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(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. LeSage): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je déclare la séance de la commission de
l'économie et du travail ouverte. Je vous rappelle le mandat de la
commission, qui est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 71, Loi modifiant la Loi sur les
accidents du travail et les maladies professionnelles. Est-ce qu'il y a des
remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M.
Bélanger (Laval-des-Rapides) par M. Khelfa (Richelieu); M. Benoit
(Orford) par M. Williams (Nelligan); M. Bordeleau (Acadie) par M. Richard
(Nicolet); M. Charbonneau (Saint-Jean) par M. LeSage (Hull); Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata) par M. Philibert (Trois-Rivières); M.
Parent (Sauvé) par M. Doyon (Louis-Hébert).
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le secrétaire.
On me dit qu'il y a eu consentement entre les parties pour que cette commission
puisse siéger si nécessaire de 20 heures à 22 heures.
Est-ce que cet engagement est entériné par... Oui, M. le
député de Drummond.
M. St-Roch: Oui, M. le Président, lorsque vous mentionnez
qu'il y a eu consentement, il n'y a personne qui m'a approché concernant
la possibilité de siéger ce soir. Je pense qu'on présume
des intentions des députés à ce moment-ci. Moi, je propose
qu'on commence les procédures de notre commission, et on verra. Si,
à 18 heures, le projet de loi n'est pas terminé, à ce
moment-là je suggère que vous nous demandiez notre consentement
pour pouvoir poursuivre nos travaux.
À ce moment-ci, moi, je veux aborder le projet de loi comme j'ai
toujours fait, avec logique, avec pragmatisme, avec coopération. On ne
peut pas présumer qu'on ne pourra pas terminer ce projet de loi avant 18
heures. Or, on verra vers les 18 heures si on a terminé ou non.
Le Président (M. LeSage): Alors, si je comprends bien, il
n'y a pas consentement unanime pour l'organisation des travaux, à savoir
de prévoir maintenant qu'on pourrait siéger de 20 heures à
22 heures. C'est ce que vous me dites, M. le député de
Drummond?
M. St-Roch: C'est ce que je vous dis, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): Alors, très bien. Nous
reviendrons à 17 h 55 pour demander ce consentement, si
nécessaire. Remarques prélimi- naires, M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Normand
Cherry
M. Cherry: M. le Président, chers collègues, je
voudrais d'abord profiter des quelques minutes dont je dispose pour saluer
l'ensemble des membres de cette commission. Permettez-moi de vous
présenter les personnes qui m'accompagnent aujourd'hui: M. Pierre
Shedleur, qui est président et chef des opérations à la
Commission de la santé et de la sécurité du travail; M.
François Hébert, qui est le directeur du bureau du
président du conseil d'administration et chef de la direction à
la Commission de la santé et de la sécurité du travail; M.
Gilles Beauchesne, qui est le directeur du Service de la gestion du financement
à la CSST; Me Clément Harvey, qui est avocat, et bien sûr,
des membres du cabinet chez nous. Enfin, je voudrais également saluer
les personnes qui suivent les travaux de la commission.
M. le Président, les prochaines heures nous permettront
d'examiner attentivement les 25 articles du projet de loi 71 qui vise à
définir la notion de salaire brut, à modifier les règles
de calcul de la cotisation annuelle, à accorder à la CSST le
pouvoir de détermination des taux d'intérêts ainsi que des
pénalités applicables à l'employeur en défaut. En
fait, 19 des 25 articles de ce projet de loi découlent des modifications
apportées à l'article 323 de la loi actuelle concernant les taux
d'intérêts.
Ce projet de loi a pour objectif de permettre une meilleure gestion du
régime de santé et de sécurité du travail du
Québec, et ce, il est important de le souligner, sans entraîner
d'effets sur l'indemnisation, les droits et les bénéfices
auxquels ont droit les travailleurs et les travailleuses accidentés. En
effet, ce projet de loi modifie certaines dispositions de la Loi sur les
accidents du travail et les maladies professionnelles relatives au financement
de la CSST ainsi qu'à la cotisation des employeurs, sans pour autant
alourdir le fardeau financier de ces derniers.
Permettez-moi de rappeler que la loi actuelle prévoit la
répartition hebdomadaire du maximum annuel assurable aux fins du calcul
du salaire brut qui est cotisable. En conséquence, tout excédent
du salaire brut pour une semaine de travail sur le maximum hebdomadaire
assurable est non cotisable, ce qui peut créer des
inéquités entre les employeurs. Les changements proposés
visent à abolir la répartition hebdomadaire du maximum annuel
assurable. Ainsi, le salaire brut
d'un travailleur, lors de l'établissement de la cotisation d'un
employeur, sera pris en considération jusqu'à concurrence du
maximum annuel cotisable. Fait à noter, le projet de loi maintient la
répartition hebdomadaire du maximum annuel assurable aux fins de
l'établissement de la cotisation dans l'industrie de la construction, et
ce, à certaines conditions.
Ce projet de loi a aussi pour objectif de définir la notion du
salaire brut en référant à la définition
prévue à la Loi sur les impôts, sauf certaines exceptions.
En vertu des dispositions actuelles de la loi, la commission applique, pour une
année, le taux d'intérêt fixé suivant l'article 28
de la Loi sur le ministère du Revenu, en vigueur le 30 septembre de
l'année précédente, ceci ne permettant pas à la
commission de s'ajuster aux fluctuations des marchés financiers de
façon, bien sûr, rapide et efficace. De plus, le projet de loi
permet à la Commission de la santé et de la
sécurité du travail d'établir des règles de
détermination du taux d'intérêt applicable aux sommes
perçues ou versées par elle et prévoit la capitalisation
quotidienne des intérêts.
Enfin, il vise à modifier le délai à
l'intérieur duquel l'employeur doit payer sa cotisation en
prévoyant une échéance unique pour tout avis de cotisation
émis au cours d'un même mois et à créer une
présomption concernant la date de la mise à la poste d'un avis de
cotisation. Ces dispositions visent donc à faciliter la gestion par
l'employeur de son dossier de santé et de sécurité.
Permettez-moi de préciser que ces changements proposés
à la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles
visent aussi à permettre à la Commission de la santé et de
la sécurité du travail d'assurer une meilleure gestion de son
régime de santé et de sécurité du travail. En
terminant, je tiens une fois de plus à assurer les membres de cette
commission ainsi que ma collègue de Chicoutimi et mon collègue de
Drummond de mon entière disponibilité, bien sûr, tout au
long de ces travaux.
M. le Président, à la lecture de ce projet de loi
là, la perception, bien sûr, c'est technique, il y a beaucoup
d'interrelations. Alors, pour tenter de faciliter la tâche qui est la
nôtre, je pense que toutes les modifications des articles dans ce projet
de loi là on peut les regrouper sous, vraiment, deux chapeaux. Il y en a
vraiment deux, et quand on a fait ça, on a fait le tour de l'ensemble
des articles, article par article. (10 h 20)
D'abord, tout ça, ça découle de la Loi sur les
accidents du travail et les maladies professionnelles. Quand on s'adresse
à l'article 289 on parle du salaire qui est cotisable. Actuellement, la
loi prévoit à l'article 289 que les modalités de calcul
des salaires assurables, c'est sur une base hebdomadaire. Cette façon de
faire crée certains problèmes d'application. De plus, la notion
de salaire brut du travailleur n'est pas définie explicitement dans la
loi. Alors, l'absence de définition entraîne des problèmes
d'interprétation, pouvant engendrer un manque d'uniformité dans
les déclarations de salaires que doivent produire les employeurs chaque
année - ça, c'est l'article 292 - et ainsi créer de
l'inéquité.
Le projet de loi propose des amendements visant à solutionner,
entre autres, des problèmes pour l'avenir. Ces modifications à
289 se retrouvent aux articles 5, 5.1 et 5.2. Ça, c'est pour cette
partie-là.
L'article 323, c'est les intérêts. Alors, en vertu de
l'article 323 actuel, la Commission applique le taux d'intérêt
fixé par le ministère du Revenu en vigueur le 30 septembre de
l'année précédente, puis elle applique un seul taux pour
toute l'année. Cet intérêt-là n'est pas
capitalisé. Les modifications proposées visent à permettre
à la Commission d'ajuster ses taux d'intérêts à ceux
en vigueur sur les marchés financiers, puis à capitaliser
l'intérêt, et ce, quotidiennement. Plusieurs dispositions de la
loi actuelle réfèrent à l'article 323. Les modifications
proposées touchent non seulement l'article 323, mais touchent donc - et
c'est là que vous allez voir que c'est deux grands chapeaux -
directement ou indirectement d'autres articles. Les modifications se retrouvent
aux articles 1, 2, 3, 4, 6, 7, 7.1, 8. 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18 et
19, et les autres, jusqu'à 25, étaient des mesures transitoires -
parce que le projet de loi a été déposé en
décembre - qui maintenant ne sont plus nécessaires.
Donc, pour tenter la communication et simplifier l'approche de
ça, parce que c'est bien technique au point de vue... On le voit,
ça touche une dizaine d'articles, mais finalement il y a deux choses
là-dedans qui regroupent l'ensemble du projet de loi. Un, l'article 289
sur le salaire cotisable puis l'article 323 sur les intérêts.
Quand on a saisi ça, je pense que ça devrait faciliter le travail
qu'on a à faire ensemble aujourd'hui. Ça termine mes remarques,
M. le Président.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Peut-être
avant de débuter mes remarques préliminaires, j'aurais une
question au » ministre, s'il accepte. J'aurais une question
préalable.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que vous acceptez une
question préalable, M. le ministre?
M. Cherry: Oui.
Mme Blackburn: Voilà. C'est que juste au
moment... À l'occasion de la dernière session, en
décembre dernier, le ministre m'appelait quelque part, je ne sais plus
la date exactement, l'avant-dernière journée, quelques jours
avant la fin de la session, pour me dire que le projet de loi serait
appelé avec les autres projets de loi. On sait qu'il y a eu
bâillon avec le bulldozer, et je ne sais plus combien de lois on a
adoptées assez rapidement en fin de session. Je veux comprendre pourquoi
le leader du gouvernement n'a pas appelé le projet de loi, tel que le
ministre m'avait annoncé qu'il le ferait.
M. Cherry: Vous permettez, M. le Président. Vous savez que
l'appel des projets de loi en Chambre, c'est ce qui se passe entre les leaders
des formations politiques. C'est comme ça, ce n'est pas un ministre qui
peut, de son chef, décider de l'appel d'un projet de loi. Vous comme moi
souhaitions qu'on puisse en disposer dans cette période-là, mais
il semble que la communication entre les leaders et la façon dont les
projets de loi étaient appelés n'ont pas permis que ça
puisse arriver.
Mme Blackburn: Ma question est plus claire: Pourquoi votre leader
ne l'a-t-il pas appelé, puisque le nôtre est très
près... Ils étaient prêts à étudier... Dans
le fond, comme ils étaient en train de passer 10 projets de loi sur
lesquels on n'a rien dit, bon, un de plus ou un de moins... Pourquoi votre
leader n'a-t-il pas appelé le projet de loi, tel que vous me l'aviez
dit? Je veux que la réponse soit claire, parce qu'il court dans le
milieu que c'est ma faute et ce n'est pas vrai. Et ce n'est pas vrai. Et je
sais que les gens de la CSST pensent toujours que c'est la faute de
l'Opposition si ça n'a pas été appelé à la
fin de la session de décembre. Je veux que les choses soient claires.
Parce que c'est trop facile de faire ce genre de jeu, de «game»,
que je ne partage pas. Je pense qu'on a un devoir d'être le plus
transparent possible, et sur cette question précise sur laquelle je vous
avais donné mon accord, on me fait dire par après... Et ça
vient de la CSST, je ne nommerai pas les personnes, parce que ça se rend
toujours que c'est la faute de l'Opposition. Je voudrais savoir, et ça
va nous éclairer par rapport à la suite des discussions, pourquoi
le leader du gouvernement n'a-t-il pas appelé cette loi-là en
décembre? Est-ce parce qu'il y a des implications trop grandes pour le
gouvernement? Ça va nous permettre de mieux comprendre les
différents aspects de ce projet de loi. Comme il y en a d'autres qui
n'avaient pas, en tout cas, vraiment le même caractère d'urgence
que celle-ci, selon la CSST, pourquoi ça n'a pas été
appelé?
M. Cherry:je vous rappelle, m. le président, en
réponse à la question de notre collègue de chicoutimi, que
le projet de loi a été appelé en décembre.
Mme Blackburn: Non, non, il n'a pas été... Vous
savez ce que je veux dire.
M. Cherry: Non, non, vous me dites «pourquoi il n'a pas
été appelé?», je vous réponds que le projet
de loi a été appelé.
Mme Blackburn: Pourquoi...
M. Cherry: Vous me demandez une réponse
précise...
Mme Blackburn: Bien.
M. Cherry: ...je tente de donner une réponse
précise.
Mme Blackburn: Pourquoi le leader n'a-t-il pas, avec les lois,
appelé d'urgence ce projet de loi pour être adopté en ne
respectant pas les règles prévues à cette fin? C'est
ça que je vous demande. Vous savez très bien ce que je demande.
Lorsqu'on s'est entendus pour que ce projet de loi puisse être
adopté assez rapidement, à la suite des explications qui
m'avaient été données par les fonctionnaires de la CSST,
pourquoi ne faisait-il pas partie de ces projets de loi qui,
supposément, sur un caractère d'urgence, devaient être
appelés par le leader? Pourquoi le leader n'a-t-il pas fait adopter ce
projet de loi, en décembre dernier?
M. Cherry: Évidemment, vous comprendrez là-dessus,
M. le Président, que je ne peux pas me substituer au leader et de
l'informer... Il y a l'ensemble des travaux et on sait tous comment ça
fonctionne. Donc, me poser une question et dire: Voulez-vous me
répondre, pourquoi le leader n'a pas fait telle chose? Lui, il pourrait
peut-être me répondre: C'est parce que je n'avais pas la
collaboration du leader... Je ne peux pas me permettre de me substituer
à ceux...
Mme Blackburn: Non, non.
M. Cherry: ...qui ont cette responsabilité de voir au bon
fonctionnement des travaux de la Chambre.
Mme Blackburn: Alors, on va le dire de façon très
claire, vous aviez, vous venez de le dire, le consentement de l'Opposition et
je n'aimerais pas que ça se répète... Et ce n'est pas la
première fois que ça arrive - c'est arrivé avec 185 et
186, également - où on nous a fait passer sur le dos que c'est
nous qui nous étions opposés à l'adoption d'un projet de
loi plutôt qu'à l'autre, alors que c'était vraiment
l'inverse. Là, vous recommencez avec ce projet de loi. Je veux que
ça soit clair et inscrit dans les minutes.
Je ne pense pas qu'il soit normal qu'on adopte, comme on l'a fait en fin
de session, à la vapeur, des projets de loi sans consultation.
C'est inacceptable. Cela dit, nous avions sur ce projet de loi,
accepté qu'il fasse partie de ceux qui étaient appelés en
ne respectant pas les règles prévues, les différentes
étapes prévues pour l'adoption d'un projet de loi, sauf que, pour
une raison que j'ignore, et que sans doute la CSST ignore, le projet n'a pas
fait partie de ces lois qu'on nous a passées dans la gorge avant les
fêtes. Ce n'était toujours pas le gouvernement qui se fatiguait
pour savoir si on était d'accord ou non. Voyons donc! Alors, on ne peut
pas dire n'importe quoi. Je veux que ce soit clair. Je ne tiens pas...
M. Doyon: M. le Président, avec votre permission...
Mme Blackburn: ...j'ai mon droit de parole.
M. Doyon: Oui, mais j'ai le droit de parler, moi aussi. Ce n'est
pas un sens unique, ça.
Mme Blackburn: Non, non.
Le Président (M. LeSage): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Blackburn: Vous aurez tous vos droits, vous allez...
M. Doyon: Bien oui, quand vous aurez fini, je parlerai. Je vais
vous laisser finir...
Le Président (M. LeSage): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Doyon: ...et je parlerai après. Vous ne parlerez pas
toute seule, ne pensez pas ça.
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Chicoutimi, vous avez la parole.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président.
M. Doyon: Ça commence à être long; c'est la
même chose depuis 10 minutes, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): M. le député.
Mme Blackburn: Si le député a d'autres choses
à faire...
Le Président (M. LeSage): M. le
député...
Mme Blackburn: ...il peut sortir de la Chambre, il n'est pas
obligé d'interrompre ceux qui parlent.
M. Doyon: Je vais rester ici aussi longtemps que je voudrai, Mme
la députée, ça ne vous regarde pas.
Mme Blackburn: M. le Président...
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Louis-Hébert, s'il vous plaît!
M. Doyon: C'est aussi clair que ça.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Louis-Hébert, s'il vous plaît, tantôt, on va vous
céder la parole et vous aurez le droit de dire tout ce que vous voulez
et on va vous écouter religieusement.
Mme Blackburn: Alors, je voulais que ce soit clair...
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Chicoutimi...
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. LeSage): ...vous avez la parole.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je voulais que ce
soit clair: il avait notre accord, ça n'a pas été
adopté parce qu'il y a quelqu'un d'autre qui l'a bloqué. Vous
allez certainement, un jour, savoir qui, mais, selon ce qu'on sait, c'est parce
que ça aurait eu des effets sur le niveau de cotisation du gouvernement:
par le biais de la cotisation qui prévaut dans différents
ministères, ça venait affecter la cotisation des
différents employés de l'État et, par voie de
conséquence, évidemment, celle de l'État.
Sur le projet de loi, de façon plus spécifique, là,
on est devant un cas patent du cas par cas. Là, on arrive et on vient
m'expliquer, de façon plausible, intelligente, fine, efficace qu'il
fallait procéder à ces changements-là. Comment se fait-il
qu'on s'en aperçoit plusieurs années après l'adoption de
la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles, alors
qu'il y a déjà plusieurs causes qui sont devant les tribunaux sur
cette question et, tout à coup, ça devient une urgence nationale?
Ça, je dois vous dire que, là-dessus, je n'ai pas vraiment
compris comment une situation qui est connue depuis si longtemps devienne, tout
à coup, une urgence nationale. (10 h 30)
Deuxième question. Si on avait procédé tel que le
ministre s'y était engagé, tel que le comité Poulin
l'avait recommandé, tel que les syndicats le demandent depuis fort
longtemps, si on avait tenu une commission consultative, une consultation
générale pour faire le point sur la CSST et envisager
différentes voies de solution, on ne serait pas en train de fonctionner
au cas par cas. On fait du cas par cas là: petite affaire là,
petite chose là. C'est pourquoi on se retrouve, à la
dernière minute, avec un projet de loi qui a été
déposé, si je me rappelle... J'ai une
résolution qui vient de la CSST, qui est datée du 17
décembre. C'est comme à la dernière minute, merci! La
session a dû se terminer le 21 ou le 22. Et le projet de loi, me dit-on,
était prêt quelque part en octobre, mais on a eu droit à
son dépôt quelques... Il faudrait que je révise... Le 14?
Je ne me rappelle plus bien, mais quelques jours avant la fin de la
session.
S'il y a un caractère d'urgence tel, comment ça se fait
qu'on a découvert ça comme ça à la dernière
minute? Comment se fait-il qu'à la faveur des causes qui sont
actuellement devant les tribunaux on n'a pas pensé qu'il y avait des
clarifications à y apporter? Et des questions plus fondamentales:
à la suite des modifications qu'on va proposer, particulièrement
au chapitre du salaire cotisable et de l'éventualité, qui est
avancée dans le mémoire qui a été
présenté au Conseil des ministres, d'une diminution du taux de
cotisation, comment ça va faire augmenter la cotisation réelle
pour l'Etat, pour les différentes entreprises? Comment ces dispositions
ne viendront-elles pas encourager le travail au noir, c'est-à-dire le
temps supplémentaire que vous allez payer sous la table parce que vous
ne voudrez pas qu'il soit cotisable, vous ne voudrez pas que la cotisation
s'applique aussi au temps supplémentaire? Comment allez-vous
empêcher, avec ce projet de loi, que les primes de séparation il y
en ait une bonne partie qui se fassent sous la table, parce que l'employeur ne
voudra pas payer la partie cotisable là-dessus? Comment pouvez-vous
substituer une véritable politique d'emploi, qui pourrait
légiférer sur le temps supplémentaire plutôt que de
dire: Bien là, le temps supplémentaire, on va le rendre cotisable
de manière à introduire un nouvel équilibre entre
l'employeur qui n'emploie que le minimum d'employés, quitte à les
faire travailler en temps supplémentaire parce qu'ils ne paient pas de
cotisations. Là, on va égaliser ça pour tout le monde,
celui qui aura ce genre de pratique, à savoir, faire faire beaucoup de
temps supplémentaire par ses employés pour ne pas payer la
cotisation de la CSST. Est-ce que vous pensez qu'une telle mesure, vous, qui
êtes ministre du Travail, va remplacer une véritable politique du
travail qui viendrait légiférer le temps supplémentaire?
Croyez-vous vraiment que ça va permettre et favoriser une plus grande
transparence de la part de ces employeurs-là? Et croyez-vous vraiment
que, parce qu'ils sont obligés de déclarer le temps
supplémentaire comme étant un temps cotisable, ça va
mettre fin ou réduire le recours au temps supplémentaire? C'est
tellement à contresens, ce que vous êtes en train de proposer et
ce qui est dit dans ce mémoire-là, que je suis
étonnée de retrouver une telle justification. Surtout du ministre
du Travail qui a cette responsabilité, peut-être avec le
gouvernement, je l'espère, un jour, d'essayer d'imaginer un certain
nombre de mesures, comme ça se fait dans certains pays, des mesures
visant à légiférer sur le temps supplémentaire.
Vous savez que, si on légiférait sur le temps
supplémentaire - l'étude a été faite il y a quatre
ou cinq ans à l'Alcan, secteur Arvida de la ville de Jonquière -
on aurait 200 employés de plus. D'autres pays le font et ce n'est pas la
révolution, mais jamais on n'a envisagé de telle mesure et
là on dit «pour mieux éviter - et c'est textuel - que les
employeurs aient abusivement recours au temps supplémentaire pour ne pas
payer de cotisations, on va cotiser le temps supplémentaire». En
voilà une politique du travail, ça! C'est plutôt
tiré par les cheveux.
Ce que je dis, il y a un certain nombre de questions et j'aimerais que
le ministre - qui nous a remis d'ailleurs, et je l'apprécie, les textes
qui vont lui servir à nous expliquer les modifications
entraînées par l'actuel projet de loi - j'aimerais que le ministre
nous dise quelle différence ça va représenter pour la
cotisation des différents secteurs d'activité, parce qu'il avance
que cette nouvelle cotisation pourra entraîner une diminution du taux
moyen et du taux de cotisation pour chacun des secteurs d'activité.
Alors, moi, je voudrais savoir comment ça a été
évalué. Les calculs ont été faits par des
actuaires, on doit le savoir. On doit le savoir de façon assez
précise et j'imagine qu'on ne s'engagerait pas dans cette
voie-là, puisque déjà, dans le mémoire, il est
prévu que ça pourrait avoir comme effet - d'ailleurs, dans la
loi, il y a un article là-dessus - de diminuer le taux de cotisation par
secteur d'activité. Si on vient diminuer le taux de cotisation qui a
été fixé pour 1993... Le taux qui a été
fixé pour 1993 pourrait être diminué. Je voudrais savoir
dans quelle proportion et quel secteur d'activité va être
touché. Plus particulièrement, est-ce que le ministre a la
garantie que les revenus de la CSST ne se verront pas grevés, comme
ça a été le cas en 1991, où le taux moyen de
cotisation était évalué à 2,32 $ et le taux
réel de cotisation a été de 2,17 $, parce qu'il y a eu une
modification dans les secteurs d'activité économique, de sorte
que les secteurs où le taux de cotisation est plus bas a
été plus élevé... Le plus haut, par exemple,
l'industrie de la construction a été en baisse, avec le
résultat que les revenus de la CSST, par rapport à ce qui
était prévu, ont été largement en
deçà des prévisions parce que le taux moyen qui
était prévu à 2,32 $ a été seulement
à 2,17 $. Est-ce que ce n'est pas vers ça aussi qu'on s'en va
avec ce genre de prévisions? Si le ministre veut répondre tout de
suite à ces questions-là, j'apprécierais.
Le Président (M. LeSage): M. le ministre, la parole est
à vous.
M. Cherry:m. le président, il y a maintenant près
de 15 mois, je crois, que ma collègue de chicoutimi a la
responsabilité du dossier du travail. j'ai maintenant
développé... dans les
premiers temps, elle me surprenait avec une série de questions,
en mélangeant toutes les affaires et en espérant qu'on perdrait
le fil de ça. Je ne pense pas que ce soit son objectif, mais, des fois,
dans les premiers temps, moi, tentant, de bonne foi, de vouloir expliquer,
j'essayais de retracer le fil conducteur. Des fois, c'était
compliqué un peu. Tentant de répondre du mieux que je peux aux
choses qui ont été soulevées, à la précision
que vous souhaitiez au départ: le projet de loi, disiez-vous, n'a pas
été appelé. On a convenu qu'il avait été
appelé - vous convenez qu'il a été appelé trop
tard. Je vais juste citer le court commentaire qu'a fait le leader de
l'Opposition en Chambre, suite au dépôt de ce projet de loi. Il a
dit: «M. le Président, compte tenu du fait que ce projet de loi a
été déposé il y a à peine quelques jours,
quant à l'étude du principe nous ne savions pas qu'il serait
appelé, d'ailleurs, à la présente session, compte tenu de
l'heure et du jour. Cependant, nous concourrons au principe...» Et c'est
ce qui fait qu'on se ramasse ici aujourd'hui.
Mme Blackburn: Continuez là.
M. Cherry: «Nous concourons au principe pour cette
étape-là - pour cette étape-là - et j'ose
espérer que ça va permettre à d'autres législations
d'être adoptées d'ici minuit.» Bon.
Mme Blackburn: Voilà! C'était celle-là
aussi.
M. Cherry: Donc, si vous avez des questions pour les leaders,
vous les poserez aux leaders. Parmi la macédoine de questions que vous
avez soulevées - parce que c'est important de tenter de mettre de
l'ordre - ce n'est pas certain que je vais répondre à toutes,
avec la clarté que vous souhaitez, mais je vais tenter de
répondre. Vous dites: Cette loi-là existe depuis fort longtemps;
il y a maintenant des contestations devant les tribunaux; comment ça se
fait que vous décidez de corriger ça à la toute
dernière minute, à la vapeur? Je veux vous rappeler que les
contestations devant les tribunaux, la très grande partie de ces
contestations a été enregistrée durant la dernière
année. Donc, même si la loi était en vigueur sous cet
aspect-là depuis plusieurs années, c'est dans la dernière
que c'est arrivé. (10 h 40)
II faut dire aussi que le département de vérification de
la CSST... Le chiffre, c'est quoi? Une vingtaine de personnes. On est rendu
à 70. Donc, plus on a augmenté le nombre de gens qui faisaient la
vérification chez les employeurs, plus il y a eu d'identifications de
façons de comptabiliser ça. Donc, suite à ça, les
rapports ont été faits et de là est venue la
nécessité de clarifier cet aspect-là de la loi. Même
si la loi existe depuis fort longtemps, ils n'ont commencé à
utiliser ça que récemment. Donc, quand tu découvres les
problèmes qui sont identifiés lors des vérifications,
découlant de ça, tu décides de déposer de la
législation pour le faire... Ça me semble une façon
logique, qui se tient.
Quand vous avez parlé de la diminution possible des taux,
permettez-moi de vous indiquer qu'il me semble - et on pourrait vérifier
ça - que les modifications des taux étaient applicables aux
mesures transitoires. Comme il n'y en a plus de mesures transitoires, il me
semble que, ça, c'est un aspect qui, ce matin, ne fait plus partie du
débat. On remarquera ça, O.K.? Alors, pour le reste, je suis
convaincu qu'il y a des choses que vous avez affirmées tantôt qui
vont, il me semble, contre les intentions de ce projet de loi, puis vous
l'affirmez... Et il semble que la meilleure façon dont on pourrait vous
faire la démonstration de ça, c'est quand on va faire
l'étude de ça, par ces blocs-là, on va voir que tout
ça est vraiment fait pour que, une fois l'identification du
problème et des solutions proposées, on puisse corriger tout
ça. De là à dire que le projet de loi est parfait pour
toujours puis qu'on n'y touchera jamais, je pense que non. Au fur et à
mesure que tu l'appliques, que tu l'exerces, que tu découvres des choses
à corriger, il en va de cette loi-là comme dans l'ensemble des
autres projets de loi. le taux pour 1992, c'était 2,50 $ puis celui pour
1993 est à 2,75 $. c'est ça là? c'est ça le taux
qui est établi? bon, o.k. le problème entre les employeurs, c'est
qu'il y avait, et puis on va le découvrir là-dedans, une forme
d'inéquité - je l'ai dit tantôt - parce que certains
employeurs comptabilisaient l'ensemble de la rémunération pour
faire leur contribution à la csst pendant que les vérifications
ont démontré que certains employeurs n'incluaient pas tout; donc,
ils soustrayaient une façon de contribuer à la masse salariale
assurable. même si ça dépassait le maximum assurable -
ça n'avait pas d'impact - ça diminuait le revenu, la contribution
de ces employeurs-là pour eux, comme particuliers. mais, comme ça
diminuait l'ensemble des revenus, là, tu répartis tout ça
au fardeau de l'ensemble des employeurs puis on recommence encore. donc,
ça devenait injuste pour ceux qui, eux, cotisaient de façon
maximum tout ce qu'on doit comptabiliser pour établir le revenu, m. le
président, et ensuite de ça, parce que d'autres ne le faisaient
pas, cela avait comme effet d'ajouter à leur cotisation. alors, c'est
ça le but, c'est de donner un signal bien clair: voici la façon
de le faire; voici comment ça se fait au ministère du revenu;
voici ce dont il faut tenir compte quand on établit la masse salariale
assurable pour que ce soit juste pour l'ensemble des employeurs dans le
même secteur d'activité.
