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(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! Alors, je déclare la séance de la commission de
l'économie et du travail ouverte. Je vous rappelle le mandat de la
commission, qui est de procéder à l'étude
détaillée des projets de loi suivants: projet de loi 48, Loi
modifiant la Loi favorisant l'augmentation du capital des petites et moyennes
entreprises, et projet de loi 49, Loi concernant certains règlements
pris en application de la Loi sur les sociétés de placements dans
l'entreprise québécoise.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M.
Bélanger (Laval-des-Rapides) par M. Forget (Prévost), M. Leclerc
(Taschereau) par M. Beaudin (Gaspé) et M. Jolivet (Laviolette) par M.
Filion (Montmorency).
Le Président (M. Audet): D'accord, merci. Alors, nous
allons débuter par le projet de loi 48. Est-ce qu'il y a des remarques
préliminaires, M. le ministre? Vous avez droit à 20 minutes.
Remarques préliminaires M. Gérald
Tremblay
M. Tremblay (Outremont): Merci, M. le Président.
J'aimerais, tout d'abord, mentionner que je suis accompagné aujourd'hui
par M. Jean Théberge, qui est un avocat du secteur privé et qui
agit comme conseiller de la Société de développement
industriel du Québec au niveau des sociétés de placements
dans l'entreprise québécoise; Mme Marie-Claire Poupart, qui est
directrice de projets à la Société de développement
industriel du Québec et qui est également impliquée au
niveau des sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise; également, M. Robert Lachance, qui est membre
du contentieux de la Société de développement industriel
du Québec.
Essentiellement, le projet de loi 48 favorisant l'augmentation du
capital des petites et des moyennes entreprises est modifié de trois
façons. Première modification, qui est une conséquence du
discours sur le budget du 14 mai 1992 et, dans ce sens-là... À ce
moment-là, nous parlions uniquement d'actions ordinaires ou de
debentures convertibles. Alors, le budget prévoit maintenant qu'un
placement prenant la forme d'une souscription d'action
privilégiée convertible en action ordinaire sera également
admissible. Cette mesure s'applique à compter du 15 mai 1992.
Deuxième modification, qui est la suite d'un bulletin d'information,
d'un communiqué, si vous voulez, du ministère des Finances, du 30
juin 1992, qui permet maintenant ou qui rend admissible le programme favorisant
l'augmentation du capital des PME aux entreprises de productions
cinématographiques et télévisuelles et à certaines
autres entreprises, du secteur culturel. Finalement, la troisième
modification, c'est pour mieux définir le secteur touristique.
Alors, ce ne sont pas des changements majeurs. Je pense que c'est des
changements importants qui avaient été demandés,
principalement dans le secteur culturel, par de nombreux intervenants. Le
gouvernement considère que c'est avantageux de favoriser l'augmentation
du capital pour les petites et moyennes entreprises. Dans ce sens-là, je
demande la collaboration de l'Opposition pour donner suite le plus rapidement
possible à ces modifications au projet de loi 48.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le ministre. M. le
député de Labelle, est-ce que vous avez des remarques
préliminaires ou si vous êtes prêt à débuter
l'étude du projet de loi?
M. Léonard: M. le Président, j'ai des remarques
préliminaires.
Le Président (M. Audet): Ha, ha, ha! Allez- y-
M. Jacques Léonard
M. Léonard: M. le Président, d'abord, je remercie
le ministre quand il dit: Je compte sur la collaboration de l'Opposition. Oui,
on a toujours collaboré, l'Opposition. Quand on a étudié
le projet de loi 410, effectivement, nous avions collaboré. Nous avions
posé des questions qui avaient amené certaines réponses et
je pense aussi à un certain amendement.
M. le Président, au tout départ, je voudrais, moi aussi,
souhaiter la bienvenue à M. Jean Théberge, à Mme Claire
Poupart et à M. Robert Lachance. Le ministre a salué leur
présence. Je vois que M. Théberge est revenu. C'est un
contractuel qui rédige des projets de loi. C'est lui qui a
présidé aussi à la loi 410. Je pense qu'il a
présidé aux travaux, à la confection de la loi 410.
Ça m'amène quand même à faire une remarque
là-dessus parce que, la loi 410, elle devait être parfaite quand
elle est sortie d'ici, au mois de juin. On l'avait étudiée en
commission parlementaire et, six mois après, on a
encore des amendements, c'est-à-dire qu'on l'avait
étudiée au printemps dernier et, six mois après, on
apporte d'autres amendements, on l'améliore. Je suppose que, dans ce
processus qui a présidé à sa rédaction, on
s'aperçoit qu'il y a eu quelques problèmes. Il a fallu rectifier
le tir. Il a fallu élargir. Le ministre n'avait pas, à ce moment,
bien pensé son projet de loi et il est amené, six mois
après, à le modifier. C'est un processus quasi
réglementaire. On peut modifier des règlements à tous les
six mois, mais, les projets de loi... Je connais un domaine où on fait
ça et je trouve que c'est déplorable, c'est le domaine des lois
municipales; on les modifie souvent, mais il y a une réalité
très, très vaste là-dedans.
Mais, ce que je constate, M. le Président, c'est qu'on a
étudié un projet de loi l'an dernier et on se ramène avec
des modifications à ce projet de loi. J'avais fait certaines remarques
qui ne visaient pas les personnes à l'époque, qui, quand
même, déploraient une situation où on faisait appel
à des contractuels pour rédiger les projets de loi. Là,
c'est le ministère ou c'est le contractuel qui n'a pas
complété son travail ou qui a mal fait son travail pour qu'on
soit ramenés ici à reprendre les travaux qu'on avait faits.
Quoi qu'il en soit, M. le Président, je leur souhaite quand
même la bienvenue. Je suppose qu'on va avoir à travailler durant
cet avant-midi à l'étude de ce projet de loi. Ils vont avoir des
réponses à nous fournir, pourquoi il faut modifier actuellement
des choses qui auraient pu être prévues il y a six mois, qui
auraient pu être modifiées il y a six mois.
Alors, sur le projet de loi 48, je vois qu'on veut élargir les
actions admissibles. On introduit des souscriptions d'actions
privilégiées comme étant admissibles, mais qui soient
convertibles. Je pense que c'est dans la constitution du capital-actions d'une
société où on a des emprunts à long terme. On peut
avoir du capital privilégié, du capital-actions
privilégié, du capital-actions ordinaire. Là, le ministre
va avoir l'occasion de nous expliquer pourquoi il introduit du capital-actions
privilégié convertible. Ça fait référence
à toutes sortes de modalités de capitalisation; j'espère
qu'on aura des explications là-dessus. En principe, M. le
Président, je ne suis pas contre. Autant, je pense, qu'on ait le plus de
flexibilité possible pour favoriser la capitalisation des entreprises,
des petites et des moyennes, puisqu'il s'agit ici de PME. Alors, je sais que,
dans ce domaine, on a besoin de beaucoup de flexibilité, et c'est une
exigence du secteur. Alors, là-dessus, on ne fera pas de
problème. J'ai déjà dit en Chambre que nous étions
d'accord avec le projet de loi. Nous avons voté en deuxième
lecture.
L'autre élément qui nous est amené ici, c'est
l'élargissement de l'application de la loi au niveau culturel, au
secteur culturel, en parti- culier au cinéma, à la TV. C'est une
question que nous nous étions posée à l'époque:
Pourquoi ce n'était pas inclus? Pourquoi on a pris un an? Est-ce qu'on
avait des problèmes à cerner la définition? On va avoir
ces explications-là, je suppose, aujourd'hui, dans l'étude
article par article. Mais, au fond, c'est un secteur qui est
particulièrement créateur d'emplois que le secteur culturel.
Introduire des modalités ou plus de flexibilité dans la
capitalisation des entreprises comme celles-là, je crois que c'est un
bon geste qu'on aurait dû poser bien avant. (10 h 20)
Sur le secteur touristique, on dit qu'on veut mieux définir la
notion touristique. J'ai hâte de voir ce que ça signifie, quelles
sont les intentions du ministre là-dessus. Encore une fois, le secteur
touristique est un secteur très créateur d'emplois et qui a des
difficultés de financement à l'heure actuelle, qui est en butte
à la concurrence, surtout après l'avalanche de taxes que lui a
infligées le gouvernement. Il y a des problèmes, il y a des
entreprises touristiques reconnues qui ont fait faillite dans l'année
qui vient de s'écouler. C'est déplorable, mais je suppose que,
là, on va être capables de le faire, d'améliorer la
situation de ces entreprises par le projet de loi que nous avons là.
Ce que nous avons, donc, c'est une correction à la loi 410, ou un
élargissement, qui vient du discours sur le budget. Ce n'est pas un
élément neuf dans la conjoncture économique actuelle,
ça a été déclaré par le ministre des
Finances le printemps dernier. Alors, là, on fait du travail de mise en
route de décisions déjà prises au discours sur le budget,
au mois de mai dernier. J'ai hâte... Je vais collaborer avec le
gouvernement pour adopter ce projet de loi au plus vite, pour qu'on puisse
passer à ces éléments neufs quant au plan de relance qui
est d'une urgence capitale. On n'en a pas vu beaucoup d'échos, encore
ici, maintenant. Tout ce qu'on a eu, c'est que M. le ministre pense que
l'élargissement des heures d'affaires, ça va créer
beaucoup d'emplois. Puis il ne nous dit pas combien il va en diviser par deux,
des emplois permanents, avec ça. C'est probablement ça qui est sa
création d'emplois; c'est qu'il prend 8000 emplois permanents qu'il va
diviser en emplois temporaires, à temps partiel, ça va en faire
16 000; on n'a pas créé grand-chose là-dedans. À
moins qu'il ne me dise que ça va augmenter les coûts de
l'entreprise, la masse salariale des entreprises commerciales et, donc, que
ça va alourdir leurs frais d'opération. Il n'en a pas
parlé. J'ai hâte qu'il nous en parle, de ça.
M. le Président, je pense que, dans ce projet de loi 48, nous
avons simplement l'application de décisions déjà prises au
mois de juin dernier. Si le ministre avait été prêt au mois
de juin, s'il avait bien fait sa loi, il n'aurait pas été
obligé de revenir, d'ailleurs, pour mieux cerner
les définitions. Aussi, s'il avait considéré,
dès l'abord, le secteur touristique, comme le secteur culturel, surtout
le secteur culturel, en l'occurrence, je pense que le secteur culturel aurait
pu mieux traverser la crise économique, la récession que nous
avons et qui perdure. Alors, M. le Président, je pense qu'on peut
commencer à procéder à l'étude du projet de
loi.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le député
de Labelle. Avant de débuter l'étude de l'article 1, je voudrais
souhaiter la bienvenue à M. André Plourde, qui agira à
titre de nouveau secrétaire de la commission de l'économie et du
travail. J'ai oublié de le faire au début parce que je n'en
étais pas sûr.
M. Léonard: Ah! M. le Président, on va vous
pardonner.
Le Président (M. Audet): Oui, mais je n'étais pas
sûr qu'il était ici en permanence, mais il sera avec nous en
permanence.
Étude détaillée Placement
admissible
Alors, j'appelle l'article 1. L'article 1 du projet de loi nous dit: 1.
L'article 2 de la Loi favorisant l'augmentation du capital des petites et
moyennes entreprises est modifié par le remplacement du paragraphe
2° par le suivant: «2° pour le solde du montant du placement
admissible, s'il en est, d'une debenture convertible admissible ou d'une action
privilégiée convertible admissible qui a été
payée en espèces et émise à titre de premier
preneur en faveur du même investisseur admissible visé au
paragraphe 1° du présent alinéa».
M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Alors, essentiellement, M. le
Président, on veut rendre une action privilégiée
convertible admissible au même titre qu'une debenture convertible. Le
député de Labelle mentionnait, tout à l'heure, ou
discutait un peu, se posait des questions: Pourquoi nous avons des debentures
convertibles? Pourquoi, aujourd'hui, on doit penser à des actions
privilégiées et, également, comment ça se place
dans le contexte d'une capitalisation des entreprises, au niveau des actions
ordinaires?
Alors, la différence entre les trois catégories, c'est que
la debenture convertible, c'est un endettement et, en plus, un rendement qui
est fixé, est négocié entre l'emprunteur et la
société qui a besoin de financement additionnel. L'action
ordinaire, qui est l'autre extrême, c'est du capital permanent sans
restriction et son rendement est conditionnel aux bénéfices des
entreprises et aux dividendes qui sont éventuellement
déclarés.
Par contre, les actions privilégiées ont également
un avantage important. Premièrement, dans le montage financier, dans la
structure financière d'une entreprise, il n'y a aucun doute que c'est
une forme de capitalisation par opposition à un endettement, à
une debenture convertible. Donc, gros avantage surtout pour une PME qui doit
montrer une structure financière plus saine. Deuxièmement, les
actions privilégiées, c'est intéressant pour un
investisseur, parce qu'on peut prévoir immédiatement un rendement
par opposition à une action ordinaire. Donc, le rendement n'est pas
conditionnel à des bénéfices éventuels de
l'entreprise.
Alors, dans ce sens-là, le gouvernement considère que
c'est pour faciliter la capitalisation des entreprises, la présentation
des états financiers pour que les emprunteurs traditionnels
réalisent que l'investissement est bien un investissement en actions
privilégiées, donc, non pas de l'endettement. Et pour
l'investisseur, c'eût intéressant, parce que le rendement
prévu, le dividende sur les actions privilégiées, il
l'assure indépendammemt d'un rendement éventuel sur les actions
ordinaires, d'un rendement important pour lui sur les actions
privilégiées. Alors, c'est une pratique reconnue de plus en plus.
À la suite de certaines représentations qui nous ont
été faites, on a décidé d'inclure des actions
privilégiées au même titre qu'une debenture convertible.
À l'article suivant, on va définir de façon très
claire les caractéristiques de cette action
privilégiée.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Labelle, des questions?
M. Léonard: Oui. J'aimerais savoir si, à ce stade,
il y a eu beaucoup d'entreprises qui se sont prévalues de la loi
à l'heure actuelle. Parce que vous parlez de représentations.
J'aimerais aussi savoir de la part de qui, s'il y a lieu, quel groupe, en
général, qui est intervenu là-dedans. Mais la loi a
été adoptée... C'est-à-dire que la décision
du ministre des Finances a été rendue publique au printemps 1991,
donc, on devrait penser qu'il y a un certain nombre d'entreprises qui s'en sont
prévalues. Alors, depuis le discours du ministre des Finances en 1991 et
depuis l'adoption de la loi, il y a combien d'entreprises qui se sont
prévalues de cette loi?
M. Tremblay (Outremont): Depuis l'implantation du crédit
d'impôt remboursable en juin 1991, 11 placements ont été
effectués par des sociétés à capital de risque et
les visas accordés à ce titre par la Société de
développement industriel du Québec totalisent plus de 4 500 000
$. Des 11 placements, la très grande majorité ont
été faits en actions ordinaires.
M. Léonard: Dans les secteurs d'activité
industrielle, fabrication?
M. Tremblay (Outremont): Dans les secteurs admissibles, donc dans
des entreprises manufacturières, tertiaire moteur, laboratoires de
recherche à but lucratif, les entreprises du secteur touristique.
M. Léonard: Ça fait un placement moyen de 400 000 $
là-dedans. Ce n'est pas très gros. C'est vraiment la PME, pour ne
pas dire la TTE.
M. Tremblay (Outremont): Le but, c'est de favoriser la
capitalisation des petites entreprises dans toutes les régions du
Québec. Oui, le programme, il est conçu spécifiquement
pour ça. Et, également, une partie de ce programme-là,
c'était de créer une synergie entre l'expertise des dirigeants de
l'entreprise et l'apport important qu'une société à
capital de risque ou qu'une institution financière traditionnelle
pouvait avoir également. Donc, c'était justement pour permettre
une meilleure complicité entre le prêteur, l'institution
financière traditionnelle ou la société à capital
de risque et les dirigeants et dirigeantes d'entreprise.
M. Léonard: C'est la région de Montréal
surtout qui en avait bénéficié?
M. Tremblay (Outremont): On va vous le donner.
M. Léonard: Ces 11 placements ont été faits
très récemment ou ça s'est fait de façon
régulière au cours de l'année? (10 h 30)
M. Tremblay (Outremont): II faut dire juin 1991, là.
M. Léonard: Oui. (Consultation)
M. Tremblay (Outremont): En fait, j'ai la liste ici, mais c'est
principalement à l'extérieur de Montréal, dans les
régions. Et les dates du placement, là... Le premier placement,
ça a été le 4 juillet 1991.
M. Léonard: Mais la définition de Montréal
dans votre esprit, actuellement, est-ce que c'est la définition de la
loi d'Innovatech ou bien si c'est les limites de la ville?
M. Tremblay (Outremont): Non. Je peux donner, là...
Bas-Saint-Laurent, Bas-Saint-Laurent, Bas-Saint-Laurent, la région de
Québec avec Capidem Québec, qui est la société en
commandite, Estrie Capital, société en commandite, encore Capidem
Québec. Investissements Mauricie-Bois-Francs-Drummond,
société en commandite de l'Estrie et Investissements
Mauricie-Bois-Francs-Drummond. Donc, si on regarde - parce qu'il faut y
aller par l'investisseur - c'est principalement à l'extérieur du
Grand Montréal métropolitain.
M. Léonard: Bien, là, vous n'en avez nommé
aucune de Montréal.
M. Tremblay (Outremont): Non, c'est ça, oui, oui. J'en ai
peut-être. J'en ai une ici qui s'appelle... Je ne donnerai pas le nom de
l'entreprise, mais le nom de Montréal est dedans, et ça, c'est la
Société d'investissement Desjardins. Alors, je prends pour acquis
que celui-là, c'est à Montréal. J'en ai une autre à
Sherbrooke dont je reconnais le nom, que je n'avais pas mentionnée. J'en
ai au Lac-Saint-Jean avec Soccrent. Dans ce sens-là, je n'en vois -
juste en regardant le nom de l'entreprise, et sous toutes réserves -
qu'une seule à Montréal.
M. Léonard: Actuellement, est-ce que - je vais employer le
mot anglais parce que c'est lui qui me vient en tête - c'est le
«backlog» des demandes déposées? Il y en a beaucoup?
Est-ce que le visa est long à obtenir? C'est quoi, le...
M. Tremblay (Outremont): Les demandes en attente.
Une voix: II y en a huit en attente, et c'est des demandes
récentes.
M. Tremblay (Outremont): On a encore huit demandes en attente. Il
faut dire que c'est un nouveau programme. Il faut dire que c'est une nouvelle
complicité qu'on développe entre les sociétés
à capital de risque, les institutions financières
traditionnelles, les PME. Le crédit d'impôt va à la PME;
alors, ça réduit le coût de capital pour l'entreprise et
ça rend le placement à moyen et à long terme
intéressant. C'est toute cette nouvelle complicité qu'on veut
développer. Si on regarde une tendance, elle ne va pas uniquement se
faire en région, mais surtout, de plus en plus, avec les fonds de
développement régionaux. Alors, dans ce sens-là, c'est
devenu assez intéressant pour nos PME.
M. Léonard: Mais c'est long avant de faire l'étude
d'un dossier là-dedans?
M. Tremblay (Outremont): II y a beaucoup de
sociétés à capital de risque ou des institutions
financières qui sont connues. Alors, dans ce sens-là, quand on
parle, par exemple, du Fonds de solidarité des travailleurs du
Québec, des Caisses populaires Desjardins, de la Société
d'investissement Desjardins, des sociétés en commandite Capidem
Québec, Estrie, Soccrent, c'est tous des organismes qui transigent
déjà sur une base d'affaires avec la Société de
développement industriel. Alors, le questionnement qui pourrait
se faire, c'est plus sur la nature des activités de ces
sociétés, mais on voit très bien qu'une partie de la
mission de ces sociétés, ce n'est pas uniquement de faire des
prêts et/ou de prendre des actions dans une entreprise pour la
capitalisation, mais c'est également de jouer un rôle
d'éducation économique et surtout de suivi et d'aide au niveau de
la gestion des entreprises. C'est pour ça qu'on voit que la très
grande majorité acceptée à date, c'est en fonction de
l'entreprise, des institutions financières ou des sociétés
à capital de risque connues.
M. Léonard: Mais qui fait l'étude du dossier,
là? Disons que ma réaction à ce que vous venez de dire...
Il y en a huit en attente. Il y en eu 11 depuis le mois de mai ou au cours
d'avril 1992, parce que c'est ça dont il s'agit. Ça ne se
bouscule pas au portillon, M. le Président. Je pense que ce n'est pas
non plus... Une moyenne de 400 000 $... Je comprends que n'importe quel
investissement, il est le bienvenu, mais il y en a juste huit qui restent en
attente. Ce n'est pas ça qui va résorber les 430 000
chômeurs actuellement. Je comprends que le ministre va me dire: C'est
mieux que rien. Je suis d'accord, mais ce n'est pas beaucoup.
L'autre question, c'est lorsque vous êtes dans un dossier, par
exemple, avec la Caisse de dépôt et placement ou le Mouvement
Desjardins, qui ont leur propre personnel d'analyse, leur propre personnel qui
prend les décisions, comment vous procédez, à ce
moment-là? Est-ce que vous vous fiez à leur analyse parce que,
là-dedans, c'est souvent... Chacun se fie l'un sur l'autre, ou...
M. Tremblay (Outremont): Le rôle de la SDI est
essentiellement, dans un premier temps... Étant donné que c'est
des mesures de nature fiscale, le ministère du Revenu a
considéré que la Société de développement
industriel du Québec, à cause de son expertise au niveau des
entreprises, était la mieux placée pour administrer le programme
des sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise et également la Loi favorisant l'augmentation
du capital des petites et moyennes entreprises. C'est le principe de base.
Le rôle de la SDI, dans un premier temps, c'est d'enregistrer les
demandes. Donc, à ce moment-là, la SDI s'assure que l'entreprise
est admissible et que la réglementation qui a été
prévue par le gouvernement est appliquée. Deuxièmement,
même s'il y a un enregistrement, ça ne veut pas dire que le
placement va également être nécessairement validé.
Alors, on en a discuté dans le passé. On administre la validation
du placement. On émet, en fait, un certificat pour permettre la
déduction fiscale. Et l'autre rôle de la SDI, parce que dans le
passé il y a eu certains abus, alors, on a prévu des moyens
d'assurer un meilleur partage de risques pour protéger, souvent, les
petits investisseurs.
Alors, dans ce sens-là, c'est ça le rôle de la
Société de développement industriel du Québec. Ce
n'est pas de se mettre entre une société à capital de
risque et une entreprise pour dire à la société à
capital de risque: Caveat, vous avez un problème. C'est un rôle
d'enregistrement, un rôle de validation et un rôle de protection,
avec certains tests très bien définis; le partage des risques, il
est important au niveau des petits investisseurs.
Évidemment, ça, ça s'applique moins au niveau des
sociétés de commandite ou des sociétés à
capital de risque parce qu'on prend pour acquis qu'elles sont mieux
placées pour se défendre parce qu'elles ont justement cette
expertise.
M. Léonard: Ça revient - le ministre y a fait
allusion - à considérer un aspect important de ces projets de loi
qui sont finalement de nature fiscale. La question que j'ai soulevée,
c'est: Pourquoi c'est la SDI plutôt que le ministère du Revenu qui
s'occupe de ça? Je trouve ça très important de
débattre de cette question parce que, à mon sens, la SDI n'a pas
l'expertise pour administrer des lois de nature fiscale. C'est le
ministère du Revenu qui l'a.
Et là on pourrait embarquer bien loin sur le passé de la
SDI, le passé tout récent, d'ailleurs, alors que le ministre
était là. Mais je pense qu'il s'est mis le doigt dans l'oeil dans
un certain nombre de dossiers, comme l'a démontré le
Vérificateur général. Alors, d'un point de vue
État, institutionnel, le ministère du Revenu, en quelque sorte,
remet aux contribuables le fardeau de la preuve dans des lois fiscales, dans
des dossiers de nature fiscale en posant les définitions et ensuite en
les interprétant par des bulletins, ce que la SDI ne peut pas faire. La
SDI ne peut pas faire ça. Elle n'est pas équipée pour
faire ça. Ce n'est pas son rôle non plus.
Là, il dit: Écoutez, moi, je ne veux pas me mêler de
ça, que la SDI se mêle de ça. Effectivement, 4 500 000 $,
11 dossiers, 400 000 $ en moyenne, c'est comme s'ils fermaient les yeux
là-dessus, sur leur responsabilité. Mais, à
côté de ça, on va être amené à
créer tout un appareillage administratif qui ne sera pas plus
compétent qu'il ne l'est présentement. Si la loi a un
succès, pourquoi ne pas généraliser et l'administrer
à partir du ministère du Revenu plutôt qu'à partir
de la SDI? (10 h 40)
On a vu le cheminement. Hier, on l'a fait en Chambre, le cheminement
dans la loi 49 qu'on verra. On voit très bien que, finalement, lorsqu'on
regarde le fond de la loi, on revient à la SDI. Donc, c'est la SDI, qui
est un organisme para-État, qui est un organisme étatique, mais
qui est en dehors de l'administration fiscale habituelle.
Alors, moi, je pense que, sur cette ques-
tion-là, le ministre n'a jamais répondu. J'avais fait
cette critique le printemps dernier. J'avais d'ailleurs proposé un
amendement à l'effet que l'administration de la loi tombe au
ministère du Revenu plutôt qu'à la SDI. Je comprends que
ça ne fait pas plaisir aux fonctionnaires bâtisseurs d'empires qui
peuvent être au ministère de l'Industrie et du Commerce, mais, en
tout respect pour eux, je le dis quand même. Il reste que, pour la
simplification des lois et de l'administration gouvernementale, on ne s'en va
pas nécessairement dans la bonne direction. Et, dans ce secteur,
effectivement, le ministre a raison. Il est amené à resserrer sa
loi, à resserrer ses définitions justement parce qu'on sait
très bien que, dans le domaine fiscal, l'interprétation, c'est un
art dans lequel excellent les spécialistes. On en a créé,
des spécialistes en fiscalité, au cours des dernières
années. Je les respecte bien, mais, leur fonction, c'est d'essayer d'en
tirer le maximum. Par ailleurs, du point de vue de l'État, ce n'est pas
nécessairement bon parce qu'on ne serait pas amené à
modifier des définitions, comme on le verra tout à l'heure dans
le domaine touristique.
