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(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Farrah): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'économie et du travail débute ses
travaux. Alors, la commission est réunie, ce matin, afin de
procéder à l'interpellation de la députée de
Taillon au ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie sur le
sujet suivant: Les fermetures d'entreprises au Québec.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M.
Bélanger (Laval-des-Rapides) est remplacé par M. Farrah
(Îles-de-la-Madeleine).
Le Président (M. Farrah): Merci, M. le secrétaire.
Voici un bref rappel des règles de procédure. Alors, le
débat dure au plus deux heures, soit jusqu'à 12 h 15, compte tenu
qu'on est 15 minutes en retard. On s'excuse. La discussion est divisée
en trois étapes. Un premier débat de 20 minutes commence par
l'intervention du député qui a donné l'avis de
l'interpellation, soit la députée de Taillon. Elle exercera un
premier droit de parole de 10 minutes. Le ministre interpellé, soit le
ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, aura ensuite un
droit de réplique de 10 minutes. Après ces deux interventions,
nous procéderons à un débat de 80 minutes au cours duquel
chaque intervenant pourra s'exprimer pendant 5 minutes. Il y aura alternance
dans les interventions selon la séquence suivante: un
député de l'Opposition, le ministre, un député
ministériel et ainsi de suite, selon la même séquence. Si
un membre utilise moins de cinq minutes, le temps non utilisé est perdu
et la parole sera donnée à l'intervenant qui suit, selon la
séquence que j'ai indiquée. 20 minutes avant la fin de la
séance, le ministre aura droit à un dernier temps de parole de 10
minutes et la députée de Taillon aura ensuite un droit de
réplique de 10 minutes, ce qui mettra fin au débat. Alors, sans
plus tarder, je cède la parole à Mme la députée de
Taillon, pour une intervention maximale de 10 minutes. À vous la parole,
Mme la députée.
Exposé du sujet Mme Pauline Marois
Mme Marois: Je vous remercie, M. le Président. Je pense
que les faits nous donnent sûrement raison quand on regarde ce qui se
passe dans l'actualité. Ils nous donnent sûrement raison sur
l'importance du débat de ce matin, et j'y reviendrai un peu plus loin au
cours de mon intervention.
Je voudrais, d'entrée de jeu, faire un certain nombre de
remarques sur l'attitude qu'a le ministre depuis quelques jours. Il laisse
entendre, en fait, que l'Opposition est en train de créer une psychose,
que nous ne sommes pas préoccupés par l'emploi, que nous
souhaiterions même, à son point de vue, contribuer presque au fait
que l'économie se détériore. Alors, moi, M. le
Président - et je veux le dénoncer ce matin - j'ai l'impression
que le ministre fait du chantage psychologique, et il le sait très bien.
Il sait très bien que l'Opposition, si elle soulève un certain
nombre de questions ici, devant cette Assemblée, c'est son devoir de le
faire. Je vous dirai même plus que ça. Nos interventions ont fait
en sorte que le ministre, à plusieurs reprises, parce qu'il savait que
nous allions soulever la question ici, s'est interrogé, est allé
vers des entreprises qui posaient des difficultés parce qu'il savait que
l'Opposition allait soulever ces questions à l'Assemblée
nationale et qu'il devrait rendre des comptes.
Donc, dans ce sens-là, je reste persuadée que nos
interventions sont pertinentes et permettent d'améliorer les
interventions du gouvernement, d'une part, et c'est notre rôle à
cet égard-là, et, dans ce sens-là, je ne supporte pas et
je n'accepte pas, M. le Président, que le ministre procède par
des arguments qui relèvent plus du chantage psychologique qu'autre
chose. Je vais continuer à questionner le ministre et dans
l'intérêt supérieur du Québec et parce que je crois
qu'ensemble, effectivement, tant le gouvernement que l'Opposition, nous devons
aider nos entreprises à passer à travers le moment difficile
qu'elles vivent maintenant et faire en sorte que nous protégions le plus
grand nombre d'emplois possible. Je pense que c'est notre devoir de le faire.
Chaque fois que le ministre a fait des bons coups, je l'ai souligné et
il le sait, tant en commission parlementaire qu'ici, mais ceci ne
m'enlève pas ma responsabilité comme membre de l'Opposition de
faire en sorte que j'attire l'attention du ministre sur un certain nombre de
situations qui m'apparaissent inacceptables.
Alors, j'espère que le ministre tiendra compte un peu des propos
que je tiens, ce matin. Je vais même ajouter que j'aimerais qu'il cherche
dans sa mémoire ou dans la mémoire de ses collègues pour
savoir combien d'entre eux, lorsque nous étions en pleine crise
économique, au début des années quatre-vingt, ont
proposé des avenues de solutions, ont déposé même
des projets permettant au gouvernement de mieux traverser la crise. Ce que j'ai
fait avec le chef
de l'Opposition il y a quelques mois à peine.
Le ministre n'a pas aimé le projet, c'est une chose, mais le
projet a été déposé, a reçu l'accord d'un
certain nombre de gens d'affaires et a été rejeté du
revers de la main par le ministre. Qu'il cherche dans sa mémoire combien
d'exemples comme ceux-là peuvent nous venir de l'opposition
libérale de l'époque, du début des années
quatre-vingt, au moment où nous étions en pleine crise. Je me
souviens de son collègue, aujourd'hui ministre
délégué aux Affaires autochtones, le député
de Laurier, qui proposait que l'on révise l'aide sociale dans le sens
d'une parité pour les jeunes, et la première chose qu'ils ont
faite, ça a été de faire l'inverse en arrivant. Alors, je
pense bien qu'on n'a pas de leçon à cet égard-là
à recevoir de la part de l'Opposition qui était en place au
moment où nous vivions la crise, et je rappelle au ministre que c'est
notre devoir de procéder ainsi. Cela étant dit, je vais faire une
revue large, M. le Président, dans un premier temps, pour toucher
ensuite des secteurs industriels, pour toucher ensuite le problème des
régions, pour toucher évidemment le problème de l'emploi.
Mais je voudrais d'abord faire une revue de la situation en ce qui concerne
l'économie au Québec et, surtout, le problème de l'emploi
parce que, évidemment, qui dit fermetures d'usines dit pertes d'emplois,
qui dit fermetures d'entreprises dit recul pour le Québec, à mon
point de vue.
Alors, d'une part, la récession, on le sait, a cours depuis
presque un an maintenant. Elle a débuté en juillet 1990.
Ça a pris un certain temps avant que le ministre et ses collègues
ne l'admettent et mettent en place des mesures pour aider à faire face
à la récession. Cette récession a provoqué un
nombre sans précédent de faillites d'affaires. En fait, en 1990,
on a connu une hausse de 40 % par rapport à 1989. Nous avons
dépassé le nombre atteint en 1982. En 1982, nous avions eu 4195
faillites d'entreprises. En 1990, nous aurons connu une année record de
4676 faillites d'entreprises et, malheureusement, depuis le début de
1991, on continue de connaître une progression de l'ordre de 23 % par
rapport aux mômes mois de l'année dernière, M. le
Président. Les dettes des entreprises en faillite se sont
chiffrées à 340 000 000 $, d'ailleurs, pour ces trois derniers
mois.
En fait, quand on parie des faillites, on ne parle que de la pointe de
l'iceberg. On sait que seulement 30 % des échecs commerciaux se
traduisent par des faillites, ce qui veut dire que les autres entreprises qui
connaissent des échecs commerciaux - on parle d'une proportion d'environ
70 % - qui ne connaissent pas de faillites se trouvent dans des situations de
fermeture, de vente à perte, de réduction de la production, de
réduction des services et tout le reste. Donc, en mentionnant ce facteur
que sont les faillites, nous ne faisons qu'effleurer le problème qui est
beaucoup plus profond. D'ailleurs, arrêtons-nous au nombre de pertes
d'emplois. On parie des pertes d'emplois qui totalisent 98 000,
c'est-à-dire de juillet 1990 à avril 1991, et si on va dans des
secteurs d'une façon un petit peu plus précise, le secteur
manufacturier a connu une débandade absolument désastreuse.
En fait, un an avant le début de ce qu'on a identifié
comme étant le début de la récession, on avait perdu 49
000 emplois dans le secteur manufacturier, soit entre avril 1989 et avril 1990,
et, entre avril 1990 et avril 1991, c'est 75 000 emplois dans le secteur
manufacturier que l'on perdra, soit une baisse de 13 %. En deux ans, le secteur
manufacturier aura perdu 124 000 emplois, 1 emploi sur 5 au Québec. Je
comprends qu'il y a, comme le dit parfois le ministre, sûrement des
rationalisations dans un certain nombre de secteurs. Je comprends qu'il peut y
avoir eu des problèmes de gestion dans d'autres, mais ça
n'explique sûrement pas tout. Effectivement, la crise économique
que nous traversons est un des éléments majeurs en ce qui
concerne les pertes d'emplois et l'incapacité qu'a le gouvernement et
qu'a eue le gouvernement de proposer des mesures un tant soit peu robustes pour
faire face à la situation. Alors, non seulement des emplois dans les
secteurs manufacturiers, mais dans un certain nombre de secteurs des services,
bien sûr. J'y reviendrai plus tard.
On nous fait souvent la comparaison en nous disant que l'Ontario est en
bien plus mauvaise posture que le Québec, mais on peut peut-être
en parler juste deux petites minutes pour remettre les chiffres à leur
place. Je pense que c'est important parce que cette comparaison se fait
continuellement. Or, l'Ontario est arrivée plus tard dans la crise, elle
a donc subi depuis moins longtemps les problèmes économiques.
Elle a perdu, en fait, 13 % des emplois manufacturiers pendant cette phase de
crise alors qu'au Québec, je le répète, c'est 20 % des
emplois manufacturiers qui ont été perdus.
Bref, nous sommes devant une situcùion accablante qui demande une
réaction énergique du gouvernement, d'autant plus que la reprise
devrait se faire attendre au Québec. Malheureusement, nous avons pu lire
ensemble, tout le monde, cette semaine, qu'on prévoit encore que le PIB
risque de baisser. On parle, sur l'ensemble de l'année, d'une baisse de
1,4 %. On dit que quelques provinces - deux provinces de l'Atlantique et une
province de l'Ouest - pourraient se sortir un peu plus rapidement de la crise,
mais que ce ne serait pas le cas pour les autres. Donc, le Québec,
à cet égard-là, n'est pas encore au bout de ses peines et
ne voit pas encore la lumière au bout du tunnel. J'ai toujours
l'impression que le ministre est en train de regarder ces mesures, de les
protéger, sans avoir l'imagination de venir avec des mesures
supplémentaires, comme je le disais tout à l'heure, un peu plus
robustes. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Farrah): Merci, Mme la
députée de Taillon. Toujours à l'étape de
l'introduction, M. le ministre, pour une période maximale de 10 minutes.
La parole est à vous.
Réponse du ministre M. Gérald
Tremblay
M. Tremblay (Outremont): Merci, M. le Président. La
députée de Taillon commence son intervention en disant que
j'accuse l'Opposition de parler de la psychose de l'emploi. Alors, je le
répète: Les derniers agissements de l'Opposition
démontrent clairement qu'elle est en train de créer une psychose
de l'emploi au Québec. Et lorsque la députée de Taillon
dit que je fais du chantage psychologique, je ne fais pas de chantage
psychologique, mais je peux vous assurer d'une chose, c'est que ce que
l'Opposition fait, c'est de la petite politicaillerie dans plusieurs
dossiers.
Lorsqu'on dit, par exemple - parce qu'elle n'a pas voulu le mentionner
directement, on parle de Pascal et de GTL - que je cours pour aller me
préparer au cas où la députée de Taillon me
poserait une question, c'est un mensonge. Je fais du redressement d'entreprises
depuis 1977, M. le Président. 1977. Je connais tous les intervenants du
secteur. Et les intervenants, à cause de la complicité que j'ai
développée avec ces personnes depuis 13 ans, m'appellent pour me
dire qu'il y aurait peut-être un problème. C'est la raison pour
laquelle je m'implique. L'Opposition ne l'a pas fait en 1981-1982, avec le
résultat qu'on a vécu la pire récession avec des pertes de
142 000 emplois.
En ce qui concerne la brigade économique. L'Opposition a toujours
critiqué la brigade économique. On me dit souvent: La
députée de Taillon avec le chef de l'Opposition ont
présenté une proposition et on nous dit: On avait l'appui. Je
mets la députée de Taillon au défi de nommer ces appuis.
Nommez-moi des gens du secteur privé qui étaient d'accord avec
votre proposition, qui étaient d'accord pour vous appuyer. Quand
ça a été le temps de démontrer sur la place
publique, qu'est-ce que vous avez fait? Vous avez dit aux journalistes: Non, ce
n'est pas public. Donc, pas d'événement médiatique comme
vous faites d'habitude, on s'en va dans une pièce à
côté. Mais, c'est drôle, je ne les connais pas, vos
entreprises du secteur privé qu'il appuyaient votre plan et j'aimerais
bien les connaître.
Alors, si c'est vrai, dites-le donc, soyez donc transparents de votre
côté; ce que vous semblez reprocher à un gouvernement
responsable. Et quand on parle, pour être encore plus précis...
Vous nous dites: Ensemble on va faire des choses. Ensemble. Mais quand c'est le
temps de les faire, voilà les interventions que vous faites.
IAF-Biochem, en cette Assemblée nationale, quand ça a
été le temps de favoriser le regroupement au Québec de
l'institut Armand-Frappier (IAF-Biochem), la Caisse de dépôt et le
Fonds de solidarité pour bâtir une entreprise d'envergure mondiale
dans le secteur de la biotechnologie, le chef de l'Opposition s'est
présenté dans cette salle et il a dit, je le cite dans le
débat parlementaire du 7 décembre 1989: II y a des gens en
conflit d'intérêts là-dedans. Il y a des gens qui
pourraient faire pas mal plus de pognon ou pas mal moins de pognon. Il a
laissé supposer ou prétendre que, encore, c'était quelque
chose de caché, comme vous avez tenté de le faire hier, à
l'Assemblée nationale, dans le dossier Pascal. Je le
répète: Aujourd'hui, IAF-Biochem, c'est une entreprise
d'envergure internationale capable de concurrencer, parce qu'on a fait des
alliances, entre autres, avec Glaxo Canada. Et quand ça a
été le temps de l'appuyer, quand vous dites "ensemble", non, le
chef de i'Opposttion disait: Est-ce que, dans le contrat de Glaxo avec Biochem,
il n'y aurait pas une chose qui tomberait demain et qui favoriserait des
conflits d'intérêts?
