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(Onze heures cinquante-deux minutes)
Le Président (M. Audet): Un peu d'ordre, messieurs, s'il
vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, je constate le quorum.
Je déclare la séance de la commission de l'économie et du
travail ouverte. Je vous rappelle le mandat de la commission qui est de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 59, Loi modifiant la Loi sur les heures et les jours d'admission dans les
établissements commerciaux.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M.
Bélanger (Laval-des-Rapides) par M. Houde (Berthier), M. Leclerc
(Taschereau) par M. Gautrin (Verdun), Mme Blackburn (Chicoutimi) par Mme
Vermette (Marie-Victorin) et M. Chevrette (Joliette) par Mme Marois
(Taillon).
Le Président (M. Audet): D'accord, merci Alors, lorsque
nous avons terminé nos travaux hier soir, nous en étions à
la présentation d'une motion par Mme la députée de
Marie-Victorin. Alors, Mme la députée, vous avez... On avait
jugé, je crois... Est-ce qu'on avait entendu la motion?
Mme Vermette: Non.
Le Président (M. Audet): Non. Si vous voulez nous
présenter votre motion, on jugera de sa recevabilité...
Mme Vermette: Alors, voilà...
Le Président (M. Audet): ...et vous pourrez après
poursuivre votre intervention. Vous aurez 30 minutes.
Mme Vermette: ...M. le Président, hier soir, justement,
sur le coup de minuit, j'annonçais que j'étais pour
déposer une motion, ce matin. Alors, je vois qu'à cinq minutes
près il serait midi. Alors, ça serait vraiment douze heures...
Ha, ha, ha!
Une voix: À exactement la même heure, douze heures
plus tard.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Vermette: Douze heures plus tard.
Le Président (M. Audet): II ne faudrait pas recommencer ce
qui s'est passé hier soir, là! Vous avez la parole, Mme la
députée. Allez-y.
M. Blais: Un instant, question de règlement, M. le
Président.
Mme Vermette: Ha, ha, ha!
M. Blais: Est-ce qu'à la même heure qu'hier,
à douze heures d'avis comme ça, la présentation est
toujours valable ou s'il faut qu'elle dise: J'ai une motion à
présenter et qu'elle recommence?
Le Président (M. Audet): Non. On a pris note, hier,
qu'elle avait une motion à présenter. Alors, elle peut la
présenter.
M. Blais: Oui.
Le Président (M. Audet): Je l'ai invitée à
le faire, d'ailleurs.
M. Blais: Ah, vous le faites...
Le Président (M. Audet): Alors, Mme la
députée, je vous souhaite bonne chance dans votre intervention.
Alors, essayez de débuter.
Mme Vermette: Je vous remercie bien, M. le Président.
J'avais peur que, probablement, le ministre ait voulu intervenir sur une
question de règlement, comme ça s'est fait il y a douze heures.
On a terminé sur une belle note avec les propos du ministre. Je m'en
souviens fort bien.
Motion proposant d'entendre la Chambre de commerce et
d'industrie de Rouyn-Noranda
Au niveau de la motion, j'aimerais pouvoir, M. le Président, vous
déposer cette motion: «II est proposé qu'en vertu de
l'article 244 de nos règles de procédure la commission de
l'économie et du travail tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 59, Loi modifiant la Loi sur les
heures et les jours d'admission dans les établissements commerciaux, des
consultations particulières quant à tous les articles dudit
projet de loi et qu'à cette fin elle entende la Chambre de commerce et
d'industrie de Rouyn-Noranda». Puis-je déposer cette motion?
Le Président (M. Audet): Certainement. Merci. On va en
prendre connaissance deux secondes.
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: En effet, M. le Président, je trouve
ça très important de faire entendre la Chambre de commerce,
surtout des chambres de commerce au niveau des régions. Bien sûr
qu'on
sait fort bien que les chambres de commerce, dans la grande
région métropolitaine et à Québec, en fait, ont
apporté une opinion et se sont prononcées en faveur de
l'ouverture des commerces le dimanche. Mais on sait très bien
l'importance qu'on y accorde au niveau des régions, et la relance, nous
voulons qu'elle soit aussi au niveau économique. Je pense que ça
fait en sorte qu'il serait important que nous entendions pourquoi, justement,
la plupart des chambres de commerce, à l'heure actuelle, qui viennent
des régions nous demandent de surseoir à ce projet de loi et de
ne pas favoriser l'ouverture des commerces le dimanche, M. le
Président.
Et, tantôt, c'était le député de Drummond qui
nous a fait part que sa chambre de commerce s'était prononcée
contre. On avait la Chambre de commerce de Sherbrooke qui était contre.
On arrive avec la Chambre de commerce de Rouyn-Noranda...
M. Blais: Je viens de là, moi, madame.
Mme Vermette: ...et je suis tout à fait heureuse
d'apprendre que le député de «Ter-rebonne» aussi est
natif de cette région de Rouyn-Noranda. Donc, je suis convaincue qu'il
aura des propos très importants à nous dévoiler
tantôt en ce qui concerne la région de Rouyn-Noranda Je suis
convaincue que...
Le Président (M. Audet): S'il vous plaît, messieurs,
laissez poursuivre la députée.
Mme Vermette: On pourrait, en tout cas, arrêter
après et faire connaissance avec les relations que nous connaissons
mutuellement dans ces différentes régions du grand Québec.
Mais je pense que ce qu'il est important de retenir...
Des voix:...
Le Président (M. Audet): MM les députés s'il
vous plaît! S'il vous plaît! Je vous demanderais votre
collaboration pour laisser poursuivre Mme la députée.
Mme Vermette: Écoutez, si ça continue, bien oui,
voilà, ce sera les retrouvailles. Ça va être
extraordinaire. On va tous être autour d'une même table si on
continue; on a tous un membre d'une famille ou l'autre, ou une connaissance, ou
une relation, en fin de compte.
Alors, M. le Président, ce que j'étais en train de vous
dire, c'est qu'au niveau des régions, majoritairement, l'ensemble des
chambres de commerce des régions du Québec se prononce contre
l'ouverture des heures de commerce le dimanche. Il doit y avoir des raisons,
sûrement. Cos gens-là sont impliqués au coeur même de
l'activité économique d'une région, parce que ce sont des
commerces, la chambre de commerce.
Donc, ce sont des entrepreneurs, ce sont des commerçants, ce sont
des gens pour qui l'aspect économique est une préoccupation
constante, parce qu'ils essaient d'établir des solidarités avec
le milieu, pour trouver de nouvelles façons de faire les choses sur le
plan économique, pour augmenter, si vous voulez, l'activité
économique. Et ça, c'est très important de pouvoir les
entendre en ce qui concerne, justement, leur point de vue dans cette
région et pourquoi, quant à eux, ils considèrent que c'est
inacceptable, les heures d'ouverture dans leur région. Ça aurait
été important, parce que ça ferait un contrepoids aux
propos que nous tient le ministre en ce qui concerne les chambres de commerce
métropolitaine et puis de Québec.
Vous savez fort bien, M. le Président, la mentalité que
nous avons, nous, les gens de la région de Montréal,
c'est-à-dire qu'à chaque fois que Montréal et
Québec éternuent l'ensemble des régions attrape la grippe.
Vous savez que c'est une période, actuellement, très propice
pour, justement, s'enrhumer. Il ne faudrait pas que, parce que Montréal
s'est prononcée, au niveau des chambres de commerce, et Québec,
on laisse pour compte les régions.
C'est pour ça, M. le Président, que je trouve tout
à fait opportun, tout à fait important, dans le fond, que le
ministre, du moins en ce qui concerne la région de Rouyn-Noranda, se
laisse toucher par cette demande, réponde d'une façon tout
à fait positive à cette motion et fasse en sorte que la Chambre
de commerce et d'industrie de Rouyn-Noranda, régionale, puisse venir se
prononcer. Vous savez très bien que... Et je vais vous faire un
commentaire de cette lettre, M. le Président. Alors, elle était
adressée... M. le ministre Tremblay a pu très bien en prendre
connaissance, parce qu'elle est adressée à son nom, au ministre
de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie. Alors, on lui demande:
«M. le ministre bien que conscient de la problématique dr
magasinage outre-frontières, notre organisme n'est pas favorable
à la libéralisation des heures d'ouverture des
établissements commerciaux, notamment le dimanche, pour toutes les
villes et municipalités du Québec. Nous convenons que la
libéralisation des heures d'ouverture s'inscrit dans la
réalité socio-économique d'aujourd'hui, mais nous
maintenons notre point de vue à l'effet qu'une libéralisation
pour tout le Québec mettrait en danger la survie de la petite entreprise
commerciale des régions périphériques qui n'ont pas la
même problématique que celle des régions frontières
américaines.» (12 heures)
Et là, j'aimerais ouvrir une parenthèse, M. le
Président, parce que j'écoutais, à la fin de son discours,
l'intervention du ministre et il disait que c'était important de
maintenir les solidarités. À cause des problèmes
économiques que nous vivons actuellement, II faudrait maintenir des
solidarités, favoriser ces solidarités du
milieu, des différents groupes, des composantes d'un milieu
donné ou d'une région donnée.
Alors, nous en avons une preuve ici tout à fait vivante, de cette
solidarité que des gens veulent protéger, maintenir et,
même plus, si vous voulez, agrandir aussi à d'autres niveaux,
parce que la Chambre de commerce et d'industrie de Rouyn-Noranda se sent
solidaire pas juste des commerces et des établissements commerciaux de
sa région, mais aussi de toutes les villes et les municipalités
du Québec qui auront à faire face aux mêmes
problèmes que peut vivre cette région, M. le Président.
Alors, je crois qu'il est très important de tenir compte de ce point de
vue au niveau des solidarités des groupes, des solidarités des
milieux qui, eux, voient à protéger, justement, cet esprit de
concertation, cet esprit de solidarité par lequel on veut maintenir une
région avec un dynamisme et aussi avec un apport économique
intéressant.
Donc, je considère que ces gens-là ont des choses
importantes. Ils ont fait une analyse pour qu'ils arrivent à
écrire au ministre dans des termes aussi clairs, en tout cas, aussi
percutants, en lui disant: Écoutez, M. le ministre, nous sommes contre.
Notre organisme n'est pas favorable à la libéralisation des
heures d'ouverture des établissements commerciaux parce que nous y
voyons un inconvénient majeur, et l'inconvénient majeur que nous
y voyons et le danger que nous y voyons, c'est que le Québec mettrait en
danger la survie de la petite entreprise commerciale des régions
périphériques.
Et ça, je pense que c'est important, et c'est pour ça -
oui, il faut le rappeler - que la majorité des chambres de commerce des
différentes régions du Québec sont contre, sont
réellement contre et ne sont pas favorables à la
libéralisation des heures d'ouverture des établissements
commerciaux. Parce qu'on sait fort bien, M. le Président, qu'à
l'heure actuelle, au niveau de l'ensemble des régions du Québec,
elles ont de la difficulté à survivre. On voit, jour après
jour, de grosses entreprises qui sont obligées de fermer leurs portes,
et notre collègue d'Ungava nous parlait même que le Provigo de sa
région a fermé littéralement ses portes et qu'il n'existe
plus actuellement de Provigo.
Donc, c'est difficile au niveau des régions et on
s'aperçoit que le taux de chômage est en nette augmentation de
plus en plus et que, effectivement, l'argent est rare dans les régions
du Québec. Et ce que les gens attendent de la part du ministre,
effectivement, c'est vraiment un plan de relance sur le plan économique
et qu'on favorise, si vous voulez, la relance de certaines grandes entreprises
qui, surtout, à Rouyn-Noranda - on l'a vu, au niveau des grandes
papetières et de ces industries - ont des difficultés, à
l'heure actuelle, de survie. Alors, je pense que c'est à ça qu'il
faut s'attaquer et c'est sur ça aussi que la Chambre de commerce met ses
priorités, à l'heure actuelle, davantage que sur l'ouverture, en
fait, la libéralisation des heures d'ouverture des commerces le
dimanche, M. le Président.
Bien sûr que ces gens-là aussi sont conscients que,
probablement, leur problématique n'est pas la même que la
problématique de certaines régions frontières
américaines, mais on a vu aussi, hier soir, que, même là,
dans ces régions frontières américaines, la preuve n'est
pas faite qu'en ouvrant les commerces le dimanche, les gens, les
Québécois, iront moins faire leurs achats aux États-Unis.
La preuve est loin d'être faite, puisque, nous l'avons vu dans la
région de Vancouver, malgré les heures d'ouverture, depuis six
ans, les gens ont continué d'aller faire massivement leurs achats aux
États-Unis. Les gens vont faire leurs achats aux États-Unis parce
que les prix, en fait, sont plus bas et qu'il y a moins de taxes aussi. Et
c'est là aussi qu'il faut regarder les véritables
problèmes et non pas avoir, tout simplement, une forme de solution de
facilité, en disant: Voilà, on a trouvé la solution. En
ouvrant les heures d'ouverture, nous avons réglé les
problèmes économiques des différents commerces et, bon,
voilà, il y aura beaucoup moins, maintenant, de faillites au niveau des
établissements commerciaux parce que les heures d'ouverture seront plus
étendues.
Ce qu'on dit et ce qu'on répète au ministre, M. le
Président, c'est qu'en fait on ne fait qu'étaler, si vous voulez,
le même argent. Les contribuables... Ce n'est pas parce que les heures
d'ouverture... Quelqu'un qui n'a que 100 $ à dépenser par
semaine, il n'en aura pas plus parce que les heures d'ouverture, le dimanche,
sont plus étendues, que les magasins sont ouverts le dimanche, M. le
Président. Bien non, quand on ne peut pas, on ne peut pas.
On sait très bien aussi qu'il faut faire attention à
l'endettement des Québécois et des Québécoises,
actuellement. On risque, justement, par cet endettement-là et ces
préoccupations économiques, de voir de plus en plus de gens
s'appauvrir, s'appauvrir au niveau des familles, s'appauvrir aussi au niveau...
Parce que ce qu'on est en train de développer, on est en train de
développer un réflexe, le réflexe de la consommation, de
consommmer toujours plus, de consommer un peu plus, et ça, peu importent
les niveaux d'âge.
J'écoutais, à un moment donné, au niveau du
marketing, des études qu'on faisait même au niveau des
comportements des jeunes enfants pour savoir comment, si vous voulez,
présenter un produit pour que, justement, si ce jeune va magasiner
accompagné de son parent, le parent soit incapable de ne pas acheter
l'objet convoité par son enfant. On est rendu très loin dans les
études de comportement en ce qui concerne le réflexe d'achat des
individus.
Ça, je trouve ça très triste, M. le
Président, qu'à l'heure actuelle on soit en train de
développer, dans le fond, ces principes économi-
ques là, de faire en sorte qu'on devient tous un petit peu, si
vous voulez, prisonniers des règles du marché et que, pour que
notre système fonctionne, il faut absolument, indépendamment de
notre capacité, consommer. Je trouve ça malheureux que ce soit
ça qu'on ait en tête comme façon de parler d'une nouvelle
société, de nouvelles valeurs sociales. Pourtant, en
général, on entend partout parler de nouvelles valeurs
sociales.
Savez-vous ce qui préoccupe le plus, à l'heure actuelle,
la population du Québec? Les soucis majeurs, c'est la pauvreté
et, finalement, évidemment, le chômage. On sait fort bien que la
population, actuellement, est préoccupée par le taux de
chômage qui est de plus en plus omniprésent, qui touche l'ensemble
des régions du Québec et, évidemment, la région qui
nous concerne, la région de Rouyn-Noranda, est encore beaucoup plus
préoccupée, justement, par les fermetures d'usines dans cet
endroit et de ses entreprises. Vous savez, ce qui va arriver, c'est qu'en
permettant, en fin de compte, des heures d'ouverture, évidemment,
ça va être intéressant pour les grandes surfaces, en fait,
pour des grandes entreprises, d'aller s'établir dans ces
régions-là pour aller drainer là où les gens
avaient l'habitude d'aller dépenser leurs sommes d'argent.
Vous savez, le petit propriétaire, l'entreprise familiale est
dans ces régions-là. Il ne nous en reste plus beaucoup, au niveau
de notre culture et des traditions, M. le Président. Mais les gardiens
de nos traditions, de nos cultures, ce sont encore ces régions-là
éloignées où il y a une nette concentration vraiment de
Québécois, comme on appelle, pure laine, bien tricotés
serré, et c'est eux qui sont, en quelque sorte, les gardiens de tout ce
qui a fait notre force sur le plan économique parce que le
système coopératif est un système qui a été
très particulier au Québec, qui s'est développé au
Québec. Ces solidarités-là se sont
développées et, surtout, ces Entreprises familiales que nous
avons développées. C'est ça qui a permis, justement,
à un bon nombre de Québécois et de
Québécoises de s'en sortir sur le plan économique et
d'avoir au moins une autonomie financière et une autonomie
économique, M. le Président. C'est ça qu'il faut
sauvegarder. Il faut sauvegarder ce principe d'entreprise familiale qui a
toujours été chez nous notre force, qui a favorisé les
petites et moyennes entreprises à tous les niveaux.
Ce qu'on est en train de faire, malheureusement, on est en train de
glisser littéralement, de permettre justement que, de plus en plus, ces
entreprises vont disparaître parce que l'argent qui était
dépensé au niveau de ces commerces-là, on va
déplacer cet argent-là vers les grandes surfaces, comme Club
Price, Brico, etc., Sears ou Zellers. Et, en même temps, c'est que tous
ces gens-là vont disparaître. Alors, en fin de compte, toutes ces
petites entreprises, qui étaient vraiment très familiales, vont
disparaître, et on va favoriser davantage les grandes surfaces. (12 h
10)
C'est ça qui est dommage et c'est ça qui est inacceptable.
D'autant plus que nos régions, mon doux! protégeons-les,
favorisons... Il y a si peu, à l'heure actuelle, d'emplois que, pour les
emplois qu'ils sont capables de conserver à l'intérieur de ces
petites entreprises familiales là, ne mettons pas toutes à terre
ces entreprises-là. Préservons-les, ces entreprises-là,
pas au détriment de grandes surfaces. De toute façon, ces grandes
surfaces-là n'ont qu'un seul intérêt, c'est le profit
envers et contre tous. Ce profit-là ne va pas nécessairement
rester ici, au Québec, parce que la plupart de ces grandes
surfaces-là, en fait, vont chercher leurs produits soit aux
États-Unis ou ailleurs. Donc, évidemment, ça n'aide pas
nécessairement l'activité économique des régions,
non plus.
On maintient toujours des gens dans des situations précaires et,
justement, il y avait un rapport au niveau du forum «Désarroi et
espoir dans une société en turbulence». On disait:
Où va la société québécoise? Vous savez que
la principale préoccupation do ces gens là... Je vais vous faire
part de quelques chapitres qui ont été écrits dans ce
rapport, où on dit: «II ressort, en premier lieu, une
inquiétude dominante à l'égard de la situation
socio-économique à la fois quant à la mauvaise
santé générale de l'économie, mais davantage encore
quant aux effets directs de cette mauvaise santé sur les personnes. 26 %
des répondants estiment, en effet, qu'il y aura, dans les prochaines
années, maintien et même accroissement de la pauvreté, et
que l'écart entre riches et pauvres ira s'élargissant. On craint
l'indifférence et la résignation, bref, ce qu'un répondant
appelle la banalisation de la pauvreté structurelle.»
C'est à ça que le ministre est en train de concourir,
à l'heure actuelle, en maintenant des gens dans des situations
précaires, du sous-prolétariat, avec des sommes d'argent... Ils
sont au salaire minimum. Il n'y a pas d'avenir là-dedans. En maintenant
des emplois à ce niveau-là, il n'y a absolument pas d'avenir. Ce
n'est pas vrai que les femmes sont heureuses de travailler, en tout cas,
à temps partiel au salaire minimum. Quand on est rendu à
travailler au salaire minimum, sur des horaires sur appel, surnuméraire,
occasionnel, partiel, je ne pense pas qu'à ce moment-là on soit
capable de survivre correctement. On fait, tout simplement, vous savez, essayer
de maintenir ce qui est le plus urgent, et c'est à peu près tout
ce qu'on est capable de faire à ce niveau-là. Ce n'est pas vrai
que, les femmes, ça fait partie de leurs exigences. Au contraire, on
demande de plus en plus l'équité et l'égalité en
emploi au niveau des femmes, et non pas de maintenir la précarité
au niveau de l'emploi chez les femmes.
Plus souvent qu'autrement, c'est ce qui se
passe à l'heure actuelle, d'autant plus qu'au niveau des
régions, dans ces régions-là, nos jeunes ne peuvent plus
maintenant trouver d'ouvrage, donc quittent les différentes
régions. Je pense que, ça, c'est tout à fait odieux aussi,
parce qu'on est en train d'avoir des régions de plus en plus
vieillissantes. Donc, ce qui est important, a l'heure actuelle, c'est
réellement de favoriser le développement de l'emploi pour que ces
jeunes qui demeurent dans les régions puissent, justement, avoir des
perspectives d'avenir intéressantes et non pas tout simplement
travailler dans des grandes surfaces à temps partiel, occasionnel, au
salaire minimum, sur des heures coupées et selon les exigences de
l'entreprise.
Je pense qu'on mérite plus que ça. Si nous voulons, en
fait, des enfants au Québec, bien, il faut, à quelque part, qu'on
y mette le prix collectivement aussi. Ce n'est pas en leur donnant ce qu'on
leur donne, à l'heure actuelle, avec peu d'espoir, que nous allons
permettre, en tout cas, de développer une jeunesse saine et en
santé à tous ces points de vue, M. le Président,
équilibrée.
Donc, je disais qu'avec ce qu'on est en train de faire et ce à
quoi on est en train de concourir, avec cet esprit que nous voulons
développer au niveau des heures d'ouverture et puis de favoriser de plus
en plus le magasinage, en fait, sept jours sur sept, et à la convenance
et selon la disponibilité du client, je pense qu'on n'en finira jamais.
Je suis complètement d'accord avec tous les individus. Vous allez les
questionner, vous allez dire: Écoutez, si un magasin est ouvert le
dimanche et que vous aimeriez aller vous faire coiffer, est-ce que vous iriez?
Je dirais: Aïe, oui, c'est super! Mais ce n'est pas évident, ce
n'est pas une nécessité, en fin de compte. J'ai été
capable de vivre indépendamment deçà.
Je me souviens très bien qu'en campagne électorale,
à un moment donné, il y a un citoyen qui me disait qu'il voulait
avoir le métro pratiquement à sa porte, et chaque citoyen voulait
avoir le métro à sa porte. C'est bien sûr que, si vous leur
demandez qu'est-ce qu'ils voudraient avoir pour favoriser, améliorer, en
général, l'être humain, vous savez, est paresseux
jusqu'à un certain point. Donc, plus on va faciliter sa tâche,
bien sûr, plus il va l'accepter. Mais ce n'est pas nécessairement
pour ça qu'il faut vraiment maintenir le système. Ce n'est pas en
favorisant, si vous voulez, cet aspect de l'être humain, mais en lui
permettant, justement, à un moment donné, de se mettre des
balises pour qu'il puisse arriver à favoriser un plus grand
équilibre.
Donc, on est en train de banaliser la pauvreté structurelle.
Ça, je ne peux pas concourir à ce genre d'exercice, à mon
avis, qui est trop grave pour les générations à venir
aussi. Je ne pense pas que notre objectif, c'est de faire du Québec un
grand centre d'achats et de permettre aux individus, comme exercice
récréatif, de faire du magasinage sept jours sur sept, à
toute heure, et que ça va être de cette façon-là
qu'on va favoriser un meilleur équilibre entre les personnes et un
meilleur équilibre économique.
Donc, j'aimerais aussi vous dire qu'il y a d'autres
préoccupations face à ça et que, à cette
banalisation de la pauvreté à l'heure actuelle, il y a d'autres
conséquences qui sont dramatiques aussi. C'est que plus vous
créez des besoins dans la population, plus vous créez des
facilités pour la population et que ces gens-là ne peuvent pas
répondre à ces besoins-là, on crée des attentes que
les gens ne pourront pas, non plus... Parce qu'on exclut une grande partie de
la population quand on regarde le degré de pauvreté un peu
partout et, plus particulièrement, au niveau de nos régions,
surtout en Abitibi, à Rouyn-Noranda, vous savez très bien
à quel point le taux de chômage est élevé. Donc, on
crée des attentes, on crée des besoins, et ces gens-là ne
peuvent pas vraiment répondre à cette demande-là.
Alors, qu'est-ce qu'on crée? On crée ou on augmente, a ce
moment-là, les frustrations. Qu'est-ce que vous pensez que ça
peut générer? Ça peut, tout simplement,
générer de la violence. On voit que notre société,
elle est de plus en plus violente. De plus en plus, la violence, elle est
partout. De plus en plus, nos jeunes, vous savez... Regardez la situation,
actuellement, on a des conflits entre riches et pauvres. On a de
l'intolérance entre, finalement, les personnes. De plus en plus, il y a
des affrontements, il y a de la violence, il y a des divisions, il y a des
polarisations, même au niveau des différentes corporations. On l'a
vu au niveau du marché de l'alimentation à quel point, justement,
même au niveau des grandes entreprises, actuellement, il y a de la
division ou, dans certains cas, de la polarisation.
Qu'est-ce que ça a donné, cette polarisation-là?
Tout simplement, ça a fait en sorte que, de plus en plus, il y a des
groupes qui ont perdu des droits et qu'on affaiblit certains groupes au
détriment d'autres groupes. Je ne pense pas que c'est dans ce
rapport-là qu'on va établir une société juste et
équitable. À mon avis, on ne fait, tout simplement, que maintenir
cet écart, effectivement, que tout le monde est en train de
déceler entre pauvres et riches. Ce qu'on est en train de faire,
actuellement, au Québec, c'est qu'on est en train de développer
une classe excessivement riche au détriment de la classe moyenne et de
maintenir de plus en plus la pauvreté. Je ne peux pas souscrire à
ce genre de façon de faire. Ce n'est pas acceptable pour une
société qui se dit moderne, prête à défier
les marchés internationaux et à vouloir entrer dans la
concurrence internationale. Je ne pense pas que c'est de cette
façon-là qu'on va arriver à faire face aux nouveaux
défis, d'aucune façon.
Alors, M. le Président, on sait fort bien
que, de plus en plus, les rapports entre les groupes sociaux risquent
d'être fort dominés par l'intolérance et la violence parce
que, de plus en plus, il y aura... Bien sûr qu'on va solliciter les gens,
bien sûr que les gens, vous savez, le dimanche, qu'est-ce qu'ils vont
faire? Ils vont aller dans les magasins, ils vont regarder leur capacité
de dépenser, les sommes d'argent qu'il leur reste dans les poches, puis
ils vont dire: Ah non, ce n'est pas pour moi. Vous allez voir qu'à un
moment donné ça augmente. Il y a une progression, puis, à
un moment donné, ça devient... Tu dis: Bon, bien, là,
toujours dire: Non, ce n'est pas pour moi, non, ce n'est pas pour moi, non, ce
n'est pas pour moi. Regardez, au niveau de nos jeunes, de la jeunesse,
actuellement, le problème qu'on y voit, c'est que les jeunes sont
tellement sollicités par la consommation actuellement qu'ils
préfèrent travailler, même à salaire minimum,
plutôt que d'étudier parce que, eux, ce qu'ils y voient, à
court terme, c'est cette capacité de dépenser. Regardez nos
jeunes, actuellement; j'en ai, moi aussi, des jeunes, et je vais vous dire
à quel point, pour eux, c'est important de posséder des biens,
d'avoir des biens. (12 h 20)
Alors, il faut peut-être leur démontrer qu'actuellement ce
n'est pas tout, qu'il y a d'autres formes aussi de richesses. Il y a des
richesses qui sont attribuées à la personne, il y a des richesses
intérieures. M. le Président, comme je vous le disais, les
problèmes de société vont donner lieu à la
collaboration de différents groupes sociaux. On prévoit
qu'à cause des phénomènes que nous avons dans notre
société, effectivement, des groupes comme la Chambre de commerce
et d'industrie... Devant ces phénomènes auxquels nous aurons
à faire face et qui sont déjà présents, les groupes
veulent se solidariser, veulent de la collaboration entre les milieux, mais ils
demandent aussi la collaboration de l'État, du gouvernement et, bien
sûr, c'e -: ministres concernés. Dans ce sens, je pense
qu'il serait approprié, en fait, de la pan du ministre, au moment
où, justement, il y a une différence d'opinions entre les
chambres de commerce régionales et les chambres de commerce
métropolitaines, il serait heureux, il serait souhaitable d'entendre la
Chambre de commerce et d'industrie de Rouyn-Noranda, régionale.
Alors, M. le Président, on perçoit un désengagement
de plus en plus au niveau de la. population, au niveau de l'État et plus
particulièrement en matière, si vous voulez, de politique do
lutte à la pauvreté et au chômage. On s'aperçoit
aussi que, dans la plupart de ces régions-là, effectivement, il y
a une nette progression vers la pauvreté. C'est là-dessus, en fin
de compte, qu'il faudrait vraiment que l'État, de plus en plus,
s'acharne à développer et à faire preuve d'imagination.
Imaginer, c'est créer, évidemment, et c'est peut-être
favoriser aussi le développement.
Alors, le malaise que la population ressent envers l'État, je
pense qu'il se traduit très bien, à l'heure actuelle, dans le
débat dans lequel nous vivons, que nous sommes en train de constater.
Et, par contre, avec le fait que ces gens qui ont demandé d'être
entendus ne pourront pas, malheureusement, prendre part à nos
débats, alors, on pourrait être portés à croire que,
dans la population, de plus en plus, il y aura de la méfiance à
l'endroit du gouvernement. On craint que, finalement, aussi, la population
reste sous l'impression que le gouvernement n'a rien à faire de ces
sujets. L'État est, en fait, perçu de plus en plus comme au
service des plus riches et non pas au service des plus pauvres. Et ça,
c'est malheureux, et on le voit dans tous les sondages, à l'heure
actuelle.
Ce qu'on essaie de dire au ministre, c'est qu'on est prêts
à vous apporter notre collaboration pour que, justement, au niveau de la
population, cette façon de voir l'État, cette façon de
percevoir l'Etat comme étant au service des plus riches plutôt
que, finalement, de l'ensemble de la population et surtout et, plus
particulièrement, au niveau des personnes pauvres... Eh bien, nous, on
est prêts à apporter notre collaboration pour permettre au
ministre, justement, que ses électeurs aient une meilleure perception,
en fait, du rôle qu'il joue à l'intérieur de l'appareil de
l'État et pour qu'il favorise, justement, vraiment la vraie
communication, qu'il favorise vraiment la collaboration, et ce, à tous
les niveaux.
Alors, j'aimerais que le ministre, encore une fois, se laisse toucher
par cette demande et qu'il puisse entendre les chambres de commerce des
régions. Ce serait très important pour la survie de nos
régions au Québec, M. le Président.
Le Président (m. audet): merci, mme la
députée. je vais maintenant reconnaître m. le
député d'orford. vous avez 10 minutes, m. le
député
M. Robert Benoit
M. Benoit: Très bien. Merci, M. le Président. J'ai
écouté avec grand intérêt les propos de la
députée de Marie-Victorin. Il y a quelques commentaires que je
dois ajouter à ses propos.
D'abord, elle veut que nous invitions la Chambre de commerce de
Rouyn-Noranda, ce qui est très bien. Je veux rappeler à la
députée de Marie-Victorin que, juste à côté
de Rouyn-Noranda, il y a une zone frontalière qui s'appelle le
Témiscamingue et cette région-là a demandé au
ministre, de tout temps, d'être dézonée, de pouvoir, elle,
ouvrir le dimanche, de pouvoir bénéficier des avantages, et
ça, c'est juste à côté. Tu fais ça en
quelques minutes. D'ailleurs, on n'a pas vu ici le député du
Témiscamingue venir nous dire qu'il était contre l'ouverture.
Je
veux dire, ses commerçants, la région, les marchands, les
municipalités nous demandent d'ouvrir, eux. Ça, c'est à
côté de la Chambre de commerce de Rouyn-Noranda.
Je trouve aussi un peu surprenant que la députée de
Marie-Victorin nous invite à ne pas ouvrir, alors que ses propres
chambres de commerce sur la rive sud... Et c'est Le Courrier... le
journal de la rive sud, du 22 novembre, qui nous dit: Écoutez,
permettez-nous d'ouvrir, nous, la rive sud de Montréal. Elle est
supposée représenter ces gens-là. Je suis très
surpris qu'elle nous dise qu'elle est contre, d'abord, parce que les gens
à côté de Rouyn-Noranda - leur motion - et,
deuxièmement, les chambres de commerce de la rive sud nous demandent
d'ouvrir.
Mme Vermette: M. le Président...
Le Président (M. Audet): Question de règlement, Mme
la députée?
Mme Vermette: D'aucune façon je n'ai mis en cause... J'ai
demandé...
Le Président (M. Audet): Un instant, Mme la
députée, là. J'ai souligné aux membres de la
commission, hier, que, si vous jugez...
Des voix: Après. Mme Vermette: Après?
Le Président (M. Audet): ...que vous avez
été mal citée...
Mme Vermette: Oui.
Le Président (M. Audet): ...ou mal
interprétée vous devrez le faire immédiatement
après l'intervention du député d'Orford.
Mme Vermette: Parfait, merci.
M. Benoit: Et on laisse sous-entendre, M. le Président,
parce qu'on veut inviter Rouyn-Noranda, que toutes les chambres de commerce
seraient contre. Bien, écoutez, il faut se parler un peu, là.
Moi, j'ai écouté avec intérêt et je veux vous dire,
par exemple, que la fédération des chambres de commerce qui
regroupe, elle, 5600 entreprises, 217 chambres de commerce locales, 61 000
membres... Ça commence à être du monde, ça,
là, je veux dire, ça commence à être des gens qui
ont payé leurs cotisations et qui se sont regroupés, qui ont
envoyé non seulement une lettre au ministre, il y a quelques mois, mais
depuis, alors que tous leurs membres ont pris connaissance de la lettre qu'ils
ont envoyée au ministre, finalement, hier, on recevait un mémo de
la Chambre de commerce du Québec. Donc, il faut croire que les membres
n'ont pas fait une levée de boucliers si grande que ça. Il y a 61
000 membres, madame.
Je vais vous lire les trois points que le président... Et il dit
bien, le président: Ce n'est pas ma décision. Il dit dans sa
lettre que c'est le voeu de son conseil d'administration. Ce nest pas juste
lui, un bon matin, qui s'est levé et qui a dit: Aïe, je connais le
ministre, je vais lui envoyer une petite lettre. Ce n'est pas ça du
tout. C'est son conseil d'administration qui a statué là-dessus.
Je vous lis les trois points, Mme la députée de Marie-Victorin.
J'ai trouvé ça extraordinaire. Il dit: Premièrement, les
consommateurs du Québec bénéficieront désormais des
mêmes avantages que ceux de l'Ontario, du Nouveau-Brunswick et des
États-Unis. Bon, je laisse le.. Deuxièmement, on rétablit
une plus grande équité entre nos commerçants en faisant
disparaître une foule de privilèges spéciaux
accordés à certains types de magasins au fil des ans:
marchés aux puces, etc. Troisièmement, les consommateurs
réclament plus de flexibilité, et leurs besoins seront ainsi
mieux satisfaits. Le Québec y gagne donc sur tous les plans, au moment
même où l'économie doit être encouragée par
tous les moyens.
Ça, Mme la députée de Marie-Victorin, c'est
important. En tout cas, moi, j'écoute ça quand la Chambre du
commerce du Québec me parle. Sainte-Foy, ici, juste à
côté, s'est prononcée, non seulement la chambre de
commerce, mais la ville, Québec. Montréal, c'est le plus beau
cas. La chambre de commerce de Montréal était plutôt
neutre. Là, elle est pour, et la ville de Montréal, qui
s'était prononcée contre, qui est une alliée assez
naturelle de votre parti, est maintenant... La Chambre de commerce de
Montmagny... C'est une région un peu... Je vous cite ici: Ouverture des
magasins le dimanche, pour ou contre? La Chambre de commerce: «II nous
apparaît que l'élargissement des heures d'ouverture soit
inévitable et élimine par le fait même une certaine
concurrence des grands centres urbains créée, par le
passé, par les mesures d'exception. Comme vendeurs de produits et
services, notre premier souci devrait être de répondre aux besoins
des clients qui réclament présentement cette souplesse
additionnelle. Jean Chouinard, président de la Chambre de
commerce.»
Je vais continuer, M. le Président. Montréal. Montmagny,
on vient d'en parler. Drummondville, le député est ici, un ami
à moi. Il demeure dans ma circonscription. On s'entend bien, on a
beaucoup de plaisir ensemble depuis nombre d'années. Il y a eu un
sondage chez lui.
Une voix: Son épouse, elle a un commerce qui est ouvert le
dimanche.
M. Benoit: D'ailleurs, de la façon dont il parlait, je
pensais que c'était 100 % des gens de la Chambre de commerce de
Drummond, moi, qui
étaient contre l'ouverture. J'ai dit: II faut que ce soit
ça. Il est tellement convaincu, ce gars-là, et j'ai de
l'admiration pour mon confrère d'en face.
Imaginez-vous donc que, ce matin, je tombe sur un article de ce
coin-là qui dit... Écoutez bien les chiffres, Mme la
députée de Marie-Victorin, écoutez bien les chiffres.
C'est extraordinaire! 49 % sont pour l'ouverture, 51 % sont contre. La marge
pour déchirer sa chemise, il aurait pu déchirer peut-être
une manche, mais pas toute la chemise, parce que, franchement, ça ne
méritait pas toute la chemise à 49 %. En tout cas, j'ai
trouvé ça extraordinaire, ce matin
Je continue. J'en ai d'autres comme ça: la ville de Laval,
Orford, où je demeure, moi. Non seulement la chambre de commerce... Elle
l'a expérimenté et là elle aurait l'occasion de dire:
«Enough is enough», on va mettre la hache là-dedans, cette
affaire-là, nous autres. Elle l'a expérimenté, te
régime des commerces ouverts, depuis nombre d'années. Non
seulement la chambre de commerce, mais la SIDAC est pour. Et puis les petits
commerçant sont pour, parce que, sur la rue principale à Magog,
des gros commerçants, je vous défie d'en trouver un seul. Ce sont
tous les Lacroix, les Sauvé. Il n'y en a pas de gros. Pierre-Paul
Landreville, etc., ce ne sont pas de gros commerçants, ce sont de petits
commerçants. La rive sud, j'en ai parlé. Dans votre propre
région, la chambre de commerce provinciale... (12 h 30)
Hier, il m'est arrivé un incident. J'avais un paquet de messages
à retourner. Il y en a un, c'était un vendeur de meubles qui
n'est pas de ma région II est de ma région, mais pas de mon
comté. Je l'ai appelé. Un chic bonhomme. On a jasé un bon
bout de temps. C'est ce qui explique mon retard, hier soir. Puis, à un
moment donné, il me disait: Tu sais, Robert, il y a un gars qui a
essayé ça, d'ouvrir le dimanche, dans l'Outaouais, parce que
c'était une zone périphérique. Il a essayé
ça, le gars.
Il dit: Sais-tu ce qui s'est passé? J'ai dit non. Eh bien, la
journée où il a vendu le plus de meubles, c'est le dimanche. Et
là, il dit: Le maudit problème: comment on va organiser
ça, nous autres, pour fermer le lundi ou le mardi? Là, on a de
sérieux problèmes avec ça. Mais ce qu'il venait de
m'admettre, c'est que la journée où il y avait le plus de monde
qui achetait des meubles... C'est comme les piscines. Dans le temps,
effectivement, ils ne vendaient pas des piscines le lundi matin. Il faut bien
se comprendre. Ils vendaient ça le dimanche. C'est le même
phénomène dans le secteur des meubles. Les gens y vont en
famille.
Je vous ai parlé de la zone frontalière du
Témiscamingue. Puis, si votre chambre de commerce venait ici, bien, je
lui en parlerais, moi, du Témiscamingue. Comment eux...
Une voix: Invitez-la
M. Benoit: Non, mais ils vont peut-être... On les
rencontre, là, on leur parle.
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Benoit: D'ailleurs, le député du
Témiscamingue, on ne l'a pas entendu beaucoup dans le débat.
Je veux vous lire la lettre de la Chambre de commerce de Rouyn-Noranda,
maintenant. M. le Président, c'est intéressant, ça. Je
veux vous lire une partie de la lettre de la Chambre de commerce de Rouyn.
Alors, la Chambre de commerce de Rouyn nous dit: «Nous convenons que la
libéralisation des heures d'ouverture s'inscrit dans la
réalité socio-économique d'aujourd'hui». Il faut le
faire, là. Ils veulent inviter ces gens-là qui nous disent ici
que ça s'inscrit dans la réalité
socio-économique... Ce n'est pas moi qui dis ça. C'est eux
autres, M. le Président.
Je vais vous parler maintenant de la Chambre de commerce de Laval. La
Chambre de commerce de Laval, eux autres...
M. Jolivet: C'est les deux bords de la médaille.
Une voix: II n'a rien compris.
M. Benoit: ...c'est 70 % des gens qui sont pour l'ouverture.
Alors, moi, je ne le sais pas, là, mais je vais vous parler maintenant
de la Chambre de commerce de Sherbrooke. Effectivement, ils se sont
prononcés pour. Mais qu'est-ce qu'elle a dit, la présidente de la
Chambre de commerce? Elle a dit: Écoutez, nous sommes en face d'un
mouvement planétaire - elle est allée loin, là, elle -
qu'on ne peut pas contrer. Il faudra s'ajuster. Ça, c'est la
présidente de la Chambre de commerce de Sherbrooke. Et elle-même a
son entreprise, une très belle entreprise; c'est une présidente
tout à fait dynamique. Elle est ouverte le samedi et tous les soirs de
la semaine, son entreprise, parce qu'elle est dans les écoles de langue.
Elle est dans le service. Puis elle a compris que la façon de faire de
l'argent, c'est d'ouvrir quand... Puis c'est elle-même qui nous parle,
dans les restaurants, à chaque fois qu'elle nous rencontre: Mme
Charpentier. Je l'aime bien. Puis elle dit: Enlevez-vous donc le nez de nos
maudites affaires. Laissez-nous donc mener nos entreprises. Eh bien, je
comprends qu'ils sont contre, mais je ne sais pas, moi. Ils tiennent
peut-être, là, un discours compliqué à tenir.
Je vais finir en disant, Mme la députée, qu'on a
reçu, ce matin, les députés libéraux, et je pense
qu'il vous visite demain, le Conseil du patronat du Québec. Ça
couvre pas mal de monde, le Conseil du patronat du Québec. Demandez-leur
donc leur position, à ces gens d'affaires là, s ils sont pour ou
contre la fermeture ou l'ou-
verture le dimanche. Ils regroupent à peu près tous les
secteurs de l'économie et eux nous ont dit, encore ce matin... Vous
allez les rencontrer dans 10 minutes. Ils vont vous dire qu'ils sont pour
l'ouverture des commerces le dimanche, que c'est le temps que les gouvernements
s'enlèvent le nez de toutes ces histoires-là, que l'on laisse le
marché faire ce qu'il a à faire.
Je finirai, M. le Président, en vous parlant des zones
touristiques.
Le Président (M. Audet): En conclusion, oui.
M. Benoit: Oui. Alors, les zones touristiques, on vit
là-dedans, nous, chez nous. «C'est-u» drôle, il n'y a
pas plus de drogue qu'ailleurs. Il n'y a pas plus de crimes qu'ailleurs. Il n'y
a pas plus de familles explosées qu'ailleurs. Je vous dirais même
qu'il y a pas mal plus de familles explosées à Sherbrooke,
où il n'y a pas de zone touristique, où les commerces n'ouvrent
pas, que dans la belle ville de Magog. Et je vous dirai plus que ça. La
ville de Coaticook qui, elle, n'a pas de zone touristique, qui, elle, n'ouvre
pas le dimanche, maintenant, lors d'un colloque où il y avait 210
intervenants, il y a quelques semaines, nous dit: On veut devenir zone
touristique. Ils n'ont pas dit encore qu'ils voulaient ouvrir le dimanche, mais
ils disent: On veut devenir zone touristique.
Le rationnel démontre que, dans les zones touristiques qui,
historiquement, sont ouvertes le dimanche, il n'y a pas plus de violence, il
n'y a pas plus de couples désunis. Il n'y a pas plus de pauvreté.
Il n'y a pas plus de gens avec des petites jobs et des petits salaires.
Ça ne tient pas, cette théorie-là. Nous
l'expérimentons depuis nombre d'années.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député.
M. Benoit: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Je vais maintenant
reconnaître M. le député de Laviolette. Sur une question de
règlement?
Mme Vermette: Question de règlement, M. le
Président.
M. Jolivet: Une minute! Une minute!
Le Président (M. Audet): Excusez-moi, M. le
député. C'est que Mme la députée de Marie-Victorin
a souligné, au début de l'intervention du député
d'Orford, son intention de soulever une question de règlement.
M. Jolivet: O.K. Correct.
Le Président (M. Audet): Allez-y, Mme la
députée.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Au tout début
de son intervention, le député d'Orford disait qu'en fin de
compte j'étais en contradiction avec les chambres de commerce de ma
région. En fait, c'est probablement qu'il n'a pas écouté.
En fait, il n'a pas entendu. Il peut écouter, mais il entend mal. C'est
qu'effectivement ce que je lui disais, c'est que ce serait
intéressant... Je défendais les régions, pour une fois,
parce qu'on disait qu'il fallait établir de nouvelles
solidarités, et c'est à ça que je m'engage:
développer de nouvelles solidarités. J'étais solidaire des
régions et je disais que, même si les chambres de commerce du
Montréal métropolitain et de Québec se sont
prononcées pour, il serait heureux qu'on puisse entendre le point de vue
des différentes chambres de commerce des régions qui se sont
prononcées contre.
Le Président (M. Audet): D'accord. Merci.
M. Benoit: J'ai un droit de répondre, M. le
Président?
Le Président (M. Audet): Oui, oui, s'il y a consentement.
Il faudrait que je vérifie. Je pense que oui.
M. Benoit: Je suis très solidaire des régions, mais
je vous rappellerai que, juste à côté de Rouyn-Noranda, la
zone frontalière du Témiscamingue demande au ministre depuis
toujours d'ouvrir. Elle demande d'ouvrir. Alors, je suis solidaire des
régions en disant: La zone touristique du Témiscamingue demande
d'ouvrir, elle.
Le Président (M. Audet): O.K. Merci. M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui, simplement, je ne sais pas comment l'exprimer,
M. le Président. C'est une permission que je voudrais obtenir de la part
du parti ministériel.
Le Président (M. Audet): Sur quoi?
M. Jolivet: C'est que, dans 10 minutes, nous allons rencontrer la
chambre de commerce pour, justement, poser les questions qui s'imposent. Est-ce
qu'on pourrait suspendre les travaux jusqu'à 15 heures?
Le Président (M. Audet): Non, non. On doit...
Mme Vermette: Le Conseil du patronat.
M. Jolivet: Le Conseil du patronat. O.K. Excusez-moi.
Le Président (M. Audet): On doit terminer à...
M. Jolivet: Je le sais, je le sais, mais avec le consentement de
la commission, c'est ça que je demande. Est-ce que je peux avoir le
consentement pour suspendre jusqu'à 15 heures?
Le Président (M. Audet): L'ordre de la Chambre est
jusqu'à 13 heures.
M. Jolivet: Jo In sais, mais on a le droit On est roi et
maître si on est d'accord.
Le Président (M. Audet): À moins qu'il y ait
consentement, mais, moi, je vous dis que l'ordre de la Chambre est
à...
M. Jolivet: Je demande le consentement. On veut rencontrer le
Conseil du patronat.
Le Président (M. Audet): C'est à quelle heure, la
rencontre?
M. Jolivet: Dans 10 minutes. Alors, le temps de se rendre.
Une voix: À moins quart. M. Jolivet: À moins
quart.
M. Tremblay (Outremont): Peut-être que, quand ils vont
revenir, ils vont avoir plus d'informations.
Une voix: Peut-être qu'ils vont vous convaincre.
M. Jolivet: Bien tiens! On ne le sait pas.
Une voix: Comme compromis, je vais faire mon intervention en 10
minutes, puis on suspendra.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, si l'Opposition
est réellement à l'écoute de la population, elle va
apprendre que le Conseil du patronat va leur dire qu'il est favorable à
l'ouverture des commerces le dimanche. Alors, si vous revenez et
procédez à l'étude article par article du projet de
loi...
Une voix: Ça, c'est non.
M. Tremblay (Outremont): c'est non? bon, bien, on va être
gentils. on va donner notre consentement pour que vous puissiez revenir en
pleine forme, cet après-midi, avec des idées constructives pour
le développement économique du québec.
Mme Marois: Avec la possibilité d'intervenir, de finir sur
la motion de notre collègue et un certains nombre d'autres points.
Une voix: Oui, oui.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Drummond, sur une question de règlement.
M. St-Roch: Oui, M. le Président. Le député
d'Orford a fait une affirmation que j'étais citoyen de sa
circonscription. Il a juste présumé du futur. Je ne suis pas
citoyen.
Une voix: Pas encore
M. St-Roch: J'ai le plaisir d'avoir une résidence, mais
c'est important, parce que mon adresse légale est encore 625,
Saint-Amant, à Drummondville.
Des voix: Ah! ah! ah!
Le Président (M. Audet): Merci. La commission suspend ses
travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 38)
(Reprise à 15 h 12)
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous allons débuter la séance de la commission de
l'économie et du travail. Je vous rappelle le mandat de la commission
qui est de procéder à l'étude détaillée du
projet de loi 59, Loi modifiant la Loi sur les heures et les jours d'admission
dans les établissements commerciaux.
Nous étions à discuter de la motion
présentée par la députée de Marie-Victorin à
l'effet d'entendre la Chambre de commerce et d'industrie de Rouyn-Noranda, et
je vais reconnaître M. le député de Laviolette. Vous avez
10 minutes, M. le député.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. M. le
Président, j'écoutais le député d'Orford ce matin
trouver un peu drôle que ma collègue invite la Chambre de commerce
parce que, on le sait, il y a des chambres de commerce au Québec qui se
sont prononcées pour l'ouverture, je devrais dire «at
large», de l'ensemble des magasins, des commerces. Il y en a d'autres,
par exemple, qui ont fait l'inverse aussi. Donc, il y a, dans les chambres de
commerce, des gens qui sont pour, d'autres qui sont contre. Et c'était
avec beaucoup de plaisir que j'ai entendu dire «Chambre de commerce et
d'industrie», parce que la Chambre de commerce de Grand-Mère aussi
a fait ce changement important à son sigle parce qu'elle ne s'occupe pas
simplement des commerces, mais aussi de l'industrie. En vous disant qu'il y a
des gens qui sont membres de la chambre de commerce qui, en même temps,
sont membres des SIDAC. S'ils sont dans la chambre de commerce, c'est parce
qu'ils font du corn-
merce et ils sont dans les SIDAC; ça ne peut pas être deux
personnes différentes, c'est les mêmes personnes. Dans certains
cas, les gens des chambres de commerce disent: Nous sommes pour. D'autres
disent: Nous sommes contre. À côté de ça, vous avez
les SIDAC qui, elles, par le Regroupement des SIDAC, se sont dites totalement
contre.
Je parlais avec Cari McCraw, de Trois-Rivières, qui m'indiquait
ses appréhensions. Puis il n'a pas tort si on prend
Trois-Rivières pour donner un exemple des difficultés que
comportent, des fois, les magasins, puis, si on les appelle comme tels, les
commerces dans les centres-villes. Et je vais vous donner l'exemple de chez moi
- parce que c'est de ça que je veux parler - pour indiquer que ce n'est
pas tout à fait sûr, s'il y a des chambres de commerce et
d'industrie qui se sont prononcées pour et que d'autres se sont
prononcées contre, qu'il ne vaut pas la peine de les entendre.