Alors, le point, c'est que c'est une législation de nature
fiscale qu'on attribue à un organisme qui n'est même pas dans un
ministère comme tel. La SDI, c'est un rôle de banque, d'incitation
au développement, en quelque sorte, mais c'est presque contradictoire
avec des données de nature fiscale. Et, moi, j'aimerais que le ministre,
finalement, fasse son lit sur cette question et nous réponde un peu,
depuis le temps qu'on met cette objection sur la table. Et cette objection est
valable. S'il est amené aujourd'hui à modifier le projet de loi,
la loi qu'on a adoptée le printemps dernier, c'est justement parce que
les objections que nous avions ont porté ou étaient justes. La
réalité l'amène à modifier sa loi
déjà, six mois après. Alors, à supposer que les
légistes aient bien fait leur travail, il y a quelque chose sur le fond
de la question qui reste parce qu'il ne serait pas amené, à ce
moment-ci, à intervenir tout de suite, six mois après, ou bien
c'est les légistes qui l'ont mal conseillé, ou les deux.
M. Tremblay (Outremont): Alors, M. le Président, si nous
sommes appelés à modifier la loi aujourd'hui, c'est à la
suite d'une déclaration du ministre des Finances le 14 mai 1992. Alors,
dans ce sens-là, étant donné que ce sont des mesures de
nature fiscale, la seule personne en autorité qui peut décider de
modifications, c'est le ministre des Finances. Alors, dans ce sens-là,
lorsque le ministre des Finances, lors d'un discours sur le budget ou d'une
déclaration ministérielle apporte des modifications, c'est le
rôle des ministres et des ministères responsables de faire les
modifications nécessaires pour donner suite aux déclarations du
ministre des Finances.
Alors, sur cette question-là, c'est évident que, quand il
y a des changements, nous devons donner suite à une volonté
politique très claire. Le ministre des Finances n'avait pas
prévu, lors de l'adoption de la loi, que le secteur culturel serait
admissible. Alors, dans ce sens-là, on n'a pas le choix. On donne suite
à la volonté du ministre des Finances.
En ce qui concerne le deuxième aspect de la question, c'est de
dire: Pourquoi pas le ministère du Revenu et le ministère de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie? Le ministère du Revenu ne
gère pas de programmes. Alors, dans ce sens-là, le ministre des
Finances, en 1985, M. Duhaime, a considéré que l'organisme, le
ministère le plus compétent, parce qu'il avait,
premièrement, le personnel pour gérer les programmes, parce qu'il
avait également le personnel pour faire les analyses financières,
coordonner les secteurs admissibles, c'était le ministère de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie et la Société de
développement industriel du Québec. Alors, cette décision
remonte à 1985. Et, quand le député de Labelle dit que je
dois faire mon lit, alors, notre lit, on l'a fait. Je pense qu'on n'a pas remis
en question cette décision-là.
Pour une autre raison également, c'est qu'au niveau de
l'organisation gouvernementale on veut éviter des dédoublements.
Alors, dans ce sens-là, tout est concentré à la
Société de développement industriel du Québec parce
qu'il n'y a pas uniquement les sociétés de placements dans
l'entreprise québécoise, il y a également le régime
d'investissements coopératif, qui est également administré
par la Société de développement industriel, et toutes les
politiques au niveau de la capitalisation, au niveau des prêts
participatifs et les sociétés de développement, les
coopératives, récemment. Alors, dans ce sens-là, il y a
une volonté politique de concentrer au meilleur endroit, avec les
personnes qui ont l'expertise, tout ce qui concerne l'analyse
financière. Et le gouvernement reconnaît que la
Société de développement industriel a l'expertise, a le
personnel requis pour donner suite aux demandes du ministre des Finances et
permettre la capitalisation des entreprises.
M. Léonard: Je vois, M. le Président, que le
ministre est tout fier de dire: Ah! c'est M. Duhaime qui a introduit
ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Oh! ça va me paralyser. Ça va me
paralyser! Pas du tout, M. le Président, pas du tout. Je pense que, sept
ans après... D'ailleurs, il reconnaît que, finalement,
l'idée de favoriser la capitalisation des PME était de
l'ex-gouvernement. Oui! C'est à noter! Parce que, avant ça, quand
nous étions là, je me rappelle très bien, les
premières années, si vous n'aviez
pas 1 000 000 $ dans vos poches et que vous vous présentiez
à la SDI, ils ne vous regardaient même pas, ils ne vous parlaient
pas. Alors qu'aujourd'hui, des fois, ils vous regardent un peu plus. Alors,
vous pourriez nous remercier pour ce changement de cap à la SDI.
Ceci étant dit, ça n'empêche pas qu'on remette une
décision en cause si on s'aperçoit, en tout cas, qu'on pose des
questions sur un aspect de cette question et si on dit, finalement, que ces
programmes ou, en tout cas, des mesures qui donnent ouverture à des
crédits fiscaux devraient être administrés plus au
ministère du Revenu qu'autre chose. Je pense que c'est peut-être
plus vrai du côté des SPEQ que dans le dispositif que nous avons
à l'heure actuelle que ça devrait aller au ministère du
Revenu.
Mais il reste que, quand on invoque la capacité de faire de
l'analyse financière, c'est une chose qui amène le gouvernement
et la SDI à évaluer, à faire de l'évaluation
financière des entreprises, donc à porter des jugements de valeur
sur les entreprises alors que les dispositifs fiscaux doivent restreindre leur
portée le plus possible dans ce domaine et, donc, avoir des
données qui s'appliquent de façon plus mécanique. Et je me
demande si les dispositifs ou le programme qu'il y a là ne seraient pas
mieux administrés dans ce contexte où les critères sont
très connus, très factuels, très objectifs, le plus
objectifs possible, plutôt que de faire appel à un bagage
d'analystes, un bagage d'analyses financières qui, au fond, prennent
beaucoup de temps et causent, justement, du dédoublement. Autrement, si
on est capable de faire les choses beaucoup plus mécaniquement, à
l'aide des critères objectifs, ça va aller plus vite et ça
laisse aussi le fardeau de la preuve aux contribuables, mais qui en
bénéficient de façon automatique. Tandis que, quand le
gouvernement est amené à intervenir sur des dossiers
lui-même et à porter des jugements de valeur, ça ouvre la
porte à bien des choses. Et je le dis de façon
générale, sans parler de cas précis. On pourrait parler de
cas précis, parce qu'il a quelques pierres dans son jardin, le ministre,
depuis le temps qu'il est là; ça ne fait pas tellement longtemps,
mais il en a déjà récolté quelques-unes. Je pense
qu'il sait à quoi je fais allusion dans des affaires comme
ça.
Alors, je pense que c'est ça dont il est question le plus
possible. Ça renverse le fardeau de la preuve, mais ça permet
beaucoup plus de flexibilité. Ça rend les choses automatiques. Un
contribuable en profiterait, il le fait automatiquement. À lui, si le
ministère lui pose des questions, de faire la preuve qu'il a bien fait.
(10 h 50)
M. Tremblay (Outremont): La question qui est posée, c'est
de savoir...
M. Léonard: Bien, c'est une question de fond que je pose
là.
M. Tremblay (Outremont): ...s'il y a moyen dp simplifier les
mécanismes et, dans ce sens-là, je n'ai pas d'objection de fond.
On en discutait avec mes collègues, le ministre des Finances et le
ministre du Revenu, les lois fiscales ont toujours été, au cours
des années, modifiées régulièrement, parce que
l'imagination des contribuables ou l'imagination des investisseurs, elle est
fertile, mais, très souvent, ils sont bien conseillés, et on
parle de droit statutaire. Donc, tout ce qui n'est pas défendu est
permis. Alors, dans ce sens-là, ça explique pourquoi.
La loi de l'impôt, c'est compliqué. Il y a beaucoup
d'articles, il y a beaucoup de modifications, parce qu'on essaie toujours de
colmater une brèche qui est souvent le fruit de l'imagination
d'investisseurs et/ou de contribuables. Alors, dans ce sens-là, le
gouvernement a toujours considéré qu'on peut établir des
critères, certains objectifs, et une fois que ces objectifs sont bien
connus il n'y a pas de discrétion comme telle; ça prend quelqu'un
pour administrer cette loi-là. Alors, les gouvernements, dans le
passé, ont toujours considéré que la Société
de développement industriel du Québec, à cause de sa
mission de capitalisation, de ses ressources humaines compétentes et
également de son expertise au niveau des analyses financières,
était l'organisme le mieux placé pour administrer - je parle bien
d'administrer, là - ces programmes-là. Et je suis convaincu qu'au
niveau de la SDI il n'y a aucunement l'intention de bâtir une pyramide de
fonctionnaires qui veulent des programmes additionnels. Je pense que le service
à la clientèle, c'est devenu une priorité. La
priorité, c'est également de répondre aux besoins
réels des entreprises et de réduire les délais.
Alors, dans ce sens-là, je prends de façon très
positive la demande du député de Labelle. J'ai l'intention de
communiquer avec le ministre des Finances et également le ministre du
Revenu et de leur faire part de ces représentations-là -
ça fait plusieurs reprises qu'on en discute - et de revenir, là,
avec la position de mes collègues. Et, s'il y a moyen d'administrer ces
programmes-là de façon différente dans le meilleur
intérêt de la clientèle, je n'ai aucune objection. Et je
suis convaincu qu'au niveau que ce soit du ministère de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie ou de la SDI il y aura toujours une
volonté pour implanter, je le dis tout le temps, la qualité
totale, c'est-à-dire bien faire du premier coup, à tout coup,
partout.
Le Président (M. Audet): Ceci étant dit, est-ce que
le projet de loi est adopté? Ha, ha, ha!
M. Léonard: M. le Président, vous savez que, si on
l'avait fouillé davantage antérieurement, le projet de loi, on ne
serait pas obligés de le corriger aujourd'hui. Vous voyez qu'il ne faut
pas précipiter les choses. Il faut prendre le
temps d'étudier le projet de loi tel qu'il est.
Le Président (M. Audet): Je vous taquine.
M. Léonard: M. le Président, j'aimerais savoir
combien il y a de fonctionnaires attachés à l'administration de
ce programme, actuellement.
M. Tremblay (Outremont): Cinq professionnels.
M. Léonard: Avec un cadre? M. Tremblay (Outremont):
Oui.
M. Léonard: Bien, il doit y avoir un cadre qui les dirige,
là-dessus?
M. Tremblay (Outremont): Oui. La réponse, c'est oui.
M. Léonard: Oui, bon, c'est ça, ça fait
cinq, six, cinq en tout.
M. Tremblay (Outremont): Disons un nombre très
limité de personnes.
M. Léonard: Des professionnels, des secrétaires,
etc. C'est un programme dont l'administration coûte 500 000 $, c'est
clair.
M. Tremblay (Outremont): Oui, mais quand on...
M. Léonard: Oui.
M. Tremblay (Outremont): Oui, c'est évident qu'il y a un
investissement, là; c'est plus un investissement pour répondre au
besoin du législateur qui est d'assurer un partage de risques et de
protéger les petits investisseurs. Et, si on regarde le nombre de
sociétés de placements dans l'entreprise québécoise
depuis 1985 - il y en a 450 - il y a eu 570 placements et, pour
l'évaluation des montants investis, on parle de plus de 100 000 000 $.
Alors, dans ce sens-là, c'est évident qu'il y a un investissement
en ressources humaines de la part du gouvernement, mais on a vécu dans
le passé certaines mauvaises expériences où des gens se
plaignaient, justement, parce qu'on avait laissé une discrétion
plus totale au niveau des investisseurs. Et tout ce qu'on veut faire, nous,
c'est ne pas s'immiscer entre l'investisseur et la société
privée.
Par contre, on a une responsabilité, comme la Commission des
valeurs mobilières du Québec qui le fait
régulièrement, d'établir au moins certains tests de base
qui démontrent clairement que, lorsqu'un investisseur investit dans une
société de placements dans une entreprise
québécoise, au moins, son placement répond à des
normes généralement reconnues où il y a réellement
un partage de risques.
M. Léonard: Mais disons qu'il y a un investissement dans
une entreprise de ce type-là. Oublions pour l'instant l'aspect du
ministère du Revenu, j'y reviendrai. Mais, actuellement, la SDI regarde
le dossier. Capidem, par hypothèse. Les entreprises, ceux qui financent
Capidem - exemple, le Fonds de solidarité, la Caisse de
dépôt - regardent le dossier, pas très souvent mais
occasionnellement. Il y a beaucoup de monde qui supervise là-dedans. Un
pauvre petit investisseur veut mettre 500 000 $ dans une affaire et là
tout ce monde-là amène ses délais, fait son analyse, se
parle. Ce que je veux dire, c'est que ça en fait, du monde. Il y en a
déjà cinq; 500 000 $ que ça coûte à la SDI.
L'administration même d'une société à capital de
risque, ça coûte aussi des sous. On gratouille beaucoup ces
dossiers.
Mais, le problème, c'est que je pense qu'il faut avoir des bonnes
décisions avec des gens qui sont responsables. Et, quand on dilue la
responsabilité comme ça à gratouiller de tous bords et de
tous côtés, je pense qu'on ne sait plus au juste ce qu'on
décide au bout du compte. Et c'est là où les
dédoublements administratifs interviennent. Le ministre dit qu'il y aura
moins de dédoublements. Je ne sais pas. Je ne suis pas sûr, parce
que, au fond, s'il s'agit pour la SDI de prendre elle-même une
décision, elle est obligée effectivement de faire son analyse de
fond en comble, de reprendre de a jusqu'à z tout ce qui a
été fait jusque-là. Et c'est là où reporter
le poids de la décision sur l'investisseur lui-même qui est devant
le ministère du Revenu, qui doit éventuellement justifier sa
décision, cela simplifie beaucoup, et c'est ça, l'avantage
d'aller au ministère du Revenu. Vous décidez personnellement
d'investir quelque part dans un immeuble ou dans un commerce ou dans n'importe
quoi, dans une entreprise. Vous mettez vos sous à l'oeuvre, vos fonds
à l'oeuvre, et c'est vous, après ça, qui allez
récolter les bénéfices ou qui allez récolter la
faillite si vous ne prenez pas de bonnes décisions. Et c'est ça,
votre contrainte majeure. Si vous n'avez pas ça et que vous devez
toujours vous fier à d'autres, je pense que le mécanisme
lui-même commence à diluer le sens des responsabilités dans
l'opération.
M. Tremblay (Outremont): Si on prend la Loi favorisant
l'augmentation du capital des petites et moyennes entreprises comme exemple,
nous avons une entreprise qui a un besoin de capitalisation. Cette entreprise
approche soit une institution financière traditionnelle et/ou une
société à capital de risque. C'est deux partenaires
potentiels.
M. Léonard: Je vais dire au ministre tout de suite qu'il
commence par aller devant une banque ordinaire, une institution traditionnelle,
et là ça accroche un peu et il s'en va au capital de risque. Il
fait les deux. Il n'en fait pas une
seule.
M. Tremblay (Outremont): C'est possible, et c'est à ce
moment-là que se discute la possibilité d'une action ou d'une
debenture convertible et/ou de l'investissement dans une action ordinaire.
Alors, dans certains cas - c'est pour ça qu'on parlait des cas qui ont
été mentionnés - c'est plus en actions ordinaires, donc
des sociétés à capital de risque reconnues, comme le Fonds
de solidarité, la Société d'investissement Desjardins et
les sociétés à capital de risque en région. Mais il
se pourrait que des institutions financières traditionnelles soient
également intéressées, et ces institutions iraient
possiblement plus, au départ, en debentures convertibles ou en actions
privilégiées. Alors, toutes les négociations se font entre
l'entreprise qui est à la recherche d'un investisseur et les
sociétés à capital de risque ou les institutions
financières traditionnelles, (11 heures)
Nous avons voulu donner une force de marchandage additionnelle à
l'entreprise qui est à la recherche d'une capitalisation en lui donnant
le crédit d'impôt. Donc, ça veut dire, pour l'investisseur
à moyen et à long terme, que, si on réduit le coût
de capital pour l'entreprise, on augmente son rendement. Donc, l'intention du
législateur, c'était de favoriser les petites et moyennes
entreprises, de leur donner une force de négociation qu'elles n'avaient
peut-être pas avec une société à capital de risque.
Et, d'un autre côté, on a voulu jouer un rôle
d'éducation pour s'assurer que les sociétés à
capital de risque et également les institutions financières
traditionnelles s'impliquaient davantage avec la PME, principalement au niveau
de l'élaboration du plan d'affaires, au niveau de la gestion et au
niveau du suivi des dossiers.
Donc, toute cette transaction se fait à distance entre les
parties et, lorsque les parties se sont entendues, on doit donner suite
à la demande au niveau de l'avantage fiscal, parce qu'il y a un avantage
fiscal; il y a un crédit d'impôt de 24 % ou de 12 %,
dépendamment de la nature du placement. Dans ce sens-là, une fois
que les parties se sont entendues, elles se présentent à la
Société de développement industriel du Québec et la
Société de développement industriel du Québec, ce
qu'elle doit faire, elle doit donner un visa basé sur les
critères fixés par le ministère des Finances et par la
loi. Et, dans ce sens-là, quels sont ces critères-là? Si
on se limite uniquement à ce qu'on discute aujourd'hui, c'est: Est-ce
qu'il s'agit d'une debenture convertible, d'une action
privilégiée ou d'une action ordinaire? S'il s'agit d'une action
ordinaire, il n'y a pas de problème parce que c'est un capital
permanent. S'il s'agit d'une action privilégiée, aujourd'hui, on
définit ce que c'est, une action privilégiée. Alors, la
préposée à la SDI, ce qu'elle fait, elle regarde la nature
de l'action privilégiée et/ou de la debenture convertible pour
voir... Par exemple, si c'est pour une échéance minimale de 60
mois, elle peut être rachetée pour une période maximale de
84 mois. Elle regarde les critères de la debenture convertible. Et la
deuxième chose qu'elle regarde, c'est: est-ce que l'entreprise, c'est
bien une entreprise admissible? Et là, je me limite, pour ne pas
continuer. Après ça, elle prend cette information-là et
elle la documente dans un registre et elle émet un visa. C'est tout ce
que la SDI fait. La SDI ne se pose pas de questions, pour la loi sur
l'augmentation du capital des petites et moyennes entreprises, sur la
transaction, la valeur de la transaction entre les partenaires, sauf qu'elle a
la responsabilité de s'assurer qu'on parle bien de capitalisation. Elle
émet un visa et c'est ce visa qui, je suppose - je fais cette
supposition - est inclus dans le rapport d'impôt de l'entreprise, qui lui
donne son crédit de 24 %.
M. Léonard: Alors...
M. Tremblay (Outremont): L'information qu'on me donne, je n'ai
pas voulu entrer dans tous les détails, mais l'idée, c'est de
faire une capitalisation et on veut s'assurer que la capitalisation ne serve
pas à rembourser des avances des administrateurs. On veut que ce soit
une capitalisation permanente. Donc, une partie de la responsabilité
également, c'est de s'assurer qu'il n'y a pas des remboursements
d'avances qui viennent nuire à la viabilité de l'entreprise
à moyen et à long terme. Ça, c'est tout prévu dans
le projet de loi 410 qu'on a adopté ensemble lors de la dernière
commission parlementaire.
M. Léonard: M. le Président, si je comprends,
l'objectif, c'est quand même de restreindre le travail à la SDI
à des choses presque mécaniques. Mais vous avez quand même
cinq fonctionnaires là-dedans qui, depuis un an et demi que la
décision du ministre des Finances a été prise, ont
étudié - et pas fini d'étudier, d'ailleurs - 19 dossiers.
Ça veut dire qu'ils font quatre dossiers par année ou quatre
dossiers dans un an et demi depuis le début.
M. Tremblay (Outremont): Non, non.
M. Léonard: Bien, il y a huit dossiers en cours,
actuellement, et il y a cinq fonctionnaires.
M. Tremblay (Outremont): Non, je veux qualifier, là.
M. Léonard: Juste vous dire que, ou bien ils gratouillent
longtemps dans le dossier et ils vont souvent dans l'entreprise, mais...
M. Tremblay (Outremont): Non, non. Juste pour l'information du
député de Labelle, c'est
vrai qu'il y a cinq personnes, mais pas uniquement pour administrer la
Loi favorisant l'augmentation du capital des petites et moyennes entreprises.
Il y a également la Loi sur les sociétés de placements
dans l'entreprise québécoise. Là, on parle d'un minimum de
60 ou 70 dossiers par année et je pourrais également vous
remettre... Vous ne pouvez pas vous imaginer... Parce que je l'ai vécu
et je comprends très bien vos questions, mais il y a
énormément d'appels téléphoniques. Il y a des
personnes qui sont intéressées à faire des montages
financiers et ce petit groupe qui a un travail, oui, mécanique, c'est
également un petit groupe qui conseille les entreprises au niveau des
montages financiers. Alors, il y a toute une dynamique qui fart que ces
personnes-là sont impliquées, sur une base quotidienne, dans le
conseil à l'entreprise sur des montages financiers, et, par la suite,
ont un rôle administratif, purement administratif, de s'assurer que les
lois sont respectées dans un but de capitalisation des entreprises.
C'est tout ce que ce petit groupe-là fait. Et cinq personnes, je peux
vous dire, ce n'est pas beaucoup pour faire ça.
M. Léonard: Oui, mais ça dépend de ce qu'on
fait. M. le Président, quand le ministre me répond qu'ils donnent
des conseils sur les montages financiers, il reste quand même que le
privé fait ça, les boîtes spécialisées font
ça, des conseils dans le montage financier. Est-ce qu'on va voir la SDI
pour avoir des conseils sur les montages financiers? Non, ce n'est pas son
rôle. Il y a un autre programme, là. On parte d'un autre programme
et, moi, à mon sens, ce n'est pas son rôle. Puis, est-ce que
j'irais à la SDI pour avoir des conseils sur les montages financiers?
Peut-être, en tout respect pour les fonctionnaires, mais je ne suis pas
sûr, là. Il me semble que c'est une autre question. C'est vraiment
autre chose. On parle de l'administration de la loi. Vous m'avez répondu
tout à l'heure qu'il y avait cinq fonctionnaires, peut-être en
diminution à quatre, je ne sais pas. Mais il y a quatre, cinq
fonctionnaires. Il est sorti de là 11 dossiers terminés et 8
dossiers en attente. C'est ce que vous m'avez dit tout à l'heure.
M. Tremblay (Outremont): Oui, mais ils ne font pas uniquement
l'administration de ces dossiers-là. Il y a les sociétés
de placements dans l'entreprise québécoise, et c'est
évident, pour revenir à la question du député de
Labelle, que le rôle de la Société de développement
industriel du Québec, au niveau du conseil en montage financier, ce
n'est pas de se substituer au secteur privé. Il n'y a aucun doute
là-dessus. Cette discussion-là, on l'a vécue il y a cinq
ans. Par contre, le rôle de la Société de
développement industriel du Québec, en plus de prêter de
l'argent, c'est de faire de l'éducation économi- que. Alors,
là, on parle de très petites entreprises ou de petites
entreprises qui viennent voir la SDI pour qu'on puisse les conseiller. Alors,
la SDI fait également le mariage - et ça, c'est une
responsabilité gouvernementale... La SDI dit, par exemple: Pour assurer
le financement à moyen et à long terme de votre entreprise, voici
ce qui nous apparaît être un ratio de dette et de capitalisation
adéquat.
M. Léonard: Ce que fait le privé.
M. Tremblay (Outremont): Oui, mais le privé ne fera
pas...
M. Léonard: Lisez un manuel de finances...
M. Tremblay (Outremont): À ce niveau-là, vous
prenez pour acquis que toutes les personnes qui se lancent en affaires lisent
des livres, sont bien informées, sont les meilleurs gestionnaires, avec
la conséquence que, si c'était vrai... La première raison
qu'on invoque pour la faillite des entreprises, c'est qu'il y a des
problèmes de gestion. Alors, comme gouvernement, on a
considéré, avec l'accord du privé... Ils n'ont jamais
questionné ça, parce que ça coûterait trop cher
à une très petite entreprise ou une petite entreprise d'alter
voir un conseiller en administration qui lui chargerait une fortune pour lui
dire des choses élémentaires. J'en conviens, ce sont des choses
élémentaires.
Et, dans ce sens-là, la SDI, ce qu'elle dit, c'est qu'un ratio,
par exemple, de dette, d'endet-tement-caprtalisation de un, c'est
adéquat. Vous pouvez avoir recours aux sources de finacement survantes,
c'est-à-dire, pour la capitalisation, le Mouvement Desjardins, le Fonds
de solidarité, la Société d'investissement Desjardins, les
sociétés de capital en région, et, en ce qui concerne les
institutions financières traditionnelles, voici celles qui pourraient
répondre à vos demandes. En d'autres mots, si on a une petite
entreprise, on ne lui dira pas: Allez voir la Caisse de dépôt. Si
on a une petite entreprise, on va immédiatement lui parler d'une
société de placements dans l'entreprise québécoise
ou d'une société à capital de risque en région.
C'est un rôle excessivement important que le gouvernement joue
sans rémunération financière, et ça, c'est
important, et on le fait pour aider les petites entreprises. Et, le jour - et
là, j'en conviens - où le processus d'éducation au
Québec fera que tout le monde sera bien informé avant de se
lancer en affaires, il n'y a aucun problème, la Société de
développement industriel va se retirer le plus rapidement possible de ce
champ d'activité.
