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(Vingt heures quatre minutes)
Le Président (M. Audet): Alors, je constate le quorum. Je
déclare la séance ouverte. À l'ordre, messieurs, s'il vous
plaît. Je vous rappelle le mandat de la commission qui est de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 130, Loi modifiant la Loi sur les mines. Mme la secrétaire, est-ce
que vous pouvez annoncer les remplacements, s'il y a lieu.
La Secrétaire: II n'y a aucun remplacement, M. le
Président.
Remarques préliminaires
Le Président (M. Audet): Merci. Alors, avant de
débuter l'étude article par article du projet de loi, Mme la
ministre, est-ce que vous auriez des remarques préliminaires?
Mme Bacon: Non, M. le Président, je serais prête
à commencer.
Le Président (M. Audet): Ça va aller. M. le
député d'Ungava, pas de remarques de votre part non plus?
Ça va?
M. Claveau: Oui, M. le Président. Le Président
(M. Audet): On vous écoute. M. Christian Claveau
M. Claveau: Bon, moi, je voudrais, enfin, oui, si vous le
permettez, faire quelques remarques sur l'ensemble du projet de loi. Disons
que, au départ, il y a quand même une préoccupation qui
existe en ce qui nous concerne et que nous allons avoir l'occasion de
débattre en cours d'exercice du projet de loi et de la discussion. C'est
toute la question, justement, de l'importance du ministère de
l'Environnement et du double rôle que le ministère de
l'Énergie et des Ressources risque d'avoir en tant que juge et partie
dans l'application de ce projet de loi là, dans la mesure où...
Moi, je comprends très bien, comme j'ai déjà eu l'occasion
de le dire, qu'il puisse y avoir un certain intérêt de la part de
l'industrie minière, en général, de faire affaire avec un
seul ministère ou de diminuer le nombre des intervenants gouvernementaux
dans l'ensemble des opérations minières. J'en conviens et puis je
respecte cette intention-là ou cet intérêt-là qui
émane de l'industrie minière. Mais, d'un autre côté,
je me dis que, comme gouvernement, il y a peut-être aussi d'autres
considérations qui doivent être prises ou retenues au moment de
discuter et d'élaborer un projet de loi.
Je constate, entre autres, que les dispositions qui concernent la
gestion et l'application du projet de loi relèvent, pour l'essentiel, du
ministère de l'Énergie et des Ressources et que le seul moment
où le ministère de l'Environnement intervient légalement
dans la démarche, c'est au moment de l'élaboration du plan de
réaménagement et de restauration où il y a consultation du
ministre. Je vais vous dire très honnêtement que j'aurais
préféré voir un point de vue inverse dans la mesure
où, par exemple, le ministère de l'Énergie et des
Ressources pourrait très bien être un genre de fiduciaire ou,
enfin, le ministère qui, dans la pratique, dans le quotidien, s'assure
que les choses sont bien faites au moment de l'intervention, mais que la
préparation du plan de restauration ainsi que les contrôles qui
sont liés à ce plan de restauration là - ce qu'on voit
plus tard dans le projet de loi, entre autres à l'article 232. 8 -
relèvent du ministère de l'Environnement. Il me semble
qu'à ce moment-là le ministère de l'Énergie et des
Ressources n'aurait plus à jouer ce double rôle d'être juge
et partie dans la mesure où, d'une part, le ministère de
l'Énergie et des Ressources a, dans son rôle - un de ses
rôles fondamentaux - à promouvoir l'activité minière
au Québec. Eh bien, à ce moment-là, c'est difficile de
s'imposer ou d'être le responsable des freins quand tu es, en même
temps, l'accélérateur. J'ai l'impression que ce n'est pas pour
rien qu'on a mis deux pédales différentes dans une voiture, pour
freiner et pour accélérer. J'ai l'impression qu'on risque de se
retrouver devant le même problème. D'une part, le ministère
de l'Énergie et des Ressources doit voir à
l'accélération du fonctionnement de l'industrie minière
et, d'un autre côté, quand ça va mal, c'est lui qui est
responsable de faire le freinage en même temps. Vous allez me dire que je
pourrais toujours dire que c'est le même conducteur qui fait les deux,
mais, dans les circonstances, c'est le gouvernement, règle
générale, qui est le conducteur de l'ensemble des
opérations qui se passent dans le territoire du Québec, que ce
soit dans l'industrie minière ou autrement.
