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(Quinze heures cinquante-trois minutes)
Le Président (M. Audet): Alors, messieurs! MM. les membres
de la commission, à l'ordre, s'il vous plaît!
Je déclare la séance de la commission de l'économie
et du travail ouverte. Je vous rappelle le mandat de la commission, qui est de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 59, Loi modifiant la Loi sur les heures et les jours d'admission dans les
établissements commerciaux.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M.
Bélanger (Laval-des-Rapides) par M. Gautrin (Verdun); M. Leclerc
(Taschereau) par M. Houde (Berthier); Mme Blackburn (Chicoutimi) par M. Beaulne
(Bertrand); Mme Dupuis (Verchères) par Mme Vermette (Marie-Victorin); M.
Chevrette (Joliette) par Mme Marois (Taillon).
Le Président (M. Audet): Merci beaucoup. Je veux aussi
informer les membres de cette commission que, suite à une question de
règlement qui a été soulevée hier à notre
commission pour le député de Drummond, il y a des changements qui
ont été apportés à notre commission. Alors, je vais
vous faire rapport de la motion qui a été déposée
en Chambre il y a quelques minutes, et adoptée:
Que, conformément à cette nouvelle composition
numérique, les députés suivants soient membres de la
commission de l'économie et du travail comme députés
représentant le groupe parlementaire formant le gouvernement. Alors,
outre M. Guy Bélanger, M. Bordeleau, Mme Dionne, M. Farrah, M.
Lafrenière, M. Leclerc et M. Lemire, qui sont déjà membres
de la commission, s'ajoutent M. Robert Benoit, député d'Or-ford,
M. Michel Charbonneau, député de Saint-Jean, M. Marcel Parent,
député de Sauvé.
Et ça vient aussi réaliser un souhait de M. le
député de Drummond qui pourra siéger sur notre commission
à titre d'indépendant, avec droit de parole et droit de vote.
Alors, les souhaits ont été exaucés, ce qui débute
bien cette deuxième séance de notre commission.
Alors, nous en étions...
M. St-Roch: M. le Président, je m'excuse. Les souhaits
n'ont pas été exaucés, j'ai strictement exercé mes
droits de parlementaire pour dignement représenter mes citoyens et mes
citoyennes. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Ce que je disais, M. le
député de Drummond, c'est qu'en vertu de notre règlement
il y avait certaines mesures qui devaient être prises, tel que vous
l'avez souhaité hier, alors votre souhait est réalisé. Les
mesures ont été prises et vous êtes maintenant membre de la
commission, à part entière. C'est ce que je voulais dire.
Alors, nous en étions sur une motion de la députée
de Taillon. Il était proposé qu'en vertu de l'article 244 de nos
règles de procédure la commission permanente de l'économie
et du travail tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 59, Loi modifiant la Loi sur les
heures et les jours d'admission dans les établissements commerciaux, des
consultations particulières quant à tous les articles dudit
projet de loi et qu'à cette fin elle entende la Corporation des
marchands de meubles du Québec.
Il y avait un débat d'entrepris par Mme la députée
des Chutes-de-la-Chaudière, qui remplaçait hier M. le
député de Laviolette, et il restait environ quatre minutes
à la députée. Alors, vous avez, en vertu du
règlement, M. le député, le privilège, si vous le
souhaitez, d'intervenir pendant quatre minutes sur cette motion. Si vous le
souhaitez.
M. Jolivet: Non, c'est parce que la question que je vais vous
poser, c'est: Est-ce que vous êtes en train de dire qu'il me reste 4
minutes, à moi, sur les 10 minutes? Et combien de droit de parole nous
reste-t-il, à ce moment-ci?
Le Président (M. Audet): Au niveau du droit de parole,
étant donné qu'il y a eu des changements au dossier...
M. Jolivet: C'est ça, oui.
Le Président (M. Audet): ...avec les remplacements, il y a
Mme Taillon, qui avait pris la parole parce qu'elle a présenté la
motion...
M. Jolivet: La députée de Taillon. Le
Président (M. Audet): ...il y avait aussi-Une voix: Mme
Marois.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Taillon. Il y avait aussi, dans ceux qui ont pris la parole... Il y avait Mme
Marois, la députée de Taillon, et Mme Carrier-Perreault,
députée des Chutes-de-la-Chaudière, qui avaient pris la
parole. Alors, tous les autres pourront intervenir.
M. Jolivet: Tous les autres pourront intervenir, et ceux qui
remplacent aujourd'hui. C'est ça?
Le Président (M. Audet): C'est ça. Alors, il vous
restait, à vous, quatre minutes, si vous le souhaitez.
M. Jolivet: Ah, je vais les prendre, certain.
Le Président (M. Audet): Vous ne pouvez pas prendre les 10
minutes, il vous reste 4 minutes.
M. Jolivet: Non, non, je vais prendre quatre minutes. J'ai
compris.
Le Président (M. Audet): C'est ça. L'enveloppe
restante.
M. Jolivet: C'est à peu près l'équivalent
d'un joueur de baseball, M. le Président, qui remplace un autre joueur
et qui a deux prises, trois balles.
Une voix: À la neuvième manche. M. Jolivet:
À la neuvième manche.
Le Président (M. Audet): Alors, le compte est complet,
allez-y!
Motion proposant d'entendre la Corporation des
marchands de meubles du Québec (suite)
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Alors, M. le Président, il est évident
que j'écoutais parce que, hier, je n'étais pas présent
pour permettre à ma collègue, la députée des
Chutes-de-la-Chaudière, de venir présenter ses remarques
préliminaires en vertu de la responsabilité qu'elle a de
l'ensemble de la famille. À ce moment-là, j'étais à
mon bureau. J'ai écouté longuement l'ensemble des
délibérations qui ont eu lieu ici, à cette commission, et
même, à un moment donné, j'étais en haut et
j'étais surpris, M. le Président, de voir le ministre qui,
à la première demande pour entendre des groupes, avait pris un
peu plus de temps que les 30 minutes réglementaires.
J'ai trouvé tout à fait drôle, oui, tout à
fait drôle que le ministre utilise son droit de parole, parce que les
gens de mon côté ne semblaient pas l'interrompre. Ils ont
trouvé ça peut-être intéressant de l'entendre
parler. J'étais tout à fait supris de voir ces choses, M. le
Président, mais personne n'ayant noté qu'il avait
dépassé son temps réglementaire, ça a simplement
permis aux gens de pouvoir écouter plus attentivement le ministre. Mais
on reste toujours, tout comme lui et moi, sur la même longueur d'onde:
lui, il est pour l'ouverture des magasins le dimanche, et même une
libéralisation à plus long terme, et moi, de mon bord, je reste
contre. Comme mes collègues l'ont dit, différentes raisons nous
incitent, donc, à demander à des groupes qui s'y objectent de
venir ici, à la commission parlementaire.
C'est évident que le ministre nous dira, à ce
moment-là, que peu importe le nombre de résolutions, de
propositions que nous allons faire, il va rester tout à fait insensible
à nos revendications, à nos demandes, et il va les refuser quand
viendra le temps de prendre une décision finale par un vote puisque,
chacun ayant épuisé son droit de parole, le ministre pourra dire:
Bien, écoutez, MM. les députés, Mmes les
députées, je maintiens ma décision. Mais peut-être
qu'intervenir à ce moment-ci et essayer de le convaincre que des gens
s'objectent à ces ouvertures... Je devrais dire, même, dans
certains cas, que c'est tellement «at large» qu'on sent ce que le
ministre, sans vouloir nous le dire comme ça, semblait indiquer lors de
la première commission parlementaire à laquelle j'ai eu la chance
d'assister du début jusqu'à la fin, que, dans le fond, ce qu'il
souhaite, c'est le libre choix. (16 heures) j'écoutais tout à
l'heure mes collègues de l'autre côté, avant que le
ministre n'arrive, et qui nous disaient la même chose: on a le libre
choix; laissez-nous le libre choix de décider à quel moment
donné on va aller magasiner. cependant, ce qu'ils oublient, c'est que
leur libre choix à eux autres amène des obligations, des
obligations à des personnes. j'ai eu l'occasion, la semaine
dernière, d'aller au centre d'achats laurier pour une commission, et
j'ai commencé à parler avec du monde. et ces gens-là me
disaient: ça n'a pas de bon sens! je n'ai plus de vie de famille. mes
enfants, à l'époque, quand on avait le vendredi soir et le
samedi, et qu'on a commencé à ouvrir le jeudi soir, ont dit:
papa, on ne te voit plus. puis, le dimanche, dans bien des cas, vous savez, les
gens qui sont des vendeurs au niveau des meubles, dans bien des cas,
étaient à la commission et se trouvaient être des gens qui
avaient une vie énormément plus perturbée que celle qu'on
connaît, même aujourd'hui. et, dans ce sens-là, ces
gens-là nous disaient: nous ne voulons par revivre des conditions comme
celles qu'on a vécues dans le passé, et l'ouverture des magasins
le dimanche, comme employés... et là je ferai, par rapport
à ce que le ministre disait aux tuac, qui représentent une
portion des employés... pas parce que j'en ai contre les tuac, comme le
ministre semblait vouloir le dire, mais parce qu'il y a beaucoup plus
d'employés qui sont non syndiqués, m. le président, dans
l'ensemble du commerce. et, dans ce sens-là, m. le président, je
vais appuyer la demande qui a été faite à l'effet de faire
entendre les marchands de meubles du québec.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député. Est-ce qu'il y a d'autres interventions
sur la motion?
M. Léonard: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Labelle, vous avez 10 minutes.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: M. le Président, nous avons eu
l'occasion d'exprimer notre point de vue sous différents aspects. En
particulier, nous avons bien établi le point qu'il n'y a pas d'urgence
à adopter cette loi à ce moment-ci puisque nous sommes au mois de
décembre et que, de toute façon, les commerces sont ouverts tous
les jours, tous les dimanches durant le mois de décembre, puisque c'est
une période où les consommateurs font des achats de façon
beaucoup plus intense. Par ailleurs, au mois de janvier, au mois de
février, au mois de mars, les magasins ne sont pas remplis, loin de
là. C'est le contraire qui se passe. Les consommateurs, après
avoir magasiné de façon intense au mois de décembre,
durant les périodes de l'hiver - janvier, février, mars
-magasinent beaucoup moins. Et donc, à ce titre, nous aurions
souhaité que le ministre refasse le débat puisque le gouvernement
fait volte-face par rapport à sa position d'il y a deux ans et demi ou
trois ans. Qu'on le reprenne, ce débat. Moi, ça me pose des
questions assez importantes, parce que je suis convaincu que
l'élargissement des heures d'affaires va amener une diminution des
points de vente au Québec. C'est vrai pour les meubles, c'est vrai pour
d'autres réseaux de distribution, mais en particulier pour les marchands
de meubles. Et je crois que, derrière cette loi, les intentions du
gouvernement n'ont pas été manifestées
complètement.
Au cours des deux années qui viennent de s'écouler, on a
eu un débat assez semblable, mais un débat qui touche à la
même dynamique, aux mêmes perspectives: ce qui s'est passé
dans le cas des fabricants de bière. Dans le cas des fabricants de
bière, on a convenu qu'il fallait réduire nos entreprises - les
grossir mais en réduire le nombre - de façon à les rendre
plus fortes pour faire face à la concurrence américaine du 1er
octobre 1993. Donc, l'idée, c'est de restreindre les intervenants, de
les rendre plus forts mais d'en limiter, finalement, le nombre pour qu'ils
puissent prendre des décisions plus rapidement. C'est une dynamique,
c'est une perspective qui peut se défendre. Et dans le cas des heures
d'affaires, compte tenu des surcharges qui vont être imposées aux
petits marchands, aux détaillants qui détaillent à petit
débit, il m'ap-parait évident que cela va réduire leur
nombre dans le décor.
Ça nous amène à cette question de l'impact du
libre-échange sur le Québec et du modèle économique
que l'on poursuit dans les réseaux de distribution. Je pense que, la
question majeure, elle est posée là: Est-ce que nous devons
maintenir un grand nombre de petits détaillants? Est-ce que nous devons
favoriser des grandes chaînes, avec moins de points de vente, à
gros débit? C'est une problématique. Mais est-ce qu'on pourrait
simplement en débattre? C'est vrai, avec une certaine analogie avec le
cas de la bière. Effectivement, j'admets que ce n'est pas exactement
pareil, puis on pourrait sortir toutes sortes de différences mais, quand
même, la logique est la même, finalement. Est-ce que beaucoup de
petits marchands vont favoriser davantage le développement
économique du Québec que quelques grands points de vente à
gros débit?
Si on s'en tient aussi à un autre exemple similaire, les
banques... Les banques, il y a 50 ans, c'étaient des banques à
capital privé. Les caisses populaires n'étaient pas dans le
décor et, au fond, les Québécois ne contrôlaient pas
du tout le monde de la finance. Pas du tout. Ils ont commencé petit
à petit, avec des compagnies d'assurances. Certaines dataient de plus
loin mais, dans l'ensemble, les Québécois étaient
très peu présents dans le monde financier. Or, qu'est-ce qui leur
a fait prendre pied dans le monde financier? Ça a été
justement les caisses pop qui ont introduit une concurrence par la base dans la
population. La population les a supportées et les unités
bancaires qui desservaient la population sont restées dans le
décor. Il y a plus de caisses populaires aujourd'hui qu'il n'y en avait
dans le temps, mais ça a donné lieu, cependant, à la
constitution de fédérations qui, elles, représentent une
force économique majeure. Par ailleurs, les grandes banques, dans
beaucoup de cas, ont dû diminuer leurs réseaux. Mais il faut dire
que le pouvoir de décision a changé de place. Il a
été beaucoup plus, chez nous, implanté dans la population
qu'il ne l'était auparavant.
Et je pense que le parallèle peut s'établir. Encore une
fois, on parle du meuble, mais il y a des analogies qu'on peut établir.
Je maintiens qu'il y a là deux conceptions du développement du
Québec: une qui part de grandes, grandes entreprises très fortes,
supposément capables de concurrencer avec les Américains ou dans
le cadre du libre échange, et une autre qui s'appuie sur une
solidarité du milieu, qui bâtit elle-même des réseaux
et des fédérations qui vont la défendre plus tard. Et je
pense qu'il n'est pas indifférent de se poser la question sur le
modèle qu'on doit poursuivre. Quelqu'un va me dire: On a besoin des
deux. Ah bon! Oui? Tiens! Moi aussi, je vais être d'accord avec
ça. On a besoin des deux. Mais qu'on ne démolisse pas l'un en
faveur de l'autre. Qu'on fasse bien attention de ne pas modifier les
règles du jeu de sorte que l'un va tirer son épingle du jeu
beaucoup mieux qu'un autre et qu'a toutes fins pratiques on va se ramasser plus
tard avec un réseau de distribution près de la base qui va
être anémique alors
que les principaux profits vont se retrouver dans des gros points de
vente à gros débit. C'est fondamental, comme discussion. Le
ministre ne s'est pas ouvert là-dessus, parce que je pense qu'il aurait
de la difficulté à supporter la discussion pour aller loin
là-dedans. Il aurait beaucoup de difficultés, mais c'est une
question fondamentale. C'est une question fondamentale.
Et dans le cas qui nous occupe, prenons le Club Price. Je n'ai rien
contre Club Price. Il s'installe, il introduit un élément de
concurrence dans le décor - considérable - qui fait que les
petits détaillants sont obligés de revoir leur système de
distribution, leurs coûts d'opération et de concurrencer par
rapport à un autre qui introduit des structures de prix beaucoup plus
basses. Mais il ne faut pas truquer les règles du jeu en faveur de
l'autre. Qu'on laisse les règles telles qu'elles sont. Là, je
pense qu'il peut y avoir des raisons sociales qui expliquent qu'on admet au
Québec qu'il faut une journée de repos. Et je n'introduis
absolument pas, à ce stade-ci, en tout cas, quant à moi, la
dimension religieuse. Je veux simplement parler d'un mode de vie qui est celui
qu'on a, et je ne vois pas pourquoi des entreprises extérieures
viendraient nous imposer leurs règles parce que, ça, si nous
acceptions dans ces conditions, nous nous comporterions comme une
république de bananes. C'est ça, une république de
bananes: c'est quelqu'un de l'extérieur qui impose ses règles du
jeu. Comparez à ce que fait la United Fruit au Guatemala, c'est
exactement ça. Alors, il ne faudrait pas que Club Price se comporte
comme la United Fruit du Guatemala ici, au Québec. Mais je reviens. Je
pense que l'un de nos principaux éléments de progrès
économique, ça a été justement de partir de la base
et de structurer vers le haut, et non pas d'introduire de l'extérieur
des éléments majeurs qu'on favorise par la réglementation,
au détriment de notre propre réseau de distribution. (16 h
10)
Dans le cas du meuble, M. le Président, il reste qu'il y a des
points de vente, il y a une industrie du meuble au Québec. Et notre
réseau de distribution, comme dans beaucoup d'autres secteurs, a son
importance pour donner une assise à nos entreprises de fabrication. Il
faut conserver absolument ces réseaux. Et si l'on introduit d'autres
grands distributeurs qui vont s'approvisionner à l'extérieur
presque exclusivement - puis je pense que c'est le cas dans ce dont nous
parlons - je crois que nous nous tirons dans le pied. On ne peut pas parler de
grappes économiques puis, en même temps, faire le contraire et
poser des conditions contraires au développement économique, au
développement de ces grappes. C'est une contradiction...
Le Président (M. Audet): Merci.
M. Léonard: ...qui est introduite par le projet de loi
entre le discours sur les grappes et le discours de ce projet de loi à
l'heure actuelle. Le Président (M. Audet): Merci.
M. Léonard: M. le Président, je vous remercie. Mais
on pourrait continuer longtemps là-dessus. C'est le débat qu'on
devrait soutenir au cours de janvier et février. Je pense que,
là, on aurait un débat intelligent.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député. Est-ce qu'il y a d'autres...? M. le député
de Drummond.
M. Jean-Guy St-Roch
M. St-Roch: Merci, M. le Président. M. le
Président, avant de débuter mon interrogation et ma
réflexion concernant la possibilité d'entendre la Corporation des
marchands de meubles du Québec, je réalise qu'on est au 9
décembre aujourd'hui. En 12 jours, si on ôte les congés, il
nous reste seulement, au maximum, 7 jours de session. Alors, j'avais tendu une
main à M. le ministre lors de mon exposé à
l'Assemblée nationale sur l'adoption du principe, et j'avais tendu une
main, aussi, hier, lors de mes remarques préliminaires, en disant
à M. le ministre que, pour nous permettre d'avoir un éclairage
nouveau, pour nous permettre d'avoir un éclairage, finalement, et
d'arriver avec des prises de décision qui seront dans les
intérêts supérieurs de la collectivité
québécoise, j'étais prêt à donner mon
consentement pour que nous fassions le projet de loi très rapidement
pour permettre à nos commerçants et à nos
commerçantes d'ouvrir le 27 décembre pour avoir quatre
journées de magasinage en décembre.
Alors, il faut réaliser, M. le Président, que si on veut
envoyer un signal à nos marchands et à nos détaillants et
détaillantes, bien, il va falloir procéder et l'envoyer, parce
que les listes d'organisation de personnel, ça ne se fait pas du jour au
lendemain lorsqu'on a 30, 40, 50 employés à gérer. Alors,
j'avais posé ça parmi les 11 questions que M. le ministre m'avait
demandées; c'est la liste que je lui ai fournie, d'ailleurs. Alors,
c'était une des interrogations. Alors, j'espère que, dans ses
répliques, M. le ministre pourra nous donner ses intentions parce que,
dans l'éventualité contraire, je me demande ce qu'on fait ici,
à essayer de convaincre M. le ministre.
Mais pour en revenir à la Corporation des marchands de meubles du
Québec, M. le Président, un bref rappel de ce secteur
économique d'activité. Ça veut dire, au Québec, 700
fabricants. Ça veut dire, au Québec, 985 détaillants de
meubles, qui sont concentrés en majorité dans la petite
entreprise familiale. Hier, M. le Président, j'ai eu l'occasion de
citer, au niveau... Lorsqu'on a voulu avoir l'Association des
détaillants en alimentation du Québec, j'avais eu
l'occasion de signaler ce qui est important, ce qu'il faut se rappeler,
un peu dans la foulée de ce que mon collègue de Labelle
mentionnait: lorsqu'on regarde une grappe, au total, qui a des effets et des
prises de décision, si on n'est pas minutieux et, lorsqu'on fait des
lois qui nous paraissent anodines, elles- peuvent avoir un impact majeur sur un
secteur industriel. Alors, quand je regarde, moi, 700 fabricants, 985
détaillants qui ont un chiffre d'affaires de 1 200 000 000 $, et qu'on
met ça dans un contexte de globalisation, bien, on s'aperçoit,
juste à vue courte, que ce secteur d'activité est un secteur qui
peut être facilement vulnérable. Puis, pour essayer d'expliquer
à mes collègues de la majorité ministérielle ce qui
peut arriver dans un secteur d'activité comme celui-là, bien, si
on n'est pas minutieux et si on laisse ouvrir tous azimuts, ce qui va arriver,
ça va être au détriment des grandes surfaces.
Mon collègue d'Orford me signalait hier soir que, chez lui, dans
sa belle ville de Magog, il y a un détaillant de meubles qui n'a jamais
ouvert le dimanche. Pourquoi? Parce qu'il y avait une solidarité
là qui faisait en sorte que les détaillants, même s'ils
étaient en zone touristique, se concertaient puis disaient: Bien, nous,
on n'ouvre pas parce qu'à Sherbrooke ils ne sont pas en zone
touristique; ou un peu à l'écart, que ce soit Rock Forest ou ces
régions-là. Mais la journée où on donne la
permission en disant: Allez ouvrir... Oui, peut-être pour un certain
temps. Puis je l'ai vécu - et M. le ministre l'a souligné,
d'ailleurs - chez moi, dans mon patelin, où on avait réussi
à avoir une entente entre les commerçants, qui disaient: On
n'ouvre pas le dimanche, jusqu'au jour où une grande chaîne a
ouvert ses portes, et on a vu l'effet de dominos. Or, M. le
député d'Orford, moi, je crains que, lorsque je regarde une
situation comme celle-là...
M. Benoit: C'est le lundi qu'il n'ouvre pas, pas le dimanche.
M. St-Roch: Mais vous avez mentionné que votre
détaillant de meubles...
M. Benoit: Le magasin de meubles, c'est le lundi qu'il n'ouvre
pas.
M. St-Roch: Alors, qu'est-ce qui pourrait facilement arriver, M.
le Président? C'est qu'une grande chaîne décide d'aller
ouvrir à Sherbrooke et, automatiquement, nous aurons l'effet du domino.
Puis qu'est-ce que ça fait aujourd'hui, lorsqu'on a de grandes surfaces?
Bien, finalement, il y a un épuisement de l'entreprise familiale, il y a
une vente, il y a des rationalisations, et le commerce se concentre,
finalement, dans de plus en plus de mains et fait appel aux grands
corporatistes.
Lorsqu'on parle de corporatistes - et M. le ministre pourrait nous
sortir les études statisti- ques - lorsque je regarde la ville de
Montréal, moi, dans les années soixante et soixante-dix, et
lorsque je regarde aujourd'hui, on voit que les grandes chaînes de
détaillants ont vu leur siège social passer de Montréal
vers Toronto. En même temps, qu'est-ce qu'on a vu disparaître?
C'est une section qui est la plus fondamentale pour l'économie
québécoise, c'est celle du bureau des achats. Lorsqu'on a ces
grandes corporations-là qui vont s'établir loin, ça veut
dire, règle générale, que même si on va sous forme
de franchisé on a des listes de produits qui sont
prédéterminés, auxquels on se doit d'adhérer parce
que ça devient des achats regroupés.
Alors, quand je retransmets ça, moi, dans le secteur des meubles,
ça veut dire, à un moment donné, que c'est la survie des
700 fabricants de meubles et d'accessoires qui concernent l'ameublement au
Québec qui sera vulnérable. Quand je regarde ce secteur et ces
fabricants, et si on regardait ces grappes-là, chacune des composantes,
on s'aperçoit que nos plus grands manufacturiers ont un chiffre
d'affaires qui ne dépasse pas, bien souvent, les 35 000 000 $. Alors,
quand on regarde ça dans un contexte de macroéconomie, comme on
se devrait de le faire, on devient de plus en plus vulnérables.
J'aimerais, M. le Président, en conformité avec l'article
162 de notre document, déposer, pour l'information de mes
collègues, cet article du quotidien de chez moi. J'avais fait le
parallèle, hier, avec... Est-ce qu'il y a permission, M. le
Président, en concordance avec 162, de déposer...
Le Président (M. Audet): Est-ce que je peux en prendre
connaissance, s'il vous plaît?
M. St-Roch: Alors, si vous voulez le... J'ai eu l'occasion, hier,
dans mon exposé, de dire... Pour illustrer ce phénomène
d'achat, que plus on centralise et plus c'est au détriment de la petite
entreprise de chez moi, j'avais eu la chance de donner le cas de la Laiterie
Lamothe. Alors, vous allez voir dans un article, M. le Président, qu'on
a vu une laiterie de chez moi qui a eu à faire face à ce
problème-là. L'article décrit très bien que plus on
s'en va vers la macroéconomie, vers la grande corporation, plus c'est au
détriment des entreprises locales et qu'une entreprise, qui est la
Laiterie Lamothe, après bientôt 80 ans d'existence, pourrait faire
en sorte qu'on puisse fermer les portes.
La conclusion du journaliste, Gérald Prince, de La Tribune,
disait ceci: pour lui, le marché drummondvillois est attrayant pour
les grandes compagnies, mais il espère que la population de
Drummondville, qui profite de tous les avantages d'avoir une entreprise locale
garantissant la fraîcheur des produits, offrant des commandites aux
organismes du milieu, qu'elle fera plus que survivre mais même qu'elle
prospérera. Alors, M. le Président, c'est ce qu'on a vu à
Drummond-
ville. La chambre de commerce et le milieu se sont regroupés et
on a insisté auprès des représentants des grandes surfaces
pour que les produits de cette entreprise familiale soient là. C'est ce
qu'on a mis en danger, aujourd'hui. Avec cette libéralisation tous
azimuts, on verra des grandes surfaces, au niveau du meuble, venir
s'établir chez moi.
Mais, ceci étant dit, M. le Président, c'est pour
ça qu'il est important d'entendre les gens du milieu, la Corporation des
marchands de meubles du Québec, de voir ces gens venir nous expliquer
leur contexte d'opération et de voir si les craintes que le
député de Drummond a peuvent se matérialiser dans le
secteur de l'ameublement. Aussi, je suis convaincu qu'ils pourront être
accompagnés de certains fabricants. Il y a peut-être des moyens
qu'on pourrait regarder, prendre une période de recul, ouvrir le 27 avec
un projet de loi spécial qu'on pourrait faire et, en intersession,
être capable de se pencher une fois pour toutes et regarder les grands
secteurs d'activité et voir les impacts que nos décisions, nous,
en tant que législateurs, pourraient avoir. (16 h 20)
J'avais déposé aussi 13 questions, M. le Président,
hier, au ministre. Et, tel que me l'a recommandé mon collègue
d'Orford - la nuit porte conseil - alors, en refaisant la synthèse des
plaidoiries qu'il y avait eu des deux côtés, ici, de cette table,
en regardant mes notes et mes dossiers, il y a deux questions qui me sont
revenues à l'idée. Il me reste très peu de temps, mais je
vais commencer par la treizième, M. le Président. C'est au sujet
d'une chose que M. le ministre a mentionnée, qui est les
débordements près des zones frontalières. Moi, j'aimerais
savoir, de la part du ministre de l'Industrie et du Commerce, si, dans les
discussions qu'il a eues dans la libéralisation du commerce
interprovincial, qui veut dire la libre circulation des biens, des capitaux et
des personnes, les heures d'affaires sont un sujet qui a été
touché. Parce que, encore là, je pense, moi, qu'on s'en va dans
un domaine, en libéralisant davantage les heures d'affaires - cela
faisait-il partie des négociations avec ses collègues des autres
provinces ministres de l'Industrie et du Commerce? - où on pourrait
facilement avoir aussi un effet de dominos. Parce que si on a des ententes
interprovinciales pour faciliter aux grandes corporations une mise en
marché interprovinciale, avec des ouvertures tous azimuts, sept jours
par semaine, l'effet de dominos sera après ça. Quelles seront les
retombées sur les entreprises et les travailleurs de la construction, et
sur toutes les autres barrières tarifaires ou non tarifaires ou
légales qu'on pourrait avoir? Alors, ça, c'est une question que
j'aimerais voir. Est-ce que ça a été le sujet de
discussions?
J'aimerais aussi faire valoir une autre chose qui est une de mes
inquiétudes. Et, en regardant mes notes, c'est mon collègue de
Masson qui avait soulevé en Chambre ta possibilité pour des
grandes surfaces, au niveau de la distribution des produits pharmaceutiques,
d'avoir des guichets de vente au niveau des agences de voyages dans toutes
leurs succursales. La question sine qua non, à l'heure actuelle, qui
fait qu'elles ne peuvent pas l'être, c'est là limite de 50 $.
Je vais conclure en demandant à M. le ministre, comme
douzième question - ce qui en fera treize au total; çâ
démontre que je ne suis pas superstitieux, M. le Président -
quels pourraient être les effets de la libéralisation et de
l'enlèvement des 50 $ comme pièce limite sur les petites
entreprises familiales que sont les agences de voyages. Je vous remercie, M. le
Président. Mais attendons la Corporation des marchands de meubles du
Québec. Je pense qu'il en va de la survie d'un secteur d'activité
de 1 200 000 000 $. Je vous remercie.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député. En ce qui a trait à votre demande pour le
document, j'ai demandé à ce que des copies soient
distribuées aux membres de la commission. Mais, normalement, il n'est
pas d'usage qu'on dépose comme document en commission des articles de
presse, parce que c'est public. Alors, la référence aurait pu
aider mais, quand même, j'ai demandé à ce qu'on le
photocopie et qu'on le distribue aux membres de la commission.
M. St-Roch: ...vous économiser des sous.
Le Président (M. Audet): La demande est faite, alors ils
vont être distribués. Maintenant, je vais reconnaître et
souhaiter la bienvenue à Mme la députée de Marie-Victorin,
qui s'est jointe à nous aujourd'hui. Et je lui cède maintenant la
parole pour une période de 10 minutes.
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: Je vous remercie, M. le Président.
Effectivement, je souscris à la motion qui a été
déposée par ma collègue de Taillon de faire entendre les
marchands de meubles. Effectivement, nous avons devant nous un projet de loi
qui est pour l'ouverture des heures des commerces le dimanche et pour d'autres
aussi durant la semaine, mais plus particulièrement le dimanche. Et nous
avons aussi vu. par la lecture des lettres qui nous ont été
envoyées, notamment par l'Association des manufacturiers, qu'elle
était contre l'ouverture des commerces le dimanche, dans leur secteur
plus particulièrement. Parce que, justement, on rencontre une
réalité économique, à l'heure actuelle, où
on s'aperçoit de plus en plus d'un nombre accru de faillites dans le
domaine de différents petits commerces qui ont de la difficulté
à faire face à toutes ces nouvelles augmentations de la
fiscalité au niveau municipal, qui les a touchés de plein fouet
pour
certains petits commerces, M. le Président. Donc, on
s'aperçoit aussi, avec le nombre croissant de chômeurs,
évidemment... Lorsqu'on parle de meubles, on parle de biens durables. Et
ce n'est pas vrai que les gens, au niveau de biens durables, font des achats
assez impulsifs. Généralement, on prend notre temps, on
vérifie, on essaie de vérifier là où on va avoir
les meilleurs prix, effectivement.
Et, à notre avis, ce qui est important, c'est de protéger
les entreprises dites familiales qui ont fait justement la réputation du
Québec, qui ont développé un système
économique qui leur est très particulier et qui, au cours des
dernières années, dans des périodes de crise, ont fait que
le Québec s'en est mieux sorti qu'ailleurs parce que nous
contrôlions plus facilement nos PME que ces grosses entreprises qui font
en sorte que c'est plus difficile, et les déficits encourus font que
l'économie s'écrase plus rapidement.
Donc, M. le Président, nos PME ont favorisé, en d'autres
mots, un meilleur équilibre, si vous voulez, entre la main-d'oeuvre et
aussi la capacité des entreprises à faire face aux
difficultés économiques dans des périodes de crise. Alors,
pourquoi vouloir remettre en cause un système qui a fait ses preuves au
cours des dernières années, de plusieurs années,
d'ailleurs? Pourquoi remettre en cause un tel système et pourquoi
vouloir déplacer, en fait, des masses monétaires vers des grandes
surfaces? C'est là qu'est tout le débat.
Et nous savons très bien que lorsqu'on va dans les magasins genre
Club Price ou Brico, ou ces styles de magasins-là, on peut trouver un
peu de tout. C'est un genre de grand magasin général, vraiment,
à partir du plus petit format au plus grand format, et on passe par
toutes les gammes de produits, évidemment. Et, aussi, on
s'aperçoit que, dans ces endroits-là, on touche à des
secteurs comme l'ameublement et les appareils électroménagers. On
parle de toutes ces choses-là, et on sait très bien que,
généralement, dans les grandes surfaces comme les Club Price, ces
gens-là font venir des grands containers, mais non pas des produits du
Québec, même pas des produits du Canada mais des produits qui sont
fabriqués aux États-Unis. Et, la plupart du temps, ils n'ont pas
de garantie non plus lorsqu'ils sont vendus; ils sont vendus sans garantie.
Donc, au niveau de la protection du consommateur, à mon avis, il y a
quelque chose, il y a un manque. Et ce n'est pas vrai qu'on fait ça dans
le but de favoriser le consommateur mais bien plus pour permettre au
consommateur d'un peu plus dépenser et de s'endetter. Et le
problème majeur actuellement, sur le plan économique, de nos
familles, en fait, c'est l'endettement, ce qui fait que les gens sont tellement
endettés qu'ils ne peuvent plus consommer, de toute façon. Ils
sont surtaxés et, en plus, ils sont endettés comme ça ne
se peut pas.
Donc, évidemment, c'est clair que les gens, vraiment, pas parce
que les heures d'ouverture seront beaucoup plus étendues qu'elles ne le
sont présentement, vont dépenser davantage et qu'ils vont se
laisser aller à des achats plus impulsifs. À mon avis, je trouve
ça tout à fait particulier d'avoir une telle philosophie alors
que le rôle de l'État, en fait, le rôle du gouvernement dans
une période économique difficile comme celle que nous
connaissons, et sachant très bien à quel point les familles et
nos contribuables sont endettés... C'est peut-être un peu un genre
de catalyseur, en fait, économique, qui permet justement à tout
le monde de trouver son équilibre et le pouvoir de s'en sortir pour
favoriser, dans le fond, justement, cette reprise que tout le monde
recherche.
Mais cette reprise se fera d'abord et avant tout par le
développement de l'emploi. Bon, on pourrait regarder dans le domaine, en
tout cas, du meuble, finalement, au niveau des entreprises de meubles,
là où il y a vraiment beaucoup d'emplois à ce
niveau-là, si on favorise le développement de l'emploi. Je ne
pense pas, moi, que ça va être les heures d'ouverture qui vont
faire une nette différence à l'heure actuelle. Quand on regarde
juste dans mon comté à moi, je regarde le taux de vacance
à l'heure actuelle, et notamment... Plus spécifiquement au niveau
de ces entreprises-là, de ces commerces-là, il y avait des
entreprises qui existaient depuis 20 ans, 15 ans, et qui sont
complètement disparues, qui n'appartiennent plus, en fait, à
notre secteur commercial, sur les rues commerciales que nous avions, en fait,
et il y a des raisons.
Je suis dans un des comtés les plus pauvres, en fin de compte, au
niveau de la Montérégie, et on s'aperçoit que les gens
sont incapables de consommer davantage parce qu'ils n'ont pas de revenus.
Qu'est-ce que vous voulez, quand vous êtes sur l'aide sociale, ce n'est
pas vrai que vous allez penser à aller acheter et accroître
davantage votre consommation. Vous allez tout simplement penser à
survivre. Et c'est cette catégorie de gens là sur laquelle il
faudrait, notamment, qu'on se penche, et leur permettre de s'en sortir, et leur
créer des emplois décents, non pas avec du
sous-prolétariat au salaire minimum mais leur permettre, en fait, avec
des emplois stables qui leur permettront, justement...
Le Président (m. audet): à l'ordre, s'il vous
plaît, m. le député! j'entends beaucoup de bruit ici,
là. mme la députée de marie-victorin a la parole.
Mme Vermette: ...et qui permettront justement à ces
gens-là de pouvoir s'en sortir et, effectivement, d'avoir
peut-être, à un moment donné, la possibilité de
consommer.
Mais je pense que c'est un peu mettre la charrue devant les boeufs
actuellement de vouloir s'en aller précipitamment vers l'ouverture des
commerces le dimanche. Il n'y a pas urgence,
d'aucune façon, et ça serait intéressant,
justement, que des gens qui sont concernés, qui doivent faire face
à cette situation-là quotidiennement... On voit, bon, que des
magasins... Il y a à peine un ou deux clients dans un magasin à
l'heure actuelle, alors qu'on est en pleine période d'achalandage
puisque nous sommes à la veille des fêtes et, à ce
moment-là, on sait que les gens se laissent un petit peu plus aller
à la dépense... Alors, on sait bien que le mois de janvier, le
mois de février seront des mois difficiles à traverser. Les gens
auront de la difficulté sur le plan financier et économique, et
on se dit: Bien, pourquoi, alors, vouloir précipiter? (16 h 30)
Alors, moi, j'aimerais bien que, oui, effectivement, l'association des
marchands de meubles puisse venir en commission se faire entendre et nous
donner sa perspective, aussi, à ce niveau-là et pourquoi, en
fait, malgré tout, elle continue d'être contre l'ouverture des
commerces le dimanche. Ça serait fort intéressant d'entendre
leurs dires et qu'on puisse au moins avoir une orientation
éclairée quant à cette nouvelle façon dont nous
voulons organiser notre société. En fait, on parle d'organisation
sociale à l'heure actuelle. On est en train de changer
complètement notre façon de gagner la vie. Et quand notre
façon de gagner notre vie change, c'est l'organisation sociale dans son
entier qui change, M. le Président. Et ça, je pense qu'on ne peut
pas aller à la légère à ce niveau-là, il
faut prendre le temps de faire une analyse des impacts parce qu'il y a des
impacts sociaux.
Ça, c'est important. Ce n'est pas parce que ça ne fait
pas, on change, c'est parce qu'il y a un effet d'entraînement
là-dedans. Il y a des effets au niveau des comportements sociaux, les
relations entre les individus, et aussi une façon de planifier, de
budgéter, en fait, ces entreprises et commerces, et même aussi ces
budgets au niveau familial par rapport à cette nouvelle dimension.