Et la preuve qu'on a la responsabilité de le faire, c'est que le
Fonds de solidarité des travailleurs du Québec considère
que c'est très important, avant que des travailleurs et des
travailleuses qui, souvent, n'ont aucune notion de ce qu'est une action
ordinaire, de ce que c'est une entreprise, même si elles ou ils
travaillent dans cette entreprise-là... Le Fonds de solidarité,
sa mission première, c'est d'éduquer les travailleurs et les
travailleuses et, dans un deuxième temps, d'assurer la réussite
des entreprises à moyen et à long terme puis à les
capitaliser. Alors, nous, au gouvernement, on appuie les organismes comme
ceux-là. (11 h 10)
Et, éventuellement, si le privé... Si vous me dites, M. le
député de Labelle, que les comptables agréés, que
les avocats qui sont peut-être rendus avec des tarifs minimums de 75 $
l'heure et, des fois, jusqu'à 300 $ l'heure, peuvent répondre
à ces besoins primaires - que j'appelle bien des besoins primaires des
PME et des très petites entreprises au Québec - je me retire
immédiatement de ce secteur parce qu'on a beaucoup d'autres chats
à fouetter. Mais c'est une responsabilité gouvernementale et je
pense que l'équipe de la SDI joue très bien et répond aux
besoins réels des petites et des très petites entreprises.
M. Claveau: M. le Président...
Le Président (M. Audet): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Est-ce que je pourrais demander un consentement pour
faire un remplacement?
Le Président (M. Audet): Bon, étant donné
que M. le député d'Ungava n'est pas membre de la commission, il a
besoin du consentement pour intervenir. Est-ce qu'il y a consentement?
Une voix: Si c'est pour éclairer le député
d'Ungava, certainement.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): Ça va? Alors, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: C'est pour mon éclairage personnel. Merci, M.
le Président.
M. Léonard: M. le Président, c'était dans le
même domaine... Je pourrais continuer un peu avec le ministre?
Le Président (M. Audet): Je vous rappelle que, sur cet
article, il vous reste deux minutes, M. le député.
M. Léonard: Comment ça?
Le Président (M. Audet): Bien, on a droit à 20
minutes par article. C'est le règlement.
M. Léonard: J'entends le discours du ministre sur le
besoin d'éducation en administration des affaires. Bien! Mais,
là, on parle de ce programme très précis. À ce
moment-là, je vais lui poser d'autres questions. Que font les
commissaires industriels? Que font les directeurs ou les directions
régionales du MICT qui, eux autres aussi, circulent dans le coin, tout
ce monde-là, par rapport à un programme qui, à mon sens,
jusqu'ici, est administré centralement? Je pense, effectivement, que
c'est ça. Son discours, je l'entendrais de commissaires industriels bien
formés; en tout cas, dans un bon commissariat industriel, disons un
commissariat industriel assez élaboré, il y a un conseiller, il y
a des gens qui en donnent aussi, des conseils, et qui peuvent se faire
approuver par d'autres.
Qui fait quoi dans son ministère? Est-ce que tout le monde fait
tout, tout le monde est responsable de tout, partout? C'est parce que, moi, ce
discours-là, bon, on pourra en discuter. Oui, je sais que le
problème, très souvent, des petites entreprises, c'est au
départ, dans les deux premières années et, même plus
que ça, dans les six premiers mois à peu près que
ça se passe. C'est un discours qu'on entend, mais il n'est pas
nécessairement applicable à ce dont on parle aujourd'hui parce
que, à ce moment-là, il va y avoir une équipe... Surtout
quand on sait qu'il y a 19 dossiers, qu'il y en a 11 qui ont été
réglés et huit qui ne sont pas encore réglés, pour
une équipe de cinq... Il me dit qu'ils ne font pas juste ça
là. Oui, mais que font les autres si, eux, ils s'occupent du champ du
conseil à la petite entreprise dans les régions? Là,
ça fait beaucoup de monde qui se promène.
M. Tremblay (Outremont): Si le député de Labelle
avait raison dans ce qu'il dit, je serais le ministre de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie le plus heureux au monde. Mais ce n'est pas la
réalité et c'est dans ce sens-là que la
Société de développement industriel du Québec... Et
je vais vous remettre le document d'information qu'on donne à des
entreprises qui sollicitent, dans un premier temps, de l'information, et,
d'après la nature des dispositions fiscales et de la
réglementation, c'est assez complexe. Alors, dans ce sens-là,
vous avez huit chapitres avec quatre annexes où on explique, de
façon très claire, toute la procédure à suivre. Et
je dois dire que les personnes, les commissaires industriels, dans la
très grande majorité des cas, se présentent avec leurs
clients potentiels ou avec leurs investisseurs potentiels, en région,
à la Société de développement industriel du
Québec pour qu'on fasse cette éducation-là. Si vous me
dites que, demain matin, les commissaires industriels sont prêts à
devenir la compétence par excellence dans les sociétés de
placements dans l'entreprise québécoise, au contraire, là,
on va avoir besoin de plus de personnel à la SDI parce que c'est un
excellent programme.
M. Léonard: Donc, c'est des commissaires industriels qui
réfèrent aux cinq fonctionnaires.
M. Tremblay (Outremont): je ne dis pas uniquement. ce sont les
avocats, les notaires, les institutions financières traditionnelles, les
sociétés à capital de risque.
M. Léonard: Oui, mais il y en a huit, là. Vous avez
huit cas. Ce n'est pas...
M. Tremblay (Outremont): Non, non, mais... Oui, mais ils ne font
pas juste ça. Je l'ai mentionné tout à l'heure, il y a 11
placements, huit, en demande, mais il y a également les
sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise. Ils font les montages financiers et, en plus, ils
assurent le suivi de tous ces dossiers-là. C'est un travail très,
très, très important et, en plus, à cause de la
compétence de l'équipe des sociétés de placements
dans l'entreprise québécoise, ces personnes-là sont
appelées à aller faire des conférences dans les chambres
de commerce du Québec pour aller expliquer, principalement en
région, les avantages des sociétés de placements dans
l'entreprise québécoise. D'ailleurs, je suis convaincu... Tout
à l'heure, quand le député d'Ungava va nous parler un peu,
il a vécu une expérience pratique, il vit présentement une
expérience pratique et, dans ce sens-là, on va s'apercevoir que
c'est beaucoup plus complexe qu'on pense, les sociétés de
placements dans l'entreprise québécoise. Et cinq personnes pour
répondre aux besoins réels des entreprises, ça ne
m'apparaft pas exagéré.
Le Président (M. Audet): D'accord. M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Oui, M. le Président. M. le ministre, vous
avez parlé, tout à l'heure, des avis qui sont donnés par
le personnel de la SDI concernant les montages financiers et toutes ces
choses-là. Je me suis laissé dire que ces avis-là
n'avaient aucune valeur légale, c'est-à-dire qu'on va donner un
avis, mais on ne peut pas se baser sur cet avis-là. De toute
façon, ce n'est jamais des avis signés ou des avis écrits,
là. À ce qu'on m'a rapporté, c'est toujours des avis
verbaux et toujours sous réserve de... Alors, à quoi ça
sert, finalement? Parce que l'entreprise est toujours obligée de
retourner voir un avocat ou, enfin, une firme spécialisée qui va
donner un vrai avis. Et cet avis-là, souvent, peut être inverse
à l'avis qui a été donné par le personnel de la
SDI.
Alors, je me demande, moi, jusqu'à quel point c'est vraiment
efficace et utile de donner des avis semblables si les avis ne peuvent pas
être signés, ne peuvent avoir aucune valeur légale. Et
souvent même ces avis peuvent amener des gens à prendre des
directions qui vont les mettre dans le pétrin plus tard s'ils se fient
uniquement à ces avis-là. Ils se retrouvent, six mois plus tard,
bloqués devant un mur ou en ayant fait des choses qui n'ont pas
été acceptées à d'autres niveaux, soit au niveau
des banques, soit au niveau du ministère du Revenu, soit au niveau de la
Commission des valeurs mobilières ou à toutes sortes d'autres
niveaux parce qu'on dit: Non, ce n'est pas ça que vous deviez faire.
Donc, vous risquez le trouble. Mais on est parti, de bonne foi, d'un avis qui
avait été donné par la SDI, mais là il n'y a plus
personne à la SDI qui veut signer le fait qu'il a donné cet
avis-là. On m'a dit que ça se passait comme ça à
l'occasion. Je ne l'ai pas vécu personnellement, sauf que le fait m'a
été rapporté.
M. Tremblay (Outremont): Alors, un, la SDI ne donne pas des avis
avec des obligations de résultat. Ce que la SDI fait, elle informe. Elle
informe des investisseurs éventuels ou encore des entreprises qui sont
susceptibles d'avoir besoin de capitalisation additionnelle des moyens
disponibles partout au Québec. Alors, un des véhicules, lorsqu'on
parle de très petites entreprises et de petites et moyennes entreprises,
on parle des sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise, mais, par la suite, l'entreprise peut suggérer
que la nature de la capitalisation requise relève davantage soit d'un
prêt participatif d'une société à capital de risque
comme le Fonds de solidarité ou Soccrent.
Deuxièmement, c'est évident que la SDI dit toujours au
client: Nous vous conseillons de retenir les services d'une personne, que ce
soit un avocat, un comptable agréé ou un notaire, pour que cette
personne-là s'assure de la légalité des décisions
que vous allez prendre. Alors, dans ce sens-là, je ne pense pas que
certains clients puissent se plaindre que la SDI donne des avis avec une
obligation de résultat. Je ne pense pas que ce soit le cas.
M. Claveau: Non, c'est justement, elle n'en donne pas. Donc, on
est mieux d'aller chercher l'avis ailleurs.
M. Tremblay (Outremont): Oui, mais il faut aller chercher
l'information. Même les professionnels, aussi compétents
soient-ils, viennent à la SDI pour être informés sur les
sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise, et ce n'est pas tous les professionnels... Me
Théberge lui-même publie un livre sur une base annuelle sur les
sociétés de placements dans l'entreprise québécoise
pour justement informer. Alors, c'est évident que quelqu'un qui lit ce
livre-là...
M. Léonard: Vous faites de la publicité.
M. Tremblay (Outremont): non, non, je ne fais pas de
publicité. je reconnais... non, d'ailleurs, ça ne serait
peut-être même pas payant pour lui. si je méfie...
M. Léonard: Ah! Ça, ce n'est pas impossible.
M. Tremblay (Outremont): Non. Ah oui!
Des voix: Ha, ha, ha!
(11 h 20)
M. Tremblay (Outremont): Si je me fie aux représentations
du député de Labelle, s'il y a juste 11 placements qui ont
été faits plus huit en attente, publier un livre de 250 pages
avec des annexes, passer son temps à venir essayer d'éduquer les
entreprises, ce n'est peut-être pas payant à court terme. Sauf
qu'il y a certaines personnes encore au Québec qui ont une mission de
favoriser les petites et moyennes entreprises, et, dans ce sens-là, je
reconnais que M. Théber-ge et son bureau investissent au niveau de la
capitalisation des entreprises. Tant mieux.
Le Président (M. Audet): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: O.K. Puisque vous nous parlez souvent des SPEQ et que
vous sortez votre petit livre jaune, je vais vous poser un cas bien
précis concernant les SPEQ, justement. Je l'ai abordé rapidement
hier dans mon intervention en Chambre, et c'est un cas problématique.
C'est au niveau du financement. Qui peut donner un avis, quelque part, pour
savoir, de façon définitive, réelle, incontestable, que le
financement est d'ordre public ou d'ordre privé? Quand vous arrivez pour
faire le financement dans une SPEQ privée, on a le droit de faire du
financement public ou du financement privé, mais là il n'y a
personne qui est capable de dire où commence le financement public et
où finit le financement privé. Et là, il n'y a même
pas un avocat qui veut se prononcer là-dessus. Les avocats se
prononcent, mais en faisant signer des décharges aux clients, dans la
mesure où, s'il y avait une mauvaise interprétation, ils ne
veulent pas que leur responsabilité soit mise en cause. Imaginez-vous,
vous autres, si c'est intéressant pour des gens qui veulent créer
une SPEQ, du pauvre monde bien normal qui veut mettre un 1000 $
là-dedans; ils sont obligés de commencer par signer une
décharge à l'avocat même, qui n'est pas capable
d'interpréter la portée de . la loi sur le financement public ou
privé dans la SPEQ! Qui peut répondre à ça? La SDI
donne sa version, mais c'est aussi sujet à interprétation; ce
n'est pas exécutoire, ce n'est pas définitif, la vision de la SDI
là-dedans.
M. Tremblay (Outremont): En fait, là, c'est toute la
question fondamentale du démarchage public. Qui, au Québec, a la
responsabilité de s'assurer qu'un solliciteur de fonds - c'est de
ça qu'on parle, quand on parle d'une société de placements
dans l'entreprise québécoise. C'est quelqu'un - et je ne le
qualifie pas, ça peut être un professionnel, un non-professionnel,
un promoteur - qui part et s'en va solliciter des petits épargnants pour
leur dire: J'ai trouvé un véhicule qui répond à vos
attentes, et, en plus, vous allez avoir des avantages fiscaux, et, en plus,
vous allez avoir un rendement à moyen et à long terme sur votre
investissement. Alors, la Commission des valeurs mobilières du
Québec est l'organisme compétent au Québec qui a
définitivement la responsabilité de s'assurer si c'est de nature
privée ou de nature publique, et il y a certaines règles
très claires. Quand on approche plus de 50 personnes, ça devient
de nature publique, mais, ça, ça relève de la Commission
des valeurs mobilières du Québec, et c'est évident qu'il y
a une zone grise.
M. Claveau: M. le ministre, je m'excuse, mais ça peut
être avec moins de 50 personnes. Il y a des SPEQ qui ont
été condamnées par la Commission des valeurs
mobilières pour avoir fait du financement public parce qu'elle ne
considérait pas que c'était du privé. C'étaient
tous des gens de la même entreprise, il n'y avait personne de
l'extérieur de l'entreprise qui avait été consulté,
et ils étaient moins de 50.
M. Tremblay (Outremont): Oui, j'en conviens. Tout ce que je vous
dis, c'est qu'il y a également une zone grise, parce que, si c'est moins
que 50, ça peut être privé, sauf que c'est toute
l'interprétation qu'on fait d'une sollicitation, d'une démarche
publique. Alors, quand je vais vous voir et que je vous parle, est-ce que,
ça, c'est considéré comme étant une personne? Ce
n'est pas 50 personnes qui investissent. Quelle est la personne qui sollicite
et elle sollicite combien de personnes? Alors, c'est très, très,
très difficile, c'est une zone grise. Alors, dans ce sens-là, je
conviens que ce n'est pas facile, c'est tout un débat au niveau de la
Commission des valeurs mobilières du Québec et des avocats.
Alors, dans ce sens-là, je pense que l'entreprise a intérêt
à avoir un très bon conseiller juridique, et ce conseiller
juridique doit éventuellement prendre les moyens pour s'assurer que la
sollicitation est conforme aux lois et à la Commission des valeurs
mobilières du Québec.
M. Claveau: Mais, quand vous allez à la Commission des
valeurs mobilières et que vous voulez demander une dispense de
prospectus, en supposant que vous voulez rester une SPEQ privée, si la
Commission évalue que c'est de la sollicitation publique et que, pour
réaliser une sollicitation publique à l'intérieur d'une
SPEQ privée, il vous faut une dispense de prospectus, vous avez besoin
de capitaliser 50 000 $ ou 60 000 $ pour réinvestir dans une TPE, et
puis ça vous en coûte 15 000 $ «dret» en partant,
avant même d'avoir eu votre incorporation, et, en plus, il faut que vous
payiez l'incorporation et il faut que vous payiez tout.
M. Tremblay (Outremont): Si, pour aller chercher une
capitalisation de 60 000 $, ça prend 50 personnes et plus, là, on
a un gros problème.
M. Claveau: Bien, vous savez, M. le ministre, dans nos petits
milieux, là, il n'y a pas bien, bien...
M. Tremblay (Outremont): Non, je comprends.
M. Claveau: ...des gros financiers, puis les gros financiers ne
sont pas intéressés à venir. Ils ne veulent rien savoir de
nous autres. On est le bout du monde. Parlez-moi d'une SPEQ, à
Montréal, qui va se financer publiquement et où les gens vont
aller chercher - il y a des compagnies qui sont spécialisées dans
le financement de SPEQ - 20 000 000 $ dans une semaine. Mais, dans nos petits
milieux à nous autres, pour des petites business locales, comme on les
appelle, avec de petits promoteurs locaux, il faut aller chercher ça
à coups de 500 $ et de 1000 $. On n'a pas le choix. Puis ce n'est pas
les bonzes de la rue Sainte-Catherine, à Montréal, ou, je ne sais
pas, du boulevard Métropolitain qui vont venir investir chez nous, ils
ne veulent rien savoir.
M. Tremblay (Outremont): Mais, regardez... M. Claveau:
Non, mais, c'est parce que...
M. Tremblay (Outremont): Premièrement, je suis très
sympathique, parce que, habituellement, le terme qu'on emploie, c'est qu'on dit
qu'il y a certaines régions du Québec qui sont
considérées comme étant dans le tiers monde parce que
c'est difficile, c'est très, très, très difficile.
Ça, j'en conviens et je suis très sympathique à ça.
Par contre, l'autre pendant, on veut s'assurer, en tant que gouvernement, que
les personnes qui sollicitent, justement à cause de la
vulnérabilité... Parce que, peut-être que 10 000 $ ou 50
000 $, c'est relatif pour une personne, il y en a qui peuvent investir plus,
mais 500 $, même, des fois, 250 $, pour un petit épargnant en
région, c'est important. Alors, les règles sont claires. Si
quelqu'un sollicite plus de 50 personnes, il faut s'assurer qu'il
réponde aux normes de la Commission des valeurs mobilières du
Québec et, dans ce sens-là, ça prend de l'information et
ça prend un prospectus.
Alors, peut-être que, dans certains cas, le meilleur
véhicule n'est pas la société de placements dans
l'entreprise québécoise et c'est la raison pour laquelle on
favorise, le gouvernement, une décentralisation régionale. On
favorise des moyens additionnels pour les régions, au niveau des fonds
de développement régionaux, au niveau des conseils
régionaux de développement et, dans ce sens-là, je pense
que c'est un véhicule additionnel. Je conviens avec vous que ce n'est
pas facile, mais c'est tout l'équilibre qu'on a entre le besoin de
financer une petite et moyenne entreprise et I importance, surtout, de
protéger le rôle de l'épargnant. Et, dans ce
sens-là, c'est la Commission des valeurs mobilières du
Québec qui s'assure de l'information minimale et cette information
minimale, lorsqu'on sollicite un certain nombre de personnes, elle doit
être divulguée aux épargnants.
M. Claveau: Parce que, M. le ministre, ce serait très
facile, dans le fond. Contrairement à ça, ce serait très
facile et même ce serait relativement facile d'aller chercher pas mal
d'argent dans nos régions pour investir dans des entreprises. Ce ne
serait pas compliqué si ce n'était pas si compliqué de
l'autre côté, c'est-à-dire du côté des
instances gouvernementales, en termes de démarches et tout ça.
Quand vous voulez lancer une SPEQ à la SDI, il n'y en a pas de
problème. Ah, pas de problème, vous allez voir, on ne s'enfargera
pas dans les fleurs du tapis et les détails; les virgules et les points,
on les placera en temps et lieu.
Mais, quand vient le temps de déposer une demande
d'enregistrement d'une société de placements dans l'entreprise
québécoise ou quand vient le temps d'avoir une demande de
validation d'un placement, là, les virgules et les points sont
importants et là il y en a des petits carreaux à remplir avec des
x! Puis là, tout d'un coup, vous vous rendez compte que tout ce qui
avait semblé être très facile, au départ, et qui
avait été proposé comme très facile aux personnes
qui ont été sollicitées pour embarquer, devient une
complication, un casse-tête où, là, tu t'embarques dans des
responsabilités personnelles. Tu signes des affaires et tu ne sais
même pas où ça peut aller, à la limite, qui peuvent
t'embarquer dans un dédale de procédures et puis ça
décourage du monde. C'est ça, le problème, parce que de
l'argent, dans nos régions, il y en a, M. le ministre, et on est capable
d'aller en chercher pas mal plus, probablement, que l'administration publique
peut s'imaginer. Mais, il ne faudrait quand même pas que ce sort trop
compliqué, surtout que les supports techniques, on ne les a pas à
portée de la main. Chez nous, si on veut faire quelque chose, le premier
support technique qu'on retrouve est à 470 kilomètres, c'est
à Chicoutimi. C'est la première place où on peut commencer
à trouver un avocat ou un comptable qui est le moindrement
spécialisé là-dedans et, généralement, il
n'est même pas capable d'y aller tout seul, il faut venir à
Québec. À Québec, je suis rendu à 530
kilomètres, à peu près, 540. Et, s'il faut que je me rende
à Montréal, là, je suis rendu à 800
kilomètres. (11 h 30)
M. Tremblay (Outremont): Je ne peux pas faire autrement, M. le
Président, qu'être sympathique aux représentations du
député d'Ungava. Il n'y a aucun doute que ce n'est pas
facile,
dans plusieurs régions du Québec, et c'est la raison pour
laquelle des modifications ont été apportées à la
Loi sur les sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise, en plus des avantages fiscaux additionnels pour
rendre ça encore plus attrayant. Je suis également très
sympathique à des suggestions constructives pour réduire la
lourdeur du processus s'il est considéré lourd et, encore,
l'amélioration des délais. Je suis même prêt à
demander à une personne de la Société de
développement industriel du Québec de regarder votre exemple
concret de façon bien particulière, mais je dois dire que
peut-être que, dans certains cas, c'est bien plus difficile, mais il y en
a eu 450 d'enregistrés. Il y a eu 570 placements, à date, pour
au-delà de 100 000 000 $. Alors, c'est un véhicule parmi d'autres
et ce qu'on veut s'assurer, parallèlement aux services qu'on
donne...
Il n'y a pas juste la question de l'enregistrement et de la validation
du placement. L'autre élément qui est important: on veut
protéger le petit épargnant. En d'autres mots, un exemple
concret, on veut s'assurer que, s'il a bien compris qu'il a aidé
à la capitalisation d'une entreprise, les dirigeants ou les dirigeantes
de l'entreprise, le lendemain, ne sortent pas ses fonds pour se rembourser des
avances; parce que, s'il aide l'entreprise, c'est pour le développement
de l'entreprise dans la région à moyen ou à long terme.
Alors, c'est tout l'équilibre qu'on essaie d'établir entre un
enregistrement et une validation et le suivi des dossiers. Bon!
Alors, le député de Labelle m'a dit: Cinq personnes, c'est
beaucoup, c'est trop. Je pense que l'exemple que le député
d'Ungava nous donne, c'est que ce n'est peut-être pas assez et puis on
devrait avoir quelqu'un dans votre région pour aider. S'il y a tant de
sommes disponibles pour les petits épargnants, il devrait y avoir
quelqu'un dans votre région pour favoriser le développement
économique. Si c'est ça que vous me demandez, je vais analyser
ça de façon très sérieuse pour contribuer au
développement économique de votre région.
M. Claveau: On pourrait regarder ça. Ça me ferait
plaisir de regarder des alternatives avec vous, M. le ministre. Vous m'avez
parlé d'un exemple concret. Je vais vous dire pourquoi je me suis
embarqué dans un exemple concret. C'est parce qu'on a une entreprise,
entre autres, par chez nous, qui avait besoin de capitalisation, justement, et
elle ne réussissait pas à en trouver. Et, quand on a
réussi à trouver une structure à travers les SPEQ qui
pourrait aider à capitaliser l'entreprise, là, ça avait
l'air tellement compliqué qu'il n'y avait personne qui voulait
s'embarquer. Ça fait que, moi, comme je ne suis pas le genre à
faire jeter le monde à l'eau sans m'y jeter moi-même - on embarque
ou on n'embarque pas - alors je me suis jeté à l'eau avec la
gang. Puis, on essaie de passer à travers et ce n'est pas facile. On va
passer à travers, par exemple, on va passer à travers. Et c'est
pour ça. C'est parce que c'est bien beau de prêcher, mais des fols
il faut donner l'exemple, d'une part.
D'autre part, M. le ministre, j'ai eu connaissance - il n'y a pas rien
que chez nous, là - que, sur la Côte-Nord, il y a des projets de
SPEQ qui ont loupé à cause de ça. Ils ont tombé
à l'eau. J'ai eu connaissance d'un projet à Chicoutimi qui
était complètement monté. Tout ce qui a manqué,
c'est le financement. La madame n'a jamais été capable de
récupérer, d'avoir son financement pour son projet. Encore
là, parce qu'il y avait trop de zones grises et, techniquement,
c'était difficile. Dans la Gaspésie, dans le Bas-Saint-Laurent,
il n'y en a pas de SPEQ dans les régions qui se développent.
Cette année, il n'y en a pas. Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, il n'y en a
pas une. Pas parce qu'il n'y a pas des besoins, parce que c'est trop
compliqué.
M. le ministre, si vous voulez qu'on en fasse, des suggestions, on
pourrait s'asseoir et en discuter. Ça me ferait plaisir. Il y a des
petites choses bien simples qu'il serait facile de régler, il me semble,
ou, du moins, que les ministères pourraient régler facilement
pour sécuriser l'investisseur, entre autres la zone grise, à
savoir quand c'est public ou privé. Ça, c'est une affaire. Les
fameux quotas, là, la valeur de l'entreprise qui est fixée par la
SDI, le facteur de multiplication des actions qui est à six maximum. Si
l'entreprise est diminuée, vous ne pouvez pas capitaliser rapidement
dans l'entreprise. C'est à peu près impossible parce que, si
l'entreprise se retrouve avec une évaluation à la SDI qui est
minimale, on ne peut pas multiplier l'action plus que par six de sa valeur et
on ne peut pas diluer à plus de 70 % la valeur nominale des actions.
Ça fait qu'à ce moment-là il se passe quoi? Si
l'entreprise est sous-évaluée ou est évaluée
à la SDI comme étant admissible, mais à un coût
vraiment minimum, on ne peut pas capitaliser.
