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(Dix heures quatre minutes)
Le Président (M. Bélanger): Bonjour. La commission
de l'économie et du travail procède ce matin à
l'interpellation de Mme la députée de Verchères
adressée au ministre du Tourisme sur le sujet: l'implantation de casinos
au Québec.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements ce
matin?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, il y a deux
remplacements: M. Audet (Beauce-Nord) est remplacé par Mme Bleau
(Groulx), et M. Benoit (Orford) est remplacé par M. Bradet
(Charlevoix).
Le Président (M. Bélanger): Bien. Du
côté de l'Opposition, il n'y a pas de remplacement? Bien.
Mme Dupuis: Non, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Alors, juste pour se
rappeler les règles qui régissent une interpellation, on sait
qu'il y a d'abord cette règle de l'alternance, c'est-à-dire que
le ou la député qui a donné l'avis interpelle. L'avis
d'interpellation intervient en premier pendant 10 minutes, ensuite le ministre
interpellé intervient, lui, à son tour, pendant 10 minutes et,
par la suite, on marche avec l'alternance des groupes. Alors, ça nous
convient. On est familiers avec ces règles-là. Donc, sans plus
tarder, j'inviterais Mme la députée de Verchères à
faire son exposé de début. Madame.
Exposé du sujet Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: Merci, M. le Président. M. le
secrétaire, M. le ministre, membres du cabinet et de la commission, M.
le Président, le sujet des casinos qu'on aborde ce matin fait appel,
bien sûr, au jeu et au hasard. Je ferai remarquer par la même
occasion que l'implantation de casinos n'est pas un jeu et encore moins un jeu
de hasard.
Nous apprenions hier, le 29 mai 1991, par le journal Le Soleil,
que le dossier des casinos arrivait au Conseil des ministres. Nous
apprenions également, M. le Président, que le Conseil des
ministres doit décider s'il donne son aval à l'implantation
éventuelle de casinos au Québec. Cependant, je me dois de
mentionner et de rappeler au ministre en cette Chambre que tout jeu commande
des règles et que l'implantation de casinos au Québec commande
une démarche des plus rigoureuses et ne laisse aucune place à
l'improvisation, que ce dossier est de ceux qui se doivent d'être
traités avec doigté, avec transparence et discernement, et de
rappeler également que tous les Québécois et les
Québécoises sont de près ou de loin concernés par
ce dossier puisque, de toute façon, ils récolteront les
retombées positives et/ou négatives de l'implantation des
casinos.
Conscient de ce fait, un gouvernement responsable se doit d'adopter une
attitude à la fois prudente et rassurante. Un gouvernement responsable
se doit d'être à l'écoute et de favoriser une
démarche qui permet aux principaux intéressés, aux
principaux concernés dans le domaine, de s'exprimer et d'être
entendus. Une démarche qui saura démontrer d'une façon un
peu plus claire que les élus respectent et représentent
adéquatement l'ensemble des citoyens et non seulement des groupes ou des
individus qui ont les moyens financiers ou autres.
C'est pourquoi ce dossier, M. le Président, doit être
traité avec toute la transparence et l'éclairage qui lui sont
indispensables. L'exercice d'aujourd'hui ne doit pas avoir d'autre but que
celui-ci. J'espère que M. le ministre comprendra enfin que l'attitude
qu'il a adoptée dans ce dossier et ce, depuis le début, dessert
l'industrie touristique par ses volte-face, par ses demi-vérités
et par l'improvisation.
En premier lieu, je me dois de rappeler une affirmation, pour ne pas
dire une réaffirmation, telle que citée, et c'est un
communiqué qui émane du ministre, un communiqué
daté du 29 mars 1990. Le ministre du Tourisme du Québec, M.
André Vallerand, rappelle que le gouvernement du Québec demeure
contre l'établissement de casinos au Québec. "La position du
gouvernement à l'égard de l'établissement de casinos, que
ce soit dans Charlevoix ou ailleurs au Québec, n'a pas changé,
contrairement à ce que M. Raymond Malenfant a pu affirmer", a
déclaré le ministre Vallerand. Le ministre rappelle, à cet
effet, les propos qu'il a tenus lors de sa tournée dans la région
de Charlevoix: "J'ai bien dit - et là, je cite - que le gouvernement du
Québec répond à une fin de non-recevoir à tout
projet de casino au Québec. "
Cette affirmation, M. le Président, m'a été
reconfirmée le 29 mai 1990, alors qu'on était à faire
l'étude des crédits: "J'ai dit, je dis et je redirai que d'autant
que je suis concerné, le redressement de l'activité touristique
au Québec ne passe pas par l'implantation de casinos. " D'ailleurs, je
rappellerai que cette position était conforme en tout point à
celle de son prédécesseur, M. Gratton.
Sans connaître le dossier, impulsivement, le ministre dit non aux
casinos. De deux choses
l'une, ou le ministre a mal évalué sa résistance au
lobbying ou, tout à coup, comme par hasard, il prend conscience de son
impuissance à élaborer une véritable politique en
matière de tourisme. H se sent incapable de relever le défi.
Une chose est certaine, c'est que le ministre, de façon aussi
improvisée, se prononce contre les casinos et ensuite, se prononce pour
les casinos. Il va jusqu'à vouloir en faire le pivot de la nouvelle
politique québécoise en matière de tourisme. Il nous avait
fourni un document de réflexion en novembre 1990 où il nous
demandait... Le ministre, quelquefois, m'a dit: Mme la députée de
Verchères a lu le document. Oui, je l'ai lu, M. le ministre. Aucun mot
sur les casinos. Et là, on apprend, par le biais des journaux, qu'il
veut en faire le pivot de sa nouvelle politique.
Le ministre a-t-il présenté son projet au Conseil des
ministres, tel qu'on a pu le voir dans les journaux? A-t-il toujours
l'intention de présenter un nouvel énoncé de politique
articulé autour des casinos et d'introduire... A-t-il toujours aussi
l'intention d'introduire deux projets-pilotes de casinos, un en région
et l'autre en zone urbaine? La question est claire, elle est précise et
je pense que cet exercice sera valable si on n'essaie pas de contourner, mais
d'essayer pour une première fois de faire un peu de lumière dans
ce dossier.
Les affirmations qu'il a faites et ce, sans consultation publique et
sans étude exhaustive effectuée par Loto-Québec - et j'ai
un texte en ce sens qui le prouve. Loto-Québec, dont tous les profits
sont virés au fonds consolidé de la province, affirme, pour sa
part, que le ministre du Tourisme emprunte actuellement à un document de
travail qu'elle a présenté et qui favorise l'approche
européenne. "Nous n'avons jamais, au grand jamais, remis un document
exhaustif, un rapport unique faisant tout le tour de la question aux casinos",
soulignait hier au Soleil M. Jean-Pierre Roy, porte-parole de la
société d'État. "Nous avons toujours dit, a-t-il
précisé, que la position qu'adoptera le gouvernement sera la
nôtre. Nous n'en sommes pas à l'étude de
faisabilité. Donc, la démonstration est faite qu'il n'y a pas
d'étude de faite. Mais j'imagine, toujours selon M. Roy, compte tenu de
notre expertise depuis plus de 20 ans dans le domaine des jeux de hasard, qu'on
nous le demanderait s'il fallait pousser plus loin le projet des casinos."
On n'a rien demandé. Et ce n'est pas un vieux document, c'est un
document daté du 29 mai. Et là, j'apprends qu'on devait
présenter un document au Conseil des ministres. Je dois faire remarquer
au ministre qu'il n'aide pas ses collègues à prendre une
décision. Pour que ses collègues, qui se veulent responsables,
bien sûr, puissent prendre une décision éclairée,
endosser le ministre pour qu'il ait ses appuis, il me semble que ce serait plus
facile s'ils avaient les études et tous les documents en main pour
pouvoir se prononcer. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la
députée de Verchères. Je passe donc la parole à M.
le ministre.
Réponse du ministre M. André
Vallerand
M. Vallerand: Merci, M. le Président. Mme la
députée de Verchères, il est évident que toute
décision doit s'appuyer sur une réflexion, une
compréhension des enjeux avant même que la décision finale
soit rendue. Je vais, M. le Président, pour le profit de Mme la
députée de Verchères, retracer brièvement
l'état de situation de l'activité touristique au Québec,
mettre cet état de situation en perspective par rapport à
l'évolution de cette industrie à l'échelle internationale,
souligner certaines faiblesses de Terre d'aller de l'activité
touristique au Québec et indiquer, ce faisant, certaines avenues de
redressement de cette situation que nous déplorons, autant l'Opposition
que l'industrie et le parti au pouvoir. (10 h 15)
M. le Président, il faut rappeler que l'industrie touristique
sera, à l'orée du XXIe siècle, la principale industrie au
monde. Il importe que le Québec puisse se positionner dans
révolution de ce marché important, de façon à
pouvoir tirer le maximum de bénéfices des résultats de
croissance de cette industrie à travers le temps.
Actuellement, la situation touristique au Québec reconnue par
l'ensemble des intervenants dans le secteur nous permet de croire que ce
résultat est en deçà du potentiel véritable de
l'activité touristique du Québec, compte tenu de son potentiel,
compte tenu de ses attributs particuliers, tant sur le plan physique que sur le
plan des infrastructures, que sur le plan également des
événements et des autres activités qui font le produit
touristique dans sa globalité.
La mesure la plus officielle, la plus large, la plus reconnue est celle
de l'état de son déficit, c'est-à-dire la mesure des
dépenses des Québécois à l'extérieur du
Québec par rapport aux dépenses des non-Québécois
au Québec, un déficit qui avoisine à peu près 750
000 000 $. On peut peut-être croire que le Québec n'a pas
été de toute origine une destination touristique aux mêmes
égards que certaines régions canadiennes parce que,
historiquement, notre bilan a toujours été négatif.
Il se trouve que le déficit touristique du Québec, depuis
le début des années quatre-vingt jusqu'à aujourd'hui, qui
était de 300 000 000 $, est à peu près 750 000 000 $.
Donc, on fait face à une tendance très lourde qui nous oblige
à nous interroger sur la performance du résultat
touristique au Québec en prenant en considération les
attributs touristiques du Québec. Est-ce que c'est parce que le
Québec manque d'attraits touristiques? Est-ce que c'est parce que le
Québec n'a pas l'ensemble des éléments suffisants pour
contrer la concurrence des autres destinations touristiques? Ou est-ce qu'il
faudra peut-être s'interroger sur certaines façons de faire?
C'est ce que le ministère a fait. C'est ce que j'ai fait comme
titulaire de ce ministère, après une tournée de l'ensemble
des régions touristiques du Québec, après avoir
écrit un projet d'énoncé de politique qui est actuellement
en consultation auprès de l'industrie qui, je l'espère, deviendra
un énoncé officiel dans le domaine de la politique touristique au
Québec dans les prochaines semaines.
Au titre de cet exercice-là, on a ciblé trois avenues de
redressement. Je pense que c'est impératif et j'invite l'Opposition
à souscrire aux objectifs du gouvernement dans sa volonté de
diminuer la lourdeur du déficit touristique. L'objectif est
partagé par l'ensemble de l'industrie, M. le Président. Comment?
En s'inter-rogeant sérieusement, premièrement, sur notre
stratégie promotionnelle du produit touristique au Québec. Vous
le savez, la concurrence est très vive et la concurrence des
destinations se fait notamment par des efforts de promotion et de
publicité. Une fois que nos produits touristiques sont
arrêtés, sont connus, ce qui est le cas au Québec, un des
enjeux majeurs de la concurrence et du résultat qu'on peut escompter est
celui de sa promotion.
Donc, sommes-nous à imaginer, avons-nous même
commencé, actuellement, à repositionner de façon plus
agressive l'ensemble des destinations touristiques du Québec par une
publicité qui s'inspire de la personnalité propre du
Québec, d'arrêter d'être un peu opportunistes, année
après année, pour promouvoir les destinations touristiques du
Québec, mais davantage les faire en fonction des traits de la
personnalité véridi-que, dis-je, véritable, surtout dans
sa dimension culture et nature? Vous avez vu les premiers effets de cette
politique de publicité, notamment sur les marchés
américains, également sur le marché européen et
aussi sur les marchés québécois et canadien.
Une autre avenue de redressement qui est aussi partagée comme
objectif par l'ensemble de l'industrie est celle du développement du
produit touristique. Avec un bilan aussi lourd au titre du déficit,
faut-il encore s'interroger sur les dimensions concurrentielles des
destinations qui sont les plus évidemment concurrentielles par rapport
au Québec, et examiner comparativement le type de produit dans ses
destinations, qui fait que l'attraction est plus grande qu'au Québec et,
de façon comparative, peut-être ajouter au produit
québécois dans sa recherche d'augmenter l'impact total
d'attractions touristiques?