Donc, il n'y a rien qui s'improvise, et surtout pas dans le domaine
économique, on le sait fort bien. Mais, si on regarde la façon
dont le gouvernement, en tout cas à l'heure actuelle, se comporte, on
s'aperçoit fort bien que, quant à lui, la qualité totale
est beaucoup plus d'un certain côté de favoriser certains... En
tout cas, selon le Vérificateur général, il y a au moins
huit ministères qui connaissent très bien comment mettre en
application la qualité totale, mais je ne pense pas qu'il faut limiter
ça uniquement à ce niveau-là. Je pense qu'actuellement les
efforts qu'il faut déployer sont beaucoup plus importants et favorisent
davantage une meilleure gestion de l'État, effectivement, et
permettraient une meilleure répartition des sommes. Qu'on contrôle
les dépenses, mais non pas qu'on favorise les dépenses et qu'on
favorise la consommation d'une façon impulsive, M. le Prési-
dent, parce que là, à mon avis, je trouve que le gouvernement est
drôlement à côté de son rôle. en fait, ce n'est
pas vraiment de cette façon-là qu'on va arriver à
développer une société mature...
Le Président (M. Audet): Si vous voulez conclure, s'il
vous plaît.
Mme Vermette: ...en tout cas sur le plan économique. m. le
président, c'est pour ces raisons que je vous dirai qu'il est important
qu'on puisse entendre l'association des marchands de meubles et qu'on puisse la
faire venir en commission parlementaire.
Le Président (M. Audet): Merci, Mme la
députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur la motion?
M. le député de Bertrand, vous avez 10 minutes.
M. François Beaulne
M. Beaulne: Merci, M. le Président. Je pense que toute
cette question concernant la libéralisation des heures d'ouverture des
commerces doit être envisagée dans son aspect global et surtout en
fonction des répercussions que ça peut avoir au niveau de
l'économie du Québec. Je pense que si on se reporte à deux
ou trois ans, quand les pressions ont commencé à s'exercer
véritablement auprès du gouvernement pour modifier les heures
d'ouverture des commerces, il y avait un élément
économique qui faisait partie du problème, c'était
l'équivalence de plus en plus proche entre le dollar canadien et le
dollar américain. Il y avait eu, bien sûr, auparavant des
pressions de la part de groupes comme Jean Coutu et comme certains autres
groupes québécois, il faut bien le dire, pour libéraliser
les heures d'ouverture et, entre autres, les fruiteries dont j'ai pris la
défense, parce que justement elles étaient créatrices
d'emplois. Je vais y revenir à cet aspect-là.
Plus récemment, les pressions ont commencé à
s'exercer de la part des grandes chaînes internationales qui avaient peur
de perdre de leur volume d'affaires aux mains des commerçants
situés au sud de la frontière. Le phénomène de
l'achat outre-frontières, auquel d'ailleurs se sont attaquées
plusieurs de nos chambres de commerce locales, a pris de l'ampleur
particulièrement, à mon avis et de l'avis de plusieurs
économistes, en raison de la presque parité entre le dollar
canadien et le dollar américain. Depuis que le dollar canadien a
commencé sa descente, depuis qu'il se situe entre les 0,75 $ et 0,78 $
canadiens, il y a une grosse pression qui a été enlevée de
ce côté-là. Et d'ailleurs, je pense que vous avez
sûrement eu l'occasion de lire un article qui a paru dans La Presse
du 28 novembre dernier et qui s'intitulait «Le dollar a raison
du magasinage aux États-Unis». Au fond, la pression
fondamentale et, je pense, ce qui incitait les groupes qui appuient la
libéralisation des heures d'ouverture venait de ce que, principalement
dans la grande région métropolitaine de Montréal et dans
les régions qui avoisinent la frontière américaine, les
commerçants de toutes tailles - les grands, les petits, les moyens
-étaient en train de perdre sérieusement du volume d'affaires au
profit des commerçants américains.
À mon avis, l'urgence de légiférer en cette
matière est en train de diminuer suite, comme je l'ai dit tout à
l'heure, à la baisse du dollar canadien. Ce n'est pas par hasard que la
ville de Montréal est celle, parmi toutes les villes, qui fait le plus
de pressions pour qu'on libéralise les heures d'affaires. Si on regarde
les mémoires qui ont été déposés, ou
certainement qui nous sont parvenus, à nous de l'Opposition, contre la
libéralisation des heures d'affaires, on note à peu près
une vingtaine de mémoires qui viennent de regroupements, de
fédérations, de commerçants situés à
l'extérieur de la ville de Montréal et de l'île de
Montréal. C'est donc dire que c'est un phénomène qui
devient de plus en plus circonscrit à la région de
Montréal. Et ça se comprend parce que, à Montréal,
on est à moins d'une demi-heure des frontières
américaines.
Ce n'est pas une raison, à mon avis, pour remettre en question
une structure commerciale sans en évaluer les impacts en profondeur. Je
pense qu'un de ces impacts qui méritent d'être
étudiés c'est: Est-ce que, oui ou non, cette
libéralisation, qui profiterait - je pense qu'il y a consensus sur ce
diagnostic - avant tout aux grandes chaînes plutôt qu'aux petits
commerçants, pose la question de l'approvisionnement de ces grandes
chaînes? Le député de Drummond y a fait allusion tout
à l'heure, dans sa présentation, et je pense que c'est un des
aspects fondamentaux de cette question.
Lorsque la Caisse de dépôt est intervenue pour aider
Socanav, à l'époque, à acquérir la chaîne
Steinberg, c'était entre autres parce que cette chaîne
s'approvisionnait en grande partie auprès des agriculteurs et des
fournisseurs québécois. La démonstration n'a pas
été faite que des chaînes style Club Price, Sears ou les
autres s'approvisionnent au maximum auprès des fournisseurs
québécois. Et je pense que, si le ministre ou le gouvernement ou
même les chaînes en question étaient capables de faire la
démonstration qu'elles aident l'économie québécoise
et qu'elles assurent un débouché à nos fabricants
québécois, il y aurait peut-être matière à
examiner plus en profondeur notre objection. Sauf que ces études n'ont
pas été déposées, d'une part, et, de toute
façon...
J'étais, moi, par hasard, dans une chaîne du Club Price en
fin de semaine. J'ai fait mon petit inventaire, qui ne se veut aucunement
scientifique, des produits qu'on y vendait et qui étaient d'origine
québécoise. Bien, je peux vous dire que je n'en ai pas
trouvé beaucoup par rapport à la variété de
marchandises qui étaient offertes en provenance surtout du Japon - en
grande partie du Japon - en grande partie d'autres pays asiatiques et
même, jusqu'à un certain point, de façon assez
réduite et assez surprenante, des États-Unis même. Si cette
chaîne-là, en particulier, qui offre à ses clients des
produits qui ne sont majoritairement même pas nord-américains,
imaginez-vous ce que ça représente du point de vue des
producteurs et puis des manufacturiers et des fabricants
québécois. Je pense que c'est là une question
fondamentale. (16 h 40)
Si le ministre pouvait - c'est une suggestion que je fais - demander
à ces chaînes qui ont leur siège social à
l'extérieur du Québec de donner un échantillon ou de
fournir les chiffres sur la proportion de leur inventaire qui est de provenance
québécoise par rapport à ce qui ne l'est pas, ça
éclairerait peut-être davantage notre débat.
Deuxièmement, une autre suggestion également, c'est que,
comme ça avait été fait dans le cas de Steinberg et
d'autres chaînes d'alimentation, le gouvernement du Québec
pourrait peut-être inciter ces grandes chaînes à
s'approvisionner davantage au Québec. Je pense que, si on avait une
certaine assurance quant à la provenance des marchandises qui sont
vendues par ces chaînes, si on avait une garantie quelconque que dans la
mesure du possible, bien sûr, en respectant la concurrence du
marché, elles s'approvisionnent au Québec, ça jetterait un
éclairage, à mon avis, nouveau sur la façon dont on aborde
ce débat. Mais, là, on nous demande de procéder à
la libéralisation des heures d'ouverture qui vont définitivement
favoriser ces grandes chaînes.
Bien sûr, ça va augmenter le chiffre d'affaires de ces
grandes chaînes. Je lisais récemment un reportage qui faisait
allusion aux centaines de millions de dollars qu'avaient perdus les magasins en
n'ouvrant pas le dimanche. C'est vrai. C'est vrai que la caisse s'en ressent,
mais ça ne veut pas dire nécessairement que ça se traduit
par un incitatif au niveau de l'augmentation de la production
manufacturière au Québec, d'une part, et ce n'est surtout pas
vrai - en tout cas, jusqu'à présent, on n'en a pas fait la
démonstration - que ça se reflète au niveau
également de la création d'emplois. Vous le savez aussi bien que
nous de l'Opposition, M. le ministre, que ce sont les petites et les
moyennes...
Le Président (M. Audet): M. le député de
Bertrand, si vous voulez conclure, s'il vous plaît, vos dix minutes sont
écoulées.
M. Beaulne: ...qui sont créatrices d'emplois. Ces grandes
surfaces augmentent leur chiffre
d'affaires mais ne créent pas nécessairement de l'emploi.
Je pense que c'est dans ce contexte qu'il serait tout à fait utile
d'écouter ce que les représentants de la Corporation des
marchands de meubles du Québec ont à nous dire à titre de
représentants de manufacturiers dans ce secteur. Merci.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député. Est-ce qu'il y a d'autres remarques sur la motion?
M. Blais: Eh oui!
Le Président (M. Audet): M. le député de
Masson.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président.
M. le Président, nous avons la chance d'avoir un
représentant ici, dans la salle, de l'association des marchands de
meubles. Il serait très, très, très facile de dire oui
à notre demande, d'autant plus que le ministre a reçu de la
Corporation des marchands de meubles du Québec un exposé
expliquant leur objection. Entre autres - je ne suis pas pour relire tout ce
qu'ils ont dit, parce que c'est un document assez volumineux - ils visent
cependant quatre points où ils insistent sur le régime de vie
qu'ils seront obligés de subir advenant l'adoption de cette loi:
Alléguer le principe de la liberté des consommateurs pour
accroître le nombre d'heures d'ouverture ou demander purement la
libération des heures d'ouverture équivaut, à notre avis,
à, premièrement, nier les besoins vitaux des travailleurs qui
sont également des consommateurs. Ils ont fait un sondage
là-dessus et l'ensemble des marchands de meubles répondent qu'ils
sont complètement en désaccord parco quo ça brise les
besoins vitaux de vie des gens qui devront travailler le dimanche.
Deuxièmement, nier également les besoins vitaux des
commerçants. Un sondage en 1992 auprès de nos membres confirme ce
point, lequel est d'ailleurs partagé par les commerçants oeuvrant
dans d'autres secteurs de commerces de détail autres que le meuble.
Troisièmement, ruiner d'épuisement le commerce
indépendant du Québec qui accapare à lui seul quelque 70 %
de la valeur des ventes au détail au bénéfice de ce groupe
restreint d'intervenants majeurs dont le seul objectif est d'accroître
leur part de marché au préjudice des marchands
indépendants.
Quatrièmement, ils vont jusqu'à dire: Participer, oui, ils
participent, s'ils ne s'objectent pas à ça, à cette
intoxication sociale des familles, ils sont participants à ça
s'ils ne s'objectent pas.
Qu'est-ce que le ministre répond lorsqu'un groupe aussi imposant
- ils ne sont pas les seuls, mais nous parlons ici des marchands de meubles -
dit au ministre: Vous allez venir briser notre niveau, notre façon de
vivre, notre tissu commercial québécois et notre vie
privée va en être atrophiée. C'est facile de faire fi.
Comme consommateur pur, c'est bien sûr que comme consommateur pur,
être ouvert 24 heures par jour, 7 jours par semaine, un consommateur pur
ne regarde que ce qu'il a à regarder égoïstement. C'est
facile de dire: On aimerait ça que ce soit ouvert. Mais quand on fouille
un peu les conséquences et qu'on regarde de façon rationnelle les
inconvénients de cette ouverture, eh bien là, je pense qu'on doit
répondre aux gens.
Pour mieux comprendre, sachant pertinemment que 94 mémoires ont
été entendus pour la loi 75 qui a été faite il y a
deux ans et demie et que ça a donné une loi que le ministre
qualifie d'ingérable, si nous faisons une loi, aujourd'hui, sans aucune
consultation, où est notre assurance de dire que celle-là sera
gérable? Ça, c'est en termes techniques. En d'autres termes et en
termes populaires, les marchands de meubles disent au ministre: Vous avez fait
votre lit. Nous voulons que vous mettiez sur votre table de chevet une lampe un
peu plus éclairante et que vous regardiez notre mémoire et
preniez notre part. Nous sommes capables de meubler notre fin de semaine
d'autres choses que de travailler le dimanche.
Ce n'est pas tout le monde qui est obligé de travailler le
dimanche. Il y a certains services qui sont obligatoires, mais vendre des
meubles le dimanche, ce n'est pas une obligation. Et on n'achètera pas
plus de chaises, pas plus de lits, pas plus de télévisions puis
pas plus de fours micro-ondes, puis on n'achètera aucun accessoire de
plus si Normand Zinzin est ouvert sept jours par semaine. Et l'inverse est
vrai, aussi. Dans une petite ville, s'il y a cinq dépanneurs, s'il en
ouvre deux autres, les gens ne fumeront pas plus dans le village, ne mangeront
pas plus de pain ne mangeront pas plus de beurre, ne mâcheront pas plus
de gomme. C'est exactement déplacer de cinq dépanneurs à
sept le chiffre d'affaires qui était pour cinq. C'est le même
principe si on est ouvert six jours que si on est ouvert sept, le même
montant d'argent à peu près se dépense; au lieu
d'être réparti en six jours, il est réparti en sept. C'est
bien sûr que les achats impulsifs, ça peut donner, au tout
début, une certaine différence, mais, à longue haleine,
c'est complètement impossible.
Les gens, les marchands de meubles nous disent bien qu'eux aussi ont une
vie, eux aussi sont des consommateurs et beaucoup, beaucoup de gens... Nous
sommes rendus, M. le Président... Il y a, dans cet ensemble de marchands
de détail, environ 400 000 personnes qui y travaillent. Nous sommes
rendus à un appui de gens qui travaillent de 225 370 personnes qui ne
veulent pas travailler le septième jour. Et ce n'est pas terminé,
il y en a d'autres qui viennent. Il y a
au moins quelques personnes qui sont venues ici et beaucoup de gens qui
nous disent qu'ils ne veulent pas travailler ce septième jour. Où
sont les gens qui veulent absolument que ça ouvre? Pourquoi ceux qui
veulent que ça ouvre sont-ils toujours cachés? Où
sont-ils? S'il y a urgence, où sont-ils, ces gens qui font des
pressions? On n'en a pas vu un. Peut-être que vous en avez vu dans les
petits restaurants, pour en discuter avant de venir en commission, mais on n'en
a pas vu un, ici. Où est l'urgence? Quand il y a urgence, les gens
viennent en commission, font des pressions, frappent sur l'Opposition, si
l'Opposition ne veut pas. À peu près aucun groupe ne nous a
appelés pour que nous changions d'idée. Il n'y a pas urgence,
absolument aucune urgence, aucune urgence.
Bien sûr qu'il y en a peut-être qui ont contacté le
ministre, parce que le ministre, c'est lui qui décide. Quand quelqu'un
décide, il décide. Mais il y a une façon d'être
ministre, il y a une façon directe, imbu de ses pouvoirs, puis il y a
aussi une façon humaine de traiter du monde et des dossiers. J'ai
l'impression que le côté humain, c'est important, autant dans la
vie privée que dans la vie publique. C'est d'une importance capitale.
(16 h 50)
Les marchands de meubles sont révoltés. Ils sont ici
depuis le début. Ils sont là. Les représentants sont
là. Ils assistent avec nous à ce «filibuster» que
nous faisons. Ils savent que vous avez la majorité et qu'à la fin
vous allez passer cette loi-là si vous le désirez, et forts de
ça nous pourrions abandonner la commission immédiatement puis
dire: La loi vous l'avez, de toute façon vous avez la majorité.
Ils le savent eux aussi. Mais, par devoir, on résiste ici, et on
résiste de façon volontaire, parce qu'en plus, pour passer cette
loi-là, il faut notre consentement. On n'a même pas besoin de
tenir cette commission en haleine comme on le fait, vous n'êtes pas
capables de la passer sans loi spéciale, même si on ne s'objecte
pas en commission.
Tout ce qu'on demande au ministre, c'est de mettre un peu d'humain, et
c'est ça que les marchands de meubles nous demandent. Les
représentants sont là. Vous avez, vous aussi, une vie
privée, vous avez, vous aussi, des besoins, des besoins sociaux, des
besoins humains, des besoins de l'esprit, des besoins de repos. Et, à ce
moment-là, comment se fait-il qu'on impose, qu'on va imposer à
l'ensemble de la population cette ouverture? Il n'y a pas eu de manifestation
forte de l'ensemble de la population québécoise pour faire des
pressions réelles sur le ministre pour qu'il change la loi actuelle.
C'est plutôt le ministre qui, lui, disant qu'il ne peut pas gérer
cette loi de façon efficiente et efficace, se fie à quelques
charges qu'il a de grandes surfaces pour ouvrir. Sinon, jamais nous ne serions
ici pour faire cette loi.
On a beau badiner que nous faisons ici une sorte de perte de temps, mais
le fond est là, M. le Président. Le fond est là. Nous ne
nous objectons pas parce que nous sommes de l'Opposition, vous voulez briser le
tissu commercial, social, traditionnel du Québec.
Le Président (M. Audet): En conclusion, M. le
député.
M. Blais: Et je ne voudrais pas que ceci se passe sans qu'au
moins nous le disions de façon forte. Je reviendrai sur le tissu social
dans ma prochaine intervention, et je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (m.
audet): merci, m. le
député. est-ce qu'il y a d'autres remarques? m. le ministre de
l'industrie et du commerce. vous avez 30 minutes.
M. Gérald Tremblay
M. Tremblay (Outremont): Merci, beaucoup, M. le Président.
Je vais voter contre la motion de l'Opposition pour entendre la Corporation des
marchands de meubles du Québec, M. le Président. J'en profite
pour saluer la présence de M. Varin. On a eu la possiblité d'en
discuter pendant de longues heures en 1990. M. Varin nous a fait parvenir de
l'information sur la position de la Corporation des marchands de meubles du
Québec qui est la même qu'en 1990. M. Varin a rencontré mon
directeur de cabinet et je dois dire que nous avons pris en
considération, dans le projet de loi, la position de personnes qui sont
contre l'ouverture, parce que plusieurs intervenants nous demandaient la
libéralisation totale des heures d'affaires. Plusieurs personnes nous
demandaient la libéralisation, si elle n'était pas totale, de 8
heures le matin à 22 heures le soir, 7 jours par semaine. Alors, dans ce
sens-là, c'est un équilibre que nous avons fait entre les trois
principes.
Je voudrais rassurer M. Varin pour lui dire que j'apprécie
beaucoup sa présence ici aujourd'hui, comme je l'ai
appréciée en 1990. Nous avons écouté les
détaillants de meubles au Québec et nous avons pris une
décision qui n'a pas été facile, mais nous l'avons prise
en fonction des trois principes que nous avons mis de l'avant en 1990 et qui
demeurent encore d'actualité aujourd'hui.
La raison pour laquelle il n'y a pas de représentant de la
coalition pour, ou du groupement en faveur des heures d'affaires, c'est parce
que ces personnes nous ont demandé: Est-ce que vous voulez qu'on vienne
en commission parlementaire? On a dit: Non, il n'y aura pas d'audition de
groupes en commission parlementaire, nous connaissons très bien votre
point de vue.
En ce qui concerne l'Opposition, le député
de Masson a mentionné il y a quelques minutes que l'Opposition
n'avait pas eu l'opportunité de rencontrer des représentants de
la coalition pour l'ouverture des commerces le dimanche. Je pense que
l'Opposition a rencontré - peut-être pas le député
de Masson, j'en conviens - les Travailleurs unis de l'alimentation et du
commerce, les représentants de la coalition pour, des
représentants du Conseil québécois du commerce de
détail. Alors, dans ce sens-là, je pense qu'il y a eu un
échange, au cours des quatre derniers mois, entre des
représentants pour, des représentants contre, tant avec
l'Opposition qu'avec la députatbn ministérielle et, dans ce
sens-là, je pense que nous avons fait toutes les consultations
additionnelles nécessaires pour déposer un projet de loi qui,
encore une fois, M. le Président, est un compromis entre les trois
principes qui ont été mis de l'avant.
J'entends de plus en plus l'Opposition me faire dire que la loi 75 est
un échec. Je n'ai jamais dit que la loi 75 était un échec.
Par contre, je l'ai mentionné hier à plusieurs reprises, il y a
eu des éléments nouveaux. Le député de Bertrand
pense que les achats outre-frontières, c'est uniquement aux
États-Unis. Je voudrais lui signifier qu'il y a des achats
outrefrontières également au Nouveau-Brunswick, en Ontario et,
dans ce sens-là, il faut être sensible aux répercussions
des achats outre-frontières. Et la preuve. La preuve ne vient pas du
ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, la preuve vient des
commerçants et des commerçantes par le biais des
municipalités, par le biais des chambres de commerce qui ont fait des
demandes. Des demandes, il y en a 14 pour avoir des zones limitrophes. Le
ministère a fait une étude pour comparer les besoins réels
des commerçants et des commerçantes au Québec versus
l'Ontario et/ou le Nouvoau Brunswick. Dans ce sens-là, on a émis,
en vertu de la loi existante, des zones limitrophes.
C'est évident que la loi est difficile d'application. Ce qui me
surprend le plus, c'est d'entendre l'Opposition parler beaucoup de
l'Association des détaillants en alimentation. M. le Président,
j'ai ici un document, un document qui dit sensiblement ceci: II y a eu une
consultation par l'Association des détaillants en alimentation
auprès des représentants des dépanneurs du Québec
et cette association a reçu un mandat clair et unanime lors du dernier
congrès tenu en octobre 1991. Donc, on parle d'il y a près d'un
an.
Et partie de ce mandat était... le cinquième, le respect
de la loi 75, la loi sur les heures d'affaires. L'objectif: assurer le respect
de la loi par tous les commerçants de tous les domaines. Les arguments:
«Lors de l'adoption de sa loi, M. Tremblay, ministre de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie, la proclamait gérable et
équitable. Depuis son entrée en vigueur, les infractions se
multiplient et le ministre est lent à agir. Les détaillants
dépanneurs du Québec ont été très
affectés par cette nouvelle loi et, au minimum, Hs s'attendent à
ce que le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie applique sa
loi dans son intégralité. «Certains députés
du gouvernement laissent entendre que les intentions sont d'accumuler les
plaintes et déclarer la loi 75 inapplicable afin de libéraliser
totalement les heures et les jours d'admission dans les établissements
commerciaux. Si cela devait se produire, le ministre renierait tous ses
arguments et tous ses engagements pris lors de l'adoption de la loi en
1991.»
M. le Président, la même personne qui, en 1991, disait que
la loi était ingérable, inéquitable, écrit
maintenant au ministre du gouvernement et dit ceci le 2 novembre 1992:
«en ce qui nous concerne, l'ada - même groupe, même personne
- maintient que la loi sur les heures d'ouverture des établissements
commerciaux demeure équitable, gérable. durable et répond
aux besoins de dépannage comme l'exprimait le ministre lors de
l'adoption de la loi, en juin 1990.»
(17 heures)
Vous comprendrez, M. le Président, qu'on ne peut pas venir me
voir, en 1991, et me dire que c'est ingérable, que c'est
inéquitable et, en 1992, venir me dire que je suis un très bon
ministre qui a mis en place une loi qui demeure équitable,
gérable et durable. alors, je me suis posé la question: comment
une personne peut-elle, en 1991, dire une chose et, en 1992, émettre une
lettre à tous les ministres pour dire que la loi, c'est une bonne
loi?
En 1988, le 6 décembre 1988, j'ai un affidavit ici du
président directeur général de l'Association de la
distribution alimentaire du Québec, qui est appelée aujourd'hui
l'ADA. Ça se lit, M. le Président, sensiblement comme ceci:
«Je, soussigné André Martel, déclare et dit: La
requérante, l'ADA, est une corporation dûment constituée
dont le mandat est de protéger et de promouvoir les
intérêts professionnels et économiques de ses membres, au
nombre d'environ 2000, tous des entrepreneurs indépendants exploitant,
chacun, au moins un commerce d'alimentation au détail au
Québec.»
L'Opposition fait circuler un document qui dit, et je peux être
corrigé si je me trompe, de l'Association des détaillants en
alimentation, nombre estimatif de magasins: 10 000; nombre d'employés:
120 000. J'ai une note, un petit astérisque qui dit que les chiffres
établis ont été fournis par les entreprises mêmes.
Donc, les chiffres ne sont pas la responsabilité de l'Opposition.
Je continue dans l'affidavit. «La vaste majorité des 2000
membres de la requérante, l'ADA, est affiliée ou répartie
au sein de I un des regroupements suivants...
M. Léonard: M. le Président.
Le Président (M. Audet): M. le ministre, une question de
règlement.
M. Léonard: Juste une chose. Le ministre vient de dire que
l'Opposition fait circuler un document.
M. Houde: Vous l'avez fait distribuer tout à l'heure.
M. Léonard: Non. Ce n'est pas moi qui ai distribué
ça.
Une voix: Non, non.
M. Léonard: Non, non, non. Alors, il faudrait tout
simplement rétablir les faits: Nous n'avons pas distribué ce
document.
Le Président (M. Audet): Non, c'est la Corporation des
marchands de meubles, c'est M. Varin.
M. Tremblay (Outremont): Bon. Je retire...
M. Houde: II était ici, je l'avais dans mes mains.
M. Léonard: Aïe! Vous avez un journal, M. le
député, et ça ne veut pas dire que c'est vous qui l'avez
écrit!
M. Tremblay (Outremont): En tout cas... M. Houde: Pardon,
M. le député de Labelle...
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, M. le
Président... Pour éviter...
Le Président (M. Audet): Un instant, s'il vous
plaît! Un instant!
M. Houde: Ne dis pas n'importe quoi. M. Léonard:
Là, écrase!
Le Président (m. audet): un instant! mm. les
députés, c'est m. le ministre qui a la parole, s'il vous
plaît! s'il vous plaît! non, mais c'est ça, le ministre est
prêt à corriger.
M. Tremblay (Outremont): Oui, c'est clair. M. le
Président, je veux corriger mes propos. J'ai pris pour acquis que le
document qui m'avait été remis avait été remis par
l'Opposition. On m'informe que c'est la Corporation des marchands de meubles du
Québec. Alors, dans ce sens, je retire les propos que j'ai
mentionnés tout à l'heure.
L'article 2 de l'affidavit dit ceci: «La vaste majorité des
2000 membres de la requérante, l'ADA, est affiliée ou
répartie au sein de l'un des regroupements suivants - et notez bien -
les Épiciers unis Métro-Richelieu inc., Steinberg inc., Provigo
distribution, Aligro, Aliments Servi Itée.»
Donc, je me rappelle un peu 1990 - pour ne pas l'identifier
volontairement, M. le Président - une de ces grandes chaînes
d'alimentation était en faveur de l'ouverture des commerces le dimanche
et, aujourd'hui, elle est contre. Je vais vous dire pourquoi, M. le
Président. C'est parce que la loi, telle que rédigée,
permet aux grandes surfaces d'alimentation d'ouvrir avec un nombre
limité de personnes, quatre personnes, plus le propriétaire ou
son mandataire, les personnes préposées exclusivement à la
fabrication de produits de boulangerie ou de pâtisserie et les personnes
préposées exclusivement à la sécurité. Donc,
les grandes surfaces d'alimentation peuvent maintenant ouvrir,
théoriquement, 24 heures par jour, 7 jours par semaine.
Alors que l'argument majeur de l'ADA, c'est de dire «on doit
protéger le petit dépanneur», cette même association,
qui représente également de grandes surfaces d'alimentation, est
en conflit d'intérêts parce que la grande surface d'alimentation
est en train, en ouvrant 7 jours par semaine, 24 heures par jour, de causer de
sérieux préjudices aux petits dépanneurs. Le projet de loi
vient rétablir cette situation. Alors, je suis très surpris que
l'Association des détaillants en alimentation s'oppose au projet de loi
parce qu'on vient protéger le petit dépanneur qui est, en fait,
ceux et celles qui méritent le plus d'être protégés,
si je me fie à ce que l'Opposition dit.
Dans ce sens-là, il y a quelques jours, il y a eu une mise
à jour du document, novembre 1992. J'ai rencontré un des plus
importants représentants de dépanneurs. Le cinquième item:
loi 75 en revue présentement. «Les dépanneurs
désirent connaître la position sur la règle de quatre et la
présence de produits alimentaires dans les pharmacies.» Ces
représentants de petits dépanneurs ne sont pas venus me voir pour
me dire: Votre loi va nous détruire. Au contraire, on remercie et on
dit: M. le ministre, vous venez corriger dans la loi l'impact sur les petits
dépanneurs. Mais, si vous voulez réellement nous aider, vous
pourriez faire plus - ils n'ont pas dit de laisser tomber la loi - entre
autres: Loto-Québec; on voudrait avoir une marge additionnelle.
Deuxièmement, on voudrait que vous trouviez une solution concrète
à la contrebande de cigarettes. Troisièmement, l'extension des
heures pour la vente de bière et pour le vin. Et finalement, essayez
donc d'élargir la gamme des produits de la Société des
alcools du Québec dans les épiceries et les dépanneurs du
Québec.
Une voix: C'est tout un programme!
M. Tremblay (Outremont): Je suis profondément convaincu,
M. le Président, que le projet de loi vient répondre aux besoins
réels des petits dépanneurs. Et les petits
dépanneurs...
M. Jolivet: Le quorum.
M. Tremblay (Outremont): Oui?
M. Houde: En tout cas, on va être avertis.
M. Jolivet: Non, non, c'est le quorum.
Le Président (M. Audet): M. le ministre, allez-y.
M. Jolivet: II manque de personnes au forum en haut!
M. Tremblay (Outremont): Et les petits dépanneurs - et je
dois les féliciter, M. le Président - ont maintenant une
stratégie offensive par rapport à une stratégie
défensive. Les petits dépanneurs, on peut les protéger,
mais je pense qu'ils ont compris, en 1990, que, pour concurrencer dans un monde
de plus en plus concurrentiel au niveau de l'alimentaire, ils devaient prendre
certaines décisions importantes. Et c'est dans ce sens que les
dépanneurs ont commencé à diversifier leurs services. J'ai
mentionné Loto-Québec; les dépanneurs ont maintenant des
bureaux de poste, des réseaux bancaires, des postes d'essence; ils ont
amélioré la sécurité dans leurs magasins qui sont
beaucoup plus éclairés; en ce moment ils louent des films
vidéo et il y a de la nourriture sur place, c'est-à-dire du
café, une fontaine, des chiens chauds et également des
sandwichs.
Le problème principal des dépanneurs, dixit les
dépanneurs, M. le Président, ce n'est pas le ministre de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, ce n'est pas les heures
d'affaires parce que le nouveau projet de loi vient rétablir une
situation, c'est surtout, pour les dépanneurs, de démontrer
clairement que, quand vous allez acheter chez un dépanneur, ça ne
coûte pas nécessairement plus cher. Et c'est la raison pour
laquelle une grande chaîne de dépannage a commencé
«le dépanneur à escompte». Ces dépanneurs
maintenant sont capables, sur une base d'affaires, de concurrencer les grandes
surfaces. Alors, dans ce sens-là, M. le Président, j'aimerais
dire que les dépanneurs sont en train d'assumer des
responsabilités importantes, sont en train de développer leur
commerce et la loi répond entièrement à leurs besoins. (17
h 10)
En ce qui concerne le non-alimentaire, parce que le non-alimentaire,
c'est une question qu'on s'est réellement posée aussi, j'entends
beaucoup les représentants de l'Opposition et également la
Corporation des marchands de meubles du Québec qui cite dans sa liste de
représentants la Corporation des concessionnaires d'automobiles du
Québec: 900 concessionnaires, 30 000 emplois.
M. le Président, avant 1990, la loi permettait aux
concessionaires d'automobiles d'ouvrir 24 heures par jour, 7 jours par semaine,
il y avait une exception qui leur permettait, au même titre que les
dépanneurs, d'ouvrir 24 heures par jour, 7 jours par semaine. Ces
concessionnaires d'automobiles se sont regroupés avec leurs travailleurs
et leurs travailleuses qui voulaient avoir ce que j'entends de l'Opposition, un
meilleur régime de vie. Ils ont convenu de ne pas ouvrir le samedi et le
dimanche, mais d'ouvrir tous les soirs de la semaine jusqu'à 22 heures.
Pas besoin du gouvernement pour venir réglementer, les concessionnaires
d'automobiles se sont autoréglementés. On ne parle pas de trois,
quatre, cinq concessionnaires; si je me fie au document de la Corporation des
marchands de meubles du Québec, qui qualifie bien ses propos avec deux
astérisques pour dire que ce sont les chiffres de la Corporation des
concessionnaires d'automobiles du Québec, on parle de 900
concessionnaires, 30 000 employés qui ont décidé, sans
l'apport du gouvernement: Nous ne travaillerons pas le samedi ou le dimanche,
nous allons travailler tous les soirs jusqu'à 22 heures.
En 1992, dans la loi, on a reconnu ce fait, et c'est la raison pour
laquelle on a inclus une nouvelle exception pour que, le lundi et le mardi, ils
puissent travailler de 19 heures à 21 heures, parce que les autres
commerces étaient fermés, et on avait fait la même chose
pour les piscines et les coopératives en milieu scolaire. Alors, dans ce
sens-là, il n'y a pas eu de problème. Et voici, tout d'un coup,
qu'on revient pour les concessionnaires d'automobiles avant 1990. Tout à
coup, là, on les entend. Ils ne sont même pas venus en commission
parlementaire en 1990. Alors, je me pose sérieusement la question, je
pose sérieusement la question: Comment se fait-il qu'ils se sont
autoréglementés, autodisciplinés pour avoir un meilleur
régime de vie, dit l'Opposition, et qu'aujourd'hui c'est un
problème énorme, parce qu'on revient à ce qui se passait
avant 1990?
J'entendais le député de Drummond, tout à l'heure,
me parler des agences de voyages. Quel «va-t-être»
l'impact...
M. Jolivet: Non, quel va être.
M. Tremblay (Outremont): Quel «va-t-être»...
Quel va être...
Le Président (M. Audet): Vous avez la parole, M. le
ministre.
M. Tremblay (Outremont): ...de la nouvelle loi? je voudrais juste
dire au député de drummond que les services n'ont jamais
été couverts par la loi, c'est un service. alors, les coiffeurs,
ça n'a jamais été couvert les coiffeurs peuvent
opérer ?a heures par jour. 7 jours par semaine, et ça a
déjà été réglementé. ça a
déjà été réglementé, et c'est la
députée de taillon qui l'a
déréglementé. Les agences de voyages... Parce qu'on
peut additionner des questions. Je vais y répondre tout à
l'heure, je suis certain que je vais avoir encore beaucoup de temps, M. le
Président. Je vais y répondre parce que je commence à
avoir les réponses aux questions du député de Drummond. Je
veux juste dire qu'on peut ajouter, et ajouter, et ajouter des questions, mais,
en ce qui concerne les agences de voyages, je dois vous dire que ça n'a
jamais été régi par la loi sur les heures d'affaires.
Bon. Question fondamentale. Question fondamentale: quel va être
l'impact de la libéralisation des heures et des jours d'admission sur
les petits commerçants du secteur non alimentaire? Ça, c'est une
bonne question. Ça, c'est une bonne question, et c'est la raison pour
laquelle le Regroupement québécois pour l'ouverture le dimanche a
fait faire une étude sérieuse. Alors, vous me permettrez, M. le
Président, de lire certains éléments, parce que c'est
très intéressant. Je cite le document: «L'ouverture des
commerces le dimanche est un sujet controversé à travers le
Québec. Bien que les États-Unis et la plupart des provinces du
Canada aient libéralisé les heures d'affaires, dont, plus
récemment, l'Ontario, le Nouveau-Brunswick et le Manitoba, le
Québec a une législation restrictive sur les heures d'ouverture
des commerces de détail. «Le gouvernement québécois
a présenté à l'Assemblée nationale un projet de loi
pour libéraliser les heures d'ouverture des commerces de détail.
Ce projet n'a toutefois pas encore été adopté en raison de
l'Opposition du Parti québécois qui soutient que le gouvernement
québécois n'a pas bien documenté les avantages
économiques de l'ouverture le dimanche. Le Parti québécois
soutient également que ce projet de loi aura un impact négatif
sur les commerçants indépendants. «Le Regroupement
québécois pour l'ouverture le dimanche a demandé à
Management Horizons, une division de Price Waterhouse, de l'aider à
documenter les principaux effets de la libéralisation des heures
d'affaires. Nous vous présentons dans ce document une synthèse
des éléments clés que nous avons dégagés
à la suite de l'étude que nous venons de compléter.
Après une brève description de la méthodologie - ça
c'est important - nous vous présentons les principaux
éléments qui supportent la libéralisation des heures
d'ouverture au Québec. Ces éléments sont regroupés
au niveau de trois thèmes précis: un besoin pour les
consommateurs, un besoin pour les détaillants, et un impact
économique positif. «La méthodologie. Le débat
actuel a donné l'occasion à différents intervenants de
faire valoir des opinions divergentes sur l'impact de l'ouverture le dimanche,
sur la création d'emplois, sur la croissance des ventes et sur les
commerces indépendants. Plutôt que de générer
d'autres prévisions sur l'impact éventuel de l'ouverture le
dimanche, nous avons choisi d'utiliser une méthodologie basée sur
l'analogie. Cette technique nous permet de procéder à une analyse
de données historiques, plutôt que formuler des hypothèses
qui serviront à des projections.»
Quand on dit qu'on peut avoir une augmentation de 1 %, l'Opposition dit
que l'hypothèse peut être questionnée. J'en conviens. Mais
là on va le faire sur des données historiques, pas de quelques
mois. «Cette technique s'avère très utile dans le cas
où nous pouvons avoir accès à des données qui
s'étalent sur un horizon de plusieurs années puisque l'Alberta et
la Colombie-Britannique ont libéralisé les heures d'affaires
depuis 1985 et 1982, respectivement. Nous avons procédé à
une analyse de plusieurs variables pour comparer l'évolution de la
performance des détaillants dans ces provinces. Nous avons, par la
suite, comparé ces performances à celles de l'industrie
québécoise. «À la demande du Regroupement, notre
analyse a porté sur l'évolution de la performance de l'ensemble
des ventes au détail, à l'exception de l'alimentation et des
ventes dans le secteur automobile.»
L'Opposition disait: Pourquoi? Parce que l'alimentation dans les autres
provinces n'a pas la même structure qu'au Québec. On a voulu
comparer des pommes avec des pommes, alors, dans ce sens-là, ce n'est
pas comparable, et en ce qui concerne l'automobile, c'est la même chose,
d'autant plus que l'automobile s'est autoréglementée depuis
toujours.
