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(Vingt heures quatre minutes)
Le Président (M. Bélanger): La commission de
l'économie et du travail est réunie ce soir pour procéder
à l'étude détaillée du projet de loi 168,
c'est-à-dire la Loi modifiant la Loi sur les forêts. Alors, sur
ce, M. le ministre, je vous inviterais... D'abord, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Non? Parfait! Alors, M.
le ministre, vos remarques préliminaires, s'il vous plaît.
Remarques préliminaires M. Albert
Côté
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je n'ai pas
beaucoup de remarques préliminaires, sauf que...
Le Président (M. Bélanger): C'est un bon
projet.
M. Côté (Rivière-du-Loup): c'est un projet
qui est purement administratif et financier, qui démontre le souci du
gouvernement de collecter ses dus et ça démontre également
un souci d'équité envers ceux qui devraient payer leurs dus. Et
ça n'a aucun rapport avec les cas de faillite. C'est, lors d'une
acquisition de gré à gré d'une usine qui détient un
CAAF, de payer les dus au gouvernement; ça fait partie du coût
d'achat. Et c'était reconnu par tout le monde, sauf que je pense que
c'est important de bien clarifier et d'indiquer dans la loi comment ça
fonctionne plutôt que de fonctionner sur une base traditionnelle Et c'est
mieux que ce soit indiqué: les gens sont informés et on ne
prendra personne par surprise de cette façon-là.
On pourrait parler longuement... On pourrait être non pertinent et
parler d'autres problèmes, d'autres aspects du régime forestier,
mais je veux rester dans la pertinence du sujet, M. le Président.
L'autre article concerne les intérêts. Les intérêts
ont toujours été payés; il n'y a jamais personne qui a
contesté de payer des intérêts lorsque dus,
c'est-à-dire 30 jours après la facturation. Mais il y a un
"smart" qui a trouvé que ce n'était indiqué à nulle
part dans les lois et que le ministère des Forêts ne pouvait pas
le faire, depuis la Loi sur les forêts. Mais, à date, je pourrais
vous dire que tous les intérêts ont été payés
par tout le monde, sauf par ce monsieur-là qui a trouvé cette
faille-là. Et, dans le but de protéger, évidemment, les
acquis ou les dus du gouvernement, je pense qu'il est urgent de modifier la loi
pour éviter des pertes énormes parce que les
intérêts peuvent aller chercher 600 000 $ à 800 000 $ par
année. Si on perd de l'argent, ça augmente le déficit de
la province et ce sont les payeurs de taxes qui vont payer, nous et ceux qui
vont nous succéder aussi.
C'est une bonne gestion et c'est pourquoi on le fait et ça
devrait être compris assez facilement par les gens de l'Opposition qui,
je pense bien, ne se soucient pas tellement des finances. On se soucie
plutôt de dire: Bien, vous aviez oublié des choses, vos
conseillers n'étaient pas bons. Ce serait le temps de le dire, M. le
député de Laviolette, là. Mais je pense que j'ai eu des
bons conseillers et que la perfection n'est pas de ce côté-ci de
la table, elle est peut-être de l'autre bord. J'ai fini mes remarques, M.
le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, M. le
ministre. Alors, M. le représentant de l'Opposition, M. le
député de Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Le ministre commence mal là. Ce qu'on veut
comme membres de l'Opposition, c'est s'assurer que l'ensemble du projet de loi
soit le mieux possible, dans la mesure où on se retrouve aujourd'hui
à revoir encore une fois le projet de loi 150 qui a été
adopté. Le ministre dit que la perfection ne se trouve pas de son
côté, puis je lui dis la même chose: Ça ne se trouve
pas nécessairement de notre côté, non plus. Puis, je pense
que personne sur la terre va dire qu'on a la perfection. Je retiens simplement
ce que le premier ministre a dit aujourd'hui ou le ministre de l'Industrie et
du Commerce. Qualité totale. Il faut peut-être commencer à
l'appliquer.
Mais, à partir de ça, M. le Président, quand j'ai
dit qu'il y a peut-être des choses qui sont des mauvais conseils, je n'ai
pas peur de le dire. Dans la mesure où, moi, je lis les articles qui
sont là, j'essaie de les discuter comme j'ai toujours été
habitué à discuter de projets de loi. Quand le ministre nous dit,
M. le Président, que tous les droits et intérêts ont
été payés, puis qu'il vient nous mettre à l'article
3 que "l'article 1 a effet depuis le 1er avril 1987", c'est la première
fois, M. le Président, que je vois qu'un article a un effet
rétroactif. Le ministre dit: II y a un beau "smart", puis il l'a
nommé, ce sont les gens qui se sont portés acquéreurs
d'une réponse qu'il nous a donnée hier, qu'il aurait pu me donner
la semaine passée.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce n'est pas
ça.
M. Jolivet: Non, mais il y a beau "smart". Il y a des gens qui
sont des avocats qui ont trouvé le moyen. Puis, je comprends que vous
dites le mot "smart", mais vous faites attention aussi par le fait même
à l'ensemble de votre contentieux qui peut avoir aussi des bonnes
idées, puis qui peut avoir aussi à regarder parce que l'avocat
est payé pour rechercher ce qui peut faire l'affaire de l'individu.
Donc, son client a trouvé une faille dans la loi. Cette
faille-là, il l'a exploitée. C'est à vous maintenant de
savoir comment la corriger. Je vous avais dit que, dans la mesure où il
y avait des failles dans la loi... C'est pour ça que je reviendrai sur
cette question de fermeture temporaire versus fermeture définitive. Ce
n'est pas pour rien qu'on en a parié. C'est pour ça que je vous
dis qu'il y a un danger, puis ce danger-la, on le croit possible, puis on
voudrait qu'il n'existe pas. Puis quand bien même vous me diriez
ça, M. le ministre, qu'il y a des beaux "smarts", je pourrai juste vous
dire qu'en 1985, quand vous avez pris le pouvoir, le ministre de
l'Éducation s'est fait proposer par des fonctionnaires une
décision sur une commission scolaire du Nord, de la Baie James, puisque
n'eût été l'intervention de l'Opposition à
l'époque, si on avait accepté le projet comme il était
là, la commission scolaire qui se voyait donner tous les avoirs de la
commission scolaire sauf l'argent, se voyait spoliée, puis c'est le mot
qu'on avait employé à l'époque "spoliée", par le
ministère de l'Éducation qui prenait tout l'argent pour les
besoins financiers du ministère de l'Éducation, puis qui oubliait
la commission scolaire sur le territoire. Savez-vous ce que ça a
produit? Ça a produit que le ministre de l'Éducation, que vous
connaissez très bien, qui maintenant est ministre des Affaires
municipales, a été obligé de refaire son projet de loi au
complet. Il y avait quatre articles dans le projet de loi. Sur les quatre, on
n'en a retrouvé aucun dans le projet final et, n'eût
été notre intervention, il aurait passé de même.
Notre job à nous, c'était de s'assurer qu'il n'y a personne qui
perdait dans ce dossier-là et le ministère de l'Éducation,
par les fonctionnaires qui lui proposaient, et le contentieux en plus, d'aller
chercher l'argent, il faisait fausse route. Le ministre a compris notre
position. On lui a demandé, avant même d'aller en Chambre, en
commission parlementaire et à l'étude du projet de loi, de
rencontrer les personnes qui se disaient lésées ou qui croyaient
l'être et c'est de même qu'on l'a découvert ensemble.
Et, compte tenu que c'était à l'époque de
Noël, que ça prenait le consentement de l'Opposition pour passer la
loi et qu'on croyait à ce moment-la que cette loi devait être
passée, il y a un projet de loi tout à fait nouveau qui est
apparu sur la table, réécriture du projet de loi, huit articles
dont aucun des quatre premiers qu'on avait eus et, à ce
moment-là, tout le monde était satisfait: la commission scolaire,
les professionnels non enseignants, le ministère de l'Éducation
par son ministre qui était content qu'on ait trouvé cette faille.
Et, finalement, on s'est retrouvés avec du monde qui comprenait le bon
sens, qui ne s'entêtait pas.
Je vous dis simplement: Ce n'est pas pour rien qu'on l'a dit. C'est
parce qu'il y a des gens qui nous ont fait valoir des points de vue et on croit
que c'est possible que le projet de loi veuille dire ça. Quand on dit:
L'article a effet au 1er avril 1987, c'est que ça couvre
rétroactivement des choses; sinon, il ne serait pas là. Comme
ça couvre des choses rétroactives, je vous rappellerai que je me
suis amusé tout à l'heure à aller voir le ministre de
l'Éducation et actuellement ministre des Affaires municipales, en lui
disant: Je ne vous ai jamais vu, vous, comme ministre, accepter aucun projet de
loi où il y avait un effet rétroactif. Il est rébarbatif
à ça. J'ai dit: Comment ça se fait que vous ête6 au
Conseil des ministres et que vous avez accepté ça? Vous lui
demanderez la réponse. Je ne la donnerai pas à sa place.
Je vous dirai simplement qu'il y a ici un effet qui a pour but de
corriger une affaire rétroactivement pour des individus qui s'en vont en
procès avec vous maintenant. Moi, cette partie-là, j'ai
hâte de voir comment un juge va interpréter un effet
rétroactif, parce que vous avez dit en réponse à la
question hier que vous alliez demander à votre contentieux
d'entreprendre des procédures pour faire payer les dus. Il y a des
dangers. Moi, je la pose, la question. C'est ça que je veux savoir. Et
je veux savoir si, ait bout de la course, cet article-là que moi. comme
membre de l'Opposition, je vais accepter d'insérer si j'accepte le
projet de loi, à pénaliser des gens qui ont trouvé une
faille dans votre projet de loi. Ce n'est pas à l'État à
se faire, par l'intermédiaire d'un projet de loi, justice. C'est au juge
à dire s'il a raison ou pas raison. Et ça, je n'accepterai jamais
cette partie-là. Donc, je ne me ferai pas traiter de niaiseux et de gars
qui ne connaît rien à l'affaire. Ça, je vous le dis
d'avance au départ.
La deuxième chose...
Le Président (M. Bélanger): Si quelqu'un vous
traite de niaiseux, on ne le laissera pas faire, ça va être
antiparlementaire.
M. Jolivet: Non, mais le ministre a dit en Chambre tout à
l'heure - vous n'y étiez pas, vous - qu'on était des gens qui
étaient... En tout cas, j'aime autant ne pas le répéter
parce que ça me choquerait trop. Je l'ai écouté avec
attention. Mais je vous dirai une chose: C'est que je ne suis pas une personne
qui va accepter un effet rétroactif si je n'en sais pas les
conséquences.
La deuxième chose, c'est l'article 2 Le ministre dit: "De plus,
lorsque cette personne
acquiert une usine faisant ou ayant fait l'objet d'un contrat
d'approvisionnement et d'aménagement forestier ou le droit d'exploiter
une telle usine, elle n'est admissible que si les droits exigibles du
bénéficiaire de ce contrat ont été
entièrement acquittés." La crainte que nous avons... Et la
crainte, elle est réelle, puis on n'est pas les seuls à la
partager, cette crainte-là. Dans un contexte où on dit:
Cependant, "le deuxième alinéa ne s'applique pas lorsque le
bénéficiaire a fait cession de ses biens ou a été
l'objet d'une ordonnance de séquestre en vertu de la Loi sur la faillite
"ou s'il s'agit d'une personne morale ayant fait l'objet d'une liquidation, ce
qui est prévu par la loi actuelle.
Dans ce contexte-là, M. le ministre, moi, je veux savoir... Puis,
ce sont des questions qu'on a posées et elles sont pertinentes, dans un
contexte où on a, à travers le Québec, actuellement, des
décisions que le ministre doit prendre et qu'il est le seul à
devoir prendre dans le contexte de la loi 150, à moins qu'il ne change
la loi 150. Mais, pour le moment, ce que j'ai devant moi, c'est une loi 150 qui
indique que seul le ministre a le droit de redistribuer les bois. Je l'ai
même dit, à travers le Québec, dans les tournées que
j'ai faites, quand le ministre nous dit: On sauve du bois parce qu'on fait du
désencrage, moi, je dis: Actuellement, au moment où on se parle,
on ne sauve pas de bois.
Le ministre se permet de le redistribuer, ce n'est pas vrai qu'on sauve
du bois. Parce que sauver du bois, il resterait là. Mais ce n'est pas
ça, on le redistribue à des gens, actuellement. Et il n'y a rien
d'anormal dans ça, dans la mesure où on le redistribue pour les
besoins d'une région et pour faire en sorte que les régions
puissent avoir une vie convenable. Ce que les gens dans les régions
disent actuellement, M. le ministre: Le danger que nous avons avec cet
article-là, c'est de faire ce que la loi ne permet pas. Lorsqu'on dit
"incessible", ça veut dire: ne peut pas être
cédé.
