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(Quinze heures onze minutes)
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
demanderais à chacun de bien vouloir prendre sa place pour que nous
puissions procéder à l'étude détaillée du
projet de loi 35, c'est-à-dire Loi modifiant la Loi sur les accidents du
travail et les maladies professionnelles, la Loi sur la santé et la
sécurité du travail et la Loi sur l'assurance-maladie.
Alors, avant de débuter, Mme la secrétaire nous avons des
remplacements que vous me dites. M. Blais (Masson) sera remplacé par M.
Perron (Duplessis); M. Chevrette (Joliette) par Mme Carrier-Perreault
(Chutes-de-la-Chaudière); M. Léonard (Labelle) sera
remplacé par M. Bélanger (Anjou). C'est bien cela?
La Secrétaire: C'est cela.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui.
Est-ce qu'il y a d'autres changements, d'autres remplacements? Non. Ça
va. Alors, je vous remercie.
Nous étions rendus à l'article 5, l'article 4 ayant
été adopté. Alors, l'article 5 avait été
appelé, la présentation en avait été faite. Nous en
étions rendus là. Alors, M. le ministre.
M. Cherry: Alors, tel que convenu quand on s'est quittés
vendredi, j'ai indiqué à la commission parlementaire que des
discussions avaient lieu entre les parties, mes représentants bien
sûr et puis moi-même. Ces discussions se sont poursuivies, M. le
Président, au cours de la fin de semaine, et même durant la
journée d'hier, je pense, comme tout le monde sait.
Dépôt de l'ensemble des
amendements
Tel que convenu, je vais déposer en liasse l'ensemble des
amendements que je suis prêt à apporter au projet de loi 35,
projet de loi qui a été déposé à
l'Assemblée nationale, comme on le sait, le 14 mai dernier. M. le
Président, je fais juste une présentation sommaire de...
Par exemple, le travailleur victime d'une maladie professionnelle, alors
qu'il est âgé d'au moins 55 ans, ou celui qui est victime d'une
autre lésion professionnelle alors qu'il est âgé d'au moins
60 ans, qui accepte un emploi convenable, disponible chez son employeur pourra
récupérer sa pleine indemnité de remplacement de revenu si
son employeur met fin à cet emploi dans les deux ans suivant son
entrée en fonction.
On se souviendra qu'il y avait des préoccupations, qu'est-ce qui
arrive s'il le garde cinq, six semaines, puis donc...
Deuxièmement, un travailleur aura droit au remplacement d'une
orthèse ou prothèse endommagée involontairement lors d'un
événement imprévu et soudain attribuable à toute
cause survenant par le fait de son travail.
Troisièmement, le recours au comité spécial des
présidents pour l'examen des maladies professionnelles pulmonaires est
maintenu. En d'autres mots, c'est le retour au statu quo, c'est le maintien des
deux comités qui examinent ces questions.
La composition de la liste des médecins-experts que la Commission
pourra désigner sera soumise annuellement à l'approbation du
conseil d'administration de la CSST. La Commission de la santé et de la
sécurité du travail, suite au recours à l'expertise du
professionnel de la santé qu'elle désigne pourra soumettre le
dossier pour analyse au bureau d'évaluation médicale. Et, quand
je dis «pourra», ça peut aider à la
compréhension, pourra, c'est parce qu'il est possible que le
médecin-expert confirme la décision du médecin traitant.
Donc, ce n'est pas un automatisme, quand ça confirme on n'a pas besoin
de procéder.
Le bureau d'évaluation médicale devra rendre son avis dans
les 30 jours, et à défaut, la Commission de la santé et de
la sécurité du travail sera alors liée par l'expertise du
professionnel de la santé désigné.
Pour les litiges de 1000 $ et moins, le droit d'appel à la
Commission d'appel en matière de lésions professionnelles, sera
maintenu lorsque la contestation portera sur l'existence d'une lésion
professionnelle, ou sur le fait qu'une personne est un travailleur.
Et, l'enquête et l'audition seront maintenues à la
Commission d'appel en matière de lésions professionnelles, donc,
le statu quo à la CALP. De plus, bien sûr, à ces
amendements s'en ajoutent d'autres de concordance, il va de soi que lorsque
nous procéderons à l'étude détaillée du
projet de loi, je serai assisté du président-directeur
général M. Diamant, et de Me Louise Chayer, directrice des
Services juridiques qui pourront compléter mes explications. Donc, j'ai,
M. le Président, la liasse tel que convenu des amendements.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): On
va donc les distribuer avec votre autorisation. Oui.
M. Cherry: Ça va.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): S'il
vous plaît. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui. M. le Président, le ministre
après quatre jours après que nous en ayons fait la demande
vendredi dernier, plus précisément, dépose une
série d'amendements que nous n'avons pas eu, évidemment,
l'occasion de prendre connaissance, et amendements qui ont été
produits, évidemment, sans notre participation d'aucune façon.
Pas plus d'ailleurs que celle des membres de cette commission. Je pense pouvoir
le dire de façon générale.
J'aimerais, à la suite de ce dépôt, M. ie
Président, faire quelques remarques. Le procédé en fait du
gouvernement est cousu de fil blanc. Nous sommes convoqués, cet
après-midi, en commission parlementaire après qu'il y ait eu
vsridredi dernier une motion de clôture déposée au
feuilleton. Nous n'avons siégé ni vendredi soir, ni lundi matin,
ni lundi après-midi, ni lundi soir, non plus que ce matin, et il n'est
pas prévu qu'on siège non plus ce soir.
Alors, la convocation de cet après-midi, c'est pour sauver la
face du ministre. Le ministre nous a présenté comme ça
quelques amendements qui peuvent être importants et que je ne suis pas en
mesure d'évaluer. Il n'est pas vrai que je vais comme ça, sur la
foi de ce que vient de nous livrer le ministre, m'engager dans cette
espèce de piège à ours qui nous obligerait à
examiner à la vapeur les recommandations des amendements qui sont
proposés, et parce que tantôt les leaders vont être»
à nouveau en réunion pour décider combien d'heures ils
laissent à l'Opposition pour examiner de tels amendements.
C'est inacceptable et c'est tout à fait incorrect
vis-à-vis un fonctionnement démocratique de l'Assemblée
nationale. Vous comprendrez que n'ayant pas été associée,
mais d'aucune façon, à la préparation de ces amendements
et à cette démarche, une démarche d'ailleurs dont je
dénonce le manque de rigueur, l'improvisation, ie manque de
transparence, le manque de respect des principaux intervenants, que ce soit les
organisations, les associations ou les différentes organisations
syndicales. Le manque de respect à l'endroit de l'Assemblée
nationale de cette commission et de ses membres. ce n'est pas vrai que je vais
cautionner comme ça en examinant à la course le- amendements qui
sont actuellement sur la table 'a !e procédé de cet
après-midi frise l'odieux parce qu'il vise essentiellement et uniquement
à sauver la face du ministre et de son gouvernement parce qu'on
comprendra quelle était l'urgence d'imposer un bâillon alors que
le ministre n'avait même pas ses amendements prêts. voulez-vous me
le dire?
Et si vraiment ils avaient été prêts, nous aurions
pu, au cours des heures que j'ai indiquées tout à l'heure, une
quinzaine d'heures, examiner de façon plus attentive le projet de loi
sur la table de même que les amendements Nous avons offert - il faut le
rappeler à cette Chambre et à ceux qui se sont joints à
notre assem- blée - toute notre collaboration au ministre. Je le disais,
j'ouvre la parenthèse pour le dire, c'est la première fois que
comme Opposition j'offre une telle collaboration parce que j'étais
soucieuse de placer le débat dans une perspective qui nous aurait permis
à la fois de créer un climat et des conditions qui nous auraient
permis de modifier profondément la CSST dans certaines de ses
dispositions et dans l'administration de la CSST. (15 h 20)
Pour ça, nous avions posé deux conditions, qui ne nous
semblaient pas irréalistes, et qui auraient donné au ministre
l'occasion de se grandir un peu dans ce débat-là. On demandait
une consultation particulière et on demandait une étude dont le
rapport aurait pu - une étude ou une enquête administrative
actuarielle - être déposé seulement à l'automne. On
n'en faisait pas une condition sine qua non à l'adoption de ce projet de
loi. Sauf qu'il a refusé et l'un et l'autre. Et je dois dire, où
je me suis laissée un peu beaucoup piéger, c'est quand j'ai cru
un moment qu'il voulait faire des audiences particulières, des
consultations particulières, mais j'ai oublié trop rapidement que
la première réponse qu'il m'a faite à cette question en
Chambre, le 21 mai, c'a été une fin de non-recevoir. Il n'y en
aura pas de consultation. Aiors, quand ils nous ont entraînés dans
l'idée qu'il pourrait y en avoir, ils n'avaient jamais, mais jamais, eu
l'intention d'en tenir. Et le premier prétexte ça a
été de dire: Si vous nous mettez comme condition la CSST, si la
CSST est là, personne n'y sera.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
suis obligé de vous interrompre parce que...
Mme Blackburn: M. le Président, vous permettez, c'est
important. Ça n'est pas un petit projet de loi...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
comprends, Madame, mais je ne...
Mme Blackburn: ...et je fais appel à votre collaboration
habituelle...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
veux bien, Madame, mais il n'y a aucun article de règlement qui me
permet de vous laisser faire une intervention de cette nature.
M. Jolivet: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
dois appeler l'article 5.
M. Jolivet: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le député de Laviolette.
M. Jolivet: Vous êtes peut-être mieux de nous laisser
aller un petit peu, M. le Président, parce que vous allez avoir des
problèmes, là.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oh,
oh! Non, non.
M. Jolivet: Je vous le dis d'avance.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Surtout pas avec ce que vous venez de dire là. C'est clair,
ça vient de clore la discussion.
M. Jolivet: Dans ce contexte-là, M. le Président,
au moins nous laisser la chance, le ministre...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): La
personne qui va menacer ici, non.
M. Jolivet: ...vient de dire des choses. Et vient de nous
déposer des amendements. Il a beau dire que les amendements qu'il nous a
déposés, s'il y en a de concordance, je les ai lus rapidement,
quand on parle de supprimer des choses, je veux savoir pourquoi. C'est plus que
des concordances, ces choses-là.
Deuxièmement, M. le Président, quand le ministre dit: tel
que convenu, je ne sais pas à quelle place il a pris ces mots «tel
que convenu». Moi j'aurais dit: tel que demandé, mais pas convenu.
Parce que le ministre n'a jamais convenu la semaine passée, il a
refusé vendredi de nous les déposer pour qu'en fin de semaine on
ait la chance de les regarder. Alors, M. le Président, compte tenu des
circonstances, j'ai une motion à vous présenter qui est la
suivante.
Que la commission de l'économie et du travail actuellement en
discussion sur le projet de loi suspende pendant une heure, laissant au moins
la chance à l'Opposition d'aller voir ce qu'il y a dedans avant de
commencer l'étude article par article.
