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(Quatorze heures quarante-deux minutes)
Le Président (M. Gauvin): Une minute d'attention, s'il
vous plaît!
La commission de l'économie et du travail débute ses
travaux. Je constate le quorum. Donc, je déclare la séance
ouverte et j'aimerais rappeler que le mandat de la commission est de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 74, Loi modifiant le Code du travail et la Loi sur le ministère du
Travail.
Mme la secrétaire, est-ce que nous avons des remplacements?
La Secrétaire: Oui. M. Bélanger (Laval-des-Rapides)
est remplacé par M. Gauvin (Montmagny-L'Islet); M. Benoit (Orford) est
remplacé par Mme Loiselle (Saint-Henri); M. Charbonneau (Saint-Jean) est
remplacé par M. Philibert (Trois-Rivières); M. Lafrenière
(Gatineau) est remplacé par M. Tremblay (Rimouski); M. Parent
(Sauvé) est remplacé par M. Marcil (Salaberry) et M.
Léonard (Labelle) est remplacé par M. Dufour
(Jonquière).
Organisation des travaux
Le Président (M. Gauvin): Je demanderais une minute
d'attention, s'il vous plaît! La commission... la séance a
déjà débuté.
Merci, Mme la secrétaire, pour nous avoir présenté
les membres qui remplacent certains autres membres permanents de cette
commission. Maintenant, j'aimerais demander aux membres de la commission le
consentement pour commencer nos travaux à 14 h 30 - on a
déjà dépassé de quelques minutes, excusez-nous -
et, contrairement à l'heure qui était annoncée, à
18 heures, j'avais une demande de suspendre nos travaux à 17 heures,
plutôt. Est-ce qu'il y a consentement? On commence maintenant. On suspend
à 17 heures pour revenir à 20 heures jusqu'à 22 heures,
s'il y a lieu.
M. St-Roch: M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): Oui, M. le
député.
M. St-Roch: Oui. Je veux donner mon consentement pour qu'on
débute nos travaux à 14 h 30 aller jusqu'à 17 heures. En
ce qui concerne l'autre portion, qui est celle de 20 heures à 22 heures,
j'aimerais vous rappeler, M. le Président, parce qu'il est bon qu'on se
rappelle des choses, que le député de Drummond en est maintenant
à son cinquième consentement, s'il consent, pour procéder
à l'étude du projet de loi 74. Alors, j'ai toujours pensé
qu'on devait s'élever au-dessus de ce que j'appelle la petite politique,
avec un petit «p», pour être capable de comprendre et de
faire dans les intérêts supérieurs de nos
collectivités respectives et de la collectivité
québécoise.
Pour cette unique raison, parce que je pense qu'il y a une certaine
urgence, vu les travaux de la commission avec d'autres audiences publiques,
pour cette raison, je vais donner mon consentement pour la cinquième
fois, à l'intérieur du projet 74, pour qu'on puisse siéger
ce soir de 20 heures à 22 heures.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Drummond, c'était le but de ma question. Je demandais justement le
consentement de tous les membres de cette commission.
M. le député.
M. Marcil: Je ne comprends pas l'intervention du
député de Drummond parce que l'ensemble des députés
ont donné leur consentement. C'est donné à chacun des
députés de donner son consentement de prolonger. Je pense que,
depuis sept ans que je suis ici, on a donné au moins...
Le Président (M. Gauvin): Ce que j'ai compris...
M. Marcil: ...des centaines et des centaines de fois notre
consentement.
Le Président
(M. Gauvin): m. le
député, ce que j'ai compris, c'est que j'avais le consentement de
tous les membres de cette commission. merci.
M. Jolivet: Alors, M. le Président, juste pour
répliquer au député de Beauharnois-Huntingdon...
M. Marcil: Salaberry-Soulanges.
M. Jolivet: Salaberry-Soulanges. C'est ça.
M. Marcil: Pour un homme d'expérience comme vous.
M. Jolivet: Non, c'est parce que je suis toujours
mêlé avec ça et l'autre, dans le temps...
M. Marcil: Oui, oui.
M. Jolivet: ...qui était de l'Union Nationale, qui est
devenu libéral, là, qui n'est plus là.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Laviolette. Oui.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Alors, tout simplement pour dire, M. le
Président, que tout membre de cette Assemblée, qu'il soit membre
d'une formation politique ou non, pourrait refuser son consentement, et c'est
dans ce sens-là, je crois, que le député de Drummond a le
plein droit de tout le monde de l'accorder ou de le refuser, et de le
motiver.
Le Président (M. Gauvin): On avait tous compris, M. le
député de Laviolette, évidemment. Donc, j'ai le
consentement de tous les membres de la commission présents. Je vous en
remercie. Donc, nous en sommes aux remarques préliminaires, et
j'inviterais M. le ministre, à ce moment-ci, au niveau des remarques
préliminaires.
Remarques préliminaires M. Normand
Cherry
M. Cherry: Merci, M. le Président.
Chers collègues, je voudrais d'abord profiter des quelques
minutes qui vont suivre pour saluer les membres de cette commission. De plus,
vous me permettrez de vous présenter les personnes qui m'accompagnent
aujourd'hui.
Évidemment, à ma gauche, le sous-ministre au
ministère du Travail chez nous, M. Pierre Gabrièle;
également, le secrétaire du ministère, M. Jean
Larivière; également, de la Direction des affaires juridiques, Me
André Rochon, Me Michel Paradis et Me Jacques Chevrier. Mais j'ai
également demandé de se joindre à nous, de la direction de
la recherche, M. Gaston Nadeau et, bien sûr, certains membres du cabinet.
Enfin, bien sûr, je profite de l'occasion pour saluer les personnes qui
suivent nos travaux et qui sont présentes aujourd'hui.
Sans plus tarder, M. le Président, vous me permettrez de
déposer les amendements proposés au projet de loi 74. Ceux-ci
font suite à la lecture des mémoires et des différentes
représentations que nous avons entendues, hier, lors des consultations
particulières. Les amendements au projet de loi que nous allons
étudier aujourd'hui consistent à... On va, entre autres,
supprimer le «notamment» à l'article 96 concernant le
rapport du médiateur. On a tout ça frais à la
mémoire. C'était hier.
Pour la confection de la liste particulière d'arbitres, on va
retirer la référence à la consultation du Conseil
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, vu que les parties nous ont dit
qu'elles n'étaient pas représentées là, et
introduction de la consultation des parties visées. Nous allons
également réécrire le libellé de l'article 99.5,
confirmer que les parties peuvent s'entendre en tout temps et lier l'arbitre.
Hier, on avait des représentations en ce sens-là. Enfin, on prend
une disposition transitoire d'application du régime amendé. Je
souhaite que ces amendements facilitent les travaux de cette commission
chargée d'étudier les neuf articles de ce projet de loi modifiant
le Code du travail et la Loi sur le ministère du Travail en ce qui a
trait au régime d'arbitrage des policiers et pompiers municipaux.
Les objectifs qui sont poursuivis, M. le Président, par ce projet
de loi sont les suivants: revaloriser la négociation par la
médiation obligatoire et l'arbitrage sur les matières non
réglées et responsabiliser les parties par l'utilisation du
rapport du médiateur, la pertinence de la preuve soumise, l'utilisation
des études du ministère, et l'augmentation de la durée de
la sentence qui, souvent, n'avait qu'une durée de vie de quelques mois.
(14 h 50)
En terminant, je tiens à assurer les membres de cette commission
de mon entière disponibilité, bien sûr, tout au long de ces
travaux. Ça termine, M. le Président, mes remarques
préliminaires.
Dépôt des amendements
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le ministre.
Ce que j'ai compris, c'est que vous allez faire distribuer les
amendements, à ce moment-ci.
M. Cherry: Exactement, M. le Président. Également,
je les ai fait préparer de la façon qu'on a de travailler, ce qui
va faciliter l'ensemble des travaux des membres de la commission, la loi
actuelle et l'amendement projeté, pour permettre à chacun de
mieux pouvoir suivre, M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le ministre.
Maintenant, nous en sommes à Mme la députée de
Chicoutimi, au niveau des remarques préliminaires, en tant que
porte-parole de l'Opposition.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président.
Est-ce que je peux suggérer qu'on suspende quelques minutes, le
temps de prendre connaissance des amendements? Ensuite, j'irais de mes
remarques préliminaires.
Le Président (M. Gauvin): On me propose de suspendre, le
temps que vous proposez...
Mme Blackburn: Quelques minutes.
Le Président (M. Gauvin): Quelques minutes.
Mme Blackburn: Trois, quatre, cinq, là.
Le Président (M. Gauvin): Nous allons
suspendre nos travaux pour cinq minutes. (Suspension de la séance
à 14 h 52)
(Reprise à 14 h 57)
Le Président (M. Gauvin): Un peu d'attention, s'il vous
plaît. La commission reprend ses travaux.
À ce moment-ci, j'aimerais reconnaître Mme la
députée de Chicoutimi au nom de sa formation politique.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président.
Les audiences que nous avons tenues, hier, sur le projet de loi 74, Loi
modifiant le Code du travail et la Loi sur le ministère du Travail, qui
vient, pour l'essentiel, modifier les règles qui président
à la solution des conflits à l'occasion de négociations de
la convention collective entre les policiers et pompiers et les
municipalités, viennent, en quelque sorte, apporter quelques
modifications entourant le règlement de ces conflits et le recours
à l'arbitrage. Les audiences d'hier, s'il fallait que ce soit fait, ont
démontré, s'il était nécessaire, toute la
complexité du dossier et la divergence des points de vue.
Ce qu'on a constaté, c'est que le projet de loi tel que
présenté semblait ne faire l'affaire ni de l'une ni de l'autre
des parties, à un point tel qu'une proposition d'amendement qui venait,
par exemple, des représentants des policiers, on trouvait le pendant
tout à fait dans l'autre direction venant de l'Union des
municipalités. Pour l'essentiel... parce que c'est un dossier complexe,
puis il est important, je pense, de rappeler certaines de ces principales
raisons de durcissement des parties dans ce dossier.
Les municipalités dénoncent la parité salariale qui
ne tient pas compte, finalement, de la capacité de payer des
municipalités. On se dit: On pourrait être d'accord avec
ça. Pour leur part, les policiers, non sans raison, appuient leurs
revendications sur la parité salariale en invoquant le fait qu'à
travail égal, tu as un salaire égal. C'est aussi légitime.
Dans le fond, on sait que, pour les municipalités, on estime que c'est
cette course, cet étalon, qui est devenu le mieux payé qui sert
de mesure d'évaluation des avantages dans certaines
municipalités, qui aurait entraîné, selon les
municipalités, une espèce de spirale inflationniste. (15
heures)
Mais je pense qu'il faut rappeler le gouvernement à ses devoirs
et rappeler que l'exemple a été donné à l'occasion
de la convention collective... oui, le renouvellement de la convention
collective qui est intervenu un peu plus tard, en 1990, entre la
Sûreté du Québec et le gouvernement du Québec.
À ce moment-là, je me. rappelle que l'Union des
municipalités avait dénoncé le fait que la
Sûreté du Québec avait obtenu plus que ce qu'avaient obtenu
tous les autres corps d'emploi du gouvernement. On ne parlera pas des
infirmières, évidemment, et on ne parlera pas de la fonction
publique, de façon générale, qui ont reçu une
augmentation qui variait entre 3 % et 4 %, alors que les policiers de la
sûreté du québec ont reçu 4 % plus 1 % de
rattrapage, 5 %, et 4 % plus 1 % d'indexation. au total, 2 % à 2,5 % de
plus que ce qu'ont reçu, pour la même période, les
employés de l'état.
Alors, le mouvement ou le modèle était pour ainsi dire
tracé. On n'a pas rappelé ça. Moi, je pense qu'il est
important qu'on rappelle ces faits et de se demander, à ce
moment-là, comme l'avaient fait les municipalités, jusqu'à
quel point le gouvernement qui, lui, ne peut pas invoquer le fait que l'arbitre
décide pour lui... Pourquoi le gouvernement n'a-t-il pas, à cette
occasion, un peu suivi le modèle qui avait été
tracé pour les autres corps d'emploi, les autres fonctionnaires?
En ce qui a trait au problème que pose le modèle de
négociation actuel, il est vrai que le gouvernement a toujours
refusé, et avec raison, qu'une tierce partie vienne prendre des
décisions au nom de l'État, décisions qui auront des
influences sur les dépenses de l'État, alors que c'est comme
ça que ça se passe dans les municipalités.
Évidemment, ça pose un problème, l'arbitrage. C'est une
tierce partie qui vient prendre des décisions au nom de la
municipalité, décisions qui ont des influences sur les
dépenses de l'État. On peut se rappeler, hier, ce que nous disait
le président de la Communauté urbaine de Montréal, M.
Hamelin. Il disait que 1,5 % d'accordé en rétroactivité
coûtait, sur 10 ans, 10 000 000 $ à la Communauté urbaine
de Montréal. On n'a pas questionné ces choses-là.
L'autre question - je pense que ça soulève le débat
et les audiences qu'on a eues hier -c'est: On questionne beaucoup la
parité, mais, en même temps, on sait que d'autres corps d'emploi
ont la parité à travers le Québec. Moi, j'ai
été assez impressionnée par la démonstration qui a
été faite par les policiers, le fait que, par exemple, dans
l'enseignement, vous ne direz pas que c'est la même chose enseigner, je
ne sais pas, je pense, dans les polyvalentes les plus difficiles dans la
région de Montréal et dans une petite polyvalente dans votre
comté, dans le mien ou celui de mon collègue de Jonquière.
Le travail est certainement différent, et ils ont le même salaire.
Alors, moi, je trouve qu'il y a là-dedans des arguments qui sont douteux
lorsqu'on les utilise.
Il y a une question, cependant, qui n'a pas non plus été
posée. C'est peut-être celle du niveau général moyen
de la rémunération. Est-ce que, plutôt que de commencer
à envisager une modulation dans la rémunération des
policiers basée sur la capacité, exclusivement sur la
capacité de payer des municipalités, est-ce qu'on
ne peut pas se demander s'il n'y aurait pas moyen de réexaminer
un ralentissement des augmentations? Je ne donnerai pas de modèle, mais
je pense que ça mérite d'être réexaminé.
En somme, quelle que soit la loi, il n'y aura jamais de loi capable de
remplacer de bons rapports entre les parties. Il n'y a pas de loi capable de
remplacer une saine dynamique entre les municipalités et les corps
policiers. On a commencé à le faire dans des secteurs où
jamais on envisageait que ce serait possible. Je pense à la CSN et
à certaines entreprises privées. Moi, je pense qu'il va falloir
qu'on puisse tabler aussi là-dessus, et on n'en a pas beaucoup
parlé hier. Moi, je pense que des réflexions de cette nature
devront éventuellement être faites.
En ce qui a trait au travail de l'Opposition, nous avons l'intention de
le faire comme nous l'avons toujours fait, de façon extrêmement
attentive et soigneuse. Mais je rappellerais que l'Opposition, ça reste
l'Opposition, et la loi du plus fort, ça joue pour nous comme ça
joue, pour utiliser un exemple d'hier, lorsque vous faites du hockey. Si vous
êtes à trois contre cinq, on sait que trois ont plus de chances de
l'emporter contre cinq. Mais, ici, c'est plus mathématique que
ça, ils remportent officiellement. Ce qui me fait donc dire que la loi,
nous aurions souhaité qu'elle puisse entraîner un plus grand
consensus entre les parties.
Ce que je voudrais qu'on puisse vérifier tout au cours de
l'examen de ce projet de loi, c'est si ce projet de loi, contrairement à
ce qu'on nous a dit hier, a réussi à faire un minimum de
consensus entre les parties. J'aurai - d'ailleurs, j'en ai parlé au
ministre - nous aurons, du côté de l'Opposition,
évidemment, selon l'évolution de l'examen de ce projet de loi et
de ses amendements, un amendement à proposer, qui se situerait
probablement à l'avant-dernier article, qui nous permettrait, si tant
est que c'est accepté, de mesurer, d'évaluer les effets des
modifications de cette loi, si elle entre en vigueur et est adoptée, ce
qui semble devoir être le cas, sur les négociations des
conventions collectives chez les policiers et pompiers et, en même temps,
de voir si on est en train de tracer la voie de l'avenir avec ce projet de loi,
ce qui, pour moi, pour l'heure et pour le moment... j'en doute.
Le Président (M. Gauvin): Merci, Mme la
députée.
J'aimerais, à ce moment-ci... O.K. On m'indique qu'on peut tout
de suite... M. le député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Oui, merci, M. le Président.
Bien sûr qu'à la suite des audiences de la journée
d'hier, qui nous ont permis, effectivement, de se faire une meilleure
idée du projet de loi que nous avons à étudier aujourd'hui
et qui nous est proposé pour l'étude article par article... Un
constat. Les échanges ont été, à mon point de vue,
très civilisés, et une des leçons qu'on doit retenir,
là-dedans, c'est que ces gens-là ne sont pas en guerre les uns
contre les autres, contrairement à ce qu'on pourrait penser. Il y a une
évolution, aussi, dans les mentalités, qui s'est effectuée
au cours des années. Dans le fin fond, c'est: Est-ce qu'on pense que ces
discussions qui ont eu lieu hier auraient pu être ou avoir lieu il y a 10
ou 15 ans? J'en doute quelque peu.
Je pense que le ton était correct. Chacun défendait ses
positions, mais avec des arguments, pas seulement avec des émotions,
mais surtout avec des arguments de valeur, d'un bord comme de l'autre. On
retient bien qu'après l'adoption d'un projet de loi que nous nous
apprêtons à étudier, ces gens-là continueront
à vivre ensemble. Ce sont des partenaires. Le résultat, c'est que
- nous, ici, on s'y attendait bien, et ça, c'est peut-être le
côté le plus malheureux, mais d'une façon ou de l'autre, le
législateur doit légiférer pour des besoins; quand tout le
monde est d'accord, on ne légifère pas - les questions qu'on a
à débattre aujourd'hui ne font pas le consensus ni
l'unanimité. Ce n'est pas comme un mariage, une loi. Un mariage,
ça consacre des choses. Mais une loi, elle éclaircit des choses,
ça nous donne des règles.
Le projet de loi que nous avons devant nous ne fait pas exception
à ces règles. Quelques articles ont fait problème ou ont
fait l'objet du débat durant toute la journée. On a senti comme
un poids. Le ministre s'est rendu à quelques-uns des arguments. Je suis
conscient - et on doit être conscients, ici, autour de la table - que le
projet de loi ne subira pas de transformations majeures. Ce qu'on peut sentir,
c'est qu'il semble qu'il peut être acceptable aux parties. On ne changera
pas de façon draconienne, drastique les façons de faire, la
façon de voir des choses, mais c'est de nature à créer une
dynamique nouvelle. En tout cas, nous, c'est ce qu'on souhaite. On aimerait que
ça se fasse de cette façon-là.
On ne prétend pas aussi que les changements apportés
puissent satisfaire les deux parties ni même une des parties. C'est
vraiment une loi de compromis, une loi de compromis comme toutes les
discussions qui ont entouré le projet de loi. Donc, on doit le
constater, on doit l'accepter comme tel. Mais, pour nous, qui avons à
adopter des projets de loi, je pense que, dans celui-ci, il a quelque chose de
particulier parce que, lorsqu'on touche les relations de travail, c'est
toujours avec modération. Si la modération à meilleur
goût, on peut dire qu'on est vraiment modérés, ce qui fait
que ça devrait produire des résultats, mais pas spectaculaires.
(15 h 10)
Mais souhaitons, et, moi, je veux souhaiter
ça aussi, même au début de la commission, de
l'étude, que ces changements qui sont apportés ne créeront
pas une polémique ou une politique de confrontation. Je pense qu'il va
falloir l'accepter avec toute humilité. Des gens nous disaient que
c'était parfait, ce qu'on avait. Les autres disaient: Ce n'est pas
vivable. On est pris dans un dilemme. Entre les deux, on ne peut pas trancher
la poire comme Salomon qui dit de couper l'enfant en deux. Il faut qu'il y
ait... Et ça, c'est vraiment la politique du compromis à
l'extrême. On ne peut pas aller plus loin que ça. Sans ça,
on n'aurait pas besoin de légiférer.
Donc, moi, j'espère que les amendements ou que la loi qui pourra
être adoptée se fasse avec beaucoup de compréhension, avec
aussi une certaine preuve d'humilité, parce qu'on ne peut pas
prétendre qu'on a trouvé la solution parfaite. Des fois, le
ministre, comme l'Opposition, pourrait dire: Ce qu'on va faire là, c'est
le bébé du siècle, mais pas dans ces questions-là.
Je pense que c'est vraiment dans un moment difficile et qui demande aussi de la
pondération. Je pense que le projet de loi peut répondre,
à ce stade-ci, au moment où on se parle, puis ce qu'on voit peut
être jusqu'à un certain point acceptable. Mme la
députée de Chicoutimi a annoncé que, pour notre part,
dépendant de l'évolution du dossier, parce qu'on ne peut pas
présumer de rien, il y aura possiblement un amendement de notre
côté qui sera de nature possiblement encore à rapprocher,
si c'est possible, les parties.
Voilà les quelques remarques que j'avais à vous faire, M.
le Président.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le
député de Jonquière.
À ce moment-ci, je reconnais, toujours au niveau des remarques
préliminaires, M. le député de Drummond.
M. Jean-Guy St-Roch
M. St-Roch: Oui. Merci, M. le Président.
M. le Président, hier, dans mes remarques préliminaires,
j'avais clairement indiqué que l'approche que le député de
Drummond aurait dans cette audition publique d'où découlerait un
projet de loi, c'était une ouverture d'esprit et essayer d'aborder cette
problématique, comme il a été souligné, je pense,
des deux côtés, par M. le ministre et par Mme la
députée de Chicoutimi, qui est très complexe et qui a
aussi des racines dans le passé. Mais on a à faire face à
un monde qui est en continuel changement et surtout qui est en continuelle
accélération de changement dans les années et dans les
mois qui vont venir.
Les auditions d'hier nous ont apporté certains
éclaircissements, nous ont apporté aussi, de part et d'autre, les
malaises qu'on pouvait ressentir avec le projet de loi. Je partage la
déclaration de mon collègue de Jonquière qui dit:
Oui, ce projet de loi là ne sera pas le remède miracle.
Mais j'ose espérer que, lorsque nous en serons arrivés à
l'étude article par article, à la terminaison, nous pourrons
dégager, non pas un projet miracle, mais une balise, une balise qui va
peut-être donner un nouveau cap, une nouvelle orientation, de nouveaux
objectifs.
J'espère qu'en bout de piste... Moi, ce que j'ai retrouvé
dans certains mémoires, entre autres dans celui de l'UMQ, à la
page 11, c'est qu'on souhaitait un changement à la modification pour
être capable de dégager des marges de manoeuvre pour être
capable de s'asseoir avec nos policiers et être capables, avec eux,
devant ce nouveau monde dans lequel nous aurons à évoluer d'ici
l'an 2000, de changer un peu le rôle du policier, de l'adapter aux
conditions suivantes.
J'avais dit aussi, dans mes remarques préliminaires, que j'irais,
moi, au-delà du corporatisme. Puis je pense que le plus grand
défi auquel on fait face, nous, les sociétés modernes,
c'est de mettre de côté des années d'acquis de corporatisme
où est-ce que chacun a défendu, puis avec justesse...
C'était les arguments du temps, les intérêts corporatifs de
petits groupes de la société. Aujourd'hui, pour toutes sortes de
raisons, à partir de la mondialisation, à partir de
l'éclatement des familles, à partir du vieillissement de notre
population, on ne peut plus se permettre de faire des classes parce que, de
plus en plus, on est en train de créer, finalement, un monde qui va
être séparé en deux, qui va être à peu
près 50-50: 50 % qu'on pourra appeler la société des gras
et des repus et 50 % qui seront la société des exclus. On sait
que, lorsqu'on arrive avec des probabilités de cette nature-là,
c'est toujours un baril de poudre, de la dynamite sur laquelle on s'assoit.
Moi, je retiens aussi, M. le Président, de l'étude de ce
projet de loi là et de l'audition qu'on a eue hier, l'ouverture de
nouvelles problématiques, et j'ose espérer que ce projet de loi
va amener aussi les policiers et nos élus municipaux à s'asseoir
ensemble. Puis j'ai souhaité aussi, hier, dans les remarques
préliminaires, que... Oui, un policier est un outil moderne, est un
actif essentiel dans nos collectivités, mais il se doit aussi d'avoir le
respect de sa collectivité. Le policier, lorsqu'il se promène sur
la rue, n'est pas le bonhomme ou la madame avec les gros bras qui vient faire
des défenses. Il est un outil à la collectivité pour
être capable de baliser, être capable de corriger, puis être
souvent, ce qui est peut-être le plus beau mot, l'agent de la paix, le
pacificateur. Alors, j'ose espérer, moi, que nous allons amorcer, avec
ce projet de loi là, cette amorce-là.
Mais il y a d'autres remarques que j'aimerais faire aussi, M. le
Président. Il y a d'autres choses aussi qu'il va falloir évaluer
avec peut-être une plus grande ouverture d'esprit. J'achète de
principe, moi, la parité salariale, qu'à qualification
égale, qu'à travail égal, qu'à
problématique
égale on soit rémunéré, au Québec,
avec le même système de rémunération et de
bénéfices marginaux.
Mais il y a une autre grande réalité aussi à
laquelle on fait face, en tant que législateur, comme l'a
souligné, d'ailleurs, Mme la députée de Chicoutimi, c'est
la capacité de payer de nos citoyens et nos citoyennes. À
l'intérieur des auditions, hier, M. le ministre, et je vous ferai le
porte-parole du député de Drummond auprès du
député d'Argenteuil, ministre des Affaires municipales, à
l'intérieur de toutes les rencontres qui ont eu lieu aussi avec le monde
municipal, il y a peut-être un moyen où on pourrait dégager
dans l'avenir, au-delà du projet de loi 74, une manière où
on pourrait obtenir cette parité-là au Québec, et c'est ce
qui a été suggéré, d'ailleurs, par des groupes de
policiers, qui était le contexte de régionalisation.
Je pense que, là, on peut avoir, dans le temps, un outil
privilégié qui pourrait faire en sorte qu'en recherchant
l'objectif de se donner des services que chacune des collectivités est
capable de se payer, puis aussi en assurant à nos policiers et nos
policières un revenu adéquat, on soit capable, avec la
régionalisation, de garder nos coûts bas tout en recherchant cet
objectif-là. Je pense, moi, que ça va être possible de le
faire. Ça va être possible de le faire.
Je reviens à l'ouverture d'esprit que j'ai vue dans le
mémoire de l'UMQ, à la page 11, parce qu'on a dit... Si on se
rappelle, à la page 11 de l'UMQ, il y a une phrase qui est
intéressante, lorsqu'on nous dit que, de plus en plus, nos élus
sont sensibilisés d'arriver à des ententes avec des nouvelles
problématiques. Alors, ça va nous demander, en tant que
collectivité, des regards neufs pour faire face à cette
problémati-que-là.
L'autre remarque, M. le ministre, s'adresse à vous, que j'ai
retenue, moi, de ces auditions-là, puis je ne sais pas, je ne pense pas
que le projet de loi va peut-être aider à contribuer à la
résoudre, mais il reste, pour moi, une autre problématique, c'est
la durée qu'on prend avant d'arriver à une finalisation. Vous
m'avez entendu, hier, à plusieurs occasions, demander la durée du
temps. Puis on arrivait, mais ça prenait deux ans, deux ans et demi. On
n'a qu'à se rappeler l'exemple du maire de Mistassini qui dit: Bien,
moi, je suis arrivé, maintenant, au-delà de ma convention. Elle
était de deux ans. J'ai dépassé de six mois. Lorsque
j'aurai une sentence arbitrale, bien, je serai six mois en arrière. Je
recommencerai.
Alors, à quelque part, être capable de dégager un
mécanisme. Je sais que le processus de négociation, la loi, telle
qu'elle est là, même si elle est imparfaite, devrait faciliter,
avec la médiation, avec la centrale d'arbitrage, une
accélération de ce processus-là en disant aux parties:
Bien, maintenant, assoyez-vous ensemble et essayez donc, dans les plus brefs
délais... Mais il y a quelque chose, je pense, sur lequel il
mériterait de se pencher pour être capable de dégager un
suivi, sur ce qu'on verra de l'application de la loi dans les mois et les
années à venir.
Il y a une autre chose aussi qui, à l'audition des
mémoires, M. le ministre, moi, m'a surpris et qui m'a
étonné aussi - oui et non, je le savais, mais je n'osais
peut-être pas l'admettre, en tant que député - à
l'audition, aussi, autant du côté patronal et syndical - je vais
rester dans le langage du travail par déformation, pour avoir
été votre adjoint parlementaire - il y a une chose, moi, qui m'a
frappé, hier aussi, c'est la diversité - et c'est les
commentaires qui ont été faits - et que, suivant les arbitres,
même si le législateur a infléchi une direction, on s'en
est tenu à de la jurisprudence passée pour établir, dans
le futur, notre jugement.
Alors, je pense, moi, qu'il serait peut-être propice de regarder -
et vous connaissez mon aversion pour l'accroissement de la fonction publique,
pour l'accroissement des coûts de l'État, mais je pense qu'il y
aurait peut-être moyen, à quelque part, puis peut-être que
ça pourrait même faire un mandat d'initiative d'une commission
parlementaire, un jour - d'être capable de trouver un mécanisme
où on retransférerait la jurisprudence établie à
l'intérieur du conseil des arbitres et où on serait capable, si
on a x nombre d'arbitres au Québec, suite aux listes qui seront
confectionnées, que ces gens-là ont une connaissance - alors, je
fais référence, au niveau juridique, on a le Conseil de la
magistrature, qui va s'assurer que les jugements suivant les mêmes causes
vont être à peu près du même ordre de grandeur, tout
en laissant au juge la liberté de déterminer les jugements qu'il
va rendre - d'avoir un mécanisme qui ferait en sorte qu'une
décision qui serait rendue à Drummondville, à
Jonquière, à Verdun ou où que ce soit au Québec
reste dans les mêmes paramètres, qu'on ne crée pas des
diversions, pour être capable de contribuer à éliminer ce
qu'on a appelé les fameuses villes repères, dans l'audition des
mémoires.
Alors, c'est ça que se veulent mes remarques
préliminaires, M. le ministre. Alors, en conclusion, je vais me fier sur
vous pour être le porte-parole auprès de M. le ministre des
Affaires municipales et, en terminant, vous remercier aussi parce que,
très peu souvent, on a la chance d'avoir les amendements d'un projet de
loi avant de débuter les travaux. Je pense que ça s'en va dans la
foulée de ce que nous avons discuté la semaine passée.
Ça nous permet d'accélérer la compréhension, puis
je pense, comme je l'ai toujours fait, et je pense que c'est vrai aussi au
niveau de nos collègues, qu'on est ici pour essayer de faire des lois
qui collent à la réalité, mais qui font plus que ça
quant à moi, qui dégagent des pistes de solution qui sont un
peu un phare où on peut s'orienter pour contribuer à faire
une société où il fera mieux vivre dans les mois et les
années.
M. le Président, j'aborderai maintenant ce projet de loi
là article par article avec plaisir. Je vous remercie. (15 h 20)
Le Président (M. Gauvin): Est-ce qu'il y a d'autres
membres de la commission qui aimeraient intervenir au niveau des remarques
préliminaires?
J'aurais besoin de votre consentement. M. le ministre aimerait
brièvement revenir - et ce n'est pas prévu dans notre
règlement - quelques minutes, suite aux remarques
préliminaires.
M. St-Roch: Consentement.
Le Président (M. Gauvin): Merci. M. le ministre.
M. Normand Cherry
M. Cherry: Merci, M. le Président.
En ayant fait l'écoute des propos de la députée de
Chicoutimi, du député de Jonquière et du
député de Drummond... La députée de Chicoutimi
disait que, bien sûr, on fait de la législation, mais qu'on ne
peut pas se substituer aux parties. Le député de Jonquière
disait la même chose. Ça constitue un compromis. La volonté
du législateur, c'est d'indiquer dans quel sens on souhaiterait que
ça aille, mais on ne peut pas se substituer aux parties dans la
façon dont elles vont exercer leur rôle respectif. Là, je
les attache au dernier commentaire qu'on vient d'entendre, faire face...
Hier, il était question de régionalisation. Ça
demeurera toujours la volonté des parties si, ça, ça
fonctionne ou non. Nous, le législateur, on souhaite que ce qu'on fait
là puisse faciliter la qualité des relations qu'elles doivent
avoir, mais, une fois qu'on a fait ça, on va surveiller dans son
application si, effectivement, ça a atteint le but. Si oui, tant mieux;
sinon, on identifiera pourquoi. Est-ce que c'est la législation qui n'a
pas fonctionné ou est-ce que c'est l'utilisation qu'en ont faite une ou
les deux parties qui a fait que ça n'a pas fonctionné?
Alors, ça termine mes remarques, M. le Président.
Document déposé
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le ministre.
Avant de passer à une autre étape, j'aimerais vous
informer que la Commission d'accès à l'information du
Québec demande à la commission de distribuer un document. C'est
à la demande de Mme Mariette Dion, adjointe au président de la
Commission. Donc, on vous fait distribuer un document, à ce moment-ci.
Merci.
