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(Onze heures trente minutes)
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
À l'ordre, s'il vous plaît! Merci. Dans un premier temps,
est-ce qu'il y a des remplacements? M. le député de Lévis,
vous remplacez sûrement quelqu'un.
M. Garon: Oui.
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Garon
(Lévis) remplace M. Jolivet (Laviolette); M. Bélanger (Anjou)
remplace M. Chevrette (Joliette) et M. Bradet (Charlevoix) remplace M. Farrah
(Iles-de-la-Madeleine).
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Bonjour.
M. Garon: Ah!
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Bon.
Vous allez m'écrire ça.
La Secrétaire: Oui, certainement.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Pas
d'autres remplacements? Bien. Alors, il n'y aura pas besoin de consentement,
maintenant.
M. Blais: Ça dépend.
M. Garon: M. Leclerc est parti. Il a eu peur, hein? Ça n'a
pas été long.
M. Blais: Non, c'est M. Audet qui n'y est pas.
Motion proposant d'entendre l'Assemblée
des travailleuses et travailleurs
accidentés
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Ça va revenir, ne vous en faites pas. Alors, sans plus tarder, nous
étions hier à l'étude de la motion de M. le
député de Masson qui demandait - je vous fais grâce de
toute la lecture; je vais juste lire le dernier paragraphe - des consultations
particulières quant à tous les articles dudit projet de loi et
qu'à cette fin nous entendions l'Assemblée des travailleurs et
travailleuses accidentés.
Il y avait, sur cette motion, M. le député de Masson, qui
a fait une intervention, Mme la députée de Chicoutimi, Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière, M. le
député de Tas-chereau et Mme la députée de
Verchères, qui avait encore droit, d'ailleurs, à neuf minutes.
Nous en étions rendus là. Alors, Mme la députée de
Verchères, vous avez encore neuf minutes à votre
intervention.
Mme Luce Dupuis (suite)
Mme Dupuis: Merci, M. le Président. Effectivement, nous
étions à une motion demandant que les travailleurs et les
travailleuses accidentés du Québec soient entendus en commission
parlementaire. Mais avant de me faire le porte-parole de ce groupe, j'aimerais
commenter quelques réflexions qu'on a eues de la part des
députés ministériels hier, à la fin de cette
commission. Mme la députée de Kamouraska-Témiscouata est
intervenue pour dire à la commission que les intervenants avaient
déjà été consultés et que là, ce
n'était pas pertinent, si vous voulez - elle ne l'a pas dit dans ces
termes-là - de...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Excusez-moi, Mme la députée de Verchères. Est-ce qu'on
pourait faire un petit peu moins de bruit dans la salle? Ça devient
difficile de se comprendre.
Une voix: Oui.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): S'il
vous plaît! Que ce soit plus respectueux pour nos interlocuteurs.
Une voix: Oui.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, Mme la députée de Verchères, si vous voulez
continuer.
M. Garon: II y a des gens qui sont misogynes, je pense, autour de
la table.
Mme Dupuis: J'étais à dire que Mme la
députée de Kamouraska-Témiscouata avait mentionné
à la commission... a signalé que les intervenants que nous
demandions d'entendre avaient déjà été
consultés. Je ne nie pas sa parole, loin de là; ils ont
sûrement été consultés. Cependant, ils ont
été consultés avant l'élaboration du projet de loi,
pour l'élaboration du projet de loi.
Là, c'est de toute évidence que ces organismes-là,
que ce soit la FATA, que ce soit le groupe des travailleurs et travailleuses
accidentés du Québec, tous les groupes que nous avons
demandé qu'ils soient entendus, à la lumière du projet de
loi, eh bien, ils ne sont pas satisfaits,
puis là, ils demandent d'être réentendus. Ça
veut dire d'une façon très claire, je pense, au ministre: Allez
refaire vos devoirs, on n'est pas satisfaits. C'est pourquoi, nous, on
demandait que ces gens-là soient entendus, puisqu'ils en ont fait la
demande, même s'ils ont déjà été
consultés.
J'aimerais aussi faire une petite remarque concernant M. le
député de Taschereau, qui a fait un savant plaidoyer aussi, qui
n'était pas pertinent, mais... Cependant, je ferai simplement remarquer
que le député de Taschereau est patron, à ce que je sache,
alors, dans ce projet de loi, il se trouve un petit peu en conflit
d'intérêts. Alors, je comprends son point de vue.
Une voix: Oh!
M. Garon: II aurait dû se retirer de la commission.
M. Audet: m. le président, mme la députée a
dit des choses, là, qui, normalement, en vertu du règlement, ne
sont pas permises. on impute des motifs à un député...
Une voix: II ne l'a pas entendue. Il ne l'a pas entendue.
M. Audet: ...stipulant que le député de Taschereau
est en conflit d'intérêts avec cette loi-là...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
suis convaincu que Mme la députée de Verchères n'a pas
fait ça, sinon elle le regrette infiniment, et elle le retire.
M. Audet: Oui. D'ailleurs, j'en suis aussi persuadé. Je
voulais seulement le rappeler.
Mme Dupuis: Ah! Je le regrette sincèrement. Des voix:
Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
vous remercie, Mme, la députée. Alors, si vous voulez
continuer.
M. Cherry: Vous cachez bien vos regrets. Ha, ha, ha!
Mme Dupuis: Alors, devant ça, M. le Président -
oui, bien sûr, mais on n'a pas beaucoup de temps - je pense que, pour
essayer à nouveau de faire flancher le coeur du ministre et essayer
d'aller rejoindre tout ce qu'il y a de plus humain dans le ministre, afin de
l'amener à apporter des modifications à son projet de loi, je
vais vous signaler un cas qui m'est arrivé la semaine passée dans
le bureau, M. le Président. C'était vraiment pathétique.
J'ai un monsieur de mon comté qui arrive dans le bureau, sans
rendez-vous, furieux. J'ai dit: Monsieur, vous n'avez pas de rendez-vous. Il a
dit: Moi, je suis un accidenté du travail, et - je vais vous le dire
dans ses propres termes - je m'assois ici, là. Il a dit: Madame, vous me
ferez sortir par la police, parce que moi, je veux voir ma
députée. Inutile de vous dire que je lui ai fait une place, tu
sais.
Là, il m'a raconté que, suite à un accident de
travail, il était sur le point... sa femme était sur le point
de... Il avait peur. Il ne voulait plus la laisser, parce qu'il avait tout
perdu. Il était sur le point de perdre sa maison. Il a dit: Ma femme est
en grosse dépression, et je ne peux même plus la laisser, parce
qu'elle est une candidate au suicide. Il a dit: Avant, ça allait
très bien. J'ai eu un accident de travail, ça va mal, je me suis
payé un avocat, j'ai perdu en cour. Là, il a commencé
à énumérer tout ce qui se passait, et cet homme-là,
qui n'avait rien d'une personne douillette et tout ça, s'est mis
à pleurer comme un enfant dans ie bureau.
Bien, je vais vous dire, M. le Président, quand on vit ça,
!à - il ne faut pas s'étonner quand on voit ça de la part
de citoyens - et qu'on est des députés élus pour les
représenter, on ne peut pas rester insensible, à moins de ne pas
avoir de coeur et de ne pas s'en rappeler, si on en a déjà eu un.
Il ne faut pas s'étonner que, devant un projet de loi qui semble
s'acharner de façon démesurée sur ces travailleurs et qui
leur met pratiquement la cause du déficit de la CSST, on soit
décidé à livrer une bataille acharnée et qu'on
demande que ces travailleurs et ces travailleuses accidentés du
Québec soient entendus pour qu'enfin ils puissent venir dire ce qu'ils
ont à vivre dans le quotidien, au jour le jour, et à quoi ils ont
été réduits dans l'espace de quelques années, parce
que ça n'a pas été possible pour eux d'avoir gain de cause
et d'avoir au moins justice ou un semblant de justice.
Dans leur mémoire, je vais prendre simplement la partie où
ils contestent... la contestation médicale, si vous voulez. Cette
procédure, et je les lis, parce que je pense que c'est important... Il y
a des questions, là, qui devraient obtenir réponse. Cette
procédure, disent-ils, est absolument inacceptable et enlève,
à toutes fins pratiques, aux victimes la possibilité de s'opposer
à la toute-puissance de la CSST.
Lorsque j'ai mentionné ça, hier, lors d'une intervention,
j'ai vu des réactions, de l'autre côté, qui semblaient...
On se souriait, on semblait dire que ce n'était pas exact. J'aimerais
bien, si ça ne l'est pas, que le ministre confirme ou infirme si,
effectivement, il n'y a plus possibilité de s'opposer à cette
toute-puissante CSST.
Je continue. Même si les victimes réussissaient à
obtenir un rapport médical dans les 30 jours, ce qui est peu probable,
d'être capable de rejoindre un spécialiste dans les 30 jours,
alors qu'on sait que, souvent, ce sont des délais d'au-delà de 30
jours pour avoir simplement le
rendez-vous, elles auraient fait face à une autre épreuve
chronométrée ne dépendant en rien d'elles. Le BEM devrait,
lui aussi, rendre son avis dans les 30 jours de la demande.
Dépassé ce délai, son avis ne serait pas valable et l'avis
du médecin de la CSST continuerait à prévaloir.
C'est ça qui va s'appliquer. C'est à ça que vont
être soumis les travailleurs accidentés. On pénaliserait
donc la victime pour la lenteur du BEM, évidemment. Dans ce contexte, le
système aurait tout intérêt à être
traînard. C'est du délire. Eux, ils taxent ça de
délire. De la manière que c'est formulé, ça veut
dire que si la CSST ne veut pas régler, ils ont simplement à
étirer les délais un peu et ça vient de finir.
L'accidenté perd son droit de recours. Et ce n'est pas tout. Toutes les
décisions d'ordre médical rendues par la CSST suite à
l'avis de son médecin seraient finales et sans appel. Le droit d'appel
actuel devant la CALP est abrogé alors que le Bureau de révision
n'obtient pas de compétence.
Je vais terminer, M. le Président, en disant que ces travailleurs
accidentés sont moins bien traités que des criminels qui, eux,
ont le droit d'appel. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
vous remercie, Mme la députée. Excusez un instant. Le temps de
transaction d'affaires. M. le député de Lévis, la parole
est à vous pour dix minutes sur cette motion.
M. Garon: Je vous remercie, M. le Président.
M. Audet: M. le Président, j'aurais une question à
ce stade-ci de nos travaux.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le député de Beauce-Nord.
M. Garon: Ce n'est pas sur mon temps, là. M. Audet:
Puisque le député... Non, non.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Non,
non, ce n'est pas calculé.
M. Audet: C'est juste une question sur le règlement.
Puisque le député de Lévis a été
annoncé comme remplaçant du député de
Laviolette...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Oui.
M. Audet: ...et que le député de Laviolette est
présent ici et membre de la commission et vice-président,
d'ailleurs - c'est un homme qui fait un bon travail et tout ça - est-ce
qu'à ce moment-là le député de Lévis
remplace le député de Laviolette ou... (11 h 40)
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Vous
me prenez en défaut. C'est que j'aurais dû dire que le
député de Lévis remplaçait le député
de Labelle.
M. Audet: II a été annoncé comme
remplaçant le député de Laviolette.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
J'assume l'erreur et...
M. Audet: Ça prend le consentement de la commission.
Une voix: Consentement que vous puissiez corriger votre
erreur.
M. Audet: En vertu du règlement.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Non,
non. Ce n'est pas comme ça que ça marche.
M. Jolivet: M. le Président.
M. Audet: Je voulais simplement dire - si je peux terminer - M.
le Président, que la commission ici, en vertu du règlement,
étant donné que le député de Laviolette, c'est un
bon gars, habituellement, on n'a jamais de trouble avec, il fait une bonne job
ici, on est tout disposé, à la commission, de donner le
consentement pour que le député de Lévis soit
annoncé comme remplaçant du député de Labelle, et
on va le laisser parler.
M. Jolivet: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Ça démontre une chose, vous suivez votre dossier. M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, simplement pour ajouter que
ce n'est pas une question de bon gars, de mauvais gars. Il est question d'une
seule chose, c'est que le président a toujours le droit, en vertu du
règlement, sans avoir la permission de personne, de corriger une erreur
qu'il a commise, s'il a été mal informé.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
L'expérience d'un ancien vice-président de l'Assemblée
nationale qui nous aide, c'est apprécié.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Un instant, M. le ministre, s'il vous plaît. Je
suis complètement d'accord avec ce que l'ancien vice-président de
la Chambre et vice-président de cette commission vient de dire, mais le
problème, c'est de faire admettre à la présidence qu'elle
a fait une erreur.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
plaide coupable et je suis prêt à recevoir tous les clous qu'il
faudra. Sur ce, je laisse la parole au député de Lévis. M.
le député, vous avez dix minutes pour défendre votre point
de vue.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, je veux intervenir sur cette
motion parce que je pense que c'est un projet de loi très important et
que d'entendre des travailleurs et des travailleuses accidentés du
Québec, qui ont vécu les problèmes, je pense que ce serait
la moindre des choses, puisque le but de la commission des services de
santé et... la CSST, essentiellement, son but, c'est d'aider les
personnes qui ont des accidents du travail. De ne pas vouloir les entendre,
moi, je ne comprends pas, M. le Président.
Je peux vous dire, moi, j'ai été plusieurs années
député et des cas de la CSST, dans mon comté, moi, je n'en
voyais quasiment pas. J'ai remarqué qu'à un moment donné,
à partir de 1986-1987, ça a commencé, à tel point
qu'il y a des matins où les deux tiers des gens que je voyais... Dans
mon bureau de comté, depuis 1987, j'ai vu, des matins, jusqu'à
deux personnes sur trois qui étaient, soit des personnes qui se
plaignaient de la CSST ou qui se plaignaient de la Société de
l'assurance automobile du Québec. Alors que, dans les années
soixante-dix et quatre-vingt, je ne voyais pas ça. J'avais très
exceptionnellement des cas de CSST, à peu près jamais, et quand
j'en avais, c'était toujours pour la même raison, c'était
pour un délai ou quelqu'un qui trouvait que la réponse prenait
trop de temps ou qui n'avait pas encore été mis sur le
«roll» et voulait procéder plus rapidement. Mais des cas de
CSST conflictuels, je ne voyais jamais ça.
Aujourd'hui, on voit de plus en plus, dans nos bureaux de comté,
des gens qui viennent voir des médecins qui s'obstinent concernant leur
situation. Moi, je pense qu'on devrait être beaucoup plus attentifs que
ça. Il y a quelques années, j'ai connu quelqu'un... Je ne l'ai
pas connu, c'est quelqu'un que je connaissais très bien. Elle est
passée d'un médecin à l'autre, et ils ne lui trouvaient
rien. Ils disaient: Non, vous n'avez rien. Le chiro retirait un peu; l'autre
disait qu'elle n'avait rien. À un moment donné, la personne est
arrivée chez le médecin et elle a dit: Trouvez-moi quelque chose.
Ce n'est pas possible. Je ne peux pas avoir mal au dos de même puis
n'avoir rien. Le médecin l'a rentrée à l'hôpital au
mois d'avril, puis au mois de septembre, elle était morte.
Alors, quand les médecins vont vous dire aujourd'hui qu'ils
connaissent ça, puis qu'ils connaissent des affaires... Quand des gens
ont eu des accidents du travail, qu'ils sont mal pris, qu'ils sont devant des
médecins, vous avez des gens qui s'obstinent, qui sont tous les deux des
professionnels et qui ne donnent pas le bénéfice du doute, comme
les tribunaux le donnent normalement. Comme les compagnies d'assurances...
Quand vous plaidez devant des tribunaux pour des compagnies d'assurances, tout
le temps, on donne le bénéfice du doute à l'assuré;
tout le temps. C'est la règle. On donne le bénéfice du
doute à l'assuré. Pourquoi? Parce que les clauses ont
été stipulées par les compagnies d'assurances et non pas
par les assurés.
Quand je vois qu'aujourd'hui on essaie de zigonner là-dessus et
que je vois les taux d'assurance qui sont... Quand on regarde l'effort qu'on
fait au Québec, ou que les patrons font au Québec, comparé
à l'effort qu'ils font en Ontario, moi, je trouve ça
épouvantable. On aura beau faire des discours, le ministre de
l'Industrie et du Commerce aura beau nous faire des discours, nous parler d'une
bonne relation entre les patrons et les employés, si les patrons sont
trop couillons pour être prêts à payer des primes normales
pour les risques qu'il peut y avoir dans des chantiers où souvent les
causes d'accidents sont des situations dangereuses qu'on trouve sur les
chantiers de construction ou dans les entreprises ou dans les usines... Il peut
y avoir de la négligence de l'employé, oui, il peut y avoir de la
négligence de l'employé, mais il peut aussi et souvent y avoir
des situations dangereuses dans les entreprises.
Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on voit, par exemple, le gouvernement qui
nous compare toujours à l'Ontario dans tout... On se compare à
l'Ontario comme si c'était le barème. Mais là, on voit que
l'Ontario cotise davantage que nous. On voit qu'en 1991, alors que le
Québec avait baissé ses primes de 2,75 $, en 1989, à 2,50
$ en 1990 et à 2,32 $ en 1991, alors qu'il collectait moins, en
réalité, l'Ontario en 1990, c'était déjà
à 3,18 $, puis on ne sait pas encore le taux de 1991, ie taux moyen. On
se rend compte qu'il y a un effort qui n'est pas suffisant, au Québec.
Je serais bien curieux de voir aussi le taux américain, quand on sait
que la santé, aux États-Unis, coûte 50 % plus cher qu'ici,
que les Américains mettent 12 % de leur produit national brut sur la
santé alors que nous, on met 8 %, et qu'en payant 50 % plus cher que
nous il y a quand même 30 % des Américains qui ne sont couverts
par aucun régime d'assurance-santé.
Moi, je vous dis qu'avant... la première réforme qu'il
faut faire, actuellement, et ça ne prend pas de loi, même, c'est
de mettre des taux comparables entre les accidents du travail ici et l'Ontario.
D'autant plus qu'on dit qu'on est dans un contexte de libre-échange,
qu'on va se comparer. Le gouvernement, dans beaucoup de secteurs, il ne se
gêne pas. À matin, j'ai entendu ie nec plus ultra, le ministre du
Tourisme qui nous disait que le gouvernement avait mis une taxe intelligente,
une taxe qui pense, une taxe
qui comprend, une taxe, quasiment, qui va développer le tourisme
parce que les gens vont être taxés, ils vont venir ici, comme si
on avait juste affaire à des touristes masochistes, au
Québec.
Alors, normalement, dans le contexte de libre-échange, on se
compare et on dit: II ne faudrait pas être taxés davantage.
Regardons ici. Au contraire, ce sont les autres qui sont taxés, mais on
va avoir des employés qui vont prendre des risques plus grands parce
qu'ils vont être moins couverts. On va faire travailler des
médecins pour faire en sorte d'essayer de faire des preuves, souvent
dans des domaines où la certitude n'est pas absolue. Moi, je ne pense
pas de cette façon-là, surtout si on veut créer, dans
l'entreprise, un climat, comme on dit, de relations de travail qui ne soit pas
un climat d'affrontement. Quand y a-t-il un climat d'affrontement? Il y a un
climat d'affrontement quand on trouve qu'il y a une partie qui agit de
façon écoeurante. À un moment donné, les gens
disent: Moi, je ne me sens pas solidaire avec l'entreprise. Je varge
dedans.
Si on veut créer un bon climat, il faut d'abord être
respectueux des deux éléments qu'on trouve dans une entreprise.
Il y a deux éléments dans une entreprise: le capital puis le
travail. Ça prend une certaine rémunération du capital,
autrement les gens ne voudront pas mettre de l'argent dans l'entreprise, et
ça prend une rémunération du travail également. Pas
rien que de la gestion, pas rien que de la gestion. Aujourd'hui, on s'en va
vers une société qui va être dure, bientôt, parce
qu'il se passe des choses... Regardez, par exemple, au Danemark. Tout ce qu'il
y avait de cadres, d'institutions, on disait de voter oui à l'Europe
davantage... pour mettre des choses en commun avec l'Europe. l_a population a
dit non. Pourquoi? Parce qu'elle n'a pas confiance dans ses dirigeants.
Regardez ce qui se passe aux États-Unis avec M. Perot.
Pourquoi... Quelqu'un de nouveau arrive, et on va embarquer déjà,
comme on l'annonçait, hier, quelqu'un qui est l'organisateur de Carter
puis l'organisateur de Reagan? Pourquoi? Les gens sont écoeurés
de se faire conter des menteries. Les gens qui sont en politique et qui content
des menteries... Je regarde à Québec quand on parlait du
Vieux-Port, on voyait le maire L'Allier qui était avec nous autres et il
défendait le Vieux-Port avec nous autres. Une fois élu, bang! il
embarque de l'autre bord! Les gens sont tannés d'avoir des gens qui
parlent des deux côtés de la bouche en même temps. (11 h
50)
La première chose qu'il faut faire, si on veut avoir un climat
d'entreprise qui soit un bon climat, c'est que les gens se sentent
respectés dans l'entreprise. Pourquoi au Japon les Japonais
réussissent? Pourquoi ils réussissent, les Japonais? Ce n'est pas
parce qu'ils ont de l'électricité. Ils n'ont pas
d'électricité. Ils n'ont pas de pétrole. Ils n'ont. pas de
métaux. Ils n'ont pas de forêts. Il n'ont pas de
céréales. Ils n'ont rien. Ils ont des Japonais. Ils ont juste des
Japonais et ils ont investi dans la principale ressource qu'ils ont au Japon,
dans les quatre pouces qu'ils ont au-dessus des sourcils ou dans les six pouces
qu'ils ont entre les deux oreilles. C'est là qu'ils ont investi.
Qu'est-ce qu'ils ont fait? Ils ont commencé à créer
un climat de respect de l'entreprise. On dit même qu'au Japon
l'entreprise est paternaliste par rapport à ses employés.
L'employé est fatigué, elle l'envoie en vacances. Elle s'en
occupe. Quand quelqu'un rentre dans une entreprise, il passe sa vie là.
Il va passer 30, 35, 40 ans dans l'entreprise et elle s'occupe de lui comme si
c'était un de ses enfants. De sorte que quand il arrive une
grève, les gens au Japon, qu'est-ce qu'ils font? Ils marquent «On
est en grève» sur le casque et ils travaillent comme d'habitude.
C'est un symbole comme quoi il y a une revendication en cours. Mais ils ne
veulent pas détruire l'entreprise parce que l'entreprise n'agit pas avec
eux comme si c'étaient des esclaves...
Une voix: Ou des ennemis.
M. Garon: ...ou des ennemis ou des gens à exploiter ou des
gens à siphonner ou des citrons à presser. Moi, je pense que la
première chose qu'on doit faire quand on veut créer un bon climat
dans une entreprise...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): En
conclusion, M. le député de Lévis.
M. Garon: ...il faut respecter les employés qui sont
dedans. J'aurai sûrement l'occasion de revenir au cours de la
journée. Je pense que le " ministre qui est devant nous, qui a
travaillé dans ce domaine-là, devrait être le premier
à dire: Moi, je vais... Moi, je trouverais ça
épouvantable. Au moment des élections, ça me donne
peut-être... Ce n'est pas facile de passer des projets de loi. Je ne
voudrais pas qu'il parte d'ici en disant: Moi, le projet de loi que j'ai
passé dans ma vie, c'est pour «squeezer» les gens que j'ai
défendus toute ma vie. Il faut qu'il y ait une continuité dans la
vie de quelqu'un. Moi, je pense que la meilleure chose qu'il pourrait faire,
c'est retarder son projet de loi pour qu'on puisse entendre les travailleurs et
les travailleuses accidentés du Québec.
En attendant, ce qui presserait, c'est peut-être d'augmenter les
taux de cotisation à des niveaux comparables à ceux de l'Ontario,
faire venir les taux américains pour qu'on les compare aux taux
américains également pour qu'après ça on puisse
tenir compte, dans un endroit où la santé est mieux
administrée que dans le reste de l'Amérique du Nord, et faire en
sorte que sur le plan des accidents du travail, ça aussi, ça
se
reflète. Mais comme je n'ai pas eu le temps d'épuiser ce
que je voulais dire, je reviendrai à une autre occasion.
Mise aux voix
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
À la prochaine motion. Alors, merci, M. le député de
Lévis. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur cette motion? Non?
Pas d'autres interventions. Bien. Alors, nous allons donc mettre la motion au
vote par appel nominal.
M. Audet (Beauce-Nord)?
M. Audet: Contre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Bélanger (Laval-des-Rapides), contre. M. Bordeleau (Acadie)?
M. Bordeleau: Contre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mme
Dionne (Kamouraska-Témiscouata)?
Mme Dionne: Contre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
ne veux pas faire d'impair et en oublier, là. M. St-Roch (Drummond)?
M. St-Roch: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
Cherry (Sainte-Anne)?
M. Cherry: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Contre.
Mme Blackburn (Chicoutimi)?
Mme Blackburn: Pour.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
Blais (Masson)?
M. Blais: Pour.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
Bélanger (Anjou)?
M. Bélanger (Anjou): Pour.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mme
Dupuis (Verchères)?
Mme Dupuis: Pour.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
Jolivet (Laviolette)?
M. Jolivet: On en a assez pour être battus.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui,
mais...
M. Jolivet: Pour, oui, la continuer...
Le Président (m.
bélanger, laval-des-rapides):
j'inscris quand même les voix et j'en compte quatre seulement
après. alors, m. jolivet (laviolette)?
M. Jolivet: Pour.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
Garon (Lévis)?
M. Garon: Pour.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Or,
la motion est rejetée à six voix contre quatre.
Mme la députée de Chicoutimi.
Motion proposant que le ministre dépose tous
les amendements
Mme Blackburn: M. le Président, je voudrais faire motion
pour qu'à la commission permanente de l'économie et du travail,
avant d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi
35, Loi modifiant la Loi sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles, la Loi sur la santé et la sécurité du
travail et la Loi sur l'assurance-maladie, le ministre du Travail dépose
tous les amendements qu'il a l'intention d'apporter au projet de loi 35.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
J'aimerais vous entendre d'abord sur la recevabilité.
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): J'ai
un petit doute dans ma tête.
M. Cherry: On va voir si c'est recevable.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui,
oui.
Mme Blackburn: Oui, il me semble que c'est...
M. Cherry: Vous pouvez la relire aussi?
Mme Blackburn: En fait... Oui. Alors, je fais motion, et je vous
fais grâce du titre de la loi, pour que le ministre du Travail
dépose les amendements qu'il a l'intention d'apporter au projet de loi
avant qu'on ne commence l'étude article par article.
M. Jolivet: Sur la recevabilité, M. le
Président, si vous me permettez, parce que vous l'avez
demandé.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
vous en prie, oui.
M. Jolivet: En fait, vous savez, on ne peut pas obliger le
ministre à déposer les amendements. Donc, si elle était
libellée de la façon suivante «La commission demande que le
ministre dépose», il est évident que le ministre pourrait
employer, de l'autre côté, la non-recevabilité de la
proposition. Tout ce qu'on fait, c'est qu'on formule un souhait. Toute
commission parlementaire a le droit de souhaiter qu'un ministre vienne, qu'il
fasse ci, qu'il fasse ça. Et la motion, par le fait même,
étant recevable devient débattable. Donc, le souhait que l'on
formule, c'est que le ministre, s'il veut qu'on fasse du travail convenable, en
vienne à nous les déposer. Donc, je ne veux pas aller sur le fond
de la question parce que vous parlez de la recevabilité. Je ne veux pas
aller plus loin, mais c'est une motion qui est recevable, puisqu'elle formule
un souhait. Nous aurons l'occasion d'en discuter, à moins que le
ministre, dès le départ, ne nous dise: J'ai l'intention de vous
les déposer. À ce moment-là, on passera à l'article
1. Nous sommes disposés, M. le Président, à aller le plus
rapidement possible à l'article 1.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): O.K.
Si vous me permettez, on va suspendre quelques instants. Je vais me consulter
parce que j'ai un doute raisonnable, là.
M. Jolivet: C'est une motion dans le sens du souhait, M. ie
Président.
(Suspension de la séance à 11 h 56)
(Repriseà11 h 59)
Décision du président sur la
recevabilité de la motion
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
À l'ordre, s'il vous plaît!
La commission permanente de l'économie et du travail souhaite,
avant d'entreprendre l'étude détaillée du projet... Or,
à cause de la nuance que le mot «souhait» apporte, ce n'est
donc pas un impératif, ce n'est pas un ordre. On peut souhaiter
n'importe quoi, y compris bonne fête à notre collègue de
Masson, qui a 40 ans plus 21 ans d'expérience aujourd'hui. Bonne
fête! «Souhaite entreprendre l'étude détaillée
du projet de loi - alors Loi modifiant la Loi, etc. - et que le ministre du
Travail dépose». Là, je mettrais une restriction. Je dirais
plutôt: «mette à la disposition des membres de la commission
les amendements qu'il a l'intention d'apporter au projet de loi.» Si on
dit «dépose», ça présume, en partant, qu'il y
a des amendements. Il est possible qu'il n'y en ait pas; je ne le sais pas. Je
pense, moi aussi, honnêtement, comme tout le monde, qu'il y aura des
amendements, mais c'est les supposer. La seule obligation que le ministre a,
c'est de les déposer au fur et à mesure qu'on arrive à
l'article en question. Quand ils sont appelés, là, il peut dire:
J'aurais un amendement à suggérer, mais, avant, on ne peut pas
l'obliger à les déposer. Ce qu'on souhaite, c'est qu'il les mette
à la disposition des membres de la commission. Alors, dans ce
sens-là, la motion deviendrait recevable.
