le Président (M. Audet): Vous pouvez continuer.
M. Chevrette: Oui, oui.
Le Président (M. Audet): Allez-y, M. le
député de Joliette.
Une voix: ...
M. Chevrette: Qu'est-ce que tu veux dire par là? Ce
n'était pas les propos du MLCP, c'est pour ça. À moins que
je me trompe, même devant le BAPE. Vrai ou faux?
M. Dubeau: M. le Président, il y a au moins deux
représentants du MLCP qui ont comparu devant la commission du
BAPE...
M. Chevrette: Oui, oui, mais ne les mettez pas en contradiction.
Je vous demande le représentant du MLCP. Je suis au courant.
M. Dubeau: C'est ça. Mais M. Côté, du MLCP
provincial, était un des membres du comité d'experts et donc un
des grands scientifiques qui connaissent le dossier du saumon et son
témoignage, quant à nous, a été tout à fait
correct.
M. Chevrette: II y avait contradiction entre deux gars du MLCP.
C'est ça que vous voulez me dire comme réponse?
M. Dubeau: Ils avaient des points de vue différents.
M. Chevrette: C'est ça. Mais celui qui représentait
le ministère à la table était contre. Vrai ou faux?
M. Dubeau: Les deux sont allés à la table.
M. Chevrette: Un qui faisait partie d'un comité,
engagé par vous autres, alors que l'autre représentait le
ministère. Oui ou non?
M. Dubeau: C'est-à-dire que le comité...
M. Chevrette: Celui qui représentait le ministère,
il était pour ou contre? C'est ça que je vous pose comme
question.
Une voix: II n'avait pas l'air pour en tout cas. M. Dubeau: II
n'avait pas l'air pour.
M. Chevrette: Bon! Il y en a au moins un qui est franc!
Robertson. Est-ce que vous pourriez nous déposer les
résolutions et les notes de service, ainsi que la première
évaluation faite par le directeur du projet?
M. Couture: M. le Président, nous sommes d'accord, si la
commission est d'accord, pour déposer ces documents. Nous allons les
rassembler et vous les faire parvenir.
M. Chevrette: Je vous remercie. Est-ce que vous pourriez me
dire...
Le Président (M. Audet): Vous pouvez les transmettre
excusez au secrétariat de la commission...
M. Chevrette: Avant la fin!
Le Président (M. Audet): ...parlementaire.
M. Chevrette: Si jamais on peut vous interroger dans les deux
derniers jours, on pourra revenir.
Le Président (M. Audet): D'accord. M. le
député de Joliette, allez-y.
M. Chevrette: Sur Robertson, toujours. Qu'est-ce qui vous a
amenés à décider de la nouvelle orientation par rapport
à la première évaluation?
M. Couture: Nous avons mis à date une orienta-
tion qui avait déjà été adoptée il y
a quelques années, au moment où le rapport d'impact a
été fait. Ces études sont remises à jour à
chaque réévaluation du projet au point de vue économique.
Alors, en cours de route, nous avons eu des augmentations de coûts
prévus pour ce projet-là et nous avons remis en cause, deux fois,
les calculs qui nous permettaient de prendre une décision, à
savoir si nous maintiendrons la filière hydroélectrique par
rapport à prendre une filière qui était basée sur
du diesel. Alors...
M. Chevrette: C'est combien de millions pour combien de
mégawatts?
M. Filion (Yves): Les crédits d'engagements
approuvés pour la réalisation du projet Robertson, incluant non
seulement la centrale, mais tout le réseau de transport, les lignes et
les postes à 69 kV, et, également, les postes de transformation,
donc ce n'est pas seulement une centrale, mais c'est tout le réseau
d'alimentation de la Basse-Côte-Nord...
M. Chevrette: C'est combien d'argent...
M. Filion (Yves): J'y arrive, M. le...
M. Chevrette: .. .pour combien de mégawatts?
M. Filion (Yves): ...Président. Donc, il y a une centrale
de 21 MW, un réseau de lignes de transport, je n'ai pas la distance
exactement, mais je crois que c'est autour de 200 km, et des postes, je crois
que c'est quatre ou cinq postes qui font partie du réseau; et les
crédits d'engagements approuvés sont de 340 000 000 $.
M. Chevrette: Pour 21 MW. M. Couture: Oui... Une voix:
Exact.
M. Couture: ...et ce montant-là, M. le Président,
comprend, par exemple, les intérêts durant la construction, les
études préliminaires, la centrale elle-même qui a une
valeur de quelque 100 000 000 $ et tout le réseau; il y a 25 % de frais
de financement à l'intérieur du chiffre de 340 000 000 $.
M. Chevrette: Est-ce qu'on pourrait connaître les motifs,
également, dans les papiers que vous allez nous donner, du rejet de la
soumission la plus basse?
M. Couture: Certainement. C'est une question à laquelle on
peut répondre dès maintenant. C'est que, lorsque l'appel d'offres
a eu lieu, le plus bas soumissionnaire était un consortium d'une firme
québécoise et d'une firme étrangère. Et, dans le
document d'appel d'offres, il y avait une condition, que la principale place
d'affaires des deux membres d'un consortium devait être localisée
au Québec. Alors, nous avons fait vérifier par des gens
indépendants et un des deux membres du consortium n'avait pas de place
d'affaires au Québec. C'est la raison pour laquelle ils ne se
conformaient pas aux conditions d'appel d'offres.
M. Chevrette: Pourquoi vous avez cancellé les soumissions
et vous avez négocié avec une seule firme?
M. Couture: Alors, nous avons suivi nos pratiques courantes, M.
le Président, en n'octroyant pas directement au deuxième plus bas
soumissionnaire parce que la soumission, à notre avis, était plus
élevée que ce que nous étions prêts à payer.
Alors, dans un cas pareil, nous désirons négocier avec le plus
bas soumissionnaire conforme. (20 h 40)
La pratique à Hydro-Québec est de canceller l'appel
d'offres, d'aller au conseil ou au comité exécutif et de demander
la permission de négocier avec le plus bas conforme. C'est ce que nous
avons fait et, de fait, la négociation nous a permis de sauver un an
dans l'échéancier du projet, nous a permis de réduire le
montant du contrat et c'est pourquoi nous avons négocié. Nous
avons négocié avec le plus bas conforme et nous avons
éliminé certaines parties du montant de la soumission en faisant
des révisions appropriées pour être capables d'avoir des
prix qui étaient plus conformes à nos objectifs.
M. Chevrette: Est-ce qu'il est exact qu'il y avait peu de marge
entre les trois soumissions conformes?
M. Filion (Yves): Oui, c'est exact. Il y avait effectivement peu
de marge. Il y a peut-être un point que je voudrais ajouter à ce
que M. Couture vient de mentionner. Nous avons aussi négocié pour
des raisons de délais, d'échéanciers qui étaient
évidents. Un autre point aussi majeur qui nous a influencés,
c'est que nous n'avons pas négocié sur les articles de paiement
reliés aux structures permanentes. Alors ça, je pense que c'est
un point qui est extrêmement important. Nous sommes allés en
soumission sur des articles permanents, sur des articles qui
définissaient les structures permanentes à construire et nous
avons respecté les prix du plus bas soumissionnaire conforme
là-dessus.
Ce que nous avons négocié, c'est tout ce qui a trait aux
installations temporaires et à la logistique. Finalement, un des
éléments qu'on a réalisés, suite au retour des
soumissions, c'est que le scénario qu'Hydro-Québec avait
identifié, au niveau de la logistique et des installations temporaires
pour réaliser ce projet-là, s'est avéré très
dispendieux. Alors, l'option que l'on avait était de s'asseoir avec le
plus bas soumissionnaire conforme et de discuter avec lui la logistique et les
installations temporaires pour diminuer les coûts de façon
appréciable et c'est ce que nous avons fait et ça
nous a permis d'ailleurs de réduire les coûts d'une valeur
de près de 20 000 000 $.
M. Chevrette: Quelle est la différence, au point de vue
évaluation, entre la première hypothèse qui avait
été étudiée et l'hypothèse retenue?
Une voix: Pourriez-vous préciser?
M. Filion (Yves): Au niveau du contrat, vous voulez dire?
M. Chevrette: Dans les concepts d'aménagement
hydroélectrique au lac Robertson, la première hypothèse
qui avait été évaluée et recommandée par...
Je ne sais pas si c'est le directeur. Comment vous l'appelez chez vous? Mais
quelle est la différence...
M. Couture: L'administrateur du projet.
M. Chevrette: ...sur le plan de l'évaluation des
coûts par rapport à l'hypothèse retenue?
M. Couture: Les documents que nous avons convenu de vous
déposer pourront comporter ces chiffres-là. Nous ne les avons pas
avec nous ici. Il faut rassembler les documents. Mais l'évaluation entre
le diesel...
M. Chevrette: Un ordre de grandeur. M. Couture:
Pardon?
M. Chevrette: Pour ma curiosité nocturne, un ordre de
grandeur.
M. Couture: L'ordre de grandeur, c'est que, selon les
critères économiques que nous pouvons adopter pour l'étude
de comparaison, nous pourrions arriver à une solution, le diesel
était plus économique, c'est-à-dire que, lorsque nous
privilégions le court terme, le diesel serait plus économique.
Lorsque nous révisons cela et nous essayons de comparer les coûts
sur une base de S0 ans, qui est la base de l'hydraulique, à ce
moment-là, nous sommes arrivés à la conclusion que la
solution hydraulique était meilleure. Comme la solution diesel, avec un
coût de carburant qui est problématique, sur une période
aussi longue est plus difficile à évaluer, nous aurions pu
arriver à une conclusion de choisir soit le diesel, soit l'hydraulique
selon la période.
Il y avait quand même une différence énorme dans les
retombées économiques québécoises parce que le
projet diesel ne comportait que des avantages économiques réduits
pour le Québec alors que, pour la solution hydraulique, les
retombées économiques sont de l'ordre de 80 %. Alors, pour deux
projets qui sont à peu près équivalents au niveau
économique calculé, nous privilégions fortement les
retombées économiques au Québec qui sont trois fois plus
élevées.
M. Chevrette: Vous n'avez pas pensé à une formule
mixte?
M. Couture: La formule mixte, M. le Président, ne nous
semblait pas appropriée dans le cas du lac Robertson parce que la
demande n'est que de 21 MW et, si vous divisez entre les deux, ça fait
une solution qui est extrêmement dispendieuse.
M. Chevrette: Vous avez fait des chiffres là-dessus?
M. Couture: Oui. Si vous voulez...
M. Chevrette: Ou bien si c'est à l'oeil que vous
répondez?
M. Couture: Si on avait fait une centrale de 10 MW hydrauliques
par rapport à une autre de 10 MW diesel, si je comprends bien votre
question?
M. Chevrette: Non, non. Je pense, par exemple, des
éoliennes pour 7 MW ou 8 MW plutôt que de rêver à
1000, sachant que ça ne se fera jamais. Vous n'auriez pas pu penser
à une formule du genre qui aurait pu réduire le coût du
diesel?
