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(Dix heures neuf minutes)
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): La
commission reprend ses travaux afin que nous puissions procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 28, Loi sur la
Société Innovatech du Grand Montréal.
Est-ce qu'il y a des remplacements aujourd'hui?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. MacMillan
(Papineau) remplace M. St-Roch (Drummond); Mme Marois (Taillon) remplace Mme
Blackburn (Chicoutimi); M. Boisclair (Gouin) remplace M. Blais (Masson) et Mme
Harel (Hochelaga-Maisonneuve) remplace M. Joli vet (Laviolette).
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Merci. Est-ce que, du côté du gouvernement, il y a des
remplacements? Non.
La Secrétaire: Oui, M. MacMillan (Papineau) remplace M.
St-Roch (Drummond). (10 h 10)
M. Johnson: Comme on disait. Et, moi, je suis toujours là,
M. le Président.
Projet de loi 28
Motion proposant d'entendre le Comité de
concertation économique de Montréal (suite)
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Ah!
M. le ministre, on vous savait fidèle. Sur ce, nous en étions
à une motion déposée par le député de Gouin,
M. Boisclair, qui disait:
II est proposé qu'en vertu de l'article 244 de nos Règles
de procédure, la commission permanente de l'économie et du
travail tienne, avant d'entreprendre l'étude détaillée du
projet de loi 28, Loi sur la Société Innovatech du Grand
Montréal, des consultations particulières quant à tous les
articles dudit projet de loi et qu'à cette fin elle entende le
Comité de concertation économique de Montréal - CUM, ville
de Montréal, Conférence des maires de banlieues, Chambre de
commerce de Montréal, FTQ, CSN.
C'était l'objet de la motion du député de Gouin. Il
avait utilisé deux minutes d'intervention, mais, comme il n'est pas
là, je présume qu'un autre lanceur prendra la relève
sur... M. le ministre, oui.
M. Daniel Johnson M. Johnson: M. le Président, pour les
fins de la bonne marche de nos travaux... Justement, le député de
Labelle se joint à nous à l'instant même. Vous indiquiez
que le député de Gouin ne s'était exprimé que deux
minutes sur sa motion qui visait à faire défiler devant nous les
membres du comité de concertation de la CUM, comme le voulait la motion,
en fin de journée jeudi soir, en fin de séance, à tout le
moins.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): En
fin de séance, jeudi soir.
M. Johnson: On se souvient, si je peux m'exprimer sur cette
motion, M. le Président, que la députée de
Hochelaga-Maisonneuve a brandi ici, en commission, une lettre qu'elle
prétendait être une lettre que j'avais reçue de M. Michel
Hamelin, président de la CUM et président du Comité de
concertation. J'ai nié, séance tenante, avoir jamais reçu
une telle lettre. Effectivement, M. le Président, je n'avais jamais
reçu une telle lettre, pour la bonne raison qu'à ce
moment-là elle n'était même pas signée encore par M.
Hamelin. Il s'est avéré que la députée a mis la
main sur un projet de lettre, non signée, de la part de la CUM, de ses
instances de concertation, et qu'elle visait donc à amener ses
collègues - on peut le penser - à demander aux gens de la CUM de
venir nous expliquer précisément ce qu'ils pensaient du projet de
loi.
J'ai communiqué, dans les heures qui ont suivi, avec M. Hamelin
qui m'a confirmé qu'effectivement je ne pouvais pas avoir reçu la
lettre en question parce qu'il ne l'avait pas signée et qu'il ne l'avait
pas envoyée, au moment où on prétendait qu'il l'avait
fait. Il a, depuis ce moment-là, signé et envoyé une
lettre qui, dans le cas... Évidemment, dans la mesure où je n'ai
pas vu la lettre de la députée de Hochelaga-Maisonneuve, je ne
peux pas savoir si c'est la même chose que le projet, mais je sais ce que
j'ai reçu. Ça vise, cette lettre, à faire valoir les
commentaires du comité de concertation économique de la CUM sur
le projet de loi 28.
J'ai parlé longuement avec M. Hamelin. J'ai répondu
à toutes et chacune des questions qu'il soulève dans cette
lettre. Il m'a dit en être satisfait et a surtout exprimé qu'il ne
voyait pas l'utilité... Il a exprimé le souhait ou l'opinion
qu'il ne voyait pas l'utilité de venir ici, ce qu'il m'a confirmé
par écrit. Je ne prétends pas résister aux demandes des
parlementaires, ce n'est pas ce que je lui ai indiqué. M. Hamelin m'a
dit ce qui suit, en date du 15, aujourd'hui, ce matin, suite à notre
communication, relativement à Innovatech: Je vous confirme que je ne
juge pas utile de me présenter à la commission
parlementaire. En effet, la lettre que je vous ai adressée, la
semaine dernière, exprime mes commentaires et ceux de mes
collègues sur le projet de loi 28. Alors, si les députés
veulent en prendre connaissance, ça me fera plaisir de la
déposer.
Mais tout ce que je dis, M. le Président, c'est qu'il est entendu
que les parlementaires peuvent exiger de rencontrer quelqu'un, qu'il vienne
s'expliquer, etc. Ce que M. Hamelin dit, suite à la conversation que
j'ai eue avec lui, c'est qu'il s'exprime de cette façon-là. Il
faut savoir que l'opinion du Comité de concertation et l'opinion de tous
ceux qui en sont membres, que la mécanique qui est employée,
à ma connaissance, depuis que c'est formé, c'est que les projets
de lettre ou les projets d'opinion qui peuvent être signés par M.
Hamelin sont acheminés à l'ensemble, à tous et à
chacun des membres qui font valoir leurs commentaires. Ça
représente, lorsque M. Hamelin nous écrit, la position des
membres du Comité de concertation. Alors, j'ai bien l'impression que,
même au point de vue fonctionnement, ils seraient bien mal pris, tout le
monde, de venir ici et de réexpliquer leur consensus. Ils le consignent
par écrit et chargent le président du Comité de
l'acheminer aux instances intéressées. En l'occurrence, il
s'agissait de moi et non pas de la députée de
Hoche-laga-Maisonneuve. Ils font état par écrit de leur consensus
et de leurs questions.
Maintenant, si les députés jugeaient utile - c'est fort
possible - que je réponde ici aux questions qui sont soulevées
dans la lettre, on pourra le faire avec plaisir. Mais, moi, je ne trouve pas
qu'on devrait demander à tous ces gens-là de venir ici, à
Québec, comparaître devant nous, essentiellement pour nous lire la
lettre et nous entendre, de ce côté-ci, à tout le moins,
répondre à leurs questions, ce qu'on a déjà fait.
Alors, à la rigueur, on pourrait s'entretenir de ça entre
parlementaires sans déranger ces gens à Montréal.
Vous comprenez que, si la motion est maintenue, évidemment, je
demanderai à mes collègues de voter contre cette motion.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Merci. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants sur la même motion?
M. Jacques Léonard
M. Léonard: M. le Président, je vois que le fait
que ma collègue de Hochelaga-Maisonneuve ait soulevé cette
question a quand même porté ses fruits puisque, finalement, la
lettre... Il y a finalement une lettre qui s'est rendue au bureau du ministre.
Je pense que...
M. Johnson: Oui, oui.
M. Léonard: Non, mais il l'a envoyée...
M. Johnson: Elle se serait rendue quand même.
M. Léonard: Bref, le point a été
soulevé - si on me permet de m'exprimer - par ma collègue de
Hochelaga-Maisonneuve. Le ministre n'avait pas eu cette lettre, si je comprends
bien, puisqu'il a communiqué après. Elle n'avait pas
été expédiée. Maintenant, elle l'est. Alors, je
pense qu'il faut prendre acte du fait que, finalement, il y a des remarques qui
ont été acheminées au bureau du ministre depuis vendredi,
depuis jeudi soir. C'est ça. C'est jeudi soir.
M. Johnson: M. Hamelin - juste pour qu'on se comprenne - m'a dit
avoir signé la lettre vers 15 heures, jeudi après-midi. Elle
n'était toujours pas mise à la poste. Elle n'avait pas
été envoyée par télécopieur, alors qu'on en
discutait ici et qu'on discutait d'un projet de lettre, à ce
moment-là, que la députée avec apportée, non
signée. Ça m'a été télécopié
vendredi matin, finalement.
M. Léonerd: Est-ce que, dans ces circonstances, le
ministre serait d'accord pour déposer la lettre qui lui a
été envoyée, étant donné que, nous, c'est un
projet que nous avions et qu'à ce moment-là on pourrait voir s'il
y a eu des modifications entre-temps?
Document déposé
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, la note de M. Hamelin à M. le ministre est
déposée.
M. Léonard: Je veux juste poser une question au ministre:
Est-ce qu'elle est signée au nom du président de la CUM ou du
Comité de concertation?
M. Johnson: Non, Comité de concertation. C'est le papier
à lettre du Comité de concertation.
M. Léonard: C'est le papier à lettre du
Comité de concertation. Donc, il écrivait, à ce
moment-là, au nom du Comité de concertation.
M. le Président, mon collègue de Gouin a
déposé cette motion parce qu'à partir du projet de lettre
que nous avions il nous semblait qu'il aurait pu être important
d'échanger ici, en commission parlementaire, et qu'il y aurait eu des
questions à poser au président du Comité de concertation.
C'est dans cet esprit-là que la motion avait été
déposée.
Je pense que, bien qu'il y ait des lettres comme celle-là et des
conversations téléphoniques, pour les parlementaires, ça
pourrait être intéressant de poser des questions au
président du Comité de concertation. Je comprends qu'on puisse
tout régler derrière la scène et que le
ministre puisse nous dire ça, qu'il peut tout régler
derrière la scène. Mais, même ses collègues, qui
n'ont pas entendu la conversation téléphonique, auraient
intérêt, eux-mêmes, probablement, à poser des
questions au président du Comité de concertation, qui
s'avère, par la même occasion, être le président de
la Communauté urbaine de Montréal.
Il me semble que toute la question de la recherche, du
développement et de la création d'une société de
recherche et de développement comme Innovatech, sur ce territoire, a son
importance, et même une très grande importance économique.
On l'a dit, au début, dans le discours de deuxième lecture, comme
dans les remarques préliminaires qu'il y a eu ici, qu'il nous semblait
qu'il y avait un débat majeur et que, le coeur de la recherche et du
développement se trouvant sur le territoire de la CUM ou sur un
territoire élargi, il aurait été intéressant
d'entendre des intervenants là-dessus.
Je pense, M. le Président, que nous allons vérifier
paragraphe par paragraphe les contenus du projet de lettre que nous avions et
de la lettre qui a été signée, pour bien vérifier
qu'il s'agit vraiment des mêmes dispositions ou des mêmes remarques
que la CUM avait à faire au ministre. Je pense aussi qu'il serait
intéressant d'entendre les personnes ou le représentant du
Comité de concertation. On aurait même souhaité
élargir, qu'il y ait quelques membres de ce Comité de
concertation qui viennent discuter avec nous, parce qu'il y a quand même
des questions qu'ils posent qui sont fort pertinentes, comme la
représentativité du conseil d'administration, le ministre
responsable, les critères d'admissibilité des projets, etc.,
toute une série d'éléments qu'ils soulèvent et qui
font que, finalement, on devrait, moi, je pense, les entendre. Même s'il
dit que, peut-être, ce n'est pas utile, je comprends que, devant le
ministre, il peut dire que, oui, ça va, c'est satisfaisant, sauf que les
parlementaires ici ont aussi des questions. (10 h 20)
M. Johnson: Je n'ai pas dit ça, je pense.
M. Léonard: M. le Président...
M. Johnson: Non, c'est un malentendu, ce n'est pas ce que j'ai
rapporté. J'ai rapporté que la lettre qui est devant nous est le
consensus écrit - c'est comme ça qu'ils fonctionnent - du
Comité de concertation. Il viendrait simplement réexpliquer les
questions qui y sont, et, moi, je pourrais donner les réponses.
Après ça... c'est parce que je ne sais pas où ça
peut mener plus loin là, c'est ça. C'est ce que je dis.
M. Léonard: M. le Président je pense que,
là... Je comprends, c'est le reflet d'un consensus écrit, mais un
consensus écrit en trois lignes, ça peut être
élaboré. Je comprends qu'on peut lire entre les lignes, mais il y
a aussi des questions qui se posent et des explicitations qui peuvent
être apportées à une lettre comme celle-là. Je
considère que, finalement... M. le Président, nous venons de
recevoir le projet de lettre. Je regarde simplement les paragraphes;
apparemment, ça se ressemble beaucoup.
M. Johnson: Ça se ressemble pas mal, oui. C'est
ça.
M. Léonard: Un instant, si on me permet de
vérifier.
M. Johnson: Oui, oui, je vous en prie.
M. Léonard: 27, 28, 30... Il y a quelques modifications
ici...
(Consultation)
M. Léonard: Je souligne, par exemple... Apparemment, c'est
la même lettre ou substantiellement la même lettre, sauf à
l'article 44, où il y a eu une modification au premier paragraphe de
l'article 44, qui a été, semble-t-il, simplifié. Alors, il
reste quand même, M. le Président, qu'à la page 5, au sujet
de l'article 44, juste pour prendre celui-là, je lis ce qui en est: Le
projet de loi prévoit la dissolution de la Société le 31
mars 1997. Nous aimerions avoir quelques explications quant à
l'interprétation à donner à cette clause. C'est vraiment
le président du Comité de concertation qui intervient, qui le
dit. Par la suite, un peu plus loin: Quant à nous, nous souhaiterions
recevoir de votre part des éclaircissements sur certains articles et des
réponses à nos requêtes.
Alors, le président écrit cette lettre jeudi dernier,
dit-il - 15 heures, que nous rapporte le ministre - il l'envoie, et on discute
au téléphone. Je pense que le processus parlementaire, ce ne sont
pas des conversations téléphoniques, et que recevoir ici le
président du Comité de concertation, ça serait important,
parce que, nous aussi, nous pourrions lui poser des questions pour savoir
pourquoi il est d'accord quant à certains articles de la loi, pourquoi
il se pose des questions quant à d'autres et pourquoi il pourrait
être en désaccord par rapport à d'autres. C'est parce que
c'est les parlementaires, finalement, qui votent. C'est pour ça que nous
considérions d'abord, vendredi et jeudi, qu'il aurait été
important de recevoir le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie, qui est responsable du dossier du développement
technologique au gouvernement, et qu'il serait important aussi de recevoir le
président du Comité de concertation et les membres, pour ceux qui
veulent venir. Mais, quand même, le Comité de concertation
comprend tous les organismes d'importance à Montréal, sur le
territoire de Montréal. Ça comprend la Communauté
urbaine
de Montréal, la ville de Montréal, la Conférence
des maires de banlieues, la Chambre de commerce de Montréal, la FTQ, la
CSN. C'est tout le groupe, beaucoup de grands intervenants en ce qui concerne
la recherche et le développement. Moi, je pense qu'il convient de
maintenir la proposition de mon collègue de Gouin, de recevoir le
président ou le Comité de concertation économique de
Montréal, qui déléguera les personnes qu'il veut pour
venir entendre ou discuter avec nous du contenu de la loi.
Je voudrais, encore une fois, rappeler qu'en ce qui concerne la
recherche et le développement, 80 % ou 85 % - a dit le ministre - de la
recherche et du développement se fait sur le territoire de ce qu'il
appelle le Grand Montréal, mais que le coeur même de la recherche
et du développement se fait sur ffle de Montréal, sur le
territoire de la CUM - c'est elle qui est impliquée ici, au premier
chef.
Je rappelle qu'il y a, sur le territoire de la CUM, quatre
universités, sans compter une multitude d'instituts de recherche et de
développement de toutes espèces, de toutes sortes, mais les
quatre universités constituent le coeur de la recherche, de la recherche
fondamentale, notamment. C'est là qu'on forme nos chercheurs, c'est
là qu'on forme tous ceux qui font de la haute technologie, c'est
là qu'on les trouve. Puis, ensuite, on peut agrandir le cercle, mais il
reste quand même que le coeur se trouve là.
Alors, M. le Président, je pense qu'il convient de maintenir la
proposition de mon collègue de Gouin, puis nous en disposerons en temps
et lieu. Alors, c'est ce que j'avais à dire sur cette question.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Sur
la motion du député de Gouin, est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
Mme Dupuis: Oui, M. le Président, quelques remarques.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mme
la députée de Verchères.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: J'ai du m'absenter, je suis partie un petit peu avant
minuit lors de la dernière commission. Là, je prends connaissance
que mon collègue, le député de Gouin, avait
déposé une motion. Le ministre nous a dit tantôt qu'il a,
effectivement, une lettre à cet effet, et je suis en train de la lire,
la lettre. J'ai quelques paragraphes de lus et je vois que, oui, effectivement,
il y a des questions qui se posent dans le projet de loi. Dans le premier
paragraphe... ne sont pas assez précis, lesquels? Il en fait
sûrement mention dans la liste, mais je n'ai même pas eu le temps
de lire le texte encore. Moi, j'aurais pensé qu'on aurait pu avoir
quelques minutes au moins pour pouvoir regarder les articles, puis où il
faisait des suggestions au ministre.
Ceci étant dit, si je vais à l'article 3, si je continue
à lire la lettre: Suite à nos échanges à ce
sujet... Bon, de toute évidence, le ministre a eu des échanges
avec le président du Comité de concertation. Je pense qu'il
serait intéressant, comme disait mon collègue, tantôt,
qu'on en prenne connaissance. Je n'ai pas l'intention d'utiliser mes 20
minutes. L'idée, ce n'est pas de bloquer quoi que ce soit, mais, moi, en
toute honnêteté, je ne suis pas en mesure de voir si... On ne peut
pas se prononcer sur une chose qu'on ne connaît pas. Je n'ai même
pas eu le temps de lire la lettre en question, mais je...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Regardez, madame, juste préciser.
Mme Dupuis: C'est sur la motion pour venir...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est comme si vous faisiez un blâme au ministre, mais il n'est pas
question de...
Mme Dupuis: Non, ce n'est pas...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...blâme, ici. Le ministre n'est pas tenu de déposer un
document en Chambre. Il peut...
M. Johnson: Je viens juste de le recevoir, à part
ça.
Mme Dupuis: II vient de le recevoir, lui aussi.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...déposer un document - c'est bona fide - s'il juge qu'il est
d'intérêt public de le faire. S'il juge qu'il n'est pas
d'intérêt public de le faire, il peut ne pas le déposer.
Alors, dans ce sens-là, on ne peut pas dire: Bon, bien, on n'a pas eu le
temps de le lire, on ne l'a pas eu. M. le ministre vient de la déposer.
On l'a, on la lit maintenant, puis on la commente.
Mme Dupuis: C'est ça. Bon, bien, là, soyons clairs,
comprenons-nous bien. En aucun moment, je n'ai voulu faire un blâme au
ministre là-dessus. Il l'a eue en même temps que nous. Bon, ceci
étant dit, moi, je pense que ce serait intéressant que le
président du Comité de concertation... Parce qu'il y va de la
recherche au Québec. Si je me réfère à ce que le
ministre nous a dit précédemment, lors de la commission
parlementaire, quand on a siégé vendredi dernier, qu'il y aurait
près de 80 % à 85 % de la recherche du Québec qui se
ferait à Montréal et dans les environs...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Ça a été fait au moment de ses notes de
présentation du projet de loi.
Mme Dupuis: C'est ça, M. le Président. Alors, moi,
je pense que les objections ou les discussions qui ont eu lieu entre le
ministre et le président du Comité de concertation... Devant
l'importance du projet - même si je disais que les sommes ne sont pas
énormes, il reste qu'il y a tout de même 300 000 000 $ qu'on veut
mettre durant cinq ans - l'importance de la recherche au Québec, moi, je
pense, et le plus sincèrement du monde, que ça serait important
qu'on puisse entendre le président du Comité de concertation,
quelques minutes au moins, pour voir comment s'est faite cette concertation,
parce qu'il y a énormément de questions qui se posent.
«Nous profitons de cette occasion - si je lis un paragraphe de la lettre
- pour vous rappeler que notre Comité vous a suggéré, il y
a deux mois, des représentants des milieux patronaux, syndicaux et
municipaux.» Donc, ça veut dire que... Il ajoute, je pense, les
représentants du milieu patronal. Ça serait intéressant
qu'il nous dise pourquoi. Ensuite: «Les suggestions ont été
faites suite à des consultations dans nos milieux respectifs. Les
personnes suggérées correspondent au profil recherché dont
vous nous avez fait part.» Quel est le profil recherché? Il y a
énormément de questions qui se posent. Présentement, il y
a plus de questions que de réponses. En me basant sur ces
interrogations, je trouverais pertinent que le président du
Comité de concertation, qui est aussi le président de la CUM,
vienne exprimer ses points de vue et peut-être même engager une
discussion avec la commission et le ministre concerné. Merci, M. le
Président. (10 h 30)
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Merci. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants sur cette motion? Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Alors, je vous remercie, M. le Président. Je
prends connaissance à l'instant de la lettre que le président du
Comité ministériel permanent de développement du Grand
Montréal a reçue, en date du 10 juin, du responsable, dois-je
comprendre, en la personne de M. Hamelin, du Comité de concertation
économique de Montréal. Je vais vous dire tout de suite, M. le
Président, que ce qui m'étonne avec le projet de loi 28 - j'en
faisais part à mes collègues de l'Opposition - c'est qu'il n'y a
eu ni dossier de presse ni communiqué de presse, que le débat en
deuxième lecture se soit fait à 4 heures du matin, en d'autres
termes, qu'il n'y a pas eu de lancement approprié, je dirais, de ce qui
devrait pourtant être considéré par le gouvernement comme
un projet intéressant. Cette mise en marché qui n'a pas eu lieu
m'étonne. Je vous le dis bien honnêtement. Je demandais à
l'instant à mon collègue de Labelle s'il avait pu prendre
connaissance d'un dossier de presse qui ne m'aurait pas été
communiqué. C'est quand même l'habitude quand un gouvernement
annonce on pourrait appeler ça un bon coup. Là, on ne peut pas
dire que c'est un mauvais coup comme d'autres lois qui, pourtant, ont joui
d'une mise en marché pas mal plus importante. Alors, comment se fait-il
que, finalement, tout ça passe vraiment inaperçu?
En fin de semaine qui vient de se terminer, là, je participais
à un conventum du groupe avec lequel je terminais, au séminaire
de Sainte-Thérèse, il y 25 ans, mes études
d'humanités. Alors, je retrouvais des collègues qui sont
très très impliqués - que je n'avais pas revus depuis,
évidemment, très longtemps - qui sont très
impliqués dans l'innovation technologique, qui travaillent, sont
directement associés à tout cela et qui ignoraient
complètement que nous en étions à l'examen article par
article d'un projet de loi qui créait Innovatech. Je vous le dis, M. le
Président, ce sont des personnes qui ont leurs bureaux à la place
Ville-Marie, ce sont des gens extrêmement concernés. Alors,
ça m'a vraiment surpris. D'ailleurs, je leur ai
«taxé» ce matin le projet de loi 28. Ils se rappelaient
qu'en décembre dernier il en avait été question au moment
de la parution du plan stratégique du Grand Montréal. Mais,
depuis, comme, finalement, ils n'en avaient plus entendu parlé, ils
avaient eu l'impression que tout ça avait été comme
reporté.
Alors, dans le fond, le ministre devrait nous remercier, puis nous
féliciter du fait que nous lui permettons de diffuser - oui, il faut
bien le dire - de communiquer cette nouvelle. Il faut comprendre que, si des
gens qui sont directement concernés ne le savent pas, combien de temps
vous pensez que ça peut prendre avant que le milieu ne se mette en
branle pour pouvoir en bénéficier? On a déjà une
partie de l'année qui est entamée, alors c'est évident
qu'on peut souhaiter qu'il y ait, par exemple, des précisions qui nous
soient données quant aux échéances de paiement. Si le
ministre ne précise pas, à l'article du projet de loi - de
mémoire, je ne pourrais pas le citer - qui prévoit qu'il y a
paiement de ce montant de 300 000 000 $, les échéances, si ce
n'est pas fait et si c'est à partir de cette année, il faut bien
comprendre que, si ça ne se met en branle qu'à l'automne
prochain, c'est déjà une partie de l'année qui est
finalement ratée. Ça peut tout simplement amener des
crédits périmés, ce qu'on ne souhaite pas, j'imagine, de
part et d'autre.
Moi, je pense et je prétends que la présence de
porte-parole du Comité de concertation économique de
Montréal permettrait de donner une visibilité au projet, qu'il
n'a pas eu jusqu'à maintenant, et permettrait de diffuser... Vous
savez très bien qu'à Drummondville on ne change pas juste
de climat, on change de médias, et il arrive souvent que les
médias de Montréal, qui sont des médias nationaux
pourtant, ne soient pas toujours au fait de ce que Québec discute pour
les Montréalais. La présence de décideurs majeurs issus du
milieu montréalais, ici, durant cette journée ou, j'imagine, au
plus tard demain... Le ministre sait très bien que, s'y acceptait, on
convient de part et d'autre que c'est un projet de loi sur lequel l'Opposition
a déjà, évidemment, manifesté son approbation et
que nous allons, avant la fin de la présente session, faire en sorte
qu'il soit adopté. Alors, on pourrait très bien convenir d'une
façon de procéder qui soit accélérée et qui
permette à la fois de répondre aux questions - n'est-ce pas? -
et, en même temps, de recevoir les gens qui, au premier chef, seront
concernés. Alors, c'est la raison pour laquelle j'entends,
évidemment, voter en faveur de cette motion, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Merci, madame. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur la motion du
député de Gouin? Non. M. le ministre.
M. Johnson: M. le Président, ma crédibilité
est mise à rude épreuve, ici, évidemment. C'est la
première fois que j'entends une députée qui nous exhorte
à «réannoncer» quelque chose, alors qu'on se
plaît, de l'autre côté, lorsqu'on annonce différentes
étapes... Par exemple, récemment, la mise en vigueur des normes
d'un programme d'aide à l'entreprise et à l'intégration en
emploi; il y a quelque temps, nous avons annoncé que le programme
envisagé en décembre était effectivement en vigueur depuis
quelques jours et on nous a reproché de «réannoncer»
la même chose. Là, quant à Innovatech, c'est de loin le
volet le plus connu du plan de décembre dernier, à telle enseigne
qu'on a fait réimprimer les dépliants, compte tenu de la demande,
et qu'on a distribué les projets de loi aux gens. Les gens nous
appellent au bureau et on envoie les projets de loi. Je n'ai jamais vu
ça, je n'ai jamais vu ça, les gens qui appellent. On est
obligé d'envoyer des copies du projet de loi 28, tel que
déposé à l'Assemblée nationale. On a des gens qui
commencent à nous identifier des projets. La députée de
Verchères, tout à l'heure, avant qu'on commence, m'a
décrit un projet qu'un de ses anciens concitoyens du comté de
Vaudreuil lui a soumis vendredi soir. Elle a pu lui répondre
qu'effectivement il y avait un projet de loi qui s'appelle Innovatech, sur
lequel on est en train de se pencher, et qui pourrait être une solution
ou une source de financement pour un projet qui peut être
intéressant. Alors, aller prétendre que ce n'est pas connu,
écoutez, là.
Mme Harel: M. le Président, est-ce que le ministre
accepterait de distribuer aux membres de cette commission le dépliant
dont il parle?
M. Johnson: Ça me fait plaisir de vous envoyer
ça...
Mme Harel: Parce que nous n'en avons pas eu copie de ce
côté-ci.
M. Johnson: Ça, c'est le document comme tel. Le
dépliant, ça nous fait plaisir. On peut faire ça.
Mme Harel: ça pourrait être utile aussi pour le
promoteur de la députée de verchères qui ignorait qu'y y
avait un projet créant innovatech.
M. Johnson: II y avait le problème... Évidemment,
tout vient du fait que... Quant à moi, je refuse de faire des
«splash» médiatiques et de la promotion personnelle. Ce
qu'on a, par exemple - et la députée le verra dans le
dépliant - c'est carrément des renseignements qui sont utiles
à des gens qui cherchent le numéro de téléphone
puis l'endroit où s'adresser pour bénéficier d'un
programme gouvernemental. Il n'y a pas de vantardise là-dedans, il n'y a
pas de «réannonce» ou quoi que ce soit. Lors de
l'interpellation où la députée et moi-même avons
discuté de ces choses-là, j'ai précisé qu'y y avait
trois programmes qui étaient maintenant en vigueur. C'est ça que
je faisais. Il y avait trois programmes qui étaient en vigueur, les
normes avaient été adoptées par le gouvernement et le
Conseil du trésor de façon précise, les budgets, la
mécanique, l'endroit où s'adresser, les critères
d'admissibilité. C'est ça qui est utile à nos citoyens, ce
n'est pas un gouvernement qui se lève, puis qui dit: Regardez ce que je
fais. Je pense que c'est un gouvernement qui dit: Voici les services dont vous
pouvez bénéficier avec l'argent de vos impôts. Alors, je
plaide coupable au fait que je n'ai pas fait une campagne de presse, puis un
dossier de presse sur l'introduction à l'Assemblée nationale du
projet de loi 28. Les gens le savent, puis ils attendent après. On
essaie de répondre à la demande le plus rapidement possible.
Mise aux voix
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Bien, alors sur la motion du député de Gouin demandant
d'entendre le Comité de concertation économique de
Montréal, est-ce qu'il y a d'autres interventions? Pas d'autres
interventions? Est-ce que cette motion est acceptée? Alors, vote?
J'appelle donc le vote.
M. Johnson (Vaudreuil)? (10 h 40)
M. Johnson: Non.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Contre. M. Audet (Beauce-Nord)?
M. Audet: Contre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Bélanger (Laval-des-Rapides), contre. M. Bordeleau (Acadie)?
M. Bordeleau: Contre, M. le Président
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Contre. Mme Dionne (Kamouraska-Témiscouata)?
Mme Dionne: Contre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
Farrah (Îles-de-la-Madeleine)?
M. Farrah: Contre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
Lafrenlère (Gatineau)?
M. Lafrenière: Contre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Excusez, je vérifie si tout le monde est là, pour ne pas
oublier personne. M. St-Roch est remplacé par M. MacMillan qui n'est pas
là.
Alors, du côté de l'Opposition, Mme Marois (Taillon)? Elle
n'est pas là. M. Boisclalr (Gouin)... Mme Dupuis (Verchères)?
Mme Dupuis: Pour.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Vous
êtes pour. Mme Harel (Hochelaga-Maisonneuve)?
Mme Harel: Pour.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Pour. M. Léonard (Labelle)?
M. Léonard: Pour.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Pour.
La motion est donc rejetée. Alors, sur ce, j'appelle l'article 1
du présent projet de loi, à moins qu'il y ait d'autres motions
d'annoncées?
M. Léonard: Le ministre ne veut entendre personne, il veut
juste...
Étude détaillée Institution et
organisation
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, M. le ministre, l'article 1, qui se lit comme ceci: «Est
instituée la Société fnnovatech du Grand Montréal.
» Oui?
Mme Harel: Excusez-moi, M. le Président, avant qu'on
débute l'examen article par article, est-ce qu'on peut savoir du
ministre quand il mettra à notre disposition le dépliant dont I
faisait mention tantôt?
M. Johnson: Je n'ai pas entendu la question, je m'excuse.
À quel moment? Oui?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Le
dépliant publicitaire, là, à quel moment il va être
disponible pour les gens de la commission?
Mme Harel: Je vais la reprendre. Quand H mettra à notre
disposition...
M. Johnson: Bien, il l'est depuis longtemps. La question est de
savoir... On va mettre la main dessus, là.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, aussitôt que les copies...
Mme Harel: Est-ce qu'on peut penser...
M. Johnson: On va aller en chercher au bureau. On en fera
envoyer.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): On
va aller chercher les copies, puis on les fera distribuer dans la
journée?
M. Johnson: Je dis tout de suite que les lecteurs n'en
apprendront pas plus, au contraire, que ce qu'il y a dans le plan
stratégique du Grand Montréal. C'est un résumé en
huit volets qui tient dans la poche de chemise...
Mme Harel: Bon.
M. Johnson:... afin de décrire les différents
éléments du programme...
Mme Harel: Alors, vous pouvez le faire venir.
M. Johnson:... et, évidemment, l'adresse et le
numéro de téléphone du secrétariat de
Montréal où on peut se procureur les détails
additionnels.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, dans les meilleurs délais. Je pense que c'est la chose qu'on
peut dire. Mais je vais être vigilant pour qu'on les reçoive
aussitôt que possible.
Donc, je rappelle l'article 1 qui se lit
comme ceci: «Est instituée la Société
Innovatech du Grand Montréal. »
M. le ministre, là-dessus?
M. Johnson: Je n'ai pas vraiment de commentaires, M. le
Président.
M. Léonard: M. le Président, moi, je pense que j'ai
un point à soulever, justement, en relation avec la lettre du
président du Comité de concertation, qui est en même temps
président de la CUM. Il soulève le point de savoir où sera
situé le siège social de la Société.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est à l'article 2, ça.
M. Johnson: Je pensais attendre à l'article 2 pour parler
de ça, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui.
C'est l'article 2 qui est spécifique là-dessus: «La
Société a son siège social sur le territoire du Grand
Montréal».
M. Léonard: Très bien. C'est parce que... O. K., il
y a méprise, là. C'est parce que, dans la lettre du...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui,
du président, oui...
M. Léonard: Ça va. On y reviendra à
la...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): On y
reviendra à 2. Alors, sur l'article 1, est-ce qu'il y a d'autres
commentaires, d'autres interventions? Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Léonard: Oui, on l'a adopté, M. le
Président.
Localisation du siège social
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Adopté. J'appelle l'article 2, qui se lit comme ceci: «La
Société a son siège social sur le territoire du Grand
Montréal décrit à l'annexe A. «Un avis de la
situation du siège social de la Société ou de son
déplacement est transmis à l'Inspecteur général des
institutions financières pour publication à la Gazette
officielle du Québec. »
M. le ministre, là-dessus.
M. Johnson: M. le Président, il s'agit de la disposition
habituelle. La Société vise un territoire. Le territoire est
celui qui est décrit à l'annexe A et, en conséquence, le
siège social doit être situé dans ce territoire. Ça,
c'est par opposition à préciser que ce serait situé en
dehors du territoire. Alors, pour être conforme aux usages qui exigent
qu'on précise qu'il y a un siège social et qu'il a un site,
évidemment, on le situe dans le territoire visé par la
Société.
Maintenant, la lettre de M. Hamelin, oui, pour enchaîner... Oui,
je vous en prie.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le ministre, à cet égard-là, est-ce que ce sont les gens
qui vont former la Société Innovatech qui vont décider du
lieu précis de l'implantation, ou si ça va être quelqu'un
d'autre?
M. Johnson: C'est la Société.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est ça. Ce sont eux qui vont décider?
M. Johnson: Oui, absolument.
M. Léonard: Le ministre ne veut pas donner de garanties au
président de la Société, du Comité de concertation
ou de la CUM pour que ce soit situé sur le territoire de la CUM?
M. Johnson: Non. Effectivement, à ce moment-ci, ce serait
d'abord nous substituer au conseil d'administration, dont c'est la fonction de
fixer le siège social de l'entreprise. Depuis le début, je le
rappelle, ce qu'on tente de faire, c'est d'assurer la plus grande marge
d'autonomie et d'indépendance pour les décisions que fixe la
Société à son conseil d'administration, qui sera
composé de gens de la grande région de Montréal, tel qu'on
le dit depuis le début. Il m'apparaîtraitaller à
rencontre, d'abord, de ce principe-là, que de déterminer,
aujourd'hui, avec plus de précisions, où serait situé le
siège social.
Deuxièmement, on va être logique, là. On essaie de
réaliser un exercice de concertation au titre du développement
technologique. La députée de Taillon nous a fait état des
grandes et belles choses, avec raison, qui se déroulent sur la rive sud
de Montréal, et les députés de Laval pourraient en faire
autant, M. le Président, dont vous-même. Les députés
de la couronne nord pourraient en faire autant, et ceux de la CUM,
évidemment, comme, d'ailleurs, le député de Labelle l'a
lui-même souligné.
À partir de ce moment-là, si on veut réaliser un
exercice de concertation et qu'on dit que ça vise tel territoire et que
le siège social ne sera pas situé dans telle région, qu'il
ne sera pas situé là où habitent le tiers des gens du
territoire, simplement là où habitent les deux tiers... Alors,
mol, je veux qu'on comprenne quel genre de concertation les gens ont à
l'esprit quand, tout de suite, au départ, ils refusent d'envisager que
le siège social pourrait être en dehors de chez eux. Si ça
devient le modèle de concertation dans la grande région de
Montréal, ça ne fera pas long feu. C'est tout ce que je
veux dire.
Il m'apparaît important qu'on réalise, après tous
les discours qu'on felt sur les grandes mégalopoles, puis technopoles,
puis les régions internationales, etc., des deux côtés de
la Chambre, qu'on discute de la façon dont, dans certains secteurs
industriels, on doit assurer le lien et le maillage d'entreprises, où
qu'elles se trouvent dans une grande région. Je donne souvent
l'aérospatiale ou l'aéronautique comme exemples. Avec la rive
sud, I y a Héroux, Pratt & Whitney et l'Agence spatiale, pour ne pas
dire Oerlikon, à un moment donné, et bien d'autres. À
Montréal, on parle de l'Université internationale de l'espace;
tout le parc, évidemment, Marconi, CAE, Canadair, et j'en passe, de ce
monde. Sur la rive nord, H y a évidemment Dowty, Nationair et la base
d'entretien des aéronefs, l'entretien des CF-18, Bell Helicopter,
réalisation formidable, d'ailleurs. À Laval, dans ce
secteur-là, on est en train de songer a attirer l'Implantation de Space
Camp Canada, alors le Camp spatial canadien. Il y a, par ailleurs, une
suggestion au même effet sur la rive sud, le camp Patrlck-Beaudry, qui
est un autre concept de camp de l'espace et de parc à thème, parc
thématique. On voit que c'est partout dans la région. Ça
part de Mirabel jusqu'au sud de Saint-Hubert, ou à l'est, dans le fond,
de Saint-Hubert.
Venir, comme législateurs, prendre à l'avance une
décision qui dit: Sur ce grand territoire, Laval, la rive nord, puis la
rive sud, oubliez ça, le siège social... S'il avait fallu faire
ça avec l'Agence spatiale, l'Agence spatiale ne serait pas là,
sur la rive sud. Bell puis Dowty ne seraient pas là où elles
sont, à Mirabel. Il y a des choses qui n'existeraient pas en dehors de
la CUM. C'est ce que j'ai dit, d'ailleurs, à M. Hamelin, que je trouvais
ça un peu prématuré de faire ça. Est-ce qu'on peut
penser que le conseil d'administration va installer le siège social dans
la ville de Montréal? Je vais être plus précis, ça
ne m'apparaît pas exclu, de toute évidence, mais ce sera leur
décision. Ce sera leur décision. Ils consulteront les gens du
milieu, Ils verront si c'est plus logique de mettre ça quelque part au
centre de la région plutôt qu'en périphérie.
Ça ne sera pas Mont-Laurier, en tout cas, M. le Président.
M. Léonard: M. le Président, je peux intervenir
là-dessus? Il avait fini, le ministre?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui,
oui. Je vous en prie. (10 h 50)
M. Léonard: M. le Président, je pense que le voeu
du Comité de concertation est un voeu bien légitime, qui colle
aussi à la réalité. Je pense que, compte tenu des
explications du ministre, ils veulent se prémunir contre le danger qui
peut exister que ça aille ailleurs, et loin ailleurs. Même si ce
n'est pas Mont-Laurier, M. le Président, II reste que, quand on va
regarder la composition du conseil d'administration et de tout ce qui gravite
autour, qui a droit de parole, même s'il n'a pas le droit de vote, le
gouvernement va pouvoir Influencer de façon très significative un
grand nombre de décisions et des décisions majeures. Alors, ce
que je voulais dire, M. le Président, c'est que le ministre, ici, parle
de façon très générale. Il dit qu'il ne peut pas
exclure tel endroit plutôt que tel autre. On souhaite que ce ne soit pas
logé, cependant, à Vaudreull, dans son comté. Je pense
que, quand je pose une question comme celle-là, de cette façon,
ça m'apparaît évident que ça ne devrait pas
être là et qu'à mon sens, entre les deux, le choix,
ça devrait être le territoire de la CUM. Alors, ce que je pense,
c'est que, des fois, le ministre peut avoir... se donne - dans le projet de
loi, on va le voir plus loin - des façons d'influencer et
d'Impressionner le conseil d'administration parce que, de toute façon,
c'est lui qui détient les fonds. Alors, il avait l'occasion, Ici,
à l'article 2, de dire très clairement que le siège social
serait situé dans un endroit qui serait fonctionnel par rapport à
la Société. Alors, je voulais simplement qu'il ait l'occasion de
dire, de donner des garanties qu'il ne fera pas des pressions pour amener le
siège social de la Société dans Vaudreuil. Bon,
voilà, je pense que c'est là-dessus que j'appuierais le voeu du
Comité de concertation, que ce soit situé sur le territoire de la
CUM.
M. Johnson: C'est bien clair que c'est le voeu. C'est
écrit en autant de lettres, noir sur blanc. Ce que j'Indique, moi, c'est
qu'on va laisser le conseil d'administration faire au moins cette
première décision. Au moins, cette première
décision devrait être laissée au conseil d'administration
quant à l'endroit, si leur mandat couvre une grande région, quant
à un endroit précis dans cette région-là.
Maintenant, on peut bien vouloir utiliser le temps de la commission
parlementaire pour prétendre que, parce que je suis président du
Conseil du trésor, on pourrait influencer les gens pour envoyer
ça à Vaudreuil, à Salnt-Télesphore ou à
Sainte-Marthe. On dira ça tant qu'on voudra, mais il n'en reste pas
moins qu'au point de vue législatif, lorsqu'un territoire est
déterminé pour certaines fins, il s'ensuit, un, que le
siège social est situé dans cette région-là. On
n'ajoute rien. On n'ajoute rien, et on veut nous faire faire du droit nouveau.
Ce n'est pas évident, là.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): De
toute façon, M. le ministre, je serais un de ceux qui s'objecteraient
formellement à ce qu'on mette un nom sur l'endroit. Non pas que je le
réclame pour mon comté, I y a un petit coin de parc technologique
qui a une
vocation très précise et qui va être gardé
pour ça. Donc, je n'ai aucune revendication, mais qu'a priori on exclue
Laval ou la rive sud pour donner à Montréal, c'est un pattern
qu'on a connu dans trop de dossiers de la part de Montréal, ce genre de
revendications là, y compris pour nos égouts. Je comprends qu'ils
veulent qu'on leur envoie de la merde à pleins tuyaux, mais, nous
autres, on ne veut pas, on veut garder ça chez nous...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):...
avec les usines d'épuration. On a été quand même
poli avec eux. Mais, c'est de même dans tous les dossiers, et je pense
que, vous, ça serait là une forme de provocation, en tout cas.
Moi non plus, je n'exclus pas qu'elle puisse être dans Montréal,
au contraire. Si c'est là que c'est le plus pratique, il sera là
et «that is it». Mais qu'on exclue à l'avance et qu'on
limite le territoire, moi, en tout cas, je serais un de ceux qui s'opposeraient
de façon magistrale à ça.
M. Léonard: C'est assez éclairant sur les
intentions de la loi, en tout cas, juste des discussions comme
celle-là.
Disons que le gouvernement ne veut pas le préciser, il ne veut
pas le préciser. Maintenant, je voudrais poser des questions sur la
carte. Alors, au départ, je dois dire qu'il y a eu, M. le
Président, une certaine surprise lorsque la carte a été
rendue publique. Lorsqu'on a commencé à discuter de la relance de
Montréal, tout le monde pensait qu'il s'agissait du territoire de la
Communauté urbaine de Montréal, où II y a des
problèmes particuliers de tissu urbain, de consolidation urbaine. Il y a
des secteurs importants de ce territoire qui sont en
dégénérescence, et tout le monde le déplore. On
pensait que le mandat du comité, c'était justement de le refaire
ou de relancer le territoire de la CUM. Lorsque la carte est sortie, notamment
en ce qui concerne la Société Innovatech, on s'est aperçu
que c'était beaucoup plus grand que cela. Est-ce que le ministre peut
nous indiquer les raisons pour lesquelles il présente la carte telle
qu'elle est dans ce projet de loi ou annexée à ce projet de loi?
Quelles sont ses grandes orientations? J'ai posé des questions dans mon
discours de deuxième lecture en disant: Elle est trop petite ou elle est
trop grande, dépendant du point de vue où on se place. Il y a
aussi certains problèmes qui se posent quant au découpage, ce qui
arrive inévitablement lorsqu'on dépose une carte où il n'y
a pas de géographie inscrite dans le décor, de façon
absolue, alors que, dans le cas de la CUM, il y a des limites aquatiques, si on
peut direi Ha, ha, ha! Alors, là, on en prend large. Il y a
effectivement des activités de recherche et de développement qui
se passent sur I'île Laval, sur la rive sud, aussi dans certaines MRC,
mais, encore une fois, je rappelle que l'essentiel est au coeur, soit sur le
territoire de la CUM.
Si on déborde de ça, on est amené à se poser
la question de l'orientation que prend le gouvernement sur la recherche et le
développement. Moi, je pense qu'il n'y a personne qui peut nier, au
Québec, dans tout le Québec, que, finalement, le coeur se
retrouve dans la région de Montréal. Puis, on est amené
à se poser la question: Pourquoi, finalement, exclure des
activités de recherche et de développement qui seraient juste de
l'autre côté de la limite et, même, ailleurs dans le
Québec, tout en sachant que les principales retombées vont
toujours se retrouver à Montréal?
M. Johnson: Là-dessus, M. le Président, je ferai un
bref rappel historique. Lorsque l'engagement a été
formulé, à l'automne 1989, il a été formulé
à l'hôtel de ville de Montréal, littéralement, par
le premier ministre, sur la formation d'un comité ministériel
permanent de développement du Grand Montréal, donc en
présence du maire, des instances, non seulement de Montréal, mais
de la CUM et on déborde. L'engagement gouvernemental a été
ainsi formulé. Alors, tout le monde savait quel était le
territoire couvert, de façon générale, et il
débordait largement de la CUM, de toute façon, pour assurer, au
niveau de ce comité, la cohérence des actions gouvernementales
dans différents secteurs, dans la mesure où ça touche la
grande région de Montréal, pour la région du grand
Montréal, pour ne pas mêler les choses.
Lorsque nous avons mis sur pied des groupes de travail à
l'interne pour poser le diagnostic, analyser la situation économique,
notamment, de la région du Grand Montréal et que nous avons
ultimement publié le plan ce relance, qui a été
approuvé par le gouvernement, on s'est aperçu très
rapidement qu'on ne pouvait pas regarder isolément, en matière
économique, soit la ville, soit même la CUM. C'est le cerveau et
le coeur, là, nettement, du Québec économique qu'on y
retrouve, mais il y a des membres très, très importants. La
députée de Taillon l'a soulevé, je le
répète, avec beaucoup de pertinence quant à la
Montérégie, la rive sud. C'est vrai, de façon accrue,
constamment accrue, là, de Laval, dans certains secteurs industriels.
C'est vrai de la rive nord. Bon.
Alors, l'idée, évidemment, était de faire en sorte
qu'on puisse regrouper, dans des interventions gouvernementales, des
préoccupations qu'on retrouve sur ce grand territoire, parce que c'est
véritablement comme ça que ça fonctionne. Il n'y a pas de
secteur industriel, enfin je n'en vois pas. Il n'y a pas une ligne directe
Drum-mondville-Montréal, il n'y a pas une ligne directe
Amos-Montréal, il n'y a pas une ligne directe
Trois-Rivières-Montréal. Il y a des lignes directes
Saint-Hyacinthe-Sorel, Salnt-Hubert-Mont-réal, Laval-Saint-Laurent,
Mirabel... Saint-Eusta-
che.
Certaines technologies médicales se retrouvent concentrées
sur la couronne nord, c'est absolument surprenant - c'est surprenant pour qui
ne regarde pas le processus, évidemment, de formation des secteurs
industriels, d'où le fait qu'on maintiennet le cap sur une
décision gouvernementale sur ce concept intégrateur qu'est la
région du Grand Montréal, pour englober véritablement les
secteurs les plus complets possible, d'amont en aval. Ça ne signifie pas
qu'il n'y a pas de passerelle vers les régions. Bien au contraire, il y
a des passerelles, mais pas des lignes directes, un petit peu comme je
l'exprimais tout à l'heure.
Deuxièmement, ceci étant dit - ça rejoint les
préoccupations du député de Labelle - le processus de
progrès économique qui passe par l'innovation technologique est
tellement tributaire d'une concentration de laboratoires de recherche,
d'établissements de recherche et de développement,
d'établissements d'enseignement supérieur... Le
député lui-même le dit souvent, II y a quatre
universités à Montréal, il y a deux grandes écoles.
C'est Justement là que ça se déroule, que ça se
produit, la vaste majorité des activités d'innovation
technologique du Québec. Alors, on reconnaît cette
réalité-là. On ne la changera pas pour déterminer,
donc, la grandeur du territoire visé par la Société
Innovatech. (11 heures)
Je rappelle, de façon technique, la définition: ça
commence avec la ville de Montréal et, lorsqu'on agrandit le rayon, on
ajoute des secteurs de recensement tant et aussi longtemps que c'est bâti
en continu; lorsqu'on frappe, en périphérie, des secteurs de
recensement qui, eux, ne répondent pas à cette première
définition d'être construits en continu par rapport au noyau, on
se pose deux questions: Est-ce que 40 % de la population active de ce secteur
travaille vers le centre ou, alternativement, est-ce que 25 % des travailleurs
qu'on retrouve dans ce secteur originent, viennent du centre de la
région? Lorsqu'on répond oui à l'une ou l'autre de ces
deux questions, on Inclut le secteur dans la définition de recensement
de la région métropolitaine. Et on en arrive à la carte
qui a été aménagée précisément en
répondant à ces questions-là de Statistique Canada ou de
l'Institut national de la recherche scientifique, modules et urbanisme,
à cette différence près qu'on a repoussé les
limites du territoire jusqu'aux confins des MRC qui sont touchées au fur
et à mesure qu'on pose la question et qu'on définit la
région métropolitaine, pour ne pas artificiellement morceler, au
point de vue concertation, cette fois-là, de niveau plus politique, les
différentes MRC qui sont touchées par le concept de la
définition de la région métropolitaine du Grand
Montréal.
M. Léonard: M. le Président, ce qui m'éton-
ne dans la réponse du ministre - et je soupçonnais que
c'était l'argumentation qu'il vient de nous servir qu'il utiliserait...
Un des grands problèmes qu'il y a à Montréal, c'est le
problème du tissu urbain. Effectivement, quand 1 répond ce qu'il
vient de nous répondre, 1 prend des considérations d'habitation,
de relations de la population par rapport au centre, qui sont des
considérations qui servent de bases pour déterminer la
région métropolitaine de recensement. En gros, c'est de ça
qu'on se sert en tenant compte des MRC. Donc, on tient compte du tissu urbain,
alors que, moi, je pensais plutôt qu'il s'agissait, étant
donné une carte du Grand Montréal, d'une carte fonctionnelle par
rapport à la recherche et développement. C'est là
où est mon interrogation parce que, au fond, effectivement, il y a des
activités de recherche et développement à Laval, rive sud,
rive nord. Dépendamment des secteurs qu'on considère, oui, II y
en a.
Mon interrogation, à ce moment-là, allait plus loin parce
que... Prenez un secteur, le secteur minier; II y a un département de
géologie à l'Université de Montréal, il y a des
activités qui concernent toute la prospection et les recherches en
prospection en polytechnique et il y a aussi un département de
géologie à l'Université McGill. Il se fait là,
donc, de la recherche fondamentale. Il se fait aussi de la recherche
appliquée. Il y a aussi, par exemple à Rouyn, à
l'Université du Québec, une équipe qui fait du travail de
recherche là-bas qui est valable, et qui se fait en relation avec ce qui
se fait à Montréal. Quand je dis ça, il faudrait aussi
ajouter qu'il y a plein de sièges sociaux de sociétés
minières qui sont à Montréal. Il y en a d'autres à
Rouyn.
Ce que je veux illustrer par là, c'est qu'il y a une
intégration très étroite entre Montréal et ailleurs
dans le Québec. Au fond, lorsque la Société Innovatech va
être amenée à Intervenir, elle va le faire très
probablement où elle a 85 chances sur 100 d'Intervenir, sur le
territoire de Montréal, et elle va avoir l'occasion aussi, pour un autre
15 %, d'intervenir ailleurs, mais surtout à Rouyn-Noranda, ou à
Val-d'Or, ou quoi que ce soit, mais surtout à Rouyn-Noranda en termes de
recherche et développement. Il y a des activités qui se font, par
exemple, à la Noranda, là-bas, comme il y en a à
Pointe-Claire. Ce que je dis, dans le sens où la carte serait trop
petite sur ce plan-là, c'est que, sur le plan fonctionnel recherche et
développement, il me semble qu'on se coupe d'éléments par
rapport au centre ou au coeur de la recherche et développement qui est
dans le Grand Montréal, et je trouve que la carte devient non
fonctionnelle.
À l'inverse, quand le ministre plaide le tissu urbain, il le fait
en termes de consolidation urbaine, mais H rate le bateau, parce que le
problème, c'est au coeur, ce n'est pas dans le tour, c'est au coeur.
Alors, je trouve qu'il y a
une espèce de contradiction là-dedans. Quoi qu'il en soit,
je sais que toute carte présente ses problèmes.
Je vais donner un autre exemple. Je l'ai donné l'autre jour. On
inclut Mirabel et puis on exclut le cégep de Saint-Jérôme
qui est à côté de Mirabel, si on peut dire, mais vraiment
à côté, qui se spécialise dans les matériaux
composites où toutes les retombées se retrouvent finalement dans
le territoire du Grand Montréal, en particulier dans le territoire de
Mirabel, et puis le cégep, où il se fait beaucoup de
développement, là, c'est plutôt du développement que
de la recherche, va être exclu à cause de la carte.
Vous voyez les inconséquences que révèle cette
carte. C'est le point que je voulais souligner. Bon, c'est ce que je voulais en
dire, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mme
la députée de Hochelaga-Maison-neuve.
