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(Vingt heures six minutes)
Le Président (M. Gauvin): Comme j'ai constaté qu'il
y a quorum, je déclare la séance de la commission de
l'économie et du travail ouverte. J'aimerais rappeler le mandat de la
commission, qui est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 409, Loi modifiant la Loi sur les
sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Gauvin
(Montmagny-L'Islet) remplace M. Bélanger (Laval-des-Rapides).
Le Président (M. Gauvin): Merci. Est-ce qu'il y a des
remarques préliminaires, M. le ministre?
Remarques préliminaires M. Gérald
Tremblay
M. Tremblay (Outremont): Oui, merci beaucoup, M. le
Président. Chers collègues, membres de l'Opposition, nous sommes
réunis ce soir pour procéder à l'étude article par
article du projet de loi 409, qui modifie certaines dispositions de la Loi sur
les sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise. Le projet de loi donne suite aux mesures
annoncées par le ministre des Finances à l'occasion du discours
sur le budget du 2 mai 1991. Depuis 1985, la Loi sur les sociétés
de placements dans l'entreprise québécoise a permis la
création d'un véhicule privilégié pour permettre
aux PME d'assurer leur développement. Ainsi, au cours de l'année
civile 1990, 45 SPEQ ont été enregistrées auprès de
la Société de développement industriel du Québec,
et celle-ci a procédé à la validation de 77 placements
admissibles totalisant plus de 12 000 000 $.
Au cours des 12 derniers mois terminés le 31 décembre
1991, 77 sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise ont été enregistrées par la SDI,
dont le montant estimé des placements serait de l'ordre de 25 000 000 $
pour des émissions publiques de 18 000 000 $.
M. le Président, la première modification apportée
par le présent projet de loi vise à faire en sorte que la
règle relative à la capitalisation minimale d'une SPEQ soit
réduite de 100 000 $ à 50 000 $, de façon à
permettre ainsi que des SPEQ disposant de telles capitalisations minimales
puissent procéder à des placements admissibles aux termes de la
Loi sur les sociétés de place- ments dans l'entreprise
québécoise. Cette réduction de la capitalisation minimale
permet également de ne considérer qu'une seule catégorie
de SPEQ en évitant ainsi que les règles de capitalisation
minimale soient différentes pour une SPEQ qui effectue des placements en
région par rapport à une SPEQ qui effectue des placements hors
d'une région prescrite.
La deuxième modification contenue dans le projet de loi
précise que l'actionnaire d'une SPEQ pourra bénéficier
également d'une participation additionnelle à l'égard d'un
placement admissible, de façon à donner suite à la mesure
budgétaire permettant qu'une SPEQ renonce, à certaines
conditions, à réclamer une réduction à
l'égard des frais d'émission qu'elle a engagés dans le
contexte où elle a procédé à un appel public
à l'épargne par notice d'offres ou par prospectus.
Voici, en bref, M. le Président, les objectifs visés par
le projet de loi modifiant la Loi sur les sociétés de placements
dans l'entreprise québécoise. Je compte sur la collaboration de
tous les membres de la commission afin que les huit articles contenus dans ce
projet de loi soient approuvés pour que nous puissions adopter, en
troisième lecture, ce projet de loi au début de la session de
mars prochain. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): Merci. Est-ce que le
représentant de l'Opposition, le député de Labelle, a des
remarques préliminaires?
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Oui, M. le Président. Merci de me
laisser la parole. Je voudrais d'abord rassurer le ministre: il a toute ma
collaboration, qu'il ne s'inquiète pas. J'espère qu'il ne la met
pas en doute, à ce stade-ci à tout le moins. Je pense que, sur ce
plan-là, il va trouver l'Opposition très collaboratrice lorsqu'il
s'agit d'améliorer le sort de l'économie, parce que cela nous
intéresse beaucoup. Je pense que c'est dans cet esprit que nous allons
étudier le projet de loi 409 qui modifie les sociétés de
placements dans l'entreprise québécoise, un dispositif
institutionnel qui avait été mis en place par notre gouvernement
et qui a d'ailleurs fait un certain nombre de bonnes réussites dans le
paysage. Donc, quant à moi, je serai favorable à toute mesure qui
va permettre que le capital de risque se jette à l'eau, si on veut, pas
dans le sens péjoratif, mais dans le sens qu'il y en ait, du capital de
risque, pour développer l'économie du Québec.
On sait que les SPEQ visent les petites et moyennes entreprises - disons
la petite entreprise, parce qu'il s'agit de capitalisations en bas
de 5 000 000 $ - qu'on retrouve dans des milieux qui, parfois, ont
besoin de ces dispositifs pour naître et se développer. Alors, la
disposition du gouvernement vise à baisser ce capital minimal de 100 000
$ à 50 000 $. Sur ce plan-là, nous avons indiqué, dans
notre discours de deuxième lecture, que nous étions d'accord. Je
sais que cela va permettre à des SPEQ de naître dans des petites
municipalités, par exemple, comme la mienne, ma région, comme
d'autres aussi, au moment où je pense qu'il est important que l'on
favorise la naissance d'entreprises parce que, faut-il le rappeler, il est
important qu'il naisse des entreprises. Les grandes ont d'abord
été des petites, très généralement. Parfois,
il y en a qui naissent grosses. Mais, très souvent, il s'agit
d'idées que l'on a mises en force sur le terrain, qu'on a
expérimentées à partir de capital de risque. S'il y en a
25, 100 qui naissent comme ça, il va en arriver peut-être deux ou
trois qui vont devenir des moyennes. Mais encore faut-il qu'il en naisse pour
qu'elles deviennent moyennes. Alors, là-dessus, il faut favoriser la
création de petites entreprises.
La loi, la déclaration du ministre était d'ailleurs
à l'effet de réduire le capital minimum - du ministre des
Finances, j'entends - à 50 000 $. Nous avons dit que nous étions
d'accord. D'ailleurs, il aurait fallu le faire avant. J'ai eu l'occasion, dans
mon discours de deuxième lecture, de rappeler que le gouvernement
mettait une mesure comme celle-là en même temps qu'il taxait
beaucoup les entreprises. Au cours de la dernière année, des deux
dernières années, il y a eu des taxes majeures imposées
à l'entreprise, de toutes sortes de façons, l'impôt
foncier, en particulier, qui a affecté grandement l'entreprise. On a vu
même le ministre des Affaires municipales se promener en disant aux
municipalités: Vous pouvez augmenter la taxe d'affaires. Donc,
c'était l'entreprise qui était visée. Quand on met sur la
table les dispositifs pour favoriser des SPEQ, on met une mesure, mais, en
même temps, de l'autre côté, on reprend très
rapidement ce qu'on a cédé d'un côté. Alors,
ça n'empêche pas que la mesure est bonne ici.
Par ailleurs, c'est un discours à deux visages que nous avons en
face, de la part du gouvernement. Si on fait le tour de toutes les taxes,
l'augmentation de la taxe sur le capital, l'augmentation de la taxe sur !a
masse salariale, en tout cas, qui nous a pendu au bout du nez de la part du
budget Wilson, l'an passé, mais que M. Mazankowski a retirée
devant l'intervention des chambres de commerce, à Montréal, au
mois de décembre. J'y participais. Je pense que le gouvernement d'ici
n'avait personne à cette séance où nous avons
exposé les besoins de l'entreprise, sauf les fonctionnaires. Il n'y
avait personne sur le plan politique pour exposer le point de vue du
gouvernement du Québec. Alors, ça a été des coups
durs pour l'entreprise, au cours de l'année. On le reprend. Bon,
très bien! On essaie de faire une disposition qui va favoriser la
création des petites entreprises; je suis d'accord. Par ailleurs, je ne
sais pas si...
Je pense qu'au cours de ce projet j'aurai des questions à poser
au ministre. Il y a eu, au cours de l'été, ces dispositifs
où les SPEQ ont servi dans le financement de la recherche et du
développement avec les universités. Je pense qu'il y avait des
SPEQ dans le décor, là-dedans. Je me demande si les dispositifs,
les dispositions qui sont là pourront nous aider, au moins au plan des
règlements, à empêcher qu'il se produise les mêmes
choses. J'espère que le ministre pourra nous répondre sur cette
question. Je lui ai déjà posé des... Il nous a
déjà proposé une chose, à la dernière
rencontre que nous avons eue, lorsque nous avons examiné les engagements
financiers. Je vais lui demander où en sont ses travaux, les travaux de
son comité pour établir l'équité entre les
universités, sur ce plan-là.
Alors, quant à moi, je suis bien prêt à
procéder à l'étude du projet de loi, article par article,
tout en déplorant que la mesure intéressante qui nous est
proposée soit annulée par des augmentations de taxes massives qui
n'ont sûrement pas aidé aux investissements dans le domaine de
l'économie.
Le Président (M. Gauvin): Merci. M. le
député. Est-ce qu'il y a d'autres membres de la commission qui
aimeraient faire des remarques préliminaires? Donc, avec l'accord des
membres de cette commission, j'appelle l'article 1 du projet de loi 409. M. le
ministre.
Étude détaillée Révocation
de l'enregistrement
M. Tremblay (Outremont): Alors, l'article 1.E. Est-ce que les
membres de l'Opposition, vous avez le document, le même? C'est ça.
C'est la transparence totale! C'est bien. Vous avez les explications qui sont
très claires là. Je peux les lire, mais je pense que vous en avez
sûrement pris connaissance. C'est l'article qui confirme le montant
minimum de 50 000 $, qui est réduit de 100 000 $à50 000 $.
M. Léonard: M. le Président, dans l'ancienne loi,
il y avait le paragraphe 5°b) qui se trouve à être
remplacé: «soit, après le 12 mai 1988, à moins de 50
000 $ dans tous les autres cas». Je suppose que là, il n'y a pas
lieu de rappeler cette disposition? Ce n'est plus transitoire, ça ne
s'applique plus, absolument pas? Il n'y a plus aucun cas qui est visé
par cet article? Les SPEQ qui ont été créées
à l'époque n'ont pas besoin qu'on y réfère?
M. Tremblay (Outremont): J'ai, avec moi, le juriste, M.
Théberge - qui est à ma gauche - qui a procédé
à toutes ces modifications.
Alors, peut-être que M. Théberge peut vous donner des
réponses plus techniques.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que vous consentez
à ce que M. Théberge fournisse les explications?
M. Léonard: Normalement, c'est le ministre qui doit
répondre, c'est lui qui est imputable devant l'Assemblée
nationale. Mais, s'il ne peut pas, que le haut fonctionnaire explique.
Le Président (M. Gauvin): II vous propose que M.
Théberge ajoute justement l'explication. M. Théberge.
M. Tremblay (Outremont): Je ne sais pas si M. Théberge
aimerait qu'on en parle comme d'un haut fonctionnaire. C'est un avocat de la
firme Lapointe, Rosenstein et c'est l'avocat qui écrit, sur une base
annuelle, le document sur les sociétés de placements dans
l'entreprise québécoise.
M. Léonard: II n'y a pas de fonctionnaire au
ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie pour faire
ça?
M. Tremblay (Outremont): II y a des fonctionnaires, il y a des
juristes, mais vous savez qu'au niveau de la Société de
développement industriel du Québec il y a
énormément de dossiers. Dans le passé, on a
préféré donner des contrats à l'extérieur
à cause de la spécificité de la loi.