M. Filion (Yves): M. le Président, nous avons
effectivement réalisé une étude complémentaire dans
la comparaison d'une soumission diesel versus... parce qu'on avait trois
options pour alimenter la Basse-Côte-Nord: une solution diesel
originellement, une centrale hydroélectrique et une ligne de transport
qui pouvait relier le réseau de la Basse-Côte-Nord au
réseau principal d'Hydro-Québec. Alors, nous avons finalement,
comme nous le faisons dans tous les cas, étudié toutes les
options possibles pour déterminer celle qui nous apparaissait optimale
qui était la solution hydroélectrique. Et ensuite, lorsque nous
avons reçu les soumissions avec l'augmentation des coûts, nous
avons dû mettre à jour ces données pour nous resituer.
C'est à ce moment-là, suite au développement qu'il y a eu
dans le domaine éolien dans le monde, finalement, parce que c'est un
domaine qui évolue très rapidement, il faut le dire, nous avons
réalisé une étude complémentaire
diesel-éolien sur la Basse-Côte-Nord pour mettre à jour
cette comparaison-là. Puis, ça s'est avéré
finalement à peu près équivalent à une centrale
tout diesel.
Les principaux éléments que je pourrais vous donner comme
indication, c'est que, d'abord, le taux de pénétration de
l'éolien sur un réseau ne peut pas dépasser, à
toutes fins pratiques, 20 %. Ce qui fait que sur une puissance de 20 MW on
avait un potentiel d'environ 4 MW au maximum et ça c'est strictement
pour des questions de stabilité d'un réseau diesel qui est
couplé avec un réseau éolien. Je peux vous dire
là-dessus d'ailleurs qu'Hydro-Québec, l'IREQ a fait des
recherches
importantes de couplage diesel-éolien puisqu'on voit des
opportunités pour l'alimentation de nos réseaux non
reliés. Alors, il y a eu une étude complémentaire et
à cause de cet élément-là principalement, du taux
de pénétration qui est faible, l'éolien ne
présentait pas vraiment d'avantage. Le couplage éolien^iiesel ne
présentait pas vraiment un avantage qui était déterminant
par rapport aux autres soumissions.
M. Chevrette: Ça fera partie des papiers?
Le Président (M. Audet): M. le député de
Lavio-lette.
M. Jolivet: Oui, M. le Président, j'en profiterais
peut-être des deux minutes qui restent pour qu'on me corrige une
réponse donnée cet après-midi.
M. Drouin: M. le Président, le député de
Lavio-lette, cet après-midi, a posé une question et nous
aimerions apporter une correction relativement à la possibilité
des municipalités de pouvoir devenir des producteurs privés.
Durant l'intermission, il s'est avéré, après une courte
étude, qu'effectivement on aurait pu induire en erreur, par notre
réponse, cette commission relativement à la possibilité
pour les municipalités. Or, je demanderais à M. Bolduc d'apporter
un complément de réponse.
M. Bolduc: Comme je l'avais dit cet après-midi, notre
politique c'était d'acheter l'électricité de producteurs
privés sans faire de position spéciale pour les
municipalités. Mais on m'a informé qu'une interprétation
toute récente de la loi qui régit les municipalités leur
interdit de produire de l'électricité pour en vendre. Ce qui fait
que nous devons forcément, compte tenu de cette situation légale,
réviser notre position là-dessus. Nous devrons donc, pour
l'instant, ne pas accepter d'acheter de l'électricité des
municipalités.
M. Jolivet: Est-ce que c'est un avis juridique, une
décision de cour, c'est quoi?
M. Bolduc: C'est une opinion légale qui reste, j'imagine,
à être validée et confirmée, mais tant qu'elle est
là nous devons, pour l'instant, suspendre nos discussions avec les
municipalités.
M. Jolivet: Donc, à ce moment-là, est-ce que c'est
possible d'en avoir une copie pour la journée de demain, puisque c'est
une opinion qui doit exister? Moi, ça me permettrait de savoir à
quelle place maintenant faire nos pressions pour corriger, si doit être
corrigée une telle situation.
M. Drouin: Nous ne sommes pas en possession de l'opinion
juridique. Elle n'a pas été adressée à
Hydro-Québec. Alors, on va communiquer avec ceux qui en ont la
possession et voir à ce qu'elle puisse peut-être vous être
transmise.
M. Jolivet: Merci.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Drummond.
M. St-Roch: Merci, M. le Président. Vu que c'est la
dernière intervention dans ce bloc ici, je m'adresserai à ce
moment-ci, M. le Président, au programme de réfection des
centrales. Dans votre document, «La performance», à la page
55, vous mentionnez que vous prévoyez dépenser 950 000 000 $
d'ici l'horizon 2003. Il y avait des programmes de réfection de
centrales qui avaient déjà été annoncés.
Est-ce que c'est exact qu'il y a eu un moratoire? Et, si oui, est-ce que le
moratoire est maintenu ou élevé et quelle est l'intention
d'Hydro-Québec en vertu des réfections des centrales? La
deuxième question, je vais vous donner le paramètre au complet.
Est-ce qu'il y a moyen de devancer le 950 000 000 $ de réfections, parce
que la plupart de ces centrales sont dans des endroits où c'est le coeur
du Québec, en majorité dans des endroits très
urbanisés? Lorsqu'on regarde les indices d'occupation au niveau des
constructions dans les mois et les années à venir, je pense que
ce serait peut-être un moyen où Hydro-Québec pourrait
donner un bon coup de pouce au développement régional. (20 h
50)
M. Couture: M. le Président, nous avons un groupe de
travail, actuellement, qui regarde nos pratiques en réfection de
centrales. Entre autres choses, ce que nous voulons regarder
présentement, c'est l'échéancier de ces travaux pour
essayer d'optimiser, au niveau des travaux d'ingénierie, de construction
et surtout de fabrication, comment ils se situent dans le temps par rapport
à nos projets de construction, pour essayer de garder une masse critique
dans notre secteur de la fabrication et aussi dans le secteur des travaux
puisque nous avons une certaine liberté de programmer les
réfections dans le temps. Il y a deux cas peut-être
spéciaux qui s'appliquent, à part du principe
général du groupe de travail qui va regarder à nouveau
l'échéancier des réfections. Il y a le cas de La Gabelle
sur le Bas-Saint-Maurice où nous avons eu des demandes de regarder aussi
la possibilité de construire une centrale aux rapides Les Forges. Alors,
dans ce cas-là, il y a un moratoire sur la réfection de La
Gabelle en attendant que les études soient conclues sur la
possibilité de faire une nouvelle centrale à Les Forges. Ou bien
on ferait une nouvelle centrale à Les Forges ou bien on
procéderait, tel que prévu précédemment, à
la réfection de La Gabelle. Ces études-là sont en
discussion présentement avec le conseil régional qui a
été formé sur la rivière Saint-Maurice par les
différentes villes de la région.
M. St-Roch: Je m'excuse. Est-ce que c'est la
seule centrale qui a eu un moratoire? Est-ce que les autres...
M. Couture: Non, il y a une deuxième centrale
j'allais y venir sur le Saint-Laurent, qui est située à
Les Cèdres, pour laquelle nous avions un projet de réfection.
Nous sommes en train de revoir ça étant donné que la
centrale fonctionne encore de façon assez satisfaisante. Nous avons une
revue du projet pour savoir si nous ne privilégierions pas un maintien
de la centrale actuelle pour un autre 10 ans avant d'en construire une
nouvelle. Alors, il y a deux cas particuliers, mais il n'y a pas d'autres cas
où, je pense, la programmation de réfection de centrales a
été modifiée.
M. St-Roch: les autres cas suivent le scénario original.
il me reste encore un peu de temps, m. le président? au niveau de la
recherche-développement, dans vos engagements, vous le mentionnez, et
ça semble être un montant fixe de 1,8 % que vous voulez investir.
par contre, lorsqu'on regarde vos publications, on parle plutôt de 2 %
d'engagements vis-à-vis de l'an 2000. est-ce que le 2 % est brut? je
sais que le 1,8 % est net. quelle ect la différence, m. le
président?
M. Drouin: en fait, m. le président, notre objectif
à l'horizon 2000, enfin, notre objectif, c'est 2 %. cependant, pour la
période des trois prochaines années, on a quand même
maintenu à 1,8 % à cause de la pression très forte que
nous avons avec l'exercice de rationalisation qui est exercé sur nos
charges. dans ce sens-là, le 1,8 % demeurerait là, mais il faut
bien comprendre que, lorsqu'on met 1,8 %, ça ne fixe pas le montant
à un montant fixe pour la durée puisque c'est 1,8 % du produit de
nos ventes totales. comme elles évolueront sensiblement au cours des
trois prochaines années, le montant affecté à la
recherche-développement sera donc augmenté d'autant. après
l'année 1995, une fois qu'on aura mis en service la plupart des
centrales de la phase ii du complexe la grande et que, par conséquent,
la pression sera moins forte sur nos exercices, sur nos chiffres, sur le plan
financier, nous pourrons alors continuer l'objectif pour se rendre jusqu'au 2 %
que nous anticipons faire.
Le Président (M. Audet): Merci. Mme la ministre de
l'Énergie et des Ressources, pour cinq minutes.
Mme Bacon: Toujours dans le domaine du prix de
l'électricité proposé comme orientation de diminuer
significativement l'interfinancement entre les marchés, c'est
l'orientation 32. Comme vous l'avez expliqué au cours des
dernières années, l'interfinancement profite surtout aux
abonnés résidentiels. Je cite votre explication. Est-ce que cette
orientation-là est compatible avec celle qui vise à aligner les
hausses de tarifs à l'inflation? Autrement dit, est-ce que l'alignement
des tarifs à l'inflation s'adresse également à vos quelque
2 700 000 abonnés résidentiels?
M. Drouin: écoutez, lorsqu'on a parlé des tarifs au
niveau de l'inflation, c'est, bien sûr, l'ensemble des tarifs.
l'augmentation générale est donc de l'ordre de 2,3 %. c'est bien
sûr que si nous devions appliquer seulement à la classe tarifaire
ou à la catégorie tarifaire le taux de l'inflation et
c'est celle-là qui aurait la plus haute augmentation nous ne
réaliserions pas, en augmentation, le 2,3 %. alors, il est donc
important que ça consiste en une augmentation générale et
que nous essayions, en plus de ça, de corriger le problème de
l'interfinancement qui a été soulevé à cette
assemblée ou à cette commission, à plusieurs reprises,
dans le passé. et je ne veux pas revenir sur les chiffres que j'ai
mentionnés tantôt, m. le président, au niveau de la
contribution relative aux bénéfices de chacune des
catégories tarifaires mais, vous savez, quand on parle des
problèmes que bell canada a actuellement, en termes d'augmentation de
tarifs de l'ordre de 50 % ou de 60 % sur le tarif domestique, on a là la
démonstration très évidente que la minute qu'on devient
compétitif dans un marché comme celui, par exemple, de
l'interurbain, à ce moment-là, c'est évident qu'on est
obligés de baisser nos prix au niveau de la classe dans laquelle on est
en compétition et, au niveau du commercial et de l'institutionnel, on
peut dire qu'on est en compétition avec le gaz, ça a
été évoqué cet après-midi. et dans ce
sens-là, si on n'a pas des prix compétitifs au niveau du
général ou de l'institutionnel, on va perdre des ventes et si on
perd des ventes, évidemment, c'est l'ensemble de nos clients qui vont
subir des augmentations pour que nous puissions respecter nos critères
financiers.