Dans Trois-Rivières, comment a-t-on réussi à
revitaliser le centre-ville de Trois-Rivières? Si le
député de Trois-Rivières était ici, il vous le
dirait. C'est en ramenant...
Une voix: L'industrie touristique.
M. Jolivet: Non, non. Ce n'est pas de Trois-Rivières comme
zone touristique que je parle. Je parle du centre-ville. Parce que, quand vous
parlez des centres commerciaux Les Rivières ou de
Trois-Rivières-Ouest, vous avez...
Une voix: Revi-Centre?
M. Jolivet: Non, non, c'est plus que ça. C'est qu'il y a
des gens qui, dans le temps où ils étaient des commerçants
qui vivaient au centre-ville, normalement, ils vivaient au deuxième
étage de leur commerce. Les bâtisses étaient des
bâtisses qui étaient entretenues. Tandis qu'aujourd'hui, en
sortant du centre-ville, en allant à l'extérieur des centres,
qu'est-ce qui est arrivé? C'est que les centres-villes se sont mis
à mourir. Les magasins avaient de la difficulté parce qu'on
allait vers les centres commerciaux. Mais, pendant ce temps-là, dans le
centre-ville, il a fallu mettre énormément d'argent, comme
gouvernements - peu importe le niveau de gouvernement, que ce soit le
municipal, le gouvernement du Québec ou même, dans certains cas,
à Shawinigan en particulier, le niveau fédéral -pour
ramener les gens dans le centre-ville.
Ces programmes de Revi-Centre n'étaient pas suffisants pour
ramener les gens au centre-ville. Il fallait amener des services au
centre-ville. Donc, qu'est-ce qu'on a fait à Trois-Rivières tout
dernièrement, il y a à peu près deux ans? On a
ramené au centre-ville HydroQuébec. Qu'est-ce qui est
arrivé dans la bâtisse d'Hydro-Québec? CHLN, qui est parti
de l'extérieur du centre dans le bout du Le Baron sur le boulevard
Notre-Dame, est venu s'installer au centre-ville. Qu'est-ce qui est
arrivé en cours de transformation de ce retour vers le centre-ville? Un
restaurant s'est installé, Gaspard. Très bien reconnu,
très bonne cuisine. Pourquoi? Parce que des gens ont la capacité
maintenant de descendre de l'édifice, d'aller manger, d'aller dans le
centre-ville et de revenir travailler dans l'après-midi. Donc, il y a
cette possibilité au centre-ville de pouvoir amener du monde par le
roulement de ces gens-là à travers leurs activités
normales journalières.
À Grand-Mère, même effet au niveau de choses qui ont
amené dans le centre-ville une désertion. Imaginez-vous qu'en
1992 vous allez aller dans le centre-ville; là où la plus grande
partie du deuxième étage était aux propriétaires,
on a transformé ça en petites chambres, ce qui fait que ce sont,
dans bien des cas, des démunis qui demeurent là ou des gens qui
ont de la difficulté à se trouver des lieux pour vivre
convenablement. Puis vous vous imaginez qu'en 1992, dans le centre-ville de
Grand-Mère, à cause de ces phénomènes-là, il
y a encore une seule toilette avec une seule douche pour des gens qui vivent
dans quatre ou cinq appartements différents. Ça, là, il
faut être conscients des difficultés.
Qu'est-ce qu'on avait proposé à la ville de
Grand-Mère quand il y a eu un feu important à Grand-Mère?
On a dit: Allez voir les marchands. Proposez-leur de s'installer avec de
l'acier comme premier étage, puis, nous autres, avec la
Société d'habitation du Québec, on pourrait placer le
deuxième et le troisième étage avec des familles dans des
HLM, remettant du monde dans le centre-ville. On a refusé, à
l'époque. La ville de Grand-Mère a refusé. Ça fait
qu'aujourd'hui on a un trou béant; c'est un stationnement. Ils ont
construit leurs magasins et, le deuxième étage, ils ont de la
difficulté à le louer parce qu'il n'y a pas d'activités
dans le milieu.
Je vais aller plus loin. Une vieille école,
Saint-Louis-de-Gonzague; des gens ont pris le pari, même dans le temps
des difficultés actuelles, de la rebâtir. Ils ont remodelé
la bâtisse. Il y a des gens qui ont des appartements dans cette
bâtisse, en plein centre-ville de Grand-Mère. Qu'est-ce qui est
arrivé? Le salon de coiffure est arrivé en bas parce que c'est
des personnes âgées, un petit dépanneur, toutes sortes
d'activités qui vont être faites à l'entrée
principale. Et on a pris le ministère de la Sécurité du
revenu ou l'aide sociale, qui était caché à
l'arrière, pour le placer en plein devant la façade. Ça a
donné quoi, si on va voir le centre-ville de Grand-Mère
aujourd'hui? Un centre-ville revitalisé, sauf quelques exceptions,
encore, qui demeurent. Puis, en même temps, vous voyez l'école
Saint-Louis-de-Gonzague, comme on l'appelle, le complexe
Saint-Louis-de-Gonzague, tout illuminé par des gens, sur le balcon
extérieur qui n'existait pas avant, qu'ils ont placé pour le
temps de Noël, qu'on ne voyait pas.
Donc, des gens amènent des gens, font revivre les milieux et
ça, je me dis, dans un contexte où, en même temps qu'on
fait tout ça pour essayer de revitaliser nos centres-villes, vous avez
le Club Price qui s'installe à Trois-Rivières. Qu'est-ce que
ça va donner comme résultat? Ça va donner ce que les gens
craignent dans le milieu de Grand-Mère et en particulier à
Shawinigan. Le député de Saint-Maurice étant ici, il sait
très bien les difficultés du centre-ville de Shawinigan.
M. Hamel: Je le sais.
M. Jolivet: Je le sais, c'est ça que j'ai dit: Le
député de Saint-Maurice étant ici, il le sait très
bien. Qu'est-ce que ça amène? Ça amène des
difficultés à des gens qui sont des commerçants parce que,
avec le Club Price, qu'est-ce qui va arriver? C'est que des gens, le dimanche,
profitant d'une fin de semaine pour aller magasiner, vont aller chercher leurs
boîtes de Kleenex au complet à 144 la caisse, des boîtes de
Kleenex, ils vont aller chercher leur papier de toilette, ils vont aller
chercher leurs essuie-tout, des choses que, des fois, on est obligé
d'aller chercher dans les dépanneurs, à la dernière
minute, parce qu'il en manque, parce que les gens ne font pas des
réserves. Les gens commençaient à s'habituer à se
faire des réserves. (15 h 20)
Mais, là, qu'est-ce qui va arriver? C'est qu'il ne s'en vendra
plus dans nos centres-villes, de ces choses-là, ou encore ils vont
devoir faire des pressions immenses pour faire diminuer les prix pour essayer
d'en vendre. Qu'est-ce qu'ils vont faire? Les Jean Coutu, ailleurs, vont
décider, le dimanche, de faire des ventes pour attirer le monde. C'est
le même roulement qui va se faire. Chacun essayant d'attirer la
clientèle, il va essayer de trouver des trucs pour l'attirer, profitant
du dimanche pour faire ses meilleures ventes. L'esprit de famille, ça
n'existera plus.
On aurait la chance, avec des gens qui sont membres des chambres de
commerce, qui sont, comme je vous le disais, en même temps, membres des
SIDAC, d'avoir des opinions totalement différentes les unes des autres.
Et peut-être que ce qu'on a comme écrits pourrait être
nuancé par les questions qu'on poserait aux gens qui viendraient.
Ça pourrait permettre aux membres de la commission parlementaire de
savoir que ces gens-là ne représentent pas, par la lettre qu'ils
ont faite, totalement leurs membres, ce qui est normal puisqu'on sait qu'ils
sont divisés. On sait que les SIDAC sont contre. Je vous disais tout
à l'heure que j'ai parlé à Cari McCraw, qui est du
regroupement, qui est à Trois-Rivières et qui exprimait ses
craintes. Il les a exprimées dans une lettre. Et peut-être que,
là, on pourrait avoir une motion pour les faire venir, les SIDAC, et
exprimer leurs craintes. On comprendrait qu'entre membres de chambres de
commerce qui doivent rallier la majorité et membres d'une SIDAC qui doit
rallier la majorité on pourrait avoir les mêmes personnes qui,
dans deux secteurs différents, chambres de commerce ou SIDAC, disent
l'inverse, parce que c'est la majorité qui l'a emporté dans leur
exécutif ou dans leur association.
M. le Président, j'aurai l'occasion de revenir sur d'autres
discussions en cours de route, mais je vous dirai que l'inquiétude que
j'ai demeure toujours et que la proposition faite par ma collègue est
toujours importante et doit être retenue par les membres de cette
commission. J'aurai certainement l'occasion d'entendre le député
de Saint-Maurice nous répliquer ce qu'il disait quand il avait
été question de la réforme fiscale municipale. Il avait
quasiment l'intention... Moi, résident de Grand-Mère, j'ai, dans
certaines circonstances, besoin d'aller magasiner au centre-ville de
Shawinigan. Il voulait même qu'on paie une taxe ou encore un passage pour
aller sur les rues, parce qu'on brisait ses rues. Vous vous imaginez! C'est
vrai. C'est vrai qu'il disait ça. Alors, moi, je dis: Imaginez-vous, par
la dépense que je fais chez lui, en plus, je serais obligé de
payer des taxes, une forme de taxe indirecte, si vous voulez, s'il y a un droit
de passage sur les rues de Saint-Marc ou sur les rues de Shawinigan.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député.
M. Jolivet: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Je vais maintenant
reconnaître M. le député... M. le député
d'Orford, vouliez-vous...
M. Benoit: Oui. Je voudrais juste poser une question au
député de Laviolette.
Le Président (M. Audet): Oui, oui, il faut que ce soit
bref et que la réponse soit brève aussi.
M. Benoit: D'accord. Je voulais juste savoir. Il y a eu un
caucus, chez vous, à l'heure du dîner. Vous avez rencontré
le Conseil du patronat. Est-ce qu'il s'est prononcé pour ou contre les
heures d'ouverture?
M. Jolivet: Je peux juste vous dire une chose... Je pense que ce
n'est pas de la confidentialité. La seule chose, c'est qu'il ne pouvait
pas se prononcer. Comme il n'y avait rien dans le document, on n'a pas eu le
temps. On avait tellement d'autres questions qu'il n'en a pas parlé.
M. Benoit: Vous n'avez pas posé de questions
là-dessus?
M. Jolivet: Non, on n'a pas eu le temps.
Le Président (m.
audet): merci. une question.
merci. merci. je vais maintenant reconnaître le député de
masson. m le député, vous avez 10 minutes.
M. Yves Blais
M. Blais: Oui, M. le Président. Merci. Je tiens à
souligner, quand même, que, si on n'a pas posé la question au
Conseil du patronat, je ne voudrais pas que, de l'autre côté, on
dise qu'on n'a pas voulu être renseignés. On connaît sa
position. Ça aurait été redondant.
Il arrive ceci. Ce n'est pas un secret. Je ne crois pas que ce soit un
secret pour qui que ce soit, ce que je vais dire là. C'est que vous
voyez bien, M. le ministre, M. le Président, que nous faisons de
l'obstruction systématique. Je pense que, bon, on le fait et je suis
fier que, de l'autre côté, on le prenne dans le sens du
parlementarisme britannique, avec flegme; je ne dirai pas enthousiasme, mais
avec flegme. Je trouve ça très intéressant.
Cependant, le fond des choses est excessivement sérieux. C'est la
façon dont le parlementarisme nous oblige à procéder qui
fait parfois moins sérieux. Mais le fond des choses, ce sont deux
idées contraires qui s'affrontent, et les deux partis pensent qu'ils ont
raison. C'est ça, le fond, là. Nous, nous pensons que, le
dimanche, ce n'est pas bon d'être ouvert et, vous, vous dites que c'est
bon pour le développement économique et la relance que ce soit
ouvert. C'est ça, le fond, là. Ça ne sert à rien de
discuter ça, bon. Je tiens à vous dire que certaines personnes
donnent raison au gouvernement. Certains organismes donnent raison au
gouvernement et certains organismes donnent raison au parti de l'Opposition. On
dirait que c'est quelqu'un qui est dans un dilemme, qui veut s'acheter un
poêle, soit un poêle électrique. C'est ça, le
problème, M. le ministre, que vous avez. Est-ce que vous achetez un
poêle électrique ou un poêle à gaz? Lequel est le
plus efficace? Il y a certaines personnes qui vous conseillent même
d'acheter un poêle à l'eau. Vous connaissez ça, un
poêle à l'eau? Pourtant, un ministre de l'Industrie et du
Commerce! C'est un poêle électrique usagé qui ne marche pas
à «high», ni à medium, il marche rien qu'à
«low».
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: On a évolué, nous autres.
M. Blais: Oui, mais, en tout cas, un poêle
électrique très usagé, qui ne marche ni à
«high», ni à medium, qui marche à «low»,
on appelle ça un poêle à «low». Mais on dirait
que les gens voudraient que le ministre, au lieu d'avoir un poêle
à gaz ou un poêle électrique... C'est le choix qu'on a,
c'est-à-dire tous les magasins ouverts le dimanche ou, nous autres, qui
sommes du poêle électrique, nous disons: On aimerait mieux que ce
soit fermé pour certaines surfaces.
Mais, on dirait que les groupes qui sont ensemble, c'est le même
style de monde. Le gros patronat, les grosses surfaces, eux, on dirait qu'ils
sont en faveur de la loi en place; les petits patrons et les petites surfaces
semblent plutôt de notre côté. C'est comme ça que
ça se résume, un peu. C'est à peu près comme
ça, en gros, quand on fait une synthèse de l'ensemble et qu'on
veut la mettre dans quatre, cinq phrases et le dire d'une façon
percutante et non pas patiner sur une glace très mince. Des fois, je
trouve que le ministre patine sur une glace très, très mince.
Puis on approche de Noël et le ministre, comme ministre du gouvernement,
avec sa baguette magique, il se prend, des fois, pour une fée. Et, sur
une glace très mince, avec les patins qu'on lui a donnés, j'ai
peur que la glace craque et que la fée cale. Ça pourrait arriver.
Le ministre aussi va être à l'eau.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Mais, ça demeure quand même qu'en gros...
C'est pour ça que, lorsque le député d'Orford nous parle
de l'admnistration de la Chambre de commerce du Québec qui, par
consensus, est en faveur, d'un côté, de la loi proposée,
beaucoup de petites chambres de commerce sont contre, beaucoup. Il y en a
peut-être beaucoup aussi dans des gros centres-villes, des grosses
villes, qui représentent des gens à capital plus
élaboré, qui peuvent être contre. Mais on voit bien qu'il y
a deux écoles: l'école des gros boss, des grosses surfaces, des
gros représentants et des gros, gros capitalistes; de l'autre bord, on a
les petits patrons, les petites surfaces, les petits commerçants et la
petite famille et les petits droits sociaux. C'est exactement la philosophie
libérale et la philosophie péquiste qui s'affrontent. La plus
belle exhibition que l'on puisse faire, c'est cette loi.
Mais, ce qui est important: ce n'est pas le Parti
québécois qui parle et, de l'autre côté, ce n'est
pas le Parti libéral; c'est le parti au pouvoir et le parti de
l'Opposition. C'est différent. Et qu'est-ce que la population demande
à un gouvernement lorsque deux idées aussi importantes
s'affrontent? C'est là que le côté gouvernemental - et non
pas libéral et non pas péquiste - doit intervenir. C'est que le
peuple, pour son mieux-être et son mieux-vivre, demande aux personnes qui
sont au pouvoir, en faisant fi des partis, là... Et c'est ce qu'on doit
faire dans l'Opposition. On croit, de notre côté, que c'est
ça que nous faisons. Je suis persuadé que le ministre, de son
côté, pense que c'est ça qu'il fait. Et c'est pour
ça qu'il y a un affrontement qui est inéluctable, qui est
là, il est presque viscéral devant ce projet de loi.
Ce n'est pas qu'on ne protège que les petits, mais, là,
les petits, les petits boss, les petites surfaces, les petits patrons, les
petites familles qui sont commerçantes, disent au gouvernement, et non
pas au Parti libéral en place: Faites donc attention de ne pas briser ce
qu'il nous reste de lien familial; faites attention à ça.
Ça ne veut pas dire que tout le monde va divorcer demain matin. Ce n'est
pas ça que je veux dire, non plus; il ne faut pas me faire dire ce que
je ne dis pas. C'est la lutte entre le gros capital et le petit capital
investi. C'est ça qui est en lutte. Et cette lutte-là, comme fond
des choses, elle est d'un grand, grand sérieux. Et les gens demandent
à leur gouvernement, dans des situations comme ça, de trancher
pour le bien-être de l'ensemble de la population. C'est sa
responsabilité la plus profonde. (15 h 30)
Et nous croyons, nous, que nous sommes en obstruction
systématique parce que nous croyons que le gouvernement - pas le parti -
prend parti pour les grandes surfaces, les grands intérêts, les
grands capitaux. Et nous ne voulons pas qu'il fasse ça parce qu'on a
peur que ça brime petit intérêt, petite surface, petit
capital, petit commerce familial. C'est ça, le problème. Il n'est
pas plus dur, pas plus épouvantable, mais, évidemment, c'est
ça, le problème que l'on frappe: deux philosophies. Et, dans un
cas comme ça, ce n'est pas le parti qui décide, ce n'est pas
partisan de notre bord. On va probablement me dire, de l'autre bord, que ce
n'est pas partisan. Il ne faut surtout pas que ça le soit. Vous
êtes en charge, vous avez tout en main pour passer cette loi-là si
vous le désirez. Puis la démocratie vous reconnaît ce
droit-là, je ne le mets pas en doute du tout.
Alors, j'aimerais beaucoup qu'on regarde les demandes de ce que
j'appellerais le monde du commerce ordinaire, le monde du commerce ordinaire,
qui a peur pour sa survie, qui a peur que ça le brime. Et c'est vraiment
ça, je pense, le problème. Ça ne sert à rien. Quand
même on sortirait 25 chambres de commerce qui sont contre, 18 qui sont
pour, 26 qui sont neutres, ça ne donnerait rien, rien, rien. Le fond des
choses, il est là et l'obstruction systématique que l'on fait,
c'est ça. Nous croyons avoir raison et vous croyez avoir raison.
Ça, c'est peut-être que, chacun de notre côté, on
regarde ça un peu de façon partisane. Ça se peut. Mais,
quand on est au gouvernement, on se doit de faire fi de la partisanerie, et
c'est là qu'on tranche. Et c'est là le devoir gouvernemental qui
est autre qu'un devoir de parti, c'est un devoir de gouvernement de l'ensemble
des citoyens. Moi, je vous demande... et puis, il me reste une minute et
demie.
En dehors de ça, le ministre disait hier qu'on avait dit quelque
chose contre... Et puis on parlait de Jean Coutu. J'ai insisté trois,
quatre fois sur Jean Coutu. Je n'ai rien, rien dit contre Jean Coutu. Je n'ai
rien dit; j'ai dit son nom quatre fois. Je disais: Surtout Jean Coutu. Je vais
vous dire ce que ça voulait dire, «surtout Jean Coutu». Ce
n'est pas l'être humain lui-même, là. C'est que M. le
ministre disait que les dépanneurs Couche-Tard ont compris. Ils sont
à la veille de servir à dîner: ils ont des sandwiches, ils
ont n'importe quoi. Ils ont des vidéos, bon. Puis, ça, il
trouvait ça beau. La pharmacie Jean Coutu, ce que je n'aime pas, c'est
que ce n'est plus une pharmacie. Une pharmacie, c'est une pharmacie, bon. C'est
rendu qu'ils vont vendre des chars, bien vite. Ils vont vendre des voyages,
là. Si c'est tous des magasins généraux que vous voulez,
qui vendent tous les éventails, c'est sûr qu'ils vont être
tous ouverts le dimanche, c'est sûr, ça. Il va y avoir un
nettoyeur, chez Jean Coutu, puis on va aller là: nettoyage
instantané pendant que vous vous faites poser. Vous achetez votre billet
de voyage dans une machine et on presse vos culottes. Si c'est ça qu'on
veut comme système, O.K., mais on va faire une seule sorte de magasin,
avec une seule sorte de permis, qui sera polyvalent, ce qu'on appellerait
peut-être des magasins à comptoir unique, des comptoirs uniques de
commerce où on pourrait acheter tout ce qu'on veut avec un seul permis.
Si c'est ça qu'on veut, on peut l'envisager. Ce n'est pas notre
système. C'est stupide, si jamais on tombe à ça. Où
est la personnalisation de l'artisan là-dedans? Ne fût-ce que
ça.
Une voix: De la vente par catalogue.
M. Blais: Mais un catalogue, oui... Il y a un gars qui s'est fait
venir une femme à 39,95 $. Il dit: Est-elle arrivée, ça
fait une semaine? Il lui dit: Elle est à la veille d'arriver, la robe
est entrée. Je le sais, ça. Il y a des limites à tout.
Mais il ne faut pas qu'on en arrive à ça.
Le Président (M. Audet): En conclusion..
M. Blais: En conclusion...
Le Président (M. Audet): ...vous terminez.
M. Blais: ...j'ai l'impression que c'est une bataille entre deux
philosophies complètement différentes, mais qui sont vraiment
basées sur des réclamations pour le mieux-vivre de l'ensemble de
la population. Et, même avec l'humour que j'y mets, M. le ministre, vous
avez compris que le fond, je le prends de façon mais
ultrasérieuse. C'est le parlementarisme qui veut qu'on soit
détendus, mais le fond, les idées mêmes, elles sont
là. Et, moi, je suis sincère à défendre les
miennes, il n'y a aucun problème. Et je voudrais que vous me prouvassiez
que vous êtes sincères en défendant les vôtres.
Le Président (M. Audet): Merci, M le député.
Je vais maintenant reconnaître M. le député de l'Acadie.
Vous avez 10 minutes, M. le député.
M. Yvan Bordeleau
M. Bordeleau: Merci, M. le Président. Dans le cadre du
projet de loi 59, je voudrais intervenir, quand même, pour faire
ressortir peut-être certains aspects qui me paraissent essentiels. Tout
à l'heure, le ministre - excusez, je prends de l'avance - le
député de Masson mentionnait...
Une voix: II rêve.
M. Bordeleau: Oui, bien, c'est ça, on rêve,
exactement. Il disait: Nous, on pense que ce n'est pas bon. Vous, vous pensez
que c'est bon. Mais je pense qu'il y a une différence qui est
importante, aussi; ce n'est pas que, nous, le parti ministériel, on
pense que c'est bon, c'est qu'on est à l'écoute de la population,
et la population nous demande ça. Et je veux, ici, peut-être,
faire référence à un sondage qui a été fait
au mois d'octobre dernier ou qui a paru dans le journal Les Affaires du
31 octobre, où on dit que, par rapport à l'expérience que
les gens ont déjà vécue, 77 % des Québécois
jugent que l'ouverture des épiceries le dimanche et le mercredi soir a
été une très bonne chose ou une bonne chose. Alors, 77 %
des gens, suite aux décisions qui avaient été prises il y
a deux ans, trouvent que ça a été de bonnes
décisions. Quand on pose la question: Êtes-vous favorables
à ce que tous les commerces soient ouverts quand ils le veulent - alors,
une libéralisation complète - 67 % des gens se disent très
favorables ou plutôt favorables.
Alors, la réalité des choses, c'est qu'un commerce,
fondamentalement, ça existe pour être au service d'une population,
être au service des clients. Et, dans tous les secteurs, les commerces se
sont adaptés aux besoins des clients, ont cherché à
répondre aux besoins en termes de produits, en termes de prix, en termes
de services. Et, aujourd'hui, la population demande un accès aux
commerces qui soit plus grand que par le passé. Le besoin est clairement
exprimé par la population, pour toutes sortes de raisons qu'on
connaît, c'est-à-dire les couples où les deux personnes
travaillent, les heures de travail qui sont différentes. Et la
mentalité, les valeurs ont changé. Aujourd'hui, la population
désire aller faire du commerce durant la journée du dimanche.
Alors, je pense que, ça, les commerçants le comprennent
très bien.
C'est intéressant aussi de souligner un autre fait, c'est que,
quand on place la population dans une situation, quand même, plus
difficile que juste un souhait, c'est-à-dire si on demande: Est-ce que
vous souhaitez que ce soit ouvert? ils nous disent, évidemment, oui,
d'une façon très majoritaire. Mais, quand on les place dans une
position où on considère même l'aspect légal de la
décision, si on leur demande, par exemple, leur avis sur les
commerçants qui défieraient la loi en ouvrant le dimanche sans y
être autorisés ou qui décideraient, au fond, de
dépasser les limites en termes de personnes, environ la moitié
des répondants se montrent très tolérants à leur
égard. C'est-à-dire que 46 % approuvent des gens qui
contreviendraient à la loi. Ça veut dire que, même quand on
pose ça en termes légaux, c'est quand même surprenant de
voir que 46 % de la population approuveraient que les gens aillent contre la
loi. Alors, ça exprime un désir qui est beaucoup plus fort, c'est
le désir de pouvoir avoir accès aux commerces en dehors des
heures qu'on connaît habituellement, présentement.
Alors, on a parlé du besoin d'adaptation des commerces. Il y a
des secteurs qui, depuis de nombreuses années, pourraient ouvrir le
dimanche. On a parlé, ce matin, je crois, du secteur manufacturier, des
distributeurs, des grossistes, des professionnels. Ces gens-là n'ont pas
les contraintes qu'on connaît dans le milieu du commerce et ces
gens-là ont choisi les plages où ils seraient en mesure d'ouvrir.
Et, fondamentalement, c'est basé sur la clientèle. Quand il n'y a
pas de clientèle, les gens n'ouvrent pas. Il n'y a pas une obligation,
ils ne sont pas obligés d'ouvrir. Ils décident d'ouvrir pour
répondre aux besoins des clientèles, et les gens se sont
adaptés. Alors, pourquoi les commerces ne pourraient-ils pas faire la
même chose?
Tout à l'heure, le député de Masson en faisait une
question de gros contre les petits, ce qui est absolument faux. Quand on prend,
actuellement, les régions touristiques... Allez dans la région de
Magog, allez dans d'autres régions touristiques, est-ce que c'est des
gros commerces qui sont ouverts seulement? Il y a des petits commerçants
et il y a des gros commerçants. Et ce n'est pas une question
d'être des gros contre des petits. Il y a une autre dimension qui entre
en ligne de compte, c'est, au fond, tout le problème des zones
périphériques. Et, quand on regarde le Québec - et on sait
que l'Ontario...
M. Blais: En gros.
M. Bordeleau: Oui, en gros. Tout à l'heure, vous en
faisiez une question... C'est les gros contre les petits, c'est simple, c'est
ça. Ce n'est pas si simple que ça et ce n'est pas si...
Une voix: C'est l'ingérence de l'État.
M. Bordeleau: Quand on regarde la façon dont le
Québec est situé, on a, à l'ouest, l'Ontario. On parlait
ce matin de la région de Rouyn-Noranda et, à ce moment-là,
les gens sont facilement attirés. Si le besoin est réel, pour
toutes sortes de raisons, d'aller magasiner le dimanche, toute la région
de Rouyn-Noranda va aller du côté de l'Ontario. On a la
région de Hull, et c'est évident... Mon collègue de
Gatineau aussi... Ça a été mentionné à
plusieurs reprises, c'était un problème fondamental dans la
région
de l'Outaouais. On a la région de Montréal qui est
à 40 milles des lignes, au sud, ici, pour aller du côté des
États-Unis. On connaît bien le problème du magasinage
à l'extérieur. Et toute la partie du Québec qui est la
plus densément peuplée, où se retrouve la population, a un
accès très facile à des marchés où le
commerce est ouvert le dimanche. Si, à ce moment-là, le besoin
est réel, comme il est exprimé par la population, les gens vont
se rendre magasiner. Et c'est ce qui se passe actuellement. Il y a des pertes
énormes en termes de revenus pour le Québec. (15 h 40)
II y a des chiffres qui ont été mentionnés, quand
même, à plusieurs reprises sur le marché à
l'extérieur. On mentionnait, par exemple, qu'en 1992 on a regardé
les voyages qui ont été faits aux États-Unis. En 1991, 6
000 154 Québécois et Québécoises ont
effectué des voyages en automobile de moins de 24 heures aux
États-Unis. Il y a des bonnes chances que ce soit pour aller faire des
achats. Les tendances observées en 1992, quant aux voyages de moins de
24 heures, traduisent une situation à tout le moins comparable à
celle de l'année dernière, en 1991: 35 % à 40 % des
voyages de moins de 24 heures en automobile aux États-Unis ont cours le
dimanche - 35 % à 40 % - et on évalue à peu près
à 787 000 000 $ les achats qui sont faits aux États-Unis le
dimanche par des résidents du Québec.
Alors, quand le besoin existe, la population demande qu'il soit
satisfait. Le rôle des commerces, c'est de s'adapter. Si quelqu'un n'est
pas capable de s'adapter ou trouve que ce n'est pas le genre de vie qu'il veut
faire, bien, il y a d'autres secteurs où il peut aller travailler. Mais
le commerce, essentiellement, c'est fait pour répondre aux besoins des
clients, hein? Le commerce est fait pour répondre aux besoins des
clients. Et, actuellement, est-ce qu'on a les moyens de perdre 787 000 000 $
d'achats qui se font aux États-Unis le dimanche par des
Québécois, avec l'implication que ça a au niveau de
l'emploi, au niveau des revenus que le Québec perd? Alors, on a beau
essayer de vouloir...
J'écoutais, hier aussi, le député de Bertrand qui,
au fond, amenait un autre fait qui n'a rien à voir avec le commerce le
dimanche. Il se plaignait que les gens vont acheter chez Price le dimanche et
puis que, dans les magasins Price, on vend des produits qui ne viennent
même pas du Canada, qui viennent des États-Unis et parfois du
Japon, et tout ça. Ça n'a rien à voir avec le commerce le
dimanche. Durant la semaine, ils vendent aussi des produits qui viennent du
Japon ou d'ailleurs. C'est un autre problème, et il ne faudrait pas
essayer de déplacer le problème de l'ouverture des commerces vers
la question des produits fabriqués au Québec ou fabriqués
au Canada. Ça n'a rien à voir. C'est les mêmes produits qui
se vendent durant la semaine.
Et, dans les autres commerces, les petits commerces aussi, il se vend du
produit qui vient d'autres pays parce que, actuellement, on n'est pas en mesure
d'offrir des produits de même qualité ou à des prix aussi
avantageux.
Alors, M. le Président, la question, essentiellement, du commerce
le dimanche, je pense que ça répond, d'abord, à un besoin
de !a population qui a été exprimé. Et, contrairement
à ce que disait le député de Masson, ce n'est pas parce
que eux pensent que ça ne doit pas exister et qu'ils décident
d'une façon idéologique que la population ne devrait pas aller
dans les commerces le dimanche... Nous, au niveau du gouvernement, on se centre
sur les besoins exprimés par la population, sur des faits qui sont
très réels, qui sont là et qui sont une évidence.
Dans cette optique-là, on n'a pratiquement pas le choix, quand on
regarde ce qui se passe partout. Il y a deux provinces à travers tout le
Canada où le commerce le dimanche n'est pas permis, c'est Terre-Neuve et
la Nouvelle-Ecosse. Et c'est curieux de constater que c'est les deux seules
provinces à travers tout le Canada qui n'ont pas de contact avec des
pays comme les États-Unis. Toutes les provinces où les commerces
sont ouverts le dimanche à travers le Canada ont une frontière
commune avec les États-Unis et, de l'autre côté, là,
c'est permis le dimanche. Alors, la réalité des choses, c'est
ça, M. le Président.
Le Président (M. Audet): S'il vous voulez..
M. Bordeleau: Alors, c'est évident que, au niveau du
gouvernement, on est très favorables à l'ouverture des commerces
le dimanche. Et ce qui est surprenant aussi, ce qu'on peut observer, c'est que
les gens se sont objectés il y a deux ans et ont fait du lobby il y a
deux ans, au moment où on discutait de la loi sur l'ouverture des
commerces; le fond de la salle, ici, était plein. Et, aujourd'hui, on ne
voit pas beaucoup de monde, on ne voit pas tellement de monde qui vient
s'objecter. Les syndicats ne parlent pas très fort sur la place publique
contre l'ouverture des commerces le dimanche. Cost beaucoup plus tranquille, la
discussion qu'on a cette année, que celle qu'on avait il y a deux ans.
Alors, les mentalités ont évolué, les attitudes ont
changé, et je pense que, au niveau du gouvernement, on veut s'adapter
à cette réalité-là. Merci, M le
Président.
Le Président (M. Audet): merci, m. le
député. est-ce qu'il y a d'autres intervenants? mme la
députée de verchères, vous avez 10 minutes.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: Merci, M. le Président. Notre collègue,
la députée de Marie-vïctorin, a déposé,
effectivement, une motion demandant que la
Chambre de commerce et d'industrie de Rouyn-Noranda soit entendue. Vous
me permettrez, M. le Président, dans un premier temps, de relever
quelques éléments de discours qui ont été dits ici
à cet effet. Le député d'Orford, je ne nie pas - de toute
façon, c'est indéniable - qu'il ait en main un document de la
fédération des chambres de commerce, qui représente 5600
entreprises, qui dit qu'ils sont favorables à l'ouverture des commerces
le dimanche. Si on analyse d'un petit peu plus près qui compose... Et
là, nous, on a une chambre de commerce, ici, qui est contre l'ouverture
des commerces le dimanche. Si on fait une petite analyse, un petit peu plus
serrée, de qui compose nos chambres de commerce en région... Moi,
je vais parler des régions puisque c'est ce que je connais. Je vis en
banlieue de Montréal; donc, c'est une région qui, souvent
même, est pénalisée parce qu'on est tout près des
grands centres. On n'est pas beaucoup. Les deuxièmes ceintures, qu'on
appelle, de Montréal et de Québec vivent à peu près
sensiblement les mêmes problèmes. Qui compose nos chambres de
commerce?
C'est évident qu'il y a du pour et du contre, on ne nie pas
ça, M. le Président. Les membres de nos chambres de commerce,
c'est des restaurateurs, des bijoutiers du coin, le RO-NA du coin, le
quincaillier. Comment pensez-vous qu'un restaurateur, lorsqu'on l'appelle, par
exemple, et qu'on lui demande s'il est d'accord pour que les commerces soient
ouverts le dimanche... C'est évident qu'il va dire oui. On ne peut, tout
de même, pas pousser l'incohérence jusqu'à demander
à un restaurateur de voter contre l'ouverture le dimanche. Lui, il est
ouvert, de toute façon, comme les stations d'essence. C'est tous des
gens qui sont membres des chambres de commerce. Il y a aussi quelques notaires,
quelques avocats, quelques professionnels mais, dans l'ensemble, ce sont des
commerçants. Alors, c'est tout à fait logique qu'il y ait du pour
et du contre. Un restaurateur et un vendeur d'essence ne peuvent pas dire
qu'ils ne veulent pas être ouverts le dimanche, ils sont ouverts. Alors,
s'ils disent qu'ils sont contre, aussi bien dire qu'ils nient leur propre
réalité.
Mais, si on pense, par exemple, aux petits quincailliers, tout
ça, eux sont contre parce qu'ils ne vendront pas plus. Le magasin de
chaussures ne vendra pas plus. Si j'ai besoin d'une paire de bottes, M. le
Président, est-ce que je vais m'acheter une paire de bottes en plus
parce que c'est ouvert le dimanche? Est-ce que je vais aller faire du
lèche-vitrines et payer 200 $ de plus pour une paire de bottes le
dimanche? Non. Ça, quand on parle des achats impulsifs, là...
Non, non. Entendons-nous, là. Les besoins réels, on trouve le
moyen d'aller les acheter en dehors - surtout que c'est ouvert le soir - du
dimanche. Donc, sur ce point-là, je ne nie pas ce que mon
collègue d'Orford a dit, mais on va admettre que... Qui compose les
chambres de commerce? Ça fait qu'il y a du pour, il y a du contre,
effectivement.
Là, je vais maintenant prendre quelques éléments de
la députée de Marie-Victorin lorsqu'elle a mis l'accent, et d'une
façon très éloquente, d'ailleurs, sur la qualité de
vie, puis sur nos familles. Elle n'est pas toute seule, la
députée de Marie-Victorin. J'ai ici la Centrale des syndicats
démocratiques et, dans le sixième paragraphe, c'est
marqué: «Le rôle de l'État n'est pas de cautionner la
loi du marché en effaçant toutes les contraintes voulant nuire au
sacro-saint profit, mais plutôt d'encadrer et de réglementer la
vie économique, sociale et culturelle d'une
société».
Une voix: C'est très beau.
Mme Dupuis: C'est conscient, surtout. Le député me
dit: C'est très beau. C'est conscient qu'on ne peut pas commencer
à diviser à ce point-là le côté
monétaire et le côté social, la qualité de vie et
tout ce que ça peut amener à nos familles. D'ailleurs, j'aurai
l'occasion sûrement d'y revenir, mais ce serait peut-être
intéressant, tiens, en passant, pendant que j'y pense, d'écouter
la fédération des familles, ce qu'ils nous ont dit. En 1990, eux,
ils ont déposé un document pour dire qu'ils sont contre. Ils ont
même déposé et élaboré un plan d'action sur
les politiques familiales. Ils se sont prononcés massivement contre les
heures d'ouverture le dimanche. (15 h 50)
Et, à cet effet, il y a même un communiqué de presse
qui a été émis par la ministre
déléguée à la Condition féminine, et c'est
intitulé «Concilier les responsabilités familiales et le
travail». Il faut y penser à ça. Qu'est-ce qu'elle dit de
ça, la ministre déléguée à la Condition
féminine, de l'ouverture des commerces le dimanche? Je ne suis pas
certaine, moi, qu'elle soit d'accord avec le ministre de l'Industrie et du
Commerce. J'aimerais l'écouter. Ce serait peut-être
intéressant. On ne l'a pas demandé, mais là j'y pense,
ça me vient comme ça, ça serait peut-être
intéressant d'écouter le Conseil de la famille
là-dessus.
Donc, on n'est pas les seuls à ne pas vouloir. Et ça va
dans le même sens que j'ai toujours dit depuis des années: on
revient à l'être humain. L'être humain, ce n'est pas un
être que de raison et que de coeur. Si tu ne te sers que de ta tête
et que tu penses uniquement au porte-monnaie, surtout que j'ai d'autres
éléments qui démontrent qu'il n'y a rien d'assuré,
parce qu'on n'a pas d'étude qui nous prouve que nos commerces vont mieux
se comporter et que ça va remonter et replacer l'économie et
créer des emplois potables, M. le ministre, en ouvrant les commerces le
dimanche...
Pour enchaîner un petit peu, quand on parle d'une qualité
de vie et tout, et quand je vois,
dans l'énoncé: La libéralisation des heures
d'ouverture entraînera une augmentation des achats impulsifs, j'ai
entendu, il y a quelques années, des émissions de radio - je ne
me souviens plus qui les a faites, par exemple - qui faisaient des plaidoyers,
justement, pour dire de... Ils donnaient toutes sortes de moyens pour,
justement, contrer les achats impulsifs. Quand on regarde le nombre de
faillites personnelles qui, finalement, pénalisent les autres et, dans
le fond, les commerçants... Là, on ne parle plus de faillites de
nos commerces, c'est à la chaîne que ça se fait; il y a des
magasins à la chaîne, mais, là, on vit des faillites
à la chaîne. Et des faillites personnelles, là aussi,
peut-être à cause d'achats impulsifs; ces gens, ça les a
reculés, avec tout ce que ça entraîne de
culpabilité, de préjugés défavorables à
l'effet d'avoir à subir, si vous voulez, une faillite personnelle.
M. le Président m'indique que mon temps est déjà
terminé. C'est vrai, M. le Président?
Le Président (M. Audet): II vous reste deux minutes,
madame.
Mme Dupuis: II me reste deux minutes? Bon! Le
député de l'Acadie, tantôt, disait que, le dimanche, on
peut perdre des sommes énormes parce que les gens vont magasiner aux
États-Unis. Ce n'est pas évident que, si on garde notre taux de
taxation aussi élevé - il n'y a rien qui nous le prouve, parce
qu'on n'a pas d'étude sérieuse qui le démontre - ces
mêmes personnes là n'iront plus magasiner aux États-Unis.
Même si on est ouvert le dimanche, on n'a rien qui démontre que
ces gens-là, ces clients-là, ces Québécois qui vont
magasiner outre-frontières magasineront au Québec à la
place d'aller aux États-Unis. C'est une question de taxation. Que le
ministre nous le démontre. Je ne demanderais pas mieux que d'être
convaincue avec des chiffres, des études sérieuses qui nous
démontreraient d'une façon pertinente, et qui
élimineraient presque tout doute à cet effet, que vraiment cette
politique d'ouvrir nos commerces le dimanche serait une politique qui aiderait
à replacer l'économie. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Audet): Merci, Mme la
députée. Je vais maintenant reconnaître M. le
député de Drummond.
M. Jean-Guy St-Roch
M. St-Roch: Merci, M. le Président. Dans un premier temps,
j'ai à intervenir sur la motion qui nous demande d'entendre la Chambre
de commerce de Rouyn-Noranda. Un événement que je n'ai pas
souhaité, qui s'est déroulé entre le 4 septembre et le 26
octobre, m'a amené à faire un tour et à visiter notre
belle province dans toutes les régions. Et Rouyn-Noranda est une
région que j'ai visitée. Lorsque je suis arrivé à
Rouyn-Noranda, M. le Président, au même titre qu'à mon
bureau de comté, on ne m'a jamais parlé d'heures d'affaires,
parce qu'on regardait les problématiques de cette
région-là; on m'a plutôt parlé d'une route
d'accès qui forçait nos citoyens de cette partie de la province
à passer, bien souvent, vers le secteur ontarien avant de venir vers
Montréal ou vers Québec. C'est ce dont j'ai entendu le plus
parler durant le peu de temps, malheureusement, que j'ai eu à leur
consacrer.
Ceci étant dit, M. le Président, je pense qu'il serait
important de connaître ces gens-là et peut-être qu'on
verrait que l'obtention d'une route qui nous permettrait de désenclaver
cette région-là et de l'amener chez nous, bien, serait la
pièce maltresse aussi. Ce n'est pas les heures d'affaires qui sont
importantes et qui sont cruciales pour la région de Rouyn-Noranda.
Alors, j'engage le député d'Outremont, si jamais il a affaire
à voyager au Québec, à aller constater de visu si ce que
le député de Drummond a remarqué cet automne dans cette
région-là colle encore à la réalité. Comme
il le dit si bien, souvent, les problèmes changent de nos jours à
une vitesse accélérée.
J'écoutais avec attention mon collègue de Masson. Mon
collègue de Masson, je suis d'accord avec la facette qu'il a
soulevée. Je pense qu'il a amené un des éléments ou
une facette de la problématique à laquelle on fait face en disant
qu'il y a deux philosophies de pensée. Mais j'aimerais en rajouter trois
autres, parce que c'est rare qu'on voie un cube avec seulement une facette.
Quand je regarde, moi, ce qui nous fait face aussi, c'est le fameux
libéralisme qui dit qu'un citoyen devrait être libre
d'entreprendre à tout prix. Moi, je maintiens que non. Il faut faire
attention parce que, à un moment donné, il faut protéger
toujours nos plus faibles maillons. Alors, ça a toujours
été un débat de fond avec mes collègues qui disent:
Écoutez, un commerçant, s'il ouvre le dimanche, il ouvre; s'il ne
veut pas ouvrir, il fermera. Mais on oublie tout l'effet de dominos qui fait
que les parts de marché font en sorte, des fois, qu'on est obligé
de fermer. Ça, c'est une facette, je pense, qui est là; il faut
la constater.
Il y a une autre facette aussi à laquelle on fait face, c'est
celle de la philosophie de gestion d'un État dans les principes
modernes. Autrefois, les gouvernements avaient tendance à gérer
par grands consensus sociaux et à être capables de dégager
de grandes missions. Le recul de l'histoire me rappelle étrangement mes
17 et 18 ans, lorsqu'on est arrivé à une période, qui
était à peu près semblable à celle-ci, où
l'économie était complètement basse, où la vie
était «drabe» et on désespérait, jusqu'au jour
où est arrivé un bonhomme qui s'appelait John F. Kennedy et qui a
eu un effet positif à la grandeur de la planète parce qu'on a
dégagé les grands consensus sociaux qui ont été
au-delà des préoccupations
financières et économiques qu'on avait jusque dans les
années 1958.
Il y a une autre chose aussi à laquelle on fait face, M. le
Président, comme quatrième facette, dans ce qu'il y a pour nous
affronter, des deux côtés de la Chambre. Plusieurs de mes
collègues reconnaîtront mes interventions d'il y a quelque temps.
Je pense qu'il va falloir remettre en question, en tant que
société, le rôle de nos institutions financières.
Et, parce qu'on fête notre 200e anniversaire, alors ça m'a
amené à faire un peu de recherches et à regarder comment
les parlementaires évoluaient dans cette Assemblée
nationale1 ou dans le Parlement du Bas-Canada en 1792. J'ai toujours
dit, depuis ce temps-là, que j'enviais ces gens-là. Quand on
regarde au-dessus de notre épaule, ces gens-là étaient
fantastiques. Ils avaient la liberté de vote. Ils pouvaient
défaire un projet de l'Exécutif. Ça n'amenait pas une
élection, ce n'était pas un vote de censure. L'Exécutif
refaisait ses travaux, et un député pouvait vraiment
répondre aux aspirations.
J'aimerais citer ici un article qui est paru à l'occasion du 200e
anniversaire, qui fait que la problématique de ce que le ministre
appelle l'obstruction systématique de la part de l'Opposition et du
député indépendant, on retrouve peut-être ça
dans les systèmes qui se sont développés. Or, à
l'occasion du 200e anniversaire, sous la plume de M. Lesage, il y a une
citation du professeur Woehrling, et je pense que ça décrit que
ce qu'on a à vivre ici, en tant que parlementaires. Il va falloir s'y
attaquer, parce que le résultat, finalement, quand tu regardes nos
citoyens et nos citoyennes... C'est le message, moi, que je suis allé
chercher à la grandeur du Québec il n'y a pas tellement
longtemps. On nous dit: On n'a plus confiance en nos institutions. Ça se
lit comme ceci: «En principe, l'autonomie juridique de l'Exécutif
- donc du cabinet des ministres - à l'égard du Parlement est
très réduite. Enfin, toutefois, cette primauté juridique
du Parlement s'accompagne d'une emprise politique de l'Exécutif. Cette
emprise réelle résulte de la combinaison de plusieurs facteurs,
dont trois principaux, note le professeur Woehrling: le fait que les
gouvernements sont habituellement élus avec une forte majorité
parlementaire à l'égard de laquelle ils exercent une discipline
rigoureuse - j'ai été à même de le constater, M. le
Président - tant et si bien que le gouvernement est d'habitude
placé en position dominante par rapport au Parlement et se trouve en
mesure de soumettre ce dernier à ses volontés jusqu'à en
faire une simple chambre d'enregistrement; l'existence d'un contrôle
gouvernemental sur l'activité parlementaire, qui donne au gouvernement
un véritable monopole d'initiative des lois et du travail
législatif; l'abus des délégations de pouvoir
réglementaire qui entraîne un véritable transfert de la
fonction législative à l'Exécutif.»
Et c'est ce que je vis avec le projet de loi 59, depuis maintenant 16
heures, ici, à la commission parlementaire. J'ai dit que le
député de Drummond n'a jamais été reconnu, autant
dans sa vie privée que publique, pour être un anarchiste ou
quelqu'un qui faisait de l'obstruction pour le plaisir de l'obstruction. J'ai
tendu une main, moi, député de Drummond, en disant: Ce que
j'entends, ce que je lis, même des regroupements en faveur, des gens,
c'est le 27; qu'on fasse un projet de loi... (16 heures)
J'ai tendu une autre main aussi à l'intérieur dos
questions que j'avais posées à l'AssomlMe nationale et dont j'ai
remis une copie au chef de cabinet du député d'Outremont et
ministre de l'Industrie et du Commerce. J'avais dit que je pensais - ça
fait 15 heures qu'on passe ici -qu'il aurait été normal... Moi,
ce à quoi je me serais attendu d'un gouvernement, c'est qu'il ait un
respect du parlementarisme, surtout à l'occasion du 200e anniversaire,
qu'il soit capable de nous dire... Écoutez, on a fait une consultation
publique en 1990, on a entendu quelque chose comme 90 mémoires et
j'étais présent jusqu'à ce moment-là. J'ai
quitté les travaux de la commission et je me suis abstenu de voter pour
la première fois parce que les règles des partis et les
règles de conduite étaient ce qu'elles étaient, j'ai
quitté à ce moment-là. Mais je me serais attendu, moi,
d'un ministre ou d'un gouvernement qui a un respect pour les institutions,
qu'il aurait dit: Écoutez, mesdames et messieurs de l'Opposition et M.
le député indépendant... Je pense, moi, qu'en toute
logique on pourrait entendre 10 et 15 organismes. C'est la main que j'avais
tendue à mon collègue, le ministre, en disant: On va s'entendre
sur les organismes, puis, après ça, on passera... Puis, si, moi,
je ne suis pas d'accord, j'aurai une chose: j'exercerai mon droit de
parlementaire, ce sera de dire non. On ira faire la troisième lecture
à l'Assemblée nationale, et je voterai suivant mon âme et
conscience et suivant les intérêts de mes citoyens et
citoyennes.
Et j'aurai l'occasion de revenir de façon un peu plus
élaborée, mais j'aimerais bien corriger une certaine statistique
que mon collègue et ami, le député d'Orford - auquel je
souhaite une longue vie politique, parce que, au moins, j'aurai quelqu'un,
lorsque je prendrai ma retraite quelque part vers 85 ans, pour me
représenter à l'Assemblée nationale - qui disait, bien,
que le député de Drummond déchirait non seulement sa
chemise, mais ses manches. On va rétablir les faits, M. le
député d'Orford: 51 % des répondants manifestent leur
opposition à la libéralisation. Puis le phénomène
qu'il faut comprendre... C'est là que je me mets toujours en garde, moi,
contre le corporatisme, que ce soit celui d'un parti politique ou celui d'une
institution quelconque. Quand je regarde la composition de ceux qui ont
voté en faveur de la libéralisation, bien, on
retrouve que 48 % sont des représentants d'institutions
financières, 24 % en entreprises et 20 % en entreprises
manufacturières. Parce que ma chambre de commerce, au même titre
que les autres, regroupe maintenant pas simplement les commerçants,
mais... Quand je regarde, par exemple, les commerçants de mes deux
SIDAC, c'est à l'unanimité qu'ils ont dit: Non, on veut rester
comme on est là. Vous avez souligné, à juste raison, que,
oui, M. le ministre, on avait réussi à avoir un consensus, avec
la loi 75, qu'on n'ouvrait pas. Mais ce que je dis toujours, c'est l'effet de
dominos. Lorsqu'un jour une grande chaîne est tombée, bien,
ça a amené aujourd'hui nos commerçants à ouvrir.
J'aurai à revenir, M. le Président - vous me dites que,
malheureusement, je n'ai plus de temps - sur les déclarations du
député d'Outremont et ministre de l'Industrie et du Commerce,
principalement dans son intervention qu'il a faite à cette commission
à partir de 21 h 5, hier. Alors, pour toutes ces raisons et aussi, m. le
président, vu ce que j'ai entendu dans ma visite à rouyn-noranda,
que la préoccupation de ce milieu-là est exclusivement une route,
je pense qu'il serait valable de donner la chance aux
citoyens et aux citoyennes de rouyn-noranda de venir dire à la
commission, ici, à m. le ministre, parce qu'il est un des
représentants de l'exécutif, quels sont les vrais besoins de
rouyn-noranda. à ma connaissance, ce n'est pas les heures d'ouverture le
dimanche, c'est une modification à la loi 75. et je vous remercie, m. le
président.