Dans le dossier plus précis qu'on a discuté hier en cette
Chambre, dans le dossier Malenfant, il n'y a rien de confidentiel comme tel,
sauf une chose: Nous avons cru bon, pour protéger 2800 emplois au
Québec, d'assurer pendant un certain temps la confidentialité du
dossier, pour permettre la restructuration financière du groupe
Malenfant et, surtout, pour permettre aux gens de continuer à
réserver dans son réseau. Et si jamais, je le
répète, et si jamais le groupe a des contraintes
financières difficiles dans les prochains mois, vous l'aurez sur la
conscience, pas le présent gouvernement. (10 h 30)
Je l'ai mentionné, même si on a eu des performances
intéressantes au cours des dernières années,
présentement nous vivons des difficultés. Qu'est-ce que nous
avons fait? Nous avons agi, non pas à la dernière minute comme
l'Opposition, mais nous avons commencé à agir en 1986 quand on a
arrêté de subventionner les entreprises pour leur faire des
prêts participatifs. Au budget d'avril 1990, on a commencé
à mettre en place des mesures pour faire face au ralentissement
économique. Ces mesures, M. le Président, totalisent 1 150 000
000 $, que ce soit au niveau des programmes d'accélération des
investissements publics, que ce soient des mesures d'incitation à la
construction d'habitation, que ce soit au niveau des programmes d'aide au
logement location, des programmes d'aide à la restructuration
Canada-Québec, le Fonds de développement régional, ce que
le chef de l'Opposition qualifie de pourboire - ça explique
peut-être que c'est en donnant des pourboires, dans votre temps, qu'on
avait des déficits de 3 750 000 000 $ - 50 000 000 $ pour la
restructuration dans le secteur des pêches, 6 000 000 $ pour les
infrastructures dans le sud-ouest de Montréal; on a le plan de relance
de l'est de
Montréal, l'opération Relance PME qui est
présentement rendue à 105 000 000 $, donc le tout pour un total
de 1 150 000 000 $.
La députée de Taillon parte de l'actualité. Elle
dit: On va travailler ensemble. Tout ce qu'elle retient de l'actualité,
c'est ce qui peut être négatif, pour taper davantage sur le
Québec et dire: Ça va mal au Québec. Regardez les pertes
d'emplois. Quand est-ce qu'on entend la députée de Taillon dire:
Papier Rouville choisit Farnham. Le meilleur moment pour investir, c'est
pendant une récession. Je ne suis pas ailé six mois en
arrière, j'ai pris les trois derniers jours. Deux compagnies maritimes,
hier, quittent Halifax pour Montréal. Sauvé par la Caisse. Vous
m'avez posé la question sur Mémotec. Qu'est-ce qui va arriver
pour les 300 emplois? Je vous l'ai dit, j'ai de bonnes raisons de croire que
les emplois vont être mentionnés au Québec. Je ne vous ai
pas entendue parler du sauvetage des emplois de Mémotec. Plastiques
Gagnon poursuit sa croissance malgré la récession.
L'électronique: création d'emplois dans les PME
québécoises. L'entreprise Carsona achète un concurrent: la
société Kent.
Tout ça pour vous dire que ce n'est pas parce qu'une entreprise
cesse ses opérations que les actifs ne sont pas continués par une
autre entreprise. Dans Pascal, vous avez un bel exemple. Val Royal est en train
de regarder, Canadian Tirs, Ro-Na. Donc, II y a une possibilité que ces
emplois-là soient maintenus. Sur la Côte-Nord, IOC et
Québec-Cartier prévoient une importante production en 1991. Le
kéfir russe sera maintenant fabriqué par des
Québécois. L'OCDE et, hier, Statistique Canada prévoient
une reprise au milieu de l'été. Vous pouvez continuer à
taper sur le Québec comme vous le faites depuis six mois pour dire: Eh
bien, au Québec, peut-être que ça va être un peu plus
lent Peut-être que ça va être un peu plus lent.
Continuez.
Je termine, M. le Président, en vous disant qu'au niveau de
l'opération Relance PME, I© chef de l'Opposition disait: II n'y a
pas de demande pour ce genre de prêt; c'est ce qu'il a
répété plusieurs fois sur la place publique. Mais on est
rendu à 140 aides financières, totalisant 58 000 000 $, et nous
avons 268 dossiers à l'étude, totalisant 108 000 000 $. Donc,
tout ce que l'Opposition essaie de faire depuis un certain temps, ce n'est pas
une approche pour travailler ensemble dans te meilleur Intérêt du
développement économique, c'est yne approche excessivement
négative pour démontrer qu'au Québec, ça va mal.
Et, plus ça va aller mai, plus ça va favoriser l'Opposition parce
que Je ne sais pas quel genre de jeu elle joue, mais je peux vous dire une
chose, j'ai rarement assisté dans ma vie à une aussi basse
politique. Et je qualifierais que c'est de la politicaillerie de l'Opposition
de toujours se lever pour des choses négatives au Québec quand il
se psse des choses excessivement positives au Québec, et j'y reviendrai
tout à l'heure.
Le Président (M. Farrah): Merci, M. le ministre. Ça
fait en sorte de terminer l'étape d'introduction.
Nous en sommes maintenant à l'étape du; débat. Je
reconnais Mme la députée de Taillon, pour une intervention
maximale de cinq minutes.
Argumentation Mme Pauline Marois
Mme Marois: Je vous remercie, M. le Président. Je ne
relèverai pas les propos du ministre, sauf pour lui dire que c'est
évident qu'il faut identifier où il y a des problèmes si
on veut que ce gouvernement s'en préoccupe. Sinon, on manquerait
même à notre responsabilité de parlementaires.
Le ministre est un peu aveuglé par ce qui se passe maintenant et
il oublie ce qui s'est passé II y a 10 ans. La situation est pire
maintenant, M. le Président. En fait, entre avril 1981 et avril 1983, il
s'était perdu dans le secteur manufacturier 91 000 emplois, soit 15, 5 %
de l'emploi total de l'époque dans le secteur manufacturier. Donc, si on
compare à ce qui se passe maintenant, il faut bien constater que la
situation est plus sérieuse et plus grave.
Revenons maintenant à ce fameux dossier que le ministre a brandi
comme étant une des entreprises qu'il fallait aider pour sauver 2800 ou
2500 emplois dans le secteur touristiques: les entreprises de M. Malenfant.
Moi, je pose la question au ministre: Est-ce qu'on veut sauver les 2500 emplois
ou est-ce qu'on veut sauver la mise de M. Malenfant? C'est différent,
ça. SI l'entreprise est en santé, j'imagine qu'un certain nombre
des actifs de l'entreprise peuvent être vendus dans une perspective
où elle continuerait à être opérationnelle,
où eIle continueras à fonctionner. Alors, moi, je la
soulève, je la pose, la question, ay ministre. Est-ce que l'intervention
tout à fait extraordinaire ©t spéciale du gouvernement ne
montre pas les limites du programme de relance? Pourquoi M. Malenfant n'a-t-il
pas utilisé les canaux habituels, normaux?
Ce matin, M. Dubuc, dans La Presse, nous dit que, et je cite: "Le
gouvernement Bourassa a contourné légèrement tes
règles du programme pour accélérer ies choses, ce qui est
fort heureux pour éviter le cauchemar bureaucratique. " Mais la question
est: Quel est le cauchemar bureaucratique dont i faut se protéger, M. te
Président? Les régies de fonctionnement de Relance PME qui sont
un cauchemar bureaucratique? Qu'est-ce qu'elles font, ies entreprises qu! sont
un peu moins bien branchées politiquement lorsqu'elles ont à
vivre ce cauchemar bureaucratique? Comment elles se dépannent? Comment
elles ont accès à de l'aide, ces entreprises-là,
lorsqu'elles doivent passer à travers le système
qu'on qualifie de cauchemar bureaucratique? Sur la transaction
elle-même, M. le Président, j'aimerais avoir des informations plus
précises. Quel est le risque supporté par le gouvernement? Est-ce
qu'il est exact que le gouvernement s'expose à des pertes de l'ordre de
755 000 $? Pourquoi le ministre a-t-il affirmé en Chambre hier que les
prêts étaient entièrement couverts par des garanties?
Le ministre a mentionné trois projets qui vont être
financés. Évidemment, je pourrais revenir sur l'utilisation de
l'article 5 de la Loi sur la SDI plutôt que l'article 7. On a fait, je
pense, l'éclairage sur ça hier. Le ministre est bien conscient de
ça. Mais, en utilisant justement l'article 7, il devait aider un projet
majeur pour l'intérêt économique du Québec. Est-ce
que, lorsqu'il nous parle... Et, hier, il a répondu à une
question que nous lui posions. Il a répondu que c'était pour
aider trois entreprises du groupe Malenfant. Est-ce qu'à ce
moment-là c'était du refinancement? Est-ce que c'était du
renflouement? Effectivement, l'avis juridique qu'il a demandé,
j'imagine, il doit déjà l'avoir en main. Quelles sont les
conclusions que ses conseillers tirent des interventions qu'a faites son
gouvernement en choisissant le véhicule qui, à notre point de
vue, n'était pas le bon? Et pourquoi avoir choisi un tel véhicule
plutôt que d'avoir utilisé les règles
générales? Quelle est la nature du prêt sans
intérêt de 700 000 $ qui semble avoir été
accordé à M. Malenfant? Dans quel programme ce prêt
s'inscrit-il? Quel est l'apport en capital qui accompagne l'aide du
gouvernement?
Le ministre a fait état d'un certain nombre d'autres
interventions hier dans le projet. Le ratio de trois fois l'injection en
capital pour une fois le montant du prêt, est-ce qu'il tient? Est-ce que
ce n'était pas du chantage à l'égard de la Caisse de
dépôt que de rendre conditionnelle l'intervention du ministre au
fait que la Caisse de dépôt s'engage dans un prêt
hypothécaire? D'ailleurs, le ministre lui-même semble l'avoir
reconnu ce matin.
Autant de questions auxquelles j'aimerais bien avoir des
réponses, M. le Président.
Le Président (M. Farrah): Merci, Mme la
députée de Taillon. Toujours à l'étape du
débat, M. le ministre, pour une période maximale de cinq
minutes.
M. Gérald Tremblay
M. Tremblay (Outremont): Oui. Alors, vous comprendrez, M. le
Président, que répondre en cinq minutes à toutes ces
questions, c'est plus facile de les poser que de répondre
évidemment. Je n'ai pas l'intention de ne pas répondre. Je vais
donner les réponses. Je vais répondre après avoir fait
l'intervention qui suit.
La députée de Taillon a commencé et a dit:
1981-1982, ...plus mal aujourd'hui. Je vais vous dire pourquoi. D'abord, il y a
des éléments nouveaux depuis 1981-1982. Je vais les
répéter. Peut-être que la députée de Taillon
a intérêt à les noter pour s'en rappeler.
Premièrement, une rationalisation des entreprises qui se passe au
Québec. Veux veux pas, dans un contexte de mondialisation des
marchés, il y a des entreprises qui décident de rationaliser
leurs opérations. C'est le premier élément.
Deuxième élément: Entre autres, à cause de toutes
les représentations négatives de l'Opposition, on
s'aperçoit qu'au niveau de nos entrepreneurs, nos entrepreneurs se
posent certaines questions. Autant il y avait une dynamique au début des
années quatre-vingt où nous étions prêts à
bâtir une économie d'avenir, aujourd'hui on s'aperçoit que
les gens disent: Oui, mais peut-être que ça ne va pas aussi bien
que ça devrait aller et est-ce qu'on va réinvestir davantage dans
nos entreprises? Est-ce qu'on va accepter de se regrouper? Alors, quand je
parle de psychose, j'ai peut-être un peu raison de parler d'une psychose
qui est alimentée par l'Opposition.
L'environnement. C'est une variable nouvelle qui n'existait pas en 1980.
Les entreprises se posent certaines questions au niveau de l'environnement
parce qu'on a réussi, entre autres, encore une fois à cause de
l'Opposition, à créer une psychose de l'environnement au
Québec. Ce qu'on essaie de faire au Québec, c'est
d'établir des normes en complicité avec les entreprises,
protéger la confidentialité de certains dossiers pour concentrer
nos efforts à gérer les résultats, établir le
coût et des délais raisonnables.
Le climat de travail. J'admets qu'au Québec... Si on regarde les
statistiques, il n'y a pas eu beaucoup de grèves au Québec dans
les dernières années. Par contre, on doit créer un nouveau
climat de travail parce que pour réussir à moyen et à long
terme, on s'aperçoit qu'il faut peut-être commencer à
regarder à une paix industrielle pendant un certain nombre
d'années dans une entreprise, la mobilité et la
flexibilité de la main-d'oeuvre. Il faut regarder plus d'informations
pour les travailleurs pour les impliquer. Il faut regarder également la
possibilité d'un plancher d'emploi, l'implantation de la qualité
totale et la formation des ressources humaines.