Une troisième avenue qui est aussi partagée par l'ensemble
de l'industrie est celle de la formation de la main-d'oeuvre. C'est un secteur
à main-d'oeuvre intensif que l'industrie touristique. Avec
l'évolution des nouvelles technologies, il nous apparaît
impératif de réfléchir sérieusement sur la
formation de la main-d'oeuvre, de sorte à épauler davantage
l'industrie dans sa recherche de personnel qualifié dans les
différents grands secteurs de l'industrie touristique, que ce soit
l'hébergement, la restauration, le transport, les loisirs, les
divertissements, etc.
Mais, M. le Président, dans les trois cas, l'atteinte des
objectifs passe par une augmentation des ressources qu'on pourrait y consacrer.
Ça aussi, ça fait l'unanimité, autant à
l'intérieur du secteur de l'industrie touristique, autant auprès
de l'Opposition que du parti au pouvoir. De façon unanime, on s'entend
pour dire qu'il faudrait réinterroger les ressources qui sont
consacrées aux efforts de promotion, de développement du produit
et de formation de la main-d'oeuvre dans le domaine de l'industrie
touristique.
M. le Président, vous connaissez mieux que tout autre, de par
votre passé, de par votre formation, de par vos expertises personnelles,
que le Québec, comme l'ensemble des régions canadiennes, comme
l'ensemble des États aux États-Unis, passe une période
difficile qui se traduit par des finances publiques qui ne sont pas celles
qu'on voudrait ou qu'on espérait avoir, compte tenu de cette situation
conjoncturelle. Donc, il n'est pas possible, en toute honnêteté,
de faire croire a nos intervenants touristiques qu'on soit capable de les aider
par l'enrichissement des enveloppes au titre de la promotion, du
développement du produit, de la formation de la main-d'oeuvre venant de
budgets additionnels ou de fonds publics. La même situation
conjoncturelle met aussi l'entreprise dans une situation assez précaire,
difficile. On a vu les résultats depuis quelques mois, depuis
pratiquement un an, à cause d'une basse conjoncture. D'espérer
voir le secteur privé faire des efforts additionnels pour venir enrichir
ces enveloppes-là m'apparaît aussi tout à fait
utopique.
Donc, M. le Président, en terminant, l'idée des casinos -
ce que je voulais démontrer et ce que ma collègue, Mme la
députée de Verchères, sait très bien; je crois que
c'est son rôle dans l'Opposition de faire semblant de l'ignorer - n'est
pas tirée des nues, n'est pas tirée comme ça sans aucune
compréhension de l'enjeu, sans aucune compréhension du rôle
qu'on voudrait voir jouer par ces casinos, si jamais le gouvernement allait de
l'avant avec le principe d'établir ce genre d'activité au
Québec, selon les modalités que j'ai déjà rendu
publiques, pour le moment.
Le casino vient à la fois renforcer l'attraction touristique,
notamment au titre du tourisme d'affaires et du tourisme d'agrément,
pour autant
qu'il soit contrôlé, qu'il soit à caractère
public, pour autant que les rapports de la police nous disent qu'il n'y a pas
d'incidence sur la criminalité. Également, il viendra enrichir
les enveloppes suffisantes pour redresser notre situation touristique actuelle
par le biais d'une réinterrogation systématique et
stratégique de la promotion, par une réinterrogation aussi du
développement du produit touristique et, également, par des
ressources additionnelles au titre de la formation de la main-d'oeuvre. C'est
dans cette globalité qu'on doit situer toute la compréhension du
rôle des casinos que le titulaire du ministère du Tourisme
voudrait voir jouer, pour autant qu'il reçoive, comme je le disais, M.
le Président, en terminant, l'aval du gouvernement, c'est-à-dire
de mes collègues du Conseil des ministres.
Le Président (M. Bélanger): Alors, j'inviterais Mme
la députée de Verchères pour les cinq prochaines
minutes.
Argumentation Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: Merci, M. le Président. Je ferai remarquer que
le ministre vient de nous parler de son document de réflexion, que nous
avons lu, mais que le sujet de ce matin, ce sont les casinos, et que je serai
toujours disposée à faire une autre interpellation où,
là, on abordera l'industrie touristique de façon majoritaire.
J'aimerais consacrer mes cinq minutes au sujet des impacts
économiques, toujours concernant les casinos. Le principal argument
invoqué en faveur des casinos est celui des retombées
économiques. Il faut garder, je pense, une certaine prudence face
à cet argument, puisque ce n'est pas parce que certains promoteurs,
certaines régions, Loto-Québec ou même le gouvernement du
Québec qui profiteraient de l'ouverture de casinos pour améliorer
l'économie du Québec, et qu'effectivement, ça
améliorerait l'économie au Québec d'un point de vue
économique et non pas strictement comptable, parce que c'est une
attitude différente. Les bénéfices à retirer d'un
casino sont bien moindres que ce que veulent bien nous faire miroiter des
promoteurs. Et ça, je le dis sans préjugé au sujet des
casinos, parce que je n'ai jamais dit que j'étais contre, je n'ai jamais
dit que j'étais pour. Alors je pense que je garde mon objectivité
dans ce dossier. Le but est de faire la lumière.
Les chiffres avancés sont souvent alléchants, j'en
conviens: 100 000 000 $ en profits au total, dont 50 000 000 $ à 75 000
000 $ pour un casino implanté à Montréal, dans les
environs de 15 000 000 $ à 25 000 000 $ à Québec ou
à Hull ou un peu moins en région, mais il faut tenir compte de
plusieurs autres facteurs également, M. le Président, qui
viennent atténuer de façon certaine les bénéfices
véritables que nous pourrions retirer de l'ouverture des casinos.
Premièrement, l'expérience de Fort Gary nous a
démontré que 75 % des joueurs sont de provenance locale, donc,
pas d'argent neuf qui entre. Or, ces gens auraient tout aussi bien pu
dépenser leur argent dans d'autres loisirs au Québec, puisque ce
sont des gens du milieu. Que ce soit des voyages en régions ou qu'ils
aillent au théâtre, c'est le même argent qui roule; il n'y a
pas d'argent neuf pour ces 75 % là. Donc, c'est très
hypothétique. Sur les 300 000 000 $ de revenus nécessaires pour
générer les 100 000 000 $ de profits, 225 000 000 $ seront
d'origine locale, donc réduiront d'autant les revenus d'autres
activités.
Le seul gain que le Québec pourrait réaliser est d'amener
des Québécois à dépenser à des casinos au
Québec au lieu d'aller le dépenser dans d'autres casinos en
dehors du Québec, à l'étranger ou... Puis, là, on
n'a pas encore considéré les secteurs qui seraient susceptibles
d'être pénalisés par les casinos. Je pense, par exemple, au
président de l'hippodrome de Blue Bonnets, M. André Marier, qui,
lui, estime et je cite. "L'ouverture d'un casino à Montréal
ferait très mal aux courses de chevaux. Les 10 000 emplois qui
dépendent de notre industrie seraient en péril." Et je cite
toujours M. Marier: "Le gouvernement devra être prudent avant de se
lancer dans cette aventure." Sensiblement la même réaction de la
pan" des casinos dans les foires agricoles qui, eux, m'ont écrit
d'ailleurs à cet effet pour dire que l'achalandage va baisser. Le
même raisonnement tient aussi pour les joueurs à
l'extérieur du Québec. C'est seulement l'accroissement des
dépenses des touristes étrangers qui compte.
Compte tenu du temps qu'il me reste - il me reste, je pense, M. le
secrétaire, 30 secondes - compte tenu de la complexité des
mesures et les vrais impacts économiques des casinos et puis c'est les
promoteurs... Bon. Seules des études indépendantes, rigoureuses
et publiques permettraient de connaître les véritables
bénéfices des casinos. Je crois donc essentiel de savoir du
ministre... Premièrement, a-t-il des études économiques
sérieuses, indépendantes et objectives sur les coûts et les
bénéfices des casinos? Puis, deuxièmement, peut-il, s'il
en a, les rendre publiques? (10 h 30)
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. Je
cède maintenant la parole à M. le ministre pour cinq minutes.
M. André Vallerand
M. Vallerand: Oui, M. le Président. C'est un peu
déplorable, M. le Président, que ce genre d'interpellation qui,
à mon avis, est tout à fait prématurée, vise
possiblement à tenter de donner une certaine visibilité à
Mme la députée de Verchères comme critique du tourisme,
mais
manifestement prématurée et, à mon avis, allant
à rencontre même de l'intérêt qu'elle tente de
vouloir nous faire croire qu'elle veut défendre, qui est celui de
l'intérêt touristique, parce que nous n'en sommes pas là,
M. le Président.
J'ai tenté de lui expliquer, dans un premier temps, le rationnel
du type de casino qu'on veut implanter au Québec, c'est-à-dire le
rationnel du casino comme tel, à l'intérieur de la
problématique touristique au Québec. Parce que notre rôle,
M. le Président, c'est de tenter de se mettre à contribution pour
soutenir l'industrie touristique au Québec dans le rôle qui est
celui du ministère du Tourisme, à l'intérieur de sa
capacité de soutenir l'initiative privée et le secteur
privé parce que l'activité touristique, faut-il le
répéter, est une activité économique, rentable.
Donc, il ne faut pas que le gouvernement tente de se substituer aux initiatives
du secteur privé, mais davantage de venir les épauler,
principalement à l'intérieur des quatre grandes composantes de
l'activité touristique, c'est-à-dire son hébergement, ses
transports, sa restauration et l'attraction touristique, qu'on appelle le grand
volet du divertissement.
Pour autant qu'on constate - et c'est ce qui me renverse, M. le
Président, de la part de Mme la députée de
Verchères, ou bien c'est sciemment qu'elle le fait ou c'est parce que,
manifestement, elle ne comprend pas la problématique touristique au
Québec. Elle n'est pas consciente des enjeux, elle n'est pas consciente
des répercussions, donc, elle ne peut pas tenter de se mettre à
profit de façon positive. Donc, sa réaction
d'incompréhension se traduit par des réflexes négatifs
déplorables, dois-je dire, pour l'ensemble des intérêts
qu'on tente de soutenir, dans un contexte extrêmement difficile, M. le
Président.
Je le mentionnais tout à l'heure, quand on constate que le bilan
touristique au Québec est déficitaire de près de 1 000 000
000 $, autant l'Opposition que le gouvernement doivent s'interroger
sérieusement sur les soutiens qu'ils sont prêts à donner,
dans leur capacité respective, à l'industrie touristique. De
prétendre que les casinos deviennent le pivot de l'ensemble de la
politique touristique au Québec, c'est encore un jugement de valeur
porté par une personne dont le rôle est de critiquer; mais, vous
savez, on critique mieux quand on connaît davantage les dossiers qu'on
doit critiquer. Donc, qu'il soit bien clair dans l'esprit de tout le monde que,
pour le ministre du Tourisme du Québec, les casinos ne constituent pas
la base principale de redéploiement de l'activité touristique au
Québec. Bien au contraire, c'est une activité qui doit se
visualiser à la marge complémentaire, par rapport aux
activités actuelles, dans l'objectif d'attraction touristique, au titre
de l'équipement et comme moyen de financement.
Si Mme la députée de Verchères est sincère
aujourd'hui par rapport aux critiques qu'elle fait, j'aimerais la voir nous
dire ce qu'elle propose pour venir soutenir davantage les actions de notre
industrie touristique au titre d'un apport nouveau de revenus dans les
enveloppes à la fois de promotion, de développement du produit,
de formation de la main-d'oeuvre.
C'est extrêmement important, M. le Président, qu'on ait une
compréhension claire et précise des enjeux. J'accepte la critique
à l'intérieur d'un cadre qui nous permet de croire que ce
cadre-là est compris par l'ensemble de ceux qui veulent bien critiquer
les actions qui visent à soutenir positivement l'industrie touristique,
mais de le faire sans référence, de le faire sans
compréhension, de le faire de façon extrêmement pointue, de
le faire de façon étroite, comme critique, je dis: bien, c'est de
mal servir l'industrie touristique pour autant que, actuellement, on ait
peut-être un moyen de venir renflouer ses coffres, financièrement
parlant. Le rôle que joue Mme la députée de
Verchères, dans sa critique, c'est justement d'étouffer les
initiatives positives et constructives de la part du gouvernement, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci. Nous passons
maintenant au député de Charlevoix.
M. Daniel Bradet
M. Bradet: Merci, M. le Président. M. le Président,
quand j'entends depuis une dizaine de jours le Parti québécois
s'acharner sur la région de Charlevoix par le biais du Manoir Richelieu
et de Raymond Malenfant, je me demande ce que les gens de Charlevoix ont fait
pour mériter un tel sort.