Je ne sais pas s'il y aurait des motions, à ce moment-ci, visant
l'organisation des travaux. J'ai comme l'impression que ça a
été fait. S'il n'y a pas d'autres motions, nous sommes
prêts à passer à l'étude article par article.
M. Cherry: Oui.
Étude détaillée Code du
travail
Le Président (M. Gauvin): Donc, je comprends que les
membres de la commission sont prêts eux aussi à passer, M. le
ministre, article par article.
J'appelle donc l'article 1.
M. le ministre.
M. Cherry: Quelle est la formule que vous souhaitez? Est-ce qu'on
ne lit que la modification et ensuite les notes explicatives?
Le Président (M. Gauvin): En fait, la coutume, c'est que
vous avez avantage à lire l'article tel que vous le
présentez.
M. Cherry: Oui.
Le Président (M. Gauvin): S'il y a des amendements ou des
explications additionnelles, vous les faites.
M. Cherry: O.K. Est-ce que vous souhaitez que ce soit moi qui le
fasse? Parce que, d'habitude, c'était vous, comme président, qui
le faisiez.
Le Président (m.
gauvin): ah bien, si vous me le
demandez, je peux facilement le faire. voilà! donc, l'article 1 du code
du travail (l.r.q., chapitre c-27) est modifié par l'insertion, dans la
huitième ligne du sous-paragraphe 3° du paragraphe i et après
le mot «travail», de ce qui suit: «, d'un médiateur du
conseil des services essentiels».
M. le ministre.
M. Cherry: Cette disposition, M. le Président, a pour
objet de confirmer le caractère confidentiel de la fonction d'un
médiateur à l'emploi du Conseil des services essentiels et, de
fait, de l'exclure de façon certaine de la notion de salarié au
sens du Code du travail.
Le Président (M. Gauvin): Merci. D'autres commentaires au
sujet de l'article 1? Est-ce que l'article 1 est adopté?
Mme Blackburn: Un instant! Adopté.
Le Président (M. Gauvin): Donc, l'article 1 étant
adopté, j'appelle l'article 2. M. le ministre.
M. Cherry: Dans le cas de l'article 2, M. le Président,
comme il s'agit d'une disposition de concordance à l'article 7, je
suggérerais qu'il soit suspendu jusqu'à temps qu'on dispose de
l'article 7.
Le Président (M. Gauvin): Alors, l'article 2 étant
suspendu, j'appelle l'article 3.
Oui, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: L'article 2 est suspendu ou abrogé?
M. Cherry: suspendu. c'est une concordance avec 7. quand on
disposera de 7, on reviendra à 2.
Mme Blackburn: Ah d'accord!
Le Président (M. Gauvin): C'est-à-dire le
débat est suspendu pour l'article 2.
Mme Blackburn: Oui, ça va.
De l'arbitre de différend
Le Président (M. Gauvin): J'appelle l'article 3. L'article
3 mentionne ce qui suit: Ce Code est modifié par l'insertion,
après l'article 91, de l'article suivant: «91.1 L'article peut
corriger en tout temps...» Excusez-moi, je me reprends: «91.1
L'arbitre peut corriger en tout temps une sentence entachée d'erreur
d'écriture ou de calcul, ou de toute autre erreur
matérielle.»
M. le ministre.
M. Cherry: Bon, cette disposition, M. le Président, a pour
objet de permettre aux arbitres de différend de corriger diverses
erreurs mineures dans leur sentence. Les arbitres de grief ont
déjà ce pouvoir en vertu du paragraphe e de l'article 100.12 du
Code du travail.
Le Président (M. Gauvin): D'autres commentaires? M. le
député de Jonquière, oui.
M. Dufour: bien, moi, je veux juste une précision. est-ce
que vous voulez dire par là que, deux mois après que la sentence
a été émise, l'arbitre pourrait aller corriger des textes
à l'intérieur de la sentence?
M. Cherry: Je demanderais à Pierre Gabrièle d'aller
dans les technicalités pour ça, pour faciliter la
compréhension.
Le Président (M. Gauvin): M. Gabrièle.
M. Gabrièle (Pierre): M. le Président, l'arbitre
peut émettre une décision, une sentence, mais, par exemple, toute
erreur matérielle... Il y a une feuille, par exemple, lors de la
photocopie, quand il l'a transmise aux parties, qui n'a pas été
photocopiée, qui a été oubliée. Donc, on la
corrige. Il y a un calcul d'indexation. Le pourcentage est inclus, par exemple,
mais, en faisant le calcul pour le montant, une coquille peut... mettons que
c'est 4 %, alors qu'on a écrit, par exemple, 0,4 %. Donc, c'est une
coquille qu'il pourra corriger par la suite quand les parties auront pris
connaissance de la sentence. C'est vraiment des coquilles, ce qu'on appelle
communément des coquilles ou des erreurs matérielles.
Mme Blackburn: La question de mon collègue, c'est: Est-ce
que l'arbitre, une fois qu'il y a une cause qui a été entendue,
qui repose sur le rapport initial de l'arbitre, et là, on constate que
l'interprétation, à la lecture, ça n'a pas traduit
correctement la pensée des parties, il pourra corriger ça? Parce
que ça va être compliqué, votre affaire.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre, oui.
M. Gabrièle: Non, non, non, non. Ce n'est pas une question
d'interprétation. C'est une question où l'arbitre remet sa
décision aux parties. Les parties en prennent connaissance et constatent
qu'il y a des coquilles ou des erreurs matérielles. Il ne révise
pas cette décision par rapport à la preuve. C'est vraiment des
corrections.
Mme Blackburn: On parle d'erreur de calcul, là.
M. Dufour: Oui.
M. Gabrièle: Bon, une erreur de calcul, comme je vous l'ai
expliqué... Si, par exemple, il doit calculer un calcul de forfaitaire,
il y a une règle de calcul de forfaitaire et, au bout de la
règle, on dit que le forfaitaire, mettons, est de 250 $. Or, quand il a
fait, il a établi son forfaitaire, au lieu de marquer 250 $, il va
marquer peut-être 2,50 $. C'est une erreur de calcul.
M. Dufour: auparavant, quand ça arrivait, comment
ça se produisait? est-ce que l'arbitre était obligé de
faire d'autres choses? c'est quoi? est-ce qu'il était obliger d'aller en
cour, s'il y avait une erreur qu'on voyait?
M. Gabrièle: S'il y avait une erreur, il fallait qu'il
rencontre de nouveau les deux parties et qu'il s'entende avec les deux parties
pour corriger.
M. Dufour: Mais ça se corrigeait. M. Gabrièle:
Ça se corrigeait. M. Dufour: Ça va.
M. Gabrièle: Mais nous l'avons, ce texte-là, pour
l'arbitre de grief. Quand un arbitre de grief émet une décision,
c'est vraiment la concordance avec l'arbitre de différend.
M. Dufour: c'est parce qu'on est tellement habitué
à de la précision quand on examine des projets de loi. c'est
qu'on ne veut pas que ça change non plus la nature de la sentence.
M. Gabrièle: II ne changera pas sur
l'interprétation...
M. Dufour: Ça va.
M. Gabrièle: ...ni sa décision selon la preuve
recueillie. C'est vraiment des erreurs matérielles.
M. Dufour: Ça va.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. Gabrièle.
Est-ce que l'article 3 est adopté?
Mme Blackburn: Ça va. C'est adopté. (15 h 30)
Des policiers et pompiers
Le Président (M. Gauvin): Donc, l'article 3 étant
adopté, j'appelle l'article 4. Ah! Excusez-moi. Section II.
Nous allons étudier séparément chacun des articles
introduits à l'article 4. Donc, à l'article 94, c'est ce qu'on
doit lire: «94. À la demande d'une partie, le ministre nomme un
médiateur pour aider une corporation municipale ou une régie
intermunicipale et une association de salariés accréditée
pour représenter ses policiers ou ses pompiers à régler
leur différend.
Le médiateur a 60 jours pour amener les parties à
s'entendre. Le ministre peut, une seule fois et à la demande du
médiateur, prolonger la période de médiation d'au plus 30
jours.»
M. le ministre.
M. Cherry: Bien sûr, M. le Président, cette
disposition, c'est du droit nouveau, et ça a pour objet d'ajouter une
phase obligatoire de médiation préalablement à tout
arbitrage de différend chez les pompiers puis les policiers municipaux.
L'explication d'une seule fois pour 30 jours additionnels, l'exemple que je
peux y voir, c'est que le médiateur constaterait qu'on est tout, tout
près d'un règlement et qu'une période additionnelle...
Donc, il pourrait demander au ministre: Dans ce cas-là, M. le ministre,
je vous suggère d'extensionner pour une fois la période, ce qui
me permettrait de compléter mon travail, et ça se
réglerait à la médiation plutôt que d'aller à
l'arbitrage.
Mme Blackburn: Sur cette question, il y a eu plusieurs
représentations qui ont été faites,
particulièrement par les policiers. Ils estimaient que la
période, la durée, c'était inutilement long, ça
prolongerait indûment les négociations, à la fois parce que
le ministre peut prolonger de 30 jours et pour différentes... Le
délai pour rendre le rapport n'était pas indiqué, le
délai pour... Il faudrait que je revoie les mémoires. Je les ai
apportés, mais il y avait... Évidemment, on n'a pas eu le temps
de se préparer longtemps entre les audiences et l'étude du projet
de loi article par article. On a eu quelques heures, puis, comme on a tous eu
d'autres choses à faire aussi...
Il y avait un certain nombre de propositions à cet effet. Est-ce
que le ministre les a examinées? Ça veut dire que, bon, pour lui,
c'était sans objet, inutile et non pertinent? Moi, ça me prend
mes résumés.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre, oui.
M. Cherry: M. le Président, dans ce cas-ci, pour la
prolongation de 30 jours, je rappelle que ça ne pourrait s'appliquer
qu'une seule fois et à la demande du médiateur. Donc, celui qui
est déjà au dossier, en ayant exercé ça,
constaterait, selon lui, et recommanderait au ministre: Je vous suggère,
dans ce cas-ci, de prolonger mon mandat une fois de 30 jours. Bien sûr,
s'il constate que les parties sont tellement éloignées puis qu'il
n'y a pas de possibilité, il les laissera aller en arbitrage. Mais, s'il
sentait qu'une prolongation de 30 jours lui permettrait de mieux
compléter son dossier, c'est dans ce sens-là. Donc, il faut se
souvenir que ce n'est pas au caprice des parties mais bien une seule fois et
à la demande du médiateur.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Moi, je trouve qu'on a des délais, puis, quand
on fait la démarche... Puis on se plaignait, hier, et on l'a dit
carrément, et je pense que c'est un constat: des fois, ça dure
trop longtemps. La plupart du temps, ça dure trop longtemps quand il y a
mésentente. Est-ce que vous pourriez me donner la réponse
à cette question-ci: Dans quel délai le ministre s'engage-t-il
à nommer un médiateur? Est-ce que vous avez un endroit où
le ministre est oblige? «À la demande d'une partie, le ministre
nomme un médiateur pour aider une corporation municipale...» Quel
est le délai que vous vous accordez pour nommer le médiateur?
Est-ce que c'est... Dans le temps, il n'y a pas de limite?
M. Cherry: À la demande des parties, c'est
immédiatement. Tu sais, on fait ça rapidement. Je vais
compléter l'interrogation que le député de
Jonquière a soulevée, puis, si c'est nécessaire, je
suggérerai peut-être au sous-ministre, M. Gabriè-le, de
compléter.
Il faut se souvenir qu'un des objets de l'actuel projet de loi, par
rapport à la longueur que ça prend... Il faut se souvenir
qu'avant ce projet de loi là, quand ils se présentaient à
la phase suivante, ils renégociaient l'ensemble du dossier, ils
sortaient toutes leurs choses. Tandis que, là, on amène le
rapport du médiateur à ne tenir compte que des aspects qui sont
en litige plutôt que de replaider l'ensemble de tout le dossier. Alors,
ça, ça semble une façon d'accélérer le
processus. Malgré qu'hier, en commission, encore, nous avons entendu
certains témoignages, des gens nous expliquer... Entre autres, il y en a
un qui - c'était une réponse, je pense, à la
députée de Chicoutimi - nous a dit: Vous comprendrez que, dans ce
cas-ci, ça faisait partie de notre stratégie; nous
espérions un changement du conseil municipal, donc on a prolongé
indûment. Ha, ha, ha!
M. Dufour: Ça a été admis dans leur cas.
M. Cherry: Ha, ha, ha! C'a été admis dans ce
cas-là.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que ça
répond à votre question, M. le député de
Jonquière?
M. Dufour: Bon, si vous me dites que le ministre ne prend pas
plus de temps qu'il n'en faut pour nommer, parce que... C'est surtout pour
nommer le médiateur; il n'y a pas de temps, de limite.
Le Président (M. Gauvin): M. Gabrièle.
M. Gabrièle: Actuellement, M. le Président, lorsque
nous avons des conflits de travail, les parties peuvent nous demander un
conciliateur, au ministère du Travail, et nous nommons le conciliateur
dans les jours qui suivent. Quelquefois même, le conciliateur commence
à travailler avec les parties parce qu'il a été
nommé verbalement par le ministre, et la lettre suit. Donc, nous ne
prenons pas des délais indus, tout au contraire.
Pour le nombre de jours, quand on parle de 60 jours pour la
médiation, il faut voir que le médiateur doit rapprocher les
parties pour tenter d'en arriver à un règlement. Et on pense,
nous, que 60 jours, c'est raisonnable. La prolongation, comme le disait le
ministre, c'est juste à la demande du médiateur, et une fois.
Quant à l'arbitre de différend, si vous prenez le Code,
à l'article 90, l'arbitre de différend a 60 jours après sa
nomination pour rendre une décision. Il peut demander une prolongation
de 30 jours au ministre, et qui peut être prolongée plusieurs fois
de 30 jours. Donc, on a essayé de faire aussi une concordance. L'arbitre
de différend, normalement, devrait rendre sa décision dans les 60
jours, en écoutant l'entièreté de la preuve. Donc, le
médiateur rencontre les parties pour 60 jours.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière, vous aviez un autre questionnement.
M. Dufour: Je voulais juste me rafraîchir la
mémoire. Par rapport au rapport du médiateur, est-ce que la
période de 15 jours qui lui est accordée, c'est en plus des 60
plus 30 plus 15, pour faire son rapport? C'est juste l'arbitre, ce n'est pas le
médiateur, ça. O.K.
Le Président (M. Gauvin) Oui, M. le député
de Drummond.
M. St-Roch: Oui, M. le Président.
Alors, la discussion sera faite pour 98 aussi, M. le ministre. J'aurais
pu retarder, là. Mais, hier, à l'audition des groupes, il y a des
groupes qui nous ont suggéré que, lorsque vous nommez le
médiateur, ce soit la même personne qui demeure au dossier en tant
qu'arbitre. Alors, dans le questionnement, il y avait deux organismes qui
étaient pour, un qui était contre, un était capable
d'accepter la même personne ou le statu quo. Alors, quelle est la
finalité, finalement? Je remarque qu'il n'y a aucun amendement. Est-ce
que ça signifie qu'à ce moment-ci le médiateur
nommé par 94 et l'arbitre qu'on nommera à 98 vont être deux
personnes différentes?
M. Cherry: Ce qui a été retenu, M. le
Président, en réponse à M. le député de
Drummond, c'est que le médiateur sera une personne et l'arbitre une
autre personne.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que ça
répond à votre questionnement, M. le député de
Drummond?
M. St-Roch: j'aurais le goût de demander: pourquoi on n'a
pas retenu la même personne? parce que c'est les écoles de
pensée, finalement, là.
M. Cherry: Oui, c'est ça. Vous vous souviendrez, hier,
certains faisaient valoir qu'ils ne souhaitaient même pas que les notes
ou ses remarques personnelles puissent être communiquées, disant
qu'ils voulaient maintenir l'impartialité de l'arbitre. Ils ne voulaient
pas que... Donc, si c'était la même personne, ça aurait
comme résultat que ce qui n'a pas pu réussir en médiation,
il le transpose en arbitrage. Alors, dans ce sens-là, ce qu'on a retenu
pour respecter le cheminement d'impartialité, c'est cela. Mais il faut
toujours retenir que l'objectif du médiateur en est un d'en arriver
à un règlement. Il est là
pour ça. C'est ça, son mandat premier.
Le Président (M. Gauvin): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Le Regroupement des associations de pompiers du
Québec recommandait, à la page 5 de son mémoire, de
libeller comme suit: «Dans les 10 jours de la réception d'une
demande écrite d'une partie, le ministre nomme un médiateur pour
aider une corporation». Il y a là-dedans, il me semble, des
éléments intéressants qui auraient mérité
d'être examinés. C'est laissé, là, à...
Évidemment, je ne pense pas que le ministre fasse exprès de ne
pas régler ses dossiers, mais il me semble qu'une contrainte ça
peut aussi s'appliquer, pas seulement aux parties, ça peut aussi,
à l'occasion, s'appliquer au ministre, quel que soit le ministre. Je ne
porte pas de jugement sur le ministre. (15 h 40)
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
(Consultation)
Le Président (M. Gauvin): M. Gabrièle.
M. Gabrièle: M. le Président, ce que nous demandait
le Regroupement des associations de pompiers, c'était un délai de
10 jours: Dans les 10 jours, le ministre nomme. mais, comme je vous
l'expliquais, m. le président, les habitudes, au ministère du
travail, pour la conciliation ou la médiation: dès qu'il y a un
conflit de travail, nous nommons immédiatement, dans les jours qui
suivent. donc, on n'a même pas besoin du délai puisqu'on nomme
immédiatement c'est pour ça qu'on est...
Le Président (M. Gauvin): Allez. Est-ce que ça
répond à votre question, Mme la députée de
Chicoutimi?
Mme Blackburn: Pas vraiment. Je veux dire, 11 aurait beau me
donner ce genre d'explication... ça va, là, mais, je veux dire,
il n'en demeure pas moins qu'il ne demande pas un délai d'un maximum de
10 jours, mais il dit: ii ne faudrait jamais que ça excède 10
jours. et c'est ça, là. il fixe une obligation au ministre. tant
qu'à être en train de jouer dans les projets de loi... c'est vrai
qu'on fait un peu dans la dentelle avec ce projet de loi, mais, en même
temps, tant qu'à y être, pourquoi ne pas essayer de le bonifier de
façon...
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Cherry: Je reconnais ce que vous dites, mais, si on se base
sur la pratique, je ne me souviens pas d'avoir entendu quelqu'un se plaindre,
indépendamment de la personne et en excluant même celui qui vous
parle, qu'un ministre ait pris bien du temps à nommer un
médiateur ou un conciliateur. Règle générale, les
parties communiquent verbalement au téléphone. Elles disent:
Écoutez, voici, on vous demanderait... Puis, même, si telle
personne est disponible, elle a déjà eu notre dossier,
pouvez-vous nous l'assigner? C'est la façon dont ça fonctionne,
non seulement depuis que je suis ministre, mais, quand j'étais un client
du ministère du Travail et que j'avais besoin des services,
c'était la façon dont on procédait.
Mme Blackburn: Alors, parlons de clients. La FTQ demande
également que la demande soit écrite. C'est vos
ex-collègues. La demande d'un médiateur, la demande
adressée au ministre, ce n'est pas une demande verbale, comme vous venez
de le dire - ils donnent un coup de fil et disent: Nommez-moi un
médiateur d'urgence -mais il faut que ce soit écrit. Je veux
dire, est-ce que ça n'a pas non plus été retenu?
M. Cherry: Règle générale, à ma
souvenance, ils le font verbalement, puis c'est suivi d'un écrit. Mais,
souvent, parce qu'ils ne veulent pas qu'il se passe... Toujours dans le but
d'accélérer, parce qu'ils ne veulent pas qu'il se passe trop de
temps, des fois, on répond. Et c'est ce qui fait que, dans l'explication
de M. Gabrièle, tantôt, il vous disait que, bien souvent,
l'individu nommé est déjà au travail avec les parties et
qu'on reçoit par après la lettre qui confirme la demande. Des
fois, il peut se passer un peu de temps entre les deux, mais on ne veut pas que
ça puisse nuire. Donc, c'est la façon qu'on a de
procéder.
Bien souvent, si vous me permettez, par expérience - puis ceux
qui en ont là-dedans, je pense au député de Laviolette et
au député de Drummond - le problème des longueurs de ces
affaires-là, ce n'est pas les services que leur rend le gouvernement,
c'est beaucoup plus l'agencement des agendas des procureurs et des
disponibilités de ces gens-là pour réussir à...
Mme Blackburn: Ne me dites pas que ça se passe comme
à la CSST.
M. Cherry: ...coïncider. Ha, ha, ha! C'est le même
monde, puis, dans la vraie vie, il fonctionne comme ça. C'est bien plus
ça que des délais venant de nous autres. C'est que le procureur,
à telle date, n'est pas disponible parce qu'il est dans une autre cause,
puis, là, ça ne s'accommode pas. Et, quand les deux procureurs
sont d'accord, c'est l'arbitre qui, lui, n'est pas disponible cette
journée-là. En tout cas, d'expérience, c'est souvent comme
ça.
Le Président (M. Gauvin): Le député de
Laviolette aimerait intervenir. M. le député.
M. Jolivet: Bien, je ne sais pas si ma collègue a
terminé.
Mme Blackburn: Oui, ça va.
M. Jolivet: Bon, en fait, tout simplement, c'est pour dire
qu'aujourd'hui l'utilisation des machines appelées fax... Souvent, les
gens disent: Je vais t'envoyer ça par écrit tout de suite par le
bélino. Sauf qu'il y a toujours le principe: trop fort ne cassant pas,
le mettre, ce n'est pas mauvais; ne pas le mettre, ça le sous-entend.
C'est dans ce sens-là, je pense, que la question est posée par ma
collègue. Dire: Est-ce qu'il y a une objection à ce qu'il soit
écrit? S'il n'y a pas d'objection, on peut l'écrire.
L'autre question que je pose par rapport à ça: Dans les
autres parties du Code du travail, la nomination des médiateurs, c'est
la même formulation, j'imagine. Il n'y a pas de changement de
formulation. Dans le Code du travail lui-même, lors de conflits autres
que celui-là, c'est la même chose. Alors, c'est la pratique, dans
le fond.
M. Gabrièle: II y a l'obligation de diligence raisonnable
du ministre.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que ça
complète le questionnement au sujet de l'article 94 de l'article 4?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (m.
gauvin): l'article 94 étant
adopté, on passe à l'article 95, toujours de l'article 4, qui se
lit comme suit: «les parties sont tenues d'assister à toute
réunion où le médiateur les convoque.»
M. le ministre.
M. Cherry: Cette disposition, M. le Président, c'est du
droit nouveau, et ça a pour objet de rendre obligatoire l'assistance
à toute réunion convoquée par le médiateur. Il
s'agit de la même obligation qu'ont les parties face à un
conciliateur. Pour parler de concordance, là, ce qu'on retrouve comme
conciliateur, la notion de médiateur qu'on a introduite dans policiers
et pompiers, on y met la même obligation.
M. Dufour: autrement dit, ça répond à la
question que j'avais hier, que j'ai formulée. ça pourrait
être des amendes qui sont imposées aux parties si elles ne sont
pas présentes.
M. Cherry: Ou, bien sûr, dans un cas où, par
exemple, une des parties ou les deux décideraient de ne pas se
présenter, mais, là, le médiateur ferait...
M. Dufour: Ah bien! là, il met fin à la
médiation.
M. Cherry: ...son rapport. Il met fin à la
médiation, puis il dit: Écoutez, là, allez-y, M. le
ministre, on...
M. Dufour: Ça, ça me semble trop évident,
là.
M. Cherry: Oui. S'ils ne veulent pas, là, il y a quelque
chose qui se passe. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que l'article 95 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le .Président (M. Gauvin): Alors, l'article 95
étant... Excusez.
Mme Blackburn: Mais, du moment où les parties peuvent
décider de ne pas se présenter, vous dites: Bon, c'est fini, on
s'en va. Je ne vois pas ce que la clause vient faire. Vous dites: «Les
parties sont tenues d'assister à toute réunion où le
médiateur les convoque.» Et là vous me répondez:
S'ils décident de ne pas se présenter, c'est évident que,
bon, on estime que c'est terminé, et ça passera à
l'arbitrage, à la demande des parties. Alors, moi, je veux comprendre
pourquoi on met ça s'ils peuvent décider de ne pas y aller.
M. Cherry: Oui. Il faut bien comprendre. On prend des exemples de
pourquoi ils ne pourraient pas s'y rendre. Je pense bien qu'une fois qu'ils ne
se sont pas rendus à la convocation, il me semble que, si j'avais
à agir comme médiateur, je voudrais connaître les raisons.
Ils «ont-u» décidé de ne pas répondre ou
est-ce qu'il y a eu un empêchement? Qu'est-ce qui fait qu'ils ne sont pas
venus? Est-ce qu'il y a une autre date qui serait plus conforme ou si, tout
simplement, c'est de la manifestation de ne pas être venus?
Là, hier, les gens souhaitaient qu'il y ait des prévisions
au Code. C'est 144 qui dit qu'il y a des amendes. Vous permettrez que je le
lise, M. le Président, bon: «Quiconque fait défaut de se
conformer à une obligation ou à une prohibition imposée
par le présent Code, ou par un règlement du gouvernement, ou par
un règlement ou une décision d'un agent d'accréditation,
d'un commissaire du travail, du tribunal ou de l'un de ses juges, commet une
infraction et est passible, à moins qu'une autre peine ne soit
applicable, d'une amende de 100 $ à 500 $ et de 1000 $ à 5000 $
pour chaque récidive.»
Mme Blackburn: Alors, ce n'est pas tout à fait comme vous
le dites. Ils ne se présentent pas et on décide que ça
s'en va en arbitrage.
M. Cherry: Mais, dans les faits, de mémoire -
peut-être que les gens pourront me corriger - et surtout si on
ramène ça à l'aspect de
la médiation, parce que c'est ça qui est l'objet ici, on
introduit la médiation obligtoire et, l'objectif, c'est de rapprocher
les parties, s'il y en a un qui fait la démonstration qu'il ne veut pas
se servir de ça, mais, parce que la loi l'oblige, il dit: Je ne m'y
rendrai pas, je pense bien que ce n'est pas en lui donnant une amende de 100 $
ou de 500 $ qu'on va faciliter la relation entre les deux. On passera à
l'arbitrage, et là ils feront leurs preuves et...
Mme Blackburn: J'ai toujours cru que le législateur,
lorsqu'il parlait, c'était pour dire quelque chose. C'est comme
ça qu'on dit ça? Généralement, il ne parie pas pour
ne rien dire.
M. Dufour: II ne parle pas pour ne rien dire.
Mme Blackburn: II ne parle pas pour ne rien dire. Parce que,
là, je comprends qu'il pourrait y avoir des pénalités.
Moi, je ne pense pas qu'on puisse non plus contraindre. Là-dessus, j'ai
bien de la difficulté à penser qu'on puisse contraindre les
parties à s'asseoir à une table. Ça n'a pas grand chance
de résultats. Mais, en même temps, si c'est ça, je me
demande à quoi sert l'article.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que vous voulez ajouter,
M. Gabrièle?
M. Gabrièle: de plus, dans le code, en plus des demandes,
il faut que les parties négocient avec diligence et de bonne foi. c'est
l'article 53 du code.
Mme Blackburn: Dites-moi combien de fois les parties ont
utilisé ça pour dire que ça ne s'est pas fait ni de
façon diligente ni de bonne foi, et là vous avez des amendes
à la planche. Voyons!
M. Gabrièle: Écoutez, moi, je pense que... M. le
Président, ce n'est pas les amendes qui vont régler ça.
C'est plus la perception que, dans le rapport du médiateur, quand il va
écrire qu'une des parties ne s'est pas présentée et
qu'elle n'a pas négocié de bonne foi et que l'autre partie peut
rendre ce rapport du médiateur public, vous voyez un peu...
Mme Blackburn: Bien, moi, écoutez, je n'ai pas
d'objection, mais comme...
M. Cherry: Parce qu'on se souvient...
Mme Blackburn: C'est votre loi, c'est votre loi.
M. Cherry: On se souvient que le rapport, en le remettant aux
parties, il va être public. (15 h 50)
Le Président (M. Gauvin): Donc, je rappelle...
M. Cherry: alors, là, la partie qui aura
décidé de ne pas se présenter et dont l'objet de son
comportement sera rendu public, bien, elle subira-
Une voix: un échevin pourrait se faire battre, mais pas un
policier.
Mme Blackburn: Mais ce n'est pas ça qui va
améliorer la qualité de relations de travail.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que l'article 95 est
adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): L'article 95 étant
adopté, j'appelle l'article 96, et, M. le ministre, nous avons un
amendement. Donc, je me permets de présenter l'amendement. L'amendement
se lit comme suit: Supprimer, dans la troisième ligne de l'article 96
introduit par l'article 4 du projet de loi, le mot «notamment».
M. Cherry: Cette disposition, M. le Président, c'est du
droit nouveau, puis ça a pour objet - bien sûr, l'ensemble, non
seulement l'amendement - d'obliger le médiateur à transmettre aux
parties un rapport portant sur les résultats de son intervention et de
prévoir que ce rapport est également transmis au ministre du
Travail, avec les recommandations du médiateur.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): L'amendement étant
adopté, j'appelle l'article 96, que je vais vous lire dans son ensemble,
tel qu'amendé. Est-ce que ça va? «96. À
défaut d'entente à l'expiration de la période de
médiation, le médiateur remet aux parties un rapport dans lequel
il indique les matières qui ont fait l'objet d'un accord ainsi que leurs
positions respectives sur celles faisant encore l'objet d'un différend.
«Le médiateur remet en même temps une copie du rapport au
ministre avec ses recommandations.»
M. Cherry: C'est les mêmes explications, M. le
Président. C'est pour obliger le médiateur à transmettre
aux parties un rapport sur les résultats de son intervention puis
prévoir que ce rapport, bien, il va être également transmis
au ministre du Travail.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que
l'article 96... Excusez, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Sur cet article, précisément, il y a
eu plusieurs remarques, qui me semblaient être fort pertinentes, sur le
délai consenti au médiateur pour remettre son rapport, sur le
libellé des accords intervenus. Elles avaient raison. Elles avaient
raison parce que, si le ministre se fie à son expérience, il sait
bien que, sur la proposition du projet de loi, de son contenu de projet de loi
qui a circulé un petit peu, juste avant les fêtes, avant la fin de
la session, les parties avaient fait consensus: Ça a de l'allure, son
affaire. Dans le fond, on pourrait acheter ça. Mais, une fois
rédigé, vous avez réalisé que ce n'était pas
tout à fait la même chose.
Et, en matière de relations de travail, la rédaction d'un
article de la convention collective, tu sais, je veux dire, ce n'est pas juste
consigner les accords, là. Il me semble qu'il faudrait que ça
soit retrouvé dans la même forme qu'on retrouve dans les
conventions collectives, sous forme juridique, légale, de manière
légale, de manière à ce qu'on ne soit pas pris avec...
Parce qu'il me semble qu'autrement on va toujours pouvoir questionner si,
vraiment, ça a été paraphé, si, vraiment, il y a eu
une entente. Et je vois, moi, demain matin, votre arbitre, il va être
pris avec ça.
Et, moi, je pense qu'il y avait là-dedans des remarques fort
pertinentes, puis je ne sais pas pourquoi le ministre ne les a pas retenues,
parce que ça n'alourdissait pas. Si vous m'invoquez le fait que c'est
plus difficile et plus long pour un médiateur de rédiger dans la
forme, bien là, vous allez me dire que la rédaction qu'il va
faire sera inutile. Parce que n'importe qui pourra dire: Ce n'est pas tout
à fait ça. Et ce n'est pas vrai, parce que vous avez mis,
paraphé, initiale en bas. La personne ne pourra pas dire, après:
Ça a excédé largement l'interprétation qu'on en
avait fait, et ainsi de suite. Moi, je pense qu'il y avait quelque chose
là-dedans et je pense que le ministre aurait eu intérêt
à examiner de façon très soigneuse deux choses: le
délai et la rédaction.
Et c'est revenu, ça, de façon... Je pense que tous les
mémoires en ont fait état. Je ne sais pas si l'Union des
municipalités... Ils se sont moins arrêtés à ces
détails-là, mais j'ai la conviction que les procureurs pourraient
être d'accord avec ça. Il faudrait que je regarde
l'Ancienne-Lorette, aussi, où on avait les... Parce que, moi, je pense
qu'il y a quelque chose là. Et je pense qu'avant d'aller plus loin,
comme on va l'adopter, ce projet de loi, j'inviterais le ministre à
réexaminer la possibilité d'y introduire un amendement qui
répondrait aux attentes et aux craintes exprimées - je pense, de
façon tout à fait de bonne foi - de la part de la majorité
des intervenants. Ce n'est pas rien, il me semble. Il faudrait peut-être
que vous en parliez à ceux qui font généralement de la
négociation. Je sais que vous en avez, dans le cabinet, des gens qui ont
fait longtemps de la médiation, de la conciliation, de l'arbitrage.
M. Cherry: Est-ce que je peux demander à M.
Gabrièle de compléter la réponse?
Le Président (M. Gauvin): M. le sous-ministre, M.
Gabrièle.