M. Jolivet: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Si
vous êtes d'accord que je fasse cette modification... M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, vous avez tous les pouvoirs
de modifier pour rendre acceptable une proposition. On l'accepte. Ce qu'on peut
cependant dire, pour argumenter sur la partie que vous venez de dire, que le
ministre n'a peut-être pas d'amendements ou qu'il pourrait les donner
morceau par morceau, c'est que nous voulons faire un travail convenable. On
pourrait prendre quelques minutes pour les regarder. C'est déjà
arrivé dans des commissions parlementaires que le ministre les a
déposés en vrac. Les ayant déposés, ça nous
a permis de voir où il allait, de façon à
accélérer le processus de l'étude article par article. Si
le ministre était prêt à le faire immédiatement, on
pourrait clore cette partie-là en disant: Prenons une demi-heure pour
les regarder et l'Opposition, en faisant un arrêt... Après
ça, on pourrait commencer l'article 1. On pourrait passer directement
à l'article 1.
Motion proposant que le ministre mette à la
disposition des membres tous les amendements
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Bien. Mme la députée de Chicoutlmi.
Mme Blackburn: La motion a été jugée
recevable, donc je souhaiterais intervenir sur le fond, à moins que le
ministre, tout de suite, ne nous annonce qu'il a l'intention de déposer.
À ce moment-là, on pourrait...
M. Jolivet: O.K.
M. Cherry: Ça, c'est mon souhait.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, allez-y avec votre intervention, Mme la députée.
Mme Blackburn: Bien. (12 heures)
M. Cherry: Moi, ce que je souhaite, c'est qu'elle intervienne sur
le fond.
Mme Blackburn: Oui.
M. Jolivet: Dans le fond, vous n'avez pas d'amendements. Vous
voulez fonder sur l'interprétation.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Alors, je vais essayer d'expliquer l'objectif de
notre démarche qui se situe dans l'esprit qui a toujours
été le nôtre, de collaboration pour en arriver à un
projet de loi qui respecte les acquis des travailleurs, mais qui permette aussi
à la CSST de rééquilibrer sa situation financière.
Le projet de loi est très largement contesté par toutes les
parties sur différentes questions, mais i! faut que le ministre se
rappelle qu'il y en a peu qui ne l'ont pas conteste sur le fond et tous ont
demandé des audiences, y compris le Conseil du patronat.
Alors, dans certaines commissions parlementaires, sur des projets de loi
qui font l'objet d'autant de contestations, il est dans les coutumes, pour un
certain nombre de ministres avec lesquels j'ai eu à travailler, de
déposer leurs amendements. Ça nous permet d'examiner la situation
et, quand on arrive à l'examen article par article, on sait un peu mieux
où on s'en va. Là, j'aurais aimé que le ministre soit
là pour écouter un peu les arguments. Ça nous aurait
permis... On suspend, puis, à ce moment-là, on examine les
amendements, on regarde un peu où ça s'en va et, ensuite,
ça nous permet de passer plus rapidement à travers l'étude
article par article.
Le problème, c'est que vous allez examiner... Il y a beaucoup
d'articles de concordance dans le projet de loi. C'est un projet de loi qui a
98 articles. Je pense qu'il y en a 99 avec celui qui prévoit la date
d'entrée en vigueur. Vous avez beaucoup d'articles de concordance. Vous
êtes obligés, généralement, dans un tel projet de
loi, d'examiner les articles un par un et, ensuite, vous en venez aux articles
de concordance. Ils ne sont pas nécessairement dans l'ordre. Ils
viennent modifier différentes dispositions qui ne sont pas
nécessairement dans l'ordre numérique des articles.
Alors, fonctionner comme ça, pour nous... Ce n'est pas pour faire
une mesure dilatoire que j'ai déposé la motion, c'est pour nous
permettre de fonctionner rapidement. Depuis qu'on a commencé à
faire des motions pour entendre les groupes, le député de
Beauce-Nord nous a invités à plusieurs reprises à
commencer l'étude article par article. Il avait hâte qu'on le
fasse. C'est son droit et je pense que c'est normal, sauf que, pour qu'on
puisse le faire de façon organisée et efficace, ça nous
prendrait les amendements que le ministre entend y apporter. Comme ils
étaient déjà prêts à commencer article par
article avant-hier, j'imagine que les amendements sont prêts. J'aurais
peine à croire qu'ils ne le sont pas. Ça nous permettrait de
fonctionner plus efficacement et de passer à travers ces
articles-là avec la plus grande célérité. La motion
de ce matin, ce n'est pas une motion pour étirer le débat. C'est
vraiment une motion pour nous rendre un peu plus efficaces. Je souhaiterais que
le ministre lui réserve un meilleur sort qu'il ne l'a
réservé aux autres motions que nous avons
présentées et qui font en sorte que nous allons passer à
travers ce projet de loi sans entendre un seul des organismes
représentatifs ou du secteur concerné.
Alors, je souhaite très sincèrement que le ministre
dépose ses amendements, que nous puissions, au besoin, suspendre, le
temps de les examiner, une demi-heure, je ne le sais pas, 15 minutes, le temps
de les lire, savoir un peu où il va. Ensuite, on pourra aborder
l'étude du projet de loi article par article. Il n'entrait pas dans ma
motion l'idée que c'était pour faire de l'obstruction ou retarder
le débat. C'est vraiment dans un esprit de collaboration et pour
accélérer les démarches.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, M. le ministre, l'objet de la motion, dans le fond, c'est de vous
demander de mettre à la disposition des membres de la commission les
amendements éventuels que vous proposerez. Alors, là-dessus,
est-ce que vous avez une réplique ou...
M. Normand Cherry
M. Cherry: M. le Président, j'ai une réplique bien
courte pour informer ma collègue qu'on n'est pas à la
troisième journée de commission parlementaire. Je ne sais pas, on
est à la seizième, dix-septième, dix-huitième
heure. Mon souhait, c'est que nous puissions commencer à étudier
ce projet de loi là article par article et à chaque fois qu'on
arrivera là, avec la contribution - ma collègue a dit qu'elle
souhaitait elle-même enrichir le débat, qu'elle souhaitait
proposer des choses - de ma collègue, on pourra le faire au fur et
à mesure que ça sera là. C'est de la façon que je
souhaite que ça procède.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le député de Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: M. le Président, j'ai un petit
problème. C'est une autre perche qu'on tend au ministre nous permettant
de mieux étudier le projet de loi. Ce n'est pas la première fois
que ça nous arrive, et il y a beaucoup de ministres qui collaborent bien
mieux que lui, là. Je ne comprends rien dans son attitude ce matin,
là. Il dit que ça fait 17, 18 heures qu'on est en
discussion. Si, au départ, il avait accepté notre
première perche, ça ferait longtemps qu'on aurait commencé
l'article 1 parce que, en cours de route, on aurait terminé
l'étude, avec les groupes, de leur position. Ça, là, c'est
de l'entêtement que je ne comprends pas de la part du ministre, M. le
Président. Nous lui disons: II y a des aménagements qui sont des
amendements majeurs qu'il veut apporter au projet de loi. On le sait. On en
entend parler. Notre travail actuellement consiste à permettre
peut-être à des gens, justement, de le convaincre de faire des
ajustements majeurs. Il s'entête et je ne comprends pas parce que,
ordinairement, un chef syndical comme lui, dans le passé, était
capable d'aménagements et de négociation et
d'interprétation, ce qui faisait qu'au bout de la course la conciliation
amenait des règlements et les médiations amenaient des
règlements.
Là, il n'y a rien à faire. Le ministre est là, il
ne dit presque pas de mots, il laisse aller l'Opposition dans ce travail qu'on
a de donner au moins la position des groupes qui ne peuvent pas défiler
devant nous. Ce que lui connaît, nous aussi on le connaît, mais ce
n'est pas public. Nous l'avons rendu public par l'intermédiaire de nos
interventions pour que les gens sachent quelle était la position des
différents groupes, puisqu'il n'a pas voulu les entendre. On l'a fait
à leur place, mais on aurait aimé bien mieux que ce soit eux qui
nous l'expliquent et qu'on ait les questions à poser.
Là, on lui dit: II y a des amendements que vous avez l'intention
d'apporter. Vous auriez pu nous les donner pour qu'on puisse regarder quels
sont les changements majeurs que vous voulez apporter au projet de loi qui est
devant nous, parce qu'il faut en avoir, sinon le projet de loi ne sera pas
adopté tel quel autrement que par la force du nombre. Le ministre va
passer pour un ex-représentant syndical qui a été le plus
antisyndical dans l'ensemble de ses revendications. Ça n'a pas de bon
sens, M. le Président. On lui donne la chance, ce matin, et on est
prêts à aller à l'article 1, mais à la condition
qu'on ait pris le temps du dîner. On termine à 13 heures pour
recommencer à 15 heures. À ce moment-là, notre
équipe aurait eu la chance de regarder avec nos représentants, au
niveau légal, la teneur des amendements et on aurait pu recommencer
à 15 heures en disant: Voilà, on est prêts à amorcer
le débat sur l'article 1, avec la possibilité de savoir où
on s'en va.
Là, ce n'est rien de ça. Le ministre ne collabore
même pas à nous aider à l'aider. Je suis un peu
dépourvu, là. Je suis un peu déboussolé. Il n'y a
rien qui empêche le ministre de le faire. Quelle est la loi, le
règlement qui empêche le ministre de faire en sorte que les gens
qui sont de l'Opposition puissent l'aider à l'aider? Il n'y a rien. Il
est sourd à toutes demandes venant de l'Opposition, et ça,
ça s'appelle, dans mon langage, l'entêtement d'un
bébé. Quand le bébé est à l'âge de
deux ans, c'est: Non, non, non. Je ne dis pas que le ministre, c'est un
bébé, mais il agit comme un bébé. Ça, c'est
clair. Ça, je ne sais pas pourquoi le ministre fait ça. Pourtant,
on sait qu'il y a des discussions qui sont amorcées en coulisse, qu'il
va amener des amendements. Notre travail, à nous, qui a
été jusqu'à maintenant de permettre ces
négociations-là, on aimerait bien avoir le résultat.
Qu'est-ce que ça veut dire? Ça veut dire que le ministre
va faire comme d'autres ministres qui se sont entêtés. Il va
décider, à un moment donné, qu'il en a assez. Le leader va
décider qu'il en a assez et ils vont décider de nous passer sur
le corps. Ils vont nous passer sur le corps. Ils ont tous les moyens
légaux de le faire. Une fois qu'ils vont nous avoir passé sur le
corps, savez-vous ce qui va nous arriver, M. le Président? On va arriver
en Chambre avec ce qu'on appelle le rapport, et selon les heures
prévues, s'il est déposé à 22 heures le soir, il a
le droit de déposer des amendements jusqu'à 22 heures le
lendemain soir. Là, le ministre va nous arriver avec des amendements en
vrac. Il va nous demander d'étudier ça encore en pleine nuit,
comme on a fait les trois dernières nuits, pour nous dire: Maintenant,
faites votre travail d'Opposition et, s'il y a des erreurs, vous serez aussi
responsables que nous. (12 h 10)
Non, M. le Président. On ne sera pas responsables. Le ministre ne
peut pas arriver à la dernière minute avec une série
d'amendements sans avoir donné la chance à l'Opposition de les
regarder. C'est ça que je ne comprends pas. Le ministre pourrait, ce
matin, prendre cette perche, sortir un peu de l'eau dans laquelle il est en
train de se noyer, pour permettre à tous les membres de la commission
d'étudier convenablement le projet de loi. Là, ne venez pas me
dire que des gens de l'autre côté vont parler contre, parce que je
ne les comprendrais pas. Ce sont des députés, comme moi, qui ne
connaissent pas ce que le ministre a, actuellement, comme amendements, parce
que si vraiment ils connaissaient ces amendements-là, ils auraient
intérêt, comme députés, à nous les faire
connaître.
Là, je suis sûr de ce que je dis là. Hein! Ça
veut dire que les députés de l'autre côté, s'ils les
savent, il y a quelque chose qui ne va pas, certain. À ce
moment-là, le ministre les a donnés à d'autres membres de
la commission, sans les donner à l'ensemble des membres de la
commission, et ça, ça ne serait pas correct. On est égaux
comme membres - c'est supposé - à la commission. Vous, M. le
Président, comme moi, vous êtes aussi membre que moi. Ça
veut dire que vous ne les avez pas vous non plus, et c'est anormal que vous ne
les ayez pas et que nous on ne les ait pas. Là, on dit au ministre:
Donnez-les-nous pour nous permettre de travailler, et on lui garantit qu'on va
travailler en connaissance de cause. Dès l'article 1, nous allons
commencer
avec lui à faire en sorte qu'on enrichisse le débat, comme
ma collègue le disait tout à l'heure.
M. le Président, j'espère que le ministre va arrêter
ce débat-là. Il a le droit actuellement de l'arrêter en
nous déposant les amendements. S'il ne le fait pas, le débat va
se continuer jusqu'à ce que nos droits de parole soient
épuisés. Mais ça ne serait pas normal parce qu'on perd du
temps, et ça, c'est la faute du ministre. Il ne viendra pas dire, comme
il a dit en déposant la liste des organismes qu'il voulait entendre, que
c'était notre faute parce qu'on ne les entendait pas. Il avait tous les
moyens légaux de les entendre, et ça aurait été
à lui-même à demander à ses députés.
Je ne vois pas mon collègue, le député de Saint-Maurice,
mais le député de Saint-Maurice aurait pu déposer les
amendements, je veux dire une motion. La motion aurait été, de la
part du député de Saint-Maurice: Voici les neuf organismes que
nous voulons entendre. Je répète, nous aurions fait des
amendements, et je vous répète qu'au bout de la course on aurait
été battus. Si on avait été battus, il aurait
probablement passé sa motion. On aurait encore été battus,
mais la motion aurait été là, et les neuf organismes
auraient été entendus. Mais là, ce n'est pas neuf qu'on a
entendus, c'est zéro parce que le ministre s'est
entêté.
Alors, sur les amendements, c'est la même affaire. Les
amendements, le ministre a la possibilité à ce moment-ci de nous
aider à l'aider, et c'est ce que je fais de tout mon coeur, M. le
Président, de toutes mes forces. C'est de le convaincre, si
j'étais capable. J'espère l'avoir fait, sinon d'autres
collègues de mon bord vont intervenir, à moins que des gens de
l'autre côté, puisqu'il y a alternance, ne veuillent intervenir
pour appuyer leur ministre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): En
vertu de la règle de l'alternance, est-ce que... Du côté
ministériel, M. le député de Beauce-Nord.
M. Jean Audet
M. Audet: Merci, M. le Président. L'Opposition officielle
vient de nous présenter une motion souhaitant que le ministre
dépose en commission parlementaire avant, c'est bien
précisé, l'étude détaillée du projet de loi
35. Encore une fois, je m'en voudrais de supposer des mauvaises intentions
à l'Opposition, mais si je me fie...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): II
ne faudrait surtout pas le faire parce qu'on n'accepte pas...
M. Audet: Non, non. Si je me fie à ce qu'on a fait depuis
deux ou trois jours - on dit souvent que le passé est garant de l'avenir
- il n'y a rien là-dedans qui dit que si le ministre déposait les
amendements on commencerait à étudier le projet de loi.
Normalement, quand on étudie des projets de loi, les amendements sont
déposés au fur et à mesure, d'abord parce que vous, en
tant que président et en vertu de notre règlement, vous devez en
disposer, disposer de la recevabilité des amendements. À quoi
servirait de déposer les amendements ici si vous n'êtes pas
capable de disposer de la recevabilité, premièrement?
Ceci étant dit, les amendements qui sont apportés par les
ministres, la plupart du temps, font l'objet de discussions et
d'échanges avec l'Opposition. C'est l'occasion, à ce
moment-là, pour l'Opposition de faire part de ses craintes, ses
appréhensions sur l'article du projet de loi comme tel ou sur
l'amendement tel qu'il est proposé. C'est comme ça que ça
se passe habituellement. Le député de Laviolette, mon
collègue de Laviolette, souligne... Il dit: Si les députés
ministériels sont informés qu'il y a des amendements et que,
nous, on ne l'a pas été, ils devraient nous le dire, ils
devraient le faire. Ce n'est pas ce que j'ai dit. D'abord, il suppose qu'on le
sait. Il y a une chose, c'est que notre travail parlementaire, d'une certaine
façon, la tradition ou nos coutumes parlementaires font en sorte que
lorsqu'on étudie un projet de loi en commission parlementaire, le
rôle de l'Opposition, c'est ici, dans le fond, qu'il se fait le plus
valoir. Le travail du député de l'Opposition, c'est surtout en
commission et en Chambre qu'il se fait le plus valoir.
Du côté ministériel, notre système fait en
sorte qu'on a l'occasion de rencontrer le ministre pour lui faire part de
certaines appréhensions. Je disais hier que j'avais rencontré un
groupe qui, à sa demande, souhaitait rencontrer les
députés. Il avait des inquiétudes, beaucoup
d'inquiétudes face au projet de loi. Alors, mon devoir en tant que
député, en tant que représentant, c'est de rencontrer mon
collègue pour lui faire part de ces inquiétudes-là, pour
avoir des explications. Bon.
J'ai souhaité depuis deux, trois jours, depuis qu'on est en
commission parlementaire, que nous débutions l'étude article par
article du projet de loi, puisque le ministre, possiblement, apportera des
amendements qui auront pour objet de bonifier le projet de loi. Je pense qu'il
est dans l'intérêt, qu'il est souhaitable, en vertu du
règlement, même si l'Opposition peut servir des motions en
formulant un souhait qu'on regarde les amendements avant, que nous
débutions immédiatement l'étude article par article du
projet de loi. À ce moment-là, le ministre va déposer ses
amendements. À ce moment-là, on pourra échanger ensemble.
L'Opposition pourra faire part des craintes qu'elle a. Le ministre étant
un homme de bonne foi et très conscient de son rôle et très
conscient de la mission qu'il a à faire, que ce soit auprès des
travailleurs ou
des employeurs, tout ça, je suis persuadé qu'il va
comprendre.
Il ne faut pas oublier, depuis deux jours, l'Opposition ici, a
demandé à entendre des groupes. La loi qu'on a ici, elle a
été déposée... On avait demandé au
comité consultatif de la main-d'oeuvre de se pencher là-dessus.
Ils ont eu six mois pour travailler là-dessus. Malheureusement, il n'y a
pas eu entente. Qu'on ne vienne pas nous dire ici, comme c'est le cas, que
c'est un projet qui a été fait à toute vapeur, que
personne n'a été consulté, tout ça. Le
comité consultatif de la main-d'oeuvre, il y a des gens de tous les
milieux qui siègent là-dessus: FTQ, CSN, CEQ, la partie
patronale, tout ça. Ils ne se sont pas entendus. S'ils ne se sont pas
entendus, moi, je prendrais une note qu'on écrivait dans Le Devoir
récemment: S'ils ne se sont pas entendus pendant six mois, je doute
fort qu'ils se seraient entendus ici, en commission, en audience.
Alors, le ministre, sa responsabilité à lui... Il y a des
dangers, il y a des choses qui menacent la CSST, il y a des dangers, on parle
du déficit, tout ça, peut-être des choses qui seraient
à bonifier pour réduire une certaine partie des dépenses
qui sont trop excessives. J'écoutais le député de
Lévis aussi, qui parlait des travailleurs, la CSST, le déficit,
tout ça. Quand le gouvernement décide, par budget, de prendre
certains surplus qui sont a la Société de l'assurance automobile
du Québec, le député de Lévis fait des grosses
sorties pour empêcher ça. Quand on regarde la CSST avec le
déficit qu'on a là, je ne sais pas, mais il me semble que son
discours devrait, pour avoir un peu de cohérence, être le
même. On devrait prendre les mesures pour essayer de tendre à
réduire ce déficit-là. Je ne dis pas que le projet de loi
va tout régler ça. Ce n'est pas ça que je dis. Le ministre
ne l'a pas dit non plus. Mais c'est une mesure qui va faire en sorte,
possiblement, de réduire ou tendre à réduire le
déficit.
Enfin, c'est des réflexions comme ça que je voulais
apporter, M. le Président. Moi, je souhaite, encore une fois, que nous
débutions le plus tôt possible l'étude du projet de loi
article par article. S'il y a des amendements, vous pourrez disposer de la
recevabilité. En tant que parlementaires, membres de la commission, on
pourra en discuter avec le ministre pour éventuellement bonifier ce
projet de loi là dans l'intérêt de tous les travailleurs du
Québec et des employeurs.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
voudrais faire juste une petite précision sur la décision que
j'ai rendue tout à l'heure. Lorsque j'ai fait changer le mot
«dépose» pour «mettre à la disposition des
membres», c'était justement pour, dans l'éventualité
où un amendement pourrait ne pas être recevable, n'enlever en rien
le droit à la présidence de juger s'il est recevable ou non. Or,
ça n'aliène aucun droit de la présidence. C'est pourquoi
j'ai fait preuve de grande prudence là-dedans parce qu'on sait que toute
décision qui peut être un petit peu croche fait jurisprudence et
suit pendant des années ce Parlement-là et embarrasse les
parlementaires pour les générations futures. Alors, c'est
pourquoi j'avais mis cette disposition-là qui ne limitait en rien la
responsabilité de la présidence.
M. Jolivet:...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui.
(12 h 20)
M. Jolivet:... pour clarifier la situation. Le
député nous dit que s'il avait été écrit
dans la motion: Si les amendements sont déposés, l'Opposition
s'engage-t-elle à commencer à l'article 1... C'est ça que
vous avez dit? C'est bien ça? À partir de ça, moi, je vous
dis: Si vous le mettez tout de suite, on va arrêter de parler. On va le
voter. On va tous être d'accord. Ça va être unanime. On va
commencer l'article 1. Non, mais c'est ça. Vous nous dites: On
accepterait la motion s'il y avait dans le texte «à la condition
que l'Opposition, une fois les amendements déposés, s'engage
à commencer à l'article 1». Je vous dis: Faites-le,
l'amendement. Nous, on va l'accepter. On va accepter la proposition. On
commence l'article 1. Faites-le.
M. Audet: Je n'ai pas plus de garanties, M. le
Président.
M. Jolivet: Bien, tiens! Voyons! C'est ma parole. Vous n'avez pas
le droit de mettre ma parole en doute.
M. Audet: Je ne parie pas de votre parole, vous parlez de la
motion. Je vous ai dit que je n'avais pas de garanties. Je vous dis que je n'en
ai pas plus là.
M. Jolivet: Non, non, mais mets-le, là. Fais-le,
l'amendement.
M. Audet: Je n'en ai pas plus.
M. Jolivet: Oui, je te le dis. On va l'accepter.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): S'il
vous plaît! S'il vous plaît!
M. Jolivet: Je te garantis qu'on va l'accepter.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
pense qu'on n'arrivera pas à s'entendre de cette façon-là.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur la motion? M. le
député de Lévis, s'il vous plaît.
M. Jean Garon
M. Garon: Moi, M. le Président, j'écoutais le
député de Beauce-Nord, et c'est le dernier qui devrait acheter
ça les yeux fermés. Vous savez, les amendements
s'interprètent les uns par rapport aux autres. Je me rappelle, il y a
quelques années, quand le ministre des Finances lui faisait croire qu'il
fallait qu'il ferme la prison de Saint-Joseph dans son comté parce qu'il
manquait d'argent, il est allé se mettre au blanc devant tout le monde
pour qu'on accepte que la prison de Saint-Joseph soit fermée. Il disait:
Le gouvernement a besoin d'argent, il faut fermer des prisons. La prison de
Saint-Joseph avait deux fois plus de prisonniers que de cellules.
C'était l'endroit où les prisonniers payaient le plus
d'impôt au Québec. C'était l'endroit qui avait le plus haut
taux de réhabilitation, mais il a accepté qu'on ferme sa
prison.
Je me rappelle que le matin j'étais allé à un poste
de radio et que j'avais parlé très durement de la position du
député, parce que j'avais dit: Votre rôle, ce n'est pas de
défendre le ministre des Finances dans votre comté, c'est de
défendre vos électeurs à Québec. Ce n'est pas de
défendre le gouvernement dans votre comté. C'est pour ça
que vous avez été élu. Mais il avait défendu... Il
avait accepté. Là, c'est évident, la prison de
Saint-Joseph est fermée. Quelques mois plus tard, le ministre des
Finances annonçait 1 000 000 $ d'investissements dans la prison de New
Carlisle où, là, il y avait deux fois plus de cellules que de
prisonniers. La moitié des cellules étaient vides. Là, il
n'avait plus besoin d'argent, le ministre des Finances, mais c'était
dans son comté. Il investissait 1 000 000 $ dans une prison qui
était à moitié vide. Mais dans une prison où il y
avait deux fois plus de prisonniers que de cellules, là, il la fermait,
celle-là, alors que les gens travaillaient et étaient
engagés par des communautés religieuses, etc. Il avait
été naïï, le député de Beauce-Nord, et
j'avais dit: Vous êtes naïf. Là, il va encore prendre pour du
«cash» des affaires. Il n'apprend pas. Il y a des êtres
vivants qui sentent tous les poteaux pour voir s'ils sentent la même
chose, parce qu'ils n'ont pas confiance. Lui, il ne les sent pas, il a
confiance.
Je pense que c'est une erreur, M. le Président, parce que les
amendements, les articles s'interprètent les uns par rapport aux autres.
C'est un gros projet de loi. Ce n'est pas un petit projet de loi, c'est un gros
projet de loi. Là, on va arriver avec un amendement sur un article sans
savoir quels sont les autres articles qui vont être amendés.
Ça, c'est jouer à colin-maillard. On vous donne une
épingle avec une queue, on vous ferme les yeux et on dit: Va la mettre
sur le mur pour voir si tu vas la mettre à la bonne place. Alors,
ça n'a pas de bon sens. Ce n'est pas travailler de façon
intelligente que de travailler de cette façon-là.
Moi, je ne comprends pas que le ministre se prête à
ça. Ce que les députés lui demandent, au fond, par la
motion du député de Laviolette, c'est d'avoir l'ensemble des
amendements. Il y a plus que ça. Il y a des ministres qui passent
souvent leur cahier explicatif.
M. Jolivet: Bien oui.
M. Garon: Ils passent même leur cahier explicatif au
complet aux membres de la commission pour que les députés aient
une meilleure connaissance de ce qui va se passer. Il y a des ministres qui
font ça, qui passent leur cahier explicatif, qui présentent les
amendements en ensemble, à moins que le ministre ne veuille nous dire
que les gens n'ont pas encore les amendements, qu'ils ne sont pas encore
prêts et, alors qu'on amende tel article au début, qu'on n'ait pas
encore décidé de l'amendement qu'on va mettre à la fin.
Là, on risque de se retrouver avec un projet de loi qui va être un
fouillis. Quand un projet de loi est un fouillis, qu'est-ce qui arrive? Il y a
beaucoup de procédures, beaucoup de gens qui vont devant les tribunaux
parce que les projets de loi sont mal faits et on se retrouve avec des gens qui
doivent payer cher pour interpréter un projet de loi qu'on ne s'est pas
donné la peine de bien faire.
J'en ai vu, des ministres. Ça fait quelques années que je
suis dans le Parlement. Il y a deux genres de ministres. Il y a des ministres
qui sont comme des facteurs, qui apportent les lettres des autres. Ils ne les
ont pas écrites, ils ne les ont pas lues et ils ne savent pas ce qu'il y
a dedans. Il y a des ministres qui s'impliquent dans des projets de loi et ils
les connaissent. Ils les critiquent et posent des questions à leurs
fonctionnaires de sorte qu'ils ont une idée de ce qui se passe. Si le
ministre accepte de venir en commission parlementaire, lui-même sans
avoir étudié les amendements, sans connaître les
amendements dans leur ensemble et sans même...
Je ne suis même pas certain qu'ils sont faits à l'heure
actuelle. Je ne vois pas pourquoi le ministre refuserait de passer les
amendements qu'il a. C'est quoi, cette affaire-là? C'est comme si on
disait: On va donner les choses au compte-gouttes. Il est possible qu'il se
dise qu'il y a des députés qui ne sont pas capables de recevoir
tous les amendements en même temps parce que ça va être
difficile, indigeste. Là, je comprends, à ce moment-là,
que le député de Beauce-Nord m'ait dit: Si je les ai tous
ensemble, je ne serai pas capable de comprendre ça, c'est trop. Alors,
on pourrait faire une exception. Nous autres, on est prêts à faire
un amendement s'il le faut pour dire: Dans le cas du député de
Beauce-Nord, donnez-lui les amendements un par un pour ne pas qu'il se
mêle...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon:... pour ne pas qu'il trouve ça trop difficile,
mais nous, on calcule qu'on fait partie des gens qui sont capables de marcher
et mâcher de la gomme en même temps.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: À ce moment-là, on souhaiterait avoir une
vue d'ensemble du projet, pas avoir une vue partielle, pas avoir un... Vous
savez, il y a eu des procès sur des virgules. Il y a eu des
procès sur des virgules parce que, selon que vous mettiez la virgule
à tel endroit ou à tel endroit, la signification change. Le
travail en commission parlementaire est un travail très important. Les
membres ont le droit de travailler de façon intelligente, de savoir ce
qui se passe, et ils ont le droit d'être conseillés aussi.