Même le chef du Parti québécois dernièrement,
qui est venu pompeusement dans la région de Charlevoix, a laissé
tout le monde froid. Parce que quand on lui parlait du casino, là c'est
clair, il parlait d'étude, de commission parlementaire. Les gens ont
été déçus à l'extrême. Le Parti
québécois, je pense, n'a pas évolué ou la
société a évolué plus vite que le Parti
québécois parce que, pour nous, dans Charlevoix, quand on parle
de casino, Mme la députée de Verchères, c'est depuis 1974
qu'on en parle. On n'a pas inventé un projet de casino pour rentabiliser
la région de Charlevoix.
Depuis 1974, tout le monde au Québec s'entend pour dire que s'il
y avait un casino au Québec, il se devrait d'être dans Charlevoix,
la région touristique par excellence que, tout à l'heure, vous
n'avez même pas nommée dans votre préambule. Vous avez dit:
S'il y a des casinos, ils devraient être en ville, dans les
régions. J'ai entendu Hull, pas Charlevoix. Comme représentant
d'une région touristique haut de gamme, très cotée...
parce que quand la région de Charlevoix a le rhume, je dois vous dire
que c'est tout le tourisme de la région de Québec qui
éternue. Il y a deux ou trois ans, il y avait une
baisse de tourisme au Québec, il y a eu une augmentation de 10 %
dans Charlevoix. Permettez-moi, au nom des gens que je représente, de me
demander pourquoi le Parti québécois continue de cracher sur la
région de Charlevoix inutilement.
Quand on recule dans l'histoire, hier, je me demandais: mais d'où
ça vient, ça? J'ai finalement compris. C'a commencé en
1973. En 1973, qu'est-ce qui s'est passé dans Charlevoix? Il y a un
candidat qui a été défait, qui s'appelait Jean Garon.
Malheureusement, il avait mal choisi sa région et il avait dit
après: Vous allez payer la note. On l'a payée, la note du Parti
québécois, un des seuls comtés à l'Opposition de
1976-1985. On a payé la note de l'agriculture parce qu'il ne nous a pas
manques. On l'a payée avec l'exploitation des visionnaires à
outrance, l'élevage du vison dans Charlevoix; une faillite
monumentale.
J'ai encore des pères de famille qui viennent me voir pour
souligner qu'ils ont été complètement
déculottés par ça. Les transports, on n'en parle pas. On a
payé pour avoir eu un ministre, un ministre des Transports en 1973-1974.
Mais malgré tout ça - les Affaires culturelles, projet de centre
d'art, l'ensemble des projets culturels de Charlevoix, ça ce
n'était pas bon - tout cet acharnement que le Parti
québécois a mis pour complètement - et pour des raisons
qu'on ne comprend pas - mais pour complètement détruire cette
région-là, la région de Charlevoix a réussi quand
même à passer à travers tout ça et à
être aujourd'hui une région cotée au niveau
touristique.
Je peux vous dire qu'on les a aidés de 1985 à 1991. Oui,
on les a aidés parce que les gens sont dynamiques et ces gens-là
n'aiment pas, actuellement, se faire dire que le Parti québécois
est contre, pour ou contre. 70 % des gens sont pour un casino au Québec
et l'ensemble de la majorité des gens s'entendent pour dire qu'un casino
expérimental devrait être dans Charlevoix. Mais le Parti
québécois, lui, parle d'études. On en a eu des
études. On a eu celle du massif de
Petite-Rivière-Saint-François. Moi, je m'en souviens.
En 1983, on avait fait une étude monstre, une façon de
noyer le poisson, disait mon prédécesseur, Raymond Mailloux, un
projet de 300 000 000 $ pour la plus belle montagne au Québec, quand on
savait si bien que c'était beaucoup trop gros. Et pour nous remercier,
les gens de Charlevoix, on a mis un moratoire, un moratoire sur cette belle
montagne-là, et tous les centres de ski au Québec se sont
développés, et on est restés pris avec la plus belle
montagne au Québec qu'on tente de développer.
Alors, moi, je ne comprends pas, madame, l'acharnement que le chef du
parti... que le Parti québécois met, pas seulement sur le
principe des casinos, mais sur la région de Charlevoix. Je me demande
quand tout ça va finir parce qu'il va falloir que des gens commencent
à vous dire que la région de Charlevoix est une belle
région et serait la plus favorable aux casinos. Je vous remercie.
Le Président (M. Bélanger): Merci. M le
député. Mme la députée de Verchères.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: Merci, M. le Président. J'ai posé une
question précise au ministre. Il l'a encore contournée. Il n'a
pas répondu. De toute évidence, le ministre ne veut pas aborder
en Chambre le sujet des casinos, quoiqu'il ne se gêne pas pour l'aborder
publiquement dans les journaux. Je ferai remarquer au ministre que ce que j'ai
cité, ce sont des citations de journaux, M. le Président. Alors,
ce n'est pas de mon invention, M. le ministre.
Je ferai remarquer également au député de
Charlevoix que s'il avait été en Chambre lorsque j'ai
questionné le ministre, il aurait eu la réponse en ce qui
concerne Charlevoix. En aucun moment on n'a attaqué Charlevoix. C'a
porté sur Raymond Malenfant et non sur Charlevoix. Et ça, s'il
avait été en Chambre - il était sûrement absent ou
il était distrait - parce qu'il aurait remarqué dans la question
que j'ai posée au ministre, qu'elle ne... J'ai même fait remarquer
au ministre qu'il était en train de faire du tort, avec sa
manière de faire, à la région de Charlevoix, ce qu'il n'a
pas aimé, d'ailleurs.
Mais là, je vais aborder un autre sujet: l'impact social.
Lorsqu'on songe à implanter des casinos au Québec, on doit aussi
se préoccuper des effets sociaux que cela occasionnerait. Un des
problèmes sociaux lié aux casinos est celui des joueurs
pathologiques et là, je cite le professeur Robert Ladouceur. Tout
ça pour dire qu'en général, ce sont des citations que
j'apporte, ce n'est pas l'opinion de l'Opposition. Mais il faut tout de
même que le ministre constate qu'il y a des réalités qu'il
ne peut pas ignorer.
Le professeur Robert Ladouceur de l'Université Laval, qui se
spécialise dans l'étude du phénomène du jeu,
affirme et là, je cite toujours le professeur Ladouceur: "II y a au
Québec 70 000 à 100 000 joueurs pathologiques. C'est environ 1,2
% de la population. Environ 90 % des Québécois ont
déjà joué. Mais la propension au jeu est très
liée à la disponibilité des jeux et il est certain que
l'ouverture de casinos va amener davantage de gens à jouer."
Ceci amène le professeur Ladouceur à douter du
bien-fondé de l'ouverture d'un ou de plusieurs casinos au Québec
justement. Il ne faut pas négliger les retombées sociales peu
intéressantes, comme l'accroissement du nombre de joueurs pathologiques
et la création d'un réseau qui entraînera un accroissement
de la criminalité. Il n'est pas le seul non plus. Il y en a
d'autres.
II y a M. De Champlain, bpcrNiste d'ouvrages sur le crime
organisé, qui va plus loin encore en affirmant: "Le public doit
comprendre et savoir que participer à toute forme de jeu, qu'il soit
légalisé ou non, contribue indirectement à maintenir une
culture criminelle où régnent la fraude, la corruption, la
violence et le meurtre."
Tout ça pour dire, finalement, qu'il y a deux côtés
à une médaille. On ne peut pas ignorer toute cette
réalité-là de ces spécialistes-là qui ont
des avis contraires et qui se manifestent dans les journaux. Personne ne m'a
appelée, moi, de ceux-là. J'ai pris... Et mon rôle
d'élue qui doit représenter tous les secteurs de la population,
tous les points de vue...
Le ministre du Tourisme, pour qui le seul obstacle qui reste à
l'ouverture des casinos est celui de la criminalité, s'appuie sur l'avis
de la Sûreté du Québec pour affirmer que des casinos du
type de celui que le gouvernement manitobain possède à Winnipeg
ne sont pas un facteur qui peut hausser la criminalité. Les paroles du
ministre. Pourtant, MM. Ladouceur et De Champlain croient tous deux que
l'expérience de Winnipeg est trop récente pour pouvoir juger de
son impact de criminalité, que deux ans, et, pour être capables de
vraiment comprendre et juger des impacts, deux ans, ce n'est pas suffisant,
selon les spécialistes. Ce n'est pas mon avis. Je n'ai pas fait
d'étude dans ce sens-là.
Le gouvernement a-t-il le droit d'imposer une décision à
la population sans que cette dernière puisse juger en toute connaissance
de cause? Merci, M. le Président. (10 h 45)
Le Président (M. Bélanger): Merci, madame. M. le
ministre.
M. André Vallerand
M. Vallerand: M. le Président, c'est évident. S'il
y a une conclusion à tirer, de par les remarques de Mme la
députée de Verchères, c'est que l'Opposition du Parti
québécois est contre les casinos au Québec. Je respecte
son point de vue. Elle a au moins la franchise, l'honnêteté de le
dire clairement et de le répéter régulièrement.
À tout le moins, on sait exactement où campe l'Opposition au
titre de l'éventuelle ouverture de casinos au Québec, sous le
modèle qui a déjà été mis de l'avant,
propriété publique, réglementé par un organisme
public, également avec l'assentiment des corps policiers, l'assentiment
de la population, l'assentiment du Parti libéral, de ses militants.
Il y a, à l'exception des oppositions que je qualifie à la
marge... je dois inclure dans ces marginaux l'Opposition officielle. Pas dans
le sens négatif. Dans le sens de ceux qui sont additionnés
à l'opposition de la réalisation de ce type d'activité au
Québec. C'est leur droit le plus légitime. Ils ont au moins
l'honnêteté de bien se situer, ce qui nous permettra davantage de
connaître les raisons qui sous-tendent leur opposition.
Une autre vertu historique de ce parti politique, M. le
Président, c'est de faire des études. Ce sont manifestement des
studieux. À l'intérieur même d'une situation conjoncturelle
qu'on qualifie de basse conjoncture, au moment même où certaines
entreprises, notamment dans le domaine touristique, éprouvent certaines
difficultés, à partir du moment où le gouvernement du
Parti libéral met toute sa créativité, toute son
imagination, toutes ses ressources à tenter de passer plus
aisément à travers cette situation de basse conjoncture
économique, avec des résultats probants, l'Opposition, ceux,
malheureusement, qui devraient le plus nous épauler dans les
circonstances, nous met systématiquement des bâtons dans les
roues, pour des raisons purement partisanes. Elle est incapable de se hausser
au-dessus de sa petite partisanerie et de se mettre à contribution pour
les intérêts supérieurs du Québec.
Bon. C'est leur stratégie politique. On verra ce qu'ils pourront
escompter de cette stratégie avec le temps. Mais ça ne nous
empêche pas, je pense, de le déplorer pour le moment,
également, de rappeler, eu égard aux articles de journaux qu'elle
cite - et Mme la députée de Verchères le sait ou ne le
sait pas, c'est elle qui décidera - mais que ma position, il y a quelque
temps, sur les casinos, qui a été véhiculée par la
presse, c'était exactement ce qu'elle a lu, que je souscrivais pour le
temps a la position gouvernementale.
J'étais à faire le tour du Québec pour prendre le
pouls de l'erré d'aller de l'activité touristique au
Québec et, au terme de cet exercice de constat et de réflexion,
je me suis dit que peut-être le ministre du Tourisme pourrait tenter de
changer la position gouvernementale en démontrant auprès de ses
collègues, à partir d'études d'opportunité que nous
sommes à faire sur la rentabilité, sur la question
socio-économique, sur l'incidence morale de ce type d'activité,
si j'arrive à faire une démonstration d'opportunité
positive à ces trois égards-là, de changer la position
gouvernementale et peut-être de convaincre le gouvernement d'aller de
l'avant avec ce type d'activité, en soutenance à
l'activité touristique globale pour, notamment, tenter d'attirer chez
nous davantage de touristes d'affaires, de touristes d'agrément, de
touristes d'autres types et, également, de nous permettre de compter sur
des sommes d'argent nouvelles qui viendraient épauler l'ensemble de ce
document qui s'intitule: "Pour un énoncé de politique touristique
au Québec", une première dans l'histoire touristique du
Québec.
Le Parti québécois, pour tout le temps qu'il était
au pouvoir, n'a jamais tablé sur une politique d'orientation comprise du
tourisme au Québec, première que mon ministère a
initiée. Je le dis avec fierté, mais au-delà de la
réflexion
sur l'orientation, il nous faudra aussi assurer l'industrie de moyens de
procéder au redressement qu'il nous faut faire.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Groulx, s'il vous plaît.