Le Président (M. Gauvin): Donc, on entend M.
Théberge.
M. Théberge (Jean): En fait, la disposition, c'est la
révocation automatique de l'enregistrement d'une SPEQ. Effectivement,
comme vous le disiez, M. Léonard, c'est le fait qu'on ait réduit
la capitalisation minimale à 50 000 $. Toutes les SPEQ, qu'elles aient
été enregistrées avant ou après le 12 mai, sont
maintenant assujetties à cette règle-là. Donc, même
si la capitalisation était de 100 000 $ avant le budget de cette
année, effectivement, en réduisant ici à 50 000 $, toutes
les SPEQ sont traitées sur le même pied
d'égalité.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Les 50 000 $, c'est vraiment
considéré comme étant la capitalisation minimale?
M. Tremblay (Outremont): On avait modulé originalement,
à la suite des représentations des régions, à 50
000 $ en région. C'est la capitalisation minimale et, à cause de
certaines complexités, on a décidé de la rendre uniforme
à 50 000 $.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Les SPEQ, est-ce que le domaine dans lequel
elles doivent oeuvrer est spécifié ailleurs dans cette loi? Par
exemple, je suppose que ça n'agit pas dans les fermes agricoles ou les
fermes...
M. Tremblay (Outremont): Non. Le secteur admissible, c'est le
secteur manufacturier. Il faut qu'une entreprise ait au moins 25 %
d'activités de fabrication. Le recyclage: caoutchouc, papier, rebus
métalliques, moteurs, verre, plastique, résidus de bois. Le
tourisme: hébergement commercial, centres d'intérêt
touristique, ski, campings, pourvoiries, croisières maritimes,
activités en milieu naturel. Le tertiaire moteur: laboratoires de
recherche, design industriel de mode, services informatiques et bureautique,
logiciels, progiciels. L'environnement: assainissement des eaux, traitement et
valorisation des déchets. La recherche scientifique et le
développement expérimental. Deux secteurs ont été
ajoutés au niveau des SPEQ: aquaculture et incubateurs industriels.
L'annexe I du règlement définit sensiblement ce que je viens de
vous dire, plus en détail.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: J'ai, ici, en main, le règlement. C'est
défini dans la loi, ça? Il y a une loi là-dessus ou si
c'est dans le règlement lui-même, ce que vous venez de lire?
Le Président (M. Gauvin): M. Théberge.
M. Théberge: Merci. C'est dans l'annexe I du
règlement sur les SPEQ. La loi précise, au niveau de son article
12, si je ne m'abuse, qu'une corporation doit oeuvrer dans un secteur.
M. Léonard: Je l'ai ici, à la page 5517 du 28
août 1985. Oui, ça va.
M. Théberge: Exactement.
M. Léonard: Mais je pense qu'il a été
modifié par la suite...
M. Théberge: II a été modifié.
M. Léonard: ...parce qu'on a ajouté... Tout
à l'heure, le ministre a mentionné les entreprises dans le
domaine de l'environnement. Ça, ça n'y était pas à
l'origine, je crois.
M. Tremblay (Outremont): L'aquaculture et les incubateurs
industriels.
M. Théberge: L'environnement résulte du dernier
discours sur le budget. Donc, cela va être introduit dans le cadre du
projet de règlement qui va modifier l'annexe I du règlement, pour
introduire l'environnement et aussi la question des distributions de films
à l'étranger, découlant du discours sur le budget du mois
de mai 1991.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Labelle, est-ce que l'article 1 est adopté?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Gauvin): L'article 1 étant
adopté, j'appelle l'article 2. M. le ministre.
Placement admissible
M. Tremblay (Outremont): À l'article 2, c'est sensiblement
les mêmes remarques qu'à l'article 1.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Sur la modification elle-même, de 100
000 $ à 50 000 $, ça en est une de concordance, je pense. Il n'y
a pas de problème particulier. C'est dans le libellé même
de la loi que je voudrais avoir une explication. «Un placement admissible
hors d'une région admissible est un placement qui, à la date
d'acquisition, satisfait aux conditions suivantes: 1° est un placement
admissible en vertu de l'article 12», et 50 000 $. Mais comment peut-on
avoir un placement admissible hors d'une région admissible, en termes de
libellé de la loi?
Le Président (M. Gauvin): M. Théberge.
M. Théberge: M. Léonard, c'est qu'avant on faisait
des distinctions avec les SPEQ dites ordinaires et les SPEQ dites
régionales, c'est-à-dire qui faisaient effectivement des
placements uniquement en région. En 1989, si je ne m'abuse, on a
changé ça pour faire en sorte que ce soit des placements qui
soient faits soit dans une région admissible, soit dans une
région non admissible. Cela, dans le sens que si, dans une région
prescrite, l'avantage fiscal était de 125 %, il est maintenant rendu
à 150 %, alors que, si ce n'est pas dans une région prescrite,
l'avantage fiscal est moindre de 25 %.
M. Léonard: Disons que je comprends, mais... On pouvait
comprendre jusqu'à un certain point. Mais, comme libellé d'un
projet de loi, «un placement admissible hors d'une région
admissible», ça fait comme une impossibilité si c'est hors
d'une région admissible. Il me semble que ça me paraît
bizarre comme rédaction d'un projet de loi. Il y a un positif et un
négatif là-dedans, c'est ça qui est dangereux.
Généralement, ça reste négatif.
M. Tremblay (Outremont): En tout cas, ce n'est pas le changement
qu'on... Ce n'est pas un changement qui est suggéré. Le seul
changement qui est suggéré ce soir, c'est de 100 000 $ à
50 000 $. Ça existe dans la loi depuis maintenant deux ans, alors...
Ça a été fait dans le but d'éviter qu'on soit
obligé, à toutes les fois qu'on fait un placement admissible,
d'incorporer de nouvelles SPEQ.
M. Léonard: Je comprends ça.
M. Tremblay (Outremont): Ça n'a pas causé de
problème à date.
M. Léonard: Je pose une question de compréhension.
À lire un projet... Quand vous faites quelque chose en dehors d'une
région admissible, vous avez l'impression qu'il n'y a rien de possible,
mais enfin... Bref, disons que c'est une rédaction douteuse,
j'appellerais ça.
Le Président (M. Gauvin): Donc, avec les...
M. Léonard: Je pense que le ministre en convient, je vois
qu'il hoche du bonnet. J'ai l'impression que lui-même découvre que
ce n'est pas nécessairement très lisible. Il pourra donner un
mandat, peut-être à un de ses fonctionnaires... Ça va
être plus simple, ça coûtera moins cher.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): J'ai fait les remarques que j'avais
à faire sur l'article 2.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Labelle, avec les explications qui ont été données, est-ce
que l'article 2 est adopté?
M. Léonard: M. le Président, ça ne me
convainc pas. Effectivement, on peut dire que, si la loi a fonctionné
comme ça jusqu'ici, peut-être peut-elle fonctionner et continuer
à fonctionner. Mais je veux simplement informer le ministre ou le
sensibiliser au fait que les lois doivent être compréhensibles
pour les citoyens, le citoyen ordinaire, et que, effectivement, c'est une
rédaction douteuse.
Ceci étant dit, c'est donc un avis à l'effet qu'il doit
procéder éventuellement à une correction. S'il
était prêt à prendre un amendement pour une meilleure
rédaction, très bien, mais je suppose que ce n'est pas
nécessaire.
Mme Blackburn: Est-ce que "région admissible", c'est le
terme consacré ou si c'est «région
désignée»? Habituellement, on dit: région
désignée.
Le Président (M. Gauvin): Excusez. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, peut-être une
suggestion qu'on fait à l'occasion. Même si on n'apporte pas
l'amendement ce soir, au moment de l'adoption du projet de loi, vous pouvez
déposer un amendement, pour mettre ça en termes un peu plus...
Est-ce que «région admissible», c'est le terme
consacré ou si c'est «région
désignée»?
M. Tremblay (Outremont): C'est ça le problème.
Mme Blackburn: Alors, «un placement...» Le
Président (M. Gauvin): M. Théberge.
M. Théberge: Alors, l'expression «région
admissible» est définie par règlement. Il y a
déjà un pouvoir réglementaire pour déterminer ce
qui est une région admissible.
Mme Blackburn: Et «placement admissible» aussi?
M. Théberge: Et «placement admissible» aussi.
C'est pour ça que les deux notions s'entrecoupent, et ça peut
paraître bizarre. Cette notion-là des régions admissibles
est déjà utilisée aux termes de l'article 12.2 qu'on
modifie aujourd'hui, mais elle est utilisée ailleurs, à l'article
12.3, elle est utilisée à l'article 16. Évidemment,
ça nécessiterait beaucoup de modifications.
Mme Blackburn: Le «placement admissible» est aussi
défini dans la loi?
M. Théberge: Oui oui. «placement
admissible»...
Mme Blackburn: Dans les termes à interpréter?
M. Théberge: Oui. Mme Blackburn: On ne l'a pas ici?
M. Théberge: À l'article 12, madame. Mme Blackburn:
«placement admissible».
M. Léonard: Le «placement admissible», ce
n'est pas lui qui est en cause. Il y a des régions admissibles et des
régions non admissibles.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce qu'on déduit que
l'article 2 est adopté?
M. Léonard: M. le Président, j'ai l'impression que
c'est toute l'économie du projet de loi qui pourrait être
changée ou la loi qui pourrait être changée, à ce
stade-ci, si on changeait ce mot ou ce concept. J'ai l'impression que le
ministre va avoir besoin d'un peu plus de temps. Il a besoin de
réflexion. Il ne peut pas, si je comprends, procéder comme
ça en changeant ça. Alors, on va considérer qu'il est
adopté, sauf que je maintiens toujours ma remarque. C'est vraiment
bizarre, dans la rédaction d'un projet de loi, de permettre un placement
hors d'une région admissible.
Le Président (M. Gauvin): L'article 2 étant
adopté - oui, adopté - j'appelle l'article 3.
M. Tremblay (Outremont): Alors, l'explication de l'article 3.
C'est sensiblement pour remplacer l'article 15.0.1 sur les SPEQ de façon
à ajouter le concept de la participation additionnelle à
l'égard d'un placement admissible.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Moi, j'aimerais avoir une explication sur,
finalement, la façon dont ça fonctionne. Quels sont les taux
généralement admissibles? J'ai compris que c'était de
l'ordre de 15 %, ces frais-là. Ça pouvait atteindre 15 %. Il me
semble que, pour les émissions d'actions et d'obligations, ce
n'était pas si élevé que ça, quand même. Les
frais de placements, quand ça atteignait 10 %, c'était
déjà très raisonnable. Mais, dans le cas des SPEQ, on a
l'impression que ça atteint 15 %. Est-ce que le ministre pourrait nous
dire comment le modèle fonctionne? D'abord, premier
élément.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre. (20 h 30)
M. Tremblay (Outremont): En fait, l'explication, c'est que c'est
des placements, dans ce cas-là, de moins de 2 500 000 $. Dans ce
sens-là, ce n'est pas un montant important. Donc, il y a des frais fixes
au niveau des commissions à verser, et c'est le montant que le
ministère des Finances a accepté, avec son expérience et
ses vérifications, de rendre admissible.