Peut-être qu'une entreprise qui vaut 200 000 $, mettons, aurait
besoin de 500 000 $ pour vraiment se relancer, aller dans un créneau de
marché, mais, selon ces critères-là, une entreprise qui
vaut 200 000 $ ne peut pas capitaliser beaucoup plus que 50 000 $, 60 000 $, 75
000 $. Ça fait que, là, ce n'est pas assez pour relancer
l'entreprise. C'est juste de maintenir un niveau de BS dans l'entreprise, la
maintenir en vie artificiellement. C'est des choses comme ça qu'il
faudrait être capable de réviser ensemble au niveau des
paramètres d'admissibilité. Et ça ne serait pas tellement
compliqué, ça. Et l'investisseur ne serait pas plus mal pris pour
autant. Ça ne serait pas plus risqué, mais ça permettrait
de donner un vrai souffle de vie à des entreprises et ça
permettrait de sécuriser la personne qui veut investir
là-dedans.
M. le ministre, si vous avez un accident et que vous vous videz de la
moitié de votre sang,
il faut vous en donner au moins la moitié, au moins ce que vous
avez perdu pour que vous reveniez dans un état réel. Mais, si on
n'en a que trois onces et qu'on dit: Bon, ce n'est pas grave, on va le
maintenir en vie quand même, on va lui donner ces trois onces-là
et le reste on le lui donnera quand on en aura, probablement que, quand on en
aura, il va être trop tard pour vous. Alors, c'est un petit peu comme
ça que ça se passe. Là, on prend des entreprises qui ont
de la difficulté, mais dont on a besoin dans nos régions. On peut
leur en injecter juste un petit peu. Parce qu'il ne faut pas diluer trop les
actions et il y a des facteurs à respecter. Finalement, là, il
faut faire des montages financiers compliqués: un premier financement et
un deuxième financement et un troisième financement, toujours en
faisant attention de ne pas dépasser les 49 % auxquels on a droit. Si on
fait un premier financement qui est au-dessus de 10 %, là, on vient de
s'amputer de la possibilité d'aller en chercher plus dans un
deuxième financement, en supposant qu'au moment de faire le
deuxième financement notre entreprise va avoir réussi à
gonfler sa valeur, son évaluation pour pouvoir aller en chercher plus.
Écoutez, pour vous sortir de ça, il vous faut un batinse de bon
comptable. Et le bon comptable, il faut que vous le payiez. Ça fait
qu'une fois que vous avez réussi à faire tout ça,
là, il ne vous reste plus d'argent pour opérer. C'est ça
qui est compliqué. Il me semble que ça serait facile à
comprendre que, si on enlevait trois ou quatre irritants semblables, on
pourrait aller en chercher de l'argent pour nos entreprises dans nos
régions. Je vais aller en chercher, moi, et je vous dis qu'on n'aura pas
de misère à aller en chercher, à part de ça. Mais
enlevons ces irritants-là. Trouvons des moyens qui sont plus
sécurisants pour l'investisseur régional.
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Je vous remercie beaucoup, M. le
député d'Ungava, parce que vous êtes en train de confirmer
presque tout ce que je disais tout à l'heure au député de
Labelle. Les SPEQ, il y en a un très grand nombre en région.
Alors, je demande à la SDI de vous faire parvenir le plus rapidement
possible la ventilation des SPEQ à travers le Québec.
Peut-être qu'il y en a moins de ce temps-ci dans certaines
régions, mais on va vous donner la ventilation des 450 SPEQ en
région, partout au Québec pour que vous pussiez voir qu'il y en a
certaines dans des régions.
Deuxièmement, il y a présentement et il y a toujours eu
des discussions avec la Commission des valeurs mobilières du
Québec, le ministère des Finances le MICT et la
Société de développement industriel du Québec.
Alors, je n'ai pas d'objection, au contraire, je vais demander que ces
discussions soient plus ciblées sur un méca- nisme de
simplification de la loi de la Commission des valeurs mobilières du
Québec justement pour essayer de répondre a vos attentes. Parce
que c'est bien beau, en principe, de dire qu'on veut favoriser la
capitalisation des entreprises, mais, si, en pratique, le processus ne donne
pas des résultats concrets, je pense que ça cause des
problèmes au niveau de certaines entreprises.
Sur votre troisième point qui est, je pense, fondamental, sur les
tests au niveau du partage de risques, la SDI peut refuser de valider un
placement qui est fait par une société de placements dans
l'entreprise québécoise si elle considère que le partage
de risques entre les actionnaires de la corporation admissible et ceux de la
SPEQ est inéquitable. Ça, c'est important. On a une
responsabilité. Pourquoi on a cette responsabilité-là? On
veut éviter des abus et on veut maintenir l'intégrité du
programme. De façon concrète, quand il y a eu le REA, le
Régime d'épargne-actions, on n'avait pas balisé les
multiples des bénéfices qui pouvaient être pris en
considération dans la valeur d'émission ou le prix
d'émission d'une action, avec la conséquence qu'il y a eu une
multitude d'entreprises qui ont émis des actions à 14 fois, 18
fois, 20 fois les bénéfices anticipés, avec la
conséquence qu'il y a énormément de petits
épargnants - c'est de l'information publique -qui ont perdu de l'argent
parce que des entreprises ont fait faillite.
Alors, en discussion avec tous les intervenants économiques, la
Société de développement industriel du Québec a
considéré que, si une entreprise veut vendre ses actions plus de
six fois la valeur nette tangible de l'action avant le placement, c'est un
problème. C'est un problème, parce que ce n'est pas
nécessairement, si c'est trop cher, un partage de risques
équitable avec le petit épargnant. Alors, ça veut dire,
ça, mettons si l'action vaut 100 $, qu'on ne peut pas la vendre plus que
600 $. Il m'apparaît raisonnable... On parle de petite entreprise
où la liquidité ou le marché secondaire n'existe pas,
où, en fait, on est minoritaire et on s attend à aller,
éventuellement, récupérer notre argent. Dans ce
sens-là, je pense que les règles sont équitables. (11 h
40)
Si, à la suite de votre expérience, dans un cas bien
précis que vous avez à coeur, on peut regarder, modifier, encore
une fois, je vous le répète, je suis prêt à mettre
à votre disposition, à demander à une personne de ia SDI
de s'asseoir avec vous pour regarder ce dossier de façon concrète
pour répondre à vos besoins parce que je considère que
c'est important. C'est extraordinaire.
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur l'article 1?
M. Léonard: Je voudrais dire une chose...
Le Président (M. Audet): En 10 secondes.
M. Léonard: Quand j'ai posé la question tout
à l'heure sur le nombre de fonctionnaires, le ministre m'a
répondu qu'il y avait cinq fonctionnaires dans le programme. La
première fois qu'il en a parlé, il n'a pas mentionné
qu'ils étaient aussi responsables des SPEQ et de tout ça.
Après, après, mais après, parce que là il s'est
aperçu que, oui, effectivement, ma réplique avait du bon
sens.
Une voix: D'accord.
M. Léonard: C'est un point que je tenais à faire.
L'autre chose, l'échange qu'il vient d'y avoir sur les contraintes qu'il
y a dans l'administration de programmes comme ceux-là, lorsqu'on
n'introduit pas dans le programme-Le Président (M. Audet): M. le
député de Labelle, en vertu du règlement, il y a tant de
temps d'imparti à chaque parlementaire par article sur un projet de loi
qui modifie une loi.
M. Léonard: Oui, mais on en était à discuter
des considérations...
Le Président (M. Audet): Oui, mais est-ce qu'on peut
procéder, à ce moment-là, à l'adoption de l'article
1? On pourra reprendre la discussion à l'article 2.
M. Léonard: Alors, sur l'article 1, moi, j'ai des
questions à poser sur le sens du mot «convertible».
Le Président (M. Audet): Mais votre temps de parole est
terminé, à moins qu'il y ait...
M. Léonard: Oui, mais là-dessus, là...
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'il y a consentement?
Non, non! Il y a un règlement ici. Si on me dit qu'on ne respecte pas le
règlement, je n'ai pas de problème avec ça, mais ça
prend le consentement des membres de la commission. Est-ce qu'il y a
consentement pour que M. le député de Labelle puisse poursuivre
son intervention sur l'article 1? Parce que son temps de parole est
terminé.
M. Léonard: Sur le sens du mot
«convertible».
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Tremblay (Outremont): Oui.
M. Léonard: Sur le sens du mot «convertible»,
c'est évidemment convertible en actions, pas convertible en debentures,
parce qu'on pour- rait avoir le cas inverse.
M. Tremblay (Outremont) Non.
M. Léonard: Mais pourquoi vous ne le dites pas?
M. Tremblay (Outremont): On le dit à l'article 3.
M. Léonard: Ah bon?
M. Tremblay (Outremont): oui. on dit, à l'article 3, que
c'est convertible «en actions ordinaires à plein droit de vote du
capital-actions de la corporation admissible».
M. Léonard: on ne le dit pas comme tel. bon! l'autre
question, le lien qui est attaché à une action
privilégiée, ça peut être rachetable ou non
rachetable. vous ne le dites pas là-dedans. qu'est-ce qui arrive?
M. Tremblay (Outremont): Ce n'est pas dit tel quel. C'est la
même chose qu'une debenture convertible. C'est pour cinq ans. Elle ne
peut pas être rachetable avant une période de cinq ans.
M. Léonard: Avant une période de cinq ans. M.
Tremblay (Outremont): 60 mois. M. Léonard: Mais après
elle peut l'être?
M. Tremblay (Outremont): Elle doit être convertible en
actions pour une période maximale de 84 mois. Il faut qu'elle soit
convertible, convertie en actions ordinaires et l'entreprise pourrait, par la
suite, racheter des actions ordinaires.
M. Léonard: Ah! Elle peut être convertie au bout de
cinq ans.
M. Tremblay (Outremont): Elle doit. M. Léonard:
Elle doit.
M. Tremblay (Outremont): L'échéance minimale, c'est
60 mois, l'échéance maximale, c'est 84 mois. Ça, c'est
pour la debenture, 2, mais c'est la même chose pour...
M. Léonard: Ce n'est pas... Dans l'article 3...
Voyez-vous, M. le Président, on est obligé, pour répondre
à la question de l'article 1...
Le Président (M. Audet): Moi, je n'ai plus de
problème, M. le député. Il y a eu consentement.
M. Léonard: Vous n'avez plus de problème.
O.K. Parce que ce n'est pas mentionné qu'elle est rachetable; 84
mois, vous dites, donc, sept ans...
M. Tremblay (Outremont): Non, c'est marqué... Elle ne peut
pas être rachetable. Il faut qu'elle soit convertible. Dans ce
sens-là, si on prend l'article 3, on voit qu'elle est émise pour
une période minimale de 60 mois.
M. Léonard: Oui, 60 mois. Ça, ça va.
M. Tremblay (Outremont): Par la suite, si on va au 4°,
«elle est convertie en actions ordinaires à plein droit de vote du
capital-actions [...] au plus tard à la fin du 84e mois de la date du
placement admissible».
M. Léonard: O.K.
M. Tremblay (Outremont): Elle est obligée d'être
convertie et, après ça, si l'entreprise veut racheter ses actions
ordinaires, transiger ses actions ordinaires, là, elle peut le faire.
C'est de la permanence qu'on veut et c'est la raison pour laquelle, dans
l'autre... C'est l'autre projet de loi, les options.
M. Léonard: Bon! On revient aux privilèges
attachés à l'action elle-même. Vous dites une action
privilégiée, donc, qui implique un dividende régulier. Les
dividendes sur des actions privilégiées, ils sont cumulatifs ou
non cumulatifs? Vous ne le précisez pas. Pourquoi?
M. Tremblay (Outremont): Oui, parce que, ça, c'est une
décision qui se prend entre l'entreprise et la société qui
investit. Ce n'est pas une décision où nous, la
Société de développement industriel, on a un jugement
à porter. Nous, ce dont on veut s'assurer...
M. Léonard: Ce que je veux savoir, c'est que vous
êtes indifférent à ce que ce soit des dividendes cumulatifs
ou non cumulatifs.
M. Tremblay (Outremont): En d'autres mots, nous, ce qu'on veut,
c'est la capitalisation des entreprises. Il ne faudrait pas, parce que c'est
une action privilégiée, que ça constitue un faux dividende
ou quelque chose qui est nettement exagéré, qui équivaut
à une sortie de fonds. Alors, ce qu'on veut, c'est favoriser la
capitalisation des entreprises. Il y avait des debentures convertibles avec un
rendement. Alors, c'est facile à évaluer, le rendement,
sensiblement le rendement du marché.
Alors, pour les actions privilégiées, à cause de
leur avantage au niveau fiscal, habituellement le rendement est moindre, mais
c'est les mêmes règles pour la debenture convertible au niveau de
la période de 60 mois et de 84 mois.
M. Léonard: À ce moment-là, je reviens
à la question: Quels sont les avantages respectifs entre debentures
convertibles et capital-actions convertible? Pourquoi vous venez
réintroduire capital-actions privilégié?
M. Tremblay (Outremont): deux avantages. la debenture, pour les
comparer, c'est un endettement. quand on regarde la présentation
financière d'un bilan, c'est un endettement avec un rendement sous forme
d'intérêts imposable à 100 %. une action
privilégiée, au niveau du montage financier, c'est un capital
permanent avec un rendement moindre, mais qui bénéficie
d'avantages fiscaux.
Alors, il y a certaines sociétés, soit imposables ou non
imposables, qui préfèrent des revenus d'intérêts,
d'autres des revenus de dividendes. Alors, ça, on ne se mêle pas
de ça, nous. Nous, on veut juste s'assurer que... Bien, on va le voir en
2 et 3, là.
M. Léonard: Oui. C'est parce que la debenture aussi est
convertible.
M. Tremblay (Outremont): Oui.
M. Léonard: et doit l'être. alors, en termes
d'analyse, c'est pratiquement la même chose que du capital-actions
privilégié puisqu'elle doit être convertie en actions
ordinaires.
M. Tremblay (Outremont): Oui.
M. Léonard: Et, si l'intérêt n'était
pas payé sur une debenture, qu'est-ce qui arrive là-dedans?
Est-ce qu'il y a des exigences particulières au plan de l'analyse du
dossier?
M. Tremblay (Outremont): Elle est de rang supérieur aux
actions privilégiées, aux actions ordinaires.
M. Léonard: Oui, c'est correct, mais qu'est-ce que
ça confère comme droit au détenteur de la debenture
convertible de plus que des actions ordinaires? Parce que, au bout du 60e mois,
ça devient du capital-actions ordinaire; donc, ça a le même
rang que les actionnaires, en quelque sorte.
M. Tremblay (Outremont): Oui, sauf que, dans une debenture, il
peut y avoir des conditions de défaut. La debenture est non garantie.
Mais il pourrait y avoir des conditions de défaut et, s'il y avait des
conditions de défaut, ça pourrait éventuellement causer
certains problèmes à l'entreprise qui ne respecterait pas, par
exemple, ses...
M. Léonard: C'est juste, finalement, en fonction d'une
liquidation, que vous faites la distinction.
M. Tremblay (Outremont): Si les intérêts ne sont pas
payés sur la debenture...
M. Léonard: Oui. C'est ça.
M. Tremblay (Outremont): ...ça pourrait créer
certaines conditions de défaut. Alors, elle aurait un rang
supérieur aux actions privilégiées.
M. Léonard: Ce serait remboursé avant les
actionnaires s'il y en a.
M. Tremblay (Outremont): Si la debenture, parce qu'elle est en
défaut, était remboursée avant la période
prévue par la loi, il y aurait un remboursement d'avantage fiscal. Parce
que l'avantage fiscal, c'est pour la capitalisation à moyen et à
long terme.
M. Léonard: Ce n'est pas la même chose dans le cas
du capital-actions.
M. Tremblay (Outremont): Oui, même chose, mais on ne peut
pas mettre, dans une action privilégiée, des conditions de
défaut, parce que la nature d'une action privilégiée,
c'est un capital permanent.
M. Léonard: Je suis d'accord.
M. Tremblay (Outremont): Là, on rentre dans les
technicalités, mais c'est essentiellement ça.
M. Léonard: Je comprends.
M. Tremblay (Outremont): Oui, oui.
M. Léonard: Au fond, c'est l'intérêt et le
dividende...
M. Tremblay (Outremont): Et les conditions rattachées.
M. Léonard: Mais, à partir du moment où le
dividende serait cumulatif, la différence entre les deux ne serait pas
très forte.
M. Tremblay (Outremont): II n'y a pas de condition... Il y a
l'avantage fiscal, évidemment, et, deuxièmement, il n'y a pas
de...
M. Léonard: D'obligation de déclarer un dividende.
Jamais.
M. Tremblay (Outremont): Oui, c'est ça. Et, en plus, il
n'y a pas de condition de défaut pour une action
privilégiée comme il y en a pour les debentures, même si la
debenture est non garantie.
M. Léonard: Oui.
(11 h 50)
M. Tremblay (Outremont): Alors, tout ce qu'on fait dans l'article
1, c'est qu'on donne cette possibilité-là. Mais c'est
théorique parce que, même si certains experts considèrent
que c'est intéressant, dans la très grande majorité des 11
cas, à date, c'a été en actions ordinaires. Alors...
M. Léonard: Qu'est-ce qui fait que vous ne l'aviez pas
prévu lors de la première rédaction? Vous n'y aviez pas
pensé.
M. Tremblay (Outremont): Je vais donner la vraie réponse.
C'est que...
M. Léonard: Ah! Parce que, des fois, vous en donnez des
fausses?
M. Tremblay (Outremont): Non. Non, non.
M. Léonard: Le ministre admet que, des fois, il en donne
des fausses. Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Outremont): La réponse... Évidemment,
le député de Labelle interprète toujours les paroles du
ministre, mais le ministre commence à être habitué...
M. Léonard: Non, non, mais je constate.
M. Tremblay (Outremont): Le ministre est habitué, mais le
ministre a toujours été un ardent défenseur de la
transparence. Alors, dans ce sens-là...
M. Léonard: Oh! Oh! On voit ça dans les heures
d'affaires. Je te dis que ça prend du temps à sortir les
études.
M. Tremblay (Outremont): Le ministère des Finances avait
certains problèmes au niveau des actions privilégiées et,
à la suite de discussions, a considéré que le
véhicule des actions privilégiées devait avoir
sensiblement le même traitement que les debentures convertibles. Alors,
dans ce sens-là, après le cheminement du ministère des
Finances, il a fallu une déclaration ministérielle, c'a
été intégré dans le budget.
M. Léonard: Parce que, généralement, dans
une entreprise, avec des debentures, du financement à long terme, ou des
emprunts à long terme, il y a du capital-actions
privilégié et du capital-actions ordinaire, c'est presque l'a b
c. On a passé à côté du
privilégié.
Le Président (M. Audet): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Oui, M. le Président. Voyez-vous, le
député disait tout à l'heure que j'avais besoin
d'éclairage. J'en ai besoin. Je ne suis pas un spécialiste dans
les affaires, mais je corn-
prends vite.
M. Léonard: C'est parce que eux autres n'ont pas de
questions. La vérité révélée. Ils
comprennent tout.
M. Claveau: Ils connaissent tout. Oui, ils ont la
vérité révélée.
M. Léonard: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Bon. Moi, je me situe toujours dans un milieu comme
chez nous, évidemment, où on n'est pas gros et on a bien de la
difficulté à trouver des financiers qui s'intéressent
à nous autres. Même les compagnies minières ne veulent plus
de nous autres. Les interventions sont faites par des groupes comme le CAE, par
exemple, le Centre d'aide aux entreprises, c'est une patente
fédérale ou à peu près; eux autres, ils font du
placement comme ça. Ils achètent des actions
privilégiées d'un groupe et, après ça, ils n'ont
pas le droit de vote, ils n'ont le droit de rien, mais c'est remboursable ou
pas remboursable, puis c'est toujours un peu compliqué. Est-ce que,
ça, ça s'appliquerait dans ces cas-là?
M. Tremblay (Outremont): Oui. Sous réserve de la
vérification de la charte, mais, en principe, le Centre d'aide aux
entreprises serait admissible.
M. Claveau: Ça veut dire qu'ils pourraient se retrouver
avec des actions ordinaires dans l'entreprise après sept ans ou 60 ou 84
mois. C'est ça? Avec plein droit de vote et de...
M. Tremblay (Outremont): Et, pour ce projet de loi qui est
différent des sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise, la très petite entreprise ou la PME
bénéficierait d'un avantage fiscal de 24 % ou de 12 %,
dépendam-ment que ce soient des actions ordinaires, ou une debenture, ou
des actions privilégiées. Ça, c'est l'avantage que la SDI
peut vous apporter. C'est qu'on peut évaluer tout ça dans le
montage financier et vous donner l'information.
M. Claveau: On est mieux de prendre un avocat et lui va donner un
avis final. Ha, ha, ha! Vous voyez, je ne comprends pas vite, mais, des fois,
je me resitue rapidement. O.K. En tout cas...
Le Président (M. Audet): D'accord. Est-ce que l'article 1
est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Audet): L'article 2. «L'article 10
de cette loi...
M. Léonard: Ce n'est pas le parti au pouvoir qui dit
«adopté». L'Opposition dit: O.K., adopté.
Le Président (M. Auuet): Non, mais c'est parce que je
regardais M. le député d'Ungava qui m'a fait signe que oui, M. le
député. Alors, j'en ai...
M. Claveau: Moi, ce n'est pas moi qui décide.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): O.K. C'est plus clair, là.
Ça va. Alors, l'article 2. «L'article 10 de cette loi...
M. Claveau: N'essaie pas de mettre la guerre de notre bord,
ça n'arrivera pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): Non, non, non, non. Ce n'est pas
ça. Vous avez dit que ce n'était pas vous qui décidiez.
J'ai dit: C'est correct, c'est plus clair. Il n'y a pas de problème.
L'article 10 de cette loi est remplacé par le suivant: «10. Est
une debenture convertible admissible, une debenture qui satisfait aux
conditions suivantes: «1° elle a été payée et
émise après le 19 juin 1991, à l'égard d'une dette
d'une corporation, laquelle a été acquise par un investisseur
admissible moyennant une contrepartie en espèces; «2° elle
n'est pas garantie, directement ou indirectement, par la corporation admissible
ou par toute autre personne ou corporation; «3° elle a une
échéance minimale de 60 mois et une échéance
maximale de 84 mois à compter de la date du placement admissible;
«4° en vertu des conditions relatives à son émission,
elle est convertible en tout temps pendant la durée du placement
admissible en actions ordinaires à plein droit de vote du
capital-actions de la corporation admissible; «5° elle est convertie
en actions ordinaires à plein droit de vote du capital-actions de la
corporation admissible au plus tard à la date d'échéance
de ladite debenture convertible.» M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Alors, M. le Président, en ce qui
concerne l'article 10 et les paragraphes 1°, 2°, 3° et 4°, ils
sont identiques à l'ancienne loi, aux paragraphes 1°, 2°, 3°
et 4°. Au lieu d'avoir le mot «debenture», on a «elle a
été». Par contre, au niveau de l'article 5°, il pouvait
y avoir une certaine ambiguïté et surtout pour répondre aux
suggestions concrètes du député de Labelle pour
éviter justement toute ambiguïté, on dit, de façon
très claire, qu'elle doit être «convertie en actions
ordinaires à plein
droit de vote du capital-actions de la corporation admissible».
C'est ça qu'on dit. C'est le seul changement.
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'il y a des questions
sur l'article 2?
M. Léonard: La date d'échéance, c'est
réglé par le point 3°, 60 mois, 84 mois.
M. Tremblay (Outremont): Exactement. On l'avait dans l'ancienne
loi.
M. Léonard: Cinq ans, sept ans.
M. Tremblay (Outremont): Les seuls mots qui ont été
ajoutés, c'est ceux que j'ai lus, là, «convertie en actions
ordinaires à plein droit de vote du capital-actions de la corporation
admissible», pour être certains qu'on évitait toute
ambiguïté, puis que c'était clair.
M. Léonard: Là, ici, vous ne dites pas... Ça
va être à l'article 3 pour l'action privilégiée.
M. Tremblay (Outremont): Oui, oui.
M. Léonard: O.K. Ça n'a pas posé de
problème, jusqu'ici, cette convertibilité?
M. Tremblay (Outremont): Non, non. En d'autres mots, on n'aurait
pas fait une commission parlementaire pour parier juste de ça. Parce
qu'on avait d'autres éléments, on en a profité pour
clarifier, pour éviter toute ambiguïté. D'ailleurs, le
député de Labelle avait posé spécifiquement cette
question-là, tout à l'heure: Où est-ce écrit que
ça doit être converti? Alors, là, ça l'est,
écrit. C'est très bien.
Le Président (M. Audet): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Oui, M. le Président. Je remarque que vous
avez enlevé le mot «obligatoirement». C'est parce que ce
n'était plus nécessaire, c'était de la redondance, quoi?
Là, j'aurais besoin d'une information de type financier. Je vous
consulte. Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Outremont): Ça va coûter cher.
M. Claveau: Je reprends, par exemple, mon cas de tout à
l'heure, les CAE qui font des placements dans des très petites
entreprises dans nos milieux. Si je comprends bien - et je veux savoir si j'ai
bien compris, je n'ai peut-être pas compris paritoute - ça veut
dire qu'à la fin de l'échéance, après cinq ans, par
exemple, ou sept ans, d'après ce qu'on peut voir, entre 60 et 84 mois,
si l'argent n'a pas été remboursé, à ce
moment-là, elle devient obligatoirement conver- tie, c'est ça?
Mais, si elle est remboursée dans les délais prévus...
Elle ne peut pas être remboursée jamais?
M. Tremblay (Outremont): Non. Elle est automatiquement
convertible en actions ordinaires. La raison, là, on a voulu
créer des véhicules différents pour des questions de
rendement parce qu'il y a des investisseurs qui veulent avoir du rendement. Une
action ordinaire n'a pas de rendement; le rendement, il est variable,
dépen-damment des bénéfices.
