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(Vingt heures onze minutes)
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): La
commission de l'économie et du travail se réunit, ce soir, pour
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 28, Loi sur la Société Innovatech du Grand
Montréal.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui. Mme Blackburn (Chicou-timi) est
remplacée par Mme Harel (Hochelaga-Maisonneuve); M. Blais (Masson) est
remplacé par M. Bélanger (Anjou); M. Chevrette (Joliette) est
remplacé par Mme Marois (Taillon) et M. Jolivet (Laviolette) est
remplacé par M. Boisclair (Gouin).
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
Boisclair, c'est Gouin?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, M. le député de Labelle.
M. Léonard: Qui a le droit de vote là-dessus? On a
combien de votes?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Vous
avez quatre droits de vote. Alors, ce que je fais, c'est que je compte tout le
monde qui vote chez vous, mais je n'en enregistre que quatre.
M. Léonard: O.K.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, je demande à tout le monde... Mettons qu'il y en a six qui
ont voté, je n'en compte que quatre pour le résultat.
M. Léonard: O.K. C'est correct.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Ça évite de faire des choix, là.
M. Léonard: O.K. On pourrait voter tout de suite quant
à ça. On peut voter contre le projet de loi. Nous sommes trois,
le gouvernement est deux.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): On
est trois nous autres aussi, là.
M. Léonard: Non, non, vous ne votez pas, M. le
Président. Vous votez juste en cas d'égalité.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Non,
non, le président a toujours droit de vote. C'est d'abord un
député, le président.
M. Léonard: Ah!
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est d'abord un député.
M. Léonard: C'est grâce à notre
réforme parlementaire.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Vous
avez bien fait les choses à l'époque, hein? Alors, ceci
étant dit, sans plus tarder, on va passer aux notes explicatives. M. le
ministre.
M. Johnson: Je n'ai pas de commentaires, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): II
n'y a pas de commentaires. Bien. M. le porte-parole de l'Opposition, M. le
député de Labelle.
Remarques préliminaires M. Jacques
Léonard
M. Léonard: M. le Président, je vous remercie de
m'accorder le droit de parole comme cela à brûle-pourpoint. Je
vois qu'on vient de recevoir des notes explicatives du ministre, mais il faut
dire que, dans ses remarques préliminaires, il est
particulièrement laconique. Je ne sais pas s'il a fait un tour chez
cette tribu de Grecs qu'on a surnommés les laconiques, d'où vient
le mot.
Une voix: C'est au nord, ça.
M. Léonard: C'est au nord. Alors, ils ne disaient aucun
mot, personne. Pas un son ne sortait de leur bouche, parce que c'était
le summum de l'élégance que de ne pas parler. Alors, le ministre,
ce soir, pratique le laconisme à son maximum, parce qu'il n'a pas de
commentaires. C'est tout juste s'il l'a dit. Il aurait pu juste faire un signe
sans parler.
M. le Président, nous avons un projet de loi fort important,
duquel découle une somme de 300 000 000 $, n'est-ce pas? Je suppose que
si c'est vrai que le gouvernement veut les injecter, ça pourrait
être important, effectivement. Alors, je voudrais quand même faire
le premier point suivant. Vous savez que vous héritez de ce dossier.
Vous héritez d'un dossier qui s'était égaré quelque
part dans une autre commission par
inadvertance, par inconscience, par exprès peut-être, ce
qui peut être pire, ce qui nous a donné l'occasion de revenir sur
la question et de dire que la loi que nous avons devant nous porte
essentiellement sur l'innovation technologique et vise à doter la
région du Grand Montréal, dont nous discuterons d'ailleurs, d'un
bras opérationnel, fonctionnel qui s'appelle une société
d'innovation technologique, donc, qu'on appellera Innovatech, du titre de la
loi.
M. le Président, ce n'était pas, effectivement, une loi
qui relevait de la commission du budget et de l'administration. Mon
collègue de Joliette, leader de l'Opposition, a eu l'occasion de
débattre la question devant le président de l'Assemblée
nationale. Finalement, on s'est retrouvé avec une décision
positive envers la revendication que nous faisions, la contestation que nous
faisions. Nous voilà, ici, devant la commission de l'économie et
du travail. J'espère que vous êtes très heureux d'avoir
à traiter de cette loi, ici.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Tout
à fait inattendu.
M. Léonard: Vous n'aviez rien à faire, donc,
là, la commission est occupée. Voilà!
M. le Président, je voudrais d'abord traiter de ce dispositif.
J'ai eu l'occasion d'en parler un peu en deuxième lecture, mais comme
ça s'est passé, cette deuxième lecture, la nuit - la nuit
- le président du Conseil du trésor a fait son intervention vers
4 heures du matin, 4 h 15. Il a lu ses notes et, moi, je suis intervenu
après. J'ai lu des notes, parce que je peux vous dire que l'esprit n'est
pas très clair à 4 heures du matin.
M. Johnson: Parlez pour vous!
M. Léonard: J'ai cru comprendre aussi que le
président du Conseil du trésor lisait très attentivement
ses notes, parce que s'il avait fallu qu'il s'en démarque un peu,
ça aurait pu être une catastrophe. J'ai cru bien voir qu'il s'en
tenait strictement à ses notes.
Le Président (m.
bélanger, laval-des-rapides):
non, c'est parce qu'il était préoccupé à
chercher c'était quoi, la commission, où ça allait. ha,
ha, ha!
M. Léonard: Oui, c'était peut-être ça.
Bref, on a eu un discours de deuxième lecture qui n'a pas
été très long, surtout qui a été perdu dans
la nuit. Ça, je pense que c'est malheureux parce que le sujet de la
recherche-innovation, la recherche-développement est très
important. C'est l'un, je dirais, des trois éléments de base...
On peut en mettre plusieurs, mais, effectivement, c'est l'un des trois
éléments majeurs qui sont à la base de notre
développement futur. Le pre- mier, c'est d'avoir du capital pour nous
développer. Ça, c'est bien sûr, le capital financier. C'est
le premier ou le deuxième, comme on voudra, mais ça prend des
ressources exprimées en capital, en épargne qu'on entend investir
dans de nouvelles idées. Donc, c'est le premier point.
Le deuxième point, c'est encore l'élément le plus
important, qui distingue, finalement, les nations, parce que, du capital,
ça se trouve toujours si on a de bons projets, si on peut les vendre,
c'est la formation professionnelle. Alors, la formation professionnelle, vous
savez, que des pays... Si on prend, par exemple, un pays comme le Japon, il y
avait peu d'éléments qui le distinguaient des autres, pas de
richesses naturelles, un pays absolument pauvre, rocheux, rocailleux, tout ce
qu'on veut, et qui n'avait pas de facteurs économiques qui
étaient susceptibles de l'amener à devenir le premier pays du
monde, pratiquement, en termes de performance économique, surtout
à partir d'une situation qu'on a constatée après la guerre
de 1939-1945, où c'était un pays démoli. Mais ils ont
réussi. Alors, la formation professionnelle, c'est un autre débat
dont il est question à l'heure actuelle, ici, au gouvernement, à
l'occasion de la loi déposée par le ministre de la Main-d'oeuvre,
de la Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle, qui
vise à créer une société de développement de
la main-d'oeuvre, c'est à peu près son nom, qui est
contesté par beaucoup de monde, mais, enfin, le sujet est à
l'ordre du jour.
Nous avons, ici, un autre élément, une pierre angulaire
aussi du développement, c'est la recherche-développement. La
recherche-développement fait partie d'un vaste débat. Ce n'est
pas d'hier qu'il est né. À l'époque, en 1980-1981, mon
collègue au Développement économique, M. Bernard Landry,
avait signé un livre sur le virage technologique. Je pense que l'origine
du débat, pas nécessairement l'origine, mais l'un des points
marquants aussi de la réflexion gouvernementale des ministères et
de ceux qui gravitent autour du gouvernement, c'est qu'on avait trouvé
une occasion de s'exprimer à ce moment. (20 h 20)
Nous avions eu comme objectif, à l'époque, d'investir 2 %
du PIB dans la recherche-développement. Effectivement, si je me souviens
bien, vers 1976, lorsque nous avons pris le pouvoir, à l'époque,
les investissements du Québec en recherche-développement se
situaient à moins de 1 % du PIB et, même, je crois que
c'était 0,73 % du PIB. Nous avons fait des efforts considérables,
et, lorsque en 1985 notre formation politique a quitté le gouvernement,
le Québec investissait 1,47 % de son PIB en
recherche-développement. C'était effectivement 1,47 %.
Alors, depuis ce temps, c'est stationnaire et même nous assistons
à un recul. Au Canada d'ailleurs, la part du PIB qui va à la
recherche-développement est de l'ordre de 1,35 % ou de 1,33 %; le
Québec, c'est 1,37 %, je crois, les
dernières statistiques et celles de l'an dernier. On faiblit
présentement, mais quoi qu'il en soit, on est encore en-dessous de 1,5 %
de notre PIB en termes de recherche-développement, ce qui est
très mince comparativement aux autres pays, soit de l'OCDE, soit des
États-Unis, évidemment le Japon. J'ai eu l'occasion de citer,
dans mon discours de deuxième lecture, des statistiques qu'on retrouve
un peu partout, mais, en particulier, dans un document qui a été
rendu public par un M. Labrie, Fernand Labrie, qui est un chercheur de
l'Université Laval.
M. le Président, les efforts que nous faisons là-dedans ne
sont pas assez grands. Ils doivent s'accentuer. Le gouvernement lui-même
l'avait reconnu parce que, lui aussi, y est allé de sa réflexion
et s'est donné et a continué à vouloir atteindre
l'objectif de 2 % du PIB dans l'année 1992. Il voulait progresser de
1/10 de point par année, sauf que même depuis 1988, alors qu'il
avait sorti son plan de développement, «Notre avenir
technologique» - c'est un plan de développement de la recherche et
développement - sur un horizon de cinq ans, on voulait atteindre 2 % du
PIB. En fait, lorsque l'on constate où l'on en est, c'est resté
stationnaire et même, nous avons reculé.
C'est bien sûr que j'entends dans le décor que des gens
disent: Nous faisons de la recherche et développement, mais nous ne la
comptabilisons pas. Je pense que ça, c'est trop facile. Tout le monde en
fait comme cela, même dans les autres pays de l'OCDE. La
réalité, qui est à déplorer, c'est qu'on n'ait pas
progressé plus vite. J'ai eu l'occasion, à un moment
donné, de le mentionner au ministre responsable du dossier de la
technologie, et il m'a parlé de son objectif de 2,5 %.
L'irréalisme le caractérise comme toujours. Il n'est même
pas rendu à 2 % qu'il parle de 2,5 %. Alors, je pense qu'il faut d'abord
commencer par atteindre 2 %. À 2,5 %, parfait. Si on peut l'atteindre un
de ces jours, je serai très heureux parce que c'est le gage du
succès pour l'avenir.
Le gouvernement, en 1988, avait créé le Fonds de
développement technologique, un fonds dans lequel il avait dit qu'il
investirait 300 000 000 $ sur cinq ans. Remarquez bien, je parle de 1988.
Pourtant, ce fonds, après trois ans, a exactement déboursé
39 000 000 $, moins de 40 000 000 $. Ça, c'est la réalité.
Il n'y a pas 40 000 000 $ qui ont été dépensés en
recherche et développement au Québec, dans les trois ans,
à même le Fonds de développement technologique. Encore
là, c'est la dernière année où il y a eu des
investissements significatifs parce que, l'an dernier, d'après la
compilation du Conseil du trésor, lorsque le Trésor a
déposé les crédits, en 1991, effectivement, il n'y avait
pas 2 000 000 $ de comptabilisés, sauf qu'après, paraît-il,
qu'on a fait des corrections, il y avait eu des virements. Mais le total,
c'était de l'ordre de 12 000 000 $ plutôt alors que cette
année on atteindrait 39 000 000 $ ou 40'000 000 $. Donc, on
réeffectuait un rattrapage d'environ 28 000 000 $.
La réalité, c'est qu'on n'arrive pas, on n'est pas
arrivé à dépenser les fonds qu'il y avait dans le Fonds de
développement technologique. Cela tient pour beaucoup à
l'organisation de la recherche-développement, à
l'intégration des différents organismes qui devraient le faire.
Cela veut dire que nous n'avons pas les habitudes nécessaires pour
vraiment investir dans le domaine. Sur les 350 000 000 $, au 31 mars 1992, il y
avait 40 000 000 $ de dépensés, un peu moins. Il reste 310 000
000 $ et cela après trois ans d'opération, simplement dans le
Fonds de développement technologique. Il y a 50 000 000 $ qui
s'ajoutaient en cours de route. Je pense que les vraies perspectives, c'est que
ces 310 000 000 $ qui restent seront déboursés sur une
période d'au moins cinq ans qui va s'ajouter aux trois ans. Donc,
ça ne sera pas sur cinq ans, ça sera sur huit ans, sur neuf ans,
au moins. On me dira qu'au moins il se fait des choses. Oui, effectivement,
c'est mieux faire cela que de ne rien faire, mais ce n'est pas suffisant, loin
de là, que ces efforts que nous mettons comme gouvernement.
Cette année, dans le cadre du plan de relance de Montréal
qu'on a attendu longuement - mes collègues vont sûrement en parler
ici, surtout ceux de Montréal... Ils ont attendu longtemps un plan de
relance de Montréal et ils s'attendaient à ce que le gouvernement
mette en place un dispositif important pour susciter de la
recherche-développement. Effectivement, lorsque le plan de relance est
sorti, on a parlé d'une Société Innovatech, en termes de
principe, dans un grand document qui a été publié et que
nous avons tous ici, que nous avons reçu comme député,
puis on a annoncé là aussi une autre somme de 300 000 000 $ pour
la recherche-développement. On est rendu à 650 000 000 $.
Par la suite, ce que nous avons devant nous, c'est le projet de loi 28,
qui entend concrétiser la Société Innovatech. Lorsque nous
avons examiné le projet de loi en relation avec le document qui avait
été sorti, «Pour un redressement durable», plan
stratégique du Grand Montréal, on s'est aperçu qu'il y
avait quand même un décalage alors que la fonction prévue
dans Innovatech était quand même assez large, à notre sens,
plus large que ce qu'il y a dans le projet de loi. Dans le projet de loi, sa
fonction s'est restreinte passablement. En tout cas, le ministre aura
l'occasion de s'expliquer là-dessus. Peut-être qu'il faut lire le
document de présentation de façon différente du projet de
loi ou, en tout cas, différemment de la façon qu'on l'a lu.
Il reste que c'est une autre somme de 300 000 000 $. La question que
cela pose, c'est: À côté du Fonds de développement
technologique, qui est un fonds qui s'adresse à tout le Québec,
il y a un autre fonds, qui est celui d'Innovatech,
qui vise aussi l'innovation technologique avec une autre somme de 300
000 000 $. Donc, sur une total de 650 000 000 $, la question que cela pose,
c'est: Quel est l'accès possible pour Montréal au Fonds de
développement technologique? Le ministre va nous dire que le Grand
Montréal a aussi accès au Fonds de développement
technologique. Fort bien. Mais cela pose la question quand même de
l'existence de deux mécanismes pour financer la
recherche-développement: un, la Société Innovatech,
l'autre, le Fonds de développement technologique. Je vois que le
ministre branle du chef, là. (20 h 30)
Ceci, quand même, c'est une réalité, une
réalité qui s'inscrit d'ailleurs dans des débats qui ne
sont pas rien, face au projet que nous avons devant nous, parce que c'est un
ministre qui nous le présente, qui est président du Conseil du
trésor, qui n'a pas de mécanisme institutionnel, qui n'a pas de
fonctionnaires pour mettre en place sa Société, qui va devoir en
construire une autre à partir d'autres ressources et qui va le faire
à côté d'un ministère qui existe déjà,
qui s'appelle le ministère de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie. Donc, c'est une autre équipe à mettre en place. La
crainte qu'on peut nourrir là-dedans, c'est qu'il y ait des batailles
d'empires qui aboutissent à l'inefficacité. Alors, on peut penser
toutes sortes de choses, mais il reste que dans les structures mêmes,
lorsque les structures ne sont pas adaptées à une
réalité, à des objectifs que l'on poursuit, on risque
d'être paralysé tôt ou tard dans des batailles.
Je voudrais simplement, en terminant - vous me faites signe, M. le
Président, j'aurai l'occasion d'y revenir au cours de ce débat -
évoquer l'expérience qu'il y a eu d'une société de
ce type, en Outaouais, qu'on appelait la Société
d'aménagement de l'Outaouais, qui a été formée
lorsque le fédéral a créé la CCN. En Outaouais, le
gouvernement du Québec a formé la Société, la SAO.
Au bout de 10 ans, lorsqu'on a fait l'évaluation de cette
expérience, on s'est aperçu que les ministères
réguliers, dans les programmations régulières, avaient
moins investi là qu'ailleurs, en escomptant que la SAO les remplacerait.
Donc, ils se sont sentis moins responsables, comme ministères, dans la
région de l'Outaouais - ça été l'expérience
de l'Outaouais que je vous raconte, tout simplement - en se déchargeant
de leurs responsabilités - le député de Gatineau pourrait
confirmer ce que je dis - sur la SAO. Ça, c'est la trajectoire, le
périple normal des doubles structures. Il y en a une qui est plus ou
moins responsable, et, l'une se déchargeant sur l'autre, et finalement,
ceux qu'on voulait encourager, ceux qu'on voulait stimuler par la
création d'une société, à moyen et à long
terme, s'en sont trouvés défavorisés. C'est le risque
qu'il y a, avec la création de cette Société.
Je l'aborde comme ça, bien simplement, parce que je
considère, quant à moi, que la recherche-développement,
c'est le lot de la région de Montréal où il s'en fait pour
80 % de tout ce qui se fait au Québec, à peu près, au
moins, et on doit... La recherche-développement, ça se fait dans
un pôle, beaucoup... Je ne dis pas qu'il n'y en a pas ailleurs, mais je
dis qu'à un moment donné il y a des avantages à concentrer
pour favoriser la diffusion des connaissances, et que, sur ce plan-là,
il faut bien s'interroger sur l'efficacité d'une structure
parallèle aux structures ordinaires du gouvernement.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur ces notes explicatives?
Mme la députée Verchères.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: Merci, M. le Président. Nous sommes ici pour
un petit peu étudier et s'informer sur le projet de loi 28 créant
la Société Innovatech du Grand Montréal. Ça nous
amène, je pense, à l'état actuel de la recherche et
développement et à nous poser de sérieuses questions,
à savoir d'abord que c'est indispensable, c'est plus que
nécessaire, et nous sommes même en retard. Si je me rappelle les
années, le moment où j'enseignais à l'université,
le problème, c'était que, d'abord, on manquait de chercheurs,
premièrement; et deuxièmement, souvent on manquait de ressources
financières pour vraiment faire de la recherche et du
développement. On sait qu'au niveau universitaire, souvent, il y a les
chercheurs qui manquent. Ça, c'est un point crucial.
Là, le ministre nous dépose un projet de loi et, dedans,
on dit: Ce projet de loi institue la Société Innovatech du Grand
Montréal. Cette Société aura pour mission de promouvoir et
de soutenir les initiatives propres à relever la capacité
d'innovation technologique sur le territoire du Grand Montréal. Le
territoire, ça, j'en reparlerai, mais là, promouvoir... Est-ce
que cette Société sera en mesure, M. le Président...
Peut-être que le ministre pourrait utiliser, s'il le désire bien,
si j'ai des questions... Je serais même disposée à lui
laisser un petit peu de mon temps, s'il voulait répondre aux questions.
Moi, ce qui me fait m'interroger sur ce projet de loi là, c'est que je
vois que, d'abord, il n'y a que 300 000 000 $ répartis sur cinq ans,
premièrement. Deuxièmement, je vois, dans les notes explicatives,
que cette Société sera dissoute après cinq ans.
Là, je reviens au niveau universitaire. Quand on sait que, pour
former des chercheurs, et que cette Société... Là
où je m'interroge, c'est à savoir si elle va travailler en
étroite collaboration avec nos chercheurs universitaires ou si c'est
simplement de dire: Dans la région, il y a un dynamisme, il y a quelque
chose qui se crée. C'est une région que, oui, on peut
qualifier...
C'est la Montérégie et M. le ministre connaît
très bien cette région, puisqu'il y vit aussi. C'est vrai qu'elle
a pris énormément d'ampleur et qu'on l'associe maintenant au
Grand Montréal. Moi, je suis d'accord pour dire que Montréal, ce
n'est pas que l'île et que ça déborde dans les
régions immédiates.
Mais là où je m'interroge... J'ai peur un peu qu'on forme
une nouvelle structure et qu'il manque d'harmonisation avec le niveau
universitaire et que, finalement, on forme une société, mais qui
ne soit pas en mesure de vraiment répondre aux besoins de
développement technologique. Ça suppose aussi de la recherche, et
de la recherche, on sait très bien que même pour simplement
amorcer une recherche au niveau universitaire, ça peut prendre de trois
à quatre années et qu'après cinq ans cette
Société sera dissoute. Moi, je serais même prête
à laisser un petit peu de mon temps au ministre pour qu'il nous
explique, puisqu'il n'a pas utilisé son temps pour nous parler de la
Société, pour ouvrir le débat si vous voulez, et qu'il
puisse nous répondre à ça, si vraiment tout a
été mis en place et on s'assure qu'elle sera prête à
fonctionner tout de suite après sa création.
Quel est son siège social? À Montréal. Je pense que
ça, ça va de soi. Il y a quatre universités sur 111e de
Montréal, et il faut les alimenter aussi. On sait que de plus en plus
dans la formation professionnelle ou dans la formation, quels que soient les
niveaux, que ce soit au niveau professionnel ou au niveau universitaire, on a
besoin de travailler en collaboration avec le milieu. C'est peut-être une
de nos lacunes, au ministère de l'Éducation, de ne pas avoir
favorisé peut-être cette entraide, cette collaboration, cette
interrelation entre nos milieux de recherche officiels, c'est-à-dire nos
universités. Le milieu qui fait en sorte que nous avons des gens qui
sortent de nos universités et qui ne se trouvent pas de travail
susceptible de répondre à leurs capacités. Donc, ils ont
un travail qui, souvent, est décevant parce que la société
n'est pas en mesure de leur en fournir. Et là, on a une lacune
grave.