Il n'y a pas un chat au Québec, qu'il s'appelle Stone Consol qui
a une usine à Grand-Mère ou qu'il s'appelle PFCP qui a une usine
à La Tuque ou Kruger à Brompton, qui a le droit, actuellement, en
vertu des contrats qu'il a, de céder à quelqu'un d'autre son
contrat d'approvisionnement et d'aménagement forestier sans votre
permission. Et, dans ce contexte-là, ce qu'il y a à dire, c'est
que, quand l'individu vend l'usine, comme on a connu à
Saint-Michel-des-Saints, l'individu s'est retrouvé avec l'usine et la
machinerie, mais sans contrat d'approvisionnement et d'aménagement
forestier. (20 h 15)
L'autre, qui était l'usine en faillite, avait en vertu de la loi
le contrat d'approvisionnement et d'aménagement forestier sans avoir
l'usine. Parce que, là, il était quelque part, ce
contrat-là. Le ministre nous disait qu'il n'était pas en faillite
et que, tant et aussi longtemps qu'il n'était pas en faillite, si le
gars ne lui payait pas les redevances, il ne lui donnait pas le contrat
d'approvisionnement et d'aménagement forestier. On se retrouve comment?
Le gars, il n'était pas encore en faillite, vous nous l'aviez dit en
réponse, vous attendiez la faillite avant d'agir. Donc, s'il
n'était pas en faillite, il l'avait légalement, le contrat
d'approvisionnement et d'aménagement forestier, parce qu'il avait vendu
seulement la bâtisse et les machineries. C'est ce que les gens disaient,
dans le temps, là-bas.
Et, là, vous me dites, aujourd'hui: Ils ont fait faillite,
déclarée il y a une semaine, une semaine et demie. Cette
faillite-là vous donne le droit de reprendre vos bois et de les redonner
à qui vous voulez à condition qu'il ait payé les
redevances. Comment ça marche, d'abord? Comment le ministre fonctionne,
d'abord? Comment le ministre peut-il m'indiquer les droits qu'il a sur les bois
si l'usine est fermée définitivement?
Parce que la loi actuelle, vous l'avez, au niveau des pouvoirs qui sont
conférés au ministre, indique, à l'article 84: "Le
ministre met fin au contrat sans avis préalable dans les cas suivants:
1° l'usine de transformation du bois du bénéficiaire cesse
définitivement ses opérations." Il s'agit de savoir à quel
moment donné il a définitivement cessé ses
opérations. "C'est-u" le jour où il a vendu son usine avec sa
machinerie - parce qu'il ne produira pas s'il l'a vendue - ou bien si c'est au
moment où il fait une faillite légale, finale,
déterminée? Mais les gens disent: II y a moyen avec l'article qui
est là, d'avoir des pressions indues qui vont venir de l'entreprise. Des
gens disent: Là, actuellement, j'ai fermé temporairement mon
usine parce que, dans ma tête à moi, si je marque
définitivement... Parce que vous n'avez pas parlé de beau "smart"
pour le gars qui a découvert la faille dans le mot "définitif"
par rapport à "temporaire". Celui que vous avez traité de beau
"smart", c'est l'avocat qui a réussi à trouver que, s'il n'avait
pas payé les droits, ce n'était pas sûr que c'était
lui qui les paie.
À partir de ça, M. le ministre, on veut savoir si
l'article 2 indique clairement cette position-là. Est-ce que le
ministre, à l'article 2, peut répondre aux questions que je lui
ai posées? Dans les remarques préliminaires, il aurait pu au
moins me donner ces indications-là, M. le Président, au moins
répondre aux questions que je lui ai posées avant le souper. Ce
n'est pas difficile de faire sortir les galées de l'Assemblée
nationale. Je lui ai dit, la première chose: Le projet de loi 168
peut-il aller à rencontre des articles 82 et 84? L'article 82, c'est
l'avis préalable dans le cas où l'individu ne se conforme pas aux
obligations et l'article 84, c'est quand il met fin définitivement
à ses opérations. Est-ce que, par le projet de loi, actuellement,
le ministre peut me garantir qu'il n'est pas question d'aller à
rencontre des articles 82 et 84?
En deuxième lieu, peut-il me dire, le ministre, s'il y a une
contradiction entre le projet de loi et le principe fondamental de
l'incessibilité du contrat qui est à l'article 39 du projet de
loi. "Le contrat est incessible" et, en français, "incessible", dans le
dictionnaire: ne peut être cédé. "Le
bénéficiaire peut toutefois, en considération d'un emprunt
- vous avez les conditions où il peut le céder - ou d'une
ouverture de crédit..."
Troisièmement, j'ai demandé si, avec l'acceptation de ce
projet de loi, l'article 47, qui parle du territoire concerné, et
l'article 223, qui parie de la localisation des territoires, vont s'appliquer.
Indépendamment de ça, est-ce que le ministre va garder tous ses
pouvoirs de transférer et de réaménager l'ensemble du
secteur? Le ministre, dans ce contexte-là, ne peut pas être
insensible, je l'espère, à toutes les revendications faites par
mes autres collègues. Ce n'est pas pour rien qu'on en a parlé;
c'est parce qu'on pense et on croit qu'il pourrait y avoir un danger et je veux
être sûr que, quand ça va être adopté, ce ne
sera pas ça.
Quatrièmement, quelle est la portée du projet de loi sous
les articles 49, 50, 51 et 58.1? Donc, 49, c'est les
bénéficiaires; 50, c'est les modifications Interdites; 51, c'est
le plan général d'aménagement; 58.1, c'est
l'accessibilité au public.
On veut savoir si l'article 2 du projet de loi comme tel ne vient pas
à rencontre du projet de loi 150 lui-même et qu'en acceptant un
tel projet on n'en arrivera pas au bout de la course à faire en sorte
que le projet de loi 150 aura été amendé indirectement.
Moi, je veux avoir la sûreté de ça. Je ne l'ai pas au
moment où je parle; le ministre ne m'a jamais répondu à
ça. Il a simplement dit qu'on déblatérait sur n'importe
quoi; il a oublié de dire que ses collègues ont parlé d'un
plan de relance des pâtes et papiers, et que ça n'avait rien
à voir avec le projet de loi, là. Puis, ça ne me
dérange pas, moi, qu'il fasse de la publicité gouvernementale,
mais il y a d'autres places pour le faire que dans l'étude d'un projet
de loi.
Puis, quand on nous dit qu'on n'est pas sérieux, bien, là,
je ne le prends pas. Je suis capable de lire les articles d'un projet de loi,
je suis capable de les interpréter. Je suis capable d'avoir aussi des
interprétations qui soient justes et je peux aussi me tromper. Je
l'accepte quand je me trompe. La seule chose, c'est que je ne veux pas me faire
traiter de niaiseux parce que je veux aller au fond du projet de loi. Je ne
suis pas ici, ce soir, pour encenser le ministre, puis dire: Bienvenue et
bravo! vous avez bien fait, puis allez-y. J'aurais pu le faire et c'est fini,
on aurait pu prendre deux minutes pour l'adopter. Mais mon travail à moi
consiste à m'assurer qu'on ne reviendra pas une troisième fois
sur cette partie-là.
D'autant plus qu'aux engagements financiers j'avais dit au ministre, au
mois d'août, que le projet de loi était en difficulté
à l'article 84, quand on parlait de "cesse définitivement ses
opérations" Le ministre, par le projet de loi qui est là, ne
répond même pas à ma question. Puis, il sait qu'il va avoir
encore des problèmes et il sait qu'il va avoir des pressions des gens.
Il sait que la compagnie Unetelle, à telle place, va dire: Mon
territoire que j'ai là, je voudrais le garder pour l'amener à une
autre usine ailleurs. Puis, le ministre sait que, normalement, il est
attaché à l'usine en vertu des lois actuelles. Puis, si jamais le
ministre disait: O.K., je te le donne, je te l'envoie à telle usine,
n'ira-t-il pas contre l'entente qu'il y avait, prévue par la loi, disant
que c'était sur la localisation historique des territoires
d'approvisionnement, en tenant compte des cinq dernières années?
Est-ce que le ministre n'est pas en train de me dire qu'il va donner, avec le
projet de loi, cette possibilité-là? Je veux savoir, je veux
avoir des réponses à ça.
Je n'ai pas eu de réponse à ça, M. le
Président, puis le ministre vient me dire qu'on n'est pas
sérieux. Je ne le sais pas, moi, lequel qui n'est pas sérieux.
Moi, je dis simplement: Je ne suis pas prêt à accepter ça.
J'ai accepté le projet de loi 150, vous vous en souvenez, j'étais
membre de la commission parlementaire, ce n'était pas moi qui
étais le porte-parole, et on a dit beaucoup de choses. On a dit que le
ministre aurait des problèmes. Puis, on le savait qu'il y avait des
ajustements à y apporter, mais on ne savait pas qu'il y en aurait
à tous les ans et quasiment deux par année. Il y a une chose qui
est certaine, c'est que le projet de loi n'a été en vigueur
légalement là, au dernier moment, que le 1er juillet 1990 et,
déjà, depuis 1987, il avait été mis en place
graduellement jusqu'à la limite légale du 1er juillet 1990.
C'était normalement - on s'en souvient - le 1er avril, mais justement
une partie de la loi nous a indiqué que ce n'était pas ça,
puis on l'a vu après. On l'avait pourtant dit avant, sauf que,
là, on nous a dit: Ah, non, non, ne vous inquiétez pas, c'est le
1er avril 1990. Et, plus tard, on nous dit: Non, non, c'était ça,
le 1er juillet 1990. Ça, on l'avait dit pourtant. On avait dit: Y a-t-il
des délais qui vont être accordés? Non, non, il n'y aura
pas de délais.
On l'a vu que vos avocats, à vous autres, ce n'est pas des
niaiseux, non plus. C'est des gens qui ont travaillé et qui ont
essayé de vous sortir le meilleur projet de loi possible, mais qui vous
ont donné aussi des marges de manoeuvre. C'est dans ce sens-là,
M. le Président, que je n'accepterai pas de me faire traiter de gars qui
perd mon temps ici; au contraire, je veux le faire comme il faut et je veux
m'assurer que ce qui est ici, dans le fond, si on veut aller juste à la
légalité du texte, c'est comme le ministre l'a dit, pour
régler un problème qui est Saint-Michel-des-Saints. Je n'en
connais pas d'autre, à part de ça, à moins que le ministre
m'en donne
d'autres. Il ne m'en a pas donné bien, bien jusqu'à
maintenant.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette, vous avez posé une série de
questions sur lesquelles vous voulez des réponses.
M. Jolivet: Je les ai posées à...
Le Président (M. Bélanger): O.K. Est-ce qu'elles
vont revenir dans chacun des articles ou si vous les posez en vrac...
M. Jolivet: Non, parce que...
Le Président (M. Bélanger): ...et que vous voulez
les réponses en vrac?
M. Jolivet: Je les pose en vrac et je veux avoir des
réponses. Il m'a dit, tout à l'heure, à
l'Assemblée, en droit de réplique, qu'il me répondrait en
commission parlementaire. Je m'attendais que, dans ses remarques
préliminaires, il me le dirait.
Le Président (M. Bélanger): Parfait. Alors, M. le
ministre, est-ce que vous avez en note les questions de M. le
député de Laviolette?
Discussion générale
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, je ne les ai
pas toutes, mais je vais essayer de répondre...
Le Président (M. Bélanger): O.K.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...comme je l'ai
dit.
Le Président (M. Bélanger): S'il en manque, on y
reviendra. Alors, M. le ministre, c'est à vous.
Scierie Saint-Michel-des-Saints
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si j'en manque, le
député me les signalera et je répondrai. Les amendements
proposés ne règlent en rien le problème de
Saint-Michel-des-Saints. Si j'ai demandé aux procureurs du
ministère et aux procureurs du ministère de la Justice de prendre
des procédures, si possible, pour recouvrer les dus, ça n'a aucun
rapport avec les deux amendements qu'il y a là, parce que
Saint-Michel-des-Saints est en faillite. Et, si vous regardez, on dit dans les
amendements proposés: En cas de faillite, "coudon", on perd nos
créances, comme les autres créanciers, parce qu'on dit que le
deuxième alinéa ne s'applique pas dans ces cas-là.
Il y a d'autres raisons pour enlever un contrat et l'article 82 est bien
clair. Et je signalerai, M. le Président, que ça prend un avis de
résiliation et c'est ce qu'on a fait dans quelques cas.
Saint-Michel-des-Saints n'avait plus de CAAF depuis qu'elle avait
été sous séquestre, depuis que le Montréal Trust
était devenu le mandataire comme tel. Ça fait qu'on ne leur a
pas... Lorsque la scierie Forex s'est portée acquéreur de
Scierie-Saint-Michel, Scierie Saint-Michel n'avait plus de CAAF comme tel,
parce qu'elle était incessible, justement. On avait averti le
mandataire, Montréal Trust, de cette particularité. Ça,
ça répond à une des questions. Les amendements n'ont aucun
rapport avec Saint-Michel-des-Saints comme telle.
M. Jolivet: M. le Président, est-ce que je peux poser une
question?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Bien oui, vous les
avez interprétés de cette façon-là.
M. Jolivet: Non. Est-ce que je peux poser une question au
ministre?
Le Président (M. Bélanger): Oui, je vous en
prie.