Mme Blackburn: J'aurais une question. La note pour le
gouvernement de cette modification, le fait qu'il va être obligé
dorénavant d'inclure dans la masse salariale assurable les primes de
séparation, les vacances, il semble que ce soit là que
ça accrochait. Ça veut dire... C'est quoi l'écart quant
à la... Parce que j'imagine que c'a été
évalué.
M. Cherry: O.K. Mais, M. le Président, il ne doit pas y
avoir de distinction entre le gouvernement-employeur et les autres employeurs
par rapport à leur contribution au régime. Donc, à partir
du moment où la loi sera clarifiée, elle s'appliquera à
l'ensemble des employeurs, y inclus le gouvernement.
Mme Blackburn: Écoutez, ce n'est pas ça que j'ai
demandé. C'est évident que vous n'aurez pas une loi pour les
employés du gouvernement puis une loi pour Bell Canada. Ce que je dis,
cette modification que vous introduisez par ce projet de loi va avoir quel
effet sur les coûts de cotisation du gouvernement et de ses
différents ministères? C'était juste la question. Parce
que vous avez l'air de penser... Il faut plus d'explications pour que vous
compreniez?
M. Cherry: Elle aime ça être méchante,
elle.
Mme Blackburn: Est-ce que, dans sa cotisation, les
ministères prenaient aussi en compte le temps supplémentaire, les
vacances et les primes de séparation? Oui ou non?
M. Cherry: D'après l'ensemble des vérifications qui
ont été faites et des choses qu'il faut clarifier, il semble
qu'il n'y avait que dans le secteur hospitalier, pour l'aspect
gouvernemental...
Mme Blackburn: Qui ne le faisaient pas. Certains ne le faisaient
pas.
M. Cherry: Donc, cela a pour but de corriger ça.
Mme Blackburn: D'accord. Alors, il y a le secteur...
M. Cherry: Alors, le coût du gouvernement, pour
répondre à votre question...
Mme Blackburn: Oui.
M. Cherry: ...le coût pour le gouvernement, pour 1993, si
mes informations sont bonnes, d'après l'estimé, ça serait
3 000 000 $ additionnels, en assurant l'ensemble de sa masse, comme les autres
le font.
Mme Blackburn: Comme les autres...
M. Cherry: Dans le secteur hospitalier, ça
représenterait ça.
Mme Blackburn: Alors, ça vient justifier ce que je disais
et expliquer pourquoi la loi, qui a été déposée le
11 décembre, dont on a adopté le principe le 21 décembre,
n'a pas été incluse dans les lois «bulldozer».
M. Cherry: Non, non. M. le Président, c'est l'inverse.
Mme Blackburn: Parce que le gouvernement...
M. Cherry: C'est l'inverse, madame.
Mme Blackburn: ...parce que le gouvernement, c'est 3 000 000 $ de
plus qu'il aura à cotiser cette année. Il ne doit pas être
trop pressé.
M. Cherry: II ne l'aurait pas payée sans ça, et
avec cette loi-là, il la paiera. Donc, il ne voulait pas se soustraire
à son obligation. C'est exactement l'inverse.
Une voix: C'est le contraire.
Mme Blackburn: Là vous me dites que, dans les
hôpitaux, ils ne tenaient pas compte...
M. Cherry: II y en a...
Mme Blackburn: ...que certains hôpitaux n'en tiennent pas
compte.
M. Cherry: Mais, maintenant que ça c'est découvert,
on les cotise.
Mme Blackburn: Bien oui, c'est ce que je dis. Le gouvernement
n'est pas trop pressé...
M. Cherry: Donc, ça va lui coûter 3 000 000 $ de
plus. Il n'a pas fait ça pour sauver de l'argent.
Mme Blackburn: C'est ce que je dis. Il ne voulait pas l'adopter
parce que ça lui coûtait plus cher. C'est exactement ce que je
vous dis. Le président du Conseil du trésor n'était pas
pressé de faire adopter la loi parce qu'effectivement ça lui
coûte plus cher - c'est ça que je dis.
M. Cherry: Voyez-vous là, depuis que c'a été
découvert...
Mme Blackburn: Ce que dans le milieu, généralement,
on reconnaissait, c'est que le gouvernement n'était pas pressé de
faire adopter la loi parce que c'est lui qui passait à la caisse. C'est
aussi clair. Ça répond. Il n'y a pas de problème.
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Chicoutimi, le ministre va répondre à cette
question.
M. Cherry: O.K. M. le Président, depuis que cette
façon de comptabiliser a été découverte, il faut
bien s'en rendre compte, depuis que c'a été fait, maintenant
l'ensemble du réseau, la CSST réclame...
Mme Blackburn: Oui.
M. Cherry: ...ça de la façon qu'on calcule qu'il
aurait dû le payer. Donc, ce n'est pas fait... Ce n'est pas une mesure
pour sauver de l'argent parce que, depuis que les vérificateurs de la
CSST ont découvert ça, ils ont informé le réseau
hospitalier qu'à compter de maintenant ça doit faire partie et
ça doit être là. Et ça fait partie du moment
où on se parle.
Mme Blackburn: Est-ce que tous les services publics...
Le Président (M. LeSage): Vous avez terminé, M. le
ministre?
M. Cherry: Oui.
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Est-ce que tous les
hôpitaux se sont rapidement soumis aux nouvelles dispositions, aux
nouvelles règles de la CSST avant même l'adoption du projet de
loi?
M. Cherry: Je m'excuse...
Mme Blackburn: Est-ce que tous les hôpitaux... On sait que
pour les hôpitaux c'est majeur, parce qu'une partie de leurs
employés sont à temps supplémentaire ou à temps
partiel. Vous avez déjà des difficultés: 40 % des soins
infirmiers sont donnés, on le sait, par des occasionnels. Et il y a
beaucoup de temps supplémentaire également. Bon. Ce que je
demande: Est-ce que tous les hôpitaux ont rapidement répondu, se
sont rapidement conformés aux nouvelles directives de la CSST et tous
les services publics?
M. Cherry: O.K.
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Cherry: M. le Président, notre collègue de
Chicoutimi réfère fréquemment, depuis le début,
à l'aspect du temps supplémentaire qui ne serait pas
rapporté. Le litige dans les hôpitaux, c'est la
non-comptabilisation, selon les informations qui me sont fournies, de
l'assurance salaire.
Mme Blackburn: Oui, O.K.
M. Cherry: De mémoire, il n'y a aucun cas qui a
été porté à notre attention qui tenait compte du
temps supplémentaire, mais c'était la non-comptabilisation de
l'assurance salaire.
Mme Blackburn: Ma question, c'était: Est-ce que tout le
monde s'est conformé?
M. Cherry: Oui. Évidemment là, on est en litige
devant les tribunaux parce qu'ils ont contesté...
Mme Blackburn: Les hôpitaux également? M. Cherry:
Oui, oui, oui. Ah oui.
Mme Blackburn: Ceux qui sont devant les tribunaux, est-ce que
c'est majoritairement le secteur public ou privé?
M. Cherry: majoritairement le secteur public. écoutez, on
m'informe, à notre connaissance, de mémoire, il n'y en aurait pas
du secteur privé. très peu. la majorité serait du
public.
Mme Blackburn: Ce que vous dites là, c'est que les 68 000
000 $ en cause... C'est ce qu'on avance dans votre mémoire: «Ces
actions totalisent plus de 68 000 000 $. Cependant, la commission a
déclaré qu'elle fera en sorte que le régime de
tarification soit appliqué de manière uniforme, équitable
à l'ensemble des employeurs, et ce, rétroactivement, dans
l'hypothèse où les tribunaux en viendraient à la
conclusion qu'elle a erronément appliqué l'article 289 de la Loi
sur les accidents du travail et les maladies professionnelles, le tout de
façon à ce qu'il ne résulte aucune perte ou
désavantage pour quiconque n'aura pas procédé par la voie
judiciaire. À cet égard, la Commission n'est pas en mesure
d'estimer le montant pouvant en résulter.» Et ça c'est dans
votre mémoire. (10 h 50)
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Cherry: M. le Président, pour bien clarifier
ça... Madame vient d'avancer un chiffre de 68 000 000 $...
Mme Blackburn: Ce n'est pas madame, pardon, je cite la source
parce que c'est important... Il me fait dire n'importe quoi.
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Chicoutimi, vous allez comprendre que lorsque je vous cède la parole,
les gens de ce côté-là vous écoutent et à
chaque fois que... En tout cas, souvent, je cède la parole aux gens de
ce côté-là et vous les interrompez. Laissez-les... Vous
aurez l'occasion de répliquer...
Mme Blackburn: Bien, M. le Président.
Allez-y!
Le Président (M. LeSage): ...sur la réponse qu'il
vous donnera par la suite. M. le ministre, c'est à vous la parole.
M. Cherry: Merci, M. le Président. Dans le chiffre qui est
avancé, - la source, elle l'a citée, elle dit que ça fait
partie du mémoire - on parle de 68 000 000 $. Il faut bien comprendre,
là, que ça ne constitue pas, ça, l'ensemble de la
contestation. Ce qui arrive, c'est que les gens du secteur privé, qui
eux, disent: Nous, on faisait tout à fait correct, ce qu'on veut, c'est
que si, dans la façon dont les hôpitaux comptabilisent, ils ont
raison, nous, comme employeurs, on veut être traités de la
même façon; donc vous nous redonnerez notre argent. Mais
ça, ça ne fait pas l'objet de contestations de... On s'entend,
là. Donc, elle dit que le nombre de contestations qu'il y a devant les
tribunaux présentement... J'ai dit la très vaste majorité,
ça peut être la quasi-totalité, c'est du secteur public, du
secteur hospitalier. Mais les autres employeurs qui ont entendu parler de cette
façon de comptabiliser là, disent: Si ça devenait la
façon de faire, on voudrait qu'on nous le permette à nous aussi
ou qu'on nous rembourse le trop versé. Mais ça, c'est l'aspect du
litige. C'est pour ça qu'on viendrait corriger ça avec
ça.
Mme Blackburn: C'est parce que les versements... D'abord, citons
le mémoire, M. le Président. «Mémoire au Conseil des
ministres, gouvernement du Québec, de M. Normand Cherry, ministre du
Travail. Objet: Modifications de la Loi sur les accidents du travail et les
maladies professionnelles. Novembre 1992.» Ce n'est pas la
députée de Chicoutimi qui a tiré ça de ses poches.
J'apprécie d'ailleurs de l'avoir reçu. Et ce que ça dit,
essentiellement, c'est que ces actions totalisent plus de 68 000 000 $
comprenant celles, évidemment, des hôpitaux et celles qui se
réclameraient du même droit pour, évidemment, recevoir une
espèce de retour de cotisation. Je pense que ça, ça
m'apparaissait assez clair. Le problème, le problème n'est pas
là. Ce que je dis et la question était claire... Vous me dites
que ça représentait 68 000 000 $, si vraiment on perdait devant
les tribunaux. Parce que la loi ne sera pas ¦ rétroactive. On
devra en accepter la nouvelle interprétation à partir de cette
année, mais elle ne sera pas rétroactive pour 1992. Est-ce que
c'est ça que j'ai compris?
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Cherry: Pour ces aspects techniques, par rapport à la
répartition de tout ça, je souhaiterais que celui qui est
responsable de l'application, M. Pierre Shedleur, de la CSST, puisse
répondre à ces technicalités-là, s'il vous
plaît,
M. le Président.
Le Président (M. LeSage): Alors, pour les fins
d'enregistrement du Journal des débats, si vous voulez vous
identifier, s'il vous plaît.
M. Shedleur (Pierre): Pierre Shedleur, de la CSST.
Le Président (M. LeSage): La parole est à vous, M.
Shedleur.
M. Shedleur: Pour les 68 000 000 $, ce sont des poursuites qui
sont devant les tribunaux qui touchent autant le secteur hospitalier que le
secteur privé. Bien sûr que si jamais on perdait la cause devant
les tribunaux il y aurait une décision à prendre: est-ce qu'on
fait une loi rétroactive ou est-ce qu'on applique le jugement? Mais
aussi, qu'est-ce qu'on fait avec les employeurs qui n'ont pas poursuivi la
CSST? Parce qu'au conseil d'administration on a passé une
résolution pour arrêter l'avalanche de poursuites contre la CSST
auprès des employeurs, en leur disant que si jamais la cause
était perdue, ou peu importe le résultat, on va s'assurer que
tous les employeurs du Québec vont être traités
équitablement. Parce que là, ce qui se produisait, c'est que les
poursuites arrivaient de partout. Et ça coûte une fortune, d'abord
aux employeurs, pour poursuivre - c'est très dispendieux - et, à
la CSST, pour se défendre. Alors, le conseil d'administration à
l'unanimité a passé une résolution - je n'ai pas le
numéro de résolution - qui disait que, une fois la cause
entendue, une fois que les tribunaux auront déterminé le sort de
cette cause, on va s'assurer à la fin que tout le monde va être
traité équitablement. Or, ça n'a pas été
défini ce que voulait dire «équitablement». Le
gouvernement, à ce moment-là, devra se poser la question: Est-ce
que le gouvernement ne rembourse que ceux qui ont poursuivi? Et, les autres qui
n'ont pas poursuivi, pour éviter une avalanche de poursuites devant les
tribunaux, qu'est-ce qu'on fait avec ces employeurs-là? Donc, il y a des
décisions qui restent à venir, suite à la décision
du tribunal.
Le Président (M. LeSage): Merci. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui. Dans les vérifications que vous avez
faites, tant dans le secteur public que privé, à savoir ce qui
était considéré comme un salaire brut, cotisable,
là, vous me dites, dans le secteur public, que c'est ceux qui
étaient en congé de maladie, sur l'assurance-maladie, qu'on
n'avait pas comptabilisés dans certains hôpitaux, et que
dorénavant on va le faire. Est-ce que les pratiques étaient
similaires dans la plupart... Est-ce qu'on a, par rapport aux primes de
séparation, par rapport aux salaires assurables, par rapport au temps
supplémentaire, parce que c'est généra-
lement les trois morceaux, je pense, du moins là-dessus, qui
représentaient l'écart entre ce qui était estimé
assurable ou cotisable par l'employeur... Comment ça se présente
dans le privé et quel secteur d'activité...
M. Shedleur: Ce qu'on a constaté, Mme Blackburn, c'est
que, dans le secteur privé, à notre grande surprise, on n'a pas
trouvé beaucoup d'erreurs. On était un peu étonnés.
Les employeurs étaient assez fidèles, dans le fond, dans leurs
déclarations, mais on en a trouvé un certain nombre.
La question de l'assurance salaire qui protège deux ans les
travailleurs, c'est particulier aux secteurs gouvernemental et
paragouverne-mental. Il y a peu d'entreprises privées qui assurent deux
ans elles-mêmes par autoassurance; ces sommes-là proviennent
souvent des compagnies d'assurances. Donc, automatiquement, elles ne sont pas
dans leur masse salariale parce que les remboursements faits à leurs
travailleurs proviennent, mettons, des compagnies d'assurances. Alors, c'est
pour ça qu'on a une exception dans la loi où on a
négocié, avec le secteur paragouvernemental, une exception pour
les mettre sur le même pied quand même que le secteur privé
à cet égard-là. Donc, dans le secteur privé, on ne
peut pas dire qu'on a trouvé de gros écarts. On en a
trouvé de toutes les sortes. Mais là, je ne pourrais pas vous
dire. Mais vraiment, le gros problème, on l'a eu dans le secteur
paragouvernemental, avec l'assurance salaire. Bien sûr que dans certaines
entreprises privées on a trouvé toutes sortes de petites choses,
mais, je veux dire, ça n'a pas été des montants
importants.
Mme Blackburn: O.K. Dans les..
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Chicoutimi, j'aimerais vous faire remarquer qu'il vous reste une minute au
temps qui vous est alloué pour les remarques préliminaires.
Mme Blackburn: Une dernière question, dans les salaires,
lorsque les assurances salaires sont détenues par des entreprises
privées, des compagnies, est-ce qu'il y a une cotisation prévue
lorsque ça ne fait pas partie de la masse salariale de l'entreprise?
M. Shedleur: Non, madame.
Mme Blackburn: Comment allez-vous fonctionner dans ces
cas-là?
M. Shedleur: On a un article de loi qui dit que pour les 105
premiers jours, si c'est autoassuré, ça va faire partie des
masses salariales et cotisables, que vous soyez au secteur gouvernemental ou
privé, mais que ce qui va excéder 105 jours, ça va
être exclu de la cotisation.
Donc, on sait que le secteur gouvernemental avait des
particularités, mais il faut aussi dire que dans le secteur privé
il y a des entreprises, de grandes entreprises, qui s'autoassurent et que ces
entreprises-là ont aussi des particularités comme le secteur
gouvernemental. Mais, en général, 105 jours, c'est à peu
près 3 mois...
Mme Blackburn: Donc, ça va être la règle.
M. Shedleur: Ça va être la règle. Ce qui est
important dans le projet de loi, c'est que les règles vont être
claires maintenant pour tout le monde. Ça va être
équitable, ça va être facile à vérifier parce
qu'il y a très peu d'exceptions et c'est pour des raisons
d'équité entre tous les groupes d'employeurs, comme le ministre
le mentionnait tantôt; sinon, il y a des employeurs qui paieraient la
facture pour les autres.
Mme Blackburn: Et les premiers à aller devant les
tribunaux, ça remonte à quelle date à peu près?
M. Shedleur: Ça a commencé en 1991. Je ne pourrais
pas vous dire exactement, je pense que c'était vers la fin de 1991, mais
l'avalanche est arrivée surtout en 1992.
Mme Blackburn: Et c'est rendu à quelle... C'est seulement
qu'en première instance, j'imagine.
M. Shedleur: C'est en Cour supérieure. Mme Blackburn:
En Cour supérieure.
M. Shedleur: Mais il y en a aussi devant les DRP, il y en a
partout, là. Tout le monde attend... Tout le monde protège ses
droits, comme vous savez. Alors, à ce moment-là, il y en a
beaucoup d'inscrits aussi aux bureaux de révision paritaire de la CSST
et il y a 458 actions devant la Cour supérieure. Comme vous le
mentionniez tantôt, c'était exact, l'évaluation qu'on en
fait est de 68 000 000 $ actuellement, et ça, c'est sans compter tout le
monde qui pourrait nous poursuivre.
Mme Blackburn: Excusez-moi. Combien de causes devant la Cour
supérieure?
M. Shedleur: 458 actions...
Mme Blackburn: 458.
M. Shedleur: ...devant la Cour supérieure.
Mme Blackburn: Mais c'est majoritairement avec... Il y a une
question qui m'inquiète, qui me préoccupe. Ça veut dire
que les hôpitaux qui se sont présentés devant la Cour
supérieure n'ont pas attendu qu'il y ait une cause d'entendue pour
que ça fasse jurisprudence. Parce qu'ils ne voulaient pas payer?
Comment est-ce qu'on explique qu'il y en ait 458 qui se soient
présentés devant les tribunaux, avec l'argent de la population,
là, avec vos impôts et les miens, là?
M. Shedleur: Mme Blackburn, les 458 actions, ce n'est pas juste
des hôpitaux.
Mme Blackburn: Non, mais c'est...
M. Shedleur: ii y toutes sortes... je ne pourrais pas vous dire,
je n'ai pas le chiffre, combien d'hôpitaux - on pourrait aller le
chercher...
Mme Blackburn: Non, je dis les hôpitaux, mais les secteurs
public et parapublic. (11 heures)
M. Shedleur: Mais il y a le secteur privé aussi. Ce qui
est arrivé... C'est un effet d'entraînement. Lorsque les gens ont
constaté qu'un secteur, le secteur hospitalier, gouvernemental,
s'était donné un droit qui n'allait pas avec les règles
qui avaient été écrites, bien, le secteur privé a
dit: Bien, nous autres, on va protéger nos droits et on va enregistrer
une poursuite contre la CSST, parce que le secteur hospitalier a
décidé, dans le fond, de se traiter comme ça. Mais nous,
on n'accepte pas le traitement actuellement que les hôpitaux ont fait par
rapport à ces déclarations de masse salariale là. Mais,
compte tenu que c'est devant les tribunaux, je ne vous dis pas qu'on ne fera
pas une entente hors cour, un jour, si ça peut régler le
problème, parce qu'il n'y avait pas nécessairement de la mauvaise
foi en arrière de ça. Je pense que c'est compliqué.
Mme Blackburn: J'y reviendrai, M. le Président, mon temps
est écoulé.
Le Président (M. LeSage): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M. le député de Drummond.
M. Jean-Guy St-Roch
M. St-Roch: Oui, M. le Président, je vous remercie.
J'aurai des questions d'ordre général qui
accéléreront probablement l'adoption du principe du projet de
loi. Je tiens à réitérer ce que j'ai dit au début,
lorsque le président a demandé s'il y avait consentement pour
dépasser 18 heures ce soir: J'aborde l'étude de ce projet de loi
avec ouverture d'esprit, en essayant de trouver des correctifs qui vont
corriger des situations problématiques, mais, en toute logique avec mes
signatures passées. Je déplore, au même titre que ma
collègue de Chicoutimi, parce que j'étais un des cosignataires du
rapport Poulin, que nous en soyons encore ce matin, avec toutes les raisons
valables, à corriger des parties de problématiques depuis quelque
temps au niveau de la CSST, au lieu de faire cette commission parlementaire
itinérante, comme on l'a toujours souhaité, à la grandeur
du Québec, pour faire en sorte qu'on puisse bâtir un service qui
est réellement un outil au service autant des travailleurs et des
travailleuses que des patrons.
Or, on sait les lacunes, et je ne reviendrai pas sur les grandes
problématiques, mais ce matin on a cette problématique-là.
J'apprends, en lisant les journaux, sur «Big Brother», sur toute la
centralisation des systèmes informatiques, que la CSST
s'apprêterait a dépenser 131 300 000 $ pour réformer ses
systèmes informatiques sur une base de sept ans. Or, on connaît la
situation financière de la CSST et je maintiens que c'est un des outils
de développement majeurs du Québec. Ça peut être un
outil de développement majeur, mais ça peut être un frein
aussi au niveau de la création d'emplois si, un jour, les proportions et
les déficits viennent hors proportion. Or, ceci étant dit,
j'espère, M. le ministre, que, dans les semaines et les mois à
venir, on pourra enclencher ce processus-là d'une vaste consultation
générale et, je répète, itinérante où
on pourra aller consulter, non pas seulement les grands intérêts
corporatifs, mais réellement les citoyens et citoyennes du Québec
sur la CSST.
Ceci étant dit, les questions que j'aurai à poser... La
première, ce ne sera pas une question, ça va être un
souhait. J'enviais ma collègue de Chicoutimi de nous citer le
mémoire. J'espère - et je m'adresse à vous, M. le
Président, et aussi au Secrétariat - qu'on fera une politique,
surtout pour les organismes paragouvernementaux, péripublics ou
parapublics, pour avoir une copie du mémoire qui est
présenté avant qu'on dépose le projet de loi. Ça
faciliterait drôlement la tâche de chacun des parlementaires
alentour de cette table ici, des deux côtés, pour comprendre la
logique, comprendre les justifications qu'il y a à l'intérieur
d'un projet de loi. Ça accélérerait notre processus et
ça nous permettrait aussi de mieux nous préparer.
Ceci étant dit, je maintiens aussi que, dans le monde de demain,
si on veut redonner crédibilité à nos institutions, je
m'attendrais que lorsqu'on présente un projet de loi il y ait
l'économie d'un projet de loi. Or, une de mes questions... J'apprenais
tout à l'heure, en vous écoutant, M. Shedleur, que, pour
administrer et en venir à ce projet de loi, les vérificateurs
sont passés de 20 à 70. Alors, ma première question: Quel
est l'effet de ce projet de loi sur les ressources humaines de la CSST? Est-ce
qu'il y a accroissement, oui ou non? Vous avez déjà
augmenté de 50 personnes au niveau de la vérification. Est-ce
qu'il y a une économie en prenant ce projet de loi? Est-ce que les
cotisations qu'on va en retirer vont compenser les dépenses qu'on a
établies?
J'aurais une troisième question à poser. Ce seront mes
remarques préliminaires aussi, M. le
ministre. À l'article 14 du projet de loi, je vais vous le
retrouver, on parle d'établir un règlement. Vous avez ça
à l'article 14 qui dit: «Ce règlement peut prévoir
des règles particulières pour l'application du deuxième
alinéa de l'article 315.» Est-ce que le règlement est en
voie de préparation? Est-ce qu'il est préparé? Puis, M. le
Président, je vais émettre un autre voeu: Que dans l'avenir on ne
doive pas, nous les parlementaires, être obligés de lire la
Gazette officielle du Québec pour voir s'il y a des
règlements produits par un organisme gouvernemental ou par un
ministère. Je pense qu'on devrait établir dans nos moeurs, ici
à la commission de l'économie et du travail, pour chacun des
ministères qui se rapportent à cette commission, que la
réglementation soit déposée à la commission. Et je
suis prêt à faire du volontariat pour regarder la
réglementation, pour s'assurer que finalement, en bout de piste,
à travers les mois, à travers les années, on n'arrive pas
avec de la réglementation qui va à l'envers de l'esprit du
législateur qu'il avait mis dans les pages de loi quelques années
auparavant.
Alors, c'est les questions que j'avais et, après la
réponse à ces questions-là, M. le Président, je
serais prêt, personnellement, à passer à l'étude du
projet de loi article par article.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le
député de Drummond. M. le ministre.
M. Cherry: Merci, M. le Président. Aux questions qu'a
posées notre collègue, le député de Drummond, dans
un premier temps, il n'y a pas d'ajout d'argent pour ces gens-là, c'est
une réaffectation, et les choses qu'ils découvrent, ça
n'augmente pas les coûts de la CSST. Parce que vous disiez
«qu'est-ce qui arrive avec ces 50 personnes additionnelles, ça
"a-t-u" un impact?». Évidemment, ce qu'ils découvrent
aussi, ce qu'ils perçoivent avec ça, ça a ça comme
résultat.
Pour votre question concernant la réglementation, elle n'est pas
prête, elle est en voie de rédaction au moment où on se
parle. Quand elle le sera, elle sera soumise au conseil d'administration
paritaire de la CSST. On s'adresse à un organisme paritaire, ici. Il
faut se souvenir de ça. Quand on étudiera, article par article,
vous conviendrez qu'on pourra à ce moment-là élaborer et
on verra que, comme la façon de comptabiliser ça était
rattachée à la façon dont le ministère du Revenu le
faisait, il y a un règlement qui existe au ministère du Revenu
qu'on est en train de calquer et qui sera la même façon de
comptabiliser. C'est la même chose.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Drummond.
M. St-Roch: Oui. La réponse de M. le ministre
soulève une autre question. Si on a réaffecté 50 personnes
au niveau de la vérification, vous me mentionnez, et je prends votre
parole, qu'il va y avoir des économies. Alors, au moins, les sommes
qu'on va récupérer vont compenser pour les salaires et les
bénéfices marginaux.
M. Cherry: Oui.
M. St-Roch: Est-ce que vous aviez prévu - je vais prendre
le terme anglais... je vais prendre le terme français - une clause
crépusculaire, M. le ministre? Parce que, à un moment
donné, on va avoir un effet de plateau où les
vérifications qui seront faites vont avoir un effet stabilisant et
ça va peut-être même devenir négatif si tous les
employeurs se conforment à la réglementation, aux lois et aux
règlements. Alors, 70 fonctionnaires, ça va peut-être
être trop. Est-ce que vous avez prévu un mécanisme pour
dire: Dans un an, dans deux ans, on va se rasseoir et on va
réétudier les économies, les coûts, les avantages et
bénéfices que nous aurons pour être capable de
réduire nos ressources humaines, pour garder, encore là, la CSST
compétitive?
M. Cherry: Merci, M. le Président. Pour répondre
à notre collègue, je lui rappellerai que le travail des 70
vérificateurs, leur rôle - peut-être qu'ils n'auront pas le
temps de tous les voir - c'est de visiter 170 000 employeurs au Québec.
Donc, il y a une tâche là qui va sûrement être mieux
faite, de façon plus efficace avec le nombre qu'il y a là. Mais,
bien sûr, au moment où on aura atteint le niveau de
perfectionnement qui permettra... Bien sûr, à ce moment-là,
l'organisme devra remettre en cause l'assignation de ces gens-là et
peut-être les relocaliser dans d'autres activités.
Évidemment, encore une fois, je le dis, 70 personnes pour faire le tour
de 170 000 employeurs au Québec, ça ne me semble pas
exagéré.
M. St-Roch: M. le Président, mais le problème... Je
suis d'accord avec vous, sur les statistiques et les comparaisons. Lorsqu'on
garde 70 personnes pour regarder 170 000, oui, on peut dire que c'est peu pour
la tâche à accomplir. Mais le problème que j'ai, moi,
à l'heure actuelle, lorsque je regarde la machine gouvernementale - et
les commentaires que je vais faire pour la CSST sont aussi vrais pour chacun
des ministères - on voit que, d'année en année, on grossit
et on arrive avec des proportions, comme on l'a vu dans l'autre commission
parlementaire où on m'a refusé mon droit de parole en tant que
député, où on a bafoué encore une fois la
démocratie, à la commission du budget, lorsqu'on regarde les
finances publiques, on s'aperçoit que, finalement, en bout de piste,
c'est la masse salariale qui est en train de s'accaparer de l'avantage de
chacun des dollars qu'on a de nos
citoyens et de nos citoyennes. Alors, le danger qu'on a, c'est de
grossir.