Nous, quand on finissait l'université, c'était assez
facile, parce il y avait dix employeurs pour nous offrir un emploi, puis il y
avait un étudiant qui finissait, et là, on vit l'inverse. Que le
problème soit identifié, qu'on dise: II faut. D'ailleurs, le
gouvernement l'avait très bien saisi, puisqu'il disait qu'il avait
produit un document qui s'appelle «La maîtrise de notre avenir
technologique: un défi à relever». Mais comme on a
accumulé énormément de retard... On sait, et tous les
sociologues savent aussi et ils sont presque unanimes à le dire, que le
changement va de plus en plus rapidement et qu'on doit toujours s'ajuster et
être à la fine pointe, et que ce changement va en
s'accélérant. Qu'on veuille le faire, que les intentions soient
bonnes et tout, ça, je ne ferai sûrement pas de procès
d'inten- tion là-dessus. Je donne le bénéfice du doute.
Mais qu'on arrive à des résultats concrets, c'est là mon
inquiétude et c'est là, je pense, qu'est le problème et
où sont les inquiétudes. (20 h 40)
On a vécu en commission parlementaire d'autres moments
où... Bon. Ce n'était pas le ministre actuel, c'était le
ministre de l'Industrie et du Commerce. Je me souviens lorsqu'on avait
associé ou mis ensemble, si vous voulez, ou fusionné l'AQVIR avec
la SDI. Je me souviens, j'avais fait part au ministre de l'Industrie et du
Commerce de mes craintes concernant cette petite société qui
fonctionnait très bien et qui était reconnue dans le milieu
industriel comme étant un petit bijou de société. J'avais
dit au ministre à l'époque: M. le ministre, mes craintes, c'est
que vous vous serviez de cette petite société pour donner une
transfusion de sang à la SDI et j'ai peur que vous l'assassiniez. De
toute la conviction possible, le ministre de l'Industrie et du Commerce m'avait
dit à l'époque: Non, non, ne vous inquiétez pas, Mme
Dupuis. Je vous jure qu'on ne la fera pas disparaître.
J'aimerais savoir ce qu'elle est devenue. Je n'en ai pas entendu parler
depuis et je n'ai pas eu l'occasion, parce que je suis un petit peu moins dans
le milieu à cause de mes occupations de député. Je n'ai
pas été en mesure de savoir ce qui était survenu. Je sais,
d'autre part, que mes intervenants dans mon comté, louangeaient cette
petite société là.
Là, moi, je pense qu'elle agonise ou qu'elle est
complètement disparue - j'ai demandé au ministre de corriger mes
informations si elles ne sont pas exactes - et là, on veut en reformer
une autre. Je le formule sous forme de question: Est-ce qu'on ne vient pas
multiplier les structures? Est-ce qu'on ne vient pas multiplier, finalement,
des organismes qui devront après ça se répartir des petits
montants. Quand on parle de 300 000 000 $ en cinq ans pour faire du
développement et de la recherche technologique, ce n'est pas
énorme. Ce n'est pas énorme quand on sait les coûts de la
recherche et le temps que ça prend pour arriver. Moi, je ne trouve pas
ça énorme. Ça dépend toujours dans quel domaine que
ça va se canaliser aussi. Si c'est dans de la PME pour aider des PME
à partir de nouveaux produits, là, c'est différent. Si
c'est dans des entreprises vraiment de fine pointe et si c'est simplement leur
donner une expertise au niveau de la consultation... De la recherche, ça
suppose de l'équipement aussi. Il faut l'équiper. Si on veut
vraiment les aider en recherche, il faut débloquer des fonds pour leur
donner l'équipement nécessaire aussi.
C'est tout ça qui fait que ça m'inquiète un petit
peu quand on voit les besoins urgents qu'on a de travailler en collaboration
avec les entreprises et de favoriser de plus en plus les stages pour que,
lorsque nos chercheurs, nos étudiants, nos finissants, nos
diplômés - appelez-les comme
vous voudrez - arrivent sur le marché du travail, ils soient en
mesure d'être fonctionnels tout de suite et de répondre aux
besoins de nos Industries et aux besoins actuels, que ce soit au niveau des
industries ou au niveau médical, ou quel que soit le domaine. Je pense
que des stages en recherche dans des entreprises à l'extérieur
des universités sont nécessaires. L'Université de
Sherbrooke, je pense, a été très innovatrice dans ce
sens-là.
Alors, là, ça suppose qu'on travaille en collaboration
avec ces universités-là et qu'on injecte aussi des fonds. Si l'on
crée une société et qu'on n'a pas l'argent
nécessaire... Là, quand on parle du Grand Montréal, la
région du Grand Montréal et qu'on déborde, ça
laisse supposer que ça va canaliser l'ensemble de la recherche en
technologie au Québec. J'aimerais que le ministre, tantôt,
lorsqu'il prendra la parole, nous dise quel pourcentage, à peu
près, qu'on va investir au niveau de la technologie et en recherche
technologique dans cette région, puisqu'on le centre là? Est-ce
que ce sera 50 % de la recherche qui se fait au Québec?
Ensuite, j'aimerais qu'il nous précise si ce projet de loi est en
mesure d'apporter des solutions aux problèmes du Grand Montréal.
Est-ce qu'un pays peut se permettre de laisser se vider sa métropole?
C'est notre plus grande ville, Montréal. Est-ce qu'on peut se permettre
de laisser se détériorer la situation comme elle se
présente à Montréal actuellement? Moi, qui vis en banlieue
immédiate, pas immédiate, mais en périphérie, la
deuxième ceinture, comme on dit, je le vois très bien. Ça
nous crée des problèmes inverses, les problèmes que vivent
les régions habituellement qui font que les régions sont
désertées. Nous, on vit l'inverse. Les problèmes que vit
Montréal, nous, on les vit à l'inverse. C'est-à-dire que
les gens de Montréal désertent Montréal, et, souvent, ce
sont peut-être de ses éléments les plus intéressants
qui quittent Montréal pour venir s'installer en banlieue.
Alors, j'aimerais savoir si cette société sera en mesure
de répondre aux problèmes. Je suis convaincue que mes
collègues qui sont députés à Montréal seront
en mesure de questionner le ministre et de s'exprimer beaucoup mieux que moi
sur le sujet de Montréal, qui vit des problèmes aigus, je pense,
au niveau de son travail, de la désertion, du chômage à
Montréal, et tout. C'est bien beau de former une société,
mais est-ce que - et c'est là mon interrogation; on va peut-être
être en mesure de le voir lorsqu'on l'étudiera article par article
- cette société saura répondre ou solutionner les
problèmes urgents que vit Montréal et, forcément, un petit
peu la banlieue et tout le Québec? Est-ce que la recherche et le
développement technologique vont se concentrer dans cette
région-là et de quelle manière tout cela va-t-il
s'articuler?
Puisqu'on m'appelle en Chambre... M. le président, ce sont les
quelques remarques que j'avais à formuler, quelques inquiétudes
que j'avais à formuler au ministre. merci, m. le président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Merci, madame. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants? M. le
député de Gouin.
M. André Boisclair
M. Boisclair: Je dois vous dire qu'il me fait grand plaisir,
d'une part, d'avoir l'occasion de m'exprimer sur ce projet de loi, de le faire
dans la bonne commission, et d'autre part, que ça me fait aussi plaisir
de croiser le fer avec le ministre responsable du développement du Grand
Montréal et président du Conseil du trésor. C'est la
première fois qu'on aura l'occasion de le faire en commission. On l'a
déjà fait à quelques reprises à l'occasion
d'interpellations à l'Assemblée nationale.
Permettez-moi, M. le Président, de tout simplement vous annoncer
un peu de quelle façon j'ai l'intention de présenter mes quelques
remarques préliminaires qui guideront notre analyse, et mon analyse
particulièrement, au cours de l'étude article par article du
projet de loi 28.
Mon collègue, le député de Labelle, tout à
l'heure, a bien précisé jusqu'à quel point il y avait des
enjeux importants qui étaient soulevés par le projet de loi 28
concernant la recherche et le développement. Je pense qu'à ce
stade-ci il ne faut pas revenir sur les énoncés qu'il nous a
présentés. Je pense qu'ils étaient pertinents, j'y
souscris. J'aimerais peut-être ajouter un élément de plus
à tout ce débat et essayer de plaider un peu pour Montréal
et rappeler un peu la perspective dans laquelle s'inscrit le projet de loi que
nous étudions aujourd'hui.
Je pense qu'il est d'abord important de refaire un peu d'histoire et
rappeler aux membres de cette commission que le projet de loi créant la
Société Innovatech est, finalement, la conclusion, la
pièce maîtresse, comme le ministre responsable du Grand
Montréal le rappelait à l'occasion de l'interpellation, du plan
de relance rendu public en décembre dernier.
Mais avant d'aborder concrètement le projet de loi, il faudrait
rappeler le contexte dans lequel le plan de relance a été
déposé. Pour ce faire, il faut revenir à l'époque
du gouvernement du Parti québécois qui avait
créé... Compte tenu des enjeux spécifiques qui animaient
les Montréalais et les Montréalaises, compte tenu aussi des
enjeux, des préoccupations qui animaient l'équipe
ministérielle de l'époque, le gouvernement d'alors avait
décidé de mettre sur pied un comité ministériel
responsable du Grand Montréal où se retrouvait l'ensemble des
ministres sectoriels concernés par le développement de notre
métropole. Arrive 1985, et un des premiers gestes que le gouvernement
libéral pose, c'est d'abolir,
sans pourtant le remplacer par aucune autre structure, ce comité
ministériel chargé du développement économique de
Montréal. C'était en 1985. Je refais tout simplement un peu
d'histoire. (20 h 50)
Le temps passe, M. le Président, et les enjeux deviennent de plus
en plus criants. Les députés montréalais interpellent de
façon quotidienne le gouvernement. Les gens de la ville de
Montréal aussi, de la Communauté urbaine de Montréal,
interpellent les élus du gouvernement du Québec sur les enjeux
qui interpellent les Montréalais et les Montréalaises. Le
gouvernement fédéral aussi, à travers tout ça,
présente un certain nombre de mesures et commence à
développer et articuler une vision sur l'avenir de Montréal, ce
qui amène plusieurs intervenants montréalais à
réclamer, finalement, ce qui avait été dissout à
l'époque, au lendemain de l'élection, un comité
ministériel semblable à celui qui avait été
créé à l'époque du Parti
québécois.
Engagement électoral, 1989. On promet, on prend un engagement, en
1989, à l'occasion de la campagne électorale. On créera un
comité de développement, un comité ministériel
responsable du développement économique de Montréal. En
1989, c'est la victoire du gouvernement libéral et, effectivement,
quelques mois après le retour au pouvoir du gouvernement libéral,
on met sur pied un comité de développement économique, une
équipe ministérielle qui sera chargée du
développement économique de Montréal. Mais la
première distinction, cependant, c'est que ce comité sera
présidé par quelqu'un qui, on le conviendra certainement, est
étranger aux réalités montréalaises, non pas que je
puisse reprocher...
M. Johnson: II ne faut pas dire n'importe quoi.
M. Boisclair: Bien, je ne dis pas n'importe quoi, monsieur. Que
je sache, vous ne représentez pas...
M. Johnson: Ça fait plus longtemps que vous que j'habite
là.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boisclair: vous ne représentez pas, que je sache, m. le
président... le député de vau- dreuil, par
définition, ne peut représenter une circonscription de
montréal.
M. Johnson: C'est plus proche que Mont-Laurier.
M. Boisclair: À cet égard, je pense que
malgré des...
Une voix: Plus proche.
M. Boisclair: C'est plus proche de... Je m'excuse, M. le
Président, mais je pense qu'il est pertinent, à ce stade-ci, de
rappeler que le député de Vaudreuil, par définition, ne
représente pas une circonscription, pas plus de la ville de
Montréal, ni de ITIe de Montréal. Tout simplement, M. le
Président, je voudrais rappeler...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): II
représente la caisse, par exemple. Il signe les chèques.
Ça, c'est bien plus fort.
M. Boisclair: Oui. Il va représenter la caisse et on
pourra parler... Certains prétendront qu'il y aura là conflit
d'intérêts, mais je pense que... Je ne voudrais pas m'attarder
trop longtemps à cet élément de réflexion, mais
tout simplement rappeler qu'on crée un comité ministériel
avec un mandat beaucoup plus large que celui qui avait animé
l'équipe ministérielle d'alors qui avait été
constituée sous le régime du Parti québécois.
Un des premiers engagements de ce comité ministériel
était de déposer un plan d'action sur le développement du
Grand Montréal pour juin 1990, si ma mémoire est fidèle.
Là, le temps passe. Les intervenants montréalais, pas dupes,
décidant quand même de s'organiser pour être bien sûrs
qu'ils puissent articuler une vision commune sur, à la fois, leurs
priorités, sur les enjeux qui les animent, décident
d'eux-mêmes de créer une espèce de comité de
concertation qui réunira, finalement, l'ensemble des grands
décideurs. On retrouvera, par exemple, les représentants de la
Communauté urbaine de Montréal. On retrouvera les
représentants de la chambre de commerce. C'est, d'ailleurs, M. Guilbault
qui, à l'époque, avait initié toute cette démarche.
On retrouvera aussi des représentants du Board of Trade, puisqu'il
s'agit, bien sûr, d'un comité qui a été
créé avant la fusion entre la chambre de commerce et le Board of
Trade, des représentants des centrales syndicales, des
représentants de la ville de Montréal.
Finalement, à peu près tout ce qui s'intéressait au
développement économique de Montréal s'est retrouvé
à ce comité formé à l'initiative des intervenants
montréalais soucieux de pouvoir articuler une vision commune pour
pouvoir la soumettre au ministre responsable de ce nouveau comité qu'il
venait de créer au lendemain de l'élection de 1989. Il
était clair pour les intervenants montréalais qu'il
n'était pas question que, politiquement et même en termes de
stratégie, ils participent simplement à une consultation qui les
aurait amenés chacun, les uns après les autres, à se
prononcer sur leur vision des priorités.
Je pense que les intervenants montréalais, à ce
moment-là, ont fait preuve d'une très grande maturité et
d'un sens politique assez aiguisé en décidant de s'asseoir
eux-mêmes avec ce que ça peut comporter de difficultés
d'asseoir l'ensemble
de ces partenaires qui n'étaient pas vraiment habitués
à travailler ensemble, mais qui, finalement, s'entendent, eux, sur un
certain nombre de priorités, à la fois sur du court terme, mais
aussi sur un certain nombre d'enjeux plus importants qui viennent affecter des
fonctions à la fois microéconomiques et macroéconomiques
de l'économie montréalaise.
Donc, M. le Président, voyant le milieu montréalais
s'articuler, voyant les demandes qui se faisaient de plus en plus pressantes,
le ministre s'est retrouvé pris à devoir reporter l'annonce de
son plan d'action qui était prévu pour juin 1990, M. le
Président. C'est pour juin 1990 qu'il était prévu,
initialement. Là, bien, on est allé de report en report. Ma
collègue, la députée de Hochelaga-Maisonneuve,
connaît encore mieux que moi les différentes annonces qui avaient
été faites. Finalement, il aura fallu attendre jusqu'en
décembre 1992 pour avoir un plan de relance proposé par le
comité ministériel chargé du développement
économique de Montréal.
M. le Président, cette mise en situation étant faite, je
pense qu'il est important de rappeler que le plan de relance annoncé au
mois de décembre 1991, constitue certainement un élément
important, un document qui vient susciter une certaine réflexion.
Lorsqu'on se permet de faire un parallèle entre ce qui avait
été annoncé en décembre 1991 et ce qu'on retrouve
dans le projet de loi 28, on s'aperçoit que le projet de loi
créant la Société Innovatech du Grand Montréal
n'est finalement qu'une pâle copie de ce qui avait été
annoncé en décembre 1991.
Permettez-moi tout simplement de rappeler... Je pense qu'il serait
intéressant que les membres de la commission reviennent au texte,
reviennent à l'annonce qui avait été faite en
décembre 1991. On disait, entre autres, sur la Société
Innovatech - et je me permets de citer le texte pour être bien sûr
que je me fais comprendre: Ces interventions seront d'abord orientées
vers les éléments permettant de renforcer les maillons faibles du
processus d'innovation. C'est effectivement un des éléments
majeurs qu'on retrouve tels que définis, d'ailleurs, dans le projet de
loi 28.
Je pense qu'il y avait un élément important, aussi, qu'on
rajoutait à la volonté de renforcer le processus d'innovation
à Montréal, un deuxième élément qui
était le suivant - et je cite le texte à la page 35: Les actions
d'Innovatech du Grand Montréal déborderont du cadre de la
recherche et du développement pour couvrir, entre autres, les projets et
les activités de transfert technologique. La qualification
professionnelle, M. le Président, on n'en retrouve aucune mention dans
le projet de loi 28. La qualification, donc, des ressources humaines et le
renforcement des infrastructures publiques, autres éléments qui
venaient compléter le mandat qui était celui de soutenir, de
renforcer le processus d'innovation. Donc, ce sont des éléments
très clairs qui venaient s'ajouter au mandat premier de la
Société Innovatech.
Cependant, M. le Président, lorsqu'on prend connaissance de
façon attentive des 47 articles contenus au projet de loi 28, on
s'aperçoit que d'aucune façon on retrouve cette volonté
qui avait été pourtant clairement exprimée, en
décembre 1991. D'aucune façon on retrouve ces
énoncés de principe dans le projet de loi, ce qui m'amène
à conclure dans un premier temps que le projet de loi 28, à cet
égard, constitue une pâle copie de ce qui avait été
annoncé en décembre 1991. Donc, ce sont deux mandats qui ne se
retrouvent pas: le premier, c'est la qualification professionnelle des
ressources humaines, dans cette perspective, bien sûr, de renforcement du
processus d'innovation, et le deuxième élément
fondamental, c'est toute la question du renforcement des infrastructures
publiques. Donc, déjà là, on a un élément,
je pense, sur lequel il serait intéressant de discuter à
l'occasion de l'étude article par article, mais je tenais
immédiatement à faire ces précisions.
Il y a un autre élément, M. le Président, duquel je
crois qu'il faille immédiatement convenir, c'est de la composition des
membres du conseil d'administration de cette Société. On pourra,
par exemple, se rappeler tout le discours que tient le ministre de l'Industrie
et du Commerce sur cette essentielle et nécessaire concertation entre
l'ensemble des différents partenaires économiques. Le ministre de
l'Industrie et du Commerce se plaît à nous répéter
à satiété et à nous donner l'exemple, par exemple,
de ce fameux contrat social qui amène l'ensemble des partenaires
à négocier et à s'entendre sur un certain nombre d'enjeux
et de priorités. M. le Président, à la lecture du projet
de loi 28, le premier constat qu'on peut faire en ce qui a trait à la
composition du conseil d'administration de la Société Innovatech,
c'est qu'un des partenaires majeurs, pourtant nécessaire si on
décide de respecter... Le ministre a lu dans mes pensées, mais
lui-même l'admet...
M. Johnson: J'ai lu la même chose que vous. (21 heures)
M. Boisclair: II constate, lui comme moi, qu'un des partenaires
majeurs qui devrait être associé à ce processus de
renforcement du processus d'innovation est, bien sûr, la présence
des employés syndiqués et de leurs représentants. Mais
surprise, M. le Président, les représentants syndiqués,
leurs porte-parole, d'aucune façon, ne se retrouvent au conseil
d'administration de la Société Innovatech. À moins que le
ministre utilise une espèce de détour intellectuel en nous
indiquant que les représentants d'entreprises dont il fait mention au
projet de loi 28 pourraient être des représentants des grandes
centrales syndicales. Peut-être est-ce la conclusion à
laquelle
il en arrive, mais, à tout le moins, ce n'est pas là une
très grande garantie. C'est une garantie sur laquelle l'Opposition ne
s'appuiera certainement pas pour se satisfaire de la composition du conseil
d'administration. Donc, nous revendiquons très clairement la
présence de représentants des travailleurs et des travailleuses
au sein de ce conseil d'administration.
Autre grand élément qui est fondamental: le siège
social de la Société Innovatech. On nous apprend dans le projet
de loi que le siège social sera situé dans une des
municipalités décrites à l'annexe A du projet de loi,
l'annexe A qui reprend, finalement, l'ensemble du territoire, les 137
municipalités couvertes par le territoire du Grand Montréal. Il
faudrait à tout le moins, M. le Président, rappeler le contexte
dans lequel a été déposé ce plan de relance qui, au
départ, dans son esprit, était un plan de relance pour
Montréal. Il faudrait à tout le moins s'assurer que le
siège social de cette future société puisse à tout
le moins se retrouver sur le territoire de la Communauté urbaine de
Montréal. Je pense que cela va de soi et j'espère que le ministre
conviendra avec nous qu'il faut, à cet égard, préciser un
certain nombre de choses dans le projet de loi, à moins qu'il ne soit de
l'intention du député de Vaudreuil d'installer le siège
social de cette future société dans son propre comté.
Peut-être que l'avenir nous dira quelles sont ses intentions à cet
égard, mais je ne crois pas, malgré tout le respect que je puisse
avoir pour Saint-Zotique ou pour Saint-Polycarpe représentées
longuement et dignement par la grande famille Blanchard, je ne voudrais pas
faire offense aux élus de Saint-Zotique, mais je ne crois pas qu'il
faille et qu'il soit à propos de songer à établir le
siège social dans une banlieue éloignée du Grand
Montréal.
M. Johnson: Est-ce que quelqu'un veut faire ça?
M. Boisclair: II n'y a aucune précision à cet
égard.
M. Johnson: Ah bon! Non, non, ce n'est pas ça, la
question.
M. Boisclair: Ce que je tiens tout simplement à souligner,
c'est que, dans le projet de loi, il serait bon d'indiquer de façon plus
précise quelles sont les intentions du ministre à cet
égard.
Donc, un deuxième élément sur lequel, je crois, il
sera intéressant de revenir au moment de l'étude article par
article. Je pense aussi qu'il faut, à ce moment-ci, M. le
Président, souligner un certain nombre d'autres enjeux qui animeront
notre questionnement au moment de l'étude article par article. Bien
sûr, nous ne pourrons pas éviter tout le débat entourant le
ministre responsable de l'application des lois profession- nelles. Je pense
que, tout à l'heure, mon collègue, le député de
Labelle, a bien fait connaître le questionnement de l'Opposition à
cet égard. Je ne tiens pas nécessairement à revenir sur
cet élément, mais soyez assurés que, comme intervenants
montréalais, comme députés de Montréal, nous
partageons et je partage absolument les mêmes interrogations que mon
collègue, le député de Labelle.