M. Jolivet: Comment se fait-il que le ministre dans son premier
préambule de son discours parlait de Saint-Michel-des-Saints?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, j'ai
parié de Saint-Michel-des-Saints, mais pas en fonction des deux
amendements qui sont là. À la question que vous m'avez
posée, à savoir si les deux articles, les deux amendements
proposés viennent à rencontre des articles 82 et 84, non, du
tout. Et ça ne change rien à l'esprit de la loi. Et ça ne
change rien aussi aux unités d'aménagement aux articles 47 et
223. Ça ne change rien à ça. Sauf que les industriels, 30
jours après la facturation, payaient les intérêts, ils les
ont payés correctement à venir jusqu'à date. Puis, il y a
un avocat qui nous a dit: Vous n'avez pas le droit de le faire. Ça fait
qu'on le corrige avant d'avoir des problèmes. C'est aussi simple que
ça.
Puis, en cas de faillite, c'est prévu à l'article 84,
évidemment, là, on revient, si vous voulez, au cas de
Saint-Michel-des-Saints qui a déclaré faillite la semaine
dernière, le 21 octobre. Et, évidemment, le CAAF est libre, les
volumes seront libres. Et, étant donné qu'il est libre, c'est
évident, M. le Président, qu'on peut l'accorder à
quelqu'un qui remplit les conditions, c'est-à-dire qui possède
une usine ou qui a l'intention d'en construire une. On pourrait à
Saint-Michel-des-Saints, en forçant, mais ce ne serait peut-être
pas bien gentil pour les employés et l'économie de la
région, attribuer ces volumes-là à un nouveau
bénéficiaire, à un nouveau promoteur. On pourrait le
faire. Mais, depuis la vente, Saint-Michel-des-Saints n'avait plus de CAAF,
depuis le 24 juillet.
Le Président (M. Bélanger): Si vous me permettez un
instant, c'est parce que M. le député d'Ungava se joint à
nous. Est-ce qu'on a l'autorisation parce que tout à l'heure, lorsqu'on
a demandé s'il y avait des remplacements, on avait oublié de le
citer? Est-ce qu'il y a consentement pour qu'il soit...
M. Jolivet: Je vais vous expliquer ça, M. le
Président, pourquoi je ne l'ai pas cité. C'est parce que, moi, je
ne savais même pas qu'il avait été changé de
commission parlementaire. J'étais sûr qu'il était dans la
commission parlementaire comme avant. On m'apprend qu'il est dans l'autre
commission parlementaire. C'est simplement pour ça; sinon, je savais
qu'il venait.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Est-ce qu'il y a
consentement pour que M. le député d'Ungava soit
intégré?
M. St-Roch: On va vous donner notre consentement, M. le
Président.
M. Audet: En tant que député, est-ce qu'il est
obligé d'être membre? Il peut prendre la parole à n'importe
quelle commission en vertu de la loi.
Le Président (M. Bélanger): C'est-à-dire
qu'il peut prendre la parole sur consentement des membres de la commission.
M. Audet: On pourrait peut-être y aller consentement par
consentement, je ne le sais pas là.
M. Jolivet: Non, on donne un consentement global ou on n'en donne
pas pantoute.
Le Président (M. Bélanger): Alors, j'ai ce
consentement, oui ou non, s'il vous plaît?
M. Audet: S'il demande la parole, on peut donner le consentement
à toutes les fois. On peut faire ça en vertu du règlement,
bien oui.
M. Jolivet: Bien non. Le consentement est donné au
début.
M. Audet: Sauf que, si on le reconnaît, si on donne le
consentement pour qu'il soit membre de la commission, il a le droit de vote;
c'est la différence que ça fait.
M. Jolivet: Ça ne changera pas grand-chose, vous allez
gagner pareil.
Le Président (M. Bélanger): II y a des
évidences comme ça qui sont assez catégoriques.
Alors, est-ce qu'il y a, oui ou non, consentement?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Un instant.
Le Président (M. Bélanger): Si vous me permettez,
M. le ministre, j'attends ce consentement-là.
M. Audet: Consentement.
Le Président (M. Bélanger): Oui. Alors,
consentement. Donc, M. le député d'Ungava, vous êtes, pour
ce soir, membre de notre commission. Rebienvenue.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais, là.
je voudrais savoir, M. le Président, si j'ai répondu à
toutes les questions.
M. Jolivet: Non, c'est parce que j'avais...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Laquelle j'ai
oubliée, là? Il y en a peut-être une d'oubliée.
Justement, lors de la vente de Saint-Michel-des-Saints à Forex, parce
que le contrat d'approvisionnement était incessible,
Saint-Michel-des-Saints s'est réveillée pas de contrat. C'est
ça, là, incessible.
M. Jolivet: Oui. J'avais compris ça.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est depuis ce
temps-là que Saint-Michel-des-Saints n'a pas de CAAF, mais la faillite
fait d'autres choses aussi.
M. Jolivet: Moi, M. le Président, ce que je...
M. Côté (Rivière-du-Loup): La faillite,
c'était automatique. Mais quelqu'un ne peut pas vendre son CAAF. Comme
Saint-Michel-des-Saints, via Montréal Trust qui était le
mandataire, ne pouvait pas le vendre au groupe Forex avec le CAAF.
C'était ça, le problème.
M. Jolivet: Je pourrais revenir tout à l'heure
là-dessus.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si les procureurs
du ministère de la Justice et du ministère chez nous prennent
action contre Saint-Michel-des-Saints pour percevoir nos dus, c'est en vertu du
droit commun. Ça n'a aucun rapport avec les amendements qui sont
proposés là. J'en ai parlé, par exemple, mais ça
n'a aucun rapport.
M. Jolivet: C'est parce qu'il y a deux choses, M. le
Président.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ça n'a
aucun rapport aux intérêts, ça n'a aucun rapport avec les
sommes dues parce qu'à cause de la faillite le gouvernement perd ou
perdra, si on ne gagne pas notre poursuite, les 2 000 000 $.
M. Jolivet: C'est parce que ce que dit
l'article 3, c'est qu'il y a un effet rétroactif au 1er avril
1987.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
(20 h 30)
M. Jolivet: Ce qui a un effet rétroactif, c'est le fait
que les droits exigibles sont capitalisés mensuellement avec les
intérêts. Ce que le ministre me dit là...
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'a
été payé.
M. Jolivet: ...c'est qu'il n'y a pas un chat qui n'a pas fait
ça, sauf qu'il y a quelqu'un qui s'est aperçu. .
M. Côté (Rivière-du-Loup):
Dernièrement.
M. Jolivet: ...dernièrement... Et, là, c'est pour
ça que vous faites rapidement...
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est
ça.
M. Jolivet: ...une intervention. Parce que, moi, je me posais la
question et j'ai le droit de me la poser: Dans la mesure où il arrive
des événements, qu'ils s'appellent Saint-Michel-des-Saints ou
autres, moi, je dis: Le ministre, il fait ça, il présente
ça en même temps, dans la journée où il
répond à une question et je lui ai posé la même
question la semaine...
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est un
hasard.
M. Jolivet: Oui, mais j'ai le droit de me poser la question.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, oui.
M. Jolivet: Parce qu'à partir de ça, moi, je me
dis: Est-ce que le projet de loi, si je l'adopte, a pour effet, comme
député de l'Opposition, d'accorder au ministre une
bénédiction, un chèque en blanc, s'il me permet de le
dire, pour aller ensuite poursuivre quelqu'un qui ne lui a pas payé les
dus en tenant compte de cet intérêt capitalisé
mensuellement?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. Harvey peut
ajouter quelques...
M. Jolivet: O.K.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...renseignements
sur la question des intérêts.
Le Président (M. Bélanger): Alors, M. le
sous-ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais je vous dirai
que, dans l'ancienne loi des terres et forêts, plus
particulièrement dans le règlement, il était prévu
que des intérêts étaient payables.
Évidemment, parce que ça n'a pas été
indiqué dans la Loi sur les forêts, la loi 150, il y avait
possibilité que quelqu'un dise: Je ne paie pas d'intérêts
et qu'on soit obligés de rembourser depuis cette date-là. C'est
pour ça qu'on a mis la rétroactivité, parce que les
industriels les ont payés et ça représente environ 600 000
$ à 800 000 $ par année.
M. Harvey (Bernard): Si vous me permettez, M. le
député...
M. Jolivet: Oui.
M. Harvey: ...jusqu'à maintenant, en fait, on utilisait,
au fond, l'article 28 de la loi du ministère du Revenu qui dit que
"malgré toute disposition inconciliable, une créance de la
couronne, incluant les intérêts et les pénalités
exigibles en vertu d'une loi fiscale, porte intérêt au taux
déterminé selon les règles prévues par
règlement." Et, comme dit M. le ministre, dans l'ancienne Loi sur les
forêts, il y en avait un aussi. Donc, depuis le 1er avril 1987, le
ministère charge des intérêts lorsque les comptes ne sont
pas payés après 30 jours et on accumule les
intérêts. Donc, les gens, en général et partout, ont
payé de bonne foi ces intérêts-là, sauf que, comme
le dit M. le ministre, récemment, quelqu'un a mis ça en doute et,
plutôt que d'embarquer dans des procédures longues et
pénibles, pour avoir une sécurité juridique - au fond,
c'est une sécurité juridique, c'est la ceinture et les bretelles
- c'est ce pourquoi cet article-là est introduit et c'est ce pourquoi il
est mis rétroactif au 1er avril pour s'assurer qu'on a bien la
sécurité juridique et couvrir tout ce que le ministère a
fait d'une façon administrative depuis le 1er avril 1987.
M. Jolivet: J'y reviendrai tout à l'heure à
l'article 3.
M. Harvey: II n'y a pas, actuellement, pour votre information,
sauf un cas et ce ne sont pas ceux dont vous parlez actuellement... Ce n'est ni
Saint-Michel-des-Saints, ni J.E. Therrien qui sont couverts par cet
article-là.
M. Jolivet: Mais il y a du monde. Ça, je le sais, qu'il y
a du monde; sans ça, il ne serait pas là.
M. Harvey: II y a un cas, un cas. M. Jolivet: Mais
ça ne fait rien.
Le Président (M. Bélanger): Je présume que
c'est pour faire en sorte que les gens ne pourraient pas revenir en
arrière et dire: Bien, remboursez-nous les trois ans
d'intérêts qu'on a payés. C'est ça que vous voulez
couvrir par cette loi-là.
M. Jolivet: Ça, j'ai compris ça. Mon
problème n'est pas là, M. le Président. Il est pour le
cas. L'individu, qui est l'avocat de tel groupe, a découvert ça
et il a arrêté de payer, si je comprends bien, il peut avoir
arrêté de payer. Et, là, vous allez le forcer à
payer, c'est ça. Vous êtes en train de me dire que quelqu'un a
découvert une faille dans la loi et vous nous demandez, à nous,
en le couvrant rétroactivement au 1er juillet 1987, de couvrir
l'ensemble de tout le monde qui a payé, ça, j'ai compris
ça, pour ne pas qu'ils demandent de remboursement, ça, j'ai bien
compris ça. Mais aussi, en même temps, vous allez obliger l'autre
à payer.
Une voix: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Non?
M. Jolivet: Mais, moi, je dis que ce n'est pas à vous
autres à déterminer ça.
Le Président (M. Bélanger): C'est le juge. M.
Jolivet: C'est au juge à déterminer ça.
Le Président (M. Bélanger): Moi, je ne veux pas
jouer au juriste, mais il a trouvé l'erreur avant qu'on refasse la loi;
donc, il n'est pas couvert par cette loi-là, lui.
M. Jolivet: Mais il va être couvert par cette
loi-là, c'est ça qui m'inquiète. Et je pensais que
c'était l'autre cas.
Le Président (M. Bélanger): Je ne sais pas s'ils
peuvent.
M. Jolivet: II va être couvert, il n'aura pas le choix.
Mais, s'il est couvert par ça, je vais vous dire une affaire: Vous allez
avoir un beau procès là. Moi, si j'étais avocat, je
trouverais cette faille-là, moi aussi.
Le Président (M. Bélanger): Moi aussi. En tous cas.
Il y a peut-être des avocats qui peuvent nous expliquer; moi, je...
M. Jolivet: II faudrait que quelqu'un m'explique ça
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mme Aubin va vous
expliquer ça.
Le Président (M. Bélanger): Mme Aubin, on vous
écoute.
Mme Côté Aubin (Liliane): Liliane Côté
Aubin. D'abord, la Loi sur les forêts ne prévoit pas
expressément qu'on puisse charger des intérêts. Par contre,
il y a une certaine base légale sur laquelle on peut s'appuyer pour
charger des intérêts, entre autres l'article 1077 du Code civil
qui prévoit qu'on peut charger un taux légal de 5 %. Maintenant,
il y a également un article, dans le Code civil, qui permet d'aller
chercher des intérêts additionnels. Naturellement, pour aller
chercher les intérêts additionnels, il faudrait aller devant les
tribunaux pour la partie de 5 % jusqu'à 12 % ou 13 %.
Par contre, il y a d'autres éléments aussi, si on avait
une poursuite comme ce que vous avez mentionné tout à l'heure. Il
y a peut-être aussi que, lorsque les gens recevaient leur état de
compte, dans le bas de l'état de compte, on a toujours indiqué le
taux d'intérêt. Il y a aussi un principe de droit qui dit qu'en
cas de confirmation tacite on peut exiger des intérêts. Alors,
vous voyez, quand on parle de non-habilitation, ce n'est pas tout à fait
exact. C'est sûr qu'il y a une personne qui a soulevé cet
élément-là, mais c'est une question de
sécurité juridique et ça explique pourquoi on le met.
