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(Neuf heures trente-sept minutes)
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je déclare la séance de la commission de
l'économie et du travail ouverte.
Je vous rappelle le mandat de la commission, qui est d'étudier la
proposition tarifaire d'Hydro-Québec pour l'année 1992 et
d'entendre, à cette fin, les membres du conseil de direction
d'Hydro-Québec - par ordre de l'Assemblée, 10 mars 1992.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Gobé
(LaFontaine) remplace M. Lemire (Saint-Maurice); Mme Caron (Terrebonne)
remplace M. Blais (Masson); M. Beaulne (Bertrand) remplace Mme Dupuis
(Verchères); et M. Baril (Artha-baska) remplace M. Léonard
(Labelle).
Le Président (M. Audet): Merci. Nous en sommes au
deuxième bloc de notre ordre du jour. Ce matin, nous parlons de la
qualité du service. Il y aura une présentation
d'Hydro-Québec d'une dizaine de minutes, et nous procéderons
après à la période de questions, pour une cinquantaine de
minutes environ. Alors, messieurs d'Hydro-Québec.
M. Drouin (Richard): Je voudrais vous présenter, à
ma droite, M. Jacques Régis, qui est vice-président
exécutif, production, transport et télécommunications, et
M. Gilles Béliveau, qui est vice-président exécutif,
clientèle et distribution. La première présentation
viendra de M. Béliveau.
Le Président (M. Audet): M. Béliveau,
bienvenue!
Qualité de service
M. Béiiveau (Gilles): Merci, M. le Président. La
qualité du service d'Hydro-Québec consiste en une qualité
de relations commerciales, d'une part, et une qualité de service
électrique, d'autre part. En ce qui concerne l'amélioration des
relations commerciales, une des premières exigences de nos clients est
de nous rejoindre facilement au téléphone. Si, en 1989, nous ne
répondions qu'à 74 % des appels des clients, en 1991 nous
répondons à 90 % de ces appels. Nous nous rapprochons ainsi des
standards de qualité des grandes entreprises
nord-américaines.
Plusieurs facteurs ont concouru à l'atteinte de ce
résultat, notamment de nouvelles ressources dans les secteurs à
forte densité de population et un système
téléphonique plus performant dans la région qui dessert
l'île de Montréal. Nos heures d'ouverture ont aussi
été élargies jusqu'à 18 heures, dans la
région métropolitaine de Montréal.
Une facture basée sur un relevé de compteur, voilà
une deuxième exigence de nos clients qui n'est pas facile à
réaliser quand près de 10 % des compteurs sont difficiles
d'accès. En 1990, 75 % des factures d'Hydro-Québec étaient
calculées à partir d'un relevé de compteur alors que les
autres étaient estimées; en 1991, ces chiffres atteignaient
près de 88 %.
Une plus grande productivité, due notamment à
l'installation d'appareils de télélecture là où les
compteurs sont peu accessibles, a permis d'améliorer cet aspect du
service. D'ici la fin de 1996, 250 000 télélecteurs seront
installés. C'est pour vérifier les conditions d'implantation de
cette nouvelle technologie que l'objectif de 96 % ne sera atteint qu'en 1994
plutôt qu'en 1992.
Nos clients apprécient aussi pouvoir mieux gérer leur
budget en payant le même montant tous les mois. Fin 1989, 265 000
clients, soit 9 % de notre clientèle, bénéficiaient de
cette option. Actuellement, 820 000 clients l'ont adoptée; 27 % de nos
clients paient donc par mode de versements égaux.
En ce qui concerne les demandes de raccordement au service
électrique, nous avons visé à raccourcir nos délais
pour mieux répondre aux attentes des clients. Notre performance dans ce
domaine s'est améliorée de 20 % au cours de la dernière
année. Nous poursuivons nos efforts.
Nous planifions des interruptions de service pour améliorer la
fiabilité de notre réseau. Pour prévenir les clients de
ces interruptions, nous utilisons plusieurs moyens: avis déposé
chez le client, radio, messagerie vocale. Nous prévenons actuellement 50
% des clients dont on interrompt le service et nous mettons tout en oeuvre pour
en prévenir 70 %. À la fin de cette année, nous serons
alors près du maximum atteignable, soit 75 %, compte tenu de
l'efficacité des moyens actuels et de l'impossibilité de
prévenir les clients absents.
Dans le contexte économique difficile que nous vivons, de plus en
plus de clients de toute catégorie éprouvent des
difficultés à payer leur compte d'électricité. De
1989 à 1991, le total annuel des comptes en souffrance en fin
d'année est passé, en 1989, de 104 000 000 $ à 179 000 000
$ à la fin de 1991; le total des pertes de revenus ou mauvaises
créances, de 58 000 000 $ à 71 000 000 $. Pendant la même
période, le total des faillites, au Québec, passait de 2122
à 6522 faillites. Ces pertes importantes frappent l'entreprise
malgré plusieurs mesures exceptionnelles qu'elle a adoptées dans
ce
domaine, notamment les prises de dépôt plus
systématiques des clients non résidentiels, l'intervention plus
rapide auprès des clients en retard de paiement et la prise d'ententes
de paiement plus nombreuses sur les arrérages.
Hydro-Québec n'utilise son outil ultime pour recouvrer les
comptes en souffrance, c'est-à-dire le pouvoir d'interruption de
service, qu'en tout dernier ressort et avec un grand discernement. Par exemple,
le nombre de quelque 800 interruptions, en hiver 1991-1992, de locaux
résidentiels occupés est deux fois moins élevé
qu'il y a trois ans, et l'entreprise entend restreindre encore plus ce nombre
de clients privés d'électricité en hiver pour non-respect
d'ententes de paiement ou mauvaise foi dans leurs relations d'affaires
vis-à-vis de l'entreprise.
Enfin, mentionnons certaines des actions les plus frappantes à
poursuivre, en 1992, dans le domaine commercial: promouvoir des mesures
élémentaires en efficacité énergétique
facilitant la réduction des factures, installer 35 000 compteurs
télémesurables, améliorer la présentation de la
facture par mode de versements égaux pour en faciliter la
compréhension, réviser la politique de dépôt,
accélérer davantage le contact avec les clients ayant des comptes
en souffrance.
Parlons maintenant de la qualité du service électrique. La
mesure de la continuité de service s'exprime en nombre moyen d'heures
d'interruption par client par année, que l'on identifie comme l'indice
de continuité, le. À l'horizon 1996, on maintient la cible du
plan 1990-1992 de réduire à la moyenne des utilités
canadiennes, soit quatre heures par client, ce temps d'interruption, soit une
demi-heure pour le réseau de transport, répartition dont parlera,
dans un moment, mon collègue Jacques Régis, et trois heures et
demie pour le réseau de distribution. La performance de ce dernier
réseau, qui comprend 100 000 km de lignes aériennes et 7000 km de
circuits souterrains, s'est améliorée de 35 % depuis 1988 pour
atteindre 5,36 heures en 1991, considérant tant les pannes que les
interruptions que l'on doit faire pour améliorer le réseau.
Ces dernières, d'ailleurs, ont été diminuées
à un peu moins d'une heure, en 1991, grâce surtout à plus
de travaux faits sous tension et au confinement des zones de travaux. Quant aux
pannes, elles ont affecté la clientèle, en moyenne, pendant 4,42
heures, soit une amélioration de 30 % par rapport à 1988. Les
travaux pour ce faire se sont surtout concentrés sur les deux
principales causes d'interruption, soit les équipements
défectueux et les chutes d'arbres et de branches. Malgré,
toutefois, les améliorations précitées, les
résultats restent encore trop élevés dans plusieurs
régions de la province dont Saint-Hyacinthe,
Saint-Jean-sur-le-Richelieu, Valley-field, Châteauguay,
Saint-Jérôme, Saint-Jovite et Hull. Nous concentrerons donc nos
efforts dans ces territoires au cours de 1992 et des années à
venir.
Alors que nos travaux d'investissement, à date, ont surtout
porté sur la réfection de la colonne vertébrale du
réseau, soit les circuits triphasés affectant le plus grand
nombre de clients, pour une longueur d'environ 2000 km, les travaux futurs
toucheront les embranchements du réseau, soit les circuits
monophasés comptant pour une longueur plus importante, soit 7500 km,
mais affectant un moins grand nombre de clients. En 1990-1991, près de
700 000 000 $ par année ont été investis sur le
réseau de distribution, la moitié de ce montant étant
consacrée à l'amélioration de la continuité du
service et incluant spécifiquement le Programme d'amélioration de
la qualité du service, dit PAQS 2.
Au cours des années 1992-1995, nous prévoyons poursuivre
nos investissements au même rythme qu'en 1991, notamment pour les travaux
suivants: remplacement de 7500 km de lignes monophasées ayant
dépassé leur vie utile, soit 30 ans, pour un montant d'environ
225 000 000 $; remplacement de milliers d'isolateurs et de parafoudres
défectueux, pour un total de 200 000 000 $; optimisation de nos
programmes d'élagage, pour un montant de 30 000 000 $ par année;
mise en service de 2200 points de sectionnement
télécommandés, ce qui permettra de réduire les
temps moyens de rétablissement lors de pannes, pour un coût total
de 100 000 000 $; modernisation du réseau souterrain qui permettra
d'améliorer la sécurité des travaux et assurera une
meilleure souplesse d'exploitation, pour un coût total du programme de
200 000 000 $. Ainsi pourrons-nous, avec de telles améliorations,
atteindre, en 1995, l'objectif fixé de 3,5 heures par année
d'interruption pour le réseau de distribution.
Efforts en vue d'éliminer les interruptions de
service
M. Régis (Jacques): M. te Président, le nombre
moyen d'heures d'interruption par client est de 6,6 heures en 1991. De ce
total, 1,24 heure, soit 19 %, est attribué à des interruptions
sur le réseau de transport et de répartition. Ce réseau,
composé de plus de 550 postes de transformation et de près de 30
000 km de lignes, est donc un maillon essentiel entre les centrales
éloignées et les principaux centres de consommation dans le Sud
du Québec. Par rapport au chiffre correspondant de 1988, soit 1,35
heure, l'amélioration apparente n'a été que de 8 %, mais
il est à noter que plusieurs ajustements ont été
apportés à la procédure d'enregistrement afin d'obtenir
des données plus précises. Il en résulte que les niveaux
de 1988 étaient sous-estimés et que, par conséquent,
l'amélioration a été plus importante. De fait, entre 1990
et 1991, l'amélioration a été de 22 %. Une partie
importante de cette amélioration provient d'une réduction des
interruptions causées par la défaillance des
équipements. Ceci permet de faire un lien direct entre les
efforts consentis en maintenance et l'amélioration de la qualité
du service pour le client. Ces résultats sont encourageants. Les actions
mises de l'avant ont donc commencé à porter fruit. Mais il faut
persévérer, car le chemin à parcourir reste encore
important puisque nous nous sommes fixé comme objectif de réduire
à 0,5 heure le nombre moyen d'interruption par client sur le
réseau de transport et de répartition à l'horizon
1995.
En plus d'alimenter les postes de distribution, le réseau de
transport et de répartition dessert directement certains clients
industriels de grande puissance. La mesure du nombre moyen d'heures
d'interruption propre à cette catégorie de clients est disponible
depuis 1990. Entre 1990 et 1991, cet indicateur est passé de 7,03 heures
à 6,10 heures, ce qui constitue une amélioration de 13 % en une
seule année. Avec cette catégorie de clients, Hydro-Québec
est à implanter un système continu de diagnostics et
d'interventions. Ce système, en mesurant le nombre de fois où il
y a perte de production chez le client, permettra de mieux évaluer la
qualité du service. La cueillette plus systématique
d'informations concernant les perturbations électriques a
déjà permis d'apporter des correctifs et d'augmenter de
façon significative la satisfaction de notre clientèle
industrielle.
Outre l'amélioration des indicateurs directement perceptibles par
le client, plusieurs autres indicateurs nous révèlent que notre
réseau de production, de transport et de répartition est beaucoup
plus robuste. Ainsi, le taux de pannes des groupes turbine-alternateur est
passé de 9,7 % à 2,4 % entre 1990 et 1991. Par ailleurs, au cours
des deux derniers hivers, la presque totalité du parc de production a
été disponible, ce qui a permis de satisfaire sans
difficulté les besoins de notre clientèle. Pourtant, la demande
d'électricité au Québec a frôlé les 30 000 MW
lors des froids intenses de janvier dernier, un sommet jusqu'alors
inégalé.
Notre défi est donc de maintenir les acquis, de poursuivre
l'amélioration là où elle est encore possible en
priorisant l'allocation de nos ressources et, surtout, de continuer la mise en
oeuvre des différents programmes annoncés dans notre dernier plan
de développement. Ces programmes devraient permettre de rendre notre
réseau moins vulnérable et plus robuste encore.
Il en est ainsi de l'installation, d'ici 1995, de la compensation
série, au coût de 1 300 000 000 $. Par ailleurs, le Programme
d'amélioration de la maintenance, au coût de 1 000 000 000 $, et
le Programme de maintien en état des installations existantes, au
coût de 2 600 000 000 $ jusqu'en 1996, devraient permettre de maintenir
notre parc de production et de transport en bon état. De fait, le
pourcentage des centrales ayant 40 ans et plus passera de 12 % à 17 %
entre 1992 et 2002. De même, le pourcentage des lignes de transport ayant
40 ans et plus passera de 14 % à 30 % entre 1992 et 2002. Il importe
donc de planifier de façon harmonieuse les efforts considérables
qui vont devoir être faits pour assurer le remplacement des composantes
vieillissantes et les réfections majeures de notre parc
d'équipement, dont la valeur actuelle aux livres est de 25 000 000 000
$. Faute de quoi, les équipements deviendraient moins fiables,
entraînant une détérioration de la qualité du
service et. de surcroît, dans quelques années, il faudrait essayer
de rattraper le temps perdu en investissant des sommes qui risqueraient de
dépasser la capacité de l'entreprise. Merci.
Le Président (M. Audet): Merci. Nous allons maintenant
passer à la période de questions. Je vais reconnaître... Il
reste 20 minutes pour chaque formation; après ça, on poursuivra
avec les questions d'ordre général, on aura une heure cinquante.
Mme la ministre.
Période de questions
Mesure de l'efficacité des investissements en
matière de qualité de service
Mme Bacon: M. le Président, Hydro-Québec nous
semble sur la bonne voie pour atteindre son objectif d'indice de
continuité de service. Les principales actions et les différents
programmes qui sont mis de l'avant depuis le dernier plan de
développement nous semblent se concrétiser dans l'ensemble.
Est-ce que vous pourriez m'indiquer ce matin comment vous mesurez
l'efficacité des investissements qui sont consentis pour les
différents programmes d'amélioration de la qualité de
service par rapport aux objectifs que vous avez retenus?
M. Boivin (Claude): M. le Président, au niveau des
objectifs de qualité du service, effectivement, le premier indice de
mesure est basé sur les résultats réels obtenus, soit
l'indice de continuité de service. Vous aurez remarqué, dans le
suivi du plan de développement, que nous avons effectué une
normalisation de ces indices pour être capables, d'une année
à l'autre, de comparer des choses comparables. Quand je parle de
normalisation, nous vous donnons d'ailleurs, dans le suivi du plan de
développement, les indices de continuité réels ainsi que
les indices de continuité normalisés. L'indice de
continuité normalisé tient compte d'événements
exceptionnels où il y a des éléments, notamment
climatiques, qui dépassent les critères de conception du
réseau ou sont d'une violence exceptionnelle. Je pourrais citer,
à titre d'exemple, la forte tempête qu'il y a eu dans la
région de Maskinongé l'été dernier. Il est
évident que, lorsqu'il y a une tornade qui détruit
complètement le réseau de distribution, à ce
moment-là, le réseau n'a pas
été conçu pour faire face à ce genre
d'événements.
D'où l'objectif de normaliser pour être capables de
comparer les résultats sur une même base. À partir de ces
résultats normalisés, nous morcelons, secteur par secteur, les
données pour être capables d'évaluer la continuité
réelle. Là, nous concentrons les efforts que nous faisons au
niveau des investissements, au niveau des travaux à réaliser,
nous concentrons ces travaux dans les endroits où, justement, la
qualité du service est déficiente. D'une année à
l'autre, ou même sur une base trimestrielle, nous suivons
l'évolution de l'indice de continuité de service par rapport aux
travaux et aux investissements que nous avons faits pour nous assurer,
effectivement, que ces investissements ont été faits aux bons
endroits et ont apporté les résultats qui étaient
anticipés. C'est, dans les grandes lignes, la mécanique ou la
méthode que nous utilisons pour suivre les investissements en rapport
avec les résultats sur le réseau de distribution.
Levée de la limite de 2200 MW
imposée
par les réseaux voisins pour les
exportations d'Hydro-Québec
Mme Bacon: Pour satisfaire les attentes de votre clientèle
québécoise et aussi pour faciliter l'intégration de votre
réseau et celui des partenaires du Northeast Power Coordinating Council,
Hydro-Québec a retenu, je pense, comme objectif, d'augmenter la
fiabilité de son réseau au même niveau que celle des
réseaux voisins d'ici 1994 par le biais de programmes
d'amélioration de la fiabilité du réseau de transport.
Est-ce que vous pouvez nous indiquer si la limite de 2200 MW qui est
imposée par les réseaux voisins pour les exportations
d'Hydro-Québec sera levée et, si oui, est-ce qu'il y a une
échéance pour ça?
M. Boivin: Tel que nous l'avions indiqué à la
dernière commission parlementaire, à ce moment-là, nous
venions d'approuver le programme. Nous sommes présentement dans le
programme d'implantation de la compensation série, si vous voulez, qui,
fondamentalement, amène des nouveaux critères de conception sur
notre réseau de transport. Je suis heureux d'indiquer que les travaux,
à date... C'est un programme énorme qui implique des
investissements de 1 400 000 000 $ et des interventions dans la majorité
de nos grands postes stratégiques. Alors, ces travaux se
déroulent à un rythme normal. Par contre, je dois indiquer que
nous avons reporté la fin de ces travaux de 1994 à 1995 parce que
l'échéancier était trop serré, compte tenu des
disponibilités ou des fenêtres réduites où nous
pouvons intervenir sur le réseau dans la période creuse, soit
dans les mois d'été et non pas dans les mois d'hiver. Ce qui veut
dire qu'avec la fin de l'implantation de la compensation série, en 1995,
la limite de 2200 MW imposée par le Northeast Power Coordinating
Council, le NPCC dans notre jargon, sera levée et, à compter de
ce moment-là, nous pourrons exporter, selon les disponibilités,
sans contrainte ou sans limite de capacité, puisque notre réseau
sera totalement compatible avec les réseaux américains.
Programme d'enfouissement des lignes
électriques
Mme Bacon: J'aimerais que vous nous fassiez le point ce matin sur
le programme d'enfouissement des lignes électriques. Est-ce qu'il y a
une entente entre la ville de Montréal et Hydro-Québec à
ce sujet-là?
M. Boivin: Je demanderais à M. Gilles Béliveau, qui
est responsable de la clientèle et de la distribution...
M. Béliveau: M. le Président, nous avons une
politique d'enfouissement qui commence déjà à avoir de
l'âge et que nous nous apprêtons à restaurer, à
rénover, suite à une série de rencontres que nous aurons
avec les municipalités pour connaître leurs nouveaux besoins et
leurs attentes. Mais la politique actuelle définit que nous sommes
consentants à enfouir les réseaux électriques à un
rythme de 30 mètres par année par 1000 clients. Or, on sait
très bien que les municipalités qui veulent procéder
à un enfouissement de leur réseau le font, en
général, pour des fins esthétiques au niveau des
centres-villes et le font, en général, lors d'une intervention
unique. Alors, nous consentons, vis-à-vis de ces municipalités,
à accumuler lors d'une intervention le total de l'enfouissement
permissible sur une période de cinq ans, c'est-à-dire 150
mètres par 1000 pieds. Cela nous a amenés, évidemment,
à enfouir dans plusieurs municipalités un bon nombre des
réseaux des centres-villes. (10 heures)
À présent, quand on parle d'enfouissement, on pense
surtout aux deux principales villes de la province et surtout à la ville
de Montréal où nous avions, en 1983, passé une entente
avec la ville pour enfouir au-delà de 200 kilomètres de
réseau, à peu près la moitié de ce total
étant pour des fins techniques et l'autre moitié, pour des fins
esthétiques. Alors, nous avons réalisé, en grande partie,
l'enfouissement technique. Nous sommes en retard. Nous confessons que nous
sommes en retard sur l'enfouissement esthétique, ce qui fait que nous
avons du rattrapage à faire. Ça fait partie du rattrapage dont on
a parié à date pour améliorer la qualité du service
et, ce rattrapage-là, nous entendons le faire dans les prochaines
années. Nous venons d'instaurer une structure au niveau régional,
une structure par projet, ce qui nous permettra, évidemment, de sortir
des opérations courantes ces travaux d'enfouissement.
