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(Neuf heures trente-cinq minutes)
Projet de loi 130
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! Alors, je constate le quorum. Je déclare la séance
ouverte et je vous rappelle le mandat de la commission qui est de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 130, Loi modifiant la Loi sur les mines. M. le secrétaire, est-ce
qu'il y a des remplacements ce matin?
Le Secrétaire: Oui, il y a un remplacement. Mme Marois
(Taillon) est remplacée par M. Morin (Dubuc).
Le Président (M. Audet): Merci. Alors, nous en
étions rendus à l'article 3 et c'est le député de
Laviolette qui avait la parole. Il avait sept minutes vingt. Alors,
étant donné qu'il est absent ce matin, est-ce qu'il y a d'autres
commentaires? Étant donné qu'on en avait parlé pas mal de
l'article 3, est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur cet article ou si on
est prêts à passer à l'adoption? Est-ce que l'article 3 est
adopté?
Territoire délimité à des
fins
non exclusives de récréation,
de tourisme ou de conservation (suite)
M. Claveau: Une seconde, M. le Président.
Le Président (M. Audet): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Comment? Est-ce que ça concernait mon
intervention?
Mme Bacon: Je ne vous parle pas.
M. Claveau: Non? Parce que, vous savez, j'ai le droit à 20
minutes. On peut faire 20 minutes de silence. On aurait le droit à la
limite, hein!
Le Président (M. Audet): Oui, parce que je vous ai
reconnu.
M. Claveau: Ça permettrait peut-être même de
réfléchir plus profondément sur le contenu.
Mme Bacon: Ce serait peut-être ce qui serait le plus
intéressant.
M. Claveau: Vous avez peut-être raison. Ça pourrait
peut-être avoir un certain intérêt.
Mme Bacon: II y a des silences qui sont plus intéressants
que les interventions.
Le Président (M. Audet): Je vous ai reconnu. Votre temps
coule, M. le député.
M. Claveau: Remarquez que, si ça pouvait vous amener
à approfondir une réflexion peut-être un peu plus globale
sur l'ensemble des impacts des articles de la loi, on pourrait faire au moins
10 minutes de silence sur chacun des articles, si c'est de cette
façon-là que je décide de gérer mon temps. Hein!
Ça vous va?
Le Président (M. Audet): Moi, à l'instant où
je vous reconnais, M. le député, votre temps coule.
M. Claveau: Sur l'article 3, il reste qu'il y a encore un certain
nombre de choses, tout en comprenant très bien l'intérêt
que le ministère de l'Énergie et des Ressources peut avoir
à faire en sorte de pouvoir aller, de pouvoir permettre l'exploration
minière sur l'ensemble du territoire où il y a des indices
favorables à la découverte de sites miniers. Il n'en reste pas
moins que ce n'est pas le seul impératif qui doit présider
à la gestion du territoire québécois.
Alors, est-ce que, dans le cas de ces articles-là, on a un avis
du ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche qui nous
expliciterait le fait que, finalement, cela n'empêchera pas ce
ministère-là de créer des nouvelles réserves
fauniques, des réserves écologiques ou des parcs, si jamais le
besoin s'en fait sentir, même si ça peut être dans des zones
géologiquement favorables à la découverte de sites
miniers?
Si, ' par exemple, Hydro-Québec est capable de faire soustraire
au territoire québécois d'immenses territoires qu'elle se
réserve pour des réservoirs ou des barrages futurs, je suppose
que le ministère de l'Énergie et des Ressources devrait
être capable de... que le ministère de l'Environnement ou que le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche sont au moins
aussi puissants qu'Hydro-Québec sur le territoire du Québec.
M. Lebuis (Jacques): Jacques Lebuis, du ministère de
l'Énergie et des Ressources. Il y a eu un échange de
correspondance entre notre ministère et le MLCP concernant cette
question-là, et le MLCP est tout à fait satisfait des
éléments de réponse qui ont été fournis. Le
MLCP est satisfait aussi des modifications qu'on propose dans ce projet de loi
là.
M. Claveau: Est-ce qu'on peut avoir le contenu des questions qui
ont été posées au
MLCP ou des préoccupations que le MLCP vous a fait valoir?
M. Lebuis: C'est ce que je cherche, là.
M. Claveau: Vous avez 20 minutes, puisque la ministre ne semble
pas vouloir prendre son temps de parole.
M. Lebuis: Ici, il y a une lettre adressée à M.
Onil Roy, sous-ministre associé aux mines, de la part de M. Jean-Guy
Tessier, sous-ministre adjoint au MLCP, qui dit: "Quant aux autres propositions
contenues dans votre lettre du 17 janvier, elles nous semblent acceptables dans
leur ensemble. Ces propositions sont, je vous rappelle, les suivantes:
intégration au parc Aiguebelle d'un secteur d'environ sept
kilomètres carrés au sud-est du canton". Donc, ça,
ça va être intégré au parc d'Aiguebelle. C'est un
parc à vocation exclusive, qui interdit l'activité
minière, selon la loi des parcs. "Obligation à tous les
intervenants miniers, suite aux modifications à la Loi sur les mines, de
soumettre un plan de réaménagement et de restauration, avant le
début des travaux d'exploration ou d'exploitation dans les rangs 1 et 2
du canton d'Aiguebelle."
Justement, c'est les parties de terrain qui seraient assujetties aux
dispositions dont on parle dans ce projet de loi-ci. "Nous vous demanderions
également que cette obligation soit étendue à la demi-est
du rang 10 du canton de Cléricy, soit un secteur d'environ 15
kilomètres carrés, qui est une zone tampon importante pour le
parc." Alors, vous voyez qu'il y a un accord qui est donné
là-dessus. "En ce qui concerne le projet de loi modifiant la Loi sur les
mines, nous souhaiterions que certains énoncés des articles 1 et
7 soient légèrement modifiés, afin d'être conformes
au dernier projet de mémoire au Conseil des ministres et qui nous est
parvenu le 30 janvier dernier. Ces modifications sont indiquées sur la
copie du projet de loi ci-jointe." Et c'est exactement ce qu'on a
intégré dans notre projet de loi, c'est-à-dire qu'on parle
maintenant de zones à des fins non exclusives de conservation et ainsi
de suite.
Je peux poursuivre ici. "Les petites modifications proposées ont
pour but de bien souligner que dans le cas de projet de parc,
c'est-à-dire un territoire voué à des fins exclusives de
conservation et/ou de récréation, la soustraction, finalement,
sera toujours applicable." Alors, ça vient répondre, je pense
bien, à vos interrogations.
M. Claveau: Maintenant, advenant le cas, par exemple, où
une zone a été décrétée zone à des
fins non exclusives de récréation, de tourisme ou de conservation
et puis que, par après, pour toutes sortes de raisons, dans les
années qui suivent, par exemple, le ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche décidait qu'il deviendrait nécessaire
d'en faire un parc à part entière, est-ce que la
désignation de cette zone peut être modifiée ou bien est-ce
que c'est quelque chose d'éternel, le fait que...
M. Lebuis: Non, ça peut être modifié si on
tient des audiences publiques. Si la volonté populaire est d'avoir un
parc agrandi ou un nouveau parc, à ce moment-là c'est la loi des
parcs qui s'applique. Et nous, évidemment, on fait valoir notre point de
vue et on respecte.
M. Claveau: Mais au moment de créer la zone non exclusive,
il n'est pas question d'audiences publiques et d'autres consultations dans la
population. Finalement, c'est juste une question de négociations entre
les deux ministères?
M. Lebuis: Oui, c'est aussi la reconnaissance d'un statut
particulier à ce territoire-là, qui vise à protéger
des activités de conservation et aussi à permettre
l'activité minière qui est bien encadrée, avec des
règles d'intervention pour viser la cohabitation d'activités.
M. Claveau: Pourquoi, justement, on n'a pas envisagé la
tenue d'audiences publiques ou, enfin, un processus semblable aux fins de la
délimitation d'une zone non exclusive de récréation? Il
pourrait arriver qu'une municipalité - et puis je reviens toujours avec
la question de la MRC et des municipalités, les plans de zonage, les
plans d'affectation des terres - par exemple, la municipalité de
Val-d'Or décide que tel secteur autour de Val-d'Or pourrait être
un secteur à haut potentiel minier, mais la ville déciderait
qu'en contrepartie, à cause de la situation un petit peu spéciale
du secteur et tout ça, et à cause des besoins de sa population,
qu'elle en fait un parc avec le ministère du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche, qu'ils en font un parc exclusif à des fins
récréo-touristiques. (9 h 45)
Ou il pourrait arriver, par exemple, que sur un site minier ou un site
qui aurait un potentiel minier d'intérêt, une municipalité
ou une MRC, en collaboration avec le ministère des Affaires municipales
et le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche,
décide de faire une base de plein air, par exemple, avec piste
d'héber-tisme, sentiers écologiques, etc., et puis qu'il ne soit
pas question qu'il y ait de l'exploration minière à se faire dans
ce secteur-là, même s'il y a un potentiel minier
intéressant.
On parle toujours évidemment en fonction des régions
où il y a un potentiel minier C'est bien clair que vous allez me dire
qu'on ne risque pas de voir ça sur la rive sud de Montréal. C'est
probable.
M. Lebuis: Malheureusement pour les mines.
M. Claveau: Malheureusement pour les mines peut-être, mais
heureusement pour les régions, parce que s'il fallait qu'il y ait les
mines en plus à Montréal, là, c'est vrai qu'on n'aurait
plus rien en région.
Alors c'est ça, là. Moi, je voudrais savoir pourquoi,
finalement, on peut limiter, pourquoi vous avez décidé de limiter
ce genre de zone-là à usage non exclusif, sans avoir à
passer par un processus public? Comment tout ça risque de s'imbriquer
avec les intentions des municipalités, des MRC, des autres
ministères? On parle toujours de zones restreintes, comme vous dites,
mais on ne parle pas de grandes zones, on ne parle pas du parc de La
Vérendrye. Mais justement, dans la mesure où on parte de zones
restreintes, on parie de possibilités d'augmenter les chocs, les
malentendus ou les visions différentes d'utilisation de ces petites
zones-là, par les différents utilisateurs potentiels.
M. Lebuis: Bien, si jamais les MRC veulent avoir une zone
exclusive, il y a déjà toute la mécanique prévue
à la Loi sur les parcs. Nous, ce qu'on vise, ce sont des zones à
des fins non exclusives. Donc, tout le monde .peut aller dans ce
territoire-là, à certaines conditions. Alors, ça n'est pas
une soustraction à une activité là. Ça permet la
coexistence, la cohabitation de diverses activités.
M. Claveau: Mais est-ce que...
M. Lebuis: Alors, c'est dans ce sens-là qu'on a
pensé que ça n'était pas nécessaire d'avoir des
audiences, tout simplement.
M. Claveau: Mais est-ce que justement le fait d'avoir, dans la
Loi sur les mines, cet article-là qui permet de créer des zones
non exclusives, ne peut pas empêcher que d'autres créent des zones
exclusives? C'est ça, là, que...
M. Lebuis: Mais là, à ce moment-là, c'est ie
processus prévu à la Loi sur les parcs qui va jouer, qui
prévoit, lui, des audiences publiques.
M. Claveau: Ça veut dire que s'il y a confrontation de
points de vue entre la municipalité, par exemple, et puis la compagnie
minière qui veut explorer dans le coin, parce que je suppose que le
ministère, là, va, n'embarquera pas là-dedans juste pour
le plaisir de s'embarquer dans un débat semblable... C'est parce
qu'éventuellement, il y a quelqu'un qui va être
propriétaire de daims ou qui va avoir signifié son intention de
"claimer", ou il va y avoir des prospecteurs qui travaillent sur ce
terrain-là. Bien, s'il y a une divergence de point de vue, lequel des
deux qui prime? Est-ce que c'est l'article 213.2 de la Loi sur les mines ou
est-ce que ce sont les articles de la loi sur l'aménagement du
territoire ou de la loi sur la création des parcs? Quel article va avoir
la prépondérance sur l'autre, dans le cas de malentendus ou de
visions diamétralement opposées?
M. Lebuis: Je dirais que c'est la raison qui va avoir
prépondérance, dans le sens qu'après des audiences, si on
constate qu'il y a une volonté de cette région-là pour
avoir un territoire à des fins exclusives, bien évidemment, c'est
ça qui devrait normalement l'emporter. Il n'y a pas de
prépondérance de notre article sur la Loi des parcs. Il n'est pas
question d'établir ça.
M. Claveau: Mais, c'est parce que régulièrement,
dans les lois, on a des articles où on dit: nonobstant les dispositions
de telle ou telle loi, bon... Quand on parie, par exemple, de la question du
Nord, vous pourriez nous arriver avec une affaire semblable, mais là, on
va dire: Attends un peu, là. C'est... On sait qu'il y a la Convention de
la Baie James et du Nord québécois qui pourrait venir renverser
toute décision là-dedans, parce que, de toute façon,
l'article ne s'applique à peu près pas au nord du 49e
parallèle, dans la mesure où tout l'aménagement du
territoire est assujetti à la Convention de la Baie James et du Nord
québécois.
Ça, c'est un exemple. Là, on sait qui est en haut. C'est
la Convention de la Baie James. C'est elle qui règle le problème.
S'il y a confrontation, il y a des comités prévus et puis on
finit toujours par... Mais il y a une instance quelque part qui a
priorité sur les autres.
Le bon sens, moi, je veux bien. Mais vous savez que dans la gestion du
quotidien, ça n'est pas évident que c'est toujours le bon sens
qui a raison.
M. Lebuis: Oui.
M. Claveau: Alors, j'aimerais savoir là, très
précisément, laquelle des lois va avoir
prépondérance sur l'autre? Laquelle va avoir la
possibilité de trancher parce qu'il pourrait arriver que pour des
raisons de bon sens, le ministère de l'Énergie et des Ressources
dise: Écoute un peu, là, il y a un potentiel de 100 000 000 de
tonnes en dessous de ce site-là. Il n'est pas question... c'est une
question de bon sens. On va aller là et il pourrait arriver que par la
même occasion, il y ait des pressions qui soient faites par des groupes
écologiques, par d'autres secteurs ou même par
Hydro-Québec, qui pourrait peut-être faire un barrage, par
exemple, à la même place et qui pourrait se prévaloir d'une
autre loi pour empêcher que ce potentiel-là se réalise en
termes miniers? Lequel va avoir raison? Et si on se retrouve en cour, ça
risque de coûter cher et peut-être de ne pas donner les
résultats qu'on voudrait.
M. Giroux (Jean): Je présume que le minis-
tre ou la ministre responsable des lois en question exercera son
jugement parce que c'est elfe qui a juridiction pour l'application de ces
lois-là. Alors, avant d'affecter le territoire, pour donner un exemple
qui est couvert par la Convention de la Baie James, c'est bien sûr qu'il
faut qu'elle considère et qu'elle s'assure que si un arrêté
devait être passé en vertu de cette loi-ci, à ce
moment-là, c'est conforme aux lois d'application de la Convention de la
Baie James. C'est une réalité. On a à vivre avec ça
tous les jours dans les directions des affaires juridiques, pour toutes sortes
de problèmes. Alors, on doit composer avec ça.
De vous donner des exemples précis, malheureusement, là,
l'article n'était pas encore en vigueur. C'est un peu difficile, mais si
je réfère à ce qui se fait dans d'autres secteurs, on
compose avec ça, on a régulièrement des demandes, pour
différentes questions où le champ d'application de la Convention
doit être évalué par rapport à l'exercice de
juridiction en vertu d'autres lois du Québec. Ce n'est pas un
problème insurmontable, loin de là. Avec un peu de bonne
volonté, d'esprit d'initiative et d'innovation, il y a toujours moyen de
trouver une solution.
M. Claveau: Ah, je sais qu'avec un peu de volonté, on peut
toujours y arriver! Mais vous savez que la bonne volonté, ce n'est pas
nécessairement ça qui fait force de loi. C'est ça qui est
le problème là-dedans. C'est certain qu'avec un peu de bonne
volonté, probablement qu'on serait capable d'enrayer la drogue dans le
temps de le dire. Mais ce n'est pas nécessairement comme ça que
ça se passe, malgré la bonne volonté de pas mal de
monde.
M. Giroux: Ça ne se fera pas par arrêté en
vertu de cette loi-là, en tout cas.
M. Claveau: Vous savez, la bonne volonté, on dit que
l'enfer en est pavé. Moi, je n'y crois pas, dans l'application des lois,
c'est bien clair. Et sans dire ça, je ne prends pas le monde pour des
bandits...
M. Giroux: Vous n'y croyez pas...
M. Claveau: ...mais je pense que la bonne volonté, ce
n'est pas suffisant pour assurer que ça soit bien géré.
C'est clair et je pense qu'il faut arrêter de s'imaginer des choses,
d'essayer de se faire la preuve par quatre que c'est suffisant d'avoir de la
bonne volonté dans notre société. Parce que moi, s'il y
avait seulement de la bonne volonté, probablement que ce ne serait pas
la Compagnie pavage d'asphalte Beaver qui viendrait prendre les contrats de mes
contrac-teurs chez nous à Chibougamau, cet été, par le
biais de Crée Construction, en se servant de la clause 814 de la
Convention de la Baie James, qui permet aux Cris d'avoir des contrats sans
soumission. Mais là, c'est Beaver qui fait la job.
Je ne le dirai jamais assez fort parce qu'elle a trouvé le moyen
d'aller ramasser des contrats sans soumission sur le territoire de la Baie
James, en passant par Crée Construction et par certaines clauses de la
Convention de la Baie James. Et à cause de la bonne volonté, bien
là, il n'y a pas un contracteur chez nous qui travaille parce que c'est
Beaver qui monte sa machinerie. C'est les "loaders" bleu pâle de Beaver
qui se promènent sur le territoire chez nous, à quelques milles
de Chapais, actuellement Je les ai vus vendredi passé. Je suis
allé voir le "loader" bleu pâle de Beaver, alors que les
contracteurs chez nous ne sont pas capables de placer leur machinerie et ne
savent pas quoi faire.
C'est ça la bonne volonté? La bonne volonté, au
moment où on a prévu ça, dans cet article-là de la
Convention de la Baie James, ce n'était pas de permettre à Beaver
Asphalte de venir ramasser les contrats sans soumission sur le territoire.
C'était de permettre aux Cris de pouvoir avoir des jobs, de pouvoir
s'assurer de monter des compagnies et d'avoir des contrats sur leur
territoire.
Le Président (M. St-Roch): M. le député
d'Ungava...
M. Claveau: Mais par bonne volonté, bien là, c'est
rendu que ce n'est plus ça.
Le Président (M. St-Roch): M. le député
d'Ungava je m'excuse, mais votre temps étant maintenant
écoulé sur l'article 3, est-ce qu'il y a d'autres interventions
sur l'article 3?
M. Morin: M. le Président...
Le Président (M. St-Roch): M le député de
Dubuc.
M. Morin: Bon, je suis arrivé en peu en retard et je ne
sais pas si mon collègue a touché à cet aspect-là.
Lorsqu'on parle de territoires dont les fins ne sont pas exclusives à la
récréation au tourisme ou à la conservation, est-ce qu'il
y a eu un avis du MLCP parce que vous savez que des territoires ne sont pas
nécessairement exclusifs dans tous les cas? Comment établir?
Est-ce qu'il y a eu un avis avec le MLCP concernant cette possibilité de
conflit entre des parcs ou des territoires justement, dont les affectations ne
sont pas nécessairement exclusives en termes de conservation ou de
récréation? Est-ce qu'il n'y a pas une source de conflits
potentiels dans cet article, évidemment, avec la Loi sur les parcs, par
exemple, ou la conservation de la faune? Est-ce qu'il y a eu là dessus
des échanges avec le MLCP?
M. Lebuis: Je citais justement une lettre qui a été
adressée à notre ministère par un sous-ministre du MLCP,
disant qu'ils étaient tout à fait satisfaits des dispositions
qu'on avance dans le projet de loi qu'on discute. Je lisais ça
tantôt pour informer M. Claveau.
M. Morin: Oui et concernant l'article qui mentionne que ces
articles n'ont pas pour effet d'affecter, évidemment, la Loi sur la
qualité de l'environnement, pourquoi on n'a pas inscrit un article qui
aurait dit la. même chose évidemment concernant les parcs ou la
loi sur la conservation?
Le Président (M. Audet): Mme la ministre.
Mme Bacon: On en discutera quand on sera rendus là. On
n'est pas rendus là. On est à l'article 3.
M. Morin: Oui, mais c'est parce que j'ai peur, moi,
là...
Mme Bacon: On n'est pas rendus là. On n'est pas rendus
là.
M. Morin: Oui, oui, je comprends, mais il n'y a rien qui nous
empêche de...
Mme Bacon: Vous pouvez poser les questions, mais moi, je peux
vous donner mes réponses.
M. Morin: D'accord, mais sauf que je...
Mme Bacon: Le député d'Ungava dit qu'on est dans un
pays libre, qu'on a le droit de dire ce qu'on veut. Vous allez accepter mes
réponses.
M. Morin: Non, non, pas de problème là-dessus.
M. Claveau: La ministre me donne raison sur quelque chose.
M. Morin: Ce n'est pas là qu'est la question. C'est parce
que, moi, vu que c'est l'article 3, évidemment...
Mme Bacon: Vous resterez. Vous resterez à la commission
parlementaire...
M. Morin: ...relié à l'article 213.2 qui me
paraît être l'opportunité...
Mme Bacon: ...et on vous donnera les réponses.
M. Morin: ...pour poser la question. Alors, je ne voudrais pas
arriver à la toute fin et me dire que mes questions sont loin
d'être...
Mme Bacon: Mais non.
M. Morin: ...pertinentes au paragraphe qui est à
l'étude. Alors...
Mme Bacon: Non, non, quand vous arriverez à cette
question-là, à cet article-là, on vous répondra. On
n'est pas rendus là. On est à l'article 3, pour votre
gouverne.
M. Claveau: Oui, oui. Tu as le droit à tes 20 minutes et
prends-les donc.
M, Morin: Non, non, ce n'est pas ça. C'est parce que je
pensais que vu que moi, c'est l'aspect de la conservation et, disons, la source
de conflit...
Mme Bacon: C'est ça. Vous reviendrez pour ça.
M. Morin: ...avec le MLCP, c'est à ce moment-ci que je
croyais opportun de poser la question et pourquoi on n'a pas inscrit quelque
part... Même si je comprends que l'article peut être situé
dans le projet de loi un peu plus loin, ça, j'en conviens...
Mme Bacon: C'est ça.
M. Morin: ...mais comme moi, ma préoccupation est
liée vraiment à l'autre ministère et on sait fort bien
qu'entre le MLCP et Énergie et Ressources; hein, ça mérite
d'être questionné un petit peu. Ça n'a pas toujours
été l'harmonie entre les deux. On...
Mme Bacon: C'est tout à fait contraire à ce que
vous dites. On signe des ententes entre le
MLCP et le MER comme on n'en a jamais signées.
M. Morin: Oui, mais...
Mme Bacon: Bon.
M. Morin: ...c'a l'air que les ententes, on...
Mme Bacon: Quand vous serez rendus là, on en
discutera.
M. Morin: Oui, ne me parlez pas des ententes parce que vous ne
les rendez pas publiques. Alors, c'a l'air que ce n'est pas si...
Mme Bacon: Ils sont très bien, ils vont très bien,
à part ça.
M. Morin: Oui, sauf qu'on ne peut pas se permettre d'en juger.
Vous ne les rendez pas publiques.
Mme Bacon: Vous trouverez bien le moyen
de les avoir.
M. Morin: Vous pensez? Oui.
Le Président (M. St-Roch): Alors, est-ce qu'il y a
d'autres interventions à l'article 3? Est-ce que l'article 3... Alors,
est-ce que l'article 3 est adopté?
M. Claveau: Sur division, M. le Président. Mme Bacon:
Adopté.
Le Président (M. St-Roch): Alors, l'article 3 est
adopté sur division. J'appelle maintenant l'article 4.
Mme Bacon: A l'article 4, M. le Président, le texte qui
est proposé, l'intitulé de la section III du chapitre IV de cette
loi, est modifié par l'addition, à la fin, des mots "et mesures
de réaménagement et de restauration", puisque la loi actuelle
prévoit, aux articles 231 et 232, diverses mesures pour assurer la
protection et la sécurité d'un site minier, lors d'une cessation
temporaire ou définitive des activités minières.
L'amendement proposé ajoute de nouvelles dispositions en vue de garantir
le réaménagement et la restauration du site de certaines
activités minières qui seront prescrites par règlement, et
c'est la raison pour laquelle le titre de cette section est modifié.
Le Président (M. St-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions?
M. Claveau: On pourrait faire une longue dissertation, M. le
Président, sur la pertinence de changer le titre de la section III, mais
enfin, disons qu'on va faire confiance aux volontés de la ministre
là-dessus et puis...
Le Président (M. St-Roch): Je vous remercie.
M. Claveau: ...on se contentera de voter pour la
modification.
Le Président (M. St-Roch): Alors, l'article 4 est
adopté. J'appelle maintenant l'article 5. (10 heures)
Mesures de sécurité
additionnelles
Mme Bacon: L'article 232 de cette loi est modifié par
l'addition, à la fin du premier alinéa, de ce qui suit: "et,
lorsque le terrain qui fait l'objet du droit ou des travaux d'exploitation est
situé dans un territoire délimité, par arrêté
ministériel, à des fins non exclusives de
récréation, de tourisme ou de conservation de la flore ou de la
faune, aux mesures de sécurité additionnelles que peut
déterminer le ministre."
L'article 304 de la loi va nous permettre de délimiter des
territoires à des fins non exclusives de recréation, de tourisme,
de conservation de la flore ou de la faune. L'article 32, cinquième
alinéa de la loi, prévoit que l'autorisation du ministre sera
nécessaire pour jalonner de tels territoires. Et l'article 213.2
permettra au ministre d'imposer à un titulaire de droit minier sur un
tel territoire, des conditions particulières lors de la conclusion ou du
renouvellement du droit minier.
Le présent article précise que, pour les territoires
déterminés, sur l'article 304 de la loi, le ministre pourra
imposer au titulaire de droit minier des mesures de sécurité plus
sévères que celles prévues par règlement pour les
autres territoires. Par exemple, le ministre pourrait exiger qu'un gardien soit
présent en tout temps sur la propriété, lorsqu'il existe
un danger potentiel pour les autres usagers du territoire. Il pourra
également exiger que le site soit clôturé.
Le Président (M. St-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'article 5?
M. Claveau: II va sûrement y en avoir, M. le
Président. Avec un peu de patience...
Le Président (M. St-Roch): M. le député
d'Ungava, est-ce qu'il y a des interventions?
M. Claveau: C'est qu'on était en train de regarder comment
ça va être déterminé tout ça. Écoutez,
lorsque le terrain qui fait l'objet du droit de travaux d'exploitation est
situé sur un territoire délimité par arrêté
ministériel - ce qu'on disait tout à l'heure - il y a des mesures
de sécurité additionnelles. On pariait de gardiennage et je ne
sais pas trop.
Mais est-ce qu'on va retrouver quelque part une liste très
précise qui va faire en sorte que l'on puisse savoir comment ça
va être délimité, ces affaires-là, comment ça
va se faire le choix de ces mesures de sécurité additionnelles
là? Est-ce que c'est la CSST qui va pouvoir intervenir là-dedans,
dans les contrôles? J'essaie de comprendre. Normalement quand on parle de
sécurité, on parle de la CSST, question de travail. On parie
aussi du ministère de l'Environnement, pour la sécurité
dans les questions environnementales. Alors, j'essaie de comprendre. Comment la
ministre va déterminer quelles sont les mesures de
sécurité additionnelles qui seront rendues nécessaires
au-delà de la bonne volonté?
M. Lebuis: Jacques Lebuis, ministère de l'Énergie
et Ressources. En fait, les conditions qu'on viendrait ajouter s'ajoutent
à celles qui sont déjà prévues en règlement.
Alors, déjà l'article 232 de la loi actuelle dit: "Le titulaire
de droit minier ou l'exploitant qui a cessé temporairement ou
définitivement ses activités minières doit se conformer
aux mesures de
sécurité prescrites par règlement."
Alors, ce qu'on vient faire ici, c'est ajouter par-dessus ça.
C'est justement pour reconnaître la spécificité des
territoires qui ont des vocations non exclusives de récréation et
ainsi de suite.
M. Claveau: Est-ce que ces règlements-là et ces
conditions supplémentaires vont être décidés
uniquement par le ministère de l'Énergie et des Ressources ou
s'il y a une obligation de consultation avec les autres ministères
intéressés? Parce que je suppose, par exemple, qu'effectivement,
s'il y a des activités touristiques ou des activités
récréologiques sur le même territoire, il est
évident qu'il risque d'y avoir plus de sécurité ou plus de
contrôle des gens qui passent par là, pour empêcher les
curieux de venir trop proche. Je comprends qu'il y a des mesures de
sécurité additionnelles qui doivent être mises en place.
Mais est-ce que ces mesures-là vont être discutées, vont se
faire en correspondance avec les besoins des autres utilisateurs?
M. Giroux: Jean Giroux, directeur des affaires juridiques au
ministère. La réponse courte, c'est oui; la réponse un peu
plus longue, c'est oui parce qu'il y aura les mêmes consultations. Le
règlement va suivre les mêmes étapes que tout autre
règlement par les différents comités ministériels.