Et je vais faire le pont avec ce que je vois. Moi, que la CSST investit
131 300 000 $ pour rénover ses systèmes informatiques, je n'ai
aucune objection, parce que ma carrière, dans le privé, m'a
appris que l'utilisation judicieuse d'un système informatique est un des
bons moyens pour accroître notre technologie, accroître nos
renseignements, accroître notre qualité, notre excellence et pour
garder un frein aussi sur l'expansion de notre masse salariale qui fait que, en
bout de piste, on est moins compétitif. Alors, j'espère, moi,
qu'on aura la chance de voir les 131 300 000 $ au niveau de la CSST, à
un moment donné. J'espère que ça sera à l'occasion
des crédits qu'on pourra voir les effets positifs. Parce que ça,
c'est ce que je déplore. Quand je regarde l'ensemble de l'appareil
gouvernemental: on joue avec près de 1 000 000 000 $, on voit toujours
un accroissement, on ne voit pas les avantages et les bénéfices
d'épargne qu'on remarque dans le secteur privé. (11 h 10)
Alors, on aura l'occasion d'y revenir, mais toutes vos réponses,
M. le ministre, m'indiquent et me convainquent encore davantage qu'on se doit
d'avoir une commission parlementaire et, comme je dis, pas pour détruire
la CSST, pas pour sortir les faiblesses ou mettre quelqu'un au pilori. Ce n'est
pas ça qui a été l'intention du rapport Poulin qui en est
né. C'est d'être capable de dire qu'on va bâtir un
système où il va y avoir une crédibilité, où
les travailleurs et les travailleuses vont dire: Ça, c'est une
protection, je me dois de m'assurer que je n'en abuserai pas; où les
employeurs vont dire: Oui, c'est un outil de travail.. Parce qu'on oublie que
la CSST, c'est venu d'un droit de poursuite, qui a été
cédé, vous allez très bien vous le rappeler. Les
travailleurs et les travailleuses ont fait une grande concession à ce
moment-là. Moi, je vois évoluer le système d'année
en année. Je voudrais dire à un moment donné qu'il n'y
aura aucune crédibilité, autant de la partie patronale que de la
partie syndicale, et finalement, en bout de piste, il y a quelqu'un qui aura
à assumer à l'heure actuelle les 4 000 000 000 $. Est-ce que ce
sera l'ensemble des payeurs et payeuses québécois? Est-ce que ce
sera les travailleurs et les travailleuses? Et lorsque vous regardez les
coûts de développement, le coût de création d'emploi,
bien, tôt ou tard, lorsqu'un investisseur fait la balance, bien, si
ça vient hors de proportion, on vient de se mettre un boulet qui est
peut-être non apparent immédiatement, mais dans les mois, les
années à venir, qui va empêcher notre
développement.
Je suis prêt, M. le Président, à procéder, et
j'espère que M. le ministre nous annoncera, dès le 9 mars, une
déclaration ministérielle nous disant les dates et
l'échéancier d'une commission parlementaire.
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Cherry: M. le Président, je vais tenter de
répondre pour l'ensemble du traitement qu'en a fait notre
collègue de Drummond. Dans un premier temps... Pas nécessairement
parce que je vais y répondre dans l'ordre qu'il les a soulevées,
mais juste dans l'ensemble. Selon les informations qui me sont fournies par
rapport aux 131 000 000 $, on me dit qu'il y en aurait 60 000 000 $ qui
seraient déjà de l'autofinancement. Donc, il n'y aurait que 71
000 000 $ répartis sur la période. M. Shedleur pourra traiter de
l'importance du système informatique. Je pense que l'organisme qu'est la
CSST est probablement le principal... Il y a quoi, la Caisse Desjardins qui est
plus grosse que nous autres au Québec, par rapport aux besoins qu'on a
là-dessus.
Deuxième chose que vous avez soulevée, et je suis content
que vous l'ayez fait, M. le député de Drummond, vous dites que
c'est une entente qui est arrivée entre patronat, entre travailleurs et
employeurs en 1931. Avant cette date-là, lorsqu'un employeur
était poursuivi et trouvé coupable de l'accident, de la
mortalité ou de l'incapacité, il pouvait être poursuivi
comme entreprise, avec le résultat que, dans certains cas, ça
mettait en péril l'ensemble de l'entreprise et d'autres travailleurs et
travailleuses perdaient leur emploi du fait que leur employeur se trouvait
reconnu coupable. Donc, il y a eu une entente en disant: On ne poursuivra pas,
en échange de quoi ça fera partie de la responsabilité des
employeurs de cotiser à même la masse salariale. C'est ça
qui fait qu'on a une loi comme ça, qui fonctionne. Il y a des gens qui
l'oublient et je suis content que vous offriez l'occasion de le rappeler.
Ça fait partie... C'est ce qui permet à des employeurs de
connaître en général le coût que ça va avoir
et qu'ils peuvent insérer dans leur coût quotidien, ce qui fait
qu'il est compétitif, qu'il est vrai pour tout le monde. Donc,
ça, c'est dans un premier temps.
Vous avez aussi fait un commentaire, et je me permets de le dire parce
qu'on se connaît assez bien pour ça, vous avez souligné -
c'est vous qui l'avez dit, je n'ai pas été témoin de
ça - que dans une autre commission parlementaire, hier soir, on vous
aurait refusé un droit de parole.
M. St-Roch: La semaine passée.
M. Cherry: Ah! La semaine passée. Mais je vous connais
assez bien pour savoir que si vous avez eu, selon vous, des difficultés
là, vous ne transposerez pas ça à cette commission. Je
vous connais assez bien pour savoir que ce n'est pas là votre intention,
mais ça vous a fait plaisir de profiter de la tribune de ce matin pour
le rappeler.
M. St-Roch: Je suis content de réaliser que
vous admettez finalement que vous et moi on est politiciens et il y a
des tribunes qu'on prend pour s'exprimer librement. D'ailleurs, M. le ministre,
je vous ai déjà signalé que j'étais prêt
à commencer à l'article 1.
Concernant vos remarques, M. Shedleur pourrait nous expliquer les
coûts de l'informatique. Loin de moi de vouloir prétendre qu'on
fait de l'obstruction. Ce que je suggère, M. le Président, je
prends bonne note... Lorsqu'on fait l'étude des crédits il est de
tradition normalement d'avoir la CSST. À ce moment-là, M.
Shedleur pourra se préparer et nous faire peut-être une petite
synthèse. Ça nous aidera, nous, à mieux nous
préparer aussi en recevant ça et on sera plus en mesure de lui
poser des questions intelligentes sur l'étude des crédits.
Mme Blackburn: La commission parlementaire à quand? Parce
que c'était la dernière question du député de
Drummond.
M. St-Roch: Bien, j'avais fait un souhait, madame. En toute
honnêteté, Mme la députée de Chicoutimi, j'avais
fait le souhait que M. le ministre nous annoncerait, par déclaration
ministérielle, le 9 mars, la tenue d'une commission parlementaire.
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Cherry: J'espère qu'en ce qui concerne la date,
premièrement, vos espoirs ne sont pas trop élevés - le 9
mars. Et, dans un deuxième temps, M. le Président, nous avons
voté une loi s'appliquant à la gestion de la CSST, la loi 35, qui
n'est entrée en vigueur que depuis le 1er novembre 1992, donc, il y a
à peine deux mois et demi, et en laquelle j'ai mis
énormément d'espoir. Mais, évidemment, ça ne se
fera pas sans la contribution des parties. Mais on sent, de plus en plus, une
volonté de contribuer à la médiation, à la
conciliation, à toute cette volonté d'identifier les
problèmes et de les solutionner et j'ai bien confiance que quand on aura
une année complète de performance on pourra noter ensemble une
amélioration sensible, ce qui n'empêche pas les
responsabilités quotidiennes de l'organisme de s'assurer d'identifier
les problèmes et de les solutionner. Des fois, en partie, par de
l'informatique, mais il pourrait y avoir aussi de la formation du personnel, il
pourrait y avoir un tas de choses qui font que, finalement, l'organisme aura
une perception plus positive vis-à-vis de la clientèle à
qui elle veut rendre service. Il pourrait être identifié, comme on
en a fait rapidement état, vous et moi, que ça contribue aux
mieux-être puis à l'essor économique de l'ensemble d'une
collectivité. Ça rend plus égal, en autant que chacun
l'applique de la même façon, chacun fait de la prévention,
comme il se doit, chacun identifie... C'est un tout. Il ne s'agit pas de tenter
d'en soulever et dire: Ah! voilà la cause. Il y a là une
volonté qui doit être exprimée par l'ensemble des parties.
D'ailleurs, on se souvient tous que la base même de cette loi-là,
c'est le paritarisme. C'est basé sur la volonté des parties de le
faire. Donc, au degré où les parties acceptent leurs
responsabilités, bien sûr, on pourra mesurer le succès de
l'application de la nouvelle législation.
Étude détaillée
Taux d'intérêt applicable aux sommes
perçues ou versées par la CSST
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre. Alors,
s'il n'y a pas d'autres remarques préliminaires, j'appelle l'article 1
du projet de loi 71, qui se lit comme suit:
L'article 60 de la Loi sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles (L.R.Q., chapitre A-3.001) est modifié par le
remplacement, dans les cinquième et sixième lignes du
troisième alinéa, des mots «déterminés
conformément à l'article 323, à compter du premier jour de
retard» par les mots «dont le taux est déterminé
suivant les règles établies par règlement. Ces
intérêts courent à compter du premier jour de retard et
sont capitalisés quotidiennement». M. le ministre.
M. Cherry: Cette modification, M. le Président,
prévoit que le taux d'intérêt applicable au remboursement
qui est fait à l'employeur par la Commission, en vertu de cet article
sera dorénavant celui déterminé par la Commission et par
règlement. Actuellement, la Commission applique un taux qui est
déterminé par le ministère du Revenu et qui est en vigueur
le 30 septembre de l'année précédente, et elle applique un
seul taux, et ce, pour toute l'année. Quand on connaît maintenant
les fluctuations, qu'est-ce que ça peut vouloir dire? Ainsi, pour 1992,
la Commission applique un taux annuel de 13 %, alors que le taux
appliqué par le ministère du Revenu pour le dernier trimestre de
l'année 1992 était de 9 %. Donc, le but de ça, c'est de
corriger.
Alors, la modification proposée prévoit ainsi la
capitalisation quotidienne de l'intérêt, ce qui n'est pas le cas
actuellement. Ceci permettra à la Commission d'harmoniser ses pratiques
avec celles des marchés financiers et certains organismes
gouvernementaux auxquels je référais tantôt, tels que le
ministère du Revenu et la Société de l'assurance
automobile du Québec. Cela incitera encore davantage la Commission
à maintenir un traitement rapide des dossiers. (11 h 20)
Et si je peux me permettre juste un exemple, je prends ce que j'ai
illustré: 13 % par rapport au taux de 9 %. Supposons qu'un employeur
aurait versé en trop de l'argent, qu'il se serait servi de ça
pour quasiment faire de l'économie, à la fin de l'année,
basé sur un taux
de 13 %, il retirerait plus d'argent!
Une voix: C'est un bon placement.
M. Cherry: Donc, comme ça ne doit pas servir à
ça, c'est pour ça qu'on suggère de s'enligner sur la
façon dont c'est comptabilisé au ministère du Revenu, au
trimestre, et d'ajuster ça de cette façon-là. Tu sais,
ça ne peut pas être un endroit pour placer de l'argent. Donc, il
faut le faire comme ça. Quand la CSST devra quelque chose
également aux bénéficiaires, les décisions qui
s'appliqueront de façon rétroactive, de la même
façon on appliquera ça. Quand on perçoit de l'employeur ou
quand on verse à l'employeur ou au bénéficiaire, il faut
que ce soit le même taux, qui est connu.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a des commentaires?
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Une question. La règle actuelle en ce qui
concerne les redevances à l'endroit des bénéficiaires,
lorsqu'une cause est réglée fort longtemps après qu'elle
fut portée devant une instance ou l'autre, les taux
d'intérêts qui étaient applicables aux redevances à
l'endroit des bénéficiaires étaient établis de
quelle manière? Finalement, il y avait deux règles à ce
que je comprends.
M. Cherry: Est-ce que je peux demander de répéter
votre question sur cet aspect technique?
Mme Blackburn: Les taux d'intérêts sur les
redevances à l'endroit des bénéficiaires, lorsqu'on
règle après une instance, j'imagine qu'il y a un taux
d'intérêt qui a dû courir par rapport au salaire qui aurait
dû être versé et qui ne l'a pas été, par
exemple. Alors, c'était établi de telle manière, ce taux
d'intérêt?
M. Shedleur: C'est à l'article 323.
Le Président (M. LeSage): M. Shedleur...
M. Shedleur: Excusez-moi!
Le Président (M. LeSage): ...c'est à vous.
M. Shedleur: merci. si on appliquait l'article 323, en
l'occurrence, 13 %.
Mme Blackburn: D'accord.
M. Shedleur: Donc, il n'y avait pas de calculs trimestriels. Il y
avait juste un taux, autant pour les montants qu'on payait que pour les
montants qu'on recevait. C'est ça qu'il faut corriger, comme M. le
ministre vient de le mentionner, parce qu'on s'en venait une bonne institution
financière peut-être pour placer de l'argent. Ou l'inverse. Parce
que ça pourrait être l'inverse: un jour, le taux pourrait
être très bas et il y aurait une flambée de taux
l'année d'après. Ce serait l'inverse: on ne donnerait
peut-être pas assez à l'employeur ou au travailleur. Donc, il y
avait un problème par rapport au marché financier, au vrai
vécu, dans le fond.
Mme Blackburn: Est-ce que cette modification entraîne des
pertes pour la CSST?
Le Président (M. LeSage): Allez-y, M. Shedleur.
M. Shedleur: Non, madame, il n'y a pas de pertes.
Mme Blackburn: Mais pourquoi, dans le mémoire que vous
avez présenté, il est dit: «Implication financière.
Le présent projet de loi n'a pas d'impact financier pour la CSST compte
tenu de la mécanique même de financement. Toutefois, les
modifications proposées en regard des intérêts
entraîneront une diminution du revenu net d'environ 2 000 000 $.»
C'est vrai que 2 000 000 $ sur 1 000 000 000 $ ce n'est pas gros. Je suis
d'accord avec vous, là, mais quand même...
M. Shedleur: Sur 2 000 000 000 $, madame. Donc, à ce
moment-là...
Mme Blackburn: 2 000 000 000 $, parce qu'il y en a un qui vient
de...
M. Shedleur: Je m'excuse d'être obligé de dire
ça, mais 2 000 000 $, pour nous, sur 2 000 000 000 $, vous comprenez que
ce n'est pas beaucoup. Et c'est hypothétique, parce que quand on vit
l'année réelle, les 2 000 000 $ peuvent tomber à moins 100
000 $ et ça peut passer à 1 000 000 $. Nous, on dit que c'est
marginal à ce moment-là, je veux dire, sur 2 000 000 000 $.
Mme Blackburn: comme le taux d'intérêt va baisser
par rapport aux indemnités à l'endroit des
bénéficiaires, est-ce que ça a été
calculé aussi?
M. Shedleur: Bien, il n'y a pas de baisse. C'est qu'on va
s'ajuster, madame, par rapport au marché. Comme je vous le dis, il va y
avoir une différence avec la mécanique qui existait
auparavant...
Mme Blackburn: D'accord.
M. Shedleur: ...mais maintenant on va faire
des calculs trimestriels et on va ajuster le montant qu'on doit au
travailleur en fonction vraiment de la perte d'intérêts qu'il y a
eu...
Mme Blackburn: Réelle.
M. Shed leur: ...et l'employeur aussi.
M. Cherry: Jean, si tu permets. Prenons ça si on ne
modifiait rien... Disons que les taux d'intérêts, cette
année, sont bas. S'ils connaissaient une flambée l'an prochain,
les taux d'intérêts, comme on prendrait le taux de cette
année pour payer le bénéficiaire l'an prochain, on ne lui
verserait pas tout l'argent auquel il aurait droit parce qu'on n'aurait pas
changé la façon. Donc, ça va dans les deux sens.
Évidemment, si on compare l'an passé à cette année,
ça va en diminuant, mais si, l'an prochain, les taux
d'intérêts augmentaient et qu'on continuait à comptabiliser
sur la formule de cette année, les gens diraient: Je n'ai pas ce
à quoi je suis en droit de m'attendre. C'est pour ça qu'il faut
le corriger, pour le mettre à tous les trois mois.
Mme Blackburn: Moi, ça va. Il n'y a pas de
problème. Je voulais juste savoir, comme vous avez fait une
évaluation des pertes de la CSST de 2 000 000 000 $, je me demandais si
vous aviez pris en compte, à ce moment-là, les économies
réalisées du fait que l'intérêt versé aux
bénéficiaires était sur la même base. J'imagine que
oui?
Le Président (M. LeSage): M. Shedleur.
M. Shedleur: Merci, M. le Président. Je pense qu'on
calcule nos taux et on les dépose au conseil d'administration au mois de
juin. Lorsqu'on a fait nos calculs de taux, à l'époque, ce projet
de loi n'était pas sur la table. Donc, on n'a pas pu prendre en compte
l'économie ou les coûts supplémentaires. Donc, pour le
prochain tour, pour 1994, pour le mois de juin prochain, on va tenir compte de
ce projet de loi pour tenir compte du taux moyen de la CSST.
Le Président (M. LeSage): Ça va, Mme la
députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: Une autre question. Il est indiqué
«dont le taux est déterminé suivant les règles
établies par règlement». On retrouve, dans le
présent projet de loi qui a 25 articles, des références
à «par voie de règlement», à
«réglementaire», dans la plupart des articles. Moi, je me
rappelle - le ministre en a parlé tout à l'heure - que ce
gouvernement, dans sa première plate-forme électorale, avait
déclaré haut et fort qu'on déréglementerait. Finies
les lois qui seraient assorties de multiples règlements, ce qui fait
que, par exemple, quand vous arrivez à gérer une activité
quelconque... Cette loi en particulier, j'aimerais que M. Shedleur me dise
quelle épaisseur ont les règlements qui touchent les deux lois de
la CSST et la Loi sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles. Ça doit faire probablement un mètre de haut,
puis je n'exagère pas, je suis certaine. Je vois les gens de la CSST,
ils savent que j'ai raison. Et là, on vient juste en ajouter un peu
plus.
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
Mme Blackburn: Alors, d'un discours, que je partageais, à
la réalité, il y a un monde. Ils avaient même adopté
une loi, en 1986, supposée faciliter la déréglementation.
On n'en a jamais tant vu. Je sais que mes collègues des deux
côtés savent que c'est vrai, à part ça. Comment se
fait-il qu'on se trouve piégés là-dedans et, qui plus est,
de plus en plus de règlements entrent en vigueur dès leur
publication? Si on appelle ça de la transparence... Je veux dire, il
faut que tu t'accroches au journal, à la Gazette officielle pour
savoir ce qui se passe. Parce que, tenez-vous bien, il y en a. Ils sont en
nombre croissant et puis, quand ils sont publiés, ils entrent en
vigueur. Ça vous donne une idée que c'est plutôt difficile
d'aller contester. Ce n'est pas difficile, c'est impossible.
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Cherry: Merci, M. le Président. Dans un premier temps,
il faut se rappeler que, quand la loi a été conçue, elle
prévoyait l'arrivée de nombreux règlements parce que,
autrement, il faudrait imprimer des lois... Donc, on prévoyait qu'il y
en aurait. Dans ce cas-ci, il s'agit de faire un règlement qui est
simple, qui va faciliter la compréhension et des employeurs et des
travailleurs et travailleuses. Il ne s'agit pas de faire quelque chose de
compliqué, il s'agit de faire quelque chose de façon simple pour
leur permettre de savoir, premièrement, s'ils doivent payer, à
quel taux ils doivent payer et, s'ils doivent percevoir, à quel taux ils
doivent percevoir. Donc, ça me semble une réglementation qui est
simple à expliquer.
Deuxièmement, je pense à un argument important dans
celle-là, M. le Président, c'est que ce projet de loi nous vient
d'une demande des parties. Le paritarisme a joué son rôle, et
c'est à la demande unanime du conseil d'administration; tous les deux
ont dit: Voici une façon qui faciliterait notre rôle à
jouer dans l'exercice de cette loi. Et ça découle de ça.
Ça a fait l'objet d'une recommandation unanime à la CSST, partie
tant patronale que syndicale.
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui, alors, s'il y a une telle unanimité,
pourquoi est-ce qu'il n'y a pas
prépublication? Parce que ce sera toujours le problème,
vous ne me ferez jamais avaler... Vous allez me parler du caractère
d'urgence. La différence, c'est 45 jours, et du moment où il y a
une clause de rétroactivité ça ne joue pas, votre affaire.
Le problème, c'est qu'il y a une question de transparence. On ne peut
pas accepter, dans les règles parlementaires actuelles, que les
règlements prennent une importance presque plus grande que la loi parce
qu'ils viennent interpréter une loi, et que ça puisse entrer en
vigueur sans qu'il y ait possibilité, pas que ça se fasse
automatiquement et systématiquement, mais qu'il y ait possibilité
pour quelqu'un qui y voit un trou, une faille, une difficulté... Et Dieu
sait que vous n'êtes pas à l'abri et nous autres non plus; si on
était à l'abri des difficultés et des failles qu'on laisse
dans les lois, on ne passerait pas notre temps à les corriger.
Ça, ce n'est pas le privilège d'un gouvernement, quel qu'il
soit.
Compte tenu de ça, pourquoi se retrouve-t-on devant tant de
règlements - et ça, c'est vrai dans toutes les lois qu'on a
adoptées au cours des dernières années - qui entrent en
vigueur dès leur dépôt, avec le résultat,
évidemment, que ça ne donne pas la chance à ceux qui
auraient des objections, qui auraient des propositions de bonification et
d'amélioration, de les faire passer? Là, on va me dire: Ah, ce
n'est pas pareil, ce cas-là, on a l'unanimité. Je veux bien qu'on
ait l'unanimité. On ne l'a pas eue au Conseil des ministres,
certainement. Il faut voir comment ça s'est passé à
l'occasion de la dernière session. N'en déplaise au ministre,
c'est la faute de son leader si ça n'a pas été
adopté avant le 21 décembre... Puisque le principe avait
été adopté le 21, on pouvait adopter la loi le 22. (11 h
30)
Cela dit, pourquoi nous retrouvons-nous encore dans ce projet de loi
avec des règlements qui entreront en vigueur dès leur adoption et
sur lesquels il n'y aura pas de consultation possible?
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Cherry: Dans un premier temps, M. le Président, notre
collègue a sans doute oublié, dans mes remarques
préliminaires j'ai indiqué que, à cause des mesures
transitoires qui se trouvaient dans le projet de loi au mois de décembre
et qui, maintenant, seront retirées, donc, ça ne s'applique pas
de cette façon-là. Dans un deuxième temps, le
règlement dont vous traitez aujourd'hui fera l'objet d'une
décision au conseil d'administration de la CSST autour de laquelle table
siègent 18, 20 personnes qui représentent l'ensemble des
organismes tant patronaux que syndicaux au Québec. Et là, je dois
répondre qu'en vertu du projet de loi qu'il y a devant nous ce matin il
y aura, on me dit, prépublication de 60 jours. Donc, dans ce cas-ci, il
n'est pas question d'entrée en vigueur du règlement
immédiatement au moment où il est publié. Ça fera
l'objet d'une décision du conseil d'administration de la CSST. Il y aura
prépublication de 60 jours. Donc, dans ce cas-ci, la transparence est
totale: les parties décisionnelles, dans un premier temps, et
deuxièmement, prépublication pour qu'on puisse en prendre
connaissance. Les gens qui veulent porter à l'attention s'il y avait des
choses...
Mme Blackburn: Le règlement découlant de
l'article...
M. Cherry: L'article 22 va être retranché aussi.
Ça fait partie de tout ça, là.
Mme Blackburn: ...1, vous dites donc qu'il va être
prépublié.
M. Cherry: Oui.
Mme Blackburn: D'accord.
Le Président (M. LeSage): Ça va, Mme la
députée de Chicoutimi? M. le député de
Drummond.
M. St-Roch: Juste brièvement, oui, dans ce cas-là,
M. le ministre, vous avez raison; s'il est prépublié, s'il y a 60
jours, il y aura transparence. Mais je maintiens, moi, que de plus en plus, si
des parlementaires veulent jouer une de leurs missions fondamentales qui est
celle d'être contrôleurs de l'appareil gouvernemental, un jour, il
va falloir que les règlements... Sans accroître le délai et
en admettant qu'on ne peut pas tout mettre dans une loi, en admettant aussi que
si on veut être efficace, si on veut avoir l'excellence, il faut avoir un
outil pour pouvoir modifier, là, des lois ou les adapter d'une
façon rapide. À tout le moins, ça devrait être une
loi, et j'espère que le député de Drummond en parrainera
une, un projet de loi qui modifiera la loi pour obliger les commissions
parlementaires à regarder les règlements pendant la
période où ils sont publiés dans la Gazette officielle.
À ce moment-là, il n'y aura pas de surprise pour personne. On
n'accroît pas les délais: dans les 45 jour ou 60 jours, la
commission parlementaire est obligée de se réunir, de regarder
les règlements et, j'irais plus loin, de faire des recommandations
aussi, s'il y a lieu de le faire. Alors, c'est juste une remarque
d'intérêt général. J'espère que nos travaux
de ce matin, M. le ministre, parce que ça va nous donner la chance de
faire ces points-là, seront entendus par l'exécutif et qu'on
pourra avoir un projet de loi. Sinon, on le fera.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le
député de Drummond. Des commentaires, M. le ministre? Est-ce que
l'article 1 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. LeSage): Adopté. J'appelle donc
l'article 2 qui se lit comme suit: 2. l'article 90 de cette loi est
modifié par le remplacement du deuxième alinéa par le
suivant: «Le taux de ces intérêts est
déterminé suivant les règles établies par
règlement. Ces intérêts sont capitalisés
quotidiennement et font partie de l'indemnité.» M. le
ministre.
M. Cherry: M. le Président, vous vous souviendrez de mes
remarques préliminaires, je disais que c'était dans deux blocs.
On va retrouver ça de façon constante, partout où il faut
percevoir et où il faut payer. Alors, cette modification prévoit
que le taux d'intérêt applicable au montant de l'indemnité
pour dommages corporels auquel a droit un travailleur sera celui
déterminé par la Commission, par le règlement. On y
prévoit aussi la capitalisation quotidienne de cet intérêt.
Par ailleurs, la situation reste la même quant au fait que les
intérêts font partie de l'indemnité, de sorte qu'ils
demeurent insaisissables et non imposables. On ne touche pas aux
bénéfices, on l'avait dit au commencement.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre. Des
commentaires? Alors l'article 2 est adopté. J'appelle l'article...
Mme Blackburn: Un instant. Adopté...
Le Président (M. LeSage): Ça va, Mme la
députée de Chicoutimi? L'article 2 étant
adopté...
Mme Blackburn: ...M. le Président.
Le Président (M. LeSage): ...j'appelle l'article 3 qui se
lit comme suit: 3. l'article 135 de cette loi est modifié par le
remplacement du deuxième alinéa par le suivant: «Le taux de
ces intérêts est déterminé suivant les règles
établies par règlement. Ces intérêts sont
capitalisés quotidiennement et font partie de l'indemnité.»
M. le ministre.
M. Cherry: Cette modification, M. le Président,
prévoit que le taux d'intérêt applicable au montant de
l'indemnité auquel a droit un bénéficiaire à
compter de la date du décès d'un travailleur sera celui
déterminé par la Commission par règlement. Ces
intérêts - toujours la même chose - sont ainsi
capitalisés quotidiennement et continueront à faire partie de
l'indemnité, de sorte qu'ils puissent demeurer insaisissables et non
imposables.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Et ces taux d'intérêts pour lesquels
on prévoit, là, en cas de décès, parce que c'est
l'article 135... C'est ça? C'est en cas de décès. Est-ce
qu'il y aurait une règle... J'imagine que la règle du taux
d'intérêt sera calculée en fonction des périodes.
Par exemple, vous avez une période à 10 %, à 8 %, à
9 %. Il y a des moyennes établies, là...
Une voix: C'est ça.
Mme Blackburn: ...selon les... Mais ça, il n'y a rien qui
nous le garantit. Un règlement pourrait juger que dorénavant le
taux d'intérêt versé, indépendamment des taux
d'intérêt en cours, pourrait être de 6 %. Il n'y a rien qui
interdirait ça, parce que, comme c'est un règlement interne... Je
m'excuse, c'est un règlement du gouvernement, sauf qu'il est
proposé et rédigé par la CSST. Le gouvernement pourrait
décider dorénavant, bon, qu'on ne verse pas cette...
M. Cherry: II faut se rappeler, M. le Président, à
chaque fois qu'on parle du projet de. la CSST, que cette
réglementation-là fera d'abord l'objet d'un débat au
conseil d'administration où les parties syndicales sont aussi
présentes, sont un des partenaires. Donc, bien sûr qu'ils
n'accepteraient pas de recommander qu'on paie de façon moindre des
bénéfices de décès à quelqu'un. Il me semble
que c'est... Il s'agit de l'établir. Mais vous avez raison pour l'autre
partie. Si ça couvrait une période dans laquelle il y a plusieurs
trimestres, donc, il faudrait comptabiliser en fonction du taux
d'intérêt payable pour chacune de ces périodes.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre.
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'article 3 est
adopté. J'appelle l'article 4, qui se lit comme suit: 4. L'article 261
de cette loi est modifié par le remplacement du deuxième
alinéa par le suivant: «Le taux de cet intérêt est
déterminé suivant les règles établies par
règlement. Cet intérêt est capitalisé
quotidiennement.» M. le ministre.
M. Cherry: M. le Président, on en a parlé
tantôt. Cette modification prévoit que le taux
d'intérêt applicable à la somme due par l'employeur au
travailleur, suite à une ordonnance rendue dans le cadre d'une plainte
portée en vertu de l'article 32 de la loi - mesures disciplinaires
illégales, par exemple - ou d'une demande d'intervention à la
Commission pour l'exercice du droit de retour au travail d'un travailleur
victime d'une lésion professionnelle sera celui déterminé
par la Commission, par
règlement. Là aussi l'intérêt sera
capitalisé.