J'aimerais bien que l'on puisse compartimenter ça ou, enfin,
donner un rôle d'intervention beaucoup plus précis au
ministère de l'Environnement. Ce qui fait en sorte que dans le cas
où, par exemple, le ministre de l'Environnement, dans une situation
donnée... Comme la ministre le disait d'ailleurs dans ses remarques de
réplique en deuxième lecture, on doit composer avec la situation
économique, la situation financière de l'entreprise, tous les
considérants
qui relèvent de son ministère. Dans la mesure où
ça doit être le cas, il me semble qu'elle doit avoir aussi une
possibilité, pour le ministère de l'Environnement, de venir
discuter pour le moins de ces positions-là avec le ministre, et que ce
soit inclus dans la loi. J'avertis, je discute déjà au niveau de
Mme la ministre qu'en ce qui concerne certains articles, comme l'article 232.4
et le 232.8, on aura probablement des amendements à faire
là-dessus pour donner un rôle un peu plus important au
ministère de l'Environnement. De toute façon, quand on regarde
l'article 232.12 où l'on dit que cela n'a pas pour effet de restreindre
l'application de la loi sur la qualité de l'environnement, il me semble
que de toute façon il ne faudrait surtout pas que ça ait des
effets restrictifs sur cette loi-là, dans la mesure où de toute
façon, actuellement, il n'y a pas vraiment d'approche du
ministère de l'Environnement quant à la gestion des parcs
à résidus miniers.
Donc, l'approche actuelle du ministère de l'Environnement se
situe au niveau de l'exploration, au niveau des modalités d'intervention
en forêt pour réglementer l'exploration minière, de la mise
en valeur des terrains et de donner aussi les papiers, les avis et les
autorisations nécessaires pour la mise en exploitation d'un site. Quant
aux parcs à résidus comme tels, je sais qu'il y a des compagnies
minières qui, pour toutes sortes de raisons déjà, font des
démarches environnementales dans les parcs à résidus
miniers. J'en prends à témoin, par exemple, une mine comme la
mine du lac Short qui appartient à Minnova, qui a été
inaugurée en 1983, où on a fait des efforts substantiels pour
avoir un parc à résidus qui corresponde aux questions
environnementales, enfin, une saine gestion du milieu environnemental. C'est un
exemple.
Je sais qu'il y a d'autres compagnies minières aussi qui font la
même chose par les temps qui courent, mais il n'y a pas, là, de
plan, comme tel. Il n'y a pas d'obligation légale - on veut en
créer actuellement - en ce qui concerne strictement la gestion des parcs
à résidus. Alors, je ne vois pas pourquoi ça ne pourrait
pas être fait par le ministère de l'Environnement, en
collaboration avec le ministère de l'Énergie et des Ressources,
et que la responsabilité de l'application de ça dans le quotidien
revienne, d'une certaine façon, au ministère de l'Énergie
et des Ressources, mais les contrôles à long terme, les
autorisations nécessaires ou les rectifications qui devront être
faites en cours de chemin devraient, quant à elles, relever du
ministère de l'Environnement. Ça me semblerait beaucoup plus
conforme, dans la mesure aussi où on a créé, au
Québec, un ministère de l'Environnement qui, justement, avait
comme effet, au départ, de décompartimenter toute l'approche
environnementale dans chacun des ministères pour avoir une approche
environnementale intégrée dans l'ensemble des activités en
territoire québécois. Il me semble que, pour être logique
avec cette démarche-là, eh bien, il faut que, fondamentalement,
la base de l'intervention, la responsabilité ultime de l'intervention
relève du ministère de l'Environnement qui aurait, entre autres,
là, en vertu de l'article 232.8, à enjoindre les compagnies ou
à fixer des délais à la place du ministre de
l'Énergie et des Ressources; que ce soit le ministre de l'Environnement
qui ait à faire ces ajustements-là, il me semblerait que ce soit
nécessaire.