M. Jolivet: Y a-t-il juste un cas d'une personne qui a
refusé de payer, un seul cas?
Mme Côté Aubin: À I heure actuelle, à
ma connaissance, oui.
M. Jolivet: Oui. Alors, moi, je n'accepterai jamais de le rendre
rétroactif dans le projet de loi; ça, je vous le dis d'avance. Et
ça, je vais m'objecter à ça. Vous le ferez, vous le
voterez, si vous voulez.
Mme Côté Aubin: Alors, il a refusé de payer,
il a plutôt demandé des justifications
Alors, les justifications, on pourrait les donner, comme je viens de
vous les donner là. comme on peut faire perdurer la situation pendant
nombre d'années.
M. Jolivet: Et, s'il refuse de payer, vous irez le chercher par
le tribunal, mais vous ne me donnerez pas à moi l'obligation de vous
donner la permission de le faire sans que le tribunal se soit prononce,
ça, jamais, je vous le dis d'avance.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II nous a
demandé des justifications. En demandant des justifications, ça
nous a fait penser qu'on était mieux de l'indiquer clairement.
M. Jolivet: J'y ai pensé, mais ça ne fait rien. Il
n'y a personne qui a le droit de se faire justice et est-ce que le
gouvernement, dans ces lois-là, a le droit de le faire? Il a le droit de
faire tout ce qu'il veut, même de changer n'importe quoi en cheval ou en
n'importe quoi Mais il y a une chose certaine, c'est qu'au bout de la course
vous ne me donnerez pas l'occasion de vous donner la permission, je vais voter
contre. Ça, c'est clair, je l'ai dit dès le départ.
Ça, c'est la premiere partie.
La deuxième, c'était la question qui concernait l'ensemble
des revendications et, là, j'aurai tout à l'heure, d'autres
choses à dire, mais je m'arrêterai là pour le moment. Si
mon collègue a des...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava, vous avez une question?
Normalisation des retards à payer les droits de
coupe
M. Claveau: Bien, moi, je comprends très bien les
préoccupations de mon collègue de Laviolette, dans la mesure
où définitivement, bon, s'il y a un trou dans la loi, il y a un
trou dans la loi; il y a quelqu'un qui a réussi à mettre le doigt
sur le trou et puis ça crée des préjudices. À ce
moment-là, c'était au législateur de penser au
départ à faire la loi pour pas que ça arrive. J'imagine,
par exemple, qu'on ne modifie pas le code de la route rétroactivement
pour essayer de repincer tout le monde qui aurait pu passer à
côté des amendes dans les cinq dernières années
parce qu'il y avait un trou dans le code de la route. Bon, le
législateur n'y avait pas pensé; il n'avait peut-être pas
suffisamment approfondi l'affaire. Là, il y a quelqu'un qui a
trouvé le moyen de le contourner. Alors, de là à dire:
Bon, O.K., d'abord, on se revire de bord, puis on va aller te chercher
rétroactivement, ça me semble un peu compliqué.
Autre chose. Moi, ce qui me préoccupe le plus, par contre, dans
cet article-là, c'est la notion de l'espèce de
légalisation, enfin, ou de confirmation, je dirais, par la loi des
retards dans les paiements. La loi actuelle dit très clairement,
à l'article 82: "Le ministre peut mettre fin au contrat dans les cas
suivants: 2° le bénéficiaire n'a pas acquitté les
droits exigibles." Bon, il n'y a pas de délai d'indiqué
là, mais, en tout cas, la loi le dit: Si tu as des retards, on peut
rappeler ton contrat. Là, on légifère pour normaliser, si
vous voulez, les retards. À partir du moment où, par exemple, on
introduit la notion de l'intérêt à payer sur les retards,
on vient de dire: Bon, écoutez, vous pouvez en accumuler, des retards;
c'est du crédit qu'on vous fait. J'imagine, moi, que, si j'étais
dans l'industrie, je me dirais: Bon, à partir d'aujourd'hui, je ne te
paie plus; de toute façon, tu auras rien qu'à me charger des
intérêts, puis on verra, quand je serai capable ou, là,
ça va mal ce mois-ci, puis on ne paiera pas. Puis, le mois prochain, on
va peut-être payer. Et, dans six mois, bien, si on n'a pas payé et
qu'on a des retards, au pis aller, tu pourras toujours nous rappeler notre
contrat d'approvisionnement. Mais, là, on fera les pressions qu'il faut
pour ne pas le payer, parce que la population et le syndicat vont se mettre de
notre bord pour sauver l'usine. Moi, j'ai la grosse crainte, en lisant
ça, de normaliser le fait qu'on peut avoir des retards dans nos
paiements et j'aimerais que le ministre me rassure là-dessus, parce que,
moi, personnellement, je ne suis pas très rassuré.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est 30 jours
pour la facturation et c'est courant dans le commerce que, 30 jours
après la facturation, il y a des intérêts de payés,
sans favoriser les retards. Et, si un bénéficiaire n'a pas
payé ses dus, il n'est pas "eligible" au permis d'intervention de
l'année suivante; ça fait que ça ne peut pas traîner
longtemps, là. Ça fait qu'on ne lui donne tout simplement pas de
permis. C'est arrivé dans le cas de Saint-Alexis; il y avait une usine
qui devait de l'argent depuis plus qu'un an. On l'a avisée, parce que
l'article 82 parle d'avis de résiliation, hein? "Le ministre peut mettre
fin au contrat dans les cas suivants." On l'a avisé de payer ses
arrérages, sinon, le CAAF lui sera enlevé. C'est ce qui est
arrivé parce qu'il ne les a pas payés. Ça fait qu'on ne
favorise pas les arrérages, là. Parce que, annuellement, si
toutes les redevances ne sont pas payées incluant les
intérêts, le ministre ne peut pas lui émettre un nouveau
permis d'intervention; l'article 7 de la loi dit ça. Ça fait que
ça ne peut pas s'accumuler Indéfiniment.
M. Claveau: Dans le fond, vous êtes en train de me dire que
votre limite de recouvrement, c'est au moment de réactiver le permis
pour une autre année, finalement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Claveau: Mais si en faisant ça, là... Remarquez
que j'imagine que, bon, ce n'est peut-être pas toute l'industrie qui
irait vers ça, je pense qu'il n'y a personne qui a intérêt
à payer des intérêts sans raison. Sauf qu'on est toujours
en droit d'être préoccupé par la façon dont
ça va être interprété et puis on a pu voir,
là, au cours des dernières années, depuis l'application de
la loi, en 1987, que, effectivement, il y a certaines choses qui nous
préoccupaient. Et on voit aujourd'hui qu'on n'a pas
nécessairement eu tort de se préoccuper de ça, là,
entre autres, la façon dont les compagnies agiraient avec les CAAF en
rachetant les anciennes scieries indépendantes, puis en les fermant
temporairement et, après ça, en revenant supplier le ministre de
modifier les CAAF pour les transformer en CAAF d'entreprise et non pas d'usine
afin de pouvoir être plus malléables, etc.
Ce sont toutes des choses sur lesquelles on s'était
questionnés et le ministre nous disait: L'Opposition est alarmiste,
l'Opposition ne comprend pas, arrêtez donc d'allumer des feux quand vous
ne savez pas comment les éteindre. Je me souviens très bien du
genre de réponses qu'on avait à ce moment-là. Sauf que,
aujourd'hui,
c'est ça qui est la situation, à peine trois ans
après. Bien, même pas. Écoute, la signature finale des
CAAF, c'était au 31 mars 1990. Ça fait un an et demi et c'est
déjà le contexte dans lequel on est actuellement, là. Il y
a plein de scieries indépendantes qui ont été
rachetées et refermées. Bon, fermeture temporaire, puis ça
dure, puis on referme encore une autre fois, puis on rouvre un peu et on
referme pour un an et puis on dit au gouvernement: Bon, bien, écoutez,
modifiez la structure des CAAF, puis éventuellement, on sera capables de
rouvrir indéfiniment, puis on verra, on pourra se
réévaluer, on pourra mieux utiliser le bois.
Alors, moi, j'imagine que, dans un contexte semblable, là, sans
dire que je prête des mauvaises intentions à l'entreprise, si on
formalise d'une certaine façon, là, par le biais d'une charge
d'intérêts, le fait que ça peut être normal qu'on ait
des droits de coupe de payés en retard, eh bien, le jour où vous
aurez 80 % des entreprises qui refuseront de payer et qui diront: Bien, vous
avez juste à nous charger des intérêts, vous l'avez
prévu dans la loi, j'imagine que vous allez vous trouver dans une
drôle de situation. Et puis, il n'y a rien qui dit que ça ne
serait pas quelque chose qui devra se présenter parce que l'entreprise a
de la difficulté. Écoutez, là, la "stud" de
deux-par-quatre de huit pieds, là, elle se vend quelque chose comme 180
$ du mille pieds, au moment où on se parle, là; elle est en bas
du prix d'il y a 15 ans. Alors, j'imagine, moi, bon, que, si on coupe un peu
partout, qu'on essaie de rationaliser et qu'on essaie d'étirer des
paiements parce qu'on n'arrive plus, on risque de se retrouver, dans six ou
huit mois, en utilisant cet article-là, je ne sais pas, moi, avec 35
contrats d'approvisionnement où on va être en retard sur les
droits de coupe et on va s'organiser pour remettre le ministre dans un nouveau
bain d'eau bouillante ou d'huile chaude qui va faire en sorte qu'il va
être encore obligé de revenir modifier sa loi.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, oui.
M. Claveau: J'essaie de voir, là, parce qu'il y a
définitivement là une possibilité d'ouvrir sur la notion
du retard de paiement possible.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, évidemment, le ministère, via ses procureurs,
peut prendre des procédures pour recouvrer les créances. Et,
partout dans le commerce, vous voyez ça: des comptes en retard, il y a
de l'intérêt là-dessus. Et ce n'est pas parce que les
marchands ou les commerçants veulent ça, mais seulement c'est
parce que c'est normal de payer des intérêts sur des comptes en
retard. Le ministère peut prendre, via les procureurs, des
procédures pour recouvrer ses créances. Ça peut aller
jusqu'à, si vous voulez, si le type ne peut pas payer, le conduire
à la faillite et, évidem- ment, dans ce cas-là, il perdra
son CAAF et on perdra notre argent
M. Jolivet: En tout cas, moi, je dirai, en terminant, que
j'espère que les compagnies forestières ne suivront pas l'exemple
du gouvernement qui est un des plus mauvais payeurs de comptes, avec des
délais de trois mois, six mois et huit mois; même qu'il n'y a
même plus un poste d'essence le long de la route qui veut faire du
crédit aux camions d'Hydro-Québec parce que ça leur prend
8 à 10 mois avant de payer leurs comptes. Alors, j'espère que
l'industrie forestière ne suivra pas l'exemple du gouvernement parce que
vous allez vous rendre compte qu'il va vous falloir plusieurs procureurs pour
récupérer votre argent.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Au
ministère, on s'aperçoit, à l'usage de la loi, qu'il y a
des choses qu'on devrait améliorer et c'est ce qu'on est en train de
colliger et d'accumuler. Je vous préviens qu'on reviendra avec des
amendements à la loi, mais ces deux articles-là concernent des
cas d'information réelle; plutôt qu'une tradition, on le met dans
la loi et c'est important que ce soit inscrit. Les gens en seront
informés. Et le cas des intérêts, c'est une pratique
courante. Je ne vois pas pourquoi le gouvernement perdrait des
intérêts sur des comptes "passés dû".
Le Président (M. Bélanger): M le
député d'Ungava.
M. Claveau: J'avais demandé si c'est des choses qu'on
retrouve, je ne sais pas, dans d'autres ministères, avec d'autres
services gouvernementaux.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On le retrouve
dans la loi du ministère du Revenu, on le retrouve dans d'autres lois.
Ça y était avant, dans la loi des terres et forêts, et dans
le règlement, dans le passé. Mais ça n'a pas
été inscrit en 1987 et, possiblement, quelqu'un nous a
souligné ça, qu'il y aurait une faille là et on est aussi
bien de clarifier la situation et de dire: C'est de même.
M. Claveau: Ce n'est pas beau, en ce qui me concerne
Le Président (M. Bélanger): Bien, alors, sur les
remarques préliminaires, il vous reste une minute, je voulais juste vous
le dire.
M. Jolivet: Juste une question, parce que ça va me
permettre de savoir de quelle façon on va procéder ensuite. Dans
l'article 2, M. le Président, est-ce que le ministre peut m'indiquer...
On dit: "De plus, lorsqu'une personne acquiert une usine faisant ou ayant fait
l'objet d'un contrat d'approvisionnement et d'aménagement fores-
tier..." Ça se conjugue avec le premier paragraphe de l'article
actuel: "Seule une personne autorisée en vertu du titre IV à
construire ou à exploiter une usine de transformation du bois est
admissible à adhérer à un contrat."