Les finances publiques. Les finances publiques, à cause des
problèmes que nous vivons présentement, et ce n'est pas juste le
Québec, c'est le contexte nord-américain, ça affecte
certaines variables importantes comme le coût de capital. C'est
évident que si les gouvernements - prenons l'exemple de l'Ontario -
créent un coût de capital beaucoup plus élevé, perd
sa cote triple A, avec la conséquence que ça coûte 30 000
000 $ de plus pour emprunter, selon les informations des journaux ce matin,
ça affecte la capacité d'emprunt et ça affecte le
coût du capital. Et si on a un coût de capital de 11%,
12 % ou 13 %, il n'y a aucune doute qu'on va avoir de sérieux
problèmes pour concurrencer les Japonais ou les Allemands qui ont un
coût de capital de 6 %. Donc, quand on a discuté de ça,
quand le chef de l'Opposition, en cette Chambre, s'est levé pour
discuter du budget, tout ce qu'il a trouvé à dire, c'est
d'élaborer certains problèmes. Nous étions dans un
cul-de-sac, dans une voie sans issue, c'est ce qu'il a dit. Quelles solutions
concrètes a-t-il apportées? Nous en avons mis en place, des
solutions concrètes: à court terme, Je l'ai mentionné tout
à l'heure,
I 150 000 000 $; à moyen terme, la formation des ressources
humaines avec des programmes concrets pour inculquer aux entreprises
l'Importance de la culture de la formation des ressources humaines; le
défi technologique, des programmes concrets qui totalisent plus de 3 000
000 000 $. On a ri du Fonds de développement technologique. On en a ri
et, aujourd'hui, on s'aperçoit que le Fonds de développement
technologique a déjà engagé près de la
moitié de ses fonds, 186 000 000 $, après deux ans
d'opération. La qualité totale. La marge de manoeuvre du
gouvernement, c'est dans la qualité totale. C'est 10 000 000 000 $
uniquement au niveau du gouvernement. Nous prétendons, en tant que
gouvernement, que si on réduit et on améliore la qualité
totale dans la fonction publique, on va éliminer le déficit,
réduire l'endettement et contribuer davantage au développement
économique du Québec. Donc, une vision globale. Une vision
globale, nous l'avons, le présent gouvernement; pas des interventions
à la pièce pour démobiliser les intervenants
économiques au Québec. Et j'aimerais peut-être que la
députée de Taillon me les donne. Donnez-moi les noms de vos
entreprises privées. Donnez-moi les noms des gens qui étaient
d'accord avec votre investissement massif de 500 000 000 $. J'ai bien
hâte de les entendre, ces noms-là.
Le Président (M. Farrah): Merci, M. le ministre. Je
reconnais maintenant Mme la députée de
Kamouraska-Témiscouata, pour une période de cinq minutes.
Mme France Dlonne
Mme Dionne: Merci, M. le Président. J'écoutais avec
beaucoup d'attention les propos du ministre sur l'économie et les plans
qui ont été mis de l'avant par le ministère de l'industrie
et du Commerce depuis quelques années. Je pense qu'il y a des choses qui
se passent au Québec.
II y a un virage et le contrat social dont le ministre parlait
dernièrement, je pense qu'il s'en vient, il se prépare, et de
plus en plus de gens d'affaires ou d'intervenants embarquent dans ce nouveau
contrat social. Mes propos, pendant quelques minutes, seraient peut-être
pour préciser certaines interventions qui sont faites par le
ministère depuis le début du ralentissement économique et
je vais parler de mon comté, de
Kamouraska-Témiscouata.
(10 h 45)
On retrouve, bien sûr, l'agriculture et le secteur forestier comme
principaux secteurs d'activité, même si on sait que le transport
en commun, avec l'entreprise Bombardier à La Pocatière, nous aide
beaucoup. Dans le domaine forestier... Et je ferai un parallèle avec les
années 1981 et 1982 parce que j'ai eu l'occasion, à ce
moment-là, de travailler dans une institution financière. Alors,
on voyait vraiment... On avait des clients qui étaient dans ce
domaine-là et qui ont connu les programmes du temps du gouvernement
péquiste d'alors.
Si on regarde le domaine forestier, dernièrement, dans un domaine
bien précis, ce que j'ai apprécié, c'est que dans un plan
de relance, M. le Président, on n'a pas seulement vu une garantie de
prêt à une institution financière. On a vu une institution
financière prolonger, prendre des emprunts à court terme, les
prolonger à long terme. On a vu la SDI s'impliquer dans un prêt
à l'entreprise. On a vu des investisseurs du milieu investir dans une
SPEQ. On a même vu des travailleurs de l'entreprise, 50 travailleurs de
l'entreprise investir leur argent dans cette entreprise-là, parce qu'ils
y croyaient.
Alors, c'est tout un ensemble de facteurs. Plusieurs intervenants par
différents programmes gouvernementaux, puisque la coopérative des
travailleurs a pu profiter d'une garantie de prêt de l'ancienne SDC, si
on veut, du volet coopératif de la SDI. Alors, on retrouve plusieurs
intervenants du milieu, des investisseurs, des travailleurs de l'entreprise qui
ont à coeur la survie de cette entreprise-là s'associer avec le
système bancaire, oui, mais avec la SDI. Et tout ça était
conditionnel et les arrangements viennent de se conclure mardi. La
réunion des créanciers, qui a eu lieu jeudi, a accepté
cette proposition de refinancement de l'entreprise pour la relance de cette
entreprise.
Alors, je pense que c'est au-delà d'un olai Biron 1 et Blron 2
des années 1981 et 1982 où tout ce qu'on faisait, c'était
garantir un prêt dans une Institution financière. Même
là, la seule entreprise, à ce moment-là, dans
l'institution financière où je travaillais qui a eu droit au plan
Biron 1 ou 2, je ne m'en souviens pas de façon précise... De
toute façon, elle a fermé ses portes quand la période a
été terminée, puisqu'il n'y avait pas de capital
additionnel nécessaire qui est allé dans cette entreprise.
Ça n'a été qu'une garantie. Donc, on a aidé la
banque à supporter l'entreprise pendant un temps seulement; c'esi tout
ce qu'on a fait.
Alors, quand je regarde l'exemple de cette semaine dans le domaine
forestier, c'en est un exemple bien précis d'un partenariat à
partir du pian de relance du ministre de l'Industrie et di Commerce. J'en suis
très fière, puisque ça a ei un impact important et tout le
monde s'esi
impliqué dans cette relance.
Si je regarde d'autres domaines, les scieries dans ma région, il
y en a plusieurs. Plusieurs doivent, bien sûr, prendre un virage,
puisque, maintenant, l'exportation se fait au niveau de l'Europe. On doit
s'acheter des séchoirs spécialisés et, pour ça,
ça prend des liquidités supplémentaires. Mais, en
même temps que ça, il fallait supporter l'entreprise pour qu'elle
passe au travers un marché qui est plus difficile. Et, effectivement, la
SDI s'est impliquée dans plusieurs scieries de mon comté et de la
région.
Dans le même processus, on a dit: Oui, on aide l'entreprise, mais
aussi on demande aux partenaires financiers qui sont déjà en
place de s'impliquer. Alors, on fait non seulement du court terme, mais on
s'assure que nos entreprises ont un élan pour du moyen et du long terme.
Je pense que ce sont deux exemples concrets, M. le Président, de
l'efficacité de ce programme. Ça ne résout pas tous les
problèmes, mais je pense que, à ce niveau-là, je vous ai
donné des exemples que, dans mon comté, c'est efficace, ça
se travaille, ça se travaille en concertation et j'en suis bien
fière.
Le Président (M. Farrah): Merci, Mme la
députée de Kamouraska-Témiscouata. Je reconnais maintenant
Mme la députée de Taillon.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Merci, M. le Président. J'imagine que le
ministre choisira un autre moment pour répondre à mes questions
concernant l'intervention auprès des entreprises du groupe Malenfant,
puisqu'il ne l'a fait à son premier droit de réplique. Je vais
revenir sur un certain nombre d'affirmations que faisait le ministre dans sa
dernière intervention. Il a mentionné le fait que les entreprises
du secteur manufacturier procédaient actuellement ou vivaient une forme
de rationalisation. J'en conviens; je l'avais déjà
mentionné dans mon intervention de départ, M. le
Président. Je suis très consciente de ça, mais 124 000
emplois perdus, 20 %, dans le secteur manufacturier, ce n'est quand même
pas juste de la rationalisation. C'est des effets de la crise
économique. Il y a une portion qui effectivement va à la
rationalisation - j'en conviens - dû au fait aussi que certaines
entreprises se retirent de certains secteurs parce qu'elles ne sont plus
compétitives, parce que ce n'est plus intéressant d'y être.
Je peux tout comprendre ça, mais je ne peux pas comprendre le tout,
cependant. Et je n'accepte pas que les mesures qu'a proposées le
gouvernement et qu'a prises le gouvernement aient si peu d'effet et si peu
d'Impact.
Écoutez, les dernières données que nous avons sur
le programme de relance du ministre, c'est qu'il aurait aidé 85
entreprises, pour une somme de 36 000 000 $. Il a aidé moins d'entre-
prises qu'il ne s'en ferme pour cause de faillite en une semaine, M. le
Président. Et ça, il l'a fait pendant une longue période
de sept ou huit mois. Il y a donc là un problème sérieux.
C'est vrai que le Québec est allé à un creux de crise
majeure, au début des années quatre-vingt, mais c'est vrai aussi
qu'on s'en est ressorti plus rapidement, l'un des endroits au Canada où
on s'en est sorti le plus rapidement, avec le plus d'efficacité, M. le
Président. Alors, ça devrait inspirer le ministre un peu sur les
mesures à prendre. Au lieu de cela, le ministre blâme l'Opposition
comme si on était responsable de tous les maux. Alors, là, il y a
comme... C'est nous prêter un pouvoir énorme, M. le
Président, on va en convenir. Alors, je pense qu'il y a une situation
économique déplorable que ni le gouvernement ni l'Opposition
n'ont souhaitée et voulue, qui est largement... c'est-à-dire dont
le gouvernement fédéral et dont, surtout, la Banque du Canada est
largement responsable. Ça, on sait tout ça. Mais, à partir
de là, qu'est-ce qu'on fait pour parer aux coûts, pour intervenir
d'une façon un peu plus systématique? Le ministre nous parle de
la psychose reliée à l'environnement. Alors, là, je vais
m'amuser un peu, M. le Président. Le ministre, dernièrement, puis
il l'a répété ce matin, nous disait: Nous, on annonce des
projets, puis on fait des grands... des trucs médiatiques, des choses,
je le mets entre guillemets, médiatiques, plutôt que de faire des
choses. Alors, là, le ministre devrait peut-être se rappeler qu'en
pleine campagne électorale, on a fait un immense "show"
médiatique, pour reprendre ses propres propos, sur l'annonce de Soligaz,
alors que les fils n'étaient même pas attachés, que le
ministère de l'Environnement n'avait pas fait son job. Puis peu
importent les résultats de l'étude actuelle du BAPE, ce que l'on
sait, c'est que le travail d'évaluation n'était pas fart. Ce
n'est toujours bien pas l'Opposition qui a créé la psychose sur
cette question-là. Je pense que le gouvernement était bien
capable lui-même d'invoquer sa propre turpitude dans un document comme
celui-là. Alors, je pense qu'on a... À cet égard, le
ministre devrait être un peu prudent lorsqu'il critique les gestes que
nous avons posés comme gouvernement. il parle de la crise des finances
publiques, nous en convenons, mais il va convenir avec moi que les premiers
à avoir redressé les finances publiques, ça a
été le gouvernement du Parti québécois. Ça
nous a coûté, d'ailleurs, très cher, et nous le savons. Le
gouvernement du Parti libéral a continué sur la lancée
qu'avait engagée le Parti québécois. Je reconnais qu'il a
réussi à maintenir le cap sur un certain contrôle du
déficit, mais il faut faire attention aussi aux propos que tient le
ministre parce que, peut-être que s'il appliquait les mêmes normes
de comptabilisation que nous appliquions, les niveaux de déficit des
années du gouvernement du Parti libéral seraient tout à
fait comparables à celles
des années du gouvernement du Parti québécois.
Alors, l'un dans l'autre, je pense qu'à cet égard-là les
finances publiques du Québec, actuellement, sont en chute libre,
malheureusement, parce que les Interventions n'ont pas été
suffisamment vigoureuses, mais, en môme temps, l'état de situation
est meilleur, grâce, entre autres, à nos interventions aussi.
Alors, j'aimerais que le ministre puisse s'en souvenir.
Le Président (M. Farrah): Merci, Mme la
députée de Taillon. Je reconnais maintenant M. le ministre de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie.
M. Gérald Tremblay
M. Tremblay (Outremont): Plus on avance dans l'interpellation,
plus l'Opposition démontre qu'elle est de mauvaise foi. J'ai
mentionné il y a quelques minutes - alors ce n'est pas des
déclarations que j'ai faites iI y a quelques jours - que je parlerais de
la vision globale avant de répondre aux questions du groupe Malenfant.
Je n'ai jamais dit que je ne répondrais pas. Alors, la première
interpellation de la députée de Taillon, c'est de dire: Si le
ministre ne veut pas répondre, peut-être qu'un jour il nous
répondra. Je n'ai jamais dit ça, premièrement, donc preuve
de mauvaise fol. Deuxièmement, plus grande preuve de mauvaise foi, je
viens de lui donner les chiffres de la Relance PME; ce n'est pas 36 000 000 $,
j'ai dit que les dossiers autorisés, 140 dossiers autorisés,
totalisant 58 780 000 $. Je viens de le dire il y a deux minutes. Alors, elle
me revient, puis elle dit: Non, non, non, non, les chiffres que nous avons. Je
venais de les lui donner, ça prouve qu'elle n'écoute même
pas quand on répond. Et les dossiers à l'étude, c'est 268,
pour 108 115 000 $.
Le dossier Malenfant. On va répondre, je lui avais dit que je
répondrais. Le dossier Malenfant. Premièrement, ce n'est pas une
intervention extraordinaire. Nous avons déjà aidé, soit
par le biais du programme régulier de la SDI, soit par
l'opération Relance PME, une vingtaine d'entreprises dans le secteur
touristique, totalisant 10 000 000 $. Pourquoi nous l'avons fait? On ne veut
pas faire de personnalité, le présent gouvernement. Nous l'avons
fait pour protéger 2800 emplois et un réseau touristique partout
au Québec. Vous irez dire, vous, demain matin, aux gens de Sainte-Foy,
d'Alma, de Chicoutimi, de Drummondville, de Rimouski, de
Rivière-du-Loup, de Pointe-au-Pic, de Magog, de Saint-Sauveur, de La
Malbaie et de New Richmond que le groupe Malenfant est fermé. Vous irez.