De la même façon, dans d'autres ministères, la chose
existe, par exemple, quand un agriculteur veut construire une nouvelle
installation sur sa ferme, ce n'est pas le ministère de l'Agriculture
qui lui donne des autorisations environnementales, c'est le ministère de
l'Environnement, et les fosses à purin, c'est le ministère de
l'Environnement qui contrôle ça. Dans le domaine municipal, la
qualité de l'eau, c'est le ministère de l'Environnement et les
égouts et les aqueducs, c'est le ministère de l'Environnement et
ce n'est pas le ministère des Affaires municipales. Il y a
peut-être bien des interventions qui sont faites... Les interventions,
les contrôles ultimes relèvent toujours du ministère de
l'Environnement. Alors, je ne vois pas pourquoi le ministère de
l'Énergie et des Ressources ne fonctionnerait pas dans la même
logique dans la gestion des parcs à résidus miniers. C'est pour
l'essentiel, je pense, le principal problème pour lequel nous aurons
à discuter durant la discussion, article par article, de ce projet de
loi là.
Il y a évidemment d'autres éléments qui nous
préoccupent un peu, entre autres dans les notes préliminaires,
par exemple, quand on parie d'enlever de l'exclusivité
récréotouristique dans certaines zones pour permettre qu'il se
fasse de l'exploration minière. On aimerait bien savoir un peu, ou avoir
une idée de la réglementation qui va accompagner ça, pour
être bien certains que ce ne sera pas dans tous les parcs et
réserves du Québec où on pourrait aller. Je le sais
déjà, d'ailleurs. J'en suis un peu préoccupé parce
que pour en avoir déjà discuté avec l'ex-ministre
délégué aux Mines, au moment de faire la loi dans un
premier temps et par après à différentes occasions, je
sais que, bon, dans la tête et dans la tête, d'ailleurs, de
l'ensemble du monde minier, c'est que partout où il y a une mine
possible on devrait aller, excepté peut-être dans les territoires
qui vont être inondés par HydroQuébec, parce qu'on ne veut
pas donner de priorité à l'industrie minière sur les
bassins d'Hydro-Québec, à moins qu'on soit capables de faire des
îles artificielles et ce n'est pas évident qu'Hydro-Québec
veuille les payer, là.
Donc, H y a une volonté, effectivement, dans l'industrie
minière de pouvoir entrer n'importe où et de pouvoir faire de
l'exploration et de la mise en valeur partout là où,
effectivement, il y a des réserves qui le méritent et de pouvoir
aussi aller partout pour vérifier si,
effectivement, ces réserves-là existent - faire de
l'exploration de base - alors qu'il est probable qu'il y a quand même des
secteurs qui devraient être soustraits à toute exploration
minière. Dans ce sens-là, on aimerait bien et on aura l'occasion
d'en discuter pour avoir plus d'informations sur les véritables
intentions qu'il y a derrière cet article de loi là ou ces
amendements-là qui sont amenés à la Loi sur les mines.
Je voudrais d'ailleurs, en guise de conclusion, M. le Président,
au moment de mes remarques préliminaires, présenter une motion
à l'effet de demander que la commission invite le ministre de
l'Environnement à lui faire part de son point de vue sur l'application
de cette loi-là.
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'il est
rédigé, votre...