Je pense aussi qu'il faut se questionner sur un certain nombre d'autres
enjeux plus spécifiques qui, eux, concernent plus le fonctionnement de
la société, une fois que le législateur aura
décidé de procéder à sa création par les
premiers articles. Je pense que, rapidement, il faudra aussi s'interroger sur
le fonctionnement de cette société en adressant,
premièrement, les critères d'admissibilité des projets qui
seront retenus par la Société Innovatech. Je pense que plusieurs
intervenants montréalais ont fait part d'interrogations quant aux
critères qui seront utilisés pour retenir ou pour rejeter des
projets. Si l'on veut s'entendre dès le départ sur un certain
nombre d'objectifs et, par conséquent, s'assurer du succès de la
Société Innovatech, je pense qu'il faudra, d'une part, s'assurer
d'une consultation avec le milieu et il me fera plaisir... Oui. Je pense qu'il
serait intéressant, dans cette perspective, d'assurer le succès
de cette société. Je pense qu'il faudra s'assurer, d'une part,
d'une saine concertation avec les gens du milieu pour être bien
sûr, M. le Président, que les objectifs que le ministre nous
présente puissent être finalement atteints.
Je pense aussi que nous aurons l'occasion de discuter d'un certain
nombre d'autres objectifs, entre autres des informations à l'article 4
qui soulèvent un certain nombre d'interrogations. Un autre qui
soulève... L'article 30 quant aux actifs de la Société.
Deux autres articles fondamentaux, les articles 32 et 33 qui, bien sûr,
traitent de la possibilité pour la Société Innovatech de
conclure des ententes avec des tiers. Je pense qu'il serait intéressant
d'approfondir cette réflexion pour la possibilité que la
société pourrait avoir ou ne pas avoir pour conclure des ententes
avec, par exemple, d'autres intervenants dans le milieu de la recherche et du
développement. Je fais référence dans ce cas-ci au
gouvernement fédéral. Je pense qu'il y a un certain nombre de
dérogations aux lois qui existent. Je fais référence, par
exemple, à la loi sur l'interdiction des subventions municipales. Je
pense que, là, il faudra aussi soulever un certain nombre de
questions.
Un autre débat de fond, M. le Président, sera, bien
sûr, le niveau des engagements financiers de la Société. Le
gouvernement a annoncé une contribution quand même substantielle,
de l'ordre de 300 000 000 $, à la Société, si je ne
m'abuse, 300 000 000 $, sur une période de 5 ans. Je pense qu'il faudra
voir si ces engagements financiers, particulièrement ceux de
la Société, seront déterminés par le
gouvernement et si leur niveau sera balisé à l'article 35 ou
s'ils pourront dépasser le niveau de la contribution gouvernementale. Il
se pourra très bien que la Société puisse compter dans ses
revenus d'autres sources de revenus que ceux versés, que les
crédits qui seront accordés par le ministre responsable du Grand
Montréal et président du Conseil du trésor.
Un autre élément, M. le Président, comme
intervenant montréalais qui, aussi, nous préoccupe est, bien
sûr, la présence, dans le projet de loi, du chapitre V ayant trait
aux dispositions finales. Je pense qu'il est quand même assez
étrange qu'on retrouve ce genre de clause. Peut-être a-t-elle
été suggérée par les rédacteurs du
ministère, mais il est quand même assez étrange de voir
qu'avant même que ne soit créée cette
Société, avant même qu'elle soit en opération, on
prévoit immédiatement, dans le texte de loi, la...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
vous inviterais à conclure, M. le député. Il vous reste
une minute.
M. Boisclair: Je conclus en disant que ce genre de ce qu'on
appelle les «sunset clauses», leur présence est à
tout le moins intrigante dans ce projet de loi.
Donc, l'ensemble des préoccupations, M. le Président, sur
lesquelles j'ai eu l'occasion d'intervenir, nous les reprendrons au moment de
l'étude article par article. Je tenais tout simplement à
préciser et à rappeler le contexte dans lequel ce projet de loi
est déposé. Je pense qu'il faut rappeler que le projet de loi ne
constitue, hélas, qu'une pâle copie de ce qui avait
été annoncé en décembre 1991. Je tenais à le
plaider et je pense que la démonstration a été faite.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Merci beaucoup. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants? Mme la
députée de Taillon.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Oui, M. le Président. Je suis très
intéressée à intervenir sur ce projet de loi,
évidemment, puisque, lorsqu'on considère le plan
stratégique du Grand Montréal, on y inclut une partie importante
de la Montérégie où se fait concrètement la
majorité de la recherche au Québec, M. le Président. Je
vais d'ailleurs le démontrer à l'aide du bilan scientifique qui a
été fait en Montérégie, grâce à la
collaboration du Conseil de la science et de la technologie - c'est eux qui ont
eu ce mandat - ce qui nous permet maintenant d'avoir un tableau très
complet de ce qui se fait chez nous, sur notre territoire. Dans ce
sens-là, je pense que ça devra influencer, éventuellement,
les investissements de la Société Innovatech et ça devra
influencer, éventuellement aussi, évidemment, les gens qui
formeront le conseil Innovatech, si on veut être cohérents,
surtout qu'on a appelé les suites du plan qu'on retrouve aujourd'hui,
pour lequel on étudie le projet de loi qui est devant nous, la loi
créant Innovatech, on l'a appelé le plan stratégique du
Grand Montréal et non pas de Montréal.
Alors, je vais commencer en mentionnant que je retrouve bien là
le gouvernement qui, encore une fois, n'a pas été capable de
choisir. Je pense que la création d'Innovatech, c'est fort
intéressant. J'y reviendrai plus loin. Mais en prenant un peu de recul
et en regardant globalement ce que fait le gouvernement, je pense qu'il a
été incapable de choisir. Il a été incapable de
choisir, de telle sorte qu'il a choisi à moitié les deux
réalités auxquelles s'adresser, les deux univers auxquels
s'adresser. (21 h 10)
Mon collègue de Labelle a fait une démonstration
éloquente du fait que la recherche, effectivement, 80 % de la recherche
se faisaient dans la grande région de Montréal, probablement plus
grande que celle, d'ailleurs, même qui nous est présentée.
Alors, ça, c'est d'un côté. D'un autre côté,
quand on a voulu faire un plan de redressement ou un plan stratégique ou
un redressement durable pour le Grand Montréal, on voulait
particulièrement s'adresser au coeur de la grande région de
Montréal et à la métropole, en particulier, qu'est
Montréal et à l'île, en particulier. Mais, dans les faits,
comme on n'a pas pu choisir, on a établi, on a proposé cette
espèce de grand plan qui couvre un grand territoire. Là, on se
retrouve avec Innovatech qui considère... qui va faire de la recherche
pour des... et qui va avoir accès, c'est-à-dire, à des
sommes importantes. Je vais y revenir... 300 000 000 $. D'ailleurs, je ne sais
pas comment on va les étaler dans le temps, parce que
l'expérience passée n'est pas très probante quant à
la réalité à laquelle on va être confrontés
si on n'a pas réussi à dépenser... ou à investir,
pardon... à investir plus de... même pas 40 000 000 $ du fonds
technologique qui était au niveau national. Comment imagine-t-on, en
l'espace d'au moins quatre ans, comment imagine-t-on, dans les cinq ans
à venir, qu'on va pouvoir investir les 300 000 000 $ qui sont
là?
Enfin, ça, on y reviendra. Tout au long de l'étude article
par article, on pourra en faire une évaluation, M. le Président.
Alors, on a voulu s'adresser à deux réalités, à
deux univers, en faisant à moitié ce que l'on avait à
faire. C'est ça qui est inquiétant quand on se retrouve devant ce
projet de loi qui, en soi, n'est pas mauvais. Il méritera des
bonifications. Mon collègue de Gouin en mentionnait un certain nombre.
Tout ça reste vrai. Mais je pense qu'on fait les choses à
moitié, d'une part, parce qu'on ne s'adresse pas à la
résolution des problèmes que vit Montréal d'une
façon un peu plus concentrée, si on veut, puis, en même
temps, comme on parle de recherche et développement,
l'univers devrait être encore plus grand. que celui qui est
là.
Maintenant, je vais revenir avec... Donc, le gouvernement n'a pas
choisi, comme d'habitude. Je vais revenir avec ce que je disais tout à
l'heure sur les chiffres et les données qui concernent l'ensemble du
Québec depuis 1988. Ce qu'on sait, en fait, c'est qu'il y a eu 39 278
000 $ qui ont été transférés du Fonds de
développement technologique. Donc, il reste encore des sommes
faramineuses dans le Fonds de développement, tel qu'il était
prévu au niveau national, au niveau québécois...
étaient de l'ordre de 350 000 $. Je pense que mon collègue a
abordé cette question au début de la séance de travail.
J'étais à l'Assemblée nationale à ce
moment-là.
Est-ce que ça voudra dire que c'est ces fonds-là qu'on va
transférer vers Innovatech où on se retrouve... et ça, ce
serait intéressant de le savoir. Remarquez que le ministre de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, responsable du Fonds de
développement technologique, a probablement un peu plus d'information
pour nous répondre. Mais j'imagine que le président du Conseil du
trésor, comme lui a une vision sur l'ensemble des ministères,
pourra évidemment aussi nous répondre, même si ce n'est
évidemment pas sa première responsabilité, on va en
convenir. J'y reviendrai.
Est-ce que ça voudra dire que seront disponibles au Québec
plus de 650 000 000 $ pour investissements en recherche et
développement? Je vais dire que c'est tout à fait extraordinaire,
sauf que, si on sait que 80 % des activités de recherche et
développement ont lieu sur le territoire, le grand territoire de
Montréal, probablement encore plus grand que celui qu'on a ici, je me
dis qu'il faudrait peut-être virer plus que les 300 000 000 $ qu'on
prévoit à Innovatech.
Alors, ce sont des questions auxquelles, j'imagine, le ministre va
pouvoir répondre. On rencontrait hier le président de la Chambre
de commerce du Québec avec plusieurs des représentants des
chambres de commerce régionales et locales qui l'accompagnaient. Il a
lui-même siégé au conseil du Fonds de développement
technologique. Il nous a signifié qu'il y avait des embûches
majeures au déblocage de fonds, parce que les arrimages qu'on demandait
entre les différentes institutions et les différentes
organisations au ministère étaient tellement complexes que,
finalement, l'organisme demandeur ou la société demanderesse se
décourageait, à toutes fins pratiques, dans le processus.
Alors, je le mentionne pour fins de mémoire lorsqu'on
étudiera le projet de loi qui est devant nous, pour s'assurer que les
embûches ne seront pas grandes, que les contraintes ne finiront pas par
noyer le poisson et par donner ce qu'on constate maintenant au Fonds de
développement technologique.
Deuxième élément. Qu'est-ce qui se passe pour la
Montérégie, puisqu'on sera largement concernés par ce
Fonds, cette société, la Société Innovatech du
Grand Montréal? Je vais vous dire pourquoi on sera largement
concernés en m'inspi-rant du bilan scientifique qui a été
fait pour la Montérégie, je le rappelle, par le Conseil de la
science et de la technologie. D'abord, sachons qu'il se fait dans ia
Montérégie, en pourcentage du Québec, quant au secteur
privé, en dépenses de recherche-développement pour
l'année 1987-1988 - évidemment, ce sont des données qui
datent de ce temps-là, mais ce sont des bilans qu'on ne fait pas tous
les jours - représentent, en termes de dépenses, 27,2 % et, en
termes d'emploi, de personnes-année, en recherche-développement,
34,1 %. La Montérégie. Dans le cas du secteur gouvernemental,
parce que vous savez qu'on a des institutions importantes, entre autres
Hydro-Québec a ses instituts de recherche sur la rive sud, 39,7 %. La
Montérégie représente cela, en
recherche-développement, en ce qui concerne le secteur gouvernemental.
Maintenant, je vais continuer plus loin. La main-d'oeuvre engagée dans
des activités de recherche-développement - et ça, c'est
très précis, M. le Président - la main-d'oeuvre
engagée dans des activités de recherche-développement
à Montréal, selon les régions administratives, c'est 35,7
%, mais, en Montérégie, c'est 42,5 %, M. le Président.
Alors, ceci veut dire qu'il faudra prévoir qu'lnnovatech soit sensible
à cette réalité-là et que son administration soit
équipée pour être sensible à cette
réalité-là.
Si je continue un peu plus loin, M. le Président, la rive sud,
parce que, évidemment, le plan stratégique qu'on a devant nous
concerne surtout la rive sud avec une petite extension du côté de
Vaudreuil-Soulanges - on s'est demandé, un petit peu, pourquoi, parce
que ça dépassait pas mal les cadres, mais on s'est dit que c'est
probablement parce que le ministre voulait vraiment être responsable de
la loi et que ça se justifierait comme ça. Bon. La rive sud
représente... Je vais le dire, la partie... sa région, au
ministre, c'est intéressant. Je suis persuadée que ça
l'intéresse. En termes de main-d'oeuvre engagée dans des
activités de recherche-développement, la rive sud
immédiate, soit Longueuil, Boucherville, Brossard, mais c'est vrai
surtout de Longueuil et Boucherville, évidemment, 38,2 % de tout ce qui
se fait, de la main-d'oeuvre engagée dans des activités de
recherche-développement; les entreprises engagées, c'est 44,3 %.
Si on prend la région du sud-ouest qui est essentiellement la
région du ministre responsable, la sous-région en
Montérégie du ministre responsable, c'est 7,8 % de la
main-d'oeuvre qui sont engagés dans des activités de
recherche-développement. C'est très peu. C'est très peu.
Mais si...
Alors, évidemment, après ça je pourrais vous parler
des entreprises actives dans ces secteurs-là: au premier chef, Pratt
& Whitney,
Bombardier, C-l-L d'une façon un petit peu plus excentrique,
Marine, etc. Alors, comme on le constate, effectivement, quand on parle de
recherche-développement, c'est vrai que l'essentiel de la
recherche-développement se fait dans la région de Montréal
et dans la grande région de Montréal et probablement un petit peu
élargie encore, mais, dans le cas présent, à cause du
découpage que nous avons là, la région la plus
concernée, c'est la rive sud de Montréal, en pourcentage
d'investissement, en pourcentage de personnes affectées à la
recherche-développement, et les entreprises aussi, en termes de
dimensions d'entreprises impliquées dans ce secteur-là parce
qu'on retrouve... Et là, je ne reviens pas avec des données, mais
je pourrais le faire, sur la grosseur des entreprises. On constaterait que ce
sont des entreprises de très grande taille, évidemment, qui sont
concernées. D'ailleurs, ce sont souvent les seules, si on exclut
certaines exceptions, qui ont procédé, au Québec, à
de la recherche-développement. D'ailleurs, le fait qu'on n'en fasse pas
beaucoup au Québec, c'est dû au fait qu'on n'a pas beaucoup de
grandes entreprises, mais qu'on a plutôt de la moyenne et de la petite
entreprise. C'est un des éléments, un des facteurs qui ont
empêché que l'on fasse de la recherche-développement. (21 h
20)
Troisième point auquel il faut se sensibiliser, dont il faut
être conscient, c'est le risque qu'effectivement, en procédant
comme on le fait, on désintéresse d'autres institutions,
ministères ou organisations, ou entreprises même, de
l'investissement en matière d'innovation technologique et de recherche.
Mon collègue de Labelle donnait l'exemple de la SAO, que j'ai
très bien connue aussi, d'abord pour m'être occupée de
l'Outaouais à plusieurs reprises et pour être encore
impliquée au niveau de l'Outaouais. Il y a eu une analyse faite par le
Conseil, je pense que c'est le conseil de la coopération en Outaouais,
avec la SAO elle-même, d'ailleurs, sur les investissements qui avaient
été faits par d'autres organisations, qui sont des organisations
gouvernementales, nationales, centrales, genre la Caisse de dépôt
et placement, la SGF, la SDI, et on pourrait nommer comme ça toute une
série d'autres institutions. Effectivement, elles n'ont jamais
donné la quote-part qu'elles ont livrée, d'autre part, dans les
autres régions du Québec parce qu'on s'est fié qu'il y
avait une Société d'aménagement dans l'Outaouais qui
était censée investir en matière d'infrastructures,
infrastructures touristiques, infrastructures industrielles. On investissait
même dans les parcs industriels, dans la constitution de parcs
industriels, ce qui fait que l'Outaouais, dans les faits, a été
jusqu'à un certain point désavantagé. Parce que, la SAO,
on la trouvait de toute façon déjà trop grosse, donc les
sommes qu'on lui versait n'égalaient jamais celles que la région
aurait pu obtenir si elle avait tiré sur chacune des organisations
centrales.
Alors, moi, pas question de revenir sur le principe de la
Société Innovatech, loin de là, mais soyons vigilants et
soyons conscients que c'est un risque qui est présent. Il ne faudrait
pas que le gouvernement se désengage, d'autre part. J'espère que
le premier engagement qu'on va entendre de la part du ministre parrain de la
loi, c'est que les fonds disponibles en recherche et développement par
l'intermédiaire du Fonds de développement technologique sont
toujours disponibles, sinon ça pourrait être
inquiétant.
Enfin, je vais terminer, M. le Président, parce que je n'ai pas
l'intention d'utiliser tout mon temps, avec le fait que je déplore que
ce ne soit pas le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie qui
nous présente le projet de loi que nous étudierons ce soir. Je le
déplore. Je peux tout à fait comprendre que ce soit le
député de Vaudreuil, président du comité
ministériel du Grand Montréal, qui soit le responsable justement
de ce comité - je peux le comprendre -.pour sa connaissance qu'il a de
Montréal, pour sa connaissance qu'il a des dossiers, etc., pour son
poste stratégique au Conseil du trésor, même. Je peux
comprendre ça, à la limite, mais je comprends difficilement,
cependant, que, sur une loi qui est sectorielle et qui concerne essentiellement
la haute technologie, l'innovation technologique, alors que cette
responsabilité est fort bien logée au gouvernement, sans aucune
espèce d'ambiguïté, je ne peux pas comprendre que ce ne soit
pas le ministre responsable, normalement, habituellement et
généralement de ces dossiers qui soit aussi le parrain de la loi
qu'on étudie, M. le Président. Ça permettrait d'ailleurs
au ministre responsable du comité ministériel du Grand
Montréal peut-être d'avoir une certaine distance pour mieux
coordonner éventuellement l'ensemble des actitivés qui sont
nécessaires sur le territoire. Il perd par le geste qu'il pose, que son
gouvernement pose ce soir, cette possibilité d'établir cette
distance qui est nécessaire pour qu'il accomplisse ses fonctions et
qu'il assume ses responsabilités. Sa présence au Conseil du
trésor était nettement suffisante, à mon point de vue,
pour faire en sorte qu'il puisse aller chercher les fonds nécessaires,
pour prendre les décisions utiles pour que les choix se fassent, que les
orientations se prennent pour le Grand Montréal. À mon point de
vue, c'est une erreur que ce soit lui qui soit désigné comme le
porte-parole pour ce qui est de la loi qui concerne la Société
Innovatech du Grand Montréal, M. le Président.
Alors, voilà pour les commentaires généraux que je
voulais faire à ce moment-ci de nos travaux.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
vous remercie, madame. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. le
député d'Anjou.
M. Pierre Bélanger
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, c'est un
petit peu compliqué de parler quand il y a plusieurs intervenants qui
ont parlé avant vous. Évidemment, je ne veux pas dire les
mêmes choses que les gens ont dites. Je vais m'attarder plus
particulièrement peut-être à la problématique de mon
comté et de ma région qui est l'est de Montréal.
M. le Président, dans l'est de Montréal,
évidemment, comme je l'ai déjà expliqué à
plusieurs reprises, on a été durement touché par deux
récessions, c'est-à-dire la première récession du
début des années quatre-vingt et, alors qu'on se remettait
à peine de cette première récession, on arrivait de plein
fouet dans cette deuxième récession dans laquelle nous sommes
toujours présentement.
En plus, M. le Président, dans l'est de Montréal, on a
tout le problème du virage technologique qui est particulièrement
évident dans notre secteur. Donc, on attendait depuis longtemps un plan
de relance de Montréal. Évidemment, vu l'urgence de la situation
qu'il y avait dans l'est de Montréal, il y avait déjà des
mesures qui avaient été adoptées pour la relance de l'est
de Montréal. Donc, on s'attendait dans mon coin, dans l'est de
Montréal, que le plan de relance du Grand Montréal prendrait en
considération cet élément important de la
problématique et comprendrait aussi l'urgence de l'action à faire
dans l'est de Montréal.
Quand on nous a présenté le plan de relance du Grand
Montréal, dont Innovatech fait partie, je pourrais vous dire, M. le
Président, qu'il y a eu un certain scepticisme et une certaine
déception. Évidemment, nous avions depuis longtemps
identifié dans l'est de Montréal des actions immédiates
qui devaient être entreprises, qui devaient être prises pour
permettre à l'est de Montréal de participer finalement à
cette restructuration ou ce développement de l'ensemble de
l'île.
Je sais que le ministre nous accusait et nous accuse encore d'arriver
avec des listes d'épicerie, quand on arrive à parler de la
relance de Montréal. Cependant, dans l'est de Montréal, M. le
Président, les problèmes sont très concrets, sont
identifiés depuis longtemps. On avait peine à croire qu'un plan
de relance pouvait nous être présenté sans a la fois
comporter, évidemment, une vision à long terme. Si on veut parler
du développement de Montréal, évidemment qu'il faut avoir
une vision à long terme, une vision globale.
Mais on ne doit pas non plus faire abstraction des besoins
immédiats et urgents qui sont identifiés et identifiables et qui
auraient pu être réglés. Ces problèmes, dans l'est
de Montréal, on l'a déjà répété
à plusieurs reprises, sont l'infrastructure routière, la
décontamination des terrains. On s'attendait non pas à un plan
uniquement à moyen et à long terme comme celui qui nous est
présenté mais, comme je vous dis, à des actions à
court terme. Toute la problématique dans l'est de Montréal est de
savoir si on a les moyens d'attendre. Est-ce qu'on va, j'irais même
jusqu'à dire, survivre jusqu'aux retombées à moyen et
à long terme de ce plan de relance du Grand Montréal?
C'est un peu ce sentiment de crainte, d'anxiété qui est
ressenti dans l'est de Montréal. On a peur de ne pas être capable
de suivre parce que nos infrastructures sont déficientes, et on a peur,
finalement, d'être un peu laissé pour compte dans ce plan de
relance du Grand Montréal. (21 h 30)
Si on regarde aussi l'ensemble de ce plan, M. le Président, on
trouve tout à fait absente la préoccupation de l'est de
Montréal. Évidemment, on ne pouvait pas demander uniquement un
plan de relance pour l'est de Montréal, pour le sud, pour le centre.
Mais, je veux dire, ça fait quand même longtemps qu'on a
identifié le problème très particulier de l'est de
Montréal, cette particularité qui, je pense, aurait pu être
intégrée d'une façon assez facile dans un plan d'ensemble
du Grand Montréal.