Impacts régionaux de ce programme sur
l'économie et sur la réduction des pannes
Mme Bacon: Par rapport au programme d'amélioration de la
qualité du service, quels sont les impacts régionaux, tant sur le
plan économique que sur le plan de la réduction des pannes?
Est-ce que vous êtes capables de mesurer ces impacts?
M. Béliveau: Oui. D'abord, tel que l'indiquait M. Boivin
tout à l'heure, nous suivons l'évolution de la qualité du
service, secteur de services par secteur de services. Nous avons, dans la
province, à peu près 35 secteurs de services de distribution pour
lesquels nous suivons à la semaine, à la journée
près, je dirais, l'évolution de l'Ic, soit l'indice de
continuité. Tel que le mentionnait aussi M. Boivin, nous concentrons nos
investissements dans les secteurs qui touchent le plus de clients et, en
même temps, qui sont les plus en souffrance.
Ces investissements-là sont répartis par secteur. Ils sont
assumés par les secteurs et ils font appel, pour ce faire,
évidemment, à la main-d'oeuvre locale, à la main-d'oeuvre
du secteur pour la préparation des travaux. Notamment, sur ce
plan-là, de plus en plus, on fait appel aux services externes pour nous
aider à faire face à la charge de travail et on fait appel aussi
aux entrepreneurs pour sa réalisation. Les entrepreneurs qui font ces
travaux-là, évidemment, sont des entrepreneurs qui sont
mobilisés pour l'ensemble des travaux de la province, mais qui
s'installent dans les secteurs intéressés pour faire lesdits
travaux. Ceci se fait, évidemment, en consultation et avec des plans
d'information qui sont bien organisés pour informer la population,
justement, des inconvénients qu'on leur crée temporairement en
vue d'améliorer la qualité du service.
Programme d'amélioration de la
productivité
Mme Bacon: Dans le «Plan de développement
d'Hydro-Québec 1990-1992, Horizon 1999», /à
M. Béliveau: En fait, dans le plan 1990-1992, nous avions
prévu une amélioration de la/ productivité de nos monteurs
de distribution de l'ordre de 30 % répartis sur trois ans.
Évidemment, il s'est produit, dès le départ de la mise en
oeuvre de ce programme, le conflit de travail qu'on a connu et qui nous a
amenés, justement, à reporter, dans le temps, la
réalisation de cette amélioration de performance de 30 %. Cela
fait que, depuis le début de ce programme-là, qui devrait,
à toutes fins pratiques, être terminé à la fin de
1992, nous n'avons réalisé que 14 % de ces 30 % d'objectif que
nous nous étions fixés.
M. Boivin: M. le Président, j'aimerais quand même
ajouter, à ce sujet-là, que 14 % d'amélioration dans la
productivité des travaux eh distribution, c'est l'équivalent de
176 personnes-année. Alors, c'est quand même un gain qui est
très important, et nous sommes confiants d'atteindre l'objectif de 30 %
que nous nous sommes fixé lors du dernier plan. J'aimerais ajouter que,
depuis le dernier plan de développement concernant la
productivité, nous avons mis en place, dans d'autres secteurs
d'activité que celui de la distribution, de nombreuses mesures qui nous
ont amené des gains de productivité très importants dans
plusieurs secteurs d'activité.
Je ne voudrais pas vous ennuyer en vous donnant la liste exhaustive de
tous ces secteurs-là, mais je vais quand même en citer
quelques-uns. Par exemple, du côté production, nous avions un
temps de réfection d'un groupe turbine-alternateur d'au-delà de
50 semaines. Nous sommes passés de 50 à 40 semaines. Cet objectif
a été atteint en 1991 et, cette année, nous visons un
temps de réfection de 35 semaines. C'est un gain très important
quand on considère, à ce moment-là, que nos turbines
peuvent revenir sur le réseau rapidement pour rencontrer les besoins,
surtout dans une période où nous sommes en faible
hydraulicité et en équilibre de production offre-demande.
Du côté des taux d'arrêt forcé des groupes,
nous sommes passés d'un taux d'arrêt forcé de 9,7 %
à 2,4 %, et le temps des pannes sur les groupes turbine-alternateur est
passé de 124 heures à 32 heures. C'est un gain de presque 300 %.
La réduction des temps d'inspection pour les groupes
turbine-alternateur, on prenait autrefois 15 jours, on fait maintenant
ça en 9 jours. C'est presque un gain de 50 %. Un contrôle
serré de tous nos échéanciers d'entretien sur toutes nos
activités. Nous effectuons également un contrôle
serré sur le temps, les pauses repas, etc., ce qui a amené des
gains importants.
Nous avons fait un effort aussi très important, qui n'est pas
terminé, au niveau de la formation de nos employés. Pour avoir
une bonne efficacité, surtout dans le domaine technique, que ce soit nos
électriciens, nos mécaniciens de centrale, nos techniciens, il
faut que ces gens-là soient bien formés si on veut qu'ils soient
performants. À titre d'exemple, dans le secteur de production et de
transport, alors qu'en 1988 nous avions 3,4 jours de formation par
employé, en 1991, nous avons augmenté ça à 6 jours
et ça
donne de bons résultats. Comme je vous dis, ce
rattrapage-là n'est pas totalement terminé, mais nous allons
continuer nos efforts dans ce domaine.
Il y a également, par exemple, du côté commercial.
Je pourrais citer des chiffres au niveau du nombre de coupons d'encaissement
à traiter, par exemple. Dans la seule région Saint-Laurent, le
nombre de coupons d'encaissement est passé de 8 700 000 à 9 900
000, soit une hausse de 13,8 %, et on n'a ajouté aucune ressource. On a
mieux organisé le travail et, effectivement, on a un gain de l'ordre de
14 %.
Je pourrais vous citer de nombreux autres secteurs de ce genre-là
à titre d'exemples, mais on a fait de gros efforts et on continue de
faire de gros efforts du côté de la productivité.
Augmentation des coûts de la modification du
réseau de télécommunications
Mme Bacon: En page 43 du rapport général, vous
indiquez que les coûts de la modification du réseau de
télécommunications se sont accrus de 60 000 000 $. Est-ce que
vous pouvez faire le point sur ce dossier-là et nous expliquer les
causes d'une pareille augmentation? Au bas de la page 43, à droite.
M. Régis: Ce qui est arrivé, c'est qu'en fait on a
d'abord tout le programme de radiomobile qui n'était pas
nécessairement prévu initialement dans l'échéancier
et qu'on réalise actuellement, qui a été devancé,
donc, pour... On parle de 80 000 000 $. Il y a toute la modernisation de notre
réseau de transmission aussi, pour lequel on s'est donné une
politique de révision systématique, l'installation d'un
câble à fibres optiques. Par ailleurs, aussi, il y a tout l'aspect
du nouveau CCR qui implique des investissements additionnels qui
n'étaient pas précisés dans le dernier plan. Le CCR, c'est
le centre de conduite du réseau de transport et de production à
Hydro-Québec. Alors, quand on met tous ces
éléments-là ensemble, ça explique un peu la
révision de notre plan qui, maintenant, fait partie d'une planification
très serrée, qui va nous permettre aussi de contribuer, comme les
autres programmes, au redressement de la qualité du service de
façon globale.
Mise en service d'un système d'abaissement de
tension et réactions des clients
Mme Bacon: D'accord. Dans le même plan, en page 52, vous
indiquez que vous pourriez... Dans le plan de développement, je veux
dire, vous indiquez que vous pourrez recourir à des moyens temporaires,
comme le recours aux abaissements de tension, pour maintenir la réserve
en puissance du réseau et, dans le rapport général du
suivi du plan, en page 43,
Hydro-Québec indique la mise en service d'un système
d'abaissement de tension pour aider à passer la pointe annuelle de la
demande. Est-ce que vous pourriez faire le point sur cette nouvelle mesure, si
c'est une nouvelle mesure et nous indiquer la réaction de vos clients,
s'il y en a?
M. Boivin: Nous avions indiqué, lors de la dernière
commission parlementaire, effectivement. qu'un des moyens additionnels que nous
envisagions d'utiliser était des mécanismes d'abaissement de
tension. Dans le jargon, on entend souvent le mot «brownouts»,
notamment du côté des États-Unis; ici, on appelle
ça, en bon français, l'abaissement de tension. Effectivement,
nous avons effectué, si ma mémoire est bonne, au cours de l'hiver
1990, deux expériences dans la région de Montréal pour
valider la réaction de la clientèle. Je peux vous dire que
ça a été très positif, ça n'a pas
posé de problème chez aucun de nos clients à
caractère commercial ou industriel qui avaient été
avisés que nous étions pour effectuer des abaissements de
tension.
Nous avons mis en place les mécanismes ou les automatismes requis
pour effectuer de l'abaissement de tension en cas de besoin, en période
d'hiver. Je dois vous avouer, par contre, qu'à ce jour, on ne les a pas
utilisés, c'est-à-dire qu'on n'a pas utilisé l'abaissement
de tension au cours de l'hiver qui se termine, soit le 16 janvier dernier, nous
avons connu ce qui devrait être la pointe annuelle, puisque nous sommes
rendus au 12 mars, il y a peu de probabilité d'avoir une autre vague de
très grand froid. Nous avons connu une pointe de 29 000, nous avons
effectivement livré 29 450 MW à nos clients à ce
moment-là et nous avions la disponibilité requise sur le
réseau pour le faire, sans aller à l'abaissement de tension.
Maintenant, il faut mentionner que l'abaissement de tension est l'outil
ultime qui serait utilisé avant d'être obligé de faire du
délestage. Donc, avant d'aller à l'abaissement de tension, nous
avons nos clients interruptions du secteur industriel qui sont rappelés,
il y a des rachats lorsqu'il y a des disponibilités chez les
réseaux voisins. Si jamais on se retrouvait dans une situation vraiment
très serrée, où il y aurait un risque effectivement de
dépasser, en fait, la limite de capacité de production avec la
demande et, donc, d'avoir des problèmes au niveau de la
régulation de la fréquence et de la tension sur le réseau,
à ce moment-là, comme moyen ultime, nous utiliserions
l'abaissement de tension. L'estimation que nous avons faite de ce
moyen-là, ça pourrait nous procurer une marge de manoeuvre
additionnelle équivalant à peu près à 300 MW. Mais,
comme je vous dis, ça n'a pas été utilisé à
date.
Le Président (M. Audet): Merci. Je cède maintenant
la parole à M. le député de Joliette.
Données sur les comptes impayés et sur
les pannes et interruptions
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Tout d'abord, je
voudrais qu'on campe certains chiffres qui semblent contradictoires avec ce qui
a été publié. C'est sans doute parce que vous êtes
partis d'années différentes ou de bases différentes, mais
je veux le clarifier. Vous parlez de 171 000 000 $ de comptes en souffrance,
à la fin de l'année, alors que le président
déclarait, pas plus tard que le 26 février 1992, ce n'est pas
tellement loin, qu'il y avait plus de 500 000 000 $ de comptes en souffrance.
Après cela, c'était passé de 307 000 000 $, en 1988,
à 385 000 000 $, en 1989, à 478 000 000 $, en 1990, et à
556 000 000 $, en 1991. Ça, c'est la première chose que je
voudrais que vous clarifiiez, brièvement.
La deuxième chose, c'est que, dans un texte, M. Béliveau
parle d'interruptions: 6,6 heures, pannes: 4,42 heures et M. Régis parle
de pannes et d'interruptions de 5,36 heures. Je voudrais qu'on nous sorte un
seul chiffre.
M. Béliveau: D'abord, au niveau des comptes en souffrance,
vous vous référez au tableau de la page 17, qui spécifie
que le total des comptes en souffrance, pour les différentes
années qui sont énumérées là, est
passé, en 1988, de 307 000 000 $ à 556 000 000 $, en 1991. Alors,
556 000 000 $, on parle bien du total des comptes, si vous voulez, qui ont
été payés en retard en 1991. Mais ce qu'on vous dit, c'est
qu'à la fin de 1991, on avait recouvré la majeure partie de ces
comptes-là et que nous restions encore avec 179 000 000 $ de comptes en
souffrance à la fin de 1991.
M. Boivin: En d'autres mots, quelque part, durant l'année,
il y a, pendant l'année, l'équivalent cumulatif de 556 000 000 $
de comptes qui sont devenus en souffrance. Ça ne veut pas dire qu'ils
n'ont pas été recouvrés. Ponctuellement, au 31
décembre, il y avait 177 000 000 $ ou 178 000 000$... (10 h 15)
M. Chevrette: O.K.
M. Boivin: ...de comptes en retard. Ça explique...
M. Chevrette: D'accord.
M. Drouin: L'un, c'est une photographie; l'autre, c'est pour
l'année.
Une voix: C'est ça.
M. Chevrette: Donc, vous avez récupéré - si
on se base, c'est 40 % - 60 % des comptes en souffrance ou environ.
M. Boivin: A ce moment-là. Ça ne veut pas dire que
les 177 000 000 $ s'en vont aux mauvaises créances, mais, à une
date donnée, le 31 décembre, si je prends la photo de nos
états de compte, il y a 177 000 000 $ de comptes qui ne sont pas
acquittés et dont...
M. Chevrette: O.K.
M. Boivin: ...la date d'échéance est passée
dû.
M. Chevrette: Je ne veux pas prendre le temps de la commission.
Vous avez des chiffres précis sur ce que vous avez épongé.
Vous dites: On a abandonné complètement 56 000 000 $...
Une voix: Les mauvaises créances.
M. Chevrette: ...en mauvaises créances. Est-ce que vous
avez des chiffres là-dessus qui font le décompte, par exemple,
entre ce qui se serait épongé à Kahnawake, à
Akwesasne et au Québec?
Une voix: On a tous les chiffres.
M. Boivin: On ne l'a peut-être pas ici par
municipalité, mais globalement...
M. Chevrette: Non, mais vous pouvez nous le faire
connaître... Pas des noms, je ne parle pas de noms, je parle
globalement.
M. Boivin: 71 000 000 $ de mauvaises créances. D'ailleurs,
c'est indiqué justement au même tableau, à la page 17. Nous
avons radié de nos livres, en 1991, 71 000 000 $ de mauvaises
créances.
M. Chevrette: O.K.
M. Boivin: Ça, ça veut dire que ce sont des comptes
qui sont irrécupérables parce que le client est disparu, on n'est
pas capable de le retracer, etc., faillites.
M. Chevrette: Dans les 10 %... Une voix: Oui.
M. Chevrette: ...des compteurs inaccessibles, est-ce que les
compteurs de Kahnawake et d'Akwesasne sont dedans?
M. Béliveau: C'est principalement des compteurs qui sont
à l'intérieur des maisons, mais c'est surtout dans la
région du Grand Montréal.
M. Chevrette: Donc, les chiffres de 10 % ne reflètent pas
la réalité des compteurs non accessibles.
M. Béliveau: Oui. Seulement, enfin, Akwe- sasne et
Kahnawake comptent pour très peu de compteurs dans ce total de 300 000.
On parle de 10 %, donc de 300 000 compteurs.
M. Chevrette: II y a très peu de compteurs.
M. Boivin: Mais ce que vous voulez dire, c'est quand on ne peut
pas entrer sur...
M. Chevrette: Est-ce qu'il y en a d'accessibles?
M. Béliveau: Non, non, ils ne sont pas classés
comme compteurs inaccessibles.
Une voix: On pourrait les classer comme compteurs...
M. Chevrette: Vous pourriez, mais vous ne l'avez pas fait.
M. Béliveau: En fait, on pourrait les ajouter.
M. Chevrette: Donc, j'espère qu'ils ne sont pas dans les
créances à être radiées à nouveau. Dans
le...
M. Béliveau: Vous aviez une autre question... M. le
Président, M. Chevrette avait une autre question sur les temps
d'interruption.
M. Chevrette: Oui.
M. Béliveau: Alors, 6,60 heures...
M. Chevrette: Oui.
M. Béliveau: ...d'interruption annuelle sur le
réseau, c'est le total des interruptions comprenant 5,32 heures au
niveau du réseau de distribution. Tout à l'heure, je vous ai
dit...
M. Chevrette: Oui.
M. Béliveau: ...qu'on calculait ça au niveau du
réseau de distribution et 1,28 heure au niveau du réseau de
transport et répartition.
Solutions de rechange aux coupures ou interruptions du
service pendant l'hiver
M. Chevrette: II y a eu 21 000 coupures ou interruptions de
courant en 1991, dont un certain nombre en décembre, janvier et
février. Est-ce qu'Hydro-Québec a vraiment analysé de
prendre des moyens autres que de faire de l'interruption de courant durant ces
mois d'hiver? Est-ce que vous avez inventorié une gamme de moyens pour
ne pas procéder à des interruptions durant l'hiver? Moi, j'ai
écouté, je ne sais pas si c'est vous, M. Béliveau, ou un
autre, là, sur les ondes avec Cournoyer à une émission
où vous aviez coupé le courant à un couple de Sorel.
C'était vraiment épouvantable à entendre! Celui qui
défendait Hydro-Québec, c'était aussi lamentable de
l'entendre parce qu'il disait qu'il avait pris tous les moyens, mais prendre
tous les moyens pour couper le courant à des gens à -20°...
Vous ne pensez pas que ce serait mieux de dire: On te remettra le courant le
jour où tu auras acquitté ta facture même si tu
déménages, mais pas couper le courant en plein hiver? Vous ne
trouvez pas ça inhumain, une formule du genre? Alors que vous ne le
faites pas pour certaines communautés, il est en train de se
développer au Québec une perception de deux poids, deux mesures
qui est néfaste pour une collectivité, vous le savez. Est-ce que
vous avez inventorié des moyens pour en arriver à avoir un seui
traitement?
M. Béliveau: Effectivement, pour répondre à
votre question, M. le Président, on a inventorié un certain
nombre de moyens; entre autres, on a expérimenté, il y a quelque
temps, un fameux gadget qu'on appelle un limiteur de charge et qui permet au
client, en évitant de le couper, de limiter justement l'utilisation
qu'il va faire de l'électricité aux services les plus essentiels
qui lui sont nécessaires.
M. Chevrette: Une guerre psychologique, quoi!
M. Béliveau: C'est un moyen d'ailleurs qu'on avait
expérimenté il y a plusieurs années - je me rappelle bien,
j'étais responsable au niveau régional, à ce
moment-là, sur la Basse-Côte-Nord - dans les villages de nos
réseaux non reliés où, évidemment, on perd
excessivement d'argent annuellement. Ces moyens sont difficiles à
maintenir chez les clients qui sont de la nature des nôtres. Il ne faut
pas oublier que, chez nous, au Québec, 7 clients sur 10 chauffent
à l'électricité. Alors, c'est un moyen qui peut
très bien fonctionner si le système de chauffage est à
l'huile ou au gaz, mais, du moment évidemment que le système de
chauffage est à l'électricité, c'est un moyen qui ne s'est
pas avéré tellement utile et populaire d'ailleurs.
M. Chevrette: M. Béliveau, vous ne croyez pas qu'il y
aurait des formules administratives différentes de celle de
procéder à vous faire justice vous-mêmes? Durant les mois
critiques, est-ce que vous ne pensez pas, par exemple, que quelqu'un qui ne
paierait pas sa facture, qui est un mauvais client puis que vous avez fait tous
les efforts que vous nous dites faire... J'aimerais ça que vous dressiez
une liste du cheminement que vous suivez et nous la faire parvenir, le
cheminement que vous suivez dans le cas d'un mauvais payeur, complet,
jusqu'où vous allez. Il me semble qu'avec un peu d'imagination,
quel-
qu'un qui est transféré ailleurs et dont le nom le suit,
s'il n'a pas assumé une facture, je ne sais pas, moi, if pourrait ne pas
recevoir les services d'Hydro, mais, bonne mère, couper le monde
l'hiver, à -20°, quand il y a un enfant dans la famille, ce n'est
pas la faute de l'enfant, ça! Bien souvent, ce n'est pas la faute de la
femme; vous savez, dans certains cas, ce qui arrive. Puis vous coupez, 21 000,
et, en même temps, vous donnez 300 $ à des gens qui sont bons
payeurs.
Ne vous demandez pas pourquoi les Québécois lèvent
de terre. Ne vous demandez pas pourquoi il se développe une forme de
mépris. Ne vous demandez pas pourquoi l'agressivité monte entre
les communautés. Vous y concourez. Je ne vous dis pas que vous le faites
exprès. Je ne vous dis pas que c'est de mauvaise foi. Je vous dis que
les faits, le résultat, c'est que vous concourez à créer
cette animosité et, à mon point de vue, Hydro-Québec se
doit de faire preuve d'imagination dans la recherche de solutions autres que
celle-là et, s'il faut faire une commission parlementaire pour vous en
donner, des moyens, on va inviter du monde, on va faire une cueillette
d'idées et on va vous en donner. Mais, de grâce, trouvez quelque
chose d'autre!