Moi, je vais vous dire une chose. La plupart d'entre nous, on n'a jamais
travaillé dans une usine. Des accidents du travail au parlement, il n'y
en a pas beaucoup. Il y a ceux qui s'endorment qui peuvent tomber.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: II y a ceux qui s'endorment qui peuvent tomber en bas
de leur chaise. C'est à peu près le risque qu'on a. En poussant
un crayon, et il y en a qui ne poussent jamais le crayon, en plus... Il n'y a
pas d'accidents du travail beaucoup. Sauf que les gens qui sont dans les
usines, eux autres, ils peuvent dire, ceux qui sont dans des conditions...
C'est pour ça qu'on voulait entendre des gens qui ont eu des accidents,
qui ont vécu ces problèmes-là, pour qu'ils nous
influencent, pour qu'ils nous renseignent sur le projet de loi. C'est pour
ça que les amendements étant connus...
Le projet de loi, il est déposé. On ne joue pas à
la cachette, il est déposé. Les amendements, un jour ou l'autre,
on va devoir les connaître, mais c'est mieux de les connaître avant
de les adopter pour pouvoir les étudier, et que ceux qui connaissent ces
situations-là puissent nous dire: Écoutez, si vous faites
ça, ça a tel effet, ça a telle conséquence. Je ne
comprends pas pourquoi le ministre refuserait. À moins, comme le disait
le député de Laviolette, qu'il ne dise: Moi, je m'affirme, je dis
non.
J'ai remarqué qu'il dit ça souvent. C'est le ministre que
j'ai vu le plus souvent dire à l'Assemblée nationale: J'ai
décidé. Je me méfie des gens qui l'affirme trop. Souvent,
les fonctionnaires décident pour eux. J'ai rarement vu un ministre, dans
des réponses à l'Assemblée nationale, dire aussi souvent
dans une réponse: J'ai décidé. Il y a des fois qu'il Ta
dit cinq, six fois: J'ai décidé, j'ai décidé. Je me
disais: II ressemble au Petit Caporal. Il ressemble à Napoléon.
Mais c'était un empereur, lui, l'empereur des Français. Il n'a
même pas voulu que personne ne le couronne. Il a décidé de
se couronner lui-même parce qu'il trouvait que le pape, qui,
habituellement, couronnait les empereurs, n'était pas à la
hauteur de la fonction dans son cas. Ça fait qu'il a pris la couronne et
il se l'est mise lui-même sur la tête, en disant: Personne ne va
m'avoir couronné, Napoléon s'est couronné lui-même.
J'entendais le ministre, qui disait: J'ai décidé, j'ai
décidé. Je me dis: J'ai l'impression qu'il n'a pas
décidé tout ça, qu'il y a beaucoup de fonctionnaires qui
décident pour lui. Mais il veut peut-être nous faire croire qu'il
décide autant que ça.
Je pense que la plus grande protection qu'il peut y avoir pour le
ministre, c'est que l'ensemble des gens regarde le projet de loi, que ça
soit public. C'est sa plus grande garantie parce que, normalement, un projet de
loi, on n'a pas honte de ça. Ce n'est pas une oeuvre secrète,
c'est une oeuvre publique. Pourquoi, à ce moment-là, ne pas
déposer les amendements tous ensemble? À moins qu'il ne nous
dise: Je ne suis pas capable parce que je ne les ai pas. Là, on va
comprendre qu'il y a des fonctionnaires en arrière qui ont fait un
projet de loi, qui ont décidé de le changer, qui veulent le
changer, et que le ministre n'est pas encore au courant des changements qu'ils
veulent apporter. Mais là, ça fait penser, par exemple, à
un leader qui dit... Il y a des gens qui disent: Je suis leur chef, donc je les
dirige. Il y en a d'autres qui disent: Je suis leur chef, donc je les suis.
Des voix: Ha, ha, ha! (12 h 30)
M. Garon: Alors, il faut faire attention. Vous savez, selon les
types d'endroits, les chefs sont en avant et ils reçoivent les
premières balles ou ils sont en arrière et ils sont
protégés par la troupe. Dans ce cas-là, moi, je pense
qu'il serait important que le ministre dise: Moi, je suis prêt à
aller visière levée, à visage découvert, disait
récemment quelqu'un, pour que l'ensemble des amendements soit connu. Je
n'en ai pas honte, j'en suis fier. Ou à moins qu'il ne nous fasse l'aveu
et qu'il ne nous dise: Bien, je ne les connais pas, ils ne sont pas encore
faits, ils sont en train d'être faits et, en fin de semaine, ils vont
travailler fort pour les faire. Je ne pourrais pas vous les déposer
immédiatement parce que je ne les ai pas. À ce moment-là,
je vais vous les déposer lundi. Mais, que le ministre refuse de
déposer les amendements dans leur ensemble pour ne pas que les
députés puissent avoir une vue d'ensemble, ça veut dire
légiférer d'une façon qui n'est pas intelligente. Il n'y
aurait que la taxe qui serait intelligente au gouvernement, la taxe de 4 % sur
les hôtels. À ce moment-là, je vais dire que les
amendements, eux, ne seraient pas intelligents parce qu'on ne pourrait pas les
voir.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
vous remercie. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur cette motion? M. le député de
Masson.
M. Yves Blais
M. Blais: Je vais essayer d'être très bref,
ça m'est très facile. Une chose, au départ, que je me dois
de dire, M. le Président - je m'adresse par votre intermédiaire
à M. le ministre - le projet de loi tel que présenté,
l'Opposition va voter contre avec force et vigueur, parce que nous croyons que,
tel que rédigé, c'est un projet de loi qui est antitravailleurs,
inacceptable de notre part, tel que rédigé. Donc, nous exigeons
des amendements, et des amendements substantiels, sinon nous voterons contre et
nous allons tout faire pour avoir des amendements.
Deuxièmement, nous vous avons laissé plusieurs heures -
deux jours complets, du matin à aller jusqu'à minuit - pour dire
notre opposition, essayer de faire venir des gens et vous dire, pendant ce
temps-là, pendant que nous lisions les documents... Les gens qui
voulaient être entendus, les objections qu'ils avaient à cette
loi, on les a faites nôtres et on vous en a parlé pendant deux
jours, jusqu'à minuit - c'est long, j'étais fatigué hier
soir - pour que vous prépariez des engagements, des amendements à
cette loi.
Troisièmement, nous savons pertinemment qu'il y a - et plusieurs
l'ont dit, c'est un secret de Polichinelle - des discussions entre votre bureau
et les syndicats, actuellement, là-dessus. Tout le monde le sait. Ce
n'est pas trahir une confidence, tout le monde le dit de ce
côté-ci, et on le dit... bon. Il n'y a peut-être pas
d'entente de faite directement encore, mais je ne crois pas que ce soit
ça. Je pense qu'il y a aussi en coulisse des discussions avec le
maître du projet de loi, qui est le patronat. Ceux-là, on ne sait
pas s'il y en a. J'ai l'impression que c'est de ceux-là qu'on n'a pas
encore de réponse. Quels assouplissements le patronat veut-il vous
laisser? On dirait que c'est M. Dufour qui est parrain de la loi. On dirait
ça. Je ne dis pas que c'est ça, mais on dirait ça. Il y a
des discussions qu'on ne sait pas, mais qui pourraient peut-être exister,
et vous ne savez pas quels sont les amendements à apporter, parce que M.
Dufour n'a pas encore envoyé son nihil obstat pour donner un peu plus de
lest aux travailleurs dans ça. J'ai l'impression qu'on attend M. Dufour.
Je trouve ça terrible.
Le dépôt en bloc des amendements, cependant, il y a
seulement trois raisons qui peuvent empêcher un ministre de les
déposer. En bloc, il y a trois raisons. La première: c'est une
mauvaise volonté de la part du ministre. Cette raison-là, je
l'élimine. Je crois que vous êtes un homme de bonne
volonté. La deuxième: vous ne prévoyez pas d'amendements
majeurs à venir et sachant que la loi est inacceptable, vous ne voulez
pas montrer toute la face de cette loi-là d'un coup sec, parce que vous
en seriez gêné. Ça, c'est possible. La troisième:
c'est que, malgré qu'on vous ait laissé beaucoup de temps en
discutant ici pendant deux jours complets jusqu'à minuit pour
préparer des amendements pour bonifier la loi, les décisions ne
sont pas encore prises parce qu'il y a des discussions à
l'extérieur. Vous n'avez pas eu le temps encore de mettre ça
ensemble et d'essayer de bonifier cette loi-là de façon
rationnelle. Ça, c'est la troisième façon.
Il y en a une quatrième, que je n'oserais pas dire, mais il faut
bien le dire: c'est que, quand vous êtes arrivé en commission
parlementaire avec cette loi-là, vous n'étiez pas prêt.
J'ai de la misère à croire ça. Celle-là, je la mets
en sourdine. Ce serait de valeur si c'était ça, mais je n'ose pas
y croire. Celle-là, je la laisse de côté, je fais juste la
mentionner. Mais si c'était ça, ce serait malheureux. Je pense
plutôt que c'est la troisième: les discussions avec les syndicats
qui sont officielles, parce qu'on en entend parler partout. Donc, attendre les
discussions qui sont en privé avec le patronat pour savoir ce que le
patronat peut concéder, vu que l'Opposition fait un blocage
systématique de cette loi. Les syndicats le savent qu'on bloque
systématiquement pour forcer le ministre à apporter des
amendements pour les travailleurs et les travailleuses. L'objection du
député de Beauce-Nord.
Motion d'amendement à la motion
principale
Pour ne pas qu'il y ait d'ombre au tableau, j'aimerais apporter un
amendement, M. le Président, à la proposition qui est en cours.
J'aimerais que nous ajoutassions, que nous ajoutassions: «à la
disposition des membres tous les amendements», je rajouterais
«disponibles». Parce que si on demande tous les amendements,
ça pourrait être tellement restrictif qu'au cours de
l'étude article par article, on priverait indirectement,
peut-être, le ministre d'apporter des amendements supplémentaires.
Ça pourrait être une raison valable pour quelqu'un qui,
rationnellement, ne veut pas s'engager à ça. Ça le
brimerait, s'il voulait apporter d'autres amendements au cours de
l'étude article par article. Je veux éliminer ce
fait-là.
Deuxièmement, l'objection majeure de «l'homme du
nord». Après «de la loi 35», on mettrait une virgule
(,) au lieu d'un point (.), «afin que débute sur réception
l'étude de l'article 1 du projet de loi 35». Alors, de cette
façon-là, tous les orifices sont bouchés et quiconque
pense qu'il pourrait y avoir une fuite aurait probablement beaucoup de mauvaise
volonté.
Ha, ha, ha! Quelqu'un qui penserait qu'il y a une fuite, il est
bouché, oui!
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Sur
votre motion, vous avez 20 minutes pour nous la présenter.
M. Yves Blais
M. Blais: Je n'ai pas besoin de mes 20 minutes. Je vais prendre
quelques secondes. Cette motion, l'amendement, là, c'est tout simplement
pour répondre à M. le député de Beauce-Nord qui a
dit qu'il avait certaines... qui a manifesté des inquiétudes.
Afin que les inquiétudes ne soient plus là, et pour le ministre
aussi, s'il en a, parce qu'il dit: Si je dépose ces
amendements-là, puis que je dis que je dépose tous les
amendements... Si jamais, en cours de route, j'ai un autre amendement à
apporter et que je me suis engagé avant à tous les
déposer, donc l'amendement que j'ai là, je ne respecterai pas ma
parole.
Je sais que c'est un homme de parole. Je veux qu'il soit capable de la
respecter de a à z. Donc, je dis «disponibles» là,
les déposer immédiatement, tous les amendements qui sont
actuellement disponibles. Pour ne pas que M. le député de
Beauce-Sud croit que c'est une diversion...
Une voix: Nord.
M. Blais: ...Nord, Nord - c'est parce que, de temps en temps, on
le perd, le nord, je m'excuse. Pour ne pas que vous pensiez que c'est un truc
que nous avons pour voir les amendements et mieux continuer après
ça les motions dilatoires, je dis que... Pour commencer
immédiatement, dès le dépôt, l'article 1. Alors, je
pense avoir bouché tous les... Je n'ai pas besoin de plus de temps que
ça.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): II
tombe dans la «chute-de-la-canisse»! Bien, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: ...sur l'amendement, pour le moment, là. Je
veux dire, vous ne voulez pas parler sur l'amendement, parce que je peux... M.
le Président...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
vous en prie.
M. Jolivet: Là, juste une question qui me vient à
l'esprit. Le député de Beauce-Nord demande-t-il que, devant
notaire, on signe un papier comme quoi on s'engage, ou bien s'il prend notre
parole? C'est la question qu'il faut poser. Moi, je pense qu'une des
façons de tester notre bonne foi, c'est d'accepter la motion
d'amendement de mon collègue ainsi que la motion principale. On n'a fait
aucun discours, personne ne parle. On l'adopte, on la vote. Une fois qu'elle va
être votée, on commence l'article 1, parce que le ministre va nous
déposer les amendements à ce moment-là.
Alors, la seule façon pour éviter qu'on ne perde du temps
encore, s'ils disent que c'est ça qu'on fait, là, c'est de le
voter immédiatement.
M. Audet: M. le Président, question de règlement.
Il n'est pas allé sur motion, lui.
M. Jolivet: je m'excuse, je m'excuse.
M. Audet: Je vous demanderais de faire respecter le
règlement, s'il vous plaît.
M. Jolivet: Je ne sais pas où vous êtes dans la
lune, vous, je parie sur l'amendement. J'ai le droit de parler 10 minutes sur
l'amendement.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
m'excuse, c'est que nous avons un sous-amendement, et que ce sous-amendement
là redonne un droit de parole de 10 minutes.
M. Jolivet: Bien, voyons donc, toi!
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Après, nous reviendrons sur la motion.
M. Jolivet: Tu es mal conseillé.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Ceux
qui ne se sont pas exprimés sur la motion auront le droit.
M. Audet: II a dit qu'il ne voulait pas parler dessus, puis,
là, il parte dessus.
M. Jolivet: Je n'ai jamais dit ça.
M. Audet: C'est ça qu'il a dit, au début.
M. Jolivet: Je n'ai jamais dit ça, pantoute! Là,
là, il n'écoute pas, il est bouché des deux bouts.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le député de Laviolette, s'il vous plaît, s'il vous
plaît! Vous savez...
M. Jolivet: Non, mais, écoutez... Vous m'avez donné
le droit de parole parce que vous avez...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Oui.
M. Jolivet: ...compris que mon droit de parole, c'était
sur l'amendement de mon collègue.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui,
mais votre droit de parole ne donne pas le droit de dire des paroles
désagréables pour les députés.
M. Jolivet: Bien, je vais déboucher mon affaire.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, s'il vous plaît.
M. Jolivet: C'est parce qu'il a dit que je ne voulais pas parler.
Je n'ai jamais dit ça. J'ai dit: S'ils veulent, eux autres, qu'on ne
parle pas, puis qu'on arrête ça... Ils nous disent: On est
prêts à accepter votre amendement, c'est unanime. On est
prêts à accepter la motion principale, c'est unanime. Le ministre
dépose ses amendements, puis on commence. Alors, moi, je n'ai pas le
droit de demander le vote parce que j'ai commencé à parler. Il
faudrait que quelqu'un d'autre le demande.
Mme Blackburn: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mme
la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn:... j'aimerais qu'on vote sur l'amendement
qui...
M. Jolivet: Bon, on va voter.
Mme Blackburn:... a été proposé par le
député de Masson. (12 h 40)
M. Jolivet: Et sur la motion.
Mme Blackburn: Après.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, sur le sous-amendement, qui se lit comme suit...
Mme Blackburn: J'espère qu'ils vont voter pour.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): La
motion...
Mme Blackburn: C'était ça, l'inquiétude.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):...
suivante est sous-amendée de la façon suivante: «La
commission permanente de l'économie et du travail souhaite entendre,
avant d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi
35, Loi modifiant la Loi sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles, la Loi sur la santé et la sécurité du
travail et la Loi sur l'assurance-maladie, que le ministre du Travail mette
à la disposition des membres de la commission tous les amendements
disponibles - c'est la première partie de l'amendement - qu'il a
l'intention d'apporter au projet de loi 35, afin que débute sur
réception - de cesdits amendements - l'étude article par article
du projet de loi. » C'était bien ça?
M. Jolivet: Le vote qui est demandé, c'est sur le
sous-amendement.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Sur
le sous-amendement...
M. Jolivet: Seulement.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):...
et non pas sur ta motion. Je suis d'accord avec vous.
M. Jolivet: Seulement, oui. La motion, on verra après.
Mise aux voix
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): On
va disposer des choses une à la fois. Alors, sur ce sous-amendement, M.
le député de Beauce-Nord, M. Audet?
M. Audet: Contre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Contre. Bélanger (Laval-des-Rapides), contre. M. Bordeleau
(L'Acadie)?
M. Bordeleau: Contre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mme
Dionne (Kamouraska-Témiscouata)?
Mme Dionne: Contre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
St-Roch (Drummond)?
M. St-Roch: Contre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
Cherry (Sainte-Anne)?
M. Cherry: Contre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Contre. Mme Blackburn (Chicoutimi)?
Mme Blackburn: Pour.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Pour. M. Blais (Masson)?
M. Blais: Je suis pour.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
J'attendais que vous me le confirmiez. M. Bélanger (Anjou)?
M. Bélanger (Anjou): Pour.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mme
Dupuis (Verchères)? Excusez.
Mme Dupuis: Pour.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
Garon (Lévis)?
M. Garon: Pour.
Le Président (m. bélanger, laval-des-rapides): et
M. Jolivet (laviolette)?
M. Jolivet: Pour.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, la motion est rejetée. Donc, le sous-amendement est
rejeté. Nous revenons à la motion préalable, qui se lit
comme suit: «La commission permanente de l'économie et du travail
souhaite, avant d'entreprendre l'étude détaillée du projet
de loi 35, Loi modifiant - bon, etc. - que le ministre du Travail mette
à la disposition des membres tous les amendements qu'il a l'intention
d'apporter au projet de loi 35.» Alors, sur cette motion, Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président, parce que je n'avais
pas pris tout le temps.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Là-dessus, je dois vous informer qu'en vertu de l'article 209 - je
vais vous le lire et on va bien s'entendre. «Sauf dispositions
contraires...» Ici, par exemple, un consentement...
Des voix: II y a consentement, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mais
je vais quand même lire le règlement: «...un
député peut s'exprimer une seule fois sur une même
question» - et ne peut revenir par la suite. "Son temps de parole est de
dix minutes pour une motion... Cependant, l'auteur d'une motion, le premier
ministre et les autres chefs de groupes parlementaires, ou leurs
représentants, ont un temps de parole - eux -d'une heure pour les
motions de fond et de trente minutes pour les motions de forme.»
Alors, il y a consentement. Donc, l'article ne s'appliquait pas. Madame,
il vous reste 25 minutes. Je vous en prie, procédez. Ils ont
donné consentement.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je n'ai vraiment
pas l'intention de parler 25 minutes. Je ne l'ai pas fait la première
fois pour bien manifester notre volonté de collaborer. J'ai parlé
4 minutes, même pas 5 minutes, au moment du dépôt de la
motion, sachant que je pouvais faire 30 minutes, précisément pour
bien indiquer ma volonté et la conviction que j'avais que le ministre
les déposerait. Tant il me semblait que, un, le temps qu'il avait eu
pour examiner le projet de loi, parce que je sais qu'un ministre n'a pas
toujours le temps à sa disposition... Les conseillers qui lui permettent
d'examiner tous les aspects d'un projet de loi, ils avaient eu ce
temps-là parce que ça fait déjà trois jours qu'on
est en commission. On peut penser qu'ils l'avaient eu.
Alors, je n'ai pas pris tout le temps parce que j'avais vraiment et j'ai
toujours très sérieusement l'intention de commencer l'examen du
projet de loi article par article. Je n'ai pas voulu prendre la demi-heure.
Mais ce qu'on est obligé de conclure, c'est que j'ai comme l'impression
que vous n'êtes pas vraiment intéressé à examiner le
projet de loi article par article, et il faudrait peut-être comprendre un
peu... J'ai de la peine à commencer à me sentir obligée de
vous expliquer une procédure aussi simple.
Le député de Beauce-Nord nous dit: Vous ne nous
garantissez pas. On dit: Bien, on va faire un amendement vous garantissant
qu'on commence tout de suite. On fait l'amendement, il vote contre
l'amendement. Est-ce que je peux vous apprendre une petite affaire fort simple,
que tout le monde sait en matière de procédure. Vous pouvez voter
pour un amendement et voter contre la motion principale. C'est beaucoup plus
cohérent. En matière de cohérence, ça a l'air un
peu plus intelligent. Je m'excuse, là, de vous dire ça aussi
brutalement. Quand on dit qu'il y a un vice dans la motion, ça ne veut
pas dire que vous allez l'accepter une fois qu'elle va être
modifiée. Mais, au moins, soyez un petit peu cohérent. Vous
auriez pu voter pour l'amendement et dire: On est contre la motion, pareil.
Ça, c'est une autre affaire... Mais, Bon Dieu! Ce n'est pas grave, je
m'excuse, mais il faudrait apprendre un petit peu aussi, comme dirait mon
collègue de Lévis. Ça ne vous aurait pas fait mal et
ça aurait eu l'air un petit peu plus articulé.
Moi, M. le Président, j'ai terminé. Je ne vous dis pas
qu'on va donner le projet de loi, il est, pour nous, inacceptable parce qu'il
porte atteinte de façon totalement intolérable aux droits des
travailleurs et travailleuses accidentés les plus démunis - pour
ceux qui sont équipés, il n'y a pas de problème. Il ne
corrige en rien, ce projet de loi, les principaux facteurs identifiés
comme étant responsables de la situation financière de la CSST,
à savoir l'alourdissement. Il va venir alourdir la judiciarisation,
également. Puis, on n'a pas les données qui nous permettent de
savoir si ce projet de loi va seulement nous permettre de réaliser des
économies parce qu'il se fonde sur un faux problème, le
problème qui voudrait que les travailleurs abusent et que les
médecins fassent preuve de compétence, et on n'a pas
quantifié ça, même approximativement. On est en train
d'adopter un projet de loi dont on ne connaît pas les effets réels
et concrets sur la situation financière de la CSST.
Moi, je ne suis pas d'accord avec ce projet de loi. Vous ne voulez pas
collaborer, vous voulez rester fermés à toutes les offres de
collaboration qu'on vous a faites, on va procéder article par article,
vous vivrez avec, malheureu-
sèment pour les travailleurs accidentés. Et là, je
vois des gens qui ont l'air d'accord avec ça; ça me
désole. J'imagine qu'ils ont des accidentés du travail dans leur
région, même si ce sont des régions rurales. La
députée de Kamouraska, j'ai peine à croire qu'elle est
d'accord avec des dispositions qui viennent un peu «blaster» les
travailleurs accidentés dans une région qui est rurale, où
l'accès aux services, c'est loin, où, généralement,
les travailleurs, je le rappelle, 50 % ont moins de neuf ans de
scolarité - les accidentés. Ils ne sont pas toujours bien, bien
équipés pour faire face à la complexité que vous
connaissez de la CSST. Alors, on n'est pas d'accord. Moi, je le dis, M. le
Président, je suis prête à voter.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, vous demandez qu'on appelle le vote? C'est bien ce que j'ai
compris?
M. Jolivet: Avant le vote, M. le Président...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
vous en prie, M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: ...est-ce que je pourrais poser des questions au
député de Beauce-Nord? Vu qu'on passe au vote, qu'on vient de
dire que, tout de suite après...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): En
vertu de l'article 113?
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui,
c'est possible.
M. Jolivet: Étant donné que ma collègue, qui
est notre porte-parole, vient de dire que nous allons passer à l'article
1, que nous comblons ses désirs les plus profonds, ça veut dire
qu'il va être d'accord avec la motion qu'on va voter, demandant au
ministre de déposer ce qui est disponible? Là, ça va
être la logique.
M. Audet: M. le Président, l'amendement qui a
été proposé, ça ne change pas grand-chose. Ces
gens-là, pendant deux jours quasiment, ils nous ont dit qu'ils
demandaient le retrait du projet de loi.
Des voix: Jamais!
M. Audet: Bien, voyons donc! Voyons donc!
Des voix: Jamais! Jamais!
M. Audet: Voyons donc! Voyons donc! Ça fait que, si vous
voulez appeler le vote, je vais être contre, M. le Président.
Ça répond à la question?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, s'il vous plaît, on va donc appeler le vote. M. Audet
(Beauce-Nord)?
M. Audet: Contre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Pardon?
Une voix: On vote sur quoi?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Sur
la motion.
Des voix: La motion.
Mise aux voix
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Ah!
vous voulez que je lise la motion? O.K. Alors, effectivement, le
président aurait dû relire la motion auparavant. Alors, nous
allons voter sur la motion.
Que soit mise aux voix la motion suivante: «La commission
permanente de l'économie et du travail souhaite, avant d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi 35, Loi modifiant la
Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles, la Loi sur
la santé et la sécurité du travail et la Loi sur
l'assurance-maladie, que le ministre du Travail mette à la disposition
des membres tous les amendements qu'il a l'intention d'apporter au projet de
loi 35.»
Alors, c'est le libellé de la motion. J'appelle donc le vote. M.
le député Audet (Beauce-Nord)?
M. Audet: Contre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Bélanger (Laval-des-Rapides), contre. M. Bordeleau (l'Acadie)?
M. Bordeleau: Contre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Contre. Mme Dionne (Kamouraska-Témiscouata)?
Mme Dionne: Contre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Contre. M. St-Roch (Drummond)?
M. St-Roch: Contre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
Cherry (Sainte-Anne)?
M. Cherry: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger,
Laval-des-
Rapides): Bien. Mme Blackburn (Chicoutimi)? Mme Blackburn:
Pour.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Pour. M. Blais (Masson)?
M. Blais: Pour.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Pour. M. Bélanger (Anjou)?
M. Bélanger (Anjou): Pour.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mme
Dupuis (Verchères)?
Mme Dupuis: Pour.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
Jolivet (Laviolette)?
M. Jolivet: Pour.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Et
M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Pour.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Donc, la motion est rejetée.
M. Jolivet: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le député de Laviolette.
M. Jolivet: J'ai une motion. Compte tenu de l'heure et compte
tenu que nous avons l'intention, à 15 heures, de débuter avec
l'article 1, je demanderais la suspension de nos travaux, à ce
moment-ci, jusqu'à 15 heures.
M. Blais: Question de règlement.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
vous en prie, M. le député de Masson, votre question de
règlement.
M. Blais: Moi, je suis vraiment embêté. Nous voulons
commencer l'article 1. Les ministériels viennent de voter une motion qui
nous dit qu'ils ne veulent pas commencer l'article 1. De quelle façon
pourra-t-on, à 13 heures, commencer l'article 1? (12 h 50)
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est très simple, M. le député de Masson. Ils ont
voté contre une motion qui demandait de mettre à la disposition
des membres tous les amendements. C'est ce que la motion a défait. Ha,
ha, ha! Bien. Alors, ceci étant dit, sur proposition de M. le
député de Laviolette, est-ce qu'il y a ' consentement pour qu'on
suspende les travaux, maintenant, jusqu'à 15 heures? Alors, la
commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures. Bon appétit,
tout le monde.
(Suspension de la séance à 12 h 51)
(Reprise à 15 h 11)
Le Président (M. Bélanger Laval-des-Rapides): Je
demanderais à chacun de bien vouloir prendre sa place pour que nous
puissions procéder à l'étude du projet de loi 35, qui est
la Loi modifiant la Loi sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles, la Loi sur la santé et la sécurité du
travail et la Loi sur l'assurance-maladie.
Des voix:...
Étude détaillée
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): S'il
vous plaît! S'il vous plaît! Qu'on ait moins de bruit pour qu'on
puisse travailler calmement. S'il vous plaît! Tel que convenu ce matin,
à moins d'indication contraire, nous procédons avec l'article
1.
M. Jolivet: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le député de Laviolette.
M. Jolivet: Simplement pour que le député de
Beauce-Nord comprenne que nous n'avons qu'une parole, nous passons à
l'article 1.
Des voix: Bravo! Bravo!
Une voix: M. le Président, sur division.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, c'est une demi-parole! Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Non, non, non. Lui, il n'a pas dit la même
chose que moi!
Loi sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles
Accès au dossier du travailleur
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, j'appelle donc l'article 1 du projet de loi 35 qui se lit comme
suit: «La Loi sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles (L.R.Q., chapitre A-3.001) est modifiée par le
remplacement de l'article 38 par les suivants:
«38. L'employeur a droit d'accès...» Écoutez,
est-ce que vous voulez que je les lise au complet ou si... Oui? Bon. C'est
parce que je n'ai pas mes prothèses visuelles, puis ça va mal.
Mes bras sont courts!
Une voix: ...secrétaire.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
«Un employeur à qui est imputé, en vertu du premier
alinéa de l'article 326 ou du premier ou du deuxième
alinéa de l'article 328, tout ou partie du coût des prestations
dues en raison d'une lésion professionnelle, de même qu'un
employeur tenu personnellement au paiement de tout ou partie des prestations
dues en raison d'une lésion professionnelle ont également droit
d'accès, sans frais, au dossier que la Commission possède au
sujet de cette lésion. «L'employeur peut autoriser
expressément une personne à exercer son droit d'accès.
«Cependant, seul le profesionnel de la santé désigné
par cet employeur a droit d'accès, sans frais, au dossier médical
et au dossier de réadaptation physique que la Commission possède
au sujet de la lésion professionnelle dont a été victime
ce travailleur. «La Commission avise le travailleur du fait que le droit
visé au présent article a été
exercé».