Donc, par ce qu'on vient d'ajouter par l'alinéa suivant l'article
37, on dit: "De plus, lorsqu'une personne acquiert une usine faisant ou ayant
fait l'objet..." C'est parce qu'il peut y avoir une usine qui, "ayant fait", a
perdu son contrat d'approvisionnement parce qu'il a été
donné à un autre. C'est ça que je vous dis: Le danger, on
le voit là. Dans ce contexte-là, il y a peut-être des
dangers potentiels. On dit: "Lorsqu'une personne acquiert une usine faisant -
si elle fait, c'est qu'elle a actuellement un contrat d'approvisionnement et
d'aménagement forestier - ou ayant fait l'objet d'un contrat". Ça
se "pourrait-u" qu'une usine ait eu, un jour, un contrat, mais qu'elle n'ait
plus ce contrat parce qu'il a été donné à un autre
pour une autre raison? Il pourrait arriver que ce soit ça. Je vous le
dis: Le danger, là, c'est qu'il y ait des pressions immenses faites sur
le ministre par des entreprises qui vont vouloir utiliser tout ça.
Alors, je vous le dis, là: J'ai des craintes et je ne suis pas sûr
de ma réponse encore.
Le Président (M. Bélanger): M. Harvey, oui.
M. Harvey: En fait, il y a deux possibilités, M. le
député, je pense. Quand on dit "faisant l'objet d'un contrat",
c'est quelqu'un qui exploite actuellement une usine et décide de la
vendre; donc, théoriquement, aussi, il fait des bénéfices.
Et, nous, ce qu'on dit à la personne qui doit l'acheter: Assurez-vous
que les droits dus au gouvernement ont été payés. C'est la
pratique administrative qu'on utilise depuis, en tout cas, que, moi, je suis au
ministère dans toutes les transactions. Ça, c'est ceux faisant
partie.
Mais, "ayant fait l'objet", également, il se peut que, dans
certains cas, comme celui que M. le ministre signalait tout à l'heure,
par exemple, il refuse de payer ses droits et on lui enlève son CAAF. En
lui enlevant son CAAF, II faisait l'objet, il ne l'a plus, mais il n'est pas
nécessairement redistribué. Donc, c'est les cas de "ayant fait
l'objet". Alors, lui, il décide, après avoir perdu son CAAF, pour
une raison ou pour une autre...
M. Jolivet: Oui, mais s'il l'a perdu parce qu'il n'a pas
payé ses dus...
M. Harvey: Oui.
M. Jolivet: ...l'autre, lui, là, ce que je crois
comprendre, c'est que, s'il achète l'usine, il va devoir s'engager
à payer les dus de l'autre. C'est ce que je comprends.
M. Harvey: Non, non. Il faut qu'il s'entende avec l'autre en
disant: J'achète quelque chose de toi qui est grevé d'une
hypothèque. L'hypothèque, c'est que tu n'as pas payé tes
droits. C'est comme si vous achetez une maison qui a une hypothèque ou
je ne sais pas quoi. Tu n'as pas payé tes droits; donc, moi, je devrais
normalement payer moins cher. C'est ça, c'est l'entente entre le vendeur
et l'acheteur. C'est ça que le ministère demande: qu'il y ait une
entente entre le vendeur et l'acheteur. Peu importe comment ça va se
passer, "c'est-u" le vendeur qui va le payer au ministère ou si c'est
l'acheteur qui dit: Moi, je vais payer moins cher pour l'usine et je vais
rembourser le ministère? On considère que c'est leur affaire,
à eux autres. Alors, c'est ça, la différence entre
"faisant" et "ayant fait l'objet".
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ça se fait
toujours sous condition parce qu'il achète à condition d'obtenir
les...
M. Jolivet: Est-ce qu'on peut demander une suspension de cinq
minutes, au maximum, M. le Président?
Le Président (M. Bélanger): Alors, on a le
consentement pour une suspension de cinq minutes?
M. Jolivet: Maximum.
Le Président (M. Bélanger): O.K. Consentement.
(Suspension de la séance à 20 h 51)
(Reprise à 20 h 53)
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
je demanderais à chacun de reprendre sa place pour qu'on reprenne nos
travaux. Alors, M. le député de Laviolette, la parole est
à vous.
M. Jolivet: Oui, M. le Président. Bien, après les
discussions avec mon collègue, je vous dirai qu'on aurait eu l'intention
de demander au ministre d'entendre un groupe qui avait fait des revendications
autres, qui avait envoyé au secrétariat de la commission une
demande d'être entendu. Je pense qu'on a fait tous les points. Je pense
que, même si je la présentais à ce moment-ci, je serais
battu. D'une façon ou d'une autre, le ministre m'a dit à
l'Assemblée nationale qu'il n'en était aucunement question.
Alors, on expliquera aux gens qu'on a fait le travail qu'on avait à
faire pour les faire entendre, mais que, quand bien même on aurait
passé une demi-heure, une heure à parler de ça, on aurait
obtenu le même résultat final pour le moment. Alors, je ne
présenterai pas de motion préliminaire en tenant compte que nous
allons passer à l'étude du projet de loi, à l'article
1.
Étude détaillée
Le Président (M. Bélanger): Bien. Donc, j'appelle
l'article 1. Alors, M. le ministre.
Exigibilité des droits
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce que nous
proposons, M. le Président, à l'article 1: "La Loi sur les
forêts est modifiée par l'insertion après l'article 6 du
suivant: 6.1 Tout solde impayé sur des droits exigibles en vertu de la
présente loi porte intérêt à compter du
trentième jour suivant la date de la facturation, au taux fixé en
vertu de l'article 28 de la Loi sur le ministère du Revenu.
L'intérêt est capitalisé mensuellement". Et cet article est
justifié en vertu de l'ancienne Loi sur les terres et forêts, et,
plus particulièrement lors du règlement des bois et forêts,
il a été prévu, en résumé, qu'un
intérêt mensuel était chargé sur les
arrérages dus en vertu de la loi, article 40 du règlement en
question. En 1986, la loi des terres et forêts fut remplacée par
la loi des forêts. Cette situation implique que le ministère,
depuis le 1er avril 1987, sans habilitation législative expresse
clairement exprimée, clairement écrite, découlant de la
loi des forêts, charge des intérêts sur les redevances
forestières non acquittées par les titulaires des permis
puisqu'il n'a été au fait de la chose que tout récemment.
Et il est essentiel de remédier à cette modification
législative le plus tôt possible parce que je pense qu'il s'agit
d'une saine gestion et d'une préoccupation de percevoir les dus
réels et de ne pas encourager aussi les arrérages dans les
comptes.
M. Jolivet: M. le Président, je pense qu'il n'y a personne
ici, autour de cette table, qu'il soit de l'Opposition ou du pouvoir, qui va
être contre le fait que tout dû doit être payé. Je
pense que, peu importe ce que le ministre a dit à l'Assemblée
nationale, on n'a jamais été contre ça. Je pense que ce
n'était pas le but de notre discussion. On a toujours fait mention de
l'article 2 et de l'article 3. Donc, à l'article 1, il n'y a personne
qui va être en désaccord qu'une personne qui doit quelque chose
doit le payer, première chose.
Deuxièmement, on sait très bien que, lorsque quelqu'un
doit quelque chose dans les 30 jours du compte, quel que soit l'individu, il y
a un intérêt qui est chargé; personne ne va être
contre ça non plus. Que l'on ait oublié de l'inscrire
nommément dans la loi, nous allons simplement répéter
toujours ce qu'on a répété: On sait que la loi a
été passée, qu'il y avait des difficultés
d'application de la loi. C'est ce sur quoi on a toujours été en
désaccord- Je l'ai dit à l'Assemblée nationale que, sur
l'ensemble des principes de base du projet de loi, on ne pouvait pas être
contre, mais que sur des modalités on peut être contre.
Que le gouvernement à l'époque, par son ministre et par
les gens qui le conseillaient, ait fart une erreur, on est prêts à
accepter aujourd'hui qu'il y a une erreur et on la corrige. Donc, le jour
où on s'aperçoit qu'une erreur est commise, la meilleure des
choses à faire, c'est de réparer l'erreur. Alors, je ne pense pas
que personne ici autour de cette table va être contre l'inclusion de
l'article 1, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Bien, alors, sur
l'article 1, est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que l'article 1
est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Alors,
j'appelle l'article 2. M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, l'article 2 nous dit: "L'article 37 de la Loi sur les
forêts est modifié par l'ajout des alinéas suivants: "De
plus, lorsqu'une personne acquiert une usine faisant ou ayant fait l'objet d'un
contrat d'approvisionnement ou d'aménagement forestier ou le droit
d'exploiter une telle usine, elle n'est admissible que si les droits exigibles
du bénéficiaire de ce contrat ont été
entièrement acquittés. "Le deuxième alinéa ne
s'applique pas lorsque le bénéficiaire a fait cession de ses
biens ou a été l'objet d'une ordonnance de séquestre en
vertu de la Loi sur la faillite."
Je signalerai que c'est une loi fédérale, c'est une loi
révisée du Canada de 1985. Et, évidemment, le gouvernement
ou le ministère est soumis à la loi des faillites comme les
autres.
La Loi sur les forêts, M. le Président, prévoit que
tout bénéficiaire d'un contrat, d'un CAAF, doit payer les droits
prescrits par le ministre sur la base du volume récolté en vertu
du permis d'intervention. Et le CAAF lui donne le droit d'avoir un permis
d'intervention annuel en autant que les droits sont acquittés
annuellement. Elle prévoit également que nul permis
d'intervention ne peut être délivré à cette personne
qui est redevable de droits. Ça fait que ça ne peut pas
s'accumuler avec les années.
Cette disposition, M. le Président, est une mesure incitative
pour le paiement par le bénéficiaire des redevances au
gouvernement. Mais dans le cas d'un changement de la personne exploitant
l'usine faisant l'objet d'un CAAF dont le bénéficiaire est
redevable de droits exigibles, aucune mesure clairement exprimée aussi
dans la loi n'est prévue pour assurer le rendement de ces droits
malgré que c'était la pratique et que les
industriels du Québec, dans toutes les transactions qui se sont
faites depuis la loi ont accepté de payer les redevances en retard parce
que ça faisait pratiquement partie du coût d'achat ou, comme l'a
expliqué M. le sous-ministre tout à l'heure, c'était une
hypothèque. L'usine ou l'industrie était grevée d'une
hypothèque sur les redevances.
C'est une modification qui vise à assurer le remboursement des
sommes dues en fixant comme conditions d'admissibilité ou pour
être considéré pour un CAAF le paiement des droits
précités. (21 heures)
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Lavlolette, des commentaires?
M. Jolivet: M. le Président, oui. À ce
niveau-là, je dois vous dire qu'il restera toujours le fait que les gens
ont des inquiétudes, qu'il est normal qu'on les exprime. Le ministre a
donné des réponses qui peuvent paraître satisfaisantes.
Cependant, nous ferons mention par les écrits maintenant qui restent et
par la surveillance que nous ferons qu'aucune possibilité puisse exister
pour des entreprises de faire, comme le ministre le disait, du chantage sur le
ministre, lui indiquant que, s'ils deviennent propriétaires d'une
bâtisse avec la machinerie, ils ne puissent pas la transporter comme ils
veulent. Et je pense que c'est ce qu'on a voulu dire. C'est ce qu'on veut
toujours dire et je pense que c'est important qu'on redise que la loi n'a pas
pour but de permettre la vente du contrat d'approvisionnement vu qu'il est
incessible. Mais II reste une chose, c'est que, par les pressions faites par
les gens, il pourrait arriver que des individus puissent essayer de vouloir
faire sur le ministre des pressions qui sont de l'ordre du chantage. Et, dans
ce contexte-là, on ne l'accepte pas plus, nous, comme membres de
l'Opposition, que le ministre soit l'objet de chantage, d'autant plus qu'il y a
des gens, dans le milieu, qui disent: Une telle usine qui fait l'objet ou qui a
fait l'objet d'un contrat d'approvisionnement pourrait être utile
à rester dans le milieu et elle ne doit pas déplacer, à ce
moment-là, ces contrats-là pour permettre à des gens de
pouvoir les récupérer et de rétablir un nouveau CAAF plus
grand avec trois ou quatre usines parce que la loi ne le permet pas. Mais on ne
veut pas que des pressions soient faites.
Je vous donne des exemples de possibilités qui pourraient arriver
où une usine dit: Nous autres, on a acheté telle usine de sciage
à telle place, telle usine de sciage à telle autre place, et,
nous, on voudrait que les CAAF reviennent à une autre usine plus loin
pour rentabiliser celle-là et fermer les trois autres. Je pense que le
but n'est pas celui qui est recherché par le projet de loi comme tel et
c'est de ça qu'on voulait s'assurer dans la discussion que nous avons
eue. On a le droit d'être toujours un peu les avocats du diable dans une
telle chose, mais on veut avoir la vérité au bout de la
course.
Parce que, quand on dit: "elle n'est admissible que si les droits
exigibles du bénéficiaire de ce contrat ont été
entièrement acquittés", la crainte que les gens avaient, et il
était normal qu'ils l'aient, c'est qu'ils disent: Le jour où
j'aurai payé les droits exigibles, est-ce que je pourrai faire ce que je
veux, après ça, du CAAF? Et, dans ce contexte-là, nous
pourrons dire aux gens qui ont eu des craintes que ce n'est pas ça et le
ministre pourra nous le dire, nous le répéter, mais ce qui est
important, c'est qu'on va le surveiller.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je
répondrais, M. le Président, que ça veut tout simplement
dire que le nouvel acquéreur devient admissible. Et, si le nouvel
acquéreur veut faire une transaction semblable, pour être prudent,
il devra mettre ça conditionnellement à ce que le ministre lui
transfère le CAAF, et le ministre n'est pas obligé de le faire,
il devient admissible, tout simplement.