M. Claveau: C'est rédigé, ça se lit comme
suit: Que cette commission invite le ministre de l'Environnement à lui
faire part de son point de vue. Ça pourrait être fait très
rapidement par une consultation avec le ministre de l'Environnement pour savoir
comment le ministre de l'Environnement peut nous expliquer sa façon de
voir quant à l'application de la loi.
Le Président (M. Audet): Mme la ministre a des choses
à ajouter avant que je juge la recevabilité de votre
amendement.
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: Certainement, M. le Président. Je voulais
commencer tout de suite à l'article 1 mais je pense que c'est presque
une invitation de la part du député d'Ungava à
réagir à ce qu'il vient de nous dire. D'abord, si on se base sur
l'article 122 de la Loi sur les mines, on y retrouve: "qu'il ait obtenu
l'autorisation du ministre. Ce dernier accorde cette autorisation après
consultation du ministre de l'Environnement... " Dès lors,
c'était déjà dans la Loi sur les mines.
J'ai dit cet après-midi et je vais le répéter au
député d'Ungava, c'est qu'il n'est aucunement question pour le
ministère de l'Énergie et des Ressources de se substituer au
ministère de l'Environnement. Au contraire, je pense que le
ministère de l'Environnement, on sait qu'il doit émettre les
certificats d'autorisation pour permettre l'opération d'une mine. C'est
l'Environnement qui doit faire ça, ce n'est pas Énergie et des
Ressources. La directive 019 de la Loi sur la qualité de l'environnement
demande de soumettre plusieurs mois à l'avance, avant une fermeture
d'une mine, le plan détaillé des travaux de restauration à
y effectuer. La loi 130 est beaucoup plus exigeante parce qu'elle
prévoit un plan de restauration accompagné d'une garantie
financière qui doit être soumis avant le début des
activités.
Le ministère de l'Environnement dans sa mission vise à
restaurer des sites miniers en vue de contrôler l'assainissement. Et
c'est l'assainissement des effluents liquides qui est une responsabilité
du MENVIQ. Quant au ministère de l'Énergie et des Ressources,
notre objectif principal, c'est de remettre en bon état un terrain qui
ne fait plus l'objet d'une exploitation minière et de trouver les sommes
nécessaires à la restauration. Je pense que ça s'inscrit
très bien dans le rapport Brundtland et je vais le reciter encore, le
rapport Brundtland, parce qu'on l'emploie souvent et je pense que c'est un
effet du rapport Brundtland que chacun des ministères sectoriels doit se
soucier davantage de la protection de l'environnement. C'est aussi une
responsabilité du ministère de l'Énergie et des
Ressources, la protection de l'environnement. Je pense qu'on ne fait pas, on ne
se substitue pas, au contraire, on fait tout simplement jouer un rôle
important dans les ministères sectoriels qui doivent viser aussi, comme
objectif, la protection de l'environnement et c'est ce qu'on fait puisque nous
sommes responsables de remettre en bon état un terrain qui a servi pour
une exploitation minière. Je pense que c'est l'objet même de cette
loi.
On ne veut pas non plus se soustraire à la Loi sur la
qualité de l'environnement. Au contraire, je pense, encore une fois, que
le MENVIQ doit émettre son certificat préalablement à
l'ouverture d'une mine. Notre projet de loi est peut-être plus restrictif
que celui du MENVIQ parce qu'on propose nous-mêmes un plan de
restauration, mais, encore une fois, ça s'inscrit dans la lignée
des gestes à poser qui nous sont presque proposés par le rapport
Brundtland. Je pense que, si le MENVIQ ne s'entend pas avec un exploitant
minier, ça ne laisse pas beaucoup de temps à la fin d'une
exploitation pour arriver à une entente, sans compter la
difficulté de dégager des fonds pour la restauration proprement
dite des lieux si on doit aviser avant que les travaux se terminent. Il faut
aviser plusieurs mois d'avance et ça ne veut pas nécessairement
dire que l'exploitant a les fonds nécessaires pour restaurer les sites
qui ont été exploités par cette personne.