M. Léonard: Si c'est 50 000 $, 15 % de 50 000 $, ça
fait 7500 $. Effectivement, il y a des frais fixes qui doivent être
importants par rapport à l'émission.
M. Tremblay (Outremont): Là, on parle uniquement du cas
d'une émission publique avec prospectus. On ne parle pas
d'émissions de 50 000 $, on va parler d'émissions de 1 000 000 $,
1 500 000 $, 2 000 000 $.
M. Léonard: Oui, il y a ces frais d'émission.
M. Tremblay (Outremont): Oui, une émission
publique. Alors, dans ce sens-là, l'information qu'on me donne,
c'est que la moyenne, dans le secteur, ça varie entre 12 % et 15 % pour
les émissions publiques. On a voulu aider davantage les entreprises en
leur donnant un avantage fiscal additionnel sur leurs dépenses.
Le Président (M. Gauvin): M. le député
Labelle.
M. Léonard: Alors, auparavant, supposons qu'on avait une
émission de 1 000 000 $: 150 000 $ ou 120 000 $ de frais
d'émission. L'investisseur, s'il était unique, pouvait
déduire comme avantage fiscal, pas comme avantage fiscal mais comme
déduction fiscale, 850 000 $. disons, un investisseur collectif.
À partir de maintenant, ça va être le 1 000 000 $ au
complet qui va être déductible. Auparavant, la SPEQ, elle, mettait
dans ses frais d'opération ou ses frais amortissables, les 150 000 $ qui
étaient amortissables au point de vue de l'impôt?
Le Président (M. Gauvin): M. Théberge.
M. Théberge: Effectivement, M. Léonard. Les frais
d'émission pour une SPEQ qui procède à une émission
publique étaient déductibles aux fins du calcul du revenu, mais
il faut comprendre ceci: une SPEQ, c'est pratiquement une corporation de
portefeuille qui a peu d'activités, donc qui n'a pas de revenus,
essentiellement. Donc, elle n'avait aucun revenu sur lequel elle pouvait
appliquer ces frais d'émission là pour les déduire. Alors,
c'est pour ça qu'il y avait une perte pour la SPEQ, au niveau de la
déduction. Le mécanisme qui est introduit, c'est une
renonciation, par la SPEQ, à déduire ces frais d'émission
là - de toute façon, elle n'a pas de revenus, donc il n'y a pas
de préjudice pour elle - cela, afin de permettre à l'investisseur
de bénéficier d'une déduction fiscale, à ce
moment-là.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Est-ce que cette question s'est posée
pour les émissions d'actions lors des projets de recherche qui ont
affecté les universités? Ça n'a pas été en
relation avec ça?
M. Tremblay (Outremont): En fait, on me dit qu'il y a eu
sensiblement cinq sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise, pour à peu près 11 000 000 $. Donc,
considérant les 77, c'est marginal. Étant donné les
règles qui ont été mises en place, il n'y a pas eu d'abus
et le contrôle était efficace.
M. Léonard: II n'y a pas eu de problème? M.
Tremblay (Outremont): Non.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Labelle, est-ce que l'article 3 est adopté?
M. Léonard: Est-ce qu'on retrouve une disposition
semblable pour les actions accréditives? Là aussi, il y a des
frais d'émission, dans les accréditives, disons les
minières.
Le Président (M. Gauvin): M. Théberge
M. Théberge: Effectivement, on a introduit, dans le cadre
du dernier budget, si je ne m'abuse, des dispositions similaires au niveau de
la participation additionnelle pour les frais d'émission.
M. Léonard: Dans le même budget? M.
Théberge: II me semble.
M. Léonard: Ici, pour les SPEQ, ces frais
d'émission ne seront pas reportés sur les cinq années
suivantes? Dans le cas des accréditives, vous avez des frais et des
revenus reportables pour les cinq années qui suivent. En tout cas, pas
tous les frais, mais certains. Ça, ce n'est pas le cas, c'est d'un bloc,
une seule année?
M. Théberge: C'est effectivement le cas, M. le
député de Labelle. C'est que la déduction... Il y a une
déduction de base, il y a une déduction aussi qui comprend,
évidemment, cette participation additionnelle à l'égard
des frais d'émission. Dans la mesure où un contribuable ne peut
pas déduire la totalité du montant auquel il a droit,
évidemment, il le reporte dans le temps. Il a cinq ans pour le
déduire, autant la déduction - si on veut, les 850 000 $ dans
votre exemple - que le montant de 150 000 $. Dans le contexte où un
contribuable ne peut pas le déduire la première année, il
peut évidemment le reporter dans le temps, sur cinq ans.
M. Léonard: Oui, mais ce n'est pas exactement ce que je
voulais dire. Il y a des dépenses dans les émissions d'actions
accréditives qui sont reportables sur cinq ans, par tranches
égales par année.
Le Président (M. Gauvin): M. Théberge.
M. Théberge: Ce à quoi vous faites
référence...
M. Léonard: II y a des revenus et des dépenses.
M. Théberge: Oui, c'est la possibilité, dans le
cadre de sociétés en commandite accréditives,
justement...
M. Léonard: Oui.
M. Théberge:... pour des particuliers qui participaient,
de déduire ces frais d'émission sur une base de cinq ans. Les
règles fiscales font en sorte que les frais d'émission, qui sont
des frais financiers, sont déductibles en parts égales sur cinq
ans. Alors, que ce soit au niveau de la société en commandite
minière ou de la SPEQ, elle aurait déduit ces frais
d'émission sur une portion de cinq ans. D'accord? Alors, ce qu'on fait
ici, avec les SPEQ, c'est qu'on permet effectivement que la SPEQ renonce
à réclamer une déduction qu'elle aurait pu
réclamer, évidemment, si elle avait eu un revenu contre lequel
l'appliquer. À ce moment-là, cela permet à l'investisseur
de bénéficier d'une déduction pour ces frais
d'émission, à l'égard de sa participation additionnelle au
placement, et de les reporter. Lui, s'il peut les absorber la première
année, il aurait à ce moment-là une déduction
immédiate. Dans la mesure où il ne peut pas, que son revenu n'est
pas suffisant, il les reporte dans le temps, sur cinq ans.
M. Léonard: Ça veut dire que, dans les faits, les
frais d'émission assumés par l'investisseur sont
déductibles la même année, la première année
s'il le peut, dans le contexte actuel.
M. Théberge: On peut juste gager qu'ils ne sont pas
vraiment assumés par... Ils sont assumés par l'investisseur dans
le cadre du placement, effectivement, indirectement.
M. Léonard: Oui, dans le cadre du placement,
c'est-à-dire que son placement déductible devient 1 000 000
$...
M. Théberge: 1 000 000 $, c'est ça.
M. Léonard:... et non plus 850 000 $. Ça veut dire
qu'il le prend la première année, s'il a du revenu pour le
couvrir. Ça, je comprends.
M. Théberge: En fait... M. Léonard:
Mais...
M. Théberge:... il prend même un peu plus parce que
la déduction est de 125 %.
M. Léonard: Oui, 125 %, 150 % ou 175 %, selon...
M. Théberge: Effectivement.
M. Léonard:... qu'il est dans une région admissible
ou hors d'une région admissible. Bien.
M. Théberge: Effectivement.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Gauvin): L'article 3 étant
adopté, j'appelle l'article 4, M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): L'article 4, - je pense que vous avez
l'explication au bas de la page 4 - ça vise à préciser que
l'expression «participation additionnelle à l'égard d'un
placement admissible» aura le sens que lui donnent les règlements
qui seront adoptés suite à l'adoption du projet de loi. La raison
pour laquelle on doit faire une référence au règlement,
c'est que c'est nécessaire, compte tenu que le projet de loi modifiant
la Loi sur les sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise sera adopté avant les modifications qui seront
éventuellement apportées à la Loi sur les
impôts.
M. Léonard: J'aurais une question à poser à
ce stade-ci. Je vais la poser ici. J'aurais pu la poser avant, mais je la
poserai ici. Dans les SPEQ finalement... Le projet de loi qu'on nous apporte
ici, c'est vraiment un projet de loi qui concerne l'impôt, le champ
fiscal. La question, c'est: Pourquoi ne mettons-nous pas ces dispositions dans
la Loi sur les impôts, au ministère du Revenu? Les SPEQ, c'est une
chose, mais ce qui concerne les SPEQ et la fiscalité, ça devrait
être dans la Loi sur les impôts.
Le Président (M. Gauvin): M. Théberge.
M. Léonard: La Loi sur les impôts doit avoir un
contenu global qui touche tous les contribuables ou toutes les personnes
susceptibles de payer des revenus ou des impôts au gouvernement. C'est
une loi qui doit être complète en elle-même. Là, on
affecte la Loi sur les impôts, on affecte la loi de l'impôt. En
plus, on se donne ici des règlements qui vont servir à appliquer
la loi de l'impôt. Pourquoi ce n'est pas fait au ministère du
Revenu?
Le Président (M. Gauvin): M. Théberge.
M. Théberge: C'est fait de concert avec les modifications
qui sont apportées au projet de loi 407, au niveau de la Loi sur les
impôts. Effectivement, on introduit cette notion de participation
additionnelle dans le nouvel alinéa b. 2, si je ne m'abuse, de l'article
965. 29, mais c'est la Loi sur les impôts qui accorde les avantages
fiscaux. Alors, comme il y a un avantage fiscal qui est accordé à
l'égard de la participation additionnelle à un placement
admissible, la Loi sur les impôts doit en traiter. Sauf qu'ici on traite
de la loi sur les SPEQ en vertu de laquelle la SDI administre ce programme et
on doit faire référence, à ce moment-là, à
certains concepts fiscaux et, notamment, à ces notions de participation
réajustée dans un placement admissible ou de participation
additionnelle dans un placement
admissible.
Ici, ce qu'on cherche à faire, avec cette disposition, c'est
à simplement faire état du fait que la SDI doit émettre un
relevé 7 qui dénonce la participation réajustée
ainsi que la participation additionnelle. Mais la déduction fiscale
proprement dite est vraiment accordée par la Loi sur les
impôts.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Mais, au fond - je repose ma question - c'est
que l'article 4 donne au ministre de l'industrie et du Commerce
l'administration de règlements qui vont affecter la perception des
impôts, en quelque sorte. On dit: «... une participation
additionnelle à l'égard d'un placement admissible a le sens que
lui donnent les règlements». Alors, les règlements, c'est
le ministère de l'Industrie et du Commerce qui va les émettre et
non pas le ministère du Revenu.
M. Théberge: Oui.
M. Léonard: Je trouve ça un peu... En tout cas,
c'est la question que je me pose. En termes d'unicité des lois fiscales,
comment peut-on, à un moment donné, avoir des règlements
qui vont affecter le rendement d'un impôt dans un autre ministère
que celui du ministère du Revenu?
Le Président (M. Gauvin): M. Théberge.
M. Théberge: Je ne suis pas tout à fait d'accord
avec vous, M. le député. Ce qu'on fait ici, c'est qu'on se
réfère aux règlements pour nous permettre, dans les
règlements, de se référer à cette notion de
participation additionnelle, mais telle qu'elle-même définie dans
la Loi sur les impôts, point à la ligne. Comme on se
réfère dans cette loi ou dans ces règlements...