Alors, ça nous apparaît important de démontrer que
chaque catégorie de tarif paie véritablement pour les coûts
que ça représente. Et on a parlé d'économies
d'énergie et de la réalisation de nos objectifs cet
après-midi. Dans ça, il y a le signal du prix. Le signal du prix
est quand même important, que chaque catégorie de clients paie
réellement pour le service qui lui est donné et en fonction des
coûts de fourniture du service qui lui est donné. Dans ce
sens-là, notre demande au niveau de l'interfinancement est très
concordante avec l'ensemble de ces principes que je viens d'énoncer.
Le Président (M. Audet): II reste une minute.
Mme Bacon: Peut-être aller à l'annexe 7 qui porte
sur les orientations tarifaires à long terme. On y présente un
ensemble de mesures qu'Hydro-Québec souhaite mettre en place à
terme. Est-ce que vous pouvez peut-être nous résumer,
brièvement, les principales orientations tarifaires envisagées et
peut-être nous indiquer aussi comment ces orientations s'inscrivent dans
la promotion de l'efficacité énergétique?
M. Bolduc: Pour reprendre, pas nécessairement
dans l'ordre de l'annexe 7, l'essentiel des orientations tarifaires vont
dans le sens de bien refléter les coûts d'Hydro-Québec, non
seulement par catégorie tarifaire mais, dans la mesure du possible,
selon les modalités d'utilisation, c'est-à-dire en allant vers
une plus grande différenciation de la consommation selon le moment
où se fait cette consommation. Nos coûts de fourniture sont, de
façon manifeste, plus élevés en période de pointe.
La pointe peut être évidemment définie en termes
saisonniers, en termes quotidiens, en termes horaires, et plus nos structures
tarifaires vont refléter de façon plus précise ces
structures de coûts, plus le signal donné au marché va
être fidèle aux intérêts à long terme de
l'ensemble de la société et les clients vont pouvoir faire un
choix cohérent en fonction de ces signaux de prix.
Ça veut dire, à titre d'exemple, un projet-pilote qui va
commencer bientôt et qui pourrait aboutir à une option à la
clientèle résidentielle de s'abonner à une tarification
qui varie selon l'heure d'utilisation et selon la journée. Ça
implique évidemment des moyens de mesure et de facturation
associés à cette différenciation dans le temps, mais
ça permettrait aux clients qui y adhèrent de modifier leur
comportement, de déplacer, selon les heures de la semaine ou de la
saison, certaines utilisations de l'électricité et de
réduire leurs factures d'électricité de cette
façon-là. Ça implique également une
évolution comme celle que nous voulons recommander cette année
d'augmenter un peu plus la dernière tranche de consommation des clients,
parce que cette dernière tranche correspond à un certain facteur
contrôlable à la marge où les mesures d'efficacité
énergétique ont le plus d'impact et où également
les coûts les plus élevés, en termes d'hiver, en termes de
pointe, sont présents. (21 heures)
Nous y avons également abordé le concept d'une
tarification saisonnière au secteur industriel. Cette orientation a
suscité beaucoup de réactions chez nos grands clients industriels
et nous avons commencé avec eux une consultation très intensive
pour essayer d'établir des modalités et pour essayer de
s'entendre sur les avantages qu'il y aurait pour eux et les avantages qu'il y
aurait pour l'ensemble de notre clientèle de ce genre de tarification.
Mais les discussions sont longues et difficiles et nous avons
décidé de ne pas recommander ce changement immédiatement
tant que les discussions pourront se continuer. Les autres recommandations vont
un peu dans le même sens.
Le Président (M. Audet): Brièvement.
Mme Bacon: Une petite question. Je ne veux pas vous mettre en
boîte, M. Bolduc, je veux une réponse courte. Un tarif domestique
qui est plus élevé que le taux d'inflation et qui croît
plus rapidement, est-ce que c'est un signal pour l'efficacité
énergétique? Oui ou non?
M. Bolduc: C'est un signal, évidemment. On le voit en
Ontario. Si les prix montent beaucoup plus vite, ça va influencer
davantage la réduction de la consommation.
Le Président (M. Audet): Merci. Alors, ça met fin
à ce bloc de questions sur l'offre et la demande
d'électricité. Nous allons maintenant entreprendre le dernier
bloc, pendant une heure, sur des questions d'ordre général. Je
vais maintenant reconnaître Mme la ministre de l'Énergie et des
Ressources. Vingt minutes, questions et réponses.
Autres sujets
Réaction d'Hydro aux critiques sur
l'environnement
Mme Bacon: Oui. M. le Président, depuis quelque temps
déjà, il y a certains groupes ou organismes qui
s'évertuent à décrier des projets de développement
hydroélectrique d'Hydro-Québec sur la scène
américaine. Est-ce que vous pouvez exposer aux membres de la commission
les moyens qu'Hydro-Québec a mis ou entend mettre en oeuvre pour contrer
les démarches qui visent à discréditer l'entreprise de
l'autre côté de notre frontière?
M. Drouin: M. le Président, nous avons, depuis plus d'un
an je dirais un an et demi certainement décidé que
nous ne laisserions aucun des groupes qui tentent de décrier
Hydro-Québec et le Québec outre-frontières le faire de bon
gré sans que nous ayons une réaction là-dessus. Et, de
fait, Hydro-Québec a nommé quelqu'un à New York et
également quelqu'un à Bruxelles parce que nous avions deux
fronts: celui des États-Unis et celui de l'Europe. On se rappelle
l'incident du Tribunal international de l'eau à Amsterdam et où
nous avons décidé d'aller nous défendre. Et je pense qu'on
l'a fait à bon escient et avec des bons résultats.
Au niveau de la scène américaine, c'est clair que les
groupes environnemental istes américains et sans vouloir attaquer
outre-mesure le bien-fondé de certains de ces groupes-là
se servent de ce symbole qu'est le développement hydroélectrique,
relié, bien sûr, aux Amérindiens qui sont sur le
territoire, pour faire des campagnes de financement importantes. On a vu des
lettres circulaires. Le leader parlementaire de l'Opposition a eu l'occasion de
me transmettre tout récemment une lettre qu'un de ses commettants lui
avait transmise relativement à la campagne de financement du
«National Resource Defence Council». On a eu l'occasion de le dire
publiquement. Il y a même des groupes environ-nementalistes
québécois, dont l'Union québécoise pour la
conservation de la nature, des groupes très sérieux, qui ont
décrié cette attitude des groupes environnementaux.
Je voudrais assurer cette commission, puisque la
question nous est posée, que nous entendons continuer à
prendre toutes les mesures nécessaires. Et je dois vous dire que,
là-dessus, on compte sur le support des gouvernements du Québec
et du Canada pour nous aider à supporter la réputation de notre
pays et de l'entreprise, bien sûr au premier chef de notre pays
dans ce combat que nous livrons pour éviter que la
réputation du Québec puisse être mise en cause dans les
universités, dans les écoles, dans les cégeps, enfin, peu
importe. Nous les suivons pas à pas pour rétablir les faits. Et
je pense que nous avons également, bien sûr, engagé des
firmes pour nous appuyer dans ça. Nous avons du support, comme je l'ai
dit, des délégations du Québec, des consulats du Canada
aux États-Unis, New York, Boston, et de l'ambassade à Washington.
Je pense que tout le monde fait son possible, mais c'est clair que nous devons
continuer à investir dans cette campagne pour se défendre au
niveau des États-Unis.
Mme Bacon: au niveau des retombées économiques, en
raison de son pouvoir d'achat, hydro-québec dispose quand même
d'un levier important pour soutenir et encourager le développement
économique du québec. on a constaté que le contenu
québécois de ces achats, pris globalement, s'établit
à 74 %, mais, quand on découpe cette donnée-là, on
observe que le contenu québécois du matériel
stratégique tombe à 57 %. est-ce que vous pouvez nous indiquer
les raisons qui expliquent la faiblesse relative du contenu
québécois des achats de matériel stratégique?
M. Couture: Nous avons dans le matériel stratégique
des transformateurs de haute puissance, nous avons des disjoncteurs, nous avons
toutes sortes d'équipements très spécialisés pour
lesquels il n'y a pas toujours des fabricants québécois. Alors,
notre politique d'approvisionnement nous permet de distinguer, dans le
matériel stratégique, un objectif d'augmenter
considérablement le contenu québécois par des ententes
spécifiques avec les manufacturiers. Alors, nous avons l'intention de
plus en plus d'avoir des ententes spécifiques et de faire des appels
d'offres auprès des matériaux stratégiques quand il y a au
moins deux fabricants québécois, spécialement à ces
fabricants-là et de susciter d'autres fabricants à venir
s'installer au Québec, de sorte qu'on puisse augmenter avec le temps,
avec la prochaine année ou deux, le contenu québécois du
matériel stratégique de façon considérable.
Recherche-développement
Mme Bacon: En recherche-développement, est-ce que vous
pouvez situer la proportion des dépenses d'Hy-dro-Québec dans une
perspective historique... peut-être expliquer pourquoi vous retenez le
ratio de 2 % à l'horizon 2000 alors que le précédent plan
prévoyait 2,4 %.
M. Drouin: Alors, M. Alain Brosseau qui est notre
vice-président à la recherche.
M. Brosseau (Alain): Oui. Nous avons retenu un objectif plus
élevé dans le passé et il y a plusieurs facteurs
c'était un objectif très optimiste qui nous ont
empêchés de le rencontrer. Des contraintes d'exploitation des
dernières années y ont contribué, mais aussi l'effort
qu'on a fait de le faire en partenaires, l'établissement de maillages,
l'établissement de partenaires financiers a été plus long
que prévu et ont contribué aussi à des retards. Et
l'objectif qu'on s'est donné est un objectif qui se compare très
bien avec les entreprises équivalentes au niveau international autant
qu'au niveau national. Nous sommes parmi les plus performants au Canada et,
parmi les E7, les compagnies électriques les plus grandes au monde, nous
sommes en cinquième position.
Mme Bacon: Compte tenu de l'importance pour les clientèles
d'utiliser plus efficacement l'électricité, est-ce que vous
pouvez indiquer pourquoi Hydro-Québec ne prévoit pas investir
plus de 17 % de ses budgets de recherche-développement dans le volet
utilisation de l'énergie?
M. Brosseau: C'est encore un domaine en très grande
croissance. Si on regarde ce qu'on a dépensé, il y a cinq ans, on
était de l'ordre de 3 000 000 $. Nous avons quintuplé
littéralement les dépenses en électrotechnologie et en
efficacité énergétique. Le LTEA a été
fondé à cet escient et il y a cinq ans n'employait que 20
personnes. Il est maintenant de l'ordre de 100 personnes. Ça a
été l'élément le plus en croissance de nos projets
de R-D. Il y a une limite aussi à la capacité de pouvoir former
et développer des équipes de recherche.