Vous êtes au courant comment ça fonctionne, l'objectif final
étant de voir approuver un règlement. Il est
préférable d'en parler avant avec les autres ministères
qui risquent d'être affectés que de se faire dire, à une
réunion d'un des comités ministériels, que ça ne
fait pas l'affaire de quelqu'un. Dans ce sens-là, il va y avoir
consultation. C'est nécessaire si on veut être efficaces dans
notre action.
M. Claveau: Les coûts de ça vont être
chargés à l'exploitant minier et si l'exploitant minier trouve
que les coûts sont énormes, que c'est exorbitant, puis que - je ne
sais pas, moi... parce qu'on sait ce que c'est actuellement... Mettons qu'il
faut faire une voie de contourne-ment, par exemple, pour avoir accès
à une rivière parce qu'il y a une crique à truite
intéressante l'autre bord ou il y a une fosse naturelle où les
gens peuvent aller se baigner, et c'est prévu comme ça dans le
plan de zonage ou dans l'utilisation du site. Mais là, on décide
de faire de l'exploration minière et il n'y a plus d'accès, on
devra faire une voie de contourne-ment qui soit très sécuritaire,
où il n'y a pas de danger de glisser. Il y a des petits gardes et tout
ce que vous voulez qui pourraient coûter 200 000 $. La compagnie dit:
C'est bien de valeur, mais ta voie de contournement, tu passeras à
travers les épinettes parce que moi, je ne la fais pas. Va-t-il y avoir
un moyen de forcer l'utilisateur à remplir ces conditions-là?
M. Lebuis: Le ministre peut imposer des moyens selon son bon
jugement et je dirai aussi que toute la souplesse qui est
réservée à cette disposition-là vise à
composer avec des éléments qui ne sont pas encore connus
aujourd'hui. Alors, c'est sur un site récréatif. Il y a des
aménagements très spécifiques qui vont être faits
dans le futur, mais on ne peut pas réglementer maintenant
là-dessus. C'est certain qu'il va y avoir des obligations
monétaires supplémentaires pour ceux qui vont vouloir exploiter
dans ces territoires-là. L'exploitant minier et même le
prospecteur sont avisés, dès le départ, qu'il va y avoir
des conditions particulières parce qu'on donne une autorisation
conditionnelle au respect de certaines conditions.
Alors, c'est tout ça qui est la philosophie. Les gens vont savoir
que s'ils vont sur ces territoires, il y a des conditions spéciales qui
les attendent.
M. Claveau: O.K. Dans le...
M. Lebuis: II y a même, dans certains cas - on a
pensé à ça au ministère - il pourrait
peut-être y avoir des mines qui cessent leurs opérations parce que
le gisement est épuisé. C'est dans un site à vocation
mixte et le site de cette mine-là peut devenir une attraction
touristique. Vous savez très bien qu'en Abitibi, par exemple, il y a des
mines abandonnées qui peuvent devenir des attractions touristiques,
à la condition que ce soit bien aménagé. Alors, cette
disposition permet toutes ces souplesses-là.
M. Claveau: Oui, mais sauf qu'à date, par exemple, si je
prends les exemples que je connais, quand une compagnie minière
décide de s'installer dans un secteur et de commencer à faire la
mise en exploitation sur des propriétés, eh bien, on
clôture et il n'y a plus personne qui passe là. C'est aussi clair
que ça. Sauf que s'il arrive que le site à clôturer est un
site qui est reconnu par le ministère comme étant un site
potentiellement intéressant et à utilisation multiple, comme vous
dites, et que ça demande des aménagements supplémentaires
de la part de la compagnie minière, j'essaie de voir comment on va
l'obliger à faire ces aménagements.
M. Giroux: Si vous me permettez, juste pour fins d'exemple, M. le
député, la présence de l'ex-ministre
délégué aux Mines m'a inspiré là-dessus.
À un moment donné, au ministère, vous êtes au
courant du cas de la mine Eldorado, il avait été jugé par
le ministère que les installations étaient dangereuses et on a
utilisé le pouvoir analogue à celui qui va être
donné au ministre en vertu de l'article 232 ici, un pouvoir analogue,
que vous trouvez à l'article 231, pour ordonner à la compagnie de
clôturer certains espaces sur son site minier parce que c'était
à proximité des écoles, c'était facilement
accessible pour les
enfants et tout ça. C'est ce qu'on a fait l'an passé,
à fa même époque à peu près. La compagnie
s'est conformée à ça et, par après, pour la portion
de l'exercice de ses activités dont elle pouvait être redevable
face au ministère de l'Environnement... Vous êtes parfaitement au
courant qu'il y a un litige présentement qui oppose la compagnie au
ministère de l'Environnement, de sorte que quand la ministre ou le
ministre responsable aura à appliquer ces lois-là, il les
utilisera avec discernement.
Quant à Eldorado, le ministre était convaincu qu'il y
avait danger pour la sécurité publique et il s'est prévalu
des dispositions de l'article 231 pour mettre en demeure - des mises en demeure
qu'on a fait signifier à Winnipeg, d'ailleurs - la compagnie en question
de voir à clôturer. La clôture est là, si vous allez
voir. La clôture est là, non pas suite aux directives - ce ne
serait pas le bon mot - mais suite aux informations, à la collaboration
du ministère de l'Environnement et du ministère de
l'Énergie et des Ressources. Des gens de l'Environnement nous ont
indiqué à quels endroits il était nécessaire de
clôturer. C'est avec leur collaboration... ils nous ont
préparé des plans... C'est ce qu'on a fait signifier à la
compagnie et la clôture est là aujourd'hui.
Donc, avec l'article en question, là, on ne peut pas tout
prévoir. C'est parce qu'on ne peut pas tout prévoir qu'il faut
formuler comme ça. Il va arriver des cas où la
sécurité publique va commander qu'une action soit faite et c'est
parce qu'on a des textes de loi comme les articles 231 et 232 qu'on peut le
faire.
M. Claveau: Là, j'essaie de comprendre. À l'article
232, vous modifiez le premier alinéa en ajoutant certaines obligations
de sécurité additionnelle, mais dans le dernier alinéa, on
dit que le premier alinéa ne s'applique pas dans le cas d'une
grève, d'un lock-out, de cessation de l'exploitation souterraine d'une
mine pour une période inférieure à six mois ou pour une
période plus longue, lorsque la mine est sous la surveillance d'un
gardien qui effectue une inspection hebdomadaire des ouvrages souterrains.
Ça ne donne pas, ça, une grosse garantie par rapport à ce
qu'on veut faire comme sécurité additionnelle, là, dans le
cas d'une zone à utilisation multiple.
M. Giroux: C'est précisément ce que je tente de
vous expliquer. C'est que si les normes prévues par règlement,
prescrites par règlement, tel que le stipule l'article 232...
M. Claveau: Oui.
M. Giroux: ...si, par exemple, l'avis de la ministre
n'était pas suffisant, la ministre pourrait se prévaloir de
l'article 231.
M. Claveau: Oui, mais, ça, c'est toujours en regard de la
discrétion ministérielle. Je veux bien croire que ce n'est pas
nécessairement mauvais, là. On ne considère pas, par
là, que le ministre n'a pas un bon raisonnement, sauf que ça
reste de la discrétion ministérielle.
M. Giroux: Mais ça en prend quelque part, à mon
avis, là, parce qu'autant on essaie d'avoir prévu tout ce qu'on
peut prévoir dans un texte de loi, dans un texte réglementaire,
vous savez très bien qu'il y a toujours des cas particuliers, à
un moment donné, qui n'entrent pas parfaitement dans une petite case,
là, avec laquelle il faut agir.
Dans le contexte actuel de contestation, les gens sont plus
sensibilisés. C'est leur droit, sauf que c'est aussi le droit de la
population d'être protégée. Quand vient le temps d'utiliser
l'article 231, c'est parce que le ministre ou la ministre, à ce
moment-là, évalue au meilleur de son jugement - il faut
présumer de ça - qu'il y a un danger et qu'il y a lieu de poser
un geste. L'article 231 est là pour ça. Je ne me substitue pas au
ministre, là, mais je pense que vous pouvez comprendre qu'il n'y a pas
des demandes...
M. Claveau: Mais vous êtes quasiment obligé. (10 h
15)
M. Giroux: ...à l'article 231, à tous les jours. Il
n'y en a pas, des demandes à l'article 231, à tous les jours,
là. De mémoire, je pense que c'est arrivé deux fois.
M. Claveau: Bien, c'est à souhaiter qu'il n'y en ait pas
tous les jours. On n'aurait pas de mines longtemps, avec le peu de mines qu'il
nous reste encore ouvertes. En dedans d'un mois, on aurait fini.
Écoutez, vous nous avez parlé, tout à l'heure, de
règlements par rapport à l'article 232. Est-ce qu'elle est
disponible, cette réglementation-là?
Une voix: Donnez donc le titre du règlement.
M. Lebuis: Le règlement qui a paru dans la Gazette
officielle du Québec II y a un chapitre 10 qui s'appelle "Mesures de
sécurité lors de la cessation d'activités
minières". Alors, il y a une dizaine d'articles - l'article 86 et
l'article 95 - qui concernent ces dispositions-là. Alors, je peux vous
lire un article ici et, vous allez voir que c'est extrêmement
précis.
Une voix: ..le titre.
M. Lebuis: Le titre du règlement?
Une voix: Oui.
M. Lebuis: Règlement sur les substances mi-
nérales autres que le pétrole, le gaz naturel et la
saumure, qui découle de la Loi sur les mines, 1987, chapitre 64, article
306, paragraphes 1 à 3° et ainsi de suite. Alors, le titre du
règlement: Règlement sur les substances minérales autres
que le pétrole, le gaz naturel et la saumure.
M. Claveau: Là, vous voulez me donner un exemple. J'ai une
mine qui ferme chez nous. Des fois, il pourrait y avoir des gars
intéressés.
M. Lebuis: La parution du règlement, c'est en avril
1988.
M. Claveau: Je sais que la ministre n'aime pas quand je parle de
perte de jobs, mais on n'a pas eu de contrat à partage de risques, nous
autres. On a été obligé de fermer. Allez-y.
M. Lebuis: Alors, j'allais vous lire une disposition du
règlement, à l'article 88. "Les dalles de béton
armé doivent avoir une épaisseur minimale de 150
millimètres lorsque le béton utilisé dans leur fabrication
a une résistance d'au moins 30 mégapascal et que l'orifice a une
largeur de 1,5 mètre ou moins." Alors, tu sais, c'est pas mal
précis, puis on viendra ajouter des éléments
supplémentaires pour tenir compte du contexte dans les espaces
récréotouristiques. Alors, ce serait bien difficile de
réglementer davantage en présumant quel type d'installation il y
aurait dans ces espaces-là, des installations
récréotouristiques ou de conservation. Alors, tout le
raisonnement qu'on a fait est derrière ça.
M. Claveau: Est-ce que...
M. Lebuis: II y a plusieurs autres règlements. Il y a 10
articles qui concernent ça. C'est tout aussi aride comme lecture que
celui que je viens de vous donner.
M. Claveau: C'est sûrement une lecture très
intéressante.
M. Lebuis: Ce que je voulais dire aussi tantôt, quand on
parle de mines qui pourraient être réaménagées sur
le plan touristique dans la région de la Gaspésie, mine
Gaspé...
M. Claveau: Oui.
M. Lebuis: II y a une galerie qui a été
réaménagée pour montrer au public qui passe par là
comment ça se passe dans une mine, et c'est quelque chose de très
intéressant parce que M. Tout-le-Monde peut voir enfin comment ça
se passe dans une mine souterraine et, en même temps, ça explique
aux gens la dynamique de notre industrie. Ça explique aux gens que
miner, ce n'est pas plus mystérieux que ça. Alors, dans ce
sens-là, c'est des démarches très positives qui expliquent
le monde minier à l'ensemble de la population.
Le Président (M. St-Roch): M. le député de
Dubuc.
M. Morin: M. le Président, Je voudrais attirer l'attention
de la ministre, non pas sur le fond, mais plus sur la formulation de
l'amendement. Bon, évidemment, le texte actuel de la loi parle de
mesures de sécurité prescrites par règlement et
l'amendement veut que lorsqu'il s'agit de cas particuliers reliés
à la récréation, au tourisme, à ce
moment-là, le terrain doit se conformer aux mesures de
sécurité additionnelles. Est-ce correct?
Mais si vous en faites la lecture attentivement, vous comprendrez que
c'est d'une difficulté incroyable à lire. C'est pour ça
que je ne sais pas s'il n'y aurait pas lieu d'ajouter un paragraphe, parce
qu'à part l'article 232, si vous allez voir... je vais en faire lecture
tout haut: 232. Mesures de sécurité prescrites par
règlement - et là on continue - et lorsque le terrain qui fait
l'objet du droit ou des travaux d'exploitation est situé sur un
territoire délimité par arrêté ministériel
à des fins exclusives de récréation, de tourisme, de
conservation et de flore ou de faune, aux mesures de sécurité
additionnelles que peut déterminer le ministre.
Vous comprendrez que là, si on avait ajouté
peut-être: "se doit dans ce cas-là aussi de se conformer",
rajouter un verbe là, ou, à tout le moins, parce que ça
fait très très ardu pour fins de compréhension, si vous le
relisez complètement. Enfin, c'est uniquement pour une question de... Ce
n'est pas sur le fond, mais certainement si vous le lisez, pour le rendre plus
clair. Si on avait ajouté un autre paragraphe où on aurait
repris, dans les cas suivants où, évidemment, le terrain est
soumis à l'aspect flore que, dans ce cas-là, il doit être
assujetti à des mesures de sécurité additionnelles,
ça aurait été beaucoup plus clair. Mais c'est uniquement
pour attirer votre attention. Je sais que ce n'est pas sur le fond.
Le Président (M. St-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions? Est-ce qu'il y a d'autres interventions à l'article
5?
M. Morin: M. le Président, j'aimerais quand même...
Je pense qu'on pose une question.
J'aimerais avoir au moins une réaction de la ministre qui,
malgré mon observation, me dit que, malgré ce que je dis, elle
considère le texte suffisamment clair.
M. Giroux: Si vous me permettez, dans sa rédaction, vous
aurez vu qu'il y a deux virgules. Vous allez dire encore que c'est des
histoires d'avocasserie, mais les virgules sont importantes. Il y a "et," et
là, vous avez tout le qualificatif ou la mise en situation qui est
"lorsque", etc., de
sorte que si vous lisez en disant: Doit se conformer aux mesures de
sécurité prescrites par règlement et aux mesures de
sécurité additionnelles que peut déterminer le ministre,
c'est très compréhensible. Tout ce qui est entre virgules fait
simplement expliquer dans quelles conditions il devra se conformer aux mesures
de sécurité additionnelles que peut déterminer le
ministre. Je ne pense pas que ça prête mieux à des
difficultés d'interprétation par les tribunaux. Ça me
surprendrait énormément.
M. Morin: Oui, parce que...
M. Giroux: Pas plus par les tribunaux que par les citoyens.
M. Morin: Oui, mais, M. le Président, vous conviendrez
avec moi que lorsqu'on écrit un texte, ce n'est pas uniquement en
fonction de sa satisfaction purement littéraire. La première
préoccupation, c'est de s'assurer que celui ou celle qui va le lire va
être en mesure de le comprendre.
M. Giroux: C'est pour ça que j'ai précisé
"par les citoyens".
M. Morin: Sauf que là-dessus...
Le Président (M. St-Roch): M. le député
d'Ungava, vous avez encore du temps.
M. Claveau: Oui? Parce que dans la même ligne de
pensée, voyez-vous, sans changer un seul mot, écoutez, je vais
vous le lire autrement: Le titulaire du droit minier ou l'exploitant qui a
cessé temporairement ou définitivement ses activités
minières doit se conformer aux mesures de sécurité
prescrites par règlement et aux mesures de sécurité
additionnelles que peut déterminer le ministre, lorsque le terrain qui
fait l'objet du droit de travaux d'exploitation est situé sur un
territoire délimité par...
Si vous modifiez, vous faites juste inverser, au lieu de faire une
insertion entre virgules entre les deux qualificatifs. Vous envoyez les
explications après, puis vous ramenez les deux conditions, le "et" et
"aux mesures de sécurité additionnelles" tout de suite
après "prescrites par règlement". Là, tout le monde
comprend. Il n'y a personne qui a besoin de faire d'entourloupettes.
M. Giroux: Non. Je pense que les deux textes disent la même
chose.
M. Claveau: Je n'ai pas changé un mot. J'ai juste
changé l'insertion de place pour permettre de pouvoir avoir une
continuité dans la pensée.
M. Giroux: Alors, je dirais...
M. Claveau: ...parce que vous savez que le problème, c'est
que, quand vous faites une insertion semblable entre deux virgules...
M. Giroux: Mais ce que vous me confirmez, c'est...
M. Claveau: ...si c'est une insertion de trois mots, il n'y a pas
de problème, mais si c'est une insertion de trois paragraphes, elle
devient compliquée. Là, on a déjà quatre lignes et
ça commence à être compliqué.
M. Giroux: Non, mais là, ce que vous me confirmez, c'est
qu'après l'avoir lu comme il le faut, si vous avez réussi
à pouvoir saisir la substance de l'article pour le reformuler comme vous
l'avez fait puis en arriver à la conclusion que, finalement,
c'était la même chose, c'est que vous avez compris le sens de
l'article, puis c'était l'objectif.
M. Claveau: C'était l'objectif? Une voix: Oui.
M. Claveau: Ça, ça me fait penser un petit peu
à ce qu'on disait, hier, par rapport à un autre article où
on disait que. Nous, on le comprenait d'une façon puis les autres le
comprenaient dune autre façon. C'est la preuve que si, au départ,
il n'y a personne qui le comprend de la même façon, il y a une
ambiguïté quelque part.
M. Giroux: Mais ici, il me semble évident qu'on l'a
compris de la même façon. C'est comme deux équipes de
hockey. On fait juste se demander si on devrait mettre les gilets du club
visiteur ou les gilets du club à la maison. C'est la même chose;
c'est la même équipe.
M. Claveau: Mais on s'entend pour toujours mettre les mêmes
gilets à la même place. Comme ça, on a le réflexe
qui se développe.
Le Président (M. St-Roch): Alors, vu qu'il y a consensus,
est-ce que l'article 5 est adopté?
Une voix: Adopté.
M. Claveau: II y a un élément encore important
là-dedans qui touche le ministère de l'Environnement. C'est que,
hier, on nous a dit que le ministère de l'Environnement était
intéressé uniquement par les eaux. Je m'en souviens. On pourrait
revenir même aux galées, si jamais quelqu'un disait que je me
trompe. On me dit les affluents, sauf que, actuellement, le ministère de
l'Environnement, pour remplir pleinement sa mission, développe une
approche qu'il qualifie d'approche eau, air, sol. On va partout. Il faut
s'occuper de tout ce qui contamine l'environnement. Dans cette même ligne
de pensée là, il
développe un programme de gestion des rejets des déchets
industriels de toutes sortes et ça comprend, évidemment, tout ce
qu'il peut y avoir de rejets qui sont liés à une exploitation
minière et de résidus ou, enfin, de conséquences à
long terme de cette exploitation suite à une fermeture de mine,
d'où l'importance de savoir qui a priorité là-dedans.
Est-ce que le ministère de l'Environnement va se développer une
approche intégrée eau, air, sol avec un programme ou une
politique de gestion globale des déchets industriels, mais qui va rester
carrément théorique parce que chaque ministère va
développer ses petits règlements à lui qui vont avoir une
priorité là-dessus? Ou est-ce que le ministère de
l'Environnement va vraiment se développer, se donner une politique dite
eau, air, sol qui va faire en sorte de pouvoir... que le même
ministère de l'Environnement va avoir le pouvoir d'imposer cette
politique-là eau, air, sol à tous les autres ministères,
indépendamment de la situation financière des entreprises
concernées et sans trop de discrétion des ministres
concernés?
Alors, quand je vois un article semblable, je me demande, moi,
jusqu'à quel point on n'est pas en train de miner la
crédibilité du ministère de l'Environnement dans son
approche eau, air, sol dans la mesure où, comme ministère
sectoriel, on prend des décisions, par règlement ou d'autres
façons, qui peuvent être déterminées par la
ministre. À défaut, la ministre peut les faire exécuter,
etc. Bon, il y a plein d'éléments dans ces articles-là,
entre autres 231, 232 avec l'ajout qu'on fait là, qui me semblent
empiéter sur cette approche intégrée, une approche
globale, une vision globale de l'ensemble de la gestion des déchets
industriels, des rejets industriels ainsi que de l'approche de la lutte
antipollution eau, air, sol que le ministère de l'Environnement est en
train de mettre en place.
Est-ce que ça ne serait pas normalement le ministère de
l'Environnement qui, encore là, devrait avoir quelque chose à
dire d'une façon très sérieuse dans cette
façon-là de gérer les activités ou, enfin, de
gérer la continuité des effets nocifs sur l'environnement que
peut avoir l'activité minière?
M. Lebuis: Jacques Lebuis, ministère de l'Énergie
et des Ressources. On peut tenir le même raisonnement qu'on a tenu
tantôt avec la Loi sur les parcs. La Loi sur les réserves
écologiques, qui relève du ministère de l'Environnement,
n'est absolument pas touchée par ces dispositions-là et ça
va continuer à exister de la même façon.
M. Claveau: C'est que là, il commence à y avoir pas
mal de monde dans le décor et il va falloir qu'il y ait quelqu'un,
à un moment donné, qui ait la responsabilité ultime de
faire en sorte que ça s'applique ou ça ne s'applique pas.
D'ailleurs, pour revenir à l'analogie que vous nous faisiez tout
à l'heure entre l'environnement et la Loi sur les parcs, on a un
article, 232.12, un nouvel article, qui dit justement que la présente
loi n'a pas pour effet ni d'effectuer, ni de restreindre l'application de la
loi sur la qualité de l'environnement. Il me semble qu'on devrait avoir
prévu quelque chose de semblable pour la Loi sur les parcs, aussi.
M. Lebuis: Mme la ministre vous a expliqué que quand on
arrivera à l'article 232.12, on pourra en discuter plus largement.
M. Claveau: Moi, je veux bien, mais je n'ai pas besoin de la
permission de la ministre pour parler de ce dont j'ai envie de parler au moment
où je veux bien en parler. Le règlement de l'Assemblée
nationale me permet de pouvoir en parler quand j'en ai envie, mais... Et
j'espère que ce droit-là sera respecté par la ministre. Au
moins celui-là, sinon le droit d'avoir des réponses de sa part,
pour le moins le droit de pouvoir poser les questions que j'ai bien envie de
lui poser.
Alors, moi, en tout cas, je continue à prétendre que si on
veut vraiment avoir une action globale, une action, une vision d'ensemble de la
gestion de l'environnement, c'est vrai que les ministères sectoriels
auront et doivent avoir un peu de sens civique pour le moins, appliquer des
règlements et faire en sorte que les choses se fassent bien, avoir des
politiques les plus proches possible d'une saine gestion de l'environnement,
mais ce n'est pas suffisant. (10 h 30)
II faut que le ministère de l'Environnement puisse pouvoir
chapeauter tout ça, puisse avoir un droit de regard là-dessus,
sinon le ministère de l'Environnement devient une entité qui
permet au gouvernement de se donner une bonne gueule, de dire: Vous voyez,
nous, on est beaux, on est fins, on a une petite police verte, on a un
ministère de l'Environnement et on est à la fine pointe; on a une
approche eau, air, sol magnifique. Mais une fois que c'est déjà
dit, alors, tu te revires de bord et... Dans le fond, quand je dis ça,
M. le Président, j'ai quasiment envie de rire parce que ça me
fait penser aux gens d'Audubon.
La société Audubon, qui vient nous faire la remarque. Ils
ne sont pas mieux que nous autres, ils ne sont pas mieux que le
ministère de l'Environnement et que la ministre là-dessus quand
ils viennent nous faire la morale sur ce que devrait être la Baie James
et comment on devrait gérer le territoire du Québec. Vous savez
qu'Au-dubon était un eminent dessinateur d'oiseaux pour le moins, qui
vient de St. Francisville, en Louisiane. Or, si vous avez eu l'occasion d'aller
sur le site où a vécu M. Audubon et de voir de quelle
façon on traite le Mississipi en Louisiane; vous vous imaginez que vous
êtes dans le plus
grand dépotoir à ciel ouvert au monde. Alors, moi, ce que
je leur dis à ces gens-là: Commencez donc par aller nettoyer le
coin de votre fondateur, de votre père spirituel et après
ça, vous ne pourrez plus nous donner des leçons chez nous.
Mais j'ai l'impression que le ministère de l'Environnement joue
à peu près le même rôle que la société
Audubon. C'est que, finalement, il donne une bonne figure, il donne une bonne
gueule à l'ensemble de la société québécoise
comme la société Audubon et ça donne une bonne gueule
à l'ensemble de la société améri caine, sauf qu'il
n'est pas capable de nettoyer son jardin et il n'a pas d'emprise nulle part. On
se rend compte qu'il y a plein de petits règlements qui arrivent ici et
là, dans tous les ministères. On en voit apparaître tous
les jours qui, tout en étant pleins de bonnes intentions et tout en
dénotant éventuellement des intentions louables de la part des
ministres qui amènent ces amendements-là ou ces petits
règlements-là à l'intérieur des lois, n'en
demeurent pas moins des règlements qui minent la
crédibilité globale du ministère de l'Environnement quant
à l'application d'une politique générale de gestion des
eaux, de la terre et des airs.
On se demande finalement comment la jonction entre ces différents
règlements-là, ces différents régimes-là, va
finir par se faire. C'est là que je trouve que la situation est
problémat! que. C'est: Qui a la responsabilité ultime et comment
va-t-on finir par faire la jonction entre tous ces petits
règlements-là, que chaque secteur se donne pour faire en sorte de
se donner une bonne gueule et montrer que je suis le ministre le plus vert et
le plus environnemental qui soit? D'ailleurs, j'en profite pour...
Des voix:...
M. Claveau: Pardon, M. le Président, ai-je fini...
Le Président (M. St-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Bien oui, j'aimerais aussi... Le député
de Saint-Maurice, adjoint parlementaire de la ministre, d'ailleurs, qui semble
plus loquace que la ministre dans les réponses ou dans les
possibilités de répondre aux questions, en tant que son adjoint
parlementaire au niveau de l'Énergie et des Ressources, peut-être
bien qu'il pourrait prendre la parole à l'occasion. Mais je souhaiterais
qu'il demande la parole, ce qui est la façon...
Le Président (M. St-Roch): M. le député
d'Ungava, j'ai rappelé les membres à l'ordre. S'il vous
plaît, M. le député de Saint-Maurice. J'ai
rappelé... M. le député de Saint-Maurice, la parole est
maintenant au député d'Ungava, en vous rappelant, M. le
député d'Ungava, qu'il vous reste moins d'une minute.
M. Claveau: Est-ce que... peut-être que le
député de Saint-Maurice pourra me répondre: Comment la
jonction va-t-elle se faire entre cette réglementation-là du
ministère de l'Énergie et des Ressources et la nouvelle
réglementation du ministère de l'Environnement dans son approche
intégrée eau, air, sol? Qui va avoir le dernier mot? Comment la
jonction va-t-elle se faire?
M. Lemire: C'est très bien expliqué dans le
règlement, M. le député d'Ungava...
Le Président (M. St-Roch): À l'ordre, s il vous
plaît!
M. Lemire: Je trouve qu'avec toutes les revendications que vous
avez faites, depuis des années, pour que le ministère de
l'Énergie et des Ressources et le ministère de l'Environnement
protègent vos territoires sur les résidus miniers, je trouve
ça inacceptable de la façon dont vous discutez de ce projet de
loi. On a l'impression que vous êtes contre...
M. Claveau: Monsieur...
M. Lemire: ...la vision que nous avons de faire en sorte d'aller
protéger vos territoires
M. Claveau: Ha, ha, ha! M. le Président...
Le Président (M. St-Roch): M. le député
d'Ungava, je regrette, mais il ne vous reste plus de...
M. Claveau: ...M. le député est encore
carrément dans les patates. Il n'a rien compris aux questions de
règlement et il m'accuse, M. le Président, de ne rien comprendre
dans la gestion des parcs à résidus..
Le Président (M. St-Roch): Alors, M le
député d'Ungava, je m'excuse. M. le député ce n'est
pas une question de règlement. À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Claveau: ...miniers et ici, on est dans les territoires
à utilisation non exclusive.
Le Président (M. St-Roch): Alors, votre temps est
maintenant écoulé à l'article 5 Est-ce qu'il y d'autres
interventions à l'article 5?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. St-Roch): Est-ce que l'article 5 est
adopté?
Une voix: Adopté.
M. Claveau: ...de se consulter, on nous fait voter sur quelque
chose. Ça va. Ça va.
Le Président (M. St-Roch): Alors, l'article 5 est
adopté?
M. Claveau: Adopté.
Le Président (M. St-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 6.
Réaménagement et restauration du
terrain
Mme Bacon: Alors, à l'article 6, M. le Président,
il y a une insertion après l'article 232. L'article 232.1 qui se lit
comme suit: "Doivent, conformément au plan approuvé par le
ministre, effectuer les travaux de réaménagement et de
restauration du terrain: "1° le titulaire de droit minier qui effectue des
travaux d'exploration déterminés par règlement ou qui
consent à ce que de tels travaux soient effectués sur le terrain
faisant l'objet de son droit minier; "2° l'exploitant qui effectue des
travaux d'exploitation déterminés par règlement à
l'égard des substances minérales énumérées
par règlement; "3° la personne qui dirige une usine de concentration
à l'égard de ces substances; "4° la personne qui effectue des
travaux d'exploitation déterminés par règlement à
l'égard de résidus miniers. "Cette obligation subsiste tant et
aussi longtemps que les travaux n'ont pas été effectués ou
que le ministre n'a pas délivré le certificat prévu
à l'article 232.10."