M. Léonard: Pourquoi vous ne vous référez
pas tout simplement à la Loi sur les impôts?
M. Théberge: Parce que cette disposition n'est pas incluse
dans la Loi sur les impôts actuellement. C'est simplement pour ça.
Comme M. le ministre l'expliquait, on se devait, à ce stade-ci, de se
référer à cette notion, telle que définie par
règlement. Mais le règlement va effectivement prévoir que
c'est la notion contenue à l'alinéa b. 2 de l'article 965. 29 de
la Loi sur les impôts, comme le règlement se réfère
aux notions de personnes liées et de corporations associées, de
liens de dépendance, telles qu'elles sont connues aux fins de la Loi sur
les impôts uniquement. Tout ça est fait par règlement.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Mais c'est à un règlement de
l'Industrie et du Commerce qu'on se réfère à l'article 4,
ici?
M. Théberge: Effectivement.
M. Léonard: Je ne vois pas pourquoi... Là, le
projet 407, il n'est pas adopté.
M. Théberge: Non.
M. Léonard: Mais il va l'être, il est à
l'étude. Même, j'aurais le goût d'aller poser la même
question au ministre du Revenu pour voir ce qu'il en pense. Pourquoi on ne fait
pas une référence directe à l'article de loi ou à
la Loi sur les impôts?
Le Président (M. Gauvin): M. Théberge.
M. Théberge: Écoutez, quand on a
déposé le projet de loi, on était quand même au mois
de décembre. Alors, je pense qu'il y a eu bon espoir que le projet de
loi 409 soit adopté et sanctionné avant Noël. Donc, à
ce moment-là, le projet de loi 407, on était loin de la
commission parlementaire qui a lieu en ce moment pour l'étude article
par article. C'est pour ça qu'il a fallu prévoir une disposition
qui nous donnait une certaine flexibilité avec cette notion-là
pour pouvoir s'y référer.
M. Léonard: Mais 407, il est en commission parlementaire.
À ce qu'on me dit, l'étude va être terminée. On va
écrire un projet de loi avec une référence à des
règlements, avec tout un système de vases communicants qui, au
fond, n'aurait pas lieu d'exister si on s'y référait directement.
Cette loi-là, elle est écrite pour un certain temps, et ce n'est
pas une question de semaines. L'étude de 407, au moment où
l'Assemblée nationale va siéger, va être terminée en
commission parlementaire, sous réserve, évidemment, des travaux
de la commission. Mais, en théorie ou en pratique, ça va arriver
en même temps.
Le Président (M. Gauvin): M. Théberge. M. le
ministre.
M. Léonard: M. le ministre ne comprend pas ce qui se
passe? (20 h 45)
M. Tremblay (Outremont): Je comprends très bien ce qui se
passe, sauf qu'on est en train de réécrire la Loi sur les
impôts puis toute la fiscalité. Alors, je ne prétends pas
être un spécialiste en fiscalité. Tout ce qu'on me dit,
c'est que... Je pense que les juristes ne s'amusent pas à faire de la
réglementation comme celle-là s'il n'y a pas un sens à le
faire. Alors, si c'est là... M. Théberge peut vous expliquer
toutes les conséquences au niveau de la fiscalité.
Le Président (M. Gauvin): M. Théberge.
M. Théberge: M. le député de Labelle, c'est
qu'initialement, quand le projet de loi, la Loi sur les SPEQ a
été adoptée, et tous les autres règlements et,
évidemment, beaucoup de concepts fiscaux, on a choisi, à ce
moment-là, de référer à ces notions, à ces
définitions fiscales par voie de règlement, mais qui faisait
référence aux dispositions fiscales de la Loi sur les
impôts. Alors, ici, on prévoit un concept additionnel dans la Loi
sur les SPEQ, mais qui réfère, encore une fois, à une
notion purement fiscale. J'appellerais ça une mesure de concordance avec
les dispositions antérieures qui font référence à
ces notions fiscales par voie de règlement, mais, encore une fois, en
référant uniquement à la Loi sur les impôts.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: M. le Président, la conséquence
pratique de cela, c'est que, finalement, les SPEQ constituent un monde à
part du point de vue fiscal. Si c'est administré selon ses propres
règlements... Ce n'est pas le ministère du Revenu qui les
administre, c'est ça que ça veut dire? À moins qu'on dise
que, dans le règlement, ça réfère strictement au
règlement de la Loi sur les impôts. Mais, dans la Loi sur les
impôts, là il y a une référence à
l'inverse.
Le Président (M. Gauvin): M. Théberge.
M. Théberge: Effectivement, c'est le cas. Je reviendrai
peut-être juste un petit en arrière où on parlait, tout
à l'heure, des placements. L'article 12. 2, les placements hors d'une
région admissible, ou 12. 3, les placements dans une région
admissible. Évidemment, la Loi sur les impôts fait
référence aux placements effectués aux termes de 12. 2 de
la Loi sur les SPEQ pour justement permettre au ministère du Revenu ou
à la Loi sur les impôts d'accorder l'avantage fiscal à
l'égard d'un placement en région ou hors région, selon le
cas. Or, c'est évident, comme c'est une loi à connotation
fiscale, qu'il y a des références qui doivent être faites,
effectivement, dans l'une et dans l'autre. Alors, évidemment, au lieu de
recommencer, de réinventer des concepts ou de les
redéfinir...
M. Léonard: Ah! là, je ne prétends pas qu'au
ministère de l'Industrie et du Commerce, dans la Loi sur les SPEQ, on
doive réécrire la Loi sur les impôts. C'est le contraire
que je penserais. C'est que ces dispositions devraient se trouver directement
dans la Loi sur les impôts. Là, c'est le ministère qui
administre des règlements, finalement, et qui applique une loi fiscale
en dehors du ministère du Revenu.
Le Président (M. Gauvin): M. Théberge.
M. Théberge: Je ne suis pas tout à fait d'accord
avec vous, M. le député de Labelle.
M. Léonard: Bien, c'est ça. C'est ça,
là.
M. Théberge: Ce qu'on fait, c'est qu'on définit
certains concepts. La loi fiscale est administrée par le
ministère du Revenu qui accorde les avantages fiscaux rattachés
à un placement admissible, sauf qu'il y a des règles, des
conditions à être rencontrées. Il y a des concepts qu'on
doit vérifier au niveau des corporations, à savoir si c'est une
corporation privée sous contrôle canadien ou une corporation
associée, ainsi de suite. Évidemment, ce sont tous des concepts
qui sont des concepts fiscaux, essentiellement. Alors, on se rattache à
ces notions fiscales là, proprement dites. Il n'est pas question, je
pense, ici, d'usurper les pouvoirs du ministère du Revenu au niveau de
l'administration de la loi fiscale. C'est simplement une
référence qui est faite à des notions fiscales. Le
ministère du Revenu administre sa loi. Dès que certains actes
sont posés au niveau de la SDI, au niveau de la révocation d'un
enregistrement, à partir de là, c'est la loi fiscale qui
s'applique, les pénalités qui sont prévues à la Loi
sur les impôts, ainsi de suite. Il n'est pas question que... La SDI
n'administre pas une loi fiscale proprement dite, elle n'administre pas la Loi
sur les impôts.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Labelle. Est-ce que M. Théberge a été suffisamment
convaincant?
M. Léonard: C'est-à-dire que je vois,
techniquement, comment on procède. Je comprends comment ils ont
rédigé la loi. Mais, en même temps, on pourrait dire que,
de la même façon, les sociétés de placements, dont
le concept se retrouve dans la Loi sur les impôts, au complet, devraient
relever du ministère de l'Industrie et du Commerce ou du
ministère des Institutions financières, par exemple, pour dire
qu'il y a des institutions de tel type avec une réglementation
appropriée. Là, on vient de créer un
précédent qui peut être considérable. Je pense que
c'est un point de vue que je défends ici. C'est que les sources de
revenus du gouvernement sont perçues par un ministère qui est le
ministère du Revenu. À partir du moment, maintenant, où il
y a des règlements... Surtout, quand on parle des règlements, on
est rendu loin du ministère du Revenu parce que le règlement,
c'est ni vu ni connu. Ça passe dans la Gazette officielle. Je les
ai fait sortir. Mais, en réalité, ça devient loin des yeux
de l'Assemblée nationale. Enfin, j'aurais aimé ça poser la
question au ministère du Revenu pour savoir comment eux voient les
choses. Est-ce qu'il y a eu des problèmes là-dedans, en termes de
suivi?
Le Président (M. Gauvin): M. Théberge.
M. Théberge: À ma connaissance, il n'y a pas eu de
problème. Comme je le disais, la SDI administre le programme des SPEQ
et, à ce moment-là, doit poser certains gestes et vérifier
que certaines conditions et exigences soient rencontrées. Un fois que
ces conditions et exigences sont rencontrées, elle émet un
relevé 7 pour déterminer ce qu'est la participation
rajustée ou la participation additionnelle à l'égard d'un
placement admissible. À partir de là, c'est la Loi sur les
impôts qui s'applique pour accorder l'avantage fiscal proprement dit.
Évidemment, comme je le disais, s'il y a des
«désenregistrements», il y a des dispositions de la loi
fiscale qui prévoient effectivement les conséquences à ce
niveau-là, au niveau des pénalités.
M. Léonard: En termes de suivi, est-ce que le ministre a
rencontré des problèmes sur les dossiers des SPEQ, par rapport
aux dispositions fiscales?
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Dans certains dossiers où on
avait des problèmes dans le passé, c'est qu'il n'y avait aucune
discrétion de donnée à la SDI si jamais, pour une raison
ou pour une autre, un enregistrement ou un placement admissible ne
répondait pas aux objectifs de la loi. Alors, c'est surtout ces
changements-là. La SDI, qu'est-ce qu'elle fait? Elle reçoit une
demande d'enregistrement, regarde les règlements, si c'est conforme,
elle dit oui et, par la suite, elle émet le certificat en fonction du
placement admissible qui donne l'avantage fiscal. Alors, vous allez voir dans
le projet de loi 410 certaines mesures qui sont introduites pour permettre une
plus grande flexibilité dans certaines décisions au niveau de la
SDI, quand il y a des demandes qui ne répondent pas aux objectifs de la
loi.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Je pourrais poser la question au ministre,
à savoir s'il y a autant de succès dans le suivi des SPEQ qu'il y
en a dans les dossiers de la SDI, comme l'a relevé le
Vérificateur général?
M. Tremblay (Outremont): Sûrement un meilleur suivi que
dans le passé. Dans le passé, on donnait l'argent et, maintenant,
on le prête, avec un taux de succès plus élevé que
si on l'avait donné. On a tout discuté de ce sujet-là
et...
M. Léonard: Non, il n'est pas discuté, justement,
M. le Président, si vous le permettez. Il n'est justement pas
discuté parce que les pertes sur créances douteuses à la
SDI, c'est quand même un coin qui n'est pas très net. Alors, quand
vous direz que, dans le temps, le gouvernement donnait de l'argent, faites
attention à vos mots, pesez-les bien parce que vous pourriez avoir des
surprises, et la population pourrait avoir des surprises à regarder vos
dossiers.