Mme Blackburn: Pour faire suite au voeu exprimé par le
député de Drummond, est-ce qu'on peut avoir copie du projet de
règlement?
M. Cherry: J'ai indiqué tantôt qu'il était en
voie de rédaction, mais qu'il ne l'est pas. Et qui...
Mme Blackburn: On ne sait pas où on s'en va, là. On
adopte la loi, là... J'imagine que vous avez fait les calculs?
M. Cherry: On sait où on va, on sait qu'on va le faire et,
évidemment, j'ai indiqué tantôt, dans mes remarques
préliminaires, qu'on a l'intention de s'aligner sur la façon dont
le font le ministère du Revenu et la Société de
l'assurance automobile du Québec. C'est déjà un
règlement, mais qui, celui-là, sera proposé au conseil
d'administration et, après ça, applicable pour que le plus
d'organismes gouvernementaux possible, M. le Président, procèdent
en uniformité, ce qui devrait, il me semble, faciliter...
Mme Blackburn: Dans la loi actuelle, l'article 261 dit:
«Lorsque la Commission ordonne à l'employeur de verser au
travailleur l'équivalent du salaire et des avantages dont celui-ci a
été privé, elle peut aussi ordonner le paiement d'un
intérêt, à compter du dépôt de la plainte ou
de la demande d'intervention, sur le montant dû.» Pourquoi ce n'est
pas «elle doit»?
M. Cherry: Je vous demanderais... Oui. C'est parce que
là...
Le Président (M. LeSage): Oui. Certainement, M. le
ministre. Alors, pour répondre à cette question, nous
cédons la parole à M. Shedleur.
M. Shedleur: Mme Blackburn, moi, je n'étais pas là
lors de l'adoption de la loi 42; ils ont indiqué «elle
peut», alors nous, on applique «elle peut». Alors, ce n'est
pas «elle doit». Parce qu'il peut y avoir toutes sortes de cas de
litige qui méritent peut-être des discussions. Là, il
faudrait revenir aux législateurs de l'époque et aux gens,
là, pourquoi ils avaient préféré «elle
peut» à la place de «elle doit». Alors...
Mme Blackburn: Est-ce que la Commission le fait de façon
systématique?
M. Shedleur: Ah bien oui...
Mme Blackburn: Est-ce qu'elle considère qu'elle doit ou
qu'elle peut?
M. Shedleur: Bien, actuellement, je pense bien que ça doit
être «elle doit». «Elle peut» doit
être...
Mme Blackburn: Alors ça, ça vient illustrer qu'on
aurait dû regarder la loi de façon correcte, parce que c'est le
genre de modifications... On est en train de modifier la loi. On aurait
peut-être pu modifier cet article-là aussi. Évidemment, il
aurait fallu que ça fasse partie des notes explicatives, puis...
M. Shedleur: C'est parce que... (11 h 40)
Mme Blackburn: Là, vous allez me dire que ce n'est pas
là qu'on va le modifier, puis ça a des incidences
financières et on ne peut pas accepter de modifications qui viendraient
de l'Opposition. Mais au-delà de ça, ça vient illustrer
que... Je pense qu'il faudrait revoir la loi.
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Cherry: De la même façon, M. le Président,
la raison pour laquelle il y a un projet de loi devant nous ce matin, c'est
qu'à l'application puis à l'exercice de l'application de la loi
on a découvert qu'il y avait quelque chose. Quand les parties ont
découvert qu'il y avait quelque chose, ils nous ont proposé une
façon de corriger. Il semble qu'à date ça n'ait pas fait
l'objet de contestation. Donc, il semble que l'intention du législateur,
dans l'application quotidienne, est respectée.
Mme Blackburn: Alors, le ministre va me répondre, parce
qu'on est là pour avoir des réponses: Est-ce qu'il y a des cas
où la Commission estime qu'elle n'a pas à demander que les
intérêts soient versés?
Le Président (M. LeSage): M. Shedleur, est-ce que vous
voulez répondre?
M. Shedleur: Merci, M. le Président. Là, ça
dépend des cas. Je veux dire, je n'ai pas apporté avec moi tous
les cas possibles. Nous, on a respecté la loi qui dit «elle
peut». J'ai vérifié avec mes collègues qui sont ici.
On n'a pas en tête de cas qu'on aurait refusés. C'est des cas
quand même très particuliers, des cas de congédiement ou
des cas de mesures disciplinaires illégales. Ça ne pleut pas,
quand même. Je pense que c'est des cas très particuliers et la
raison pour laquelle on n'a pas touché à ça, c'est qu'on
ne voulait pas toucher aux bénéfices. C'est une loi qui ne touche
pas aux bénéfices, qui n'en coupe pas et n'en additionne pas. De
mettre le doigt, ça aurait pu être perçu - je dis bien
«peut-être», je ne sais pas - par la partie patronale comme
un ajout de bénéfices. Donc, l'approche qui a été
amenée dans ce projet de loi, c'est un projet de loi d'ordre technique
pour ne corriger qu'un problème technique qui était de
déterminer le taux d'intérêt. On n'a pas voulu
toucher aux bénéfices, ni à la hausse ni à la
baisse. En mettant «elle doit», bien, ça aurait pu
être perçu autrement.
Mme Blackburn: Mais, comme vt>us avez touché au taux de
cotisation par la masse salariale assurable, vous n'allez évidemment
pas... Bien, vous prévoyez même toucher au taux de cotisation.
M. Shedleur: Si je peux me permettre, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): Allez-y, M. Shedleur.
M. Shedleur: Merci. Il n'y aura pas de baisse de taux parce que
le projet de loi n'a pas été adopté en 1992. Il n'est pas
effectif au 1er janvier 1993, il va être effectif le 1er janvier 1994. M.
le ministre ici présent va vous proposer de retrancher un certain nombre
d'articles, tantôt. Alors, je pense que le projet de loi actuel ne baisse
pas les taux d'unités. Comme M. le ministre l'a mentionné, les
taux ont même monté de 10 % cette année, de 2,50 $ à
2,75 $. On ne prévoit pas de baisse, il n'y a pas de perte de revenu
dans ce projet de loi là, rien.
Mme Blackburn: Puisque vous parlez de ça, la masse
salariale assurable dans le rapport prévisionnel pour 1992, ça va
nous donner quel taux moyen de cotisation? Est-ce que ça va avoir le
même effet qu'en 1991 où on estimait nos revenus sur 2,32 $ alors
que c'a été 2,17 $?
M. Shedleur: Est-ce que je peux, M. le Président?
Le Président (M. LeSage): Allez-y, monsieur.
M. Shedleur: Donc, je pense qu'il faut toujours avoir en
tête que le taux moyen adopté et le taux moyen réel
effectif seront toujours différents. Ce sera impossible qu'ils soient
cotisés le même taux pour la raison suivante. C'est calculé
selon des hypothèses, en fonction des masses salariales par secteur
d'activité économique. Compte tenu que l'économie bouge
entre notre prévision et la réalité, le taux baisse ou
monte. Dans une période de croissance économique, on pourra se
retrouver avec un taux supérieur au taux moyen, et dans une passe
inférieure... C'est sûr que l'économie n'est pas repartie
à la hausse, actuellement, je pense, de façon très forte
selon les premières prévisions. Quand même, c'est
tôt, on est en février, mais je ne pense pas que le taux de 2,75 $
va être atteint, ça va être moins. Mais il n'y a pas de...
2,75 $ pour 1993. Il n'y aura pas, par contre, de perte vraiment importante
parce que c'est un déplacement d'activité économique. Si
l'économie se déplace des secteurs lourds vers des secteurs plus
légers... Dans le secteur des services, bien, c'est sûr que le
taux va baisser puis on a besoin de moins cotiser ces employeurs-là
parce qu'en général ça coûte moins cher dans ces
secteurs-là. Donc, il n'y a pas de perte réelle, même si le
taux moyen effectif est inférieur. La seule perte que nous avons est par
rapport aux frais fixes. Et lorsqu'on présente nos états
financiers, on les identifie de façon distincte et on explique que la
baisse d'effectifs a amené une perte par rapport aux frais fixes d'un
montant de x. Je n'ai pas de chiffres avec moi, mais ce n'est pas des chiffres
très importants, compte tenu qu'on a ajusté nos taux,
actuellement.
Mme Blackburn: En raison du déplacement de
l'activité économique en 1991... On sait qu'actuellement le taux
d'activité dans l'industrie de la construction doit être de 56 % -
là, je pense même que j'exagère, c'est peut-être en
bas de ça. Il y a déplacement, donc, du taux d'activité.
La cotisation moyenne, est-ce que vous avez une idée par rapport
à celle de 1992? Parce que c'était 2,50 $ en 1992; c'est 2,75 $
en 1993.
M. Shedleur: Le secteur de la construction?
Mme Blackburn: Non, de façon générale, votre
taux moyen, votre revenu moyen, le taux moyen sera à combien?
M. Shedleur: Je ne l'ai... Effectif, vous voulez dire?
Mme Blackburn: Effectif.
M. Shedleur: Je ne l'ai pas avec moi, je pourrais regarder dans
mes documents, il faudrait que je fouille.
Mme Blackburn: Ou réel, là, le taux
réel.
M. Shedleur: II doit être inférieur à 2,50 $,
je ne le sais pas. Vous parliez de 2,16 $ tantôt, pour 2,32 $.
Mme Blackburn: En 1991, c'était 2,32 $ pour 2,17 $.
M. Shedleur: Mais, pour 1992, je ne l'ai pas encore, parce qu'on
va attendre les masses salariales définitives. Les employeurs ont
jusqu'au 28 février pour envoyer les masses définitives. Ce qui
fait que, pour 1992, on ne va le savoir qu'en mars ou avril.
Mme Blackburn: Mais j'imagine que vous avez commencé vos
projections par rapport aux données qui sont entrées.
M. Shedleur: Oui, oui.
Mme Blackburn: Comment ça se présente?
M. Shedleur: On a annoncé des pertes de revenus dans nos
états financiers prévisionnels. Je n'ai pas avec moi les chiffres
exacts, je pourrais regarder ça tantôt. Mais c'est sûr qu'il
va être inférieur à 2,50 $, le taux effectif. Ça,
c'est clair. Mais il faut toujours retenir, et ça c'est très,
très important que, s'il n'y a pas d'activités
économiques, normalement, la fréquence des accidents baisse
aussi. Et c'est ce qu'on constate. On est passé de 220 000 accidents
à 160 000. Il y a une baisse énorme, donc c'est sûr
qu'à la limite... Prenons un exemple extrême, s'il n'y a plus
d'activités économiques dans une unité, bien il ne peut
plus y avoir de dépenses, il n'y a plus personne qui y travaille. Donc,
à ce moment-là, c'est supposé être proportionnel. On
sait que ça n'est pas directement proportionnel, mais que ça
l'est. Donc, lorsqu'on calcule nos taux on tient compte de ça, d'une
baisse, qui n'est pas nécessairement proportionnelle, mais on en tient
compte, parce qu'il y a effectivement une baisse, ce qui nous crée des
revenus supplémentaires. Je parlais des dépenses, mais ça
nous crée des revenus, d'abord, de voir que la fréquence
était plus élevée. Prenons 1992, on avait prévu 200
000 accidents dans nos prévisions. Si on se retrouve à 160 000 ou
165 000 - on attend les derniers chiffres - ça peut nous apporter un
supplément de revenus de 100 000 000 $. Donc, on a des revenus
supplémentaires.
Mme Blackburn: Je trouve ça tout à fait charmant de
vous entendre, parce qu'en même temps qu'il y a une diminution des
accidents il y a une augmentation de la durée, avec l'effet net que
finalement...
M. Shedleur: Ça coûte plus cher.
Mme Blackburn: ...année après année vous
connaissez un déficit. De toute façon, on ne reviendra pas
là-dessus, on n'est pas aux crédits...
Le Président (M. LeSage): Ça va Mme la
députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: Oui, ça va aller. Adopté.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'article 4 est
adopté.
Masse salariale cotisable
J'appelle l'article 5 qui se lit comme suit: L'article 289 de cette loi
est remplacé par les suivants: «289. Pour l'application du
présent chapitre, le salaire brut...
M. St-Roch: Je m'excuse, dans le but d'accélérer
nos travaux, est-ce que je peux me permettre de suggérer, vu qu'on a
pris connaissance de l'article, de vous dispenser de la lecture? Moi je
suggérerais ça, si mes collègues sont d'accord.
Le Président (M. LeSage): Moi, je suis d'accord. M. le
ministre.
M. Cherry: O.K. Le nouvel article 289, M. le Président,
vise à abolir la répartition hebdomadaire du maximum annuel
assurable. Il prévoit que le salaire du travailleur est cotisable
jusqu'à concurrence du maximum annuel assurable. Il définit aussi
le salaire brut aux fins de la cotisation. Actuellement le salaire brut
hebdomadaire du travailleur est pris en considération pour chaque
semaine jusqu'à concurrence du maximum annuel assurable réparti
hebdomadairement.
Mme Blackburn: J'aimerais savoir, j'aurais une demande à
formuler. Sur cette question de la masse salariale assurable ou cotisable, il y
a 458 causes devant les tribunaux. J'aimerais qu'on me communique -
peut-être pas la liste, ça me semble beaucoup, là,
ça va faire un catalogue -des entreprises qui sont devant les tribunaux,
parce que c'est du domaine public.
M. Cherry: Oui, on va essayer de la trouver, là.
Mme Blackburn: C'est du domaine public, parce que je ne vous
cache pas que je suis préoccupée par une situation qui ne
justifie d'aucune manière qu'un service public ou une entreprise
privée s'en aille devant les tribunaux pour contester l'application ou
l'interprétation qu'on fait de la masse salariale cotisable, et qu'on le
fasse de façon systématique. De deux choses l'une, s'il s'agit
d'un hôpital, parce que je sais qu'il y a plus que les hôpitaux
là-dedans, ça veut donc dire que c'est une façon de
retarder un paiement qu'ils vont éventuellement être
obligés de faire. J'imagine. Parce que la seule façon de s'en
aller devant un tribunal, c'est parce qu'on veut éviter de verser des
sommes qu'on devrait verser si l'inteprétation était faite
autrement. Est-ce que je me trompe?
Une voix: Bon. Voici...
Mme Blackburn: Et comment se fait-il aussi que, si ça n'a
pas d'effet sur ce que doit l'entreprise à la CSST dans
l'immédiat, ce qui l'obligerait à faire des versements
additionnels à la CSST, pourquoi est-ce qu'on embauche... 458 causes,
c'est au moins autant d'avocats, hein! C'est au moins autant d'avocats.
Pourquoi on n'attend pas qu'il y ait une espèce de cause type? (11 h
50)
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Cherry: Voici, M. le Président. Il faut se rappeler, et
il me semble que je l'ai dit, et c'est important que, à ce
débat-ci, on rappelle ça... Vous dites: II y a de nombreux
employeurs. Mais, il faut se rappeler que l'employeur, lui, doit utiliser la
loi pour s'assurer que, en dedans d'un délai, il aura indiqué...
Si un tribunal décidait que l'employeur qui, selon la perception de la
CSST, a été identifié comme étant fautif n'est pas
fautif effectivement, mais qu'il était dans l'erreur, lui, pour se
protéger, pour obtenir son remboursement, il se doit, dans les
délais, d'enregistrer une plainte devant les tribunaux. Alors, de
nombreux employeurs le font, ne serait-ce que pour se prémunir au cas
où la décision serait favorable à l'employeur qui,
présentement, est perçu par la CSST comme n'ayant pas
contribué à l'ensemble des revenus. S'ils ne le faisaient pas...
Certains employeurs disent: Si je ne le fais pas et que, finalement, la
décision... Quelqu'un pourrait dire: Le délai est expiré,
vous ne vous êtes pas prévalu de cette possibilité; donc,
vous n'êtes pas eligible à recevoir ce remboursement-là, si
remboursement il devait y avoir. Donc, c'est ce qui explique que de nombreux
employeurs du secteur privé se sont prévalus de ça, pas
parce qu'ils sont accusés d'avoir versé en trop, mais parce
qu'ils veulent s'assurer, si ceux qui ont appliqué cette
façon-là de comptabiliser avaient la bonne façon de le
faire, qu'ils puissent avoir accès au remboursement auquel ils
prétendent avoir droit. C'est ça la distinction, M. le
Président.
Mme Blackburn: Je n'ai pas juste parlé du secteur
privé. Vous m'avez dit, tout à l'heure, qu'il y en avait beaucoup
plus du public que du privé qui s'étaient présentés
devant les tribunaux. Vous me disiez aussi, tout à l'heure, que vous
aviez, pour éviter une avalanche de ces causes devant les tribunaux,
annoncé votre intention d'avoir une loi qui serait équitable
aussi pour ceux qui n'auraient pas déposé de cause devant les
tribunaux, pour traiter tout le monde de façon égale. Alors,
est-ce que ça a diminué? Est-ce qu'on a continué à
avoir de plus en plus de causes de même nature présentées
par le public et le privé?
M. Cherry: Dans un premier temps, M. le Président...
Le Président (M. LeSage): M. le ministre
M. Cherry: ...permettez. Les employeurs qui ont été
identifiés comme «ne comptabilisant pas l'ensemble de» et
qui sont, disons, poursuivis par la CSST, ça c'est un groupe qui vient
principalement du secteur public. Dans l'ensemble...
Mme Blackburn: Combien de ce groupe-là, ceux qui
sont...
M. Cherry: On va vous...
Mme Blackburn: ...que la CSST a identifiés comme
étant en dette...
M. Cherry: Je pense que...
Mme Blackburn: ...parce que ne comptabilisant pas
correctement?
M. Cherry: Dans les chiffres qui vous seront fournis
tantôt, vous l'aurez. Mais, dans l'ensemble des plaintes qu'il y a devant
les tribunaux, bien sûr qu'il y en a plus du privé que du public.
Mais, parmi ceux du privé, ce n'est pas qu'ils sont poursuivis parce
qu'eux...
Mme Blackburn: Non, c'est parce que... M. Cherry: ...n'ont
pas bien comptabilisé... Mme Blackburn: C'est ça.
M. Cherry: ...mais parce qu'ils se protégeaient au cas
où ils auraient droit à un remboursement.
Mme Blackburn: À un retour. Ça, ça va.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre.
Mme Blackburn: Je voudrais juste savoir le partage des deux.
M. Cherry: O.K. On va vous le fournir.
Mme Blackburn: Et puis je m'interroge toujours,
évidemment... Probablement qu'il fallait que, comme ils sont tous
considérés comme des employeurs, les conseils d'administration
d'hôpitaux étaient obligés de porter leurs causes devant
les tribunaux. C'est ce que je comprends. Ceux qui sont accusés par la
CSST de ne pas avoir déclaré toute la masse salariale
cotisable.
Le Président (M. LeSage): M. Shedleur, vous voulez
répondre à cette question?
M. Shedleur: Merci, M. le Président. On a cotisé un
certain nombre d'hôpitaux et il y en d'autres qu'on n'a pas encore
cotisés. On a un litige avec eux. Donc, actuellement, on attend le
projet de loi. On attend aussi ce qui va se décider en Cour
supérieure et s'il y a du monde qui va se retirer. Donc, il y a une
question aussi de stratégie juridique. Là-dessus, je ne peux
quand même pas tout dévoiler ici. On a une stratégie pour
défendre la CSST. Alors, vous comprendrez... C'est en cour actuellement,
devant les tribunaux. Alors, il faut faire attention. Mais
je peux vous dire qu'on a une stratégie pour s'assurer qu'on va
aller chercher nos fonds, et le projet de loi, c'est pour éviter et
enlever toute ambiguïté maintenant...
Mme Blackburn: Oui, ça, ça va, là. Pour
l'avenir.
M. Shedleur: ...parce que les directives étaient claires.
Mais on a une stratégie là-dessus, Mme Blackburn.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. Shedleur. M. le
député de Drummond.
M. St-Roch: Oui. Dans le scénario du pire, M. le
Président, est-ce qu'on a identifié le potentiel.. Assumant que
la CSST perd sa cause-Vous mentionnez que vous avez un décret,
là, que vous avez averti les employeurs que vous étiez pour les
traiter équitablement. La CSST perd sa cause. Ça implique des
réclamations de combien, ça, dans l'ensemble du secteur
privé et public? Est-ce que vous avez un estimé de l'ampleur de
ce montant-là?
M. Cherry: O.K. Je vais demander à M. Shedleur de
répondre.
Le Président (M. LeSage): M. Shedleur.
M. Shedleur: Merci. M. St-Roch, je pense qu'on n'a pas fait une
étude exhaustive. On a un certain nombre de simulations, là, mais
le problème, avant de sortir des chiffres, c'est qu'on est inquiets de
sortir des chiffres qui peuvent être fort différents, parce que
ça va dépendre de la cause. Est-ce que la Cour va accepter
d'éliminer l'assurance salaire, partiellement, totalement? Certaines
autres décisions... Comment la Cour va se prononcer, on l'ignore, on ne
sait pas combien d'années la Cour pourrait décider de couvrir.
Alors, c'est très, très difficile de sortir des chiffres
actuellement. C'est sûr que, si on annonçait du jour au lendemain
que l'assurance salaire et d'autres genres de rémunérations
semblables ne sont pas couverts et que c'est rétroactif pour cinq ans,
bien, les sommes seraient quand même importantes, là.
M. St-Roch: Est-ce qu'on peut avoir un ordre de grandeur?
M. Shedleur: Bien, ça va dépendre du jugement,
ça va dépendre...
M. St-Roch: Dans le scénario du pire. Le juge vous dit:
L'assurance salaire est éliminée, rétroactivement cinq ans
en arrière. Ça peut représenter combien?
M. Shedleur: C'est ça, là, il faudrait le faire. Je
ne pense pas qu'on l'ait fait cinq ans en arrière, parce qu'on
attend...
M. St-Roch: Oui, mais dans votre pire scénario, vous avez
certainement... Connaissant l'efficacité du président-directeur
général lorsqu'il était vice-président aux
finances, je suis convaincu que vous avez un ordre de grandeur, là, que
vous avez dit à votre conseil d'administration: Dans le scénario
du pire, voici un ordre de grandeur auquel on pourrait faire face.
M. Shedleur: Alors, je pense que ça pourrait être
des sommes de plusieurs centaines de millions.
M. St-Roch: M. le Président, merci.
Le Président (M. LeSage): Ça va, M. le
député de Drummond? M. le député de
Tas-chereau.
M. Leclerc: Merci, M. le Président. Moi, j'ai bien du mal
à comprendre que le gouvernement se poursuit lui-même. On sait que
les hôpitaux sont des organismes indépendants, mais on ne
rêve pas, on sait que 98 % ou 97 % des budgets sont octroyés par
le ministère de la Santé et des Services sociaux. Moi, je pense,
au lieu de s'en aller devant les tribunaux avec ça et que les
hôpitaux engagent des avocats de pratique privée pour plaider
ça, que vous autres, à la CSST, vous mettiez votre contentieux ou
des avocats de pratique privée là-dessus, il me semble que le
ministre du Travail et le ministre de la Santé et des Services sociaux
devraient se parler et régler ça. Parce que j'essaie de
comprendre. Ça va être l'un ou l'autre qui va payer, là. Ne
nous contons pas de peurs, le gouvernement ne peut pas gagner, c'est lui qui
est des deux bouts, hein? Alors, le gouvernement, il va perdre un bout et il va
gagner l'autre. Alors, au lieu de régler ça devant le juge,
parlez-vous tous les deux et réglez-le. Ça me fait penser, un peu
comme si deux divisions de Bombardier se poursuivaient entre elles. Là,
vous me diriez: Ça n'a pas de bon sens, il doit y avoir un patron en
quelque part qui peut les empêcher de se chicaner. Bien, il me semble que
c'est très mal investir l'argent des payeurs de taxes que de vous
chicaner entre vous autres. Et moi, je vous paierai un lunch avec le ministre
de la Santé et des Services sociaux, ça va coûter 100 $, et
vous allez régler ça.
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Cherry: M. le Président, je rappellerai à notre
collègue de Taschereau que, suite à... Ce dépôt de
projet de loi là fait suite à une décision unanime du
conseil d'administration, où le patron est aussi présent. Donc,
tu sais, c'est comme n'importe quoi, l'appareil découvre qu'il y a des
gens qui, à l'intérieur de chez vous, font
des choses, qui, à un moment donné, sont jugées.
Bon, tout le monde se protège en fonction de ça, mais le but de
ça, c'est pour éviter ce genre de choses-là, et ils ont
convenu que ce serait ce projet de loi là qui répondrait à
ça dans son ensemble, pour établir de façon claire ce
qu'on doit comptabiliser pour établir la partie assurable...
M. Leclerc: Sauf que les causes...
M. Cherry: ...parce que ce n'est pas clair...
M. Leclerc: Oui.
M. Cherry: Parce que ce n'est pas clair. Il y a quelqu'un qui a
trouvé une façon de faire; tu sais, tu découvres ça
quelque temps après...
M. Leclerc: Non, ce n'est pas clair, mais...
M. Cherry: ...et, quand c'est découvert, quelqu'un dit: Tu
me dois de l'argent; là, l'autre veut contester, et là, l'autre
dit: Au cas où il aurait eu raison sur la façon de comptabiliser,
moi aussi, je veux... C'est ce qui fait qu'il y a une avalanche, mais
finalement, ça se résume à ça, et avec une
clarification comme ça, et avec une volonté unanime, on pense que
ça va...
M. Leclerc: Oui, mais ce n'est pas rétroactif, les 480
causes vont devoir être traitées... Enfin, il va y avoir une
cause, et ensuite, les autres vont subir le même traitement. Et les
avocats, cause, pas cause, eux autres, ils chargent, c'est connu. Alors, moi,
je considère qu'il aurait des méthodes beaucoup plus simples pour
régler ça, et il me semble que de se référer
aux...
M. Cherry: Oui, mais...
M. Leclerc: ...tribunaux pour régler ça,
là... (12 heures)
M. Cherry: Oui, mais, M. le Président, comme ça
vient du secteur privé, vous comprendrez que le gouvernement n'a pas le
contrôle là-dessus. Le nombre d'employeurs du secteur privé
qui, eux, décident de se protéger...
M. Leclerc: Non, non, non, là, je parle... M. Cherry:
...et c'est de là l'avalanche...
M. Leclerc: Je parle des hôpitaux depuis tantôt,
là.
M. Cherry: Non, mais c'est de là l'avalanche, M. le
Président.
M. Leclerc: Tantôt, M. le ministre, je vous ai parlé
des hôpitaux parce que vous savez très bien que, quelle que soit
la décision du juge, ça va être, soit la main droite du
gouvernement qui va payer, soit la main gauche. Par conséquent, il me
semble que ce n'est pas le genre de choses qui devraient se régler
devant les tribunaux et vous devriez vous parler et régler
ça.
M. Cherry: Mais, M. le Président...
M. Leclerc: Parce que c'est des organismes d'État... Je
comprends que la CSST, c'est les employeurs qui paient et je comprends que les
hôpitaux, c'est des organismes autonomes, mais on est ici depuis assez
longtemps pour savoir que ce sont des organismes d'État et que les
ministres tuteurs de ces organismes d'État devraient s'asseoir et
régler le problème. Moi, c'est mon humble opinion.
M. Cherry: M. le Président, je peux assurer l'ensemble des
membres de cette commission qu'il y a déjà des pourparlers qui
sont en cours, et on a bien confiance qu'on va arriver à un compromis
qui ne nous obligera pas à aller devant les tribunaux pour régler
ça. Mais l'impact de ça par rapport aux gens du secteur
privé, vous comprendrez que ça oblige qu'on soit entre nous
autres pour faire de la législation. Parce qu'on n'a pas le
contrôle là-dessus. Mais, vis-à-vis de mon collègue
de la Santé, vous pouvez être assuré que ça se parle
et qu'on est près d'une entente là-dessus.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Dans votre
mémoire présenté au Conseil des ministres en novembre
dernier, il est dit: «Au 24 avril 1992, 458 actions avaient
été intentées devant la Cour supérieure par des
employeurs qui réclament à la Commission le remboursement d'une
partie des cotisations et les intérêts y afférents qu'ils
auraient payés en trop depuis 1986.» Ces 458 causes, qui sont
devant la Cour supérieure, ils prétendent, ces employeurs, comme
nous le dit le mémoire, que le salaire brut qu'ils doivent
déclarer à la Commission, en vertu de l'article 289 de la Loi sur
les accidents du travail et les maladies professionnelles, aux fins du calcul
de leur cotisation, ne devrait pas inclure les indemnités
afférentes aux avantages sociaux tels que vacances, congés
fériés, congés de maladie, etc. Ces actions totalisent
plus de 68 000 000 $. Ça, c'est pour 458 employeurs. Ça vous
donne une idée. La Commission a déclaré qu'elle fera en
sorte que le régime de tarification soit appliqué de
manière uniforme et équitable, et ce, rétroactivement,
dans l'hypothèse où les tribunaux en viendraient à la
conclusion qu'elle a erronément appliqué l'article 289 de la Loi
sur les accidents du travail et les maladies professionnelles. Et là,
ils disent, évidemment, à cet égard: La Commission
n'est
pas en mesure d'estimer le montant pouvant en résulter.
Vous aviez, en avril 1992, déjà, 458 actions devant les
tribunaux. Comment se fait-il qu'on se retrouve, le 18 décembre, avec un
projet de loi? Je reviens avec ça parce que ça me
préoccupe. Je ne comprends pas cette inefficacité. Comment
ça se fait que, tout à coup... On aurait peut-être pu avoir
ça... On a adopté le projet de loi 35 quelque part le printemps
dernier, qui touchait la même loi...
Une voix: En juin.
Mme Blackburn: En juin. Alors, comment se fait-il que ça
n'aurait pas pu être là-dedans?