Mme Bacon: Est-ce que vous avez évalué le maillage
et les retombées économiques possibles associées à
la recherche de moyens qui sont plus performants d'utilisation de
l'électricité?
M. Brosseau: Je regrette, je ne comprends pas...
Mme Bacon: Est-ce que vous avez évalué le maillage
que vous pouvez faire ou les retombées économiques possibles qui
sont associées à la recherche des moyens plus performants
d'utilisation de l'électricité?
M. Brosseau: On l'a fait, mais au niveau global, pas au niveau de
l'utilisation de l'électricité strictement, les 17 %.
Mme Bacon: Est-ce que vous avez l'intention de le faire au niveau
de l'utilisation de l'électricité?
M. Brosseau: On pourrait le faire. On a les mêmes... On
pourrait faire ce découpage-là, mais il n'a pas été
fait.
Mme Bacon: Encore en recherche-développement, la firme
Marcon qui est membre d'un groupe-conseil, Miratech, a réalisé,
à la suite d'une demande présentée à l'hiver
1990-1991 par le Conseil des sciences du Canada, une vaste étude
comparative sur les stratégies et politiques de
recherche-développement des principales entreprises publiques
d'électricité au Canada, en Europe et au Japon. Une des
conclusions les plus troublantes de ce rapport est à l'effet que, dans
le contexte canadien, bien que les entreprises d'électricité
constituent des pôles majeurs de recherche-développement, leur
impact sur la compétitivité du secteur manufacturier serait
presque dérisoire. Est-ce que vous pouvez nous expliquer quel accueil
vous avez fait à ce rapport-là et quelles sont les mesures
envisagées par Hydro-Québec pour faire en sorte que l'industrie
manufacturière québécoise puisse profiter des efforts
qu'Hy-dro-Québec consacre à la recherche-développement?
(21 h 10)
M. Bolduc: Je pense que la réponse à cette question
va dans le sens des investissements faits en recherche-développement
pour fins du programme d'efficacité énergétique et de
programmes comme celui des électrotechnologies. C'est sûr
qu'à l'époque où notre recherche se faisait sur des moyens
de transport ou de transformation d'électricité le
bénéficiaire était Hydro-Québec elle-même.
À mesure que nos budgets et nos programmes vont vers l'utilisation, nous
développons et le cas des électrotechnologies en est un
assez flagrant où nous avons fait un certain maillage, par exemple: le
Conseil canadien des électrotechnologies où l'ensemble des
intervenants canadiens dans le domaine travaillent ensemble et qui s'est
d'ailleurs élargi sur le plan international avec une réunion
à Montréal, l'année dernière, des principaux
intervenants en électrotechnologie sur le plan mondial. En
efficacité énergétique, évidemment, la
problématique en est une de spécificité,
c'est-à-dire dans des applications comme le chauffe-eau où, au
Québec, on est les plus grands utilisateurs au monde de chauffe-eau
électriques, nous faisons nous-mêmes beaucoup de
développement et nous espérons bientôt promouvoir un
nouveau chauffe-eau superefficace, mais nous travaillons avec, exemple,
1'Ontario-Hydro qui a aussi un parc de chauffe-eau assez important et avec les
manufacturiers canadiens de chauffe-eau.
Lorsqu'on élargit la problématique à des secteurs
comme les appareils électroménagers, je pense qu'il est
évident que nous ne pouvons pas établir strictement au
Québec des normes ou des technologies, c'est au niveau, non seulement
canadien, mais je dirais nord-américain que les nouvelles normes, en
termes d'utilisation d'électricité par des appareils
électroménagers vont se développer. Là encore, nous
sommes, dans le programme d'efficacité énergétique,
à élargir beaucoup nos échanges et nos contacts pour
contribuer, pour être avertis d'avance des tendances, pour les influencer
s'il le faut et se trouver des niches ou des projets de développement
qui permettraient des applications particulières au Québec.
Je pense que c'est dans ce sens-là que les possibilités
sont les meilleures actuellement.
Mme Bacon: Est-ce qu'Hydro-Québec a déjà
pensé à recourir plus souvent à la sous-traitance pour ses
besoins de développement technologique? Vous dites: Nous l'avons fait
nous-mêmes, pour la question des chauffe-eau, par exemple.
M. Brosseau: De l'investissement qu'Hydro-Québec consent
à la R-D, environ 57 % va à l'externe d'Hydro-Québec. Dans
cette proportion-là, de ce 57 %, 10 % environ va dans les
universités en services achetés, 33 % va dans des firmes de
services professionnels et le reste dans des firmes de services techniques.
Mme Bacon: Est-ce qu'il serait concevable de constituer au
Québec un réseau de centres de recherche qui pourrait satisfaire
une partie significative des besoins de développement technologique
d'Hydro-Québec? Est-ce qu'on peut penser que c'est concevable?
M. Brosseau: II y a déjà ce
réseau-là. Il se bâtit continuellement; des nouveaux
centres de recherche sont annoncés dans les domaines de pointe et
même à HydroQuébec.
Mme Bacon: Que vous utilisez!
M. Brosseau: Comme je vous le dis, avec le LTEA.
Mme Bacon: Mais j'aimerais ça que vous m'en disiez
davantage. La composition de votre réseau.
M. Brosseau: On les utilise en effet, autant les
universités que les centres de recherche, le CRIM, l'Institut de
génie des matériaux, différents centres de recherche sont
utilisés. Le nouveau, par exemple, en hydrogène va l'être.
Nous travaillons avec le Conseil de l'industrie de l'hydrogène. Il y a
plusieurs de ces réseaux-là déjà existants, tant en
mode de sous-traitance qu'en mode de collaboration ou de partenariat, par
exemple dans les projets du Fonds de développement technologique. La
plupart des cas impliquent d'autres centres de recherche et des
universités.
Mme Bacon: Je reviens à l'environnement, M. le
Président. Hydro-Québec affirme intégrer les
préoccupations environnementales aux différentes étapes de
planification, de réalisation de ses projets. La structure du plan
reflète cette approche. Entre-temps, les questions environnementales,
non pas dans un seul bloc, mais tout au long de la proposition du plan, est-ce
qu'il est possible d'avoir plus de précisions concernant les efforts
consentis par Hydro-Québec pour la question environnementale tout au
long du processus qui conduit à la réalisation des projets,
peut-être en pourcentage moyen des
coûts, par exemple? Est-ce qu'il est possible de nous en donner
davantage d'information?
M. Drouin: M. Dubeau va répondre à ça.
M. Dubeau: Comme vous le savez, un des éléments que
nous avons amenés dans notre plan de développement de 1990, que
nous reprenons cette année, c'est que nous voulons quantifier, de
façon extrêmement précise, les montants consacrés
à l'entreprise, à la protection et à la mise en valeur de
l'environnement. Cependant, déjà, par de la comptabilité
dite manuelle, nous sommes arrivés, cette année, à pouvoir
sortir certains chiffres et, si vous me donnez quelques instants, je pourrais y
référer.
Donc, nous avons regardé l'année 1992 et nous comptons sur
une équipe, actuellement, de 277 personnes, permanents et temporaires,
qui oeuvrent dans le secteur de l'environnement à Hydro-Québec et
dans sa filiale, la Société d'énergie de la Baie James.
À l'externe, nous faisons appel à des spécialistes pour
l'équivalent de 610 années-personnes. Les dépenses
consacrées par l'entreprise aux différentes activités en
environnement se soldent à près de 175 000 000 $ en 1992. Ces
activités concernent tant la planification et la réalisation de
nouvelles installations, l'exploitation des installations existantes, ainsi que
les nombreux programmes d'étude et de recherche que nous poursuivons
dans le domaine de l'environnement.
La ventilation des coûts en environnement pour l'année 1992
s'établit de la façon suivante: en études d'impacts sur
l'environnement, nous avons dépensé 20 400 000 $; en mesures
d'atténuation, nous avons fait une estimation d'environ 1 % du
coût de chacun des nouveaux équipements, ce qui fait un montant
d'environ 45 000 000 $; en ce qui a trait à l'amélioration des
équipements existants sur notre réseau de production et de
transport, nous estimons nos dépenses à 75 000 000 $; au
développement des connaissances, donc à la recherche dans le
domaine de l'environnement, à 23 200 000 $; au programme de mise en
valeur de l'environnement, qui accompagne donc nos projets d'équipements
de production, de transport et de répartition, l'année
dernière, nous avons consacré un budget de 2 800 000 $; et
l'administration de l'ensemble de la fonction environnement à
Hydro-Québec est d'environ 8 000 000$.
Mme Bacon: Votre programme de mise en valeur de l'environnement,
M. Dubeau, est-ce que c'est un nouveau programme ou simplement un volet
supplémentaire du programme actuel?
M. Dubeau: M. le Président, le programme qui est en cours
actuellement est celui qui vient de la politique d'environnement adoptée
en 1984, c'est donc le principe IV de la politique d'environnement. Et, selon
la proposition du plan de développement, nous sommes à
réfléchir à la possibilité d'élargir, si
vous voulez, l'ap- plication du concept de mise en valeur de l'environnement
et, également, au développement économique
régional, mais à partir d'une même grande enveloppe
budgétaire.
Mme Bacon: Mais il y a une partie des crédits qui est
utilisée ou disponible à des initiatives qui visent à
favoriser le développement régional. C'est ça?
M. Dubeau: Exact, oui.
Mme Bacon: C'est ça que vous me dites, là.
M. Dubeau: Et ce qui fait l'objet de la réflexion
présentement.
Mme Bacon: C'est ça. Je pense que je vais revenir
tantôt. M. Chevrette.
Le Président (M. Audet): D'accord. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Bonsoir, messieurs.
Je voudrais poursuivre dans l'échange que vous avez eu avec Mme la
ministre sur la recherche-développement. 2 % de votre chiffre d'affaires
annuel, ça représente combien?
M. Drouin: Notre chiffre d'affaires annuel est de l'ordre de 7
000 000 000$...
Mme Blackburn: Oui.
M. Drouin: ...ou à peu près...
Mme Blackburn: Alors, ça donne...
M. Drouin: ...à quelques millions près, donc on
parle de 140 000 000 $.
Mme Blackburn: De 140 000 000 $. Si ma mémoire est
fidèle, dans le budget de 1988 du ministre des Finances, il
annonçait un plan quinquennal dans lequel il prévoyait
qu'Hydro-Québec dépenserait, si ma mémoire est
fidèle, 450 000 000$ en R-D, dont la majorité devait être
dépensée dans le faire-faire, c'est-à-dire elle devait le
faire faire à l'extérieur d'Hydro-Québec. Comme vous dites
ne pas avoir atteint l'objectif que vous vous étiez fixé, il
s'est dépensé quoi et comment ça se répartit par
rapport à la recherche qui a véritablement un caractère
technologique? Parce qu'il y a la recherche qui touche le personnel,
l'environnement, l'environnement humain, ainsi de suite...