M. Tremblay (Outremont): Mais il faudrait regarder les
états financiers de la SDI. Les déclarations, les constatations
du Vérificateur général sont très bien
élaborées aux états financiers de la SDI. Ce que le
Vérificateur général a dit, c'est que la SDI aurait
intérêt à mettre en place de nouvelles mesures
d'évaluation et de suivi. Ce à quoi la SDI a répondu
favorablement, considérant que, dans la période de transition
d'une société qui était appelée à donner de
l'argent littéralement, à raison de 85 000 000 $ par
année, a été substituée une nouvelle
société qui transige avec les entreprises sur une base
d'affaires. Ça a pris un certain temps pour modifier la culture de
l'organisation. Aujourd'hui, c'est sûrement plus rentable pour le
gouvernement et moins coûteux que ça ne l'était dans le
passé. On ne peut pas faire un débat de chiffres ce soir, mais,
si jamais il fallait en faire un, je pense que ce serait facile à
démontrer.
M. Léonard: Oui, on verra ça. Sûrement qu'on
aura l'occasion d'en reparler parce que, justement, le cas n'a pas
été exposé en long et en large. Au fond, lorsqu'il y avait
des prêts faits par la SDI, auparavant, et que les banques devaient
participer à ces prêts, elles avaient comme intérêt
d'aller rechercher les sommes prêtées, ce qui n'est pas le cas
à l'heure actuelle lorsqu'on a des garanties - comme on le fait par
l'article 7, de toutes sortes de façons - qui ont pris d'ailleurs une
très grande importance dans te bilan de la SDI, on l'a vu. Alors, c'est
pour ça que je me pose des questions. Si j'étais le
ministère du Revenu et que je voyais des règlements
administrés par le ministère du ministre qui est en face, je ne
serais pas sûr de mes affaires. Je serais inquiet, et c'est là que
je m'inquiète pour le gouvernement, actuellement.
M. Tremblay (Outremont): En fait, je pense que c'est une mauvaise
compréhension de l'article 4. On n'administre pas des règlements,
on fait juste une référence à des règlements.
Le Président (M. Gauvin): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui, merci, M. le Président. Dans le
même sens que la question soulevée par mon collègue, est-ce
qu'il y a des précédents? Est-ce qu'il y a d'autres lois du
ministère de
l'Industrie et du Commerce qui prévoient des dispositions
similaires, qui permettent au ministère de l'Industrie et du Commerce
d'établir un règlement touchant une mesure fiscale? Est-ce que
ça existe outre que dans cette loi?
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): En tout cas, les sociétés
de placements dans l'entreprise québécoise existent depuis 1985
et des dispositions semblables existaient. Alors, on ne peut pas
réécrire la Loi sur les impôts ce soir.
M. Léonard: On ne demande pas au ministre de
réécrire la Loi sur les impôts.
Mme Blackburn: Surtout pas!
M. Léonard: Je conviens même qu'il aurait beaucoup
de difficultés.
Mme Blackburn: Surtout pas, c'est parce que ce n'est pas son
secteur.
M. Léonard: Bien oui!
Mme Blackburn: On ne lui en demande pas tant.
M. Léonard: Mais il a dit qu'il n'était pas
fiscaliste, de toute façon.
Mme Blackburn: II y a un ministre responsable de cette
loi-là.
M. Léonard: Je reviens à une remarque que vous avez
faite en réponse à une question que je vous ai posée. Vous
voulez que les règlements donnent plus de discrétion à la
SDI dans l'analyse des dossiers ou dans le suivi des dossiers. Je suppose qu'on
va revoir ça dans d'autres articles du projet de loi tout à
l'heure. Vous voyez que, quand vous dites que c'est juste une
référence aux règlements... Non, vous avez des
règlements, c'est ça que vous avez ici. Vous allez avoir à
les appliquer. Donc, ne me dites pas que c'est juste une
référence. C'est une référence à vos
règlements, ce n'est pas une référence aux
règlements de la Loi sur les impôts.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Je faisais allusion au projet de loi 410
qu'on va discuter tout à l'heure.
M. Léonard: Ou demain.
M. Tremblay (Outremont): Ou demain.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
M. Léonard: Écoutez, M. le Président, sur
division. Sur division, l'article 4.
Le Président (M. Gauvin): L'article 4 étant
adopté sur division, j'appelle l'article 5. M. le ministre.
Réglementation
M. Tremblay (Outremont): À l'article 5, il y a l'ajout de
deux paragraphes, 13° et 14°. Le paragraphe 13°, c'est pour
harmoniser la réglementation sur les SPEQ aux mesures permettant
à une SPEQ de renoncer, à certaines conditions et dans certaines
circonstances, à réclamer une déduction aux termes de la
Loi sur les impôts à l'égard des frais d'émission
engagés. Quant au paragraphe 14°, c'est introduit afin de permettre
au gouvernement d'adopter un règlement visant à définir
l'expression «participation additionnelle à l'égard d'un
placement admissible».
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Oui, j'ai des questions à poser au
ministre là-dessus.
Le Président (M. Gauvin): Oui.
M. Léonard: Le gouvernement a la possibilité
d'adopter des règlements pour des matières bien définies.
Puis, là, on veut modifier l'article 16 de la loi. Le nouveau paragraphe
13° est introduit afin de préciser que des règlements
pourront être adoptés afin d'harmoniser la réglementation
sur les SPEQ avec des mesures permettant à une SPEQ de renoncer,
à certaines conditions et dans certaines circonstances, à
réclamer une déduction aux termes de la Loi sur les impôts
à l'égard des frais d'émission engagés. C'est quoi
«certaines conditions et certaines circonstances»?
Le Président (M. Gauvin): M. Théberge.
M. Théberge: Cette mesure est encadrée par le
discours sur le budget où on introduit, comme je le disais tout à
l'heure, la possibilité pour une SPEQ de renoncer à des frais
d'émission, donc de perdre un bénéfice fiscal à cet
égard-là, compte tenu qu'elle n'a pas de revenus. À ce
moment-là, elle doit fournir au ministère du Revenu ce qu'on
appelle une renonciation, un formulaire de renonciation. Tout ce dont on
s'assure en introduisant l'article 16, c'est qu'on met une disposition à
l'effet que, dans le cas d'une société qui a
procédé à un appel public à l'épargne par
voie de prospectus ou de notice d'offre, donc une émission publique,
elle doit simplement transmettre à la SDI une copie - je dis bien une
copie - du formulaire qui a été produit au ministère du
Revenu. C'est simplement
pour s'assurer que la SDI, qui est quand même chargée
d'émettre les relevés 7 aux investisseurs, transmet aux
investisseurs l'information complète en tenant compte justement de cette
renonciation par une SPEQ à la déduction pour ces frais
d'émission. Encore une fois, toutes les dispositions relatives à
cette renonciation-là sont prévues par la Loi sur les
impôts, plus précisément dans le projet de loi 407 aux
articles 31.5 et 34.2, si je ne m'abuse, 965.31.2 et 965.34.5, et ce sont ces
dispositions-là qui s'appliquent au niveau fiscal. Tout ce qu'on fait
ici, c'est que l'information est retransmise, la même information est
transmise à la SDI pour s'assurer que celle-ci puisse émettre les
relevés fiscaux, les relevés 7 appropriés aux
actionnaires.
Quand on réfère au concept «dans certaines
conditions et en certaines circonstances», c'est simplement dans le cas
d'un appel public à l'épargne, par voie de notice d'offre ou par
voie de prospectus, évidemment, pour circonscrire la possibilité
à ces seules situations là, telles que dénoncées et
annoncées dans le cadre du discours sur le budget. (21 heures)
M. Léonard: Mais pourquoi on ne dit pas tel quel, dans
l'article de loi, que la SPEQ qui renonce doit fournir le renseignement
à l'impôt ou doit... Pourquoi maintenant on en vient à un
règlement?
Le Président (M. Gauvin): M. Théberge.
M. Théberge: M. le député de Labelle, c'est
que la plupart des dispositions relatives à la transmission de rapports,
aux informations qu'on doit transmettre à la SDI sont déjà
contenues dans les règlements sur les SPEQ aux articles 1, 2, 2.1, 2.2,
dans les règlements sur les SPEQ. On n'est pas pour réinventer la
roue et faire en sorte qu'aujourd'hui, par la loi, on précise, on mette
des règles administratives dans la loi, alors que les autres sont
déjà toutes prévues par règlement. Alors, c'est
simplement ça qu'on fait, on ajoute une disposition qui permet à
la SDI d'exiger certaines informations à l'égard de cette
renonciation aux frais d'émission, tout simplement.
M. Léonard: Et le formulaire est établi
conjointement avec le ministère du Revenu?
M. Théberge: II n'est même pas établi
conjointement, le formulaire est de la Loi sur le ministère du Revenu,
c'est le ministère du Revenu qui établit la forme de renonciation
et tout ce qu'on demande, c'est qu'une copie de ce formulaire-là soit
transmise à la SDI. Parce que, évidemment...
M. Léonard: Ce n'est pas tout à fait ça qui
est écrit dans l'article. On dit: «...déterminer les
renseignements». On ne dit pas que c'est le formulaire du
ministère du Revenu. Ce n'est pas «déterminer les
renseignements» déterminés par le ministère du
Revenu.
M. Théberge: Écoutez, «déterminer les
renseignements qu'une société doit fournir». Le projet de
règlement, tout ce qu'il prévoit à l'heure actuelle, c'est
de faire en sorte qu'une copie du formulaire soit transmise à la SDI
à certains...
M. Léonard: Est-ce que le règlement a
déjà été modifié actuellement?
M. Théberge: Un projet a été
préparé.
M. Léonard: II y a un projet qui a été
préparé?
M. Théberge: Oui.
M. Léonard: Parce que le discours sur le budget a eu lieu
le 2 mai dernier. Donc, ça fart déjà... Ça fait
quoi? Neuf mois là.
M. Tremblay (Outremont): Si vous le voulez, on n'a pas
d'objection à vous le donner.
M. Léonard: Tous les règlements découlant de
la loi 409?
M. Tremblay (Outremont): Ils sont prêts.
M. Léonard: S'ils sont prêts, ah bien! oui, je veux
les voir.
Le Président (M. Gauvin): Oui, M. Théberge.
M. Théberge: Ce sont évidemment des documents sous
forme de projet. Je n'ai pas d'objection.
M. Léonard: C'est-à-dire que c'est des projets qui
sont déjà en application, compte tenu que le discours sur le
budget a déjà été prononcé. Vous l'appliquez
ou vous ne l'appliquez pas, au ministère?
Le Président (M. Gauvin): M. Théberge.
M. Théberge: Ce sont des mesures qui sont effectives
à compter de la date du discours sur le budget. Donc, effectivement,
c'est applicable depuis le mois de mai 1991.
M. Léonard: Le lendemain du discours sur le budget.
M. Théberge: Le 3 mai 1991, effectivement. À
l'égard des émissions publiques qui ont eu lieu depuis ce
temps-là.
M. Léonard: Alors, le règlement est en
vigueur, en quelque sorte, parce que vous n'avez pas émis des
permis, au terme du discours sur le budget, sans règlement, sur les
nouvelles SPEQ? Il y en a qui ont été financées à
50 000 $ déjà depuis le 3 mai 1991, des SPEQ?