Vous en prendrez la responsabilité, l'Opposition. Parce qu'à
court terme, ce que vous dites, si jamais le groupe a des problèmes,
c'est faux que, demain matin, tout le monde va se porter acquéreur de
ces actifs-là. Ça pourrait impliquer, dans une saison touristique
qui arrive, là, dans les mois à venir, que ces entreprises aient
des problèmes. Donc, on parle de certaines mises à pied. Ce sera
votre responsabilité.
Nous avons regardé le moyen et le long terme. C'est un prêt
de 2 900 000 $ qui est entièrement garanti. Quand vous lisez les
journaux, vous ne devriez peut-être pas vous fier à tout ce que
vous voyez dans les journaux parce que le document qui a été
cité dans le journal La Presse pour 775 000 $, c'est l'ancien
document, avant que nous ayons finalisé notre travail pour nous assurer
que nous ayons des garanties hypothécaires sur assez d'actifs pour
assurer qu'il n'y aurait pas de pertes. Nous prendrons plutôt, si nous
faisons le prêt de 2 900 000 $, à la condition que le groupe
Malenfant refasse sa structure financière, des hypothèques sur
assez d'actifs qui sont énumérés dans le document au
Conseil des ministres pour s'assurer qu'il n'y aura pas un risque de 775 000 $,
d'autant plus que c'est un prêt au taux du marché, avec un
honoraire de gestion.
Le présent gouvernement ne fait pas de personnalité. Nous
n'avons pas pris en considération M. Malenfant. Nous avons
regardé les emplois et le développement touristique du
Québec. Vous faites beaucoup de cas sur la mise de fonds de 1 600 000 $
de M. Malenfant, et vous dites: Où est le fameux ratio du ministre 3-1,
1 600 000 $ versus 2 900 000 $? C'est totalement de la désinformation,
de la petite politicaillerie que vous faites parce qu'hier, en cette Chambre,
je vous l'ai dit. Je vous ai dit que le refinancement, c'était 11 500
000 $, soit 2 000 000 $ pour un nouveau prêt à terme, un moratoire
des fournisseurs de 2 500 000 $, les prêteurs à terme, 2 500 000
$, une mise de fonds de 1 600 000 $ et un prêt à terme de 2 900
000 $, pour un grand total de 11 500 000 $. 11 500 000 $ divisés par 2
900 000 $, ça fait quatre fois sensiblement, donc ce n'est même
plus un ratio de trois pour un. C'est encore mieux, on a fait un ratio de
quatre pour un, mais j'ai l'impression, des fois que ça ferait
peut-être l'affaire de l'Opposition que le groupe Malenfant ait des
problèmes financiers. Mais vous irez rendre compte aux travailleurs dans
toutes les régions du Québec et vous irez rendre compte à
un réseau touristique qui est important pour favoriser le
développement économique dans toutes les régions du
Québec.
Je vais terminer en vous disant ceci. L'adversaire, il n'est pas
à l'Assemblée nationale, il n'est pas au Québec. Nous
essayons de gagner une guerre économique avec les autres provinces
canadiennes, avec les Américains, avec les Japonais, avec les
Européens. Et plus on va continuer à se taper dessus par des
remarques démagogiques de l'Opposition, moins on va réussir
à bâtir une économie d'avenir au Québec. Continuez!
Vous réussissez très bien.
Le Président (M. Farrah): Merci, M. le ministre. Je
reconnais maintenant Mme la députée de Taillon. (11 heures)
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Merci, M. le Président. Alors, je pourrais
répondre d'une façon tout aussi démagogique au ministre.
Qu'est-ce qu'il a à dire aux employés de Twinpak, de
Saint-Pierre, 32 emplois? La Rechaperie de Beauce, 23 emplois? Niccolini, de
Montréal, 224 emplois? Vico Viola, 95 emplois? Balin, de Marieville, 24
ou 23 emplois? J'en ai comme ça, M. le Président, des listes et
des listes d'entreprises qui ont fermé leurs portes. Non, nous ne sommes
pas intéressés à ce qu'il y ait des pertes d'emplois au
Québec et, oui, nous souhaitons que les 2800 personnes employées
dans le réseau touristique québécois appartenant à
M. Malenfant soient préservées, bien sûr, mais nous
voulons, cependant, que les fonds investis ne le soient pas à perte et
ne servent pas seulement aux fins d'un individu. Et sur cela, M. le
Président, nous avons le droit de poser des questions. Jamais je
n'accepterai l'accusation du ministre à l'effet que nous souhaiterions
la disparition des emplois. Il le sait, et c'est de la mauvaise foi quand il
intervient de cette façon-là, M. le Président.
S'il nous dit qu'il a aidé dans le secteur touristique plus d'une
vingtaine d'entreprises pour une intervention de l'ordre de 10 000 000 $,
est-ce que ces interventions-là ont été tenues
secrètes au Conseil des ministres par des décrets signés
par ses collègues et lui-même où ses interventions ont fait
état, comme d'habitude, et comme c'est normal de le faire,
d'informations publiques, de communiqués indiquant que la SDI ou une
autre intervention de la part du ministère de l'Industrie et du Commerce
venait aider des entreprises dans le secteur touristique? Pourquoi, dans le cas
présent, a-t-on camouflé les informations? Le ministre me
répond et me dit: II ne faut pas se fier aux anciens documents. Mais, M.
le Président, je n'ai pas les nouveaux documents, parce qu'ils ne sont
pas connus. Alors, je pose des questions sur les documents que je
possède, M. le Président. C'est le ministre qui a les
données.
Je vais revenir maintenant sur la structure financière qu'il nous
décrit et qui est reliée à l'intervention de la SDI. Moi,
je pensais - et peut-être que j'ai besoin d'un certain
rafraîchissement au plan de mes connaissances techniques - qu'une saine
capitalisation, c'était le fait qu'on acquérait la
propriété, soit par des actions privilégiées, des
actions publiques ou privées, peu importe, mais je croyais que de la
capitalisation dans une entreprise, c'était relié à une
notion d'investissement de capitaux propres. Or, tout ce que m'a décrit
le ministre comme intervention en ce qui a trait au groupe Malenfant, c'est du
prêt hypothécaire, c'est une série d'investissements qui
sont de l'ordre de l'emprunt et non pas de l'ordre des capitaux propres. Les
seuls capitaux propres, à ce que je comprends, viennent du groupe
Malenfant, pour une proportion de 1 600 000 $ sur 11,5 %, tout le reste
étant du prêt.
J'aimerais bien que le ministre puisse me dire qu'il en va autrement. Il
n'a pas répondu non plus à ma question sur le fait que ça
m'apparaissait un peu indécent et de l'ordre du chantage qu'il mette
conditionnelle l'intervention de la SDI au fait que la Caisse de
dépôt s'implique dans le projet. Lui-même, ce matin, disait
dans une entrevue qu'il croyait que c'était une erreur que d'avoir agi
ainsi et qu'il n'y avait plus cette condition à l'intervention de la
SDI. J'aimerais l'entendre, M. le Président, à ce sujet. Avec la
pensée qu'il ait en tête que je dois, moi, me préoccuper,
oui, des emplois et c'est ce que je fais quotidiennement, mais avec aussi le
fait que les fonds publics doivent être utilisés sainement et ne
doivent pas être mis à fonds perdus pour aider
particulièrement une personne, mais faire en sorte que ce soit
effectivement des intérêts supérieurs qui soient
préservés, M. le Président, dans des interventions avec
des fonds publics.
Le Président (M. Farrah): Merci, Mme la
députée de Taillon. M. le ministre de l'Industrie, du Commerce et
de la Technologie.
M. Gérald Tremblay
M. Tremblay (Outremont): Alors, si c'est vrai que la
députée de Taillon est préoccupée par les emplois,
peut-être qu'elle devrait parler non plus de perte d'emplois, mais de la
création d'emplois au Québec, parce que toutes les fois qu'on
l'entend, on n'entend que des choses négatives: il y a des pertes
d'emplois. Alors, ça me fait plaisir de lui remettre la revue de presse
de la Société de développement industriel du Québec
qui inclut toutes les aides financières du mois de mai seulement. Alors,
on voit: Prêt participatif de 193 000 $ pour un investissement total de
650 000 $ à Plastibo; Le groupe Gilles Soucy, à la conquête
du marché américain, prêt participatif; Technilab
s'implante aux États-Unis, prêt participatif; Chaussures Christina
Itée, investissement de 650 000 $, prêt participatif;
investissement de 1 700 000 $ dans Bois Cepedia inc. de Sainte-Florence,
prêt participatif de 300 000 $; Confection Normand Inc., trois usines,
prêt participatif, et je pourrais continuer, je pourrais vous en donner.
Il y a des choses positives qui se passent au Québec. Ça me fait
plaisir d'égayer votre fin de semaine en lisant des choses positives
plutôt que des choses négatives.
La députée de Kamouraska-Témiscouata a
mentionné une chose tout à l'heure, elle a donné
des exemples aussi. Elle était bien contente, dans sa
région, d'avoir 800 emplois créés par Bombardier. Allez
à Laval parier à Hochelaga Aérospatial qui a
créé des emplois. Et l'opération Relance PME, globalement,
à date, a maintenu et/ou créé plus de 9000 emplois au
Québec. Là, on parie des fonds publics. Oui, on va en parler des
fonds publics; pas des pourboires de l'Opposition de 3 000 000 $ pour le
développement économique régional, on va parler des fonds
publics. Alors, je vais vous dire une chose: Le présent gouvernement est
un gouvernement responsable; nous n'accepterons jamais de prêter de
l'argent à une entreprise sans prendre des risques calculés et
tous les moyens nécessaires pour assurer que nous faisons un prêt
qui a des bonnes perspectives de rendement. On n'a pas aidé l'individu,
M. Malenfant - la députée de Taillon, encore une fois, revient
là-dessus - nous avons aidé un groupe qui crée des
emplois, 2800 emplois dans toutes les régions du Québec. J'ai
donné toutes les réponses. Posez-les, les questions, je vais vous
donner toutes les réponses. Vous allez voir qu'il n'y a rien de
caché. Arrêtez de dire qu'il y a des choses cachées dans ce
dossier-là. J'ai donné mâme les réponses pourquoi on
avait différé la publication du décret. On peut être
d'accord ou pas d'accord avec les réponses. Nous croyons, en tant que
gouvernement, qu'ébruiter sur la place publique - ce que vous avez,
entre autres, contribué à faire et que vous contribuez encore
à faire - ça peut causer préjudice aux revenus du groupe
Malenfant et, deuxièmement, ça peut causer préjudice au
refinancement. Des ententes secrètes? Hyundai, sous l'ancien
gouvernement, pendant combien d'années avez-vous différé
la publication du décret? Nous l'avons fait également dans le cas
de Bombardier, dans le cas de Steinberg, dans le meilleur intérêt
du développement économique du Québec. Et, tout à
l'heure, vous avez répondu à vos questions. Ce que le chef de
l'Opposition dit sur la place publique: pourquoi l'article 7? pourquoi
l'article 7 s'il y a un article 5 qui existe? C'est très simple.
L'article 5 existe en fonction de prêts participatifs. Et ce que nous
avons fait avec le groupe Malenfant, vous avez absolument raison, ce n'est pas
un prêt participatif, c'est un prêt de dernier recours avec
garantie hypothécaire. C'est la raison pour laquelle nous avons
utilisé l'article 7 qui permet de donner des mandats pour
réaliser des projets. Si vous prenez le dictionnaire, au sens large,
"projet" veut dire des projets de fonds de roulement. Ça ne veut pas
nécessairement dire comme l'Opposition semble le dire un projet de
casino. Et, finalement, en ce qui concerne la Caisse de dépôt, je
pensais que j'avais répondu, vous l'avez la réponse, mais je vais
la répéter: La Caisse de dépôt avait émis une
lettre d'intention - écoutez bien, c'est important pour ne pas que vous
me la reposiez encore - la Caisse de dépôt, avait émis au
mois de février une lettre d'intention au groupe Malenfant sujet
à certaines conditions. C'est l'unique raison pour laquelle nous avions
de bonnes raisons de croire que, dans le financement global, la Caisse de
dépôt participerait. Nous n'avons jamais voulu créer de la
pression sur la Caisse de dépôt, si ce n'est pas la Caisse de
dépôt qui s'implique, ça pourrait être un autre
créancier hypothécaire. Donc, c'est conditionnel et je le
répète: Le prêt entièrement garanti pour
protéger les finances publiques de 2 900 000 $ est garanti par des
actifs, il est fait au taux du marché. C'est un prêt relais d'une
période d'un an, un prêt intérimaire pour permettre la
réorganisation du groupe Malenfant. C'est ce que nous avons fait et nous
ne nions pas que nous avons fait ceci. Nous l'avons fait dans le meilleur
intérêt du développement économique du
Québec.
Le Président (M. Farrah): Merci, M. le ministre. Je
reconnais maintenant Mme la députée de
Kamouraska-Témiscouata.
Mme France Dionne
Mme Dionne: Oui, M. le Président. Peut-être pour
compléter la réponse de M. le ministre sur l'implication
financière gouvernementale dans le dossier Malenfant. J'aimerais
peut-être aussi mentionner que les fameux 2800, 2900 emplois, ce ne sont
pas des emplois à 15 $, 20 $ l'heure, M. le Président; ce sont
des emplois bien souvent dans la restauration, des emplois qui sont tellement
importants en région. Prenons l'exemple de Rivière-du-Loup
où on retrouve un Motel Universel avec un centre des congrès.