Le Président (M. Audet): Merci, M le député.
Je vais maintenant reconnaître M. le député de Labelle.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, M. le Président. D'abord, en
commençant cette intervention pour, effectivement, appuyer ma
collègue de Marie-Victorin sur sa motion à l'effet d'entendre la
Chambre de commerce et d'industrie de Rouyn-Noranda, je voudrais simplement
rappeler une chose: Je ne veux pas fermer les Club Price, ce n'est pas ce que
je dis; je dis que modifier la réglementation de façon à
ce qu'ils soient favorisés dans cette modification, c'est là
où j'en ai. C'est là où j'en ai. Les conséquences,
j'ai eu à les expliciter davantage, mais je vais quand même y
venir aussi de façon plus précise à partir de la
réalité d'une petite ville de région, même d'une
ville moyenne dans le cas de Rouyn-Noranda, mais aussi d'une ville comme, par
exemple, Mont-Laurier, dans mon comté, qui est la plus grosse ville, qui
compte, en comptant doux municipalités adjacentes, quelque 15 000 de
population, pour voir, pour examiner les effets, finalement, de cette
modification à cette loi.
Qu'est-ce que les gens disent au premier abord? Les consommateurs disent
ceci - un bon nombre de consommateurs, et, moi aussi, je pourrais dire la
même chose: Eh bien, chic! Nous aurons une journée de plus pour
magasiner. Ce n'est pas tout à fait ce qu'ils disent: Nous aurons une
journée de plus pour aller en ville magasiner. C'est ça qu'ils
disent. Effectivement, l'objet de la loi, c'est d'ouvrir le dimanche. Et, donc,
le raisonnement, ce n'est pas uniquement d'aller dans leurs commerces, chez
eux, ce n'est pas nécessairement cela; c'est d'aller ailleurs, magasiner
plus loin. C'est le premier réflexe.
Quelle est la réaction du commerçant du coin de
Rouyn-Noranda ou bien, disons, de Mont-Laurier, à 250, 240, 225
kilomètres de Laval, par exemple, là où il y a un Club
Price? Et, encore une fois, je veux mettre toutes les nuances autour de la
réalité Club Price. Ils seront ouverts une journée de plus
par semaine, donc; le dimanche. Les commerçants vont
nécessairement perdre de la clientèle daps une ville comme
Mont-Laurier, parce que les gens vont partir le matin, vont revenir le soir et,
donc, ce qu'ils auront acheté ailleurs sera autant de moins qu'ils
auront acheté dans leur milieu proche
Or, comment se constitue le commerce? Parce que c'est important de
comprendre comment se constitue le commerce. Généralement, vous
faites vos achats d'alimentation très près de chez vous. Vous en
faites au dépanneur, vous en faites à la grande surface du coin,
mais qui n'est pas une grande surface comme l'autre, celle dont on parlait tout
à l'heure. Donc, vos besoins primaires, vous les satisfaites proche de
chez vous. Si vous arrivez aux vêtements, généralement,
vous pouvez aller plus loin, les gens vont un peu plus loin.
Déjà, le cercle s'agrandit. Si vous achetez une voiture,
possiblement que vous allez aller plus loin, mais, là, vous allez
considérer une chose. Le consommateur va faire un équilibre entre
le prix de son produit et le service qu'il aura après. Parce que,
ça aussi, ça a son importance. Quelle est la valeur pratique de
la garantie? Parce que, même si un vendeur, ailleurs, donne une garantie
équivalente, dans la pratique, votre service va être
différent si vous allez acheter ailleurs, très loin, plutôt
que dans votre milieu. Alors, vous avez toutes sortes de raisonnements de type
économique, para-économique, qui jouent. Ce
phénomène se retrouve dans des études qu'on a faites de
différentes façons, dans différents pays, sur ce qu'on
appelle l'attraction commerciale. Et là vous trouvez qu'il y a un point
d'équilibre entre la distance des points d'achat, des points de vente et
les besoins du consommateur, les services, le coût.
Et un autre élément aussi que le consommateur fait
intervenir dans son raisonnement: le temps qu'il prend et le coût qu'il
peut encourir pour aller plus loin Parce que, si vous allez acheter ailleurs,
bien, là, vous encourez des coûts de transport. À 0,25 $ le
kilomètre, c'est un élément à considérer.
Vous le prenez en
considération par rapport au volume des ventes que vous allez
acheter. Plus vous allez loin, plus vous allez avoir tendance à remplir
votre voiture de toutes sortes de choses pour équilibrer le coût
de transport et le temps que vous allez prendre pour aller acheter ailleurs. Ce
sont des facteurs tout à fait logiques, puis je pense qu'on pourrait en
trouver de multiples autres. Il faut voir qu'il y a des
phénomènes considérables qui jouent sur le plan
individuel, mais, lorsque vous les additionnez, qui ont des impacts majeurs sur
le développement économique d'un milieu, d'une région. Il
y a des consommateurs qui ne calculent pas le coût du transport. Partir
de Mont-Laurier, puis aller à Montréal magasiner, 250
kilomètres multipliés par 2: 500 kilomètres par 0,25 $ le
kilomètre, ça fait 50 $. C'est un facteur. C'est ça que
ça coûte, en gros, à 0,25 $. Vous êtes payés
plus cher que ça, ici, les députés, pour voyager. Mais,
mettons 0,25 $, ça vient de lui coûter 50 $. Il a pris sa
journée. Bon, on peut être d'accord pour prendre une
journée.
Mais, en termes, maintenant, de rentrées de fonds et d'impact
économique sur le milieu, là, ça a un autre impact. Le
commerçant, quand il voit l'ouverture des commerces le dimanche,
constate que son volume de ventes va diminuer, c'est évident, puis,
ça, c'est le phénomène de la concurrence. Une grande
surface comme Club Price va nécessairement baisser ses prix pour toutes
sortes de considérations, je n'en disconviens pas II lo fait six jours
par semaine, c'est un fait, déjà, dans la réalité.
Mais, dans le cas où c'est le dimanche, là, il y a un
phénomène d'attraction beaucoup plus considérable qui va
jouer, parce que l'évaluation du facteur temps est beaucoup moins
importante pour le dimanche qu'elle ne l'est pour la semaine. Maintenant, c'est
au consommateur à l'évaluer. Mais le commerçant, en
l'occurrence, vient de perdre un volume important de ventes. (16 h 10)
Alors, qu'est-ce qui arrive? Si vous avez des commerces qui sont
à la marge présentement ou bien qui viennent d'investir et qui
ont des difficultés financières, ils vont se retrouver avec un
magasin où il va y avoir moins de rénovations, où,
finalement, les étalages vont être moins soignés parce que
ça coûte, quand même, des sous de faire de bons
étalages Et je parle des villes moyennes, des petites villes dans tout
le pourtour, à des distances importantes de gros points de vente
à grand débit. Donc, vos commerces, en bonne partie, vont
dépérir, vont se déprécier. Ce faisant, votre
consommateur sera moins porté à y aller. Ce que je veux
décrire, c'est simplement un cercle infernal où la qualité
même de l'urbanisme, la qualité du commerce dans chacun de ces
centres, dans chacune de ces villes va se déprimer, avec la
conséquence que, finalement, ça va être la qualité
même de la vie de tous ces gens qui va en être affectée.
Peut- être qu'on dit que ce n'est pas important. Moi, je trouve que c'est
important, M. le Président, parce qu'il y a des coûts majeurs
à cela. Déjà, nous sommes en butte à des
phénomènes de déstructuration urbaine pour toutes sortes
d'autres considérations. En adoptant cette loi, on y ajoute. On y
ajoute.
Je voudrais simplement dire - parce que vous me faites signe que c'est
pratiquement terminé - que tout ceci se passe à peu près
au pire moment de l'économie, alors que nous sommes en période de
récession et que, justement, un bon nombre de commerces comptent que
leurs frais généraux ne seront pas aggravés. Mais on
arrive en janvier, février, mars et on va les obliger, de façon
concrète et pratique, à ouvrir le dimanche. Il ne faut pas se
faire d'illusions. Ça peut prendre un mois, ça peut prendre deux
mois. Le concurrent le mieux placé, lui, va ouvrir pour tout drainer
chez lui, dans tous ces milieux, au détriment des autres, parce que,
face à la grande concurrence, lui, il va essayer de s'en sortir et alors
il va miner tous les autres concurrents moins bien placés. Vous me
direz: C'est les lois du commerce. Oui, mais, ? que je dis, c'est que le
gouvernement, par son intervention à ce moment-ci et de la façon
dont il le fait, vient de favoriser l'exode commercial de façon
très significative. Et, dans le temps - j'ai dit en Chambre qu'on
pouvait considérer une perspective de 10 ans - les conséquences
vont être terribles.
M le Président, c'est pour ça que j'appuie la motion de ma
collègue de Marle-Victorin, parce que je crois qu'il faudrait entendre
des chambres de commerce et d'industrie comme celle-là pour bien
comprendre les conséquences à terme de la législation qui
nous est proposée.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Oui, Mme la
députée de Taillon, vous avez 10 minutes.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Merci, M. le Président. On en est encore
à plaider sur le fait que des gens qui ne sont pas d'accord avec le
projet de loi du ministre puissent être entendus. Il me semble que c'est
comme un minimum, quand on est un parlementaire un peu respectueux de nos
concitoyens et de nos concitoyennes, lorsqu'on veut faire un changement qui
affecte un certain nombre d'entre eux, que ceux-ci ou celles-ci ne sont pas
d'accord avec le changement qu'on propose, qu'on puisse les entendre. Et,
même s'ils sont d'accord, ils pourraient avoir des recommandations
à nous faire qui pourraient éclairer le débat. Et l'objet
de la motion, ici, qui est d'entendre une chambre de commerce locale ou
régionale, ne devrait pas exclure le fait qu'on entende aussi des gens
qui partageraient un point
de vue différent. Et, moi, mon propos n'est absolument pas de ne
vouloir entendre que les gens qui sont du point de vue auquel je crois et que
je défends ici. Mais le ministre, lui, il est le décideur et il
est celui qui va porter la responsabilité de la décision, avec
son gouvernement.
Il le sait; il me semble que ça fait assez longtemps qu'on le lui
dit, ça fait déjà un long moment qu'on le lui rappelle: il
y a des gens qui sont en désaccord avec le projet qu'il veut proposer.
Et le ministre me dit: On le sait. Parfait! Quand vous me dites: «On le
sait», vous vous référez à d'autres organismes qui
sont d'accord. Je suis consciente de ça, sauf que je vous dis qu'il y a
des organismes et des représentants de personnes, de commerçants,
de groupes qui sont en désaccord. Le minimum, le minimum d'attention
qu'on devrait avoir à leur endroit, si ce n'est de les écouter
dans le sens d'agir dans le sens de ce qu'ils proposent, c'est au moins de les
écouter, surtout qu'on change une loi sur laquelle on les a
consultés.
En 1990, le débat a été pleinement ouvert et on a
consulté ces groupes-là comme on a consulté un certain
nombre d'autres groupes: les chambres de commerce, les représentants de
consommateurs, les représentants de grandes chaînes, etc. Or,
là, le ministre dit: Je change la loi. Après deux ans et demi, je
change la loi. Je ne vous dis pas, d'une façon un peu objective et
scientifique, pourquoi je la change. Je n'ai pas d'études pour le
prouver. Une intuition et de la pression de ceux qui veulent que je la change.
Et ceux qui ne veulent pas, leurs pressions ne comptent pas. On ne veut pas les
entendre. On ne veut pas les écouter. C'est ça que vous dites,
dans le fond. C'est ça que le ministre nous dit, M. le Président.
Il nous dit: Moi, je n'ai d'oreilles que pour ceux qui sont d'accord avec mon
point de vue. Les autres, je ne veux pas les entendre. C'est ça qu'on
lui dit aujourd'hui. On lui dit: Écoutez donc les représentants
d'une chambre de commerce locale.
On a, de chaque côté de cette table, des parlementaires, M.
le Président, qui viennent de régions. Le député
d'Orford nous a présenté son point de vue en nous disant:
Écoutez, chez moi, c'est le paradis terrestre. Extraordinaire, m.Kjni
tique! Pas d'accord? Bon, disons qu'on va nuan cer un peu. Je suis très
consciente que je vous tire un peu la pipe en disant ça, mais ce que je
veux vous présenter comme point de vue, et vous le comprenez très
bien, c'est que le député d'Orford dit: Moi, je pense que c'est
bon. Ça va bien, etc. De ce côté-ci, il y a des gens qui
viennent de régions aussi et qui défendent un autre point de vue.
Et même, on reprochait à l'une de mes collègues, tout
à l'heure, de dire: Oui, mais votre chambre de commerce, même dans
votre coin, elle est en désaccord avec ce que vous défendez. Sauf
qu'on ne représente pas juste la chambre de commerce, on
représente d'autres gens, ici. Moi aussi, je viens de la rive sud. On
représente d'autres types de besoins, d'autres types de
réalités, et c'est celles-là qu'on défend ici. Et
je suis persuadée que les représentants de notre chambre de
commerce sont aussi fiers du travail que l'on fait à cet
égard-là que si on défendait essentiellement et uniquement
leur point de vue. Ils sont tout à fait capables de comprendre
ça. Bon.
Cela étant dit, je reviens à mon propos principal. Ce
qu'on dit, c'est qu'il y a des gens qui sont en désaccord et on voudrait
pouvoir les entendre. On l'a dit au niveau de la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante hier soir. On l'a dit de la
Corporation des marchands de meubles et puis la liste est encore très
longue, M. le Président, des gens qui sont en désaccord. J'ai au
moins une dizaine d'associations et d'organismes, dont d'autres chambres de
commerce, M. le Président, qui sont aussi en désaccord. Alors,
ils mériteraient fort pertinemment d'être entendus.
Je vais, d'ailleurs, revenir, justement, à cette demande qu'on a
déposée hier, contre laquelle, d'ailleurs, malheureusement, le
ministre s'est prononcé, et qui était d'entendre la
Fédération canadienne de l'entreprise indépendante. Parce
que M. Décary, hier soir, je pense qu'il fulminait un peu quand il
entendait le ministre de l'Industrie et du Commerce interpréter ses
propos et les propos de son association en signifiant qu'il y avait un tissu de
contradictions dans ses propos et que, donc, dans ce sens-là, ça
lui permettait, ça lui donnait loisir, comme ministre,
évidemment, de faire n'importe quoi, puisqu'il disait: Je mets le
représentant de la Fédération de l'entreprise
indépendante devant un ensemble de contradictions. Or, il est
évident que, si on est membre d'une fédération, parce que
le ministre faisait particulièrement référence au point de
vue de la fédération au niveau national - ça, c'est une
des premières notions qu'on apprend en sciences politiques - c'est qu'on
reconnaît qu'il y a un certain nombre de différences et que ces
différences peuvent s'exprimer. Remarquez que le modèle canadien
n'est pas toujours adéquat à cet égard-là et nous
cause un certain nombre de problèmes. On en s;iit quoique chose, n'est
ce p;ts? (16 h 20)
Bon, alors, dans le tond, la Fédération de l'entreprise
indépendante, section Québec, nous dit - c'est ça qui est
extraordinaire, dans le fond, parce que, justement, cette
fédération-là, cette association-là
représente parfaitement la différence: Nous vivons ici un
état de fait qui n'a rien à voir, toutes proportions
gardées, évidemment, et tout étant relatif, avec ce qu'on
connaît du côté américain et avec ce qu'on
connaît du côté ontarien Et eux, qui ne représentent
pas des actionnaires anonymes d'une grande entreprise, mais qui
représentent des entreprises à propriétaire unique ou
à propriété
familiale, vous disent: Ça n'a pas de bon sens. Et, à
travers la chambre de commerce, ils viennent vous le redire aussi.
Alors, que vous reprochiez à la Fédération de bien
défendre ses membres et de bien défendre la différence
qu'ils tentent de représenter ici, au Québec, moi, ça
m'apparaît absolument inadmissible et inacceptable pour les gens qui
prennent la peine de faire un certain nombre de démarches, de faire un
certain nombre de démonstrations; le minimum de respect aurait
été de leur donner le micro, quand ce n'aurait été
que pour 15 minutes par groupe. Parce qu'on n'a pas, à nos motions, une
demande précise quant au temps - oui, M. le Président - mais on
pourrait facilement imaginer qu'on encadre ces auditions dans un temps
relativement restreint, et ça permettrait, cependant, que ceux-ci
puissent exprimer leur point de vue.
Et, dans ce sens-là, la motion qui est devant nous, elle concerne
une chambre de commerce locale et, en plus, dans un milieu assez
éloigné, par exemple, M. le député d'Orford,
là où il y a une zone frontalière, dans le
Témiscamingue, que je connais assez bien pour le fréquenter d'une
façon assez régulière au nom de mon parti. Ce serait
intéressant, justement, d'avoir le point de vue de la chambre de
commerce locale qui connaît une autre situation dans une autre
municipalité, et que le ministre puisse analyser avec eux ce pourquoi
ils sont, eux, en désaccord, alors que - remarquez que c'est, quand
même, à quelques centaines de kilomètres plus loin,
là, enfin, une centaine de kilomètres plus loin - d'autres
peuvent être en désaccord avec ce point de vue là ou, du
moins, souhaiter un aménagement différent. Mais le ministre nous
dit: Moi, je sais comment, j'ai regardé ça, j'ai fait une petite
hypothèse, un certain nombre d'analyses; il y a suffisamment de
pressions d'un côté, je n'ai pas besoin d'entendre ce que les
autres ont à me dire à ce sujet-là, alors je vais voter
contre les motions. C'est probablement, sans doute, ce qu'il se prépare
à faire, M. le Président.
Alors, on va en prendre acte, on s'en souviendra pour l'avenir, puis on
saura à quel endroit se loge ce gouvernement lorsqu'il est temps
d'écouter des citoyens et des citoyennes qui ne partagent pas son point
de vue. Il leur dit: Ça ne m'intéresse pas, M. le
Président. J'ai un point de vue, celui-là me satisfait. Il n'est
pas suffisamment étayé, ce n'est pas grave. C'est celui-là
que je vais défendre et c'est sur cette base-là que je vais
passer ma loi. C'est exactement ça qu'il nous dit, M. le
Président, le ministre, lorsqu'il vote contre les propositions qu'on lui
fait, qui sont d'entendre des groupes qui pourraient éclairor nos
débats et particulière ment la Chambre de commerce de
Rouyn-Noran-da, M. le Président, qui pourrait fort bien être
invitée à venir échanger avec nous. De toute façon,
vous savez, je ne pense pas qu'on fasse un très grand mal à
l'économie québécoise si, pendant huit dimanches en
janvier, février, on n'ouvre pas et qu'on prend la peine de passer une
loi qui corresponde vraiment aux besoins de nos concitoyens et de nos
concitoyennes. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci, Mme la
députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur la motion?
Alors, nous allons procéder au vote. M. le secrétaire, si vous
voulez appeler les députés, s'il vous plaît.
Mise aux voix
Le Secrétaire: Mme Vermette (Marie-Vic-torin)?
Mme Vermette: Pour, M. le Président.
Le Secrétaire: M. Blais (Masson)?
M. Blais: Pour.
Le Secrétaire: M. Léonard (Labelle)?
M. Léonard: Pour.
Le Secrétaire: Mme Dupuis (Verchères)?
Mme Dupuis: Pour.
Le Secrétaire: Mme Marois (Taillon)?
Mme Marois: Pour.
Le Secrétaire: M. St-Roch (Drummond)?
M. St-Roch: Pour.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Outremont)?
M. Tremblay (Outremont): Contre, M. le Président.
Le Secrétaire: M. Benoit (Orford)?
M. Benoit: Contre.
Le Secrétaire: M. Bordeleau (Acadie)?
M. Bordeleau: Contre.
Le Secrétaire: M. Lafrenière (Gatineau)?
M. Lafrenière: Contre.
Le Secrétaire: Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata)9
Mme Dionne: Contre.
Le Secrétaire: M. Audet (Beauce-Nord)?
Le Président (M. Audet): Contre. Alors, la motion est
rejetée à six contre cinq.
M. Blais: Eh! Ça, c'est encourageant! On va continuer.
Le Président (M. Audet): Alors, est-ce que nous sommes
prêts à débuter l'étude du projet de loi? M. le
député de Drummond.
Motion proposant d'entendre Le Président
d'Alimentation Couche-Tard
M. St-Roch: Oui, M. le Président J'aimerais faire
la motion suivante: «Que la commission de l'économie et du
travail, en conformité avec l'article 244, entende le président
d'Alimentation Couche-Tard» afin qu'il nous expose l'impact qu'a eu la
loi 75 sur son entreprise, ainsi que les effets prévisibles de la loi 59
sur le secteur qu'occupent les dépanneurs au Québec.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député. Je vais prendre connaissance de la motion qui semble
recevable. D'accord. À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, M. le
député de Drummond, vous avez 30 minutes.
M. Jean-Guy St-Roch
M. St-Roch: Merci, M. le Président. Je ne sais pas si je
prendrai mes 30 minutes, mais je vous avise d'ores et déjà que,
tel que je l'ai souligné dans la conformité qu'on me
reconnaît, j'aurai deux motions à faire. La première est
déjà déposée et j'en aurai une autre un peu plus
tard au courant de ce débat.
M. le Président, la raison pour laquelle je dépose cette
motion afin d'entendre le président d'Alimentation Couche-Tard: bien,
quand on regarde les évolutions du commerce de dépannage au
Québec, nous faisons face maintenant à une entreprise
québécoise qui est inscrite à la Bourse, qui est
peut-être aujourd'hui devenue la plus grosse compagnie. J'ai toujours
dit, moi, que le rôle que j'ai en tant que parlementaire, c'est de
représenter mes citoyens et mes citoyennes. Et, avant d'être un
législateur, il y a deux manières dont on peut le faire: suivre
ce que j'appelle, moi, la théorie de la Caniapiscau - on sait ce que
ça a fait, à un moment donné; un jour, il y a une sorte de
bébites au Québec qui ont suivi le chef et on sait le
résultat que ça a eu - ou on essaie de s'informer, de
s'éclairer en entendant des intervenants.
La raison pourquoi j'aimerais entendre Alimentation Couche-Tard, c'est
parce que je suis pris avec un dilemme, moi, en tant que député,
M. le Président. Lorsque je regarde le système de ce secteur
d'activité là, premièrement, nous faisons face à
une des petites entreprises québécoises qui a très bien
réussi, qui est inscrite à la Bourse et qui est détenue
aussi par une autre compagnie qui est inscrite à la Bourse, donc qui a
amené des Québécois et des Québécoises, et
souvent à même leur système enregistré
d'épargne-retraite, à faire confiance à notre petite
entreprise et à investir. Lorsque je regarde, moi, des lois telle que la
loi 59 que nous faisons, telle que la 75, on a un double effet, ici, pas
simplement sur les heures d'affaires et sur les résultats d'une
entreprise, mais aussi, en plus des consommateurs, sur des petits
épargnants de notre beau Québec
Alors, M. le Président, la raison pour laquelle je veux entendre
aussi... En relisant et en écoutant religieusement M le ministre dans
ses deux exposés, celui de 21 h 5 et celui aussi de fin de
soirée, vers les 23 heures, M. le ministre nous a expliqué - et
je vais le citer au texte, alors, je ne serai pas mal interprété:
«On va en prendre un petit, Alimentation Couche-Tard. Bon. Alimentation
Couche-Tard, je pense que c'est un bel exemple. Alimentation Couche-Tard s'est
dit: Les règles du jeu ont changé. Mon concurrent... Je dois
absolument développer un nouveau concept, un nouveau concept qui
s'appelle le Dépan-Escompte. Et, aujourd'hui, il dit: Vous pouvez venir
acheter les mêmes produits chez nous que vous achetez dans une grande
surface, au même prix. C'est une évolution très importante
parce que, je me rappelle, M. le Président... Et, ça, je
voudrais, pour la députée de Taillon», etc.
Alors, M. le ministre et député d'Outremont
décrivait une situation hier soir qui, si je l'écoute, est
fantastique pour les aliments Couche-Tard. Mais, dès la parution, par
exemple, M. le ministre, de la loi 59, je suis convaincu, moi, quand je parle
d'avoir une philosophie globale et de gérer un problème dans son
entier, qu'on n'a pas mesuré les impacts que la loi 59 pourrait avoir
sur les résultats à la Bourse de Couche-Tard et aussi d'Actidev
qui en détient une partie importante.
Où je suis confus et la raison pourquoi je veux entendre le
président, moi, qui, je pense, est le principal porte-parole de ce
secteur d'activité qui était jusqu'à tout récemment
en pleine expansion, c'est lorsque je regarde les déclarations aussi de
M. Bouchard, le président. «Pour sa part, M. Bouchard,
président d'Alimentation Couche-Tard, ne rit plus. Il ne croit pas du
tout aux 8000 emplois dont on se gargarise. Les dépanneurs ont, par
contre, bel et bien perdu 3500 emplois depuis la loi 75.» Et M. le
ministre, hier soir, dans son exposition - parce qu'on a un peu de retard avec
les galées, avec les quatre commissions parlementaires; j'aurai ses
déclarations de fin de soirée mettait en doute les 3500 pertes
d'emplois. Bon! Alors, moi, en tant que parlementaire, j'aimerais bien
savoir... M. Bouchard aussi a rencontré... (16 h 30)
C'est sûr et certain qu'on a tablé sur une série de
choses qui affectent aussi l'industrie du
dépannage, incluant la contrebande de cigarettes, incluant la
taxation élevée, puis on pourrait même ajouter incluant la
fiscalité municipale, parce que, lorsqu'on regarde dans le secteur
résidentiel, on sait que les dernières réformes ont
apporté une hausse qui fait en sorte qu'un individu consacre 27 %,
maintenant, de ses revenus à payer ses taxes, qu'elles soient scolaires
ou municipales. En plus, imaginez-vous, les impacts sur l'industrie du
commerce.
Alors, c'est un monsieur qui est très important. Je regarde aussi
ses déclarations sur le futur et ses préoccupations, à M.
Bouchard. Dans un journal, peut-être qu'il y a très peu de gens...
Je n'en sais pas la diffusion, mais, dans le journal Le Coopérateur
agricole, qui est un journal qui regroupe aussi le milieu de
l'agro-alimentaire, M. Bouchard exprimait ses craintes parce qu'il disait qu'on
mettait en danger 2000 entreprises de chez nous, puis il disait que ce serait
au niveau des dépanneurs, au niveau des épiceries et au niveau
des grandes surfaces. Alors, on a la chance d'avoir, M. le Président,
quelqu'un qui est très au fait de la nommer cialisation, autant au
niveau du dépannage qu'au niveau de ce commerce-là. Je pense,
moi, qu'il serait important de voir à ce que M. le président
d'Alimentation Couche-Tard vienne nous expliquer ça et qu'on puisse
échanger avec lui. Je pense que ça nous éclairerait et
ça nous permettrait, en tant que législateurs, de dire: Est-ce
que la loi 59 aura des impacts sur ce genre d'entreprises? Est-ce qu'il y a des
avenues?
Ici, je vais ouvrir un autre volet, M. le Président. Hier aussi,
M. le ministre nous disait dans ses interventions qu'on prenait des mesures
dilatoires ici, puis qu'on faisait perdre le temps. J'ai déjà
signalé dans ma première «dimension»: Si M. le
ministre était arrivé avec un geste d'ouverture, en chef de file,
puis avait dit: Voici, moi, je suis prêt à entendre... Les besoins
ont changé. Parce que M. le ministre nous a dit qu'il y avait beaucoup
de choses qui avaient changé depuis quelques mois. J'attends encore les
premiers. M. le ministre a commencé à répondre à la
série de mes questions. Puis, au premier ministre aussi, j'avais
clairement indiqué que les questions que je posais se voulaient dans la
foulée de l'après-loi 75. Alors, M. le ministre m'a même
mentionné, à un moment donné, que j'avais probablement
pris mes questions dans le document d'orientation qu'il avait pris en 1989,
mais j'avais pris soin, autant en commission parlementaire, autant à
l'Assemblée nationale, autant à son chef de cabinet, de lui dire
que je voulais avoir ça mesuré, moi. Et la raison pourquoi je le
demandais, M. le Président, c'est parce que j'avais donné trois
paramètres: un, sur les finances de l'État; deux, sur l'emploi;
et, trois, sur le nombre de commerces.
Alors, M. le ministre, hier, à 21 h 25, m'a répondu en me
disant: «Écoutez, je sais que le député de Drummond
dit qu'il avait prévu certaines rationalisations et il y a eu une
rationalisation importante de ce secteur-là». On parle toujours de
l'alimentation. Il m'a dit aussi: «Mais elle était
prévisible bien avant l'ouverture des commerces; alors, je ne pense pas,
parce que les commerces ont ouvert dans l'alimentation le dimanche, que
ça a un impact sur la rationalisation dans le secteur
alimentaire». Alors, le mot clé là-dedans, c'était
un impact qui était prévisible. Alors, j'ai bondi sur ma chaise,
M. le Président. Puis je vais l'interroger, puis j'ai hâte de
revenir aux crédits lorsqu'on aura le dépôt des
crédits. Parce que, quand j'entends ça, moi, que c'était
prévisible, quand je parle, moi, d'avoir une philosophie, de
gérer d'une façon globale, bien, on voit, à un moment
donné, que l'État québécois a investi dans une des
grandes sociétés, puis on est à la hauteur, à
l'heure actuelle, de 162 000 000 $ des fonds des Québécois et des
Québécoises, soit par l'entremise de la Caisse de
dépôt ou de la SDI. Alors, si c'était prévisible, ce
phénomène de rationalisation là, la question que je me
pose, moi: Ça aurait été bien d'avoir une commission
parlementaire de l'économie et du travail d'urgence, avant que la SDI
aille investir 90 000 000 $ de nos sous dans ce secteur d'activité.
Alors, c'est ça qui est important lorsqu'on a des gens ici, des gens
informés tels que le président d'Alimentation Couche-Tard, qu'ils
puissent venir nous informer et dire: Voici le secteur. Ça
éclairerait les parlementaires, mais ça éclairerait aussi
le gouvernement et l'Exécutif qui est en place.
Une autre chose que je remarque, M. le Président. M. le ministre
dit: On fait des mesures dilatoires, puis on retarde. Savez-vous que, lorsque
je regarde, moi, à partir du 24 novembre, tout ce qui a
été écrit, on avait une mesure qui était
fantastique, c'était le Pérou. On venait de trouver la pierre
précieuse qui ferait en sorte que l'économie
québécoise était pour aller en pleine expansion au
Québec par l'ouverture des commerces et par cette loi 59. Puis on
était tellement convaincus, M. le Président, qu'on a
abordé... Puis je pourrais aller chercher les galées de
l'intervention, dans le discours sur le principe, du député
d'Outremont et ministre du Commerce. Mais, si M. le ministre pense qu'on fait
des mesures dilatoires ici, quand je regarde révolution du langage
à la commission, bien, on l'a vu par le vote tout à l'heure, 6-5,
je pense qu'on ne perd pas notre temps ici. Nos citoyens auront la chance, dans
les jours à venir, de comprendre qu'il y a une évolution de
pensée.
J'écoutais mon collègue, pour qui j'ai
énormément de respect, le député de l'Acadie, me
parler d'un concept de libéralisation et de marché de services
aux clients. Pas un mot sur la relance économique. J'écoutais
avec précision, hier soir, mon collègue, le ministre de
l'Industrie et député d'Outremont, parce que j'avais
préparé aussi une de mes questions sur la précarité
de l'emploi, que, ça, c'était quelque chose qu'il
faudrait peut-être arriver à... Parce que les statistiques
nous disent que, depuis 2 ans, 30 000 emplois ont été perdus dans
le secteur du commerce au détail. C'est 5,5 %. On arrive à 11,2 %
des gens du commerce qui sont mainte nant en chômage. Alors, je vois
l'évolution, parce qu'on n'est plus dans une relance économique.
Quand je regarde, encore là, alentour de 23 h 26 peut-être, les
déclarations de M. le ministre et député d'Outremont qui
disait, en réponse... Et je vais vous le citer, si vous me donnez
quelques secondes. Il nous disait que les emplois qui étaient
créés... Alors, je vais le citer: Des emplois précaires
pour certaines personnes qui sont prêtes à travailler un nombre
limité d'heures pour contribuer, d'une certaine façon, au revenu
du couple; alors, dans ce sens-là, sur l'emploi, oui, des emplois, pas
nécessairement des emplois permanents de qualité. Il faut dire
aussi qu'il y a eu une rationalisation... Bon, j'enchaîno Alors, on admet
déjà qu'il y a une évolution de pensée, que les
emplois s'en viennent précaires.
Mais, moi, ça me laisse supposer, M. le Président, quand
je regarde tout ça aussi... Puis je vais dire à M. le ministre
pourquoi je veux avoir des gens comme Alimentation Couche-Tard, pourquoi j'ai
supporté une motion d'une de mes collègues du Parti
québécois, lorsqu'ils ont voulu entendre la Corporation des
marchands de meubles du Québec. Bien, ça aurait été
intéressant d'échanger. Et je vais livrer à M. le
ministre, si je peux avoir son attention, des choses qu'on aurait pu discuter
avec eux pour dire oui, peut-être, à des changements au niveau
social. Il y a peut-être des secteurs d'activité où il faut
moduler la loi 75, où il faut faire de l'amélioration. J'aurais
aimé ça, moi, échanger avec la Corporation des marchands
de meubles et leur suggérer une approche qui aurait pu être
celle-ci: Messieurs, oui, peut-être qu'on pourrait faire quelque
chose.
Parce qu'un des dangers auxquels on a à faire face dans ce
secteur d'activité de 1 200 000 000 $, 983 établissements, 700
petits fabricants... On aurait peut-être pu dire: Oui, la mode,
révolution fait en sorte qu'on se devra d'ouvrir. Puis là, en
tant que gouvernement, dans une philosophie globale, dire: Bien, est-ce qu'il
ne serait pas possible, en 1992, d'avoir des politiques qui sont innovatrices,
puis d'être capables d'aller dans des secteurs et de dire que des
politiques qu'on a toujours appliquées par l'entremise de la SDI vers
des secteurs de fabrication... Puis M. le ministre nous disait que, de plus en
plus, on aura des changements, qu'il fau dra aller vers des emplois tertiaires,
des emplois de services, de valeur ajoutée. Est-ce qu'il n'aurait pas
été possible, à ce moment-là, d'échanger
avec les détaillants, puis de dire: Si on appliquait, par hasard, la
politique de développement de la petite et moyenne entreprise, de
rationalisation, de groupement, d'amélioration de fonds de roulement,
est-ce qu'il n'aurait pas été possible, à partir de cette
règle-là qui s'applique pour les petites entreprises, de 250 000
$ et moins, de dire: On va favoriser, dans un premier temps, un regroupement
des marchands pour faire en sorte qu'il y ait une masse critique qui soit dans
les deux chiffres, hein, 10 000 000 $, 15 000 000 $, qu'on aurait pu
établir ensemble avec l'aide du ministère de l'Industrie et du
Commerce? Parce que j'imagine, moi, qu'ils ont beaucoup de statistiques dans ce
secteur-là. Être capable de développer un modèle, de
dire: Bien, on va favoriser, dans un premier temps, le regroupement. De
s'asseoir aussi, après ça, puis peut-être d'entendre aussi
l'Association des fabricants de meubles, parce que, souvent, au Québec,
on a considéré le textile, le meuble et la chaussure comme des
secteurs dits mous, ce à quoi je me suis toujours objecté.
Vous savez, quand je regarde 700 fabricants, ici, avec un commerce au
détail de 1 200 000 000 $, puis, pour ne pas les nommer, quand je
regarde nos deux plus grands fabricants dans l'industrie du meuble, qui sont
Bestar et Shermag, à l'heure actuelle... On connaît les
difficultés de ces secteurs-là, on connaît les
problèmes qu'ils ont eus avec le peu de ressources que les petites
entreprises de chez nous ont pour commercialiser, pour aller faire face
à la mondialisation. J'aurais aimé ça, moi, entendre dire:
Est-ce qu'il ne serait pas possible, par hasard, avec les leviers
économiques qu'on a, la SDI, la Caisse de dépôt, le Fonds
de solidarité des travailleurs, Desjardins, parce que la plupart de ces
institutions-là sont établies, avec l'aide du ministère de
l'Industrie et du Commerce, avec l'aide du ministère des Affaires
internationales, y a-t-il moyen, dans le respect des ententes
négociées de libre-échange, de faire en sorte que ces
entreprises-là, bien, qu'on puisse en faire des géants qui sont
capables de faire l'expansion, qui sont capables d'affronter la concurrence,
qui sont capables aussi de faire affaire avec des chaînes, parce qu'il y
aura un plus grand volume qui leur aura été demandé? (16 h
40)
Alors, c'est sur ça que j'aurais voulu échanger, moi, avec
la Corporation des marchands de meubles, puis je pense que ça aurait
été d'une façon positive. Ça aurait
été une nouvelle approche Oui, on aurait innové Le
député de Saint-Maurice avait son livre qu'il nous montrait hier,
«Innover». Bien oui! On aurait pu innover, pour la première
fois avoir un programme qui aurait pu s'adapter. Puis, après ça,
M. le Président, nous ici, de la commission parlementaire, être
arrivés avec un débat et dire: Bien, dans ce secteur
d'activité là, qui est la commercialisation du meuble et de tout
l'équipement associé, dans une période de 6 mois, de 12
mois, de 18 mois, les commerces seront ouverts le dimanche, parce qu'on aura
favorisé le regroupement, on aura favorisé une construction
de
meubles qui seront capables de faire concurrence, et faire en sorte,
après ça, que les gens aient la chance de se préparer
adéquatement à faire face à ces nouvelles attitudes et
à ces nouvelles obligations. Alors, ça, c'est l'importance, M. le
Président, que j'attache à entendre des gens de chez nous.
Ici, à côtoyer mes collègues des deux
côtés de la Chambre depuis sept ans, j'ai toujours remarqué
une chose, que nos gens ont une ouverture d'esprit. Si on est capables de
démontrer que, oui, il y a un changement, que, oui, il y a une
problématique, que, oui, il y a un système quelque part qui
cloche, on est capables de s'unir et de dire: Dans les intérêts
supérieurs de la collectivité québécoise, on va
aller contre nos propres convictions ou notre partisanerie strictement
partisane. Alors, ça, c'est ce qu'on manque dans nos échanges,
à l'heure actuelle, M. le Président.
Quand M. le ministre dit: On a perdu notre temps, on a fait des mesures
dilatoires, moi, j'oserais, avec mes sept ans de parlementaire et en toute
humilité, dire à M. le ministre: Oui, il est peut-être
temps, vous pouvez être un outil, parce que vous avez une chose que pas
un de nous ici n'a: vous siégez au Conseil des ministres, vous
êtes notre porte-parole ici, M. le ministre. Les membres de la commission
de l'économie et du travail, au Conseil des ministres, lorsqu'on
étudie un projet de loi, il n'y a personne de nous autres qui est
là. Alors, moi, je me serais attendu de M. le ministre qu'il dise:
Écoutez, on va innover à la commission de l'économie et du
travail; je vais respecter mes parlementaires et je vais leur arriver avec une
proposition de main tendue. On va entendre, messieurs et mesdames de la
commission, 10, 12, 14 organismes. De toute façon, M. le ministre, on
aurait eu le temps d'entendre tous ces gens-là. On aurait
été capables de faire une loi qui, peut-être pour une fois,
aurait collé à la réalité. Mais non!
Peut-être que la mesure est encore trop avant-gardiste. Et ce que je
citais dans mon intervention plus tôt, lorsqu'on voulait entendre les
gens de Rouyn-Noranda, bien non! Encore là, oui, vous avez la
majorité.
Vous savez, M. le ministre, mes droits de parlementaire auront pu faire
en sorte que j'aie passé bientôt 16 heures maintenant, ici,
à cette commission. Un de mes collègues l'a mentionné hier
- M. le député de Masson, je crois - j'aurais pu rester dans mon
bureau et dire. Cette loi-là, je ne suis pas d'accord, et arriver en
troisième lecture et dire: M. le Président, vous n'aurez pas mon
consentement. À ce moment-là, si le gouvernement avait voulu
l'avoir, il aurait passé le bâillon, une loi spéciale; vous
l'auriez eue pareil. Mais, si j'ai pris la peine, M. le Président, de
passer ces 15 heures en commission et d'ajouter toutes les heures
nécessaires, je pense que, oui, on ferait peut-être face à
quelque chose... On sera, pour prendre un langage parlementaire,
«bulldozes» à la fin, on aura probablement un bâillon.
Mais j'espère, par le temps qu'on aura passé à cette
commission-là, qu'on sera capables un peu de changer la mentalité
de l'Exécutif.
En démocratie, il y a quelque chose qui devrait être
sacrée, c'est l'Assemblée nationale, c'est là que les
projets de loi doivent se faire. J'espère qu'on aura gagné, qu'on
sera allés une coche un peu plus haut dans notre quête d'avoir des
députés qui représentent les intérêts de
leurs citoyens et que l'Exécutif pourrait comprendre et dire: Dans les
prochains projets de loi, est-ce qu'il n'y aurait pas quelque chose qu'on
pourrait faire davantage? Parce que, vous savez, ma petite expérience,
mon vécu m'ayant amené à voyager un peu partout, la
démocratie et la liberté, quant à moi, c'est quelque chose
qui se gagne à tous les jours. C'est beaucoup plus facile de reculer et
de revenir en arrière.
Vous savez, c'est aberrant; pendant que je suis ici, je devrais
être à l'autre commission parlementaire à débattre
sur la loi 57. C'est ça qui est inquiétant à l'heure
actuelle, quand je regarde la loi 59, quand je regarde la façon dont on
procède. Quand je regarde la loi 57 là-bas... Quand je regarde
les recommandations du Protecteur du citoyen qui a confirmé mes craintes
et qui dit: Attention! messieurs, vous êtes en train de revenir 500 ans
en arrière; vous êtes en train de faire un projet de loi où
le roi a toujours raison. Ça a pris 500 ans, M. le Président,
pour faire en sorte que notre démocratie évolue pour être
capable de reconnaître aux citoyens des droits en face de l'État,
des droits au niveau du civil, d'être capables de se représenter.
Alors, c'est tout ça que ça sous-entend. Lorsque, à une
commission parlementaire, on pense que des parlementaires, peut-être
inutilement, parlent, passent des heures et font des mesures dilatoires pour le
plaisir de le faire, bien, moi, je ne connais pas un parlementaire, M. le
Président, qui n'a pas une journée de travail de 15, 16, 17 et 18
heures et, en session intensive, c'est beaucoup plus élaboré,
c'est des nuits au complet et on ne pourrait pas consacrer notre temps à
faire autre chose. Mais c'est des principes de fond, c'est une quête
perpétuelle d'être capables d'élever les débats,
d'être capables, M. le Président, de faire...
Ce que je remarque maintenant dans la rue, qui est une de mes craintes
fondamentales, c'est le manque de respect de la part de nos citoyens et de nos
citoyennes pour le travail que les députés font. Vous savez, M.
le Président, la journée où la population perd confiance
en son député, la deuxième étape, c'est de perdre
confiance en ses institutions. La journée où la population, nos
citoyens et nos citoyennes n'auront plus confiance au travail de leurs
députés, n'auront plus confiance aux institutions, à la
noble institution que représente l'Assemblée nationale, où
est-ce qu'on va régler les problè-
mes? Où est-ce qu'on va les régler, les
problèmes?
J'espère, M. le Président et M. le ministre, qu'il y aura
un Conseil des ministres qui, ce soir, appellera le cabinet du premier
ministre, qui lui fera part, lui dira: Bien, on a peut-être manqué
de stratégie avec la loi 59, on aurait dû avoir la politique de la
main ouverte; on va s'asseoir et on va l'essayer. Quel aurait été
le risque d'arriver et de dire: Oui, il y a eu un décalage de deux ans
et demi? Oui, moi, le ministre de l'Industrie et du Commerce, je reconnais
qu'il y a eu des changements, mais je vais faire en sorte qu'on va être
capables, tous ensemble, de se conscientiser, on va faire en sorte qu'on va
faire un projet de loi, peut-être, qui aurait collé à la
réalité. Dans cet esprit-là, M. le ministre, on a tendu
une main, lors de l'adoption du principe, afin de dire...
J'aurai l'occasion d'y revenir dans ma prochaine motion, mais,
brièvement, lorsque je regarde le porte-parole du regroupement pour
l'ouverture... C'est le prochain organisme, M. le ministre, que je vais
demander à entendre. Ça va être ma prochaine motion. Alors,
ce n'est pas juste des gens contre, on va avoir des gens pour. Alors, entendre
cette personne-là parce qu'elle nous dit, elle, que c'est fondamental
qu'on ouvre le 27. M. le ministre, je donne mon consentement, moi, pour qu'on
suspende les travaux, qu'on aille voir ensemble le leader du gouvernement et le
leader de l'Opposition pour leur dire: On va faire un petit amendement à
la loi 75 qui va permettre d'ouvrir le 27. C'est l'offre que j'avais faite. Mon
collègue, le député de Lévis, a été
plus généreux, il a dit: On peut inclure le 28, le 29 et le 30.
Je suis convaincu, moi, qu'on pourrait le faire. On dit, après
ça: Bien, on va passer à travers la période critique pour
nos commerçants et nos commerçantes; on va passer aussi à
une période où nos consommateurs et consommatrices, qui sont
aussi nos oloctours et élrotricos, pourront bénéficier des
surplus de fin d'année. Ils auront un peu plus de temps pour magasiner,
parce que c'est la période peut-être un peu plus propice, les
vacances, parce que beaucoup d'entreprises, aujourd'hui, ferment pendant cette
période. On n'a entendu parler de rien.
Ça m'indique une chose: lorsqu'on parle qu'on fait de
l'obstruction systématique dans cette commission, M. le
Président, quand on a tendu la main et qu'on ne voit aucune
réponse, qu'on imagine que c'est une fin de non-recevoir, on dit: Est-ce
que c'est vrai, ce qu'on a rapporté? Est-ce que c'est vrai que la
bataille est jouée? Est-ce que c'est vrai que tout est gagné,
puis que, de toute façon, on le fait un peu pour la forme?
Hier, ce qui m'a inquiété, M. le Président, dans
les paroles de M. le ministre, ça a été dans sa
dernière intervention, il était près de minuit, lorsqu'il
a commencé à nous préparer le terrain, disant que, si
l'article 1 n'est pas appelé, ce serait la faute de l'Opposition.
J'aimerais que vous ajoutiez aussi, M. le député et ministre: Et
du député indépendant. On commence à se
préparer pour être capable d'arriver à l'Assemblée
nationale et dire: Je me suis assis, j'ai passé 16 heures, ou 20 heures,
ou 24 heures, Dieu sait ce que sera le compte à la fin, puis on n'a pas
encore entamé le premier article. Moi, je peux vous assurer, M. le
ministre, que, dans le temps qui me sera alloué à
l'Assemblée nationale, dans mes 20 minutes de porte-parole, je ferai la
synthèse du dossier, j'exprimerai à nos citoyens et à nos
citoyennes...
Puis, tel que vous l'avez dit avec si bien de justesse... Vous savez,
hier, vous nous avez préparé le terrain, vous nous avez
cité la pétition des jeunes d'un comté, de
Pointe-aux-Trembles, lorsqu'ils sont venus ici, à l'Assemblée
nationale, et qu'ils nous ont dit: Aïe! les parlementaires! J'y souscris,
M. le Président, parce que, depuis sept ans, j'essaie de dire: Oui, il
faut revaloriser notre institution. Mais je vais poursuivre votre
réflexion, parce que vous avez été très
moralisateur à la fin de votre intervention hier soir. Il était
peut-être près de minuit, la nuit étant propice, on
commençait à être réjouis, M. le ministre, on avait
quasiment envie de donner notre consentement, il était près de
minuit. Parce que, lorsqu'on devient moralisateur, lorsqu'on devient humain, il
est possible, à ce moment-là, de traverser les cuirasses et de
sortir de la carapace que l'habit du ministre nous met pour être le
représentant de l'Exécutif et du bunker. (16 h 50)
Mais j'oserais aussi ajouter, M. le ministre, à ce que vous avez
dit. Je ne sais pas, moi, ce que ces jeunes, que vous avez
évoqués avec si bien de justesse hier, diraient si on leur
demandait de se faire entendre ici, si on leur disait: On va vous expliquer
que, moi, député de Drummond, indépendant, j'ai
demandé à entendre des organismes, pas tous les oryaitismes, muis
dos organismes, venir nous expliquer quels seraient les impacts sur leurs
conditions de commerce, sur leurs conditions économiques, sur leurs
conditions de vie. Ils seraient ici, ils vous observeraient et ils diraient: M.
le ministre a dit non. J'aimerais avoir la réaction de ces
jeunes-là. Je ne sais pas ce qu'ils penseraient. Mais une chose dont je
suis assuré, par exemple, M. le Président, c'est qu'on aurait une
autre pétition qui dirait: On ne peut pas comprendre que des
parlementaires refusent d'écouter des citoyens et des citoyennes,
refusent d'être à l'écoute des gens par qui ils ont
été élus. Or, c'est ça aussi que j'aimerais
apporter à votre réflexion, M. le ministre, parce que, vous
connaissant comme un homme qui a beaucoup d'ouverture d'esprit, moi, je suis
encore un éternel optimiste et j'ose espérer que, d'ici à
la fin, on pourra sentendre et dire: Oui, la meilleure solution est
peut-être de faire une
modification simple à la loi 75 pour donner le 27. Oui, on va
s'entendre. Je vous tends encore la main pour la troisième fois. On va
s'entendre pour entendre un certain nombre d'organismes, à
l'intersession ou au début de la session au mois de mars. La vague des
critiques sera passée et, à ce moment-là, nos
consommateurs et consommatrices auront eu plein avantage de la période
des fêtes, nos commerçants et nos commerçantes aussi, et,
finalement, on pourra peut-être faire une nouvelle loi, des modifications
qui vont être propices, qui vont être connectées à la
réalité, M. le Président, et qui vont peut-être nous
permettre d'innover.
Comme je le signalais tantôt, je suis convaincu qu'avec un
monsieur comme M. Bouchard, quelqu'un qui, à bout de bras, a mis une
entreprise sur pied, qui, à bout de bras - et vous l'avez si bien
noté aussi - a réussi à diversifier son entreprise pour
essayer d'être «innovatif», pour avoir une espèce de
qualité totale... J'ai hâte qu'on puisse faire la même chose
à la commission parlementaire, avoir une qualité totale. Pour
avoir une qualité totale lorsqu'on présente un projet de loi,
bien faire en tout temps du premier coup, bien, moi, en tant que ministre, je
vais être d'accord... Puis, M. le ministre, je peux vous le dire: J'aurai
la chance de revenir et de vous donner l'expérience, le vécu du
député de Drummond, pour avoir joué avec des concepts de
qualité totale bien avant d'être parlementaire - on pourrait s'en
parler longtemps - dans ma prochaine intervention. Mais un type comme M.
Bouchard pourrait nous faire part aussi de ses inquiétudes.
Je pense qu'on pourrait regarder aussi... Vous savez, c'est un peu le
rôle d'une commission parlementaire. Il ne faut pas être
borné à l'analyse d'un projet de loi. Quand je regarde parmi les
autres préoccupations, lorsqu'on nous parle des revenus de
Loto-Québec, lorsqu'on nous parle des bouteilles consignées,
lorsqu'on nous parle de la taxe mise par le ministre de l'Agriculture, de 215
$, lorsqu'on nous parle de la fiscalité au niveau municipal, qui ont
tous des impacts sur le commerce de tous les jours, ça nous permettrait
aussi de dégager peut-être nos responsabilités communes,
vous en tant que membre de l'Exécutif, mais aussi et surtout en tant quo
député d'Oiitromont, ot nous on tant que députés de
région, d'être capables d'avoir un éclairage nouveau. Et
là, pour ce qui arrive des lois subséquentes dans d'autres
domaines qui sont connexes à ceux du dépannage, bien, être
capables d'arriver et de prendre des décisions éclairées,
de bâtir des lois qui se veulent avant-gardistes, qui ne se veulent pas
simplement des lois qui bloquent un trou en quelque part et on sera
obligés de revenir dans deux ans ou dans trois ans.