Mme Harel: M. le Président, j'écoutais avec
attention et intérêt les propos que tient le président du
Comité ministériel permanent de développement du Grand
Montréal et je dois vous dire, M. le Président, que je suis fort
inquiète de la vision qu'il a de cette région et que je
considère qu'il est possible, sinon probable, que, dans quelques
années à peine, nous puissions évaluer l'intervention du
gouvernement comme ayant financé l'exode industriel, après avoir
financé l'exode résidentiel.
Je m'explique, M. le Président. Nous sommes maintenant conscients
que les programmes gouvernementaux en matière d'accès à la
propriété ont directement financé l'exode
résidentiel en dehors des villes centrales, en dehors des grands
centres. Évidemment, s'il fallait citer des chiffres à l'appui,
les derniers chiffres que nous révèle Mon taux, mon toit,
où à peine 5 % de l'ensemble des subventions ont permis
l'accès à la propriété sur l'île de
Montréal, et quand on pense au boum que ça a finalement
consacré en périphérie, on voit directement que le
gouvernement n'est pas neutre là-dedans. Ça vaut, remarquez, pour
l'actuel gouvernement comme pour le gouvernement précédent qui
n'avait pas, à temps, je pense, pris conscience de l'effet pervers que
ça pouvait avoir, ce genre de programme gouvernemental qui partait d'un
bon vouloir, comme on dit, faciliter l'accès à la
propriété, mais qui, indistinctement, en saupoudrant l'ensemble
du Québec, privilégiait un développement rural au
détriment du développement ou du redéveloppement urbain
dans les villes.
Et, M. le Président, le ministre nous dit maintenant que c'est
à partir du bâti que s'est faite la définition du
recensement dans la perspective du développement industriel. Alors, on
part des séquelles de ce qu'on sait être et de ce qu'on sait avoir
été des mauvaises décisions pour fonder celles qu'on
entend prendre maintenant en matière industrielle. Et c'était de
restructuration industrielle dont il était question à
l'égard des zones vétustés de Montréal. Il y a 10
ans, c'est de ça dont il était essentiellement question.
Et quand on pense que maintenant on prétend que tout le monde est
égal sur le territoire, 138 municipalités, 12 MRC, et qu'on prend
pour acquis que, les choses étant égales par ailleurs, on
subventionne le choix que fait l'entreprise de s'installer où elle veut.
Mais on ne peut pas lui reprocher, à l'entreprise, de s'installer
là où ça coûte moins cher. Et où est-ce que
ça coûte moins cher, M. le Président? Ça coûte
moins cher sur des terrains vierges, c'est bien évident. C'est bien
évident que, pour une entreprise, venir s'installer dans un milieu
déjà bâti ou dans un milieu qui a été
Industrialisé il y a 100 ans et sur lequel il y a eu de la contamination
des terrains, ça coûte plus cher. Et ne pas en tenir compte, c'est
une vue de l'esprit qui va faire qu'au bout du compte ça va avoir des
effets pervers. (11 h 10)
Avec un projet comme celui qui est devant nous, on distribue les
subventions sur un territoire, comme si ce territoire-là offrait,
où que ce soit, les mêmes possibilités. Et, finalement,
c'est là où le bât blesse, dirions-nous, et c'est ce que je
comprends avoir été la réflexion du gouvernement
fédéral qui, nous a-t-on dit, a finalement décidé
de ne pas investir la contribution dont il avait été question -
qui n'avait pas été publiquement annoncée, mais dont il
avait été question - puisqu'on me dit que le gouvernement
fédéral, lui, aurait accepté de s'associer à
Québec, dans la mesure où le territoire aurait été
délimité à celui de l'île de Montréal.
Alors, c'est un choix que le gouvernement a fait. C'est un choix que
nous ne partageons pas. C'est un choix qui a surpris les intervenants qui
demandaient une intervention du gouvernement. Ça a été,
d'ailleurs, je pense, la principale réaction qui a fusé au moment
de la publication du plan dit stratégique en décembre dernier.
C'est évidemment cette constatation que ce territoire, qui
prétendait traiter tout le monde de la même façon, allait
finalement discriminer ceux qui en avaient le plus besoin. Parce que ceux qui
en avaient le plus besoin, c'est-à-dire cet effondrement que l'on
connaît sur le plan manufacturier sur l'île de Montréal et
cet effondrement que l'on connaît dans l'est de Montréal... L'est
avait trois grandes vocations, n'est-ce pas: les raffineries, les trains et les
bateaux. Le chantier naval est fermé, quatre des six raffineries sont
fermées et les trains agonisent. Et il n'y aura pas de nouvelle
vocation, M. le Président, s'il n'y a pas d'abord, de façon
vigoureuse, une volonté politique gouvernementale de donner à
l'est de Montréal les facilités au-
toroutières dont les entreprises ont besoin. C'est évident
que les entreprises vont s'en aller du côté de la transcanadienne
et ne viendront pas sur le terrain de ferme qu'est Henri-Bouras-sa. Il faut
entendre M. Gobeil parler de ça, d'ailleurs, comme porte-parole de
Métro-Richelieu. Et elles ne viendront pas non plus s'installer
là où elles ont des investissements à faire pour
décontaminer.
Alors, dans ce contexte-là, c'est évident, M. le
Président, que c'était déjà une mauvaise
décision et qu'avec l'article 2, mon Dieu, malgré que le bon sens
commanderait de dire évidemment que le siège social sera sur le
territoire de la communauté urbaine, je comprends que même
là-dessus, le ministre ne veut pas toucher à ça. Alors,
imaginez-vous, s'il y a des arbitrages qui ne sont pas faits! Ça
m'apparaît encore bien plus évident quand même le
siège social est controversé.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Sur
l'article 2, est-ce qu'il y a d'autres invèrventions? Mme la
députée de Verchères.
Mme Dupuis: Merci, M. le Président. Concernant le
siège social, sur le territoire du Grand Montréal, le ministre
nous faisait part tantôt que déjà il y avait discussion. Et
ce n'était pas évident qu'on aurait une concertation sur le
siège social que déjà le président de la CUM et de
la table de concertation insistait pour que le siège social soit
installé à Montréal.
J'ai écouté mes deux collègues et, moi, je pense
que mes craintes, c'est qu'on s'en crée un troisième. Il y a deux
problèmes qu'on essaie de régler en créant la
Société Innovatech du Grand Montréal: le problème
du développement de Montréal et le problème de la
recherche technologique. Et c'est peut-être là que ce n'est pas
clair, peut-être en essayant de solutionner les deux problèmes en
même temps, ce qui va faire en sorte que les gens de Montréal vont
dire: Oui, mais ça n'apporte rien ou ce n'est pas une soliition
adéquate pour le développement de Mojntréal. Et, d'autre
part, on peut avoir tous les intervenants en recherche technologique qui
disent: Ce n'est pas une solution au problème du développement de
la recherche technologique. On a un problème là.
Peut-être aussi qu'en voulant essayer de solutionner les deux
problèmes en même termps - ce sont là mes craintes - on
n'arrivera pas à solutionner ni l'un ni l'autre et à satisfaire
ni l'un ni l'autre. Quand on pense au retard qu'on a accumulé au niveau
de la recherche technologique, que, comme mon collègue le disait
tantôt, il s'en fait à Chicoutimi, il s'en fait en relation avec
les universités du Québec, un peu partout sur le territoire du
Québec et que j'entends, d'autre part, ma collègue de
Hochela-ga-Maisonneuve dire que le développement de Montréal, ce
n'est pas comme ça qu'on va arriver à solutionner les
problèmes de Montréal, la désertion de Montréal et
tout, c'est quasiment symbolique que je sois assise entre les deux. Moi, je
suis convaincue... Et sans que l'un ne dise plus que l'autre, on énonce
le problème, on fait un petit peu de projection et on dit: II va y avoir
des problèmes là. Moi, j'aimerais avoir l'opinion du ministre
là-dessus, je suis convaincue qu'on a essayé de solutionner les
deux problèmes en même temps au lieu de s'attaquer, d'une part,
à la recherche technologique au Québec et, d'autre part, au
développement de Montréal. Alors, ça nous donne
peut-être une espèce de compromis qui manque de clarté.
C'est ma perception, là. J'aimerais que le ministre nous éclaire
un petit peu plus à savoir comment on peut arriver à solutionner
parce que, là, j'ai comme l'impression qu'on est en train de
créer un troisième problème. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, sur l'article 2, est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M. Johnson: Sinon, M. le Président, pour remarquer
l'éternelle insatisfaction de la députée de
Hochelaga-Maisonneuve. J'ai dit et réitéré que, dans la
gamme des difficultés et des défis - il faut le regarder comme
ça - que la grande région de Montréal a à relever,
c'est très certainement du côté de l'emploi dans la ville
de Montréal, les choses spécifiques qu'on doit faire. On en a
annoncé pour 100 000 000 $ dans le plan de relance. Il y a des choses
qu'on doit faire pour certains secteurs industriels traditionnels qu'on doit
remoderniser. Il y a une participation fédérale-provinciale
d'à peu près 300 000 000 $ à ce titre-là et il y a,
dans l'ensemble des régions, tellement de ressources au titre du
développement technologique qu'on n'a pas hésité à
mettre 300 000 000 $ d'argent neuf sur cinq ans, dans les circonstances
budgétaires qu'on connaît, pour donner suite aux demandes du
milieu de la recherche et de l'innovation technologique dans la région
du Grand Montréal. Il n'y a personne qui a un droit inné ou
inhérent ou quoi que ce soit à vouloir confiner le
développement technologique à une municipalité ou à
une communauté urbaine. C'est quelque chose d'un peu plus large que
ça.
Moi, je veux comprendre le député de Labelle qui trouve
que la carte n'est pas fonctionnelle, mais, comme il le disait lui-même,
ça prend une carte. Si on voulait se préoccuper de l'avenir de la
foresterie et qu'on voulait dresser une carte des activités de recherche
et développement en matière de foresterie, des activités
forestières, on aurait une carte qui serait drôlement faite avec,
évidemment, la Basse-Côte-Nord, le Nord-Ouest
québécois, le Saguenay-Lac-Saint-Jean, avec un détour par
la ville de Québec, parce que c'est là qu'on trouve la
Faculté de génie forestier. Et il y aurait une
implantation quelque part dans la région de Montréal
à cause du fait qu'on y retrouve l'Institut canadien de recherche sur
les pâtes et papiers qui est à Montréal. Alors, ça
ferait une drôle de... Et, évidemment, au cégep de
Saint-Félicien également, sinon dans le Saguenay
également, il y a des instituts et des établissements
d'enseignement supérieur ou de recherche qui se préoccupent de
ces choses-là. Évidemment, on pourrait ajouter les
pépinières. Là, il y en a une à Duchesnay et on va
se promener un petit peu partout, à Joliette et à Berthier. Mais
ce n'est pas ça, l'idée.
L'idée, c'est de regarder où est le centre et le cerveau
économique, le moteur économique du Québec. Le moteur
économique du Québec est celui qu'on a décrit. On met sur
pied un ensemble d'outils. On offre un ensemble d'outils à la
région du Grand Montréal. Il y a une société qui
administrera l'aide financière au titre de l'innovation technologique
d'abord et avant tout. Les administrateurs décideront - parce que je me
permets de revenir à l'objet de l'article 2 - où devrait
être idéalement situé le siège social. Je crois
comprendre que la députée de Verchères ne veut pas que ce
soit dans son comté, ou dans son coin. J'ai cru comprendre que tout le
monde était du même avis de l'autre côté, que ce
territoire n'a pas de bon sens, et qu'en conséquence le siège
social, de toute façon, doit être dans la CUM. La
députée de Verchères vient de plaider qu'il ne faut pas
que le siège social soit chez elle. C'est plutôt rare, c'est
plutôt rare. Implicitement, c'est ce qu'elle indique. Alors, je n'ai pas
vraiment d'ajouts au-delà de ces remarques qui dénotent mon
étonnement devant l'attitude de l'Opposition sur ce
projet-là.
M. Léonard: M. le Président... (11 h 20)
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
vous en prie.
M. Léonard: ...quelques remarques simplement. Moi, je
pense qu'entre les deux le gouvernement n'a pas choisi de façon
particulière de stimuler le développement au coeur même du
Grand Montréal. Ce n'est pas vraiment ça, son nid. Il plaide,
à ce moment-là, que la recherche, c'est plus large que ça.
Je dois dire que la recherche et développement, de façon
générale, s'il y a quelque chose qui est au-delà des
frontières, c'est bien cela. Et mettre une carte justement pour une
société qui va traiter de recherche et développement, je
pense qu'il faut le faire selon des critères... Il faut viser d'autres
objectifs. Et, à mon sens, c'est là où le faire de
façon fonctionnelle toucherait des grands secteurs de recherche, de
larges secteurs qui favoriseraient Montréal. Moi, je pense qu'on est
entre les deux. Ce projet de loi là ou cette carte-là a peu de
sens, compte tenu ou des activités qui sont en cause ou bien d'objectifs
qui visent à relancer un territoire dont c'est le coeur qui est le plus
atteint. Et puis, on ne prend aucun engagement en fonction du coeur.
Alors, M. le Président, nous allons voter sur division sur cet
article.
M. Johnson: Je prend acte du fait que l'Opposition va être
divisée, M. le Président.
M. Léonard: Non, non, non. Écoutez, M. le
President, je ne voudrais pas que le président du Conseil du
trésor inscrive au Journal des débats des phrases comme
celle-là qui laisse entendre que nous sommes divisés. Ce n'est
pas du tout ce qu'on dit. On dit que le gouvernement n'a pas
véritablement choisi son orientation. Il vise à
côté. Complètement! C'est ça qu'on dit. Et la carte
le reflète très bien. Ce n'est ni fonctionnel ni territorial.
Ça ne poursuit pas d'objectif de relance territoriale de
Montréal. Vraiment pas! C'est l'absence de choix. C'est vraiment une
absence d'orientation que révèle le découpage de cette
carte. C'est juste ça. C'est ce que je dis et c'est pour ça que
nous allons voter contre.
M. Johnson: M. le Président, avant de passer au vote...
Pour rappeler que, lorsqu'on examine comment la concurrence se développe
entre les grandes régions du monde et qu'on doit doter nos entreprises
et nos institutions d'enseignement supérieur des moyens financiers pour
affronter la concurrence, il serait irresponsable d'exclure tout ce qu'on
trouve en Montérégie, notamment dans les MRC riveraines du fleuve
Saint-Laurent, il serait irresponsable d'exclure Laval, il serait irresponsable
d'exclure la couronne nord telle qu'on l'a définie.
Mais il est inévitable que, lorsqu'on fabrique une carte, il y
ait un centre à partir duquel on définit la
périphérie. Ça, là, on ne peut pas en sortir. Et
personne n'est en train de mettre en doute où est le centre. Le centre,
c'est Montréal. La zone intimement complémentaire, c'est le reste
de ITle, la CUM. Il n'y a aucun doute dans l'esprit de qui que ce soit, le
centre est toujours à la même place. Peu importent les discours
qu'on veut faire, là, la question est de savoir, à un moment
donné, jusqu'où on va pour reconnaître la
complémentarité qui existe dans les entreprises des secteurs
industriels qui ont leur cerveau au centre, leur coeur dans la
périphérie, qui est IHe, et les membres importants, ça va
jusqu'où. J'indique, M. le Président, que ça risque, comme
c'est le cas depuis 1642, d'être quelque part autour du centre et que
ça va tenir compte du fait que la population s'est installée
quelque part, qu'elle s'est dotée d'institutions d'enseignement
supérieur quelque part - c'est tout à la même place, on est
en train de parier de Montréal, tout ce temps-là - et
qu'éventuellement on déborde parce qu'il n'y a pas de place pour
de l'industrie lourde au coin de Peel et Sainte-Catherine et qu'en
conséquence
on va vers l'extérieur et que les gens ont la liberté,
évidemment, de s'installer là où ils veulent et
d'implanter des industries là où ils veulent. Et ce dont on a
à s'assurer, c'est de réduire le plus possible les coûts
des entreprises et de leur assurer le meilleur soutien possible sur la
scène internationale.
En terminant, je dirais simplement que c'est une vue un petit peu
étroite que la députée de Hochelaga-Maisonneuve faisait
valoir sur le fait que c'est les politiques d'habitation qui ont
créé l'étalement urbain. Je veux juste, à
l'égard du programme d'accès à l'égalité,
rappeler deux faits: le premier, c'est qu'il y a un taux
différencié d'aide qui est plus favorable, parce que les plafonds
ne sont pas les mêmes à Montréal et en dehors de
Montréal, pour l'achat, évidemment, d'une première maison
pour les couples, en l'occurrence, qui sont admissibles à ce programme;
et deuxièmement, la ville de Montréal est la seule
municipalité au Québec qui, à sa demande, maintient un
moratoire sur la conversion des logements locatifs, réduisant d'autant
la capacité des Montréalais d'acheter et de devenir
propriétaires chez eux. Alors, on voudra bien blâmer les
politiques d'aide à l'accès à la propriété,
mais il ne faut pas oublier dans quel contexte municipal ça se trouve,
tout ça.
M. Léonard: Là-dessus, M. le Président, le
sens des propos de ma collègue de Hochelaga-Maisonneuve... Je pense que
le ministre ignore l'essentiel des études, des recherches qui ont
été faites sur les politiques d'habitation là-dessus.
Parce que les conclusions sont très nettes: les politiques, surtout
fédérales, mais même québécoises, ont
contribué largement à l'étalement urbain. Alors qu'on
avait très bien pris conscience, aux Etats-Unis, de l'impact de ces
politiques et qu'on avait arrêté de le faire, ici, on a
continué allègrement à le faire. Alors, je pense que ma
collègue n'a pas une vue étroite de l'esprit quand elle dit
ça. C'est le résumé des recherches qui ont
été faites là-dessus, a posteriori, depuis plusieurs
années.
Mme Harel: M. le Président...
M. Léonard: Mais je voudrais avant... Je voudrais juste
dire une chose...
Mme Harel: Oui, d'accord.
M. Léonard: ...une dernière chose sur cette carte.
Cette carte va avoir pour effet de diviser le Québec en deux. Il va y
avoir Innovatech sur le Grand Montréal et puis ailleurs. Au lieu de
prendre comme attitude que c'est Montréal, la région de
Montréal qui est vraiment au coeur de la recherche et qu'on
intègre des activités de recherche par rapport à une
unité qui est celle du Québec, mais de dire que c'est
concentré à Montréal, là, ce n'est pas ça
qu'on fait. On divise en deux, puis il y en aura qui seront sujets de la
Société Innovatech puis d'autres qui ne le seront pas, et
ça va désarticuler au lieu d'aider.
Le gouvernement a des problèmes à dépenser son
Fonds de développement technologique puis, là, il se crée
une autre société, en dehors de ça, qui va accentuer les
problèmes. Bon. Je n'en dis pas plus, M. le Président, parce que
le ministre a l'air ancré dans sa perception des choses et, coudon,
c'est lui qui est le ministre. Il va en porter la responsabilité, mais
c'est le Québec puis la recherche et développement qui vont en
subir les conséquences, et Montréal en particulier.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le ministre.
M. Johnson: Le député ne fait qu'évoquer ce
qui est inévitable lorsqu'il y a une carte. Ou bien on décide
qu'on met 300 000 000 $ de plus sur cinq ans dans le Fonds de
développement technologique, ou bien on fait un effort particulier pour
Montréal, puis on réserve 300 000 000 $ pour la grande
région de Montréal.
M. Léonard: vous déléguez trois personnes
pour dire ce que le gouvernement voudrait. peut-être qu'avec un bon fonds
de développement technologique...
M. Johnson: Alors, on spécifie, parce que les
problèmes sont là, qu'il est important que la région,
telle que définie... On s'obstinera toujours, à la limite, sur
les frontières ultimes de la région, mais, nous, ce qu'on dit,
c'est qu'on doit mettre de côté des moyens particuliers pour cette
région-là. Ce sera toujours, je le répète,
inévitable. De prétendre, dans ce cas-là, que le fait que
nous financions, comme gouvernement, des sociétés à
capital de risque régionales... Parce qu'on le fait; il y en a une en
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, il y en a une dans l'Outaouais, en voie de
formation. On finance ça. On paie une partie du fonctionnement puis on
les dote également d'un certain capital. Ça, ça veut dire
que quelqu'un qui habite juste de l'autre côté de la
rivière Outaouais, parce qu'il n'est pas dans l'Outaouais, est
profondément lésé qu'on divise le Québec en 17, ou
en 16, ou en 15, ou peu importe le nombre de sociétés
régionales qu'il y aura. Oui, mais il faut le dire si on pense que
Montréal est importante, puis il faut le prouver. Alors, ça
s'adonne qu'on le dit et qu'on le prouve en même temps ici. Il me semble
que...
Mme Harel: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mme
la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Oui. Un mot, M. le Président, sur la question
de l'exode résidentiel et du financement par les programmes
gouvernementaux de cet exode résidentiel, pour rappeler au
président du Conseil du trésor et ministre responsable de la
région de Montréal que l'exemple qu'il donnait pour faire porter
la responsabilité de cet exode sur les épaules de
l'administration municipale de Montréal, qui n'a pas levé le
moratoire sur le logement locatif encore, simplement pour lui rappeler que les
programmes gouvernementaux, ceux de son collègue, le ministre de
l'Habitation, et de son gouvernement, sont des programmes qui ne s'adressent
qu'à l'accès à la propriété de construction
neuve et, donc, que la levée du moratoire pour le logement locatif
n'aurait aucun effet pour faciliter l'utilisation des subventions aux fins de
permettre aux personnes qui, à Montréal, sont encore très
majoritairement locataires de devenir propriétaires, M. le
Président. (11 h 30)
Et c'est là où le bât blesse. C'est que les
programmes de Québec, les programmes de la colline parlementaire sont
faits pour l'ensemble du territoire du Québec et sont faits pour
l'accès à la propriété de construction neuve. Il
fallait même que, dans le programme Mon taux, mon toit, les fondations
soient construites, M. le Président, durant une période
définie dans le programme. Alors, justement, il faut penser des
programmes particuliers pour les villes centrales qui ont un bâti, un
vieux bâti, M. le Président. Et c'est ce qui manque
présentement. Alors, on pourrait s'attendre à ce que le
président du Comité ministériel permanent de
développement du Grand Montréal puisse convaincre ses
collègues de la nécessité de programmes d'accès
à la propriété pour du logement déjà
bâti.
M. Johnson: M. le Président, juste un problème avec
cette tirade-là, c'est qu'elle est inexacte parce que incomplète.
Le Programme d'aide à la mise de fonds couvrait, pendant des
années, les constructions existantes.
Mme Harel: Mon taux, mon toit ne couvrait pas, M. le
Président.
M. Johnson: Non, non, mais il y en a pour tout le monde,
autrement dit.
Mme Harel: C'est le gouvernement précédent qui
avait un programme qui le couvrait, et c'est le gouvernement actuel qui y a mis
fin.
M. Johnson: II existe toujours, et c'est à Montréal
qu'on ne peut pas appliquer à ce Programme d'aide à la mise de
fonds parce qu'il n'y a pas de conversion des logements locatifs. Alors, on va
mettre les points sur les i.
Le Président (M. Bélanger,
Laval-des-
Rapides): Bon, comme ce n'est pas ce qui nous intéresse
directement à l'article 2 de notre projet de loi, est-ce qu'il y a
d'autres intervenants sur l'article 2? Mme la députée de
Verchères.
Mme Dupuis: Je voudrais faire simplement une correction. Au
moment où je fais ressortir, dans mon intervention, que le gouvernement
actuel n'a pas été capable de se brancher, à savoir est-ce
que c'est le développement à Montréal, où il a
essayé de solutionner deux problèmes en formant une
société, je ne peux pas laisser tout de même le ministre
dire que je n'en veux pas dans mon comté. Ce n'était pas
là du tout la question. Ce n'est pas ça du tout, et il le sait
très bien à part ça. Et, au moment où il a dit: II
y a le développement de Montréal et il y a aussi le
problème de la recherche technologique, la division n'est pas de ce
bord-ci, mais on fait ressortir les deux éléments. Alors, l'un
parle d'un élément, l'autre parle de l'autre
élément, et, finalement, on fait ressortir le problème
qu'on peut retrouver, qui est celui du développement de Montréal,
et l'autre problème, qui est celui de la recherche technologique. Alors,
la division n'est pas de ce bord-ci. Le problème, c'est qu'on a
l'impression très nette que le gouvernement n'est pas arrivé...
Il est un petit peu écartelé entre ces deux
problèmes-là et il essaie de les solutionner tous les deux en
même temps. C'est ça que j'ai voulu faire ressortir et non pas...
Et je pense que, dans ce sens-là, la carte devient un petit peu
symbolique quand on dit: Ou elle est trop grande, si on parle pour le
développement de Montréal, ou elle est trop petite, si on parle
de la recherche technologique au Québec. C'est tout simplement
ça. Il ne faudrait pas que le ministre nous fasse dire des choses qu'on
n'a jamais dites et nous prête des intentions surtout. Ça devient
du procès d'intention, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Bien, alors, avant qu'on sombre là-dedans, sur l'article 2...
M. Johnson: On ne sombrera pas. On est sur l'article 2. M. le
Président. En terminant...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Oui.
M. Johnson: ...ce que j'ai relevé de l'intervention de la
députée de Verchères, implicitement sinon explicitement,
c'est qu'elle sera contre l'article 2 tel que libellé parce qu'elle
souhaite qu'on précise que ce soit sur le territoire de la CUM que se
trouve le siège social d'Innovatech, excluant par là toute
possibilité d'installer le siège social dans son comté ou
sur la rive sud. C'est tout ce que je dis. Alors, je vais demander le vote
enregistré, M le Prési-
dent.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, sur cette motion, donc, il n'y a pas d'autres interventions? Est-ce
que cette motion est adoptée?
M. Johnson: Vote enregistré, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Sur
division. On demande un vote enregistré.
M. Johnson: Oui.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Bien. Alors, M. Johnson (Vaudreuil)?
M. Johnson: Contre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Contre.
M. Léonard:...
M. Johnson: Pour l'article 2 tel que libellé, mais contre
la proposition, évidemment.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Contre la...
M. Johnson: Alors, je suis pour le libellé...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Pour. En fart...
M. Johnson: ...M. le Président, existant.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...vous êtes pour.
M. Léonard: II est contre son article. M. Johnson:
Non, pour le libellé.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): II
est pour.
M. Léonard: II n'y a pas d'amendement formel
là-dessus.
M. Johnson: D'accord. C'est correct. Une voix: II n'y a
pas d'amendement.
M. Johnson: II n'y a pas d'amendement. Ça va.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
m'excuse. C'est l'erreur du président, et je corrige. Alors, M. Johnson
(Vaudreuil), pour.
M. Audet (Beauce-Nord) est absent. M. Bélanger
(Laval-des-Rapides), pour. M. Bordeleau (Acadie)?
M. Bordeleau: Pour.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Pour. Mme Dionne (Kamouraska-Témiscouata)?
Mme Dionne: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
Lafrenière (Gatineau)?
M. Lafrenière: Pour.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mme
Dupuis (Verchères)?
Mme Dupuis: Contre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mme
Harel (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Léonard:...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
O.K.
M. Léonard: Elle a dit qu'elle était contre. Elle
n'est pas là.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
Labelle?
M. Léonard: Contre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
Labelle!
M. Léonard: M. Léonard (Labelle).
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
Léonard (Labelle). Excusez-moi. J'ai de la misère, ce matin.
Alors, donc, l'article est adopté tel que libellé.
Conseil d'administration
Alors, j'appelle donc l'article 3 du projet de loi qui se lit comme
ceci: «Les affaires de la Société sont administrées
par un conseil d'administration composé de neuf membres, nommés
par le gouvernement, qui proviennent des milieux de la recherche, de
l'enseignement universitaire et collégial ainsi que des
entreprises.»
Sur cet article 3, M. le ministre.
M. Johnson: M. le Président, c'est le noeud de notre...
C'est là, dans le fond, pas le noeud comme... C'est ce qui résume
le mieux comment
on envisage, comme gouvernement, le rôle de la
Société, en en confiant les activités, le plus possible,
à son conseil d'administration, compte tenu des enjeux, compte tenu de
la concertation qui doit exister entre les milieux de la recherche, de
l'enseignement universitaire et collégial ainsi que des entreprises.
Lorsqu'on parle d'innovation technologique, c'est véritablement à
ces gens-là qu'il faut confier le plus grand rôle possible,
d'où le libellé de l'article 3, M. le Président.
M. Léonard: J'ai une question. D'abord,
«nommés par le gouvernement». C'est le gouvernement qui
nomme. Il n'y a personne d'autre qui nomme et qui désigne les membres du
conseil d'administration.
M. Johnson: Le gouvernement s'en réfère au
processus qui veut qu'il y aura un décret gouvernemental. Il n'y a
personne qui a le droit d'imposer qui que ce soit... Le processus de nomination
est celui des sociétés créées par la loi. C'est le
gouvernement qui nomme les gens.
M. Léonard: Là, quand on parle de concertation et
d'implication du milieu, on verra ici, juste par ce bout de phrase,
«nommés par le gouvernement», à quel point ce n'est
pas plus profond que cela. Il faut quand même considérer que,
lorsque c'est le gouvernement qui nomme les membres du conseil
d'administration, il y a des mandats qui sont donnés lors de la
nomination ou lors des discussions qui entraînent la nomination d'un
membre et que, donc, le gouvernement, simplement au titre de la nomination, se
garde une poignée de très grande taille. Et de parler de
concertation... Ça veut dire, à un moment donné, que c'est
le gouvernement qui décide de bien des façons.
M. le Président, je pense qu'on voit à quelle enseigne
ça se désigne. Par exemple, on n'accepterait pas que ce soit la
CUM qui en désigne ou que ce soient les universités qui en
désignent. C'est ça que ça veut dire. Donc, c'est le
gouvernement qui le fait. Ce sont toutes des nominations du gouvernement. Alors
là, c'est très limité comme processus de
déconcentration ou de décentralisation et comme processus de
concertation. On les nomme, mais ils savent très bien que c'est le
gouvernement qui nomme et personne d'autre.
M. le Président, par ailleurs, je voudrais proposer à
cette commission l'introduction d'un amendement à l'effet de
préciser nommément qu'il y aura, parmi les membres, quelqu'un qui
représentera les syndicats. C'était d'ailleurs indiqué
à la page 35 du document «Pour un redressement durable» qui
a été publié avant Noël, et je le rappelle, je le lis
simplement: «Le deuxième principe se résume par la formule
suivante: les décideurs sont les acteurs. L'organisme misera sur
l'engagement des divers par- tenaires montréalais pour relever la
capacité d'innovation de la région. Les membres du conseil
d'administration seront des personnalités bien au fait des
préoccupations et des besoins de la région du Grand
Montréal. Ils proviendront des divers milieux concernés -
entreprises, syndicats, universités, milieu de la recherche,
collèges - mais agiront à titre personnel plutôt que comme
mandataires des institutions ou organismes dont ils sont issus.» (11 h
40)
En ce qui concerne la recherche et développement, M. le
Président, je voudrais dire que les représentants des
travailleurs sont très importants parce qu'ils sont... Il est
très important qu'ils participent au processus décisionnel
nommément. On sait que, dans les projets de recherche et
développement, on affecte directement la main-d'oeuvre qui est
impliquée dans des processus de fabrication, de production ou quelque
processus que ce soit et que, pour amener de telles innovations, il faut
impliquer les travailleurs directement. Je pense que, dans la première
rédaction du document, il avait été indiqué que les
travailleurs y seraient. Et, subitement, lorsque nous lisons le projet de loi,
ils n'y sont plus. Je pense qu'il faut que le ministre accepte un amendement
à cet effet parce qu'il ne s'agit pas ici d'un bureau de direction, il
s'agit d'un conseil d'administration qui va échanger sur les projets de
recherche et développement, qui va établir des critères
pour les déterminer, les choisir et qui va ensuite attribuer les fonds
en conséquence. Les retombées de tels projets vont affecter
directement les travailleurs.
Il est connu que, dans des processus d'innovation, l'une des grandes
conditions pour que cela fonctionne, c'est que les travailleurs doivent
être convaincus par eux-mêmes que l'innovation en question se fait
dans le sens d'une meilleure productivité et que, dans l'ensemble,
à tout le moins, la communauté va en être
bénéficiaire, la communauté en général, la
société en général va en être
bénéficiaire et qu'eux-mêmes, en étant partie au
dossier, peuvent mieux voir venir les conséquences de l'introduction de
telles innovations. Donc, si on veut qu'il y ait vraiment cette concertation
dans le milieu, il faut que les travailleurs soient impliqués
nommément. La direction des entreprises le sera par la
désignation de personnes qui vont venir de l'entreprise. Mais de dire
simplement en général «les entreprises» ou
«provenant des entreprises», on peut penser que les travailleurs
n'y seront pas impliqués. À mon sens, on devrait les impliquer
directement et les désigner comme tels. Au moins, qu'ils aient un
représentant sur un tel conseil d'administration.
Pour ça, M. le Président, je voudrais déposer
l'amendement suivant: Que l'article 3 de la Loi sur la Société
Innovatech du Grand Montréal soit modifié par l'ajout, à
la fin de
l'article, des mots «et des syndicats». «Ainsi que des
entreprises et des syndicats» ou des travailleurs. On pourra modifier
comme on veut, mais des mots «des entreprises et des syndicats»...
Je pense que c'est le monde du travail organisé qui est le mieux capable
de représenter les travailleurs à l'heure actuelle. En tout cas,
je pense qu'on pourrait penser à toutes sortes de mécanismes,
mais c'est le plus simple et le plus pratique que de l'introduire de cette
façon.
M. le Président, je sais que le président du Conseil du
trésor veut réagir tout de suite. Mais je fais mon point que
lui-même les avait indiqués nommément et qu'à mon
sens la loi devrait les indiquer nommément aussi.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, M. le ministre, sans préjudice à votre temps de
parole.
M. Johnson: Oui. Là-dessus, je reconnais qu'à
l'époque, en décembre, on avait spécifiquement inclus les
mots «du milieu syndical» quant à la provenance des membres
du conseil d'administration.
Je dirais que, depuis ce temps-là, ma conception, du conseil
d'administration a quelque peu évolué dans le sens que ce n'est
pas une table de concertation. Ce que je dis et que je répète
depuis le début, c'est qu'on cherche des gens dont l'expertise et
l'expérience en matière de développement ou d'innovation
technologique vont être requises pour juger de l'admissibilité de
certains projets, vont être requises pour mettre sur pied,
littéralement, la définition des programmes, des critères
d'admissibilité. On veut laisser ça à des gens qui
viennent de ces milieux-là, qui connaissent ça et qui auront
à l'administrer. Évidemment, comme gouvernement, on aura à
dire: Bon, oui, effectivement... Il faut quand même que ce soit par
règlement approuvé par le gouvernement qu'un programme d'aide
financière de 300 000 000 $ soit approuvé. Bien sûr que le
gouvernement va intervenir.
Je répète donc que ce n'est pas une table de concertation
parce que, si c'était vrai, il y aurait un manque. Il manque des gens du
milieu municipal, si c'est ça qu'on veut, si on veut une table de
concertation au niveau du conseil d'administration d'un organisme
subventionnais en matière d'innovation technologique. C'est ça,
cet organisme-là. Probablement qu'il manque d'autres personnes
également, d'autres milieux, mais, déjà, ce ne sont pas
des gens qui représentent des milieux. C'est à dessein qu'on
parle de la provenance de ces gens-là, pour que les passerelles
s'établissent. Le fait que ça pourrait être
interprété comme étant limitatif, ça exclurait
probablement, par interprétation, des gens du milieu dit financier pur
et simple. Un consultant qui a développé une expertise dans le
financement de la recherche, qui en a vu des projets, etc., est-ce qu'il vient
du milieu de l'entreprise? Ah oui! c'est une entreprise, mais ce n'est pas une
entreprise, pourrait-on dire, par extension, du milieu de l'innovation
technologique. C'est du milieu purement financier, mais il a
développé une expertise.
Moi, ce que je veux faire, c'est m'assurer qu'on va avoir les meilleures
personnes, compte tenu de leur mandat, dans le fond, d'où qu'elles
viennent, sans laisser croire que c'est une table de concertation. Lorsque le
député s'exprimait, j'essayais de voir comment on s'assure qu'on
n'exclut pas quelqu'un qui connaît ça, les transferts
technologiques, l'innovation et qui s'adonne à être un permanent
syndical. Comment on fait, là? Il n'est pas dans l'entreprise, il n'est
pas dans la recherche, il n'est pas dans l'enseignement supérieur. Mais
ça pourrait être intéressant de le nommer là. Mais
il n'est pas là parce qu'il est syndiqué, il est là parce
qu'il connaît ça. Il n'est pas là parce qu'il est permanent
syndical, il est là parce qu'il connaît ça.
On exclut également, je viens de m'en apercevoir... Je vous dirai
pourquoi on a retenu cette formulation-là tout à l'heure, mais ce
que je viens de voir également, ce que ça me fait penser, les
commentaires du député de Labelle, c'est qu'un commissaire
industriel ou un commissaire industriel adjoint, dont le mandat est le volet...
Disons un commissaire industriel adjoint, pour les fins de la discussion, qui,
vraiment, dans une grosse corporation de développement
économique, va constamment à la poursuite de projets innovateurs.
Lui, son mandat, c'est: technologie. Il voyage partout, il accompagne les
entreprises partout, il est en relation constante avec les centres de recherche
et les cégeps, par exemple, les universités de la grande
région de Montréal et les entreprises qui sont dans ces
domaines-là. On est en train de s'en priver parce qu'il vient du milieu
municipal. Il n'est pas dans le milieu universitaire ni collégial, ni de
la recherche, ni des entreprises. On est en train de s'en priver. Je trouverais
ça regrettable, ça aussi. Dans le fond, c'est à ça
que ça me fait penser, les représentations du
député de Labelle et de ses collègues.
Je dirais qu'on ne peut pas le faire en parallèle, mais je
verrais plutôt qu'on élargirait notre capacité de nommer
ces gens-là en disant qu'ils proviennent - les administrateurs -
notamment des milieux de la recherche, de l'enseignement universitaire et
collégial ainsi que des entreprises. Et le libellé principal
n'est pas changé, parce que j'y tenais, parce que c'est vraiment ce
mariage entre la recherche et le développement, l'enseignement
supérieur et l'entreprise qui nous permet d'arriver à de
l'innovation technologique et à des projets qui débouchent sur
quelque chose de pratique.
On peut en faire, de la recherche, dans les universités, on peut
en faire dans les cégeps... On peut en faire dans les entreprises, mais
sans avoir accès à tout ce qui se fait dans le milieu
académique, alors que, dans le cas de l'enseignement
supérieur, on n'a peut-être pas l'expertise de mettre ça en
pratique et de commercialiser les produits de la recherche.
Tout le signal qu'on voulait donner était celui-ci. C'est
à peu près le même signal que pour le FDT, mais beaucoup
moins pesant, parce que le FDT, c'est une condition sine qua non d'un projet
qui réalise ce mariage de l'enseignement supérieur, de la
recherche, de l'entreprise, qui est mobilisateur, qui y a toutes sortes de
partenaires, alors qu'ici l'objectif des programmes d'aide financière
est d'améliorer la capacité d'innovation technologique de la
région de Montréal. Et, évidemment, on veut confier le
rôle de tamisage, d'abord, de définition du programme et,
deuxièmement, des projets à des gens qui connaissent ça et
qui proviennent notamment, c'est très important... Notamment, il faut
que ce soient des gens de l'enseignement universitaire et collégial, de
la recherche puis des entreprises. C'est ça que ça veut dire.
Sans exclure pour autant les autres. Écoutez, ça dépend de
l'approche qu'on veut prendre à ce moment-ci.
M. Léonard: Je ne sais pas, mais je voudrais quand
même...
M. Johnson: J'aurais, moi aussi, un amendement dans ce
cas-là, dans le sens... (11 h 50)
M. Léonard: ...reprendre ce que le ministre a dit. Pour
moi, effectivement, ce n'est pas pour faire de la concertation que je fais un
tel amendement. Ce n'est pas, au départ, la préoccupation
majeure. La préoccupation, c'est de considérer les
problèmes de main-d'oeuvre ou les questions de main-d'oeuvre, de travail
qui découlent de l'introduction d'une innovation ou des problèmes
qui se soulèvent à l'occasion de la mise en route d'une
innovation qu'on étudie. Et je comprends la préoccupation, ce
n'est pas une préoccupation de concertation en premier lieu. Il y en a
une, en quelque sorte, de façon générale, en
arrière-plan, en arrière-scène, mais, dans un
procédé d'innovation, dans n'importe quel projet d'innovation, la
plupart - quand je dis n'importe quel - du temps il se pose des questions qui
touchent au travail, aux travailleurs, d'adaptation. On va réduire
l'emploi. On va l'augmenter. On va le rendre différent. Et ceci,
à mon sens, ne peut pas désintéresser des personnes qui
représentent des travailleurs, cet aspect de l'innovation qui est
majeur. Et Dieu sait qu'il y a plein de bonnes innovations qui, parfois, ne
peuvent jamais s'implanter parce qu'on a minimisé, dans l'entreprise,
cet aspect du travailleur ou de l'implication du travailleur dans l'innovation
elle-même. C'est l'aspect, à mon sens, qui doit être
présent. Et, là-dessus, il peut trouver quelqu'un d'aussi
compétent que quelqu'un qui va parler du fond des choses en termes de
recher- che universitaire. Je pense que là-dessus, il ne faut pas qu'il
y ait... Il ne faut pas qu'on se trompe sur le fond de la discussion. Les
aspects qui touchent la main-d'oeuvre dans l'innovation sont majeurs. Et ce
n'est pas le même intérêt qu'un commissaire industriel peut
avoir dans le processus d'innovation. Ce n'est pas du tout la même
chose.
Les deux volets particulièrement intéressés dans
n'importe quel processus d'innovation, ce sont l'entreprise, d'une part, et les
travailleurs, d'autre part, parce que ce sont eux qui vont la réaliser.
Et c'est dans ce contexte, à mon sens, qu'il serait aussi important de
dire qu'il y a des gens qui viennent du monde du travail ou des syndicats.
Parce que, si le président du Conseil du trésor n'aime pas
l'appellation syndicale, il peut peut-être utiliser un terme plus
général en disant «du monde du travail» ou «des
travailleurs». Mais, en quelque sorte, il me semble qu'il faut qu'il
prenne acte de l'intérêt que les travailleurs ont dans la
très, très grande majorité des processus d'innovation.
M. Johnson: Sur ce sujet-là, M. le Président,
d'abord, je remets ça en contexte On en traite évidemment
à la page 35 du plan de relance, que ces gens-là, les
administrateurs ne sont pas des mandataires des organismes dont ils sont issus,
où ils travaillent, qui les rémunèrent. Ils sont là
vraiment à titre personnel, compte tenu de leur expertise. Et, à
ce titre-là, si c'est ça la préoccupation du
député, d'abord c'est une dimension importante à laquelle
on doit s'attarder, lorsqu'on regarde un projet d'innovation technologique. Ce
n'est pas mauvais, au contraire, de se demander ce que ça a comme impact
sur l'organisation de la main-d'oeuvre, l'organisation du travail. Mais est-ce
qu'on peut prétendre que ce n'est pas parce que quelqu'un vient du
milieu syndical qu'il connaît ça nécessairement plus que
quelqu'un qui est un directeur des ressources humaines dans une grande
société où l'innovation technologique est au coeur
même de sa vocation? Et on peut en trouver. J'ai le plaisir, depuis
quelques années, d'être le patron d'honneur du Gala des iris,
celui de l'Association des professionnels en ressources humaines du
Québec. Il est absolument remarquable... Il y a des représentants
des employés comme tels qui sont de la soirée, de ces
événements, mais ce sont essentiellement des gens qui, justement,
professionnellement s'assurent de l'existence constante de programmes de
formation, de l'organisation du travail, compte tenu de l'introduction de
nouvelles technologies dans leur entreprise.
On pourrait prendre le cas d'IBM, évidemment, à Bromont.
C'est toujours le cas typique des gens qui y travaillaient et qui assemblaient
des Selectric, les dactylographes de marque Selectric. C'est ça qui
était assemblé à Bromont, il y a 15 ans. On a pris les
mêmes employés, on
les a envoyés à l'école, à Cowansville,
littéralement, et aujourd'hui, ils font des modules. Les mêmes
gens. Ils ont été formés et il y a eu une planification de
ce que ça signifiait, ce changement technologique, pour la main-d'oeuvre
qu'on voulait conserver et former pour faire des nouvelles choses. Un de mes
candidats, s'il existait ou s'il était disponible, ça serait le
directeur des ressources humaines d'IBM à Bromont, pour être sur
le conseil d'administration. Lui, il connaît ça, ce que ça
veut dire la nouvelle technologie et ses impacts sur la main-d'oeuvre et ce
qu'on doit avoir à l'esprit lorsqu'on approuve un changement
technologique, je dirais un soutien financier à un projet d'innovation
technologique. Mais ça demeure, bien, bien complet, marginal dans de
nombreux cas. Il y a un projet qui émane de l'École polytechnique
et de l'institut des matériaux composites de Saint-Jérôme
qui n'est pas exclu. Il n'est pas exclu, les passerelles existent. Pour acheter
de l'équipement, embaucher quelques savants, etc., je ne vois pas ce
qu'un représentant syndical vient faire là-dedans, bien
honnêtement, pour juger de la pertinence du projet. Si le cégep de
Saint-Jérôme a besoin d'équipement pour faire des analyses
sur certains matériaux composites, veuillez m'expliquer qu'est-ce que
les ressources humaines viennent faire là-dedans, à moins de se
projeter 25 ans en avant. On n'en est pas là. On est en train de donner
des moyens à des entreprises, des instituts et des institutions de se
livrer à des activités de recherche qui débouchent sur
l'innovation technologique et l'utilisation commerciale de ces
résultats-là.
Mais je retiens quand même qu'on peut trouver que souvent, cette
passerelle-là, les expériences qu'on peut vivre en milieu
syndical peuvent être extrêmement pertinentes dans des choses
concrètes, un projet concret, les expériences qui sont
vécues dans le milieu de travail. Et, là, c'est les
représentants des travailleurs qui savent ça. Mais je me permets
de faire remarquer que ce sont également les directions de ressources
humaines des entreprises qui savent ça et que ça peut être
quelqu'un qui touche à ça depuis longtemps, qui connaît ces
choses-là. Je ne voudrais pas les exclure. Je ne voudrais pas exclure
quelqu'un qui s'adonne à émaner du milieu du syndicalisme
québécois parce qu'on avait oublié de le dire. Je ne veux
pas éliminer quelqu'un, non plus, je ne veux pas qu'on se prive de
nommer quelqu'un qui vient du milieu municipal. Je ne voudrais pas qu'on se
prive de quelqu'un qui vient du milieu de la consultation, du milieu financier.
Parce que, si on regarde ça de façon étroite, on va dire:
Ah! les consultants ne sont peut-être pas... Et peut-être qu'un
banquier qui finance de la technologie depuis 25 ans... Non, il ne vient pas de
l'entreprise comme telle, il vient de ceux qui financent les entreprises. Il ne
vient pas d'une entreprise qui connaît ça, l'innovation
technologique, il est quelqu'un qui finance ça. Je ne voudrais pas
exclure ça. d'où le fait que j'introduirais le mot
«notamment» après le mot «proviennent».
Ça serait ma suggestion.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Si
vous me permettez, juste - et ce n'est pas dans le même débat -
une question de procédure. C'est que techniquement... pas techniquement,
formellement, vous avez fini votre temps de parole sur l'amendement, mais j'ai
habituellement cette façon de faire qui est de laisser aller en autant
que ça ne déborde pas outre mesure, d'une façon...
M. Léonard: II y a peut-être...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Dans
ce sens-là, est-ce qu'il y a consentement pour qu'on fonctionne de cette
façon-là, qu'on laisse aller au moins au niveau du
porte-parole?
M. Léonard: J'ai une remarque à faire à ce
stade-ci, et mes collègues peuvent intervenir. Ça ne me rassure
pas, la réponse du ministre, parce qu'il dit «les mieux
placés» ou il laisse entendre, finalement, que probablement les
mieux placés pour représenter le monde du travail seraient les
directeurs de ressources humaines. Ça me laisse...
M. Johnson: Ne partez pas sur quelque chose que je n'ai pas dit
en partant.
M. Léonard: Mais c'est l'exemple qu'il a utilisé.
Il dit: Le directeur des ressources humaines de IBM à Bromont, par
exemple, a beaucoup d'expérience en la matière et il serait
probablement le mieux placé. Moi, je souligne deux choses.
Premièrement, il y a le problème de la confiance. Je crois que le
monde du travail... Et là, effectivement, il va me répondre qu'il
y a un aspect concertation qui ne doit pas être mis en cause
là-dedans, mais, à mon sens, quand même, de façon
générale, il ne faut pas remettre ça en cause. La question
de confiance entre celui qui représente un secteur
d'intérêt dans la recherche et développement, qui touche
l'organisation du travail... Et, moi, je pense que là-dedans, les
syndiqués ou les syndicats... Et ils choisiront ou vous pourrez
effectivement vous entendre sur la personne à désigner avant
d'établir votre décret, à moins de le faire proprio motu,
et là je pense que les objections, vous n'y répondrez pas si
c'est ça, mais disons que vous procéderez en consultant avant.
Alors, il faut consulter les gens du monde du travail, donc les
syndiqués. (12 heures)
L'autre chose, c'est que, dans le monde du travail, il y en a, des
spécialistes, il y en a qui connaissent ça et, donc, qui sont
agréés par les syndicats. À mon sens, c'est eux que
vous
devriez désigner et c'est comme ça que je lis l'article.
Quand vous allez nommer des gens de l'enseignement universitaire, vous allez
consulter la CREPUQ, par exemple, ou, en tout cas, via la CREPUQ, vous allez
consulter les universités, donc vous allez faire un processus de
désignation avant de dire que vous nommez telle personne
représentante ou étant compétente.
Vous allez procéder à peu près de la même
façon vis-à-vis, à mon sens, des syndicats, si vous le
mettez dans le texte. C'est ça que j'entends. Ce n'est pas
nécessairement un permanent syndical qui négocie les conventions
collectives. Au contraire, il y a des gens là-dedans qui se sont
spécialisés à regarder les effets de l'innovation
technologique sur l'organisation du travail. Et c'est là où je
dis: Si, tout de suite, presque d'entrée de jeu, vous pensez à un
directeur des ressources humaines, je pense que, là, vous soulevez le
problème justement qu'on voudrait corriger.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
suis malheureusement dans l'obligation d'ajourner nos travaux sine die, puisque
nous n'avons pas les nouveaux ordres... En principe, on devrait recommencer cet
après-midi, mais on va attendre les ordres de la Chambre. Alors, donc,
on ajourne les travaux sine die. Bon appétit, tout le monde.
(Suspension de la séance à 12 h 1)
(Reprise à 15 h 23)
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): S'il
vous plaît! Je demanderais à chacun de bien vouloir reprendre sa
place pour que nous puissions procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 28, Loi sur la Société
Innovatech du Grand Montréal. Nous en étions, ce matin, à
une discussion autour de deux amendements possibles. Un premier venait de M. le
député de Labelle qui disait ceci: Que l'article 3 de la Loi sur
la Société Innovatech du Grand Montréal soit
modifié par l'ajout, à la fin de l'article, des mots «et
des syndicats». Et M. le ministre avait fait une contre-proposition, en
insérant dans le projet de loi «notamment»: «...qui
proviennent notamment des milieux de la recherche, de l'enseignement
universitaire et collégial ainsi que des entreprises». Le mot
«notamment», évidemment, ouvrait la porte. On discutait
autour de ce concept-là, laquelle des deux motions, quel amendement on
mettrait dans la loi. M. le ministre.
M. Johnson: Ça, c'était informel, M. le
Président...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui,
oui
M. Johnson: ...parce que, je crois, on est saisis de
l'amendement, évidemment, du député de Labelle.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui.
On a celui, d'abord, du député de Labelle dont on devrait
disposer. Mais, avant d'en disposer, on avait convenu que vous expliqueriez, je
ne sais pas trop, votre point de vue sur le mot «notamment» et,
après ça, on disposera de la motion du député de
Labelle.
M. Johnson: J'en étais là, M. le Président.
Il y avait contestation liée, comme on dit, entre le
député de Labelle et ses collègues, d'une part, et
nous-mêmes, ici, de ce côté-ci, d'autre part, le
député visant à faire ressortir l'importance, selon lui,
qu'il y avait de nommément prévoir qu'un représentant ou
une personne émanant du milieu syndical devait faire partie du conseil
d'administration. Je trouvais, suite à nos discussions, que ce que
ça faisait ressortir, l'ensemble des propos du député de
Labelle, c'était le caractère limitatif de la rédaction
qui risquait de nous empêcher littéralement de nommer des gens
émanant de milieux autres que l'entreprise, la recherche et
l'enseignement supérieur universitaire. Alors, si ça nous
empêchait de faire ça, ce serait malheureux, parce qu'il y a des
gens du milieu municipal, il y a des gens des milieux financiers comme tels qui
connaissent ça, l'innovation technologique, pour en avoir beaucoup
financé et avoir été des investisseurs quelquefois actifs
dans ce domaine, qui pourraient constituer un apport intéressant au
conseil d'administration. La même chose est vraie de quelqu'un qui
émane du milieu syndical.
Alors, je visais, dans le fond, par mes commentaires, à faire
remarquer que c'était limitatif aussi, la rédaction
suggérée par le député de Labelle, et je
suggérais plutôt, à la lumière de nos conversations,
des engagements implicites que je prenais de regarder au-delà des mots,
d'insérer le mot «notamment» dans notre article pour, d'une
part, raffermir notre objectif de nous assurer que ce sont des gens du milieu
de la recherche et de l'enseignement qui sont impliqués, le plus souvent
possible, mais pas nécessairement toujours, et des gens d'entreprises,
côté pratique et concret, qui seraient des gens qu'on aimerait sur
le conseil d'administration. Ce seraient les milieux d'où viendraient
ces gens. Mais, en inscrivant le mot «notamment», on ouvrirait la
porte à d'autres origines, si on veut, pour ces administrateurs
éventuels.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le député de Gouin.