Moi, je pense que le fait, par exemple, qu'un client n'assume pas une
facture, on ne le coupe pas pendant les mois d'hiver, c'est clair. Mais, rendu
au mois de mai, là, je comprendrais ça, en avril ou en mai. Je
comprendrais que, le gars qui n'a pas acquitté une facture et qui est un
très mauvais client, vous ne l'alimentiez pas s'il essaie de se
garrocher ailleurs, mais ça n'a pas de bon sens de faire ce que vous
faites durant les mois de décembre, janvier et février.
M. Boivin: M. le Président, je voudrais au moins indiquer
au député de Joliette que nous sommes très sensibles
à la problématique qu'il soulève. Effectivement, les
résultats ne sont peut-être pas encore parfaits, mais, depuis
quelques années, il y a eu beaucoup de choses qui ont été
développées; j'aimerais mentionner à ce sujet-là,
non pas des gadgets, mais il reste que, chez tous les
bénéficiaires d'aide sociale, il n'y a pas de coupure de courant;
nous effectuons des ententes avec le bien-être social qui, lui,
défraie à ce moment-là la facture de ces
clients-là.
Il est évident que nous tentons de limiter au maximum les
interruptions de courant durant l'hiver. Il y en a d'ailleurs eu quatre ou cinq
fois moins à l'hiver qui se termine qu'il y en a eu l'hiver
précédent. Il faut faire attention aux chiffres parce que, par
contre, nous interrompons des locaux vacants ou des logements vacants,
même en période d'hiver lorsque nous savons que le logement est
vacant, ce qui veut dire qu'effectivement il y a probablement eu à peu
près 500 interruptions dans l'hiver qui se termine dans la
période d'hiver, ce qui est probablement encore trop.
Une des solutions que nous envisageons et qui est probablement la vraie
solution, mais qui demande des ajustements administratifs pour être
implantée, c'est celle effectivement d'activer le recouvrement dans les
mois de septembre et octobre et, effectivement, à la fin d'octobre,
d'avoir - ça va probablement créer un autre type de
réaction - avant la période d'hiver, une vague de
déconnections s'il le faut, si nous ne pouvons pas recouvrer les comptes
autrement. Après ça, dans les mois de décembre, janvier,
février et mars, abandonner les interruptions et recommencer au
printemps.
Mais je peux vous assurer, M. le Président, que nous sommes
très sensibles à cette problématique et que nous y
travaillons. Je tiens, par contre, à mentionner qu'il y a,
malheureusement, parmi nos 3 000 000 de clients - et c'est une infime
majorité - un certain nombre de clients de mauvaise foi évidente
avec qui nous devons faire affaire.
Nous sommes un monopole, et ça fait partie, en fait, des
obligations d'un monopole de faire affaire ou de fournir le service à
tous ceux qui le demandent. Je vous dirai que la très grande
majorité de nos clients québécois sont de bons clients,
ils sont des clients qui paient bien. Il y a des gens qui, à un moment
donné, traversent une période difficile sur le plan financier
pour des raisons de chômage ou autre. On prend des arrangements avec eux
autres et, en général, les gens respectent ces arrangements. Mais
il y a quand même une infime partie de la population qui est
carrément de mauvaise foi. Malheureu-sent, il y a souvent les cas qui se
ramassent sur la place publique auprès des animateurs de lignes
ouvertes. Je ne dirais pas toujours, mais ce sont souvent des cas où il
y a, avec preuve à l'appui, une mauvaise foi évidente. Nous
devons vivre avec ça. Maintenant, peut-être qu'on devrait
tolérer ces cas-là compte tenu du «backlash» ou du
boomerang que ça nous amène. Mais je pense que ce ne serait pas
une solution, à moyen ou à long terme, à
préconiser.
Le Président (M. Audet): Avez-vous déjà fait
des comparables avec des compagnies similaires à Hydro-Québec,
par exemple, dans des cas comme ceux-là? On peut penser, par exemple,
à d'autres compagnies qui donnent de l'électricité ou les
compagnies qui donnent des services publics, comme le téléphone.
Le téléphone, quand on ne paie pas...
M. Jolivet: Oui, mais le téléphone... Tu ne
gèles pas trop quand tu ne téléphones pas.
Le Président (M. Audet): Non, je comprends que ce n'est
pas comparable au chauffage en hiver...
M. Boivin: Le téléphone est rapidement
interrompu.
Le Président (M. Audet): Ce n'est pas comparable au
chauffage en hiver. Mais d'autres compagnies, par exemple, doivent
peut-être avoir d'autres façons de procéder. Je ne sais
pas. Est-ce que ça a été regardé, ça?
M. Boivin: Oui, nous avons effectivement... Quand M.
Béliveau parlait des limiteurs de courant, par exemple, on sait que
c'est utilisé en Angleterre et en France. Ils ont un climat
différent du nôtre et ils n'ont pas le taux de chauffage à
l'électricité qu'on a. Les interruptions de service sont
effectuées en Ontario à un rythme probablement... non seulement
probablement, mais plus élevé que le nôtre. Maintenant, ils
n'ont peut-être pas nécessairement les mêmes contraintes
qu'on a là non plus. En fait, il n'y a pas le même taux de
chauffage à l'électricité en Ontario qu'il y a au
Québec. Ce que je peux dire, c'est que notre taux de mauvaise
créance ici est supérieur à la moyenne
nord-américaine, mais si on corrigeait pour tenir compte justement de
l'importance des factures d'électricité, compte tenu du
très fort taux de pénétration du chauffage à
l'électricité, on reviendrait à peu près à
un niveau normalisé ou près d'un niveau normalisé
nord-américain.
Le Président (M. Audet): Merci. Mme la
députée de Terrebonne.
Rapport du Commissaire aux plaintes des clients des
distributeurs d'électricité
Mme Caron: Merci, M. le Président. Peut-être pour
continuer sur le même sujet, je pense qu'on avait déjà
examiné, l'année dernière, en commission parlementaire, ce
sujet-là. La Fédération des ACEF avait remis un
mémoire excellent - d'ailleurs, c'est ce que la ministre avait
donné comme commentaire à la suite de cette lecture. On avait
clairement démontré que les familles à faibles revenus
étaient de plus en plus nombreuses à ne pouvoir répondre
et que ce n'était pas une question de mauvaise volonté, mais que
c'était vraiment une question de ne plus avoir les revenus pour le
faire. Quand on sait que l'augmentation, si on acceptait l'augmentation que
vous proposez aujourd'hui de 5,9 %, que les consommateurs
québécois auraient eu, en moyenne, une augmentation, taxes
incluses depuis 1989, de 32,9 %, on ne peut pas vraiment s'étonner qu'on
ne soit plus capable de payer les factures. Lorsque vous parlez de l'entente
avec l'aide sociale, oui, mais j'avoue qu'il ne faudrait peut-être pas
citer trop cet exemple-là en modèle parce que, dans la plupart
des cas, le montant qui reste après la signature de l'entente pour que
la famille puisse vivre, c'est un montant où la famille ne peut
même plus manger. Elle doit continuer de faire des demandes à des
comités de dépannage. Or, ce n'est peut-être pas la
situation idéale.
Quand on parle d'améliorer la qualité du service à
la clientèle, je veux bien qu'on dise qu'on améliore les
réponses aux appels téléphoniques, mais je pense qu'il
faudrait surtout prendre des décisions qui n'amèneront pas une
augmentation des appels téléphoniques. Quand on prend des
décisions comme le crédit de 300 $ pour les bons payeurs, quand
on prend des décisions de 30 000 000 $ pour une campagne du programme
énergétique ÉCOKILO qui m'apparaît tout à
fait inefficace, quand on demande des augmentations depuis 1989 qui conduisent
à une facture supplémentaire pour les consommateurs de 32,9 %, je
pense que c'est normal qu'à un moment donné, vous vous retrouviez
à augmenter vos appels téléphoniques et l'insatisfaction.
(10 h 30)
D'ailleurs, je voudrais revenir au rapport du Commissaire aux plaintes
des clients des distributeurs d'électricité, M. William Schwartz,
qui. en décembre, a déposé son rapport et disait, et je
cite: «À notre avis, la volonté de la société
d'État de satisfaire sa clientèle résidentielle devrait
s'affirmer plus concrètement et de façon plus soutenue.» Le
Commissaire nous disait qu'après avoir étudié les plaintes
de la population, il constatait que les attentes étaient de plus en plus
élevées et que le degré de tolérance des
abonnés semblait s'affaiblir grandement. Lui-même, d'ailleurs,
avait reçu une augmentation des plaintes. En 1990-1991, il a
traité 1320 demandes écrites de la part d'abonnés
résidentiels qui étaient insatisfaits de la réponse
d'Hydro-Québec à leurs plaintes, et ce chiffre correspond
à une hausse mensuelle moyenne de 53 % par rapport à
l'année précédente. Les demandes touchaient principalement
la facturation, les suspensions d'alimentation, les réclamations, les
raccordements, les pannes et les communications. Dans ses recommandations, et
là est ma question, puisque je ne le retrouve pas dans vos actions
à entreprendre, le Commissaire aux plaintes demandait à
Hydro-Québec de favoriser une approche davantage axée sur la
clientèle en donnant le bénéfice du doute au client quand
Hydro ne parvient pas à établir clairement sa
non-responsabilité. Est-ce que vous avez l'intention de donner suite
à cette recommandation du Commissaire aux plaintes?
M. Drouin: Roger Lanoue, vice-président
délégué aux services à la clientèle.
M. Lanoue (Roger): Je vais répondre
généralement à la question quant au rapport du Commissaire
aux plaintes. La plupart des recommandations qui sont faites concernent, comme
vous dites, l'attitude d'Hydro-Québec vis-à-vis de sa
clientèle, tant dans le domaine des réclamations, des
recouvrements, des réponses téléphoniques et, en
particulier, comme vous dites, le cas de responsabilité vis-à-vis
des avoirs du client qui pourraient être «impactés»
par la non-
disponibilité du service électrique chez lui. Je voudrais
faire une mise au point pour commencer. D'abord, il est exact qu'il y a un plus
grand nombre de plaintes qui se sont rendues chez le Commissaire dans la
dernière année que l'année précédente. Mais
je crois que le Commissaire sera d'accord avec moi pour dire que c'est dû
essentiellement à une meilleure connaissance de la part des
Québécois de l'existence du mécanisme d'appel aux plaintes
et que ce n'est pas forcément significatif, quant à la perception
de la qualité du service d'Hydro-Québec, le fait que le nombre de
plaintes qui se sont rendues au bureau du Commissaire ait augmenté de
quelque 50 % en un an. En fait, concrètement, le nombre de plaintes
enregistrées à l'intérieur d'Hydro-Québec a
diminué de 30 % dans la dernière année, dû
essentiellement à la plus grande efficacité de là
réponse téléphonique dans les bureaux d'affaires
d'Hydro-Québec durant l'année.
Mme Caron: Êtes-vous en train de me dire que les gens,
parce qu'ils connaissent plus un service, vont se plaindre même s'ils
n'ont pas de raison de se plaindre?
M. Lanoue: Non. Ce que je vous dis, c'est qu'il y a deux ans, il
est bien possible que les gens ne se soient pas rendus au bureau du Commissaire
aux plaintes parce qu'ils n'en connaissaient pas l'existence.
Mme Caron: Mais les plaintes sont quand même
réelles.
M. Lanoue: Oui, oui, tout à fait. Je ne veux pas faire
interpréter le chiffre de 53 % que vous citez comme étant une
indication de cette année-là en termes de
détérioration de la qualité du service.
Pour en revenir à la question de responsabilité ou de
non-responsabilité, on a eu des discussions avec le Commissaire aux
plaintes sur la question, et il est clair que l'orientation de base, quant au
service électrique d'Hydro-Québec, c'est que le client doit se
prémunir contre la non-disponibilité du service électrique
ou des imperfections qu'il pourrait y avoir dans le service électrique
qui affecteraient ses opérations internes, que ce soit industrielles,
commerciales, informatiques, ou au niveau résidentiel, par exemple,
typiquement le contenu qu'il peut y avoir dans le réfrigérateur
ou le congélateur.
Ceci dit, il est aussi clair qu'Hydro-Québec se considère
responsable lorsque c'est dû à une négligence de la part
d'Hydro-Québec, le fait qu'une panne ait duré longtemps, ou
qu'elle n'ait pas été traitée adéquatement, ou
qu'elle n'ait pas pu être évitée. Quand c'est clair que la
responsabilité est de la part d'Hydro-Québec, nous assumons les
réclamations qui sont faites par les clients sur le sujet. Là
où c'est plus difficile... Pardon?
Le Président (M. Audet): Brièvement, si vous voulez
essayer de conclure.
M. Lanoue: En fait, je pense que, pour l'essentiel...
Mme Caron: Parce que la question du Commissaire, c'était,
lorsque vous n'arrivez pas à établir votre
non-responsabilité, de donner le bénéfice du doute au
client. Est-ce que vous comptez le faire?
Une voix: En général, c'est ce qu'on fait.
M. Lanoue: M. le Président, juste parce qu'on a lu,
évidemment, la partie du rapport du Commissaire qui traite des
recommandations pour le futur, mais il faut mentionner que le Commissaire fait
état, justement, qu'Hydro-Québec a fait un effort pour suivre les
recommandations du rapport précédent. Et je cite: «La
société d'État a démontré des efforts
concrets et a apporté des améliorations sensibles dans le sens
des cinq recommandations générales de notre
précédent rapport annuel. » Ce que je veux assurer ici
à cette commission, c'est que nous allons traiter les recommandations du
rapport actuel comme nous avons traité celles du
précédent, et je pense que le Commissaire saura porter un
jugement par la suite.
Mme Caron: Sauf que ce que vous nous présentez...
Le Président (M. Audet): On doit conclure, Mme la
députée. Vous pourrez revenir dans les questions d'ordre
général. Mais, pour l'instant, on doit conclure. Je dois laisser
la parole à Mme la ministre.
Discussion générale
Modèle stratégique de gestion de la
qualité à Hydro-Québec
Mme Bacon: Alors, M. le Président, j'aimerais que nous
revenions au Défi performance et se rappeler qu'en 1990, suite à
la commission parlementaire, nous avions demandé à
HydroQuébec de déposer un plan d'action quinquennal qui concerne
le contrôle des charges d'exploitation et aussi l'amélioration de
la productivité. Vous avez répondu en lançant le programme
qu'on a examiné et qui s'appelle Défi performance. De
manière générale, il me semble que ce programme s'inscrit
dans des orientations gouvernementales en matière de promotion de la
qualité dans les services publics, et j'ai constaté, à la
page 7 du rapport particulier, que, conformément à votre
calendrier de réalisations, l'année 1991 a été
marquée par l'institutionnalisation de la qualité totale comme
valeur
entrepreneuriale. J'aimerais que vous me décriviez, ce matin, le
modèle stratégique de gestion de la qualité
qu'Hydro-Québec entend suivre pour implanter la qualité dans la
société, en expliquant, d'abord, la structure que vous avez mise
en place et aussi le rôle de chaque niveau d'intervention.
M. Drouin: Alors, M. le Président, effectivement, si je
peux faire un bref rappel de la dernière commission parlementaire que
nous avions eue en 1990, suite à laquelle le gouvernement nous avait
demandé de réévaluer et de présenter un plan
quinquennal relativement à l'amélioration de la
productivité à l'intérieur de l'entreprise. Vous avez
entendu, dans des gestes concrets, M. Boivin, tantôt, dépeindre
certaines améliorations ponctuelles qui pouvaient être faites et
qui ont été faites au cours des deux dernières
années. Mais, plus spécifiquement, relativement à
l'ensemble de la gestion de l'entreprise, il était essentiel pour
l'entreprise de faire une analyse globale de la situation et, par la suite, de
prendre une mesure qui s'appliquerait à toute l'entreprise et dans un
contexte beaucoup plus dans le temps.
L'évaluation que nous avons faite au cours des quatre ou cinq
mois qui ont suivi cette commission parlementaire, à partir d'une
quarantaine d'indicateurs, démontrait clairement que l'entreprise
était dans une situation où elle devait... On a
évoqué un peu les paramètres au niveau de la
qualité du service, hier, des programmes d'amélioration de la
qualité du service et, surtout, de différents indicateurs qui
étaient tout à fait, disons-le, assez négatifs en regard
de la situation de l'entreprise. Je parie du taux de satisfaction de la
clientèle, où nous étions à peu près
à notre plus bas au mois de juin 1990, en bas de 50 %, le niveau des
pannes, le niveau du service à la clientèle. Suite a cet examen,
à cette évaluation que nos employés et nos cadres nous ont
dit être très concrète, être très
réaliste, nous avons pris la décision de nous lancer dans la
démarche de la qualité totale.
Pour ce faire, nous avons trouvé des modèles
européen, américain, japonais qui nous permettaient un peu de
voir dans quel contexte nous pourrions nous lancer dans une telle
démarche. Je le dis tout de suite, la démarche de la
qualité totale à Hydro-Québec, ce n'est pas une
démarche de grand concept de ressources humaines et de grand symbole
autour desquels on dit: On prévoit la qualité, c'est la
qualité et il faut parier seulement de la qualité. Il faut passer
aux gestes. On a trouvé une entreprise qui s'appelle Florida Power &
Ught, la première entreprise qui avait gagné le prix Deming, qui
est le père de la qualité totale au Japon, un Américain;
mais le prix Deming, c'est la première entreprise américaine qui
avait gagné, hors le Japon, ce prix. Florida Power & Light est une
entreprise qui ressemble beaucoup à Hydro-
Québec en termes de nombre de clients, en termes de types de
services à la clientèle. Donc. on s'est arrimés avec cette
entreprise-là pour voir un peu comment ils ont géré,
pendant sept ou huit ans avant nous, le concept de la qualité
totale.
Je le dis tout de suite, ça implique un changement dans la
gestion, dans le style de gestion. Ça implique un changement dans la
culture de l'entreprise et, disons-le, à HydroQuébec, je pense
que vous êtes à même de constater que c'est une culture qui
est forte et, évidemment, qui est empreinte d'une grande tradition et
sur laquelle il faut avoir des changements majeurs.
Vous savez, j'ai dit tantôt que ce n'était pas juste -
j'utilise l'expression - «de pelleter des nuages» sur la
mobilisation des ressources humaines, mais de passer à des gestes
concrets. C'est donc un système que nous avons adopté et qui
comporte des rigueurs sur le plan technologique, sur le plan des
procédés, et qui nous amène à réellement
procéder d'une façon technologique et scientifique dans
l'implantation d'une telle démarche.
On a, bien sûr, des concepts Importants à réviser
à l'intérieur de l'entreprise. Vous savez, la définition
de la qualité qu'on a d'ailleurs suggérée à nos
cadres de porter sur eux pour pouvoir l'avoir en mémoire, c'est une
approche de gestion qui vise à satisfaire totalement et aux moindres
coûts les besoins des clients par une plus grande mobilisation des
ressources humaines et par la maîtrise des processus de travail. C'est
ça qu'on a défini comme étant la qualité. Vous
verrez que, lorsqu'on parie d'une grande mobilisation des ressources humaines
par la maîtrise des processus de travail, là, ça comporte
des éléments scientifiques, des éléments de
technologie dans l'approche qualité qui sont autrement que juste dans le
discours, et ça présuppose, bien sûr, un engagement
inconditionnel de la haute direction de l'entreprise. Et ça, on l'a fait
savoir. Nous avons eu des rencontres personnelles, M. Boivin et moi-même
- quand je dis «personnelles», c'est par groupe de 25, 30, 40
cadres - pour réellement expliquer que nous étions commis
à cette nouvelle démarche-là, qui est une démarche
non pas dans un espace dans le temps d'un an ou de deux ans, qui est dans une
démarche de cinq ans, mais cinq ans pour toujours, parce qu'on n'a
jamais terminé une démarche dans le cadre de la qualité
totale. C'est une démarche qui doit se continuer. Bien sûr qu'on
peut faire un plan de cinq ans pour amorcer, planifier, mettre en place durant
ces cinq ans, là, une série de choses, mais, après
ça, c'est un éternel commencement dans le domaine de la
démarche qualité.