M. Claveau: Oui.
M. Tremblay (Outremont): Alors, on a voulu créer deux
catégories qui assurent du rendement pour faciliter la capitalisation
des entreprises, mais on a voulu s'assurer que, même s'il y avait du
rendement, c'était du capital-actions ordinaire.
M. Claveau: O.K.
M. Tremblay (Outremont): Alors, il peut y avoir du rendement
pendant 60 mois, maximum 84 mois, mais ça ne peut jamais être
rachetable; il faut que ce soit converti en actions ordinaires. Et, une fois
converti en actions ordinaires, si l'entreprise décide de racheter ou de
transiger sur ces actions ordinaires là, elle peut le faire.
M. Claveau: Ah, c'est compris dès le départ que ce
n'est pas un prêt à l'entreprise, c'est une debenture
convertible.
M. Tremblay (Outremont): Oui.
M. Claveau: Et puis ça... O.K. Vous voyez, je n'avais pas
compris. Je vous remercie, ma consultation a été positive.
M. Tremblay (Outremont): Très bien.
M. Claveau: Vous m'enverrez votre facture. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): O.K. Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur l'article 2 ou si l'article 2 est adopté?
M. Léonard: Oui. (12 heures)
Le Président (M. Audet): Adopté. L'article 3. Cette
loi est modifiée par l'insertion, après l'article 10, du suivant:
«10.1 Est une action privilégiée convertible admissible,
une action privilégiée qui satisfait aux conditions suivantes:
«1° elle a été payée et émise
après le 14 mai 1992 et acquise par un investisseur admissible moyennant
une contrepartie en espèces; «2° elle est émise pour
une période mini-
male de 60 mois; «3° en vertu des conditions relatives
à son émission, elle est convertible en tout temps pendant la
durée du placement admissible en actions ordinaires à plein droit
de vote du capital-actions de la corporation admissible; «4° elle est
convertie en actions ordinaires à plein droit de vote du capital-actions
de la corporation admissible au plus tard à la fin du 84e mois suivant
la date du placement admissible». M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Alors, c'est l'article qui vient
définir de façon très claire les caractéristiques
de l'action privilégiée convertible qui sont similaires à
celles existant au niveau de la debenture convertible.
Le Président (M. Audet): Des questions à l'article
3?
M. Léonard: Au paragraphe 3°, on dit: «en vertu
des conditions relatives à son émission, elle est convertible en
tout temps pendant la durée du placement admissible en actions
ordinaires à plein droit de vote du capital-actions de la corporation
admissible». C'est toujours entre 60 et 84?
M. Tremblay (Outremont): Non, avant. M. Léonard:
Ça peut être avant? M. Tremblay (Outremont): Bien
oui.
M. Léonard: Bien, alors, pourquoi on écrit en
2°: «elle est émise pour une période minimale de 60
mois»?
M. Tremblay (Outremont): Pour éviter le rachat et non pas
la convertibilité. Quelqu'un pourrait décider de la convertir
après 12 mois parce qu'il anticipe un rendement extraordinaire sur les
actions ordinaires, mais on met une période minimale de 60 mois pour
s'assurer que ça ne sera jamais racheté.
M. Léonard: Oui, mais ça n'empêchera pas les
actions ordinaires d'émettre des dividendes.
M. Tremblay (Outremont): Non, mais, à ce moment-là
le...
M. Léonard: Si c'est converti, comment faites-vous la
distinction entre des actions privilégiées converties en actions
ordinaires et les actions ordinaires originales? Vous les convertissez
après 12 mois et vous payez un dividende important. Vous n'avez pas le
droit de racheter n'importe quelle action ordinaire durant 60 mois?
M. Claveau: Vous n'avez pas le droit de convertir en actions
privilégiées.
M. Tremblay (Outremont): C'est ça, c'est en fonction de
l'investisseur qui les détient. En d'autres mots, c'est vrai que...
M. Léonard: Là, vous devez avoir accès...
M. Tremblay (Outremont): Au registre. M. Léonard: ...au
registre des actionnaires.
M. Tremblay (Outremont): Oui, il faut; sans ça...
M. Léonard: Et il y a des actionnaires qui pourront
être rachetés et d'autres pas.
M. Tremblay (Outremont): Non. Il y a un avantage...
M. Léonard: Un coup que vous êtes convertis,
là, vous avez des problèmes à distinguer entre les
deux.
M. Tremblay (Outremont): II y a un avantage fiscal qui est
conféré. Alors, l'intention du législateur, c'est de
s'assurer que c'est de la capitalisation. C'est une période minimale de
60 mois et, dans ce sens-là, les actions, si elles étaient
converties au bout de, mettons, 12 mois, en actions ordinaires, c'est dans un
registre des actionnaires, et l'actionnaire doit détenir ces
actions-là pour la période minimale prescrite par la loi. C'est
facile à vérifier, ça. Si on continue à parier de
tout ça, on va voir que cinq personnes pour assurer le suivi et assurer
les enregistrements, la validation juste de celui-là - on va parler de
l'autre projet de loi après - ce n'est pas exagéré. Ils
travaillent très fort à la SDI.
M. Léonard: M. le Président, je vois que j'ai
touché le ministre à un point sensible et juste, d'ailleurs, et
qui conforte d'ailleurs toute mon argumentation à l'effet que,
finalement, si jamais le programme connaissait de l'expansion, il faudrait
vraiment se poser la question sur le point que ça devrait aller au
ministère du Revenu. Et le programme lui-même, si on le concevait
correctement, permettrait aux gens de savoir où ils sont et de prendre
par eux-mêmes leurs propres décisions. Bon, on ne reprendra pas
tout ça, mais c'est une question fondamentale, et je pense que... Hum,
hum!
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'il a d'autres questions
à l'article 3?
M. Léonard: Donc, vous allez contrôler par le
registre des actionnaires.
Le Président (M. Audet): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Oui, justement là-dessus, sur qui fait quoi
là-dedans, là, est-ce que la Commission des valeurs
mobilières a un mot à dire quelque part dans toute cette
histoire-là?
M. Tremblay (Outremont): Dans le projet de loi, là, on
parle du projet de loi sur l'augmentation du capital des petites et moyennes
entreprises, ces entreprises investissent déjà des sommes
importantes et ont des exemptions de la Commission des valeurs
mobilières du Québec. Là, on ne fait pas affaire avec un
solliciteur de fonds publics, on fait affaire avec des institutions
financières traditionnelles reconnues. Alors, la question de
crédibilité ou de confiance, elle existe parce qu'on parle de la
Société d'investissement Desjardins, du Fonds de
solidarité des travailleurs du Québec ou des
sociétés à capital de risque.
M. Claveau: Oui, mais il arrive que, même dans des
sociétés comme Bombardier, la Commission des valeurs
mobilières se mêle de ce qui se passe à l'occasion. Est-ce
qu'il n'y a pas, justement, possibilité de régulation ou, enfin,
de suivi du dossier, de la mouvance des actions, de la convertibilité et
tout ça, qui peut être exercée ou qui est exercée
par la Commission des valeurs mobilières?
M. Tremblay (Outremont): II y a des dispositions qui permettent
à la SDI de vérifier la conformité, s'il y avait lieu,
avec la Commission des valeurs mobilières du Québec. Mais,
ça, ça existe déjà; c'est là, ça.
M. Claveau: O.K.
Le Président (M. Audet): Ça va?
M. Claveau: II y a peut-être une chose que j'aimerais
savoir. Tout à l'heure, on disait que, dans le cas des debentures
convertibles, il fallait que ce soit déterminé dès le
départ. Est-ce que c'est la même chose dans ce cas-là ou
est-ce que, par exemple, il ne pourrait pas exister des cas où il y a
déjà des placements qui sont faits sous forme d'actions
privilégiées et qui pourraient bénéficier, dans un
deuxième temps, d'une mesure semblable? Ou bien si, dès le
départ, au moment de faire ton placement, il faut que ce soit
identifié que des actions privilégiées sont
convertibles?
M. Tremblay (Outremont): II faut que ce soit après le 14
mai 1992. Deuxièmement, il faut que ce soit des actions
privilégiées qui répondent aux critères de la loi,
il faut que l'investisseur soit une société reconnue par la SDI
et, par la suite, la SDI émet son visa. Alors, c'est tout
vérifié au préalable, lors de la demande.
M. Claveau: Puis, ça, c'est long? Non?
M. Tremblay (Outremont): Ça dépend de la
complexité du dossier, mais ça ne devrait pas être long.
Alors, de ce côté, si jamais il y avait un problème
où vous considérez que c'est trop long, le ministre de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie va faire les
représentations nécessaires aux personnes compétentes de
la SDI pour qu'on réponde à vos attentes le plus rapidement
possible.
M. Léonard: Pour voir ce qu'il y a eu de fait. Dans les 11
dossiers qui ont été traités, est-ce qu'il y en a qui ont
été traités après le 14 mai et qui se sont
prévalus de la disposition 10.1, à l'heure actuelle?
M. Tremblay (Outremont): Non. M. Léonard: Personne.
M. Tremblay (Outremont): Non. M. Léonard: Ça n'a
pas été utilisé?
M. Tremblay (Outremont): Non. Sur les 11, il y a...
M. Léonard: C'était juste des debentures.
M. Tremblay (Outremont): ...10 actions ordinaires, une
debenture.
M. Léonard: Une debenture. Puis, dans les huit qui s'en
viennent?
M. Tremblay (Outremont): On dit que c'est encore surtout des
actions ordinaires.
M. Léonard: Oui. Mais les cinq fonctionnaires sur huit
dossiers, ça va poser des questions, s'ils ont juste ça à
faire. Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Outremont): Mais, tout à l'heure, le
député de Labelle, M. le Président, a admis qu'il
commençait à comprendre que les fonctionnaires ne travaillaient
pas uniquement sur la Loi favorisant l'augmentation du capital des petites et
moyennes entreprises. Il l'a admis, il y a quelques minutes, qu'il commence
à réaliser la charge de travail importante...
M. Léonard: Ce n'est pas «il commence», c'est
que le ministre n'avait pas donné la bonne réponse, si je
comprends. Il s'est étalé dans de multiples explications, par la
suite, parce que sa réponse avait été incomplète.
Il s'est aperçu de sa bévue. D'ailleurs, je me suis toujours
inquiété, quand je gérais des choses. Quelqu'un donnait la
pleine réponse, la bonne réponse du premier coup et, après
ça, quand il voyait qu'il s'était, disons, embarqué un
peu, là, il en mettait et il mettait beaucoup de brume autour de ses
fonctions.
Le Président (M. Audet): Je vous rappelle qu'on est
toujours à l'article 3.
M. Léonard: Oui, oui. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Léonard: Écoutez, M. le Président, je
pense qu'on introduit pratiquement un être de raison parce que, si je
comprends, il n'y a personne qui l'a demandé. Mais, effectivement,
ça peut donner un peu plus de flexibilité. C'était
ça qui était dans le bulletin du ministre des Finances du 30
juin, c'est ça, et dans le discours du budget? Alors, de toute
façon, on n'aurait pas le choix, c'est une décision
budgétaire, si je comprends. Mais on va concourir, on va l'accepter en
supposant que tout a été bien rédigé cette fois,
qu'on ne sera pas obligé de reprendre cet article dans six mois encore
parce qu'on n'y aura pas pensé tout de suite.
Le Président (M. Audet): Alors, l'article 3 est
adopté?
M. Léonard: Adopté. Le Président (M.
Audet): L'article 4. Réglementation
M. Tremblay (Outremont): Alors, M. le Président, je veux
juste ajouter: On sera complices de cette démarche-là parce que
votre imagination n'aura pas été plus fertile que la
nôtre.
M. Léonard: Ouais!
Une voix: Chacun son tour de proposer.
Le Président (M. Audet): Alors, l'article 4. «Les
règlements qui seront pris en application...»
M. Léonard: M. le Président, le ministre a admis
tout à l'heure que c'était à ma suggestion qu'on avait
précisé et repris la rédaction. Alors, dans ce cas, au
moins, mon imagination a été plus fertile que la sienne.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Outremont): Mais ça confirme, M. le
Président, exactement ce que je viens de dire. C'est que, si jamais,
pour une raison ou pour une autre, d'autres personnes avaient une imagination
plus fertile que celle du député de Labelle et/ou du ministre de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, on sera obligé de se
rasseoir autour de la même table pour faire des modifications à la
loi. (12 h 10)
M. Léonard: M. le Président, quand le ministre
essaie de faire...
Le Président (M. Audet): Je vous rappelle qu'on est rendus
à l'article 4.
M. Léonard: ...de la voltige autour de ces notions, qu'il
sache une chose - parce qu'il n'a pas l'air de le savoir - dans le domaine
fiscal, effectivement, l'imagination des millions de contribuables est à
l'oeuvre et, à ce moment-là, ça produit des effets; mais
je ne suis pas sûr que la SDI se rende compte de ce dans quoi elle
s'embarque, puis là où elle arrivera dans cinq, six ans ou dans
10 ans. On verra! Et il n'y aura pas juste mon imagination qui va être
à l'oeuvre...
Le Président (M. Audet): O.K.
M. Léonard: ...il y a celle des millions de contribuables
québécois là-dedans. On verra bien!
Le Président (M. Audet): Bon! On est rendus à
l'article 4. «Les règlements qui seront pris en application des
paragraphes 1°, 4° et 6° de l'article 20 de la Loi favorisant
l'augmentation du capital des petites et moyennes entreprises, entre la date
d'entrée en vigueur de la présente loi et le 31 juillet 1993,
pourront prévoir que leurs dispositions ont effet à
l'égard d'un placement admissible effectué après le 14 mai
1992 pour lequel la Société de développement industriel du
Québec aura émis un visa après cette date.»
M. le ministre.
M. Léonard: Tout le monde a compris à la
première lecture, là?
Une voix: Oui.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Outremont): Non, mais j'écoutais
attentivement, M. le Président...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Outremont): ...le député de Labelle,
hier, à l'Assemblée nationale, qui avait de la misère
à comprendre ce que cet article voulait dire. Il me semble que c'est
très clair. C'est très clair, et c'est la raison pour laquelle
c'est avec beaucoup de satisfaction que je remets au député de
Labelle une copie des règlements parce que, étant donné
que, dans le passé, les règlements n'ont pas été
préparés très rapidement pour donner suite au projet de
loi, maintenant - c'est la raison pour laquelle c'est marqué le 31
juillet 1993 - les règlements sont déjà disponibles et on
attend anxieusement l'adoption du projet de loi pour donner suite aux
règle-
merits.
Le Président (M. Audet): Alors, on va les distribuer.
M. Tremblay (Outremont): Alors, essentiellement, M. le
Président, par les règlements, on vient juste faire exactement ce
que nous avons fait pour les debentures convertibles, on les adapte aux actions
privilégiées convertibles. Alors, ce sont les mêmes
articles qui viennent expliquer les mesures envisagées.
M. Léonard: On peut en prendre connaissance?
M. Tremblay (Outremont): C'est pour ça qu'on les
distribue, pour que vous puissiez en prendre connaissance.
M. Claveau: M. le Président, moi, il y a une chose que je
sais, c'est que, quand vous vous retrouvez, 10 ou 15 petits investisseurs
locaux qui essaient de comprendre comment ça marche et que vous avez un
article de loi semblable, vous avez besoin d'un bon avocat pour vous
démêler. Parce que ce n'est pas tout le monde dans nos milieux et
toutes nos petites entreprises qui ont les supports juridiques
nécessaires pour se comprendre dans toutes ces formulations
compliquées. C'est là que je dis, entre autres, que ça
coûte cher pour nos PME, parce que le petit peu de
bénéfices qu'elles pourraient peut-être faire à la
fin de l'année, elles sont obligées de le payer en avocats et en
comptables pour se comprendre dans les lois et pour ne pas faire d'erreurs qui
leur seraient encore plus coûteuses. C'était un commentaire.
Moi, j'ai des entreprises chez nous... Il n'y a personne qui parle? Je
vais parler, moi. Il y a de petites entreprises chez nous, savez-vous, qui ont
vu toute leur marge de bénéfices disparaître avec la
perception de la TPS et de la TVQ, avec les nouvelles réglementations.
Elles avaient juste un petit peu de bénéfices, puis là,
cette année, elles n'en ont plus pantoute à cause de ce que
ça leur coûte de plus pour tous les systèmes d'adaptation,
puis tout ça, pour l'implantation de la TPS et de la TVQ. Là,
elles deviennent déficitaires. Quand on en est rendu là, M. le
Président, c'est compliqué. Je ne sais pas où on s'en va.
C'est dur pour le petit monde dans le milieu de comprendre ça, ces
affaires-là.
M. Léonard: Mais ça, c'est des
représentations que le ministre de l'Industrie et du Commerce devrait
faire à ses collègues des Finances et du ministère du
Revenu, parce que les avantages qu'il donne par la loi qu'il y a ici,
là, sont très vite effacés par tout ce que l'entreprise
doit engager pour produire ses rapports, à l'heure actuelle. Je lui en
ai fait mention, hier, en Chambre. Je trouve ça épouvantable.
L'écho que nous avons, c'est que l'entreprise est piégée
présentement et n'arrive pas à faire ses rapports comme elle les
faisait auparavant.
La TPS, à ce qu'on me dit, c'est relativement simple, parce que
c'est lié à la fabrication, c'est net, c'est clair. Quand on
arrive à la TVQ, M. le Président, là, on a un autre
problème. Parce que la TVQ, lorsqu'on veut faire des réclamations
pour les intrants, vous savez que, sur tous les achats de ces
entreprises-là, il y a différents taux. On va commencer par les
assurances: 9 % sur certaines primes, 5 % sur d'autres, à part la TPS,
là. Ensuite, vous tombez sur le taux général des biens, 8
%; sur les services, 4 %.
Le Président (M. Audet): M. le député, je
vous rappelle qu'on est à l'article 4 du projet de loi 48, Loi modifiant
la Loi favorisant l'augmentation du capital des petites et moyennes
entreprises.
M. Léonard: C'est pertinent parce qu'on est supposé
les aider, les petites et...
Le Président (M. Audet): Par rapport au projet de loi,
ça ne l'est pas. Ha, ha, ha!
M. Léonard: Ha, ha, ha! Mais je n'ai pas fini...
Le Président (M. Audet): On est loin du fond. Dans la
forme, peut-être, mais...
M. Claveau: Je suis d'accord, M. le Président, avec le
député de Labelle. Comment voulez-vous capitaliser...
M. Léonard: Je n'ai pas fini
rénumération.
Le Président (M. Audet): Vous pouvez être d'accord,
M. le député d'Ungava, mais ce n'est pas pertinent non plus.
M. Claveau: ...quand le petit peu d'argent que vous pourriez
avoir, vous devez le dépenser pour faire vos rapports de CSST,
d'impôt, de...
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'il y a des questions
à l'article 4?
M. Léonard: Oui, mais on est à la lecture des
règlements, là. Bon. C'est parce que, sur les règlements,
les articles qui seront pris en application des paragraphes 1°... Lesquels
sont modifiés? Là, c'est le règlement
général. Où sont les modifications, là-dedans?
C'est parce que ce n'est pas clair.
M. Tremblay (Outremont): En fait, M. le Président, de
façon très simple, on prend le règlement
général et on ajoute les actions privilégiées
convertibles, comme il y avait des
debentures convertibles. Alors, on vous donne un règlement, puis
les changements, c'est surtout qu'on a ajouté des mots: actions
privilégiées convertibles.
M. Léonard: Oui. Une chose. Pourquoi la date du 31 juillet
1993?
M. Tremblay (Outremont): Au cas où les règlements
auraient pris beaucoup plus de temps que prévu. C'est pour ça que
je faisais l'allusion, tout à l'heure, ça donnait au
législateur le temps nécessaire pour préparer la
réglementation. Alors, on l'a déjà fait parce qu'on est
performants. Alors, on vous la donne et on pourrait maintenant changer cette
date-là parce qu'on s'est gardé de la latitude à cause des
mécanismes d'approbation des règlements au niveau
gouvernemental.
M. Léonard: Un instant, là. Le règlement en
vertu de la loi 410, qui a été adopté l'an passé,
il était passé au Conseil des ministres.
M. Tremblay (Outremont): Oui. M. Léonard: II
était adopté.
M. Tremblay (Outremont): Mais, là, on parle des nouveaux
règlements, ici.
M. Léonard: Des nouveaux règlements qui donnent
effet à la loi 48.
M. Tremblay (Outremont): Oui.
M. Léonard: Alors, ceux-là sont passés par
le Conseil des ministres ou pas encore?
M. Tremblay (Outremont): Non.
M. Léonard: Ils ne le sont pas encore.
M. Tremblay (Outremont): Bien non, on attend que la loi...
M. Léonard: Vous attendez que la loi soit
adoptée.
M. Tremblay (Outremont): On vous les donne d'avance. Normalement,
on ne les donne pas mais...
M. Léonard: Donc, c'est un projet.
M. Tremblay (Outremont): ..dans notre transparence habituelle, on
vous donne les règlements. Vous les lisez. C'est ça, les
règlements. Sans ça, vous ne les auriez pas vus, normalement. On
vous aurait demandé d'approuver cet article-là. Vous m'auriez
dit: Oui, mais ça dit quoi, les règlements? Alors, on vous les
donne. Et, si vous prenez le règlement général, la seule
modification, dans ce cas-là, qu'on a apportée pour l'article 4,
c'est la question des actions priviiegiétc convertibles. (12 h 20)
M. Léonard: Bon. Vous dites le 31 juillet 1993 pour les
règlements qui donnent effet à la loi, en tout cas, et permettent
de l'appliquer. Qu'est-ce qui arrive lorsque vous voulez modifier le
règlement? Parce que, présentement, moi, ce que je lis dans cet
article de loi, il y a un projet de règlement, il est adopté,
promulgué, etc. Mais, à un moment donné, vous pouvez
être amené à modifier le règlement. Le Conseil des
ministres peut le faire. Qu'est-ce qui arrive si vous êtes après
le 31 juillet 1993? Il n'y a pas de modifications là-dedans?
(Consultation)
M. Tremblay (Outremon*): La réponse à votre
question, c'est oui. En d'autres mots, s'il y avait certaines modifications qui
étaient suggérées, on pourrait les faire sans revenir
nécessairement en commission parlementaire et modifier le projet de loi.
Parce que c'est par règlement que c'est prévu. Alors, par
règlement, ça permet au gouvernement d'ajuster, de modifier
certains détails d'ordre technique. Mais ça a été
fait, ce processus-là a été fait, c'est pour ça
qu'on vous le donne.
M. Léonard: Je sais, mais c'est bizarre de mettre dans un
article de loi que les règlements qui seront pris... Alors, c'est un
pouvoir permanent donné au Conseil des ministres en application de la
loi. Mais pourquoi, à ce moment-là, dire: Entre telle date et
telle date? Je comprends qu'on ne peut pas passer des règlements avant
le 14 mai 1992. Mais après... Le pouvoir est permanent, pourquoi
préciser le 31 juillet 1993? Le 1er août 1993, vous pourriez les
faire aussi, ces changements.
M. Trembiay (ùuîremont): À la demande du
Comité de législation, parce qu'on parle de mesures
rétroactives au 14 mai 1992, on a voulu mettre une
échéance quant aux règlements. En d'autres mots, on a
décidé qu'il fallait que ça se fasse avant le 31 juillet
1993. On aurait pu dire le 1er janvier 1993. On a pris ça au cas
où il y aurait un délai dans l'approbation des
règlements.
M. Léonard: Ah! Donc, ça oblige à donner une
première version révisée du règlement.
M. Tremblay (Outremont): Ça nous oblige à
être performants avant le 31 juillet 1993. Là, on est rendus au
mois de novembre 1992 et c'est déjà fait, alors, on vous les
donne. C'est une marge de manoeuvre gouvernementale au cas où il y
aurait des délais dans l'approbation des règlements, on aurait,
le plus tard, le 31 juillet 1993 et, s'ils n'étaient pas
approuvés, à ce
moment-là, là on serait obligé de modifier la
loi.
M. Léonard: Et ça n'entache pas le pouvoir
ultérieur de modifier le règlement?
M. Tremblay (Outremont): Non.
M. Léonard: Parce qu'à ce moment-là on doit
dire: Les premiers règlements qui seront pris en application des
paragraphes 1e, 4° et 6°.
M. Tremblay (Outremont): Ce n'est pas notre exigence, à
nous; c'est le Bureau des règlements et le Bureau des lois qui voulaient
avoir une échéance.
M. Léonard: C'est vous qui êtes le ministre
responsable de la loi. C'est vous qui la défendez, vous devez savoir
pourquoi.
M. Tremblay (Outremont): Je pense que je l'ai très bien
défendue. Je vous le dis pourquoi, c'est parce que ça a un effet
rétroactif au 14 mai 1992. Le Bureau voulait avoir une date, on a mis le
31 juillet 1993. Mais on est plus performants que la date, on est en novembre
1992 et on vous le donne, le règlement.
M. Léonard: La performance! Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
M. Léonard: Adopté.
Le Président (M. Audet): L'article 4 est
adopté.
Article 5. «Les règlements qui seront pris en application
du paragraphe 3° de l'article 20 de la Loi favorisant l'augmentation du
capital des petites et moyennes entreprises, entre la date d'entrée en
vigueur de la présente loi et le 31 juillet 1993, pourront
prévoir que leurs dispositions ont effet à compter de toute date
non antérieure au 1er juillet 1992». M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, exactement la
même explication que pour l'article 4, sauf que l'article 5, c'est pour
les nouveaux secteurs admissibles dans le secteur culturel, principalement.
Alors, si vous prenez le règlement qu'on vous a mentionné...
M. Léonard: Mais, là, il faudrait adopter les
autres règlements. Où est-ce que c'est mentionné, les
nouveaux secteurs admissibles là-dedans? Parce qu'on ne les a pas vus
encore.