M. Boisclair: M. le Président, je pense qu'à ce
moment-ci on peut se réjouir de l'ouverture d'esprit du ministre qui
accepte de reprendre une décision qui ne serait pas restrictive, comme
on
nous l'avait proposé originellement à l'article 3 du
projet de loi. Cependant, on pourrait convenir et convier le ministre, toujours
en respectant cette préoccupation de nommer des gens sur le conseil
d'administration pour leur expertise et non pas nécessairement pour leur
expérience, comme il nous le rappelait la semaine dernière,
vendredi, à l'occasion du débat plus général avant
d'entreprendre l'étude article par article... Je pense que c'est ce que
les... Il faudra revenir, finalement, à ce que les Montréalais
ont acheté. Je voudrais tout simplement rappeler la page 35 du document,
et permettez-moi de le rappeler à la mémoire des membres de cette
commission: «L'organisme misera sur l'engagement des divers partenaires
montréalais pour relever la capacité d'innovation de la
région. Les membres du conseil d'administration seront des
personnalités bien au fait des préoccupations et des besoins de
la région du Grand Montréal. Ils proviendront des divers milieux
concernés - et là, il y avait une mention, une
référence explicite aux différents milieux
concernés - (entreprises, syndicats, universités, milieu de la
recherche, collèges).» Et le ministre prenait soin de rajouter la
remarque suivante en soulignant que les gens agissaient à titre
personnel et non pas à titre de mandataires de leur association, ou de
leur groupe, ou de corporation, ou de leur organisme duquel ils
émanent.
Donc, à cet égard-là, ce que nous voudrions
soutenir à ce moment-ci, c'est qu'il faudrait peut-être continuer
sur cette même lancée et, je pense, d'autant plus que le ministre
semble être d'accord sur le fond, qu'on puisse, bien sûr, retenir
l'amendement de mon collègue, le député de Labelle, auquel
je souscris, mais tout en retenant la préoccupation que souligne le
ministre et qui est bien comprise dans le plan qui a été
déposé au mois de décembre, à savoir qu'on a des
gens qui sont là, qui siègent à titre individuel et qui ne
sont pas là comme mandataires d'organismes ou de corporations, de
syndicats ou de quelconque association que ce soit.
À cet égard, je pense qu'il faut reprendre aussi les
commentaires de la Communauté urbaine de Montréal. Je pense que
les partenaires montréalais ont suggéré... si je ne
m'abuse, ils ont même été jusqu'à présenter
une liste de gens à l'attention du ministre. Je pense que, compte tenu
de l'expertise que les syndicats ont réussi à développer
au cours des ans, il y aurait lieu de trouver dans le monde syndical des
individus qui correspondent au profil que le ministre recherche à cet
égard et, par conséquent, je pense que l'Opposition est en droit
de demander qu'on puisse les retrouver dans la liste des membres du conseil
d'administration et qu'on le dise ouvertement. Et je ne vois pas pourquoi on
utiliserait des techniques de rédaction des lois pour essayer de
contourner la question en utilisant le mot «notamment», ce qui,
bien sûr, vient supposer la possibilité qu'on puisse ouvrir sur
d'autres champs.
(15 h 30)
Mais abordons donc la question de front. La question que nous soulevons,
c'est la participation des syndicats, et je ne vois pas pourquoi, compte tenu
de la possibilité qu'on puisse retrouver des gens avec le profil que
souhaite le ministre, on tournerait plus longtemps autour du pot. Allons droit
au but, soulignons-le dans l'article de loi et reprenons, dans l'esprit, le
plan de relance, le contenu, plutôt, du plan de relance qui a
été acheté par le milieu montréalais et sur lequel
ont convenu les partenaires du Comité de concertation économique
de Montréal, les gens de la CUM, les gens du milieu syndical, les gens
de la Chambre de commerce, du «Board of Trade», les gens du milieu
universitaire. Donc, à cet égard-là, nous voudrions tout
simplement plaider à ce moment-ci pour qu'on reprenne ce qui a
été annoncé. Même si on peut se réjouir d'une
certaine ouverture d'esprit par l'amendement du ministre, ce que je voudrais
plaider à ce moment-ci, M. le Président, c'est: Bien, allons
droit au but et appelons un chat un chat, là.
Alors, il est très clair que l'amendement du député
de Labelle, à ce moment-ci, nous apparaît des plus pertinents. On
ne peut pas, comme ça, exclure un partenaire qui avait été
pourtant associé au début des discussions. Ce sera vu comme un
désaveu du ministre à leur endroit. Ces gens-là ont
développé, au cours des ans, une expertise. Pensons juste aux
nombreux colloques, à la réflexion qui s'est faite dans le milieu
syndical, ces dernières années, alentour des nouvelles
technologies et du processus d'innovation. Je ne me tromperais pas en disant
que chacune des centrales syndicales a fait une réflexion, à sa
façon, sur les adaptations aux nouvelles technologies.
M. le Président, à moins que le ministre, par son
attitude, nous dise qu'il n'a pas l'intention de donner suite au mandat tel
qu'il avait été défini, à l'époque, dans le
plan déposé au mois de décembre, là on comprendrait
de quelle façon il s'enligne et quelles sont ses véritables
préoccupations. Nous avons eu l'occasion de le plaider vendredi dernier,
en rappelant qu'il y a un certain nombre de préoccupations qui ont
été soulevées dans le plan de relance,
particulièrement en ce qui a trait à la qualification
professionnelle et au renforcement des infrastructures publiques qui ne se
retrouvent pas spécifiquement dans le projet de loi.
Alors, ce que je veux tout simplement rajouter, c'est qu'il y a
là une autre occasion pour le ministre d'affirmer clairement sa
volonté d'associer le monde du travail à cette nouvelle
réalité que sera la Société Innovatech, tout en
respectant... et je suis d'accord avec ses préoccupations sur le profil
de l'individu qu'il recherche. Mais réaffirmons notre volonté
d'associer le monde syndical, le monde du travail à cette
réalité que sera la nouvelle Société
Innovatech, pour que cette préoccupation de qualification
professionnelle, entre autres, puisse être correctement
véhiculée au sein du conseil d'administration. Il y aura des
représentants du milieu de l'entreprise, il y aura des
représentants du milieu de la recherche, des gens des différents
ministères concernés. Si le ministre est toujours aussi soucieux
de reprendre... et je le cite encore, à la page 35: «Les actions
d'Innovatech déborderont du cadre de la recherche et du
développement pour couvrir, entre autres, les projets et les
activités de transfert technologique, la qualification professionnelle
des ressources humaines». À cet égard, je pense qu'il
pourrait être encore plus pertinent de retrouver des gens du milieu
syndical sur ce conseil d'administration, à moins qu'il faille
comprendre de l'attitude du ministre qu'il décide de revoir les missions
qui avaient été initialement proposées pour la
Société Innovatech et à moins qu'il décide
d'éviter la question.
Alors, M. le Président, je ne pense pas qu'il vaille la peine
d'élaborer plus longtemps. Je pense que notre point de vue est...
M. Johnson: C'est déjà fait.
M. Boisclair: ...clair à cet égard. Je ne vois pas
pourquoi on n'aborderait pas la question de front, au lieu d'utiliser une
technique de rédaction législative qui, finalement, souligne
notre préoccupation, mais sans l'aborder de front. Alors, je voudrais,
M. le Président, maintenir l'amendement de mon collègue, le
député de Labelle, plaider pour qu'il soit adopté, et je
suis convaincu que les membres de la commission ont compris cette
préoccupation et appuieront cette proposition.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): je
vous remercie. est-ce qu'il y a d'autres intervenants sur cette motion du
député de labelle?
M. Johnson: Simplement pour dire, M. le Président, qu'on
sera jugés à nos actes et non à nos écrits et
à nos paroles. On verra.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Bien.
M. Audet: Connaissant la motion et l'amendement qui ont
été déposés, M. le Président, ce matin?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Ce
matin, oui.
M. Johnson: Oui.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, il se lit comme suit: Que l'article 3 de la Loi sur la
Société Innovatech du Grand Montréal soit modifié
par l'ajout, à la fin de l'article, des mots «et des
syndicats». Ce qui fait que ce serait lu comme suit, et je prends les
deux dernières lignes: «...nommés par le gouvernement, qui
proviennent des milieux de la recherche, de l'enseignement universitaire et
collégial ainsi que des entreprises et des syndicats.»
C'était la motion du député de Labelle. Il n'y a pas
d'autres intervenants? Est-ce que la motion est adoptée?
M. Boisclair: Vote nominal, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Bien. Alors, j'appelle le vote sur cette motion. M. le député
de Vaudreuil, M. Johnson?
M. Johnson: Contre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Contre. M. Bélanger (Laval-des-Rapides), contre. M. Audet
(Beauce-Nord)?
M. Audet: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
Bordeleau (Acadie)?
M. Bordeleau: Contre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
Lemire (Saint-Maurice)?
M. Lemire: Évidemment, contre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
Lafrenière (Gatineau)?
M. Lafrenière: Contre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le député de Gouin?
M. Boisclair: Pour.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Pour. C'est ça. Alors, la motion est rejetée.
M. Johnson: Et je présenterais, M. le Président,
l'amendement...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Que
vous aviez déposé? C'est ça.
M. Johnson: ...dont je vous ai livré le texte et que vous
pourriez peut-être lire pour notre bénéfice.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui.
Alors, M. le ministre avait déposé l'amendement suivant. Ajouter,
dans la troisième
ligne et après le mot «proviennent», ce qui suit:
«notamment». Ce qui fait que l'article se lirait comme ceci:
«Les affaires de la Société sont administrées par un
conseil d'administration composé de neuf membres, nommés par le
gouvernement, qui proviennent notamment des milieux de la recherche, de
l'enseignement universitaire et collégial ainsi que des
entreprises.»
Alors, est-ce qu'il y a des interventions sur cette motion? Est-ce que
cette motion...
M. Boisclair: Je ne sais pas, est-ce que le ministre veut
intervenir sur l'amendement?
M. Johnson: J'en ai parlé.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Ça a été fait ce matin.
M. Johnson: J'en ai parlé assez longuement ce matin et
depuis quelques minutes également. Contrairement au députe de
Gouin, je me refuse à redire, répéter et reprendre les
mêmes choses.
M. Boisclair: M. le Président, je pense qu'il n'est pas
question de se faire impressionner par une attitude qui, je pense,
frôle... en tout cas, qui n'est certainement pas admissible. C'est
peut-être admissible au sens du règlement, mais ce n'est pas de
bon aloi que de procéder de cette façon en commission
parlementaire. Je pense que notre comportement à l'égard du
travail...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
m'excuse. Vous faites allusion à quoi, là?
M. Boisclair: Je fais référence à la
remarque du ministre qui était, quant à moi,
déplacée, M. le Président.
Je pense qu'il serait intéressant de se pencher sur l'amendement
et sur l'interprétation juridique qu'on pourrait donner à cet
amendement. On sait fort bien que, lorsqu'il y a une enumeration qui est faite
dans un texte de loi, surtout avec un amendement semblable à
celui-là, l'énumération des différentes sources
d'où pourraient provenir les futurs membres du conseil d'administration
devient, dans ce cadre-ci, accessoire et l'amendement ne vient, d'aucune
façon... Même si le ministre prétend, lui, que ça
reprend un certain nombre de nos préoccupations, je pense qu'à ce
stade-ci il s'agit de se référer à un certain nombre de
règles d'interprétation de nos lois pour savoir qu'en faisant une
proposition semblable à celle-là, d'aucune façon, on
autorisera et il sera permis de nommer des gens du milieu syndical. Le mot
«notamment», il devra donc faire référence à
des organismes de même nature. Alors, on ne pourra pas associer...
Puisqu'une enumeration devra être interprétée de
façon restrictive, je pense que le ministre devrait préciser sa
pensée. Son amendement, je peux comprendre l'esprit dans lequel il l'a
déposé, mais je l'inviterais à le préciser
davantage.
L'interprétation qui pourrait être donnée à
l'article 3, je ne pense pas, si ma compréhension des règles
d'interprétation de nos lois est correcte, que ça puisse faire
place à des représentants du monde syndical. Il faudrait que ce
soient des organismes de même nature. Et le ministre pourra
peut-être nous dire que le mot «entreprises» pourra, lui,
faire référence à des partenaires du monde du travail,
mais je pense que le sens... Puisqu'il n'y a pas de définition dans
cette loi, il faudra s'en référer au sens usuel et, à cet
égard, se référer au dictionnaire. Il est très
clair que l'entreprise, dans son sens propre, au sens dont elle est
définie dans le dictionnaire, ne pourra pas s'interpréter comme
étant possiblement... incluant, plutôt, des représentants
du monde du travail et des partenaires syndicaux et qu'à cet
égard, à moins qu'on puisse me... Je pourrais peut-être
poser la question, à ce stade-ci, au ministre: Est-ce que ma
compréhension des faits est juste, qu'on devra donner une
interprétation, que l'énumération limitera, bien
sûr, à des organismes de même nature que ceux qui sont
déjà énumérés? Sinon on n'en ferait pas, de
définitions. Et ça, c'est un principe. Le législateur ne
parle pas pour ne rien dire et, s'il prend la peine... Bien, ce sont des
règles d'interprétation des lois. Moi, je fais
référence à des principes qui sont bien connus. Si le
législateur prend la peine d'énumérer un certain nombre
d'organismes, il faudra donc, si on va pêcher à l'extérieur
des organismes qui sont explicitement soulignés dans l'article 3, aller
chercher des organismes de même nature, et, à cet égard, je
ne suis pas du tout convaincu que le monde syndical puisse, par l'amendement
que présente le ministre, être retenu, puisse faire partie de
l'article 3. (15 h 40)
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Est-ce qu'il y a d'autres intervenants sur cet...
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...amendement? Excusez. M. le ministre.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Non?
Alors, est-ce que l'amendement est adopté?
M. Boisclair: Sur division. Une voix: Adopté. M.
Johnson: Adopté.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Adopté sur division. Est-ce que l'article 3, tel qu'amendé,
est adopté?
M. Johnson: Adopté.
M. Boisclair: Vote nominal, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Vote
nominal. Bien. Alors, ceux qui sont... Excusez. M. Johnson (Vaudreuil)?
M. Johnson: Pour l'article 3, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Pour. M. Audet (Beauce-Nord)?
M. Audet: Pour.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
Bélanger (Laval-des-Rapides), pour. M. Bordeleau (Acadie)?
M. Bordeleau: Pour.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Pour. Mme Dionne... Excusez.
Une voix: Est-ce que je peux voter par procuration?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Non.
M. Lafrenière (Gatineau)?
M. Lafrenière: Pour.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Pour. M. Lemire (Saint-Maurice)?
M. Lemire: Pour.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Pour. M. Boisclair (Gouin)?
M. Boisclair: Contre, tel que libellé.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Et
Mme Dupuis (Verchères)?
Mme Dupuis: Contre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Contre. Alors, l'article est adopté tel qu'amendé.
J'appelle donc l'article 4 de la loi qui se lit comme ceci: «Trois
personnes sont déléguées auprès du conseil
d'administration dont deux par le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie et le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science
parmi les membres du personnel de leur ministère respectif et une par le
ministre responsable de l'application de la présente loi.» Sur cet
article, M. le ministre.
M. Johnson: Rien de spécial ici, M. le Président,
sinon préciser qu'au-delà des neuf personnes qui sont membres,
nommés par le gouvernement, nous prévoyons également que
trois personnes seront déléguées. Ce ne sont pas des
observateurs, et je reviendrai s'il y a des questions sur, je dirais, les
distinctions qu'on retrouve dans d'autres lois, s'il y a des questions, s'il
était question de personnes, d'observateurs auprès du conseil,
que certains ont droit de vote, d'autres, pas droit de vote, droit de parole,
pas droit de parole. Il y a toutes sortes d'animaux, toutes sortes de faunes
dans ce cas-là. Ici, c'est des personnes qui sont
déléguées auprès du conseil, une par le ministre
responsable et deux autres, d'une part, par le ministre de l'Industrie et du
Commerce et, d'autre part, par le ministre de l'Enseignement supérieur
et de la Science.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
L'article 5 précise bien leur rôle, d'ailleurs.
M. Johnson: C'est ça. Alors, l'idée est d'assurer
une connaissance au fur et à mesure des délibérations et
des projets dont sont saisis les membres du conseil d'administration
d'Inno-vatech, de procurer, dis-je, une connaissance de tout ce qui se passe au
ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, d'une part,
et de l'Enseignement supérieur et de la Science, d'autre part, les deux
ministères, car c'est auprès de ces ministères,
évidemment, que se retrouvent des fonctions importantes, pour ne pas
dire essentielles, de définition des politiques gouvernementales dans
des sujets qui sont connexes, qui touchent intimement ce dont pourrait
être saisie la Société Innovatech. Alors, ça devient
du conseil, ça devient des gens qui apportent l'expertise dite
sectorielle au-delà de l'expertise des membres du conseil
d'administration ou du personnel d'Innovatech. Quant à la personne
déléguée par le ministre responsable, encore une fois
évidemment, c'est dans l'ordre des choses que de déléguer
une personne du ministre responsable de l'application de la loi. On en voit
l'utilité ici dans la mesure où le ministre responsable sera le
ministre président du Comité ministériel permanent de
développement du Grand Montréal, tel qu'indiqué dans le
plan de relance du 17 décembre.
M. Boisclair: Je pense, M. le Président, qu'il faudrait
effectivement étudier l'article 4 en relation avec l'article 5. Je
comprends donc que ces personnes pourront être convoquées aux
réunions du conseil d'administration, y assister et y prendre la parole.
C'est un peu difficile, M. le Président, de faire deux choses à
la fois Je
comprends donc que ces personnes-là devront être
convoquées aux réunions du conseil d'administration et qu'elles
n'y assisteront pas d'office, aux réunions.
M. Johnson: Elles sont convoquées comme les
administrateurs et, donc, s'y rendent ou ne s'y rendent pas, volontairement,
comme les administrateurs.
M. Boisclair: Je voudrais tout simplement l'étudier en
relation avec l'article 5 qui dit: «Elles ont cependant droit
d'être convoquées aux réunions du conseil
d'administration», ce qui sous-tend, dans l'interprétation...
M. Johnson: «D'y assister et d'y prendre la parole»,
il faut continuer quand même...
M. Boisclair: Oui. Elles ont cependant le droit d'être
convoquées, ce qui veut donc dire qu'elles ne seront pas toujours
convoquées. Ce qui veut donc dire, en l'explicitant de cette
façon, elles ont cependant droit d'être convoquées...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Peut-être, vous avez mal lu l'article 5. L'article 5 dit: «Les
personnes déléguées ne sont pas membres du conseil
d'administration. Elles ont cependant droit d'être
convoquées». On leur donne le droit d'être convoquées
à ces réunions-là.
M. Boisclair: C'est ça. Alors, le droit...
M. Johnson: Même si elles ne sont pas membres du
conseil.
M. Boisclair: Oui, mais le droit de nommer, par exemple, comprend
toujours le droit de destituer. Lorsqu'on nomme quelqu'un, en droit
administratif, le droit de nommer comprend le droit de destituer. Ce que je
veux tout simplement plaider, c'est que le droit d'être convoqué
comprend, bien sûr, si on fait la même analogie, le droit de ne pas
être convoqué, et...
M. Johnson: Non, non.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Non,
non.
M. Johnson: Non.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Non,
non, non. Ha, ha, ha!
M. Johnson: Non. Il ne faudrait pas partir sur une fausse piste,
là. La réponse, c'est: Non. Tout de suite. Je vous arrête
avant qu'on en discute pendant quelques minutes. Elles ont le droit
d'être convoquées. Alors, ça s'arrête là.
M. Boisclair: pourquoi n'a-t-on pas tout simplement écrit:
elles sont convoquées aux réunions du conseil d'administration,
ont droit d'y prendre la parole.
M. Johnson: C'est moins fort dire: Elles sont convoquées.
C'est beaucoup plus fort dire: Elles ont cependant le droit d'être
convoquées. C'est un droit qu'on peut faire valoir, on peut l'invoquer.
Si on n'est pas convoqué, on peut invoquer le fait qu'on a le droit de
l'être, convoqué. Alors, dire qu'elles sont convoquées...
elles disent: Bien, je ne l'ai pas été. Ah non! c'est vrai, vous
ne l'avez pas été, convoqué. Point. Alors, il n'y a pas de
référence à un droit, à ce moment-là, aussi
fort que ça.
M. Boisclair: Je présume...
M. Johnson: Alors, tout tourne autour du fait que ce sont des
gens qui doivent être, à l'égard de la tenue des
assemblées et du déroulement de l'assemblée,
traités comme un membre du conseil, mais n'ont pas droit de vote. Ils
n'ont pas droit de vote. Ce ne sont pas des membres du conseil au même
titre que les membres du conseil nommés par le gouvernement. Mais, par
ailleurs, les gens ont droit d'être convoqués. Ce qui est la
formulation inverse, je dirais, là, c'est qu'il y a une obligation qui
est faite à la Société de convoquer ces gens.
M. Boisclair: C'est comme ça qu'on doit
l'interpréter.
M. Johnson: Oui, oui.
M. Boisclair: Maintenant, je présume que ces
représentants, ces délégués auprès du
conseil d'administration seront appelés à fournir des avis
sectoriels.
M. Johnson: le député anticipe, là,
largement, d'une vingtaine d'articles, les dispositions où on retrouvera
des références à l'approbation, aux avis, dis-je, que les
ministères pourraient donner à innovatech...
M. Boisclair: Oui. Je comprends, entre autres...
M. Johnson: ...à l'information qui pourrait être,
pardon, véhiculée de la Société vers les
ministères pour les tenir au courant.
M. Boisclair: Je comprends très bien qu'on en
discutera...
(Consultation)
M. Johnson: Pardon?
M. Boisclair: Je comprends très bien que
j'anticipe sur les articles que nous aurons à étudier un
peu plus tard, sauf que le ministre conviendra que nous devons adopter
l'article 4...
M. Johnson: Oui.
M. Boisclair: ...et qu'à cet égard,
immédiatement, il soulève un certain nombre d'interrogations,
dont le fonctionnement du conseil d'administration. Et je sais très bien
que les avis qui seront rendus par les représentants, les
délégués des différents ministères ne
lieront pas, si je peux m'exprimer ainsi, les membres du conseil
d'administration de la Société.
M. Johnson: C'est ça.
M. Boisclair: C'est ce qui est explicité plus loin dans le
projet de loi. Cependant, je voudrais demander au ministre si les avis qui
seront rendus seront déposés au conseil d'administration, s'il y
aura une procédure quelconque qui permettra à ces individus, ces
délégués d'enregistrer leurs recommandations, soit aux
procès-verbaux du conseil d'administration ou par une quelconque
procédure qui permettrait d'enregistrer leurs recommandations. (15 h
50)
M. Johnson: II n'est pas spécifiquement prévu qu'il
y a des avis sectoriels qui sont livrés de telle ou telle façon.
Quant au déroulement des relations qu'il peut y avoir entre Innovatech
et les ministères responsables, ça relèvera d'une
pratique, là, qui pourrait être établie, ou définie,
ou décrite par le conseil d'administration, par exemple. Mais ce dont on
voulait s'assurer, c'était que, par leur présence auprès
du conseH d'administration, les gens des ministères sectoriels qui sont
dans les loges de l'innovation technologique soient à même de
formuler des avis au sens de tous les jours: on formule des avis, on
s'échange des commentaires, on discute à l'occasion de
l'étude des dossiers. Mais, par ailleurs, comme vous l'avez vu, de
façon plus formelle, la Société va aviser, formellement
donc, les ministères des initiatives qu'elle entend prendre. Alors, elle
saisit les ministères au-delà d'informer, par la force des
choses, leur présence au conseil, les délégués des
ministres responsables. Ceux-ci seront formellement saisis des intentions de la
Société.
M. Boisclair: Vous les voyez plus comme des agents de liaison que
comme des personnes qui...
M. Johnson: C'est bien dit. Oui, c'est assez bien dit, dans le
sens que ce sont des gens qui font le pont entre les préoccupations et
la connaissance des ministères et la Société
Innovatech.
M. Boisclair: La préoccupation que je voudrais ton!
simplement faire valoir à ce moment-ci, c'est que je comprends
très bien que ces individus, «siégeant» n'est pas le
mot exact, mais «participant» aux travaux du conseil
d'administration, pourront, bien sûr, faire le lien avec les
différents ministères, mais je pense que, dès le moment
où on discute de l'article 4, il serait intéressant de
prévoir une façon quelconque... Je comprends le ministre qui dit:
Ce sera au conseil d'administration de déterminer ses règles de
fonctionnement et sa régie interne. Cependant, ces ministères,
comme vous l'avez dit, sont associés de façon très directe
au processus d'innovation technologique et par l'expertise qu'ils
détiennent et par les contacts privilégiés qu'ils
entretiennent avec les individus qui oeuvrent dans ce secteur de haute pointe.
Je pense qu'il faudrait certainement leur permettre, par exemple, d'exprimer
leur avis, je ne sais pas, moi, quant aux possibilités qui s'offrent
dans un secteur donné ou pas. On pourra en venir à des
conclusions parfois différentes. On pourra apporter des jugements qui ne
seront pas nécessairement partagés par les autres membres du
conseil. Je voudrais m'assurer qu'on aille un peu plus loin dans la mission que
ces gens-là auront à accomplir auprès du conseil
d'administration et qu'ils puissent véritablement faire valoir leur
expertise, non pas comme dans une discussion de salon, mais bien avec la
même rigueur qui est d'usage alentour d'une table d'un conseil
d'administration. Parce que, là, si ce sont des gérants
d'estrade... Je pense que le ministre préférera peut-être
l'expression «agent de liaison», mais de la façon dont c'est
défini et de la façon dont le ministre nous le présente,
ce sera plus des gérants d'estrade qu'autre chose.
M. Johnson: Gérants d'estrade étant? M.
Boisclair: Bien, étant des gens...
M. Johnson: Étant quelqu'un qui ne connaît rien puis
qui se mêle de donner son opinion.
M. Boisclair: Non, quelqu'un...
M. Johnson: Mais ce n'est pas le cas, là.
M. Boisclair: Mais quelqu'un dont la participation ne sera
certainement pas... «déterminante» est un grand mot, mais
dont les recommandations pourront, d'une façon ou d'une autre,
être traitées en fonction des priorités qui seront celles
du conseil d'administration et non pas celles des différents
ministères. À cet égard, moi, je ne veux pas que ce soient
eux qui dirigent les travaux du conseil d'administration, mais qu'à tout
le moins ils puissent d'une façon quelconque faire valoir leur point de
vue, et, à cet égard, il y aurait lieu d'être plus
rigoureux dans la façon de faire et s'assurer que ces gens là
puissent déposer des avis Je comprends que le ministre nous dit, clans d
autres articles qu'on
étudiera plus loin, que la Société informe les
ministères concernés des gestes qu'elle entend poser, des
décisions qu'elle entend prendre. Cependant, ça n'inclut pas le
fait, la réalité qui pourrait être celle d'un
ministère qui déciderait, par exemple, de déposer un avis
défavorable à un projet - on est là pour prévoir
toutes les possibilités - on ne le souhaite pas, mais c'est une
situation à laquelle pourraient être confrontés les membres
du conseil d'administration. Je pense qu'il faudrait immédiatement
prévoir un mécanisme quelconque, au-delà que dans les
simples règlements internes de la corporation, prévoir un
mécanisme par lequel ces individus pourront faire valoir leur
opinion.
M. Johnson: Je veux simplement rappeler que, pour être
efficace... C'est un mécanisme, ça, qui permet aux membres de la
Société et du conseil d'administration d'être saisis au fur
et à mesure des commentaires des ministères qui, je le
répète, seront des acteurs importants dans le champ qui
préoccupera la Société. Ça évitera des
difficultés dans le genre: la Société qui est saisie d'un
projet pour la première fois de son existence ou même de
l'expérience, à la rigueur, des membres du conseil
d'administration, mais qu'à l'éclairage additionnel que
pourraient donner les représentants des ministres on verrait ou bien que
ça a déjà été essayé, ou que
ça existe ailleurs, ou que c'est déjà financé par
un autre ministère, ou que, de façon plus large - ça,
c'est un autre débat - c'est contraire aux orientations
gouvernementales. Je vous donne un exemple, c'est toujours le même que je
donne: Si Inno-vatech était saisie de projets que le gouvernement du
Québec, dans sa sagesse, a décidé d'octroyer à
l'Institut national d'optique, par exemple, ici, dans le parc technologique de
Québec. On n'est pas pour en créer un autre, institut national
d'optique, à Montréal, ou à Laval, ou sur la rive sud, peu
importe. Ça ne m'apparaît pas efficace. On n'a pas tant de moyens
qu'on puisse se payer le luxe de faire ça. Alors, il y a des choses, sur
une base quotidienne, que les ministères savent, que le conseil
d'administration pourrait ignorer, «ignorer» au sens de «ne
sait pas», «ne connaît pas les détails». Alors,
il s'agit d'être efficaces. Si on se demande comment faire en sorte que
l'action de la Société soit, dans ses grandes directions,
conforme aux orientations gouvernementales, on n'est pas pour financer à
la hauteur de 300 000 000 $ un organisme qui va contrer les politiques
gouvernementales en matière de développement technologique.
M. Boisclair: Quelques questions très rapides. Je
comprends...
M. Johnson: Alors, ça permet de savoir au jour le jour ce
qui se passe dans les deux sens. C'est pour ça que je parlais de
passerelle. Le député parle d'agent de liaison. Ce n'est
certainement pas des gérants d'estrade, en tout cas.
M. Boisclaîr: On n'a pas encore discuté de cette
question, mais très rapidement. Je présume qu'il y aura des
budgets de fonctionnement à la Société; l'embauche, je
présume, d'un directeur général.
M. Johnson: Oui, éventuellement. M. Boisclair:
Éventuellement.
M. Johnson: C'est prévu un peu plus loin, oui.
M. Boisclair: C'est ça, un peu plus loin, avec un certain
nombre d'analystes aussi qui appuieront...
M. Johnson: Là, c'est vraiment... On retourne ça
auprès de la Société. Je ne veux pas présumer de la
façon la plus légère et la plus rapide, la plus efficace
dont pourront décider de se comporter les membres du conseil
d'administration. Est-ce qu'ils vont choisir une entente avec un groupe
existant? Moi, je ne donne aucune directive pour ça. La directive, c'est
d'agir, et rapidement. C'est le seul souhait qu'on formule.
M. Boisclair: Mais vous allez voter des crédits, dont
certains...
M. Johnson: 300 000 000 $...
M. Boisclair: Oui, 300 000 000 $, mais...
M. Johnson: ...dont une partie servira, évidemment, au
fonctionnement, c'est sûr.
M. Boisclair: C'est ça. Ah! c'est très clair que
les budgets que vous octroierez pour le fonctionnement, bien sûr,
viendront dicter les choix des membres du conseil d'administration.
M. Johnson: Oui... Bien, c'est l'inverse, là. Les membres
du conseil nous indiqueront comment ils entrevoient ça et ce que
ça prend pour fonctionner, plutôt que l'inverse. Ce n'est pas un
processus de haut en bas. C'est plutôt l'inverse qu'on envisage.
M. Boisclair: Alors, ce que vous me dites, c'est qu'il y aura une
souplesse pour les membres du conseil d'administration de déterminer la
proportion des crédits qui serviront à...
M. Johnson: Absolument.
M. Boisclair: D'accord.
M. Johnson: Le souhait, c'est que ce soit le
moins possible.
M. Boisclair: Oui. Ça, je le comprends très bien.
Alors, adopté, M. le Président.
M. Johnson: O.K. C'est l'article 4, ça.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, l'article 4 est adopté. J'appelle l'article 5. «Les
personnes déléguées ne sont pas membres du conseil
d'administration. Elles ont cependant droit d'être convoquées aux
réunions du conseil d'administration, d'y assister et d'y prendre la
parole.»
M. Johnson: À ce sujet, M. le Président, j'en
profite, avec peut-être un esprit d'escalier, pour commenter. On vient de
parler largement du rôle des personnes déléguées
alors qu'on pariait de l'article 4. À l'article 5, je me permets de
parier de l'expression «ministre responsable», qui apparaît
dans l'article 4 et dont la CUM m'a saisi quant à savoir pourquoi...
Une voix:...
(16 heures)
M. Johnson: Oui, mais le député de Gouin a
manqué tout le débat de ce matin. La lettre, je l'ai
reçue. Elle n'était même pas signée lorsque la
députée de Hochelaga-Maisonneuve l'a exhibée.
C'était un projet de lettre non signé à ce
moment-là. L'article 4 parie du ministre responsable, quel
ministère sera responsable de l'application. Une
référence, je dirais, de rédaction, c'est que c'est la
façon la plus souple de référer au ministre responsable
dans la mesure où ce sera quelqu'un... et, moi, je vous
réfère par ailleurs - ça, c'est la deuxième
référence - au plan de relance qui indique que c'est le ministre
responsable de la région de Montréal qui sera le ministre
responsable. Ça, c'est clair. Sauf que, dans le décret
gouvernemental et les décisions, on se réfère à un
ministre, pas par son prénom et son nom de famille ou par son
comté, mais par son titre. Et si, d'aventure, le ministre responsable
change de titre, ça ne demande qu'un décret, évidemment,
à ce moment-là, du gouvernement pour changer la
désignation du ministre responsable, et non un amendement
législatif. C'est aussi simple que ça.
M. Boisclair: On retrouve cette disposition dans plusieurs autres
lois, d'ailleurs.
M. Johnson: Oui, c'est ça. À la page 36, quand on
parle du ministre responsable: «Celui-ci - le ministre responsable - sera
le président du Comité ministériel permanent de
développement du Grand Montréal.»
M. Boisclair: Le ministre a rapidement retrouvé la
référence;
M. Johnson: Oui.
M. Boisclair: Je présume qu'il l'a souvent
consultée.
M. Johnson: Comment?
M. Boisclair: Le ministre retrouve vite la
référence. C'est sans doute parce qu'il l'a souvent
consultée.
M. Johnson: Non. C'est toujours aux pages 35 et 36. C'est
toujours de celles-là qu'on parie. C'est en haut de la page 36, en
l'occurrence.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mme
la députée de Verchères.
Mme Dupuis: Oui, simplement un petit commentaire. Je suppose que
le président n'était pas informé encore que le ministre
responsable... Parce que c'est bien écrit, pourtant, c'est très
clair à l'article 4, «par le ministre responsable de l'application
de la présente loi». Et lui, il s'inquiète:
«Cependant, le projet de loi ne spécifie pas quel ministre sera
responsable.» Bien, forcément...
M. Johnson: Oui, puis c'est marqué dans le plan de
relance, à la page 36.
Mme Dupuis: C'est ça. Donc... M. Johnson: II
s'inquiète pour rien.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
c'est aussi indiqué dans la présentation du projet de loi. je
pense que c'est par méconnaissance du processus parlementaire, parce que
c'est très clair.
M. Johnson: II y a ça aussi.
Mme Dupuis: Ça va. Moi, ça va. Adopté.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Bien. Je vous remercie. Sur l'article 5, d'autres interventions? Est-ce que
l'article 5 est adopté?
M. Boisclair: Adopté.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Adopté. J'appelle l'article 6 qui se lit comme suit: «Le
gouvernement désigne parmi les membres du conseil d'administration un
président. «Le président du conseil d'administration en
préside les réunions, voit à son bon fonctionnement et
assume toutes les autres fonctions qui lui sont assignées par
règlement de la Société.»
Une voix: C est clair Adopté
M. Boisclair: Je pense, M. le Président, que l'article est
très clair. Est-ce que le ministre, cependant, a une idée du
genre de profil qu'il recherche pour ce poste-là, qu'il y aurait un
certain nombre de critères...
M. Johnson: J'ai déjà indiqué...
M. Boisclair: ...au-delà de la préoccupation pour
l'expertise qu'il nous a fait valoir?
M. Johnson: Oui. Mais c'est ça. De façon
générale, c'est l'expertise et l'expérience, c'est le
mélange des deux en matière de développement
technologique, soit dans le milieu universitaire, ou dans le milieu de
l'entreprise, ou, qui sait, émanant du milieu syndical, ou municipal, ou
financier, qu'on pourrait trouver les gens qui peuvent assumer ce
rôle-là. Il y a ça.
Le problème réel à ce moment-ci, M. le
Président, c'est un embarras du choix. À cause des secteurs
industriels de pointe qui existent, avec un leadership mondial, dans certains
cas, dans la grande région de Montréal, on a vraiment l'embarras
du choix de gens qui seraient intéressés, qui ont
été suggérés, qui ont été
approchés, que certains ont tenté de convaincre, qui ont
accepté rapidement. Alors, j'ai l'embarras du choix, là,
vraiment. On parle de neuf personnes en tout. On est rendus pas mal plus loin
que ça, de gens intéressés et qui ont beaucoup de bon
sens. Je dis ça en termes généraux.
Une voix: Oui, oui.
M. Johnson: Des gens qui pourraient faire une belle contribution
au développement technologique du Québec en administrant un
programme d'aide financière comme celui-là. Ça va
être des décisions difficiles, comme d'habitude.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mme
la députée de Verchères.
Mme Dupuis: M. le Président, est-ce que ça suppose
que le président est nommé par le ministre après que le
choix du conseil sera formé, ou si le président...
M. Johnson: Oui, c'est ça. Parmi les neuf membres, il y en
a un que le gouvernement décidera qu'il sera le président du
conseil.
Mme Dupuis: Ou si c'est l'inverse, le ministre nomme son
président qui, lui, après...
M. Boisclair: Le gouvernement, c'est le premier ministre.
Mme Dupuis: ...en collaboration avec le ministre, voit à
se former un conseil d'administration.
M. Johnson: Non, la façon dont la députée le
formule, c'est plutôt la première option qui serait
empruntée. C'est comme en parallèle, ça,
évidemment; dans le monde de tous les jours, à mesure qu'on
poursuit les consultations, qu'on peut approcher des personnes qui pourraient
en faire partie, certaines se demandent - non, non, c'est ça, la
réalité: Qui d'autres êtes-vous en train d'approcher? qui
avez-vous en tête comme président? Au point de vue concret, c'est
un processus qui, je dirais, est sur plusieurs pistes à la fois, mais
qui sont convergentes.
M. Boisclair: Mais c'est le gouvernement, par décret du
Conseil des ministres, qui va nommer les membres du conseil
d'administration.
M. Johnson: Oui.
M. Boisclair: C'est le premier ministre qui va...
M. Johnson: Oui, c'est...
M. Boisclair: ...officiellement nommer, sur recommandation du
président...
M. Johnson: C'est le Conseil des ministres, sur...
M. Boisclair: C'est ça, sur votre recommandation.
M. Johnson: ...recommandation du ministre responsable.
M. Boisclair: C'est ça. Alors, adopté.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, l'article 6 est adopté. J'appelle l'article 7 qui se lit
comme suit: «Les membres du conseil d'administration désignent
parmi eux un vice-président. Le vice-président exerce les
fonctions du président du conseil, en l'absence de celui-ci.»
M. Boisclair: De quelle façon va-t-il être
nommé? Est-ce que c'est un vote aux deux tiers? Est-ce qu'il est...
M. Johnson: Majoritaire, en l'absence de toute indication
contraire à ça, sauf s'il y avait... En général,
c'est la majorité, à ma connaissance, là, et, je dirais,
en pratique, c'est un consensus. C'est rare qu'il y a des batailles
rangées pour savoir qui va être vice-président du conseil
d'une nouvelle société. Le processus, par définition, en
est un qui est électif au sein du conseil d'administration. Et on me
signale, évidemment, qu'on anticipe toujours; à l'article
14...
M. Boisclair: L'article 14, oui.
M. Johnson: ...on prévoit que c'est la majorité des
membres du conseil qui prennent les décisions.
M. Boisclair: Sauf que, dans le cas de nominations, on peut
très bien convenir que, dans d'autres organismes, on retrouve...
M. Johnson: Ce n'est pas une décision ordinaire, non.
M. Boisclair: Ce n'est pas une décision ordinaire et,
souvent, on retrouve même des dispositions qui font que ce n'est pas
n'importe quel membre du conseil d'administration qui a le droit de faire ce
genre de proposition. On dit: C'est sur proposition du président. Je
veux tout simplement voir si, dans l'esprit... L'interprétation que vous
donnez au texte de loi, alors ce serait donc à la majorité des
membres. Je comprends que ça ne devrait pas causer, là... il n'y
aura pas une bataille rangée pour... D'accord.
Alors, les mandats, on les précise plus loin, hein, si je ne
m'abuse?
M. Johnson: C'est ça.
M. Boisclair: Les mandats...
M. Johnson: Oui.
M. Boisclair: ...ce serait d'au plus cinq ans. Alors,
adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Adopté. J'appelle l'article 8. «Les membres du conseil
d'administration nomment un président de la Société qui
est d'office directeur général. Le président-directeur
général exerce ses fonctions à plein temps. Il est
responsable de la gestion de la Société dans le cadre de ses
règlements et de ses politiques. «Le conseil d'administration fixe
la rémunération, les avantages sociaux et les autres conditions
de travail du président-directeur général. La
rémunération du président-directeur général
est soumise à l'approbation du gouvernement.»
M. Boisclair: M. le Président, à ce moment-ci, il y
a une question qui nous vient à l'esprit. Il y a plusieurs textes de loi
sur lesquels on travaille fréquemment qui prévoient ce genre de
clause, à savoir la rémunération des officiers, des
différents membres des sociétés. Cependant, le
président, ou M. le président, vous me dites que c'est standard.
Je voudrais faire référence à des lois, en tout cas, que
je connais, et rappeler qu'il y a une autre formulation qui est souvent reprise
- je la cite incorrectement, mais de mémoire - qui est à peu
près la suivante: Le président ou le directeur
général est rémunéré en vertu des
échelles salariales fixées par le gouvernement, et on
reconnaît, selon l'équivalent de l'échelon... on lui
associe immédiatement un échelon en fonction d'une
évaluation qui est faite du mandat. Le président du Conseil du
trésor est encore bien familier...
M. Johnson: Écoutez, on voit ça la plupart du temps
lorsque l'organisme prévoit que le personnel est nommé et
rémunéré conformément à la Loi sur la
fonction publique...
M. Boisclair: C'est ça.
M. Johnson: ...à titre d'exemple, ce qui n'est pas le cas
pour les sociétés dites d'État. Ce n'est pas vrai, cet
énoncé-là, pour Hydro; ce n'est pas le cas, ce n'est pas
une échelle salariale pour le président d'Hydro, ou quoi que ce
soit. Il n'y en a pas pour la SGF. Il n'y en a pas pour la SAQ, de
mémoire, enfin, etc. À la SAQ, peut-être; vous me
permettrez un blanc de mémoire, ça fait longtemps que je n'ai pas
été responsable de cet organisme-là. (16 h 10)
On me signale, évidemment, que, lorsque la personne est
nommée par le gouvernement, là, on prévoit, soit dans le
pouvoir habilitant, soit à l'occasion de la nomination, quelles sont les
échelles salariales, le cas échéant. Mais ce n'est pas le
cas ici; on a un conseil d'administration, et c'est le conseil qui va nommer un
P.-D.G. Alors, le contrôle s'exerce a posteriori, je dirais, ça
doit être approuvé quant aux rémunérations,
avantages, etc., ça doit être soumis à l'approbation du
gouvernement, comme on le voit dans l'article, ce qui est plus
sévère, je dirais, entre guillemets, que ce qu'on retrouvait...
Je donne une autre référence a une loi. La Loi sur la
Société de promotion économique du Québec
métropolitain, l'ancienne Inter-Port, ici, à Québec, pour
les Québécois d'origine, prévoyait la nomination du
P.-D.G. par les membres du conseil d'administration, mais après
consultation du ministre responsable à l'époque. Le conseil
d'administration fixait la rémunération, avantages sociaux et
autres conditions de travail du P.-D.G. Point. Aucune espèce de
référence à contrôle, approbation...
M. Boisclair: Le directeur général ne sera pas
nécessairement, ne pourra pas prendre la parole, non plus, aux
réunions du conseil d'administration, à moins que les membres du
conseil y consentent.
M. Johnson: II n'est pas membre d'office, non. Il n'est pas
membre d'office, effectivement.
M. Boisclair: Ce qui est un peu étrange, là.
M. Johnson: On voit, encore là, que l'article suivant
prévoit un statut qui est celui d'un
membre du conseil quant au droit de parole, assister, être
convoqué. mais, évidemment, il n'a pas droit de vote, il n'est
pas membre du conseil comme tel. ce qu'on retrouve assez souvent, dans le
fond.
M. Boisclair: cette société, soit dit en passant,
devra se nommer, je présume, un secrétaire qui devra tenir les
minutes de la corporation.
M. Johnson: Le secrétaire du conseil.
M. Boisclair: Elle sera, finalement, soumise aux dispositions qui
s'appliquent à la Loi sur les compagnies, ou son équivalent?
M. Johnson: L'article 21, M. le Président.
M. Boisclair: Cette Société sera assimilée
à un organisme public soumis à la loi sur l'accès à
l'information.
M. Johnson: Je présume. Oui, oui.
M. Boisclair: Parce que les membres sont nommés par le
gouvernement, c'est ça?
M. Johnson: D'une part, mais, d'autre part, ne serait-ce que
parce que la totalité des sommes...
M. Boisclair: Sont votées.
M. Johnson: ...évidemment, émanent du fonds
consolidé du revenu. Il y a des fonds publics là.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mme
la députée de Verchères.
Mme Dupuis: Merci, M. le Président. Je vois que les
membres du conseil d'administration nomment un président de la
Société qui est d'office directeur général. M. le
ministre, est-ce que par là on veut dire qu'il y aura un P.-D.G. et le
président du conseil d'administration? Ça veut dire que là
on se ramasse avec deux présidents. Il n'y aurait pas lieu que le
conseil d'administration avec un président nomme ou s'engage
après un directeur général? Là, c'est comme s'il y
avait deux têtes. Il y a un P.-D.G. et, ensuite, il y en a un autre, un
président du conseil d'administration.
M. Johnson: Comme à Hydro.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Comme les sociétés de transport en commun.
M. Johnson: Comme à Hydro, puis comme à la Caisse
de dépôt.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): La
Caisse de dépôt. C'est une façon de fonctionner,
standard.
Mme Dupuis: Donc, le président-directeur
général...
M. Johnson: Comme au Canadien Pacifique, comme à la Banque
Royale, comme à la Banque de Montréal, comme...
Mme Dupuis: ...doit se rapporter au conseil d'administration.
M. Johnson: Oui.
Mme Dupuis: Le président-directeur général,
donc, se rapporte...
M. Johnson: Au conseil.
Mme Dupuis: ...au conseil. Donc, même s'il porte le titre
de P.-D.G., le conseil a autorité sur le directeur
général, en fait.
M. Johnson: Toujours. Le conseil d'administration est la
dernière instance. Longtemps on a eu le président de la direction
et le président du conseil d'administration qui étaient la
même personne, c'est-à-dire qu'il y avait confusion des
rôles dans la même personne. Et, de plus en plus, la tendance est
de vraiment scinder au niveau corporatif les rôles que les personnes ont
à jouer comme membre du conseil d'administration représentant
l'actionnaire, parce que c'est ça, le rôle premier, et,
deuxièmement, les membres de la direction qui sont littéralement
chargés de l'exploitation de la Société et qui doivent se
rapporter à quelqu'un, et, à défaut de se rapporter
directement à l'actionnaire, ils doivent se présenter ou se
rapporter, dis-je, auprès du représentant de l'actionnaire qui
est le conseil d'administration et ses membres, y compris le président
du conseil qui peut prendre des décisions en l'absence des membres de la
direction, y compris du président-directeur général,
notamment quand on parle de sa rémunération. Enfin, quand on
parle des grandes orientations, le conseil d'administration peut décider
de siéger, de façon informelle à ce moment-là, en
l'absence du P.-D.G., mais il a le droit d'être convoqué et
d'assister aux réunions. Alors, il verra toujours ce qui se passe au
titre des orientations que le conseil d'administration veut arrêter, mais
il demeure que ce n'est pas lui, le représentant de l'actionnaire. Il se
rapporte au conseil d'administration et il est chargé de l'exploitation
de l'entreprise.
M. Boisclair: Est-ce que j'ai bien compris le ministre? En disant
que le conseil d'administration pourra se réunir, il a dit «de
façon informelle»? Je ne sais pas ce que ça veut dire.
M. Johnson: On peut faire tout ce qu'on veut de façon
informelle, de toute façon.
M. Boisclair: Oui, c'est ça. On peut se réunir
alentour de...
M. Johnson: Mais on ne peut rien décider dans ce
temps-là.
M. Boisclair: C'est justement. Mais le directeur
général assistera, bien sûr, si je reprends la même
logique qui a sous-tendu l'argumentation sur les articles
précédents... Le directeur général a droit
d'être convoqué, donc il pourra faire valoir ce droit.
M. Johnson: Oui, pour décision. Une réunion d'un
conseil, ce n'est pas juste pour jaser. C'est pour prendre une décision,
au bout de la ligne. On doit, évidemment, à ce titre-là,
pour chaque réunion, convoquer le président-directeur
général. Je pousse le raisonnement à l'absurde, là:
si les administrateurs voulaient destituer le P.-D.G.. ils devraient le
convoquer à la réunion qui va le destituer. Audi alteram
partem.
M. Boisclair: C'est ça. Ça, je le conçois
très bien. J'avais raison de dire que le droit de nommer comprend le
droit de destituer et qu'à cet égard le conseil d'administration,
bien sûr, par un vote à la majorité, a droit, à un
vote à la majorité, de destituer le directeur
général. Ma compréhension est juste?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): On
lui demande de se retirer cinq minutes et ils font le vote. C'est de même
que ça marche.
Une voix: Oh non!
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est vrai. J'ai été P.-D.G., moi, je sais ce que c'est.
(Consultation)
M. Johnson: Ça n'ajoute rien à ce que j'ai dit,
mais ça enrichit ma connaissance, les raisons pour lesquelles je l'ai
dit.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Ha,
ha, ha! Je le sais mieux, pourquoi je l'ai dit.
M. Johnson: II y a des choses additionnelles, un souvenir...
À l'occasion de réunions, la question avait été
soulevée, la capacité du conseil de se réunir et d'avoir
des discussions en l'absence du président-directeur
général. C'est implicite. Par exemple, si on veut parler de ses
conditions de travail à l'occasion d'une réunion formelle, on le
convoque. On peut commencer à en parler, mais, quand on arrive pour
parler de la personne en cause, bien, on lui demande de se retirer, et on peut
validement, s'il se retire, continuer à agir. C'est ça qu'on m'a
rappelé, là. Donc, autrement dit, ce n'est pas parce qu'on a le
droit d'être convoqué qu'on a l'obligation de rester là si
on vous demande: Voudriez-vous quitter une seconde? On veut parler de votre
salaire. Dans le vrai monde, là, les gens se retirent, et ce n'est pas
l'absence du P.-D.G., à ce moment-là, qui fait que la
réunion est invalide, parce qu'il n'est pas là.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Ou
si on fait l'évaluation, par exemple...
M. Johnson: Bien oui, c'est ça.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...de son rendement, et tout ça, on lui demande de se retirer.
Mme Dupuis: Tout en étant très conscient que le
réel pouvoir est dans les mains du président-directeur
général.
M. Johnson: II faut être pratique, là.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Président du conseil d'administration.
M. Johnson: Oui.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est lui le vrai boss. C'est l'actionnaire.
Mme Dupuis: Adopté.
M. Johnson: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, l'article 8 est adopté. J'appelle l'article 9 qui se lit
comme suit: «Le président-directeur général n'est
pas membre du conseil d'administration. Il a cependant droit d'être
convoqué à une réunion du conseil, d'y assister et d'y
prendre la parole.»
C'est la même chose, ça. C'est une question de concordance.
Adopté. J'appelle l'article 10. «Le mandat des membres du conseil
d'administration, des personnes déléguées et du
président-directeur général est d'au plus cinq ans.
«À la fin de leur mandat, ils demeurent en fonction jusqu'à
ce qu'ils soient remplacés ou nommés de nouveau.»
(Consultation)
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): On
suspend quelques instants... (16 h 20)
M. Johnson: En relisant... Et c'est à ça que
ça sert, les commissions parlementaires. Evidemment, tout le monde
évoque des pistes, des questions, des doutes. On répond à
ça, on creuse davantage, comme autrement on ne peut pas le faire. On le
fait entre législateurs. Je viens de remarquer, en même temps que
vous sans doute, qu'à l'article 9 on parle du droit d'être
convoqué à une réunion du conseil. Ça m'a
frappé en le lisant dans le contexte de ce qu'on avait discuté
longuement à l'égard des personnes déléguées
qui, elles, avaient le droit d'être convoquées aux réunions
du conseil. Alors, par concordance, je pense bien qu'à l'article 9 il
faudrait parler d'amender dans le sens suivant: remplacer les mots
«à une réunion» par les mots «aux
réunions» - au pluriel.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Ça aurait pu être embêtant si c'était
resté là. C'est une coquille qui était très
embêtante. Alors, est-ce que l'amendement que propose le ministre
à l'article 9 est adopté?
M. Boisclair: Adopté. Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Adopté. Alors, l'article 9 est donc adopté tel
qu'amendé. Donc, l'article 10: «Le mandat des membres du conseil
d'administration, des personnes déléguées et du
président-directeur général est d'au plus cinq ans.
«À la fin de leur mandat, ils demeurent en fonction jusqu'à
ce qu'ils soient remplacés ou nommés de nouveau.»
Autrement dit, il n'y a pas de vide.
M. Boisclair: Oui. Il n'y a pas de vide.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mme
la députée de Verchères.
Mme Dupuis: Oui, M. le Président. Je n'ai rien contre les
cinq ans, mais, dans les faits, quand on voit que la Société est
formée pour cinq ans, ça veut dire que les personnes qui seront
nommées ou déléguées le seront pour la durée
de la vie de la Société.
M. Johnson: Au plus.
Mme Dupuis: Au plus? Ils ne peuvent pas l'être pour
plus...
Une voix: Pas nécessairement.
M. Johnson: Ils peuvent l'être pour moins.
Mme Dupuis: Oui, mais... La Société est
formée pour cinq ans, elle devrait être dissoute...
M. Johnson: Oui, mais les gens peuvent être nommés
pour deux ans, madame, ou un an, ou trois ans. Les membres du conseil sont
nommés pour un mandat...
Mme Dupuis: C'est ça. Là, ils sont nommés
pour...
M. Johnson: ...d'au plus cinq ans.
Mme Dupuis: Mais, là, «est d'au plus cinq
ans». Donc, est-ce que ça suppose que le conseil d'administration
peut les nommer pour deux ans, ou le ministre peut les nommer pour deux ans,
trois ans ou... Le mandat des membres du conseil d'administration et des
personnes déléguées est d'au plus cinq ans. Donc, ils
peuvent l'être pour moins, définitivement.