Alors, les travaux d'exploration et d'exploitation assujettis à
cette obligation seront définis par règlement. Et à
l'heure actuelle, il est prévu d'harmoniser les travaux assujettis aux
travaux touchés par la directive 0.19 du MENVIQ. Cette question a fait
l'objet de nombreuses discussions entre les fonctionnaires du MENVIQ et ceux du
ministre de l'Énergie et des Ressources. Dans l'ensemble, il fut convenu
de respecter le champ de la directive 0.19. Le plan de
réaménagement visé par le projet de loi 130 concerne
davantage le réaménagement en vue de l'éventuelle
fermeture d'une mine. Cette restauration s'inscrit dans la lignée
logique de l'activité minière qui suppose l'exploration,
l'exploitation et la fermeture de la mine. La directive 0.19 du MENVIQ
s'attarde principalement sur la question de la qualité de l'effluent
rejeté dans l'environnement, suite à des activités
minières.
Il faut également préciser que notre projet de loi est
plus exigeant que la directive 0.19 parce qu'il prévoit que ce plan de
réaménagement doit être soumis avant le début des
activités minières et qu'il exige le dépôt d'une
garantie financière. Pour l'exploitation, les mines de métaux et
d'amiante seraient les principales concernées puisque le MENVIQ, par la
Loi sur la qualité de l'environnement, couvre déjà le
secteur des carrières et sablières. Les usines de concentration
de minerais régionales ou à forfait seront touchées par
ces mesures. L'obligation d'effectuer les travaux de
réaménagement et de restauration persistera tant et aussi
longtemps que les travaux ne seront pas effectués ou que le ministre
n'aura pas délivré le certificat de libération
prévu à l'article 232.10.
Le Président (M. St-Roch): Alors, est-ce qu'il y a des
interventions à l'article 232.1?
M. Claveau: Je pense, à première vue, qu'on a
décrit pas mal tout ce qu'il y a de possibilités de types
d'intervention dans des terrains qui font l'objet de baux ou enfin
d'activités minières.
Dans le fond, on revient au débat de fond, là-dedans,
là où, éventuellement, on va avoir de la difficulté
à s'entendre. Ce n'est pas sur la description
nécessairement des genres d'utilisateurs de terrain qui devront faire de
la restauration et tout ça. Là-dessus, il n'y a pas de
problème. Mais là, on va nécessairement avoir un
problème, c'est quand on parle conformément aux plans
approuvés par le ministre. On ne peut faire autrement, si je ne m'abuse,
que de se référer aux plans de réaménagement et de
restauration qui sont faits en consultation avec le ministère de
l'Environnement, mais qui sont approuvés et dont la
responsabilité de l'application reste le ministère de
l'Énergie et des Ressources.
Or, nous, nous croyons définitivement que dans la
préparation et dans l'approbation des plans - faisons une
différence, vous savez - ce n'est pas nécessairement l'architecte
qui signe les plans d'un édifice à bureaux qui va faire le
clouage des clous et puis qui va contrôler, qui va poser les tuyaux. Moi
je veux bien que la ministre de l'Énergie et des Ressources soit
responsable de l'exécution du plan, au même titre qu'un
contracteur est responsable de l'exécution d'un plan d'édifice,
de la construction d'un édifice à partir des plans. Mais je
continue à croire que l'architecte doit être, dans le cas
présent, le ministère de l'Environnement, qui est celui qui doit
répondre de l'environnement au niveau du gouvernement. C'est lui qui est
responsable de ça.
On a chacun nos responsabilités là-dedans. Quand la
ministre, par exemple, ou quand la compagnie minière a besoin d'un droit
de coupe pour aller faire de l'exploration quelque part, et puis qu'on doit...
il faut qu'elle fasse de la coupe de bois, bien, ce n'est pas le
ministère des Mines qui lui donne sa coupe de bois. Il faut qu'elle
aille au ministère des Forêts, qu'elle aille voir ce qui se passe
et puis qu'elle réponde à des mécaniques ou à des
règlements qui correspondent aux modalités d'intervention en
milieu forestier, et puis qui sont faites non pas par le ministère de
l'Énergie et des Ressources ni des
Mines, mais faites par le secteur forêts ou par le nouveau
ministère des Forêts.
C'est la même chose partout. Quand une compagnie minière
doit intervenir dans un autre secteur, doit - je ne sais pas moi - aller
travailler sur une terre agricole, eh bien, il faut qu'elle respecte le zonage
agricole et puis il faut qu'elle respecte un certain nombre de choses.
Alors, pourquoi, quand il s'agit de l'environnement, elle ne devrait pas
avoir à répondre au ministère de l'Environnement? Moi, je
continue à dire que l'architecte responsable de la configuration
générale que devra prendre la loi, c'est le ministère de
l'Environnement. C'est lui qui a cette responsabilité-là. Ce qui
n'enlève pas la nécessité de la vision civique du ministre
de l'Énergie et des Ressources, quant à son rôle à
jouer par rapport à l'environnement, et ce qui n'enlève pas non
plus au ministère de l'Énergie et des Ressources son rôle
de contracteur, je dirais, d'entrepreneur général, qui aura
à réaliser le plan ou à faire en sorte que le plan mis en
place par l'architecte qui s'appelle ministère de l'Environnement soit
réalisé selon les normes, selon ce qu'on a prévu.
Mais je ne vois pas, je ne comprends pas pourquoi. Puis,
définitivement, quand je dis ça, je suis très
sérieux, je ne comprends pas pourquoi la ministre de l'Énergie et
des Ressources doit se substituer au ministère de l'Environnement comme
architecte de la structure de base, ou de la vision environnementale
là-dessus.
M. Giroux: Quand nous arriverons à l'article 232.5, quand
on sera là, vous verrez que le plan en question est soumis au ministre
de l'Environnement pour consultation.
M. Claveau: A 232.5?
M. Giroux: Quand on sera là. Et deuxièmement, pour
les préoccupations que vous aviez face a l'interface, ministère
des Forêts et ministère de l'Énergie et des Ressources,
pour l'instant, c'est le même service juridique qui offre les services
juridiques aux deux organisations. Alors, il ne devrait pas y avoir trop de
problèmes dans l'application des lois.
M. Claveau: Oui, mais ça reste encore là une
question conjoncturelle. Ça ne veut pas dire nécessairement que
ça resterait ça. Puis ça ne veut pas dire
nécessairement que parce que l'article 232.5 oblige la ministre de
l'Énergie et Ressources à approuver le plan après
consultation du ministre de l'Environnement, que ça va se faire. (10 h
45)
Vous savez, par exemple, à l'article 21 de la Loi sur les terres,
il est prévu que dans la mécanique d'affectation des terres, il y
aura consultation des différents organismes intéressés.
Or, dans le cas des revendications des Algon- quins du Lac-Barrière, par
rapport aux coupes de bois dans le parc de La Vérendrye... D'ailleurs,
on va sûrement avoir l'occasion d'y revenir, à un moment
donné, de quelle façon le processus prévu à
l'article 21 de la Loi sur les terres a été appliqué pour
faire en sorte que tous les intéressés, toutes les
activités, les ministères ou les organismes
intéressés par la gestion de ces terres-là aient
été consultés et que ce qu'ils ont dit a été
pris en considération, tel que le veut l'article 21 de la Loi sur les
terres du domaine public.
Vous savez, là, j'ai de grosses préoccupations par rapport
à ça. J'aimerais savoir de quelle façon ça a
été traité dans le cas précis de la réserve
du Lac-Barrière, dans le parc de La Vérendrye. Ce n'est pas
évident que l'on a pris en considération, d'abord, si
consultation il y a eu sur l'utilisation de ces terres-là, en vertu de
l'article 21, les obligations légales qui sont là, d'une part, et
si la consultation a eu lieu.
Est-ce que l'on a retenu les intérêts des consultés
dont le point de vue différait de celui du consultant? Ce n'est pas
évident non plus Du moins, ce n'est sûrement pas évident
dans le cas de l'application de l'article 21 de la Loi sur les terres du
domaine public concernant l'utilisation des terres et des forêts autour
de la réserve du Lac-Barrière, dans le parc de La
Vérendrye Alors, quand vous me dites ça, I article 232,5, oui, on
peut consulter le ministre de l'Environ nement, il n'y a rien qui me le dit et,
encore là, je pars à partir d'exemples de ce qu'on connaît
par rapport à ce qui se vit actuellement dans l'application d'autres
lois, comme on a eu l'occasion d'en parler hier. Des exemples semblables, on en
a autant comme autant. Il n'y a absolument rien qui peut m'assurer et me
permettre de dire, dans la façon dont on gère les lois
actuellement, dans l'application de certaines lois ou de certains articles de
loi et puis de ce qu'on voit sur le terrain, qui me donne une garantie
absolument inébranlable que c'est le ministre de l'Environnement qui va
avoir raison en bout de piste, dans l'application de l'article 232,5. La
ministre me dira: On n'est pas encore rendus là; on en parlera
tantôt, mais je n'ai aucune garantie de ça, moi. J'aimerais
savoir, par exemple, comment la ministre..
Juste un autre exemple, vous voyez, l'année passée, on a
eu une consultation sur ce qu'on voulait faire avec l'énergie au
Québec. Il y a à peu près 80 % des groupes qui se sont
présentés ici, dans cette salle, qui ont demandé une
consultation publique sur l'avenir énergétique du Québec.
Ils ont été consultés. Il y a à peu près 80
% des groupes qui l'ont demandée. Ce n'est pas seulement un ou deux,
là. Est-ce que la ministre y a donné suite? Est-ce que la
ministre a fait connaître son intention d'aller de l'avant avec une vaste
consultation publique sur l'avenir énergétique du Québec?
Non. Et pourtant, il y a des groupes consultés qui sont venus nous le
dire
ici, avec des mémoires à l'appui. Et pas un groupe de
temps en temps, à peu près 80 % des groupes. Les seuls qui
étaient contre, c'était ceux qui fournissent des
équipements et HydroQuébec. Tous les autres ont demandé
d'avoir une consultation publique sur où on s'en va dans le domaine
énergétique. Il y a eu consultation. Est-ce que les
consultés dont l'opinion différait de celle de l'opinion du
consultant ont été consultés? Non. Alors, l'article 232.5,
quant à moi, c'est à peu près de donner une tape sur
l'épaule au ministre de l'Environnement et do lui dire: Jo fie l'ai pas
oublié, mon "chum". Je penserai à toi de temps en temps. Ne t'en
fais pas, je ne t'ai pas oublié. C'est à peu près tout ce
que ça veut dire, l'article 232.5, en tout cas, dans la façon et
avec l'historique des dernières années, dans la façon dont
ça fonctionne. C'est ça que ça veut dire l'article
232.5.
Alors, c'est pour ça que quand j'arrive à l'article 232.1,
et que je me dis tout de suite, en partant dans la première ligne... On
dit: "Doivent, conformément au plan approuvé par le ministre,
effectuer des travaux de réaménagement et de restauration du
terrain", eh bien, je me vois quasiment dans l'obligation de demander un
amendement, un amendement qui se lirait comme suit, M. le Président:
L'article 232.1 du projet de loi 130 est modifié par l'ajout,
après le mot "ministre" dans le premier alinéa des mots suivants
"de l'Environnement". Et donc, ça se lirait comme suit: Doivent,
conformément au plan approuvé par le ministre de l'Environnement,
effectuer des travaux de réaménagement et de restauration du
terrain; 1° le titulaire du droit minier, etc.
Le Président (M. St-Roch): Alors, l'amendement est
recevable. Est-ce qu'il y a des interventions sur l'amendement proposé
par M. le député d'Ungava?
M. Claveau: Ah bien, juste une minute ou deux, M. le
Président, pour être bien clair. L'amendement... et je vois la
ministre qui va me répondre, qui va dire: Écoutez, M. le
député, ce qu'elle disait hier. Chaque ministère doit
prendre ses responsabilités et, dans le fond, tout le monde doit
s'occuper de l'environnement si on veut faire de l'environnement. J'en
conviens, je suis tout à fait d'accord avec ça. Je vous l'ai dit.
S'il n'y a personne qui ne jetait de canettes le long du chemin, on n'aurait
pas besoin d'avoir la police pour surveiller et mettre des poteaux, puis on
ferait des amendes parce que tout le monde garderait ses canettes de liqueur et
de bière dans sa voiture. Mais la question n'est pas là.
La question est de savoir qui, au gouvernement, a la
responsabilité ultime de l'application de toutes les normes
environnementales. Qui a cette responsabilité-là au niveau du
gouvernement? Est-ce le ministre de l'Énergie et des
Ressources? Est-ce le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche? Est-ce le ministre des Transports? Est-ce le ministre de la
Santé et des Services sociaux? Est-ce le ministre du Tourisme? Ou ne
serait-ce pas plutôt le ministre de l'Environnement?
Moi, en tout cas, à première vue, il me semble que
ça devrait être le ministre de l'Environnement qui a la
responsabilité ultime d'approuver toutes les interventions ou les
modalités de gestion de l'environnement, les interventions faites quant
à la restauration ou l'amélioration de la qualité
environnementale dans certains milieux, la restauration de certains milieux
hautement dégradés. Il me semble que les experts sont là,
les responsables sont là. Quand vous avez besoin d'un ingénieur
agronome, même si vous travaillez au ministère des Forêts,
vous allez voir un agronome si vous avez besoin d'un agronome. Quand vous avez
besoin d'un consultant en finances, vous avez beau travailler au
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, vous n'engagez
pas un récréologiste; vous engagez un consultant en finances.
C'est clair.
Alors, pourquoi, dans le domaine de l'environnement, quand on parle de
l'environnement dans le secteur minier, ce n'est pas un spécialiste en
environnement qu'on va engager, c'est un ingénieur minier ou un
technicien minier? Je ne comprends plus, là. Je ne comprends plus.
Est-ce que le rapport financier de Cambior est fait par un ingénieur
minier parce que c'est une compagnie minière? Non, j'ai l'impression
qu'ils doivent avoir deux ou trois comptables qui travaillent là-dessus.
Or, pourquoi, quand on parle d'environnement dans le domaine minier, il faut
que ça relève, il faut que ça soit fait
spécifiquement par un ingénieur minier?
C'est dit dans la loi, à part de ça. Ça a force de
loi. Ce n'est même pas un règlement. Le personnel engagé
là-dedans... Non, ce n'est pas dit dans la loi, pardon, c'est dit dans
les notes explicatives du ministre. J'en conviens. Pardon. J'ai fait une
légère bifurcation, un égarement passager, comme on dit,
mais je suis revenu très vite. Non, la ministre a beau dire ce qu'elle
voudra, j'ai hâte de l'entendre s'expliquer vraiment elle-même
là-dessus pour voir ce qu'elle a vraiment en dedans d'elle, quant
à l'application de ce projet de loi, parce que, jusqu'à
maintenant, en dehors de nous avoir lu quelques notes explicatives dans son
grand cahier à anneaux, on ne sait pas grand-chose de ce qu'elle pense
du projet de loi en tant qu'individu. Mais moi, je suis capable de l'expliquer,
ce que j'en pense, du projet de loi, et je n'ai pas besoin d'avoir 25 000
feuilles...
Mme Bacon: M. le Présidents.
M. Claveau: ...de notes.
Mme Bacon: ...s'il fallait que je dise ce que
je pense en ce moment du député d'Ungava, il aimerait
peut-être mieux ne pas l'entendre.
M. Claveau: M. le Président, vous comprendrez que mon
propos ne considère pas non plus ce que je pense de la ministre de
l'Énergie et des Ressources, mais comment je pense que son gouvernement
devrait appliquer des règlements dans la gestion...
Mme Bacon: T'as du temps. Il t'en reste encore.
M. Claveau: ...du ministère de l'Énergie et des
Ressources. Ce n'est pas pareil.
Le Président (M. St-Roch): M le député
d'Ungava, j'aimerais vous rappeler...
M. Claveau: Si Mme la ministre veut en faire un cas
particulier...
Le Président (M. St-Roch): Je m'excuse
M. Claveau: ...on va lui dire ce que je pense d'elle aussi.
Le Président (M. St-Roch): M le député
d'Ungava.
M. Claveau: Je peux le faire.
Le Président (M. St-Roch): M. le député
d'Ungava...
M. Claveau: Ça ne me dérange pas pantoute.
Le Président (M. St-Roch): nous en sommes
maintenant...
M. Claveau: On en n'est pas là
Le Président (M. St-Roch): à la discussion sur
l'amendement que vous avez apporté. Alors, j'aimerais que vos...
M. Claveau: Je n'ai jamais accusé Mme la ministre...
Le Président (M. St-Roch): ...propos, j'aimerais que vos
propos demeurent sur l'amendement.
M. Claveau: Oui, M. le Président. Mais dans mes propos, je
n'ai jamais accusé la ministre de l'Énergie et des Ressources de
façon personnelle. Je n'ai jamais rien dit qui puisse la froisser dans
sa personnalité et sur la façon dont je pense qu'elle gère
ses affaires.
Le Président (M. St-Roch): Votre point étant fait,
M. le député d'Ungava, j'aimerais que nous en venions à
l'amendement, s'il vous plaît.
M. Claveau: Alors, je demande que la ministre ait un minimum de
respect par rapport à ce que j'ai à faire comme travail et que si
elle veut m'attaquer sur mes idées, sur ce que je pense du
ministère et qu'elle n'est pas d'accord avec certaines façons de
faire, j'en conviens, c'est tout à fait son droit. Mais qu'elle
m'attaque dans ma personnalité, elle exagère. Je n'ai jamais
attaqué la ministre dans sa personnalité, dans ce qu'elle est et
je la respecte énormément en tant qu'individu, en tant que ce
qu'elle est comme personne
Maintenant, qu'on ait des divergences quant à la gestion du
ministère, ça, c'est possible Or, si la ministre n'est pas
d'accord avec certaines de mes idées, qu'elle le dise Je ne suis pas
d'accord avec les idées du député, mais qu «Ile ne
vienne pas me dire, par exemple, qu'elle pense que je suis en train de faire
une job de colon. Ça, c'est...
Mme Bacon: Je n'ai pas dit un mot.
M. Claveau: Elle a le droit de le penser, mais au moins, qu'elle
le garde pour elle.
Mme Bacon: Je n'ai pas dit un mot.
Le Président (M. St-Roch): Mais M le député
d'Ungava...
M. Claveau: Non, non, mais ce qu'elle m'a dit, c'est qu'elle
voulait savoir ce que je pense. Si le député veut savoir ce que
je pense de lui, je peux lui dire. J'aimerais bien savoir ce quelle pense de
mes idées quant à la gestion du ministère. Ça,
c'est une autre affaire; c'est ce qui regarde la commission ici. Ce qu'elle
pense de moi, elle pourra me le dire dans le corridor, si elle est capable de
le faire, mais on n'en dis cutera pas ici devant un micro
Mme Bacon: C'est surtout ce que je pense que vous êtes en
train de faire. Vous diminuez dans l'acceptation des gens les
députés. Vous êtes en train de diminuer l'image des
députés C'est ça que vous êtes en train de faire
Vous bafouez les règles parlementaires.
M. Claveau: M. le Président, si la ministre veut bien, je
lui sortirai les galées de ses interventions quand elle était
dans l'Opposition et qu'elle faisait perdre du temps à tout le monde, ce
qu'elle disait et qu'aujourd'hui, elle est contre.
Parlons du projet de loi sur l'Hydro-Québec, quand on parlait des
dividendes. À vous entendre parler, vous étiez contre dans le
temps et, aujourd'hui, vous êtes en train de saigner
HydroQuébec.
Le Président (M. St-Roch): M. le député de
d'Ungava...
M. Claveau: On peut vous en parler...
Le Président (M. St-Roch): M. le député
d'Ungava...
M. Claveau: Est-ce que l'actuel leader du gouvernement a
réellement haussé la cote du député quand il a
sorti ses histoires de scandale de films de cul à l'Assemblée
nationale? Allons-y. Parlons-en.
Le Président (M. St-Roch): M. le député
d'Ungava
M. Claveau: C'est de ça qu'ils veulent qu'on parle.
Le Président (M. St-Roch): M le député
d'Ungava.
M. Claveau: Je suis capable d'en parler. Ça ne me
gêne pas du tout.
Le Président (M. St-Roch): M. le député
d'Ungava, je vous rappelle à l'ordre, s'il vous plaît.
M. Claveau: Moi, je sais que je fais une job sérieuse
ici.
Le Président (M. St-Roch): M. le député
d'Ungava, j'aimerais qu'on...
M. Claveau: Non, qu'on m'attaque dans ma personnalité, M.
le député de Trois-Rivières, c'est inacceptable.
Une voix: À l'ordre, M. le Président.
Le Président (M. St-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît, M. le député de Saint-Maurice. M. le
député de Saint-Maurice, s'il vous plaît.
M. Lemire: ...le député de Saint-Maurice.
Trompez-vous pas, M. le député d'Ungava.
Le Président (M. St-Roch): À l'ordre, M. le
député de Saint-Maurice. M. le député d'Ungava et
messieurs et mesdames de la Commission, j'aimerais que nous revenions à
l'esprit et à la lettre du projet de loi 130. Nous sommes maintenant
à débattre l'amendement que vous avez proposé, M. le
député d'Ungava. Je suis prêt à vous
reconnaître pour poursuivre vos interventions, mais à l'amendement
apporté à l'article 232.1.
M. Claveau: Oui, M. le Président. C'est très clair
et très compréhensible, ce que j'ai à dire, monsieur. Si
la ministre ne veut pas m'écouter, qu'elle ne m'écoute pas. Mais
au moins, il y en a d'autres qui vont m'écouter, qui savent très
bien de quoi je veux parler et qui sont loin de prendre mes propos au ridicule
ou d'essayer de me diminuer. Vous savez, quand on n'a pas d'autre chose
à faire dans la vie que d'essayer de ridiculiser les autres, c'est parce
qu'on n'est pas fort soi-même.
Le Président (M. St-Roch): M. le député
d'Ungava, je vous rappelle encore une fois... S'il vous plaît, j'aimerais
que vous vous en teniez aux propos de votre amendement à l'article
232.1.
Est-ce que ceci clôt votre intervention?
M. Claveau: Ça ne clôt pas mon intervention, M. le
Président. Ce que je tiens à faire comprendre au gouvernement,
c'est qu'il y a un architecte général au niveau du gouvernement
qui est responsable de tout ce qui s'appelle environnement et qui s'appelle le
ministère de l'Environnement, qu'il y a un ministre qui est responsable
de l'application de tout ce que fait le ministère de l'Environnement et
qui s'appelle le ministre de l'Environnement. C'est lui qui est responsable de
ça. Alors, je ne comprends pas pourquoi on est obligé, à
toutes les fois qu'on veut développer des applications sectorielles dans
le domaine de l'environnement, d'enlever au ministère de l'Environnement
cette responsabilité d'architecte général. On dit qu'on va
le consulter.
Un architecte, on ne le consulte pas, on lui donne des plans à
faire et après, on applique les plans une fois qu'ils sont faits. C'est
là qu'il y a une divergence de point de vue avec la ministre de
l'Énergie et des Ressources, qui n'a rien à voir avec ses
qualités personnelles, ni avec les miennes d'ailleurs. C'est une
question de point de vue quant au rôle qu'a à jouer le
ministère de l'Environnement.
Si la ministre n'est pas d'accord, qu'elle me le dise honnêtement,
mais qu'elle me dise aussi pourquoi elle n'est pas d'accord, qu'elle me
l'explique tranquillement, qu'elle me l'explique honnêtement, qu'elle ne
me garroche pas par la tête qu'elle n'aime pas ma gueule. Ce n'est pas la
même chose. Ce n'est pas là où on en est actuellement.
Quand la ministre dit qu'elle va dire ce qu'elle pense de moi, c'est à
peu près ça que ça veut dire.
Je veux savoir de la ministre pourquoi elle pense qu'elle doit
elle-même être responsable de la gestion - même pas de la
gestion - de la préparation et de l'approbation des plans de
réaménagement et de restauration. Ce n'est pas elle, la ministre
de l'Environnement. Il y a un ministère qui devrait avoir la
responsabilité de ça. Une fois que c'est approuvé, que les
plans sont faits et approuvés, que le ministère de
l'Environnement passe le papier à la ministre de l'Énergie et des
Ressources et dit: Voilà, Mme la ministre, ma chère
collègue, vous n'êtes pas loin de moi en Chambre, on peut se
parler facilement. Je vous donne les plans et maintenant, voyez à ce
que ça s'applique. (11 heures)
Et là, vous avez le personnel qu'il faut et vous avez le suivi
qu'il faut parce que vous connaissez les compagnies minières. Vous
pouvez, à la limite, intercéder dans le sens des compagnies
minières auprès du ministre de l'Environnement pour essayer de
lui faire comprendre qu'il peut y avoir un peu de malléabilité
dans l'application des règlements. Ça, c'est votre rôle
j'en conviens. C'est le rôle du ministère de l'Énergie et
des Ressources de travailler avec ces compagnies minières pour faire en
sorte de ne pas les mettre dans des situations difficiles et, qu'en même
temps, elles respectent le plan d'approbation. Essayer de trouver des compromis
louables, valables, nécessaires à l'occasion, mais qui soient
aussi respectueux des intentions du ministère de l'Environnement et des
intentions de la société québécoise quant à
la qualité de son environnement. Ça, c'est le rôle de la
ministre.
Mais là, la ministre veut avoir le double rôle, celui que
je viens d'expliquer là et, en plus, le rôle de préparer
les plans et de les approuver. Alors, la ministre va dire: Je m'approuve
moi-même. C'est moi qui l'ai préparé puis j'ai
consulté le ministre de l'Environnement en lui donnant une petite claque
sur l'épaule au passage, à l'article 232 5, et après
ça, c'est moi qui m'approuve, c'est moi qui me juge et c'est moi qui
détermine, c'est moi qui fais tout le reste tout seul.
Je trouve que c'est beaucoup de responsabilités pour un seul
ministre, dans la mesure où ça la met dans une situation de juge
et partie. Ça la met dans une situation où elle est
obligée, d'une part, de travailler avec les compagnies minières
pour développer l'industrie minière au Québec, tout en
ayant une vision environnemen-taliste digne des années 2000, mais en
même temps, ça l'oblige à appliquer les freins et, à
la limite, à avoir à intervenir contre ces mêmes
compagnies-là pour leur dire: Vous ne pouvez pas faire telle ou telle
chose.
Moi, je trouve qu'il serait beaucoup plus normal... Et quand je dis
ça, j'ai le même discours devant tous les ministères. C'est
beaucoup plus normal que les plans, la vision générale dans une
perspective eau, air, sol, justement, qui est la nouvelle perspective du
ministère de l'Environnement quant à la gestion globale de notre
environnement. Bien que tous les plans de gestion environnementale, dans
quelque secteur que ce soit, y compris dans les parcs à résidus
miniers, soient l'objet de l'architecte en chef qui s'appelle le
ministère de l'Environnement, avec son ministre titulaire, puis
qu'après ça, il donne ça en responsabilité à
chacun des ministères dans l'application, dans la gestion, dans la
réalisation de ce plan-là, comme un bon contracteur
général peut faire les plans, qui a réalisé les
plans qui ont été préparés par un bon architecte.
C'est ça, la problématique en gros.
Moi, je ne vois absolument pas en quoi cela pourrait brimer les
compagnies minières dans l'exercice de leurs activités parce
qu'à la limite. au-delà de tout ça, si les choses vont
bien entre le ministère de l'Énergie et des Ressources et les
compagnies minières dans la gestion du plan, tel qu'approuvé par
le ministère de l'Environnement, les compagnies minières n'auront
même pas à avoir affaire avec le ministère de
l'Environnement si ça va bien. Un inspecteur de temps en temps pour voir
si le ministre de l'Énergie et des Ressources a bien fait sa job, puis
c'est tout simplement normal. Il faut se contrôler un peu de temps en
temps, l'un et l'autre. Puis, ça va, ce n'est pas pire que
ça.
Mais, par contre, si le plan de réaménagement, de
restauration n'est pas suivi tel que prévu par le ministère de
l'Énergie et des Ressources et les intervenants miniers, eh bien,
à ce moment-là, le ministère de l'Environnement pourra
venir, en vertu de l'article 232.8, dire à la ministre: Wo! Il faut que
tu te "renlignes" parce que là, on est sortis du cadre et ce n'est pas
ça qu'on avait prévu, puis il faut que tu fasses en sorte que tes
intervenants miniers aussi se réenlignent, puis il faut qu'on trouve des
nouvelles accommodations au besoin
Là, ce serait au ministre de l'Environne ment, encore une fois,
à s'assurer qu'on n'est pas sortis du cadre et que si on sort du cadre,
de s'assurer d'enjoindre les compagnies à le respecter, à fixer
des délais pour revenir à l'intérieur du cadre
prévu dans le plan de réaménagement. Et ça,
ça n'enlève rien aux responsabilités du ministère
de l'Énergie et des Ressources dans la gestion de son ministère
et, ça n'ajoute aucune contrainte supplémentaire aux compagnies
minières dans l'application de cette loi-là. Tout ce que
ça dit, c'est qu'il y a un architecte général en haut, en
questions environ nementales, qui est responsable en bout de piste de mettre le
tampon sur un plan.