M. Tremblay (Outremont): Vous l'avez dans le règlement.
C'est le règlement qui le définit. Alors, si vous prenez le
règlement, vous allez voir qu'on va définir les deux articles:
les activités culturelles et le secteur touristique.
M. Léonard: C'est dans le règlement? M. Tremblay
(Outremont): Oui.
M. Léonard: C'est parce qu'on n'en a pas discuté
encore. Je voulais avoir des éclaircissements là-dessus.
M. Tremblay (Outremont): II n'est jamais trop tard pour en
discuter.
M. Léonard: Oui. C'est parce qu'on en a parlé, puis
le président nous pressait et on n'a pas eu le temps d'en discuter
effectivement. Vous voyez ce qui arrive avec ça? On est obligés
de revenir en arrière.
Le Président (M. Audet): Sur quoi, ça?
M. Tremblay (Outremont): Non, on ne revient pas en
arrière.
M. Léonard: C'est parce que c'est dans le projet de
règlement. Il y a une chose qui m'a intrigué. D'ailleurs, c'est
la même chose dans le projet de loi 49. Dans le projet de loi
lui-même, il n'est fait mention - et ici aussi - en aucun endroit du
secteur touristique ou du secteur culturel. Et, finalement, ce que cela veut
dire, c'est que c'est le règlement qui le fixe. C'est le
règlement qui fixe l'extension de l'application de la loi. La question
que je me pose, c'est, finalement: Comment ça se fait que le ministre
des Finances est obligé de faire une déclaration
ministérielle, ou de le mentionner dans son discours du budget, pour
l'élargir publiquement? Parce qu'il ne s'agit que d'un règlement.
En fait, le gouvernement pourrait décider, par règlement,
pourquoi il n'en est pas fait mention directement dans la loi et pourquoi,
à l'occasion de l'élargissement d'un règlement, on doit
procéder soit par discours du budget, soit par déclaration
ministérielle du ministre des Finances. En l'occurrence, ce n'est
même pas une déclaration ministérielle; je pense que c'est
un bulletin, 92-7, je crois. Alors, j'aimerais ça que le ministre nous
brosse un tableau sur cette question-là parce que la loi n'est pas
explicite et ce ne sont que des notes explicatives qui sont explicites ou, en
tout cas, plus explicites. Après ça, on part des notes
explicatives et il faut aller à un bulletin du ministère des
Finances.
M. Tremblay (Outremont): Très bien, M. le
Président. Si on prend la loi, la loi 410 favorisant l'augmentation du
capital des petites et moyennes entreprises, et qu'on regarde l'article 20,
paragraphe 3°...
M. Léonard: O.K. Un instant.
M. Tremblay (Outremont): ...l'article 20 dit: «Le
gouvernement peut prendre des règlements
pour: 3° déterminer les secteurs d'activité dans
lesquels doit oeuvrer une corporation visée à l'article 3,
à l'exception des activités qu'il détermine».
Dans la modification à ce projet de loi, donc dans le projet de
loi 48, on dit: «Les règlements qui seront pris en application du
paragraphe 3° de l'article 20», que je viens de vous lire. On met
quand ils doivent entrer en application et on vous donne le règlement
où on mentionne de façon très claire qu'est-ce qu'on
entend par les activités du secteur culturel. La question, c'est de
dire: Pourquoi un projet de loi 48 si, par règlement, on a le droit de
rendre d'autres secteurs admissibles? Parce que, théoriquement, on
pourrait comme gouvernement dire: Nous avons, en vertu de l'article 20,
paragraphe 3°, la possibilité d'élargir les secteurs
admissibles. La réponse, c'est parce qu'il y a une
rétroactivité au niveau de la fiscalité au 14 mai 1992 et,
dans ce sens-là, on est obligés de procéder par un projet
de loi.
M. Léonard: C'est parce que nous sommes donc au 25
novembre qu'on est obligés de passer par un projet de loi. Si ce
n'était pas rétroactif, pas question.
M. Tremblay (Outremont): C'est parce qu'on ne peut pas annoncer
d'avance les mesures de nature fiscale; c'est pour ça qu'il y a un
discours du budget. Il faut, dans un premier temps, que le ministre des
Finances fasse l'annonce, il l'a faite le 14 mai 1992, et, par la suite, on
prépare la réglementation qui a inévitablement un effet
rétroactif et, dans ce sens-là, on est obligés, à
cause de la nature fiscale des avantages qui sont donnés, de
procéder par projet de loi.
M. Léonard: Mais...
M. Tremblay (Outremont): Sinon - pour compléter ça
- le règlement n'entrerait en vigueur qu'au moment de son adoption par
l'Assemblée nationale, au moment de sa publication, et la loi...
M. Léonard: À la Gazette officielle.
M. Tremblay (Outremont): C'est ça, oui.
M. Léonard: ça veut dire qu'en toute
hypothèse vous serez toujours obligés de procéder par un
projet de loi à chaque fois, parce qu'il y aura toujours un
élément rétroactif.
M. Tremblay (Outremont): Dans la mesure où il y a un effet
rétroactif, oui.
M. Léonard: Bien, dans la mesure... Vous êtes
presque obligés de faire ça, parce que simplement le délai
de publication d'un règlement avant qu'il n'entre en vigueur fait que,
dans les matières fiscales, vous êtes obligés de
procéder par une loi.
M. Tremblay (Outremont): La réponse... M.
Léonard: Donc, pourquoi...
M. Tremblay (Outremont): La réponse, c'est oui, je pense,
parce que le ministre des Finances n'a pas le droit de divulguer des mesures
qui ont un impact financier avant le budget. Donc, la seule façon, c'est
de préparer tout d'avance et, le lendemain du budget, le 15, d'aller au
Conseil des ministres faire accepter les secteurs admissibles. Mais,
étant donné la confidentialité traditionnelle au niveau du
discours du budget, ça devient impossible, le lendemain du budget, de
mettre en application les mesures. (12 h 30)
M. Léonard: O.K. Je reviendrai.
(Consultation)
M. Léonard: Je remets en cause le libellé
même de la loi, à ce moment-là, parce que ça veut
dire que le paragraphe 3° de l'article 20 ne peut pas s'appliquer tel quel.
Il y a un pouvoir de déterminer des secteurs d'activité par
règlement et, à chaque fois que vous allez les déterminer
par règlement, à chaque fois le ministre des Finances va
être obligé de faire une déclaration. Et le simple fait
qu'il y ait un délai de publication dans les règlements fait que
vous êtes obligés de procéder par législation et
réglementation avec effet rétroactif.
M. Tremblay (Outremont): Dans le domaine touristique...
M. Léonard: Oui, O.K.
M. Tremblay (Outremont): ...on va le voir tout à i heure,
c'est l'autre article, il était déjà là. Alors, on
s'en vient l'harmoniser dans le projet de loi.
M. Léonard: Oui, mais pas le secteur culturel. Le domaine
touristique, oui. Mais vous êtes obligés... Là, ce que vous
faites, dans le domaine touristique, dans le règlement... Alors, il faut
étudier le règlement dans ce cas-là.
M. Tremblay (Outremont): C'est juste une question de
confidentialité des mesures qui sont annoncées par le ministre
des Finances parce que, théoriquement, on pourrait s'entendre avec tout
le secteur culturel d'avance, puis le ministre pourrait se lever et dire... Ou
même pas, le gouvernement pourrait modifier le règlement et, par
la suite, la ministre responsable des Affaires culturelles pourrait dire:
Maintenant, c'est admissible. Mais les gens l'auraient su six mois, un an
d'avance à cause du processus de consul-
tation, et étant donné la confidentialité
traditionnelle...
M. Léonard: Ça, je comprends ça.
M. Tremblay (Outremont): C'est juste ça.
M. Léonard: On n'a pas le choix. Ce que je veux dire,
c'est que finalement on n'a pas le choix. Et, à chaque fois que le
ministre des Finances va se lever pour dire: Tel secteur maintenant est
admissible, ça va nous amener à modifier ia loi. Parce que vous
allez être obligés de présenter un autre article 5a, 5b,
5c, pour dire...
M. Tremblay (Outremont): Oui.
M. Léonard: ...que rétroactivement, etc., pour
remettre en branle la mécanique. Donc, je vous pose la question:
Pourquoi procéder par règlement, à ce moment-là?
C'est faire de la législation ou de la réglementation pour
rien.
M. Tremblay (Outremont): Parce que ça permet, par exemple,
dans le secteur touristique, de faire des modifications qui n'ont pas
nécessairement une incidence rétroactive et qui peuvent
fonctionner. Alors, dans ce sens-là, ce qu'on va approuver tout à
l'heure, c'est déjà en application pour le secteur touristique,
mais ça n'a pas d'incidence fiscale rétroactive.
M. Léonard: Alors, disons que, pour ça, j'ai fait
le point. Je trouve quand même que je reste sur mon interrogation sur la
mécanique législative là-dedans.
Maintenant, il y a deux élargissements de la loi.
C'est-à-dire on vient corriger ou harmoniser, comme vous avez dit, dans
le secteur touristique et, après ça, le secteur culturel. Il
vient à l'article 6, le secteur culturel?
M. Tremblay (Outremont): Dans l'article 5. Les deux sont dans
l'article 5.
M. Léonard: Les deux sont dans l'article 5. Bon. O.K. Les
deux sont dans l'article 5. Alors, on va en venir, donc, à
l'étude du règlement lui-même. Qu'est-ce que vous
harmonisez en ce qui concerne le secteur touristique? Alors, ce qui est dit
ici: Les entreprises du secteur touristique auxquelles s'applique le
présent règlement sont les suivantes: une entreprise
d'hébergement existante en date du placement admissible, ou une nouvelle
entreprise d'hébergement destinée principalement au tourisme
d'agrément et de congrès, pour laquelle un permis d'exploitation
a été délivré en vertu de la Loi sur les
établissements touristiques; une entreprise de camping ou une nouvelle
entreprise de camping pour laquelle un permis d'exploitation a
été délivré en vertu de la Loi sur les
établissements touristiques et dont plus de 40 % des sites ou un minimum
de 150 sites, selon le plus bas des deux, sont exclusivement à la
disposition des campeurs autres que saisonniers; dans un but d'exploitation,
les bateaux d'excursion naviguant sur les plans d'eau du Québec; une
pourvoirie qui possède un permis d'exploitation délivré en
vertu de la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune; ski alpin
maintenant.
Moi, j'aimerais ça qu'on fasse le tour. On peut les prendre un
par un. La première question générale là-dessus,
c'est: Bon, il y a un certain nombre de secteurs qui sont prévus et
d'autres qui ne le sont pas. Quel a été le critère de
démarcation entre les uns et les autres? Et, ensuite, dans chacun des
secteurs, qu'est-ce que vous visez?
M. Tremblay (Outremont): C'étaient tous des secteurs qui
étaient déjà là, mais le ministère du
Tourisme a changé le libellé de ces secteurs-là. Alors,
dans ce sens-là, nous, tout ce qu'on a fait, on a pris la nouvelle liste
du secteur du tourisme, puis on l'a appliquée.
M. Léonard: Bon. Là, c'est toutes les entreprises
d'hébergement, les auberges sans référence à la
taille.
M. Tremblay (Outremont): Les campings, les pourvoiries, les
bateaux d'excursion, les centres de ski alpin, les entreprises dans le secteur
touristique qui ont une activité de grande nature. L'autre, ce sont des
activités récréatives prioritairement utilisées par
une clientèle touristique. Puis les autres, le 8°, c'est une
entreprise qui exploite un attrait touristique et qui accueille des hôtes
payants. Le secteur du tourisme a considéré qu'il y avait lieu de
revoir sa liste pour l'actualiser et c'est ce qui a été fait.
Nous, tout ce qu'on fait, on l'incorpore à la nouvelle définition
du secteur touristique. C'est tout ce qu'on a fait.
Le Président (M. Audet): M. le député
d'Ungava.
M. Léonard: Je reviendrai, vas-y.
M. Tremblay (Outremont): Juste pour vous donner un exemple,
là, j'ai les anciens, ici, si vous voulez tout vérifier
ça. On parlait, par exemple, pour la classification,
d'hébergement existant qui possède un permis d'exploitation de
services. On disait: Au moins un lys dans le répertoire
«Hébergement Québec» de l'année en cours au
moment du placement admissible.
M. Léonard: Au mois un?
M. Tremblay (Outremont): Des lys. On classifie les entreprises
d'hébergement selon un lys, deux lys, trois lys, quatre lys, cinq
lys
étant le meilleur. Alors, ils ont fait tomber la question d'au
moins un lys parce que le ministère du Tourisme n'émet plus de
lys. Alors, c'est une actualisation de ce qui s'est passé au cours des
années et parce que le secteur touristique, le ministère du
Tourisme a revu ses lys de secteurs admissibles. Nous, comme SDI, on a besoin
d'un avis favorable du ministère du Tourisme. On prend la même
liste et, maintenant, on l'intègre dans te nouveau règlement.
Le Président (M. Audet): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: J'ai quand même un certain nombre de
problèmes avec ça. J'ai regardé tout de suite la
réglementation du milieu touristique, puis je me demande jusqu'à
quel point il y a vraiment arrimage entre ce qu'il doit être maintenant
possible de faire par le biais de cette loi-là puis ce qui se fait
déjà en termes d'aide, de subventions et de différents
programmes dans les ministères concernés.
Par exemple, dans le domaine des pour-voiries, le programme de
développement des pourvoiries prévoit que tes pourvoiries, que
tes camps soient au moins de catégorie II, je pense. Il y a trois
catégories de camps, en tout cas, puis il y a une catégorie, la
dernière catégorie en bas est exclue de l'admissibilité au
programme.
Dans le domaine des campings, par exemple, ce n'est pas certain que ce
sont les mêmes normes qui sont appliquées au niveau du
ministère. Dans le domaine du ski alpin, il n'est pas nécessaire
de pouvoir développer... Le ministère n'oblige pas que tu aies de
l'hébergement sur le centre de ski ou à un kilomètre
autour. S'il y a un village ou une petite ville de 10 000 habitants qui est
à cinq kilomètres d'un centre de ski, on ne développera
pas un complexe résidentiel au centre de ski aux dépens des
hôteliers du village qui est à cinq kilomètres. Bon.
J'essaie de comprendre comment est-ce que ça a pu apparaître, ces
affaires-là, finalement.
On ne parle pas de la motoneige. Actuellement, au ministère du
Tourisme, la grosse priorité, c'est le développement de la
motoneige, puis de faire venir des touristes d'à travers le monde pour
faire de la motoneige. C'est la grande priorité du ministère du
Tourisme, vendre l'hiver, vendre la neige. On ne parle pas du tout du
développement de la motoneige là-dedans comme un secteur
admissible.
La même chose au niveau du chien de traîneau. Savez-vous
qu'il y a des milliers d'Européens qui sont prêts à venir
à toutes les années faire du chien de traîneau? Bien, ce
n'est pas nécessairement de l'aventure aux gens de «La grande
aventure»; ça peut être pour faire des pistes autour des
villages sur un circuit de 25 kilomètres. On ne parle pas des montagnes
Ghats, quand on parle de faire du chien de traîneau. Moi, quand je vois
«La grande aventure», c'est l'expédition dans les montagnes
Ghats ou bien, je ne sais pas, moi, c'est faire la côte de la baie
d'Hudson ou bien des trucs semblables, là, le tourisme d'aventure. Mais
du chien de traîneau, ça, ce n'est pas du tourisme d'aventure.
Sauf que, actuellement, il y a des Européens qui investissent au
Québec dans le chien de traîneau et avec des
Québécois. Je ne trouve rien d'admissible dans ce
secteur-là. Chez nous, en tout cas, c'est important, on a un
élevage de 150 chiens de traîneau qu'on est en train de monter
dans ma petite ville à moi, où je reste, là, avec des
Européens pour développer du tourisme là-dedans.
M. Tremblay (Outremont): Pour l'information du
député d'Ungava, cette liste est faite uniquement pour les
interventions de la Société de développement industriel du
Québec. Ça ne veut pas dire qu'au niveau gouvernemental il n'y a
pas d'autres ministères - le ministère du Tourisme, par exemple -
qui peuvent intervenir à un autre niveau. Cette nomenclature ou
définition de secteurs touristiques, c'est ce qui est admissible pour la
Société de développement industriel du Québec et/ou
les sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise.
M. Claveau: Oui, mais là je reviens donc à la
première question de mon collègue, à savoir comment
ça se fait, à partir de quels critères on exclut une
activité plutôt qu'une autre. Même si la
Société de développement industriel l'a exclue, pourquoi
elle l'a exclue? Comment ça se fait? Pourquoi, par exemple, le
développement de la motoneige ne pourrait pas être admissible
alors que c'est peut-être là où on a le plus d'avenir dans
le domaine touristique? Parce que, ici, des plages, on n'en a pas beaucoup
à vendre, mais de l'hiver, on en a pas mal. Puis, encore là, moi,
je me réfère toujours au développement des régions
périphériques. De ce qu'il y a là-dedans, il n'y a
à peu près rien d'admissible dans les régions
périphériques, y compris dans le domaine des pourvoiries, parce
que ce n'est pas évident que ça va là. Nous autres, on
fait de la motoneige. Dans le domaine du camping, on a pas mal tout. Dans le
domaine de la pourvoirie, dans la chasse et pêche, là, on ne sait
pas comment ça va s'appliquer. Mais là où on veut
intervenir dans le domaine touristique, il n'y a rien d'admissible. On a encore
fait ça en fonction des grands centres. Bien, quand on parle des
centres, vous savez, pour moi, dans ma tête, Montréal, ça
va de Saint-Hyacinthe à Saint-Jérôme. On parle de milieux
urbains et périurbains. Mais, dans un coin comme chez nous, là,
il n'y a à peu près rien d'admissible là-dedans. (12 h
40)
Les centres de ski. Pour développer des centres de ski chez nous,
on ne commencera pas à faire des complexes immobiliers à
côté, ce
n'est pas vrai, nos hôteliers ont déjà de la
misère à vivre en ville. On en a, des beaux petits centres de
ski, par exemple, qu'on pourrait améliorer, mais dans la mesure
où on sera capables de fonctionner avec les hôteliers qui existent
dans le village, puis qui sont peut-être à sept, huit
kilomètres du centre de ski, pas en obligeant à bâtir
à un kilomètre de la piste.
M. Tremblay (Outremont): Alors, M. le Président, je
voudrais dire au député d'Ungava qu'il y a également des
députés qui font partie de la deputation ministérielle qui
sont en région. Alors, les représentations que vous faites ont
été prises en considération. Quand vous parlez, par
exemple, du secteur de la motoneige, si vous prenez les paragraphes 6° et
7°, ça serait inclus dans des activités soit de grande nature
ou encore dans des activités récréatives prioritairement
utilisées. Par contre, si les centres de ski - parce qu'on a tout
évalué la problématique des centres de ski - n'ont pas au
moins 250 mètres, à ce moment-là, la Société
de développement industriel du Québec ne pourrait pas intervenir,
mais ça ne veut pas dire que les organismes de développement
économique régional, les municipalités et/ou le
ministère du Tourisme ne pourraient pas intervenir.
Alors, toute la discussion que vous soulevez, qui est importante pour le
développement économique des régions, je pense que les
députés ministériels ont fait valoir ces demandes
très légitimes, j'en conviens, et c'est pris en
considération. Je ne pense pas que le but, M. le Président, de la
commission parlementaire... Dans le fond, le règlement, je l'ai
donné parce qu'il est disponible et pour que vous puissiez en prendre
connaissance, mais toutes ces demandes-là ont été
analysées et il ne faudrait pas rentrer dans tous les détails.
Surtout si vous parlez de la motoneige, c'est vrai, je vous le dis, c'est
compris dans 6° et 7e, cet exemple-là.
Le Président (M. Farrah): Ça va, M. le ministre? M.
le député de Labelle, vous avez des commentaires?
M. Léonard: Je pense que les relations entre le ministre
et son caucus, c'est une chose. Je pense que c'est louable et recommandable,
mais, en commission parlementaire, c'est une autre affaire. On parle du fond de
la loi, dans la question. Quand on regarde le règlement, ça nous
amène à poser des questions et une des questions qui m'est
soulevée est: Quelle est l'importance qui a été
accordée au tourisme international, là-dedans? Je vois qu'il en
est fait allusion à certains endroits. Est-ce que c'a été
une préoccupation? Parce que, au fond, le ministre dit: Les petits
centres de ski, on ne s'en occupe pas, ceux de moins de 250 mètres.
Juste quand vous regardez ça un instant, il n'y en a plus beaucoup.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, je n'ai pas dit
ça. Ce que j'ai dit, c'est que...
M. Léonard: Bien, qu'est-ce que vous n'avez pas dit?
M. Tremblay (Outremont): ...la Société de
développement industriel du Québec n'a pas le mandat de financer
des centres de ski de moins de 250 mètres. Comme gouvernement, il y a
d'autres moyens d'action. En ce moment, ce dont on parle, c'est de ce qui
relève de la Société de développement industriel du
Québec.
M. Claveau: Qui lui a donné ce mandat de ne pas financer
à moins de 250 mètres? C'est vous, par le règlement.
M. Tremblay (Outremont): Ce n'est pas nouveau, ça existe
depuis des années. La Société de développement
industriel ne s'est jamais impliquée dans des centres de ski de moins de
250 mètres.
M. Léonard: II y en a combien de centres de 250
mètres et plus au Québec?
M. Tremblay (Outremont): II y en a plusieurs. Je pourrais
commencer à en nommer: le Mont-Sainte-Anne...
M. Léonard: Non, mais combien? Un ordre de grandeur.
M. Tremblay (Outremont): Je ne le sais pas exactement, le
Mont-Sainte-Anne, Stoneham...
M. Léonard: Je peux poser la question, monsieur, ne vous
impatientez pas, en arrière. Nous sommes à table, nous sommes
députés.
M. Tremblay (Outremont): mont-sainte-anne, stoneham,
mont-tremblant, mont-saint-sauveur, bromont, owl's head, sutton... je pourrais
en nommer.
M. Léonard: Pin Rouge aussi.
M. Tremblay (Outremont): Je pourrais en nommer
énormément.
M. Claveau: II y a une deuxième restriction qui, quant
à moi, me préoccupe beaucoup plus que ça: «et qui
démontre la présence d'un minimum de 100 unités
d'hébergement commercial dans un rayon d'un kilomètre du
départ des remontées mécaniques».
Le Président (M. Audet): Où est-ce que vous
êtes, M. le député d'Ungava?
M. Claveau: Je suis exactement dans le règlement à
la page 3, article 5, sur les centres
de ski.
M. Léonard: On est dans l'article 5 du projet de loi qui
fait référence au règlement. M. le Président, je
suppose que vous posez la question de la pertinence. Oui? Dans les notes
explicatives...
Le Président
(m.
audet): c'est parce que les
règlements ne sont pas discutés en commission habituellement, ils
sont adoptés au conseil des ministres.
M. Léonard: M. le Président, je voudrais juste vous
faire valoir le point, que, d'ailleurs, j'ai soulevé à
l'Assemblée nationale hier, que dans l'article de la loi lui-même
on ne fait pas mention du tout de l'harmonisation du secteur touristique ou de
l'extension au secteur culturel. Alors, on est obligés de voir ce qu'il
en est dans les notes explicatives et d'en référer au
règlement pour discuter de la chose. Le fond de la question, dans ces
articles-là, c'est l'harmonisation du secteur touristique et
l'élargissement au secteur culturel. Je pense que c'est pertinent, M. le
Président.
Le Président (M. Audet): Non, ce n'est pas
là-dessus. C'est que le député d'Ungava vient de soulever
le fait qu'il n'était pas d'accord avec certaines parties du
règlement. Il peut le soulever, j'en conviens, mais on ne changera pas
ça ici; ce n'est pas pertinent dans le débat. Parce que les
règlements, normalement... Le ministre a accepté de les
déposer en commission pour aider les membres de la commission, mais il
aurait pu ne pas le faire aussi parce que les règlements, on le sait,
sont adoptés au Conseil des ministres.
M. Claveau: Vous permettez, M. le Président. Je tiens
à féliciter le ministre pour son attitude là-dedans, parce
qu'il nous a dit que, selon la transparence proverbiale du gouvernement, il
avait déposé ça. Moi, je vais vous dire que, depuis 1985,
je pense que c'est la première fois qu'on a les règlements en
même temps qu'on étudie le projet de loi. C'est important de les
avoir et je pense qu'on devrait les avoir tout le temps. Alors, je suis
d'accord et je suis content que le ministre nous ait déposé les
règlements pour nous permettre de voir jusqu'à quel point le
projet de loi va avoir vraiment une portée. Quand on vote l'article 5,
par exemple, où on se réfère essentiellement aux
règlements, on aime ça avoir la portée de ces
règlements qui donnent en même temps la portée du projet de
loi, de ce qu'on est en train de voter.
Moi, je remarque, entre autres, que, dans la question des centres de
ski, tous nos petits centres de ski régionaux sont condamnés.
C'est bien clair que peut-être la SDI ne s'est pas donné le mandat
d'intervenir dans les centres de ski régionaux, mais, moi, je demandais
au ministre: Qui lui a enlevé ce mandat-là? C'est le
gouvernement, c'est le ministre, c'est la SDI elle-même? J'aimerais
savoir pourquoi on a prévu ça dans le règlement qui
exclut, pour l'essentiel, tous les centres de ski qui existent dans les
régions parce que soit ils n'ont pas 250 mètres, soit il n'y a
pas 100 unités commerciales d'hébergement à moins d'un
kilomètre des remonte-pentes.