Moi, j'aurais espéré qu'on aurait apporté... Et
c'est ce que j'offre, M. le Président, encore au ministre, la main
tendue, en lui disant: Bien, faisons-le ensemble ici, préparons le
projet de loi qui va amender la loi 75 pour l'ouverture le 27; entendons-nous
d'ici minuit sur la liste des gens qu'on voudrait entendre en commission
parlementaire quelque part entre le 4 janvier et la fin de mars et, à ce
moment-là, on sera capables de dégager des choses qui seront
à l'avantage et dans l'intérêt de nos citoyens et
citoyennes. Je sais qu'il me reste encore beaucoup de temps, M. le
Président. Je ne parle pas pour faire des mesures dilatoires, mais
strictement pour essayer de convaincre mon collègue, le ministre, pour
qu'il entende le président d'Alimentation Couche-Tard. C'est une des
pièces majeures.
Vous me faites signe qu'il me reste très peu de temps, M. le
Président. Je vais conclure en vous disant que, de la part du
député de Drummond, il y aura une autre motion pour entendre un
intervenant qui est en faveur de l'ouverture des commerces, pour que je puisse
essayer lorsque, et je ne le souhaite pas... Je souhaite avoir à me
lever à l'Assemblée nationale pour adopter une loi d'une
façon unanime qui va permettre l'ouverture le 27 et d'être
capables d'arriver quelque part en mars et de dire: On va s'asseoir...
Lorsqu'on ira adopter la loi 59 modifiée, amendée, en 1993,
quelque part après le deuxième mardi de mars, je pourrai dire:
Bien, pour une fois, on a été à l'écoute de nos
citoyens et de nos citoyennes. Alors, j'espère avoir l'appui de mes
collègues, et surtout de mes collègues du parti
ministériel, pour entendre M. le président d'une chaîne
remarquable de chez nous, une entreprise prospère, qui est Alimentation
Couche-Tard. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député. Je vais maintenant reconnaître Mme la
députée de Taillon. Vous avez 10 minutes.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Merci, M. le Président. À moins
qu'immédiatement le ministre veuille nous faire valoir son point de vue
sur le fait qu'on puisse entendre M. Bouchard d'Alimentation Couche-Tard.
Je vais appuyer particulièrement cette motion-là, M le
Président, parce que, en juin 1990 et au printemps 1990, j'ai voeu uno
oxpo rience je dirais même passionnante, finalement, avec les membres de
la Coalition contre l'ouverture des commerces le dimanche. J'ai, à cette
occasion-là, eu le plaisir de rencontrer M. Bouchard, d'Alimentation
Couche-Tard, qui est un homme, d'ailleurs, très discret, qui n'est pas
du genre à crier sur les toits. Et c'est toujours ce qui m'étonne
quand on se retrouve dans des situations un petit peu tendues, de voir ces gens
si discrets, des gens qui n'ont pas l'habitude de se garrocher devant tous les
micros, se manifester et, d'une façon, je dirais, très
importante,
signifier leur désaccord avec un projet de loi.
Je suis persuadée que, si j'avais posé la question
à M. Bouchard, ce que je n'ai pas fait, si j'avais posé la
question: Est-ce que vous avez participé à beaucoup de coalitions
dans votre vie? je pense que c'était la première fois que
ça lui arrivait. Je ne pense pas trop me tromper, parce que ce n'est pas
dans ses habitudes, il ne s'est pas retrouvé dans des situations
où ça se présentait. Mais il trouvait que c'était
suffisamment important, M. le Président, pour s'impliquer dans ce
débat-là. C'était important pour son entreprise, bien
sûr, et on ne peut pas qualifier son entreprise de petite entreprise.
C'est une entreprise publique. Le député de Drummond le
rappelait, c'est une entreprise publique dont les actions sont à la
Bourse, dont les actions s'échangent sur los marchés * publics et
officiels Cependant, c'est une entreprise qui fait affaire avec des petites
entreprises, des petits propriétaires, parce que ce sont des
franchisés qui sont sous sa bannière, qui s'appellent les
Dépanneurs Couche-Tard. D'ailleurs, il a développé un
nouveau concept, parce que, justement, c'est un homme d'imagination et
inventif, et c'est un homme qui a le sens du développement. Puis,
évidemment, ça va de soi que, devant le harcèlement,
littéralement, qu'il a subi au plan économique, ça
s'entend, à cause de l'adoption de la loi précédente, il
n'avait pas d'autre choix que de se retourner de bord et d'imaginer des
concepts nouveaux.
Mais il y a eu un prix à trouver ce concept nouveau. Il aurait pu
sans doute le faire dans la situation précédente, sans cependant
avoir à faire payer le prix qu'il a dû faire payer à ses
franchisés qui, eux, sont soit des familles, soit des
indépendants, qui travaillent de très longues heures.
Évidemment, le dépanneur, on n'a pas besoin de se faire de
dessin, est ouvert parfois 24 heures par jour, 7 jours par semaine. Ces
gens-là, qui possèdent des franchises ou qui sont sous franchise,
eux ont dû en payer la note, et c'est à ça que M. le
député de Drummond faisait référence en disant: On
parle de 3500 emplois qui se sont perdus. Donc, un certain nombre de franchises
ont dû être fermées, pas seulement chez Couche-Tard, bien
sûr, sous d'autres bannières, ça va de soi.
Mais ce qui justifie le fait que nous souhaitions entendre M. Bouchard -
et, dans ce sens-là, j'appuie la motion du député de
Drummond - c'est que lui s'est manifesté. Il a fait l'analyse depuis le
moment où le ministre a déposé son premier projet de loi,
nous l'a passé dans la gorge, hein, envers et contre les gens de
l'Opposition, et ce que je ne savais pas à l'époque, envers et
contre même son collègue, le député de Drummond, qui
s'était fait discret, mais qui n'avait pas appuyé quand
même le ministre à ce moment-là. Je l'ai découvert
dans les derniers jours, M. le Président. Donc, ce bonhomme-là a
une bonne connaissance du marché, a une bonne expertise, a vécu
le changement. (17 heures)
Si le ministre n'est pas capable de faire l'analyse, puis que son
ministère n'est pas capable, non plus, semble-t-il, parce qu'il n'y a
rien qui nous est déposé, peut-être qu'il ne l'a pas
demandée, d'ailleurs, à son ministère... Parce que, moi,
j'ai vu des documents fort pertinents produits par son ministère. Alors,
s'il n'a pas demandé à son ministère de faire l'analyse,
peut-être qu'on pourrait travailler avec M. Bouchard qui, lui, n'a pas eu
le choix de la faire parce qu'il en allait de sa survie et de la survie de ses
franchisés. Alors, ce serait intéressant qu'on l'entende et
qu'avec lui on décortique un petit peu le problème qu'il a
vécu, la vision qu'il a dos difficultés quo risque de lui poser
la nouvelle loi.
Écoutez, il ne faut pas être grand clerc, ça va de
soi, les dépanneurs, une grande partie de leur chiffre d'affaires se
fait, et c'est ça leur raison d'être, en dehors des heures
régulières d'ouverture et particulièrement,
évidemment, les soirs, sauf que, là, on libéralise d'une
façon significative aussi pour tous les soirs de la semaine et le
dimanche. D'ailleurs, dans son nom même, comme me le fait remarquer mon
collègue de Laviolette, «Couche-Tard», ça dit bien ce
que cela veut dire en termes de dépannage. Il ne faut pas être
grand clerc pour savoir que leur chiffre d'affaires se faisait
particulièrement le dimanche ou au moment où les entreprises
régulières sont fermées.
Or, c'est bien sûr, ça va de soi, que, si on change des
règles du marché, ça va avoir un impact sur son
entreprise, ça va avoir un impact sur ses franchisés, sur ses
dépanneurs. Donc, je pense qu'il est le premier et probablement celui
qui est le plus intéressant à entendre quant à une analyse
de l'impact qu'a eu, d'une part, une loi qui a été adoptée
il y a deux ans et qu'aura une loi qu'on se prépare à adopter,
enfin, nous, sûrement pas, mais que le ministre se prépare
à nous passer envers et contre notre consentement, M. le
Président, ça semble aller de soi et se dégager, parce
qu'on ne fait pas broncher le ministre d'un iota. Depuis le début de nos
discussions, depuis le début de nos débats, le ministre ne veut
pas entendre les gens, ne veut pas répondre à nos questions.
Quand il y répond, c'est pour nous envoyer un certain nombre de chiffres
tirés on ne sait d'où, d'un chapeau, sans analyse
systématique de la loi qu'il a adoptée. Alors, pourquoi ne pas
convenir avec nous qu'il serait pertinent et intéressant de recevoir M.
Bouchard, d'Alimentation Couche-Tard? Je vais reprendre la même
proposition que je faisais tout à l'heure, M. le Président. On
n'est pas obligés de le recevoir pendant trois heures. Dans son cas, je
pense quand même qu'une demi-heure, ce serait utile. Ça pourrait
être plus long, évidemment, mais vous savez très bien qu'on
peut
s'entendre sur un moment pour le faire.
Mais, cela étant dit, je n'ai pas l'impression que je sois
capable de convaincre le ministre à ce moment-ci. Je vais le ramener
à ses propres données qu'il nous avait fournies à ce
moment-là, ce qui était très intéressant parce que
ça nous permettait de ne pas répéter toujours les
mêmes questions, puisqu'on avait les réponses dans le document. Je
vais ramener le ministre à son propre document, publié en 1989,
le 27 novembre 1989, où on fait un état de situation quant
à l'équilibre entre les différentes parts de
marché... Excusez-moi, M. le Président. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Marois: Le président a changé sa méthode
pour nous indiquer le moment où on doit terminer notre intervention.
Alors, c'est un gros deux minutes bien inscrit sur un carton. Il vous le
servira sûrement si jamais vous avez à intervenir et que vous vous
proposiez d'accepter la motion que nous avons déposée et
d'entendre M. Bouchard. Il vous le signifiera à ce moment-là, de
la même façon qu'il vient de me le faire, d'ailleurs, en me
déstabilisant un peu. Alors, ça me fait perdre l'idée que
j'étais en train de développer. D'accord, j'y reviens, c'est
ça.
Dans le document que le ministre nous avait présenté en
novembre 1989 et sur lequel nous nous sommes basés pour tout le
débat qui s'ensuivit, je pense qu'il y avait une démonstration
très éloquente de la façon dont était
départagé le marché québécois par rapport
à d'autres marchés en Amérique du Nord et qu'à cet
égard-là, les dépanneurs étant ce qu'ils sont, un
changement dans le marché quant aux heures d'affaires avait un impact
considérable sur leur état financier, sur leur situation
financière. Dans ce sens-là, donc, je pense que ça
mériterait, M. le Président, une attention toute
particulière...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Marois: ...et, donc, que l'on puisse entendre M. Bouchard. Je
vous remercie.
Le Président (M. Audet): Merci, Mme la
députée.
M. Jolivet: J'aurais un amendement...
Le Président (M. Audet): Avant de poursuivre, les membres
de la commission ont sans doute pris connaissance que j'avais corrigé la
motion qui a été présentée par le
député de Drummond. Même si j'avais jugé de sa
recevabilité, on m'a souligné qu'en vertu du règlement,
à l'article 191, «les motions ne doivent contenir ni exposé
de motif ni argumentation». Alors, j'ai dû biffer - le
règlement me permet aussi de le faire - corriger la forme pour la rendre
recevable. Alors, la motion est quand même recevable.
Je vais maintenant reconnaître M. le député de
Labelle.
M. Jolivet: Ce n'est pas les «Couche-Tôt».
C'est les «Couche-Tard». Ça m'avait surpris
tantôt.
Le Président (M. Audet): Les «Couche-Tard»,
effectivement. M. le député de Labelle, vous avez 10 minutes.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, M. le Président. Je voudrais
appuyer la motion du député de Drummond et le remercier de porter
à notre attention le dossier ou la position d'Alimentation Couche-Tard.
M. le Président, le ministre, hier, parlait des dépanneurs qui
étaient d'accord, que ça ne changeait rien pour eux. Je pense que
ce serait intéressant de savoir pourquoi une chaîne aussi
importante qu'Alimentation Couche-Tard est contre. Pourquoi?
Le député de Drummond a mentionné en particulier
que le ministre avait déjà déclaré qu'il y avait,
de toute façon, une rationalisation dans le secteur de l'alimentation,
donc les heures d'affaires n'y changeaient rien. Peut-être qu'il y aurait
des implications, mais au fond, si je comprends bien le sens de son
intervention, les heures d'affaires n'y changeraient rien. Je voudrais, M. le
Président, dire que ce serait important, justement, d'entendre
Alimentation Couche-Tard, parce que, s'il y a des rationalisations et si le
sujet est abordé, donc on pourrait soulever aussi d'autres questions,
comme celles de tout le dossier Steinberg, où le ministre lui-même
a été impliqué avant d'être ministre, lorsqu'il
était président-directeur général de la SDI. Non?
Est-ce que le ministre nie ça? Est-ce que le ministre nie qu'il a
été impliqué, qu'il était
président-directeur général de la SDI lorsqu'elle a
prêté 90 000 000 $ dans la transaction? Oui ou non?
Le Président (M. Audet): Vous pourrez répondre
après l'intervention.
Des voix: Consentement.
M. Léonard: Bien, je veux une réponse, parce que,
si c'est faux, je pense que...
Le Président (M. Audet): Je vous ferai remarquer qu'on
n'est pas à l'étude du projet de loi, on est sur les motions.
Alors, dans les...
M. Léonard: Oui, mais en termes de rationalisation...
M. Tremblay (Outremont): Non, mais, pour l'information du
député de Labelle, j'ai quitté la Société de
développement industriel le 10 août...
M. Léonard: 1989.
M. Tremblay (Outremont): ...1989 pour me présenter aux
élections et, à ce moment-là, la décision n'avait
pas été prise dans le dossier Steinberg.
M. Léonard: Ah!
Le Président (M. Audet): Alors, poursuivez, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: C'est après que vous êtes devenu
ministre titulaire de la SDI. Sauf que le dossier état fort
avancé à ce moment-là, il faut le comprendre. Je pense, M.
le Président, que...
M. Tremblay (Outremont): M. le Président...
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): ...lorsque je suis devenu ministre
titulaire du portefeuille de la SDI le 11 octobre 1989, la décision
était prise.
M. Léonard: M. le Président, continuons.
Le Président (M. Audet): D'accord. Alors, je vous ferai
remarquer qu'il faudrait...
M. Léonard: Continuons.
Le Président (M. Audet): Oui, c'est ça, parce
que...
M. Léonard: Oui, continuons.
Une voix: Oui, parce qu'il y a un trou là, hein?
M. Léonard: Oui, il y a un trou, peut-être
très stratégique. Mais, alors, le ministre devra s'en expliquer
un de ces jours.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: La SDI, dans cette opération, a investi
90 000 000 $ qu'elle aura probablement perdus en fin de course. Et je pense
que, là-dessus, si on parle de rationalisation dans le secteur
alimentaire et si on l'impose à des chaînes, à d'autres,
soi-même, on devrait se justifier de ce qu'on a fait.
M. le Président, le ministre, je le remercie d'avoir
répondu à ma question, mais on voit très bien:
démission le 10 août, puis il reprend le dossier au début
d'octobre ou au mois d'octobre, lors de sa nomination, je ne sais pas,
peut-être au début de novembre, comme ministre...
Une voix: II me semble qu'il a dit le 11 octobre.
M. Léonard: Le 11 octobre, donc deux mois après. Il
reste que, dans le dossier de l'alimentation au Québec, il y a eu des
gestes importants qui ont été posés et je pense que, s'il
y a des rationalisations, à un moment donné, il va falloir qu'on
s'en préoccupe. (17 h 10)
M. le Président, je crois qu'Alimentation Couche-Tard va
nécessairement connaître des impacts, des répercussions de
la décision du ministre, puis je trouve important qu'elle vienne ici
expliquer pourquoi elle est contre. Je sais que les dépanneurs, et bon
nombre d'entre eux, se plaignent de l'inaction du gouvernement par rapport
à des dossiers majeurs qui sont mentionnés de façon
indirecte ici. Par exemple, leur chiffre d'affaires a été
sérieusement affecté parce que le gouvernement contrôle
très mal la contrebande de cigarettes. Ils ont vu leur chiffre de vente
de cigarettes diminuer de façon significative, du tiers, de la
moitié, et, dépendant de l'endroit où se trouve le
dépanneur, l'impact est plus ou moins important, mais, en toute
hypothèse, il est important.
M. le Président, je pense qu'on ne peut pas, on ne doit pas
prendre ces questions à la légère parce qu'il y a des
millions d'impliqués quand on parle de rationalisation. Je reviens au
dossier de Steinberg, je reviens aussi à l'administration du
président-directeur général de la SDI lorsque ce
président s'appelait du nom de l'actuel député
d'Outremont.
Une voix: C'est un nom commun, malheureusement.
M. Léonard: Oui, oui. Mais ce que je veux dire, ce que je
veux rappeler, c'est que la gestion à la SDI souffrait d'un laxisme
considérable et, dans les états financiers publiés cette
année, on a très bien vu que les pertes pour mauvaises
créances à la SDI avaient été portées
à 338 000 000 $, soit 36,7 % de son portefeuille complet de prêts
Et, durant ce temps, pour quelqu'un qui dit que la rationalisation va se faire
de toute façon, qui traite ça du revers de la main... Puis on
voit qu'elle s'en vient aussi dans l'aciérie, alors qu'il aurait
souhaité qu'elle soit faite de façon intégrée, mais
ce n'est pas ce qui a l'air de se passer, en tout cas, on verra. Il reste que
le jugement du Vérificateur général, que je rappelle,
à la suite du rapport de l'an dernier, mais qui est toujours aussi
actuel... Parce que, au fond, c'est toujours le même personnage qu'on
retrouve, à l'époque comme président-directeur
général et, maintenant, comme ministre titulaire. M. le
Président, je veux simplement rappeler ce que le Vérificateur
général disait pour une vérification qu'il a faite sur un
dossier lancé, implanté par le ministre: Au cours des
dernières années, la Société s'est constitué
un portefeuille d'aide financière sans avoir suffisamment
évalué quels étaient les risques que
les entreprises bénéficiaires ne puissent respecter leurs
engagements et, par ailleurs, le suivi qu'elle a exercé n'a pas
favorisé une protection adéquate de son portefeuille d'aide; et,
enfin, le mode de fonctionnement de la Société n'a pas
facilité une gestion économique en matière de
trésorerie et de financement de l'aide financière
accordée.
Je rappelle ça parce que, lorsqu'on parle de rationalisation,
lorsqu'on en parle aussi facilement, aussi légèrement que le
ministre le mentionne et qu'il l'impose, par exemple, à des secteurs
complets de l'industrie, lui-même devrait se poser des questions sur sa
propre gestion. Lui qui fait des grands discours sur la qualité totale
devrait s'en faire. Et, si le ministre dit qu'il a démissionné de
la SDI le 10 août pour se présenter aux élections, avant il
y avait des pourparlers en ce qui concerne Steinberg auxquels il a
été mêlé. Je pense qu'il faut qu'il l'admette.
Et je voudrais simplement dire là-dessus que beaucoup de gens
s'interrogent sur cette question. Jusqu'ici, je crois que la population a
été prudente dans ses critiques par rapport à ce dossier.
Mais je pense qu'avec le passage du temps, maintenant, on doit tirer des
conclusions, on doit aller voir ce qui s'est passé. Il y a des gens que
ça intéresse, il y a des millions en jeu, et tous ces millions
étaient ceux du Québec. La question qu'on pourrait se poser:
Est-ce que les 90 000 000 $ sont déjà comptés dans les 338
000 000 $ des états financiers de 1991 de la SDI? Pas sûr encore.
J'aimerais, quand on en aura la liste... Je ne suis pas sûr qu'on pourra
l'avoir. Je comprends que, dans les façons, les modes d'agir du
commerce, on ne puisse pas le faire. Il reste qu'il y a eu des décisions
de prises qui ont coûté 90 000 000 $ ou qui risquent de
coûter 90 000 000 $ au gouvernement du Québec, sans compter les
dizaines et les centaines de millions que cela coûtera aux petits
fournisseurs, à tout le personnel qui était impliqué dans
le dossier de la SDI, dans le dossier de Steinberg.
Je crois, M. le Président, que cela remet en cause plein de
choses, et je voudrais simplement vous lire un paragraphe, page 8, d'un
document qui est venu en ma possession et qui dit ceci: «Tout le monde
savait bien, au moment de la transaction, que Michel Gaucher, de Socanav,
n'avait ni l'expérience, ni les compétences, ni les ressources
financières pour s'approprier l'empire Steinberg. Mais, qu'à cela
ne tienne, nos dignes représentants du gouvernement du Québec, de
la Caisse de dépôt et de la Société de
développement industriel ont cru fermement le contraire et ont
octroyé à cet aventurier un déluge de fonds publics, 90
000 000 $.»
M. le Président, je pense que c'est un sujet sur lequel nous
aurons à revenir nécessairement. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le député
de Labelle. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur la motion? M. le
député de Masson.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Il y a beaucoup
de monde qui nous écoute, contrairement à ce que beaucoup de gens
pensent ici. Beaucoup, beaucoup de monde nous écoute, à un point
tel que, même durant la motion en cours, j'ai eu un
téléphone - je viens d'être demandé au
téléphone - de Provi-Soir nous demandant de recevoir aussi son
président, parce que, si on ne recevait que le président de
Couche-Tard, ce serait discriminatoire. Et j'ai acquiescé. Probablement
qu'au cours des motions à venir on verra s'il y a de la place pour faire
aussi venir Provi-Soir afin de ne pas être discriminatoire. De notre
côté, nous ne le sommes pas du tout. La Maisonnée, il y en
a quelques-uns, mais je n'ai pas eu de téléphone de La
Maisonnée. Il faudrait penser aussi à toutes les autres
chaînes de dépanneurs. Il y en a plusieurs. Perrette, je suis
moins sympathique; ils prennent tous leurs produits en Ontario, mais, quand
même, ce sont des dépanneurs. Pour ne pas être
discriminatoire, on les recevrait quand même. Mais je tiens à vous
dire que c'est écouté, M. le ministre, les interventions que nous
faisons, même s'il y en a qui pensent que ça ne donne pas beaucoup
de choses. Au contraire, on est écoutés beaucoup plus qu'on le
pense, et ça vaut la peine.
Il y a des grands penseurs, à travers le Québec, qui ont
analysé les comportements que nous avons en commission et les
comportements du gouvernement aussi en Chambre et les lois qu'il apporte. C'est
bien sûr que nous avons nos opinions personnelles, mais il y a certains
grands éditorialistes qui sont reconnus. On se souvient que Le
Devoir, il est encore, il était et il sera, je crois bien, un
journal d'opinion. Pendant que le ministre actuel des Affaires municipales et
de la Sécurité était là, ça avait une grande
renommée. Ses éditoriaux étaient écoutés,
lus et suivis. D'ailleurs, je me souviendrai toujours du 14 novembre 1976
où le ministre actuel nous avait dit de voter pour le Parti
québécois le lendemain, et les gens avaient écouté.
Le Devoir, c'est un journal qui a une portée assez forte parce
que c'est le journal dit, entre guillemets, des intellectuels, des penseurs et
de ceux qui regardent la société d'hier, celle d'aujourd'hui et
qui sont les précurseurs de l'avenir, de la société de
demain. Voilà! Je les ai placés tous les trois, là.
Aujourd'hui, présent, demain. O.K. Merci.
Alors, devant la loi que nous avons devant nous, on ne pouvait pas
s'exempter d'avoir un des grands penseurs de ce journal d'idées qui en
fasse l'analyse et, actuellement, il y a Lise Bissonnette qui est une grande
analyste. On l'a vu au référendum, d'ailleurs, et elle a eu
raison.
Elle nous avait dit, dans un bel editorial, un seul mot: Non. On
pourrait refaire la même chose pour l'ouverture le dimanche, mais
ça n'aurait pas le même impact. On voit que c'est
écouté aussi. Elle a dit: Non au référendum, puis
le peuple a suivi. Les grands penseurs étaient avec nous, etc.
D'ailleurs, le ministre en a parlé, du référendum, hier.
Ça me tentait de le relever, mais je ne veux pas partir une question sur
le référendum ici. Mais c'est pour dire qu'il y a des lignes de
pensée qui se donnent par Le Devoir. Il y en a beaucoup d'autres:
la décléricalisation de nos écoles. Il y a toutes sortes
de choses. Au Devoir, même si on avait des gens qui passaient pour
plus catholiques que le pape, à un moment donné, comme
éditorialistes en chef, les gens ont tendance à les
écouter. Ils ont toujours été les précurseurs du
devenir. (17 h 20)
Eh bien, là, devant... Pour en venir à ceci: on voit que
l'ouverture, c'est une chose qui va ébranler le tissu social de
l'ensemble de la population. Et je vois mes deux consoeurs qui opinent du
bonnet ici et qui sont d'accord avec moi, et le ministre l'a certainement lu,
l'édito-rial. Les éditorialistes, actuellement il y a Lise
Bissonnette et il y a Gilles Lesage. Ce sont les deux grands
éditorialistes actuels du Devoir. Comme je l'ai dit, plusieurs
éditoriaux ont été suivis. Les idées qu'ils ont
propagées, les gens les ont suivies, et ça représente
l'idée de la population.
Voici ce que Gilles Lesage dit: «La rentrée parlementaire
n'a pas été glorieuse pour le gouvernement, cette semaine. Bien
au contraire. Elle a fait ressortir que l'équipe ministérielle,
fatiguée et affaiblie, n'a aucun plan que ce soit pour la relance
économique... M. Bourassa a quand même le devoir de tout mettre en
oeuvre pour mobiliser les Québécois. «Cette reprise
chaotique, mal inspirée au plus haut niveau, se double d'une grave
improvisation législative et d'un mépris à l'égard
du Parlement. L'exemple le plus probant en est le cafouillage de jeudi à
propos du projet de loi 59 modifiant la Loi sur les heures et les jours
d'admission dans les établissements commerciaux.» Il traite cette
loi-là de cafouillage, d'improvisation, et que cette loi est
apportée sans consultation valable; c'est pour ça qu'on demande,
nous autres, qu'il y ait des consultations. «En faisant adopter la loi
75», dit l'éditorialiste Gilles Lesage - Bissonnette et Lesage
sont les grands éditorialistes du Devoir et les mieux reconnus.
«En faisant adopter la loi 75, il y a à peine deux ans, le
ministre Tremblay estimait que le compromis laborieusement mis au point serait
valable pour un bon moment.» Pour un bon moment! Il me semble que c'est
chatouillant, ça, de se faire dire par un type qui étudie la
situation sociale et qui est un guide intellectuel pour beaucoup de gens, et
reconnu comme tel... Je le sais, même le ministre va le recon-
naître comme tel. On le dit: II est reconnu comme tel. C'est un type de
l'Abitibi. Il vient de Macamic, lui aussi. Et, de l'Abitibi, il y a des gens
fameux dans ce Parlement-là. Des gens fameux dans ce
Parlement-là! Et Lise Bissonnette aussi vient de Rouyn même. Il
n'y a pas juste le Lac-Saint-Jean qui produit de beaux fleurons. On parle
souvent que la famille Tremblay a produit des gros fleurons, ils viennent tous
du Lac-Saint-Jean, dans ce coin-là. En Abitibi, il y a beaucoup de gens
bien placés, bien pensants et corrects.
Une voix: II connaît bien d'où ils viennent. M.
Blais: Les quoi? Ah oui! O.K. Bon.
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Masson, vous avez la parole.
Allez-y.
M. Blais: On dit que, M. le ministre - mais c'est un fait - quand
vous avez fait le grand compromis... Et vous avez eu des problèmes
à faire une espèce de compromis, parce qu'il n'y a pas beaucoup
de choses qui avaient été dites par les 94 qui étaient
venus nous rencontrer... il n'y a pas grand-chose dans la loi. Vous n'avez pas
fait beaucoup de concessions, mais vous avez dit: Je ne me rends pas trop loin
parce que je veux que cette loi dure longtemps. D'après ce que l'on peut
voir, immédiatement après vous avez commencé à
faire des consultations, disons, particulières pour en arriver
aujourd'hui à la loi 59. Eh bien! «Détail peut-être,
dit M. Lesage, mais si important aux yeux du ministre que son projet de loi 59
en fait l'objet d'une disposition rétroactive. Incompréhensible
improvisation», dit M. Lesage. «Pourquoi élargir les heures
de commerce? Y a-t-il une nécessité impérieuse, outre
celle de faire plaisir - puis, écoutez bien, c'est un type qui analyse,
là; écoutez bien, là - au puissant lobby du Club Price et
autres grandes chaînes?» Et Jean Coutu, surtout Jean Coutu. Y
a-t-il matière à urgence quelque part? Il n'y en a pas, et les
consommateurs n'ont pas demandé de le faire. C'est un objet chéri
du ministère de l'Industrie et du Commerce que de jouer dans les heures
d'ouverture et de nous dire à différentes reprises - et le
député d'Orford est de ceux-là aussi - que le gouvernement
ôte ses pattes dans le fonctionnement des commerces. Ça fait deux
fois et on revient à la charge. Si on est contre mettre ses grands pieds
où les commerces ont leurs mains, pourquoi on se met le nez dans leurs
affaires deux fois en dedans de deux ans?
Et M. Lesage continue: «La création d'emplois en question -
il parle de création d'emplois - est-ce des emplois à temps
partiel et précaire, ou des emplois permanents et bien
rémunères?» Ha, ha, ha! C'est des emplois précaires,
dit-il. "Pour un emploi prétendument
créé, combien d'autres disparaîtront avec
l'étouf-fement des dépanneurs et autres petits commerçants
à qui l'on a dit, pendant des années, de créer leur -
propre - emploi, et qui s'y cramponnent contre vents et marées?»
Malgré la récession, ils se cramponnent à leur emploi
contre vents et marées. «Les ventes accrues, qui les fera?»
Les ventes accrues des grandes surfaces pendant que les petits
dépanneurs peut-être vont baisser leurs ventes. «À
vrai dire, les arguments invoqués par M. Tremblay ne sont guère
convaincants, dit M. Lesage, à tout le moins sur le strict plan
économique. Si c'est là la relance que le gouvernement
préconise, le Québec n'est pas sorti de la crise qui
s'éternise. «Si l'ouverture généralisée est
si mirobolante, pourquoi ne pas l'avoir proposée en 1990?» Cette
loi-là, actuellement, c'est le même ministre, la même
pensée, la même équipe, la même chose. Pourquoi on ne
l'a pas fait comme il faut tout de suite en 1990? Et qui nous garantit que ce
sera bien fait cette fois-ci? Jamais deux sans trois. D'ailleurs, les Indiens,
quand ils attaquaient, ils étaient toujours 202, parce que ce n'est
jamais 203. «Pourquoi ne pas ouvrir 24 heures par jour?» Tant
qu'à y être. Pourquoi ne pas y aller 24 heures par jour, tant
qu'à y aller, tant que le libéralisme gagne les esprits? Allons-y
24 heures par jour, 7 jours par semaine.
Et, en conclusion, un quart de seconde, M. le Président:
«II y a là un débat important à faire. Le
gouvernement voulait l'escamoter, fort de son arrogance et de sa
majorité. Grâce à la vigilance de l'opposition
péquiste, il devra s'y résoudre. Et c'est tant mieux.
«Attristant, quand même, que la désinvolture
ministérielle tienne lieu de feuille de route parlementaire». Je
vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le député
de Masson. Je vais maintenant reconnaître M. le député
d'Orford.
M. Benoit: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Vous avez 10 minutes, M. le
député.
M. Robert Benoit
M. Benoit: Très bien. Le député de Masson,
lors de son avant-dernière présentation, nous disait que le
débat, c'était, finalement, les plus gros versus les plus petits.
Et ça me frappe à chaque fois parce que c'est le même
discours qu'on a entendu en 1990: le débat des plus gros versus les plus
petits. Je pense que, quand M. le député de Masson nous dit
ça, la réalité des choses, ce n'est pas ça. Les
philosophies fondamentales de nos deux partis, ce n'est pas les plus gros
versus les plus petits. Ça, il n'y a rien de plus faux que ça. La
réalité fondamentale, c'est que le Parti libéral,
historiquement, a été un parti qui a essayé de baliser
l'action, mais n'a pas essayé d'avoir une ingérence constante et
continuelle dans l'activité de ces entrepreneurs-là. Et que nous
puissions baliser avec intelligence, ce que le ministre a fait en 1990 et ce
qu'il se propose de refaire...
Des voix:...
M. Benoit: M. le Président, j'ai été
très respectueux du député de Masson tout au long de sa
présentation.
Le Président (M. Audet): Vous avez raison, M. le
député. Poursuivez, c'est vous qui avez la parole.
M. Benoit: Alors, c'est peut-être là beaucoup plus
la différence fondamentale quand on parle des gros versus les petits.
Chez nous, en tout cas, il n'y a pas de différence à cet
égard-là. Ce sont des philosophies fondamentales qui s'affrontent
où, nous, on croit que le gouvernement doit baliser l'action des gens,
mais ne doit pas avoir cette ingérence constante et perpétuelle.
Et ça, ce n'est pas d'aujourd'hui, c'est une philosophie fondamentale.
Je vois des députés qui ont été avec nous pendant
des années. Ils ont participé à cette
réflexion-là.
M. le Président, le député indépendant nous
disait tantôt que Couche-Tard, avec l'arrivée des heures
d'ouverture extensionnées, a eu des difficultés, etc., etc. Moi,
je suis, par déformation, un courtier en valeurs mobilières. J'ai
passé ma vie dans ce métier-là avant d'être en
politique. Ici, j'ai les hauts et les bas des actions de Couche-Tard depuis
1990 à 1992. Alors, en 1990, le plus bas a été 0,85 $ pour
les actions de Couche-Tard; à ce moment-là, on n'avait pas
déréglementé, comme vous pouvez le comprendre. Et, en
1992, alors qu'on déréglemente, les actions sont allées
à 2 $. Alors, c'est une très importante... C'est à 1,22 $
en date de 16 heures cet après-midi. Alors, vous réalisez que
c'est une très haute...
Une voix:...
M. Benoit: Non, ce n'est pas ça que je vous dis là.
Je ne veux pas vous parler à partir de maintenant, je veux vous parler
en rétrospective. Vous avez essayé de nous dire pendant votre
présentation que Couche-Tard avait eu des difficultés
épouvantables. Bien, la réalité des choses, le meilleur
thermomètre, c'est le prix des actions; des centaines d'actionnaires
disent: Ce n'est pas si tant pire que ça et ça va relativement
bien. Alors, le plus bas, 0,85 $, au moment où la loi n'est pas
amendée, et 2 $ au moment où on l'amende. Alors,
là-dessus, je veux dire, votre thèse ne tient tout à fait
pas. (17 h 30)
Je voudrais revenir aussi sur la question de
la qualité de vie. Ça, c'est un point avec lequel vous
revenez. C'est un point dont je n'étais pas sûr, moi, au
début du débat en 1990, et plus le débat a avancé,
plus je me suis convaincu, particulièrement quand cette dame est venue
nous dire: La qualité de vie, c'est la liberté. C'est de laisser
les gens décider quand ils veulent faire les choses, avec qui, comment
et où. Ce n'est pas au gouvernement de décider que les gens vont
faire des affaires, qu'ils vont aller à la messe à 7 heures le
samedi et qu'ils vont magasiner ou pas. Laissons aux gens la liberté. Le
Parti libéral, ça vient du mot «liberté».
Quand vous me parlez de différences, bien, ça, c'en est une
différence où nous, on favorise...
M. Jolivet: Dumont a appris ça, ça a l'air.
Le Président (M. Audet): S'il vous plaît, messieurs,
messieurs!
Une voix: Dumont a appris ça.
Le Président (M. Audet): Mme la députée! M.
le député de Laviolette, s'il vous plaît! M. le
député de Saint-Maurice!
M. Jolivet: Ça n'a pas l'air que...
Une voix: Vous prenez bien ça, M. le
député.
Le Président (M. Audet): MM. les députés,
mesdames, s'il vous plaît, s'il vous plaît! Vous aurez tout le
temps voulu pour parler, vous avez chacun 10 minutes; alors, je vous
demanderais de respecter le droit de parole des parlementaires.
Une voix: À l'ordre, à l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Benoit: Je voudrais revenir sur...
Le Président (M. Audet): Un instant, un instant, s'il vous
plaît! S'il vous plaît! Vous avez chacun 10 minutes, si vous voulez
soulever... M. le député de Saint-Maurice, Mme la
députée de Marie-Victorin, s'il vous plaît!
M. Benoit: Je voudrais continuer, M. le Président, sur la
qualité de vie.
Le Président (M. Audet): Allez-y, vous avez la parole.
Une voix: II a juste à démissionner.
Le Président (M. Audet): S'il vous plaît! S'il vous
plaît!
Bon, bien, je suspends la commission une minute. C'est le temps de
parler, là!
(Suspension de la séance à 17 h 32)
(Reprisée 17 h 34)
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! Avant qu'on reprenne... Messieurs, à l'ordre, s'il vous
plaît! Avant de redonner la parole au député d'Orford, je
voudrais simplement vous lire un entrefilet qui est paru dans Le Journal de
Québec récemment. «Tous les députés de
l'Assemblée nationale ont écouté religieusement, hier
matin, la lecture de la pétition signée par 74
élèves de 4e et 5e secondaire de l'école Louise-Trichet,
de Montréal, demandant aux parlementaires, qu'ils ont vus à
l'oeuvre le 14 mai, c'est-à-dire parler entre eux, se promener, ne pas
écouter celui qui avait la parole, de leur donner l'exemple en tant que
dirigeants et d'avoir une tenue semblable à celle qu'on demande aux
élèves en classe. Et vlan!» Sur ce, M. le
député d'Orford, je vous...
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. Audet): Question de règlement. Il
y a une question de règlement. M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Tout ceci pour vous dire, M. le Président,
qu'il faut quand même s'amuser de temps en temps.
Le Président (M. Audet): C'est pour ça que j'ai
suspendu.
M. Lemire: M. le Président, est-ce que je pourrais poser
une question sur ce que vous venez de lire?
Une voix: La pétition?
Le Président (M. Audet): Allez-y, M. le
député.
M. Lemire: Est-ce que ces élèves-là ont
été amenés à l'Assemblée nationale par le
député Bourdon?
Une voix: Non.
M. Lemire: Ce n'est pas lui qui les a fait visiter?
Le Président (M. Audet): Non. M. Lemire:
Informez-vous donc!
Le Président (M. Audet): Je ne le sais pas C'est des
élèves qui étaient en visite ici. C'est une
pétition qui a été déposée par eux.
M. Blais: Question de règlement, M. le
Président
Le Président (M. Audet): M. le député de
Masson.
M. Blais: Lorsqu'une guêpe nous arrive en Chambre, on ne
sait pas de quelle ruche elle vient.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): D'accord. O.K.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! On ne recommencera pas. M. le député, s'il vous
plaît! S'il vous plaît!
MM. les députés, j'avais reconnu le député
d'Orford. Alors, M. le député d'Orford, à vous la parole.
Il vous reste six minutes.
M. Benoit: M. le Président, merci. On parlait de
qualité de vie. Je vous avouerai que, quand je suis arrivé en
commission parlementaire en 1990, plus la commission avançait, plus j'en
arrivais à la conclusion que la liberté du choix des gens d'aller
dans une direction ou dans l'autre, c'était probablement ça la
qualité de vie. On disait aux gens: Écoutez, décidez de
vos agendas.
Je lisais, tantôt, un document qu'on a reçu. Si on veut
parler de qualité, les gens âgés, par exemple - et on sait
qu'on a un vieillissement accéléré au Québec -
doivent se faire accompagner souvent. En tout cas, c'est le cas de ma
mère qui a 86 ans. Ma mère, je m'excuse, mais je ne peux pas
l'accompagner sur semaine, je suis pris ici. Bien, le dimanche, c'est une
magnifique occasion pour aller faire les emplettes avec mes parents, et mon
épouse s'en occupe. Je trouve ça extraordinaire. Ça fait
partie de la qualité de vie.
Ma secrétaire, tantôt, pendant que j'étais dans la
boîte téléphonique, je l'ai vue prendre la porte. Il
était 17 h 10. Il faut qu'elle passe à la garderie ramasser son
«kid»; elle doit ramasser ensuite son mari qui travaille dans un
autre ministère. Ces gens-là vont rentrer ce soir à 18 h
30, 19 heures à la résidence. Le souper n'est pas fait. Il leur
reste quoi pour faire l'épicerie, finalement? Il leur reste ce soir,
tard, ou demain, tard. Et, si ça va bien, il n'y a plus d'autre
activité, le samedi, que d'aller faire les tâches de la maison.
Or, la qualité de vie, pour ma secrétaire, pour vos
secrétaires, pour son mari aussi, parce qu'il est dans le même
bateau, il travaille ici au gouvernement, est-ce que ce n'est pas,
effectivement, pour eux, la possibilité, s'ils ont une réception
de famille le dimanche, de faire le magasinage le samedi, mais, s'ils ont une
réunion de famille le samedi, de faire le magasinage le dimanche ou
d'aller en ski s'il fait beau le dimanche?
C'est l'expression que j'ai prise. Je sais que M. Claveau a
déchiré sa chemise parce que j'ai parlé de ski, comme si
personne ne faisait du ski au Québec. Il faut aller dans les centres de
ski pour voir combien il y a de monde là, on n'est pas capables de se
stationner. M. Clavoau, à l'écouter parler, il y avait trois,
quatre personnes, au Québec, qui faisaient du ski. C'est une industrie
de 100 000 000 $ par année, l'industrie du ski. Il y en a quelques-uns
qui doivent aller en ski les fins de semaine!
Je vais vous parler de qualité de vie. Dans ma propre paroisse,
à la messe de minuit cette année, le curé, il a compris
quelque chose, c'est qu'on a un vieillissement de la population. Cette
année, la messe de minuit, bien, elle va être à 23 heures
parce qu'il a compris qu'il y a une évolution de la
société, que les gens sont plus âgés et ne veulent
pas passer des nuits debout. La messe de minuit, bien, elle va être
à 23 heures cette année. Il y a une évolution des choses.
Et, quand je vois l'Opposition butée et qu'elle ne veut pas bouger,
parlez-en de qualité de vie! Tous les jeunes qui sont venus à la
commission parlementaire, incluant votre propre formation politique à ce
que je me souvienne, étaient pour l'ouverture des commerces le
dimanche.
Les jeunes, est-ce qu'il y a une génération qui nous parle
plus de qualité de vie qu'eux? Et, eux, ils nous suggéraient...
J'ai les «clippings» ici, par exemple, de la ville de Granby, une
enquête qui a été faite avec des photos de gens. Ça
ne peut pas être truqué, on voit la photo des gens. Bien, les
jeunes sont pour l'ouverture le dimanche.
Je continue. Une bonne journée, je m'en venais sur l'autoroute
des Cantons-de-l'Est, après un conseil général de notre
parti, et puis, en arrivant après Granby, où le centre d'achats
est ouvert, je vois un amoncellement d'autos tout de suite après la
côte à Granby, vers Bromont; un amoncellement, c'était
bloqué. J'ai dit à ma femme: Mets les freins, il y a un accident
sur l'autoroute, c'est bien sûr. Et puis, on a approché
tranquillement pour s'apercevoir que ce n'était pas un accident,
c'était du monde qui s'en allait magasiner au marché aux puces.
C'était bloqué sur cinq milles de long sur l'autoroute! Puis,
ça, c'est des gens... Moi, je n'étais pas sûr que les
marchés aux puces... Je n'avais pas vraiment été dans les
marchés aux puces. J'avais entendu dire qu'en Floride c'était
l'euphorie totale, mais, là, je l'ai vu de mes yeux vu: bloqué
sur cinq milles de long sur l'autoroute des Cantons-de-l'Est! Ces
gens-là vont me dire que le monde ne veut pas aller magasiner le
dimanche? Bien, je n'ai pas rêvé ça. Je ne l'ai pas lu dans
le journal, je l'ai vu. C'était bloqué. Le monde s'en allait
magasiner, puis c'était une activité en famille. Dans les autos,
ce n'est pas vrai que c'était juste du monde tout seul, c'étaient
des familles et c'est du monde qui avait... Et, aux États-Unis, c'est
juste un peu pire.
Je vais vous nommer maintenant des gens
qui n'ont pas fait des bandits, qui n'ont pas fait des drogués et
qui n'ont pas fait des gens divorcés, puis qui n'ont pas fait des
familles explosées, des gens qui, de tout temps, ont travaillé le
dimanche. Je vais vous en nommer une bonne série à part de
ça, tenez-vous bien! Est-ce qu'il y a des couples plus unis que les
agriculteurs? Ils ont toujours, historiquement, depuis le début des
temps, travaillé sept jours par semaine. Les gens de l'Église ont
toujours travaillé les sept jours de la semaine. Les pompiers ont
toujours travaillé sept jours. Les ambulanciers... Non, non. On va en
nommer. Les médecins dans les régions. Mon oncle était
médecin dans une région et il a travaillé toute sa vie
sept jours-semaine. Les gardes-malades. Les canneries. Moi, je viens d'une
région où, l'été, on opère avec des
centaines de gens dans les canneries; on ne peut pas arrêter ces
canne-ries-là et on opère sept jours-semaine. Les alumineries. Il
y a une grande partie du Québec où les gens travaillent sept
jours-semaine. Les garages. Le dépanneur. Les boulangeries. J'en parlais
tantôt au député indépendant. On a été
élevés dans la même ville, où il y avait une petite
boulangerie. C'était très agréable, le dimanche, d'aller
chercher les fèves au lard et le pain après la messe. Et M. Coutu
et monsieur... J'oublie le nom. (17 h 40)
Une voix: M. Pinsonneault.
M. Benoit: ...M. Pinsonneault, ça n'a pas fait des
drogués, des voleurs, des gens qui sont en prison, c'est des gens tout
à fait équilibrés. Le fleuriste McKenna de Sherbrooke. Les
dénei-geurs, oui. Les politiciens, dont nous sommes tous, ont toujours
travaillé sept jours-semaine. Le père du président, ici,
était un barbier et, quand ses clients, qui étaient des
agriculteurs, descendaient à la messe le dimanche, il ouvrait pour
rendre service à sa clientèle. Messieurs dames, ce n'est pas
d'aujourd'hui que les gens ont travaillé sept jours par semaine. Ce
n'est pas une révolution de la nouvelle génération.
M. le Président, j'arrête ici. J'ai bien d'autres petites
pages, je reviendrai sur le nombre de dépanneurs qui ont ouvert dans mon
comté. Je reviendrai aussi sur comment ont été
approchées les dynamiques vis-à-vis des gens qui ont
travaillé le dimanche et je vous rappellerai ce que Jean Coutu nous a
expliqué à l'époque pendant la commission parlementaire,
quelle est l'approche qu'il a prise avec ses gens. Avez-vous déjà
entendu un seul employé de Jean Coutu qui a refusé d'aller
travailler? Il n'a jamais obligé personne à y aller. On reviendra
là-dessus, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci, M le député.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M. Jolivet: M. le Président, en vertu du règlement,
est-ce que le député d'Orford me permettrait une courte
question?
Le Président (m. audet): à l'ordre, s'il vous
plaît! j'ai de la misère à entendre les collègues
qui parlent. m. le député de laviolette, qu'est-ce que vous avez
demandé?
M. Jolivet: J'ai demandé: Est-ce que le
député d'Orford, en vertu du règlement, me permettrait une
courte question? Le député d'Orford nous a dit qu'il y avait un
vieillissement accéléré au Québec. J'aimerais lui
poser la question: Est-ce qu'on veillit deux ans pendant un an? Je ne comprends
pas; quand on dit «un vieillissement
accéléré», ça veut dire quoi?
M. Benoit: pour votre information, le peuple
québécois est le deuxième peuple avec le vieillissement le
plus accéléré, après l'allemagne, au monde,
monsieur.
M. Jolivet: Est-ce qu'on vieillit plus vite que les autres dans
le sens que...
M. Benoit: Oui, oui, absolument.
Une voix: Oui, surtout à l'Assemblée nationale!
M. Jolivet: Je ne vieillis pas une journée à la
fois?
Le Président (M. Audet): O.K. Ça va, ça
va.
M. Benoit: La question est posée.
Le Président (M. Audet): S'il vous plaît! S'il vous
plaît! Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur la motion? Mme la
députée de Verchères, vous avez 10 minutes.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: Merci, M. le Président. Notre collègue,
le député de Drummond, a déposé une motion
demandant que soient entendus les dépanneurs d'Alimentation Couche-Tard.
M. le ministre se souviendra sûrement qu'il y a deux ans, lors d'une
séance similaire, j'avais déposé une motion en ce sens
pour que soient entendus les dépanneurs Couche-Tard, dont le
président était dans la salle, et nous avions, à
l'époque, reçu une «motion» de non-recevoir aussi.
Alors, je ne reprendrai pas tous les arguments qui ont été
très bien établis tantôt dans un très bon
exposé de notre collègue, le député de Drummond
M. le Président me permettra sûrement de parler de la
qualité de vie puisque le député d'Orford s'est permis
d'aller sur ce sujet, même si la motion allait dans le sens
d'Alimentation
Couche-Tard. Ce qu'il ne faut pas entendre! Je dirai simplement que,
oui, effectivement, les curés confessaient le dimanche.
J'ai en main, ici, un document du Conseil de la famille dont j'ignorais
l'existence. C'est avec grand intérêt que je l'ai lu. Je pense
que, pour cette commission, ce serait intéressant que j'en fasse la
lecture. Ça sera sûrement plus enrichissant que d'écouter
les expériences de vie de chacun des parlementaires. Le chapitre est
intitulé: «Rappel du dossier. L'actuelle loi sur les heures
d'affaires des établissements commerciaux - c'est un document qu'ils ont
déposé en 1990 - stipule que les commerces doivent
demeurés fermés le dimanche. Toutefois, de nombreuses exceptions
sont prévues à cette règle générale.
Certaines ne sont à peu près pas contestées. C'est le cas,
par exemple, des exceptions établies en faveur des librairies, des
tabagies ou des restaurants. D'autres, par contre, suscitent beaucoup de
critiques de concurrence déloyale, particulièrement celles qui
touchent les commerces du secteur alimentaire. Par ailleurs, on se plaint de
l'insuffisance des sanctions imposées à ceux qui contreviennent
à la loi.» Donc, je pense que ça trace un bon portrait de
la situation. «Devant toutes ces doléances, un comité de
députés - j'ignorais, moi, ce fait - a été mis sur
pied pour étudier toute la question des heures d'affaires et la
pertinence de libéraliser l'ouverture des magasins le dimanche. En
septembre 1988, le comité Richard, du nom du même
député, président de ce comité, a remis son rapport
après avoir entendu 47 personnes ou organismes. Il recommande
principalement que les commerces continuent d'être fermés le
dimanche, que les exceptions dans le secteur alimentaire ne visent que les
commerces dont la surface totale n'excède pas 3000 pieds carrés
et que le total des heures d'ouverture des commerces en semaine passe de 60
à 71. «D'autres groupes dans la société ont aussi
fait valoir leurs points de vue. C'est le cas, par exemple, des
propriétaires de grands commerces, des propriétaires de petits
commerces, des travailleurs du commerce et des associations de consommateurs.