M. Gabrièle: Nous avons analysé cette
demande-là, qui était dans les rapports. Tout à l'heure,
quand on disait que la médiation durait 60 jours .et qu'on pouvait la
prolonger une seule fois de 30 jours, on trouvait le délai
déjà trop long. Donc, si le médiateur doit faire que les
parties s'entendent sur le texte et l'écriture... Il est important de
considérer que le délai de 60 jours ou de 90 jours était
suffisant, parce qu'il faut que les parties s'entendent, comme on nous l'a dit
hier, et que ça soit annexé au rapport et déposé,
clause par clause, alors que, au niveau d'une médiation, on s'entend sur
des grands principes. Si les parties, déjà, par
négociation entre elles, se sont entendues sur un article complet,
clause par clause, et qu'elles l'ont paraphé, ça peut être
annexé au rapport de médiation. Bien sûr, rien
n'empêche que ça puisse être annexé. Mais, sur les
points où il y a des ententes de principe, s'il faut, pour que le
rapport de médiation soit complet, qu'il y ait les textes, tous les
textes, article ou clause à clause, paraphés, je pense que la
médiation qui dure 60 jours ne serait pas suffisante.
Le Président (M. Gauvin): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Mais, le médiateur, on n'indique même
pas de délai pour qu'il remette son rapport; il pourra prendre le temps
qu'il veut pour le rédiger. Ça, c'était l'autre
objection.
M. Gabrièle: C'est à l'expiration des 60 jours ou
des 90 jours, s'il y a eu prolongation, qu'il faut qu'il émette son
rapport.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre, oui.
M. Cherry: Dans la pratique, bien sûr, avant que le
médiateur ne rende son rapport, le remette aux parties, les parties sont
confrontées, et il dit: Voici ce que je vais vous remettre. Trouvez-vous
des... Dans le fonctionnement, c'est comme ça. S'il y avait quelque
chose là, les parties vont l'indiquer à ce moment-là,
surtout maintenant que c'est convenu qu'elles peuvent le rendre public.
Le Président (M. Gauvin): Mme la
députée.
Mme Blackburn: Si ce n'est pas suffisamment clair, ce qui a fait
l'objet d'un accord, ça va finir par se réduire à une peau
de chagrin, ce sur quoi ils vont s'être entendus en médiation,
parce qu'on pourra toujours invoquer, après... Comment allez-vous...
Vous allez parapher? Comment vous allez convenir qu'il y a un accord? Il va
falloir qu'ils signent quelque part. Ils vont refuser de signer si ce n'est pas
dans sa forme. Moi, je ne suis pas sûre. Il me semble que,
généralement, ils savent négocier et ils sont
accompagnés d'experts - les deux parties généralement,
mais particulièrement les syndicats - et ils ne signeront pas n'importe
quoi. Alors, on va recommencer à zéro.
Le Président (M. Gauvin): M. Gabrièle, vous voulez
ajouter? (16 heures)
M. Gabrièle: M. le Président. Quand on fait de la
médiation pour rapprocher les deux parties, les parties négocient
devant un médiateur. Quelquefois aussi, le médiateur, dans son
exercice de médiation, prend les parties ex parte, fait des
recommandations à une partie et à l'autre et, à la fin, ce
qui arrive, sur une matière donnée, il y a une entente
écrite qui peut contenir des principes de l'entente sur lesquels on
s'est entendus et, ensuite, elle va être transposée en articles ou
clauses de convention collective par la suite. Ou encore, si les parties ont
négocié au texte soit d'une demande ou des offres, ils paraphent
en modifiant les clauses, et ça devient l'entente sur un objet ou une
matière donnée.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Là, il y a une première chose sur
laquelle il faut bien s'entendre, parce que le principe de l'avocat «trop
fort ne casse pas» s'applique ici. Le sous-ministre nous indique qu'il y
a, dans la clause qui précédait, à 94, un délai de
90 jours. Moi, je comprends très bien ce délai-là de la
façon suivante: II a 90 [ours pour amener les parties à
s'entendre: 60 jours, prolongation de 30 jours. Ça ne veut pas dire,
quand je m'en vais a la clause suivante, quand je lis le texte, au texte, qu'il
doit nécessairement remettre son rapport à la 90e journée
ni à la 60e. À quelle place on me l'indique, dans le texte? Je ne
le vois pas.
Deuxièmement, au niveau de ce délai-là de la
préparation des documents qui sont à être
présentés, disant: Voilà les clauses sur lesquelles on
s'est entendus, les clauses sur lesquelles on ne s'est pas entendus, le
médiateur, lui, doit constater qu'il y a entente ou non. On a raison de
dire qu'il les amène ex parte. Il les amène puis, finalement, on
en arrive à ce qu'on appelle un accord de principe. Un accord de
principe, ça va bien. Quand vient le temps de l'accord de principe,
souvent, vous avez des assemblées générales qui disent: On
accepte l'accord de principe. Une fois qu'on l'a accepté, on a un
protocole de retour au travail. Puis, après ça, si ça ne
marche pas, on a encore le droit de faire la grève si ça ne
marche pas. Je n'ai pas ça, là. Je n'ai pas le droit de
grève, moi, là. Je n'ai aucun pouvoir, là. Je suis en
arbitrage forcé. Je suis en médiation forcée. Je suis dans
un processus où, moi, si ça ne marche pas, je n'ai plus rien.
Alors, quel est le pouvoir que j'ai, comme syndiqué, de dire: Je ne
m'entends pas sur le libellé; ce n'est pas ça qu'on voulait dire?
Mais, là, c'est passé, le temps est passé, le monde a
arrêté ses moyens de pression, peu importe ce qu'il a pris. Mais
ils n'ont pas le droit de grève, ces gens-là.
Je pense que, là, on est dans un cas bien spécifique. Ce
n'est pas, dans ce que le sous-ministre nous indique, des cas où les
gens ont des pouvoirs de sortir à nouveau si ça ne marche pas.
Quand j'ai une entente de principe, une fois que l'entente de principe est
acquise, j'ai un protocole de retour au travail, parce que je suis dehors ou
parce qu'on veut cesser les moyens d'action. Puis, là, j'ai quand
même un pouvoir de retourner dehors si, mon Dieu! ce n'est pas ce que je
voulais. Mais, là, ce n'est pas ça, là. Je suis dans un
processus forcé. Alors, qu'est-ce qu'ils me donnent comme garantie?
C'est pour ça que les gens disent: La garantie, dans ce cas-là,
devrait être qu'au fur et à mesure qu'on avance il y a un article
accepté, paraphé des deux parties. Là, je vais être
clair, ça va être ça, le texte. Je m'entends, là.
Par la médiation, par l'exercice de la médiation. Et, dans ce
contexte-là, en arriver à m'assurer que je ne me fasse pas avoir
au bout de la course.
Puis il y avait d'autres choses que je voulais ajouter, mais je les ai
perdues en cours de route. Mais c'est dans cette même façon de
voir les choses, dans la mesure où on est dans un processus
forcé. Je voudrais entendre vos réactions, et peut-être que
ça va revenir, l'autre partie que je voulais dire.
Le Président (M. Gauvin): M. Gabrièle.
M. Gabrièle: M. le Président, ce qu'il faut
comprendre...
Mme Blackburn: Si vous permettez, M. le Président. C'est
le projet de loi du ministre. Il est dans un secteur qu'il connaît
parfaitement. J'apprécie sa voix. Est-ce qu'il pourrait nous
répondre?
Le Président (M. Gauvin): À l'invitation de M. le
ministre, M. Gabrièle avait été mandaté pour
répondre à la question du député de Laviolette.
Mme Blackburn: Allez-y. Ça va. Non, non. On ne peut pas le
forcer.
M. Cherry: M. le Président, c'est la façon qu'on a,
à chacune de nos commissions, de procéder. Je veux dire... Puis,
dans ce sens-là, à ma souvenance, ça fait seulement deux
ans et demi que je suis ici, et il me semble qu'à chaque fois on a
procédé de cette façon-là.
M. Dufour: Peut-être ici, mais ça ne procède
pas de même dans les autres commissions. Dans les autres commissions, le
ministre défend son projet et, de temps en temps, quand ça
devient des questions techniques, c'est le sous-ministre ou une autre personne
qui répond à sa place, mais c'est exceptionnel. Règle
générale, c'est normalement le ministre qui répond de son
projet de loi.
M. Cherry: Bien sûr, on est conscients qu'ici il s'agit
d'un droit particulier, qui est le droit des policiers et pompiers à
l'intérieur du Code du travail. C'est bien, bien sûr que je peux
être familier avec le Code du travail, mais la particularité
policiers et pompiers, je ne peux pas revendiquer une grande expérience
là-dedans non plus. Je pense que tenter de vous indiquer le contraire,
ce serait... Ce n'est pas ça. Donc, quand il s'agit d'aller à la
particularité qui concerne les gens, les policiers et pompiers, je pense
que, sous cet aspect-là, il me semble que, pour mieux éclairer
les travaux de la commission, je me réfère, pour compléter
mes réponses, au sous-ministre, qui, lui, a à voir au suivi
quotidien de ça.
Le Président (M. Gauvin): Ce qu'il faut reconnaître,
c'est qu'à votre demande, M. le ministre, M. Gabrièle
répond en votre nom.
M. Cherry: Bien sûr.
Une voix: C'est évident.
Mme Blackburn: II n'a pas le choix.
Une voix: C'est toujours de même.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce qu'on continue les
compléments de réponse avec M. Gabrièle?
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Gauvin): M. Gabrièle.
M. Gabrièle: M. le Président, il faut voir que,
lorsqu'on nous a demandé, à l'article 96, des délais, il
faut relire l'ensemble des rapports qui nous ont été
présentés. Vous vous souvenez que certaines associations ne
voulaient pas de la médiation et qu'on voulait raccourcir les
délais de la médiation pour déférer le dossier
directement à l'arbitrage. Même, dans certains mémoires, on
nous disait: Lorsqu'une des parties ne se présente pas deux fois
à une séance de médiation, le dossier devient
déféré immédiatement à l'arbitrage. Bon.
Vous comprenez, quand le médiateur remet le rapport aux deux
parties, il y a un délai. À défaut d'entente, dans
l'article 96, on dit: «À l'expiration de la période de
médiation». À l'expiration, ça peut être
à la fin des 60 jours ou, s'il y a eu prolongation, à la fin des
90 jours - pas plus - qu'il remet un rapport aux deux parties.
Maintenant, c'est vrai que les parties, quand elles négocient au
texte et qu'elles paraphent des clauses, ça va être annexé
au rapport, mais, si la médiation est que ce soit une négociation
clause par clause et article par article, il va de soi que les 60 jours, avec
une possibilité de prolongation de 30 jours, c'est trop court. La
conception qu'on a de la médiation et de la conciliation, c'est un
rapprochement des parties et pour permettre que les parties puissent faire des
ententes au texte ou des ententes de principe, et l'écriture des clauses
se fait par la suite.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, j'ai retrouvé mon
idée.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Ce que je veux dire, là, dans
l'expérience qu'on a des ententes, des discussions qu'on a eues selon
l'ancienne façon d'agir au niveau des policiers et pompiers, y a-t-il
quelqu'un qui peut m'expliquer, sur une convention collective - parce que,
là, je vais parler d'expérience - combien de clauses - à
part le fait que, dans les années soixante, soixante-dix, on
était en train de faire nos conventions collectives mais qui ont
été tellement perfectionnées qu'aujourd'hui, en 1990,
j'imagine qu'on ne revient pas avec l'ensemble de toutes les clauses à
nouveau... Je pense que ce n'est pas difficile de dire: Les clauses
numéro untel, untel de l'entente actuelle sont paraphées parce
que acceptées. Donc, ça, ce n'est pas difficile de mettre
ça. Là où il va y avoir difficulté, c'est là
où il y a des différends. Donc, c'est sur ces clauses-là,
je pense, que les gens disent - elles vont être moins nombreuses -qu'il y
a, à ce moment-là, possibilité de dire, dans le rapport: Y
a-t-il moyen, sur celles où on s'est entendus, où on a
paraphé le texte lui-même, que ce soit celles-là? À
défaut de ne pas s'entendre, ça deviendra tout le
différend qui sera jugé selon ce qui est marqué
là.
Je comprends que le délai à l'expiration de la
période de médiation, ça veut dire que ça
obligerait l'individu, s'il a 90 jours, parce que c'est le médiateur qui
a demandé 30 jours additionnels, que le ministre a accordés
compte
tenu que ça va bien, comme on sait que ça se passe...
À ce moment-là, le médiateur, lui, a déjà
prévu une dizaine de jours pour faire la compilation de ça. Donc,
ce ne sera jamais 90 jours totaux de médiation, ça peut
être 80 jours, ou ça ne sera jamais 60, ça peut être
55 jours pour permettre, justement, la préparation de son rapport qui
sera donné à l'expiration du délai. Et là il
essaiera peut-être une dernière tentative dans les deux
dernières journées. Si ça ne marche pas, bien, là,
son rapport est fait. C'est de même qu'il va fonctionner, à mon
avis. Donc, «à l'expiration» me donne une réponse
à la question que j'avais quant au délai, mais il reste quand
même que la question des clauses paraphées devrait être
réexaminée. (16 h 10)
Une des façons de le régler: on peut l'accepter sur
division cet après-midi pour que le ministre ait le temps de le regarder
d'ici la session et, quand arrivera le temps du rapport, le mettre dans le
rapport en Chambre, s'il y a une décision qui peut être prise dans
ce sens-là.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Cherry: M. le Président, d'expérience, dans le
secteur où j'ai été, quand tu fais appel aux services -
dans mon cas c'était un conciliateur, mais je pense que ça
s'appliquerait au médiateur - d'un médiateur, la première
démarche qu'on doit faire, les parties, c'est de lui identifier le cadre
dans lequel on lui demande d'exercer sa fonction. La première chose
qu'il nous dit: Faites-moi la liste des choses sur lesquelles, vous, vous vous
êtes entendus et faites-moi la liste des choses qui sont en litige, sur
lesquelles vous souhaitez que je vous aide à arriver à une
entente. Donc, il me semble que, règle générale, il n'a
pas dit... À moins que vous ne me disiez que vous n'aviez rien de
réglé et que tout est ouvert.
Mais, règle générale, la démarche d'un
conciliateur - et, ici, ce serait le médiateur -est celle-là:
Faites-moi la liste des choses sur lesquelles il n'y a pas de dispute, il n'y a
pas de conflit, vous n'êtes pas en demande, ni les uns ni les autres, et
aucune des demandes dans lesquelles vous êtes en conflit ne peut avoir un
impact sur celles-là. Y a-t-il moyen qu'on les mette de
côté? Règle générale, ça, ce sont les
premiers documents qu'on dépose. Donc, il dit: Là-dessus, c'est
bien correct. À cette heure, on identifie. Et là, après
ça, il commence à travailler. Et ça, ça va, il me
semble, dans la façon, la méthode de travail qu'ont ces
gens-là à qui on confie la responsabilité.
Lui, son rôle, c'est d'éclaircir le dossier pour identifier
les points. Tu sais, il a intérêt, d'abord, à en fermer le
plus possible, et ceux qui ne sont pas en conflit ou en discussion, il les
identifie présentement. Je pense que c'est comme ça que ça
marche. On fait une liste: pas de demande, pas de demande, renouvelé tel
quel. En tout cas, c'est le langage qu'on utilise d'habitude
là-dedans.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que ça
répond à vos questions, M. le...
M. Jolivet: En fait, c'est que, quand on fait rapport à
nos assemblées générales, normalement, on a le texte.
Ça arrive souvent qu'on a les clauses paraphées. Moi, il me
semble que ce n'est pas difficile de dire, parce que ça arrive souvent,
ça: Alors, tu as les clauses paraphées, tu fais rapport, et
voilà où on est rendus. Alors, à ce moment-là, il
reste juste les clauses à différend. Les clauses à
différend, celles-là, les gens disent: Quand la médiation
aura lieu, il sera possible, à ce moment-là, d'avoir une clause
rédigée - il n'y a rien qui l'empêcherait -
paraphée. Là, on serait sûr que celle-là ne
bougerait pas. Il resterait juste les dernières.
Alors, il y aurait trois étapes: celles qui ont
déjà été entendues entre les parties avant
même que la conciliation ou la médiation ne débute; celles
qui seront entendues pendant la médiation et celles qui resteront.
Alors, moi, il me semble que ça ne pourrait pas être difficile de
regarder ça de même.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Drummond. Je pense que vous aviez une question.
M. St-Roch: Oui. Je pense que ça a partiellement
répondu, dans ma perception. Je pense que, dans les faits, si on
s'entend, ça va être un minimum de clauses qui devraient aller en
médiation. Règle générale, ça tourne
alentour du monétaire ou des bénéfices marginaux.
J'imagine, moi, s'il y a une entente au niveau de la médiation sur les
grands principes, si j'en reste à prendre cette avenue-là,
qu'à la fin, à la rédaction des textes, ce ne sera pas
tout l'ensemble qui va faire difficulté, ce sera peut-être une, ce
sera peut-être deux. Dans l'éventualité... Vu qu'il n'y a
pas de lock-out - on peut prendre le terme anglais - ni de grève, si
jamais on ne s'entendait pas avec le conciliateur sur ces une ou deux
clauses-là, c'est seulement sur ça que l'arbitre aurait à
statuer un peu plus tard. Alors, ma perception est correcte, dans ce
sens-là?
M. Cherry: On le défère à l'arbitrage, c'est
ça?
M. St-Roch: Oui. À ce moment-là, ce sera la ou les
clauses qu'on n'aura pas réussi à finaliser. D'autant plus que,
moi, je pense, encore là, selon mon expérience personnelle, que,
lorsqu'on arrivait à la conciliation, on mettait des équipes qui
travaillaient pour être capables, autant que possible, d'arriver avec des
textes. On pouvait dire: Tiens, voilà notre entente de principe, voici
le texte qu'on peut parapher, les
deux parties, qu'on ne change pas, d'un côté comme de
l'autre. Je pense que c'est ce mécanisme, d'habitude, là, qui
devrait se développer - j'ai l'impression, moi - à l'usage
aussi.
Le Président (M. Gauvin): Ça va, M. le ministre?
C'est la bonne compréhension?
M. Cherry: Oui.
Le Président (M. Gauvin): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Par curiosité: Les recommandations qu'un
médiateur peut faire au ministre, de quelle nature sont ces
recommandations? Comme le ministre ne tranche pas des...
M. Cherry: On parlait hier des commentaires qui pouvaient
être transmis. C'est à ça que vous faites
référence?
Mme Blackburn: Non, non. Je fais référence à
l'article 96, le deuxième paragraphe: «Le médiateur remet
en même temps une copie du rapport au ministre avec ses
recommandations.»
M. Cherry: Oui, il remet en même temps une copie du rapport
au ministre avec ses recommandations.
Mme Blackburn: Et à quoi ça sert, «ses
recommandations»? Parce que je ne vois pas l'usage qu'il peut en faire,
étant donné que les décisions suivantes appartiennent aux
parties, à l'exception de la nomination de l'arbitre, si besoin est.
M. Cherry: O.K. Donc, pour reprendre la dernière partie,
supposons que le médiateur souhaite communiquer au ministre la
façon dont les parties ont collaboré ou manqué de
collaboration avec lui dans l'exercice de son mandat, le climat de travail, les
relations entre les deux...
Mme Blackburn: Ça, c'est des commentaires, ce n'est pas
des recommandations.
M. Cherry: Tu sais, ça peut être très
indicatif pour décider de la personne qui sera la mieux habilitée
à les aider à l'étape suivante. Tu sais, dans ce
sens-là, il me semble que ça...
M. Jolivet: Dans notre langage, ce serait plutôt des
commentaires qui pourraient être un peu plus grivois, des
mémérages.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Cherry: Je vois le député de Laviolette qui fait
ce commentaire-là et qui sourit en même temps. On sait que,
souvent, c'est important, ces commentaires-là. Souvent, non seulement
les objets du litige mais les personnes aussi, qui ont à les
véhiculer, tout ça, c'est important et ça joue dans la
dynamique.
M. Jolivet: Parce que c'est une perception. En fait, j'ai
appelé ça «mémérage» juste pour
m'amuser. C'est parce que c'est une perception de l'individu, comment il a
perçu les deux parties. Et ces perceptions-là ne deviennent pas
nécessairement des recommandations. Pourquoi on ne marquerait pas,
à ce moment-là, «ses commentaires»? Ce serait mieux
«commentaires» que «recommandations» parce que des
recommandations, ça vous obligerait à faire des choses.
Commentaires?
Mme Blackburn: Recommandations...
M. Cherry: Oui, O.K. On pourrait mettre
«commentaires».
Le Président (M. Gauvin): Mme la députée de
Chicoutimi, pour ce qui est des commentaires.
Mme Blackburn: Alors, on met un papillon pour
«commentaires».
M. Jolivet: On va le faire d'office, M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): O.K. Est-ce que vous avez un
amendement, un document à nous proposer comme amendement?
M. Jolivet: II n'est pas difficile, M. le Président.
À l'article 96, deuxième paragraphe, enlever le mot
«recommandations» et le changer pour le mot
«commentaires».
Le Président (M. Gauvin): J'aimerais, si possible, qu'on
nous...
M. Jolivet: Ça fait qu'on vous laisse le soin de
l'écrire, avec votre secrétaire.
Le Président (M. Gauvin): C'est ça. Allez-vous vous
charger de nous déposer le document?
M. Cherry: Biffer le mot «recommandations» et le
remplacer par le mot «commentaires».
Le Président (M. Gauvin): Bon. Un deuxième
amendement à l'article 96 de l'article 4: Dans la dernière
partie, le dernier paragraphe se lirait comme suit: «Le médiateur
remet en même temps une copie du rapport au ministre avec ses
commentaires.»
M. Cherry: C'est ça.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que l'amendement, le
sous-amendement à l'article 96... C'est un amendement?
M. Jolivet: C'est un deuxième amendement. Mme
Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): C'est un autre amendement.
Adopté.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): Donc, l'article 96, tel
qu'amendé, est adopté.
Mme Blackburn: Sur division.
Le Président (M. Gauvin): Sur division. On passe donc
à l'article 97 de l'article 4. Il se lit comme suit: «Une partie
peut, après la réception du rapport, demander au ministre de
différer le différend...»
M. Jolivet: «Déférer».
Le Président (M. Gauvin):
«Déférer», merci. ...de
déférer le différend à l'arbitrage. «Le
ministre défère le différend à l'arbitrage au plus
tard trente jours après la réception de la demande. Il en avise
les parties.»
M. Cherry: cette disposition-là a pour objet de
prévoir que le ministre nomme un arbitre de différend au plus
tard dans les 30 jours qui suivent une demande à cet effet et que, bien
sûr, il doit en aviser les parties. je pense que c'est... on souhaitait,
là, qu'il y ait des dates. dans ce cas-ci, c'est...
Le Président (M. Gauvin): Est-ce qu'il y a... M. le
député de Drummond.
M. St-Roch: Pourquoi 30 jours, M. le ministre?
M. Cherry: On en a parlé hier. On a dit que, quand on
faisait la période trop courte, vu qu'ils venaient de sortir d'un
exercice de médiation, on a pensé prouver l'expression
«laisser retomber la poussière» et que, des fois, là,
ce délai-là additionnel permettrait de régler certaines
choses. Tu sais, c'était la tentative ultime. C'est dans ce
sens-là.
M. St-Roch: Je voulais vous l'entendre dire, M. le ministre.
Le Président (M. Gauvin): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Hier, vous avez sorti une série de
données qui illustraient qu'il y avait plus de demandes d'arbitrage
qu'il n'y avait de conventions qui se réglaient en arbitrage. Comment
ça procède? Ça veut dire qu'il y a une demande qui vous
est présentée, l'arbitre est nommé, mais les parties
s'entendent en dehors de l'arbitre, pareil? C'est ça que vous entendiez
hier?
M. Cherry: Oui. Ce qui peut arriver, c'est qu'en cours de
route... L'arbitre, les parties en ont besoin pour démarrer, mais, une
fois que c'est démarré, l'arbitre, des fois, réalise qu'il
peut quasiment rester à distance. Et j'ai vu, dans certains cas,
l'arbitre dire: Écoutez, moi, je suis disponible, là, mais
continuez donc entre vous autres; ça semble bien aller. Si vous avez
besoin de moi, je reviens. Si vous n'avez pas besoin, vous aviserez le
ministère qu'il y a conclusion, que vous faites un renouvellement.
Souvent, il sert de démarreur là-dedans, ou de...
Mme Blackburn: Donc, ça ne fonctionnait pas si mal, le
système. (16 h 20)
M. Cherry: le système... et la raison pour laquelle on a
soulevé ces chiffres-là hier, m. le président, c'est que
les parties nous disaient, par exemple: policiers et pompiers, il n'y en a que
10 % qui font l'objet de décision, puis, dans le cas des pompiers, ils
disaient qu'il n'y en avait que 3 %. mais c'est 3 %, ou 10 %, ou 9 % qui
doivent se rendre jusqu'à l'exercice final. mais ils sont plus nombreux
que ça, ceux qui font appel au service puis qui, en cours de route,
atteignent un règlement...
Mme Blackburn: Ils règlent sans l'arbitre, sans une
décision arbitrale.
M. Cherry: ...sans que ça ne devienne un
dépôt d'une décision arbitrale.
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que l'article 97 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): J'appelle l'article 98:
«Le ministre nomme l'arbitre à partir d'une liste qu'il dresse
spécifiquement aux fins de l'arbitrage de différend visé
à la présente section.»
M. Cherry: C'est du droit nouveau, M. le Président.
Ça a pour objet de prévoir une liste particulière qui est
dressée par le ministre pour la nomination des arbitres de
différend impliquant des policiers puis des pompiers municipaux. On se
souviendra qu'hier, dans un premier temps, quand il a été
question de la confection de la liste, ce qu'on disait, c'était ceci:
Dans un premier temps, le ministre va demander aux parties: Quels sont les gens
que vous souhaitez? À l'ensemble des parties qui sont impliquées
là-dedans: Quels sont les gens que vous souhaitez
qui composeraient la liste des arbitres à partir de laquelle,
comme ministre, je pigerais pour les référer?
Et on se souviendra qu'hier j'ai également rappelé
l'article 8. C'est: «Les associations représentatives
visées par l'article 99 du Code du travail transmettent leurs
propositions conjointes au ministre du Travail avant le (indiquer ici la date
correspondant au trentième jour...) en vue de la confection de la
première liste d'arbitres visée à l'article 98 de ce Code
édicté par l'article 4 de la présente loi.»
Donc, dans un premier temps, je demande aux parties, dans le fond: Quels
sont les gens que, habituellement, vous utilisez là-dedans? Et, hier, je
faisais le commentaire que, même si on voit, disons dans les 30 ou 35
derniers groupes de policiers ou pompiers qui ont fait appel... On revoit
presque toujours les mêmes noms d'arbitres qui reviennent. On peut avoir
une trentaine de causes, mais peut-être une quinzaine d'arbitres, parce
qu'ils ont cette spécialité qui leur est propre, à
laquelle les parties font référence. C'est ce que je disais
tantôt, il me semble, de mémoire, que, dans les quelque 30
derniers cas, on n'a vu que 20 noms d'arbitres - même pas - parce que
c'est souvent les mêmes qui reviennent. Souvent, parce que les parties
insistent pour avoir les mêmes, ça retarde la disponibilité
des individus. Alors, il y a ça aussi dont il faut tenir compte.
Donc, dans un premier temps, je demande aux parties: Suggérez-moi
la liste des gens que vous souhaitez. Et, quand il y a entente, on les met.
Ça, ça compose la liste. Si ce n'est pas complet, bien,
là, bien sûr, on peut toujours en ajouter. Mais, dans un premier
temps, ce sont les associations qui doivent dire au ministre qui sont les gens
qu'ils souhaitent voir sur la liste des arbitres.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Drummond.
M. St-Roch: Oui, M. le Président. Elle peut être en
relation avec l'article 99. Hier, il a été mentionné aussi
que, de plus en plus, avec les législations qui peuvent être
passées, autant ici qu'à la Chambre des communes, ce qui peut
arriver, là... Puis l'exemple qui avait été
utilisé, c'était celui de la problématique de tous les
fameux fonds de pension. À ce moment-là, où est-ce qu'une
liste traditionnelle d'arbitres, qui est dressée... Il y a même un
procureur qui a mentionné qu'on pourrait même avoir des suicides,
qu'on les brûlerait puis qu'il y aurait des suicides de ces
gens-là, parce que c'est tellement complexe qu'il faudrait sortir, aller
à l'extérieur pour avoir un actuaire. Puis il
référait, à ce moment-là, à un
inconvénient qu'il voyait: si on dressait cette fameuse liste là
et qu'on avait besoin de quelqu'un pour régler les fonds de pension -
l'exemple a été donné par les policiers de la
Communauté urbaine - c'est-à-dire que ça prendrait un
actuaire qui n'est pas dans la liste. Est-ce que les parties auront quand
même toujours le loisir de vous dire: À même la liste qui a
été dressée, on pense, nous, qu'on devrait aller à
l'extérieur pour - voici la raison - aller chercher une
spécialité qui n'existe pas? Est-ce que ça va être
possible de le faire? Est-ce que le ministre va être capable de
l'autoriser, en vertu de 98 ou 99?
M. Cherry: O.K. Je ne vous surprendrai pas en vous disant qu'il
n'y a pas d'arbitres qui sont des actuaires. Donc, dans ce cas-là, ils
deviennent des assesseurs auxquels les parties peuvent faire appel, parce que,
au prix qu'est le revenu d'un actuaire, je ne le verrais pas servir... Les gens
qui sont des arbitres ont cette spécialité des relations de
travail, du Code du travail, mais, quand ça vient à des
spécialités bien pointues comme celles auxquelles vous
référez, là, c'est des assesseurs qui entrent au dossier
à cause de la nature...
M. St-Roch: Je vous posais la question parce que c'était
la référence qu'on nous donnait hier, puis on semblait relier
ça à la liste des arbitres. Alors, à ce moment-là,
les parties pourront toujours aller chercher cette expertise-là, puis
elle aura un pouvoir, à la fin, au même titre que l'arbitre.
M. Cherry: Au niveau de la preuve - et je suis certain que vous
avez vécu cette expérience-là, même si, quand vous
en avez fait, c'était du côté patronal, moi, du
côté syndical - tu te fais accompagner de ton procureur quand
ça vient dans le délicat. Mais, quand tu arrives à
l'aspect bénéfices sociaux, que ce soit caisse de retraite, plan
dentaire, des choses comme ça, là, tu t'adjoins des gens
additionnels parce que ça devient tellement une spécialité
que c'est... Il faut que ces gens-là se comprennent, donc, souvent, le
langage des actuaires entre eux permet d'écouter le débat et
ensuite d'y introduire tes notions. Mais, pour s'entendre sur les bases, par
exemple les bases de calcul actuariel, tu sais, ça, il faut que ce
soient des méthodes établies puis reconnues par les parties.
M. St-Roch: Laissez-moi clarifier pour que ce soit clair dans mon
esprit, M. le ministre. Je vais prendre un cas où on aurait une dispute
au niveau, par exemple, du partage des surplus des fonds d'une caisse de
retraite. Alors, à ce moment-là, si je comprends bien, les
parties regardent les arbitres, puis elles disent: Bon, on n'a personne qui
soit capable de regarder toute la problématique; il faudrait aller
chercher un actuaire. Alors, à ce moment-là, vous me dites: Ce
sera un assesseur qui sera là, qui s'assiéra avec les parties,
qui écoutera les parties, puis, à la fin, il va arriver avec une
recommandation ou
il va essayer de mettre les parties ensemble. On répartit cette
caisse-là comment? Qui est-ce qui va prendre la décision? Est-ce
que c'est l'assesseur qui va suggérer à l'arbitre de dire: Voici
la manière dont je répartirais le surplus de fonds, ou si c'est
l'assesseur, à ce moment-là, qui aura la priorité puis la
prérogative de dire: Voici ma décision, elle est finale, au
même titre que celle de l'arbitre?
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Cherry: C'est évident. L'arbitre demeure l'arbitre,
puis c'est lui qui est responsable du dossier et il doit trancher selon la
preuve soumise. Donc, au niveau de la présentation de la preuve, chacune
des parties s'assure directement d'amener son spécialiste pour faire
valoir sa volonté, ses revendications, et, bien sûr, c'est
l'arbitre qui doit trancher.
M. St-Roch: Mais...
M. Cherry: C'est lui qui s'adjoint des...
M. St-Roch: Mais, le problème, M. le ministre, c'est parce
que, hier, on s'est fait dire ici, en commission parlementaire, que nos
arbitres sont qualifiés, ils sont compétents. Or, il y a un
procureur, ici, des policiers de la Communauté urbaine, qui nous a dit:
Avec les lois qui ont été passées par 152, si ma
mémoire est bonne, à Ottawa, si vous mettez un arbitre
régulier là, qu'on essaie de débattre toute la
problématique de la caisse, vous allez le suicider; il va se
brûler, parce que ça devient quelque chose d'expert. Eux nous
disaient: À ce moment-là, on devrait avoir la possibilité
d'aller chercher, comme arbitre final, quelqu'un qui n'est pas à partir
de la liste. Alors, vous, vous me dites que ce qu'il va être possible de
faire... À ce moment-là, il y aura les deux procureurs de chacune
des parties, la partie syndicale, la partie patronale, qui feront la preuve
à l'arbitre, et l'arbitre aura à trancher.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Cherry: Non. Bien sûr, encore une fois, c'est la
même chose que quand un juge a à se prononcer. C'est toujours lui
qui a le pouvoir de la décision. Il juge selon la preuve. Dans ce
cas-ci, c'est les assesseurs qui s'adjoignent pour l'aider à se faire
une idée du litige qu'il a devant lui, mais personne ne se substitue
à la personne qui a la responsabilité.