M. Tremblay (Qutremont): Alors, M. le Président, pour
l'information du député d'Ungava, les SPEQ, les
sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise, ont été approuvées en 1985, sous
le gouvernement du Parti québécois et, à ce
moment-là, il y a eu des règlements qui ont été
émis un peu par la suite. Si vous prenez connaissance des
règlements qui existent depuis maintenant sept ans, cet article qui
définit les pentes de ski admissibles, cest exactement le même
article qui existe depuis sept ans. Je ne pense pas que le débat... J'ai
noté ce que le député d'Ungava a dit, mais le
débat, ici, ce n'est pas de demander au ministre de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie de faire le travail du ministère du
Tourisme. Il y a un ministre qui est responsable et, avec la complicité
du gouvernement, on définit ce qui était admissible. Alors, tout
ce qu'on fait, on prend le même règlement qui est admissible et il
n'y a pas de changement. Alors, dans ce sens-là, je demanderais à
l'Opposition de concentrer ses efforts sur l'adoption du projet de loi. Je
suis, encore une fois, prêt à répondre à des
questions, mais ce n'est pas ici qu'on va changer les caractéristiques
et l'admissibilité du secteur touristique. (12 h 50)
M. Claveau: Bien, je suis content de vous l'entendre dire, M. le
ministre, parce qu'on va intervenir à la bonne place si c'est ça.
Si ce n'est pas à la bonne place, on va intervenir à la bonne
place, mais i! y a des règlements qu'il faut qu'ils changent si on veut
faire du développement régional et, dans ce sens-là, on
pourrait peut-être avoir l'appui de la SDI pour faire changer des
règlements semblables. Parce que ce n'est pas évident que, nous
autres, dans nos petites régions éloignées, on va
être capables de faire bouger la grosse machine tout seuls, si on n'a pas
quelque part quelqu'un dans les centres qui nous aide. Parce que, par ces
règlements-là, on est condamnés.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Merci, M. le Président. Je pense que le
ministre vient de soulever une question fort importante et qui nous confronte,
je dirais, à toutes les semaines. Il dit: En ce qui concerne les
activités touristiques, on s'adresse au ministère du Tourisme ou
au ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche qui sont, pour mon
comté, par exemple, pour en parler, des ministères fort
importants parce que nous vivons de tourisme en bonne partie. Il y a les
forêts et il y a l'agriculture, c'est une chose, mais la principale
activité économique, c'est le tourisme. Or, on ne sait jamais
à qui s'adresser.
M. Tremblay (Outremont): Bien, voyons donc!
M. Léonard: Un instant...
M. Tremblay (Outremont): II y a un ministre du Tourisme.
M. Léonard: ...un instant, je vais juste...
M. Tremblay (Outremont): Ça fait sept ans que ça
existe, M. le Président. Écoutez, ça n'a pas de bon
sens.
M. Léonard: non, je vais juste faire le point. que le
ministre prenne patience, qu'il ne se choque pas, qu'il se calme, qu'il
écoute ce que j'ai à dire.
M. Tremblay (Outremont): Ça fait longtemps qu'on
écoute, là, il y a des limites.
M. Léonard: Ah, et puis, oui, vous pouvez écouter
encore un peu, là. Alors, ce qui se passe, c'est qu'il n'y a pas
d'institution comme la SDI dans le domaine touristique, sauf celles qui sont
visées par le projet de règlement ici. Or, quand on parle de PME,
justement le programme qu'on est en train d'étudier, la loi qu'on est en
train d'étudier, là, c'est important. Et, moi, j'étais
particulièrement heureux qu'on touche au domaine touristique de ce
type-là. Mais, quand on arrive à la SDI, avec le règlement
qu'il y a là, il y a des balises qui font qu'elle ne peut pas toucher
aux PME. Si vous parlez de 250 mètres de dénivellation, ça
commence à être quelque chose comme montagne, ça. On n'est
presque plus dans la PME, on est dans la ME, la moyenne entreprise, et pas dans
la PME.
Quand vous parlez, vous, de dossiers où la capitalisation est de
400 000 $, en réalité, vous prenez des entreprises fort
importantes, mais ce qu'il y a en dessous, ce n'est pas grand-chose. Et quels
sont les programmes du ministère du Tourisme pour aider en dessous? Le
tourisme de ce type-là, c'est du tourisme de petite entreprise, de
très petite entreprise.
Vous parliez de pourvoiries. Les pourvoiries qu'il y a là sont
aussi des petites entreprises. Je suis d'accord pour que ce soit là,
mais, quand la SDI dit qu'elle ne s'implique pas dans tel ou tel domaine,
ça, ça vient de faire beaucoup de tort à tout ce qu'on
appelle comtés en région, beaucoup de tort parce que, au fond, il
n'y a pas de mécanisme économique comme la SDI pour les autres.
Au fond, je plaide pour votre affaire, pour votre boîte, à l'heure
actuelle, c'est ça que je suis en train de faire, mais je plaide aussi
pour les régions où il y a beaucoup de petits dossiers comme
ceux-là. Et les programmes qu'il y a au ministère du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche sont des programmes qui ont financé les
infrastructures dans le passé. Il y en a eu beaucoup qui ont
été financées par des investissements publics,
parapublics, mais surtout publics - les municipalités - et le
gouvernement par des subventions ou des choses comme celles-là, mais
pour impliquer l'entreprise privée, généralement, il n'y a
personne qui le faisait. Personne ne le faisait. Et il n'y aura encore personne
si on remet trop d'exclusions.
Cependant, moi, je suis d'accord qu'il faut des balises à un
moment donné, mais lesquelles mettre? Et puis, ça revient au fait
que, quand on met des exclusions, ça prend une administration pour les
administrer, ces exclusions et ces conditions. Je regarde ça. Il y a en
même temps les points 7 et 8 qui sont des points très larges,
juste de la façon dont ils sont libellés: «une entreprise
d'activité récréative prioritairement utilisée par
une clientèle touristique, située sur le terrain d'un
établissement d'hébergement». Ça, c'est très,
très large, comme l'autre en bas: «une entreprise qui exploite un
attrait touristique et qui accueille des hôtes payants». Je me dis:
Pourquoi, dans le cas du ski alpin, tout à coup fait-on des exclusions?
Il n'y a pas beaucoup de raisons pour faire des exclusions puisque vous
admettez en 8 un attrait touristique. On pourrait presque dire, à ia
limite, que n'importe quelle montagne où il y a un monte-pente, c'est un
attrait touristique. Parce que les gens vont y aller en termes touristiques,
particulièrement dans les Cantons de l'Est et dans le nord de
Montréal. Alors, c'est quoi, la démarcation entre les deux? Si on
n'est pas admissible par 5, est-ce qu'on l'est par 8?
(Consultation)
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Le gouvernement considère qu'il
s'est impliqué à tous les niveaux des pentes de ski dans toutes
les régions du Québec et la Société de
développement industriel du Québec, dans la nouvelle politique du
secteur touristique qui a été rendue publique... Ces
règlements existent depuis sept ans; je ne vous ai jamais entendu, en
tant que député de l'Opposition, faire des représentations
a ce niveau-là. Alors, dans ce sens-là, tout ce qu'on dit, c'est
que, maintenant, il y a des fonds de développement régionaux de 3
000 000 $ qui peuvent permettre le financement de ces projets-là, mais
la volonté, au niveau de la SDI, de s'impliquer dans le financement de
très petits projets régionaux... Ce n'est pas l'organisme qui
est
reconnu pour ça. La SDI, vous le dites, vous êtes toujours
le premier à le dire, à la critiquer, c'est rendu que ce n'est
pas efficace, que ce n'est pas gérable, etc. On a fait des choix. On a
fait des choix et, dans ce sens-là, les sommes d'argent qui sont
investies par la SDI doivent l'être dans certains secteurs admissibles.
Ça a été fait en complicité avec le secteur
touristique et ce sont les secteurs admissibles. Si, pour une raison ou pour
une autre, il y a des représentations à faire au niveau
régional, j'en conviens, mais faites-les à la bonne place, puis
pas quand on discute de l'adoption d'un projet pour favoriser la capitalisation
des PME. Et, dans ce sens-là, faites des représentations au
niveau du ministère du Tourisme, puis au ministère du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche et je suis convaincu qu'ils vont analyser vos
demandes à leur mérite.
M. Léonard: Moi, j'ai deux choses à relever dans ce
que vient de dire le ministre. D'abord, les fonds de développement
régional, il y a 3 000 000 $ pour une population de 500 000 habitants.
C'est à peu près ça, par exemple, chez nous, 400 000
habitants, les Laurentides. Alors, vous allez comprendre qu'il y a plein
d'autres projets, puis de n'importe quoi. Plus que ça, M. le
Président, il n'y a rien de dépensé là-dedans,
cette année. Rien. Il n'y a rien qui se dépense parce que les
structures ne sont pas finies. Il n'y a rien, puis il y a un
député qui se promène vaguement en disant qu'il va
dépenser de l'argent, qui fait des promesses, et c'est devenu,
apparemment, en tout cas, une belle officine à patronage. Mais ceci
étant dit, on verra, puis on en fera le procès un de ces jours.
On en fera le procès un de ces jours.
Le Président (M. Audet): M. le député
d'Ungava, vous avez demandé la parole.
M. Claveau: J'avais un deuxième élément.
M. Léonard: Allez-y.
Le Président (M. Audet): Alors, brièvement, il nous
reste une minute.
M. Claveau: Ce que j'ai de la difficulté à
comprendre dans l'argumentation du ministre, c'est qu'il nous dit justement:
Allez passer par le Fonds de développement régional. Mais,
ça, ça reste encore des subventions, ça reste du
quêtage, ça reste de l'aumône qu'on va demander. Nos petits
entrepreneurs, chez nous, ce n'est pas ça qu'ils veulent. Même
s'ils sont tout petits, même s'ils ont rien que 50 000 $ ou 60 000 $ dans
leur entreprise, ils veulent être capables de se financer autrement que
par du BS de luxe. Et puis, pour ce faire, pourquoi qu'eux autres aussi on ne
peut pas les aider à travers la capitalisation par le biais des SPEQ ou
autrement? Il me semble qu'ils y ont tout aussi droit. Les grandes entreprises,
dans nos régions, elles sont toutes en train de crever. Elles sortent,
elles sacrent leur camp avec l'argent qu'elles ont fait, puis elles nous
laissent avec des niveaux de chômage énormes. C'est les petites
entreprises locales, bâties à travers les gens du coin, qui vont
être la relance de notre économie. On n'a pas le choix, il n'y en
a pas d'autre alternative. A moins d'un miracle de la grande entreprise, mais,
en tout cas, ne comptons pas trop là-dessus. Alors, pourquoi le ministre
nous dit: Ce n'est pas ça que la SDI veut faire? Les petites, petites
entreprises, à la SDI, ça ne nous intéresse pas. Nous
autres, ce qu'on veut, c'est de l'entreprise qui se tient debout. Bien, nous
autres, on dit: Chez nous, c'est de la petite, petite, petite entreprise qu'on
a besoin. Et à toutes les fois qu'il y a une job qu'on perd dans le
milieu, on vient d'augmenter notre taux de chômage.
Le Président (M. Audet): D'accord. Alors, avant d'ajourner
nos travaux, est-ce qu'on peut dire que l'article 5 est adopté?
M. Léonard: Non. Non, M. le Président. On va
revenir.
Le Président (M. Audet): Alors, la commission de
l'économie et du travail ajourne ses travaux sine die.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 17 h 24)
Le Président (M. Audet): Alors, la commission de
l'économie et du travail reprend ses travaux. Je vous rappelle le mandat
de la commission, qui est de procéder à l'étude
détaillée des projets de loi suivants: Loi modifiant la Loi
favorisant l'augmentation du capital des petites et moyennes entreprises et Loi
concernant cer tains règlements pris en application de la Loi sur les
sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise.
Nous en étions à l'article 5 de la loi et on a suspendu
comme ça. Alors, au niveau du droit de parole, je crois que c'est M. le
député de Labelle qui avait la parole.
M. Léonard: Mais avant...
Le Président (M. Audet): Pardon?
M. Léonard: ...sur la commission, il faut statuer sur les
remplacements?
Le Président (M. Audet): Non, étant donné
que c'est la même séance. Moi, je l'ai demandé. On m'avise
que c'est la même séance et le même mandat. Alors, il n'y a
pas de changement à l'intérieur des mêmes 24 heures. C'est
de ça
qu'on m'informe.
M. Léonard: Ah, c'est les mêmes 24 heures! Oui.
Est-ce que M. le député de Laviolette est membre de la
commission, là?
Le Président (M. Audet): Bien, ce matin, ils ont
annoncé un remplacement par M. Filion (Montmorency) qui
remplaçait M. le député de...
M. Léonard: Oui...
M. Jolivet: C'est ça.
Le Président (M. Audet): ...Laviolette.
M. Léonard: ...mais est-ce qu'on peut, maintenant...
Le Président (M. Audet): À ce moment-là,
c'est M. Filion qui est membre à sa place.
M. Jolivet: C'est ça.
Le Président (M. Audet): Ce n'est plus lui, là.
M. Jolivet: Malheureusement. Moi, je suis venu pareil.
M. Léonard: Oui. Est-ce qu'on le laissera parler, vu que
c'est quelqu'un...
Le Président (M. Audet): Bien, ça prend le
consentement des membres. À ce moment-là, M. Filion ne sera pas
membre. Ça prend le consentement. Est-ce qu'il y a consentement pour M.
le député de Laviolette?
M. Léonard: Moi, je consens.
M. Jolivet: Sinon, je vais m'en aller.
Une voix: Consentement.
Le Président (M. Audet): Ça prend le consentement
unanime, MM. les députés. Est-ce qu'il y a consentement?
M. Forget: Est-ce que les deux projets de loi doivent être
étudiés pour 18 heures ou c'est quoi?
Le Président (M. Audet): Ça, il n'y a rien dans le
règlement qui détermine ça, si on doit finir à 18
heures l'étude des deux projets de loi. Ça fait partie de notre
mandat. Alors, on aura terminé lorsque l'étude des deux projets
de loi sera complétée.
Alors, M. le député de Laviolette laisse tomber.
M. Jolivet: Oui, M. Filion va venir.
Le Président (M. Audet): Bon! Il doit quitter pour
d'autres occupations.
M. Léonard: O.K.
Le Président (M. Audet): O.K. Alors, c'est
réglé. C'est M. Filion...
M. Léonard: On va attendre M. Filion.
Le Président (M. Audet): ...qui reste membre de la
commission ou s'il y avait un consentement pour que ce soit M. le
député de Laviolette... Là, c'est réglé?
O.K.
Alors, on était à l'article 5. M. le député
de Labelle, vous aviez la parole.
M. Léonard: À l'article 5, on était à
poser des questions sur la signification d'entreprise touristique. Je pense que
la discussion a porté sur un sujet, d'ailleurs, à mon sens, fort
intéressant et important. C'est que, dans un bon nombre de
comtés, surtout lorsqu'il s'agit d'équipements, disons, de taille
modeste, les comtés régionaux en dehors des grands centres, les
entreprises touristiques sont de taille petite. Ce qui se passe par les
critères qui sont posés à l'heure actuelle, c'est que la
SDI n'admet pas tout le monde, et ce n'est pas un critère de valeur. Par
exemple, si on disait: La capitalisation minimale, c'est 50 000 $ ou 100 000 $,
c'est la seule qui compte, et le reste des activités qui sont permises
sont à peu près tout ce qui peut rentrer dans une
définition touristique, ça, ça permettrait à des
comtés, à des régions de se développer. Le ministre
nous dit que, dans ces cas-là, on réfère le tout au Fonds
de développement régional ou bien à un autre
ministère qui pourrait être le ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche ou à un autre qui pourrait être le
ministère du Tourisme. Or, ces ministères n'ont pas
eux-mêmes d'instrument, de bras pour établir une politique de
financement de l'entreprise, puis la SDI s'en exclut elle-même. Alors,
c'est là où on arrive très vite à un cul-de-sac
pour ces entreprises-là.
Quand il me réfère au Fonds de développement
régional, bien, ce n'est pas très compliqué: à
l'heure actuelle, ça ne fonctionne pas. Il n'y en a pas. Donc, il nous
envoie à une porte fermée. Le vaste projet de son collègue
n'est pas encore opérationnel, puis Dieu sait quand il le sera. Il
aurait même déclaré - on me l'a rapporté, parce que
c'est par ouï-dire, je ne l'ai pas entendu moi-même: Si vous vous
chicanez, il n'y en aura pas, d'argent. Mais, ça a l'air, justement, que
ça discute fort et que les gens ne s'entendent pas et, autour de 3 000
000 $, ça risque de discuter longtemps dans chacune des régions,
puis le gouvernement, durant tout ce temps, ne mettra pas ces fonds. Alors, je
pense qu'en termes de politique de création d'emplois, de
développement économique, là, il y a comme une
incohérence, pour le moins.
Si le ministre de l'Industrie et du Commerce, lui, sort toutes ces
entreprises, tous ces projets du financement accessible par la loi sur la
capitalisation des petites et moyennes entreprises, là, on vient tout
simplement de barrer le chemin. C'est ça qu'on vient de faire. C'est
là qu'il faudrait qu'il constate qu'il y a une incohérence chez
le gouvernement. Et, quand il nous réfère à ses
collègues, il sait très bien que ses collègues n'en ont
pas de moyen de financement, ils n'ont pas de SDI, ils n'ont rien d'autre. (17
h 30)
Moi, j'aimerais, M. le Président, que le ministre s'explique un
peu plus sur cette question-là, comment il voit le développement,
à ce moment-là. Ça veut dire que, dès que ça
ne rentre pas dans les critères et les règlements qui sont
là, c'est fini, à moins d'aller quêter au Fonds de
développement régional.
M. Tremblay (Outremont): J'ai répondu à cette
question-là, ce matin, M. le Président. Alors, je demanderais au
député de Labelle de se rappeler ce que je lui ai dit, il y a
quelques heures.
M. Léonard: Le ministre a pris la mouche. Il est avec un
visage de marbre. Je trouve que sa réponse de ce matin, c'est juste,
effectivement, de faire ce que je viens de déplorer. Ça veut dire
qu'il admet que c'est comme ça que ça va se passer.
Par exemple, on parlait des centres de ski: 250 mètres. Il va
admettre avec moi que, ça, c'est pauvre et qu'il y en a beaucoup
d'autres centres de ski qui n'ont pas ça, qui fonctionnent et qui sont
de nature touristique.
M. Tremblay (Outremont): Je référerai, encore une
fois, le député de Labelle à l'article 5 pour qu'il le
lise clairement parce que, entre chacune des quatre possibilités, il y a
le mot «ou».
M. Léonard: C'est laconique! À l'article 7, M. le
ministre, est-ce que le ministre peut nous dire qu'est-ce que ça veut
dire: «une entreprise d'activités récréatives
prioritairement utilisées par une clientèle
touristique»?
M. Tremblay (Outremont): Si vous me donnez un exemple concret, je
vous dirai si c'est admissible ou pas.
M. Léonard: Vous n'en avez pas, vous, d'exemples concrets?
Je vous pose la question: Qu'est-ce que c'est «prioritairement
utilisées par une clientèle touristique»?
M. Tremblay (Outremont): C'est vous qui voyez des
problèmes, M. le député de Labelle, avec ces
articles-là. Alors, on vous a donné le règlement en guise
de transparence. Ça a été discuté de façon
très claire, et c'est une politique du ministère du Tourisme.
Alors, dans ce sens-là, nous, à la SDI, on exécute...
M. Léonard: Un instant!
M. Tremblay (Outremont): ...la politique du secteur
touristique.
M. Léonard: Un instant, M. le Président. À
l'article 5, ce qui est dit... On va le relire parce que je pense que ça
vaut la peine: «Les règlements qui seront pris en application du
paragraphe 3° de l'article 20». Je pense que ça peut
être intéressant ici, en commission parlementaire, de regarder ce
que sont ces règlements, parce que l'article de loi en lui-même ne
dit rien. Le contenu se trouve, finalement, dans le règlement. C'est
quand on arrive dans le contenu du règlement que l'on sait ce que
ça veut dire, parce que, si l'on parle de développement
touristique, dans le projet de loi, il n'en est absolument pas question, sauf
que par le biais d'un règlement. C'est là que le chat
apparaît. Pourtant, dans les notes explicatives, on en parle.
J'espère qu'à ce moment-là on va pouvoir en parler, des
règlements.
Alors, on en vient à la définition de
«développement touristique».
Le Président (M. Audet): Si vous voulez conclure, M. le
député. Sur cet article, votre temps de parole est
terminé.
M. Léonard: Bien, M. le Président, je pense que,
sur ce plan-là, le ministre est devenu d'un mutisme qui transmet sa
mauvaise humeur, son impatience, pour ne pas dire sa rage. Bon, qu'est-ce que
vous voulez que je vous dise? Là-dessus, il ne veut plus
répondre. Il dit: Usez, tout est clair. Bon! li est vexé parce
qu'il se prétend très transparent, mais que ça ne va pas
plus loin, là. «Une entreprise qui exploite un attrait touristique
et qui accueille des hôtes payants», voyez-vous, c'est très,
très large, ça aussi, au paragraphe 8, très, très
large. Qu'est-ce que ça veut dire?
M. Tremblay (Outremont): Alors, M le Président, je vais
tenter, pour la dernière fois, de référer le
député de Labelle à l'ancien règlement. L'ancien
règlement pour l'article 7 disait ceci: Une entreprise qui offre des
activités récréatives telles que golf, conditionnement
physique, qui se déroulent sur le terrain d'un établissement
d'hébergement commercial situé au Québec prévu pour
le tourisme d'agrément. Nous avons élargi l'article 7 pour
englober à peu près tout ce que l'imagination d'une personne
pourrait comporter. Alors, dans ce sens-là, avant, on a identifié
«golf» et on a identifié «conditionnement
physique», et, maintenant, on l'a laissé
large. Pourquoi? Pour favoriser le développement touristique.
Je ne pense pas, M. le Président, qu'on soit ici pour discuter du
détail d'un règlement qui est public depuis de nombreuses
années, depuis 1985. On le modifie pour l'améliorer. Normalement,
ça ne se discuterait même pas ici. En guise de transparence, on
l'a soumis à l'Opposition. Si le but de l'Opposition, c'est uniquement,
M. le Président, de mettre en place des mesures dilatoires pour ne pas
donner suite à la capitalisation des entreprises, je
préférerais que le député de Labelle me dise
ça, plutôt qu'on consacre encore énormément
d'énergie et de temps à répéter,
répéter et répéter la même chose qu'on a
déjà répétée il y a plusieurs heures.
Alors, il me semble qu'on parle de trois petits articles d'un projet de
loi. Si c'est pour prendre deux semaines, qu'on me le dise, je vais me
conditionner, je vais m'asseoir, puis je vais vous laisser parler.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Chicoutimi, sur l'article 5 du projet de loi.
Mme Blackburn: M. le Président, je peux comprendre un peu
l'impatience du ministre, mais il doit permettre à l'Opposition
d'exprimer, au nom de ces commerçants et au nom de ces entreprises
touristiques, les difficultés que posent de telles dispositions dans des
petites régions.
Je vais en prendre une dans une région de l'un de vos
collègues qui s'appelle Gaston Blackburn, à Roberval; à
cause de ces dispositions-là, le petit centre de ski qui dessert bien la
région, mais qui ne va pas chercher des gens... Évidemment, il ne
va pas enlever la clientèle au Mont-Tremblant, ni au Mont-Sainte-Anne,
ni à Petite-Rivière-Saint-François. Il n'avait pas
accès à ce genre de facilités ou de dispositions parce que
la pente, selon les nouveaux critères, n'est pas suffisamment
élevée. Mais, pourtant, on sait que pour pratiquer dans ce
bout-là de la région, vous n'en avez pas de montagne plus
élevée que ça.
Ça veut dire que, chaque fois que ça concerne ce que
j'appellerais le tourisme interne, il faut dire: Ça ne marche plus.
Est-ce que ça ne paie pas autant? Est-ce que ça n'est pas aussi
un investissement? Parce que, s'ils ne vont pas à Saint-Félicien,
ils n'iront pas davantage au mont Valin, ils n'iront pas davantage au mont
Edouard. Alors, à ce moment-là, ils ne vont nulle part.
Peut-être que ce serait intéressant qu'on puisse les
encourager.
Mais, qui plus est, ce sont des entreprises qui permettent la
création d'emplois dans ces milieux-là. Le ministre - et puis,
j'ai déjà eu l'occasion de le lui dire - il voit tout le temps
gros. C'était vrai quand il parlait du Fonds de développement
technologique, c'est toujours vrai. Il ne voit qu'en gros, alors que notre
économie est beaucoup basée sur la PME. Les dispositions
prévues, les modifications, d'abord, son règlement qui vient
interpréter la loi, traduisent cette mentalité. Mais je veux
dire: Qu'est-ce qu'il fait pour ce qui n'est pas gros, qui n'a pas 100
unités et dont les bâtiments ne sont pas installés, soit
sur le faîte de la montagne, dans le cas des stations de ski, ou tout
à fait à ses pieds?
Je veux dire: Ça correspond à quelques centres de ski,
ça. Ça ne correspond pas à beaucoup de centres de ski. Je
pense que celui... pas je pense, je sais que celui du mont Edouard, par
exemple, qui est vraiment en expansion, actuellement, dans le Bas-Saguenay, ne
correspond pas à ça parce que vous n'avez pas de
résidence, vous n'avez pas d'hébergement à un
kilomètre de la piste. Ça n'existe pas, actuellement. Ça
veut dire que, là, vous venez d'évacuer un centre de ski qui est
en développement.
Parce que l'impression qu'on a, c'est toujours pour éliminer et
non pas pour développer un peu plus dans les régions. Et
ça semble toujours procéder d'une mauvaise connaissance des
régions. Moi, je viens d'une région... On est en train de la
vider. Ce n'est pas fatigant. Elle ne risque pas de vous fatiguer longtemps, si
on continue comme ça encore une dizaine d'années. Mais je ne suis
pas sûre que ce soit à l'avantage du Québec et des
Québécois parce que les régions, on le sait, se vident
littéralement de leurs jeunes. Les régions sont en déclin.
La nôtre, je pense qu'on avait 1 % d'augmentation, au cours des cinq
dernières années, et les prochains recensements vont nous montrer
qu'on est en déclin. Et on se vide de nos populations jeunes. Mais
qu'est-ce qu'ils vont faire, nos jeunes? Ils vont appauvrir Montréal.