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): En fait, il y a eu 13 émissions
publiques qui ont donné lieu à des clôtures totalisant 18
000 000 $, basées sur la déclaration ministérielle, au
niveau du discours sur le budget, effective le 3 mai 1991. On a toujours
fonctionné de cette façon-là, avec des règlements.
Moi, je peux les rendre disponibles. Je n'ai aucun problème.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que le projet de
règlement ou...
M. Léonard: Je ne veux pas impatienter le ministre. Je
sais que, lorsque le budget est prononcé, ça a force de loi,
ça s'applique immédiatement. Il reste quand même que,
lorsqu'on émet un permis, même au terme du discours sur le budget,
il y a quand même une réglementation minimale qui s'applique.
Peut-être que les règlements ne sont pas définitifs, mais
le projet qui est là s'applique. C'est, en fait, les vrais
règlements qui sont là, même s'ils n'ont pas encore
été sanctionnés. On a déjà adopté,
l'an dernier, des projets de loi concernant le ministère du Revenu qui
s'appliquaient depuis un discours sur le budget, je pense, en 1987. Je
comprends ça.
Dépôt du projet de
règlement
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre, vous
déposez le projet de règlement pour distribution aux membres de
la commission. Donc, est-ce que l'article, M. le député de
Labelle...
M. Léonard: J'ai encore des questions.
Le Président (M. Gauvin): Oui.
M. Léonard: La définition de la participation
additionnelle à l'égard d'un placement admissible, je suppose
qu'on l'a ici, là-dedans.
M. Tremblay (Outremont): Oui.
Le Président (M. Gauvin): M. Théberge.
M. Théberge: Vous la retrouvez, M. le député
de Labelle, à l'article 2 qui introduit un troisième
alinéa à l'article 13 du règlement qui se
réfère à cette notion-là. Comme vous le voyez,
ça se réfère simplement au paragraphe b.2 de l'article
965.29 de la Loi sur les impôts, telle que modifiée par l'article
139 du projet de loi 407.
M. Léonard: Bon. Ça, c'est le règlement
adopté par arrêté en conseil.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que l'article 5 est
adopté?
M. Léonard: J'ai une autre question, M. le
Président.
Le Président (M. Gauvin): Oui, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: L'article 16.8, l'article de la loi telle
quelle à l'heure actuelle, «déterminer les régions
admissibles». Sur quelle base déterminez-vous les régions
admissibles?
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): À l'annexe II, les régions
admissibles sont les régions administratives suivantes décrites
au décret 2000-87 du 22 décembre 1987, modifié par le
décret 1399-88 du 14 septembre 1988, concernant la révision des
limites des régions administratives. Si on regarde le dernier discours
sur le budget, on a élargi certaines régions.
Le Président (M. Gauvin): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Non, ça va, M. le Président.
M. Léonard: Vous avez pris comme base les régions
administratives.
M. Tremblay (Outremont): Non. Bien, en fait, il y en a qui font
partie de «régions admissibles», mais l'article 16.8°,
tout ce que ça donne, c'est le pouvoir de déterminer les
régions admissibles. Mais, en ce qui concerne les critères d'une
région admissible, c'est dans le discours sur le budget, si le ministre
des Finances veut rendre ou élargir les dépenses admissibles. Il
n'y a pas de critères comme tels.
M. Léonard: Aucun critère pour déterminer
les régions admissibles. Par exemple, le rapport du Conseil des affaires
sociales qui donnait des régions, là, c'était sur la base
des MRC. Il classifiait les MRC selon le revenu, l'indice de richesse en
particulier. Est-ce que, ça, c'est susceptible d'intervenir dans la
détermination des régions admissibles pour les SPEQ?
M. Tremblay (Outremont): Pas au niveau de la
Société de développement industriel du Québec. Ce
sera une décision prise par le gouvernement, dans le contexte d'un
discours sur le budget. Et, dans ce contexte-là, si on regarde
l'élargissement au niveau de certaines régions admissibles
lors du dernier budget, c'était, entre autres - pas uniquement - sur les
critères que vous avez mentionnés, sur la richesse de
différentes régions et également les problèmes au
niveau du développement économique. On parle de L'Islet, de
Montmagny et des Etchemins.
M. Léonard: Oui, mais L'Islet, Montmagny et les Etchemins,
là, il s'agit de MRC. Au fond, vous raffinez selon, je suppose, l'indice
de richesse. J'imagine que ce sont des critères comme ceux-là, je
suppose. Loin de moi la pensée qu'il y en aurait d'autres que ces
critères-là. Ce seraient des critères objectifs.
M. Tremblay (Outremont): C'est au niveau du ministère des
Finances, ce n'est pas la SDI.
M. Léonard: Vous n'êtes pas consulté
là-dessus?
M. Tremblay (Outremont): Non, pas la SDI.
M. Léonard: Et le ministre de l'Industrie et du Commerce,
lui?
M. Tremblay (Outremont): On peut avoir été
consulté.
M. Léonard: II faut vous tirer les vers du nez, vraiment,
là, pas à pas.
M. Tremblay (Outremont): Ha, ha, ha!
M. Léonard: Je pense que ce qu'il faut considérer,
c'est que, quand vous prenez une grande région comme principe, à
mon sens, il y a des problèmes là-dedans. Je crois que ce n'est
pas tout égal dans chacune des régions administratives. Il y a
des villes pôles, centrales, qui sont généralement bien
dotées, et le reste est généralement plus pauvre. Donc,
d'un point de vue, maintenant, gouvernemental, à moyen ou à long
terme, est-ce qu'on n'a pas intérêt ou avantage à utiliser
des territoires de MRC plutôt que tout autre critère de
désignation de région? Remarquez que ça se fait, c'est
très facile. En termes informatiques, aujourd'hui, qu'il y en ait 35 au
lieu de 15 régions administratives, ou 10 sur 15, c'est pareil. Mais ce
serait beaucoup plus fin comme dispositif.
M. Tremblay (Outremont): Alors, je vais sûrement noter les
représentations qui me sont faites et je vais en informer le ministre
des
Finances parce que, dans le fond, c'est le ministère des Finances
qui prend cette décision-là.
M. Léonard: Je perçois l'ironie du ministre quand
il répond de cette façon. Mais je voudrais simplement attirer son
attention, que ça peut être plus sérieux qu'il ne pense,
une remarque comme celle que je fais.
M. Tremblay (Outremont): Non, mais je ne vois pas d'ironie dans
ce que je viens de dire, du tout. Et, si jamais c'est plus sérieux et
que le député de Labelle a de l'information pertinente à
donner, moi, je suis bien d'accord pour l'écouter.
M. Léonard: Ah! ça, c'est votre réponse
passe-partout.
M. Tremblay (Outremont): Non, mais je suis bien d'accord pour
l'écouter, sauf que je n'entends rien que des soupçons qu'il y
aurait peut-être des choses plus sérieuses qu'on pense. Moi, en
tant que ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, je serais
bien intéressé à ce qu'on me donne de l'information
additionnelle sur les décisions qui peuvent avoir été
prises.
M. Léonard: Alors, puisque, peut-être, vous avez
été consulté sur la région L'Islet, Montmagny et...
Témiscouata? Kamouraska?
Des voix: Les Etchemins.
M. Léonard: Les Etchemins. Quels ont été les
critères utilisés pour désigner ces régions?
M. Tremblay (Outremont): Je pense qu'il faudrait demander... Je
n'ai jamais dit... En fait, d'après le député responsable
de Montmagny, ce sont les neuvième, dixième et onzième les
plus pauvres au Québec.
M. Léonard: Est-ce qu'il y a des raisons
particulières, à part cette raison-là? Il faudrait
regarder si, à partir des neuvième et huitième, en
montant, il y en a d'autres qui n'ont pas été admises ici. Est-ce
qu'il y a d'autres raisons particulières qui font qu'on aurait dû
les inscrire?
M. Tremblay (Outremont): Je peux vérifier avec le
ministère des Finances et vous revenir avec la réponse demain. Je
peux vérifier ça. Je n'ai pas la réponse.
M. Léonard: Bon. Le ministre n'a pas de
réponse.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que l'article 5 est
adopté?
M. Léonard: Je ne sais pas. Est-ce qu'on le suspend? En
fait...
Le Président (M. Gauvin): C'est-à-dire...
M. Léonard: ...on peut bien l'adopter. Mais est-ce qu'on
prend la parole du ministre qu'il va nous revenir avec des explications
là-dessus?
Le Président (M. Gauvin): Donc, ce que je retiens, c'est
que M. le ministre propose à la commission d'ajouter de l'information
à la séance de demain, s'il y a lieu. Je répète ma
question, je reviens: Est-ce que l'article 5 est adopté, sujet à
l'information?
M. Léonard: Juste un instant.
Mme Blackburn: J'ai une question. On est passé un peu,
mais, quand même, j'aimerais voir...
Le Président (M. Gauvin): Mme la députée de
Chicoutimi, oui.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. En faisant passer de
100 000 $ à 50 000 $ la contribution admissible, les placements
admissibles, est-ce que le ministre a évalué l'effet que
ça aurait sur les contributions? Est-ce que ça va augmenter la
croissance des SPEQ? Est-ce qu'on va en connaître plus? Est-ce que cette
évaluation-là a été faite? Est-ce qu'on est en
mesure de dire, sur la base de celles qu'on a dû refuser parce que
c'était 100 000 $ qui étaient exigés: Dorénavant,
on pense pouvoir en créer 10 %, 15 %ou20 % de plus?
M. Tremblay (Outremont): En fait, la raison de passer de 100 000
$ à 50 000 $, ça permet la création de plus petites
sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise, donc de favoriser le démarrage de plus petites
sociétés. Et ça a sûrement eu un certain effet parce
que le nombre de SPEQ enregistrées en 1990, il y en avait 44 et, en
1991, il y en a eu 64. (21 h 15)
Mme Blackburn: Vous estimez, sur la base des
établissements qui ont été faits, que c'est à cause
de cette modification qu'on a connu une croissance de 24 % ou de 50 %?
M. Tremblay (Outremont): Entre autres, oui, pas uniquement. Je
pourrais faire ventiler...
Mme Blackburn: Oui, ce serait intéressant de voir l'effet
réel là-dessus.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): L'information qu'on me donne pour
l'année 1991: c'est validé maintenant en fonction du placement et
tous les placements n'ont pas été validés encore. Donc,
cette information ne serait peut-être pas disponible dans les jours ou
les semaines qui viennent, mais je peux donner cette information à
l'Opposition dans les plus brefs délais lorsqu'elle sera disponible. Je
n'ai pas d'objection.
M. Léonard: Je reviens sur les régions
admissibles.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Quelle est la raison... Par exemple,
Montmagny, c'est quand même une région apparemment
prospère. C'est là où il y a
Sainte-Anne-de-la-Pocatière, Bombardier; il y a des investissements
majeurs dans le coin. Alors, quand on donne ça, il me semble qu'il doit
y avoir des critères objectifs pour désigner des
régions.
M. Tremblay (Outremont): Je peux juste répéter ce
que j'ai mentionné. Ce n'est pas que je ne veux pas donner
l'information. Je vais demander au ministre des Finances et on va vous revenir
avec l'information demain sur les trois régions, s'il y a eu des
critères pour en arriver à cette conclusion.