M. St-Roch: Mais pourquoi ne pas nommer cet actuaire-là
comme arbitre spécialement pour décider de ce point-là?
Quelle est l'objection?
M. Cherry: Oui. Un, il n'a pas de spécialité en
relations de travail; deux, est-ce qu'il vou- drait? Puis je vais plus loin que
ça: Combien de décisions, entre nous, pensez-vous qu'il pourrait
rendre avant que les parties ne veuillent plus faire affaire avec lui,
dépendamment de la façon dont il aurait... Tu sais, c'est pour
ça que les assesseurs sont là et qu'on les amène. Ils font
partie de la preuve. Et celui qui a à juger le fait sur la preuve qu'il
a devant lui. Et, dans une spécialité comme celle-là,
c'est les assesseurs qui font ça, mais personne ne peut se substituer
à lui. On ne lui dit pas: Pour tel aspect, vous n'êtes plus bon
pour juger ça. Ce n'est pas comme ça, ça ne se fait
pas.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que ça
complète votre questionnement, M. le député de Drummond?
(16 h 30)
M. St-Roch: Oui, mais j'ai énormément de
réserves, M. le ministre, parce que, là, on joue à quelque
chose... Finalement, il y a une sentence qui est exécutoire à la
fin. Alors, quand je compare ça, à un moment donné, si je
m'en vais devant les tribunaux avec un litige qui est bien spécifique,
que je fais face à un juge qui est de la partie courante, si, pour
toutes sortes de raisons, par manque de compétence, il rend un jugement,
je peux toujours aller en Cour d'appel, aller un peu plus haut. Tandis que
là, bien, si on arrive dans des matières... Puis Dieu sait que -
surtout la mécanique des fonds de pension, c'est tellement complexe - la
décision qui va être rendue là, elle est finale puis on va
la manger.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Cherry: Deux réponses, rapidement. Dans un premier
temps, comme la confection de la liste va être faite à partir des
suggestions que les parties m'auront faites, c'est eux qui vont décider
s'ils veulent en inclure dedans ou pas. Et, si jamais il y avait une
particularité comme celle-là, bien, le ministre peut toujours en
ajouter dans un cas comme ça.
M. St-Roch: Alors, vous me dites, M. le ministre, que, si jamais
les deux parties vous arrivaient et vous disaient: Bien, on a un
problème qui est bien spécifique, puis qu'on vous
suggérait... Vous m'assurez que vous allez en tenir
considération? Merci.
M. Cherry: Bien oui! Bien sûr.
Le Président (M. Gauvin): M. le député
Laviolette.
M. Jolivet: Bon, là, je vais essayer de bien clarifier la
question que je posais hier. La loi actuelle, on la prend, elle est là.
Normalement, les gens devaient s'entendre sur un arbitre. Donc, l'arbitre,
c'était n'importe qui pourvu
qu'on s'entende dessus. O.K.? Donc, j'étais à
Montréal puis j'étais avec la partie patronale, la partie
syndicale. À force de se colletailler, on décidait que, telle
personne, c'était l'arbitre qu'on voulait. Quand ils s'étaient
entendus, le ministre le nommait suite à leur entente. S'il n'y avait
pas d'entente, là, le ministre le nommait d'office. Il le nommait
à partir d'une liste qui était dressée annuellement,
après consultation du CCTM. C'est marqué: Un arbitre nommé
d'office est choisi sur une liste dressée annuellement par le ministre
après consultation du CCTM. Puis il pouvait la modifier, le ministre, en
cours de route. Ça, c'était pour ceux qui étaient
nommés quand les parties ne s'entendaient pas. Là, ce que je
crois comprendre, c'est que désormais on va avoir une liste permanente,
laquelle liste permanente sera selon les modalités prévues
ensuite. Avec les amendements qui s'en viennent, suite à ce qui a
été dit hier, ces arbitres-là seront nommés non pas
par le CCTM, en consultation avec le CCTM, mais par les organismes visés
qui sont ceux à la cause.
Moi, la question que je me pose là, une fois que j'ai ma liste...
Il y a 12 arbitres qui ont été nommés en vertu des
articles qui vont suivre. Qu'est-ce qui empêcherait maintenant les
parties de s'entendre sur un de ces choix-là? Ils ne peuvent pas aller
en dehors de ça. Parce que là on dit: «Le ministre nomme
l'arbitre à partir d'une liste qu'il dresse spécifiquement aux
fins de l'arbitrage de différend visé à la présente
section.» Là, autrement dit, il veut faire: Toi, tu t'en vas
là, toi, tu t'en vas là, toi, tu t'en vas là, toi, tu t'en
vas là, s'il veut être responsable de ça. Mais pourquoi le
ministre, à ce moment-là, à partir de ça, ne
pourrait pas jouer deux choses? Il pourrait dire aux parties: Écoutez,
vous avez une liste d'arbitres. Choisissez-vous votre arbitre dans cette
liste-là. Si vous ne vous entendez pas, je vais le nommer. Qu'est-ce qui
l'empêcherait actuellement de faire ça avec la nouvelle liste?
Elle est permanente, là.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Cherry: On a bien convenu, bien sûr, là, vous le
référez, que c'est une liste spécialisée des gens
qui ont... O.K. Bon. Ils se sont entendus au niveau de la confection de la
liste, donc on présume que les noms qu'il y a sur cette liste-là
ont fait l'objet, au départ, de l'approbation des parties. C'a
été recommandé par l'une ou par l'autre, ou par les deux.
Bon.
M. Jolivet: J'ai compris.
M. Cherry: Vous soulevez... Là, vous dites: Qu'est-ce qui
arrive dans un cas où les deux parties s'entendent pour demander au
ministre: Voulez-vous - je reprends votre chiffre d'hier -nous nommer l'arbitre
no 5 sur la liste? Puis là, vous, vous disiez... Ce que vous exigez, et
ça, c'était en question aux parties... Ce que vous exigez, c'est
que, quand vous demandez l'arbitre no 5, le ministre ne peut pas vous assigner
l'arbitre no 6. Ha, ha, ha! Je reprends vos paroles d'hier. O.K.
Deux aspects. Le premier, c'est que, les parties, au moment où
elles ont fait la demande, pouvaient peut-être ignorer la
non-disponibilité de cet arbitre-là parce qu'il est
déjà nommé dans un ou deux dossiers. Donc, si on maintient
l'insistance que, parce qu'ils se sont entendus, ils deviendraient la
troisième ou la quatrième cause devant lui, ça pourrait
avoir comme résultat des délais indus. Donc, il faut que le
ministre puisse faire ça. Deuxièmement, lors de la consultation
qu'on a faite, durant le rapport Gabrièle et après, il fallait
aussi s'assurer du maintien de l'indépendance des arbitres. Il ne peut
pas y avoir de moyens de pression. Au départ, ils se sont entendus qu'il
fasse partie de la liste, je présume, dans 95 % des cas. S'ils se sont
entendus puis qu'il est disponible, ça va être lui.
M. Jolivet: Oui mais, c'est parce que...
M. Cherry: Mais de limiter à ce que ça doit
être ça, même s'il y avait des raisons comme je viens
d'invoquer, il me semble que, là...
M. Jolivet: Regardez bien, là, il faut revenir à
l'article 99. C'est que «le ministre peut inscrire». Là, les
gens auraient dit «doit», mais, moi, j'ai toujours
considéré que le «peut» juridique ça voulait
dire «doit», mais, en tout cas. Il doit inscrire' sur la liste
visée à l'article 98 le nom de ceux qui vont avoir
été proposés par eux autres conjointement. «Le
ministre transmet - là, ça va changer - au Conseil consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre pour avis le nom des personnes ainsi
proposées.» Ça, ça va être changé.
À défaut d'un nombre suffisant, admettons qu'il y a un
défaut d'un nombre suffisant, c'est là que vous allez nommer
vous-même ces arbitres-là. Bien oui! C'est marqué:
«À défaut d'un nombre suffisant de propositions conjointes
agréées par le ministre, celui-ci inscrit sur la liste les noms
qu'il choisit parmi ceux qui figurent sur la liste visée à
l'article 77.» L'article 77 dit quoi?
M. Gabrièle: La liste annotée du CCTM.
M. Jolivet: Oui, je sais. Donc, ils sont nommés par
quelqu'un d'autre que les organismes visés. Écoutez,
expliquez-moi ça, là, je ne comprends plus rien.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre. Là, je
comprends qu'on se réfère à l'article 99, mais c'est pour
une meilleure compréhension qu'on va aussi loin que ça.
M. Jolivet: On n'a pas le choix bien, bien, parce que c'est la
suite.
Mme Blackburn: M. le Président, on pourrait disposer de
l'article 98.
Le Président (M. Gauvin): C'est ce que je pensais.
M. Cherry: Pierre me dit que, durant les auditions du rapport
Qabrièle, ils ont entendu des commentaires, et je vais lui demander
d'expliciter là-dessus...
M. Jolivet: O.K.
M. Cherry: ...pour nous assurer que le choix de l'arbitre ne
fasse pas l'objet d'enjeux de négociations, pour savoir qui est à
la veille d'être disponible parce que c'est lui qu'on veut. En tout cas,
je demanderais qu'il puisse compléter là-dessus.
Le Président (M. Gauvin): Pour clarifier la question du
député de Laviolette, M. Gabrièle.
M. Gabrièle: M. le Président, ce qu'on nous
demandait lors des auditions qu'on a eues au comité
interministériel, c'est, premièrement, qu'il y ait une sorte de
permanence à la liste de ces arbitres-là.
M. Jolivet: D'accord.
M. Gabrièle: Comme vous le voyez, on donne une permanence
de cinq ans. On demandait aussi que ce soit une liste spécialisée
d'arbitres, donc particulière. On demandait aussi qu'on évite que
la nomination de l'arbitre, où les parties doivent s'entendre, devienne
un enjeu de négociations supplémentaires, dans le sens que vous
avez une partie qui dit: Moi, je te propose tel nom, et l'autre partie dit: Je
le rejette, ce nom-là. Là, on repart; on donne un autre nom et
ainsi de suite, jusqu'à ce qu'on s'entende sur un nom.
M. Jolivet: Et, si elles ne s'entendent pas, le ministre le
nomme.
M. Gabrièle: Si elles ne s'entendent pas, le ministre le
nomme, mais elles ont 10 jours pour s'entendre. Actuellement, d'après le
Code, elles ont 10 jours pour s'entendre.
Là-dessus, donc, à cause de ces demandes que nous avons
eues, on s'est dit: Bien, c'est vrai, une forme de permanence à la liste
est fort intéressante. Qu'il y ait une liste d'arbitres
spécialisés pour le secteur policiers et pompiers est aussi
intéressante pour les parties. Et, dans l'objectif aussi de
responsabiliser et de valoriser la négociation, on se disait: La
médiation étant là... Et, pour permettre que cette
médiation puisse avoir une valeur, si les gens savent que, au bout de la
médiation, on connaît quel arbitre on veut avoir et les pressions
qu'on peut faire pour l'avoir, là, la période de médiation
risque de ne pas prendre l'ampleur qu'elle devrait prendre pour arriver
à une entente négociée et conclue.
M. Jolivet: Mais vous ne me convainquez pas. Je ne suis pas
convaincu pantoute. Je vous le dis bien honnêtement, je ne suis pas
convaincu. Là, moi, j'essaie de comprendre. Il y a une liste qui est
formée par proposition conjointe des parties visées avec les
amendements qui s'en viennent. Cette liste-là va comporter, admettons,
12 noms. Prenons pour acquis que c'est 12 noms. Admettons qu'elles ne
s'entendent pas dans un délai normal pour la fameuse liste qui va durer
cinq ans, si je comprends bien, la liste des gens. (16 h 40)
À ce moment-là, on me dit: Le ministre peut les nommer,
lui, ceux qui manquent, s'il en manque, s'il y en a 10 et qu'il en manque 2.
Là, pourrait-il arriver que, à un moment donné, les gens
se voient octroyer - parce que c'est le ministre qui décide - la
personne que le ministre a voulu, lui? Tu sais, le ministre, il a beau me dire
que l'arbitre n'est pas libre, il va nommer celui qu'il veut. Alors, si c'est
ça, les gens disent: Donnez-nous quand même la
responsabilité de choisir au moins dans la liste d'arbitres, puis
là, une fois que nous avons le choix, donnez-nous un délai s'il
le faut pour le choisir, mais dites-nous: Entendez-vous. Et là, si on
s'entend sur l'arbitre, le ministre le nomme automatiquement, puis, si on ne
s'entend pas, il choisit dans la liste.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Cherry: Dans l'espoir de tenter de répondre à
votre question, on va distinguer deux choses. La confection de la liste, dans
un premier temps, ça, c'est une chose, et, ensuite de ça, la
nomination. Dans un premier temps, au niveau de la confection de la liste, bien
sûr c'est les parties qui vont nous dire - dans le fond, c'est ça,
l'expérience: Voici les gens auxquels on réfère
d'habitude. Et, je disais ça, dans les quelque 30 derniers conflits, on
retrouve presque toujours les mêmes noms. Et, dans les mêmes noms,
si on se rendait à 15 ou 16, on s'aperçoit qu'il y en a qui ont 5
ou 6 causes, puis d'autres, durant la même période où on a
comptabilisé les quelque 30 causes, ont 1 ou 2 causes.
M. Jolivet: Ça, je comprends ça.
M. Cherry: O.K. Donc, comme ils ont confectionné la liste,
c'est à partir de cette liste-là qu'ils vont, et là je
suis votre raisonnement, s'entendre pour choisir - je reprends votre
questionnement d'hier - le no 5.
M. Jolivet: Oui.
M. Cherry: Ils disent: On s'entend, nous, là. C'est celui
qui est le no 5 sur la liste, c'est sur celui-là qu'on s'entend. Quand
ça arrive, ça, je présume que 9 fois sur 10 le ministre va
dire: Bien, c'est celui-là qu'ils veulent et ça fait leur
affaire, je leur donne. Mais les parties, elles, ignoraient, au moment
où elles ont choisi lui, qu'il a déjà trois ou quatre
dossiers actifs. Donc, il ne sera pas disponible.
M. Jolivet: ça, ça me surprendrait bien gros. je
connais assez les négociations pour savoir que ce n'est pas vrai,
là. écoute, ce n'est pas possible. le gars sait où il
travaille.
Une voix: Pourquoi pas?
M. Jolivet: Bien non! Sur les causes d'arbitrage, ils sont sur
une liste d'arbitrage. Aïe! Je connais assez les négociations dans
les arbitrages pour savoir qu'on sait que le gars est pris.
M. Cherry: Ou bien, tiens, je vais prendre un exemple, il n'y en
aurait rien qu'un, mais c'est un dossier qui serait extrêmement
compliqué, qui prendrait beaucoup de son temps. Ce serait le dossier,
par exemple, de la Communauté urbaine de Montréal avec ses 5000
policiers qui, cette année... Donc, c'est déjà convenu
qu'il y a beaucoup de jours de cédulés et qu'il y a beaucoup de
temps. Ailleurs, ils disent: C'est lui qu'on veut parce que, la dernière
fois, on l'a eu puis il a été bon dans notre dossier, on a une
bonne relation avec lui, on le voudrait. Mais, s'ils le choisissent par rapport
au temps qu'il doit, lui, consacrer à faire ça, il ne sera pas
disponible, puis là ça va avoir comme résultat que
ça va prendre énormément de temps. C'est ce qu'on se
faisait dire hier soir. Je suis convaincu que, 9 fois sur 10 ou 99 fois sur
100, ça va être comme ça. C'est pour ça que je donne
l'explication qu'il est possible que ce soit ça plus la partie que M.
Gabrièle vient de vous indiquer, de s'assurer que la nomination de
l'arbitre ne fasse pas également l'enjeu de négociations.
M. Jolivet: En tout cas, avec l'expérience que vous avez
et celle que j'ai, vous savez très bien qu'un arbitre peut mener deux ou
trois dossiers des fois en même temps, parce que, justement, pour laisser
tomber la vapeur dans un certain cas, il laisse aller les choses, il va
à l'autre. En tout cas, j'en ai vécu de ça.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Salaberry-Soulanges, si vous le permettez.
M. Marcil: Juste ajouter, peut-être, pour fins pratiques,
c'est qu'on pourrait, compte tenu qu'on ne veut pas que le ministre ait le
dernier mot dans le choix ou la nomination du médiateur, dans la liste
qui est toujours soumise aux parties, lorsqu'il y a un des médiateurs
qui est déjà bien occupé, ajouter à
côté «non disponible», donc les gens vont choisir
parmi les autres. Si vous n'indiquez pas qu'il est non disponible, ils peuvent
le choisir encore. Donc, ça va forcer le ministre à dire: Bien
non, je ne peux pas, il faut que j'en nomme un autre, tout de suite au
départ. C'est juste une question technique. Mais, moi, je me
méfie des médiateurs qui en prennent trop aussi, des gens qui
sont sur cinq, six dossiers. Souvent, les cinq, six dossiers sont faits
rapidement puis... Je l'ai vécu, ça aussi, M. le
député, dans les commissions scolaires. J'ai été
négociateur aussi.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Cherry: Moi, M. le Président, je peux vous assurer que,
depuis que je suis ministre du Travail, il m'arrive fréquemment de
signer des prolongations de 30 jours pour les mêmes dossiers. Ça
m'arrive souvent de le faire. Donc, j'apporte ça à votre
attention et je vous dis... Hier, on le partageait, le député de
Jonquière l'a soulevé hier et aujourd'hui, le
député de Drummond l'a dit aussi, on a eu des exemples et il y a
le maire de Chibougamau qui me disait: Ma convention collective est quasiment
expirée, c'est fini...
Une voix: Mistassini.
M. Cherry: Mistassini, pardon. Mistassini. Donc, si on ne fait
pas attention à ça, on pourra tomber dans ce travers-là,
et ça me semble quelque chose dans lequel on ne doit pas
s'en-carcaner.
Je vais prendre un autre exemple. Je vais sortir de la relation
policiers et pompiers. Par exemple, à Québec, il y a moins de
conciliateurs que j'en ai, par exemple, à Montréal. Le
conciliateur qui était impliqué dans le conflit qui a fait
l'objet d'échanges entre nous fréquemment à
l'Assemblée nationale, je prends par exemple celui qui était
affecté presque à plein temps dans le dossier du journal Le
Soleil, évidemment, ce n'était pas le seul dossier qu'il
avait. Ça faisait peut-être longtemps qu'il ne l'avait pas eu,
mais, là, il était dedans et il était dedans à
plein temps, et c'est les fins de semaine, les soirs, et tout ça. Si, en
même temps, quelqu'un soulevait, il disait: Écoutez, là, ce
conciliateur-là, ça fait deux fois qu'on l'a et il est champion
pour nous autres, peux-tu nous le redonner? physiquement, ce qu'il a besoin
comme concentration et le suivi de ce dossier-là, il ne peut pas en
prendre d'autres. Ce n'est pas qu'il ne veut pas, et pas qu'en temps ordinaire
il n'en prendrait pas d'autres, mais l'acuité, le temps chaud du dossier
et peut-être l'éventualité... Dans un mot, il ne peut pas
se consacrer à autre chose.
Bien souvent, ils me disent, les conciliateurs, après ça:
M. le ministre, après que j'aurai fini celui-là, êtes-vous
capable de me donner un
petit «break», là? Donnez-moi une petite chance de me
régénérer un peu. Ça vide, ça, ces
dossiers-là. Alors, dans ce sens-là, c'est des choses qui sont
importantes de tenir en compte.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: On pourrait ajouter que la liste qu'on présente
est différente de ce qui existait auparavant. Si, auparavant, son nom
était dans une banque pour pouvoir faire des arbitrages, ces
gens-là, souvent, n'étaient pas choisis, mais ils pouvaient faire
d'autres choses entre-temps. Ils pouvaient prendre des griefs et ils pouvaient
agir autrement sur le terrain, tandis que là, le fait qu'on fasse une
liste permanente, ça nous oblige. On ne pourra pas garder ces
noms-là juste pour le plaisir de les garder, il va falloir leur donner
du travail. Sans ça, on ne sera pas honnête avec ces
gens-là.
Moi, je pense que la proposition... Peut-être que je suis un peu
en désaccord avec mon collègue, mais, moi, je dis: Par rapport
à l'économie de la loi, on ne peut pas agir autrement que de la
façon que c'est de procéder. La seule façon qui pourrait
être retenue, c'est qu'il n'y ait pas de recommandations de qui que ce
soit après que la liste est faite et qu'on tire au hasard en sachant
qu'ils viennent à tour de rôle; un, c'est le premier, le deux,
c'est le deuxième, le troisième, etc., et on tire au sort et on
les élimine au fur et à mesure. Mais, avec une liste comme
ça, si le ministère se confectionne une liste... Ce n'est pas
tous les avocats qui veulent aller chez les juges. Je ne suis pas sûr que
c'est la job la plus payante, là. S'il veut y aller et s'il ne retire
jamais de bénéfices en retour, il va dire: M. le ministre, allez
vous faire cuire un oeuf, et vous n'en aurez plus de monde qui vont aller sur
ces listes-là. Là, ça va vous amener, peut-être,
avec raison, peut-être que ça serait une bonne chose, avec un
tribunal spécialisé avec des gens permanents. Ça, on verra
avec le temps, mais, pour le moment, moi, je ne Vois pas d'autre méthode
que celle qui est là.
M. Jolivet: En fait, moi, la seule chose que je voulais faire par
ça, c'était ce qu'on disait hier: responsabiliser les parties sur
la décision au lieu de permettre au ministre d'être le
répartiteur du travail, ce qu'on appelle, en anglais, un
«dispatcher». C'est ce que je comprends que la clause va dire.
C'est que le ministre devient répartiteur de l'ouvrage, et là
ça enlève une certaine partie de la responsabilisation des
parties concernées. Moi, c'est simplement ça que je voulais,
parce qu'il me semblait que c'était possible, ça, encore. Parce
que la liste ayant été confectionnée sur leurs
recommandations, eh bien, elles vont choisir dans la liste. Ça
adonnerait peut-être qu'elles s'adonnent mieux avec l'un que l'autre, et
qu'elles ont déjà eu un contact avec lui, et elles auraient
aimé faire la recommandation conjointe de la nomination de cette
personne à l'intérieur de cette liste déjà
conjointement nommée. À ce moment-là, c'aurait pu
être une possibilité avec un délai qui aurait pu être
imparti pour le faire. En tout cas, moi, je ne ferai pas une bataille à
tout casser, mais...
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Salaberry-Soulanges.
M. Marcil: C'est évident, M. le Président. On voit
réellement les deux visions. Vous avez un ancien représentant
syndical et un ex-maire. Ha, ha, ha! C'est vrai, dans le fond.
M. Jolivet: c'est vrai. ce n'est pas pour rien... il m'a dit: je
vais être en désaccord avec toi. je lui ai dit: parfait! tu as le
droit, tu as le droit.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: C'est un ancien représentant syndical.
M. Marcil: Lui aussi. Non, mais ça pourrait...
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre. M. Cherry:
M. le Président...
M. Marcil: Le maire veut avoir ça le moins
compliqué possible et le plus efficace possible, parce que, lui, il
représente les citoyens.
M. Jolivet: Mais, M. le Président, ça ne veut pas
dire que le syndiqué voulait avoir ça le plus compliqué
possible et le moins efficace.
M. Marcil: Non, non. J'ai seulement parlé du maire.
M. Jolivet: Ce n'est pas vrai. Non, mais ça laisse
sous-entendre... Je fais toujours ma phrase grecque: D'un bord et de
l'autre.
Le Président (M. Gauvin): Une minute d'attention, s'il
vous plaît. M. le ministre.
M. Cherry: M. le Président, il faut se souvenir que, la
modification, c'est qu'ils vont pouvoir choisir à partir de cette
liste-là, tandis que, présentement, bien sûr, il existe une
liste...
M. Jolivet: Ils ne peuvent pas choisir, vous nommez.
M. Cherry: O.K. Mais, règle générale, s'ils
me suggèrent quelqu'un, ils vont suggérer quelqu'un qu'ils ont
mis sur la liste. (16 h 50)
M. Jolivet: Mais c'est ça que je voulais que vous
marquiez.
M. Cherry: J'ai donné des arguments aussi, j'ai
donné des... Ha, ha, ha! Il m'a fait perdre le fil de ma réponse
avec ses folies, là, lui. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gauvin): J'aimerais tout simplement, si
vous me le permettez, qu'on revienne, Mme la députée de
Chicoutimi, à l'article 98, et tenter de le clarifier ou de l'adopter,
si c'est possible.
Mme Blackburn: Oui. Parce que c'est clair... Je dois dire que
j'ai perdu un peu des échanges. C'est que c'est le ministre qui nomme
à partir de la liste. Adopté.
Le Président (M. Gauvin): L'article 98 étant
adopté, j'appelle l'article 99, toujours de l'article 4, et nous avons
deux amendements. Nous allons commencer par le premier. Nous allons disposer du
premier. Je vous le lis. L'amendement est de supprimer le troisième
alinéa de l'article 99 introduit par l'article 4 du projet de loi. Donc,
si on revient au troisième alinéa, la proposition est de le
supprimer. Est-ce que vous aimeriez que je le lise pour qu'on l'identifie
clairement?
M. Jolivet: «Le ministre transmet...»
Le Président (M. Gauvin): «Le ministre transmet au
Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre pour avis le nom des
personnes ainsi proposées. Celui-ci transmet son avis dans le
délai imparti.» Donc, ça serait biffé, ça
serait retiré. Est-ce que c'est adopté? L'amendement, c'est de
retirer le troisième alinéa où ça commence par
«Le ministre transmet».
Mme Blackburn: On a entendu les arguments, hier,
particulièrement des policiers, qui disaient: Dans le fond, on n'est pas
représentés au Conseil consultatif, et qu'est-ce que ça
vient faire, la consultation, au Conseil consultatif? Mais, en même
temps, quand je regarde l'article 77, auquel réfère d'ailleurs
cet article, on dit: «Un arbitre nommé d'office est choisi sur une
liste dressée annuellement par le ministre après consultation du
Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre.» Alors,
c'était pour éviter...
M. Cherry: Ce qu'on fait, là, c'est qu'on consulte les
autres parties pour une liste spécialisée, ce qu'on
débattait tantôt. Parce que, hier, vous vous souvenez, presque
chaque organisme venait nous dire: Écoutez, là, vous nous
demandez de nous soumettre à la liste qui est confectionnée par
le Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, lequel Conseil sur
lequel, nous, on ne siège même pas. Alors, devant ça, on a
dit: Parfait, soustrayons ça, et la liste à laquelle on va
référer sera la liste qui aura été
confectionnée à partir de suggestions qui auront
été faites par les parties intéressées, ceux qui
auront à utiliser cette liste-là. Alors, c'est à cause de
la particularité policiers et pompiers.
Le Président (M. Gauvin): Mme la
députée.
Mme Blackburn: Mais on conserve: «À défaut
d'un nombre suffisant de propositions conjointes agréées par le
ministre, celui-ci inscrit sur la liste les noms qu'il choisit parmi ceux qui
figurent sur la liste visée à l'article 77.» Et, à
l'article 77, c'est: «Dans les dix jours de la réception de l'avis
prévu par l'article 75, les parties doivent se consulter sur le choix de
l'arbitre». On revient, donc: «...s'ils s'entendent, le ministre
nomme à ce poste la personne de leur choix. À défaut
d'entente, le ministre...»
M. Jolivet: Non, ce n'est pas tout à fait ça.
Mme Blackburn: Bien, c'est l'article 77 que je lis,
là.
M. Jolivet: Oui, mais c'est parce que le ministre, là, en
vertu...
Mme Blackburn: «À défaut d'entente - si vous
permettez - le ministre nomme d'office.» La nomination. «Un arbitre
nommé d'office est choisi sur une liste dressée
annuellement...
M. Jolivet: Annuellement.
Mme Blackburn: ...par le ministre après consultation du
Conseil consultatif...
M. Jolivet: Oui.
Mme Blackburn: ...du travail et de la main-d'oeuvre.»
M. Jolivet: C'est ça.
Mme Blackburn: Alors, moi, je voudrais mieux comprendre, parce
que l'article 77 traite à la fois de la nomination, du choix de
l'arbitre, et des cas où l'arbitre est nommé d'office.
M. Jolivet: C'est exactement ça que je disais tout
à l'heure, moi.
Mme Blackburn: C'est exactement la représentation que
vient de faire mon collègue. J'imagine que...
Le Président (M. Gauvin): M. Gabrièle.
M. Gabrièle: M. le Président, nous allons avoir une
liste spécialisée d'arbitres de différend
pour les policiers et pompiers. Cette liste va être
confectionnée en fonction des recommandations conjointes que vont faire
les parties, les associations représentatives à l'article 8. Et,
s'il en manque sur la liste, le ministre pourra y ajouter des noms, à
cette liste, à partir de la liste d'arbitres que nous avons
déjà annotée, qui est la liste où le CCTM a
été consulté. Parce qu'il y a une seule liste d'arbitres
actuellement annotée, qui est la liste prévue à 77 au
niveau du Code.
M. Cherry: N'importe qui qui est déjà sur la liste
annotée des arbitres qui a été reconnu par le Conseil pour
compléter la liste, là.
Mme Blackburn: Oui, oui. Je comprends, je comprends. Mais,
l'article 77 s'applique toujours pour les policiers, sinon vous l'auriez
modifié. Vous auriez dit qu'il ne s'appliquait pas. Alors, s'il
s'applique en son entier... Bon. Code du travail, De l'arbitre de
différend, on dit, dans cet article 77, référant à
l'article 75: «Le ministre avise les parties qu'il défère
le différend à l'arbitrage.» Et 77 dit: Choix de l'arbitre.
Si vous me dites que l'article 77 ne s'applique plus dans le cas des policiers,
il me semble qu'il faudrait que ce soit indiqué à quelque
part.
Le Président (M. Gauvin): M. Gabrièle.
M. Gabrièle: Si on lit le dernier paragraphe:
«À défaut d'un nombre suffisant de propositions conjointes
agréées par le ministre, celui-ci inscrit sur la liste les noms
qu'il choisit parmi ceux qui figurent sur la liste visée à
l'article 77», ce n'est pas l'article 77 qui s'applique, c'est la liste
qui est visée à l'article 77. C'est la liste annotée.
Mme Blackburn: Et c'est le Conseil consultatif.
M. Gabrièle: S'il en manque.
M. Jolivet: Là, on va aller à notre réunion,
M. le Président, mais je vais avoir juste une question. Pendant le temps
du souper, que le ministre réfléchisse à ça. Quand
il me dit: «À défaut d'un nombre suffisant», comme je
n'en ai pas de nombre pour former une liste, qu'il me dise c'est quoi
«suffisant» pour lui, après souper.
Le Président (M. Gauvin): II nous reste quelques minutes.
Est-ce que vous êtes en mesure de disposer...
M. Jolivet: Non, c'est parce que je vais avoir des choses
à dire.
Le Président (M. Gauvin): Donc, ce que je retiens, c'est
que vous n'êtes pas en mesure de disposer de l'amendement qu'on vient de
présenter et vous nous suggérez, à ce moment-ci, de
suspendre nos travaux pour reprendre à 20 heures. Donc, les travaux de
la commission sont suspendus et devront reprendre à 20 heures dans la
même salle. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 57)
(Reprise à 20 h 7)
Le Président (M. Gauvin): La commission de
l'économie et du travail reprend ses travaux. J'aimerais vous rappeler
le mandat, qui est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 74, Loi modifiant le Code du travail
et la Loi sur le ministère du Travail.
Au moment de la suspension, on en était à l'article 99, et
il y a un amendement qui était à être débattu au
troisième alinéa. M. le ministre, je pense que vous aviez fait
des commentaires sur le mot «suffisant»...
M. Jolivet: En fait, c'est ça la question que j'avais
demandée au ministre...
Le Président (M. Gauvin): On était sur l'amendement
du troisième alinéa.
M. Jolivet: Si vous voulez, on va le supprimer.
Le Président (M. Gauvin): L'amendement propose de retirer,
supprimer... L'amendement se lisait comme suit: Supprimer le troisième
alinéa de l'article 99 introduit par l'article 4 du projet de loi. Et
Mme la députée de Chicoutimi avait posé un certain nombre
de questions sur les répercussions, je pense, du retrait.
Mme Blackburn: 99 introduit par 4, c'est ça?
Le Président (M. Gauvin): Oui, de l'article 4.
M. Jolivet: Le troisième alinéa, l'amendement, il
n'y avait pas de problème, on était d'accord avec la
suppression.
Mme Blackburn: Supprimer, dans la troisième ligne de
l'article 96 introduit par l'article 4...
Le Président (M. Gauvin): C'est ça.
Mme Blackburn: ...du projet de loi, le mot
«notamment».
M. Jolivet: C'est fait, ça.
Le Président (M. Gauvin): Non.
Mme Blackburn: Non, ce n'est pas ça, on va plus loin que
ça. C'est fait, ça. O.K. Adopté.
Le Président (M. Gauvin): Le premier amendement à
l'article 99 est adopté.