Évidemment, ce plan cherche à relever la capacité
d'innovation technologique de Montréal. C'est évidemment une
planche de salut sur laquelle les gens de l'est de Montréal comptent
beaucoup, surtout quand je vous parlais de genre de virement technologique ou
du transfert technologique qui se fait dans l'est de Montréal,
c'est-à-dire de passer de l'industrie lourde à une industrie
maintenant plus d'appoint, sans être une technologie de pointe. En
particulier, je pense à l'industrie des plastiques qui a
été développée avec succès dans l'est de
Montréal, mais qui, malheureusement, est handicapée par
l'École des métiers des plastiques qui nous a
échappé et qui est allée dans l'ouest. D'ailleurs, c'est
contenu dans ce plan et, pour nous, dans l'est de Montréal, c'est une
consternation d'apprendre qu'on envoie l'École des métiers des
plastiques dans l'ouest de Montréal. Il n'y a aucune justification pour
ça. L'industrie du plastique a été... Si on regarde
justement le principe des grappes industrielles du ministre de l'Industrie et
du Commerce, depuis longtemps il était reconnu que le secteur qui se
développait dans l'est de Montréal était justement
l'industrie du plastique. Le problème qu'on a particulièrement
dans l'est de Montréal, c'est qu'on a une main-d'oeuvre qui est
disponible, mais qui n'a pas accès aux emplois qui sont disponibles dans
l'est de Montréal. Donc, cette École des métiers des
plastiques aurait permis à la population de l'est de Montréal
d'avoir accès, justement, à cette nouvelle technologie et
à ces usines du plastique qui sont déjà implantées
dans l'est de Montréal. On ne comprend absolument pas, M. le
Président, pourquoi c'est allé dans l'ouest.
Maintenant, c'est fait, il faut vivre avec! Je pense que,
néanmoins, il y a possibilité aussi pour l'est de Montréal
de continuer à développer ce secteur-là.
Donc, M. le Président, c'est avec ce scepticisme et cette
déception qu'on a accepté ce plan. Maintenant, nous fondons quand
même certains espoirs quant à la Société Innovatech
qu'on tend à créer, encore là malgré certaines
réserves et certaines craintes dont nous vous ferons part pendant
l'étude de ce projet de loi. Il y a certaines préoccupations qui
devront être prises en considération et il y a certaines choses
qui devront être vérifiées. Nous ne manquerons pas de le
faire remarquer au ministre.
Maintenant, nous espérons évidemment que ces 300 000 000 $
qui sont octroyés dans ce plan et dans Innovatech, en particulier,
sauront répondre aux besoins de l'est de Montréal et qu'ils ne
mettront pas en sourdine et qu'ils n'empêcheront pas le
développement des actions immédiates qui doivent être
entreprises. Certaines de ces actions, semble-t-il, je pense en particulier au
prolongement de l'autoroute 25 ou encore au parachèvement du boulevard
Henri-Bourassa, sont en bonne voie de développement. J'ai hâte,
comme on dit, qu'on passe du discours à l'action et que ça vienne
avant l'élection qui s'en vient! Plusieurs de ces mesures avaient
d'ailleurs fait l'objet de promesses électorales, en 1989, et avaient
même été promises par le ministre ici. Devant une chambre
de commerce de l'est de Montréal, on avait promis le
parachèvement...
M. Johnson: Je ne suis jamais allé devant une chambre de
commerce de l'est de Montréal.
M. Bélanger (Anjou): Jamais? M. Johnson: En
1989?
Mme Marois: En pleine élection, dans Anjou.
M. Johnson: Je ne suis jamais allé dans le comté
d'Anjou, madame. Je peux vous l'affirmer avec une certitude absolue.
Mme Marois: À l'élection partielle?
M. Bélanger (Anjou): Non. Ça avait
été avant. C'est à l'élection de 1989.
Mme Marois: À l'élection de 1989... dans l'est de
Montréal, ah oui!
M. Bélanger (Anjou): Dans l'est de Montréal. Alors,
évidemment, ça a été oublié. Le discours a
été oublié. La promesse a été
oubliée. Les attentes n'ont pas été oubliées et les
espoirs sont toujours espérés. En tout cas, nous espérons
qu'avant cette prochaine élection qui s'en vient, et qui pourrait s'en
venir aussi beaucoup plus tôt qu'on ne le pense, il y aura au moins
certains développements concrets pour l'est de Montréal.
J'espère - il faut laisser la chance au coureur - que cette
Société Innovatech saura répondre, en partie, à
certaines attentes que nous avons quant au développement durable et
globale de Montréal, l'île, quant à nous, malgré non
pas la division, mais malgré la configuration artificielle qu'on a pu
essayer de donner au Grand Montréal dans le plan qui nous est
présenté. Moi aussi, j'ai peine à croire ou peine à
comprendre comment on a pu délimiter Montréal de cette
façon-là. C'est assez spécial et assez étendu.
C'est assez difficile de justifier l'étendue du Grand Montréal
qui a été donnée, mais on aura l'occasion de revenir
là-dessus.
M. le Président, c'est l'essentiel de ce que j'ai à
dire.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
vous remercie. D'autres intervenants? Non? Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, je vous en prie.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Je vous remercie, M. le Président. Je crois
comprendre que je serai la dernière à intervenir du côte de
l'Opposition.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): La
dernière, mais non la moindre.
M. Léonard: II n'y a personne qui intervient de l'autre
côté...
Mme Marois: C'est la règle de l'alternance.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
vous savez que la règle de l'alternance n'est pas une obligation. on
fait un bord, après ça l'autre...
M. Johnson: Ce n'est pas ce qui est dans le règlement,
à l'article 245.
Mme Marois: C'est ça que vous complotiez tout à
l'heure.
M. Johnson: Bien oui.
Mme Harel: M. le Président, en deuxième lecture,
nous avons offert une chance à Innovatech. L'Opposition a voté en
faveur du projet de loi 28. Nous avons pensé que s'il y avait, au niveau
des principes, la moindre chance pour que ça marche, il fallait offrir
cette chance. Mais, évidemment, nous souhaitons que cette commission
parlementaire puisse nous permettre de bonifier le projet de loi de
manière à ce que des chances optimales lui permettent de franchir
des obstacles qui vont se présenter. M. le Président,
le ministre, président du Comité ministériel
permanent de développement du Grand Montréal, a reçu,
comme nous d'ailleurs, les recommandations du Comité de concertation
économique de Montréal. Je sais que le président de la
Communauté urbaine de Montréal, M. Hamelin, lui a fait parvenir,
au nom du Comité de concertation économique de Montréal,
un certain nombre de propositions d'amendements au projet de loi qui est devant
nous. J'aimerais particulièrement insister sur la
nécessité d'introduire certaines des modifications qui lui ont
été demandées par M. Hamelin le 1er juin.
M. Johnson: Non, je n'ai rien de ça du tout.
Mme Harel: Ah non?
Une voix: On va vous l'envoyer.
M. Johnson: On est rendu le 11, là. Ça ne m'a pas
été envoyé ou transmis.
Mme Harel: Vous croyez vraiment?
M. Johnson: Bien, je vous l'affirme. Vous me parlez de quelque
chose dont je n'ai jamais entendu parler.
Mme Harel: Est-ce que votre correspondance vous est transmise
rapidement?
M. Johnson: Par fax, le cas échéant.
Mme Harel: Mais elle vous est transmise immédiatement?
M. Johnson: De toute façon, on vous l'envoie à
vous, si j'ai bien compris.
Mme Harel: J'aurais souhaité que vous en preniez
connaissance. Elle vous est adressée.
M. Johnson: Mais c'est vous qui la recevez. C'est ça? Vous
l'avez en main et, moi, je ne l'ai pas. C'est assez extraordinaire quand
même.
Mme Harel: M. le Président, encore faudrait-il
peut-être que le ministre puisse vérifier auprès de son
cabinet, à Montréal.
M. Johnson: Si ça m'est adressé, comment se fait-il
que vous l'ayez? C'est mon cabinet qui vous l'a transmise?
Mme Harel: Non. Faudrait-il que, vous, vous vérifiiez
auprès de votre personnel pour savoir si la lettre ne serait pas
arrivée depuis quelques jours et qu'elle ne vous aurait pas
été transmise.
M. Johnson: Si ça m'a été
expédié et que vous en avez des copies en main, ce serait donc
mon cabinet qui semble dire... montrer vous l'avoir expédiée.
C'est ça?
M. Léonard: Non. Ça peut être les gens qui
ont envoyé la lettre qui en ont envoyé une copie à
l'Opposition.
M. Johnson: Ah bon! Ça peut être
expédié chez vous à la place.
Mme Harel: Quoi qu'il en soit, puisque ça vous
intéresse, vous allez faire la vérification, j'imagine,
peut-être même immédiatement. Vous pouvez peut-être le
faire. Quoi qu'il en soit, je vais certainement vous rappeler que
vous-même rencontriez ce Comité de concertation économique
sur le projet de loi lui-même. Alors, je crois comprendre que toutes ces
recommandations vous ont déjà été transmises. Elles
vous l'ont été d'abord de vive voix. Alors, vous faites un peu
votre surpris, ce soir, mais je comprends qu'elles vous ont d'abord
été transmises de vive voix, lors d'une rencontre qui a
porté sur le projet de loi 28... et au cours de laquelle, m'a-t-on dit,
on vous a transmis ces recommandations. Si tel n'est pas le cas...
M. Johnson: II n'y a jamais eu de rencontre sur le projet de loi
28 avec la CUM.
Mme Harel: M. le Président, je m'inquiète, si tel
n'est pas le cas, que le ministre responsable du Comité
ministériel permanent de développement du Grand Montréal
et parrain du projet de loi 28 n'ait pas procédé à cette
consultation, qui m'apparaît élémentaire, des intervenants
majeurs du Grand Montréal. Alors, si tel n'est pas le cas, il me semble
qu'il y ait là une sorte de déficience que je vais me faire un
plaisir de combler à ce moment-ci. (21 h 40)
M. le Président, j'ai trois inquiétudes. La
première, je vous la dis bien simplement, c'est la prolifération
de changements structurels qui ont lieu, actuellement, sur 111e de
Montréal. J'ai une grande inquiétude que cela paralyse la machine
administrative, que ça déstabilise et que, finalement, ça
ne permette pas de dépenser l'argent qu'on prétend vouloir
distribuer aux gens. Ces changements de structure, M. le Président, j'en
ai dénombré exactement cinq. D'abord, le ministre
délégué aux Affaires régionales qui, lui, dans son
projet de loi 19, propose sur tout le territoire du Québec la
création de conseils régionaux, l'équivalent du territoire
du Grand Montréal. Le ministre Picotte propose cinq conseils
régionaux dont celui qui s'adresserait à la population de
Montréal et qui comprendrait, selon la structure proposée, 170
personnes. Alors, cinq conseils régionaux sur le même territoire
où on va retrouver le nouveau conseil d'administration d'Innovatech. Ce
nouveau conseil d'administration chargé d'établir des
priorités en matière d'innovation technologique, les cinq
conseils régionaux sur le même territoire, chargés,
en vertu du projet de loi 19, d'établir annuellement un plan d'action et
des priorités. Vous ajoutez donc au conseil d'administration
d'Innovatech en matière d'innovation technologique toujours sur le
même territoire cinq conseils régionaux, plus trois
sociétés régionales. Ça, c'est le projet de loi 408
du ministre de la Main-d'oeuvre qui va créer, sur le même
territoire où on retrouve les cinq conseils régionaux et le
nouveau conseil d'administration d'Innovatech, trois nouvelles
sociétés régionales qui vont établir les
priorités en matière de développement de la main-d'oeuvre
et de formation professionnelle.
Vous retrouvez à ces cinq conseils régionaux, trois
sociétés régionales et le conseil d'administration
d'Innovatech un groupe de travail, celui-là créé par le
ministre des Affaires municipales. Ce groupe de travail, là, le mandat
est complet, total. Pendant que l'un des ministres met sur pied ces cinq
conseils régionaux, l'autre ministre responsable des Affaires
municipales crée un groupe de travail pour étudier rien de moins
que les structures politiques, leur nombre, leur taille, pour étudier
l'aménagement du territoire, pour étudier le développement
économique, les mesures qui favorisent l'intégration du
développement économique et urbain. Alors, M. le
Président, ça s'ajoute au Comité ministériel
permanent de développement du Grand Montréal,
présidé par le président du Conseil du trésor.
À ces cinq interventions de ministres, j'ajoute évidemment les
grappes industrielles du ministre de l'Industrie et du Commerce, dont on ne
sait pas trop, par ailleurs, où elles s'incarnent. Mais, finalement,
c'est six interventions ministérielles sur le même territoire,
dont trois projets de loi, au moment où on se parle, sur des nouvelles
structures. Ça, ça m'inquiète, je vous le dis bien
simplement. Je n'ai pas l'impression qu'il y a une intégration de toutes
ces politiques, qu'il y a une vision commune puis qu'on sait où on s'en
va en regard de la métropole du Québec. Première
chose.
Deuxième inquiétude, elle est d'autant plus grande que le
ministre que je pensais être très, très au fait des
recommandations des intervenants, des décideurs de Montréal, ne
me semble pas l'être. Moi, je vous le dis bien simplement, je souhaitais
qu'il le fût et je souhaitais qu'il donne suite, parce que s'il y a la
moindre chance que ça marche, c'est parce que les gens de
Montréal voudront que ça marche. Quand bien même nous, d'un
côté comme de l'autre, on le voudrait et on ferait même des
neuvaines à genoux à l'oratoire Saint-Joseph, si les gens qui
sont concernés dans le milieu ne s'approprient pas cette
réforme-là, ça va mener où, M. le Président?
Et là, tout de suite j'introduis l'inquiétude que j'ai et qui est
la suivante: Si la préoccupation de la formation de la main-d'oeuvre
à l'innovation technologique n'est pas étroitement
associée à l'investissement technologique, je crains vraiment que
ça provoque de la résistance, de la grande résistance.
J'ai un exemple en tête que je connais bien parce que c'est le mien. En
1990, dans l'est de Montréal, il y a eu pour 630 000 000 $
d'investissements. Ce n'est pas rien, ça. 630 000 000 $ juste en 1990
dans les entreprises de l'est de Montréal.
M. le Président, 19 entreprises ont créé 340
emplois et 29 entreprises ont fermé et ont licencié 2400
travailleurs. Je n'en conclus pas hâtivement, comme peut-être le
ferait à ma place le président du Conseil du trésor, que
ces investissements-là ne devaient pas se faire. J'en conclus simplement
que l'investissement est souvent inversement proportionnel à la
création d'emplois. Parce qu'on ne comprend pas ça et qu'on
n'assume pas les conséquences que ça signifie, on se retrouve
dans une situation où, finalement... Parce que, actuellement,
l'économie va mal, on pense que ça va mal. Mais, pendant bien des
années, l'économie se portait bien et l'emploi se portait mal. Un
fait inusité dans l'histoire de l'humanité, c'est que les
investissements ne créent plus d'emplois. Le plus bel exemple, c'est
évidemment Alcan qui, pendant 10 ans, a investi au Lac-Saint-Jean
quelque chose comme 1 000 000 000 $ et ça a résulté en la
perte d'environ 2800 emplois. Je ne vous dis pas que ces
investissements-là ne devaient pas se faire. S'ils ne s'étaient
pas faits, c'est sans doute tous les emplois existants présentement qui
seraient disparus. Mais je dis que des investissements sans qu'il y ait une
politique d'emploi qui soit assortie, ça nous conduit au taux de
chômage que l'on connaît maintenant et ça nous conduit
à l'exclusion de générations complètes de
travailleurs, d'âge moyen en particulier. C'est ceux-là qui sont
les plus atteints et c'est les hommes qui le sont le plus.
Mme la ministre déléguée à la Condition
féminine m'apprenait, la semaine passée, un fait incroyable.
Après l'an passé, où la chute de la comparaison des
salaires des femmes en regard de ceux des hommes était de 62 % -
c'était une chute de 65 % à 62 % en un an - c'est une progression
vertigineuse. Depuis un an, les femmes ont fait un bond en avant de 5 %. Les
salaires des femmes sont maintenant 67 % de ceux des hommes, ce qui est un bond
considérable, étant donné qu'au début du
siècle c'était 55 % et qu'on a augmenté de 11 % en 90 ans.
Alors, ce 5 % est tout à fait inusité. Mais ce 5 % s'explique du
fait que les hommes, qui étaient dans le secteur manufacturier, ont
perdu leur emploi. C'est eux qui sont les plus touchés. Finalement, les
emplois créés l'ont été à temps partiel,
dans les services et ils sont occupés par des femmes. C'est
évident que ça a appauvri tout le monde. Les emplois à
temps plein, bien payés, bien rémunérés, bien
protégés, que les hommes occupaient, qui sont disparus et qui
sont remplacés par des emplois à temps partiel, mal
proté-
gés, mal payés et de la main-d'oeuvre féminine,
ça a appauvri les hommes et les femmes. Ça, c'est bien
évident.
Ceci dit, il me semble qu'une des conditions que la
société Innovatech devrait introduire pour accepter les
investissements technologiques dans les entreprises, c'est que ces
investissements technologiques s'assortissent d'un plan de formation de la
main-d'oeuvre. Il me semble que ça devrait être une condition,
sinon c'est des vagues successives de travailleurs qu'on déqualifie et
qui vont se consolider, si vous voulez, se sédimenter d'une
récession à l'autre et d'un changement technologique à
l'autre. Alors, ça m'apparaît important, M. le Président,
et ça m'a inquiétée, je vous le dis bien simplement. (21 h
50)
Quand j'ai pris connaissance du projet de loi 28, ce qui m'a
inquiétée, c'était de ne pas retrouver ce que le plan
stratégique du Grand Montréal contenait, en décembre
dernier. Moi, je savais que les Montréalais avaient acheté le
plan d'action et que le plan d'action ne correspondait pas au projet de loi,
parce que le plan d'action, ce dont il parle, c'est de partenariat. Le projet
de loi n'en parle pas. Le plan d'action, ce dont il parle exactement, c'est
ceci: «Les membres du conseil d'administration seront des
personnalités bien au fait des préoccupations et des besoins de
la région du Grand Montréal. Ils proviendront des divers milieux
concernés: entreprises, syndicats, universités et milieux de la
recherche, collèges.» Et là, ce qu'on retrouve, c'est tout
ce monde-là, à l'exclusion des syndicats. Pourquoi? J'imagine que
le ministre va nous expliquer pourquoi. Je crois qu'on ne peut pas s'attendre,
évidemment, à ce qu'une Société comme
celle-là puisse fonctionner sans qu'il y ait des nominations qui
viennent du milieu ouvrier, sinon c'est de la résistance qui va
s'exprimer. Alors, je ne pense pas que le terme «entreprise» soit
assez générique pour que ça puisse couvrir aussi les
employés. Je ne pense pas que ça couvre la main-d'oeuvre. Ce
serait bien inusité, c'est la première fois que le terme
«entreprise» s'adresserait à autre chose qu'à ceux
qui détiennent la propriété de l'entreprise. Je pense que
c'est fondamental qu'une société comme celle-là, si elle
veut donner les résultats escomptés, soit constituée
à partir du partenariat... De toute façon, c'était
là le voeu unanime du Comité de concertation économique de
Montréal, comité sur lequel siègent autant les chambres de
commerce que la CSN ou la FTQ, à Montréal, et ça, je pense
que ça va être important de donner suite à cette
recommandation-là.
Également, M. le Président, dans le plan d'action de
décembre, on retrouve justement comme objectif général non
pas simplement celui de faire de la recherche et du développement, puis
c'est dit comme ça en toutes lettres, je cite: «Les actions
d'Innovatech déborderont du cadre de la recherche et du
développement pour couvrir, entre autres, les projets et les
activités de transfert technologique, la qualification professionnelle
des ressources humaines et le renforcement des infrastructures
publiques.» Alors, il faudra peut-être, à mon point de vue,
M. le Président, voir si l'article 23 du projet de loi est suffisamment
explicite au chapitre de la mission et des pouvoirs de la Société
et s'il n'y a pas lieu de spécifier, comme dans le plan
stratégique, la mission qui est attribuée à la
Société. Il en va, évidemment, tout autant pour
l'établissement des critères d'admissibilité, des
modalités, ce qu'on retrouve à l'article 25. Il me semble qu'il
doit y avoir une consultation des gens du milieu montréalais sur ces
critères d'admissibilité, sur les modalités et les limites
de la participation financière. Il me semble que c'est
élémentaire.
M. le Président, vous me faites signe qu'il ne me reste que deux
minutes. Alors, peut-être deux aspects, rapidement, avant de terminer.
Ça a des chances de marcher si... dans le jargon du milieu, c'est ce
qu'ils appellent du «fast track». C'est: S'il n'y a pas trop de
contraintes, s'il n'y a pas trop de critères contraignants. S'il y a de
la consultation, mais si... La consultation, de toute façon, M. le
Président, peut se faire beaucoup plus rapidement - ça, le
ministre le sait - que, finalement, les critères contraignants qui
supposent des approbations successives. Alors, la question est certainement
importante, à l'article 27, puisque la Société doit
obtenir l'approbation du ministre. De quel ministre s'agit-il, d'abord,
puisqu'à l'article 46 on nous dit que le ministre désigné
par le gouvernement est responsable? Quel est le ministre
désigné? Pourquoi ne l'a-t-on pas indiqué? On sait qui est
le ministre parrain, mais on ne sait pas, à l'article 46, qui est est le
ministre désigné. Si c'est le président du Conseil du
trésor et président du Comité ministériel permanent
de développement du Grand Montréal, qui seront les analystes des
projets? Est-ce que ce seront les analystes des ministères sectoriels,
un peu comme le faisait, par exemple, l'OPDQ, qui devait obtenir les analyses
des ministères sectoriels? Est-ce que c'est ça qu'a en tête
le ministre parrain du projet de loi? Est-ce que ce seront des analystes des
ministères sectoriels? Lorsqu'il s'agit d'une innovation dans un domaine
d'industrie et commerce, ce sera le ministère de l'Industrie et du
Commerce, des analystes du ministère de l'Industrie et du Commerce?
Est-ce qu'il va engager des gens pour faire des analyses en plus des
fonctionnaires qui sont déjà habilités à faire
ça dans leur ministère?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, en conclusion, Mme la députée.