M. Johnson: À la fois.
Mme Dupuis: Ils ne peuvent pas l'être pour plus que cinq
ans...
M. Johnson: Non.
Mme Dupuis: ...parce que la Société se dissout
après cinq ans.
M. Johnson: Oui et non. Elle peut continuer au-delà de...
On verra tout à l'heure, à la fin, d'ailleurs, à l'article
44, que la Société pourrait être maintenue en vie
au-delà du 31 mars 1997 en raison de l'existence de crédits qui
ne sont pas encore engagés ou du suivi qui n'est pas encore
terminé, d'être assuré sur les sommes engagées.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mme
la députée de Verchères, oui.
Mme Dupuis: J'aurais quelques commentaires. «D'au plus cinq
ans», je trouve que c'est un peu long. Il me semble que le projet de loi
pourrait prévoir qu'on les nomme pour trois ans, quitte à
renouveler le mandat pour compléter après.
M. Johnson: Encore une fois, c'est une question de laisser un peu
de flexibilité dans le cas du directeur général. On pourra
parler du conseil tout à l'heure. Le conseil, je verrais peut-être
qu'en pratique, sujet à en discuter avec mes collègues... Ce qui
peut arriver souvent, là-dedans... Il y a neuf personnes, on pourrait en
nommer trois pour un an, trois pour deux ans et trois pour trois ans et,
ensuite, faire des renouvellements de deux ou trois ans, comme ça, en
rotation.
Mme Dupuis: Pour assurer une continuité.
M. Johnson: Oui, c'est ça. Alors, ça permet un peu
de flexibilité. Il y a toutes sortes de
façons d'assurer une rotation et, en même temps, une
certaine stabilité à un conseil d'administration. C'est ça
qu'on doit avoir à l'esprit. Quant au directeur général,
encore une fois, c'est de permettre à la Société, au
conseil d'administration qui va l'embaucher et qui fera la recommandation,
évidemment, quant a ses conditions de travail, au gouvernement, de
trouver quelqu'un avec, je dirais, l'assurance, plus on cherche quelqu'un
d'intéressant, de lui offrir pour le plus longtemps possible quelque
chose qu'il a vraiment le goût de faire. C'est plus facile de dire: On
vous recrute pour cinq ans, plutôt que de dire: Pour deux ans, et on
verra. Alors, vraiment, c'est une occasion pour le conseil d'aller chercher une
excellente personne. Et une des façons d'attirer les gens,
évidemment, c'est de leur garantir un mandat un peu longuet, plus que
deux ou trois ans. C'est comme pour les députés. Si on savait
qu'on était élus simplement pour 12 mois ou 15 mois...
Mme Dupuis: Oui, mais entre cinq ans et...
M. Johnson: ...on ne trouverait pas nécessairement les
meilleurs. Là, ils trouvent les meilleurs.
Mme Dupuis: Entre cinq ans et trois ans...
M. Johnson: Avec un mandat de quatre ans, on trouve les
meilleurs.
Mme Dupuis: Je comprendrais, par exemple, qu'un directeur
général peut, on peut dire qu'il peut être nommé
pour cinq ans, parce qu'on peut toujours le destituer après. Et, s'il ne
fonctionne pas, le conseil d'administration peut toujours le mettre dehors.
Mais cinq ans, je trouve ça long, alors que...
M. Johnson: Implicitement, là, pour cause, oui.
Mme Dupuis: ...ce n'est même pas le mandat d'un
député et d'un ministre. Je trouve ça un peu long, moi,
cinq ans.
M. Johnson: Cinq ans? Mme Dupuis: Oui.
M. Johnson: cinq ans, en principe, c'est notre terme
constitutionnel. on est élus pour cinq ans, en réalité.
mais, en pratique, c'est rarement ça.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Dans
l'entreprise, c'est ça. Quand tu veux un gars de valeur, en bas de cinq
ans, il ne viendra pas. Si tu laisses quelque chose de
rémunérateur pour t'en aller là puis que tu es là
pour deux ans, je veux dire, tu n'iras pas, tu vas rester où tu es. Tu
vas amener des chômeurs là, donc des gars de moins grande valeur,
forcément.
M. Boisclair: est-ce qu'ils peuvent être nommés plus
qu'une fois? est-ce qu'ils pourront être nommés plus qu'une fois?
par exemple, s'il y a un mandat... à nouveau...
M. Johnson: Je ne vois rien qui s'y oppose.
M. Boisclair: Lorsque vous êtes nommé à
nouveau, ça inclut le droit d'être renommé? Par exemple,
s'il y a un administrateur qui a un mandat d'un an, vous pouvez le renommer
plus d'une fois...
Une voix: II peut être reconduit, oui.
M. Boisclair: II peut être reconduit une deuxième
fois, une troisième fois.
M. Johnson: Je ne vois rien qui s'y oppose, M. le
Président.
M. Boisclair: «Soient remplacés ou nommés de
nouveau.»
M. Johnson: Le deuxième alinéa de l'article 10,
évidemment...
M. Boisclair: C'est ça, «de nouveau» comprend,
bien sûr, la possibilité, pour un administrateur, d'être
nommé à plusieurs... renommé à plusieurs
reprises.
M. Johnson: Oui.
M. Boisclair: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, l'article 10 est adopté. J'appelle l'article 11.
M. Johnson: J'ai un amendement, M. le Président, à
l'article 11.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui.
Alors, je vais lire l'article 11 et je lirai l'amendement par la suite.
M. Johnson: Si vous voulez.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
«Une vacance survenue avant l'expiration d'un mandat est
comblée en la manière prévue pour la nomination du membre
ou de la personne déléguée à remplacer.
«Constitue notamment une vacance, l'absence à un nombre de
réunions du conseil d'administration déterminé par les
règles de régie interne de la Société, dans les cas
et les circonstances qui y sont indiqués.»
Alors, la modification proposée par M. le
ministre dit ceci: Remplacer le premier alinéa par le suivant:
«11. Toute vacance qui survient en cours de mandat parmi les membres du
conseil d'administration ou parmi les membres qui y sont
délégués est comblée suivant les règles de
nomination prévues aux articles 3 et 4.»
Alors, c'est plus spécifique.
M. Johnson: Au lieu de simplement réitérer,
effectivement, de dire: «en la manière prévue pour la
nomination du membre ou de la personne déléguée à
remplacer», on se réfère carrément aux articles
où on indique comment ces gens-là le sont, nommés.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est ça.
M. Johnson: Alors, c'est plus simple.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Et
«constitue notamment une vacance...» Bon, c'est ça.
M. Johnson: C'est ça.
M. Boisclair: Le deuxième alinéa demeure, lui.
M. Johnson: Et le deuxième demeure.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, l'article nouveau se lirait comme ceci: «11. Toute vacance qui
survient en cours de mandat parmi les membres du conseil d'administration ou
parmi les personnes qui y sont déléguées est comblé
suivant les règles de nomination prévues aux articles 3 et 4.
«Constitue notamment une vacance, l'absence à un nombre de
réunions du conseil d'administration déterminé par les
règles de régie interne de la Société, dans les cas
et les circonstances qui y sont indiqués.»
Mme Dupuis: Est-ce que ça veut dire, M. le
Président, que, supposons que le conseil d'administration décide
que c'est après trois absences non motivées, ils vont appliquer
la règle ou si, comme d'habitude, il y a de la souplesse ou si, de fait,
ils se trouvent automatiquement dehors?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Ça, c'est les règles de régie...
M. Johnson: Constitue notamment une vacance, l'absence - à
trois reprises, de façon non motivée, pour reprendre l'exemple de
la députée - à une réunion du conseil ou à
des réunions du conseil... Est-ce que c'est automatique? Est-ce qu'il y
a une déchéance de la charge sous prétexte qu'on manque
trois ou quatre...
Une voix: C'est une règle de régie.
Des voix: C'est les règles de régie interne.
M. Johnson: C'est une règle de régie interne. Si la
règle de régie interne dit qu'après trois absences non
motivées c'est une vacance...
Mme Dupuis: Mais c'est parce que là, au moment
où...
M. Johnson: ...je présume qu'il y a vacance du poste et
qu'en conséquence on doit pouvoir...
Mme Dupuis: Le moment où le conseil...
M. Johnson: II faut le constater, à tout le moins. Il faut
que ce soit constaté.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Trois absences consécutives sans motivation suffisante, règle
générale, c'est comme ça qu'ils font...
M. Johnson: Oui, c'est ça.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...en régie...
M. Johnson: Oui.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...constituent automatiquement...
M. Johnson: on doit le constater, c'est ça, constater
qu'il y a une vacance. parce que m. ou mme unetelle, ça fait trois mois
de suite sans raison aucune...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
N'est pas venu aux réunions.
M. Johnson: ...ne se pointe pas au conseil d'administration.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Donc, ça veut dire qu'il n'a pas d'intérêt à
ça.
M. Johnson: Alors, on dit qu'il y a vacance et on suggère
au gouvernement, à ce moment-là, de nommer, en vertu des articles
3 ou 4, une personne pour le remplacer.
M. Boisclair: Deux questions très simples. La vacance
fait, bien sûr, référence aux personnes
déléguées et aux administrateurs.
M. Johnson: Absolument.
M. Boisclair: On ne prévoit pas...
Une voix: C'est le sens de l'amendement.
M. Boisclair: Oui, c'est ça. On ne prévoit pas une
vacance au poste de directeur général s'il...
M. Johnson: Qui n'est pas membre du conseil. (16 h 30)
M. Boisclair: C'est ça. Mais les
délégués non plus ne sont pas membres du conseil.
M. Johnson: Non, mais ces gens-là... M. Boisclair:
Si on prévoit...
M. Johnson: ...sont nommés par le gouvernement.
M. Boisclair: Oui. C'est ça, on dit...
M. Johnson: C'est pour ça qu'on prévoit ça
ici.
M. Boisclair: C'est ça. Je comprends très bien
qu'on fait référence aux articles 3 et 4 qui sont les deux
articles... En cas de vacance, on reprend le processus qui est prévu
à la loi, aux articles 3 et 4. Ce que je veux tout simplement savoir
à ce moment-ci, c'est, si le directeur général, pour une
raison ou une autre, quittait ses fonctions, n'y aurait-il pas lieu de
préciser que ça pourrait être un autre personnage que le
conseil d'administration qui pourrait nommer le directeur
général? À ce moment-ci, dans toute occasion, le conseil
d'administration gardera toujours le pouvoir de renommer le directeur
général.
M. Johnson: Quand le poste est vacant en raison de la
démission du directeur général, son incapacité
d'agir, au sens juridique à la rigueur...
M. Boisclair: Oui, mais si... Ce que je voulais tout simplement
savoir, c'est, si on prend la peine de le prévoir pour les membres du
conseil d'administration et les personnes qui sont
déléguées, qui ne sont pas membres du conseil
d'administration, je me demandais s'il n'était pas tout simplement aussi
pertinent...
M. Johnson: De prévoir.
M. Boisclair: ...de le reprendre pour le directeur
général. Si vous me dites que non, je me satisferai de cette
réponse, mais surtout...
M. Johnson: L'article - oui, c'est ça, c'est un
employé du conseil, de la Société, nommé par le
conseil - 8 fait obligation aux membres du conseil de nommer un
président de la Société qui est d'office directeur
général. Alors, dès le jour où il n'y en a pas, ils
sont tenus d'exercer les pouvoirs, à l'article 8.
M. Boisclair: D'accord. On ne prévoit pas la
fréquence des réunions, hein?
M. Johnson: C'est des règlements de régie
interne.
M. Boisclair: Ça devrait être au nombre d'au moins -
je ne sais pas, moi - trois ou quatre fois par année, le conseil
d'administration? Ça serait dans la régie interne.
M. Johnson: La Société doit faire rapport
annuellement, à tout le moins.
M. Boisclair: Oui.
M. Johnson: II y a des vérifications chaque année
et chaque fois que le décrète le gouvernement, par le
Vérificateur général, le cas échéant. Elle
doit, au plus tard le 30 septembre de chaque année, produire ses
états financiers. Alors, à tout le moins, c'est annuellement.
M. Boisclair: Non, c'est que je voulais tout simplement... Par
exemple, on retrouve souvent une dispostion à l'effet que les membres
qui constituent le quorum pourraient, par exemple, demander la convocation
d'une réunion du conseil d'administration. Ça sera dans la
régie interne?
M. Johnson: Ça, c'est des règles de
régie...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Moi,
j'aurais peut-être une question, M. le ministre, sur les règles de
régie. Est-ce qu'elles vont faire l'objet de publication dans la
Gazette officielle ou si ça reste interne à
l'entreprise?
M. Johnson: c'est la même chose que les règles de
régie interne des sociétés d'état. on ne les voit
pas. les membres du conseil les arrêtent.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): II y
a des sociétés d'État qui doivent...
M. Johnson: Oui.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...les déposer. Quand on fait un projet de loi, on est
obligés de les déposer. Comme en Santé et Services
sociaux, on est obligés de les déposer
M. Johnson: Oui, sans doute. Les établissements publics...
C'est des établissements, à ce moment-là.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Donc, la Société est très autonome, dans un sens.
(Consultation)
M. Johnson: On m'indique, là... On est dans les
détails, évidemment, de validité des actes du gouvernement
et de ses créatures. Si le gouvernement était saisi des
règlements de régie interne et qu'il avait à les
approuver, ça tomberait pratiquement sous la coupe de la Loi sur les
règlements et on les publierait. Or, on n'en est pas là. On parte
de l'aménagement des convocations pour un conseil d'administration, etc.
Ça n'a pas caractère de règlement du gouvernement, avec le
même caractère solennel qu'on reconnaît à ce
terme-là. On me souffle à l'oreille que, de façon
informelle, on verrait le secrétaire de la Société,
lorsqu'il rédige quelque chose, vérifier avec le Bureau des lois
ou avec le bureau du ministre responsable. Ça ne pourrait
peut-être pas faire l'objet d'un règlement ou d'une publication,
d'une approbation, compte tenu de sa matière. Alors, c'est difficile,
à l'avance, lorsqu'on parle de régie interne d'une
société autonome...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Très autonome, c'est ça.
M. Johnson: ...de commencer à prévoir que ses
règlements de régie interne devraient être
publiés.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Dans
un sens...
M. Johnson: II faut toujours se souvenir qu'il y a quand
même des délégués du bureau du ministre responsable,
du MICT et de l'Enseignement supérieur et de la Science qui sont
là toujours.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Moi,
je trouve ça rassurant, dans un sens, que les règles de
régie ne soient pas déposées, parce que ça suppose
l'autonomie de l'entreprise, donc pas une entreprise dirigée ou
contrôlée de façon directe par le gouvernement. Dans ce
sens-là...
M. Johnson: C'est ça. Plus efficace. Bien, plus efficace
en raison de... Il y a moins de délais d'approbation et de paliers
hiérarchiques à franchir, etc.
M. Boisclair: Cette société ne sera pas
assimilée, d'aucune façon, à une société
soumise à la Loi sur les compagnies? Entre autres, elle ne sera pas dans
l'obligation de produire un rapport annuel à l'Inspecteur
général et ce genre de choses là? Dans la Loi sur les
compagnies, il y a plusieurs dispositions qui font référence au
fonctionnement.
M. Johnson: C'est plutôt ici - autre distinc- tion
importante - une corporation au sens du Code civil, donc une personne morale et
non pas une société à capital-actions ou une
société commerciale.
M. Boisclair: Avec...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Qui,
elle, a l'obligation de rendre compte à ses actionnaires chaque
année.
M. Johnson: C'est ça.
M. Boisclair: Oui, mais il y a le chapitre...
M. Johnson: qui doit produire un rapport annuel et envoyer
ça à l'inspecteur général des institutions
financières, avec la liste des actionnaires, des membres du conseil,
toutes ces choses-là, ce qui n'est pas le cas là.
M. Boisclair: Elle ne sera pas plus soumise au chapitre 3 de la
Loi sur les compagnies?
M. Johnson: C'est-à-dire les sans but lucratif,
ça?
M. Boisclair: Oui. M. Johnson: Non.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Est-ce que ça peut générer des revenus?
M. Johnson: Oui, mais ça n'a pas de rapport, comme tel,
avec le statut.
M. Boisclair: Donc, d'aucune façon, cette
Société ne sera soumise aux dispositions prévues à
la Loi sur les compagnies, peu importe le chapitre qui pourrait s'appliquer,
entre autres le chapitre 3.
M. Johnson: C'est parce que ça n'en est pas une.
M. Boisclair: Créée en vertu du Code civil.
Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Adopté tel qu'amendé. L'amendement est d'abord adopté,
si je comprends bien, et l'article 11 est adopté tel qu'amendé.
J'appelle l'article 12. "Les membres du conseil d'administration ne sont pas
rémunérés sauf dans le cas, aux conditions et dans la
mesure que peut déterminer la Société. Ils ont cependant
droit au remboursement des dépenses faites dans l'exercice de leurs
fonctions, aux conditions et dans la mesure que détermine la
Société. «La rémunération et les
modalités de
remboursement des dépenses des membres du conseil
d'administration sont soumises à l'approbation du
gouvernement.»
M. Boisclair: Est-ce qu'on assimile des jetons de présence
à de la rémunération?
M. Johnson: Oui. C'est le principe général,
sauf...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Est-ce qu'on donne des points d'impôt?
M. Johnson: Est-ce qu'il y aurait des quoi? Pardon?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Au
lieu de donner une rémunération, on leur donne
l'équivalent de, puis la permission, par exemple, de soustraire tant
à leurs revenus d'impôt.
M. Johnson: Ah! ça, je ne connais pas.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Ah
oui! On donne des points d'impôt. (16 h 40)
M. Johnson: La rémunération, c'est tout ce qui est
touché comme considération monétaire pour...
M. Boisclair: II y a eu de longs débats,
là-dessus... Il y a eu...
M. Johnson: ...l'exercice de ces activités-là.
Alors, le principe général, c'est qu'il n'y a pas de
rémunération, aucune, sauf si la Société le
détermine autrement. Alors, ça, c'est le bloc 1. Bloc 2, ils ont
droit au remboursement des dépenses faites dans l'exercice de leurs
fonctions, selon ce que détermine la Société. J'ajoute que
la rémunération, le cas échéant, et les
modalités de remboursement sont soumises à l'approbation du
gouvernement. Donc, là aussi, il y a quand même le contrôle
de tous ces aspects-là.
M. Boisclair: Je veux tout simplement attirer l'attention du
ministre. Dans d'autres commissions, on avait cru bon de le souligner. Ce n'est
pas un jeton de présence, mais on avait déterminé, les
légistes avaient déterminé qu'il y avait une distinction
entre, par exemple, ce qu'on pourrait assimiler à un jeton de
présence et une rémunération, et que
rémunération n'incluait pas ce type de dédommagement. Je
pense que c'est «rémunération» et
«dédommagement» qu'on avait inclus. C'était
«dédommagement» qu'on avait ajouté comme
amendement.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
«Modalités de remboursement».
M. Boisclair: Les modalités, c'est les dépenses.
Ça n'a rien à voir avec la rémunération. Je veux
juste attirer l'attention du ministre sur cette question.
M. Johnson: Sur la question qu'il y a une distinction entre le
jeton de présence et la rémunération?
M. Boisclair: Qu'on ne l'avait pas assimilé à de la
rémunération.
M. Johnson: Le mot «rémunération» ne
vise pas la seule réalité qu'est un jeton de présence. On
se comprend?
M. Boisclair: Je comprends très bien, mais elle
l'inclut...
M. Johnson: Le feton de présence, ça s'adonne que
c'est de la rémunération.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui,
oui. Ça, c'est clair.
M. Johnson: C'est des formes de rémunération,
évidemment. Alors, le général comprend le particulier.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Le
plus comprend le moins. Mme la députée de Verchères.
Mme Dupuis: le ministre est sûrement au courant que... dans
l'ensemble, dans les sociétés d'état, est-ce que les
membres du conseil d'administration sont rémunérés ou ne
le sont pas, règle générale? il y a sûrement une
constante au niveau... c'est une société d'état,
finalement.
M. Johnson: Règle générale, dans le secteur
public, la règle, depuis février 1986, c'est qu'il n'y a pas de
rémunération. Point. Le principe a été
aménagé pour certaines commissions, organismes, etc., où,
au-delà du remboursement des dépenses auquel tout le monde a
droit, on reconnaît que des gens sont nommés compte tenu de leur
expertise, presque comme conseil expert auprès de l'organisme, et que,
là, on les rémunère au taux habituel, entre guillemets, ou
gouvernemental, pour ces travaux-là. Il y a quelques cas comme
ça, quelques organismes consultatifs, par exemple...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est une façon de payer des honoraires à des gens qui...
M. Johnson: Oui, mais ce sont des gens à qui on demande de
contribuer de leur temps...
Le Président (M. Bélanger,
Laval-des-
Rapides): C'est ça.
M. Johnson: ...presque comme conseil expert et non pas comme
bénévole. On a besoin de leurs lumières,
spécifiquement. C'est pour ça qu'on les embauche et qu'on les
fait siéger. Alors, il serait un peu exagéré de dire: Bon,
eh bien, on ne vous paie pas. Évidemment, ils n'accepteront pas. Ils ont
autre chose à faire dans la vie. On leur demande de venir apporter leur
éclairage à ce titre-là. Mais là, ici, on verra ce
que la Société veut retenir, et ça devra être
approuvé par le gouvernement, de toute façon, si la
Société désire rémunérer les membres du
conseil.
Mme Dupuis: Le point de vue du ministre - parce qu'il peut
toujours donner son point de vue aussi puisqu'il nomme les personnes, que les
personnes sont nommées par le ministre - est-ce que vous prévoyez
que ce soit plutôt une action de consultants ou plutôt comme les
autres sociétés d'État où ils ne sont pas
rémunérés? Quel rôle vous leur voyez jouer à
l'intérieur de... Si je veux poser la question d'une façon plus
claire, plus simple et plus précise...
M. Johnson: Non, écoutez, il y a des gens dont je sais...
Disons, on a demandé à toutes sortes d'organismes de nous
suggérer des noms de personnes, et personne n'est revenu en nous disant:
Bien, ça dépend s'ils sont payés, ou: Les gens se sont
demandé s'ils seraient payés. Alors, on est tombé dans un
filon où les gens veulent vraiment contribuer au niveau de la
Société. Ils ne s'attendent pas à être
rémunérés. On verra, au point de vue pratique, pour
assurer la présence des gens sur lesquels on compte beaucoup, ce qui va
arriver. On verra si la Société évolue dans son opinion de
ces choses-là ou sa vision de ces choses-là. Mais le point de
départ, le principe général, c'est qu'il n'y a pas de
rémunération. Autrement dit, on met le fardeau sur la
Société de démontrer que c'est nécessaire.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, est-ce que l'article 12 est adopté?
Une voix: Oui.
M. Johnson: Merci.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Adopté. J'appelle l'article 13. «Le quorum aux réunions
du conseil d'administration est de la majorité de ses membres, dont le
président ou le vice-président.»
Alors, ça prend au moins le président ou le
vice-président.
M. Johnson: C'est comme ici, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
oui. ici, le quorum est déterminé par règlement. le
quorum, ici, c'est 5 membres, alors qu'on est 15 dans la commission. donc,
c'est un tiers.
M. Johnson: On n'a pas besoin de président.
Êtes-vous en train de nous dire qu'on n'a pas besoin de
président?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui,
mais on peut prendre un président dans la salle, un remplaçant
dans la salle. Nos règlements sont plus souples.
M. Johnson: C'est vrai. Nous sommes tous
remplaçâmes.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est ça. Il n'y a pas d'irremplaçables ici. C'est pour
ça, c'est l'obligation de performer. Alors, c'est adopté.
J'appelle l'article 15.
Une voix: Article 14.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Article 14. «Les décisions du conseil d'administration sont
prises à la majorité des voix exprimées par les membres
présents. «En cas de partage, la personne qui préside la
réunion a voix prépondérante.»
Si ça arrive à égalité, c'est le
président ou le vice-président qui a
prépondérance.
Alors, adopté.
Mme Dupuis: J'aurais une question à poser ici.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
vous en prie.
Mme Dupuis: «Les décisions du conseil
d'administration sont prises à la majorité des voix
exprimées par les membres présents.» Supposons qu'on a
uniquement quorum et que la décision est prise par la majorité,
ça veut dire que la décision finale, en bout de ligne...
M. Johnson: Elle peut être prise par trois personnes sur
neuf.
Mme Dupuis: ...elle peut être prise par trois personnes sur
neuf.
M. Johnson: Comme ici. C'est 3 sur 15 ici.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Vous
savez, madame, que, dans un syndicat, moi, j'avais 1200 employés, et
ça prenait 25 personnes à la réunion syndicale pour avoir
quorum. Donc, 13 personnes pouvaient mettre 1200 personnes en grève.
C'était la règle.
M. Johnson: Je n'ose pas demander si c'est déjà
arrivé.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): On y
voyait. Ha, ha, ha!
Mme Dupuis: M. le Président, vous conviendrez que, s'il y
avait lacune, parce que vous semblez le citer comme étant vraiment une
lacune, une encoche un petit peu à la démocratie... «La
majorité des voix exprimées par les membres
présents», s'ils ont uniquement quorum, ça veut dire,
effectivement, que trois personnes peuvent décider pour les neuf autres,
et, là, il n'y a plus de majorité. Il faudrait, je pense,
prévoir qu'il y ait majorité, que les décisions ne se
prennent pas au moment où il y a uniquement un quorum et, après
ça, la majorité du quorum...
M. Johnson: Les «absteneux» aussi, ceux qui
s'abstiennent...
Mme Dupuis: C'est tout de même des fonds de l'État
à distribuer. Moi, je pense qu'il y aurait lieu là de
prévoir que, en toutes circonstances, il y ait une majorité du
conseil, ou qu'il reporte les votes.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Dans
le règlement interne, ils peuvent fixer leur quorum plus haut. Je veux
dire que ça peut être plus qu'un tiers. C'est leur
règlement de régie interne qui va définir ça.
Mme Dupuis: Je ne pense pas, parce qu'ici c'était clair.
À l'article 14, sur ce point-là, ils n'ont pas de marge de
manoeuvre.
M. Johnson: À 13 et 14, dans la loi, ils ne pourraient pas
déroger à ça, pas moins que ça, en tout cas.
À la rigueur, le règlement de régie interne pourrait
être plus exigeant que l'article 13.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est ça. Il ne peut pas aller en bas, mais il peut aller plus
haut.
M. Johnson: II pourrait exiger que le quorum soit de six
personnes sur neuf, au lieu de cinq...
Mme Dupuis: Là, on parle de sommes importantes
M. Johnson: ...dont le président et le
vice-président. On pourrait toujours dire ça,
théoriquement. Ça pourrait être plus
sévère.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Adopté.
Mme Dupuis: Sur division.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Article 15. «Les membres du conseil d'administration, le
président-directeur général et les personnes
déléguées peuvent, si tous y consentent, participer
à une réunion à l'aide de moyens leur permettant de
communiquer oralement entre eux, notamment par téléphone. Les
participants sont alors réputés avoir assisté à la
réunion.»
Une conférence téléphonique, par exemple.
M. Boisclair: Je comprends qu'ils puissent le faire, mais
quelqu'un pourrait plaider que ça fait partie de la régie
interne. Qu'est-ce qui fait partie de la régie interne, qu'est-ce qui
n'en fait pas? Je suis d'accord avec le fait qu'on retrouve souvent ça,
ce genre de dispositions, dans les règles de fonctionnement de plusieurs
conseils d'administration. Il faudrait, à un moment donné, faire
tirer le trait, finalement, qui va distinguer ce qui fait partie de la
régie interne ou pas.
M. Johnson: La régie interne, je dirais que c'est tout ce
qui a trait au déroulement, à la forme plutôt qu'au fond
des discussions.
M. Boisclair: Ça, c'est pas mal de la forme, 15.
M. Johnson: C'est ça. C'est de la régie interne. Je
dirais que ça doit prévoir...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Vous
voulez dire ça dans le sens que ça serait redondant d'adopter cet
article-là? (16 h 50)
M. Boisclair: Souvent on s'est fait dire: Ça sera dans la
régie interne. Le législateur a cru bon d'inclure cet article
dans la loi.
M. Johnson: C'est de la forme. C'est de la régie interne,
sauf que, du point de vue juridique, on ne prend pas de chances. Il y a de la
jurisprudence qui laisse planer le doute qu'une corporation aurait le droit de
remplacer la réunion. Dans la Loi sur les compagnies, c'est
marqué qu'on peut le faire. Longtemps - je me souviens, j'ai
déjà pratiqué - avant qu'on change la Loi sur les
sociétés commerciales canadiennes, etc., la Loi sur les
compagnies, ça ne prévoyait pas que le téléphone
existait et qu'on pouvait avoir des conférences
téléphoniques. Il y a beaucoup d'entreprises qui faisaient
adopter non seulement un règlement à la régie interne,
mais un règlement à l'entreprise, adopté par les
actionnaires, pour être bien sûres qu'elles avaient le droit de se
réunir par téléphone. On a réglé ça.
C'est dans les lois constitutives au titre des corporations commerciales, des
sociétés commerciales.
Là, on a affaire à une entité qui est une
corporation de droit civil. Alors, il y a lieu de prévoir dans la loi,
en raison de la jurisprudence
qui mettait en doute la capacité de se réunir par
téléphone, que ce pouvoir existe, qu'ils peuvent formellement se
réunir, à condition de pouvoir communiquer oralement entre eux,
notamment par téléphone. Notamment par téléphone.
Vous voyez le «notamment» à cause du «video
conferencing» et de choses comme ça qui existent.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Est-ce qu'on aura le droit de voter par fax? Non?
M. Johnson: Pourquoi pas?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Ça me vient à l'idée tout à coup. Alors,
adopté?
M. Boisclair: D'accord. Adopté.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
J'appelle donc l'article 16. «Un document n'engage la
Société que s'il est signé par le président du
conseil ou par la personne autorisée à le faire par
règlement de la Société, dans les cas qui y sont
déterminés.»
M. Johnson: C'est le règlement sur la
délégation de signature habituel.
M. Boisclair: alors, le président pourra
déléguer un certain nombre de ses attributions et de ses
responsabilités en ce qui a trait à la signature de
documents?
M. Johnson: C'est ça. Comme on le fait ici même.
M. Boisclair: C'est ça. Ça dépendra, je
présume, des montants impliqués et de choses semblables.
Adopté.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, l'article 16 est adopté. J'appelle l'article 17. «Les
procès-verbaux des réunions du conseil d'administration
approuvés par celui-ci et certifiés par le président du
conseil ou par toute autre personne autorisée à le faire par
règlement de la Société sont authentiques. Il en est de
même des documents ou des copies émanant de la
Société ou faisant partie de ses archives lorsqu'ils sont ainsi
certifiés.»
Sur cet article 17, M. le ministre, ou M. le sous-ministre, je ne sais
pas, ça m'apparaît standard. Pourquoi le précise-t-on dans
la loi?
M. Johnson: On parle de l'article 16, là?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
L'article 17. Les procès-verbaux des réunions... C'est un
vote? Alors, si vous permettez, on va suspendre le temps du vote et on
reviendra.
(Suspension de la séance à 16 h 54)
(Reprise à 17 h 9)
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Le
vote étant fait, j'espère que chacun a voté tôt et
souvent, comme disait M. Duplessis. M. Duplessis avait l'habitude de dire:
Votez tôt et votez souvent. Alors, nous étions rendus à
l'article 17, qui n'était pas encore adopté. C'est ça.
Alors, sur l'article 17, y a-t-il d'autres interventions?
M. Boisclair: Pas à ce moment-ci, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Bien. Alors, est-ce que l'article 17 est adopté?
Des voix: Adopté. (17 h 10)
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Adopté. J'appelle donc l'article 18. «Un membre du conseil
d'administration qui a un intérêt direct ou indirect dans une
entreprise mettant en conflit son intérêt personnel et celui de la
Société doit, sous peine de déchéance de ses
fonctions, dénoncer son intérêt et se retirer de la
réunion pour la durée des délibérations et pour la
prise de décision portant sur toute question relative à
l'entreprise dans laquelle il a un tel intérêt. «Lorsque le
président et le vice-président du conseil d'administration
doivent se retirer de la réunion, les autres membres du conseil
désignent parmi eux une personne pour agir à titre de
président.»
M. Boisclair: M. le Président, je pense qu'il y a lieu
d'accorder une attention toute particulière à cet article. Je
pense que nos débats de cet avant-midi à la période de
questions nous ont bien montré jusqu'à quel point ce sont des
situations qui peuvent se produire et qui, par la même occasion,
entachent la réputation de l'organisme ou de la Société.
La première question que je voudrais adresser au ministre à ce
moment-ci, c'est: Est-ce qu'il y a une obligation qui sera faite de
déclarer un certain nombre d'intérêts pour qu'il y ait un
certain contrôle qui puisse s'effectuer ou si on laisse l'obligation de
se retirer au seul jugement de l'administrateur qui s'estimerait lui-même
dans un conflit d'intérêts?
M. Johnson: La règle qui est prévue, c'est celle,
je dirais, de l'obligation qui incombe de se comporter d'une façon
donnée si on a un intérêt. Ça ne porte pas sur la
divulgation préala-
ble - préalable s'entendant au début de l'année -
de tous les intérêts qu'on peut détenir à droite ou
à gauche. Quand même, ce n'est pas assimilable à être
membre du Conseil des ministres ou député à
l'Assemblée nationale. Je ne crois pas que ça existe, cette
divulgation préalable... Est-ce qu'on peut concevoir qu'il y a des
sociétés où, dès la nomination, on doit divulguer
son portefeuille? Le Fonds de solidarité, peut-être. Je l'ignore.
Peut-être même pas, je n'en sais rien. Je ne me souviens pas
d'avoir vu ça autrement que dans les directives du premier ministre
adressées aux membres de l'Exécutif.
Mme Marois: Est-ce que les administrateurs d'État n'ont
pas obligation même de ne pas être actifs, à cet
égard-là?
M. Johnson: Les administrateurs d'État?
Mme Marois: Oui. C'est-à-dire les classes...
M. Johnson: Les sous-ministres?
Mme Marois: Les sous-ministres, voilà. C'est ça.
C'est une question que je pose parce qu'il me semble que j'avais
déjà vu ça. L'autre question que je voudrais poser, par la
même occasion, M. le Président, c'est: Est-ce que c'est conforme
à ce qu'on retrouve dans les autres lois qui concernent des organismes
semblables?
M. Johnson: Oui. Qu'il s'agisse, par exemple, de la Loi sur les
caisses d'épargne et de crédit, la loi sur Inter-Port, la
Société de promotion économique du Québec
métropolitain, c'est-à-dire le nouveau nom. Enfin, c'est le
nouveau nom depuis 1987, 1988... 1988. L'article 20 de la Loi sur la
Société de promotion économique du Québec
métropolitain parlait des conflits d'intérêts; à la
SDI, probablement...
M. Boisclair: Oui, mais, à la SDI, on s'est aperçu
que ça n'a pas marché. Je ne veux pas reprendre un débat
sur lequel le ministre a peu de contrôle, mais je pense que nos
débats de cet avant-midi nous ont démontré jusqu'à
quel point il y a des problèmes sur l'application d'une règle
semblable à celle-là, particulièrement à la SDI
où il y a un administrateur qui s'est placé en flagrant conflit
d'intérêts. Je comprends qu'il aura lui-même à
assumer les conséquences de ce geste-là. Cependant, par un
comportement irrespectueux des lois et des règlements, il est venu
entacher toute la réputation de la Société. Moi, je
voudrais, d'une part, tout simplement m'assurer que... Peut-être que
l'obligation de divulgation est un peu forte, mais la situation... Je pense
qu'il faudrait accorder un peu plus d'attention à cette
possibilité-là, puisque le ministre lui-même nous dit qu'il
va choisir des gens qui ont un profil... Ces gens-là vont venir de
l'entreprise et vont, bien sûr, à un moment ou l'autre, avoir des
intérêts.
Une voix: C'est ça.
M. Boisclair: C'est pour ça que je voudrais qu'on soit
peut-être un peu plus attentifs et qu'on adopte... La situation n'est
peut-être pas la même avec la Société Inter-Port. Les
exemples qu'on nous a donnés sont des exemples où les conflits
d'intérêts ne se reproduisent pas avec...
M. Johnson: Je dirais que toute la notion de conflit
d'intérêts qui amènerait la divulgation préalable
s'expliquerait si ces gens-là étaient impliqués dans
toutes sortes de choses et avaient un rôle tellement important dans la
Société que chaque geste risquerait de donner lieu à un
conflit d'intérêts, d'où le fait, par exemple, que ce sont
les membres non seulement du Conseil exécutif, mais, par directive, les
membres de nos cabinets politiques qui doivent tenir à jour une liste de
leurs intérêts, quels qu'ils soient, pour être bien
sûr que personne, nulle part, ni de près, ni de loin, n'a un
intérêt dans les choses qu'on décide.
Souvent, collectivement, on touche à toutes sortes de choses
qu'on ne peut pas prévoir aujourd'hui. Ce n'est pas le cas ici. C'est
relativement circonscrit, Programme d'aide financière à des
entreprises du domaine de l'innovation technologique. On peut passer des
années à avoir un portefeuille remarquablement diversifié
et ne jamais voir un projet qui, de près ou de loin, représente
une occasion de conflit d'intérêts. L'inverse est vrai. On peut
être un petit investisseur quelque part, puis le premier gros projet qui
arrive, c'est de la société dans laquelle on a 10 actions.
Là aussi, c'est une question de fait. Alors, il ne nous est pas apparu
qu'il devait y avoir divulgation préalable de tous les
intérêts de ces gens-là. Ce n'est vraiment pas assimilable
à ce qu'on...
M. Boisclair: Est-ce qu'il y aurait des dispositions
pénales qui, dans d'autres lois, seraient...
M. Johnson: Excusez-moi.
M. Boisclair: Est-ce qu'il y a des dispositions pénales
qui, dans d'autres sociétés semblables à celle-là,
seraient associées à une infraction à l'article 18 ou
à son équivalent dans d'autres lois?
M. Johnson: Déchéance, non. La sanction, c'est
évidemment la déchéance de la charge et c'est une autre
paire de manches de savoir si, au titre du droit criminel...
M. Boisclair: II pourrait y avoir une enquête, par exemple,
de la Sûreté du Québec?
Mme Marois: La seule sanction, c'est la
déchéance.
M. Johnson: S'il y avait fraude ou collusion, là, c'est
une autre paire de manches. Ça ne serait pas en vertu de la loi de
quelque façon que ce soit. On tomberait dans le droit criminel,
là.
M. Boisclair: C'est ça.
M. Johnson: Ce n'est pas le cas ici. Là, c'est des
règles d'éthique, évidemment, qui sont
édictées, je dirais.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est un problème de philosophie, pas un problème de
droit.
M. Johnson: Oui, conflit d'intérêts, c'est une
notion d'éthique.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
L'éthique, c'est la philosophie.
M. Boisclair: On sait comment ça plaît à la
famille.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mais
l'éthique... Comme M. le ministre disait «off the record»,
ce n'est pas criminel d'être en conflit d'intérêts, mais
c'est un problème d'éthique majeur. Ce n'est pas criminel.
Mme Marois: C'est-à-dire que ça peut être
criminel si tu t'en sers à tes fins. Ça peut le devenir.
M. Johnson: Oui, oui.
Mme Marois: Mais si simplement le gars dit...
M. Johnson: Oui, qu'on cache son conflit...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Mais, à ce moment-là, ça donnerait lieu à des
poursuites.
M. Johnson: C'est parce qu'il y a un conflit
d'intérêts que ça colorerait les décisions, etc. Il
y a un point, en preuve ou en droit, où ça devient pratiquement
de la fraude, là, je présume...
M. Boisclair: Parfait.
M. Johnson: ...où ça devient un bien mal
acquis.
Mme Marois: Oui.
Le Président (M. Bélanger,
Laval-des-
Rapides): Alors, sur 18, d'autres interventions?
M. Boisclair: On verra à l'usure, et on sera
vigilants.
M. Johnson: À l'usage.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Donc, est-ce que l'article 18 est adopté?
M. Boisclair: À l'usage.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Est-ce que l'article 18 est adopté?
M. Johnson: Adopté. M. Boisclair:
Adopté.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Adopté. J'appelle l'article 19. «Le président-directeur
général ne peut, sous peine de déchéance de ses
fonctions, avoir un intérêt direct ou indirect dans une entreprise
qui met en conflit son intérêt personnel et celui de la
Société. Toutefois, cette déchéance n'a pas lieu si
cet intérêt lui échoit par succession ou par donation,
pourvu qu'il y renonce ou en dispose avec diligence. «Un membre du
personnel de la Socitété qui a un intérêt direct ou
indirect dans une entreprise mettant en conflit son intérêt
personnel et celui de la Société doit, sous peine de
déchéance de ses fonctions, dénoncer par écrit son
intérêt au président du conseil
d'administration.»
M. Johnson: II y a une distinction importante ici, M. le
Président, avec l'article précédent où on voit que
le président-directeur général, qui est une personne qui
exerce à temps plein, ne peut avoir un intérêt, alors que,
dans le cas des membres du conseil d'administration, si un cas se
présente, ils doivent le dénoncer, se retirer et ne pas
participer à la décision. Le président-directeur
général, lui, évidemment - c'est lui qui opère la
Société - il n'a pas à voter ou ne pas voter, là,
il a à agir constamment, d'où le fait qu'il ne peut avoir un
intérêt.
M. Boisclair: J'ai juste une question. On dit, pour un membre du
personnel qui a un intérêt direct ou indirect, qu'il doit, sous
peine de déchéance de ses fonctions, dénoncer par
écrit son intérêt au président du conseil
d'administration. Est-ce que c'est ce genre de document qui devra être
déposé à un moment donné dans des registres
particuliers, déposé... De quelle façon l'employé
sera-t-il réputé avoir fait part de cette dénonciation?
(17 h 20)
M. Johnson: On parle des membres du conseil?
M. Boisclair: Les membres du personnel. M. Johnson: Les membres
du personnel.
M. Boisclair: Oui, vous dites: «sous peine de
déchéance de ses fonctions...
M. Johnson: Deuxième paragraphe, oui.
M. Boisclair: ...dénoncer par écrit son
intérêt au président du conseil d'administration.»
Est-ce qu'il sera réputé l'avoir fait au moment où il aura
envoyé une lettre? Est-ce que les administrateurs ne devraient pas
être informés?
M. Johnson: oui. on est dans la forme, là. il me semble
que c'est le champ des règles de régie interne ici qui va
spécifier la forme, le délai, la transmission.
M. Boisclair: Oui.
M. Johnson: II m'apparaît.
M. Boisclair: Est-ce que ce seront toujours des documents qui
pourront être accessibles en vertu de la loi d'accès à
l'information? Je voudrais être bien sûr que ce genre de documents
seraient des documents qui appartiennent à l'organisme et non pas au
président.
M. Johnson: Ce n'est pas un renseignement de nature publique de
savoir si la secrétaire du vice-président d'Innovatech a un
conjoint qui a des actions dans une entreprise qui pourrait être
bénéficiaire. Si le président du conseil d'administration
et peut-être le conseil savent ça, parce que ça leur a
été dénoncé par écrit, je ne vois pas que
c'est... Ce n'est pas évident que c'est du domaine public, enfin. Ce
n'est pas évident que c'est du domaine public. On pousse ça loin,
il me semble. La protection des renseignements personnels demeure l'objectif
recherché par ces lois-là. En même temps, on doit avoir
accès à ce que les pouvoirs publics décident, à ce
qui nous affecte. Mais là...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): II
faut faire attention pour ne pas s'imposer des contraintes trop
sévères qui vont faire en sorte qu'on ne sera plus capable de
recruter personne. À toute éventualité, sur l'article 19,
y a-t-il d'autres interventions? Est-ce que l'article 19 est adopté?
Mme Marois: Juste une question sur...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Oui.
Mme Marois: Je m'excuse. À moins que j'aie manqué
des éléments au débat, comment on définit
«indirect» dans «qui a un intérêt direct ou
indirect»? J'imagine que ça doit...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Indirect, par son épouse.
Mme Marois: Ce serait par une...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Par
filiation.
Mme Marois: ...filiation, son intérêt indirect?
Est-ce que c'est ça que ça couvre? Je veux savoir ce que
ça veut dire «indirect», dans le cas présent.
M. Johnson:...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est bien ça. Donc, ça répond à votre
question?
Mme Marois: Non, ça n'a pas répondu. On ne m'a
pas...
M. Johnson: Non, je n'ai pas encore répondu, alors
ça m'aurait étonné.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Excusez-moi.
Mme Marois: C'est parce que le président a fait une
tentative d'interprétation. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Non,
non. J'ai donné la réponse que je connais.
M. Johnson: Je m'inspire de la section V sur les conflits
d'intérêts et la confidentialité, dans la Loi sur la
Société de développement industriel du Québec. Il y
a beaucoup d'amendements qui ont été introduits en 1985, par
exemple, sur les conflits d'intérêts, la divulgation des
renseignements confidentiels. On faisait appel ici à la notion
d'entreprise liée à un des fonctionnaires ou employés de
la SDI. La Société ne peut pas faire d'opérations
financières avec ces entreprises. Alors, aux fins de la loi, sont des
personnes liées: des particuliers unis par le lien du sang, du mariage
ou de l'adoption; être membre d'une société, au sens du
Code civil, là.
Mme Marois: «Direct», on peut le comprendre, c'est la
personne qui a des parts ou qui est propriétaire, peu importe.
«Indirect», ce serait essentiellement les liens de type familial ou
plus généralement de filiation.
M. Johnson: on peut avoir des actions dans une
société. on peut contrôler un certain nombre de droits de
vote d'une société commerciale, capital-actions.
Mme Marois: Moi, c'est sur le «indirect», c'est
tout.
M. Johnson: Ça, c'est le «indirect». C'est
très large, évidemment. «Direct», on le comprend;
«indirect»... Sans faire référence à la notion
de personne liée, le terme «indirect» n'est pas si large que
ça.
(Consultation)
M. Johnson: Évidemment, lorsqu'on parle de
société et d'intérêt dans une société
ou une entreprise, la notion d'indirect a trait à la détention,
en général, de capital-actions ou de droit de vote. À
preuve, dans l'article 39 de la Loi sur la SDI, on distingue la personne
liée de la dépendance directe ou indirecte. Par exemple, on parle
d'une compagnie et d'une personne qui ferait partie d'un groupe de personnes
liées, comme on le disait tout à l'heure, ayant cette compagnie
sous leur dépendance directe ou indirecte. Donc, une compagnie n'est pas
parente. Il n'y a pas de lien de filiation ou de mariage entre une entreprise
et une personne, évidemment. C'est une question de fait à chaque
fois, évidemment.
Mme Marois: C'est juste qu'il faut savoir sur quels faits on va
se baser. C'est la seule chose, hein?
M. Johnson: Oui, toutes choses étant égales, c'est
la même notion - il doit y avoir de la jurisprudence, dans la pratique -
ça ressemble à s'y méprendre, l'article 19, a l'article
39.1 de la Loi sur la SDI où le président ne peut avoir
intérêt direct ou indirect, sous peine de déchéance
de sa charge, dans une entreprise qui met en conflit son intérêt
personnel et celui de la SDI. Ça y ressemble beaucoup.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Autrement dit, le plus comprend le moins. Ça fait qu'on en a mis
plus pour être sûr de l'attraper s'il fait quelque chose de pas
correct.
M. Johnson: Oui, oui.
Mme Marois: On ne sait pas plus le champ que ça couvre,
mais ça va.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, l'article 19, de façon directe ou indirecte, est-ce qu'il est
adopté? Adopté? Adopté. J'appelle l'article 20. «Les
membres du conseil d'administration ne peuvent être poursuivis en justice
en raison d'actes officiels accomplis de bonne foi dans l'exercice de leurs
fonctions.»
M. Johnson: C'est habituel, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Bien. Est-ce qu'il y a des commentaires là-dessus, des
questions?
M. Boisclair: C'est ce qu'on retrouve...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est standard, oui. Alors, l'article 20 est adopté. J'appelle
l'article 21, qui se lit comme suit: «Le secrétaire et les autres
membres du personnel de la Société sont nommés et
rémunérés selon les normes, les barèmes et le plan
d'effectifs établis par règlement de la Société. Ce
règlement est soumis à l'approbation du gouvernement.»
Autrement dit, on ne peut pas le payer 1 000 000 $ par année plus
participation aux bénéfices.
M. Johnson: Sauf si le gouvernement est d'accord.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Marois: Par règlement, il pourrait le
reconnaître.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
«Why not»? On est généreux ou on ne l'est
pas.
M. Johnson: Ce n'est pas prévu, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Vous
ne voulez pas avoir des bons candidats. C'est ça?
Mme Marois: Moi, j'en suis toujours à la question: Est-ce
que c'est ce qui prévaut aussi dans des sociétés
similaires ou dans des organisations similaires? À quelle autre
pourrait-on penser où on procède exactement de cette
façon-là? Des fois, on fait référence aux
règlements ou aux normes établis pour les administrateurs
d'État ou pour d'autres groupes.
M. Johnson: La distinction de base est toujours la même,
là. Ce sont des gens, ici, le secrétaire et autres membres du
personnel, qui sont nommés par la Société et non par le
gouvernement. Alors, dans cet univers-là, la Société se
dotera du règlement, on pourrait dire, sur la classification des
emplois, les barèmes, la rémunération, etc., mais ce sera,
de toute façon, soumis à l'approbation du gouvernement.
M. Boisclair: Quels sont les...
M. Johnson: Moi, ce que j'indique tout de suite, là, c'est
que ça ne pourra pas s'écarter substantiellement, dans le sens de
la nature des
choses, là, de ce qu'on peut envisager dans des
sociétés gouvernementales semblables. Ça demeure des fonds
publics. Est-ce que le mandat plus limité, la vitesse à laquelle
on veut agir, l'expertise des gens qu'on recherche ne nous inviteront pas
plutôt à tenir compte du fait que, pour cette période de
temps là - ce n'est pas de façon permanente, là - ces
gens-là vont avoir des emplois? Par définition même,
là, c'est pour une période limitée dans le temps. Il n'est
pas évident qu'on doive, s'il s'agit d'une espèce de mandat ad
hoc qu'on donne à des gens, se coller parfaitement aux conventions
collectives du secteur public pour rémunérer ces gens-là.
Alors, il y a de la souplesse, là, qui est permise ici. On me signale
que l'AQVÏR avait un régime semblable en cette matière. (17
h 30)
M. Boisclair: Qu'est-ce que le ministre entend... À quel
genre de référence le ministre pense lorsqu'il aura à
adopter ce plan des effectifs? Est-ce qu'il voit quelque chose ou... Tout
à l'heure, on a parlé de la possibilité pour la
Société, par exemple, de conclure une entente avec un
ministère ou un organisme, finalement, pour pouvoir
bénéficier de l'expertise, d'un certain nombre d'informations et
de ressources. Mais est-ce qu'il est dans la vision du ministre de penser qu'un
jour cette Société puisse elle-même développer cette
propre expertise et une autonomie encore plus grande à l'égard
des ministères et organismes?
Bien sûr, on y reviendra tout à l'heure lorsque viendra le
temps de discuter de la mission de l'organisme, mais, à ce moment-ci, je
ne vois pas, dans la mission, des éléments qui pourraient faire
de cette Société un bassin important qui pourrait faire, entre
autres, de la diffusion sur son expertise et, finalement, pas pour la revendre,
mais en tout cas en faire profiter d'autres organismes ou ministères.
Alors, le plan d'effectifs, ça sera quoi, dans l'esprit du ministre?
Casera...
M. Johnson: Sans avoir...
M. Boisclair: Ça serait 50 personnes, ça
serait...
M. Johnson: ...moi-même... Non. J'espère que non,
là.
M. Boisclair: Bien, c'est justement, là...
M. Johnson: Sans avoir dirigé une entreprise qui examine
des projets d'innovation technologique pour fins d'aide financière, on
peut déjà présumer qu'on a un conseil d'administration
formé de gens qui sont capables d'identifier un projet
intéressant, suite à une analyse des éléments
essentiels de ce projet-là par des gens qui, ayant tâté de
l'innovation technologique, sont capables d'apprécier ces
choses-là.
Au secrétariat du Fonds de développement technologique, il
y a comme très peu de personnes, très peu, quelques personnes. On
ne parle pas de douzaines, même, on ne parle pas de 50; on parle de
quelques personnes, 3, 4, 5, qui s'en réfèrent à un
comité qui apprécie justement le caractère mobilisateur,
etc., le niveau de développement technologique du projet. Ici, c'est le
conseil d'administration qui joue ce rôle de comité aviseur - je
pense que c'est le nom précis, à l'égard du FDT, de
l'espèce de jury qui existe.
Alors, c'est très léger à sa face même, puis
ça permet à ces gens-là de savoir où est
l'expertise dans le gouvernement, également, pour aller chercher des
avis, de l'éclairage additionnel. Alors, je serais bien mal venu, avant
même que le conseil d'administration soit nommé, que le P-D.G.
soit choisi, de suggérer le plan d'effectifs. Mais on va leur indiquer
qu'à notre sens c'est un gabarit fort léger.
Ça prend des généralistes pour apprécier les
projets d'innovation technologique. Ça ne prend pas des
spécialistes, parce qu'ils ne verront pas la forêt à cause
des arbres, en général. Ça prend des gens qui ont
l'habitude de voir la forêt, à mon sens, pour apprécier le
caractère innovateur d'un projet, quelqu'un qui sait où se
renseigner, quelqu'un qui connaît ce réseau-là, qui est
capable d'aller voir quelle est la science, le degré scientifique du
projet.
M. Boisclair: Est-ce que, au niveau du processus de dotation, ils
seront complètement indépendants? Par exemple, pour pouvoir
embaucher, je présume que vous aurez à définir, à
la recommandation, comme vous nous l'avez expliqué tout à
l'heure, un certain nombre de balises quant au budget consacré aux
crédits, consacré au fonctionnement. Comment s'effectuera le
processus d'embauché?
M. Johnson: Par le conseil ou le P.-D.G., dans le fond.
M. Boisclair: Ah! il est complètement indépendant
à cet égard?
M. Johnson: Oui. M. Boisclair: Parfait.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, est-ce que, sur l'article 21, il y a d'autres interventions?