Est modifiée aussi avec l'article 38.1. «L'employeur ou la
personne qu'il autorise ne doit pas utiliser ou communiquer les informations
reçues en vertu de l'article 38 à d'autres fins que l'exercice
des droits que la présente loi confère à cet
employeur.»
Deuxièmement, par l'article...
Une voix:...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est l'article 43, c'est ça. Donc, l'article 1. Des commentaires?
M. le ministre.
M. Cherry: M. le Président, premièrement, la
modification a pour objet d'accorder le droit d'accès aux employeurs qui
se voient imputer tout ou partie des coûts d'une lésion
professionnelle, alors que le travailleur n'est plus à leur emploi.
Cette imputation a normalement pour résultat une augmentation des
cotisations. Ce peut être le cas en matière de maladies
professionnelles - voir l'article 328 de la LAT - ou pour d'autres
lésions comme les récidives, les rechutes, les aggravations -
voir l'article 326 de la LAT et Normick-Perron inc. versus Gervais.
Il en est de même pour les employeurs tenus personnellement au
paiement des prestations. Je donne comme exemple une entreprise, Transport
International (secteur maritime). Le but de l'article est de corriger une
lacune de la loi actuelle qui n'accorde pas le droit d'accès à
ces employeurs, en première instance, même s'ils sont des
personnes intéressées, alors que s'ils se retrouvent partie
à un appel ou à une révision, ils ont accès
à l'ensemble du dossier. On n'a qu'à revoir Arno
Électrique Itée et Entreprises Serge Laliberté.
Évidemment, il est important de le souligner. Les renseignements
de nature médicale ne seront disponibles que par l'intermédiaire
d'un professsionnel de la santé désigné par l'employeur,
dans tous les cas, comme actuellement. Donc, il s'agissait de préciser
ça.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, est-ce qu'il y a... Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui. M. le Président, cet article,
en dépit des explications que nous a fournies le ministre, il faudrait
mieux le comprendre parce qu'il est assez exceptionnel qu'on procède de
cette manière, c'est-à-dire qu'on permette, qu'on autorise
l'accès à un dossier médical. Il y a ce qu'on appelle la
loi sur les renseignements personnels et confidentiels, et vous n'ouvrez pas
comme ça les vannes. Est-ce que le ministre - je dois dire que je n'ai
pas été très attentive - nous parle de
précédents et de causes dans lesquelles il y aurait eu
autorisation? Est-ce qu'il pourrait nous rappeler comment ça, ça
va modifier la situation actuelle et quels problèmes ça a
posés pour qu'on la modifie?
M. Cherry: Depuis le temps que vous souhaitez entendre la CSST,
on va demander à son président.
Mme Blackburn: Alors, M. le Président, on va convenir de
quelque chose tout de suite. Vous permettez? On commence à l'article 1.
S'il faut qu'on commence par... Si c'est la CSST, la loi de la CSST, que le
ministre nous le dise. C'est un peu ce qu'on pensait, mais je trouverais
terriblement agaçant que, constamment et tout le temps, ce projet de
loi, le ministre ne soit pas capable de l'expliquer. C'est la loi du ministre.
Normalement, qu'il demande conseil au président de la CSST, je
comprends, mais qu'il ne soit pas capable de comprendre suffisamment sa loi
pour l'expliquer, j'ai un problème. Je m'excuse, là.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): On
sait qu'il est de pratique, dans les commissions parlementaires, lorsqu'un
fonctionnaire ou un membre de l'équipe du ministre a l'information
pertinente, qu'il peut donner cette information à la commission. Alors,
on demandera à M. le ministre de procéder le plus possible, mais
dans la mesure du possible, que...
M. Jolivet: M. le Président, sur cette question-là,
si vous me permettez, pour appuyer ma collègue. Je dois dire, au
départ, que le ministre doit défendre sa loi...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le ministre va défendre sa loi, c'est évident.
M. Jolivet: D'abord, on va clarifier un peu la situation, parce
que ma collègue, elle a raison. Si, à tout bout de champ, on dit:
Je vais laisser à M. Diamant le soin de répondre... On avait
demandé à entendre la Commission pour, justement, clarifier
certaines affaires, mais pas pour venir expliquer la loi. La loi, celui qui est
porteur du dossier à l'Assemblée nationale comme responsable,
c'est le ministre. Moi, je veux entendre le ministre, puis je pourrais, M. le
Président, refuser que quelqu'un parle en son nom, vous le savez
très bien.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
oui, mais je fais appel à la coutume. dans ces commissions, il est de
pratique courante que l'on puisse utiliser soit les fonctionnaires, soit les
légistes - très souvent, même, on n'a pas le choix - pour
permettre d'éclaircir certains aspects.
M. Jolivet: Mais on ne voudrait pas que ça devienne une
coutume continuelle, parce que ça ne devient plus une coutume, ça
devient une pratique. Puis, une pratique, quand quelqu'un n'est pas capable
d'expliquer la loi, il y a quelque chose qui ne va pas, certain.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le ministre. M. le député de Masson.
M. Blais: Après l'élection, vous m'appellerez M. le
ministre. Pas tout de suite.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
l'ex-député.
M. Blais: II y a quelque chose que je trouve un petit peu
loufoque. C'est que ça fait deux jours et demi que le ministre, via le
député de Beauce-Nord, nous demande de passer à l'article
1. On arrive à l'article 1. À la première question, le
ministre ne peut pas répondre.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: II a eu deux jours et demi pour se préparer.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): S'il
vous plaît!
M. Blais: Ça fait un petit peu curieux. Non non, un
instant.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Non
non...
M. Blais: Un instant.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Wo!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Non,
non. Ça va faire, les farces! Il y a un code d'éthique qui
existe, ici, et on va le faire respecter d'une façon claire. Alors, M.
le député de Masson, s'il vous plaît, procédez.
M. Blais: Mais j'ai dit quoi, là? Ce n'est pas moi qui ai
dit «Wo!», c'est vous.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Procédez. Vous savez très bien ce que j'ai dit.
M. Blais: Je ne comprends pas. J'aimerais savoir sur quoi je n'ai
pas été correct.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
vous expliquerai après, mais si vous voulez continuer, s'il vous
plaît.
M. Blais: Bon. Bien, je vais redire ce que j'ai dit, puis je vais
voir, peut-être, au cours de la répétition, s'il y a
quelque chose de pas correct. S'il y a quelque chose de pas correct, je m'en
excuse d'avance, je ne l'ai pas vu. Ça fait deux jours et demi que, via
le député de Beauce-Nord, le ministre nous demande d'aller
à l'article 1. On arrive à l'article 1. On pose une
première question et le ministre ne peut pas répondre. C'est tout
de même loufoque, c'est ce que j'ai dit. Est-ce que j'ai dit autre chose,
M. le Président, tantôt?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Ça va bien jusque-là.
M. Blais: Alors, comment se fait-il qu'il en est ainsi? C'est
ça, la question.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le ministre. (15 h 20)
M. Cherry: M. le Président, j'ai d'abord donné des
commentaires et puis je ne prête pas de mauvaises intentions. La
députée de Chicou-timi a dit: Je m'excuse, je n'ai pas fait
attention, je n'ai pas porté attention à ce que vous avez dit.
C'est ça qu'elle a dit. Alors, bon. Je me dis: Est-ce qu'elle veut que
je répète mes commentaires? Est-ce que, pour les aspects de leur
technique... Je me dis: Est-ce que quelqu'un peut aider? Je veux que ça
commence. Je n'essaie pas d'être de mauvaise foi ni de me cacher, je les
ai dits, les commentaires.
M. Blais: II y a des précédents qui nous ont
forcés à apporter l'article 1. Et Mme la
députée de Chicoutimi vous a dit: Mais quels sont ces
précédents? J'ai entendu Normick-Perron, au début, etc.
Mais c'est des explications sur ça qu'elle vous demande, si j'ai bien
compris.
M. Cherry: Oui, il y en a des cas de jurisprudence. C'est
ça que j'ai... Je les ai dits quand je les ai vus, en tout cas.
Mme Blackburn: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mme
la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, je voudrais que le
ministre nous explique deux choses par rapport à l'article 1. Qu'est-ce
que ça va changer et, si on ne le changeait pas, quel tort cela
causerait-il? Y a-t-il eu, troisièmement, une consultation auprès
de la Commission d'accès? Est-ce que ça ne fait pas partie des
dossiers qu'on ne peut pas ainsi communiquer? Est-ce que, dans l'article 38,
1er, 2e, 3e, 4e - j'ai toujours mêlé les paragraphes - je pense
que c'est un paragraphe qui commence par: «Cependant, seul le
professionnel de la santé désigné par cet employeur a
droit d'accès, sans frais, au dossier médical et au dossier de
réadaptation physique». Est-ce à dire que ceux qui
paieraient des frais y auraient droit? Tel que libellé, c'est ce que
ça laisse entendre. Donc, il y a trois questions.
M. Cherry: Trois questions.
Mme Blackburn: Trois questions: les précédents, la
situation actuelle et la confidentialité. Puis, si vous voulez, on
pourra reparler du troisième aspect qui touche l'interprétation,
comment on doit entendre le «sans frais». Est-ce à dire
qu'avec frais, n'importe qui ou l'employeur lui-même pourrait avoir
accès au dossier? Et est-ce qu'il y a des précédents?
M. Cherry: Troisièmement, vous avez...
Mme Blackburn: Alors, allez-y! Je vous écoute.
M. Cherry: o.k. dans le cas des précédents et de la
jurisprudence, je vous ai cité deux cas. est-ce que c'est parce que vous
avez...
Mme Blackburn: ...un peu.
M. Cherry: O.K. Donc, évidemment, là, il y a le cas
de Normick-Perron et Gervais. Bon, O.K. Vous avez la CALP, c'est la cause
903.
Mme Blackburn: C'était quoi, ça? Ça disait
quoi?
M. Cherry: O.K. Bon!
Mme Blackburn: Bien, c'est ça. Si vous voulez qu'on
comprenne, il me semble que ça nous prend des explications de cette
nature-là.
M. Cherry: O.K. Vous avez aussi également...
Deuxièmement, vous avez demandé les sans frais et,
troisièmement... C'était quoi, votre troisième? Juste
parce que je veux les noter pour bien y répondre là. Le
troisième aspect, c'est...
Mme Blackburn: Je dis: Quelle est la situation actuelle? La
suivante, on la comprend un peu. Sur quoi fondez-vous votre modification?
Qu'est-ce que vous faites de la confidentialité des dossiers? Est-ce que
vous avez consulté là-dessus?
M. Cherry: O.K. Dans le cas de la confidentialité, c'est
cet aspect-là. Vous avez demandé: Est-ce que c'a
été vérifié avec l'aspect de l'organisme pour
l'accès à l'information?
Mme Blackburn: La Commission d'accès à
l'information.
M. Cherry: Excusez. La Commission d'accès à
l'information. C'est de là que découle que ça ne peut
qu'arriver entre professionnels de la santé, justement pour assurer la
protection de la confidentialité. En d'autres mots, c'est pour ça
que la loi dit: Ça doit être un médecin qui doit
communiquer ces informations-là à un autre médecin pour ne
pas que ça puisse être quelqu'un au nom de l'employeur. Ça
ne peut être que le médecin.
Mme Blackburn: Vous me dites: un médecin qui communique
ça à un autre médecin?
M. Cherry: En d'autres mots, il faut que ce soit le
médecin de l'employeur à qui on transmettra les informations. Ce
n'est personne d'autre qu'un médecin.
Mme Blackburn: Qui transmettra? M. Cherry: Celui qui les
possède.
Mme Blackburn: On dit «que la Commission». Je ne sais
pas si c'est lui, là. Là, vous laissez entendre que c'est de
médecin à médecin. Mais ce n'est pas de médecin
à médecin, c'est de médecin à CSST et de CSST
à un autre médecin. C'est ça que je comprends.
M. Cherry: O.K. Mais ça ne peut être qu'à un
médecin.
Mme Blackburn: Non. Je veux que vous... M. Cherry: II n'y
a rien de changé dans ça.
Mme Blackburn: Je veux que le ministre m'explique. Il me dit que
ce serait de médecin à médecin. Je sais qu'il a eu un
certain nombre de commentaires comme quoi il fallait qu'il y ait de meilleurs
rapports entre les médecins, mais c'était vraiment le
médecin par rapport à l'accidenté et non pas l'inverse.
Mais ce que le ministre nous dit, c'est que ce seraient les médecins qui
se communiqueraient les informations, et ce qui est écrit dans la loi,
ce n'est pas ça. Il est écrit dans le texte: «L'employeur a
droit d'accès sans frais - c'est l'employeur, à part ça -
au dossier que la Commission possède au su|et do la lésion
professlonnelle dont a été victime le travailleur alors qu'il
était à son emploi. » Ça, c'est l'employeur à
l'emploi du même employeur. L'article suivant, c'est lorsqu'il y a un
changement d'employeur. Il y a eu un accident et s'il y a une récidive,
ce que je comprends, ils peuvent aller fouiller dans le passé et avoir
accès au dossier médical. Est-ce que je me trompe?
M. Cherry: C'est vrai que l'information...
M. Jollvet: Là, II y a quelque chose qui ne va pas,
c'est certain.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est quoi le problème, là?
M. Jolivet: Je vais vous le dire. On vient d'apprendre que la
guillotine vient d'être demandée de l'autre côté, en
Chambre. C'est de la bonne foi? Il y a de la bonne foi, ici?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Un
instant, là!
M. Jolivet: Non non, je vous pose la question, ça n'a pas
de bon sens. Ça sert à quoi de travailler, nous autres,
jusqu'à 18 heures, pour rien? On vient de nous avertir qu'on nous
amène en Chambre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Wo!
Wo! Un instant, je ne le sais pas. S'il y avait eu un vote, on aurait entendu
les cloches.
M. Jolivet: non, non, il n'y a pas eu un vote. il y a eu une
conférence des leaders et ils viennent de nous fourrer la guillotine sur
la tête, là. c'est malade, ça?
M. Audet: On m'informe, ici...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Oui.
M. Audet: On devrait peut-être suspendre. C'est qu'on
m'informe, ici, qu'en vertu de 249 le leader du gouvernement... L'article dit:
Le leader du gouvernement, peut demander au président de convoquer les
leaders des groupes parlementaires pour qu'ils s'entendent sur le moment
où le rapport de la commission devrait être déposé
à l'Assemblée. Alors, c'est strictement ce qu'on me dit ici, moi,
là. On a convoqué les leaders pour qu'il y ait entente.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): On
va suspendre quelques instants. Je vais aller aux informations voir c'est
quoi.
(Suspension de la séance à 15 h 27)
(Reprise à 15 h 37)
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
vous prierais de bien vouloir reprendre votre place, s'il vous plaît.
Nous en étions toujours à l'article 1. M. le député
de Laviolette, vous aviez la parole, à ce moment-là. Alors...
M. Jolivet: Je l'ai prise, M. le Président, parce que
j'avais été insulté de voir qu'on avait convoqué
une conférence des leaders qui a pour but de mettre fin à cette
commission, de nous obliger à faire rapport, alors que notre parole que
nous avions donnée, ce matin, au ministre, a été
respectée. Je ne comprends plus rien. C'est dans ce sens-là que
je vous dis que nous allons continuer de faire notre travail parce qu'on est
convoqués par la Chambre, ici, jusqu'à 18 heures. On va le faire
le plus consciencieusement possible. Mais là, il y a un problème
majeur, c'est qu'on n'a pas la confiance des gens d'en face. On n'a pas la
bonne foi des gens d'en face. Pendant qu'on nous demande de commencer à
l'article 1, on refuse de voter les amendements aux motions dans ce
but-là, puis voilà qu'on nous amène, par l'annonce du
leader, qu'on a l'intention de nous bâillonner, de finir notre travail
à la sauvette pour pouvoir discuter en catimini, probablement durant la
nuit, des amendements qu'on ne connaît même pas actuellement, qui
vont être déposés, vous le savez très bien, en
liasse. Ce qu'on demandait ce matin, c'était de déposer en liasse
l'ensemble des amendements; ça nous été refusé. En
vertu du règlement, on va être obligés de faire rapport que
la commission n'a pas terminé son travail. Le ministre va déposer
en liasse tous les amendements, l'autre bord, il n'aura pas le choix, alors
qu'il aurait pu le faire, ce matin, de bonne foi.
M. le Président, vous savez que ce n'est pas facile de travailler
dans des circonstances comme celles-là.
M. Audet: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le député de Beauce-Nord.
M. Audet: ...en vertu du règlement, c'est fréquent
que les leaders se rencontrent pour prendre entente sur quand sera
déposé le rapport de la commission. La rencontre est à 16
heures. On ne peut pas présumer, à ce stade-ci, qu'il va y avoir
bâillon ou guillotine. Il peut y avoir entente. Il est arrivé
assez souvent dans le passé qu'il y a eu entente entre les leaders. Dans
certains cas, il n'y a pas entente, ça peut arriver aussi, je vous le
concède, mais il est trop tôt pour supposer qu'il va y avoir
bâillon. Je suis bien content qu'on commence l'article 1. Si on peut le
bonifier ensemble, c'est dans l'intérêt de tout le monde. On ne
peut pas supposer, on ne peut pas imputer des motifs indignes à un
député. C'est ce que le règlement nous dit.
M. Jolivet: Une question de règlement.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): S'il
vous plaît! S'il vous plaît!
M. Jolivet: Sur cette question de règlement.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
s'il vous plaît! mme la députée de chicoutimi, et m. le
député de laviolette par la suite.
Mme Blackburn: M. le Président, le député de
Beauce-Nord a suffisamment d'expérience parlementaire. S'il n'en a pas,
ce serait le temps qu'il en prenne. Comme dirait mon collègue de
Lévis, il faudrait qu'il apprenne un peu. L'expérience le
démontre, lorsque le leader du gouvernement convoque le leader de
l'Opposition sur une question comme ça, c'est parce que,
généralement, il a arrêté son idée. Ce qu'il
voudrait, c'est, dans la séance qui suit, la collaboration pleine et
entière pour adopter les 98 articles. Le ministre le sait. Un leader ne
va jamais, mais jamais négocier ou convoquer le leader de l'Opposition
sans prévenir le ministre responsable. Ça, c'est
d'évidence. S'il ne l'a pas fait-Moi, j'offrirais ma démission,
à la place du ministre, s'il n'a pas informé le ministre. Donc,
le ministre a été informé, prenons ça pour acquis.
(15 h 40)
Une deuxième chose, c'est que, généralement, ce que
les leaders du gouvernement demandent, c'est: Allez-vous nous donner la loi
dans les six heures qui vont venir? Il y a 98 articles, peu de chances. L'autre
affaire: Allez-vous collaborer? On ne connaît pas les amendements, on les
a demandés, ils refusent de nous les donner. Ils refusent de nous donner
les amendements, on ne les connaît pas. Comment voulez-vous que nous
puissions indiquer - ça, ça vient juste de vous dire le sens de
la décision qui va être prise tantôt - notre volonté
de participer ou notre adhésion au projet de loi modifié? Nous ne
connaissons pas la teneur des modifications parce que le ministre a
refusé de nous les présenter. Comment voulez-vous qu'on puisse
dire à votre leader, au leader du gouvernement, qu'on va être
d'accord avec cette loi modifiée? On ne connaît pas la teneur des
modifications. Le ministre a refusé. Alors, moi, je trouve que, bon,
à niaiser, c'est comme assez. Si vous voulez, on va commencer. Moi,
j'aimerais entendre le ministre, on était rendus là. Il va nous
donner ses explications. C'est sa loi, il doit la connaître, il doit
être capable de nous expliquer la teneur des jugements, des causes
auxquelles il se réfère, dans quel sens ça allait,
qu'est-ce que ça comportait, qu'est-ce que ça pouvait vouloir
dire, et pourquoi on a introduit ça là-dedans.
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le député de Laviolette, une question de règlement, pas un
commentaire, s'il vous plaît.
M. Jolivet: Ce n'est pas une question de règlement, je
réponds à sa question de règlement. C'est lui... Un
instant.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Non.
C'est au président à faire ça, ce n'est pas à
vous.
M. Jolivet: Non, non, juste... minute, minute, minute,
là.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Vous
avez trop d'expérience pour savoir ça.
M. Jolivet: Toi, tu n'as pas parlé, ne parle pas tout de
suite. Je vais parler au président. Moi, je vais parler au
président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Un
instant! Non, non.
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Non.
Je n'écoute personne, là. Vous venez d'utiliser un langage et une
façon de faire qui sont inacceptables, et vous le savez mieux que moi et
mieux que quiconque ici.
M. Jolivet: Je lui ai dit de fermer sa boîte. Ce n'est pas
difficile, c'est ça qu'on dit à la maison chez nous.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): On
ne le dit pas au Parlement.
M. Jolivet: M. le Président, ça, ça ne me
dérange pas.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Moi,
ça me dérange.
M. Jolivet: Bien, ce n'est pas grave.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est grave, oui.
M. Jolivet: Non, ce n'est pas grave pour moi.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Non.
Bien...
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Non,
non. Il y a des façons de fonctionner et on va marcher dans ces
règles-là. Surtout vous qui les connaissez parfaitement...
M. Jolivet: C'est pour ça que je fais...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...je vous incite à les respecter intégralement, s'il vous
plaît.
M. Jolivet: Oui, mais, M. le Président, je venais de vous
dire qu'il a soulevé une question de règlement: c'est vrai ou pas
vrai?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Oui.
M. Jolivet: Bon. Est-ce j'ai le droit de parler sur la question
de règlement, oui ou non?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Vous
avez le droit, effectivement. Je vous entends.
M. Jolivet: Bien, qu'elle ne m'empêche pas de parler. C'est
ce qu'elle voulait faire. Je lui ai dit: si elle a à parler, qu'elle
s'adresse à vous. Moi, je n'ai pas affaire à elle.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): On
considère l'incident comme clos, et vous faites votre intervention, s'il
vous plaît.
M. Jolivet: Parfait! Ce qu'il nous a dit, c'est que je ne peux
pas présumer, comme individu, comme député, que, parce
qu'il y a une demande de la part du leader gouvernemental d'une
conférence des leaders, avec le leader de l'Opposition et le
président ou son remplaçant, ça veut dire une chose, en
termes parlementaires, c'est que le gouvernement veut savoir si la loi qui est
actuellement en discussion en commission parlementaire, l'Opposition va la
donner ou ne pas la donner. Nous vous disons au départ que nous ne
pouvons même pas présumer, nous non plus, si on va être
capables de la donner ou de ne pas la donner, parce que le ministre,
jusqu'à maintenant, a refusé de nous donner, d'abord, les
amendements majeurs qu'il a l'intention d'y apporter. Deuxièmement,
c'est qu'au moment même où on commence à discuter du projet
de loi le ministre - on l'a fait tout à l'heure - laisse... voulait
donner la parole au président de la Commission de la santé et de
la sécurité du travail. On a refusé dès le
départ de commencer comme ça, alors comment voulez-vous, dans
l'espace de quelques heures, étudier 98 articles, dans un contexte
où on n'a même pas toutes les réponses voulues, les
amendements nécessaires, et dire: Maintenant, nous autres, on va
présumer qu'on est capables de faire ça en deux heures, en trois
heures, en cinq heures? Je disais que, ce que le ministre nous a refusé
ce matin par ses...
M. Audet: Ce n'est pas, ce n'est pas...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): S'il
vous plaît, s'il vous plaît!
M. Audet: C'est une question de règlement. Je regrette,
là.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Non.
Oui, et j'ai dit tout à l'heure que j'accepterais ses commentaires.
Alors, c'est ça qu'on faisait. Par la suite, je vous donnerai la parole
si vous le jugez nécessaire. Alors, M. le député.
M. Jolivet: Compte tenu que le ministre nous a refusé les
amendements - je le disais et je continue de le dire - nous sommes et nous
serons, dans les heures qui suivront le dépôt en Chambre
forcé par le gouvernement, par la guillotine qui nous sera
donnée, parce que, ma collègue, elle a raison, si le
député de Beauce-Nord, avec le nombre d'années qu'il a
ici, n'a pas l'expérience, il commence à être temps qu'il
l'acquière, parce que c'est toujours de même que ça
commence. Dans ce contexte-là, il va nous déposer en vrac...
M. Garon: II a fait du «stunt», mais il n'a pas
d'expérience.
M. Jolivet: ...en liasse, l'ensemble de tous les amendements, ce
qu'il aurait dû faire ce matin, finalement, et qui nous aurait permis de
travailler convenablement cet après-midi.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Bien. Alors, pour mettre fin à l'incident, j'ai parlé au
leader de l'Opposition; j'ai parlé aussi au leader du... - M. le
député de Lévis, si vous permettez - j'ai parlé
aussi au leader du gouvernement, et les deux me disent: Non, continuez vos
travaux. Je sais qu'habituellement c'est la voie qui mène à une
motion de
clôture, mais il semble que, dans ce cas-là, ce n'est pas
vraiment ça. En tout cas, ce qu'ils m'ont dit, des deux
côtés, c'est: Continuez, il n'y a pas de problème comme
tel, vous devez aller jusqu'à 18 heures et allez-y. Alors, je nous
invite donc à continuer nos travaux jusqu'à 18 heures. Par la
suite, on verra, à partir de 16 heures, ce qu'ils auront
décidé.
M. Jolivet: on a le droit d'être offusqué, comme
membre de l'opposition. même si mon leader est d'accord, est-ce que j'ai
le droit, moi?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Oui.
M. Jolivet: J'ai le droit, alors je le dis.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est pourquoi je vous ai donné la parole. Malgré que ce ne
fût pas une question de règlement, je vous ai donné la
parole, justement, pour le faire.
Alors, M. le député de Beauce-Nord...
M. Audet: juste une question.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...une dernière intervention et, ensuite, on passe à
l'article 1.
M. Audet: Oui, ça va. En vertu de quel article du
règlement un député peut-il intervenir sur une question de
règlement qui ne porte pas sur le règlement? Depuis quand
c'est...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Bon,
écoutez. Je pense que je l'ai mentionné tout à l'heure, en
tout cas, c'est une façon de procéder qui est peut-être
personnelle, mais j'aime mieux qu'on liquide les choses qu'on a sur le coeur
à la bonne place puis, après ça, on peut travailler, que
de les garder puis de se picocher, puis de ne pas avancer, puis de faire toutes
sortes de mesures dilatoires qui n'arrivent pas à de meilleurs
résultats.
M. le député nous a exprimé son point de vue, il
est satisfait, tout le monde est satisfait. Donc, j'appelle l'article 1, qu'on
continue le débat.
M. Jolivet: M. le Président, une directive.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui,
M. le député.
M. Jolivet: est-ce que le député de beauce-nord n'a
pas commencé, tout à l'heure, en disant: question de
règlement? s'il a dit ça, ça interpelle que... non, mais,
m. le président, ça interpelle que l'autre bord doit lui
répondre aussi.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Non,
mais il m'a demandé: En vertu de quel article du règlement? Je
lui ai dit que ce n'était justement pas un article du règlement.
Donc, ça ne demande pas de réponse.
M. Jolivet: Non, je m'excuse, je recommence...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Non,
non, ça n'appelle pas de réponse.
M. Jolivet: M. le Président, au début de tout, il a
commencé par dire: «Question de règlement», puis il a
expliqué la question de la guillotine. C'est de ça que je
parlais. Est-ce que j'ai le droit de répliquer, moi, comme membre de
l'Opposition? Est-ce qu'il m'empêcherait de répliquer? Il a
empêche de faire des choses jusqu'à maintenant, il ne
m'empêchera pas de répliquer, certain. Je connais assez le
règlement pour savoir que j'ai le droit de répliquer.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): On
vous a permis, tout à l'heure, de vous exprimer et je pense que j'ai
fait preuve de beaucoup d'ouverture là-dessus. Alors, je voudrais que
l'incident soit considéré comme clos et que l'on continue avec la
question de Mme la députée de Chicoutimi, qui avait
été posée à M. le ministre et sur laquelle nous
attendions une réponse, si je me rappelle bien. Alors, M. le
ministre.
Mme Blackburn: M. le ministre nous livre sa science
là-dessus.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, M. le ministre, la parole est à vous.
M. Cherry: Dans la lecture des commentaires que j'ai faits, j'ai
cité des cas. Là, je vais en reprendre un et je vais tenter de
l'expliciter, dans l'espoir que, cette fois-ci, la communication marchera
mieux.
M. Garon: Le succès est le fruit du dernier essai.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le député de Lévis, s'il vous plaît. M. le
ministre.
M. Cherry: Comment vous avez dit ça? C'est le fruit?
M. Garon: Le succès est le fruit du dernier essai.
M. Cherry: Du dernier essai, O.K. À la première
tentative, elle s'est excusée de ne pas avoir porté attention, je
pensais qu'une deuxième
pourrait le faire.
Le Président (m. bélanger, laval-des-rapides):
avant de perdre le ballon, c'est, habituellement, au football canadien:
trois essais, et, au football américain: quatre. alors, on va dire
quatre. m. le ministre, on est rendu à trois. allez-y, s'il vous
plaît.
M. Cherry: Je cite le cas, et c'est une jurisprudence de la CALP.
Dans le cas d'Arno électrique Itée et la deuxième
entreprise, c'est Entreprises Serge Laliberté. «On reconnaît
que l'ancien employeur possède l'intérêt en cas
d'imputation. Par ailleurs, on ne saurait nier - et c'est la décision de
la CALP, numéro 860 - que l'employeur qui supporte les coûts
encourus par une lésion professionnelle puisse avoir un
intérêt dans un litige dont le sort aura pour effet d'alourdir ou
de diminuer l'imputation qui lui est faite. S'il est possible qu'il doive en
supporter les coûts, il a, de ce fait, un intérêt au
dossier. C'est ce que lui confère le statut de partie
intéressée.»