On ne me fera pas biaiser ici cet après-midi, moi.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, sur la motion.
M. Cherry: Pas de problème avec ça, moi. Voyons
donc, vous connaissez ma collaboration. Pas de problème.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, on se retrouve ici à 16 h 15.
M. Jolivet: M. le Président, le député de
Saint-Maurice n'était pas présent dans la journée de
vendredi, qu'il fasse attention à ce qu'il dit.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): S'il
vous plaît! C'est non recevable.
M. Jolivet: Non, pas vendredi, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): S'il
vous plaît! Nous nous retrouverons ici à 16 h 20,
fidèlement. Les travaux sont suspendus jusqu'à 16 heures 20.
(Suspension de la séance à 15 h 24)
(Reprise à 16 h 31)
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
demanderais à chacun de bien vouloir reprendre sa place, s'il vous
plaît. S'il vous plaît, à l'arrière. S'il vous
plaît. Alors, suite à cette suspension, nous en étions
théoriquement à l'article 5. Alors, M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Je vais attendre... O.K. M. le Président, vous
avez bien raison, c'est théoriquement. Nous vous avons demandé
une suspension d'une heure. Il me semble que dans la logique des choses, faire
nos premières réactions à l'ensemble de ces amendements
déposés en liasse, il me semble qu'il serait logique que ma
collègue puisse faire rapport de notre rencontre pour qu'on puisse
ensuite, compte tenu des amendements qui sont déposés, revenir
à l'article 2, puisque le premier amendement touche l'article 2 qui
avait été en suspens et l'article 3. Alors, M. le
Président, si vous nous permettiez, pour clarifier un peu la situation,
j'aimerais que ma collègue, la députée de Chicoutimi, qui
est le porte-parole pour nous, puisse faire rapport de nos premières
impressions, compte tenu du temps qui nous était imparti pour
l'étude de ces articles déposés comme amendements.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
dois demander le consentement, évidemment. Si j'ai le consentement.
Bien, alors, il y a consentement, Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, nous avons examiné,
évidemment, ces quelque 32 amendements. Il y a des amendements de
concordance et quelques amendements de fond. Assez rapidement, une heure
probablement, comme vous, l'autre côté, ce n'est pas suffisant
pour vraiment approfondir chacun des amendements, mais dans les principaux
amendements qui sont apportés, nous devons faire la constatation
suivante: c'est insuffisant. C'est insuffisant pour améliorer la loi
telle que nous le souhaitons, mais tel que le souhaitait la plupart des
parties. Et je pense que toute la question touchant la prévalence du
diagnostic du médecin traitant, les multiples
recours de la CSST. La CSST maintient la possibilité de recours
multiples et la modification apportée à la situation pour les 55
et 60 ans affectés d'une maladie professionnelle ou d'un accident et
considérés comme inaptes au travail ou
réintégrables, ça laisse des grands vides sur lesquels il
faudrait revoir certaines dispositions. l'intégration des travailleurs
accidentés de la construction, on n'a rien vu là-dedans. la
reconsidération administrative. plusieurs avaient évoqué
la nécessité d'examiner plus 30 jours que 90 jours. les brp, tous
les organismes qui ont fait valoir une opinion sur le projet de loi disaient:
le vrai problème, il est là. il y a plusieurs hypothèses
de travail avancées, aucune r.'z été retenue, alors que
l'effet net des différents amendements qui sont apportés ici,
n'aura pas comme effet d'alléger le système, de
déjudi-ciariser, mais probablement de l'engorger parce qu'on vient
d'ajouter des possibilités d'appel pour la csst, qui n'existaient pas
dans la loi précédente.
Par ailleurs, il y a une question - le ministre pourrait nous
répondre sans doute - qui ne semblait pas tout à fait claire:
Est-ce que les questions d'ordre médical pourraient être
allées en appel devant la CALP? Je n'ai pas bien... On a cherché,
mais rapidement, mais suffisamment pour être, là-dessus, tout
à fait au clair. Je pense que le projet de loi, pour être
convenable...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Vous
posiez la question à M. le ministre. Est-ce que vous attendiez une
réponse ou...?
Mme Blackburn: Je vais terminer.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Ah,
O.K.
Mme Blackburn: Ensuite, on va revenir avec les questions. Pour
être acceptable, je pense que ça demande un examen minutieux,
approfondi. Nous aurons aussi de nombreux amendements à apporter,
à proposer à ce projet de loi. Alors, voilà la position
qui est la nôtre. Ces amendements ne vont pas aussi loin qu'il aurait
fallu pour rendre la loi à peu près acceptable, loin de
là, il s'en faut. Ensuite, nous sommes prêts à y
travailler, mais de façon, évidemment, minutieuse et attentive,
soigneuse, professionnelle, responsable. Nous avons aussi l'intention de
soumettre un certain nombre d'amendements. Cela dit, nous serions prêts
à aborder l'examen du projet de loi article par article. L'article 2
avait été suspendu parce qu'il s'agissait d'un article de
concordance. Il y a une modification, un amendement qui est proposé.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, si je comprends bien, vous voulez qu'on revienne à l'article
2.
M. Jolivet: On devrait, oui. Mme Blackburn: Oui.
Étude détaillée (suite) Articles
en suspens
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Bien. Alors, donc, j'appelle l'article 2 qui avait été
suspendu lors de notre dernière rencontre, qui dit ceci:
L'article 43 de cette loi est modifié: 1° par le
remplacement, dans la première ligne, de «, 229 et 231» par
«et 229»; 2° par le remplacement, dans la deuxième
ligne, de «l'article 415» par «les articles 415 et
415.1». M. le ministre.
M. Cherry: M. le Président, suite à la façon
de travailler dont on a convenu la semaine dernière, on va d'abord
parler de c'est quoi, la situation actuelle, et ensuite le commentaire par
rapport à ça. C'est ce qui a été souhaité
pour faciliter la façon de fonctionner.
M. Jolivet: Mais avant, M. le Président, compte tenu que
le ministre a un amendement, il serait peut-être bon qu'il le
dépose maintenant de façon officielle, et là, qu'il parle
de l'amendement d'abord, parce que l'article 2...
M. Cherry: II n'est pas...
M. Jolivet: Oui, je le sais, mais parce que c'est un besoin
simplement d'inscription au Journal des débats...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Pour
la transcription au Journal des débats, effectivement, vous avez
raison, M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Le président l'a, mais il s'agit de le
lire.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui.
Alors, à l'article 2, l'amendement serait le suivant:
Remplacer l'article 2 par le suivant: 2° L'article 43 de cette loi
est modifié par le remplacement, dans la deuxième ligne, de
«l'article 415» par «les articles 415 et 415.1».
Alors, la première partie, qui disait «,229 et 231»
par «et 229» disparaîtrait, si je comprends bien.
M. Cherry: Donc, l'article 43 actuel dit: «Les articles 38,
208, 215, 219, 229 et 231, le troisième alinéa de l'article 280,
le quatrième alinéa de l'article 296 et l'article 415
s'appliquent malgré la Loi sur l'accès aux documents des
organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels (chapitre A-2.1).» Donc, ça,
c'est la situation actuelle.
Le commentaire, c'est qu'il s'agit d'une modification de concordance
avec l'article 46 du projet en ajoutant un article 415.1 à la Loi sur
les accidents du travail et les maladies professionnelles. C'est pour donner
à la Commission d'appel en matière de lésions
professionnelles, la CALP, un droit d'accès aux dossiers de la
Commission. Le but de la présente modification est de perpétuer
la situation prévue actuellement à l'article 415. Quant au
paragraphe 1° de l'article 2 du projet de loi 35 tel qu'imprimé, il
n'est plus nécessaire, vu le maintien du comité des
présidents prévu par l'article 231 - voir l'amendement 29.
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, l'article 2 est adopté tel qu'amendé. J'appelle
l'article... Est-ce qu'on voit l'article 3 aussi qui avait été
suspendu?
Mme Blackburn: Oui, oui. J'ai l'amendement. Il est disponible,
alors qu'il ne l'était pas vendredi.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): 3.
L'article 53 de cette loi est modifié: 1° par l'addition, à
la fin du premier alinéa, des mots «ou un emploi convenable
disponible chez son employeur.» 2° par l'addition, à la fin du
deuxième alinéa, de ce qui suit: «; s'il occupe un emploi
convenable chez son employeur ou refuse sans raison valable de l'occuper, il a
droit à une indemnité réduite du revenu net retenu qu'il
tire ou qu'il pourrait tirer de cet emploi convenable, déterminé
conformément à l'article 50.»
Il y avait un amendement là-dessus, M. le ministre. Alors, si
vous voulez nous présenter l'amendement et l'article tel
qu'amendé.
M. Jolivet: Qui le lit? C'est vous ou le ministre?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
peux le lire, pas de problème.
M. Jolivet: Oui, ce serait mieux.
M. Cherry: O.K. Merci. (16 h 40)
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): 3.
À l'article 3, remplacer le paragraphe 2° par le suivant: 2° par
l'addition, à la fin du deuxième alinéa de la phrase et de
l'alinéa suivant: «;s'il occupe un emploi convenable chez son
employeur ou refuse sans raison valable de l'occuper, il a droit à une
indemnité réduite du revenu net retenu qu'il tire ou qu'il
pourrait tirer de cet emploi convenable, déterminé
conformément à l'article 50.
Lorsque ce travailleur occupe un emploi convenable disponible chez son
employeur et que ce dernier met fin à cet emploi dans les deux ans
suivant la date où le travailleur a commencé à l'exercer,
celui-ci récupère son droit à l'indemnité de
remplacement du revenu prévue par l'article 45 et aux autres prestations
prévues par la présente loi.»
Alors, M. le ministre, si vous voulez expliquer un peu votre article tel
qu'amendé.
M. Cherry: Bon, on va commencer par c'est quoi l'article
actuellement, la situation actuelle et les modifications proposées,
juste pour qu'on marche en séquence. Ça va comme ça?
Une voix: Ça va, ça va.
M. Cherry: Je vérifie au cas... O.K.? Donc l'article
actuelle, 53: «Le travailleur victime d'une maladie professionnelle alors
qu'il est âgé d'au moins 55 ans ou celui qui est victime d'une
autre lésion professionnelle alors qu'il est âgé d'au moins
60 ans et qui subit, en raison de cette maladie ou de cette autre
lésion, une atteinte permanente à son intégrité
physique ou psychique qui le rend incapable d'exercer son emploi a droit
à l'indemnité de remplacement du revenu prévue par
l'article 45 tant qu'il n'occupe pas un nouvel emploi. Si ce travailleur occupe
un nouvel emploi, il a droit à l'indemnité prévue par
l'article 52.»