Mme Harel: M. le Président, évidemment, en
conclusion, c'est la question qui est posée par l'article 35, qu'il n'y
a aucune fréquence des
paiements. Est-ce qu'il n'y a pas un conflit d'intérêts? Si
c'est le ministre président du Conseil du trésor qui est
désigné pour l'opératio-nalisation de tout ça et
l'approbation, est-ce qu'il n'y a pas un conflit d'intérêts du
fait qu'il peut, lui, geler les budgets de ses collègues? Et comment
va-t-il pouvoir autoriser, sans qu'il y ait des fréquences de paiement?
On dit que ce sera déterminé par le gouvernement, par
règlement, mais faudra-t-il, ici, dans cette commission, savoir quelles
sont les intentions gouvernementales à cet égard.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
alors, je vous remercie, mme la députée de
hochelaga-maisonneuve. m. le député de labelle.
M. Léonard: Est-ce qu'il y a une réplique du
ministre?
M. Johnson: II y a mon droit de parole que je n'ai pas
exercé encore.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Qui
n'est pas exercé encore. Juste pour se rappeler, là, au niveau du
temps...
M. Johnson: Et cinq minutes après chaque intervention, si
je l'avais choisi.
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Mais, ça, ce n'est...
M. Léonard: Vous n'avez vraiment pas abusé.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): S'il
vous plaît. Ce n'est pas cumulatif. M. le ministre aurait droit...
M. Johnson: Sauf de consentement.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...à 20 minutes d'intervention comme tout le monde. Du
côté de l'Opposition, tout votre temps est écoulé.
Alors, M. le ministre.
M. Johnson: Alors, on appelle l'article 1. M. Léonard:
Non, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M. Johnson: Je vais intervenir, évidemment.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M. Léonard: II a le droit d'intervenir.
M. Johnson: J'étais curieux de savoir, si on avait
appelé l'article 1, là. Si personne ne s'exprimait, on
appellerait l'article 1, je présume. Oui, il pourrait y avoir une motion
dilatoire, c'est vrai. Je m'excuse.
M. Léonard: Comment? Mme Marois: Non, non.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Les
temps sont écoulés. Il ne peut plus y en avoir.
M. Johnson: Plus personne ne peut parler.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): On
passerait à l'article 1, mais là...
M. Johnson: C'est ça.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
vous invite à faire votre intervention, M. le ministre.
M. Johnson: C'est ça qui arriverait. Ce serait de la
curiosité parce que j'ai bien l'intention de répondre aux
questions qui ont été soulevés. Il n'y a pas de
difficulté de ce côté-là.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Excellent! Tout le monde va être satisfait.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: Évidemment, je vais pouvoir faire mentir,
même si ce n'est pas parlementaire, mais, là, ça va
être l'effet de mes commentaires pour faire mentir le
député de Labelle qui prétendait que j'étais un
laconique, en m'adres-sant à vous pour au moins 20 minutes, M. le
Président, j'en suis convaincu et peut-être plus, de consentement.
Ce qui me rappelle toujours l'histoire du président américain
Calvin Coolidge qui avait la réputation, lui, d'être laconique et
taciturne. À l'occasion d'une soirée, sa voisine de table, une
dame de la société, ne peut s'empêcher de lui dire qu'elle
avait parié. Elle lui dit: M. le président, j'ai parié
tout à l'heure que je vous ferais dire plus de quatre mots. Et il
répondit: Vous avez perdu, madame! Ça se raconte en anglais et en
français, et ça fonctionne de toute façon. Le
député de Labelle... Est-ce que c'est loin de Montréal,
Labelle? C'est juste... Ce n'est pas entre Sainte-Véronique...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Mont-Laurier, c'est à quelque 100 milles.
M. Johnson: C'est presque en Abitibi, ma foi!
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est à mi-chemin entre les deux. (22 heures)
M. Johnson: Le député de Labelle a
hérité du dossier dont le député de Gouin devait
être le porteur, mais qui, à l'occasion de certaines interventions
intempestives à l'occasion du conseil général du PQ, se
serait vu retirer le dossier, selon ce qu'on nous a indiqué. Donc, le
député de Labelle nous a reservi - et ce n'est pas
négligeable, l'intérêt de ce discours-là -
l'importance qu'il y a de favoriser la recherche et le développement et,
évidemment, partant, l'innovation qui est une partie intégrante
de tout le processus de recherche et de développement, une de ses
conclusions, à tout le moins, dans le développement
économique. C'est précisément le même diagnostic
qu'on a fait, on se rejoint sur les chiffres. C'est précisément
la raison pour laquelle la pièce maîtresse, comme on le dit, du
plan de relance du Grand Montréal vise à relever la
capacité d'innovation technologique de la région de
Montréal. C'est à cette fin spécifique que la
Société devrait être mise sur pied, qu'elle est
dotée de 300 000 000 $ sur les cinq prochaines années ou plus -
j'y reviendrai quant au «ou plus» - et c'est
précisément pour répondre à des besoins, donc, que
ça a été mis sur pied et non pas pour faire en sorte que
les besoins soient moins rencontrés aujourd'hui qu'ils ne le seraient.
Parce que c'est un petit peu ça, l'argument du député de
Labelle. Je l'ai entendu de la députée de Taillon, un peu de la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, que la présence
maintenant sur le territoire du Grand Montréal de cette
société entraînerait un désengagement des autres
instances gouvernementales au titre de l'aide et du soutien à
l'innovation et à la recherche, au développement technologique
dans la grande région de Montréal. Je me permets de rappeler, si
on regarde, et on le verra à l'étude article par article du
projet de loi, qu'il s'agit là, bien au contraire, d'en ajouter, de
créer une instance où des projets, compte tenu de leur
admissibilité à de l'aide financière, pourront trouver
réponse. Je donne comme illustration que ça ne veut pas dire,
bien au contraire, que le Fonds de développement technologique, par
exemple, et c'est presque ce qu'on a allégué ici, se
désintéresserait de ce qui se passe dans la région de
Montréal. Il faut comprendre, là. Ce n'est pas, peut-être,
le phénomène SAO et autres ministères et organismes
gouvernementaux du Québec dans la démonstration que le
député de Labelle faisait et qui pourrait être
entérinée largement par les députés de la
région de l'Outaouais, qui ont mené à une situation
où les ministères ont dit: Ils ont la SAO, dans l'Outaouais,
qu'ils s'arrangent. Effectivement, il y avait éventuellement des
intérêts qui devaient être comblés par des
énergies additionnelles que devait déployer le milieu outaouais
à l'endroit dés ministères et organismes centraux du
Québec.
Ce qui est en cause ici, si on reprend l'exemple du FDT, il a
été servi autour de la table, c'est que le FDT prévoit que
des projets mobilisateurs, impliquant le milieu de l'entreprise et des
institutions d'enseignement supérieur ou de recherche, etc.,
répondant donc à un ensemble de critères, sont admissibles
à de l'aide financière. Alors, d'où qu'ils viennent, y
compris de Montréal, ils demeurent toujours admissibles. Il n'y a
qu'à se présenter au FDT, faire analyser son projet. Je vois mal
un programme d'aide financière réagir, et les administrateurs du
programme d'aide financière dire: Vous n'avez pas d'affaire ici,
même si vous êtes admissible, parce que Innovatech existe.
Ce qu'il faut savoir, c'est qu'lnnovatech est complémentaire
à bien des égards. On va le voir dans le plan de relance, la
description qu'on en a fait et les critères obligatoires qui doivent
être, je dirais, respectés pour être admissible, et les
ajouts qu'on a faits dans le plan de redressement, dans le texte du plan
stratégique pour bien indiquer que c'est une mesure
complémentaire. Donc, un projet est toujours admissible au FDT, par
exemple. S'il ne l'est pas, il peut l'être beaucoup plus facilement
à cause de la souplesse et de l'envergure de la préoccupation au
titre de l'innovation que manifeste Innovatech. Il peut être admissible
là, alors qu'autrement il ne le serait pas au Fonds de
développement technologique.
C'est donc un ajout. Ça été conçu comme
ça. Si, dans les textes, on s'aperçoit, d'une part, que ça
ne rejoint pas cet objectif, on le corrigera tous ensemble. Il n'y a pas de
difficulté avec ça. Mais je veux tout de suite dire - et la
réponse va venir souvent de ma part - que l'article 25, à titre
d'exemple, donne toute la souplesse justement au titre de la définition
des critères d'admissibilité d'un projet.
Toute la flexibilité, la souplesse, l'ouverture qui permettra
d'intégrer les préoccupations, par exemple, qu'on peut faire
valoir ici et dont on prend note de ce côté-ci, à chaque
fois qu'elles sont soulevées, à titre d'exemple ce que la
députée de Hochelaga-Maisonneuve indiquait. Je la cite: Une
intervention, un soutien financier serait disponible pour une entreprise ou un
projet s'il y a un plan de formation de main-d'oeuvre. Ça peut
être une exigence. Vous me permettrez de dire que ce n'est pas dans la
loi qu'on peut commencer à traiter des critères fins
d'admissibilité à ce titre-là, mais que beaucoup plus
facilement le ministre responsable, il est envisagé que ce soit moi, et
je vous dirai pourquoi tout à l'heure, indique à la
Société, qui répond de lui, qu'il est du désir du
gouvernement qu'on considère des choses comme ça. Lorsque le
gouvernement approuvera le règlement sur les critères
d'admissibilité, bien là, il y a un forum où le
gouvernement fait valoir justement sa préoccupation et peut retourner
ça, ou l'ajuster
pour refléter sa préoccupation.
Alors, dans ce sens-là, l'argument, je me permets d'en disposer
à l'égard de deux ou trois intervenants qui voudraient que ce
soit un modèle qui fait en sorte que le reste du gouvernement va se
désintéresser de ce qui se passe dans la grande région de
Montréal au titre de l'innovation technologique, à mon sens, ne
tient pas ou, à tout le moins, ne devrait pas tenir. Si, je
répète, la loi ou les critères d'admissibilité
permettaient de tirer cette conclusion, il faudrait les modifier. Alors,
là, il n'y a pas de difficulté de ce
côté-là.
Dans l'ordre où ça s'est présenté, le
député de Labelle - j'ai pris des notes, évidemment -
disait que la loi n'allait pas aussi loin que le plan...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
m'excuse, M. le ministre...
M. Johnson: Un vote?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...on m'informe qu'il y aurait un vote. Alors, on doit suspendre les
travaux pour le temps du vote et on revient par la suite.
(Suspension de la séance à 22 h 5)
(Reprise à 22 h 33)
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le ministre, vous en étiez à votre intervention.
M. Johnson: Oui.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, nous vous écoutons, malgré cette interruption. Est-ce
qu'il est nécessaire que M. le ministre fasse le résumé de
ce qu'il a déjà dit?
M. Johnson: Non, non, je m'en dispense.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Non?
Bien.
M. Léonard: Je prends ça comme des notes,
effectivement, je prenais...
M. Johnson: Suivit ensuite la députée de
Verchères, née et élevée dans mon
comté...
M. Léonard: Est-ce que c'est un petit carnet noir, un
petit calepin?
M. Johnson: ...- non, pas du tout - ce qui, sans doute, en fait
un membre eminent de notre société, qui s'inquiétait,
quant à elle, tout à l'heure, du sort de sa région, compte
tenu qu'on n'y retrouvait pas d'université - c'est ça que j'ai
compris - quant à la façon dont le développement ou la
recherche pouvait être insuffisamment appuyé dans sa
région, dans la mesure où la masse critique, l'aimant de
recherche et de développement était plutôt situé
dans la ville de Montréal, où on retrouve les quatre
universités, etc. C'était, il m'apparaissait, une de ses
préoccupations, sinon, on pourra y revenir. Elle déplorait, par
ailleurs - c'était de la même farine - le peu de moyens qu'on se
trouvait à mettre à la disposition du développement, de la
recherche, avec seulement 300 000 000 $. Par les temps qui courent, vous
permettrez au président du Conseil du trésor de trouver que c'est
beaucoup d'argent. C'est même peut-être trop, si je m'en
réfère à ce que le député de Labelle, lui,
disait. C'est qu'on était incapable... On avait seulement
dépensé 40 000 000 $ du Fonds de développement
technologique. Donc, de toute évidence, les 300 000 000 $, c'est bien
trop, parce qu'on n'est même pas capable de les dépenser. La
députée de Verchères, elle, trouvait que ce n'était
pas assez. On va essayer de se retrouver là-dedans à un moment
donné, mais je vais dire tout de suite, pour corriger le tir de tout le
monde en cette matière-là, qu'au moment où on se parle, il
y a plus de 250 000 000 $ de contrats et d'engagements fermes du Fonds de
développement technologique, dont 40 000 000 $ déboursés.
Ce sont des projets qui, sur cinq à huit ans, évidemment, vont se
développer, arriveront à maturité, et produiront leurs
résultats. Sur les 300 000 000 $ d'origine, c'est 250 000 000 $ qui sont
déjà engagés de façon ferme, sur des projets qui,
au fur et à mesure qu'ils se constituent, bénéficieront
des déboursés qui s'y rapportent. Quant aux 50 000 000 $ du
côté de l'environnement, là aussi, c'est plus
récent. Il y a un certain rythme d'engagement qui dépasse
largement le rythme des déboursés au moment où on se
parle, au 31 mars 1992, comme le soulignait le député de Labelle.
Alors, il me semble que ça met les points sur les i.
L'autre préoccupation de la députée de
Verchères avait trait à l'AQVIR. Qu'est-il arrivé de la
société AQVIR? Elle a été intégrée
à la SDI. Elle constitue maintenant le bras technologique avec une
vice-présidence qui est consacrée, de façon exclusive, aux
projets qui répondaient autrefois à l'AQVIR. C'était, de
mémoire - mais on pourra y revenir, selon les notes que je
déchiffre, à ce moment-ci - les préoccupations de la
députée de Verchères, qui se demandait également,
j'ajoute, quelle part de la recherche, dans l'ensemble du Québec, serait
éventuellement attribuable à la grande région de
Montréal? C'est de pourcentage qu'elle parle, oui. C'est,
historiquement, plus de 80 %, beaucoup plus proche de 85 %, dans le fond, que
de 80 %, qu'est la réponse, quant à savoir quel pourcentage de
ces activités-là se déroule dans la grande région
de Montréal par rapport à l'échelle
québécoise. ;
Le député de Gouin, dont j'ai dit tout à l'heure
qu'il a presque été le critique officiel, le porte-parole de
l'Opposition dans ce dossier et qui, pour des raisons qu'on comprendra, que la
hiérarchie du parti de l'Opposition sait encore davantage, n'est pas,
effectivement, le porte-parole officiel.
M. Boisclair: ...font défaut...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Marois: Qu'est-ce qui est arrivé?
M. Boisclair: ...m'a appelé, d'ailleurs. Il me disait
qu'il sympathisait beaucoup.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Johnson: II nous a fait une longue histoire, un long retour
historique sur le comité ministériel de membres gouvernementaux
péquis-tes d'alors, avant 1985, qui existait à Montréal.
Je veux juste lui souligner, parce que ce n'est pas négligeable, qu'il
ne s'agissait pas là, autant que je sache, d'un comité
ministériel, au sens où les comités ministériels,
émanant de l'Exécutif de façon permanente, sont
constitués avec leur secrétariat, constitués d'un
sous-ministre, d'un secrétaire général adjoint, avec
l'équipe que ça présume, avec le mandat qui est le
même que celui du comité ministériel permanent de
développement économique, de développement régional
et de l'environnement, et des Affaires culturelles et sociales, qui sont des
comités permanents du Conseil des ministres auprès desquels le
Conseil des ministres recherche des avis et des recommandations à
l'égard de tout projet de loi sur lequel l'Exécutif souhaite
être éclairé. Le cinquième comité permanent
étant le Conseil du trésor qui, au-delà des
recommandations et des avis qu'il peut donner, détient par ailleurs la
capacité d'exercer un certain pouvoir en vertu de la Loi sur
l'administration financière sans en référer de quelque
façon que ce soit auprès du Conseil des ministres. Alors, le
statut, et ce n'est pas négligeable, la différence de statut - je
me permets de le souligner - ce n'est pas simplement un comité aviseur,
c'est un comité qui peut, avec les moyens que l'Exécutif fournit,
évidemment, et avec, en conséquence, l'influence qu'il exerce, le
rôle que, par décret, il lui est confié, peut faire des
choses substantielles et ajouter à l'action gouvernementale sur le
territoire en cause.
Le député, par ailleurs, souhaitait des consultations, si
j'ai bien compris, lorsque viendra le moment, conformément à
l'article 25, pour la Société, de déterminer les
critères d'admissibilité des initiatives qui lui sont
présentées. Il n'était pas prévu et il n'est pas
encore prévu... Je dis qu'il ne m'apparaît pas opportun, de toute
façon, de procéder à des consultations. Ce qu'on est en
train de faire, entre nous, c'est justement d'alimenter, comme je l'ai
indiqué tout à l'heure, le gabarit, le domaine, plutôt, que
pourra recouvrir l'ensemble des critères d'admissibilité que la
Société pourra déterminer, qu'elle soumettra au
gouvernement pour approbation. Ça m'apparaît passablement
flexible. Ça relève de nos attributions. Ça émane
de l'Assemblée. Les sommes de 300 000 000 $ sont votées par
l'Assemblée. Ça m'apparaît intéressant que ce soit
l'Assemblée et ses membres, directement ou indirectement, indirectement
dans ce cas-ci, qui manifestent par leurs propos des souhaits qu'on tentera de
refléter - et nous aurons toujours l'occasion de le faire - dans ces
critères d'admissibilité, lis sont en train d'être
constitués, je dirais, dans le paysage, en s'alimentant d'une part
à ce qu'on retrouve aux pages 35 et 36 du plan stratégique et,
d'autre part, grâce à l'expérience et à l'expertise
des gens qu'on désignera éventuellement au conseil
d'administration. Il ne sera jamais trop tard pour ajuster tout ça. J'ai
l'intention de faire en sorte que cette opération soit menée de
la façon la plus visible possible afin, justement, qu'on n'oublie pas
les préoccupations concrètes et précises que le milieu du
Grand Montréal, en matière d'innovation en recherche et
développement technologique, pourrait faire valoir. (22 h 40)
La députée de Taillon, quant à elle, nous a servi,
par une série de chiffres, la thèse réelle de la
présence accrue, du rôle accru de la Montérégie au
Québec en matière de recherche et de développement,
répondant peut-être ainsi, en partie, aux inquiétudes de la
députée de Verchères. Mais, de toute façon, je
pense qu'on souscrit tous et qu'on voit tous ce qui se passe sur la rive sud
élargie, en Montérégie, dont une partie substantielle est
comprise dans le territoire du Grand Montréal. J'ai cru comprendre de la
députée de Taillon qu'à son sens, le territoire - dans la
mesure où il n'englobe pas toute la Montérégie, où
on retrouve ces belles et grandes choses que le bilan scientifique et
technologique a fait ressortir - laisserait soupçonner que le territoire
du Grand Montréal n'est pas suffisamment grand afin d'englober davantage
les activités technologiques qu'on retrouve sur ce grand territoire
qu'est la Montérégie et non les seules MRC contiguës au
fleuve Saint-Laurent, ou à peu près, de Valleyfield à
Tracy. Quant au territoire - ça m'amène à redécrire
ce qui en est du territoire - on remarquera que ça ne va pas
jusqu'à Sainte-Véronique.
M. Léonard: Non, ça doit comprendre votre jardin,
je pense?
Mme Marois: Oui, sûrement.
M. Johnson: Dans la mesure où j'habite,
moi, à Montréal, oui. Je répète ce que j'ai
dit. Je suis toujours étonné de voir qu'un parlementaire à
qui on a expliqué quelque chose de très technique et très
exact - je dirais scientifique - revient à la charge en feignant, soit
de ne se l'être jamais fait dire ou, alors, de ne l'avoir pas compris.
Statistique Canada et l'Institut national de recherche scientifique, module
urbanisme, lorsqu'ils mesurent un territoire métropolitain et tentent de
le définir, commencent au centre - au noyau - vont en allongeant le
rayon vers la périphérie, évidemment, tant et aussi
longtemps que c'est bâti en continu. À partir du moment où
un secteur de recensement n'est plus bâti en continu, on se demande deux
questions: Est-ce que 40 % de la population active originant de ce secteur
travaille vers le centre, se dirige vers un lieu de travail, quotidiennement,
qui est situé vers le centre de l'agglomération, ou est-ce que 25
% des travailleurs qu'on retrouve dans le secteur périphérique
originent, sont résidents de la zone centrale et viennent travailler
dans ce secteur périphérique? Chaque fois qu'on répond oui
à une des deux questions, on ajoute le secteur. Ça donne la zone
de recensement métropolitain de Montréal...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, le temps de M. le ministre est écoulé. Est-ce qu'il y
a consentement pour qu'il continue? Ou...
M. Léonard: Oui oui. Des voix: Consentement.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Consentement?
Une voix: Consentement.
M. Johnson: ...qui apparaît sur la carte de la
dernière page du plan stratégique, telle que
délimitée par les lignes en noir gras. Ce qu'on a fait,
évidemment, pour ne pas morceler ce qui est une entité
administrative correcte, soit la MRC, on a repoussé, à partir de
ce moment-là, les limites de la région jusqu'aux confins de la
MRC qui était touchée. Alors, substantiellement, on n'a pas
ajouté beaucoup de population. Dans certains cas, évidemment, en
périphérie, par définition, on ajoute passablement de
surface en kilomètres carrés. Mais quand on voit, par exemple,
dans le comté de Vaudreuil, que Mme la députée de
Verchères connaît... C'est pas en ajoutant Sainte-Marthe et
Sainte-Justine qu'on a ajouté des centaines de milliers de personnes.
Mais, effectivement, on a ajouté des milliers d'hectares, là, il
n'y a pas de doute. Quant à savoir si on y retrouve davantage, dans ce
cas-là, d'universités, il n'y en a pas encore, effectivement,
à Sainte-Marthe, et il n'y a pas de laboratoire de recherche comme tel,
mais on peut en trouver des installations privées de recherche, par
exemple, à Vaudreuil. Chose certaine, il y en a à Valleyfield.
Enfin, on peut regarder pourquoi ça a été étendu,
là. Ça a été étendu pour que ça donne
une image qui permet de centrer nos énergies sur une concertation plus
poussée des instances élues de l'ensemble du territoire. Je ne
ferai pas mon discours sur le morcellement municipal qu'on y retrouve. Il est
bien connu, il est même repris, ce discours, depuis que j'en ai
parlé, le 17 décembre, y compris ce matin, dans un journal connu,
mais moins lu qu'il n'est connu. Quant au regroupement nécessaire
des...