C'est un projet qui a été mis en place par le groupe Malenfant,
il y a quelques années, où il n'y a eu aucune intervention
gouvernementale provinciale. On sait fort bien que la ville de
Rivière-du-Loup est une ville de services qui, d'autre part, a perdu
plusieurs emplois; par exemple, le Canadien National s'est retiré des
régions. Alors, la ville de Rivière-du-Loup est une
spécialiste dans le domaine des services et elle a vraiment besoin du
groupe Malenfant et de cette entreprise-la pour accueillir les touristes
puisque, en faisant une diversification de son économie, elle s'est
spécialisée dans les congrès et dans le domaine
touristique.
Alors, pour Rivière-du-Loup, pour les emplois de
Rivière-du-Loup comme ceux de Charlevoix, vous voyez comme moi que le
tourisme se développe dans la région de Charlevoix; les gens
prennent le bateau, le traversier. Le Bas-Saint-Laurent en profite
également. Alors, pour la région, c'est très important que
la structure financière du groupe Malenfant, du Manoir, de l'hôtel
et, en même temps, celle de Rimouski soient des plus solides possible
pour assurer les emplois et pour accueillir nos visiteurs.
D'autre part, j'écoutais Mme la députée de
Taillon tout à l'heure parier du gouvernement du Parti
québécois jusqu'en 1985 et dire: Là, maintenant, on avait
fait des choses. C'est des choses que vous continuez au gouvernement
libéral depuis 1985. Mais je pense que Mme la députée de
Taillon a changé d'idée parce que, en 1985, lors du leadership,
Mme la députée de Taillon qui était alors au leadership
disait, et je cite ici La Presse d'août 1985: "Préconisant
un leadership ouvert, Pauline Marois admet l'échec du PQ en
matière économique." Tantôt, l'exemple bien concret que je
vous donnais du plan Biron 1 dans mon comté, je pense que c'est un
exemple de vision à court terme vraiment du développement
économique, du virage que les entreprises doivent prendre au niveau
technologique, et surtout, M. le Président, et c'est important en
région, on a beaucoup de difficultés au niveau des fonds de
roulement des entreprises. Alors, je pense que la formule du plan de relance
tel que présenté par le gouvernement maintenant donne beaucoup
plus d'assurance; elle est plus exigeante, oui, pour les régions et pour
les investisseurs, mais elle donne de meilleures garanties de succès
à moyen et à long' terme. Et ça, je le
répète, M. le Président, parce que, vous comme moi, on
vient des régions, alors on sait les difficultés qu'on a et on
sait aussi les pressions que les institutions financières font sur les
entreprises, de façon journalière.
Le virage qui a été pris par le ministre, dans son plan de
relance, est très important puisque les institutions financières
ont dû prendre ce virage-là, que ce soit le Mouvement Desjardins,
la Banque Nationale, la Banque Royale. Vous savez, quand on est en
régions, ce n'est pas facile; on dirait qu'il y a certains dirigeants
d'institution financière qui croient moins à la revente d'actifs
et d'immobilisations en régions, alors on demande des garanties
supplémentaires, on demande des cautionnements personnels
épouvantables. C'est pour ça que les entreprises, les PME en
régions ont un double défi si elles veulent rester en vie
à tout le moins et se développer.
Dans ce sens-là, je pense que Mme Marois, qui est maintenant
députée de Taillon aujourd'hui, l'a admis en 1985: le plan de
relance qu'on avait dans ces années-là n'était pas
efficace et celui que le ministre a mis en place, avec, je dirais, beaucoup de
courage parce qu'il a fallu convaincre les comptables agréés de
se mouiller - c'est le cas de le dire - et les institutions financières
de se mouiller. Quand on met, je pense, un plan de relance conditionnel
à une implication de différents partenaires, soit du milieu, des
institutions et du gouvernement, c'est parce que, vraiment, on veut travailler
en partenaires. C'est, je pense, la base du nouveau contrat social. Même
les syndicats... Et je suis heureuse de constater que, de plus en plus, le
Fonds de solidarité de la FTQ s'implique en régions. Ce
n'était pas le cas avant; dans ma région, ils sont
peut-être plus prudents qu'ailleurs, mais il y a un potentiel dans la
région du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des
Îles-de-la-Madeleine et je les invite à continuer leur implication
dans notre région puisqu'on a besoin de capital et de capital-actions,
et je sais que le Fonds de solidarité pourrait nous aider encore plus
qu'il le fait maintenant.
M. le Président, je conclus là-dessus pour dire encore que
je suis convaincue que ce plart de relance est meilleur que celui de 1981.
Une voix:...
Mme Dionne: Je l'ai vécu dans les années
quatre-vingt. J'ai vu des entreprises se fermer. J'ai vu des gérants de
banque aller fermer des entreprises, mettre la clé dans la porte. Je
dois vous dire que c'est très pénible. Cette fois-ci, on
travaille en équipe et on se supporte en équipe. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Farrah): Je vous remercie, Mme la
députée de Kamouraska-Témiscouata. Je reconnais
maintenant, toujours à l'étape du débat, Mme la
députée de Taillon. (11 h 15)
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Merci, M. le Président. Bon. Ça fait
quelques reprises qu'on utilise cette critique que j'avais faite à
l'égard de la situation économique qu'on a vécue pendant
les années de crise économique du début des années
quatre-vingt et, chaque fois, évidemment, je suis dans des situations
où il est difficile pour moi d'intervenir sur cette question-là
parce que c'est au moment de la période de questions. Oui, je pense que
c'était un échec de société et je le
répète: C'est un échec de société quand on
est à 10 % de taux de chômage. Ça veut dire que les mesures
que l'on utilise ne sont pas suffisantes pour corriger la situation.
Actuellement, le gouvernement qui est devant nous, qui a vécu une
situation de croissance économique, pas de crise, de croissance de 1985
à 1990, n'a pas réussi à abaisser le taux de chômage
plus bas que 9 %, 9,5 %. C'est un échec de société. J'en
conviens et on a un gros problème sur les bras. Sauf que devant cet
échec, le ministre se gargarise de ses programmes et de ses mesures
plutôt que d'accepter les propositions qui viennent d'ailleurs pour
essayer d'améliorer la situation.
Je vais revenir sur cette proposition. D'ailleurs, on n'est pas les
seuls à la faire puisque la CSN elle-même a présenté
un plan de relance au gouvernement du Québec dans lequel elle dit, et je
cite: "La CSN propose que le gouvernement québécois
élargisse les critères d'admissibilité en s'inspirant du
programme qui existait durant la récession de 1981-1982, et
qu'il augmente les crédits pour les programmes d'assistance aux
PME administrés par la SDI. Les crédits pour les programmes
existants ont été récemment augmentés, mais les
critères sont encore trop restrictifs pour aider l'ensemble des PME
rentables, mais qui font face à des problèmes de liquidité
à court terme." Et elle continue dans cette lancée.
Elle se réfère, la CSN, au plan Biron qui n'avait pas
aidé 140 entreprises, mais qui en avait aidé plus de 2000 pendant
cette période-là. À un coût moindre que celui que
l'on connaît maintenant. Oui, c'était une aide temporaire. Bien
sûr. Pendant une période de récession, qu'est-ce qu'on
fait? On sauve les meubles. Après ça, on essaie de consolider la
situation de l'entreprise. Là, le ministre essaie de consolider la
situation des entreprises alors que le feu est pris et qu'il est temps de
sauver les meubles. C'est ça qu'on lui dit au ministre. Je n'ai jamais
dit que ses prêts participatifs n'avaient pas d'allure.
Au contraire. J'ai toujours dit que c'était une avenue tout
à fait intéressante, mais j'ai dit que ce n'est pas suffisant.
C'est ça que je dis au ministre. Bon. Et revenons sur ce fameux dossier
d'aide à l'entreprise, au groupe Malenfant. J'ai posé une
question au ministre. Il ne m'a pas répondu. Qu'est-ce qu'il a fait au
sujet des entreprises touristiques qui ont été aidées dans
le passé? Est-ce qu'il a caché l'aide ou il l'a annoncée?
Ce n'était pas insécurisant, à ce moment-là, pour
les entreprises de savoir qu'il venait les aider?
Le ministre qui vient du monde du redressement des entreprises devrait
bien savoir que l'insécurité créée par de
l'information sur laquelle on a des craintes, des doutes, est beaucoup plus
grande et a des effets beaucoup plus déstabilisateurs qu'une annonce
claire et nette que, oui, il y aura une intervention majeure,
systématique à l'endroit d'une industrie, à l'endroit d'un
secteur industriel parce que ce secteur-là a des difficultés et
que nous allons prendre tous les moyens pour le sortir de ses
difficultés. Cela rassure les investisseurs. Cela rassure les
utilisateurs. Cela rassure les travailleurs et cela rassure les
consommateurs.
Il est de notoriété publique depuis déjà de
nombreux mois que le groupe Malenfant a des difficultés
financières. Alors, pourquoi le ministre, plutôt que de cacher son
Intervention, n'a-t-il pas fait état du fait que, oui, il y avait une
intervention de prévue, qu'elle était de tel ordre, que l'on
comptait que les institutions financières québécoises
s'impliquent plutôt que de se cacher et de camoufler la
vérité? Bon. Quand il me parie soit de Bombardier ou de Hyundai,
on pariait d'un projet. Pourquoi le ministre n'a-t-il pas répondu
à cette question? Pourquoi a-t-il utilisé l'article 7
plutôt que l'artide 5?
L'article 5 de la Loi sur la SDI prévoit tout programme d'aide.
Le gouvernement peut établir par règlement des programmes d'aide
financière à l'entreprise destinés à favoriser le
développement économique du Québec. Pourquoi s'est-il
prévalu de l'article 7 plutôt que de l'article 5?
Le Président (M. Farrah): En conclusion, Mme la
députée.
Mme Marois: Mon temps est terminé. J'y reviendrai.
Répondez à ces questions-là.
Le Président (M. Farrah): Alors, merci, Mme la
députée de Taillon. Je reconnais maintenant M. le ministre de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie.
M. Gérald Tremblay
M. Tremblay (Outremont): Lorsque la députée de
Tailon a commencé sa dernière interpellation, j'étais
content. J'étais content parce que je pensais qu'on commencerait
à discuter d'une vision globale du développement
économique du Québec parce qu'elle a dit: On a un échec de
société. J'ai été le premier à dire qu'on a
un échec de société. Et la preuve que le PQ... On dit que,
nous, on a eu des croissances économiques pendant cinq ans. C'est vrai.
C'est vrai. Mais il faut dire que le PQ se vante d'être la province qui
est sortie la plus forte de la récession de 1983 à 1985 et, en
cette Chambre, en réponse au discours sur le budget, qu'est-ce que le
chef de l'Opposition a dit? Je le cite: Ça m'a pris du temps pour
comprendre ces tendances. Ça fait 20 ans qu'il est en politique et H
commence à se réveiller pour dire: Ça m'a pris du temps
à comprendre ces tendances-là. On est dans un cul-de-sac. Quand
c'a été le temps de sortir les solutions, il n'a pas
été capable d'en trouver, des solutions. Alors, qu'est-ce que
nous avons fait, le présent gouvernement? De 1985 à 1990, nous
avons mis en place des nouveaux mécanismes pour améliorer la
culture de nos entreprises. On a créé des objectifs très
clairs. On a identifié des secteurs clés, on a identifié
des créneaux d'excellence. On a commencé à travailler sur
la productivité, formation de la main-d'?uvre, défi
technologique, qualité totale. On a commencé maintenant,
récemment, à travailler sur la compétitivité des
entreprises, c'est-à-dire le coût de capital, la capitalisation
des entreprises, l'abolition des barrières interprovinciales,
l'environnement, le climat de travail, l'épargne, la rationalisation et
le regroupement des entreprises, de même que l'entrepreneurship. Il me
fait plaisir de déposer, pour l'information de la députée
de Taillon, une allocution que j'ai donnée récemment, "De la
vision dans l'action", avec toute cette information, étant donné
que le* temps est limité.
En ce qui concerne la CSN, je suis entièrement d'accord avec ce
que la CSN dit. D'ailleurs, la CSN est devenue une partenaire, une partenaire
active, présente dans un nouveau contrat
social pour le Québec, et j'en suis très heureux. Et la
CSN, elle dit carrément... Vous l'avez lu, alors je ne veux pas le
relire. Est-ce qu'on peut ajouter des fonds? Oui, on en a ajouté, 105
000 000 $. Est-ce qu'on peut améliorer l'admissibilité? Je pense
que la CSN n'a pas compris que l'admissibilité était la
même que dans le temps de tous les gouvernements. Est-ce qu'on peut
améliorer l'éligibilité ou accélérer des
dossiers? Là-dessus, vous avez absolument raison et on travaille avec la
brigade économique. Encore mardi matin, on a eu une rencontre pour
améliorer l'étude de ces dossiers-là.
Finalement, j'espère que c'est la dernière fois que je
vais revenir sur le dossier Malenfant pendant cette période
d'interpellation, mais ça n'empêche pas la députée
de Taillon de me poser encore des questions. Je le répète, on n'a
rien à cacher, on n'a rien à camoufler. Alors, je ne veux plus le
redire 20 fois. En ce qui concerne l'utilisation de l'article 5 ou l'article 7,
j'ai répondu tout à l'heure. J'ai dit que l'article 5, c'est pour
faire des prêts participatifs. Étant donné la nature du
prêt, étant donné que nous n'avions pas l'information sur
la santé financière du groupe Malenfant au 31 décembre
1990, nous avons décidé d'accélérer l'étude
du dossier pour permettre la restructuration du groupe Malenfant. Il me fait
plaisir de déposer également, M. le Président, l'avis
juridique qui me parvient immédiatement par bélinographe.