Le deuxième amendement à l'article 99 de l'article 4 se
lit comme suit: Remplacer, dans la dernière ligne de l'article 99
introduit par l'article 4 du projet de loi, les mots «du Conseil
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre» par les mots «des
associations visées au premier alinéa».
Mme Blackburn: C'est adopté.
Le Président (M. Gauvin): Donc, le deuxième
amendement à l'article 99 est adopté. Est-ce que l'article
99...
M. Jolivet: C'est là que j'ai ma question à
laquelle on n'a pas encore répondu, le mot «suffisant» dans
le quatrième alinéa: «À défaut d'un nombre
suffisant de propositions». Parce que ma collègue avait
commencé à discuter - c'est pour ça que j'étais
déjà rendu là - la question de la liste visée
à l'article 77. Le ministre avait commencé à donner les
réponses, mais, moi, à travers les discussions, j'avais
demandé c'est quoi un nombre suffisant.
Parce que ce que je comprends, c'est qu'il y a une liste. Admettons que
la liste entendue avec les gens, c'est une liste de 15 noms, qu'il arrive une
activité plus fébrile que prévu, que les 15 sont tous pris
puis que ça en prendrait un seizième, bien, le ministre dit: Le
seizième, je vais aller le rechercher, en vertu de la loi actuelle,
à l'article 77 dans la liste dressée annuellement par le ministre
après consultation du Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre. C'est ce que je comprends. (20 h 10)
Mais, moi, le mot «suffisant», je voulais savoir s'il y a
moyen de le dire ou si... Pourquoi est-ce qu'on marque juste
«suffisant»? Est-ce que c'est parce que toute la liste va
être épurée ou parce que le ministre veut en ajouter
d'autres? C'est ça qui m'inquiète, là.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Cherry: L'objectif visé par ça, c'est que... Je
donne un exemple, là. À la fin de l'année, le 31
décembre 1992, ou x année, vous avez un nombre important de
conventions collectives qui viennent à expiration en même temps
dans le même secteur d'activité. Donc, en suivant le
déroulement, il est possible qu'il y ait un nombre important de gens qui
aient besoin de faire appel à cette liste-là. Donc, s'il arrivait
que la liste était utilisée, dans ce sens-là, pour ne pas
retarder indûment, ça pourrait être un aspect. Je donne un
exemple. Si vous aviez 10, 15 ou 20 villes qui, en même temps,
demandaient les services d'un médiateur, bien...
M. Jolivet: Je comprends ça, je comprends cette
partie-là. La seule chose que je voulais dire, c'est que, dans un
contexte où le ministre connaît ce qui s'est passé dans le
passé...
M. Cherry: Oui.
M. Jolivet: ...il peut prévoir une liste propice à
répondre au futur, à moins d'avoir une catastrophe non
appréhendée, là.
M. Cherry: L'autre problème, aussi, M. le
Président, la réponse aux deux... Évidemment, la liste va
être confectionnée à partir des suggestions des parties en
souhaitant que les parties nous en fournissent une suffisamment longue. Si les
parties n'ont réussi à s'entendre que sur quelques noms seulement
et que les seuls sur lesquels ils se sont entendus, qui constituent la liste,
n'étaient pas suffisants et qu'on en avait besoin, eh bien, là,
le rôle du ministre, c'est d'y ajouter et d'aller le chercher, mais,
évidemment, en souhaitant que les parties s'entendent pour nous en
fournir une liste suffisamment longue.
Mme Blackburn: Suffisamment longue en comparaison à quoi?
Parce que, pour parler de la longueur d'une liste, il faut que ça parte
de quelque chose. Est-ce que c'est 20, 25, 50, 12? Du moment où vous
dites «suffisant», qui établit ce qui est suffisant? Pour
établir ce qui est suffisant, il faut que vous ayez établi le
nombre d'arbitres entre... Ce n'est pas une «bracket» entre 15 et
25, mais il faut que vous établissiez quelque chose.
M. Cherry: À l'heure actuelle, si on regarde ceux qui sont
utilisés pour ce type-là, c'est 23, dans le moment...
Mme Blackburn: Pourquoi est-ce qu'on n'a pas indiqué au
moins...
M. Cherry: C'est ça. Est-ce qu'ils vont tous vouloir
continuer à servir?
Mme Blackburn: C'est au besoin, je ne sais pas, mais il me semble
que...
M. Jolivet: Moi, la seule chose que je voulais... Ma
collègue touche le point que je voulais. Si on pouvait au moins
déterminer une liste de départ en disant: C'est tel nombre, et,
dépassé ça, ça deviendra ce que j'ai besoin de
plus... Moi, je dis que, d'année en année, vous savez ce que
ça donne, vous savez combien, vous savez quoi, vous savez comment ils
sont utilisés. J'imagine qu'il y a des statistiques sur ça.
Alors, le ministère peut nous dire: D'année en année,
compte tenu, dans l'année, des conventions qui se terminaient, on en
utilisait 14, admettons. Parce que vous nous dites qu'il y en a 22. Si vous
nous dites: On fait une liste de 20 et, dépassé ça, si on
en a besoin après ça, eh bien,
là, on pourra en mettre davantage selon la formule qui est
là...
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Cherry: L'objectif, M. le Président, en ne mettant pas
de nombre, c'est pour vraiment permettre aux parties de nous en donner autant
qu'elles pourront bien s'entendre pour en mettre dessus.
M. Jolivet: Parce que j'ai confiance...
M. Cherry: je vous donne un exemple. supposons qu'on
établissait que c'est 15 et qu'elles s'entendaient sur 18 noms,
là, lesquels que, nous, on enlèverait? tu sais, c'est...
Le Président (M. Gauvin): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui. Sur le même sujet, à l'inverse,
elles vous en nomment 18, mais, vous, vous estimez que la liste suffisante
devrait comporter 25 noms. Alors, vous venez de vous réserver 7 arbitres
que vous pourrez nommer selon le processus qui est prévu. C'est un peu
ce qui me dérange, c'est qu'on peut utiliser «suffisant» si
ça a une référence. Suffisant par rapport à quoi?
Comme vous n'avez pas établi de référence, le
«suffisant», là...
M. Jolivet: Ça devient suffisant pour moi.
Mme Blackburn: Voilà. Vous avez raison, M. le
député de Laviolette.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Cherry: Évidemment, je vais donner une première
réponse et là les gens qui ont à travailler avec ça
quotidiennement pourront compléter si... Évidemment, vous avez
raison, il y a des années où ça fluctue,
dépendamment du nombre de conventions collectives qui viennent à
expiration, de combien font appel au service de et de combien les utilisent
vraiment jusqu'à la limite, parce qu'on sait qu'ils en règlent...
Donc, premièrement, il me semble que se limiter à un nombre
pourrait, une année, être amplement suffisant et, une autre
année, exigerait que, même si elle est complétée, il
faudrait en ajouter. En tout cas, je vous dis, là, c'est ça qui
nous a guidés par rapport à l'expérience. Peut-être,
M. le Président, que ceux qui ont à gérer ça
pourraient...
Le Président (M. Gauvin): Pour un complément de
réponse, M. Gabrièle.
M. Gabrièle: Regardez, actuellement, les moyennes que nous
avons, il y a 80 conventions collectives, bon an, mal an, qui arrivent à
échéance. Sur les 80 conventions collectives, nous avons des
demandes d'arbitrage de l'équivalent d'une moyenne de 44 par
année, mais il n'y a que 13 décisions arbitrales, en moyenne, qui
sont rendues par les arbitres. Sauf que, lorsque la demande rentre chez nous,
il faut qu'on nomme un arbitre, même s'il ne rendra pas de
décision. C'est pour ça qu'on parle d'un nombre suffisant
dépendamment des années.
Mme Blackburn: Ça, je comprends votre argument, il n'y a
pas de problème, mais vous parlez de suffisant. Il faut que vous
indiquiez, il me semble - demandez à quelqu'un, là, qui est
conseiller dans la législation, là - dans le texte juridique,
là... Il me semble que, pour utiliser «suffisant», il faut
que ce soit suffisant par rapport à quelque chose. Et là vous
dites: «À défaut d'un nombre suffisant de propositions
conjointes agréées par le ministre». Alors, moi, je pense
que c'est le ministre. Il faudrait qu'il y ait une disposition. Vous en ferez
ce que vous voudrez. Je vous rappelle que... Bon, ce n'est pas le seul trou
qu'il y a dedans, là. On aurait pu ajouter une disposition qui
prévoit que c'est le ministre qui détermine annuellement ou
n'importe quand le nombre d'arbitres requis.
M. Jolivet: C'est pour cinq ans, cette affaire-là.
Mme Blackburn: Bon, là, c'est pour cinq ans. Bon, alors,
c'est ça, vous l'avez déjà pour cinq ans. Alors, c'est le
ministre qui détermine le nombre requis. Et là ce serait
suffisant par rapport au nombre requis. Mais le nombre requis, il faudrait
qu'il le fasse connaître aux principaux partenaires, si vous voulez avoir
des propositions dessus. En tout cas, je partage le malaise de mon
collègue. Je ne passerai pas la nuit là-dessus, mais je pense que
ce n'est pas bien rédigé et que vous avez un trou, là. Il
me semble que «suffisant», il faut que ça soit suffisant par
rapport à quelque chose, et vous n'avez pas de référence.
Une loi, il me semble qu'il faut... C'est suffisant...
M. Gabrièle: Par rapport à la demande... Mme
Blackburn: Bien, marquez-le. M. Gabrièle: ...d'arbitrage.
Mme Blackburn: Marquez-le. Vous ne pouvez pas le marquer comme
ça?
M. Jolivet: M. le Président, ce que j'ai de la
misère à comprendre, c'est qu'on est en train de passer un projet
de loi avec l'idéal de diminuer le nombre de demandes d'arbitrage et de
règlements par entente. C'est ce que je comprends. Le ministre me dit:
Dans le contexte actuel, il y a beaucoup de demandes d'arbitrage
ayant pour but l'utilisation de beaucoup de personnes, mais dont la
finalité, de l'arbitrage, n'en amène que 13 sur les 44. Donc,
moi, je me dis: Si on a l'expérience du passé, on pourrait
déterminer, dire: La banque qu'on a besoin, c'est 50, admettons.
Là, une fois qu'on a dit que c'est 50, on demande aux deux associations
ou groupes de nous fournir pour 50 personnes au moins. Mais c'est sûr et
certain que, s'ils ne peuvent pas fournir les 50, le ministre peut le combler,
ou encore, s'il en a besoin après 50, le combler encore. Il y aurait
deux occasions où il pourrait combler: selon le chiffre, jusqu'à
50, ou dépassé 50, s'il en a besoin de plus, cette
année-là. Je ne sais pas, moi.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Cherry: L'expérience nous indique que, même avec
une liste de... Et là je vais me référer à la liste
qui est fournie par le Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre,
pas qui s'applique aux municipalités. Elle est quand même
passablement longue, mais, encore une fois, quand on fait - permettez-moi
l'anglicisme - le «breakdown»...
M. Jolivet: Le partage. (20 h 20)
M. Cherry: ...le partage, merci, le partage de l'utilisation, on
s'aperçoit que, encore une fois, c'est souvent les mêmes qui
utilisent le plus grand nombre. Certains, dans les dernières
années, ont eu une cause, deux causes, peut-être à cause de
leur non-disponibilité, peut-être à cause de leur
état de santé, peut-être à cause de... Des fois, il
y a des situations qui peuvent être temporaires. Un arbitre, pour une
raison x, peut décider que, pour la prochaine année, il se
consacre, il va parfaire ses études. On a eu un cas, par exemple,
où on a dit: Pas de causes. Enlevez-moi de là, pas pour tout le
temps, mais pour x période de temps. Je suis en train de
développer une thèse ou, enfin... Tout ça, aussi,
ça se tient dans...
M. Jolivet: En tout cas, on aura fait valoir notre point de
vue.
M. Cherry: O.K.
M. Jolivet: Je ne sais pas ce que ma collègue en pense,
mais on a fait valoir notre point.
Le Président (M. Gauvin): Donc, est-ce qu'on serait
prêts à adopter l'article 99 tel qu'amendé?
M. Jolivet: Sur division, quant à moi.
Le Président (M. Gauvin): L'article 99, tel
qu'amendé, Mme la députée de Chicoutimi, adopté sur
division?
Mme Blackburn: Adopté sur division.
Le Président (M. Gauvin): Donc, l'article 99 est
adopté sur division.
J'appelle l'article 99.1. Il se lit comme suit: «Une personne
doit, pour être inscrite sur la liste visée à l'article 98,
s'engager par écrit à ne pas agir comme arbitre dans un grief
relativement à l'interprétation ou à l'application d'une
sentence arbitrale qu'elle a rendue conformément à la
présente section. «L'engagement écrit de l'arbitre est
valable pour la durée de l'inscription de son nom sur la liste ou sur
toute liste subséquente.»
M. le ministre.
M. Cherry: M. le Président, cette disposition, c'est du
droit nouveau. Ça a pour objet d'exiger de l'arbitre un engagement
écrit, préalablement à l'inscription de son nom sur la
liste, à l'effet de ne pas agir comme arbitre relativement à un
grief découlant d'une sentence qu'il a rendue en matière de
différends chez les policiers et pompiers municipaux.
Le Président (M. Gauvin): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: À cet article 99.1, il y avait eu un
certain nombre de commentaires et de remarques de la part, je pense,
particulièrement des policiers et aussi des associations. D'une part,
ils disaient que c'était inutile ou, encore, qu'il y aurait eu
possibilité d'introduire - et, là, je vais trouver la
référence - une petite condition qui n'aurait pas
nécessité... «Toute correction ne devrait pas modifier le
sens premier de la décision rendue.» Ça, ça va.
C'est autre chose. «L'arbitre devrait conserver son engagement de ne pas
agir comme arbitre de griefs jusqu'à deux ans après son retrait
de la liste des arbitres. Il ne pourrait siéger qu'en matière de
griefs impliquant une unité d'accréditation de policiers et de
pompiers.» Ça vient de l'Union des municipalités. Je savais
qu'on avait une disposition.
Le Président (M. Gauvin): M. le sous-ministre, M.
Gabrièle.
M. Gabrièle: Actuellement, les arbitres de
différend agissent aussi comme arbitres de grief dans le secteur
municipal. Au début, on avait l'intention de ne pas leur permettre
d'agir comme arbitre de grief dans le secteur municipal. Ce qu'on nous avait
indiqué, à ce moment-ci, c'est que les arbitres qui ne feraient
que de l'arbitrage de différend et qui ne vivraient que de l'arbitrage
de différend ne seraient pas capables d'être inscrits sur une
liste et on aurait très peu de candidats. C'est pour ça que nous
avons
inscrit cette mesure-là qui lui permet d'agir comme arbitre de
grief, mais pas dans une décision ou une sentence qu'il a rendue.
Le Président (M. Gauvin): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Vous ne trouvez pas pertinente la recommandation
de l'Union des municipalités sur cette question?
Le Président (M. Gauvin): M. le sous-ministre.
M. Gabrièle: Si on prenait cette recommandation-là,
et là je vous ramènerais à l'article 99, à ce
moment-là, à défaut d'un nombre suffisant, le ministre
devrait piger sur la liste annotée d'arbitres pour la
compléter.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que ça
répond à votre questionnement, Mme la députée de
Chicoutimi?
Mme Blackburn: Oui, ça va, mais ça ne me semble pas
satisfaire à la demande des parties.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que l'article 99.1 est
adopté?
Mme Blackburn: Des commentaires? M. St-Roch: Non.
Adopté, M. le Président. Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): Adopté.
J'appelle l'article 99.2: «L'arbitre procède à
l'arbitrage avec assesseurs à moins que, dans les quinze jours de sa
nomination, il n'y ait entente à l'effet contraire entre les parties.
«Chaque partie désigne, dans les quinze jours de la nomination de
l'arbitre, un assesseur pour assister ce dernier et la représenter au
cours de l'audition du différend et du délibéré. Si
une partie ne désigne pas un assesseur dans ce délai, l'arbitre
peut procéder en l'absence de l'assesseur de cette partie. «Il
peut procéder en l'absence d'un assesseur lorsque celui-ci ne se
présente pas après avoir été
régulièrement convoqué.»
M. le ministre.
M. Cherry: bon. m. le président, cette disposition a pour
objet de permettre la tenue d'un arbitrage avec assesseur. elle est au
même effet que l'actuel article 78 du code.
Le Président (M. Gauvin): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui. Là-dessus, on a eu des commentaires.
D'une part, l'Union des municipa- lités et la municipalité de
L'Ancienne-Lorette estimaient qu'il n'était pas indispensable d'avoir
des... Je relis l'Union des municipalités: en faveur du retrait des
assesseurs, à moins que les deux parties désirent y recourir.
Mais ce n'était pas imposé. Les syndicats, ils nous ont fait la
démonstration, comme je suis plutôt néophyte en ces
matières intéressantes, en disant que, des fois, ça
accélérait le processus de règlement parce qu'ils avaient
sous la main les personnes compétentes pour...
M. Cherry: II n'y a pas de spécialisation tellement
pointue.
Mme Blackburn: D'accord.
Le Président (M. Gauvin): Alors, est-ce que l'article
99.2...
M. Jolivet: Moi, M. le Président, je suis obligé de
dire, comme ancien représentant syndical, que j'aime bien ça, les
assesseurs.
Le Président (M. Gauvin): Vous aimez bien ça?
M. Jolivet: J'aime bien ça, des assesseurs.
Mme Blackburn: Oui, moi, je pense...
Le Président (M. Gauvin): Ha, ha, ha!
M. Cherry: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que l'article 99.2 est
adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): Adopté.
J'appelle l'article 99.3: «L'arbitre doit avant d'agir
prêter serment de rendre sa sentence selon l'équité et la
bonne conscience.»
M. Cherry: Oui. L'objet de cette disposition, M. le
Président, c'est d'obliger un arbitre à prêter serment
avant d'agir. Elle est au même effet que l'actuel premier alinéa
de l'article 79 du Code.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que Mme la
députée a des commentaires?
Mme Blackburn: Ah bien, là, je pense qu'ajouter des
commentaires à tout ce qui a été dit à ce
sujet-là par l'Union des municipalités, hier, et par les
différents organismes qu'on a entendus, ça semblerait
superfétatoire. Mais, effectivement, dans la toute première
rencontre que nous avions eue avec l'Union des municipalités, à
l'époque, ils en avaient déjà contre cette disposition,
estimant qu'elle avait donné... Et je
me rappelle les propos, hier, des conseillers juridiques, à la
fois de l'Union des municipalités et à la fois de
L'Ancienne-Lorette, qui nous faisaient valoir l'argument suivant. Ils disaient:
Vous allez avoir de la difficulté à sortir les arbitres de la
jurisprudence passée. Si vraiment vous voulez les maintenir, ça
va; si vous voulez les en sortir, ça pose un problème, du moment
où on conserve ce libellé. Parce que ce qui les a guidés
par le passé, c'est l'équité et la bonne conscience, et,
à ce moment-là, ils vont conserver le même modèle
d'encadrement des décisions arbitrales, avec, évidemment, les
mêmes résultats. Moi, je le rappelle, je le répète.
C'est la loi du ministre. C'est ce qu'il a choisi, en dépit de toutes
les représentations qui lui ont été faites. Alors,
voilà. Je ne sais pas s'il y a d'autres commentaires
là-dessus.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Drummond.
M. St-Roch: Oui, M. le Président. C'est là
qu'était, dans mes remarques préliminaires aussi, au début
de l'après-midi, M. le ministre, l'importance que je voyais, lorsqu'on
aura terminé cette fameuse liste, d'être capable d'avoir un cours
de formation qui demeurerait la nouvelle orientation apportée par ce
projet de loi afin que ce qui est établi comme jurisprudence soit
laissé en arrière et qu'on parte avec les nouvelles dimensions de
la loi. J'espère que ce sera tenu en ligne de compte après la
confection de cette liste-là.
Le Président (M. Gauvin): Donc, s'il n'y a pas d'autres
commentaires ou questions, est-ce que l'article 99.3 est...
M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: C'est dans un contexte où, justement, on veut
avoir une uniformité quant aux décisions à être
rendues, parce que le but d'avoir un groupe d'arbitres
spécialisés hors de contrôle de l'une des parties, il faut
à ce moment-là qu'il y ait peut-être dans la constitution
de cet organisme-là quelqu'un qui prenne en charge la présidence
de ça pour avoir une uniformité de décision.
Mme Blackburn: Je revois le mémoire de l'Association des
policiers également. Alors, ce qu'ils invoquaient, eux, c'est l'article
79, c'est la pierre angulaire de l'arbitrage. Son interprétation ne
s'oppose plus... C'est cette disposition que la Fédération aurait
préféré voir préserver telle quelle et, en
conséquence, eux, ils demandaient simplement de supprimer les articles
99.3 à 99.5. Ce n'était pas pour les mêmes raisons, je
comprends, mais je pensais que c'était important de rappeler les
positions des parties. (20 h 30)
Dans le fond, ce que je constate - je me mets à la place des gens
qui sont venus hier - on ran comme si on ne les avare pas enienaus. Ça
doit être terriblement frustrant, et ce n'est pas la première fois
que je constate ça. On a des audiences, les gens viennent, ils se
préparent, ils défendent avec beaucoup de vigueur leur position
et, après ça, on s'installe et on légifère comme
s'ils n'avaient rien dit. Je trouve ça terriblement embarrassant.
Évidemment que ça fait partie probablement des règles,
mais, en même temps, je trouve que ça doit être
déprimant et dévalorisant pour les gens qui se donnent ce
travail-là. Et il y en a sur certains projets de loi, je pense à
la CSST en particulier, où ils en ont là de revenir chaque fois,
chaque fois, chaque fois avec les mêmes dossiers et les mêmes
réclamations. Je les trouve patients.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Jolivet: juste avant d'y aller... parce que, là, elle a
dit que ça fait partie des règles. je ne pense pas que ça
fasse partie des règles, ça fait partie des décisions du
gouvernement.
Mme Blackburn: Des décisions du gouvernement.
M. Jolivet: Je pense que c'est important de le dire.
Mme Blackburn: Effectivement.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Jolivet: Bien oui! Ce ne sont pas des règles.
M. Cherry: M. le Président, dans le cas qui nous occupe,
je rappelle que ça suit un long processus dans lequel les parties ont eu
de multiples rencontres. Ça suit le rapport Gabrièle, auquel ils
ont fait connaître leurs commentaires, ça suit le
dépôt du projet de loi au mois de décembre, ça suit
le dépôt de leur mémoire qu'on a eu il y a quand même
quelques semaines, dont on a pris connaissance encore en audition hier. Ce
n'est pas que d'hier à aujourd'hui qu'on a pris connaissance de ces
positions-là, mais c'a fait un long cheminement.
M. Jolivet: Vous souvenez-vous de ce qu'ils ont dit hier?
M. Cherry: Et, d'ailleurs, vous remarquerez, par le nombre
d'amendements que j'ai déposés, vous reconnaîtrez qu'on a
tenu compte des représentations qui nous ont été
faites.
Et je compléterai, M. le Président, en vous disant que
notre collègue de Jonquière, qui est absent ce soir, faisait
remarquer cet après-midi que tout ça, bien sûr, ça
ne fera pas l'affaire ni de l'une des parties ni de l'autre entièrement,
c'est un compromis et c'est comme ça que ça
fonctionne. Dans le milieu des relations de travail, c'est assez rare
que vous faites l'unanimité sur quelque chose. C'est du compromis.
Mais de laisser l'impression que ce n'est que d'hier à
aujourd'hui qu'a été la période où les gens ont pu
se faire entendre, même s'ils l'ont fait officiellement hier, je veux
dire, hier, c'était la présentation de leur rapport qu'on a en
main depuis quelques semaines, et suite au projet de loi déposé
au mois de décembre, suite à la commission Gabrièle, suite
à... Ça fait déjà plusieurs mois qu'on est dans ce
dossier-là.
M. Jolivet: Oui, mais ils ont rappelé que l'écrit
qui est là, qui s'appelle le projet de loi, diffère pas mal du
consensus qui avait été fait, par exemple, ce qui donne
l'impression que, quand arriveront des décisions arbitrales, s'il n'y a
pas, comme on le disait cet après-midi, une écriture à
côté du texte libellé lui-même, on risque de voir
l'entente de principe être différente de l'entente écrite.
Alors, c'est ça qu'on a l'impression. On a un projet de loi devant nous.
C'est sûr, vous l'avez dit, ça fait partie du long processus dont
vous faites mention, mais il y a des gens qui ne reconnaissent pas le consensus
qu'ils avaient établi par rapport au texte qui est là.
Le Président (M. Gauvin): Mme la députée,
oui.
Mme Blackburn: Ils ne se reconnaissent pas dans le texte. C'est
ça qu'il faut dire. Et vous pourrez nous dire n'importe quoi
là-dessus, il était évident, les représentations
qui nous ont été faites hier démontraient que
c'était à hue et à dia, comme on dit en
québécois, mais, en même temps, le ministre est
obligé de reconnaître que les gens n'ont pas retrouvé ici
le consensus qu'ils avaient fait. On aura beau parler de compromis,
jusqu'à hier soir il n'était pas évident qu'on
était prêts à un compromis. La deuxième chose et la
dernière, c'est que, quand le ministre dit qu'ils ont eu tout le temps,
on a eu le texte de loi le 18 décembre, dépôt et
deuxième lecture dans la même séance, évidemment
parce qu'on a consenti. On réclamait une commission parlementaire, mais
ça n'a pas donné beaucoup de temps à ces gens-là
pour se préparer et examiner le projet de loi. C'était tellement
différent de l'entente, du consensus qui s'était fait que,
finalement, ces gens-là, au premier regard, ont dit: Bien,
écoute, ça peut avoir du bon sens. Mais, quand ils l'ont
analysé comme il faut, ils ont dit: Ça n'a rien à voir
avec ce qu'on pensait être notre consensus. Alors, moi, je trouve qu'il
ne faut pas dire n'importe quoi, M. le ministre.
M. Jolivet: Et à n'importe qui.
Mme Blackburn: La vérité, vous savez, a ses droits.
Je veux dire, il y a des fois que ce n'est pas plaisant de la dire et, des
fois, ce n'est pas plaisant de l'entendre, mais c'est encore plus
désagréable de se faire répéter, de se faire dire
qu'on a été un peu en dehors de la vérité. Alors,
aussi bien dire la vérité.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Cherry: Je suis d'accord. En écoutant notre
collègue de Chicoutimi, je suis d'accord qu'on n'a pas le droit de dire
n'importe quoi.
M. Jolivet: Tut, tut! Tut, tut! Vous n'êtes pas correct
quand vous dites ça.
Le Président (M. Gauvin): Je reviens à l'article
99.3.
M. Jolivet: Vous n'êtes pas correct.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que l'article 99.3 est
adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Mme Blackburn: C'est adopté.
Le Président (M. Gauvin): Adopté.
J'appelle l'article 99.4 qui se lit comme suit: «Seules les
matières qui n'ont pas fait l'objet d'un accord entre les parties sont
soumises à l'arbitrage. «L'arbitre a compétence exclusive
pour déterminer ces matières en se fondant sur le rapport du
médiateur.»
M. Cherry: Ça, M, le Président, c'est une
disposition de droit nouveau. Ça a pour objet de préciser les
matières arbitrages et de reconnaître à l'arbitre la
compétence exclusive pour déterminer ces matières sur la
base du rapport du médiateur. C'est l'objet de l'article 99.4.
Le Président (M. Gauvin): Mme la députée,
avez-vous des commentaires?
Mme Blackburn: Oui. «L'arbitre a compétence
exclusive - au deuxième paragraphe -pour déterminer ces
matières en se fondant sur le rapport du médiateur.» Moi,
j'ai comme de la difficulté avec cet article-là. Comment
pouvez-vous dire au médiateur que c'est lui qui indique, de consentement
avec les parties, les matières sur lesquelles il y a entente. Ensuite,
vous dites que c'est l'arbitre qui a compétence exclusive pour
déterminer ces matières. Alors, ou c'est l'un, ou c'est
l'autre.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Cherry: II les détermine sur la base du rapport du
médiateur.
Mme Blackburn: Pourquoi est-ce qu'il y a compétence
exclusive pour déterminer ces matières si elles ont
été prédéterminées par les parties? Il ne
pourrait pas en enlever.
M. Cherry: Évidemment, là, il faut se souvenir que
ce sont les matières sur lesquelles les parties ne se sont pas
entendues. Donc, les matières sur lesquelles elles ne se sont pas
entendues, c'est ce qui constitue le rapport du médiateur, à
partir de quoi l'arbitre, lui, a la compétence exclusive de
décider sur ça. Mais ce n'est pas lui qui invente tout
ça.
Mme Blackburn: C'est du pareil au même, là. Le
deuxième paragraphe, et, là-dessus, je partage l'avis... Ce n'est
pas la ville de L'An-cienne-Lorette? Attendez un peu, je vais vous le dire. Ce
qu'ils nous disent, c'est que c'est inutile, cet article-là, et, moi, je
pense qu'ils ont raison. «Seules les matières qui n'ont pas fait
l'objet d'un accord entre les parties sont soumises à
l'arbitrage.» Point à la ligne. Si vous dites que l'arbitre a
compétence exclusive pour déterminer ces matières...
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Cherry: Je me mets dans la position où je vous nomme,
M. le Président, comme arbitre. Il me semble que c'est important, vu que
maintenant vous avez la responsabilité du dossier, qu'on vous fournisse
tous ceux qui ont non seulement l'entente des parties, mais le rapport de la
personne avec ces indications: c'était quoi, son rôle, ce qu'il a
constaté, non seulement ce qui a fonctionne, mais ses remarques, parce
que c'est à partir de l'ensemble de tout ça que vous allez
pouvoir mieux exercer ce qui est devant vous maintenant. (20 h 40)
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, là, c'est du droit
nouveau. Il y a une petite question que j'aurais à poser. Est-ce que le
ministre a l'intention, dans les autres parties du Code du travail, de proposer
le même changement à un moment donné? Parce que, s'il fait
du droit nouveau ici, c'est parce que ça doit être bon. Si c'est
bon, il pourrait déjà, dès ce moment-ci, dire: Dans toutes
les places où on a des arbitrages prévus par le Code du travail,
c'est de cette façon-là que ça se produit.
Moi, je pense que là où il y a un petit problème,
c'est le «déterminer». En français, ça veut
dire quoi «déterminer»? Parce que, là, je suis rendu
dans un texte juridique. Des fois, des textes juridiques ça veut dire
bien des choses, puis je ne voudrais pas que la personne qui a composé
ça puisse un jour vivre de la difficulté qu'on aura de
l'interpréter. Quand on dit: «L'arbitre a compétence
exclusive pour déterminer ces matières», ça ne veut
pas dire déterminer les matières en pigeant dans ce qui est
marqué au niveau du médiateur. Le médiateur, lui, fait un
rapport, puis dit: Voilà ce sur quoi ils ne s'entendent pas. Et
là la compétence que l'arbitre a, c'est lui seul qui l'a pour
trancher la question. C'est dans ce sens-là qu'il faut le dire.
Si le mot «déterminer» veut dire «trancher la
question», c'est bien différent que de dire
«déterminer ces matières en se fondant...», parce que
«déterminer ces matières» ça veut dire choisir
les matières qu'il voudrait faire. Autrement dit, si le médiateur
a 15 points de désaccord, puis que l'arbitre, ayant compétence
exclusive,- détermine, lui, qu'il en règle 10 puis que les 5
autres... Je veux savoir qu'est-ce que ça veut dire le mot
«déterminer».
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Cherry: Le médiateur pourrait déterminer - juste
pour enchaîner avec l'argument que vous nous suggérez, mon
collègue de Laviolette - qu'il y a 15 points. O.K. Mais une des parties,
elle, pourrait contester la juridiction de l'arbitre, puis dire: Non, on ne
pense pas que, dans tel type... puis là on pourrait entrer un bref
d'évocation. Donc, pour se prémunir contre ça, on est
aussi bien de le mettre bien clairement qu'on a juridiction, puis que l'arbitre
a juridiction pour tout ce qui découle du rapport du
médiateur.
M. Jolivet: Oui, mais le mot «déterminer»,
ça veut dire quoi? Dites-le-moi donc. «Déterminer».
Il détermine, lui, que, s'il y a 15 points de différends, c'est
les 15 points, puis c'est lui seul qui détermine ça. Il n'est pas
contestable?
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Cherry: II faut se souvenir encore une fois que le rapport du
médiateur a été rédigé et remis aux parties.
On prend en compte que c'est rendu public, une des parties le rend public
maintenant, et c'est ça qui devient le mandat de l'arbitre.
M. Jolivet: II doit trancher dans les 15 points de litige
déterminés, admettons, par le médiateur.
M. Cherry: C'est ça. Si on n'écrivait pas ça
comme ça, peut-être une des parties pourrait dire: Non, ça,
ce n'est pas dans le mandat de l'arbitre. On pense qu'il y a un des points
où il n'a pas compétence, n'a pas juridiction. Donc, pour
éviter ça, qu'il puisse y avoir un bref d'évocation, on
s'assure que l'article reconnaît la compétence de l'arbitre de
trancher dans tous les points qu'il y a en litige devant lui.