M. Boisclair: Non. Adopté.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Adopté. L'article 21 est adopté. J'appelle l'article 22 qui
se lit comme ceci: «La Société peut, par règlement,
déterminer l'exercice de ses pouvoirs et les autres aspects
de sa régie interne. Elle peut constituer un comité
exécutif.»
M. Boisclair: C'est conforme à ce qu'on a... Ça va.
Adopté.
Mission et pouvoirs
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Adopté. J'appelle l'article 23, dans le chapitre II, sur les
missions et pouvoirs. «La Société a pour mission de
promouvoir et de soutenir les initiatives propres à relever la
capacité d'innovation technologique sur le territoire du Grand
Montréal et à améliorer ainsi la
compétitivité et la croissance économique du
Québec.»
Alors, M. le ministre, vous avez sûrement quelques explications
à nous donner sur la compétitivité.
M. Johnson: M. le Président, je vous invite à lire
les pages 34 à 39 du plan de relance du Grand Montréal, de
même que la partie portant sur le diagnostic, soit les pages 8 à
21.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): je
lirai ça attentivement avant de m'endormir ce soir, m. le ministre. mme
la députée de taillon.
M. Johnson: Ça vous endormira.
Mme Marois: Moi, je l'ai déjà lu. Je l'ai
déjà lu, M. le Président. Moi, ce que je voudrais que le
ministre puisse me dire, c'est, si on regardait la mission du Fonds de
développement technologique, si on regardait la mission de la SDI avec
son volet intégré qui est l'AQVIR, si on regardait la mission du
ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, comment on
départagerait les missions respectives de chacune des organisations que
je mentionne et quelle distinction on ferait par rapport à la mission
que l'on confie à la Société Innovatech versus ce qui se
fait sur le territoire dans les mêmes champs d'activité ou dans
des champs d'activité similaires, ou par des autorités qui ont
des pouvoirs «qui ressemblent» à ceux qu'on accorde à
la Société - je dis bien «qui ressemblent» - tout en
n'étant pas exactement similaires.
M. Johnson: Premièrement, le territoire, on n'y reviendra
pas. Alors, une capacité d'intervention sur un territoire donné
ou à condition qu'un des acteurs d'un projet - je dirais un acteur
principal - que le projet, devrions-nous dire, se déroule principalement
dans la région du Grand Montréal.
Deuxièmement, ce sont les entreprises, dans d'autres cas, dans
les autres cas que la députée a mentionnés, qui sont les
bénéficiaires de l'aide gouvernementale, alors qu'ici il n'est
pas exclu que ce soit un institut de recherche, que ce soit une faculté,
que ce soit une école polytechnique comme telle.
Troisièmement, pour continuer sur ma lancée, il est
envisagé que, avec tous les pouvoirs au titre de l'aide
financière qui peuvent être octroyés quant à la
forme qui pourrait être épousée par la
Société, on peut anticiper que ce sera des subventions
plutôt que du prêt participatif, par exemple.
Quatrièmement, contrairement au Fonds de développement
technologique, le projet n'a pas à être, entre guillemets,
mobilisateur et à regrouper, donc, un ensemble de participants au
programme ou au projet qui correspond à l'objectif premier que
recherchait le Fonds de développement technologique, c'est-à-dire
d'assurer la synergie enseignement supérieur, entreprise au
Québec, au titre de la recherche et du développement
technologique. (17 h 40)
Je pense que ça fait quatre. C'est quatre différences que
je trouve assez importantes, dans le fond, que je soulève ici: le
territoire, le bénéficiaire, la forme de l'aide et le
caractère du projet. On pourrait ajouter la cinquième qui, dans
le fond, assure la complémentarité de l'action d'Innovatech avec
tout ce qui se fait par ailleurs. On dit souvent, au titre notamment de la
recherche et du développement technologique, on indique qu'lnnovatech
agit en amont ou en aval de ce qui est autrement disponible au titre des
crédits d'impôt à la recherche et au développement.
Alors, il y a des éléments dans des projets qui sont admissibles
aux aménagements et allégements fiscaux. Il y en a qui ne le sont
pas. Là, on regarderait le projet de façon globale, et les
éléments qui ne sont pas autrement subventionnâmes le
seraient.
Mme Marois: Une des raisons qui est mentionnée par le
ministre viendrait expliquer que ce n'est pas le ministre de l'Industrie et du
Commerce qui a la responsabilité du projet, compte tenu que, depuis un
long moment, il répète à qui veut l'entendre que la SDI a
pris un virage et ne subventionne plus maintenant les entreprises et, donc, a
fait le bon choix. Alors, ça expliquerait peut-être...
M. Johnson: Sauf dans l'est de Montréal.
Mme Marois: Oui. Ça expliquerait peut-être que le
ministre n'est pas le premier responsable de la loi qui est devant nous.
Je reviens sur la question du territoire. Une entreprise, une
institution, une organisation qui serait à Québec, qui voudrait
avoir accès à une gamme aussi large et aussi vaste que lui offre
la Société Innovatech, elle ne pourrait pas le faire. Cette
organisation, cette institution ou ces chercheurs ne pourraient pas avoir
accès d'aucu-
ne façon à ce fonds-là. À ce
moment-là, si vous aviez un conseil à donner à des gens
qui seraient dans une circonstance semblable, est-ce que vous leur diriez: Ils
finiront par se trouver quelque chose ailleurs? Vous voyez un peu le sens de ma
question. C'est: Est-ce qu'lnnovatech est tellement différente - par
rapport à ce que vous venez de me dire, je suis bien consciente, mais il
y en a où ce sont des différences à la marge - que
quelqu'un qui aurait un projet particulier ne pourrait pas le voir couvert par
une autre institution ailleurs au Québec, compte tenu qu'il n'est pas du
territoire du Grand Montréal?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Vous
voulez dire qu'il va y avoir des jaloux?
Mme Marois: Non, je ne la pose pas comme ça, M. le
Président. Je la pose en termes de mission institutionnelle. Je pense
que le ministre comprend bien ce que je lui pose comme question.
M. Johnson: C'est plus large, là, ce qu'on visait. On
voulait faire quelque chose de spécial pour Montréal, s'assurer
qu'on couvrait un plus large champ, que le caractère innovateur d'un
projet devait être retenu et qu'on se libère des contraintes qui,
autrement, dans les programmes normes, font en sorte que des
éléments d'un projet ne sont pas subventionnables. On voulait
faire quelque chose de spécial pour les projets dont le centre de
gravité est à Montréal. Ça n'exclut pas un
partenariat. Il peut y avoir un projet qui implique beaucoup de gens - on
l'expliquait ce matin - y compris, ce n'est pas exclu, des gens bien en dehors
de la région. Mais toute l'idée, c'est justement d'avoir une
formule plus flexible, plus généreuse, entre guillemets, que ce
qui existe actuellement.
Mme Marois: Est-ce que le ministre me dit...
M. Johnson: Parce qu'on reconnaît les problèmes
particuliers qu'il y a de relancer l'économie dans la région de
Montréal.
Mme Marois: Non, ça, je pense qu'on est bien conscient de
ça, tout le monde.
M. Johnson: C'est ça.
Mme Marois: Le ministre me dit, dans le fond, qu'une entreprise
d'une autre région que celle qui est couverte par Innovatech pourrait,
à toutes fins pratiques, s'associer avec des chercheurs d'une
institution universitaire ou d'une institution collégiale, et qui serait
sur le territoire du Grand Montréal, et venir par ce biais...
M. Johnson: Bien, par ce biais... Enfin, il y aurait quelque
chose à Montréal, de toute façon. Question
d'appréciation.
Mme Marois: II faudrait qu'il y ait une retombée, de toute
façon.
M. Johnson: II ne faut pas que ce soit un maquillage. On va se
fier que les gens du conseil d'administration comprennent leur mission et que
ce n'est pas sous prétexte qu'il y a un chercheur dans un cégep
à Laval qui est impliqué dans un projet qui lie des gens du
Nord-Ouest, de Québec et de la Gaspésie que ça va
être subventionnable. Il faut appeler les choses par leur nom. J'ai vu
des tentatives semblables dans le FDT, incidemment...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Supposons qu'il y ait un projet qui touche...
M. Johnson: ...de s'inventer un bras, un aspect enseignement
supérieur qui n'en était pas vraiment un.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
S'ils ont des projets qui touchent, mettons, le développement de la
fibre optique, puisqu'on sait que l'institut d'optique de Québec, ici,
est le leader là-dedans, comment ils agiraient, selon vous?
M. Johnson: Je dirais que ça prendrait.. Quand je parle
d'un projet - on me demande la question et c'est la première fois que
j'y réponds de cette façon-là - dont le centre de
gravité est quelque part dans la région du Grand Montréal,
dont les retombées premières et l'activité première
s'y déroulent, il me semble que c'est ça, le test, là. Il
me semble que c'est ça, le test, et qu'en conséquence c'est une
question d'appréciation, à partir de ce moment-là. Il peut
y avoir très facilement... Il y a des entreprises actives dans le monde
de la fibre optique... Dans la région de Montréal, c'est
évident, Télécom me vient à l'esprit dès le
départ, et l'institut est à Québec.
Alors, à quel moment est-ce qu'un partenariat des gens un peu
partout sur le territoire du Québec est équivalent à un
projet dont le centre de gravité est dans la région de
Montréal? C'est une question d'appréciation.
M. Boisclair: Est-ce que le ministre peut nous assurer que cette
préoccupation qu'il nous fait valoir va être prise dans les
règles qui vont guider les administrateurs dans l'admissibilité
des projets? Je fais référence à l'article 25.
M. Johnson: Oui. Le règlement doit être
approuvé par le gouvernement. Alors...
M. Boisclair: C'est ça. Vous devez l'approuver? Est-ce que
c'est ce genre de préoccupation que vous...
M. Johnson: Oui, à moins qu'on me démontre que ce
n'est pas comme ça que ça devrait marcher. Enfin, j'ai l'esprit
ouvert. Mais la façon dont on a conçu le plan stratégique,
ça visait à faire une différence sur le territoire du
Grand Montréal et, en conséquence, on n'est pas pour consacrer
300 000 000 $ à faire une différence ailleurs, par
définition.
M. Boisclair: Non, mais c'est justement...
M. Johnson: Alors, tout est dans... l'objectif est très
clair.
M. Boisclair: Mais c'est ce genre de préoccupations
là que vous allez...
M. Johnson: Oui.
M. Boisclair: ...qui seront véhiculées dans les
règlements dont on fait mention à l'article 25? Juste pour
continuer sur cette lancée, est-ce que, à votre avis, il y aurait
lieu d'établir des distinctions quant au type de promoteurs? On a
reçu des représentations, entre autres, à l'effet que les
municipalités s'interrogeaient sur la possibilité
qu'elles-mêmes puissent soumettre des projets à la
Société Innovatech.
M. Johnson: Je n'y vois pas de problème.
M. Boisclair: II n'y a aucun problème. Alors, en d'autres
mots, n'importe quel...
M. Johnson: D'ailleurs, la disposition qui permet une
dérogation à la loi sur...
Mme Marois: Les subventions municipales.
M. Johnson: ...les subventions municipales.
Mme Marois: L'article 33.
M. Johnson: ...Loi sur l'interdiction de subventions municipales,
l'article 33 vise justement à permettre aux municipalités de
participer financièrement à un projet sans que ça soit
pour autant jugé comme étant une subvention, ce qu'elles n'ont
pas le droit d'octroyer. Alors, c'est précisément dans ce
sens-là. C'est ça qu'on a prévu.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Ma
question peut sembler drôle, M. le ministre, mais ça existe entre
les grandes sociétés. Est-ce qu'il peut y avoir un traité,
pas un traité, mais des ententes de non-maraudage avec la région
de Québec, par exemple, où il peut y avoir des gens très,
très forts dans des domaines, et venir les chercher à
Québec, pirater les autres sociétés? Ça se fait
entre les firmes d'ingénieurs. Pas le droit de pirater les
ingénieurs.
M. Johnson: Oui. Ou comme Laval fait avec ville Saint-Laurent,
par exemple.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui.
Excepté pour la pharmacie. Ça... Ha, ha, ha!
Mme Marois: II y a des secteurs protégés. Ha, ha,
ha!
M. Johnson: Des espèces protégées.
Mme Marois: C'est-à-dire où on le permet, et on ne
le permet pas ailleurs.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mais
faire en sorte qu'on ne videra pas la ville de Québec ou la
région de Québec pour organiser la région de
Montréal. Ne pas en déshabiller un pour... Ça ne se met
pas dans la loi, ça, mais est-ce qu'il doit y avoir un genre de code
d'éthique à ce niveau-là? Parce que ça existe entre
les sociétés d'ingénierie, par exemple.
M. Johnson: Oui. Écoutez, les
délégués du ministre responsable du MEQ, de l'Enseignement
supérieur et de la Science sont là, je dirais, plutôt pour
assurer la cohérence de l'action gouvernementale. Alors, ce n'est pas en
appauvrissant Paul qu'on enrichit Pierre et inversement. C'est augmenter la
capacité du milieu montréalais à concurrencer sur la
scène internationale dans l'intérêt du Québec.
Alors, là aussi... Oui, mais écoutez, on ne peut pas
empêcher un coeur d'aimer. Si une entreprise - on ne parle pas
d'Innovatech, là - embauche des sommités qui, aujourd'hui, sont
à l'Université Laval, à l'Université du
Québec à Rimouski ou où que ce soit, on ne peut pas
empêcher ça non plus. Mais de là à... Ce qu'on nous
demande, c'est, implicitement: Est-ce qu'on va endurer ça ou
l'encourager, dans le fond? L'endurer, on est obligé. L'encourager, ce
n'est pas une bonne idée, non, effectivement.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): O.K.
Alors, ça nous éloignait de l'article 23. Sur l'article 23 comme
tel, est-ce qu'il y a encore des interventions? (17 h 50)
M. Boisclair: Bien, peut-être souligner juste un
élément, si vous me permettez, qui a fait l'objet de plusieurs
remarques au niveau des remarques préliminaires, avant d'aborder
l'étude article par article. J'aimerais peut-être qu'à ce
moment-ci le ministre puisse préciser: Qu'en est-
il de ce double mandat de la Société de se pencher
à la fois sur les problèmes de qualification professionnelle et
du développement et de la mise à jour de nos infrastructures?
Le plan de relance, tel que déposé au mois de
décembre, y faisait spécifiquement référence. On
retrouve un certain nombre d'éléments dans la mission qui
étaient, bien sûr, dans le plan de relance, entre autres la
mission première qui est de renforcer le processus d'innovation. Mais,
dans la présentation, dans la façon dont le projet avait
été conçu, on faisait spécifiquement
référence à la qualification professionnelle des
ressources humaines et au renforcement des infrastructures publiques.
Est-ce que, dans l'esprit du ministre, cette vocation en est toujours
une qui animera les administrateurs d'Innovatech et qui sera un
élément, par exemple, qui amènera le ministre à
réfléchir et à poser des gestes, lorsque viendra le temps
d'élaborer les règlements sur les critères
d'admissibilité? De quelle façon ces deux préoccupations
vont s'articuler au sein d'Innovatech, compte tenu du mandat qu'on lui donne
à l'article 23?
M. Johnson: Je vous réfère - et c'est de ça
qu'on parle ici, évidemment - à la page 35...
M. Boisclair: C'est ça, oui.
M. Johnson: ...no 1, l'objectif général. Il y a
peut-être un malentendu sur ce qu'on voulait recouvrir par qualification
professionnelle. Ça visait la capacité, par exemple, de soutenir
le renforcement d'une équipe dans un centre de recherche, d'embaucher
des sommités. Améliorer les infrastructures publiques, ça
voulait surtout dire, dans le contexte, permettre à une école ou
à un institut de recherche de se doter des équipements à
la fine pointe de la technologie dont elle peut avoir besoin. C'est toujours,
toujours dans le cadre de hausser la capacité d'innovation
technologique.
Alors, qu'est-ce que ça veut dire, ça, dans ce
contexte-là, couvrir la qualification professionnelle des ressources
humaines? Ce n'est pas un plan de formation de la main-d'oeuvre dans une
entreprise. Il y a d'autres volets qui s'occupent de ça. C'est de
regarder, justement, de hausser la qualité générale de nos
ressources humaines dans les secteurs où se déroulent des
activités d'innovation technologique. La même chose est vraie pour
l'infrastructure. Ce n'est pas de construire une route ou quoi que ce soit.
C'est de hausser la capacité d'innovation technologique du Grand
Montréal. Il faut toujours le lire à travers cette
lorgnette-là, cette lunette-là.
M. Boisclair: Dans le processus d'innovation, il y a
différents partenaires qui sont, bien sûr, associés.
M. Johnson: Oui, c'est ça.
M. Boisclair: Je comprends très bien qu'il faille se
limiter, dans nos perspectives, dans l'analyse, à cette
préoccupation qui est celle de l'amélioration du processus
d'innovation. Mais, dans ce processus, il y a différents partenaires qui
sont impliqués dont, bien sûr, la main-d'oeuvre. Il y a aussi les
ressources techniques, les infrastructures, le capital, et ainsi de suite. Mais
il ne serait pas, par exemple, impossible de penser qu'lnnovatech puisse, dans
son quotidien, octroyer des crédits ou d'une façon quelconque
s'associer à une participation à un projet, plutôt, qui
viserait, entre autres, dans un ensemble, dans une démarche plus
globale, à consacrer des énergies au relèvement de la
qualification professionnelle des gens dans une entreprise ou à
s'adjoindre du personnel compétent, des chercheurs pour venir faire de
la formation.
Mme Marois: Dans la foulée de ce que dit mon
collègue, M. le Président, si mon collègue me le permet,
dans le document sur le redressement du Grand Montréal, en fait,
ça va très loin à l'égard de la formation
professionnelle. Parce que, bon, on l'établit, au départ, en
mentionnant qu'il faut renforcer les composantes du processus d'innovation,
mais, dans les objectifs - et, là, c'est Innovatech, carrément,
ce n'est pas les grands principes généraux - dans Innovatech
proprement dit, aux pages 35 et 36, on voit qu'au quatrième
élément on dit: «L'organisme agit en
complémentarité avec les programmes et les mesures
gouvernementaux existants», et on voit que, à la page 36, il y a
même des exigences qui devraient être posées aux projets
concernés.
Tout de suite, à la page 36 du document de base, on dit:
«...les projets admissibles à l'appui financier de l'organisme
devront remplir obligatoirement les trois exigences de base suivantes:
comporter une des activités qui agissent directement sur la
vitalité du processus d'innovation, à savoir la formation
professionnelle et la recherche, le transfert, la diffusion [...] la mise en
valeur économique des résultats.» Bon. On reprend dans la
mission, ici, qui est là: promouvoir et soutenir les initiatives sur la
capacité d'innovation technologique, améliorer la
compétitivité et la croissance économique. Est-ce qu'il
n'aurait pas été pertinent de mettre aussi: améliorer ou
intervenir pour relever le niveau de formation professionnelle au niveau des
ressources humaines? Je ne le sais pas. Parce que ça se retrouve
très clairement dit dans le document d'orientation.
M. Johnson: tout simplement vous rappeler que la
société décrira et adoptera, ce qui sera approuvé
par le gouvernement, les critères d'admissibilité. ce qu'on dit
ici, ce qu'on signale tout de suite, c'est que. dans les critères
d'ad-
missibilité, on devrait retrouver ça.
Mme Marois: Quelles sont les exigences que...
M. Johnson: Oui, c'est là. C'est à ce
moment-là.
Mme Marois: Dès maintenant, vous pouvez nous dire:
Ça sera là.
M. Johnson: Évidemment, je suis d'accord avec vous, c'est
dans ce document-là, ce n'est pas ici, mais je vous signale que, quand
même, ça a été approuvé par le gouvernement
du Québec. Ce n'est pas juste un discours. C'est un plan d'action, c'est
des engagements avec des suggestions extrêmement précises. Alors,
à tout le moins, les règles d'admissibilité des projets
devront comporter ces trois éléments-là.
M. Boisclair: Est-ce que c'est... Dans ce souci de transparence,
est-ce que ces critères seront connus, largement publiés?
M. Johnson: Oui.
M. Boisclair: C'est le genre de documents qui seront...
M. Johnson: Dans la Gazette officielle, dans ce cas, parce
qu'il s'agit, je dirais, des normes d'un programme, au sens...
M. Boisclair: D'accord. Alors, ce sera un règlement soumis
à la Loi sur les règlements...
M. Johnson: ...juridique du terme.
M. Boisclair: ...prépublication, et ainsi de suite.
M. Johnson: C'est les critères selon lesquels on peut
octroyer des subventions. Dans le fond, c'est littéralement des
règlements d'ordre financier qui seront publiés dans la
Gazette officielle du Québec.
M. Boisclair: D'accord, pour ce stade-ci, oui.
M. Johnson: Ça va.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Donc, sur l'article 23, d'autres interventions? Est-ce que l'article 23 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
adopté. j'appelle l'article 24. «pour la réalisation de
sa mission, la société peut notamment, dans le cadre des
orientations gouvernementales: «1e susciter, accueillir et
évaluer les initiatives susceptibles de renforcer la capacité
d'innovation technologique sur le territoire du Grand Montréal;
«2° associer à ces initiatives des partenaires du secteur
privé et du secteur public et favoriser la concertation entre eux;
«3° participer financièrement à la réalisation
de ces initiatives; «4e favoriser la participation
financière de particuliers, de sociétés et de personnes
morales à ces initiatives; «5° sensibiliser la population du
Grand Montréal à l'importance des initiatives qu'elle soutient,
en l'informant des réalisations qu'elles rendent possibles;
«6° conseiller le ministre sur les politiques et stratégies
relatives à l'innovation technologique sur le territoire du Grand
Montréal et lui proposer les moyens de les mettre en oeuvre.»
Sur l'article 24, des interventions? Je présume que oui.
M. Boisclair: M. le ministre. Nous en avons. La liste est longue,
mais est-ce que le ministre a...
M. Johnson: Écoutez, c'est l'ensemble des
éléments que comporte une mission comme celle qu'on a
décrite un peu plus haut. Donc, on précise comment, pour donner
suite à cette mission, à cette responsabilité, la
Société pourra faire certaines choses et certaines autres choses.
Au coeur de ça, moi, j'aime bien voir 3°, évidemment, quant
à la participation financière pour réaliser des
initiatives, et 4°, «favoriser la participation financière de
particuliers, de sociétés et de personnes morales à ces
initiatives», ce qui est, je dirais, ce qui découle du 2°. qui
est un mandat d'associer les partenaires et de favoriser la concertation entre
ces partenaires.
M. Boisclair: Est-ce que le ministre avait terminé? M. le
Président, quant au sixième alinéa, on dit que la
Société pourra conseiller le ministre sur des politiques et
stratégies relatives à l'innovation technologique. Est-ce que le
ministre, par exemple, entrevoit la possibilité de demander des avis,
par exemple, à la Société, semblables aux avis qu'on
demande, par exemple, à certains conseils consultatifs? Est-ce qu'il
sera du mandat de la Société Innovatech, par exemple, de faire un
bilan, un peu comme le Conseil de la recherche scientifique en fait sur
différents territoires? Est-ce que c'est ce genre... Est-ce qu'il est
pensable de croire qu'il y a un certain nombre de publications
régulières... (18 heures)
M. Johnson: Oui. Aux articles 38, 39 et 40, on verra que le plan
de développement, les propositions et prévisions
budgétaires, de même
que le rapport d'activité... M. Boisclair: Oui.
M. Johnson: ...devront être soumis dans ce sens-là.
Alors, on pourrait avoir, à partir de cela, le bilan à partir
duquel pourraient se dégager des pistes qui amèneraient, d'une
part, la Société à aviser le ministre, à
suggérer des pistes qu'on doit explorer dans la région du Grand
Montréal pour faire avancer cette capacité d'innovation
technologique et, a contrario ou en corollaire, permettre au ministre
responsable, sur la foi du rapport et du bilan, d'initier des activités
ou des programmes et d'en saisir la Société. Alors, encore
là, la question est de rester toujours assez près de ces
gens-là et de leurs préoccupations.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
alors, messieurs, dames, c'est très intéressant, mais, compte
tenu de l'heure, je me dois de...
Une voix: ...consentement pour aller à 20 heures, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Ah!
si personne ne veut manger... Vous payez le lunch? Alors, compte tenu de
l'heure, la commission ajourne ses travaux sine die en ce qui concerne cette
loi. Mais n'oubliez pas, nous siégeons ce soir sur la loi 185 à
20 heures. Alors, sur ce, bon appétit. Sustentez-vous très
bien!
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 5)
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
prierais chacun de bien vouloir prendre sa place. S'il vous plaît. Alors,
merci. Nous allons ce soir, la commission de l'économie et du travail,
procéder à l'étude du projet de loi 185,
c'est-à-dire la Loi modifiant la Loi sur les relations de travail, la
formation professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de
la construction.
Alors, M. le secrétaire - excusez, j'allais vous appeler madame -
est-ce qu'il y a des remplacements, ce soir?
Le Secrétaire: Non, aucun remplacement.
Projet de loi 185
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Aucun remplacement. Bien. Alors, donc, sur le projet de loi, M. le
ministre, est-ce que vous avez des remarques préliminaires? Je
présume que oui.
Remarques préliminaires (suite) M. Normand
Cherry
M. Cherry: Bien, bien simples, là, M. le Président.
D'abord, profiter des quelques minutes pour saluer les membres de cette
commission, puis vous me permettez, M. le Président, de vous
présenter ceux qui m'accompagnent: M. Pierre Gabrièle, qui est
sous-ministre; M. Jacques Henri, qui est sous-ministre adjoint, responsable en
particulier du dossier de la construction; M. Jean Larivière, qui est le
secrétaire du ministère, et, bien sûr, MM. André
Rochon et Pierre Tarte, de la direction des affaires juridiques; personnel du
cabinet, chez nous, la responsable attachée de presse, Mme Josiane
Hébert, et mon directeur de cabinet, Louis-André Cadieux. Bof! Je
pense bien qu'on pourrait procéder immédiatement, je pense,
depuis le temps qu'on est sur ce dossier-là. On pourrait commencer
avec...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Aucun problème, M. le ministre. Alors, si je me rappelle bien, nous
avions fait une séance sur ce projet de loi là? Je me
rappelle...
Une voix: Deux séances.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Deux
séances, je pense, hein?
M. Cherry: On a fait une séance en décembre et deux
en février...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est ça.
M. Cherry: ...en commission parlementaire pour étudier;
trois jours, oui.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est ça. On avait commencé l'étude
détaillée les 10 et 11 décembre...
M. Cherry: C'est ça.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...qu'on me rappelle.
M. Cherry: Oui. Il y a...
Mme Blackburn: Non. M. le Président...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est ce que mon secrétaire dit. C'est ce qui est enregistré.
Pour moi, là, c'est sacré, à moins que vous ayez des
preuves du contraire.
M. Cherry: On a fait des consultations excusez, des
consultations.
Mme Blackburn: On a fait des consultations.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, le 13 novembre, il y avait la présentation du projet de loi.
L'adoption du principe a été le 27 novembre. En décembre,
consultations particulières sur la loi 186. Ensuite, les 18, 19 et 20
février, il y a eu des consultations générales et
étude détaillée le 10 décembre, le 11
décembre et le 15 juin. Bien, ça, c'est aujourd'hui. Là,
ça résume la situation.
Mme Blackburn: L'étude détaillée,
c'était sur 186. Vous me dites sur 185?
M. Cherry: 185, on commence aujourd'hui, hein?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): 186,
oui. Oui.
Mme Blackburn: Bien oui, il me semble. C'est 186, l'étude
détaillée.
M. Cherry: Oui.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui.
Ceci étant dit, donc, est-ce qu'il y a des remarques
préliminaires quand même, M. le ministre, pour remettre la
rondelle au jeu. ou si vous considérez que c'est fait et qu'on peut
procéder?
M. Cherry: J'ai déposé, j'ai remis copie des
amendements, M. le Président, à notre collègue, la
députée de Chicoutimi. Parmi ces amendements-là, bien
sûr, il y en a quatre, c'est des changements de date, parce que par
rapport à la date où on devait procéder et à la
date de maintenant; vous en avez trois qui sont de la concordance avec 186,
parce qu'on sait qu'on a traité les deux ensemble, puis il y en a un que
c'est pour changer les numéros. Donc, ça fait quelques
amendements.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Une
renumérotation du projet de loi.
M. Cherry: Renumérotation. C'est ça.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Ça, c'est une motion à la fin. Il n'y a pas de
problème.
M. Cherry: C'est ça. Bien sûr. Alors, ça
consiste à ça, si vous voulez, le gros des quelques
amendements.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Bien. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui.
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le député de Laviolette.
M. Jolivet: Je ne veux pas être insulté, mais ma
collègue, c'est ma collègue et moi, c'est moi. Ma collègue
reçoit les amendements. Comment ça se fait que je n'en ai pas eu,
moi? Je suis membre de la commission.
M. Cherry: On va les déposer, puis avec grand plaisir, on
va vous en remettre une copie.
M. Jolivet: Non, mais parce que c'est important. Est-ce que c'est
un dépôt officiel ou c'est un dépôt...
Dépôt des amendements
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Non,
non. Ça va être un dépôt officiel. Dans quelques
instants, on va arriver à ça. À moins qu'on procède
tout de suite au dépôt des amendements, M. le ministre.
M. Cherry: Madame a des remarques préliminaires? (20 h
10)
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: M. le Président, M. le ministre, mesdames,
messieurs, bonsoir. D'abord, je me réjouis que le ministre ait
décidé de déposer ses amendements avant qu'on commence
l'étude du projet de loi article par article. C'est la seule
façon de fonctionner de façon un peu efficace, je pense. Je suis
heureuse que, dans ce cas, ici, il ait décidé de le faire.
Peut-être avant d'aborder le fond, j'aimerais rappeler les
principales recommandations des organismes qui ont été entendus
à l'occasion des consultations particulières, parce qu'il me
semble que ça devrait à la fois éclairer nos prises de
position, mais aussi un peu nous remémorer les principales positions qui
ont été prises à cette occasion.
Je pense qu'il faut se rappeler des organismes qui étaient
carrément contre le resserrement de la définition d'entrepreneur
autonome. C'était particulièrement les corporations des
tuyauteurs et des électriciens. Il y avait également l'APCHQ,
quoiqu'il y ait eu des variantes dans l'APCHQ. Pour les autres, qu'il s'agisse
de l'AECQ, des syndicats, des organisations syndicales, sur l'entrepreneur
autonome, ça faisait, j'allais dire, l'unanimité.
Il y avait un certain nombre de prises de position qui étaient
intéressantes, qui touchaient particulièrement le rôle de
la Commission de la construction en matière d'appel. Il y avait le fonds
de formation, mais nous avons toujours prétendu, sur la base des avis
légaux qui nous avaient été remis, que le ministre n'avait
pas
besoin de modifications, d'assises dans la loi, puisque,
déjà, il était possible de le faire par le biais du
décret, il y avait des dispositions qui permettaient de l'inclure. Il y
avait des positions divergentes sur le cautionnement, sur l'omission pour
l'employeur de faire les retenues à la base, sur les amendes
également. Sur les travaux mineurs, on demandait une clarification,
c'est quoi des travaux mineurs. Est-ce que c'est 10 000 $ et moins, moins de 10
000 $, ou est-ce que ça peut, comme dans le cas actuel, aller
jusqu'à plusieurs dizaines de millions?
Alors, je rappelle simplement les principales remarques qui nous avaient
été faites là. C'est à la faveur des
mémoires qu'on a entendus que nous allons, au fur et à mesure des
articles de loi, d'abord poser nos questions et, évidemment, exprimer
nos attentes.
Comme nous n'avions pas tous une copie des amendements, j'ai
demandé à quelqu'un de nous faire des photocopies pour tout le
monde. À présent, M. le Président, j'aurais une demande
à vous faire. Est-ce qu'on pourrait, pour accélérer les
travaux, suspendre, le temps qu'on prenne connaissance des amendements?
Ensuite... Disons, combien c'est d'amendements de fond? Ça nous dirait
à peu près le temps.
M. Cherry: Deux.
Mme Blackburn: II y a deux amendements de fond.
M. Cherry: Oui. Les autres, c'est de la concordance, des dates,
la numérotation et des choses comme ça.
Mme Blackburn: Alors, disons une demi-heure.
M. Cherry: Parfait. Ça va.
Mme Blackburn: Je vous remercie.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Consentement?
M. Cherry: Consentement.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
consentement. nous reprenons nos travaux à 20 h 35. d'accord? à
20 h 45, oui, oui, excusez.
(Suspension de la séance à 20 h 14)
(Reprise à 20 h 50)
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Ceci
étant dit, vous avez fait lecture des amendements possibles. Oui, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Compte tenu de l'importance des amendements qui sont
apportés, qui pourraient avoir des effets sur l'ensemble du projet de
loi, nous aimerions avoir un moment pour au moins faire quelques remarques
préliminaires de notre côté, parce que je pense que c'est
important de bien comprendre l'essentiel de ces amendements qui sont
apportés avant de passer à l'article 1, si vous le permettez.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Mais, lorsqu'on étudiera les articles, les amendements en question,
on ne peut pas les voir là?
M. Jolivet: C'est parce que c'est plus que ça, c'est les
pouvoirs de l'ensemble. Écoutez, on n'a pas pris une demi-heure pour ne
pas, au moins, avoir la chance d'en parler un peu. C'est dans ce
sens-là. Si ça peut accélérer ensuite le processus
d'étude du projet de loi, ça ne serait pas mauvais dans ce
sens-là.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Si
vous nous en dites autant, il y a consentement?
Une voix: Consentement.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Consentement. Alors, Mme la députée de Chicoutimi, on vous
écoute.
Mme Blackburn: Je vais être assez brève - je n'irai
pas en parler une demi-heure, trois quarts d'heure - parce que je veux
comprendre les raisons qui ont motivé le ministre à faire un tel
virage. Tous les discours que le ministre a tenus sur la loi 185 tournaient
autour de l'urgence de prendre un certain nombre de dispositions de nature
législative pour contrer le travail au noir. On a entendu ça,
dans toutes les versions possibles et imaginables, des personnes qui sont
intervenues autour de la question, des deux côtés de la Chambre,
tant du côté des députés ministériels que du
côté de l'Opposition. On a sorti un certain nombre de
données qui illustraient le caractère d'urgence d'intervenir dans
ce sens, c'est-à-dire de colmater un peu la loi sur la construction, de
manière à diminuer le travail au noir.
À l'occasion des commissions, on a entendu un certain nombre de
recommandations qui n'étaient pas nécessairement de nature
législative, mais plutôt proactives, qui invitaient le
gouvernement à prendre des mesures d'encouragement, par exemple,
à la construction, au crédit d'impôt, pour soutenir
à la fois la construction domiciliaire et la rénovation
domiciliaire. Le ministre s'est souvent dit d'accord avec ce qu'on a
entendu.
Les amendements que je retrouve - je ne sais pas, on n'a pas eu le temps
d'examiner
finement la portée de chacun d'entre eux - ils sont finalement
assez nombreux. Ceux qui se comprennent peut-être plus vite, c'est ceux
de concordance, mais, encore, il faut voir avec quoi on va les rendre
concordants. Les amendements qui sont déposés nous laissent voir
un certain nombre de choses. D'abord, que l'article qui était le plus
susceptible de contrer le travail au noir est retiré. On voit qu'il y a
une modification à l'article 6, qui vient modifier 19.1, qui vient
supprimer 19.2, mais qui vient insérer, dans 19.1, une modification dont
il faudrait mieux comprendre la portée. Ça, je dois dire que je
l'ai lu, relu, et ça ne m'a pas semblé très
satisfaisant.
Par ailleurs, l'autre disposition sur le pouvoir vient, me semble-t-il,
diminuer les contrôles possibles de la Commission de la construction. On
estimait qu'on devait resserrer un peu les contrôles, parce que, si on ne
resserre pas les contrôles, c'est le travail au noir qui prend toute la
place. La Commission de la construction nous rappelait avec beaucoup de
pertinence, et ça nous ramène à une question qu'on a
longuement débattue la semaine dernière... La commission de la
CSST, l'AECQ, pardon, l'Association des entrepreneurs en construction du
Québec avait mené un sondage auprès de ses membres, un
sondage qui nous apprenait qu'il y avait 20 % et quelques - je vais y revenir -
25 %, je pense, des entrepreneurs qui avouaient ne pas payer de cotisations
à la CSST. Page 19... Alors, je vais vous la retrouver parce que je ne
voudrais pas citer des choses qui excèdent ou qui dépassent la...
Bon: 26 % des entreprises couvertes par notre sondage ont avoué n'avoir
rien payé à la CSST en 1991. Il s'agit de près de 7000
entreprises et, parmi elles, plus de 2000 ont déclaré avoir eu
des salariés en 1991. Ça, c'est à la page 18.
L'absence de contrôle a ce type d'effets. On en a parlé
longuement. On parle des coûts de la CSST, on parle des revenus de la
CSST, de leur diminution. On avait cette information dans les mémoires
qui nous ont été soumis au moment des audiences
particulières, tant celles qui se sont tenues en novembre,
décembre, que celles qui se sont tenues en février.
Alors, ce que je retrouve dans le projet de loi, peut-être
ça apparaît-il... parce que, je l'expliquais tantôt, on n'a
pas eu l'occasion, le temps d'examiner finement chacun des articles,
évidemment, comptant sur le ministre pour nous donner ces explications.
Mais il y a le plan de formation qui avait fait l'objet d'un protocole
d'entente entre les parties, protocole d'entente signé, si ma
mémoire est fidèle, le 23 octobre et qui, finalement, a
été abandonné un peu rapidement, à notre avis.
Même si on retrouve des assises légales, est-ce qu'on retrouvera,
cependant, le même protocole, avec les mêmes dispositions, avec les
mêmes provisions touchant l'ampleur du fonds à constituer? Alors,
moi, je pense que ça, ce n'est pas clair.
Une dernière question, parce qu'elles pourraient être
nombreuses, et je ne veux pas être accusée de vouloir entreprendre
des mesures dilatoires sur ce projet de loi. Cependant, je voudrais vous dire
tout de suite que ce n'est pas vrai qu'on va le passer comme ça. Je
pense à une dernière disposition touchant ce qu'on appelle
généralement, dans le langage du milieu, le maraudage, la loi sur
l'allégeance syndicale, dont l'essentiel, les informations qui nous sont
fournies ici, nous apprennent que la campagne de maraudage coïncide
parfaitement, mais parfaitement et en tout point, avec la campagne
référendaire, parfaitement et en tout point. La campagne de
maraudage se tiendrait du 15 septembre au 15 octobre, et le vote
d'allégeance se ferait les 22, 23 et 24 octobre, alors qu'est
prévue la tenue d'un référendum le 26. Est-ce que c'est
sage? Est-ce que c'est le moment? Est-ce que c'est le moment de créer
des tensions entre des groupes de travailleurs qui représentent quelque
100 000 travailleurs sur la construction là? On parle un peu de quelques
Québécois et de leurs familles. Alors, est-ce que c'est le temps?
Est-ce que c'est pertinent? Moi, je pense que ce sont des questions qu'il faut
se poser. Dans des domaines comme celui-là, à moins qu'on ne soit
complètement inconscient, lorsqu'on est en train de décider, de
vouloir décider de l'avenir d'un peuple, il me semble qu'il est
peut-être indiqué de s'interroger sur le moment de la tenue de
cette activité qui, par ailleurs, après un tel délai, peut
paraître utile à faire, compte tenu du texte actuel de la loi.
Mais est-ce qu'il fallait la faire coïncider aussi parfaitement avec les
dispositions de la loi 150 sur le référendum sur la
souveraineté du Québec? Alors, moi, je pense que ça
m'interroge à la fois sur les intentions non avouées de tenir
cette activité-là précisément à ces
dates-là. Est-ce à dire qu'il n'y avait rien d'autre, qu'il n'y
avait pas d'autre date de mieux, qu'il n'y avait rien d'autre à faire et
qu'un délai de quelques mois de plus aurait été
catastrophique pour tout le milieu? En tout cas, moi, je pense que le ministre
va nous répondre. Le ministre va nous répondre.
Il y a, dans les amendements qui ont été
déposés, j'allais dire, beaucoup plus de questions qu'il n'y a de
réponses. Le ministre me dit qu'avec son projet de loi,
premièrement, il va régler le travail au noir dans la
construction. Je pense qu'à ce moment-là on pourra faire un bout
de chemin ensemble. S'il n'y a rien dans ce projet de loi, si c'est juste un
«front», que ça ne règle en rien le travail au noir
et que ça vient... Là, j'ai vu le bout sur les amendes, je vois
un certain nombre de choses qui me semblent atténuer la portée
des dispositions du projet de loi initial. Moi, je vous dis tout de suite que
ça m'étonnerait qu'on puisse s'entendre, si telle est la
direction que le ministre veut prendre avec le projet de loi 185, après
avoir été l'objet d'autant d'attentes et après que
le ministre eut refusé une recommandation que je trouvais fort
sage, qui nous est venue de l'Association des entrepreneurs en construction,
qui, je le rappelle au ministre... Le ministre n'a jamais répondu ou,
s'il a répondu, il aurait fallu que je retourne aux galées pour
me rappeler. (21 heures)
II avait estimé que, compte tenu des deux commissions, if n'avait
pas à créer de comité pour décider de cette
question, parce que l'AECQ recommandait, dans son mémoire
déposé en janvier 1992, la création d'un comité
pour disposer de cette question du travailleur autonome. Elle en
prévoyait également la composition, c'est en page 32 du
mémoire. Je me permets de rappeler la recommandation. En résume,
ce que nous disait l'AECQ, dans les notes complémentaires
déposées devant la commission de l'économie et du travail
sur l'autonome, et c'est en février 1992: Nous vous avons soumis une
multitude de données qui, selon nous, confirment que le travail au noir
existe, et ce, grandement, dans notre industrie. Plus particulièrement,
le sondage nous permet d'identifier qui, comment et où se pratique le
travail au noir. Effectivement, par chacun des métiers, ils expliquaient
comment certains métiers peuvent effectivement être
pratiqués par un individu seul et, pour d'autres - la majorité,
évidemment - ça demandait au moins deux personnes. Ils
concluaient à la nécessité... Ils offraient leurs services
pour créer un comité d'étude sur l'entrepreneur autonome,
le travail au noir dans l'industrie de la construction. Ils proposaient une
composition et un échéancier. L'échéancier
était raisonnable, m'avait-il semblé, l'échéancier
étant de 60 jours, 60 jours après sa mise en place. Ça
veut dire que, comme la commission s'est terminée le 20 février -
une dizaine de jours pour le mettre en place - ça veut dire qu'on aurait
pu avoir un comité, mars-avril. En mai, on aurait eu le rapport et on
aurait pu, déjà, s'inspirer de ce rapport pour faire adopter la
présente loi. Ce sont autant de propositions constructives qui ne sont
en rien entachées d'un caractère un peu biaisé qui aurait
voulu simplement passer le bulldozer là-dedans ou tenter de faire valoir
une opinion plutôt qu'une autre. La composition qui était
proposée, c'était: deux membres recommandés par l'AECQ;
trois membres recommandés par le syndicat; un par l'Association des
entrepreneurs; un par la CCQ et le président, nommé par le
ministre du Travail. On aurait pu revoir la composition, mais je crois que la
proposition qu'il y avait là-dedans était intéressante et
aurait permis au milieu, un peu, de se prendre en main et d'avancer des
hypothèses de solution.
On retrouve aujourd'hui un peu la façon de faire du ministre,
où certainement il a négocié. Là, je n'en doute
pas. Ça, c'est comme pour la CSST, il a fait beaucoup de petites
négociations d'antichambre, je suis certaine, sauf que, ce n'est
peut-être pas la meilleure façon de régler des dossiers
aussi importants, qu'il s'agisse du travail au noir ou qu'il s'agisse de la
CSST. C'est une façon de travailler qui met complètement de
côté les députés, de quelque côté de la
Chambre qu'ils soient, parce que ça ne les implique pas dans des lois
dont ils ont la responsabilité d'être les critiques, et ils ont la
responsabilité d'en examiner le contenu et la portée. Tout se
négocie dans le genre du troc-échange. Tu me donnes ça,
puis je te rends ça; un petit bout là et un petit bout là.
Mais le Québec, la population, de façon générale,
n'est jamais informée. Ceux qui ont la responsabilité ou qui
passeront à l'histoire comme ayant appuyé ce projet de loi,
particulièrement du côté ministériel, faut-il le
dire, n'ont pas été associés aux tractations. On est en
train de faire de la Chambre, avec des manoeuvres comme ça...
Évidemment, j'ouvre la parenthèse pour dire que j'ajouterais
toutes les mesures, tous les bâillons qu'on impose en Chambre. On est en
train de faire de la Chambre - ça, c'est vraiment une farce, une
comédie - un semblant de démocratie. C'est ça qui est
regrettable. Moi, j'ai terminé mes remarques. J'avais dit que je ne
serais pas longue. J'ai peut-être pris quelques minutes de plus que ce
que j'attendais, là. J'ai peut-être pris 10 minutes, ce qui est
beaucoup.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): On
vous remercie, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: J'attends beaucoup d'explications et, pour
l'heure, ça ne me paraît pas très satisfaisant.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, M. le député de Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: À moins que le ministre n'ait des choses
à dire avant que j'intervienne? M. le Président, est-ce que notre
règlement nous permet d'effacer les discours qu'on a déjà
prononcés?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oh!
Ce serait une job colossale, hein!
M. Jolivet: Ça veut dire qu'il y a des
députés qui vont regretter d'avoir parlé sur le projet de
loi tel quel, parce que ce n'est pas tout à fait ce qu'on va avoir dans
le fin fond des décisions, surtout du côté
ministériel, ceux qui ont pris la défense du ministre et
qui...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Ils
vivront avec leurs choses, je ne suis pas inquiet pour eux.
M. Jolivet: Non, c'est parce que j'ai écouté
avec beaucoup d'attention mon collègue de Saint-Maurice, qui
était un entrepreneur autrefois. Je peux vous dire que ce qu'il a dit en
discours, en haut puis ici, il va avoir quelques problèmes à
réajuster ça avec les amendements qui sont apportés devant
nous, parce que ça ne corrigera aucunement toutes les données
qu'il nous indiquait, comme étant un gouvernement responsable, voulant
prendre ses responsabilités et régler, une fois pour toutes, le
travail au noir. Je ne crois pas que le texte, tel qu'il est là, nous
permet ça, même avec les amendements. Ça, c'est la
première chose.
La deuxième chose, c'est que, si on enlève cette partie
importante de 19.2, est-ce que le projet de loi est aussi important? Est-ce que
le projet de loi est essentiel? Est-ce que le projet de loi a pour but
actuellement de régler des choses qu'on veut régler? Je ne pense
pas, M. le Président. Ça, c'est le deuxième point sur
lequel nous aurons l'occasion de questionner le ministre, parce que, par les
amendements qu'il nous apporte, ce soir, qui sont substantiels sur deux points
en particulier, les autres étant de la concordance avec les
décisions qu'il prend, il y a, à mon avis, méprise sur le
but visé et sur les solutions à apporter pour le
régler.
La troisième chose qui m'a inquiété, et si les
députés libéraux, du côté ministériel,
pendant la demi-heure qu'on a eue, ont eu l'occasion de lire les amendements
qu'on leur a distribués avant le début de la séance, ou
s'ils l'ont fait avant, en caucus, il y a quelque chose qui m'inquiète,
M. le Président, c'est toute la question de la préparation du
futur décret de la construction. Toutes les dates, tous les amendements
qui sont apportés par rapport au décret de la construction nous
amènent à changer les délais de douzième, puis
huitième, puis septième, etc. Vous l'avez, le dernier article
avant la renumérotation du projet de loi. Je vous dirai que ce qui
m'inquiète le plus, et j'aimerais que le ministre nous informe, si c'est
son intention, des dates sont prévues, ajustées à ce qu'on
va connaître au Québec, je l'espère, mais, dont,
malheureusement, je ne suis pas sûr. Il reste quand même qu'il va
se passer quelque chose à l'automne, sinon au mois d'août,
semblerait-il, selon toutes les rumeurs qui circulent dans les corridors de
l'Assemblée, nous indiquant que nous aurions peut-être à
revenir au mois d'août. Ça, ça ne me dérange
nullement. Je suis un député et je sais que je peux être
commandé n'importe quand par mon travail législatif. Alors, je
suis habitué à ça, sachant qu'on peut siéger
jusqu'à mardi soir, 24 heures, la semaine prochaine, le 23 au soir.
Encore une fois, M. le Président, nous sommes ici pour faire ça.
Alors, ce n'est pas ça qui va m'arrêter.
Mais, quand je regarde les dates qui sont précises... Vous le
remarquerez, M. le Président, dans les amendements qui sont
déposés, dans toute la question du maraudage, on indique qu'il y
aura un vote, lequel vote, en termes de scrutin, aura lieu entre le 22 et le 24
octobre, aux heures suivantes, et, tel qu'indiqué, dans un contexte
probablement référendaire ou électoral, je ne le sais pas,
mais, quand on détermine, au troisième alinéa, quand on
dit qu'on doit remplacer le 18 novembre 1987 par le 26 octobre 1992, alors, en
pleine tourmente, fort probablement, de discussions
référendaires, on aura, si le premier ministre, bien entendu,
respecte ce qui est prévu par la loi 150, un scrutin parmi les
salariés de l'industrie de la construction. Je vous dirai que ça
m'inquiète beaucoup, d'autant plus qu'il y aura peut-être d'autres
aléas de la société qu'on aura à déterminer
à ce moment-là, puisqu'on ne connaît pas les
dernières pensées du chef qui, actuellement, gouverne le pays. Je
devrais dire le Québec, plutôt, parce que, pour le moment, pour
eux autres, ce n'est pas un pays, mais ce l'est pour moi quand même.
Alors, moi, je vous dis, M. le Président, que ce sont des
inquiétudes que j'ai le droit d'avoir. Dans le contexte d'amendements
qu'on vient de nous apporter en vrac, ce soir, nous aurons l'occasion, au fur
et à mesure des discussions qui vont s'amorcer ce soir sur les articles
du projet de loi, de bien comprendre la situation et la position du ministre
surtout.
Fort probablement, M. le Président, que je ne demanderai pas aux
députés ministériels d'effacer ce qu'ils ont dit et de
donner d'autres raisons pour lesquelles ils virent capot ce soir dans le projet
de loi, mais il y a une chose qui est certaine, l'essentiel du projet de loi
avait été donné lors des discussions qu'on a eues sur ces
projets de loi, 185 et 186, dans le contexte où on disait: On veut
corriger une anomalie, on veut que l'État récupère
l'argent auquel il a droit par les impôts que paient les gens et on veut
éviter qu'il y ait, sur les chantiers, des batailles.
Alors, dans ce contexte-là, nous nous retrouvons avec un projet
de loi qui ne me donne pas les garanties de l'objectif visé par le
gouvernement. Nous sommes dans un projet de loi qui, en même temps, nous
amène un vote à un moment qui, à mon avis, est mal choisi.
Le ministre pourra peut-être dire qu'il n'a pas le choix, sauf que, tant
qu'à faire des négociations avec du monde, il aurait
peut-être pu prévoir ces négociations-là. Je ne sais
pas pourquoi il ne l'a pas fait dans ce sens-là. Je vous dirai, M. le
Président, que je ne me prononce pas sur l'état final du projet
de loi, ni sur nos conclusions comme membres de l'Opposition, mais nous aurons
l'occasion, dans les minutes qui viennent, de questionner le ministre
longuement, de virer de bord en bord tout l'ensemble du projet de loi pour voir
si, vraiment, nous allons arriver aux objectifs visés dès le
départ, par tout le boucan qui a été fait jusqu'à
maintenant, sur ce projet de loi. (21 h 10)
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Donc, on est prêts à procéder?
Mme Blackburn: Le ministre a peut-être des commentaires qui
nous rassureraient?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le ministre a dit qu'il n'en avait pas. M. le député de
Labelle.
M. Cherry: M. le député de Labelle veut dire un
mot.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: je voudrais quand même faire quelques
commentaires, m. le président, en l'absence de commentaires des
députés ministériels qui sont muets comme carpes ce soir.
vraiment, je suis surpris qu'ils n'aient aucune idée sur la question!
vous ne pariez pas pour ne rien dire!
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Excusez, M. le député de Labelle, vous êtes conscient
que nous sommes dans des remarques préliminaires que votre formation a
demandées. Ça n'implique pas que l'autre formation soit
obligée d'en faire.
M. Léonard: Très bien. Non, non, mais il faut quand
même que je fasse la remarque qu'ils n'en ont pas, eux, du tout à
faire par rapport à des amendements d'importance comme
ceux-là.
D'après ce que je comprends, j'assiste ce soir au retrait de
l'article 19.2, en tout cas à un recul sur la question du travail au
noir, qui est pourtant une question importante. Le ministre devrait être
bien sensible à cette question, surtout dans le domaine de la
construction. Je voudrais juste donner quelques éléments sur
cette affaire que tout le monde a potassée, ici, je pense, même
autour de la table, mais, quand même, sur le plan économique il y
a là un sujet majeur.
On estime généralement l'économie souterraine
à 5 000 000 000 $. C'est ça? Quand on dit ça, je ne suis
pas sûr qu'on soit même proche de la réalité. On sait
que, dans certains pays, c'est beaucoup plus que ça. On a fait
longuement état - à de multiples reprises, on l'a fait - du cas
de l'Italie, où l'économie souterraine était,
paraît-il, de l'ordre de 20 % à 25 %. Nous, on en serait à
quelque 3 %, mais on pourrait supposer qu'il y en a plus que ça.
Donc, on fait l'estimation que c'est 5 000 000 000 $: 2 500 000 000 $
dans des activités illicites - quand je parie des activités
illicites: drogue, etc. - mais un autre 2 500 000 000 $ dans des
activités ordinaires, mais qui se font hors la loi. Là-dedans, on
compte que la construction vaut 800 000 000 $. Est-ce que c'est plus, est-ce
que c'est moins que ça? Je pense que les estimations qui ont
été apportées, on nous l'a dit, elles étaient
absolument approximatives. Mais ça ne m'étonnerait pas qu'elles
puissent aller plus loin que ça.