De plus, il faut parier de nos employés parce que, dans le fond,
la démarche de la qualité, c'est de rapprocher la tête
dirigeante de l'entreprise de la clientèle, de la rapprocher de
la clientèle mais par ses employés, par la base. C'est la
base qui doit être proche de notre clientèle, qui connaît
les besoins de (a clientèle et qui doit elle-même, niveau
après niveau, prendre ses propres responsabilités à
l'égard de la clientèle. On se fie à notre base
d'employés. Les 22 000 employés d'Hydro-Québec, quant
à nous, sont des employés compétents, des employés
qui ne demandent pas mieux que de rendre service et de donner le service
à la clientèle au meilleur coût possible, mais à la
condition que la direction de l'entreprise leur permette de le faire. (10 h
45)
Donc, c'est un renversement de la pyramide. Autrement dit, on ne
gère pas en pensant qu'à la tête de l'entreprise on
connaît si bien les besoins de la clientèle, et certains d'entre
vous l'ont évoqué au cours de cette commission, c'est nos
employés qui peuvent le mieux nous dire ce que sont les besoins de notre
clientèle. Sur ce plan-là, je dois vous dire que nous n'avions
pas escompté obtenir la collaboration des syndicats si rapidement que
nous le pensions. Nous aurions pensé que les syndicats auraient pu
résister un certain temps du moins à l'implantation d'une telle
démarche qui consiste à changer, à eux aussi, leur
comportement à l'égard de l'entreprise et à l'égard
de la clientèle. Je prends à témoin un président de
syndicat qui est ici aujourd'hui avec nous, M. Raymond Gravel, du local 1500,
qui est dans le coin ici, avec le directeur technique du SCFP, pour vous dire
que nous constatons que les syndicats ont à coeur cette démarche
de la qualité totale. Ils ne nous laisseront pas la gérer
totalement dans notre sens à nous en disant: On vous regarde aller et on
vous suit. Ils vont nous critiquer. Ils vont nous aider à
réaligner cette démarche-là. Je pense que leur
contribution est essentielle à la bonne marche de ce dossier.
Par conséquent, l'implantation du Défi performance est
enclenchée et bien enclenchée. Les sondages que nous avons faits,
par exemple, auprès de nos cadres sur ce dossier nous démontrent
qu'il y a un degré de réceptivité et de volonté de
participer à une telle démarche, qui rend très
encourageante cette démarche pour les années à venir.
Nous-mêmes, à la haute direction de l'entreprise dont quelques
membres sont ici, avons, durant l'année 1991, eu 16 jours de formation
sur la qualité totale et sur le Défi performance. Ça
commence par le haut et, évidemment, rien ne peut se faire dans ce
domaine-là sans que ce soit fait avec de la formation parce que, comme
je vous l'ai dit, ce n'est pas quelque chose de nébuleux, c'est quelque
chose de concret. Ça a été inventé par un homme de
science, ça a été inventé par un
mathématicien; la statistique joue un rôle principal pour
régler les problèmes que nous avons à l'intérieur
de l'entreprise. Dans ce sens-là, nous avons formé plus de 900
cadres pour la gestion des équipes. Nous avons formé, durant
1991, 675 employés. Nous avons inscrit dans nos prévisions
budgétaires pour les années futures - on le mentionnait
tantôt, justement, à une question du président qui ne
préside pas à ce moment-ci - nous avons incorporé 1 000
000 000 $ au niveau des économies que nous pouvons faire dans
l'amélioration de la productivité au sein de l'entreprise. Cette
année, le programme continue. Bien sûr, nous continuerons à
former des équipes; 350 équipes impliquant environ 3000
employés seront formées au cours de la présente
année et, pour les années subséquentes, nous avons,
évidemment, toute une planification pour compléter
l'intégration de la gestion de la qualité totale et du
Défi performance de l'entreprise.
Mme Bacon: M. le Président, en ce qui concerne les
fournisseurs, est-ce qu'Hydro-Québec a des attentes par rapport à
ses fournisseurs et est-ce que vous avez reçu aussi une collaboration de
vos fournisseurs dans le même sens?
M. Drouin: Je vais demander à Jean-Marie Gonthier, qui est
notre vice-président, qualité. C'est clair qu'un des
éléments essentiels de l'implantation du Défi performance
et de la qualité de l'entreprise, c'est ceux qui nous fournissent des
services et des matériaux. Dans ce sens-là, je demanderais
à M. Gonthier de compléter la réponse.
M. Gonthier (Jean-Marie): Quand vous regardez dans le document de
support qui a été produit, au niveau du modèle de
Défi performance il y a l'élément
assurance-qualité. Or, il est évident qu'Hydro-Québec ne
peut pas travailler à assurer la qualité du service à ses
clients sans s'occuper de la qualité des équipements qui sont
installés ou du matériel qui est fourni. Par contre, un
élément fondamental en qualité, c'est qu'on ne peut pas
demander à nos fournisseurs d'être meilleurs que nous. À ce
moment-là, en matière d'assurance-qualité, on est en train
de mettre en place des règles qui vont faire en sorte qu'on va exiger,
autant à l'interne qu'à l'externe, le même niveau de
qualité et on sera en mesure, à ce moment-là, d'assurer au
client la meilleure qualité possible.
Mme Bacon: La préoccupation qu'avait le gouvernement pour
demander un plan quinquennal concernait surtout aussi les frais de
fonctionnement - on en avait parlé beaucoup à la dernière
commission parlementaire - et les charges d'exploitation. Dans le rapport
particulier, vous escomptez réduire vos charges d'exploitation et vos
frais de fonctionnement d'un montant de 1 000 000 000 $ sur un horizon à
moyen et long terme. Là, je vous réfère à la page
18 du document. Vous précisez aussi, toujours dans le rapport
particulier, que ce potentiel de gain est déjà
intégré aux prévisions du cadre financier de
la société pour les cinq prochaines années, et je
présume que vous avez déjà isolé les centres
d'exploitation qui vous permettront de réaliser ces
économies-là. Est-ce que vous pouvez nous détailler les
économies qu'Hydro-Québec compte réaliser à partir
des objectifs précis que vous vous êtes fixés dans le cadre
de Défi performance?
M. Drouin: M. Gonthier.
M. Gonthier: Ce qu'il faut comprendre ici quand on parle de
potentiel d'amélioration, c'est qu'il s'agit des coûts de
non-qualité que l'entreprise entend récupérer. Je me
réfère, par exemple, aux discours du ministre Tremblay qui dit
souvent que 20 % à 25 % du chiffre d'affaires d'une entreprise en
Amérique du Nord est constitué de coûts de
non-qualité. Donc, ça donne un potentiel de
récupération suffisamment important. Si on l'appliquait à
Hydro, on pourrait même dire à ce moment-là que c'est plus
près de 2 000 000 000 $ que de 1 000 000 000 $. Sauf qu'il faut penser
qu'on va récupérer ça sur un nombre d'années assez
grand et que ça va se faire par le biais des équipes
d'amélioration qu'on met en place actuellement au niveau de
l'entreprise. Ce à quoi on réfère dans le document, c'est
qu'actuellement il y a six équipes de projets qui, au niveau de
l'entreprise, travaillent sur un potentiel d'amélioration de 1 000 000
000 $, qui va se récupérer au cours des prochaines années,
et c'est ce qui est actuellement intégré au cadre financier de
l'entreprise.
Application de la politique d'achat
d'Hydro-Québec en 1991
Mme Bacon: Si je vous ramène à la politique
d'achat, il y a le Groupe de travail sur le processus d'octroi de contrats du
gouvernement qui recommandait, en 1990, qu'Hydro-Québec soit
amenée à faire état de l'application de sa politique
d'octroi de contrats dans le cadre de sa comparution annuelle en commission
parlementaire. Dans l'esprit de cette recommandation du rapport Bernard, est-ce
que vous pourriez nous dire comment Hydro-Québec a appliqué sa
politique d'achat en 1991? On parle des principaux modes d'octroi de contrats
qui sont utilisés, combien de contrats ont été
octroyés, quelle est la valeur moyenne des contrats. Est-ce que vous
avez ces chiffres-là?
M. Drouin: M. Benoît Michel.
M. Michel (Benoît): Effectivement, l'entreprise
possède une politique d'adjudication pour l'octroi de biens et services.
Nous avons, au groupe équipement, établi au préalable,
avant la conclusion du rapport Bernard, une politique d'adjudication de
services professionnels. Il faut comprendre qu'à Hydro-Québec le
groupe équipement est responsable d'environ 90 % des services
professionnels que l'entreprise donne dans le domaine du génie-conseil.
Cette politique a plusieurs volets, mais les objectifs que nous visons par la
politique, c'est d'obtenir dans les délais prévus des services
qui répondent aux besoins, aux exigences de qualité d'Hydro.
à un prix équitable, un prix équitable pour nous et pour
le fournisseur de services. Bref, chaque fournisseur de services professionnels
dans le domaine du génie-conseil et des laboratoires est qualifié
au préalable.
Le deuxième objectif que nous visons, c'est de permettre à
tout fournisseur compétent d'offrir ses services. Nous avons donc une
liste de fournisseurs de services professionnels par type de
spécialité.
Le troisième volet que nous visons, c'est d'assurer un traitement
équitable aux fournisseurs, de favoriser les fournisseurs
québécois et d'encourager le développement
régional. Il y a toute une gamme de services professionnels pour
lesquels nous procédons par appel de candidatures afin de pouvoir avoir
des retombées économiques régionales au maximum
possible.
Un volet très important, tenir compte de l'envergure et de
l'expertise disponible des fournisseurs dans l'attribution des marchés.
Je m'explique. Ceci vise à assurer, dans les spécialités
dont nous avons besoin, une pérennité de la qualité de
l'expertise. À titre d'exemple, dans le marché de
l'ingénierie de nouveaux aménagements hydroélectriques,
nous avions cinq fournisseurs qualifiés; c'est devenu quatre avec la
fusion de SNC-Lavalin. Bref, nous avons, par type de services professionnels,
des firmes qui sont qualifiées et avec qui nous oeuvrons depuis
plusieurs années. Juste à titre d'exemple, en commande de
protection de centrales, il y a huit firmes qui se sont qualifiées chez
nous pour les services professionnels. En ingénierie de nouveaux
aménagements hydroélectriques, ouvrages connexes, parce que, en
plus de l'ingénierie des barrages eux-mêmes, nous avons les
ouvrages connexes, il y a six firmes de qualifiées. En ingénierie
de lignes, trois firmes sont qualifiées. Ce que nous visons par
là, c'est d'assurer un marché le plus stable possible à
ces fournisseurs afin de maintenir l'expertise. Multiplier le nombre de firmes
dans certaines disciplines ne ferait qu'affaiblir l'ensemble
général de l'expertise, et ça finirait par nous
coûter plus cher à nous en termes de reprise des travaux et en
termes de travaux, de qualité des travaux, que nous serions
peut-être appelés à reprendre.
Bref, nous visons aussi à maintenir un nombre minimum de
fournisseurs compétents dans des services
extraspécialisés. Je pense à des services
spécialisés comme la téléphonie et la protection,
où il est illusoire de penser que 12 firmes ou 8 firmes pourraient
fonctionner de façon rentable et de façon compétente.
Donc,
dans ces domaines ultrapointus, nous avons quelques firmes et nous
procédons par des enveloppes annuelles, et nous tentons toujours de
répartir.
Enfin, nous tentons d'évaluer le plus possible la qualité
des services qui nous sont rendus par ces firmes afin de leur donner un
feedback sur les travaux que nous avons eus et les correctifs qu'elles
devraient apporter dans le futur quand nous ne serons pas satisfaits. Et, dans
l'adjudication de nouveaux services professionnels, nous tenons compte de la
compétence de ces firmes-là et de l'évaluation que nous en
avons fait dans le passé.
Cette politique provisoire ou cette directive sectorielle provisoire est
présentement en train d'être élargie à la grandeur
de l'entreprise suite au rapport Bernard.
Mme Bacon: II semble que le contenu québécois des
achats d'Hydro-Quebec a été en deçà de la moyenne
des dernières années, en 1991. Est-ce que vous pourriez nous
parler des perspectives pour 1992?
M. Michel: Nous tentons au maximum, nous tentons le plus possible
de maximiser le contenu québécois dans nos achats. À titre
d'exemple, nous tentons, par le biais de nos contrats, d'attirer de nouvelles
industries au Québec et de favoriser... Nous ne voulons pas
nécessairement attirer des industries qui sont des industries
d'assemblage. Ce que nous tentons de faire par le biais des nouvelles
technologies, c'est d'attirer des industries qui vont être
intéressées à investir dans la recherche et le
développement, soit directement, soit avec nous, et avec la recherche et
le développement que nous avons développés à
l'IREQ.
Évidemment, nous ne voulons pas favoriser des entreprises dont le
marché principal serait uniquement Hydro-Québec, parce que,
advenant une diminution de nos besoins, ces entreprises vivraient, ni plus ni
moins, à nos crochets. Donc, si nous voulons attirer des entreprises,
nous tentons d'attirer des entreprises qui auraient un minimum d'un
marché canadien ou, préférable-ment, un marché
nord-américain ou peut-être même mondial.
À titre d'exemple, dans des projets que nous avons
réalisés depuis deux ans, si on parle de la
compensation-série, le premier projet, le premier contrat que nous avons
donné en matière de compensation-série, nous avons
invité les fournisseurs à nous présenter des propositions
de développement économique pour le Québec.
Évidemment, nous tenons toujours compte des prix, parce que le prix est
un facteur primordial là-dedans. Mais nous avons suscité chez les
fournisseurs la présentation de soumissions qui, au-delà du
technique, comprendrait un volet de développement économique. Et
dans le cas du premier contrat de compensation-série, nous avons
réussi avec la firme ABB à faire commettre la compagnie
mère de Zurich à un plan de recherche et de développement
conjoint avec Hydro-Québec, et ça a résulté dans la
filiale Citeq qui est 50-50 avec Hydro, filiale dont le mandat n'est pas de
faire de la recherche comme telle, mais de faire du développement et de
la démonstration de produits dont nous avons besoin, produits qui,
lorsque développés, seront fabriqués au Québec pour
des marchés au moins canadiens et, comme je l'ai dit tout à
l'heure, préférablement nord-américains et peut-être
mondiaux.
De la même façon, hier, il y avait une conférence de
presse avec le lancement de la compagnie Phillips-Furukawa, et nous
procédons présentement dans la douzième ligne. Nous avons
procédé à des appels d'offres pour les câbles de
garde. Les câbles de garde, M. le Président, ce sont des
câbles qui sont sur le haut des pylônes et dont la fonction est
d'attraper les éclairs, et ça s'en va directement dans la terre,
parce que, s'il n'y avait pas de câbles de garde, l'éclair
viendrait toucher au conducteur et la ligne ouvrirait. Donc, nous avons des
câbles de garde. (11 heures)
M. Boivin vous disait hier soir que la compensation-série est une
revue générale de tout le réseau d'Hydro-Québec et
la compensation-série nécessite une revue de toute la protection
du réseau. Ce que nous sommes en train de faire présentement,
c'est de faire une deuxième génération du 735 kV. Le 735
kV a plus de 25 ans et nous sommes présentement à raviver le 735
kV, à le modifier complètement. La protection du réseau a
été complètement repensée en fonction des nouveaux
critères de fiabilité. Or, le nerf, le réseau de
communications pour les nouveaux systèmes de protection pour ce
réseau-là, le réseau nerveux, si on veut, si on fait une
analogie avec le corps humain, nous allons procéder par des fibres
optiques. Ces fibres optiques là sont insérées dans le fil
de garde qui est sur le dessus des pylônes et, par ces fils optiques,
toute notre télécommunication, tout notre système de
protection va être relayé au CCR. Par le biais de cet appel
d'offres, parce que nous allons installer environ 7000 km, dans le futur, de
fils de garde à fibres optiques, par le biais de cet appel d'offres,
toujours en suscitant, en invitant les fournisseurs à nous faire des
propositions de développement de marché, nous avons réussi
à avoir, à Rimouski, un consortium Phillips-Furukawa, compagnie
japonaise; non seulement c'était une usine en voie de fermer parce
qu'elle fabriquait des fils téléphoniques, mais nous avons un
investissement de 10 000 000 $ dans la ville de Rimouski et 10 000 000 $
d'investissements et 36 emplois pour sûr. Nous leur avons garanti une
certaine forme de marché, mais ce que je trouve plus important encore,
c'est que la compagnie japonaise, qui est un leader mondial en matière
de fibres optiques, a, en accord avec la compa-
ghie Phlllips-Furukawa, investi des fonds, puis ça c'est dans le
contrat, Ils vont investir des fonds de développement et
démonstration pour dû développement additionnel dans les
fibres optiques pour un marché mondial.
Mesures pour augmenter tes retombées
économiques dans les régions en
périphérie
dés grands travaux
hydroélectriques
Mme Bacon: M. le Président, j'aimerais savoir quelle
mesure concrète Hydro-Québec entend adopter pour augmenter, et
ça, sensiblement à court terme, dés retombées
économiques de son pouvoir d'achat dans des réglons
situées en périphérie des grands travaux
hydroélectriques.
M. Michel: Nous tentons au maximum d'encourager 16s
retombées économiques régionales et, à titre
d'exemple, je voudrais vous parler de la douzième ligne où, dans
la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, nous avons fait des mesures
particulières. La douzième ligne sud passe, comme vous le savez,
dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Nous avons fait avec te
milieu un groupe de concertation pour maximiser les retombées
économiques régionales. Nous avons une entente de signée
à cet effet. À titre d'exemple, certaines formés de
déboisement de la douzième ligne seront faites sur une base
locale, régionale, et nous allons négocier de gré à
gré avec des fournisseurs locaux. Et de la même façon, nous
procéderons à la mise en place d'une base de projets - je crois
que c'est à Rober-val - avec des retombées économiques de
l'ordre de 1 000 000 $, je crois. Nous tentons au maximum, dans tous les
endroits où nous passons, d'encourager fe régional.
Je parlais tantôt de services professionnels. Dans tous les
édifices administratifs que nous réalisons, au niveau des
ingénieurs en structure mécanique électrique, nous
encourageons des firmes locales. Présentement, le marché du
génie-conseil et des laboratoires d'essai n'est pas très actif,
et nous tentons au maximum possible, en autant que ce soit gérable, de
subdiviser les contrats de services professionnels sur une base locale, afin
que chacun puisse au moins survivre à la récession et pour
être plus fort par après. C'est une volonté dont nous
témoignons et que nous pratiquons.
Mme Bacon: Vous avez cette même volonté, M. Michel,
pour l'Ashuapmuchuan, la Sainte-Marguerite, Haute-Mauricie et bien
d'autres?
M. Michel: Toujours, oui. D'ailleurs, les firmes que nous
utilisons dans ces projets-là sont le plus possible des firmes locales.
Quand la firme locale n'a peut-être pas toute l'expertise requise, nous
l'associons avec un autre bureau, mais, toujours, il y a des firmes locales
d'impli- quées.
Le Président (M. Audet): Merci. Je vais maintenant
reconnaître M. le député de Joliette.
Évaluation des gains et des pertes
jusqu'à l'an 2000
M. Chevrette: M. le Président, après avoir entendu
M. Drouin faire un vibrant plaidoyer en faveur de la qualité totale et
les résultats que ça donne, 1 000 000 000 $ d'économie, il
va sûrement se rendre à notre proposition en disant que,
éponger 27 000 000 $ seulement, à partir du fait que le
gouvernement en épongera 180 000 000 $ contre 23 000 000 $, on pourra
sans doute en arriver à faire en sorte que les consommateurs
québécois n'aient pas d'augmentation de tarif cette
année.
Ceci dit, j'aurais plusieurs petites questions rapides. J'espère
que les réponses seront tout aussi courtes pour qu'on puisse passer
à travers, parce que vous vous enflammez, messieurs, et vous êtes
longs dans vos réponses. On voudrait faire le tour, un peu, de certains
petits points.
Je voudrais revenir sur un point d'hier soir, puisqu'on en est au
général, pour vous poser deux petites questions sur les contrats
secrets. Je n'arrive pas à croire que vous n'avez pas
évalué d'ici l'an 2000, 2005 ou 2010, je n'arrive pas à
croire que vous n'avez pas fait des prévisions annuelles
jusque-là. Donc, ma question, ce matin: Est-ce que vous avez
évalué soit les pertes, soit les gains, par exemple, d'ici l'an
2000 et, si oui, combien?
M. Boivln: M. le Président, avant de répondre
à cette première question du député de Joliette, je
voudrais lui transmettre une réponse à une question qu'il m'avait
posée hier. Je lui avais dit que je ferais une vérification
concernant les clauses de confidentialité sur les contrats à
partage de risques. Effectivement, sur les 13 contrats à partage de
risques, il y en a quatre...
M. Chevrette: Qui ne l'ont pas.
M. Boivin:... qui ne contiennent pas la clause de
confidentialité, et je peux les nommer: Cafco, Québec Cartier
Mining ou La Compagnie minière Québec Cartier, QIT et la
compagnie Reynolds. Maintenant, en début de 1991 - je pense que c'est
important d'ajouter ça - les Cris ont demandé à avoir
accès à ces 13 contrats.
M. Chevrette: Les qui?
M. Boivin: Les Cris, le Grand Conseil des Cris.
M. Chevrette: O. K.
M. Boivin: Alors, à Hydro-Québec, dans tous ces
cas-là, même lorsqu'il n'y a pas une clause de
confidentialité dans un contrat entre HydroQuébec et un de ses
abonnés, de ses clients, avant de dévoiler les termes d'un
contrat, on va toujours chercher l'autorisation du client. Alors, nous avons
informé les tiers ou les contractants, les cocontractants avec nous, de
la demande du Grand Conseil des Cris. Nous leur avons demandé leur
consentement, quelle était leur position, et les 13 cocontractants ont
refusé que les contrats soient rendus publics ou soient fournis au Grand
Conseil des Cris. Le Conseil des Cris a demandé une révision de
la décision d'Hydro-Québec à la Commission d'accès
à l'information et, présentement, le dossier est devant la Cour
d'appel du Québec.