M. Léonard: Est-ce qu'on pourrait savoir lequel?
M. Johnson: Le Devoir. Qui, évidemment, comportait un long
article de fond sur la nécessité de diviser par deux le nombre de
municipalités dans la grande région de Montréal. Je pense
que c'était la thèse qui était développée ce
matin, pour des raisons de concertation, de diminution de coûts, de
meilleures facilités d'aménagement et de compréhension
autour des tables de concertation, etc.
J'ajoute que ça se compare, ce territoire, avec les zones
urbaines occidentales avec lesquelles on est en concurrence. C'est une des
moyennes, elle n'est ni petite, ni grande. Je consultais récemment un
document qui parlait de la zone Rhône-Alpes, centrée,
évidemment, autour, qui se développe autour de Lyon et de
Saint-Etienne. On y retrouve un peu plus de 5 000 000 d'habitants. C'est une
zone qui englobe pour certains, au point de vue «technopolis»,
Genève, et qui comprend certainement Rohan, Grenoble, Valence et
d'autres villes de la région. Ça a à peu près la
grandeur du Danemark. Il faut le faire! C'est ça qui est en cause. C'est
formidable parce qu'on y retrouve vraiment toute la variété
nécessaire pour prétendre être une agglomération de
taille mondiale, et être capable de concurrencer avec tous les outils
nécessaires sur la scène internationale.
Alors, on pourrait retenir, en partie, l'argument d'un de nos
collègues, que, peut-être, la zone n'est pas assez grande, qu'elle
ne reconnaît pas les talents nouveaux et intéressants, par
exemple, de la Montérégie dans son ensemble, mais simplement une
partie de la Montérégie. C'est à voir. On pourrait en
discuter. Il m'apparaît important qu'on puisse réaliser le plus
grand degré de concertation possible sur le plus grand territoire
possible. Pour l'instant, je dirais, les outils qu'on a utilisés pour
définir la zone métropolitaine sont des outils acceptés
dans ce domaine et permettent de façon logique de délimiter la
zone que nous visions.
La députée de Taillon a fait valoir - je n'y reviendrai
pas - également cette crainte du désengagement du gouvernement
à l'endroit de la
région de Montréal, sous le prétexte qu'on pourrait
invoquer qu'il y a maintenant Innovatech qui est là pour s'occuper de
ça. Je redis qu'il s'agissait d'en ajouter plutôt que de
remplacer, en mettant sur pied Innovatech. (22 h 50)
Le député d'Anjou a, lui, trouvé - oui, c'est
ça - que la région était peut-être trop grande,
à un moment donné. Enfin, je ne reviendrai pas. J'ai
expliqué que, quant à moi, c'est juste la bonne grandeur pour les
fins de nos travaux, à ce moment-ci. On verra avec le temps. Surtout, il
dénonçait l'apathie relative du gouvernement à
l'égard des listes d'épicerie ou de l'ensemble de projets
concrets, de demandes spécifiques que le milieu montréalais fait
valoir. J'ai déjà indiqué aux autorités
municipales, de la CUM et de la ville de Montréal que ce n'est pas parce
qu'on ajoute quelque chose de spécifique au titre de l'aide à
l'innovation technologique qu'on néglige pour autant les dossiers
spécifiques et sectoriels. Tout est une question de dosage et
d'équilibre. On ne peut pas tout faire en même temps. À la
limite, on pourrait demander, dans ce cas-là: 300 000 000 $, est-ce que
c'est trop ou pas assez? Le débat est engagé entre vous, mais,
moi, je pense que c'est juste correct. Est-ce que 300 000 000 $, c'est trop ou
pas assez pour l'innovation technologique? Quelle portion des 300 000 000 $,
une fois qu'on a peut-être conclu qu'il y en a trop, parce qu'on n'est
pas capable de faire en même temps le boulevard Henri-Bou-rassa ou de
prolonger la 25? Bon, bien, ce n'est pas 300 000 000 $, c'est plutôt 200
000 000 $ sur cinq ans, qu'il faudrait mettre dans le développement
technologique à Montréal, quitte à mettre 100 000 000 $
dans les infrastructures routières. Alors, on pourra voter
là-dessus un jour. Nous, on a voté 300 000 000 $ pour
l'innovation technologique, parce que, compte tenu du diagnostic qu'on pose,
ça m'apparaît important tout de suite de mettre en oeuvre un
outil, mettre, je dirais, au travail un outil qui va vraiment rehausser la
capacité technologique de la grande région de Montréal,
agissant ainsi comme levier sur un tas de projets qui, autrement, ne pourraient
pas connaître d'aide financière gouvernementale.
Finalement, la députée de Hochelaga-Maisonneuve a
évoqué surtout le libellé de quelques articles. Elle
trouvait que la loi n'allait pas aussi loin que le texte du plan
stratégique, à certains égards. Par exemple, le fait que
le mot syndicat ne s'y retrouve plus. C'est la différence,
évidemment, entre un document de présentation et la façon
dont on peut l'articuler dans la logique, là, d'un projet de loi qui est
beaucoup plus serré. Ce que ça signale, c'est que, du point de
vue du gouvernement, il apparaît important que, d'une façon ou
d'une autre, le milieu syndical se sente impliqué. Ça ne se
traduit pas nécessairement en termes juridiques, dans la loi, par le
fait qu'un des membres du conseil doit nécessairement émaner du
milieu syndical. J'y reviens, je l'ai déjà expliqué, nous
cherchons des gens qui peuvent contribuer par leur expertise et leur
expérience à juger de l'admissibilité et du
caractère innovateur d'un projet de développement technologique.
Ce n'est pas parce qu'on est un syndiqué ou un permanent syndical qu'on
connaît ça, à sa face même. Ce n'est pas une table de
concertation, là. Le conseil d'administration, c'est vraiment un lieu
où on a besoin de l'expertise, je dirais, plutôt que de
l'expérience - bon, enfin, je ne veux pas faire de jeu de mots - mais
ça n'exclut pas que certains membres, certaines personnes au
Québec, associées au mouvement syndical, ont eu affaire, dans des
projets où le contenu technologique était important,
représentent des membres qui, quotidiennement, ont à
négocier à l'intérieur d'une entreprise où
l'innovation technologique est importante, des conditions de travail, des
partenariats avec l'entreprise où - j'arrive à ma conclusion - le
mot entreprise revêt alors toute sa dimension de recouvrir tous les gens
qui travaillent à une activité de production d'un bien ou d'un
service. Ça me fait penser à des vieux relents de la pratique
religieuse au Québec, où, à l'église, le dimanche,
pour la modique somme de 0.05 $, dans les années cinquante, on pouvait
se procurer un petit livret qui s'appelait «Prions avec
l'Église».
Une voix: «Prions en Église».
M. Johnson: Ah vous voyez, vous êtes en train... Je
regrette, les plus vieux se souviendront que ça s'appelait «Prions
avec l'Église».
Mme Marois: Ah bon, d'accord! Une voix: Ah oui?
M. Johnson: Oui... suite au Concile et, l'oecuménisme
aidant, tout le monde a réalisé que, dans le fond, on priait
«en Église» et non pas avec la hiérarchie
ecclésiastique. L'entreprise, c'est ça. L'entreprise, à la
limite, ça devrait, quand tout le monde va bien comprendre ce qui s'y
déroule, c'est ça, c'est un concept qui englobe tous les gens,
les actionnaires, les travailleurs, la direction, les travailleurs à
horaire. À la rigueur, on pourrait dire, les consultants, les gens qui
viennent ajouter leur expertise. C'est ça, l'entreprise, au sens large.
Alors, seul recours au point de vue juridique, et je ne veux pas, justement,
qu'on tombe dans des ornières, parce qu'à la limite, on va dire,
il n'y a pas vraiment... On va toujours penser qu'il manque, dans
l'énumération, là, un terme qui permettrait d'avoir
accès à une personne qui pourrait aider la société
à accomplir sa mission et exercer ses pouvoirs. Alors, je ne voudrais
pas en faire un plat, véritablement. Je trouvais ça regrettable
qu'on en fasse un plat, parce que, ce qu'on a signalé, c'est que
c'était important, que la
constitution de la société, son rôle, tienne compte
de toute la variété, qu'on retrouve des gens impliqués.
Mais, quand on le rédige, il ne m'apparaissait pas essentiel, ni
même nécessaire de spécifier l'origine professionnelle,
dans le fond, des gens qu'on va solliciter. Alors, je pensé qu'il
faut... L'engagement gouvernemental, il est ici, aussi, il ne faut pas s'en
faire avec ça.
La députée de Hochelaga-Maisonneuve, finalement, s'est
inquiétée de voir la multiplicité des interventions
gouvernementales, des grandes politiques - main-d'oeuvre, affaires
internationales, développement régional, Grand Montréal,
stratégie des grappes industrielles. Je ne m'inquiète pas, moi,
je suis enchanté de voir ça, comme membre du gouvernement. Je
fais remarquer aux collègues qui, enfin, ne sont peut-être pas en
position de le savoir précisément, que, par exemple,
l'École nationale d'administration a mis sur pied une série de
rencontres, de colloques et de séminaires pour la haute direction des
organismes publics et parapublics pour, justement, les sensibiliser à la
façon dont ces politiques s'intègrent et s'imbriquent les unes
dans les autres.
Justement, là, il y a une façon qui a été
suivie. Il y a eu un modèle et un concept qui ont été
développés, qui nous ont amenés à présenter
cinq politiques spécifiques, qui s'ajoutent les unes aux autres, et se
complètent à bien des égards, notamment, au titre de la
politique économique de mon collègue de l'Industrie et du
Commerce, et de celle du comité ministériel permanent du Grand
Montréal, au titre de ce territoire, à l'égard de ce
territoire.
C'est expliqué, d'ailleurs, spécifiquement, dans le
document du plan stratégique, comment cette
complémentarité s'exerce. Ça ne s'exclut pas, ça ne
s'annule pas, au contraire, ce sont des éléments qui s'ajoutent
les uns aux autres. C'est un mode d'aide financière qui vient appuyer,
de façon concrète, je dirais, le développement qu'on peut
observer, notamment dans la grande région de Montréal, de
certains secteurs industriels qui, autrement, n'ont pas, au-delà du
cadre qui a été décrit par mon collègue, d'aide
financière spécifique pour venir soutenir, je dirais, leur
dynamisme.
C'est ça qu'on a ajouté, dans la région de
Montréal, pas ailleurs, avec le risque politique que ça comporte
de parler de ça à Rimouski. Mais, quant à moi,
étant montréalais de longue date, étant ministre
responsable de la grande région de Montréal, j'en ai toujours
parlé. J'ai toujours parlé du rôle moteur que
représente la grande région de Montréal pour l'ensemble du
Québec. Se promener en région excentrique,
périphérique, et refuser de parler de ces choses-là, c'est
leurrer les régions, c'est de leur faire croire qu'elles sont au centre
du développement économique du Québec tout entier, ce qui
n'est pas le cas. Lorsqu'on apprend comment les ré- gions et la
région centre, le centre économique du Québec peuvent
interagir, s'aider, s'alimenter l'une et l'autre, là, on voit comment le
développement économique, véritablement, au Québec,
peut s'articuler d'une façon encore plus efficace.
C'était là l'ensemble des réflexions, M. le
Président, que je voulais livrer, suite aux commentaires de nos
collègues. J'ajoute peut-être... Oui, évidemment, le
premier commentaire du député de Labelle, à l'effet que
c'était la bonne commission, mais que ce n'était pas le bon
ministre responsable.
M. Léonard: Je n'ai pas dit ça.
M. Johnson: Quant à la formulation, ça a
été repris. Moi, je trouve que c'est ça qu'on a dit.
Alors, on pourra préciser...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): On
verra ça avec les galées. (23 heures)
M. Johnson: On pourra préciser, étant donné
qu'il s'agit de technologie, etc., que ça ressemble au FDT, mais que
c'est à Montréal seulement, on sait que le ministre responsable,
c'est le MICT, etc. Je veux bien, là. On peut le prendre de deux
façons. D'une façon, tel que c'est rédigé ici, on
se demande pourquoi on ne parle pas du ministère de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie. Le ministre responsable, qui est-ce? Le
gouvernement va décider, évidemment. C'est la formulation,
incidemment, qu'on emploie maintenant, la plupart du temps, me disent nos
légistes, nos collaborateurs. On prévoit que le gouvernement
déterminera le ministre responsable. Il est prévu que c'est celui
qui vous parle, évidemment, qui a présenté le projet de
loi, qui sera le ministre responsable, pour la bonne et simple raison que le
gouvernement, en mettant sur pied un comité ministériel
permanent, comme celui que j'ai décrit, avec le statut que j'ai
décrit, avec le président, qui a été
désigné par le gouvernement, donne suite à cet engagement
de façon concrète, en faisant en sorte que c'est le même
ministre qui sera responsable, concrètement, de l'action de la
Société Innovatech du Grand Montréal.
Alors, c'est la cohérence la plus totale, évidemment, qui
règne ici en cette matière. On a un comité
ministériel qui est responsable de la grande région de
Montréal. Il y a un ministre qui est responsable du comité. Il y
a un outil d'une importance capitale pour le développement de
Montréal, dont la tutelle, entre quillemets - c'est le terme de l'art,
je pense, qu'on emploie habituellement - est confiée toujours au
même ministre, qui a les fonctions que le gouvernement lui a
attribuées. Alors, il ne faut pas chercher plus loin que ça.
M. Léonard: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Oui.
Motion proposant d'entendre le ministre de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie
M. Léonard: Avant de passer à l'article 1, je
voudrais faire une motion qui se lirait comme ceci: «Que la commission de
l'économie et du travail souhaite entendre, dans le cadre de
l'étude du projet de loi 28, Loi sur la Société Innovatech
du Grand Montréal, et en vertu de l'article 244 de notre
règlement, le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie
et en conséquence qu'elle demande au secrétaire de la commission
de l'aviser par écrit tel que le prévoit l'article 164 de notre
règlement.»
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): La
motion est sur la recevabilité, peut-être.
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Elle
est effectivement, à mon sens, recevable puisqu'elle n'émet qu'un
souhait. Donc, elle ne donne pas d'ordre, de directive à la commission,
etc. Or, dans ce sens-là, elle est recevable.
M. Johnson: M. le Président, elle émet un souhait
et souhaite que le secrétaire... Je peux voir le libellé,
précisément?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui
et on va distribuer des copies à tout le monde, si vous le permettez
bien.
M. Johnson: S'il vous plaît, oui.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
«Que la commission de l'économie et du travail souhaite
entendre...
M. Léonard: Qu'elle demande au secrétaire.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...dans le cadre de l'étude du projet de loi 28, Loi sur la
Société Innovatech du Grand Montréal, et en vertu de
l'article 244 de notre règlement, le ministre de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie et en conséquence qu'elle demande au
secrétaire de la commission de l'aviser par écrit tel que le
prévoit l'article 164 de notre règlement.» Autrement
dit...
Débat sur la recevabilité
M. Johnson: M. le Président, sur la recevabilité.
Si vous dites qu'il ne s'agit que d'un souhait et non d'un ordre, je vous
demanderais d'interpréter, dans ce cas-là, la formulation en
vertu de laquelle la commission demande au secrétaire d'aviser par
écrit le ministre - en vertu de 164 - et de comparaître - en vertu
de 244. ce n'est plus un souhait là, c'est plutôt une
directive.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Ce
que je comprends, et on me corrigera, c'est que, dans la mesure où la
motion serait adoptée, on demande au secrétaire de la commission,
en vertu de l'article 164, de le signifier au ministre par écrit qu'il
est invité à la commission. C'est en conséquence de. Dans
la mesure où on adopte la motion, on peut, en vertu de 164, avertir le
ministre par écrit.
M. Johnson: M. le Président, si vous me le permettez,
toujours sur la recevabilité.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui,
oui, je vous en prie.
M. Johnson: II m'apparait que la substance de cette motion, donc
le dispositif principal, vise éventuellement à demander au
secrétaire de la commission d'aviser par écrit le ministre de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie à comparaître ici,
en vertu de 164 et de 244, et que le souhait n'est qu'un préalable. Ce
n'est pas là la substance même de la motion. C'est presque un
accessoire préalable à la substance même qui est
demandée au secrétaire. Autrement, ça n'aurait aucun sens.
On pourrait se voter qu'on souhaite un tas de choses, mais la
conséquence, elle, est très pratique. Je ne pense pas qu'on soit
en train de se demander si on veut souhaiter quelque chose. On est en train de
vouloir souhaiter quelque chose et, si on le souhaite, là, il y a, dans
le fond, un ordre qui est donné au secrétaire et à la
commission. C'est ça qui m'apparait la préoccupation de la motion
à faire sortir et, en conséquence, si c'était recevable
sous prétexte que ce n'est qu'un souhait, ça m'apparaît
irrecevable, parce que ça n'en est pas vraiment un dans ses effets.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Sur
la recevabilité, oui.
M. Léonard: Est-ce que je peux? Oui, sur la
recevabilité. M. le Président, je suis en désaccord avec
le ministre et le président du Conseil du trésor
là-dessus, parce que, à mon sens, le coeur même de la
motion, c'est que la commission de l'économie et du travail souhaite
entendre le ministre. Je pense que nos règles ne peuvent pas nous amener
à exiger d'un ministre qu'il soit ici. Donc, c'est exprimé dans
les termes qu'il convient et, en conséquence, on va demander au
secrétaire d'aviser le ministre que nous souhaitons l'entendre. C'est ce
qu'il faut comprendre du libellé de cette motion. En conséquence,
elle est absolument recevable, M. le
Président. Elle est libellée de façon respectueuse
envers le ministre de l'Industrie et du Commerce, et le secrétaire donne
effet au souhait que nous exprimons. Il va l'exprimer par écrit. Je
pense que la commission peut donner ses directives, d'ailleurs, en ce sens.
Donc, en ce qui me concerne, la motion qui est déposée ici
m'ap-paraît absolument recevable, M. le Président. Sinon, comment
voulez-vous procéder pour inviter un ministre à venir devant une
commission? À ce moment-là, on demande au secrétaire de
l'aviser du souhait de la commission. C'est ça que ça veut
dire.
Décision du président
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): II
faut la lire avec l'article 164, qui dit ceci: «Lorsqu'une commission
désire entendre un ministre, elle doit l'en aviser par écrit au
moins quinze jours à l'avance sauf renonciation de
l'intéressé à ce délai. «L'avis doit indiquer
l'objet, l'heure, la date et l'endroit des travaux de la commission.»
C'est comme cela qu'on doit procéder, donc, en vertu de l'article
164, et je ne pense pas que la commission puisse faire obligation à un
ministre. On peut faire obligation à d'autres gens de venir
comparaître devant une commission en vertu du règlement, mais je
ne crois pas que la commission puisse le faire avec un ministre. Je ne sais pas
quel article du règlement nous dit qu'avec un ministre, on peut
l'inviter, on peut souhaiter qu'il vienne, mais on ne peut pas lui faire
obligation. C'est pourquoi la motion, à mon sens, est recevable parce
qu'elle émet un souhait. Donc, le ministre pourra décliner, s'il
ne juge pas possible de le faire ou pour toutes autres raisons qui seront
siennes, mais une fois qu'on a accepté ce souhait de l'entendre, on doit
le faire selon la procédure prévue à l'article 164,
à moins que le ministre nous informe à son tour qu'il est
prêt à accepter de changer le délai et tout ça.
Alors, la motion est tout à fait recevable.
Débat sur la motion M. Jacques
Léonard
M. Léonard: Ça va? Alors, M. le Président,
je vous remercie de me permettre de présenter cette motion. Je voudrais
quand même dire une chose, c'est qu'il ne s'agit pas d'étaler au
grand jour, lors d'une telle rencontre avec le ministre de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie, les chicanes et les luttes de pouvoir, les
chicanes d'empire...
M. Johnson: Heureusement que ce n'est pas l'objectif, il n'y en a
pas.
M. Léonard: ...qui ont pu avoir cours avant, parce que ce
n'est pas là le but de l'exercice, absolument pas. M. le
Président, au-delà de ces chicanes d'empire, je voudrais toucher
deux points importants qui vont au fond des choses, et qui font qu'il faut
entendre le ministre de l'Industrie et du Commerce. Je voyais tout à
l'heure, d'ailleurs, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la
Science - je pensais qu'elle resterait avec nous pour en débattre, mais,
subitement, elle est partie. Voici.
M. Johnson: Elle n'est pas membre de la commission.
M. Léonard: Elle n'est pas membre de la commission,
justement, mais...
M. Johnson: Ça explique tout.
M. Léonard: Je pense qu'il y a deux points importants
à toucher et à débattre, ici. D'abord, quant à la
conception même de la recherche et du développement et,
deuxièmement, quant à l'organisation de la recherche, du
développement et de l'intervention du gouvernement pour les mêmes
objets. Sur la conception de la recherche et du développement, il me
semble que le débat qui a abouti à nommer le président du
Conseil du trésor révèle une certaine approche dans la
recherche et le développement. Quoi qu'il en soit de cette approche, je
pense qu'il est important qu'il y ait une cohérence, que la commission
puisse percevoir dans la recherche et le développement. Il y a trois
ministres au moins d'impliqués dans le dossier, actuellement: le
président du Conseil du trésor, le ministre de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie et la ministre de l'Enseignement supérieur
et de la Science. Ils sont trois ministres et les trois représentent des
secteurs importants, si je comprends. L'une représente le secteur de la
recherche fondamentale en ce qui concerne les universités. Il ne faut
pas oublier que les universités font de la recherche fondamentale pour
la plupart, dans la très grande majorité des cas. C'est dans les
universités que ça se fait à partir de nos secteurs
d'enseignement, de la formation de nos chercheurs et, dès que vous avez
terminé un premier cycle, que vous vous inscrivez en maîtrise et
au doctorat, vous êtes imbriqué dans toute une démarche de
recherche fondamentale, la plupart du temps, même s'il peut se trouver de
la recherche appliquée. Il reste que cette opération, en termes
de recherche et de développement, est majeure. C'est une des bases,
c'est une opération très coûteuse, mais, en même
temps, c'est là où on forme nos futurs chercheurs, où l'on
forme nos gens en maîtrise et doctorat. Soit qu'on les retrouve plus tard
à l'université pour continuer la recherche fondamentale, soit
qu'on les retrouve justement dans les milieux de recherche et de
développement, plutôt vers l'entreprise ou les gouvernements. (23
h 10)
Alors, il y a un point de vue qu'il serait intéressant d'entendre
et, à ce titre-là, on pourrait aussi bien demander à la
ministre de venir exposer, elle, son approche sur le développement de la
recherche fondamentale. Un petit peu plus loin, on pourra peut-être
proposer une motion. On va disposer d'abord de celle-ci.