M. Jolivet: C'est ça.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Et, lorsque
ça crée un problème, M. le député, un
problème social dans un village où c'est important qu'il y ait
une entreprise et que la population, via peut-être le conseil municipal,
via les syndicats ou autres, n'accepte pas les transactions ou le transfert
dans une autre localité d'une usine ou d'un CAAF, je n'accepte tout
simplement pas de le faire, généralement. Et, évidemment,
ça peut impliquer souvent la fermeture de l'usine pendant un an ou deux
et peut-être plus. Mais, tant que les gens disent non, évidemment,
je ne suis pas là pour créer des problèmes sociaux et
augmenter la tension dans la population.
Et cet article-là, c'est l'admissibilité seulement pour
considération pour obtenir un CAAF et la transaction doit être
conditionnelle, par prudence, à ce que le CAAF soit octroyé.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Moi, j'ai un certain nombre de préocupations
par rapport à ça et je voudrais savoir si j'ai bien compris.
D'abord, O.K., tout individu qui veut se porter acquéreur d'une usine,
bon, qui a des dettes envers le gouvernement, bon, doit normalement assumer la
dette aussi au moment de l'achat, comme c'est le cas pour n'importe quel autre
créancier qu'il pourrait y avoir, je ne sais pas, moi. Il a une
quincaillerie, l'entreprise doit 25 000 $ et il y a un fournisseur de pneus de
camion qui a 50 000 $ pas payés. Dans le fond, tu ramasses toute la
dette, y compris la dette liée au CAAF. C'est bien ça l'esprit?
Bon. Excepté dans un cas de faillite ou dans un cas de cession de biens:
"a
fait cession de ses biens ou a été l'objet d'une
ordonnance de séquestre en vertu de la Loi sur la faillite". Bon.
Ça veut dire qu'à ce moment-là le gouvernement devient un
créancier comme les autres, qu'il n'est pas un créancier
prioritaire garanti? Non. La créance n'est pas garantie.
Des voix: Privilégiée.
M. Claveau: Privilégiée. Bon. La créance
n'étant pas privilégiée, ça veut dire que, dans le
fond, tout acheteur...
M. Jolivet: Elle est privilégiée.
M. Claveau: Elle est privilégiée. Bon. Ça
veut dire qu'en achetant la faillite, normalement, j'achète le CAAF qui
va avec, puis je paie les dettes?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non.
M. Claveau: Ou bien donc, je paie la dette et je n'ai pas de
CAAF.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le CAAF est
incessible. Et, si l'industriel a fait faillite, à l'article 84, il perd
automatiquement son CAAF. Il n'y en a plus, de CAAF.
M. Claveau: Bon. Expliquez-moi le cas de J. E. Therrien, à
partir de ça.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Bon, O. K. J. E.
Therrien, c'est une entreprise qui n'est pas en faillite. Et les
propriétaires ne nous ont pas indiqué clairement par écrit
qu'ils mettaient fin à leurs opérations. Et on pourra
peut-être donner suite au voeu du député d'Abitibi-Ouest
seulement lorsque Therrien ou le propriétaire nous avisera qu'il met fin
à ses opérations. C'est le propriétaire qui
décide.
M. Claveau: Oui, mais comment ça se fait...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Et,
évidemment, M. le député, vous avez raison, là,
ça a amené chez nous une réflexion que le
député de Lavio-lette a signalée avec raison: c'est quand
une fermeture temporaire, c'est quand une fermeture permanente? Comment fixer
ça dans la loi? Et ça nous a amenés, au ministère,
à réfléchir sur cette question-là. C'est pourquoi,
tout à l'heure, je vous ai dit qu'on reviendrait avec des amendements.
Suite à l'usage de la Loi sur les forêts, on s'aperçoit
qu'il y a des petits problèmes de même. Et nos procureurs au
ministère colligent tous les endroits où on pourrait
améliorer la Loi sur les forêts. Mais ça, c'est une
mécanique administrative ici, financière seulement.
M. Claveau: Mais, c'est ce que j'ai de la difficulté
à comprendre, là, et je ne voudrais pas, finalement, qu'un
article semblable puisse, à la limite, servir à ça:
acculer quelqu'un à la faillite, finalement. Bon.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ah non. Il n'y a
personne d'intéressé à aller en faillite, à moins
de faire des faillites frauduleuses. Et, là, c'est un autre cas.
M. Claveau: Non, mais s'il y a un ou deux acheteurs potentiels,
mettons, O. K. ? puis que, bon, ces acheteurs-là se disent: Oui, bien,
là, si on achète, on est poignes pour payer tant de mHliers de
dollars de CAAF qui restent et tout ça, mais qu'il n'y en a pas d'autre
acheteur, là, ça fait que tu laisses ton gars faire faillite,
puis après ça, bien là, tu règles à travers
la faillite et, éventuellement, avec les pressions du milieu, bien, tu
récupères pour pas trop cher.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, même dans un cas de faillite, le ministre n'est pas
obligé d'octroyer le CAAF à l'acquéreur de la
faillite.
M. Claveau: À moins qu'il y ait un règlement avec
la banque ou les principaux créanciers.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II n'est pas
obligé, là, hein? Ça fait que c'est une question de... Et
j'aimerais que Mme Aubin vous donne des explications supplémentaires
là-dessus, mais le ministre n'est pas obligé de donner le CAAF
à l'acquéreur de la faillite.
M. Claveau: Mais si ça fait partie...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Parce que
l'acquéreur... Pardon?
M. Claveau: Le problème et c'est là que j'en viens
un peu avec l'exemple J. E. Therrien...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Therrien n'est pas
en faillite...
M. Claveau: Non, non, mais ça, pas en faillite, disons
qu'en tout cas il n'est pas loin, hein? J'imagine, là, qu'on peut jouer
sur les mots, mais techniquement il n'y a plus grand-chose qui marche chez JE.
Therrien, là. Bon. Puis, là, il y a une créance de 5 000
000 $ qui traîne dans le décor. Là, il y a cinq ou six
acquéreurs qui disent: O. K. Nous autres, on est bien prêts
à payer la Banque Nationale; on va faire un protocole d'entente avec
vous autres, une entente de principe, on va vous payer vos 5 000 000 $, vous
allez ramasser vos cliques et vos claques dans la mesure où le ministre
va accepter de nous partager les CAAF pour nos autres usines, parce que, nous
autres, la vieille réguine, ça ne nous intéresse pas de la
rouvrir.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est une
proposition conditionnelle et je ne sais pas si c'est la banque qui est le
mandataire de J.E. Therrien. En tout cas, c'est la banque qui agit pour et au
nom de J.E. Therrien. Je ne sais pas si c'est la Banque Nationale ou une autre,
là, mais c'est comme si c'était le propriétaire qui agit,
là.
M. Claveau: Oui, c'est la Banque Nationale, tout le monde le
sait, c'est marqué là: Banque
Nationale, avec Tembec, Scierie Amos, Gallichan,
Landrienne, etc. Bon. Mais c'est parce que, là, il y a comme un
curieux de phénomène: à partir du moment où tu ne
peux pas transférer un CAAF, moi, en tant qu'acquéreur, par
exemple, d'une usine...
Une voix: Moi aussi.
M. Claveau: Bien non. Écoutez le principe, là, puis
vous allez être poignes avec le problème probablement 20 fois par
année. J'espère que non, mais, en tout cas, disons à
l'occasion. Écoutez bien, là. C'est qu'à partir du moment
où, moi, je veux acheter une usine qui va relativement bien, bon, les
gars ont des problèmes et tout ça, je dirais: Moi, je voudrais
l'acheter, mais l'intégrer dans mon réseau, disons que je
m'appelle Domtar, Tembec ou Donohue, bon. Je voudrais l'intégrer dans
mon réseau, mais, là, je suis pris avec le CAAF qui est
lié à cette usine-là. En contrepartie, je me dis: Ouais,
avec l'exclusion qui est faite au paragraphe 2 de l'article 37, etc., dans des
cas de faillite ou autrement, bon, écoutez, je vais laisser aller mon
gars; le jour où il fera faillite, bien, si ça s'en va vers la,
je le ramasserai pour pas cher et, à la limite, je pourrai toujours
payer le CAAF, mais si je ne suis pas intéressé à rouvrir
l'usine, je pourrai renégocier pour que ça s'additionne aux
parterres de coupe que j'ai déjà. Si vous réglez J.E.
Therrien dans le sens qui est demandé par la Banque Nationale, c'est
ça que vous allez faire, puis vous ouvrez la porte à ce que
ça se fasse sur tout le territoire du Québec parce que vous
n'aurez plus de possibilité de dire non, vous allez l'avoir fait une
fois. Les acheteurs de J.E. Therrien ne sont pas intéressés
à rouvrir la vieille usine d'Amos; ce qui les intéresse, c'est de
payer la Banque Nationale en autant que vous acceptiez qu'ils se redivisent le
CAAF pour le rajouter dans chacun des CAAF de leurs propres usines.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. Harvey va vous
répondre aussi, mais les acheteurs de J.E. Therrien, ce ne sont pas eux
qui vont prendre la décision de ne pas opérer. Therrien peut
prendre la décision de ne pas opérer, puis, après
ça, transiger. Mais ce n'est pas ça qui se produit, là;
Therrien transige conditionnellement à... Le ministre n'est pas
obligé de donner suite à tout ça, là. Il n'est pas
obligé.
M. Claveau: Non, il n'est pas obligé.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, c'est
ça. Et j'aimerais que M. Harvey complète, là.
M. Jolivet: Bien, ce qu'il attend, le ministre, c'est qu'on lui
dise: C'est fini, on n'en parle plus. Là, vous
récupérez...
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est que le
propriétaire... Là, je reprends possession du CAAF.
M. Jolivet: Et là, vous le redistribuez.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je peux m'en
servir pour consolider des entreprises ou l'octroyer à un autre
promoteur en dehors des cinq qui sont nommés là. Et c'est ce que
j'aurais pu faire à Saint-Michel-des-Saints, le donner à un
autre, mais ça aurait pénalisé les employés qui
attendent depuis un certain temps de l'ouvrage et toute l'activité
économique. Là, c'est un cas de faillite, mais quand un
propriétaire ou un bénéficiaire se désiste de son
CAAF, ça revient au même, ça libère tout le volume.
Voulez-vous ajouter quelque chose?
M. Harvey: S'il vous plaît, M. le ministre. Étant
donné que, à ce stade-ci, le dossier évolue beaucoup au
niveau administratif et qu'il n'y a pas eu de demande officielle de faite
auprès du ministre... Actuellement, comme vous le savez, là - le
ministre en a d'ailleurs déjà parlé - on nous a
demandé de mener une action de rationalisation en
Abitibi-Témiscamingue. Et ça, je pense que c'était aussi
souhaité par la population. Il y a le CRDAT, actuellement, qui se penche
là-dessus et tout ça. La proposition actuelle pour J.E. Therrien,
elle s'imbrique dans cette action de rationalisation. Et la question qu'on aura
à se poser est: Est-ce qu'on est mieux d'avoir cinq scieries qui
fonctionnent mal ou d'en avoir quatre qui fonctionne bien, puis une qui est
fermée? À ce stade-ci, la proposition qui provient des gens dont
vous parliez tout à l'heure, c'est effectivement de fermer J.E. Therrien
et d'utiliser les bois qui deviennent disponibles, mais à la
discrétion du ministre. Il n'y a personne qui peut vendre un CAAF. Il
faut toujours éviter d'employer cette expression-là. On est
d'ailleurs intervenus récemment dans une vente où un lot,
c'était le CAAF et Mme Côté Aubin a préparé
un projet de lettre que j'ai signée en disant: Vous n'avez pas le droit
de faire ça, ça ne se vend pas, un CAAF, c'est incessible, comme
dit M. le député.
M. Claveau: Ce n'est pas un quota.
M. Harvey: C'est ça, ce n'est pas un quota. Alors, dans le
cas de J.E. Therrien, la proposition qui va être proposée au
ministre - elle n'a
pas encore été proposée au ministre - c'est
justement de dire: On va fermer J. E. Therrien, la municipalité est dans
le coup, tout le monde est dans le coup. Pour le plus grand bien de la
région, on doit avoir trois ou quatre scieries qui vont fonctionner
comme il faut. C'est rien que ça.
M. Jolivet: Puis le bois qui n'est pas redistribué, il
s'en va dans le...
M. Harvey: Dans une réserve. M. Jolivet: Une
réserve.