Donc, «plusieurs données ont été
analysées et, puisqu'il est difficile d'isoler l'impact d'une seule
variable sur les ventes au détail, nous vous présentons dans ce
document les variables importantes qui indiquent l'effet de la
libéralisation des heures sur l'industrie du commerce de détail.
Les données de Statistique Canada ont été utilisées
pour développer l'historique de la performance des différents
aspects de l'industrie du détail au Québec, en Alberta et en
Colombie-Britannique. Les catalogues de référence inclus.»
Je dois les citer, M. le Président, parce que l'Opposition nous dit
toujours: sur quoi c'est basé? «Inclus: l'emploi, gain et
durée du travail, document 72-002; magasins de détail à
succursales et les grands magasins, référence 63-210; commerces
de détail, référence 63-005. «De plus, M. le
Président, les résultats d'un sondage de Management Horizons,
division de Price Waterhouse, réalisé à
l'été de 1992 ont également été
utilisés. Ce sondage de 1025 ménages canadiens est
représentatif de la population canadienne avec une marge d'erreur de
plus ou moins 3 %. L'échantillon des ménages
québécois est représentatif de la population
québécoise avec une marge d'erreur de plus ou moins 7 %. Les
résultats d'un sondage spécifique
sur l'ouverture des commerces au Québec le dimanche, de
Créatec Plus, ont été utilisés pour
compléter le sondage de Management Horizons, division de Price
Waterhouse.» (17 h 20)
Conclusion au point 4.2: «Aucun impact sur révolution de la
part de marché des indépendants.» Le magasinage le dimande
n'a aucun impact négatif sur la part de marché des
détaillants indépendants. «L'Alberta et la
Colombie-Britannique ont donné le pouvoir aux municipalités de
réglementer les heures d'ouverture. En fonction des informations
obtenues, l'ouverture des commerces le dimanche a été
autorisée peu après cette législation dans plusieurs
villes importantes de ces deux provinces. Des données de Statistique
Canada pour l'Alberta et la Colombie-Britannique démontrent que la part
des marchands, des détaillants indépendants, n'a pas souffert
à cause de l'ouverture des magasins le dimanche; en effet, leurs parts
de marché ont augmenté de façon importante. «Au
cours de la période de 1982 à 1989, la part de marché des
magasins indépendants dans les catégories excluant l'alimentation
et les ventes dans le secteur automobile a augmenté au Québec et
en Colombie-Britannique de 6,1 %; en Alberta, de 1985 à 1989, la part de
marché des magasins indépendants dans ces mêmes
catégories a augmenté de 19,2 % contre 11,6 % au
Québec.»
Alors, dans ce sens, M. le Président, je préfère
des commerçants qui ont une stratégie offensive, comme les
fabricants de meubles. Les fabricants de meubles ont mis en place
qualité, innovation, design avec la complicité du
ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie. Ces
fabricants de meubles doivent vendre leurs meubles et les consommateurs nous
disent qu'ils veulent avoir accès aux commerces le dimanche entre
autres, pas uniquement, pour acheter des meubles. Alors, dans ce
sens-là, il y a une nouvelle complicité qui s'est
dégagée entre les fabricants de meubles, les différents
ministères à vocation économique ainsi que les
commerçants qui sont représentés par la Corporation des
marchands de meubles du Québec.
Je termine en vous disant ceci, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Brièvement. Une voix:
Pas déjà!
M. Tremblay (Outremont): Si la Corporation des marchands de
meubles du Québec - on parie, selon les chiffres de la Corporation, de
500 magasins de meubles au Québec et de 4000 employés - veut,
pour des considérations économiques que je respecte, ne pas
ouvrir le dimanche, c'est sûrement beaucoup plus facile pour la
Corporation, qui représente 500 magasins avec 4000 employés,
c'est plus facile que les conces- sionnaires d'automobiles qui
représentent 900 magasins avec 30 000 employés. Alors, ce que je
leur dis: Pourquoi empêcher d'autres commerçants qui veulent
ouvrir dans d'autres secteurs qui ont une importance économique pour le
Québec? Je comprends très bien la position de la Corporation des
marchands de meubles du Québec et la solution pour cette Corporation,
c'est de convaincre ses représentants de ne pas ouvrir.
Le Président (M. Audet): D'accord.
M. Tremblay (Outremont): dans ce sens-là, je vais voter
contre la motion de l'opposition pour entendre les représentants de la
corporation des marchands de meubles du québec.
Le Président (M. Audet): Merci. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur la motion? Est-ce que la motion est adoptée?
Des voix: Vote!
Le Président (M. Audet): M. le secrétaire, si vous
voulez appeler les députés.
Mise aux voix
Le Secrétaire: M. Blais (Masson)? M. Blais:
Pour.
Le Secrétaire: M. Léonard (Labelle)? M.
Léonard: Pour.
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! Il y a un vote qui se déroule. S'il vous plaît,
à l'ordre!
Le Secrétaire: M. Beaulne (Bertrand)?
M. Beaulne: Contre.
Une voix: Pour.
M. Beaulne: Euh! Pour, pour.
Des voix:...
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Une voix: C'est le coeur qui a parié! M. le
Président, c'est le coeur qui a parié.
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! Ça va, ça va.
Le Secrétaire: Mme Vermette (Marie-Vic-torin)?
Mme Vermette: Pour.
Le Président (M. Audet): MM. les députés,
s'il vous plaît! MM. les députés, mesdames, s'il vous
plaît. Nous sommes en train de procéder à un vote. Je vous
demande votre attention, s'il vous plaît.
M. Jolivet: C'est le ministre qui est distrait. Le
Secrétaire: M. Jolivet (Laviolette)? M. Jolivet: Moi, je suis
pour. Le Secrétaire: M. St-Roch (Drummond)?
M. St-Roch: Moi, je suis pour, M. le Président.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Outremont)? M. Tremblay
(Outremont): Je suis contre. Le Secrétaire: M. Benoit
(Orford)? M. Benoit: Je suis contre, M. le Président. Le
Secrétaire: M. Houde (Berthier)? M. Houde: Je suis
contre.
Le Secrétaire: Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata)?
Mme Dionne: Contre.
Le Secrétaire: M. Bordeleau (Acadie)?
M. Bordeleau: Contre.
Le Secrétaire: M. Lemire (Saint-Maurice)?
M. Lemire: Contre.
Le Secrétaire: M. Lafrenière (Gatineau)?
M. Lafrenière: Contre.
Le Secrétaire: M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine)?
M. Farrah: Contre.
Le Secrétaire: M. Audet (Beauce-Nord)?
Le Président (M. Audet): Contre.
Merci. Est-ce que vous avez le résultat, s'il vous plaît?
Alors, 9 contre; 4 pour; abstentions: aucune.
Il y a une autre motion, j'ai cru comprendre?
M. Blais: S'il vous plaît.
Le Président (M. Audet): Voulez-vous en faire la lecture,
M. le député de Masson, s'il vous plaît?
Motion proposant d'entendre la Chambre de commerce de
la région de Sherbrooke
M. Blais: Je sais que vous serez fort surpris, mais j'arrive avec
une nouvelle motion: «II est proposé qu'en vertu de l'article 244
de nos règles de procédure la commission permanente de
l'économie et du travail tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 59, Loi modifiant la Loi sur les
heures et les jours d'admission dans les établissements commerciaux, des
consultations particulières quant à tous les articles dudit
projet de loi et qu'à cette fin elle entende la Chambre de commerce de
la région de Sherbrooke.»
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député. La motion est recevable. M. le député de
Masson... À l'ordre, s'il vous plaît! M. le député
de Masson, vous disposez d'un droit de parole de 30 minutes.
M. Yves Blais
M. Blais: M. le Président, c'est bien sûr
qu'à cause de certaines remarques qui ont faites autant du
député d'Orford que du ministre nous avons décidé
d'un commun accord, de ce côté-ci, de faire venir une chambre de
commerce. J'espère qu'ils vont dire oui, parce que ça
représente un peu ce qu'ils pensent souvent. Cette chambre de commerce
est contre l'ouverture des magasins le dimanche, et j'en veux pour preuve un
communiqué qui a été fait le 10 novembre et qui se lit un
peu comme suit: «Dans une déclaration rendue publique la semaine
dernière, Mme Lyne Carpentier, présidente de la Chambre de
commerce de la région de Sherbrooke, indiquait qu'une consultation
menée auprès d'une trentaine de commerçants sherbrookois
démontrait que 80 % d'entre eux s'opposaient à l'ouverture des
commerces le dimanche. «Les arguments pour et contre se rejoignent,
finalement, précise la première femme d'affaires
présidente de la chambre de commerce. Même si les
commerçants sont confrontés au changement des habitudes de
consommation, on s'entend pour dire que le bassin d'acheteurs n'augmentera pas
ni le volume d'achats, il faut plutôt que les marchands soient plus
compétitifs pour conserver et développer leur part de
marché.»
Elle dit aussi: «D'après les marchands interrogés
dans la région de Sherbrooke, - juste à l'ombre d'Orford - ce ne
sont pas les consommateurs qui demandent une plus grande flexibilité des
heures d'ouverture - contrairement à ce qu'on dit de l'autre
côté, très, très souvent -mais des multinationales
qui chercheraient à faire disparaître les indépendants pour
ensuite fixer
entre elles les règles du jeu commerciales.» C'est plein,
plein, plein de sens, une déclaration comme celle-là, venant
d'une chambre de commerce qui est, pour le député d'Orford
surtout, mise sur le piédestal des lois commerciales et du sain
capitalisme nord-américain. Je n'en doute pas.
Mais il y a autre chose aussi à considérer. Même si
une chambre de commerce s'occupe d'argent, de commerce, de rentabilité -
et c'est une bonne chose qu'il en soit ainsi - il y a aussi le
côté humain, et ça, j'ai dit tantôt que je vais
parler du côté humain. J'aurais bien aimé faire venir, soit
des historiens, des gens de culture ou des gens protecteurs du patrimoine ou
des gens qui sont très connaisseurs de nos traditions ancestrales pour
nous parler de cette coutume, cette tradition de chômer le
septième jour, mais j'ai trouvé une documentation qui a
été faite par le ministère de l'Industrie et du Commerce,
par M. Yves Bigras.
Dans ça, même si nous ne sommes pas tellement
éclairés du côté historique des fermetures des
magasins le dimanche, le ministère lui-même a fait faire une
étude pour nous dire que ce jour-là était un jour
sacré. On ne remontera pas tellement loin dans le temps, disons un peu
avant Jésus-Christ seulement. «La réglementation des heures
d'affaires des commerçants est un phénomène fort ancien
qui trouve ses origines dans la tradition judéo-chrétienne
où, le septième jour de la création, Dieu lui-même
se reposa.» C'est une étude qui vient du ministère.
«Au tout début du christianisme...
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, juste une petite
question d'information au député de Masson. Est-ce qu'on parle
bien de cette étude-ci?
M. Blais: M. Yves Bigras, Direction des services aux entreprises
commerciales, ministère de l'Industrie et du Commerce, janvier 1987.
Le Président (M. Audet): Ça va?
M. Tremblay (Outremont): Merci, M. le député de
Masson.
M. Blais: Ah oui! Je pense qu'on l'a tous. M. Tremblay (Outremont):
Oui, oui.
M. Blais: Si vous ne l'avez pas, je vous en ferai faire une
copie.
M. Tremblay (Outremont): Non, non.
M. Blais: parce qu'il y a des fois, au ministère, quand on
change de ministre, on perd souvent les bonnes choses qui étaient
là antérieurement.
M. Tremblay (Outremont): Ah! je l'ai.
Parfait.
Le Président (M. Audet): Allez-y, M le
député. (17 h 30)
M. Blais: Alors, au tout début, a commencé à
s'installer, sous l'empire du Créateur lui-même et de la foi
judéo-chrétienne, l'imposition d'un septième jour pour se
reposer.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Les premiers chrétiens firent du dimanche le
jour du repos car ce fut le premier jour de la semaine que l'Esprit-Saint de la
Pentecôte vint aux disciples. On souhaite que les mêmes langues de
feu tombent sur le ministre, sans le brûler, mais essayer de lui faire
éclairer de nouvelles directions dans la loi que nous avons devant nous.
Ça, c'était au tout début de la colonie. Mais, avant
ça, il y avait quand même, dans le temps des Huns, dans le temps
d'Attila, dans le temps des Perses, bien avant Jésus-Christ, dans le
temps du pont du Gard, 3000 ans avant Jésus-Christ, des échanges.
On échangeait des pierres à feu contre des épices, mais,
le dimanche, il n'y avait pas d'échange de pierres à feu et
d'épices. C'était pour eux le septième jour, même
avant Jésus-Christ. Ce n'était pas sous la foi
judéo-chrétienne, mais on avait appris qu'il y avait un
Créateur qui, lui-même, s'était reposé le
septième jour. Et on se reposait le septième jour de façon
constante pour avoir de meilleures relations entre la femme des cavernes puis
l'homme des cavernes puis le p'tit des cavernes. Puis M. Gourdin puis Mme
Gourdin puis le p'tit Gourdin. Ils s'amusaient au gourdin dans ce
temps-là, on prenait une journée pour «gourdiner»,
c'était ainsi que les choses se passaient avant Jésus-Christ.
Après l'avènement du Christ, à la fin du 4e
siècle - écoutez bien - où régnaient à peu
près trois empereurs en même temps sur le vieux continent, par un
décret commun, le dimanche devint un jour de repos selon la loi romaine.
C'est d'une importance capitale. On a de quoi tenir, le PQ. On remonte au temps
judéo-chrétien puis au temps des empereurs romains puis à
la tradition séculaire. Et je dirais même, pas un lustre ou une
décennie, et même plus que séculaire, millénaire,
millénaire, millénaire, une tradition millénaire que le
ministre, dans son opacité législative, veut brimer, absolument
brimer.
Alors, dans le temps, on faisait des échanges commerciaux, dans
ce temps-là. On échangeait des lions contre trois
chrétiens ou des choses comme ça, mais pas le dimanche, pas le
dimanche. On ne faisait pas ça le dimanche. Ce n'était pas parce
que les gens étaient plus moraux qu'aujourd'hui, mais le dimanche on
s'abstenait d'échanges. Ou du poivre noir pour deux esclaves, en tout
cas, il y avait des échanges qui se faisaient à l'époque,
au premier siècle.
Et, là, le monde a été long à
évoluer. Entre l'avènement du christianisme, le règne des
empereurs et la révolution industrielle, il y a eu un laps de temps
qu'on peut qualifier d'assez long. Le Moyen Âge, ça n'a pas
été excessivement productif. Malgré tout, il y a eu quand
même la découverte de ce qu'on appelle le Canada en 1534 où
Cartier planta la croix, mais ça. c'est juste le Québec qui
reconnaît que Cartier a découvert le Canada en 1534 parce que le
Canada ne reconnaît pas ça parce qu'ils ont fêté le
125e anniversaire du Canada cette année. Ça monte à 1867.
Avant ça, ce qui se passait, on ne le sait pas. Tu sais, du
côté historique, c'est très insultant pour nous de dire
qu'historiquement le Canada a 125 ans. Mais il y en a que ça ne leur
fait rien, ils ne s'en sont même pas aperçus. Tu sais, il y a des
gens qui sont déracinés tellement de l'esprit historique et de la
fierté ancestrale qu'on a fêté le 125e du Canada, ils ne se
sont même pas rendu compte que le Canada existait depuis 1534. Ils ne
s'en sont pas rendu compte et je suis persuadé qu'il y en a, de l'autre
côte, qui... En leur disant ça, je ne les regarderai pas parce que
je ne veux viser personne, mais je suis persuadé qu'ils n'y avaient pas
pensé. Moi, c'est un petit enfant qui m'a fait penser à
ça, à quatre ans. Il a dit: Papa, on était où, nous
autres, avant, si le Canada a 125 ans puis Montréal, 350? Ah, bon! Mais
je sais que certaines personnes de l'autre parti n'ont pas le même
raisonnement que ce bambin. Bon. Ils ne se sont pas rendu compte de ça,
ils ont fêté le 125e même avec des boutonnières.
Bon.
Mais revenons à autre chose. Dans ce temps-là même,
à l'époque de Jacques Cartier, de Radisson et des
«enfirouâpeurs» dont on parlait hier, M. le ministre, on
échangeait des bouts de miroir pour des fourrures, mais jamais le
dimanche, jamais, jamais le dimanche. Sauf les Iro-quois, qui avaient une
tendance américaine. On a toujours eu des problèmes avec eux
autres. Les Iroquois, eux, ils faisaient certains échanges, mais ils
échangeaient des scalps contre des fusils et ils faisaient ça
surtout à l'américaine et c'est une influence qu'on a toujours
voulu tenir loin de nous. Ce n'est pas d'aujourd'hui que nous avons des
problèmes de différences de société distincte entre
les francophones et les Américains de souche qui sont les Iroquois.
Bon!
Et là est arrivée la révolution industrielle et,
à la naissance du vrai capitalisme, on devrait se dire: Eh bien,
là, les chambres de commerce de l'époque ou d'autres noms que
l'on pouvait donner à l'extériorisation de ceux qui
étaient à l'avant-garde du profit - et je ne dis pas que c'est
une mauvaise chose en soi - on aurait pu penser qu'ils auraient fait des
gémissements frénétiques pour qu'on travaille sept jours
par semaine. On, détrompez-vous, ceux qui peuvent penser ainsi. Avec la
venue de la révolution industrielle, nous dit le ministère de
l'Industrie et du Commerce, je tiens à préciser, les travail-
leurs de tous les pays firent pression pour obtenir que le dimanche fût
considéré légalement comme un jour de repos. Les
industriels de l'époque ne trouvaient pas ça correct. Il fallait
que la plèbe oeuvre sept jours sur sept, ça faisait un
septième de plus de profit pour l'industriel. Leur côté
humain n'était pas bien, bien en grande valeur mais, malgré le
peu de connaissances des gens de l'époque, eh bien, les travailleurs ont
réussi à se garder un jour de repos. Ils ont réussi
ça. Dans une période moyenâgeuse, malgré le manque
d'instruction, le manque de connaissances, très souvent, des populations
des pays du monde, on a réussi à garder un septième jour
chômé. Ils trouvèrent évidemment des alliés
parmi les églises chrétiennes, bien sûr. La défense
des robes noires, René Goupil, etc., c'est bien sûr qu'on voyait
ça.
En 1886 - et, M. le ministre, je suis persuadé que vous avez
déjà même lu et même vu ce monument, vous le
cherchiez tantôt, juste pour vous rafraîchir la mémoire -
les travailleurs canadiens des chemins de fer formèrent avec
l'Église presbytérienne la coalition appelée «Lord's
Day Alliance». En 1886, et ça, ce n'est pas des méchants
francophones catholiques, là. Ça devrait vous ouvrir l'esprit.
C'est de nobles personnes qui sont de l'église presbytérienne,
coalition appelée «Lord's Day Alliance». Ça devrait
vous faire plaisir. Même eux ont défendu ça, pour le
respect du dimanche. Plusieurs Églises et travailleurs se joignirent
à cette organisation qui devint un puissant lobby pour qu'on n'ouvre pas
le dimanche.
En 1900 - je vais passer l'histoire très vite parce que je
pourrais parler très, très longtemps, je n'ai qu'une pauvre
demi-heure pour essayer de nous éclairer pour que notre
législation soit mieux faite, mais je vais passer le plus vite possible
- au Canada même, le gouvernement du Canada adopta une loi. Une loi par
laquelle toute vente au détail était pratiquement défendue
le dimanche. Là, il a commencé à y avoir des discussions
parce qu'ils ont passé cette loi parce que c'était de
juridiction... Dans la tradition juridique anglo-saxonne, le respect du
dimanche relevait du Code criminel dans le Canada, sous juridiction
fédérale tandis que... Là, les discussions ont
commencé entre Québec, les premières batailles d'ouverture
entre Québec et Ottawa. Et, malgré que le Canada ait émis
un «opting out» aux provinces - ce n'est pas d'aujourd'hui, les
«opting out» - la cour a décidé, en 1982, que ce
n'était pas légal que le gouvernement fédéral
s'occupe de ça. Mais, comme vous voyez, ça a pris 82 ans avant
que le fédéral nous débarrasse. Ça fait que, dans
certains domaines où il est là, aujourd'hui, où on
voudrait bien qu'il nous débarrasse, si ça prend 82 ans pour
chaque affaire, c'est à peu près ça, le temps pratique. Si
on était, tous les partis, d'accord pour se débarrasser d'eux
autres, ça irait tellement vite. Mais, au Québec, quand
même, malgré qu'Ottawa
s'était mis la main où le Québec devait avoir le
pied, ils ont décidé quand même, en 1907, de faire une
législation et que ça s'appelait la Loi sur l'observance du
dimanche. Je suis persuadé que les gens d'un certain âge se
rappellent cette loi-là parce qu'elle a duré excessivement
longtemps. Ça, c'était une loi précise mais, même en
1874, le législateur avait une loi concernant «la fermeture des
magasins de bonne heure» qu'on appelait. Dans cette fermeture de magasins
de bonne heure, ça, c'était un vestige du puritanisme
anglo-saxon, fermer de bonne heure. Longtemps, l'Ontario... Ça ne fait
pas longtemps qu'ils commencent à ouvrir le soir. On traversait les
frontières pour aller prendre une petite bière à Hull,
à Ottawa, vous vous en souvenez? Oui, il n'y avait pas de vin et
c'était du puritanisme britannique et puis, si tu arrivais... Quelqu'un
qui était habitué au Québec qui traversait à
Ottawa, le samedi soir, vers minuit et demi, il cherchait en vain un verre
à boire. En tout cas! (17 h 40)
Et là, c'étaient les villes, surtout, qui s'occupaient de
ça. Mais est arrivée la guerre, le développement, etc. Et
là on voyait que les commerces se développaient de plus en plus
et on a vu les deux tendances quand même se développer, autant aux
États-Unis qu'au Québec, que dans les autres provinces. Et la
tendance s'est maintenue. Avec l'accroissement du commerce et des
échanges, on est toujours resté, nous autres, par tradition, des
petits commerces indépendants, quelques grands magasins bien sûr,
mais surtout l'ensemble de nos commerces ont toujours été des
commerces familiaux. Et c'est pour ça qu'on a toujours tenu, pour le
bien-être humain de la famille, que, le dimanche, le plus de magasins
soient fermés. Mais ça demeure quand même que les
Québécois, malgré cette tradition, malgré cette
façon de voir qui est séculaire, et qui est très
défendable, ce sont des gens, quand même, on est tout de
même pas idiots. On sait que même si le dimanche, surtout
maintenant à cause des moyens de transport qui sont faciles, les gens
peuvent voyager disons, même à travers le Québec, pour ne
pas aller plus loin, eh bien, il peut arriver que sur la route, ou en arrivant
chez eux tard le soir - ils sont partis depuis une semaine, ils n'ont pas de
lait, ils n'ont pas de pain - qu'il y ait des dépanneurs, qu'on appelle,
pour suppléer aux besoins les plus pressants. Et on a permis à la
longue que, en gros, des dépanneurs de toutes sortes ouvrent à
travers le Québec. Mais c'est tout de même surprenant de voir que
c'est juste en 1982, c'est-à-dire que c'est en 1985 seulement que la
Cour suprême du Canada a décidé que c'était un
pouvoir exclusif des provinces, la fermeture. C'est tout de même
extraordinaire. La bataille a commencé en 1896 et n'a fini qu'en 1985.
C'est incroyable! C'est incroyable quand on regarde ça, 82 ans de
façon ferme, mais un peu plus quand on ne vivait que sur les fermes.
C'était... Mais de façon ferme, légale, ça a
duré 82 ans. Ça doit vous faire penser... En tout cas, il y a eu
des guerres. Et à Québec ici, pour les gens qui sont plutôt
de la région de Québec, Québec, la ville de Québec
n'a pas, comme Montréal, d'ailleurs... Il y a eu des batailles
épiques entre les marchands de Montréal, la cour, les
gouvernements, les mouvements de pression. Il y a Birks.. En 1955,
l'Association des marchands détaillants du Québec a soumis un
mémoire et a obligé Birks à fermer, parce qu'il ouvrait le
dimanche. Et ils ont fermé aussi. Ils ont fermé. Si on dit: On a
la liberté d'ouvrir, par exemple, supposons qu'une bijouterie ouvre, et
que dans une ville il y a trois bijouteries, bien, automatiquement, les deux
autres, si elles ne veulent pas perdre un chiffre d'affaires, sont
obligées d'ouvrir. C'est ça le problème de la
liberté d'ouvrir ou pas le dimanche. Ce n'est pas bon. Il faut des
catégories. Et la plupart des provinces ont quand même des
législations assez fermes.
Même aux États-Unis il y en a encore, au Vermont et dans
certains endroits, des règles assez fortes. En France, ça n'ouvre
pas à tous les dimanches, et il y a 10 000 000 de visiteurs à
Paris tous les jours. Ça ne peut pas être plus touristique que
ça, la population double chaque jour à Paris, parce que les
touristes viennent doubler la population. Et ce n'est pas tout ouvert, voyons
donc! parce qu'il y a le côté humain, le côté social
qu'il faut qu'on regarde. Je sais que c'est difficile. Je sais que c'est
difficile quand on vit sur un continent qui est de moins en moins respectueux
de la personne humaine, et qui a de plus en plus d'attachement au profit
à bout de nez et immédiat. C'est sûr que c'est difficile.
Et, si j'étais dans la peau du ministre, je le sais que ce serait
difficile. Les régions limitrophes, ça vient un temps qu'on ne
sait plus où aller non plus. Je le comprends, ça, mais ça
demeure que le respect de la personne humaine, c'est d'une importance capitale.
Ce qui fait que quand on dit... Comme le ministre nous disait tantôt, les
marchands de voitures se sont mis ensemble et ont dit: On n'ouvre pas nous
autres, on va ouvrir le soir, à la place. Oui, mais si Club Price se met
à vendre des voitures, bien, ils vont être obligés
d'ouvrir. C'est ça, le problème, c'est que ce n'est pas une
liberté, c'est une liberté jusqu'à ce qu'un autre s'ouvre
le nez, ou ouvre sa trappe, ou ouvre sa porte. Donc, ce n'est pas une
liberté. Si on a trois... Bien oui, si la loi permet d'ouvrir ou pas...
Si une bijouterie ouvre, par exemple, s'il y a trois bijouteries dans la petite
ville de 12 000 personnes, bien, les deux autres, si elles ne veulent pas
crever, il faut qu'elles ouvrent. Alors, les trois, ça leur coûte
plus cher. Qui va payer? Le consommateur. Il va falloir qu'elles
relèvent leurs prix, ce n'est pas possible. On va me faire accroire
qu'il va se vendre plus de bagues, qu'il y a plus de monde qui va se marier
parce qu'il y a trois bijouteries d'ouvertes le dimanche?
Voyons donc! On nous fait accroire qu'on va acheter. Il peut y avoir une
vente impulsive d'une bague, parce qu'il va se marier dans six mois et il passe
le dimanche et il l'achète. Il n'achètera pas deux bagues parce
qu'il a eu un mouvement impulsif. Ça peut donner un coup sur le... Bon.
C'est comme de souffler une balloune, tu ne la souffles pas quatre fois
après l'avoir pétée. Quand tu l'as soufflée et que
tu l'as pétée, c'est fini.
Il y a eu des batailles épiques, à Montréal. Il y a
eu aussi, à Québec, les gens de la région de
Québec, des batailles épiques entre Sainte-Foy et la ville de
Québec. Des batailles, des grosses et encore! Mais des batailles
épiques, pourquoi? Ça me fait penser à certaines villes
où il y a deux villes dedans. Prenons Sainte-Agathe, ce n'est pas dans
mon comté. Bon, Sainte-Agathe, il y a trois villes dans Sainte-Agathe,
il y a 9000 habitants. Sainte Agathe, Sainte Agathe-Sud et Sainte-Agathe,
paroisse. Là, s'il vient une grosse surface dans Sainte-Agathe-Sud,
parce que les taxes sont à 0,37 $, ils n'ont pas d'aréna, pas de
bibliothèque, ils n'ont rien et la ville, elle, elle paie sa
bibliothèque, ses affaires, les taxes sont à 1,87 $, mettons.
Elle s'en va s'installer dans le sud, la grande surface. La méthode
américaine de siphonner les payeurs de taxes en s'installant juste
à côté parce que les taxes sont basses. L'appât de
l'argent en oubliant la civilisation et l'humain. Qu'est-ce qui arrive? Les
gens qui paient une taxe cinq fois plus forte, dans la ville, eux sont
là, la grande surface siphonne tout leur monde et, en plus, on va leur
dire d'ouvrir le dimanche? Voyons! Il faut regarder le côté
humain.
C'est beau, les grands principes comme: Au plus fort, la poche! C'est
beau! Mais il faut, dans un système où l'humain compte, regarder
ce côté. L'histoire est parlante à ce sujet. Elle est
très parlante. Et je vous sais gré, M. le ministre, qu'à
votre ministère on ait fait un document de cette épaisseur,
épais seulement en papier, mais très qualitatif en contenu. Je
voudrais, j'aurais voulu, j'eusse voulu que vous le «Usassiez»
encore une fois pour que tout ce qui est à l'intérieur de
ça vous inspire parce que, si vous n'êtes pas inspiré par
le document qui sort de votre ministère, votre loi, pour nous, de ce
côté-ci, on en transpire parce qu'on croit que c'est la loi du
pire. Nous croyons que c'est la loi du pire.
C'est bien sûr que beaucoup de monde, qui écrivent
québécois ou québécoise... Si
«québécoise», ils écrivent «wise»,
«québecwise», ils vont être en faveur de cette loi.
Ils vont dire: «We are wise guys». Québécoise,
ça s'écrit «québecwise». Mais, si on
écrit québécoise avec un «coise» et qu'on
regarde notre passé, notre attachement, nos traditions, le respect que
nous avons des êtres humains, nous sommes moins robotisés que le
restant du continent nord-américain. C'est important. Nous sommes moins
robotisés. Nous sommes moins des machines à numéros. Nous
sommes moins ça. Heureusement qu'il reste un petit coin un peu plus
humain sur ce continent de violence. Une chance qu'il reste ça! Et,
là, les guerres de marchands, courir les endroits où c'est moins
cher pour installer de grandes surfaces, pour siphonner... Et je connais le
peuple, ça fait 12 ans que je suis député, je connais le
peuple. D'ailleurs, c'est dans mon comté que la «masse
couche».
Des voix: Ha, ha, ha! M. Blais: En tout cas... Une
voix:...
M. Blais: Tu le garderas pour toi, je te le donne, je te le
passe. Je te le passe gratuitement puis n'essaye pas de me le revendre. Il est
bien gentil, par exemple. C'est quand même un homme assez ouvert
d'esprit. Non, il fait bien ça mais je vais attendre un peu. Il vient
juste d'arriver. (17 h 50)
Mais, ça demeure qu'il y a eu des luttes épiques et
Québec en est une manifestation et on dit qu'il y en a encore, quand
même, des batailles entre ça. Et, ça, je pense qu'il faut
faire bien, bien attention.
Le meilleur gouvernement que le Québec a connu - et là
vous allez dire que je ne suis pas partisan - le meilleur gouvernement que le
Québec ait connu - je m'étais trompé de... - c'est le
gouvernement de M. Lesage en 1960. Ça, c'est le meilleur gouvernement
qu'il y ait jamais eu au Québec, de 1960 à 1966. Vous n'allez pas
me faire dire que je suis partisan, là. Je ne parle pas de façon
partisane, c'est pour vous prouver que je ne le suis pas. Il a eu, lui aussi, a
jouer avec une étude sur les heures. Mais c'est très drôle,
on voit quand même que le père de la Révolution tranquille,
par délégation - parce que c'était Lapai me qui
était le vrai père de la Révolution tranquille...
Une voix: Le député d'Outremont.
M. Blais: Ah oui, oui, vous avez une belle succession.
Une voix: Merci.
M. Blais: Vous essayez d'en être digne, j'en suis
persuadé. Et, à cause de notre passé, il a demandé
un rapport pour étudier les heures. Et savez-vous à qui il a
demandé ça, pour rester dans la liturgie? À M. Rameau.
Vous vous souvenez, le rapport Rameau. Ça nous tient dans le
judéo-chrétien. Même en 1960, M. Rameau, pour ne pas ouvrir
le dimanche, il a pris quelqu'un qui portait un nom dominical. C'est tout de
même bien. En 1970, la loi qui avait été passée
sous M. Lesage a été appliquée par vous savez qui,
en 1970. Ça a commencé à s'appliquer là. Cette loi
provinciale était réglementée, l'ensemble des heures
d'affaires, et le dimanche, c'est bien sûr, ça portait à
conflit. Et sous M. Lévesque... Je ne vous dérange pas trop en
arrière? Je parle assez fort? Vous m'entendez pareil? Merci.
En 1983, sous M. Lévesque, là aussi on a eu quelques
problèmes. Je pensais que vous ne m'entendiez pas, c'est pour ça
que j'ai monté le ton. Je voulais absolument que vous m'entendiez. M.
Lévesque aussi a eu des problèmes. Sous le gouvernement
Lévesque on a discuté. Il y a eu un vote en 1984, etc. On a eu la
loi de 1990 et là on arrive... Il reste...
Le Président (M. Audet): Quatre minutes.
M. Blais: Bon. Parce que j'en ai long à dire, je ne
voudrais pas... Et là arrive le nouveau gouvernement et arrive la loi de
1990 qui était presque imposée, parce que le ministre n'a pas
tenu compte des mémoires. Et c'est pour ça que cette
loi-là aujourd'hui, il est obligé d'en faire un correctif. Vous
n'avez pas écouté les gens du tout. Vous les avez entendus. Il y
a une différence entre entendre, ouïr, comprendre et agir. Il y a
une différence. Vous avez ouï les mémoires, mais vous avez
dit non, tout en les «ouïssant». Vous avez dit non. Vous
n'avez rien écouté de ce qui a été dit
là-dessus. Et on vous avait prévenu de toutes les façons
possibles et imaginables. Aujourd'hui, on a des documents de la plupart des
gens qui sont dans le milieu. Et c'est la majorité - ça, je suis
persuadé - si vous êtes intellectuellement correct, vous allez
reconnaître que la très grande majorité des travailleurs
qui sont visés par cette loi sont contre. Les travailleurs mêmes.
Vous avez tout de même devant vous, on vous a mis des documents qui ont
été faits par d'autres mais qui sont... Et ce n'est pas fini. Et
on ne nolise personne, parce qu'on sait que la mentalité de 1990 n'est
pas changée à l'intérieur et qu'il faut qu'on
protège la personne humaine.
M. le Président, je ne sais si j'ai réussi à
ébranler en parlant de ce côté humain. Et j'aimerais que ce
côté humain qui est un signe distinctif de ce petit coin
nord-américain qui n'est pas encore directement par numéro...
Nous ne sommes pas encore victimes de la piastre violente, nous
commençons à l'être malheureusement, un peu. Cette victime,
cette «victimisation» législative de la personne violente
par la piastre va nous rendre robotiques comme aux États-Unis qui sont
presque impersonnels. Il y a des gens extraordinaires aux États-Unis,
mais je parle de l'ensemble. Vous savez, les calottes par en arrière, ce
n'est pas au Québec que c'est sorti et les mâchages de gomme dans
les écoles non plus. La libéralisation sous toutes ses formes,
quand elle est trop forte, conduit à la déshuma- nisation. Et il
faut faire excessivement attention. Ça serait très beau de
regarder nos caractères distinctifs et de nous garder de plus en plus
distinctifs pour qu'on soit presque une petite Europe nord-américaine,
plutôt que d'essayer de se regarder comme des valets de la grande
puissance qui nous entoure. Et, en agissant comme ça, on agit... Et le
responsable du dossier, le député de Labelle, disait: On agit,
par cette loi-là, comme si on était un peuple de régime de
bananes. Et la loi de 1990 est une pelure pour le ministre. Il a glissé;
il se promena, mis la patte, glissa et tomba- H eut de célèbres
funérailles. C'était beau, mais c'était triste. Tout le
monde pleurait, même le chef de pompiers dans son casque de police. Quand
il fut plein, une goutte tomba à terre et gela. Le roi vient à
passer par là, glissa, tomba et se tua. Il eut de célèbres
funérailles. C'était beau, mais c'était triste; tout le
monde pleurait, même le chef de pompiers dans son casque de police.
Lorsqu'il fut plein, une goutte tomba. Alors, votre loi, c'est une marotte, une
manivelle comme cet exemple que je viens de donner et vous mettez le monde dans
cette manivelle comme un écureuil qui court après des noix et je
vous dis, M. le ministre, je ne veux pas du tout, du tout que nous soyons dans
ce moule et je m'objecte et je veux qu'il sorte de sa coquille parce que je ne
suis pas dans le moule où il veut me mettre et je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député. Il vous reste encore quelques secondes.
M. Blais: Ah, bien, je vous remercie, je ne savais pas. Je
pensais que vous m'aviez fait signe que c'était terminé.
Le Président (M. Audet): Oui, mais non, non.
M. Blais: Vous me donnerez 15 secondes... Le Président
(M. Audet): Là, c'est terminé. M. Blais: ...à
la prochaine intervention.
Le Président (m. audet): le prochain intervenant qui a
souhaité prendre la parole, m. le député d'orford. compte
tenu de l'heure, il nous reste quatre minutes. c'est comme vous voulez, on
pourrait peut-être ajourner nos travaux.
M. Benoit: Oui, je vais prendre les quatre minutes, M. le
Président, s'il n'y a pas d'objection.
Le Président (M. Audet): Vous allez prendre les quatre
minutes. Alors, allez-y. Vous avez quatre minutes.
M. Robert Benoit
M. Benoit: Oui, je voudrais... La motion qui nous vient de la
Chambre de commerce de Sherbrooke - je connais Mme Charpentier, c'est une dame
très agréable. Elle a consulté 30 membres de sa Chambre
sur 600, 700 ou 800 membres. Alors, il faut voir ici...
M. Blais: Combien de membres? M. Benoit: 30
exactement.
M. Blais: Mais ils sont combien? Ils sont 118.
M. Benoit: Je pense qu'ils sont plus que ça, mais elle en
a consulté 30...
Une voix: Nommez-les!
M. Benoit:... Maintenant, elle...
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Benoit: ...disait, dans La Tribune du 7 novembre 1992,
et c'est là le point important, M. le Président... Je la cite au
texte, elle disait: «Mais nous sommes en face d'un mouvement
planétaire qu'on ne peut pas contrer. Il faudra s'ajuster.» C'est
Mme la présidente de la Chambre de commerce qui disait ça. Mme la
présidente de la Chambre nous a aussi envoyé des lettres, les
députés libéraux, à différentes occasions,
nous disant: Enlevez-vous de nos vies. Vous savez qu'elle opère un
commerce d'enseignement de langues, entreprise très dynamique qui
opère le soir, qui opère les fins de semaine. Mme Charpentier est
dans le secteur des services. Alors, elle peut ouvrir quand elle veut. Elle le
fait. Et, chaque fois que j'ai mangé avec elle, d'une façon
très dynamique... Mme Charpentier a le même discours depuis des
années, elle vit d'ailleurs dans mon comté, même si elle
opère la Chambre de commerce dans Sherbrooke. Elle nous dit constamment:
Enlevez-vous de nos vies. Laissez-nous donc faire nos affaires comme on veut.