Ça me fait plaisir de le donner à la députée de
Taillon. Nous avons fait tout ce qui était humainement et
financièrement possible pour aider une autre entreprise. La
députée de Taillon me pose la question, dit: Est-ce que ce
cas-là est différent versus les autres vingtaines d'entreprises
que vous avez aidées? La réponse, c'est oui. Les autres, on les a
peut-être publicisées ou peut-être pas, mais on peut les
publiciser. La raison pour laquelle nous ne l'avons pas fait dans le groupe
Malenfant, et je le répète, c'est à cause de la
visibilité du groupe. C'est un groupe visible. Pour éviter tout
le débat que nous avons aujourd'hui, pour éviter que des gens
fassent des personnalités, ce que nous avons, en tant que gouvernement,
évité de faire, nous avons dit: Pour deux raisons. La
première, est-ce que ça peut nuire à l'achalandage du
groupe Malenfant? Nous sommes arrivés à la conclusion
peut-être que oui. Est-ce que ça peut nuire au refinancement du
groupe Malenfant? Si la Caisse de dépôt a des réticences
à s'impliquer, c'est peut-être parce que toutes les conditions ne
sont pas en place et nous avions peut-être raison, l'avenir le dira. Mais
une chose est certaine et je le répète, on ne pourra jamais nous
reprocher, en tant que gouvernement, de ne pas avoir fait tous les efforts
nécessaires pour maintenir 2800 emplois dans toutes les régions
du Québec.
Le Président (M. Farrah): Merci, M. le ministre.
Maintenant, je reconnais Mme la députée de Taillon.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Le ministre est toujours en train de me dire,
à ce moment-là, à l'égard du dossier Malenfant, que
l'entreprise et la seule façon de sauver les emplois de l'entreprise,
c'est qu'on réinvestisse les sommes qui ont été
annoncées, et l'entreprise ne peut donc pas, par le fait qu'elle puisse
vendre des actifs, atteindre le même objectif. Si la vente d'actifs n'est
pas une avenue possible, ça veut dire que l'entreprise a d'autres types
de problèmes que l'on ignore. Sans ça, j'imagine que ces actifs
pourraient... un certain nombre de ces actifs... parce que ce n'est pas
nécessairement un réseau Intégré au sens d'une
chaîne, par exemple. C'est beaucoup plus large qu'une chaîne
hôtelière, qu'une chaîne de restaurants ou quoi que ce soit.
Ce sont des actifs très diversifiés, mais dans ie secteur
touristique. On va en convenir. Vous m'avez parlé d'un centre de ski
hier. Alors, j'imagine que ça ne doit pas être dans une
chaîne de centres de ski. Il y en a quelques-uns, mais pas
généralement.
Alors, ce que vous me dites, dans le fond, c'est que c'est tellement en
mauvaise situation qu'effectivement, le fait qu'on ne peut même pas
vendre des actifs... Et c'est un peu ça que laissent entendre les propos
de la Caisse de dépôt. Alors, je laisse le ministre avec ces
questionnements et c'est à lui d'assumer ses responsabilités.
Cela va, bien sûr, de soi. Mais je reste avec mes doutes et mon
questionnement sur la façon dont on a procédé et sur le
fond même du dossier. Je lui répète à nouveau
qu'être bien informé et savoir qu'il y a une intervention
structurée qui va se faire dans une entreprise pour l'aider à
traverser une mauvaise passe rassure bien davantage que toute espèce de
cachotterie qui soulève le cloute. Et c'est ce que cela a fait. Le
ministre ne va quand même pas nous accuser d'avoir été
responsables du fait qu'ils n'ont pas déclaré cet investissement
publiquement. D'abord, ce sont les journalistes qui ont fait les recherches
pour rendre public le décret, d'une part, et, d'autre part, le ministre
lui-même est en peine de répondre aux questions qu'on lui a
soulevées hier, puisqu'il a dû se référer à
ses conseillers légaux pour obtenir des avis, avis qu'il n'avait pas
pris la peine d'aller chercher préalablement. Donc, je pense que les
questions restent pertinentes.
Cela étant dit, je veux revenir sur les programmes d'aide aux
entreprises et sur le fait que les programmes qui sont actuellement mis en
place par le gouvernement ne sont pas suffisants. Le ministre nous dit, chaque
fois qu'il parle de ces programmes ou des programmes gouvernementaux: Cela aura
comme effet de créer x milliers d'emplois. La dernière fois,
c'était 21 000. Je ne sais pas si le chiffre a changé depuis,
parce que,
ce matin, après l'avoir bien écouté, je n'ai pas
entendu qu'il ait mentionné combien... quel aval été
l'impact sur la création d'emplois, 21 000 emplois. Et à chaque
fois qu'il me dit cela, j'essaie de savoir - soit de lui, soit du ministre des
Finances, soit d'un autre membre de ce gouvernement - quand vous levez une
taxe, quand une taxe se lève, M. le Président, est-ce qye vous
évaluez l'impact sur l'emploi de cette nouvelle taxe?
Est-ce que vous pouvez nous dire quelle est la déstructuration
qye vont vivre un certain nombre d'entreprises? Quel est l'effet sur leurs
finances? Parce qye votre ministre des Finances va allégrement merci, il
a non seulement augmenté d'une façon substantielle les taxes
à la consommation avec l'effet qu'on sait qye cela a sur l'Inflation
actuellement, mais I a devancé les taxes déjà
annoncées sur la masse salariale et qui, entre autres, vont au fonds de
santé et la taxe sur le capital. Il a donc devancé ces taxes,
créant une rentrée de fonds poyr le gouvernement, de septembre
à décembre, de l'ordre de 107 000 000 $.
Alors, le ministre des Affaires municipales ouvre des champs de
taxation, enfin, des aires de taxation nouvelles pour les municipalités
pour leur permettre de se renflouer du fait que le gouvernement n'interviendra
plus dans un certain nombre de secteurs, entre autres, le transport en
commun.
Qu'est-ce que le ministre a comme outil d'analyse pour nous dire
l'impact sur l'emploi lorsqu'il hausse tes taxes au Québec?
Le Président (M. Farrah): Merci, Mme la
députée de Taillon. Nous en sommes maintenant rendus à la
dernière séquence du débat. Il y a des périodes de
5 minutes. Nous aurons une conclusion tantôt de 10 minutes. Alors, je
reconnais maintenant M. le ministre, pour une période maximale de 5
minutes. (11 h 30)
M. Gérald Tremblay
M. Tremblay (Outremont): Merci beaucoup, M. le Président,
Juste une dernière remarque sur l'intervention de la
députée de Taillon concernant le groupe Malenfant. Le reproche
que je fais à l'Opposition, je dois l'admettre, ce n'est pas à la
députée de Taillon, qui fait un travail normal, c'est plus au
chef de l'Opposition qui semble créer un genre de psychose ers disant
qye ça ne sent pas bon. C'est ce qu'il dit: Ça ne sent pas bon.
À court terme, on parle d'un réseau important dans un secteur
touristique, puis il est intégré, il est intégré
parce que c'est le groupe Universel, puis il y a des centres de congrès
aussi. Donc, à court terme, dans un contexte économique moins
favorable, il est évident qu'on ne peut pas réaliser tous ces
actifs. D'ailleurs, te groupe Malenfant le sait très bien, C'est la
raison pour laquelle nous avons accepté de faire un prêt relais.
Par contre ça ne veut pas dire que le groupe Malenfant n'est pas en
train de poser des gestes pour la réalisation de certains actifs. La
preuve, le Manoir Saint-Sauveur; c'est dans le journal ce matin. Et dans le
décret... Le décret, il faudrait peut-être en parler au
complet Dans ie décret, on demande également qu'on nous
dépose un plan de redressement financier administratif à la
satisfaction de Sa société.
Vendre des actifs, est-ce possible? Oui, c'est possible de vendre des
actifs, mais peut-être pas demain matin. Quant à l'avis, l'avis,
on l'a fait non pas parce qu'on avait des doutes en tant que gouvernement de ce
qu'on faisait, on l'a fait pour satisfaire le chef de l'Opposition, pour lui
dire d'arrêter, sur la place publique, de dire que ça ne sent pas
bon et de faire de ia person-nalité dans ce dossier-là.
Quand on parle des programmes, on parle des programmes du gouvernement.
La bible, vous la citez toujours, puis le chef de l'Opposition aussi. Alain
Dubuc, c'est votre bible. Je pense que c'est un excellent éditorialiste.
Il dit: Par contre, ie budget Lévesque ne contient aucune des mesures
spectaculaires qui caractérisent ie budget ontarien. Terne comme les
précédents, il ne propose rien d'emballant pour créer des
emplois ou relancer ia machine économique. Dieu merci!
L'expérience a montré à "quel point la technique, qui
consistait à dilapider des milliards pour créer des emplois,
était inefficace. Si ia députée de Taillon peut me
démontrer de façon concrète, positive et objective comment
on peut améliorer le programme pour aider plus d'entreprises, je vais
écouter. Je vais écouter et, si c'est possible, je vais tout
faire pour l'améliorer pour aider nos entreprises.
Le placement étudiant. On parlait d'emplois tout à
l'heure. Je voudrais juste dire à la députée de Taillon
qu'en date du 17 mai 1991, au niveau gouvernemental, on a créé
1978 emplois étudiants et, en date du 11 mai 1991, les emplois
créés au niveau des entreprises totalisent maintenant 401
emplois. Nous sommes en avance sur les prévisions de l'année
dernière. Et, selon toute vraisemblance, on a déjà des
demandes pour 45S3 emplois offerts par l'entreprise privée. Donc,
ça va mieux.
Finalement, le dernier point, les taxes. On parle beaucoup des taxes, on
dit que ça peut affecter l'équilibre du gouvernement Ce qu'on a
essayé de faire, c'est d'établir justement un équilibre
entre des revenus, entre des dépenses et également entre un
déficit. Et nous avons choisi une voie, une voie pour se distipguer
entre autres, de l'Ontario. L'Ontario a décidé d'augmenter le
déficit: moins de sources de revenu, augmenter le déficit. On a
la conséquence, aujourd'hui, que leur taux d'intérêt, leur
coût de capital augmente au moins de 30 000 000 $, et l'avenir dira qui a
raison. En ce
qui concerne nos entreprises, nous pensons que l'équilibre est
réaliste et nous nous attaquons, à moyen et à long terme,
au coût du capital, qui va être dans le meilleur
intérêt des entreprises. C'est la raison pour laquelle nous
étions favorables à une taxe sur les biens et services parce que
la taxe sur les biens et services, ça améliore la
productivité des entreprises, ça améliore la
compétitivité des entreprises et ça permet aux entreprises
d'exporter sur la scène mondiale et sur la scène internationale.
Peut-être qu'à court terme, il peut y avoir certains
problèmes d'ajustement, mais à moyen et à long terme,
ça fait partie de la vision globale du gouvernement. C'est la raison
pour laquelle nous avons mis en place, entre autres à court terme, des
mesures d'implantation de la qualité totale pour essayer de minimiser
certaines dépenses, d'améliorer la productivité dans la
fonction publique. On pense qu'au court des prochaines années, on est
à !a recherche de sommes importantes qui pourraient totaliser des
milliards de dollars pour éliminer le déficit, réduire
l'endettement, investir dans la qualité de nos services et, surtout,
dans le développement économique, social et culturel du
Québec.
Le Président (M. Farrah): Merci, M. le ministre. Je
reconnais maintenant Mme la députée de
Kamouraska-Témiscouata.
Mme France Dionne
Mme Dionne: Merci, M. le Président. J'aimerais revenir sur
deux points qui me paraissent importants. Premièrement, Mme la
députée de Taillon a parlé du groupe Malenfant à
maintes reprises. J'aimerais peut-être souligner le fait de la
fragilité du secteur touristique. Imaginons, demain matin, qu'on a
réussi à faire le plan de financement, tout le monde est d'accord
avec le plan de financement. Il y a relance du groupe Malenfant, mais que,
compte tenu de la publicité qui s'est faite sur ce dossier, les
hôtels, les centres de congrès partout à travers le
Québec sont peut-être remplis à la moitié ou au
quart. Imaginez, avec tous les efforts qui ont été faits dans ce
dossier, on viendrait amoindrir le résultat par une situation ou une
saison estivale qui serait plus difficile, compte tenu d'une publicité
qui a été faite au mauvais moment. J'aurais aimé mieux
dire qu'on leur a fait de la publicité, oui, parce qu'il faut en faire,
je pense, quand il y a une implication gouvernementale ou communiquer les
informations qu'il y a une implication gouvernementale, à un moment
donné de dire: Oui, il y a eu des problèmes. Là,
maintenant, on est arrivé à une entente entre toutes les
parties.
Alors, on sécurise la clientèle touristique. Il ne faut
pas se le cacher, on ne vit pas au Québec en vase clos. Le tourisme aux
Îles-de-la-Madeleine dépend de quoi? Il dépend des Mariti-
mes, il dépend du nord-est américain. Les journaux, ce n'est pas
seulement lu par tes Québécois, c'est lu aussi par des
agences de voyage, par des gens à travers le continent
nord-américain et même européen qui veulent venir au
Québec.
Alors, il faut se dire une chose, la publicité, maintenant... Les
moyens de communication que l'on a maintenant sont tellemont rapides que, du
jour au lendemain, on peut savoir ce qui se passe au Japon, et même en
pleine nuit. C'est ce qui fait que, dans le domaine touristique, il faut
effectivement, je pense, se servir quand même d'une façon
peut-être plus discrète d'approcher un dossier, quitte - je suis
tout à fait d'accord là-dessus avec la députée de
Taillon - à publici-ser le résultat d'une entente faite entre
plusieurs parties pour relancer le groupe Malenfant, comme toute autre
entreprise dans le secteur touristique. Je pense qu'il faut être prudent.
D'ailleurs, je vais demander à la députée de Taillon; Si
elle avait des difficultés financières personnelles ou dans son
entreprise, sa PME, tiens, est-ce qu'elle aimerait que ce soit sur la place
publique, en même temps qu'elle négocie avec ses différents
partenaires? Je ne pense pas. Je ne pense pas. Elle aimerait peut-être
que les gens concernés, les gens impliqués, oui, soient
informés du mieux possible, que tout le monde ait les meilleures
informations et qu'ensuite, quand la négociation est
complétée, que tout le monde est d'accord, s'il y a une
implication gouvernementale, oui, ça doit être communiqué
parce que je pense que c'est une belle nouvelle, une nouvelle d'une implication
des payeurs de taxes partout à travers le Québec.