Dans le concret, ça veut dire que l'employé qui a
travaillé pour le premier employeur, qui est rendu à un
deuxième employeur, il a un accident là et il en a un
deuxième, qui est une aggravation. On impute les frais au premier
employeur - ça, c'est la loi telle qu'elle a été
votée en 1985 - et on lui impute les frais sans qu'il puisse savoir
pourquoi. Est-ce que la réclamation, l'aggravation doit être
imputée à celui qui est son employeur à l'heure actuelle?
Il ne le sait pas. La seule façon de le savoir, à l'heure
actuelle, selon la loi, c'est qu'il faut qu'il en appelle de la
décision, il faut que ça arrive au bureau de révision
paritaire et, là seulement, le dossier est dévoilé parce
qu'il est un intéressé, c'est lui qui reçoit la facture.
(15 h 50)
Donc, pour assurer que, ça, ce soit corrigé, on dit que,
par l'entremise d'un professionnel de la santé, vu que vous allez
recevoir les frais pour quelqu'un qui a déjà été
à votre emploi et qui ne l'est plus, donc vous voulez savoir, vous,
comme employeur intéressé, vu que c'est vous qui recevez la
facture. On vient corriger simplement la loi qui dit que, par l'entremise d'un
professionnel de la santé, vous allez avoir accès aux
informations, sinon, si on continue à procéder comme ça se
fait maintenant, la seule façon pour l'employeur de l'obtenir, c'est
d'en appeler et, là, on commence à engorger le système.
C'est simplement pour corriger ça. Vu que vous recevez les factures,
c'est pour que vous ayez accès à ce pour quoi on vous charge,
pour lequel vous puissiez dire: Est-ce que ce qu'on m'impute aujourd'hui, c'est
vraiment quelque chose qui est à ma charge ou est-ce que ce n'est pas
une aggravation depuis qu'il est à l'emploi d'un deuxième
employeur? Est-ce que je dois, aujourd'hui, continuer d'acquitter les factures
sans avoir accès à l'information?
Mme Blackburn: après combien de temps? combien de temps
après l'accident, le premier événement d'origine, les
frais sont-ils imputés à l'employeur?
M. Cherry: C'est au moment de la rechute. Il n'y a pas de limite
de temps.
Mme Blackburn: Quand il y a rechute et qu'il est chez un autre
employeur, c'est imputé au premier, même si c'est 20 ans
après. C'est ça que vous me dites?
M. Cherry: S'il s'agit d'une aggravation, là. Le
même genre.
Mme Blackburn: Et, à ce moment-là...
M. Cherry: Une mine, par exemple. Tiens, je prendrai l'exemple
d'une mine. Quelqu'un a été à l'emploi d'une mine A. Il a
été reconnu qu'il a été atteint, je ne sais pas,
moi, d'un pourcentage x de silicone, par exemple. O.K.? En travaillant pour un
autre employeur, il y a aggravation parce que, à l'origine, le
problème a été identifié quand il travaillait pour
vous, vous continuez à recevoir les factures de l'aggravation et
là, vous, vous êtes en droit, je pense, comme employeur et c'est
ça que la loi veut corriger, de dire: Vu que vous me l'imputez puis que
vous m'envoyez les factures, je veux savoir si l'aggravation qui est
identifiée aujourd'hui, deux ans, trois ans ou cinq ans après,
c'est vraiment quelque chose qui résulte uniquement du fait qu'il a
travaillé pour moi ou n'est-ce pas le fait qu'aujourd'hui, à
l'emploi du deuxième employeur, il a pu y avoir là aggravation.
Mais, dans le moment, étant le premier employeur, la seule façon
dont vous pouvez l'obtenir, il faut que vous en appeliez, et seulement au
niveau du BRP?
Une voix: Ou à la CALP.
M. Cherry: Ou à la CALP. Uniquement là, vous allez
avoir accès à cette information-là. Uniquement là.
Alors, on veut juste corriger ça.
Mme Blackburn: Écoutez, j'ai comme un problème.
Vous avez votre accidenté qui s'appelle Edouard Tremblay; on ne risque
pas trop de nommer quelqu'un, d'identifier quelqu'un, des Tremblay, il y en a
un peu partout sur le territoire du Québec. Pierre Tremblay a
été très prolifique. Ils sont tous descendants de Pierre
Tremblay qui est arrivé en 1646, je pense, dans Charlevoix.
Alors, on va parier d'Edouard Tremblay qui travaillait pour les mines
Norbec, et il a un accident. L'employeur ne le réintègre pas ou,
faute d'emploi, il n'est plus à son emploi. Cinq
ans après, il se retrouve dans une mine. Il s'en va où il
y a des mines un peu plus qu'il n'y en a chez nous; il s'en va dans les mines
en Abitibi, à Rouyn-Noranda ou peut-être, est-ce que je sais, moi,
à Chibougamau. À Chibougamau, il y en a aussi, quoiqu'elles
soient toutes en train de fermer parce qu'on n'a pas adopté et maintenu
les politiques d'actions accréditives pour faire de l'exploration
minière.
Cela dit, cinq ans après, il a une rechute. L'organisme qui a la
responsabilité d'évaluer sur le rapport médical de son
médecin traitant si c'est, oui ou non, une rechute, c'est la CSST. Bon.
Alors, c'est quoi, cette histoire-là? La CSST, c'est sa
responsabilité. C'est elle qui... Et là, elle va plus loin. Si
elle en doute, elle va pouvoir demander un médecin spécialiste et
le médecin spécialiste va pouvoir dire: Écoutez, c'est
vrai ou ce n'est pas vrai. Qu'est-ce que ça vient faire
là-dedans?
M. Cherry: O.K.
Mme Blackburn: Parce que, là, votre loi, elle est claire
là-dessus. Vous pouvez demander à l'accidenté
lui-même une contre-expertise. Il a 30 jours. À défaut de
l'avoir, la CSST peut lui fournir le médecin et, si le bureau qui fait
une expertise propre, la CSST peut lui donner un nom d'expert, l'obliger
à aller passer un examen qui confirmera ou infirmera le diagnostic du
médecin traitant. Dans le cas où il infirme le diagnostic du
médecin traitant, c'est le diagnostic du médecin de la CSST qui
détermine si, oui ou non, il aurait droit à des
indemnités, à moins qu'il n'ait réussi, dans les 30 jours,
à aller au BEM, au Bureau d'évaluation médicale. Si le
Bureau d'évaluation médicale est engorgé,
l'accidenté n'a rien à voir là-dedans; il n'a pas
accès au Bureau. C'est le diagnostic du médecin de la CSST.
Mais, cela dit, si je comprends votre mécanique, ce n'est pas
à l'employeur à aller fouiller dans le dossier, en
première instance, si, oui ou non, il a raison. Vous avez
déjà... La CSST est là pour ça. Elle s'est
même donné tous les pouvoirs de le faire. Alors, vous voulez la
ceinture puis les bretelles.
M. Cherry: Je vais recommencer. Je vais prendre le temps qu'il
faut.
Une voix: O.K.
M. Cherry: II le faut parce que c'est important qu'on se
comprenne là-dessus. Pour fins de discussion, placez-vous dans la
situation d'avoir été le premier employeur. O.K.? Qu'est-ce que
ça dit, la loi? Ça dit que parce que la CSST... Quand il y a eu
une rechute, une récidive chez le deuxième employeur, c'est vous
qui recevez la facture. Donc, comme employeur, ce que la loi veut juste
corriger, c'est que, par l'entremise d'un professionnel de la santé,
vous voulez vous informer si les factures que vous recevez au nom de quelqu'un
qui n'est plus à votre emploi depuis deux ans, trois ans ou cinq ans, si
c'est toujours uniquement par rapport à ce qui s'est passé chez
vous ou si l'aggravation, on doit continuer à vous l'imputer? Le
problème... Et ça, c'est la loi de 1985. Je suis certain que c'a
été fait de bonne foi. Mais la seule façon pour le premier
employeur de savoir si, effectivement, il doit continuer d'accepter les frais
de la rechute ou de la récidive, la seule façon dont il peut le
savoir, c'est d'en appeler puis d'aller à un bureau de révision
paritaire et là, le dossier est révélé. Ça
fait qu'au lieu de faire ça, pour tenter de désengorger, tout ce
qu'on veut, c'est que, par l'entremise d'un professionnel de la santé...
Peut-être que le premier cas que je vous ai cité, qui est la
décision... Je vais prendre, tiens, Deschènes et Perreault
construction Itée. C'est la cause de la CALP 507.
L'article 326 de la loi est à l'effet que les coûts
encourus pour un accident du travail sont imputés à l'employeur
qui embauche le travailleur au moment de l'accident du travail. Tous les
coûts qui découlent de cet accident du travail sont ainsi
imputés à cet employeur. Jusque-là, ça va
très bien. Lorsque survient une rechute ou une nouvelle manifestation de
la lésion professionnelle, les coûts ne peuvent être
dissociés de l'événement qui est à l'origine de la
lésion. Donc - je reprends l'explication - le premier employeur qui
reçoit la facture fait simplement... Ce qu'on veut corriger, dans la
loi, c'est lui permettre, par l'entremise d'un professionnel de la
santé, de savoir. Si on ne corrige pas ça, la seule façon
qu'il veut le savoir... Je pense que, si vous étiez employeur, vous
voudriez le savoir; vous recevez une facture pour quelqu'un qui ne travaille
plus pour vous. La seule façon, dans le moment, d'avoir accès
à cette information-là, il faut qu'il déclenche le
mécanisme d'appel puis c'est là que ça devient
procédurier. Plutôt que, s'il le savait dès le début
par l'entremise d'un professionnel, ça lui éviterait tout
ça. Alors, on vient juste, si vous voulez, corriger, depuis des
décisions, la loi de 1985 pour permettre à celui qui
reçoit la facture de savoir pourquoi il paie.
Mme Blackburn: Moi, j'accepterais, M. le Président, ce que
le ministre nous explique s'il n'y avait pas de CSST, s'il n'y avait pas un
organisme de contrôle qui fait un certain filtrage, puis là, elle
a augmenté considérablement ses pouvoirs en cette matière.
L'organisme est là pour ça, pour gérer les demandes et
recevoir l'admissibilité. C'est elle qui juge puis, quand elle n'est pas
satisfaite, elle demande son médecin. O.K. C'est ça, sa fonction.
La fonction de la CSST, c'est de bien s'assurer qu'il y a un rapport entre...
que c'est véritablement une
rechute, c'est-à-dire que c'est né du premier accident ou
c'est suite au premier accident ou c'est des conditions nouvelles, ce qui
voudrait dire un nouvel accident. Mais c'est la CSST. Si la CSST ne fait pas
son travail de vérification à cet effet, alors qu'elle peut
commander une expertise... Là, vous me dites qu'il n'y a pas de rapport.
(16 heures)
M. Cherry: Mais non.
Mme Blackburn: expliquez-moi. quand il y a une rechute, qu'il
juge qu'il y a une rechute, que la rechute, c'est vraiment une rechute et qu'il
n'y a pas d'incident neuf?
M. Cherry: Ce que vous dites, et je vais... M. Blais:
C'est ça, la question.
M. Cherry: Oui. Je vais reprendre. Vous êtes l'employeur
qui recevez la facture...
Mme Blackburn: Je le sais. Ne recommencez pas à
m'expliquer ça, je comprends. Voulez-vous que je vous le
réexplique?
M. Cherry: Non, mais...
Mme Blackburn: Je suis l'employeur qui reçoit la facture
alors que l'employé est rendu ailleurs...
M. Cherry: Là...
Mme Blackburn: ...et je veux savoir pourquoi.
M. Cherry: Bon. Parfait. Là, on continue. On va prendre
l'autre bout, maintenant, pour être bien certain que vous... Là,
vous dites: J'accepterais votre proposition si la CSST n'était pas
là, parce que c'est son rôle de faire ça. Bon. Prenons pour
acquis, juste pour les fins de la discussion... Je vous ai bien compris. C'est
bien ça que vous soulevez?
Mme Blackburn: Allez-y, expliquez.
M. Cherry: Bon. Ça va, jusque-là. On va finir par
se comprendre. Mais vous, comme employeur, est-ce que vous dites que, parce
qu'il y a la CSST... Vous recevez la facture de quelqu'un qui ne travaille plus
pour vous depuis deux ou trois ans, ou cinq ans, mais, parce qu'il y a la CSST,
vous devez accepter ça sans avoir accès à aucun type
d'information? Il me semble, en logique, que vous-même, si vous
étiez un employeur, vous voudriez savoir. Ce n'est pas parce que c'est
la CSST qui a décidé que, là, vous...
Mme Blackburn: Le ministre peut-il m'expli- quer quel rôle
la CSST joue dans le cas de telle rechute? On ne parle pas d'une rechute alors
qu'il est à l'emploi du même employeur, mais d'un employé
qui a une rechute alors qu'il est à l'emploi d'un autre employeur et que
les coûts de la rechute vont être imputés au premier. Quel
est le rôle de la CSST? Oui, c'est vrai. Elle n'a pas de contrôle,
la CSST, elle ne contrôle pas la véracité des faits. Elle
ne prend pas connaissance du dossier pour porter un jugement, pour savoir si,
effectivement, c'est relié au premier accident ou si ce sont des
conditions nouvelles. C'est ça que je veux savoir. S'il y a
déjà une vérification qui est faite à la CSST qui
s'est donné tous les pouvoirs de contre-vérification et
d'expertise, qu'est-ce que ça vient faire?
M. Cherry: Bon. Prenons pour acquis, M. le Président,
comme le soulève notre collègue, la députée de
Chicoutimi, que la CSST fait tout ça.
Mme Blackburn: Est-ce que c'est prendre pour acquis ou c'est pour
vrai?
M. Cherry: Elle le fait.
Mme Blackburn: On ne joue pas dans l'a peu près!
M. Cherry: Elle le fait. Mme Blackburn: Bon!
Voilà.
M. Cherry: Qu'est-ce que ça change pour vous, comme ancien
employeur, qui continuez à recevoir les factures de ça? Si, vous,
vous voulez savoir: Est-ce que vraiment je dois être imputé au
tarif qui m'est chargé présentement? De quelle façon
pouvez-vous vérifier, vous, comme employeur qui recevez tes factures, si
la CSST a bien fait son travail ou pas? C'est la seule façon, comme
ça l'est présentement.
M. Blais: II veut vérifier à la CSST.
Mme Blackburn: Donc, pouvoir aller en appel. Mais ça, il y
a des instances pour aller en appel.
Deuxième question. J'ai demandé au ministre tout à
l'heure: Une rechute, moi, j'avais cru comprendre qu'après trois ans
après le premier accident, ça n'était plus imputé
au premier employeur. Là, vous me dites...
M. Blais: Après trois ans, ce n'est pas l'employeur
original qui subit les frais, c'est au fonds général.
Mme Blackburn: ce n'est pas le premier employeur. dans les cas de
rechute, est-ce que les coûts ne s'en vont pas au fonds
général?
M. Blais: Oui.
Mme Blackburn: Moi, j'avais toujours entendu que, trois ans
après... ce qui explique même qu'il y a beaucoup de causes qui
sont portées en appel, que les avocats sont invités à
laisser traîner parce que, quand ça fait trois ans, ça
tombe sur le fonds général. On dit: Sur le bras de la CSST.
Vérifiez-moi ça pour le «fun».
(Consultation)
M. Cherry: On tente une explication qui pourrait vous permettre
de mieux... C'est juste ça.
Mme Blackburn: Vous me comprenez, là?
M. Cherry: Bien sûr.
Mme Blackburn: Ha, ha, ha! Alors...
M. Cherry: Vous avez le droit de rire, en plus, c'est correct,
là.
Mme Blackburn: Ce qui se comprend bien s'énonce clairement
et les mots pour le dire arrivent aisément.
M. Cherry: Que de belles phrases, madame! Que de belles phrases!
Mais il faut vouloir comprendre. Il faut vouloir comprendre.
Mme Blackburn: Est-ce que c'est juste qu'après trois ans,
dans les cas de rechute, les coûts ne soient pas imputés au
premier employeur?
M. Cherry: Ils sont imputés au fonds
général.
Mme Blackburn: Bon. Voilà! C'est bien ce que je
disais.
M. Cherry: Mais le fonds général, c'est tous les
employeurs...
M. Blais: C'était facile à dire, oui...
M. Cherry: Si, après trois ans, tout le monde se met
à dire: Vu que c'est après trois ans, personne ne s'en
préoccupe, bien, à la fin de l'année, ça fait une
augmentation des coûts que tout le monde partage.
Mme Blackburn: Là, on vient de...
M. Blais: Oui. Mais là, c'est vous qui ne comprenez
pas.
M. Cherry: Non, mais c'est... Mme Blackburn:
Écoutez...
M. Cherry: En tout cas...
Mme Blackburn: Ha, ha, ha! Bien. Là, on apprend
qu'après trois ans c'est imputé...
M. Cherry: Des rechutes, il peut y en avoir dans la même
année.
M. Blais: Oui. On ne discute pas ça, là. M.
Cherry: Bon. O.K.
M. Blais: Après trois ans, ça tombe, c'est la
CSST.
M. Cherry: Oui, mais...
Mme Blackburn: La question était claire...
M. Cherry: Quand ça tombe, là...
M. Blais: Bien oui. c'était...
M. Cherry: ...je reprends l'expression de...
Mme Blackburn: Le fonds général qui est fourni par
l'employeur et qui est en train de fondre comme neige au soleil.
M. Cherry: Je prends l'expression... Mme Blackburn:
Non?
M. Cherry: ...de mon collègue et ami, le
député de Masson, qui dit: Après trois ans, ça
tombe. Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: C'est les employeurs qui le paient, on le sait.
Alors, le ministre, qui comprend bien, vient de répondre à notre
question. C'est qu'effectivement, s'il y a rechute trois ans après le
premier événement, que vous soyez ou non à l'emploi du
même employeur, ça va au fonds général. C'est sur le
bras de la CSST.
Une voix: Ce n'est pas la CSST, le fonds
général.
Mme Blackburn: Le fonds général...
Une voix: Qui contribue?
Mme Blackburn: Bien oui!
Une voix: Qui paie?
Mme Blackburn: L'employeur.
Une voix: Les employeurs.
Mme Blackburn: Les employeurs, oui, oui. Les employeurs,
ça va. C'est ce que je disais: le fonds général, c'est les
employeurs. La CSST
aussi, c'est comme les employeurs.
M. Diamant (Robert): Bien oui. La CSST, ça n'existe pas,
c'est une fiducie.
M. Jolivet: m. le président... M. Cherry: c'est un
organisme. M. Jolivet: m. le président...
M. Cherry: La CSST n'a pas d'argent. Elle a l'argent des
employeurs.
Mme Blackburn: Non, non. Écoutez, je le sais. Il ne
faudrait pas nous prendre pour des niaiseux. Sauf que le ministre vient
d'apprendre en même temps que nous ce que nous savions, c'est
qu'après trois ans, ça s'en va sur le fonds
général, ce qui explique un certain laxisme, pour ne pas dire une
certaine négligence des employeurs et une certaine volonté
d'essayer de repousser des cas le plus loin possible parce que, quand ça
se règle après trois ans, ça va sur le fonds
général. C'est ce qui explique également que le dossier
d'Alcan ne se soit pas réglé: on a attendu, même quand on
avait un rapport quadripartite qui démontrait qu'il y avait une relation
entre le travail et la poussière, l'exposition à la
poussière, particulièrement de goudron, à l'Alcan, et
certaines maladies respiratoires et les cancers; on avait le rapport, on le
savait, tout le monde en a convenu, on a traîné le dossier pour
que ça dépasse les trois ans pour que ça aille au fonds
général et qu'Alcan ne soit pas la seule à payer. On sait
tout ça. Ce qui m'étonne, c'est que le ministre ne le sache pas,
par exemple. Là, il est en train de nous l'apprendre. Alors,
expliquez-moi, à présent... Quand vous dites que vous faites
ça pour que votre employeur, premier employeur, premier employeur, sache
ce qu'il y a dans le dossier, ça ne peut jouer que - maximum, il
faudrait que ça aille vite - mettons qu'il y a un accident mineur,
l'employé est indemnisé pendant quatre semaines, un mois, et cet
employé-là, une fois la période de l'indemnisation, deux
semaines après, il entre pour un autre employeur et, là, il a une
rechute au bout de trois ou quatre mois. Ça fait six mois. Ça
fait six mois. Alors, là, vous nous dites que la CSST ne fera pas
suffisamment bien son travail pour que l'employeur fasse confiance.
M. Cherry: Bien non. Ce n'est pas ça que je dis du tout.
(16 h 10)
Mme Blackburn: Parce que la CSST... C'est la CSST qui juge, c'est
la CSST qui admet, ou refuse, ou accepte, ou conteste le rapport entre le
premier accident et la rechute, ou s'il y a des événements
nouveaux. C'est vrai que c'est comme ça que ça se passe. Sinon,
on n'a plus besoin de la CSST.
M. Cherry: Non, mais... Je recommence, parce qu'il semble, de ma
compréhension, c'est que votre préoccupation, c'est que la
décision de la CSST devrait être foi d'Évangile, et
ça ne devrait pas être contesté par l'employeur qui
reçoit le coût de ça, et la seule façon qu'on... Ce
qu'on veut faire là-dedans, de la même façon que
l'employé a le droit de contester la décision de la CSST,
l'employeur, pour le faire, vu qu'il reçoit une facture, il veut savoir
si ce qu'on lui impute aujourd'hui est vraiment dans la mesure que ça
lui est présenté. La seule façon de faire ça...
Parce que, si on ne faisait pas ça... Si je reprenais votre
argumentation en disant que c'est la job de la CSST de faire ça, puis si
elle le fait bien, pourquoi l'employeur devrait le savoir? De la même
façon, si je poursuivais ce raisonnement en prenant pour acquis que la
CSST fait toujours très bien sa job, ça veut dire que
l'employé, une fois que la CSST aurait décidé, il ne
pourrait pas en appeler lui non plus.
C'est pour ça que, vu que tu reçois une facture, il veut
juste savoir... et dans le moment, parce que la loi est faite de même,
puis je ne pense pas que ça ait été fait volontairement
pour l'empêcher. Mais le résultat a fait ça. Il y a eu des
plaintes de déposées, des décisions à la CALP qui
ont reconnu que, vu que tu es une partie intéressée, parce que tu
reçois la facture... Parce que tu reçois la facture, tu y as
droit.
Dans le moment, la seule façon que l'employeur peut savoir si
effectivement ce qu'on lui impute, pour quelqu'un qui ne travaille plus pour
lui, il faut qu'il embarque dans la procédure d'appel...
Mme Blackburn: Alors, poursuivons. Une fois qu'il a accès,
par le biais d'un médecin, au dossier de l'employé pour
établir s'il y a ou non relation entre le premier accident et la
rechute, s'il s'agit véritablement d'une rechute, sur quoi se base ce
spécialiste, ce médecin, autre que sur le diagnostic du premier
médecin, et peut-être le diagnostic du spécialiste de la
CSST, et peut-être le verdict du Bureau d'évaluation
médicale? Parce que, quand le cas entre, la CSST reçoit ou
rejette la demande d'indemnisation, la requête. Elle la reçoit ou
elle la rejette. Elle l'estime acceptable. Elle doit poser un jugement pour
savoir s'il y a un rapport entre la rechute, si c'est véritablement une
rechute ou de nouvelles conditions. C'est le travail de la CSST. La CSST qui en
doutera aura dorénavant la possibilité d'exiger un nouvel examen
soit de l'employé, du travailleur ou encore, faute de le fournir, elle
va le fournir. Là, on commence à avoir la ceinture puis les
bretelles. En plus, il pourra aussi y avoir le Bureau d'évaluation
médicale. Là, on va avoir comme trois médecins dans
certains cas. Alors, le médecin du deuxième employeur qui va
vouloir avoir accès à tout ça, je veux dire, il va faire
quoi avec ces informations? Il va contester, je présume. Alors, si c'est
pour contester, il y a
des règles prévues pour la contestation. Ça va
donner quoi de plus à l'employeur que ce qu'il n'a actuellement? Si on
lui impute, il a la possibilité de le contester parce qu'il ne peut pas
le contester actuellement, alors on ne peut pas contester la rechute.
M. Cherry: O.K. Je suis votre raisonnement, puis vous me direz si
je tente d'y répondre... En tout cas, moi, je tente de répondre
du mieux que je peux. Dans le moment, il s'agit de comment on dispose
d'information quand, comme exemployeur, on vous facture pour quelque chose. La
seule façon, dans le moment, que vous puissiez savoir si, effectivement,
ce qu'on vous facture aujourd'hui est bien, en partie ou en totalité, ce
que vous devriez payer.... La seule façon que vous puissiez savoir
ça puis avoir accès au dossier, il faut que vous en
appeliez...
Mme Blackburn: O.K...
M. Cherry: Tout ce qu'on dit dans le moment, c'est que, vu que la
CSST a décidé de vous l'imputer par l'entremise de quelqu'un, il
est bien possible qu'une fois que vous avez obtenu l'information par
l'entremise de votre professionnel de la santé, vous reconnaissiez que,
oui, effectivement, c'est bien correct. Donc, je ne suis pas obligé,
pour savoir ça, d'aller dans toute la procédure.
Mme Blackburn: Alors, il y a combien de ces cas par année?
Parce qu'il faut que ce soit à l'intérieur de trois ans, on le
sait déjà. Il y a combien de ces cas qui se
présentent?
(Consultation)
M. Cherry: On m'informe qu'à la CSST il n'y a pas de
statistiques en nombre. Mais, comme il y a eu des jugements, à la CALP
il y en a... O.K. Ils n'ont pas été comptabilisés, mais
c'est perçu par celui qui reçoit une facture et qui ne peut pas
obtenir les informations pertinentes pour savoir si, effectivement, c'est
perçu comme un déni de justice. Il y a quelqu'un qui va payer,
ça, c'est certain, mais si c'était vous, on change de bord, c'est
vous qui êtes l'employeur et c'est vous qui recevez la facturation.
Là, il y a quelqu'un qui vous dit: Non, tout ce que vous avez à
faire, payez-le. Vous diriez: Je veux savoir pourquoi. Ça me semble
normal. Tout ce qu'on veut, c'est vous donner accès, par l'entremise de
professionnels, à ce pourquoi vous êtes facturé.
Après ça, vous déciderez si l'explication est
satisfaisante ou non. Dans le moment, la seule façon que vous avez de
savoir, d'avoir les explications qui vont vous amener à décider
si, oui, c'est correct, ou non... Dans le moment, la seule façon de le
savoir, c'est d'en appeler. Donc, dans une tentative de déjudiciariser
le système, on dit: Celui qui reçoit la facture, on va lui
permettre d'avoir accès à l'information pour qu'il sache, par
l'entremise d'un professionnel, ce pourquoi il paie. On pense que, de cette
façon-là, ça va éviter... C'est perçu comme
un déni de justice.
Mme Blackburn: Alors, pour évaluer le bien-fondé de
modifier dans le sens où on vient de compromettre la
confidentialité des dossiers médicaux... Parce que, là,
c'est ça. N'allez pas me dire qu'une fois que le médecin de
l'employé qui a une rechute aura le dossier en main, il n'en
communiquera pas l'essentiel à l'employeur, sinon je ne vois pas
pourquoi il aurait accès au dossier. Donc, c'est toute la question de la
confidentialité du dossier. Pour savoir s'il est pertinent de mettre en
péril tout le droit à la confidentialité des dossiers
médicaux, il faudrait fonder notre jugement sur le nombre de cas.
Ça nous permet de régler combien de cas? La CSST a un pourcentage
x; il y en a entre 30 %, 40 %, 50 % par bureau régional par année
de tels. Parce qu'il y a tout près de 200 000, 180 000 accidents et
rechutes... Là, j'essaie de voir. Je pense que les rechutes ne sont pas
comptabilisées dans les accicents. Je ne me rappelle plus bien, mais les
rechutes ne sont pas comptabilisées dans les accidents. Les accidents,
c'est les événements nouveaux plus les rechutes. Non, c'est dans
le même? Alors, ça donne à peu près 180 000 dossiers
par année. D'accord? Les deux comptabilisés. Donc, pour savoir si
on peut, comme législateurs, remettre en question un principe aussi
fondamental que celui-là, il faut qu'il y ait des informations selon
lesquelles la fréquence de ces demandes, le déni de justice dont
vous parlez, et s'il y en a un ou deux par année, il faudra se demander
si ça vaut la peine de remettre ça en question.
Deuxième chose: il faudrait qu'on ait des statistiques
là-dessus. Ce qui est désolant actuellement, c'est qu'on soit en
train de modifier la loi, comme on le sait, alors qu'on n'a jamais
quantifié la proportion du déficit qui était due aux abus
des travailleurs, mais on est quand même en train de
«blaster». Là, on est en train de modifier ça puis on
n'est pas capable de me dire combien, à quelle fréquence
ça revient, est-ce qu'on a eu plusieurs cas, qu'est-ce que... Si oui, si
effectivement ça va avoir comme effet de réduire les appels, ce
qui est possible, je n'en doute pas, ce qui est possible, c'est dans quelle
proportion? Combien? C'est combien? Si on me dit que c'est à la marge,
je vous dis: Soyons prudents, on n'a pas à faire ça.
M. Cherry: O.K. Dans...
Mme Blackburn: Et là, vous n'avez pas de chiffres, vous
n'avez pas de données. C'est ce que...
M. Cherry: Je vous ai dit qu'il n'y avait pas
de statistiques à cet effet-là...