Commentaires sur la situation actuelle. En vertu de la loi actuelle, le
travailleur qui est victime d'une maladie professionnelle alors qu'il est
âgé d'au moins 55 ans ou d'une autre lésion professionnelle
alors qu'il est âgé d'au moins 60 ans bénéficie d'un
régime d'exception en ce qu'il n'est pas tenu d'exercer un emploi
même convenable qui lui est offert. Ainsi, si ce travailleur a droit
à une pleine indemnité de remplacement du revenu,
revalorisée annuellement jusqu'à 65 ans, même s'il est
capable d'exercer un emploi convenable. La règle générale
qui s'applique aux autres travailleurs non visés par l'article 53, veut
que leurs indemnités de remplacement du revenu soient réduites du
revenu net qu'ils peuvent tirer de l'emploi convenable, qu'ils deviennent
capables d'exercer, et c'est l'article 49 de la Loi sur les accidents de
travail et les maladies professionnelles. Cette réduction s'opère
dès qu'ils occupent l'emploi convenable ou refusent de l'occuper sans
raison valable, mais, au plus tard, un an après la date où ils
sont devenus capables d'exercer cet emploi convenable qu'ils l'occupent ou
non.
La modification proposée à l'article 53 a pour but
d'obliger le travailleur visé à cet article à exercer
l'emploi convenable qui lui est offert par son employeur, le cas
échéant. Il s'agit donc d'un moyen terme entre le statu quo et la
règle
générale applicable à l'ensemble des travailleurs,
55 ans par rapport aux autres. En effet, il ne suffit pas que le travailleur
visé à l'article 53 soit capable d'exercer un emploi convenable
pour que son indemnité de remplacement de revenu sort réduite,
mais il faut que cet emploi convenable soit disponible, et chez son employeur.
l'amendement proposé à la modification vise à
prévoir la situation où le travailleur qui occupe un emploi
convenable est mis à pied ou congédié par son employeur
dans les deux ans suivant la date où il a commencé à
l'exercer. dans ce cas, le travailleur récupère son droit
à l'indemnité de remplacement du revenu et aux autres
prestations. cette disposition favorise donc le retour au travail de ce
travailleur, rejoignant ainsi l'objectif fondamental du régime de
réparation des lésions professionnelles.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mme
la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je comprends. On fait obligation au travailleur de
réintégrer un emploi convenable chez son employeur à moins
qu'il n'ait des raisons valables. Ça suppose qu'on devra définir
«raisons valables» de refuser et «emploi convenable».
Mais est-ce que ça ne créera pas... Du moment où on ne
crée pas d'obligation à l'employeur, est-ce qu'il n'y aura pas le
risque de créer deux catégories d'employés selon
l'employeur: l'employeur qui va avoir tendance à envoyer ça sur
le bras de la CSST, je veux dire à ne pas réintégrer son
travailleur, parce qu'il pourra le justifier. Il invoquera le fait de ne pas
avoir d'emploi convenable disponible; l'autre qui le reprendra, quitte à
le remercier deux ans et un jour plus tard. Alors est-ce qu'on ne crée
pas, du moment où on ne fait obligation à l'employeur de
réintégrer le travailleur, est-ce qu'on ne crée pas deux
catégories d'employés selon l'attitude de l'employeur? Je ne vois
pas qu'il y ait de provisions susceptibles d'obliger l'employeur à
réintégrer le travailleur. Est-ce que ça existe? Est-ce
qu'il y en a?
M. Cherry: Pour bien saisir ce qu'on veut faire par ça,
vous me permettrez... D'abord, dans un premier temps, c'est un travailleur, non
seulement qui est capable physiquement de l'exécuter. Au départ,
O.K. Pourquoi on insiste: chez son employeur. On en a parlé aussi, mais
je pense que c'est important qu'on le reprenne. Chez son employeur, je pense
que c'est le meilleur endroit pour faciliter sa réinsertion au travail.
O.K.
Évidemment, les arguments qui sont souvent invoqués et qui
l'étaient même encore la semaine dernière, par les groupes
qu'on rencontre. Ils disaient: Qu'est-ce qui arrive si l'employeur le reprend,
mais s'en défait dans, je ne sais pas, on parlait la semaine
passée de trois, quatre semai- nes après. Il fait faillite. Il y
a des mises à pied. Il avait prévu un surplus d'ouvrage, il n'y
en a pas. Là, parce que le type aurait accepté un emploi
convenable, même s'il y a une différence de salaire et la
différence est comblée par la CSST. Ils disent: Qu'est-ce qui
arrive, quatre, cinq six semaines après s'il perdait son emploi? Donc,
ça, on a dit: II faut qu'il soit obligé de le garder à son
emploi pour deux ans. Et s'il arrive quelque chose en dedans de deux ans, ou
qu'il n'est plus capable de le faire, parce que c'est possible que de bonne
foi, il ait essayé, mais qu'il n'est pas capable, ou que des conditions
économiques de l'entreprise varient au point où il ne peut plus
le retenir à son service. Il reprend tous les bénéfices
qu'il avait avant les 90 % du net.
Mme Blackburn: Ce n'était pas ça ma question. J'ai
compris que le système avant vous avez tenté de le corriger par
les 24 mois. Mais ça risque d'empirer la situation. Un, parce que, du
moment où il n'y a pas d'obligation faite à l'employeur, vous
avez deux catégories de travailleurs accidentés, ceux que
l'employeur va intégrer et ceux que l'employeur n'intégrera pas,
parce qu'il n'a pas obligation de le faire. Ça, c'est la première
remarque. La deuxième, il y a toute la capacité de définir
leurs raisons valables ou non valables, emploi convenable ou non convenable. Et
ça, je sais que c'est la CSST qui normalement est appelée
à définir sur la base... J'imagine qu'il y a des appels et il y a
une décision qui est rendue et c'est la CSST... Alors, s'il y a une
obligation faite à l'employeur, s'il ne remplit pas cette obligation,
quelles sont les pénalités prévues?
M. Cherry: D'abord, dans un premier temps, vous avez raison quand
vous disiez que souvent c'est compliqué, il faut revenir à
ça. L'article 239 de la loi actuelle définit ce que c'est qu'un
emploi convenable.
Mme Blackburn: Je l'ai vu aussi, on nous fa donné la
semaine dernière.
M. Cherry: C'est quoi l'obligation? Le travailleur qui demeure
incapable d'exercer son emploi en raison de sa lésion professionnelle et
qui devient capable d'exercer un emploi convenable a droit d'occuper le premier
emploi convenable qui devient disponible dans un établissement de son
employeur.
Mme Blackburn: Ça va. On le savait fa semaine
dernière. Mais...
M. Cherry: II s'agit de soumettre ces travailleurs-là de
55 ans et plus à la règle générale. (16 h 50)
Mme Blackburn: À la règle générale.
Ça, ça
va. J'ai compris le système. Sauf que je dis: Comme on sait que
les employeurs actuellement ne sont pas très, très portés
sur la réassignation et l'emploi à fournir à
l'employé qui le souhaite, qui le désire et qui est prêt et
qui est capable et tout ça, on sait que la tendance n'est pas forte,
est-ce qu'il y a des obligations? et quand il y a obligation, il y a
pénalité. Est-ce qu'il y a des pénalités
prévues en cas de refus de l'employeur d'offrir un emploi
convenable?
M. Cherry: Bien sûr, quand vous parlez d'incitatif, en tout
cas, vous avez dit des pénalités, je reprends votre expression,
vous dites: II est sur le bras de la CSST. C'est ce que vous dites. Il faut se
rappeler...
Mme Blackburn: Qu'on appelle le fonds général.
M. Cherry: ...bras de la CSST qui est le fonds
général, ce à quoi vous référez, ça
vient quand même de l'ensemble des contributions des employeurs,
plutôt que d'être ce que vous dites: facturez-lui comme entreprise.
C'est ça votre question.
Mme Blackburn: C'est ça. À ce jour, ça ne
les a pas... Sur le fonds général, c'est facturé à
l'ensemble des entreprises. Évidemment, exception faite de la modulation
des cotisations. Mais, est-ce que parce qu'il n'y a pas de
pénalité autre que celle de voir leurs cotisations augmenter,
l'augmentation moyenne, est-ce que ça ne créera pas deux
catégories d'employés accidentés, c'est-à-dire la
catégorie de ceux qui vont être réintégrés,
et la catégorie de ceux qui ne le seront pas. D'autant, les 55 et les 60
ans pour une raison extrêmement évidente, parce qu'à cet
âge-là en parfaite santé, ils ne se trouvent pas un emploi.
Alors, allez donc leur mettre quelques handicaps et affaiblir leur
capacité de production, et nous faire croire que les entreprises vont
ouvrir les bras en les accueillant.
M. Cherry: Sur l'aspect d'ordre technique, M. Diamant pourrait
compléter ma réponse.
Mme Blackburn: Du moment où il n'en prend pas l'habitude,
pas de problème.
M. Diamant (Robert): L'article 239 que M. Cherry, M. le ministre
a cité tout à l'heure, je pense est explicite dans la mesure
où il crée une obligation à l'employé, mais
l'obligation concomitante aussi à l'employeur. Je pense qu'il faut lire
l'article jusqu'au bout, il faut comprendre que finalement l'employeur se voit
contraint d'exercer ou d'offrir un emploi convenable. C'est la limite,
finalement, qui est donnée dans le deuxième paragraphe qui dit
que le droit conféré par le premier alinéa s'exerce sous
réserve des règles relatives à l'ancienneté
prévue par la convention collective applicable au travailleur.
Il y a souvent des empêchements à ce que ce droit-là
s'exerce en raison même des conventions collectives qui sont chez
l'employeur. Mais, généralement, quand un emploi convenable
devient disponible, c'est le travailleur qui y a droit en premier lieu et
l'employeur doit lui offrir.
Mme Blackburn: on comprend bien que là on pénalise
l'employé qui refuserait sans raison valable, mais il n'y a pas
d'équivalent à l'endroit de l'employeur.
M. Diamant: L'incitatif de l'employeur, c'est un incitatif
financier au niveau de sa cotisation. Les deux premières
années...
Mme Blackburn: Pour ceux qui sont cotisés, qui ont une
cotisation modulée, une cotisation personnalisée.
M. Diamant: Les deux premières années, les
employeurs se voient imputer des coûts à tous ceux qui sont au
taux personnalisé et au régime rétrospectif. Et
après deux ans, ça va au fonds général.
Mme Blackburn: II y a combien d'employeurs au Québec, et
combien ont bénéficié d'un taux personnalisé ou ils
ont bénéficié... Oui.
M. Diamant: À peu près 200 000 employeurs au
Québec.
Mme Blackburn: Et combien y en a-t-il de ces 200 000 employeurs
qui ont un taux personnalisé?
M. Diamant: C'est important, même s'il n'y en a pas
beaucoup, ils représentent la majorité des masses salariales.
Donc, le chiffre exact, je ne l'ai pas ici. Il représente...