Essentiellement, les propriétaires de grands commerces favorisent
l'ouverture des commerces le dimanche.» Donc, ce n'est pas uniquement
l'opinion de mon collègue, le député de Masson. «Ils
en donnent comme avantages l'augmentation du service aux consommateurs, la
création d'emplois et la baisse des prix.» On retrouve là
les arguments du ministre. «Par contre, les propriétaires de
petits commerces sont opposés à l'ouverture des commerces le
dimanche. Ils craignent la perte de leur part du marché en
alléguant qu'ils supporteraient difficilement la concurrence. De plus,
ils soulignent que l'ouverture des commerces le dimanche diminuera leurs
conditions de travail et se fera au détriment de leur vie familiale. Les
travailleurs du oommerco rnpronnont ces deux derniers arguments ayant trait aux
conditions de travail et à la vie familiale. «Quant aux
associations de consommateurs, elles sont divisées. Certaines
réclament l'ouverture des commerces le dimanche pour augmenter le
service aux consommateurs; d'autres plaident la fermeture le dimanche,
alléguant la détérioration des conditions de travail des
travailleurs du commerce, le déclin de la vie familiale et
l'accroissement de la pression à la consommation». Toutes des
choses que nous avons dénoncées, M. le Président.
«D'autres groupes, enfin, s'interrogent ouvertement quant à
l'impact de l'élargissement de l'ouverture des commerces le dimanche et
à son influence sur la vie familiale qui est déjà trop
rythmée par los activités do consommation.»
M. le Président, j'aurais pu m'exempter de lire ce document qui
se veut, d'après moi, très objectif et qui donne les deux
côtés de la médaille, les deux versions. Ce n'est vraiment
pas de la démagogie, ce n'est pas de tirer sur le même bord. Et
que disent-ils? Ils sont unanimes à dire: Qualité de vie
familiale. On peut bien ridiculiser cette position de la qualité de vie
de nos familles, mais je pense que c'est un important point de vue qu'on se
doit de respecter. (17 h 50)
Tantôt, je disais: Oui, lorsqu'on revient à l'humain, il
n'y a pas que la raison, il y a aussi tout le reste. Il n'y a pas seulement
l'argent, non plus. C'est comme un humain qui n'utiliserait que sa raison sans
écouter de temps à autre ses sentiments. Il faut voir le
côté global des choses. Un humain est composé de sentiments
et de raison. Une société est composée d'un volet
économique et d'un volet social. Et on sait très bien que la
famille vit présentement de sérieuses difficultés,
surtout, comme je l'ai dit lors de ma dernière intervention, que ce
n'est pas prouvé, M. le Président, que ça va
améliorer l'économie. Peut-être dans certains secteurs,
mais ce n'est pas démontré que c'est une solution aux
problèmes économiques et au problème du fait d'aller
magasiner aux États-Unis.
On rejette du revers de la main tous les arguments démontrant que
cette position du gouvernement vient entacher et faire une brèche de
plus dans nos vies familiales, dans la qualité de vie de nos
travailleurs et de nos travailleuses d'abord. Le député d'Orford
disait tantôt... Oui, M. le Président, vous me signalez qu'il ne
me reste que deux minutes, alors, je vais écourter. Le
député d'Orford disait tantôt: Oui, mais, au niveau de la
qualité de vie, les travailleurs et les travailleuses n'ont que le soir
pour aller faire leurs courses. Donc, ça va leur faciliter la chose. Il
oublie, cependant, de dire que ces travailleurs et ces travailleuses,
lorsqu'ils travaillent dans des commerces, et je parle en connaissance de
cause, la réaction de nos commerçants, c'est quoi? Ils disent:
Oui, mais là je vais fermer le mardi Lorsque le propriétaire d'un
petit corn-
merce est obligé d'ouvrir sept jours par semaine et tous les
soirs, quelle journée lui reste-t-il? Et surtout si son épouse
travaille, ils ne se verront jamais. Ça, c'est évident.
Ça, c'est réglé. Il n'y aura pas de problème pour
tes divorces et les chicanes de famille, ils ne se verront plus. Dans ce
sens-là, ça peut peut-être aider, M. le Président.
Tant qu'à tomber dans le ridicule et à sortir n'importe quoi.
Donc, la réaction des commerçants, ils disent: Oui, mais on
fermera le lundi ou on fermera le mardi. Donc, ça arrange quoi? Et, si
les consommateurs y vont le dimanche, c'est parce que là ça leur
permet de s'éloigner et d'aller peut-être aux États-Unis.
Le même phénomène va arriver: au lieu d'encourager des
commerçants locaux, comme l'a si bien exposé tantôt le
député de Labelle, ça leur permet de dire: Oui, mais
là on va aller dans les grands centres et on va aller au Club Price, au
détriment...
Le Président (M. Audet): Si vous voulez conclure, s'il
vous plaît.
Mme Dupuis: ...de nos petits commerçants qui, souvent,
sont peut-être notre voisin, des gens que l'on côtoie presque tous
les jours, m. le président, et je vous remercie.
Le Président (M. Audet): Merci, Mme la
députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur la
motion?
Mme Vermette: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Marie-vïctorin.
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: oui, m. le président. je voulais
vérifier si, en vertu de la règle de l'alternance, il n'y aurait
pas quelqu'un de l'autre côté qui serait intéressé
à prendre la parole.
Le Président (M. Audet): On ne m'a pas signalé
l'intention d'intervenir. Je vous ai reconnue, Mme la députée.
Alors, si vous voulez intervenir, vous avez 10 minutes sur la motion.
Mme Vermette: Je vous remercie bien, M. le Président.
Alors, M. le Président, écoutez, c'est vrai qu'il y a une motion
qui est à l'effet d'écouter les dépanneurs et plus
particulièrement Provi-Soir qui est une chaîne...
Une voix: Couche-Tard.
Mme Vermette: Les Couche-Tard. Oh! Je me suis trompée
entre le soir et tard, tard, tard la nuit. Mais entre les Couche-Tard... Les
Couche-Tard?
Une voix: C'est ça, Alimentation Couche-Tard.
Mme Vermette: Alimentation Couche-Tard, voila, qu'on puisse les
entendre. Je crois effectivement que c'est des gens qui sont très
concernés par cette loi 59 que nous avons devant nous parce que c'est
eux qui feront les frais de l'ouverture le dimanche des grandes surfaces, ce
seront les premiers concernés. Et, effectivement, j'ai
écouté le ministre avec attention à plusieurs reprises,
lui qui vantait les mérites de ce groupe, Alimentation Couche-Tard, en
disant: Ils sont ingénieux, ce sont des gens qui ont su s'adapter aux
nouveaux besoins, aux phénomènes de mutation de notre
société en s'organisant avec de nouveaux services.
Malgré tout ça, le président lui-même lance
un cri d'alarme en disant: Oh! Attention, danger, nous avons très peur
que cette nouvelle opportunité qui s'offre aux grandes surfaces mette en
péril nos entreprises. Et, à juste titre, parce qu'on sait
très bien que ces grandes surfaces, si elles ont des prix plus
alléchants parce qu'il y a un plus grand pouvoir d'achat
évidemment, favorisent la concentration des achats au détriment,
bien sûr, de ces petits dépanneurs. Quand même on voudrait
le dire, avec toute l'imagination qu'on reconnaît à ces
groupes-là, c'est difficile pour eux d'avoir des prix qui sont
concurrentiels avec les grandes chaînes, parce que. effectivement, ils ne
peuvent pas acheter cinq grands «containers», les maintenir dans la
cour et, si ça ne fait pas, on renvoie la marchandise parce qu'on n'a
pas atteint le quota qu'on s'était donné. Ils sont pris avec
leurs marchandises, ils sont obligés de les garder sur l'étalage
et d'assumer, en fin de compte, tous ces frais et, des fois, pour quelques-uns,
ça représente énormément d'argent.
Là-dessus, il y a une étude des HEC qui démontrait
qu'à l'intérieur des clientèles, en fait, des
supermarchés les consommateurs préféraient magasiner les
lundis, les mardis et les mercredis soir, et qu'il y en avait tout simplement
8,7 % qui voulaient magasiner le dimanche. Donc, quelque part, on
s'aperçoit qu'il n'y a pas un mouvement si important que ça de
gens qui veulent réellement magasiner le dimanche. Bien sûr qu'il
y aura toujours des cas d'exception. Bien sûr qu'effectivement il y aura
toujours des gens pour qui aller faire leur épicerie le dimanche est
beaucoup plus favorable que d'autres jours de la semaine, à cause, bien
sûr, d'une nouvelle organisation du travail. On n'est pas contre ces
arguments, mais ce qu'on est en train de dire, c'est: Quelle sorte de
société voulons-nous créer pour notre futur? Est-ce que
nous voulons de plus en plus favoriser, prendre en considération la
capacité de dépenser et laisser pour compte tous les autres
aspects, enfin?
Moi, j'aurais aimé, dans l'intervention du député
d'Orford, lorsqu'il parlait des femmes qu
travaillaient plus particulièrement et qui avaient le rôle
très traditionnel qu'on garde aux femmes, c'est-à-dire d'aller
porter les enfants à la garderie ou de finir plus tard et, dès
qu'elles voient un homme entrer dans leur bureau, elles sont obligées de
se sauver parce qu'il y a d'autres responsabilités qui les attendent...
Je considère qu'effectivement les femmes ne veulent pas être
considérées uniquement dans des tâches traditionnelles.
J'aurais préféré entendre un nouveau discours de l'homme
moderne sur le partage des tâches; ça, ça aurait
été vraiment un discours que les femmes voudraient entendre et
aimeraient entendre de la part des hommes.
M. Benoit: C'est ce que j'ai dit. Le Président (M.
Audet): À l'ordre!
Mme Vermette: Et, plutôt qu'effectivement favoriser
l'étalement des heures d'ouverture pour permettre à la femme
d'aller faire son magasinage le dimanche, d'aller faire ses épiceries le
dimanche, moi, je serais davantage pour un véritable dialogue à
l'intérieur des couples qui favoriserait justement les liens à
l'intérieur de la famille pour qu'on puisse s'entendre sur des heures,
six jours-semaine, pour qu'on puisse arriver à faire nos
épiceries, à faire le magasinage et, finalement, que le
père puisse même aller au dentiste avec un de ses enfants ou voir
l'optométriste avec un de ses enfants. Ce ne sont pas des tâches
exclusivement féminines, en fait.
Je suis convaincue, moi, M. le Président, que, si, de plus en
plus, les hommes s'attardaient davantage à ces aspects-là de la
vie de famille, on n'aurait plus besoin d'ouvrir le dimanche parce qu'il y
aurait un équilibre qui se produirait dans les déplacements, dans
les mouvements et on aurait une société peut-être où
le partage des tâches serait le reflet de ces nouveaux temps modernes,
où on pourrait parler d'un véritable partage entre les hommes et
les femmes au niveau, en fin de compte, de l'ensemble des tâches.
J'écoutais le député d'Orford avec attention et je
voyais à quel point, pour lui, en fin de compte, les nouveaux
changements qui se feraient dans notre société étaient
importants. Je voulais l'aider dans sa réflexion parce que, en fait,
c'est très important. Et je m'adresse à des hommes, au nouvel
homme. En fait, on parle de Nouvel Âge, de nouvel homme.
Des voix: Oh!
Mme Vermette: Et c'est dans cette perspective que je m'adresse
à eux, parce que je considère que ce sont des gens avec un esprit
d'ouverture, qui peuvent écouter ce discours et, finalement,
probablement l'actualiser. Alors, c'est dans ce sens-là, oui, que je
fais mon intervention, M. le Président. Je vois qu'il ne me reste
pratiquement plus de temps.
Le Président (M. Audet): Non. Nous devons ajourner nos
travaux, mais il vous restera quatre minutes lorsque nous reprendrons ce soir,
à 20 heures.
Mme Vermette: Bon! Alors, je vous remercie beaucoup, M. le
Président.
Le Président (M. Audet): La commission suspend ses travaux
jusqu'à 20 heures et, sur ce, je vous souhaite un bon appétit.
Profitez-en pour vous reposer!
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 10)
Le Président (M. Audet): Je déclare la commission
de l'économie et du travail ouverte. Je vous rappelle le mandat de la
commission qui est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 59, Loi modifiant la Loi sur les
heures et les jours d'admission dans les établissements commerciaux.
Mme la députée de Marie-Victorin, il vous restait quatre
minutes dans votre intervention. C'est ce qu'on m'indique ici, selon le
chronomètre officiel du Secrétariat de l'Assemblée
nationale du Québec.
Une voix: Ce n'est pas beaucoup.
Mme Vermette: Bien non, ce n'est pas beaucoup. Je croyais qu'il
m'en restait six.
Le Président (M. Audet): Quatre minutes.
Mme Vermette: Ah! Mon doux! Écoutez, je vais être
obligée de résumer effectivement ma pensée parce que, en
quatre minutes, je ne peux pas dire tout ce que j'avais à dire en six.
C'est bien sûr.
Une voix: Consentement pour deux minutes de plus.
Des voix: Ah!
M. Blais: Vous êtes généreux. Vous vous
méfiez?
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'il y a consentement
pour deux minutes de plus?
M. Blais: Oui, oui. On insiste, d'ailleurs.
Une voix: Vous faites une ouverture, M. le ministre.
Le Président (M. Audet): D'accord. Vous aurez six minutes,
Mme la députée. Allez-y, c'est à vous.
Mme Vermette: Alors, ce que je comprends bien, c'est que,
effectivement, les gens sont très intéressés à
savoir un petit peu cette ouverture d'esprit en ce qui concerne le partage des
tâches entre les hommes et les femmes, ce qui peut apporter des
changements majeurs dans notre société et,
particulièrement - ce n'est pas tout à fait loufoque, vous savez
- ça touche réellement, en fait, les heures d'ouverture. Parce
que ce que j'essayais de démontrer, c'est que, effectivement, si les
hommes et les femmes répartissent davantage les tâches
quotidiennes, on aura assez de six jours pour faire ce qu'on a à faire
et, la septième journée, on pourra réellement bien
profiter, en fait, des heures qui nous sont disponibles pour nos loisirs, pour
la culture, pour la vie de famille, récréative de tout ordre,
agréable, en fait.
Parce que, vous savez que faire des commissions ou faire ses courses ou
faire son magasinage, effectivement, c'est la chose la plus... En tout cas,
quelquefois, c'est comme un pensum, en fait, quand il faut faire nos
épiceries. Je suis convaincue que pour le député d'Or-ford
- il dit qu'il le fait assez régulièrement -c'est quelque chose
de lourd, c'est comme une corvée. Il faut savoir chaque fois ce qu'on va
acheter, ce que les enfants ou le mari ou la femme veulent manger, etc., il
faut planifier les repas. C'est compliqué, en fin de compte, et
ça demande un peu de préparation aussi, évidemment, parce
que, quand on veut voir à ce que notre famille soit bien entretenue, en
fin de compte, il faut planifier un peu, en fait, pour la semaine. On ne
s'improvise pas, surtout pas au niveau de nos familles. C'est rare que les
familles québécoises s'improvisent Alors, effectivement,
ça demande une forme de planification. Sûrement que les
gouvernements s'improvisent, mais pas les familles québécoises,
ça non, au grand jamais, non.
Comme je sais que, finalement, les gouvernements sont faits d'individus,
il semblerait que, dans la vie privée, ces gens, ces hommes que nous
avons, qui forment le gouvernement, semblent davantage préparés
pour faire ces genres d'activités, en fait, à l'intérieur
de la famille. Du moins, je suis obligée de croire ce que le
député d'Orford nous a dit. Mais, en tout cas, il semble que
c'est sa philosophie. Et cette philosophie, ce serait agréable de
pouvoir l'étendre à plus... J'espère qu'elle aura un effet
d'entraînement chez ses collègues parce que je pense que c'est
tout à fait important.
C'est sérieux, vous savez, le partage des tâches. Ça
fait longtemps qu'on en parle et c'est quelque chose qui prend du temps. Les
changements de mentalité et de comportement, ça prend
énormément de temps. Et peut-être qu'à ce
moment-là, lorsque les tâches seront réellement
partagées, les femmes pourront occuper des postes intéressants,
dans le même ordre de grandeur que les hommes, des postes
d'autorité, des postes de commande. Et, effectivement, peut-être
que, quand on arrivera à parler des heures d'ouverture, on sera beaucoup
plus majoritaires que nous ne le sommes à l'heure actuelle, on aura
peut-être une façon différente de voir les choses. J'ose
espérer, en tout cas, qu'on soit un jour 50-50 au niveau de la
représentation, autant de femmes que d'hommes, au niveau de nos
gouvernements. D'ailleurs, au niveau de la population, on s'en rend bien
compte, généralement, lorsqu'on fait des sondages, la population
fait davantage confiance au jugement des femmes qu'au jugement des hommes. Et
ça, c'est de plus en plus fondé. On s'aperçoit, en fin de
compte... C'est très révélateur, des sondages, vous savez.
Il faut bien les lire. Il faut prendre le temps de bien les analyser.
Effectivement, c'est vrai. Et, moi, je trouve que c'est intéressant,
l'étude des sondages, extraordinaire. On en apprend beaucoup au niveau
de la culture, de l'évolution d'une société. Et,
effectivement, on s'aperçoit qu'on fait beaucoup confiance au jugement
des femmes. Et c'est pour ça que je peux prendre le temps; mes six
minutes sont vraiment très appréciées parce que,
effectivement, ça me permet de faire ressortir, en fin de compte, ces
qualités qu'on attend, en fait, de la part des femmes sur le plan
politique.
Donc, M. le Président, je parlais du partage des tâches.
J'ai fait état du partage des tâches. J'irais plus loin aussi. Il
y a un auteur qui a été très populaire, qui a
été réellement très lu, c'est Toffler qui parlait
du «choc du futur».
Une voix: Comment?
Mme Vermette: Toffler, «Le Choc du futur». Et,
après, est arrivée «La Troisième Vague», bien
sûr. Toffler trouvait que les changements de mentalité prennent
énormément de temps avant de se produire dans nos
sociétés. C'est lent, c'est très, très lent,
effectivement. En fait, ce qu'il disait, c'est que les gens devront
dorénavant rester à la maison de plus en plus pour faire leur
travail à cause de l'informatique, de révolution technologique.
Et, alors, les hommes autant que les femmes demeureront à la maison pour
faire le travail. Donc, ils pourront organiser leur temps de travail à
leur convenance, évidemment, ce qui leur laisserait du temps, dans le
fond, pour s'occuper à d'autres tâches plus quotidiennes, à
la besogne, si vous voulez, de tous les jours. Et, dans ce sens, M. le
Président, je considère que, pour discuter des heures d'affaires
le dimanche, il est probablement encore trop tôt. Pourquoi tout vouloir
changer alors que les comportements... On ne sait pas comment sera
l'organisation au moment où hommes et femmes travailleront probablement
à
l'intérieur de leur maison, dans un climat plus familial, en
fait, où ils pourront partager à loisir les tâches, se
permettre, justement, de pouvoir assumer ces tâches quotidiennes, telles
que faire, si vous voulez, les courses, aller acheter la pinte de lait quand il
manque de lait ou le pain quand il manque un pain. En fait, je suis convaincue,
moi, qu'il y aura sûrement, à un moment donné, un
changement de l'organisation de la société, du travail et de la
famille.
Le Président (M. Audet): En conclusion.
Mme Vermette: Mais, à ce moment-ci, je ne vois pas
pourquoi nous travaillons sur un projet de loi qui ne répond pas,
d'aucune façon, à l'heure actuelle, au moment où on se
parle, à ces changements profonds de notre société.
Le Président (M. Audet): D'accord. Merci, madame.
Une voix: C'était bon ça, fille!
Le Président (M. Audet): Je vais maintenant
reconnaître M. le député de Laviolette. M. le
député, vous avez 10 minutes.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Tout à l'heure,
ma collègue parlait du «Choc du futur». Je faisais une farce
en disant que, moi, mon choc, je l'ai eu quand le député de
Saint-Maurice a été élu.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Mais, ce n'est pas, pour autant, M. le
Président, que je me suis couché tard. Même, des fois, je
pense que je me suis couché tôt. Et, blague à part,
maintenant, compte tenu du contexte dans lequel nous sommes placés, je
me remémorais, quand j'entendais parler des changements d'habitudes de
vie, qu'en 1949, quand je suis arrivé à Grand-Mère avec
mes parents, venant de Richelieu, on restait juste à côté
de l'école. Le matin, avant d'aller à l'école, ma
mère me demandait toujours d'aller chercher la viande chez le boucher
qui se trouvait à l'autre coin de rue et, de temps en temps, comme on
était nombreux à la maison, 10 enfants, 12 avec le père et
la mère, le lait manquait. Alors, elle m'envoyait au restaurant qu'on
appelle le Palace, sur la 6e avenue, pas tellement loin de la maison, à
deux coins de rue, pour chercher la pinte de lait. Ma soeur travaillait
là et elle nous permettait d'aller chercher la pinte de lait qui
manquait. C'étaient des façons de nous dépanner, dans le
temps. Ça nous obligeait toujours à faire ça rapidement et
je vous dirai que c'est de là qu'est venue l'expression, dans mon coin:
Quand tu demeures à côté de l'école, tu es toujours
en retard à l'école. À toutes les fois que ma mère
me demandait ça le matin, j'arrivais toujours en retard à
l'école et là le directeur me recevait et disait: Tu es encore en
retard, Jolivet. Pourquoi? Parce qu'on avait des moyens de nous dépanner
dans un contexte des années 1949, 1950.
Mais ça a évolué, à tel point qu'un jour
sont apparus de petits dépanneurs. Et là nous sommes
déménagés sur la 5e avenue, à Grand-Mère,
pour ceux qui connaissent ça ou qui voudraient connaître
ça, à ce qu'on appelait, nous autres, la liqueur Royal, chez les
Héroux, au deuxième étage, dans le bloc de M.
Héroux, et nous avions la grande partie du deuxième étage,
ce dont je vous faisais l'explication, tout à l'heure, dans les
centres-villes. Et ma mère, sur l'heure du midi, nous disait: II y en a
un parmi les 10 qui va chercher les biscuits en bas, chez Désaulniers.
C'était un petit magasin général, qu'on appelait à
l'époque, dans les fruits et légumes, le manger, etc.,
l'alimentation. (20 h 20)
J'essaie de m'en souvenir, son père, le surnom qu'il avait,
c'était Citron Désaulniers. C'était drôle à
dire parce que tous les enfants... Il y en avait un dans la famille qui
s'appelait comme ça et l'autre, le suivant, Laurin, il s'appelait Citron
Désaulniers. Le député de Saint-Maurice le connaît.
Nous allions nous dépanner le midi, chercher des biscuits frais dans les
parties où on avait ça à la livre. Vous vous en souvenez?
C'est revenu, d'ailleurs, dans les centres...
Une voix: En vrac?
M. Jolivet: Non, mais, ici, chez Provigo, à
Grand-Mère, ou chez Métro, il y a des lieux qui s'appellent:
vente en vrac et là on prend ses choses. Ma collègue, la
députée de Taillon, m'indiquait qu'il y a des choses semblables
en France. Je lui dirai que, quand je suis allé, après le
référendum, à Palm Beach, chez Haufman qui fait du
chocolat, on a des choses semblables, tu choisis tes bonbons, en vrac, comme
ça.
C'était une façon de se dépanner. Ce
dépanneur n'avait pas des ouvertures continuelles. Il y avait des heures
où on pouvait y aller et ça permettait à tout le monde de
partager, comme le disait ma collègue, les tâches. Mais, quand est
arrivé un changement au niveau de la société, les
dépanneurs sont donc apparus pour permettre aux gens - le mot
«dépanneur» le dit très bien - d'aller chercher ce
qui manquait, mais, on le sait très bien, à un prix plus fort,
plus gros que dans un centre d'achats, un gros marché, parce que c'est
plus dispendieux, pour une entreprise comme un dépanneur, de maintenir
de petites quantités avec des ouvertures de plus longue envergure.
Je crois que c'est le député de Masson, hier, qui faisait
un historique, dans un document
qui appartenait au ministère de l'Industrie et du Commerce, qui
avait été préparé dans les années
quatre-vingt, de la façon dont, dans le passé... Il est
retourné jusque dans le temps avant Jésus-Christ.
Je vous dirai que ce serait intéressant d'avoir, de la part des
dépanneurs Couche-Tard, leurs impressions de l'évolution du
commerce et de voir s'il est vraiment essentiel et important d'ouvrir tous les
magasins pour maintenant faire la concurrence à des gens qui se sont
installés dans chacune de nos municipalités pour vraiment faire
le dépannage. Dans la ville de Grand-Mère, on connaît les
dépanneurs qui sont ouverts, avec les centres de vente de gaz, 24 heures
sur 24. On sait qu'on peut aller chercher des choses, peu importe l'heure,
sauf, on le sait très bien, la question de la bière ou des vins
qui sont permis pour la vente dans des petits dépanneurs comme
ceux-là. Ils nous expliqueraient qu'il y aurait fort probablement des
dangers. Peut-être qu'ils me convertiraient et me diraient: Vous avez
tort, M. Jolivet. Mais il me semble qu'il serait intéressant de
connaître leurs opinions, à ces gens-là, et c'est pour
ça que la proposition de notre collègue, le député
de Drummond, de faire venir pas nécessairement tout le monde, mais au
moins un groupe parmi ceux-là est intéressante.
On le disait tout à l'heure, on aurait pu faire venir La
Maisonnée, on aurait pu faire venir Provi-Soir, d'autres
dépanneurs qui ont les mêmes objectifs. Peut-être que
j'aurais pu demander un de mes jeunes neveux qui, avant qu'arrive la
décision de 1990, avait acheté, dans le bout d'Arthabaska, deux
petits dépanneurs dont lui et son épouse ont la
responsabilité. Il vous dirait, j'en suis sûr, parce qu'il nous
l'a dit lors de réunions de famille, ce que ça comporte comme
travail pour quelqu'un qui veut s'en sortir dans un contexte aussi difficule
qu'actuellement Vous savez qu'on ne peut plus faire comme on le faisait dans le
temps. Quand j'allais chez Citron Désaulniers, comme on l'appelait tout
à l'heure, il pouvait me faire un crédit et me mettre ça
sur une facture, et ma mère, une fois de temps en temps, descendait
payer. Je ne pense pas qu'on puisse faire ça dans les dépanneurs
aujourd'hui, parce que les gens disent: As-tu la carte du gars pour payer ou
as-tu une carte de crédit? Ou tu me donnes ça en argent sonnant;
sinon, il n'est pas question que je te fasse une facture. Dans ce
contexte-là, il y a une évolution qui s'est faite, et
connaître leur opinion serait intéressant.
Mais, il me semble que le ministre ne veuille pas accepter notre
position et va encore apporter un non catégorique, appuyé par ses
collègues qui ne font que suivre son mot d'ordre, c'est-à-dire de
voter contre et d'empêcher des personnes de venir nous informer sur les
difficultés que comporterait, pour eux qui ont investi beaucoup dans les
petits dépanneurs, l'ouverture. Parce qu'on le sait très bien,
ça peut être quasiment 24 heures sur 24 en vertu de la loi au
niveau des marchés. Moi, je crois, M. le Président, que nous
avons intérêt à les faire venir et à les
écouter, à pouvoir dialoguer avec eux, à pouvoir
échanger avec eux et, si ce n'est pas moi qui change d'idée,
peut-être que le ministre pourrait changer d'idée. Et ça,
on ne le saura peut-être jamais puisque le ministre s'entête
à vouloir dire non, à moins qu'à l'heure du souper il ait
eu des messages lui indiquant qu'il pourrait changer d'avis. M. le
député, s'il vous plaît!
Une voix: Madame.
M. Jolivet: Non, non, c'est monsieur. Il a tiré son
livre.
Une voix: C'est le choc.
M. Jolivet: C'est «Le Choc du futur».
Une voix: Continuez donc, là.
Le Président (M. Audet): Une minute, M. le
député. Il vous reste une minute pour conclure.
M. Jolivet: D'une façon ou d'une autre, c'est pour vous
dire, M. le Président, que je ne sens pas que le ministre a eu, pendant
l'heure du souper, l'heure du lunch, cette inspiration qui aurait pu nous
permettre - je sais bien que ce n'est pas ce soir - demain... On peut les
convoquer pour demain après-midi, ou peut-être attendre à
lundi, ou attendre à l'intersession. Pourquoi on déterminerait
qu'il faut adopter absolument ce projet de loi avant les fêtes? On
pourrait peut-être attendre après la période critique de
janvier, février, mars et, à l'ouverture de mars, adopter
peut-être le projet de loi s'il y a des changements, mais après
des consultations particulières qui auraient pu avoir lieu, justement,
dans ces moments critiques de janvier, février, mars.
Alors, M. le Président, dans l'espoir d'avoir réussi
à convaincre le ministre, comme dirait la fin d'une lettre, je demeure
votre tout dévoué, Jean-Pierre Jolivet, député de
Laviolette. Mais je ne suis pas sûr d'avoir convaincu le ministre,
malheureusement.
Le Président (M. Audet):
merci, m le
député. est-ce qu'il y a d'autres interventions sur la motion
avant que nous procédions au vote?
Une voix: Non.
Le Président (M. Audet): Ça va? Alors, est-ce que
la motion est adoptée?
Des voix: Adopté.
M. Jolivet: Non, non, non.
Des voix: Adopté, adopté.
Le Président (M. Audet): Est-ce que la motion est
adoptée?
Une voix: Bien non, ils vont voter. Ils disent ça à
tout coup.
Le Président (M. Audet): II n'y a personne qui m'a
demandé le vote, là. Alors, je le demande.
Une voix: À tout coup, ils font la même chose.
Une voix: On est contre.
Le Président (M. Audet): Contre?
M. Jolivet: On demande le vote nominal.
Une voix: On est contre.
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. Audet): Alors, s'il n'y a pas de vote, la
motion est rejetée.
M. Jolivet: Bien oui, j'ai demandé le vote, moi.
Le Président (M. Audet): Vous avez demandé le vote?
Je ne vous ai pas compris.
M. Jolivet: Bien oui, j'ai crié.
Le Président (M. Audet): Ah! Excusez-moi.
M. Jolivet: J'ai demandé le vote, moi.
Le Président (M. Audet): M. le secrétaire, si vous
vous voulez...
M. Jolivet: M. le Président, on va comprendre...
Le Président (M. Audet): Qu'on appelle les
députés, nous allons procéder au vote.
Le Secrétaire: M. St-Roch (Drummond)?
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît, messieurs, nous sommes en... Messieurs dames, à l'ordre,
s'il vous plaît, nous allons procéder au vote. S'il vous
plaît! M. le député des îles...
M. St-Roch: Est-ce qu'on pourrait lire la motion, s'il vous
plaît...
Le Président (M. Audet): Oui, certainement.
M. St-Roch: ...étant donné qu'elle a
été déposée cet après-midi?
Le Président (M. Audet): Oui, certainement. Alors, la
motion du député de Saint-Roch se lit comme suit: «Que la
commission...
M. Jolivet: Non, non, du député de Drum mond.
M. St-Roch: Pas encore, M. le Président! Ça
viendra.
Le Président (M. Audet): Du député de
Drummond. «Que la commission de l'économie et du travail, en
conformité avec l'article 244, entende le président
d'Alimentation Couche-Tard.»
Que ceux et celles qui sont pour, M. le secrétaire, veuillent
bien se...
Mise aux voix
Le Secrétaire: M. St-Roch (Drummond)? M. St-Roch:
Pour. Le Secrétaire: M. Blais (Masson)? M. Blais:
Pour.
Le Secrétaire: M. Léonard (Labelle)? M.
Léonard: Pour.
Le Secrétaire: Mme Vermette (Marie-Vic-torin)?
Mme Vermette: Pour.
Le Secrétaire: Mme Dupuis (Verchères)?
Mme Dupuis: Pour.
Le Secrétaire: Mme Marois (Taillon)?
Mme Marois: Pour, M. le Président.
Le Secrétaire: M. Jolivet (Laviolette)?
M. Jolivet: Pour. Mais on a juste quatre votes.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Outremont)? M. Tremblay
(Outremont): Contre. Le Secrétaire: M. Benoit (Orford)? M.
Benoit: Contre, M. le Président.
Le Secrétaire: Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata)?
Mme Dionne: Contre.
Le Secrétaire: M. Lemire (Saint-Maurice)?
M. Lemire: Contre, M. le Président.
Le Secrétaire: M. Parent (Sauvé)?
M. Parent: Contre.
Le Secrétaire: M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine)?
M. Farrah: Contre, M. le Président.
Le Secrétaire: Et M. Audet (Beauce-Nord)?
Le Président (M. Audet): Contre.
Le Secrétaire: Sept, cinq.
Le Président (M. Audet): Alors, la motion est
rejetée par sept voix contre cinq.
Avant qu'une autre motion soit déposée, vous me
permettrez, en votre nom, de souhaiter la plus cordiale bienvenue à un
nouveau membre qui est avec nous ce soir, M. le député de
Sauvé.
Des voix: Oh!
(20 h 30)
Le Président (M. Audet): Ça nous fait plaisir de
vous accueillir à cette commission.
Est-ce que nous pouvons commencer l'étude du projet de loi ou
s'il y a d'autres motions? Ah! D'autres motions. M. le député de
Labelle. Oui. M. le député de Masson, une question de
règlement. À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Blais: Avant de commencer cette motion qui s'avère
très intéressante - parce que j'ai vu secrètement qui il
voulait faire venir - vu que nous avons un nouveau membre, j'aimerais ça
qu'il nous dise qu'il est heureux d'être avec nous ou quelque chose.
Le Président (M. Audet): Ce n'est pas une question de
règlement, M le député. Alors, M. le député
de Labelle, votre motion.
Motion proposant d'entendre le Regroupement des SIOAC
du Québec
M. Léonard: M. le Président, j'ai une motion
à proposer pour la discussion, ici, en commission, qui se lit comme
suit: «II est proposé qu'en vertu de l'article 244 de nos
règles de procédure la commission permanente de l'économie
et du travail tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 59, Loi modifiant la Loi sur les
heures et les jours d'admission dans les établissements commerciaux, des
consultations particulières quant à tous les articles dudit
projet de loi et qu'à cette fin elle entende le Regroupement des SIDAC
du Québec».
Ça, c'est une discussion à laquelle le ministre pourrait
participer, il me semble. C'est vrai.
M. Tremblay (Outremont): Si vous n'avez pas assez d'inspiration,
là, peut-être que je vous aiderai un peu.
Une voix: Mais, là, on est à la veille d'aller
voter. On pourrait peut-être...
Le Président (M. Audet): Alors, la motion est
recevable.
M. Tremblay (Outremont): Question de règlement: Dans
combien de temps?
Le Président (M. Audet): M. le député de
Labelle, vous avez 30 minutes.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: M. le Président, j'ai trouvé un
petit billet, ce soir, que je vous lis - je suis sûr que vous allez
être d'accord, puis que vous allez manifester votre approbation - chez
les Chinois. Ça se lit comme suit, si vous permettez...
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Léonard: Je suis sûr que vous allez être
d'accord. «Vous êtes cordial, hospitalier, joyeux et
apprécié.»
Une voix: Qui mangeait avec toi? Des voix: Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Outremont): S'il n'y a personne qui nous le dit, il
faut se le. dire soi-même!
Une voix: Elle est bonne!
M. Léonard: M. lo Président, je pense quo la motion
que nous avons devant nous est une motion particulièrement
intéressante et j'espère que les membres du parti
ministériel vont y participer, vont donner leur opinion parce quelle
représente, en quoique sorte, un dos points les plus importants de la
discussion qui nous anime. Qu'on soit pour ou qu'on soit contre, à mon
sens, on devrait exprimer son point de vue parce qu'il s'agit là de tous
les petits commerçants et d'une position que nous avons
déjà un peu débattue, mais que nous avons l'occasion
d'approfondir.
D'abord, qu'est-ce qu'une SIDAC? Est-ce que le ministre pourrait me dire
ce que représente ce sigle? Je ne sais pas s'il pourrait me
répondre, parce que ça pourrait être
intéressant.
Qu'est-ce qu'une SIDAC?
M. Tremblay (Outremont): C'est incroyable!
M. Léonard: Quoi? Est-ce que vous le savez? Est-ce que je
peux demander au ministre s'il le sait? Il est sauvé par la cloche!
M. Tremblay (Outremont): Société d'initiatives et
de développement d'artères commerciales.
M. Léonard: Société d'investissement ou
d'initiatives? D'investissement et de développement des
artères...
Le Président (M. Audet): Est-ce que c'est un vote?
Une voix: Oui, oui.
Le Président (M. Audet): Alors, la commission va suspendre
ses travaux pour le vote en Chambre.
(Suspension de la séance à 20 h 35)
(Reprise à 21 h 2)
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît. On va reprendre nos travaux. Nous en étions à une
motion présentée par M. le député de Labelle
à l'effet d'entendre le Regroupement des SIDAC du Québec. M. le
député, je crois qu'il vous restait 22 minutes.
M. Léonard: Ah oui?
Le Président (M. Audet): Oui.
M. Léonard: Je n'avais pas huit minutes de
passées.
Une voix: Ça passe vite.
M. Léonard: Alors, les SIDAC représentent, au
Québec, environ 5000 commerçants. C'est ce qu'ils ont dit, et
j'ai tout lieu de le croire. C'est une législation qui avait
été adoptée... Je dois dire que c'est moi qui avais
introduit le projet de loi à l'Assemblée alors que j'étais
ministre des Affaires municipales. Et vous voyez, finalement, ça a
été adopté, d'ailleurs, sous... Je pense que
c'était un projet de loi privé qui était venu devant la
commission, présenté par un organisme qui s'intéressait
à la qualité des centres-villes. Et, à l'époque,
son directeur général ou son président était
Jean-Pierre Blackburn, qui est actuellement député à la
Chambre des communes à Ottawa. Alors, c'est de là que ça
vient et, depuis moins de 10 ans, parce que je crois que c'est vers la fin de
1983 que cette législation a été adoptée, nous nous
retrouvons avec 5000 commerçants qui y ont participé. Les
objectifs, c'est, évidemment, d'améliorer l'urbanisme et, aussi,
ça poursuit l'amélioration des intérêts des
commerces. Nous avions, à l'époque, été d'accord
sur cette législation, parce que nous étions très
préoccupés par la détérioration du tissu urbain
dans les centres-villes, pas juste à Montréal, mais
particulièrement à Montréal. M. Blackburn, à
l'époque, venait de Chicoutimi, et il est toujours député
de Chicoutimi, d'ailleurs, au fédéral. Mais c'était une
revendication ou une demande qui était adressée par beaucoup de
gens.
Vous savez, le problème des centres-villes nord-américains
est un problème qui s'est manifesté surtout à partir des
années 1955-1960. Pour différentes raisons, les centres-villes
américains se sont largement détériorés. Par suite
de l'envahissement des centres-villes par l'automobile, on a assisté
à une dégradation qui, par la suite, aussi, s'est
accentuée à partir du moment où des grands centres
d'achats se sont installés à la périphérie des
villes, de sorte que les commerces à l'intérieur des villes ont
périclité graduellement. Le phénomène nous a
atteints avec, comme il arrive très souvent, quelque 20 ans de retard,
ici au Québec, à Montréal en particulier. Au moment
où nous nous parlons, je pense que nous assistons à une situation
déplorable au centre-ville de Montréal; tout le monde sait que le
centre-ville s'est vidé, en quelque sorte, qu'il y a des vides un peu
partout. Nous avions calculé, d'ailleurs, à l'époque, que
le territoire de la ville de Montréal était terrain vacant pour
environ 20 % de la superficie; si c'était, encore, de la superficie en
friche, des champs, ça ne serait pas nécessairement mauvais, mais
il s'agit plutôt d'immeubles qui sont démolis et avec lesquels on
a fait des parkings, des stationnements, en attente de construction,
évidemment.
Sauf que cela pose des problèmes importants, et j'ai le
goût de rappeler des éléments d'histoire là-dedans,
parce que, franchement, c'est assez instructif. Vous savez, M. le
Président, pour vous raconter ce qui s'est passé il y a 2000 ans
ou presque, 1900 ans et un peu plus, 1920 ans environ, qu'il y a eu l'incendie
de Rome. Néron, qu'on a accusé d'incendier Rome,
évidemment, a voulu reconstruire - non, mais vous allez voir - la ville
de Rome et n'y est pas parvenu après y avoir mis l'incendie, et pour
toutes sortes de raisons, d'ailleurs. Mais il y a un empereur qui lui a
succédé et qui a réussi à le faire. Il s'agit de
Vespasien, qui était empereur dans les années soixante-dix. La
ville de Rome ayant été dévastée par des incendies,
la solution, il l'a trouvée. C'est décrit dans trois lignes dans
Suétone, dans «Vies des douze Césars», deux lignes ou
trois lignes.
Une voix: Quatre lignes.
M. Léonard: Non, non. Oui, bien, vous irez les lire.
Alors, Rome ayant été dévastée par les incendies,
Vespasien permit à quiconque d'y construire sur les terrains vacants si
le propriétaire y renonçait. Juste ça.
Une voix:...
M. Léonard: Non, même pas. Le ministre prend
ça à la légère. Il reste que c'est tout un
programme de reconstruction urbaine lorsqu'on songe à ce que ce serait
si on prenait cette décision au moment où nous nous parlons.
Parce que cela veut dire que la propriété, au bout d'une
période de temps donnée... Je pense que c'est s'il y
renonçait dans les deux ans; je ne suis pas sûr que c'était
précisé, je ne me rappelle plus, quand je l'ai lu, à
l'époque II reste quand même que, de tout temps, par rapport
surtout à des villes importantes, notamment par rapport aux capitales,
par rapport aux métropoles, il est important de préserver les
coûts d'administration des centres urbains, de faire que ces coûts
ne soient pas trop élevés parce que la civilisation naît
beaucoup dans les villes, naît à partir de villes. Et, si on ne
fait pas attention à ce phénomène, il y a une
dégradation qui aboutit tôt ou tard à des
conséquences désastreuses. Nous connaissons ce
phénomène en Amérique du Nord. Les États-Unis ont
commencé à le connaître dans les années 1950-1960,
à partir du moment où l'automobile a envahi les villes parce que,
là, il s'agit d'un tout autre mode de vie. Nous l'avons connu, nous,
beaucoup, à Montréal, au cours des années 1970-1980. Et
remarquez bien que c'est presque toujours les mêmes causes:
l'augmentation des taxes foncières amène les commerces à
s'en aller.
Alors, qu'est-ce qui se passe lorsqu'on n'y prête pas attention,
lorsqu'on ne se préoccupe pas de consolider le tissu urbain?
Effectivement, il se passe ce à quoi on assiste. Le
phénomène de la voiture autopropulsée, pourrait-on dire,
fait qu'on a créé d'immenses centres d'achats à la
périphérie des villes, en dehors des villes, de sorte que la
prospérité des commerces à l'intérieur des
centres-villes en a souffert et ça commence pratiquement toujours par
les commerces. La dégradation de l'habitation vient après parce
que, quand on ne trouve plus à gagner sa vie avec des commerces
logés dans des centres-villes, on prend moins soin de son habitation, on
sort et puis, finalement, ce sont les habitants eux-mêmes qui fuient le
centre-ville, et il arrive ce qui arrive maintenant. (21 h 10)
En d'autres termes, l'objectif poursuivi par les SIDAC était de
préserver la qualité commerciale des centres-villes, de trouver
certaines artères, particulièrement sensibles et centrales, dans
les villes et de les relever graduellement, de mettre les marchands ensemble et
de taire une association, une société qui investissait, qui
voyait au développement et qui surveillait - et c'est encore le cas -
les magasins ou les locaux commerciaux qui se vidaient pour les remplacer par
d'autres commerçants qui les occuperaient.
Alors, au fond, je vais relancer le ministre sur un thème qu'il
aime bien, dont il aime bien parler, celui de la qualité totale. Les
SIDAC ont comme objectif d'améliorer la qualité de vie,
commerciale ou autre, mais ça va ensemble, tout va ensemble, c'est un
tout, la qualité totale dans les centres-villes. Et, à partir de
là, vous préservez les noyaux urbains, particulièrement
sensibles, particulièrement importants dans la vie de la
communauté, dans la vie de la société. Si, maintenant, par
une réglementation, on favorise un groupe plutôt que l'autre - et
là, on va retrouver aussi une raison fondamentale de notre opposition
à l'actuel projet de loi - des centres d'achats à gros
débit... Je prends Club Price parce que c'est peut-être l'exemple
qui frappe le plus à l'heure actuelle, mais il ne faudrait pas oublier
dans le décor qu'il y a derrière, parce qu'on les entend beaucoup
moins, Eaton, La Baie, Zellers, Brico Centre, des groupes comme ceux-là,
Sears. Ils sont derrière le lobby qui pousse le ministre à
modifier la réglementation. Alors, si, par la réglementation, on
favorise ces grandes chaînes-là qui se localisent en dehors des
centres-villes, généralement, compte tenu du débit de
ventes qu'elles veulent, vous allez affecter la qualité dans vos
centres-villes. C'est inévitable. Parfois, ces grandes
chaînes-là s'installent elles-mêmes dans les centres-villes.
Oui, oui.
Mais, ce qu'il faut voir, c'est que, lorsque vous changez la
réglementation, que vous leur permettez d'abaisser leurs coûts par
le fait qu'elles peuvent opérer sept jours par semaine plutôt que
six alors que la règle, pour tous, c'est six, et qu'elle correspond
à un mode de vie, qu'elle correspond à une organisation du
travail qui favorise, justement, tous ces commerces de centres-villes,
là, vous venez graduellement de miner, par une simple
réglementation gouver nementale, ce qui se passe au centre-ville. Les
conséquences ne se manifesteront pas d'un seul coup, mais vont se
manifester au cours des années qui vont suivre sur une période de
moyen terme et, surtout, de long terme. Et puis, on n'aura pas besoin, comme
Néron, d'un incendie pour dévaster Rome. On l'aura fait
simplement par une réglementation, exactement comme ça. C'est ce
qui fait qu'aujourd'hui 20 % du territoire de la ville de Montréal est
un territoire démoli.
Alors, dans le débat que nous avons, nous ne pensons pas
seulement aux petites villes dans les régions, mais, quant à moi,
je pense aussi aux grandes villes et particulièrement à
Montréal. Quand on parle de l'étalement urbain, vous en avez une
des causes majeures ici. Et, vous savez, on reproche au gouvernement de
s'être impliqué de différentes façons, puis d'avoir
trop
dépensé. Effectivement, lorsqu'on regarde les 50
dernières années ou les 40 dernières années,
qu'est-ce qu'on a fait? On a fait des autoroutes qui permettent à tout
le monde de sortir, puis on ne s'est jamais préoccupé
d'améliorer la qualité de vie dans le centre-ville, de sorte que
les gens seraient intéressés à y rester.
Il faut voir qu'en Europe le phénomène de
l'étalement urbain n'est pas du tout à la même dimension
qu'ici, pas du tout. Et, pourtant, il y a des villes modernes; la ville de
Paris, dit-on encore, est la plus belle ville du monde. Bon. On peut avoir ses
goûts ou ses idées là-dessus, c'est sûrement une
excellente ville, une très belle ville. La ville de Londres, même
chose. Et prenez-les toutes, les villes européennes, les grandes
métropoles européennes, ce sont des villes qui se sont
préoccupées de leur centre-ville. J'ai eu l'occasion,
personnellement, de travailler dans le treizième arrondissement de
Paris. Nous avions fait le relevé de tous les commerces qu'il y avait
dans cet arrondissement durant l'année 1964-1965 et c'était une
des dimensions fondamentales de l'étude que nous avons poursuivie. C'est
vrai dans une grande ville, c'est vrai dans une petite ville, c'est vrai dans
un village.
Nous avons l'habitude, au Québec, de considérer que le
territoire est immense. Nous le disons facilement. Et je maintiens une chose,
c'est que le territoire habitable, au Québec, est beaucoup plus
restreint que ce que les Québécois pensent. Le territoire du
Québec est immense, mais le territoire habitable du Québec est
très limité, plus encore qu'aux États-Unis. Vous pouvez
avoir passé dans d'immenses espaces, aux États-Unis, même
s'il y a, sur ce territoire-là, 260 000 000, 275 000 000 habitants, la
densité de l'habitation, sauf dans quelques grandes villes, est loin
d'être aussi grande que celle qu'il y a, même au Québec,
dans la région de Montréal, par exemple. On ne se
préoccupe pas de cet aspect des choses. En fait, le Québec est
habitable le long du Saint-Laurent et le long de la vallée de
l'Outaouais, de quelques rivières, mais vous sortez du lit de la
rivière et, à quelques centaines de mètres, vous tombez
dans les montagnes, tout de suite. Et on a eu ce débat lorsque nous
avons adopté la Loi sur la protection du territoire agricole qui
sauvegardait une dimension, mais il y avait toute une autre série de
dimensions où il fallait vraiment considérer que le territoire
habitable au Québec est très restreint.
Je reviens aux propos des SIDAC. Je pense que leurs
préoccupations sont parties d'un motif que nous devrions respecter. Dans
le domaine commercial, la réglementation est particulièrement
importante. Celle sur les heures d'affaires en est une. Je sais que, de l'autre
côté de la table, ici, ils ont l'air de croire qu'ils voient le
futur, qu'ils représentent le futur, alors que nous représentons
le passé. Je regrette, je pense que ce n'est pas du tout comme ça
qu'il faut voir les choses et, d'ailleurs, je pense que, dans le domaine, en
particulier, de l'urbanisme, de l'aménagement, il n'y a jamais de
dichotomie entre le passé et le futur; en réalité, il y a
une continuité qui se manifeste dans le temps et on ne peut pas faire fi
de ce qu'elle est.
Alors, moi, je pense que le ministre, en passant cette
réglementation, favorise un groupe et va dans un sens qu'on ne peut pas
souhaiter, en termes d'avenir; on ne peut pas souhaiter ça. Et je sais
qu'on peut dire: Vous charriez, que, lorsqu'on dit que ça va affecter
les petits commerces, on va trop loin, on est pessimistes. Non, je pense qu'il
faut la voir comme elle est, la situation. En réalité, j'ai eu
l'occasion, lors d'une autre motion, de bien expliquer que, pour des
régions éloignées même à une journée
de distance d'automobile, le fait de passer cette législation va drainer
une partie importante du commerce, pas vers le centre-ville de Montréal
où, là, on pourrait dire: Bien, ça va contribuer à
remonter le centre-ville de Montréal, non; dans des points de vente
à gros débit, point, à la ligne, qui ne contribueront
absolument pas à améliorer le tissu urbain et les relations
économiques à l'intérieur des régions
habitées du Québec. Absolument pas. Tout ce que ça va
faire, c'est accentuer les déplacements et vider les petites
régions, les villes de région, vider les villages même,
disons, du dynamisme de leur centre-ville, au bénéfice dont on ne
sait pas trop quoi. (21 h 20)
Puis, encore une fois, sur une autre dimension, je dirai que les SIDAC,
en particulier, mais d'autres organismes supportent le dynamisme
économique et social dans nos régions. C'est important. Je pense
que les députés de la majorité ministérielle en
sont conscients, ils en ont, des représentations. Ce sont eux qui
supportent les initiatives locales régionales. Ce ne sont pas les
grandes chaînes, ce ne sont pas les Brico, les Club Price, les magasins
La Baie. Ces gens-là, généralement, on les voit peu dans
les chambres de commerce, on les voit peu dans les clubs Richelieu, on les voit
peu dans les clubs Optimistes. Et, pourtant, il y a là, à
l'intérieur de chacune des villes - parce que,
généralement, ça part dans les petites villes, ces
organismes-là - tout un tissu humain qui s'intéresse à
l'économique. C'est comme ça qu'on a réussi à
construire de grandes institutions dans le Québec. Je sais bien que le
ministre s'intéresse à des grandes institutions
économiques dans le Québec. J'ai eu l'occasion de lui parler
quelque peu, avant de souper, de Steinberg. Ça l'a
intéressé. Il dit qu'il n'a pas signé lui-même la
recomman dation sur les 90 000 000 $, mais il a préparé le
dossier avant et il l'a ramassé après. Et ce sont des
circonstances, je ne pourrais pas dire aléatoires, mais, disons, des
circonstances de la vie politique qui ont fait que, durant deux mois,
il s'est abstrait de cette responsabilité. Il reste qu'il a
été au dossier dès le printemps 1989 et qu'il s'y est
intéressé. Il devrait s'intéresser autant aux petits
commerces qu'il s'est intéressé à une grande chaîne
de magasins comme celle de Steinberg. Et, au fond, ça lui
coûterait moins cher d'assurer leur prospérité, en
n'adoptant pas le projet de loi qui est devant nous, que les 90 000 000 $ qu'il
aura brûlés dans l'aventure Steinberg, brûlés.