Mme Blackburn: C'est ça, le problème.
M. Cherry: O.K. Je pense que le problème, c'est que c'est
perçu par ceux qui ne peuvent l'obtenir comme un déni de justice.
Et là, je suis convaincu que votre recherche de réponses, ce
n'est pas pour dire: Écoutez, s'il y avait juste 200 dénis de
justice par année, ce ne serait pas grave. Je suis certain que ce n'est
pas ça que vous me dites. Je suis certain que ce n'est pas
ça.
Mme Blackburn: Non, mais s'il y en avait cinq, six... (16 h
20)
M. Cherry: J'en suis convaincu. Si vous ne me dites pas: Sur 177
000 accidents, quand bien même on aurait rien que quelques centaines de
dénis de justice par année, par rapport à 177 000, ce
n'est rien. Je suis certain que ce n'est pas ça que vous me dites. Je
suis convaincu que si vous étiez, vous, le seul employeur de votre
région qui voulait avoir cette information-là et qu'elle ne vous
était pas accessible, vous interpréteriez ça comme un
déni de justice. C'est ça qu'on tente de corriger. Ça a
été vérifié à la Commission d'accès
à l'information et ce n'est pas perçu comme un danger parce que
la seule façon qu'il peut l'avoir, dans le moment... Si, comme
employeur, vous insistez pour l'avoir, vous disiez: Moi, je veux aller au bout,
je veux le savoir, il faut que vous commenciez à judicia-riser pour
obtenir des informations.
Nous autres, on dit non. Par l'entremise d'un professionnel de la
santé, vous allez l'obtenir. Ce n'est pas le nombre qui fait que... Vous
comprenez ce que je veux dire. Je suis convaincu que vous ne tentez pas de me
faire admettre que, parce qu'il n'y aurait que quelques centaines de gens
à qui ça pourrait être perçu comme un déni de
justice, c'est moins grave.
Mme Blackburn: M. le Président, si le ministre me dit
qu'il est en train de fonder cette modification sur quelques cas par
année, je dirais: Oui, c'est grave. Je n'ai pas parlé de quelques
centaines, j'ai parlé de quelques cas. Là, le ministre ne sait
pas sur combien. C'est ça qui est malheureux. Est-ce qu'il y en a 100,
200, 3000? Parce qu'il faut bien savoir que... Les rechutes à
l'intérieur de trois ans. Tous les autres, j'imagine, comme ce n'est pas
comptabilisé à l'employeur, au premier employeur, ça ne le
dérange pas trop. Donc, ça ne touche que les rechutes,
après trois ans, sur combien et, si c'est 4 ou 5 par année, ils
peuvent aller en appel. Ce n'est pas vraiment ça qui va engorger le
système. Donc, ce n'est pas un déni de justice puisqu'il peut
aller en appel. On est en train de modifier une loi sur la base de
données qu'on apporte.
M. Blais: II n'y a aucun déni de justice, il peut aller en
appel. S'il n'y en a que 3 ou 4 par année, laissons-le aller en
appel.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
J'aurais peut-être une question complémentaire. M. le
ministre, celui à qui on impute le premier événement, le
premier employeur, il a déjà un dossier en main?
M. Cherry: Oui. Mais là, il s'agit de rechute ou
d'aggravation...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Ah!
c'est ça! Mais il a déjà le premier dossier, c'est de
voir...
M. Cherry: On vous impute l'aggravation ou la rechute et, parce
que ça origine du moment où il était à votre
emploi, vous recevez la facture. Comme employeur, vous dites: Écoutez,
je voudrais bien savoir... Depuis ce temps-là, il y a peut-être...
Là, on ne parle que s'il s'agit d'un employeur à un autre, mais
il y en a peut-être eu un autre entre les deux.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Dans
le fond, c'est d'avoir le complément d'information pour finir... C'est
juste ça qui va être transmis, ce n'est pas un dossier complet, je
veux dire. Le premier employeur a déjà un dossier, il y avait eu
plainte dans le temps. Le deuxième va compléter les informations
en disant en quoi c'est aggravé.
M. Cherry: Bien sûr. Je vous donne comme exemple les
maladies professionnelles. La détérioration d'une maladie
professionnelle, c'est parce qu'on vous l'impute et vous avez des employeurs
qui sont tenus personnellement responsables à cause de la tarification.
Ça change quelque chose sur votre tarification. Donc, avant d'accepter
ça, il me semble... M. le Président, je réponds à
votre question. Il me semble que, comme employeur, vous, si on vous refusait
ça, on vous dirait: Vous, tout ce à quoi vous avez droit, recevez
la facture parce que la CSST a décidé que c'était à
vous et que vous êtes responsable de tout ça dans sa
totalité. Je suis convaincu que vous ne l'accepteriez pas.
Donc, ce qu'on dit, et on l'a vérifié par l'entremise de
la Commission d'accès à l'information, pour nous assurer de
l'aspect de la confidentialité, Mme la députée de
Chicoutimi a raison de soulever ça, on l'a soulevé nous autres
mêmes et on nous dit que, de cette façon-là, ça
assure l'aspect de la confidentialité. Si on ne faisait pas ce
changement-là et que, comme employeur, vous vouliez quand même
obtenir l'information, parce qu'on vous impute les coûts, la seule
façon par laquelle vous pourriez l'obtenir, dans le moment, c'est
d'initier des procédures. Ça, ça fait de l'engorgement
dans le système.
Mme Blackburn: Est-ce que, dans ces cas-là, l'employeur,
le premier employeur peut demander un examen médical?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): S'il
vous plaît, en arrière! S'il vous plait! Si on veut discuter,
à l'arrière, il faut aller dehors, non pas dans la salle, s'il
vous plaît! M. le ministre, en réponse.
M. Cherry: Oui. M. le Président, comme il y a eu des
jugements, comme vous, je souhaiterais savoir si on parle de 25 ou de 250. Mais
il y a eu des jugements qui reconnaissent que vous êtes une partie
intéressée. Ça, c'est reconnu. Vous êtes une partie
intéressée, parce que c'est à vous qu'on l'impute, qu'on
le charge. Alors, comme partie intéressée, tout ce qu'on veut,
c'est que vous ayez accès aux informations pertinentes sur ce pourquoi
on vous le charge.
Mme Blackburn: Le ministre ne répond pas à ma
question. Dans le cas de rechute, on sait que, dans le cas de premier
événement, il y a toute la série qu'on peut contester ou
qu'on peut accepter. Dans le cas de rechute, à l'intérieur de
trois ans, est-ce que le premier employeur peut demander un examen
médical? C'était ça, la question.
M. Cherry: Actuellement, non. Oui, avec le projet de loi.
Mme Blackburn: Bon. Alors là, ça veut dire qu'il va
pouvoir demander un examen médical. Il va, en plus, avoir droit au
dossier. En plus, il va toujours garder son droit d'appel.
M. Cherry: II est partie au litige. Je ne veux pas entendre ce
que vous me dites qui pourrait être interprété comme le
fait que le seul droit qu'il a, c'est de recevoir la facture et envoyer son
chèque.
Mme Blackburn: Je n'ai pas dit ça.
M. Cherry: Je suis certain que ce n'est pas ça que vous
dites.
Mme Blackburn: Je ne l'ai pas dit. Alors, n'essayez pas de dire
que c'est ça que j'ai dit. Je vous ai dit que, s'il doute que la CSST a
mal fait son travail et qu'elle a pris pour une rechute ce qui était un
événement nouveau, parce qu'elle a mal contrôlé le
dossier, ou encore l'employé, l'accidenté avait un médecin
complaisant... La CSST l'a cru. L'employeur a qui cela est imputé,
même si l'employé n'est plus à son service, peut demander
un examen médical. J'ai bien compris que oui? En vertu de la nouvelle
loi. Bon. C'est ce que je disais tantôt. C'est la ceinture et les
bretelles.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui. À la question qui a été
posée par ma collègue, à savoir que ça touchait
toute une question d'accès à des données personnelles
confidentielles, le ministre a répondu qu'il avait vérifié
auprès de la Commission. S'il a vérifié, il doit avoir
soit un papier qui l'indique, soit une demande par écrit. J'aimerais
bien savoir: Est-ce que le ministre a fait ça par écrit? S'il a
fait ça par écrit, peut-il nous déposer, à tous les
membres de la commission, par votre intermédiaire, M. le
Président, parce que je ne peux pas l'obliger à déposer,
mais au moins à nous faire la distribution de la demande écrite
qu'il a faite? Deuxièmement, de la réponse qu'il a reçue.
Parce que, s'il me dit ça, je suis obligé de le croire sur
parole, mais il me restera toujours, malheureusement, dans la tête quand
même un doute. Alors, j'aimerais savoir, dans une question qui est - je
n'aime pas dire ce mot-là, mais - simple, est-ce que j'aurai une
réponse simple? Je ne le sais pas. Mais, au moins, j'ai une question qui
est bien simple. Si ce n'est pas lui qui a fait la demande, ça peut
être la CSST - ce serait normal aussi, il n'y a rien d'anormal. Est-ce
qu'il y a une lettre de la part du ministre ou de la part de la Commission de
la santé et de la sécurité du travail demandant à
la Commission des droits de la personne de nous dire si, oui ou non, ça
touchait à la confidentialité des personnes? Si je n'ai pas
ça, je serai bien surpris, mais, en tout cas... Est-ce que le ministre
peut me dire s'il y a quelque chose qui existe? J'attends une réponse,
oui ou non? Il n'y a pas de lettre. Si je n'ai pas de réponse, c'est
qu'il n'y a pas de lettre.
M. Cherry: II y a eu énormément de rencontres,
comme vous le savez; vous êtes un parlementaire d'expérience, vous
savez comment ça fonctionne, les...
M. Jolivet: Non.
M. Cherry: Vous ne savez pas ça? M. Jolivet: Non,
expliquez-moi ça. M. Cherry: Bon.
M. Jolivet: Non, non. Je ne comprends pas, parce que je vais vous
dire que - et là je ne vais pas reprendre mon discours de départ
- j'ai eu l'occasion, avec Pierre Marois, à l'époque, de
travailler à l'élaboration du livre blanc, de faire, à
travers le Québec, des discours, même à mes propres frais,
parce que, dans le temps, on n'était pas payés, comme
députés, pour le faire. Je l'ai fait parce que j'y croyais.
J'étais un ancien syndiqué qui demandait des corrections à
l'ancienne loi de la Commission des accidents du
travail. Je l'ai fait, et je dois vous dire que tout ce qui a
été compilé a été compilé par
écrit, de telle sorte qu'aujourd'hui on peut toujours aller fouiller
dans les voûtes, et on va l'avoir; les microfilms vont nous le donner.
(16 h 30)
Alors, moi, je dis que je ne veux pas savoir si le ministre ou la
Commission de la santé a eu des rencontres avec des gens, j'en suis
sûr. Ce n'est pas ça que je veux. Je veux savoir s'il y a eu une
demande écrite autorisant maintenant le ministre à mettre dans le
projet de loi, par l'intermédiaire de la CSST et des légistes,
une telle disposition nous indiquant qu'il n'y a pas de danger pour qu'une
personne autre qu'un professionnel puisse avoir accès à des
données confidentielles sur une personne, pour n'importe quelle raison,
sur son dossier médical. C'est important, là. Ce n'est pas des
niaiseries, ça. Le certificat médical d'une personne, d'un
médecin... Vous savez, on appelle au ministère du Revenu et on
veut avoir, comme député, un renseignement, et ils nous disent:
Non, non; il faut faire une demande par écrit, et la demande doit
être appuyée par la personne qui le demande en son propre nom.
Alors, je vais vous dire, tout ce que je veux savoir, c'est... S'il n'y a pas
eu d'écrit, il y a quelque chose qui ne va pas, certain, là.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, dans le fond, vous voulez dire: Puisqu'on fait circuler de
l'information qui est confidentielle, qui appartient à la personne,
est-ce qu'il y a des garanties de protection de cette... Bon, on accepte que
ça puisse aller d'un professionnel à un autre, mais...
M. Jolivet: Bien, plus que ça. Plus que ça: Est-ce
que la Commission s'est prononcée sur l'inclusion, dans le projet de
loi, d'une telle disposition?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): La
Commission d'accès à l'information, oui.
M. Jolivet: Oui. Non, non. Non, non. La Commission des droits de
la personne.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Oui.
M. Jolivet: C'est plus que juste la question d'accès,
là. C'est des droits personnels, c'est des renseignements personnels.
Moi, la police, la CAT, je hais ça.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Ha,
ha, ha!
M. Jolivet: Écoute, quand j'étais chef syndical,
j'étais surveillé par la SQ.
Une voix: La GRC aussi.
M. Jolivet: Non, la SQ, surtout.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Non,
il était sur le «payroll» de la GRC. Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Ça, je m'en fous, parce que je ne ris
même pas de ça. Moi, je trouve ça niaiseux, ce que tu dis
là.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): S'il
vous plaît! S'il vous plaît!
M. Jolivet: Non, mais, écoute, elle fait des choses, elle
n'a pas le courage de le dire ouvertement. Moi, je dis que c'est niaiseux, ce
qu'elle a dit.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Bon.
Alors, on ne l'a pas entendu, donc on n'en tient pas compte. S'il vous
plaît...
M. Jolivet: Mais, moi, je l'ai entendu.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...on attend la réponse de M. le ministre.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Cherry: La garantie de confidentialité,
vérifiée auprès de la Commission d'accès à
l'information, concernant l'information de nature médicale...
M. Jolivet: Personnelle, oui.
M. Cherry: L'ensemble du dossier, c'est autre chose, mais pour
l'aspect médical du dossier, la garantie de la confidentialité
est assurée par le fait que c'est entre un professionnel de la
santé à un autre professionnel de la santé.
M. Jolivet: M. le ministre, vous connaissez le milieu de travail.
Vous savez très bien que le professionnel de la santé va faire
une photocopie. La photocopie va arriver entre les mains du patron, qui est
l'employeur, qui paie. L'employeur qui paie, bien, écoutez, là,
si vous me dites qu'il est le premier à qui on impute l'accident, comme
employeur qui doit payer, à un moment donné, s'il y a un rapport
confidentiel qui est le rapport médical, il va être fourni au
patron, j'espère.
Une voix: II n'y a rien de changé là-dessus.
M. Jolivet: Non, non, je le sais très bien. Ça ne
veut pas dire, parce que c'est là, que je suis d'accord. Ce n'est pas
parce qu'il y a eu des erreurs dans le passé que je suis obligé
de
continuer les mêmes erreurs. Je vous pose la question: Qu'est-ce
qui me garantit que, dans ce contexte-là, la photocopie de l'employeur
n'arrivera pas entre les mains d'un employé, qui est la
secrétaire ou le secrétaire Untel, et qu'à ce
moment-là on n'aura pas des données sur la partie
paranoïaque de l'individu, admettons? Vous savez, quand quelqu'un entre au
huitième, à l'Hôpital régional de la Mauricie, le
monde se pose des questions, ça fait qu'on en parle le moins possible.
Sauf que, quand le monde le sait, c'est une vraie traînée de
poudre, même si la personne a besoin juste d'un petit repos
psychologique. C'est le huitième, c'est le psychologique, là-bas,
le psychiatrique. Alors, je vous dis, le rapport médical -
maniaco-dépressif, admettons -qui arrive entre les mains du patron qui
veut savoir ce qui se passe parce qu'il veut payer, et il se trouve entre les
mains de la secrétaire qui ne savait pas ça, et qui en fait une
photocopie, y a-t-il un danger quelque part? Quelles sont les données
que vous allez m'indiquer, entre les professionnels, qui vont assurer que
l'employeur n'aura pas entre les mains une donnée qui pourra être
ensuite distribuée à d'autres? En avez-vous, des garanties?
M. Cherry: Dans un premier temps - il me semble quo jo l'ai
dôjà dit ù quelques reprises, mais merci de me permettre
l'occasion de le clarifier à nouveau - dans le moment, l'employeur qui
tient à avoir l'information qu'il souhaite, il la veut parce qu'il est
facturé.
M. Jolivet: Oui.
M. Cherry: Dans le moment, la seule façon qu'il a de le
faire, c'est d'initier des procédures.
M. Jolivet: Exact!
M. Cherry: Et, quand il judiciarise ça, il l'a.
M. Jolivet: Exact!
M. Cherry: Bon! Ce qu'on vient corriger... Puis là je vais
vous lire l'article 39 de la loi actuelle, auquel on ne propose pas de
modification. C'est la loi de 1985. Je suis certain - et vous l'avez dit
tantôt, puis vous l'avez dit hier aussi - que ce n'est pas parce qu'on a
voté une mauvaise loi que vous êtes obligé de faire
pareil.
Mme Blackburn: On doit apprendre de nos erreurs et ne pas les
cultiver.
M. Cherry: Je ne pense pas que vous vouliez mal faire. Je pense
que...
M. Jolivet: Est-ce que j'ai dit ça, moi?
Mme Blackburn: On doit apprendre de nos erreurs et ne pas les
cultiver.
M. Jolivet: J'ai dit: Si on a commis des erreurs. Je n'ai pas
parlé de mauvaise loi.
M. Cherry: Aujourd'hui. Hier ou avant-hier, vous avez dit
ça.
M. Jolivet: J'ai commis une erreur.
M. Cherry: O.K. Le rapport à l'employeur. L'article 39 de
la loi actuelle dit: «Le professionnel de la santé fait rapport
à l'employeur qui l'a désigné au sujet du dossier
médical et de réadaptation physique d'un travailleur auquel la
Commission lui donne accès; iî peut, à cette occasion,
faire à cet employeur un résumé du dossier et lui donner
un avis pour lui permettre d'exercer les droits que lui confère la
présente loi.» Ça, c'est dans le cas du premier accident;
pas de problème. Ce qu'on dit, c'est dans le cas d'une aggravation,
d'une récidive, chez un autre employeur. Ça se produit un an ou
deux ans plus tard, ou six mois, comme le disait la députée de
Chicoutimi, mais on le facture au premier. On dit que, par l'entremise d'un
professionnel de la santé, il pourrait obtenir que son professionnel lui
dise, ou bien, donc, oui, effectivement, la charge doit nous revenir, ou bien,
donc, non, et là faire ce qu'il peut faire
M. Jolivet: Bon. Je vais...
M. Cherry: Mais, dans le moment, la différence - et je
pense que c'est là un point élémentaire - c'est que, s'il
le veut... Et il y a des jugements qui nous confirment qu'il y en a qui l'ont
voulu, et que la CALP les a reconnus comme des parties
intéressées, il y en a qui ont dit: Moi, je vais contester; je
vais aller jusqu'au bout, mais je vais le savoir. Puis, une fois au bout, ils
ont été jusqu'à la CALP, et les décisions disent:
Oui, effectivement, vu qu'on vous charge, vous êtes une partie
intéressée. Tout ce qu'on veut faire avec ce projet de loi, c'est
dire: Au lieu de vous reconnaître ça une fois que la
judiciarisation est commencée, utilisez un professionnel de la
santé qui, lui, obtiendra les informations pour vous confirmer si, oui
ou non, effectivement, ce qu'on vous charge doit vraiment vous être
imputé.
M. Jolivet: Là, je comprends très bien, en
admettant qu'on y aille dans cette hypothèse-là, que l'individu
employeur, le premier employeur, mais dont l'employé est rendu au
troisième ou au deuxième employeur, récidive, revienne sur
lui. Celui-là a obtenu une information, ce qui ne l'empêche pas
d'aller en appel puis de continuer le processus, j'imagine. Ça,
là, c'est simplement pour lui indiquer, à lui, comme premier
employeur, s'il doit payer immédiatement sans faire autre forme de
procès, ou payer plus tard, après avoir fait une forme de
procès. (16 h 40)
M. Cherry: La différence, c'est que, dans le moment, une
fois qu'il le saura, il pourra décider s'il y va ou pas.
M. Jolivet: En connaissance de cause.
M. Cherry: Dans le moment, la seule façon d'obtenir
l'information, c'est d'initier une procédure qui judiciarise le
système. C'est juste ça, la distinction.
M. Jolivet: O.K. On est sur le principe, là, et c'est
là que j'arrive. Quelle est, pour la protection des droits des individus
du personnel médical, l'obligation d'y aller en amendement à la
loi? Et là, à cette question-là, ma collègue n'a
pas reçu de réponse, et je pense qu'elle n'en recevra pas.
Combien de cas dans le passé, à part les procès que vous
avez eus? Quelles sont les possibilités qu'il y aurait dans le futur,
avec cette nouvelle procédure, d'en avoir moins, diminuant par le fait
même tous les coûts inhérents à une demande d'appel,
aussi bien à la CSST qu'à l'employeur ou qu'à l'individu?
J'irais plus loin en vous disant: Dans l'ensemble des cas qui ont
été amenés en appel, possède-t-on, à la
Commission de la santé, des statistiques nous indiquant le nombre de
fois où c'est la Commission qui a fait appel en forçant
l'employeur à le faire, alors que l'employeur ne voulait pas le faire?
Puis quel est le nombre d'employeurs qui l'ont fait de leur propre chef? Parce
que, là, vous ne me ferez pas accroire... J'ai des employeurs, chez
nous, qui m'ont dit: Pour moi, cette affaire-là, ça n'a pas de
bon sens; je ne voulais pas y aller, mais, qu'est-ce que tu veux, la Commission
m'a forcé à y aller. Alors, moi, j'aimerais savoir si la
Commission peut m'indi-quer si elle est, dans ce sens-là, responsable
d'un pourcentage de ces appels-là. Je ne sais pas si je vais avoir des
réponses à ça.
M. Cherry: On m'informe que la Commission n'a jamais forcé
un employeur à aller en appel.
M. Jolivet: Hein?
M. Cherry: On m'informe...
M. Jolivet: Une chance qu'on vous informe, mais je vais vous
poser la question inverse. Donnez-moi donc, vous, le nombre de fois où
la Commission ne l'a pas fait de son propre chef. Le ministre qui vous a
précédé, il a fait la correction à la loi dans ce
sens-là, parce qu'il savait très bien que la Commission, sans
être celle qui fait l'appel, puis sans être celle qui
l'écrit, le fait par les téléphones - le
téléphone arabe, ça existe, ça. Puis, moi, je peux
vous dire qu'il y a certains cas où on a voulu faire de la
jurisprudence, puis on est allé jusqu'au bout, puis, souvent, c'est la
CSST qui faisait l'appel elle-même. Qu'on ne vienne pas me faire accroire
ça, l'inverse, là. Je suis obligé de prendre votre parole,
mais j'ai des doutes.
Mme Blackburn: Une brève question.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Une
brève question, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: L'employeur qui a un accidenté n'a droit ni
au dossier médical ni au dossier de réadaptation physique?
M. Cherry: Dans... Je vous laisse terminer.
Mme Blackburn: c'est ça, ma question. aujourd'hui,
l'employeur a-t-il accès au dossier médical et de
réadaptation physique qui est à la csst?
M. Cherry: Dans un cas de...
Mme Blackburn: Actuellement. Non, non, pas de rechute. Parce que
le premier paragraphe, c'est: «L'employeur a droit d'accès, sans
frais, au dossier que la Commission possède au sujet de la lésion
professionnelle dont a été victime le travailleur alors qu'il
était à son emploi.»
M. Cherry: 38, deuxième paragraphe, il n'y a pas de
changement là-dessus, sur l'accès au dossier médical.
«Cependant, seul le professionnel de la santé
désigné par cet employeur a droit d'accès...
Mme Blackburn: O.K.
M. Cherry: ...sans frais, au dossier médical et de
réadaptation physique que la Commission possède au sujet de la
lésion professionnelle dont a été victime ce
travailleur.» Est-ce que, ça, ça répond à
votre question?
Mme Blackburn: Non. Ce que je veux savoir, c'est qu'actuellement
un employé qui a postulé un poste à la Reed, ici, il vient
d'Abitibi Price, il a posé sa candidature, il a été
accepté, il est entré là. Il indique dans son dossier
qu'il a eu un accident de travail chez Abitibi Price. Là, Reed devient
le deuxième employeur. Reed l'embauche. Ça veut dire que,
même s'il n'y a pas eu de rechute, elle peut avoir accès au
dossier. Parce que le premier paragraphe, c'est ça qu'il dit. Il ne le
met pas conditionnel à la rechute.
M. Cherry: Je pense que vous avez...
Mme Blackburn: «L'employeur a droit d'accès, sans
frais, au dossier que la Commission possède au sujet de la lésion
professionnelle dont a été victime le travailleur alors qu'il
était à son emploi.» Ça, c'est le premier
employeur.
M. Cherry: Dites-moi si j'ai bien saisi votre question. Vous
dites que je postule un emploi...
Mme Blackburn: Non, ça va. Un employé... M.
Cherry: O.K.
Mme Blackburn: ...qui a un employeur qui était
impliqué en vertu du premier article...
(Consultation)
M. Cherry: Je répète votre question à partir
de l'exemple que vous avez cité, puis dites-moi si j'ai bien compris.
Vous dites: J'ai eu un accident de travail. Je postule un emploi ailleurs et,
dans mon formulaire d'emploi, j'informe mon futur nouvel employeur que j'ai eu
un accident lorsque j'étais à l'emploi de mon employeur
précédent. Vous dites: Est-ce que, de ce fait-là, le fait
que je l'aurai inscrit dans mon formulaire d'emploi, ça autorise mon
futur ou mon nouvel employeur à avoir accès à mon dossier,
le fait que je l'aie indiqué? La réponse, c'est non.
Mme Blackburn: Est-ce que les lois permettent ce genre
d'informations ou obligent quelqu'un qui postule un poste à fournir ce
genre d'informations? Je connais une ville qui l'a fait. Donc, ce serait
interdit de le faire?
M. Cherry: Oui.
Mme Blackburn: Ça va. Sur division. Dispositions
applicables
Le Président (M. St-Roch): L'article 1 étant
adopté sur division, j'appelle maintenant l'article 2. M. le
ministre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Merci, cher collègue. De toute façon, je bois assez d'eau que
c'est là que je réalise que c'est juste emprunté, ce n'est
pas... Alors, si l'article 1 est adopté, j'appelle l'article 2. Sur
division. Oui, c'est évident.
M. St-Roch: C'est déjà fait, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Oui.
M. St-Roch: On a déjà appelé l'article
2.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
J'avais bien dit «si». Alors, j'appelle donc l'article 2, qui
dit: L'article 43 de cette loi est modifié: 1° par le remplacement,
dans la première ligne, de «, 229 et 231» par «et
229»; 2° par le remplacement, dans la deuxième ligne, de
«l'article 415» par «les articles 415 et 415.1».
Alors, sur l'article 2, des explications, M. le ministre?
M. Cherry: Je vous demande un petit moment, M. le
Président.
(Consultation)
M. Cherry: II s'agit là de modifications de concordance
avec l'article 29 de la présente loi abrogeant l'article 231 de la Loi
sur les accidents du travail et les maladies professionnelles. C'est
l'abolition du comité spécial des maladies professionnelles
pulmonaires. L'article 46 ajoute un article 415.1 à la Loi sur les
accidents du travail et les maladies professionnelles pour donner à la
Commission d'appel en matière de lésions professionnelles, la
CALP, un droit d'accès aux dossiers de la Commission. Le but de la
présente modification est de perpétuer la situation prévue
actuellement à l'article 415.
Mme Blackburn: M. le Président, comme cet
article-là, c'est un article de concordance, est-ce qu'on peut suspendre
cet article-là jusqu'à ce qu'on soit rendu à l'article
mentionné?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui.
Lorsque l'article est suspendu... Lorsqu'on aura fini, on reviendra, on
remontera la côte avec ces articles-là. Alors, l'article 2 est
donc suspendu?
M. Jolivet: Si on a le temps avant la guillotine, hein.
Droit à l'indemnité de remplacement du
revenu
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Ah
oui! On va avoir le temps. L'article 3:
L'article 53 de cette loi est modifié: 1e par
l'addition, à la fin du premier alinéa, des mots «ou un
emploi convenable disponible chez son employeur.»; et 2° par
l'addition, à la fin du deuxième alinéa, de ce qui suit:
«; s'il occupe un emploi convenable chez son employeur ou refuse sans
raison valable de l'occuper, il a droit à une indemnité
réduite du revenu net retenu qu'il tire ou qu'il pourrait tirer de cet
emploi convenable, déterminé conformément à
l'article 50.»
Alors, les explications sur cet amendement, M. le ministre.
M. Cherry: Des commentaires. Cet article permet de soumettre un
travailleur victime d'une maladie professionnelle, alors qu'il est
âgé d'au moins 55 ans, ou d'au moins 60 pour une autre
lésion professionnelle, à la mécanique de l'emploi
convenable, comme tous les autres travailleurs, avec le tempérament que
cet emploi, jugé
convenable par la Commission, doit être disponible chez son
employeur. Cette disposition favorise le retour au travail de ce travailleur,
rejoignant ainsi l'objectif fondamental du régime de réparation
des lésions professionnelles, soit le retour au travail.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Est-ce que vous voulez qu'on suspende quelques instants?
M. Jolivet: On vient d'apprendre des faits nouveaux.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): On
suspend les travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 50)
(Reprise à 16 h 57)
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
À l'ordre, s'il vous plaît. On suspend les travaux pour
quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 58)
(Reprise à 16 h 59)
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
À l'ordre, s'il vous plaît, que nous puissions reprendre nos
travaux après cet intermède. S'il vous plaît, que chacun
veuille bien reprendre sa place, que nous reprenions l'étude de
l'article 3. S'il vous plaît! Je demande à chacun de reprendre sa
place. Nous en étions à l'étude de l'article 3.