M. Drouin: Dans le technologique, est-ce que vous...
Mme Blackburn: ...ou la santé et
sécurité?
M. Drouin: M. le Président, est-ce que madame veut viser
les filières à long terme ou si vous visez réellement le
technologique relié à l'entreprise?
Mme Blackburn: Plus à long terme; à l'entreprise
directement...
M. Drouin: Oui.
Mme Blackburn: ...je pense que c'est une autre question.
M. Drouin: O.K. Alors, M. Brosseau va...
M. Brosseau: je crois que l'engagement était...
c'était l'ordre de magnitude... l'entier de l'effort technologique
était de l'ordre de 150 000 000 $ par année. c'est
l'élément du 2,4 % qu'on a répondu tout à l'heure,
qu'on n'a pas réussi à investir, qui est plus de l'ordre du 2 %
et les chiffres pour les données, à partir de ces
années-là, en 1989, par exemple, ça a été
111000 000$, en 1990, 124 000 000$, en 1991, 132 000 000 $ et, en 1992, 140 000
000 $. (21 h 20)
Mme Blackburn: Vous avez eu plus de succès que le Fonds de
développement technologique, malgré que vous n'ayez pas vraiment
atteint vos objectifs.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Brosseau: on est à environ 15 %...
Mme Blackburn: Euh!...
M. Brosseau: Et la portion faite à l'externe a
été de l'ordre du 57 % dont je parlais.
Mme Blackburn: Dans votre document «Contribution au
développement économique du Québec. Plan de
développement 1993. Propositions», à la page 14, vous
rappelez les filiales et les entreprises qui appartiennent à
Hydro-Québec et qui font de la commercialisation des produits
technologiques.
Vous me permettez une question. On parle beaucoup de privatisation
d'Hydro-Québec, il y en a qui rêvent de ça, pour remplir
les coffres. Mais est-ce que, sans parler de privatisation
d'Hydro-Québec, il ne serait pas préférable... Je vais
formuler autrement ma question. Est-ce qu'il ne serait pas
préférable de confier à l'entreprise privée la
commercialisation de produits technologiques, un peu dans le sens où la
ministre posait la question tout à l'heure, est-ce qu'il appartient
à Hydro-Québec de faire du manufacturier?
M. Drouin: Dans ça, je dois vous dire que ce sont des
entreprises privées. Parce que la plupart des entreprises que vous avez
là, c'est des entreprises dans lesquelles on a une participation, et
rarement une parti- cipation de plus de 50 %. C'est surtout une participation
inférieure à 50 %.
Je vais vous donner un exemple. Systèmes M3i qui prend un essor
fantastique sur le plan international. La présence d'Hydro-Québec
dans cette entreprise-là est minoritaire. De fait, il y a une compagnie
d'électricité d'Angleterre qui s'est associée à M3i
et qui a pris une participation importante pour être dans le capital. Et,
dans ce sens-là, le nom d'Hydro-Québec, dans le fait que cette
entreprise-là, par exemple, a obtenu des contrats avec la ville de Los
Angeles, à Chicago, même au Japon, la présence
d'Hydro-Québec donne la crédibilité à certaines de
ces entreprises-là et, nous, nous les considérons
réellement comme des entreprises privées au sens du fait que
l'actionnariat dans ça, il y en a une partie à nous puis il y en
a une partie à l'entreprise privée et, parfois,
majoritairement.
Mme Blackburn: on parle de nouveler. nouve-ler est à 100 %
à hydro-québec.
M. Drouin: Oui.
Mme Blackburn: Et...
M. Drouin: Je m'excuse, madame. Juste pour...
Mme Blackburn: ...et de vos filiales.
M. Drouin: Oui. C'est parce que Nouveler est notre
véhicule pour avoir la participation dans ces entreprises-là.
Autrement dit, c'est notre filiale, c'est un «holding», autrement
dit, qui détient des participations dans chacune des compagnies, mais,
tel que je vous l'ai mentionné tantôt, pour pas plus que 40 %, 30
%, parfois même 50 %, mais une participation qui se partage avec d'autres
entrepreneurs.
Mme Blackburn: Je pense à une entreprise chez nous qui
fait la commercialisation des technologies de l'aluminium qui est
particulièrement efficace et qui connaît un développement
assez remarquable. Est-ce que ce n'est pas la voie qu'on devrait prendre par
rapport à ce genre d'entreprises là, pas seulement
Hydro-Québec parce qu'elle est du public, mais je pense à Alcan,
aux fonderies? Mais, plus particulièrement, est-ce que vos fournisseurs
ne devraient pas avoir la propriété intellectuelle des
technologies qu'ils développent? Parce que, lorsque vous confiez par
contrat, vous donnez un contrat à une entreprise pour développer
une nouvelle technologie, un nouveau produit, la propriété
intellectuelle vous appartient.
M. Drouin: Bien, si c'est nous qui l'avons
développé, il nous appartient, c'est dans notre patrimoine Et, ce
que nous faisons dans ça, ce n'est pas nécessairement au niveau
de la participation dans l'entreprise, mais ce que nous recevons c'est des
royautés. Autrement dit, on
s'assure que le patrimoine d'Hydro-Québec qui est
généré par les employés d'Hydro-Québec en
propriété intellectuelle demeure à Hydro-Québec,
mais ne fasse aucune embûche au développement d'une entreprise
privée qui voudrait exploiter cette propriété
intellectuelle.
Mme Blackburn: Oui. Je comprends qu'il y ait des redevances,
mais, de façon générale, quel pourcentage des nouvelles
technologies qui sont administrées, gérées et mises en
marché par Hydro-Québec, comparativement à celles qui sont
confiées à des entreprises en contrepartie de forfaitaire ou de
redevances?
M. Brosseau: Très peu. Toutes les technologies sont
données à nos licenciés ou nos filiales. Il y a à
peu près deux tiers qui sont des licenciés indépendants,
qui ne font pas partie de nos filiales et un tiers qui sont dans nos filiales.
Est-ce que ça répond à votre question?
Mme Blackburn: Une dernière question très
rapidement. Vous avez tout à l'heure répondu à ma question
à savoir... Est-ce que je dois comprendre que vos 111000 000$, 124 000
000$, 132 000 000$, 140 000 000$ pour les quatre dernières
années, ça touche exclusivement les nouvelles technologies,
c'est-à-dire vraiment l'aspect de développement technologique et
non pas en rapport avec la santé et sécurité? Parce que je
sais que, quand je vous ai interrogé là-dessus, il y a
déjà quelques années, tout était confondu, tout
était dans tout. Ce qui fait que, ce qui avait trait à la
recherche-développement technologique, ce n'était pas clairement
départagé. Comment ça se départage
actuellement?
M. Brosseau: Nous avons bien départagé ça,
mais, même en santé et sécurité, il se fait du
développement technologique. Par exemple, des robots.
Mme Blackburn: Oui, de l'ergonomie.
M. Brosseau: ...un robot pour l'entretien des lignes...
Mme Blackburn: La robotique, l'ergonomie.
M. Brosseau: ...un robot pour la réparation de la
cavitation, j'appelle ça de la recherche-développement
technologique, même en santé, sécurité.
Mme Blackburn: Oui, ça va. Mais on a vraiment
départagé.
M. Brosseau: On a départagé. On s'est fait un
très bon «départage» à l'intérieur de
l'entreprise.
Mme Blackburn: Merci.
Le Président (M. Audet): Merci. Je vais mainte- nant
reconnaître M. le député de Laviolette.
Aménagement de la rivière
Saint-Maurice
M. Jolivet: merci, m. le président. j'étais
très heureux tout à l'heure d'entendre et m. drouin m'a vu
sourire lorsque m. dubeau nous a indiqué qu'hy-dro-québec
travaillait pour l'utilisation multifonction-nelle d'une rivière. alors,
de celle dont j'ai l'honneur de faire la représentation, la
rivière saint-maurice, par l'intermédiaire de la corporation de
gestion du développement du bassin de la rivière saint-maurice.
j'aimerais poser quelques questions qui permettront peut-être à m.
couture, avec lequel je n'ai pas eu l'occasion encore de vraiment jaser, parce
que c'était m. benoît michel à l'époque, mais de
voir qu'avec m. laporte, m. filion et m. grand'maison on va avoir à
travailler ensemble dans les années qui viennent, puisque le bassin de
la rivière saint-maurice, partant du nord en descendant jusqu'à
trois-rivières fait partie, en majeure partie, de mon comté... on
a parlé du 1 %. j'ai cru comprendre de la part de m. dubeau tout
à l'heure qu'on n'avait pas encore terminé la cogitation à
savoir ce qu'on fait avec le projet de la mise en valeur environnementale. des
gens dans notre coin parlent de 3 % au lieu de 1 %. ils parlent de ce
pourcentage, non seulement sur les travaux d'aménagement amenant les
études d'impact et les audiences publiques, mais aussi sur les
réfections des barrages à l'intérieur ou de centrales qui
font qu'actuellement ils ne sont pas soumis à cette mise en valeur.
j'aimerais savoir, le 1 % à ce moment-ci, est-il possible de
l'augmenter? dans quelle direction vous vous en allez? dans combien de temps
vous allez enfin accoucher de quelque chose qui nous permettra de savoir si
vous avez réglé vos problèmes avec les ministères
concernés, de l'industrie et du commerce en particulier, à savoir
si vous allez pouvoir aller dans l'industriel, en tout cas, dans les... je vous
laisse aller un petit peu rapidement sur ça.
M. Dubeau: En ce qui a trait au principe IV de la politique
d'environnement, tel qu'il est présentement, pour les projets de moins
de 500 000 000 $, HydroQuébec accorde, pour les équipements de
transport, 1 % du crédit, un crédit de 1 % équivalant
à l'engagement total de coût du projet et, pour les
équipements de production, 2 %. Pour les projets de plus de 500 000 000
$, le montant est ad hoc, donc, pouvant aller jusqu'à concurrence de 2
%. Maintenant, actuellement, notre critère déclencheur est le
projet... juste compléter deux secondes, si vous permettez.
M. Jolivet: Oui, n'allez pas trop loin, je veux savoir que...
O.K.
M. Dubeau: Notre élément déclencheur est que
le projet doit faire l'objet d'une étude d'impact
réglementée.
M. Jolivet: Bien oui, je sais ça.
M. Dubeau: Donc, selon la loi actuelle de la qualité de
l'environnement, soit l'application de l'article 31.1 ou l'article 22 de la Loi
sur la qualité de l'environnement.
M. Jolivet: Mais vous n'avez pas besoin de m'ex-pliquer ce qui
existe. Je le sais. Je veux savoir ce que vous allez faire.
M. Dubeau: Dépendant de la nature des travaux que nous
allons réaliser, est-ce que c'est une réfection à La
Gabelle ou une nouvelle centrale aux Vieilles-Forges, l'application sera bien
différente.