Vous n'avez pas d'affaire là-dedans. Vous ralentissez les
énergies des gens d'affaires. Elle doit être un peu mal prise.
D'ailleurs, on voit que dans le journal, finalement, elle dit: Bien, on est
contre, mais finalement on ne pourra pas contrer. C'est un mouvement mondial,
puis il va falloir s'ajuster.
Je veux aussi rappeler à mon confrère d'en face que la
Chambre de commerce du Québec, qui regroupe toutes les chambres de
commerce du Québec, eux, non seulement, ils sont pour, mais, dans leur
bulletin que vous avez reçu sur vos bureaux aujourd'hui, messieurs,
mesdames de l'Opposition, ils indiquent clairement... Lettre au ministre
Tremblay sur les heures d'affaires, et ils citent ici qu'ils viennent de
récrire à M. Tremblay, et puis ils ne changent pas leur position.
Ils sont pour. Et, dans l'Estrie, bien, oui, Mme Charpentier, effectivement,
elle nous dit qu'elle est contre, mais il y a aussi un regroupement des
chambres de commerce dans l'Estrie. Elles sont un bon nombre et, à ce
que je sache, ces gens-là sont couverts par les chambres de commerce du
Québec. On ne les a point entendues. La Chambre de commerce est pour,
celle de Sainte-Foy, ici, est pour. Alors, il y en a un bon nombre qui se sont
identifiées comme étant pour.
Alors, M. le Président, je voulais juste mentionner ça.
Et, je pense que Mme Charpentier a raison quand elle nous rencontre puis
qu'elle dit: Enlevez-vous donc de nos affaires. Laissez-nous donc faire nos
affaires comme on veut. Moi, je suis d'accord avec ça. Les gens
dynamiques en affaires, on n'a pas besoin qu'on les tienne par la main. On n'a
pas besoin de leur dire que ça commence à telle heure puis que
ça finit à telle heure. Le marché va faire ça. Le
marché va ajuster ces choses-là. Et il y aura probablement
beaucoup plus de gagnants que de perdants dans un marché de libre
entreprise si on laisse la libre entreprise faire ses règles. Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député. Alors, tout en vous rappelant qu'il vous restera environ
un peu plus de six minutes lorsque nous reprendrons nos travaux à 20
heures, j'ajourne les travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 14)
Le Président (M. Audet): Messieurs, si vous voulez prendre
place, s'il vous plaît, la commission de l'économie et du travail
va reprendre ses travaux.
Je déclare la séance de la commission de l'économie
et du travail ouverte. Je vous rappelle le mandat de la commission, qui est de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 59, Loi modifiant la Loi sur les heures et les jours d'admission dans les
établissements commerciaux. Alors, étant donné que c'est
M. le député d'Orford qui avait la parole et qu'il lui restait
encore quelques minutes pour son intervention, étant donné que le
temps qui est imparti au porte-parole officiel de l'Opposition et aux gens de
l'Opposition est terminé, est-ce qu'il y a d'autres remarques sur les
motions? C'est vrai, on était à une nouvelle motion,
effectivement. M. le député de Masson est intervenu et M. le
député d'Orford. Alors, est-ce qu'il y a d'autres remarques sur
la motion? Je reconnais maintenant Mme la députée de
Marie-Victorin. Vous avez 10 minutes, madame.
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: Je vous remercie, M. le Président. Mors,
effectivement, nous avons une motion pour faire entendre les gens de la
région de Sherbrooke, la Chambre de commerce de Sherbrooke qui s'est
prononcée contre les heures d'ouverture le dimanche.
M. Blais: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Audet): Question de règlement, M.
le député de Masson.
M. Blais: Lorsqu'on a quitté la séance, à 18
heures, nous avions un discours très intéressant du
député d'Orford. Il lui restait six ou sept minutes. Est-ce
qu'elles sont en suspens, ces minutes, ou bien si...
Le Président (M. Audet): Non, M. le député,
en vertu du règlement... Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): Vous le savez très bien,
d'ailleurs, je vous l'ai expliqué hier, en vertu du règlement, le
député doit être présent pour poursuivre son
enveloppe. Cette enveloppe doit se faire dans un bloc. Alors, son temps est
écoulé...
M. Blais: O.K.
Le Président (M. Audet): ...malheureusement pour vous.
M. Blais: Est-ce que...
Le Président (M. Audet): J'ai reconnu...
M. Blais: Un instant! Un instant!
Le Président (M. Audet): Oui.
M. Blais: Est-ce que je peux accaparer ces six minutes?
Le Président (M. Audet): Non.
M. Blais: Non plus?
Le Président (M. Audet): Pas du tout
M. Blais: Parce que ça pourrait être
intéressant si on avait un échange de minutes.
Le Président (M. Audet): Oui, mais étant
donné que vous êtes l'auteur de la motion et que vous avez fait
vos 30 minutes...
M. Blais: Je ne peux pas prendre les six minutes du
député d'Orford?
Le Président (M. Audet): ...vous n'avez plus la parole.
Votre enveloppe...
M. Blais: Parce qu'on est sur la même ligne de
pensée tous les deux.
Le Président (M. Audet): ...est complétée.
Alors, Mme la députée de Marie-Victorin, je vous redonne la
parole, vous avez la parole.
Mme Vermette: Oui. Alors, M. le Président, je disais que
la Chambre de commerce de Sherbrooke s'est prononcée contre les heures
d'ouverture le dimanche. Et je comprends les gens de la région de
Sherbrooke ou de l'Estrie parce que c'est des gens qui sont très
près de la nature. Donc, c'est des gens qui sont en communion avec, si
vous voulez, cet esprit très important qu'on essaie de démontrer,
ce côté humain, humanitaire qu'on doit maintenir même dans
le monde économique. Il faut qu'on maintienne cette vision-là qui
est très importante. Il faut qu'on prenne le temps de s'arrêter,
de regarder notre environnement et de se laisser, si vous voulez, habiter par
cet environnement, par cette nature qui permet d'avoir de meilleures
réflexions. Et peut-être que, nous, comme députés,
on pourrait mettre ça en pratique, en fin de compte, et peut-être
qu'on arriverait à de meilleures décisions aussi. On apporterait
peut-être des lois qui seraient plus près des
préoccupations, en fait, de nos électeurs.
Pour en revenir, M. le Président, je me disais, le dimanche...
Mon collègue de Masson a élaboré, a fait vraiment tout, si
vous voulez, l'éloge du jour, le dimanche à être
chômé, d'où ça venait, les origines et l'historique.
On est remonté pas mal loin dans les temps. J'ai été
très surprise de voir que ça faisait aussi
référence, en fait, à une recherche qui était dans
un document fait en 1987 par le ministère, justement, du ministre du
Commerce et qui, vraiment, avait fait une recherche très approfondie, en
fait, pour savoir d'où venait cette notion du dimanche, cette
journée, en fin de compte, chômée, cette journée
où tout le monde peut se reposer et profiter, en fait, de ces heures de
loisirs.
Alors, la société des loisirs, ça fait longtemps
qu'elle est envisagée et qu'elle est même souhaitée.
Ça retourne au début des temps, en fait. Et on se souviendra de
toutes les luttes épiques que les syndicats ont menées pour avoir
cette journée-là de congé. On se souviendra qu'à
l'époque de la révolution industrielle, bien sûr,
c'étaient les jeunes qui travaillaient, et on a voulu améliorer
ces conditions-là parce qu'on trouvait ça inacceptable qu'une
société, dans les charbonneries, fasse travailler des enfants. Et
on s'est révolté contre ça, on a dit: Non, il faut
améliorer. Donc, il y a eu des luttes pour
reconnaître les droits des enfants à une meilleure
qualité de vie et ne pas exploiter, en fait, le travail des jeunes.
Il nous semble aussi que, mon doux, plus ça change, plus c'est
pareil, parce qu'en fin de compte on arrive presque à la fin d'un
siècle, encore, à ce temps-ci, et, en fin de compte... Je ne sais
pas quelle forme de révolution industrielle nous aurons ou quelle sorte
de révolution nous aurons sur le plan économique, mais on
s'aperçoit que, de plus en plus, en tout cas, nos jeunes, en fait,
travaillent de plus en plus dans des situations précaires. Est-ce que
c'est une évolution sociale? Est-ce qu'à la fin de notre
siècle on pourra dire: mission accomplie? En fait, on est revenu en
arrière. On va finir le XXe siècle un peu comme on a fini le XIXe
siècle. Est-ce que c'est ça qu'on a comme objectif?
Moi, ça me pose de sérieuses questions, parce qu'on
s'aperçoit, bon, que notre société s'en va de plus en plus
vers la pauvreté. L'écart entre pauvres et riches est de plus en
plus important. Nos jeunes, en fait, leur principale fonction maintenant est
beaucoup plus du travail... Ils doivent travailler et, quand il leur reste du
temps, ils étudient. Quand on regarde le taux de décrochage et
quelles formes d'emplois, en fait, ils occupent... Alors, on regarde ça,
et ce n'est pas vraiment les emplois les plus intéressants quand on
travaille au salaire minimum, à des heures coupées, où on
fait de l'emballage, où on fait... Bon, en fait, on travaille dans le
domaine des services, à différents niveaux. Je regarde les
jeunes, quand ils travaillent au Club Price. Mon doux! je regardais ça,
je me disais: Mon doux! ce n'est pas possible. Et c'est des heures
coupées, des heures brisées, des salaires qui rapportent plus ou
moins. (20 h 20)
Mais, comme on vit dans une société de consommation, que
le marketing est très fort et qu'on revalorise une personne en fonction
de son portefeuille et de sa consommation, bien... Bien sûr que nos
valeurs ont changé, et on devient très exigeant. Et nos jeunes
aussi ont ces besoins-là et répondent, en fait, à l'offre.
Et, de plus en plus, ils ont besoin de sous. Et c'est vrai que, effectivement,
on a changé les valeurs fondamentales de notre société.
C'est beaucoup plus ça, moi, qui me préoccupe, dans le fond, que
les heures d'ouverture pour les magasins le dimanche. Moi, c'est quelle sorte
de société, dans quelle forme de société
devrons-nous évoluer et aurons-nous à évoluer?
Je trouve ça un petit peu dommage, parce que je regardais
à quel point il y a eu des batailles au niveau des droits et de la
reconnaissance de la personne pour diminuer les heures de travail, pour
favoriser, justement, que les personnes... On a commencé avec la semaine
de 40 heures de travail; après ça, on a eu des batailles
syndicales pour descendre à la semaine de 37 1/2 heures; et là la
semaine moyenne de travail est à peu près de 33 heures, parce
qu'on nous a fait miroiter la société des loisirs. Et on devait
s'en aller vers une société des loisirs qui serait de plus en
plus permise, et qui serait de plus en plus partout, en fait. Et on se pose la
question, à savoir: Mais, là, où est-ce qu'on s'en va?
C'est un revirement. On dit: Non, ce n'est plus ça qu'on veut mais on
veut permettre aux gens de travailler de plus en plus et d'étendre, en
fin de compte, les heures d'une façon morcelée, plus ou moins
intéressante, avec des revenus, dans le fond, qui ne s'en vont pas
à la hausse de cette façon-là mais plutôt vers la
baisse. Parce qu'on regarde que c'est des heures morcelées, des heures,
bon, en fin de compte, des heures brisées, où on maintient des
gens au salaire minimum, en fait, au salaire, en tout cas, qui n'est pas des
plus intéressants non plus et avec lequel on ne peut pas s'offrir
vraiment toute cette panoplie qu'on pourrait s'offrir au niveau de la
consommation. Et je trouve ça un petit peu dommage. Et, mon doux, c'est
faire fi de toutes ces luttes qu'on a faites pour baisser les heures de travail
des gens et pour développer cette société de loisirs
là. Moi, si on me disait ce que je veux faire pour l'amélioration
de la qualité de vie de nos contribuables, c'est de favoriser les
loisirs. Effectivement, il y a un changement de masse monétaire parce
qu'il y a de l'argent là aussi à développer. Quand on fait
des loisirs, il y a de l'argent qu'on peut aller chercher à ce
niveau-là aussi. En même temps...
Une voix: Le bowling.
Mme Vermette: Le bowling, oui. A part les dalots, on pourrait
faire autre chose, par exemple. Je pense qu'on pourrait monter le niveau
culturel de notre société. On pourrait favoriser le degré
du beau, les amener vers le beau. Vous savez, l'art, c'est intéressant.
Quand on a un peuple qui est capable de se laisser émouvoir par la
culture, l'art et la nature, je pense que ça montre un niveau
extraordinaire. On regarde les populations européennes, à quel
point on est en admiration devant ces anciennes cultures, ces vieilles
civilisations, parce que ces gens-là, justement, ont cette
capacité de s'arrêter et de profiter de tout ce qu'on met à
leur disposition. Mais pas juste du magasinage, M. le Président, pas
juste des centres d'achats, M. le Président! Voyons donc, quelle sorte
de culture on développe par le magasinage? À part de vivre nos
impulsions parce que, dans le fond, on base toujours le magasinage en fonction
des impulsions. Vous savez, il y a Freud qui a passé des années
à étudier justement les pulsions, les impulsions, et qui a
essayé de nous faire comprendre à quel point il fallait justement
arriver à contenir certaines formes d'impulsions parce que, vous savez,
ça aussi, ça n'a plus de limites. C'est important, M. le
Président, de tenir compte de ces différents aspects
psychosociaux d'une
société. C'est toutes ces différentes
études, en tout cas, qui sont importantes.
Moi, j'aimerais voir les gens de la région de l'Estrie, qui
pourraient nous apporter un point de vue. Et, surtout la Chambre de commerce,
ce sont des gens qui sont implantés depuis longtemps et qui sont en
bordure aussi des lignes américaines, qui sont vraiment... Et si ces
gens se sont prononcés contre, est-ce que vraiment c'est parce que,
quelque part, ils ont fait une réflexion, ils ont pu voir, eux autres
aussi, les conséquences, justement, de la circulation, en fin de compte,
de leur clientèle vers les États-Unis? Est-ce que c'est si
fondé que ça? Est-ce que c'est par rapport aux prix ou si c'est
par rapport qu'ici, au Québec, on n'est pas trop taxé, on n'a pas
trop de taxes à l'heure actuelle? C'est peut-être tous ces
éléments-là, en fait, que ce soit au niveau des services,
de la consommation, de nos impôts, les impôts directs, indirects
puis les impôts volontaires. Parce que, là aussi, on a beaucoup
d'impôts volontaires, M. le Président.
Alors, en conclusion, M. le Président, j'aurais souhaité
qu'on puisse entendre ces gens de l'Estrie. fis auraient pu nous apporter une
dimension tout à fait importante pour notre débat à
l'heure actuelle.
Le Président (M. Audet): Merci, Mme la
députée.
Je vais reconnaître maintenant M. le député de
Drummond. Vous avez 10 minutes.
M. Jean-Guy St-Roch
M. St-Roch: Merci, M. le Président. Alors, ça me
fait plaisir, M. le Président, d'intervenir sur cette motion, soit de
demander à la Chambre de commerce de la région de Sherbrooke de
venir nous rencontrer et nous expliquer les raisons pour lesquelles elle est
motivée à prendre l'attitude et l'approche qu'elle a
préconisée.
Mais, avant d'élaborer davantage, j'aimerais réagir
à la réaction de M. le ministre sur la motion
précédente. J'avais demandé, comme treizième
question - parce que 13 est un chiffre qui, j'ose espérer, sera chanceux
pour nous pour convaincre M. le ministre d'entendre ces gens-là et
d'avoir un éclairage plus poussé - de voir les impacts sur le
commerce des agences de voyages, l'effet de cette modification-là, je
relisais mes notes et j'avais dit: Avec la suppression des 50 $. Alors, je vais
être un peu plus explicite, parce que je n'ai pas eu la chance... Il n'y
a personne qui m'ait demandé de le mettre par écrit.
Alors, M. le ministre, ce qui arrive à l'heure actuelle: dans ce
projet de loi là, on sait que, dans les pharmacies, on ne peut pas, et
il y a une limite de 50 $ qui est mise. Alors, on sait l'annonce qui a
été faite dès la parution du 24 ou 25 novembre: Une grande
chaîne de pharmacies s'apprête, en utilisant les technolo- gies
modernes de l'informatique, à mettre à la disposition des gens -
tel que l'a signalé mon collègue de Masson - des forfaits voyages
où on pourra aller et choisir les voyages.
Moi, ce que j'aimerais savoir, c'est les études que le
ministère de l'Industrie et du Commerce a faites. Parce que je suis
d'accord avec vous que, dans un service, il n'y a jamais eu de loi qui ait
prévenu qui que ce soit d'ouvrir le dimanche. Une agence de voyages
pourrait travailler 24 heures par jour, 7 jours par semaine. Mais je pense
qu'il y avait un consensus d'établi et que les gens disaient: Le
dimanche, on va le prendre pour se reposer, pour faire des activités
familiales, culturelles ou autres, de loisirs. Mais il y a une chose qui est
claire - et j'ai vu réagir aussi, lorsqu'un de mes collègues
l'avait mentionné - la journée où le Club Price va vendre
de l'automobile, les concessionnaires d'automobiles vont être
obligés d'ouvrir. Bien, oui, c'est les lois du commerce! Mais c'est
ça que je veux dire, M. le ministre. Je veux voir ces impacts-là.
Parce que la journée où on va permettre des points de vente
d'agences de voyages, moi, je voudrais avoir les impacts. Parce que c'est
sûr et certain que les agences de voyages vont être obligées
d'ouvrir puis, encore là, lorsque je regarde, moi, les agences de
voyages, règle générale, au moins dans les
municipalités de régions comme la mienne, ce sont de petites
entreprises familiales. Encore là, la majorité est détenue
par des femmes d'affaires qui ont osé investir.
Quant à être sur le sujet, j'aimerais aussi rajouter un peu
plus parce que, comme je l'ai signalé hier soir, mon service de
recherche étant débordé de ce temps-ci avec la
complexité des dossiers, et tellement de personnes... Moi, il y a une
chose que j'aimerais voir aussi, parce que lorsqu'on met à la
disposition des gens des points de consommation et lorsqu'on parle d'agences de
voyages, si on m'avait dit et qu'on m'avait signalé que le champ
d'attraits spéciaux de ces points de voyages, ce serait pour promouvoir
les destinations touristiques du Québec, bien, j'aurais trouvé
ça intéressant parce que ça aurait permis de
développer l'industrie touristique de nos régions. Si on avait
dit: On va vendre simplement des produits touristiques à
l'intérieur du Canada, j'aurais dit: Bravo! On a encore le dollar
canadien et on va rester avec notre monnaie.
Alors, quand j'ouvre mes horizons... Puis c'est ça que je
déplore, moi, souvent. On s'en va à la pièce et on
fragmente de plus en plus notre processus de décision sans voir les
effets dans une situation qui est globale. Alors, quand je regarde, moi,
l'analyse de la situation de la balance commerciale canadienne et que je vois
qu'on se dirige vers un déficit qui va être au-delà de 7
000 000 000 $ dans la balance commerciale - et le tourisme est une des grandes
portions - quand je regarde qu'on a à financer
ce déficit-là, quand je regarde le déficit
québécois, au niveau touristique, qui va dépasser les 2
000 000 000 $, je me dis, à ce moment-là; Voilà! Par une
autre mesure on va accroître encore l'exportation de nos devises sur une
scène étrangère sans avoir d'autre compensation
excepté ce qu'on nous a dit dans une étude, qu'ouvrir les
commerces le dimanche - quand on regarde la provenance des produits qui vont
être offerts - ça va favoriser le développement de
l'industrie touristique.
C'est peut-être ça que la Chambre de commerce de la
région de Sherbrooke a perçu. Parce que c'est une région,
comme Mme la députée de Marie-Victorin l'a signalé, qui
est très touristique et très près de la nature, où
les gens sont habitués d'avoir un contexte de vie familiale. Mais ils
sont près aussi de la frontière américaine, alors il y a
peut-être beaucoup plus d'oxportiso. Cost aussi une ville universitaire
où on a la chance d'avoir beaucoup de savoir accumulé, où
il y a beaucoup de recherches faites dans tous les domaines. Alors, à
cause de cette situation privilégiée, je pense qu'on manque une
opportunité en or de voir la Chambre de commerce venir nous l'expliquer.
Alors, M. le ministre, j'espère que vous allez être capable de
revenir et rajouter à la treizième question les impacts aussi que
ces mesures-là pourront avoir sur la balance déficitaire
touristique que nous avons. (20 h 30)
Quand je regarde aussi les chambres de commerce, M. le Président,
et qu'on essaie de nous dire: Oui, mais la chambre de commerce provinciale
était d'accord, ça me rappelle étrangement ma situation en
tant que député à l'Assemblée nationale. J'ai
été en désaccord aussi avec, bien souvent, la machine
gouvernementale ou la grande machine. Mais ça ne veut pas dire, parce
qu'on est en désaccord, et que la grande politique d'une grande
organisation est vraie, que tous les rouages vont dire: On est d'accord. Il y a
peut-être des situations particulières.
J'ai eu l'occasion de signaler - je pense que je vais être
à ma quatrième reprise - que le rôle d'un
député, aussi, ce n'est pas de travailler dans la
facilité, ce n'est pas de travailler des dossiers qui sont faciles, dans
une perspective que j'ai toujours appelée la raison d'État. La
raison d'État, en politique, trop malheureusement, s'appelle un
échéancier électoral. Je pense qu'on a comme mission, en
tant que législateur, de s'assurer qu'on va protéger les plus
faibles de chez nous. Souvent aussi, lorsqu'on regarde au niveau
économique, protéger les plus faibles, ça veut dire
protéger les régions, protéger des régions comme la
mienne. Parce que, quand je regarde la position que la Chambre de commerce de
la région de Sherbrooke défend et je regarde, moi,
l'enquête qui a été faite par la Chambre de commerce de
Drummond qui, soit dit en passant, M. le Président, est une des vieilles
chambres au
Québec... Elle est à au-delà de 80 années
d'existence. Alors, quand on voit des gens... J'ai la chance d'habiter et de
représenter une région, M. le ministre, qui est à
l'avant-garde de l'ouverture sur les marchés étrangers. On l'a
fait au niveau culturel; on s'est ouvert sur le monde avec l'attrait du
Festival mondial de folklore qui nous a amenés aussi à faire
beaucoup de commerce. Alors, je ne pense pas, moi, quand je regarde ma
région, qu'on soit une région fermée, qui est
isolée, qui fait en sorte qu'on a peur d'affronter la concurrence, qu'on
a peur de se moderniser. Non. On a été à l'avant-garde de
toutes ces techniques de mondialisation et de mise en marché. Et,
pourtant, les gens de chez moi, M. le Président, a l'intérieur de
ma chambre de commerce, au-delà de 800 membres se sont prononcés
contre l'ouverture le dimanche. Les SIDAC, là, c'est des deniers de
l'État aussi. Je mo souviens, moi, qu'à Drummond, dans les
annéos 1985 et 1986, on a investi quelques millions de dollars pour
rénover, pour essayer de faire l'attirance dans deux SIDAC que j'ai chez
moi. Les SIDAC se sont prononcées contre.
Alors, si la panacée d'ouvrir tous azimuts le dimanche
était une solution qui était valable, bien, avec les lois du
commerce que nous connaissons, je ne connais personne en affaires qui
rejetterait de côté facilement de faire fructifier son capital.
Alors, il y a certainement des raisons majeures pour que des hommes et des
femmes d'affaires qui sont aux fines pointes de leur milieu, qui sont aux fines
pointes des connaissances, tant au niveau de qualité de vie qu'au niveau
du commerce, prennent la peine de dire: Non, nous, dans nos régions -
c'est vrai pour la région de Sherbrooke, c'est vrai pour la
région de Drummond, des régions qui sont centrales, qui sont le
coeur du Québec - non, n'allons pas ouvrir, allons plus minutieusement.
Je pense qu'on devrait se faire un devoir, en tant que législateur, de
dire: Peut-être que c'est l'heure de protéger aussi les petites
régions pour faire en sorte qu'il y ait un essor économique qui
serait redistribué à la grandeur du Québec.
J'espère, moi, que M. le ministre - je le vois devenir de plus en
plus soucieux à mesure que nos débats s'avancent, prendre des
notes - connaissant aussi ses expertises d'homme d'affaires, va se
sensibiliser, qu'il va admettre avec nous que ce serait possible ici, qu'on ne
demande pas des miracles, seulement d'entendre des gens qui viendront nous
expliquer les craintes. Parce que M. le ministre admet lui-même, avec...
Je me souviens de la loi 75. En 1990, on était censé avoir une
loi qui était durable dans le temps. Et les remarques
préliminaires de M. le ministre à l'adoption de principe nous
disaient: Depuis quelques mois, des choses ont changé. Mais, s'il y a
des choses qui ont changé dans les positions, dans les vues de
l'équipe ministérielle, est-ce que ça se pourrait, par
hasard, que, parmi les représentants de certains groupes
aussi, les choses aient évolué sur le terrain, qu'elles
aient changé? Alors, ce serait bon qu'on entende nos commettants, les
gens qu'on représente ici.
Vous me signalez qu'il ne me reste, malheureusement, qu'une minute, M.
le Président. Alors, j'espère, M. le ministre, que vous allez
vous pencher sérieusement sur ce dossier-là d'entendre la Chambre
de commerce de la région de Sherbrooke. C'est une chambre qui est
régionale, qui représente la continuité du coeur du
Québec. C'est une région qui est à l'avant-gàrde
à bien des aspects, tant au niveau scéni-què, au niveau
touristique, au niveau culturel, au niveau universitaire. Alors, il y a
certainement des raisons fondamentales pour que ces organismes de chez nous
osent prendre une position indépendante de leur association provinciale.
J'espère, M. le ministre, que vous nous direz pour la première
fois: Oui, on va entendre la Chambre de commerce de Sherbrooke. Je vous
remercie, M. le Président.
Lé Président (M. Audet): Merci, M. le
député. Je vais maintenant reconnaître Mme la
députée de Taillon, toujours sur la motion.
Mme Marois: Oui.
Le Président (M. Audet): Vous avez 10 minutes, Mme la
députée.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Je vous remercie, M. le Président. Je pense
que ce serait intéressant, effectivement, de recevoir la Chambre de
commerce de Sherbrooke pour essayer de confronter les thèses
avancées par le ministre, entre autres dans ce qui lui sert
d'étude, là, pour justifier l'ouverture des commerces le
dimanche, où il fait un certain nombre d'affirmations. Et je pense
particulièrement au commerce hors frontières, parce que je crois
que c'est son argument principal. Alors, ce serait intéressant
d'entendre la Chambre de commerce de Sherbrooke, d'abord qui se situe dans un
axe où, effectivement, il y a une circulation vers la frontière
et vers l'outre-frontière, si on veut.
Il serait intéressant de confronter la Chambre de commerce aussi
avec la démonstration que nous a faite le député d'Orford
l'autre soir, où il vantait très largement sa zone de commerce
touristique ouverte, donc, le dimanche; il a un territoire où c'est
possible que les magasins puissent ouvrir le dimanche. Et il nous faisait la
démonstration que les gens passaient par chez eux pour aller magasiner
aux États-Unis; c'étaient les Américains qui
étaient venus en visite ici dans le cadre d'une rencontre entre
parlementaires, à ce que j'ai compris, ou du moins dans le cadre d'une
étude faite par des Américains sur notre système de
santé, et il expliquait le phénomène, et comment ça
se passait, comment les gens passaient à travers sa région, et
donc que, malgré l'existence de la zone touristique, ça
n'empêchait pas les gens, les Québécois et les
Québécoises d'aller outrefrontières.
Or, la principale thèse du ministre est pour dire: II y a des
sommes là à récupérer. Parce que j'essaie de revoir
tous ses documents, et je me rends compte que, dans lé fond, c'est
essentiellement le point sur lequel il s'appuie pour justifier l'ouverture des
commerces le dimanche. C'est le petit document qu'il nous a remis, là:
«Niveau général des ventes au détail». Il
regarde ce qui est présumément consommé aux
États-Unis et il dit: VoHà ce qu'on pourrait aller rechercher si,
chez nous, on ouvrait le dimanche. Puisqu'il y a un certain nombre de voyages
qui se font, il fait un prorata, il applique ça au dimanche, puis il
dit: Voilà, bingo! On ouvre le dimanche, donc on récupère
ces ventes-là. Ce serait intéressant, donc, de confronter les
thèses du ministre avec la Chambre de commerce de Sherbrooke qui se
situe dans un axe assez intéressant et pas très loin d'une
région comme Orford où on connaît la situation d'ouverture
des magasins le dimanche, et où, semble-t-il, ça n'a pas eu
nécessairement tout l'effet escompté. Enfin, ça n'a pas
confirmé les thèses qu'avance le ministre.
Dans ce sens-là, ce serait intéressant aussi que, dans le
contexte, on regarde l'étude qu'a faite la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante à ce sujet-là en
particulier, et qu'on puisse confronter toutes ces études avec les
protagonistes de la Chambre de commerce qui, eux, contrairement à l'avis
émis par la chambre québécoise, la Chambre de commerce du
Québec, sont en désaccord, effectivement, avec l'ouverture des
commerces le dimanche. La Fédération canadienne de l'entreprise
indépendante fait une belle démonstration - que confirmait,
d'ailleurs, notre collègue d'Orford - à l'effet que le commerce
outre-frontières est particulièrement dû au fait que le
niveau de taxation est à ce point élevé au Québec
que l'on profite du fait que l'on soit là pour acquérir des biens
qui, ici, ont un niveau de taxation élevé, qu'il s'agisse de
l'essence - hein, on en profite pour faire le plein, bien sûr - qu'il
s'agisse des cigarettes ou des produits comme le vin et autres types de
boissons alcoolisées. Et eux font une excellente démonstration
à cet égard. Alors, ça pourrait être
intéressant de les confronter avec la Chambre de commerce et de
confronter particulièrement les études faites par le ministre -
enfin, j'utilise le mot «études», mais je devrais retirer ce
mot; ce ne sont pas des études, ce sont des présomptions que fait
le ministre à partir d'une hypothèse qu'il a
présentée, se disant que cette hypothèse
s'opération-nalisant il pourrait aller rechercher pour le Québec
un certain nombre d'emplois et une amélioration de la situation des
ventes au détail.
Mais, au-delà de ces questions-là, la Chambre de commerce
de Sherbrooke représente tant des professionnels - comme probablement
toutes les chambres de commerce à travers le Québec - que des
commerçants qui sont probablement des commerçants de petites et
de moyennes surfaces, puisqu'on se trouve dans une ville intermédiaire
par rapport à Québec ou Montréal, par exemple, ou Laval ou
même Longueuil, qui sont vraiment des villes qui ont des populations
beaucoup plus importantes, évidemment. Alors, ce serait
intéressant que ces gens qui représentent leurs
commerçants viennent nous expliquer, à leur point de vue de
commerçants qui sont d'accord, évidemment, pour une
société qui va respecter les lois du commerce, comment il se fait
qu'eux ne partagent pas le point de vue du ministre. Qu'est-ce qui justifie que
la chambre nationale, la Chambre de commerce du Québec, elle, ait dit
oui au ministre et qu'eux qui sont dans une région, qui
représentent aussi des commerçants, se disent en désaccord
avec le projet de loi que défend le ministre? (20 h 40)
Et, si je comprends, la Chambre de commerce de Sherbrooke n'est pas
seule dans cette situation-là. On parle de Mont-Joli, de Drummondville -
mon collègue en parlait tout à l'heure - de Val-d'Or, de
Chicoutimi. Et je suis persuadée - parce que, ça aussi, il y a
une illusion dans le débat qu'on a actuellement - que si on faisait le
tour des chambres de commerce du Québec on se retrouverait avec une
proportion pas mal plus importante qu'on ne peut l'imaginer à ce
moment-ci, prenant pour acquis que, parce que la Chambre de commerce du
Québec avait pris position, les autres se situaient dans le même
sillage. Et, à mon point de vue, si on prenait le
téléphone puis qu'on se mettait à les appeler les unes
après les autres, on constaterait que ce n'est pas le cas et qu'au
contraire la majorité des chambres de commerce du Québec,
probablement - et je ne peux pas présumer complètement de la
réponse, mais je peux à peu près l'imaginer sans trop me
tromper - serait en désaccord avec le projet qui est devant nous.
Je ne peux pas présumer, bien sûr, du point de vue de la
Chambre de commerce de Sherbrooke, mais je crois que ce qui justifie leur
désaccord, ce sont les arguments que nous présentons depuis un
bon moment au ministre et aux membres de son gouvernement et avec lesquels il
n'est pas d'accord - on commence à le comprendre, n'est-ce pas - mais
qui restent des arguments essentiellement valables. Ce sont des
commerçants qui accordent autant d'importance au fait qu'ils retirent un
revenu et un profit de leurs activités de commerce, mais qui sont aussi
sensibles au fait qu'ils souhaitent mettre un petit peu de leurs
énergies ailleurs que dans les activités de commerce, et, donc,
qu'ils se réservent, comme beaucoup d'autres au Québec
souhaiteraient le faire, une journée... Oui, M. le Président,
merci de me prévenir du temps qu'il me reste. Ils veulent pouvoir se
réserver une journée où ils ne seront pas
préoccupés par les questions du commerce; ou peut-être
même qu'ils devront encore s'en occuper mais d'un autre point de vue,
pour essayer de faire un petit peu de planification et de
réfléchir à l'orientation de leur organisation.
Vous savez, si on avait suivi essentiellement les lois du commerce,
comme le ministre se plaît à le dire souvent, on se trouverait
devant un capitalisme sauvage et débridé. Ce n'est pas,
heureusement, le cas, mais parce que, comme société, nous nous
sommes donné des outils pour encadrer, justement, l'exercice du
capitalisme et faire en sorte que les lois du marché ne prennent pas le
dessus sur l'ensemble des lois qui servent à une société
pour s'organiser et pour se civiliser un tant soit peu. Alors, moi, je veux
bien être d'accord avec «c'est la loi du commerce», mais je
pense qu'elle mérite d'être encadrée, cette
loi-là.
Et, dans ce sens-là, M. le Président, ce serait tout
à fait pertinent et intéressant d'entendre la Chambre de commerce
de Sherbrooke avec laquelle nous pourrions confronter la thèse
développée par le ministre versus le point de vue que les
représentants de la Chambre de commerce défendent. Alors, je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci, Mme la
députée de Taillon. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
la motion?
M. Léonard: Oui, M. Le Président.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Labelle, vous avez 10 minutes.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: M. le Président, je voulais parler moi
aussi, à mon tour, sur cette motion à l'effet d'entendre la
Chambre de commerce de Sherbrooke, ce qui m'apparaît
particulièrement important, et je voudrais situer mon intervention dans
la foulée de ce que je disais précédemment, avant le
dîner, en fait, où j'ai exposé l'idée qu'il
s'agissait de deux modèles économiques très
différents que chacun avançait mais sans vraiment en
débattre. Le ministre n'a pas échangé là-dessus. On
pourrait échanger, effectivement. Ça pourrait être
très intéressant, peut-être, d'avoir une discussion sur ce
plan-là pour savoir quels sont les modèles économiques qui
sous-tendent les différentes positions que nous avons ici.
La Chambre de commerce de Sherbrooke représente justement un
milieu assez populeux. Il n'y a pas beaucoup de villes au Québec qui
comptent 100 000 habitants - 90 000 ou 100 000
avec les municipalités autour qui en comptent aussi quelques
dizaines de milliers. Donc, on parle assez facilement d'un milieu urbain de
quelque 110 000 ou 120 000 habitants, plus, aussi, tout un milieu rural qui
entoure la ville de Sherbrooke.
Autre élément important et intéressant, c'est que
la ville de Sherbrooke est aux frontières des États-Unis. Donc,
elle est soumise, elle, à la concurrence américaine quasi
directe. Par rapport à l'argument que le ministre supportait, que cela
réduirait nos achats à l'étranger, aux États-Unis
notamment... Parce que je pense, quoiqu'il en ait dit tout à l'heure,
avant le dîner, effectivement, que les Québécois
achètent ailleurs qu'aux États-Unis, mais la majeure partie de
leurs achats se font quand même aux États-Unis. Donc, Sherbrooke,
c'est un milieu intéressant, important sur ce plan-là. Et je
crois qu'il pourrait être très intéressant de les entendre
pour voir ce qu'ils ont à dire. Mais, comme le ministre ne semble pas
décidé, pas disposé à les entendre, peut-être
faudrait-il un peu extrapoler pour connaître ce qu'ils pourraient nous
dire, en tout cas ce que nous percevons de la part des gens, des organisations,
des organismes qui nous ont écrit.
En réalité, le tissu urbain d'une ville comme Sherbrooke,
le tissu social et économique d'une ville comme Sherbrooke est
supporté par des personnes, par des citoyens qui occupent certaines
fonctions dans le milieu, notamment économiques, notamment sociales.
Finalement, une chambre de commerce est à la jonction de
l'économique et d'autres fonctions sociales. C'est évident que,
dans une chambre de commerce, on retrouve des gens qui ont un
intérêt à ce que l'économie du milieu se porte bien.
Donc, ils vont s'organiser pour que cela fonctionne bien. Ils vont aussi porter
une attention particulière à toute espèce d'organisme qui
contribue à renforcer le milieu, à renforcer la solidarité
des citoyens, de ceux qui habitent la ville et le milieu. Donc, nous nous
retrouvons, pour une population de quelque 100 000 à 125 000 plus un
vaste territoire rural qui l'entoure, à toucher une population de
quelque 200 000 à 250 000 qui vit à partir de là.
Alors, lorsqu'on adopte le modèle du ministre, on en adopte un
autre par rapport aux commerçants, aux détaillants qu'il y a
là. Les détaillants qu'il y a là, ceux qui font partie de
la Chambre de commerce, sont des gens qui sont généralement des
commerçants, des gens impliqués très directement dans le
milieu, qui supportent, eux, je dirais, les clubs Richelieu, les clubs
Optimiste, qui supportent aussi des maisons de jeunes, donc qui
débordent de l'économique vers le social, vers l'organisation du
milieu; qui débordent aussi vers le culturel d'un milieu, qui le
supportent, en quelque sorte, qui l'animent. Et puis, vous, vous allez
retrouver dans des chambres de commerce, évidemment, des gens d'af-
faires, de tous les secteurs des affaires. Vous allez retrouver aussi des gens
de l'université. Et c'est à l'occasion des réunions des
chambres de commerce que vous trouvez ces rencontres de gens impliqués
dans tous les milieux de la société, mais qui échangent.