Mme Blackburn: Je voudrais qu'on me ventile ça. Je dois
dire que je demeure sceptique parce que tous les services sont
généralement, n'ont pas un taux personnalisé et c'est plus
des deux tiers des emplois au Québec dans le service.
M. Diamant: II y a certains services qui sont
autopersonnalisés.
Mme Blackburn: J'ai comme des petits problèmes avec votre
évaluation. Bien.
M. Diamant: II y a beaucoup d'employeurs dans les services
autopersonnalisés aussi.
Mme Blackburn: Donc, évidemment, la question reste
entière et complète. C'est-à-dire qu'il y a une
pénalité prévue pour l'employé, mais il n'y en a
pas vraiment de prévue pour
l'employeur. Et il y aura deux catégories d'employés selon
que l'employeur ait des habitudes et la capacité de
réintégrer son travailleur, et/ou qu'il ne l'a pas à cause
de la taille de l'entreprise, ainsi de suite.
Deuxième question. Qu'est-ce qui advient de notre travailleur? Il
a des limitations dues à une maladie professionnelle ou à un
accident parce que c'est de celui-là dont on parle. Il ne peut pas
occuper l'emploi qu'il avait toujours occupé. On le réaffecte. Le
bon employeur parce que j'estime que c'est un bon employeur, qui
l'intègre. Et 2 ans et 1 jour après, notre monsieur a 57 ans et 2
jours, ou 62 ans et 1 jour, là on ferme le poste parce qu'on a
réaffecté et là il est sans emploi. Il a 57 ans, il a 62
ans selon le cas, et à quelle place on va le mettre.
Là il se retrouve sans indemnité de remplacement du
revenu. Il est dehors. Il est au BS. Ce n'est pas son statut.
Une voix: Et il n'est même pas au PATA, ce n'est même
pas bon.
M. Cherry: O. K. Pour illustrer par un exemple là, O. K..
Un travailleur, avant son accident, gagnait 30 000 $ par année. Il se
serait vu, lors du retour au travail, confier un poste où il ne pourrait
l'occuper que 18 000 $ par année parce que, bon, l'emploi qu'on a
à lui offrir, c'est ça. et la csst comblerait la
différence, les autres 12 000 $. je reprends votre exemple.
Mme Blackburn: O. K.
M. Cherry: Deux ans, un jour, ou après, là. Bon.
Dans ce cas, il continuerait à recevoir les 12 000 $.
Mme Blackburn: O. K. Dans votre exemple, du moment où il a
12 000 $, ça veut dire qu'il n'a pas accès au revenu de la
Sécurité du revenu. Son revenu est déjà trop haut.
Donc, il devra vivre avec la différence. Si, par hypothèse - le
même exemple que vous - il avait un emploi de 30 000 $, on lui offre un
emploi qui en vaut 20 000 $, ça veut dire qu'il vivra avec les 10 000 $.
Juste à peu près l'équivalant de la Sécurité
du revenu. Parce que je pense bien qu'on peut tous comprendre ici facilement
qu'il est absolument impossible pour lui de se retrouver un emploi. Ça
me rappelait un monsieur, hier... Vous savez, il dit: En parfaite santé,
on n'a pas d'emploi au Québec. Avec un handicap, puis âgé
de 55 ou 60 ans, là, c'est vrai que c'est la Sécurité du
revenu.
Une voix: Puis c'est pas de sa faute, en plus.
Mme Blackburn: Puis il n'a aucun pouvoir là-dessus,
là, lui. Il veut travailler, il veut réintégrer. On le
congédie pour toutes sortes de raisons. Et là, il n'a plus de
responsabilités, il n'y a plus de possibilité pour lui de
réintégrer son travail et, en plus, il se retrouve avec juste la
différence entre ce qui était son revenu en entreprise et la
portion d'indemnité de remplacement du revenu. Il ne reprend que cette
portion selon, évidemment, l'emploi qu'il occupait, qui peut varier de
10 000 $ - ou de 12 000 $, selon votre exemple - à quelques milliers de
dollars. Et là, c'est le bien-être. C'est ça, les
perspectives d'avenir qu'on offre à ces personnes-là?
M. Cherry: Quand vous avez fait la comparaison avec... Vous avez
dit tantôt, il y a un monsieur que vous décriviez du même
âge, même chose, en pleine santé, sans aucune
difficulté, qui a déjà beaucoup de difficultés
à se placer. Plaçons-les tous les deux avec la même
entreprise. Tous les deux perdent le même emploi, le même matin,
pour la même raison...
Mme Blackburn: Oui.
M. Cherry:... avec un bon employeur.
Mme Blackburn: Oui.
M. Cherry: O. K. ? Tous les deux vont percevoir, selon les
bénéfices qu'ils se seront accumulés,
l'assurance-chômage pour la période visée. Après
ça, les deux qui ont 57 ans, il y en a un qui est au moins assuré
de 12 000 $ par année. L'autre a rien.
Une voix: Le PATA, lui?
Mme Blackburn. * Le premier est en santé puis l'autre
l'est pas. Ça ferait comme une différence, là, dans
l'avenir de quelqu'un.
M. Cherry: Mais j'ai voulu faire la comparaison par rapport aux
deux, là.
Mme Blackburn: Oui, mais il y en a un, vous me dites... C'est
quoi, la comparaison? Je vous le dis. Il y en a un qui est en santé puis
l'autre qui a été accidenté et qui a des limitations
fonctionnelles et qui ne peut pas, évidemment, aller se vendre comme
quelqu'un qui est en santé.
M. Cherry: Dans le but d'aider, là... Vous avez dit que
peut-être... Il me semble que j'ai compris que vous avez exprimé
des doutes par rapport à la définition de l'emploi
convenable.
Mme Blackburn: C'était pas là-dessus, là.
Oui, mais c'est-à-dire que...
M. Cherry: Non. C'est parce que la base est là quand
même. Ce n'est pas n'importe quel genre d'ouvrage qu'on va lui offrir,
là. (17 heures)
Mme Blackburn: M. le Président, c'était pas
là-dessus, ma question, là. Je pense que tantôt, on a un
peu vidé cette question. Je reste sceptique. La pratique me
démontre que, actuellement, là, c'est pas qu'il y a des abus
là-dedans, c'est que les employeurs ne font pas d'efforts pour les
réintégrer. C'est pas compliqué, là. Le
problème n'est pas du côté de l'employé,
actuellement, là, il n'est pas beaucoup du côté de
l'accidenté. À ce que je sais, le problème est beaucoup du
côté de l'employeur qui, souvent, ne modifie pas les postes de
travail, semble peu réceptif à l'idée d'intégrer un
travailleur accidenté. Arrêtons de faire peser le poids du
préjugé ou le fardeau de la preuve sur le travailleur.
Actuellement, là, ceux qui ne font vraiment pas preuve de beaucoup de
volonté de réintégrer les travailleurs accidentés,
ce sont les employeurs. Le président de la CSST me l'avait dit aussi.
Sauf que je ne vois rien pour régler ça là-dedans,
là. À ma connaissance, il n'y a pas grand-chose.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
Diamant.
M. Diamant: II n'y a pas de perte de droit, si la personne ne se
voit pas offrir un emploi convenable, elle maintient son indemnité. Il
ne faut...
Mme Blackburn: Je le sais.
M. Diamant: ...pas perdre ça de vue, là, c'est
important.
Mme Blackburn: Je sais.
M. Diamant: Ça, c'est le régime
général.
Mme Blackburn: Oui, mais... je le sais.
M. Diamant: Alors, l'incitatif est là, dans la mesure
où, si l'employeur n'offre pas d'emploi convenable, la personne
maintient son indemnité au complet.
Mme Blackburn: oui, et là, on est en train de dire que
celui qui va avoir le coeur, qui va avoir un employeur, qui va vouloir le
réintégrer...
M. Diamant: C'est ça.
Mme Blackburn: ...celui-là, après deux ans, lui, il
tombe dans le vide.
M. Diamant: C'est le régime général.
Mme Blackburn: Alors que le problème de
réintégrer, actuellement, c'est l'employeur qui ne fait pas
d'effort, qui ne veut pas. Vous le savez tous, un des grands problèmes,
actuellement, c'est l'employeur qui ne veut pas réintégrer, et
sur qui tape-t-on? On tape sur l'employé, on dit: toi, tu vas devoir
prendre un emploi quand il t'est offert, et en plus, après deux ans, tu
n'auras plus rien, si jamais l'employeur décide, là, que tu es
trop fatigué pour faire l'emploi qu'on t'avait offert. Là, vous
avez ce problème-là, et vous savez, c'est toute la philosophie du
projet de loi, elle est exactement la même, et dans toutes ses
dispositions, on charge l'employé, l'accidenté tout le temps,
tout le temps, tout le temps, alors qu'il n'y a rien dans cette loi-là
pour responsabiliser les employeurs et la CSST. C'est ça qui m'a
toujours dérangée, et ça, c'est tout à fait
l'exemple, là. L'employeur, il ne fait pas d'efforts pour
réintégrer son accidenté. Là, on en remet un petit
peu plus sur l'accidenté de 55 et 60 ans, mais on ne responsabilise pas
l'employeur. C'est quoi, la-Une voix: ...la logique.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, Madame, avant que M. le ministre réponde, juste une question
de procédure. Normalement, il y a un temps réparti, là,
pour l'étude de l'article...
Mme Blackburn: Question réponse.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...alors... bien, là, le règlement dit qu'il y a un temps
d'imparti. Est-ce qu'on a consentement pour qu'on déborde ce
temps-là, ou si on s'en tient à une gestion stricte du temps?
C'est juste ça que je veux savoir.
Mme Blackburn: Une question d'information.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Oui.
Mme Blackburn: Est-ce que ça comprend les réponses
du ministre, mon temps?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Non.
C'est vraiment juste...
Mme Blackburn: Alors, moi, je dois dire que je n'ai pas eu de
réponse à ma satisfaction...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
bien, je m'excuse, madame, parce que moi, je n'ai pas de réponse
encore, et j'en ai besoin. ha, ha, ha!
Mme Blackburn: ...et j'aurai termine-
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, est-ce que j'ai consentement pour qu'on déborde le temps, ou
si on s'en tient aux limites de temps prévues?
Une voix: Qu'on déborde donc.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Consentement...
Mme Blackburn: Bon...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...alors, on ne tiendra pas compte du temps. O.K.
Mme Blackburn: ...je vais avoir terminé là-dessus,
moi...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Oui.