Dernier appel, ou «last call», est-ce qu'on peut reprendre
sa place?
Nous étions à l'article 3.
M. Jolivet: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le député de Laviolette, oui.
M. Jolivet: M. le Président, des faits nouveaux viennent
d'être remis à notre...
Mme Blackburn: Portés à notre connaissance.
M. Jolivet: M. le Président, des faits nouveaux viennent
d'être portés à notre connaissance, ce qui fait que j'ai
une demande spéciale à faire au ministre. Compte tenu des
événements, on va avoir, fort probablement, à discuter
d'une certaine motion, un certain soir de la semaine prochaine. Serait-il
possible de prier le ministre, pour nous permettre de mieux faire notre
travail, de nous donner les amendements? Est-ce que c'est possible de lui
demander ça, poliment, convenablement? Le ministre doit les avoir, les
amendements. Nous autres, en fin de semaine, on va devoir travailler sur
ça. S'il veut qu'on fasse un travail convenable, sachant les
circonstances dans lesquelles nous sommes placés - on va arriver
à discuter de ça à une heure peut-être impossible,
en fin de semaine - on prendrait le temps de regarder, nous autres, au moins,
de notre bord. Pourrait-il nous déposer les amendements? Est-ce que ce
serait possible?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Est-ce que ça nous donnerait des chances que la commission soit
rappelée, par exemple, lundi, pour continuer son travail?
M. Jolivet: ça, ce n'est pas nous qui déterminons
ça. nous, on est à la disposition du parlement. si on nous
convoque, on va venir. on travaille bien, là, on travaillait
convenablement.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mais
vous savez qu'une partie, ça se joue à deux.
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, je veux savoir si, de votre côté...
M. Jolivet: Nous, tout ce qu'on peut vous dire...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Ce
n'est pas un engagement que je demande, juste une question d'intention. (17
heures)
M. Jolivet: Tout ce qu'on peut vous dire, M. le Président,
c'est que, ce matin, nous avons perdu peut-être une heure et demie
à essayer de convaincre le gouvernement - avec un amendement qui
était le leur, qu'on a placé parce qu'on pensait qu'ils
voteraient pour - de nous laisser voir les amendements. Puis ils nous ont dit:
À condition que vous commenciez l'article 1. On leur a donné
notre parole d'honneur. Malgré tout le fait qu'ils aient battu leur
propre amendement, que nous avions déposé, à la motion que
nous avions déposée, on a commencé l'article 1, puis on a
fait notre travail convenablement. Là, tout ce qu'on dit, c'est que les
amendements, ils doivent être disponibles. Jamais je ne croirai, sinon,
ça n'a pas de bon sens. Alors, s'ils sont disponibles, pourrait-on les
avoir avant 18 heures?
Mme Blackburn: La question s'adresse au ministre du Travail.
M. Cherry: J'ai bien compris.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Vous
prenez ça en délibéré avec vous-même?
M. Cherry: Je vais demander cinq minutes, M. le
Président.
M. Jolivet: O.K.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Ça va. Bien. Alors, on va laisser cinq minutes à M. le
ministre.
(Suspension de la séance à 17 h 1 )
(Reprisée 17 h 06)
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
À l'ordre, s'il vous plaît! On doit reprendre sa place, s'il
vous plaît.
Alors, avant de passer à l'article... Est-ce que l'on continue
à l'article 3, ou est-ce qu'il y a des commentaires préalables
à faire?
M. Cherry: le commentaire, c'est que certaines
possibilités d'amendement sont en rédaction présentement
et, à ce moment-ci, on n'est pas en mesure de les déposer.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mais
pour ceux qui sont rédigés, est-ce que...
M. Jolivet: Mais on ne sait jamais.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Sur
ceux qui sont déjà rédigés, quelle est votre
décision?
M. Cherry: Pas plus.
M. Jolivet: C'est plus inquiétant, M. le Président,
s'il n'y a pas d'amendement à venir. C'est plus inquiétant!
Mme Blackburn: Les gens qui nous écoutent, heureusement
qu'ils ne sont pas trop nombreux, parce que, sinon, le gouvernement perdrait le
peu de crédibilité qu'il lui reste, et plus
particulièrement le ministre du Travail. Il est en train d'essayer de
nous passer une loi dans la gorge, et il n'a même pas en main les
amendements. Depuis déjà deux jours il nous prie de commencer
l'étude du premier article. Heureusement qu'on ne l'a pas
commencée il y a deux jours!
M. Cherry: M. le Président...
Mme Blackburn: vous avez eu tout ce temps-là pour essayer
de préparer des amendements, puis ils ne sont pas prêts. bon.
écoutez, on va continuer.
M. Jolivet: Non, non! Mme Blackburn: Allez-y! M. Jolivet:
M. le Président?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le député de Laviolette.
M. Jolivet: Ça m'enrage d'avoir fait une discussion d'une
heure et demie, ce matin. S'il m'avait dit, au départ: Je n'ai pas
d'amendement, peut-être qu'on n'aurait pas fait la discussion.
Une voix:...
M. Jofivet: Non, non, mais, ce matin, là, il n'a pas dit
un mot. Il nous a laissé aller, puis, là... Moi, en tout cas,
j'étais en train de lire un texte, tout à l'heure; c'est
quasiment le théâtre du mépris. Je lis ça dans un
journal: Le Centre d'aide aux travailleurs et travailleuses accidentés,
c'est quasiment le théâtre du mépris. Ils ont raison en
sapristi d'écrire ça! Ça n'a pas de bon sens que le
ministre s'en vienne nous dire que, d'abord, les amendements sont en
rédaction. Deuxièmement, il n'y en a pas un de
rédigé, puisque, à votre demande, M. le Président,
il nous a indiqué qu'il n'en avait pas à déposer lorsque
vous lui avez demandé si ceux qui étaient rédigés,
au moins, il pouvait les déposer.
Là, ça m'inquiète. Ça veut dire que la loi
va rester telle qu'elle est là. Après ça, le leader du
gouvernement vient nous demander: Allez-vous nous donner une garantie de la
voir adoptée à tel... Ça n'a pas de maudit bon sens! On ne
peut pas donner ça, on est contre la loi, comme elle est là. On
va être contre jusqu'au bout. Alors, il restera rien qu'une solution,
c'est que le gouvernement prenne sa responsabilité.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le député de Laviolette, on se rappelle, au départ, qu'il
avait été admis qu'il y avait des discussions qui se tenaient
avec les différentes instances concernées par ce
projet-là, et que ça pouvait amener des modifications sur les
amendements éventuels, ce qui faisait que tout n'était pas
rédigé et coulé dans le ciment. Alors, je présume
que c'est encore vrai, à ce moment-ci.
M. Jolivet: C'est parce que, là, ce qui arrive, c'est que
les discussions ont eu lieu à l'Assemblée nationale, nous
indiquant qu'il y aurait une conférence des leaders, qui vient d'avoir
lieu. Après cette conférence des leaders, on nous demande.
Êtes-vous capables de nous garantir que, iundi soir, à minuit,
j'ai ma loi, de telle sorte que, le 18 ou le 19 juin prochain, la loi sera
adoptée? Nous, on disait: On ne peut pas, parce qu'on ne connaît
pas les amendements majeurs qui sont supposés être
apportés, parce
qu'on sait qu'il va y en avoir.
Mais, là, le ministre nous indique, à ce moment-ci, qu'il
n'y en a pas de rédigé et qu'ils sont en train d'en
rédiger. Donc, ça veut dire que les négociations
continuent quelque part. Ce qui veut dire que nous sommes ici, a cette table,
dans un travail normal de législateurs, qu'on ne sait même pas
où le ministre s'en va avec des amendements majeurs. Il y a quelque
chose qui ne va pas, là.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): On
sait où le ministre s'en va avec le projet de loi, il nous l'a
déposé.
M. Jolivet: Mais il sait que ce n'est pas celui-là qui va
être le final.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): II
peut être le final, il peut avoir des amendements; c'est ce qui a
été dit.
M. Jolivet: Non, non, avec ce qu'on sait, il ne sera pas final.
(17 h 10)
Mme Blackburn: Ce que nous dit le leader, c'est que tous les
amendements, un paquet qu'il devrait nous remettre, ça, il va nous les
remettre pour ne pas qu'on ait le temps de les examiner. Alors, il ne faut pas
nous demander de prendre un engagement quant à nos dispositions pour
faire adopter le projet de loi passé à travers les
différentes étapes, dans les délais pertinents, et, en
même temps, refuser de nous donner les informations qui nous
permettraient de nous faire une tête là-dessus. C'est nous prendre
pour des imbéciles! Alors, on est rendu à l'article 3? Moi, je
voudrais voir. Le ministre a peut-être un commencement de modification ou
d'amendement à proposer pour l'article 3?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le ministre.
M. Cherry: J'ai déjà fait les commentaires, je
pense, sur l'article 3? Non?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Non.
M. Cherry: Je m'excuse. O.K. Mme Blackburn: L'article a
été lu. M. Cherry: II a été lu.
O.K.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): On a
eu une petite suspension pour... Alors, vous aviez...
M. Cherry: Ça a été lu?
Le Président (M. Bélanger,
Laval-des-
Rapides): Si vous pouviez nous présenter l'article 3,
d'abord, dans sa signification.
M. Cherry: O.K. Il me semble que je les ai faits, les
commentaires; je vais les refaire. C'est pour permettre de soumettre un
travailleur qui est victime d'une maladie professionnelle, alors qu'il est
âgé d'au moins 55 ans ou d'au moins 60 ans pour une autre
lésion professionnelle, à la mécanique de l'emploi
convenable, comme tous les autres travailleurs, avec le tempérament que
cet emploi jugé convenable par la Commission doit être disponible
chez son employeur.
Cette disposition favorise le retour au travail de ce travailleur,
rejoignant ici l'objectif, qui est fondamental, du régime de
réparation des lésions professionnelles, soit le retour au
travail. Je pense que c'est plus facile en insistant pour que ça se
fasse chez son employeur plutôt que chez un employeur. On en a
parié quand on discutait, par exemple, des commentaires que faisait Mme
Lise Thibault pour les journées des bénéficiaires. Une des
inquiétudes qu'ont les travailleurs accidentés, c'est que plus
longtemps ils sont éloignés de leur milieu de travail, plus le
travailleur a l'inquiétude qu'ils soient en train de s'organiser,
où il travaille, pour se passer de lui. Et la loi dit, dans le moment,
de lui trouver un emploi convenable. Mais, comme c'est déjà
difficile de revenir à son emploi quand ça fait longtemps qu'il
est parti, chez un autre employeur, c'est encore plus difficile. Donc, en
insistant pour que ça se fasse, pour faciliter ça, chez son
employeur, où il connaît déjà le milieu, il
connaît déjà la nature du travail, des produits, les
compagnons, les compagnes de travail, ça devrait, ça, faciliter
le retour de ces gens-là au travail, plutôt que de dire
simplement: un emploi convenable.
Mme Blackburn: Sur cet article, le ministre n'a aucun amendement,
quelles que soient la portée, les conséquences et
l'évaluation, par exemple, qui pourrait être faite juste sur les
termes «refuse sans raison valable de l'occuper». Comment va-t-on
évaluer la raison valable ou non valable, le manque
d'intérêt, l'insécurité pour le travail auquel on
l'aura affecté, l'insécurité que lui crée le
nouveau travail, parce qu'il n'est pas familier ou que ça fait appel
à des habiletés qu'il n'a pas développées?
Rappelons-nous, c'est toujours 55-60 ans. Ça veut dire que l'article 3,
tel que libellé, pour le ministre, il est parfait, on n'y touche plus,
bingo! C'est ça? Et il n'y a aucun amendement prévu, il n'y a
rien. Là, on est en train...
Là, je me permets de rappeler quelque chose. Le ministre a
participé avec moi à une rencontre à l'occasion de la
création de l'Association des travailleurs et des travailleuses
expérimentés. L'ATTEQ, c'est ça, l'Association des
travailleurs et des travailleuses expérimentés du Québec.
L'objectif de cette Association, c'est
précisément, pour tous ceux qui ont 45 ans et plus, qui
perdent un emploi ou qui sont menacés de perdre un emploi, qui ont de la
difficulté à avoir des promotions à l'intérieur de
leur emploi, de les soutenir pour les aider. La déclaration du ministre
a été de dire, à cette occasion, qu'il était
extrêmement sensible à ces cas de personnes qui, après 50
ans - et là on était rendu à 45 ans - ont de plus en plus
de difficultés à trouver un emploi. Et là, le coeur sur la
main, il a décrété que, vraiment - et il a donné
des exemples, qui étaient intéressants, d'ailleurs, de pratiques
dans certaines entreprises qui reprennent, dans des situations
particulières où ça demande une expérience plus
longue, des gens qui sont à la retraite.
Là, on ne parle pas de gens qui sont à la retraite, qu'on
va chercher parce qu'on a besoin d'une expérience de pointe pour former
les jeunes. On parle de gens qui ont des lésions professionnelles ou des
maladies du travail. O.K.? Et là on leur dit: Dorénavant, vous
serez obligés de travailler, et même dans un emploi qui est moins
valorisant, moins intéressant, et vous devrez tenir le temps de 55 ans -
parce que j'ai cru que c'était de 55 ans à 60 - jusqu'à
votre retraite. Et là, comme on sait qu'actuellement, à cet
âge, ils étaient estimés à la retraite ou incapables
d'occuper un emploi convenable lorsqu'ils étaient handicapés
profonds à la suite d'un accident de travail ou d'une maladie
professionnelle, ça allait jusqu'à 68 ans. À 65 ans, on
commençait à réduire l'indemnité de remplacement du
revenu - 25 % par année - et, quatre ans plus tard, ça tombait
à zéro. Et là, évidemment, comme il y avait
à la fois la Régie des rentes, sans doute, plus la pension des
personnes, d'Ottawa - je ne sais pas comment ça s'appelle; un jour, on
va la perdre, c'est pour ça que je n'ai pas besoin de l'apprendre.
M. Cherry: Pension de vieillesse?
Mme Blackburn: Pension de vieillesse. Alors, à ce
moment-là, ça, c'est la situation actuelle.
Là, ce que le ministre nous dit, après les grands
élans du coeur que j'ai entendus il n'y a pas plus de deux semaines
à l'occasion de la création de cette Association, c'est que,
là, du moment qu'on parle des gens encore plus mal pris que ceux qui ont
perdu un emploi, qu'on parle de ceux qui sont probablement handicapés
à la suite d'un accident ou d'une maladie professionnelle, d'une maladie
du travail, on dit: Vous autres, vous prenez n'importe quoi dans l'entreprise
où vous étiez, sinon, vous devrez me démontrer que vous
avez des raisons valables pour dire non. Et là le ministre est en train
de nous dire que, ça, il est d'accord avec ça, il est prêt
à vivre avec ça et à maintenir l'espèce
d'élan du coeur qu'il a eu l'autre jour à l'occasion de... Je
veux dire... On ne peut pas dire n'importe quoi dans la vie. Nos
déclarations, ça nous suit, ça, surtout quand l'Opposition
est là pour les entendre.
(Suspension de la séance à 17 h 20)
(Reprise à 17 h 24)
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui,
alors...
Mme Blackburn: Non, non, M. le Président!
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Un
instant!
Mme Blackburn: Avant qu'on ne suspende, on va essayer d'expliquer
un certain nombre de choses.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Si
vous voulez bien, madame, oui.
Mme Blackburn: On s'apprête à adopter un projet de
loi majeur. L'article dont on parle, j'avais la conviction... On est à
l'article 3, qui prévoit, dans un premier temps, l'obligation pour
l'employeur de reprendre un employé accidenté quand il a 55, 60
ans. Un accident ou une maladie professionnelle: «occupe un emploi
convenable chez son employeur». Il est obligé de lui donner un
emploi convenable, alors qu'actuellement...
M. Jolivet: Allez-y donc!
Mme Blackburn: Oui, allez-y donc! Vous êtes en train de
vous en parler pendant...
M. Cherry: Non, non! Là, je vous écoute. Je vous ai
fait signe de la tête.
Mme Blackburn: Bon. Alors, toute la notion d'obligation faite
à l'entreprise de garder à son emploi ou de réaffecter
à un emploi convenable les employés de 55 ans qui ont
été victimes d'un accident, ou de 60 ans qui ont des
lésions professionnelles, c'est louable en soi. Je comprends, et, si je
me rappelle le texte de la loi antérieure... Le ministre pourrait
peut-être nous l'expliquer. La compréhension que j'en avais, c'est
qu'à cet âge, s'ils étaient handicapés assez
profondément et souffraient de lésions professionnelles majeures,
ils étaient considérés comme étant aptes à
recevoir une indemnité de remplacement du revenu.
Dorénavant, l'employeur serait tenu de le
réintégrer, de lui trouver un emploi convenable, et si
l'employé refuse d'occuper cet emploi convenable, il est dit «un
emploi convenable chez son employeur ou refuse sans raison valable de
l'occuper, il a droit à une indemnité réduite du revenu
net retenu qu'il tire ou qu'il pourrait
tirer de cet emploi convenable, déterminé
conformément à l'article 50.»
Si le ministre comprend bien cet article-là, comme il a l'air de
vouloir nous le dire, ça ne lui prend toujours pas 10 minutes pour se le
faire expliquer, à sept autour de lui. Qu'il nous dise donc un peu
quelle est la situation qui prévaut actuellement et ce que ça
vient changer. Ensuite, je pense que je pourrai lui dire et lui communiquer les
appréhensions que j'ai ou que les personnes qui sont concernées
par cette modification m'ont communiquées. Elles me disent les effets
que ça va avoir sur les travailleurs. Alors, le ministre, qui me dit
bien comprendre cet article et les dispositions actuelles de la loi, peut-il
nous les expliquer sans avoir besoin d'un caucus de 10 minutes? Sinon, il va
falloir qu'il s'installe, qu'il apprenne sa loi, qu'il la comprenne, qu'il en
comprenne, au minimum, le sens général; ensuite, on pourra
discuter.
Vous savez, si j'étais à la place des gens
concernés par cette loi-là et que le ministre responsable me
semble si peu maîtriser les conséquences de la loi qu'on est en
train d'adopter, ça m'inquiéterait, parce que ça fait des
législateurs comme vous et moi des «rubber stamps» de lois
de fonctionnaires.
M. Jolivet: Oui.
Mme Blackburn: C'est ça, le problème. Ce n'est pas
ça que la population attend de nous, et ce n'est pour ça que vous
avez été élu, et moi non plus. Mais, là, je suis
mal à l'aise avec ça. Je suis mal à l'aise, même, de
dire ça, parce que, chaque fois qu'on dit qu'un de nos collègues,
de quelque côté de la Chambre qu'il soit, semble ne pas bien
maîtriser ses dossiers, ça discrédite tous les
députés. Je n'aime pas ça.
Alors, là, je voudrais que le ministre nous explique comment il a
mesuré toutes les conséquences de ça, quelle est la
situation actuelle, les économies réalisées et les effets
nets. Par exemple, une fois que l'employeur, qui a été tenu de le
faire, a réintégré son employé de 55 ans et plus,
lui a trouvé un emploi, s'il abolit cet emploi, qu'advient-il du
travailleur? J'aimerais qu'il nous dise, qu'il nous développe un peu
tout ça, qu'il nous l'explique.
M. Cherry: Je vais commencer, M. le Président, par
répondre aux commentaires que vient de faire notre collègue de
Chicoutimi, qui me semblent à la base du problème de
communication qu'on a entre nous. En tout cas, c'est la perception que j'en ai.
Non, c'est important, si on a...
Une voix: ...à travailler ensemble longtemps.
M. Cherry: Je tente, à chaque fois, de répondre le
mieux que je peux à vos interroga- tions. Mais, le problème,
c'est que, selon ma conception des choses, vous mélangez toutes sortes
de choses et, quand je tente de vous les expliquer... Puis, encore une fois, je
pourrais m'associer aux propos que vous venez de dire. Pas pour vous faire la
leçon; je ne veux pas diminuer le rôle que, comme
législateurs, on tente de jouer. Je pourrais reprendre ces
paroles-là, et vous les dire. Et, que voulez-vous? À chaque fois
que je tente de faire ça, vous interprétez ça comme si
vous étiez la seule qui comprenne tout, et que tous ceux qui tentent de
vous expliquer quelque chose, eux autres, ils ne saisissent pas. Aïe! Ce
n'est pas facile de tenter de faire ça. Alors, j'essaie, j'essaie, et,
des fois, vous me dites: Non, non, ce bout-là, je l'ai compris. Mais,
quand vous m'ajoutez le commentaire suivant, je réalise qu'encore une
fois vous êtes retombée. (17 h 30)
Vous dites: N'importe quel emploi, dans n'importe... Écoutez, il
s'agit d'abord de quelqu'un qui sera, au départ, jugé apte
à travailler. Donc, ce n'est pas n'importe qui, n'importe quoi; ce n'est
pas quelqu'un qu'il faut absolument... C'est quelqu'un qui, d'abord, est
jugé apte. Je pense que c'est une distinction importante à faire
parce que, autrement, par des commentaires, on crée la perception que
l'employeur va être obligé de reprendre tous ceux qui ont
été à son emploi, même s'ils ne sont pas capables de
travailler. Ce n'est pas correct de créer cette impression-là,
parce que ce n'est pas ça, le but de l'article, dans un premier temps.
C'est ce que j'essaie de communiquer. Autrement...
Mme Blackburn: Je n'ai pas dit ça. Allez-y, continuez, je
vous écoute.
M. Cherry: O.K. Deuxièmement, après qu'il eut
été jugé apte, il faut que ce soit un emploi qui soit
convenable.
Mme Blackburn: C'est dans l'article.
M. Cherry: Ça, c'est le deuxième temps. O.K. Et il
y a des règles, là-dessus, pour définir ce que c'est. Tu
sais, ce n'est pas quelque chose qu'on invente ce matin. Un emploi convenable,
c'est déjà dans la loi, ça. Qu'est-ce que c'est? Comment
le décrit-on, l'emploi convenable? C'est un emploi approprié, qui
permet au travailleur victime d'une lésion professionnelle d'utiliser sa
capacité résiduelle et ses qualifications professionnelles, qui
présente une possibilité raisonnable d'embauché, et dont
les conditions d'exercice ne comportent pas de danger pour la santé, la
sécurité ou l'intégrité physique du travailleur,
compte tenu de sa lésion.
Donc, je reprends les commentaires que vous disiez tantôt.
Ça peut laisser les gens qui nous écoutent sous l'impression
qu'il est obligé de le reprendre. Il faut d'abord qu'il soit
jugé
apte, il faut que ce soit un emploi convenable, tel qu'il est
décrit là. On cible davantage en disant qu'il faut que ce soit
chez son employeur, pour faciliter sa réintégration.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Vous
n'avez pas le droit de venir ici. Il faut rester à l'arrière. Je
m'excuse.
M. Cherry: Ça va faciliter sa réintégration
si c'est chez son employeur. C'est déjà suffisamment difficile de
le faire chez son employeur; si on n'insiste pas là-dessus, puis qu'on
pense qu'il faut que ce soit un emploi convenable chez un autre employeur... On
pense que, ça, ça va faciliter son retour, en insistant
là-dessus. Ça, c'est dans un troisième temps. Donc,
jugé apte, emploi convenable, et selon les choses qui sont
décrites et qui vont là.
Ce qui était l'hésitation, aussi - et ce n'est pas des
conciliabules pour perdre du temps - j'ai dit, M. le Président, qu'il y
a certains amendements d'articles qui sont en rédaction
présentement, et il y a du travail qui est en train de se faire
là-dessus présentement.
Mme Blackburn: Sur cet article?
M. Cherry: Oui. Je vous le dis. Mais, avant même qu'on
commence à expliquer, vous partez pour la gloire, vous mélangez
toutes sortes de choses. Quand on tente de vous les expliquer... On a un
problème de communication. Qu'on ne s'entende pas sur des choses, c'est
normal. Que nous ayons un désaccord honnête, je reconnais
ça aussi...
Mme Blackburn: M. le Président.
M. Cherry: ...mais qu'avant même qu'on s'écoute et
qu'on s'entende on ait décidé que, là-dessus, c'est
fait... Ça, là-dessus, je ne suis pas capable.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mme
la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président,
généralement, lorsqu'on aborde un article et qu'il y a un
amendement de prévu, l'amendement est déposé au moment
où on aborde l'article; ou le ministre, si l'amendement n'est pas
prêt, il le dit: Je mets un amendement là-dessus, il n'est pas
prêt. Si vous voulez, on passe à l'amendement suivant. Là,
on apprend qu'il y a un amendement. C'est quoi, cette histoire? Vous me dites
qu'il y a un amendement sur celui-là, qui s'en vient.
M. Cherry: II est en rédaction, oui.
Mme Blackburn: Bon, mais c'est par ça que vous auriez
dû commencer. Là, vous m'expliquez un article de loi que vous vous
apprêtez - c'est ça que vous avez dit - à faire adopter tel
que libellé, et vous nous l'expliquez tel que libellé. Et vous
nous amenez à discuter tel que libellé, sans nous indiquer que
vous avez un amendement. Vous avez déjà travaillé sur des
projets de loi; vous savez que ce n'est pas comme ça que ça se
fait.
M. Cherry: M. le Président, c'est la première fois
que je prends la parole sur cet article-là, et là je viens de
détailler l'ensemble. On n'a pas perdu notre temps, là, à
se comprendre sur les choses sur lesquelles on s'entend et sur les choses qui
vont suivre.
Mme Blackburn: Mais, M. le Président...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Excusez. J'ai M. le député de Drummond, j'ai M. le
député de Lévis, et on vous revient.
Mme Blackburn: C'est moi qui avais la parole, si vous
permettez.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Non,
c'est qu'ils avaient levé la main pendant l'autre intervention. Je
m'excuse.
M. St-Roch: M. le Président, Mme la députée
de Chicoutimi peut finir son intervention; je reviendrai après.
Mme Blackburn: Si le ministre...
M. Jolivet: Juste une minute, on va régler ce
problème-là. Madame a droit à 20 minutes de questions et
de réponses?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Oui.
M. Jolivet: Bon, bien, ce n'est pas un privilège qu'il lui
donne en lui permettant de continuer.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Non,
non.
M. Jolivet: C'est quoi, cette histoire-là, de donner un
privilège à quelqu'un?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Non.
M. St-Roch: Ce n'est pas un privilège, non plus.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Écoutez...
M. Jolivet: II fait le condescendant: Je lui permets... Voyons
donc!
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): S'il
vous plaît! Il y a un président ici, on va se
référer à lui.
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, en vertu de la règle d'alternance, je dis qu'il y avait
d'autres personnes. Alors, Mme la députée avait commencé
à parler, je m'excuse. Ils avaient demandé la parole, ils avaient
levé la main - et le député de Lévis aussi. Alors,
je dois les reconnaître. Ça, c'est la règle
d'éthique, ici. Alors, je demanderais au député de
Drummond de procéder à son intervention. Ensuite, ce sera M. le
député de Lévis et. s'il n'y en a pas d'autre, II y aura
Mme la députée de Chicoutimi.
M. Jolivet: II y a quelque chose qui ne va pas, là.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est comme ça que ça procède, ce n'est pas
compliqué.
M. Jolivet: Non. Est-ce que madame, en termes de questions et
réponses avec le ministre, a droit à ses 20 minutes?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Oui.
M. Jolivet: C'est ce qu'elle avait, ce qu'elle demandait.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Ce
n'est pas nécessairement 20 minutes consécutives.
M. Jolivet: Non, mais elle n'avait pas demandé
d'interrompre. Elle n'a pas demandé à être
arrêtée.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Bon,
écoutez. À ce moment-là, on va laisser aller madame, il
reste 30 secondes. Si vous permettez, on va finir avec M. le
député de Drummond et M. le député de Lévis.
On va revenir avec Mme la députée. Il n'y a pas de
problème, tout le monde va être heureux. D'accord? M. le
député de Drummond. Allez-y, rapidement.
M. St-Roch: M. le ministre, c'est pour un complément
d'information, pour ma clarification personnelle. Le travailleur est
jugé apte au travail. On lui propose un emploi convenable chez son
employeur. Dans le paramètre, il a entre 55 et 56 ans, tiens. Il a 56
ans.
Mme Blackburn: Pas n'importe quel employé.
M. St-Roch: Pardon?
Mme Blackburn: Ce n'est pas n'importe quel employé, c'est
celui de 55 ans.
M. St-Roch: On va le prendre à 56 ans, dans mon exemple.
Il est jugé apte au travail. On lui offre un emploi convenable chez son
employeur. À ce moment-là, l'article dit aussi qu'il y aura une
diminution, pour rajuster, au niveau des compensations. Il y a une convention
collective dans cette usine-là, ou cet endroit-là, et
l'ancienneté est une ancienneté de tâche au lieu d'une
ancienneté globale d'usine. Notre employé est sur cette
tâche-là pour trois mois. Arrive une réduction de
production. L'employé est déplacé, et II perd l'emploi
qu'on lui avait trouvé, où il était apte, et qui
était convenable. Qu'est-ce qui arrive au niveau des compensations de ce
travailleur ou de cette travailleuse qui pourrait avoir cette
problématique-là?
Une voix: C'est là-dessus qu'on travaille.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le ministre.
M. Cherry: C'est sur ça, M. le Président, que les
amendements sont en rédaction présentement.
Une voix: Bien.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
vous remercie, M. le ministre.
M. Cherry: Oui.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le député de Lévis.
M. Garon: Moi, je veux savoir si les explications qu'a
données le ministre, tout à l'heure, c'était sur l'article
tel que rédigé dans le projet de loi, ou tel qu'il va être
amendé?