L'argent de tout le monde, l'argent des petits commerçants, d'ailleurs,
que Steinberg pouvait concurrencer.
Quoi qu'il en soit, M. le Président, s'il y a une association qui
vise la qualité - mais, eux, ils ne diront jamais «la
qualité totale» - totale, pour employer l'expression du ministre,
ce sont les SIDAC. Je pense qu'il aurait intérêt à les
entendre parce qu'il prendrait conscience de ce qu'il est en train de faire. Je
ne sais pas, peut-être que les SIDAC sont d'accord avec lui,
peut-être bien, mais j'aimerais bien les interroger là-dessus.
Peut-être qu'elles le deviendraient, d'accord avec lui, parce que,
jusqu'ici, ce qu'on nous écrit dans une lettre qu'ils nous ont
envoyée, c'est que 98 % de leurs membres sont contre le projet de loi
qu'il dépose. C'est ça que nous entendons. Je pense que nous
devrions les entendre.
J'aimerais bien les entendre aussi sur une assertion du ministre qu'il a
fait corroborer par un mémo d'autojustification - son mémo dont
nous avons parlé à quelques reprises - où il affirme, de
façon hypothétique, que les ventes vont augmenter de 1 % au
Québec. J'ai eu encore à réfléchir sur cette
question et je me suis demandé si le 1 % d'augmentation - à
supposer même qu'il y ait 1 % d'augmentation no signifierait pas une
diminution quand même du volume des ventes totales en termes d'argent. On
pourrait refaire le raisonnement puisqu'on en est aux hypothèses, aux
questions hypothétiques. Il n'est pas obligé de répondre,
c'est des questions hypothétiques, mais, comme il utilise des
hypothèses, il faudrait quand même qu'il réponde.
En réalité, je conçois que des chaînes comme
Club Price puissent vendre moins cher que des commerçants. Oui, parce
qu'elles ne prennent pas en compte les responsabilités sociales que les
commerçants prennent dans leur milieu, beaucoup moins, beaucoup moins.
Je n'en ai pas vu souvent, des gérants de Club Price, venir se promener
dans - je ne sais pas, moi -les clubs Richelieu, les clubs sociaux, les
Chevaliers de Colomb; pas à ce titre-là. Quoi qu'il en soit,
quand il fait l'hypothèse que les ventes augmentent de 1 %, j'aimerais
savoir ce que les SIDAC en pensent.
Une voix: Est-ce qu'il a fait le signe?
M. Léonard: Ha, ha, ha!
Une voix: Qui est Chevalier de Colomb, ici?
M. Léonard: II reste que ce sont eux qui font partie de
ces associations-là. C'est parce qu'on a parlé des clubs
Richelieu, il y a les Chevaliers de Colomb.
Une voix: Le signe?
M. Léonard: Vous ne le saurez pas tant que vous n'en ferez
pas partie. Ha, ha, ha!
Une voix: Ils prennent leurs lunettes ou je ne sais pas trop, ils
font quelque chose avec leurs yeux.
M. Léonard: Oui, oui. Sur le 1 % du chiffre de vente, il
reste que l'hypothèse est tout à fait gratuite, mais j'aimerais
savoir ce que les SIDAC vont en penser parce que, en réalité, je
suis convaincu que ce n'est pas leur avis, que ce n'est pas ce qui va leur
arriver. Leur chiffre de ventes va baisser. Et ça se comprend aussi.
J'ai eu l'occasion de l'expliquer cet après-midi. Si vous avez un
regroupement de commerçants dans une ville comme Mont-Laurier - on en
parlait cet après-midi - ou prenez-les dans une ville partout au
Québec, alors que la population, pour des raisons économiques,
calculées d'une certaine façon - et je pense que c'est ce que
tout le monde peut calculer - va aller magasiner ailleurs, moi, je pense que
c'est un élément de concurrence qui est introduit dans le
marché qui est correct. Mais, de là à les favoriser,
à leur donner une journée de plus alors qu'on sait très
bien que le petit commerçant ne pourra pas suivre, c'est à
ça que j'en ai. C'est vraiment à ça, pas à ce que
les Club Price existent. On a vu les consequences Bon, il y on a des
conséquences. Je pense qu'il y a aussi des moyens de régulariser
la situation, de corriger, de favoriser l'amélioration du centre-ville,
le tissu urbain du centre-ville. On a vu une ville comme Boston le faire, mais
il faudrait voir quels sont les moyens qu'ils ont pris; une ville comme
Philadelphie l'a fait avec succès aussi.
Une voix: Tu ne lui as pas vu le carton!
M. Léonard: C'est un gros deux. Mais, en
réalité, lorsqu'on change les règles du jeu de
façon à favoriser un groupe, là, je n'en suis pas parce
que les règles doivent être les mêmes pour tous Or, c'est
une règle de notre société, qui existe depuis longtemps.
Et, quand on veut faire l'inverse au Québec, comme on veut le faire
maintenant, ça va être particulièrement dommageable. Je
rappelle la structure commerciale au Québec: 72 % les petits
commerçants, 28 % les grandes chaînes. Ce n'est pas du tout la
même importance pour les petits commerçants en Ontario, loin de
là, ou dans d'autres provinces et encore moins aux
États-Unis.
Je pense qu'on ne peut pas faire fi de tout cela. Si le ministre pense
qu'il va créer des
emplois par une augmentation des ventes, ce sera nécessairement
automatiquement annulé. Même dans le cas où elle se
produirait, ce que la plupart des intervenants contestent, ce sera
annulé par une perte d'emplois, des faillites de petits
commerçants un peu partout et par milliers au cours des années
qui vont venir. Et, dans des questions comme celles-là. c'est toujours
des perspectives à long terme qu'il faut considérer. Ce n'est pas
nécessairement la première année que tout cela va arriver,
quoiqu'ils vont être en grave danger au mois de janvier, au mois de
février, au mois de mars, mais c'est avec le temps. Je pense que le
ministre, en plus d'avoir une hypothèse non fondée, s'embarque
dans un système, dans une réglementation dont les
conséquences vont être terribles pour l'économie. Il ne
doit pas le faire. Il doit surtout avoir le courage et prendre le temps de les
entendre.
Je dirai aussi, puisque mon temps achève, M. le Président,
que, si le ministre avait accepté de les recevoir, on aurait entendu,
à ce stade-ci, tous les groupes. On aurait pu les questionner. Ça
n'aurait pas pris plus de temps que d'exposer, nous, ce qu'ils pensent, parce
qu'on pourrait toujours, aux yeux du ministre, n'être pas
crédibles, mais on essaie de représenter du mieux qu'on peut le
point de vue que nous pensons qu'ils voudraient exposer. Mais, s'ils
l'exposaient eux-mêmes, il pourrait, d'ailleurs, prendre beaucoup mieux
connaissance de ce qu'ils pensent. C'est ça, la
réalité.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député. Est-ce qu'il y a des... Oui. M. Masson. M. Masson!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): M. le député de
Masson veut intervenir sur la motion. Vous avez 10 minutes, M. le
député.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup. J'avais choisi, d'abord, de
répondre au député d'Orford, mais, vu l'intervention que
vient de faire le député de Labelle, je vais plutôt
continuer dans le même sens que le député de Labelle parce
que les SIDAC, ce sont des associations qui s'occupent de revitaliser les
centres-villes. Et le projet de loi qui est là va contre la philosophie
des SIDAC, selon ce que dit le député de Labelle, et je suis de
cet avis. (21 h 30)
Cette loi-là, c'est sûr qu'elle va favoriser
l'établissement, encore, en périphérie, de grandes
surfaces. C'est sûr. Et ceci, c'est l'étalement urbain qui se
reconfirme et qui continue. Et l'étalement urbain ou le
développement libre du territoire, comme l'entend le
député d'Orford, eh bien, on avait ça avant la loi 90. On
avait ça.
Ça a donné le développement sauvage et très
coûteux. Et, si l'on balise par règlement, comme on l'a fait dans
la loi 90, qui était là pour 10 ans sans changements... Mais,
dès que vous êtes revenus au pouvoir, les balises ont
retombé. Et, malgré les lois très sévères
qu'on a faites pour protéger le territoire et pour la densification des
centres urbains, il est arrivé des exceptions. On a dézoné
de façon, entre guillemets, un peu sauvage, sans aucune
nécessité, l'île Bizard et Laval. Et ce n'était pas
nécessaire du tout! Je ne veux pas entrer dans les détails de
ça, mais on l'a fait.
Et, à ce moment-là où on a fait ça, on
avait, sur le territoire québécois, 1 400 000 lots prêts
à être construits, sans dézoner un iota. Et, s'il y avait
trois personnes par lot, le Québec était prêt à
recevoir, à ce moment-là, trois personnes. Ce n'est pas beaucoup,
trois person nés. Ça fait 4 200 000 personnes
supplémentaires au Québec. Et ça n'augmente pas vite, le
Québec. Donc, ce dézonage-là qui a été fait
a été fait absolument pour rien. Comme cette loi-là pour
ouvrir les grandes surfaces le dimanche, c'est fait pour rien et c'est
néfaste. À Montréal, il y avait 1 100 000 personnes, il y
a 12 ans. Il y a 920 000 personnes, à Montréal. Qu'est-ce qui est
arrivé? C'est des lois qui permettent ce libéralisme que l'on
défend de l'autre côté et qui n'est pas toujours correct.
On se doit de baliser - et le mot «baliser» prend tout son sens -
par certaines lois certains développements dits sauvages, d'un
côté ou d'un autre. Et les gens, dans le centre-ville de
Montréal, il faut savoir qu'ils ont payé les taxes
foncières pour un système d'alimentation en eau pour 2 500 000
personnes, ils ont payé un système d'épuration des eaux
pour 2 500 000 personnes, voyant venir, il y a 15 ans, un développement
normal et une densification urbaine planifiée. Certaines lois sont
venues empêcher ça à cause d'un trop grand
libéralisme. Ce n'est pas parce qu'on doit, comme État, tout,
tout, tout réglementer, mais il y a certains développements qui
regardent l'ensemble de la population qu'on se doit de regarder.
Et là, après avoir payé et être après
payer, en alimentation en eau et en épuration des eaux, un
système pour 2 500 000 personnes, on permet, par un dézonage
éhonté et par des lois qui permettent de construire de plus en
plus de grandes surfaces à l'extérieur, qui sont accaparantes et
qui sont attractives pour les gens... Et c'est normal d'aller là.
Qu'est-ce qui arrive? Avec la même population qui ne monte à peu
près pas, on étend notre occupation territoriale, on double notre
taxe foncière avec une même population et on se demande pourquoi
on a des problèmes de taxation. Et c'est important, ça. C'en est
une, chose, ça, si on voit à l'avenir du Québec comme je
sais que vous y voyez, ce dézonage sauvage, cet étalement
urbain.
On ne peut pas empêcher quelqu'un de la rue Christophe-Colomb de
s'en aller en banlieue
pour être bien. On ne peut pas! Mais on peut améliorer les
centres-villes. Les SIDAC, c'est leur rôle d'améliorer les
centres-villes, de rendre la qualité de vie plus agréable dans
les centres-villes. Et, à ce moment-là, on ne doublera pas les
taxes foncières avec les mêmes populations qui se
déplacent. On n'aura pas, non plus, à construire des routes parce
que les gens sont sortis de toutes les grandes villes. On n'aura pas à
construire d'autres écoles et à en fermer dans les grands centres
urbains. C'est une chaîne, c'est un carambolage avec les mêmes
personnes, de dédoubler, de tripler et de quadrupler les services. On
part d'un endroit, on se construit un centre. Les gens, pour leur
qualité de vie, ceux qui ont les moyens, repartent de là, s'en
vont en banlieue. Il y a des villes qui ont été
contournées quatre fois par des routes, ici, à cause de cet
étalement urbain là. Et on ne peut pas dire... Oui, ce
coin-là augmente de personnes, mais la population du Québec,
depuis 15 ans, elle a augmenté à peu près de quoi? Si peu
que pas. Si peu que pas, M. le Président. Mais qu'est-ce qui arrive?
Une voix: Comment si peu que pas?
M. Blais: Je vous saurais gré de ne pas m'obliger à
dire ce que ça veut dire «si peu que pas». De toute
façon, je m'en fous, mais... Et voilà! Ça
m'époustoufle, quand même.
Mais voici, c'est ça qui est arrivé. C'est
l'étalement. Quatre, cinq et, même, des fois, six places. Mais la
population du Québec ne répond pas. On double, puis on triple,
avec le même monde, les taxes foncières. Je sais que, le ministre,
ça le frappe. Il a certainement pensé à ça. Mais
comment ça se fait qu'au nom du libéralisme encore plus grand...
Je vais le dire, ça me tente. Le député d'Orford nous a
énuméré - j'étais sûr qu'il faisait de
l'humour - tous ceux qui travaillent le dimanche. Les restaurants sont ouverts
le dimanche, les serveuses servent le dimanche. Les pompiers, s'il y a un feu,
ils travaillent le dimanche. C'est convaincant, pour vous, des grandes
surfaces, ça. C'est convaincant! Et il allait me dire: Et, qui plus est,
même le pape oeuvre le dimanche. C'était rendu là. Je me
suis dit: II devrait écrire un volume là-dessus, quelque chose,
parce que c'est tellement humoristique, pour dire: Par les grands soirs de
froid au Québec, en hiver, même nos maisons travail lent le
dimanche, tu sais, une fois parti. Ça serait un beau titre de livre,
ça: Le dimanche, tout travaille et, par les grands soirs de froid,
même nos maisons travaillent. Elles ont droit à
l'assurance-chômage ou pas? C'est rendu là, c'est de l'humour.
Mais, quand on le regarde foncièrement, du libéralisme par
l'installation des grands capitaux au détriment des plus petits qui
oeuvrent et qui se donnent beaucoup de peine pour une qualité de vie
dans leur arrondissement, ça ne peut faire que de
l'étalement.
J'étais content que le député de Labelle entame
cette conversation-là. Je trouve ça énorme. Et il parlait
de l'Europe. On est allés souvent en Europe, la plupart d'entre nous y
sont allés souvent. Ici, on a du territoire, mais qu'on regarde en
Europe, pour la densité de population, il n'y a pas beaucoup de monde.
Et, pour que les taxes soient moins grandes, dans les petits hameaux, partout
à travers la France - vous y êtes allés souvent - qu'est-ce
qu'on fait? Ici, nous autres, on construit des maisons partout, parce qu'il y a
bien du terrain. Là, on amène des grandes lignes
d'électricité. Là, on déplace des écoles,
des grandes routes. Ce n'est pas ça qu'ils ont fait, eux autres. Ils ont
fait un village. Ils ont mis le monde dedans. Et les gens se rendent travailler
à leur terre. Alors, à ce moment-là, l'étalement
est encore moins grand qu'ici. Ce n'est pas nécessaire de se rendre
jusque-là, mais le principe... Et en France...
Une voix: Mais l'ouverture le dimanche, je ne comprends pas le
lien entre les deux.
M. Blais: Bien, l'ouverture le dimanche, c'est que ça
favorise l'installation de grandes surfaces en dehors, qui sont plus
attractives, tandis que, dans les grands centres-villes, les terrains sont
tellement coûteux...
Une voix: Attractives?
M. Blais: Oui, c'est peut-être un anglicisme ou un
néologisme, attractif. En tout cas, vous comprenez bien ce que je veux
dire. J'espère, en tout cas. Et le fond de cette affaire-là,
c'est d'un sérieux capital. C'est très sérieux. Et c'est
dangereux de ne pas penser à ça. On n'est pas à la
période où il y avait des familles de 13, 14 enfants. On n'est
pas à cette période-là. Alors, la population
québécoise n'augmentant pas de façon significative, il
faut que le législateur mette, dans ses législations, une
protection, en plus du territoire, des facilités de sortir de nos
grandes villes, ce qui est très handicapant du côté
financier. Et c'est un angle qui est archi-sérieux. Et ce projet de loi
favorise, encore une fois, par l'ouverture du dimanche, l'installation de
grandes surfaces. Et l'angle que le député de Labelle a ouvert
là, je le trouve super-important pour que le ministre se fasse une
idée peut-être nouvelle Et il dit qu'on protège l'avenir en
respectant présentement le passé. Et c'est vrai. Pas dans tout.
Aujourd'hui, c'est beaucoup mieux de téléphoner à
quelqu'un quand on veut quelque chose, une personne qui reste à 10
milles, que d'y aller à pied, comme à l'âge des cavernes.
Ça, c'est sûr aussi. Il y a une limite à dire qu'on fait
tout ce qui se faisait dans le passé.
Mais, en principe, protéger certains îlots... Les villes,
si elles étaient bien développées... Dans des grandes
villes comme Montréal, s'il y avait vraiment une vie de quartier,
l'amélioration
dune qualité de vie, avec les petites boutiques comme on avait
avant plutôt que... Et les grands cégeps sont comme vos grandes
places. C'est une erreur, les grands cégeps, ça nous coûte
407 000 000 $ par année pour transporter les élèves, parce
que, dans les cégeps, les grands collèges, il y a 4000, 5000,
6000 élèves. Ça n'a aucun bon sens. On brise, de cette
façon-là aussi, la vie de quartier. Ça coûte 407 000
000 $ rien que pour transporter nos élèves aux classes. Ça
n'a plus de bon sens. On est en train de détruire notre tissu familial
et urbain. On est en train de le détruire par des lois qui ont
été mal pensées, qui n'ont pas été...
Le Président (M. Audet): Si vous voulez terminer, M. le
député.
M. Blais: Oui, je termine. Mais ça demeure que cet
angle-là de la loi, moi, personnellement, ça me fait vibrer. Je
vibre. Il y a deux choses qui me font vibrer: la protection et le
mieux-être du citoyen et le Québec libre.
Le Président (M. Audet): Merci. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur la motion? Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: Merci, M. le Président. J'ai l'impression
que, ce soir, effectivement, on essaie de nous dire que nous, de notre
côté, on vit dans le passé, qu'on essaie de maintenir des
mesures traditionnelles qui sont dépassées et qu'on devrait s'en
aller vers d'autres voies, d'autres façons de faire. (21 h 40)
Mais, M. le Président, je pourrais peut-être aussi
ressortir un concept qui remonte aux XVIe et XVIIe siècles, le
mercantilisme. C'est une façon, pour l'État, d'aller chercher de
l'or et de l'argent. C'était la seule préoccupation de
l'époque, et on peut faire un lien avec ce qui se passe ici, à
l'heure actuelle. Parce que la préoccupation du gouvernement, c'est de
faire fi du tissu social et de se préoccuper davantage des
rentrées de fonds par le biais de la fiscalité, de toute forme,
des taxes volontaires, involontaires et même des taxes indirectes.
Mon collègue de Masson avait vraiment raison quand il parlait du
sens de la cité. Il faudrait peut être qu'on revienne à
certains ôlé ments de la cité qui étaient
très importants, et, d'ailleurs, elle est la base même de notre
cellule familiale. Les gens vivaient dans la cité. Il y avait une
activité dans la cité. Les gens permettaient les échanges,
les déplacements, à l'intérieur même de cette
cité et on avait développé un sentiment d'appartenance, un
sentiment de relations amicales. Et il y avait une vie extraordinaire à
l'intérieur de ces cités. Mais, malheureusement, de plus en plus
aujourd'hui, on voit bien que nos villes sont très anonymes. On ne s'y
reconnaît plus. On ne parle plus à ses voisins, parce que,
justement, on a changé complètement cet esprit, cette philosophie
qui faisait que, oui, il y avait une vie dans la ville et que tout le monde s'y
reconnaissait et tout le monde avait ce sentiment d'appartenir et d'être
une contribution pour cette ville.
C'est de plus en plus difficile, d'ailleurs, et mon collègue de
Masson le mentionnait tantôt. Avec les grands développements qu'on
a faits, on a isolé, dans le fond, on a fait des villes-dortoirs sans
aucun service, aucune activité. C'est ce qui est malheureux, et ce qui
fait aussi que, de plus en plus, on construit de très grosses maisons
sur des petits terrains et les gens vivent presque en promiscuité, les
uns sur les autres. Il n'y a plus d'espaces qui faisaient ce charme où,
tout en prenant une marche, on pouvait trouver son teinturier, sa
pâtisserie. On trouvait ces services-là et, en même temps,
on rencontrait un voisin et on commençait à discuter avec un
voisin, on se préoccupait de ce qui se passait avec ses enfants. On
prenait conscience qu'on n'était pas seul, qu'il y avait d'autres
personnes autour de nous qui, tout comme nous, étaient
préoccupées par révolution d'une société ou
même de la famille. C'était une façon de suivre
l'évolution de la société ou de son milieu de vie. Mais de
plus en plus, malheureusement, les gens s'en vont vers des grands centres
d'achats qui sont complètement à l'extérieur de ces
villes.
Pour revenir à nos SIDAC, moi, pour avoir connu la SIDAC chez
nous, pour la ville de Longueuil, on avait parié de la revitalisation du
chemin Chambly et de la rue Saint-Charles. Et on sait à quel point on
cherchait à ce que les gens aient le réflexe d'aller chercher
leurs besoins dans ces artères principales de notre ville, Longueuil.
Et, M. le ministre, je vous inviterais, une bonne journée, à
venir faire le tour de ces deux artères et vous allez voir le nombre de
locaux qui sont fermés, à date. Pourtant, on avait investi des
sommes assez importantes pour que ces rues soient attrayantes, qu'il y ait une
ambiance, qu'il y ait des façades attirantes. Et c'était fait en
collaboration avec les commerces. C'était dans cet esprit. Quand on
parlait de former des solidarités, effectivement, ces solidarité
se sont créées dans le but d'apporter davantage de personnes et
d'activités économiques sur place, à l'intérieur de
la ville, pour los gons do la villo.
Mais, malheureusement, à cause de cette concurrence qui n'est pas
possible pour ces commerces... Et je peux vous dire qu'à la ville de
Longueuil, même s'il y a une population qui est en moyens, il y a une
autre population dont les moyens sont énormément limités.
Et les magasins qui ont, premièrement, fermé leurs portes,
savez-vous lesquels? Ce sont les Yellow, les magasins qui offraient des biens
de consommation a un niveau bas de gamme et non pas haut de gamme.
Et c'est comprésensible que ces gens-là, chez moi,
plutôt que d'aller dépenser l'argent chez nous sur chemin Chambly,
vont aller profiter, en fin de compte, des rabais et des spéciaux qu'ils
peuvent trouver dans certains autres endroits qui offrent plus. Je ne vous
dirai pas qu'ils iront au Club Price, parce que, pour être membre du Club
Price, il faut tout de même avoir un niveau de vie assez
intéressant et important. En fait, ce n'est pas offert...
Une voix: II faut avoir une job «steady» et un bon
boss.
Mme Vermette: Oui, une job «steady», comme dirait
Yvon Deschamps. Ce n'est pas offert, en tout cas, à toutes les personnes
de mon comté. Les miens vont aller plutôt au marché aux
puces ou ils vont aller davantage vers des grands bazars ou des choses comme
ça. Même, M. le Président, je vous dirai que nos centres
d'achats... Il y a Place Desormeaux, puis Place Jacques-Cartier, qui sont des
centres d'achats à l'intérieur même de notre ville, et
même ces centres d'achats là ont de la difficulté à
survivre, à l'heure actuelle, au moment où on se parle. Il y a
énormément de vacance, il y a énormément de locaux
qui ont dû fermer leurs portes. Et ça, je trouve ça
dommage.
Et, dernièrement, parce qu'on voulait faire revivre la rue
Saint-Charles chez nous, on a eu un projet qui s'appelait «Rue
principale». C'était fait avec Héritage Canada, pour
permettre évidemment... C'est des gens d'expertise qui ont
travaillé à plusieurs projets. Notamment, dans la ville de
Granby, ils ont mérité un prix aussi pour avoir su, avec les gens
de la place, faire en sorte que ça devienne plus intéressant pour
la population de magasiner et faire revivre, revitaliser leur centre-ville. Et,
effectivement, c'est ce à quoi les gens se sont appliqués, chez
nous, au niveau de «Rue principale». On s'est aperçu que les
gens n'allaient plus, ne dépensaient plus sur cette artère qui
était l'artère principale de Longueuil, la rue Saint-Charles. Et
on avait, pas tellement loin, le centre d'achats Longueuil. Et le centre
d'achats Longueuil avait un autre projet pour agrandir. Et là, ils ont
mis sous le boisseau, comme on dit, sur la glace, leur projet d'agrandissement,
pour le moment, à cause de l'activité économique que nous
connaissons, parce qu'on sait bien que, chez nous, les gens vont aller
plutôt magasiner chez Héritage, chez Maxi, en fait, plutôt
ce genre de chaînes d'alimentation là.
Et je vous ferai savoir que, de plus en plus, les gens viennent chez
nous. On a fait un centre de distribution alimentaire parce que les gens
n'étaient même pas capables de manger. On est obligé de
mettre sur pied... On rachète les surplus de pain pour les vendre
à prix modique parce que les gens, c'est ça qu'ils sont
obligés d'acheter, à l'heure actuelle. Et il y a des gens qui
viennent nous dire: Écoutez, on va se partir de nouveaux commerces; on
va racheter les surplus des entreprises, puis des magasins, puis, nous, on va
les vendre à rabais parce que c'est ce dont les gens sont capables,
c'est la capacité des gens pour pouvoir, en fait, se procurer de
l'alimentation.
Alors, ça, c'est, en tout cas, en gros, un des aspects que je
vis, moi, à l'intérieur de mon comté. Et vous voyez
à quel point ça me préoccupe parce que le petit
dépanneur ou, en fait, tous ces petits commerces qui sont, pour la
plupart, des entreprises dites familiales, ces gens-là risquent
d'être menacés. Il y en a plusieurs dans mon comté. En
fait, c'est véritablement, pour certains, leur seule ressource, leur
moyen de survie. Et là, ils sont très, mais très
préoccupés. Et, je dirais, plus que les dépanneurs, tous
les commerces qui sont au niveau de la rue Saint-Charles, qui, depuis deux ans,
travaillent avec acharnement pour trouver le moyen de revitaliser, pour
redonner une activité économique intéressante sur la rue
Saint-Charles. Et on n'est pas sûr d'y arriver, malgré toute la
bonne volonté, parce que tout ça dépend du réflexe
de la population. Tout ça va dépendre, en fait, de la
préoccupation sociale que se donnent les gens par rapport à une
ville. Parce que c'est important aussi d'avoir un sentiment d'appartenance. On
n'est pas, comme ça, des molécules en suspension...
Le Président (M. Audet): Si vous voulez conclure, Mme la
députée.
Mme Vermette: ...mais on appartient à un milieu
donné, dans un milieu de vie, et ça crée un tissu social.
Et, ça aussi, il faut garder cet esprit-là, l'esprit de la
cité. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci, Mme la
députée. Je vais maintenant reconnaîtra Mme la
députée de Taillon.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Alors, je vous remercie, M. le Président.
Avant de m'arrêter, proprement dit, à la motion qui est devant
nous, j'aimerais vous raconter une petite anecdote que je viens de vivre.
Souvent, à l'heure du lunch, que ce soit le soir ou le midi, ça
me fait du bien de sortir du grand collège parce que je trouve que c'est
un peu malsain, sans arrêt, d'être pris à travers ces quatre
murs, sans voir d'autre monde que les gens que l'on côtoie
quotidiennement. Pas pour dire qu'ils ne sont pas intéressants,
voilà, mais je pense qu'on risque de se refermer sur un certain cercle
qui fait qu'on se ferme à certaines réalités
extérieures. (21 h 50)
Alors, comme, en même temps, ça fait du
bien de prendre un peu l'air, je suis allée manger dans un petit
restaurant que je fréquente assez régulièrement quand je
suis ici, à Québec. Je pars avec un journal sous le bras, ou une
revue, et puis j'en profite pour réfléchir un peu et manger
tranquillement comme ça en lisant un article ou deux. Et le patron du
restaurant est un type tout à fait sympathique, un
Québécois d'origine française, qui se définit
lui-même, comme il me dit parfois: Mme Marois, je suis un maudit
immigrant, moi, avec son accent, évidemment. Alors, il est toujours
très sympathique. Les gens qui travaillent avec lui aussi. Et ils
m'accueillent toujours très chaleureusement. Alors, on me reçoit,
je m'installe à la table comme tous les soirs où j'y vais, bon,
etc. Et, le restaurateur, après que j'ai commandé, que je me sois
installée, comme je disais, il vient s'asseoir avec moi. Et ça ne
lui arrive jamais, il me salue et tout, mais il vient s'asseoir à table
et il me dit: Mme Marois, est-ce que c'est vrai que vous êtes en train de
passer une loi qui va permettre d'ouvrir le dimanche? Et sans mentir, je vous
le jure, il ne sait pas que je suis au dossier. Absolument pas. Il ne sait pas
que je me suis intéressée à cela d'une façon
beaucoup plus significative encore il y a deux ans lorsque j'étais,
évidemment, porte-parole. Alors, il ne sait pas que, moi, je m'en
reviens ici siéger sur cette commission parlementaire.
Il me dit: Mais c'est catastrophique. Et puis je ne lui dis rien
là, moi, je l'écoute. Il me dit: C'est catastrophique. Vous
savez, moi, quand je suis arrivé là, il y a quelque chose qui m'a
fasciné. C'est cette espèce de richesse qu'il y a chez vous,
l'espèce de joie de vivre que vous avez sans réserve, parce que,
bon, évidemment, on connaît un certain nombre de nos amis,
sûrement, qui sont français, qui sont un petit peu plus
guindés parfois, qui ont un petit peu plus - réutilisons le mot
qu'il utilisait - de réserve dans leurs relations les uns avec les
autres. Alors, il me dit: Ça m'a toujours fasciné. Et, entre
autres, j'ai toujours attribué ça - et il me raconte là,
je vous le dis - à cette espèce d'esprit de famille que vous
avez, qui fait que vous avez le sens de la fête, le goût de la
rencontre et tout. Mais, Mme Marois, ça n'a pas de bon sens. Ne laissez
pas passer cette loi-là. Et puis il pensait que, nous, on était
peut-être d'accord. Il avait quand même une certaine prudence. Ne
laissez-pas passer cette loi-là.
M. Tremblay (Outremont): II n'a pas lu les journaux. Ha, ha,
ha!
Mme Marois: non, c'est vrai. le ministre dit: ii n'a pas lu les
journaux. sans doute parce qu'il est un restaurateur qui rentre tôt le
matin...
M. Tremblay (Outremont): II travaille sept jours.
Mme Marois:... à son restaurant. Effectivement, oui, il
travaille sept jours par semaine. Il n'a pas d'enfant, il n'a pas de famille.
Et il me dit, cependant, participer à un réseau où son
frère a des enfants. Son frère est là aussi, des amis
à lui, etc. Et il dit: Moins on va être nombreux à
être obligés, effectivement, de travailler le dimanche... Et c'est
vrai, il dit: Moi, je le suis obligé; on fait une rotation ici avec mes
employés pour que ce ne soit pas toujours les mêmes qui
travaillent le dimanche, quand on peut le faire, quand ce n'est pas en saison
touristique. Parce qu'il est dans le Vieux-Québec; donc, c'est,
évidemment, un lieu touristique important. Quand on peut le faire, donc,
on le fait et il dit: Je ne comprendrais pas que vous ne soyez pas sensible
à la protection de ce patrimoine-là qui est si riche chez vous.
Et il me le disait vraiment comme un cri qui venait du fond du coeur.
Alors, il m'a dit: Vous pourrez la raconter. Je lui ai dit: Je vais le
raconter aux gens de la commission quand je vais retourner, avec tous les
détails que je vous donne maintenant. Et, dans le fond, ça vient
un peu confirmer ce qu'on défend depuis un long moment, qu'on a repris
à l'intérieur de la commission, à travers les motions,
à travers les propositions qu'on dépose. Là, on demande de
voir les SIDAC et, lui, sa situation me faisait penser un petit peu, justement,
à celle de ces commerçants qui sont dans des rues plus
secondaires dans des grandes villes ou même, dans des villes importantes,
ça peut être la rue principale, mais des villes qui ne sont pas,
évidemment, la métropole ou la capitale. Et ça me faisait
penser, donc, à ces commerçants qui ont probablement, chacun chez
eux, actuellement, la même réflexion que lui m'a faite.
Et je me dis que ce ne serait sûrement pas inutile pour nous
sortir un petit peu de ce que j'appelle, moi, ici, le grand collège, de
notre univers qui nous fait oublier parfois le quotidien que vivent nos
concitoyens et nos concitoyennes, d'entendre des représentants et des
représentantes des SIDAC. Ça nous apporterait un autre volet,
peut-être moins fouillé que si on recevait la
Fédération de l'entreprise indépendante, probablement
moins fouillé que si on recevait la Chambre de commerce du
Québec, mais ça n'enlève pas la valeur du point de vue que
ces gens-là pourraient défendre; ça n'enlève pas la
valeur de la réalité qu'ils vivent et qu'ils pourraient
sûrement nous exprimer d'une façon encore plus tangible que tout
ce qu'on pourrait faire ici autour de la table. C'est pour ça qu'on
plaide avec tant de conviction auprès du président, auprès
des membres de la commission, auprès du ministre pour que des gens
représentatifs de leur milieu, avec une expérience, avec un
quotidien qu'ils connaissent bien, viennent nous dire qu'est-ce que c'est, leur
vie, et pourquoi, eux, manifestent une opposition fondée,
réelle, qui a ses assises, ce qui permettrait peut-être de
faire tomber l'objection qu'a le ministre devant le fait qu'il tient tant et
tant à cette loi qui ne convient pas à un nombre important de
gens dans notre société.
Ce n'est pas parce que 10 % des consommateurs ont besoin - pas d'une
façon essentielle, j'en suis persuadée - que les commerces
ouvrent le dimanche, mais disons que ça les arrangerait que ça
ouvre. Moi, j'ai toujours pensé que le législateur devait faire
des lois pour la masse, généralement. Il peut arriver qu'il ait
à faire des lois qui concernent un problème spécifique,
mais, de façon générale, les lois, et surtout une loi qui
touche aux heures d'affaires, ça devrait être fait pour
l'intérêt général. Or, ce qu'on constate, c'est que
l'intérêt général d'un grand nombre de personnes,
donc, puisque c'est l'intérêt général, de groupes
significatifs de commerçants, serait brimé si on adoptait cette
loi-là. Ça ne leur conviendrait pas, ça viendrait
réorganiser leur vie d'une façon qui ne serait pas satisfaisante
pour eux. Mais je dirais que le mot «satisfaisante» n'est pas le
mot juste. Peut-être qu'il est un peu tard et que je ne réussis
pas à trouver le mot exact que je voudrais utiliser. Mais ça fait
en sorte que c'est un mode de vie, c'est un système do valour qu'on
remet en question. Et la fin ne justifie pas, à mon point de vue, le
moyen qu'on utilise pour le faire.
Donc, je reviens à la motion. Accepter de recevoir les
représentants d'une partie de ceux qui ne sont pas d'accord avec la loi
nous permettrait, je le répète, d'avoir un éclairage qui
nous aiderait peut-être à faire des choix plus judicieux et plus
pertinents, et sûrement pas le choix qu'on veut faire, M. le
Président. Je vous remercie.
Le Président (M. Farrah): Alors, merci, Mme la
députée de Taillon. Je reconnais maintenant M. le
député de Drummond.
M. Jean-Guy St-Roch
M. St-Roch: Merci, M. le Président. J'aurais
espéré, lorsqu'on est revenus de la pause pour le dîner,
que le ministre, au moins, réagisse à l'offre, à la main
qu'on lui avait tendue. Or, je m'aperçois qu'il est encore en profonde
réflexion. Alors, ça va me permettre d'intervenir encore pour
essayer d'ajouter des arguments à ce que mes collègues ont dit
concernant le Regroupement des SIDAC du Québec. Alors, comme M. le
ministre prétendait hier soir que ce seraient des mesures dilatoires ou
des mesures pour retarder les travaux de cette commission, on aurait pu
énumérer chacune des SIDAC du Québec ici. Mais non, on a
été, M. le Président, sérieux dans notre approche.
On a dit: On va faire venir le Regroupement des SIDAC du Québec. (22
heures)
Je vais faire le point avec vous, à savoir pourquoi il est
important d'avoir le Regroupement des SIDAC. Si M. le ministre se demande
pourquoi on ne peut pas passer à la première question et pourquoi
le député de Drummond essaie toujours de le convaincre, alors,
j'aimerais, bien amicalement, lui rappeler qu'à 20 heures, ce soir,
j'avais 13 questions de posées. J'ai eu une réponse
élaborée et trois réponses partielles sur mes 13
interrogations.
Mais je vais revenir sur une réponse que M. le ministre a eue,
hier, qui va vous démontrer, M. le Président, pourquoi il est
important d'avoir le Regroupement des SIDAC du Québec parmi nous. Une
des interrogations que je m'étais demandée faisait suite à
la lecture de l'hypothèse de travail qui nous avait été
soumise - pourquoi l'ouverture le dimanche était pour créer de
nombreux emplois - qui était: «Impact économique de la
libéralisation des heures d'ouverture des commerces de détail au
Québec». On nous parlait de l'axe Sherbrooke-Montréal, du
commerce qui se faisait dans cet axe-là vers les États-Unis
où on dépensait 2 100 000 000 $. J'avais demandé à
M. le ministre: M. le ministre, j'aimerais connaître, moi, les raisons
qui font en sorte que nos citoyens et nos citoyennes, au lieu d'arrêter
dans la belle ville du comté de mon collègue d'Oriord, passent
tout droit et vont magasiner au Vermont.
Alors, M. le ministre m'a dit, hier, puis je vais le citer au texte...
Alors, j'ai fait un compte, là; ça fait 15 raisons pourquoi nos
citoyens et nos citoyennes vont aux États-Unis. Alors, je vais essayer
de faire une réponse, parce qu'on a dit: Bien, on va essayer avec
ça de répondre, puis ça m'a soulevé
énormément d'interrogations, ces 15 justifications qui ont
été citées, j'imagine, à partir d'un document de
travail fait par le ministère. Je vais le citer au texte. M. le ministre
nous disait: Une autre question... On parlait du magasinage transfrontalier. On
parlait des raisons qui incitent les Québécois et
Québécoises au magasinage transfrontalier. Alors, les raisons
sont sensiblement les suivantes: la disponibilté et
l'accessibilité des commerces. Bon, là, je me suis dit: Oui, si
on est fermé le dimanche, malgré que, dans l'axe
Sherbrooke-Magog, à partir de Granby, Bromont, Sutton, Knowlton, Magog,
alléluia, ils sont toujours ouverts jusqu'à la frontière,
le dimanche, bien, ça, c'est quelque chose qui m'apparaît comme
une des raisons fondamentales où est-ce que l'ouverture des commerces le
dimanche pourrait avoir un impact, pourrait faire en sorte qu'on pourrait
regarder dans nos centres-villes, où est-ce qu'on a nos SIDAC, nos gens
magasiner chez nous.
La deuxième raison qui a été donnée,
à partir de ce document, est la suivante: le prix des produits des
États-Unis. Bon, je me suis dit: Demain matin, que je sois ouvert ou non
le dimanche, est-ce que l'ouverture va avoir un impact sur le prix des produits
aux États-Unis?
Je crois que la réponse est non.
Le coût de la main-d'oeuvre qui est moins élevé aux
États-Unis. Bon, encore là, je me suis dit: L'ouverture le
dimanche, sur le coût de la main-d'oeuvre qui est moins
élevé aux États-Unis, non, ça n'a pas d'impact si
on est ouvert ou non le dimanche. Ce n'est pas ça qui va changer la
structure salariale. Mais ça soulève une interrogation et une
forte préoccupation, M. le ministre. Parce que, quand je fais le rapport
avec les réponses que vous m'aviez données sur l'emploi, vous
admettiez, vous aviez convenu avec nous qu'on aurait des emplois qui seraient
précaires. Alors, moi, ce que ça soulève dans mon esprit:
est-ce que ce serait par hasard un autre moyen qu'on aurait trouvé?
Parce que, lorsqu'on parle d'emplois précaires, règle
générale, quand je regarde la structure de
rémunération, bien, on arrive à près de 224 $, 320
$. Alors, je me suis dit: Est-ce qu'indirectement on aurait insinué
qu'une des manières, bien, c'était d'aller jouer avec une
réduction des salaires ici, qui pourraient concurrencer le coût de
la main-d'oeuvre qui est moins élevé aux États-Unis? C'est
pour ça que les gens du Regroupement des SIDAC seraient importants pour
nous, parce qu'on serait capables de comparer leur structure salariale avec
celle de nos amis américains.
Une autre raison qui m'a été donnée, c'a
été la réglementation qui est moins lourde au niveau des
normes. Ça, ça me soulève encore énormément
de questions parce que, quand on parle des normes, bien, à partir des
différents secteurs de l'alimentation, si je reste dans
l'agro-alimentaire, il y a toute la composante des médicaments dans les
viandes, il y a, au niveau des légumes, toutes les concentrations de
pesticides, d'insectides, de fongicides. Quand je regarde au niveau de
l'équipement immobilier, de l'équipement électrique, il y
a toute la mise aux normes, avec ce qu'on appelle le fameux CSA. Alors, est-ce
que ça voudrait sous-entendre, ça, est-ce qu'on dit implicitement
qu'à l'avenir, dans le futur, il faudrait qu'on assouplisse nos normes
pour se rendre conformes, pour faire en sorte que les gens vont rester chez
nous?
Alors, une autre raison qui nous avait été donnée:
les canaux de distribution qui sont plus efficaces. Alors, M. le ministre, je
me souviens, moi, lorsqu'on a fait, en 1990, l'étude des heures
d'affaires, qu'une des grandes préoccupations que j'avais était
la concentration qui était survenue, où est-ce qu'on avait
éliminé énormément de grossistes, qu'on avait
centralisé. Mais je me demande si les effets des heures d'ouverture, de
la concentration du commerce, n'ont pas fait en sorte que notre réseau
de distribution est devenu moins efficace. Mais est-ce que les heures du
dimanche feraient en sorte que notre réseau serait plus efficace?
J'aimerais que les gens du Regroupement des SIDAC du Québec viennent
nous dire quel serait l'impact de ce réseau de distribution U.S. versus
ici, le Québec.
Une autre raison, c'était la marge bénéficiaire qui
est plus faible. Ah, je me dis: Bien, c'est intéressant. Est-ce que les
heures d'affaires pourraient faire en sorte... Tu dis: Oui, si c'est vrai qu'il
y a un accroissement de volume, bien, on peut peut-être augmenter, mais
là, d'un autre côté, quand je regarde aussi les marges
bénéficiaires, que je regarde au niveau de la CSST, que je
regarde au niveau du Régime de rentes, que je regarde au niveau de
l'assurance-maladie, que je regarde au niveau de la taxation, au niveau de
l'agriculture, chez des petits dépanneurs ou des commerces
d'alimentation, la taxe de 215 $ qu'on a mise, que je regarde aussi au niveau
de tous les transferts qu'on a faits du monde provincial au monde municipal,
quand je regarde les impacts que ça a sur le résidentiel - je
pourrai citer, tout à l'heure, des revenus - bien, je me dis: Si on
baisse maintenant la marge bénéficiaire de nos petites
entreprises, je ne pense pas, mol, que l'effet sur les commerces, parce qu'il y
aura un étalement... Puis, je pense qu'on a plaidé, pendant 18
heures et 5 minutes, maintenant, que cet accroissement-là ne serait pas
là.
Une autre raison qu'on m'a donnée, c'a été la
valeur du dollar canadien. Tu dis: La valeur du dollar canadien, oui, ça
peut avoir un effet, mais ce n'est pas les heures du dimanche qui vont faire
ça... Puis, M. le ministre, je le vois sourire; en bon économiste
qu'il est, il sait très bien qu'en baissant la valeur du dollar
canadien, oui, ça peut avoir un effet. Ça va faire que les
importations vont être plus chères. Alors, je me dis: Si les
importations vont être plus chères ici, quand je regarde la
multitude de produits que nous avons, je pense que les marges
bénéficiaires vont être moins grandes, mais ça ne
donnera pas d'argent de plus pour compenser pour les frais fixes qui vont
s'accumuler. Alors, j'aimerais que les gens des SIDAC viennent nous le dire,
parce que c'est les petites entreprises de chez nous.
Les autres raisons qui ont été mentionnées, c'a
été le taux des taxes sur certains produits, l'essence. Merci, M.
le Président, l'essence. Alors, est-ce que l'ouverture le dimanche va
avoir un effet sur le taux des taxes sur l'essence? À moins que M. le
ministre nous annonce que, dans une vraie mesure de rolanco, on no baissera pas
l'essence de 0,025 $ seulement sur le transport, mais qu'on la baissera aussi
sur le transport personnel, le tabac, l'alcool et certains aliments comme la
volaille, parce qu'on dit que le prix de la volaille est meilleur marché
aux États-Unis. Est-ce que l'ouverture des commerces le dimanche va
faire en sorte que le prix de la volaille va baisser? À moins qu'on ait
une étude toute récente qui nous mentionne que les poules ne
travaillent pas le samedi et le dimanche, puis qu'en ouvrant les commerces le
dimanche elles vont engraisser plus vite, je pense que ça n'aura aucun
effet.
Et les produits laitiers et, également, un
plus grand choix de produits. Bon, la qualité des services, le
traitement médiatique des achats outre-frontières. Alors,
finalement, M. le Président, quand je regarde les 15 items qui m'ont
été énumérés, qui faisaient en sorte qu'on
avait un système transfrontalier, finalement, on peut dire,
peut-être, qu'au gros maximum une de ces conditions pourrait avoir un
effet.
Mais, quand on regarde le Regroupement des SIDAC, j'ai bien aimé
le scénario et l'hypothèse tracés par mon collègue
de Laviolette, cet après-midi, qui donne l'impact où est-ce que
les SIDAC ont essayé de revaloriser leur milieu, ont essayé de
ramener les gens à habiter les centres-villes pour qu'on puisse avoir un
effet sur le coût des loyers. Alors, ça, je pense, moi, que c'est
les vraies raisons qui vont faire en sorte qu'on va être là. Ce
n'est pas mon intention de résumer la plaidoirie de mon collègue
de Masson ni de Labelle, mais je pense que c'est un organisme qu'il serait
intéressant d'avoir, le Regroupement des SIDAC du Québec.
Vous me faites signe, M. le Président, que mon temps est
maintenant écoulé. Alors, j'espère que, ce coup-ci, M. le
ministre, on aura réussi à vous convaincre de réentendre
le Regroupement des SIDAC du Québec. On pourrait réellement
comparer avec les 15 points transfrontaliers, parce que j'arrive à la
conclusion que seulement un a un effet direct sur l'ouverture le dimanche.
Sur ceci, dans l'espérance d'un vote positif, d'abord, de la part
de l'équipe ministérielle, M. le Président, je vous
remercie.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député. Je vais maintenant reconnaître M. le
député de Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Je continue dans la
suite de ce que disait mon collègue de Drummond, en disant qu'il ne
voulait pas résumer ce que disent d'autres députés du
côté de l'Opposition. Il parlait du député de Masson
et du député de Labelle. Je ne pourrais, malheureusement, faire
aucun résumé de la part du côté ministériel,
puisqu'ils n'ont pas parlé. Alors, je ne [jeux pas connaître leur
pensée Mais j'aurais aimé, par exemple, que des gens viennent
leur exprimer ce qui est leur pensée pour qu'ils s'en fassent
peut-être une, au lieu de dire: Le ministre demeure imperturbable,
résiste à toutes les tentatives. (22 h 10)
Mais il y a une chose qui est certaine, c'est que je faisais mention de
l'apport important des SIDAC au Québec dans la revitalisation des
centres-villes, de cette capacité qu'ont les gens de revenir dans le
centre-ville dans la mesure où le bâtiment est remodelé. Je
me souviens, juste pour prendre un exemple encore une fois de cas vécus,
qu'à la ville de Grand-Mère, quand ils ont fait le Revi-Centre,
ils ont été obligés de creuser des tranchées,
d'enlever même les trottoirs pour aller chercher et faire sauter le roc,
parce qu'on est sur une montagne à Grand-Mère, pour se rendre
plus profondément vers les réseaux d'aqueduc et
d'égout...
Une voix: Ah oui? Hé!
M. Jolivet: ...en plein centre-ville de Grand-Mère. Parce
qu'à l'époque ils étaient à effleurement, ces
réseaux-là. Et, en allant plus profondément, ça
donnait une impression qui était drôle: vous aviez la
bâtisse, vous aviez le dynamitage qui se faisait, donc, un trou
béant, et la rue. Alors, les gens disaient: Ça n'a pas de maudit
bon sens, les gens n'iront plus dans les magasins. Hein? Qu'est-ce qu'a fait la
SIDAC avec le regroupement de ce qu'on a appelé les Avenues
Grand-Mère, les gens de la 6e avenue, en particulier, qui est le
centre-ville à Grand-Mère? Ils ont mis des annonces dans les
journaux, à la radio, et ils ont annoncé aux gens: Venez voir nos
travaux. Venez voir ce que ça a l'air. Et là, ils ont mis, le
long de la 6e avenue, des chemins de bois pour se rendre aux magasins, avec des
passerelles pour éviter que les gens tombent en bas, et on voyait
travailler les gens. Donc, les gens venaient voir les travaux. Une fois
arrivés là, ils allaient acheter des cigarettes au
dépanneur, ils allaient acheter des... Pardon?
Une voix: II ne fallait pas payer pour visiter?
M. Jolivet: Non. Non. C'était gratuit.
Une voix: D'où l'importance d'ouvrir le dimanche.
M. Jolivet: Non. D'où l'importance d'avoir une
façon qui est offensive de lancer leur affaire et non pas
défensive. Parce que les gens disaient...
Une voix:...
M. Jolivet: Non, mais je vous dis que ce que les gens ont
fait.
Une voix: C'est pour ça qu'il faut ouvrir.
M. Jolivet: Non, non, sur les heures normales d'ouverture. Et,
à ce moment-là, ils ont profité des journaux, de la radio,
de la télévision pour inviter les gens à venir, quand
même, magasiner à Grand-Mère, parce que le danger
était celui qu'on a connu à Québec, à l'inverse
Quand on a eu rendez-vous, ici, en 1984, avec les grands voiliers, qu'est-ce
qui s'est passé? Il y a eu une publicité des gens de
Québec qui disait: Ne venez pas. Vous allez avoir de la
difficulté à
trouver du stationnement. Il n'y a personne qui a pensé à
dire: Écoutez, venez à Québec, vous allez pouvoir
stationner à quelque part et des autobus vous rendront au site, vous
ramèneront, et vous aurez la chance de visiter. Il n'y a personne qui a
pensé à ça. Qu'est-ce qui est arrivé? C'est que je
n'ai jamais eu aucune difficulté pour stationner dans les centres
névralgiques de Rendez-vous 84 parce qu'il y avait de l'espace. Le gens
ne venaient pas, craignant de ne pas avoir la possibilité de s'y rendre;
ils se sont donc empêchés de venir parce qu'il y avait eu une
publicité négative.