Mme Blackburn: ...parce que je pense que la question et le
problème restent entiers. Il y a quelques employeurs qui vont
réintégrer leurs travailleurs de 55 et 60 ans. Il y en aura
combien, je l'ignore; sans doute moins que pour les travailleurs de moins de 55
ans, qui ont des chances d'être un peu plus productifs. La
capacité de production, là, surtout que c'est beaucoup du travail
physique dont on parle, là, ça n'augmente pas avec l'âge,
ça. Alors, le vrai problème, on ne l'aura pas résolu, sauf
qu'on fait porter le fardeau de la preuve et les inconvénients sur le
dos du travailleur accidenté, sans avoir pris de dispositions claires,
précises pour obliger les travailleurs à être
réintégrés. C'est ça, le problème. Pour moi,
ça reste entier, et c'est une situation, une solution qui n'en est pas
une, parce qu'on va créer deux catégories de travailleurs
accidentés, selon la pratique de l'entreprise. Alors, encore une fois,
c'est toute la philosophie du projet de loi qui charge les accidentés,
qui ne responsabilise pas les employeurs, et qui ne responsabilise pas non plus
la CSST, je l'ai dit, on pourra y revenir. Moi, j'ai terminé
là-dessus, je sais que mes collègues ont des...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le député de Laviolette...
Mme Blackburn: ...commentaires, des questions.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...vous aviez levé la main...
M. Jolivet: Oui, mais est-ce qu'il y a alternance avant? Je
voudrais le savoir.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui,
c'est parce que je n'avais pas d'intervenant de ce côté-là.
Alors...
M. Jolivet: Parfait. Pendant que ma collègue parlait, M.
le Président... Je vais attendre que mon son revienne.
Une voix: Tu n'en as pas besoin.
M. Jolivet: Ah! le voilà. Ah! non, je sais que je n'en ai
pas besoin, mais...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mais
ne le provoquez pas, ça va bien quand il... Ha, ha, ha!
M. Jolivet: M. le Président, pendant que ma
collègue parlait, elle parlait de deux catégories. J'ai
imaginé une possibilité d'une troisième catégorie.
Je m'excuse, mais il y a la catégorie de celui qui revient au travail
à l'intérieur du deux ans, parce qu'elle dit: il y a quelqu'un
qui n'a pas de travail convenable de donné, ça, c'est une
catégorie; il y a celui qui revient durant deux ans et un jour, qui se
voit «scrapé», si vous me permettez l'expression; mais il y
a aussi celui qui est entre les deux, qui fait moins de deux ans, mais qui n'a
pas d'emploi et qui revient à son indemnité de départ. Je
dois dire que ce que j'essaie de regarder dans ce qui est devant nous, c'est
par rapport à la loi actuelle, par rapport à la proposition qui
était faite dans le projet de loi et dans l'amendement qu'on apporte. Le
ministre dit: on clarifie, dans le sens où on disait, est-ce 60 jours,
est-ce 6 mois, est-ce 1 an, on dit 2 ans. Ma collègue a bien fait saisir
que deux ans et une minute. Si, après deux ans et une minute, il est
congédié, il perd tout. Dans mon esprit à moi, ça,
c'est pire que la loi actuelle. Je peux me tromper. Dans le cas de la loi
actuelle, une personne qui n'était pas satisfaite de l'emploi
convenable, qui n'avait aucune raison de le refuser et qui l'avait
refusé pour toutes sortes de raisons, peu importe, elle avait quand
même des droits d'appel. Elle avait des droits qui lui permettaient
d'aller récupérer de l'argent, si on considérait que
l'employeur ne faisait pas tous les efforts.
L'exemple que je vous donne, c'est sûr que c'est un plus jeune,
mais ça existait aussi à d'autres niveaux, des personnes plus
âgées. J'ai des gens, moi, où la compagnie refusait et
c'est moi qui suis intervenu, même si mon devoir ne m'y obligeait pas,
même si la loi ne me permettait pas d'intervenir, dans le sens de dire:
Tu es oblige d'intervenir. Je l'ai fait parce que je trouvais inconvenable que
des conflits de personnalité entre le contremaître et l'individu
faisaient en sorte que le gars était encore sur les accidents de
travail, comme on l'appelait, ou encore sur les assurances de la compagnie -
parce que c'est une assurance-salaire de compagnie qu'on payait. Alors, dans
des cas de 55 ans et de 60 ans, ça existe, en voulant dire:
Écoute, là, va-t-en donc, va-t-en donc, laisse donc la place
à d'autres, et trouvons tous les moyens de s'en défaire.
Si la définition inscrite dans la loi, disant deux ans - on
l'inscrit, pour le cas qui est là, deux ans - ça veut dire qu'on
vient d'empêcher tout appel le lendemain des deux ans, c'est bien plus
clair. Ça va faire en sorte qu'il n'y a pas
grand monde qui va aller devant le juge parce que la clarté de
l'exposé de l'amendement proposé nous indiquera donc quel est le
jeu de l'employeur. C'est lui donner de l'ouvrage pendant deux ans et,
après deux ans, le mettre dehors: Et débrouille-toi avec ton
trouble, tu n'es plus de mes responsabilités. Et la Commission de la
santé et de la sécurité du travail, ce n'est plus ma
responsabilité. Et le fonds d'indemnisation générale,
ça n'existe plus pour lui. C'est fini. Lui, sa vie est terminée,
c'est «just too bad», c'est fini, d'autant plus que la
définition du mot «convenable» est ici dans le même
sens que le régime de rentes du Québec. J'ai eu à
négocier sur la question de tout l'ensemble des fonds de pension et je
peux vous dire que, quand on arrivait avec quelqu'un qui parlait de la
définition du droit à l'invalidité en vertu du
régime de rentes du Québec et que la compagnie
complémentaire qui s'appelait Services de santé du Québec,
la SSQ, la Mutuelle SSQ, elle aussi disait: Moi, mon interprétation de
l'invalidité, c'est la même que le régime de rentes du
Québec, ça veut dire quoi? Regardez-le, ça veut dire:
Être incapable de remplir toute tâche rémunératrice,
tout emploi rémunérateur. Ça veut dire que l'emploi
convenable d'une personne, au pire, ça pourrait aller jusqu'à
dire: C'est bien de valeur, ta job à toi, c'était de la
maintenance, mais là, on va te donner une autre sorte d'emploi qui va
t'amener dans une épicerie - admettons - à être à un
autre niveau, debout. Et l'emploi pourrait être non convenable pour la
personne, parce qu'elle ne peut pas tenir debout pendant plus de temps. J'ai
des cas comme ça, de jeunes. Il n'y a rien qui ne garantirait pas qu'il
n'y a pas des cas de personnes plus âgées, comme ça.
Alors, moi, je sais bien qu'on essaie de délimiter la question de
l'emploi convenable, quitte même à ce que quelqu'un en appelle de
la décision qui est là. Mais il reste quand même, M. le
Président, qu'on vient, dans le projet de loi qui est là, si on
acceptait l'amendement tel que proposé, donner à l'employeur
l'assurance qu'il a juste à «toffer» deux ans, et au bout de
deux ans, l'individu est dehors.
Est-ce que, pour nous, c'est quelque chose qu'on doit voter? Moi, je
dis: Non, c'est pas de même qu'on va régler le cas des personnes
de 55 ans et de 60 ans, dû à une maladie professionnelle ou
à une lésion professionnelle. Jamais de la vie! Et combien de vos
amis, de vos connaissances vous avez dans votre esprit, au moment où je
vous parle, qui sont des gens qui sont attaqués du coeur, vous autres,
qui ne sont pas capables de rien faire? Ces gens-là, on va les faire
«toffer» pendant deux ans et, au bout de deux ans, on va dire:
«Out», et on va les mettre dans un emploi qu'on va juger convenable
en vertu de la définition de l'article 239? C'est quoi, ça? Moi,
j'en ai des gens qui à 38 ans ont eu une crise de coeur et, en vertu des
conven- tions collectives, ils ont été au moins assurés
pendant deux ans, le temps de toutes sortes de possibilités pour arriver
finalement à faire quoi? Ils ont joué le jeu comme tout le monde.
Ils ont joué le jeu comme tout le monde.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Vous
m'excuserez, M. le député de Labelle, il y a un vote - excusez,
de Laviolette.
M. Jolivet: aie! là, on m'appelle le député
de joliette, chevrette, jolivet. je lisais les choses, c'est tout
mêlé. moi, c'est jolivet, c'est laviolette.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
m'excuse, mais si ça vous insulte que je... Ha, ha, ha!, le
député de...
M. Jolivet: Ça ne m'insulte pas, au contraire, j'aime bien
mon collègue de Labelle.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
o.k. alors, il y a un vote. s'il vous plaît, on va suspendre pendant
cette période du vote.
(Suspension de la séance à 17 h 5)
(Reprise à 17 h 26)
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Pour
continuer nos travaux, nous en étions avec M. le député de
Laviolette, Parent, Clova, La Tuque, enfin, tout le coin et non pas
Joliette.
M. Jolivet: Mais pas Saint-Tite-des-Caps,
Saint-Tite-de-Champlain, Saint-Jean-des-Piles, grandes petites piles. Mais ceci
étant dit, M. le Président, on en était à une
question qu'il est quand même intéressant de bien examiner et
j'aimerais que le ministre me réponde à la question que je lui
posais: Est-ce que la loi actuelle, par rapport à ce qu'il nous
amène comme amendement, n'est pas, dans le fond, meilleure pour les
individus qui pourraient faire valoir des points de vue autres que ceux de
dire, au bout de deux ans: C'est fini. Et je parlais à ce
moment-là de ce qu'on connaît dans d'autres expériences,
qu'on connaît auprès d'amis, de parents, qui ont vécu des
moments difficiles dans leur vie. Alors, à partir de ça,
j'aimerais savoir, de la part du ministre si finalement, l'amendement qu'il
nous apporte ici n'est pas un des moyens de permettre à l'employeur et
à la CSST de mettre hors circuit des gens qui actuellement, ont quand
même un pouvoir d'appel et qui le perdront par cet
amendement-là.
M. Cherry: Je pense, M. le Président, que notre
collègue de Laviolette... Il est important de
revenir à la définition de l'emploi convenable. On l'a
dit, mais c'est parce que tout se base là-dessus, c'est l'emploi
convenable. Pourquoi on ajoute chez son employeur. On reconnaît que s'il
a une chance d'être réintégré, là, chez son
employeur, c'est beaucoup plus facile que n'importe lequel. Chez son employeur,
c'est son milieu de travail, il connaît les gens, en insistant sur son
employeur. Ce n'est pas ça, dans le moment. Quelqu'un pourrait vous
offrir un emploi à 100 milles de chez vous, qui serait convenable par
rapport à l'emploi exercé, mais ce qu'on vous impose pour
l'occuper. Donc, en insistant chez son employeur. (17 h 30)
Dans un deuxième temps, II est important de dire aussi que chez
son employeur, un emploi convenable peut, dans de nombreux cas, avoir
l'obligation, pour l'employeur, de faire une adaptation du poste de travail
pour pouvoir vous en offrir un qui vous est convenable avec votre
difficulté. Ça peut impliquer des modifications du poste de
travail, investir des sommes d'argent, changer des choses, si c'est un emploi
convenable aussi, il faut le dire. Et tu ne fais pas tout ça pour deux
ans et un jour, tu le fiches dehors, je veux dire. Il ne faut pas prendre
l'exemple extrême. Parce que si on prend l'exemple extrême, il faut
dire que deux ans moins un jour, si tu étais flanqué dehors, tu
perdais ton emploi, à ce moment-là, tu gardes tous, tous, tous
tes bénéfices.