M. Jolivet: Moi, je ne parle pas juste de ça là. Je
m'en vais aux rapides des Coeurs, aux rapides de la Chaudière, je
descends à Manigance, peut-être un jour. Ce n'est pas ça
que je veux savoir par rapport à la rivière. Je veux savoir:
est-ce que vous allez accoucher d'une nouvelle politique autre que celle qui
existe? Dans combien de temps? Ça va toucher quoi et est-ce que
ça va permettre d'aller plus loin que ce qu'on a là
actuellement?
M. Dubeau: M. le Président, l'intention de l'entreprise
est de régler ce dossier au cours des prochains mois, suivant la
consultation, d'ailleurs, de la commission parlementaire. (21 h 30)
M. Jolivet: C'est la même réponse que l'année
passée. Oui, oui, l'année passée, j'avais demandé
ça dans des rencontres que j'ai eues. C'est toujours la même
réponse que j'ai depuis un an. Je veux savoir quand vous allez
accoucher.
M. Drouin: Vous savez, on est déjà à
l'avant-garde sur le plan de la mise en valeur environnementale. Je pense qu'il
n'y a pas beaucoup d'entreprises, soit au Québec, soit ailleurs, qui ont
de tels principes qui sont en vigueur. On a établi des règles, il
y a plusieurs années. C'est sûr qu'on peut être
appelés à réviser ces règles-là. Pour le
moment, ça ne vise pas les réfections parce que, bien sûr,
on pense que lorsqu'une centrale est en place, je veux dire, ça ne
crée pas un impact nouveau que de refaire cette centrale-là.
Alors, je ne pense pas qu'on ait fait de promesse quelconque sur le plan du
changement de notre vocation dans la mise en valeur environnementale. Ce que
nous proposons dans le plan de développement, et je pense que la
commission parlementaire peut très bien s'y pencher, c'est
d'étendre cette politique à du développement
régional.
M. Jolivet: Ça, ça va pour moi. C'est parce que, ce
que je veux savoir, c'est qu'à force de discussions, avec du monde
à l'intérieur de la boîte, on arrive un jour à
savoir qu'il y a des choses qui sont en train de se faire, qui sont en train de
cogiter et, moi, je dis: Vous êtes à Pavant-garde, bravo! À
partir de 1984, on l'a vu avec la décision qui a été
prise. Je veux savoir: Est-ce qu'on va aller plus loin que l'avant-garde?
Est-ce qu'on va encore aller plus loin? Et, là, je pose la question
d'une demande qui est faite dans notre milieu. Vous allez avoir des milliards
d'argent d'investis sur la rivière Saint-Maurice si tout aboutit comme
prévu dans les années 2002, 2003. À partir de ça,
je veux savoir: Est-ce qu'il est possible d'aller plus loin et dire à
une collectivité qui veut se prendre en charge et vous aider à
passer vos projets, parce qu'on a dit que la rivière Saint-Maurice, elle
a été harnachée... On en a fait du flottage de billes, on
en a fait de l'électricité, mais, là, on veut en faire,
nous, ce qu'on appelle, avec le groupe qui est en marche, une NAUTOCOM,
nautique, tourisme et commerce, de faire en sorte que l'ensemble de la
rivière serve à autre chose qu'à flotter du bois qu'on ne
veut plus voir et à faire de l'électricité qui est
nécessaire. Alors, à partir de ça, est-ce qu'il est
possible d'envisager la demande qui est faite par la corporation à
l'effet d'avoir, en fidéicommis, un montant d'argent permettant d'aller
à l'avant-garde encore une fois, permettant, à ce
moment-là, de donner à ces gens-là le moyen de pouvoir,
avec vous, dialoguer plus adéquatement? Dans d'autres secteurs, on a vu
des montants d'argent donnés à d'autres par d'autres
gouvernements autres que le nôtre, je parle au niveau
fédéral, pour contester des positions d'Hydro-Québec. Je
voudrais savoir si on peut vous aider. Pourriez-vous nous aider à vous
aider? C'est ça qu'on vous demande.
M. Couture: Nous avons eu beaucoup de discussions avec les gens
qui sont intéressés particulièrement à la
rivière Saint-Maurice. Nous sommes d'accord, à l'intérieur
des études que nous poursuivons, d'étudier des solutions comme
les possibilités de navigation sur la Saint-Maurice, à partir du
Saint-Laurent à aller jusqu'au réservoir Gouin.
M. Jolivet: Oui. Là, ça arrive à la question
de La Gabelle et des Vieilles-Forges. Ça, c'est le problème de
base.
M. Couture: ça fait partie de cette problématique.
évidemment, on ne peut pas faire les deux projets à la fois.
c'est l'un ou l'autre. mais nous allons regarder et nous avons accepté
de faire les études qui s'appliquaient à l'amélioration du
milieu. par exemple, la navigation, c'est à l'intérieur des
études que nous faisons. quant à la politique de mise en valeur,
c'est tout à fait juste que la politique actuelle, qui consacre 2 % des
budgets au développement environnemental, et bientôt, si nos
orientations sont acceptées par cette commission et par le gouvernement,
devrais-je dire, nous allons appliquer ça au développement
régional... évidemment, s'il y a 1 000 000 000 $ de travaux, 2 %
sur les centrales, ça, ça fait 20 000 000 $. donc, il y a
beaucoup
d'argent qui est disponible.
Maintenant, on ne peut pas accepter que cet argent-là soit
versé d'avance, comme nous en avons reçu la demande de la part de
votre corporation régionale, parce que, si le projet n'est pas
approuvé, ces fonds-là ne sont pas disponibles. Les règles
internes, jusqu'à ce qu'elles soient changées, indiquent que ces
sommes-là sont disponibles aux organismes régionaux, aux
municipalités régionales de comté et à la
corporation régionale si les autorités locales le
désirent. C'est fait à partir du moment où nous avons un
permis. Les sommes sont normalement reliées soit aux lignes et postes,
soit au projet pour lequel il y a un permis environnemental demandé en
vertu de la loi sur l'environnement actuelle. Alors, il y a des sommes
importantes qui sont prévues être dépensées.
M. Jolivet: Je vous arrête un peu, là, parce que je
comprends votre position et je ne la nie pas, mais je vous dis que, nous, on a
quand une possibilité de discuter avec vous parce qu'un jour ils vont
être acceptés. C'est à ce moment-là,
peut-être, qu'on pourra avoir une avance, mais je vous dis... Prenez
comme exemple, à la page 24 de votre document sur la question
environnementale, justement, dans le tableau de mise en valeur, on dit que, sur
les crédits disponibles de 7 900 000 $ à répartir entre 63
municipalités et organismes, 888 620 $ ont été
alloués au cours de l'année 1992.
J'aimerais bien savoir, sur le 7 900 000 $, combien d'argent on avait
dépensé, parce que, quand on fait des études
environnementales sur une rivière comme la rivière Saint-Maurice,
puis que je regarde ailleurs, il y a des sommes d'argent qui sont
données à des personnes autres que nous qui ont la chance de vous
contester alors qu'on ne veut pas vous contester. On veut travailler avec vous
autres. On veut vous proposer un partenariat avec vous autres. Et cette
proposition qu'on vous fait, on semble nous regarder un peu comme des chiens de
faïence, puis on dit: Oups! On ne touche pas à ça! On vous
propose de vous aider à nous aider en même temps. Puis on vous
dit: S'il y a de l'argent disponible dans un fonds de fidéicommis, il
n'est pas perdu. Si vous ne le faites pas, vous le reprendrez votre fonds. Mais
il y a une chose qui est certaine, c'est qu'entre-temps il y a des
intérêts qui vont pouvoir nous servir à vous aider. Est-ce
que c'est possible ou pas possible, dans la mesure où vous êtes
sûrs que vous allez faire certainement Grand-Mère... Vous allez
certainement faire des réparations. Puis c'est pour ça qu'on
parlait d'entretien à Shawinigan, à Beaumont, à La Tuque.
Ne me faites pas croire que vous n'en ferez pas sur la rivière
Saint-Maurice; il y a des besoins là.
Alors, je vous dis: Y a-t-il moyen d'avoir une partie de ça? On
ne demande pas tout. On vous en demande un peu.
M. Couture: Selon les politiques actuelles, ces sommes-là
ne sont pas disponibles avant l'approbation des projets. Évidemment, si
vous proposez ou si le gouvernement nous demande de faire un rôle de
banquier, on pourrait toujours le regarder, mais je pense que c'est très
difficile pour Hydro-Québec d'accepter de faire des projets de
financement avant que ces projets de centrales et de lignes soient, en bonne et
due forme, approuvés. Alors, c'est la politique actuelle jusqu'à
ce qu'elle soit révisée.
M. Jolivet: Moi, j'aurais eu une autre question, mais on
reviendra à celle des Vieilles-ForgesLa Gabelle, parce que je veux
savoir si la date limite est toujours une date limite ou si ça va
pouvoir s'extension-ner dépendant des discussions qui sont en cours.
M. Couture: Nous avons un certain retard dans nos ententes avec
la corporation régionale, mais nous pensons que, d'ici
l'été 1993, nous pourrons prendre une décision de
procéder avec La Gabelle en réfection majeure, qui est un projet
de quelque 200 000 000 $, de faire un avant-projet sur Les Forges ou de
prolonger la vie actuelle de la centrale La Gabelle pour un autre 10 ans.
Alors, nous avons trois projets qui sont en évaluation à la
demande des autorités locales et régionales du Saint-Maurice.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le député
de Laviolette. Je vais maintenant reconnaître M. le député
de Joliette, tout en vous rappelant que vous devez adresser vos questions au
président.
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Il reste comment de
minutes?
Le Président (M. Audet): II reste huit minutes si on
compacte, sinon...
M. Chevrette: Ah, bien je vais lui en donner trois, puis je vais
prendre les cinq. Vas-y.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Juste une question par rapport à ce
fonds pour l'environnement. Vous avez adhéré au
développement durable et tout ça. Quelle est l'évaluation
que vous faites de l'utilité de ce 1 % par rapport au projet, par
rapport aussi à l'environnement? Pour être plus précis,
est-ce que vous trouvez que c'est vraiment utile ou bien si ça sert
beaucoup à amadouer les populations qui sont touchées par un
projet?
M. Dubeau: M. le Président, lorsque nous avons
débuté l'application du principe 4 de la politique
d'environnement en 1985, suite à l'adoption de la politique, nous
n'avions pas, je dirais, d'encadrement très coercitif au niveau des MRC,
des municipalités ou même des bandes d'autochtones concernant
l'application dite envi-
ronnementale qu'il fallait qu'elles fassent du programme. Et, avec
l'expérience, nous avons décidé d'être un peu plus,
je dirais, circonscrits au niveau des initiatives que nous pouvions accepter
comme étant environnemen-talement acceptables. Et ce qui était
assez extraordinaire, c'est de voir, rapidement, l'évolution qu'on a
connue au niveau des municipalités, des MRC et des communautés
autochtones de proposer, suite à la consultation de la population, des
mesures vraiment significatives et intéressantes au point de vue
environnemental.