Mme Madeleine Bleau
Mme Bleau: Merci, M. le Président. Le tourisme
représente un outil de développement économique de premier
plan pour le Québec. Ce secteur deviendra la première industrie
en l'an 2000, soit dans moins de neuf ans. Aujourd'hui même, les recettes
touristiques mondiales sont de 195 000 000 000 $ et sa perspective de
croissance sera de 5 % par année, d'ici le tournant du
siècle.
En 1989, au Québec, le tourisme représentait des recettes
touristiques de plus de 3 800 000 000 $, soit 2, 5 % du produit
intérieur brut. Cette industrie emploie 73 000 personnes en termes
d'emploi direct et indirect. Et ça, c'est annuellement, M. le
Président. Le tourisme est au sixième rang comme secteur
d'exportation avec plus de 1 000 000 000 $ en recettes d'exportation. Ce
secteur économique permet des rentrées fiscales de l'ordre de 620
000 000 $ pour le gouvernement du Québec. Ce n'est pas à
dédaigner. C'est supérieur aux recettes fiscales attribuables au
secteur manufacturier et même à celui de l'aluminium.
Mais, M. le Président, même si le tourisme se veut un outil
de développement pour le Québec et ses différentes
régions et qu'il est déjà un secteur de pointe, la
performance touristique québécoise est en deçà de
son potentiel. Pourtant, ce n'est pas dû à un manque d'efforts du
gouvernement et de l'industrie touristique. Ainsi, pour son budget 1990-1991,
le ministre du Tourisme obtenait, suite à ses représentations, un
crédit supplémentaire de 6 000 000 $, faisant ainsi passer son
budget de promotion de 12 000 000 $ à 18 000 000 $. Les partenaires du
monde touristique font aussi leurs efforts. Ils sont présents sur les
différents marchés afin de vendre leurs produits et le
Québec et ils ont compris que le succès de cette industrie passe
avant tout par la vente. Malgré tout, le déficit touristique est
de plus de 750 000 000 $ pour 1989 et ne cesse d'augmenter, d'où
l'urgence d'une politique en matière de tourisme.
Mais avant l'entrée en vigueur de cette politique, le ministre a
suggéré que soit entreprise une grande consultation des acteurs
représentatifs et intéressés du secteur. Cet exercice est
maintenant terminé. Cette démarche du ministre visait à
associer le ministère du Tourisme à l'expertise et à la
contribution des intéressés et, par le fait même, d'amorcer
de façon concrète la concertation des partenaires de l'industrie,
soit l'un des principaux défis de ce projet d'énoncé de
politique en matière touristique.
Cette politique prévoit sept grands défis: assurer la
reconnaissance de l'importance du tourisme dans la société
québécoise; doter le Québec d'une personnalité
propre au plan touristique basée sur le concept culture-nature - cette
mesure est déjà appliquée dans nos campagnes de
publicité à l'extérieur du Québec -; exploiter le
potentiel de croissance dans les divers marchés, de manière
à contrer les efforts de la concurrence. Pour répondre à
ce défi, des efforts supplémentaires sont consentis sur les
marchés internationaux, aux États-Unis, en France, au Japon, en
Italie, en Allemagne, en Grande-Bretagne et, évidemment, en premier
lieu, au Québec. Améliorer et renouveler l'offre touristique en
réponse aux besoins des diverses clientèles, notamment par la
mise en valeur des pôles majeurs de Montréal et de Québec;
atteindre l'excellence touristique sur tous les plans, soit dans les domaines
tels la réglementation sur la... sur les établissements
touristiques et la formation de la main-d'oeuvre; faire en sorte que
l'industrie tout entière souscrive à une vision commune de
développement du secteur dans le cadre d'actions concertées et,
finalement, assurer au secteur un financement adéquat permettant au
Québec de prendre sa place sur l'échiquer des destinations
touristiques mondiales. Bien sûr, pour atteindre ces sept défis,
le gouvernement aura besoin de financement nouveau et je pense que les casinos,
l'implantation des casinos pourrait peut-être être un de ces
nouveaux défis qu'on pourrait mettre pour aider le financement du
tourisme au Québec. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée, je vous remercie. Mme la députée de
Verchères.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: Merci, M. le Président. L'Opposition n'est pas
contre les casinos, mais ne se laissera pas entraîner sur un terrain dont
elle n'a pas toutes les données. Ce qui est indispensable, comme je le
répétais tantôt, avant de se prononcer, c'est de
connaître de quoi on parle.
Le ministre, quand il parle de casinos, dit n'importe quoi et les
députés ministériels continuent à nous cacher la
vérité au sujet des casinos. En ce qui concerne le tourisme,
là, on mélange les fins avec les moyens. Ceci étant dit,
abordons un autre aspect; l'aspect moral et de choix de société.
Au-delà des répercussions économiques et des impacts
sociaux, comme la multiplication des joueurs pathologiques et l'augmentation de
la criminalité, certaines personnes s'interrogent carrément sur
la moralité ou, pour utiliser une expression moins chargée, si
vous voulez, sur le choix de société que
représente l'implantation d un casino. C est véritablement
un choix de société.
Le ministre a balayé ces questions en se référant
au fait que les évêques de Québec, Montréal,
Rimouski respectaient son point de vue. Cette question déborde pourtant
largement le contexte religieux, et je ferai remarquer au ministre qu'en ce qui
concerne la position des évêques, j'ai contacté... et,
à aucun moment, les évêques se sont prononcés
pour.
Yves Séguin disait le 14 mai dernier - un collègue, un
ancien ministre du gouvernement actuel: "Je suis - je cite le ministre - d'une
vieille école de pensée, mais même en tant qu'ancien
ministre du Revenu, j'ai des réticences morales de voir le gouvernement
récolter de l'argent de cette façon. J'ai trois enfants. Je me
demande si ça sert l'intérêt public." Il s'interroge, lui
aussi. Et je continue: "J'ai trois enfants. Je me demande si ça sert
l'intérêt public d'augmenter le nombre de jeux".
Le moins que l'on puisse dire, c'est que s'interroger dénote tout
simplement de la responsabilité au moment où ce gouvernement nous
parle, à maintes reprises, de responsabilité et met tout en
oeuvre pour responsabiliser les municipalités. Puis je pense qu'il va
falloir qu'il commence par se responsabiliser lui-même.
Le maire de Hull, Michel Légère, est plus
catégorique; il est vraiment plus catégorique. Et là, je
le cite encore: "Ce n'est pas une façon de développer une
économie. Il y a toute une philosophie à tenir compte quand on
cherche des façons d'amasser de l'argent. On peut aussi en
récolter en donnant des spectacles de danseuses nues. Est-ce vraiment
ça qu'on souhaite dans notre société? Les casinos, comme
tous les jeux de hasard, renvoient le message d'une société
basée sur l'argent gagné facilement, sans effort particulier ou
collectif. C'est du faux-fuyant. Est-ce que valoriser le tourisme, ça
signifie passer un après-midi à pitonner sur une machine ou
devant une roue qui tourne en buvant de l'alcool? Moi, je ne crois pas. On a
bien autre chose à faire." Et je cite toujours le maire de Hull: "Pour
assurer la promotion du Québec, même si l'exercice est plus
difficile, gouverner, ce n'est pas tomber dans la facilité". Et
j'ajouterai: Gouverner, c'est aussi prévoir, M. le ministre.
Même à Charlevoix, sans vouloir offenser le
député de Charlevoix, mon collègue de Charlevoix, des gens
s'opposent au casino dans Charlevoix pour des raisons semblables. Est-ce que
c'est pour ne pas entendre de tels témoignages que le ministre du
Tourisme refuse de procéder à des consultations publiques? Il
connaît ma position depuis février dernier. Il aurait eu amplement
le temps de les faire. Est-ce que c'est parce qu'il sait bien que son approche
strictement comptable évite le véritable débat? (11
heures)
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, pour
cinq minutes.
M. André Vallerand
M. Vallerand: M. le Président, oui, je connais bien la
position de Mme la députée de Verchères. C'est qu'elle est
contre. Encore une fois, elle a fait une très belle démonstration
de son opposition en se référant à des témoignages
de ceux qui sont contre, et ça s'additionne. Tous ces témoignages
s'additionnent et ses interventions de ce matin s'additionnent dans le
même sens. Vous êtes contre, vous avez le droit d'être
contre. C'est le privilège de l'Opposition de s'objecter à
certaines initiatives du gouvernement. C'est aussi le rôle de
l'Opposition, sciemment ou autrement, de vouloir s'objecter au
développement économique, au développement touristique, au
développement des régions et ce n'est pas la première fois
que l'Opposition le fait.
M. le Président, quand on prétend que le ministre qui est
identifié à cette idée potentielle d'implanter des casinos
ou un casino au Québec, ce qui est potentiel, dans
l'éventualité d'une ratification par le gouvernement, par le
Conseil des ministres, lorsqu'elle dit que ce dernier dit n'importe quoi, mais
est-ce qu'elle prend la population pour des imbéciles? Mes propos,
largement diffusés parce que sujets à de grandes consommations
publiques, ont été appuyés par la majorité de la
population et plus qu'une majorité simple qui suffirait à
l'Opposition pour faire la séparation, à près de 75 % de
la population.
Donc, si mes propos sont, comme elle le prétend, sans fondement,
elle conclut, par voie de conséquence, que la population est
également sans fondement dans le jugement qu'elle porte sur son soutien
à l'établissement de ce genre d'activité au Québec.
Il faut qu'elle fasse attention. Il faudrait que Mme la députée
de Ver-chères réfléchisse, analyse, mette en perspective,
relativise l'ensemble de ses propos, si elle veut contribuer positivement
à l'avancement de cet important dossier.
M. le Président, je suis beaucoup trop respectueux de
l'Église pour la prendre à témoin dans ce genre d'exercice
que nous menons pour soutenir l'activité touristique par rapport
à l'activité que nous connaissons. Je suis tellement respectueux
de l'opinion de l'Église que j'ai sollicité l'opinion de ses
principaux représentants, Mgr Couture, à Québec, Mgr
Turcotte, à Montréal, et également
l'archevêché de Rimouski, pas pour leur demander s'ils
étaient d'accord avec les casinos, mais pour leur dire: Votre point de
vue m'importe. Vous représentez l'opinion d'une foi majoritaire au
Québec, qui est la foi catholique. Vous êtes importants dans les
témoignages que vous pouvez m'apporter. Je voudrais, M. le
Président, que ce soit bien clair, parce que Mme la
députée de l'Opposition semble vouloir
insinuer que j'ai dit que l'Église était d'accord avec
l'idée des casinos. Pas du tout.
Ce que l'Église m'a dit, c'est que, premièrement, elle
était flattée que, pour une fois, dans l'avancement de ce
dossier, on consulte l'Église. C'était la première fois.
Rappelez-vous que l'Opposition, M. Frechette, a tenté d'établir
des casinos complètement différents du modèle que je
préconise, en 1980-1981. On n'avait pas pris en compte ou on avait
négligé peut-être de solliciter des opinions bienveillantes
comme celle de l'Église. Ce qu'ils ont dit et ce qui a été
rapporté est fidèle: c'est qu'ils ne sont pas pour le principe
des casinos comme tel; ils ne pourront pas se prononcer publiquement comme tel
- et je les comprends très bien - sauf qu'en général, ce
que je peux tirer de leurs témoignages, c'est qu'ils ne feront pas
d'opposition systématique à ce genre d'activité.
Lorsqu'elle se réfère à mon ex-collègue, M.
Séguin, pour qui j'ai beaucoup de respect, qui a été un
ami, qui demeure un ami, un ex-collègue... C'est M. Séguin,
également, qui écrivait récemment, je crois, que la
séparation du Québec entraînera un déficit de 15 000
000 000 $ au Québec. On pourrait aussi peut-être, si vous voulez,
en discuter maintenant. Si vous préférez remettre ça
à plus tard...
Alors, je voudrais juste souligner que c'est M. Séguin qui y va
de plusieurs opinions sur la place publique. C'est son droit légitime de
le faire, mais certaines de ses prises de position sont à la fois prises
en charge par l'Opposition, quand ça fait son affaire et
déniées par l'Opposition, quand ça ne fait pas son
affaire. Donc, toutes choses étant égales, par ailleurs, il
faudrait peut-être se méfier de ce genre de
référence de la part de Mme la députée de
Verchères. En conclusion, M. le Président, je retiens une chose:
l'Opposition est contre.
Le Président (M. Bélanger): Alors, M. le
député de Charlevoix.