Encore là, pour revenir à la même image, M. le
Président, à mon image de plan d'architecte, vous savez que
l'architecte n'est même pas obligé de dessiner le plan
lui-même. En autant qu'il le regarde et qu'il mette son tampon, il est
approuvé et c'est bon. À la limite, si la ministre veut faire son
plan elle-même, elle le fera Elle discutera avec les compagnies, mais son
rôle, le rôle du ministère de l'Environnement ne sera pas,
à ce moment-là, un simple rôle consultatif II pourra
être un rôle d'approbation du plan. Une fois qu'elle l'a
approuvé, que le ministère l'aura approuvé, bien, il y
aura aussi le rôle de surveillance, comme c'est le cas de l'architecte
sur n'importe quel chantier de construction, où il a un rôle de
surveillance lié au tampon sur son plan. Mais si le contracteur fait
bien sa job, il n'y a pas de problème avec l'architecte, dans son
rôle de surveillance.
Si le ministère de l'Environnement... si les
compagnies minières font bien leur job dans l'application de ce
pian-là, elles n'auront pas de problème avec le ministère
de l'Environnement. Mais moi, vous savez, par expérience, je sais
très bien que quand c'est le contracteur qui est aussi l'architecte et
qui fait aussi la surveillance des chantiers, c'est bien rare que vous n'avez
pas de trouble en dedans de cinq ans. C'est bien rare. Et ça, je peux
vous le dire par expérience.
N'importe quel maire, M. le député, est capable de dire la
même chose. Quand une municipalité fait faire des travaux, que
l'architecte est en même temps le contracteur et est en même temps
le surveillant des chantiers, c'est bien rare qu'il n'y a pas de
problème en dedans de cinq ans. Et là, on est en train de monter
exactement la même chose. L'architecte est le ministère de
l'Énergie et des Ressources; le contracteur dans la réalisation
du plan est le ministère de l'Énergie et des Ressources, et le
surveillant de l'application du plan est le ministère de
l'Énergie et des Ressources. Je serais bien surpris qu'on n'ait pas de
problème en dedans de quelques années.
Je continue à croire que ce doit être dans ce
contexte-là et si on veut vraiment, mais vraiment aller de l'avant avec
une vraie politique environnementale de gestion des parcs à
résidus miniers, comme c'est le cas dans n'importe quoi d'autre - on
parle de ça, on peut parler de n'importe quoi - le grand penseur, en
bout de piste, le responsable, celui qui doit faire appliquer les
règles, qui a la responsabilité générale de
l'application de tout ça, c'est le ministère de l'Environnement,
son nom le dit.
Dans ce sens-là, je ne comprends pas, je suis absolument
incapable de me rentrer dans la tête pourquoi on veut écarter le
ministère de l'Environnement. On revient en lui donnant une
deuxième petite claque sur l'épaule, à l'article 232.12,
en disant: Bien non, mais tu sais, ça n'a pas pour effet de diminuer ou
de restreindre l'application de ta loi. Tu sais, je ne t'en veux pas. Bien non!
Sauf qu'on ne lui donne aucun rôle à jouer. Dans le fond, je veux
bien croire que le ministère de l'Environnement, en bout de piste,
peut-être après tout ça et après des enquêtes
et des procès qui vont durer des années, pourra dire: Ah bien!
Vous savez, là, il y a 25 ans, vous vous êtes trompés; ce
n'est pas ça qu'il fallait faire. Oui, mais il est comme un peu trop
tard, hein? Là, tout le monde est parti puis ça risque de
coûter encore de l'argent au gouvernement pour venir restaurer un parc
qui est devenu abandonné depuis ce temps-là.
Je crois que si, justement, on veut ne restreindre d'aucune façon
l'application de la Loi sur la qualité de l'environnement, eh bien,
c'est d'assujettir carrément l'approbation des plans de
réaménagement et de restauration à cette fameuse Loi sur
la qualité de l'environnement. C'est par là qu'il faut passer.
Ça, c'est la loi-cadre, c'est la loi de base, c'est la loi qui doit
être la référence de tout ce qu'on fait dans le domaine
environnemental. Son nom le dit, Loi sur la qualité de l'environnement,
L.R.Q. chapitre Q-2. C'est clair.
Alors, si on assujettit carrément le plan de
réaménagement et de restauration à la Loi sur la
qualité de l'environnement, en la mettant ainsi sous la
responsabilité du ministre de l'Environnement quant à son
approbation, eh bien, alors, d'une part, c'est bien évident qu'on ne
restreint pas la Loi sur la qualité de l'environnement; au contraire, on
la renforce, on lui donne encore plus de mordant. On en fait un requin
dangereux pour celui-là qui va vouloir l'éviter et qui va vouloir
passer a côté. Il y en aura toujours qui voudront passer à
côté. Vous savez, on a beau enlever les permis de conduire aux
gens qui chauffent en état d'ébriété, à tous
les jours, on en retrouve d'autres qui chauffent encore en état
d'ébriété tout en sachant très bien que, s'il se
font poigner, ils vont perdre leur permis de conduire. Il y en aura tout le
temps.
Alors, donnons-y donc des dents un peu, un dentier un peu solide,
à cette Loi sur la qualité de l'environnement, au lieu de lui
envoyer des fleurs en disant: Vous savez, je ne veux pas restreindre votre
application, mais, par contre, on n'est pas pires amis; on est des bons
voisins. Non, non. Moi, je dis: Donnons-lui donc des dents. Profitons-en. On a
une occasion en or pour lui donner un peu plus de mordant en faisant en sorte
d'assujettir la gestion des parcs à résidus miniers à
cette loi-là, dans ce qui s'appelle l'approbation des plans de
réaménagement et de restauration.
Ce serait d'ailleurs une excellente occasion pour la ministre de
l'Énergie et des Ressources du Québec de montrer jusqu'à
quel point elle collabore, jusqu'à quel point elle a confiance en son
collègue le ministre de l'Environnement. Même après les
petits démêlés ou les opinions divergentes qu'ils ont pu
avoir quant aux études environnementales sur le projet
Grande-Baleine.
Non, je pense que c'est très sérieux, cette
approche-là. C'est une démarche que l'on doit considérer
avec beaucoup d'attention. Je peux vous assurer, M. le Président, que ce
n'est pas une question pour moi de vouloir gagner du temps ou d'en perdre, et
appelez ça comme vous voudrez. C'est une question fondamentale, j'y
crois. J'y crois fondamentalement que toutes les interventions dans le domaine
environnemental doivent être chapeautées par un architecte
général de tout ça, qui s'appelle le ministère de
l'Environnement. On ne l'a pas créé pour rien.
On n'a pas créé le ministère de l'Environnement
juste pour se faire une bonne gueule et dire: On en a un. Il faut lui donner
des responsabilités et la Loi sur la qualité de l'environnement,
il faut lui donner aussi du mordant. Il ne faut pas uniquement dire: Je ne te
nuirai pas. Je ne te pile pas sur les pieds. Il faut, de temps en temps, la
prendre par la main et l'amener avec
nous autres. C'est ça que ça veut dire. Et c'est pour
ça, M. le Président, que je pense qu'on doit avoir un amendement
à l'article 232.1, qui dit que, conformément au plan
approuvé par le ministre de l'Environnement, le plan d'effectuer des
travaux de réaménagement et de restauration n'enlève rien,
mais absolument rien aux responsabilités du ministre de l'Énergie
et des Ressources, en termes environnementaux, et au rôle du
ministère de l'Énergie et des Ressources quant à
l'application, à la réalisation de ce plan-là de
réaménagement et de restauration.
Le Président (M. Audet): D'accord. Merci, M. le
député d'Ungava. M. le député de Dubuc, vous avez
demandé la parole sur l'amendement.
M. Morin: M. le Président, peut-être dans une
approche...
Une voix: II aurait été ministre de
l'Environnement...
M. Morin: Dans une approche différente de celle de mon
collègue, je comprends que la ministre peut-être retient surtout
l'article 232 12, où il est fait mention que, évidemment, ces
articles-là n'ont pas pour effet de restreindre l'application de la loi
sur l'environnement. Je dois comprendre que c'est à cause de cet article
que la ministre ne semble pas disposée à recevoir
l'amendement.
Mais toutefois, la connotation que ça donne cet
article-là, 232.12, c'est plutôt une connotation de
préoccupation purement juridique. Comme dans la plupart des lois, on
retrouve ce genre d'article où, finalement, la présente loi n'a
pas pour effet d'aller à rencontre de telle et telle autre loi. Moi,
j'aimerais que la ministre regarde d'un peu plus près une
considération plus pratique que la préoccupation juridique.
Je voudrais rappeler, M. le Président, à la ministre qu'il
n'y a pas tellement longtemps l'Assemblée nationale a adopté une
loi, soit la loi 65. Évidemment, une loi amendant la Loi sur la
qualité de l'environnement, mais qui touchait particulièrement,
bien sûr, pas seulement particulièrement, mais qui touchait les
terrains contaminés.
Et je me souviens, à ce moment-là... Je te dis que ce
n'est pas drôle de parler, M. le Président, quand la ministre
n'arrête pas et qu'il y en a deux là-bas qui jasent. Ce n'est pas
nous permettre....
Une voix:...
M. Morin: Non, mais je comprends. Je fais une intervention.
Enfin, je veux soumettre mes idées, mes impressions.
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! Messieurs. Messieurs. M. le député de
Dubuc, vous avez toujours la parole.
M. Morin: Je vous remercie. J'ai terminé.
Le Président (M. Audet): Alors, ça termine votre
intervention. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement
proposé? Pas d'autre intervention, pas d'autre commentaire? Ça
va. Alors, est-ce que l'amendement proposé par M. le
député d'Ungava, à l'effet d'ajouter les mots suivants:
"de l'environnement" au premier alinéa de l'article 232.1 introduit par
l'article 6, est adopté?
Une voix: Rejeté.
Le Président (M. Audet): Rejeté. Il y a une demande
de vote nominal. M le secrétaire, si vous voulez appeler les
députés.
Le Secrétaire: Oui, M. Audet.
Le Président (M. Audet): Contre
Le Secrétaire: M. Benoit.
M. Benoit: Contre.
Le Secrétaire: M. Bordeleau.
M. Bordeleau: Contre
Le Secrétaire: M. Lafrenière.
M. Lafrenière: Contre.
Le Secrétaire: M Lemire
M. Lemire:...
Le Secrétaire: Mme Bacon
Mme Bacon: Contre.
Le Secrétaire: M. Claveau.
M. Claveau: Pour.
M. St-Roch: M le secrétaire, vous m'avez oublié
Contre (11 h 15)
Le Secrétaire: Excusez-moi, M. St-Roch. Donc, c'est
rejeté. Une voix pour, six voix contre.
Le Président (M. Audet): Alors, l'amendement est
rejeté. Alors, est-ce qu'il y a d'autres commentaires à l'article
232.1 ou si on est prêt à passer à l'adoption? On n'a pas
étudié le premièrement, deuxièmement. Ça n'a
pas été étudié tout ça, hein?
Une voix: Non. Ça, c'est les genres d'utili-
sateurs qui ont la responsabilité sur ces terrains-là.
Le Président (M. Audet): Oui, c'est ça. Alors, on
est rendus à premièrement. Le titulaire de droits miniers qui
effectue des travaux d'exploration déterminés par
règlement ou qui consent à ce que de tels travaux soient
effectués sur le terrain et faisant l'objet de son droit minier. Mais
est-ce qu'on a étudié les paragraphes un, deux, trois,
quatre?
M. Claveau: Non, on n'a pas étudié paragraphe par
paragraphe, sauf que là...
Le Président (M. Audet): En bloc. M. Claveau: O. K.
Dans le fond...
Une voix: Ah! O. K. Excusez-moi. Je ne savais pas.
Mme Bacon: M. le Président, j'avais fait la lecture de
l'article, plus les commentaires.
Le Président (M. Audet): O. K. L'article 232. 1. Alors,
est-ce que l'article 232. 1 est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Audet): Adopté. L'article 232. 2.
Bon, ça, la lecture n'a pas été faite de ça...
Mme Bacon: Non. Le Président (M. Audet): C'est
ça? Mme Bacon: Non.
Le Président (M. Audet): O. K. Ça va.
Approbation du plan
Mme Bacon: Nous sommes là, M. le Président. Alors,
le texte qui est proposé c'est: "La personne visée à
l'article 232. 1 doit soumettre le plan de réaménagement et de
restauration à l'approbation du ministre avant le début de ses
activités minières.
Si ces activités ont déjà commencé, le - et
là on indique la date d'entrée en vigueur du présent
article -, elle doit soumettre le plan dans l'année qui suit cette date.
Toutefois, le ministre peut fixer une date ultérieure si celui qui doit
soumettre le plan lui démontre que, pour des raisons valables, il ne
peut respecter ce délai. "
Alors, M. le Président, les personnes visées devront
soumettre à l'approbation du ministre un plan de
réaménagement et de restauration avant le début de leurs
activités minières. L'autori- sation du plan sera intimement
liée, d'une part, à l'émission du bail minier et, d'autre
part, à l'émission du certificat d'autorisation du MENVIQ. Ainsi,
aucun bail minier ne sera émis tant et aussi longtemps que le plan de
réaménagement et de restauration ne sera approuvé.
De la même façon, une entente entre le MENVIQ et le MER
spécifiera que l'examen des plans de restauration et leur
exécution seront de la responsabilité du MER et que tous les
autres aspects environnementaux relèveront du MENVIQ, soit la
qualité de l'affluent, le contrôle des BPC, des huiles
usées et des déchets toxiques, de l'impact sur ia faune et la
flore. Les exploitants actuels auront un délai de 12 mois, à
compter de l'entrée en vigueur de cet article, pour soumettre un tel
plan. Le ministre pourra toutefois fixer une date ultérieure si celui
qui doit soumettre le plan a des raisons valables qui l'empêchent de
respecter ce délai, et les raisons pourront être, notamment,
d'ordre économique, d'ordre pratique ou d'ordre technologique.
Voilà.
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires?
M. Claveau: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Audet): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: D'abord, une petite question à la ministre de
l'Énergie et des Ressources. Est-ce que la ministre peut nous confirmer
qu'au moment où elle était dans l'Opposition, elle a toujours
réclamé le démantèlement du ministère de
l'Environnement pour faire en sorte que chaque ministère sectoriel ait
la responsabilité sur l'environnement?
Mme Bacon: Ça, je vais vous répondre que c'est tout
à fait faux.
M. Claveau: Ah bon! Ça me fait plaisir de l'entendre
dire.
Mme Bacon: Tout à fait faux et ce qu'on vient de vous
dire, c'est tout à fait faux. Il faudrait peut-être vous fier
à votre propre expérience, M. le député d'Ungava,
pour savoir que ce n'était pas ça que j'ai proposé. J'ai
proposé des secteurs environnementaux dans chacun des ministères
qui seraient reliés au ministère de l'Environnement, qui
existerait toujours et qui serait, en sorte, un peu le pendant du
ministère de la Justice avec ses satellites dans chacun des
ministères. Le ministère de l'Environnement resterait là.
Le secteur environnement dans chacun des ministères serait un secteur
environnement sectoriel qui verrait à l'application des lois de
l'environnement et qui verrait à ses propres lois dans un...
M. Claveau: Oui, oui.
Mme Bacon: ...dans un - comment je dirais ça - dans une
vision environnementale de l'application des lois sectorielles. Ce n'est pas le
démantèlement. C'est tout à fait faux de dire que c'est un
démantèlement. Au contraire, c'est renforcer l'environnement et
tout à fait dans la lignée du rapport Brundtland. C'était
là ma vision des choses.
M. Claveau: Mais est-ce que ça veut dire ça que la
question de la gestion de l'environnement dans votre... C'est
intéressant, là...
Mme Bacon: Vous êtes content que je vous réponde,
hein?
M. Claveau: Oui, là, ça me plaît C'est
intéressant. Est-ce que...
Mme Bacon: C'est parce qu'on ne vous informe pas bien à
côté de vous.
M. Claveau: Bien non. Il n'y a pas question de m'informer bien ou
pas bien, là. Tantôt, elle m'accusait et là, elle accuse
les recherchis-tes.
Mme Bacon: Bien oui! Ce sont les recher-chistes qui vous disent
ça. Il faudrait peut-être vous fier à votre propre
mémoire. Votre mémoire est meilleure que ça.
M. Claveau: Laissons! Moi, je veux savoir si, dans votre vision
du ministère de l'Environnement - parce que vous avez déjà
été titulaire du poste de ministre de l'Environnement; à
part de ça, on s'en souvient - vous pensez que, dans cette
façon-là de faire, c'est chacun des ministères sectoriels
qui doit avoir ses propres lois sur la qualité de l'environnement et que
la police environnementale devrait s'assurer que c'est appliqué ou bien
si les ministères sectoriels devraient avoir des secteurs environnement,
oui, mais dont le rôle consisterait à s'assurer que les
activités du ministère appliquent les lois environnementales qui
relèvent, elles, toutes du même chapeau, qui s'appelle
ministère de l'Environnement.
Mme Bacon: M. le Président, je comprends que le
député d'Ungava veut tenir le temps, mais...
M. Claveau: Mais non!
Mme Bacon: ...ce n'est pas de pertinence dans la discussion,
ici.
M. Claveau: Je veux savoir où mon gouvernement s'en va
avec les questions environnementales.
Mme Bacon: Ce n'est pas la pertinence. Nous discutons de la loi
130, la Loi sur les mines. Si le député a des discussions
à faire sur la Loi sur les mines, on est prêts à y
répondre aujourd'hui. On va lui donner toutes les réponses dont
il a besoin. Je n'ai pas ici à élaborer ou à
pérorer sur la vision environnementale des choses. Ce n'est pas le but
de la commission parlementaire aujourd'hui.
M. Claveau: Mais c'est quand même...
Le Président (M. Audet): D'accord, Mme la ministre,
merci.
M. Claveau: Oui, mais, M. le Président, je veux bien que
ce n'est pas le but de la commis sion parlementaire, mais c'est quand
même le but de cette loi-là d'amener des nouveaux
éléments dans la gestion environnementale d'une partie de
l'activité minière qui s'appelle les parcs à
résidus miniers. Quand on veut amener quelque chose de nouveau, on met
un nouveau bloc dans la construction qui s'appelle respect de l'environnement
au Québec, on rajoute un bloc nouveau avec un peu de mortier et on
espère que ça va tenir. Bien, moi, je veux bien savoir dans quoi
ça s'imbrique tout ça, dans quel genre de vision
générale on fait ça. C'est important de ne pas faire
uniquement du pièce à pièce et du "patcha-ge", quand on
est un gouvernement, mais que chacune de nos interventions devienne le
complément d'une intervention antérieure et,
éventuellement, le solage d'une intervention future C'est important,
ça. Alors, moi, je veux bien savoir dans quel contexte philosophique,
avec quelle vision on amène ça, dans quoi ça va
s'imbriquer, comme vision environnementale globale, surtout qu'à
côté de ça, on a un minis tère de l'Environnement
qui, lui, se redéfinit une nouvelle vision.
Dans le fond, au niveau de la technicalité de tout ça, on
peut être pour ou contre certains éléments, mais dans
l'ensemble, c'est extraordinaire, c'est très bien, il n'y a pas de
problème. Tant mieux si ça peut se réaliser. Mais
justement, moi, je veux que ça donne la garantie que ça puisse se
réaliser, ces affaires-là, les beaux énoncés qu'il
y a là-dedans Pour ce faire, j'ai besoin de certaines informations quant
au rôle du ministère de l'Environnement et quant à la
vision de mon gouvernement sur le futur environnemen tal du Québec et de
quelle façon ces choses-là, cet élément-là,
cette loi-là est une brique de plus, est un bloc de plus dans la
consolidation du solage de notre restructuration environnementale.
Il me semble que je ne suis pas à côté de la coche
quand je parle de ça. Il me semble que ce n'est pas vouloir perdre du
temps ou gagner du temps indûment quand je parle de ça II me
semble qu'au contraire, un gouvernement transparent, comme il se dit, un
gouvernement qui a une vision de l'avenir, un gouvernement qui sait
où il s'en va, normalement, devrait être capable de nous
définir très précisément la place de ce
bloc-là dans l'ensemble de la structure, du maintien ou de la
restauration environnementale de certains secteurs de notre territoire qui sont
détériorés. C'est dans ce sens-là que j'aimerais
bien savoir quelle est la véritable vision environnementale de la
ministre, d'autant plus que c'est elle qui me dit qu'elle va appliquer la loi.
Ce n'est pas le ministre de l'Environnement.
On a fait un amendement, tout à l'heure, qui a été
refusé. Donc, la ministre de l'Énergie et des Ressources va
être la ministre qui va appliquer ça. Moi, j'aimerais bien savoir
dans quel cadre, avec quel état d'esprit, quel scheme de pensée
elle va utiliser pour appliquer cette loi-là. Il me semble que si
j'étais un intervenant minier, je serais aussi très
intéressé de le savoir.
M. Lebuis: Jacques Lebuis, ministère de l'Énergie
et des Ressources. Alors; la philosophie qui nous anime, concernant ce projet
de loi-là, repose sur plusieurs éléments. On commence avec
le plan triennal d'orientation du ministère de l'Environnement dans
lequel on peut lire que la prise en compte de l'environnement, à
l'intérieur même des activités des ministères
ressources par le biais d'ententes, permettra de canaliser les
complémentarités d'expertises des divers ministères et de
mieux coordonner nos efforts en matière de protection de
l'environnement. Ça, c'est la philosophie de base qui nous anime quand
on vient présenter le projet de loi 130.
Il y a un autre passage du document du ministère de
l'Environnement qui nous guide également. C'est qu'on vise, au
ministère de l'Environnement, la poursuite de relations soutenues avec
nos partenaires dans chacun des secteurs. C'est la politique du
ministère de l'Environnement qui dit ça. Il y a un autre document
du ministère de l'Environnement qui date de janvier 1991, qui vise
également le "partnership" entre les différents ministères
pour assurer un meilleur contrôle de la protection de l'environnement.
Ça, c'est la toile de fond qui nous guide dans l'élaboration du
projet de loi 130.
Il y a une autre élément très important
également, c'est la logique minière comme telle. Vous savez
très bien, pour avoir vécu et avoir travaillé, je crois
aussi, dans une mine, qu'on fait la prospection ou, enfin, on trouve le
gisement, on l'amène en exploitation et, malheureusement, les mines,
ça s'épuise, le gisement arrive à terme et on doit fermer
la mine. Donc, tout ça, ça fait partie du cycle de la mine,
prospecter, l'exploitation et la fermeture.
Alors, le projet de loi 130 reconnaît que la fermeture d'une mine,
ça appartient au cycle de la mine et ce n'est pas nécessairement
de la compétence du ministère de l'Environnement. Ce n'est pas
des plans d'environnement qu'on a, ce sont des plans de restauration lors de la
ferme- ture des opérations, et pour être certains que ces
plans-là soient exécutés, on impose aux intervenants
miniers de mettre de l'argent de côté pendant qu'ils font des
affaires, pendant qu'ils font des profits et on impose ça dès le
début de l'exploitation d'une mine.
Une autre chose bien importante que notre ministère vise, c'est
d'inciter les exploitants miniers à "internaliser" les coûts
relies aux fermetures de mines, à prévoir dès le
début des opérations que la mine va cesser ses activités
un jour et de planifier ces opérations de fermeture.
Notre projet de loi n'est pas isolé. On retrouve la même
philosophie ailleurs au Canada. L'Association minière du Canada,
l'Association minière du Québec sont tout à fait
conscientes des gestes qu'on a posés; elles nous ont même
demandé d'intervenir dans ce sens-là. Donc, c'est un geste qui se
veut en complémentarité avec des actions posées dans
d'autres législations canadiennes et qui existent également dans
d'autres pays.
Maintenant, les allusions qu'on fait, c'est-à-dire les
consultations qu'on fait auprès d'autres ministères et qu'on
évoque dans notre loi, sont multiples. Dans notre loi, on parle du
ministère des Transports, on parle du ministère de
l'Environnement, on parle même du ministère de l'Agriculture, on
parle de la Loi sur la protection du territoire agricole. Donc, c'est une loi
qui veut assurer les jonctions correctes avec d'autres législations
québécoises et le projet de loi 130 se veut dans cette
lignée-là. Brièvement, c'est les explications
fondamentales qui sous-tendent le projet de loi 130.
Le Président (M. Audet): Ça répond à
vos questions?
M. Claveau: M. le Président, ça soulève
d'autres interrogations. Écoutez, je veux bien croire.... Non, la
ministre tient à ses idées, mais moi aussi, je tiens à mes
idées. Ça m'arrive de changer d'idée, mais il faut qu'on
soit capable de me faire la preuve que l'autre est meilleure que la mienne. (11
h 30)
J'écoute avec beaucoup d'attention ce qui vient d'être dit
et, c'est vrai, je suis tout à fait d'accord avec monsieur que la
question du parc à résidus miniers et la fermeture d'une mine,
ça fait partie du cycle normal de la vie d'une mine, bon. C'est clair,
ça, c'est évident; j'en vois tous les jours, il y en a partout.
Mais ça ne veut pas dire que parce que c'est le cas, que ce soit
nécessairement le ministère de l'Environnement qui doive
approuver le plan de restauration d'un parc à résidus miniers ou
le plan de réaménagement, pas plus que durant la vie de la mine,
c'est le ministère de l'Énergie et des Ressources qui
décide des conditions de santé et de sécurité au
travail dans la mine et des questions de ventilation dans la mine. Il y a des
ministères qui
s'occupent de ça. Pas plus qu'au moment d'ouvrir la mine, c'est
le ministère de l'Énergie et des Ressources qui émet le
permis de coupe de bois. Non, c'est le ministère des Forêts, ce
n'est pas le ministère des mines qui émet le permis de coupe de
bois pour commencer. Pas plus que c'est le ministère de l'Énergie
et des Ressources qui donne les droits pour la création d'une ville
minière, par exemple; il y a un ministère des Affaires
municipales qui s'occupe de ça. Pas plus que c'est le ministère
de l'Energie et des Ressources qui a la responsabilité de donner toutes
les autorisations pour la prise d'eau, parce qu'on sait qu'une mine, c'est un
gros consommateur d'eau et que l'eau, c'est des pompes installées dans
des lacs; c'est le ministère de l'Environnement, avec les lois de
l'Environnement et conformément aux lois du ministère de
l'Environnement, qui permet d'établir les prises d'eau dans les lacs et
de passer les tuyaux en dessous des forêts, souvent sur des milles et des
milles, pour arriver à alimenter la mine en eau. Ce n'est pas le
ministère de l'Énergie et des Ressources qui est responsable de
ces lois-là. Par contre, il est responsable de voir à ce que oui,
dans l'organisation générale de la mine, toutes ces
lois-là soient respectées et que tous les ministères
concernés aient des réponses à leurs questions.
Alors, ce que j'essaie de comprendre, c'est: Pourquoi, quand il s'agit
de la phase terminale, de la phase post mortem de la mine, qui s'appelle la
retauration du parc à résidus, là, ça doit
être le ministère de l'Énergie et des Ressources qui soit
responsable de l'application de la loi, qui soit responsable de la gestion ou
de l'approbation du plan de réaménagement? Ce n'est pas le
ministère de l'Énergie et des Ressources qui est responsable de
l'approbation des règlements de santé et de
sécurité au travail sous terre. Est-ce que c'est le
ministère de l'Énergie et des Ressources qui est responsable des
plans de ventilation dans les mines? Alors, pourquoi ça devrait
être le ministère de l'Énergie et des Ressources qui serait
responsable du plan environnemental de restauration du parc ou de
réaménagement du parc à résidus? C'est ça
que j'essaie de comprendre. C'est quoi, la logique? Si c'est vrai que les
règlements et l'approbation des plans en termes de
réaménagement et de restauration d'un parc à
résidus après la fermeture d'une mine sont de la
responsabilité du ministère de l'Énergie et des
Ressources, il serait tout aussi vrai qu'au moment de l'ouverture de la mine,
les plans qui correspondent à la prise d'eau pour alimenter la mine en
eau soient, eux aussi, de la responsabilité du ministère de
l'Énergie et des Ressources. Pourtant, c'est le ministère de
l'Environnement qui donne les autorisations, et conformément aux lois de
l'environnement, pas aux lois des mines.
La santé et la sécurité au travail dans les mines,
ce n'est pas la Loi sur les mines. Le transport du minerai, est-ce que c'est la
Loi sur les mines qui détermine le poids des camions pour transporter le
minerai? Non. Et quelle que soit la situation financière de
l'entreprise, il y a un poids qu'elle doit respecter quand elle se
promène sur la route en période de dégel avec son
concassé ou son concentré. Il faut qu'elle respecte le poids
comme toutes les autres, quelle que soit sa situation financière. Ce
n'est pas le ministère de l'Énergie et des Ressources qui
détermine la réglementation du transport routier de minerai sur
les routes numérotées, c'est le ministère des Transports.
Et les compagnies minières s'y conforment, comme les compagnies
forestières et comme les autres utilisateurs des routes s'y
conforment.