Le ministre parle des grappes économiques. Il y a aussi des grappes
socio-économiques qu'on retrouve autour des chambres de commerce. En
d'autres termes, il y a un milieu qui existe sur ce plan-là et qui est
supporté par l'ensemble, par la vie de tout le milieu. (20 h 50)
Ce qu'on amène, avec un autre modèle qui est celui de la
consommation et d'un point de distribution de la production vers la
consommation, les grands points de vente à large débit,
constitue... Ces larges points constituent des points qui ne s'impliquent pas
dans le milieu. Tout ce qui se fait là, c'est une opération
strictement économique, sans plus, et qui draine l'essentiel de la
production, mais l'essentiel des biens, je dirais, du meilleur vendeur dans
chaque ligne, donc, des usines de vente, en quelque sorte, qui opèrent
sur le meilleur vendeur de chaque ligne, qui écrément le
marché. Ceci affaiblit inévitablement le petit détaillant,
le petit commerçant parce que ça lui enlève le meilleur
vendeur de chaque ligne. C'est ça qui se passe. Donc, le
commerçant, le détaillant à débit moyen ou faible
se finance par un équilibre de ses ventes, des ventes sur les meilleurs
vendeurs et des ventes sur des vendeurs plus spécialisés, de
différentes natures, des fois plus sophistiquées, mais ça
lui permet d'offrir toute une gamme de services parce que, dans son magasin,
cela est supporté par le meilleur vendeur, et le service s'étend
à partir de là; alors que le point de vente à large
débit se spécialise sur le meilleur vendeur de chacun.
Résultat de tout cela: le volume des meilleurs achats se retrouve
dans ces grands points de vente à grand débit, alors que le reste
prend des petits volumes sur des spécialités. Bon On peut n'avoir
rien à dire là-dessus. Je maintiens mon point: les deux
modèles existent, mais encore faut-il ne pas les favoriser par une
réglementation qui va dans l'un des sens d'une partie contrairement
à l'autre. Et là je crois que c'est ce que fait la loi, et c'est
ce qui va faire que, pour cette considération et d'autres, qui sont
l'augmentation des coûts... J'ai eu l'occasion de l'exposer
antérieurement; je veux bien y revenir tout de suite. L'autre point,
c'est que. par l'élargissement des heures de service, on va augmenter
les coûts du petit détaillant, à l'inverse de l'autre qui,
lui, a des horaires flexibles pour organiser ses personnes au travail.
Qu'est-ce qui se produira? Il est, pour moi, inévitable que, dans le
temps, dans une perspective de 10 ans, il disparaîtra une foule de petits
commerçants, de petits détaillants. Ça me paraît
absolument clair. Le problème que nous avons ou la
question que nous devons nous poser, c'est: Quelles sont les
conséquences d'un glissement de ce modèle de l'un vers
l'autre?
Certains ont abandonné d'avance en disant: C'est vers ça
qu'on s'en va. Je dirai que plusieurs des interventions qui nous sont parvenues
démontrent, quant à moi, qu'au fond ils ne pensaient pas qu'on
arriverait à soulever le débat sur cette question; ils pensaient
que tout était réglé d'avance alors que ce n'était
pas le cas. Il n'y avait rien de réglé d'avance. Il n'y a
personne qui pouvait prendre ça pour acquis, sauf le ministre qui a
prétendu, à un moment donné, que ce serait ouvert et qui
l'a annoncé urbi et orbi alors que ce n'était pas le cas. On l'a
bien vu parce qu'il a dû retraiter, en Chambre, par rapport à sa
position.
Alors, moi, je crois que la question essentielle, en toute
démocratie - nous sommes ici, à l'Assemblée nationale, et
nous devons en débattre - c'est de débattre des deux
modèles.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que vous voulez
conclure, M. le député de Labelle? Votre temps est
terminé.
M. Léonard: II faut absolument débattre de ces deux
modèles, parce qu'on peut laisser les deux cohabiter mais, à ce
moment-là, il faut laisser la chance à l'un et à l'autre.
Il est très important qu'on l'accepte, ça. Si le ministre veut
bloquer le débat, il fait ce qu'il fait; il ne veut entendre personne
mais, depuis deux ans et demi, il reste quand même que la situation a
peut-être évolué mais que le débat s'est enrichi
là-dessus. C'est beaucoup plus clair maintenant, par exemple, les
conséquences du libre-échange, que ça ne pouvait
l'être il y a seulement deux ans, il y a seulement trois ans, et
même lorsque nous avons voté pour le libre-échange.
L'adaptation, elle doit venir.
Ce que je maintiens et ce qu'une chambre de commerce pourrait nous
permettre d'éclairer ici, c'est justement quels sont ces deux
modèles, quels sont les impacts de leur implantation, quelle est leur
évolution dans le temps et quelle est la période d'adaptation
qu'il faudra prévoir pour y arriver. Je pense qu'on ne doit pas
minimiser cette question, et je ne pense pas que ce soit de la démagogie
que de la soulever. Ça fait la deuxième fois que j'y viens. Je
crois qu'il faut la soulever, et c'est ça, notre rôle. Nous ne
sommes pas des gérants d'entreprise. Nous sommes des
députés, d'abord et avant tout, qui représentons une
population qui doit avoir droit de parole par nous-mêmes, ici. Alors,
qu'on ne se trompe pas de fonction. Nous ne sommes pas des directeurs, des
P.-D.G. d'entreprise, ici...
Le Président (M. Bordeleau): Votre conclusion, M. le
député.
M. Léonard: ...nous sommes des parlemen- taires. et je
pense que le ministre - oui, m. le président - devrait prendre acte de
ce que je lui dis. c'est une chose très importante que je souligne.
alors, je vous remercie beaucoup, m. le président.
Le Président (M. Bordeleau): Bienvenue. Un autre
intervenant? Oui, M. le député de Bertrand.
M. François Beaulne
M. Beaulne: Merci, M. le Président. À mesure que ce
débat se poursuit et à mesure que j'écoute les arguments
qui sont avancés à la fois par le gouvernement et par mes
collègues de l'Opposition, je me rends a l'évidence qu'il existe
finalement un problème sérieux d'évaluation des impacts de
la loi qui nous est proposée. Mais je tiens à souligner cependant
que, par rapport au débat que nous avons eu il y a deux ans, le ton est
beaucoup plus posé, le ton est beaucoup moins émotif parce que,
au fond, nous sommes à évaluer les retombées d'une telle
mesure. Nous ne partageons pas les mêmes évaluations quant aux
retombées, mais je pense que nous sommes quand même suffisamment
conscients pour écouter ceux qui ont des arguments à faire
valoir.
J'écoutais tout à l'heure la réplique du ministre.
Il y avait dee éléments très intéressants dans ce
que disait le ministre mais, malheureusement, je ne pense pas qu'il ait
réussi à invoquer les arguments qui puissent nous convaincre et
qui répondent aux préoccupations principalement des petits
commerçants et d'un grand nombre de chambres de commerce à
l'extérieur de la ville de Montréal, qui nous ont soumis des
mémoires. La Chambre de commerce de Varennes, entre autres, que je
représente à l'Assemblée nationale, a soumis un
mémoire très bref où elle énumère un certain
nombre de raisons qui militent en faveur du rejet de ce projet de loi. La
Chambre de commerce de Sherbrooke, que nous proposons d'inviter, au fond, a
soumis des propos qui ressemblent beaucoup à ceux des chambres de
commerce dans mon comté, de même que, j'en suis sûr, les
chambres de commerce dans les autres circonscriptions
représentées à la fois par des députés de
l'Opposition et du gouvernement.
Parce que, ici, il ne s'agit pas, finalement, de faire de la
politicaillerie avec un projet de loi comme celui-là. Il s'agit
simplement d'évaluer, finalement, si nous sommes persuadés que
les retombées que vise ce projet de loi vont avoir les impacts
souhaités. Et, entre autres, le gouvernement présente ce projet
de loi là comme étant une des mesures qu'il avance dans le
contexte de la relance économique. C'est peut-être une mesure qui
peut être présentée effectivement comme s'insérant
dans les différentes initiatives pour relancer l'économie du
Québec, sauf qu'il s'agit de disséquer ici quels sont les
objectifs qui sont visés. Et je pense que c'est
là-dessus qu'on n'arrive pas à s'entendre.
Quand on parle de relance économique, nous, de l'Opposition - et
je suis sûr que c'est une opinion qui est partagée par plusieurs
intervenants au Québec - nous pensons avant tout à la
création d'emplois. Nous pensons avant tout à la création
d'emplois, pas de façon dogmatique, pas parce que c'est inscrit dans les
Tables de la Loi, mais parce que c'est une façon non seulement de
réduire les dépenses gouvernementales par rapport à ceux
qui, aussi bien au niveau fédéral qu'au niveau du Québec,
bénéficient de subventions de toutes sortes et de programmes de
soutien, d'une part, mais, d'autre part, parce que, en créant des
emplois, on génère en même temps des impôts,
c'est-à-dire des revenus pour l'État. (21 heures)
Or, dans le projet de loi que nous avons... Et, moi, personnellement,
c'est ce qui me préoccupe le plus. Je n'ai pas de position dogmatique
là-dessus, sauf que je ne suis pas convaincu que ce soit une mesure
créatrice d'emplois. C'est une mesure génératrice de
profits, ça, oui, j'en conviens. Les magasins, les grandes chaînes
peuvent augmenter leur chiffre d'affaires; ça a été
démontré, il y a des analyses et, là-dessus, on n'en
disconvient pas. Mais il n'y a pas, à ce niveau-ci, équation
automatique entre augmentation des profits de certaines grandes chaînes
de magasins et création d'emplois. Et je pense que, là-dessus, on
n'a pas besoin d'études et de thèses de doctorat ou de
thèses universitaires pour simplement visualiser, quand on se
promène dans les grandes surfaces, que le chiffre d'affaires de ces
grandes surfaces peut très bien augmenter en ouvrant le dimanche, en
étendant les heures d'affaires, sans que nécessairement ça
ne se reflète au niveau de la création d'emplois. Parce que c'est
conçu comme une sorte d'entonnoir, c'est-à-dire que les gens ont
libre accès à des grandes surfaces et puis, après
ça, il suffit simplement de canaliser tous les clients à travers
quelques comptoirs pour pitonner les profits dans les caisses enregistreuses
des grandes chaînes de magasins, sans qu'on ait nécessairement
besoin d'augmenter le nombre d'emplois. Le ministre et le gouvernement ont
invoqué que ça générerait la création
d'emplois additionnels. C'est vrai que ça peut occasionner la
création de certains emplois, mais ce ne sont que des emplois substituts
ou des emplois à temps partiel. J'ai consulté moi-même, par
exemple, les caissiers, les caissières dans les grands magasins
d'alimentation.
M. le ministre, vous faisiez allusion tout à l'heure aux
représentations qu'avaient faites les grandes chaînes alimentaires
lors de l'introduction de votre premier projet de loi, et au fait qu'il y en a
une qui a changé d'idée depuis ce temps-là. Bien, moi, je
me suis promené dans les Provigo et dans les Métro de ma ville,
de ma roçiion, ot j'.ii intorroçin tout simplement les commis.
Parce que, depuis un certain temps, ces grands magasins-là ont
commencé d'abord par ouvrir jusqu'à 21 heures les mercredis puis,
ensuite, ça s'est étendu aux jeudis, aux vendredis et,
maintenant, ça a commencé par les dimanches jusqu'à 17
heures depuis l'adoption de la première loi puis, depuis, je dirais,
quelques mois, ça a été étendu jusqu'à 21
heures. Maintenant, il y a des affiches dans les Métro, dans les
Provigo, dans ma ville, qui disent: «Ouvert 7 jours par semaine
jusqu'à 21 heures».
J'ai demandé aux commis, aux caissiers, aux caissières qui
sont là comment eux s'adaptaient à ça. Est-ce qu'ils
étaient favorables à ce changement? Ils m'ont dit: Bien,
écoutez, nous, on n'a pas été forcés de travailler
davantage, sauf que ça crée des emplois. Certains gérants
de magasins parce que ce sont des franchisés indépendants,
plusieurs d'entre eux, ont dit: On ne va pas obliger notre personnel permanent
régulier à travailler des heures supplémentaires, on va
engager à l'occasion des gens pour se substituer à ces emplois
permanents. Sauf que ces emplois qui sont créés sont des emplois
strictement à temps partiel, et il suffirait que ceux qui sont à
temps plein décident de faire du surtemps parce que l'option leur a
été offerte également... On n'assiste pas
véritablement à une création d'emplois additionnels
permanents. Finalement, on «partialise» un grand nombre d'emplois
qui, normalement, seraient des emplois réguliers.
Maintenant, j'ai posé la question également aux
propriétaires, aux franchisés, et eux m'ont répondu: Bien
sûr, on ouvre jusqu'à 21 heures, pas parce que c'est notre choix,
pas parce qu'on le veut, c'est parce qu'il y a un concurrent qui a
commencé à le faire. Et lorsqu'il y a un concurrent qui a
commencé à le faire, tous les autres ont suivi les uns
après les autres. Si on se promène dans ces magasins-là le
dimanche... Moi, comme consommateur, je dois avouer que, des fois, ça
fait mon affaire d'aller magasiner le dimanche dans ces magasins-là.
Mais je peux vous dire que, passé 17 heures, il n'y a pas grand chats
dans ces magasins-là. Ils sont obligés de les maintenir ouverts,
avec des frais fixes qui ne sont pas comblés par des entrées de
caisse supplémentaires. Et, s'ils avaient le choix de pouvoir limiter ou
de s'autodiscipliner comme vous l'avez dit dans le contexte des vendeurs de
voitures, ils le feraient. Malheureusement, ils n'ont pas la latitude pour le
faire parce qu'il n'existe pas, pour une raison que j'ignore, dans ce
milieu-là, une sorte de concertation comme il peut en exister ailleurs.
Les propriétaires de plusieurs de ces grands magasins, de ces grandes
surfaces, m'ont dit tout simplement: Écoutez, nous, on est ouverts. On
augmente nos heures d'ouverture, pas parce qu'on le veut, pas parce que
ça fait notre affaire. On ne fait même pas d'argent
supplémentaire véritablement quand on analyse les coûts par
rapport aux bénéfices Et cost là. jo penso, que doit
portor le débat...
Le Président (M. Audet): Si vous voulez conclure.
M. Beaulne: Ce n'est pas au niveau dogmatique mais c'est au
niveau de l'impact réel de la création d'emplois au
Québec. Malheureusement - je reviens encore sur ce point - nous n'avons
pas été convaincus que ça contribuait, comme mesure,
à relancer de façon profonde et de façon concrète
l'emploi au Québec.
Le Président (M. Audet): D'accord. Merci, M. le
député. Est-ce qu'il y a d'autres remarques sur la motion?
Ça va pour cette motion?
M. le ministre, vous avez 30 minutes.
M. Gérald Tremblay
M. Tremblay (Outremont): Merci beaucoup, M. le
Président.
Alors, j'ai écouté attentivement les députés
de l'Opposition et je dois, après leurs brefs exposés, vous dire
que je vais voter contre. Je vais voter contre la motion qui permettrait aux
représentants de la Chambre de commerce de Sherbrooke de venir faire
valoir leur point de vue.
M. le Président, le 26 novembre 1992, la Chambre de commerce du
Québec a émis le communiqué de presse suivant: La Chambre
de commerce appuie le projet de loi sur l'ouverture des commerces le dimanche.
L'adaptation des heures d'ouverture des commerces aux réalités
socio-économiques d'aujourd'hui constitue un élément
positif pour l'économie du Québec. C'est ce qu'a
déclaré le président de la Chambre de commerce du
Québec, M. Yvon Marcoux, immédiatement après le
dépôt du projet de loi permettant l'ouverture des commerces le
dimanche au Québec. De nombreux effets positifs découlent de
cette nouvelle mesure, a déclaré M. Marcoux, en ajoutant:
premièrement, les consommateurs du Québec
bénéficieront désormais des mêmes avantages que ceux
de l'Ontario, du Nouveau-Brunswick et des États-Unis, ce qui devrait
favoriser les commerçants et les produits de chez nous;
deuxièmement, on rétablit une plus grande équité
entre nos commerçants en faisant disparaître un foule de
privilèges spéciaux accordés à certains types de
magasins au fil des ans; troisièmement, les consommateurs
réclamaient plus de flexibilité, et leurs besoins seront ainsi
mieux satisfaits. Le Québec y gagne donc sur tous les plans au moment
même où l'économie doit être encouragée par
tous les moyens. Depuis 1990 déjà, la Chambre de commerce du
Québec réclamait la libéralisation des heures d'ouverture
des commerces et avait, il y a quelques semaines, transmis au ministre le voeu
de son conseil d'administration exprimé en ce sens. La Chambre de
commerce du Québec regroupe 5600 entreprises qui y adhèrent
directement, et elle constitue en même temps la fédération
des 217 chambres de commerce locales oeuvrant au Québec avec la
participation de 61 000 membres.
Je suis convaincu, M. le Président, que cette décision de
la Chambre de commerce du Québec n'a pas été facile
à prendre. À titre d'exemple, la Chambre de commerce du
Québec ne s'est pas prononcée sur le référendum
parce qu'il n'y avait pas... Même si l'Opposition voulait et attendait
que la Chambre de commerce du Québec se prononce, parce qu'on a
même entendu, pendant un certain temps, qu'elle pourrait se prononcer
dans la même optique que l'Opposition lors du référendum...
Alors, dans ce sens-là, ils l'attendaient. Mais, parce qu'il n'y avait
pas de consensus entre les membres, la Chambre de commerce du Québec
s'est abstenue. (21 h 10)
Donc, si aujourd'hui, dans un débat aussi important, un
débat de société, un débat où cette Chambre
de commerce doit répondre de ses décisions envers ses membres,
elle a pris position, j'en conclus donc, jusqu'à preuve du contraire,
qu'il y a un consensus important. Et c'est tout ce que nous disons, M. le
Président. On n'a jamais prétendu, nous, qu'au niveau des
chambres de commerce c'était l'unanimité. Il y a même des
chambres de commerce qui ont senti le besoin de venir appuyer publiquement la
Chambre de commerce du Québec, et certaines chambres de commerce ont dit
non. Mais ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas un consensus important des
217 chambres de commerce locales oeuvrant au Québec, avec la
participation de 61 000 membres.
Je l'ai mentionné tout à l'heure, M. le Président,
ce ne sera pas facile pour les commerçants. Et c'est confirmé
dans le rapport émis par la division de Price Waterhouse, la division
Management Horizons, dans son étude comparative de révolution des
ventes au détail au Québec, en Alberta et en
Colombie-Britannique, datée du 4 décembre 1992.
L'élément 4.3: Les détaillants québécois ont
perdu une part du marché, des revenus disponibles. Et on dit: Les
détaillants québécois se doivent donc de faire des efforts
additionnels pour reprendre leur part des dollars disponibles. L'ouverture des
commerces le dimanche s'inscrit dans cette ligne.
Donc, on réalise qu'une stratégie offensive, c'est
beaucoup mieux qu'une stratégie défensive. Historiquement, au
Québec, tous les secteurs qui ont eu une protection particulière
sont devenus des secteurs identifiés aujourd'hui comme étant
vulnérables et/ou traditionnels. Alors, dans ce sens-là, tout ce
que nous disons... On ne dit pas que ça va être facile pour les
petits commerçants, au contraire. Tout ce qu'on dit, c'est qu'il y a
intérêt pour les petits commerçants à innover,
à trouver de nouvelles façons de concurrencer dans un monde de
plus en plus difficile. Dans ce sens-là, il y a des
éléments positifs et, si on le regarde de façon positive,
ces petits commerçants vont pouvoir concurrencer.
Je me réfère maintenant, M. le Président, à
un document qui a été cité par le député de
Masson. C'est un document, je le reconnais, qui a été produit par
la Direction des services aux entreprises commerciales du ministère de
l'Industrie et du Commerce, intitulé: «La réglementation
des heures d'affaires des établissements commerciaux. Historique,
situation, enjeux économiques et sociaux». Alors, le
député de Masson nous a démontré qu'il y avait une
évolution, évolution depuis la réglementation des heures
d'affaires des commerces, qui a trouvé ses origines dans la tradition
judéo-chrétienne. Mais toute sa présentation, au cours des
30 dernières minutes - très intéressante
présentation - a démontré qu'il y avait eu
évolution. Et j'ai pris, dans ce même document qu'utilise le
député de Masson, à la page 28, alinéa d:
«Effet sur le nombre de magasins en alimentation» - parce que c'est
important. Tout à l'heure, on a fait la démonstration que
l'impact sur les petits commerçants a été positif. Et
ça va faire sourire le député de Labelle aussi, parce que
le député de Labelle, il veut avoir des études bien
étoffées, il veut avoir des études scientifiques. Donc, je
vous lis - ce ne sera pas long, M. le Président - je vais vous lire et,
après ça, je vais vous donner la conclusion.
Comme nous l'avons vu, un autre effet distributif que l'on retrouve dans
la littérature est l'influence sur le nombre de magasins.
Malheureusement, nous n'avons pas trouvé de statistiques fiables sur le
nombre de magasins dans le commerce au détail total par province.
Toutefois, comme nous l'avons souligné, c'est dans l'alimentation que se
situe davantage le débat. C'est également dans ce secteur que les
réglementations provinciales introduisent une distorsion en faveur des
petits commerces.
Comme précédemment, les données utilisées
sont celles de Canadian Grocers 1986 et portent sur 1985. Nous avons fait - M.
le député de Labelle, je suis convaincu que vous allez
apprécier ça, ici - une régression en coupes transversales
afin de mesurer l'effet net de la présence ou non d'une
réglementation. En outre, une coupe transversale n'a pas à
fournir de facteurs explicatifs sur l'évolution temporelle. Morehouse
1984 introduit plusieurs facteurs explicatifs que nous n'avons pas retenus pour
les raisons suivantes: notre base de données n'est pas aussi
détaillée que celle de ce dernier; Morehouse 1984 travaille sur
des zones urbaines, tandis que nous travaillons sur une base provinciale; nous
voulions éviter les problèmes de
«multicolinéarité».
Une voix: Ah! Que c'est facile! Des voix: Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Outremont): Nous avons donc régressé
au tableau 6 le nombre de magasins en fonction de la population et de la
variable muette, loi en logarithmes naturels. les résultats d'ensemble
sont très valables, avec «r» au carré corrigé
de 95,5 % et un «f», fonction, 2,3 de 53,8 %.
Une voix: Ah! bien, là, c'est clair. Là, on vient
de comprendre.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Outremont): Étant donnés en
logarithmes, les résultats s'interprètent en pourcentages. Le
coefficient de la présence d'une déréglementation indique
- et, ça, c'est significatif - une diminution du nombre de magasins de
l'ordre de 30 %. Le résultat est significatif à 80 % mais non
à 90 %. Entre parenthèses, test des deux côtés.
Compte tenu de ces résultats, il faudrait ajouter à ce test
préliminaire d'autres tests, notamment sur une base historique, afin de
confirmer ou d'infirmer l'influence ici trouvée, qui n'est toutefois pas
démontrée définitivement.
À partir de ces résultats, M. le Président, H est
raisonnable de croire qu'une déréglementation pourrait faire
décroître le nombre de magasins en alimentation de l'ordre de 30
%. Compte tenu que la réglementation québécoise est plus
sévère que sa contrepartie des provinces anglophones, les
résultats pourraient être plus forts advenant une
déréglementation au Québec, notamment s'il s'agit d'un
effet redistributif qui n'a pas nécessairement de répercussions
économiques. En 1987, avant la libéralisation dans le secteur
alimentaire.
De 1989 à 1991, les ventes dans le secteur alimentaire sont
passées de 15 300 000 000 $ à 16 300 000 000 $. Et les
résultats de cette étude qui démontrait la
possibilité d'une fermeture importante de 30 % des magasins dans le
secteur alimentaire ne se sont pas avérés une
réalité. Alors, nous en concluons que ce rapport bien
étoffé au point de vue technique est dépassé. La
loi de 1990 a permis l'ouverture des marchés d'alimentation, et les
prévisions de fermeture se sont avérées fausses. (21 h
20)
M. le Président, ce qu'il faut réaliser - pour revenir
à la présentation du député de Masson - c'est que
les commerces ont évolué. Il y a une trentaine d'années,
les commerces étaient segmentés. On avait une pharmacie, on avait
un commerce d'alimentation. Ce qui est arrivé: le commerce
d'alimentation a commencé à vendre des aspirines, des
Tylénol, des produits qui étaient vendus, avant, exclusivement
par la pharmacie. Alors, la pharmacie s'est dit: Si le marché
d'alimentation commence à vendre des aspirines, des Tylénol et
mes produits, moi, je vais commencer à vendre de l'alimentaire. Donc,
dans le secteur des pharmacies, on commençait à vendre de
l'alimentaire. Rappelez-vous les pâtisseries, il y a 30 ans, M. le
députe de Masson; elles vendaient uniquement du pain, des
gâteaux. Là, on a commencé à avoir un
comptoir de charcuteries, un comptoir de fromages. Et la même chose pour
les fruiteries. Vous savez, le député de Bertrand en a
parlé beaucoup, des fruiteries. Il n'y aurait pas eu de problèmes
à vendre juste des fruits, mais ils nous ont dit que ce n'était
pas rentable, qu'il fallait vendre des fruits, qu'il fallait vendre des
fromages, qu'il fallait vendre des charcuteries et qu'il fallait commencer
à vendre des conserves.
Alors, dans ce sens-là, ce dont on a commencé à
s'apercevoir, c'est que les commerces, ce n'est plus segmenté. Pour
rentabiliser des surfaces, on a commencé à vendre des produits.
Donc, c'est devenu de plus en plus difficile à contrôler. Tous les
ministres de l'Industrie et du Commerce ont modifié des lois. Et, en
1984, le ministre du Parti québécois a fait son bout de chemin,
au point où il a même dit: Je ne sais pas comment je vais me
sortir d'un projet de loi comme ça. Dans le fond, on ne devrait
même pas en avoir, de loi sur les heures d'affaires. On devrait oublier
tout ça et laisser les commerces se gérer et opérer comme
ils doivent le faire parce que, d'une façon ou d'une autre, on ne pourra
pas éternellement protéger des secteurs dans le commerce de
détail.
Alors, dans ce sens-là, on va donner deux exemples, parce que
vous avez cité Sainte-Agathe. Vous avez cité Sainte-Agathe dans
votre très bonne présentation, M. le député de
Masson. Dans ce sens-là, ce dont on s'aperçoit à
Sainte-Agathe... On connaît ça un peu. Vous avez eu un commerce
là; j'en ai eu un, moi aussi. À Sainte-Agathe, il y a des
commerçants, des concessionnaires d'automobiles à Sainte-Agathe.
Sainte-Agathe, c'est une zone touristique. Il y en a trois, l'un en face de
l'autre et un peu en retrait. Il y en a un quatrième qui vient d'ouvrir.
Si vous allez là le samedi... Il y en a plus? Le député de
Masson, il va là plus souvent maintenant, à Sainte-Agathe, et il
me dit qu'il y en a plus. Ils ne sont pas ouverts le samedi. Ils ne sont pas
ouverts le dimanche. Ils ont décidé de ne pas ouvrir dans une
zone touristique où ils peuvent opérer 7 jours par semaine, 24
heures par jour.
Un petit peu plus près, à Sainte-Adèle - et je me
suis souvent posé la question parce que, Sainte-Adèle, c'est une
zone touristique - Métro-Richelieu est là et il y a
également un IGA. Il y a trois dépanneurs, et il vient de
s'ouvrir un quatrième dépanneur. Je me pose la question. Je me
dis. M. le Président, pourquoi les dépanneurs ouvrent encore si
la grande surface va éliminer, si je me fie au raisonnement de
l'Opposition, les petits commerçants, les petits dépanneurs? Ce
n'est pas le cas. Il y a même des chaînes de dépanneurs,
maintenant, qui prennent de l'expansion. Si ce n'était pas un bon
investissement, acheter des petits commerces de dépanneurs, on n'en
achèterait pas. Il y a des chaînes qui achètent maintenant
des commerces de dépan- neurs.
M. Blais: C'est des petites zones, ça. C'est des
«bébés zones», ça.
M. Tremblay (Outremont): Alors, dans ce sens-là, ce que je
me dis: II y a quelque chose qui se passe, qui est totalement contraire. La
réalité est contraire aux prétentions de l'Opposition. Et,
dans ce sens-là, je peux écouter, mais la réalité
vient démontrer de façon concrète, sur le terrain, que le
commerce se fait par les commerçants pour répondre aux besoins
réels d'une clientèle. Quand il y a une clientèle, les
commerces ouvrent; quand il n'y a pas de clientèle, les commerces
ferment.
Le député de Drummond nous a posé certaines
questions. Le député de Drummond, il peut dire... Je me demandais
où il prenait ça, toutes ces questions-là, parce qu'il
nous disait que, depuis qu'il est rendu un député
indépendant, il n'avait pas accès à l'équipe de
recherche qu'on a au ministère. Alors, j'ai commencé à
feuilleter l'étude du ministère, la Loi sur les heures
d'affaires, le document d'information qui avait été publié
le 27 novembre 1989. Alors, il y a beaucoup de questionnement dans ce
document-là. Et je suis convaincu que le député de
Drummond est allé chercher dedans - parce qu'il avait
siégé à la commission en 1990 - il est allé
chercher cette information-là pour nous poser des questions alors qu'il
sait très bien qu'il y a beaucoup d'éléments où
c'est très difficile d'avoir des réponses, comme, par exemple,
l'analyse de l'impact sur les finances du gouvernement. Alors, tout ce qu'on
peut dire, c'est que, de 1989 à 1991, il y a eu une diminution des
ventes, principalement à cause d'un ralentissement économique.
Dans ce sens-là, ça a eu un impact sur les revenus
gouvernementaux. J'ai mentionné tout à l'heure qu'au niveau de
l'alimentation, par contre... Pourtant, on dit que le dollar ne se
déplace pas et on dit qu'il aurait été très
affecté. Alors, l'alimentation et les pharmacies qui étaient
ouvertes le dimanche, en 1989, c'était 15 300 000 000 $ et, en 1991,
c'était 16 300 000 000 $.
Sur l'emploi - et, ça, je pense que c'est important parce que le
député de Bertrand en parle, de l'emploi - on n'a jamais
prétendu, au gouvernement, que ça va créer, à court
terme, des emplois permanents de qualité, au contraire. Au contraire, on
prétend, selon les informations que nous avons, qu'à court terme
ça va, oui, consolider des emplois permanents de qualité et
ça va créer des emplois précaires. Mais, dans notre
société, il y a des personnes qui veulent encore travailler non
pas 40 heures, 50 heures, 70 heures par semaine; au contraire, si on se fie
à la tendance, les gens semblent vouloir travailler moins et s'en aller
vers une société de loisirs. Alors, dans ce sens-là, ce
sont des emplois précaires pour certaines personnes qui
sont prêtes à travailler un nombre limité d'heures
pour contribuer, d'une certaine façon, au revenu du couple. Alors, dans
ce sens-là, sur l'emploi, oui, des emplois, mais pas
nécessairement des emplois permanents de qualité. Il faut dire
aussi qu'il y a eu une rationalisation importante. Je sais que le
député de Drummond dit qu'il avait prévu certaines
rationalisations, et il y a eu une rationalisation importante dans ce
secteur-là, mais elle était prévisible bien avant
l'ouverture des commerces. Alors, je ne pense pas que, parce que les commerces
sont ouverts dans l'alimentation le dimanche, ça a un impact sur la
rationalisation dans le secteur alimentaire.
L'autre question du député de Drummond, c'est la
vulnérabilité de certains secteurs par la libéralisation
des heures d'affaires. Évidemment, derrière cette
question-là, on veut pointer certains secteurs et on fait toujours
l'allusion: c'est les petits commerçants qui vont avoir des
problèmes. Je peux vous donner un exemple dans le secteur non
alimentaire: Pascal. Pascal a eu certains problèmes. Pour avoir
été impliqué un peu dans ce dossier-là et pour
avoir travaillé avec d'autres détaillants, dans le secteur du
meuble, entre autres, et de la quincaillerie, les raisons invoquées, la
principale raison, c'est que cette entreprise familiale presque centenaire ne
s'est jamais adaptée aux besoins de sa clientèle en modernisant
ses magasins, en essayant, dans la mesure du possible, de trouver des nouvelles
façons de concurrencer, comme Ro-Na le fait, comme Brico Centre le fait,
comme Val Royal le fait.
Et, dans ce sens-là - je nomme un gros commerçant, je ne
nomme pas un petit, je nomme un gros commerçant - je pense que
l'étude de Price Waterhouse vient démontrer de façon
claire que les petits commerces ne sont pas affectés. Au contraire, si
on regarde le ratio entre les grands commerces et les petits commerces, les
petits commerces ont pris plus d'expansion que les grandes surfaces au niveau
du marché. On va en prendre un petit, Alimentation Couche-Tard. Bon.
Alimentation Couche-Tard, je pense que c'est un bel exemple. Alimentation
Couche-Tard s'est dit: Les règles du jeu ont changé. Je dois
absolument développer un nouveau concept, un nouveau concept qui
s'appelle le Dépan-Escompte. Et, aujourd'hui, il dit: Vous pouvez venir
acheter les mêmes produits chez nous que vous achetez dans une grande
surface, aux mêmes prix. C'est une évolution très
importante, parce que je me rappelle, M. le Président... Et, ça,
je voudrais, pour la députée de Taillon... La
députée de Taillon fait souvent des bons points en parlant des
ACEF. C'est important, les ACEF, j'en conviens. Mais quelques mois après
la libéralisation des commerces dans le secteur de l'alimentaire -
ça, vous allez aimer ça; le député de Masson va
aimer ça aussi - la vice présidente des ACEF, à une
émission à la télévision, a dit: Pas si mauvais que
ça, cette loi-là qui permet l'ouverture des commerces le dimanche
parce que ma clientèle, j'ai souvent des personnes qui ont des
problèmes de pauvreté, qui sont des assistés sociaux, des
personnes qui sont sur le chômage et, avant, ils allaient dans les
dépanneurs. Dans les dépanneurs ça coûtait plus
cher. Ils étaient obligés de donner leur chèque de paie,
de l'endosser et tout ça avec la conséquence que, maintenant, ils
peuvent avoir un meilleur accès aux mêmes produits, à moins
cher. Bon. Ça, c'est une vice-présidente des ACEF qui a dit
ça à une émission à la télévision.
(21 h 30)
Dans ce sens-là, je me dis: Là, il faut réellement
être objectif. J'essaie d'être le plus objectif possible, mais il y
en a qui ont compris. Alimentation Couche-Tard inc., il a compris ça,
lui. Il a compris que, s'il veut concurrencer dans un nouveau marché, il
a des décisions importantes à prendre. Quand ce
représentant est venu nous voir, il nous a dit: Écoutez, moi, je
vais être de plus en plus performant parce que mes dépanneurs,
maintenant, sont à proximité de la clientèle. J'ai
diversifié avec des Loto-Québec, des bureaux de poste, des
réseaux bancaires, des postes d'essence. J'ai amélioré ma
sécurité au niveau de l'éclairage dans mes magasins. Je
loue maintenant des films vidéo et j'ai de la nourriture sur place, des
cafés, des fontaines, des sandwichs. Et je dis: Bravo! Bravo! M.
Couche-Tard. Vous allez réussir à concurrencer les grandes
surfaces parce que vous êtes performant. Alors, dans ce sens-là,
à la question du député de Drummond qui me dit la
vulnérabilité de certains secteurs par la réglementation
des heures d'affaires, je n'ai pas de preuve. Je n'ai pas de preuve
concrète que, parce que les commerces ont été ouverts le
dimanche dans le secteur alimentaire, c'est un problème.
Une autre question: le vieillissement de la population. Celle-là,
je l'ai cherchée et je me suis demandé pourquoi le
député de Drummond commence à mettre l'impact du
vieillissement de la population sur les commerces de détail. Pourquoi il
ne m'a pas parlé de l'impact de l'immigration sur les commerces de
détail? Pourquoi pas de l'habitation au centre-ville? Pourquoi pas du
taux d'activité des familles? Pourquoi pas de la composition des
familles? Pourquoi il ne me parle pas de ça? J'ai trouvé
pourquoi. Parce que, dans le document auquel je me référais tout
à l'heure, la loi sur les heures d'affaires, à la page 55, on
parle des consommateurs et là on parle de façon très
concrète de la croissance lente, du vieillissement de la population et
des impacts économiques que ça pourrait avoir. Aucune conclusion
n'est tirée parce qu'on ne peut pas tirer des conclusions uniquement sur
le vieillissement de la population, mais on convient que ça a un certain
impact. Ça a un certain impact. On l'a même mentionné
à l'Assemblée nationale,
lors du débat sur l'adoption du principe. De plus en plus les
personnes âgées ont besoin d'une personne pour les accompagner
pour faire leurs courses. Dans ce sens-là, très souvent les
membres de leur famille et/ou leurs amis travaillent, donc ils doivent se faire
accompagner hors des heures prévues lorsqu'ils travaillent. Alors, dans
ce sens-là, c'est un autre élément important qui
répond à la question du député de Drummond.
Une autre question. On parlait du magasinage transfrontalier. On disait
les raisons qui incitent les Québécois et
Québécoises au magasinage transfrontalier. Alors, les raisons
sont sensiblement les suivantes: la disponibilité et
l'accessibilité des commerces, le prix des produits aux
États-Unis, le coût de la main-d'oeuvre qui est moins
élevé aux États-Unis, la réglementation qui est
moins lourde au niveau des normes, les canaux de distribution qui sont plus
efficaces, la marge bénéficiaire qui est plus faible, la valeur
du dollar canadien, le taux, les taxes sur certains produits, l'essence, le
tabac et l'alcool et certains aliments comme la volaille et les produits
laitiers; également, un plus grand choix de produits, la qualité
de service, le traitement médiatique des achats outre-frontières.
Alors, dans ce sens-là... Et, là, c'est important. C'est
important parce qu'on parle de 6 154 000 Québécois qui, en 1991,
ont traversé la frontière pour aller faire des achats aux
États-Unis, pour 2 100 000 000 $. Les évaluations
démontrent que de 35 % à 50 % de ces 2 100 000 000 $ ont
été dépensés le dimanche par des consommateurs et
des consommatrices qui ont passé une journée aux
États-Unis. Donc, on parle de 778 000 000 $. L'hypothèse que nous
avons faite, c'est de dire que, si uniquement le cinquième - je n'ai pas
dit 100 % parce qu'il y a beaucoup de raisons - de ce montant-là,
c'est-à-dire 150 000 000 $... Nous avons de bonnes raisons de croire que
ces 150 000 000 $, à certaines conditions, si on a une stratégie
offensive et qu'on commence à répondre aux mêmes
critères qui font qu'un consommateur ou une consommatrice achète
aux États-Unis, on peut avoir ces 150 000 000 $ additionnels. Je
voudrais terminer en vous disant...
Le Président (M. Audet): Si vous voulez conclure.