Il y a à Montréal quatre universités, sans compter
tous les instituts. McGill, Concordia, Montréal et l'UQUAM font partie
de Montréal. Ce sont des éléments très importants
à l'intérieur de l'Université de Montréal...
définition grande Université de Montréal. Il y a quatre
universités. Donc, au Québec, quand vous regardez ailleurs, il y
a les constituantes de l'Université du Québec, mais la plus
grosse, la plus importante, c'est l'UQUAM. Vous avez Sherbrooke où il y
a une université. Il y en a une à Laval, à part les autres
constituantes de l'Université de Montréal. Donc, c'est ça
qu'on a comme universités. Mais le gros de l'investissement, le gros de
la recherche fondamentale se retrouve à Montréal.
Moi, je pense qu'il aurait été important de
considérer et de voir quelle est l'orientation, quelles sont les
orientations de la recherche scientifique là-dessus. Je voudrais vous
citer à cet égard un article du Soleil, qui est paru le 29
avril, et qui fait état du fait que Québec commande une
étude sur sa politique scientifique. Les Québécois
dépensent maintenant plus de 2 000 000 000 $ en recherche et
développement, et pas moins de 300 000 sont des scientifiques, des
ingénieurs, des technologues. Le Conseil de la science et de la
technologie, va devoir soumettre à la ministre, avant la fin de
l'année, un avis sur les points suivants: Quels sont les enjeux auxquels
le Québec sera confronté d'ici l'an 2000? Quelles sont les
priorités en science et en technologie et les ressources disponibles?
Quelle est la place de la coopération internationale parmi les
préoccupations de la population? Quels sont les outils et les
mécanismes pour s'adapter au nouvel ordre scientifique mondial? Donc, un
mandat qui est donné à un groupe d'études qui doit faire
rapport sur la question.
J'ai eu l'occasion, au cours du printemps, lors de l'étude des
crédits de la ministre de l'Enseignement supérieur et de la
Science, de prendre connaissance d'un document qu'elle a distribué aux
membres de la commission, puis de relever, dans ce document, les mots suivants
qui ont, merci bien, une certaine importance, où l'on prétend
faire le point sur la politique scientifique. Ce qui est dit, c'est ceci, en
commençant: Le dernier énoncé de la politique scientifique
gouvernementale a pris la forme d'un livre blanc publié en 1980. Depuis
cette date et malgré l'ajout de nombreux éléments nouveaux
de politique scientifique, aucune mise à jour de la politique
scientifique gouvernementale n'a été réalisée.
Excusez du peu. Il me semble que c'est un constat majeur qui est fait
là. Ça veut dire que, sur le plan de la politique scientifique
gouvernementale, il y a des interrogations. Le premier point, à mon
sens, qu'il convenait d'établir, c'est: Quelle est l'approche du
Québec en ce qui concerne la recherche fondamentale faite dans les
universités? Donc, qui touche nos professeurs, qui touche nos jeunes,
une partie importante des 300 000 scientifiques et des chercheurs qu'on
retrouve au Québec. Alors, c'était, M. le Président,
simplement pour noter que l'approche québécoise, en ce qui
concerne la recherche, n'est pas aussi arrêtée qu'on peut le
penser et n'est pas aussi à jour qu'on pourrait le souhaiter,
malgré toutes les études, tous les livres qui ont pu être
écrits, etc. Évidemment, la recherche appliquée, il y en
a. Il y en a qui est faite et subventionnée par le ministère de
l'Industrie et du Commerce. Mais, en ce qui concerne les universités,
à tout le moins, on réfléchit. En ce qui concerne la
politique scientifique, on réfléchit encore, et elle n'est pas
mise à jour. Le pôle recherche-développement est mal
articulé parce qu'on fait mal la distinction entre les deux, dès
qu'on touche à la recherche appliquée, d'ailleurs. Je crois, pour
ma part, qu'il y a effectivement de la recherche fondamentale, laquelle est
coûteuse, qu'il y a de la recherche appliquée. Mais comme nous
avons, par ailleurs, une structure où il y a beaucoup de succursales
d'entreprises étrangères, il y a peu de grandes recherches qui se
font sur le plan appliqué.
Nos entreprises ont progressé, depuis les dernières
années, mais n'ont pas atteint un point d'investissement majeur en
recherche, et cela se comprend parce que vous avez de la recherche, et de la
recherche appliquée en entreprise, quand vous avez des sièges
sociaux. Par exemple, Bell téléphone avec Northern, avec d'autres
grandes entreprises comme ça, vont faire de la recherche si elles ont un
siège social important ici ou, en tout cas, des activités dont le
poids économique justifie des activités de recherche
majeures.
Or, nous avons des problèmes là-dessus et nous n'avons pas
notre lot. Notre structure économique, au contraire, est beaucoup plus
axée sur la PME. Or, la PME n'a pas les moyens de se lancer dans de la
grande recherche, généralement. Elle fait parfois des
percées étonnantes, mais elle a de la difficulté à
faire de la grande recherche. Nos promoteurs de PME, nos propriétaires
de PME vont faire une recherche axée sur une industrie de pointe, mais
ça ne débordera pas beaucoup leurs besoins immédiats.
Ça, ça pose des problèmes. Je crois que notre
définition de la recherche-développement, ici, souffre de
carences à ce plan-là parce que l'articulation, elle peut
être faite théoriquement, mais elle n'est pas appliquée
à notre milieu. Je crois que ça, c'est majeur. Il faut comprendre
que, si on met sur pied la Société Innovatech, il va falloir se
préoccuper beaucoup de développement et que les questions...
Des voix: Non, ce n'est pas évident.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): S'il
vous plaît!
M. Léonard: Vous m'avez fait perdre mon idée, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
m'excuse.
M. Léonard: Je pensais que vous m'interrompiez.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
m'excuse vraiment.
M. Léonard: Ce que j'étais en train de dire, c'est
que notre structure économique, telle qu'elle est, fait que notre
recherche-développement ne doit pas être strictement
théorique, mais elle doit être adaptée à notre
structure économique telle qu'elle est. La Société
Innovatech doit se préoccuper, devra, et va être amenée
à investir davantage dans du développement que de la recherche,
à moins qu'elle définisse très bien ce qu'elle veut faire
en recherche et qu'elle économise ses fonds pour les faire porter
très directement.
Autre point que je considère important et qui est en quelque
sorte reflété dans le choix de la région qu'on a fait. Je
ne voudrais pas le prendre dans le sens territorial, restreint du mot. Si on
avait fait porter le poids d'Innovatech sur de la recherche plutôt que
sur le développement, il me semble qu'on aurait pu se poser très
vite la question sur la définition du territoire qui est amenée
là. Parce que, au fond, plus vous axez l'action d'Innovatech sur la
recherche, plus vous auriez été amené à vous
intéresser au noyau dur que constituent les universités, à
l'intérieur de la ville de Montréal, et encore plus, à
l'intérieur de la CUM, du territoire de la CUM. Le gouvernement a
élargi. À partir du moment où il élargit, on doit
se poser la question: Est-ce qu'il a élargi suffisamment, compte tenu de
l'état et de nos politiques de recherche-développement au
Québec? Ce n'est pas clair. Au fond, dans une société de 7
000 000, est-ce qu'on a le moyen de la diviser en deux? Un représentant
45 % ou 46 % de la population et un autre bloc de 54 %; il y a deux
Québec, finalement. C'est reflété très bien dans la
décision d'avoir deux titulaires de portefeuille là-dedans; il y
en a un qui a une assise territoriale et l'autre a une assise, une vocation
générale dans le Québec, avec des ministères qui
vont opérer sur différents plans de recherche. Il me semble que
ça commence à faire beaucoup. Mais, au fond, la décision
de s'en tenir strictement à une région de recensement
fédéral reflète, en quelque sorte, une absence de
décision quant à l'orientation fondamentale sur la
recherche-développement et l'articulation entre les deux. En plus, elle
inscrit dans le territoire une discrimination difficile à justifier. Je
vais juste souligner au ministre, quand nous passerons sur la question, que,
par exemple, dans le nord, on inclut Mirabel, mais on exclut
Saint-Jérôme. Or, exclure le cégep de
Saint-Jérôme qui travaille avec Mirabel, en particulier sur des
matériaux composites, ça devient... En tout cas, on peut se poser
des questions, ça devient très curieux. (23 h 20)
Voyez-vous, au fond, on est amené à se poser la question:
Si, considérant que le Grand Montréal est le pôle de
recherche au Québec - le ministre a dit près de 85 %, j'avais dit
80 %. Je me corrigerai donc. Dorénavant, je vais dire 85 %... Au fond,
les morceaux qu'on laisse tomber ailleurs ne seront pas des handicaps pour
avoir une recherche-développement mieux articulée au coeur
même du territoire du Québec, soit dans la région du Grand
Montréal. Je m'explique. Par exemple, Bombardier, qui fait quand
même un peu de recherche à Sainte-Anne-de-la-Pocatière, la
fait en relation très étroite avec Polytechnique et HEC, mais
surtout avec Polytechnique.
Une voix: Donc, ils sont admissibles.
M. Léonard: S'ils sont à
Sainte-Anne-de-la-Pocatière? Non.
M. Johnson: Non, non. Polytechnique est à
Montréal.
M. Léonard: Polytechnique est admissible, mais pas
Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Pourtant, les deux...
M. Johnson: Le projet...
M. Léonard: ...fonctionnent ensemble.
M. Johnson: ...est admissible parce qu'il a un partenaire
à Montréal.
M. Léonard: En tout cas, le ministre aura l'occasion,
j'espère, de s'expliquer là-dessus, mais il comprendra qu'on est
en droit de se poser des questions sur l'articulation et pourquoi exclure des
centres et pas d'autres. Le fait de l'articulation pratique va poser des
problèmes administratifs au gouvernement, des problèmes de choix,
parce qu'au fond on ne se sera pas branché, au départ, sur
l'orientation qu'on voulait prendre.
Troisième point, sur cette question, M. le Président, de
la conception même de la recherche. Je voudrais juste rappeler, pour
mémoire, qu'au début de années soixante-dix, sur le plan
de la conception des grandes orientations économiques, des grandes
articulations, il y a eu un rapport qui a fait beaucoup d'éclat, le
rapport HMR, Higgins, Martin, Raynaud, sur les pôles de
développement et, en particulier, le pôle de
développement que constituaient Montréal et sa région.
Pour moi, c'était un des grands points.
Deuxièmement, la théorie des grappes n'est pas une
théorie inventée par Gérald Tremblay, ministre de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie. Ça a été
inventé bien avant lui, il y a quinze ans. qui est connue et qui est
même considérée, sous certains aspects, bien
dépassée. Ceci étant dit, je ne nie pas que la conception
même, en termes d'organisation économique, a un certain sens,
c'est-à-dire que si on développe et qu'on veut développer
un secteur, il faut renforcer différents maillons de ce secteur, ce
qu'il a appelé des grappes, la théorie des grappes, qu'on appelle
aussi ailleurs des grappes.
Mais, il faut savoir, cependant, qu'il y a aussi une troisième
approche qui, elle, est beaucoup plus englobante, qui est connue aussi, qui
s'appelle la diffusion des connaissances «knowledge spillover».
Ceci amène, dans un milieu avec une masse de population critique, des
échanges de connaissances en termes scientifiques, en termes
technologiques et amène les gens à sauter d'une grappe à
l'autre dans un milieu, un bassin de population minimal. Ça, ça
va beaucoup plus loin que la théorie des grappes. Je vais simplement
caricaturer en quelque sorte. La théorie des grappes, c'est des
familles. On pourrait remonter jusqu'aux familles, dans le sens le plus
traditionnel du mot, où chacun essaie de former une famille polyvalente,
qui répond à tous ses besoins, etc., tandis que la diffusion des
connaissances relève beaucoup plus de notre approche que nous avions,
dans le cours des années soixante, où tout le monde convenait
que, pour progresser, il fallait diffuser des connaissances,
c'est-à-dire qu'il fallait relever le niveau d'éducation, relever
le niveau de formation.
Or, tout ce que je viens de décrire amène et nous
amène à articuler notre recherche-développement en tenant
compte de tous ces éléments. C'est ça. Ça, c'est
important. Donc, je pense qu'on ne doit pas s'orienter, comme à l'heure
actuelle, dans une mode sur les grappes, comme si ça répondait
à tout. Je regrette, ça ne répond pas à tout. Loin
de là. Il faut vraiment prendre ça comme notion, ne pas
s'arrêter à cela et dire que c'est une des approches parmi
d'autres, et des approches qui doivent être toutes concurrentes et
intégrées.
Alors, je voudrais donc dire que l'articulation de notre politique n'est
pas encore faite de façon claire, à mon sens, que l'articulation
de notre développement ou de recherche-développement, compte tenu
de la nature de notre économie en ce qui concerne la PME, la grande
entreprise, ce n'est pas fait. On a vécu des expériences en ce
qui concerne l'AQVIR, d'ailleurs. Alors, je voudrais simplement dire, donc,
qu'il faudrait entendre le ministre de l'Industrie et du Commerce parce que lui
joue un rôle important là-dedans. J'y reviendrai tout à
l'heure, à d'autres égards. Mais comme il a la
responsabilité du dossier technologique au gouvernement, donc pour tout
le territoire du Québec, il me semble qu'il doit être ici à
la table pour discuter comment il envisage l'articulation de la
Société Innovatech à travers son ministère.
L'autre élément, je l'ai souligné, le territoire
trop grand, trop petit ou moyen ou absence de décision, finalement, qui
reflète plutôt une absence d'orientation. Je pense que le point
est fait. Il ne s'agit pas de créer des oppositions en ce qui concerne
la définition du territoire, mais de bien indiquer que cela
reflète une absence de décision de fond sur l'orientation de la
recherche-développement. Voilà, pour ce qui concerne la
conception même de la recherche-développement, sur laquelle je
voulais quand même établir un certain nombre de points que je
n'avais pas eu l'occasion, jusqu'ici, d'établir.
Le deuxième point que je voudrais soulever et qui nous
amène encore beaucoup à souhaiter que le ministre de l'Industrie
et du Commerce vienne ici à la barre ou à la table avec nous,
autour de la table pour en discuter, c'est l'organisation de la
recherche-développement. Je voudrais vous lire un témoignage que
nous avons eu hier, là-dessus. Je voudrais vous lire ce
témoignage et il ne sera pas long, M. le Président, ça a
un paragraphe...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): II
vous reste 10 minutes, 9 minutes.
M. Léonard: ...deux paragraphes. La chambre de commerce
est venue rencontrer le premier ministre, hier, et l'Opposition. Oui. Alors, ce
qu'ils disent au bas de la page 9 de leur mémoire, c'est ceci: Or, il se
trouve justement que plusieurs intervenants, compte tenu de la
sévérité et de la durée de la présente
récession, ont réclamé pour Montréal de telles
interventions - ils parlaient de la stratégie de développement
économique du Québec, à moyen et long terme, du ministre
de l'Industrie et du Commerce. On aurait pu logiquement croire que toutes les
instances gouvernementales existantes - et elles sont fort nombreuses -
auraient reçu pour mandat d'appliquer le principe des grappes
industrielles à Montréal, qui compte 50 % de toute l'industrie
manufacturière du Québec et encore un bien plus grand pourcentage
des industries de pointe - ce qui va tout à fait dans le sens de ce
qu'on disait tout à l'heure. Non pas, le gouvernement annonce
plutôt qu'il va créer de toute pièce une nouvelle
structure, Innovatech, pour s'occuper de Montréal. Serait-ce de la
mauvaise foi de craindre des dédoublements, chevauchements avec les
organismes existants, dont une grande partie de leurs affaires portent
déjà sur Montréal? «Quid» de la
rationalité, de l'efficacité et de la prudence
budgétaire?
Voilà un témoignage assez dur, un constat assez dur par
rapport au projet que nourrit le gouvernement. Ce n'est pas rien. C'est la
Chambre de commerce du Québec et tout le monde, tout ce qui compte de
chambres de commerce était autour de la table, hier. En tout cas, ils
parlaient au nom de toutes les chambres de commerce du Québec. (23 h
30)
Les dédoublements, oui. L'approche du gouvernement à
l'heure actuelle entraîne des dédoublements. Il y a une
Société Innovatech, recherche-développement, et puis il y
a un ministère qui s'occupe du développement technologique. Les
deux mandats se recoupent. Nécessairement, ils vont se recouper dans le
temps. Il faut, évidemment, se poser des questions sur l'attitude qui va
découler de ce dédoublement. On sait ce que ça produit. Un
ministre a une équipe, il l'oriente, il lui donne des orientations.
Alors, il y en aura une de donnée à la Société
Innovatech et le ministre de l'Industrie et du Commerce va aussi avoir son
équipe et lui donner une orientation. Les deux vont se frotter sur le
territoire.
Au début, disons qu'il y a de la bonne volonté de part et
d'autre, que là, ça se situe simplement au plan
ministériel, mais au fur et à mesure que les opérations
vont se jouer, que, dans un dossier, on va vouloir aller dans un sens
plutôt que dans l'autre, les fonctionnaires vont accumuler de la
frustration. J'ai une certaine expérience de l'administration publique,
et je sais que cela se passe inévitablement.
Quand je vois les définitions qui sont données à la
page 36, c'est déjà un exemple de ce qui se passera
ultérieurement, des guerres de frontières qu'il va y avoir entre
les équipes de fonctionnaires, les équipes gouvernementales et
les frontières des empires. Voyez-vous, je lis simplement ces
paragraphes: Les projets pourront comporter, soit une phase de recherche et de
développement, soit de recherche appliquée, de
développement technologique ou expérimental orienté vers
la mise au point de nouveaux produits ou procédés. L'aide
octroyée par l'organisme portera uniquement sur les coûts de
réalisation reliés à la partie du projet qui se
réfère aux phases situées en amont et en aval des
activités de R-D admissibles aux mesures fiscales - merci bien. Avant
d'arriver à déterminer les frontières entre ce que
financera le crédit fiscal, ce que financera le ministère de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie - parce que je pourrais lire
encore d'autres coûts - ce que financera la Société
Innovatech, ce que financera l'entreprise elle-même, vous allez voir que
ça va prendre beaucoup de temps avant de déterminer la part de
chacun. Puis, si la Société Innovatech, en fait, consiste
à fournir la marge pour faciliter un projet, elle devra intervenir
seulement après, alors que le rôle qu'on veut lui donner, c'est un
rôle de leadership. Son leadership, elle ne pourra pas l'exercer tant
qu'elle n'aura pas mis l'argent sur la table, mais tel que c'est défini
dans le texte, elle ne pourra pas le faire avant, elle ne pourra le faire
qu'après. Ça, ça va causer des problèmes importants
en termes de fonctionnement.
Je pense que ça ne serait pas indifférent que d'avoir ici,
en particulier, le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie,
pour voir comment lui va articuler ses propres programmes par rapport à
cela. Je peux vous dire... Je ne veux pas souhaiter des malheurs, je dis
simplement qu'il y aura des problèmes.
Alors, M. le Président, ma collègue de
Hochelaga-Maisonneuve a parlé de la question du problème
même du président du Conseil du trésor et du Conseil du
trésor, en l'occurrence. Le Conseil du trésor, c'est le
contrôleur du gouvernement, fonction horizontale par excellence, celui
qui impose des directives, une réglementation. Lui va être
amené à contrer ou à suppléer à l'absence de
réglementation. Il va être en situation conflictuelle
nécessairement. Je vous en donne juste... sur le plan des chiffres,
comment ça va être dur d'articuler tout ça. La
Société Innovatech a 300 000 000 $ sur cinq ans pour
Montréal. Mais, je regardais et j'ai étudié les
crédits du ministère de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie. Quand je regarde ce qui s'est passé entre 1991-1992 et
1992-1993, et que je regarde les programmes qui touchent la recherche et le
développement. Soutien à des centres de recherche
appliquée, crédits 1991-1992: 6 701 000 $; crédits
1992-1993: 4 307 000 $. Ça diminue. Où vont les fonds? Autres
programmes...
M. Johnson: Vous auriez pu demander ça aux
crédits.
M. Léonard: Non, c'est juste pour indiquer qu'il y a une
espèce de vase communicant qui fait, qu'au fond, il y a peut-être
300 000 000 $ théoriquement, quelque part, mais qu'on est en train de
jouer entre les crédits du ministère de l'Industrie et du
Commerce, le Fonds de développement technologique, la
Société Innovatech qui va avoir des fonds, et que, finalement,
ça va être très difficile de déterminer où
vraiment les frontières s'arrêtent entre tout cela et si,
vraiment, il y aura des fonds additionnels. J'ai donné l'exemple de la
SAO, tout à l'heure. Bien, le problème, compte tenu de toutes ces
difficultés, de ces chicanes de frontières, il risque d'arriver
ce qui est arrivé à la région de l'Outaouais
québécois en ce qui concerne le territoire couvert. C'est vrai
qu'au bout de 10 ans on s'est aperçu que la région avait
été sous-équipée. Le phénomène est en
train de se produire dans l'inscription même des crédits, avant
que la Société ne parte. C'est ça qui est en train...
Vous avez mis 10 000 000 $, mais regardons
d'autres... Aide à l'investissement pour les entreprises à
technologie moderne et les entreprises dynamiques: il y avait 5 460 000 $ l'an
dernier; il y a 2 273 000 $ inscrits aux crédits cette année.
Continuons: Aide à la modernisation et à l'innovation
technologique: il y avait 7 907 000 $; il y a 1 313 000 $ inscrits aux
crédits cette année. Alors, on vide en quelque sorte... Puis, je
peux continuer. C'est formidable. Exemption de remboursement
d'intérêts relativement - j'en passe un peu - aux activités
de recherche et d'innovation: 10 000 000 $ l'an passé, 5 500 000 $ cette
année.
Alors, l'argent, les 10 000 000 $ qu'on va mettre à Innovatech,
il est pris où? Il est ici? Les 30 000 000 $ ou 40 000 000 $ qui sont
dans le Fonds de développement technologique, au fond, on met ça
là, mais on l'enlève ici. Donc, qu'est-ce qu'on fait? Au fond,
tout ça rend compte du problème que j'ai soulevé en ce qui
concerne la création d'une société à portée
régionale, à côté ou en sus des ministères du
gouvernement. Ça pose des problèmes qui s'accentuent avec le
temps, qui se matérialisent sur le moyen terme, de façon
dramatique. Quand on réalise ce qui s'est passé, c'est à
la fin du moyen terme ou de la période de 10 ans, et il sera trop tard
à ce moment-là.
M. le Président, juste quelques derniers mots
là-dessus...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): En
conclusion.