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Cherry: dans un premier temps, m. le président, il est
important... évidemment, là, on parle de quelque chose qui est
technique, mais je vais essayer, par mes explications, de démystifier
ça un peu et après ça, si m. shedleur peut
compléter, il le fera. dans un premier temps, il faut bien se souvenir
qu'on a découvert, lors d'inspections, qu'il y en avait dans le secteur
public, pas seulement dans les hôpitaux, qui n'avaient pas tenu compte de
la partie de l'assurance salaire. là, ce qu'on découvre, c'est
que les employeurs, ne prenant pas de chance, veulent ajouter d'autres
bénéfices dont, eux, prétendent, maintenant, qu'ils ne
devraient pas être également assujettis comme l'assurance salaire.
mais ça, ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas déjà
eu des jugements de rendus. je pense, par exemple, au niveau des vacances,
ça ne veut pas dire qu'il n'y en a pas eu. mais, comme procureur, je
dis: je ne prends pas de chance, je me couvre sur tout et j'ajoute à
ça les choses qui sont listées dans le mémoire, même
si, dans l'inspection qui fait l'objet du litige vis-à-vis des
hôpitaux, il n'a été question que de l'assurance salaire.
o.k.? non, mais c'est ça la distinction qu'il faut faire. il ne faut pas
penser que tout ça, comment je dirais, c'est un «football
game».
Donc, votre question, si vous voulez maintenant dire: Comment ça
se fait? Il faut bien se souvenir... Vous dites: Pourquoi? On était en
législation au mois de juin, avec la loi 35, pourquoi ça ne fait
pas... Il faut se souvenir que, quand ça découle de la CSST, qui
est un organisme paritaire, ça fait l'objet d'un cheminement et d'un
consensus entre les parties. Et, vous l'avez cité vous-même tout
à l'heure, le consensus qui fait maintenant l'objet d'un projet de loi
devant nous a été convenu entre les parties, je pense que vous
avez dit le 17 novembre 1992. Et là vous me dites: Pourquoi on ne
l'avait pas mis dans le projet de loi au début de l'année 1992?
Oui, mais il faut...
Le Président (M. LeSage): Ça va, Mme la
députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: Oui. C'est que la CSST nous avait fait tenir une
résolution adoptée à l'unanimité par le conseil
d'administration, datée du 17 décembre 1992. C'est ça la
référence que j'avais. Ce n'est pas autre chose. Ce que je vous
dis là... Et, ici vous avez quelqu'un qui est certainement... M.
Shedleur est intéressé à voir se régler rapidement
ce genre de problèmes. Comment se fait-il... Puis je le
répète, vous ne me ferez jamais croire que, entre le 24 avril
puis aujourd'hui... C'est le 10 janvier, là?
Une voix: Février.
Mme Blackburn: Février?
M. Cherry: Quatre jours avant la Saint-Valentin.
Mme Blackburn: Ah, alors, je vais rappeler ça à mon
mari.
M. Cherry: Vous ne devriez pas, madame.
Mme Blackburn: J'ai...
Une voix: Je suis sûr qu'il va y penser.
Mme Blackburn: Oui, je suis sûre.
M. Cherry: J'espère qu'il va y penser, hein?
Mme Blackburn: Alors, du 24 avril 1992, où
déjà, ces gens-là, ces employeurs-là disent: On ne
prend pas de chance, on met le paquet puis là, on dépasse
l'histoire de l'assurance-maladie, on met aussi les avantages sociaux, tels que
les vacances, le temps supplémentaire, ainsi de suite. Bon. Bien. Mais,
je dis: Comment se fait-il que, quand ça a une incidence aussi
importante, quand on voit que des gens dépensent autant de sous en
services d'avocats, comment se fait-il que ça prenne autant de temps?
À quelle place accorde-t-on la priorité?
Ensuite, on a mis 50 vérificateurs pour aller voir si tout le
monde comptabilisait de la même façon la masse salariale
assurable. Combien est-ce qu'on en a mis de plus, des inspecteurs en
prévention? Ça aussi, c'est mon inquiétude. À
quelle place on les a pris, ces 50, à quelle place on les a
diminués parce qu'on travaille dans la même... On m'a dit que
ça n'avait pas... On a répondu tout à l'heure au
député de Drummond que ça n'avait pas eu l'effet
d'embaucher plus de personnes. On a coupé où? Évidemment,
vous allez me dire: Ce n'est pas la place pour le faire. Mais je me dis: Cette
loi-là, les deux lois, la CSST et la Loi sur les accidents du travail et
les maladies professionnelles, on prend la chose à l'envers. L'essentiel
de nos énergies devrait être mis sur la prévention. Ce
n'est pas là-dedans
qu'on les a mises au cours des dernières années. Les
petites campagnes, comme j'en vois, là, moi, ça ne m'impressionne
pas gros. Ça n'a pas l'air d'impressionner beaucoup les employeurs non
plus. Puis les travailleurs non plus, parce que les travailleurs sont
prêts à travailler à peu près dans n'importe quelles
conditions quand il y a du chômage, y compris des conditions qui peuvent
mettre leur vie et leur sécurité en danger, on le sait. Mais,
bref, là, pourquoi on se retrouve, 10 mois plus tard, avec un projet de
loi, alors que la situation est connue depuis 1991?
Le Président (M. LeSage): M. Shedleur, vous voulez
répondre à cette question?
M. Shedleur: Oui. D'abord, il y a deux parties au projet de loi.
Il y a les masses salariales, puis le calcul des intérêts. Le
calcul des intérêts, on a déposé ça au
conseil d'administration du printemps dernier, et, à ce
moment-là, on n'a pas voulu y aller juste à la pièce avec
le 323. On savait que l'article 289 devait être modifié. C'est
pour ça qu'on l'a retenu. (12 h 10)
Deuxièmement, pour 289, bien, il y a eu de nombreuses discussions
avec les employeurs parce que, au niveau du maximum annuel assurable, on a
décidé de ne plus tenir compte du maximum hebdomadaire. Beaucoup
d'employeurs, dans le secteur saisonnier, entre autres, auraient
souhaité l'inverse, mais ils auraient voulu, peut-être
indirectement, faire baisser leur masse salariale et on n'était pas
d'accord. Et les employeurs, par contre, ils ne voyaient pas... En faisant
ça, ça devenait compliqué de vérifier, et ce qu'on
leur a mentionné, à ce moment-là, c'est que les gens vont
avoir de la misère à vérifier ça, puis il va y
avoir de l'inéquité entre les employeurs. Mais,
évidemment, lorsqu'on commence un processus, à la CSST, il ne
faut jamais oublier une chose, nous autres, c'est le paritarisme et c'est
toutes les associations, autant patronales que syndicales. Et là, il a
fallu parler à beaucoup dans ce cas-là parce que 289,
c'étaient les employeurs qui étaient plus impliqués au
départ; les syndicats par la suite, et il y a des associations
patronales qui auraient souhaité autre chose, au début, mais
elles ne comprenaient pas le danger. On a dit: Si vous mettez des exceptions
dans la loi, si on commence à marquer les questions saisonnières
là-dedans, ça va être invérifiable, parce que
là, les exceptions vont être tellement nombreuses que ce n'est pas
50 vérificateurs qu'il va falloir, c'est 350. Je ne sais pas combien,
là. Il en faudrait beaucoup pour finir par vérifier les masses
salariales et s'assurer que l'équité est faite. Mais il a fallu,
avec les employeurs, faire un cheminement pour les amener à dire: Non,
c'est mieux de simplifier ça et, là, d'arriver avec une
modification plus importante. Par contre, il y avait l'exception du secteur de
la construction où, là, ils ont dit: Oui, mais, nous autres, on a
un problème. Donc, c'est tout ça qui a fait que ça a
été long, le cheminement. Mais ce qui est important c'est
qu'à la fin toutes les associations nous ont dit oui. Ça, c'est
important. Parce que là, ici, si on n'avait pas eu ce
consensus-là, vous auriez, dans la salle, beaucoup d'associations qui
seraient venues faire des revendications et qui auraient dit: Nous autres, on
n'est plus d'accord là-dessus. Alors, là, on aime mieux
régler nos problèmes avant, et c'est l'avantage du paritarisme,
c'est l'avantage du conseil d'administration de la CSST. On a nos torts, mais
on a de très bons côtés aussi. Voyez-vous, on s'entend. La
chicane ne sera pas forte là-dessus. Alors, je pense qu'on a fait
cheminer ça dans un système paritaire et c'est plus long, mais
une fois que le consensus est obtenu, c'est plus fort. Alors, c'est ça
qu'on a voulu faire.
Et il y a de l'éducation à faire là-dedans, parce
que tout le monde ne pense pas à ça tous les jours, les
déclarations des masses salariales, et toutes les subtilités
qu'il a fallu pour faire cette éducation-là auprès du
monde. Et il y a des gens, il y a des employeurs qui sont perdants
là-dedans, dans le sens qu'à cause des modifications, bien, ils
déclaraient ça autrement avec les bases hebdomadaires, mais on a
dit à ces employeurs-là: C'est injuste par rapport à
d'autres parce que ça touche l'organisation du travail. Et ils ont
accepté. Alors, je trouve que c'est excellent, dans le fond, comme
démarche, mais c'est plus long, madame. Ça, on le
reconnaît.
Mme Blackburn: Est-ce que quelqu'un se sera penché sur les
coûts pour les institutions publiques, les employeurs des secteurs
public, parapublic, péripublic, sur les coûts des services
d'avocats? Et comment se fait-il que dans ce système-là on ne
pense pas au recours collectif? Ça doit marcher aussi, là-dedans,
les recours collectifs; ça ne doit pas être juste pour les
citoyens. Je n'ai pas de formation en droit, là.
Le Président (M. LeSage): M. Shedleur.
M. Shedleur: Si vous me permettez. Je pense que... Pour la CSST,
c'est nos permaments qui nous défendent. On a engagé un conseil
là-dessus parce que c'était une grosse cause de plusieurs
centaines de millions, si on perdait, là. Donc, on a engagé un
conseil, mais ce sont nos permanents qui s'occupent de la cause. Et, au niveau
du gouvernement, à part la CSST, je ne suis pas au courant. Je ne crois
pas que les hôpitaux ont beaucoup d'avocats là-dedans parce qu'on
est en train de s'entendre. À toutes fins utiles, on va s'entendre avec
les hôpitaux. Il y a une question de stratégie. Je ne peux pas la
dévoiler ici, on comprendra ça, on est en Cour supérieure.
Mais je peux vous dire qu'avec le Conseil du trésor les débats
ont eu lieu, tout est entendu, à toutes fins utiles, avec le
gouverne-
ment. Il n'y a pas beaucoup de frais, M. le député, pour
le parapublic. C'est tout sous contrôle, ça, cette
question-là. Notre problème - comme M. le ministre le mentionnait
-c'est que le secteur privé, qui a des procureurs, a dit: Bien,
peut-être que, là, on pourrait aller chercher des
bénéfices. Et là, c'a été l'avalanche des
poursuites qui sont entrées. Alors, c'est le secteur privé qui
paie des avocats. Mais, conscient de ça, le c.a de la CSST a dit:
Ça n'a pas de bon sens, de faire imputer ces coûts-là de
frais d'avocats aux employeurs pour se défendre. On a passé une
résolution pour dire: Lorsque la décision de la Cour
supérieure sera connue, on garantit aux employeurs du Québec,
qu'ils aient poursuivi ou pas, qu'il y aura traitement équitable pour
éviter, d'abord, l'avalanche de poursuites contre le gouvernement, pour
économiser des coûts à ces entreprises-là - toutes
n'ont pas les moyens. C'est pour ça qu'on a passé cette
résolution-là, mais il y a des entreprises qui ont
préféré protéger leurs droits et faire les
poursuites.
Mme Blackburn: Une des justifications que vous amenez dans votre
mémoire pour inclure le temps supplémentaire dans la masse
salariale assurable... Vous dites: «Tout excédent du salaire brut
sur une semaine de travail, sur le maximum hebdomadaire assurable est non
cotisable. Cette façon de faire crée des inéquités
entre les employeurs en introduisant des distorsions importantes
résultant du fait qu'on considère des facteurs liés
directement à l'organisation du travail qui existent chez chaque
employeur. Ainsi, par exemple, un employeur qui réalise des travaux en
demandant a ses travailleurs de faire du temps supplémentaire
plutôt que d'embaucher d'autres travailleurs peut avoir à payer
une cotisation moins élevée que son concurrent qui
préfère, quant à lui, l'embauche d'autres
travailleurs.»
Est-ce que le ministre serait en train de nous dire que ça va
remplacer une politique du travail à temps supplémentaire? Et
est-ce qu'il a la garantie - c'est peut-être plus là mon
inquiétude - que ça n'entraînera pas, de façon plus
systématique, ce qu'on appelle le travail au noir, mais ce qui est
davantage une façon illicite de déclarer les revenus,
c'est-à-dire qu'ils vont payer davantage sous la table? Ça va
être plus avantageux pour l'employé puis ça va être
plus avantageux pour l'employeur qui, lui, n'aura pas à déclarer,
à souscrire ou à cotiser.
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Cherry: La réaction qui me vient de celui qui a la
responsabilité de l'exercice quotidien de ça, M. Shedleur, est
contraire aux préoccupations que soulève notre collègue de
Chicoutimi. Donc, pour entrer dans le détail de ça... Parce que,
quand elle parle du temps supplémentaire, j'ai dit, au commencement, ce
qui avait été invoqué là-dessus par rapport
à ça, dans un premier temps. Et plus on va découvrir qu'il
y a cette inéquité-là entre les employeurs, pour celui qui
favorise tel type d'organisation du travail par rapport à un autre,
comme c'est injuste si un favorisait puis il disait: Ça, ce n'est pas
assujetti... Le but de la loi, c'est d'uniformiser pour qu'il n'y ait pas
quelqu'un qui puisse, comme employeur, obtenir un avantage par rapport à
un autre qui, lui, respecte la façon traditionnelle perçue par la
CSST de le cotiser. Puis là, si M. Shedleur veut ajouter dans...
Le Président (M. LeSage): M. Shedleur, vous ajoutez?
M. Shedleur: Comme ajout, je pense qu'on a constaté que
ceux qui faisaient faire du temps supplémentaire à leur
personnel, ça pouvait faire en sorte qu'ils ne paient pas la même
facture qu'un autre qui aurait employé deux personnes, supposons. Mais
il y a des risques à faire du temps supplémentaire, si vous en
faites trop. Aussi, il y a des risques pour les travailleurs, ils peuvent
être fatigués, etc. Donc, ce qu'on s'est dit: Nous ne devons pas,
dans notre projet de loi, favoriser un type d'organisation du travail et encore
moins un qui pourrait générer des accidents. Alors, c'est pour
ça qu'on dit: Nous autres, on n'est pas pour générer et
favorier quelqu'un qui paie moins de cotisations à la CSST s'il fait du
temps supplémentaire, parce que ça, ça pourrait amener des
risques supplémentaires d'accident. Donc, on s'est dit: Non, on a
abandonné et on a dit: On va ramener tout le monde sur le même
pied par rapport à cette question-là. De plus, pour les
déclarations des masses, je pense que maintenant c'est tellement clair
qu'il n'y a à peu près pas d'exceptions. Vous allez voir, on
parle des pourboires puis on parle des 105 jours, là, surtout au
gouvernement, de toute façon.
Alors, je pense que, par rapport à ça, c'est clair, les
emplois ne pourront pas passer a côté des déclarations des
masses salariales. Ça va être très facile, pour nos
vérificateurs de s'occuper de ça. De plus, nos
vérificateurs qui sont sur la route ont aussi un mandat maintenant de
vérifier si, admettons, il n'y a pas eu un travailleur qui serait
ajouté aux masses salariales à la dernière minute et
l'accident après, justement, à cause du travail au noir. Alors,
nos vérificateurs ne vérifieront pas strictement juste les masses
salariales. Ils vont avoir un mandat plus large. Ils vont vérifier ce
genre d'accidents là. Évidemment, on comprend que si quelqu'un
déclare un accident puis que deux semaines avant on l'avait inscrit sur
le système de paie, bien, on va enquêter dans ces cas-là.
Donc, ça ne favorisera pas le travail au noir. De toute façon, le
travail au noir n'est pas par rapport aux masses par rapport aux taux, Mme
Blackburn. C'est sûr
que si les taux de la CSST montent beaucoup, bien c'est plus ça
que la déclaration des masses salariales. Le problème, ce n'est
pas les masses, c'est les taux, à ce moment-là.
Mme Blackburn: Ce n'est pas les deux? Parce que je me dis si vous
déclarez une masse salariale, prenons quelque chose de l'ordre de 10 000
000 $, puis plus tôt vous en déclarez une de 12 000 000 $, puis
votre taux, parce que vous êtes dans un secteur d'activités
donné, il est fixe, lui, vous payez nécessairement plus cher.
M. Cherry: Moi, si je comprends bien, il me semble que, plus les
employeurs vont comptabiliser l'ensemble de leur masse salariale, plus
ça va faire que quand on fixera le taux, le taux va être plus bas.
Mais, moins il y a d'employeurs qui vont comptabiliser l'ensemble, plus tu
répartis la facture à ceux qui paient vraiment. Donc, pour
s'assurer que finalement, quand tous les employeurs comptabiliseront de la
même façon, ça ne pourra avoir comme effet que de diminuer
parce que, là, on répartira mais vraiment de façon
égale l'ensemble de la charge. (12 h 20)
Mme Blackburn: Le travailleur qui... On sait qu'il y a une
pratique, ça a été largement évoqué en
commission parlementaire à l'occasion de la loi - je ne sais plus si
c'est 35, 185 ou 186 - où on parlait de travail au noir et, à ce
moment-là, on parlait du fait que, dans la construction, il y a beaucoup
de salaires qui sont payés sous la table parce que ça
évite toutes les cotisations, autant aux REER, les impôts, la
CSST, toute une série, et c'est estimé être
extrêmement coûteux. Je le dis et, en même temps, je pense
qu'il est important de le rappeler, à tort on accuse toujours la
construction d'être responsable du travail au noir alors que c'est devenu
endémique, c'est le fait des avocats, c'est le fait des notaires, c'est
le fait des comptables, c'est le fait des médecins qui sont en chirurgie
esthétique, les dentistes. Il n'y a plus d'endroits actuellement
où on ne vous offre pas de payer comptant parce que ça... Alors,
moi, je veux juste atténuer cette impression que le travail au noir, ce
serait le fait exclusif des travailleurs de la construction, ce n'est pas vrai.
Mais, dans ce secteur, ce dont on avait fait état, c'est d'une pratique
de payer sous la table les heures supplémentaires, pour éviter
à l'employeur de payer ses cotisations. Et, du moment où vous
voulez faire rentrer ça dans la masse salariale cotisable, le temps
supplémentaire, tout le reste, est-ce que vous n'aurez pas l'effet
inverse, c'est-à-dire que ça va augmenter le nombre d'employeurs
qui ne voudront pas le déclarer pour ne pas payer les différentes
cotisations?
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Cherry: D'abord, je suis content que vous, comme moi,
partagiez le fait, quand il est question du travail au noir, qu'on cesse de
référer ou en ciblant comme principale raison les gens de la
construction. Vous avez cité des exemples, bon, il y en a d'autres. Je
pense qu'il faut parler plus d'une économie parallèle ou d'une
économie souterraine que de dire tout simplement que c'est à
cause de la construction qu'il se fait du travail au noir.
Je pense que dans les exemples auxquels vous pourriez
référer à la commission parlementaire - 185, 186 - il
n'était pas nécessairement question de payer beaucoup de temps
supplémentaire sous la table, mais de mémoire, celui qui me
revient, c'était l'accumulation de banques d'heures où les gens
disent: Bon, moi, quand je ferai du temps supplémentaire, mets-moi le de
côté parce que la semaine qu'il pleuvra trois jours, moi, je veux
avoir une paye de cinq. Alors, les gens comptabilisaient de façon
séparée leur temps supplémentaire pour s'assurer, dans une
semaine où il y aura moins d'ouvrage, d'avoir un revenu constant. Et je
pense que c'est dans ce sens-là que l'utilisation du temps
supplémentaire dans la construction a une plus grande utilisation. Pas
nécessairement le paiement sous la table comme l'accumulation de banques
pour maintenir un revenu.
Mme Blackburn: II y avait différentes façons, dont
celle-là.
M. Cherry: II y en avait quatre, cinq.
Mme Blackburn: II y en avait même qui donnaient des
motoneiges ou des trucs comme ça. C'est ce qu'on s'est fait
raconter.
M. Cherry: C'est vous qui référiez à du
matériel.
Mme Blackburn: du matériel, des matériaux de
construction, n'importe quoi. il y avait différentes façons, mais
il y avait aussi le temps supplémentaire non déclaré.
M. Cherry: Et d'ailleurs, M. le Président, par rapport
à l'exemple que je viens de citer, il y a des entrepreneurs qui sont
venus nous dire que c'est la seule façon qu'ils réussissent
à maintenir un lien employeur-employé, que des employés
disent: Si tu n'es pas prêt à fonctionner de cette
façon-là, je vais aller travailler pour un autre qui est
prêt à le faire. Et comme ça constitue son équipe de
base pour soumissionner puis s'assurer qu'il peut continuer à
opérer, c'est utilisé. Des gens disent que c'est hors-la-loi,
selon les règles de la CCQ, ce n'est pas comme ça, ça ne
doit pas être de même, mais dans les faits, par rapport à la
masse salariale assurable, j'ai l'impression que ça n'a pas un effet
aussi important qu'une première perception en utilisant uniquement les
heures supplémen-
taires payées sous la table. C'est beaucoup plus l'utilisation
comme banques d'heures.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre. Alors,
est-ce que l'article 5 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Chicoutimi, l'article 5 est adopté.
M. Cherry: On a un papillon, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): Oui, M. le ministre, un papillon
vous a été distribué, mesdames et messieurs les membres,
qui fait en sorte qu'on ajouterait deux articles après l'article 5 et
qui seraient les articles 5.1 et 5.2. J'appelle donc l'article 5.1 qui se lit
comme suit: 5.1. L'article 292 de cette loi est modifié par le
remplacement, dans la deuxième ligne du premier alinéa, de
«1er» par «15». M. le ministre.
M. Cherry: Cette modification, M. le Président, est
insérée dans le projet de loi de façon
complémentaire à la modification quant au salaire assurable. Elle
prolongerait de 15 jours le délai accordé à l'employeur
pour transmettre son état des salaires gagnés par ses
travailleurs l'année précédente et l'estimation des
salaires bruts qu'il prévoit payer à ses travailleurs pendant
l'année en cours. L'employeur doit préparer, annuellement, pour
la fin de février, les relevés T4 et TP4 aux fins des lois de
l'impôt. Un délai supplémentaire de 15 jours pour produire
son état faciliterait grandement sa gestion, de là à
changer le chiffre.
Mme Blackburn: Donc au 15 mars? M. Cherry: Oui, c'est
ça.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que l'article 5.1 est
adopté? Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: D'abord, il y a l'amendement. On va commencer par
examiner l'amendement. Pour le 15, ça va. 15 jours
supplémentaires, ça va. Il n'y a pas de...
M. Cherry: Le 5.1, ça s'adressait aux employeurs du
secteur privé. Le 5.2 et l'article 294, ça s'adresse à
l'employeur, le gouvernement.
Mme Blackburn: Secteur public. Dans le 289.1 touchant la
construction, le dernier paragraphe, il m'a semblé, je l'avais
souligné, que ça va être difficile d'application. Je ne
sais pas comment vous allez gérer le dernier... «Est
réputée ne pas être une semaine de travail la semaine de
congé annuel dont bénéficie, en vertu soit de la
convention collective conclue conformément à cette loi, soit du
décret adopté conformément à celle-ci, soit encore
d'un contrat de travail, le travailleur qui est un salarié auquel
s'applique cette loi ou qui exécute des travaux visés au
paragraphe 9° de l'article 19 de cette loi. Cependant, le présent
article ne s'applique que si l'employeur paie au moins quarante pour cent de
ses salaires bruts pour l'année en regard de l'unité à
laquelle il est classé, soit à des salariés auxquels
s'applique la Loi sur les relations du travail, la formation professionnelle et
la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction...»
Comment est-ce qu'on va gérer ça? Il y en a un qui a 40 % et tous
ceux qui ont 60 %, ce n'est pas... Il va être obligé... Il me
semble que vous allez avoir de la difficulté. Vous avez-là une
double règle pour la construction, qui va être difficile, il me
semble, à gérer.
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Cherry: Pour le début de la réponse et ensuite
je demanderai à M. Shedleur de compléter. Il faut se souvenir
que, par rapport aux vacances dans l'industrie de la construction, tout
ça est versé à la CCQ. Ça fait partie de l'ensemble
des avantages sociaux. L'employeur verse à la CCQ et c'est elle... Donc,
la CCQ possède déjà en mains... Mais je demanderais
à Pierre de compléter. Je pense que l'essence même qui fait
que ce n'est pas aussi compliqué que ça puisse paraître,
c'est que tout ça est centralisé à un endroit qui est
l'organisme de la Commission de la construction où l'employeur verse
là, et c'est le rôle de la CCQ de distribuer les argents.
Le Président (M. LeSage): M. Shedleur, en
complément de réponse.
M. Shedleur: Merci, M. le Président. Pour aller dans le
même sens que M. le ministre, effectivement, ça va être
assez facile, malgré tout, à vérifier pour nous parce que
la CCQ a toutes les données et les employeurs doivent envoyer leurs
montants là. Toutes les données... On ne parlera pas du travail
au noir. Vous comprendrez là, on n'a pas la prétention nous, de
s'attaquer au travail au noir, on a assez de nos problèmes. Alors, je
pense qu'au niveau de la Commission de la construction c'est bien fait, ils ont
leurs propres vérificateurs, annuellement ils sont
vérifiés. Alors, je pense qu'il y a de bonnes données et
on sait ce que les employeurs versent pour ces travailleurs-là à
la CCQ.
Pour la question du 40 %, bien ça, je pense que, par employeur,
avec la CCQ - et on va s'échanger des données d'information - on
peut savoir si un employeur, à ce moment-là, a au moins 40 % des
heures. Et là, par nos banques informatiques - on parlait de
systèmes informatiques - on va voir des liens directs avec la CCQ et on
va pouvoir le voir par employeur
après, assez facilement, si ces masses salariales et les gens qui
travaillent dans cette entreprise-là excèdent 40 %.
Ce qu'il faut aussi se dire, puis il faut bien comprendre ça,
c'est qu'il y a beaucoup d'employeurs dans la construction qui ne font que de
la construction. Donc, c'est facile à vérifier. C'est comme
n'importe quoi. Il y a peut-être 5 % ou 10 % des employeurs de la
construction qui ont d'autres activités que de la construction ou des
activités complémentaires, ou mettons,
périphériques. Alors, ça ce n'est pas l'ensemble des
employeurs de la construction, c'est 5 % ou 10 % des employeurs.
Ceux-là, on va les vérifier de façon un peu plus
serrée, mais je pense que c'est important de maintenir un niveau
où les gens, ces employeurs-là, qu'il y a un niveau important,
que c'est vraiment touché par le secteur de la construction...
Ce qu'on a voulu éviter, c'est de permettre à quelqu'un
dont 1 % de ses travailleurs seraient touchés par le décret de la
construction, qu'il réclame les mêmes bénéfices
qu'on voulait donner dans la loi d'accorder la base hebdomadaire, alors qu'on
l'a enlevée aux autres employeurs du Québec. C'est pour ça
qu'on a mis le pourcentage assez élevé. Ce pourcentage-là
a fait l'objet, d'ailleurs, de discussions avec l'Association des entrepreneurs
en construction du Québec qui ont partagé qu'il fallait à
un moment donné s'assurer que ceux qui vont avoir une exception, c'est
vraiment des gens de la construction. Donc, moi je pense que c'est
peut-être 5 % ou 10 % des employeurs, dans le fond, qui ont d'autres
activités maximum. Puis, une fois qu'on va les avoir
vérifiés une fois, d'année en année, après,
c'est assez facile avec les données de la CCQ, puis quand même, on
a de bons systèmes informatiques.
Une voix: J'espère.
Le Président (M. LeSage): Ça va, Mme la
députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: II me semble que c'est comme pas vraiment... En
tout cas, ça ne m'ap-paraissait pas évident ni transcendant et
ça... J'allais dire: Je vous souhaite bonne chance. On va revenir avec
un projet de loi. Attendez, vous allez regarder... Commencez à appliquer
ça et vous allez devoir revoir cette disposition-là tant
ça me semble...
Le Président (M. LeSage): Est-ce que l'article 5.1 est
adopté, Mme la députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: Sur division.
Le Président (M. LeSage): 5.2 aussi, Mme la
députée de Chicoutimi? Je vais le lire, parce qu'il n'est pas
inscrit dans la galée: 5.2. L'article 294 de cette loi est
modifié par le remplacement, dans la deuxième ligne du premier
alinéa, de «1er» par «15».
Des voix: Adopté.
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. LeSage): Adopté. Alors, les
articles 5.1 et 5.2 sont adoptés tels qu'amendés. Compte tenu de
l'heure, j'ajourne les travaux de cette commission jusqu'à...
Mme Blackburn: Je pensais qu'on ajournait à 13 heures.
Moi, je n'ai pas d'objection. (12 h 30)
Le Président (M. LeSage): Ah! c'est à 13 heures,
l'ajournement? Je m'excuse, je pensais que c'était à 12 h 30.
M. St-Roch: M. le Président, voulez-vous nous
«filibuster»?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. LeSage): Très bonne remarque, M.
le député de Drummond.
Modifications de concordance
Alors, j'appelle l'article 6. L'article 6, qui n'est quand même
pas long, avec la permission du député de Drummond, je vais vous
en faire la lecture: 6. L'article 300 de cette loi est modifié par
l'insertion, à la quatrième ligne du deuxième
alinéa, après le mot «paiement», des mots «de
la pénalité et». M. le ministre.
M. Cherry: Alors, le projet de loi, par son article 11, modifie
l'article 319 de la loi qui prévoit l'imposition d'un
intérêt, et c'est là qu'on arrive au mot
«intérêt» qui va s'appliquer à l'ensemble de
tout ça après, correspondant à 5 % de la cotisation en cas
de retard de l'employeur à produire les documents nécessaires
à sa cotisation. La modification qualifie de pénalité
plutôt que d'intérêt ces 5 %. Dans les circonstances, la
modification apportée à l'article 300 en est donc une de
concordance avec celle apportée à l'article 319. On va qualifier
ça de pénalité plutôt que
d'intérêt.