M. Daniel Bradet
M. Bradet: Merci, M. le Président. Quand la
députée de Verchères essaie de faire accroire aux gens de
Chalevoix qu'à la période de questions, depuis 15 jours, ce n'est
pas Charlevoix qu'on attaque via Raymond Malenfant, elle devrait savoir que 40
% des touristes qui viennent dans Charlevoix viennent pour le Manoir Richelieu,
un patrimoine, et pour nous, gens de Charlevoix, le Manoir Richelieu n'a pas de
roulettes. On en est au huitième propriétaire. C'est un joyau
qui, en fait, appartient à la population, comme le Château
Frontenac. C'est clair que quand elle dit qu'il y a beaucoup d'opposition dans
Charlevoix, eh bien, la seule opposition qu'on a connue, c'est lorsque le chef
de l'Opposition est venu dans Charlevoix. C'est le Parti
québécois dans Charlevoix qui est contre la venue d'un casino,
qui veut des études. Nous, on a étudié... Le Parti
québécois a étudié, a fait des études dans
Charlevoix pour reculer notre développement, pendant les années
de vaches maigres qu'on a connues du règne péquiste.
Le massif de Petite-Rivière-Saint-François, l'ensemble des
dossiers, quand on parle du parc des Hautes-Gorges, une des plus belles
régions, une des parois rocheuses les plus belles, Mme la
députée de Verchères, à l'est des Rocheuses. Si
vous suiviez l'activité touristique, vous auriez pu apprendre que
lorsque les Canadiens qui ont fait l'Everest ont cherché une paroi
rocheuse ressemblant à l'Everest, ils sont venus dans le parc des
Hautes-Gorges. Mais le parc des Hautes-Gorges, à l'époque de M.
Brassard et de M. Duhaime, on a tout fait pour que ce beau parc-là...
Alors que tout le monde s'entendait pour dire: le parc des Hautes-Gorges est le
plus beau au Québec... On a tout fait pour que ça devienne le
parc de la Jacques-Cartier, puis on a laissé poireauter ça.
Je peux vous dire que, dans le cas du casino, les gens de Charlevoix -
et ce n'est pas les gens de partout dans le Québec qui sont venus devant
le Parlement - sont venus démocratiquement et d'une façon tout
à fait particulière devant le Parlement. Ils ont fait, je pense,
quelque chose de civilisé et on n'a pas vu 500 régions du
Québec parce que, partout au Québec, les gens le disent, ils
parient de casino et accrochent Charlevoix au casino. Alors, bien sûr, il
y a quelques articles de journaux extrémistes, des gens qui disent: Oui,
mais ce ne serait pas bon pour Charlevoix.
Vous vous rappelez, M. le ministre, que la ville de Pointe-au-Pic, 700
habitants, a remis ici, devant le Parlement, une pétition où 90 %
de la population immédiate de Pointe-au-Pic étaient pour la venue
du casino. S'il y a des gens qui devraient avoir peur d'un casino, c'est bien
les gens autour du casino. Alors, au fond, vous continuez, je pense, avec tout
ce que vous pouvez sortir de statistiques, à vouloir détruire une
région au détriment de laquelle... On ne le sait pas, est-ce que
Mme Marois, la députée de Taillon, n'aime plus venir dans
Charlevoix? Elle aimait, à l'époque, venir faire des tours dans
Charlevoix. Là, subitement, le Parti québécois, son chef
est très froid vis-à-vis du casino dans Charlevoix. Alors, moi,
je dis: Je pense que c'est le temps que les gens comprennent. Vous savez, vous
avez les découpures de journaux, mais dans Le Journal de
Montréal du dimanche 12 mai, savez-vous quelle est la région
préférée des Québécois, à 23 %? La
région de Charlevoix, un sondage Léger et Léger. On aurait
pu penser que ce n'est pas nos plus chauds partisans dans Charlevoix, mais en
tout cas, ils ont rendu la réalité au moins telle quelle: 23 %
des gens préfèrent Charlevoix comme destination de
séjour.
Alors, nous, le casino, on n'en a pas peur.
L'enfant est né chez nous. Je prvx vous dire que vous aurez
l'odieux, si jamais Charlevoix n'a pas de casino, d'avoir bloqué pour
cette région-ià et d'avoir détruit cette
région-là. Ça vous fait sourire, comme ça a fait
sourire votre chef dernièrement, comme les préfets... comme I
ensemble des gens de Charlevoix qui s'attendaient de voir arriver le chef de
l'Opposition en leur disant: Oui, on est pour un casino chez vous. Non, ce
n'est pas bon, le casino. Ça prend des commissions parlementaires.
Ça prend des études. Alors, ce qu'on vous dit, c'est qu'elles
sont faites pour nous, les études, et on sait très bien, on n'est
plus en 1974, mais déjà en 1974, on était ciblé
comme la région pouvant accueillir un casino modèle.
Il n'y aura pas de combat de boxe mondial dans Charlevoix; il n'y aura
pas de Frank Sinatra. On sait, nous, et on n'a pas besoin comme l'Opposition
d'aller chercher des punaises partout. On sait qu'un casino va être
très bien tenu. On a l'expérience de Fort Garry et on n'a
absolument pas peur, sauf que je peux vous dire que vous allez payer
chèrement l'affront que vous faites aux gens de Charlevoix. Vous l'avez
fait pendant 10 ans et vous continuez de le faire. Eh bien, vous pouvez biffer
ce comté-là pour longtemps.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. Mme
la députée de Verchères.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: Merci, M. le Président. Justement, parlant de
lieu, je ne sais pas si votre collègue, Mme la députée de
Groulx, partage le même point de vue. Parlons-en donc quelques minutes de
localisation. Plusieurs villes et régions réclament leur casino:
Montréal, Québec, Charlevoix - eh bien, écoutez, M. le
député, je parle de votre région - l'Estrie, Bromont,
Magog, Orford, Granby, Sherbrooke, Mirabel, Hull et d'autres. Il y a même
des désaccords sur l'emplacement exact à l'intérieur des
régions dans une ville. Il y a aussi des désaccords dans le parti
ministériel quant au choix de la localisation. Ils ne veulent pas se
l'avouer, mais on va leur dire.
Jacques Laroche, qui est le fondateur de l'Association des agents de
voyage du Québec, estime qu'il faut compter sur des infrastructures
importantes et un bassin de population suffisant pour qu'il soit
intéressant d'installer des casinos. Vous voyez, lui, il parle pour
Montréal. "Qu'on en installe, et je le cite, un à Montréal
à titre d'essai, où on est beaucoup mieux pourvu, et on verra les
résultats." Le maire Doré, comme l'éditorialiste de La
Presse, Claude Masson, partage aussi cette opinion. Mais où à
Montréal? Est-ce qu'on va l'installer au Stade olympique ou au Palais
des congrès? Ou est-ce qu'on va en mettre deux?
Une voix: Quand il restera rien que ça à
dire...
Mme Dupuis: Toutes des questions, mais sans réponse.
Évidemment que les gens de Charlevoix, et tout particulièrement
le Manoir, qui est un édifice sublime, entre autres... Je suis
déjà allée, pour votre information. Ça vous
surprend, hein? Bon. Alors, c'est la preuve qu'on me fait dire n'importe quoi.
Ils sont totalement d'accord avec un casino, mais ça ne veut pas dire
qu'ils sont d'accord avec un casino à Montréal, eux autres. Ils
vont se battre contre Montréal, puis ils font bien de se battre. Ils
défendent leur région. C'est ça que le ministre ne veut
pas comprendre puis s'entête à ne pas comprendre. Ils invoquent la
popularité de la région comme destination touristique et ils ont
raison. Le fait qu'ils revendiquent en faveur d'un casino dans leur
région, depuis une vingtaine d'années, exactement... Et cela, je
l'avais écrit avant que le député de Charlevoix me
rappelle que ça fait 20 ans qu'il le demande.
À Magog, Orford, ils ont aussi des bonnes raisons. Les gens de
Mirabel ont des raisons tout aussi valables. Ceux qui font la promotion d'un
casino dans leur ville croient, pour leur part, que la proximité de
l'aéroport, c'est optimal. Ils ont raison dans ce sens-la aussi. Parmi
les facteurs qui militent en faveur de la ville de Mirabel, par exemple, il y a
les clients, qui seraient des touristes qui arrivent et repartent du
Québec, c'est un aéroport. Donc, là, on viserait la
clientèle à l'extérieur et ce serait plus rentable pour le
Québec. Chaque région a ses raisons, qui sont toutes meilleures
les unes que les autres.
Quand on parle du Stade olympique, qui n'est pas capable de louer ses
locaux - le ministre le sait, c'est sous sa juridiction - on pourrait bien
dire: C'est là. On va essayer de le rentabiliser. Vous avez tous...
Donc, moi, si je dis que je veux une commission avec audiences publiques, donc,
Mirabel va dire que je suis contre eux autres. Bien sûr, il y a Magog,
Charlevoix, le président de la RIO, le président du Palais des
congrès, puis allons-y, mettons-en.
Sur la base de quels critères sera prise la décision? La
question est simple. Si le ministre arrêtait de parler, peut-être
qu'il comprendrait. Le ministre ne croit-il pas que, pour éviter toute
apparence de favoritisme, il soit nécessaire de consulter publiquement
les promoteurs des différents projets et de trancher à partir
d'une grille claire, objective et connue de tous? Merci, M. le
Président. (11 h 15)
Le Président (M. Bélanger): Merci. Alors, M. le
ministre, c'est à vous pour cinq minutes.
M. André Vallerand
M. Vallerand: Pardon, M. le Président, je pensais que
c'était à ma collègue...
Le Président (M. Bélanger): Elle vous suivra.
M. Va liera nd: Elle me suivra. M. le Président, Mme la
députée de Verchères, non contente d'ajouter à la
confusion sur l'idée du principe, elle ajoute à la confusion sur
la localisation C'est à s'y méprendre; on est contre.
Probablement que ça fait partie de sa stratégie d'opposition
systématique. On s'est opposé au principe et, après
ça, on tente de semer la discorde parmi les partenaires qui voudraient
ce type d'activité dans leur région.
Il faudrait se demander si l'Opposition est sérieuse dans son
interpellation de ce matin. J'ai écouté religieusement,
attentivement, respectueusement Mme la députée de
Verchères. Je m'interroge sur la pertinence de cette interpellation
autrement que pour les raisons que j'invoquais au début: sa
visibilité. Il est dangereux de vouloir agir uniquement pour des fins
personnelles en politique parce que, pour ce faire, on doit choisir des sujets
qui touchent les intérêts très larges de la population;
c'est la définition de se mettre à contribution pour les
intérêts supérieurs du Québec.
Par définition, le rôle du député, c'est
d'être assez sage, clairvoyant, réfléchi dans le choix de
son opposition pour ne pas nuire systématiquement à une cause qui
est largement partagée par l'ensemble de la population et qui rejoint
également les intérêts tout aussi larges des personnes, des
corporations, des entreprises qu'on y retrouve. Donc, l'interpellation de ce
matin, c'est de tenter de dire au gouvernement: Bon, nous sommes contre.
L'Opposition, on est contre.
Ne vous faites pas d'idée du côté du parti au
pouvoir, vous n'aurez jamais notre appui pour faire avancer l'idée du
principe des casinos au Québec. On va vous demander toutes sortes
d'études et ce que sous-tend son opposition, c'est qu'une fois que vous
aurez ces études-là, on va trouver d'autres façons de
s'opposer également à l'idée de l'implantation de casinos
au Québec, malgré, je le rappelle, le fait que c'est largement
partagé par la population, malgré qu'il y ait des rapports
rassurants des corps policiers au titre de l'incidence criminelle,
malgré également que la majorité des régions, comme
Mme la députée de Verchères l'a si bien mentionné
et décrit tout à l'heure, en veulent de ces activités dans
leur région. Malgré tout ça, on vous fera de
l'opposition.
À toutes fins pratiques, c'est le message qu'on doit
interpréter, qui est celui de l'Opposition, ce matin. Mais jamais, M. le
Président - que ce soit bien clair dans l'esprit des gens de
l'Opposition parce que, pour les autres, je pense que c'est clair - le
gouvernement ne procédera avec précipitation dans ce dossier. Le
gouvernement, à travers le titulaire du ministère du Tourisme que
je suis, exigera des démonstra- tions d'opportunité sur la
dimension de la rentabilité, exigera, avant de donner son aval, des
démonstrations d'opportunité sur les implications
socio-économiques, exigera dans sa grande sagesse également, des
démonstrations d'opportunité sur la dimension morale, entre
guillemets, criminalisante, de ce genre d'activité là.