Donc, je pense qu'il faut quand même revenir à c'est quoi,
la notion d'un emploi convenable. C'est un emploi approprié, chez son
employeur, qui peut, comme je viens de le dire, nécessiter des
coûts d'adaptation du poste, des modifications du poste. Et vu que
ça a été mentionné par d'autres puis je peux le
dire, aussi, dans les rencontres, il y a des gens qui nous ont soumis des
débats à savoir que tel type d'employeur, par exemple, ne fait
pas beaucoup d'efforts pour intégrer, reprendre à leur service.
Et je dois vous dire que, et je le dis en toute quiétude et en bonne
conscience, parce que je l'ai dit aux intéressés, souvent la
rigidité des conventions collectives est un empêchement, souvent,
parce que peut-être que le poste que vous occupiez dans votre entreprise,
celui-là vous ne pouvez plus vous, mais un autre poste dans la
même entreprise ailleurs. Ça voudrait dire que vous revenez dans
un autre département, dans une autre section de l'usine, peut-être
sur un autre quart de travail et souvent les conventions peuvent être,
dans certains cas, et je dis dans certains cas, un obstacle à la
réintégration.
Je n'ai pas mis dans la loi que la loi a préséance sur
tout ça, mais je rappelle que ça peut être aussi. C'est
pour ça que je me répète, mais il me semble que c'est
fondamental, l'insistance que ce soit chez son employeur. C'est là qu'il
a le plus de chance, s'il a une chance d'avoir une job qui va lui être
offerte, c'est bien plus chez son employeur que n'importe où ailleurs.
C'est pour ça qu'il faut tenir compte du contexte, un de l'emploi
convenable, de ce que ça peut exiger pour que l'emploi puisse être
jugé convenable. Il ne s'agit pas de dire: Au lieu de faire cette
job-là, tu va faire cette job-là demain matin. Pour adapter ce
poste de travail là au handicap que vous avez, ça peut
nécessiter des investissements, une modification, un changement de
méthode de travail pour vous en offrir un emploi.
Mais il y a de fortes chances, je pense qu'on peut reconnaître
qu'il y a de fortes chances, quand on s'adresse à des travailleurs de 55
ans et plus que la relation d'employeur-employé existe depuis, je pense
règle générale, plus longtemps, et il doit y avoir une
espèce de lien, là, de vouloir trouver quelque chose pour lui.
Alors, c'est dans ce sens-là, il faut se le dire, la pratique, le
vécu, là, c'est souvent ça aussi. Si on pense qu'il va
avoir une chance de se trouver un emploi chez un autre employeur, ça
vous avez raison, même quand on est tout en bonne condition, c'est
déjà très difficile. Si on veut mettre plus de chances du
bord de cet accidenté-là de revenir, et lui c'est ça qu'il
souhaite, il faut insister que c'est un emploi convenable chez son employeur.
Et là je ne suis pas en train de dire qu'avec ça ça va
faire que tout les gens de 55 ans et plus vont tous se voir offrir des emplois,
et s'il n'en ont pas d'offert ils vont continuer à maintenir les
bénéfices qu'ils ont dans le moment.
M. Jolivet: Là le ministre, M. le Président, prend
son vieux réflexe de représentant syndical, mais il devrait aussi
prendre son vieux réflexe de très fond syndical, parce qu'il sait
très bien que quand il était là, il trouvait que le monde
n'était pas suffisamment syndiqué. Et en conséquence,
regardons la proportion de ceux qui le sont par convention et de ceux qui ne le
sont pas. Et vous avez raison, quand une convention collective prévoit
telle ou telle chose, et là je vais prendre un exemple de l'usine de
papier à La Tuque, vous avez un local de telle sorte de métier
par rapport à un local de tel autre métier, et le lien entre les
deux est très difficile, de telle sorte que finalement l'employeur ne
peut pas nécessairement trouver un emploi qui soit jugé
convenable.
Mais, moi je ne sais pas, mais la petite fille chez Steinberg, rendue
à un moment donné à l'âge de 55 ans pour une sorte
de maladie ou de lésion professionnelle qu'elle a pu avoir, je ne sais
pas si demain matin on est capable de lui trouver un emploi convenable à
l'intérieur de la bâtisse. Vous dites à ce
moment-là, bien tant mieux parce qu'elle va continuer à percevoir
l'argent qu'elle reçoit, les bénéfices qu'elle
reçoit actuellement. Mais quelqu'un qui veut adapter un milieu de
travail comme celui-là et dire à l'individu: Tu vas le prendre
cet emploi-là
parce que moi je le juge convenable, il y a les délimitations
prévues par la loi, et l'autre dit: Non, je ne suis pas capable, je ne
veux pas le prendre. À ce moment-là ce qu'il va s'agir de
déterminer c'est: est-ce qu'elle a une raison valable de le refuser,
parce que l'employeur doit lui en présenter un, et elle, elle dort
accepter ou refuser. Et si elle refuse, il faut qu'elle ait une raison valable
de refuser.
Moi, je vais vous donner un exemple d'une personne qui est dans
l'enseignement, qui a une incapacité due à une crise de coeur, et
qui est rendue à 55 ans, et demain matin, au niveau de son emploi on lui
dit: Tu vas continuer à enseigner en éducation physique, c'est
l'emploi que tu es capable d'occuper, ça, c'est le diplôme pour
ça. Et là il dit: Je ne peux pas, je ne suis pas capable de faire
ça, si je fais ça je te tombe dans les mains demain matin. Tu vas
faire quoi? On en a des cas comme ceux-là. Et dans ce
contexte-là, la personne est-ce qu'elle sera jugée valable comme
raison ou qu'elle ne sera pas jugée valable comme raison cette
décision-là? Est-ce qu'elle va être coupée si elle
ne le fait pas, si elle ne prend pas l'emploi? Parce que si elle le prenait le
lendemain matin, et dans un exercice physique auprès des
étudiants, elle crevait devant les étudiants, vous allez faire
quoi? C'est des cas, ça existe, ça.
Mme Blackburn: Du monde, ça.
M. Jolivet: C'est même conventionné, ça, en
plus, imaginez-vous, parce qu'en plus, eux autres, ils ont droit à deux
ans de salaire complet, à 85 % et à 60 %, oui, c'est ça,
80 % et 60 %, dépendant du temps où ils ont l'acceptation de
l'assurance-salaire. Mais je vous dis, le fait de mettre deux ans m'interpelle
davantage parce que là, ça va donner une balise à
l'employeur de dire: À partir de ça, si tu vas en procès,
tu es sûr de gagner parce que la loi, c'est ça qu'elle dit. C'est
ça qui m'inquiète. Je pourrais aller plus loin, argumenter
davantage, je veux juste faire valoir au ministre cette
argumentation-là. On aura à voter cette
décision-là, mais je vous dis d'avance que moi, je ne suis pas
d'accord.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mme
la députée de Chicoutimi.
Mme Dupuis: C'est pour faire suite, M. le Président...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Excusez, Mme la députée de Verchè-res.
Mme Dupuis: Oui, ça va aller. Suite à une question
de mon collègue, le député de Laviolet-te. Si,
effectivement, il n'y a pas d'entente et on n'arrive pas à
reconnaître, des deux côtés, le mot «convenable»
au niveau de l'emploi, est-ce que l'accidenté a un recours? Qui va
trancher?
M. Cherry: Dans un premier temps, il faut se souvenir que c'est
d'abord un médecin qui établit la capacité de l'individu,
dans un premier temps. À partir de ce que l'accidenté est capable
de faire, c'est là qu'il faut tenter de définir c'est quoi
l'emploi...
Mme Dupuis: c'est ça. .
M. Cherry: ...convenable qui lui est offert.
Mme Dupuis: Voilà!
M. Cherry: O.K. Là, votre question, .vous dites: S'il y
a...
Mme Dupuis: Litige.
M. Cherry: ...un litige, il prétend, lui, que ce n'est pas
convenable pour lui, vous posez la question: Est-ce qu'il peut en appeler?
C'est bien ça? La réponse, c'est oui.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mme
la députée de Chicoutimi. Ah! Excusez, madame, vous aviez une
autre question.
Mme Dupuis: J'avais une autre question. M. le ministre a
très bien expliqué quand on dit «chez son employeur».
Cependant, moi, je mets la situation inverse. Pour une raison ou pour une
autre, l'employeur ne peut pas; le travailleur accidenté a un handicap
connu, reconnu, mais il se trouve un travail ailleurs. Est-ce qu'il perd tous
ses droits? Toujours avec son handicap, il ne peut plus faire tel genre de
travail. Par exemple, je ne sais pas, moi, il est conducteur de camion lourd;
il ne peut plus, mais il peut peut-être être livreur. Il gagne
moins cher.
M. Jolivet: Livreur de pizza.
Mme Dupuis: le fait que c'est marqué «son
employeur», est-ce que c'est exclusif pour les autres, un autre travail
qu'il se trouverait ailleurs?
M. Cherry: Le régime général prévoit
- là, vous n'avez pas fait la distinction, je ne vous le reproche pas,
c'est pour tenter de comprendre. Là, vous avez dit: Ce n'est pas chez
son employeur, mais chez un autre employeur. L'emploi qu'il a eu, est-ce qu'il
est convenable ou pas? Vous ne l'avez pas défini, ça non
plus.
Mme Dupuis: C'est ça. Mais supposons qu'il n'y en a pas
chez son employeur...
M. Cherry: O.K.
Mme Dupuis: ...comme vous dites, mais qu'il
se trouve...
M. Cherry: Il se trouve un autre employeur.
Mme Dupuis:... un autre emploi ailleurs, parce qui est incapable
de rester chez lui et il veut travailler. Bon! C'est un travalleur dans le vrai
sens du mot, I veut travailler.
M. Cherry: (Is veulent tous. M. Jolivet: On
l'espère.
Mme Dupuis: Cest ce qu'on demande et c'est ça, mes
craintes, là. J'ai peur qu'il ne soit pas capable de
réintégrer. Ce n'est pas évident qu'il va
réintégrer et à quelque chose de convenable, c'est loin
d'être évident Mais ma question était dans le sens de: S'iI
va ailleurs...
M. Jolivet: Qu'est-ce qui se passe?
Mme Dupuis:... qu'est-ce qui se passe? C'est des questions qui
vont nous être posées dans nos comtés...
M. Cherry: Bien sur.
Mme Dupuis:... c'est des questions qu'on vit dans nos cas de
comté.