Le Président (M. LeSage): Ça va, Mme la
députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: Ça va.
Le Président (M. LeSage): Alors, est-ce que l'article 6
est adopté, Mme la députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: Adopté.
M. St-Roch: Adopté.
Le Président (M. LeSage): L'article 6 étant
adopté, j'appelle l'article 7. M. le ministre.
M. Cherry: II s'agit encore là d'une modification de
concordance avec le nouvel article 319. Celui-ci qualifie de
pénalité plutôt que d'intérêt le montant de 5
% de la cotisation, imposé à l'employeur en défaut de
fournir les documents requis par les articles 290 et 294 de la loi dans le
délai imparti. Et il y a un papillon, c'est toujours pour les
mêmes 15 jours.
Le Président (M. LeSage): II y aura, si vous le permettez,
après l'article 7, un papillon qui est déposé pour avoir
un article 7.1, qui se lirait comme suit: 7.1. L'article 309 de cette loi est
modifié par le remplacement, dans la septième ligne du premier
alinéa, de «1er» par «15».
M. Cherry: c'est la même chose que tantôt, m. le
président, c'est les mêmes 15 jours de délai additionnel
pour faciliter la production des informations.
Mme Blackburn: Est-ce que c'est sur la base des
négociations qui ont eu lieu encore entre les patrons et le syndicat, ou
juste avec les patrons, qu'on a allonge le délai de fin février
au 15 mars?
M. Shedleur: Pour le délai de 15 jours, c'est une demande
qui est venue après le projet de loi parce que c'est un papillon, comme
vous pouvez voir, et ça nous est rentré dans les 15 derniers
jours. C'est une chose qu'on se demande comment ça se fait qu'elle a
été oubliée et il n'y a pas eu de consultation syndicale
sur ça. Il faut que je sois honnête, il n'y a pas eu... Mais
ça n'a aucun impact financier, ça ne touche aucun des
bénéfices des travailleurs, on a juste déplacé la
date de production des documents. On va être très honnête,
on n'a pas consulté les syndicats du c.a. là-dessus.
M. Cherry: Mais ils ne sont pas impliqués.
M. Shedleur: C'est pour ça. Je répondais de
façon très transparente.
M. Cherry: O.K.
Le Président (M. LeSage): Ça va, Mme la
députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: Non, c'est que, moi, ça m'apparaît,
comme modification, je pense que c'est intéressant. Je sais qu'il y a
des employeurs qui se plaignent souvent de cette espèce de temps de
travail où tout doit être sorti en même temps et je pense
qu'ils ont raison. Là-dessus, ça ne me pose pas problème.
Mais je veux dire, comment ça se fait que ça n'a pas
été fait en même temps? Et qui a ramené ça
sur la table?
M. Shedleur: Ce qui est arrivé... Je ne sais pas pourquoi
ça nous a échappé, je vais être très
honnête, on ne le sait pas. Le projet de loi avait fait l'objet de
discussions par tout le monde, les associations patronales, syndicales. C'est
une grande entreprise du Québec qui, à un moment donné, a
lu le projet de loi et qui, par ses procureurs, a ramené ça en
disant: Les 15 jours de délai qui avaient été
demandés ne sont pas dans le projet de loi. Moi-même, je ne me
rappelais même pas de la demande et pourtant, je suis mes dossiers.
Vraiment, il nous a échappé, à tout le monde, au patronat;
tout le monde l'a échappé, ce délai. Ça nous est
venu par une demande d'une grande entreprise qui disait: Écoutez, on
avait demandé ça. Ce qui était vrai.
Mme Blackburn: Quand vous dites que ça n'affecte pas du
tout, ça doit quand même affecter un peu les revenus puisque, les
délais étant courts, il y en a qui ne respectaient pas, donc, qui
étaient pénalisés. Donc, il y avait un revenu pour la
CSST. Mais je ne commencerai pas à vous demander les calculs que vous
avez faits là-dessus. Non?
M. Shedleur: Je pourrais répondre, si vous voulez. Ce qui
arrive, c'est que les gens, on leur demande de produire les données pour
le 28 février, mais il y en a qui entrent le 15 février et il y
en qui entrent le 13. Dès que les déclarations entrent, on envoie
les cotisations aux employeurs. Alors, à ce moment-là, il y en a
plusieurs qui vont continuer d'entrer le 1er et le 15 février, etc.
C'est très marginal, ceux qui vont entrer, mettons, entre le 1er et le
15. Et, en plus, ce n'est pas parce qu'on l'avait le 1er mars avant qu'on
cotisait le 1er mars. Donc, il y a des délais administratifs aussi
à l'intérieur de ça. C'est pour ça qu'on estime
qu'il n'y a pas de coûts, et des fois, on est obligé de retarder
notre tarification ou notre cotisation pour différentes raisons internes
que nous avons. C'est pour ça qu'on considère qu'il n'y avait pas
de coûts.
Mme Blackburn: L'amendement est adopté.
Le Président (M. LeSage): L'article 7 est
adopté?
M. St-Roch: Adopté.
Mme Blackburn: L'amendement est adopté.
Le Président (M. LeSage): L'article 7.1, tel
qu'amendé, est adopté. J'appelle l'article 8. M. le ministre.
M. Cherry: La modification ici proposée concerne les
employeurs assujettis au régime d'ajustement rétrospectif de
leurs cotisations. Il s'agit des employeurs qui paient 420 000 $ et plus de
cotisation par année. La modification à l'article 314.1 vise
à permettre la capitalisation quotidienne de l'intérêt qui
est applicable aux employeurs assujettis à ce régime
rétrospectif. La Commission pourra ainsi harmoniser ses pratiques avec
celles des marchés financiers et avec celles de certains organismes
gouvernementaux tels que le ministère du Revenu et la
Société de l'assurance automobile du Québec.
Le Président (M. LeSage): Ça va, Mme la
députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: On dit «capitalisation quotidienne»;
antérieurement, rappelez-moi comment ça se faisait.
M. Shedleur: ii n'y en avait pas, madame. on calculait... il n'y
avait pas de capitalisation quotidienne. donc, on vous chargeait pour toute ia
période.
Mme Blackburn: Ah oui! D'accord. M. Shedleur:
C'était inexistant.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que l'article...
Mme Blackburn: Et les pertes de revenus là-dessus, est-ce
que ça a été évalué?
M. Shedleur: Non. On ne considère pas qu'il y a de perte
de revenus, parce qu'il y a des gains, il y a des pertes. Globalement, comme
vous l'avez mentionné, je pense, tantôt, c'était 2 000 000
$ là, qu'on avait parlé dans le mémoire, là, mais
globalement, dans ce projet de loi là, il n'y a pas de perte de
revenus... Bien, 2 000 000 $, avec l'explication que j'ai donnée
tantôt.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que l'article 8 est
adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Drummond, adopté, Mme la députée de Chicoutimi. J'appelle
donc l'article 9.
M. Cherry: En vertu de l'actuel article 315 de la loi, M. le
Président, l'employeur doit payer à la Commission le montant de
sa cotisation dans les 30 jours qui suivent la mise à la poste de l'avis
de cotisation. La modification proposée remplace ce délai. Elle
prévoit que l'employeur doit payer sa cotisation avant le 21e jour du
mois qui suit celui de la mise à la poste de l'avis de cotisation. Tous
les avis de cotisation mis à la poste au cours d'un même mois
auront donc une même date d'échéance. Cette modification
facilitera la gestion du dossier financier d'un employeur en introduisant
l'échéance unique. Le délai de paiement moyen sera
d'environ 35 jours. De plus, la Commission harmonisera ainsi ses pratiques avec
celles du ministère du Revenu du Québec.
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. LeSage): L'article 9 est adopté.
J'appelle l'article 10. M. le ministre.
M. Cherry: II s'agit d'une modification de concordance avec le
nouvel article 319 pour tenir compte de la pénalité de 5 %
imposée à l'employeur en défaut de fournir à la
Commission certains documents.
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Drummond.
M. St-Roch: Adopté.
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Chicoutimi. Alors, l'article 10 est adopté. J'appelle l'article 11.
M. Cherry: La loi actuelle prévoit l'imposition d'une
pénalité qualifiée d'«intérêt» de
5 % à l'employeur qui ne fournit pas dans le délai imparti les
documents qui sont indispensables à rétablissement de sa
cotisation. Ce que la loi actuelle qualifie d'intérêt - c'est la
même chose que tantôt - n'est en fait qu'une
pénalité. C'est pourquoi il est proposé de le qualifier
ainsi. Compte tenu de l'introduction de la capitalisation quotidienne de
l'intérêt, il faudrait enlever toute référence
à l'intérêt établi mensuellement. D'autre part,
contrairement à ce qui est proposé par l'article 12 du projet de
loi, qui élimine la pénalité de 5 % pour défaut de
paiement de la cotisation, il y a lieu de maintenir l'incitatif que constitue
cette pénalité en ce qui a trait à la production de
documents qui sont indispensables à la cotisation de l'employeur,
notamment l'état des salaires et la déclaration des
activités économiques auxquels, je pense, M. Shedleur
référait précédemment.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Drummond. (12 h 40)
M. St-Roch: Oui. Ce commentaire-là, M. le ministre va
être valable pour 11 et 12. Je prends l'exemple du ministère du
Revenu, lorsqu'on parle de remise de taxe, surtout la taxe de vente
provinciale, la TVP, il est de tradition... Avant, on donnait une chance au
coureur: une fois à
tous les 48 mois, s'il y avait un délai et que la personne, pour
quelque raison que ce soit, était en retard, il n'y avait pas de
pénalité. Eux étaient plus gourmands, c'était 15 %.
Alors, aujourd'hui, on a ramené les barèmes d'un congé de
délinquance, si je peux l'appeler de cette façon-là,
à une fois tous les deux ans. Alors, dans le cas de la CSST... Parce
qu'il peut arriver, dans la vie, là, puis je pense surtout à nos
petites et moyennes entreprises qui n'ont pas les moyens financiers, qui n'ont
pas toutes les batteries d'experts que la grande entreprise va avoir... Alors
si, dans la vie quotidienne, si un employeur est en retard parce que là,
il y aura cinq jours de grâce, là, si on regarde le projet de
loi... Mais, s'il avait, par exemple, six jours ou sept jours, puis que c'est
un employeur qui a un bon record, est-ce que vous appliquez automatiquement
dès la sixième journée ou si vous allez appliquer la
même philosophie, comme vous semblez l'indiquer au niveau du revenu pour
l'intérêt, c'est-à-dire, bon, bien, si un employeur est en
retard de très peu de jours, une fois par 24 mois, 12 mois, on va lui
donner une chance?
M. Cherry: O.K. Je vais commencer la réponse. Je vais
demander à M. Shedleur de compléter. Il faut bien se rappeler que
les 5 %, c'est dans le cas d'employeurs qui n'auront pas fourni en temps...
Évidemment, les jours qui suivront par après, il n'y aura que
l'intérêt qui devrait être comptabilité par rapport
à la date du retard du paiement. Mais, pour compléter la
réponse...
M. St-Roch: À partir du cinquième jour.
M. Cherry: Oui. Avant, c'était selon le sceau de la poste
puis...
M. St-Roch: Oui.
M. Cherry: ...de toute façon, on tenait compte de cinq
jours, «anyway».
M. St-Roch: Mais je vais prendre un cas hypothétique,
là, même si on n'est pas supposés, nous, les
parlementaires, de faire d'hypothèses. Prenez l'employeur qui a toujours
eu un record vierge de petite entreprise avec la CSST puis, à un moment
donné, il arrive un décès, dans la famille puis ses
informations - parce que là, maintenant, avec 11, on met des
informations qui peuvent amener un délai, ou avec 12, tout à
l'heure, qui est le montant de la remise - ses rapports ou ses sommes d'argent
arrivent au neuvième jour. Cette personne-là a toujours eu un
record, là, qui était impeccable. Est-ce que, à ce
moment-là, la CSST peut appliquer la même politique que le Revenu,
et dire: Bon, il a un record vierge, il a juste trois jours de retard, je donne
la chance au coureur ce coup-ci, mais si, à l'intérieur de deux
ans, il est encore en retard, là, on appliquera cette
pénalité d'intérêt quotidien?
M. Cherry: Alors, M. le Président, pour répondre
à notre collègue de Drummond, ça, ça constituerait
un cas exceptionnel et la Commission en tiendrait compte. Je ne sais pas si M.
Shedleur veut ajouter autre chose, mais...
M. Shedleur: C'est tout à fait exact. Je pense que les cas
qui me sont soumis, de décès ou de choses importantes, là,
on enlève même les pénalités, le 5 %. Je pense que
c'est une question de jugement. Jamais, dans la loi, on ne pourra marquer tous
ces cas d'exception. Les gens doivent expliquer leur situation. Mais, ce
à quoi on tient, c'est que les gens déclarent, nous envoient les
documents à temps - la majorité du monde - et ne pas permettre
aux gens, peut-être, d'excéder ces délais-là, parce
qu'on n'aura plus notre information pour cotiser puis pour faire nos
travaux.
M. St-Roch: Si je peux me permettre, M. le Président, au
même titre qu'au ministère du Revenu - parce qu'on est intervenu
en tant que député dans le même cas - le ministère
du Revenu, maintenant, va envoyer un avis à la personne. Si la personne
a un record vierge puis que son paiement arrive en retard, on va lui envoyer un
avis écrit qui lui dit: Monsieur, vous avez maintenant utilisé la
chance du coureur. Alors, on vous avise dès maintenant que si, dans
l'avenir, vos déclarations ne sont pas à temps, voici la
pénalité qui s'appliquera, qui est la pénalité
prévue par le ministère du Revenu. Je pense que ça a deux
choses. Ça a un effet, aussi, de dire: Bien, il y a le côté
humain de l'appareil gouvernemental qu'on projette. Puis, dans un
deuxième temps, aussi, c'est une mise en garde, de dire: La chance au
coureur est finie. Maintenant, fais attention, revise tes procédures.
Puis moi, je peux vous dire que dans de nombreux cas, avec le Revenu, au lieu
d'avoir énormément de récriminations puis de bouches
amères contre le ministère du Revenu, les gens viennent nous voir
pareil, puis on suggère le dépôt avec le système
bancaire ou ces choses-là, ce qui fait, finalement, que l'appareil
gouvernemental a une meilleure image, une image humaine puis aussi, une image
d'efficacité.
Le Président (M. LeSage): M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Oui, M. le Président. Je pense que
l'intervention du député de Drummond est bonne, sauf que moi, par
expérience, comme député, tous les cas que j'ai eus, dans
ces cas-là, au ministère du Revenu, même au niveau d'autres
organismes, lorsqu'on intervient, lorsque le client en question a un dossier
vierge ou un très bon record, on n'a jamais de problèmes avec
ces
organismes-là. Les gros problèmes que j'ai, c'est quand
j'ai des gens qui viennent me voir, puis qui ont de gros dossiers très
houleux ou que leur réputation, au sein des organismes ou des
ministères, est à l'effet que ces gens-là ne paient pas
à temps depuis très longtemps. Je pense qu'il y a quand
même une loi, peut-être non écrite à ce
sujet-là mais, quand on intervient, il n'y a pas de problèmes.
Mais c'est bon de l'avoir spécifié quand même, parce
que...
M. St-Roch: Oui, M. le Président, en réponse
à...
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Drummond.
M. St-Roch: ...mon collègue des
Îles-de-la-Madeleine, je suis d'accord avec lui, mais le problème
auquel on fait face, c'est que souvent on a des citoyens et des citoyennes qui
vont recevoir la pénalité, qui ont toujours été
impeccables puis qui ne penseront même pas à aller voir leur
député en pensant qu'il peut intervenir. Puis eux autres peuvent
le payer. Tandis que si ça devient une norme puis une pratique courante,
bien affichée, ouverte, à ce moment-là, je pense qu'il y a
un principe d'équité pour tout le monde de la
société. Puis, comme je dis, ça a l'avantage de projeter
de l'organisme un caractère humain, puis en plus de ça, un
caractère, aussi, d'information, parce qu'il dit: Attention, on t'a
donné ta chance, on est humains, mais le prochain coup, revise donc tes
méthodes comptables parce que tu vas être pénalisé
puis il y aura un intérêt qui va être chargé. Puis
à ce moment-là, si jamais ça arrive, bien, le citoyen ne
peut pas avoir une bouche amère contre l'organisme et puis, il
évite aussi de venir voir son député pour le faire
intervenir puis essayer de faire mettre une pression, quant à moi, qui
est indue envers l'organisme ou le ministère concerné.
M. Cherry: On en prend note, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Dans ces cas-là où il y a une
certaine souplesse qui est laissée à la CSST dans l'application
des règlements, à quelle place est-ce indiqué? Est-ce que
quelqu'un ne pourrait pas... Parce que je sais que quand on négocie des
choses, ça a du bon sens, bon, vraiment, il y a des ministères
qui disent: O.K., on a compris, il n'y a pas de problème, puis la
pénalité est, soit diminuée, dans la mesure du possible.
Avec le Revenu, je dois dire que c'est plus dur un peu; j'ai plus de
facilité avec Ottawa. Est-ce qu'on peut dire ça? Avec le
ministère du Revenu d'Ottawa.
M. Farrah: Est-ce que ça change vos convictions?
Mme Blackburn: Non, ça ne change pas mes convictions,
j'envoie encore trop d'impôts là-bas. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. LeSage): C'est bon, à Ottawa,
hein? C'est parce que c'est proche de Hull.
Mme Blackburn: C'est parce que c'est loin... Parce que c'est loin
du monde, surtout. C'est ça. Ha, ha, ha! Mais tout ça pour dire
que... Sur quelle base pouvez-vous... À quel endroit, dans un
règlement, est-il prévu que vous puissiez faire preuve de cette
souplesse et ne pas appliquer le règlement? Et est-ce que quelqu'un ne
pourrait pas vous accuser de ne pas faire respecter le règlement ou
d'avoir un traitement inégal, parce que ce n'est pas indiqué
nulle part, selon le client? Le client ou l'employeur.
M. Shedleur: Pour être accusés, ça, il n'y a
pas de problème, on est souvent accusés, mais...
Mme Blackburn: Je le sais. Puis il y a beaucoup d'avocats.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: II y a beaucoup d'avocats.
M. Shedleur: On est plus souvent dans la boîte des
accusés qu'ailleurs, mais, en même temps, je pense qu'il n'y a pas
de loi qui écrit qu'il faut avoir du jugement. C'est ça que j'ai
dit à mon monde lorsque j'étais vice-président aux
finances, j'ai dit aux gens: Le jugement... Il y a des lois, mais il y a le
jugement. Il y a une limite. Il peut arriver des cas d'exception. On peut
même passer sur la lumière rouge à l'occasion puis avoir
une bonne raison: si quelqu'un est en train de mourir. Puis la police,
peut-être, ne donnera pas de... Peut-être. Mais je pense que, s'il
voit que quelqu'un est en train de mourir, il va peut-être même
nous accompagner. Je pense que c'est ce que j'ai demandé aux gens quand
j'étais vice-président aux finances - et ce que j'ai
demandé ailleurs, aussi, pas juste aux finances - d'avoir du jugement.
Le jugement, ça ne se met pas dans une loi et, évidemment,
quelqu'un pourrait toujours nous poursuivre ou nous accuser, mais ça
fait six ans que je suis à la CSST et il n'y a pas un employeur qui m'a
accusé encore à cause qu'on a eu du jugement. Et ces
cas-là, c'est des cas qui sont analysés à la pièce.
On sait pourquoi et on l'explique, pourquoi. Et on a en filière des
informations, mais c'est vrai que la loi... Peut-être que je vais
être accusé, il faut que je demande à mes
services juridiques, mais il y a une chose qui est sûre, je pense
que le jugement doit être partout et rendre la machine plus humaine,
comme ça a été mentionné. J'ai pris bonne note de
ce que vous avez mentionné.
Mme Blackburn: Moi, je suis tout à fait d'accord avec
vous. Mais comme... Moi, je privilégie l'équité pour tout
le monde. Des gens mieux branchés, mieux organisés, qui ont un
service de conseillers juridiques, qui ont des comptables à leur
service, sont capables d'utiliser ce genre d'argument. Mon petit employeur, il
n'est pas équipé pour ça. Puis il y en a même qui ne
pensent même pas qu'ils peuvent s'adresser à un
député. Je dois dire qu'avant d'être députée,
je ne me serais pas non plus adressée à un député
pour faire régler ce genre de cas là. J'ai appris qu'après
ça on l'utilisait, mais bon, bravo! Ce n'est pas tout le monde qui le
sait. Alors, il y a ces générateurs, j'allais dire, d'une
certaine forme de justice et de souplesse, mais d'inéquité, par
ailleurs, du moment où ce n'est pas connu. Je ne suis pas de celles qui
pensent qu'il faut que tout soit strict, strict, strict, mais en même
temps, il faut au moins que ce soit connu. C'est comme l'accès à
l'école pour les enfants qui n'ont pas l'âge requis. Il y en avait
10 % qui le savaient, 90 % qui l'ignoraient alors que.... Évidemment,
là, ils le savent un peu plus. Mais ça générait une
inéquité profonde. Et ça, je suis toujours
préoccupée par ça.
M. Shedleur: Comme... Est-ce que je peux y aller, M. le
Président?
Le Président (M. LeSage): Oui, allez-y, M. Shedleur.
M. Shedleur: Alors, comme j'ai mentionné... D'abord, moi,
je pense que j'ai appris une bonne chose ce matin. On va améliorer notre
système plus humain et peut-être qu'on en fera une règle
d'administration. On va regarder les impacts. On ne prend pas un engagement, il
faut regarder les impacts. Mais si le Revenu a réussi, on devrait
être en mesure de réussir à implanter une mécanique
qui serait, comme vous venez de dire, aussi, à tout le monde. Ça
fait qu'on va regarder ça. Je vous promets qu'on va regarder ça.
(12 h 50)
Deuxième chose, je viens de penser à ça, c'est que
l'article 365 de la loi nous permet de faire une reconsidération
administrative. Je me suis souvent...
Mme Blackburn: Depuis...
M. Shedleur: Même avant, lorsque j'étais
vice-président aux finances, j'ai interprété avec
jugement. Je ne suis pas sûr que j'aurais gagné toutes mes causes
en étant poursuivi, mais là maintenant, avec la nouvelle loi 35
et l'article 365 qui a été amendé par le ministre Cherry,
qui nous permet maintenant de le faire dans la légalité. Alors,
maintenant je suis rendu couvert par mon ministre.
Le Président (M. LeSage): Ça va, Mme la
députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'article 11 est
adopté. J'appelle l'article 12. M. le ministre.
Mme Blackburn: II faudrait le garder plus longtemps. Il y avait
des rumeurs...
M. Cherry: Cette modification a pour objet d'éliminer la
pénalité de 5 % de la cotisation imposée à
l'employeur en défaut de payer. Cette pénalité a fait
l'objet de nombreuses critiques des employeurs. Un retard d'une seule
journée avait pour effet de faire grimper la facture de 5 %. De plus,
cette pénalité pouvait s'ajouter à celle
déjà prévue à l'article 319 pour la non-production
des documents dans les délais. Pour maintenir l'incitatif à payer
avant l'échéance, cette modification prévoit le calcul de
l'intérêt à compter du cinquième jour qui suit la
mise à la poste de l'avis de cotisation lorsque l'employeur fait
défaut de payer sa cotisation dans les délais. Cette façon
de rétroagir quant au calcul de l'intérêt est conforme aux
pratiques en vigueur sur les marchés financiers.
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Chicoutimi, ca va?
Mme Blackburn: Moi je n'avais pas de commentaires.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Drummond, c'est adopté?
M. St-Roch: Adopté.
Le Président (M. LeSage): L'article 12 est adopté.
J'appelle l'article 13, M. le ministre.
M. Cherry: Cette modification en est une de concordance avec le
nouvel article 319, de manière à tenir compte de la
pénalité de 5 % imposée à l'employeur à
défaut de fournir à la Commission certains documents. C'est de la
concordance, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: C'est adopté.
M. St-Roch: Adopté.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'article 13
est adopté, j'appelle l'article 14.
M. Cherry: Cette modification prévoit que le taux
d'intérêt applicable aux sommes dues à la Commission par
l'employeur sera dorénavant celui déterminé par la
Commission, par règlement. Actuellement la Commission applique le taux
déterminé par le ministère du Revenu et en vigueur le 30
septembre de l'année précédente, et elle applique un seul
taux pour toute l'année. Cette situation a entraîné ces
dernières années une disproportion importante entre le taux
appliqué par la Commission et celui en vigueur sur les marchés
financiers. Le nouvel article permettra à la Commission d'appliquer un
taux d'intérêt particulier aux employeurs qui paient leur
cotisation annuelle en plusieurs versements, conformément à
l'article 315 de la loi. La modification proposée prévoit aussi
la capitalisation quotidienne de l'intérêt, ce qui n'est pas le
cas actuellement. Ceci permettra à la Commission d'harmoniser ses
pratiques avec celles des marchés financiers et de certains organismes
gouvernementaux tels que, toujours, le ministère du Revenu et la
Société de l'assurance automobile du Québec.
Mme Blackburn: Si je comprends l'article, c'est que le
règlement va s'appliquer aux articles 309, 315, 319, 320, 322, et de
façon différente pour le deuxième alinéa de 315. Il
dit quoi, ce deuxième alinéa de 315?
M. Cherry: C'est ceux qui payent par versements, Mme la
députée.
Mme Blackburn: Par versements fixes? M. Cherry: Ils
échelonnent ça? M. Shedleur: Oui.
Le Président (M. LeSage): Allez-y donc, M. Shedleur.
M. Shedleur: Si vous permettez, c'est qu'on permet aux employeurs
qui ne veulent pas payer complètement leur cotisation d'un seul coup -
et ça c'est pour tout le monde, il y a des règles à
suivre, dont celle d'avoir un bon dossier financier à la CSST - de payer
en six versements. Évidemment...
Une voix: D'étaler.
M. Shedleur: C'est ça, c'est d'étaler, exactement,
monsieur. Et, à ce moment-là, bien, les règles
s'appliqueraient un peu différemment pour ceux-là parce que ce
n'est pas la même mécanique.
Mme Blackburn: Quelles règles avez-vous
prévues?
M. Shedleur: Dans le règlement, quand ça va
arriver, on devra avoir des règles particulières pour ça,
parce que ce n'est pas uniforme, ce n'est pas tout le monde qui va se
prévaloir de ça. Il va falloir avoir dans le règlement des
façons de calculer les intérêts et comment...
Mme Blackburn: Les intérêts à taux variable,
selon le trimestre où c'est versé...
M. Shedleur: Bien, vous voyez la complexité, là,
comme vous pouvez voir. Par contre, si notre clientèle le souhaite,
madame, nous autres, on dit qu'on ne peut pas empêcher ça. Si un
employeur souhaite payer en plusieurs versements, bien, on dit O.K., on va le
regarder pour donner un bon service à notre clientèle.
Mme Blackburn: Quel est le pourcentage des employeurs qui paient
par versements?
M. Shedleur: Je ne le sais pas, mais on peut vous obtenir la
réponse, par exemple. On peut envoyer la réponse plus tard, si
vous voulez. Je ne l'ai pas ici. Ce n'est pas beaucoup, je crois.
Mme Blackburn: Non? M. Shedleur: Non.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on a prévu, avec l'application de
cette loi-là, devoir augmenter le personnel de gestion?
M. Shedleur: Du tout.
Mme Blackburn: Parce qu'il y a des choses qui semblent un peu
plus complexes.
M. Shedleur: Du tout, madame. C'est l'inverse. Nous autres, on
pense que ça simplifie.
Mme Blackburn: Oui, mais chaque fois que ça se simplifie
à la CSST, j'ai comme des petites réserves.
M. Shedleur: Vous êtes inquiète?
Mme Blackburn: Oui. C'est comme dans n'importe quel
ministère, d'ailleurs. Ce n'est pas seulement chez vous, là. Ce
n'est pas seulement à la CSST. Allez voir! Plus ça se simplifie
dans les collèges, plus c'est compliqué.
M. Shedleur: Ce que je peux vous dire, je n'ai pas demandé
d'effectifs supplémentaires pour ça et je serais très
malvenu de le faire au c.a.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Vous allez remplacer ça par l'informatique.
Vous n'avez pas demandé d'effec-
tifs, mais 135 000 000 $ de-Une voix: 131 500 000 $. Mme
Blackburn: 131 500 000 $...
M. Shedleur: Dont 60 000 000 $ qu'on autofinance, madame.
Mme Blackburn: Mais l'autofinancement, oui...
M. Shedleur: II vient de l'interne. Il en coûterait
peut-être plus cher si on ne les faisait pas. Il arrive, à un
moment donné, c'est comme une auto, ça; si elle est trop vieille,
il en coûte plus cher d'entretien que de la changer. C'est la même
chose pour l'informatique, en termes simples.
Mme Blackburn: Quand on parle d'autofinancement à la CSST,
il y en a que ça doit faire rigoler un peu. Je m'excuse.
Une voix: Je comprends!
M. Cherry: On «peut-u» signer ça à
l'informatique?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. LeSage): Est-ce que l'article 14 est
adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. LeSage): Adopté. J'appelle
l'article 15. M. le ministre.
M. Cherry: Ce nouvel article introduit dans la loi une
présomption à l'effet que la date de mise à la poste est
celle que porte l'avis de cotisation dans l'application du chapitre sur le
financement de la CSST. Cette présomption peut être
renversée par une preuve contraire de l'employeur. La Commission
transmet annuellement plus de 300 000 avis de cotisation. Cette modification
éviterait des problèmes importants de preuve de la date de mise
à la poste et économiserait les coûts de constitution et de
conservation d'une preuve de mise à la poste - courrier certifié
ou enregistré. Cependant, l'intérêt se calculera, en cas de
défaut de l'employeur de payer sa cotisation avant la date
d'échéance, à compter du cinquième jour suivant la
date de mise à la poste de l'avis de cotisation.