Ça a été les propos repris par le premier ministre,
à la suite du conseil général du parti en fin de semaine
dernière, où les membres, majoritairement, à la
quasi-unanimité, ont approuvé l'idée de l'implantation de
casinos au Québec, en faisant exactement la même exigence que
celle que j'ai toujours mise de l'avant au titre des impacts, comme
l'Opposition le demande. Mais si l'Opposition était sincère, pour
nous aider dans l'avancement de ce dossier-là, dans les études
qu'elle demande, elle appuierait notre démarche au titre du principe et
s'assurerait que, dans cette démarche conjuguée de l'Opposition
et du parti ministériel, pour servir les intérêts larges de
l'industrie touristique, on ait les études qu'on a toujours promis qu'on
déposerait, une fois le temps venu. Donc, en conclusion, M. le
Président, je m'interroge sérieusement sur les véritables
motifs de l'interpellation de l'Opposition ce matin.
Le Président (M. Bélanger): Merci. Mme la
députée de Groulx.
Mme Madeleine Bleau
Mme Bleau: Merci, M. le Président. Mme la
députée de Verchères me faisait appel, tout à
l'heure, en me disant: J'aimerais avoir l'opinion, je voudrais connaître,
je voudrais savoir si Mme la députée de Groulx a la même
opinion. Si vous m'aviez demandé cette question-là il y a 10 ans,
Mme la députée, il est certain que ma réponse n'aurait
probablement pas été la même qu'aujourd'hui, mais j'ai
évolué, moi en tout cas, avec mon parti, sur cette
question-là. Pour bien vous le prouver, ce n'est pas d'aujourd'hui,
puisque suite à un voyage que nous avons fait à Winnipeg, au mois
de novembre dernier, à mon retour, j'ai écrit au premier ministre
et au ministre du Tourisme, pour leur indiquer que j'avais visité le
casino de Winnipeg et que j'avais trouvé ça vraiment excellent de
la manière que c'était conduit... En plus, j'avais indiqué
que ce que j'avais appris au niveau de la retombée des millions de
dollars qui rentraient dans les coffres du gouvernement, je trouvais ça
intéressant.
Qu'on le veuille ou non, au Québec, les jeux de hasard et de
loterie occupent une place sans cesse grandissante dans la
société, ceux-ci s'avérant une source de revenus
importante pour l'État. On estime qu'en 1989-1990, les
Québécois ont parié pour un volume de jeu global
s'élevant entre 4 400 000 000 $ et 4 800 000 000 $. Alors, je pense que
ça vaut la peine de s'occuper de
cette réalité.
Inexistants avant 1978 et malgré que le gouvernement n'ait pas
toujours statué sur les activités des casinos, il s'est tenu, en
1989, 195 jours de casinos forains autorisés par l'État De plus,
faut-il ajouter que des permis pour l'exploitation de 17 000 machines de
vidéopoker ont été accordés par la Régie des
loteries et courses du Québec. Entre 3000 et 8000 autres machines sont
exploitées illégalement sans permis, soit un nombre plus
important que toutes les machines à sous qu'on retrouve à
Atlantic City.
M. le Président, ce serait faire l'autruche que de s'opposer
à la venue de casinos au Québec. D'ailleurs, puis-je ajouter que
je comprends très mal les réticences de l'Opposition quant
à la venue de casinos, alors que toute l'industrie touristique appuie la
démarche du ministre Vallerand? Je ne peux expliquer que la critique de
l'Opposition en matière de tourisme soit contre l'établissement
des casinos au Québec. Avec ses idées préconçues,
elle est bien seule à penser que les casinos augmenteront la
criminalité et encourageront non seulement la prostitution, mais
également le trafic de drogue.
Pour ma part, M. le Président, je préfère me fier
aux experts de la Sûreté du Québec, qui se disent en accord
avec le projet des casinos du ministre Vallerand. Leur opinion est plus valable
à mes yeux que celle de la députée de Verchères,
qui nuit définitivement à l'industrie touristique en s'opposant
au projet des casinos. Faut-il ajouter que l'Opposition tente de faire de la
bien petite politique avec un dossier qui fait pourtant l'unanimité dans
l'industrie et dans l'opinion publique. D'ailleurs, les quatre sondages
réalisés au cours des 12 derniers mois indiquent clairement
qu'une majorité de Québécois, dans une proportion de 66 %
à 75 %, sont favorables à l'ouverture de casinos au
Québec. Mais la députée de Verchères, elle est
contre, je pense. Allez savoir pourquoi.
Les experts de la Sûreté du Québec ont clairement
laissé savoir qu'ils approuvaient le projet de casinos du ministre
Vallerand. Quand on pense à l'implantation et à l'endroit
où on veut implanter les casinos, ça, c'est de la
mécanique et je pense que c'est le gouvernement, avec les études
qui vont lui être soumises, qui pourra décider. Il est certain que
dans ma région, la ville de Mirabel voudrait voir l'implantation d'un
casino. Mais c'est légitime et je pense que je défendrai ma
région. Mais, en dernier recours, la décision que le
gouvernement, le premier ministre, le ministre du Tourisme vont prendre, je
pense qu'ils peuvent compter sur mon appui.
Le Président (M. Bélanger): Alors, je vous
remercie, Mme la députée. Mme la députée de
Verchères.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: Merci, M. le Président. Mme la
députée de Chapleau, ce n'est sûrement pas par mauvaise
volonté... de Groulx, pardon! ce n'est sûrement pas...
Mme Bleau:... beau de compter comme ça!
Mme Dupuis:... par mauvaise volonté, mais je pense qu'elle
réalisera qu'elle fait à sa collègue, la
députée de Verchères, un procès d'intention.
Je disais tantôt qu'on avait des demi-vérités, mais
là, quand il s'agit du ministre, je n'ai peut-être pas la
même tolérance et je dis qu'il ment carrément. Les casinos
et la politique touristique, quelque...
Une voix: C'est antiparlementaire.
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse, madame. On
ne peut pas... C'est un terme très antiparlementaire que vous venez
d'utiliser.
Mme Dupuis: Je vais simplement dire qu'on s'éloigne de la
vérité.
Le Président (M. Bélanger): Ce n'est pas plus
acceptable. On ne peut pas faire indirectement ce qu'on ne peut pas faire
directement. Alors, s'il vous plaît.
Mme Dupuis: Je retire mes paroles, mais je n'en pense pas moins
la même chose.
Les casinos et la politique touristique. Tantôt, le ministre
parlait, et depuis le début, d'ailleurs, il essaie de faire
dévier le débat vers l'industrie touristique. Sa collègue
aussi, Mme la députée de Groulx, parlait que le Parti
québécois de l'Opposition n'avait rien fait pour le tourisme. Une
simple petite phrase. Mme la députée ignore sans doute que l'on
file, depuis 1985, là, en 1991, vers le 1 000 000 000 $ de
déficit et on perd tous les ans. Et nous, qui avons instauré le
ministère du Tourisme, nous avons commencé avec un déficit
de 550 000 000 $ et nous l'avons baissé à 300 000 000 $. Simple
petite mise au point.
Le ministre du Tourisme, à plusieurs reprises, a affirmé
que l'implantation de casinos au Québec ne réglerait pas le
problème que connaît l'industrie touristique. Il l'a dit et l'a
redit. Par exemple, lors de l'étude des crédits, en 1990, il nous
affirme: J'ai dit, je dis et je redirai qu'autant que je suis concerné,
le redressement de l'activité touristique au Québec ne passe pas
par l'implantation de casinos. Ce sont ses propres paroles. Qu'il en assume la
responsabilité. Le document de réflexion en vue d'un
énoncé de politique en matière de tourisme,
déposé en novembre, était cohérent avec cette prise
de position. En aucun moment, on ne parle de
casinos dans ce document. À aucun moment, on ne parie d'implanter
des casinos. Lorsque je parle d'incohérence, c'est appuyé sur des
faits.
Six mois plus tard, le ministre du Tourisme nous annonce que
l'implantation des casinos deviendra la pièce maltresse, le pivot d'un
nouvel énoncé de politique. Si là, on ne peut pas parler
d'improvisation, mais qu'est-ce que c'est, nom de Dieu! que de l'improvisation?
Les casinos sont maintenant le remède à tous les maux. Mais
voyons donc! Ça n'a aucun bon sens de dire des choses pareilles,
lorsqu'on est ministre du Tourisme, pour gonfler le budget de promotion de son
ministère, améliorer l'offre touristique et doubler les recettes
touristiques d'ici l'an 2000. Exactement les mêmes visées qu'il
avait dans son énoncé et où il essayait de trouver
d'autres solutions. Là, la solution de tous les maux, c'est les
casinos.
Incidemment, tous ces objectifs et, spécifiquement, celui de
doubler les recettes touristiques sont des objectifs à atteindre. Ce que
je mets en cause, c'est le virement du ministre, l'improvisation du ministre en
matière touristique, qu'il brûle ce qu'il a adoré et qu'il
fait l'inverse, qu'il adore ce qu'il a brûlé. Mais, au juste,
où s'insèrent donc les casinos dans une politique touristique
où on retrouve nature et culture? À quoi serviront et à
qui profiteront les casinos auxquels tient tant le ministre du Tourisme?
Peut-être qu'à force de poser des questions, on aura une
réponse. Merci, M. le Président. (11 h 30)
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre
M. André Vallerand
M. Vallerand: M. le Président, je dis, je redis, je suis
prêt à faire un dessin à Mme la députée de
Verchères, que les casinos ne constituent pas l'essentiel du
redressement de la politique touristique du Québec. J'ai pris 10 minutes
pour expliquer à Mme la députée de Verchères
l'état de situation touristique au Québec, ce qui lui
échappe manifestement. Elle n'arrive pas à comprendre la
problématique touristique au Québec. Elle n'arrive pas, ce
faisant, à comprendre ce sur quoi l'ensemble de l'industrie s'entend,
que le redressement de cette situation déficitaire passe à tout
le moins par trois grands axes: réinterrogation stratégique de
notre politique promotionnelle, développement d'un positionnement
générique nouveau sur les marchés intra et
extra-Québec, en s'inspirant des traits propres à la
personnalité touristique du Québec dans sa dimension nature et
culture.
Deuxièmement, une comparaison stratégique du produit
touristique québécois pour enrichir certains des
éléments d'attraction touristique en comparaison avec des
régions qui nous sont concurrentielles. Troisièmement, consacrer
davantage de ressources à la formation de la main- d'oeuvre à
l'intérieur de l'industrie touristique, en tenant., pardon! en prenant
en considération révolution des nouvelles techniques propres aux
différentes entreprises, à l'intérieur de ce grand secteur
industriel.
Les casinos ne constituent qu'un élément additionnel
à la marge - je peux lui donner une définition, si elle ne
comprend pas ce que ça veut dire "à la marge" - pour venir
enrichir les actions de redressement au titre de la promotion, du
développement du produit, de formation de la main-d'oeuvre, un
élément parmi tant d'autres et un élément qui a le
bénéfice de pouvoir compter sur des sommes d'argent nouvelles, en
période de crise économique. Nous, du gouvernement
libéral, avons davantage d'imagination et de créativité
que l'ancien gouvernement. En tentant de découvrir les sources de
revenus additionnelles, en ne se campant pas bêtement en arrière
de colonnes de chiffres, de dépenses et de revenus pour dire ce que vous
avez dit et fait pendant la récession de 1982-1983: Nous n'avons pas
d'argent pour soutenir le redressement de l'activité économique
de la récession de l'époque.
On s'interroge plus intelligemment sur des sources de revenus
additionnelles. C'est que le casino, pour autant qu'il nous rassure dans sa
rentabilité, pour autant qu'il nous rassure sur ses impacts
socio-économiques, pour autant qu'il nous rassure sur les
répercussions négatives à caractère moral ou
criminalisant, constitue une avenue intéressante pour soutenir
l'activité touristique dans ses trois grandes composantes, et c'est
encore sommaire comme explication. Mais évidemment, pour le
bénéfice de Mme la députée de Verchères, il
faut à l'occasion être sommaire, pour mieux lui faire comprendre
les choses. Conséquemment, les casinos constituent, dans l'esprit du
ministre, un élément et non pas le pivot ni l'essentiel du
redressement de la politique touristique au Québec.
Quand elle fait allusion au fait qu'on voudrait que les casinos
deviennent la pièce maîtresse du redressement touristique, c'est
encore une fois, M. le Président, ajouter à la confusion,
malhonnêtement, sur le plan économique, sur le plan intellectuel,
tenter, encore une fois, de faire passer l'idée des casinos comme
étant la panacée à tous les problèmes touristiques
au Québec, ajouter à la confusion pour mieux se positionner
contre le principe. Ajouter à la confusion pour semer la discorde dans
les régions, ce faisant, aller contre les intérêts
régionaux et, plus spécifiquement ce matin, contre
Charlevoix.
Le Président (M. Bélanger): Merci M le
député de Charlevoix.