M. le Président, je l'ai déjà raconté, mais
je rappelle cette expérience que j'ai eue. À un moment
donné, j'ai vérifié combien il y avait de permis de
construction émis dans une municipalité, une certaine
municipalité - j'ai le nom, je ne le dirai pas. Il y avait deux
contracteurs dans la municipalité, ils avaient fait pour 600 000 $ de
travaux. Deux contracteurs, disons, à 300 000 $ chacun, ce ne sont pas
des gros contrats, ce sont des petits contracteurs. Mais la municipalité
avait émis pour 11 500 000 $ de permis de construction. Vous voyez que,
si on fait le tour et s'il y en a beaucoup, des municipalités comme
ça, ça a son importance, le travail au noir dans la construction.
Je comprends que les permis de construction ne sont pas nécessairement
l'objet d'un contrat, tout ce qu'on veut, mais il y avait sûrement
beaucoup de travailleurs qui les réalisaient, et ce n'étaient pas
tous des bricoleurs qui faisaient ces travaux-là, qui demandaient des
permis. Généralement, quand c'est des bricoleurs, ils ne
demandent même pas de permis. En tout cas, dans le temps, ce
n'était pas très sévère et, de toute façon,
ils n'en demandaient pas beaucoup. Mais il reste que le décalage,
simplement en termes d'ordre de grandeur, est considérable. Il faut le
réaliser.
Moi, j'apporte ce cas tout simplement sur la table, comme cela. De la
même façon que, comme député, on est amené
à circuler. À un moment donné, j'ai eu une conversation
avec deux travailleurs qui étaient en train de deviser. Alors, j'ai
commencé à lier conversation. Je leur ai demandé ce qu'ils
faisaient, et ils m'ont dit: On travaille pour le fédéral. On
travaille pour le fédéral. Tout le monde sait que ça veut
dire être sur l'assurance-chômage, travailler pour le
fédéral. J'ai dit: Oui, mais encore, si vous recevez du
chômage, c'est donc que vous avez un métier, que vous l'exercez.
Vous avez accumulé des timbres. Qu'est-ce que vous faites? On est des
électriciens. Ah bon! Vous êtes des électriciens. Qu'est-ce
que vous faites ici? Ah! on travaille pour le fédéral. Il n'y a
pas grand job de ce temps-là. Il y en a un petit peu, mais il n'y en a
pas beaucoup. Alors, c'était des gens qui, évidemment,
travaillaient suf des chantiers de construction l'été et qui se
ramassaient des timbres. Quand la chasse arrivait, période de chasse
oblige, on allait à la chasse! Donc, la chasse, c'est 15 jours, c'est 10
jours. Après la chasse, on se mettait à travailler pour le
fédéral, tout en faisant des «jobines». Ils m'ont
expliqué bien simplement qu'en faisant cela ils faisaient plus d'argent
que même quand ils travaillaient l'été, où ils
étaient obligés de payer pension, payer les timbres, payer les
charges sociales. Les déductions faisaient que, quand ils additionnaient
le tout, finalement, travailler pour le fédéral,
entre guillemets, plus les «jobines» sous le bras, ça
faisait plus d'argent que de travailler légalement.
Donc, il y a... Ça, quand je le dis, que je rapporte ça,
je sais qu'on a cette expérience un peu partout. Il y en a beaucoup de
ça. Alors, je raconte ces choses parce que ça veut dire que le
système est désorganisé, les effets sont
considérables et, économiquement, finalement, il y a des
résultats à ça. Les gens qui procèdent de cette
façon ne contribuent pas aux charges sociales, ne paient pas les
impôts. Ce sont ceux qui le font légalement qui absorbent le tout.
C'est ça qui arrive. Donc, ceux qui travaillent légalement
doivent supporter une charge, en impôts sur le revenu, plus
élevée. Les taxes pour équilibrer le budget du ministre
des Finances, même s'il n'arrive pas à l'équilibrer, qu'il
fait des déficits astronomiques, les plus élevés qu'on n'a
jamais connus, des records en la matière... Puis, quand il annonce
quelque chose, c'est toujours dépassé de l'ordre de 1 000 000 000
$, le déficit, par les temps qui courent. Il reste que, finalement, tout
se déséquilibre. C'est ce qui est arrivé dans certains
pays. C'est ce qui est arrivé, notamment, en Argentine. Tout a
calé, les taxes ont monté, finalement, l'économie
souterraine a pris de plus en plus de place et le poids des structures
publiques a porté sur une partie de plus en plus restreinte de la
population où, à un moment donné, tout s'est
effondré.
J'ai l'impression, quand on examine ce qui est en train d'arriver ici,
au Québec et, je dirais, encore plus au Canada, avec le déficit
considérable qu'il y a au gouvernement fédéral, qu'on
risque d'assister à la même opération. Qui plus est,
à l'heure actuelle, comme le fédéral s'est embarqué
dans la réforme de la TPS à contretemps, c'est-à-dire au
moment où nous entrions en récession, et que le ministre des
Finances du Québec l'a bêtement copié, alors on a tous
plongé dans cette fichue réforme supposée des TPS TVQ,
ensemble. Le Conseil économique du Canada avait dit à tous les
gouvernements que, s'ils faisaient ça, ils se casseraient la gueule! Ils
l'ont fait pareil, ils se sont cassés la gueule, et ils abolissent le
Conseil économique du Canada parce qu'ils ne sont pas contents qu'il
leur ait dit la vérité, deux ans avant. Enfin, ils n'aiment pas
ça. Mais, ce qui s'est produit, c'est que, là, les taxes à
la consommation ont monté de façon considérable, partout.
On a fait cette réforme - ça devait baisser à 7 %, c'est
resté à 8 % - élargissement de l'assiette sur des produits
essentiels, sur des services, sur les chambres d'hôtel, toute la taxation
sur l'hébergement, de sorte qu'aujourd'hui une partie de plus en plus
importante de la population va acheter aux États-Unis. Dès qu'ils
sont proches de la frontière, ils font ça. Même à
Montréal, ce n'est pas si loin que ça de la frontière, ils
la traversent facilement.
Encore plus - je reviens presque au premier point où je disais
que l'économie souterraine représentait 2 500 000 000 $ - les
taxes montent et le différentiel des coûts des produits avec le
coût des produits américains de même nature s'accroît,
alors il y a de la contrebande qui se développe. Elle s'est
développée dans le cas des cigarettes, dans le cas de l'alcool,
dans le cas de l'essence. Je comprends qu'on essaie de contrer, mais, dans ce
domaine, quand il y a un système qui est en place, il fonctionne
jusqu'à ce qu'il soit arrêté. Les gens qui s'y
préparent connaissent un peu le tabac, c'est le cas de le dire. En
appliquant un système pour passer outre à la loi, ils en
préparent déjà un autre pour le moment où ils
seront arrêtés de le faire selon un système. (21 h 20)
C'est ce à quoi nous assistons, de sorte que c'est une
espèce de chaîne sans fin. Nous le voyons très bien. Depuis
Noël, par exemple, la consommation de cigarettes aurait, paraît-il,
diminué officiellement, mais, officieusement, il n'y a rien qui a
changé: 25 % de contrebande qu'on est rendu, dans la cigarette. À
certains endroits, 50 %! Ça a l'air que... Moi, qui ne fume pas, je me
suis laissé dire que, si vous vouliez fumer à coût
réduit, c'était facile de vous procurer des cigarettes. Vous
étiez presque un niaiseux si vous payiez le prix que ça
coûte normalement et les taxes que ça coûte. Alors, on en
est rendu là.
Ça, ce sont les indices qu'une économie est en train de se
désarticuler. Le travail au noir en est une manifestation. Je pense
qu'on ne doit pas laisser tomber quelque façon que ce soit de contrer
les choses, mais ça devrait nous amener à nous poser des
questions sur le système lui-même en général, le
système économique, mais aussi pourquoi les gens en sont venus
à raisonner comme cela. Qu'est-ce qui ferait que ce raisonnement
s'arrêterait? Je sais que ce n'est pas facile, mais c'est une question de
fond qu'il faut poser. Ici, je n'ai pas été des plus assidus
à cette commission sur ce sujet, pour d'autres raisons. Il reste quand
même que les impacts publics sont majeurs, ça se fait sentir
partout. Le travail au noir dans la construction, c'est une manifestation parmi
d'autres, mais qui rend compte du fait que l'économie est de plus en
plus désarticulée, je pense que c'est le mot qu'il faut employer:
désarticulée! Si on laisse aller les choses, c'est une
catastrophe au bout de la ligne qui nous attend vraiment.
Là, M. le Président, c'était une des
premières remarques que je voulais faire. La deuxième, je rejoins
mon collègue de Laviolette, à l'effet que faire une
période de maraudage juste quelques jours avant un
référendum qu'on veut tenir, je me demande quelle est la logique
de tout cela et, surtout, quel est le sens, le jugement politique qu'on peut
avoir que de faire ça dans de telles circonstances. Ça me
paraît dangereux. Le ministre, à tout le moins, s'il veut
maintenir
l'opération, devrait la reporter. Il y a une loi qui a
été votée par l'Assemblée, la loi 150 sur le
référendum sur l'avenir constitutionnel du Québec. Je
pense que faire un référendum sur la souveraineté, c'est
à peu près la seule solution qu'il reste à la
galère fédérale qu'on voit chavirer par les temps qui
courent. Alors, il me semble qu'on devrait se garder l'esprit libre...
Une voix:...
M. Jolivet: À moins qu'il sache...
M. Léonard: Non, ce n'est pas nécessairement une
chose qui me peine - je pourrais dire ça au ministre - vraiment pas,
parce que, lui...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Ce
n'est vraiment pas pertinent avec les amendements. S'il vous plaît, on va
s'en tenir à ça.
M. Léonard: ...il vient de se rendre compte que ça
ne pouvait pas marcher. Il y en a d'autres qui l'avaient prévu un petit
peu plus longtemps d'avance, c'est tout simplement ça qui nous
sépare, pas beaucoup plus que ça. Alors...
M. Jolivet: À moins qu'il sache qu'il n'y aura pas de
référendum.
M. Léonard: Là, je n'ose pas penser que le
gouvernement...
M. Jolivet: Ah bon!
M. Léonard: ...passerait outre à sa propre loi,
c'est lui qui l'a votée.
M. Jolivet: Mais le ministre se demande quoi? À moins que
le ministre sache déjà, de la part du premier ministre, qu'il n'y
en aura pas, de référendum sur la souveraineté, ce qui me
surprendrait.
M. Léonard: Bon! Alors, M. le Président...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): S'il
vous plaît! En conclusion, s'il vous plaît.
M. Léonard: ...je pense que l'un des devoirs de
démocrate, c'est de ne pas créer de confusion à des
moments où des gestes démocratiques importants doivent se poser,
au moment où il y a des débats. Plus les débats sont
importants, moins il doit y avoir d'interférence dans les airs. Je ne
vois pas pourquoi, tout à coup, on fait ça. Le ministre pourrait
au moins convenir que la période choisie ne convient pas, devrait se
changer et, là-dessus, à ce moment-là, on pourrait
discuter du fond de ces amendements. Mais, même si on était
d'accord avec le fond d'une période de maraudage, la faire à ce
moment-ci, il va me sembler que ça me paraît inapproprié.
Je pense que le ministre va convenir avec moi de la chose vraiment très
facilement. Il me semble qu'il devrait le faire. La date choisie, si ce
maraudage doit avoir lieu, m'apparaît inappropriée.
Quoi qu'il en soit, le maraudage, finalement, c'est une chicane
organisée entre syndicats. Alors, c'est déjà quelque chose
à voir... C'est un peu ça, c'est un peu ça.
M. Jolivet: Bien, par la loi. M. Léonard:
Voilà! M. Jolivet: Par la loi.
M. Léonard: Ceci étant dit, comme on convient qu'il
y a des périodes de maraudage qui doivent se tenir, on va être
d'accord, il n'y a pas de problème. Ce qu'on souhaite, c'est que ce ne
soit pas à des périodes aussi névralgiques,
stratégiques que celle où il y aura un autre
référendum qui sera posé, parce que, en quelque sorte,
c'est une espèce de référendum pour eux. Alors, ce que je
veux dire, M. le Président, simplement, quant à la date, disons
qu'il y a des questions à se poser de façon importante.
Voilà. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, M. le ministre, en réplique.
M. Cherry: M. le Président, je pense que...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): S'il
vous plaît, s'il vous plaît, s'il vous plaît!
M. Normand Cherry
M. Cherry: Je pense que je me dois de faire certains
commentaires. Je pense que, tout au long qu'on traitera des sujets article par
article, on verra comment il y a vraiment des efforts dans ce projet de loi
là pour contrer le travail au noir. Je ne voudrais pas qu'on l'oublie -
parce qu'il me semble que ça se complète aussi, on le disait -
et, là, c'est comme si on avait oublié tous les efforts qui ont
été faits dans, maintenant, la loi 186. Quand on va attacher les
deux ensemble - je peux vous en faire la lecture, si vous voulez... Mais il me
semble qu'il est important et qu'on oublie ce facteur-là.
Un autre sur lequel il y a eu des insistances constantes de la part des
trois intervenants, on dit que le dépouillement du scrutin doit se faire
le 26 octobre. Il me semble... Là, je suis content de voir - je ne le
fais pas avec sarcasme, je pense qu'entre nous on est capables de se dire
ça comme ça - que vous vous préoccupez
énormément de la loi 150. Ça me semble une
espèce de constante que vous avez. C'est une loi contre laquelle vous
avez voté, puis, à cette heure, vous insistez beaucoup. Il me
semble que, ne pas vous le dire, j'oublierais un élément
important, mais je tiens à vous dire que cette loi-là, qui,
maintenant, est devenue votre bible absolue, dit qu'il y aurait un
référendum au plus tard le 26 octobre. Donc, on comprend qu'il
peut y avoir un référendum avant le 26 octobre.
Une voix: ...le 15 septembre.
M. Cherry: Donc, ce que je dis, c'est que... Je voudrais vous
rappeler aussi que le décret dans l'industrie de la construction,
présentement, se termine à la fin d'avril 1993. Les
négociations doivent débuter début décembre 1992.
Donc, avant que ne débutent les négociations, pour
connaître la représentativité à la table, il faut
que le vote se tienne avant. C'est seulement ça, pas autre chose que
ça. C'est dans le respect de la date limite du décret par rapport
au début des négociations, donc il fallait le faire de la
façon dont ça a été fait.
Par rapport à l'ensemble des mesures qu'il y a là-dedans,
qui vont contrer le travail au noir, les associer à 186, vous verrez
qu'il y a là-dedans des mesures qui sont extrêmement importantes.
J'avouerai que ce serait prétentieux pour quiconque de prétendre
que, par un ou deux projets de loi, on pourra contrer l'ensemble du travail au
noir qui se fait au Québec. Je reprendrai des paroles d'un de vos
collègues qui a de l'expérience là-dedans, le
député de Joliette, qui disait: Je connais assez bien cette
industrie-là pour savoir que... Mais vous reconnaîtrez qu'il y a
là-dedans une série de mesures, hein! Permettez-moi de vous faire
la lecture de quelques-unes: l'article sur l'obligation, pour une corporation
ou une société, employeur ou entrepreneur autonome, de
désigner son seul et unique représentant qui peut exécuter
des travaux de construction sans être un salarié - on sait comment
ça marchait, avant que ça, ça ne soit en vigueur; la
définition de l'entrepreneur autonome, qui inclut de façon
certaine les corporations et les sociétés; l'interdiction
d'exécuter des travaux de construction à moins d'être un
employeur, un entrepreneur autonome, un représentant
désigné ou un salarié; la responsabilité solidaire,
par le paiement du salaire fixé par le décret, du donneur
d'ouvrage qui passe un marché avec un entrepreneur qui n'est pas
titulaire de la licence requise; la possibilité, pour la Commission de
la construction du Québec, de rendre obligatoire pour un employeur, une
corporation ou une société, dont un représentant
désigné exécute des travaux de construction, de
transmettre son identification à la Commission de la construction du
Québec - il n'y a même pas ça dans la loi,
présentement; l'augmentation importante des amendes - et je peux, on
peut vous en faire la liste, là - l'augmentation importante des
amendes...
M. Léonard: Ça, c'est le père Fouettard,
hein!
M. Cherry: ...pour diverses infractions, et même en
créer des nouvelles; le resserrement du libellé de certaines
infractions reliées au travail au noir; la suspension du certificat de
compétence ou du droit d'en obtenir un dans le cas de condamnation pour
récidive à des infractions reliées au travail au noir.
O.K., là? La suspension du certificat de compétence ou du droit
d'en obtenir un dans le cas de condamnation pour récidive à des
infractions reliées au travail au noir. Il n'y aura que quelques
exemples à faire, et je pense que le message sera très clair.
Évidemment, il y a l'autre aussi, qui est l'échange de
renseignements entre les principaux organismes publics du secteur de la
construction au sujet de l'exécution de travaux de construction et des
personnes qui les exécutent ou les font exécuter. (21 h 30)
Ça, c'est le projet de loi 185 qu'on va débattre article
par article. Mais je tiens aussi... J'ai répété à
de fréquentes occasions que les projets de loi 185 et 186 étaient
reliés. Le projet de loi 186, dans la loi que nous avons votée en
décembre: l'obligation accrue pour un entrepreneur d'attester par
écrit à son client que ses travaux sont conformes aux normes de
la construction - ça, c'est l'article 12; sujet à une entente
avec les municipalités, un permis de construction ne peut être
émis que si les travaux de construction sont exécutés par
un entrepreneur titulaire d'une licence; l'interdiction, pour un entrepreneur,
d'utiliser les services d'un autre entrepreneur non titulaire d'une licence -
c'est dans la loi, ça, maintenant; l'obligation pour un entrepreneur de
divulguer les noms de ses qualificateurs et, pour ces derniers, d'aviser la
Régie lorsqu'ils cessent d'habiliter un entrepreneur; la
possibilité pour un entrepreneur de voir sa licence suspendue ou
révoquée par la Régie du bâtiment en cas
d'infraction aux diverses lois de la construction, dont la Loi sur les
relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la
main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction, ou lorsqu'il a agi de telle
sorte qu'il ne puisse plus se mériter la confiance du public - on a
voté ça en décembre; instaurer un système de points
d'inaptitude à caractère public, pouvant conduire à
l'augmentation des droits et du prélèvement eligible;
l'établissement de garanties financières pour les consommateurs
faisant affaire avec un entrepreneur titulaire d'une licence - ces garanties
financières sont: un plan de garantie, un cautionnement et un fonds
supplétif d'indemnisation publique; l'obligation, pour les inspecteurs
de la Commission de la construction du Québec, de vérifier sur
les
chantiers si les entrepreneurs sont titulaires d'une licence;
échanger des renseignements entre les principaux organismes publics ou
secteurs de la construction au sujet de l'exécution de travaux de
construction ou des personnes qui les exécutent ou les font
exécuter - on serre les liens; la possibilité d'édicter,
par voie réglementaire, des règles de conduite applicables aux
entrepreneurs et leur sanction; l'augmentation des amendes pour les
entrepreneurs qui font une fausse déclaration pour l'obtention d'une
licence ainsi que pour ceux qui utilisent des prête-noms.
Alors, quand on aura passé à travers la loi 185,
associée à la loi 186, je pense qu'on reconnaîtra qu'il y a
là un effort louable et qui permettra d'atteindre les objectifs qu'on
vise.
M. Jolivet: M. le Président, le ministre, je vais lui
poser une petite question. Est-ce que la loi 150 a été
adoptée, M. le ministre? Si elle a été adoptée,
doit-elle être appliquée maintenant? Alors, ne nous en voulez pas
de vous dire que, si elle est appliquée, parce que ça pourrait
arriver, vous arrivez en même temps, et c'est ça qui vous
inquiète. Non, mais à moins que vous n'ayez des renseignements
privilégiés.
M. Cherry: m. le président, je le rappelle, pour la
dernière fois, ce n'est pas pertinent, excepté par rapport
à la date, la loi 150 dit: «doit se tenir au plus tard».
M. Jolivet: Je le sais. Je le sais.
M. Cherry: Bon. Bien, écoutez, là. J'ai pris la
date...
M. Jolivet: M. le ministre, je vais vous dire juste une chose,
c'est qu'en vertu de la loi qu'on va adopter, si on met cette date-là,
elle devient rigide aussi. Celle-là devient rigide.
M. Cherry: Oui.
M. Jolivet: Et, si l'autre vient en concurrence, on va être
pris. Quel sera le moyen que vous allez avoir? On en discutera plus à
fond.
M. Cherry: Le 26, pour dépouillement du scrutin.
M. Jolivet: Non, mais les 22 et 24, c'est le vote. Je ne parle
pas du 26. Je ne parle pas de la journée même du 26, je parie de
l'ensemble du «concurrent». Ça veut dire que, quand le
maraudage va se faire, le travail qui va se faire entre les centrales
syndicales pour déterminer le plus de votes de leur côté,
ce qui va être organisé, comme on dit, en vertu de la loi,
à ce moment-là, je vous dis juste une chose, c'est que ça
va être en même temps qu'une autre campagne qui aurait lieu si elle
a lieu là.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de convenir, à ce moment-ci, de
discuter de cet article-là, de cet amendement-là au moment
où on sera rendu là?
M. Jolivet: Oui, vous avez raison, M. le Président, mais
je voulais quand même dire au ministre que, moi, je n'ai pas le choix.
Quand j'adopte quelque chose ici, ce soir, c'est parce qu'elle doit
s'appliquer.
Mme Blackburn: Peut-être juste une petite question au
ministre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mme
la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: est-ce que le ministre ne reconnaît pas que
la loi 186, c'est la loi 53 «revampée», en augmentant les
amendes, loi 53, je me permets de le rappeler à des gens qui s'en
rappellent encore, qui avait été adoptée et
sanctionnée en chambre en juin 1985 et qui n'avait jamais
été promulguée?
M. Jolivet: C'est ça.
Mme Blackburn: Alors, si elle avait été
promulguée à l'époque, probablement qu'on aurait un bon
bout de chemin de fait pour contrer le travail au noir. Je pensais que
ça s'imposait. Elle avait été... Vous ne l'avez pas
promulguée, c'est ça. Demandez-vous comment ça se passe.
Elle a été adoptée en 1985 et elle n'a jamais
été mise en vigueur. Elle n'a jamais été mise en
vigueur.
Une voix: Mais, entre juin et décembre 1985, qu'est-ce que
vous avez fait?
Mme Blackburn: Elle n'a jamais été mise en
vigueur.
M. Jolivet: Non, il y avait des dates à venir.
Mme Blackburn: C'était commencé. M. Jolivet:
II y avait des délais. Mme Blackburn: Très vrai.
M. Cherry: M. le Président, je ne croyais pas être
obligé, ce soir, de faire des commentaires de cette nature-là,
mais notre collègue de Chicoutimi y revenait constamment, quand on a
fait des auditions particulières. Elle disait toujours, et je pense
qu'elle l'a tenté - les galées le prouveront - auprès de
nombreux intervenants: Qu'est-ce qui est préférable pour vous
autres, la loi 53 ou la loi 186? La plupart des intervenants disaient: Nous
autres, n'importe quelle des deux, ça fait notre affaire. Alors, ils
ont...
Mme Blackburn: Oui. Puis ils disaient: Si vous l'aviez
appliquée...
M. Cherry: C'est 186, celle que je viens de décrire ce
soir.
Mme Blackburn: Ils ajoutaient: Si vous l'aviez appliquée
déjà en prenant le pouvoir...
Une voix: Ah oui!
Mme Blackburn: ...on aurait moins de problèmes, on serait
moins dans l'emmerde. C'est ça que je vous expliquais, monsieur.
Alors...
M. Cherry: Nous sommes dans la construction.
M. Jolivet:M. le président, m. le ministre n'était
pas là, mais on s'est fait passer dans la gorge, en pleine nuit, une
certaine loi 30 qui n'a jamais été appliquée non plus.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, sur ce, on ne fera pas toutes les lois comme ça parce qu'on
risque d'aller un petit peu loin.
M. Jolivet: C'est vrai pareil. Une voix: ...en
septembre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
est-ce que cela termine les remarques qu'on voulait faire sur les
amendements qui ont été déposés en vrac?
Une voix: Les ministériels n'ont rien à dire?
M. Jolivet: Ils n'en ont pas demandé.
Une voix: Ce qu'on avait à dire, on l'a dit, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): ils
n'ont pas demandé à avoir une période de remarques sur
les... sans plus tarder, j'appelle donc l'article 1 de la loi.
Étude détaillée
Définitions M. Cherry: Oui. Il y a un amendement.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, l'article 1 a un amendement, je l'annonce à l'avance, mais je
vais vous le dire tel qu'il est. Je vous ferai la lecture de l'amendement par
la suite et on discutera des deux.
Alors, l'article 1 de la Loi sur les relations du travail, la formation
professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la
construction (L.R.Q., chapitre R-20) est modifié: 1° par le
remplacement, dans les deuxième et troisième lignes du paragraphe
c.1, des mots «l'Association de la construction de Montréal et du
Québec, la Fédération de la construction du
Québec» par les mots «l'Association de la construction du
Québec»; 2° par le remplacement de tout ce qui
précède le sous-paragraphe i du paragraphe k.1 par ce qui suit:
«k.1) "entrepreneur autonome": une personne physique, une corporation ou
une société titulaire d'une licence d'entrepreneur
spécialisé délivrée en vertu de la Loi sur la
qualification professionnelle des entrepreneurs de construction (L.R.Q.,
chapitre Q-1) et qui, pour autrui et sans l'aide d'un salarié à
son emploi, exécute elle-même ou, selon le cas, dont un
administrateur, un actionnaire détenant au moins une action avec droit
de vote ou un membre de la société exécute lui-même
au bénéfice de la corporation ou de la
société:».
Alors, l'amendement se lit comme suit: Au deuxième paragraphe de
l'article 1 : 1° remplacer par les troisième, quatrième et
cinquième lignes du paragraphe k.1 les mots «Loi sur la
qualification professionnelle des entrepreneurs de construction (L.R.Q.,
chapitre Q-1)» par les mots «Loi sur le bâtiment»
(L.R.Q., chapitre B-1.1); 2° dans le texte anglais, remplacer le paragraphe
k.1 par le suivant: «k.1) "indépendant contractor": a natural
person, a corporation or a partnership holding a specialized contractor's
licence issued under the Building Act (R.S.Q., chapter B-1.1) who or which, for
others and without the assistance of an employee, carries out personally or, as
the case may be, of which a director, a shareholder holding at least one voting
share or a partner personally carries out for the benefit of the corporation or
partnership,».
Alors, c'est donc pour corriger la version anglaise. Je présume
qu'il y avait un problème de traduction. Alors, M. le ministre, sur
l'article 1 et les amendements.
M. Cherry: Sur l'amendement ou... Au paragraphe 1° de cette
disposition, c'en est un de concordance avec la Loi sur le bâtiment telle
que modifiée par le chapitre 74 des lois de 1991. C'est l'étude
de la loi 186. On se souviendra comment est-ce que... On est sur l'amendement.
Ça, c'est pour le paragraphe 1°. Le paragraphe 2° vise à
corriger le texte de la version anglaise de la définition
d'«entrepreneur autonome» du projet de loi.
Mme Blackburn: Est-ce que...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, d'autres interventions?
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre peut nous indiquer quel
article du projet de loi 186 vient rendre concordant?
M. Cherry: Au moment où ça a été
rédigé, il faut se souvenir que 186 était un projet de
loi. Maintenant que 186 est une loi...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): S'il
vous plaît! S'il vous plaît!
M. Cherry: On n'est pas pour commencer ça.
Mme Blackburn: Là, si ça commence... Franchement!
Rappelez-nous à l'ordre, parce que...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Écoutez. Non, non. On va mettre ça clair tout de suite. S'il
vous plaît! Il existe ici un minimum d'éthique qui doit être
respecté. Alors, je vous inciterais, s'il vous plaît, à
respecter cela pour que nos travaux puissent se dérouler de façon
harmonieuse. On peut ne pas être d'accord, mais ce n'est pas une raison
pour se... pour se dire des bêtises de part et d'autre... s'invectiver.
Excusez-moi, c'est que la fatigue, des fois, nous fait déformer les
mots.
M. Jolivet: Surtout quand on n'est pas membre de la
commission.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
donc, dans ce contexte-là, s'il vous plaît, je rappellerais
à chacun de tenir nos façons de faire habituelles. m. le
ministre.
M. Cherry: Simplement, M. le Président, je rappelle
à ma collègue qu'au moment de la rédaction du projet de
loi 185, 186 était également un projet de loi. Donc, maintenant
que 186 est une loi avec un titre et des définitions, il s'agit de faire
de la concordance avec ça et de l'appeler Loi sur le bâtiment.
Une voix: Adopté.
M. Jolivet: Ce qui veut dire, M. le Président, que, si on
avait adopté le projet de loi 185 avant le projet de loi 186, comme il
était demandé à l'époque, on aurait
été obligé de faire un amendement, cette année, de
concordance, par un bill omnibus qui n'existe plus maintenant. Mais il aurait
fallu le faire, ou ça aurait été par concordance
habituelle?
M. Cherry: On l'aurait fait dans le projet de loi 186. (21 h
40)
M. Jolivet: C'est une bonne pensée, celle-là.
M. Cherry: Ça se «peut-u»? M. Jolivet:
Ça aurait pu arriver. Une voix: C'est adopté.
M. Jolivet: Je peux vérifier pareil. J'ai le droit.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Est-ce qu'il y a d'autres remarques sur l'amendement à l'article
1?
M. Jolivet: Dans le cas du paragraphe anglais par rapport
à la loi actuelle, le correctif... Ce n'est pas la loi actuelle, c'est
le projet de loi. Quel est le correctif principal pour bien déterminer
l'amendement qui est apporté au deuxième paragraphe dans la loi
anglaise?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
«Natural person holding a specialized contractor's
licence.»
M. Cherry: Du côté anglais.
M. Jolivet: Oui, du côté anglais. Pourquoi vous
amenez un amendement? Quelle est la raison pour laquelle vous amenez un
amendement, à part me dire que c'est de la concordance?
M. Cherry: «A corporation or a partnership». Ce qu'on
avait, c'est: «A natural person holding a specialized contractor's
licence».
M. Jolivet: Donc, c'est dans le sens...
M. Cherry: Là, on ajoute: «A natural person, a
corporation or a partnership holding a specialized contractor's
licence».
M. Jolivet: Oui, je comprends. Mais je veux savoir si c'est en
vertu de l'article 6 qu'on va amender qu'il faut amender déjà ici
cet article. L'amendement que vous amenez en anglais...
M. Cherry: Oui.
M. Jolivet: ...n'est pas fait dans les airs. Il est fait parce
qu'à l'article 6 on va faire un changement dans la loi française
pour concorder...
M. Cherry: II est fait en vertu de l'article 1, version
française.
M. Jolivet: Parce qu'il y avait une erreur dans la traduction
dans l'article 1.
Mme Blackburn: Ce n'est pas ce qu'il dit.
Ce n'est pas juste un problème de traduction, ce que je
comprends.
M. Jolivet: Ce que je veux comprendre... Vous faites un
amendement au texte anglais. Si vous faites un amendement au texte anglais,
vous ne le faites pas pour le plaisir d'en faire un. Il y a une raison.
M. Cherry: Oui.
M. Jolivet: La raison, est-ce que c'est parce qu'on va faire un
amendement tout à l'heure à l'article 6 qui dit: On insère
et on supprime des choses?
Mme Blackburn: C'est l'anglais.
M. Jolivet: C'est ça que je veux savoir.
Mme Blackburn: Ce n'est pas ça qui est dit.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui,
c'est ça qu'elle dit.
M. Jolivet: Je vais recommencer ma question. Actuellement, au
projet de loi...
M. Cherry: Personne physique.
M. Jolivet: ...au deuxième alinéa, on a k.1 en
français. Quand je prends ce k.1, je l'amène dans la version
anglaise, y aurait-il une erreur de traduction? C'est ça que je veux
savoir.
M. Cherry: II manquait «a corporation or a
partnership».
M. Jolivet: II manquait ça. Là, vous l'ajoutez?
M. Cherry: Oui. M. Jolivet: O.K.
M. Léonard: Avant, il y avait juste «a natural
person».
M. Jolivet: «Holding...»
M. Cherry: II y avait ce bout-là qui...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
«A specialized contractor's licence issued under the act
respecting...»
M. Jolivet: Ça ne concordait pas avec la version
française.
M. Cherry: C'est ça.
M. Jolivet: La version française étant celle qui
est légale, il faut...
M. Cherry: Étant celle qui prime. C'est ça.
oui.
Mme Blackburn: Et on ne s'était pas aperçu de
ça au moment de la rédaction du projet de loi.
M. Jolivet: C'est parce qu'ils ne lisent pas la version
anglaise.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le député de Labelle.
M. Léonard: J'avais une question. C'est que, là, on
traduit très clairement en anglais «partnership» pour le mot
«société». C'est très précis,
ça. C'est une société de personnes que ça veut dire
en français.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
«Corporation or partnership holding».
M. Léonard: En français, souvent on utilise le mot
«société» autant pour les sociétés de
personnes morales que pour les sociétés de personnes. Là,
on vient de préciser. Est-ce que, dans l'économie des lois du
travail, quand on parle de «sociétés», on entend
toujours «sociétés de personnes»? Ça,
ça relève du Code civil. En termes des lois civiles, ça
relève du Code civil.
M. Cherry: Évidemment, on travaille toujours avec la
version française et la traduction de l'Assemblée nationale nous
a indiqué qu'il y avait là une erreur qu'il fallait corriger.
M. Léonard: Pourquoi vous ne dites pas
«sociétés de personnes» dans le cas de la version
française? Une personne, une société de personnes ou une
corporation, ça, ça couvre. Pourquoi vous ne dites pas «une
société de personnes» dans la version française? Le
mot «société» peut être aussi bien une
société par actions. «Société», c'est
large.
M. Lemire: Ça peut être une société en
commandite.
M. Léonard: Oui, ça c'est l'autre bout de la
question que je voulais poser. Mais les sociétés en commandite,
il y a les sociétés en commandite de personnes et les
sociétés...
M. Lemire: Ce n'est pas pareil.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Une
société en commandite et une société pour les fins
de...
M. Léonard: Mais réglons la société
de personnes.
Le Président (M. Bélanger,
Laval-des-
Rapides): C'est la même chose.
M. Léonard: Je pense que c'est ça qui est le point
de départ, au fond. «Partnership», c'est
«société de personnes».
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
«Partnership», c'est des associés. Ce n'est pas une
société.
M. Léonard: Oui, mais le «partnership», c'est
une société de personnes. Ça, c'est le Code civil.
M. Cherry: on utilise le code civil et c'est une
«société de personnes». on n'a qu'à dire
«société» tout court et ça couvre ça.
c'est l'interprétation du code civil.
M. Léonard: Et la corporation, elle, c'est la
société de capital-actions? Mais vous excluez le mot
«société».
Une voix: Ce n'est pas fédéral, ça?
M. Léonard: Non, non. C'est les lois du Québec.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
serais porté à faire la réserve suivante dans notre
débat. C'est que, si ce sont les traducteurs de l'Assemblée
nationale qui l'ont fait comme ça, je serais porté à
respecter parce que, habituellement, ils sont... Vous savez, on a beau
être parfaitement bilingue, il y a des mots de même...
Des voix: Wow! M. le Président!
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Non,
non. Je maintiens ce que j'ait dit, parfaitement.
Une voix: M. le Président, vous êtes
téméraire un peu.
Mme Blackburn: M. le Président, si tel était le
cas, on ne serait pas en train de faire l'exercice qu'on fait là.
M. Léonard: C'est un crime de lèse-majesté
à l'endroit de la commission parlementaire.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Non,
non, non.
Mme Blackburn: Oui, mais c'est évident. On ne serait pas
en train de faire ça, là, si...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Non,
non. Je pense qu'il y a là des traducteurs professionnels dont c'est le
métier de faire ces nuances et qui, je pense, là-dedans, les ont
faites. Moi, je ne suis pas un linguiste, je ne suis pas un traducteur et
puis... J'ai appris à parler l'anglais dans la ruelle. Je me
débrouille partout, mais c'est... On ne partait pas de construction dans
la ruelle.
M. Léonard: C'est l'acception, c'est le sens du Code civil
qu'on utilise ici dans le Code du travail. C'est ça que vous dites?
M. Cherry: Ce que les juristes nous disent, c'est qu'au
Québec, dans le Code civil, c'est comme ça que ça se
décrit.
M. Jolivet: On est porté à les croire, M. le
Président, comme vous dites si bien, mais je dois vous dire que j'ai
participé à une commission parlementaire sur l'agriculture et ils
ont fait des corrections suite à mes recommandations, comme mon
collègue, en fait, en demande, parce que le principe français, au
niveau des avocats, c'est trop fort, casse pas, tu es mieux d'en mettre plus
que d'en mettre moins, sauf qu'il faut que tu évites, en en mettant
plus, qu'ils trouvent moyen de faire, eux autres, de leur bord, des
procès sur la valeur de ton texte. Alors, si le mot
«société», tel que présenté là,
est un mot général indiquant ce que mon collègue veut
dire, on va le comprendre, mais on voulait juste vérifier si ça
n'avait pas pour but de spécifier davantage dans le texte par rapport
à la version anglaise.
M. Léonard: Je pense qu'on peut vérifier si un
traducteur s'est trompé ou bien ce qu'il a voulu dire.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
vous comprendrez que c'est la version française qui prime dans
l'interprétation d'une loi.
M. Léonard: C'est exactement pour ça que je posais
la question, M. le Président, parce que le mot
«société» peut être pris dans un sens
très général. Dans le sens du Code civil, ça a un
sens très précis. La traduction anglaise est allée
directement au sens précis du terme, au sens du Code civil.
Voilà!
M. Jolivet: Ça a été dit.
M. Léonard: Alors, les commandites, là-dedans,
c'est couvert?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Une
commandite ne fart pas de construction.
M. Léonard: Si. Ça peut exister. (21 h 50)
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Une
commandite, c'est pour le finance-
ment. Alors, sur ce, est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'amendement à l'article 1?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Est-ce que l'amendement à l'article 1 est adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Adopté. Est-ce que l'article 1, tel qu'amendé, est
adopté?
Des voix: Adopté.
Mme Blackburn: Sur division.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, tel qu'amendé et sur division. J'appelle l'article 2 qui dit
que l'article 3 est remplacé par le suivant: «3. La Commission est
une corporation au sens du Code civil...»
Mme Blackburn: Un instant, M. le Président. J'ai
réalisé qu'on était peut-être allé un peu
vite avec l'article 1. Parce que, là, ça vient modifier un
paragraphe et non pas tout l'article. Alors, il faudrait revenir à
l'article 1 du projet de loi...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Oui.
Mme Blackburn: ...parce que c'est un paragraphe. C'est venu
modifier un paragraphe.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui,
oui.
Mme Blackburn: Alors, j'aimerais bien qu'on y revienne. Alors,
l'article...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
m'excuse, mais je ne comprends pas où est le problème.
L'amendement amende tout l'article.
M. Jolivet: Non, non.
Mme Blackburn: Non, non, non.
M. Jolivet: Juste k.1.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): k.1,
bien non: 1e remplacer, dans...
Mme Blackburn: Bien oui!
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Ah!
c'est vrai. Excusez-moi. Le premier paragraphe: 1° par le remplacement,
dans les deuxième et troisième lignes du paragraphe c.1, des mots
«l'Association de la construction de Montréal et du Québec,
la Fédération de la construction du Québec» par les
mots «l'Association de la construction du Québec».
M. Cherry: Ça vise à refléter le
regroupement de l'Association de la construction de Montréal et du
Québec et de la Fédération de la construction du
Québec ainsi que le changement du nom de ce dernier en celui de
l'Association de la construction du Québec. C'est comme ça qu'il
s'appelle maintenant, le regroupement.
Mme Blackburn: Et, au deuxième paragraphe...
M. Cherry: Oui.
Mme Blackburn: ...la définition d'«entrepre- neur
autonome» dans la loi actuelle, au-delà de l'amendement qui a
été apporté, ça apporte quelle modification?
M. Cherry: Le paragraphe 2° de cette disposition a pour objet
de prévoir, dorénavant, que non seulement les entrepreneurs,
personnes physiques, peuvent être des entrepreneurs autonomes, mais que
les corporations ou les sociétés peuvent l'être
lorsqu'elles respectent certaines conditions.
Mme Blackburn: Alors, explication. L'avez-vous compris?
M. Cherry: On vient de...
Mme Blackburn: Tu as compris?
M. Cherry: On vient de fermer le trou, le fameux trou de
1988.
Mme Blackburn: Vous dites...
M. Jolivet: Ça veut dire qu'il y a quelqu'un qui
était un individu, dans le contexte d'une décision qu'il avait
à prendre pour devenir un travailleur que j'appellerai autonome dans le
sens qu'on l'entrevoyait à l'époque, cette personne-là
avait été conseillée par les associations, l'APCHQ,
l'association des constructeurs...
M. Cherry: Constructeurs d'habitations du Québec.
M. Jolivet: II y a le mot «provinciale» que j'avais
de la misère à dire. L'Association provinciale des constructeurs
d'habitations du Québec avait suggéré à des gens de
se présenter et de devenir entrepreneurs pour... Des quoi?
M. Cherry: S'incorporer.
M. Jolivet: Oui, oui. C'est ça, oui. Pour éviter,
justement, les problèmes et l'autre, il y avait l'entrepreneur
enregistré, le problème entre enregistré et
incorporé. Et, là, ils disaient que c'était un moyen
détourné pour appliquer la loi à eux autres sans
être bâdré par l'Office ou la Commission, maintenant. C'est
ça que...
M. Cherry: C'est ça. Maintenant, qu'ils soient
corporation, société, ou physique ou moral.
M. Léonard: Une personne morale ou physique.
Mme Blackburn: Dans k.1, la loi actuelle se lit comme suit... Je
vais retourner à mon texte de loi. La loi... chapitre 20.
(Consultation)
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Est-ce que vous pourriez parler un petit peu plus fort, si c'est pour
être enregistré, ou bien parler moins fort pour que ça ne
soit pas enregistré.
M. Léonard: Le ministre s'est rendu à mon
argumentation au mois de décembre. C'est ça.
M. Cherry: C'est une observation.
M. Léonard: C'est une observation. Ah bon! O.K.
Mme Blackburn: Par le remplacement de tout ce qui
précède le sous-paragraphe i du...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): S'il
vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît! On ne fera pas
apporter de TV ici, on va continuer. S'il vous plaît! C'est Mme la
députée de Chicoutimi qui avait la parole.
M. Audet: M. le Président, est-ce qu'on pourrait adopter
l'ensemble du projet de loi pour aller écouter notre collègue de
Laviolette faire son discours?
Mme Blackburn: Rejeté.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Vous
allez me dire, c'est...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
elle dit: on l'entend souvent, on l'entendra une autre fois. mme la
députée de chicoutimi.
Mme Blackburn: Vous pourrez toujours le relire dans les
galées demain matin.
M. Léonard: Là, on va suspendre la commission. On
va y aller. On va aller l'applaudir.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Est-ce qu'il y en a un qui a un vidéo?
Mme Blackburn: s'il vous plaît, dans le deuxième...
par le remplacement de tout ce qui précède le sous-paragraphe i
du paragraphe k.1 par ce qui suit... ça veut simplement dire les cinq
lignes. ça ne touche pas... tout ce qui précède le i,
ça veut dire que ça ne touche pas le i et le ii?
Une voix: Non.
Mme Blackburn: D'accord.
Une voix: O.K.
Mme Blackburn: Oui, c'est ce que je... «Des travaux de
construction visés à la présente loi, si cette licence est
relative aux sous-catégories...»
Une voix: Ça se termine par «et sans l'aide
de...»
Mme Blackburn: C'est k.1. Il y a i, petit i, ii. Ça,
ça reste.
M. Cherry: Oui. Ça ne change pas.
Mme Blackburn: C'est donc dire que tout ce qui touche la
qualification de travaux de rénovation mineure, statu quo.
M. Cherry: Oui.
Mme Blackburn: Ça pourrait être 40... Je ne me
rappelle plus combien de dizaines de millions dans une papetière
où on a estimé que c'étaient des travaux de
rénovation... Ils n'avaient pas qualifié les travaux de
rénovation.
M. Léonard: Qu'est-ce qui arrive là-dedans? M. le
Président, disons que vous avez un plombier, un électricien qui
fait des travaux... Supposons un électricien, il installe un fil et
ça prend une échelle, quelqu'un pour tenir l'échelle. Il
ne peut pas faire ça. Ça devient quoi, sans l'aide d'un
salarié?
M. Cherry: Pourquoi il ne peut pas le faire?
M. Léonard: ici, la définition, ce n'est pas... il
ne rentre pas dans la définition d'un entrepreneur autonome, dans ce
cas-là. supposons que vous avez un électricien qui installe un
fil, ça peut être des travaux de rénovation, sans l'aide
d'un salarié, donc il est tout seul, il ne peut pas... si ce n'est pas
un entrepreneur autonome, c'est un entrepreneur électricien
général ou
quoi?
M. Cherry: On sait que, dans la rénovation, c'est exclu
pour le résidentiel.
Mme Blackburn: Pas seulement le résidentiel, l'industriel
et le commercial.
M. Léonard: Pour la rénovation... Attendez un peu,
là. Mais vous pouvez avoir une rénovation mineure qui exige que
deux personnes travaillent ensemble.
M. Cherry: Bien sûr. Il n'y a rien qui l'empêche.
M. Léonard: II n'y a rien qui l'empêche. Qu'est-ce
que ça empêche alors, ça ici? (22 heures)
M. Cherry: Quand il est autonome, c'est un gars qui travaille
seul. Au moment où il y a un salarié qui travaille pour lui, il
est un entrepreneur. Quand il n'a pas d'ouvrage, les autres périodes de
l'année, parce qu'on sait qu'il y a des périodes de
l'année où ça fluctue, ça lui permet de continuer
à oeuvrer seul.
Mme Blackburn: comment cette définition va-t-elle
empêcher quatre entrepreneurs autonomes de faire leur travail,
c'est-à-dire de faire un chantier complet?
M. Cherry: À 19.
Mme Blackburn: À 19, quel paragraphe?
M. Cherry:dans la loi r-20, à la page 15... je m'excuse,
à la page 15: «un employeur professionnel ne peut directement ou
par intermédiaire retenir les services...»
Mme Blackburn: Quel paragraphe?
M. Cherry: Le paragraphe 9°, article 19, page 15.
M. Léonard: Oui.
M. Cherry: Au centre: «Un employeur professionnel ne peut
directement ou par intermédiaire retenir les services d'un entrepreneur
autonome pour l'exécution de travaux de construction, à
l'exception d'un entrepreneur autonome compris dans les sous-catégories
"Entrepreneur de machineries lourdes" ou "Entrepreneur en excavation et
terrassement".»
Mme Blackburn: Ah! à l'exception d'un entrepreneur
autonome...
M. Léonard: II peut l'utiliser, oui.
Mme Blackburn: ...compris dans les sous- catégories, dans
ces deux emplois-là? M. Cherry: Oui. Une voix: Les deux
exceptions.
M. Cherry: Celui qui a une pépine, celui qui a un
bulldozer.
M. Léonard: Un entrepreneur autonome est
réputé être un employeur. Ici, dans k.1, vous dites
«sans l'aide d'un salarié»...
Mme Blackburn: Les autres sont des mutants.
M. Cherry: II peut occasionnellement. Ça dépend de
la période de l'année où tu es. Tu n'es pas obligé
d'être autonome toute ta vie tout seul. Au moment où tu as un
petit peu plus d'ouvrage, tu deviens un entrepreneur avec des
salariés.
M. Léonard: Alors, là, il n'est plus autonome?
M. Cherry: Aussitôt que tu as un salarié, tu n'es
plus autonome.
M. Léonard: II change de statut. Aïe! c'est commode,
changer de... Tu enlèves ta chemise, tu la remets.
M. Cherry: Tu sais, tu as des coins, Jacques, où
l'ouvrage...
Mme Blackburn: Alors, comme il est également prévu,
à «rémunération minimum»:
«L'entrepreneur autonome doit exiger une rémunération au
moins égale, sur une base horaire, à la
rémunération en monnaie courante et aux indemnités ou
avantages ayant une valeur pécuniaire déterminés par une
convention collective ou un décret pour un salarié
exécutant de semblables travaux, à l'exclusion des avantages
relatifs à un régime complémentaire d'avantages
sociaux.» L'argument qu'on utilise le plus régulièrement,
le plus fréquemment, c'est de dire: Un entrepreneur autonome, ça
coûte moins cher. Normalement, il devrait coûter à peu
près la même chose. Est-ce qu'il y a eu des poursuites? Par
exemple, lorsqu'il soumissionne pour des travaux du gouvernement... On a eu
connaissance de soumissions qui étaient acceptées par le
gouvernement, par l'un de ses ministères, qui étaient en dessous
du salaire horaire, par exemple, pour faire des travaux de peinture, des
travaux de rénovation mineures, mais qui ne respectaient
précisément pas cet article. Est-ce qu'il y a eu des poursuites?
Est-ce qu'on a fait des enquêtes là-dessus? Est-ce qu'on a des
données?
M. Cherry: Le problème, c'était justement
à
cause du trou de la loi par rapport à la personne physique. S'il
était incorporé, c'était ça le trou qui a fait
qu'il n'y a pas eu de poursuites et c'est ça qu'on veut boucher.
Mme Blackburn: Le dernier paragraphe de 9°, où vous
avez plusieurs paragraphes, «rémunération minimum»,
ça n'a pas rapport avec ce que vous dites. C'est: «L'entrepreneur
autonome doit - pour lui - exiger une rémunération au moins
égale, sur une base horaire, à la rémunération en
monnaie courante». On sait que les tuyauteurs le font, que les
électriciens le font, mais que, vraisemblablement, personne d'autre ne
le ferait, exiger comme entrepreneur autonome une rémunération
égale à celle qui est payée par voie de décret ou
autre.
M. Cherry: Évidemment, quand il est question de soumission
en sous-contrat, oui. Mais, quand il s'agit d'un sujet qui est
déjà exclu du décret, il doit le faire, mais tu
sais...
Mme Blackburn: Est-ce que c'a été
contrôlé? Est-ce qu'on connaît l'ampleur du
phénomène? Est-ce qu'on a déjà poursuivi en vertu
de cet article-là?
M. Cherry: On ne pouvait pas à cause...
Mme Blackburn: Une loi, ça doit apporter quelque
chose.
M. Cherry: On ne pouvait pas à cause de la description qui
a été faite que, parce que c'était physique, on ne
couvrait pas l'autre aspect.
Mme Blackburn: Non, ce n'est pas vrai, là. Pas
là-dessus.
M. Cherry: Bien! C'est ça.
Mme Blackburn: L'entrepreneur...
M. Cherry: C'étaient des incorporés qui faisaient
ça. Je me réfère à ce que... C'est Jean-Pierre qui
disait ça tantôt: Est-ce que c'est à la suite de ça
que l'APCHQ n'a pas recommandé à ses gens: Incorporez-vous. Au
lieu de ne demeurer que physique, incorporez-vous. À partir de
ça, comme la loi s'adressait à physique, il n'y a pas eu de
poursuite. C'étaient des incorporations. Ça revient à la
remarque de décembre dont on parlait tantôt.
Mme Blackburn: Donc, ce que vous nous dites, c'est que, en
acceptant le projet de loi tel que libellé, si je me fie aux
commentaires que j'ai entendus, particulièrement de vos
collègues, ça devrait avoir comme effet d'augmenter tous les
coûts des travaux de façon générale, qu'ils soient
assujettis ou non, à peu près aux mêmes coûts Parce
qu'il y en a qui sont assujettis au décret, il y en a qui ne le sont
pas. Ça, ce n'est pas assujetti au décret, rénovation,
réparation et entretien. Sauf qu'on leur dit: Vous avez l'obligation
d'exiger à peu près le même salaire que ceux qui sont
prévus au décret.
M. Cherry: Permettez-vous que mon sous-ministre vous donne un
bout d'explication pour tenter d'éclairer?
Mme Blackburn: Si le ministre ne prend pas l'habitude de faire
parler le sous-ministre à sa place.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Madame, je pense qu'il a toujours été de coutume que le
ministre puisse utiliser son personnel de soutien pour aider à
préciser des points.
Mme Blackburn: À l'occasion, mais pas comme substitut.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): II
peut le demander en tout temps, madame. C'est son privilège. Alors, M.
le sous-ministre Grégoire, on vous écoute.
M. Cherry: M. Gabrièle.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
Gabrièle. Excusez-moi. Je pensais au joueur de football.
M. Cherry: Ha, ha, ha! Gabriel Grégoire.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Bien
oui! C'est aussi bête que ça. Alors, M. le sous-ministre.
M. Gabrièle (Pierre): M. le Président, pour le
champ d'application de l'autonome, l'autonome, quand il travaille dans la
rénovation, modification, réparation et entretien dans le
résidentiel, c'est déréglementé; il n'est pas
assujetti. Dans le commercial et l'industriel, pour la rénovation et
l'entretien mineur, il est assujetti. Ce que nous lisions ici, à
l'article 19: «L'entrepreneur autonome doit exiger une
rémunération au moins égale, sur une base horaire,
à la rémunération en monnaie», ça ne touchait
que la rénovation, l'entretien mineur pour le commercial et
l'industriel.
Mme Blackburn: À quelle place c'est indiqué,
ça?
M. Gabrièle: Oui. Parce que tout ce qui est
résidentiel n'est pas assujetti.
Mme Blackburn: II y a seulement la rénovation
résidentielle qui n'est pas assujettie Lin dustrielle, commerciale,
rénovation...
M. Gabrièle: Pour le mineur. Mineur.
Mme Blackburn: Bon. À présent, mineur, c'est quoi?
Comment c'a été défini, mineur? Me dit-on sur la base de
la valeur de l'immeuble; par exemple, rénovations mineures à
Place Sainte-Foy, c'est du commercial.
M. Cherry: II n'y a pas de définition. M.
Gabrièle: II n'y a pas de quantum.
Mme Blackburn: Alors, ça veut dire que mineur, ça
peut... Comme c'a été fait à certaines occasions sur la
valeur de l'immeuble, ça peut friser les 1 000 000 $, des
rénovations mineures, par exemple à Sainte-Foy, au centre
d'achats Sainte-Foy.
M. Gabrièle: Non. On parle de rénovation, entretien
et réparations mineures. Je ne pense pas que l'ensemble des
rénovations dans un centre d'achats, M. le Président, qui peuvent
représenter 1 000 000 $, ce soient des rénovations mineures.