M. Chevrette: Merci. C'était les informations que j'avais,
quatre. Donc, ma question maintenant.
M. Boivin: Pour ce qui est de votre question, je vous
référerais au dossier que j'ai fait distribuer hier, à la
page C-7, concernant les industries. Le dossier était intitulé
«Industries...
M. Chevrette: Oui, mais, M. Boivin, je vous arrête. Je l'ai
lu comme il faut hier soir. Ce n'est pas ça que je veux avoir. Je veux
savoir si vous avez fait des projections année par année jusqu'en
l'an 2000. On retrouve un schéma. Je veux savoir des chiffres.
M. Boivin: C'est-à-dire que, quand nous faisons des
projections, il n'y a jamais un chiffre, il y a une fourchette de chiffres et
il y a un maximum, une moyenne, un minimum ou, enfin, si vous voulez, un
scénario moyen, un scénario optimiste et un scénario
pessimiste. Le résultat agrégé de nos prévisions ou
de la fourchette de prévisions de revenus, en plus ou en moins par
rapport aux tarifs normalisés grande puissance, d'ici l'an 2014 ou 2012,
si vous voulez, vous est donné dans le graphique qui est inclus à
la page C-7 du document que j'ai fait distribuer hier. Nécessairement,
pour établir ce graphique qui est le résultat consolidé
prévu des 13 contrats ou les fourchettes prévues des 13 contrats
consolidés, il a fallu faire des hypothèses: l'évolution
du taux de l'aluminium, scénario moyen, scénario optimiste,
scénario pessimiste du prix du magnésium, etc. Et il a fallu
faire des simulations pour en arriver à ce résultat
consolidé.
M. Chevrette: Dans le scénario optimiste, vous mettez
même des revenus en 1991, alors que vous en avez déclaré un
déficit. Dans le scénario optimiste toujours, vous mettez des
revenus anticipés en 1993 et vous dites que la venue des marchés
va retarder de quelques années. Est-ce que vous pensez qu'on doit donner
foi à votre graphique? Franchement, là.
M. Boivin: M. le député de Joliette fait
référence, encore là, à des manques à
gagner. Ce qui est donné, en fait ce qui est fourni sur le graphique,
c'est fait encore une fois, et je lis le titre, pour les contrats à
partage des risques et des bénéfices; les écarts
potentiels par rapport aux tarifs normalisés, alors consolidés.
Si le prix de l'aluminium, par exemple, en 1991 avait été
à un niveau le plus optimiste, nous aurions été chercher
environ 50 000 000 $ de plus que le tarif normalisé. Dans le pire
scénario que nous avions anticipé dans nos simulations, nous
avions une perte de revenus de l'ordre de 180 000 000 $. On vous a dit qu'en
1991 on avait eu une perte de revenus de l'ordre de 140 000 000 $ à 160
000 000 $. Donc, nous sommes à l'intérieur de la fourchette au
moment où on se parle. Et ça vous donne les écarts
consolidés par rapport aux tarifs normalisés.
M. Chevrette: Vous n'avez aucun chiffre à part vos
fourchettes. Vous n'avez pas évalué: Dans le scénario le
pire, d'ici l'an 2000, par exemple, on peut perdre jusqu'à 2 000 000 000
$ par rapport à nos projections; chaque année, on aura à
payer ou à absorber tant.
M. Boivin: Bien, écoutez...
M. Chevrette: Vous n'avez pas ces chiffres-là chez
vous.
M. Boivin: Vous pouvez facilement le faire vous-même ici.
Le pire des scénarios, si vous prenez année après
année et que vous additionnez les colonnes 1991 jusqu'à 2000,
vous allez avoir le résultat que vous cherchez. On vous le donne sous
forme graphique.
Coût kilowattheure pour les contrats
à partage de risques et pour les
tarifs industriels
M. Chevrette: O. K. Je le ferai. Une autre petite question, et je
vais en finir avec les contrats secrets. Combien ça représente du
kilowattheure les contrats à partage de risques présentement?
Est-ce que c'est possible que ce soit 0, 014 $?
M. Boivin: Si vous nous donnez une seconde pour retrouver...
M. Chevrette: Et en même temps trouvez donc le chiffre,
combien coûte un kilowattheure pour les tarifs industriels, en bas de 10
000 kV. Est-ce que ce ne serait pas 0, 033 $?
M. Boivin: Oui, je vais vous donner... M. le Président, je
vais fournir au député de Joliette les chiffres suivants. Pour
l'année 1991, le coût
moyen du kilowattheure que nous avons vendu, selon les contrats à
partage de risques, c'est situé à 0,017 $ du kilowattheure par
rapport à un tarif normalisé pour 10 000 kilowatts de 0,033 $ du
kilowattheure. Ceci se compare à des tarifs d'électricité
moyens payés par les alumine-ries aux États-Unis, à 0,023
$ du kilowattheure, alors que le tarif normalisé aux États-Unis,
c'était 0,063 $. Du côté de l'Océanie, les tarifs
que les alumineries ont payés en 1991, en moyenne, se sont situés
à 0,013 $ du kilowattheure, alors que dans cette région-là
du monde le tarif normalisé serait à 0,045 $ du kilowattheure. En
Europe continentale, les prix payés par les alumineries en 1991 se sont
situés à environ 0,026 $ du kilowattheure, alors que les tarifs
normalisés dans cette région-là du monde sont de 0,074 $
du kilowattheure.
Impact d'une réduction de la proposition
tarifaire sur le budget de perfectionnement
M. Chevrette: O.K. Merci. D'autres questions. Vous avez
parié tantôt du perfectionnement avec beaucoup de fierté,
M. Boh/in. Je voudrais demander s'il est exact que la proposition tarifaire
vous obligera à faire une ponction majeure au niveau du perfectionnement
et combien?
M. Boivin: Vous parlez de la formation dans notre jargon.
Effectivement, c'est ce que vous voulez dire?
M. Chevrette: Oui, perfectionnement ou formation. (11 h 15)
M. Boivin: Vous avez mentionné vous-même au cours de
votre présentation que nous avions évalué diverses
hypothèses de hausse de tarifs pour l'année 1992. Effectivement,
vous avez cité des chiffres de 7,7 %, 6,5 % et 5,5 %. Dans nos
évaluations, effectivement, nous avons dû effectuer des ponctions
et des compressions. Couverts dans la demande de tarifs de 5,5 %, nous avons
évalué réduire nos frais de formation de l'ordre de 10 000
000 $ en 1992 par rapport à ce que nous avions anticipé.
M. Chevrette: Est-ce qu'il y aurait une ponction additionnelle au
niveau du perfectionnement si on devait aller à 3 %?
M. Boivin: Nécessairement, parce que, comme je l'ai
déjà expliqué, si nous devions réduire davantage
nos dépenses d'exploitation, parce que vous comprendrez qu'il y a
seulement les dépenses d'exploitation qui sont compressibles à
court terme - les dépenses d'intérêts, de perte de change,
etc., ne sont pas compressibles à court terme - nous devons
également nous prémunir contre la faible hydraulicité.
Donc, s'il fallait faire des compressions budgétaires addi- tionnelles,
je pense que tous les postes budgétaires devraient être
touchés, notamment la formation, et la qualité du service et
l'entretien de nos installations devraient nécessairement être
touchés. Il faut réaliser, en fait, que sur les 21 000
employés d'Hydro-Québec il y en a 17 000 qui sont dans les
régions et qui oeuvrent à l'entretien et à l'exploitation
de nos installations.
Document sur les options tarifaires
M. Chevrette: Merci. Une autre question. Dans le plan 1990-1992,
vous parliez de développer des options tarifaires. Mme la ministre,
à l'époque, Mme Bacon avait dit: Probablement que nous aurons ce
document ou ces options tarifaires pour juillet 1992. On n'en a rien. Est-ce
que vous avez travaillé là-dessus?
M. Boivin: Oui. Comme on l'a mentionné, peut-être de
façon très rapide hier soir, les études sur les structures
tarifaires, possiblement différenciées dans le temps, se sont
poursuivies de façon intensive depuis juillet 1990. Nous avons
effectivement déposé un rapport d'étape ou un rapport
intérimaire en juillet 1991 au ministère de l'Énergie et
nous devrions être en position, en juïlet qui vient, pour
déposer des recommandations finales, globales.
Je peux vous dire tout de suite, pour répéter ce que M.
Gilles Roy a mentionné hier soir, que l'orientation est assez claire
maintenant, d'aller vers un tarif saisonnier, une option de tarif saisonnier du
côté de la tarification grande puissance et, possiblement,
d'élargir la tarification différenciée dans le temps du
type biénergie que nous avons présentement dans le secteur
résidentiel, mais qui est atteignable uniquement pour les clients
biénergie, possiblement d'élargir les modalités
d'application de ce tarif-là pour qu'il devienne un tarif optionnel pour
la majorité de notre clientèle résidentielle. Mais, du
côté résidentiel, l'orientation est moins fixée que
du côté de la grande puissance, au moment où on se
parie.
M. Chevrette: Une dernière petite question pour moi.
Est-ce que vous avez chiffré... Si j'ai bien compris, hier soir vous
avez dit que la diminution des taux d'intérêt avait un
résultat nul. Est-ce que j'ai bien compris, quand vous faites toute
la... Je ne me souviens pas lequel a témoigné devant nous, hier
soir.
M. Drouin: C'est Michel Labonté.
M. Chevrette: Oui, c'est ce monsieur-là. C'est ça.
Je sais que les échéances ne viennent pas en même temps;
vous avez à renouveler des tranches de financement. Je voudrais savoir
exactement quel est le chiffre précis du gain en intérêts -
oublions ce que peut vous coûter autre chose - en baisse
d'intérêts.
M. Boivin: Si vous voulez nous donner quelque secondes...
M. Chevrette: Oui, il n'y a pas de problème.
M. Boivin: On peut peut-être continuer et on va trouver la
réponse...
M. Chevrette: C'est beau. M. Boivin: ...et revenir
avec.
Frais d'exploitation
M. Chevrette: Moi, le dernier petit point, c'est les frais
d'exploitation. On a des téléphones tous bords tous
côtés. Les gens d'Hydro à l'interne, plusieurs simples
travailleurs en particulier, nous disent que c'est épouvantable,
certains frais d'exploitation exagérés. Il y a des
activités, il y a du matériel de rendu sur des sites où il
n'y a même pas d'autorisation, il n'y a même pas de permis;
Sainte-Marguerite, par exemple, où il se dépense des sommes
extraordinaires et il n'y a même pas d'autorisation; à l'île
des Soeurs; on nous donne plusieurs endroits. On nous dit: Hydro-Québec
fait comme si tout fonctionnait, les dépenses vont à fond de
train. Et, après ça, ils se disent: Bien, ce n'est pas grave, on
va les avoir un jour. On fonctionne en faisant fi des autorisations, ce qui
provoque des dépenses extraordinaires. On me raconte même que sur
un pont, par exemple, le pont Larocque, Hydro-Québec aurait
acheté pour 30 000 000 $ de barres d'acier émanant de
l'Allemagne, je crois, une spécialité épouvantable et,
quand on a dit au gars d'Hydro: Occupe-toi-en donc, ça a
coûté 3 000 000 $ pour régler le pont et vous êtes
pris avec une trentaine de millions de dollars de barres de métal. Il
paraît qu'if n'y a pas de rigueur au niveau de la gestion, au niveau de
l'exploitation, et c'est là qu'on irait chercher beaucoup plus de sous
que, par exemple, les exemples qui pouvaient être donnés hier.
S'il y avait véritablement de la rigueur profonde au niveau des
dépenses d'exploitation, il y aurait des économies
extraordinaires à l'intérieur d'Hydro-Québec.
C'est des travailleurs consommateurs aussi qui nous disent: Oui, tu as
raison de ne pas demander de tarif, ça va nous obliger, justement,
à revoir ce qui se passe à l'interne, à revoir nos
façons de fonctionner et à peut-être économiser des
dizaines et des dizaines de millions de dollars qui feraient en sorte qu'Hydro
se replacerait sur un chemin correct. J'aimerais vous entendre là-dessus
parce que c'est sérieux ce que les gens nous disent et ce n'est pas des
gens de la rue Panet, ce sont des gens à l'interne, chez vous, qui
regardent faire ces dépenses-là et qui sont
scandalisés.
M. Boivin: M. le Président, je dois vous avouer que je
suis surpris jusqu'à un certain point des allégations qui sont
mentionnées par le député de Joliette. Comme je l'ai dit
hier, je vais être le dernier, en tant que président et chef de
l'exploitation, à être capable de vous assurer à 100 % que,
sur 21 000 employés à travers l'entreprise, il n'y a pas, nulle
part, des abus ou que, nulle part, il n'y a pas des laisser-aller.
Ce que je peux dire, par contre, c'est que depuis trois ou quatre ans on
a fait un effort énorme pour introduire énormément de
rigueur dans la gestion de l'entreprise et, personnellement, le bilan que je
peux en faire, c'est que nous sommes en train de réussir ce défi
que nous nous étions donné. Maintenant, il faut faire attention.
Vous mentionnez, dans vos exemples, que nous dépensons beaucoup d'argent
dans des endroits où nous n'avons pas de permis et, notamment, la
Sainte-Marguerite.
M. Chevrette: L'île des Soeurs.
M. Boivin: Les gens peuvent dire, avec raison, que nous avons
dépensé beaucoup d'argent sur la Sainte-Marguerite et nous
n'avons pas encore le permis, parce que c'est exact, mais les gens qui disent
ça ne connaissent pas, à ce moment-là, le processus que
nous devons suivre pour obtenir un permis pour construire une nouvelle
centrale. M. Michel vous a expliqué rapidement hier qu'avant d'obtenir
un permis il y a différentes étapes que nous devons franchir au
niveau des études. La première étape est celle de
l'étude préliminaire, c'est-à-dire établir le
potentiel d'une rivière, etc. Si le potentiel s'avère
intéressant et, de façon préliminaire,
économiquement aménageable, nous devons passer à
l'étude d'avant-projet phase I. L'étude d'avant-projet phase I,
ça ne se fait pas uniquement dans des bureaux; ça veut dire qu'il
faut établir un campement d'exploration. Il y a de l'exploration, il y a
des études géotechniques, il y a des évaluations des sols,
il y a des évaluations plus précises du débit des
rivières. Donc, il y a énormément d'argent qui doit se
dépenser sur un site au niveau de l'étude d'avant-projet phase I.
Même chose au niveau de l'étude d'avant-projet phase II, et tout
ça se fait avant, effectivement, que nous ayons le permis. À
titre d'exemple, sur la rivière Sainte-Marguerite, nous avons
dépensé près de 60 000 000 $, au moment où on se
parle, en études de toutes sortes et, effectivement, nous n'avons pas le
permis, et c'est normal compte tenu du processus que nous devons suivre pour
obtenir les permis.
Je pourrais vous mentionner des chiffres beaucoup plus gros. Si on
regardait la rivière Grande-Baleine, nous avons dans nos livres
actuellement, incluant les intérêts intercalaires, des charges
d'au-delà de 300 000 000 $ d'études sur la rivière
Grande-Baleine. Quand je dis «études», ça comporte le
coût de trois camps d'exploration, etc., qui sont là en
opération
depuis plusieurs années dans les mois d'été et,
pourtant, nous n'avons pas encore le permis.
C'est évident que ça implique un risque, et quelqu'un qui
ne connaît pas la procédure peut dire: C'est de l'argent mal
dépensé. Mais moi, je vous dis: C'est la façon de
procéder dans le cas de nos études qui conduisent
éventuellement à la construction d'une centrale. Je peux vous
assurer que nous faisons énormément d'efforts à
l'intérieur de l'entreprise pour, justement, restreindre les
dépenses. J'ai cité des exemples tantôt, ici,
d'amélioration de la productivité. Nous avons des centaines de
programmes ponctuels mis en place par les équipes d'employés avec
leurs cadres de premier niveau et de deuxième niveau pour voir à
améliorer, en fait, les méthodes de travail et améliorer
la productivité globale de l'entreprise. Nous sommes très
conscients que la population n'acceptera pas que nos dépenses continuent
à augmenter ou que nos dépenses augmentent de façon plus
rapide que l'inflation sans que nous obtenions des gains de
productivité. Je vous ai mentionné hier qu'effectivement, si on
regarde les dépenses d'exploitation par kilowattheure vendu, en 1992 par
rapport à 1991 ce n'est pas une augmentation des coûts des charges
d'exploitation, c'est une diminution de 2,7 % des coûts unitaires ou des
charges unitaires d'exploitation par kilowattheure vendu. Pour réaliser
ça, il faut nécessairement, dans une période où on
est en train de faire du rattrapage, que nous ayons des gains de
productivité assez importants.
Le Président (M. Audet): Merci. Je vais maintenant
reconnaître M. le député de Bertrand.
M. Chevrette: On se reprendra avec des cas précis.
Traitement des comptes impayés à
Kahnawake et à Akwesasne et
politique de recouvrement
M. Beaulne: Merci, M. le Président. M. le président
d'Hydro-Québec, comme vous le savez, H y a environ un quart de million
de Québécois qui, jusqu'ici, conteste la façon dont vous
avez réglé vos arrérages de paiement dans la
réserve d'Akwesasne. On apprenait récemment que vous avez des
problèmes de recouvrement d'environ 1 800 000 $ dans la réserve
de Kahnawake. Je reçois ce matin, en réponse à une
correspondance que je vous avais envoyée, une lettre signée
d'André Mercier, un de vos vice-présidents pour la région
de Montmorency, qui dit, et je cite: «Ce n'est pas la première
fois ni la dernière qu'Hydro-Québec règle des litiges
à l'amiable avec différents groupes sur une base d'affaires. Il
s'agit d'une pratique usuelle pour l'entreprise et Hydro-Québec estime
qu'elle a conclu dans ce cas une entente raisonnable et
satisfaisante».
Ma question en quatre volets est la suivante. D'abord, comment
entendez-vous vous y prendre pour récupérer les montants en
souffrance à Kahnawake? Avez-vous l'intention de concéder des
bonis comme vous l'avez fait à Akwesasne et, dans le cas de
problèmes de recouvrement à Kahnawake, entendez-vous couper le
courant? Deuxièmement, qu'est-ce que vous entendez par une base
d'affaires? Considérez-vous que c'est une base d'affaires
adéquate que de régler des litiges, entre guillemets, à
l'amiable, qui résultent de la menace de l'utilisation de la violence
contre vos propres percepteurs? Et que comptez-vous faire compte tenu
qu'Akwesasne et Kahnawake sont des poudrières en puissance? Que
comptez-vous faire pour que ce genre de menace contre vos propres percepteurs
ne se reproduise plus? En particulier, entendez-vous déplacer les
lignes, les faire contourner les réserves? Entendez-vous leur vendre
l'électricité en vrac, aux conseils de bande par exemple, comme
ça se fait dans le cas de plusieurs municipalités au
Québec? Entendez-vous également exiger de ces gens-là des
dépôts comme vous le faites pour plusieurs compagnies au
Québec en ce moment? Finalement, compte tenu que ces règlements
sont contestés par une grande partie de la population du Québec,
j'aimerais que vous nous disiez si vous avez reçu ou si vous recevez,
dans le cas d'Akwesasne comme dans le cas de Kahnawake, des directives
écrites ou non écrites du gouvernement du Québec vous
enjoignant de traiter ces deux communautés de façon
particulière de manière à maintenir la paix sociale?
Le Président (M. Audet): Avant de poursuivre, je veux
juste faire une mise au point semblable à celle que j'ai faite hier.
Étant donné qu'il y a un recours collectif d'intenté, je
vous invite à la prudence, autant dans les questions que dans les
réponses.
M. Beaulne: M. le Président, je ne pense pas qu'aucun des
volets de ma question ne traite du recours en litige.
Le Président (M. Audet): Non, mais, au cas où H
pourrait y en avoir, je vous invite à la prudence. C'est ce que j'ai
fait. Quand le mal est fait, H est trop tard. (11 h 30)
M. Boivin: M. le Président, le député de
Bertrand invoque le dossier d'Akwesasne et le dossier de Kahnawake ainsi qu'une
réponse qu'Hydro-Québec lui a transmise devant son refus
d'acquitter son compte d'électricité; d'ailleurs, j'ai
été un petit peu surpris de voir que le député de
Bertrand se faisait justice lui-même en retenant les paiements sur son
compte d'électricité.
Pour ce qui est du règlement d'Akwesasne, je pense qu'il est
important de mentionner qu'il
s'est agi effectivement du règlement d'un litige que nous avions
avec la communauté amérindienne d'Akwesasne puisque, pendant une
période de 18 mois, nous n'avons pas effectué la relève
des compteurs et que le règlement 411 d'Hydro-Québec exige que
nous effectuions une relève des compteurs trois fois par année.