M. Cherry: Donc, c'est le nouvel emploi, l'article 52:
Malgré les articles 46 à 48 et le deuxième alinéa
de l'article 49, si un travaSIeur occupe un nouvel emploi, son indemnité
de remplacement de revenu est réduite du revenu net retenu qu'il tire de
son nouvel emploi.
Là, vous dites: S'il perd cet emploi-là? Il revient
à ce qu'il avait avant.
M. Jolivet: Même après deux ans. M. Cherry:
C'est défini...
Mme Dupuis: Même après deux ans. Il traîne
toujours son handicap, 8 ne peut jamais...
M. Cherry: Ah! Bien sûr! Non, on convient... (17 h 40)
Mme Dupuis: D'accord? On s'entend, là. Donc, 8 va
continuer à avoir la différence de la CSST, même
après deux ans.
M. Diamant: Lorsqu'il occupe un nouvel emploi, un emploi
quelconque. L'article dit que: on doit réduire son indemnité de
remplacement du revenu des gains qui fait, ce qui est normal.
Mme Dupuis: Voilà! Ça, c'est normal.
M. Diamant: Quand il perd cet emploi-là, il quitte cet
emploi-là, il conserve tous ses droits. À ce moment-là, il
sera indemnisé totalement. Il n'y a pas de délai. Ça,
c'est le régime général qui est fait comme ça.
Mme Dupuis: Ça veut dire qu'il est indemnisé
totalement que s'il trouve un autre emploi à sa capacité ou pour
la capacité qu'il lui reste, ça c'est en surplus.
M. Diamant: II ne faut pas mêler deux choses. Vous avez
dit: II y a l'emploi convenable, d'une part, mais il y a aussi un autre emploi,
que vous n'avez pas qualifié, qu'on appellerait un nouvel emploi.
Mme Dupuis: Voilà!
M. Diamant: O. K. ? Alors, dans le cas de l'emploi convenable,
normalement quand on a défini sa capacité d'occuper un emploi
comme celui-là, il a un certain nombre d'années pour
bénéficier de ça et son indemnité sera
réduite à partir du moment où, disons,
l'échéance se sera produite. S'il occupe l'emploi - le ministre
l'a expliqué tantôt - à ce moment-là, son
indemnité est réduite et nous allons lui verser, finalement, la
différence entre son salaire, le salaire qu'il gagnait dans l'emploi
précédent, et le salaire qui gagne maintenant Mais quand il
s'agit d'un nouvel emploi - c'est ça l'exemple que vous avez
donné, je pense...
Mme Dupuis: C'est ça.
M. Diamant:... à ce moment-là, il va occuper cet
emploi-là, et pendant qu'il occupe cet emploi-là, son
indemnité est réduite d'autant. Par ailleurs, quand il met fin
à cet emploi-là, là il va retrouver son indemnité
entière.
Mme Dupuis: Même après deux ans?
M. Diamant: II n'y a pas de délai. Même après
deux ans, le temps qu'il a droit aux indemnités.
M. Jolivet: Et là, s'il revient - juste pour additionner,
si vous me permettez - et s'il revient chez son employeur, parce qu'il a un
emploi convenable, 8 pourrait avoir un délai de deux ans qui se met en
deuxième lieu.
Mme Dupuis: C'est ça, mais là, I perdrait
M. Diamant: Oui. Là, finalement, ce que le ministre a
expliqué tantôt, dans le fond, ce qui est le but de l'article,
c'est d'appliquer à ces travailleurs-là le régime
général mais, en plus, de leur assurer une protection pour deux
ans.
M. Jolivet: Mais ce que je dis bien, ce qu'il n'y avait pas
autrefois - vous parlez de la protection de deux ans - et que si l'employeur le
mettait à la porte, 8 pouvait en certains cas et
dans...
M. Diamant: Auparavant, la situation antérieure, M. le
député, c'est que les travailleurs de 55 ans et plus atteints
d'une maladie, les travailleurs de 60 ans et plus atteints d'une lésion
n'étaient pas, ne sont pas obligés, par l'article actuel,
d'accepter quelque emploi que ce soit. Et au fond, l'idée, c'est de
favoriser, encore une fois, le retour au travail de ces personnes-là
pour leur permettre, justement, et aussi d'utiliser les capacités de ces
gens-là.
M. Jolivet: Je sais qu'actuellement, en vertu de la loi, ils ont
le pouvoir de refuser. Ce que je veux dire, c'est que si un employeur,
malgré tout ça, ferait des gestes, il y aurait toujours un droit
d'appel contre l'employeur ou contre la CSST, si c'est la CSST qui s'insurgeait
le droit de le faire à la place de l'employeur. Ce que je veux dire,
c'est qu'en vertu de l'article qui est là, en le balisant à deux
ans, en donnant une garantie de deux ans, c'est que vous venez de faire sauter
ad vitam jusqu'à 65 ans, de 55 à 65 ans et de 60 à 65 ans.
Et c'est ça que je dis, l'article ici vient restreindre davantage, parce
que le droit d'appel après deux ans n'existe plus et tout juge, qui a
à prendre, doit voir l'idée de ce que le législateur
voulait faire et, dans les minutes que l'on dit aujourd'hui pourraient servir
de discussion avec des gens, il va pouvoir être déterminé
que le but du législateur était de permettre à
l'employeur, après deux ans, de ne plus permettre l'indemnisation si
l'individu était congédié. Et ça, c'est
dangereux.
M. Diamant: Effectivement, sauf que je vous dis là-dessus
que, dans le contexte que l'on vit actuellement, les personnes, dans la
proposition qui est sur la table aussi, ne sont pas, encore une fois, et
l'employeur n'est pas forcé, il peut en offrir un. S'il n'en offre pas,
la personne va bénéficier de ses indemnités au
complet.
M. Jolivet: Expliquez-moi pourquoi vous le mettez, là.
Parce que, moi, j'essaie de voir pourquoi on le met actuellement.
M. Diamant: Pour inciter les gens à retourner au
travail...
M. Jolivet: Ouais!
M. Diamant: ...pour inciter les employeurs à utiliser ces
personnes-là.
M. Jolivet: Mais pourquoi deux ans? Parce que, actuellement, vous
dites: Une personne à 55 ans et jusqu'à 65 ans, au moment
où elle a droit à sa retraite prévue par la loi, elle est,
à ce moment-là, admissible à plein montant, plein
régime, ce qui veut dire que l'employé n'est pas obligé
d'aller à l'emploi et l'employeur n'est pas obligé à lui
en donner...
Mme Dupuis: N'est pas forcé.
M. Jolivet: Forcé, d'une certaine façon, de telle
sorte qu'au bout de la course, vous êtes en train de dire qu'en mettant
deux ans, on force les deux à retourner l'un au travail et l'autre
à lui en offrir un. Et là, vous me dites qu'au lieu de 50
à 65 ans ou de 60 à 65 ans, vous dites: c'est de 50 à 52
ans puis de 60 à 62 puis après ça, c'est hors du circuit.
Sinon, vous ne le mettriez pas, hein? Parce que si vous le mettez, c'est pour
régler votre problème, pas régler le problème de
l'employé. Un instant!
Mme Dupuis: Ce n'est pas un incitatif, à ce
moment-là. Le travailleur, selon moi, selon mon interprétation,
il n'a aucun intérêt à y retourner. Ce n'est pas un
incitatif. À cause du deux ans. Si vous enleviez les deux ans, donc, il
n'aurait pas... il ne serait pas pénalisé. Les 10 ans, il ne les
perdrait pas.
M. Diamant: Ce que l'article dit, c'est qu'il ne peut pas refuser
sans raison valable et à ce moment-là, je pense que l'incitation
à retourner, disons, elle existe d'une certaine façon.
Actuellement, les gens peuvent refuser complètement.
Mme Dupuis: On l'a compris, ça.
Mme Blackburn: Moi, je voudrais peut-être une
dernière intervention sur ça, sur cet article, et ensuite, on
devrait clore la discussion. À moins que le ministre accepte la
proposition que je lui ferais. Le président de la CSST nous dit:
L'employeur n'est pas forcé de réintégrer son travailleur
accidenté. Effectivement, il n'y a pas de pénalité, il n'y
a pas de pénalité. Il n'est pas forcé et là, ce
n'est pas parce qu'on dit que ça va être disponible que
l'employeur va le rendre disponible. Ça, c'est la première chose.
L'employeur plus consciencieux va le faire avec les risques que ça
comporte pour son employé. S'il manque d'emploi, s'il ne veut pas le
réaffecter et là, c'est l'employé qui risque d'être
pénalisé. Il va être pénalisé sur les
années où vous pouvez accumuler un peu d'avantages, votre fonds
de pension. Parce que c'est généralement... en tous cas, dans nos
régimes, calculé sur les dernières années. Alors
là, vous avez un problème d'accumulation de fonds de pension.
C'est tout son niveau de vie qui va être affecté pour le restant
de ses jours. Et dans le fond, j'ai en main les statistiques sur les personnes
qui sont touchées par ce régime.
Actuellement, en 1991, au 31 décembre 1991, entre 55 ans et 59
ans, il y en avait 69 qui étaient sur le régime pour des raisons
de maladie professionnelle et 388 à la suite d'accidents; 60 ans et
plus, 215 pour des maladies profession-
nelles et 1680 pour des raisons d'accidents. Alors, les réserves
actuarielles nécessaires pour 1990-1991, 1991 s'élevaient
exactement à 125 000 000 $. Est-ce qu'on a fait une étude
sérieuse du nombre de cas qui vont être diminués dans la
circonstance et le nombre de personnes qui vont, après deux ans,
débarquer complètement du système parce qu'elles n'ont
plus d'emploi nulle part, puis finalement, elles vont avoir la petite marge
d'indemnité de remplacement du revenu selon l'écart entre
l'emploi qu'elles occupaient et l'emploi qui leur ont été
offert?
Et est-ce qu'une telle économie justifie les dispositions
particulièrement discriminatoires à ibr.dioit des
accidentés et qui encore une fois, ne fait pas d'obligation à
l'employeur? Moi, c'est probablement ce qui me heurte le plus, c'est qu'on tape
partout toujours sur l'accidenté, mais c'est curieux comme on n'a pas
tendance à responsabiliser l'employeur. Et à ce
régime-là, jamais il n'entrera dans un système qui
permettrait effectivement de faire de la prévention, de faire de la
réinsertion, la réintégration sur le marché du
travail. Ils ne sont pas intéressés, ils n'ont pas
d'incitatifs.