M. Daniel Bradet
M. Bradet: M. le Président, quand la députée
de Verchères essaie de montrer qu'il y a
un désaccord entre les depute ministériels au sujet du
casino dans Charlevoix, elle devrait savoir qu'en fin de semaine
dernière, au congrès du Parti libéral, c'a
été unanime. C'a été unanime à l'effet
qu'après étude du principe, la région de Charlevoix
pourrait être favorisée comme étant la région
touristique par excellence qui pourrait accueillir le premier casino de type
européen. Ça ne veut pas dire que les gens de Charlevoix sont
contre un casino à Montréal. Absolument pas.
Nous, ce qu'on dit, c'est que s'il y a un casino dans une région
- et, tout à l'heure, vous avez nommé toutes les régions
du Québec, et on n'a rien contre l'ensemble des autres régions -
on a seulement le fait que la région de Charlevoix, depuis 20 ans, est
la plus belle et les preuves touristiques nous le démontrent. Alors, je
pense que c'est un peu patiner que d'essayer...
J'aurais aimé mieux entendre la députée dire aux
gens de Charlevoix, ce matin: Écoutez, le principe n'est pas
accepté, mais nous, on est à peu près comme tout le monde.
Tout le monde sur la rue va vous dire que casino, ça va avec Charlevoix,
au départ. Tout le monde va vous le dire. J'aurais aimé ça
qu'elle puisse dire: À tout le moins, s'il y en a un, sans les
études des études, bien, nous, on pense que ça devrait
aller dans Charlevoix. Elle ne peut pas nous le dire parce que son chef est
venu nous dire le contraire, il y a 15 jours. Il est venu patiner avec des
patins immenses et, à toutes fins pratiques, la députée
est contre les casinos. En plus, elle n'est pas seulement contre le principe
des casinos, elle est contre le fait qu'il y ait un casino dans une des
régions les plus touristiques au Québec. Elle est venue au Manoir
Richelieu. Elle l'a vu, mais, malheureusement, elle n'a pas vu que la
région de Baie-Saint-Paul, par exemple, était renommée
pour les arts. On ferme des galeries d'art à Montréal et on les
ouvre à Baie-Saint-Paul. Il y en a 28. La députée n'a pas
vu ça qu'il y a un symposium qui attire 100 000 personnes. Elle aurait
dû aller voir les baleines aussi: c'est 100 000 ou 125 000 personnes par
année.
Quand on a eu le Sommet francophone, madame, il y a deux ans, on avait
demandé aux gens de partout dans le monde, de tous les pays
francophones, quelle serait la région, à deux heures de
Québec... quel serait l'attrait qu'ils aimeraient voir, et tout le monde
a répondu, des baleines à l'état naturel. Ce n'est pas de
ma faute. Les baleines ne sont pas au Mont-Tremblant; elles sont dans
Charlevoix et on n'a rien contre les autres régions, mais il arrive que
tout le monde est d'accord, sauf le Parti québécois.
Je trouve que c'est malheureux et c'est pour ça que je vous dis
que si, au bout, il y a une facture à payer, vous allez la payer et
fortement. Ce n'est pas comme ça que vous allez vous attirer des votes
dans la région de Char- levoix parce que c'aurait été si
facile de faire un consensus et de dire: Oui, on attend le principe, mais la
région de Charlevoix, on pense que vous avez un petit pas d'avance.
Depuis 1974, tout le monde le dit. Le premier ministre l'a même
redit dernièrement. Le Parti libéral est unanime
là-dessus. Alors, je trouve que c'est très malheureux. C'est
très malheureux parce que si vous regardez Charlevoix l'hiver et la
région de Québec l'hiver, il n'y a pas un corridor de neige, un
croissant fertile de neige, appelez-le comme vous voudrez, qui est
l'équivalent de Charlevoix. Tout le monde s'entend pour le dire. Le mont
Sainte-Anne, Petite-Rivière-Saint-François, le mont Grand Fonds
et mettons donc mont Edouard avec ça au bout, ça ne changera...
Mais il n'y a pas une région où il y a tant de neige au
Québec.
Il faut arrêter de se cacher et de dire: Bien, ça va
être mauvais; il va se passer de la moralité. Nous, on n'a pas
peur de ça. On n'a absolument pas peur. Nos intervenants, qui ont
investi de l'argent dans le tourisme, malgré le fait qu'ils se soient
fait taper dessus par vous pendant 10 ans, par votre parti, bien, ces
gens-là y croient et on n'a pas peur. On n'a pas peur. On n'a pas les
meilleurs corps de policiers au Québec. On n'a pas, dans chaque petite
municipalité, un corps de police, mais n'ayez pas peur.
On est sûrs d'une chose, c'est que s'il y avait un casino dans
Charlevoix, ce serait un attrait de plus pour la région qui va avoir un
impact sur tout l'ensemble de la région de Québec, comme le mont
Sainte-Anne a de l'impact sur toute la région de Québec. On sait
une chose: 24 % de la clientèle du massif de Petite-Rivière, qui
est un centre de ski, qui ne marche même pas avec remontée
mécanique, viennent, cette année, d'Europe. La motoneige a pris
un pas énorme dans la région. Alors, nous, on le sait,
madame.
Et c'est avec ça que je termine. Je veux, au nom de la
population, vous remercier de cette gifle que vous leur donnez encore une fois,
cette gifle de leur dire: Oui, vous êtes la plus belle région au
Québec. Oui, tout le monde s'entend pour le dire, mais n'envoyez plus
votre chef dans Charlevoix pour venir insulter les gens comme il a fait, il y a
15 jours. De grâce! De grâce! Vous pouvez être sûrs
qu'on va continuer, nous, au Parti libéral, avec le gouvernement, de
développer notre région et il y aura un casino dans Charlevoix
sans vous, n'ayez pas peur.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, M. le
député de Charlevoix. Mme la députée de
Verchères.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: Merci, M. le Président. Le ministre nous
demande d'appuyer sa démarche.
On ne demanderait pas mieux, après qu'il y aura eu des
études d'impact, vous ne croyez pas que c'est simplement logique,
responsable, avant de se prononcer sur un principe de casino, avant de se
prononcer, qu'il faudrait avoir un débat public, des études
d'impact. Sinon, sur quoi on va se baser pour accepter le principe des casinos?
Sur quoi - et j'ai posé la question tantôt - vont se baser ses
collègues? Sur quoi va se baser le ministre, sans étude?
Donc, c'est de l'improvisation, c'est n'importe comment. Sur quoi
va-t-il se baser pour faire ses choix, ses lieux et tout? On n'a pas, je pense,
M. le ministre... Il va sûrement comprendre s'il s'en donne la peine. On
n'a pas à attendre, à demander qu'une décision soit prise
à des personnes qui n'ont pas toute l'information. Le ministre avait
promis, d'ailleurs, de faire des études et d'en donner les
résultats, en réponse à une question, justement, lors de
l'étude des crédits.
Je cite le ministre: "On a l'obligation de faire une
démonstration rigoureuse de l'utilité globale du casino que je
préconise au Québec", dixit M. Vallerand. "Nous sommes à
la faire". Où est-elle, cette étude? Est-elle si belle qu'elle
puisse être enlevée et qu'il faille la cacher? Et je continue
à citer le ministre. "Nous sommes à faire justement l'examen de
ces questions. Quand elle seront connues - et je lis
délibérément, tranquillement pour qu'on comprenne bien les
mots - il me fera plaisir de les donner à toute la population, y inclus
l'Opposition." Me voici, je suis en attente, de telle sorte que les
clientèles touristiques qui espèrent - dans la mesure où
la démonstration du bien-fondé est faite - un appui de
l'Opposition pourront avoir cet appui-là. De toute beauté!
Voulez-vous que je vous le répète. Non? Ça va? Une
fois? Le chef de cabinet trouve ça tellement beau qu'il me fait signe
qu'il voudrait que je lui répète. Devrais-je? Oui? J'ai presque
envie de succomber à la tentation et de le relire encore une fois au cas
où! "Nous sommes à faire justement l'examen de ces questions.
Quand elles seront connues, il me fera plaisir de les donner à toute la
population, y inclus l'Opposition [...] de telle sorte que les
clientèles touristiques..." Voilà. Où sont-elles? Et,
là, il demande à l'Opposition de se prononcer maintenant sans les
études. C'est donc qu'il n'en a pas faites. La démonstration est
claire.
J'ai peut-être dit, tantôt, des paroles qui ne sont pas
parlementaires. Je les regrette, mais la démonstration que je viens de
faire la confirme. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie,
madame. M. le ministre, pour 10 minutes, et Mme la députée
l'Opposition, pour une dernière réplique de 10 minutes par la
suite. Alors, M. le ministre. (11 h 45)
Conclusions M. André Vallerand
M. Vallerand: M. le Président, l'exercice de ce matin m'a
permis de découvrir peu de choses, mais à tout le moins, deux
choses significatives. La première, c'est que Mme la
députée de Verchères, elle commence à comprendre
quand elle répète deux fois et, également, l'opposition
systématique du Parti québécois à l'idée du
principe de casinos au Québec. Ce sont, je pense, les deux
éléments qu'on doit retenir, dégager de l'ensemble de
l'exercice de ce matin et mal-habilement apportés par l'Opposition.
C'est un jugement sévère que je porte et, règle
générale, je me sais assez objectif pour ne pas juger
l'Opposition de façon aussi catégorique, mais, aujourd'hui, je ne
peux pas ne pas porter ce jugement parce que la façon de faire de
l'Opposition, c'est manifestement, systématiquement, de tenter de
s'opposer à une idée qui est, comme on le sait, largement
partagée. Alors, on apporte toutes sortes d'éléments
malhabilement, tellement malhabilement que la démonstration qu'ils
tentent de faire de leur opposition s'écroule littéralement.
Rappelons-nous, M. le Président, depuis le début, on a
commencé par semer une confusion sur le principe. On y est allé
de déclarations superficielles, de déclarations tirées un
peu partout, de façon confuse, pour ajouter à la confusion de la
démonstration qu'on est en train de faire. Ou bien on est confus dans
son esprit, ou bien on tente de faire une démonstration confuse; c'est
à eux autres de choisir. Après ça, on a peut-être,
parce qu'on est confus dans son esprit, tenté d'apporter une confusion
au sein de la localisation. Après ça, le même degré
de confusion s'est appliqué aux propos que j'aurais pu tenir ou ne pas
tenir, et là, on a fait une démonstration éloquente en
citant des propos, en commission parlementaire, qui datent de quelques
semaines. Mais oui, M. le Président. Mais oui
Quand les études seront connues, quand les études seront
faites, quand les démonstrations d'opportunité seront faites au
titre de la rentabilité, ce qui n'est pas encore fait - c'est ce sur
quoi on travaille - quand les études d'opportunité seront
évidentes sur l'implication morale, ce qui est en partie fait - il reste
quelques petits raffinements - quand on aura fait la démonstration,
également, sur les impacts plus larges, socio-économiques, ce qui
a été demandé par le Parti libéral dans son conseil
général, pas plus tard que samedi dernier, quand nous aurons
l'ensemble de ces éléments-là, nous les ferons
connaître à la population et à l'Opposition.
Mais au nom de quelle inquiétude l'Opposition peut-elle tenter de
conclure que ce n'est pas de mon intention, d'autant plus que ce que j'ai dit
là date de quelques semaines, et est
venue se greffer à ça une amande du parti, dans son appui
au principe des casinos, d'examiner les impacts socio-économiques? C'est
un peu plus large que la moralité, ce que nous ferons. Ça date
d'une semaine. Mais pourquoi on se refuserait à rendre ça public,
d'autant plus que ce même public, sur lequel on s'appuie pour aller de
l'avant avec ce principe-là, nous supporte largement? Il n'y a aucune
espèce de raison que le gouvernement ne rende pas public l'état
de sa réflexion sur l'idée du concept de casino au
Québec.
Que Mme la députée de Verchères saute aux
conclusions, ce n'est pas la première fois. Ce ne sera possiblement pas
la dernière fois, mais je lui rappelle calmement, sereinement,
positivement qu'elle devra davantage réfléchir sur les appuis ou
les oppositions qu'elle tente de faire, eu égard à des projets
éminemment... dans la perspective actuelle - il reste des
démonstrations à faire - qui nous apparaissent éminemment
positifs pour le soutien a l'activité touristique du Québec.
Je lui rappellerais amicalement qu'elle devrait davantage
réfléchir, davantage fouiller ses dossiers, acquérir une
meilleure compréhension de l'état de la situation globale du
tourisme au Québec. Ce serait extrêmement important pour elle
parce que ça lui permettrait un cadre de référence, par
rapport à ses appuis ou à ses objections, et, ce faisant, une
meilleure compréhension dans le rationnel de ses appuis et de ses
objections. C'est très important parce qu'on peut réagir
très spontanément à tout événement. C'est
peut-être quelque chose qu'on peut difficilement reprocher a des
personnes qui n'ont pas le rôle ou la responsabilité de Mme la
députée de Verchères.