Vous demeurez là. On commence à voir...
Le Président (M. Audet): Je veux simplement rappeler aux
membres de la commission que nous sommes à l'article 5.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Audet): L'article 5, il parle de
l'entrée en vigueur de certaines dispositions. C'est tout simplement ce
qu'il dit.
Mme Blackburn: Oui, mais c'est relatif. Évidemment, il y a
le règlement que le ministre, par esprit d'ouverture, a bien voulu nous
donner, mais ce règlement démontre qu'effectivement ça ne
me donnera pas grand-chose, dans ma région, en ce qui a trait à
cette disposition, pour ce que je connais des centres de ski.
Le Président (M. Audet): D'accord.
M. Tremblay (Outremont): Alors, M. le Président, je
voulais juste référer la députée de Blackburn au
règlement qui existait auparavant...
Mme Blackburn: Chicoutimi.
M. Tremblay (Outremont): Excusez-moi, de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. Tremblay.
M. Tremblay (Outremont): Le règlement est le même.
On n'a rien changé. Il est le même et, à ma connaissance,
le mont Edouard a été financé pour favoriser le
développement économique régional.
Mme Blackburn: Mais il ne pourra pas l'être par cette
disposition, le reconnaissez-vous? Du moment où on parle d'un
kilomètre, dans un rayon d'un kilomètre du départ des
remontées mécaniques, c'est évident qu'il ne pourra pas
l'être.
M. Tremblay (Outremont): Vous ferez les représentations,
Mme la députée de Chicoutimi, avec votre collègue, au
ministre qui est responsable soit du Tourisme ou encore du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche. C'est un règlement qui est initié par le
ministère du Tourisme et je ne pense pas que le but de la commission
parlementaire, c'est de discuter du détail d'un règlement qui
relève du ministère du Tourisme et/ou du ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche. (17 h 40)
Mme Blackburn: Oui, mais c'est toujours... À mon grand
étonnement, on a l'impression que ces ministres-là ne se parlent
pas. Si vous n'avez pas un peu plus de cohérence pour que vos bonnes
intentions... Puis, moi, je n'en doute pas. Je ne dirais pas que je vais vous
donner des étoiles, mais vous êtes quelqu'un qui essaie de faire
un bon travail, sauf qu'il faudrait vous assurer que vos collègues vous
suivent. Si vous ne vous parlez pas en vous disant: Bien, ça, c'est sa
chasse gardée, ça, c'est la mienne, je n'interviens pas dans la
sienne de peur qu'il intervienne dans la mienne, c'est évident que,
rendu chez nous, ça concerne le même centre de ski, ça
concerne le même établissement hôtelier, ça concerne
la même petite entreprise. Et là, vous êtes trois ou quatre
ministères qui ne vous parlez pas; c'est bien évident que
ça nous pose des problèmes, ça, rendu dans les
régions. Tout le monde va vous dire à peu près ce que je
vous dis, c'est que, quand vous ne vous parlez pas ici, il y a quelqu'un,
à quelque part, qui est obligé de se parler dans les
régions.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, je voudrais dire
à la députée de Chicoutimi que la politique du secteur
touristique, c'est une politique qui a été approuvée dans
tous les communiqués ministériels, qui a également
été approuvée au Conseil des ministres. Les ministres en
ont discuté et, dans ce sens-là, le règlement qui est issu
du ministère du Tourisme est un règlement gouvernemental qui a
été discuté entre tous les ministres et eu niveau du
Conseil des ministres.
Mme Blackburn: Oui. Alors, à ce moment-là, quand
vous nous dites, quand vous nous référez à aller nous
défendre auprès l'un ou l'autre de vos collègues, c'est
qu'à un moment donné ça nous laisse l'impression que.
vous, vous n'avez pas défendu adéquatement ce que proposait votre
collègue. C'est ça, les difficultés, je le rappelle, qu'on
éprouve dans les régions. Je vois de vos collègues - je
suis convaincue qu'ils viennent en région - députés, ici,
à cette commission, qui, pour leurs entreprises, éprouvent un
certain nombre de difficultés dues au cloisonnement des
différents ministères à caractère
économique.
M. Tremblay (Outremont): Alors, je note vos
représentations. Je ne vois pas en quoi ça affecte le projet de
loi. Si, à la suite de vos représentations... Je vais remettre
ces représentations-là au ministre du Tourisme et, s'il juge bon
de modifier le règlement, il le fera en temps et lieu. Je ne vois pas en
quoi les représentations que vous faites ont un impact sur l'adoption du
projet de loi qu'on veut adopter aujourd'hui, qui favorise la capitalisation
des PME québécoises. On ne peut pas refaire le gouvernement parce
qu'on a un article dans un projet de loi auquel on veut donner suite.
Mme Blackburn: Sans vouloir refaire le gouvernement, j'imagine
que le ministre a les mêmes intérêts que nous, là.
Moi, je ne pense pas qu'il fasse preuve de mauvaise volonté, qu'il ne
veut rien changer, puis qu'il veut être inefficace. Moi, je pense qu'il
veut être efficace. Mais, quand vous n'avez pas...
M. Tremblay (Outremont): La meilleure façon d'être
efficace, c'est qu'on concentre nos énergies sur ce qui va
réellement améliorer le développement économique,
social, culturel et touristique du Québec. Ce n'est pas en s'assoyant
autour d'une table et qu'on règle ça aujourd'hui... Si vous
êtes réellement intéressée, ça va me faire
plaisir d'asseoir le ministre du Tourisme, le ministre du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche, et je vais être présent, le ministre de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie. À ce moment-là,
vous ferez vos représentations. Ça va être beaucoup plus
positif que de mobiliser 50 personnes à faire ce qu'on fait là.
Je trouve que ce n'est pas productif, personnellement. Je vous le dis,
là.
M. Léonard: ...l'Assemblé nationale.
M. Tremblay (Outremont): Non, ça fait cinq heures qu'on
discute de ça.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Labelle, je vous rappelle que votre temps de parole est
écoulé sur cet article...
M. Tremblay (Outremont): Ça fait cinq heures qu'on fait
ça.
Le Président (M. Audet): ...du projet de loi.
M. Tremblay (Outremont): Je comprends que vous arrivez, Mme la
députée de Chicoutimi, puis je respecte vos interventions. Mais,
avant que vous arriviez, c'était la même chose avec le
député d'Ungava et, avant ça, la même chose avec le
député de Labelle. Alors, si c'est la quantité qui compte
et non pas la qualité, on va rester assis, puis on va écouter. Il
paraît que ça fait partie de la démocratie.
Mme Blackburn: C'est peut-être parce qu'il y a un vrai
problème, là. Est-ce que vous vous êtes déjà
demandé ça sous cet angle-là?
M. Tremblay (Outremont): Certainement, oui.
Le Président (M. Audet): M. le député
d'Ungava, sur l'article 5 toujours.
M. Claveau: Oui. Non, écoutez, j'écoute le
ministre, puis j'ai de la difficulté...
Le Président (M. Audet): Bienvenue.
M. Claveau: ...à comprendre l'intérêt qu'il y
a derrière tout ça. Parce que la loi dit bien, le ministre l'a
dit lui-même, Loi favorisant l'augmentation du capital des petites et
moyennes entreprises. Nous, on vous dit que, chez nous, ce n'est pas tout
à fait ce dont on aurait besoin ou, du moins, nos entreprises, à
cause de notre capacité de capitalisation dans le milieu, puis tout
ça, risquent d'être exclues de ce genre d'affaire là.
Alors, on devrait changer le titre de la loi et dire: Capitalisation,
augmentation du capital dans certaines petites et moyennes entreprises, mais
surtout pas pour les nôtres. Ça ne marchera pas parce qu'il y a
des critères qui les excluent d'office à partir du
règlement. Il serait peut-être temps de le changer, le
règlement, parce qu'il n'a pas encore été accepté.
Le ministre nous l'a dit, là: C'est un projet de règlement, mais
il n'a pas encore passé au Conseil des ministres. Peut-être qu'il
devrait prendre en considération...
M. Tremblay (Outremont): C'est faux. M. Claveau: ...nos
revendications.
M. Tremblay (Outremont): C'est une copie conforme du
règlement qui existe depuis sept ans.
M. Claveau: Bien, changeons-le s'il n'est pas bon.
M. Tremblay (Outremont): Je viens de vous dire que je suis
prêt à faire une rencontre avec les ministres responsables et,
à ce moment-là, vous viendrez le dire. Si les arguments sont
convaincants, on le changera. Mais ce n'est pas aujourd'hui, en commission
parlementaire, sur l'adoption d'un article de loi, qu'on va faire
ça.
M. Claveau: Bien, j'accepte votre proposition, M. le
ministre...
M. Tremblay (Outremont): Ça me fait plaisir.
M. Claveau: ...puis vous nous fixerez une date. Je vais
être là.
M. Tremblay (Outremont): Ça va me faire plaisir.
Ça, c'est constructif. Ça, c'est positif.
Le Président (M. Audet): D'accord. Est-ce que l'article 5
est adopté?
M. Filion: M. le Président, j'aimerais intervenir.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Montmorency.
M. Claveau: Ça fait sept ans que vous êtes
là. Vous...
Le Président (M. Audet): M. le député de
Montmorency, vous avez la parole.
M. Filion: Oui, les règlements, à l'article 5,
«seront pris en application du paragraphe 3° de l'article 20».
Moi, j'aimerais comprendre, M. le ministre. Ça, c'est pour permettre,
bien sûr, l'émission d'actions privilégiées
convertibles, ces règlements-là. Ces règlements-là
vont être écrits dans quel sens, au juste?
M. Tremblay (Outremont): L'article 5, c'est uniquement pour les
secteurs admissibles.
M. Filion: Uniquement pour les secteurs admissibles. Moi,
j'aimerais comprendre le rôle de la SDI au niveau des secteurs
admissibles et également au niveau de la qualification des titres qui
vont donner droit au crédit d'impôt. C'est quoi, le rôle de
la SDI à ce niveau-là par rapport à la
réglementation?
M. Tremblay (Outremont): Je ne sais pas, là.
Le Président (M. Audet): Excusez-moi, je n'écoutais
pas, là.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, je voudrais
juste dire que je comprends qu'on me
pose les mêmes questions qu'on a discutées, je pense, de
façon très positive, ce matin, pendant quatre heures de temps.
Est-ce que ça veut dire qu'il faut que je recommence à
répéter encore tout ce que j'ai dit ce matin? Je
référerais au verbatim, et qu'on prenne le temps de le lire.
C'est exactement les mêmes questions. On en a discuté pendant
quatre heures, ce matin.
Le Président (M. Audet): II n'y a rien qui vous oblige
à répondre aux questions, M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Non, mais je veux qualifier ça,
M. le Président.
Le Président (M. Audet): Non, non.
M. Tremblay (Outremont): J'ai répondu à toutes les
questions et je vais répondre à toutes les questions. Je vais
donner des explications, mais j'espère qu'on ne me demande pas de
répéter encore tout ce qu'on a dit pendant quatre heures ce
matin.
Alors, c'est évident que cet article-là définit de
façon très claire les secteurs admissibles. Parce qu'on parle du
secteur touristique, il y a eu une modification, vous l'avez. Et il y a le
secteur culturel. Et un autre article qu'on a déjà adopté
parle des caractéristiques des actions privilégiées.
À ce moment-là, on a expliqué clairement toute la
procédure qui était suivie par la SDI pour donner suite à
l'étude des dossiers au niveau des actions
privilégiées.
M. Filion: M. le ministre, je comprends, là, que vous
l'avez expliqué ce matin, mais, si on veut essayer de suivre les
articles par rapport à l'explication globale, ce que je cherche à
comprendre, c'est que vous semblez vouloir faire des règlements. Moi,
j'essaie de me mettre aussi dans la peau du citoyen qui cherche, lui, à
avoir un service de l'État quand même, parce qu'on est au service
du citoyen, et qui doit se payer des règlements, au niveau de
l'impôt sur le revenu pour aller chercher ses crédits et se payer
des règlements, au niveau de la SDI, pour s'assurer s'il se qualifie.
Ces règlements-là, est-ce qu'ils vont donner naissance à
l'émission de ce qu'on appelle des décisions anticipées
pour une entreprise qui veut se qualifier?
M. Tremblay (Outremont): Non.
M. Filion: La SDI ne fera pas de décisions
anticipées?
M. Tremblay (Outremont): La SDI n'a jamais fait de
décisions anticipées.
M. Filion: Mais, si elle ne fait pas de décisions
anticipées, comment est-ce qu'un citoyen peut être rassuré
qu'il ne sera pas «désal- loué» dans le futur de ses
crédits d'impôt? Parce que, au fond, vous faites un travail pour
lui accorder un crédit d'impôt.
M. Tremblay (Outremont): II y a deux procédures. La
première, c'est une procédure d'enregistrement; la
deuxième, c'est une procédure de validation. L'enregistrement
démontre que la SPEQ peut opérer des placements admissibles et le
crédit d'impôt est admissible uniquement lorsque la SDI valide le
placement dans un secteur admissible. Les secteurs admissibles sont connus et
ça a été publié. C'est disponible pour tout citoyen
pour regarder si l'entreprise est admissible ou pas. Pour votre information, M.
le député de Montmorency, les secteurs admissibles sont: le
secteur manufacturier, le tertiaire moteur, laboratoires de recherche à
but lucratif, le secteur touristique, le secteur culturel.
M. Filion: Est-ce qu'il existe des communications au niveau du
ministère du Revenu et des citoyens lorsqu'ils veulent se
prévaloir de ces incitatifs fiscaux là?
M. Tremblay (Outremont): Le ministère du Revenu... Lorsque
l'investisseur reçoit un relevé de la SDI et lorsqu'il
prépare son rapport d'impôt, ça s'en va à
l'impôt, puis il a son crédit d'impôt. Il n'y a pas de
communication directe entre l'investisseur et le ministère du Revenu. Il
y a communication indirecte par le biais de la SDI. (17 h 50)
M. Filion: Mais, au niveau de la SDI, les gens qui rendent leur
décision, eux, est-ce qu'ils ont à communiquer? Est-ce que ce
sont des personnes... Quelle sorte de personnes ou quel type de personnes
rendent des décisions de qualification de ces titres-là? Est-ce
que c'est des gens formés? «C'est-u» des gens qui viennent
du ministère du Revenu? «C'est-u» des gens qui...
M. Tremblay (Outremont): Je pense qu'on n'a jamais eu de plaintes
au niveau de l'expertise et de la qualification des personnes de la SDI. Si
vous voulez remettre en question la compétence des personnes, je pense
que vous pourriez me donner un exemple concret où on a mis en question
l'expertise et la compétence de ces personnes-là.
M. Filion: mais l'exemple concret, m. le ministre, c'est dans
votre projet de loi 49 où, effectivement, vous êtes en train de
modifier les règles de personnes liées, associées...
M. Tremblay (Outremont): alors, m. le président, je
référerais le député de montmorency... c'est qu'on
discute le projet de loi 48. on n'est pas rendus au projet de loi 49.
M. Filion: Vous m'avez demandé un exemple
où, effectivement...
M. Tremblay (Outremont): Vous donnerez l'exemple quand on sera
rendus au projet de loi 49. C'est l'article 1. Alors, ce n'est pas si
longtemps. Tout ce qu'on a à faire, c'est donner suite à 48 -
là, il me semble que c'est fini - puis passer à 49. Ça me
ferait plaisir de répondre à toutes vos questions.
Le Président (M. Audet): Je veux juste rappeler aussi le
fond de l'article 5 qui vient simplement établir un
éclaircissement entre la date d'entrée en vigueur de la
présente loi et la date d'effet des dispositions. C'est tout ce qu'on
trouve dans l'article 5.
M. Filion: Je comprends, M. le ministre, mais l'article 5... M.
le Président...
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député.
M. Filion: ...l'article 5, c'est quand même un article qui
permet de réglementer le fonctionnement de l'allocation et de la
qualification des titres, parce que ces titres-là donnent droit à
des crédits d'impôt, et j'essaie de comprendre. D'ailleurs, je
vous avoue que ça devient difficile à suivre également
parce que c'est déjà compliqué de gérer la gestion
du ministère du Revenu. On est rendu que le ministère du Revenu
va devoir gérer son application de lois avec d'autres
ministères.
On se rend compte qu'avec le projet de loi 49, qu'on va avoir
bientôt à discuter, effectivement, la gestion devient tellement
lourde que je me pose la question: Comment c'est vraiment orchestré et
organisé, à l'intérieur de la SDI, pour s'assurer que
l'application de ces règlements-là va être correctement
suivie en fonction des qualifications que ça exige? Parce que j'ai
l'impression que la SDI joue au Père Noël un peu sans trop se
soucier de ce qui se passe et, par la suite, on se retrouve avec des
problématiques pas d'évasion fiscale, mais d'évitement
fiscal.
M. Tremblay (Outremont): C'est effrayant de dire ça.
M. Filion: Mais ce n'est pas effrayant, M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): C'est effrayant. C'est effrayant, M. le
Président, de dire ça. J'ai l'impression que le
député de Montmorency est nettement à l'écoute du
député de Labelle, et créer des évasions fiscales,
je pense que c'est remettre en question la compétence de certaines
personnes qui consacrent leurs énergies à favoriser la
capitalisation des entreprises. Si vous avez un exemple concret
d'évasion fiscale, s'il vous plaît, dites-le, mais arrêtez
de créer des doutes, des soupçons à l'effet qu'il pourrait
se passer des choses non conformes à la volonté du
législateur.
M. Filion: L'esprit dans lequel je m'exprimais, M. le
Président, c'est simple. C'est que je suis en train justement de
questionner...
M. Tremblay (Outremont): C'est effrayant. Le
référendum est fini, là.
Une voix: II est de mauvaise humeur, le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Je ne suis pas de mauvaise humeur,
mais...
Le Président (M. Audet): J'avais reconnu M. le
député de Montmorency. M. le député de Montmorency,
vous voulez poursuivre?
M. Filion: Non. Je répète mes questions, M. le
Président. Mes questions sont très pertinentes. Actuellement, la
loi de l'impôt est difficilement administrate, difficilement
contrôlable pour qu'on s'assure qu'effectivement les crédits
d'impôt vont être alloués. On le sait, on a vécu des
cas, l'automne dernier. C'est parce qu'on ne veut pas s'en souvenir, M. le
Président. Moi, quand je pense à l'immoralité des
stratagèmes en matière de recherche et développement, eh
bien, on peut se poser de sérieuses questions. C'est le trésor
public qui a été privé de plusieurs centaines de millions
de dollars, et même le gouvernement a accepté une clause
grand-père pour reconnaître tous les stratagèmes,
après la date, je crois, qui était le 20 octobre, jusqu'à
la fin de l'année financière.
Mais, M. le Président, ce qui se pose comme question, c'est
simple. C'est qu'on part d'incitatifs fiscaux et on vient mélanger la
SDI dans la qualification d'incitatif fiscal. Je pense que c'est très
pertinent de questionner le fonctionnement de l'application des
règlements au niveau de la SDI pour s'assurer qu'effectivement le
citoyen va être bien desservi et que le citoyen va avoir un interlocuteur
qui va avoir la philosophie fiscale du ministère du Revenu ou la
philosophie du législateur au niveau du ministère des
Finances.
Comment voulez-vous rassurer une population si on ne questionne pas la
façon dont vont s'appliquer les règlements et que, par la suite,
on amende nos lois pour venir nous dire que, à toutes fins pratiques, le
lien de dépendance, ils n'avaient pas trop compris comment ça
fonctionnait, et ils viennent nous boucher un trou de fonctionnement?
Écoutez, là, s'il faut commencer à boucher des trous de
fonctionnement au niveau du ministère du Revenu, à en boucher au
niveau de la SDI, bien, on ne se retrouvera plus nulle part tout à
l'heure. C'est dans ce sens-là qu'était
mon intervention, M. le ministre, pas du tout dans un but de
discréditer ou comme en période référendaire. C'est
strictement dans un but de bien situer le débat de l'application de nos
lois au Québec.
Le débat d'application de nos lois au Québec, bien, il
faut comprendre comment ça va fonctionner à la SDI, puis qui va
effectivement autoriser et qualifier un titre. Parce qu'on peut bien jouer au
Père Noël, à la SDI, mais il faudrait bien jouer au
Père Noël en fonction d'une législation qui corrobore celle
du ministère du Revenu, également. Ce n'est pas juste de dire: On
fait un cadeau. Mais le cadeau, là, comment allez-vous l'accorder, puis
comment ça va se faire? Puis comment se fait-il que la SDI vient se
mêler d'une mesure fiscale? C'est là, le vrai débat. C'est
là, le vrai débat. Que vous allouiez une subvention au niveau de
l'aide financière, d'une aide à la capitalisation en
général, parce que les gens ont besoin de capitaliser
l'entreprise, puis que vous donniez un montant d'argent, j'en conviens, faites
l'étude, donnez-le. Mais, là, vous êtes en train de
commencer à jouer au ministre du Revenu avec ça.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, pour
l'information du député de Montmorency, en 1985, sous la gouverne
du Parti québécois, le ministre des Finances d'alors, M. Duhaime,
a considéré que le ministère du Revenu n'avait pas les
ressources humaines compétentes pour faire de l'analyse
financière et administrer des programmes, et a confié cette
responsabilité au ministère de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie et à la Société de développement
industriel du Québec.
Je répète que la Société de
développement industriel joue un rôle administratif et de suivi
des dossiers et, jusqu'à preuve du contraire, à moins que vous
ayez des éléments, je pense que l'équipe fait un travail
important. On a déjà approuvé, au niveau des
sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise, plus de 500 SPEQ pour des investissements de plus de
100 000 000 $. On n'a pas eu de problème à date, on n'a pas eu de
plainte formelle à l'effet qu'il y aurait eu de l'évasion fiscale
ou pas.
Alors, dans ce sens-là, je pense que, M. le Président, si
on pouvait donner suite à l'adoption de l'article 5... Parce que ce
qu'on discute là, c'est quelque chose qu'on a discuté ce matin,
et on peut revenir, revenir, revenir sur le sujet, mais le but, ce n'est pas de
tout remettre en question. J'ai même accepté, ce matin, d'en
parler au ministère des Finances, au ministère du Revenu. Je l'ai
dit au député de Labelle: On va s'asseoir, on va en parler. On va
en parler encore une fois pour savoir s'il n'y a pas de meilleurs
mécanismes pour faire ce qu'on fait. J'ai accepté de faire
ça aussi. Si vous voulez vous faire des scénarios d'horreur, j'en
conviens, faites-vous-les, mais ne les imposez pas aux autres.
Le Président (m. ac*e\): est-ce que l'article 5 est
adopté?
M. Filion: Non, non, non, M. le Président. J'ai encore une
couple de questions. Moi, je veux bien préciser ma pensée, parce
que le ministre a l'impression qu'à chaque fois qu'on parle c'est pour
dire des choses qui ne sont pas pertinentes. Mais elles sont très
pertinentes, M. le Président. Vous savez, au niveau du ministère
du Revenu, il n'y a pas simplement des crédits d'impôt, là,
au niveau de la capitalisation. Il y a des crédits d'impôt de
toutes sortes, et les entreprises s'adressent généralement au
ministère du Revenu pour se qualifier à un crédit
d'impôt. Et il y a certains crédits d'impôt où on va
chercher l'autorisation à la SDI. J'ai l'impression qu'on n'a pas la
même procédure ou la même rigueur d'application.
C'est dans ce sens-là qu'est mon intervention sur la
réglementation qu'on est en train de faire. Parce que, vous savez, au
ministère du Revenu, encore récemment, je voyais un dossier
passer, puis le ministère a changé d'idée sur
l'interprétation, à savoir que c'était une entreprise
agricole, puis ils ont «désalloué» le crédit
d'impôt.
Alors, vous, comment pouvez-vous avoir des critères de rigueur
pour appliquer, par exemple, dans le monde touristique et dire: Bien, cette
entreprise-là, elle est vraiment une entreprise touristique, cette
entreprise-là, elie est vraiment une entreprise
cinématographique, quand on vit à tous les jours, au
ministère du Revenu, M. le Président, des contestations de type
d'entreprise? Et les gens, au ministère du Revenu, peuvent revenir et
recotiser des gens. Mais, si on fait faire le travail par la SDI, on peut
appliquer tout croche les critères de qualification d'une entreprise et
dire: Bien, lui, c'est mon «chum», je l'accepte, puis, lui, ce
n'est pas mon «chum». je ne l'accepte pas, parce qu'on sort d'un
sentier de rigueur d'application, M. le Président. Dans la loi de
l'impôt, on a une rigueur et un suivi, et une procédure
très claire pour qualifier, puis même les fonctionnaires, dans les
cotisations et les vérifications ultérieures, peuvent revenir et
remettre en question toute l'interprétation qu'ils ont faite pour
qualifier une entreprise.
Le Président (M. Audet): D'accord, M. le
député.
M. Filion: Alors, comment peut-on s'assurer - et c'est là
qu'était ma question - d'avoir une application et une rigueur aussi
importantes que celles que l'on retrouve au ministère du Revenu, quand
on nous parle d'une réglementation et qu'on pose quelques questions,
puis on ne nous donne pas de réponse et que, par la suite, on apprend
qu'il y a d'autres projets de loi qui
s'en viennent pour corriger des problèmes d'application
antérieurs? (18 heures)
Le Président (M. Audet): Alors...
M. Filion: Vous admettrez, M. le Président, qu'on est en
droit de se questionner.
Le Président (M. Audet):... compte tenu de l'heure, M. le
député de Montmorency, je dois ajourner les travaux de la
commission. Les travaux sont ajournés à demain, 26 novembre,
à 10 heures, à la salle Louis-Hippolyte-LaFontaine. La commission
de l'économie et du travail entendra les intéressés et
procédera à l'étude détaillée du projet de
loi d'intérêt privé 235, Loi concernant Pipeline
Interprovincial (Québec) inc.
Bonne soirée à tous!
(Fin de la séance à 18 h 1)