M. Léonard: M. le Président, est-ce que je peux
faire remarquer au ministre que c'est lui qui est responsable de l'application
de ces règlements? Le point 8° de l'article 16 - le point 8°,
c'est ça - c'est dans sa loi. Il y a des régions admissibles et
il détermine les régions admissibles. C'est son règlement.
Le gouvernement fait des règlements. C'est lui qui est responsable de
les administrer et il me dit qu'il ne sait pas pourquoi: II faut que je demande
au ministre des Finances. Il me semble qu'il doit savoir pourquoi.
Tout à l'heure, on m'expliquait que tout le monde s'entendait
comme copains ou larrons en foire entre le ministère du Revenu et le
ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie. Dans le cas
ici, le ministre qui est responsable, cette fois, lui-même de
l'application de son règlement doit avoir une réponse. Il me
semble qu'il faut qu'il en ait une réponse. Les régions
admissibles; moi, je ne pense pas qu'un ministre d'ailleurs vienne jouer dans
les règlements qui relèvent du ministre de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie pour désigner les régions. Je
comprends que ça a été dit dans le discours sur le budget.
Mais, si nous sommes aujourd'hui ici pour adopter le projet de loi 409, c'est
pour mettre en application le discours sur le budget. Donc, vous êtes au
courant. Vous apportez un projet de loi. Alors, si le ministre des Finances a
écrit et dit dans son discours sur le budget qu'il affectait trois
régions, il doit avoir des raisons. C'est votre règlement. Vous
êtes responsable. Alors, vous devez avoir la réponse. Ou je
suppose qu'il vous a passé le contraire d'un sapin là,
mais...
M. Tremblay (Outremont): Je ne pense pas, lorsqu'on
élargit les régions admissibles pour contribuer au
développement économique du Québec, qu'on me passe un
sapin. Tout ce que je dis, c'est que je veux demander...
M. Léonard: Je n'ai pas dit ça du tout.
M. Tremblay (Outremont): Bien oui! On me parle de sapin,
là. On n'est pas en hiver.
M. Léonard: Au contraire. C'est le contraire que je veux
dire.
M. Tremblay (Outremont): Je vais demander au ministre des
Finances demain les critères qui ont justifié son choix de ces
trois régions-là et je vais vous revenir. On peut continuer
à poser la question 22 000 fois - ça fait trois fois - je vous
dis que vous allez avoir la réponse demain.
M. Léonard: C'est vous qui déterminez les
régions admissibles. Ce n'est pas le ministre des Finances.
M. Tremblay (Outremont): Non, ce n'est pas moi qui
détermine les régions admissibles, je n'ai jamais
déterminé des régions admissibles. Bon! C'est fait dans le
discours sur le budget et le discours sur le budget, c'est la
responsabilité du ministre des Finances. Bon! C'est de même que
ça fonctionne. Je ne peux pas dire que c'est moi qui décide d'une
région admissible.
M. Léonard: Depuis le temps que le discours sur le budget
a été prononcé, le 2 mai 1991, vous devriez pouvoir
répondre à cette question-là. On vient d'élargir
l'application de la loi des SPEQ à trois régions. Je n'en
disconviens pas, tant mieux si elles le font, si ça suscite des
investissements, on en a drôlement besoin par les temps qui courent avec
l'état de l'économie. Mais je pose la question parce qu'à
mon sens il y a peut-être d'autres régions au Québec qui
seraient susceptibles de faire partie de ces régions admissibles et qui
n'en font pas partie.
M. Tremblay (Outremont): C'est possible. Je ne dis pas non, c'est
possible.
M. Léonard: Mais vous ne le savez pas?
M. Tremblay (Outremont): Ce que je dis, c'est que c'est le
ministre des Finances qui décide dans le discours sur le budget. Alors,
je vais lui poser la question pour savoir quels critères il a
utilisés pour désigner ces trois régions.
Le Président (M. Gauvin): Toujours dans le cadre du...
M. Léonard: Moi, je lis le projet de loi et c'est le
ministre de l'Industrie et du Commerce, responsable de l'application de la Loi
sur les SPEQ, qui détermine les régions admissibles et non pas le
ministre des Finances. Alors, moi, je lis la loi.
Le Président (M. Gauvin): J'aimerais vous rappeler qu'on
est à débattre une partie de l'article 6, à ce qu'on
m'informe. J'aimerais reposer la question: Est-ce que l'article 5 est
adopté?
M. Léonard: Alors, il n'y a pas d'autre réponse de
la part du ministre.
M. Tremblay (Outremont): II y a des règlements qui sont
mis en application parce qu'il y a eu un discours sur le budget, parce que le
ministre des Finances s'est levé en Chambre et a rendu des
régions admissibles, ou des placements admissibles, ou des entreprises
admissibles. Ça a toujours fonctionné comme ça. C'est le
ministre qui se lève, qui fait une déclaration dans le discours
sur le budget et dit: Voilà... Et nous, la SDI, tout ce qu'on fait, on
passe un règlement qui vient confirmer la décision qui a
été prononcée par le ministre des Finances dans le
discours sur le budget.
Le Président (M. Gauvin): Mme la députée
de...
M. Léonard: M. le Président, j'écoute le
ministre, je pense comprendre ce qu'il dit, il reste que sa réponse,
ça ne va pas très loin parce que, au fond, depuis le 2 mai 1991,
il aurait pu aussi poser la question au ministre des Finances - pourquoi il lui
a désigné trois régions? - pour qu'il l'applique dans sa
loi. Il doit avoir une réponse. C'est lui qui répond, ici, de
l'application de la Loi sur les SPEQ. Alors, moi, je trouve que... Là, H
nous renvoie au ministre des Finances neuf mois après le prononcé
du discours sur le budget.
M. Tremblay (Outremont): II me semble que vous auriez pu
poser...
M. Léonard: Alors, vous ne le savez pas, vous ne le savez
pas. Je comprends. Vous ne le savez pas.
M. Tremblay (Outremont): Même à ça, il me
semble que vous auriez pu poser la question le lendemain du discours sur le
budget. Vous êtes le critique du ministre des Finances. Alors, vous
auriez dû lui poser la question: Comment ça se fait? Il y a eu des
commissions parlementaires, il y a tout eu. Alors, vous auriez dû lui
poser la question: Comment ça se fait, ces trois
compagnies-là...
M. Léonard: Un instant! M. le Président...
M. Tremblay (Outremont): ...ces trois secteurs-là?
M. Léonard: ...je reviendrai. C'est parce que c'est sa
loi, son règlement et ses régions. C'est
lui qui est le ministre, ce n'est pas moi, ici. C'est lui qui est le
ministre. Qu'il réponde à la question.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Labelle, j'aimerais permettre à Mme la députée de
Chicoutimi de poser une question.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Il ne faudrait pas
nous prendre pour des naïfs. Quand le ministre répond comme
ça, ça ne va pas très loin pour une raison
extrêmement simple. Je vois mal le ministre des Finances se promener dans
les garderies pour commencer à décider de la politique des
garderies et des déductions fiscales qui seront accordées aux
parents qui vont mettre les enfants dans les garderies. J'imagine et je
présume qu'il y a...
M. Tremblay (Outremont): C'est lui qui fait ça.
Mme Blackburn: II le fait, tl le fait après consultation
avec les milieux concernés, et j'imagine difficilement qu'il le fasse
comme ça, d'autorité, sans consulter. Et, si le ministre n'est
pas consulté quant aux régions désignées, il faut
s'en inquiéter parce que c'est lui qui fait le développement
économique. C'est lui qui est supposé supporter les mesures de
développement économique. Et pourquoi est-ce que...
M. Tremblay (Outremont): II a peut-être consulté
l'Office de planification et de développement du Québec. Il a
peut-être, vous savez... Non, non.
Mme Blackburn: Vous permettez que je termine. Pourquoi est-ce que
la région de Grand-Mère, par exemple, de
Shawinigan-Grand-Mère, qui connaît des difficultés
économiques depuis déjà quasiment au moins une dizaine
d'années - La Tuque - on ne la retrouve pas là-dedans? Ce n'est
pas le Saguenay, le Lac-Saint-Jean, ils sont là-dedans. Je dirais
quasiment malheureusement, parce que ce n'est pas un signe de santé
quand vous êtes là-dedans. Mais il y a des régions qui ne
sont pas en bonne santé et qu'on ne retrouve pas là-dedans et je
me dis: Si le ministre ne prend pas ses responsabilités, c'est nous
prendre un peu pour des imbéciles que de nous dire: Je n'ai rien
à voir là-dedans. Ça n'a pas de bon sens. S'il n'a rien
à voir, il faudrait qu'il s'en occupe.
M. Tremblay (Outremont): Ce n'est pas moi qui l'ai dit.
Mme Blackburn: Et peut-être qu'on pourrait plaider en
faveur des autres régions qui auraient vraiment besoin...
M. Tremblay (Outremont): Certainement.
Mme Blackburn: ...d'un soutien similaire, et je pense à la
grande région de Trois-Rivières.
M. Tremblay (Outremont): Je suis prêt à recevoir
toutes les représentations à l'effet que peut-être que
d'autres régions...
M. Léonard: Bien, si ce n'est pas vous, si c'est le
ministre des Finances qui décide, qu'est-ce que ça donne?
M. Tremblay (Outremont): Je pourrais faire des
représentations en votre nom. Ça va me faire plaisir de les
faire, mais c'est le ministre des Finances qui va décider par la
suite.
Mme Blackburn: Si vous nous dites que ça va plus vite
d'aller au ministre des Finances, moi, j'irai au ministre des Finances tout de
suite.
Le Président (M. Gauvin): Non, mais il faudrait
s'entendre. Je pense que je vous ai permis librement de questionner. Il
faudrait permettre aussi au ministre de compléter ses réponses.
Et, moi, je reviens avec la même question, si vous me le permettez, M. le
député de Labelle. J'aimerais vérifier auprès de
vous si l'article 5 est adopté parce que, là, on m'informe qu'on
débat surtout l'article 6. Tout simplement pour clarifier des...
M. Léonard: L'article 6? On est à l'article 5.
Le Président (M. Gauvin): Bien, une partie de...
M. Léonard: Non. C'est parce qu'un des
éléments les plus importants, je dirais cruciaux, lorsqu'il
s'agit de faire du développement économique, c'est lorsqu'on
détermine des régions comme celles-là. La question que je
pose, c'est une question correcte que je pose: Quels sont les critères
qui font qu'il y a des régions admissibles et d'autres qui ne le sont
pas? Alors, le président, tout à l'heure, lui a soufflé la
réponse que c'était l'indice de richesse de ces régions.
Je demande à voir. Peut-être qu'elles sont très faibles sur
le plan financier. J'ai simplement souligné le fait qu'autour de
Sainte-Anne-de-la-Pocatière, qui est l'une des trois régions
admissibles, il y a quand même du développement économique
majeur et une grande entreprise. Montmagny, ça va,
généralement, à première vue.