Je pense qu'en politique, entre autres, parce qu'on défend des
intérêts larges, on se doit de s'imposer une discipline
intellectuelle minimale. Je n'en demande pas beaucoup, une discipline minimale,
à savoir une compréhension de la situation touristique au
Québec. Cette compréhension-là passe par le
dégagement des principales composantes. Je vais lui donner un petit coup
de main en lui disant: Lisez mon énoncé de politique, qui est en
consultation actuellement. Vous avez là un rationnel qui campe
très bien l'ensemble de la problématique touristique au
Québec, qui fait ressortir les principales composantes:
hôtellerie, restauration, transport, divertissement qui,
également, numériquement, vous situent par rapport aux forces et
aux faiblesses de l'industrie touristique au Québec dans ces grandes
composantes-là. C'est tellement universel, comme façon de prendre
en compte, que c'est partagé par la totalité des membres de
l'industrie.
Il n'y a pas d'objection majeure parce que la problématique est
bien posée. Une fois que la problématique est bien posée,
Mme la députée de Verchères, on peut davantage
réfléchir sur les moyens qu'on pourrait dégager pour venir
soutenir l'ensemble de l'activité touristique au Québec. On peut
davantage, et avec plus de pertinence, remettre en question, comme je vous le
disais, nos efforts publicitaires. On peut également, avec beaucoup plus
de précision, arriver à développer des produits qui sont
d'attraction touristique, de plus grande attraction que d'autres produits. On
peut avoir une meilleure compréhension, donc mettre de l'avant des
curriculums de formation mieux appliqués, mieux tournés vers les
besoins de l'industrie.
On va se rappeler, parce que vous allez voir, en faisant cet
exercice-là... Je vois que vous ne l'avez pas encore fait, mais si vous
le faites, vous allez vous rendre compte également de l'importance
économique du tourisme au Québec et vous allez être plus
prudente dans vos positions contre les intérêts de cette
même industrie. Vous allez y réfléchir davantage. Vous
allez vous rendre compte que c'est près de 4 000 000 000 $ de recettes
au Québec. 4 000 000 000 $, c'est très important! Comparez 4 000
000 000 $, en termes de recettes totales, par rapport au secteur manufacturier;
on est à la sixième ou septième place. Comparé
à un secteur de fabrication et de transformation, c'est
extrêmement important. C'est près de 100 000 emplois; 170 000
emplois directs et indirects et saisonniers, c'est une masse critique
extrêmement importante.
Encore une fois, vous allez relativiser vos positions d'objection quand
vous allez mieux comprendre l'ensemble de la problématique touristique
au Québec. Vous allez vous rendre compte également qu'il nous
faut - et c'est un devoir et je vous demande de partager avec nous, du Parti
libéral gouvernemental, avec nous, de l'industrie touristique - se faire
un devoir, vous faire un devoir, une fierté, dans toutes les tribunes
qui vous sont offertes, de véhiculer l'important message de l'importance
économique du tourisme, de rappeler à tout le monde...
Ce n'est pas une évidence, malheureusement. Pour
différentes raisons, autant historiques que culturelles, on ne
considère pas de façon évidente le tourisme comme
étant une activité économique. Le sort qu'on peut
réserver au développement de cette industrie - et je pense que
vous le partagez - le sort d'un développement plus
accéléré que celui qu'on a connu passe entre autres par la
reconnaissance de l'importance économique du tourisme au Québec,
par le fait de consacrer cette activité-là au même titre
que n'importe quelle autre activité de tertiaire moteur, de fabrication
ou du secteur manufacturier, par le fait de donner, Mme la
députée de Verchères, au tourisme toutes ses lettres de
noblesse et de créance pour lui permettre, justement, de
développer son potentiel qui, à mon avis, est en
deçà de ses réalisations actuelles.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M le ministre.
Alors, Mme la députée de l'Opposition.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: Merci, M. le Président. Je suis très
heureuse d'entendre les propos du ministre concernant l'industrie touristique.
Là, je crois enfin qu'il a compris puis qu'il est arrivé à
articuler un discours qu'il va être capable de livrer à son propre
gouvernement ou au ministre des Finances, quand le temps des budgets..., quand
le moment d'accorder les budgets arrivera et qu'ils ne feront pas simplement
ajouter le montant que le fédéral a coupé. Je parle des 6
000 000 $.
C'est très rassurant pour moi de constater que le ministre a bien
articulé un discours autour de ça, et là, il est
très prêt à passer ce message-là et ce
discours-là à ses collègues, au caucus des ministres.
J'espère, cependant, qu'il va le faire parce que, parfois, entre
l'intention et la réalisation, il y a une marge. J'espère qu'il
n'aura pas besoin que je lui envoie une étude à cet effet.
Cependant, revenons à notre cas de ce matin: les casinos. C'est
certain qu'il y a une majorité de la population qui est pour, selon les
sondages. Je peux vous dire, M. le Président, que l'Opposition ne
demanderait pas mieux et j'ai hâte, après les études et les
démonstrations de rentabilisation, et lorsqu'on me fera la
démonstration que c'est vraiment rentable, qu'il n'y a pas d'effets
négatifs sur la population ou, du moins, qu'ils sont tellement bien
contrôlés qu'il n'y en a pratiquement pas... Quand le ministre,
par des études sérieuses, saura faire la démonstration que
c'est un apport important pour l'industrie touristique, quand le ministre sera
capable de faire la démonstration que l'argent reviendra à
l'industrie touristique... Là, je n'ai pas besoin de dire que vous avez
une belle bataille à faire, M. le ministre, avec vos
collègues.
Je vois déjà le ministre de la Santé tirer de son
côté. Quelle certitude avez-vous que ça va revenir au
tourisme? Vous savez très bien que votre gouvernement ne
considère pas du tout cette industrie. Ils ne mettent pas d'argent et
depuis que vous êtes là, on file allègrement vers une
augmentation du déficit. Vous le savez, ça ne sera pas facile. Je
vous plains, M. le ministre, parce que ça ne sera pas facile pour vous.
Toutes ces belles sommes récoltées, qu'on les laisse à
l'industrie touristique, qu'on reconnaisse que c'est le ministre du Tourisme
qui a livré la bataille.
Si vous avez besoin d'aide, M le ministre, je serai de votre
côté après que les études de rentabilisation auront
été faites, qu'on aura vu qu'il n'y a pas d'effets
négatifs, que ça aide l'industrie touristique, en fait, quand la
preuve aura été faite que l'on sait où l'on va, au lieu
d'essayer de discréditer l'Opposition, essayer de lui faire dire - je ne
suis pas facile hein! je tiens mon bout hein!... Alors, on essaie de me faire
dire des choses que je n'ai jamais dites. On essaie de me faire prendre
position, bien sûr, contre le public, alors qu'à maintes reprises,
je dois ramener le ministre à l'ordre pour lui dire de s'occuper de son
industrie, d'aller voir le ministre des Finances et aller réclamer sa
part du gâteau. C'est ça dans les faits. Mais ce que le ministre
ne comprend pas et ce que le parti au pouvoir ne veut pas comprendre, c'est
qu'il doit représenter toute la population et qu'au moment où
cette même population sera rassurée et qu'on aura fait la
démonstration qu'on pourra la rassurer, son projet va peut-être
avancer plus vite. C'est ça qu'il ne veut pas comprendre. C'est
là qu'on retrouve une constante dans ce gouvernement: en catimini, en
cachette, de façon unilatérale, sans transparence.
S'il y a un dossier qui demande, M. le ministre, de la transparence,
c'est bien le dossier des casinos. C'est bien le dossier où on peut
faire appel à des préjugés. On fait appel à des
valeurs importantes, on fait appel à notre histoire aussi. On ne peut
pas nier que la religion, ça faisait partie de notre histoire; c'a
été très fort et il y a encore des traces, que je
respecte. On ne peut pas nier ces choses-là. Mais il y a une chose qu'il
ne faut pas confondre non plus et que le ministre semble confondre, c'est
religion et morale. Ça n'a rien à voir. La morale... Et je pense
que, justement, quand je vois le pelletage de taxes qu'on envoie aux
contribuables, c'est immoral. Quand je vois l'attitude du ministre, ce matin,
qui essaie de me faire dire des choses ou de me prêter des intentions et
de se faire du capital politique, ça frôle l'immoralité
parce que c'est mensonger. Et il le sait très bien, le ministre.
Le jour où il va comprendre qu'il y a une opposition qui
s'élève... Il y a du pour, il y a du contre. Oui, j'ai
parlé avec des régions et il y a un mouvement qui s'amorce pour
faire la promotion des casinos et, s'ils y croient, ils font bien de le faire.
C'est de leur devoir de le faire Mais il y a aussi - et c'est cette
réalité-là qu'il refuse - une opposition qui s'amorce.
Ça fait... Qu'est-ce qu'on fait? Diviser pour mieux régner? C'est
ça, en cachant tout. Diviser pour mieux régner. Ce n'est pas
acceptable. Offensive estivale pour débloquer le dossier des casinos au
Québec. Ils s'organisent.
L'opposition aussi s'organise, ceux qui sont contre sur le terrain. Je
vais simplement faire remarquer au ministre que je suis là pour lui
dire: Mais, nom de Dieu! soyez donc un peu plus transparent! Soyez donc un peu
plus ouvert! Répondez donc aux demandes des gens. "Québec serait
irresponsable de permettre des casinos", le journal d'aujourd'hui, ça.
Vous ne pouvez tout de même pas ignorer ça. Je ne suis pas pour
vous lire tous les textes. Et je continue: "Les casinos
ne sont que des écrans de fumée : " Ce n'est pas l'Opposition,
ça. On est envahi de déclarations dans les journaux. Qu'un outil
de promotion... M. le Président, pas croyable. J'en ai à peu
près ça d'épais. Si on avait eu autant de presse pour
faire la promotion du tourisme, j'ai l'impression que le déficit aurait
baissé. Qu'un outil de promotion... 25 mai. "Les casinos marquent-ils la
mort des hippodromes?" Ils sont inquiets. Il y a des emplois au bout de
ça aussi? Editorial: "Faites vos jeux". Et là, je pense que je
vais en ...C'est trop beau, ça. ça, c'est terrible. "Mais il ne
semble pas que la création d'emplois soit associée à
l'établissement de casinos". Combien les casinos créeront-ils
d'emplois? Combien en feront-ils perdre? Combien en créeront-ils? "En
effet, personne n'a pu prouver jusqu'à maintenant que les casinos
pouvaient créer beaucoup d'emplois". C'est des objections, ça,
encore. Les gens s'interrogent. Et comme il y a beaucoup plus de questions que
de réponses, les gens sont inquiets. C'est ça, la
réalité. Je vous rends service en vous le disant, à part
de ça. "Quoiqu'il en soit, c'est une vue d'esprit assez courte que de
vouloir établir des casinos pour remplir les coffres de l'État.
Les coûts sociaux risquent de siphonner d'un côté ce qui
entrera de l'autre." Ce n'est pas moi qui ai écrit ça. C'est Jean
Martel, dans Le Soleil, 9 mars 1991. "Les casinos, excellent pour
l'économie, mais socialement désastreux." Joce-Lyne Grand'
Maison. Mois de mars, ça aussi. "Les casinos seraient un réel
danger pour les 70 000 joueurs pathologiques." Ce n'est pas moi qui ai
écrit ça là. Si vous voulez refuser ça, vous
refusez une partie de la réalité. Pourquoi dans l'hôtel de
Fort Garry plutôt qu'ailleurs? Et ça continue. Et on est en train
d'instaurer, avec les casinos, la même saga qu'au Stade olympique, encore
sous la gouverne du ministre.
La prise de position est claire. Pour prendre une décision, il
faut savoir de quoi on parle. Ce que l'Opposition demande et redemande depuis
le mois de février dernier, ce sont des audiences publiques, et
ça, ça se fait rapidement. C'est la seule façon. M. le
Président. On peut bien s'amuser, mais lorsqu'on parle de casinos, on
parle de projet de société. Comment se fait-il que si, moi, je
demande... c'est si gros de demander une commission parlementaire avec
audiences publiques, alors que dans la plupart des États, ils font un
référendum sur le sujet? Et je vais vous laisser
là-dessus, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors, dans un
premier temps, je voudrais remercier tous les participants de ce matin. La
commission ayant accompli son mandat, nous ajournons nos travaux sine die.
Merci.
(Fin de la séance à 12 h 4)