M. Léonard: On n'a aucune relation avec les aspects
environnementaux d'un projet de développement quelconque? (21 h 40)
M. Dubeau: C'est-à-dire que ce n'est pas des mesures
d'atténuation pour notre projet. Ça, c'est déjà
payé à même notre projet. C'est un crédit qu'on
accorde au milieu récepteur du projet pour qu'il puisse améliorer
sa condition environnementale à l'occasion de la réalisation de
notre projet. Maintenant, en ce qui a trait à ce que vous avez
laissé sous-entendre, M. le Président, à l'effet que
ça pouvait, je dirais, aider à faire accepter les projets,
rappelons-nous qu'avant ce programme-là il y avait
énormément de frustrations, au niveau des municipalités et
des MRC, de voir arriver des projets d'Hydro-Québec disant: Nous, on
reçoit ça dans le décor, mais on n'a aucune forme de
compensation pour les impacts qui ne sont pas atténuables par la
réalisation même des activités d'atténuation
d'Hydro-Québec. Et c'est dans ce sens-là qu'on a défini
ces crédits de mise en valeur et qui sont très
appréciés par les municipalités et les MRC.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Drummond.
Constables spéciaux à Hydro
M. St-Roch: Merci, M. le Président. Alors, ce matin,
j'avais indiqué dans mes remarques préliminaires, suite à
l'annonce de la création d'un corps policier par Hydro-Québec,
qu'il y avait beaucoup de questions que ça soulevait dans mon esprit et
aussi, je crois, dans une partie de la population. Parce que les derniers
sondages nous indiquent que, s'il y a une chose à quoi les
Québécois tiennent plus, même, que les mesures qui peuvent
atténuer le chômage, c'est la protection de leur vie
privée. Alors, mes questions. À la création ou à
l'agrandissement de ce corps policier là, est-ce qu'il aura un pouvoir
d'enquête? Est-ce qu'il aura un pouvoir de fichier? Est-ce qu'il aura un
pouvoir d'accumuler les informations? Puis, ma dernière question, est-ce
que le président d'Hydro-Québec peut donner l'assurance à
cette commission que ce corps policier là ne sera jamais utilisé,
comme on verra dans la tarification à la fin de cette commission, au
niveau d'aller chercher de l'information dans les cas de recouvrement de
comptes?
M. Drouin: Juste une précision sur votre question. Vous
avez parlé de fichier, d'enquête et, le troisième,
c'est?
M. St-Roch: D'accumuler de l'information sur des citoyens ou des
citoyennes au Québec.
M. Drouin: O.K. Premièrement, je vais faire un
énoncé d'ensemble pour dire que, au niveau du corps policier, son
statut n'a aucunement changé. Il existe depuis de nombreuses
années et il n'y a aucun changement dans le statut juridique du corps
policier. Ou, enfin, j'appelle ça, au lieu de dire «corps
policier», le corps des constables spéciaux à
Hydro-Québec. Donc, il n'y a pas de changement. Il n'y a pas d'intention
non plus de créer ou de gérer, de quelque façon que ce
soit, un fichier d'information. Alors, la Sûreté
d'Hydro-Québec n'a pas l'intention de se livrer à aucune
activité d'identification, de fichage ou de renseignement. Le corps
policier a cependant des pouvoirs d'enquête comme tout agent de la paix
en matières qui sont pénales ou criminelles, conformément
au Code criminel. Et, par conséquent, dans ce sens-là, il a les
pouvoirs pour réprimer le crime et puis il peut exercer ces
fonctions-là.
Quant aux activités de recouvrement, c'est clair que, dans les
cas de fraude par exemple, l'appropriation d'électricité
par la fraude, soit en branchant directement le réseau sur un
établissement ou sa maison sans avoir un compteur, enfin, on en a
plusieurs de ces cas-là c'est clair que notre corps de constables
a le pouvoir et non seulement le pouvoir mais le devoir de
déceler et de faire enquête sur ces sujets-là.
Je termine mon intervention en vous disant que la Sûreté
d'Hydro-Québec n'a pas accès au Centre de renseignements
policiers du Québec, ce qu'on appelle le CRPQ, et elle n'est pas
accréditée pour le faire en vertu de la Loi de police. Donc, vous
pouvez voir que les pouvoirs sont reliés purement et simplement à
l'exercice des fonctions d'un corps policier à l'intérieur d'une
entreprise, comme ça existe dans toutes les grandes entreprises au
Québec, qu'on parle du CN, qu'on parle du CP, etc. Et on n'a pas
l'intention d'exercer ou, enfin, le corps policier en question n'a pas
l'intention d'exercer des activités autres que celles que j'ai
mentionnées.
Le Président (M. Audet): Brièvement.
M. St-Roch: Oui. La dernière question, parce qu'on m'a
indiqué que mon temps arrive à la fin. Au niveau de la
sélection des membres de votre conseil d'administration, M. le
président, est-ce que les membres sont choisis sur recommandation
d'Hydro-Québec ou si ce sont des recommandations qui sont issues de la
part du gouvernement?
M. Drouin: Évidemment, comme tout conseil
d'administration dans une entreprise publique ou privée, c'est
l'actionnaire ou les actionnaires qui choisissent les membres du conseil
d'administration et, par conséquent, les membres du conseil
d'administration, en vertu de la Loi sur Hydro-Québec, sont
nommés par décret gouvernemental.
Le Président (M. Audet): Merci. Je vais maintenant
reconnaître M. le député de Vimont.
Alimentation en électricité de Test de
Montréal
M. Fradet: Merci, M. le Président. J'ai entendu des
questions peut-être techniques. Vu qu'on est dans le
général, je vous en poserais une en ce qui concerne Laval. Vous
avez un projet présentement d'alimenter l'est de l'île de
Montréal par une conduite électrique qui passerait dans Laval. Je
sais que vous avez fait des études d'impact et des évaluations
aussi de différentes possibilités, à savoir passer
accrochée à un pont ou avec une ligne de transmission. Est-ce que
vos conclusions sont publiques présentement? Et, si oui, quelle est la
différence de coûts entre les différents
scénarios?
M. Drouin: M. Couture va répondre à cette
question.
M. Couture: Nous avons présentement des études en
cours et qui sont en discussion avec les villes de Laval et de Montréal.
Alors, il y a plusieurs alternatives qui se présentent. Nous avons
besoin de renforcer l'alimentation de l'est de l'île de Montréal.
Alors, il y a deux sources possibles d'alimentation, une qui vient de la
Rive-Sud, et vous avez une ligne à haute tension qui passe près
du tunnel Louis-Hippolyte-LaFontaine, et vous avez une ligne qui vient du poste
Duvernay, qui passe par le bout de l'île, et qui vient aussi alimenter
l'est de Montréal. Nous avons un consensus avec les autorités
locales et régionales quant à la localisation d'un nouveau poste
qui s'appellera le poste Anjou et que nous sommes en train de planifier. Quant
à la ligne elle-même, comme toute ligne, il y a une
résistance de ne pas passer dans ma cour. Alors, nous avons des
pourparlers qui sont difficiles, aussi bien avec la ville de Laval qu'avec la
ville de Montréal. Nous avons des alternatives. On nous demande
d'étudier le souterrain pour alimenter le poste d'Anjou, ce qui
coûte, entre nous, une fortune et que nous ne favorisons pas, mais nous
avons actuellement à l'étude, à la demande des villes
concernées, la possibilité de renforcer des lignes actuelles.
Alors, nous avons soit une nouvelle ligne qui passerait dans l'axe d'une
éventuelle autoroute, que l'autoroute soit faite ou non, et nous avons
la possibilité de passer par le bout de l'île dans le tracé
des lignes actuelles; nous avons aussi la possibilité d'alimenter par la
Rive-Sud, mais, à ce moment-là, on est obligés de
traverser le fleuve deux fois. Alors, toutes ces solutions- là sont
à l'étude pour en arriver à une solution qui sera sans
doute un compromis entre les considérations techniques,
économiques et environnementales.
M. Fradet: Quand? Quand? Quand aurons-nous ou aurez-vous...
M. Couture: Dans un horizon que je dirais d'environ six à
neuf mois.
M. Fradet: Six à neuf mois. N'est-il pas vrai que
jusqu'à maintenant on nous indique que l'alternative la moins
coûteuse, en parlant d'argent et environnementa-lement parlant, serait
l'alternative d'accrocher ces conduits à un futur pont?
M. Couture: Non. Dans aucun des cas n'avons-nous l'intention
d'accrocher les lignes...
M. Fradet: Ou dans l'emprise...
M. Couture: ...après un pont. Alors, ça ne
s'applique pas...
M. Fradet: ...après les piliers.
M. Couture: ...dans aucune des solutions techniques.
M. Fradet: D'accord. Est-ce que j'ai une autre petite
question?
Le Président (M. Audet): Brièvement, M. le
député.
M. Fradet: Brièvement. Vous avez parlé ce matin...
Vous avez comparé votre compagnie d'utilité publique à 15
autres compagnies semblables. Juste pour revenir à une discussion que
vous aviez avec le leader de l'Opposition, vous avez dit: Ça a l'air
immense d'abolir 1500 postes, 3000 d'ici l'an 2000. Mais, si on se compare aux
mêmes compagnies d'utilité publique, n'est-il pas vrai que si on
veut ramener simplement Hydro-Québec comparable à la compagnie
qui est dans le centre, dans la moyenne...
M. Drouin: La médiane.
M. Fradet: ...la médiane, il faudrait couper plus de 8000
postes, si je ne me trompe pas...
M. Drouin: Bien...
M. Fradet: ...et, si on veut la comparer à la
première compagnie d'utilité publique, il faut en couper
davantage?
M. Drouin: Vous avez une information qui est
correcte en termes de chiffres, mais il faut faire attention à ce
type de statistiques. Nous devons nous assurer que les éléments
de comparaison sont réellement les mêmes. Dans la mesure où
on coupe 1500 ou 3000 postes, c'est évident que ça... De toute
façon, ça n'a pas pour effet de nous ramener près de la
médiane. Donc, si on voulait se ramener à la médiane dont
vous faites état, il faudrait réellement examiner les compagnies
qui se trouvent sur la médiane pour s'assurer que nous soyons en bonne
comparaison. Vous savez, le réseau d'Hydro-Québec est un
réseau très particulier, 95 % hydraulique, des lignes de
transport très importantes qui vont du nord au sud et qui sont
très loin des centres de consommation. Alors, il faut s'assurer que,
lorsqu'on fait des comparaisons comme ça, on fait du balisage, qu'on ne
tente pas toujours de se ramener à la médiane ou à la
meilleure entreprise sans s'assurer qu'on peut comparer des choux avec des
choux.
M. Fradet: Mais, étant donné qu'on est directement
impliqués dans le processus, actuellement, de coupures, est-ce que vous
allez la faire cette étude comparative là pour nous
démontrer effectivement...