J'ai demandé au ministre quels étaient les critères
pour désigner les régions admissibles. Il me dit que ce n'est pas
lui, c'est le ministre des Finances qui a décidé. Mais, depuis le
2 mai, je trouve qu'il aurait eu l'occasion de se renseigner comme ministre
responsable de l'application de la loi et de ses règlements. C'est
la
moindre des choses. Je ne pose pas une question complètement
farfelue. C'est ce que tout le monde se pose en lisant ça, c'est la
première occasion que j'ai de poser la question au ministre responsable
de la loi et des règlements.
Alors, je veux bien que la décision soit rendue par le ministre
des Finances le soir du discours sur le budget parce que c'est important de
savoir, ne serait-ce qu'en termes de mouvement de capital, à un moment
donné, de fixer une date ou une heure précise de l'application
d'une décision gouvernementale. C'est à ça que sert un
discours sur le budget. Très bien. Je comprends. Mais, depuis le 2 mai,
neuf mois après, le ministre responsable de la loi, de l'application des
règlements, doit répondre à la question. Moi, je dis:
Quels sont ses critères? S'il ne veut pas mettre «ses»,
qu'il mette «ces», parce qu'ils appartiennent au gouvernement ces
critères. Ils appartiennent au gouvernement. Alors, moi, je trouve qu'il
doit y avoir une réponse. C'est une réponse qu'on veut
là-dessus. Je trouve que ça en mérite une.
M. Tremblay (Outremont): Je n'ai jamais questionné le
droit de poser cette question. Vous avez le droit de la poser. Tout ce que je
questionne, c'est de me la poser cinq fois quand je vous dis que je vais
vérifier et que je vais vous revenir avec la réponse demain.
C'est juste ça que je dis. Alors, passons à autre chose et je
vous donnerai la réponse.
M. Léonard: Un instant. Vous n'en avez pas de
critères. Vous-même, vous n'en avez pas de critères. Comme
ministre, vous n'avez pas de critères.
M. Tremblay (Outremorrt): Ça fait cinq fois que je
réponds à la même question. Je vous ai dit que c'est une
décision qui a été prise par le ministre des Finances et
je vais lui demander en fonction de quels critères. Donc, on doit en
déduire que je n'ai pas de critères parce que ce n'est pas ma
décision.
M. Léonard: Alors, c'est discrétionnaire.
M. Tremblay (Outremont): Je n'ai pas dit ça. Demain, je
reviendrai avec les critères du ministre des Finances lorsqu'il a
désigné ces trois régions.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que l'article 5 est
adopté?
M. Léonard: Sous bénéfice d'inventaire, M.
le Président.
Le Président (M. Gauvin): Adopté. L'article 5
étant adopté, j'appelle l'article 6. M. le ministre.
M. Tremblay (Outremorrt): Je pense que l'explication c'est pour
permettre au gouvernement d'adopter, d'ici le 30 septembre 1992, les
règlements sur certaines matières qui vont s'appliquer à
compter de toute date non antérieure au 3 mai 1991.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Première question: Pourquoi le 30
septembre 1992?
M. Tremblay (Outremorrt): Parce que la 407 va être
adoptée. C'est ça?
Le Président (M. Gauvin): M. Théberge.
M. Théberge: C'est qu'il faut effectivement prévoir
le délai pour que le projet de loi 409 soit adopté, par la suite,
pour qu'on puisse adopter les règlements, et qu'il y ait publication,
ainsi de suite, de façon à ce que, effectivement, les
règlements qui seront pris avant le 30 septembre 1992 soient en
application, ce qui donne un délai de six à huit mois.
M. Léonard: Le projet qu'on a vu tout à l'heure, il
n'est pas prêt pour...
M. Théberge: Oui. Mais il ne pourra être
évidemment déposé que suite à l'adoption du projet
de loi 407 et à sa sanction au début de la prochaine session. Par
la suite, il sera déposé et il suivra son cours selon,
évidemment, la procédure habituelle.
M. Léonard: II est déjà écrit.
M. Théberge: Oui. On est en avance, cette
année.
M. Léonard: En tout cas, d'ici le 30 septembre 1992.
Ça vous donne de la marge, mais, enfin. Bon.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que l'article...
M. Léonard: Le ministre dit qu'il est rapide. Il se donne
beaucoup de marge. Je vois que - un instant - dans les règlements qui
seront pris en application des paragraphes 4°, 8°, 13° et 14°
de l'article 16, il y aura un règlement sur la détermination des
régions admissibles. Est-ce que celui-là est écrit?
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremorrt): Vous l'avez, là. C'est pour
faire suite au discours sur le budget qui a déclaré les trois
régions que vous avez mentionnées tout à l'heure.
M. Léonard: Oui, un instant. Un règlement en
application du paragraphe 8°. Il y a un règlement qui découle
du paragraphe 8°. Alors, ça, c'est un projet... Un instant. Non.
Le Président (M. Gauvin): M. Théberge. M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Donc, il y a une modification au
règlement.
M. Théberge: À la deuxième page du projet de
règlement que vous avez, on introduit, par l'article 4, une modification
à l'annexe II du règlement qui définit quelles sont les
régions admissibles et c'est par cette disposition-là, par ce
règlement-là qu'on vient introduire les régions, les
municipalités régionales de comté de L'Islet, Montmagny et
des Etchemins. Ce pouvoir réglementaire là est pris aux termes du
paragraphe 4° de l'article 16 de la loi telle qu'elle existait avant.
M. Léonard: Oui, au fond, c'est juste la liste des
régions. Ça ne donne pas les critères.
M. Théberge: Effectivement, ça donne la liste des
régions comme ça le faisait avant. Disons que l'annexe II
définit les régions admissibles et on ajoute à cette
liste-là les trois régions admissibles qui ont été
annoncées dans le cadre des mesures budgétaires du 2 mai
1991.
M. Léonard: En tout cas, à la lecture même du
règlement, il s'agit donc d'une décision, d'un geste strictement
discrétionnaire du gouvernement, désigner une région.
Parce que, ici, l'annexe II donne juste la région, effectivement.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Mais c'est parce que, là, c'est
la sixième fois. C'est la sixième fois qu'on me pose la
même question. Je vais demander au ministre des Finances quels sont les
critères et je vais vous revenir demain. Je vais vous les donner, les
critères. Et, si jamais il n'y en a pas, de critères, vous en
arriverez à la conclusion que c'est un pouvoir
discrétionnaire.
M. Léonard: Sûrement, M. le Président, que le
ministre, après s'être confessé comme ça six fois,
aura encore plus d'indulgence.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Labelle, est-ce que l'article 6 est adopté?
M. Léonard: Parce que c'est une admission grave qu'il fait
si, neuf mois après une désignation de régions, il n'a pas
encore de réponse à une question que tout le monde se pose
d'emblée en écoutant le ministre des Finances. Pourquoi ces trois
régions-là? Qu'est-ce qui se passe là?
Pourquoi pas d'autres? C'est ça aussi.
M. Tremblay (Outremont): II me semble que la personne...
M. Léonard: Moi, je suis content pour les gens de
Montmagny.
M. Tremblay (Outremont): II me semble que j'ai...
M. Léonard: Très bien. Mais les autres? O.K.
Sixième fois.
M. Tremblay (Outremont): Non, mais j'ai assisté
attentivement à la critique de l'Opposition au discours sur le budget et
je n'ai pas entendu le critique poser la question à savoir pourquoi ces
trois régions-là et pas d'autres régions.
M. Léonard: M. le Président, alors je peux lui
refaire mon discours de critique sur le budget. Je pense qu'il va comprendre
les autres matières très graves qu'il y avait et que j'ai
soulignées, comme l'augmentation des taxes générale qui
affecte des régions encore plus pauvres que celles
désignées. Et il ne sait pas, lui, pourquoi d'autres ne sont pas
désignées. Parce qu'on pourrait poser à l'inverse la
question: Pourquoi d'autres régions ne sont pas désignées?
Effectivement.
Le Président (M. Gauvin): Je reviens finalement à
la question à savoir: Est-ce que l'article 6 est adopté?
L'article 6 est adopté, M. le député Labelle?
M. Léonard: Ça va.
Le Président (M. Gauvin): Adopté. J'appelle
l'article 7, M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Alors, c'est la prise d'effet de
certaines dispositions de la présente loi, que les articles 1 à 4
ont effet depuis le 3 mai 1991.
Le Président (M. Gauvin): L'article 7 est
adopté.
M. Léonard: Oui, il n'y a pas d'effet rétroactif ou
de cause en suspens là-dedans. Ça donne application au discours
sur le budget. Adopté.
Le Président (M. Gauvin): L'article 8. Je pense
qu'il...
M. Tremblay (Outremont): II est pas mal standard là.
Le Président (M. Gauvin): C'est ça, on le retrouve
dans la plupart des projets de loi.
M. Léonard: Non, mais, M. le Président, je ne peux
pas m'empêcher de noter que peut-être le ministre va aller voir le
ministre des Finances pour lui demander d'inscrire la date. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gauvin): L'article 8 est
adopté?
M. Léonard: Oui, adopté.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que le titre du projet de
loi que je vais vous lire, Loi modifiant la Loi sur les sociétés
de placements dans l'entreprise québécoise, est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que l'ensemble du projet
de loi est adopté?
Des voix: Adopté.
M. Léonard: Sur division. Les pouvoirs de
réglementation, on y reviendra.
Le Président (M. Gauvin): Sur division. L'ensemble du
projet de loi est adopté sur division. Donc, ceci met fin au premier
mandat de la commission. Le deuxième mandat...
M. Léonard: II y a des dispositions du projet de loi 407
là-dedans qui sont en train d'être examinées.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce qu'on pourrait suspendre
juste une demi-minute, s'il vous plaît? Je suspends les travaux pour
reprendre ensuite.
(Suspension de la séance à 21 h 36) (Reprise à 21 h
37)
M. Tremblay (Outremont): Je n'ai pas d'objection à
remettre la discussion du projet de loi 410 à demain pour qu'on le voit
dans son ensemble lors de la prochaine commission.
M. Léonard: Ah! ce n'est pas une condition de suspension
là.
Le Président (M. Gauvin): C'est-à-dire, moi, je me
prépare. Le mandat de la commission est d'appeler le projet de loi
410.
M. Léonard: II est de l'appeler. C'est parce que, si on ne
finissait pas... On n'est pas obligés de finir. C'est ça, c'est
juste ça. Si on a fini, très bien, pas de problème.
M. Tremblay (Outremont): Mais, dans le meilleur
intérêt des PME québécoises, on va avoir fini.
M. Léonard: Oui, on peut avoir fini. Il faut
étudier les projets de loi comme il faut.
M. Tremblay (Outremont): Oui, c'est vrai.
M. Léonard: De toute façon, cela s'applique
dès maintenant puisqu'il s'agit de mise en force du discours sur le
budget. Encore faut-il que les lois soient bien rédigées.
Ça vous évitera de mettre des placements admissibles hors des
régions admissibles.
M. Tremblay (Outremont): Si jamais vous avez des suggestions
constructives à faire pour améliorer le projet de loi, ça
nous fera plaisir de les considérer.
M. Léonard: Nous aurons toujours des suggestions
constructives, mais, vous aussi, faites un effort constructif.
Le Président (M. Gauvin): Donc, nous allons ajourner nos
travaux à demain, 14 h 30.
(Fin de la séance à 21 h 38)