Alors, pourquoi, si ce n'est pas d'enlever des responsabilités au
ministère de l'Environnement pour les transférer au
ministère de l'Énergie et des Ressources, pourquoi, si ce n'est
pas ça, le ministère de l'Énergie et des Ressources
devrait-il être responsable de l'approbation des plans de
réaménagement? Je n'ai pas parlé de la réalisation
de ces plans-là. C'est clair que le ministère de l'Énergie
et des Ressources a à intervenir et, en tant que bon citoyen, le
ministère de l'Énergie et des Ressources doit donner l'exemple
dans la question environnementale. C'est vrai! Mais c'est le ministère
de l'Environnement qui, en bout de piste, va chapeauter ça, comme le
ministère de l'Énergie et des Ressources doit, en tant que bon
citoyen, respecter aussi les limites de poids en période de dégel
sur les routes du Québec. Mais c'est le ministère des Transports
qui fait la réglementation là-dessus et qui approuve ça et
le ministère de l'Environnement et le ministère de
l'Énergie et des Ressources la respectent et les intervenants la
respectent, comme le ministère de l'Énergie et des Ressources, en
bon citoyen, doit s'assurer que les compagnies minières et les autres
compagnies qui relèvent de son ministère respectent les lois de
la CSST, de la santé et de la sécurité au travail. Comme
le ministère de l'Énergie et des Ressources doit s'assurer que,
pour toute intervention de ces compagnies en milieu forestier, on respecte les
lois sur les forêts, etc., etc., le ministère de l'Énergie
et des Ressources doit, dans tous les domaines, se considérer et se
comporter en bon citoyen. Ce n'est pas lui qui approuve les CAAF et ce n'est
pas lui qui approuve les plans de ventilation sous terre et ce n'est pas lui
qui approuve la qualité des équipements et les problèmes
avec les équipements vibratoires. Ce n'est pas le ministère de
l'Énergie et des Ressources qui doit s'occuper du problème du
syndrome de Raynaud, par exemple, maladie vibratoire qui est très
répandue dans le domaine minier. Non. C'est le ministère du
Travail et la CSST, et avec des règlements qui sont faits par ces
ministères-là.
Alors pourquoi, quand on parle d'environnement et de gestion de parcs
à résidus qui relèvent de l'environnement, et ça
relève telle-
ment de l'environnement qu'on dit: Oui, oui, le ministère de
l'Environnement va être consulté et on dit, en plus: On ne
restreindra pas l'application de la Loi sur la qualité de
l'environnement. Faites-vous en pas. Oh! on ne voudrait surtout pas jouer dans
vos plates-bandes. Mais pourquoi on ne devrait pas, tout simplement, faire en
sorte d'assujettir ce plan-là à la Loi sur la qualité de
l'environnement? Là, on aurait fermé la boucle, et on se serait
donné une garantie mur à mur que ça va vraiment être
respecté sans augmenter les responsabilités envers les compagnies
minières parce que les compagnies minières vont continuer
à faire affaire avec le ministère de l'Environnement qui, lui, en
tant qu'entrepreneur général, si vous voulez, va s'assurer que
les plans soient respectés et sans enlever la responsabilité de
bon citoyen du ministère de l'Environnement qui, comme tel, doit se
comporter, doit avoir un comportement respectueux de l'environnement. Il me
semble que ce n'est pas compliqué à comprendre, ça. Et il
me semble que c'est assez logique comme raisonnement, à part de
ça.
Je ne sais pas si je me trompe, mais est-ce que le ministère de
l'Énergie et des Ressources, par exemple, pourrait décider de
modifier, de son plein gré, unilatéralement, la
réglementation sur le transport routier en période de
dégel parce qu'une compagnie minière est en difficulté
financière et il faut qu'elle transporte entre 85 et 90 tonnes par
voyage, sinon elle n'arrivera pas? Non. À ma connaissance, non. Le
ministère de l'Énergie et des Ressources ne peut pas, d'une
façon unilatérale, permettre à une compagnie
minière de ne pas respecter la réglementation sur le transport
routier parce qu'elle pourrait être en situation difficile
financièrement. Alors pourquoi le ministère de l'Énergie
et des Ressources, en contrepartie, pourrait-il donner des délais
supplémentaires pour l'application d'un plan sur le
réaménagement et la restauration de parcs à résidus
miniers dans un contexte où même ça pourrait être
dangereux pour l'environnement à partir du fait, par exemple, comme
disait la ministre, hier, qu'il faudrait avoir un peu de circonspection dans
l'application de la loi parce que ça pourrait être
compliqué pour certaines compagnies? On la fait, la loi, ou on ne la
fait pas. Et on la fait appliquer. Une fois qu'elle est faite, on la fait
appliquer par tout le monde ou on ne la fait pas appliquer par personne. C'est
ça, en gros, le principe d'une loi à portée
générale. S'il n'y a personne qui la respecte et qu'on ne la fait
pas appliquer, bien il n'y a personne qui peut se sentir lésé.
Mais à partir du moment où on la fait appliquer pour un, il faut
la faire appliquer pour tout le monde et sans trop de pouvoirs
discrétionnaires.
Alors moi, je pense qu'il faut finir un jour ou l'autre par avoir une
vision du milieu environnemental semblable - et pour reprendre l'expression de
la ministre qui nous parlait du ministère de la Justice - à la
vision qu'on a de la justice, c'est-à-dire que la limite de vitesse
c'est 90; si tu la dépasses, tu peux te faire planter n'importe quand,
sans considération de ta capacité de payer. Bien, si tu la
dépasses, tu te fais planter. Et ça, c'est reconnu par tout le
monde. On considère que c'est normal. Bien, dans l'environnement, il va
falloir que ça soit pareil. Quand tu dépasses la norme
prévue par la loi, tu te fais planter, comme ailleurs dans notre
société, sans égard et sans considération de ta
capacité de payer. T'avais rien qu'à rester à
l'intérieur de la norme. Il me semble qu'il va falloir, un jour ou
l'autre, développer ce réflexe-là et ça ce n'est
pas le genre de réflexe que je trouve malheureusement dans ce projet de
loi là. Je suis d'accord qu'il ne s'agit pas d'égorger les
compagnies minières. Il s'agit de mettre en place éventuellement
des programmes, des façons de faire qui vont les aider elles aussi
à s'adapter à cette nouvelle réalité-là.
Les compagnies sont pleines de bonne volonté là-dedans.
Pour en avoir discuté avec plusieurs, je le sais, les compagnies sont
pleines de bonne volonté et elles ont raison de vouloir à part de
ça, elles ont une image elles aussi, elles ont une image à
entretenir puis elles ont des responsabilités qu'elles acceptent par
rapport à l'environnement. Mais moi, je ne vois pas ce qui pourrait
empêcher les compagnies de ne pas vouloir appliquer un plan qui soit
approuvé par le ministère de l'Environnement alors qu'elles
pourraient appliquer un plan approuvé par le ministère de
l'Énergie et des Ressources. Il n'y a pas de différence pour la
compagnie. Mais toute la différence, par exemple, est dans la logique
gouvernementale qui sous-tend l'opération, qui justifie
l'opération. Là, il y a une grosse différence. C'est
là-dessus que je veux plaider. C'est là-dessus que j'aimerais
bien que la ministre, pour le moins, fasse preuve d'une certaine ouverture dans
la vision gouvernementale de l'édifice qui s'appelle restauration de
notre environnement. D'où l'importance de bien regarder ce
texte-là, savoir où ça se situe dans l'ensemble. C'est
ça, essentiellement, le problème. C'est pour ça,
d'ailleurs, qu'à toutes les fois que le texte va nous donner une chance,
nous allons amener des amendements dans ce sens-là. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Audet): Merci. D'autres commentaires sur
1232.2?
Mme Bacon: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Alors, l'article 232.2 est
adopté.
M. Claveau: Le premier alinéa, M. le Président. On
y va alinéa par alinéa.
Le Président (M. Audet): Oui, 232.2.
M. Claveau: Oui. Bien, il y a deux alinéas à 232.2,
là.
Mme Bacon: Bien, un article, c'est un article.
Le Président (M. Audet): Non, mais j'ai appelé
l'article, là.
M. Claveau: Le règlement permet d'adopter un
article...
Le Président (M. Audet): C'est parce que...
Mme Bacon: Ah bon! On a encore trois quarts d'heure, M. le
Président.
Le Président (M. Audet): Non, mais M. le
député... Un instant. Un instant. M. le député
d'Ungava, c'est parce que votre intervention...
M. Claveau: On a jusqu'au 21 juin, ce n'est pas pressant... La
détérioration ne sera pas plus grande dans un mois...
Le Président (M. Audet): Votre intervention... M. le
député d'Ungava, s'il vous plaît!
Mme Bacon: Vous direz ça au minier.
Le Président (M. Audet): C'est parce que votre
intervention a porté sur l'ensemble de l'article 232.2.
M. Claveau: Non. Je n'ai pas parlé des...
Le Président (M. Audet): Que le plan devait être
soumis... Bon.
M. Claveau: Vous n'avez pas parlé des activités qui
étaient déjà commencées dans le domaine minier.
Entre autres, par exemple, dans le deuxième alinéa, moi, je veux
savoir s'il va y avoir une caractérisation des sols qui va être
faite avant d'approuver le plan. Elle n'a pas parlé de ça.
Le Président (M. Audet): C'est parce que tantôt, en
mon absence, vous aviez conclu que vous adoptiez l'article en bloc. Alors, j'ai
convenu, moi, d'adopter...
M. Claveau: Bien, pour 232.1, oui, mais on... c'est tout à
peu près les mêmes choses.
Mme Bacon: Ça change à chaque article, M. le
Président.
Le Président (M. Audet): Oui, mais c'est l'article 6 qu'on
étudie, là. Les ajouts, c'est 232.1, 232.2. Enfin, si vous avez
d'autres interventions à ajouter sur 232.2, vous pouvez toujours
commencer. Je vais revérifier le règlement comme il faut..
M. Claveau: Allez-y, M. le Président.
Le Président (M. Audet): ..mais je ne suis pas sûr
que votre temps de parole ne soit pas écoulé
là-dessus.
M. Claveau: Dans la question des activités minières
déjà commencées, les compagnies qui sont en
opération et qui, heureusement, ne sont pas encore fermées, je
veux savoir c'est quoi, à partir de quelles études de
caractérisation on va développer le plan, on va approuver ou on
va.. Sur quoi on va se baser pour faire un plan de réaménagement?
Est-ce que c'est le ministère de l'Environnement qui va établir
ça?
M. Lebuis: Jacques Lebuis, du ministère de
l'Énergie et des Ressources. En fait, l'initiative est quand même
laissée à l'entreprise de préparer le pian et nous, on se
réserve le droit de l'examiner plus, de le commenter et, comme on dit
à 232.5, de consulter le ministère de l'Environnement et on
répond à la compagnie que le plan satisfait à nos
exigences ou pas. Et, pour les mines actives, ce qu'on vise aussi, c'est qu'il
y a des mines actives qui sont au tout début de leur cycle. On ne peut
pas les traiter comme les mines actives qui sont à la fin de leur cycle.
Une mine active à la fin de son cycle est rendue souvent avec des
millions et des millions de tonnes de résidus dans le paysage. Alors, on
ne peut pas la traiter de la même façon qu'une mine qui commence
et qui, elle, va opérer pendant peut-être plusieurs années
encore C'est pour ça qu'on a cette flexibilité-là
encore.
M. Claveau: II reste que, par exemple, je ne sais pas moi, une
mine comme Kiena par exemple, qui opère depuis de nombreuses
années, "c'est-u" encore ouvert?
M. Lebuis: Oui
M. Claveau: Des mines qui opèrent depuis longtemps, bien,
ça ne veut pas dire que parce qu'elles ont quelques dizaines de millions
de tonnes de résidus dans un parc à quelque part en
arrière qu'elles vont être écartées de la loi.
M. Lebuis: Non, non, non. (11 h 45)
M. Claveau: Bon. Il va y avoir, donc, une base quelque part, une
plate-forme de départ qui va permettre de dire: Bon bien, là,
à partir de ces éléments-là, de ce qu'on
connaît, ton plan de réaménagement et de restauration devra
se conformer à x ou y élément...
M. Lebuis: Qui sont prévus en règlement.
M. Claveau: Mais ce que je veux savoir, c'est comment va
s'établir cette base-là. Ça va être quoi, les
critères de caractérisation qui vont faire en sorte que l'on
puisse établir une base, un dénominateur commun quelque part, qui
satisfasse autant le ministère de l'Environnement que les
capacités financières de la compagnies, finalement?
M. Lebuis: Oui. En fait, le cadre réglementaire est en
élaboration à l'heure actuelle, mais on va distinguer entre les
résidus de type acide et ça, c'est des formules chimiques qui
nous permettent de le dire, des résidus de type neutre et des
résidus de type basique. Et les exigences financières sont
adaptées à ce type de résidus. C'est pour ça aussi
que, quand on examine des plans, nous, il faut les avoir en main pour pouvoir
évaluer aussi l'exigence, en termes de garantie financière. On ne
peut pas dissocier le plan et la garantie. C'est pour ça qu'on garde
ça au niveau d'Énergie et Ressources. Et ça fait aussi
partie de la gestion de la mine, la disposition des résidus.
Les résidus, en ce qui concerne le ministère de
l'Environnement, ce n'est pas un impact immédiat. Ce qui est un impact
immédiat pour la qualité de l'environnement, c'est l'effluent,
l'effluent minier et l'effluent final. Alors, c'est là que se fait la
jonction, si vous voulez, entre les responsabilités respectives des deux
ministères. Les résidus, ça fait partie de
l'opération de la mine; la disposition des résidus, ça
fait partie du management de la mine, alors que l'effluent qui, lui, va dans
l'environnement en général, c'est la responsabilité du
ministère de l'Environnement et ça, on n'intervient pas à
partir de la fin du site de la mine comme tel.
M. Claveau: Oui, mais prenons, par exemple, par analogie, une
contamination au plomb à partir d'un ancien dépôt de
batteries, admettons, pour prendre un exemple, il n'y a pas
nécessairement d'effluents qui s'en vont dans le décor, sauf que,
une fois que le dépôt est parti, il y a des enfants qui peuvent
aller jouer là et se contaminer et il y a des maisons qui peuvent se
construire et ça se contamine. Les dépotoirs à ciel ouvert
qu'on avait dans le temps, ce n'était pas nécessairement pour une
question d'effluent que le ministère de l'Environnement les a tous
fermés; c'est parce qu'il avait d'autres considérations. Alors,
le parc à résidus, ça fait partie aussi du même
principe. C'est qu'il y a la un dépôt, quelque part dans la
nature, qui peut être vaste, un parc à résidus qu'on
appelle un lac de "slag", c'est vraiment un lac, ce n'est pas grand comme ici
dedans. Il y en a du stock là-dedans. C'est un lac et, quand il y a le
malheur de mouiller en plus, on sait ce que ça veut dire. Un pied d'eau
par le dessus puis... Bon. Puis, une fois que la mine est fermée, et je
veux bien croire qu'il y a certaines choses qui sont à respecter par
rapport aux articles qu'on a vus tout à l'heure, mais il n'y a rien qui
empêche d'aller jouer là-dedans. Moi, je vais vous dire, par
exemple, un lac de "slag" dans le coin chez nous, les gens vont chasser le
canard là-dessus; ça doit faire de drôle de canards, mais,
en tout cas, il y a des canards qui vont là; il y a de l'eau et c'est
une belle place pour chasser le canard.
Donc, il y a des possibilités de contamination probablement bien
plus grandes qu'uniquement la question des effluents. Moi, j'aimerais savoir,
à partir de ça, quels sont les critères de
caractérisation de base qui vont être utilisés. Est-ce que,
par exemple, on va utiliser des méthodes de caractérisation qui
sont développées par le ministère de l'Environnement pour
déterminer la teneur en plomb dans les sols contaminés par les
anciens dépôts de batteries ou est-ce qu'on va utiliser des
méthodes similaires à celles que l'on a utilisées encore
tout dernièrement dans le cas du feu de pneus de Saint-Amable pour
caractériser les sols et évaluer les teneurs de produits toxiques
qui seraient à contrôler, à éliminer ou, enfin...
C'est un peu tout ça, parce que moi, je veux bien croire que le
ministère de l'Environnement a une vocation particulière avec les
effluents, c'est vrai, sauf que l'orientation qu'on donne actuellement au
ministère de l'Environnement, c'est une orientation
intégrée de gestion eau, air, sol et ça, ça veut
tout dire. Ça veut dire que tu respires puis tu marches puis tu plonges.
Tu as le contrôle là sur tout ça. Il faut bien comprendre
aussi que, pour pouvoir contrôler des effluents, il faut que tu sois
capable d'avoir un minimum de contrôle sur le sol duquel l'effluent
origine. C'est pareil comme quand on essaie de décontaminer une
rivière en faisant, dans des petits villages un peu partout, des bassins
de décantation et des usines de filtration, mais que la grosse ville,
elle, on la laisse tirer ses égouts de 15 pieds droit dans la
rivière. Tu n'as pas fait grand-chose une fois que tu as dit ça.
Il faut que tout le monde sur la même rivière se nettoie en
même temps, sinon tu n'as rien nettoyé. C'est le même
problème. Alors, sur quelle base on va partir pour caractériser
ça? Est-ce que c'est le ministère de l'Environnement qui, au
départ, va être responsable d'établir les bases de
ça?
M. Lebuis: II y a déjà des études de
caractérisation qui ont été faites sur les mines, par le
ministère de l'Environnement; il y a le fameux rapport du GERLED qui a
déjà fait une caractérisation préliminaire.
Ça, il y a déjà un point de départ à ce
niveau-là. Par contre, quand ça va être le temps de
déposer le plan, il va devoir y avoir une caractérisation plus
spécifique de la mine qui va commencer ses opérations. Alors, il
va falloir diagnostiquer au départ quel type de résidu minier on
va générer, et ça se fait selon les méthodes
standard.
M. Claveau: II me semble que pour les nouvelles mines, c'est
assez facile de contrôler ça parce que, dans le fond, on
connaît le processus, on sait si c'est radioactif ou pas, si c'est acide
ou s'il y a du cyanure ou autre chose. Bon, là, à partir du
moment où on donne les permis qui autorisent de pouvoir opérer
telle sorte de moulin avec tel produit et qui va générer tel
résidu, et que là, on a affaire à un sol à
côté qui est vierge, c'est bien évident que là, on
sait à quoi s'en tenir. Mais par rapport aux anciennes mines, c'est
là qu'est mon propos.
M. Lebuis: Les anciennes mines ont, à ma connaissance,
toutes été caractérisées par les études du
GERLED. Nous, on a entrepris, l'été dernier, une nouvelle
caractérisation sur les parcs des mines d'or de l'Abitibi, parce qu'on a
fait ce qu'on appelle une caractérisation agronomique pour justement
voir comment on peut revégéter ces parcs-là avec des
arbres essentiellement. C'est un projet qu'on fait conjointement avec
l'Agriculture et avec les Forêts. Et ça aussi, là, on est
rendu à une étape plus avancée que la
caractérisation que le GERLED a faite. On vient voir comment on peut
faire une stabilisation végétale de ces parcs-là.
Et les mines actives... Là, on a parlé des nouvelles
mines, les mines abandonnées, mais les mines actives elles aussi sont
caractérisées, à l'heure actuelle, par le ministère
de l'Environnement. Il y a des tests qui sont exigés, à tous les
mois sur l'effluent final qui mesure toute une série
d'éléments chimiques. Il y a déjà beaucoup de
documentation pour nous permettre de répondre à votre
question.
M. Claveau: Bon, justement. L'inventaire des lieux
d'élimination de déchets dangereux au Québec,
Abitibi-Témiscamingue, le Nord du Québec, ça, ça
comprend les parcs à résidus miniers, les travaux du GERLED,
justement. Eux autres font de la caractérisation et ils proposent des
plans de restauration des sites. Ils en ont de proposés. Ils travaillent
à faire des plans de restauration des sites. Alors, est-ce qu'on va se
servir de ça ou est-ce qu'on va créer une deuxième machine
où, là, on va se retrouver avec deux groupes: le GERLED, d'un
bord, qui va faire ses études et qui va avoir ses techniques de
caractérisation et ses hypothèses de plan de
réaménagement et de restauration et, de l'autre
côté, le ministère de l'Énergie et des Ressources
qui va faire la même chose et là, les deux ne s'entendront pas
parce qu'on va dire: légalement, c'est le ministère de
l'Énergie et des Ressources qui a raison mais, par contre, on a
déjà au ministère de l'Environnement un groupe, le GERLED,
qui s'occupe de faire la même chose et qui le fait déjà et
qui négocie déjà avec les compagnies qui travaillent
déjà avec des compagnies sur des plans de
réaménagement et de restauration, de sites de contamination aux
produits dangereux, y compris les parcs à résidus miniers.
Parce que, dans la tête du GERLED, et je trouve ça
très intéressant, le parc à résidus miniers est un
site contaminé comme un autre, sauf qu'il est contaminé par une
industrie minière. Au lieu d'être contaminé par une
aluminerie, par exemple, ou par l'industrie forestière, il est
contaminé par une industrie minière. Mais c'est un site
contaminé au même titre que les autres et, donc, qui doit
être traité comme un site contaminé C'est pour ça
qu'on le retrouve dans l'inventaire des lieux d'élimination des
déchets dangereux au Québec. Et c'est normal. À mon avis,
c'est normal. C'est un déchet. Les résidus miniers, c'est des
résidus de mines comme les résidus forestiers sont des
résidus de forêt. Ils n'ont pas la même raison d'être.
Ils ne sont pas faits de la même façon, mais ça reste tous
les deux des résidus qu'il faut traiter comme tels. Alors, que l'on
puisse le voir dans une dynamique globale, je trouve ça très
intéressant.
Mais ce que je veux savoir, maintenant, c'est qu'une fois qu'on a dit
ça, est-ce qu'on va le prendre ce qui est fart par le GERLED, est-ce
qu'on va s'en servir comme travail de base9 Est-ce qu'on va se
servir des compétences qui sont développées par les gens
qui travaillent déjà là-dedans pour les intégrer
là, ou si on va se fier uniquement sur trois ingénieurs miniers
et deux techniciens qui n'ont peut-être jamais travaillé dans le
domaine? Est-ce qu'on n'aurait pas avantage à être beaucoup plus
proche du ministère de l'Environnement, dans le fond, dans la gestion de
ces parcs à résidus là? Et, entre autres, en ce qui
concerne les compagnies existantes, parce que les compagnies existantes,
à cause des effluents liquides, justement, ont déjà des
contacts importants et suivis avec le ministère de l'Environnement parce
que, comme vous dites, il y a de l'échantillonnage qui se fait
régulièrement. Il y a des tests qui sont faits à tous les
mois et à toutes les semaines et il faut que, bon... S'il y a des prises
d'eau qui ne sont pas loin, c'est encore pire et il faut qu'il y ait des
contrôles. Alors, ils sont déjà là, les gens, et ils
ont déjà à travailler avec les compagnies et à
discuter avec les compagnies sur des possibilités de modifications et de
réaménagement et de réenlignement de ces parcs-là
qui sont considérés, avec raison, comme des sites à
déchets dangereux. Alors, est-ce qu'on va se servir de cette
expertise-là, de ce travail-là? Est-ce que ça va servir de
base, ça, pour déterminer dans l'avenir les plans de
réaménagement et de restauration? C'est ça que je veux
savoir, ou bien si on "scrape" tout ça et on recommence à
zéro, même si on n'a pas d'argent au ministère et qu'on
trouve que ça coûte cher et qu'on est déjà
surendetté. Est-ce qu'on va se payer encore le luxe de tout "scraper"
ça parce que ça n'a pas été fait par le
ministère et de recommencer à
zéro? Comme on me disait l'autre jour... Une voix: Bien
non.
M. Claveau: Bien non, écoutez, on m'a dit l'autre jour: La
route de la Baie James, à partir de Matagami à Radisson,
signalisation impeccable mais faite par Hydro-Québec. Là, la
signalisation n'est pas valable parce que, dans le temps, c'était une
route qui n'était pas une route ouverte au public. Donc, ceux qui ont
fait la signalisation n'étaient pas autorisés par le
ministère pour faire la signalisation parce qu'il aurait fallu que ce
soit le ministère des Transports qui fasse la signalisation. Donc, si on
veut la faire appliquer cette signalisation-là qui, soit dit en passant,
correspond en tout point aux normes du ministère des Transports, il faut
la recommencer à zéro et la faire faire par les gens
qualifiés et compétents reconnus par le ministère des
Transports. Ou bien, il faut passer une loi spéciale qui rend valable la
signalisation telle qu'elle est actuellement. Comme on n'a pas encore fait de
loi dans ce sens-là, j'ai l'impression qu'il va falloir que la
signalisation soit refaite au complet. Est-ce parce que ce n'est pas le
fonctionnaire du ministère des Transports prévu dans la
convention pour planter le piquet qui a planté le piquet que la
signalisation n'est pas valable? C'est ça, mon problème,
là-dedans. Est-ce que ça va vouloir dire, ça, que la
carac-térisation qui aura été faite par le gars du GERLED,
qui est compétent et qui travaille là-dedans depuis des
années, mais que ça n'aura pas été fait par le gars
qui est prévu dans la loi pour la faire, ça va être rendu
invalide, ça va être invalidé, si vous voulez, et qu'il va
falloir remettre de l'argent pour recommencer, même dans le contexte
financier qu'on connaît actuellement au gouvernement?
M. Lebuis: Bon, alors, on va utiliser les données du
GERLED qu'on a déjà à nos bureaux depuis fort longtemps.
Dans certains cas, il va y avoir des données complémentaires qui
vont être nécessaires. Ça, c'est bien évident. Je
vous dirai aussi qu'entre les scientifiques des différents
ministères, les accords sont relativement faciles, à
témoin le parc de East-Sullivan près de Val-d'Or où on
collabore avec le ministère de l'Environnement et le ministère
des Forêts aussi pour stabiliser le parc à résidus
miniers.
M. Claveau: Oui, oui.
M. Lebuis: À témoin, le problème qu'on a
connu Duparquet, ce qui a été évoqué tantôt
par Me Giroux, où on a eu une collaboration entre les fonctionnaires des
deux ministères. Et, il est tout à fait dans notre intention
d'éviter des dépenses inutiles, d'éviter des duplications
entre les analyses qui seraient faites par nous et les analyses qui sont
déjà faites ou qui sont en train d'être faites par le
ministère de l'Environnement. Alors il n'y a aucun problème
là-dessus. Il y a des échanges très soutenus à cet
égard-là. (12 heures)
Un autre fait intéressant, c'est que la semaine dernière,
en Abitibi, il y avait un colloque organisé par l'Association
minière du Québec pour parler des programmes de recherche qui
sont engagés par le CRM, par CANMET, par plusieurs provinces canadiennes
pour trouver des solutions économiques et environnementalement
acceptables concernant les parcs à résidus miniers acides. Et
lors de ce colloque-là, il y a un intervenant très
pro-environnemental depuis une quinzaine d'années - à Rouyn, ils
ont connu des problèmes particuliers avec l'environnement et les mines -
qui a été et qui est encore membre de comités de citoyens
très en faveur de l'environnement, qui a dit: Enfin, il semble, avec les
données qu'on a et les présentations qu'on entend, que tous les
intervenants du monde des mines, y compris les ministères et
l'industrie, travaillent maintenant dans le même sens. Alors, je pense
que c'est déjà un élément qui indique la nouvelle
direction vers laquelle on se dirige conjointement pour régler le
problème des mines abandonnées ou pour nous assurer que les
prochaines mines ne seront pas laissées dans un état
déplorable. Il y a déjà un virage important qui est pris
et qui continue de se concrétiser.
M. Claveau: J'ai remarqué que l'intervenant en question
s'était quand même gardé une porte de sortie en disant: II
semble que.
M. Lebuis: Eh bien, c'est parce que je n'étais pas
là moi-même et c'est ce qu'on m'a dit.
M. Claveau: Ah! Vous ne pouvez pas le citer aux mots. Non, mais
quand vous dites qu'il n'y a pas de... Écoutez, d'abord, tous les
problèmes connus actuellement dans les parcs à résidus
sont probablement tous listés par le GERLED; éventuellement, il y
en a peut-être quelques-uns qui ne sont pas étudiés en
profondeur, mais il reste que l'ensemble de la problématique, on la
connaît déjà au ministère de l'Environnement, d'une
part.
D'autre part, vous nous dites qu'il n'est pas question d'engager des
fonds supplémentaires là-dedans, sauf que moi, je remarque que le
ministère de l'Énergie et des Ressources, selon les notes qui ont
été déposées au Conseil des ministres pour
étude et approbation, prévoit qu'il va y avoir de l'emploi de
personnel pour à peu près 250 000 $ pour gérer cette
loi-là, dont trois ingénieurs miniers et deux techniciens en
ressources minérales. Les frais annuels additionnels à
prévoir en salaires et frais divers sont de l'ordre de 250 000 $. Tous
ces techniciens-là, ces spécialistes-là, ils existent
déjà au ministère de l'Environnement; ils ont
déjà fait de la
caractérisation, ils ont déjà entrepris des
négociations avec les compagnies, ils ont déjà des gros
rapports bien documentés, avec des beaux graphiques pondus dedans; ils
ont sûrement déjà tous les logigiels d'ordinateur
nécessaires pour gérer ça, parce que si je regarde ce qui
est fait là-dedans, ce n'est probablement pas fait à la mitaine
ça, là, par les temps qui courent. On travaille beaucoup plus
avec les ordinateurs qu'avec les crayons de plomb.