M. Claveau: En principe, vous avez raison: le CAAF n'est pas
monnayable, mais, dans l'esprit de "business", ça devient une monnaie
d'échange. De ia même façon, par exemple, qu'on s'est fait
expliquer, dans cette même salle, ici, au moment où on a fait - je
fais une petite parenthèse, là, mais ça vous donne un peu
l'idée - la Loi sur les heures d'affaires... Des gens qui venaient des
marchés aux puces sont venus nous dire: On n'a pas le droit de vendre
des produits neufs dans les marchés aux puces sauf qu'on vend des
biscuits au soda qui sont étampés d'une certaine façon,
à 20 $ du biscuit. Et, après ça, quand tu les a
achetés à 20 $ du biscuit sur la chose en avant, tu te revires de
bord et tu vas les échanger pour une télévision dans le
camion qui attend en arrière, à la sortie. On nous l'a dit, je
répète exactement ce qu'on nous a dit. Donc, il y a toutes sortes
de moyens de rendre monnayables des choses qui ne le sont pas. Parce qu'un
biscuit au soda à 20 $, c'est fou raide, sauf que, quand tu sais que tu
vas aller le rechanger dehors pour un téléviseur,
dépendamment du nombre de... (21 h 15)
M. Jolivet: II y a le berlingot où ils enlèvent la
TPS parce qu'ils ont mis un dixième de litre de plus.
M. Claveau: Non. Il y a toutes sortes de trucs comme ça et
puis, quand on a le cas, par exemple, de JE. Therrien, qui est un beau cas,
à mon sens, pour essayer de se comprendre dans tout ça, là
on voit que, sans que ça soit monnayable, O. K., la seule façon
qui peut permettre à des acquéreurs potentiels de donner les 5
000 000 $ demandés par le créancier principal, c'est que l'on
garantisse le transfert des CAAF dans leurs propres usines. Donc, ce n'est pas
monnayable, ce n'est pas monnayé, disons, mais que ça fait
drôlement partie de la transaction, puis on dira ce qu'on voudra.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député...
M. Jolivet: Oui, M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup):... J. E. Therrien
peut bien actuellement - et votre collègue avait raison de le souligner
- attendre ses cinq ans pour qu'on révise son CAAF et, s'il n'a pas
opéré, il ne lui en restera pas beaucoup au bout de cinq ans, en
vertu de la loi, là, en vertu des critères de révision.
Mais, vous avez raison, une usine pas de CAAF, ça ne vaut pas cher.
Ça, vous avez raison. Mais le CAAF ne se vend pas et c'est J. E.
Therrien qui décidera de mettre fin à ses opérations.
C'est ce qui va faire qu'il va libérer des volumes de bois que je
pourrai distribuer. Mais tant que J. E. Therrien n'aura pas dit ça,
c'est la période de cinq ans qui prévaut et vous
médites...
M. Jolivet: Dans le fond, on négocie la faillite.
M. Côté (Rivière-du-Loup):... et vous me
dites: Écoutez, n'attendez pas aussi longtemps que ça, essayez de
trouver une façon. Les municipalités, le CRDAT, tout le monde
essaie de trouver une façon et J. E. Therrien peut bien dire: Oui, je
vais mettre fin à mes opérations à certaines
conditions.
M. Claveau: Oui, mais c'est que pour pouvoir là se
conformer...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vendre ses actifs,
c'est ce qu'il va faire.
M. Claveau: Mais, pour pouvoir se conformer, dans le fond, aux
nouvelles dispositions de la loi, puis se soustraire en vertu de l'exemption
qui est donnée dans le dernier paragraphe de l'article 2 qui modifie
l'article 37 de la Loi sur les forêts, on négocie au
préalable la faillite de J. E. Therrien et puis...
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est toujours
conditionnel. C'est vrai. Par précaution, il faut qu'il fasse
ça.
M. Jolivet: En fait, le ministre aurait Intérêt au
plus sacrant à changer le mot "définitif". Pas dans ça
là mais dans la loi: fermeture définitive.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Bien oui, c'est
ça.
M. Jolivet: Bien, il faudrait trouver un délai plus court
que les cinq ans.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II faut trouver
c'est quoi, la fermeture temporaire, définitive ou autre. Et je me suis
informé, M. le député, vous avez raison. Quelqu'un a
fermé une usine, puis il a demandé un programme de reclassement
des employés. J'ai dit: Ça ressemble à du
définitif, ça. hein? Mais les avocats ont dit: Non, ce n'est pas
définitif parce qu'il y a reclassement. Une
fermeture de plus de six mois, tu es obligé un comité de
reclassement.
M. Jolivet: 11 y a un beau "smart" qui a trouvé
ça.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Bien oui.
M. Claveau: Est-ce que vous trouvez... J'ai encore du temps?
Le Président (M. Bélanger): Oui
M. Claveau: Parce que je n'ai pas vraiment eu de réponse.
Est-ce que vous trouvez normal que, dans le cas de J.E. Therrien, pour
reprendre ce cas-là parce qu'on a l'exemple sur la table et puis, moi,
j'ai l'impression que l'article 2 va permettre de faire ça...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non.
M. Claveau: Non, écoutez. C'est que là vous avez un
créancier...
M. Côté (Rivière-du-Loup): JE. Therrien, ses
redevances sont toutes payées, ne vous en faites pas.
M. Claveau: Bon, il y a une question de transfert de CAAF, en
tout cas.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ça fait
qu'on parle de redevances dues là.
M. Claveau: Mais il y a une question de transfert de CAAF, en
tout cas. Disons que vous auriez peut-être dû prévoir un
article pour modifier ça. Mais dans ce cas-là...
Le Président (M. Bélanger): Ça t'aurait
donné raison d'intervenir.
M. Claveau: Mais je veux bien comprendre la dynamique là
parce que ça va mal dans l'industrie forestière, puis il y a des
raisons pourquoi ça va mal aussi là. C'est qu'il y a un
créancier principal qui s'appelle la Banque Nationale, qui dit: Moi,
j'ai la possibilité de mettre JE. Therrien en faillite, mais j'ai besoin
de 5 000 000 $. Si je le mets en faillite, je vais peut-être le vendre
pour 200 000 $ parce que de toute façon le CAAF n'est pas
transférable. Puis, c'est rien que la réguine qui est là.
Ça fait qu'avant de le mettre en faillite, je m'en vais me trouver des
acquéreurs qui vont être prêts à négocier avec
moi, sur la base d'une entente de principe, une espèce de monnayage du
CAAF existant de 334 000 mètres cubes de bois, à peu près,
pour une valeur relative de 5 000 000 $. Là, on va tous négocier
ça entre nous autres, on va faire une entente de principe qu'on va
déposer au ministre et puis, si le ministre l'accepte, bien là,
à ce moment-là, on sera en mesure de déclarer la faillite
et puis on liquide JE. Therrien comme entreprise, puis les CAAF sont
redistribués à ceux qui vont me donner les 5 000 000 $, à
mol, Banque Nationale, comme créancier principal.
M. Harvey: C'est quoi, l'intérêt de la banque de la
mettre en faillite?
M. Claveau: Pour récupérer ses 5 000 000 $.
M. Harvey: Bien non. Vous récupérez bien moins si
elle tombe en faillite que si elle la vend avant la faillite.
M. Claveau: Bien, c'est ça. C'est eux autres qui
ont...
M. Harvey: Oui, oui, mais je ne comprends pas votre raisonnement,
M. le député.
M. Claveau: Elle veut vendre avant la faillite, elle a deux
possibilités. Si elle dit: Je vends avant la faillite, elle n'a pas
d'autre valeur sur laquelle négocier que la valeur des CAAF parce que la
cabane, il n'y a personne qui en veut. Alors, elle ne peut pas se faire payer
autrement que sur la valeur du CAAF qui est lié à l'usine; sinon,
personne ne va la payer et personne ne va l'acheter pour sa créance.
M. Harvey: Si vous le permettez, M. le député,
Bernard Harvey. Je pense qu'il n'y a pas de lien entre l'article 2 et ce que
vous dites. Je pense qu'il n'y a aucun créancier qui a avantage à
provoquer la faillite en soi. On a d'autres cas... Non, je n'en ai
jamais...
M. Claveau: Ah! Bien, écoutez, je l'ai vu dans le cas
d'une scierie de...
M. Harvey: Non, non.
M. Claveau: ...Chibougamau, dont on a beaucoup parlé avec
le ministre et, finalement, pour une trentaine de mille mètres cubes de
bois, le ministre a réussi à la faire mettre en faillite parce
qu'on n'a jamais été capables de trouver 30 000 mètres
cubes de bois dans une zone où il y a des millions de mètres
cubes, on ne sait pas quoi faire avec quasiment. On a réussi à la
faire mettre en faillite quand même parce que le ministre n'a jamais
trouvé 30 000 mètres cubes.
Le Président (M. Bordeleau): Juste une minute, en vertu de
la...
M. Claveau: Allez donc, vous ne me ferez pas brailler avec
ça, vous là.
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. Harvey, est-ce que vous
avez une réponse à donner?
M. Jolivet: C'est parce que là il m'a ouvert une porte que
je voulais utiliser, oui.
Le Président (M. Bordeleau): O. K. M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Moi, je le prends à l'inverse. Si vous me
permettez de me faire l'avocat du diable pour être sûr d'avoir la
bonne chose. On dit à l'article 37: "Seule une personne autorisée
- donc, une personne morale, c'est une question de personne morale - en vertu
de l'article 4 à construire ou à exploiter une usine de
transformation du bois est admissible à adhérer à un
contrat. " Vous êtes d'accord avec moi là que seules ces
personnes-là ont droit à avoir un contrat. Il y a cinq personnes
morales qui forment un consortium qui achète JE. Therrien et qui
décide de payer vos droits parce qu'ils sont payés, les droits
exigibles. Cette compagnie-là qui est le consortium, vous allez
comprendre avec moi qu'elle est propriétaire actuellement de l'usine de
J. E. Therrien avec la machinerie et qu'elle essaie d'obtenir qu'elle devienne
admissible, puisqu'elle a payé tous les droits exigibles, au contrat qui
existe. Le contrat actuellement de JE. Therrien, c'est 334 000 mètres
cubes qu'on a dit, environ 300 000 mètres cubes. Et là ils
disent: Écoutez, on a payé les droits, on est une personne morale
qui forme consortium qui est admissible... Elle est admissible, il s'agit que
le ministre décide qu'elle est admissible à ce contrat
d'approvisionnement. Une fois qu'elle a l'usine et qu'elle est admissible au
contrat d'approvisionnement, elle se revire de bord et là elle dit au
ministre: Ce contrat-là - moi, je m'appelle Untel parmi le groupe, moi,
Untel parmi le groupe - ces 300 000 redistribue-les au monde. Là, ils
vont faire toutes les pressions... Ce que je suis en train de vous dire depuis
ce soir, c'est qu'il y a du monde - là vous me dites: Ce n'est pas
ça; alors, je vous crois sur parole, on va vous surveiller - qui pense
que c'est la "game" qui est en train de se jouer. C'est ça qu'on veut
vous dire, on a crainte de ça. Alors, si vous me dites ce soir que ce
n'est pas ça du tout, mais que ça se reproduit dans quelque
temps, vous allez vous faire taper sur les doigts, comme disait Picotte l'autre
jour.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Regardez, M. le
Président, si Therrien décide de mettre fin définitivement
à ses activités...
M. Jolivet: Mais Therrien, c'est un consortium actuellement, il
l'a acheté.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non, bien
non. Therrien actuellement... Évidemment, ça appartenait... C'est
MacLaren qui a acheté Nor- mick et Therrien n'opère pas. C'est la
banque qui...
M. Jolivet: Mais Therrien, ce n'est pas un monsieur ça
là, hein.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non. M.
Jolivet: C'est une compagnie.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui. qui a le
mandat de gérer Therrien.
M. Jolivet: Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si la banque
décide de mettre fin à ses activités
définitivement, ça libère les volumes, tout comme..
M. Jolivet: Ça, c'est parce que la loi dit
définitivement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui
M. Jolivet: Et vous avez cinq ans pour lui dire: Tu ne l'as pas
fait mon "chum" pendant cinq ans, on va te l'enlever.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est ça.
Au bout de cinq ans, s'il n'a rien fait...
M. Jolivet: Oui, mais ce que je veux dire: Entre-temps, il y a du
monde qui subit ça.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: Peu importe comment ça se produit. Ce que je
suis en train de vous dire: II va falloir qu'on se décide au plus
sacrant à régler ce problème-là et ensuite on
pourra donner un message aux gens qu'il va falloir qu'on détermine
comment "définitivement" est dans le temps.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais j'en viens
à la distribution des volumes. Daishowa a décidé de faire
du recyclage et ça a libéré des volumes à
Forestville, comme Canadien Pacifique a décidé de faire du
recyclage à Gatineau, ça libère des volumes et MacLaren
aussi. Ce qui a été fait à Forestville, on a
réparti les volumes entre trois, quatre demandeurs.
M. Jolivet: Ça va, je comprends ça.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Et c'est ce qui va
se produire avec Therrien quand ça va libérer ses volumes.
M. Jolivet: Et là vous êtes en train de nous dire
qu'il faut qu'au plus sacrant une décision soit prise..
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est
ça.
M. Jolivet: ...que Therrien est fini, est fermé
là.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...que Therrien
nous dise: C'est fini.
M. Jolivet: Là, après ça, vous prenez les
volumes et vous les donnez à tout le monde selon un principe
d'équité.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si la
région, via les municipalités, le CRDAT et tout le monde, nous
fait des propositions, je pense qu'on doit les recevoir, les examiner.