M. Jolivet: J'avais bien compris ça, moi. Puis,
d'ailleurs, c'est de même que je le dis. Mais, si je le prenais
autrement: En se fondant sur le rapport du médiateur, seul l'arbitre a
compétence exclusive pour trancher les points en litige, est-ce que
ça se dirait en français? Ça serait admissible, ça?
Là, j'essaie de voir comment... Parce que le mot
«déterminer» peut avoir deux sens en français,
à moins que vous ayez un sens juridique que je ne connaisse pas.
«Il peut déterminer», ça veut dire qu'il peut choisir
parmi les 15. Il pourrait aller jusque-là, choisir, parmi les 15, ceux
sur lesquels il va trancher, puis laisser les autres au flail; on va être
mal pris. Je me fais un peu l'avocat du diable, c'est ce qu'un avocat doit
faire normalement.
M. Cherry: Je demanderais à Pierre un complément
d'information. Il y a eu un jugement.
M. Jolivet: Ah bien, là, s'il y a un jugement, là,
moi, je suis mal pris.
Le Président (M. Gauvin): M. le sous-ministre, M.
Gabrièle.
M. Gabrièle: Quand on parle, dans le Code du travail, aux
articles 45 et 46, de la transmission des droits et du pouvoir du commissaire
général... Vous pouvez venir à l'article 46, s'il vous
plaît, du Code: «II appartient au commissaire du travail, sur
requête d'une partie intéressée, de trancher toute question
relative à l'application de l'article 45.» Nous faisons la
même chose, on lui donne le même mandat qu'on lui avait
donné. «À cette fin, il peut en déterminer
l'applicabilité et rendre toute ordonnance jugée
nécessaire pour assurer la transmission des droits et des obligations
visée à cet article.»
M. Jolivet: En tout cas, comme prof de français, vous ne
me convainquez pas pantoute.
M. Dufour: Dans le fond, ce qu'on pourrait, ce qui aurait pu
être... M. le Président, si vous me donnez la parole...
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: En fait, moi, je pense que l'arbitre, il a
compétence, oui, pour déterminer. Excepté que, si tout le
monde est d'accord, il n'a pas à trancher, c'est juste en cas de litige,
c'est juste en cas de désaccord. Ce n'est pas marqué comme
ça; ça pourrait être plus clair. On pourrait aller un petit
peu plus loin en disant que l'arbitre a compétence en cas de
désaccord. Parce que c'est sous-entendu, mais ce n'est pas
exprimé.
L'arbitre, lui, il va avoir son rapport. Bon. Il va déterminer en
fonction du médiateur, il va choisir les matières. Tu sais, on
dit «choisir» puis «déterminer», on dit la
même chose. Mais il n'a pas à choisir. Si le rapport, tout le
monde est d'accord, il va se prononcer dessus. Mais c'est juste en
désaccord qu'il a la compétence exclusive; s'il n'y a pas de
désaccord, il n'a pas la compétence pour déterminer ce qui
va aller ou pas, il faut qu'il prenne tout le paquet.
M. Gabrièle: Exact.
M. Dufour: Mais ce n'est pas aussi clair que ça.
M. Gabrièle: S'il y a une objection où on lui dit:
Vous n'avez pas de juridiction sur telle ou telle matière...
M. Dufour: Oui, mais je vous dis que, là-dedans, ce n'est
pas aussi clair que je l'exprime.
M. Gabrièle: ...on lui donne la compétence
exclusive.
M. Dufour: Mais, d'après moi, ce n'est pas aussi clair
qu'on l'exprime.
M. Jolivet: Si je le prends par rapport au premier paragraphe
d'en haut, on dit: «Seules les matières qui n'ont pas fait l'objet
d'un accord entre les parties sont soumises à l'arbitrage. L'arbitre a
compétence exclusive pour déterminer ces matières»,
qui n'ont pas fait l'accord entre parties.
M. Dufour: II faut qu'il y ait un désaccord. On le
sous-entend, mais on ne l'exprime pas. Est-ce qu'on ne serait pas mieux de
l'exprimer? Parce que, s'il y a un accord, l'arbitre n'a pas le choix; il va
arbitrer dans ce qui n'est pas en accord. Tout le monde est d'accord pour dire
que c'est telle affaire, telle affaire que je soumets... Il a compétence
exclusive, mais juste en cas de désaccord; s'il n'y a pas de
désaccord, il n'a pas compétence. Il faut qu'il décide que
c'est ça. Pour moi, ce serait beaucoup plus clair.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Cherry: Oh non! Il est écrit de la même
façon à 45, les avocats...
M. Jolivet: Mais vous m'avez dit que c'était du droit
nouveau tout à l'heure; dites-moi pas que c'est pareil, là!
M. Cherry: Non, on l'a écrit comme ça ailleurs,
mais c'est nouveau dans ça.
M. Jolivet: Ce n'est pas du droit nouveau, M. le ministre. Ne
dites pas n'importe quoi, là.
M. Cherry: Non, je ne dis pas n'importe quoi. Je le dis par
rapport aux choses munici-
pales.
Mme Blackburn: Ce ne serait pas la première fois.
M. Jolivet: Ah!
M. Cherry: II ne faudrait pas que je répète ce que
vous dites, vous avez raison.
M. Jolivet: Ce n'est pas du droit nouveau, c'est du droit qui
existe ailleurs qu'on inscrit.
M. Cherry: Mais par rapport à ça. On parle du
régime particulier des policiers et pompiers.
Le Président (M. Gauvin): Je crois comprendre que tout le
monde se comprend de toute façon, j'espère.
M. Jolivet: Mais on n'est pas d'accord.
Le Président (M. Gauvin): Mais vous n'êtes pas
d'accord.
Une voix: Adopté.
M. Jolivet: Aïe! Pas de tirage ici.
Mme Blackburn: II y a une représentation qui a
été faite par la Fédération des policiers du
Québec et, en page 25, qui allait peut-être dans le sens... qui
renforçait l'article. Ils disaient: Accorder à l'arbitre
discrétion pour permettre d'ajouter au litige de nouvelles
matières ou pour amender une demande. Et c'était le
libellé qu'ils souhaitaient.
Le Président (M. Gauvin): Avez-vous des commentaires, M.
le ministre?
(Consultation)
M. Cherry: Je crois que vous faites référence
à... Je crois qu'en commission, hier, on a posé des questions
là-dessus en leur disant que l'arbitre a compétence exclusive
pour déterminer ces matières en se fondant sur le rapport des
médiateurs. On ne souhaitait pas que les parties puissent ajouter parce
que, évidemment, les parties en pouvant ajouter, ça n'ira pas
faire l'objet du rapport du médiateur parce que, à ce
moment-là, ce n'était pas des articles qui faisaient objet de
litige.
Mme Blackburn: Sans qu'il y ait des ajouts, je pense qu'il y
avait convergence sur ce point entre l'union municipale et la
Fédération. Il faudrait vérifier. Et tous deux disaient
qu'il fallait laisser une certaine souplesse à l'arbitre. Il faudrait
voir dans le rapport de l'Union des municipalités. J'ai ici celui de la
Fédération des policiers du Québec et je me permets de
rappeler un peu l'argumentation: «Nous croyons qu'il faudrait laisser
à l'arbitre une certaine discrétion pour accepter un arbitrage de
nouvelles demandes lorsqu'il le juge juste et utile pour sauvegarder les droits
d'une partie. En effet, des faits nouveaux peuvent survenir depuis l'expiration
de la dernière convention, faits qu'une partie n'avait pu prévoir
et qui peuvent l'affecter. «On pourrait penser, entre autres, à ce
genre de situation: un texte de convention qui, tout à coup, est sujet
à interprétation alors qu'il n'avait jamais vraiment
été questionné auparavant. Et là il y a une
nouvelle interprétation, l'entrée en vigueur d'une loi qui
nécessite des ajustements au niveau de la convention, comme ce fut le
cas en 1990, relativement au régime de retraite. (20 h 50) «Ce ne
sont que des exemples, mais ils illustrent bien la nécessité de
ne pas fermer la porte de façon hermétique. D'ailleurs, dans le
cours actuel des choses, il arrive à une partie de faire une semblable
demande à l'arbitre dans les cas qui le justifient, et ce n'est pas
courant, mais exceptionnel.» Alors, ils disent: «Avec l'article
99.4, ce serait impossible.» Et ils poursuivent.
Si vous avez le mémoire de l'Union des municipalités, par
ailleurs: «L'article 99.4 mentionne que seules les matières qui
n'ont pas fait l'objet d'un accord entre les parties seront soumises à
l'arbitrage et que l'arbitre aura compétence exclusive pour
déterminer ces matières en se fondant sur le rapport du
médiateur. «Comme nous l'avons vu dans la section
précédente, la clarté du rapport du médiateur
pourrait avoir effet sur ce qui est considéré comme clause
litigieuse où l'arbitre devra trancher.» On revient à la
clarté, et, là, ils expliquent: «En regard de l'esprit du
premier alinéa de cet article, on comprend que les matières
arbitrages seraient réduites au minimum, donc que toute entente
complète visant une clause devrait être respectée par
l'arbitre.»
Je reviens... Ils demandaient, et je ne pense pas errer, là, une
certaine souplesse par rapport à cet article-là, de laisser
à l'arbitre une certaine souplesse.
M. Cherry: L'amendement qu'on va retrouver tantôt, à
l'article 99.7, c'est peut-être à ça que tu fais
référence.
Mme Blackburn: Non, ce n'est pas à ça que je fais
référence, c'est toujours à l'article 99.4. Et je
reviens...
M. Jolivet: Ce que veut dire ma collègue, c'est qu'en plus
des matières qui sont prévues par le rapport du médiateur
comme étant des matières à différends, si, par
hasard, au terme de discussions entre les parties, l'arbitre, en plus de
ces matières-là, pouvait déterminer qu'il y en a
une autre possible, parce que le médiateur ne l'a peut-être pas
vue, c'est de cette souplesse-là dont on fait mention, est-ce qu'il
pourrait, à ce moment-là... Parce que là, ce à quoi
on contraint l'arbitre, c'est à ne regarder que ce que le
médiateur a déterminé.
M. Cherry: Ce qui fait l'objet du litige, sans pouvoir en
ajouter.
M. Jolivet: Oui, c'est ce que je comprends.
M. Cherry: Et, là, ajouter... parce qu'une partie
déciderait qu'elle souhaite que l'arbitre se prononce sur quelque chose
de nouveau.
M. Jolivet: Et l'arbitre pourrait avoir le pouvoir de regarder si
oui ou non...
M. Cherry: C'est parce que, là, il n'y a plus de fin.
À ce moment-là, chacun va se garder des affaires dans ses poches
et, au fur et à mesure, il en sort un nouveau. Tu m'en sors un, je t'en
sors un.
M. Dufour: On est rendu trop loin. M. Jolivet: Un chapeau
de lapins!
Mme Blackburn: Ça veut dire que les cas qui sont
cités dans le mémoire de la Fédération que je viens
de lire, à l'avenir, il ne pourrait pas en tenir compte, parce qu'il
détermine sur le rapport du médiateur et qu'il a
compétence exclusive pour déterminer, mais il ne peut même
pas tenir compte d'une modification, par exemple, à la loi sur les fonds
de pension, une loi qui pourrait intervenir sur les fonds de pension.
Ça, c'est fait, le délai, entre le rapport du médiateur et
la nomination de l'arbitre. Qu'est-ce que vous faites à ce
moment-là?
M. Cherry: Bien sûr, il faut se rappeler que, si c'est une
loi, tout le monde est assujetti à la loi. Entre la nomination, les 60
jours... À l'article 99.7, deuxième alinéa: «II ne
peut modifier ces stipulations sauf en vue de faire les adaptations
nécessaires pour les rendre compatibles avec une disposition de la
sentence.» Bien sûr, si c'est une loi qui entre en vigueur, ils ne
viennent pas que d'en entendre parler. Donc, finalement, au moment où
ils étaient en médiation ou, à tout le moins, en demande
de négociations, prévoyant que tel type de loi était
maintenant dans le processus de la législation, ils ont sûrement
à se prémunir, là. Pour ce qui est de l'entrée en
vigueur d'une loi, je pense bien que n'importe quelle forme que pourrait avoir
une convention collective, elle ne peut pas avoir comme effet de se soustraire
à la loi.
M. Jolivet: S'il y a concordance avec ce qu'il a
décidé dans sa sentence.
Mme Blackburn: Oui, mais l'article 99.7 ne règle
pas...
M. Jolivet: Non.
Mme Blackburn: J'ai beau le relire, là, ça ne vient
pas régler, ça ne vient pas donner la possibilité à
votre arbitre de tenir compte d'événements, de facteurs ou de
lois qui seraient entrées en vigueur entre le moment où le
médiateur a remis son rapport et où l'arbitre entre en fonction.
Comme tout se fait sur le rapport du médiateur, vous ne pourrez pas
rentrer autre chose là-dedans. Une fois que j'ai dit ça, j'ai
terminé.
M. Cherry: O.K.
Mme Blackburn: On va se retrouver.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que l'article 99.4 est
adopté?
M. Jolivet: Sur division.
Le Président (M. Gauvin): Adopté sur division.
J'appelle l'article 99.5, et, à l'article 99.5, nous avons un
amendement, je crois.
M. Cherry: Oui. M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Gauvin): Donc, je me permets de vous
présenter l'amendement. L'article 99.5 est remplacé...
C'est-à-dire, excusez-moi, je me reprends: Remplacer l'article 99.5,
introduit par l'article 4 du projet de loi, par le suivant. Donc, le nouveau
99.5 pourrait se lire comme suit: «Pour rendre sa sentence, l'arbitre
peut tenir compte, entre autres, des conditions de travail applicables aux
autres salariés de la corporation municipale concernée ou des
corporations municipales parties à l'entente constituant la régie
intermunicipale concernée ainsi que des conditions de travail qui
prévalent dans des corporations municipales ou des régies
intermunicipales semblables ou dans des circonstances similaires.» Donc,
c'est le texte proposé comme amendement.
Mme la députée, l'amendement change complètement le
texte.
M. Dufour: Non, ça remanie le texte, mais ça ne
change pas le sens.
Mme Blackburn: L'article 99.5?
Le Président (M. Gauvin): C'est-à-dire, le
change.
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Gauvin): C'est une nouvelle lecture.
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Gauvin): Oui, M. le député
de Drummond.
M. St-Roch: Oui, M. le Président.
Ça apporte quoi, comme changement, M. le ministre, là? On
est rendu à la fin de la journée, on est peut-être moins
brillants qu'on ne l'était au début de l'après-midi. Entre
le texte de 99.5 tel que libellé à 5 et l'amendement, quelle
modification, cet article-là, cet amendement-là introduit? Quelle
est la différence entre les deux textes, au niveau de l'application
pratico-prati-que?
M. Cherry: Oui. Si on le relit, là, vous allez voir
l'ordre dans lequel ils sont placés.
Le Président (M. Gauvin): C'est pour ça que je vous
mentionnais que c'est une autre lecture, une nouvelle lecture.
Mme Blackburn: C'est simplement qu'ils ont inversé. Alors,
vous prenez les trois dernières lignes et demie et puis vous les
rapportez juste après «conditions de travail», et vous
prenez l'autre et vous la descendez. Vous avez juste inversé les deux.
C'est de la dentelle, hein?
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Drummond.
M. St-Roch: Oui, je vais continuer encore, naïvement, M. le
Président. Est-ce que ce texte-là le rend plus impératif,
99.5, que celui qui était libellé auparavant?
M. Cherry: Si vous avez à être l'arbitre qui a
à regarder la façon de procéder, je suis convaincu
qu'à la lecture de ça...
M. St-Roch: Ça devient plus impératif? Je voulais
vous l'entendre dire, M. le ministre.
Le Président (M. Gauvin): Mme la députée...
M. Cherry: Vous regarderez la façon... Mme Blackburn:
Oui.
Le Président (M. Gauvin): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, à ce que je
comprends...
M. Cherry: Ce n'est pas de la dentelle.
Mme Blackburn: ...dans l'amendement qui a été
apporté, c'est une espèce de gradation dans les
considérations qui pourront prévaloir dans la décision que
va prendre l'arbitre; et là on vient de décider que les
conditions de travail applicables aux salariés de la corporation
municipale concernée ou des corporations municipales parties à
l'entente constituant la régie intermunicipale arriveraient avant les
conditions de travail qui prévalent dans les corporations municipales,
les régies régionales intermunicipales semblables ou dans des
circonstances similaires, les circonstances similaires étant
reportées à la toute fin du paragraphe. Donc, on est en train
d'établir simplement une espèce de gradation dans les
considérations qui pourront être prises en compte par l'arbitre.
Qui «pourront» être prises en compte, pas qui
«devront»; qui pourront être prises en compte. Tout ça
pour vous dire que c'est de la dentelle. Je ne pense pas que ça change
la nature du droit. Bon. Moi, je me dis: C'est ça, le compromis? Vous
parliez de compromis; vous aimez entendre parler de compromis? Bien.
Voilà, voilà!
Le Président (M. Gauvin): Est-ce qu'il y a d'autres
questionnements...
Mme Blackburn: Ce n'est pas un compromis.
Le Président (M. Gauvin): ...au niveau de l'article
99.5?
Mme Blackburn: Pour ne pas dire la compromission. (21 heures)
M. Jolivet: Non. La seule chose que je pourrais ajouter, M. le
Président, là, c'est que ça ne changera rien. Un arbitre
qui veut tenir compte de la deuxième plutôt que de la
première, il va juste changer son chapeau de bord.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Ça ne changera pas grand-chose. Avant, il
était en premier, là il est rendu en deuxième, et le
deuxième est arrivé en premier. Ça ne changera pas
grand-chose à tout ce qui a été dit hier. C'est ça
que ma collègue disait tout à l'heure: On a beau les avoir
entendus hier, mais ça ne change rien. Le ministre nous donne un nouveau
texte qui donne l'impression d'avoir changé quelque chose, mais, en
réalité, il a changé les mots de place et ça veut
dire la même affaire. C'est de même que je comprends ça.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que l'article 99.5 est
adopté?
M. Jolivet: Est-ce que vous me dites que... Le ministre fait un
air me disant que je ne comprends pas trop, si je comprends ça.
Autre-
ment dit, le ministre ne semble pas d'accord avec le fait qu'il n'y a
rien de changé, sauf le fait qu'en le mettant en premier plutôt
qu'en deuxième et le deuxième en premier, et vice et versa, comme
on dit, l'arbitre, ça va le convaincre de prendre d'abord les conditions
de travail applicables aux autres salariés de la corporation - les cols
bleus, les cols blancs, par rapport à des exemples - par rapport
à des policiers à Montréal ou à la SQ. Il n'y a
rien de changé. Il ne me fera pas accroire qu'il a changé bien,
bien grand-chose ce soir. On n'a pas viré...
M. Cherry: Je ne veux rien vous faire accroire.
M. Jolivet: Non, mais c'est ce que je comprends, que vous ne
voulez pas me faire accroire quelque chose.
M. Cherry: Je ne veux rien vous faire accroire.
M. Jolivet: Mais vous me dites quoi, d'abord? Quelle est la
différence, là? Vous n'avez pas répondu bien, bien au
député de Drummond, à ma connaissance, qui me satisfasse.
Qu'est-ce que vous donnez de différence à l'article 99.5 par
rapport à l'article 99.5 remanié? Ça veut dire quoi?
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre. M. Cherry:
On a changé l'ordre. M. Jolivet: Ça, je l'ai bien vu.
M. Cherry: Vous avez vu ça? M. Jolivet: Ah! j'ai bien vu
ça.
M. Cherry: Et, pour vous, il n'y a pas de message, par ça,
pour un arbitre?
M. Jolivet: Non.
M. Cherry: Je ne veux rien vous faire accroire, moi,
là.
M. Jolivet: Non, non. Vous pensez qu'un arbitre qui va lire nos
discussions, parce que vous avez changé ça, ça va
l'intéresser de prendre plutôt les «conditions de travail
applicables aux autres salariés de la corporation municipale» par
rapport aux autres «conditions de travail qui prévalent dans des
corporations municipales ou des régies intermunicipales semblables ou
dans des circonstances similaires»? Vous pensez que ça va
influencer l'arbitre ça, vous?
M. Cherry: Oui.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Drummond.
M. Jolivet: Ah bon! O.K. On va vous laisser votre
naïveté.
M. St-Roch: Je pense, en conclusion, avec les réponses que
M. le ministre me fait, l'interprétation que je fais présentement
de l'article 99.5, l'amendement, ça va être strictement les
premières décisions qui vont être rendues par les arbitres
sur l'interprétation qui vont établir la jurisprudence. Alors, si
les premières sentences sont qu'on prenne un, deux, trois, quatre,
ça s'en va sur le bon bord. Si, pour prendre les paroles de mon
collègue de Laviolette, un arbitre prend la deuxième partie et
dit: Non, moi, j'en prends ou j'en prends pas, on verra. Alors, ça va
être à l'usage qu'on verra si cette clause-là a
amélioré ou non les conditions. On reverra.
M. Cherry: Exact. C'est ça de la jurisprudence.
Le Président (M. Gauvin): Je rappelle l'article 99.5.
Est-ce qu'il est adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): L'article 99.5 étant
adopté, j'appelle l'article 99.6.
Mme Blackburn: On commence par adopter l'amendement.
Le Président (M. Gauvin): Excusez-moi! Oui. Est-ce que
l'article 99.5, tel qu'amendé, est adopté?
Mme Blackburn: Sur division.
Le Président (M. Gauvin): Adopté sur division.
«99.6 L'arbitre doit rendre une sentence à partir de la preuve
recueillie à l'enquête.»
M. Cherry: M. le Président, c'a pour objet de
prévoir qu'un arbitre doit rendre sa sentence à partir de la
preuve faite lors des séances d'arbitrage. Je pense que c'est clair.
Mme Blackburn: C'a l'air clair pour vous, mais ce n'était
pas clair pour les gens qu'on a entendus. C'était loin d'être
clair pour les gens qu'on a entendus. Ça semblait poser un
problème d'interprétation, cet article-là. Qu'est-ce qui
va être considéré comme la preuve recueillie à
l'enquête? «L'arbitre doit rendre une sentence à partir de
la preuve recueillie à l'enquête.» Dépendant de
l'aréopage d'experts que vous avez pour fournir la preuve, alors vous
pouvez en avoir un peu, beaucoup, passionnément. Qu'est-ce qui indique
que la preuve est recevable? Il y
avait toute une série de questionnements là-dessus.
M. Cherry: La preuve faite en arbitrage, c'est ça?
Mme Blackburn: La preuve recueillie. «L'arbitre doit rendre
une sentence à partir de la preuve recueillie à
l'enquête.» Est-ce qu'une caisse de documents qu'on n'a pas lus
c'est une preuve recueillie?
M. Cherry: Est-ce que je peux vous demander de...
Mme Blackburn: Une caisse de documents qu'on aurait à
peine le temps d'examiner, est-ce que ça constitue une preuve
recueillie?
M. Cherry: Hier, une des parties a fait cette
démonstration de caisse de documents, puis la pertinence...
Mme Blackburn: Mais ça ne règle pas... M.
Cherry: On se souvient qu'hier c'était...
Mme Blackburn: Oui, je sais, puis j'ai vu le... Moi, j'ai
été étonnée. Dans le rapport de l'Union des
municipalités, il ne semblait pas... Si ça semble clair pour eux
autres, moi, il me semble que ça ne vient pas clarifier la situation,
parce qu'il n'y a rien qui vient nous dire c'est quoi, la preuve recueillie
à l'enquête.
M. Cherry: Si M. Gabrièle peut compléter. Le
Président (M. Gauvin): M. Gabrièle.
Mme Blackburn: À moins que vous ayez un autre article qui
le spécifie.
Le Président (M. Gauvin): M. Gabrièfe.
M. Gabrièle: À l'article 99.9, deuxième
alinéa, on dit: «Toutefois, l'article 76, le troisième
alinéa de l'article 77, les articles 80 à 91.1 et l'article 93
s'appliquent à l'arbitrage d'un différend visé par la
présente section.»
Mme Blackburn: Et qu'est-ce qu'ils disent, ces articles?
M. Gabrièle: Alors, si nous allons à l'article 81
du Code: «L'arbitre procède en toute diligence à
l'instruction du différend selon la procédure et le mode de
preuve qu'il juge appropriés».
Mme Blackburn: puis avant, ça veut dire que la disposition
n'obligeait pas l'arbitre à rendre sa sentence à partir de la
preuve recueillie.
M. Gabrièle: Donc, l'arbitre va utiliser le mode de preuve
qu'il juge approprié au niveau de la pertinence de la preuve.
Mme Blackburn: Mais, dans le Code du travail, section
«Règlements des conflits ou des différends», est-ce
à dire que cette disposition ne va concerner que les policiers? Est-ce
qu'elle est dans la section...
M. Gabrièle: C'est «Règlement des griefs et
de différends».
M. Cherry: Ça s'applique à l'ensemble du Code.
Mme Blackburn: De façon générale. M.
Cherry: Oui. M. Gabrièle: Oui.
Mme Blackburn: Alors, il faudrait que... On suspend le 99.6 puis
on va revenir tantôt, là, à 99.9.
M. Jolivet: Mais, juste avant qu'on le suspende, tout simplement
vous dire que c'est 99.5 qui devient essentiel, là, parce que la preuve
recueillie, il va la prendre a partir de ce qui est là, j'imagine.
Une voix: C'est ça. M. Jolivet: Hein?
Mme Blackburn: II ne pourra pas. Du moment où il est
balisé comme ça, toutes ses preuves amenées dans le cadre
de soit les conditions... L'équité et la bonne conscience. Mais
ça, ce n'est pas ça, là. Soit les conditions de
corporations municipales, régies régionales, circonstances
similaires, conditions de travail applicables aux salariés, corporations
municipales concernées, corporations municipales parties à
l'entente ou encore régies intermunicipales concernées. Moi, je
ne sais pas jusqu'à quel point vous avez réglé le cas,
là. Bon. C'est votre loi, hein?
M. Cherry: Peut-être maître... Un avocat, ça
va nous aider, j'espère.
M. Jolivet: Ah! mais... M. Cherry: J'espère.
M. Jolivet: On va demander un notaire, si ça continue.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que vous voulez vous
identifier, s'il vous plaît?
M. Rochon (André): Oui, André Rochon, avocat au
ministère du Travail.
Le Président (M. Gauvin): M. Rochon.
M. Rochon: L'article 81, qui est rendu applicable par renvoi,
confère, dans ce type de juridiction d'un tribunal administratif, ce
qu'on appelle les tribunaux administratifs, plus de souplesse au niveau de la
preuve que ce qui se passe devant un tribunal judiciaire où c'est le
Code civil, le code de procédure en matière d'administration de
la preuve qui s'applique. Dans ce cas-ci, l'arbitre a donc à juger de la
recevabilité de la preuve et, après, a juger de la force
prépondérante de la preuve qu'il a, par ailleurs, jugée
recevable dans une approche plus souple, puisque c'est un tribunal
administratif qui a des règles de preuve et de procédure et des
modes de preuve qu'il juge les plus appropriés.
M. Jolivet: Une autre question, M. le Président, au
ministre.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Laviolette, oui.
M. Jolivet: II pourra demander à son adjoint de
répondre. Écoutez, là, on est en train de changer une loi
pour faire en sorte que des demandes, nous a-t-on dit hier, inflationnistes
disparaissent. Parce qu'il y a des gens qui ont dit que, quand ils arrivaient
devant l'arbitre, ils amenaient des caisses de documents qui n'avaient pas
pantoute affaire au contexte local dans lequel ils vivaient. Alors, je pose la
question. L'article 99.5 qu'on vient d'adopter nous a inversé le
rôle, en espérant que ce sera de cette façon que l'arbitre
va agir. (21 h 10)
Mais, par rapport à ce qui existe actuellement, l'arbitre,
là, agissait-il de même avant ou s'il n'agissait pas de
même? Est-ce que, dans les contextes d'arbitrage qu'il faisait, il le
faisait en vertu du Code? S'il le faisait en vertu du Code du travail,
c'étaient les articles dont vous faites mention à 99.9 qui
s'appliquaient. Qu'est-ce qui est changé par rapport à ceci,
là?
M. Cherry: O.K.
M. Jolivet: Qu'est-ce qui a changé?
M. Cherry: O.K.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Cherry: Dans un premier temps - je demanderai de
compléter - vous vous souviendrez qu'il en a été amplement
question hier, et je vous le rappelle, tant que ce n'est pas
«précision», les gens arrivaient devant et refaisaient la
preuve de l'ensemble de la convention collective, même des choses qui ne
faisaient pas l'objet du litige. de là, dans certains cas, des caisses
de documents. là, on a circonscrit ça au rapport du
médiateur pour identifier les points en litige.
M. Jolivet: J'ai compris ça.
M. Cherry: Donc, au départ, ça va diminuer parce
que, même si ce n'était pas en litige, il y en a qui s'assuraient
que l'ensemble de tout ça soit déposé; de là
arrivait l'expression de «caisses de documents».
M. Jolivet: Mais là, je ne parle pas juste de la caisse,
parce que, là, c'est l'expression qu'on a employée.
M. Cherry: Oui.
M. Jolivet: Mais admettons que ce qui va rester en litige, comme
le disait...
M. Cherry: Ce qui va rester en litige, oui.
M. Jolivet: ...ma collègue cet après-midi, fort
probablement que ça va être les questions monétaires, hein?
en gros là, en gros, en gros. j'imagine.
M. Cherry: Souvent, mais il y a d'autres choses aussi, hein?
M. Jolivet: Non, mais admettons, prenons cela comme exemple. Il
n'amènera peut-être pas toute la convention, mais il va amener au
moins la partie de la convention qui détermine le salaire. On va se
retrouver encore dans les mêmes conditions pour cette partie-là
seulement. Moi, ça ne me dérange pas quand vous me dites: Avant,
il y avait des caisses de documents parce que c'était toute la
convention qui était remise en cause; là, ça va être
juste une partie, les caisses vont diminuer, mais il va y avoir le même
résultat pareil au niveau monétaire admettons, comme exemple
là. Est-ce que vous croyez que ça a change quelque chose,
là? Ça n'a rien changé, parce que ce que l'on fait ici,
c'est ce qu'on faisait avant.
M. Cherry: Évidemment, puis là, avant qu'ils
puissent compléter... Évidemment, là, vous simplifiez
ça au seul fait. Vous dites: C'a le même résultat à
cause de l'aspect monétaire, mais vous en avez fait suffisamment pour
savoir qu'il y a souvent d'autres choses aussi là-dedans.
M. Jolivet: Non, mais là, si c'était plus que le
monétaire, la caisse augmenterait, c'est tout. Autrement dit, entre
toute la convention qui était haute de même et entre le
monétaire qui est là, il devrait y avoir juste ça: elle va
être à moitié vide ou à moitié pleine,
dépendant de ce qu'on gardera.
Le Président (M. Gauvin): M. Rochon.
M. Rochon: L'article 99.6 est nouveau au niveau de l'arbitrage de
différend où l'arbitre devra avoir reçu une preuve pour la
considérer. Il la reçoit selon le mode de preuve qu'il juge
approprié; évidemment, c'est le renvoi de tantôt. Mais
ça évite également qu'on veuille introduire un
élément qui n'a pas été administré en preuve
devant l'arbitre.
Si on veut invoquer, à titre d'exemple, les conditions de travail
qui prévalent dans la corporation municipale concernée, il faut
en faire la démonstration devant l'arbitre.
M. Jolivet: Ça, c'est la partie municipale qui fait
ça.
M. Rochon: C'est la partie municipale. Si la partie syndicale
veut faire sa preuve de «comparable»...
M. Jolivet: À partir des autres...
M. Rochon: ...elle fait l'administration de sa preuve devant
l'arbitre. L'arbitre va donc avoir à décider est-ce que cette
preuve est pertinente, recevable et, après, quelle valeur va-t-il lui
accorder. Et là ce sera dans son délibéré qu'il va
le faire, après avoir reçu les représentations des deux
parties qui vont lui dire, pour l'une: Cette preuve est la meilleure qui puisse
être considérée, pour l'autre: Hum! ce n'est pas si
sûr que ça; regardez, il y a tel autre élément dont
vous devriez tenir compte de façon plus prépondérante.
M. Jolivet: Oui.
M. Rochon: Alors, c'est tout le jeu de l'administration, de
l'instruction.
M. Jolivet: En tout cas, je vous dirai juste une affaire, on va
arriver à des choses semblables: dernière offre, dernière
demande. Ça fait que le gars qui est en demande va en demander plus et
celui qui est en offre va en demander moins. Bonne chance, tout à
l'heure, au gars qui est arbitre dans tout ça! C'est vrai que là
il va se suicider parce qu'il va devenir un vrai arbitre. Là, ça
va être le gars qui va décider: Je prends partie pour la partie
syndicale ou la partie patronale?
Le Président (M. Gauvin): Est-ce qu'on maintient la
demande de suspendre l'article 99.6 ou si on le traite à ce moment-ci?
Mme la députée, avez-vous...
Mme Blackburn: Moi, je suis en train d'examiner 99.9. On
pourrait, pour permettre aux collègues de faire la même chose, le
suspendre et on y reviendra après qu'on aura vu 99.9.
Le Président (M. Gauvin): Donc, 99.6 est suspendu, on
passe à 99.7, et nous avons un amendement. Donc, je vous présente
l'amendement. L'amendement est d'insérer, après le premier
alinéa de l'article 99.7 introduit par l'article 4 du projet de loi,
l'alinéa suivant: «Les parties peuvent, à tout moment,
s'entendre sur une matière faisant l'objet du différend et les
stipulations correspondantes sont également consignées par
l'arbitre à la sentence.»