Alors, ils ont déjà tout ça et ils ont le personnel
pour le faire; la preuve, c'est que la job est déjà faite en
grande partie Alors, pourquoi le ministère de l'Énergie et des
Ressources, dans un contexte financier et budgétaire difficile,
pense-t-il qu'il va avoir besoin de cinq personnes de plus avec des surplus de
750 000 $ en salaires et frais divers additionnels - on ne parle pas du budget
actuel là, c'est marqué: additionnels - pour faire ça,
pour doubler, finalement, ce que le ministère de l'Environnement fait
déjà? C'est ça que... Ça fait partie du
décor, ça. Et, à la limite, si le ministère de
l'Environnement avait besoin d'un employé ou deux de plus pour
coordonner, s'il avait besoin d'un ingénieur minier, il s'en engagera
un. Je ne peux pas croire qu'un ingénieur minier à plein temps
là-dessus n'est pas capable, dans l'année, de faire le tour de 70
sites de déchets dangereux, surtout qu'ils sont à peu près
tous dans le même coin. Il faut quand même se comprendre par
rapport à l'ampleur de la job. Il n'y en a pas 5500 de ces
sites-là.
M. Lebuis: Mais la caractérisation, ce n'est pas là
qu'est le problème, actuellement. Le problème, c'est de
préparer les plans, de les examiner, de les approuver, et surtout de
voir à leur exécution. La caractérisation, nous, on n'a
pas l'intention d'en faire plus que nécessaire et on va partir des
données qui sont déjà disponibles au ministère de
l'Environnement.
M. Claveau: On est déjà en train de travailler des
plans de réaménagement, on discute avec les compagnies. Il y a
des gens qui connaissent ça, qui sont déjà formés
dans le domaine et qui ont l'habitude, qui ont commencé, du moins,
à développer des réflexes dans ce sens-là.
M. Lebuis: Oui, mais là, on parle de 110 parcs à
résidus miniers. Je pense que le ministère de l'Environnement a
fait des essais à quelques endroits, mais là, on examine le
problème dans son ensemble. Alors ça, ça va demander des
ressources additionnelles, il n'y a pas de doute là-dessus.
M. Claveau: Mais les gens qui sont prévus, je ne sais pas
s'il y a déjà du monde, des noms de prévus au bout de
ça, là, mais on dit très bien qu'il va falloir cinq
personnes, dont trois ingénieurs miniers et deux techniciens. Ce n'est
pas moi qui l'ai écrit; on ne peut pas m'accuser de démagogie en
disant ça. C'est signé la ministre de l'Énergie et des
Ressources, Mme Lise Bacon. Est-ce que ces gens-là ont
déjà une expertise dans le domaine ou bien, alors, il va falloir
leur payer encore des cours de formation? Parce que là, si je comprends
bien, il s'agit d'ingénieurs miniers. Un ingénieur minier, bon,
je veux bien croire, mais je sais ce que c'est, un ingénieur minier, je
sais comment c'est formé et je sais ce qu'il y a dans son cours. Ce
n'est pas nécessairement un environnementaliste. Il n'a pas
nécessairement la formation.. Vous savez, quand on veut parler de la
ventilation dans les mines, il y a des ingénieurs en ventilation; ce
n'est pas un ingénieur minier qui fait la ventilation dans les mines,
c'est un ingénieur en ventilation C'est ça le problème.
Alors, pourquoi faudrait-il que ce soit un ingénieur minier qui fasse la
caractérisation des sites à résidus et qui travaille pour
l'élaboration des plans? Ce n'est pas un problème de
mécanique de roche, cette histoire-là.
M. Lebuis: La loi ne dit pas que ça va être des
ingénieurs miniers, en fait. C'était pour faire saisir le type de
compétence qu'on aurait probablement besoin pour la gestion de ce
programme-là. En fait, il n'y a rien dans la loi qui dise que ce sera
des ingénieurs miniers. Et on pourra adapter
M. Claveau: Mais c'est pourtant très très explicite
dans le texte qui a été approuve au Conseil des ministres.
M. Lebuis: Bien oui, mais...
M. Claveau: Trois ingénieurs miniers et deux techniciens
en ressources minérales
M. Lebuis: Ça, c'est pour le nombre de postes,
essentiellement.
M. Claveau: Mais si le ministère de l'Environnement avait
besoin d'un ingénieur minier pour essayer de se comprendre un peu en
mécanique des roches, à ce moment-là, il pourrait s'en
engager un pour aider à compléter son équipe
déjà dans le domaine qu'il connaît et qui a
déjà développé de l'expertise dans ce genre de
travail-là. On réglerait le problème à beaucoup
moins cher et on remettrait le problème entre les mains de gens qui ont
déjà de l'expertise, des compétences dans la gestion de ce
genre de problème-là
M. Lebuis: Moi, je vous dirai là-dessus que l'expertise
commence à peine à se développer. C'est une nouvelle
conscience sociale qui s'éveille au secteur des mines et de
l'environnement. Alors, l'expertise parfaite qu'on cherche, je dirai qu'elle
n'existe pas. C'est dans quelques années, avec les programmes de
recherche qui sont en
cours à l'heure actuelle, qu'on va finir par avoir l'expertise
idéale qu'on cherche.
M. Claveau: Je suis d'accord.
M. Lebuis: Ce ne sera peut-être pas des ingénieurs
miniers, ce sera peut-être plutôt des chimistes ou des agronomes ou
des biologistes. En fait, on ne le sait pas exactement encore, sauf qu'on veut
dire qu'il est temps qu'on s'occupe de ça et on enclenche le
processus.
M. Claveau: Je suis d'accord avec vous qu'il y a de l'expertise
à développer là-dedans et qu'elle n'existe pas
nécessairement d'une façon pour le moins raffinée
actuellement comme disponible sur le marché du travail au Québec,
mais, au même titre que c'est probablement le ministère de
l'Agriculture qui est le mieux placé pour développer de
l'expertise en agriculture et c'est le ministère des Pêcheries qui
est probablement le mieux placé pour développer des expertises
dans les pêcheries, je croirais qu'en termes de questions
environnementales, c'est probablement le ministère de l'Environnement
qui est le mieux placé pour développer de l'expertise dans ce
secteur-là.
M. Lebuis: Mais on parle toujours de plan de fermeture de mines
et de restauration à la fin des opérations. On ne parle pas de
plan environnemental.
M. Claveau: Oui, mais la restauration de ces
parcs-là...
M. Lebuis: II y a un malentendu profond là-dessus,
là. Nous autres, on vient intégrer notre réflexion dans le
cycle d'une mine, comme Mme la ministre vous l'a expliqué, comme on a
tenté de vous l'expliquer. On la prospecte, on la découvre, on
l'exploite et on la ferme, malheureusement. C'est dans cette
perspective-là, nous autres, qu'on fonctionne, et on est tout à
fait conscients que le ministère de l'Environnement a aussi son
rôle à jouer. Et là, on cherche le point d'arrimage entre
les deux compétences. C'est ça que... Et vous, vous voulez plus
sur un bord et vous semblez...
M. Claveau: Moi, je veux que l'après-fermeture, le post
mortem réponde aux mêmes principes que le reste. Vous prospectez,
vous explorez, vous ouvrez, vous exploitez et vous fermez une mine en vertu de
lois existantes ailleurs. O.K?
M. Lebuis: En vertu de la Loi sur les mines.
M. Claveau: Ah! La Loi sur les mines, oui, mais, dans
l'exploitation, on parlait tantôt de ventilation, on parlait d'accidents
de travail, on parlait de permis pour toutes sortes de raisons. qui
relèvent de règlements qui sont eux-mêmes l'aboutissement
de lois d'autres ministères, transport de minerai, etc. Ça, c'est
une chose. Alors, si on sent le besoin, en bout de piste, de restaurer des
parcs à résidus, c'est parce qu'il y a un problème. S'il
n'y avait pas de problème, on ne mettrait pas d'argent là-dedans.
Ce problème-là relève d'une vision de ce que l'on veut
comme qualité de vie, et cette vision-là de notre qualité
de vie, c'est ce qu'on appelle le respect de l'environnement. Et là, on
a un ministère qui s'occupe de ça.
Si on n'avait pas de problème environnemental, et quand on parle
d'environnement, ça peut aller aussi bien à l'environnement
visuel comme quand vous survolez, par exemple, Sullivan, pas loin de Val-d'Or,
et que vous voyez les mines qui se déversent dans le lac, genre
problème environnement visuel. À moins que quelqu'un aime bien
ça de voir les parcs à résidus qui plongent chaque bord du
lac à partir de l'île Siscoe, bien si vous n'êtes pas un
grand amateur de ce genre de photographie-là, pour le reste, il y a un
problème d'environnement visuel. En plus qu'il y a un problème
d'environnement aquatique parce que là, il n'y a à peu
près plus personne qui est capable de se baigner là-dedans sans
sortir de là rien qu'en squelette. Ça fait longtemps qu'il n'y a
plus un poisson qui nage dans le secteur et, en plus, on est à peu
près à cinq ou six milles de la ville de Val-d'Or qui est une
agglomération d'environ 40 000 habitants et il y a une population
à côté, qui s'appelle Sullivan, qui a quelques centaines
sinon quelques milliers d'habitants elle aussi. Et il y a même des
habitants sur l'île Siscoe, à côté, tout près
des parcs.
Donc, si on en est arrivé à ça, c'est parce qu'il y
a eu, d'une part, de l'exagération, il y a eu des problèmes qui
ont été identifiés par des gens, en termes d'affectation
de leur qualité de vie par des parcs à résidus, et puis il
y a un ministère qui est supposé s'occuper de ça, qui
s'appelle le ministère de l'Environnement. Moi, je ne vois pas pourquoi,
au même titre que les questions de travail dans l'exploitation
minière relèvent du ministère du Travail et que les
questions d'autres ordres relèvent des ministères
concernés. Question de justice, s'il y a une poursuite dans le secteur
des mines, ce n'est toujours pas le ministère de l'Énergie et des
Ressources qui va la faire. Bien non. Il y a des lois et le ministère de
la Justice qui est là et il l'applique. Alors, c'est ça.
Et l'autre affaire, à travers tout ça, parce qu'on me dit
qu'il me reste deux minutes, malheureusement, c'est la question des
délais. Toujours dans le même alinéa: 'Toutefois, le
ministre peut fixer une date ultérieure - on, là, ça y
est, on est encore parti - si celui qui doit soumettre le plan lui
démontre que, pour des raisons valables, il ne peut respecter ce
délai." J'aimerais bien savoir c'est quoi, la notion de
délai, qu'on me précise ça un peu. Est-ce que c'est
cinq ans? Est-ce: Attendez, donnez-moi le temps de me sauver à Panama
avec mon argent? C'est quoi le délai nécessaire? Une
traversée de l'Atlantique en voilier? Je ne sais pas. C'est quoi le
délai nécessaire?
M. Lebuis: C'est pour tenir compte des mines actives dont
certaines ont seulement 2 ans de production devant elles, d'autres qui ont 20
ans de production devant elles. Ça ne sera pas du tout le même
type de plan qu'il va devoir préparer. Alors, c'est pour tenir compte
tout simplement de cette variété assez grande de situations
auxquelles on va faire face.
M. Claveau: Oui, mais c'est parce que ce genre de
délai-là, je suppose, a déjà été
prévu par la ministre au moment de fixer la date ultérieure pour
remettre le plan. Il y a deux éléments la-dedans. Il y a un plan
qui doit être remis et il y a une date qui est fixée. Il y a un
délai qui est fixé pour remettre le plan. Mais si la compagnie ne
peut pas respecter ce délai-là, pour une raison ou une autre, on
peut lui en fixer un autre. Alors, moi, je comprends très bien que s'il
y a quelque chose comme 300 000 000 tonnes de résidus qui traînent
dans les parcs en arrière, et qu'il n'y a jamais eu de
caractérisation de faite là-dedans, et qu'il y a encore pour 30
ans d'exploitation de prévus à la mine, là, je
comprendrais très bien qu'on puisse lui donner au moins six mois pour se
revirer de bord et dire: Essaie donc de me trouver quelque chose qui serait
valable pour qu'on puisse s'ajuster. Ça, je le comprends, mais si,
après qu'on s'est entendu et qu'on a dit: ça va prendre un an
pour se faire ou six mois, et que, finalement, on arrive au bout du
délai et on ne l'a pas fart, là, la ministre dit: Je peux t'en
donner un autre délai. C'est ça que ça veut dire. La
ministre peut fixer une date ultérieure au délai si celui qui
doit soumettre le plan lui démontre que, pour des raisons valables, il
ne peut respecter le délai.
Le Président (M. Audet): Si vous voulez conclure, vous
avez terminé.
M. Claveau: Ça, ça veut dire que...
M. Lebuis: II y a une règle générale qui dit
que c'est 12 mois et il y a des circonstances particulières qui vont
faire en sorte que ça peut être plus que 12 mois et c'est
laissé à la discrétion du ministre d'apprécier
cette situation-là. C'est justement pour reconnaître la
diversité des mines, la diversité des situations et il y en a que
ça fait longtemps qui ont commencé, qui sont encore actives.
À Chapais, il y a 40 000 000 tonnes de résidus dans le champ et
la mine fermera bientôt. On n'est pas pour la traiter de la même
façon qu'une mine qui commence, comme la prochaine mine qui va commencer
à Val-d'Or. C'est juste pour tenir compte d'une réalité
physique. C'est juste pour ça.
M. Claveau: Sauf que s'il n'y a pas de contrainte...
Le Président (M. Audet): C'est terminé, M. le
député d'Ungava, votre temps de parole est écoulé.
Je regrette, mais on va être plus sévère sur le
règlement, je me suis fait jouer un tour tantôt. On va être
obligé de resserrer la vis. Alors, est-ce qu'il y a d'autres
commentaires sur l'article 232. 2?
M. St-Roch: Adopté.
Le Président (M. Audet): Je n'ai pas parlé de
personne. Alors, l'article 232. 2 est adopté. Alors, l'article 232. 3.
Étant donné qu'il y a plusieurs alinéas, est-ce qu'on
s'entend pour dire qu'on fait la discussion sur l'ensemble de l'article ou si,
après avoir...
M. Claveau: Par alinéa.
Le Président (M. Audet): Alors, alinéa par
alinéa, en vertu du règlement, j'ai besoin du consentement.
M. Claveau: Ah oui?
Le Président (M. Audet): Oui.
Mme Bacon: On s'était entendu globalement, ce matin.
Le Président (M. Audet): C'est pour ça
tantôt..
Mme Bacon: II semble que le député d'Un-gava change
sa façon de faire les choses.
Le Président (M. Audet): C'est pour ça que
tantôt, M. le député d'Ungava...
M. Claveau: Sur le premier alinéa, sur le premier article
232. 1...
Le Président (M. Audet): Oui, mais M. le
député... (12 h 15)
M. Claveau:... j'ai décidé unilatéralement
qu'on allait l'accepter globalement. C'est ça qui est arrivé.
J'ai exercé mon pouvoir discrétionnaire, vous voyez.
Le Président (M. Audet): Oui, un instant, là. M.
Claveau: Mais il n'y a pas eu d'entente.
Mme Bacon: Le député qui parle de
démocratie.
Le Président (M. Audet): Un instant! Regardez...
M. Claveau: Et même s'il y avait eu consultation, je
n'aurais pas nécessairement été obligé d'accepter
le point de vue de la ministre.
Le Président (M. Audet): M. le député
d'Ungava, c'est pour ça que je vous ai laissé aller,
tantôt, quand vous avez décidé, après, de prendre 20
minutes là-dessus. Mais, normalement, parce qu'il y a une
ambiguïté au niveau du règlement...
M. Claveau: Oui.
Le Président (M. Audet): ...j'avais un doute.
Mme Bacon: ...un article, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Non, ce n'est pas ça.
C'est que l'article 245, pour ce genre de chose comme ça qui se passe,
je vais vous le lire: "Le temps de parole de vingt minutes dont disposent les
membres de la commission vaut pour chaque article, alinéa ou paragraphe
d'un projet de loi - ça, ça va - chaque amendement ou
sous-amendement ou chaque article qu'on propose de modifier ou d'ajouter dans
une loi existante." Alors, ici, c'est ce que j'ai demandé à M.
Bédard. Il a dit: Non, c'est l'article 245, il a 20 minutes. Mais on
m'avait déjà avisé que pour un article qu'on ajoute comme
celui-là, à moins qu'il y ait consentement - il y a eu
jurisprudence d'ailleurs dans le cas de votre collègue de Lévis,
M. Garon - on a demandé le consentement pour pouvoir y aller
alinéa par alinéa, 20 minutes, alinéa par alinéa.
Alors, étant donné que c'est un article qu'on ajoute, qu'on
modifie dans une loi existante - dans une loi existante, c'est ce qu'on fait -
vous avez droit à 20 minutes. À moins que les collègues
vous donnent le consentement pour étudier alinéa par
alinéa, à ce moment-là, je ne vous empêcherai pas
de...
M. St-Roch: M. le Président, connaissant la verve et le
sens de synthèse de M. le député d'Ungava, je suis
sûr et certain qu'il va être capable de nous résumer
ça à l'intérieur de 20 minutes et d'aller d'une
façon globale 232.3, 232.4, 232.5. Alors, il reste encore quand
même 10 articles pour faire... Je fais confiance au député
d'Ungava pour faire la synthèse globale à l'intérieur d'un
bloc.
Le Président (M. Audet): Vous m'avez tiré les mots
de la bouche, M. le député de Drummond. Je ne voulais pas dire
ces mots-là pour passer pour partisan. Mais étant donné
que vous l'avez mentionné...
M. Claveau: Alors, il n'y a pas de consentement, si je comprends
bien.
Le Président (M. Audet): Vous avez...
M. Claveau: Ah! mais je vous remercie de la confiance que vous
avez.
Le Président (M. Audet): Je comprends qu'il n'y a pas de
consentement. Alors, vous avez 20 minutes, M. le député d'Ungava
pour...
Mme Bacon: Si vous voulez, je pense que je voudrais quand
même en faire la lecture et ensuite donner mes commentaires.
Le Président (M. Audet): Oui, oui.
Mme Bacon: Je dois encore avoir droit à ça.
Le Président (M. Audet): Oui, oui.
Mme Bacon: Je comprends que le député...
Le Président (M. Audet): Oui, oui, oui. Vous avez droit
à ça, mais c'est parce qu'il...
Mme Bacon: ...veut parler, mais...
Le Président (M. Audet): ...faut l'établir avant de
l'étudier. Si on ne l'établit pas avant, c'est vous qui allez
avoir des problèmes, ce n'est pas moi.
Mme Bacon: II reste un quart d'heure. Il aura suffisamment de
temps pour jaser encore.
Le Président (M. Audet): C'est ça. Alors, l'article
232.3. Ça va. Allez-y, Mme la ministre.
Mme Bacon: Alors, l'article 232.3: "Le plan de
réaménagement et de restauration doit prévoir notamment -
c'est ce que dit l'article... "1° la description des travaux de
réaménagement de restauration relatifs aux activités
minières de celui qui soumet le plan et destinés à
remettre dans un état satisfaisant le terrain affecté par ces
activités; lorsque le terrain est affecté par des résidus
miniers, les travaux incluent ceux de confinement et, s'il y a lieu, de mise en
place, d'opération et d'entretien de toute infrastructure pour
prévenir tout dommage environnemental pouvant résulter de la
présence de ces résidus sur le terrain; "2° si des travaux de
réaménagement et de restauration progressifs sont possibles, les
conditions et les étapes de leur réalisation; "3° les
conditions et les étapes de réalisation des travaux lors de
cessation définitive des activités minières; "4° une
évaluation des coûts anticipés pour la réalisation
de ces travaux."
Dans les commentaires que j'aurais à faire, j'aimerais dire qu'en
raison de la spécificité de chaque cas soumis, il n'est pas
possible de prévoir par règlement le cadre normatif à
respecter pour remettre les lieux visés dans un état
satisfaisant après la fin des activités prescrites. Le texte du
projet de loi précise néanmoins que ce plan de
réaménagement et de restauration doit principalement inclure
à l'égard des résidus miniers les travaux de confinement
et, s'il y a lieu, tout autre ouvrage visant à prévenir le
drainage minier acide dans l'environnement. Le drainage minier acide
résulte des effluents liquides qui s'écoulent des résidus
miniers provenant de l'extraction et de la transformation des minerais
sulfureux - les métaux de base, tels le cuivre, le zinc, le plomb, le
nickel et d'autres - et se déversant dans l'environne ment.
Les travaux de confinement incluent les barrières sèches
visant à empêcher l'écoulement des effluents ou à
les diriger vers une usine de traitement. L'inondation des résidus ou
leur neutralisation ou toute autre méthode qui serait
économiquement et technologiquement acceptable et les travaux
susceptibles d'être requis pour convenir à la qualité
minimum de l'environnement pourront notamment être le
démantèlement des installations, soit les bâtisses, ...et
d'autres et stabilisation des pentes dans les excavations à ciel ouvert,
décontamination générale des sols ou des bassins, et
d'autres, régalage et drainage du site, la revégétation
des aires libres excluant les sites de rejet. Lorsque les circonstances le
permettront, une restauration progressive du site pourra être
présentée.
Le Président (M. Audet): Merci. Est-ce qu'il y a des
commentaires ou si on est prêt à passer à l'adoption? Il y
a des commentaires, M. le député d'Ungava, à l'article
232.3.
M. Claveau: Oui, plusieurs commentaires à part
ça.
Le Président (M. Audet): Vous avez 20 minutes.
M. Claveau: Dans le fond, la ministre nous a expliqué
qu'il y avait tellement de contraintes, il y avait tellement de situations
différentes qu'il était très difficile de
légiférer là-dessus. J'en conviens, sauf que le
ministère de l'Environnement a déjà une approche globale
pour la gestion des sites d'entreposage de produits dangereux, de produits
toxiques, la gestion des résidus de ces produits-là. Je me
demande, je voudrais savoir si la ministre de l'Énergie et des
Ressources a fait les consultations qui s'imposent avec le ministère de
l'Environnement, à savoir si le contenu des plans de restauration,
d'aménagement des autres sites dangereux qui, eux, relèvent du
ministère de l'Environnement... À ma connaissance, en tout cas,
les sites de pneus, les dépotoirs de pneus ne relèvent pas du
ministère de l'Industrie et du Commerce, et, pourtant, c'est commercial,
des pneus, ça se vend et ça s'achète. Ce n'est pas le
ministère de l'Industrie et du Commerce qui s'occupe des pneus, c'est le
ministère de l'Environnement, et, pourtant, c'est un résidu
d'activités commerciales.
Alors, j'aimerais savoir si la ministre s'est entendue pour faire en
sorte que le ministère de l'Environnement ou que les normes, les
critères de base qui président à la préparation des
plans de réaménagement et de restauration, dans l'ensemble des
sites de produits dangereux à travers le Québec, seront
utilisés, seront appliqués, comme critères de base aussi,
dans la préparation des plans de réaménagement et de
restauration des parcs à résidus miniers. Ce qui veut dire, par
exemple, que la description des travaux, ce qu'on trouve dans le premier
alinéa, description des travaux de réaménagement et de
restauration relatifs aux activités minières, transmission des
plans..., remettre dans un état satisfaisant le terrain affecté
par ces activités lorsque le terrain est affecté par des
résidus miniers, - je continue, sans lire tout, mais on dit, entre
autres - d'opération et d'entretien de toute infrastructure pour
prévenir tout dommage environnemental pouvant résulter de la
présence de ces résidus sur le terrain.
Alors, je voudrais savoir si ces principes-là, ça colle
à ce qui se fait déjà au ministère de
l'Environnement dans la gestion de résidus à d'autres niveaux,
dans d'autres secteurs de l'activité économique, résidus
industriels, déchets toxiques, etc. D'autant plus que là, on fait
"nominément", nominalement...
Une voix: Nommément
M. Claveau: ...nommément référence au
ministère de l'Environnement en citant très
précisément "opération et entretien de toute
infrastructure pour prévenir tout dommage environnemental pouvant
résulter de la présence de ces résidus sur le terrain". Le
ministère de l'Environnement doit avoir prévu des choses dans ce
sens-là. Est-ce que c'est à partir de ce que le ministère
de l'Environnement fait qu'on va agir? Est-ce qu'on va utiliser les mêmes
principes qui sont utilisés dans les dépotoirs de pneus ou qui
sont utilisés pour gérer les camions de poubelles toxiques
américains qu'ils viennent domper dans les Cantons-de-l'Est ou les sites
d'enfouissement des municipalités - ça en est, ça, des
sites de dépôts dangereux où on peut trouver à peu
près n'importe quoi? Il faut contrôler ça parce que si vous
ne les contrôlez pas, vous savez très bien que ça peut
être tentant d'envoyer des BPC là-dedans ou des huiles
usées de garage ou n'importe quoi. Il faut contrôler malgré
la bonne volonté de tout le monde. Malgré la bonne
volonté, il y a encore des garages qui envoient, à l'occasion,
l'huile et l'essence dans leurs égouts. De temps en temps, il y en a un
qui se fait poigner Malgré la bonne volonté, il y a encore des
garages qui mettent de l'huile à
chauffage dans le diesel, malgré la bonne volonté de tout
le monde. Alors, malgré la bonne volonté de tout le monde, il y a
des compagnies aussi qui utilisent l'huile à chauffage dans leurs
propres camions diesel, malgré la bonne volonté de tout le
monde.
Alors, c'est un peu tout ça. Sans faire un procès de bonne
volonté, j'aimerais savoir jusqu'à quel point le ministère
de l'Environnement... ou les normes qui sont en vigueur au ministère de
l'Environnement dans la gestion des autres sites de déchets dangereux
générés par d'autres activités économiques
sont appliquées ou seront appliquées dans la gestion des parcs
à résidus miniers.
M. Giroux: Si vous me permettez, vous savez fort bien que la Loi
sur les mines - parce que vous êtes familier avec la Loi sur les mines -
constitue un régime juridique distinct pour déterminer les droits
et obligations des personnes ou sociétés désireuses
d'obtenir des droits miniers et de les exercer. À ce que je sache, il
n'existe pas une loi sur les parcs à pneus usagés ou quelque
chose comme ça. Donc, il n'y a pas un régime juridique
créé pour la gestion ou l'utilisation des parcs de pneus.
À partir du moment où vous créez un régime de droit
distinct, qui est la Loi sur les mines, à ce moment-là vous devez
chercher à harmoniser le plus possible toute l'activité
générée par la création de ces droits et
l'utilisation de ces droits.
M. Lebuis vous avait expliqué, plus tôt ce matin, le cycle
d'une mine. Alors ça naît, ça meurt. À
l'intérieur de ça, il y a toutes sortes de situations qui peuvent
se présenter. Quand vient le temps de déterminer par le projet de
loi qui est ici, le type de plan dont on aura besoin pour s'assurer d'un
réaménagement, d'une restauration, il me semble qu'une fois qu'on
a octroyé des droits d'usage pour fins d'exploitation minière, il
est normal, surtout à cette époque-ci où les
préoccupations environnementales sont très grandes, de voir
à ce qu'on incite de plus en plus les bénéficiaires de
droits miniers ou les détenteurs de droits miniers à
insérer dans leur processus de planification la dimension
environnementale. Alors c'est tout ce qu'on fait ici.
Concernant les pneus, je n'en sais pas plus que vous probablement. Vous
en savez probablement plus que moi là-dessus, mais je ne vois pas
tellement la relation parce que c'est complètement différent.
M. Claveau: Je comprends. Mais c'est un exemple que je donne pour
essayer... une image que je donne pour dire que c'est complètement
différent, oui, mais ça reste un dépotoir pareil.
Probablement que ce que vous retrouvez dans le dépotoir de la ville de
Montréal peut être pas mal différent de ce que vous allez
retrouver dans le dépotoir de la ville de Chibougamau parce que ce n'est
pas tout à fait le même genre de consommation...
M. Giroux: Oui.
M. Claveau:... mais ça reste des dépotoirs. Dans le
fond, un parc à résidus miniers, c'est un dépotoir.
M. Giroux: Oui. Mais si je...
M. Claveau: C'est ça qu'on veut faire comprendre, comme
une cour à "scrap" c'est un dépotoir, ça.
M. Giroux: Si j'en reviens au texte de l'article comme tel, je
vous rappelle, quand on y arrivera, que 232. 5, s'il est adopté tel que
rédigé, tel que proposé, prévoit l'approbation du
plan en question par la consultation du ministre de l'Environnement.
M. Claveau: Après consultation. Mais il n'est pas
obligé d'être d'accord avec l'approbation, le ministre de
l'Environnement. En autant qu'il ait été consulté et que
vous ayez une preuve comme quoi il est consulté, il n'est pas
obligé d'être d'accord avec le plan.
M. Giroux: J'imagine que ce n'est pas différent de
d'autres activités. On doit vous consulter, des fois.
M. Claveau: Oui, oui.
M. Giroux: On prend votre avis. C'est...
M. Claveau: Et on vote contre.
Le Président (M. Audet): M. Lebuis, vous aviez
souhaité... M. Lebuis, brièvement.
M. Lebuis: Juste une petite intervention. J'aimerais attirer
votre attention sur les mots qu'on utilise souvent quand on parle des
résidus miniers. On parle de déchets. On parle de toxiques. On
parle de contaminants. On parle de déchets dangereux. Il faudrait se
mettre, à un moment donné, au même diapason tout le monde.
On parle de résidus miniers. Ça, c'est le résultat d'une
exploitation de ressources et je pense qu'il faudrait adopter ce
jargon-là. Ça me semble être bien plus positif pour
comprendre notre problème et bien plus conforme aux exploitations des
mines que d'essayer de noircir complètement le portrait tout le
temps.