Ça ne veut pas dire de les accepter intégralement, mais je pense
qu'on doit les examiner, les recevoir correctement.
M. Jolivet: Donc, il faut dire aux gens que l'article 2 n'a pas
pour but de régler ce problème-là ...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non.
M. Jolivet: ...parce que ce serait par un autre article qu'on
aurait à le régler.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est
ça.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Si je comprends bien les propos du ministre, il y a
quelqu'un à quelque part qui vient de faire un x sur 5 000 000 $.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Bien non. Therrien
va prendre la décision après qu'il va avoir vendu. C'est
ça qui va nous arriver. Après, c'est ce qu'il va faire, ce ne
sera pas avant, s'il est fin pour cinq cents.
M. Jolivet: II essaie de faire de l'argent avec ça.
M. Claveau: Je m'excuse auprès du sous-ministre. Tout
à l'heure, je lui ai coupé la parole un peu rapidement, mais
j'aimerais continuer à écouter la fin de son explication.
M. Harvey: Bernard Harvey. Si vous permettez, on pourrait
continuer là. Actuellement, pour répéter ce que M.
Côté vient de dire au fond, il y a un consortium, peu importe. Il
y a J.E. Therrien qui a un CAAF et un CAAF, ça va avec une usine et les
acheteurs de J.E. Therrien, qui peuvent être n'importe qui, peuvent
aviser le ministre et dire: Nous, on ferme! Ou nous, on réduit notre
consommation comme c'est arrivé dans le cas du recyclage. Là, les
bois ne sont plus alloués; ils deviennent disponibles.
M. Jolivet: Comment ça se fait qu'ils ne comprennent pas
ça?
M. Harvey: Qui ne comprend pas ça?
M. Jolivet: La logique voudrait qu'ils ferment au plus sacrant.
Moi, ce que je comprends de ce que les gens m'ont dit, ils cherchent
actuellement, les cinq dans le consortium, à reprendre une partie de
chacune des choses et il y a du monde qui a dit: Non, non, ça va rester
là, les bois du nord. Là, ils disent: II faut nous
préserver ça parce que nous autres, si on veut repartir, on ne
sera peut-être pas capables de repartir. Il s'agit de savoir si, à
ce moment-là, il n'y a pas un intérêt quelconque à
le fermer définitivement et à le dire qu'ils ferment
définitivement pour qu'on redistribue le bois ou bien, s'ils ne le font
pas, c'est parce qu'ils ont une perte quelque part.
M. Harvey: M. le député, il y a actuellement un
propriétaire et il y a aussi un créancier principal qui est la
Banque Nationale, M. le député d'Ungava a raison, qui, lui veut
récupérer au maximum son argent. Donc, il vend l'usine, mais il
ne peut pas vendre le CAAF. Actuellement, le jour où il y a une vente
d'usine, le CAAF est incessible, il n'a plus de CAAF. Il redevient la... Comme
le disait M. le ministre tout à l'heure, Mme Côté Aubin
peut vous le témoigner, à chaque fois qu'on entend parler d'une
vente, on avise l'acheteur et le vendeur: Avant d'acheter, assurez-vous que
vous allez avoir le CAAF parce que le CAAF est incessible; assurez-vous
auprès du ministre que vous allez avoir le CAAF, qu'il va vous
transférer le CAAF, ou, alors, faites une vente conditionnelle parce que
ce n'est pas automatique nécessairement.
M. Claveau: Ils ne l'ont pas encore acheté justement. Le
problème, c'est qu'ils ne l'ont pas encore acheté.
M. Harvey: C'est ça.
M. Claveau: Parce qu'ils attendent d'avoir l'autorisation du
ministre pour se repartir les CAAF dans leurs usines. Puis, la Banque
Nationale, qui, elle, veut absolument être payée pour sa
créance, n'a rien d'autre que ce CAAF sur lequel elle peut le prendre
parce que la cabane il n'y a personne qui en veut. Alors, dans le fond, ce
n'est pas monnayé, il n'y a pas d'échanges monétaires qui
se font sur le CAAF comme tel, mais la valeur de l'installation physique de la
scierie est gonflée à cause du CAAF; sinon, ils ne sont jamais
capables récupérer leurs 5 000 000 $.
M. Harvey: De la même façon, M. le
député, que Daishowa à Québec, s'il n'y a pas
d'approvisionnement, ne vaut rien. Ça fait partie du...
M. Claveau: Sauf qu'il y a peut-être pour 25 000 000 $
d'équipements de toutes sortes là.
M. Harvey: Mais si on regarde une scierie... M. Claveau:
Oui, c'est ça.
M. Harvey:... sans CAAF, en général, à moins
qu'elle s'approvisionne en forêt privée, ça n'a plus de
valeur, s'il n'y a pas de CAAF.
M. Claveau: C'est ça. Mais, là, ce n'est pas
ça...
M. Harvey: Ça a la valeur de l'équipement
là.
M. Jolivet: Je n'irais pas jusque-là parce que ce n'est
pas nécessairement un CAAF; c'est si elle n'a pas
d'approvisionnement.
M. Harvey: Si elle n'a pas d'approvisionnement.
M. Jolivet: L'usine de textile chez nous, si elle n'a pas
d'approvisionnement, elle ne vaut rien; quand elle en a, elle vaut quelque
chose, mais elle n'a pas de champs de moutons ni de champs de coton.
M. Harvey: Sauf que l'usine située en Abitibi où il
y a peu de forêt privée doit nécessairement, a moins de
payer des coûts de transport énorme, se fier sur la forêt
publique.
M. Claveau: Sauf que, dans le cas présent, écoutez,
M. le Président, comme personne ne la veut, la vieille usine, dans le
fond, la seule raison qui ferait que ces gens-là mettraient les 5 000
000 $ ensemble, ça serait qu'on leur donne le CAAF pour le rajouter
à leurs usines existantes. Donc, ils vont payer chacun une partie du
CAAF pour le rajouter à leurs usines. Dans ce sens-là, on monnaye
le CAAF, ça ne peut pas faire autrement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député, J. E. Therrien, le propriétaire, ou via son
mandataire, peut bien attendre et dire: Un jour le bois va se vendre plus cher,
un jour ça va être rentable. Il y a toujours la période de
cinq ans qui peut le tracasser, mais il peut rester propriétaire en
espérant que les conditions seront meilleures et opérer son
usine, et attendre ça.
Une voix: Pendant ce temps-là, le monde souffre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pendant ce
temps-là, tout le monde souffre et, s'il y a quelqu'un qui nous fait des
propositions ensemble, les municipalités, les différents
groupements, la MRC, et puis que Therrien cherche une solution plus rapide qui
fait en sorte qu'on pourrait consolider certaines usines, bien pourquoi ne pas
le recevoir? Mais ce n'est pas une vente de CAAF là. Sauf que Therrien
peut attendre...
M. Jolivet: Non, je sais bien que ce nest pas une vente de CAAF,
mais le CAAF sert en maudit.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ah oui.
M. Claveau: C'est la seule chose qui est monnayable
là-dedans, le CAAF.
Le Président (M. Bélanger): C'est un otage, le
CAAF.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Therrien peut
attendre des jours meilleurs et dire: Je l'opère, mon usine pareil.
M. Claveau: Disons que ce n'est pas une vente de CAAF pour le
gouvernement, mais pour la Banque Nationale c'en est toute une. Ha, ha, ha!
C'est tout ce qui est à vendre dans l'usine.
M. Harvey: Comme tout propriétaire de scierie, M. le
député. Tout propriétaire de scieries, s'il
s'approvisionne...
M. Claveau: Mais si c'était pour réopérer la
scierie même, on comprendrait, mais là on achète une
scierie pour s'en débarrasser, pour passer le bulldozer dedans pour
récupérer des CAAF pour les transformer ailleurs. Là, il y
a comme un...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Et si ça.
ça arrive, ce n'est pas la première fois. Ce n'est pas la
première fois que ça arrive que quelqu'un achète
conditionnellement à avoir les approvisionnements et ferme la scierie.
Mais il faut, comme je l'ai expliqué tout à l'heure, que
ça ne crée pas de problèmes sociaux dans les
municipalités concernées.
M. Jolivet: J'ai connu ça à
Saint-Roch-de-Mékinac.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Hein, c'est
ça! Ce n'est pas la première fois que ça arrive.
M. Jolivet: J'ai connu ça à
Saint-Roch-de-Mékinac avec Cossette, moi, en 1984.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui Et c'est
arrivé en Gaspésie et, tout dernièrement, il y a un type
en Gaspésie à qui on venait d'octroyer un CAAF qui a voulu vendre
et ç'a été non. Ç'a été non.
M. Jolivet: Est-ce que je peux avoir juste une question...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Out.
M. Jolivet: ...parce qu'on a parlé que le ministère
était privilégié? À quel rang?
Mme Côté Aubin: Dans la faillite, d'abord il y a les
créanciers garantis. Alors, les créanciers garantis se servent en
premier et les créanciers privilégiés... Si on parle des
créances de la couronne, c'est après les salaires, bon
après le Revenu également. Donc, c'est assez loin.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est pas loin des
créanciers ordinaires.
Le Président (M. Bélanger): C'est après
qu'il ne reste plus rien.
Mme Côté Aubin: C'est presque à la fin des
créanciers privilégiés, en fait.
M. Jolivet: Parce qu'il y a la dîme en plus.
Mme Côté Aubin: Mais ce que je peux ajouter...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Côté Aubin: Liliane Côté Aubin. Je
vais ajouter une précision en ce qui concerne l'article 2.
Indépendamment de l'article 2, la plupart des transactions qui sont
faites à l'heure actuelle sont des ventes en bloc. Et, dans le cas d'une
vente en bloc, un acheteur doit obtenir du vendeur un affidavit dans lequel il
doit inscrire les créances échues et à échoir.
Alors, l'acheteur doit régler ces créances-là selon le
prix d'achat. Alors, vous voyez, l'article 2 est là. Il oblige
finalement à ce que... C'est-à-dire qu'elle ne devient admissible
que si les droits sont acquittés, mais ce problème-là est
réglé la plupart du temps parce que, étant des ventes en
bloc, ils ont l'obligation de se conformer à ça.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Alors, sur l'article 2,
d'autres interventions? L'article 2 est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté.
J'appelle l'article 3.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 3, M. le
Président, dit: "L'article 1 a effet depuis le 1er avril 1987". Et cet
article est une disposition déclaratoire validant les sommes
déjà versées depuis le 1er avril 1987.
Le Président (M. Bélanger): O.K. Ça veut
dire que personne ne peut revenir en arrière pour dire: J'ai payé
de l'intérêt et je n'étais pas obligé.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui. Le
Président (M. Bélanger): O.K.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est pour
éviter les remboursements.
M. Jolivet: M. le Président, nous allons être contre
cet article-là. Pas pour le fait que le ministre n'est pas en droit de
s'assurer qu'à partir de maintenant, avec toutes les discussions que
nous avons eues, personne ne va dire un jour: Maintenant, vous me redevez cet
argent-là, je n'avais pas d'affaire à le payer. Je pense que ce
qui s'est appliqué - on en a fait mention tout à l'heure -
c'était la loi générale du ministère du Revenu, si
j'ai bien compris, de telle sorte que tout le monde était habitué
à ça avec tout ce qui en était. Mais je ne peux pas me
permettre, pour quelqu'un qui a trouvé un trou dans la loi et qui a
voulu en profiter, de régler par la loi ce que, normalement, le juge
doit régler. Et, à ce moment-là, moi, je serai contre pour
ce beau "smart"-là qui a peut-être réussi, pour la
compagnie, à trouver un moyen de suivre la loi, parce que la loi
était là comme telle, en sachant cependant qu'il pouvait
peut-être récupérer, parce que l'impôt a le bras
long, cette partie-là.
Il y a une chose qui est certaine, c'est que ce n'est pas
nécessairement le dû normal qui était le pourcentage du
mois qu'il est important de regarder, mais c'est toutes les autres
possibilités d'imposition d'intérêts additionnels qui
auraient pu ne pas être payés. Alors, le gars aurait
peut-être un intérêt quelconque à faire valoir devant
le juge qu'il a un droit que, malheureusement, le ministre n'aurait pas couvert
pas sa loi et ce n'est pas à nous, comme législateurs, à
déterminer qui a tort ou qui a raison. En le rendant rétroactif,
on rend aussi rétroactifs tous les autres cas incluant celui-là.
Alors, dans ce contexte-là, je vais m'objecter et voter contre cet
article.
Le Président (M. Bélanger): Donc, on peut dire:
Adopté sur division.
M. Claveau: J'appuie fortement mon collègue.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que vous voulez
un vote enregistré?
M. Jolivet: On va perdre pareil.
Le Président (M. Bélanger): Adopté sur
division. L'article 4. "La présente loi entre en vigueur le..." Alors,
l'article 4 est-il adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Le
projet de loi est-il adopté?
Des voix: Adopté.
M. Jolivet: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): Sur division. Le titre
du projet de loi est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Tout est
correct.
Une voix: Oui. On a accompli notre mandat.
Le Président (M. Bélanger): Alors, notre mandat
étant accompli, la commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 21 h 37)