M. Cherry: Rapidement, M. le Président, c'est pour
indiquer que, suite aux mémoires et aux représentations qui nous
ont été faites hier, on en a tenu compte pour permettre que
ça puisse s'insérer dans le processus au fur et à mesure
que ça fait l'objet d'entente entre les parties. Il s'agit de
revaloriser la négociation et de permettre aux parties de pouvoir
s'entendre et de bonifier ça.
Le Président (M. Gauvin): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): Donc, l'amendement est
adopté.
J'appelle l'article 97 tel qu'amendé.
Mme Blackburn: L'article 99.7.
Le Président (M. Gauvin): Excusez-moi! L'article 99.7 tel
qu'amendé. Est-ce que je peux me permettre de le lire?
M. Dufour: Non. Ha, ha, ha! M. Jolivet: On va vous
éviter ça.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que l'article 99.7, tel
qu'amendé, est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): Adopté. J'appelle
l'article 99.8.
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): L'article 99.8 se lit comme
suit: «La sentence de l'arbitre lie les parties pour une durée
d'au moins un an et d'au plus trois ans. Les parties peuvent cependant convenir
d'en modifier le contenu en partie ou en tout.»
M. Jolivet: Ma question.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Laviolette, votre question.
M. Jolivet: Expliquez-le.
M. Cherry: Pas d'explication?
M. Jolivet: Je parle de ma question d'hier. On va y revenir,
là.
M. Cherry: O.K. Alors, cette disposition est essentiellement au
même effet que l'article 92 actuellement applicable, sauf qu'elle porte
la durée maximale de la sentence arbitrale de deux à trois
ans.
M. Jolivet: Moi, je veux juste savoir maintenant, par rapport au
texte actuel, la condition de la rétroactivité. La question qui
est venue hier, à la fin de la soirée, m'a
inquiété. On a dit: Ce n'est pas ça qu'on veut, là.
Je voudrais quand même qu'on me le clarifie. Alors, j'aimerais savoir, la
sentence, ça fait juste dire qu'elle lie les parties pour trois ans,
mais elle ne détermine pas à quel moment elle commence. Donc, ce
serait le Code du travail qui s'appliquerait, c'est-à-dire qu'il
s'appliquerait pour éviter un vide juridique quelconque au moment
où l'autre termine. Ça veut dire que, si elle se termine le 31
décembre, ce serait le 1er janvier jusqu'à trois ans plus tard,
au 31 décembre trois ans après, au maximum. C'est ça que
ça veut dire? Je n'ai pas de crainte, moi, si j'adopte ça.
M. Cherry: O.K.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Cherry: On voudrait l'écrire exactement pour bien,
bien, bien se comprendre. Même aujourd'hui, on a tenté de voir
s'il n'y aurait pas moyen... Juste une seconde. Pour vous rejoindre, on fait
référence à ce qu'il y a dans l'article 65 du Code du
travail. C'est à ça qu'on fait référence. À
l'article 65, la durée d'une convention collective est d'au moins un an
et d'au plus trois ans. Évidemment, hier, on s'est
référé... Je pense qu'on a débattu longtemps, par
exemple, d'un contrat social où ils peuvent le faire, mais, ça,
je ne pense pas que ça s'applique ici. On disait que l'endroit où
le mot était utilisé, on peut contourner, mais c'est parce que
les quelques endroits, au Québec, où, à date, il y a eu ce
qu'on appelle un contrat social, c'est parce qu'ils garantissaient une forme de
plancher d'emplois, l'employeur garantissait des investissements.
M. Joiivet: Ce n'est pas de ça que je parie. M. Cherry:
Donc, ça ne s'applique pas ici. M. Jolivet: Ce n'est pas de
ça que je parle.
M. Cherry: Non, mais, hier, ça avait été
soulevé comme quoi il y a des places où ça allait à
six ans.
M. Jolivet: Mais ce n'était pas ça qui
m'inquiétait, moi.
M. Cherry: O.K.
M. Jolivet: Ce qui m'inquiétait: Elle commence quand?
M. Dufour: Elle commence quand?
M. Jolivet: Où, dans le Code du travail, je vais
être protégé?
(Consultation)
M. Cherry: II n'y a pas d'autres façons que c'est
défini.
M. Dufour: Le cas de Mistassini est un bon exemple. Ça
fait deux ans et demi, il semblerait, que l'arbitre a ça dans les mains;
ça fait deux ans et demi qu'ils vivent avec l'ancienne convention. Quand
l'arbitre va donner sa sentence, elle va être de combien de temps? Dans
le cas de Mistassini, c'est un cas qu'on connaît...
M. Jolivet: Elle va être de trois ans, mais
rétroactive.
M. Dufour: Un instant!
M. Jolivet: Moi, ce que je veux savoir, dans le Code du
travail... On est en train d'amender le Code du travail pour répondre
à ce qu'on veut régler. Je veux juste savoir. Dans le Code du
travail, quelque part il est marqué qu'une convention collective, pour
ne pas qu'il y ait de vide juridique, est-ce que c'est par la
négociation ou si c'est par la loi? Parce qu'il faut qu'il n'y ait pas
de vide juridique entre la terminaison d'une convention et le début
d'une autre. Je me souviens, moi, de minuit et une. Moi, ce dont je parle,
là, il a fallu se battre en maudit contre le gouvernement de
l'époque parce qu'à minuit et une, la convention s'appliquait et,
à minuit moins une, elle ne s'appliquait pas. Je sais ce que ça
veut dire, moi, un vide juridique.
Je vais vous donner un exemple.
M. Cherry: O.K.
M. Jolivet: En 1967, j'ai gagné 200 $ de forfaitaire, moi,
avec le bill 25. Je m'en souviendrai toujours. Savez-vous quand j'ai eu mon
chèque? En 1978, parce que les procès ont duré jusqu'en
1978. On avait oublié une chose: de demander les intérêts.
En 1978, j'ai eu 200 $, mais ils ne valaient pas les 200 $ de 1967. C'est
ça que je veux dire. Y a-t-il à un moment donné quelque
chose qui fait qu'il n'y aura pas de vide juridique: griefs, arbitrages,
etc.?
M. Gabrièle: Bon.
(21 h 20)
Le Président (M. Gauvin): M. Gabrièle.
M. Gabrièle: M. le Président, au Code du travail,
à l'article 59, ça répond à la question qui est
posée, et je vais le lire: «Maintien des conditions de travail.
À compter du dépôt d'une requête en
accréditation et tant que le droit au lock-out n'est pas acquis ou
qu'une sentence arbitrale n'est pas intervenue, un employeur ne doit pas
modifier les conditions de travail de ses salariés sans le consentement
écrit de chaque association requérante et, le cas
échéant, de l'association accréditée.»
Deuxième alinéa: «II en est de même à
compter de l'expiration de la convention collective», ce dont on parle,
«et...
M. Jolivet: C'est ça.
M. Gabrièle: ...tant que le droit au lock-out n'est pas
acquis ou qu'une sentence arbitrale n'est pas intervenue». Donc, le
maintien est là.
M. Jolivet: Parfait pour moi. C'est pour ça que je l'ai
refait ce soir: Je voulais qu'on clarifie ce qui a été dit hier,
qui m'inquiétait. C'est ce que je voulais avoir comme
réponse.
M. Dufour: Là, tu n'es plus inquiet. M. Jolivet:
Là, je ne suis plus inquiet. M. Dufour: Tu vas pouvoir dormir
en paix.
M. Jolivet: Je pense que je vais descendre à
Grand-Mère ce soir.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que l'article 99.8 est
adopté?
Mme Blackburn: Adopté. Une voix: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): L'article 99.8 est
adopté.
J'appelle l'article 99.9. «Les articles 54 et 55 ainsi que les
sections I et 1.1 du présent chapitre ne s'appliquent pas à un
différend concernant des policiers ou des pompiers à l'emploi
d'une corporation municipale ou d'une régie intermunicipale.
«Toutefois, l'article 76, le troisième alinéa de l'article
77, les articles 80 à 91.1 et l'article 93 s'appliquent à
l'arbitrage d'un différend visé par la présente
section.»
M. le ministre.
M. Cherry: Alors, comme note explicative, M. le Président,
cette disposition a pour objet de prévoir que les mécanismes
usuels du Code du travail en matière de conciliation ne s'appliquent pas
aux différends chez les policiers et pompiers municipaux, non plus que
les dispositions généralement applicables en matière
d'arbitrage de différend, sauf les dispositions mentionnées: au
second alinéa, article 76, bon, qui est la prohibition de conflits
d'intérêts; à l'article 77, alinéa 3, qui est:
«Le ministre nomme également le greffier»; à
l'article 80, qui est le remplacement de l'arbitre et de l'assesseur en cas -
d'incapacité d'agir; aux articles 80 à 91.1, qui est la
procédure de l'instruction de différend: mode de preuve,
séances, pouvoirs de l'arbitre, assignation, contrainte et taxe des
témoins, signification, motivation, transmission et délai pour
rendre la sentence, décision intérimaire et correction d'erreurs;
à l'article 93, qui est: «La sentence a l'effet d'une convention
collective». Alors, pour ceux que je viens de nommer, c'est à
ça qu'on fait référence, M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): Mme la députée,
oui.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. 91.1, dans la loi
refondue, ici, j'ai 91 seulement, il n'y a pas de 91.1, et c'est
«Décision intérimaire». Alors, «En tout temps
avant sa sentence finale, un arbitre peut rendre toute décision
intérimaire qu'il croit juste et utile.» Il n'y a pas de 91.1.
M. Cherry: Oui, ici, c'est marqué 80 à 91.1. Ce que
vous m'indiquez, c'est qu'il n'y a pas de 91.1.
M. Gabrièle: On vient de l'ajouter dans le projet de
loi.
Mme Blackburn: Hein?
M. Cherry: On vient de l'ajouter dans le projet de loi?
M. Gabrièle: C'est qu'on vient de le passer. Prenez le
projet de loi 74, 91.1.
Le Président (M. Gauvin): Prenez l'article 3. Mme
Blackburn: On l'avait suspendu. Le Président (M. Gauvin):
Non, adopté. M. Dufour: Non, il a été
adopté. Mme Blackburn: Non, 57.1.
M. Dufour: «L'arbitre peut corriger en tout temps une
sentence entachée d'erreur d'écriture».
M. Cherry: Ah! O.K.
Mme Blackburn: C'est le deuxième qu'on a suspendu.
M. Cherry: O.K. Oui, O.K. «L'arbitre peut corriger en tout
temps une sentence entachée d'erreur d'écriture ou de calcul, ou
de toute autre erreur matérielle.»
Mme Blackburn: Ça veut dire que la disposition
prévoyant qu'«en tout temps avant sa sentence finale, un arbitre
peut rendre toute décision intérimaire qu'il croit juste et
utile», ça ne s'appliquera pas pour les policiers? Non, parce que
ce n'est pas indiqué.
M. Cherry: Non.
Mme Blackburn: Pourquoi?
M. Cherry: Elle ne s'applique pas aux différends, non plus
qu'aux dirigeants, sauf les dispositions mentionnées aux...
Mme Blackburn: Mais pourquoi ça ne s'appliquerait pas
à l'article 91?
(Consultation)
M. Cherry: Je vais faire répondre...
Le Président (M. Gauvin): Si vous nous permettez, on va
entendre l'explication de Me Rochon.
M. Rochon: L'article auquel il est fait référence
sur les décisions intérimaires, c'est pour permettre que
l'arbitre n'ait pas à attendre à la toute fin pour rendre une
seule et unique décision écrite et motivée - en fait, sa
sentence - qu'il puisse donc, pendant l'instruction, rendre des
décisions, par exemple, sur des objections préliminaires. Donc,
il n'a pas épuisé sa juridiction seulement par sa décision
finale; il peut, s'il survient des incidents en cours de route, il en dispose
par des décisions intérimaires tout simplement.
À la limite, si on le pousse à son extrême, il
pourrait même dire: Bon, je constate qu'il y a entente complète
sur tout le normatif, il ne reste que le salarial à régler. Voici
une sentence intérimaire qui ne lui fait pas perdre sa juridiction
finale, disant: C'est ça les conditions sur le normatif, et viendra plus
tard ma décision, ma sentence finale sur le salarial.
Mme Blackburn: Oui, mais je reviens, peut-être parce que je
n'ai pas bien saisi le début de votre explication. L'article 91 ne
s'appliquerait pas aux policiers? L'article 91.1, oui, mais pas l'article
91.
M. Rochon: Les articles 80 à 91.1.
M. Cherry: Les articles 80 à 91.1.
M. Rochon: C'est l'article 91.1 qui vient d'être
introduit.
Mme Blackburn: Parfait.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. Rochon.
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): L'article 99.9 est
adopté.
M. St-Roch: Adopté.
Mme Blackburn: Et l'article 99.6?
Le Président (M. Gauvin): Est-ce qu'on retourne justement,
à ce moment-ci, à l'article 99.6?
Mme Blackburn: Ça n'a pas apporté beaucoup
d'éclairage par rapport à l'article 99.6.
Le Président (M. Gauvin): J'en avais déjà
fait lecture.
Mme Blackburn: Sur division.
Le Président (M. Gauvin): Donc, l'article 99.6 est
adopté sur division.
On revient, à ce moment-ci, à l'article 99.10. Il se lit
comme suit: «S'il survient une mésentente autre qu'un
différend ou un grief entre une corporation municipale ou une
régie intermunicipale et une association de salariés
accréditée pour représenter ses policiers ou pompiers, le
ministre peut charger un médiateur de rencontrer les parties et de
tenter de les amener à conclure une entente.»
M. Cherry: Ça reprend les dispositions actuelles de
l'article 97 du Code en faisant les modifications de concordance
nécessaires. Au lieu de «conciliateur»,
«médiateur», et puis...
M. Dufour: C'est juste dans le cadre d'une négociation
collective ou bien c'est dans n'importe quel cas?
Mme Blackburn: C'est dans le cas de différends.
M. Dufour: Mais toujours vraiment dans le cadre d'une
négociation?
M. Cherry: Dans le cas de mésentente.
M. Dufour: Oui, mais concernant la convention collective?
M. Cherry: Oui.
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): L'article 99.10 est
adopté.
J'appelle l'article 99.11: «99.11 Sur réception du rapport
du médiateur, le ministre peut, malgré l'article 102,
déférer la mésentente à un arbitre comme s'il
s'agissait d'un différend visé à la présente
section.»
M. Cherry: C'est de la concordance, M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): Donc, l'article 99.11...
M. Cherry: C'est de la concordance. Mme Blackburn: Oui.
C'est adopté.
Le Président (M. Gauvin): L'article 99.11 est
adopté.
Donc, j'appelle l'article 4 dans son ensemble tel qu'amendé.
Est-ce qu'il est adopté?
Mme Blackburn: Sur division. (21 h 30)
Le Président (M. Gauvin): Adopté sur division.
Du Conseil des services essentiels
L'article 5. À l'article 5, vous avez l'article 111.0.10.1...
Mme Blackburn: À quelle page?
Le Président (M. Gauvin): ...qui se lit comme suit:
«Une personne désignée pas le Conseil afin de tenter
d'amener les parties à s'entendre ne peut être contrainte de
divulguer ce qui lui a été révélé ou ce dont
elle a eu connaissance dans l'exercice de ses fonctions ni de produire un
document fait ou obtenu dans cet exercice devant un tribunal ou un arbitre ou
devant un organisme ou une personne exerçant des fonctions judiciaires
ou quasi-judiciaires. «Malgré l'article 9 de la Loi sur
l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels (chapitre A-2.1), nul n'a droit d'accès
à un tel document.»
Une voix: ...téléphone cellulaire.
Mme Blackburn: Et la...
Le Président (M. Gauvin): Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: La Commission d'accès à
l'information...
Une voix: A produit un document.
Mme Blackburn: ...a produit un avis là-dessus où
elle dénonce et déplore le recours par trop abusif aux
dispositions de dérogation à l'article 9 de la Loi sur
l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels. Ce que la Commission suggère, c'est de
dresser une liste des documents qui étaient de nature confidentielle,
s'il fallait absolument qu'on protège des informations pour
éviter de créer trop de tension au sein des parties
négociantes. Dans ce sens-là... Parce que ce que dit la
Commission, c'est: «Si les articles 5 et 7 du projet de loi 74 devaient
avoir force de loi, aucun des documents faits ou obtenus dans l'exercice d'un
pouvoir de conciliation et de médiation ne pourrait être
accessible. De plus, l'absence d'une description précise des documents
couverts par ces articles en élargira considérablement la
portée.» Tout simplement, ça veut dire: Tout va être
considéré comme étant soustrait à l'accès.
Alors, est-ce qu'on a prévu, est-ce qu'on a modifié, est-ce qu'on
a examiné pour limiter la portée de l'article, de ces deux
articles?
M. Cherry: O.K. M. le Président...
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Cherry: ...je vais commencer la réponse et, avec votre
permission, je demanderai au secrétaire du ministère, qui est
responsable de l'application de la loi de l'accès à
l'information, de venir compléter ma réponse, qui est M. Jean
Larivière.
Dans un premier temps, il faut bien se souvenir que la nature même
du travail de celui qui est le médiateur ou appelez ça un
conciliateur, c'est basé sur la bonne foi et la confiance que lui font
les parties quand elles sont à la recherche de solutions. Et, dans ce
sens, je pense qu'il faut le protéger ou, autrement, on viendrait de,
possiblement, le priver de l'arme la plus efficace qu'il a pour tenter de mener
sa tâche à bien, c'est le lien de confiance qui doit
s'établir entre les parties quand il est à la recherche. Mais
j'aimerais que, pour pouvoir compléter ma réponse, encore une
fois, le secrétaire du ministère, qui est responsable de
l'application de la loi à l'information au ministère du Travail,
puisse compléter la réponse.
M. Dufour: Avant de compléter...
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: De la façon dont l'article est libellé,
elle n'est pas obligée... personne ne peut l'obliger à parler.
Mais, si elle décide de parler, elle peut dire n'importe quoi. Où
ça commence, où ça finit? Regardez comment c'est lu:
«Une personne désignée par le Conseil afin de tenter
d'amener [...] ne peut être contrainte...» Mais, si
elle veut parier, elle peut dire n'importe quoi. M. Jolivet: Elle
peut parler sur tout.
M. Dufour: elle peut dire n'importe quoi. pourquoi fait-on
ça? c'est pour protéger sur certaines parties, mais pas sur tout.
pas sur tout, là.
M. Cherry: Il ne ferait pas sa job longtemps, faire ça de
même. ha, ha, ha! si elle dit n'importe quoi, elle ne sera pas là
longtemps comme médiatrice.
M. Dufour: Non, non. Mais elle peut tout déclarer ce qui
s'est passé si elle le veut, par exemple. Puis vous ne pouvez pas la
blâmer.
Mme Blackburn: Non. Il doit y avoir une disposition...
M. Jolivet: Mais là, il n'est pas dit n'importe quoi dans
le sens de dire n'importe quoi. Elle peut dire...
M. Cherry: Non, mais... O. K. Oui. M. Jolivet: Elle peut
dire tout. M. Cherry: Tout. O. K.
M. Dufour: l'article, c'est ça qu'il dit. il ne dit pas
ce qu'il ne doit pas dire. vous protégez l'ensemble, mais vous ne pouvez
pas, par cet article...
M. Jolivet: La contraindre.
M. Dufour:... empêcher quelqu'un de dire tout ce qui s'est
passé.
Mme Blackburn: 111.
Le Président (M. Gauvin): Maintenant, M. Jean
Larivière aimerait apporter un complément de réponse,
à la demande du ministre.
M. Larivière (Jean): Tout ce qu'on fait, dans le fond,
c'est qu'on dit: Moi, comme responsable de la loi d'accès à
l'information, je reçois une demande. Je peux invoquer ce que nous dit
la Commission, les articles 23 et 27, pour refuser l'accès à un
tiers. La personne s'en va devant un tribunal, et le tribunal pourrait exiger
de rendre public le document...
M. Dufour: D'accord.
M. Larivière:... ou de rendre public le témoignage
ou ce qui s'est passé à l'intérieur de la
négociation. Donc, pour protéger le processus, que, moi, comme
responsable de l'application de la loi, je refuse l'accès, si le
tribunal le divul- gue, je viens de bousiller mon système de
négociation. Donc, tout ce qu'on fait, c'est qu'on avait
déjà, à l'article 57. 1, la protection pour le
conciliateur, maintenant, on dit: Chacun de nos intervenants, pour aider les
parties à s'entendre, est couvert par la même protection et n'est
pas contraignable devant les tribunaux. Donc, ça s'applique pour les
médiateurs du Conseil des services essentiels, nos médiateurs,
nos conciliateurs.
M. Dufour: Est-ce que vous admettez qu'un conciliateur qui
voudrait tout divulguer pourrait le faire?
M. Larivière: J'ai l'impression qu'il ne survivrait pas
longtemps comme conciliateur ou médiateur.
M. Dufour: Mais il pourrait le faire.
M. Jolivet: Oui, oui.
M. Larivière: Ça, n'importe qui peut parler.
M. Dufour: Et vous ne pourriez pas le blâmer? Vous pourriez
peut-être prendre des mesures, mais il pourrait se défendre
aussi.
M. Cherry: À ce moment-là, il perdrait la confiance
des parties aussi. Plus personne ne voudrait lui faire confiance.
M. Dufour: II pourrait en gagner pour un aussi. C'est
embêtant.
Le Président (M. Gauvin): Mme la députée,
oui.
Mme Blackburn: Moi, je voudrais reprendre un peu sur le
même argument et sur le deuxième paragraphe. «Malgré
l'article 9 de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics
et sur la protection des renseignements personnels, nul n'a droit
d'accès à un tel document. » La personne pourra parler,
mais le public, à moins que la personne ne parie, et, évidemment,
elle ne se ferait pas beaucoup de crédibilité... Est-ce qu'on
aurait pu limiter la portée de ces deux articles-là en ce qui a
trait aux dérogations à l'article 9 de la loi sur l'accès
à l'information, tel que le demande la Commission d'accès
à l'information?
M. Larivière: L'article 9 ne protège que les
documents. Là, ce que vous avez, c'est deux volets: les documents et le
témoignage.
Mme Blackburn: Les documents et le témoignage, oui.
M. Larivière: C'est les deux aspects. Je peux bien
protéger le document, mais, si la
personne est obligée de témoigner, elle est obligée
de divulguer le contenu du document, donc c'est un panier percé en soi.
Je n'ai aucune protection pour ma personne, pour lui maintenir une
crédibilité à l'intérieur de son fonctionnement
normal. C'est qu'il y a deux volets à la question.
Mme Blackburn: Évidemment, c'est parce que je couvre les
articles 5 et 7 aussi. C'est ça. C'est parce que c'est ça que
ça couvrait. Évidemment, il faudrait que je revienne à
l'article 7.
M. Larivière: Là, on a le cas des médiateurs
du Conseil des services essentiels...
Mme Blackburn: «Ni de produire un document...»
M. Larivière: ...et, après ça, on revient
aux employés du ministère qui ont à agir en
médiation et conciliation.
M. Cherry: Veux-tu donner la gamme des gens qu'on veut
protéger par ça?
M. Larivière: À l'article 5, ce sont les personnes
du Conseil des services essentiels, les médiateurs du Conseil des
services essentiels.
Mme Blackburn: Oui.
M. Larivière: À l'article 7, c'est les
employés du ministère qui interviennent comme conciliateurs ou
médiateurs ou la personne que le ministre pourrait désigner pour
agir comme médiateur ou conciliateur. C'est les seules personnes qu'on
couvre par ces exceptions à la loi d'accès.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Drummond.
M. St-Roch: Oui, M. le Président.
Au début du libellé, on dit: «Une personne
désignée par le Conseil». Alors, j'écoute vos
explications. Quand on arrive ici, à ce moment-là...
M. Larivière: Conseil des services essentiels.
M. St-Roch: Mais c'est quoi...
M. Cherry: Conseil des services essentiels.
M. St-Roch: Ah! Ça ne couvre pas votre arbitre que vous
avez nommé?
M. Cherry: Oui, c'est ça. On parle de lui, et c'est pour
ça qu'on les couvre tous. On parle... Celui...
M. St-Roch: O.K.
M. Cherry: ...qui est désigné par le Conseil, O.K.?
Ça, Conseil, c'est pour stipuler Conseil des services essentiels, plus
le médiateur, plus...
M. Dufour: Moi, je me demande, là, si ça a rapport
avec ce qu'on traite, la loi qu'on traite, là. Il n'y a pas de services
essentiels pour le service; il n'y a pas le droit de grève. C'est quoi,
là, le Conseil, là-dedans?
Mme Blackburn: Ça n'a pas de rapport avec...
M. Cherry: oui, mais celui qui doit passer entre les parties pour
qu'il y ait une entente sur ce qui constitue un service essentiel ou pas, il
faut qu'il soit tenu, lui aussi, à...
M. Dufour: Oui, oui, mais est-ce que ça a rapport avec le
projet de loi qu'on est en train d'étudier?
Mme Blackburn: Ça n'a pas rapport avec la convention
collective des policiers.
M. Dufour: Est-ce que ça a rapport à un
projet...
M. Cherry: Non. Non, non. Mais, comme on ouvre le Code du
travail...
M. Dufour: Mais là, c'est un bill omnibus.
M. Cherry: ...pour protéger ça, on l'inclut
comme...
M. Dufour: Oui, oui, mais c'est un bill omnibus, ça, que
vous êtes en frais de nous dire.
M. Jolivet: Ah bien, vous autres, vous faites ça, une
affaire de même!
M. Dufour: II me semblait que c'était défendu pour
vous autres, que vous n'aviez pas le droit de faire ça.
M. Jolivet: Même que vous avez décrié
ça, dans le passé, le Parti libéral, maître.
M. Dufour: On vient de sortir le lapin, là. M. Jolivet:
Ha, ha, ha! M. Dufour: Bon.
M. Cherry: Un lapin? Vous appelez ça un lapin?
M. Jolivet: Les bills omnibus de fin de session. Ha, ha, ha!
M. Dufour: Bien, si ce n'est pas un lapin, c'est des petits
fantômes.
M. Jolivet: On se demandait ce qu'il y avait là. Ah!
Ah!
M. St-Roch: II est dans les notes explicatives.
M. Cherry: Non. Ce qu'on fait, c'est qu'on a couvert tous les
aspects de la médiation...
M. Dufour: Oui, oui, oui...
M. Cherry: ...de la conciliation.
Mme Blackburn: Oui, mais...
M. Cherry: Tous ceux qui peuvent avoir ça comme fonction
au ministère, tous, ou au Conseil, tu sais, c'est...
M. Dufour: C'est bien essayé.
Mme Blackburn: Moi, la législation, je n'ai rien
contre...
M. Cherry: Pardon? (21 h 40)
Mme Blackburn: ...sauf que, lorsqu'on
légifère...
M. Cherry: Excusez-moi. Pouvez-vous recommencer, s'il vous
plaît?
Mme Blackburn: Je dis que, légiférer, je n'ai rien
contre. On est là pour ça. Sauf que je veux vérifier
chaque fois si c'était indispensable. A-t-on, dans les deux articles
concernés, tant de cas où les personnes ont été
appelées à témoigner ou à divulguer les
témoignages rendus, à titre de personnes désignées
par le Conseil des services essentiels ou, encore, à titre de
représentants du ministère du Travail? Est-ce qu'il y a eu tant
de sollicitations, tant de fuites que ça valait une telle
modification?
M. Cherry: En réponse à ça, madame... Le
Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Cherry: ...je vous indiquerai que le 111.0.10.1, c'est
à la demande de la personne qui occupe maintenant la fonction de
présidente du conseil des services essentiels.
M. Jolivet: On imagine que quelqu'un l'a demandé.
M. Dufour: II aurait toujours bien pu...
M. Cherry: Non, non, mais, je vous le dis, ce n'est pas une
invention, là. Il y a vraiment quelqu'un qui nous a dit: Ça,
là, ça...
Mme Blackburn: Une fois qu'il vous a dit ça, vous avez
fait vos vérifications. Ça se fonde sur quoi? Est-ce qu'il y a un
rapport? Moi, vous savez, il y a beaucoup de... Chaque fois que vous êtes
en tournée à travers le Québec, il y a toujours quelqu'un
pour vous dire: Ah! vous devriez adopter une loi là-dessus. Chacun a son
petit bout de loi. Et là j'ai l'impression... je sens le petit bout de
loi où il y a peut-être un cas. Moi, je voudrais voir,
là.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Cherry: O.K. On m'indique, Mme la députée de
Chicoutimi, qu'à Montréal il y a annuellement cinq ou six cas
où on est appelé pour demander que ces gens-là aillent
témoigner.
Mme Blackburn: Oui.
M. Cherry: Donc, pour répondre à votre question, il
y en a, là. Jean, peux-tu... ou Pierre peut-être?
Mme Blackburn: Ça, ça va. Moi, je...
M. Cherry: II me dit que, récemment, il vient d'en vivre
un, encore.
M. Dufour: Oui, mais ça fait quoi, là?
Mme Blackburn: M. le Président, ce que je veux dire,
c'est: Oui, ils doivent être appelés à témoigner.
Oui, j'espère que vous en désignez, à l'occasion et
à la demande. Oui. Mais est-ce qu'on s'est retrouvé dans des
situations telles que ça a compromis l'intégrité de la
personne, que ça l'a... Est-ce qu'on a eu recours, à plusieurs
reprises, à la loi d'accès à l'information pour avoir
copie du témoignage, par exemple? Parce que j'imagine que c'est
ça.
M. Cherry: À chaque fois, des informations qu'on me donne,
on s'est objecté à ce que ces personnes témoignent.
M. Dufour: Est-ce qu'elles ont témoigné pareil?
Une voix: II n'a pas témoigné.
M. Cherry: II n'a pas témoigné, qu'on me dit.
Mme Blackburn: On s'est...
M. Dufour: Là, vous êtes en frais de mettre la
ceinture après les bretelles.
M. Cherry: C'est que, maintenant, la loi dit
qu'ils ne peuvent plus être contraints à le faire.
Mme Blackburn: Oui, mais... C'est comme... Ce n'est pas rien,
ça.
Une voix: On voulait finir ce soir, pourtant.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre, est-ce que vous
avez des commentaires additionnels?
Mme Blackburn: Vous êtes plein de bonne volonté.
M. Cherry: peut-être demander au sous-ministre de
compléter, parce qu'il me dit qu'il vient d'en vivre un. peut-être
que, ça, ça peut aider, un exemple, mieux que...
Le Président (M. Gauvin): M. Gabrièle. Me
Gabrièle.
Mme Blackburn: Si vous êtes en train de me faire une loi
pour un exemple, je vais trouver que c'est insufissant.
M. Cherry: Non, pas pour un exemple. Mais...
Une voix: On en a eu cinq.
M. Cherry: ...cinq par année, à Montréal,
qu'on me dit.
M. Gabrièle: Un conciliateur ou un médiateur doit
permettre de rapprocher les parties. On nous a même dit, hier, où
on nous a parlé que les gens disent: On se déshabille devant le
médiateur ou le conciliateur. Si les parties savent qu'elles ne peuvent
pas lui faire confiance et que, en le contraignant devant les tribunaux, tout
ce qu'elles ont dit au médiateur va être mis en preuve devant les
tribunaux, les gens - je prends toujours l'expression «se
déshabiller», entre guillemets - ne se déshabilleront plus
devant le médiateur ni devant le conciliateur. Bon. Actuellement, dans
le Code du travail actuel, à l'article 57.1, nous l'avons, la
non-«contraignabilité» des conciliateurs. Ce que nous
demandons, c'est que la non-«contraignabilité» s'applique
aussi au médiateur par voie de concordance.
Une voix: Est-ce que...
M. Gabrièle: Et nous les sanctionnons au médiateur
du Conseil des services essentiels.
Mme Blackburn: On est comme dans un drôle de système
où on essaie de soustraire de plus en plus d'informations à
l'accès et, en même temps, où on est en train de jumeler,
de coupler des banques de données, où on va être capable de
nous ficher de la naissance à la mort, y compris toute votre famille.
C'est un drôle de système.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que ça
complète l'information que vous souhaitez, madame?
M. Cherry: M. le Président, je pense... Rapidement, on
peut dire qu'il s'agit de ce qui est l'essence même de cette profession
qui est basée sur le lien de confiance qui peut s'établir entre
les parties. C'est la crédibilité. Alors, si on détruit
ça...
M. Jolivet: Mais la question de ma collègue est bien
simple: Dans le passé, y en a-t-il eu? S'il n'y en a pas eu, pourquoi le
mettre? C'est ça que je veux dire, là.
M. Cherry: La réponse... On me dit qu'à
Montréal il y en a cinq ou six par année.
M. Jolivet: Oui, mais ça donne quoi comme
résultat?
M. Cherry: On s'est toujours objecté et, à date, on
a réussi à ce qu'ils n'aillent pas témoigner.
M. Jolivet: Bon, bien continuez. Mme Blackburn: Alors,
c'est ça.