M. Claveau: Mais non, mais...
Le Président (M. Audet): Alors je vous remercie. Compte
tenu de l'heure, malheureusement, la...
M. Claveau: On pourrait peut-être tout le renvoyer en
dessous de la terre en "scrap" comme on dit. On réglerait une grosse
partie du problème.
Le Préskient (M. Audet): Vous pourrez reprendre vos
discussions un peu plus tard. Alors compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
(Reprise à 20 h 9)
Projet de loi 138
La Présidente (Mme Dionne): Mesdames, messieurs, membres
de la commission, je déclare la séance ouverte. Je vous rappelle
le mandat de cette commission. C'est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 138, Loi modifiant la Loi sur les
sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise. On n'a pas de remplacement, M. le
secrétaire?
Le Secrétaire: Non, Mme la Présidente, il n'y a pas
de remplacement.
La Présidente (Mme Dionne): Alors, on débute tout
de suite avec les remarques préliminaires, s'il y en a. M. le
ministre.
M. Tremblay (Outremont): Non, ça va, très bien.
La Présidente (Mme Dionne): Vous n'avez pas de remarques
préliminaires. Mme la députée de Taillon.
Discussion générale
Société de placements dans l'entreprise
québécoise
Mme Marois: Non, bien, on a procédé au discours de
base cet après-midi. J'aurais cependant peut-être des questions
préalables sur les SPEQ avant qu'on passe à l'étude
article par article, parce que, évidemment, c'est assez technique, on va
en convenir là. Alors, vous vous souvenez que lorsqu'on a
étudié le projet de loi, l'année dernière, si je ne
m'abuse, c'était en 1989, en décembre, c'était une des
premières lois qui a été étudiée pour qu'on
y apporte déjà, à ce moment-là, des modifications.
On avait évalué que la moyenne des placements était de
l'ordre de 173 800 $. Avec les chiffres que le ministre a introduits dans son
texte cet après-midi, on a évalué que par placement ce
serait une moyenne actuellement de 170 450 $. Je voudrais juste voir si ces
données-là se valident avec celles que pourrait posséder
le ministre. Alors, ça, ce serait la moyenne de placement. Là, on
parle maintenant de 75 000 000 $ pour 350 SPEQ. Ça donnerait une
moyenne, sur 7 ans - on a calculé, c'est ça, sur 7 ans -
d'environ 11 000 000 $ par année. Alors, je voudrais savoir, d'abord, si
ces données-là sont justes, sont exactes. Moi, je suis partie de
l'intervention du ministre cet après-midi et on n'a pas
d'éléments qui nous permettent de voir l'impact sur l'emploi Et
j'aimerais savoir, de la part du ministre, si, effectivement, il a des
données en ce qui concerne cet aspect là, soit sur le maintien,
la création, le sauvetage, maintien et sauvetage, ça peut
toujours se ressembler selon, évidemment, les circonstances Ça
peut être parfois simplement de l'expansion de l'entreprise qui fait
qu'on consolide. Dans d'autres cas, ça peut être vraiment une
opération sauvetage, ce qui différencie un peu. Alors, j'aimerais
savoir ça.
D'autre part, dans mon intervention de cet après-midi, je me pose
toujours la question, et je l'avais déjà posée aussi au
ministre, sur l'efficacité du véhicule. C'est la deuxième
fois qu'on le modifie en 10 mois. La loi qu'on va étudier vient, en
fait, confirmer des modifications annoncées par le ministre des Finances
à différents moments dans le temps, et c'est comme si on sentait
le besoin, d'une façon régulière, de bonifier ce qui
entoure les SPEQ. parce que c'est une série de bonifications, à
toutes fins prati ques, que l'on constate, soit pour améliorer
l'avantage fiscal qu'on va aller chercher, soit pour rendre déductibles
des coûts encore plus importants, etc. Alors, je me pose la question,
dans le fond, sur l'efficacité du véhicule et sur le fait qu'on a
tellement, j'ai tellement l'impression qu'on a à le bonifier sans
arrêt que je me dis: Jusqu'où ira-ton pour l'améliorer, vu
sous cet angle-là?
Ça, c'est une série de questions. J'en ai une autre
série, mais j'aimerais ça si, à celles-là, il y
avait un certain nombre de réponses.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, Mme la
députée de Taillon Avant que vous procédiez, M le
ministre, je dois vous faire part ici, à la commission, qu'il y a deux
remplacements. On ne pensait pas en avoir, mais on en a. Alors, M. le
secrétaire.
Le Secrétaire: Oui, M. Bélanger (Laval-des
Rapides) est remplacé par M Tremblay (Bimous ki) et M Benoit
(Orford) est remplacé par Mme Pelchat (Vachon).
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M le secrétaire.
Alors, M. le ministre, en réponse.
M. Tremblay (Outremont): On m'a remis tout un paquet, une liasse
de documents, des statistiques qui répondent sensiblement à
l'évolution des SPEQ depuis 1985 jusqu'en 1990: la moyenne au niveau des
SPEQ enregistrés, des
SPEQ qui ont été fermés aussi, parce que c'est
important qu'on les regarde, à des différentes croissances; je
l'ai par secteur d'activité, par région économique, par
région administrative plutôt, et ce qui est intéressant, on
a la moyenne de placements par entreprise dépendamment des
régions, ce qui explique en partie pourquoi, dans certaines
régions, on faisait 50 000 $. Alors, j'ai demandé qu'on en fasse
une copie et qu'on vous la remette.
Mme Marois: Parfait.
M. Tremblay (Outremont): Bon. Vous allez avoir tous les
renseignements et les gens de mon ministère demeurent disponibles,
même au niveau de la SDI, pour vous donner, pour répondre à
toutes ces questions-là.
Mme Marois: D'accord. Est-ce que ça donne, ce
relevé-là, l'impact sur l'emploi?
M. Tremblay (Outremont): Non. Mme Marois: Non.
M. Tremblay (Outremont): Je ne l'ai pas l'impact sur l'emploi,
mais ce que je vais m'as-surer, ça je l'ai noté, on va essayer de
le faire, de faire sortir cette information-là.
Mme Marois: Parce que j'imagine que, de toute façon, comme
il y a une forme de contrôle, du moins quand on accorde l'autorisation de
créer une SPEQ puis on contrôle un petit peu les
opérations, dans le fond, de tout ça... En tout cas, du moins
j'imagine que les gens, pour avoir droit aux déductions, il y a des
vérifications qui se font, donc on doit posséder à la SDI
un certain nombre d'informations...
M. Tremblay (Outremont): Oui, c'est possible.
Mme Marois: ...comme on a l'information sur les placements,
j'imagine, sur l'emploi aussi. Je pense que ça pourrait être
intéressant.
M. Tremblay (Outremont): Oui. Si l'information est disponible, je
vais vous la donner; si l'information n'est pas disponible aujourd'hui, je vais
faire faire, admettons, des relevés pour m'assurer qu'on puisse essayer
de ventiler par région administrative et par secteur industriel le
nombre d'emplois protégés et/ou créés.
Mme Marois: C'est ça.
M, Tremblay (Outremont): Oui, très bien. Je sais
également... une autre chose que je n'ai pas vue dans les documents que
je vais vous remettre, les SPEQ sont un financement dans une entreprise en
démarrage versus les entreprises qui seront un projet soit de
modernisation ou de capitalisation. On l'a? Vous allez l'avoir
l'information.
Mme Marois: C'est dans les documents.
M. Tremblay (Outremont): Ce que je préfère... Je
vais conserver jusqu'à temps que vous ayez eu l'opportunité de
passer à travers l'information et, parallèlement à votre
évaluation, je vais faire sortir le nombre d'emplois
créés.
Mme Marois: D'accord.
M. Tremblay (Outremont): Et si vous avez d'autres questions
à me poser, dites-le-moi et je vais vous donner l'information.
Mais de façon plus globale, à la deuxième partie de
l'intervention. Quand, en 1979, le gouvernement d'alors, le gouvernement du
Parti québécois, a mis en place un véhicule, qui
était le REA, pour favoriser la capitalisation des entreprises et par la
suite, à la suite de la récession, il y a eu la commission
Saucier qui est arrivée avec une recommandation pour un véhicule
quelconque, sans mentionner spécifiquement les sociétés de
placements dans l'entreprise québécoise... Mais ce que ça
disait: Pour les plus petites entreprises où il y a un certain lien, pas
d'amitié, mais ce sont des gens qui se connaissent, pour favoriser le
développement économique de certaines régions du
Québec, est-ce qu'on peut faire quelque chose? Alors, dans cette
optique-là, le programme a pris forme, puis c'était limité
à 50 investisseurs et moins. Donc, vous allez voir par révolution
que 1985-1986...
Mme Marois: Ça démarre lentement.
M. Tremblay (Outremont): C'est ça, ça
démarre lentement parce que, d'abord, c'est nouveau, puis ce qui est
arrivé en 1987, il y a eu le krach boursier qui a créé un
certain sentiment de perte de confiance et, parallèlement à
ça, il y a eu d'autres secteurs d'activité que le
ministère des Finances a privilégiés par des abris
fiscaux, entre autres, les films ou certains fonds de recherche. Alors,
l'argent des contribuables ou des épargnants a été
drainé dans certains abris fiscaux qui étaient plus avantageux
que la société de placements dans l'entreprise
québécoise. Par contre, depuis 1989 et un peu par la suite en
1990, c'est là qu'on s'est réellement penchés sur le
potentiel des sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise et on a fait certaines modifications, qu'on a faites
ensemble d'ailleurs l'année dernière, où on a dit:
Peut-être que dans certaines régions on a l'intention d'essayer de
baliser davantage de 100 000 $ minimum, 50 000 $ minimum. Après
ça, on a dit: Est-ce qu'il y a moyen d'élargir un peu pour dire
qu'on ne limite pas à 1 000 000 $ le placement admissible, qu'on aille
à 2 500 000 $? Est-ce qu'on
peut donner un avantage fiscal additionnel? Et, finalement, pour la SPEQ
recherche et développement, est-ce qu'on peut passer à un
avantage beaucoup plus important comme 200 %? Tout ça, c'a
été fait et ce qu'on s'aperçoit, c'est que, depuis qu'on
l'a ouvert par des offres publiques maintenant, il y a une demande accrue et
les changements que nous apportons aujourd'hui sont des changements qui sont le
reflet d'une consultation importante avec la très grande majorité
des intervenants économiques qui nous font certaines
représentations au niveau de la générosité des
SPEQ, c'est dans le dernier budget qu'on a annoncé. Est-ce qu'on
pourrait augmenter l'avantage fiscal au niveau des SPEQ? Alors, on a
augmenté de 25 %. Est-ce qu'on peut procéder à une
meilleure diffusion, communiquer le message des SPEQ davantage? Certains
efforts avaient été faits et une des nouvelles directives, c'est
de s'assurer que le plus de personnes comprennent l'importance des SPEQ et on
pense qu'avec les modifications qu'on va approuver aujourd'hui et celles qu'on
va faire le plus rapidement possible, ça devrait être mieux. C'est
un véhicule, je l'ai mentionné, de près de 75 000 000 $.
C'est pas mal d'argent. Est ce qu'on pourrait faire mieux? Le seul scheme de
référence que j'ai, j'ai comparé avec l'Ontario et, en
vitesse de croisière, on est plus performant que l'Ontario. Est-ce que
c'est la bonne référence?
Mme Marois: Est-ce qu'ils ont le même type de
véhicule? Très honnêtement, je... Ou si c'est un peu
différent?
M. Tremblay (Outremont): Bien, il n'est pas tout à fait
pareil, mais ils ont un véhicule avec un avantage qui pourrait se
comparer. Parce qu'on s'est inspiré, en 1985-1986, d'un véhicule
semblable.
Mme Marois: D'accord.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Taillon.
Mme Marois: Oui, merci, Mme la Présidente. La
série, justement, d'avantages fiscaux fait en sorte qu'on arrive
à quel coût pour le gouverne ment de ses investissements par les
SPEQ? Parce que, évidemment, là on est rendu à des
déductions assez importantes: 150 %, 200 %. Bon, le discours sur le
budget annonçait des bonifications de ce côté-là.
Alors, j'aimerais savoir ce que ça coûte au gouvernement cela,
parce que j'imagine qu'on doit l'avoir quelque part, aux Finances ou ailleurs;
chaque mesure qu'on implante habituellement, on en évalue les
coûts et les impacts. Est-ce que je comprends bien - et je ne voudrais
pas faire d'erreur... Mais quand il y a une des modifications que vous apportez
et qui a trait au fait que, par une fiducie ou par un fiduciaire, on peut
utiliser son REER pour le réinvestir, est-ce qu'à ce
moment-là on en vient au fait que l'investissement ne nous coûte
qu'environ 26 %? On a évalué, nous, que c'était autour de
26 % qu'il coûtait à la personne, parce que là, il y a le
REER lui-même et il est déductible, par le fait qu'en passant
à travers une fiducie - c'est comme ça que je l'ai compris - on
va rechercher la déduction prévue. ce qui fart que le placement
réellement, disons de 100 $, en fait il est de 26 $. Est-ce que c est
ça le calcul réel, celui que je fais?
La Présidente (Mme Dionne): M le ministre
M. Tremblay (Outremont): Oui J'ai posé cette
question-là à plusieurs reprises aux Finances. Quand on
émet le relevé, parce que la SDI, c'est ça qu'elle fait
une fois par année, elle enregistre la SPEQ...
Mme Marois: Oui
M. Tremblay (Outremont): ...et, par la suite, lorsqu'elle
approuve le placement, elle émet un relevé, un relevé 7
qu'on appelle. Je leur ai demandé s'il y avait moyen de colliger tous
les relevés 7 en fonction du palier d'impôt des différents
investisseurs pour arriver à un chiffre On a toujours de la
misère à me donner ce chiffre-là. Mais sans vous dire que
je vais l'avoir, si je l'ai je vais vous le donner Bon. Mais je vais le
demander encore une fois Je vais le demander encore une fois pour être
certain que je l'ai. Quand j'ai discuté, j'ai voulu essayer de bonifier
l'avantage pour la recherche et développement, parce qu'on n'a pas fait
beaucoup de SPEQ recherche et développement à 200 %...
Mme Marois: II y en a combien? Il ne doit pas y en avoir, je
suppose?
M. Tremblay (Outremont): Je ne sais même pas s'il y en a
une O.K.9
Mme Marois: Oui. C'est ça que je pensais.
M. Tremblay (Outremont): Et là, on ma servi l'argument: il
ne faut pas que ça coûte 0,10 $, il ne faut pas que ça
devienne au point où ce n'est pas assez incitatif
Mme Marois: C'est ça, on s'en désintéresse
dans un sens; ou ça marche ou ça ne marche pas; comme ça
ne nous coûte rien, on a peu d'intérêt à ce que
ça fonctionne ou, en tout cas, on a un intérêt moins grand,
si on veut.
M. Tremblay (Outremont): Oui, comme, par exemple, quand on avait
les films, où il y avait une garantie de rachat et il n'y avait pas de
risque, dans le fond. Donc, on avait ce problème-là.
Mme Marois: Ça servait plus d'échappatoire,
finalement, que de moyen d'investir et de faire des choses
réellement.
M. Tremblay (Outremont): Exactement. Alors là, je vais le
demander. Alors, je veux avoir cette information-là. Et je peux dire que
l'article 3.1 qu'on ajoute, on s'harmonise avec le gouvernement
fédéral. Ça fait penser un peu au Fonds de
solidarité des travailleurs du Québec, qui ont
réussi...
Mme Marois: Où c'est l'inverse
M. Tremblay (Outremont): Dans un premier temps, le Québec,
après ça, ils sont allés chez le
fédéral.
Mme Marois: C'est ça.
M. Tremblay (Outremont): Après ça, ils ont fait le
REER. C'est évident que, quand on se sert de tous ces véhicules
fiscaux, le coût n'est pas élevé. Mais je pense que si on
parle d'un coût de 0,25 $, 0,26 $ pour la personne qui utilise tous ces
véhicules-là, ça m'apparaît un coût qui peut
être réaliste.
Mme Marois: Oui, ça correspond à ce qui se
passe.
M. Tremblay (Outremont): Mais le risque... Ça, on le fait
parce que le gouvernement fédéral l'a mis en place: Mais,
normalement, un régime d'épargne-retraite, ce n'est pas comme le
Fonds de solidarité des travailleurs du Québec où on a un
placement dans un ensemble d'entreprises.
Mme Marois: C'est ça, un grand ensemble, à ce
moment-là.
M. Tremblay (Outremont): Bon, là, on en fait dans un plus
petit ensemble. Alors, est-ce qu'il y en a beaucoup qui vont utiliser ce
véhicule-là? En fait, il va être disponible, entre autres,
parce qu'on s'harmonise avec le gouvernement fédéral.
Mme Marois: Oui, c'est ça.
La Présidente (Mme Dionne): Est-ce qu'il y a d'autres
questions, Mme la députée de Taillon?
Mme Marois: Moi, je pense que ça fait le tour des
questions que j'avais soulevées.
La Présidente (Mme Dionne): Préliminaires.
Mme Marois: À ce moment-ci, je ne sais pas si ma
collègue en a. On n'a pas encore commencé article par
article.
La Présidente (Mme Dionne): Alors, ça va?
Mme Marois: Alors, je pense que ça va. En fonction des
réponses, évidemment, on pourra dans les différents...
La Présidente (Mme Dionne): D'accord.
Mme Marois: II y a un autre débat de prévu.
La Présidente (Mme Dionne): Avant d'appeler l'article 1,
j'aimerais préciser que les informations, M. le ministre, les documents
que vous êtes sensé produire doivent l'être à la
commission pour le bénéfice, bien sûr, de l'Opposition et
de tous les membres. Alors, je pense que c'est noté. Je me devais de le
mentionner pour le bénéfice des membres de la commission. Alors,
maintenant, j'appelle l'article 1 du projet de loi. M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Je dois dire que j'ai deux personnes qui
m'accompagnent, Jean Théberge que vous connaissez sûrement pour
être un des auteurs du livre qui est publié sur les
sociétés de placements dans l'entreprise québécoise
et, également, Michel Cloutier qui est responsable, à la
Société de développement industriel du Québec,
entre autres, des SPEQ, et qui est un avocat à la SDI. Alors, je pense
que ces personnes-là, parce que c'est technique, vont sûrement
pouvoir vous donner des réponses pointues à toutes vos questions.
Alors, sentez-vous bien à l'aise. Si je ne vous donne pas toute
l'information, ils peuvent donner de l'information additionnelle.
Entrée en vigueur de la réglementation
fiscale
Mais le premier article, si on le lit attentivement, c'est
essentiellement pour rendre admissibles les fonds qui viennent d'un
régime d'épargne-actions ou d'un fonds de revenu
autogénéré, excusez, autogéré...
Mme Marois: C'est ça, ça autogénère
presque des revenus. Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Outremont): Oui, oui, c'est ça.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Taillon.
Mme Marois: Oui, je pense que j'ai soulevé un petit peu la
question dans les questions générales que j'avais, à
savoir le coût, d'une part, pour le gouvernement, mais, d'autre part, ce
que ça implique comme déboursement pour la personne qui
procède ainsi. Je pense qu'on a fait le point là-dessus. Mais je
vais faire un lien entre l'article 1, et je vais le faire maintenant même
si l'autre article vient plus tard, et l'article 7 où on dit: "L'article
1 a effet depuis le 1er janvier 1986", bon, "et les articles 4 et 5
ont effet depuis le 17 mai 1989", ça, ce n'est pas grave, on y
reviendra plus tard. Mais cet article-là a donc effet depuis le 1er
janvier 1986. J'ai été un peu étonnée parce que,
dans les notes explicatives, on ne fait pas référence au fait
qu'on remonte si loin et je sais qu'il y a des lois fiscales, parce que c'est
une loi plus de nature fiscale là... Habituellement, aussitôt que
le ministre des Finances a fait sa déclaration, c'est
opérationnel. Bon. Donc, ça va de soi, les lois qu'on adopte par
la suite ne viennent que techniquement confirmer la mesure qui a
été acceptée ou présentée ou
décidée par le ministre des Finances. Alors, là, par
contre, j'ai été un peu étonnée de voir, et
qu'est-ce que ça a comme effet réel, parce que j'imagine que ce
n'est pas juste pour les fins de l'écriture, n'est-ce pas? Mais
qu'est-ce que ça a comme effet réel le fait que ce soit
rétroactif, si on veut, ou que ça ait effet depuis le 1er janvier
1986? Quel avantage ça apporte? Qu'est-ce que ça fait pour les
gens qui sont concernés?
M. Tremblay (Outremont): M. Jean Théberge.
La Présidente (Mme Dionne): M. Théberge.
M. Théberge (Jean): Oui. Jean Théberge. Alors, Mme
Marois, cette disposition est adoptée de façon, comme on l'a dit,
concordante à l'adoption au niveau fédéral.
Mme Marois: Oui.
(20 h 30)
M. Théberge: Alors, au niveau fédéral,
lorsqu'ils ont introduit cette réglementation-là, ils l'ont fait
pour les SPEQ, ils l'ont fait aussi pour d'autres programmes, d'autres
provinces, et, à ce moment-là, ils ont cru bon de l'adopter pour
les années d'imposition 1986 et suivantes parce qu'il y avait eu
déjà des ententes avec ces divers programmes-là pour le
faire à cette date-là. Alors, lorsque la déclaration
ministérielle du ministre des Finances, le communiqué du mois
d'octobre 1989 a été introduit, on a dit aussi en même
temps que c'était pour être introduit aux mêmes dates et
ayant même effet aux mêmes dates que celle adoptée au niveau
fédéral. Alors, c'est pour ça qu'on l'introduit comme
étant applicable à compter du 1er janvier 1986. Mais l'effet
réel, effectivement, il n'y en a pas parce que, effectivement, les gens
ne peuvent pas ré-troagir aux autres années d'imposition et tout
transférer.
Mme Marois: Parce que là, ça s'applique vraiment
dans le cadre des régimes, à plein droit de vote... d'une
société... à un fiduciaire.
M. Théberge: Exactement.
Mme Marois: C'est ça, dans le cadre d'un régime
enregistré d'épargne-retraite
Une voix: ...fait ça avant. Pourquoi ils ont fait
ça en 1986?
M. Théberge: Parce que le fédéral lavait
introduit en 1986 et compte tenu que la déclaration ministérielle
spécifiait que ça s'appliquait aux mêmes dates et...
Mme Marois: Parce qu'il y a un autre principe, c'est que le
législateur nest pas censé parler pour ne rien dire Et ça
m'agace toujours...
Une voix: Je vous comprends.
Mme Marois: Je comprends bien votre explication. C'est bien
ça, M. le députe de Rimouski, n'est-ce pas?
Une voix: Oui, oui.
Mme Marois: Mais c'est parce qu'à première vue, en
lisant ça, je me dis: Est-ce qu'on veut donner des avantages à
quelqu'un? Moi, je comprends bien ce que vous me dites, très très
bien. Mais je me dis: Un, on ne veut pas donner d'avantage à personne.
Est-ce que quelqu'un pourrait revenir et dire: Bien moi, j'aurais pu m'en
prévaloir, mais9 Je ne sais pas là
M. Théberge: Non, parce que
Mme Marois: Je comprends que c'est théorique les questions
que je pose, mais, d'un autre côté, pourquoi sentir le besoin de
le mettre depuis le 1er janvier? Je comprends que le ministre des Finances
pouvait avoir dit ça, mais ce ne sera pas la première fois que le
ministre des Finances aura dit des choses et qu'il aura changé d'avis un
peu plus tard.
La Présidente (Mme Dionne): M. Théberge
M. Théberge: Bien là-dessus, je n'ai pas
grand-chose à ajouter si ce n'est de dire que, effectivement, la
disposition était là au niveau fédéral depuis 1986.
Vous dites: Est-ce qu'on peut octroyer des avantages
rétroactivement9 De la même façon que si, moi,
je n'ai pas contribué à mon REER pour l'année 1990...
Mme Marois: Vous ne pouvez pas revenir, je comprends
ça.
M. Théberge: ...je ne peux le faire, je ne peux plus le
refaire. Alors, c'est de la même façon, le même raisonnement
qui a été fait ici Et je pense que c'est simplement pour des
raisons de simplification d'entrée en vigueur de la
réglementation fiscale. Il ne faut pas oublier que la déclaration
ministérielle visait les modrfi-
cations qu'on apporte aujourd'hui à la loi sur les SPEQ, mais
également les modifications correspondantes qui seront faites à
la réglementation fiscale de la Loi sur les impôts. Or, comme ils
voulaient avoir un parallèle exact avec la législation
fédérale au niveau de cette mesure-là, c'est pour
ça qu'on l'a fait de la même façon au niveau de la loi sur
les SPEQ, tout simplement. C'est la seule explication que j'ai ici.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Oui. Je suis en train de regarder, parce
que tout ce que le législateur québécois a fait là,
le paragraphe, il dit: "Ces modifications sont applicables aux mêmes
dates qu'elles le seront aux fins de la législation
fédérale." Et là, ce que j'ai, c'est la législation
fédérale du 23 octobre 1989 et le paragraphe en question dit:
"L'article 1, les paragraphes 2.2 et 3, les article 3 et 4 ainsi que l'article
67.05 du même règlement édicté par l'article 5
s'appliquent aux années d'imposition 1986 et suivantes". Et je vais
voir, on parle bien de la Loi sur les sociétés de placements dans
l'entreprise québécoise et on mentionne également,
à l'article 3, le Fonds de solidarité des travailleurs du
Québec. C'est là qu'ils ont dû-Mais est-ce que ça
veut dire qu'en 1986 quelqu'un qui aurait mis de l'argent par le biais de son
régime enregistré d'épargne-retraite
autogéré serait devenu admissible... Il serait devenu admissible
rétroactivement. Mais je ne vois pas comment, pour les SPEQ, ça
peut se présenter parce que nous, on valide un placement, on émet
un relevé 7, mais on ne l'a jamais émis à une fiducie dans
le passé; on l'a toujours émis à un particulier.
Mme Marois: Non, parce que ce n'était pas admissible.
M. Tremblay (Outremont): Ce n'était pas admissible; alors,
on ne l'a pas émis.
M. Théberge: Exactement, l'article...
La Présidente (Mme Dionne): M. Théberge.
M. Théberge: Excusez-moi. L'article de la loi sur les SPEQ
précisait, avant cette introduction de cette disposition, que seuls des
particuliers ou une corporation à capital de risque pouvaient être
actionnaires d'une SPEQ. Alors, c'est pour ça qu'en 1986, 1987, 1988,
cette disposition n'existant pas, la SDI n'a jamais autorisé de
transfert dans un REER parce que cette disposition n'était pas en
vigueur. Maintenant, ce qu'on pourrait peut-être ajouter, possiblement
qu'ils ont voulu mettre ça en 1986 compte tenu que la loi, vraiment, sur
les SPEQ a débuté avec l'année d'imposition 1986, si je ne
m'abuse, a été adoptée...
Mme Marois: C'a été adopté en 1985, en tout
cas.
M. Théberge: ...en 1985.
Mme Marois: La date probablement de mise en vigueur, ça
devait être autour de 1986.
M. Théberge: Possiblement qu'ils ont voulu avoir une date
qui correspondait à la date d'entrée en vigueur de l'instauration
du programme.
Mme Marois: Je reste quand même avec...
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Taillon.
Mme Marois: Merci, Mme la Présidente. Je reste quand
même avec une inquiétude. Dans des situations financières
corsées et on sait très bien, pour l'avoir vu parfois, que quand
quelqu'un est pris à la gorge, toutes les avenues possibles de solution
sont explorées pour qu'il essaie de s'en sortir. Alors, s'il dit:
J'aurais pu avoir droit à, en vertu de cet article-là et, comme
je ne l'ai pas fait, alors j'aurais pu le faire parce que j'avais un REER que
j'aurais pu placer, bon, etc.. Et peut-être que j'erre quand je dis
ça, j'avoue là que je ne m'appuie pas sur des
éléments très solides nécessairement, mais
simplement sur le bon sens qui me fait dire que quelqu'un pourrait voir
ça et dire: Si moi, j'avais pu faire ça, j'aurais peut-être
pu sauver mon entreprise, ou quelqu'un aurait pu la sauver en utilisant le
véhicule et en passant par la SPEQ pour investir. C'est peut-être
tout a fait théorique, mais dans les faits, est-ce que ça ne fait
pas un peu bizarre d'adopter une loi qui, par simple concordance et pour
respecter les dates que le ministre des Finances a annoncées au rang
rétroactif... Bien, rétroactif, ce n'est même pas
rétroactif, parce que je le sais qu'il ne pouvait pas en
bénéficier. Ça, je le comprends bien. Il ne peut pas
bénéficier de l'avantage qui est prévu à ça
parce que la société de fiducie, en utilisant le régime,
le REER, ne pouvait pas s'en servir. Bon, donc, elle n'était pas
même évaluée, regardée, elle ne pouvait même
pas faire une demande. Mais je soulève la question. Je me dis: On est
là pour légiférer et on essaie de le faire au mieux de
notre connaissance et en espérant qu'on ne fait pas d'erreur en le
faisant. Or, ça, ça m'agace un peu, j'avoue.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Oui. La seule chose que je peux dire,
c'est que ça a été fait autant pour d'autres comme,
mettons, le Fonds de solidarité des travailleurs du Québec.
Alors...
Mme Dupuis: Est-ce que ça permettait de sauver de
l'impôt, le fait qu'il puisse...