Mme Blackburn: Vous me dites qu'il n'y a aucun cas, et,
là, je parle au ministre, s'il vous plaît. Parce que, autrement,
je le sais, ils vont... Un jour, il va falloir que vous vous fassiez
élire, vous autres. Oui. Ça ferait peut-être des bons
députés.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le ministre.
M. Cherry: Pardon?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): En
réponse à la question de Mme la députée de
Chicoutimi. Vous pouvez répéter votre question, Mme la
députée?
M. Cherry: Pouvez-vous répéter votre question? (22
h 10)
Mme Blackburn: Ce que je dis, en vertu de cet article-là,
la définition de travaux mineurs, on s'est laissé dire
qu'étaient définis comme travaux mineurs, finalement, des travaux
extrêmement importants et d'envergure. Davantage, on qualifiait de
mineurs tous travaux relativement à la valeur de la bâtisse, de
l'immeuble. Alors, l'immeuble qui vaut quelques dizaines de millions, une
rénovation qui en vaut 500 000 $ est mineure. Évidemment, tout
étant relatif, une maison, un petit commerce qui vaut 100 000 $, 10 000
$ c'est mineur, effectivement. C'était proportionnellement à la
valeur de l'immeuble. Ce que je demandais, c'est: Est-ce que vous avez
déjà reçu des plaintes en ce sens, comme quoi on avait
défini comme représentant des travaux mineurs des travaux
très importants? Est-ce qu'on a porté ça à votre
attention? Et, à votre connaissance, ça ne s'est jamais
produit?
M. Cherry: Les plaintes qu'on a eues, c'est concernant - vous le
savez, on en a parlé assez souvent ensemble - la construction de centres
d'achats.
Mme Blackburn: Je ne parle pas de construction, je parle de
rénovation. Rénovation commerciale et industrielle.
M. Cherry: II n'y a pas eu de quantum pour dire ce qu'est une
réparation mineure, pour répondre à votre question.
Mme Blackburn: Est-ce que vous avez une idée de la valeur
ou du coût de ces travaux qui sont qualifiés de mineurs, par
exemple à l'Alcan? Ça se demande. Il doit y en avoir qui ont des
informations là-dessus.
M. Léonard: Est-ce qu'il y a eu des causes devant les
tribunaux?
M. Cherry: Pas à ma connaissance, pas
là-dessus.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): S'il
vous plaît, madame! On va s'en tenir à nous autres, ici.
M. Cherry:on n'en a pas eu là-dessus. ce qu'on a eu, c'est
sur le regroupement d'entrepreneurs. c'est sur ça qu'on a eu des
plaintes. les cartes de qualification, ça on en a eu. mais, pour la
définition de «mineurs», la réponse vite, c'est non.
;
Mme Blackburn: Pourtant, la quasi-totalité des
mémoires qui nous sont venus des associations syndicales - et je pense,
si je fouille un peu, de l'AECQ, mais, là, je ne suis pas certaine, il
faut que j'aille vérifier - ont demandé de définir
«mineurs». Vous n'avez pas retenu ça comme étant une
modification importante qui méritait un examen sérieux. Parce
qu'il faudrait revenir. Je vous dis que la majorité des mémoires
- j'en ai apporté quelques-uns, je n'ai pas pu les apporter tous -
rappellent qu'il faudrait revoir... quantifier «mineurs». La CSD en
tout cas, je me rappelle, la FTQ, la CSN. Mais je vais regarder dans les
autres.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Le
mot «mineurs», c'est à quel article? Parce que, moi,
à l'article 1, je ne vois pas ça. Et je voudrais bien qu'on fasse
l'article 1 avant de faire les autres. Ce n'est pas dans l'article 1.
M. Cherry: C'est l'article 19 de la loi, le champ
d'application.
Mme Blackburn: Oui, ça va revenir à l'article 6.
D'ici là, on va aller vous chercher quelques exemples.
M. Léonard: Ça va revenir à l'article 6.
Mais, en fait, c'est que les deux articles sont en...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
comprends qu'il y a une interrelation, mais je voudrais qu'on les adopte un par
un parce que, ici, ça devient très difficile de suivre, pour les
minutes.
Mme Blackburn: C'est un vote ou un quorum, M. le
Président?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est un quorum, il n'y a pas de problème. Il devrait y avoir deux
sortes de cloches ici: une cloche de quorum et une cloche...
Mme Blackburn: Ceux qui devraient tenir le phare s'absentent.
Une voix: Le phare?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Est-ce qu'on ne pourrait pas disposer de l'article 1? Et, à
l'article 19, on reviendra sur le «mineur» et le
«majeur», et tout ça, pour les fins du Journal des
Débats. Parce que ça devient très difficile à
suivre.
M. Léonard: II y a une chose qu'on peut faire. On peut
suspendre ici et, en étudiant l'article 19, revenir après, pour
qu'on ait l'éclairage conjoint intégré.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Là, on va reprendre tout le dernier article.
M. Léonard: Ça ne doit pas être comme un plat
de spaghettis qui figent, cette affaire-là!
Mme Blackburn: Alors, on propose de le suspendre. Quand on aura
vu les autres articles, particulièrement le 6...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): II
n'y a pas de consentement là-dessus?
M. Cherry: Non.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Bon.
Il n'y a pas de consentement.
Mme Blackburn: Alors, on continue. Si on était en train
d'adopter...
Le Président (M. Bélanger,
Laval-des-
Rapides): Mais je voudrais qu'on s'en tienne à l'article 1
qu'on doit adopter.
Mme Blackburn: Bien, M. le Président. On était en
train d'adopter un article qui présume déjà de comment on
va disposer d'un autre article sans qu'on l'ait vu, c'est pourquoi,
généralement, on demande une suspension. Et, quand on a
adopté l'article duquel dépend, qui a un rapport ou une
corrélation avec cet article-là, évidemment, on revient et
il est adopté. Mais, généralement, c'est une façon
de faire qui est reconnue dans toutes les commissions. Le président de
la commission qui a présidé de nombreuses commissions, toutes
celles quasiment auxquelles j'ai participé depuis que je suis ici parce
qu'il a changé de commission, c'était de règle,
ça.
M. Léonard: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): On
peut s'entendre là-dessus, mais... M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Tout simplement une suggestion. Je pense que
le ministre n'a peut-être pas adopté ou fait adopter de multiples
projets de loi ici, mais, quand il y a deux articles qui se
copénètrent comme ça, c'est de règle qu'on regarde
l'un, on va le plus loin qu'on peut en étudiant un et, quand on arrive
à l'autre, après, on regarde les deux ensemble, et, là,
c'est clair pour tout le monde. Vous nous forcez ou vous forcez la commission
à aller un peu à l'aveuglette, en acceptant une définition
sans savoir jusqu'à quel point ou quel sera son champ d'application
ultérieurement.
M. Cherry: Cette définition...
M. Léonard: Je pense qu'il faudrait regarder ça.
Mais c'est...
M. Cherry: Une définition, c'est de ça qu'on parie,
là.
M. Léonard: Oui, mais, justement, les définitions,
c'est une des choses les plus importantes quand on adopte un projet de loi ou
quand on étudie un projet de loi. Je le fais, on l'a fait la semaine
dernière encore...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le député de Labelle...
M. Léonard: ...par exemple, dans la commission qui
étudiait la loi 16 sur la Caisse de dépôt et placement.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le député de Labelle, je comprends et, habituellement, je suis
très ouvert à ces
choses-là. Mais, là, il y a pas d'évidence pour moi
que le quantum de «mineurs» soit à 1000 $ ou à 10 000
$, là, ça change quelque chose dans l'article qui est là.
Je veux dire, ça va changer l'article 19, ça ne changera pas cet
article-là.
M. Léonard: Sauf que, quand on parle de l'entrepreneur
autonome, le rôle de l'entrepreneur autonome va être défini
quand on va aller définir ultérieurement le champ d'application.
Alors, la relation ou l'éclairage quant à la définition...
La définition prend tout son éclairage après, quand on
voit le champ d'application. C'est ça, la relation entre les deux. Le
mot «mineures», «réparations mineures», c'est
déterminant dans la définition.
Le Président (M. Bélanger,
Laval-des-Rapides): Qu'elles soient mineures à 1000 $, à 10
000 $ ou à 1 000 000 $, ça change quoi dans ce qu'il y a
là? Rien. La définition reste la même. Ce qui va changer,
c'est le quantum à l'autre bout. Je voudrais bien, là,
mais...
Donc, sur l'article 1, est-ce qu'il y a d'autres commentaires?
Mme Blackburn: est-ce que le ministre accepte de suivre ce qu'on
appelle généralement la voie de la sagesse, suspendre? et aussi
de la pratique, en ces commissions...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est une pratique dans la mesure où on peut démontrer qu'il
y a... Mais, là, ce que je faisais valoir à votre
collègue, tout à l'heure, c'est: Que le quantum pour
l'entrepreneur autonome soit à 1000 $, à 10 000 $ ou à 1
000 000 $, ça ne change rien dans le fait qu'il est entrepreneur
autonome, il sera à 1000 $ au lieu d'à 10 000 $ ou à 1 000
000 $, il va rester entrepreneur autonome. C'est juste le quantum, à
l'autre bout, qui change, mais la définition ne change pas. Qu'on dise
qu'il est autonome à 1000 $, ça ne change rien là-dedans.
Si on dit qu'il l'est à 10 000 $, ça ne change rien et, si on dit
que c'est des travaux de 1 000 000 $, ça ne change rien à ce qui
est écrit là.
Mme Blackburn: non. ce n'est pas sous l'angle de l'importance des
travaux mineurs, et tout ça. l'article 6, ça ne touche pas les
travaux mineurs précisément...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui,
mais, madame, je parle de l'article 1, là.
Mme Blackburn: ...on voudrait que ça les touche. Oui, mais
l'article 6...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Non,
non.
Mme Blackburn: ...qui a une relation directe avec l'article
1...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
À l'article 6, on verra...
Mme Blackburn: Non, mais ça dit... On verra, mais du
moment où... M. le Président, je vous ferai remarquer que, si on
adopte l'article 6, qui vient modifier le 19 dont on vient de parler sur les
travaux mineurs, en adoptant l'article 6, on vient de consacrer la
définition d'entrepreneur autonome qui est là, c'est
évident. Ça, là, il y a un rapport entre l'article 6 et
l'article 19 là-dessus et qui n'est pas en rapport avec le fait que je
soulevais tantôt, les travaux mineurs.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): On
définit le quantum auquel commence la définition ou finit la
définition de travaux mineurs, donc de travailleur autonome, mais
ça ne change pas la définition du travailleur autonome.
Mme Blackburn: M. le Président, je vous ai induit en
erreur en amenant cet article sur «travaux mineurs». Si vous
relisez l'article 6, qui vient modifier l'article 19.1, vous allez voir que
ça excède, et de beaucoup, l'histoire des travaux mineurs dont on
vient de parler et qui apparaît à quelque chose comme au
quinzième article.
M. Cherry: Ce que vous avez appelé la voie de la sagesse,
là, ça va.
M. Léonard: Moi, j'aurais une autre question.
Mme Blackburn: Pardon?
M. Cherry: Ce que vous avez appelé la voie de la sagesse,
ça va.
Mme Blackburn: Ça va?
M. Cherry: Oui.
Mme Blackburn: Vous suspendez? Très bien.
M. Léonard: J'ai une autre question avant de passer, sur
la définition elle-même.
Mme Blackburn: Ça s'apprend.
M. Cherry: En collaboration.
M. Léonard: À lire l'article, quand vous...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Là, on ne plaidera pas dessus, c'est accepté. Ça fait
que...
Mme Blackburn: C'est suspendu. M. Léonard: On
reviendra.
Mme Blackburn: On reviendra. (22 h 20)
Commission de la construction du Québec
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): On
reviendra. L'article 1 est donc suspendu. J'appelle l'article 2 qui dit que
l'article 3 de cette loi est remplacé par le suivant: «3. La
Commission est une corporation au sens du Code civil. «Outre les pouvoirs
que la présente loi lui confère, la Commission peut:
«1° acquérir, posséder, améliorer, prendre
à bail et aliéner, à titre onéreux, tout bien;
«2° emprunter; «3° malgré les dispositions du Code
civil, hypothéquer, nantir ou mettre en gage, sans dépossession,
céder ou transporter ses biens pour assurer le paiement des obligations
ou valeurs émises, donner une partie seulement de ces garanties aux
mêmes fins, et constituer toute hypothèque, tout nantissement ou
gage par acte de fidéicommis, conformément à la Loi sur
les pouvoirs spéciaux des corporations (L.R.Q., chapitre P-16);
«4° accepter toute donation, legs ou autre libéralité
à titre entièrement gratuit et inconditionnel.»
M. Léonard: Je pose tout de suite une question pendant que
ma collègue est en train de lire. Je pose une question sur le
quatrième point. Est-ce que le ministre veut accepter toute donation,
legs ou autre libéralité, pour un jour coucher la Commission sur
son testament et veut qu'elle ait le pouvoir de l'accepter?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Ça, c'est tout réglé avec moi. Il veut me laisser son
hypothèque. Ça, ça ne marche pas.
M. Cherry: Les explications, M. le Président. C'est une
disposition qui vise à décrire certains pouvoirs corporatifs de
la Commission de la construction. Elle est devenue nécessaire suite
à un avis juridique reçu par la Commission de la part d'une
institution financière. Cet avis soulevait un doute quant au pouvoir de
la Commission d'effectuer un emprunt hypothécaire. Ils sont allés
devant une société, il y a quelque temps, un an ou deux, et ils
se sont fait dire par la banque qu'il n'était pas certain qu'ils avaient
le droit. Donc, on fait ça pour le clarifier.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Ils
sont enregistrés en vertu de la troisième partie de la Loi sur
les compagnies, je présume. C'est ça, les corporations sans but
lucratif. En règle générale...
M. Cherry: C'est ça. Et, là, ils se sont fait
dire...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...tu as un montant fixé, je pense que c'est 300 000 $, pour les
valeurs que tu peux posséder.
Mme Blackburn: C'est plus que ça. C'était rendu 1
000 000 $ dans le temps, et ça fait longtemps.
M. Léonard: C'est normal, dans des commissions comme
celle-là, qu'on prévoie le droit d'hypothéquer, sinon
elles ne peuvent pas le faire. C'est une législation
déléguée qui ne peut faire que ce qui est permis par la
loi de faire.
M. Cherry: C'est ça.
M. Léonard: Ce qui n'est pas permis, pas le droit de le
faire.
M. Cherry: C'est bien ça.
M. Léonard: Ce qui n'est pas prévu, elle n'a pas le
droit de le faire. Il reste quand même que le 4°... vous avez
répondu par le 3°. Mais c'est le 4° qui m'intéressait. Le
ministre a l'intention de faire des legs dans son testament à la
Commission de la construction?
M. Cherry: Non. Étant père de six enfants et
grand-père de quatre, j'ai suffisamment de gens à qui
léguer les choses que je pourrais avoir.
M. Léonard: Mais c'est une bonne habitude à
prendre.
Mme Blackburn: Adopté.
M. Jolivet: Vous avez accepté un «nonobstant»,
pendant mon absence? Ils ont peur de marquer «nonobstant»
maintenant. «Malgré», ça veut dire ça,
«nonobstant». C'est correct.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Donc, sur l'article 2. Est-ce que l'article 2 est...
M. Léonard: La charte de la Commission, là... La
Commission est créée comment? Par cette loi-ci?
M. Cherry: Oui.
M. Léonard: Donc, c'est sa loi constitutive.
M. Cherry: Exact.
M. Léonard: 11 n'y a pas d'autre... Après
ça, elle n'est pas obligée de demander une charte par
elle-même, c'est déjà là. C'est la loi qui la
régit.
M. Cherry: C'est ça. La Commission est une
corporation.
Mme Blackburn: Au sens du Code civil.
M. Léonard: Cette fois-là, vous n'avez rien
oublié, vous avez tout mis?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
À la gang, on est capable de trouver quelque chose.
Mme Blackburn: La ceinture et les bretelles.
M. Cherry: C'est une expression consacrée, maintenant.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Ça tient les culottes en maudit, par exemple.
M. Léonard: Mais les pouvoirs de la Commission sont
où?
Mme Blackburn: Là-dessus, il n'y a pas d'amendement? Ils
restent tels quels, c'est ce que j'ai compris.
M. Léonard: Ils restent tels quels et il ajoute
ceux-là. Ça, c'est les pouvoirs de gestion...
Mme Blackburn: Parce qu'il y a toute une série de
pouvoirs, là, déjà...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Le
pouvoir d'hypothéquer, le pouvoir...
M. Léonard: Est-ce qu'elle est dotée d'une
donation, d'une dotation par le gouvernement, cette Commission?
M. Cherry: Non. Ils ramassent leur argent... M.
Léonard: C'est...
M. Cherry: ...par des prélèvements, des
contributions employeurs-employés.
M. Léonard: mais il n'y a pas de fonds propres, aucuns
fonds propres. c'est juste les revenus et les dépenses. le fonds de
roulement, c'est quoi?
M. Cherry: Ils ont des immeubles.
M. Léonard: Aïe! Bien là, vous commencez
à me dire qu'il y a des fonds propres. Bien là...
C'est quoi, son fonds de roulement? Les immeubles sont payés sur
le fonds consolidé du gouvernement ou?
M. Cherry: Non, non.
Mme Blackburn: II y a des comptes à recevoir.
M. Cherry: Oui, oui.
M. Léonard: Alors, c'est quoi, ses fonds propres? Si elle
a des immeubles, elle a des fonds propres. Ce n'est pas juste
hypothéqué.
M. Jolivet: Mais les bâtisses n'appartiennent pas à
la Société immobilière du Québec?
M. Cherry: Non, non. Elles appartiennent à la CCQ. C'est
eux autres qui se paient ça.
M. Léonard: Ah oui? Il doit y avoir un bilan annuel ou
quelque chose?
M. Cherry: Oui. On vient de passer en commission, là,
à l'étude des crédits. Ils ont des avoirs. Quand ils sont
allés pour augmenter la marge de crédit, c'est là qu'il y
a une institution qui a émis ça. Même s'ils croyaient que
ce n'était pas nécessaire. C'est pour ça qu'on tente de le
corriger cette fois-ci.
Mme Blackburn: Ils ont également des comptes à
recevoir, en ce qui concerne la formation professionnelle, quelque chose
évalué à quelque 12 000 000 $...
M. Cherry: Je m'excuse. Et le rapport annuel est
déposé à l'Assemblée nationale.
Une voix: Et vérifié par le Vérificateur
général.
M. Cherry: Oui.
M. Léonard: Vérifié par le
Vérificateur général. Il y en a qui savent que je
vérifie et que j'interroge le Vérificateur général.
C'est bien, ça. Elle a donc des fonds propres. Donc, elle est
sûrement de quelques millions. C'est quoi, son volume d'affaires, ses
revenus annuels, la Commission?
M. Cherry: Une cinquantaine de millions. M. Léonard:
50 000 000 $?
M. Cherry: Oui. Avec tous les avantages sociaux et...
Mme Blackburn: Parce qu'ils gèrent...
M. Léonard: Non, mais les cotisations
qu'elle perçoit...
M. Cherry: Ils gèrent les vacances...
Mme Blackburn: Les vacances, les fonds de pension...
M. Cherry: Ils perçoivent 0,75 % pour l'employeur et 0,75
% pour le salarié.
Une voix: Des heures travaillées. M. Cherry: Des
heures travaillées.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le ministre, est-ce qu'ils peuvent constituer leurs avoirs propres à
partir de revenus d'intérêt? Par exemple, les sommes qu'ils
perçoivent avant qu'ils ne les versent, ils peuvent les placer puis
chercher des... Je présume. Oui. En tout cas, s'ils sont de bons
administrateurs, ils doivent sûrement procéder de même. Mais
ils n'ont pas le droit de les placer dans des endroits à risque.
M. Cherry: Ça, non.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): II
faut que ce soit ce qu'on appelle communément du «blue
chips».
M. Cherry: Du «blue chips». Ils ont payé leur
propre bâtisse.
Une voix: C'est leurs affaires. Une voix: C'est bien,
ça.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, sur l'article 2, y a-t-il d'autres commentaires?
Mme Blackburn: Pas de commentaires, mais c'était sous
forme de question. Je le disais un peu... pas vraiment à la blague. Il y
a aussi les comptes à recevoir. Le compte à recevoir qui a
été présenté au ministre est de l'ordre de 2 500
000 $ pour les mandats publics en ce qui concerne la formation de la
main-d'oeuvre.
M. Cherry: Je crois que vous confondez. L'offre qui a
été faite est de 2 500 000 $; elle a été
refusée.
Mme Blackburn: Non. Les dettes que vous avez à l'endroit
de la Commission.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Est-ce qu'ils vous réclament de l'argent, eux autres? Combien?
M. Cherry: II y a quelque chose...
Une voix: C'est 14 000 000 $.
Mme Blackburn: C'est 14 500 000 $, je pense. Il leur a offert de
régler ça pour 2 200 000 $, 2 500 000 $. Oui.
M. Cherry: 2 500 000 $. Il y a eu un premier rejet et les
pourparlers se poursuivent.
Mme Blackburn: On m'a dit autre chose. C'est une autre histoire,
mais on y reviendra sûrement. Quand on parle de la Commission... Je ne
sais pas à quelle place on va l'intégrer. Comme on est au point
qui touche le mandat de la Commission, il y avait une demande à l'effet
de donner à la Commission les pouvoirs d'un tribunal quasi judiciaire en
ce qui concernait les poursuites. Il me semble que, comme on est à
l'article qui touche les autres pouvoirs: «Outre les pouvoirs que la
présente loi lui confère, la Commission peut», c'est ici
qu'on aurait pu, normalement, introduire ces nouveaux pouvoirs. Alors, moi, je
pense que, là-dessus, je veux entendre le ministre. Comment se fait-il
qu'il n'ait pas accepté... Je n'en ai pas vu non plus dans les
amendements. Je n'ai pas vu de modifications qui permettaient à la
Commission de revenir au mandat qui était le sien avant
l'amendement...
Une voix: Le projet de loi.
Mme Blackburn: ...qui a transféré ses pouvoirs de
poursuite au Tribunal du travail. Ça a été demandé
avec beaucoup d'insistance par la Commission, mais je dirais aussi,
là-dedans, par tous les intervenants quasi sans exception. Moi, je me
dis: Si ça ne sert pas à ça, une consultation, un peu
à infléchir les décisions du ministre, je ne sais pas
à quoi ça sert. C'est rire du monde que de consulter... Ce serait
peut-être mieux de faire comme vous avez fait la semaine dernière,
tant qu'à ne pas en tenir compte. Ça, c'est une demande qui est
revenue de façon incessante parce que les délais... Là, je
vais être obligée de recommencer le discours qu'on avait fait
à l'époque et que tout le monde a fait. Les délais entre
le constat d'infraction et la poursuite, c'est plus de deux ans, des fois.
Quand c'est plus de deux ans, il n'y a plus de poursuite parce qu'il y a
l'espèce de délai qui a été trop long. Alors,
c'était ma prescription. Et comme, à cet article-là, on
touche les pouvoirs de la Commission, il me semble que c'est là qu'il
fallait introduire cet amendement. Si le ministre est d'accord, on pourrait
modifier.
M. Cherry: Au ministère de la Justice, c'est en
étude. La révision du Code de procédure pénale
devrait faire l'objet de tout ce que le ministère de la Justice
gère dans ce domaine-là. (22 h 30)
Mme Blackburn: Là, M. le Président...
M. Cherry: Mais ça, ça va faire...
Mme Blackburn: Oui, allez-y.
M. Cherry: C'est correct, O.K., non, non.
Mme Blackburn: Je dois dire que je peux paraître
irritée parce que le ministre m'a à peu près tenu le
même discours. Il m'a dit: Écoutez, je suis en train de regarder
ça un peu avec le ministre de la Justice, qui semble assez
réceptif. On pourrait, normalement, débloquer là-dessus.
Vous comprendrez qu'on peut donner tous les pouvoirs qu'on veut a la
Commission, mais ça va se passer exactement comme ça s'est
passé. J'ai quelques cas sur mon bureau où la Commission a
émis pour quelque chose comme 200 000 $ d'amendes à une
entreprise qui travaille sur les travaux de la Baie James. Finalement, ils vont
faire comme ils ont fait à Hydro-Québec, au siège social,
ils vont changer de numéro d'incorporation, ça va traîner
deux ans, trois ans. Ils vont peut-être régler pour 50 000 $ et on
n'aura rien réglé.
Les délais entre le constat d'infraction, la notification au
coupable de l'infraction et le jugement, ça ne finit plus. Qui plus est,
ça prive la Commission de revenus importants. C'est la Commission qui
fait tout le travail de vérification, c'est-à-dire
d'enquête et d'inspection, qui émet les infractions, qui envoie
tout le dossier au ministère de la Justice, par le Tribunal du travail,
et qui, finalement, supporte toute l'activité, mais elle n'a pas le
fruit des amendes, première chose.
Deuxième chose, c'est que les délais sont énormes.
Ce n'est pas vrai que c'est une loi qui va permettre la lutte au travail au
noir, et non plus que d'avoir recours à du personnel qui n'est pas
qualifié, aussi longtemps qu'on ne rendra pas la justice un peu
efficace. Moi, j'avais cru comprendre du ministre que là-dessus il
était assez ouvert. Il m'avait semblé en comprendre l'importance.
Là, on arrive avec cette loi, il y a des modifications et ça, ce
n'est pas dedans. Moi, je me dis: Si on a des commissions juste pour
écouter le monde, parle, parle, jase, jase, je veux bien que ça
soit bien sympathique, mais il me semble que ça devrait avoir une
influence.
Le ministre de la Justice, à qui j'en ai parlé très
brièvement, je dois dire, semblait aussi assez ouvert. Qu'est-ce qui
fait qu'on arrive, qu'on adopte la loi... La consultation s'est faite à
deux reprises, en décembre. Ils sont revenus avec cette idée -
c'était dans la plupart des mémoires. On revient en
février avec la même recommandation. On se retrouve en juin, en
fin de course, à la vapeur, et on n'a pas d'amendement là-dessus
dans cet article-là.
M. Cherry: Je ne pense pas que c'est dans cet article-là.
Je pense que c'est 121.
Mme Blackburn: C'est-à-dire que c'est l'article porteur.
C'est à l'article 119...
M. Cherry: 121.
Mme Blackburn: ...109 et 121.
M. Cherry: 121, c'est ça.
Mme Blackburn: Oui. Mais quand même, il faut avoir un
article porteur. Comme on fait référence à tous les autres
pouvoirs, je pense qu'on est capable, à ce moment-là...
Une voix: C'est l'autre après.
Mme Blackburn: La loi portait la possibilité d'introduire,
mais... Alors, je le dis tout de suite, si vous ne voulez pas l'apporter tout
de suite, quand on sera rendu à 109 et 121, parce que la loi touche les
articles jusqu'à... Je ne pense pas qu'on aille aussi loin que...
mesures transitoires et finales... Il y a 119.1... Non, il y en a qui touchent
ça, mais c'est beaucoup plus pour les amendes, les poursuites. Ça
ne touche pas le rôle, les pouvoirs de la Commission. Si on veut
introduire un nouveau pouvoir à la Commission, ça ne peut pas
s'en aller aux amendes. Il faut vraiment que ce soit attaché à
l'article 3 de la loi, qui prévoit les pouvoirs, il me semble. Il
faudrait demander à ceux qui s'occupent de la législation. Ils
nous diraient ça.
(Consultation)
M. Cherry: On est au début et les pouvoirs de la
corporation sont au début.
Mme Blackburn: Oui, c'est ça.
M. Cherry: Tout le reste, là, ce à quoi vous
référez, c'est 121.1, qui dit: «Les poursuites
pénales - c'est ce à quoi vous référez - en vertu
de la présente loi sont intentées par le Procureur
général ou par toute personne qu'il autorise
généralement ou spécialement à cette
fin.»
Mme Blackburn: Bon. Alors, je voudrais annoncer tout de
suite...
M. Jolivet: II n'y en a pas, d'amendement à 121.
Mme Blackburn: Oui, mais...
M. Cherry: Tous les autres pouvoirs corporatifs, autres que ceux,
là, corporatifs qui font l'objet de l'article 3, on les retrouve
ailleurs dans...
Mme Blackburn: Mais je ramène quand même la question
suivante: Est-ce qu'on n'invo-
quera pas qu'il n'y a pas d'article porteur dans la loi pour introduire
une telle modification, si je veux l'apporter seulement à 109 et
121?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
m'excuse. Moi, je suis peut-être un petit peu borné, mais
j'étais juste à l'article 2, là, et je ne suis plus
absolument rien, là.
Mme Blackburn: Non, c'est parce que... Oui.
M. Jolivet: M. le Président...
Une voix: On va adopter l'article 2...
M. Jolivet: Non, non, non, non.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est parce que j'aimerais ça qu'on les règle un par un,
parce que, là, on me promène partout, et je...
M. Jolivet: Non, mais écoutez, ce n'est pas nous,
là. Ma collègue...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
veux bien que ce ne soit pas vous, et je n'ai pas accusé personne.
M. Jolivet: Non, non, non.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
veux juste qu'on me dise si on est encore...
M. Jolivet: O.K.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...dans l'article 2, parce que, là, on me parle de 121.5. moi,
121.5, tout ce que ça me dit, c'est la fréquence d'urgence en
aviation.
M. Jolivet: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
ça fait que là, c'est à 2, ici, que je voudrais
comprendre. rendu à 121.5, je vous le jure, si ça veut dire
d'autre chose, je vais me ranger.
M. Jotivet: O.K. Bien, M. le Président, ce que ma
collègue dit... À l'article 2, on dit: L'article 3 de cette loi
est remplacé par le suivant. On donne un nouvel article 3: «La
Commission est une corporation au sens du Code civil. Outre les
pouvoirs...» Bon, elle dit: II y a un pouvoir que j'aimerais voir. Elle
demande au ministre: Est-ce que ce serait là? Le ministre lui
répond: Non, c'est à l'article 109 ou 121. Bon, 121.1, je ne le
retrouve pas non plus dans la loi, M. le Président, parce que le seul
qu'on amende, c'est 119, à ce moment-là, et on tombe à 122
à l'article 19 Prenez l'article 18 et 19 à la page 8.
Vous avez entre les deux, là, un 121 qui n'existe pas. Donc, on
demande au ministre: Est-ce que vous avez l'intention d'amener un amendement
à ce moment-là pour répondre à la question de ma
collègue à ce moment-là, ou si vous le mettez ailleurs?
C'est la question. Alors, le ministre nous a répondu que c'est là
qu'il veut le mettre. On va attendre là. On va l'attendre au coin pour
s'assurer qu'il nous réponde à ce moment-là. Mais on
voulait s'assurer que, quelque part, il existe.
M. Cherry: Moi, mes amendements, je les ai déposés.
Donc, ils sont là, ceux que vous avez.
M. Jolivet: Oui, mais vous allez avoir la nuit pour
réfléchir.
M. Cherry: Quand on arrivera à ça, si vous
souhaitez le faire. Je n'ai pas besoin de vous dire ce que vous avez à
faire.
M. Jolivet: Non, mais vous allez avoir la possibilité de
réfléchir pendant la nuit.
M. Cherry: Ah! je fais ça aussi, la nuit.
Le Président
(m. bélanger, laval-des-rapides):
alors, sur l'article 2, toujours... est-ce qu'il y a d'autres interventions
sur l'article 2, pas 121, 2?
Mme Blackburn: M. le Président, on va déposer un
amendement, parce que j'ai la conviction qu'on ne peut parler des pouvoirs...
Vous allez devoir me laisser examiner la loi. Si vous le mettez seulement sous
le titre Procédure... On ne peut pas changer, sous le titre
Procédure, les pouvoirs de la Commission. Si on veut introduire un
pouvoir, il faut que ça soit rentré dans les pouvoirs. Ça,
là, ça m'étonnerait. Consultez vos spécialistes
là-dessus. Il faut le prévoir dans les pouvoirs pour pouvoir le
reconnaître après, dans les procédures. Je n'ai jamais vu
l'inverse.
M. Audet: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le député de Beauce-Nord.
M. Audet: M. le Président, juste à titre,
là, de tenter d'apporter un éclairage, là. Ici, on
définit la Commission comme une corporation.
M. Jolivet: Oui.
M. Audet: On lui donne des pouvoirs afin de nantir,
d'aliéner, d'hypothéquer et d'emprunter, et tout ça. Si on
réfère à la loi, la loi initiale, la Loi sur les relations
du travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre, les
pouvoirs dont la députée de
Chicoutimi nous fait part se retrouvent à l'article 121. C'est
inscrit dans un chapitre sur les pénalités. Alors, on ne peut
pas, je pense, apporter un amendement à l'article 2 qui touche des
dispositions dans cette section-là. Je ne pense pas, moi. Je ne pense
pas. Ça serait tout à fait nouveau, et ce n'est pas dans l'ordre,
en tout cas, je ne pense pas que ce soit dans l'ordre des choses habituel des
commissions.
M. Jolivet: Bien...
M. Audet: Dans l'article 121.1, qu'est-ce qu'on dit? C'est que
c'est le Procureur général qui est responsable d'intenter ou de
donner les poursuites, tout ça. Ce n'est pas la Commission.
Mme Blackburn: Bien, c'est ce que je dis. C'est qu'il faudrait
que ce soit la Commission, comme ça a déjà
été le cas, comme ça a été
réclamé par tous les intervenants.
M. Jolivet: Bien oui!
M. Audet: à ce moment-là, est-ce qu'on doit
apporter un amendement à la loi actuelle, ou s'il ne faut pas faire les
deux, avec le procureur général?
Mme Blackburn: C'est-à-dire que... (22 h 40)
M. Audet: En vertu, je pense, de nos règlements, c'est le
Procureur général qui poursuit dans tous les cas, au niveau de
tous les ministères.
Mme Blackburn: Non, non, non.
M. Audet: Bien, dans les lois, sauf les
sociétés...
M. Jolivet: Dans les tribunaux du quasi-judiciaire.
M. Audet: ...pour la Société d'assurance
automobile. Mais il y a certains cas même qui sont
référés au Procureur général.
Mme Blackburn: Les régies, la plupart des tribunaux
administratifs...
M. Audet: La chasse, la pêche, c'est le Procureur
général.
Mme Blackburn: Ça relève de...
M. Jolivet: M. le Président, pour éclairer mon
collègue de Beauce-Nord, qu'est-ce que dit l'article 2? L'article 2 dit:
L'article 3 de cette loi. Quelle est la loi dont on parle? C'est celle dont on
a fait un amendement tout à l'heure pour dire que... C'était la
Loi sur la qualification et vous avez mis la Loi sur le bâtiment. C'est
bien ce que je comprends? Donc, on dit: L'article 3 est amendé par
l'article 2 d'ici. Donc l'article 3 va se retrouver dans la loi amendée.
S'il se retrouve dans la loi amendée, qu'est-ce que dira la loi
amendée? «Outre les pouvoirs que la présente loi lui
confère, la Commission peut». Donc, dans cet article 3 nouveau qui
va venir apparaître dans la nouvelle loi amendée, à ce
moment-là, on dit, nous autres - parce que le ministre a bien dit qu'il
ferait une jonction entre les deux lois, 185 et 186 - qu'il faut le
prévoir dans les pouvoirs habilitants. Elle dit: II en manque un, qui,
lui, viendra plus tard en termes d'amendement, à un autre niveau s'il le
faut, en concordance.
M. Audet: M. le Président, l'article 3 actuellement dit:
«La Commission est une corporation». Je trouve que ce n'est
pas...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): dans
l'article 2, ce qu'on amende, ce sont des pouvoirs administratifs, les pouvoirs
de gestion intérieure de la corporation. ça ne dit pas autre
autre.
M. Cherry: C'est ce que la corporation a le droit de faire.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est ça. Avec ses avoirs propres.
M. Gabrièle: Vous permettez?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
vous en prie.
M. Audet: Ce n'est pas le pouvoir judiciaire.
M. Gabrièle: C'est l'article 4 qui détermine les
fonctions et pouvoirs de la Commission, ce n'est pas l'article 3. L'article 4
dit: «La Commission a pour fonction d'administrer la présente loi
et notamment: 1° de veiller à l'application de la convention
collective conclue ou du décret adopté en vertu de la
présente loi». Les pouvoirs sont là, à l'article 4,
qui en a pour huit. De plus, il y a d'autres pouvoirs qui sont à
l'intérieur de la loi, et, pour les poursuites pénales, c'est
l'article 121.1. Ce que nous avons là uniquement, c'est le pouvoir
corporatif, à l'article 3.
Des voix: C'est ça.
M. Gabrièle: Les fonctions et pouvoirs de la CCQ, c'est
à l'article 4 et dans d'autres articles à l'intérieur de
la loi.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
L'article 3 modifie l'article 4 en y ajoutant un 9°:
«d'administrer tout fonds que les parties jugent nécessaire aux
fins de formation».
Des voix: C'est ça.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Si
vous voulez déposer votre amendement, on pourra voir s'il s'applique
plus au présent article ou s'il s'applique plus à l'article 3, et
on...
Mme Blackburn: S'il est recevable.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Sans
préjudice à la recevabilité, tout simplement savoir s'il
va à la bonne place.
Mme Blackburn: À l'article 4.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
À 4... L'article 3 modifie l'article 4 en ajoutant un 9° aux
huit éléments qu'il a ajoutés, qui sont les pouvoirs dont
la Commission est mandataire, alors que, là, on touche ses pouvoirs de
gestion interne. C'est son organisation interne, si vous voulez. Ce n'est pas
la même chose. Ce sont ses pouvoirs corporatifs et non pas ses pouvoirs
délégués. C'est plus organisa-tionnel que de sa
mission.
Mme Blackburn: II y en a qui restent sceptiques quant à la
possibilié, la capacité d'un organisme comme ça de porter
des responsabilités de tribunal administratif. D'abord, la Commission
l'a déjà eu jusqu'en 1986, jusqu'à ce quelle soit... La
loi accordait... En 1986, c'est la loi 89, je pense, qui donnait au Procureur
général le mandat exclusif d'intenter une poursuite. C'est votre
loi qui a fait ça.
Là, ce que nous dit la Commission, à la lumière de
l'expérience qu'on a vécue, c'est comme rien, d'autant qu'il y a
un article dans la loi qui prévoit que, pour qu'on puisse donner des
pénalités, «une poursuite ne peut être
intentée, en vertu de la présente loi, des règlements et
d'un décret, plus de 12 mois après la date à laquelle
l'infraction a été commise ou, dans le cas d'une infraction
visée au paragraphe 4° - on parle des infractions dont on vient de
faire la liste - de l'article 122, plus de 12 mois après la date
à laquelle l'infraction est parvenue à la connaissance de la
Commission». Ça veut dire que le moindrement que vous avez des
retards là-dedans, ça veut dire que ça n'a plus aucune
portée et aucun effet.
Alors, moi, je pense que... Je n'ai pas vu d'amendement qui aille dans
ce sens-là. Je voudrais savoir du ministre, pour qu'il ait le temps de
réfléchir cette nuit, est-ce qu'il a l'intention d'en introduire
un? Il aurait le temps de parler à son collègue. De temps en
temps, ils doivent se voir, aussi, hein?
M. Cherry: C'est ce que je tentais de vous expliquer au
commencement et que vous avez refusé comme explication. C'est qu'au
ministère de la Justice, présentement, on est en train de
réviser tout le Code de procédure de l'ensemble de toutes ces
choses-là. Il n'y a pas seulement là - vous l'avez dit
tantôt - il y en a d'autres organismes gouvernementaux. Donc, ils sont en
train de réviser tout ça. Ça fait l'objet
présentement d'études au niveau des comités
interministériels. C'est ça que j'ai tenté de vous dire
tantôt.
Mme Blackburn: Oui, mais, déjà, on parle... Il y a
des avis qui ont été donnés. On n'a pas inventé le
monde en prenant le pouvoir, là. On rappelle ici... Justement ce
mémoire-là, je l'avais trouvé particulièrement
intéressant. Il me semble qu'il aurait peut-être fallu le relire
un peu avant, pour examiner ce qu'on avait retenu des mémoires entendus.
On rappelle à la page 14 du mémoire de la Commission de la
construction: Dans un exposé portant sur les principes sous-jacents
à la rédaction du nouveau Code de procédure pénale,
Me Gilles Létourneau, alors secrétaire général
associé pour la législation au Conseil exécutif, exprimait
ainsi les principes ayant gouverné à la révision du droit
de poursuite. Par exemple, la nouvelle procédure doit reconnaître
le fait que le Procureur général du Québec est le gardien
ultime de la paix publique et qu'à ce titre il détient la
responsabilité ultime des poursuites pour toute violation à une
loi ou à un règlement du Québec. Cependant - et là,
écoutez bien - de même, à l'inverse, il n'est pas opportun
de réserver exclusivement au Procureur général le droit de
poursuite.
C'est trop lourd. Ça fait ce que ça donne actuellement. On
est en train de toucher à une loi qui, nous dites-vous, peut avoir des
effets importants pour contrer le travail au noir. Une des meilleures
façons, c'est encore de rendre les poursuites efficaces. C'est un peu
comme si vous commettiez une infraction au Code la route et que vous verriez
votre pénalité arriver deux ans après. Vous diriez:
Écoutez, c'est trop tard, ça n'a pas de bon sens. Ça
n'aurait eu aucun effet sur votre comportement, à part de ça,
absolument aucun, aucun. Alors, c'est ça qu'on est en train de
perpétuer.
M. Cherry: C'est ça que j'ai tenté de... Je vais
tenter pour une troisième fois de vous le dire.
Mme Blackburn: Je le sais.
M. Cherry: Je l'ai envoyé, le mémoire. Je l'ai
envoyé, le mémoire, au ministère de la Justice. Comme ce
n'est pas le seul endroit où on doit réviser ça, ils ont
mis ça à l'intérieur d'une révision globale de
toutes les formes de... Ce n'est pas seulement là, là.
Mme Blackburn: Oui, mais vous savez ce que ça va faire,
là? Est-ce qu'il vous a dit, le
ministre de la Justice, avec les autres tâches qui sont les
siennes, quand est-ce qu'il va nous mettre ça sur la table, une telle
révision globale de tous les tribunaux administratifs?
M. Cherry: On parle de l'automne. C'est les indications qui m'ont
été données.
M. Jolivet: Au mois d'octobre.
M. Cherry: Non, non. Vous me posez une question, je vous donne
une réponse. Je ne peux pas être plus honnête que ça,
si c'est celle qui m'a été donnée.
Mme Blackburn: Ça a pris 30 ans à procéder
à la réforme du Code civil.
M. Audet: Oui, mais on n'a pas été là 30
ans.
Mme Blackburn: Vous étiez là avant aussi, par
exemple.
M. Cherry: Bien oui!
Mme Blackburn: Vous avez bien fait 9 ans la première fois
et un autre 7 ans, là. Ça commence à en faire 16.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le député de Beauce-Nord, il y a 30 ans, il ne devait pas
être là avant certain. Ha, ha, ha!
M. Audet: Non.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mme
la députée de Kamouraska-Témiscouata.
Mme Dionne: M. le Président, ce que je comprends de la
demande de la députée de Chicoutimi, c'est que, s'il y a des
changements, M. le ministre, qui étaient apportés, ils seraient
apportés par le Procureur général sans amender cette
loi-ci, compte tenu du libellé de l'article 121.1. C'est ça,
hein? Alors, les changements pourraient être apportés sans
modification à la loi?
Mme Blackburn: Toute autre personne. On ne parle pas d'organisme
ou de corporation. Je ne pense pas, mais là... Je pense que vous
étirez pas mal. C'est Loi modifiant la Loi... Là, ils en
modifient cinq, six, là.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Ça peut être un bill omnibus.
M. Jolivet: Si ça n'existe pas dans votre règne, on
va être obligés de faire ça avec un autre. Des bills
omnibus, vous n'en faites pas, vous autres.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est parce que le dernier qu'on a vu, c'est Trudeau, puis ça nous a
bien fait peur. Ha, ha, ha! (22 h 50)
Mme Blackburn: «Ou par toute personne qu'il
autorise», ce n'est pas un organisme.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): On
n'a pas repris de chances.
Mme Blackburn: L'article 2 est adopté.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, l'article 2 est adopté. J'appelle l'article 3, qui se lit de
la façon suivante:
L'article 4 de cette loi est modifié par l'addition, à la
fin, du paragraphe suivant: «9° d'administrer tout fonds que les
parties jugent nécessaire aux fins de formation.»
M. Cherry: Alors, cette disposition confère à la
Commission le pouvoir d'administrer les fonds visés. Cette disposition
est complétée par les articles 10 et 16 du projet de loi: 10,
ça donne les assises juridiques et 16, les frais d'administration.
Mme Blackburn: Les dispositions prévues au décret,
selon les consultations juridiques qui ont été menées par
les différentes associations, on estime que l'entente intervenue entre
les parties pouvait entrer en vigueur et n'avait pas besoin de ces assises.
Alors, évidemment, on connaît les raisons qui ont mené au
délai et les effets que ça risque d'avoir sur l'entente qui avait
été signée. Une question au ministre: L'entente, telle que
signée le 23 octobre, si ma mémoire est fidèle - je sais
que je la trouverais quelque part dans mes papiers, là - va-t-elle
entrer en vigueur dès l'application de cette modification, l'adoption de
la loi? Est-ce que, par exemple, à compter du 1er juillet, on va
commencer à constituer un fonds?
M. Cherry: Vous vous souviendrez qu'au mois de décembre,
lorsqu'on a débattu ça, je vous ai répondu que, selon
l'avis des procureurs au ministère chez nous, ça nous prenait -
et je vous ai cité l'article à l'époque - l'assise
juridique. L'assise juridique, pour modifier le décret, exige le
consentement des parties. Alors, comme il y avait le retrait d'une des parties,
n'ayant plus d'assise juridique... Ça, les gens qui me conseillent,
c'est ce qu'ils m'ont dit. C'est pour ça qu'en déposant le projet
de loi tel qu'il est là, ça va fournir l'assise juridique aux
parties.
Mme Blackburn: M. le Président, je ne connais aucune
disposition, dans aucune loi... Il y a la Loi sur la protection du consommateur
qui
vous donne 10 jours, mais, de façon générale,
à moins qu'il y ait un vice de forme, des ententes signées entre
parties consentantes s'appliquent. Vous ne pouvez pas, par une simple lettre -
ça serait trop facile, on pourrait se délier de toutes sortes de
choses - commencer à dire: Je ne respecte plus mon engagement. Ça
ne finirait plus.
M. Cherry: Vous vous souviendrez qu'à l'article 51 il
s'agissait de faire une modification au décret. Le gouvernement, de
quelle façon peut-il modifier le décret? Le gouvernement peut
prolonger, abroger le décret avec le consentement de l'association
d'employeurs ou celui des associations de salariés
représentatives à un degré de plus de 50 %. Il peut aussi,
sur recommandation du ministre, modifier le décret avec le consentement
de l'association d'employeurs et celui des associations de salariés
représentatives à un degré de plus de 50 % et après
une publication de cet avis dans la Gazette officielle. Donc, ayant eu
un avis qui disait qu'il me retirait l'appui, je n'avais plus d'assise
juridique.
Mme Blackburn: M. le Président, ce n'est pas...
M. Cherry: C'est pour ça qu'on l'a.
Mme Blackburn: ...vrai. Ça ne peut pas être vrai.
Vous ne pouvez pas signer - je vais le sortir, je l'ai ici, voilà - une
entente entre parties consentantes, puis deux mois après, parce qu'une
loi ne fait pas votre affaire, retirer votre signature. Il n'y a aucune entente
à travers le monde qui tiendrait si n'importe qui faisait ça.
Voyons, ça ne tient pas. Vous ne pouvez pas comme ça. Alors,
ça veut dire que, demain matin, là, tout ce qu'il y a au
décret - il y a des lettres d'entente, là - on retire sa
signature et on dit: On n'a plus d'entente. Ce n'est pas comme ça que
ça marche.
M. Cherry: Une fois que c'est intégré dans le
décret. Mais c'était ça, le problème du mois de
décembre. C'est que j'avais une demande des parties pour modifier le
décret. Avant même qu'on puisse faire ça, une des parties
retire son consentement et, selon la loi, je ne peux pas le faire, si je n'ai
pas le consentement des deux.
Mme Blackburn: Ça serait vrai, ce que vous avancez, s'il
n'y avait pas eu signature. Je rappelle qu'il y a signature d'un document
officiel... Il faudrait que je retrouve mon décret. Je pense que ce
n'est pas le papier que j'ai. On est allé chercher le décret.
M. Cherry: Ça serait peut-être intéressant
qu'on relise, M. le Président, l'article 61, qui dit le contenu du
décret. À la lecture de ça - je ne pense pas que ça
soit nécessaire que je le fasse - on ne retrouve nulle part la
confection d'argent aux fins de formation.
Mme Blackburn: On met une série...
M. Cherry: «Le décret doit contenir des dispositions
concernant la classification des emplois, la rémunération, le
bulletin de paie, la durée de travail, les heures
supplémentaires, les jours fériés, les congés
payés, le délai-congé, le régime
complémentaire de sécurité sociale, la durée du
décret et la procédure applicable pour sa modification. «Il
doit aussi contenir des dispositions concernant la sécurité
syndicale, y compris le précompte des cotisations, les
délégués syndicaux, la procédure de
règlement des griefs et l'exercice des recours des salariés
contre les mesures disciplinaires prises par l'employeur. «Il peut aussi
contenir notamment des dispositions concernant l'ancienneté, les
mouvements de main-d'oeuvre, les travaux par roulement, les travaux de nuit,
les travaux du dimanche ainsi que les majorations de salaire, les primes, les
indemnités et allocations diverses, les tableaux d'affichage, les
vestiaires et les outils.»
Mme Blackburn: Notamment, ce n'est pas exclusif.
M. Cherry: Là, il était question de la
création d'un fonds pour formation syndicale n'apparaissant nulle part.
J'ai besoin de l'assise juridique. Et, là, l'article 10 prend soin de
ça.
M. Chevrette: Mais «notamment»... Mme Blackburn:
«Notamment», c'est ça.
M. Chevrette: Quand vous dites «notamment», c'est
«entre autres», ça.
Mme Blackburn: «Notamment» et «entre
autres».
M. Chevrette: Ordinairement, ça veut dire «entre
autres», ça.
M. Cherry: Oui, mais ça décrit. Nulle part,
là, ça prend soin de ce qu'on veut faire maintenant.
M. Chevrette: Mais, «notamment», c'est un minimum, ce
n'est pas un maximum que tu vises.
Mme Blackburn: C'est ça. Ce n'est pas un maximum,
«notamment».
M. Cherry: Oui, mais...
M. Chevrette: Quand vous dites qu'il n'y avait pas d'assise
juridique, je m'excuse, vous pouviez vous servir de l'article que vous
venez
de lire et dire que «notamment», ça faisait donc
partie d'une liste non exhaustive. c'était un beau prétexte de
votre part pour dire que ça vous prenait une assise juridique.
Mme Blackburn: Autrement, ça serait «aussi»,
et ça arrêterait là.
M. Cherry: C'est votre opinion.
M. Chevrette: Ce n'est pas notre opinion, c'est ce qui est
écrit.
M. Cherry: C'est votre opinion et nos conseillers juridiques ne
la partagent pas.
M. Chevrette: Les conseillers juridiques, eux autres... C'est eux
autres qui fabriquent les articles et, après ça, ils disent qu'on
n'a pas d'assise juridique. C'est eux autres qui rédigent les lois.
Quand on dit «notamment», on ne peut pas prévoir tout ce
qu'il y a dans les décrets.
Mme Blackburn: Bien, c'est ça.
M. Chevrette: Notamment, tu pourrais dire que, demain matin, tu
paies mes bottes. C'était notamment les bottes, les bottines et,
notamment, les cordons. Bien, si tu as oublié les cordons, ça te
prend une assise juridique pour mettre les cordons! Voyons donc! Ce n'est pas
pour rien que ça a été écrit de même. C'est
un listing d'articles potentiels dans l'article que vous avez lu, vrai ou faux?
C'est un listing d'articles de décrets éventuels. C'est ça
que dit l'article 61, que vous avez lu.
M. Cherry: Oui.
M. Chevrette: Donc, quand tu dis: Pourront négocier, entre
autres, les congés sociaux, les conditions de travail, les
prérogatives syndicales, notamment également, les congés
familiaux... Écoute, à un moment donné, ils s'entendent
pour négocier, je ne sais pas, moi... Dans le nouveau décret, ils
disent: On veut discuter, dorénavant, de l'ancienneté dans le
placement, par exemple. Vous auriez besoin d'une assise juridique pour
ça? Mon oeil! Ce n'est pas vrai.
M. Cherry: Non, mais c'est prévu, M. le Président,
l'ancienneté, les mouvements de main-d'oeuvre... (23 heures)
M. Chevrette: Oui, c'est prévu, mais ça ne le
serait pas et ça serait pareil. «Notamment», c'est pour ne
pas faire en sorte qu'on soit limité à la liste prévue
à l'article 61. Écoutez, quand tu dis «notamment»,
ça veut dire dont le minimum, ça peut être ça. Si tu
prends la peine de dire «notamment», c'est parce que ça ne
comprend pas tout. C'est entre autres les points suivants. Ça voudrait
donc dire... Si vous l'inter- prétez différemment, si vos
juristes disent qu'ils l'interprètent différemment... Ça
veut dire tout ce qui n'est pas dans l'article. Dorénavant, si je
suivais votre raisonnement... Vous avez été négociateur
syndical, hein? Je vous jure sur mon âme de cochon que vous n'auriez
jamais accepté que la clause «notamment»...
Des voix:...
M. Chevrette: Jamais, jamais vous n'auriez accepté, M. le
ministre du Travail, que la liste qu'il y a là vous empêche de
négocier des conditions de travail. Jamais, sinon à chaque fois
qu'il y aurait un terme neuf de convention collective, ça vous
obligerait à vous donner une assise juridique dans la loi, si je suivais
votre raisonnement. Ça, c'est impensable, c'est impensable. Ça
veut donc dire que, dorénavant - je peux aller plus loin que ça -
tout sujet neuf en négociations devrait faire l'objet d'amendements
à votre loi pour que vous vous donniez une assise juridique. Ça
n'a pas d'allure.
Mme Blackburn: Toutes les lois qui utilisent
«notamment» seraient fermées aux articles
énoncés, aux points énoncés.