Mme Blackburn: ...l'avis de cotisation par rapport à ce
qui était... Est-ce qu'on a l'évolution du nombre d'employeurs
cotisés au cours des quatre dernières années?
M. Shedleur: Oui, madame.
Mme Blackburn: Vous n'avez pas ça là, mais
j'aimerais obtenir ça.
M. Shedleur: Oui, pas de problème. Mais c'est environ 170
000 employeurs par année.
Mme Blackburn: Par année.
M. Shedleur: II n'y a pas de problème. Vous voulez avoir
le nombre d'employeurs cotisés par année?
Mme Blackburn: Cotisés par année. M. Shedleur:
Pas de problème, madame.
Mme Blackburn: Je voudrais juste voir comment ça a
évolué avec les faillites. Les mauvaises créances,
ça représente combien?
M. Shedleur: Par coeur, c'est à peu près 25 000 000
$. Ce n'est pas beaucoup quand même, c'est à peu près 1,5 %
de nos cotisations. C'est moins que dans l'entreprise privée.
Mme Blackburn: C'est moins que la SDI aussi.
M. Shedleur: Je ne le sais pas. On n'est peut-être pas dans
la même situation.
Mme Blackburn: Dix fois moins.
M. Shedleur: C'est quand même très raisonnable chez
nous, compte tenu de la situation, c'est 1,5 %. Il faut dire qu'on a une
créance privilégiée, mais ce n'est quand même pas un
montant important.
Mme Blackburn: C'est considéré au même titre
que l'impôt sur le revenu, ça?
M. Shedleur: Oui.
Mme Blackburn: Une créance privilégiée.
M. Shedleur: Mais il y a eu des changements dans la loi des
faillites...
Mme Blackburn: Oui, avec la loi des faillites.
M. Shedleur: ...qui nous enlèvent certains droits
maintenant. On va être obligés de prendre d'autres moyens.
Mme Blackburn: De quelle nature?
M. Shedleur: Je ne le sais pas encore. On va regarder l'impact de
la loi.
Le Président (M. LeSage): M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Oui, une question brève. S'il y a contestation
sur le sceau de la poste, sur la date de facturation, c'est quoi la
procédure normale pour l'employeur? C'est lourd? Ça ne doit pas,
j'imagine. Est-ce que ça prend un avocat pour commencer à... Je
ne le pense pas.
M. Shedleur: Non. Tantôt, on a dit que, par rapport
à la date de cotisation qui était inscrite, on donne cinq jours.
Donc, si quelqu'un payait à l'intérieur de ces cinq
jours-là, il n'y a pas de problèmes. Écoutez! Il y a
toujours place au jugement, comme on parlait tantôt. Je pense que
peut-être c'est une bonne idée, vous avez dit, de le mettre
mécanique, mais je pense qu'il faut garder une place au jugement pour
aider...
Une voix: La même chose s'applique.
Le Président (M. LeSage): Brièvement, M. le
député de Drummond.
M. St-Roch: Ce va être très bref. Simplement, pour
M. Shedleur, étant très nombreux de ma formation politique, on a
tendance à nous oublier. Alors, si c'est possible, les informations que
vous envoyez, les faire parvenir au secrétaire de la commission qui
pourra me les distribuer aussi.
M. Shedieur: Pas de problème.
Le Président (M. LeSage): Alors, compte tenu de
l'heure...
Une voix: 1994.
Le Président (M. LeSage):... les travaux de cette
commission sont ajournés et reprendront cet après-midi à
15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 5)
Le Président (M. LeSage): La commission de
l'économie et du travail reprend ses travaux. Je vous rappelle que nous
en étions à l'étude de l'article 15 du projet de loi 71,
et la parole était, à ce moment-là, au
député de Drummond.
M. St-Roch: On avait terminé, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Drummond avait terminé. Est-ce que l'article 15 a été
adopté? On avait terminé l'étude. Mme la
députée de Chicoutimi, est-ce que vous aviez d'autres
commentaires sur l'article 15?
Mme Blackburn: Vous allez nous laisser... Adopté.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'article 15 est
adopté. J'appelle l'article 16. M. le ministre.
M. Cherry: II s'agit toujours, M. le Président, d'une
modification de concordance avec le nouvel article 319 pour tenir compte de la
pénalité de 5 % imposée à l'employeur, à
défaut de produire certains documents.
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Chicoutimi, c'est adopté. J'appelle donc l'article 17. M. le
ministre.
M. Cherry: Cette modification prévoit que le taux
d'intérêt applicable à une indemnité payable
à un bénéficiaire et à un remboursement à
l'employeur qui font suite d'une décision du Bureau de révision
ou de la Commission d'appel sera celui déterminé par la
Commission, et ce, par règlement. On y prévoit aussi la
capitalisation quotidienne de l'intérêt. Par ailleurs, la
situation reste la même quant au fait que les intérêts font
partie de l'indemnité, de sorte qu'ils demeurent insaisissables et non
imposables.
Mme Blackburn: Est-ce que, selon la loi actuelle... On dit:
«2° à compter de la date où il a effectué le
paiement en trop, s'il s'agit d'un remboursement à l'employeur. Ces
intérêts sont déterminés conformément
à l'article 323 et, dans le cas visé au paragraphe 1° du
premier alinéa, ils font partie de l'indemnité. » Et
là, c'est remplacé par: «Le taux de ces
intérêts est déterminé suivant les règles
établies par règlement. » C'est-à-dire qu'avant le
taux d'intérêt n'était pas établi par
règlement?
M. Shedleur: Non, c'était celui de l'article 323.
Mme Blackburn: C'était le règlement adopté
en vertu de l'article 323.
M. Shedleur: II n'y avait pas de règlement.
Mme Blackburn: II n'y avait pas de règlement?
M. Shedleur: C'était la loi qui disait qu'en vertu de
l'article 323 on prenait la décision de... Le taux
d'intérêt, c'était du 30 septembre...
Mme Blackburn: De l'établir le 30 septembre.
M. Shedleur:... du ministère du Revenu de l'année
précédente. Donc, il n'y avait aucun ajustement.
Mme Blackburn: Ça fait que, là, on introduit...
Plutôt que d'introduire une règle qui
dirait: Basé sur le taux d'intérêt du dernier
trimestre, on dit: Ça va être établi par voie de
règlement.
M. Shedleur: Je peux y aller?
Le Président (M. LeSage): M. Shedleur, allez-y.
Mme Blackburn: Ce serait établi par règlement,
j'imagine...
M. Shedleur: c'est ça. le règlement de l'article
14 qu'on va faire... pour 323, on va faire un règlement qui va faire le
calcul trimestriel.
Mme Blackburn: Pourquoi est-ce qu'il fallait absolument un
règlement et pourquoi ne pas établir la règle
générale qui prévalait à la fixation des taux
d'intérêt trimestriel? Avant, c'était en vertu de l'article
323 et c'était déterminé dans l'article lui-même.
Là, vous avez une certaine règle qui prévoit que ça
va être aux trois mois, trimestriel. Pourquoi faut-il, en plus, un
règlement?
M. Shedleur: Ça va être le même
règlement qui est prévu à l'article...
Mme Blackburn: Je le sais, je sais que c'est le même
règlement.
M. Shedleur: Pourquoi il faut un règlement? C'est parce
qu'on aurait pu le mettre dans la loi, direct, mais ça aurait
été très complexe, et la façon de faire les lois,
ils préfèrent envoyer ça dans les règlements, parce
que ça va être très...
Mme Blackburn: Mais, antérieurement, on n'avait pas besoin
de règlement, et là, on va en avoir besoin d'un.
M. Shedleur: Bien là, c'était simple,
c'est-à-dire il y avait un taux annuel fini, tandis que là,
ça va être trimestriel. Donc, il faut établir toutes les
nuances. Donc, ça va prendre plus qu'un article. Le règlement va
peut-être avoir une dizaine d'articles, je ne le sais pas, ou quelque
chose comme ça, et c'est plus facile à changer si jamais il y a
des modifications à faire.
Mme Blackburn: Je pense que votre complication vient du fait que
c'est trimestriel. Ceux qui paient en versements, en trois ou quatre versements
pendant l'année, ça, je sais que c'est plus compliqué,
vous nous l'avez expliqué tantôt. Sauf que, établir le taux
pour un trimestre, ce n'était pas beaucoup plus difficile à
établir dans la loi que ça l'est actuellement une fois par
année. C'est la règle de base qui sert à établir
le... Je ne sais pas pourquoi, parce que moi je trouve qu'il y a toujours cette
prolifération de règlements, je ne suis pas sûre que ce
soit toujours nécessaire et ça ne vient pas alléger...
J'écoutais le ministre tantôt qui nous parlait d'un
règlement, et je reprends ses termes, «beaucoup plus simple et
compréhensible pour les administrés, les propriétaires,
les employeurs»; un règlement simple, nous disait-il, je l'ai
noté, ça m'étonne toujours, un règlement simple.
D'abord, le langage juridique est par définition compliqué. Je ne
crois pas beaucoup aux règlements simples. Mais, alors pourquoi est-ce
qu'on ne l'a pas écrit dans la loi? Je comprends qu'il y a une
difficulté, celle de ceux qui paient par versement. Mais, pour le reste,
il y a une règle relativement simple, c'est l'intérêt moyen
qui a cours au dernier trimestre, établi sur la règle qui
prévaut déjà au ministère du Revenu. (15 h 10)
M. Cherry: Ça peut chevaucher sur différentes
périodes aussi.
M. Shedleur: C'est ça, mais il y a aussi... Voyez-vous, je
regarde celui du ministère du Revenu, il y a une demi-page quand
même, parce qu'il faut dire des choses comme «en établissant
la moyenne arithmétique simple du taux de base... Bon. Tout exprimer
ça correctement pour ne pas avoir de poursuites après, ça
prend de l'espace et plusieurs articles. Donc, ça devient plus simple
jusqu'à un certain point de mettre ça en règlement et
c'est plus facile d'ajuster, s'il y avait une erreur, que d'ajuster une loi.
Parce qu'il peut arriver des fois aussi des erreurs d'ordre technique et on est
pris avec. Comme actuellement, où on a des écarts incroyables
entre la réalité du marché puis ce qu'on a
décrété, ce n'est pas facile pour nous autres de
réagir, c'est toute une procédure.
Mme Blackburn: Vous dites exactement ce qu'on pense: comme c'est
plus facile de modifier un règlement qu'une loi, le gouvernement
procède de plus en plus par règlements. Et c'est ce qui explique
une partie du problème des administrés, parce que le
règlement, lui, ce n'est pas tout le monde qui suit la Gazette
officielle du Québec. Et c'est ce pourquoi finalement les
législateurs comme vous, comme nous, comme ceux des deux
côtés de la Chambre se retrouvent à adopter des lois qui
sont comme quasiment vides. Les implications et la portée réelle,
on les retrouve dans les règlements. Là-dessus, c'est mineur, les
règles de calcul, ce n'est pas bien grave, mais l'esprit
général et les revendications qu'on a là-dessus qui font
que la loi finit par être une espèce de cadre plutôt vague,
on se réserve tout dans les règlements. Ça, c'est
devenu... Ce n'est pas à vous que je m'adresse, c'est devenu la
règle de ce gouvernement-là, avec le problème que
ça pose: les députés des deux côtés de la
Chambre, c'est une espèce de «rubber-stamp»; on adopte des
choses sur lesquelles on n'a aucune idée de
la façon que ça va être appliqué.
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Cherry: Dans ce cas-ci, M. le Président, je pense qu'on
l'a dit quelques fois ce matin et c'est peut-être bon qu'on se le
rappelle, il s'agit, en choisissant la façon de comptabiliser ça,
de l'harmoniser pour que le citoyen qui fait affaire avec le ministère
du Revenu, pour que le même citoyen qui fait affaire avec la Régie
de l'assurance automobile, le même citoyen retrouvera la même
façon de compter ça à la CSST, et c'est dans ce
sens-là qu'il me semble que le citoyen qui sera familier avec ça
n'aura qu'à appliquer cette façon dans l'ensemble de ces
organismes gouvernementaux. C'est dans ce sens-là que je pense que, pour
lui, c'est plus simple. Le citoyen a de la difficulté parfois à
dire: Comment ça se fait que, quand je fais affaire avec l'organisme A
gouvernemental, il comptabilise ça de telle façon et l'autre
organisme c'est une façon différente? Donc, dans ce
sens-là, il s'agit d'harmoniser la façon dont la CSST a
l'intention de le faire, avec ce qui se fait et au Revenu et à
l'assurance automobile.
Mme Blackburn: Je le sais, ce gouvernement-là est bien
fort sur l'harmonisation.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Drummond.
Mme Blackburn: On l'a vu avec la TPS.
M. St-Roch: Je vais faire, M. le Président, les
mêmes commentaires. Alors, à un moment donné, si on veut
avoir cette flexibilité-là, si on veut avoir cette
harmonisation-là... Je pense que je suis heureux de voir qu'il y a une
grande ouverture d'esprit ici et j'espère que quelque part, avant le 15
mai, tel que le veut notre règlement, on pourra avoir un projet de loi
public, qui peut être présenté par un député,
qui fera en sorte que chacun des organismes ou des ministères aura
à déposer à la commission parlementaire de laquelle il
relève, obligatoirement par loi, les règlements, pour que la
commission et les parlementaires puissent se pencher sur la
réglementation. Alors, vu que ça semble se dégager de plus
en plus, j'espère qu'à quelque part on pourra... Et on peut
être plus qu'un à parrainer cette loi-là. Moi, je pense que
c'est quelque chose qu'il va falloir envisager. Parce que Mme la
députée de Chicoutimi a absolument raison: de plus en plus, dans
un contexte d'excellence, de flexibilité, devant la mondialisation,
devant la robotique, l'informatique, ces choses-là, il faut être
flexible. Bien pour être flexible oui, mais, par contre, le
désavantage c'est que souvent on se ramasse avec des lois qui sont de
grands encadrements, mais la viande qui est alentour des os de la loi se
retrouve dans la réglementation dont on n'a aucunement connaissance.
Alors, j'ai hâte d'être rendu à l'ouverture, après le
9 mars, pour voir comment est-ce qu'on pourra débattre et voir aussi
surtout, M. le Président, la rapidité avec laquelle le leader du
gouvernement appellera cette loi là.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le
député de Drummond. Est-ce que l'article 17 est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: J'avais un commentaire à ajouter avant, M.
le Président...
Le Président (M. LeSage): Allez-y, Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: ...avant l'adoption. C'est que dans le fond si on
pouvait avoir les règlements en même temps qu'on adopte la loi,
ça ne servirait pas seulement à informer les parlementaires du
sens et de l'orientation qu'on va donner à la loi, mais en même
temps ça informerait ceux et celles qui travaillent dans ces
organismes-là, et souvent ceux et celles qui seront touchés par
ces règlements-là. Là, actuellement, on adopte quelque
chose, et c'est vrai, je le rappelle, pour toutes les lois, on adopte une loi
mais l'administré, avant qu'il sache comment ça va l'affecter, il
faut qu'il attende le règlement, alors que si on pouvait avoir une
idée... On comprendrait généralement mieux la loi si on
avait en même temps les règlements. Le ministre n'aurait pas
besoin de se perdre en explications que, des fois, il ne maftrise pas
complètement. Il est obligé de faire appel à ses
fonctionnaires, c'est normal, il n'est pas obligé de tout savoir, mais
il me semble que comme nous il comprendrait ce que ça veut dire si on
avait les règlements en même temps. Alors, c'est adopté, M.
le Président.
Le Président (M. LeSage): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. L'article 17 étant adopté,
j'appelle l'article 18. M. le ministre.
M. Cherry: Alors, M. le Président, les nouveaux
paragraphes 14 et 15 de l'article 454 conféreraient à la
Commission les pouvoirs pour établir par règlement les taux
d'intérêts applicables aux fins de la loi et les règles
particulières d'application de ces taux à l'échelonnement
de paiements de la cotisation prévue au deuxième alinéa de
l'article 315. Ainsi, la Commission pourrait adopter des taux
d'intérêts différents selon qu'elle verse ceux-ci -
paragraphe 14° -ou qu'elle réclame ces intérêts -
paragraphe 15°'
Mme Blackburn: Pour éclairer cette commission est-ce qu'on
pourrait...
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: ...nous dire, sans qu'on soit obligé d'y
retourner, M. le Président, ce que portent les articles 60, 90, 135,
261, 364 et le deuxième alinéa de 315, et l'application de
l'article 323? Je suis certaine qu'il n'y a pas un chat ici qui est capable de
savoir ce qu'il y a là-dedans. Moi je le sais parce que je suis
allée voir à la loi, là.
M. Cherry: Le paragraphe 14° c'est ce que la CSST paye pour
la réparation, et quand on parle de 15°, c'est que la CSST
charge.
Mme Blackburn: Mais encore, 60 c'est? Au cas où des fois
il y aurait eu des petits oublis, parce que ça arrive.
Une voix: Ça arrive.
Mme Blackburn: Un «d'» ou un «I'» qui
changent le sens de la loi, on en a vu quelques lois comme ça.
Le Président (M. LeSage): Ça arrive, Mme la
députée. Vaut mieux prévenir que guérir.
Mme Blackburn: Ça touche les salaires...
Le Président (M. LeSage): Allez-y monsieur...
M. Shedleur: Si vous me le permetttez, Mme Blackburn, l'article
60, vous l'aviez dans votre document-là, c'est l'article 1 du nouveau
projet versus la loi actuelle. L'article 60, c'est le cas des employeurs, pour
le remboursement des quatorze premiers jours. Donc, lorsqu'on a des montants
à payer à ces employeurs-là.
L'article 90, c'est dans les cas où la CSST paie des montants
pour les dommages corporels aux travailleurs. Donc, là aussi, il y a des
intérêts. C'est l'article 2 du projet de loi actuel. L'article 3
du projet de loi actuel fait référence à l'article 135
qui, lui, est en fonction des indemnités de décès. Donc,
on reprend les articles qu'on a vus plus tôt ce matin et là, on
vient faire une liste de ces articles-là. On dit que la loi s'applique
pour les règlements. Parce que l'article 454, c'est l'article qui
autorise la CSST à faire des, règlements et là, ce qu'on
vient de dire, c'est que, pour ces articles-là, on est autorisé
à faire un règlement dans lequel on va appliquer le calcul.
Mme Blackburn: Oui, l'article 454, c'est celui qui prévoit
que la CSST peut se donner des règlements. Ça, ça va?
M. Shedleur: C'est ça. Exactement, madame.
Mme Blackburn: Ça veut dire que les règlements dont
on parle depuis le début, il y a une bonne partie de ces
règlements qui sont des règlements internes de la régie,
de la société, de la CSST, pardon...
M. Shedleur: II y en a, je ne les ai pas tous, mais il y a 13
autres possibilités de règlements autorisées.
Mme Blackburn: Mais les règlements dont il est question,
il y en a un sur le taux d'intérêt, c'est le gouvernement? Sur la
masse salariale cotisable?
M. Shedleur: C'est tout le temps le gouvernement, madame.
L'article 14 du projet de loi actuel - qui fait référence
à l'article 323 de l'ATMP, la Loi sur les accidents du travail et les
maladies professionnelles - dit que la CSST peut se faire un règlement
et...
Mme Blackburn: L'article 18.
M. Shedleur: Non, mais vous avez l'article 14 aussi qui dit... On
va y aller. L'article 14 dit: «Pour l'application des articles [...], le
taux d'intérêt est celui déterminé suivant les
règles établies par règlement.» Donc, on mentionne
les articles. Là, l'article 454, qui fait référence
à l'article 18, c'est ce qui autorise la Commission...
Mme Blackburn: À faire ses règlements.
M. Shedleur: C'est ça. Mais ce n'est pas des
règlements internes. C'est des règlements qui sont
prépubliés et qui suivent la mécanique
réglementaire gouvernementale. Ce n'est pas interne, ça.
Mme Blackburn: Mais ce sont des règlements de la CSST et
non pas du gouvernement. (15 h 20)
M. Shedleur: C'est du gouvernement, c'est des... Ça
autorise la CSST à présenter des règlements, et le
gouvernement, après les prépubliés, 60 jours, il y a la
mécanique habituelle. Ce n'est pas des règlements internes. C'est
des règlements publics avec toute la mécanique de
prépublication, publication, etc.
Mme Blackburn: Et ces règlements vont être
prépubliés, comme vous le disiez ce matin.
M. Shedleur: Ah oui, oui! Mme Blackburn: Ça va.
Adopté.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'article 18 est
adopté. J'appelle donc l'article 19, M. le ministre.
M. Cherry: Alors, cette modification vise à faire en sorte
que les nouveaux règlements adoptés par la Commission, en vertu,
toujours, des paragraphes 14° et 15° de l'article 454, soient soumis
pour approbation au gouvernement. C'est ce dont viennent de traiter
tantôt Mme Blackburn et M. Shedleur.
Le Président (M. LeSage): Ça va pour l'article 19.
M. le député de Drummond? Mme la députée de
Chicoutimi?
Mme Blackburn: O.K. C'est la renumérotation, ça va.
Adopté.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'article 19 est
adopté. J'appelle l'article 20 pour lequel il y a un amendement qui vous
est distribué présentement.
Alors, je vais vous faire lecture de l'amendement, qui se lit comme
suit: Remplacer, dans la première ligne de l'article 20, «7»
par «8» et, dans la deuxième ligne de cet article,
«1993» par «1994». Est-ce que l'amendement à
l'article 20 est adopté? Ça va, M. le député de
Drummond?
Mme Blackburn: C'est une question de renumérotation, 7
à 8.
M. Cherry: C'est ça. C'est une erreur qui s'est
passée.
Mme Blackburn: Ah bon! c'est une erreur. O.K.
M. Cherry: Une erreur de numérotation qui s'est
glissée dans le projet de loi.
Mme Blackburn: Comme de quoi il faut lire... Comme de quoi il
faut dire...
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Chicoutimi, est-ce que...
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'amendement est
adopté. Est-ce que l'article 20, tel qu'amendé, est
adopté?
Mme Blackburn: Adopté. M. Cherry:
Adopté.
Le Président (m. lesage): alors, j'appelle l'article 21
pour lequel il y a également un amendement qui a pour objet de
retrancher l'article 21 dudit projet de loi.
M. Cherry: Alors, c'étaient les mesures transitoires, M.
le Président, qui, là, ne sont plus nécessaires. Donc, 21
et les autres, ce sera toujours la même chose: retrancher l'article parce
que, maintenant...
Le Président (M. LeSage): Est-ce que l'amendement à
l'article 21 est adopté?
Une voix: Oui, adopté.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'article 21, tel
qu'amendé, est adopté. J'appelle l'article 22 pour lequel il y a
également un amendement qui a pour objet de retrancher l'article 22.
M. Cherry: C'est la même explication, M. le
Président.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre. Est-ce
que l'amendement à l'article 22 est adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que l'article 22, tel
qu'amendé, est adopté? J'appelle l'article 23 pour lequel il y a
également un amendement qui a pour objet de retrancher l'article 23. M.
le ministre.
M. Cherry: C'est la même explication, M. le
Président.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre.
M. Cherry: Ça fait partie des mesures transitoires.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que l'amendement à
l'article 23 est adopté?
Une voix: Adopté.
Mme Blackburn: Un instant.
Le Président (M. LeSage): Mme ia députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Ça, ça veut dire que, comme on
abroge les articles qui prévoyaient des modifications à la
cotisation de 1993, tout ça va être possible simplement parce
qu'on fait entrer la loi en vigueur à compter du 1 er janvier?
M. Cherry: 1994. Il n'y a pas de baisse de taux, rien.
Mme Blackburn: L'idée qui a été
avancée qu'il y aurait une baisse de taux de cotisation parce que la
masse salariale assurable deviendrait plus élevée - assurable ou
cotisable - on estimait à combien les diminutions des taux de
cotisation?
Le Président (M. LeSage): Alors, M. Shed-
leur va répondre à cette question?
M. Shedleur: À 1 % environ, madame. C'est 1 %.
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Chicoutimi...
M. Cherry: 1 %.
Le Président (M. LeSage): ...on a répondu 1 %.
Mme Blackburn: Ça veut dire qu'on estime que la masse
salariale cotisable augmenterait à peu près de 1 %, puisqu'on
diminuerait de 1 %, j'imagine...
M. Cherry: On estime qu'il y aurait une augmentation de la masse
salariable cotisable de 1 %. C'est ça?
M. Shedleur: Oui. Bien, là, je vais vous redonner... Je
m'excuse, je vais retrouver mon papier, pour ne pas dire des choses inexactes.
Alors, en moyenne... Est-ce que je peux le lire?
M. Cherry: Vas-y. C'est toi qui as les chiffres.
M. Shedleur: En moyenne, au total, c'est 1 % - 0,93 % - parce que
la masse salariale aura augmenté d'environ 500 000 000 $.
Mme Blackburn: En ajoutant tous les éléments qui
apparaissent actuellement dans la loi?
M. Shedleur: Mais, par contre, il n'y a pas de perte
financière, parce qu'on va cotiser les employeurs actuellement.
Là, ce qu'il aurait fallu faire...
Mme Blackburn: Non, ça, je l'avais compris. M.
Shedleur: O.K.
Mme Blackburn: Mais ce que je me demandais, est-ce que ce n'est
pas... De toute façon, ça va aller en 1994. On y verra, à
ce moment-là. Mais ça semblait une espèce de manoeuvre
pour diminuer la masse cotisable, c'est-à-dire le taux de cotisation,
alors qu'on sait qu'en 1991 - en 1992, on le saura bientôt - la moyenne
attendue de cotisation est plus basse que celle prévue: celle
reçue est plus basse que celle prévue. Alors, de 2,17 $ à
2,32 $, il y a un écart important. Là, on ne sait pas ce que ce
sera sur 2,50 $. Parce que, de l'avis général, et le ministre ne
nous a donné aucune garantie là-dessus, il n'y avait aucune
assurance qu'à 2,75 $ la CSST ne ferait pas encore un déficit
important de l'ordre de 500 000 000 $, alors que tout le monde disait: II faut
absolument que la cotisation rejoigne un peu celle de l'Ontario, par exemple,
pour qu'on ait à peu près l'équilibre budgétaire
à la CSST.
Et quand la cotisation a été fixée à 2,75 $,
il n'y avait aucune garantie que cette cotisation permettrait
l'équilibre budgétaire. Et là, on se disait: Si, en
même temps, ils diminuent la cotisation parce qu'on a augmenté la
masse salariale assurable, sans avoir la garantie que les prévisions
étaient relativement approximatives, assez justes, on va creuser notre
trou.
Une voix: II y aura toujours un écart...
Mme Blackburn: Ah bien oui, bien sûr. Il y a toujours, M.
le Président, des écarts favorables ou défavorables, je le
sais. On ne peut pas prévoir et, généralement, ça
se situe autour de 10 %. C'est généralement des bonnes
prévisions. Mais il n'en demeure pas moins que c'est ce qui creuse les
trous à la CSST depuis les quatre ou cinq dernières
années.
Le Président (M. LeSage): Pouvez-vous donner un
élément de réponse, M. Shedleur?
Mme Blackburn: Non, pas les quatre ou cinq, parce que quand Mme
Forget était là, c'était moins vrai.
Le Président (M. LeSage): M. Shedleur va vous donner un
élément de réponse.
M. Shedleur: Sur le projet de loi qui est sur la table, en
augmentant de 500 000 000 $ les masses salariales, c'est sûr qu'il nous
fallait baisser les taux pour aller chercher le même argent. C'est juste
ce que vise le projet de loi. On ne vise pas du tout à créer des
déficits à cet égard. D'ailleurs, ça n'aurait pas
passé au conseil d'administration de la CSST et au bureau paritaire non
plus, si ça avait été autre chose que ça. L'autre
problème, est-ce que les 2,75 $ sont suffisants ou... Ça, c'est
un autre débat qui n'a pas de lien direct avec le projet de loi, et
c'est tout un autre débat du contrôle des coûts.
Le Président (M. LeSage): Ça va, Mme la
députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: C'est adopté.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'amendement à
l'article 23 est adopté. Est-ce que l'article 23, tel qu'amendé,
est adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. LeSage): J'appelle l'article 24, M. le
ministre, pour lequel il y a également un amendement - je dois
l'indiquer - qui a pour objet de retrancher l'article 24.
M. Cherry: C'est la même explication. C'étaient des
mesures transitoires, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Chicoutimi, ça va?
Mme Blackburn: Ça va.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'amendement à
l'article 24 est adopté. L'article 24, tel qu'amendé, est
adopté. J'appelle l'article 25 pour lequel il y a un amendement qui se
lit comme suit: Remplacer, dans l'article 25, «1993» par
«1994».
M. Cherry: C'est ça. C'est pour être constant avec
la modification qui a déjà été... L'entrée
en vigueur est reportée à la prochaine année de
cotisation.
Mme Blackburn: Indépendamment des autres amendements,
quoique, évidemment, du moment où on n'a pas prévu que ce
soit rétroactif au 1er janvier 1993, si on est capable de faire
ça aujourd'hui, de porter l'application au 1er janvier 1994,
c'était quoi l'urgence, la catastrophe nationale de vouloir nous faire
passer ça en décembre dernier? Qu'est-ce qui s'est passé
entre-temps pour qu'il n'y ait plus de catastrophe? Et pourquoi n'avez-vous pas
envisagé que ce soit tout simplement réajusté, comme
c'était prévu, d'ailleurs, en décembre dernier, et
applicable au 1 er janvier 1993? (15 h 30)
M. Cherry: M. le Président, fort de toutes les
explications qui ont été données aujourd'hui du pourquoi
de ça, c'était important qu'il y ait un signal de donné
aux employeurs pour que cesse cette avalanche de contestations. Donc, dans ce
sens-là, il était important d'indiquer, après
l'unanimité, tout le cheminement qui s'est fait à
l'intérieur de la CSST, d'indiquer qu'il y avait là une
volonté gouvernementale d'arrêter encore une fois, cette
avalanche, cette prolifération de contestations, ne serait-ce que pour
se protéger au cas où... Alors, on voulait le faire dans ce
sens-là, mais ça n'est pas arrivé... Je ne veux pas
reprendre tout le débat, pour qui, pourquoi, comment. Donc, face
à ça, il nous faut être conscients que, maintenant,
ça va être adopté en 1993. Donc, les dates d'entrée
en vigueur, c'est le 1er de chaque année, donc, c'est 1994.