De plus, la loi des poids et mesures fédérale exige
également que les compteurs d'électricité soient lus ou
relevés au moins une fois par année. S'il y a eu faute de la part
d'Hydro-Québec dans ce dossier, cette faute-là s'est produite en
1984-1985 quand, devant le refus de nos employés de
pénétrer sur la réserve pour aller lire les compteurs,
nous n'avons pas immédiatement pris action et nous avons peut-être
laissé traîner le dossier à ce moment-là. Je pense
que nous devons reconnaître, et nous reconnaissons, à
Hydro-Québec, qu'à ce moment-là nous avons
été négligents dans ce dossier, nous l'avons laissé
traîner.
Au moment où nous avons recommencé à lire les
compteurs, le Conseil de bande d'Akwesasne s'est objecté à la
facturation sur un an et demi que nous avions envoyée à tous ces
clients-là, justement en alléguant que nous n'avions pas lu les
compteurs selon nos règlements, soit trois fois par année selon
le règlement d'Hydro-Québec, et au moins une fois par
année selon une loi fédérale. Il y a eu des discussions de
façon presque continue et parfois sporadique entre le moment où
nous avons envoyé les factures et le moment où nous en sommes
venus à une entente à l'automne 1991.
Au moment où les factures ont été envoyées,
en 1986, il y a un certain nombre de clients qui les ont acquittées,
sous protêt, avec protestation, sans préjudice, en disant qu'ils
se réservaient le droit du recours compte tenu que nous n'avions pas lu
les compteurs pendant 18 mois; et il y en a une série d'autres qui n'ont
pas acquitté du tout leur facture. Le Conseil de bande avait toujours
maintenu qu'à moins que ce litige ne soit réglé, il
n'était pas prêt a collaborer avec Hydro-Québec pour lui
permettre de faire le recouvrement des comptes en souffrance, d'où les
négociations qui ont conduit à la fameuse entente
qu'évoque le député de Bertrand et que nous qualifions
personnellement, à HydroQuébec, d'entente commerciale qui
règle un litige commercial puisque nos aviseurs légaux nous
indiquaient qu'il y avait un risque, en fait, assez prononcé de perdre
ce litige en cour.
Maintenant, pour ce qui est de la réserve de Kahnawake,
effectivement, la situation est différente. Je devrais peut-être
mentionner que, dans le cas d'Akwesasne, nous sommes passés de 1 000 000
$ de comptes en souffrance à moins de 100 000 $ au moment où on
se parle, suite à la signature de cette entente-là. La situation
est tout autre dans le cas de la réserve de Kahnawake. Le litige que
nous avions avec la réserve d'Akwesasne n'existe pas à Kahnawake
puisque nous avons toujours effectué la relève des compteurs, au
moins selon le rythme prévu par nos règlements dans ce
cas-là, mais les comptes en recouvrement sont très
élevés. Il faut comprendre que, à mon humble point de vue,
le problème des réserves autochtones au Québec, et
particulièrement la situation des Mohawks, est une situation qui
dépasse de beaucoup et très largement les responsabilités
d'Hydro-Québec. Au moment où on se parle, à ce que je
sache, la Sûreté du Québec, la Gendarmerie royale n'ont pas
accès à la réserve de Kahnawake, alors que nos
employés doivent fournir le service et aller sur la réserve. Sans
le support du Conseil de bande et des Peacekeepers, il est impossible de
pénétrer sur la réserve. Alors, ils nous laissent entrer
pour aller réparer les pannes, pour aller lire les compteurs, mais ils
ne nous laissent pas entrer pour aller faire les interruptions de service.
Présentement, nous continuons à préconiser la
méthode des négociations, qui se poursuivent toujours pour
tâcher d'en venir à des ententes avec la réserve de
Kahnawake. Je ne pense pas que ce soit le rôle d'Hydro-Québec de
se substituer à la Sûreté du Québec ou aux forces de
l'ordre. Et je ne l'ai jamais vu écrit nulle part dans notre
législation non plus.
Le Président (M. Audet): Merci.
M. Drouin: Je voudrais ajouter - parce qu'il y a un
élément - ceci. C'est qu'à travers le Québec, on a
100 000 ententes avec des personnes ou des groupes relativement à
l'acquittement de leurs factures ou de leurs comptes. Alors, ce n'est pas
très particulier qu'on ait une entente. On en a 100 000 autres au
Québec.
M. Beaulne: Pourquoi, dans votre réponse, avez-vous dit
que vous n'aviez pas pu recouvrer parce que les délais venaient à
expiration? Expliquez-nous donc pourquoi, avec tous les avocats que vous avez
à votre service, vous n'avez pas décidé de réclamer
devant les tribunaux ce qui vous était dû avant la prescription
des délais, d'une part. Et, deuxièmement, j'aimerais que vous
nous disiez pourquoi vos percepteurs ne voulaient pas se rendre sur les
réserves.
M. Boivin: Je vous ai mentionné que s'il y avait eu faute
de la part d'Hydro-Québec, à mon point de vue, ce n'est pas dans
l'entente mais c'est dans la négligence que nous avions apportée
en 1986, au moment où nous avons pu avoir accès à la
réserve, au règlement de cette situation-là. Et,
effectivement, nous avons laissé traîner et il y a eu
prescription. Nous reconnaissons qu'il y a eu négligence à ce
moment-là. Mais, après ça, l'entente qui a
été réalisée était, selon nous et selon nos
aviseurs légaux, la meilleure façon de se sortir de ce
pétrin-là à ce moment-là.
M. Beaulne: Et pourquoi vos percepteurs n'étaient-ils pas
allés?
Le Président (M. Audet): C'est tout. L'enveloppe est
déjà passée.
M. Beaulne: On y reviendra.
Le Président (M. Audet): Alors, vous pourrez revenir, il
va y avoir un autre bloc de 20 minutes. Pour les prochaines 20 minutes, je vais
reconnaître la formation ministérielle. M. le député
des Îles-de-la-Madeleine.
Tarification graduelle
M. Farrah: M. le Président, très brièvement,
deux questions. Vous en avez peut-être discuté hier soir. C'est
que, malheureusement, je ne pouvais pas être présent. Au niveau de
la politique tarifaire d'Hydro-Québec, est-ce que vous avez
déjà envisagé, ou envisagez-vous d'avoir une tarification
graduelle dépendamment de la consommation? Et je m'explique.
Peut-être, pour un minimum de base, on aurait un taux moyen ou un taux
normal, et plus on consommerait, plus le taux serait élevé,
justement pour dissuader d'avoir une grosse consommation
d'électricité. Puis ma question va dans le sens suivant, c'est
que, par conséquent, ça pourrait avoir un effet quand même
assez dramatique dans des régions comme chez nous, où c'est des
réseaux non reliés. On sait que plus vous vendez de
l'électricité dans des réseaux comme chez nous, plus
ça vous coûte cher parce que c'est déficitaire comme
opération à cause des centrales thermiques.
Cependant, compte tenu que, dans ces régions comme la
Basse-Côte-Nord ou les îles, chez nous, nos alternatives en
matière d'énergie sont quand même très
limitées, ça pourrait quand même pénaliser les gens
chez nous. Alors, c'est la question que je veux vous poser. Est-ce que vous
envisagez éventuellement d'avoir une tarification graduelle, compte tenu
de la consommation domestique, principalement?
M. Boivin: Écoutez, présentement, le tarif
domestique normal, général, le tarif D qui est appliqué
à l'ensemble de la population du Québec, est un tarif progressif
au sens où la deuxième tranche des kilowattheures
consommés au-delà - si ma mémoire est bonne - d'une
consommation de 720 kilowattheures par mois, la consommation qui excède
ça, le prix du kilowattheure est plus cher, plus élevé.
Et, d'ailleurs, nous proposons une hausse tarifaire moyenne de cette
dernière tranche de 6,4 % dans notre proposition tarifaire.
Donc, le tarif domestique est présentement, depuis plusieurs
années, un tarif progressif. Maintenant, vous vous référez
sans doute au tarif qui est présentement en vigueur au nord du 53e
parallèle pour les villages du Grand-Nord où, effectivement, nous
avons un tarif qui est plus que progressif. C'est ce que nous appelons un
tarif-ballon où, au-delà d'une consommation - encore là,
si ma mémoire est bonne - de 30 kilowattheures par jour, ce qui
satisfait les besoins de base, le frigo, la cuisinière, etc.,
au-delà de cette consommation de base, le tarif passe à 0,24 $ ou
0,25 $ du kilowattheure. C'est justement pour dissuader la clientèle
dans ces régions-là d'utiliser le chauffage à
l'électricité qui ne serait certainement pas rentable puisque le
coût du kilowattheure dans ces régions nous coûte à
produire au moins 0,25 $ à 0,35 $ du kilowattheure, compte tenu qu'il
s'agit de centrales au diesel.
Maintenant, nous n'avons pas l'intention d'implanter - il y a eu des
discussions, il y a cinq ou six ans - un tel tarif au sud du 53e
parallèle. Je pense que la tendance future va être de faire
disparaître ce genre de tarif-ballon et d'avoir plutôt des
incitatifs et des programmes commerciaux qui permettront aux gens, comme nous
en avons présentement aux Îles-de-la-Madeleine, d'utiliser le
mazout pour fins de chauffage, à des coûts qui demeurent
avantageux par rapport au chauffage électrique dans le sud du
Québec.
M. Farrah: Donc, il n'est pas question de mettre en cause un des
principes...
M. Boivin: L'uniformité.
M. Farrah: ...fondamentaux. Au niveau de ia fondation
d'Hydro-Québec, ça a été, entre autres, d'avoir un
prix uniforme à la grandeur du territoire. Donc, c'est dans ce
sens-là. Il n'y a pas d'inquiétude à avoir à ce
niveau-là.
M. Boivin: D'ailleurs, le premier principe de notre politique
tarifaire est justement l'uniformité territoriale des coûts pour
une même catégorie de clientèle et un même service
rendu.
Place des entreprises québécoises dans
les projets à la Baie James
M. Farrah: Je vous remercie. Deuxième question, dans un
tout autre ordre d'idées. Au niveau de la Baie James, au niveau des
entrepreneurs, des compagnies de construction, etc., qui font affaire à
la Baie James, on entend souvent parler, en rencontrant certains contracteurs,
notamment, et aussi en voyant ce qui se passe, que, souvent, pour des
entrepreneurs du Québec, opérer au niveau de la Baie James... Ils
vont là et ils se cassent le cou, peut-être à cause de la
rigidité de la SEBJ. De plus en plus, on se rend compte que vous avez
peut-être de gros consortiums qui travaillent maintenant à fa Baie
James, et c'est souvent des consortiums ou des compagnies à
intérêts étrangers, comme la
France ou d'autres régions d'Europe. Alors, est-ce
qu'Hydro-Québec s'est penchée sur cette
pro-biématique-là, à savoir: Qu'est-ce qui se passe?
Est-ce qu'il y a un manque de compétences ici, au Québec, pour
obtenir ces contrats-là? Qu'est-ce qui fait en sorte que nos compagnies
québécoises semblent avoir des problèmes majeurs
là? Souvent, le fait de dire: On va aller travailler à la Baie
James, eh bien, excusez l'expression, ça fait en sorte qu'on se plante
puis, souvent, les compagnies font faillite après. Est-ce que vous
êtes conscients un peu de cette problématique-là? Est-ce
que vous avez regardé cela de près afin de solutionner le
problème et de donner une chance... Étant donné que c'est
un territoire du Québec, et nos matières premières
également, il faut que ça ait un effet bénéfique au
niveau du développement économique du Québec. Tout le
monde est bien d'accord avec ça. Est-ce que vous avez regardé
ça un peu, cette problématique-là, pour faire en sorte que
nos entreprises puissent bénéficier de ces projets-là, qui
sont quand même considérables pour l'économie du
Québec?
M. Drouin: Comme vous le savez, M. le Président, la
Société d'énergie de la Baie James est une filiale
à part entière d'Hydro-Québec. Alors, je demanderai au
président-directeur général de la Société
d'énergie de la Baie James, M. Jean-Guy René, de répondre
à cette question.
M. René (Jean-Guy): M. le Président, j'aimerais
quand même qu'on précise de façon assez correcte que les
entreprises étrangères qui viennent chez nous y sont, mais non
pas majoritaires. Les entreprises étrangères qui sont chez nous,
à la Baie James, sont là parce que des entreprises du
Québec ont voulu les y amener. Vous avez fait référence
à la France; nous avons présentement, pour un contrat
particulier, une présence française d'importance, mais elle est
une partie minoritaire dans le cas du consortium en cause. Or, la partie
majoritaire, qui est une partie québécoise, a voulu que cette
partie-là vienne l'appuyer, l'aider dans la réalisation des
services. Ça, c'est un premier point.
Maintenant, vous dites que plusieurs ne peuvent réellement s'en
sortir et font faillite, éventuellement. On ne peut pas
généraliser et dire que c'est le cas de tous les travaux et de
tous les contrats, mais il y a certains des entrepreneurs qui, oui, ont connu
des difficultés à la Baie James et qui, malheureusement, doivent
en sortir avec des pertes considérables. Et dans un cas, ça a pu
mener à une faillite. Il y a déjà deux ans de ça.
Vous demandez, suite à ça, si on se concerte. C'est bien
évident que le conseil d'administration de la SEBJ est composé de
cinq membres venant d'Hydro-Québec, et on se penche
régulièrement sur la chose. On n'a aucun intérêt
à voir détruire qui que ce soit de valable chez nous. Maintenant,
on ne peut pas empêcher que des malheurs arrivent.
M. Farrah: Dans le même ordre d'idées, M. le
Président, est-ce que vous êtes conscient que ces choses-là
arrivent quand même? Moi, je ne sais pas, mais juste dans l'attribution
des soumissions, par exemple, le plus bas soumissionnaire, c'est la formule
normale. Vous allez en soumissions publiques. De ce
côté-là, je n'ai pas d'indication que vous n'êtes pas
conforme à ce qui se passe normalement, mais, par exemple, lorsqu'une
soumission est vraiment trop basse ou que c'est vraiment en dehors des normes
d'acceptation, est-ce que vous avez regardé ces aspects-là?
Est-ce que vous allez au plus bas, nécessairement? Cette
compagnie-là, je suis d'accord avec vous qu'elle prend toujours le
risque, en disant: Moi, j'y vais à tel prix, je prends le risque d'y
aller. Mais quand c'est vraiment disproportionné comparativement
à ce qui se fait normalement, est-ce que vous avez regardé cet
aspect-là des choses? (11 h 45)
M. René: M. le Président, nous avons quand
même des dispositions contractuelles qui nous permettent de rejeter des
propositions ou des offres. La chose a déjà été
faite. Si, par ailleurs, il y a un écart de coûts important entre
un premier, un deuxième ou un troisième soumissionnaire, mais que
le plus bas disant, lui, est conforme en tout à ce qui est voulu au
contrat, on ne peut pas rejeter cette offre-là. À ce
moment-là, si, lui, venait à vouloir se désister, nous
devrions mettre la main sur sa caution de soumission. Ça a pu
peut-être se produire, mais ce n'est pas le cas parce que un bas, disons,
conforme, lui, se sent apte à entreprendre.
Nous avons eu, par ailleurs, non pas une entreprise
nécessairement d'ici qui, elle, a pu oeuvrer dans le domaine des
services alimentaires. Dans ce cas-là, il y a eu un prix qui
était nettement plus bas, et nous en étions convaincus; mais il
n'y avait aucune disposition valable pour nous pour dire: Tu n'auras pas le
contrat. Nous avons cependant pris des dispositions auprès de
l'organisation pour lui faire valoir que nous pressentions déjà
des pertes, et l'entreprise a voulu assumer ces pertes plutôt que de se
faire saisir un bon ou une caution de soumission, parce que ça, c'est
très mauvais pour son renom. Donc, c'est une question de commune mesure.
À ce moment-là, c'était son risque propre.
M. Farrah: Je suis content d'avoir quand même certains
éclaircissements parce que ma perception était tout autre.
À un moment donné, je pense que c'est important de mettre les
choses au clair.
M. René: Mais sur la notion de rigidité de la SEBJ,
je pense que la SEBJ, effectivement, doit être rigide dans
l'administration de ses contrats, mais non pas de façon indue. Je
pense
qu'à la SEBJ, on parie rarement d'équité, chez
nous; on parie de toujours être correct avec tout le monde.
M. Farrah: II faut être rigide avec tout le monde. C'est
ça.
Le Président (M. Audet): Merci. Mme la ministre.
État de ta situation sur le processus de
consultation publique
Mme Bacon: Si nous revenions au processus de consultation
publique. Vous avez entrepris ce processus dans le cadre de
l'élaboration du Plan de développement d'Hydro-Québec
1993-1995, Horizon 2006. Vous l'avez démarré en novembre 1991 par
la tenue de cinq rencontres préparatoires avec des organismes
invités. La consultation se déroule depuis janvier 1992 et se
poursuivra jusqu'en avril avec les groupes invités, et en juin avec la
population. Après maintenant presque deux mois et plus de consultations,
est-ce que vous pouvez nous informer du déroulement des rencontres qui
ont eu lieu jusqu'à maintenant en ce qui a trait, d'abord, au contenu
des discussions, au climat de travail aussi, et à la satisfaction des
participants?
M. Drouin: Oui, M. le Président. Effectivement -
juste pour mettre dans le contexte - suite à la commission parlementaire
élargie de 1990, le gouvernement, en 1991, a établi pour
Hydro-Québec un nouveau cycle de planification. Je l'ai
mentionné, je l'ai évoqué un peu hier. Autrefois, nous
déposions un plan de développement annuel. Nous allons maintenant
déposer un plan de développement triennal et, dans le cycle que
nous avons établi, 1990, c'était un plan - nous l'avons
étudié hier et aujourd'hui - et 1993 sera le début d'un
autre cycle, c'est-à-dire d'un plan triennal qui sera
déposé en novembre 1992. D'ici novembre 1992... Je dis
«d'ici novembre 1992», mais le processus que j'évoque est un
processus qui a débuté effectivement en octobre 1991 et qui
consiste à rencontrer et à consulter un certain nombre
d'organismes à travers le Québec. Nous avons puisé dans la
liste des organismes. En fait, nous avons invité l'ensemble des
intervenants de la commission parlementaire élargie de 1990. Alors, il y
avait énormément de groupes, et nous y avons ajouté, bien
sûr, tous les autres groupes que l'on considère être des
intervenants dans le milieu socio-économique, dans le milieu social,
dans le milieu écologique, si bien que nous avons une centaine de
participants à la consultation sur le futur plan de développement
d'Hydro-Québec.
Nous les avons, la haute direction, rencontrés personnellement
par groupes de 20 ou 25. Nous avons, en fait, eu six réunions où
nous participions, nous de la haute direction, à la rencontre pour la
mise en place de ce mécanisme de consultation sur le plan de
développement 1993. Depuis ce temps, nous avons proposé
effectivement aux groupes en question quatre sujets que nous
considérions d'importance pour ces groupes et pour Hydro-Québec.
Les quatre sujets que nous avons mis de l'avant sont celui de
l'efficacité énergétique - ça va de soi - celui des
usines ou des entreprises fortes consommatrices d'énergie, le dossier
des exportations et le dossier de la production de
l'électricité.
Nous avons informé l'ensemble de ces groupes-là que nous
n'avions pas l'intention de mettre des balises à la discussion qui
pourrait avoir lieu et que nous laisserions cours à des discussions
très ouvertes avec la condition qu'Hydro-Québec dépose une
série de données et une série de rapports dont ces
groupes-là auraient besoin en atelier pour travailler sur les
différents sujets dont j'ai fait mention.
À date, les rencontres avec les différents groupes - nous
avons subdivisé en quatre ateliers - et des rencontres que nous avons
eues avec ces groupes - il y a des ateliers qui siègent à
plusieurs reprises parce qu'il y a un grand nombre de groupes qui y participent
- notre évaluation à nous, à Hydro-Québec, est
positive. Elle est positive parce que, premièrement, presque tous les
groupes que nous avons sollicités... Je vous dis tout de suite que ceux
et celles qui ont participé à la commission parlementaire de
1990, la commission élargie, ont pu constater qu'un bon nombre de
groupes qui participaient à cette commission n'étaient pas
nécessairement pour venir parier en faveur d'Hydro-Québec ou de
son plan de développement. Mais tous ces groupes-là ont
été invités, des groupes environnementaux, universitaires,
etc., et je vous dis que la participation nous apparaît très
positive. Et, par conséquent, nous avons confiance au processus. Bien
sûr que pour le premier cycle de production, vu que nous avons
commencé en octobre 1991 et que les délais nous amènent
à produire notre plan de développement en novembre 1992,
c'est-à-dire novembre prochain, pour que par la suite les groupes qui le
veulent bien puissent préparer des mémoires pour une commission
parlementaire élargie à être tenue au printemps 1993, je
pense qu'ils trouvent le temps court.