Mais il y a des moments pour faire des choses et je pense à mes
dossiers de la région. Oui, mes dossiers de la région,
j'apprécie que les médias, même s'ils savent qu'il y a des
difficultés financières dans l'entreprise, n'aient pas
commencé à mettre sur la place publique tous les
différents aspects des difficultés. Le temps que les gens
prennent les virages nécessaires, tant financiers qu'au niveau de la
gestion, etc., pour enfin, au moment où tout semble prendre le bon
virage, qu'on puisse effectivement bien informer la population.
Écoutez, je pense qu'il y a certains éléments qui
sont fragiles; je pense qu'il faut les prendre en considération pour
communiquer les vraies réponses. Je ne pense pas qu'une PME, comme une
grande entreprise, qui a des difficultés et qui fait affaire avec
différents partenaires, doive mettre son dossier sur la place publique
demain matin. Je pense que c'est très fragile. Moi, j'aurais de la
difficulté à voir une entreprise, une PME accepter de le faire au
moment de la négociation. Alors, dans ce sens-là, je comprends
qu'on soit peut-être un peu offusqué de ne pas avoir tout su tout
de suite, mais il y a des délais importants. D'ailleurs, je pense que si
on regarde... J'écoutais la députée de
Taillon, tout à l'heure, M. le Président. Quand on regarde
l'article 1 du Parti québécois qui prône
l'indépendance du Québec, qui prône vraiment... Il faut,
effectivement, que l'économie aille bien au Québec. Alors, qu'on
prenne des mesures à moyen et à long terme pour que cette
économie aille mieux, je pense que la députée de Taillon
devrait en être satisfaite, elle devrait être heureuse de ce
virage. Effectivement, dans son optique politique constitutionnelle, elle qui
veut travailler dans un cadre bien précis avec seulement ses outils de
son côté, ses propres outils québécois, je pense
que, dans ce sens-là, il faut, à tout le moins, qu'on ait de bons
outils qui soient là, non seulement à court terme, mais à
moyen et à long terme. Je reprends les paroles qu'elle a dites tout
à l'heure, elle a dit: Quand le feu est pris dans la maison, il faut
agir rapidement. Oui, mais au niveau des entreprises, je reviens sur ça,
on l'a fait en 1981, et ces mêmes entreprises qui ont eu, dans mon
comté, le plan Biron 1 et Biron 2 ont fait faillite après. Alors,
ç'a donné quoi de juste regarder le feu et de mettre de l'eau sur
le feu tout de suite? Il fallait peut-être en faire plus et
protéger aussi l'électricité et la plomberie autour...
Le Président (M. Farrah): Mme la
députée...
Mme Dionne:... ce qu'on a oublié de faire à ce
moment-là.
Alors, M. le Président, je pense que le plan de relance, la
brigade, la qualité totale, tous ces outils qu'on a mis sur pied depuis
quelques années sont très bons et je pense que l'économie
du Québec va s'en porter mieux non seulement à court terme, mais
à moyen et à long terme.
Le Président (M. Farrah): Merci, Mme la
députée. Je reconnais maintenant, pour la dernière
intervention de cinq minutes, Mme la députée de Taillon,
après quoi on passera aux conclusions de deux minutes chacune de chaque
côté de la Chambre. Mme la députée, la parole est
à vous.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: D'accord. Merci, M. le Président. Qu'est-ce
que vous voulez? Quand la députée de
Kamouraska-Témiscouata reprend le fait que le dossier Malenfant soit sur
la place publique... Lorsqu'on veut faire des emprunts, pourquoi dans le cas
des autres entreprises c'est sur la place publique et, dans son cas, ça
ne le serait pas? C'est ça, dans le fond, la différence. Il faut
bien se comprendre. Pourquoi, dans les autres cas, annonçons-nous les
interventions gouvernementales lorsqu'elles sont faites et c'est correct de le
faire, mais pourquoi, dans ce cas-là, le cachons-nous? C'est ça,
la différence. Ce n'est pas des intérêts privés dont
on parle, ce sont des fonds publics dont nous parlons, M. le
Président.
Cela étant dit, c'est Intéressant, la perspective qu'a
ouverte la députée de Kamouraska-Témiscouata sur !e fait
que je devrais être sensible aux interventions qui sont faites pour
restructurer l'économie, pour supporter l'économie dans une
perspective d'un Québec souverain, parce qu'on s'assure que
l'infrastructure industrielle du Québec est en meilleure santé et
tout ça. J'en suis et j'en conviens, mais je vais aller plus loin. L'un
des drames que vivent actuellement les entreprises québécoises -
et le ministre est le premier à le reconnaître - ce sont les
problèmes reliés à la formation de la main-d'oeuvre.
D'abord, les programmes de son gouvernement sont un échec, et
j'espère qu'il les réajustera. Je pense que le ministre de la
Main-d'oeuvre a compris enfin qu'il fallait réajuster le tir. En tout
cas, ses fonctionnaires l'ont compris, si lui ne l'a pas compris. Alors,
j'imagine qu'il va finir par le comprendre. Mais l'un des drames que l'on vit
est dû à la structure fédérale dans laquelle on est
prisonnier et qui fart qu'Ottawa se sert à tort et à travers de
son pouvoir de dépenser, donc d'intervenir sans aucun respect pour les
programmes déjà mis en place par les gouvernements responsables
qui connaissent les besoins de leur milieu, de leurs entreprises, de leurs
travailleuses et de leurs travailleurs. Ça, ce serait un premier
problème qu'on pourrait résoudre très rapidement, soit dit
en passant, et qui nous ferait épargner des sommes extraordinaires et,
surtout, nous les ferait mettre aux bons endroits plutôt que dans des
chicanes absolument stériles avec Ottawa qui veut absolument mettre son
nez là où il n'a aucun droit de le faire, M. le Président.
Parlons-en, de la sécurité du revenu, où on pourrait mieux
intégrer nos programmes d'aide aux chômeurs et aux chômeuses
et où l'aide sociale et l'assurance-chômage pourraient faire un
grand tout de support ou revenu, oui, mais de support à la formation et
de support à la réinsertion plutôt que les éternels
dédoublements et les renvois de balles de ping-pong. Alors, si la
députée veut m'entendre parler de l'intérêt qu'a le
Québec à être en possession de tous ses moyens et à
exercer sa pleine souveraineté sur le territoire, j'en aurais
très long à dire. De toute façon, le temps me permettra
d'y revenir bientôt, lorsque nous débattrons du projet de loi 150
qui est devant l'Assemblée nationale. (11 h 45)
Je veux revenir à une question précise que j'ai
posée au ministre et à laquelle je n'ai pas eu de réponse,
M. le Président. Dans le dernier discours sur le budget, le ministre des
Finances a annoncé un certain nombre de mesures d'ordre fiscal et
d'ordre budgétaire pour aider les entreprises en sus de ce qui se fait
déjà. Alors, cela a totalisé, si je ne m'abuse, 19 000 000
$ dans le cas des programmes nouveaux qui s'adressaient aux entreprises, mais,
du même
souffle et dans les mêmes colonnes, le ministre des Finances a
annoncé une ponction de 107 000 000 $, celle à laquelle je
faisais référence tout à l'heure qui s'ajoute aux
ponctions déjà faites dans l'entreprise depuis un bon moment par
le gouvernement actuel. Un gouvernement responsable doit s'assurer que
lorsqu'il pose un geste, qu'il fait une intervention, il doit en mesurer
l'impact. Le ministre peut-il répondre à ma question: A-t-on dans
ce gouvernement quelqu'un qui est capable de dire, lorsqu'on ajoute 1 % de taxe
sur la masse salariale, lorsqu'on ajoute 1 % de taxe sur un bien dont
l'entreprise a besoin pour produire, que lorsqu'on ajoute de la taxation au
champ fiscal municipal, quel est l'impact sur les entreprises et surtout sur
les emplois dans les entreprises? À cela, je ne réussis
absolument pas à avoir de réponse, mais le ministre des Finances
ne se gêne pas, par exemple, pour ponctionner des centaines de millions
dans les entreprises. D'ailleurs, j'espère que le ministre de
l'Industrie et du Commerce va insister auprès de son collègue, le
ministre des Affaires municipales, pour qu'il entende les représentants
des gens d'affaires et les entreprises qui le demandent sur la loi qui
prévoit la réforme de la fiscalité municipale.
Le Président (M. Farrah): Je vous remercie, Mme la
députée de Taillon. Ceci met fin au débat.
Nous en sommes rendus maintenant à l'étape des
conclusions. Donc, pour une dernière intervention, je reconnais
maintenant M. le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie,
pour une période maximale de 10 minutes. La parole est à vous, M.
le ministre.
Conclusions M. Gérald Tremblay
M. Tremblay (Outremont): Très bien. Merci beaucoup, M. le
Président. La députée de Taillon a mentionné tout
à l'heure qu'on procède beaucoup, en politique, à des
chicanes stériles. Je voudrais répéter d'ailleurs que je
suis d'accord avec ça. On est rendu à un point au Québec
où on doit réaliser que notre adversaire économique n'est
pas à l'Assemblée nationale, n'est pas au Québec, il est
ailleurs. Et si nous voulons concurrencer sur la scène internationale,
on doit se préparer.
Qu'est-ce que nous avons fait? À court terme, ralentissement
économique partout en Amérique du Nord. Il y a des
éléments que nous ne contrôlons pas: la politique
monétaire du gouvernernent fédéral, les taux
d'intérêt et également la valeur du dollar canadien. Mais
il y a des éléments que nous contrôlons, et c'est la raison
pour laquelle nous avons mis en place des mesures à court terme qui
totalisent 1 150 000 000 $, dont 50 000 000 $ pour favori- ser le
développement du secteur des pêches, entre autres aux
Îles-de-la-Madeleine, qui a permis la consolidation de l'entreprise
Crustacés des îles; c'est un exemple que je vous donne.
Mais ce qu'il faut réaliser, c'est que le contexte
nord-américain a toujours favorisé la performance à court
terme au détriment de la performance à moyen et à long
terme. En tant que gouvernement, nous avons décidé d'avoir une
vision globale stratégique du développement économique du
Québec à moyen et à long terme. C'est la raison pour
laquelle nous avons mis de l'avant cinq objectifs: augmenter la valeur
ajoutée de nos produits au Québec, préparer notre
main-d'oeuvre actuelle et future à faire face à la mondialisation
des marchés, relever le défi technologique; quatrièmement,
continuer de bâtir une économie de l'avenir dans le respect de
l'environnement et, finalement, cinquièmement, s'attaquer à la
conquête des marchés hors Québec.
Nous avons identifié des secteurs clés:
l'aéronautique et le spatial, les technologies de l'information, le
matériel de transport, les matériaux énergivores, le
secteur des pâtes et papiers, les produits pharmaceutiques, le
génie-conseil, la génération, le transport et la
distribution d'électricité. Nous avons identifié
également des créneaux d'excellence; par exemple, la
biotechnologie, le plastique, le secteur de la mode, l'agro-alimentaire, avec
le résultat qu'aujourd'hui les statistiques du ministère de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie indiquent que 80 % des emplois
créés au cours des 10 prochaines années vont l'être
dans les secteurs clés ou dans les créneaux d'excellence. C'est
la raison pour laquelle, lors du dernier budget, le gouvernement du
Québec a mis de l'avant un Fonds de développement industriel de
200 000 000 $.
La députée de Taillon fait toujours l'erreur de regarder
les déboursés au lieu des engagements. Ce n'est pas parce qu'on
va débourser quelques millions de dollars au cours de l'année
1991-1992 que le Fonds n'engagera pas des sommes importantes pour favoriser le
développement économique du Québec. Donc, cinq objectifs,
des secteurs clés, des créneaux d'excellence, on continue
toujours de s'occuper des entreprises dans les secteurs dits
vulnérables, à la condition que ces entreprises
conçoivent, développent, fabriquent et commercialisent des
produits distinctifs de qualité à un coût
compétitif.
Le premier élément de la compétitivité que
nous avons mis de l'avant, c'est la productivité. Les ressources
humaines, on en parle beaucoup. Dans le dernier budget, encore des mesures pour
favoriser la formation individuelle des travailleurs. Au niveau du Fonds de
développement technologique, en plus des 3 000 000 000 $
déjà annoncés en 1989, maintenant, Fonds de
développement technologique de 20 000 000 $ pour les PME, crédit
d'impôt pour les centres publics de
recherche, entre autres le CRIQ, 40 %; de nouvelles initiatives issues
du milieu de l'enseignement et des technologies en partenariat avec le secteur
privé. Donc, productivité et technologie, c'est important, et la
qualité totale. Je le répète, la marge de manoeuvre des
gouvernements se trouve dans l'amélioration de la productivité,
des services, donc de l'implantation le plus rapidement possible de la
qualité totale. Mais ce n'est pas parce que nous sommes productifs que
nous allons être le pays le plus compétitif au monde. La preuve,
le Japon et la Suisse sont les deux pays les plus compétitifs au monde
et ils ne sont pas les pays les plus productifs au monde.
Nous travaillons également sur d'autres variables, entre autres
huit variables. La première, c'est le coût du capital. C'est
très important que nos entreprises, vous en parlez beaucoup, aient
accès à un coût de capital raisonnable pour investir
à moyen et à long terme, qui est la raison essentielle de leur
réussite à moyen terme.
L'abolition des barrières interprovinciales. Planifier dans une
transparence pour assurer la compétitivité de nos entreprises au
Québec, au Canada et dans le monde.
L'environnement. Ce que nous disons, l'équilibre de
l'environnement. L'équilibre entre l'environnement et l'économie.
Établissons des normes claires le plus rapidement possible, en
collaboration avec les entreprises, assurons la confidentialité des
dossiers, assurons également les délais raisonnables et le
coût des projets.