Mme Blackburn: M. le Président, ça ne répond
pas à ma question. Ce qu'on est venu me dire, j'ai
apprécié - je dois le dire ici parce que je vois des gens de la
CSST - les explications qui m'ont été fournies. Et ce qu'on m'a
dit, c'est qu'il y avait lieu rapidement de réajuster une situation qui
était inéquitable et qu'il fallait que ça se fasse
dès le 1er janvier 1993. Je le rap- pelle, on était même
près, nous, à contribuer à l'adoption du projet de loi si
ce projet de loi avait été appelé pour adoption, ce qui
n'a pas été le cas; le leader du gouvernement ne l'a pas
appelé. Nous étions prêts. Et il devait entrer en vigueur
le 1er janvier 1993. Indépendamment du signal qui a été
donné, il y a une année de perdue et sur laquelle pourrait
s'appliquer, je pense, le jugement de la Cour. Est-ce que ça ira
jusqu'à la Cour suprême, je ne le sais pas. Si ça va en
Cour suprême, c'est d'ici sept, huit ans. Je veux dire, vous avez une
année de plus pour laquelle la correction n'a pas été
apportée. Comment se fait-il qu'on est capable de vivre une année
de plus et qu'on n'était pas capable de vivre une année de plus
en décembre?
Le Président (M. LeSage): M. Shedleur.
M. Shedleur: Pour compléter ce que M. le ministre
mentionnait, pour l'année 1993, les employeurs ont jusqu'au 28
février pour faire leur déclaration pour ajuster leur masse
salariale de l'année 1992 et déclarer leur masse salariale de
1993 sur laquelle on va les cotiser.
Mme Blackburn: Sur la base de cette loi.
M. Shedleur: C'est ça, l'ambiguïté là.
L'ambiguïté est justement là; c'est qu'on voulait soustraire
rapidement parce que la période de déclaration des masses
salariales arrive jusqu'au 28 février. Or, il y a du monde, des
consultants, il y a toutes sortes de gens qui disent des fois aux employeurs:
Vous devriez ne pas inclure ça ou exclure ça. Or, on voulait
éviter cette ambiguïté-là pour éviter que tout
le monde commence à ne pas déclarer certaines choses, comme les
vacances, les choses que vous mentionniez ce matin.
Et nous, évidemment, même si on a envoyé des notes
aux employeurs, un avis aux employeurs de déclarer adéquatement
les choses, tel que les formulaires le disent, on a envoyé une note
avertissant les employeurs, mais il y a du monde qui leur disait: Vous ne
devriez pas inclure ça, voyez-vous, il y a des poursuites devant les
tribunaux. Et là, il y a des employeurs qui n'auraient peut-être
pas inclus dans les masses salariales ces montants-là, et un jour ils se
seraient retrouvés en défaut et là on leur appliquerait
des pénalités, des intérêts, et cela aurait
amené, je pense, beaucoup de contestations. On voulait éviter
ça. Éviter que cette situation-là se produise, qui va,
dans le fond, déstabiliser les employeurs, qui vont amener beaucoup
aussi de problèmes à la CSST dans nos relations avec les
employeurs. On voulait que ce soit clair. On a beau envoyer une note; tant
qu'il n'y a pas un projet de loi final, on ne peut pas dire que c'est final.
Évidemment, lorsque le projet sera adopté finalement à
l'Assemblée nationale, on va s'empresser d'envoyer ça pour
dire aux employeurs: Corrigez si vous ne l'avez pas fait. Mais
là, il y a des employeurs qui sont induits en erreur et qui risquent de
payer des grosses pénalités pour ça tantôt.
Il y avait quand même une urgence, qui est une urgence
administrative, qui n'est peut-être pas une urgence politique - je suis
moins familier là. Mais, administrativement, pour nous, c'est toutes nos
relations avec les employeurs du Québec.
Mme Blackburn: Oui, ça ça va. Je comprends bien
ça. Mais, la loi, un employeur pourrait dire: Moi je continue la
pratique qui était la mienne à l'effet de ne pas tenir compte des
vacances, des congés d'assurance-maladie, ainsi de suite, et il n'a
aucune obligation de le faire, sous prétexte que le jugement pourrait
être favorable. Alors, votre loi, si je comprends bien, pour toutes ces
dispositions, n'entre en vigueur que le 1 er janvier 1994.
Le Président (M. LeSage): M. Shedleur.
M. Shedleur: Mais nous, ce qui est dans le projet de loi,
à toutes fins utiles, pour le salaire brut, c'est notre position depuis
toujours sur les formulaires. Ce que l'on va faire pour éviter qu'il y
ait mésentente ou des problèmes, on va écrire aux
employeurs, une fois que le projet de loi sera bien adopté par
l'Assemblée nationale et sanctionné, pour mentionner aux
employeurs: Là il y a un projet de loi sanctionné officiel. Pour
1994, voici les nouvelles règles. Mais on tient à vous souligner
que, pour le salaire brut, toutes les autres choses que vous avez pu entendre
sont fausses. On maintient notre position et on va vous cotiser sur cette
base-là. Donc, ça donne beaucoup plus d'assises quand il y a un
projet de loi qui est venu confirmer ça.
Mme Blackburn: D'accord. Mais, M. Shedleur, vous savez bien aussi
que l'employeur peut se dire: C'est devant les tribunaux, ils ont beau me dire
n'importe quoi et, comme ça ne s'applique pas obligatoirement cette
année, l'interprétation des tribunaux pourrait m'être
favorable. Vos employeurs, ils pourraient être intéressés
à vous dire ça parce que, à ce moment-là, ils ne
seront pas obligés de cotiser. Et même un hôpital pourra
dire la même chose parce qu'aussi il reporte l'augmentation de sa
cotisation d'autant.
Alors, comment est-ce que vous avez... Parce que moi, j'ai une
difficulté. Le taux d'intérêt sur les redevances, est-ce
qu'il va entrer en application seulement au 1er janvier 1994?
M. Shedleur: Oui, mais ça, c'est un autre problème,
Mme Blackburn, voyez-vous?
Mme Blackburn: Je sais, mais je veux dire, c'est toute la loi qui
entre en vigueur seulement le 1er janvier 1994...
M. Shedleur: C'est ça.
Mme Blackburn: ...alors que vous y voyiez une urgence telle qu'il
fallait que ça entre en vigueur le 1er janvier 1993, et je m'attendais
à ce qu'on retrouve une clause de rétroactivité. Je ne
vous dis pas que je suis favorable aux clauses de rétroactivité,
là, c'est une autre affaire, mais elle était annoncée
avant...
Le Président (M. LeSage): M. Shedleur, est-ce que vous
voulez répondre?
M. Shedleur: Je peux bien. Je pense que si on avait mis des
clauses de rétroactivité au 1er janvier 1993... On s'est dit: Au
mieux des mondes, probablement que le 31 mars ou, disons, le 15 avril, le
projet de loi aurait passé toutes les étapes. On ne
contrôle pas ça. Nous, en tout cas, on ne contrôle pas
ça.
Mme Blackburn: Non, c'est le leader du gouvernement,
généralement, qui contrôle ça.
M. Shedleur: Là, je vais vous répondre comme
fonctionnaire. Nous, on n'avait pas de contrôle. Et là, on s'est
dit qu'au 15 avril on n'aurait pas pu cotiser le employeurs. Là, on va
commencer le 1er mars, même à la fin de février, des
cotisations. Donc, il nous aurait fallu retarder les cotisations des employeurs
et on estimait une perte de 20 000 000 $ à 40 000 000 $
d'intérêts sur ces cotisations-là si on attendait, si le
projet de loi passait le 15 avril. On croyait que 20 000 000 $ à 40 000
000 $ c'était trop cher pour attendre que le projet de loi passe.
Mme Blackburn: Comment vous comptez ça, vos 20 000 000 $
à 40 000 000 $ d'intérêts? Parce que là, je vois,
c'est une augmentation de 1 % de la masse salariale assurable...
M. Shedleur: Non, ce n'est pas ça... Mme Blackburn:
...ou cotisable...
M. Shedleur: ...ce n'est pas tout à fait ça,
madame. Ce qui se produit, c'est que nous autres on va commencer à
cotiser, disons, le 1er mars cette année. O.K.?
Mme Blackburn: Oui.
M. Shedleur: Là, si on attend que le projet de loi passe,
on serait rendu au 15 avril à peu près. Donc, on a ici six
semaines. Là, on cotise à peu près 1 500 000 000 $. Alors
là, le 1 500 000 000 $, pendant six semaines, on ne l'aura pas dans nos
fonds avec les intérêts qui en découlent.
Mme Blackburn: Oui, mais la loi prévoit que l'année
prochaine vous allez l'avoir seulement qu'au 15 mars.
M. Shedleur: Non, non. On va pouvoir commencer à
cotiser... Quand on dit le 15 mars, ça, c'est un
«deadline».
Mme Blackburn: C'est la date limite.
M. Shedleur: C'est la date limite. Nous, on n'attend pas le 15.
Comme là, le 28 février, les gens n'attendent pas
nécessairement le 28 février, il y en a qui l'envoient au cours
du mois et, dès qu'on a des informations, on cotise les employeurs.
Ça répartit l'ouvrage aussi, c'est une autre raison. On cotise
immédiatement. Mais si on avait attendu le projet de loi, on ne croyait
pas que c'était réaliste d'avoir ça avant le 15 avril, et
on se disait: On aura une perte, peut-être, de six semaines d'argent
qu'on n'aura pas dans nos coffres parce qu'on ne pourra pas cotiser en
attendant le projet de loi. Imaginez, sur 1 500 000 000 $, c'est beaucoup
d'argent, juste les intérêts, dépendamment quand le projet
de loi aurait pu passer, les délais administratifs, après, pour
faire toutes les corrections parce qu'il fallait changer beaucoup de taux
d'unité... Donc, il y avait beaucoup de procédures
administratives, et tout ça ensemble, au minimum, on avait une perte
d'intérêts de 20 000 000 $, au maximum de 40 000 000 $; ça
aurait joué entre les deux. On trouvait... Moi, ma recommandation
était au conseil d'administration, à cette
époque-là, et au ministre, a été de dire:
Écoutez, dans la situation financière actuelle, perdre 20 000 000
$ à 40 000 000 $ d'intérêts, on pourrait être
blâmé. C'est de même qu'on a réagi et on s'est dit:
On reporte d'un an. Il y avait une perte d'intérêts importante.
C'est pour ça qu'il y avait une urgence, quand même. Si on avait
pu - et là, je respecte l'Assemblée nationale - mais si on avait
pu le passer avant, c'est que tous ces problèmes administratifs et les
écarts pour l'article 323 des intérêts qu'on va vivre une
autre année n'auraient pas été là parce que
plusieurs personnes nous parlent de ça régulièrement.
Mme Blackburn: Je voudrais...
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Drummond.
M. St-Roch: Oui, M. le Président, juste pour faire une
synthèse. Je me reporte dans le temps, quelque part entre le 28
février et le 15 mars. On vient d'étendre jusqu'au 15 mars 1994.
La loi entre en vigueur le 1er janvier 1994. Alors, l'employeur, dans un an
d'ici, aura à ajuster sa masse salariale de 1993 pour vous la fournir
avant le 15 mars et il aura à prévoir l'autre. Si un employeur
dit: Eh bien, j'écono- mise, je vais prendre des chiffres
hypothétiques, 200 000 $. Quand il va arriver en 1994, il va avoir tout
un problème à vous justifier un écart de 200 000 $ pour
1993 versus 1994. Alors, qu'est-ce qui arrive si un employeur prend cette
attitude-là, même s'il y a un signal qui est envoyé avec la
législation, la loi 71, et dit: Je mets de côté toutes mes
entrées que la loi va me demander. Est-ce que vous avez un moyen,
à ce moment-là, de comparer et de revenir en arrière et de
dire: Tu nous as fait une fausse déclaration?
M. Cherry: Cotiser avec intérêts.
M. St-Roch: Alors, c'est le signal que vous envoyez dès ce
moment-ci avec cette loi-là.
M. Shedleur: C'est ça. Il y a deux signaux, comme M. le
ministre vient de le mentionner. Si les gens ne respectent pas la loi, c'est
cotisation plus intérêts, plus pénalité de 5 % si
vous ne déclarez pas à temps et si vous n'envoyez pas les
documents à temps à la CSST. C'est sûr qu'il faut maintenir
cette pénalité-là de 5 %, pas parce que vous êtes un
jour en retard, mais parce que vous ne produisez pas et que c'est important.
Donc, on a maintenu ces pénalités et ces calculs
d'intérêts auprès des employeurs et le signal qu'on envoie,
c'est: Voyez-vous, on a clarifié la loi. Il y en a qui
prétendaient qu'elle était incorrecte; nous, on ne prétend
pas ça, on pense toujours que ce qui est dans la loi, à part de
nouvelles corrections sur le salaire brut, on pense toujours qu'on avait
raison. Mais, regardez, on ne prend plus de chance, on ne joue pas avec des
choses comme ça. On le précise. Un, on a demandé à
l'Assemblée nationale de mieux le préciser. Deux, on dit aux
employeurs: Regardez, on a pris le temps de le préciser; vous
comprendrez qu'on va se tenir debout en cour. Trois, ceux qui étaient
invités par des consultants ou par des avocats ou par des procureurs,
qui disaient: Poursuivez la CSST, vous allez faire de l'argent; avec un projet
de loi sur la table comme ça, eh bien, je pense que ça va
être découragé. D'ailleurs, M. Dufour, du CPQ, a
écrit dans son bulletin mensuel... À un moment donné, il
disait aux employeurs de ne pas embarquer dans une mécanique comme
ça, parce qu'à la fin elle desservait les employeurs du
Québec, parce que, s'il y avait des pertes de revenus, ils vont leur
être rechargées de toute façon. Or, là M. Dufour et
les autres institutions patronales vont pouvoir facilement prendre ça et
dire: N'embarquez pas là-dedans; je ne pense pas que ce soit une
solution pour les employeurs, pour régler les problèmes de la
CSST; ce n'est pas une solution.
Mme Blackburn: Est-ce que c'est dans le même bulletin
où on accuse l'Opposition de ne pas avoir collaboré? (15 h
40)
Le Président (M. LeSage): Ça va, M. le
député de Drummond? Mme la députée de
Chi-coutimi.
Mme Blackburn: Oui. Merci, M. le Président. Je reviens
quand même avec la même préoccupation. Je me dis: Vous
faites comme si les tribunaux ne déboutaient pas la CSST. Moi, si je
suis employeur, je peux penser que vous allez perdre et je peux prendre la
chance, au moins pour l'année 1993 encore, parce que la loi n'est pas en
vigueur en 1993. C'est ça que j'essayais de vous expliquer. Si
j'étais l'hôpital et qu'il n'avait pas déclaré les
revenus des employés qui sont en congé de maladie...
M. Shedleur: C'est ça.
Le Président (M. LeSage): M. le ministre, si vous voulez
répondre.
M. Cherry: Je pense que le message... Évidemment, il y a
certains employeurs qui ont prétendu que ce qu'il y avait là, ce
n'était pas assez clair. Donc, ça leur permettait ce type
d'interprétation-là. Ça, on le sait. L'autre aspect, on
l'a reconnu aussi dans nos discussions depuis ce matin, qu'il y a nombre
d'employeurs du secteur privé qui ont voulu se protéger au cas
où ils pourraient retirer quelque chose. Mais, il faut bien se souvenir,
et je pense que c'est ça le message qu'il faut que les employeurs
comprennent, c'est que si les employeurs qui sont en contestation devant la
CSST avaient gain de cause et que ça arrivait à la situation
où il faut que la CSST rembourse, si je perdais quelques centaines de
millions, il n'y a qu'une place où elle va chercher ça, elle
répartit la charge de tout ça encore à tout le monde.
Donc, ils se font expliquer que ceux qui pourraient leur présenter
ça comme un gain, c'est illusoire. Dans le fond, ils sont mieux
dès maintenant de comprendre le cheminement et de collaborer avec la
CSST pour que le taux qui sera chargé à tout le monde soit le
plus uniforme possible et le plus près de l'équité entre
l'ensemble des employeurs.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui. Moi, je comprends tout ça, sauf que je
me dis que, dans les entreprises, comme partout dans la société
québécoise, il y a une certaine forme d'individualisme où
celui qui pense qu'il va gagner quelque chose puis réussir à le
faire payer par les autres, il va fonctionner comme ça. Il faut voir
comment on accepte le travail au noir, la rémunération sous la
table pour tous les corps d'emplois au Québec, pour savoir que ce n'est
pas l'esprit collectiviste qui anime les réflexions de nos employeurs -
pas plus que celle des employés, d'ailleurs, c'est fait comme ça.
Alors, je vous dis juste que, du moment où ça n'entre pas en
vigueur au 1er janvier 1993, certains employeurs pourraient, parce que
ça n'entre pas en vigueur - et vous ne pourrez pas les pénaliser
- compter sur un jugement favorable de la Cour. Ça vient retarder le
paiement additionnel ou supérieur d'une certaine cotisation pour trois,
quatre, cinq... S'il va en appel jusqu'à la Cour suprême, c'est
sept, huit ans. Je vous dis juste que ça ne règle pas, ça
ne vient pas améliorer, parce que vous perdez une année, en tout
cas. Ça améliore, mais vous perdez une année.
Le Président (M. LeSage): Merci.
Mme Blackburn: Je voudrais juste conclure là-dessus, M. le
Président, et inviter M. Shedleur à dire aux membres du conseil
d'administration de la CSST que, à la suite de la rencontre que j'ai eue
avec vos fonctionnaires, je pense que les explications étaient
intéressantes, étaient bien faites et ça nous a permis de
comprendre le dossier. Je pense qu'on a illustré ce matin que nous
étions prêts à collaborer et que, dans notre régime
parlementaire, qu'il y ait ou non bâillon, qu'on respecte ou non les
règles prévues, les différentes étapes
prévues pour l'adoption d'un projet de loi, ça a toujours
été et ça restera toujours le leader du gouvernement qui
appelle les projets de loi qu'il veut faire adopter, et il n'a pas
été appelé. Il n'a pas été appelé. Je
m'informais, au fur et à mesure que les heures passaient, et ça
n'a jamais été demandé à notre leader, jamais. M.
Paradis, leader du gouvernement, ministre de Brome-Missisquoi...
M. Cherry: Député de Brome-Missisquoi.
Mme Blackburn: ...député de Brome-Missisquoi,
leader du gouvernement et ministre de l'Environnement n'a jamais demandé
à mon collègue, leader de l'Opposition et député de
Joliette, d'appeler ce projet de loi pour adoption. Je veux que ce soit
clair.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que vous voulez
répliquer là-dessus, M. le ministre?
Mme Blackburn: L'article 25 est adopté. M. Cherry:
Ha, ha, ha!
Le Président (M. LeSage): On va attendre. Il y a d'autres
personnes qui veulent s'exprimer avant l'adoption. M. le ministre.
M. Cherry: Simplement, M. le Président, pour rappeler
qu'on a énuméré, ce matin, que le nombre de
vérificateurs était augmenté et si jamais il y avait des
employeurs... Même s'il reste encore des cas devant les tribunaux, si les
vérificateurs s'apercevaient qu'il y a une diminution importante de la
masse salariale assurable,
bien sûr qu'ils iraient là faire une vérification
beaucoup plus pointue. Si on s'apercevait que c'est uniquement en
espérant une décision favorable de la cour, bien sûr qu'ils
seraient cotisés en fonction de ce que le vérificateur aura fait.
S'il s'avérait en plus qu'il y a eu volontairement une
présentation à la baisse de ce que devrait être la vraie
masse salariale, là, il y aura toutes les pénalités qui
s'ensuivent pour ça. Quant à l'aspect que notre collègue a
soulevé en dernier, je la réfère à la conversation
que nous avons eue ensemble ce matin à ce sujet-là, M. le
Président.
Le Président (M. LeSage): Merci.
M. Cherry: Là, ça prendrait une motion pour
faire...
Le Président (M. LeSage): Si vous le permettez, il y avait
une autre intervention, je pense...
M. Cherry: Jean-Guy.
Le Président (M. LeSage): ...de la part du
député de Drummond.
M. St-Roch: Oui, avant d'adopter l'article 25 et dernier article,
M. le Président, comme je vous l'avais signalé, ce matin, lorsque
vous avez demandé un consentement hypothétique pour 18 heures, je
vous avais référé que vous présumiez de la lenteur
des parlementaires, je pense, de ce côté-ci de la table. En tant
que député indépendant, je pense qu'on a collaboré.
Ça m'a fait plaisir, moi, d'avoir collaboré, aidé à
faire une loi qui va régler des problèmes bien ponctuels au
niveau de la CSST.
Ceci étant dit, j'en ressors encore cet après-midi avec la
ferme conviction que, oui, on a été un peu plus haut, un peu plus
loin à donner des outils à la CSST, mais qu'il reste encore des
grands pans qui mériteraient d'être scrutés en toute
équité, en toute bonne foi, autant pour les travailleurs que pour
les employeurs. Ceci ne veut en rien, dans mon idée, mettre en doute
l'excellence des fonctionnaires de la CSST, si je peux prendre cette
expression-là. La direction de la CSST, avec tout son personnel, a
à administrer une loi qui, souvent, avec le temps, s'est
empoussiérée, qui ne peut pas couvrir toute la
problématique. On est dans un monde changeant, avec toutes les
technologies modernes.
Alors, moi, dans ces remarques de conclusion, M. le Président,
j'espère que M. le ministre va avoir encore un temps de
réflexion, n'ayant plus la pression d'un projet de loi à
débattre en commission parlementaire, et reprenant nos travaux seulement
le deuxième mardi de mars, qu'il va s'asseoir avec ses collaborateurs et
ses collaboratrices et regarder la pertinence de faire un débat au
niveau de la CSST, une commission parlementaire itinérante. Je pense que
cela rejoint les voeux de tous les parlementaires.
Dans un deuxième temps, j'avais signalé ce matin, et
j'espère, M. le Président, par votre entremise, que ceux qui nous
écoutent feront en sorte de dire dans la législation moderne
d'aujourd'hui que, si on ne veut pas avoir une accentuation de la mainmise de
l'exécutif sur le législatif, tel que je l'ai signalé, au
mois de décembre, à l'Assemblée nationale, il va falloir,
avec le nouveau contexte législatif et avec ce que je perçois,
moi, et ce n'est pas négatif... Si j'étais dans l'administration
de chacun des ministères ou de chacun des organismes, je
préférerais faire de la réglementation plutôt que de
la législation, à cause de tous les paliers législatifs
qu'on a à passer si on veut avoir une loi. (15 h 50)
Or, j'espère qu'on va déboucher sur une loi, au printemps,
qui forcera tous ceux qui veulent faire de la réglementation de la
soumettre, pendant qu'on fait la démarche au niveau de la
prépublication de 45 ou de 60 jours, aux commissions parlementaires
concernées pour qu'on puisse, nous, les parlementaires, exercer notre
fonction de contrôleur. Je fais le dernier voeu que j'avais fait ce
matin, je le répète, qu'à l'avenir, chaque fois qu'on
aura, M. le Président, ici, à la commission de l'économie
et du travail, dont je suis membre à part entière, avec droit de
parole, j'espère moi qu'on pourra...
Une voix: Consentement.
M. St-Roch: ...vous n'avez pas de consentement à me
donner, mon cher.
Le Président (M. LeSage): Et droit de vote, M. le
député de Drummond.
M. St-Roch: J'espère, moi, que lorsqu'on étudiera
dans le futur un projet de loi, si on veut nous faciliter la
compréhension, si on veut nous faciliter la tâche et aussi
faciliter la vitesse d'acceptation, bien qu'on nous transmette aussi le
mémoire à même les notes qu'on nous fait parvenir par le
secrétariat. Alors, ça permettra à chacun des
parlementaires de mieux se préparer et d'être capable de faire des
projets de loi, pas pour nous autres, pas pour les machines administratives,
mais des projets de loi qui vont coller à résoudre des
problèmes auxquels nos citoyens et citoyennes font face.
Alors, ça me fait plaisir de collaborer et je vois, M. le
Président, que lorsqu'on se met des objectifs à long terme, de
temps en temps, nous, les parlementaires on va jusqu'à la limite...
D'avoir dit qu'on verrait, à 17 h 55, si on était pour donner le
consentement ou non, on a déjà épargné de nos
précieux temps deux bonnes heures.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le
député de Drummond. Est-ce que l'amendement à l'article 25
est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que l'article 25, tel
qu'amendé, est adopté?
Des voix: Adopté.
Mme Blackburn: II n'est pas amendé; il est
abrogé.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que le titre du projet de
loi est adopté?
Des voix: Adopté.
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que, M. le ministre, vous
voulez faire une motion pour la renumérotation?.
M. Cherry: Motion pour la renumérotation, M. le
Président.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. LeSage): M. le ministre, vous avez des
remarques à faire?
Remarques finales
M. Cherry: Oui, en terminant M. le Président, simplement
pour enchaîner sur les commentaires de notre collègue de Drummond,
par rapport au temps qu'on croyait devoir utiliser et le temps que nous avons
effectivement utilisé. Que ce projet de loi là en soit un
concernant la CSST, je pense que c'est un message qu'il y a moyen, en
étroite collaboration, d'améliorer la qualité de notre
législation.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Chicoutimi, vous avez d'autres commentaires?
Mme Blackburn: Non, ça va, M. le Président. Je
conclus là-dessus...
Le Président (M. LeSage): Alors, est-ce que
l'ensemble...
Mme Blackburn: Je conclus là-dessus en souhaitant qu'on
arrête de faire du cas par cas avec la CSST et qu'un jour on puisse, avec
les parties, examiner l'ensemble de ce dossier pour nous permettre de
peut-être nous rappeler collectivement que la CSST et les deux lois - on
l'appelle toujours CSST, mais la Loi sur les accidents du travail et les
maladies professionnelles - ce n'était pas fait pour pénaliser
les travailleurs, c'était fait pour assurer un meilleur rendement, une
plus grande efficacité, une plus grande productivité, et que
ça passe par la prévention. On oublie ça dans tous nos
débats. Là on vient de parler de sous et de piastres, mais on ne
parle pas de prévention. Il me semble que, chaque fois qu'on parle de la
CSST, on devrait parler de prévention, et je dois vous avouer
qu'à mon grand regret je n'ai pas vu beaucoup d'investissements faits
dans cette direction. Là on vient de nous dire qu'il y a 50
contrôleurs pour vérifier si les employeurs déclarent
correctement la masse salariale assurable ou cotisable. Alors, je ne sais pas
si le ministre nous annoncera cette année qu'on ajoutera 50 inspecteurs.
Le taux de mortalité et d'accidents, particulièrement dans la
construction, augmente ou est le même, alors que le nombre d'heures est
beaucoup plus bas. On a un problème. On a un problème. Dites-moi
combien il y a d'inspecteurs, comment ça fonctionne, pourquoi est-ce
qu'il y a autant de gens qui sont prêts à mettre leur vie en
danger pour la gagner sur la construction, parce qu'on ne respecte pas les
règles minimales de sécurité, au péril de...
Moi, je pense qu'il va falloir qu'à la CSST on arrête de
parler de ce que ça coûte, la cotisation, pour amener vos
employeurs et vos employés à parler de sécurité. La
sécurité dans les hôpitaux, dans les services publics, vous
savez bien qu'on n'est pas encore entré là-dedans, dans les
laboratoires, dans les écoles... Je voudrais vous en nommer une
où la sécurité... Ça fait des mois que ces
gens-là me harcèlent et qu'on a envoyé le dossier au
ministre. L'école de Tadoussac, une petite école de Tadoussac,
une école primaire, où là c'est vraiment... Les enfants
sont dans le sous-sol. Il y a un rapport qui a été
déposé sur les règles de sécurité
là-dessus. Et le ministre, et je sais comment il fait, il se dit que,
dans le fond, c'est des budgets de «sécurité et
vétusté» dans ces écoles-là, et, comme c'est
le gouvernement qui paye, il ne peut pas, lui, se pénaliser. Il ne peut
pas dire: C'est vrai qu'il y a des dangers pour la sécurité des
enfants là-dedans, parce que si j'admets ça, je vais être
obligé d'allonger les sous. Alors, là c'est en train de se
régler, mais ça fait quoi, deux ans que ça traîne,
ce dossier-là.
Alors, moi je dis qu'il ne faut pas que le gouvernement ait un double
discours: quand c'est lui qui est concerné, la sécurité
ça passe en second lieu - quand c'est lui, ou ses institutions, ou ses
établissements, ou ses ministères - puis, quand c'est le
privé, on a un autre discours. Moi, je pense que le gouvernement devra
être cohérent, mais il faudra aussi que la CSST le rappelle, si
besoin était, à l'État, qu'il va falloir
mettre l'accent sur la sécurité au travail. J'ai
terminé.
Le Président (M. LeSage): Merci, Mme la
députée. Ça va, M. le ministre? Alors, est-ce que
l'ensemble du projet de loi est adopté?
Mme Blackburn; La résolution sur la
renumérotation?
Le Président (M. LeSage): Elle a été faite,
Mme la députée de Chicoutimi.
M. St-Roch: Adopté.
Mme Blackburn: Alors, c'est adopté, M. le
Président.
Le Président (M. LeSage): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. Alors, la commission ayant
complété le mandat qu'on lui a confié, j'ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 15 h 56)