Alors, moi, je dis: Les SIDAC sont là pour venir en aide à
ceux qui sont les entrepreneurs, les commerçants et, à ce
moment-là, on devrait leur demander quelles sont les expériences
qu'ils ont vécues. Dans certains cas, ils vous diront que l'ouverture le
dimanche, ça amène bien des choses qu'on n'a pas encore
prévues. Les parents qui vont travailler, hommes et femmes,
obligés de travailler; qui va garder les enfants s'il n'y a pas de
garderies?
Maintenant, s'il y a du monde qui voyage pour aller travailler et, vous
le savez, dans tous les centres... Prenons, dans ma région toujours,
soit la CITF, la Corporation intermunicipale de transport des Forges, tout
comme le regroupement qui est une régie intermunicipale de transport du
Centre-Mauricie, qu'est-ce qui est arrivé? C'est que, devant le peu
d'achalandage, ils ont fermé complètement le transport en commun
le dimanche, les jours fériés. Et on s'est retrouvé avec
des problèmes, si jamais on demande de rouvrir les commerces le
dimanche, dans certains cas, insolubles. Des difficultés, des
coûts additionnels, le coût du pétrole, le coût de
l'usage de la machinerie font en sorte qu'au bout de la course il y a des gens
qui vont devoir payer ça. Où est-ce que ça va se
répercuter? Vous le pensez bien, ça va se répercuter sur
les coûts de la vente au détail dans le commerce. Et, pour
régler ces problèmes-là, qu'est-ce que les gens vont
faire? Ils vont essayer de faire des ventes le dimanche pour attirer davantage
de clientèle. Donc, c'est une roue qui tourne, une chaîne sans fin
qui va amener des difficultés énormes qu'on ne semble pas avoir
analysées.
Et, moi, ça m'inquiète parce que le député
de Saint-Maurice, dans ce contexte-là, va dire: Si le
député de Laviolette vient magasiner à Shawinigan, pour
les routes qu'il va briser, je vais devoir, encore une fois, lui charger un
coût d'entrée, quasiment, dans la ville de Shawinigan. Ça
me dérange. Ça me fait de la peine de penser qu'il pense de
même, mais c'est quand même ce qu'il a dit, ce qu'il a
répété à plusieurs occasions.
Imaginez-vous que les SIDAC, qui ont certaines difficultés dans
le contexte actuel, en auraient davantage. Alors, j'aimerais les entendre.
J'aimerais entendre parler les gens de la SIDAC de Shawinigan qui, comme ceux
de Grand-
Mère... Parce que Grand-Mère est encore plus en
difficulté à ce niveau-là que Shawinigan, après
quelques années d'opération. Et, dans le cas de Shawinigan, avec
tous les feux qu'il y a eu, les difficultés dans le centre-ville
même de Shawinigan, qu'est-ce qu'on est obligé de faire pour
essayer de le revitaliser? C'est qu'on va prendre un foyer de personnes
âgées, qui se trouve le long de la rivière Saint-Maurice,
et l'amener dans une partie du centre-ville de Shawinigan, sur l'avenue de la
Station. On essaie, par des efforts comme ceux-là, plutôt que de
le mettre en périphérie de la ville, de le ramener au
centre-ville, tout comme je disais, cet après-midi, qu'il y a des
offices municipaux d'habitation qui ont essayé de revitaliser les
centres-villes en y amenant des loyers modiques.
Je parlais de l'école Saint-Louis-de-Gonza-gue à
Grand-Mère, mais vous avez aussi l'école Sacré-Coeur; une
partie où j'enseignais, qui, actuellement, a été
délaissée par l'enseignement, est devenue des HLM à la
fois pour personnes âgées et pour familles, incluant les
handicapés. Ce sont des gens qui se sont rapprochés du
centre-ville, qui n'y étaient pas, puisque, quand les
élèves n'étaient pas à l'école, il n'y avait
plus personne dans cette bâtisse-là, mais, aujourd'hui, ils y
sont. Où est-ce que ces personnes se trouvaient, dans bien des cas des
personnes âgées? Elles se retrouvaient, parce qu'on avait
quitté un peu le centre-ville, en périphérie du
centre-ville, vers les centres domiciliaires.
Alors, moi, je pense que ces phénomènes-là
pourraient être, de la part des SIDAC, expliqués davantage aux
membres de la commission qui auraient l'occasion de savoir pourquoi,
maintenant, les SIDAC sont contre l'ouverture des magasins, des commerces le
dimanche, pourquoi eux, qui auraient peut-être un intérêt...
Et c'est ça que j'essaie de saisir. Le ministre semblait dire que
j'étais drôle, tout à l'heure, dans mon intervention, mais
c'est ce que j'essaie de saisir. Pourquoi eux qui, dans une formule agressive,
pourraient peut-être espérer ou penser les ouvrir sont de l'avis
inverse, de l'avis contraire? J'aimerais ça le savoir.
J'aimerais ça qu'ils m'expliquent pourquoi il y a eu des
réticences à l'époque, de la part de la
municipalité, de la ville de Grand-Mère qui a fait, comme je vous
le disais, un trou béant dans le centre-ville, à
côté de mon bureau, où, là, c'est un stationnement
maintenant. Ça n'a pas de bon sens, quant à moi. Si on avait
accepté notre proposition, on aurait peut-être commencé
dans le centre-ville un centre commercial où chacun des magasins aurait
eu une porte d'entrée par l'intérieur. Ce qu'on a, à
partir de chez Normand Rheault, le photographe, pour ceux qui connaissent la
ville de Grand-Mère, en allant jusqu'à la régie des
alcools, les quatre magasins qui sont là sont tous reliés les uns
aux autres par une porte intérieure parce qu'ils ont
débloqué le mur. Ils sont devenus agressifs, et j'ai de
la difficulté à comprendre, dans ce cas-là,
pourquoi ils seraient contre l'ouverture des magasins le dimanche. Il serait
bon de les faire venir pour qu'ils nous l'expliquent.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le député
de Laviolette. Je vais maintenant reconnaître M. le député
de Saint-Maurice.
M. Lemire: Si M. le député de Laviolette peut me
permettre, j'aurais une question.
M. Jolivet: Je n'ai aucune difficulté, M. le
Président.
M. Lemire: Je voudrais savoir, M. le député de
Laviolette, est-ce que la SIDAC existe encore à Grand-Mère?
M. Jolivet: c'est ce que j'ai dit. vous n'avez pas encore
écouté, hein? j'ai exactement dit: celle de grand-mère est
en pleine difficulté par rapport à celle de shawinigan.
M. Lemire: Non, elle est fermée, aux dernières
nouvelles.
M. Jolivet: Non, non, non, elle est en veilleuse.
Le Président (M. Audet): D'accord.
M. Lemire: Vous allez être obligé de vous
renseigner.
M. Jolivet: Elle est en veilleuse. Le Président (M.
Audet): D'accord.
M. Jolivet: Elle est en veilleuse, M le Président
M. Lemire: Vous allez être obligé de vous
renseigner.
Le Président (M. Audet): O.K.
M. Jolivet: M. le Président, elle est en veilleuse parce
que, actuellement, les commerçants du centre-ville de
Grand-Mère..
M. Lemire: À Shawinigan, elle est en
difficulté.
M. Jolivet: ..compte tenu des coûts de la SIDAC...
M. Lemire: C'est moi qui la représente.
M. Jolivet: ...ont décidé de se regrouper sous
l'autre formule. Ils sont en train, actuellement, de se reformer autrement, et
c'est ce qu'on appelait les Avenues Grand-Mère à l'épo-
que. Il y a des gens qui ont pensé, au lieu de former une SIDAC, de
faire un regroupement des marchands. Ça, tu ne le savais pas.
Le Président (M. Audet): Merci.
M. Lemire: Donc, la SIDAC n'existe plus.
M. Jolivet: Elle est en veilleuse.
M. Lemire: Ah!
M. Jolivet: Non, elle existe également.
M. Lemire: Ah! bien, on ne peut pas...
Le Président (M. Audet): Merci, messieurs. Merci,
messieurs.
Une voix: Elle est en veilleuse, comme le programme
constitutionnel du Parti libéral. (22 h 20)
Le Président (M. Audet): Je vais maintenant
reconnaître M. le député d'Orford.
M. Robert Benoit
M. Benoit: Merci, M. le Président. On a mis en doute,
depuis le début de cette commission... Quand on dit: Écoutez, 80
% des gens du Québec se prononcent en faveur, ça a
été le branle-camarade à chaque fois. L'Opposition disait:
Oui, oui, mais, un instant, quand on demande aux gens qu'est-ce qu'ils en
pensent, ce n'est peut-être pas tant vrai que ça, puis ils n'ont
pas eu le temps d'y réfléchir. Alors, j'ai essayé de
trouver un sondage où, là, on a une opinion, où on a la
photo et on a l'opinion.
Alors, j'ai trouvé un journal - je vous donnerai le nom du
comté tantôt - où ils ont interviewe huit personnes. Je
vous donne le résultat tout de suite. Il y en a six qui étaient
pour, il y en a deux qui étaient contre. Alors, la première
personne, c'est Mme Yolande Saint-Pierre. Je ne la connais pas. Je vous
donnerai le comté, tantôt. Mme Yolande Saint-Pierre, c'est une
dame qui a dans la cinquantaine. Elle dit: Je suis d'accord avec ça. Les
gens qui nous disaient: Bien oui, ils ont juste dit oui ou non, là, je
veux dire, bien, vous allez voir que les gens n'ont pas juste dit oui ou non,
ils ont des opinions. Yolande Saint Pierre, elle, elle dit: Je suis d'accord
avec ça si c'est pour faire travailler d'autres personnes. Le magasinage
du dimanche, c'est une autre occasion de se retrouver en famille.
Huguette Léveillé - je ne vous lis pas tout, parce que
ça va être trop long - elle dit: Ce serait mieux que d'aller au
marché aux puces aux États-Unis. Elle, elle dit oui, elle a une
opinion et elle sait pourquoi. Thérèse Gagnon, elle dit: Je suis
en faveur de ça, c'est utile. Quand le temps est pluvieux, ça
fait quelque chose à faire. Mme
Diane Duchesne - je vous dirai le comté tantôt: Ils
laissaient faire les épiceries. Pourquoi pas les autres? Bon! Elle aussi
a une opinion, puis c'est une journaliste.
Le cinquième, M. Maurice Desmarais, lui, il dit: Ça
prendrait du nouveau monde pour travailler dans les magasins, ça va
créer des jobs. Et puis, j'arrête là, il y en a deux qui
sont contre. Ça, ces gens-là, ils viennent... D'abord, c'est dans
le journal Hebdo Rive-Nord et puis, ça, c'est dans le
comté de M. Parizeau, le chef du parti d'Opposition. Alors, sur huit, il
y en a six ici, photographiés, avec un texte. Puis ils n'ont pas juste
dit oui comme ça; ils ont donné une impression, ils ont
donné une opinion. Alors, quand on a des sondages, moi, je pense que ce
n'est pas juste un oui ou non. Je pense que les gens ont des opinions assez
bien arrêtées.
Tantôt, Mme Marois nous contait une expérience qu'elle a
eue au souper. Je vais vous conter l'expérience d'un
député, ce soir, qui est allé sur la rue Saint-Jean. Il
est allé à l'épicerie Tinter, dans le bout du Hilton,
apparemment, sur la rue Saint-Jean. Puis il y avait deux personnes qui
jasaient, le propriétaire et sa gérante. Alors, il s'est
adressé à eux, puis voici ce que le gérant lui a dit. Il
dit: Écoutez, nous, ça fait longtemps que nos plages horaires, on
les a décidées. Ça fait longtemps qu'on peut ouvrir parce
qu'on est zone touristique, puis on a décidé de nos plages
horaires. Il dit: On ne changera rien, nous autres. On a décidé
ce qu'il en était et c'est comme ça qu'on va vivre avec
ça. Puis il dit: On n'a pas de problème avec ce
débat-là et on va organiser nos affaires. Alors, eux, ils ont
aussi compris ça.
Je veux vous conter un incident, maintenant, parce que Mme Marois nous a
conté un incident. Ça m'en a rappelé un, moi. Je sais que
le ministre est souvent revenu avec cet incident-là. C'est l'achat par
courrier. Je l'avais conté au moment du débat en 1990. J'arrive
de Québec, je suis nouveau député et il y a la
littérature d'American Express qui est rentrée avec la carte de
crédit. Il y a toutes sortes de paperasse là-dedans. Ils
t'offrent à peu près n'importe quoi. Et puis j'avais besoin d'un
fax pour la maison, je venais d'être élu député, et
il me semblait que ce serait pratique; vivant en campagne, ça
m'éviterait du transport et tout ça.
Ça fait que j'avais décidé de peut-être
m'acheter un petit fax. Et puis je ne «vois-tu» pas la
publicité. C'était tel montant, puis il y avait un numéro.
Ils disaient: 24 heures par jour, en français. Finalement, le
défi, moi, c'était d'appeler American Express, 24 heures par
jour, en français, puis il y avait un autre numéro si tu voulais
appeler en anglais. J'ai dit: Je vais toujours bien essayer ça juste
pour voir. Alors, il est comme 23 h 30, un vendredi soir ou un jeudi soir, je
suis rentré de Québec. Alors, je signale le 1-800 et ça
répond: Oui, bonjour, American Express. Je dis: Maudit, c'est bien
vrai!
Alors, j'ai, effectivement, acheté. J'ai dit: Combien de temps
ça va prendre? Au plus tard, monsieur, si vous pouvez nous donner une
adresse d'un bureau où il y a toujours quelqu'un, nous vous assurons
que, jeudi prochain, vous aurez le fax. J'ai dit: «C'est-u»
compliqué à opérer? Non. Qu'est-ce qu'il va arriver s'il
brise? C'est un Panasonic; vous allez le porter chez le réparateur
Panasonic, pas de problème. Comme de fait... Alors, ils ont pris le
numéro de la carte American Express dont je me sers jamais, mais, en
tout cas, ils l'ont pris quand même, puis, le jeudi suivant, j'ai eu mon
fax chez nous.
Bien, ça, tu n'as même plus besoin d'ouvrir le dimanche;
c'est le jeudi soir, à 23 heures. O.K.? Puis tu peux faire ça,
à c't'heure, avec à peu près... Là, ils vendent des
meubles. Je ne sais pas qui achète des meubles par
téléphone, là, mais ils vendent des meubles. Il n'y a rien
que vous ne pouvez pas acheter par correspondance. Les gens qui sont
occupés, les gens qui travaillent souvent, bien, je veux dire... Puis
cette clientèle-là, c'est un phénomène sociologique
et on ne peut pas passer à côté.
Je veux continuer, M. le Président. Je me souviens que Jean Coutu
avait dit des choses bien intéressantes, en 1990, parce que, lui, il a
fait l'ouverture le dimanche depuis beaucoup plus longtemps que la moyenne des
gens. Jean Coutu, on lui avait dit: Est-ce que vous avez des problèmes
à recruter des gens pour travailler le dimanche? O.K.? Bon, il en a
parlé pendant une heure. Je ne veux pas rentrer dans les détails.
Mais, ça, ça m'avait impressionné. Dites-moi, est-ce que
vous avez des problèmes à recruter des gens pour travailler le
dimanche? Son fils Jean-François nous répond: Bien entendu, on a,
dans nos pharmacies, des piles de formules d'application de gens qui veulent
travailler chez nous. C'est entendu, on n'a aucun problème de
recrutement. Et le père, M. Coutu, dira un peu plus tard: Jamais en 40
ans je n'ai eu des problèmes à faire travailler les gens le soir.
Jamais je n'ai eu des problèmes. Jamais je n'ai dû mettre
quelqu'un à la porte pour cette raison-là. Il nous explique,
d'autre part, qu'il a des normes. Les gens ne travaillent pas tous les
dimanches. Il y avait des rotations. Il avait organisé ça.
Ceci dit, M. le Président, je sais que nos adversaires ont
beaucoup d'admiration pour Mario Dumont. Nous aussi, nous en avons. Moi, je ne
vous cacherai pas que je le connais. J'ai toujours eu et je continue à
avoir de l'admiration pour ce bonhomme-là. Mario Dumont, il est
venu...
Une voix: Michel Bissonnette aussi.
M. Benoit: Oui, Michel Bissonnette aussi. Mais Mario Dumont et
Michel Bissonnette étaient venus en commission parlementaire. Ils
s'étaient prononcés non pas pour l'ouverture des commerces
balisée; ils s'étaient prononcés pour l'ouverture
«at large», avec la Jeune Chambre de
commerce du Québec. Les deux jeunes groupes du Québec
étaient venus. Je vous lis ce que Mario Dumont nous avait dit. C'est
intéressant. «Mais je pense, en tout cas, au niveau des jeunes, le
sentiment que j'ai, c'est que, de façon très large, autant dans
les régions que dans les villes, il y a un désir de
libérer, de donner davantage de souplesse à nos structures.
Ça me paraît clair.» C'est Mario Dumont qui parle.
Alors, moi, quand je lis tout ça, les gens dans le comté
de M. le président de votre parti, les jeunes chez nous, Jean Coutu, qui
l'a expérimenté pendant nombre d'années, bien avant que je
sois là et bien avant qu'on soit là, quand je vois la
facilité avec laquelle j'ai pu acheter, en pleine nuit, de
l'équipement, à l'extérieur du Québec, sans aucune
forme de contrainte, même sans sortir de la maison chez nous, je me dis:
II y a un phénomène qui se passe, à quelque part. On est
aussi bien de regarder ça avec beaucoup de sérieux. Et ce
phénomène-là, c'est que les gens en redemandent. Et je
pourrais vous cilor Jean Coutu nous parle d'un État où il y avait
5 000 000 de citoyens, où il y a eu une augmentation de 2000 emplois
dans le détail quand ils ont ouvert le dimanche. Ça, c'est Jean
Coutu qui est dans cet État-là et qui nous raconte ça. 5
000 000 de citoyens, un État... J'oublie lequel. Je viens de le voir
tantôt.
Alors, je pense que c'est sérieux, ce que propose le ministre, M.
le Président. Et j'aimerais que M. le président du PQ regarde
l'Hebdo Rive-Nord du 22 novembre. Les citoyens, chez lui, ils ont l'air
à vouloir, de l'ouverture. Ce n'est pas juste un oui ou un non
catégorique. Ils ont des raisons pour lesquelles ils en veulent. Et il y
a deux personnes qui disent qu'elles sont contre. Et c'est correct, ça.
Elles en ont aussi, des raisons. Mais je veux dire, la moyenne est très
élevée.
Mario Dumont, vous nous citez ça à toutes les phrases,
là; bien, il était pour, Mario Dumont. J'aimerais ça que
vous me le recitiez ce soir. Jean Coutu, c'est un homme d'affaires qui a
réussi au Québec, pour qui j'ai de l'admiration. Il nous dit: Je
n'ai terrorisé personne pour travailler, puis j'en ai trouvé, du
monde, j'en ai trouvé énormément, du monde pour tra
vailler pour nous, puis j'en trouve encore, du monde.
Une voix: Mario Dumont parlait de la porte ouverte.
M. Benoit: Ah, la porte ouverte... Mario Dumont et les
successeurs de Mario Dumont nous diront probablement la même chose. M. le
Président, je vous remercie.
Le Président (m. audet): merci, m. le député
d'orford. est-ce qu'il y a d'autres intervenants sur la motion? mme la
députée de verchères, vous avez 10 minutes.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: M. le Président, est-ce qu'on peut poser des
questions au ministre? Parce que, là, il m'inquiète. Le ministre
m'inquiète. Je le voyais silencieux et tout. C'est à
l'opposé du député d'Orford, qui est passionnant. Je vais
vous dire pourquoi il m'inquiète, le ministre. Parce qu'il me semble de
plus en plus convaincu que l'Opposition fait de l'obstruction
systématique.
Une voix: C'est vrai.
Mme Dupuis: Je ne veux pas lire dans vos pensées, mais le
non-verbal semble exprimer qu'on fait de l'obstruction systématique.
Vous ne pensez pas ça? Bon! Ce qui m'inquiète aussi, j'ai encore
peur qu'une fois de plus notre motion d'entendre un autre intervenant, la
SIDAC, soit reçue par un autre non du ministre.
Il m'inquiète aussi pour une autre raison Peut-être qu'il
réfléchit qu'il n'a pas eu son projet de loi du premier coup,
puis à tout coup, puis partout, puis que c'est juste de façon
sporadique. Je lisais l'historique des heures d'ouverture. Je pense qu'on est
rendus à notre neuvième ou dixième projet de loi
là-dessus. C'est effrayant. Puis il m'inquiète aussi parce que
j'ai lu que ça a l'air que le premier ministre, M. Bourassa, l'avait
bloqué, ce projet de loi là, il y a deux ou trois ans, et le
ministre revient à la charge encore. (22 h 30)
Alors, moi, c'est un voeu que je fais au ministre en espérant
qu'il puisse répondre à certaines questions. Le ministre va
sûrement admettre qu'il y a plus de questions que de réponses dans
son projet de loi. Comme il n'a pas fait de commentaires préliminaires,
comme il n'a pas... Bon, oui, une fois, le ministre a élaboré un
petit peu, mais j'aimerais qu'il revienne parce que j'ai vu l'article du
Devoir de Gilles Lesage qui pose énormément de questions.
Je pense qu'on va le décevoir, Gilles Lesage. Quand on finit l'article,
il pense qu'on va arriver à bloquer des choses, puis je pense que ce
n'est pas évident, sauf peut-être de retarder un petit peu le
projet II pose des questions intéressantes, M le Président.
Je le lis. "En faisant adopter la loi 75, il y a à peine deux
ans, le ministre Tremblay estimait que le compromis laborieusement mis au point
serait valable pour un bon moment.» Il revient deux ans après.
«Comment ne s'est-il pas rendu compte alors qu'il n'y avait que trois
dimanches en décembre avant Noël, au lieu des quatre prévus
à la loi pour une ouverture généralisée des
commerces?» C'est là que je me dis: Bien, le ministre
m'inquiète parce que, là, il ne l'a pas eu du premier coup.
«Détail peut-être, mais si important aux yeux du ministre
que son projet de loi 59 en fait
l'objet dune disposition rétroactive» Bon, ça,
passons ça. «Le retour obligé à la case
départ, à l'observance des règles parlementaires va-t-elle
(sic) faciliter l'examen calme et réfléchi d'un projet qui,
anodin à première vue, dépasse de loin la
procédurite?» Et là, je pense que c'est le moment de
devenir un petit plus sérieux. Il a l'air très anodin, ce projet
de loi là, mais les conséquences, on ne les connaît
pas.
Je peux bien faire des blagues en disant que le ministre
m'inquiète, là. Je pense qu'il va encore nous dire non, mais,
effectivement, les effets secondaires à court, à moyen et
à long terme, ça m'inquiète un peu. Je suis de plus en
plus convaincue que, pour les chiffres qu'il a donnés au niveau de
l'emploi, le ministre va être déçu. La réaction des
commerçants, c'est quoi? J'en rencontre un, en fin de semaine. Il me
dit: Moi, je ne suis pas capable, sept jours par semaine, de garder mon
commerce ouvert. Puis il dit: La clientèle ne viendra pas. Elle va
répartir ça sur sept jours. Puis il dit: Moi, je ne suis pas
capable d'assumer ça. Ce que je vais faire, je vais fermer le lundi et
le mardi, à la place. Parce que, là, c'est sept jours par semaine
ouvert, hein? Ce n'est pas évident. Il dit: Je vais être
obligé de fermer d'autres journées. Oui, mais ça ne
créera pas d'emplois, M. le ministre. Dans la situation
financière qu'ils vivent présentement, ils ne sont pas capables
de se payer un autre employé, ils ne sont pas capables d'assumer ces
coûts-là. «Pourquoi élargir les heures de
commerce?» C'est une question que Gilles Lesage pose. Il dit: Pourquoi
élargir? Donc, ce n'est pas clair pour lui, non plus. Il se pose la
question. Je me demande, moi aussi, pourquoi élargir. Ça allait
bien comme ça. Je ne pense pas que le ministre soit convaincu. C'est
plutôt, là - on a déjà parlé
d'étapisme, de notre côté - de les ouvrir petit à
petit, pour que les gens s'habituent. C'est vrai qu'on s'habitue à tout.
C'est vrai. Mais, en bout de ligne, là, on va peut-être
s'apercevoir, comme nos jeunes s'en aperçoivent aujourd'hui, qu'on vit
dans une société qui n'est plus très humaine.
Je vais sauter des questions. Bon. «Y a-t-il une
nécessité impérieuse, outre celle de faire plaisir au
puissant lobby du Club Price et autres grandes chaînes?» C'est une
question que Gilles Lesage pose, comme nous. Je vais vous dire, M. le
Président, que ce n'était pas prévu, pour moi, de lire
ça. Je ne l'avais même pas lu, cet éditorial-là.
Une voix: Ha, ha, ha!
Mme Dupuis: Vous pouvez bien rire, mais je ne l'avais pas lu.
Vous pouvez bien ne pas me croire, si vous voulez. Je l'ai découvert
dans une chemise, d'accord, mais, moi, je ne l'avais pas lu. Pour me rendre
compte que Gilles Lesage se pose les mêmes questions que nous.
Et, en parlant des jeunes, à un moment donné: «Pour
un emploi prétendument créé, combien d'autres
disparaîtront avec l'étouffement des dépanneurs et autres
petits commerces à qui l'on a dit, pendant des années, de
créer leur emploi?» Et là, ça m'amène
à reparler des jeunes, M. le Président. On a dit, même dans
nos universités, à nos jeunes: Oui, mais il n'y a plus de
travail. C'est difficile de vous trouver un emploi. Donc, on les a
incités à se créer des emplois. Et je sais de quoi je
parle. C'est exactement l'attitude que j'ai eue avec mon fils. C'est pourquoi,
aujourd'hui, il est dans la libre entreprise.
Et là, on dit à nos jeunes: Partez-vous des commerces.
Créez-vous des emplois. Ils viennent à peine de partir que,
là, on te les rematraque encore. Et ce n'est pas facile pour quelqu'un
qui commence un commerce. Je ne dis pas quelqu'un qui a une longueur d'avance,
là, mais un jeune qui commence, puis qui a de la difficulté. Puis
c'est ça qu'ils sentent, M. le Président. Ils sentent qu'ils
n'ont pas leur place et qu'on ne leur donne pas un coup de main en disant
ça. C'est qu'on leur dit quelque chose, puis on fait le contraire. Il
n'y a rien là qui vient les aider, alors qu'il y a plusieurs jeunes qui
sont partis dans la libre entreprise parce qu'ils n'avaient pas d'emploi, puis
on les a incités à ça; le ministre en conviendra qu'on les
a incités à ça. Nos jeunes, qui finissaient à
l'université en administration, on les amenait à se créer
des emplois.
Et là, je continue. Bon, je vais en sauter des étapes
parce que bon, justement, le président très rigoureux nous montre
ses deux minutes. Il termine en disant: «II y a là un débat
important à faire». C'est signé toujours Gilles Lesage. Et
ce n'est pas n'importe quelle revue, là; c'est Le Devoir, tout de
même. «Il y a là un débat important à
faire.» Et là, je n'ai pas l'impression que c'est un débat.
J'ai l'impression que c'est plutôt du monologue. J'aimerais que le
ministre prenne la parole parce que je suis presque convaincue - remarquez que
je lui fais un procès d'intention - qu'il va dire non. Je commence
à désespérer. Je m'inquiète sur mon cas, sur mon
sort un peu.
Alors, j'aimerais que le ministre réponde à certaines
questions. «Le gouvernement voulait l'escamoter - et là, ce n'est
pas moi qui le dis - fort de son arrogance et de sa majorité.»
Mais, cependant, «grâce à la vigilance de l'Opposition
péquiste, il devra s'y résoudre. Et c'est tant mieux.»
Là, il va être bien déçu parce que, même si on
est très vigilant, j'ai l'impression qu'on ne gagne pas grand-chose. On
veut entendre des personnes pour être, finalement, peut-être un
petit peu plus éclairés, et peut-être qu'on changerait
d'avis si on avait des arguments solides. «Attristant, quand même,
que la désinvolture ministérielle tienne lieu de feuille de route
parlementaire.»
Je terminerai là-dessus, M. le Président, en
espérant que le ministre dira oui au moins pour
qu'un groupe soit entendu et, sinon, qu'il puisse lui-même
répondre à nos questions. vous savez, c'est long de monologuer
pendant des heures et des heures.
Le Président (M. Audet): Merci, Mme la
députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. le
ministre.
Des voix: Ah bon! Enfin!
Le Président (M. Audet): Vous disposez de 30 minutes, en
vertu du règlement.
M. Gérald Tremblay
M. Tremblay (Outremont): Alors, je vous remercie beaucoup, M. le
Président. J'écoute attentivement, depuis de nombreuses heures,
l'Opposition et, à sa demande, je vais intervenir...
M. Blais: À l'unanimité.
M. Tremblay (Outremont): ...pour lui dire au départ que je
vais voter contre la motion.
Des voix: Ah!
M. Tremblay (Outremont): Puis, plus j'écoute l'Opposition,
M. le Président, plus je trouve qu'on a présenté un bon
projet de loi.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Outremont): L'Opposition trouve ça
drôle. Elle s'imagine que ça été une décision
facile à prendre, mais, vous savez, beaucoup d'intervenants sont venus
nous rencontrer. On parle souvent de la coalition pour l'ouverture le dimanche:
150 détaillants, 50 000 travailleurs, dont des grandes surfaces. C'est
vrai. Je ne le nie pas. Le Conseil québécois du commerce de
détail. Alors, des grandes surfaces, mais également un plus grand
nombre de petits commerçants. Les Travailleurs unis de l'alimentation et
du commerce, Provigo. Provigo, c'est drôle parce qu'il apparaît sur
deux listes. Il apparaît sur une liste contre et il apparaît sur
une liste pour.
M. Blais: Les péquistes, puis les libéraux (22 h
40)
M. Tremblay (Outremont): C'est facile..
Mme Marois: II y a ceux qui tiennent les magasins, puis ceux qui
sont à un niveau central.
M. Tremblay (Outremont): Ça va vous donner un autre sujet
de conversation pour les prochaines 10 minutes. J'essaie de vous alimenter un
peu, là, en même temps.
Les villes. Il y a des villes comme la ville de Montréal, la
ville de Sainte-Foy, la ville de Beaconsfield. Les chambres de commerce. On en
a parlé beaucoup des chambres de commerce. Alors, la Chambre de commerce
du Québec qui représente, on l'a mentionné hier, 217
chambres de commerce. On n'a jamais prétendu que c'était
l'unanimité, mais c'est la majorité. C'est la majorité.
Sans ça, on aurait sûrement vu des chambres de commerce beaucoup
plus nombreuses s'objecter. Mais la Chambre de commerce de Montréal est
venue appuyer cette Chambre de commerce de Québec. La Chambre de
commerce de Laval, la Chambre de commerce de Sainte-Foy. Cet après-midi,
on a vu la Chambre de commerce de Montmagny et, également, l'Association
des consommateurs du Québec.
Donc, on a écouté. On a écouté toutes ces
représentations et on a également dit: On va même
rencontrer les personnes qui sont contre, parce qu'elles nous avaient
envoyé des lettres. Alors, on les a rencontrées, elles sont
venues nous parler. Dans ce sens-là, quand j'entends la
députée de Taillon, puis je ne lui prête certainement pas
des intentions, elle voudrait qu'on consulte davantage, elle voudrait qu'on
fasse des motions pour rencontrer certains intervenants.
En 1990, on a passé une centaine d'heures en commission
parlementaire à écouter 94 intervenants Après ça,
il y a eu les discussions à l'Assemblée nationale, des
discussions en commission parlementaire et des discussions avec d'autres
intervenants, pour un total de 220 heures. Quand le temps est venu de
procéder à l'analyse du projet de loi article par article, on a
recommencé exactement ce qu'on fait ce soir. On n'avait pas assez
consulté. Alors, les motions ont commencé, la même,
même chose. Si ce n est pas les mêmes intervenants, c'en
était d'autres.
Je me rappelle très bien, à ce moment-là, ce qui
était très drôle, c'est qu'on avait... J'arrivais, moi, M
le Président, à l'Assemblée nationale, je ne pensais pas
que ça existait. Mais l'idée, c'est le gros poisson qui mange le
petit poisson. Pour vous le rappeler, là, c'est de ça qu'on
parlait. Puis, là, il y avait le député d'Ungava qui
était assez coloré, qui parlait de l'aquarium, là, puis il
mettait dans l'aquarium le gros poisson qui mange les petits poissons. C'est
là que j'ai appris que, dans certains pupitres à
l'Assemblée nationale, si on lève ça, il y a des discours
préparés d'avance. Puis il y en avait un sur les poissons, il y
en avait un sur...
Une voix: Chez les libéraux.
M. Tremblay (Outremont): non, non, parce que les
députés libéraux, à ce moment-là, je dois
dire qu'ils étaient en faveur du projet de loi et les personnes qui
parlaient du gros poisson qui mange le petit poisson, c'était
l'opposition. c'est dans ces bureaux-là que se trouvait ce texte. alors,
donc...
Des voix:...
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre! Si vous voulez laisser... À l'ordre, s'il
vous plaît! M. le député de Laviolet-te, s'il vous
plaît! Je pense que tout le monde a pu s'exprimer sans être trop
dérangé. Alors, je vous demanderais de laisser le ministre... Si
vous avez des choses à corriger, le règlement vous permet, en
intervenant immédiatement après l'intervention du ministre, de
les corriger. Alors, veuillez laisser terminer le ministre, s'il vous
plaît. Nous en sommes aux motions. Nous n'en sommes pas à
l'étude... M. le député, s'il vous plaît! M. le
député.
M. Tremblay (Outremont): Je n'ai jamais dit que c'était,
M. le Président, des discours préparés d'avance. Ce que
j'ai dit, c'est une feuille de papier standard avec le gros poisson qui mange
le petit poisson, de l'Opposition. Ha, ha, ha! Puis, quand on n'a plus rien
à dire, on sort cette feuille-là. Puis j'admets que le
député d'Ungava ne l'a jamais sortie. Il ne l'a jamais sortie
parce qu'il la connaissait par coeur. C'est un autre député qui
arrivait dans la deputation de l'Opposition qui a sorti ça. Parce qu'on
lui a demandé de parler 10 minutes sur une motion, il a commencé
à lire ça. Alors, là, j'ai compris que, du
côté de l'Opposition, on croira toujours que le gros poisson va
manger le petit poisson et on va toujours protéger la
minorité.
Alors, dans ce sens-là, j'ai écouté très
attentivement le député de Labelle, parce que c'est le parrain de
la loi sur les SIDAC.
Une voix: Ah, il a appris ça.
M. Tremblay (Outremont): Oui. Bon, à ma grande surprise.
Je ne pensais pas...
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: À ma grande surprise!
M. Tremblay (Outremont): ...qu'il était le parrain de
cette loi-là.
Une voix: C'est son ancienne gang de chums...
M. Tremblay (Outremont): Je ne sais pas, après mon
intervention, s'il va rire autant. Bon. C'a été fait, oui, pour
permettre, justement, la revitalisation de certaines artères
commerciales dans les centres-villes, mais pas uniquement les centres-villes
dans les grands centres comme Montréal, mais également dans les
régions du Québec. Je me rappelle, en 1960, Jacques Gagnon,
«maîtres chez nous», dans le temps des caisses d'entraide
économique; les premières ressources financières investies
par les différents intervenants à Aima, c'était pour
revitaliser le centre-ville d'Alma. Alors, cette idée-là est
venue de Jacques Gagnon, en 1960, qui, à ce moment-là, pour
favoriser le développement économique de toutes les
régions du Québec, a convaincu les intervenants.
Puis c'est bien parce que c'est le résultat du fait que Jacques
Gagnon est parti d'Alma parce qu'il avait besoin de financement pour son
restaurant. Il s'est présenté à la Banque de
Montréal en 1960 et la Banque de Montréal n'a pas voulu financer
son restaurant à Aima. Alors, lui, il s'est dit: Je n'accepte pas
ça. Il est retourné à Aima. Il a rencontré 60 de
ses amis qui ont investi chacun 1000 $ dans la première caisse
d'entraide économique d'Alma qui a servi à financer son
restaurant. Et, par la suite, parce qu'il s'est senti redevable face à
la société québécoise, il a décidé de
partir dans toutes les régions du Québec des caisses d'entraide
économique qui, elles, pour favoriser le développement des
artères commerciales dans toutes les régions du Québec,
ont investi des sommes considérables pour revitaliser les
centres-villes.
Alors, dans ce sens-là, c'est là que le
député de Labelle a sûrement été très
inspiré, puis il a dit: Moi, il faut que je continue absolument, parce
que c'est vrai qu'il y a eu un certain problème. Il a dit: On va faire
des sociétés d'initiatives et de développement
d'artères commerciales. Pourquoi? Pour avoir une stratégie
offensive par opposition à une stratégie défensive parce
que, à toutes les fois qu'on a eu une stratégie défensive,
ça a été néfaste.
C'est un peu ce que la ville de Montréal a eu, parce que je me
rappelle très bien qu'en 1990 la ville de Montréal s'est
présentée ici, en commission parlementaire, et elle nous a
expliqué que les petits commerçants avaient peur. On avait peur
que les gens, si on fermait les commerces à Montréal, se
déplacent à Laval, dans les artères^ commerciales ou dans
les centres commerciaux à Laval. Donc, la réaction de la ville de
Montréal, elle s'est dit: On va fermer tout, tout, tout au
Québec, parce que nous avons peur. Elle avait peur également des
Club Price, à ce moment-là, puis elle a dit: Les gens vont partir
le dimanche, puis ils vont s'en aller au Club Price. Stratégie
défensive. Là, ils ont commencé, dans cette
stratégie défensive là, à imaginer que l'ouverture
des commerces le dimanche, ça coûterait beaucoup, beaucoup
d'argent. Ils ont dit: Ça va prendre des autobus additionnels, ça
va prendre des métros qui vont devoir circuler plus souvent, ça
va prendre de la police pour la sécurité. Si on ouvre les
commerces le dimanche, ça va prendre beaucoup plus... Ça peut
coûter plus cher au niveau des pompiers si jamais il y a des incidents ou
pas.
Alors, la conclusion, pour la ville de Montréal, c'a
été non. On l'a accepté, à ce moment-là, et
la ville de Montréal est venue nous voir pour le quartier chinois, bon.
Oui, on va donner pour le quartier chinois. Puis, à ce
moment-là, je me rappelle, je leur avais dit: Ne venez pas me
voir pour le quartier grec, pour le quartier italien. Ils m'ont assuré
qu'ils ne viendraient pas. Et là, c'a été pour le
Vieux-Montréal. C'est normal, le Vieux-Montréal, surtout pendant
la période de la Saint-Jean-Baptiste, les journées très
mouvementées. Alors, dans ce sens-là, on a accepté.
Après ça, ils sont venus nous voir pour la rue
Sainte-Catherine par personnes interposées. Faites un test avec le
ministre. On a dit: On va prendre la rue Sainte-Catherine, puis on va en faire
une zone touristique qui partirait de la rue Atwater jusqu'à la rue
Saint-Laurent, de la rue Sherbrooke jusqu'au fleuve. Alors, là,
ça devenait assez compliqué. On a accepté pour le quartier
chinois, même si c'était contestable, parce que ça
arrêtait à la rue Saint-Laurent, puis on avait juste à
traverser de l'autre côté, puis les commerces ne pouvaient pas
ouvrir, mais ils pouvaient ouvrir juste d'un côté. Alors,
là, la rue Sainte-Catherine, ça commence à être
important. Qu'est-ce qui arrive avec le faubourg Sainte-Catherine, qui est
juste de l'autre côté de la rue Atwater? Qu'est-ce qui arrive avec
le côté nord de la rue Sherbrooke? Et qu'est-ce qui arrive avec
l'autre côté de la rue Saint-Laurent, qui est une rue assez
importante? (22 h 50)
Alors, on a dit: Non, on ne peut pas faire ça parce que ça
va créer préjudice à trop de commerçants. Alors,
à la ville de Montréal, ils se sont rencontrés - il y a
beaucoup de SIDAC à la ville de Montréal, plusieurs - et ils ont
décidé d'ouvrir les commerces. Pourquoi? Parce qu'ils ont pris
une stratégie offensive. Ils ont décidé d'investir des
dizaines de millions de dollars dans la revitalisation de leurs artères
commerciales. Ils se sont dit: Si on revitalise les artères
commerciales, il serait normal qu'on ouvre les commerces pour qu'on ait une
clientèle. On va essayer, par une stratégie offensive, d'avoir
plus de personnes.
Donc, c'est évident que ça a influencé notre
décision parce que, si on avait eu des représentations uniquement
des mêmes personnes qui étaient venues nous voir, on aurait dit
non. Aïe! Il faut le faire. Le seul ministre en Amérique du Nord
qui va avoir modifié la Loi sur les heures et les jours d'admission dans
les établissements commerciaux deux fois, le seul.
Une voix: C'est extra!
M. Tremblay (Outremont): II n'y a pas beaucoup de ministres qui
voulaient toucher à ça. Mais, quand on est réellement
à l'écoute, quand on esta l'écoute...
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: On va lui donner un prix.
M. Tremblay (Outremont): ...des commerçants et des
commerçantes, des consommateurs et des consommatrices, des travailleurs
et des travailleuses, parce que les travailleurs sont venus me voir aussi... Si
ça avait été encore juste la ville de Montréal,
j'aurais dit hum! Mais, là, c'a été les travailleurs et
les travailleuses et beaucoup de petits commerçants. Les petits
commerçants, j'en connais plusieurs parce que j'ai déjà
été impliqué dans une SIDAC. Puis j'aimerais
peut-être vous dire quelque chose que le député de Labelle
ne vous a pas dit. Pourtant, c'est le parrain de la loi, mais on voit comment
on peut être sélectif pour faire valoir son point de vue et, quand
il y a un élément qui, peut-être, ferait pencher la balance
du côté des personnes qui ne partagent pas le même point de
vue, on l'oublie. Tout le monde fait ça. Alors, je n'accuse pas le
député de Labelle. Tout le monde fait ça. On cherche les
arguments qui sont en notre faveur.
Mais la SIDAC, c'est parce que, sur une rue, trop souvent, on avait
quelques commerçants qui étaient performants, qui faisaient de la
publicité, qui étaient plus agressifs que d'autres, qui
investissaient dans le développement d'une rue, et on avait d'autres
commerçants qui étaient plus passifs, qui profitaient sans
contribuer à l'effort financier, humain des autres commerçants.
Alors, le parrain de cette loi, le député de Labelle, a
considéré qu'on devait être à l'écoute de la
majorité par opposition à la minorité. Donc, pour qu'une
SIDAC soit formée, ça prend un vote de la majorité des
établissements commerciaux sur une rue et ça n'inclut pas
uniquement les commerçants de détail Ça inclut les
services...
Une voix: Professionnels.
M. Tremblay (Outremont): ...24 heures par jour 7 jours par
semaine. Ça inclut les professionnels 24 heures par jour 7 jours par
semaine. On le sait qu'ils n'ouvrent pas 24 heures par jour 7 jours par
semaine, mais ils peuvent le faire. Alors, toutes ces personnes ont fait une
rencontre et, après ça, elles doivent aller voter à la
municipalité. S'il y a 51 %, la SIDAC est formée. Ça veut
dire que le député de Labelle, parrain de la loi sur les SIDAC, a
considéré qu'on devait être à l'écoute de la
majorité.
M. Blais: Exact!
M. Tremblay (Outremont): Bon. Et, dans ce sens-là, la
majorité dit, pour une SIDAC...
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Ils font faillite avant de. .
M. Tremblay (Outremont): la majorité dit. pour une
SIDAC... Ha, ha, ha!
Une voix: C'est extraordinaire!
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît!
M. Blais: Je ne savais pas que c'était vous qui aviez
passé ça!
Le Président (M. Audet): M. le député de
Saint-Maurice, s'il vous plaît!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): Bon. O.K. C'est assez, là.
C'est assez, c'est assez, c'est assez. C'est assez. O.K. M. le
député de Laviolette, s'il vous plaît! M. le
député de Laviolette, s'il vous plaît! S'il vous
plaît! Bon. Quand il y en a un qui part d'un bord, ça commence,
puis ça n'arrête plus. Ça fait que tout le monde se tient
peinard.
Une voix: Oh! excellent français!
Le Président (M. Audet): On écoute le ministre. Si
on a des questions après, la question peut être posée au
ministre en vertu du règlement. Merci à vous tous.
M. Tremblay (Outremont): Alors, je vous remercie beaucoup, M. le
Président. Je ne pensais pas que cette affirmation de la majorité
et de la minorité susciterait autant de débats du
côté de l'Opposition. J'espère que je n'ai pas
réussi à les diviser.
Par contre, le député de Labelle, le parrain de la loi sur
les SIDAC, a considéré que la majorité, c'est important,
et sa majorité, c'était 51 %. C'est un peu contradictoire avec ce
que la députée de Taillon disait, tout à l'heure, parce
qu'elle disait qu'on brimait les droits d'un nombre important de
commerçants qui sont minoritaires dans la démarche de l'ouverture
des heures et des jours d'admission dans les établissements
commerciaux.
Une voix: Ça devait être
«majoritaires».
M. Tremblay (Outremont): Alors, dans ce sens-là, M. le
Président, l'Opposition reconnaît qu'on doit être à
l'écoute de la majorité.
Et là, je reviens au député de Masson et à
la députée de Verchères aussi. On a cité un
éditorialiste important. Pour la députée de
Verchères, c'était la première fois, je la crois sur
parole, qu'elle lisait cet editorial, mais je dois dire que le
député de Masson, lui, l'avait lu attentivement, et on en a
parlé beaucoup. Je l'ai lu également. Mais j'aimerais qu'on
écoute un autre éditorialiste. Je reconnais que
l'éditorialiste du Devoir, c'est un grand éditorialiste,
un grand penseur de notre société québécoise, je le
reconnais. Même s'il a dit du ministre de l'In- dustrie, du Commerce et
de la Technologie, là, que la qualité totale, ce n'était
pas toujours appliqué à 100 %, il faut qu'on reconnaisse que la
qualité totale, c'est une philosophie, c'est un objectif qu'on vise,
parce que je n'ai jamais prétendu être parfait.
Des voix: Sauf dans L'actualité. Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Tremblay (Outremont): Je n'ai jamais prétendu
être parfait parce que je n'ai pas encore la force de
l'expérience. Je n'ai pas l'expérience...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Outremont): J'espère. Non, non, mais c'est un
objectif. C'est un objectif. C'est un objectif qu'on n'atteint jamais, mais on
doit faire des efforts pour l'atteindre.
Alors, j'avais toujours pensé qu'en politique, le fond,
c'était très important et j'ai, au cours des dernières
années, consacré toutes mes énergies à la substance
par opposition à la forme et à la procédure. C'est
à ce moment-là que j'ai réellement appris, le 26 novembre,
par la méthode empirique - je suis une personne de méthode
empirique - que la forme a une certaine importance, surtout quand on est dans
l'Opposition parce que, dans l'Opposition... Puis, ça, je le respecte
beaucoup parce qu'il paraît que, quand notre parti était dans
l'Opposition, il utilisait sensiblement les mêmes moyens. Bon. Alors,
peut-être qu'éventuellement on va devoir changer ça dans le
meilleur intérêt du développement économique,
social, culturel et éducatif du Québec, mais la majorité
nous fera sûrement signe, et j'espère qu'elle va nous faire signe
très bientôt. Alors, dans ce sens-là, je reconnais la
grande valeur de...
M. Jolivet: M. le Président, qu'est-ce qu'il
implore...
Le Président (M. Audet): M. le député de
Laviolette, vous n'avez pas la parole. Vous avez été
vice-président de l'Assemblée nationale. Vous connaissez le
règlement. S'il vous plaît, M. le député! S'il vous
plaît!
M. Lemire: Pourriez-vous le rappeler à l'ordre, s'il vous
plaît? (23 heures)
Le Président (M. Audet): Mais c'est ce que je fais, M. le
député de Saint-Maurice. On va laisser terminer le ministre. Bon!
Merci. Alors, M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Merci beaucoup, M. le Président.
Alors, je disais que je reconnais la grande valeur de cet éditorialiste
du Devoir,
mais il n'est pas le seul.
Une voix: Qui, l'autre?
M. Tremblay (Outremont): II n'est pas le seul. Là, ce qui
est important, c'est toujours la majorité. Avant de prendre la
décision, je n'avais lu aucun éditorialiste qui était
défavorable dans la presse francophone et dans la presse anglophone.
Donc, pour équilibrer, j'ai été obligé d'en faire
un petit peu plus, il y en a tellement. J'ai été sélectif.
Il y a tellement d'éditorialistes qui sont sortis en faveur des heures
d'affaires que je ne pourrai pas tous les lire, M. le Président, mais
j'en ai juste sélectionné quelques-uns. «L'ouverture des
magasins le dimanche est l'un...» Vous allez le reconnaître. Ne
vous en faites pas, je vais vous le dire. Laissez un petit peu, vous allez
voir, c'est...
Une voix: Dubuc.
M. Tremblay (Outremont): Je n'ai même pas eu besoin de le
dire, M. le Président.
M. Blais: Bien, s'il est en faveur, c'est un des
vôtres.
M. Tremblay (Outremont): «L'ouverture des magasins le
dimanche est l'un de ces moyens efficaces qui ne coûtent pas cher. Il
faudrait être masochiste pour ne pas en profiter. Jusqu'ici, c'est avec
une grande réticence que Québec s'est aventuré sur le
terrain du commerce dominical, pour finalement aboutir à un compromis
bâtard pour les commerces d'alimentation.» J'en prends une part de
responsabilité. «C'est la récession qui semble être
en passe de donner aux partisans de l'ouverture le dimanche, du ministre de
l'Industrie Gérald Tremblay au maire Jean Doré, l'argument massue
qui leur manquait pour convaincre les ministres québécois.
«L'ouverture des magasins le dimanche ne coûte rien à
l'État et est simple à mettre en oeuvre si le gouvernement ne la
complique pas avec des exceptions, des règles tatillonnes et inutiles,
sauf celles qui visent à protéger les travailleurs.» Alors,
si vous prenez le projet de loi, si on avait l'opportunité d'en discuter
article par article, vous verriez qu'il y a beaucoup d'articles qui ont
été abrogés, justement, pour, entre autres,
répondre aux propos de ce grand éditorialiste. «Cela peut
encourager l'économie de trois façons. La première, c'est
en contrant le commerce transfrontalier, aux USA ou en Ontario,
particulièrement actif le dimanche.» Là, ce n'est plus le
ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie qui le dit, c'est un
grand éditorialiste. «La seconde, c'est en créant des
emplois, puisqu'il faut des employés un jour de plus, et, surtout, en
stimulant la consommation. De nombreuses études montrent en effet que
les gens consomment plus si l'accessibilité aux magasins est plus
grande. Dans une fin de récession comme celle que nous connaissons,
où le principal frein à la reprise est la trop grande prudence
des consommateurs, la mesure est particulièrement bien ciblée.
«Cette libéralisation du commerce peut enfin avoir un effet
psychologique positif - c'est ça que j'avais essayé de
démontrer au député de Labelle, le 24 novembre; j'avais
mentionné que, le 29 novembre, c'était important, cette
mesure-là, que ça avait un effet psychologique, ça
encourage les commerçants - en favorisant une certaine
fébrilité de l'activité commerciale dans une
période où les attitudes et les perceptions des citoyens peuvent
jouer un rôle important. Comme pourrait le faire une réduction
importante des taxes sur les cigarettes qui mettrait bien des gens de bonne
humeur. Il ne faut pas sous-estimer l'impact économique d'une bonne
nouvelle. «Le gouvernement Bourassa doit prendre tous les moyens à
sa disposition pour accélérer la reprise et ne négliger
aucune de ces mesures qui, prises une à une, semblent mineures.»