M. Tremblay (Outremont): ...ceci, parler d'achats impulsifs, vous
en avez toujours, toujours parlé. On ne les a pas pris en
considération. Tout ce qu'on a dit, c'est qu'il y a des achats
impulsifs. Ils ne sont pas pris en considération dans les 600 000 000 $.
Il y a 450 000 000 $ qui représentent le 1 % d'augmentation de vente au
détail, il y a les 150 000 000 $. On ne l'a pas pris en
considération. Tout ce qu'on dit - et ça, vous pouvez
vérifier avec n'importe quel commerçant. D'ailleurs, il y en a
présentement ici, vous pouvez vérifier - quand vous allez
acheter, par exemple, un meuble, ils vendent des lampes, ils vendent des
accessoires de bureaux, et la responsabilité des bonnes personnes qui
travaillent dans le commerce de détail pour vendre des meubles, c'est de
vendre. Alors, des gens peuvent aller pour vouloir acheter juste un
meuble...
Le Président (M. Audet): Terminé, M. le
ministre?
M. Tremblay (Outremont): ...mais il va y avoir un achat impulsif
parce qu'ils ne s'attendaient pas d'acheter une lampe... Je vais continuer tout
à l'heure.
Le Président (M. Audet): Votre enveloppe est
terminée.
M. Tremblay (Outremont): Ils ne s'attendent pas... Merci
beaucoup.
Le Président (M. Audet): Votre enveloppe est
terminée, M. le ministre.
Une voix: II y a un consentement.
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur la motion du député de Masson?
Une voix: II y a consentement.
M. St-Roch: M. le Président, en vertu de 213, est-ce que
M. le ministre me permettrait une brève question?
Le Président (M. Audet): M. le ministre, le
député de Drummond aimerait vous poser une question qui devrait
être brève et donner une réponse brève.
M. Tremblay (Outremont): Oui, mais je pense que le
député de Drummond aura la chance tout à l'heure, dans ses
10 minutes, de me poser des questions et je vais y répondre.
Le Président (M. Audet): D'accord. M. St-Roch:
Parfait, ça.
Le Président (M. Audet): Alors, est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur la motion du député de Masson?
M. Tremblay (Outremont): Mais je n'ai pas fini. Je vais
l'additionner à celle-là...
Le Président (M. Audet): Est-ce que la motion est
adoptée?
Une voix: J'en ai d'autres.
M. Léonard: Elle est adoptée.
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'elle est
adoptée, la motion ou...
Une voix: Elle est adoptée.
M. Léonard: Adopté, oui. Pour entendre la Chambre
de commerce de Sherbrooke, oui.
Des voix: Le vote.
Une voix: Un vote nominal.
Une voix: Ah! Il a failli dire oui.
Le Président (M. Audet): La motion est rejetée.
Est-ce qu'il y a un vote... Voulez-vous le vote nominal ou si la motion...
M. Léonard: Oui, nominal, certain.
Le Président (M. Audet): Alors, vote nominal. M. le
secrétaire, si vous voulez procéder.
Mise aux voix
Le Secrétaire: M. Blais (Masson)? M. Blais:
Pour.
Le Secrétaire: M. Léonard (Labelle)? M.
Léonard: Pour.
Le Secrétaire: M. Beaulne (Bertrand)? M. Beaulne:
Pour.
Le Secrétaire: Mme Vermette (Marie-Vic-torin)?
Mme Vermette: Pour.
Le Secrétaire: Mme Marois (Taillon)?
Mme Marois: Pour.
Le Secrétaire: M. St-Roch (Drummond)?
M. St-Roch: Pour.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Outremont)?
M. Tremblay (Outremont): Contre.
Le Secrétaire: M. Houde (Berthier)?
M. Houde: Contre.
Le Secrétaire: Mme Dionne (Kamouraska-Témiscouata)?
Mme Dionne: Contre
Le Secrétaire: M. Lemire (Saint-Maurice)?
M. Lemire: Contre.
Le Secrétaire: M. Lafrenière (Gatineau)?
M. Lafrenière: Contre.
Le Secrétaire: M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine)?
M. Farrah: Contre.
Le Secrétaire: M. Audet (Beauce-Nord)?
Le Président (M. Audet): Contre. Alors, la motion est
rejetée, je crois. La motion est rejetée à 7 contre 5.
Est-ce qu'il y a d'autres... M. le député de Bertrand.
Motion proposant d'entendre la
Fédération canadienne de
l'entreprise
indépendante, section du Québec
M. Beaulne: J'aurais à proposer la motion suivante. Alors,
je vous lis la motion. «Il est proposé qu'en vertu de l'article
244 de nos règles de procédure la commission permanente de
l'économie et du travail tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 59, Loi modifiant la Loi sur les
heures et les jours d'admission dans les établissements commerciaux, des
consultations particulières quant à tous les articles dudit
projet de loi et qu'à cette fin elle entende la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante, section du
Québec.»
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'on peut en avoir une
copie, M. le député de Bertrand, s'il vous plaît?
M. Beaulne: Oui, certainement.
Le Président (M. Audet): La motion est recevable. Alors,
vous avez 30 minutes.
Une voix: Elle est recevable?
Le Président (M. Audet): Oui, la motion est recevable.
C'est la même chose. C'est le nom qui change. Il s'agissait de recevoir
la première pour disposer des autres. M. le député de
Bertrand, vous disposez d'une demi-heure, sans obligation.
M. François Beaulne
M. Beaulne: Merci, M. le Président. Non, mais j'ai bien
l'intention de me prévaloir de ce privilège, étant
donné qu'il s'agit d'un débat sérieux et important.
J'écoutais tout à l'heure avec attention la réponse
ou la réplique que donnait le ministre de l'Industrie et du Commerce aux
différentes questions et aux différents commentaires qui ont
été soulevés par les membres de l'Opposition. Il a
invoqué en particulier l'existence d'un consensus en matière
d'heures d'ouverture des commerces le dimanche. La motion que je formule va
exactement dans le sens d'écouter la Fédération canadienne
de l'entreprise indépendante puisque j'ai en ma possession une lettre
que probablement ou peut-être mes autres collègues ont
reçue, dont le ministre a sans doute une copie également, qui
dit, et je vous lis le premier paragraphe: «Les médias semblent
vouloir donner l'impression qu'il existe présentement un consensus
voulant la libéralisation des heures d'affaires pour permettre
l'ouverture des commerces le dimanche. Je peux vous garantir qu'un tel
consensus n'existe pas. Notre Fédération, comme beaucoup d'autres
groupes, d'ailleurs, a fait connaître au ministre de l'Industrie et du
Commerce son opposition à ce projet.» Je cite une autre partie de
la lettre: «Les petits commerces n'ont tout simplement pas les ressources
qui leur permettraient d'augmenter, encore une fois, leurs coûts
d'opération pour aller chercher une clientèle qui ne
dépenserait pas plus en sept jours qu'elle n'en dépense en
six.» (21 h 40)
C'est donc dire, M. le ministre, que le consensus auquel vous faites
allusion dans vos propos n'existe pas, et nous en avons une preuve
concrète. Je pense, d'ailleurs, que c'est la raison pour laquelle il me
semble que ma motion est tout à fait pertinente puisque c'est
écrit noir sur blanc de la part d'une fédération
importante, représentant un groupe important de petits
détaillants et de commerçants, qui dit expressément que ce
consensus n'existe pas. Alors, je trouve qu'il serait tout à fait
pertinent d'entendre leur point de vue.
Ceci étant dit, un des arguments sur lesquels s'appuie la
Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, c'est
le fait que, même si les commerces étaient ouverts 7 jours sur 7,
24 heures par jour, ça n'augmenterait pas nécessairement le
chiffre d'affaires des petits commerçants et je pense,
véritablement, de façon générale, pas plus non plus
des plus grandes chaînes, à l'exception de certaines qui sont
localisées dans des endroits stratégiques. Pour appuyer cette
argumentation, je fais appel au bulletin économique publié par le
Mouvement Desjardins, dans son édition de novembre 1992, un excellent
article sur le revenu personnel et la consommation, au Québec, par
l'économiste Robert Normand. Je pense qu'il est important de saisir
l'implication des propos de M. Normand avant de déclarer, sans preuve
à l'appui, que l'extension des heures de commerce augmenterait de
façon significative les bénéfices des détaillants
et des entreprises.
Lors de la récession de 1982, les ménages avaient accru
leur épargne de 4 500 000 000 $ en raison des taux
d'intérêt élevés. Le taux d'épargne, à
ce moment-là, atteignait les 19 %. Ça, c'était au
début des années quatre-vingt, lorsque nous avons vécu la
deuxième plus importante récession depuis la récession de
1929-1930. D'autre part, les ménages avaient assaini leur bilan. Le taux
d'endettement était, à ce moment-là, de 12 % au sortir de
la récession, ce qui procurait aux ménages
québécois une marge de manoeuvre.
Avant de faire toutes sortes de déclarations à
l'emporte-pièce et de prétendre que l'extension de l'ouverture
des commerces le dimanche favoriserait l'expansion économique et,
surtout, favoriserait la croissance des profits des commerçants et des
détaillants, je pense qu'il est important de poser un regard judicieux
sur la situation économique, parce qu'entre les beaux plans et les
belles perspectives qui sont pondus, théoriquement, par des
économistes dans leurs officines et la réalité il y a une
marge. Quand on parle de faciliter l'accès des magasins, des
détaillants, des commerçants aux consommateurs, comme l'ont fait,
d'ailleurs, certaines associations de consommateurs qui, à ma grande
surprise, sont venues recommander ici qu'on élargisse, qu'on
étende les heures d'ouverture le dimanche, encore faut-il que, de
façon générale, et ce, de façon
macro-économique, nos gens aient de l'argent en poche pour
dépenser, sinon ça demeure de la rhétorique et ça
demeure simplement de la démagogie. À ce niveau-là, les
études économiques, le taux d'endettement des ménages
québécois, donc du pouvoir d'achat des ménages
québécois, en 1992 par rapport à ce qu'il était en
1982-1983 lorsqu'il s'agissait de sortir de la récession du début
des années quatre-vingt, est tout à fait inversé. À
ce niveau-là, je dois dire que tous les arguments qui nous ont
été apportés jusqu'ici, entre autres par certaines
associations de consommateurs, ne s'appuient sur aucun chiffre véritable
parce que ce n'est pas... C'est un des points qu'avance la
Fédération canadienne de l'entreprise indépendante et
c'est un point qui est avancé, d'ailleurs, par d'autres chambres de
commerce - et j'aurai l'occasion d'y revenir tout à l'heure - qui
regroupent un grand nombre de commerçants et de détaillants:
encore faut-il que nos gens aient un pouvoir d'achat à leur
disponibilité.
Je faisais allusion tout à l'heure au taux d'endettement et au
taux d'épargne qu'avaient générés les
ménages québécois au début des années
quatre-vingt pour sortir de la récession de ces années-là.
Comparons ça maintenant avec la situation d'aujourd'hui. Comme le dit M.
Normand, l'économiste de Desjardins, les consommateurs avaient donc pu
participer, au début des années quatre-vingt, activement à
la relance. Leur situation financière leur avait permis de profiter des
aubaines dès que les premiers signes
de la reprise étaient apparus, au début de 1983,
malgré la persistance d'une rareté relative des emplois. Les
consommateurs ont donc alimenté la reprise en diminuant
considérablement leur taux d'épargne et en augmentant leur taux
d'endettement. C'est vrai et c'est la façon dont ça s'est produit
au début des années quatre-vingt. Maintenant, le gouvernement est
en train de nous proposer une mesure qui s'inscrit dans un système qui,
supposément, n'aurait pas changé. C'est là, je pense,
qu'est l'erreur fondamentale du gouvernement en pensant que l'on peut utiliser
de vieilles recettes réchauffées de la théorie
keynésienne traditionnelle pour relancer l'économie actuelle.
Par rapport à 1983, le taux d'endettement a fortement
augmenté aujourd'hui pour atteindre un sommet de 19 %, tandis que le
taux d'épargne, lui, a chuté à 7 %, laissant les
consommateurs dans une situation financière précaire. Comme le
soulignent la plupart des économistes, au cours de la récession
actuelle, les ménages québécois n'ont pas
amélioré, de façon notable, leur situation
financière. Ils ont, certes... Ils ont diminué leurs emprunts,
c'est vrai. Bon. Il y en a beaucoup qui ont perdu leur emploi et il y en a
beaucoup aussi qui ont atteint la limite sur leur carte de crédit et
leur limite d'endettement. Donc, ceux qui avaient le privilège de
conserver un emploi et d'avoir un revenu disponible convenable ont
diminué leur endettement. Ça ne veut pas dire qu'ils sont
prêts pour autant à se replacer dans une situation qu'ils ont
cherché à fuir depuis que la récession a commencé.
Se remettre dans la perspective économique et, surtout, dans la
mentalité économique du début des années
quatre-vingt, c'est faire une grave erreur.
Comme le dit M. Normand, et je pense que vous partagez également
cette constatation - c'est un diagnostic qui n'est pas con-troversable:
«Les ménages entreprennent le nouveau cycle de croissance dans une
situation financière relativement mauvaise.» Et M. Normand de
conclure: «II leur sera difficile d'alimenter la croissance en
s'endettant ou en recourant à l'épargne.» La situation
précaire des ménages québécois combinée
à la faiblesse de la création d'emplois, et ce, pour toutes
sortes de raisons, nous devons en convenir, et par conséquent la
croissance du revenu personnel disponible limiteront les possibilités de
reprise de la consommation. Je ne veux pas refaire ici le débat que nous
avons fait dans d'autres circonstances et dans d'autres contextes concernant
les différents projets de taxes directes et indirectes qui ont
été mis de l'avant à la fois par le gouvernement
fédéral et le gouvernement du Québec au cours des deux
dernières années. Indépendamment de ces analyses et,
surtout, sans refaire ici le débat que nous avons tous
déjà fait et pour lequel existe la documentation que nous avons
simplement à faire ressortir de nos archives ou de nos centres de
données, je pense que c'est un constat que le pouvoir disponible des
ménages québécois de même que de l'ensemble des
ménages canadiens est une réalité et que face à
cette réalité, surtout quand on jumelle cette
réalité à la perte d'emplois et à la perte
d'emplois non pas seulement dans des domaines qui étaient les plus
vulnérables dans le contexte des nouveaux arrangements commerciaux de
type libre-échange que nous avons en Amérique du Nord, mais qui
se traduisaient habituellement par des pertes d'emplois au niveau des
travailleurs journaliers ou des travailleurs syndiqués... (21 h 50)
II existe un nouveau phénomène de chômage. M. le
ministre, je suis sûr que, comme vous représentez une
circonscription électorale qui. du point de vue du niveau moyen de
revenus, est un peu semblable à la mienne, vous avez sans doute
été témoin de cette nouvelle forme de chômage qui
est en train de se développer, c'est-à-dire le chômage des
cols blancs, le chômage des professionnels qui résulte du
phénomène de rationalisation des entreprises, qui résulte
également de la faillite de certaines de nos grandes entreprises comme
Lavalin, Les Coopérants et ainsi de suite. Vous en avez dans votre
comté, je suis sûr que, moi, j'en ai dans le mien, des gens qui
étaient des cadres intermédiaires, même des cadres
supérieurs, qui avaient donc un pouvoir d'achat disponible très
grand et qui ont contribué, au début des années
quatre-vingt, à alimenter par leur pouvoir d'achat la reprise
économique. Je pense que, maintenant, nous ne pouvons plus compter sur
cette disponibilité de revenus de façon aussi systématique
qu'on l'avait fait au début des années quatre-vingt.
Il suffit, par exemple, de prendre en considération le
pourcentage du revenu des ménages qui est maintenant consacré au
logement, que ce soit sous forme de location de logement ou sous forme
d'hypothèque sur une propriété qu'on achète. Dans
nos circonscriptions de la grande région métropolitaine de
Montréal, nous assistons à un phénomène assez
pathétique. Il fallait habituellement deux revenus dans le ménage
pour tenir, pour pouvoir remplir les obligations hypothécaires des
maisons qui valaient au-dessus de 100 000 $, pour maintenir à la fois
les enfants dans les écoles avec tout ce que ça implique puisque
ce sont des circonscriptions qui sont habitées par des ménages
moyens. Je n'ai pas besoin de statistiques pour comprendre qu'une grande partie
des gens qui ont contribué à la relance économique au
début des années quatre-vingt ne font plus partie, à
l'heure actuelle, de cette masse, de ce groupe de consommateurs auquel on fait
appel par votre loi et qu'on incite à dépenser davantage en
s'ima-ginant que ça va relancer l'économie. Ce n'est pas vrai. La
disponibilité du revenu de nos ménages québécois
n'est plus celle qu'elle était
au début des années quatre-vingt. Par conséquent,
c'est s'illusionner que de penser que c'est essentiellement par l'incitation
à la consommation qu'on va pouvoir redresser et relancer
l'économie. Cette situation, à mon avis, a des incidences
importantes sur tout le projet de loi qui nous est soumis et que nous sommes en
train d'étudier, particulièrement parce qu'il y a des
associations de consommateurs qui disent; Ouvrez davantage les heures des
magasins, il va y avoir plus de consommateurs. Ce n'est pas vrai. Ce n'est tout
simplement pas vrai et je défie qui que ce soit, à l'aide surtout
de chiffres économiques, de venir nous faire la démonstration
qu'en augmentant le nombre d'heures d'affaires disponibles ça va inciter
les consommateurs à y aller davantage.
Tout à l'heure, vous avez fait allusion aux achats impulsifs.
Oui, c'est vrai que la propension aux achats dits impulsifs existe. Moi, je
n'en fais pas exception. Ça arrive souvent que je vais dans un magasin
pour acheter un objet ou quelque chose et puis, bon, je vois quelque chose qui
est pas mal tentant et je l'achète. Je ne pensais pas l'acheter au
départ, mais je l'achète. Je peux me le permettre parce que j'ai
un emploi et parce que j'ai un revenu disponible. Mais ce
phénomène d'achats impulsifs, M. le ministre, ça n'existe
pas quand on a affaire à une décroissance du revenu disponible.
Il y a, bien sûr, certains individus qui peuvent encore se permettre le
luxe de cet achat impulsif. Je suis sûr que c'est vrai que, si on regarde
ça d'un point de vue psychologique plutôt que d'un point de vue
économique, on est tous tentés et on est tous victimes de l'achat
impulsif tôt ou tard, du moment qu'on a les moyens à notre
disposition pour le faire, sauf que, quand on regarde de façon
macro-économique l'ampleur de l'endettement des ménages
québécois jumelée à la diminution d'emplois et
combinée au fait qu'on a procédé dans beaucoup
d'entreprises, et même au sein du gouvernement du Québec, soit
à la diminution des salaires, soit tout simplement au gel des salaires,
tout ça a un impact direct sur le revenu disponible.
Le Mouvement Desjardins, dans sa revue économique de novembre,
invoque tous ces arguments et arrive à la conclusion suivante, et je
cite: «Les consommateurs pourront difficilement accroître de
façon notable leurs dépenses tant que le marché du travail
ne sera pas plus dynamique. De plus, ceux-ci augmenteront leur taux
d'endettement pour financer l'acquisition de biens de consommation. Leur marge
de manoeuvre demeure toutefois limitée. La reprise de la consommation
sera lente et beaucoup moins dynamique que lors de la reprise de 1983.»
Et la revue économique Desjardins conclut: «Les consommateurs
demeureront donc à la remorque de la reprise, contrairement à ce
qui s'était produit lors des reprises précédentes. La
relance de la consommation est tributaire de la croissance de l'emploi.
À cet égard, les prochaines années demeureront
difficiles.»
C'est la raison pour laquelle je liais intimement ce projet de loi
à la création d'emplois. M. le ministre, tout à l'heure,
dans votre réplique, vous avez convenu qu'il y avait une certaine
création d'emplois qui serait faite par l'extension des heures
d'ouverture des commerces, mais que, en grande partie, ce seraient des emplois
précaires. C'est vrai et, dans ce sens, je pense qu'il faut prendre
sérieusement en considération les conclusions des analyses
économiques qui nous sont présentées, où on dit
que, contrairement à ce qui s'est produit par le passé, où
la reprise économique était tributaire des dépenses des
consommateurs, cette fois-ci, c'est l'inverse, les dépenses des
consommateurs seront tributaires de la création d'emplois. Avant de
dépenser, il faut avoir des revenus et, pour avoir des revenus, il faut
avoir de l'emploi. C'est la raison pour laquelle je pense et je reviens au
point de vue fondamental que nous exprimons tous ici, du côté de
l'Opposition, c'est que, comme mesure de relance économique axée
sur la création d'emplois, la simple extension des heures d'ouverture
des magasins le dimanche ne contribue pas de façon significative
à la création d'emplois.
Ceci étant dit, on peut sérieusement s'interroger sur
l'à-propos et l'opportunité d'augmenter, d'élargir les
heures d'ouverture le dimanche, qui auront un effet dévastateur sur les
petits commerçants. Vous direz, comme vous l'avez dit à plusieurs
reprises: Bon, vous êtes toujours en train de ressasser les petits
commerçants, les petits détaillants, ainsi de suite. C'est parce
que les petits commerçants et les détaillants sont ceux qui
créent de l'emploi. Nous avons tout à l'heure demandé
d'écouter les porte-parole de la Chambre de commerce de Sherbrooke. Vous
avez refusé de les entendre. J'ai devant moi un court mémoire qui
a été adressé par la Chambre de commerce de Varen-nes qui
ressemble étrangement, comme profil, aux Chambres de commerce de
Sherbrooke, de Drummond, des autres municipalités de taille
approximative et de revenu moyen à travers le Québec. J'aimerais
vous en faire lecture partiellement parce que je pense qu'elle est
représentative de ce que disent nos chambres de commerce qui sont
composées de petits commerçants et de détaillants. Ceux
qui composent nos chambres de commerce dans la plupart des comtés que
nous représentons, ce ne sont pas les fonctionnaires de grandes
entreprises, ce ne sont pas les vice-présidents de banques ou les
fonctionnaires des grandes compagnies d'assurances, ce sont des gens qui sont
propriétaires de leur propre commerce. Ils n'ont pas à leur
disposition 100, 200, 300 employés. Ce sont, pour la plupart, des
entreprises familiales qui disposent de 10 employés ou moins. (22
heures)
Lorsque vous demandez à ces gens-là d'élargir les
heures d'affaires, vous' ne vous
attaquez pas à la même problématique que lorsque
vous extensionnez les heures d'affaires des grandes surfaces qui, elles,
peuvent faire appel à cette main-d'oeuvre qu'on peut qualifier de
précaire ou de substitut qui peut venir supplémenter les
employés réguliers pendant les heures d'affaires. Lorsqu'on parle
de ceux qui sont membres de nos chambres de commerce, on parle de nos
professionnels, on parle de nos petits commerçants et de nos
détaillants, qui devront demeurer sur place, qui devront continuer
à opérer leur commerce pour concurrencer les gros qui, eux, vont
pouvoir ouvrir sept jours par semaine aux heures qui leur plairont. Dans ce
sens, M. le ministre, je pense que, de la même façon que, tout
à l'heure, je faisais appel à ces données
macro-économiques qui nous sautent aux yeux, c'est-à-dire qu'on
ne peut pas se fier à la dépense des consommateurs pour alimenter
la reprise économique, et qu'en sens inverse de ce qui se passait en
1980 la capacité de dépense des consommateurs va dépendre
de la capacité de création d'emplois, bien, de la même
façon, lorsqu'on parle de la problématique des petits
détaillants, il faut se rendre à l'évidence que nous
allons priver ces gens-là des heures de repos qui leur reviennent
justement, parce que ce n'est pas le même problème que pour les
grandes surfaces. Le propriétaire de Métro, de Provigo, de Jean
Coutu, de n'importe quoi, de n'importe quelle de ces grandes chaînes
là, n'importe quel franchisé, peut, lui, avoir accès
à une main-d'oeuvre supplémentaire. Le petit détaillant,
le petit commerçant qui opère son commerce, lui, va devoir rester
cloué avec sa famille sur place jusqu'à la fin du dimanche pour
pouvoir concurrencer les grandes chaînes et les grandes surfaces
auxquelles le consommateur va avoir accès.
Dans ce sens, il y a une question ici de
coûts-bénéfices qu'on n'a pas analysée, mais qu'ont
prise en considération les membres de nos petites chambres de commerce
locales, c'est-à-dire qu'il y a un coût d'opération lorsque
le détaillant-propriétaire doit demeurer sur place, il y a des
heures qui y sont consacrées, il y a des frais fixes qui viennent avec
l'opération de son commerce, et des frais fixes qui ne sont pas
nécessairement absorbés par un achalandage accru. D'autant plus
que, dans le domaine de l'alimentation en particulier et dans d'autres
domaines, surtout dans les grands magasins généraux, là
où le magasin général constitue encore le centre principal
d'achat, dans les villes de région, on ne peut pas conclure que
ça va être très, très rentable, au contraire. Ces
frais fixes, qui ne seront pas compensés par un achalandage, puisqu'il
n'y a aucune étude qui le démontre... Comme même je le
disais tout à l'heure, même dans les grandes surfaces
d'alimentation, s'ils avaient le choix de fermer et de réduire leurs
heures d'opération, si tout le monde le faisait par consensus, ils le
feraient. Donc, qu'est-ce que ça veut dire, ça? En termes
économiques élémentaires, sans avoir besoin de faire des
cours de doctorat là-dedans, qu'est-ce que ça veut dire,
lorsqu'on a des coûts fixes additionnels, lorsqu'on a des dépenses
additionnelles qu'on ne peut pas amortir par un achalandage accru? Ça
veut dire que, pour survivre, il faut qu'on augmente les prix; ça veut
dire qu'en augmentant les prix on devient moins concurrentiel par rapport
à d'autres; ça veut dire que, même si on est ouvert 7 jours
par semaine, 24 heures par jour, du fait qu'on est obligé d'augmenter
les prix parce qu'on n'est pas concurrentiel avec les plus gros, bien, on va
perdre des clients et, à mesure qu'on perd des clients, on va être
acculé à la faillite. C'est ça qui préoccupe
principalement ceux qui sont membres de nos chambres de commerce dans nos
villes de région.
À cet effet, j'aimerais invoquer certains arguments qui sont mis
de lavant par les membres de la Chambre de commerce de Varen-nes, parce qu'ils
recoupent ceux qui sont mis de l'avant par les autres chambres de commerce que,
malheureusement, vous refusez d'entendre ici. Même si vous dites que vous
avez reçu leur mémoire, ainsi de suite, vous ne voulez pas les
entendre. Donc, puisque vous ne voulez pas les entendre, vous me permettrez de
citer quelques-uns de leurs points de vue. D'abord, comme je l'ai
souligné tout à l'heure, les membres de la Chambre de commerce de
Varennes indiquent que plus les heures d'affaires vont être
extension-nées, plus il va y avoir de frais; plus il va y avoir de
frais, plus les prix vont être élevés. L'autre argument
qu'avance la Chambre de commerce de Varennes, c'est que les petites et moyennes
entreprises, c'est-à-dire ceux qui, majoritairement, font partie de nos
chambres de commerce, sont les véritables créateurs d'emplois, et
non pas les grandes surfaces qui peuvent rationaliser leurs opérations
en organisant leur circulation sous forme d'entonnoir Je cite d'ailleurs une
phrase qui est très révélatrice du mémoire de la
Chambre de commerce de Varennes, où on dit: «Par contre, nous
sommes la minorité silencieuse dans cette cause», et ils ont
raison parce que les membres de nos chambres de commerce n'ont pas à
leur disposition toutes les facilités de «lobbying», toutes
les facilités d'annonce, de publication à coût
élevé que peuvent se procurer les représentants des
grandes chaînes et qui, de toute façon, viennent submerger nos
bureaux, qui finissent bien souvent dans les paniers de recyclage. Ces
gens-là n'ont pas la capacité de faire valoir leur point de vue
de façon aussi étoffée, de façon aussi, je dirais,
cosmétique que le font les représentants des grandes
chaînes, disons-le bien sincèrement, souvent détenues par
des intérêts étrangers.
Ici, il y a une autre question qui so pov; j'y ai fait allusion tout a
l'huuro, quand on parlait de l'inventaire, du type d'inventaire qui
est détenu dans ces grandes chaînes. Il y a une question
ici, disons-le bien franchement, de consommation locale par rapport à ce
qui nous provient de l'étranger. Bien sûr, le
phénomène du dollar canadien élevé y a
contribué pour quelque chose. À mesure que le dollar canadien
baissera, le prix des marchandises importées deviendra plus
élevé, ce qui aura comme phénomène, comme
conséquence, de rétablir un peu l'équilibre entre notre
production domestique et la production importée. Toutefois, ça
demeure un mécanisme artificiel. Vous savez comme moi que les taux de
change peuvent monter et baisser selon la politique monétaire de la
Banque du Canada et selon les directives qui sont données par le
gouvernement fédéral. Donc, c'est un mécanisme artificiel,
c'est une béquille sur laquelle nous ne pouvons pas compter de
façon permanente pour assurer un marché à nos
producteurs.
Dans ce contexte, M. le ministre, je reviens un peu à ce que je
disais tout à l'heure, dans le sens que, si on faisait en sorte, par un
mécanisme que j'ignore parce que je fais simplement soulever
l'idée, de la même façon qu'on le fait dans certains
secteurs, en particulier dans le domaine culturel, si, d'une façon ou
d'une autre, on pouvait s'assurer que les grandes chaînes qui
bénéficient de l'extension des heures de commerce le dimanche
profitaient de cette ouverture qui leur est faite par le gouvernement pour
s'engager à mettre sur leurs étalages davantage de produits
québécois, d'écouler des produits québécois,
à ce moment-là, peut-être qu'on examinerait cette situation
de façon différente. Mais là, tout ce que vous êtes
en train de faire avec une situation comme celle-là, ça va
être d'accentuer les possibilités d'achat de produits
étrangers au détriment des produits québécois. Dans
un contexte de relance économique et, surtout, dans un contexte de
création d'emplois qui est directement lié à la relance
économique et à l'assainissement des finances publiques, soit dit
en passant, je pense qu'il est absolument impensable qu'on accepte de telles
propositions, à moins qu'elles ne soient assorties de garanties pour nos
manufacturiers québécois. On revient souvent au domaine de
l'alimentation, mais je pense qu'on a à peine effleuré tout le
secteur de la transformation et le secteur manufacturier. C'est là
qu'est un des problèmes fondamentaux. Il faut qu'on trouve le moyen...
D'ailleurs, aussi bien notre gouvernement que le vôtre sont d'accord avec
l'idée qu'il faut accentuer la transformation des produits au
Québec. Bien alors, c'est bien beau d'accentuer la transformation des
produits au Québec, mais donnons à nos producteurs des
débouchés et, pour ce faire, si on donne des privilèges
aux grandes surfaces, assurons-nous que ces grandes surfaces vont vendre, en
grande partie, des produits québécois, comme on exige des postes
de radio qu'ils diffusent un certain nombre d'heures de musique
québécoise et canadienne. Merci.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. le
député de Masson.
Une voix: M. le Président... Ah! Excusez-moi. (22 h
10)
Le Président (M. Audet): Vous m'avez demandé la
parole, effectivement, madame. Pour 10 minutes.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Un des
rôles des députés et des élus du peuple, un des
grands rôles, c'est de légiférer. C'est ce que nous sommes
après faire légiférer. Le cabinet, de façon
générale, apporte des lois à l'Assemblée nationale.
L'Opposition regarde ces lois, est d'accord ou pas, en partie ou pas du tout.
Actuellement, je suis persuadé que, des deux côtés de la
table ici, nous allons être d'accord que nous légiférons
pour le mieux-être de la population québécoise.
Légiférer pour autre chose que ça, je ne pense pas que ce
soit remplir notre devoir. Je suis persuadé, M. le ministre, que, quand
vous voulez légiférer et que vous le faites, parce que vous avez
l'autorité de légiférer, de proposer des lois, quand vous
le faites, c'est pour le mieux-être du peuple québécois.
Nous, quand nous regardons les lois que vous nous présentez, nous les
critiquons avec l'optique du mieux-être du peuple
québécois. Je suis persuadé que, des deux
côtés de la table, quand on parle de législation, on a
ça dans la tête. Moi, personnellement, je pense beaucoup, quand je
regarde une loi: Est-ce que cette loi va faire en sorte que la population,
socialement, va vivre plus heureuse avec ces différences des gens qui
nous entourent? Est-ce qu'on vivra plus heureux? Alors, le côté
social des gens m'intéresse au plus haut point.
J'ai regardé dans beaucoup de documentation que nous avons
à ce sujet, et j'ai une lettre au Devoir de M. Yves Nantel qui,
lui, s'attarde de façon très concluante, d'après moi...
C'est un article enrichissant qu'il a écrit, pour le côté
social de la population québécoise. Lui, il regarde le
consommateur comme tel, le petit commerçant comme tel. Il regarde leur
vie sociale, leur mieux-être, leur mieux-vivre dans la
société et en fait une analyse devant la loi que le
législateur actuel nous apporte. Je suis persuadé que la plupart
d'entre nous avons lu cet article-là. Il y a tellement d'articles dans
les journaux, il y a tellement de journaux, c'est bien sûr qu'on ne peut
pas porter une attention particulière à tout ce que nous lisons.
À cause de mon devoir de législateur, ce que nous faisons ce
soir, je vais porter une attention particulière, et je m'adresse de
façon toute particulière au ministre là-dessus, pour qu'il
regarde ce côté-là, qui est un côté que je
trouve d'une importance capitale.
M. Nantel, ce n'est pas n'importe qui. C'est le porte-parole de la
Fédération nationale des associations de consommateurs du
Québec que vous connaissez certainement. Je vais en citer quelques
extraits et prendre le temps de faire quelques commentaires là-dessus.
Il dit tout d'abord: «Tout comme en 1987, ce ne sont pas les
consommateurs qui viennent de relancer le débat en vue d'une
libéralisation inconditionnelle des heures d'ouverture des
magasins.» Premièrement, si on légifère pour
protéger les consommateurs et le peuple québécois, si
c'est notre but, souvent on est obligé de le faire sans demande.
Ça arrive souvent, mais ça arrive, de façon
générale, que c'est le peuple lui-même qui nous fait signe
qu'il veut une législation. Dans ce cas-ci, ce serait le cas
exceptionnel que le peuple n'a pas demandé une législation
nouvelle parce qu'il se trouvait, probablement, très à l'aise
dans celle que nous avons. Peut-être que nous, les législateurs,
on n'était pas bien avec. Peut-être qu'on a de la misère
à la gérer de façon totale, mais le peuple ne s'en
plaignait pas. Il disait: Prenez vos responsabilités dans les trous
qu'il y a dans cette loi-là. «L'enjeu de la lutte acharnée
que les gros commerces de détail mènent actuellement est la
conquête de la part de marché afin d'améliorer leur marge
bénéficiaire et non la satisfaction des besoins du
consommateur.» C'est un type qui est là pour les protéger.
«Les grands perdants de ce jeu du darwinisme économique seront les
petits commerçants, les travailleurs de commerce, les consommateurs et
la société en général.» Il porte un jugement
assez sévère sur les changements qui viennent. On peut les
défendre, les changements qui s'en viennent, mais on peut aussi, de
façon très rationnelle et intelligente, s'y objecter. C'est ce
que fait M. Nantel.
Il dit que tout argument est bon. Un bon vendeur, c'est de dire que
ça va créer 8000 nouveaux emplois, que ça va
empêcher les achats outre-frontières. Mais il dit que, même
si c'est de bons vendeurs, ces exemples ne sont pas moins que
démagogiques et résistent très peu longtemps à une
analyse sérieuse. C'est un type à qui on porte une connaissance
de la société assez élevée à cause du poste
qu'il a. Il dit aussi: Comme statistique démontrant
éloquem-ment... le pouvoir d'achat des consommateurs s'est
continuellement dégradé depuis 10 ans et rien ne laisse entrevoir
un renversement de la situation, au contraire. Mais où prendront-ils
l'argent pour consommer davantage? L'argument ministériel est que, s'il
y a plus de surfaces ouvertes plus d'heures par semaine, les consommateurs
consommeront plus. Mais où prendront-ils l'argent pour consommer
davantage? Et, sans augmentation substantielle des ventes, pas de
création d'emplois réelle.
Nous convenons, par contre, qu'il pourrait y avoir déplacement
des ventes des petits et moyens commerçants en direction des plus
gros.
Un déplacement des ventes. Non pas une vente
supplémentaire, un déplacement des ventes du petit au plus gros.
Le ministre le disait tantôt aussi: C'est moins cher si les grandes
surfaces sont ouvertes pendant que les dépanneurs sont là. Mais
les profits des dépanneurs comparativement aux profits des grandes
surfaces ne sont pas les mêmes, ne sont pas du même ordre. Alors,
ils sont là pour dépanner. Ils vendent certainement un peu plus
cher. Ça, c'est sûr. Ils sont ouverts plus d'heures pour
répondre aux besoins. Et c'est notre société. Nous avons
demandé ça parce que, le dimanche, ça n'ouvrait pas. C'est
la vie moderne qui a demandé qu'on ouvre des dépanneurs pour
satisfaire... Les gens se déplacent, les voitures... On part de
Québec et on monte à Rouyn. Si on arrive là à
minuit et que ça fait quatre jours qu'on est parti de chez soi,
ça peut arriver qu'on manque de lait, de beurre, de pain. Eh bien, si
c'est ouvert, on y va. S'il n'y a rien d'ouvert, on attend au lendemain matin,
ce qui n'est pas logique dans le monde moderne. Mais pas ouvrir une grande
surface et vendre des meubles à 11 heures le soir. Mais, encore
là, pas de création d'emplois réelle. Ça se
déplace d'un commerce à l'autre. Ce sont les petits
commerçants qui écopent. Et ça, je félicite M.
Nantel de faire remarquer au ministre que c'est les petits commerçants
qui écopent. «Mais pourquoi le clairon tonne-t-il l'ouverture des
magasins le dimanche? Parce que les consommateurs le réclament? - on
vient de prouver que non - Foutaise! Ce sont plutôt les Club Price, Val
Royal, Brico, Sears, La Baie, Zellers, Woolco, Ivanhoé inc., Cadillac
Fair-view...» Il ne dit pas Jean Coutu, mais moi je le dis, Jean Coutu et
surtout Jean Coutu, surtout Jean Coutu, Jean Coutu surtout, Jean Coutu surtout.