M. Chevrette: Ça ne tient pas debout.
Mme Blackburn: On ne pourra jamais interpréter... S'il
fallait que les lois soient interprétées comme ça,
ça serait catastrophique.
M. Cherry: Votre expérience syndicale aussi vous rappelle
qu'il y a une façon de modifier ça, c'est par entente entre les
parties. Là, tu modifies... Dans ce cas-ci, la convention collective,
c'est le décret.
M. Chevrette: Non.
M. Cherry: C'était ça, la demande. Avant même
qu'on puisse se rendre pour modifier le décret, une des parties retire
son consentement. Premièrement, on ne peut pas l'appliquer et,
deuxièmement, je n'ai même pas d'assise juridique pour y permettre
de gérer le fonds.
M. Chevrette: Est-ce que le ministre du Travail conviendra avec
moi que le problème majeur, c'est qu'on n'est pas dans un cadre de
négociation à l'intérieur du Code du travail? Vous avez
une loi spécifique à l'industrie de la construction. Comme, dans
l'industrie de la construction, tu peux passer quatre, cinq
échéances sans négocier, dans le fond... C'est des
renouvellements de décret par...
M. Cherry: Prolongation.
M. Chevrette: ...prolongation. Quand tu prolonges un
décret... À part de ça, j'allais
dire - vous m'avez fait perdre mon fil, mais je vais juste faire une
allusion à ça - que les parties peuvent s'entendre, et le
tataouinage pour en arriver à le faire reconnaître fait en sorte
qu'une partie peut se retirer. Ça, la faute, c'est à qui? C'est
aux tataouineux, n'oublions pas ça. Dans l'industrie de la construction,
il y a souvent des ententes et, quand le gouvernement en place, quel qu'il soit
- j'essaie d'être très neutre, mais je vous vise en maudit... Les
parties peuvent s'entendre. Elles ont des échanges, elles ont ce qu'on
appelle communément des compromis acceptables de part et d'autre, pour
ne pas dire des «deals», mais là le gouvernement se met
à tergiverser. Ça lui prend assez de temps et il pose tellement
de conditions... C'est des touts quand tu négocies.
Moi, je me souviens pourquoi une partie à retirer son appui
à une entente. C'est parce que c'était situé dans un tout.
Quand tu changes unilatéralement ou que tu veux changer, comme
législateur, unilatéralement la partie du tout, il ne faut pas
que tu te surprennes que les ententes ne tiennent plus. Ou on négocie ou
on ne négocie pas. C'est ça qui est le maudit problème.
Laissez-les s'entendre et elles vont s'entendre mieux que si vous interveniez.
Tout le monde a l'impression, dans l'industrie de la construction... Je vais
vous laisser la chance de bien écouter votre conseiller, parce que je
veux bien que vous me compreniez par la suite.
M. Cherry: Allez-y, je suis tout yeux et tout oreilles.
M. Chevrette: Tout yeux et tout oreilles. Je voudrais non
seulement être écouté, mais entendu et compris.
M. Cherry: Ah! ça, là, il ne faut pas en demander
trop.
M. Chevrette: Ce n'est pas moi qui le dis. Ha, ha, ha!
M. Cherry: essayer de comprendre le député de
joliette... essayer de l'entendre, ça c'est facile; le comprendre, c'est
un peu plus difficile. si j'étais le seul...
Le Président (m.
bélanger, laval-des-rapides):
j'entends bien, mais je ne comprends rien. tu vas avoir zéro pour
ton bulletin, puis c'est mieux que rien.
Une voix:...
M. Chevrette: mais, là, je vous ferai remarquer, m. le
ministre, que, si vous n'avez pas compris, je vous le réexpliquerai.
j'étais enseignant de carrière.
M. Cherry: Ah!
M. Chevrette: Ordinairement, j'avais une tendance, à part
ça, à m'assurer que mon dernier de classe comprenne avant de
passer à autre chose. C'était ma philosophie comme
enseignant.
Une voix: Dans le temps.
Une voix: La pédagogie, c'est l'art de
répéter.
M. Chevrette: C'est vrai, ça. C'est la meilleure
façon d'enseigner comme il faut.
Des voix:...
M. Chevrette: Moi, c'est parce que j'ai pris ce bout de
conversation dès le début. Vous dites que vous n'avez pas
d'assise juridique. Vous vous permettez de modifier les dates de prolongation
par l'article qu'on a déposé tantôt, les amendements.
Qu'est-ce qui vous oblige à avoir une assise juridique au moment
où vous renouvelez? Vous pourriez faire une commission parlementaire,
entendre les parties conformément à la loi dans l'industrie de la
construction.
M. Cherry: 51. C'est ça.
M. Chevrette: Vous entendez les parties, puis c'est vous qui
tranchez, n'est-ce pas? En quoi ça vous oblige? Là, je vais
m'adresser peut-être aux juristes dans ce cas-là, parce que je
sais que c'est une question de droit. Qu'est-ce qui vous oblige, quand vous en
êtes rendus à la prolongation, à avoir une entente?
Pourquoi ne pas vous servir de la clause de portée
générale, qui dit «notamment», puis
décréter à ce moment-là en fonction de ce qui vous
apparaît juste, équitable et raisonnable? C'est ça que la
loi dit. C'est parce que j'essaie de comprendre votre besoin d'assise
juridique. Moi, c'est drôle, ça ne me rentre pas dans la
tête, puis je suis convaincu que... J'aimerais qu'on me l'explique en
droit, que votre avocat me dise pourquoi que ça...
M. Cherry: Ce n'est pas un avocat.
M. Chevrette: Bien, faites-en venir un. Qu'il m'explique ce que
c'est, l'assise juridique.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oh
non! Ça va mieux pas d'avocat.
M. Chevrette: C'est vrai? Des voix: Ha, ha, ha! M.
Cherry: Ce n'est pas flatteur. Une voix:...
M. Chevrette: Qu'il m'explique le besoin à cause des lois
existantes.
M. Cherry: O.K. Tu veux un avocat?
M. Chevrette: Non, mais qu'il m'explique sur le pian
juridique.
M. Rochon (André-F.): André Rochon,
ministère de la Justice, Québec.
M. Chevrette: Ah!
Une voix: Oh!
M. Chevrette: Pas du Travail.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oh!
Attention, hein!
M. Rochon: Directeur adjoint par intérim au contentieux
travail et main-d'oeuvre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): II
en a amené un vrai.
Des voix: Ah!
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Oh!
Des voix: Oh!
M. Chevrette: Vas-y!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
jugerai après. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): On
le connaît. Ha, ha, ha! Alors, maître, on vous écoute.
M. Rochon: L'entente en elle-même était
signée par les parties. Lorsqu'on a eu à l'analyser, on voulait
s'assurer juridiquement qu'il n'y avait pas de risque qu'elle soit
déclarée ultra vires des pouvoirs prévus par la loi,
qu'elle aille au-delà des pouvoirs prévus par la loi. Nous avons
donc recommandé qu'il soit prévu l'article 3 qui permette
à la Commission d'administrer tout fonds que les parties jugent
nécessaires aux fins de formation. La Commission a un mandat public en
matière de formation professionnelle et l'entente, telle qu'elle
existait, était une entente qui créait un fonds privé, en
marge des mécanismes de la loi, notamment du Comité sur la
formation professionnelle, le CFP, le comité mixte en matière de
finances, etc. C'était tout situé en dehors des mécanismes
prévus par la loi dans les matières de fonds, par exemple.
Afin d'assurer que cette entente-là, qui était entre des
parties, ne puisse être mise en péril dans un litige, nous avons
recommandé ces dispositions-là. Il y a l'article 3, il y a
l'article 10 et il y a également l'article 16 qui faisaient, finalement,
le tour de tous les pouvoirs qui nous apparaissaient juridiquement aptes
à assurer la validité ou le maintien de cette entente et sa mise
en vigueur et son respect, par la suite.
M. Chevrette: Donc, ce n'est pas en vertu de l'article 51, comme
on m'a répondu.
Mme Blackburn: Bien oui!
M. Chevrette: Écoutez, j'ai suivi le raisonnement du
ministre, et là, vous en donnez un autre.
M. Cherry: J'ai expliqué ma façon de...
M. Chevrette: Moi, je vais essayer de vous expliquer ce que j'ai
compris de vous deux.
M. Rochon: Pour modifier le décret lui-même... (23 h
10)
M. Chevrette: Le ministre me dit: On avait un listing et
ça n'y était pas. Ça nous prenait une assise juridique. Il
nous a lu une grande liste. Il nous a dit que c'est parce qu'une des parties
avait retiré son appui à l'entente.
Si je vous comprends, vous, mon cher maître, quelle que soit
l'entente des parties, vous dites: On ne prenait pas de précautions,
parce que cette entente-là, même si elle était valide et
même s'il n'y avait pas eu de retrait - c'est à peu près
ça que vous me dites - il aurait quand même fallu un article pour
donner une assise juridique à un fonds nouvellement créé,
qu'on appelle un fonds privé, et on ne voulait pas prendre la chance
qu'il soit ultra vires. C'est ça que vous me dites. C'est un petit peu
différent de ce que j'ai entendu avant. Vous n'êtes pas
obligé de porter un jugement politique, mais j'ai entendu la version
d'avant. Je viens d'entendre la vôtre et ce n'est pas la même
chose.
Je vais vous poser un problème. S'il y avait eu entente dans le
cadre de la loi des décrets de la construction tels qu'on les
connaît, ou des conventions collectives converties en décrets
telles qu'on les connaît dans la construction, est-ce que vous auriez mis
une assise juridique si toutes les parties avaient négocié de
bonne foi, en vertu de la loi, en se servant de la clause
«notamment» et si elles étaient arrivées avec un
décret complet, comprenant le fonds? Est-ce que vous auriez senti le
besoin de suggérer une assise juridique? Vous avez le droit de
répondre.
M. Rochon: Je peux répondre?
M. Chevrette: C'est à vous que j'ai posé la
question.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Moi,
je ne répondrai pas.
M. Rochon: Je ne peux pas répondre théoriquement
à une entente quelle qu'elle soit.
M. Chevrette: Prenons la loi des décrets telle qu'elle
existe. On va y aller autrement.
M. Rochon: La Loi sur les décrets de convention
collective?
M. Chevrette: la loi de l'industrie de la construction qui dit
qu'on s'écrase, qu'on négocie et que, quand on s'entend, on donne
ça au ministre et, lui, il entérine ça. c'est correct?
M. Rochon: Oui.
M. Chevrette: Si elles étaient arrivées avec une
entente, sans aucun retrait de signature, de part et d'autre, avec la
création du fonds, est-ce que vous auriez eu besoin d'une assise
juridique?
M. Rochon: À l'article 61, la loi prévoit le
contenu, d'une part, obligatoire du décret, ensuite des dispositions
qu'il peut aussi contenir. La disposition, même si elle est suivie d'un
«notamment», ne veut pas dire qu'elle soit illimitée. Elle
est limitée par le «notamment» à tous les autres
éléments similaires à ceux qui sont déjà
prévus dans la disposition, selon l'opinion juridique que nous avons
eue. Lorsque l'entente veut porter sur quelque chose qui est plutôt en
marge de l'énumération de l'article 61, à notre avis il
fallait l'habiliter pour assurer ces assises juridiques. À l'article 61,
c'est l'habilitation pour l'introduire dans le décret. Les deux autres
dispositions sont plus accessoires d'administration.
M. Chevrette: Comme ça, toute nouvelle formule conclue
entre l'employeur et les syndicats représentatifs devra être
préalablement soumise à un amendement à la loi vous
donnant une assise juridique. Je prends un exemple. Le fait, par exemple, de
décider qu'il y a un revenu garanti, à supposer qu'on en arrive
à dire qu'il y a un revenu garanti minimum de 8000 $ dans la
construction, ça nécessiterait que vous arriviez et que vous
modifiiez l'article 61, dans la logique que vous dites.
M. Cherry: Bien oui! Il n'est pas dedans.
M. Chevrette: Oui, mais c'est quoi l'esprit d'une convention
collective si les parties agréent? Le gouvernement n'a même pas
une cent à mettre dedans, et les parties agréent. Pourquoi ne
mettez-vous pas une clause de portée générale, d'abord,
pour éviter de se ramasser.. Ce n'est pas trop plaisant de se ramasser
en commission parlementaire, surtout quand ça change d'idée comme
on change de chemise. S'il y avait une clause de portée
générale pour laisser les parties faire des relations de travail
normales, vous ne pensez pas que ça serait plus logique? Comme le Code
du travail, par exemple.
M. Cherry: Dans le moment, les gens dans l'industrie de la
construction sont assujettis à un décret.
M. Chevrette: Oui, je sais.
M. Cherry: Quand il y a modification à ça, la
façon de le modifier, c'est l'article 51, que je vous ai lu
tantôt, et ça prend le consentement des parties. Quand il n'y a
pas le consentement de l'une des deux, je suis obligé de retourner
à 51 et de dire ce qu'il y a dedans.
M. Chevrette: Oui, mais on lit des baux et des contrats
notariés. Tu dis: Je vous vends ma maison avec l'équipement,
notamment la table, les chaises, les fourchettes et les couteaux, et tu oublies
les petites cuillères. Le gars part avec ses petites cuillères?
Ce n'est pas de même.
Moi, je suis très surpris de l'avis juridique que vous donnez,
d'abord, très, très surpris. En matière de relations de
travail, dans la majorité des clauses, pour éviter une
enumeration à n'en plus finir, tu utilises toujours le mot
«notamment» et tu donnes une série de significations. En
relations de travail, j'aimerais que... Si je pitonnais à
l'Université Laval, ils me donneraient autant de jurisprudence que vous
pouvez en avoir dans votre avis juridique, avec tout le respect que j'ai pour
le contentieux du ministère de la Justice.
En relations de travail, ça ne marche pas de même,
ça. S'il fallait définir dans chaque mosus de loi toutes les
clauses qui viennent en convention collective, vous ne finiriez plus. Je
comprends que ça peut être le «fun», travailler
là-dessus, mais, en relations de travail, tu ne sais jamais... La
conjoncture, la technologie change, il y a des avantages différents qui
peuvent se négocier. Par exemple, il y a 25 ans, on n'aurait pas parler
de donner une chance aux vieux travailleurs l'hiver, par exemple. Aujourd'hui,
on discute de plus en plus, dans les centrales, pour dire: Nos hommes de 50 ans
ou de 55 ans et plus, il faudrait peut-être s'enligner pour leur donner
une chance. C'est un avantage de convention collective. Le minimum de salaire
pourrait être, je sais pas, de x milliers de dollars. Il pourrait
s'ensuivre... On pourrait vous demander votre aide, à vous, un grand
fédéraliste comme vous. On pourrait vous demander votre aide pour
aller négocier avec le fédéral une entente, par exemple,
pour que l'assurance-chômage joue un rôle en même temps que
le revenu que les travailleurs pourraient mettre
dans un fonds.
Là, si je comprends bien, chaque fois, il faudrait revenir, avec
l'interprétation que M. Rochon donne, devant l'Assemblée
nationale pour le faire ajouter à la liste, parce qu'il n'est pas dans
la liste.
M. Cherry: Tout dépend de la nature de la modification. Si
c'est quelque chose qui, dans des termes généraux, est
déjà couvert, tu peux y aller. Mais, quand il s'agit de
créer quelque chose qui est tout à fait nouveau et pour lequel il
n'y a pas, de façon descriptive, une assise juridique, je pense
qu'à ce moment-là ça confirme l'avis qui m'a
été donné.
Mme Blackburn: Curieusement, l'argument que m'a toujours
amené le ministre, c'est qu'une des parties a retiré son
consentement. Il ne m'a jamais expliqué que c'est parce qu'il n'y avait
pas d'assise dans la loi. Il a dit: II n'y a pas d'assise dans la loi parce
qu'ils ont retiré leur consentement. Pardon, pardon, relisez.
L'explication, c'est encore l'explication qu'il vient de donner tantôt:
J'ai dû modifier la loi parce que, faute de consentement, n'ayant pas
d'assise, je ne pouvais pas procéder.
Alors, voulez-vous m'expliquer - moi, je comprends très bien...
C'est M. Rochon, je pense?
M. Rochon: Rochon, oui.
Mme Blackburn: Vachon?
Des voix: Rochon.
Mme Blackburn: M. Rochon.
M. Chevrette: Ministère de la Justice.
Mme Blackburn: Me Rochon, ce qu'il nous explique, c'est que
ça prend une assise - elle n'existe pas - qu'il y ait ou non entente
entre les parties, parce que ça pourrait, éventuellement
être contesté. D'accord? Alors, si tel n'est pas le cas, pourquoi
est-ce que le ministre, qui a eu la demande de modification le 24 octobre...
Et, quand l'AECQ a retiré son consentement, c'était le 10
décembre. Pourquoi est-ce que le ministre s'est traîné les
pieds comme ça? Ce serait déjà réglé,
là. On ne serait pas en train de faire ça. Probablement qu'ils
seraient en train de la contester, mais sur une autre affaire. Il faudrait vous
faire remarquer que, dans 185, il n'y avait pas de provision pour ça.
C'est venu après.
M. Chevrette: Envoyé, donnes-y la claque. Des voix:
Ha, ha, ha!
M. Cherry: II dit: Envoyé, donnes-y la claque. Elle n'a
pas besoin d'encouragement. Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Non, mais, c'est parce que... Écoutez,
là, vous nous dites: Un avis légal, ça prend
ça.
M. Cherry: Oui.
Mme Blackburn: Vous ne l'aviez même pas prévu dans
le projet de loi initial.
M. Cherry: Le 13 novembre, le projet de loi a été
déposé. Donc...
Mme Blackburn: À la date limite...
M. Cherry: Me Rochon, tantôt, vous a expliqué
qu'aussitôt qu'on a reçu cette affaire-là on leur a soumis
pour analyse. Ce qu'ils nous ont dit, c'est que ça prenait ça
dans le projet de loi pour assurer l'assise juridique. L'article 10 de 185:
L'article 61 de cette loi est modifié par l'insertion, dans la
deuxième ligne du troisième alinéa et après les
mots «l'ancienneté,» des mots «les mesures relatives
à la main-d'oeuvre,».
Là, après ça... Vous vous souviendrez aussi que
l'article 26 disait: Le premier règlement pris par le gouvernement,
avant le 31 décembre 1991, pour modifier le décret de la
construction, édicté par le décret 172-87 du 4
février 1987 et ses modifications, avec le consentement de l'association
d'employeurs et celui des associations de salariés
représentatives à un degré de plus de cinquante pour cent
au sens de la Loi sur les relations du travail, la formation professionnelle et
la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction, et portant
sur la constitution du fonds et les modalités relatives à la mise
en place d'un Plan de formation par le perfectionnement et le recyclage afin de
favoriser la stabilisation du revenu et de l'emploi des travailleurs de
l'industrie de la construction, pourra être pris sans qu'un projet de ce
règlement ne soit publié à la Gazette officielle du
Québec. Alors, on a mis sans prépublication.
M. Chevrette: Mais, M. le Président, est-ce que je
pourrais demander au ministre, qui avait tout basé son argumentation sur
le fait qu'il y avait eu retrait de consentement pour dire que ça lui
prenait maintenant une base juridique, s'il a besoin du consentement à
partir de la base juridique? Après que vous avez eu la base juridique
que vous vous donnez, est-ce que vous pouvez procéder
d'autorité?
M. Cherry: Ça me prend un consentement. M. Chevrette:
Donc, vous ne pouvez pas...
M. Cherry: Sinon je vais à 51, et je fais une commission
parlementaire. (23 h 20)
M. Chevrette: Vous prolongez le décret de toute
façon.
M. Cherry: En ayant l'assise juridique. On se comprend. Il ne
faut pas procéder à l'inverse, là. Il faut d'abord se
donner l'assise juridique. Je pense que toute la base est là, parce que,
autrement, vous saisissez très bien comme moi ce qui pourrait arriver.
Un employeur pourrait contester, dire à la CCQ: Vous n'avez pas le droit
de déduire ça de mes salaires. Je n'ai pas d'affaire à
vous donner... Là, c'en prendrait un qui conteste ça, et on
viendrait, excusez l'expression, de «jammer» tout le processus.
Donc, pour se prémunir contre ça, on est convaincu qu'il faut
procéder avec l'assise juridique.
M. Chevrette: Moi, je suis convaincu du contraire. Moi, je suis
convaincu que, si vous aviez laissé négocier les parties et
entériné ce que les parties ont négocié, vous
n'auriez probablement jamais eu personne qui vous aurait contesté parce
que c'était la façon de procéder. Vous le
décrétez parce qu'il y a entente. Mais, là, ce n'est pas
ça que vous dites. Vous dites: Dorénavant, au cas où les
parties s'entendraient, elles ne pourront pas s'entendre s'il n'y a pas
d'assise juridique. Donc, je me donne une assise juridique. Vous entendez-vous?
Non? Je fais une commission parlementaire et je trancherai. Vous faites juste
alourdir le processus. C'est tout ce que vous faites.
M. Cherry: M. le Président, l'entente s'est faite au mois
d'octobre, on l'a mise dans le projet de loi au mois de novembre et, avant
même qu'on puisse se rendre, une des parties a retiré son
consentement. Donc...
M. Chevrette: Oui, mais je me rappelle du contexte, bonne
mère du ciel! Racontez le contexte. Les parties avaient...
C'était un tout, c'était à prendre ou à laisser, je
me rappelle. Quand l'autre partie s'est retirée, c'était parce
qu'elle disait: On n'a pas réglé le tout. En tout cas, je trouve
que vous créez un sérieux précédent dans le domaine
des relations de travail de vous mettre à légiférer sur le
champ d'application. C'est ça qui m'agace, moi. C'est une question de
principe sur le champ, pas le champ d'application, sur le champ des sujets
à négocier, des objets de négociation. C'est ça qui
m'agace. Quand on est rendu à définir dans des lois les objets
potentiels de négociation, ça veut dire que tu es limité
par les assises juridiques sur les objets.
Ce n'est pas de même que ça marche en négos. En
négos, tu accrédites des syndicats et tu reconnais des
employeurs. Les objets sont négociés. Dans la construction, il y
a une particularité, c'est que, si tu ne t'entends pas, c'est le
législateur qui convoque une commission parlementaire et qui tranche en
toute équité. Mais, là, vous êtes en train
d'introduire une nouvelle dimension dans la loi des relations de travail dans
l'industrie de la construction. Il faudra dorénavant, avant d'aborder
les objets neufs en négociations, passer par le biais d'amendements
législatifs.
Donc, vous faites une bataille politique sur des objets qui pourraient
être négociés correctement entre les parties. Ce n'est pas
ça l'esprit, surtout d'un vieux routier du monde du travail, de
judiciariser jusqu'aux objets de négociation. Moi, ça
m'apparaît peut-être bien beau sur le plan d'un avis juridique d'un
contentieux, mais c'est contraire à l'esprit du Code du travail et
à l'esprit des lois du travail où les objets sont laissés
aux parties. C'est aux parties de négocier sur tel sujet, et c'est un
rapport de force qui fait que tu introduis un tel sujet ou un tel autre.
Là, dorénavant, les employeurs pourraient être d'accord
avec les syndicats représentatifs, puis comme c'est un objet neuf, ils
vont vous demander d'aller selon l'avis du contentieux. Ils vont vous demander
de venir amender les lois de la construction parce que ce n'est pas similaire
à la liste de 61. Écoutez, c'est ce qu'il me répond depuis
tantôt, le ministre.
M. Cherry: L'article 61, qui est le contenu du décret, M.
le Président, a été d'abord écrit comme ça
en 1968, a été modifié en 1969 et a été
remodifié en 1975. À chaque fois que ça fait l'objet
d'entente entre les parties, une décision du gouvernement d'objet neuf -
et je reprends les arguments de ça - à ce moment-là...
Veux-tu ajouter autre chose, André, pour compléter ça?
M. Chevrette: Bien moi, si... Je comprends exactement... Vous,
vous me donnez raison, puis M. Caron...
M. Cherry: Rochon.
M. Chevrette: M. Rochon me dit que ce n'est pas ça. Lequel
vais-je croire? C'est ça ou bien si ce n'est pas ça?
M. Rochon: Je peux répondre, là?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui.
M. Rochon.
M. Rochon: Ce que le ministre dit, c'est oui, 61 a
été modifié à plusieurs reprises. Quand on arrive
avec toute nouvelle formule... Ce n'est pas nécessaire d'amender la loi
pour toute nouvelle formule négociée par les partis, mais, quand
la nouvelle formule en question touche en plein dans le mandat public de
formation professionnelle de la CCQ, oui, il faut donner des assises juridiques
plus certaines, à notre avis. Oui, pas pour n'importe quelle autre
matière, mais, dès que la matière peut être
risquée quant à ses
habilitations, dépendant de la matière, je la regarderais
à chaque fois pour vous dire si oui ou non, dans ce cas-là bien
précis, il devrait ou non y avoir une habilitation particulière.
Ce n'est pas nécessairement dans tous les cas, mais il y a de bonnes
chances. Ce n'est pas nécessairement dans tous les cas. Loin de
là.
Mme Blackburn: Prenons le scénario suivant. J'ai ici la
lettre d'entente - Anjou, le 23 octobre 1991 - adressée au ministre: En
conformité avec l'article 51 de la Loi sur les relations du travail, la
formation professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de
la construction, nous vous soumettons une requête visant à
modifier le décret 695-90 du 21 mai 1990, la section 31, visant à
créer le fonds de formation. Le ministre pouvait en vertu de l'article
51, tenir une commission parlementaire et décréter ce qui avait
été entendu en dépit du retrait d'une des parties.
Deuxièmement, quelle est la valeur légale d'un document de
cette nature? Est-ce à dire que, n'importe quand, aussi longtemps que le
ministre n'a pas reçu le décret, n'importe quelle partie peut se
retirer? Est-ce que c'est courant, comme fonctionnement, puis sur quelle base
est-ce qu'on travaille si c'est ça qui est permis? Alors, le ministre
aurait-il pu procéder, en vertu de 51, tel que le prétend ici
l'AECQ, qui vous a envoyé la copie du protocole d'entente?
M. Cherry: En faisant une prépublication de 45 jours.
Mme Blackburn: Oui.
M. Cherry: Donc, avec le projet de loi déposé au
mois de novembre, c'était plus rapide et ça nous consacrait
l'assise juridique.
Mme Blackburn: Autre question. On va déborder un peu.
Dites-moi, l'entente qui est intervenue ici...
M. Cherry: Je m'excuse, là, pour compléter ma
réponse. A ce moment-là, il pouvait même être
contesté. Donc, on était convaincu que, en l'intégrant
dans le projet de loi déposé le 13 novembre, avec l'assise
juridique, ça nous assurait de tous les aspects, soit de percevoir le
fond et l'utilisation qui en était fait, parce qu'il y avait ça
qui était important. Autrement, on embarquait dans une procédure
à ne plus finir.
Mme Blackburn: Ils pouvaient contester, mais pas en vertu de 51,
qui vous donne ces pouvoirs.
M. Cherry: 61.
Mme Blackburn: Non. 51 donne des pouvoirs au ministre?
M. Cherry: Oui, oui.
Mme Blackburn: «Abroger ou modifier le décret sans
le consentement de l'association d'employeurs ou des associations de
salariés quand il est d'avis que dans l'intérêt public -
c'était très démontré, l'intérêt
public - cette solution est la seule qui puisse remédier à la
situation existante - on peut penser que ça ressemblait à
ça; il ne peut toutefois modifier ainsi le décret, sans que ces
associations soient invitées à être entendues».
Là, c'est la commission parlementaire. L'autre question... Le
décret actuel, est-ce que c'est ça que le ministre a l'intention
de faire adopter ou, même si la loi modifiée est porteuse de
ça, s'il n'y a pas d'entente entre les parties, là, vous devrez
reprocéder en vertu de 51?
M. Cherry: En vertu de 26, c'était dedans le 13
décembre. C'est pour ça qu'on change les dates, là. (23 h
30)
M. Chevrette: Mais, là, pourriez-vous dire à Mme la
députée de Chicoutimi que ce qui est clair, c'est qu'à
compter du moment où vous allez imposer cette loi, 185, avec les
amendements qui sont rédigés là, employeurs d'accord ou
pas d'accord avec les syndicats, vous allez convoquer une commission
parlementaire, entendre les parties et l'imposer en vertu de la loi sur
l'industrie de la construction du Québec?
M. Cherry: j'ai un amendement qui a été
prévu à l'article 26, pour changer la date du 31 décembre
1991 au 31 décembre 1992. on a jusque-là pour le faire.
M. Chevrette: C'est ça, même s'ils sont d'accord ou
pas d'accord.
Mme Blackburn: II va en commission.
M. Chevrette: II va en commission et il l'impose.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre a l'intention d'imposer ce
décret dans l'hypothèse où les parties n'en viendraient
pas à une entente sur la constitution du fonds?
M. Cherry: En faisant passer l'assise juridique et avec
l'amendement à 26, on règle notre affaire.
Mme Blackburn: Ça, j'ai compris.
M. Chevrette: C'est-à-dire que vous allez l'imposer.
Mme Blackburn: Vous allez l'imposer. Allez-vous imposer ce
décret ou si vous allez vous laisser convaincre que ça prend
peut-être pas
0,10 $, mais 0,07 $ ou 0,05 $? Est-ce que vous avez l'intention de faire
passer ce décret, un an en retard, là?
M. Cherry: Oui, c'est ça.
Mme Blackburn: Pas ce décret, ce protocole d'entente.
M. Chevrette: Votre lit est fait là-dessus? M. le
ministre.
M. Cherry: Pardon?
M. Chevrette: Votre lit est fart là-dessus?
M. Cherry:...
Mme Blackburn: Non.
M. Chevrette: Oui, oui. Ça veut donc dire qu'entente ou
pas, la commission parlementaire, ça va être un peu pour la frime,
parce que c'est pour être capable de vous conformer à la loi.
Bien, si vous me dites que votre lit est fait.
M. Cherry: Oui, oui.
M. Chevrette: Écoutez, j'ai négocié un peu,
moi aussi.
M. Cherry: Moi aussi.
M. Chevrette: Bon!
M. Cherry: C'est ça.
M. Chevrette: C'est bien ça?
M. Cherry: Puis, on ne bâtit pas de pont avant d'arriver
à la rivière. C'est ça qu'on fait tous les deux, hein!
M. Chevrette: Bien, vous venez de me dire que votre lit est
fait.
M. Cherry: C'est ça.
M. Chevrette: II ne vous reste plus rien qu'à vous barder,
mais il est fait.
M. Cherry: J'ai besoin d'une assise juridique et j'ai besoin de
cette modification-là. Je ne sais pas combien de fois il faut que je le
répète, mais, vu que vous avez négocié, vous savez
ce que ça, ça veut dire.
M. Chevrette: Oui. M. Cherry: Bon!
M. Chevrette: Si vous avez besoin d'une assise juridique, c'est
parce que vous avez l'intention de créer le fonds. Autrement, vous ne
mettriez pas d'assise juridique.
M. Cherry: Oui, oui.
M. Chevrette: On se comprend bien. Vous nous suivez? Vous savez
qu'il existait une entente...
M. Cherry: Je vous ai même devancé, je l'avais mis
au mois de novembre.
M. Chevrette: Oui, c'est ça, sauf que ce qui vous a fait
reculer, c'est que vous avez perdu un des deux groupes en cours de route.
Là, vous n'auriez pas d'entente, vous mettez votre assise juridique. Si
vous l'avez mise au mois de novembre, c'est parce que votre lit était
fait. Ce qu'elle vous demande, c'est: Allez-vous transposer? Le contenu de
ladite entente retirée d'un consentement, vous allez l'imposer au mois
de décembre?
M. Cherry: Oui.
M. Chevrette: Merci. C'est ça que je voulais vous faire
dire. Vous auriez pu me dire ça tout de suite. Je n'aurais pas eu
à vous torturer pour rien.
Mme Blackburn: Comme cette entente prévoit...
M. Cherry: Ça ne m'a pas torturé du tout. Mme
Blackburn: Comme cette entente...
M. Chevrette: Ça peut vous faire même du bien!
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Comme cette entente prévoit que les fonds
de placement ne peuvent pas être employés pour acquitter les frais
du dispositif de formation, j'imagine que c'est tout ce qui touche les mandats
publics.
M. Cherry: Est-ce que je peux vous demander de
répéter votre question, s'il vous plaît?
Mme Blackburn: C'est qu'il y a des dispositions, là. Les
sommes ainsi perçues - je vous le lis - constituent un fonds pour
financer les cours relatifs à l'étude, la mise en place et
l'opération du Plan de formation par le perfectionnement et le
recyclage, afin de favoriser la stabilisation du revenu et de l'emploi des
travailleurs de l'industrie de la construction, y compris le paiement
d'allocations de formation. Le capital ainsi accumulé de même que
les intérêts générés ne doivent être
utilisés qu'aux fins de ce Plan de formation par le perfection
nement et le recyclage, afin de favoriser la stabilisation du revenu et
de l'emploi des travailleurs dans l'industrie de la construction. Pour
être eligible au paiement d'une allocation, tout travailleur doit suivre
un cours de formation mis à la disposition des travailleurs de
l'industrie de la construction par ledit plan. Les fonds du plan ne peuvent pas
être employés à acquitter les frais du dispositif de
formation.
M. Cherry: Donner mandat dans le public, c'est ça.
Mme Blackburn: C'est ça. Alors, allez-vous accepter
ça aussi? C'est ça que j'avais compris, que c'était un
mandat d'ordre public.
M. Cherry: Oui, oui.
Mme Blackburn: Oui, mais comme vous ne les payez pas, les mandats
d'ordre public...
M. Cherry: Non, non. Il s'agit d'utiliser les sommes d'argent,
les intérêts générés par ça.
Mme Blackburn: Ça veut dire: Prenez-les ailleurs. Les
mandats d'ordre public, vous les prenez ailleurs, dans le budget de la CCQ.
M. Chevrette: Vous n'êtes pas bien bien fort pour vous
acquitter de vos promesses là-dedans. Vous leur en aviez promis pas
mal.
Une voix:...
M. Chevrette: Ah oui! Sur la gestion... Voulez-vous qu'on les
fasse parler?
Une voix: Non, non, non.
M. Chevrette: Ils vont vous en rappeler quatre ou cinq promesses,
eux autres.
Mme Blackburn: Ils ne les ont pas laissés parler la
semaine dernière, ils ne les feront pas parler cette semaine.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Ah
non! Ce n'est pas une consultation, on n'a pas eu ce mandat-là.
M. Chevrette: Ce serait intéressant.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): On
va revenir demain matin.
M. Jolivet: C'est le consentement, c'est le consentement.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Ah
non, non, non!
Mme Blackburn: Oui, le consentement des partis, là.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Moi,
je...
Mme Blackburn: Bien, eux autres, je ne sais pas, ils ne sont pas
forts pour écouter le monde, pas forts...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Moi,
l'ordre de la Chambre, c'est d'étudier ce projet de loi là. On
n'ira pas contre ça. Alors, même les consentements qui iraient
contre ça, on va...
Mme Blackburn: Là, c'est les fonds. C'est ce que je
savais.
M. Chevrette: Non, non, consentement, on pourrait. Ah oui! Vous
seriez obligés de le prendre en délibéré, M. le
Président.
Mme Blackburn: Mon inquiétude, c'est: Est-ce que ce n'est
pas là une des modifications qui risquent d'être apportées
à l'entente, à savoir que les fonds du plan ne peuvent pas
être employés pour acquitter les frais du dispositif de formation,
ce qui s'appelle les mandats publics? Quand on connaît l'attitude du
gouvernement qui, depuis qu'on a confié ces mandats-là à
la CCQ, n'a jamais payé sa quote-part! Il n'y a pas juste là,
hein, à la CSST également. Je pourrais continuer, hein, je
commence à les connaître. Mais, est-ce que ce n'est pas le risque
qu'on se retrouve avec une entente de «désobligation» qui
soit un peu moins payante pour les travailleurs et un peu plus lourde à
porter pour la CCQ?
M. Cherry: Non, non, là-dessus, il faut mettre ça
bien clair...
Mme Blackburn: C'est intégral, vous me faites cet
engagement-là, là?
M. Cherry: II faut mettre ça bien clair. Il n'est pas
question que ça, ça serve pour payer des mandats d'ordre public.
Il y avait déjà eu une première proposition - j'ai
répondu à ça tantôt - qui a été
rejetée, et la négociation se poursuit. Donc, c'est bien clair:
la perception et la contribution, les fins pour lesquelles ça doit
servir, je pense que, là-dessus, c'est ça qu'il faut respecter,
et c'est ça que j'ai l'intention de faire.
M. Chevrette: Mais, en d'autres mots, l'argent va commencer
à s'accumuler le...
Mme Blackburn: 1er.
M. Chevrette: ...1er...
Mme Blackburn: 1er janvier 1993.
M. Chevrette: ...janvier 1993, ou avant.
M. Cherry: Ou avant, c'est si on le met en vigueur, avant. Avec
votre collaboration, si on peut passer ça plus rapidement,
là.
Mme Blackburn: Non, vous avez une date, là...
M. Chevrette: Mais c'est vous qui avez marqué les
dates.
Mme Blackburn: Bien oui!
M. Cherry: On dit: au plus tard, là.
M. Chevrette: Bien oui! Mais on vous connaît.
M. Cherry: Au plus tard, au plus tard, souvenez-vous de
ça, là.
M. Chevrette: Mais, là, je voudrais vous poser une
question.
Mme Blackburn: On n'a pas confiance.
M. Chevrette: Ça, cependant, c'est assujetti au...
M. Cherry: Pardon? Vous n'avez pas confiance?
Mme Blackburn: Non. Ha, ha, ha!
M. Chevrette: C'est assujetti à la réglementation,
maintenant, d'utilisation plus tard...
Mme Blackburn: Vous n'êtes pas connu pour la vitesse.
M. Chevrette: Tout ça, l'accumulation, sera claire.
L'ajout de sommes, les intérêts...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
m'excuse, je m'excuse. C'est très amusant, mais c'est parce qu'il y a
des party partout, là. On pourrait s'entendre pour qu'il y en ait juste
deux qui se parlent? Un qui parle, l'autre qui écoute, et qu'on fasse
la... parce que, là, on n'arrivera plus à rien.
M. Cherry: J'aurais besoin d'une pause-santé,
là.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui.
Est-ce qu'on peut donner deux minutes au ministre pour une petite pause
sanitaire? S'il vous plaît.
M. Chevrette: C'est vrai?
Le Président (M. Bélanger,
Laval-des-
Rapides): S'il vous plaît. Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Je commençais à lui regarder les
yeux, là.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Ha,
ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Vous
venez de comprendre le pourquoi de ses yeux?
Des voix: Ha, ha, ha! (Suspension de la séance à 23
h 38)
(Reprise à 23 h 45)
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
demanderais à chacun de bien vouloir reprendre sa place. S'il vous
plaît! Messieurs du peuple, regagnez vos places. Messieurs de la
législation, revenez par ici, qu'on continue. S'il vous plaît! Je
vous remercie. Nous étions toujours à l'article 3. Sur l'article
3, est-ce qu'il y a d'autres commentaires?
M. Chevrette: J'aurais une question au ministre. Je voudrais lui
demander depuis quand existe le fonds en soudure?
M. Cherry: Le fonds en soudure. Ça a commencé avec
le dernier décret? Oui.
M. Chevrette: Vous pouvez me répondre.
M. Cherry: J'essaie de vous trouver la... Vous posez une
question, à la page 93, en bas. Je n'ai pas tout ça dans la
tête comme ça. Je m'informe. Ce n'est pas défendu?
M. Chevrette: Vous avez le droit.
M. Cherry: «Good». Merci. Je l'aurais fait quand
même, mais, avec votre approbation, ça va déjà
mieux.
M. Chevrette: Ça va être encore mieux. M. Cherry:
Pardon?
M. Jolivet: ...depuis le 20 mai 1982, je me suis trompé de
journée. Puis, elle riait de moi!
M. Cherry: En mai 1990.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez le droit de faire ça?
J'attends la réponse.
M. Cherry: C'était à l'intérieur des
mandats
qu'a la CCQ de le faire. C'est à l'intérieur de ses
responsabilités. L'autre, c'est quelque chose de tout à fait
nouveau. Tenter de comparer les deux...
M. Chevrette: C'était un objet qui n'était pas
défini dans la liste de l'article 61.
M. Cherry: Ça faisait partie... Si on regarde dans 61, les
responsabilités qu'a la CCQ, c'est quoi? Ses responsabilités, on
trouvera que ça, c'est là-dedans.
M. Chevrette: Le fonds de formation?
M. Cherry: L'article 4, 5°: «de veiller, dans le cadre
des politiques relatives à la main-d'oeuvre dans l'industrie de la
construction approuvées par le gouvernement, à l'application des
mesures et des programmes relatifs à la formation professionnelle des
salariés et des employeurs qui exécutent eux-mêmes des
travaux de construction».
M. Chevrette: en quoi le fonds actuel ne correspond pas à
cette donnée qui existe dans la loi à 61? bien, je n'ai pas de
«fun». c'est la même affaire. vous dites que c'est
connexe.
M. Cherry: Pour un gars qui n'a pas de «fun», tu ris
beaucoup.
M. Chevrette: C'est écrit en toutes lettres: formation
professionnelle. On crée un fonds et ça prend une assise
juridique. Voyons!
M. Cherry: Article 18.12: «Le Comité sur la
formation peut adopter des règles pour sa régie interne. Ces
règles sont soumises a l'approbation de la Commission. Il peut
également former tout sous-comité provincial ou régional
sur des métiers, des occupations ou sur un secteur de l'industrie de la
construction et qui peut être composé de personnes qui ne sont pas
membres du Comité sur la formation.» Donc, ça fait partie
de leurs responsabilités pour un type d'activité particulier que
sont les soudeurs. Mais, là, quand il s'agit de créer un fonds de
0,10 $ de l'heure pour l'ensemble des heures travaillées...
M. Chevrette: Voulez-vous relire 18.12...
M. Cherry: ...pour tout le monde dans l'industrie de la
construction, je pense que, tu sais, il faut être capable de faire la
distinction entre les deux.
M. Chevrette: Voulez-vous me relire 18.12 que vous venez de lire?
Je vais vous montrer que c'est faux ce que vous dites à partir de votre
propre lecture. Vous venez de me dire, vous-même, pour tout l'ensemble de
l'industrie ou pour un secteur, dans votre propre lecture.
M. Cherry: Je viens de vous lire 18.12.
M. Chevrette: Oui, mais donnez-moi un petit bout.
M. Cherry: Je viens de vous lire 18.12, et je vais vous lire 6,
parce que vous m'avez parlé du fonds des soudeurs. Dans le
décret, on va lire b. C'est en haut de la page 94: «Les sommes
ainsi perçues constituent un fonds de qualification de soudage dont la
Commission est fiduciaire et qu'elle administre le cas échéant
uniquement en conformité aux modalités décrites par le
sous-comité professionnel des métiers respectifs ci-dessus
mentionnés créé en vertu de l'article 18.12 de la Loi.
Chacun de ces fonds spéciaux d'indemnisation est employé
uniquement pour indemniser le salarié pour les frais d'inscription, le
temps nécessaire et les frais de déplacement reliés au
renouvellement de son certificat émis par le Canadian Welding Bureau
dans les limites prévues dans le sous-paragraphe c du présent
paragraphe.»
M. Chevrette: Ça, c'est un décret?
M. Cherry: Donc, on ne parle pas de la même chose,
là.
M. Chevrette: Non, non, mais ça c'est un décret qui
se réfère à l'article que vous m'avez lu. Je vais vous le
relire, moi.
M. Cherry: Article 18.12.
M. Chevrette: Je vais vous le relire l'article que vous ne voulez
plus relire. «Le Comité sur la formation donne à la
Commission...» C'est bien ça?
M. Cherry: Qu'est-ce que tu lis, là? M. Chevrette:
L'article 18.2. M. Cherry: 12? M. Chevrette: L'article
18.2.
M. Cherry: C'est 12, Guy, que je t'ai donné
tantôt.
M. Chevrette: Lisez l'article 18.2, pour me dire si ce n'est pas
relatif à l'industrie de la construction. Allez-y à 18.12
après, si vous voulez. Vous allez voir que vous aviez là toutes
les assises juridiques possibles. Ils pouvaient en tout dans l'industrie, pour
répondre aux employeurs, ou à un secteur de l'industrie.
Relisez-le comme il faut.
M. Jolivet: Ils vont s'enfarger dans les assises, là. (23
h 50)
M. Chevrette: Là, vous allez vous mettre des assises... Je
ne sais pas, là. Vous me faites penser à un gars qui n'est pas
sûr avec une ceinture, ça lui prend une paire de bretelles.
Mme Blackburn: Ah! je le dis tout le temps. Ha, ha, ha!
M. Jolivet: II est habitué comme moi, lui, il est
habitué au principe des avocats: Trop fort, casse pas!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: II y en a que des bretelles, ça leur fait
et, d'autres, ça ne leur fait pas!
Une voix: Ils sont deux à mettre des ceintures, M. le
Président.
M. Chevrette: Pourriez-vous me l'expliquer?
M. Gabrièle: II y a deux choses. La CCQ...
M. Chevrette: Quel est son nom, à ce
monsieur-là?
Des voix: Pierre Gabrièle, sous-ministre. M. Chevrette:
Ah! c'est vous, ça?
Une voix: II est sous-ministre adjoint à
l'Éducation.
M. Chevrette: À l'Éducation? Une voix:
Oui.
M. Chevrette: Je comprends tout. C'est des conflits de
juridiction entre les ministères. Je comprends tout maintenant. Allez-y,
mon cher.
M. Cherry: II comprend même avant que tu lui expliques. Ha,
ha, ha!
M. Gabrièle: On me fait un procès d'intention, M.
le Président.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gabrièle: On me fait un procès d'intention.
M. Chevrette: M. le sous-ministre, je ne fais pas de
procès d'intention. Au gouvernement, de tous les gouvernements, à
part ça, chaque fois qu'on a parlé de formation professionnelle
et qu'on a voulu que le ministère du Travail s'en mêle,
l'Éducation suivait de son ombre toute tentative pour ne pas se voir
échapper un secteur. Plus que ça, l'Enseignement supérieur
doit être à la veille d'apparaître.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Dans
le temps, il était au primaire.
M. Chevrette: II va y avoir trois, quatre ministres pour vous
entourer...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Mais, quand il était à l'Éducation, il était au
primaire. Ça fait que ce n'est pas dangereux.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Vous pouvez y aller pareil.
M. Gabrièle: Je peux vous expliquer...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
Gabrièle, je vous en prie.
M. Gabrièle: La CCQ...
M. Chevrette: C'est ça pareil.
M. Gabrièle: ...administre les mandats d'ordre public de
formation. Vous avez, à 18.2, le Comité sur la formation. Ce
Comité sur la formation donne des avis à la CCQ. Le fonds dont on
parle, qui est l'entente privée signée le 23 octobre 1991, ce
fonds-là, rien dans l'entente privée nous dit qu'il va être
administré par la CCQ. La CCQ peut même... On est obligé de
mettre dans la loi des assises pour permettre à la CCQ de percevoir.
M. Chevrette: Mêle-toi pas de ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le député de Joliette, vous mêlez les choses. D'habitude,
c'est le député de Laviolette qui arrête le
député de Saint-Maurice. Vous n'êtes pas suppose, vous.
Vous êtes supposé laisser ça au député de
Laviolette. Or, M. Grégoire, si vous voulez continuer...
M. Gabrièle: Gabrièle.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Gabrièle, excusez. Je suis incorrigible.
M. Gabrièle: Donc, quand nous revenons au fonds de soudure
dont on parlait dans le décret, ce fonds de soudure dans le
décret est administré à l'intérieur des mandats
d'ordre public de formation qu'a la CCQ, par la CCQ. La CCQ a le droit
d'administrer ce fonds-là et le prélèvement qu'on demande,
justement comme assise, 18.12 de la loi R-20. Voilà les
explications.
De plus, quand on nous demande pourquoi le ministre n'a pas fait de
prépublication d'un règlement lorsqu'on a eu l'entente, le 23
octobre
1991, c'est parce que, déjà, nous avions mis dans le
projet de loi 185, qui a été déposé à
l'Assemblée nationale - la présentation s'est faite le 13
novembre - les assises juridiques légales pour permettre la
création de ce fonds-là.
M. Jolivet: Si je comprends bien, M. le Président, c'est
la troisième fois que j'entends ça aujourd'hui. Il y a un projet
de loi 9 qui est en Chambre et, déjà, s'applique la coupure de 2
$ aux personnes âgées. On a la loi sur les garderies dans
laquelle, à l'article 20 ou 26, si je ne me trompe pas, on indique...
Non, non, mais je donne un exemple. Non, non, laissez-moi finir.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est parce que vous ne parlez pas de la même chose. Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Oui, oui, un instant, là.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Allez-y. On vous écoute, mais...
M. Jolivet: Donc, l'article... Non, mais laissez-moi finir.
L'article 26 dit que ce qui était publié s'applique
déjà, avant même l'adoption du projet de loi, parce qu'elle
doit entrer en vigueur le 30 de juin. Là, ce que vous me dites: II y a
une entente intervenue au mois d'octobre. Parce que, dans le projet de loi qui
est déposé et qui n'est pas encore adopté, ce sont des
assises, vous dites: On n'a pas besoin de faire de publication dans la
Gazette officielle. Bien, c'est ça que j'essaie de savoir,
là.
M. Gabrièle: M. le Président, vous permettez-Le
Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
Gabrièle.
M. Gabrièle: ...que je l'explique. C'est-à-dire que
les parties négociaient pour arriver à cette entente le 23
octobre, et les parties négociaient depuis fort longtemps. Donc, on
savait que les parties négociaient. Pendant qu'on préparait,
nous, le projet de loi 185 avec les amendements à la loi R-20, on a
préparé, sachant que les parties qui négociaient s'en
venaient avec ce fonds-là, les assises juridiques dans la loi.
M. Chevrette: Ce que les parties ne savaient pas, c'est que vous
n'adopteriez pas la loi avant le mois de décembre.
Une voix: C'est ça, c'est ce que je dis. Mme Blackburn:
Bien oui!
M. Gabrièle: Nous, on l'avait prévu. L'intention
était là puisqu'on avait aussi prévu l'article 26.
M. Chevrette: Mais la volonté y était-elle? M.
Cherry: C'était le 31 décembre 1991.
M. Gabrièle: Ça, vous poserez la question au
ministre.
M. Chevrette: Ah! il ne me répondra pas, je lui ai offert,
au mois de décembre, avec elle, en présence de son
collègue, le leader. On a tout fait pour que la 185 s'applique...
Mme Blackburn: II était d'accord.
M. Chevrette: ...avant la 186. Ce n'est pas nous autres qui avons
fait des choix, on ne lui posera pas la question.
Mme Blackburn: Oui, oui, c'est celle-là qui était
exigée.
M. Cherry: Franchement, là! Mme Blackburn: Oui,
oui. M. Cherry: S'il vous plaît!
M. Chevrette: Aïe! Ça s'est fait dans l'antichambre
du salon rouge.
M. Cherry: S'il vous plaît!
M. Chevrette: M. le ministre: Vrai ou faux?
M. Cherry: S'il vous plaît! Il y a eu une rencontre dans
l'antichambre entre les deux leaders, Mme la députée de
Chicoutimi et moi-même, oui. Mais, la façon dont vous
décrivez ce qui s'est passé dans cette réunion-là,
je pense que, à ce moment-là, ce n'est pas tout à fait
vrai.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): De
toute façon, nous autres, on n'était pas là, et on ne veut
pas savoir ce qui se passe dans les antichambres! Ha, ha, ha!
M. Cherry: Dans un premier temps - non, il faut être franc,
il faut le dire - à partir de la présentation, de la façon
suivante: Êtes-vous prêt à dire, M. le ministre, qu'il n'y a
pas eu une rencontre dans la... Oui, il y a eu une rencontre entre les deux
leaders et les deux députés impliqués concernant les
projets de loi 185 et... Oui, cette réunion-là a eu lieu, c'est
vrai.
M. Chevrette: Qu'est-ce qui s'est dit? Mme Blackburn:
Allez-y. M. Cherry: O.K. On y va. O.K.
Mme Blackburn: Oui.
M. Cherry: Vous vous souvenez que, vous-même, me demandiez
de reporter l'ensemble des deux projets à l'automne et, là...
Mme Blackburn: Non, non.
M. Cherry: Vous me demandez mon opinion, je vous la donne.
Mme Blackburn: Non, non.
M. Cherry: Et les propos du député...
M. Chevrette: Dites la vérité. On ne vous demande
pas une opinion, on vous dit de dire la vérité.
M. Cherry: Et je la dis aussi, la vérité. Mme
Blackburn: Non. L'idée... M. Cherry: Vous le savez,
ça.
Mme Blackburn: Ce qui était sur la table, c'est que le
leader...
M. Cherry: Aïe! Aïe! Aïe!
Mme Blackburn: ...du gouvernement nous a demandé quelle
loi on était prêt à... Non, c'est surprenant, il ne se le
rappelle plus. Le leader du gouvernement nous a demandé si on
était prêt ou si on collaborait pour laisser passer une loi. On a
examiné les deux projets de loi. Le projet de loi qui nous apparaissait
le plus important à être adopté, c'était le 185
à cause, précisément, du fonds de formation.
M. Cherry: Je vais être obligé de le dire. Je n'ai
pas voulu m'en servir jusqu'à maintenant, mais je vais être
obligé de le dire.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): S'il
vous plaît! Moi, ce qui s'est passé en arrière du
trône, je ne veux pas le savoir, c'est...
Mme Blackburn: Le projet de loi qui a été
estimé...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...trop dangereux cette affaire-là...
Mme Blackburn: ...le plus important pour nous...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...et, compte tenu de l'heure...
Mme Blackburn: ...après concertation, c'était le
185.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): S'il
vous plaît!
Mme Blackburn: On est partis avec l'idée que
c'était le 185 et on a été convoqués pour le
186.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Compte tenu de l'heure, la commission suspend ses travaux...
Mme Blackburn: Bien voyons!
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...sine die. Ah! Mais, avant, il faudrait se rappeller que le
député de Joliette nous a notamment avoué qu'il
était cochon...
Une voix: Non, non...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...et ce n'est pas son signe chinois.
Une voix: ...cochon.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Bien, ce n'est pas mieux!
(Fin de la séance à minuit)