Alors, c'est un editorial d'Alain Dubuc, «Relance et dimanche», le
19 novembre 1992, donc avant le dépôt.
C'est rare qu'on a un éditorialiste qui écrit avant et qui
écrit également après. Alors, le même
éditorialiste: «Jamais le dimanche», le 28 novembre
1992.
Une voix: Écoutez les deux premières phrases.
M. Tremblay (Outremont): II y en a plus que deux; il y a trois
paragraphes, mais c'est intéressant.
Une voix: II y a plus que deux phrases dans
l'éditorial?
M. Tremblay (Outremont): Oui. Non, mais il voulait... C'est parce
que...
Une voix: C'est long.
M. Tremblay (Outremont): ...je donne tout. La transparence.
Alors, dans ce sens-là, j'ai même mentionné des petites
choses, ici, qui sont des suggestions au gouvernement, qu'on aurait
peut-être à améliorer, mais on écoute, étant
donné qu'on est à l'écoute de la population, des
éditorialistes et des consommateurs et consommatrices, on est à
l'écoute.
Alors, l'éditorial d'Alain Dubuc: «Jamais le
dimanche». «En bloquant le projet d'ouverture des magasins le
dimanche, Jacques Parizeau a commis une belle niaiserie.»
Une voix: Ce n'est pas nous autres qui disons ça,
là.
M. Tremblay (Outremont): «Mais au-delà des
mérites et des inconvénients du magasinage dominical,
l'Opposition péquiste, en déclenchant ce débat ridicule, a
en outre levé le voile sur une réalité autrement plus
désolante, celle de l'impuissance chronique du monde politique, tant
dans le gouvernement que dans l'Opposition, à résoudre les
problèmes économiques du Québec. «L'ouverture des
magasins le dimanche est une excellente mesure, qui aurait dû être
en vigueur depuis longtemps...
Une voix: C'est ça.
M. Tremblay (Outremont): ...surtout parce que cela correspond aux
besoins des hommes et des femmes d'aujourd'hui. «M. Parizeau a bien
essayé de donner un certain vernis à son opposition, en
réduisant sottement ce projet aux "pressions faites par le Club
Price".
Une voix: C'est vrai, ça.
M. Tremblay (Outremont): II a surtout illustré là
son mépris habituel et son ignorance des problèmes quotidiens de
ceux qu'il veut diriger.» Ha, ha, ha! «L'Opposition péquiste
dénonce l'ouverture du dimanche au nom d'un syndicalo-populisme vieillot
qui fait d'elle le porte-voix des syndicats et des lobbies de petits
commerçants. En ce faisant, elle oublie les citoyens, les familles
où les deux parents travaillent, qui composent maintenant le coeur de
notre société. Le résultat net, ce sera surtout
d'écoeurer - ah oui, d'écoeurer, il devait être... - des
consommateurs, qui avaient pourtant besoin de bonnes nouvelles, et de nuire
à une économie qui a besoin de stimulus.»
M. Jolivet: II ne s'est pas promené chez Provigo à
Grand-Mère, lui, certain!
M. Tremblay (Outremont): je vais juste en donner un autre parce
que je ne veux pas allonger... oui, je vais le dire. je ne veux pas allonger,
mais je veux montrer qu'il y en a plusieurs.
M. Jolivet: Ah oui, deux, c'est déjà plusieurs.
M. Tremblay (Outremont): Oui. Non, mais c'est le même.
C'est la même personne.
Une voix: Ah, c'est toujours la même personne?
M. Tremblay (Outremont): C'est Alain Dubuc, les deux. Alors,
c'est la même personne. Il faut que je prenne une autre personne pour
démontrer que c'est le début de la majorité, bon.
Alors, c'est dans Le Soleil, l'éditorial du Soleil:
«La bonne décision au bon moment».
Une voix: C'est qui, ça? Masson?
M. Tremblay (Outremont): Michel Audet.
M. Jolivet: Audet, c'est qui?
M. Tremblay (Outremont): Michel Audet. Bon. Et ça, c'est
le 25 novembre: «Le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie, M. Gérald Tremblay, doit déposer dans les prochains
jours un projet de loi pour libéraliser les heures d'ouverture des
commerces le dimanche. Pour de multiples raisons, c'est la seule
décision à prendre. «Les habitudes d'achats le dimanche se
sont transformées depuis quelques années, par
nécessité pour de nombreuses familles monoparentales, par
goût pour d'autres. C'est ce qui explique, en partie, la fièvre du
magasinage outre-frontières dont on estime la valeur à plus de 2
000 000 000 $, en 1991. «Récemment, l'Ontario et le
Nouveau-Brunswick ont, comme les États américains limitrophes,
libéralisé le commerce du dimanche. Le Québec ne peut
continuer de s'isoler et d'inciter les consommateurs à faire leurs
emplettes en Ontario et aux États-Unis.
M. Jolivet: Pas à la grandeur.
M. Tremblay (Outremont): il faut, au contraire, avoir des
horaires qui facilitent l'achat au québec, comme le souhaitait
récemment m. claude béland.»
M. Jolivet: II faudrait qu'elle passe.
M. Tremblay (Outremont): également, et je vais terminer
sur celui-là, m. le président, le quotidien. là, je vais
aller en région. on a fait montréal...
M. Jolivet: Sherbrooke?
M. Tremblay (Outremont): ...on a fait québec... non, le
quotidien. je m'en vais au saguenay-lac-saint-jean. «ouvrir le dimanche,
une nécessité incontournable».
M. Jolivet: Ça, c'est Néron.
Une voix: Ce n'est pas exactement... (23 h 10)
M. Tremblay (Outremont): «Le gouvernement vient
d'autoriser...» Il pensait que je l'avais déjà
autorisé; ça, ça m'a surpris. Le 28 novembre, un
éditorialiste. Ça m'a surpris un peu. «Le gouvernement
vient d'autoriser l'ouverture des magasins le dimanche. Cette décision,
que le principal intéressé n'a nullement cherché à
cacher au
cours des dernières semaines, permet aux commerçants qui
le désirent - et ce, malgré l'obstruction tardive et inutile du
Parti québécois - d'ouvrir leurs portes sept jours sur
sept.»
Le Président (M. Audet): Vous avez terminé, M. le
ministre?
M. Tremblay (Outremont): Non. J'ai fini mes deux minutes?
Le Président (M. Audet): Oui.
M. Tremblay (Outremont): Déjà?
Le Président (M. Audet): 15, 20 secondes.
M. Tremblay (Outremont): Mais on va avoir le temps...
M. Blais: Si vous avez besoin de deux minutes, allez-y.
Le Président (M. Audet): S'il y a consentement, je n'ai
pas d'objection.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, j'aime respecter
votre autorité...
Le Président (M. Audet): Je m'en réjouis, M. le
ministre. Vous êtes un membre exemplaire.
M. Tremblay (Outremont): J'avais droit à 30 minutes.
Une voix: Prenez bonne note.
M. Tremblay (Outremont): J'ai utilisé mes 30 minutes, je
reviendrai au moment opportun. Je suis intervenu uniquement pour alimenter
l'Opposition, pour lui donner des arguments...
Le Président (M. Audet): arrêtez, parce que je vais
être obligé de retirer mes paroles. question de règlement
pour m. le député de masson.
M. Blais: M. le Président, pour qu'une personne continue
plus loin que le temps prévu par règlement, il faut qu'elle
demande l'autorisation. Nous l'avons donnée. Nous aimerions qu'il fasse
ses deux minutes parce qu'il a accordé deux minutes de plus à la
députée de Marie-Victorin, tantôt. J'ai trouvé
ça très aimable de sa part. Et sa voix, ce soir, à cette
heure, à notre oreille, elle est très suave. J'aimerais qu'il y
aille encore un petit peu. C'est comme un velours auditif.
M. Tremblay (Outremont): j'accepte, m. le président, pour
prouver mon objectivité. m. le président, mes deux minutes
commencent, là. «à qui profite vraiment l'ouverture des
commerces le dimanche?» Le mercredi 25 novembre 1992, l'auteur est le
président-directeur général de l'Association des
détaillants en alimentation du Québec. Ce
président-directeur général attaque directement
l'éditorialiste qui a écrit dans La Presse les deux
éditoriaux que j'ai lus tout à l'heure. Il l'attaque directement.
Il fait valoir beaucoup de points de vue. Dans mes minutes, vous comprendrez
que je n'ai pas le temps de passer tous ses arguments. Je vais juste donner la
réponse de l'éditorialiste de La Presse. «Les
informations rendues publiques cette semaine, après la rédaction
de votre lettre, indiquent que le gouvernement du Québec a
été plus ouvert à des arguments comme les miens
qu'à des arguments comme les vôtres. Et je m'en réjouis non
par vanité, mais parce que la décision de libéraliser
l'ouverture des commerces mettra fin à un débat qui a souvent
sombré dans l'excès, comme l'illustre votre lettre où l'on
retrouve des procès d'intention, une enflure verbale et des valeurs qui
rappellent plus celles d'un syndicaliste gauchiste des années soixante
que celles du dirigeant de PME que doit être un commerçant. Mais
je me réjouis surtout de la décision gouvernementale parce
qu'elle permet de répondre à la question que vous posiez dans le
titre de votre lettre: "À qui profite vraiment l'ouverture des magasins
le dimanche?" Ma réponse: C'est aux consommateurs et cela me suffit
amplement.»
Le Président (M. Audet): Merci, M. le ministre.
Des voix: Qui a répondu?
Le Président (M. Audet): Étant donné que les
deux minutes sont terminées...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: M. le Président, ce n'est pas nous qui avons
mis la limite de deux minutes.
Une voix: Oui.
M. Jolivet: Non, non. On a dit...
Le Président (M. Audet): Non, mais consentement... Il faut
quand même que j'établisse dans le temps combien il va intervenir
de minutes. Il pourrait partir tout le reste de la nuit et...
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, je vais
répondre à la première.
Le Président (M. Audet): Un instant.
M. Tremblay (Outremont): Je vais répondre à la
première.
Le Président (M. Audet): M le ministre
M. Tremblay (Outremont): À la demande du
député de Labelle, je lui suggérerais fortement de prendre
ses 30 prochaines minutes pour lire cette lettre: «À qui profite
vraiment l'ouverture des commerces le dimanche?» Je suis bien d'accord
pour alimenter l'Opposition, mais je ne veux certainement pas, en plus, faire
le travail de l'Opposition. M. le Président, j'espère que vous
allez comprendre.
Le Président (M. Audet): Je comprends très bien.
Est-ce qu'il y a d'autres...
M. Blais: Question de règlement, s'il vous plaît, M.
le Président.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Masson.
M. Blais: m. le président, j'aimerais demander au
ministre... il nous a dit qu'il y avait plusieurs éditorialistes. il
n'en a cité que trois. plusieurs, est-ce que... au moins citer les noms
de quelques-uns parce que, là, trois, ce n'est pas très
convaincant.
Le Président (M. Audet): Ce n'est pas une question de
règlement. Vous demandez une question au ministre.
M. Tremblay (Outremont): Alors, c'est avec empressement, M. le
Président, que je réponds à la question du
député de Masson. Ce qui est intéressant, c'est que le
député de Masson s'en vient de plus en plus objectif. Ce qui est
intéressant aussi, c'est qu'on s'aperçoit de plus en plus que
c'est un problème idéologique et, dans ce sens-là, on ne
peut pas se convaincre. On peut continuer à parler longtemps. Moi, j'ai
beaucoup de respect pour les deux points de vue. Comme ministre, je devais en
choisir un, parce que la députée de Taillon nous le dit toujours
- et elle le disait quand elle a dû choisir dans le secteur de la
couture: «Gouverner, c'est décider.» On ne peut pas toujours
faire des consultations. Il faut décider.
Alors, dans ce sens-là, je voudrais informer le
député de Masson que, dans Le Quotidien, le samedi 28
novembre 1992 - je l'ai mentionné tout à l'heure - c'est Carol
Caron: «Ouvrir le...» Carol Néron, excusez! Je vais vous
dire pourquoi j'ai eu un lapsus, M. le Président. C'est parce que Carol
Caron, c'est le directeur du bureau de la Société de
développement industriel du Québec à Rimouski. Alors,
quand j'ai vu «Carol»... J'identifie toujours ça à
des gens avec lesquels j'ai eu une très bonne relation et qui
contribuent au développement économique du Québec de
façon importante, cette belle équipe dynamique de la
Société de développement industriel du Québec.
Le Président (M, Audet): Très bien, très
bien, très bien. Si vous voulez conclure.
M. Tremblay (Outremont): Alors, Carol Néron: «Ouvrir
le dimanche, une nécessité incontournable». Je ne sais pas
si, l'Opposition, vous lisez la Gazette, des fois, là. The
Gazette, oui? Bon, très bien. Non, mais je posais la question, M. le
Président. The Gazette, Montréal, Saturday, November 28,
1992: «A month of Sundays». «After years of debate,
last-minute snag stalls shopping-law change, but the government still aims to
allow stores to open every Sundays as of Dec. 27.» Craig Toomey. La
Voix de l'Est, le vendredi 27 novembre 1992, Valère Audy: «Le
commerce du dimanche».
Le Président (M. Audet): Ça commence à en
faire plusieurs, là.
M. Tremblay (Outremont): Non, ça en fait juste trois. On
continue. Le Soleil, le mercredi 25 novembre 1992. Editorial: «La
bonne décision au bon moment», Michel Audet. The Gazette,
Thursday, November 19, 1992... Les éditoriaux dans The Gazette
ne sont jamais signés. Les éditoriaux dans The Gazette
sont rédigés par une équipe d'éditorialistes
rédactionnels et on ne mentionne jamais... Mais c'est «Bring on
Sunday shopping». C'est la cité nouvelle, «City News»,
le dimanche. Opinion de Marjolaine Armstrong: «Oui à l'ouverture
des magasins le dimanche».
Un autre commentaire de... Un autre editorial de La Presse. Je
cherche la date. C'est Agnes Gruda, le 6 août 1992: «Le commerce du
dimanche...» Ça, le député de Masson va aimer
ça beaucoup pour sa prochaine intervention parce qu'on a vu le
judéo-christianisme, hier. Là, l'éditorialiste Agnes
Gruda, c'est: «Le commerce du dimanche, le réflexe gaulois».
C'est très bon. Il faut le lire et vous en servir. Un autre editorial de
la Gazette du 29 novembre: «The PQ's petty politicking».
Ça veut dire... (23 h 20)
M. Blais: Qu'est-ce que ça veut dire «petty»?
Éclatant.
M. Tremblay (Outremont): Non. Vous regarderez dans le
dictionnaire.
Une voix: II y en a un deuxième, ici.
M. Tremblay (Outremont): Je l'avais donné,
celui-là. Il y a un editorial, pour notre objectivité, de La
Tribune, le 25 novembre...
M. Jolivet: À Sherbrooke.
M. Tremblay (Outremont): ...à sherbrooke. qui? roch
bilodeau. ce qui est surprenant, c'est que c'est des amis du
député de laviolette. il les connaît tous.
M. Jolivet: Non. Je les lis.
M. Tremblay (Outremont): Ah, vous les lisez. Donc, il a une
très bonne mémoire, d'abord. Je retire le mot
«amitié» pour parler de sa mémoire. «Pas de
miracle économique le dimanche». Le titre, c'est «Pas de
miracle économique le dimanche».
Une voix: II dit que l'Église est pour et qu'on pourrait
peut-être aller de l'avant.
M. Tremblay (Outremont): II faut le lire. Non, mais je vous les
donne parce que je suis objectif. Il y a des éléments... The
Record...
Une voix: C'est le journal anglais de l'Estrie.
M. Tremblay (Outremont): The Record, ça, je mets le
député de Laviolette... Oui, oui. Bien oui. Ah oui. Mais
là...
M. Blais: C'est vrai qu'elles sont bien traitées, les
minorités, ici.
M. Tremblay (Outremont): ...je mets au défi le
député de laviolette, qui connaît tous les
éditorialistes, de me nommer celui-là. the record.
M. Jolivet: The Record? M. Tremblay (Outremont): Oui. M.
Jolivet: Sam the Record Man. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Outremont): O.K. «Opposition doubts Sunday
shopping. Let us see the proof», Daniel Sanger. Bon, écoutez, on
en a beaucoup.
M. Blais: Je ne croyais pas qu'il y en avait... Vous permettez,
M. le Président? La question, c'est que, devant l'affirmation que... On
avait des éditoriaux de grande qualité, nous autres, qui
étaient en notre faveur. Vous me disiez: J'en ai
énormément qui sont du côté de l'ouverture. Mais je
n'en avais pas vu autant et je voulais le savoir, parce que c'est important. La
page éditoriale, c'est la page de la pensée, normalement, d'un
coin, de façon générale. Et, avec une douzaine, ça
ne fera pas changer d'idée.
M. Jolivet: M. le Président, juste pour dire ceci au
député de Masson. Il a beau dire ça, que ça en fait
plusieurs, mais, si on les regarde bien comme il faut, des fois, le même
revient deux ou trois fois. Il ne faut pas oublier ça, là.
M. Tremblay (Outremont): Oui.
Le Président (M. Audet): D'accord. Alors...
M. Tremblay (Outremont): Avec votre permission, juste deux petits
commentaires, avec la permission de l'Opposition.
M. Jolivet: Toujours, toujours.
M. Tremblay (Outremont): J'accepte la remarque du
député de Laviolette, mais c'est parce qu'on m'avait
arrêté. Je vais en nommer au moins un autre.
M. Jolivet: O.K.
M. Tremblay (Outremont): Claude Picher.
M. Jolivet: Ah oui, c-h-e-r.
M. Tremblay (Outremont): Claude Picher, de La Presse.
M. Jolivet: Non, mais Picher, c-h-e-r.
M. Tremblay (Outremont): Oui, c-h-e-r. Oui, oui.
M. Jolivet: Parce qu'il y a des Piché, accent aigu, chez
nous.
M. Tremblay (Outremont): Oui, oui. Très connu. Lui,
ça a été la grande surprise quand il est revenu des
États-Unis et qu'il a appris que le Parti québécois avait
arrêté...
M. Blais: Laissez une chance à M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Tremblay (Outremont): Je vous remercie beaucoup, M. le
député de Masson.
M. Blais: Les gens de l'extérieur qui viennent briser nos
échanges, là...
M. Tremblay (Outremont): Oui.
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Tremblay (Outremont): C'est très bien de
développer une bonne complicité pour qu'on puisse continuer
à discuter longtemps des heures d'affaires. C'est très
intéressant. «Requiem pour un détail administratif devenu
débat de société.»
Je vais terminer là-dessus, M. le Président, parce que je
sais que mon temps est terminé. Peut-être qu'on pourrait
également nommer toutes les personnes qui font les lignes ouvertes, tous
les animateurs de lignes ouvertes. Écoutez, on a juste à
prendre... Et là, je vais juste référer le
député de Labelle à une entrevue qu'il a eue
récemment, le 8 décembre 1992, avec Pierre Pascau. Alors, je l'ai
lue. Je pense que c'est une bonne entrevue. Vous avez, M. le
député de Labelle, très bien défendu votre
point
de vue, mais on ne peut pas... vous le direz tout à l'heure dans
votre réplique, mais je pense que pierre pascaud est favorable à
l'ouverture des commerces le dimanche, juste par la nature des questions.
Le Président (M. Audet): D'accord. Ça va.
Merci.
Une voix: II y a CKVL, CJMS.
Le Président (m.
audet): est-ce qu'il y a
d'autres... l'enveloppe de temps est terminée. non, non. un instant,
là. j'ai spécifié hier que, dans le cadre des...
Une voix: C'est tout ce que je vous demande: un instant.
Le Président (M. Audet): Dans le cadre des motions
préliminaires, les enveloppes de temps, ce n'est pas un échange
comme quand on étudie un projet de loi. On n'a pas commencé
à étudier le projet de loi.
Une voix: Je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Audet): Alors, si vous voulez
échanger... Non, non. Je vais vous faire une suggestion. Si vous voulez
échanger avec le ministre, comme vous le faites présentement, on
va appeler l'article 1 et vous allez pouvoir commencer à
l'étudier.
Des voix: Non, non.
Le Président (M. Audet): Bon, bien, à ce
moment-là, je vais appliquer le règlement tel qu'il est, comme je
suis supposé le faire normalement. Alors, est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur la motion du député de Labelle? Alors, est-ce
que la motion... Il a demandé le vote. Le vote est demandé. M. le
secrétaire, si vous voulez appeler les députés, sur la
motion du député de Labelle.
Mise aux voix
Le Secrétaire: Alors, M. Léonard (Labelle)? M.
Léonard: Pour.
M. Blais: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Audet): Le vote est commencé, il
n'y a pas de question de règlement.
M. Blais: Question de règlement. Il faut être assis
Los députés n'étaient pas assis. Ça va.
Le Secrétaire: M. Blais (Masson)?
M. Blais: Pour.
Le Secrétaire: Mme Dupuis (Verchères)?
Mme Dupuis: Pour.
Le Secrétaire: M. Jolivet (Laviolette)?
M. Jolivet: Pour.
Le Secrétaire: M. St-Roch (Drummond)?
M. St-Roch: Pour.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Outremont)?
M. Tremblay (Outremont): Je suis contre.
Le Secrétaire: M. Benoit (Orford)?
M. Benoit: Contre.
Le Secrétaire: M. Lemire (Saint-Maurice)?
M. Lemire: Contre.
Le Secrétaire: M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine)?
M. Farrah: Contre.
Le Secrétaire: M. Gautrin (Verdun)?
M. Gautrin: Contre.
Le Secrétaire: M. Audet (Beauce-Nord)?
Le Président (M. Audet): Contre. Alors, contre six, pour
cinq. La motion est rejetée.
M. Jolivet: Mais on peut vous permettre de voter...
Le Président (M. Audet): Alors, est-ce qu'il y a d'autres
interventions ou si nous pouvons... Sur une motion, M. le député
de Drummond?
M. St-Roch: Oui. Est-ce que vous pouvez suspendre quelques
minutes, peut-être, pour une pause santé?
M. Blais: II y a la nature aussi.
M. Tremblay (Outremont): C'est le député de
Drummond qui influence l'Opposition. Alors, ils vont faire un caucus et je vous
prédis qu'ils reviennent sans motion.
Le Président (M. Audet): Pause santé, d'abord. La
commission suspend ses travaux.
(Suspension de la séance à 23 h 27)
(Reprise à 23 h 32)
Le Président (M. Audet): La commission reprend ses
travaux.
Motion proposant d'entendre M. Claude
Sénéchal
Nous avions une motion qui a été déposée par
le député de Drummond. Je vais vous en faire la lecture:
«Que la commission de l'économie et du travail, en
conformité avec l'article 244, entende M. Claude Sénéchal,
directeur général des magasins Sears pour le Québec et
porte-parole pour le Regroupement québécois pour l'ouverture le
dimanche».
Des voix: Oh!
Le Président (M. Audet): Alors, la motion est recevable.
M. le député de Drummond, vous avez 30 minutes.
M. Jean-Guy St-Roch
M. St-Roch: Merci, M. le Président. Je vois que ça
a déjà réjoui M. le ministre. Je le félicite parce
que je regardais les galées et il y a un moment de la journée
où c'est magnifique de discuter avec M. le ministre, c'est lorsqu'on
arrive vers les 22 h 10. On le voit détendu, avec un beau sourire.
Alors, je vais essayer de garder le ton aussi calme. À tous les soirs,
on pense toujours que la nuit portera conseil, mais ça fait
déjà trois soirs. Je vais essayer de rester calme et de rappeler
à M. le ministre... Moi, je l'ai écouté attentivement dans
sa réplique sur la motion précédente et il nous a
cité beaucoup d'éditorialistes, en français et en anglais,
il a fait un peu les régions du Québec.
M. le Président, il y a une philosophie que j'ai
développée, surtout depuis les deux derniers mois. J'ai
essayé, au cours de toutes mes inter ventions, d'apporter ce
concept-là: des fois, ça ne veut pas dire, lorsqu'on se sent
seul, lorsqu'on est seul, qu'on a tort. Alors, je me réjouis de voir que
M. le ministre a félicité un des grands éditorialistes que
mon collègue de Masson a cité. Son exemple me rappelait
drôlement une certaine campagne référendaire. Si
j'étalais toute la série des éditorialistes qui
étaient pour le oui et ceux pour le non, je pense qu'on arriverait
exactement au même phénomène dont M. le ministre nous a
parlé. Finalement, le peuple a dit: Les éditorialistes ont beau
avoir pris position, nous, voici notre jugement. Alors, je me méfierais,
M. le ministre, des éditorialistes. J'aimerais qu'on regarde aussi M. et
Mme Tout-le-Monde parce que, quand on regarde les résultats du 26 au
soir, nos citoyens et nos citoyennes ont dit: Non, chez nous, on va regarder
ça bien calmement. Comme je me plais à le dire souvent à
travers le Québec, un non tranquille, un non avec un sourire; ça
a fait que ça a étonné peut-être beaucoup les
éditorialistes eux autres mêmes.
Mais ceci dit, en passant, M. le Président, j'aimerais qu'on
entende M. Sénéchal. Je suis convaincu que, ce coup-ci,
après bientôt 18 heures, 19 heures, pour M.
Sénéchal, qui est directeur général de Sears et
porte-parole pour le Regroupement québécois pour l'ouverture le
dimanche, M. le ministre va nous dire: Oui, on va entendre ce
monsieur-là. Je vais vous dire pourquoi j'aimerais l'entendre, parce que
j'ai toujours dit que je ne faisais pas, en tant que député de
Drummond indépendant, une obstruction systématique. Je voulais
juste m'informer et être éclairé lorsque viendra le moment
de prendre un vote.
Lorsque je regarde - et je vais commencer aussi, M. le Président
- au cours de cette allocution, mon collègue d'Orford, mon bon ami
d'Orford, qui a mentionné qu'un vrai libéral, c'était pour
la liberté, j'aimerais lui citer un article d'aujourd'hui: La Presse,
Montréal, jeudi 10 décembre. Il nous disait, avant le
dîner, dans son intervention, la beauté d'être un
libéral, d'être libéraliste. Alors, j'aimerais lui citer:
«Le PLQ donne l'image maintenant d'un parti intégriste et
intolérant, où prévaut la règle du "crois ou
meurs". Mon parti n'a plus de libéral que le nom!» Alors, je vous
incite à lire, à la page A16, L'Argus ce soir. Ça
vous aidera peut-être, M. le Président, à revenir un petit
peu plus en perspective.
Aussi, mon collègue d'Orford a mentionné, dans sa longue
liste de ceux qui travaillaient le dimanche... Puis je pense que je vais lui
donner un rendez-vous avec l'évêque de mon diocèse, Mgr
Saint-Gelais, qui pourrait l'éclairer, parce qu'il a cité un
paquet de gens qui travaillaient... Les curés travaillaient le dimanche.
Au moins, chez nous, dans mon diocèse - puis, apparemment, c'est un
phénomène qui est rendu à la grandeur du Québec -
ils ne sont plus capables d'avoir les jeunes Nos cures, malheureusement, sont
vieillissants et on manque énormément de relève le
dimanche. Alors, peut-être que, tout à l'heure, il faudrait
entendre Mgr Saint-Gelais nous expliquer si, par hasard, le travail du dimanche
n'aurait pas un effet sur les vocations et sur le fait qu'on a de la
difficulté à avoir des gens le dimanche. Ceci étant dit,
M. le Président...
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Une voix: Monseigneur... Comment tu l'appelles?
M. St-Roch: Saint-Gelais.
Une voix: Saint-Jérôme.
M. St-Roch: II était à Saint-Jérôme,
oui, à
un moment donné, M. le député. M. le
Président, pour revenir dans le contexte de la motion que j'ai
présentée d'entendre M Sénéchal, là, je vais
revenir dans la foulée de l'intervention que j'avais faite cet
après-midi, lorsque j'ai osé imaginer ce que pourrait être
le parlementarisme dans la foulée des 200 ans. Quand je regarde la venue
de M. Sénéchal... C'est un bonhomme qui a été ferme
et direct. Si on fait un peu l'historique de ce projet de loi, ça a
été annoncé beaucoup à l'avance comme étant
quelque chose comme un fait accompli, qu'on passerait comme du beurre dans la
poêle, comme disent les gens de chez moi lorsqu'on fait un peu de
politique.
Quand je regarde M. Sénéchal, moi, avec ses
déclarations, c'est, quand même, quelqu'un qui est important.
C'est le directeur général d'une grande surface qui est Sears. M.
le ministre, avec raison, a admis que c'était le porte-parole aussi des
grandes surfaces. J'aimerais vous dire, si je peux trouver ma paperasse et me
démêler à cette heure avancée, pour ne pas dire en
pleine nuit, M. le Président... Quand je regarde les déclarations
de M. Sénéchal, il nous dit que ce projet de loi se doit
d'être adopté.. Il citait dans une entrevue qu'il avait
donnée que ce qui était important, c'était que, le 27
décembre, les magasins soient ouverts. Alors, j'ai tendu une perche
à mon collègue à l'Assemblée nationale. J'ai
réitéré ici à deux reprises que, dans un contexte
de collaboration et d'ouverture d'esprit, pour faire en sorte que nos citoyens
et nos citoyennes, ainsi que nos commerçants aient une ouverture, on
était prêts à ouvrir. M. Sénéchal disait:
L'enjeu immédiat est l'ouverture des commerces le dimanche le 27
décembre où de nombreux consommateurs voudraient pouvoir profiter
des soldes des fêtes. Mais ce qui est plus fondamental, M. le
Président, et la raison pourquoi je voudrais avoir M.
Sénéchal...
Mme Dupuis: M. le Président, est-ce que vous pourriez
rappeler les gens à l'ordre? J'aimerais l'écouter.
Le Président (M. Audet): Vous avez raison, Mme la
députée de Verchères.
Une voix: C'est vrai, vous avez des cartes à signer. On
s'excuse à cet égard.
Mme Dupuis: Bien, ce n'est pas ça. Je peux signer mes
cartes, mais j'écoute en même temps.
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! C'est M. le député de Drummond qui a la parole. (23
h 40)
M. St-Roch: Alors, j'aimerais, M. le Président, qu'on
entende M. Sénéchal parce qu'il a fait des affirmations, ce
monsieur...
M. Gautrin: M. le Président, est-ce qu'on peut fumer dans
une commission?
Le Président (M. Audet): Non, il n'est pas permis de fumer
dans une commission.
M. Gautrin: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Si vous voulez poursuivre, M. le
député de Drummond.
M. St-Roch: Merci, M. le Président. Alors, une raison
fondamentale pourquoi j'aimerais rencontrer M. Sénéchal, c'est
parce que, vous savez, ici, on peut «bulldozer»... J'ai eu
l'occasion de citer des extraits du professeur Woehrling, cet
après-midi. J'ai eu l'opportunité aussi de donner ce que devrait
être un peu l'avenir de notre parlementarisme, ici; on pourrait faire des
choses d'une façon beaucoup plus attrayante et éviter les erreurs
du passé. M. Sénéchal a dit quelque chose et... Ici, je me
dois, en tant que parlementaire et, surtout, jouissant d'une
indépendance qui serait chère à beaucoup de mes
collègues, de me porter un peu à la défense de mes
collègues de l'Opposition. Il disait: «M. Sénéchal
affirme que l'opposition systématique du Parti québécois
est un affront au bon sens et n'est pas appuyée par une bonne
connaissance du dossier». Alors, moi, faisant partie maintenant d'une
position privilégiée, j'aimerais entendre M.
Sénéchal, qu'il vienne nous apporter, ici, pourquoi c'est un
affront au bon sens et pourquoi il serait capable d'améliorer notre
connaissance, M. le ministre. Peut-être qu'après ça on
pourait modifier notre point de vue, peut-être qu'il nous apporterait un
éclairage nouveau.
Ceci étant dit, M. le Président, permettez-moi de faire
une petite analyse. J'ai eu l'occasion aussi, dans d'autres interventions, de
dire que ce qui était en danger aussi, c'était tout le
côté de la fabrication et de la structure manufacturière,
ici, au Québec, par une loi qui souvent nous apparaît anodine. M.
le Président, je viens d'un secteur qui est dit mou. J'ai eu la chance
d'oeuvrer dans l'industrie des textiles. Lorsque je regarde l'industrie des
textiles au cours des 30 dernières années, eh bien, on
s'aperçoit que toutes les grandes surfaces avaient leur siège
social établi à Montréal. Vous pouvez tous les nommer
à partir de Zellers, à partir de Sears, à partir de La
Baie, ces gens-là étaient localisés à
Montréal. Ce qui est important lorsqu'on a un siège social de ces
grandes chaînes, de ces grandes surfaces, c'est le bureau des achats
parce que le bureau des achats va dicter, finalement, l'utilisation finale d'un
produit.
Qu'est-ce qui a amené un déclin qu'on n'a pas perçu
à temps dans l'industrie du textile? Eh bien, c'est de voir que
graduellement, à partir du milieu des années soixante-dix, les
sièges sociaux se sont relocalisés à Toronto ou dans la
banlieue de Toronto ou de Mississauga pour faire
en sorte que, lorsque l'industrie textile primaire a voulu faire la mise
en marché, on a été obligé de se déplacer
parce qu'on est arrivé avec un phénomène où tout le
secteur du textile primaire, que ce soit en bonneterie, que ce soit en
impression, que ce soit en teinturerie, que ce soit en tissage, était
localisé au Québec. Alors, on a été obligé
de se déplacer parce que les acheteurs de Sears, au niveau du
vêtement, achetaient et sélectionnaient les tissus et les
dirigeaient vers les manufacturiers. À ce moment-là, on se
rappelle comment était florissante l'industrie du vêtement
à Montréal.
Alors, qu'est-ce qui est arrivé dans le temps? C'est à
ça qu'on va faire face, aussi, dans le secteur du meuble et on fera face
à l'avenir, devant la mondialisation, à beaucoup de mouvance, ce
qui va mettre en danger notre petite entreprise de fabrication. Ces acheteurs
se sont vu offrir, à un moment donné, d'aller voir ce qui se
passait ailleurs. Alors, on partait avec les tissus et on allait à
Hong-kong. On a commencé à aller à Taiwan. On a
commencé à aller à Singapour et à Bangkok. Parce
qu'il y a une autre mouvance aussi qui fait que le textile se déplace
toujours vers les pays en voie de développement, mais en première
génération de voie de développement. Ça a fait
quoi? Ça a fait que, graduellement, on a vu l'industrie du
vêtement péricliter ici pour s'effacer, de sorte que, des 160 000
occupations qu'on avait, on est chanceux aujourd'hui s'il nous en reste 50 000
au Québec.
Alors, c'est ça qui est le danger lorsqu'on fait des lois
anodines comme la nôtre et qu'on fait la mouvance du secteur
d'activité. Vous allez dire: Mais qu'est-ce que l'industrie textile
primaire a fait pour réagir? Qu'est-ce qu'elle pouvait faire? Lorsque
vous êtes un acheteur et que vous voulez amener un acheteur de l'Ontario
à venir visiter Montréal, qui est une ville fantastique,
après avoir vu les Expos une fois, après avoir vu le club
Canadien une fois, après avoir vu les beautés de Montréal,
admiré les restaurants... Mais c'est beaucoup plus alléchant pour
un acheteur d'aller en Asie, d'aller se promener à Hong-kong, d'aller se
promener à Taiwan, d'aller se promener un peu partout.
Vous allez me dire: Oui, mais on peut combler par la recherche et le
développement. C'est ce que l'industrie textile a essayé de
faire, d'être innovatrice, d'être créatrice, d'amener de
nouveaux produits sur le marché. De quoi on s'est aperçu, M. le
Président? Que, dans cette industrie-là, on a toujours un
matériel qui part dans le haut de gamme. Alors, la première
saison, on fait beaucoup de recherche et de développement qui
coûte énormément cher et on crée un vêtement
haut de gamme, la première année; la deuxième
année, le vêtement descend vers le milieu de gamme et, la
troisième année, ça devient où est-ce que c'est
intéressant: vous avez la production de masse parce qu'on met dans le
bas de gamme, d'une façon massive, les tissus qui ont été
développés. Alors, toujours trois saisons.
Qu'est-ce qu'on s'est aperçu qui est arrivé avec ce
secteur-là? Bien, oui, l'industrie textile canadienne a
développé encore des gammes de haute mode. La première
année, on était dans le haut de gamme; la deuxième
année, on était dans le milieu de gamme. Lorsque est
arrivée la troisième année où on aurait pu
récupérer nos investissements, où on aurait pu augmenter
notre profitabilité, bien, qu'est-ce qui est arrivé? Bien, ces
parties-là étaient envoyées à l'extérieur du
pays. Alors, ça a fait quoi? Ça a amené une industrie
aussi... Et je vais prendre une grande compagnie de chez nous, sans la nommer,
qui avait, en 1976, 47 usines en sa possession qui employaient 27 000
personnes. On est 16 ans après, en 1992, il reste 46 usines. Mais, quand
on en avait 47, sur les 47 usines, il y en avait 6 à l'extérieur
du pays et, sur les 41 qui restaient, il y en avait, à ce
moment-là, 37 au Québec. Bien, on se ramasse, 16 ans
après, avec 46 usines et 26 000 employés, mais seulement 4 au
Québec et au Canada; les autres ont été
relocalisées à l'extérieur pour essayer de
compétitionner. Ça a fait quoi, ça aussi? Ça a
fait, cette mouvance, aujourd'hui que cette fabrication est envoyée vers
les autres pays et qu'aujourd'hui on reçoit du vêtement qui est
fabriqué. Ça, c'est ce que les acheteurs, M. le ministre, des
grandes surfaces ont fait, c'est l'historique d'un secteur qui est mou.
Ça a amené bien des industries aussi à réagir et
à essayer d'aller récupérer... Et c'est le
phénomène qu'on va vivre encore. Moi, je n'ai jamais
accepté qu'on dise qu'il y a des secteurs mous, parce que j'ai toujours
cru aux changements technologiques et j'ai toujours cru qu'on était
capables d'être aussi créateurs et innovateurs et de s'adapter
à des conditions. Ça a amené, malheureusement,
énormément de pertes d'emplois.
Ce qui est le plus terrible dans ce genre de situations là, c'est
tout le côté éducationnel. toutes les compétences
qui ont été créées avec les années au niveau
de l'éducation; c'est ce qu'on a effacé, c'est ce qu'on a perdu.
On avait, au Canada, deux grandes écoles de textile, qui étaient
deux beaux fleurons parce qu'on venait d'à travers le monde
étudier chez nous au Canada ou au Québec. Aujourd'hui, il en
reste une école, qui est au niveau collégial, qui est
localisée à Saint-Hyacinthe. Quand je regarde, moi, l'attirance
que cette section a, c'est à bout de bras qu'on peut réussir
à maintenir ce secteur. Malheureusement, et c'est toujours
l'éternel balancier, on a laissé détruire, à partir
de cette mouvance, des sièges sociaux des grands acheteurs et surtout de
leurs bureaux d'achats aller vers l'extérieur, mais on a laissé
détruire un secteur d'activité qui était créateur
d'emplois chez nous. Lorsque je regarde, moi, nos taux de chômage et
lorsque je regarde notre situation
économique, si on avait la même concentration de textile
ici, au Québec, qu'on avait vers les années soixante-dix, on ne
serait peut-être pas à parler de récession, on ne serait
peut-être pas à parler de 14,2 % de chômage et on ne serait
peut-être pas à parler d'un Québécois ou d'une
Québécoise sur quatre qui est soit sur le chômage ou sur
l'aide sociale. C'est ça que des lois, des fois anodines, nous
créent.
Alors, quand je regarde ce secteur-là, bien, M.
Sénéchal, ce serait quelqu'un qui serait intéressant parce
qu'on pourrait regarder aussi ses politiques d'achat. Où est-ce que
ça va être important? M. le ministre, à juste titre, l'a
mentionné hier soir lorsqu'il a annoncé le concept. Il a dit:
Oui, mais on peut faire Qualité-Québec. Oui, on fera
Qualité-Québec en autant qu'on ait des acheteurs qui vont acheter
nos produits. Lorsque les acheteurs achètent aujourd'hui à
travers la planète, ça va prendre toutes sortes d'énergies
pour être capables de recréer ce climat d'achat là. Alors,
c'est ça qui est important lorsqu'on laisse disparaître le petit
noyau de fabricants.
Oui, il y aura toujours le chiffre d'affaires. À juste titre, M.
le ministre a mentionné que les ventes se sont accrues de 13 500 000 000
$ à 16 500 000 000 $. Oui, en tant que consommateur et surtout - je vais
rester dans le textile -quand je regarde à l'extérieur ce soir -
je suis convaincu qu'on est encore à moins 15 - je ne verrais personne
se promener nu entre l'Assemblée nationale et le Château.
Ça va être assez rare. Alors, on aura toujours besoin de se
bâtir. Alors, lorsqu'on regarde seulement le chiffre d'affaires, le
chiffre de ventes, oui, on ne verra pas de différence, mais c'est au
nombre d'emplois qu'on va retrouver cette différence-là. (23 h
50)
C'est tout ce concept-là. On semble dire: Bien, oui, on va
libéraliser et il n'y aura pas de danger. On va continuer à
ouvrir des magasins, oui. Mais, moi, ce qui m'inquiète lorsque je
regarde l'avenir économique du Québec dans les années
à venir, c'est de dire: On s'en va de plus en plus vers une
société de consommation, vers une société tertiaire
de produits. On a beau dire: On va rajouter des valeurs ajoutées, mais
il y a un problème. On aura beau mettre énormément
d'énergie comme aucune société au monde que je connais n'a
mis de l'énergie dans son système d'éducation, on aura
beau aller dans le recyclage, on aura beau aller dans la formation du
personnel, mais il y a une grande vérité à laquelle il va
falloir faire face un jour et qui est peut-être un des problèmes
majeurs du Québec, c'est que longtemps on a établi un concept que
tout le monde se devait d'aller à l'université, que tout le monde
était égal. Mais il y a un grand livre de sagesse qui dit qu'il y
en a parmi nous qui ont eu un talent; il y en a qui ont eu deux talents, trois
talents ou cinq talents. Mais la grande vérité aussi où
est-ce que ça devient équitable, où est-ce que ça
devient tout le monde sur la même ligne: on est tous obligés de
doubler. Celui qui a un talent devrait en ramener deux; celui qui en a cinq
devrait en ramener dix.
Je pense que notre société de demain et d'aujourd'hui,
elle se doit d'avoir un critère face à toutes ces
catégories-là de nos citoyens et de nos citoyennes, c'est qu'ils
aient la même chance. Quelle que soit leur couleur, quelle que soit leur
langue, quelle que soit leur religion, quel que soit l'état financier de
leur famille, que ces jeunes, garçons et filles, aient
l'opportunité d'aller jusqu'au plus haut niveau de savoir, s'ils en ont
la capacité, s'ils en ont la vocation, s'ils en ont le savoir. C'est
ça, la responsabilité de l'État, de mettre tout ça
à la portée de nos citoyens.
Mais, quand on évolue, quand on s'en va de plus en plus vers ces
créneaux de valeur ajoutée, qu'est-ce qu'on va faire avec ceux
qui ont un talent, deux talents? Les trois, quatre ou cinq, moi, ça ne
m'inquiète pas, on va les recycler à tous les quatre ans, cinq
ans, collégial, cégep, université, nommez-les. Mais ceux
qui, parmi nous, n'auront pas cette opportunité-là, mais qui
auront la même obligation de redoubler le talent qu'ils ont eu, je pense
que c'est là que vient l'obligation du législateur d'être
capable de leur prévoir de l'emploi où ils pourront honorablement
gagner leur vie, où ils auront toutes les chances équitables de
doubler leur talent.
Alors, si on veut avoir ces emplois-là, en règle
générale, on les retrouve dans le secteur manufacturier. On les
retrouve dans le secteur manufacturier lorsqu'on a une base aussi et un
réseau de distribution. Je sais que M. le ministre comprend très
bien ce réseau de distribution et l'importance d'avoir ces unités
de fabrication. Mais, moi, ce que je crains, et je l'ai dit encore: On est en
train, avec ce projet de loi là, qui est très anodin encore... Il
paraît facile de dire: On va satisfaire nos citoyens et on va laisser
aller, mais en vous rappelant l'exemple que j'ai cité aussi de ma
communauté. Quand vous allez dans les dépanneurs, quand vous
allez dans les chaînes, les grandes surfaces, les propriétaires
individuels de Drummondville, si M. le député d'Orford demandait
aux gens du lait Sealtest ou du lait Agropur... Si on avait demandé
ça il y a deux ou trois mois passés, tout le monde aurait dit: Du
lait, c'est du lait. Jusqu'à un jour où des propriétaires
familiaux, comme j'en ai cité ici dans cet exercice, ont dit: Aïe,
attention! On est là depuis 80 ans chez nous. On est là à
vous aider, vous, les Drummondvillois et les Drum-mondvilloises, dans vos
activités. On est là pour vous donner des montants d'argent pour
organiser vos activités. On joue notre rôle social et voici le
problème auquel on fait face.
Qu'est-ce qu'on a vu? On a vu une mobilisation qui a fait que,
finalement - on avait fait un sondage, soit Créatec ou SORECOM, quelques
semaines avant - bien, on a vu ces gens-là dire:
Eh, c'est vrai! Bien, on a eu un mouvement, à partir des chambres
de commerce, de toute l'activité qui fait que, aujourd'hui, la laiterie
Lamothe a pu réoccuper... M. le ministre sait très bien comment
on sélectionne au niveau des grands acheteurs. Ça, c'est une des
raisons pourquoi j'aimerais voir M. Sénéchal, parce qu'il tait
partie d'un de ces grands résoaux de sur faces dont les sièges
sociaux... Je le répète: Ce n'est pas tant le siège du
président-directeur général, parce que, dans ces grandes
compagnies-là, c'est le bureau des achats; c'est chacun des acheteurs de
la gamme de produits qui détient la clé de la fabrication
présente et future.
Alors, c'est pour ça qu'il est important... Ce que je crains,
moi... Vous savez, j'ai mentionné des inquiétudes au niveau d'un
grand secteur d'activité de 1 200 000 000 $, qui était le secteur
de l'ameublement. J'ai offert à M. le ministre de dire la raison
pourquoi je voulais avoir les détaillants, moi. Le député
de Saint-Maurice s'amuse à nous faire voir son livre
«Innover»; il nous montre ça depuis 17 heures, maintenant,
«Innover, c'est gagner». Est-ce qu'on ne pourrait pas innover une
formule de financement, de regroupement de nos détaillants? Est-ce qu'il
ne serait pas possible d'innover et de faire en sorte de sortir des sentiers
battus pour être capables de consolider nos emplois manufacturiers? Parce
que, quelle est l'alternative lorsque nos citoyens ont perdu...
M. Lemire: II en avait de quoi à dire!
M. St-Roch: M. le Président, je remarque que mon
collègue de Saint-Maurice est très volubile. Depuis 18 heures de
commission, je ne l'ai pas entendu. Alors, je vais lui céder mon temps
de parole pour les cinq dernières minutes, s'il veut les prendre. Sinon,
j'aimerais être capable de terminer mon exposé.
Alors, ceci dit, M. le Président, il y a une chose, moi, qui
m'inquiète de plus en plus, je l'ai répété et je
vais le répéter, c'est le respect de nos institutions. On a
l'obligation, en tant que parlementaires, de faire en sorte que nos citoyens et
nos citoyennes soient capables de penser que c'est à l'Assemblée
nationale qu'on va être capables de régler ça. Alors, on
est en commission parlementaire et on parle, on parle, on parle de...
Une voix: C'est là que ça va se régler.
M. St-Roch: Oui, avec le rouleau compresseur. On parle, M. le
Président, du secteur de l'ameublement depuis le début. On parle
de fabrication. Qu'est-ce que je retrouve, ce soir, au début de la
séance, ici, en feuilletant notre Argus, à la page A19?
«Manif pour empêcher la fermeture de l'usine Panval». Quand
je regarde un petit peu plus bas, je lis: «l'usine de corn posantes de
meubles». Alors, 400 emplois, 400 personnes, 400 de nos citoyens, dans un
endroit de région, qui sont inquiets, si on laisse aller cette grande
concentration devant les grandes chaînes... J'aimerais, moi, que M.
Sénéchal, qui est en faveur - M. le ministre, il est en faveur -
de l'ouverture le dimanche, vienne ici m'expliquer quelles sont ses politiques
d'achat, . parc» qu'il ost directeur général pour une des
grandes chaînes. Il a un département de meubles. J'aimerais voir,
moi, comment ils sélectionnent, s'ils ont changé depuis que j'ai
quitté le milieu des affaires en 1985. Si ce grand monde que j'ai eu la
chance de côtoyer, avec tous ces grands noms présents au Canada,
aux États-Unis, un peu partout avec les succursales, a encore la
même philosophie et la même politique.
Surtout, j'aimerais comprendre aussi, vous savez, lorsqu'il nous dit ici
qu'on fait une opposition systématique, que c'est un affront au bon
sens; «il n'est pas appuyé par une bonne connaissance du
dossier». Alors, moi, même encore aujourd'hui, malgré que
j'aie dit que j'admettais depuis seulement trois ans que j'ai l'âge que
j'ai, parce que j'ai toujours prétendu que j'avais 29 ans, j'ai toujours
essayé d'avoir un esprit ouvert et j'ai toujours essayé
d'acquérir des connaissances nouvelles. Alors, M. le ministre, lorsque
quelqu'un s'offre volontiers à venir nous renseigner, vous ne pouvez pas
dire non à cette motion. Vous ne pouvez pas refuser que M.
Sénéchal, qui est un de ceux qui vous ont influencé, qui
est un de ceux qui sont allés au bunker... C'est un de ceux qui ont fait
le plus de pressions pour l'ouverture le dimanche. Alors, j'espère qu'on
pourra avoir M. Sénéchal ici pour venir nous expliquer, M. le
Président...
M. Lemire: M. le Président, me les donne-t-il, ses cinq
minutes, ou s'il ne me les donne pas?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. St-Roch: Bien, c'est pour ça, M. le Président,
que... Est-ce que je pourrais continuer à avoir le respect de mes
droits? Le député de Saint-Maurice pourrait me laisser finir.
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît.
M. St-Roch: Vous voyez, ça...
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lemire: Bien, prends mes cinq minutes.
M. St-Roch: ...c'est la version française. Vous aurez la
chance de les prendre demain, après la période des questions, M.
le député de Saint Maurice, vous aurez 10 minutes. M. le
Président, lorsque je regarde la version anglaise,
ici, en tant que parlementaire, ça laisse supposer, lorsqu'on
dit: «the government has made a commitment to pass this law. we want to
make sure they go through with it...»
Une voix: En français, s'il vous plaît, pour
comprendre.
M. St-Roch: Alors, je vais vous traduire ça. Le
gouvernement a pris un engagement de faire accepter cette loi-là. Nous
voulons qu'il la passe. Bon. Moi, ici, à ma connaissance, je pense que
le ministre, avec le fair-play que je lui reconnais, va admettre que ce projet
de loi là va être accepté dans l'Assemblée
nationale. Alors, moi, en tant que parlementaire, autant pour mes
collègues ministériels que pour mes collègues de
l'Opposition, ici, et en tant que député indépendant,
bien, j'aimerais qu'on ait la chance de voir M. Sénéchal...
Une voix: On va apporter une photo demain.
M. St-Roch: ...de dire: M. Sénéchal, vous allez
nous...
Le Président (M. Audet): Compte tenu de l'heure, je dois
ajourner les travaux. Je vous rappelle, M. le député de Drummond,
qu'il vous restera quatre minutes dans votre intervention.
Une voix: Ah!
M. St-Roch: Ça me fera plaisir de les prendre.
Une voix: Cinq.
Le Président (M. Audet): Alors, la commission de
l'économie et du travail ajourne ses travaux.
(Fin de la séance à minuit)