Alors, on veut, nous, au départ que l'exploitant ait
déjà ces fonds, qu'il les mette de côté, qu'il nous
garantisse qu'il a ses fonds et, quand il terminera l'exploitation de sa mine,
qu'il soit capable de restaurer. Tout ce cheminement-là se fait dans la
lignée du rapport Brundtland. Ça prévoit une
révision périodique du plan, soit de modifier les types de
travaux de restauration à prescrire lors d'un changement
d'activité minière, parce qu'il y a des gens qui changent un peu
leurs activités en cours de route, et ça n'empêchera pas de
réviser ce plan-là en cours de route.
Alors, je pense que c'est un complément qu'on apporte à la
Loi sur la qualité de l'environnement, parce que, encore une fois, le
ministère de l'Environnement contrôle l'assainissement des
effluents liquides, tandis que notre objectif principal avec cette loi c'est de
remettre en bon état un terrain qui ne fait plus l'objet d'exploitation
minière. On ne se substitue pas, c'est un complément à la
loi de l'environnement. Bien que notre rôle soit aussi de
développer l'industrie minière, on veut bien aussi que ce soit
fait dans un développement durable. Je pense que ça c'est
important, et c'est chacun des ministères sectoriels qui devrait agir de
cette façon-là. Si on le faisait, on protégerait
peut-être davantage l'environnement.
Le Président (M. Audet): Ça va?
Mme Bacon: Et je devrais peut-être ajouter aussi que nous
avons cheminé en consultation avec le ministère de
l'Environnement. Le ministre de l'Environnement était présent
quand nous avons présenté notre loi au COMPADR, au Conseil des
ministres et au Comité de législation, qui a été
saisi aussi de ce projet de loi. Il y a quand même le cheminement normal
qui a été exécuté. Ça fait rire le
député d'Ungava, mais ça fait partie de...
M. Claveau: ...le ministre de l'Environnement et ce ne sera pas
la première fois.
Mme Bacon: Pardon? Il n'a pas l'habitude d'être
gêné quand il a des choses à dire.
M. Claveau: J'ai dit: il a l'air à se faire tasser de
temps en temps, ce ne sera pas la première fois.
Mme Bacon: II n'a pas l'habitude de se gêner quand il a des
choses à dire, et il a été consulté, les
fonctionnaires ont travaillé avec les fonctionnaires de l'Environnement
tout au cours de cette préparation de la loi. Les contentieux se sont
rencontrés, et le Comité de la législation a
été saisi du projet de loi après que toutes ces
consultations eurent été faites. Alors, tout ça a
été fait dans la transparence, il n'y a pas de problème,
et dans la consultation entre les deux ministères.
Le Président (M. Audet): Ça va, Mme la
ministre?
Mme Bacon: J'aimerais ajouter peut-être que je suis
responsable de la loi 130, ce n'est pas le ministre de l'Environnement qui est
responsable de la loi 130, et que j'ai bien l'intention d'en discuter ici avec
mon vis-à-vis, et de ne pas faire faire mon travail par d'autres
ministres. Je pense qu'il y a des articles de loi à étudier ce
soir et on est ici pour ça. Je ne pense pas ajouter beaucoup plus de
palabres à ça, M. le Président. Je pense qu'il faut
apprendre à intégrer. Je vais peut-être juste ajouter
ça, il faut apprendre à intégrer les préoccupations
environnementales au niveau des ministères sectoriels, comme je le
disais tantôt, et au ministère de l'Énergie et des
Ressources on l'a fait. Ce sont des orientations qui figurent bien dans la
planification du MENVIQ. Ça s'inscrit dans l'orientation du MENVIQ.
Le Président (M. Audet): Ça va? Alors, en remarques
préliminaires ou sur la motion, M. le député de
Laviolette?
M. Jolivet: En remarques préliminaires avant la motion, si
vous le permettez.
Le Président (M. Audet): C'est parce que, en
présentant la motion, on est rendu à une autre étape,
là.