M. Cherry: Oui, mais là, on crée un nouveau
service. Ça devient de la médiation. Alors, on dit: On va le
couvrir en même temps, puis, en même temps, le Conseil des services
essentiels. C'est déjà prévu à 57.1 du Code pour
les conciliateurs. Donc, maintenant qu'on crée des médiateurs
puis qu'il y a les gens du Conseil des services essentiels, on dit: Pourquoi
pas, là, que tous ceux qui exercent cette profession-là au
ministère soient tous protégés de la même
façon? C'est ça.
M. Jolivet: Vous dites: Ça existe actuellement pour les
conciliateurs, puis...
M. Cherry: Oui, 57.1.
M. Jolivet: Oui, mais 15.1, là, dans l'article 7:
«Un conciliateur, un médiateur, un médiateur-arbitre du
ministère du Travail de même que toute personne
désignée par le ministre pour aider [...] à
résoudre», etc.
M. Cherry: Là, on le met dans la loi du ministère
plutôt que dans le Code.
M. Jolivet: Ah! Autrement dit, ce qu'on est en train
d'étudier n'a plus d'affaire pantoute avec ce qu'on a
étudié avant.
M. Cherry: Non.
M. Jolivet: Sauf quelque chose qui s'en vient, tout à
l'heure, à l'article 8. Oui, sur division.
Le Président (M. Gauvin): L'article 111.0.10.1 est
adopté sur division. Est-ce que l'article 5, tel qu'amendé...
Excusez-moi.
M. Jolivet: Non, c'est l'article 5.
Le Président (M. Gauvin): Donc, l'article 5 est
adopté...
M. Jolivet: Sur division.
Le Président (M. Gauvin): ...surdivision.
L'article 6. On décidait si on retournait à l'article 2,
madame. Donc, c'est l'article 6 que j'appelle.
Loi sur le ministère du Travail
M. Jolivet: Oui, vous faites bien.
Mme Blackburn: L'article 14.
Le Président (M. Gauvin): L'article 14 de la Loi sur le
ministère du Travail (L.R.Q., chapitre M-32.1) est modifié par
l'addition, à la fin du paragraphe 1°, de ce qui suit: «, y
compris ceux du secteur municipal».
M. Cherry: C'est une disposition, M. le Président, qui a
pour objet de préciser les études et les recherches que le
ministère du Travail peut faire effectuer en matière de
conditions de travail, qu'on prenne celles applicables aux salariés du
secteur municipal.
Mme Blackburn: À l'article 14, qui représente les
devoirs, fonctions et pouvoirs du ministre, on dit: «Faire effectuer les
études et les recherches qu'il juge nécessaires sur les relations
du travail entre employeurs et salariés». Est-ce que la
municipalité n'est pas considérée comme un employeur pour
qu'on soit obligé de le signifier nommément?
M. Cherry: Comme c'est une partie d'exception dans le Code et
que, maintenant, on le stipule pour les reconnaître... Les
municipalités voulaient s'assurer que le ministère du Travail
pourrait faire des études qui les concernent proprement. Donc, on le met
dedans. Ça leur donne de la visibilité aussi.
Mme Blackburn: Mais l'article tel quel était suffisant
parce que c'est bien dit, et je le rappelle: «...relations du travail
entre employeurs et salariés ainsi que sur les conditions de travail des
salariés». Ça couvrait largement. Moi, je n'ai pas
d'objection. Adopté.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que l'article 6 est
adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): Donc, l'article 6 est
adopté.
J'appelle l'article 7.
M. Jolivet: Trop fort casse pas; vieux principe de base. C'est la
même chose. Sur division.
Le Président (M. Gauvin): Pour l'article 7? M. Dufour:
On va attendre le ministre. Le Président (M. Gauvin): M. le
ministre. M. Cherry: C'est la même chose, là.
M. Dufour: S'il arrête de nous mettre des bois dans les
roues, on va aller vite.
M. Cherry: Ça a pour objet d'assurer le caractère
confidentiel des interventions des personnes qu'elle vise. Elle remplace
l'article 57.1, qu'on a débattu tantôt, là, du Code du
travail, qui s'applique uniquement au conciliateur, pour en étendre sa
portée non seulement à un conciliateur, mais aussi à un
médiateur, à un médiateur-arbitre du ministère du
Travail de même qu'à toute personne désignée par le
ministre du Travail pour aider les parties à résoudre une
mésentente en matière de relations de travail.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que l'article 7 est
adopté?
Mme Blackburn: Non, M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Non, c'est parce que le ministre a dit:
«...remplace l'article 57.1 ».
Mme Blackburn: Cette loi est modifiée par l'insertion,
après l'article 15, de l'article suivant. Je n'ai pas vu 57. Je ne sais
pas...
M. Jolivet: II est abrogé par le 2. O.K. Mme Blackburn:
Ah bon!
M. Jolivet: C'est pour ça. On avait suspendu à
cause de ça, là. O.K.
Le Président (M. Gauvin): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Un instant.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Drummond. (21 h 50)
M. St-Roch: Oui. M. le Président, cette loi, encore
là, a une portée générale. Cet
article-là.
Une voix: Ah oui!
M. Cherry: C'est pour couvrir tout le monde.
M. Dufour: Encore un bill omnibus. Il faut le faire!
M. Cherry: Oui. Évidemment, on insère la notion de
médiation, maintenant. Donc, il faut la couvrir aussi.
M. Dufour: ...le gouvernement est obligé de faire des
actes d'humilité. On s'est fait tellement reprocher d'avoir fait des
bills omnibus...
M. Jolivet: O.K. Moi, je me rappelle...
M. Dufour: ...d'intégrer dans des lois... Parce qu'on a
fait des lois d'un article.
M. Jolivet: Moi, je me rappelle Reed Scowen.
Le Président (M. Gauvin): Oui. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Adopté sur division.
Le Président (M. Gauvin): Adopté sur division.
Donc, l'article 7 est adopté sur division. J'appelle l'article 8.
M. St-Roch: M. le Président, on va revenir à 2
après?
Le Président (M. Gauvin): L'article 8: «Les
associations représentatives visées par l'article...»
Mme Blackburn: J'aurais un amendement... Le Président
(M. Gauvin): Pardon?
Mme Blackburn: ...à l'article 8, quand on aura vu la
première partie.
Une voix:...
Mme Blackburn: Regarde...
Une voix: Oui. J'en ai un.
Mme Blackburn: Vos fonctionnaires l'ont reçu.
Une voix: Ah! O.K.
Le Président (M. Gauvin): C'est-à-dire... Est-ce
que vous souhaitez que je lise l'article 8?
Mme Blackburn: Lis les deux.
Le Président (M. Gauvin): On va prendre l'amendement
d'abord.
Mme Blackburn: Bien.
M. Jolivet: Écoutez, les autres, ce sont des ajouts.
Commençons par l'article 8, là. On peut le faire.
Mme Blackburn: Oui.
M. Jolivet: Les autres, ce sont des ajouts à l'article
8.
Mme Blackburn: Ce sont des ajouts.
Le Président (M. Gauvin): Bon. C'est ce que j'aurais
pensé. «Les associations représentatives visées par
l'article 99 du Code du travail transmettent leurs propositions conjointes au
ministre du Travail avant le 31 janvier 1993 en vue de la confection de la
première liste d'arbitres visée à l'article 98 de ce Code
édicté par l'article 4 de la présente loi.»
M. Jolivet: M. le Président, le 31 janvier 1993 n'est plus
bon?
M. Cherry: Non.
M. Jolivet: Quelle date allez-vous mettre?
M. Cherry: O.K. Parce que, là, on avait le 31 janvier
1993.
M. Jolivet: Est-ce que vous allez marquer «dans les 30
jours de l'adoption du projet de loi»?
Une voix: Ce n'est pas le contexte qu'il a lu?
Une voix: Ce n'est pas ça, l'article. Une voix: Ce
n'est pas ça? M. Cherry: C'est parce que ce n'est pas... M.
Jolivet: Excusez-moi.
M. Cherry: Ce n'est pas la bonne chose qui a été
lue.
Le Président (M. Gauvin): Je me corrige. Une voix:
O.K.
Le Président (M. Gauvin): Article 8: «Les
associations représentatives visées par l'article 99 du Code du
travail transmettent leurs propositions conjointes au ministre du Travail avant
le...
M. Jolivet: Indiquer ici la date. Une voix: II faut le
lire. M. Jolivet: C'est ça.
Le Président (M. Gauvin): ...(indiquer ici la date
correspondant au trentième jour qui suit celui de l'entrée en
vigueur du présent article) en vue de la confection de la
première liste d'arbitres visée à l'article 98 de ce Code
édicté par l'article 4 de la présente loi.»
M. Jolivet: Là, c'est mieux. D'ailleurs, si je comprends
bien, le texte qui est ici, qui est le comparatif avec la loi actuelle, c'est
un vieux, vieux texte que vous avez passé.
M. Cherry: II s'est glissé une vieille feuille.
M. St-Roch: C'était le texte du mois de
décembre.
M. Cherry: Oui. Ha, ha, ha!
M. St-Roch: C'était un texte de 1992.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que vous avez des
questions, à l'article 8?
Une voix: Adopté. Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): Adopté. L'article 8 est
adopté et on m'indique qu'on aurait un amendement qui pourrait
s'intituler 8.1.
Une voix: Oui.
M. Cherry: M. le Président, avec la collaboration, est-ce
qu'on pourrait suspendre quelques minutes pour qu'on prenne connaissance de
l'amendement?
M. Jolivet: 8.2?
M. Dufour: Oui. Il y a peut-être un point qu'on veut...
M. Jolivet: Là, on est à 8.1. C'est le vôtre.
Mme Blackburn: C'est 8.1. M. Jolivet: 8.1, c'est le
vôtre.
Mme Blackburn: C'est le vôtre, 8.1. Nous, c'est 8.2.
M. Cherry: Oui. 8.2, oui.
M. Jolivet: Oui, oui. On peut reprendre ça.
Mme Blackburn: Oui, il n'y a pas de problème.
Une voix: O.K.?
Le Président (M. Gauvin): Est-ce qu'on peut prendre 8.1
tout de suite ou on suspend?
M. Cherry: Ah! L'article 8.1?
Le Président (M. Gauvin): O.K. L'article 8.1: «Les
dispositions du Code du travail...
Mme Blackburn: O.K.
Le Président (M. Gauvin): ...telles qu'elles sont
modifiées par la présente loi, s'appliquent à tout
différend entre une corporation municipale ou une régie
intermunicipale et une association de salariés accréditée
pour représenter ses policiers ou pompiers dont la convention collective
ou la sentence arbitrale en tenant lieu expire après le 30
décembre...
Une voix:...
Le Président (M. Gauvin): ...1992.»
M. Cherry: Oui.
Le Président (M. Gauvin): «Les dispositions du Code
du travail, telles quelles...
Une voix: Se lisent.
Le Président (M. Gauvin): ...se lisaient avant
l'entrée en vigueur de la présente loi, continuent...»
Est-ce que j'ai bien lu?
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Gauvin): «...continuent de
s'appliquer à un différend entre une corporation municipale ou
une régie intermunicipale et une association de salariés
accréditée pour représenter ses policiers ou pompiers dont
la convention collective ou la sentence arbitrale en tenant lieu a
expiré avant le 31 décembre 1992 ou, malgré le premier
alinéa, a expiré après le 30 décembre 1992 et
qu'une demande d'arbitrage a été reçue par le ministre du
Travail avant le 17 février 1993.»
M. Cherry: C'est la mesure transitoire, M. le Président,
qui... Oui.
M. Jolivet: J'aurais une petite question à poser. Je
comprends que c'est une mesure transitoire. Ça, je n'ai pas de
difficultés à le comprendre.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Oui. Sauf que la date du 17 février 1993
pourrait-elle porter à confusion? La personne qui va lire le texte,
quand il va être adoptée... Ça se peut qu'ils ne le lisent
pas ce soir. C'est le 17, ce soir, là?
Une voix: Oui.
M. Jolivet: est-ce qu'on ne pourrait pas marquer «a
été reçu par le ministre à la date de l'adoption du
projet de loi» au lieu de «17 février»?
M. Cherry: À ce moment-là, on ne ferait pas la
mesure transitoire, puis, là, on laisserait toute la période
ouverte pour recevoir un...
M. Jolivet: Ça veut dire qu'à partir du 18 au
matin... Ça veut dire qu'à minuit, ce soir-Une seconde,
là.
M. Cherry: Quiconque décide de nous informer à
partir de demain matin...
M. Jolivet: Lui, il tombe sous la nouvelle loi qui sera
adoptée dans je ne sais pas combien de temps, quand vous l'adopterez au
mois de mars, avril, juin, juillet.
M. Cherry: Quand on l'adoptera. C'est ça.
M. Jolivet: Peut-être au mois de juin. O.K. On a encore du
temps devant nous autres. Écoutez, ce n'est pas moi qui le demande en
Chambre, là, c'est votre leader. La dernière fois, ce n'est pas
nous autres, là.
Le Président (M. Gauvin): Non, mais ce qu'on veut dire,
c'est que, M. le ministre, vous nous informez que vous maintenez le 17
février.
M. Cherry: Bien sûr. M. Jolivet: C'est
ça.
Mme Blackburn: J'aimerais que le ministre nous explique pourquoi
le 17 février. Je pense qu'il l'a dit. C'est pour éviter
que...
M. Cherry: Bien sûr. Si ça...
Mme Blackburn: ...d'ici l'adoption du projet de loi qui pourrait
être faite...
M. Cherry: ...avait lieu, disons, dans la première semaine
de la session, tout ce qui se passerait entre maintenant et cette date, nous
pourrions, effectivement, recevoir une avalanche de demandes d'arbitrage qui,
là, s'appliqueraient toutes à l'ancienne façon.
Mme Blackburn: Là, il y en a combien, des demandes
d'arbitrage? C'est trois qu'on nous disait, hier?
M. Cherry: Écoutez, là. Vous vous souviendrez qu'on
a parlé de deux, puis on parlait de trois. Par exemple, parmi les deux
qu'on comptabilisait hier, en vérification, aujourd'hui, on a
découvert qu'une de ces deux-là datait de l'expiration de
décembre 1991, donc, d'aucune façon, ne pouvait être
comptabilisée, même si on avait passé ça en
décembre 1992.
Mme Blackburn: Mais ça ne touchera pas, évidemment,
celles qui ont été demandées avant cette
date-là?
M. Cherry: Ah bien, non!
Mme Blackburn: Ce n'est pas rétroactif.
M. Cherry: Non.
Le Président (M. Gauvin): M. le député
Drummond, s'il vous plaît.
M. St-Roch: C'était ma question, M. le Président.
Donc, techniquement, il pourrait y en avoir deux, là,
hypothétiquement, qui pourraient être appliquées sous
l'ancienne loi.
Une voix: C'est ça.
M. St-Roch: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que l'amendement 8.1 est
adopté?
Une voix: Adopté. Une voix: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): Mme la députée,
l'article 8.1 est adopté?
Mme Blackburn: Adopté sur division.
M. Cherry: Est-ce que, maintenant, on peut avoir un peu de temps
pour étudier le 8.2?
Le Président (M. Gauvin): Madame... Excusez-moi,
là. Je vais finaliser. L'article 8.1 est adopté sur division. On
suspend pour une minute ou... Excusez. Oui, M. le député
Drummond.
M. St-Roch: Oui. M. le Président, vu l'heure, là,
au cas où on dépasserait pour arriver
avec une technicalité, là, moi, je donne mon consentement
pour dépasser 22 heures pour terminer le projet de loi.
Mme Blackburn: Comme c'est le consentement le plus difficile
à obtenir, on va dire oui.
Des voix: Ha, ha, ha! M. Cherry: Merci.
Le Président (M. Gauvin): Donc, on suspend pour une minute
ou deux.
(Suspension de la séance à 21 h 59)
(Reprise à 22 h 8)
Le Président (M. Gauvin): La commission reprend ses
travaux. Une minute d'attention, s'il vous plaît. Mme la
députée de Chicoutimi propose un amendement que je vais vous
présenter, vous lire, intitulé... C'est-à-dire qu'il va
être numéroté 8.2: «Le ministre doit, au plus tard le
1er mars 1997, faire au gouvernement un rapport sur l'application de la section
II du chapitre IV du Code du travail, introduite par l'article 4 de la
présente loi. «Ce rapport est déposé dans les quinze
jours suivants devant l'Assemblée nationale si elle siège ou, si
elle ne siège pas, auprès de son président. «Dans
les six mois qui suivent la date de ce dépôt, la commission
parlementaire permanente de l'économie et du travail doit
procéder à l'étude du rapport et examiner l'application de
la section II du chapitre IV du Code du travail. Elle entend à ce sujet
les associations représentatives et les organismes
intéressés.»
Mme Blackburn: Bien. Alors, on l'a répété
à de multiples reprises, le projet de loi était et sera, je
pense, même une fois adopté... Ce n'est pas la panacée
à tous les maux et ça a posé un certain nombre de
problèmes, de tiraillements entre les parties. Cependant, le ministre
nous a présenté le projet de loi comme étant susceptible
de revaloriser les négociations et de responsabiliser les parties. Je
pense que, compte tenu de la situation plus globale des négociations
entre les policiers, pompiers et les municipalités, il est important
qu'on revoie les effets de cette loi, qu'on puisse les mesurer et qu'on puisse
entendre les parties à cet égard. Des dispositions similaires
sont déjà contenues dans trois lois: la loi sur l'accès
à l'information, la Loi sur la fonction publique et la Loi sur les
valeurs mobilières. Là, vous me dites: le Conseil des
aînés. Je ne le sais pas, mais les valeurs mobilières,
sûrement. (22 h 10)
M. Cherry: II me semble que je l'ai vu là.
Mme Blackburn: Ce n'est pas du droit nouveau, mais, en même
temps, je pense qu'on devrait retrouver une telle disposition dans plusieurs de
nos lois - les lois de cette nature en particulier - pour voir ce que, dans les
faits et dans la réalité, ça a donné et, s'il y a
lieu, pour corriger les situations si ça n'a pas atteint les objectifs
visés. Alors, voilà pourquoi, M. le Président, je
dépose cet amendement.
Le Président (M. Gauvin): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. Si vous me le permettez, j'aimerais
corriger. On m'informe que j'aurais dû lire, dans le deuxième
paragraphe ou alinéa, «commission parlementaire de
l'économie et du travail» au lieu de «commission
parlementaire permanente». Donc, je me corrige.
M. Dufour: Est-ce que vous enlevez «permanente»?
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Gauvin): On a biffé
«permanente».
Mme Blackburn: Pour remplacer par
«parlementaire».
Le Président (M. Gauvin): Par «parlementaire».
Merci.
M. le ministre, avez-vous des commentaires ou des questions?
M. Cherry: Juste pour compléter. Dans la Loi sur le
Conseil des aînés - vous ne l'avez pas citée; juste pour
indiquer, là - on dit: «Le Conseil doit, au plus tard le 1er
janvier 1998, et par la suite tous les cinq ans, faire au gouvernement un
rapport sur la mise en oeuvre de la présente loi... Ce rapport est
déposé dans les 15 jours suivants devant l'Assemblée
nationale ou, si elle ne siège pas, auprès de son
président.» La commission de l'Assemblée nationale
désigne, dans les meilleurs délais, la commission qui fera
l'étude du rapport sur la mise en oeuvre de la loi.
Mme Blackburn: Ce n'est pas tout à fait de même
nature parce que, ce genre de disposition, vous retrouvez ça dans
quelques lois. Mais, quand même, je pense que c'est... J'aurais voulu
ajouter sur les quatre ans. Alors, 1997, c'est quatre ans. Pourquoi quatre ans?
Je voulais l'expliquer un peu. Parce qu'il nous a semblé que, cinq ans,
c'est un peu long. Cinq ans de négociations, c'est un peu une culture
qui est en train de s'installer parce que certaines municipalités
seraient à leur deuxième négociation. Tandis que quatre
ans... Trois ans, c'est un peu court, compte tenu des délais, des fois,
des négocia-
tions, alors que quatre ans, on aura fait le tour de toutes les
municipalités et tous les corps policiers seront normalement
allés en négociations avec le nouveau modèle. Alors, c'est
pourquoi on a préféré quatre ans à cinq ans. Vous
ajoutez les six mois, bon, finalement, c'était un peu long. Alors, on
pense que, quatre ans, c'était de loin préférable.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Drummond, sur le nouvel article ou sur l'amendement qu'introduit le nouvel
article.
M. St-Roch: Oui, M. te Président.
C'est avec énormément de plaisir que je vais adopter cet
amendement-là soumis par ma collègue de Chicoutimi. Je pense que
ceux qui étaient présents, la semaine dernière, sur un
projet de loi concernant la CSST, vous avez très bien entendu les
remarques du député de Drummond. Je pense qu'à la vitesse
où évoluent les choses... La petite recherche que je me permets
de faire depuis quelques mois... Autrefois, on faisait une loi qui avait une
vie pratique d'à peu près 10 ou 12 ans sans créer trop de
problèmes. Ma petite expérience de législateur m'a appris
qu'à chacune des lois majeures qu'on a faites depuis janvier 1986
souvent on les a modifiées. J'ai vu des lois modifiées trois,
quatre et cinq fois. Alors, je pense que j'ai souhaité, la semaine
dernière, que ça devienne une habitude à chaque fois qu'on
fait des lois, surtout des lois qui vont s'adresser à corriger des
situations bien ponctuelles, en assumant aussi qu'on n'a pas la
vérité. Souvent, comme il a été exprimé au
début, cet après-midi, par mes collègues, une loi de cette
nature, finalement, est un compromis.
Bien, ça fait aussi, quant à moi, une mise en garde aux
parties concernées, qu'un jour l'évaluation de la loi va
être faite, la période est déterminée, et qu'on se
rasseoira, en tant que législateurs, pour corriger. Quelqu'un a dit un
jour: C'est un petit pas pour l'homme et un grand pas pour l'humanité.
Mais, moi, je pense que c'est un petit pas pour revaloriser le rôle du
législateur, ce soir, que nous entreprenons. J'espère que, dans
l'avenir, on rajoutera deux autres paramètres à nos lois: les
économies de la loi, les effets monétaires d'une loi et, aussi,
les effets sur les structures.
Alors, moi, je vais concourir à adopter ce projet de loi
là avec plaisir. Je pense que ça fait longtemps que je n'ai pas
été aussi satisfait de voir un amendement à un projet de
loi. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre voulait faire un
commentaire.
M. Cherry: M. le Président, suite aux audiences que nous
avons eues hier, les parties nous ont rappelé que, lors des
modifications précédentes concernant l'application du droit
municipal qui remontent à 1983, à l'époque, elles nous ont
dit: Le législateur a souhaité indiquer, mais - elles nous ont
dit - ça nous a pris 10 ans plus tard pour revenir et pour être
capables de... On a senti, hier, dans le témoignage de tout le monde,
beaucoup de frustration. Donc, je pense que c'est dans le sens d'indiquer aux
parties que... pour ne plus se retrouver dans le même genre de situation
pour une période aussi longue, que vous proposez cet
amendement-là pour la particularité des municipalités, et,
dans ce sens-là, je n'ai aucune difficulté à y
concourir.
Le Président (M. Gauvin): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Juste pour ajouter, au cas où vous en
douteriez, c'est que, là-dessus, après consultation des parties,
il y a consensus.
M. Jolivet: II y avait un libellé.
Le Président (M. Gauvin): Madame...
Mme Blackburn: On a vérifié auprès des
parties parce que...
M. Joiivet: L'amendement.
Mme Blackburn: L'amendement que j'ai déposé fait
consensus.
M. Cherry: Bravo!
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que l'amendement à
l'article 8.2 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): Adopté. J'aimerais
revenir à l'article 2, si vous le permettez. Est-ce que l'article 2 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): Adopté. Est-ce que
l'article 9 est adopté?
Mme Blackburn: C'est la date d'entrée en vigueur?
Adopté.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre nous fait une
motion de renumérotation.
Est-ce que le titre, «Loi modifiant le Code du travail et la Loi
sur le ministère du Travail», est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que le projet de loi 74,
tel qu'amendé, est adopté? (22 h 20)
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): Je pense que la commission a
accompli son mandat. Oui, vous avez raison. J'inviterais probablement M. le
ministre à des remarques de fin de séance.
Remarques finales M. Normand Cherry
M. Cherry: Je pense qu'en terminant, M. le Président, et
la journée d'hier et celle d'aujourd'hui, qui est la conclusion d'un
processus de plusieurs mois et, comme je le disais, qui a fait l'objet, entre
autres, du rapport Gabrièle, rapport interministériel, le
dépôt du projet de loi, en décembre, qui a fait que les
parties nous ont déposé des mémoires, qu'on a eu des
auditions hier, qu'on a déposé des amendements, et j'y inclus le
dernier amendement qui vient d'être accepté par tout le monde pour
nous assurer d'une forme de suivi dans cet aspect bien particulier qui est
l'aspect des relations dans le monde des policiers et pompiers, dans le monde
municipal, je pense que ça indique la volonté du
législateur de faciliter l'harmonisation entre les parties, de faciliter
la responsabilisation des parties.
Je fais miens les commentaires qu'avait aujourd'hui le
député de Jonquière en disant que, bien sûr, dans
une situation comme celle-ci, ça fait l'objet de compromis. Et en
espérant, comme on ne peut pas se substituer aux parties mais bien leur
indiquer, par cette législation-là, que nous souhaitons que
ça facilite leurs relations non seulement pour eux, comme entité
municipale et groupe de policiers et pompiers, mais, bien sûr, pour le
mieux-être de l'ensemble de la collectivité municipale qui est
assujettie à ces décisions.
Alors, encore une fois, merci à tous nos collègues qui ont
suivi assidûment les délibérations et ceux qui,
également dans l'assistance, ont suivi l'ensemble de nos
débats.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le ministre.
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président.
Je voudrais d'abord remercier la commission pour avoir accepté
l'amendement que nous avons déposé. Je ne vous cache pas que cet
amendement-là me réconcilie un peu avec la loi. Chaque fois qu'on
adopte une loi et qu'on ne se donne pas les moyens pour en mesurer les effets,
pour entendre à nouveau les parties, pour leur permettre de nous dire,
après quatre ans: Nous vous l'avions dit, ça n'a pas
marché, ou, encore: C'est allé au-delà de nos
espérances... Je pense que c'est ça qu'il faut faire, à
l'avenir. Il faudrait, dans la mesure du possible, ne jamais laisser aller des
groupes comme ça en se disant: On sait bien, ils viennent de nous donner
une petite loi et on va être bons pour les revoir dans 10 ans. Ce n'est
pas comme ça qu'on les aide à s'administrer et à se
gérer.
Je ne vous cache pas que, si la loi... J'y reviens, ça me
paraît plus acceptable dans cette mesure où on sait qu'au plus
tard dans quatre ans on les verra à nouveau et qu'ils pourront nous
dire: On a erré, ou, encore: C'est un pas dans la bonne direction; il
faudrait peut-être aller un peu plus loin.
Je voudrais souhaiter à la fois aux policiers et pompiers et aux
municipalités que ce projet de loi puisse représenter pour eux un
pas dans la bonne direction, mais surtout, je pense, peut-être l'amorce
d'une nouvelle dynamique, d'un nouveau rapport entre les parties lorsqu'on
parle de négociation. J'étais dans le réseau
collégial et j'ai souvent déploré la centralisation des
négociations, parce que la centralisation des négociations
déresponsabilise les parties. Chaque fois que vous vous donnez un
mécanisme qui vous empêche de vous parler - ça, c'est vrai
n'importe où - ça peut être bon parce que ça
évite des frictions, mais ça ne crée pas d'amitié,
non plus; ça ne permet pas de partager une vision du
développement, ou une vision de la qualité des services à
la collectivité, ou même une vision de la qualité des
relations du travail au sein de l'entreprise. Moi, je pense que cette
loi-là, qui n'est pas la panacée à tous les maux, on l'a
dit, on l'a répété, je souhaite juste que les
échanges qu'on a eus ensemble, qui ont été fort
civilisés, puissent permettre cette ouverture, et je vous remercie.
Le Président (M. Gauvin): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi.
M. le député de Jonquière voulait ajouter quelques
mots.
M. Francis Dufour
M. Dufour: M. le Président, juste quelques mots, en fait,
pour rappeler toute la démarche qui a précédé
l'adoption de ce projet de loi. Il y a beaucoup de chemin qui a
été parcouru. Si on examine attentivement les demandes de l'Union
des municipalités du Québec, par rapport au résultat
obtenu, on peut dire qu'il y a un grand bout qui n'a pas été
franchi. Mais c'est le début d'une démarche qui pourrait
s'avérer intéressante, qui pourrait créer une nouvelle
dynamique, qui pourrait aussi permettre de rétablir de meilleures
relations. Chaque fois qu'on ouvre une possibilité de
réglementation, ou de discussion, ou d'entente, pour moi, ça fait
grandir les gens. Moi, j'aime mieux des choses négociées que des
choses imposées. Et ça, ça pourrait permettre cette
dynamique-là. Ce serait quelque chose de
nouveau. L'Union des municipalités peut sortir avec un projet de
loi, mais ce projet de loi ne pourra être, en tout cas,
apprécié que lorsqu'on pourra faire le constat dans les quatre
prochaines années. Et ça, ce sera drôlement important,
à ce moment-là.
Il faut souhaiter que ça donne les résultats
escomptés. Des fois, l'outil qu'on donne n'est peut-être pas
parfait. Il est certainement perfectible, par exemple, mais dépendant de
l'usage. Si les gens veulent en faire un bon usage, ils ont possiblement
là un instrument qui pourrait permettre d'améliorer la situation.
Si on en fait un mauvais usage, il faudra bien le reconsidérer. Ce qu'il
faut surtout accepter, c'est que la révision de cette loi, dans les
prochaines années, peut permettre - et ça, il faut bien le dire
très fort - à l'une ou l'autre des parties de faire le point et
de s'assurer que c'est ça qu'on voulait atteindre. Ça permettra
peut-être, encore une autre fois... Ne le souhaitons pas, mais ça
pourrait permettre au législateur de réexaminer et d'agir comme
arbitre, s'il y a lieu. Ce n'est pas pour rien qu'on met ça. Ça
protège les parties, mais ça protège aussi les
législateurs.
Maintenant, M. le Président, je veux souhaiter que cet instrument
permette à l'ensemble des parties de mieux se gérer puis de mieux
se prendre en main.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le
député de Jonquière.
M. le député de Drummond voulait ajouter quelques
mots.
M. Jean-Guy St-Roch
M. St-Roch: Oui, quelques mots, M. le Président.
J'avais établi des balises personnelles au début des
auditions et ce matin, à l'étude préliminaire. J'ai
toujours cru qu'en tant que législateurs on doit approcher les
législations, surtout les problématiques de cette nature, avec
beaucoup d'humilité. Je pense que chacun et chacune d'entre nous, on n'a
pas le monopole, ici, parce qu'on est députés, de la
législation à la perfection. J'ai eu la chance de mentionner que
le monde changeait. Les critères, je les avais établis aussi dans
les remarques préliminaires de l'audition. Je pense qu'il est
excessivement important qu'on puisse assurer, à travers nos
législations, une image de respect et de confiance de la part de nos
policiers et pompiers envers M. le citoyen et Mme la citoyenne.
Je l'ai mentionné tantôt, un petit pas a été
franchi, mais je pense que le message qu'on retient ce soir... À
écouter les deux parties comme on a eu l'occasion de le faire, il y a
peut-être des frustrations qui ont été établies
à un moment donné, et c'est normal lorsqu'on établit un
patron de négociation qui sort de confrontation... Parce que notre
modèle ouvrier syndical, M. le ministre, je pense qu'on va être
d'accord, date des années cinquante, où c'était la
confrontation, c'est ça qui était le mot d'ordre des parties. On
est dans un monde nouveau, on se dirige de plus en plus vers une globalisation
où on aura à se serrer les coudes en tant
qu'éléments d'une collectivité, et on ne pourra plus se
regarder ensemble par groupes en pièces détachées et dire:
Bien, on va travailler notre petit rayon. Présentement, il faut regarder
le rayon de la roue. On est une roue, en tant que collectivité
québécoise, et chacune des composantes en sont les rayons.
Alors, je pense qu'on a franchi un petit pas, ce soir, je pense, et le
législateur aussi, et je vous le dis, je vais retourner dans ma
circonscription dans quelques minutes, avec deux heures de route, regarder une
rétrospective, mais ça fait longtemps que je ne retournerai pas
dans ma circonscription avec la satisfaction du devoir accompli, parce qu'on a
pu donner une indication aux parties que c'est fini, le temps où on
vient en commission parlementaire, on fait nos représentations et on
s'en retourne chez nous avec un projet de loi en disant, bon, comme ma
collègue l'a mentionné, comme vous l'avez mentionné, M. le
ministre, dans vos remarques: On se reverra dans 10 ans, dans 15 ans, en
sachant tout ce que ça prend de complexité avant d'être
capable de convaincre les législateurs de revoir un projet de loi.
Alors, ce soir, on a franchi un pas qui est important.
Alors, moi, je souhaite aux parties, maintenant, d'aller la main dans la
main, et je peux vous assurer qu'on essaiera, dans les semaines et les mois
à venir, d'avoir cette même dynamique à l'intérieur
de nos autres projets de loi. Alors, bonne chance aux parties, et...
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le
député de Drummond.
J'aimerais remercier, d'abord, les membres de la commission de leur
collaboration et tous ceux et celles qui ont suivi depuis hier nos
débats. Nous avons apprécié votre collaboration. Donc, la
commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 28)