Je ne sais pas si on m'a bien compris, là. M. Jean Coutu, pharmacies,
surtout. Et j'insiste, «...grandes surfaces des centres commerciaux
confondus qui partent à la conquête des marchés au
détriment des petits commerçants des centres-villes et des
dépanneurs, etc. Il faut ici ajouter des conséquences sur
l'ensemble de la vie de la société.» Voilà!... Pas
déjà. Pas déjà deux minutes. Ça n'a pas de
sens. Je n'ai pas eu le temps de parler. «Il faut ici ajouter - et c'est
là-dessus que j'en viens et c'est le point le plus sensible du
législateur - des conséquences sur l'ensemble de la vie de la
société totalement absente du débat actuel. C'est un
reproche direct, mérité - un reproche direct et
mérité - Le risque est réel, croyons-nous, de voir
s'accentuer des habitudes de vie calquées sur des activités
commerciales au détriment des activités sociales de la fin de
semaine régénératrices de la force de travail après
une semaine de labeur. Conséquemment, l'ouverture des magasins le
dimanche ne pourra qu'entraîner des répercussions en termes de
dégradation du tissu social, de la famille réduite, diminution
des visites aux personnes en perte
d'autonomie dans les foyers, dans les hôpitaux, de la vie
culturelle, des loisirs, des contacts avec la nature, etc. Tout est
atrophié - c'est un spécialiste qui parle - nous ne pourrons
probablement jamais procéder à une étude
épidémiolo-gique, sociale, de façon réelle,
dit-il.» Et, en conclusion: «Décidément, les forces
de désagrégation du tissu social et humain sont plus fortes que
celles de leur raffermissement, mais nous aurons à payer un jour.»
Ça veut donc dire que nous ne sommes pas les seuls, ici, du
côté de l'Opposition, à regarder le tissu social. Notre
société distincte, notre façon de faire notre
différence en Amérique du Nord s'est atrophiée par cette
loi-là qui nous rend au même commun... Comme dans les
écoles on a mis les examens à un commun dénominateur
très bas pour que tout le monde nivelle et passe, on est en train de
faire en Amérique du Nord une façon différente au
Québec de vivre...
Le Président (M. Audet): Merci.
M. Blais: ...et on veut le ramener à un niveau
dénominateur plus bas qui serait égal aux autres. Je crois, M. le
ministre, que, quoi que vous fassiez, cette loi-là, si elle passe,
à la longue d'elle-même elle s'effritera.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député. Je vais maintenant reconnaître Mme la
députée de Taillon. Vous avez 10 minutes, madame.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Merci, M. le Président. En fait, je commence
à en avoir un petit peu ras le bol. J'écoutais le ministre
tantôt et je trouve qu'il fait preuve d'une attitude irresponsable. Il
fait preuve d'une attitude irresponsable parce qu'il nous lance un chiffre ici,
il nous lance un chiffre là et, là, la dernière, il se
tape notre gueule et notre tête en lisant un certain nombre de
données hautement techniques au plan mathématique, sur la base de
courbes de régression, par tranches successives, etc. Merci beaucoup, M.
le Président. (22 h 20)
Un ministre, un gouvernement qui veut modifier une loi qu'il vient
à peine d'adopter. On n'était pas assis en Chambre après
le vote qu'il songeait déjà à la changer. La meilleure
preuve, on se retrouve en commission parlementaire, M. le Président,
après un peu plus de deux ans d'une loi qu'on a adoptée, qu'il a
mal appliquée, pour ne pas dire qu'il n'a pas appliquée, et il
faudrait le croire sur parole. La foi sans les oeuvres! Il faudrait le croire
sur parole. Il vient ici, il nous dit: La loi, elle est mauvaise, je me suis
trompé, ce que je veux faire ne va pas créer de bonnes jobs, va
créer de mauvaises jobs, je fais une présomption que
peut-être ce qui se passe aux États-Unis, on peut le rapatrier ici
et il dit: Je veux changer ma loi parce qu'il y en a qui ont fait des pressions
sur moi pour la changer. À mon point de vue, c'est une attitude
irresponsable.
Qu'est-ce que j'attendrais, moi, du ministre qui est devant nous? Ce que
j'ai pu obtenir effectivement lorsqu'on a étudié le projet de loi
75, il avait déposé un document auquel il fait
référence, d'ailleurs assez régulièrement, que
moi-même je cite et que certains autres collègues ici, à la
commission, citent et qui était le document concernant la Loi sur les
heures d'affaires, son analyse, ce qui s'était passé,
l'historique, des données fort complètes et pertinentes sur ce
que c'était que le marché de l'alimentation et du commerce de
détail. Alors, deux ans plus tard, avec deux feuilles, une annexe, un
petit tableau annexe, avec une étude faite par une firme
extérieure au gouvernement pour le compte de protagonistes de
l'ouverture des magasins le dimanche, le ministre nous dit: Ils doivent
sûrement avoir raison, je pense que mes présomptions ont de
l'allure et, sans affirmer ni confirmer ni infirmer les chiffres qu'il lance
à droite et à gauche, il nous dit: On change la loi.
Moi, je m'attendrais du ministre qu'il fasse un bilan et qu'il nous
dise: La loi qu'on a adoptée il y a deux ans, elle a eu tel impact, tel
effet, il y a eu x milliers d'emplois qui ont disparu dans le secteur du
dépannage pour réapparaître ailleurs. Peut-être! Je
ne le sais pas. Moi, l'ADA me dit: 3500 emplois perdus. On veut entendre la
Fédération de l'entreprise indépendante qui, elle, a fait
une étude et une analyse. Elle vaut sûrement l'étude ou
l'analyse qu'a faite la firme-conseil à laquelle se réfère
le ministre. Alors, ce qu'on demande, c'est de les entendre. Au moins, on
partirait avec une base de données que quelqu'un peut venir
défendre et une base de données que les personnes ont
contrôlées. On pourrait leur demander les outils qu'ils ont
utilisés pour nous présenter les résultats de leurs
études, M. le Président. La motion, c'est ça qu'elle
demande.
Alors, je m'attendrais que le ministre soit accueillant à une
motion comme celle-là et, s'il ne l'était pas, qu'au moins il
dépose ici une analyse plus sérieuse, plus systématique
avant de nous faire adopter une loi et pour venir nous dire, dans un an, dans
deux ans: Bien, je m'étais trompé, ce n'était pas tout
à fait ça qu'il fallait faire. Et la prochaine fois, ça va
être pas de loi du tout et on va procéder de la même
façon, M. le Président. Je trouve ça irresponsable et
inacceptable de la part d'un membre du gouvernement qui se dit responsable, M.
le Président.
Je n'accepte pas qu'on soit amenés à
légiférer sur la base d'intuitions. On peut
légiférer sur la base de principes, de convictions,
d'orientations que l'on veut défendre, mais le ministre, lui, a la
prétention de légiférer sur la
base de données. Bien, qu'il nous les apporte, les
données. Non pas par morceau, non pas une par ci par là, mais
systématiquement. Qu'il me dise... Le député de Drummond,
il a raison dans ses questions. Elles sont pertinentes. Qu'on les reprenne les
unes à la suite des autres, que le ministre amène ses
fonctionnaires s'il a besoin que ceux-ci soient présents à notre
table. On ne s'est jamais gênés... On a toujours permis que des
fonctionnaires puissent s'exprimer aux commissions, puissent répondre
aux préoccupations des membres de la commission. Qu'il les amène,
s'il en a besoin, pour nous faire une présentation exhaustive, mais pas
la façon dont on travaille actuellement, M. le Président. Je
trouve ça complètement inadmissible pour des gens qui sont
censés exercer un contrôle sur les lois qu'ils adoptent, qui sont
censés évaluer les positions qu'ils prennent, les
décisions qu'ils prennent, qui sont censés être capables de
faire une certaine planification sur la base d'une information scientifique
sérieuse et valable. Or, ce n'est pas ça que fait le ministre, M.
le Président, et je le lui reproche. Je veux que ce soit clair que c'est
un reproche, à cet égard, à lui et aux membres de son
gouvernement qui le suivent dans cette voie-là, M. le
Président.
La Fédération de l'entreprise indépendante, elle
nous dit ceci: «Malgré l'importance croissante du
phénomène du commerce outre-frontières, peu
d'études ont été menées au Québec pour
connaître les raisons de cet exode et les études disponibles au
Canada sur le comportement des consommateurs parviennent toutes à la
même conclusion: les consommateurs canadiens ou québécois
recherchent les meilleurs prix et ont l'impression que ceux des
États-Unis sont plus bas. Assaillis de toutes parts par des impôts
qui réduisent leur pouvoir d'achat, les Québécois sont
prêts à aller plus loin pour avoir la meilleure offre et faire
durer leur revenu en diminution plus longtemps. Ces acheteurs ne cherchent pas
une gamme restreinte de produits aux États-Unis, ils achètent
quasiment tous les produits.» Cependant, la Fédération de
l'entreprise indépendante, M. le Président, a fait une
étude sur les produits réglementés et, surtout, sur les
produits qui ont connu une hausse de taxes non pas significative, une hausse de
taxes démesurée, M. le Président. Qu'on pense aux
cigarettes, qu'on pense à l'essence et qu'on pense aux boissons
alcoolisées. Cette même Fédération nous donne un
certain nombre de chiffres quant aux disproportions qui existent dans les
écarts de prix.
Je vais vous donner un exemple. «Entre 1985 et 1991 - ça,
c'est du temps du gouvernement qui est devant nous, M. le Président -
l'écart du prix de l'essence est passé de 18 % à 38 %. Ils
devaient baisser le prix de l'essence, remarquez bien, ils ne l'ont pas
baissé - de 18 % à 38 %. Au même moment, le nombre de
déplacements d'un jour effectués par les Canadiens est
passé de 26 000 000 à 59 000 000. Les mêmes observations
s'appliquent au prix du tabac et de l'alcool. En augmentant ces taxes de
façon démesurée, les gouvernements ont
littéralement poussé les Canadiens à acheter ces produits
aux États-Unis, aux dépens des entreprises et de
l'économie canadienne.» Aujourd'hui, on voudrait nous faire
croire, en massacrant notre vie sociale, en amenant des gens à vivre
dans des emplois avec un haut niveau de précarité, le ministre
l'a avoué lui-même au début de son intervention
tantôt, on voudrait nous faire croire sans étude, sans projet
sérieux que ça a du bon sens. Et tout le monde, on va aller
s'engouffrer derrière ce que nous propose le ministre.
Je n'accepte pas, M. le Président, qu'on nous amène sur ce
terrain-là. Je continue de vous dire que cela est irresponsable. Qu'on
les reçoive, les gens de la Fédération. Si le ministre
nous dit qu'il a de bonnes études et de bonnes analyses, il les
confrontera avec celles de la Fédération de l'entreprise
indépendante. Et, quand il me fait le petit baratin sur la Chambre de
commerce du Québec à propos du débat
référendaire, il sait très bien que c'est en
congrès que ce débat-là a eu lieu, que tous les membres
ont été consultés. Est-ce que la Chambre de commerce du
Québec a consulté tous ses membres pour prendre la position
qu'elle a prise et dire qu'elle appuyait le ministre dans l'ouverture des
commerces le dimanche? Il y en a cinq au moins officiellement qui se sont
prononcés contre ce projet de loi, le député de Bertrand
vient de parier d'un autre qui s'ajoute, M. le Président. On va les
faire, les consultations. On va voir s'il y en a tant que ça, des appuis
au projet de loi d'ouverture des commerces le dimanche. Mais,
premièrement, que le ministre nous présente ses données,
que le ministre nous présente des faits objectifs et observables et,
après ça, on en discutera, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci, Mme la
députée. Est-ce qu'il y a d'autres remarques sur la motion?
Mme Vermette: M. le Président... (22 h 30)
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Marie-Victorin, vous avez 10 minutes.
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: Oui. Merci, M. le Président. Alors,
effectivement, je pense que ma collègue de Taillon a fait une
démonstration des plus claires en ce qui concerne notre motion, en
disant: Écoutez, le ministre, effectivement, a beau essayer de nous
convaincre, avec des données statistiques, du bien-fondé de
l'ouverture des commerces le dimanche, il n'en demeure pas moins que nous
n'avons pas eu, en fait, ces études et d'aucune façon, et je
pense qu'il aurait
été souhaitable et convenable, en fait, que tout ça
soit déposé, et qu'on puisse en faire une analyse exhaustive avec
les gens qui sont concernés. ça aurait été
intéressant, dans ce cas-ci, d'avoir l'association des
détaillants indépendants, des...
Une voix: La Fédération canadienne de l'entreprise
indépendante.
Mme Vermette: Ah oui.
Une voix: C'est écrit assez petit.
Mme Vermette: Fédération canadienne de l'entreprise
indépendante.
Le Président (M. Audet): Alors, on va suspendre nos
travaux pour quelques minutes. Les députés sont appelés en
Chambre pour le vote, le vôtre.
Une voix: On vote sur quoi?
Le Président (M. Audet): C'est le monsieur qui me le
dit.
Mme Marois: Vous pouvez prendre le mien. Le Président
(M. Audet): À la console. (Suspension de la séance à
22 h 31)
(Reprise à 22 h 50)
Le Président (M. Audet): Alors, la commission de
l'économie et du travail reprend ses travaux. C'est Mme la
députée de Marie-Victorin qui avait la parole sur la motion. Il
vous restait, Mme la députée, neuf minutes.
Mme Vermette: II me reste neuf minutes.
Le Président (M. Audet): Exactement. Oui, elle avait un
petit bout de fait, oui.
Mme Vermette: M. le Président, effectivement, en fait, je
commençais mon intervention, et nous avons été
appelés pour aller voter. Alors, évidemment, on peut recommencer
l'introduction, si vous voulez. Ça remettrait plus les idées en
place et ça aurait plus de suite aussi.
Ce qu'il est important, ici, d'apporter comme précision,
effectivement, nous avons déposé une motion pour faire entendre
la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante.
Vous savez très bien que cette fédération regroupe
plusieurs entreprises, et elle demande, justement, au ministre de ne pas aller
dans le sens de sa loi, c'est-à-dire de repenser, en fait, cette loi et
de reconsidérer les demandes pressantes de cette
fédération qui n'est pas néces- sairement en faveur des
heures d'ouverture le dimanche.
Effectivement, cette fédération conclut que, de toute
façon, même le projet de loi est fait dans le sens
d'empêcher, si vous voulez, les échanges frontaliers avec les
États-Unis ou les achats frontaliers avec les États-Unis. En
fait, il nous fait ressortir très clairement une analyse qui s'est
passée, justement, au niveau de Vancouver où, effectivement, on
sait très bien que les heures d'ouverture sont possibles.
Alors, ce qu'ils disent, c'est que, bon, la loi de 1990, qui a
été adoptée, répond très, très bien
aux besoins des Québécois et que, de toute façon, elle n'a
pas réellement besoin d'être, si vous voulez, modifiée.
Bon. Peut-être que les seuls qui ont avantage à faire modifier
cette loi, et nous le répétons, et nous n'arrêtons pas de
le dire, c'est simplement les gros commerces qui veulent faire
disparaître le problème du magasinage aux États-Unis, en
fait. Les grandes surfaces - parce que les personnes ont peur ou elles ont une
réaction à dire le nom de ces grandes surfaces - ce sont
notamment, on le sait, Club Price, Sears, Brico, La Baie, Zellers, bon, en
fait, ce genre de commerce. C'est eux qui font réellement des pressions,
et on sait bien pourquoi, d'ailleurs, ils font ces pressions-là.
Ce qu'il est important de soulever, c'est que ces commerces ne sont pas
nécessairement des commerces dont le siège social ou les
principales activités économiques se font ici, au Québec.
On vient vendre au Québec, mais, finalement, les sièges sociaux
sont ailleurs. Même, très souvent, les produits dont s'alimentent
ces commerces-là viennent soit de l'Ontario, effectivement, ou des
États-Unis, et ça ne favorise sûrement pas, d'une part, les
produits maraîchers, chez nous, dans certains cas. On l'a vu, lors du
démantèlement de Steinberg, ce qui est arrivé dans le
domaine de l'alimentation. C'est que les gens qui ont racheté les
magasins Steinberg, qui en ont fait l'acquisition, n'ont pas
nécessairement suivi la ligne de pensée de Steinberg, qui
était réellement de contribuer à l'achat massif de
produits du Québec et faits au Québec.
Alors, on s'aperçoit qu'il y a un glissement de plus en plus vers
des producteurs et des produits hors Québec. Ça, à mon
avis, c'est dommageable et très dangereux, M. le Président. Je
pense que, effectivement, nos petits commerçants,
généralement, font un effort considérable pour faire des
achats ici, au Québec, et favoriser, en tout cas, des achats du
Québec pour les Québécois, par les
Québécois.
Alors, je reviens à la position de la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante qui, elle, ne demande pas de
modifications à la loi 90 qui a été adoptée parce
que, justement, d'après certaines analyses au niveau de la ville de
Vancouver, où les commerces sont ouverts le dimanche depuis de
nombreuses années, la
population fait des achats aux États-Unis à un rythme qui
est six fois supérieur à celui de Montréal. Alors,
ça n'a pas vraiment changé. Vous savez, une fois, le commerce
nord-sud, c'est attirant. Et, une fois que les gens ont pris le rythme, en
fait, d'aller vers les États-Unis pour faire leur commerce, ce n'est pas
en ouvrant chez nous, les nôtres, nos commerces, que ça va
favoriser davantage, si vous voulez, que les gens demeurent chez nous. Il faut
imaginer. Il faut être imaginatif. Je voyais un de nos collègues,
de l'autre côté de la table, qui avait un livre qui s'appelle
«Imaginer, c'est gagner».
Une voix: Ce n'est pas «imaginer»,
«innover».
Mme Vermette: «Innover, c'est gagner». Alors, il faut
innover. Effectivement, il faut trouver de nouvelles formules. Mais les
nouvelles formules, ce n'est pas nécessairement d'ouvrir des magasins le
dimanche, M. le Président. Il y a de nouvelles façons de faire.
Il faut changer des attitudes et des comportements. Pour arriver à
changer des attitudes et des comportements, je pense aussi au niveau du
gouvernement, au niveau de la fiscalité, ils pourront... ils devraient
innover aussi à cet égard. Ça favoriserait
peut-être, à ce moment-là, une relance économique
souhaitable et souhaitée. Probablement aussi que nos commerces, nos
commerçants pourraient avoir pignon sur rue et non pas être
obligés de fermer leurs portes parce, que de plus en plus, ils sont
obligés de faire face à des faillites qui sont toujours
dramatiques, M. le Président.
Alors, je sympathise énormément avec la
Fédération canadienne de l'entreprise indépendante. On
sait très bien que, actuellement, au niveau, en fait, des marchés
alimentaires, c'est là que, en fin de compte, la problématique se
fait le plus sentir parce que, effectivement, on pense à tous ces
marchés d'alimentation qui, à l'heure actuelle, notamment
Provigo, Métro, IGA qui, eux, en fait, arrivent aux mêmes
conclusions en disant: Écoutez, nous, on ne peut pas accepter que Club
Price, bon, tout autre qui pourrait nous faire... En fait, ils ne parlent pas
de Club Price Canada inc.. On parle de grandes surfaces. Mais, en fin de
compte, c'est irritant, peut-être, des fois, de dire les choses telles
qu'elles sont. Mais appelons les choses telles qu'elles sont. Il ne faut pas
avoir peur. Alors, de faire concurrence... Oui? ...d'avoir de la concurrence
avec ces grandes surfaces là.
Alors, si des commerces de l'ordre de grandeur d'IGA ou Métro ont
déjà peur d'une concurrence déloyale, imaginez les petits
commerces indépendants. Eux, en fait, qu'est-ce qu'on va leur offrir?
Si, au moins, le gouvernement ou l'État avait montré de
l'imagination pour favoriser, justement, nos commerces, les aider à
maintenir leur activité économique, peut-être qu'on
pourrait dire: Eh bien, effectivement, on a un gouvernement qui est capable de
voir à maintenir une forme d'équilibre entre les
présences. Mais ce n'est pas ça.
On se souvient très bien que, depuis 1990, tous les gens qui
n'ont pas respecté la loi n'ont pas eu vraiment à faire face
à des amendes ou, en tout cas, on n'a pas été d'une
façon tout à fait - comment on pourrait dire - répressive
vis-à-vis, en fin de compte, de ces commerces qui, en fait,
défiaient la loi. Donc, on s'aperçoit qu'il y a une forme de
laxisme, et qu'on permettait la... C'est peut-être ça qui fait en
sorte qu'on développe une façon de faire, un esprit de faire.
M. le Président, je suis convaincue, moi, que les gens qui sont
habitués d'aller magasiner dans les marchés aux puces, qui sont
habitués d'aller dans des - comment on appelle ça -«outlet
factories» ou des choses comme ça, ils vont continuer d'y aller,
et que ça ne favorisera pas plus, finalement, les autres commerces,
parce que c'est comme une idée, c'est comme les gens qui avaient
l'impression, parce qu'ils achetaient en vente, que ça coûtait
moins cher. Ce n'est pas évident, M. le Président, parce que
c'est en vente, que ça coûte moins cher. Très souvent, on
écoule des stocks ou des marchandises passées date, etc. Donc, il
faut être très pertinent, il faut faire attention, en fin de
compte, dans ces choses. Il y a des mentalités qui sont à changer
avant d'arriver à l'ouverture des heures de commerce le dimanche. Merci,
M. le Président. (23 heures)
Le Président (M. Audet): Merci, Mme la
députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur la motion?
M. le député de Drummond, vous avez 10 minutes.
M. Jean-Guy St-Roch
M. St-Roch: Merci, M. le Président. M. le
Président, je dois admettre que ça fait peut-être
près d'une cinquantaine de minutes que j'ai entendu la réplique
de M. le ministre et député d'Outremont, et j'en suis encore sous
l'effet de choc. J'aimerais... je voulais lui poser une question qui avait
trait à ses propos. Alors, je vais lui donner de mon temps, s'il le
faut, pour qu'il puisse me répondre. Ce ne sera pas en vertu de 213.
M. le ministre, dans sa réplique, a mentionné qu'il
commençait à répondre à mes questions. Alors,
j'avais mentionne à votre chef de cabinet, hier, que c'était une
synthèse, mais que le tout se voulait dans les propos que j'avais tenus
à l'Assemblée nationale et que je vous avais vu prendre des
notes. Alors, les réponses que vous m'avez fournies, l'analyse,
là, des impacts sur les finances du gouvernement, sur l'emploi et sur le
commerce, c'était voulu dans les propos que j'avais tenus, autant en
remarque
préliminaire qu'en haut, en vertu de l'impact de la loi 75 que
nous avions adoptée depuis deux ans.
Ma question est celle-ci, M. le Président. Est-ce que j'ai bien
compris, M. le ministre, quand vous nous avez dit que... puis qu'en
référant... puis que, lorsque j'avais déclaré que
la fermeture de certaines chaînes d'alimentation... que j'avais maintenu,
que j'avais très bien lu les documents de 1989, ainsi que la commission
parlementaire de 1990, et que ceci était prévisible, cette
rationalisation-là, à ce moment-là.
Alors, j'ai bien interprété et je comprends bien vos
propos lorsque vous avez mentionné que c'était prévisible,
la rationalisation qui arriverait dans les marchés de détail dans
l'alimentaire. Parce que, si c'est le cas - et je vais faire sortir pour demain
matin les galées, M. le Président. Voilà pourquoi je suis
estomaqué encore et sous l'effet du choc des propos de M. le ministre,
parce que si c'est vrai, M. le ministre, si j'ai bien compris vos paroles, vous
disiez que, dès 1990, à la tenue de la commission parlementaire,
que c'était prévisible qu'il y ait une rationalisation dans le
domaine de détail dans l'alimentation, mais je m'étonne, moi,
encore, et je questionnerai, dans les jours, les semaines et aux
crédits, les raisons qui ont motivé notre prise
d'intérêts, par l'entremise de la SDI et de la Caisse de
dépôt, dans une grande chaîne qui est maintenant disparue,
qui a été démantelée.
Parce que, si c'était prévisible qu'il y avait une
rationalisation, à ce moment-là, pourquoi y a-t-il eu une
décision gouvernementale d'investir dans quelque chose qui était
prêt à partir, tout en déstabilisant, à ce
moment-là, un grand secteur de la vie du marché au détail?
Alors, peut-être là ou, si vous voulez, peut-être attendre
à vos remarques... j'attendrai les conclusions à cette
réponse-là, mais ça a soulevé toute une
émotion et un émoi de ma part. J'en suis encore sous le choc.
Deuxième chose, M. le Président, nous en sommes rendus
maintenant à notre deuxième veillée en commission
parlementaire. Mon collègue de Masson a mentionné cet
après-midi que, oui, ça serait facile pour nous de dire: Bon,
bien, on va laisser aller, puis, en troisième lecture, on ne donnera pas
notre consentement pour l'adoption, vu que le projet de loi a été
déposé après le 15 novembre, que ce serait facile de le
faire.
M. le Président, j'ai abordé, autant dans mon allocution
en deuxième lecture à l'Assemblée nationale que dans mes
remarques préliminaires ici...
Le Président (M. Audet): S'il vous plaît! S'il vous
plaît!
M. St-Roch: ...à cette commission parlementaire, avec
ouverture et esprit et non dans le but de faire un «filibuster»,
mais d'avoir des réponses claires, nettes et précises aux
interrogations que je me posais et, en tant aussi que mon premier mandat, qui
est celui de représenter mes citoyens de Drummond.
Je pense que c'est connu maintenant que la SIDAC, la Chambre de commerce
et mon milieu ne sont pas pour une réouverture de la... Mais, si c'est
vrai qu'on est ici et qu'on brûle du temps pour arriver, bien, j'aimerais
que M. le ministre nous dise: Je ne bougerai pas d'un iota, ma position est
irrévocable, il n'y a personne qui va me convaincre d'entendre des gens.
Alors, ça serait peut-être plus facile, au moins pour le
député de Drummond, de prendre des décisions parce que,
lorsque je regarde la motion qui est devant moi encore, d'entendre la
Fédération canadienne de l'entreprise indépendante... Je
pense que j'en suis rendu à ma quatrième intervention de 10
minutes, 20 minutes à l'Assemblée nationale et 20 minutes dans
mes remarques préliminaires.
J'ai essayé de démontrer l'impact que pourrait avoir,
à partir d'un cas de chez moi, du vécu de terrain, que, si on
n'est pas minutieux ici, que, si on libère tous azimuts, il y a un effet
de dominos qui se retraduit par les producteurs, par les fabricants, qui fait
en sorte, finalement... mais qu'on concentre ce commerce-là dans des
grandes surfaces. Je l'ai souligné. Mon collègue de Bertrand est
revenu à quelques occasions aussi en disant: Bien, lorsqu'on va
aujourd'hui dans les grandes surfaces et chez la plupart des marchands de
détail, bien, lorsqu'on regarde les sources d'approvisionnement, c'est
très rarement «made in Québec or made in Canada».
C'est plutôt «made» à peu près n'importe
où, sauf cela. Alors, est-ce qu'on est en train ici de
libéraliser pour exporter davantage?
J'attirerais aussi, M. le Président, l'attention du
député d'Outremont. Quand je regarde le Québec, dans les
années à venir, on s'en va de plus en plus vers une entreprise de
services. Or, une entreprise de services, lorsqu'on est rendus avec près
de 62 % de nos emplois, maintenant, si ma mémoire est fidèle, qui
sont dans les services, bien, si on ne produit pas, tôt ou tard, on
exporte notre richesse et on aura à faire face à des
difficultés sérieuses en tant que collectivité. Voici,
comme je l'ai signalé encore, à la cinquième reprise, des
lois souvent qui nous apparaissent anodines, mais qui ont un effet dans les
mois et les années à venir, qui sont indépendantes, qui
sont énormément importantes sur notre qualité de vie
quotidienne, sans parler de notre qualité de vie, notre qualité
culturelle.
Or, M. le Président, pour revenir à ce que je disais
tantôt, si on est ici simplement pour brûler le temps, je vais
être obligé de croire, moi, ce qui a transpiré, à
l'heure actuelle, dans La Presse, que la décision a
été prise à quelque part qu'on appelle ici, dans la ville
de Québec, le «bunker», puis qu'on envoie simplement
quelqu'un dire: Bien, la loi, tout est réglé, tout est stabi-
lise, allez-y, passez-la. De toute façon, à la fin, on va
vous mettre le bâillon. Parce que, encore là, je veux
répéter, je l'ai dit dans mes remarques préliminaires,
lorsque je regarde un article que The Gazette, sous la plume de Mme Ann
McLaughlin, puis, lorsqu'on interrogeait M. Sénéchal... puis
j'aurai peut-être l'occasion de vous demander de le faire entendre parce
qu'il semble que vous l'avez rencontré à plusieurs reprises, qui
est une bonne source d'influence au niveau de l'ouverture tous azimuts le
dimanche. Alors, lorsqu'il regardait: «The government has made a
commitment to pass this law. We want to make sure they go through it»,
et, en français, il disait: Bien, de toute façon, on a
été assurés, puis il y avait des articles de journaux,
que, même avant la reprise du débat à l'Assemblée
nationale et, ici, à la commission parlementaire, on était pour
utiliser le bâillon à la fin, puis que la loi serait
adoptée...
Alors, si c'est ça que sont nos intentions, j'espère, moi,
qu'on se doit d'avoir un minimum de «fair play», surtout, et je le
répète, qu'on est dans le 200e anniversaire de nos institutions
démocratiques. Si on a un peu de foi, encore, dans ces
institutions-là et si on pense encore que l'Assemblée nationale
est là pour que des hommes et des femmes élus
démocratiquement par leurs citoyens pour être leurs porte-parole
et être capables de défendre leur intérêt, bien,
j'espère qu'on va avoir cette ouverture d'esprit, sinon, dites-nous-le
immédiatement, puis on verra bien... de dire: Pourquoi essayer de vous
convaincre d'entendre des gens?
Ce n'est pas dans l'intention de faire un «filibuster» parce
que vous-même, vous admettez qu'il y a eu des changements dans les
derniers mois. Moi, j'admets qu'une association... j'admets que des gens
puissent changer d'idée parce que, dans mon livre à moi, seuls
les idiots ne changent jamais d'idée. Mais, seulement, à un
moment donné, bien, je pense qu'il est logique, si on veut faire nos
devoirs de parlementaires, bien, qu'on demande qu'il y ait des gens qui
viennent ici en commission parlementaire pour nous dire... Mais pourquoi? Pour
avoir leur vérité.
Vous savez, j'aimerais ça savoir, et je suis bien d'accord, moi,
que les TUAC aient pu changer d'idée, et les TUAC ne sont jamais venus
me présenter leur présentation. Alors, c'est pour ça aussi
que, souvent, je vous demande: Oui, est-ce qu'on pourrait avoir la lettre?
Parce qu'il n'y a personne des TUAC qui est venu me voir, moi, il n'y a
personne des gens pour, à l'heure actuelle, et nous en sommes à
notre deuxième veillée - depuis le 24 novembre qu'on entend
parler de ça - il n'y a personne, autant de ma circonscription
électorale, de ce que je fais, mon bureau de comté, qu'ici,
à l'Assemblée nationale, avec toutes les déclarations
qu'on fait, il n'y a jamais personne qui est venu me dire ici qu'il faudrait
ouvrir, sauf des représentants d'un secteur d'activité de 1 200
000 000 $, qui sont venus me dire: Attention, M. le député, parce
que, chez vous, vous avez des petites entreprises dans le meuble, et la
libéralisation, encore, et I extention des heures d'affaires, ça
va mettre en danger des emplois. Alors, c'est les seuls, moi, qui sont venus me
voir pour me dire: Attention, cloche, alarme. Les autres, je ne les vois
pas.
Alors, est-ce que ça veut dire que tout le dossier est
réglé? Puis je repose ma question. Alors, c'est pour ça
qu'il serait peut-être intéressant, au moins, qu'on ait quelques
gens comme la Fédération canadienne de l'entreprise
indépendante, des gens qui regroupent un secteur d'activité qui
est important, qui viennent ici nous dire: Bien, voici pourquoi, chez nous, on
a de la préoccupation.
Je vous ai entendu faire, aussi, dans votre réplique,
énormément de commentaires suivant une grande chaîne de
dépannage. J'aurai l'occasion d'y revenir demain, parce qu'on arrive
bientôt à la fin de nos travaux, obligation et règlement
faisant en sorte qu'on ne pourra pas dépasser minuit, parce que,
même si je donne mon consentement, je suis sûr et certain qu'on va
ajourner à minuit. Mais j'aurai l'occasion de revenir et de vous
demander d'entendre ces porte-parole pour voir exactement, parce que j'entends
toujours deux sons de cloche.
Alors, en ayant les gens assis ici, à ma gauche, près de
moi, en étant le dernier au bout de la table, ici, mais je serai
à loisir, à ce moment-là, de poser les questions et de
voir. Parce que, lorsque j'entends que ça va très bien dans le
monde du dépannage, puis vous nous citez des gens, bien, moi...
Une voix: Terminé, monsieur.
M. St-Roch: ...je regarde d'autres déclarations des
mêmes personnes qui nous disent: Je ne ris plus, moi, dans ma
chaîne, parce que j'ai perdu 3500 emplois.
Alors, M. le Président, raison de plus, fondamentale, et
j'espère que M. le ministre répondra à la privatisation...
que c'était prévisible, la rationalisation, et que nous pourrons
finalement entendre un organisme, qui est la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante. Je vous remercie. (23 h 10)
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député, merci, merci. Est-ce qu'il y a d'autres remarques sur la
motion? M. le député de Labelle, vous avez 10 minutes.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, M. le Président. Je voudrais
indiquer mon accord à ce que l'on entende à cette commission la
Fédération canadienne des épiciers indépendants. Je
voudrais d'abord simplement revenir, avant de commencer, sur cette étude
qui a été... cette étude, enfin, ce
document que le ministre a déposé, qu'il a pris sur lui,
alors qu'il s'agissait d'un groupe qui était pour et qui a payé
une étude. Et, encore une fois, je n'ai jamais vu un ministre prendre
pour lui un document fait par une partie intéressée au dossier.
Vraiment, le procédé est particulièrement gros en termes
démocratiques, et de l'avoir surtout déposé à
l'Assemblée nationale dans son débat. Franchement!
J'ai eu l'occasion de souligner, hier...
Le Président (M. Audet): Allez-y, M. le
député de Labelle, c'est vous qui avez la parole.
M. Léonard: le ministre serait mieux de se renseigner sur
les choses qui se font et qui ne se font pas à l'assemblée
nationale. ça ferait du bien, d'ailleurs.
Le Président (M. Audet): Allez-y, M. le
député.
M. Léonard: Alors, le ministre est revenu sur le mandat
qui avait été donné. Je l'ai critiqué, hier, et je
maintiens les critiques sur ce mandat, alors qu'on avait demandé
à ceux qui faisaient une certaine analyse de restreindre le mandat en ce
qui concerne les ventes au détail et d'y enlever l'alimentation et les
ventes dans le secteur automobile, quelles que soient les remarques qu'on
fasse. Parce que, s'il enlève le secteur automobile, c'est une partie
importante du marché de détail, et, en plus, eux-mêmes ont
convenu, pour eux, parce que c'était facile de s'entendre, de ne pas
ouvrir en fin de semaine, ce qui est bien indicateur de ce que veulent les
membres.
M. le Président, le ministre s'est plu à citer des
logarithmes et tout ce qu'on veut. Une des choses majeures de cette
étude, c'est, page 8, dernier paragraphe... j'en ai fait la critique et
je la maintiens. Si le ministre se contente, lui, d'études comme cela
pour tirer ses conclusions, je regrette, le Québec est en danger d'avoir
quelqu'un comme ça à la tête d'un ministère. Alors,
je voudrais simplement dire que, pour moi, c'est un élément au
dossier, apporté par des gens intéressés, et puis
ça reste là, mais il faut le prendre avec au moins des pincettes
sur ce plan-là.
En ce qui concerne un certain nombre d'autres choses sur les effets
économiques et, en particulier, de façon plus large, tout ce qui
concerne la théorie des grappes avec les théories de Michael
Porter, elles ont été mises très sérieusement en
doute aux États-Unis. Je sais que le ministre en fait sa lecture de
chevet, mais je l'inviterais à lire les publications des
économistes suivants: de Edward L. Glaeser, de Hedy Kallal, de
José Scheinkman, de l'Université de Chicago, et de Andrei
Shleifer, de l'Université Harvard. Vous les lirez. Si vous ne l'avez
pas, je vous en ferai parvenir une copie. Ça pourrait peut-être
temporiser toutes les affirmations que vous faites là-dessus et les
discours à la «preacher» que vous tenez ici au
Québec.
Alors, je voudrais revenir à la Fédération
canadienne des épiciers indépendants.
M. Houde: ...fatigué.
M. Léonard: Non, je ne suis pas fatigué du tout, M.
le député de Berthier...
M. Houde: Ça paraît.
M. Léonard: ...pas du tout fatigué, alors que,
vous, vous êtes incapable même de dire dix lignes, je pense. M. le
Président...
Une voix: Oh, oh!
Le Président (M. Audet): J'ai reconnu le
député de Labelle.
M. Léonard: ...la Fédération canadienne des
épiciers indépendants a écrit au premier ministre du
Québec, le 30 novembre 1992. Ce ne sont pas les derniers venus en la
matière. Ils représentent 3800 marchands indépendants,
supermarchés indépendants à la grandeur du Canada. On va
prendre une référence, on va s'en prendre une
référence là-dessus...
Une voix:...
Le Président (m. audet): monsieur, s'il vous plaît,
c'est m. le député de labelle qui a la parole. alors, si vous
voulez le laisser terminer. il a droit à ses 10 minutes en toute
quiétude. alors, m. le député, allez-y.
M. Léonard: Alors, 3800 supermarchés
indépendants et qui, justement, critiquent les arguments qui ont
été apportés et, notamment, le document qui a
été déposé par le ministre en Chambre que j'appelle
son mémo d'autojustifica-tion. On critique en particulier le
problème du marchandage outre-frontières. Évidemment, ils
disent, quant à eux, que, comme membres actifs - je traduis de
façon libre - d'un groupe «task force» canadien sur ce
phénomène du marchandage outre-frontières,
transfrontalier, l'association a étudié ce problème, cette
question en détail, et ce qu'elle dit, c'est que, malgré la
permission d'ouvrir le dimanche, ce qui a été fait en
Colombie-Britannique, ce phénomène, dans cette province, sur une
base per capita, a excédé celui qu'on a trouvé n'importe
où au Canada.
De plus, elle constate que l'ouverture des magasins le dimanche en
Ontario a eu très peu d'effets sur les sept mois derniers pour diminuer
la vague de commerce transfrontalier. Alors, je pense que l'essentiel de leur
argument, c'est vraiment de dire que ce qui amène les gens à
aller outre-frontières, c'est vraiment les taxes,
les différentiels de taxes et non pas l'ouverture des magasins le
dimanche, puisqu'en Ontario ils étaient déjà ouverts comme
d'ailleurs ici, au Québec, c'est déjà ouvert.
Alors, je pense que, sur ce plan-là, leur lettre, en tout cas,
ébranle très sérieusement toute l'argumentation du
ministre à l'effet que ça va diminuer le marchandage
outre-frontières, le commerce transfrontalier, effectivement. Je pense
que ça, c'est le sens commun, en plus, le sens commun.