M. Cherry: Dans un premier temps, j'ai voulu clarifier ça,
et j'ai donné des indications. Pendant que vous étiez en train de
parler - et je ne vous le reproche pas - à une question qu'a
posée notre collègue de Drummond, j'ai répondu à
son interrogation en donnant la nature des amendements qui sont en train
d'être rédigés.
M. Garon: Ce n'est pas ça que j'ai demandé. J'ai
demandé: Quand vous avez donné des explications, au début,
sur l'article qui est devant nous, l'article 3, est-ce que vos explications
étaient sur l'article tel qu'il est actuellement, ou tel qu'il sera
après l'amendement que vous avez l'intention de proposer et qui est en
train d'être rédigé?
M. Cherry: Tel qu'il est dans le projet de loi, à l'heure
actuelle. O.K.?
M. Garon: Bien, non. Si vous êtes en train de le changer en
même temps, ça veut dire qu'on parle pour parler.
M. Cherry: C'est ça que j'ai indiqué, après.
Écoutez, je ne pense pas qu'on ait perdu notre temps en tentant de
clarifier des choses qu'il faut faire. La chose la plus simple serait de dire,
quoi, qu'on va suspendre cet article-là jusqu'à temps qu'il y ait
des amendements, c'est tout. On n'a pas perdu notre temps à s'en parler,
j'espère.
M. Jolivet: Mais, nous, on aurait une chose plus importante,
c'est de l'abroger.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le ministre, je suggère, comme procédure...
Une voix: Qu'on suspende.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...de nous dire, à ce moment-là, qu'il y a un amendement
prévu sur cet article-là, qui n'est pas fini dans sa
rédaction. On le suspend, et on reviendra. Ça, il n'y aura pas de
problème là-dessus. Je pense que tout le monde sera d'accord.
M. Cherry: O.K.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): On
s'entend sur cette façon de fonctionner?
M. Jolivet: Oui, oui, parce que, là, vous voyez, un gros
problème, M. le Président, c'est que le ministre a dans sa
tête ce que nous... Je ne sais pas, là; en tout cas, je ne suis
pas capable d'aller lire dans sa pensée, mais il y a un article sur
lequel il veut apporter un amendement. Il nous fait parler pendant un bout de
temps, alors qu'on pose des questions dans le sens de l'amendement qui peut
venir ou des amendements qui peuvent venir. Ne les ayant pas, on ne peut pas
présumer. Donc, on a parlé pour ne rien dire, parce que si
l'amendement était venu corriger dans le sens de ce qu'on voulait... Je
vais vous donner un exemple.
Moi, je peux vous proposer un amendement tout de suite, en vertu de
l'article tel que rédigé. Moi, je n'ai pas d'autre choix, comme
député, que de prendre l'article qui est là. Je ne suis
pas d'accord avec. Il y a des discriminations qui pourraient arriver à
des individus, et il y a un exemple qui est donné là. Ça
peut être une faillite, n'importe quoi. Le gars se retrouve sur
l'assurance-chômage, et le bien-être social après, et il n'a
plus rien. Il sort du système. Il est pendant un an sur
l'assurance-chômage, et il tombe sur l'assistance sociale. Finalement,
après deux ans, il est hors du circuit. Ce bonhomme-là, il va
vivre le reste de sa vie en attendant son chèque de pension, à 65
ans, sur le bien-être social ou... En tout cas, on verra.
Dans ce contexte-là, moi, je pourrais dire... Dans le contexte
qui est là, sur l'article qui est là, M. le ministre, je vais
vous faire un amendement tout de suite, et on va discuter: «Que l'article
tel que libellé soit abrogé.» Pouf! Est-ce qu'on en
discute? J'ai le droit de le déposer, comme motion. Mais, là, si,
entre ça, vous me dites: Écoutez, ne faites pas ça, M. le
député, j'ai un amendement à vous apporter. Bien,
pourriez-vous me dire, sur les articles à venir, pour lesquels vous avez
des amendements à nous apporter, pour qu'on arrête de parler
pendant un bout de temps? Parce qu'on parle pour ne rien dire, là.
Ça n'a pas de bon sens! (17 h 40)
Mme Blackburn: M. le Président..
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mme
la députée, oui, sur une demande de directive.
Mme Blackburn: Vous, M. le Président, qui avez
présidé plusieurs commissions - je pense que vous êtes
président de commission depuis déjà sept ans...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Sept
ans.
Mme Blackburn: Sept ans. Vous en avez vu passer...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Oui.
Mme Blackburn: ...de toutes les sortes. Vous est-il
déjà arrivé de travailler de cette façon-là,
où le ministre amorce un échange sur la base d'un article tel
qu'il est libellé, alors qu'il sait qu'il va y avoir un amendement?
Est-ce que, généralement, la pratique ne veut pas que le ministre
annonce: J'ai sur cet article un amendement que je veux déposer pour
orienter et indiquer le sens des échanges qu'on va avoir? Vous qui avez
dirigé beaucoup...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Oui.
Mme Blackburn: ...de commissions - j'ai travaillé sur
plusieurs commissions qui étaient présidées par le
député de Laval-des-Rapides - est-ce que ce n'est pas ça,
généralement, la façon de procéder?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
pense que, règle générale, lorsqu'il y a un
amendement...
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...on le dépose au moment où on fait la lecture.
Mme Blackburn: C'est ça.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mais
il est arrivé - je me rappelle d'un projet de loi en particulier, entre
autres, celui sur les ambulances - où les choses...
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...se négociaient en même temps...
Mme Blackburn: Ce n'était pas le meilleur, ça.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...derrière le trône, et on n'avait même pas l'article
rédigé...
M. Jolivet: C'est ça. Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...alors, c'est sûr que ça amène une procédure
différente.
Mme Blackburn: Ce n'est pas le cas, là.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Dans
le présent cas, je pense qu'il y a des négociations en cours,
donc je comprends que les choses ne sont pas coulées dans le ciment et
que ce n'est pas évident. Mais ce que je suggérais à M. le
ministre, tout à l'heure - je lui répète la suggestion -
c'est que, lorsqu'il y a un article où il y a un amendement de
prévu, de nous dire: II y a un amendement qui va toucher telle partie de
l'article, ou qui va toucher tout l'article. On le suspend, et on y reviendra
après. J'ai déjà vu en suspendre jusqu'à 40 dans un
projet de loi, et revenir à la fin...
Mme Blackburn: Bon!
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...et les repasser, et ça allait très bien. Alors, je
suggérerais qu'on adopte cette pratique-la. Je pense que ça
éviterait des frustrations de part et d'autre...
M. Jolivet: Bien, oui!
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...parce que je comprends que vous ne voulez pas... Alors, si on est
d'accord, on s'entend là-dessus, et ça va bien aller,
là.
Mme Blackburn: Avant de le suspendre, M. le Président,
est-ce que le ministre pourrait nous expliquer, en vertu de la loi actuelle,
quelles sont les règles qui s'appliquent pour les personnes qui ont des
limitations importantes à la suite d'un accident ou d'une maladie
professionnelle et qui sont âgées de 55 ou 60 ans?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Autrement dit, les critères...
Mme Blackburn: Quelle est la pratique actuelle?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...qu'ils peuvent évoquer comme refus.
Mme Blackburn: Non, actuellement. Actuellement...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Oui.
Mme Blackburn: ...c'est quoi, la situation actuelle...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
O.K.
Mme Blackburn: ...qui prévaut dans ces cas?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
pense que c'est un peu ce que vous nous avez dit tout à l'heure.
Mme Blackburn: C'est le ministre qui a apporté... Non, il
ne m'a pas répondu; je le lui ai demandé, mais je ne l'ai pas
entendu.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Parce qu'il a lu un bout, tout à l'heure.
M. Jolivet: Non, ça, c'est l'explication. Mme
Blackburn: Non.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
peux en perdre des bouts aussi! Je suis fatigué.
M. Cherry: Pour ma compréhension, M. le
Président..
Mme Blackburn: Parce que le ministre doit savoir ce qu'il
modifie:
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
vous en prie, M. le ministre, oui.
M. Cherry: ...ce que j'ai tenté de faire, dans un premier
temps...
Le Président (M. Bélanger,
Laval-des-
Rapides): Oui.
M. Cherry: ...j'ai tenté d'indiquer, pour répondre
aux premières interrogations de madame, certaines choses. Et, quand je
suis arrivé à l'aspect pour lequel j'ai des raisons de croire
qu'il va y avoir des amendements, j'ai voulu en indiquer la nature. Donc, il
semble que ce que j'aurais dû faire, c'est de ne donner aucune forme
d'explication, simplement dire ça.
Mme Blackburn: Ce n'est pas ça.
M. Cherry: J'ai voulu tenter de faire avancer en indiquant la
nature, où est-ce que l'amendement pourrait arriver. Là, vous me
dites: S'il...
Mme Blackburn: Ce n'est pas ça!
M. Cherry: ...y a ça, dites-nous donc de suspendre, et on
reviendra à ça plus tard. Là, après qu'on se soit
entendu là-dessus, madame dit: Avant qu'on fasse ça! Oui, bien,
écoutez...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
comprends...
M. Cherry: ...je veux bien essayer, mais il semble que, que
j'essaie à gauche, que j'essaie à droite, en dessus, en dessous,
ce n'est jamais la bonne façon.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mais
on va y arriver, je ne désespère pas, moi. On est tous des gens
raisonnables et capables de se comprendre.
M. Jolivet: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le député de Laviolette, oui.
M. Jolivet: Malheureusement, peut-être, j'ai 16 ans
bientôt de vie politique et, moi aussi, j'ai présidé des
commissions, bien pires que celle-là - vous les avez connues -
télévisées, à part ça. Tout ça pour
vous dire qu'il y a des imbroglios qui se font, des fois, sur des choses tout
à fait anormales. Le ministre a beau vouloir nous dire qu'il nous
explique le projet de loi, article par article, sauf que, lui, il sait
déjà qu'il va y avoir un amendement. Si, en commençant, il
avait dit: Écoutez, M. le Président, cet article-là,
est-ce qu'on pourrait le suspendre, parce que je vais avoir un amendement qui
va venir plus tard?, on n'aurait pas fait toute la discussion qui est
là. Là, vous avez raison de dire qu'il n'y aurait pas de
frustration pour rien. On serait passé à l'article 4. Parce que,
nous, notre première position, c'était un amendement qu'on
voulait apporter; on voulait l'abroger, l'article, parce que, de la
façon dont il était libellé, ça n'avait pas de bon
sens. Mais, là, c'est pour ça qu'on dit au ministre: Tout ce
qu'on vous demande, c'est, maintenant, à chaque fois qu'on arrivera
à l'article suivant, s'il y a un amendement à venir, dites:
Suspension, il y a un amendement à venir, qui n'est pas
arrivé.
Sauf que ma collègue, le ministre a peut-être mal
interprété ce qu'elle a voulu dire. Ce que j'ai compris, moi, de
ce qu'elle a voulu dire, c'est ceci: Elle a dit: Écoutez, maintenant
qu'on a commencé à discuter, pourriez-vous au moins me dire
ça en attendant, pour qu'on puisse se faire une petite idée quand
l'amendement va arriver? Or, c'est simplement pour finir le dossier.
Mme Blackburn: Peut-être pourrions-nous faire une
suggestion, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui,
je vous en prie, madame, on est ouverts.
Mme Blackburn: C'est que, quand un article vient modifier un
article... Une nouvelle loi vient toujours modifier un article
précédent. Ce qui permet à tous les gens, à peu
près, le même niveau d'information, c'est de venir indiquer ce qui
est modifié par le nouvel article. La meilleure façon de le
faire, c'est de dire: La situation qui prévaut actuellement - comme vous
l'avez fait pour le premier article - l'employeur n'a pas accès au
dossier. Là, on le savait. Là, vous nous avez parlé de cet
article, et vous ne nous avez pas parlé de la situation qui existe
actuellement, en vertu des dispositions de la loi actuelle, pour qu'on puisse
comprendre. Moi, je le comprends, parce que je suis allée à la
première loi, mais je ne suis pas certaine que le ministre connaisse
bien la situation actuelle en vertu de la présente loi. J'imagine que
mes collègues aussi, et vos collègues, auraient probablement de
la difficulté à l'expliquer.
Alors, ce que je dis: Est-ce qu'on pourrait se donner une pratique qui
serait la suivante? La situation, en vertu de l'article 53, est la suivante:
Ça a généré un certain nombre de problèmes;
voici les modifications qu'on propose, et ça devrait nous donner la
situation suivante. C'est ça qu'on fait, en commission parlementaire,
lorsqu'on examine un projet de loi. Je fais appel à l'expérience
du président. Ça a toujours fonctionné comme ça.
Sinon, le ministre dit: C'est parce qu'elle ne comprend rien. Si on ne lui dit
pas ce qu'elle veut, elle ne comprend rien. Je comprends assez pour savoir ce
qu'il y a dans la loi, et pour savoir un peu beaucoup ce que ça va
modifier, l'article qui est là. Mais je pense que, pour le
bénéfice des membres de la commission, il serait important qu'on
fonctionne de cette façon-là. L'article actuel nous donne de tels
résultats. Si on veut le modifier, c'est parce que ça a
posé un certain nombre de
problèmes, et voilà ce que sera la situation future. Et,
là, ça permet à tout le monde de partir à peu
près à égalité.
Est-ce que c'est possible qu'on fonctionne comme ça? Est-ce que
je peux suggérer au ministre de fonctionner comme ça? Et je le
dis: II ne sera pas le premier, et il n'innovera pas. J'ai fait pas mal de
commissions, et il y en a qui nous fournissent tout le cahier qui prend la loi
actuelle, la loi modifiée, l'interprétation et ce que ça
vient modifier. Et ça met tout le monde à peu près
à égalité. On n'aurait pas besoin de commencer à
faire ce qu'on fait là. Je ne sais pas comment vous allez fonctionner,
mais je me dis: SI on veut que tout le monde comprenne, y compris vos
collègues, ça soralt peut être une façon de faire.
Ils n'iront pas se taper les trois lois que vous êtes en train de
modifier. Moi, je le fais parce que ça fait partie de mes
responsabilités. Je ne suis pas sûre que je le ferais si
j'étais à leur place non plus, écoutez. Ils font confiance
au ministre.
Alors, est-ce qu'on pourrait, dorénavant, fonctionner comme
ça? Le ministre peut-il nous dire, là, en guise
d'éclairage - on pourrait se quitter là-dessus, je vois qu'il
regarde l'heure -ce qu'est la situation actuelle qu'on veut modifier? Qu'est-ce
qui se passe actuellement dans ces cas-là? Puisqu'il veut modifier la
situation, il va nous dire ce qu'est la loi actuellement, telle
qu'appliquée. La loi actuelle, dans ces cas-là, qu'est-ce qu'elle
fait?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, sur l'article 3, donc, je comprends qu'il est suspendu
jusqu'à ce que nous ayons les...
Mme Blackburn: Le ministre ne peut pas répondre à
cette question?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui.
J'ai compris que le silence... Il va nous le démontrer avec le temps, je
présume. M. le ministre, oui.
M. Cherry: Ce dont on a convenu, là, c'est qu'il
était retiré parce qu'il y avait un amendement.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est ça, oui.
M. Jolivet: Non. Pas retiré...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, lorsqu'il y aura un amendement...
M. Cherry: Excusez, suspendu.
M. Jolivet: Suspendu. J'ai eu peur pour vous. (17 h 50)
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Suspendu.
M. Cherry: Merci, merci. Merci de la correction. Ha, ha, ha!,
O.K. Donc, il est suspendu à cause qu'il y a un amendement.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est ça.
M. Cherry: On a convenu que c'était de cette
façon-là qu'il fallait procéder.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est ça. Et, ce que Mme la députée nous demandait en
surcroît, c'était de nous dire: Bon, par exemple, à
l'article 4, on modifie telle chose. C'est d'autant plus facile comme exemple
que c'est une question de concordance, de traduction. Alors, on dit: Bon, bien,
voici, actuellement, le problème que ça pose tel que c'est, et
voici pourquoi on le change dans la nouvelle loi. Autrement dit, la situation
actuelle et la situation anticipée, corrigée par l'article, si
vous voulez. Alors, pourquoi on fait ça, la raison d'être de la
modification à cet article-là, qui va nous donner...
M. Jolivet: Tout ce qu'on pourrait demander, peut-être,
pour les besoins de la cause-Dans son discours de prise en considération
du rapport, il pourrait peut-être nous dire ce que voulait dire l'article
3 actuel. En tout cas, il aura le temps d'y réfléchir en fin de
semaine, parce que la motion va arriver lundi, quelque part.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est parce que vous êtes en train de nous donner votre
réponse sur la réponse que vous allez donner au leader, et je ne
veux pas anticiper comme ça, moi. Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Correct! Je n'arrêterai pas d'être
haïssable, M. le Président; je suis assez vieux pour être
encore aussi haïssable qu'avant.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Non,
mais il y en a... C'est comme la chanson de Brel, il dit: Plus ils sont vieux,
plus sont...
Mme Blackburn: Ça aère, ça.
M. Garon: Vous savez qu'il y a un vieux proverbe chinois qui dit
que les vieux chiens n'apprennent pas de nouveaux tours.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Les
vieux chênes?
M. Garon: Les vieux chiens n'apprennent pas de nouveaux
tours.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Ils continuent avec les tours qu'ils savaient avant
d'être vieux.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Dites ça à votre collègue. Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Je te remercie bien gros, pareil. Des voix:
Ha, ha, ha!
Montant de l'indemnité pour dommages
corporels
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, donc, sur ces considérations sociales, l'article 3 est
suspendu, si je comprends bien. On appelle l'article 4. On est d'accord?
Allons-y pour l'article 4. 4. L'article 84 du texte anglais de cette loi est
modifié par le remplacement, dans les première et deuxième
lignes du troisième alinéa, des mots «the Commission shall
establish the corresponding percentage, using as guidelines» par les mots
«the corresponding percentage shall be established according
to».
M. le ministre, si vous voulez nous dire pourquoi on fait cette...
M. Cherry: Non, ce n'est pas ça. C'était entendu
avant, il faut d'abord que je dise la situation actuelle...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Oui.
M. Cherry: ...et ce qu'on veut corriger.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est ça, c'est en plein ça. On y va!
M. Cherry: Vous étiez après,
déjà...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
J'avais des mauvais plis.
M. Cherry: C'est l'article actuel. Comment se lit l'article
actuel, M. le Président? «The amount of compensation for bodily
injury is equal to a percentage, not exceeding 100 %, of permanent physical or
mental impairment multiplied by the amount prescribed in Schedule II at the
time his employment injury appeared, in relation to the worker's age at that
time. «The percentage of permanent physical or mental impairment is equal
to the sum of the percentages determined according to the table of bodily
injuries adopted by regulation for - ayoille! celle-là est... -
anatomicophysiolo-gical - oh! j'espère que quelqu'un comprend dans la
salle - deficit...
M. Jolivet: L'important, c'est que le ministre comprenne.
M. Cherry: ...disfigurement and the suffering or loss of
enjoyment of life resulting from the deficit or disfigurement. «if a
given bodily injury is not listed in the table, the commission shall establish
the corresponding percentage, using as guidelines the bodily injuries that are
listed and that are of the same kind.»
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Et
c'est là qu'est la correction.
M. Cherry: Le commentaire, maintenant qu'on a lu ce que c'est: La
modification a pour but de corriger une erreur qu'il y a dans le texte anglais
de l'article, qui ne correspond pas au texte français.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Mauvaise traduction.
M. Cherry: En français, il est prévu que, dans le
cas où un dommage corporel n'est pas mentionné dans le
barème des déficits anatomo-physiologiques, le pourcentage qui y
correspond est établi d'après les dommages corporels qui sont
mentionnés au barème, et qui sont du même genre. En
anglais, le texte prévoyait que «the Commission shall establish
the corresponding percentage...»
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
«...using as guidelines». Alors, là-dessus, des
commentaires?
Mme Blackburn: Adopté.
Autres indemnités
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Adopté? Alors, l'article 4 est adopté. J'appelle l'article
5.
Les articles 113 et 114 de cette loi sont remplacés par les
suivants: «113. Le travailleur victime d'une lésion
professionnelle a droit, sur production de pièces justificatives,
à une indemnité pour la réparation ou le remplacement
d'une prothèse ou d'une orthèse au sens de la Loi sur la
protection de la santé publique (chapitre P-35) endommagée par le
fait ou à l'occasion de cette lésion. «L'indemnité
maximale payable pour une monture de lunettes est de 125 $ et elle est de 60 $
pour chaque lentille cornéenne; dans le cas d'une autre prothèse
ou orthèse, elle ne peut excéder le montant
déterminé en vertu de l'article 198.1.» «114.
L'indemnité visée au paragraphe 1° de l'article 112 est
assujettie à une franchise de 33 $.»
C'est ça. Alors, c'est l'article 5. La situation actuelle et ce
qu'on veut corriger.
M. Cherry: Bon, 113, ce à quoi, moi, je me
réfère comme étant l'ancien article, là.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Oui.
M. Cherry: Bon. Un travailleur a droit, sur production de
pièces justificatives, à une indemnité pour la
réparation ou le remplacement d'une prothèse ou d'une
orthèse au sens de la Loi sur la protection de la santé publique
(chapitre P-35) endommagée involontairement par le fait ou à
l'occasion de son travail, dans la mesure où il n'a pas droit à
une telle indemnité en vertu d'un autre régime. La Commission
détermine les indemnités maximales payables en vertu du
présent article.
Les commentaires. La modification a pour seul but de prévoir que
les indemnités pour bris de prothèse ou d'orthèse ne sont
payables qu'à un travailleur ayant subi une lésion
professionnelle. Auparavant, une indemnité était payable pour une
prothèse ou une orthèse endommagée involontairement par le
fait ou à l'occasion du travail, ce qui constituait l'unique exception
dans toute la loi au principe de l'indemnisation fondée sur l'existence
d'une lésion professionnelle.
De plus, le nouvel article précise les montants maxima pouvant
être alloués à titre d'indemnité pour une
prothèse ou une orthèse. Ces montants sont de 125 $ pour une
monture de lunettes et de 60 $ pour chaque lentille cor-néenne. Dans les
autres cas, les montants seront déterminés par règlement.
Auparavant, la Commission pouvait déterminer les indemnités
maximales sans autre indication prévue à la loi. En 1991, la
Commission a versé près de 2 000 000 $ en indemnités pour
les lunettes et les prothèses dentaires.
Je peux ajouter un exemple, M. le Président? Une décision
de la CALP, dans le cas de Gosselin et Les meubles Princeville inc. et la
Commission, en 1989; décision de la CALP no 934. C'est ce qui est
arrivé. Avant la fin de son quart de travail, le vendredi soir, le
travailleur, en levant une caisse de marchandises, laisse tomber ses lunettes.
Il les remet aussitôt sans les examiner. Au retour chez lui, la monture
se brise pendant qu'il les nettoie. Il en avise l'employeur le lundi matin. Il
a une assurance privée. L'employeur conteste, et la CSST refuse. La CALP
décide que la CSST doit rembourser 200 $, montant des nouvelles
lunettes.
Donc, ce que ça vient corriger, c'est qu'il faut que ce soit un
remplacement de lunettes, d'une prothèse ou d'une orthèse quand
c'est relié à un accident qui est arrivé au travail. J'ai
reçu un morceau, j'ai brisé mon verre, il faut qu'ils le
remplacent.
M. Jolivet: S'il l'échappe à terre, c'est un
accident, c'est un incident.
Mme Blackburn: Alors qu'il manipule quelque chose, alors qu'il
s'accroche dans quelque chose...
M. Cherry: oui, s'asseoir dessus, l'échapper à
terre, là, est-ce que c'est quelque chose qui doit être
payé par la csst? la loi vient dire non.
Mme Blackburn: II faut qu'il se blesse en même temps, c'est
ce que j'ai compris.
M. Cherry: Si le verre a été brisé ou si le
dentier a été brisé à cause d'un accident, oui,
ça fait partie de.
M. Jolivet: Vous voulez dire que, là, ce que vous
corrigez, c'est la décision de la CALP. C'est ça que je
comprends. La Commission a décidé que l'employeur devait payer;
vous autres, vous contestez ça, et vous dites que, par l'amendement qui
est apporté, ça sera juste dans le cas où ça sera
dû à un accident.
M. Cherry: Oui.
M. Jolivet: Ça veut dire qu'au travail, fatigué,
à la chaleur, l'individu a des lunettes, puis - ça arrive souvent
- remonte ses lunettes. Par hasard, en remontant ses lunettes et en se
repenchant, elles glissent encore parce que mal accrochées à
l'oreille. Ça, ce n'est pas un accident. Ça, là, c'est
vraiment une maladresse de l'individu. Il est fatigué, en fin de
journée. Là, ce que je comprends, ce n'est pas ça.
Mme Blackburn: C'est parce qu'il faut qu'il se blesse et se
crève un oeil, ou quelque chose comme ça.
M. Jolivet: II faut que ça coûte plus cher,
autrement dit.
M. Cherry: C'est qu'il y a une exception dans la loi pour les
prothèses et les orthèses. Par exemple, pour les vêtements,
il faut que ce soit un accident par rapport au travail. Tu sais, tu ne peux pas
réclamer parce qu'ils sont usés. Donc, si tu les as
déchirés à cause d'un accident, il est arrivé
quelque chose, O.K.
Donc, on veut appliquer, si vous voulez, le même raisonnement, la
même tenue pour les verres, les prothèses et les orthèses.
(18 heures)
M. Jolivet: Une prothèse, une jambe. Quelqu'un peut
travailler avec une jambe de bois?
M. Cherry: Ça, c'est déjà couvert.
M. Jolivet: Non, mais, limiter le remplace-
ment d'orthèses et de prothèses au cas où le
travailleur est victime d'une lésion professionnelle; ça veut
dire quoi, le plus, par rapport à ce que vous me dites? Là, vous
me parlez des lunettes, parce que vous dites qu'on prévoit un
montant.
M. Cherry: Ce sont les seules exceptions, présentement,
qui font que vous pouvez réclamer. Les autres, c'est convenu, il n'y a
pas de problème, si tu brises ça, ça se réclame.
Mais les verres... Je n'ai pas le texte. Un exemple qui m'a été
rapporté, qui a fait, on me dit, l'objet d'une procédure, c'est
quelqu'un qui travaillait au bord de l'eau, qui aurait échappé
son dentier dans le fond de... où il était en train d'emplir
ça de blé. O.K.? Ils n'ont jamais pu le retrouver. Bien
sûr, la réclamation a été là pareil. Tu ne
peux pas prouver qu'il l'a brisé ou qu'il l'a perdu. Je vous le dis,
c'est des cas qui ont été testés. Je suis obligé de
vous dire ça.
M. Jolivet: Le gars éternue parce qu'il y a de la
poussière, puis ce n'est pas dû à un accident.
M. Cherry: Comme je l'ai dit tantôt, M. le
Président...
M. Jolivet: Ça arrive, ça.
M. Cherry: ...dans la fin du commentaire, en 1991 seulement, des
exemples de la nature de ceux que je viens de décrire, des verres et des
dentiers, il s'en est payé pour 2 000 000 $.
M. Jolivet: 2 000 000 $. J'ai compris ça tout à
l'heure, 2 000 000 $.
Mme Blackburn: Mais, juste dans ce type d'accidents, et non pas
dans les accidents où il y avait eu blessure.
M. Jolivet: Non.
M. Cherry: Puis, le problème, c'est que ce n'est pas
verifiable.
Mme Blackburn: Exclusivement dans ces cas-là, 2 000 000 $,
ou si vous avez bien partagé ce que vous avez payé? Dans le cas
de bris et s'il y a pas eu de lésion, c'est 2 000 000 $?
M. Cherry: Oui. Et sans compter, madame, que, vous le
comprendrez, ça aussi, ça fait l'objet de contestations de la
part d'employeurs. Vous vous souvenez, quand on a sorti les premiers exemples
de conciliation à la CALP, quand des employeurs... Le gars disait:
Voyons donc, je n'ai pas d'affaire à payer ça.
Mme Blackburn: ...dans les 1000 $; on y reviendra, mais...
M. Cherry: Non, non, mais c'est...
Mme Blackburn: ...ça va être réglé,
dorénavant, dans les réclamations de moins de 1000 $. Prenons
l'exemple suivant: Vous avez vos verres, vous en portez...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
dois m'excuser mais, compte tenu de l'heure, je dois ajourner nos travaux sine
die.
M. Jolivet: S'il vous plaît, juste une petite chose.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
vous en prie, oui.
M. Jolivet: On ne se reverra plus, hein? Mme Blackburn:
Non.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Avez-vous...
M. Jolivet: Non, mais pour les besoins...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Avez-vous l'intention de démissionner?
M. Jolivet: Non, non.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Ah!
vous m'avez fait peur!
M. Jolivet: Mais c'est simplement... Non, je veux dire, ce soir.
Parce que les gens qui sont dans la salle, ils ne savent pas...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Sur
ce projet de loi, non.
M. Jolivet: ...qu'on finit à 18 heures, c'est fini.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui,
c'est fini, et nous revenons...
M. Jolivet: À lundi.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est ajourné sine die, c'est-à-dire jusqu'à ce que la
Chambre nous donne d'autres ordres de recommencer à siéger sur le
mandat.
M. Jolivet: Ce qui serait surprenant.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Ça peut être lundi, dépendant des échanges qu'il
y aura entre les leaders, et tout ça. Sur ce, bonne fin de semaine, pour
ceux qui vont en prendre un petit bout.
(Fin de la séance à 18 h 3)