Mais malgré ça, la participation est bonne, et nous avons
bien confiance que ce processus-là qui a été mis en place
va donner des retombées intéressantes.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Drummond.
Plan de diffusion de l'information
M. St-Roch: Merci, M. le Président. Lors de la
dernière commission parlementaire, à la toute fin, j'avais eu le
plaisir de souligner l'importance
pour Hydro-Québec de devenir le vaisseau amiral de la
collectivité québécoise, de regagner cette fierté
des Québécois et des Québécoises envers
Hydro-Québec. On avait insisté aussi sur un plan de communication
publique pour remettre en valeur tous les acquis de connaissance - que ce soit
au niveau technique, au niveau technologique, et aussi au niveau,
environnemental -qu'Hydro-Québec avait accumulés.
Je dois avouer que je me suis réjoui, ce matin, M. le
Président, lorsque vous avez mentionné... Je crois aussi que,
dans ce programme de revalorisation, ça doit se passer aussi par une
image et une fierté des travailleurs et des travailleuses
d'Hydro-Québec envers l'organisation. Je suis heureux ce matin de
constater que le porte-parole des travailleurs et des travailleuses est ici
présent. Il y a cette obligation aussi de la direction
d'Hydro-Québec envers la gestion de la qualité totale, qui veut
nécessairement dire un développement de fierté de
l'organisation des travailleurs et des travailleuses envers leur organisation.
Par conséquent, je pense qu'on a à peu près les plus beaux
ambassadeurs et ambassadrices de cette collectivité-là.
Ceci étant dit, à la page 89 de votre rapport
général, dans votre plan d'activité, à
l'information publique, je remarque qu'une des activités prévues
en 1992 sera la préparation d'un vidéo sur les activités
environnementales de l'entreprise. J'aimerais - vu qu'on est aux remarques
générales - connaître un peu plus la stratégie
d'Hydro-Québec devant la vulgarisation et la diffusion de ses programmes
de connaissance des acquis techniques que vous avez développés au
courant des années.
M. Drouin: Très bien. Je vais demander à M. Daniel
Dubeau, vice-président, environnement, de répondre à cette
question.
M. Dubeau (Daniel): M. le Président, l'objectif que nous
poursuivons en produisant un document audiovisuel est d'abord pour informer nos
publics internes, c'est-à-dire nos employés, à
l'importance que l'entreprise accorde à la protection et à la
mise en valeur de l'environnement. Ce n'est pas le premier vidéo du
genre. Nous en avons déjà, de mémoire, quatre qui ont
été produits au cours des trois dernières années,
et ces documents audiovisuels servent, dans le cadre de programmes de formation
dans l'entreprise, à sensibiliser les employés à des
actions concrètes pour protéger et mettre en valeur
l'environnement et également à leur faire connaître les
efforts faits par d'autres unités administratives de l'entreprise.
Hydro-Québec est une grande société, comme vous le savez.
Nous avons au-delà de 800 installations au Québec. Il est
impossible pour les employés de savoir tout ce qui peut se faire
ailleurs. On n'a pas la prétention non plus de pouvoir, dans un docu-
ment audiovisuel d'une vingtaine de minutes, montrer l'ensemble de
l'information sur ce que nous faisons en environnement, mais disons qu'en
résumé, en capsule, on peut présenter une information qui
permet aux employés de connaître ce que nous faisons.
M. St-Roch: Ça, ça va pour les travailleurs et les
travailleuses d'Hydro-Québec, mais quelle est votre stratégie,
maintenant, pour le grand public? Vous avez des acquis qu'on a
découverts lors des dernières commissions parlementaires, qui
étaient fantastiques. J'aimerais savoir quelle est votre
stratégie de vulgarisation de ces connaissances-là et, par
ricochet aussi, de tous les acquis des services à la clientèle,
des développements technologiques et de la recherche que vous
développez au courant des années. Moi, je pense que c'est
fondamental pour nos citoyens et nos citoyennes de réaliser l'importance
de la société d'État dans notre vécu quotidien et
aussi l'importance de développer un réseau qui va rencontrer les
besoins futurs. Alors, si on est sensibilisé aux nouvelles technologies,
si on est sensibilisé à la protection que vous faites de
l'environnement, lorsque vous arriverez dans une collectivité quelconque
pour l'implantation d'infrastructures, je pense qu'à ce
moment-là, au lieu d'avoir un sentiment de méfiance, au moins, il
y aura une base scientifique qui sera établie. On va arrêter,
probablement, de faire énormément de démagogie. Au lieu
d'avoir une côte à remonter pour vendre le projet, bien, si on a
au moins un minimum d'acquis vulgarisés, accessibles à l'ensemble
de la collectivité, ce sera peut-être beaucoup plus facile pour
Hydro-Québec d'implanter ses grands ouvrages.
M. Dubeau: Dans le document...
Le Président (M. Audet): Brièvement, s'il vous
plaît.
M. Dubeau:... à la page 89, M. le Président, nous
donnons, à titre d'exemple, une liste de réalisations
d'activités de communication que nous avons faites au cours des
années 1990 et 1991. Entre autres, nous participons à des
expositions qui permettent à des spécialistes de la
vice-présidence environnement de faire état du
développement des connaissances réalisé à
HydroQuébec, entre autres dans le cas du congrès de l'Union des
municipalités, où se retrouve l'ensemble des maires des
municipalités du Québec. Donc, c'est une occasion
privilégiée pour fournir de l'information de nature scientifique,
vulgarisée, aux élus municipaux pour qu'ils puissent être
au courant de ce que nous faisons en termes d'activités de
développement des connaissances en environnement.
Revenons dans le cadre des projets comme tels du programme
d'équipement d'Hydro-Québec. Lorsque nous' faisons l'information
du public,
nous informons sur la démarche de nos études
environnementales. Également, on rend publics, bien sûr, les
résultats de ces études-là en fonction des phases
d'avant-projet, comme on vous l'a expliqué au cours de la commission.
C'est sûr qu'à un moment donné dans le temps, les gens
sont, je dirais, confrontés aux impacts potentiels d'un projet, mais,
à la fin d'un avant-projet, Us sont également informés de
l'ensemble des mesures d'atténuation, des solutions pratiques qui
peuvent être réalisées et qui sont réalisables au
plan scientifique pour atténuer correctement les impacts sur
l'environnement.
Le Président (M. Audet): Je vous remercie. Je vais
maintenant céder la parole à Mme la députée de
Terrebonne.
Coût total de l'opération bons
payeurs
Mme Caron: Merci, M. le Président. J'aimerais revenir au
discours de M. Drouin, tantôt, sur la démarche de qualité
totale. C'est évident que personne ne peut être contre cette
démarche-là. Vous l'avez bien dit vous-même, la
qualité totale, ça implique de connaître sa
clientèle. Connaître sa clientèle, c'est connaître
ses besoins, mais c'est aussi connaître la capacité de payer de sa
clientèle. Je pense que tout au long des derniers mois, on a clairement
vu qu'avec la situation économique actuelle les consommateurs
québécois sont incapables de supporter une hausse de 5,9 %, qui
peut se traduire, pour la dernière tranche, par 6,4 % plus les taxes.
Connaître sa clientèle aussi, c'est comprendre lorsque sa
clientèle est révoltée par certains gestes, par certaines
mesures discriminatoires. C'est aussi ça, connaître sa
clientèle.
Lorsqu'on applique une mesure comme le crédit de 300 $ à
ses bons payeurs, et lorsque M. Drouin nous disait, tantôt, que c'est une
entente comme les autres - il existe 100 000 ententes, à ma connaissance
- lorsque les Québécoises et les Québécois ont un
compte déficitaire à Hydro-Québec, on ne leur remet pas
300 $ en partant. Au contraire, on leur demande un pourcentage. Lorsqu'il y a
entente au niveau des bénéficiaires d'aide sociale et qu'on
retient l'argent à la source, on ne commence pas par un crédit de
300 $ avant de retenir l'argent à la source sur le chèque de
l'aide sociale.
Moi, j'aimerais savoir le coût total de l'opération bons
payeurs, c'est-à-dire: Combien vous avez récupéré?
Combien vous a coûté cette opération-là, de 300 $?
Dans le «combien vous a coûté», j'inclus
également le coût administratif que vous avez eu suite à la
réaction des consommateurs qui vous ont écrit massivement, et
vous avez dû répondre à ces consommateurs-là.
Combien a-t-on été chercher et combien coûte
l'opération totale? (12 heures)
M. Drouin: Premièrement, puisqu'on a, dans le
préambule, mentionné le Défi performance à
l'intérieur de cette question-là, je dois vous dire
qu'effectivement, pour nous, c'est une préoccupation de satisfaire les
besoins de la clientèle. J'ai bien dit que ce n'était pas dans
une période de six mois ou un an qu'on pouvait y réussir.
À titre d'exemple, je vais vous dire que, cette année, dans le
programme du Défi performance, il y a une opération qui s'appelle
la Table des tables. La Table des tables, ça consiste à obtenir,
dans le fin détail, par des sondages, des «focus groups»,
des rencontres avec les différentes clientèles et non pas juste
celles qui achètent les services électriques... On peut
considérer, par exemple, qu'une commission parlementaire comme celle-ci
est aussi une clientèle pour laquelle nous devons répondre
à certains besoins.
Mme Caron: Ce n'est pas ma question, M. Drouin.
M. Drouin: Non, mais écoutez... Vous faites une
entrée en matière en reliant ça à Défi
performance. Je me dois, moi aussi...
Mme Caron: Absolument pas.
M. Drouin: ...je me dois, moi aussi, M. le Président, de
l'inscrire dans ce contexte-là pour vous dire que, malgré ce qui
est dit, nous avons toujours une préoccupation de satisfaire les besoins
de la clientèle. Dans ce sens-là, je vous dis que ce n'est pas un
cadeau qu'on a fait, c'est tout simplement un règlement d'une
réclamation pour le paiement de l'indu. Il y a des gens qui ont dit: On
a payé 2000 $ pour rien, vous devriez nous rembourser ces 2000 $. On ne
le devait pas. Et nous, on a dit: Écoutez, un mauvais règlement
vaut mieux qu'un bon procès. On va le régler et, en même
temps, on va régler bien d'autres choses. On va régler
l'harmonisation de nos relations avec une communauté
amérindienne.
M. Chevrette: C'est réglé en "crisse"... Mme
Caron: Combien, M. Drouin?
M. Drouin: Je vais vous le donner. Vous m'avez posé
plusieurs questions, je vais vous donner la réponse.
Mme Caron: Une question: Combien?
M. Drouin: Non, non. Je vais corriger les choses et les mettre
dans la perspective, tout simplement dans la perspective pour vous dire que ce
n'est pas un cadeau qu'on a fait, c'est tout simplement le règlement
d'une réclamation pour le paiement de l'indu. Vous me demandez combien?
Le coût de l'opération qui a suivi ça, c'est de l'ordre de
500 000 $.
Mme Caron: Le coût total... M. Drouin: Je me
corrige...
Mme Caron:... mais combien pour l'opération?
M. Drouin: Juste une seconde. Mme Caron: Combien pour la
suite?
M. Drouin: Pour répondre aux plaintes, on a établi
un coût d'environ 370 000 $, et la récupération des comptes
que nous avons réglés avec la communauté nous a permis de
percevoir une somme de 800 000 $.
Mme Caron: Et combien vous a coûté la somme des 300
$?
Une voix: Au total, avec... M. Drouin: 160 000 $.
M. Chevrette: Combien en subventions aux groupes
communautaires?
M. Drouin: 160 000 $.
M. Chevrette: Combien en subventions aux groupes
communautaires?
M. Drouin: C'est compris dans ça: 90 000 $ plus 70 000
$.
M. Chevrette: C'est compris dans les 300 $.
M. Drouin: C'est compris dans les 160 000 $.
Mme Caron: Donc, à date...
M. Drouin: Regardez, là. Je vous le dis honnêtement,
Hydro-Québec est une entreprise commerciale comme n'importe quelle autre
entreprise qui fournit un service public. Dans les pouvoirs qui nous sont
donnés par la loi constitutive d'Hydro-Québec, on a ce qu'on
appelle un pouvoir discrétionnaire qui nous permet, au meilleur du
jugement possible, de prendre des décisions dans des situations comme
celle qu'on a vécue. Tout le monde - et bien du monde, bien sûr -
pense qu'on a pris une mauvaise décision. Peut-être qu'elle est
mauvaise mais, moi, je vous dis, comme dirigeant de cette entreprise-là,
que je persiste à croire qu'il s'agit encore d'une excellente
décision.
Vous pouvez porter un jugement. D'autres ont porté un jugement.
On en a fait un immense show médiatique parce que des gens, sur les
lignes ouvertes, ont accaparé ce dossier-là, mais lorsque vous le
regardez froidement, très froidement et très calmement, dans une
décision d'affaires, moi, je vous dis qu'on a pris une bonne
décision. Ça a été mal interprété. On
a commis - M. Boivin l'a mentionné tantôt - on a fait un geste, on
a fait des erreurs - le commissaire aux plaintes l'a dit - en 1985 et 1986 on a
fait l'erreur de ne pas s'occuper de nos affaires. Et ça, on le dit, on
le répète. On a fait cette erreur-là. Mais une fois qu'on
a eu fait cette erreur, une fois qu'il y a eu des gens qui ont eu des
réclamations contre nous, une fois qu'on a eu de la misère
à entrer dans la réserve et à régler nos choses,
quelle a été notre solution? Notre solution, ç'a
été l'harmonisation des relations avec cette communauté
pour la rendre au même rythme que les communautés blanches et
réellement rétablir une relation, qui est rétablie, avec
la communauté, qui est rétablie avec le conseil de bande et qui
nous permet maintenant d'avoir une relation que j'appellerais normale.
N'oublions pas que les communautés amérindiennes ont des
droits, ont des privilèges, ont des reconnaissances. L'Assemblée
nationale du Québec, en 1985, a voté une résolution
très détaillée sur tous les droits et la reconnaissance
à l'égard des communautés amérindiennes. Nous
entendons la respecter.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Laviolette.
Application du programme de mise en valeur de
l'environnement
M. Jolivet: Deux petites questions qui concernent le projet
environnemental, quand vous donnez un pourcentage du fait que vous
défaites l'environnement existant. Premièrement, quand on parle
de construction, il y a un pourcentage qui est prévu. Ça,
ça n'a pas changé? Dans la politique d'Hydro-Québec, il
n'y a pas d'intention de changer ça non plus?
M. Drouin: Vous voulez dire les pourcentages qu'on met de l'avant
pour la mise en valeur environnementale, en fonction du coût du
projet?
M. Jolivet: Le programme qui est actuellement en marche, non?
M. Drouin: Je n'ai pas d'indication ou de suggestion de changer
ce programme-là en ce moment, au moment où...
M. Jolivet: Donc, sur la construction, on s'entend bien. Sur la
réparation, est-ce que le programme existe?
Le Président (M. Audet): Oui, M. Dubeau.
M. Dubeau: M. le Président, pour les projets de
réfection, lorsque le projet lui-même fait l'objet d'une
étude d'impact réglementée, donc
comme dans le cas des nouvelles constructions, si on doit faire une
étude d'impact réglementée, oui, il y a application du
programme de mise en valeur.
M. Jolivet: Mais quand ce n'est pas réglementé?
Quand vous parlez de réglementer, ça va aller aux audiences
publiques?
M. Dubeau: Je m'excuse, M. le Président, les projets
visés par la procédure... L'article 22 de la Loi sur la
qualité de l'environnement prévoit des études d'impact sur
l'environnement qui sont déposées au ministère de
l'Environnement mais n'amènent pas la possibilité d'audiences
publiques parce que ce sont des projets jugés mineurs au sens de la Loi
sur la qualité de l'environnement.
M. Jolivet: Les pourcentages, à ce moment-là, quand
c'est déréglementé?
M. Dubeau: C'est la même chose, mais ça va
jusqu'à 1 % ou jusqu'à 2 % du coût capitalisé du
projet, dépendant de la nature du projet.
M. Jolivet: Une question bien précise, et c'est la
dernière. Dans le cas de La Gabelle, est-ce qu'il est
réglementé?
M. Dubeau: C'est un projet qui est visé par l'article
22.
M. Jolivet: Merci. M. Dubeau: En partie.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Joliette?
M. Chevrette: Juste une minute. En as-tu une petite courte?
Vas-y, je finirai. Vas-y.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Chicoutimi.
Étude environnementale indépendante sur
les effets
du harnachement de l'Ashuapmushuan
Mme Blackburn: Brièvement, hier, vous nous disiez qu'il
n'y avait pas d'autres études environnementales que celles
réalisées par HydroQuébec et une petite en collaboration
avec le MLCP sur le harnachement de l'Ashuapmushuan. La population ne fait pas
confiance, demeure sceptique et méfiante quant aux impacts
évalués par Hydro-Québec sur l'environnement. Une fois
terminées les études environnementales d'Hydro-Québec, une
mesure de mitigation va être mise en place. Est-ce qu'Hydro-Québec
envisage, comme elle l'a fait avec les Cris et les Inuit, de subventionner une
étude environnementale indépendante sur les effets sur l'environ-
nement du harnachement de l'Ashuapmushuan? Et on pense à un groupe, chez
nous, plus particulièrement le Secrétariat au
développement durable qui pourrait être le maître d'oeuvre
d'une telle étude.
M. Drouin: M. le Président, je dois vous dire qu'on n'a
pas subventionné d'études environnementales pour les Cris et les
Inuit. Tout ce qu'on a subventionné, c'est le fait que, participant
à un processus d'évaluation environnementale - et non pas
subventionnés - ils reçoivent une somme d'argent pour les
dédommager.
Mme Blackburn: Mais participant...
M. Drouin: Votre question peut être tout aussi valable
à l'égard de l'Ashuapmushuan, mais je veux juste vous dire qu'on
n'a pas subventionné des études indépendantes.
Mme Blackburn: C'est-à-dire que vous subventionnez les
Cris pour qu'ils puissent engager leurs spécialistes. Ça doit
ressembler un peu à quelque chose comme un avis un peu plus
indépendant. Est-ce que vous êtes prêts à faire la
même démarche à l'endroit d'un groupe qui pourrait le
demander dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, touchant le projet
de l'Ashuapmushuan? Avoir le même traitement à l'endroit du
Secrétariat au développement durable?
M. Drouin: La très grande partie des subventions qu'on a
pu donner dans le cas des Cris et des Inuit, c'était pour permettre le
voyagement, les dépenses de voyage à cause des distances à
parcourir, etc. Bien sûr que ces sommes-là peuvent être
utilisées aussi pour d'autres fins, mais je vous dis que l'objectif des
sommes d'argent qu'on a mises de l'avant, c'était surtout pour
défrayer des coûts et des dépenses.
Mme Blackburn: Mais ils peuvent également, et c'est
prévu, avoir recours à des expertises indépendantes.
M. Drouin: Sûrement! Sûrement, mais... Mme
Blackburn: À des experts...
M. Drouin: ...qu'ils peuvent défrayer de leur propre chef
aussi, là.
Mme Blackburn: Non, mais vous admettez quand même qu'il y a
3 000 000 $ qu'Hydro-Québec a donnés, plus 2 000 000 $ par le
gouvernement canadien. Et je sais qu'ils étaient en négociations
pour une participation également du gouvernement du Québec.
Alors, je voulais juste poser une simple question: Comme ça leur permet
d'aller chercher une expertise indépen-
dante, est-ce qu'on aura le même traitement dans la région
du Saguenay-Lac-Saint-Jean?
M. Drouin: Dans les 2 000 000 $... Allez-y donc sur le...
M. Dubeau: Je pense qu'il faut d'abord voir, M. le
Président, où en est rendu le processus d'étude dans le
projet Ashuapmushuan. Nous sommes à la fin de la phase I de
l'avant-projet; notre étude n'est pas complétée. Nous
avons identifié une variante d'aménagement qui nous semble
intéressante mais qui présente d'importants enjeux au point de
vue environnemental. Nous allons demander d'ici quelques mois à notre
conseil d'administration si, oui ou non, nous pouvons continuer à
étudier le projet Ashuapmushuan.
Le projet d'origine prévoyait quatre centrales.
Déjà, au nom de la protection de l'environnement, le projet a
été réduit à deux centrales. Donc, avant de pouvoir
définir si les études d'Hydro-Québec sont
incomplètes ou si elles nécessitent une expertise additionnelle
externe provenant de je ne sais où, il faut d'abord
qu'Hydro-Québec ait complété son rapport d'avant-projet et
que le ministère de l'Environnement l'ait jugé recevable. Et,
après ça, si l'étude d'impact est jugée recevable,
elle est rendue publique par le Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement. Il faut voir aussi que le processus d'étude
d'évaluation environnementale gouvernementale applicable dans le cas de
l'Ashuapmushuan n'est pas celui qui est prévu dans la Convention de la
Baie James et du Nord québécois. C'est un autre régime
d'évaluation environnementale et, comme vous le savez, c'est le BAPE, le
Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, qui, éventuellement,
recevrait le mandat de tenir des audiences publiques.