Alors, M. le Président, l'essentiel, là-dedans, et c'est
un des points majeurs, parce qu'au-delà de l'hypothèse que les
ventes augmenteraient de 1 %, le point majeur qui avait été
soulevé, c'est, effectivement, que le commerce transfrontalier
diminuerait de façon considérable. Mais, au fond, tout le monde
sait que c'est le niveau de taxation sur le tabac, sur l'alcool, sur l'essence
qui amène, finalement, les Canadiens dans le cas, puisqu'il s'agit de la
fédération canadienne, à aller outre-frontières.
Alors, je crois qu'il serait très important que l'on entende ces gens.
Ils ont eu une expérience, ils ont fait une étude fouillée
sur la question, et j'ai pas mal plus confiance dans leurs études que
dans le mémo d'autojustification du ministre. Vraiment plus.
Alors, M. le Président, je sais que le ministre a
décidé qu'il n'entendait plus rien, plus personne et que,
finalement, ce qui avait été dit, il y a deux ans, qui l'avait
amené à conclure dans un sens, il le rejette du revers de la main
pour faire volte-face, une volte-face complète par rapport aux
orientations qui avaient eu cours à l'époque. Je pense que ces
gens n'ont aucune raison d'être mis de côté de la
façon dont ils le disent.
J'ajoute aussi un autre argument. Ce qu'on dit sur l'impact
négatif sur le mode de vie, je sais que cela peut faire rire certains.
Je sais, cela peut faire rire certains, mais j'inviterais le ministre à
lire la troisième page de leur lettre que j'ai déposée en
Chambre. Il devrait la lire, il l'a probablement lue, mais là il s'est
enferré dans une argumentation fallacieuse. On a eu un exemple, tout
à l'heure, vraiment un exemple fantastique. Là il dit qu'il va
s'amumer. Il s'amusera. Je sais qu'il va faire ses discours, ses sermons. Il en
fait constamment, mais qu'il sache d'avance que ce n'est pas cela qui va
m'impres-sionner, surtout pas. le président (m. audet): merci, m. le
député de labelle. est-ce qu'il y a d'autres interventions sur la
motion? m. le ministre, vous avez 30 minutes.
M. Gérald Tremblay
M. Tremblay (Outremont): Je vous remercie beaucoup, M. le
Président. Quand on n'a plus d'arguments, on attaque la personne.
Une voix: C'est ça. C'est en plein ça.
M. Tremblay (Outremont): C'est la tactique de l'Opposition qui
s'est attaquée au député de Berthier, il y a quelques
instants... Je corrige. La tactique du député de Labelle. La
tactique du député de Labelle, qui a attaqué
personnellement le député de Berthier, et également de la
députée de Taillon, qui, tout à l'heure, a traité
le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie d'être
totalement irresponsable. (23 h 20)
L'irresponsabilité se trouve plutôt du côté de
certaines personnes de l'Opposition qui font de l'obstruction
systématique. Le régime parlementaire se veut ainsi. J'aurais
pensé que le député de Drummond comprenait ce qui se
passait. J'ai même été très surpris que le
député de Drummond se pose des questions sur ce qui se passe
présentement. Pourtant, en 1990, il a assisté, du
côté de la deputation ministérielle, à 35 heures
d'obstruction systématique, avec les mêmes motions...
M. St-Roch: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Drummond.
M. St-Roch: Oui. Le ministre me prête des intentions ou des
motifs que je n'ai... Je lui rappellerai que je n'ai pas participé et
que j'avais quitté la commission de l'économie et du travail,
lorsqu'on a commencé l'étude du projet de loi.
Une voix: D'accord.
M. St-Roch: J'avais quitté la commission, après les
audiences et les auditions publiques.
Une voix: Ah oui?
Le Président (M. Audet): Je rappellerais aux membres, dans
le cas d'interventions comme celle-là, s'il arrivait que vous sentez que
vous avez été mal cité, le règlement vous permet de
le faire, mais à la fin de l'intervention de celui qui parle. Alors, M.
le ministre, vous avez toujours la parole.
M. Tremblay (Outremont): Alors, M. le Président, si c'est
le cas, si c'est le cas que le député de Drummond avait
quitté la commission, je ne m'en rappelais pas. Alors, je retire ce que
je viens de dire. Alors, je n'attendrai pas à la fin de l'intervention,
là. Je pense qu'il était en droit de poser cette
question-là et de faire le commentaire qu'il a fait. Par contre, il
était très au courant que ses collègues assistaient,
depuis 35 heures, à de l'obstruction systématique de
l'Opposition, avec les mêmes motions, les mêmes
motions d'entendre les mêmes personnes que nous avions entendues,
en commission parlementaire, pendant au moins une centaine d'heures.
L'Opposition, en plus, fait de l'improvisation. Je comprends, là,
quand on doit faire des 10 minutes et des 30 minutes, des fois, il faut
toujours improviser un peu. La députée de Taillon, tout à
l'heure, me disait, en me traitant de personne irresponsable, que la loi
était mal appliquée, n'était pas bien gérée
et qu'on n'appliquait pas la loi. D'ailleurs, la députée de
Verchères l'a repris un peu, ça, qu'on n'avait pas pris les
moyens nécessaires pour appliquer la loi.
Une voix: Marie-Victorin.
M. Tremblay (Outremont): Excusez, la députée de
Marie-Victorin. Alors, je voudrais juste dire à la députée
de Taillon que, quand elle fait valoir le point de vue de l'Association des
détaillants en alimentation, dans une lettre du 2 novembre 1992
adressée à tous les ministres, le président-directeur
général de cette association maintient que la loi sur les heures
d'ouverture des établissements commerciaux demeure équitable,
gérable, durable. Donc, elle a plus confiance, parce qu'elle me citait,
dans le ministre, que dans les représentations des personnes qu'elle
cite depuis tout à l'heure, l'Association des détaillants en
alimentation, qui dit aujourd'hui le contraire de ce qu'elle disait en 1990 et
1991, que la loi est équitable, gérable et durable.
Alors, dans ce sens-là, je pense qu'il y a une contradiction
flagrante, puis, quand on veut se servir d'un argument, je pense qu'il faut
avoir la cohérence jusqu'au bout des arguments. On a cité... Le
député de Labelle a cité un document très bien fait
par la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante
sur le magasinage des Québécois aux États-Unis, recherche
ou document. Alors, ce n'est plus un document du gouvernement; c'est un
document qui a été bien préparé et, à la
page... dans le résumé, on le dit... parce que la
députée de Marie-Victorin disait: II y a eu des pertes d'emplois
dans le secteur du dépannage, 3500 pertes d'emplois, et on attribue
ça aux heures d'affaires, alors que, quand on parle aux
dépanneurs, ils disent: Peut-être que les heures d'affaires ont eu
un impact, mais ils nous font toute une liste des facteurs qui ont
changé le secteur de l'alimentaire, entre autres, la contrebande au
niveau des cigarettes due, en partie, à la taxation.
Donc, j'aimerais qu'on me démontre hors de tout doute que les
3500 pertes d'emplois, c'est dû aux heures d'affaires. La
Fédération canadienne de l'entreprise indépendante dit:
Les résultats du sondage indiquent que les détaillants
québécois estiment avoir perdu des ventes totalisant 2 100 000
000 $ en 1991. Les petits détaillants ont perdu 1 100 000 000 $ de
ventes, et les détaillants plus grands, 1 000 000 000 $. Cette fuite
massive des ventes au détail s'est répercutée directement
sur le nombre d'emplois dans l'industrie. On estime à 19 000 le nombre
d'emplois à temps plein et à 17 000 le nombre d'emplois à
temps partiel perdus dans l'industrie du détail au Québec, en
1991. Donc, il y a eu des pertes d'emplois, on le reconnaît, mais ce
n'est pas dû aux heures d'affaires, parce que, ces pertes d'emplois, la
Fédération n'a même pas pris en considération les
heures d'affaires. Elle a pris en considération d'autres facteurs, entre
autres, la taxation.
Alors, dans ce sens-là, on peut regarder le projet sur les heures
d'affaires et dire: II y a eu des pertes d'emplois à cause de ce
projet-là. Peut-être, mais sûrement pas les 3500 qu'on
attribue dans le secteur alimentaire à cause des heures d'affaires, et
je dois dire que la nouvelle loi, et je le répète encore, vient
confirmer, hors de tout doute, que les petits dépanneurs, dans le
secteur alimentaire, vont être beaucoup mieux protégés avec
la loi, parce qu'on revient à une règle de quatre: quatre
personnes dans un commerce.
La députée de Marie-Victorin, je voudrais juste lui dire
que nous avons visite, fait des inspections pendant la période de
juillet 1990 au 30 novembre 1992: 6871. Alors, si c'est ça qu'on appelle
du laxisme dans les inspections et dans la gestion de la loi, je pense que le
nombre de poursuites initiées, 792, le nombre de condamnations, 213, et
les valeurs des amendes, aujourd'hui, c'est 348 500 $... Je pense qu'au niveau
du ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie il n'y a
pas eu de laxisme. Au contraire, tout a été fait pour assurer le
respect de la loi.
La nouvelle législation, je vais le répéter parce
que, des fois, on parle juste... On a dit: II n'y a pas de principe
derrière cette loi-là. Mais on le dit depuis le début, il
y a toujours les trois mêmes principes. Le gouvernement a toujours
été à l'écoute des trois mêmes principes pour
prendre des décisions: la première, l'égalité des
commerçants et des commerçantes devant la loi, les besoins
réels des consommateurs et des consommatrices, le maintien de la
qualité de vie de la population, notamment des travailleurs et des
travailleuses.
Alors, M. le Président, vous allez comprendre que je vais voter
contre la motion de l'Opposition pour entendre la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante. Vous savez que la
Fédération canadienne de l'entreprise indépendante est un
organisme à but non lucratif et politiquement neutre, fondé en
1971 afin de promouvoir les intérêts de la petite et moyenne
entreprise. S'il n'y a pas de limite à l'importance de l'activité
des entreprises membres de la Fédération, celles-ci doivent
être détenues en propriété exclusive et non des
filiales d'autres sociétés. Plus de 85 000 entreprises
indépendantes sont membres de la Fédération à
travers le
Canada, dont 17 000 au Québec. En 1981, la
Fédération a créé une direction des affaires
provinciales au Québec et, en juin 1986, une direction
générale Québec a été instituée
à Montréal avec un personnel législatif et de recherche,
afin de représenter plus efficacement ses entreprises membres
auprès des gouvernements et agents socio-économiques. (23 h
30)
Quelle est la mission, M. le Président, de la
Fédération canadienne- de l'entreprise indépendante? Je
pense que ce serait très important qu'on comprenne bien la mission de
cette fédération. Alors, la mission de l'organisme est
d'intervenir auprès des gouvernements fédéral, provinciaux
et municipaux sur les facteurs essentiels externes qui ont un impact sur les
petites et moyennes entreprises. Cette mission est donc - et, là, je
cite la mission de la Fédération canadienne de l'entreprise
indépendante - la promotion, la préservation du système de
libre entreprise soumis au jeu de la concurrence. Je pense que je vais le
reciter, ce petit bout-là. Cette mission est donc la promotion, la
préservation du système de libre entreprise soumis au jeu de la
concurrence, le renforcement de l'esprit d'entrepreneurship au Canada pour
ainsi permettre aux propriétaires dirigeants d'entreprises
indépendantes d'exercer une influence plus grande sur le processus
d'élaboration des lois qui régissent les activités des
sociétés commerciales et de l'ensemble de la communauté.
Je dois prendre l'occasion pour saluer Michel Décary,
vice-président exécutif et directeur général qui
est présent ici, et le féliciter pour l'excellent travail que la
Fédération canadienne de l'entreprise indépendante fait.
Parce qu'elle sensibilise le gouvernement à des préoccupations
excessivement importantes. Par exemple, les déficits. Des
déficits, c'est important parce que ça affecte le taux
d'intérêt des gouvernements et le coût de capital pour les
petites et moyennes entreprises. Alors, dans ce sens-là, qu'on vienne
sensibiliser le gouvernement à l'importance d'équilibrer ses
finances publiques, c'est important. Alors, dans ce sens-là, j'ai
très hâte que la Fédération, par le biais de son
vice-président exécutif et directeur général,
vienne, au mois de février, au forum sur la fiscalité et les
équilibres budgétaires, nous expliquer non pas uniquement qu'on a
des problèmes, mais quelles sont les solutions concrètes que nous
pouvons, en tant que gouvernement, mettre en place pour répondre aux
besoins réels des petites et moyennes entreprises.
Des représentations, également, M. le Président, au
niveau de la taxation. Et, également, des représentations
importantes au niveau de la réglementation gouvernementale et de la
bureaucratie. Dit d'une autre façon, l'omniprésence des
gouvernements dans la réglementation, entre autres, pas uniquement, mais
entre autres des petites et moyennes entreprises. La mission est donc la
promotion, la préservation du système de libre entreprise soumis
au jeu de la concurrence. Donc, on devrait nous demander de
déréglementer, parce que c'est ce qu'on nous demande. On nous a
demandé de déréglementer, d'être moins
omniprésent et de laisser plus de latitude aux entreprises pour
justement soumettre l'entreprise privée au jeu de la concurrence et de
la libre entreprise.
Quels sont les membres de la Fédération canadienne de
l'entreprise indépendante? Alors, les entreprises membres oeuvrent dans
tous les secteurs de l'économie, leur répartition dans chaque
province reflétant la structure économique provinciale. Au
Québec, par exemple, la composition sectorielle des membres est la
suivante. .Et ça, c'est important, M. le Président, qu'on sache
quels sont les membres de la Fédération canadienne de
l'entreprise indépendante. Agriculture, pêches, forêts,
mines, 3,5 % des membres. Ces commerces peuvent travailler 24 heures par jour,
7 jours par semaine. Construction, 10,8 %. Ces commerçants, ces
entrepreneurs peuvent faire des affaires 24 heures par jour, 7 jours par
semaine. Fabrication et traitement, 16,1 %. Ces commerces peuvent opérer
24 heures par jour, 7 jours par semaine. Transport et services publics, 3,9 %.
Ces commerces peuvent opérer 24 heures par jour, 7 jours par semaine.
Commerces de gros, 5,4 %. Ces commerces peuvent opérer 24 heures par
jour, 7 jours par semaine. Financement, assurance et immobilier, 3,3 %. Ces
commerçants peuvent opérer leur commerce 24 heures par jour, 7
jours par semaine. Services, 23,5 %. Ces commerces peuvent opérer 24
heures par jour, 7 jours par semaine. Commerces de détail, 33,6 %.
Si c'est si important pour les commerces de détail,
peut-être que la Fédération canadienne de l'entreprise
indépendante va nous faire une demande, pour que nous
réglementions tous les secteurs, pour empêcher des secteurs de
travailler 24 heures par jour, 7 jours par semaine. Ils peuvent le faire, mais
ils ne le font pas, en pratique. Alors, il me semble que quand on a des
intervenants qui viennent, au niveau gouvernemental, nous dire: II faut
réduire les déficits, la taxation, et également la
réglementation, bien, il faut... Et on nous dit, dans la mission: La
libre entreprise soumise au jeu de la concurrence. Il me semble qu'on ne va pas
jusque-là. On ne va même pas jusque-là dans le projet de
loi. On essaie d'équilibrer ça.
Le consensus, et là je vais répondre au
député de Labelle, ça me fait plaisir et j'ai bien
hâte à son intervention, au cours des prochains jours, qu'on
m'explique la question que je vais lui poser. Le consensus, la
Fédération canadienne de l'entreprise indépendante est
unique au Canada. Et là je me réfère à la lettre du
30 novembre 1992 du député de Labelle que j'ai lue, que j'ai
annotée, que j'ai relue deux, trois et même quatre fois, pour
essayer de comprendre
comment il se fait que cette Fédération canadienne de
l'entreprise indépendante, qui représente également des
commerces indépendants dans le secteur du détail ailleurs au
Canada... Ce n'est pas juste au Québec. Comment se fait-il que c'est le
premier ministre du Québec, M. Robert Bourassa, qui reçoit une
lettre sur les heures et les jours d'admission dans les établissements
commerciaux? Est-ce que le premier ministre de l'Ontario, M. Bob Rae, en a
reçu une de la Fédération canadienne de l'entreprise
indépendante pour faire des représentations, pour savoir pourquoi
on ne s'objecte pas en Ontario pour l'ouverture? Parce que c'est le même
groupe. Le consensus, là, est unique au Canada. Parce que tout ce que je
peux dire, c'est que je n'ai pas vu de publicité dans les journaux
à l'effet... Non. Une fédération est supposée
être complice avec tous ses membres. Alors, dans ce sens-là, je
n'ai rien vu en Ontario, je n'ai rien vu au Manitoba et je n'ai rien vu au
Nouveau-Brunswick.
Et, quand je lis cette lettre, on reprend sensiblement, sauf l'argument
pour les commerces de détail, les arguments qu'on a invoqués tout
à l'heure. Je vais en prendre un à la page 2. «Indeed, the
retail food in distribution industry has worked very hard to improve
efficiencies over the past several years and on most items can now provide a
comparable price for a comparable product.» Ah! Ça, c'est
important. Ça, c'est le travail de la Fédération de
s'assurer que ses membres offrent les meilleurs produits à des prix
comparables. Et, dans ce sens-là, des efforts considérables ont
été faits et je reviens à l'étude de Price
Waterhouse qui dit clairement qu'il y a des améliorations importantes
à apporter au niveau de nos commerçants au détail. Et je
cite, à la page 9: «Les détaillants québécois
se doivent donc de faire des efforts additionnels pour reprendre leur part des
dollars disponibles. L'ouverture des commerces le dimanche s'inscrit dans cette
ligne.»
Deuxième argument qui a été invoqué. On dit:
«Taxation levels on tobacco.» On est d'accord.
Troisième argument: «Actions on items such as these will be
much more efficient in retaining consumers in Québec, then removing the
restrictions on Sunday shopping.» C'est ce qu'on fait au Québec
avec Qualité-Québec.
C'est drôle, vous n'en parlez pas beaucoup de
Qualité-Québec. Vous n'en parlez pas beaucoup puis, pourtant, le
président du Mouvement Desjardins est venu dire de façon
importante que, si les Québécois et les Québécoises
dépensaient 20 $ d'achats additionnels de produits
québécois, on créerait possiblement 100 000 emplois au
Québec. Alors, dans ce sens-là, je pense que... Je l'ai lue
attentivement, M. le Président, la lettre de la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante, et je me dis une chose: s'il y
a un consensus, puis c'est unique au
Canada, ce n'est pas juste unique pour le Québec et, dans ce
sens-là, la même dynamique s'est créée en Ontario,
au Nouveau-Brunswick et au Manitoba et, jusqu'à preuve du contraire, je
n'ai pas vu dans les journaux la Fédération canadienne de
l'entreprise indépendante s'objecter à l'ouverture des commerces
pour les mêmes raisons parce que j'assume qu'en Ontario, qu'au
Nouveau-Brunswick, qu'au Manitoba il y en a, des petits commerçants
aussi. J'assume ça. Ce n'est pas juste des grandes surfaces, parce qu'on
a eu, entre autres, des études tout à l'heure pour
démontrer qu'il y a des petits commerçants. Alors, dans ce
sens-là, M. le Président, j'ai beaucoup de respect pour le
travail qui est fait par le vice-président exécutif et le
directeur général de la Fédération canadienne de
l'entreprise indépendante, division du Québec et je suis
entièrement d'accord avec la mission principale de cet organisme, et je
le répète, qui est de préserver un système de libre
entreprise soumis au jeu de la concurrence. (23 h 40)
Je voudrais aborder un autre sujet, parce que je l'avais
mentionné au député de Masson. J'avais mentionné
ça au député de Masson que j'en parierais un petit peu.
Vous savez, M. le Président, si nous trouvions des solutions
concrètes à nos problèmes de société, je
pense que nous réglerions 50 % de nos problèmes
économiques. Ces problèmes de société sont devenus
très importants: le chômage, la pauvreté, l'évasion
fiscale, le travail au noir, les gens qui exploitent le système de plus
en plus, la criminalité, la délinquance, l'usage de la drogue, le
décrochage scolaire et le suicide, particulièrement chez les
jeunes.
Et c'est avec beaucoup de satisfaction que j'ai vu que le chef de
l'Opposition, aujourd'hui, le 9 décembre 1992, a fait une
conférence de presse. Il a fait une conférence de presse et, dans
son préambule, il a dit: La division du Québec en deux parties,
dont l'une s'enfonce graduellement dans une trappe de pauvreté, de
maladie et de chômage, mérite davantage d'attention que de
supprimer l'organisme qui l'a révélée et analysée.
Et également, il dit: Et même à supposer qu'on y arrive,
ramener une croissance économique convenable et une augmentation de
l'emploi n'améliorera pas substantiellement les finances publiques si,
à la faveur des augmentations de taxes, le travail au noir,
l'évasion fiscale et la fraude fiscale continuent de s'étendre.
Si le chef de l'Opposition est réellement sérieux dans ses propos
- et je n'en doute pas, je pense qu'il est fondamentalement sérieux - je
ferais une suggestion. Je ferais la suggestion suivante, lorsque j'aurai fini
mon bref exposé. Je ferai la suggestion qu'on passe le plus rapidement
possible - parce que c'est également la demande du député
de Drummond - à l'analyse du projet de loi article par article, pour
qu'on arrête l'obstruction systématique et qu'on
consacre toutes nos énergies à ces problèmes de
société, parce que, si nous réglons ces problèmes
de société, on va régler 50 % de nos problèmes
économiques.
M. le Président, il y a des changements majeurs d'attitude et de
comportement qui s'imposent. Et c'est la raison pour laquelle on a
annoncé un forum sur la fiscalité et sur les équilibres
budgétaires, pour qu'on arrête de parler uniquement des
problèmes et qu'on identifie de façon très concrète
des solutions. Parce qu'il ne faut pas oublier qu'il y a 30 ans, lorsque nous
étions riches, nous n'avions presque pas de chômage, 3 %, pas de
déficit, presque pas d'endettement. Et, de cycle économique en
cycle économique, nous avons accumulé des déficits, de
l'endettement et, aujourd'hui, le taux de chômage est rendu à un
niveau totalement inacceptable. J'espère honnêtement que ce forum
sur la fiscalité et les équilibres budgétaires va
s'adresser aux vraies solutions et que nous allons les mettre en application.
Et dans ce sens-là, si l'Opposition veut réellement tendre, comme
le dit, la main au gouvernement, j'ai bien hâte d'entendre une suggestion
concrète pour trouver des solutions à ces problèmes.
L'organisation du travail implique également des changements
majeurs profonds. Notre économie n'est plus basée sur une
économie de production de masse, mais une économie de valeur
ajoutée et dans ce sens-là tous les intervenants ont un apport
important pour qu'on améliore l'organisation du travail, et,
évidemment, la bureaucratie et la réglementation. On ne peut pas
toujours venir voir le gouvernement et dire au gouvernement:
Protégez-nous, d'un côté, et, par la suite, dire au
gouvernement, quand ça fait moins notre affaire: C'est trop
réglementé, il y a trop de bureaucratie. Et, dans ce
sens-là, les heures d'affaires, ça répond d'une
façon raisonnable. C'est encore un compromis. C'est évident que
ça ne peut pas plaire à tout le monde, mais, une chose est
certaine, c'est que ça plaît à la majorité.
Donc, M. le Président, on doit retourner le plus rapidement
possible aux valeurs qui nous ont permis d'être ce que nous
étions. Je ne dis pas: ce que nous sommes, je dis: ce que nous
étions, c'est-à-dire la discipline de l'effort et de
l'excellence. Et c'est dans ce sens-là que j'ai été
profondément marqué lorsque 74 élèves du secondaire
IV et du secondaire V de l'école Louise-Trichet de Montréal nous
ont donné une bonne leçon. Ils ont raison. C'est à nous de
donner l'exemple aux jeunes.
D'autres valeurs importantes: la solidarité, l'entraide, par
opposition à des querelles stériles, de l'obstruction
systématique où nous ne réglons absolument rien. L'autre
valeur qui est profondément importante, c'est le travail bien fait du
premier coup, partout, à tout coup. Et j'entends, de l'autre
côté, certains membres de l'Opposition dire: Les jeunes ne doivent
pas travailler, et on cite des documents pour dire que, si les jeunes
travaillent trop, ça va leur causer certains problèmes. Alors,
j'aimerais vous dire que je connais des jeunes, je connais des jeunes qui
travaillent 15 à 20 heures par semaine pour payer leurs études.
Ces jeunes réussissent, ces jeunes sont prêts à travailler.
C'est un exemple pour la société de demain. Et quand on attaque
et on continue toujours, toujours, toujours d'attaquer ceux et celles qui
réussissent au Québec... On a attaqué Laurent Beaudoin, on
a attaqué Laurent Verreault, on a attaqué André Bisson, on
a attaqué Club Price par le biais de Pierre Mignault, on a
attaqué Jean Coutu. Il me semble qu'on commence à avoir un gros
problème au Québec.
Le Président (M. Audët): Si vous voulez conclure, M.
le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Ces personnes ont travaillé
très fort pour bâtir leur entreprise et, dans le cas de Jean
Coutu, on parle de pharmaciens qui sont propriétaires de leur pharmacie.
Parce qu'une pharmacie doit être la propriété d'un
pharmacien. Et ce que Jean Coutu fait, c'est essentiellement d'être le
distributeur pour permettre à tous ces petits pharmaciens d'avoir
accès à une clientèle. Et c'est dans cette optique - et je
termine, M. le Président - qu'en complicité avec le Mouvement
Desjardins, avec les représentants des travailleurs et des
travailleuses, avec les entreprises - et ça, ça répond
directement aux préoccupations du député de Bertrand et il
a absolument raison - on doit, le plus rapidement possible, trouver plus de
produits distinctifs, de qualité, à un prix compétitif
fabriqués au Québec, vendus par des entreprises du Québec,
mais encore faut-il que nos entreprises consacrent toutes leurs énergies
à répondre aux besoins réels...
Le Président (M. Audet): Merci.
M. Tremblay (Outremont): de la population. Et, dans ce
sens-là, les sondages démontrent que 80 % de la population veut
avoir accès aux commerces le dimanche.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur la motion du député de
Bertrand? Alors, on doit disposer de la motion. Est-ce que la motion est
adoptée?
Des voix: Adopté. Une voix: Rejeté.
Le Président (M. Audet): Alors, on doit passer au vote. M.
le secrétaire, si vous voulez appeler les députés. (23 h
50)
Mise aux voix
Le Secrétaire: M. Beaulne (Bertrand)? M. Beaulne:
Pour, pour la motion. Le Secrétaire: M. Blais (Masson)? M.
Blais: Pour.
Le Secrétaire: M. Léonard (Labelle)? M.
Léonard: Pour.
Le Secrétaire: Mme Vermette (Marie-Vic-torin)?
Mme Vermette: Pour.
Le Secrétaire: Mme Marois (Taillon)?
Mme Marois: Pour.
Le Secrétaire: M. St-Roch (Drummond)?
M. St-Roch: Pour.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Outremont)?
M. Tremblay (Outremont): Contre.
Le Secrétaire: M. Benoit (Orford)?
M. Benoit: Contre, M. le Président.
Le Secrétaire: M. Bordeleau (Acadie)?
M. Bordeleau: Contre.
Le Secrétaire: M. Lemire (Saint-Maurice)?
M. Lemire: Contre.
Le Secrétaire: M. Gautrin (Verdun)?
M. Gautrin: Contre.
Le Secrétaire: M. Lafrenière (Gatineau)?
M. Lafrenière: Contre.
Le Secrétaire: Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata)?
Mme Dionne: Contre.
Le Secrétaire: M. Audet (Beauce-Nord)?
Le Président (M. Audet): Contre. Alors, est-ce que nous
sommes prêts à procéder à l'étude du projet
de loi?
Mme Vermette: M. le Président, j'aurais...
Le Président (M. Audet): Excusez-moi. La motion est
rejetée à 8 contre 5.
Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. À ce stade-ci,
j'aurais une motion à déposer.
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député Drummond, s'il vous plaît! M. le
député de Drummond, À l'ordre, s'il vous plaît!
Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui, je voulais vous aviser...
M. Blais: Je m'excuse, une question de règlement, M. le
Président. Excusez-moi, madame.
Mme Vermette: Oui, allez-y, M. le député de
Masson.
M. Blais: Vous nous avez dit tantôt, M. le
Président, que, si, dans une intervention ministérielle, les gens
de l'Opposition s'étaient cru mal cités ou mal
interprétés, on pouvait revenir après. C'est bien le
cas?
Le Président (M. Audet): Ce n'est pas juste pour les gens
de l'Opposition, c'est pour tous les membres de la commission
parlementaire.
M. Blais: Donc, l'Opposition doit être incluse.
Le Président (M. Audet): Mais il doit le faire
immédiatement. Oui, oui, évidemment.
M. Blais: Je pense que l'immédiat, ce doit être tout
de suite.
Le Président (M. Audet): Immédiat.
M. Blais: Est-ce qu'il y a une différence entre
immédiat et tout de suite?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): Non, c'est parce que
«immédiat», ça veut dire que, si vous faites, M. le
député de Masson, allusion à l'intervention du ministre,
vous auriez dû le signaler immédiatement, tout de suite
après l'intervention du ministre. Bien non, là, on a
disposé de la motion, on a voté et tout ça, ce n'est plus
immédiatement, c'est un petit peu plus tard.
M. Blais: Vous avez appelé le vote, je ne pouvais pas
parler.
Le Président (M. Audet): Non, j'ai demandé s'il y
avait d'autres interventions. Vous n'avez pas répondu. Alors, j'ai
présumé...
M. Blais: Ah! O.K.
Le Président (M. Audet): ...que, n'ayant pas
répondu, vous n'aviez pas d'autres interventions, M. le
député.
M. Blais: Mais est-ce que je pourrais avoir le consentement pour
relever quelque chose, de la part du parti au pouvoir?
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'il y a consentement,
les gens de...
Des voix: Consentement.
Le Président (M. Audet): Rapidement.
M. Blais: Je vous remercie de votre délicatesse.
Rapidement, à cette heure-ci, je parle lentement. M. le ministre, vous
avez dit, dans votre exposé... On ne partage pas toutes les idées
que vous avez dites, c'est bien sûr, parce qu'on a le droit à
ça, mais il y a une chose que vous avez dite qui frappait tous les
membres de l'Opposition et surtout le député de Labelle, qui
s'est senti un peu vexé d'entendre ça, et c'est la phrase
suivante. Vous avez dit, à un moment donné, en parlant des
étudiants, que l'Opposition nous disait qu'on ne voulait pas que les
étudiants travaillent et, personnellement, je n'ai, je crois, entendu
aucune personne de ce côté-ci faire une telle affirmation.
J'aimerais que vous sachiez, à moins que vous en ayez l'assurance, que
c'est complètement faux.
On a dit, cependant, que les emplois partiels seraient à des
étudiants, à des femmes... C'est parce que vous l'aviez dit.
Mais, qu'on ne veut pas que les étudiants travaillent, il ne faudrait
pas que ça reste de cette façon, ce n'est pas ce qu'on a voulu
laisser croire.
M. Léonard: Ce n'est pas si général que
ça.
M. Blais: Non.
Le Président (M. Audet): D'accord. Merci, M. le
député
M. Léonard: De la façon générale dont
on l'a dit, on ne voulait pas que les étudiants travaillent...
Le Président (M. Audet): Non, ça va. J'ai
reconnu...
M. Léonard: ...et, dans le contexte.
Le Président (M. Audet): Ça va, M. le
député de Labelle, ça va.
M. Léonard: ...ça n'avait pas de sens, ce n'est pas
ça qu'on a dit du tout.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Masson a pris la parole là-dessus.
M. Blais: J'ai l'impression que ce n'est pas... Je vous pose la
question: Quelle interprétation de cette phrase...
Le Président (M. Audet): Ça va, merci, M. le
député de Masson.
M. Blais: Bien, je lui ai demandé une question.
Le Président (M. Audet): Allez-y, M. le ministre.
Avez-vous quelque chose à répondre là-dessus?
M. Tremblay (Outremont): On va avoir le temps demain, on va
ressortir les...
Le Président (M. Audet): D'accord.
M. Tremblay (Outremont): Voir ce qui a été dit.
Parce que ça a été cité dans le rapport.
Le Président (M. Audet): Alors, j'avais reconnu Mme la
députée de Marie-Victorin.
Une voix: M. le Président, une petite question de
règlement.
Le Président (M. Audet): M. le ministre répond
qu'il va donner la réponse demain, il va vérifier.
M. Tremblay (Outremont): C'est parce qu'il me semble que j'ai
compris ça, alors, je vais ressortir et on va voir.
Une voix: On faisait référence à...
Le Président (M. Audet): II va le vérifier, c'est
ça.
M. Tremblay (Outremont): On faisait référence
à quoi, là?
Mme Marois: À un document publié par la commission,
le Conseil de la jeunesse, qui disait qu'il y avait un lien entre le
décrochage et le fait que les jeunes travaillaient un nombre d'heures
trop élevé.
Le Président (M. Audet): D'accord, ça va. Une
voix: Du secondaire, pas au cégep. Le Président (M.
Audet): Ça va.
M. Blais: Je remercie beaucoup le ministre d'avoir dit qu'il a eu
l'impression qu'on avait dit ça et ce n'est pas, ce soir, une certitude
et que vous allez faire des vérifications dans les
galées...
M. Tremblay (Outremont): Non, mais...
M. Blais: ...pour voir si c'était quelque part. C'est
ça?
M. Tremblay (Outremont): On ne veut pas revenir là-dessus.
Il va rester... Avec votre permission...
M. Blais: Non, mais c'est fini, de toute façon.
Le Président (M. Audet): Je suppose que vous en prenez
note, de ce que le député vient de...
M. Tremblay (Outremont): Non, je vais répondre parce que
je pense que la députée de Taillon...
Le Président (M. Audet): Bon, bien, allez-y.
M. Tremblay (Outremont): ...ce qu'elle vient de dire, c'est ce
qui a été dit. Ce rapport dit que les étudiants qui
travaillent trop d'heures, ça a un impact sur le décrochage
scolaire. Alors, dans ce sens, je qualifie les propos que j'ai dits tout
à l'heure. L'Opposition ne veut pas que les étudiants travaillent
trop d'heures.
M. Blais: Si vous le dites de cette façon-là, je
comprends.
Le Président (M. Audet): II faut faire attention, attendez
un instant. Le député de Masson a soulevé une question de
règlement. J'ai dû obtenir le consentement pour que vous puissiez
faire non pas une question de règlement, mais faire votre intervention
en vertu du règlement. J'ai reconnu le consentement. Là, il y a
trois députés qui sont intervenus. J'avais déjà
reconnu Mme la députée Marie-Victorin. Alors, bon, c'est
réglé, là. M. le député de l'Acadie.
M. Bordeleau: Une question de règlement, M. le
Président. En vertu de l'article 212, on dit: «Tout
député estimant que ses propos ont été mal compris
ou déformés peut donner de très brèves explications
sur le discours qu'il a prononcé.»
Le Président (M. Audet): De très brèves
explications, exactement.
M. Bordeleau: «II doit donner ces explications
immédiatement après l'intervention qui les suscite. Elles ne
doivent apporter aucun élément nouveau à la discussion, ni
susciter de débat.»
Alors, j'ai l'impression qu'à date ce n'est pas ce qui se produit
et ce n'est pas conforme au règlement.
Le Président (M. Audet): Vous avez raison, merci. M. le
député de Masson.
M. Blais: Vous avez cité que c'était l'article
212?
Le Président (M. Audet): Oui, exactement, c'est l'article
212.
M. Blais: À 11 h 57, à 212, ça bout comme
ailleurs. Et c'est peut-être pour ça qu'il y a plus
d'effervescence que nous voulions en mettre!
Le Président (M. Audet): Ce n'est pas une question de
règlement, M. le député.
M. Blais: Ah! je ne savais pas. Excusez-moi. Je n'ai pas
l'habitude parlementaire.
Le Président (M. Audet): Alors, j'avais reconnu Mme la
députée de Marie-Victorin. Mme la députée, vous
avez la parole, sur une motion.
M. Blais: Question de règlement, M. le Président.
Vu qu'il est 11 h 58, est-ce qu'on pourrait, d'un commun accord, dire que notre
journée est terminée et recommencer seulement demain matin? Je
demanderais - je pense que de notre côté, on serait d'accord - au
ministre si ces deux minutes sont très importantes tout simplement.
Le Président (M. Audet): M. le Président, moi, j'ai
reconnu, Mme la députée de Marie-Victorin.
M. Blais: Mais, moi, j'ai demandé une question de
règlement et vous m'avez reconnu.
Le Président (M. Audet): Ce n'est pas une question de
règlement, c'est une proposition que vous faites à la commission
là.
M. Blais: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Audet): La députée de
Marie-Victorin avait demandé la parole. Je l'ai reconnue. Elle a la
parole. Vous ne pouvez pas lui enlever son privilège là, quand
même, il reste quelques minutes.
L'ordre de l'Assemblée, M. le député, nous dit
qu'on doit terminer nos travaux à minuit. Étant donné que
j'avais reconnu la députée, si la députée juge
à propos de le faire, ce que vous dites-là, elle le fera. C'est
elle qui a la parole présentement. Alors, Mme la députée
de...
M. Blais: M. le Président, question de directive.
J'aimerais vous demander de quelle façon je peux, sans brimer le
règlement, ni le droit de parole de qui que ce soit, demander à
la commission qui siège actuellement, vu qu'il ne
reste plus qu'une minute et demie, de quelle façon on peut s'y
prendre pour décemment remettre nos travaux à demain.
M. Tremblay (Outremont): Une question d'information.
Le Président (M. Audet): Bon, écoutez
là...
M. Tremblay (Outremont): Est-ce que la motion de l'Opposition est
dactylographiée? Voulez-vous gagner du temps ou revenir demain, est-ce
ça l'idée?
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Marie-Victorin, écoutez, bon, je vous avais reconnue. On souligne, on
souhaite, on veut vous empêcher de parler, enfin, là. Il reste
deux minutes.
Mme Vermette: Est-ce qu'on peut remettre à demain, M. le
Président, le dépôt de la motion parce qu'en fait
c'était ça que je voulais faire, je me proposais de
déposer une motion, mais on peut la remettre à demain et la
déposer demain.
Le Président (M. Audet): Alors, vous en faites le souhait.
Il n'y a pas d'objection?
M. Tremblay (Outremont): C'est le président qui
décide.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Marois: Avec le consentement des partis.
Le Président (M. Audet): Non, non, non. Il y a un ordre du
jour ici. Alors...
M. Blais: Question de règlement. Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Blais: Je comprends la collaboration du ministre en disant que
c'est le président qui décide, mais sachez - et vous le savez,
j'en suis persuadé, comme parlementaire - que l'ordre que le
président a reçu, c'est de siéger jusqu'à minuit.
Si nous facilitons sa tâche en lui expliquant pourquoi il doit tenir
jusqu'à minuit, là, la motion, de façon automatique, sera
remise à demain. Je pense que cette explication doit certainement...
Le Président (M. Audet): Merci. Alors, la commission
ajourne ses travaux.
Des voix: Ha, ha, ha! (Fin de la séance à 23 h 59)