Le climat de travail. Ça va bien de ce
côté-là. Très bonne complicité avec les
leaders syndicaux, avec les entreprises. Le dossier Aciers Atlas n'est qu'un
premier dossier. Nous travaillons dans le secteur de l'aéronautique,
dans le secteur de l'automobile, dans le secteur de l'acier, dans le secteur
des métaux primaires. C'est très important qu'on développe
une nouvelle complicité au Québec pour améliorer nos
relations de travail.
L'épargne. On épargnait, en tant que
Québécois, 7,7 % de nos revenus en 1983, et voici qu'aujourd'hui
nous sommes rendus à 0,4 %. Comment pouvons-nous, dans une
société de surconsommation, concurrencer éventuellement
les Japonais qui épargnent 20 % de leurs revenus, avec la
conséquence que si nous dépendons, pour financer nos projets,
d'investissements étrangers, nous allons avoir des problèmes pour
concurrencer sur la scène internationale.
La rationalisation des entreprises, je le dis, est inévitable. Ce
que je prône, par contre, c'est d'être bien informe des
rationalisations et de m'assurer que l'impact au niveau des travailleurs et des
travailleuses du Québec soit planifié pour qu'on puisse recycler
cette main-d'oeuvre dans des secteurs d'avenir au Québec.
Le regroupement des entreprises. Il est essentiel pour que nous
développions au Québec des entreprises d'envergure mondiale et
d'enver- gure internationale.
Je termine là-dessus, M. le Président. Nos entrepreneurs,
au début des années soixante, pour réussir en affaires, il
fallait être son propre patron. On a développé
l'individualisme au Québec, avec la conséquence qu'aujourd'hui,
je le comprends, ce n'est pas facile pour un entrepreneur qui a réussi
d'investir dans un contexte économique moins favorable des sommes
d'argent importantes. Mais l'entrepreneur ne doit pas oublier que c'est en
grande partie à cause du gouvernement du Québec, des deux
gouvernements. Alors, ce n'est pas juste notre gouvernement, les deux
gouvernements, le REA, la capitalisation, les aides financières. Alors,
ce que je dis aux entrepreneurs aujourd'hui, c'est: Écoutez, c'est
très important, l'ardeur nouvelle. On a besoin d'une ardeur nouvelle au
Québec, on a besoin d'une nouvelle complicité, on doit
développer une conscience collective. C'est tellement important, cette
conscience collective, que c'est la seule façon dont nous allons
créer des emplois permanents de qualité pour nos jeunes, avec la
conséquence que si nos entrepreneurs, si l'Opposition continue une
approche que je qualifie de négative, une approche qui contribue, et ce
n'est pas moi qui le dis...
Il y a eu une tournée, récemment, en Italie où on a
essayé de vendre le Québec. En Italie. La conclusion est revenue
que c'est plus difficile. Pourquoi? Parce qu'il y a une récession -
c'est le journal qui le dit - une campagne de M. Parizeau dont on a des
échos même au Japon et on a un problème avec la langue. Ce
que je dis aux Québécois et aux Québécoises et
à l'Opposition: Travaillons donc ensemble pour le vrai. Quand le
gouvernement, qui est un gouvernement responsable, pose certains gestes, lui
prêter des intentions, essayer de susciter des doutes, comme c'est
arrivé dans l'institut Armand-Frappier, c'est très dangereux. Et
aujourd'hui, parce que le présent gouvernement a dit non, nous allons
consolider la biotechnologie au Québec, nous avons une entreprise avec
un potentiel d'envergure mondiale dans le secteur de la biotechnologie, nous
avons de nouveaux partenaires comme Glaxo Canada, ils ont investi 25 000 000 $.
Nous allons bâtir une économie d'avenir. Dans tous les petits
dossiers qui sont importants, je le reconnais, soulevés par la
députée de Taillon au niveau d'une perte d'emploi, dans certaines
régions du Québec, peut-être que si l'Opposition veut
réellement être positive, constructive, on devrait parler des
moyens que je viens d'énumérer et : non pas uniquement
des représentations du chef de l'Opposition qui affirme que nous sommes
rendus dans un cul-de-sac, le présent gouvernement, gouvernement qui
voit l'avenir de façon cons- ' tructive de façon positive. C'est
notre responsabilité de convaincre la population que le Québec
deviendra dans les années à venir le pays j le plus
compétitif au monde, si nous le voulons -collectivement. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Farrah): Alors, merci, M. le ministre de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie. Comme dernière
intervention de cette interpellation, ce matin, je reconnais maintenant Mme la
députée de Taillon, pour une intervention maximale de 10 minutes.
La parole est à vous, Mme la députée.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Merci, M. le Président. Un gouvernement
responsable est effectivement un gouvernement qui doit être capable
d'avoir une vision de court, de moyen et de long terme. Ce dont le ministre me
, parle ce matin, et j'en conviens, je fais le même discours sur
différentes tribunes qui me sont offertes. J'en conviens, nous devons
nous attaquer aux thèmes qu'il a identifiés comme étant
des sujets d'intervention majeurs pour le Québec: améliorer notre
compétitivité, cela va de soi; l'abolition des barrières
interprovinciales, il y en a plus d'ailleurs - c'est amusant - entre les
provinces qu'il y en a maintenant entre le Québec et les
États-Unis; travailler sur la rationalisation; améliorer le
climat de travail, j'en suis. Et quand j'aurai dit au ministre pendant 10
minutes que je suis d'accord avec lui, que je trouve que c'est une
stratégie qui a du bon sens... Il n'a pas répondu, cependant,
à mes questions. Et je n'aurai pas fait avancer beaucoup la situation
des travailleurs et des travailleuses, la situation des entreprises au
Québec, si je ne le ramène pas aussi au court et au moyen terme
parce que - et je le répète - quand la maison est en feu, on
sauve d'abord le monde et, après ça, on essaie de sauver les
meubles. Là on se dit: Après ça, on évalue
l'état des dégâts et on essaie de corriger le tir, de
reconstruire, de rebâtir, mais le plus urgent, évidemment,
étant de ne pas perdre l'actif. Or, et c'est cela que je reproche
particulièrement au ministre, c'est de ne pas poser les gestes
conséquents à la situation que nous vivons actuellement au
Québec. J'entendais la députée de
Kamouraska-Témiscouata me parler de ce qui se passe dans les
régions. C'est dramatique, M. le Président, de voir ce qui se
passe dans les régions. Il se passe que le chômage, en
Gaspésie, est à 27,1 %; en Mauricie-Bois-Francs, 13,3 %, 6000
emplois de perdus, M. le Président; en Estrie, actuellement, on parle 11
000 emplois perdus; en Montérégie, qui est l'une des
régions industrielles les plus importantes du Québec et où
se concentrent, entre autres, des secteurs de pointe, on constate qu'il y a eu
29 000 emplois perdus, soit 4,2 % du total des emplois.
Et Montréal, c'est désastreux, c'est catastrophique.
Montréal, la métropole. Montréal, celle qui est
censée être le moteur, celle qui est censée faire en sorte
qu'on ait un certain dynamisme au centre du Québec, au coeur du
Québec. Montréal connaît un taux de chômage de 14,5
%, M. le Président. Les pertes d'emplois: 50 000 en moyenne de
février à avril, par rapport aux mêmes mois en 1990. (12
heures)
Alors, la situation actuelle est dramatique. Elle exige que des
interventions soient d'envergure et significatives. Le ministre m'a
parlé et m'a donné une revue de presse des entreprises qui
avaient été aidées, dont les emplois avaient
été sauvés. Bravo, M. le ministre! Je ne peux pas
être plus heureuse, évidemment, que vous quand vous m'annoncez
ça, quand vous me parlez de Sammi Atlas. On a eu une motion ici pour
vous dire comment c'était extraordinaire. J'en conviens. S'il y a une
personne qui croit à la concertation au Québec, qui l'a
pratiquée, c'est bien celle qui vous parle, M. ie Président. Mais
en même temps que vous me dites que ces entreprises-là ont
été sauvées, moi, je vous dis que dans le secteur des
caoutchoucs et des plastiques, on est passé de 22 000 à 17 000
emplois en un an, entre 1990 et 1991; dans le textile, c'est 23 % des emplois
perdus; dans l'habillement, 37 %.
Mme la députée faisait référence à
des emplois plus ou moins bien rémunérés dans certains
secteurs industriels, dont, entre autres, le secteur touristique. Bien,
j'imagine aussi qu'elle sait que dans les "shops" de couture, les gens ne sont
pas nécessairement toujours rémunérés à des
niveaux très élevés, même s'il y a eu une
amélioration de ce côté-là. C'est ça, la
réalité québécoise. C'est oui, la
compétitivité. C'est oui, l'amélioration de notre
structure industrielle et la rationalisation, mais c'est oui aussi à des
milliers de travailleurs et de travailleuses qui perdent leur emploi et qui
n'ont pas nécessairement l'oreille attentive du gouvernement, comme
d'autres l'ont nécessairement. C'est ça, la
réalité.
Le ministre dit: Nous devons être compétitifs. Nous avons
été l'endroit au Canada qui a le plus été d'accord
collectivement, à quelques exceptions près, avec l'Accord de
libre-échange avec le Canada. Actuellement, l'Ontario souffre
particulièrement - d'ailleurs, ils étaient en désaccord -
des retombées de cet accord; dans le domaine de l'acier, c'est assez
dramatique. Mais, chez nous, qu'est-ce qu'on a fait pour préparer nos
entreprises à vivre cette réalité-là? On a
identifié qu'on avait suffisamment de programmes. Pas de programmes, pas
de mesures d'adaptation pour le libre-échange, parce que, des mesures
d'adaptation, ça veut dire, d'une part, faire en sorte qu'on soit
capable de se défendre, donc avoir un instinct défensif, mais
aussi avoir un instinct offensif, bien connaître nos marchés, bien
connaître les produits qui nous permettraient de les
pénétrer, ces marchés-là. C'est aussi des mesures
d'adaptation, ça, en ce qui concerne nos entreprises pour le
libre-échange, mais qui ne vont pas dans le sens de se replier sur soi,
qui vont dans le sens d'une ouverture, qui vont dans le sens d'aller vers ces
marchés-là.
Le ministre me dit - je veux revenir sur ça, parce que je trouve
qu'on prend tellement un mauvais moyen - que nous avons un meilleur climat de
travail. Bravo! Nous devons améliorer, cependant, la qualité
totale, la productivité dans nos entreprises, avoir un impact sur la
qualité totale. Or - le ministre le sait - la variable majeure
au-delà d'avoir des robots, au-delà d'être bien
mécanisé, c'est la ressource humaine, parce qu'on peut être
chromé, on peut avoir du fric, mais si on n'a pas de talent, il n'y a
rien qui fonctionne.
Or, les investissements dans le secteur des ressources humaines,
où l'État, à mon point de vue, a un rôle, autant je
vais être d'accord avec le ministre qu'on doit, de moins en moins, aller
vers une intervention "subventionnaire" aux entreprises dans le domaine du
capital, autant, dans le secteur de la ressource humaine, il m'apparaît
qu'on doive faire contribuer les entreprises et redistribuer, mais d'une
façon systématique, l'intervention auprès des secteurs. Le
ministre veut choisir des secteurs? Qu'il les choisisse, mais, à ce
moment-là, qu'effectivement il intervienne massivement au niveau de la
main-d'oeuvre. Actuellement, c'est à perte les investissements qui se
font par les crédits d'impôt; c'est à perte. Ce sont des
entreprises qui faisaient déjà de la formation et qui se servent
de ça pour améliorer leur santé financière; tant
mieux pour elles! Ç'aura, j'imagine, des retombées, bien
sûr. Mais est-ce qu'on améliore ainsi la situation des entreprises
qui, elles, auraient besoin d'une intervention majeure? Jamais je n'insisterai
assez auprès du ministre de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie pour qu'il soit sensible à cette question-là et qu'il
convainque son collègue d'agir différemment qu'il ne le fait
maintenant. Ça, c'est une intervention qui, de court terme, aurait un
effet, parce qu'on met à ce moment-là, on investit dans notre
main-d'oeuvre qui est souvent en transition. C'est le bon moment, dans une
période de crire, pour faire ces correctifs-là, pour faire ces
interventions-là, de telle sorte qu'on est prêt au moment de la
reprise.
Alors, jamais je ne le dirai assez haut et assez fort pour que le
ministre s'en préoccupe. Mais, d'autre part - et je le lui rappelle
parce que je dois terminer mon intervention - je lui dis: Bien sûr, une
vision à long terme, mais une vision dans le quotidien aussi, à
court terme, pour aider d'une façon plus importante, plus significative
et plus robuste les entreprises qui sont actuellement en train de faire
faillite. Ce sont des emplois qu'on aura perdus à jamais. Ce sont des
personnes qui jamais ne pourront voir resservir leur talent à
l'amélioration de leur condition et à une participation un tant
soit peu intéressante à nos sociétés. S'il croit
que M. Dubuc a des propos généralement pertinents, je lui
rappelle que M. Dubuc, l'éditorialiste de La Presse, avait entre
autres souligné, lorsque nous avions annoncé ce projet de soutien
à l'entreprise, il y a quelques mois, il avait mentionné que ceux
et celles qui avaient les meilleures expertises pour aider le Québec
à sortir de la crise étaient plutôt de ce
côté-ci de la Chambre que de l'autre côté. Et le
ministre ferait peut-être bien de s'inspirer des suggestions que nous lui
faisons pour faire en sorte que plus de personnes au Québec retrouvent
leur dignité par l'emploi et que notre économie, se portant
mieux, nous...
Le Président (M. Farrah): En complétant, Mme la
députée.
Mme Marois:... puissions effectivement être dans les pays
du peloton de tête, au plan non pas nécessairement du
développement économique, mais de l'emploi. Parce que je pense
que l'économie, c'est d'abord au service du peuple et donc des personnes
qui sont concernées. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Farrah): Merci, Mme la
députée de Taillon. Sur ce, je veux remercier tous les
intervenants pour la qualité des interventions, la qualité du
débat.
Sur ce, j'ajourne la commission sine die.
(Fin de la séance à 12 h 7)