M. Drouin: Effectivement.
M. Fradet: ...si on peut aller plus loin ou si on n'est pas
allés assez loin? (21 h 50)
M. Drouin: Mais, je veux dire, c'est parce que vous
référez à un tableau parmi peut-être une quinzaine
ou une trentaine d'éléments de comparaison. Il y a des
éléments de comparaison en rapport, par exemple, avec la fonction
ressources humaines, la fonction finances et administration. Il y a une
série de comparaisons. Il ne faut pas en extirper qu'un seul pour se
donner un objectif, il faut réellement regarder l'ensemble des
comparaisons et essayer de se rapprocher le plus possible d'une façon
générale de la médiane, mais dans tout l'ensemble des
tableaux.
Le Président (M. Audet): M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Merci, M. le Président. Bonsoir.
Peut-être un bref commentaire dans la foulée de mon
collègue de Laviolette qui parlait du programme de la mise en valeur au
niveau environnemental. Moi, je peux témoigner en tout cas en ce qui
concerne ce programme-là chez nous, aux Îles-de-la-Madeleine,
suite à la construction de la nouvelle centrale thermique. Il y a eu un
montant de 4 000 000 $ qui a été débloqué
grâce à ce programme-là et je peux témoigner de
l'efficacité, un, du programme et de la satisfaction des gens du milieu
d'avoir reçu un tel montant et faire en sorte qu'on puisse investir dans
une usine de tri-compostage pour les ordures ménagères. C'est un
problème sérieux chez nous et ça fait en sorte
d'améliorer la qualité de vie des gens. Aussi, je pense qu'il y a
un élément intéressant dans cette approche-là au
niveau de la MRC. Ça a permis aussi une concertation de chez nous. On a
assis les gens autour de la table. Mme la ministre a collaboré à
ce dossier-là, ainsi que M. le président, M. Drouin, et les gens
d'Hydro-Québec, et je peux témoigner de l'efficacité d'un
tel programme.
Déficit des réseaux non
reliés
Ma question sera d'un tout autre ordre, étant donné qu'on
est au niveau du général. Est-ce que c'est possible de
connaître le déficit d'exploitation du réseau non
relié, parce qu'on sait que c'est principalement des centrales
thermiques et, dans ce sens-là, ça coûte plus cher de
produire que les revenus que ça apporte? Alors, compte tenu d'un
déficit assez sérieux que ça occasionne au niveau
d'Hydro-Québec, compte tenu de votre problématique
financière, est-ce qu'Hydro-Québec envisage une politique
quelconque relativement au réseau non relié pour inciter les gens
à diminuer leur consommation et, par conséquent, diminuer les
déficits d'exploitation? Si tel est le cas, est-ce
qu'Hydro-Québec envisage une tarification particulière sur le
réseau non relié relativement à ce qui existe sur
l'ensemble du réseau relié?
M. Drouin: II y a plusieurs volets dans la question du
député, M. le Président, et je vais essayer de les prendre
dans l'ordre. Le prix ou le déficit des réseaux non
reliés, y compris celui des Îles-de-la-Madeleine, totalise environ
40 000 000 $ par année. C'est clair que nous n'envisageons pas à
ce moment-ci de changer ou d'avoir une politique tarifaire à
l'égard des réseaux non reliés, compte tenu que, bien
sûr, la politique tarifaire générale s'applique à
l'ensemble des Québécois. On l'avait examinée. Je pense
que le député des Îles-de-la-Madeleine s'en souvient, au
moment où on avait envisagé de relier les
Îles-de-la-Madeleine par des câbles plutôt que par la
centrale Diesel et dans ce sens-là, d'essayer de créer des tarifs
qui auraient été des incitatifs à l'utilisation de
l'électricité, mais nous n'avons pas retenu cette option.
Quant à des incitatifs pour encourager les gens à se
chauffer, par exemple, au mazout, on connaît la politique qui existe au
niveau des Îles-de-la-Madeleine qui consiste à subventionner le
mazout, de façon à ce que celui qui se chauffe au mazout soit
l'équivalent d'environ 80 % de la facture du chauffage
électrique. Donc, on subventionne jusqu'à ce montant-là.
Je dois dire que c'est assez curieux, on parlait de consommation de
l'électricité en termes de chauffage. Malgré cette
subvention qu'on donne au chauffage à l'huile, on constate qu'il y a
peut-être 25 % ou 30 % des résidents des
Îles-de-la-Madeleine qui refusent d'adhérer au programme et de
s'installer. On a même subventionné les fournaises et on continue
bien sûr sur le plan de la subvention d'huile. Il y a 25 % du monde qui
paient peut-être 20 % ou 25 % de plus pour leur chauffage en
se chauffant à l'électricité. alors, le
phénomène est difficile à combattre et, quand on parle du
juste prix, le phénomène est difficile parce que les gens
trouvent énormément d'avantages dans le chauffage
électrique, même s'ils doivent payer 20 % et, surtout que dans le
secteur des îles-de-la-madeleine, on ne peut pas dire que c'est un des
secteurs les plus nantis de la province et, malgré ça, les
citoyens des îles préfèrent dans 25 % des cas payer plus
cher pour leur chauffage résidentiel.
Le Président (M. Audet): Merci. M. Farrah:
Ça va, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Je vais maintenant
reconnaître M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Un petit commentaire, puis une question. Tout
d'abord, la politique du 1 %, strictement sur le plan du principe, ça ne
m'entiche pas, moi, parce qu'il y a des milieux qui n'ont pas
nécessairement de rivières et qui n'auront pas de projets de
compost à 1 %. Il faut bien comprendre que ce n'est pas distribué
nécessairement équitablement à travers le
Québec.
Deuxièmement, je connais des maires qui ont été
à quatre pattes après qu'ils ont obtenu 1 % et qui étaient
contre jusqu'à temps que l'offre de 1 % arrive. À mon point de
vue, sur le plan de la logique, si on n'avait pas eu de précédent
avec certains groupes, je ne suis pas sûr que ce serait une politique
à maintenir. Mais, compte tenu qu'il y a des précédents
établis, je comprends qu'on peut être mal pris; ça, je
comprends ça sur le plan pratique. Mais, sur le plan du principe, je
vous avoue que...
M. Drouin: Je voudrais juste souligner, M. le Président,
que...
M. Chevrette: Ne m'en enlevez pas, il me reste trois minutes,
vous!
M. Drouin: Non, non. Que ça ne s'applique pas juste aux
rivières...
M. Chevrette: Non, je sais.
M. Drouin: ...mais on parle des lignes, on parle des postes.
M. Chevrette: Oui, oui.
M. Drouin: Je veux dire qu'Hydro-Québec...
M. Chevrette: Mais la mitigation d'un milieu, quand vous
êtes passés avec des lignes, vous n'en avez pas donné
partout.
M. Drouin: Non, non, mais, écoutez, la politique est en
vigueur depuis 1984. C'est clair que, depuis ce temps-là, on en a
donné partout.
M. Chevrette: Non, en 1984...
M. Drouin: Tout ce qui fait l'objet de passage d'une ligne,
construction d'un poste ou...
M. Chevrette: Un petit village? M. Drouin: Pardon?
M. Chevrette: Dans un petit village, quand vous avez passé
la ligne de LG 2 à Saint-Alphonse, à Saint-Côme...
M. Drouin: La ligne, par exemple, Radisson-Nicolet-Des Cantons,
qui est l'une des plus récentes construites...
M. Chevrette: Jamais de la vie.
M. Drouin: ...a fait l'objet...
M. Chevrette: II n'y a pas un cent.
M. Drouin: ...de mise en valeur environnementale partout
où elle a passé. Et on se fie aux MRC et aux municipalités
pour nous proposer des projets. Je peux vous dire, M. le Président, que
nous avons, dans tous les cas, mis en application cette politique à
l'égard des constructions de lignes venant du Nord.
Le Président (M. Audet): Poursuivez, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Maintenant, pour la police, je ne trouve pas
ça tellement heureux que vous ayez mis un corps policier sous
prétexte que vous aviez peur au sabotage de vos employés ou bien
encore de groupes écologiques. C'est du moins ce qui a sorti.
M. Drouin: Bien oui, mais c'est sûr qu'il sort beaucoup
d'affaires dans les journaux.
M. Chevrette: Vous me permettrez de commenter à partir de
ce qu'on apprend là. Si ce n'est pas correct, vous me le direz. Puis,
même c'est ce que le gars en charge de votre corps policier a dit
à la télé. Donc, à partir de là, moi, je ne
trouve pas ça heureux pour un climat à l'intérieur d'une
boîte. Je vous dis ce que je pense là.
M. Drouin: Mais je n'étais pas heureux du reportage non
plus, M. le Président.
M. Chevrette: Parfait.
M. Drouin: Mais je veux souligner que ce n'est pas nouveau, le
corps policier à Hydro-Québec, là. On ne vient pas
d'inventer ça. Ça fait des années que ça existe.
Alors, je veux dire, tout ce qui est ressorti de ça, c'est sûr
qu'on a fait une réorganisation comme ça doit se faire, mais on
n'a pas ajouté de pouvoirs. Les pouvoirs de la Loi de police sont
demeurés les mêmes. On n'a rien, absolument rien
ajouté.
M. Chevrette: Ont-ils le pouvoir d'aller sur les guérites
débrancher illégalement ceux qui sont branchés?
M. Drouin: Je ne le pense pas. M. Chevrette: Ah!
M. Drouin: En fait, je dis, je ne le pense pas. Oui, si c'est de
la fraude, je pense que ce n'est pas eux autres qui doivent débrancher,
mais ils ont le pouvoir d'un policier ou d'un agent de la paix de
procéder en vertu du Code criminel ou des lois pénales pour faire
ce qui a à être fait dans ces circonstances-là.
M. Chevrette: Une toute petite question. M. Drouin:
Oui.
M. Chevrette: Comment vont les comptes en souffrance?
M. Drouin: Ah, mon Dieu! Ce n'est pas une petite question,
ça.
M. Chevrette: C'est parce qu'il me reste 30 secondes, vous ne
pouvez pas ambitionner.
M. Drouin: Vous voulez réellement une demi-heure
additionnelle. Je pense que M. Couture pourrait dire quelques mots
là-dessus.
M. Couture: Notre niveau de comptes en souffrance est
élevé comparativement aux autres utilités publiques du
Canada et des États-Unis. Nous avons plus de 1 % de comptes en
souffrance et nous avions l'année dernière 65 000 000 $, si je me
rappelle bien, de pertes dues à des faillites ou à des paiements
qu'on n'a pas pu retracer, des gens qu'on n'a pas pu retracer. Alors, c'est
élevé. Nous avons dans nos engagements de performance des
objectifs précis pour améliorer ça. Dans les propositions
que nous allons faire incessamment, nous allons essayer de diminuer
considérablement et l'objectif est de réduire ça de
moitié sur l'horizon 1995 ou un peu plus long.
M. Chevrette: II va y avoir beaucoup d'échéances en
1995, hein?
Le Président (M. Audet): Merci. Alors, ça ter- mine
nos travaux pour cette journée. Je remercie les gens
d'Hydro-Québec et j'ajourne les travaux jusqu'à demain matin, 10
heures.
(Fin de la séance à 22 heures)