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Verchères.
M. Tremblay (Outremont): Ça permet de...
Mme Dupuis:... le fait qu'il pouvait, par exemple, l'envoyer dans
un fonds enregistré de revenu de retraite?
M. Tremblay (Outremont): Ça permet de retarder.
Mme Dupuis: De retarder. Bon.
M. Tremblay (Outremont): De retarder, parce que de l'impôt,
ils vont toujours en payer éventuellement, mais ça permet de
retarder le paiement des impôts, oui.
Mme Dupuis: Supposons que la personne dit: Oui, mais moi, si
j'avais pu en bénéficier, et là, je décide parce
que j'ai de l'argent - la personne dit ça par exemple - et là, je
veux en bénéficier maintenant, donc, je le prends pour 1986,
1987. Est-ce qu'elle pourrait le faire?
M. Tremblay (Outremont): Elle ne pourrait pas?
M. Théberge: Non.
M. Tremblay (Outremont): Non.
La Présidente (Mme Dionne): M. Théberge
M. Théberge: Mme la députée, elle ne
pourrait pas effectivement faire cet exercice-là, de la même
façon que je donnais l'exemple tout à l'heure en disant: Si je
n'ai pas contribué le montant de 7500 $ maximum que je pouvais
contribuer à mon REER pour 1990, même si je n'avais pas d'argent
dans le temps et, là, j'en ai aujourd'hui, mais je ne peux pas le faire.
Alors, de la même façon à ce niveau-là, cette
transaction-là n'aurait pas pu être effectuée. Il faut dire
aussi que les institutions financières n'ont pas procédé
à des transferts tant qu'elles n'ont pas été sûres
que le règlement fédéral avait été
adopté. Alors, c'est une discussion qui est peut-être -
excusez-moi l'expresssion - académique dans les circonstances, dans ce
contexte...
Mme Dupuis: Hypothétique.
M. Théberge:... il n'y en a pas eu entre 1986 et 1989,
parce que les institutions financières étaient fort
réticentes à aller de l'avant sans avoir une disposition qui
habilitait ce type de placement là spécifiquement.
Mme Marois: Est-ce qu'on ne peut pas, Mme la
Présidente..
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Taillon
Mme Marois: Est-ce qu'on ne peut pas avoir un avis sur ça?
J'aimerais ça, très sérieusement. soit par le
Comité de législation ou autrement, sous réserve qu'on
l'adopte sans problème, avoir un avis peut-être extérieur
à nous, comme membres de la commission. Ça me rassurerait.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Oui, oui Je n'ai pas de problème
avec ça.
Mme Marois: D'accord. Est-ce que quelqu'un pourrait avoir un
recours ou se servir pour plaider un avantage qu'il n'aurait pas eu alors qu'il
a fait un placement dans une SPEQ ou dans un REER autogéré?
M. Tremblay (Outremont): On va demander au Comité de
législation.
Mme Marois: J'aimerais ça en avoir un... M. Tremblay
(Outremont): Parfait.
Mme Marois:... vraiment, là, pour me rassurer et, en
même temps, je me dis: C'est intéressant parce que pour moi, en
tout cas, à ce moment-ci, c'est un cas d'espèce, c'est la
première fois. J'ai déjà vu des lois rétroactives,
mais qui avaient des effets rétroactifs, tandis que là. on dit:
Elle s'applique à une date rétroactive, mais elle n'a pas d'effet
rétroactif. Alors, je veux bien m'assurer qu'il n'y en a pas et que
ça ne crée pas des recours, c'est-à-dire ça n'ouvre
pas à des recours.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Taillon, si je comprends bien, M. le ministre a accepté qu'un avis
soit déposé à la commission sur ce point-là bien
précis.
Mme Marois: C'est ça.
La Présidente (Mme Dionne): et on peut quand même
continuer avec le projet de loi. sans problème.
Mme Marois: Oui, tout à fait. Tout à fait. La
Présidente (Mme Dionne): Bon. Ça va.
Mme Marois: Et je ne sais pas si notre secrétaire peut, ou
vous-même...
La Présidente (Mme Dionne): II va le faire parvenir.
Mme Marois: C'est ça.
La Présidente (Mme Dionne): II va le faire parvenir
à tous les...
M. Tremblay (Outremont): C'est ça. Demain, je vais
demander au Comité de législation qu'il émette un avis sur
ce point-là particulier.
Mme Marois: C'est ça. Et on s'entend que c'est
conditionnel à ce moment-là. L'approbation est conditionnelle
à la réception de l'avis, ça se peut ou pas,
ça?
La Présidente (Mme Dionne): Je pense que c'est...
Le
Secrétaire: On ne peut pas adopter un projet de
loi de façon conditionnelle. Alors...
Mme Marois: II faut le suspendre à ce
moment-là?
Le Secrétaire: Non. Je pense qu'on pourrait l'adopter et
vous verrez, lors du dépôt du rapport à l'Assemblée
nationale. Il y a d'autres étapes, là, de toute façon.
Mme Marois: Oui, oui, c'est bien sûr. La
Présidente (Mme Dionne): D'accord. Mme Marois: Mais c'est aux
autres étapes...
Le Secrétaire: C'est un peu exceptionnel, ça.
Mme Marois: Oui, je suis consciente. Mais, à ce
moment-là, c'est aux autres étapes qu'on pourrait
réintervenir.
Le Secrétaire: Oui.
La Présidente (Mme Dionne): Effectivement.
Mme Marois: Sauf que si on a adopté l'article on ne peut
plus l'amender à ce moment-là. Et c'est ça qui
m'embête.
Le Secrétaire: Lors du dépôt du rapport, il
peut être amendé.
La Présidente (Mme Dionne): Oui, effectivement.
Le Secrétaire: Lors du dépôt du rapport, on
peut toujours amender la loi.
M. Tremblay (Outremont): C'est clair.
Mme Marois: Bon. Je pense que le ministre a tout autant
intérêt que moi, je pense qu'on a tous intérêt,
autour de la table, à ce que, effectivement, cette
mesure-là...
La Présidente (Mme Dionne): D'accord.
Mme Marois:... n'ait pas d'effet boomerang avec lequel on
pourrait être tout à fait mal pris. C'est ça.
La Présidente (Mme Dionne): D'accord. Alors, on convient
que s'il y avait des préoccupations ou des amendements à apporter
ce serait lors du dépôt ou...
Le Secrétaire: Lors de l'adoption du rapport.
Mme Marois: Lors de l'adoption du rapport.
La Présidente (Mme Dionne):... lors de l'adoption du
rapport à l'Assemblée nationale, si besoin est.
Mme Marois: Alors, étant entendu, donc, que l'avis
légal nous parviendra avant que le rapport ne soit adopté.
La Présidente (Mme Dionne): Oui, c'est ça. Mme
Marois: Ça, ça va, parce que sans ça...
La Présidente (Mme Donne): Alors, ça vous convient,
M. le ministre?
M. Tremblay (Outremont): Aucun problème.
La Présidente (Mme Dionne): Aucun problème. Alors,
on revient à l'article 1.
Mme Marois: Alors, à partir de ces réserves
exprimées, je veux bien relire les explications ici. Alors, ça
va, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): Ça va? Alors, l'article
1 est adopté.
Mme Marois: Adopté.
La Présidente (Mme Dionne): Adopté. J'appelle donc
l'article 2 du projet de loi. M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Oui. Peut-être que je pourrais
saluer l'arrivée de deux autres personnes de la deputation
ministérielle.
La Présidente (Mme Dionne): Le député de
Rimouski.
M. Tremblay (Outremont): Le député de Rimouski et
la députée de Vachon. Alors, on vous souhaite la bienvenue de
venir nous aider dans l'étude de cet important projet de loi.
Capitalisation minimaie
Alors, en ce qui concerne l'article 2, si vous vous rappelez, on avait
fait des modifications au niveau du minimum requis de 100 000 $ ou de 50 000 $.
Alors, cet article-là vient juste, disons, clarifier cette
situation-là et également facliter la souscription des actions du
capital d'une société par un fiduciaire, d'autant plus qu'on
vient de parler de l'article 3.1, l'article 3.1 qui parle de la
possibilité...
Mme Marois: Dans le fond, on ramène le plancher à
50 000 $...
La Présidente (Mme Dionne): Mme la
députée.
Mme Marois: Excusez-moi, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): C'est pour le
bénéfice des débats.
Mme Marois: Je comprends que c'est pour le Journal des
débats. Mais comme je suis toujours un peu pressée de sauter
au contenu...
La Présidente (Mme Dionne): Je vous comprends, madame.
Mme Marois: Est-ce que je comprends que cela fait en sorte que,
ramenant le plancher, si on veut, à 50 000 $... Est-ce que c'est
ça que ça touche, pour toutes les SPEQ?
M. Tremblay (Outremont): Non. Mme Marois: Non.
M. Tremblay (Outremont): Ça, c'est le nouveau budget.
Ça va venir.
Mme Marois: Oui.
La Présidente (Mme Dionne): M. Théberge.
M. Théberge: Merci. Ce qui a été fait, comme
M. le ministre le disait, le plafond à 50 000 $ a été
ramené dans le cadre du dernier discours sur le budget du 2 mai
dernier.
Mme Marois: Oui.
M. Théberge: Ce qui a été fait ici, c'est
que, dans le projet de loi 11, on avait ramené les critères de
capitalisation minimale au niveau du placement admissible pour éviter
les distinctions entre SPEQ régionale et SPEC non régionale et,
à ce moment-là, facliter une plus grande dispersion, si on veut,
des placements admissibles, autant en région que hors des
régions. Alors, ça, ça a été fait, dans un
premier temps. en 1989, et il y a les articles 12.2 et 12.3 qui
reflètent cette situation-là. Alors, là, on a simplement
enlevé le critère de capitalisation minimale au niveau de
l'enregistrement pour cette raison-là. (20 h 45)
Mme Marois: Ah!
M. Théberge: Deuxièmement, il y a un autre objectif
qui est atteint en même temps, de sorte que pour qu'un placement soit
reconnu comme étant admissible aux fins d'un placement par un REER
autogéré, il faut que ce soit une compagnie qui est dûment
enregistrée aux fins de la loi sur les SPEQ. Ce que ça a
nécessité en pratique, Mme la députée, c'est que la
SPEQ a été dûment enregistrée avant qu'il y ait une
clôture de l'émission publique au terme d'une notice d'offre.
Donc, ça nécessitait des mises de fonds temporaires de 100 000 $
pour procéder à l'enregistrement de la SPEQ auprès de la
SDI, faire le placement et, à ce moment-là, être en mesure
d'accepter les souscriptions provenant de REER autogérés. Et, par
la suite, une fois que ça a été fait, le capital minimum
ayant été remplacé par du nouveau capital, là
redéfaire cette transaction-là. Alors, on a voulu simplifier le
mécanisme et rendre plus accessible le véhicule de financement
autant, comme je vous dis, au niveau de l'aspect régional du dossier et
aussi au niveau de la facilité, au niveau d'une fiducie qui régit
un REER d'être actionnaire d'une SPEQ.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Théberge. Mme
la députée de Taillon.
Mme Marois: J'essaie de voir si je comprends bien. Dans le fond,
dans mes termes à moi, on n'oblige plus à ce que les actions
aient été souscrites et payées avant de l'enregistrer,
c'est-à-dire de procéder à son acceptation
préliminaire. Est-ce que c'est ça?
M. Théberge: Exactement.
La Présidente (Mme Dionne): M. Théberge.
M. Théberge: Exactement.
Mme Marois: Bon, d'accord. Parfait, ça va.
La Présidente (Mme Dionne): Ça va?
Mme Marois: À ce moment-là, ça se fait
quand, dans le processus, l'implantation?
La Présidente (Mme Dionne): M. Théberge.
M. Théberge: Le processus est quand même suivi. Au
niveau des règlements, il y a des dispositions qui nécessitent
que certaines conditions soient respectées, entre autres, le fait
qu'un avis juridique soit transmis au niveau du respect de la Loi sur
les valeurs mobilières du Québec.
Mme Marois: Oui.
M. Théberge: Ça, au niveau de l'enregistrement,
c'est toujours nécessaire.
Mme Marois: Exigible, oui.
M. Théberge: Et pour, justement, éviter qu'il y ait
des abus, ce même avis juridique doit être donné, non pas
seulement juste lors de l'enregistrement, mais également lors du
placement admissible. Parce que si on enlève le critère et j'ai
un avis juridique à donner sur une capitalisation minimale de 100 $,
ça n'accomplit rien.
Mme Marois: C'est ça.
M. Théberge: À ce moment-là, c'est pour
ça que ce critère-là aussi dans les règlements se
retrouve. Comme je vous dis, c'est simplement pour faciliter l'utilisation du
véhicule et compte tenu aussi du déplacement des règles de
capitalisation minimale. Mais c'est juste de dire que, pour les strictes fins
de l'enregistrement, il n'est plus nécessaire d'avoir les 100 000 $. La
règle de capitalisation minimale qui est maintenant de 50 000 $ surtout
au dernier budget se retrouve, mais elle devra être retrouvée en
date du placement admissible.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la
députée de Taillon.
Mme Marois: D'accord. Ce qui répondrait à une des
objections que je soulevais il y a un an déjà maintenant, un peu
plus, à savoir que ça semblait un peu lourd comme processus. Et
donc, j'imagine, que ça, cette mesure devrait permettre de rendre un peu
plus efficace...
M. Théberge: Exactement, c'est dans ce
but-là...
La Présidente (Mme Dionne): M. Théberge.
M. Théberge: Merci. C'est dans ce but-là,
justement, que la mesure a été introduite, comme je le disais,
pour éviter que des transactions interviennent où on mettait 100
000 $ simplement aux strictes fins d'accomplir un aspect administratif,
c'est-à-dire l'enregistrement, et qu'on redéfasse tout ça
par la suite lorsque le nouveau capital rentrait dans la SPEQ.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Taillon.
Mme Marois: Alors, ça me va.
La Présidente (Mme Dionne): Ça va. Est-ce que
l'article 2 est adopté?
Mme Marois: Adopté, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 3. M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Oui, mais comme on voit par le texte,
c'est une modification de concordance en fonction de ce qu'on vient de faire
à l'article 4.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Taillon.
Mme Marois: Oui, je veux juste les replacer dans mes
alinéas. C'est ça; dans le fond, ce qu'on a enlevé
précédemment vient se retrouver là.
La Présidente (Mme Dionne): M. Théberge.
M. Théberge: En fait, cette disposition-là
entraîne une révocation automatique de l'enregistrement de la
SPEQ. Alors, comme on déplace le critère de capitalisation
minimale, non plus au niveau de l'enregistrement, cette disposition-là
devenait immédiatement inapplicable dans le sens...
Mme Marois: C'est ça.
M. Théberge: ...dans la mesure où je n'ai pas
réalisé de placement, je n'avais pas besoin, c'était
absolument inutile qu'on ait des enregistrements automatiques qui s'appliquent
à ce moment-là. C'est pour ça qu'on a restreint aux
situations où il y avait un placement qui avait été
réalisé pour, justement, se limiter à ces
cas-là.
Mme Marois: Oui, ça va.
La Présidente (Mme Dionne): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
Mme Marois: Adopté, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 4. M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): L'article 4, c'est un autre qui n'est
pas un article de concordance. Au contraire, c'est un article qui, pour que le
critère relatif à l'actif et à l'avoir net d'une
corporation, l'actif étant de 25 000 000 $ ou moins, l'avoir net de 10
000 000 $ ou moins... Ce qui est important, c'est qu'on prenne en
considération l'actif net et l'avoir au moment de la souscription de la
valeur et non pas au moment de la conversion de la valeur. Ça veut dire
que si, au cours des années, il y avait une augmenta-
tion importante soit de l'actif ou de l'avoir net, on prendrait en
considération, non pas cette nouvelle croissance, mais le montant au
moment de la souscription de la valeur.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Taillon.
Mme Marois: C'est ça. Oui, je l'avais bien vu dans
l'analyse préalable du projet de loi, effectivement. J'imagine que
ça devait causer un certain nombre d'embêtements, le fait que
ça n'était pas à la loi? Ça veut dire que quand on
voulait... doivent être satisfaites... à la date d'émission
de la valeur convertible... c'est ça. C'est qu'on ne devait plus pouvoir
le faire à ce moment-là, non?
M. Théberge: Jean Théberge.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Théberge.
Mme Marois: Nous devons être très obéissants
à la présidente, comme vous le constatez.
La Présidente (Mme Dionne): Vous faites bien ça,
là. C'est bien parti.
Mme Marois: C'est pour, d'ailleurs, être plus efficaces,
finalement.
M. Théberge: D'accord. Merci de la précision. Ce
qu'on veut atteindre par ça, Mme la députée, c'est
qu'effectivement il pouvait arriver des situations où, à la date
de l'émission ou de la souscription de la valeur convertible, la
corporation rencontre les critères pour être en deçà
de 25 000 000 $ ou de 10 000 000 $ d'avoir net des actionnaires. D'ailleurs, 9
y a une coquille dans ma note explicative où on parle de 10 000 $, mais
c'est bien 10 000 000 $.
Mme Marois: Oui.
M. Théberge: J'aimerais qu'on le précise. J'ai fini
ça à 15 heures, cet après-midi. Cette
disposition-là fait en sorte que si le critère, si l'actif a
excédé ce montant-là, à ce moment-là, lors
de la conversion de la valeur convertible, on va pouvoir être admissible
aux nouvelles mesures alors que, dans la législation actuelle, on
n'aurait pas pu bénéficier de l'avantage fiscal.
La Présidente (Mme Dionne): Ça va, Mme la
députée de Taillon?
Mme Marois: Oui, ça va.
La Présidente (Mme Dionne): Alors, l'article 4 est donc
adopté.
Mme Marois: Adopté.
La Présidente (Mme Dionne): J'appelle l'article 5. M. le
ministre.
M. Tremblay (Outremont): L'article 5, c'est une mesure de
concordance. Peut-être que M. Théberge peut l'expliquer plus en
détail.
Placement admissible
La Présidente (Mme Dionne): Oui. M Théberge.
M. Théberge: Oui, merci, Mme la Présidente. C'est
une mesure qui a été adoptée, si on veut, à titre
de mesure de concordance pour l'introduction de nouveaux secteurs
d'activité admissibles en 1989, au niveau d'une entreprise du secteur
recherche scientifique et développement expérimental. Lorsqu'on a
passé le projet de loi 11, si je ne m'abuse, le projet de loi 33
n'était pas encore déposé et cette notion-là, on
n'avait pas encore déterminé comment se ferait le calcul aux fins
fiscales.
Alors, aux fins fiscales, on a défini dans la Loi sur les
impôts la notion de partie admissible d'une participation rajustée
dans un placement admissible effectuée dans une corporation qui oeuvre
dans un secteur de la recherche scientifique et du développement
expérimental. Alors, c'est un petit peu différent. Cette
notion-là n'étant pas définie dans la loi sur les SPEO,
alors il a fallu définir cette notion-là et dire que la SDI
était autorisée à émettre des relevés 7,
autant à l'égard de la participation rajustée dans un
placement admissible que de la partie admissible dans un placement
effectué dans une corporation de recherche et développement.
C'est important de distinguer les deux termes parce que le droit
à la déduction de base ne s'ouvre pas de la même
façon, selon qu'il s'agisse d'un placement qui n'est pas effectué
dans une corporation de R-D ou si c'est effectué dans une corporation de
recherche et développement, parce qu'à ce moment-là la
déduction fiscale n'est accordée qu'au fur et à mesure
où les dépenses admissibles de R-D sont effectuées.
Mme Marois: Ah oui! D'accord.
M. Théberge: Alors, c'est pour ça qu'on a introduit
cette nouvelle définition-là et on a modifié l'article 15
ici pour référer à ces notions-là et aussi à
la notion de l'article 965.31 1, l'article 965.33.1 aussi.
Mme Marois: D'accord.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Taillon.
Mme Marois: Moi, ce n'est pas sur l'article proprement dit, je
comprends bien votre explication, mais pour les fins de nos débats et
pour
ma propre information personnelle. Depuis le début, on parle du
relevé 7. Quelqu'un qui va nous lire dans deux ou trois ans se posera la
question: Qu'est-ce qu'un relevé 7? Non, mais on parle depuis le
début de ça. Qu'est-ce que c'est qu'un relevé 7?
M. Théberge: Moi, j'avais utilisé l'expression
technique...
La Présidente (Mme Dionne): M. Théberge.
M. Théberge: Excusez-moi, Mme la Présidente.
Mme Marois: Oui, j'ai compris que c'était un langage
technique là, mais pour les...
M. Théberge: C'est l'équivalent d'un T-5, si on
veut, c'est le feuillet d'information qui permet...
Mme Marois: D'accord.
M. Théberge:.. à l'investisseur de
bénéficier de sa déduction fiscale.
M. Tremblay (Outremont): Comme un T-5 qu'on met à son
rapport d'impôt.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): C'est la même chose.
Mme Marois: Oui, ça va. Un T-5, je pense que
déjà, pour le commun des mortels, c'est déjà un peu
plus clair qu'un relevé 7.
M. Tremblay (Outremont): C'est plus facile. La
Présidente (Mme Dionne): M. Théberge.
M. Théberge: Merci. La loi parle de l'expression
"relevé", et c'est pour ça. Aux fins de la Loi sur les
impôts, on emploie maintenant le terme "relevé" plutôt que
"T-3", "T-5", et ainsi de suite.
Mme Marois: Oui, d'accord.
La Présidente (Mme Dionne): O. K. Est-ce que l'article 5
est adopté?
Mme Marois: Adopté, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): J'appelle donc l'article 6. M.
le ministre.
M. Tremblay (Outremont): L'article 6, c'est, entre autres, pour
donner suite à certaines... Ce n'est pas des mesures de concordance,
mais de la rétroactivité surtout pour des corporations
cinématographiques et télévisuelles qui ont
été ajoutées. Alors, ça permet une certaine
rétroactivité dans ce secteur-là.
La Présidente (Mme Dionne): Ça va, Mme la
députée de Taillon?
Mme Marois:.. pourront prévoir qu'ils s'appliquent
à compter de toute date non antérieure au 27 avril 1990. Ce n'est
pas très orthodoxe comme façon d'écrire le libellé,
là, qui est devant nous.
La Présidente (Mme Dionne): M. Théberge.
M. Théberge: C'est, semble-t-il, la façon de faire
selon les gens du ministère de la Justice et du Bureau des lois. Comme
je vous dis, la mesure du 27 avril c'est au niveau des règlements qui
seront adoptés au niveau des récessions pour la
réorganisation du capital de l'entreprise, où on pouvait avoir
certains abus, où des actions ordinaires au moment du placement
étaient converties par la suite en actions rachetables. Ici, on a
introduit des mesures pénalisantes dans la Loi sur les impôts et,
à ce moment-là, on se doit d'adopter des mesures dans le
règlement qui sont au même effet et qui s'appliquent à
compter du 27 avril...
Mme Marois: 1990.
M. Théberge:... 1990, effectivement, pour ces
dispositions-là.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Taillon.
Mme Marois: Alors, je veux bien accepter... La
Présidente (Mme Dionne): Oui.
Mme Marois:... que le ministère de la Justice ait...
La Présidente (Mme Dionne): Alors, est-ce que j'en
conviens que l'article 6 est adopté?
Mme Marois:... cette nouvelle - attendez un peu - façon
de... Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Dionne): Non. J'ai été
trop vite cette fois-ci, hein?
Mme Marois:... d'écrire les lois, mais je vais vous avouer
que c'est assez étonnant quand on lit ça. Bon.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Taillon.
Mme Marois: Oui, attendez un instant, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): O. K. On vous attend.
M. Tremblay (Outremont): Mme la Présidente, je peux
profiter de cette occasion pour également mentionner la présence
du député de Gatineau et de la députée de
Verchères.
Mme Marois: Bien, c'est ça que j'allais dire. Je vais,
à mon tour, m'assurer que la députée de Verchères a
été mentionnée, comme, effectivement, elle n'était
pas là au début de la commission.
La Présidente (Mme Dionne): Bien, c'est un plaisir de les
avoir tous et toutes avec nous.
Mme Marois: Bien sûr, ça facilite notre...
La Présidente (Mme Dionne): Nos débats, hein?
Mme Marois:... débat. Non, mais ça permet aussi de
voir un peu comment des lois un peu plus techniques sont analysées.
J'essaie de comprendre ce que ça peut signifier au-delà des mots
qui sont devant nous. Ça veut dire que, quelque part, on dit: la Loi sur
les sociétés de placements dans l'entreprise, entre la date
d'entrée en vigueur de la présente loi et le 31... Les
règlements qui seront pris, en application..
M. Tremblay (Outremont): 27 avril 1990.
Mme Marois: C'est ça, dans le fond, entre le 27 avril 1990
et le 31 décembre 1991.
La Présidente (Mme Dionne): M. Théberge.
M. Théberge: Bien, écoutez, je ne pense pas que les
règlements vont être adoptés suite à l'adoption de
la présente loi. Alors, ça va être suite à
l'entrée en vigueur de la présente loi et le 31 décembre
1991. Les règlements qui seront adoptés, certains d'entre eux
vont pouvoir s'appliquer à une date qui est non antérieure au 27
avril 1990.
Mme Marois: Donc, être rétroactifs au 27 avril
1990.
M. Théberge: Être rétroactive, effectivement,
au 27 avril 1990 parce que le discours sur le budget spécifiait que
cette mesure s'appliquait aux réorganisations de capital survenant
après le jour du discours sur le budget qui était le 26 avril
1990. Alors, c'est uniquement cette date-là qu'on a conservée
à ce niveau-là.
La Présidente (Mme Dionne): Ça va, Mme la
députée de Taillon?
Mme Marois: Oui, je pense que ça va. Oui. La
Présidente (Mme Dionne): Ça va? Mme Marois: Oui.
La Présidente (Mme Dionne): Alors, l'article 6 est
adopté? Adopté?
Mme Marois: Oui, adopté. Excusez-moi, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): Adopté. Alors,
j'appelle l'article 7. M. le ministre.
Mme Marois: En fait...
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Taillon.
Mme Marois:... notre avis porte particulièrement sur cet
aspect-là.
M. Tremblay (Outremont): C'est ça, exactement, oui.
Mme Marois: On s'entend. Alors, on ne reviendra pas à la
discussion qu'on a eue tout à l'heure. Je pense que ça va.
La Présidente (Mme Dionne): D'accord. Est-ce qu'on va
l'adopter pour le moment?
Mme Marois: On l'adopte...
La Présidente (Mme Dionne): C'est ça.
M. Tremblay (Outremont): Oui, oui.
Mme Marois:... et on s'entend que l'avis légal sera
déposé ou nous sera communiqué avant l'adoption de la
loi.
La Présidente (Mme Dionne): D'accord. J'appelle l'article
8. L'article 8 est adopté?
Mme Marois: Adopté, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): Adopté. J'appelle
maintenant le titre du projet de loi, soit Loi modifiant la Loi sur les
sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise. Est-ce que c'est adopté?
Mme Marois: Adopté, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): Alors, le titre. Alors, je
mets aux voix maintenant l'ensemble du projet de loi non amendé. Est-ce
que c'est adopté?
Mme Marois: Adopté, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): Alors, compte tenu que la
commission a complété son mandat, elle ajourne ses travaux. M. le
ministre, il y a peut-être des mots de clôture avant qu'on...
M. Tremblay (Outremont): Mes mots de clôture, c'est: Merci
beaucoup, pour permettre à des épargnants québécois
d'investir davantage dans la capitalisation de nos PME
québécoises.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Taillon, est-ce que vous avez des derniers mots?
Mme Marois: Non, ça va. Je pense qu'effectivement à
chaque fois on essaie d'améliorer ce véhicule. J'attendrai,
évidemment, les informations que le ministre va sûrement obtenir
de son collègue des Finances...
M. Tremblay (Outremont): Oui, oui.
Mme Marois:... pour en voir l'efficacité et s'il
s'avérait qu'effectivement le véhicule ne réponde pas aux
attentes, enfin, fait en sorte que les coûts pour son efficacité
sont trop élevés, c'est-à-dire que les rendements qu'on en
obtient sont trop élevés, ça devrait nous amener à
nous poser un certain nombre d'autres questions. Et je le pose très
simplement, parce que je me dis, on a vu que c'était lent comme outil,
mais, évidemment, ça s'adresse à une petite, moyenne
entreprise et c'est normal que ce type de véhicule soit un peu plus
complexe à mettre en oeuvre. On a moins d'habitude à utiliser ce
type d'outil. Maintenant, cela étant dit, c'est où la limite
à ne pas dépasser pour dire: Bon, bien là, on vous donne
tout finalement, ça ne vous coûtera plus rien pour procéder
à des investissements? Et, donc, il y a un problème de
motivation. Je me dis qu'il faut quand même la soulever la question.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, Mme la
députée de...
Mme Marois: M. Théberge a-t-il des commentaires...
La Présidente (Mme Dionne): Des commentaires, M.
Théberge?
Mme Marois:... à mes derniers propos? Je le voyais
réagir.
M. Théberge: Non. Mme Marois: Ça va.
La Présidente (Mme Dionne): Ça va? Alors, compte
tenu que la commission a accompli son mandat, la séance de demain matin
est, par le fait même, annulée.
J'aimerais remercier MM. Théberge et Cloutier, ainsi que tous les
députés et adjoints. Nous ajournons nos travaux sine die.
(Fin de la séance à 21 h 2)