Les économies réalisées, M. le ministre. Vous avez
dû faire faire une évaluation de ça. On sait que la
réserve actuarielle, c'est 125 000 000 $. Ça va être de
combien, les exigences, l'an prochain, une fois qu'on aura appliqué
ça? On a estimé à combien le nombre de travailleurs qui
vont être réintégrés par l'employeur? 2 %, 3 %, 5 %,
10 %, 15 %? C'est ça qu'il serait intéressant de connaître,
là. (17 h 50)
M. Jolivet: Puis dans certains cas, ceux qu'on va avoir
écoeurés au point qu'ils vont prendre leur préretraite,
ils vont sortir du système. Vous ne savez pas ce que ça
amène, ça, là. Je vous contais une histoire de prof de
condition physique...
Mme Blackburn: C'est une question au ministre. Quelle est
l'évaluation que ses services ont fait des économies qu'ils vont
réaliser par cette mesure-là? Est-ce que le ministre peut nous
répondre à ça?
(Consultation)
Mme Blackburn: II n'y a pas de réponse, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Ça va. O.K. Alors, est-ce que l'amendement a l'article...
M. Jolivet: À ce qu'on comprend bien, il n'y a pas de
réponse?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est ce que M. le ministre vient de dire, oui.
Mme Blackburn: Donc, ça confirme ce qu'on disait. Il n'y a
pas d'évaluation des économies générées par
son projet de loi. Et c'est sur la base de préjugés qu'on est en
train d'adopter un projet de loi. On va juste informer les membres de cette
commission. Si ça vous intéresse, vous pourriez peut-être
lui parler dans le tuyau de l'oreille de temps en temps. Alors c'est
adopté sur division.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, l'amendement est adopté. Est-ce que l'article 3 est
adopté? L'article 3 tel qu'amendé est adopté.
M. Jolivet: Sur division.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): sur
division. or, tel qu'amendé et sur division. j'appelle l'article...
l'article 4 a été adopté. donc c'est...
Mme Blackburn: 5.
Autres indemnisations (suite)
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
L'article 5. Les articles 113 et 114 de cette loi sont remplacés par les
suivants: «113. Le travailleur victime d'une lésion
professionnelle a droit, sur production de pièces justificatives,
à une indemnité pour la réparation ou le remplacement
d'une prothèse ou d'une orthèse au sens de la Loi sur la
protection de la santé publique (chapitre P-35) endommagée par le
fait ou à l'occasion de cette lésion. «L'indemnité
maximale payable pour une monture de lunettes est de 125 $ et elle est de 60 $
pour chaque lentille cornéenne; dans le cas d'une autre prothèse
ou orthèse, elle ne peut excéder le montant
déterminé en vertu de l'article 198.1 «114.
L'indemnité visée au paragraphe 1° de l'article 112 est
assujettie à une franchise de 33 $.»
Il y a un amendement sur cet article-là, l'article 5. Alors
remplacer l'article 5 par le suivant:
L'article 113 de cette loi est remplacé par le suivant:
«113. Un travailleur a droit, sur production de pièces
justificatives, à une indemnité pour la réparation ou le
remplacement d'une prothèse ou d'une orthèse au sens de la Loi
sur la protection de la santé publique (chapitre P-35) endommagée
involontairement lors d'un événement imprévu et soudain
attribuable à toute cause, survenant par le fait de son travail, dans la
mesure où il n'a pas droit à une telle indemnité en vertu
d'un autre régime. «L'indemnité maximale payable pour
une
monture de lunettes est de 125 $ et elle est de 60 $ pour chaque
lentille cornéenne; dans le cas d'une autre prothèse
orthèse ou, elle ne peut excéder le montant
déterminé en vertu de l'article 198.1»
Alors, M. le ministre, si vous voulez présenter l'amendement et
l'article.
M. Cherry: L'article actuel. «Un travailleur a droit, sur
production de pièces justificatives, à une indemnité pour
la réparation ou le remplacement d'une prothèse ou d'une
orthèse, au sens de la Loi sur la protection de la santé publique
(chapitre P-35) endommagée involontairement par le fait ou à
l'occasion de son travail, dans la mesure où il n'a pas droit à
une telle indemnité en vertu d'un autre régime. La Commission
détermine les indemnités maximales payables en vertu du
présent article.»
Les commentaires c'est que la situation actuelle, il s'agit d'une
disposition qui a été interprétée assez largement
comme en témoigne l'exemple suivant. Et je vais en donner.
Décision de la CALP, Gosselin et les Meubles Princeville inc., CSST
1989, la décision de la CALP 934. Avant la fin de son quart de travail
le vendredi soir, le travailleur, en levant une caisse de marchandise laisse
tomber ses lunettes. Il les remet aussitôt sans les examiner. Au retour
chez lui, la monture se brise pendant qu'il les nettoie. Il en avise
l'employeur le lundi matin. Il a une assurance privée. L'employeur
conteste. La CSST refuse. La CALP décide que la CSST doit rembourser 200
$, montant des nouvelles lunettes. Notons qu'en 1991 - et je l'ai dit la
semaine dernière - la Commission a versé près de 2 500 000
$ en indemnités pour les lunettes et les prothèses dentaires.
Amendement proposé. L'amendement proposé vise à
n'indemniser pour les bris des prothèses, des orthèses que
lorsque celles-ci sont endommagées involontairement lors d'un
événement imprévu et soudain qui survient par le fait du
travail. De plus, le nouvel article précise les montants maxima pouvant
être alloues à titre d'indemnité pour une prothèse
ou orthèse. Ces montants sont de 125 $ pour une monture de lunettes et
de 60 $ pour chaque lentille cornéenne. Dans les autres cas, les
montants sont déterminés par règlement. C'était une
question que vous aviez la semaine dernière dans le cas des autres.
Donc...
Mme Blackburn: Un exemple que vous nous avez fourni.
M. Cherry: Donc, dans le cas des autres, orthèses ou
prothèses, les montants sont déterminés par
règlement. Actuellement, la commission peut déterminer les
indemnités maximales sans autre indication prévue à la
loi. Dans ce contexte, il n'y a pas lieu de modifier l'article 114 de la Loi
sur les accidents du travail et les maladies professionnelles, de sorte que la
franchise qui y est prévue continue de s'appliquer à une
prothèse dentaire ou orthèse oculaire. À noter que le
montant de 25 $ indiqué dans l'article adopté en 1985 a
été revalorisé annuellement et qu'il est, en 1992, de 33
$.
Mme Blackburn: Une autre question au ministre. L'exemple qu'il
nous citait et qu'il a cité d'ailleurs vendredi lorsqu'on a
examiné cet article et sur lequel article il ne nous a pas
annoncé qu'il y avait d'amendements, mais est-ce que votre monsieur,
votre travailleur qui levait sa caisse et dont les lunettes sont tombées
parce que la fatigue, la fin de la journée, etc..
M. Cherry: La sueur.
Mme Blackburn: ...est-ce qu'il sera payé?
M. Cherry: Ce dont il faut se souvenir dans le cas qui a
été cité là, c'est que...
Mme Blackburn: Normalement, oui?
M. Cherry: ...ça n'a pas été sur les lieux
du travail.
Mme Blackburn: Oui, c'était sur... M. Cherry: II
faut s'en souvenir.
Mme Blackburn: C'était sur les lieux du travail, il
soulevait une caisse.
M. Cherry: O.K. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il ne s'en est
aperçu qu'une fois rendu chez lui. Si on lit bien le cas, une fois chez
lui, il se met à les nettoyer et là, il réalise que
l'incident auquel est référé a constitué le fait
qu'elles ont affaibli ou, en y touchant, elles lui sont restées dans les
mains en morceaux. Donc, il revient à la job lundi et il dit: Tiens, tu
me dois mes lunettes...
Mme Blackburn: Alors, comme ça ne s'est pas fait...
M. Cherry: ...l'employeur a dit: Non, je conteste. Ça
s'est rendu jusqu'à la CALP pour un dossier de 200 $. Ça a
procédé tout le long.
Mme Blackburn: Quelles sont les économies
réalisées par cette disposition?
M. Cherry: Dans un premier temps, ça ne se rendrait
à la CALP parce que c'est un cas de moins de 1000 $. On commence-tu par
ça?
Mme Blackburn: Bon. Alors, comme c'est déjà couvert
dans les cas de moins de 1000 $, vous avez là une disposition que vous
conservez parce que vous l'aviez déjà introduite. Vous
n'avez pas osé la retirer complètement parce que, à
un moment donné, trop c'est trop. Et là, vous dites: Bien, on va
en conserver des petits morceaux. Finalement, j'aurais hâte de voir, moi,
dans deux ans, les économies réalisées. C'est
adopté sur division.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
L'amendement est adopté sur division. Est-ce que l'article 5, tel
qu'amendé, est adopté?
Mme Blackburn: Sur division.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Sur
division. Bien. J'appelle l'article 6. Il nous reste deux minutes. L'article
140 de cette loi est modifié par l'insertion, dans la deuxième
ligne et après le nombre «139», de «,si la
décision qui accorde cette indemnité est finale.»
Donc, sur cet article, est-ce qu'il y a des commentaires, M. le
ministre?
M. Cherry: L'article actuel 140, c'est que «La Commission
verse l'indemnité visée dans l'article 138 ou 139 sur
réception d'un certificat de l'institution d'enseignement que
fréquente le bénéficiaire attestant que celui-ci
était inscrit comme étudiant à plein temps pour le
trimestre auquel réfère l'article 138 ou 139, selon le cas, et
qu'il a fréquenté assidûment cette institution pendant ce
trimestie.»
Le commentaire, c'est qu'il s'agit, M. le Président, d'une
modification de concordance avec le nouvel article 361 de la Loi sur les
accidents du travail et les maladies professionnelles, qui est l'article 37 du
projet, qui prévoit que les indemnités forfaitaires de
décès fixées notamment aux articles 102 et 104 de la Loi
sur les accidents du travail et les maladies professionnelles ne sont payables
que lorsque la décision qui les accorde est finale.
Vu que l'article 140 fait référence aux articles 138 et
139 qui renvoient eux-mêmes aux indemnités payables en vertu des
articles 102 et 104 et que ce même article 140 prévoit que la
Commission verse ces indemnités sur réception d'un certificat de
l'institution d'enseignement que fréquente le
bénéficiaire, il est nécessaire de préciser que,
conformément à l'article 361, ces indemnités ne sont
toutefois payables que si la décision qui les accorde est finale.
M. Jolivet: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le député de Laviolette.
M. Jolivet: Est-ce qu'on revient ce soir? Je ne le pense pas,
hein?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Non.
M. Jolivet: Non.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Les
ordres de la Chambre sont jusqu'à 18 heures.
M. Jolivet: Alors, la prochaine convocation va avoir lieu
probablement à la fin de la période des questions demain.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Après la période des questions demain.
M. Jolivet: Merci. Une voix:...
M. Jolivet: Non, non. Écoute, ils viennent de lire ce
qu'on a écrit là. Laisse-leur la chance de l'étudier
maintenant.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
alors, compte tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux sine die.
merci. bon appétit, tout le monde.
(Fin de la séance à 18 heures)