Mme Blackburn: Ça ne répond pas à ma
question.
Le Président (M. Audet): D'autres questions? M. le
député de Joliette.
Une voix: C'est oui ou non?
Mme Blackburn: C'est ça. C'était oui ou non.
Solution envisagée pour éliminer
définitivement la possibilité
de longs retards dans le paiement des comptes
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Je voudrais revenir
sur un point: les autochtones. Je pense qu'on a passablement de réponses
claires, il en a coûté environ 530 000 $ pour
récupérer 800 000 $. Mais, moi, je n'irai pas au niveau des
chiffres, je vais y aller au niveau du précédent. Je reconnais
qu'Hydro-Québec admet candidement une erreur passée, mais, moi,
je voudrais vous parler du manque de jugement présent et du
précédent que ça va créer.
On va se ramasser, partout au Québec, avec ce genre de
difficulté, sous prétexte de droits ancestraux, sous toutes
sortes de prétextes et, à mon point de vue, c'est là une
autre erreur majeure. C'est pour ça qu'hier je me permettais, dans mon
préambule, de vous suggérer une formule pour essayer d'apaiser
ça et de mettre un point final à cela. J'aimerais vous entendre,
si vous avez l'intention de trouver une solution qui va contribuer à
apaiser nos citoyens qui développent - croyez-le ou pas, mais on fait le
tour du Québec - qui développent partout une agressivité
qui n'est pas bonne sur le plan social. Est-ce qu'Hydro-Québec a
l'intention, dans les prochaines semaines, de se pencher très
sérieusement pour trouver une solution qu'elle pourrait exporter pour
éviter précisément que le précédent que vous
avez créé par cette entente ne se répande à la
grandeur du Québec?
M. Drouin: Premièrement, je l'ai souligné
tantôt, on a 105 000 autres ententes à travers le Québec.
Non, mais écoutez...
M. Chevrette: Oui. Des ententes individuelles. Avec un gars qui
prend six mois, ça fait partie des 100 000. Ce n'est pas ça que
je veux savoir. Je voudrais que vous vous en teniez...
M. Drouin: Non, mais on a des ententes sur le paiement de nos
comptes et de nos dettes. On a 105 000 ententes individuelles, de groupes ou
autrement. Alors, je veux dire, il faut le mettre tout de même dans cette
perspective-là, qu'on n'a pas fait une entente sans en faire d'autres.
Quant à votre suggestion, il faut faire attention, parce qu'elle a
été reprise tantôt, à savoir si on est prêt
à céder le réseau à une communauté. Moi, je
vous dis: II faut explorer toutes les situations, comme celle de faire affaire
avec le ministère des Affaires indiennes, etc.
Nous nous penchons là-dessus constamment pour essayer de trouver
une solution. On a parlé de la situation de Kahnawake, mais c'est clair
qu'à Kahnawake - vous l'avez mentionné - nous ne sommes pas
capables de percevoir les sommes qui nous sont dues. Au moins, à
Akwesasne, nous avons réglé le problème, on pense. On peut
interpréter l'entente qui est intervenue comme on veut, mais on l'a
réglé, le problème. Dans le cas de la cession ou, enfin,
de livrer l'électricité à la porte de la réserve,
n'oublions pas qu'après ça on pourrait aussi penser à
l'exportation d'un tel procédé à l'égard des
municipalités. Et si on veut réellement enlever tous les
réseaux électriques qui pourraient appartenir à d'autres
communautés, HydroQuébec va se ramasser avec le petit lait et la
crème va se ramasser dans la distribution de l'électricité
à travers d'autres grandes com-
munautés. Ça, vous savez, il y a des risques
sérieux à penser à livrer de l'électricité
à la porte d'une municipalité ou à la porte d'une
communauté ou d'une réserve.
On a regardé. Je vous dis qu'on regarde et qu'on examine,
même au niveau du ministère des Affaires indiennes canadien et au
niveau du ministère québécois, toutes sortes de solutions
qui pourraient éviter de nous amener dans une situation comme celle
qu'on vit actuellement à Kahnawake. (12 h 15)
M. Chevrette: Mais, M. Drouin, il y a des réseaux
municipaux qui existent et puis Hydro-Québec ne perd pas un sou. Puis
les consommateurs sont maintenant... Les réseaux municipaux sont aussi
obligés d'avoir un tarif identique à Hydro-Québec pour
leurs consommateurs. Et vous n'êtes pas perdants. Les réseaux,
à ce que je sache, ont été assez bien entretenus dans
plusieurs cas. C'est bien sûr que la marge de profits baisse au niveau
des réseaux municipaux, mais si je transporte le modèle, je ne le
transporte pas nécessairement pour créer un
précédent au niveau des municipalités, parce que la
tendance a plutôt été de racheter les réseaux
municipaux. Mais dans ce cas bien précis, vous savez très bien
que ce n'est pas comparable. Dans ce cas bien précis, vous savez
très, très bien que ce que sous-tend une telle chose, c'est le
désir d'autonomie des communautés autochtones par rapport
à leur quote-part à payer dans une société, quand
même. Et c'est une façon de les responsabiliser, à mon
point de vue. C'est également une façon d'empêcher les
situations où s'accrédite l'image du deux poids deux mesures dans
une société, ou de deux types de justice.
Vous savez que, dans une société, ça ne marche pas,
cette histoire-là. Donc, je veux bien que vous ayez d'autres
modèles, je m'en fous. Ce que je demande, c'est: Est-ce
qu'Hydro-Québec ne peut pas trouver un moyen de régler
globalement cette situation pour ne pas qu'on se ramasse? Parce que c'a
dégénéré en toutes sortes de folies furieuses, vous
le savez. Vous appelez ça des shows médiatiques, mais oublions
les médias pour dix secondes. Placez-vous dans le salon chez vous et
lisez donc l'entente que vous avez faite; si vous n'êtes pas à
Hydro, allez-vous envoyer des fleurs à Hydro?
M. Drouin: Oui, mais il faut l'expliquer dans son contexte, M. le
Président.
M. Chevrette: Oui, il faut l'expliquer dans son contexte. Je ne
dis pas qu'il ne faut pas l'obliger...
M. Drouin: Vous savez, on reçoit
régulièrement des demandes d'achat de réseaux municipaux.
Ça vient régulièrement. Il en est venu même à
l'Assemblée nationale, ici. C'est clair qu'il existe des réseaux
municipaux qui, histori- quement, n'ont pas été
cédés à Hydro-Québec. Je pense qu'il y en a une
dizaine à travers le Québec, et on en a racheté plusieurs,
mais il y a effectivement beaucoup de demandes. Je ne dis pas que le
député de Joliette n'a pas raison en faisant la suggestion. Je
pense que nous devons regarder des solutions du type de celle qu'il
suggère et voir si c'est possible de trouver des
aménagements.
M. Chevrette: M. le Président, une autre question sur le
fameux... je ne sais pas si c'est Défi performance, je ne me rappelle
jamais de...
M. Drouin: Efficacité énergétique ou
Défi performance?
M. Chevrette: Non, c'est surtout votre programme d'incitation
à l'économie d'énergie.
M. Drouin: C'est l'efficacité énergétique.
Programme d'efficacité
énergétique
M. Chevrette: Je finis avec une petite question là-dessus.
On reçoit de plus en plus de commentaires sur ça. Je sais qu'hier
vous avez défendu ça avec beaucoup de chaleur. Je ne me souviens
pas si c'est M. Roy qui en parlait et qui, à toutes fins pratiques, nous
disait que le reportage qu'ii y avait eu à Radio-Canada était
biaisé. C'est drôle, même des gens qui connaissent
ça, qui suivent ça nous disent: Voulez-vous demander a
Hydro-Québec de cesser les gadgets floridiens, puis de s'organiser pour
avoir des programmes d'économie d'énergie qui collent aux
réalités du Québec, avec le climat du Québec? On
m'a demandé de vous l'acheminer, ce message. Ce n'est pas des
journalistes qui m'ont demandé ça; c'est même des gens qui
travaillent à Hydro, qui sont consommateurs d'électricité
et qui connaissent un peu plus que moi l'efficacité d'un tel gadget ou
d'un tel autre gadget. On devrait se retourner plutôt vers la
sensibilisation des citoyens québécois à l'importance de
l'économie d'énergie, et la preuve, c'est que ça a
été fait dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean. Donc, on nous demande
d'arrêter de dépenser des gros, gros sous pour des gadgets
floridiens qui collent plus ou moins à la réalité
québécoise.
M. Drouin: Vous savez, notre programme d'économie
d'énergie consiste à dire que c'est par une multitude de petits
gestes qu'on peut finir par économiser de l'énergie. On ne
prétend pas avoir l'apanage de l'efficacité
énergétique en Amérique du Nord. Mais, vous savez, on
constate que ceux qui nous reprochent parfois d'utiliser des gadgets ou des
fluorescents compacts nous ont dit, il y a un mois ou deux mois: Pourquoi ne
faites-vous pas comme Ontario Hydro et ne dépensez-vous pas de l'argent
pour donner un fluorescent compact à chaque consommateur?
Moi, je vous dis: La vérité n'est pas à un endroit
et Hydro-Québec ne prétend pas avoir la vérité,
mais dans le cas du chauffage, je veux juste vous rappeler qu'à partir
de 1970, HydroQuébec, le gouvernement du Québec, même le
gouvernement canadien, dans la crise du pétrole, ont favorisé,
bien sûr, des programmes importants au niveau de l'isolation des maisons
et du chauffage de l'eau. Durant cette période-là, de 20 ans,
nous avons réussi au Québec, par ces incitatif s-là,
à réduire la consommation énergétique dans les
résidences, de l'ordre de 40 %. C'est-à-dire que par le transfert
d'un chauffage inefficace au chauffage électrique et des mesures
intensives au niveau de l'isolation des maisons, nous avons réduit la
consommation moyenne de 48 000 kilowattheures, équivalents
énergétiques, à 28 000. Vous savez, dans ce
sens-là, le Québec part déjà de loin dans
l'efficacité énergétique. Il part de quelque chose qui est
déjà fait pour continuer. Dans ce sens-là, nos programmes
d'efficacité énergétique sont ambitieux. C'est
peut-être la raison pour laquelle il est plus difficile... Il y a eu
même un sondage récemment qui démontrait que le
Québec ou les Québécois étaient déjà
des économiseurs. Nous aussi, on le découvre par l'implantation
de ces programmes-là. J'en dirais beaucoup plus long, mais vous me
faites un signe de tête, alors, j'arrête.
Le Président (M. Audet): Merci. Alors, ça termine
les questions d'ordre général. Nous allons maintenant passer aux
remarques de clôture. M. le député de Joliette, vous avez
cinq minutes.
Remarques de clôture M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. J'ai entendu
Hydro-Québec, hier, dire que sur les 5,5 % d'augmentation de tarif
qu'elle demandait, 3,9 % lui échappaient complètement. Vous
comprendrez que je vais, dans un premier temps, me retourner du
côté du gouvernement et supplier ce dernier de penser aux
consommateurs qui se sont fait affliger, au cours des deux dernières
années et demie, de 3 400 000 000 $ de taxes: doubler la taxe scolaire,
les taxes de M. Ryan qui s'en viennent, les frais de scolarité, les
permis d'immatriculation, les permis de conduire, et j'en passe et j'en passe,
pour 3 400 000 000 $. J'ai entendu Hydro-Québec, hier, dire que 3,9 %
lui échappaient complètement.
Il faut se tourner alors du côté du gouvernement et lui
dire ceci: Hydro-Québec demande, pour 1992, la somme de 203 000 000 $ -
je ne suis pas un spécialiste, mais je sais compter un peu - qui se
décortiquent de la façon suivante: 150 000 000 $ vont directement
dans les coffres du gouvernement pour les frais de garantie; 30 000 000 $, cela
équivaut à l'augmentation de la taxe sur le capital; donc, 180
000 000 $ sur 203 000 000 $ sont gobés carrément par le
gouvernement, alors qu'Hydro-Québec se contente de 23 000 000 $ sur 203
000 000 $ pour l'année 1992. Avec la qualité totale si bien
exprimée par M. Drouin tantôt, je ne vois pas en quoi ils ne sont
pas capables, pour eux, pour leur part, d'éponger les 23 000 000 $
restants et faire en sorte que les contribuables québécois, en
1992, puissent complètement être soulagés d'augmentations
au niveau de la tarification de l'électricité.
Bien sûr, on invoquera la cote et on la justifiera avec la
batterie de spécialistes qu'ils ont. Mais quand une
société d'État se targue d'avoir
bénéficié d'un programme de devancement d'emprunt de 2 500
000 000 $, que la société d'État nous informe
également qu'elle réduira, pour les trois prochaines
années, son programme d'immobilisations de 2 400 000 000 $ et qu'en
plus, avec tous les programmes d'économie d'énergie, et tout, on
sauve des gros sous, avec la qualité totale, on sauve des gros sous, je
ne vois pas en quoi la cote d'Hydro-Québec pourrait être
affectée. D'autant plus que cette même société
d'État nous dit qu'en 1992 elle aura des revenus additionnels de l'ordre
de 429 000 000 $, exclusivement par l'augmentation de ses ventes.
Donc, M. le Président, au gouvernement, s'il vous plaît,
enlevez donc les 3,9 % qui font en sorte que vous obligez Hydro-Québec a
avoir une présentation de tarifs. Demandez donc à
HydroQuébec d'éponger les 23 000 000 $ qu'elle veut en
augmentations pour elle, et nous pourrons dire aux Québécois:
Respirez en 1992, on a pensé à vous. On a pensé surtout
à cette classe moyenne qu'on n'a cessé d'étouffer depuis
deux ans et demi. Durant une récession, il est inconcevable qu'on n'ait
pas cette pensée automatique pour le consommateur.
C'est inconcevable également qu'en 1992 un gouvernement se tourne
vers Hydro-Québec et dise: Faites les ponctions. Moi, je suis d'accord
qu'il vous dise: Faites une ponction, soyez plus rigoureux. Mais d'autre part,
ne pas se retourner de bord, comme ils le font, pour aller siphonner les
économies qu'Hydro-Québec pourrait faire-Moi, je pense que 90 %
de la présente augmentation demandée est la faute directe du
gouvernement actuel. C'a été carrément dit par M. Bolduc,
hier, en d'autres mots, mais quand on dit que 90 %, ce sont des dépenses
qui leur échappent, ce sont des taxes, et que les heureux hasards
démontrent bien que ce sont des taxes, pour la plus grande partie, je
pense qu'il faut détaxer et laisser respirer le monde.
Le Président (M. Audet): Merci. Mme la ministre de
l'Énergie et des Ressources.
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: Alors, M. le Président, je voudrais dire ce
matin que j'ai vivement apprécié la contribution de mes
collègues du parti minis-
tériel dont les questions reflètent bien les
préoccupations de la population, qui concernent la gestion
d'Hydro-Québec, le contrôle des charges et des coûts
d'opération sous toutes leurs formes.
Quant aux représentants de l'Opposition, et en particulier le
porte-parole de l'Opposition, M. le Président, lui-même qui
parlait tantôt de manque de jugement, d'erreur majeure, je dois regretter
certaines de ses attitudes et certaines de ses questions. Lui-même a
déploré, comme moi, les interventions irréfléchies
d'un certain député de D'Arcy-McGee qui mettent en péril
500 emplois au Québec. Je dois dire que par certaines des interventions
du député de Joliette, il y a 6400 emplois qui peuvent être
mis en cause et, en plus, des négociations importantes quant au dossier
de Churchill Falls qu'il pourrait mettre en péril par les questions
qu'il posait hier à propos de négociations qu'on ne fait pas sur
la place publique. Pour un ancien négociateur, je dois dire que
ça m'a quelque peu surprise.
M. le Président, il est important de rappeler que ce n'est pas
nécessaire, ce matin, de faire des gorges chaudes sur les frais de
garantie. Ces frais de garantie représentent, somme toute, le prix
à payer pour un service qui est rendu par le gouvernement. D'ailleurs,
le président d'Hydro-Québec a indiqué qu'il serait
désastreux pour la société d'État d'emprunter sans
la garantie gouvernementale. Je rappellerai aussi au député de
Joliette qu'il semble avoir oublié la taxe sur le capital, qui
rapportait, par Hydro-Québec, 123 000 000 $, et qui avait
été imposée en 1981. J'espère que cette initiative
de son gouvernement, il en a été solidaire.
Il me semble également opportun, ce matin, M. le
Président, de remercier Hydro-Québec pour la qualité des
explications qu'ils nous ont fournies au cours des deux journées de
cette commission parlementaire au cours de laquelle plusieurs sujets
d'importance ont été discutés. Ça va sûrement
nous aider à alimenter notre réflexion quant à la
recommandation que nous ferons au gouvernement sur la proposition
tarifaire.
En ce qui concerne la qualité du service, nous avons pris
connaissance des résultats obtenus par la société
d'État à ce chapitre. Il y a lieu de s'attendre à ce que
la démarche entreprise par Hydro-Québec se poursuive. Du
côté de l'offre et de la demande d'électricité, ma
préoccupation première demeure la satisfaction des besoins
actuels et futurs des Québécoises et des Québécois.
À la lumière des réponses obtenues, on a pu constater la
fragilité des prévisions en ce domaine. Et certains facteurs
externes comme l'importance de la récession que nous traversons
présentement et la faible hydraulicité influencent les
résultats. Mais je tiens à souligner à nouveau ma
détermination à mener à bien le programme gouvernemental
de développement des petites centrales hydroélectriques. Je
compte sur la collaboration d'Hydro-Québec pour y arriver. Ce programme
répond à un besoin, autant en termes d'apport
hydroélectrique que de développement régional. Il en va de
même pour la cogénération. Il faut faire en sorte que ce
mode de production réponde adéquatement aux préoccupations
environnementales, de développement durable et d'efficacité
énergétique du Québec.
Parlons maintenant du programme d'efficacité
énergétique d'Hydro-Québec. Les résultats obtenus
en 1990 et 1991 sont inférieurs à ceux prévus à
l'origine et les objectifs de 1992 ont dû être
révisés à la baisse. Néanmoins, HydroQuébec
dit maintenir son objectif à long terme. Je retiens cependant
l'idée que, grâce à un certain nombre de mesures
d'efficacité énergétique, les consommateurs peuvent faire
diminuer leur facture d'électricité de près de 5 %, selon
les chiffres qui ont été fournis par HydroQuébec.
L'implantation du Défi performance semble bien engagée.
Cette nouvelle approche vise avant tout à améliorer la
qualité du service qui est fourni aux consommateurs
d'électricité, notamment par une meilleure
productivité.
Nous sommes tous conscients que la situation économique est
difficile, qu'il est par ailleurs nécessaire d'assurer à
Hydro-Québec une bonne santé financière. C'est
précisément parce que je suis consciente de cette situation
économique difficile que j'ai à coeur la protection de
l'intérêt du consommateur. Il serait, par ailleurs, inacceptable
que l'effort de compression budgétaire supplémentaire qui
pourrait être demandé à la société
d'État se fasse au détriment de l'entretien du réseau et
de la qualité du service.
M. le Président, j'ai abordé cette séance de
travail dans un esprit constructs, mais aussi un esprit critique. Les
défis qu'il faut relever reposent sur des choix qui respectent la
capacité de payer des consommateurs. Ces défis dépassent
le seul cadre de gestion d'une administration de la taille
d'Hydro-Québec. Pour les années à venir, il nous semble
que l'heure des choix rationnels a définitivement sonné.
Vous me permettrez, M. le Président, de remercier mes
collaborateurs, ceux qui ont été à mes côtés
au cours de cette commission parlementaire. Je ne vais nommer que deux
personnes - les autres s'incluront dans le groupe - M. Mario Bouchard, qui est
près de moi, et M. Pierre Dupont. Et je voudrais vous remercier, M. le
Président, pour votre présidence efficace au cours de cette
commission parlementaire, de même que les membres de la commission.
Le Président (M. Audet): Merci, Mme la ministre. Juste
avant d'ajourner, M. Drouin, vous aimeriez ajouter un petit mot?
M. Drouin: Au nom d'Hydro-Québec, je voudrais remercier
les membres de la commission
parlementaire pour la journée et demie que nous avons
passée ensemble. Ça a été très enrichissant
pour Hydro-Québec d'être ici et de pouvoir répondre
à vos questions et recevoir vos commentaires.
Le Président (M. Audet): D'accord. Au nom des membres de
la commission, je veux remercier à mon tour Hydro-Québec et ses
collaborateurs et vous souhaiter la meilleure des chances dans l'atteinte de
vos objectifs. On se dit à la prochaine. Sur ce, j'ajourne les travaux
de la commission de l'économie et du travail sine die.
(Fin de la séance à 12 h 34)