M. Léonard: O.K., M. le Président. Je dois dire
que, encore une fois, quant à la définition, à la
conception de la recherche-développement, je pense qu'il se pose des
problèmes qui ne sont pas solutionnés par la création de
la Société Innovatech. Quant à l'organisation, il se
posera des problèmes dont on verra les conséquences dans le moyen
terme seulement. C'est ça qui est dramatique, et je pense qu'il faut
être très prudent. Si on sait que ces problèmes se
poseront, peut-être qu'on peut réagir avant, mais je n'ai pas
encore de garantie. Je pense que ce serait important d'entendre le ministre de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie nous en parler ici, avec le
président du Conseil du trésor, pour que la commission soit bien
sûre qu'il n'y aura pas ce genre de problème qui va se dessiner
pour le moyen et le long terme.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
vous remercie. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants sur cette motion? Mme la
députée de Verchères, vous avez 10 minutes.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: Merci, M. le Président. Je viens d'entendre
mon collègue de Labelle et je suis très heureuse de voir sur quel
sujet il a fait porter son intervention d'une demi-heure. Là, ça
m'amène à vous parier des interrelations, justement...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): En
vertu de la règle de la pertinence, il ne peut y avoir qu'un sujet
à la motion.
Mme Dupuis: Oui, la motion. Puis, vous allez vite voir le
lien.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui,
je vous fais confiance.
Mme Dupuis: C'est de voir les interrelations qu'il peut y avoir
entre un ministère et l'autre ministère, tout comme,
tantôt, quand M. le ministre m'a dit que je réclamais une
université. Ce n'était pas là. C'était le lien,
l'inévitable lien que doivent avoir l'industrie et les
universités. Alors, je n'ai, à aucun moment, demandé qu'il
y ait une université en Montérégie. J'ai dit
Montréal... Ce n'est pas ça que j'ai dit du tout. Alors, je
tenais à rétablir ça.
Je dis qu'il y a quatre universités importantes à
Montréal et ce que je voulais m'assurer, c'était des
interrelations entre les universités, les industries et le secteur
industriel. Lorsqu'on parie de recherche fondamentale, puisque c'est le mot
qu'on utilise, recherche technologique, il ne faut pas mettre le mot
«recherche», si c'est simplement du développement, comme mon
collègue le disait tantôt. Quand on a vécu un peu dans les
universités, pour y avoir enseigné, fait une maîtrise ou un
doctorat, on sait pertinemment qu'il y a un problème grave au niveau des
fonds de recherche dans les universités. Comment peut-on penser faire un
lien étroit et efficace entre nos universités, nos industries et
nos centres de recherche industrielle? Tout de suite, on va se heurter à
des universités qui vont dire qu'elles n'ont peut-être pas les
fonds nécessaires, surtout si on essaie de les amener à faire de
la recherche adaptée à nos industries québécoises
qui sont des PME. Ce n'est pas évident qu'on n'aura pas des demandes des
universités, d'abord, pour les aider, eux, à développer ce
fonds de recherche. Je tenais à préciser ça, parce que
c'est tout à fait cohérent avec le lien qui doit se faire aussi
avec le ministre de l'Industrie et du Commerce et la ministre de l'Enseignement
supérieur. (23 h 40)
Sans savoir que mon collègue apportait cette motion-là,
tantôt, spontanément, lors de mon intervention du début,
les 20 minutes préliminaires, c'est le sujet qui me préoccupait,
moi. Puisqu'on parie de recherche, si on parie réellement de recherche
fondamentale, et qu'on ne dit pas simplement le mot, un mot vide de sens, on ne
peut pas ne pas penser université. C'est dans ce sens-là que mon
intervention a porté tantôt.
Quand on parie de coûts, maintenant. Je disais que 300 000 000 $
ce n'était pas beaucoup parce que, moi, j'ai divisé sur 5 ans.
Ça fait, si mon calcul est bon: 300 000 000 $ divisés par 5, 60
000 000 $ par an. Bon, 60 000 000 $ par an, M. le Président. Là,
ce qu'on regarde à la page 35, ici - ce n'est pas le projet de loi que
je regarde - et qu'on voit les objectifs: Les actions d'Innovatech du Grand
Montréal déborderont du cadre de la recherche et du
développement pour couvrir, entre autres - je ne mets pas ça en
doute, au contraire, je veux qu'on s'étende, bien sûr - les
projets, les activités de transfert technologique, la qualification
professionnelle des ressources humaines - donc, si on parle de recherche
fondamentale, forcément, on touche la qualification professionnelle - et
le renforcement des infrastructures publiques. Ça, ça me fait
peur un petit peu parce qu'au niveau des infrastructures, on ne va pas loin
avec 10 000 000 $. Je pense que tout le monde va en convenir.
C'est dans ce sens-là... Je ne nie pas l'effort que le
gouvernement a fait, et, que 300 000 000 $, ce n'est pas un bel effort. Mais,
c'est comme quelqu'un qui dit: Je fais un effort énorme, mon fils, je te
donne 3000 $ pour t'acheter une voiture. Il va dire: Papa, c'est bien beau
parce que tu n'as pas un gros salaire. Tu me donnes 3000 $, je
l'apprécie, mais, papa, je n'ai rien en bas de 20 000 $ qui a un peu
d'allure. C'est ça, là. Je trouve que la bouchée est
grosse. Si je regarde le programme et les objectifs que se sont fixé...
pour le redressement durable du plan stratégique du Grand
Montréal... Si mon collègue voulait intervenir à son tour,
peut-être que je pourrais finir mon exposé.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
Mme la députée, continuez votre exposé.
Mme Dupuis: Alors, si je vois les objectifs, ce que se sont
donné, et ce que les objectifs à atteindre pour le redressement
durable sur le plan stratégique du Grand Montréal, je trouve que
les rapports de ce qu'ils veulent faire avec les 60 000 000 $ par an, je trouve
qu'il en manque. C'est dans ce sens-là... Je ne vous dis pas que ce
n'est pas intéressant d'avoir 300 000 000 $, mais vous ne pourrez pas
tout faire ça, surtout quand on sait que les universités ont
déjà des problèmes au niveau de la recherche.
Quand on parle aussi de recherche appliquée, c'est le même
problème qu'on rencontre, par exemple, dans l'enseignement secondaire ou
au cégep. Lorsqu'on parle d'enseignement professionnel où on fait
de la recherche appliquée, on sait très bien que c'est beaucoup
plus dispendieux que simplement une recherche théorique. Tout le monde
en convient que les secteurs professionnels sont beaucoup plus dispendieux
parce que, bon... Il faut... Il y a des infrastructures, il y a des
équipements, si on veut vrai- ment les aider pour que ça
débloque, non pas sur un bel énoncé de principe, M. le
Président, mais sur des actions concrètes qui vont vraiment
amener une relance du développement à Montréal.
Quelques petits mots, parce que je n'ai que 10 minutes qui me sont
allouées. Au niveau de la grande région de Montréal, M. le
ministre a expliqué tantôt que c'est à partir des
statistiques du fédéral que 40 % des gens travaillent à
Montréal, au centre, sur l'île comme telle. Si 40 % de la
population en banlieue travaillent à Montréal, ils sont
considérés comme faisant partie de la région. Ça,
M. le ministre, j'ai eu l'occasion de le vérifier lorsqu'un de vos
collègues a décidé de mettre 30 $ sur les plaques
d'immatriculation. Ils ont pris le même principe, ce qui a fait que des
gens de ma région paient 50 $ parce qu'ils ont décidé que
50 % des gens - par exemple, de Beloeil ou de Saint-Hilaire, pour ne pas les
nommer - étaient des gens qui, pour une raison ou pour une autre,
avaient régulièrement affaire à Montréal, ou pour
travailler, ou pour...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): On
pourrait, en conclusion, parler de la motion, madame, s'il vous
plaît?
Mme Dupuis: Donc, c'est en vertu du même principe. Un petit
mot pour finir. Si c'est valable au niveau des plaques automobiles, je pense
que c'est valable aussi pour votre projet. Ça fait que, dans ce
sens-là, je ne vous conteste rien. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
vous remercie. M. le député de...
Mme Dupuis: Bien, M. le ministre devrait être content, je
l'approuve.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): S'il
vous plaît! M. le député de Gouin...
Mme Dupuis: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...sur la motion.
M. Boisclair: M. le Président, je ne prendrai pas...
M. Johnson: L'ex-futur porte-parole en la matière!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boisclair: Ah! Vous savez ce que c'est que
l'ancienneté, hein!
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Ah!
Ça.
M. Johnson: Pas encore.
M. Boisclair: Mais M. Tremblay m'a appelé pour me dire
qu'il sympathisait beaucoup.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boisclair: Alors, blague...
Mme Marois: II comprenait l'ancienneté, lui aussi?
M. André Boisclair
M. Boisclair: ...à part, M. le Président, je pense
que... Je n'utiliserai pas tout mon temps pour intervenir sur la motion, mais
j'essayerai de camper un certain nombre d'idées qui pourraient
certainement... et de principes aussi, qui pourraient nous guider dans
l'étude du projet de loi article par article. L'objectif est, bien
sûr, de demander au ministre du MIC de venir témoigner devant
cette commission pour nous faire part, un peu, de sa vision du fonctionnement
de cette future société. On a souligné, tout à
l'heure, le fait que... Le ministre l'a clairement dit, qu'il recherchait, bien
sûr, un souci d'efficacité et un souci de grande transparence,
mais surtout un souci de s'assurer que les ressources qui seront à la
disponibilité de cette nouvelle Société puissent
être utilisées de la façon la plus efficace et la plus
efficiente possible, et qu'elles puissent, bien sûr, servir aux fins pour
lesquelles ces crédits seront destinés, à savoir le
renforcement du processus d'innovation pour le Grand Montréal.
La question est de savoir, maintenant que ces orientations sont bien
campées, maintenant qu'on sait qu'il y a une structure avec le conseil
d'administration que l'on sait, avec un certain nombre de guides, de normes qui
sont précisées dans le projet de loi... La question est de savoir
qui va détenir l'expertise et de quelle façon cette expertise
sera transmise entre les différents partenaires.
Ma collègue de Hochelaga-Maisonneuve a déjà fait
valoir un certain nombre de préoccupations sur toute la structure
d'organisation du Grand Montréal. Elle soulignait, par exemple, la
multiplicité des structures. Le ministre nous a dit qu'il s'agissait
d'un tout bien incorporé, qui avait été longuement
pensé et longuement mûri, qui était même
expliqué dans le plan de relance. Je pourrais concevoir avec lui que
certains éléments de cette structure de concertation des
différents partenaires gouvernementaux sont, effectivement,
explicités dans le plan de relance. Cependant, il y a un certain nombre
de partenaires dont on fait peu mention dans le plan de relance. Le premier,
c'est le groupe de travail créé par le ministre des Affaires
municipales, dont on ne fait aucune mention dans le plan de relance, qui aura
une mission certainement intéressante, et qui devra sans doute cheminer
sur un certain nombre des idées qui sont présentées dans
le plan de relance du Grand Montréal.
Deuxième élément, je pense, dont le ministre n'a
pas fait mention, sans doute volontairement, c'est celui de l'expertise qui
sera maintenant détenue par cette nouvelle structure de
développement régional présentée par Picotte, par
le ministre Picotte. On sait qu'il y aura cinq...
Mme Marois: Par l'honorable ministre. M. Boisciair:
...conseils régionaux... Mme Marois: Par l'honorable
ministre. M. Johnson: Aie, Boisclair! Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boisclair: ...qui chevaucheront le territoire du Grand
Montréal. On aurait pu rajouter à ça les corporations de
développement économique et d'autres structures gouvernementales
qui interviennent sur le territoire. Un des partenaires qui détient une
bonne partie de l'expertise, c'est, bien sûr, le ministre de l'Industrie,
du Commerce et de la Technologie qui supervise toutes les orientations
gouvernementales en matière de recherche et de développement. On
a longuement parié du Fonds de développement technologique, mais
il faut aussi souligner avec beaucoup de pertinence que les officiers de ce
ministère détiennent, eux, l'expertise, détiennent les
connaissances pour pouvoir évaluer les différents projets de
genre recherche et développement. Je comprends très bien,
cependant, la préoccupation du ministre de présenter une
structure très souple dans son approche qui permettra l'utilisation de
ce qu'on pourra appeler - si vous me permettez cette expression anglaise - le
«fast track», qui permettra finalement aux entreprises de
répondre, par une structure assez souple, de répondre assez
rapidement à leurs besoins. C'était d'ailleurs un des
commentaires dont mon collègue, le député de Labelle,
faisait mention tout à l'heure, à l'occasion de notre rencontre
avec les représentants de la Chambre de commerce du Québec. On
nous soulignait ce grand problème... Lorsque vient le temps d'aborder
des demandes au Fonds de développement technologique, on nous soulignait
tout le problème de paperasse et de bureaucratie qui, souvent,
décourage bien des entrepreneurs à s'adresser au Fonds. (23 h
50)
Donc, le ministre, soucieux de cette préoccupation, décide
de présenter une structure bien souple. Cependant, on ne sait pas,
au-delà des compétences qui seront reconnues par les membres du
conseil d'administration... On sait très bien, le ministre nous l'a dit
tout à l'heure, que les membres du conseil d'administration seront
choisis pour leur expertise et non pas pour leur
expérience. Un jeu de mots intéressant, mais la nuance est
quand même là. Le ministre semble nous faire comprendre que
l'expertise utilisée, la matière première des
connaissances qui seront utilisées pour analyser les projets
dépendrait essentiellement des membres du conseil d'administration.
Cependant, c'est tourner les coins un peu vite, parce qu'il faut quand
même rappeler que ces membres du conseil d'administration, qui ne seront
pas là à temps plein, auront besoin de s'appuyer sur un certain
nombre de documents, sur un certain nombre de recommandations, sur un certain
nombre d'analyses. Nous ne croyons pas, à ce stade-ci, qu'il sera
opportun de redoubler toute la structure d'analyse qui existe, qui a su
s'établir, et qui a su faire ses preuves au fil des ans au
ministère de l'Industrie et du Commerce. Le ministre semble se
réjouir de mon propos, il en sourit même.
Mais, M. le Président, au niveau du fonctionnement, je pense que
cette question-là est pertinente et que la contribution du ministre de
l'Industrie et du Commerce pourrait certainement être utile, parce qu'il
faudrait certainement bénéficier des bons coups et corriger
là où il y a eu peut-être des erreurs de tir, pouvoir
bénéficier à la fois des bons coups et peut-être des
erreurs, pour s'assurer que la Société Innovatech que l'on veut
créer par le projet de loi que nous étudions, puisse
véritablement livrer la marchandise, comme nous le souhaitons. Alors, je
veux quand même être très clair. Nous souhaitons que la
Société Innovatech, dans le meilleur intérêt, je
pense, des Montréalais et des Montréalaises, ou du Grand
Montréal, puisse livrer la marchandise.
Maintenant, la question, l'étape qui suit, c'est dans quel genre
de conditions? Quelles conditions faut-il réunir pour que la
Société puisse livrer la marchandise et atteindre les objectifs
qu'elle s'est fixés? Donc, c'est pour ça, qu'à ce
stade-ci, nous croyons que la contribution du ministre de l'Industrie et du
Commerce pourrait être pertinente, pourrait jeter un éclairage
certainement nouveau. Et pour reprendre les propos du ministre, l'image...
qu'il fallait des propos certainement complémentaires sur lesquels les
membres de la commission pourraient s'appuyer, et ajouter aux propos tenus par
le parrain du projet de loi, président du Conseil du trésor et
responsable du comité ministériel permanent du
développement du Grand Montréal.
Donc, c'est ce qui nous amène, M. le Président, à
présenter cette motion. Je n'irai pas, je ne serai pas plus long. Je
pense que nous nous sommes fait comprendre clairement. Le souci est le suivant,
M. le Président, je terminerai là-dessus. Notre souci est de nous
assurer que l'on puisse maximiser les ressources qui sont déjà
existantes, maximiser la connaissance qui est détenue par
différents officiers du ministère qui, nombreux, se retrouvent au
ministère de l'Industrie et du Commerce. Donc, c'est ce souci
d'efficacité, un souci d'efficience. Nous voulons nous assurer que cette
nouvelle structure, créée par le projet de loi 28, pourra
bénéficier des connaissances qui ont été acquises,
au fil des ans, par les différents officiers du gouvernement du
Québec, et plus particulièrement ceux qui se retrouvent impliques
au ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie.
Donc, j'ai fait mon plaidoyer, M. le Président, je l'ai
enregistré. Mais, avant de terminer, vous me permettrez de vous annoncer
qu'il est de notre intention, immédiatement, de déposer une autre
motion. Je ne sais pas si, à ce stade-ci, nous devons d'abord voter.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): On
va d'abord disposer de la présente...
M. Boisclair: Disposer...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...puis, on déposera l'autre après.
M. Boisclair: Mais, je voudrais quand même vous dire que
mon intention est de déposer une motion pour ne pas qu'on procède
immédiatement à l'article 1.
Le Président (m.
bélanger, laval-des-rapides):
c'est ça. c'est que votre façon de procéder est
valable pour des sous-amendements. mais, pour une motion, on dispose d'une,
puis on dépose l'autre après. ça n'a pas d'importance dans
ce sens-là.
M. Boisclair: alors, c'est ça. j'espère qu'on
pourra y donner suite. ce ne serait pas compliqué. le ministre, je suis
convaincu, serait disposé à venir témoigner.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, si j'ai bien compris, vous vouiez qu'on dispose de la motion
maintenant. Alors, on appelle le vote.
M. Boisclair: Oui oui, il ne faut pas être... On ne veut
pas étendre...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Bien.
Mme Marois: ...inutilement...
M. Johnson: Vous pouvez exprimer autrement que par le vote ce
qu'on peut annoncer.
M. Léonard: Ah, vous avez le droit de parole, ça
c'est bien sûr.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: II y a un malentendu profond du côté de
l'Opposition sur le rôle d'Innovatech.
On semble dire - c'est essentiellement ça, l'argument -
qu'lnnovatech va être une Société qui va avoir une
politique de soutien de l'innovation technologique qui pourrait être
différente de celle du gouvernement. De toute évidence, on n'a
même pas lu le début du commencement de l'ombre de certains
articles qui s'y retrouvent pour constater... On aurait constaté - je
regrette, là - qu'il s'agit là d'une société qui,
essentiellement - je ne dis pas uniquement, mais essentiellement - soutiendra
financièrement des projets qui recevront l'aval du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science et du ministère de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, parce qu'ils sont
délégués auprès du conseil de la
Société, à la lumière de critères
d'admissibilité élaborés toujours en présence,
d'une part, de ces délégués des deux ministères
dont on veut que les titulaires viennent nous entretenir ici, approuvés
par le gouvernement, qui ne peut pas avoir deux politiques de
développement technologique, qui n'en a qu'une.
Alors, les craintes, à mon sens, sont totalement non
fondées. J'annonce évidemment, M. le Président, pour la
bonne marche de nos travaux, que je plaide pour le rejet de cette motion qui a
un caractère, à mon sens, dilatoire.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Bien, je vous remercie. Alors, j'appelle donc le vote nominal ou... Vote
nominal, O.K.
Alors, Bélanger (Laval-des-Rapides), contre.
Bordeleau (FAcadie)?
M. Bordeleau: Contre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mme
Dionne (Kamouraska-Témiscouata)?
Mme Dionne: Contre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
Lafrenière (Gatineau)?
M. Lafrenière: Contre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
Johnson (Vaudreuil-Soulanges)?
M. Johnson: Contre. Vaudreuil. Le comté de Vaudreuil, M.
le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Ah!
Excusez!
M. Johnson: Salaberry-Soulanges, c'est mon collègue Serge
Marcil.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Ah!
Excusez! Alors, vous aviez quand même juste un droit de vote.
M. Bélanger (Anjou)?
M. Bélanger (Anjou): Pour.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Pour.
Mme Marois (Taillon)?
Mme Marois: Pour.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
Boisclair (Gouin)?
M. Boisclair: Pour.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Et
M. Léonard (Labelle)?
M. Léonard: Pour.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, la motion est rejetée. Il y a des intervenants... J'appelle
donc...
M. Boisclair: maintenant, il y a la motion... m. le
président, je croyais que vous alliez ajourner, compte tenu de l'heure,
mais comme je...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): II
reste deux minutes pour gaspiller le temps.
Motion proposant d'entendre le Comité de
concertation économique de Montréal
M. Boisclair: ...immédiatement, peut-être, pour
qu'on puisse y réfléchir, puisque la nuit porte conseil. Je
voudrais déposer la motion suivante. «Il est proposé qu'en
vertu de l'article 244 de nos règles de procédure, la commission
permanente de l'économie et du travail tienne, avant d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi 28, Loi sur la
Société Innovatech du Grand Montréal, des consultations
particulières quant à tous les articles dudit projet de loi et
qu'à cette fin, elle entende le Comité de concertation
économique de Montréal (CUM, ville de Montréal,
Conférence des maires de banlieues, Chambre de commerce de
Montréal, FTQ, CSN).» Qui y sont membres, bien sûr!
J'explique, je ne dis pas qu'il faut entendre chacun des... La motion, de la
façon dont elle est libellée, c'est très clair. On demande
d'entendre le Comité de concertation économique de
Montréal.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, sur la recevabilité?
M. Boisclair: Oui. Bien, sur...
M. Léonard: Oui oui. Je vous comprends, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
J'aime mieux entendre la recevabilité pareil, ça évite
les erreurs.
M. Boisclair: ...la recevabilité, M. le Président.
Je crois que la coutume et la tradition ont depuis longtemps établi que
ce genre de motion est recevable. Je pourrais vous déposer une longue
liste de jurisprudence qui témoigne des faits que je vous
présente. Vous savez comme moi qu'il est coutume, pour l'Opposition
officielle, lorsque la situation le justifie, de déposer ce genre de
motion, afin de s'assurer que les membres d'une commission puissent
bénéficier du plus grand éclairage possible, afin de
s'assurer que le travail des législateurs est bien fait, et afin de
s'assurer, aussi, que la commission, bien sûr, s'acquitte de son mandat
de façon correcte et dans le respect de nos lois et règlements.
À cet égard, je pense que la coutume a établi que, dans le
respect des différents articles qui sont contenus dans notre
règlement, ce genre de motion est recevable. Elle précise tout
simplement que la commission désire, exprime le souhait d'entendre un
groupe qui pourrait apporter un éclairage nouveau sur le projet de
loi.
Mais, M. le Président, compte tenu de l'heure, je vous
demanderais de suspendre les travaux.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, à moins qu'il y ait avis contraire et consentement unanime,
la commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à minuit)