M. Claveau: II me reste encore du temps, M. le
Président.
Le Président (M. Audet): Non, je sais, mais...
M. Claveau: Je peux reprendre ma motion et la représenter
après.
Le Président (M. Audet): Alors, on reviendra à la
motion après. Alors, oui, vous avez...
M. Jolivet: Ce ne sera pas long. Le Président (M.
Audet): Allez-y. M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Je posais la question à mon collègue,
parce qu'il connaît le secteur minier beaucoup plus que moi, et je me
posais la question suivante: On parle de plus en plus de remettre en production
le territoire forestier au Québec, M. le Président, et
peut-être que la ministre pourra m'indiquer s'il y a des recherches qui
sont faites dans ce sens-là. On a eu une coupe de bois qui a eu lieu
parce qu'on est allé exploiter le site minier, on a pris les
résidus de la mine, on les a placés à l'extérieur
de la mine quand elle est souterraine - si elle est à ciel ouvert c'est
différent - mais admettons dans un contexte de mine souterraine,
à ce moment-là il y a quand même un couvert forestier qui a
été endommagé dans certains cas. Dans un contexte de
remise en production du territoire forestier, est-ce que des recherches sont
faites, soit par le ministère de l'Énergie et des Ressources, ou
par d'autres ministères sur les possibilités de remise en
production forestière?
Je vous donne l'exemple qu'on a connu dans des recherches avec les
résidus du bois. Les
copeaux qui sont les écorces, dans certains cas, servent
même à faire du compostage et même des exercices ont
été faits à PFCP; à La Tuque, en particulier, ils
ont même utilisé ça pour mettre des tomates en production.
Il y eu des expériences qui ont été faites dans ce
sens-là, qui ont été quand même au premier chef des
études sur l'hydroponique en particulier. Alors, je me suis posé
la question: Est-ce que dans le projet de loi on parle de remise en condition
du territoire qui a été utilisé par la mine? Est-ce qu'il
y a des recherches qui sont faites par votre ministère ou le
ministère des Forêts maintenant sur la remise en production du
territoire qui a été touché par les mines?
Il y a des exemples qui ont été faits ailleurs où
il y a eu des mines à ciel ouvert et une expérience qui a
porté fruit, qui est sur l'île de Vancouver, le Butchart Gardens.
Au lieu de perdre le territoire, on l'a rempli puis on en a fait un des
très beaux territoires floralaux au monde. Dans d'autres cas, à
Montréal, on a fait plutôt l'inverse. On a utilisé des
mines comme celles-là pour jeter des déchets, des
dépôts secs, mine Miron en particulier. Alors, je me posais la
question parce que je me dis, dans le cas où le territoire a
été brisé par les travaux miniers, est-ce qu'il y a eu des
recherches, est-ce qu'il y en a, qui les fait pour voir s'il y a
possibilité de remettre en production un territoire?
Mme Bacon: II y a eu des recherches à un moment
donné qui ont été faites. À East Sullivan, par
exemple, on recouvre actuellement par des résidus forestiers. Quand on
regarde le cycle d'une veine, on découvre le gisement, on exploite la
mine, on ferme la mine lorsque le gisement est épuisé et la
fermeture d'une mine est donc du ressort du ministère de
l'Énergie et des Ressources. Ça fait partie de ça. C'est
pour ça qu'on fait tout simplement lors de la fermeture, comme c'est du
ressort du ministère de l'Énergie et des Ressources, de demander
à l'exploitant de remettre le terrain tel qu'il l'a pris.
M. Jolivet: C'est qu'en fait c'est ça. Quand on parle de
cette loi qui modifie puis qui va permettre justement une réutilisation
du territoire, on dit...
Mme Bacon: Restauration.
M. Jolivet: C'est ça, restauration. On dit: On n'en fera
pas un lieu de tourisme parce qu'il risque d'y avoir encore peut-être des
résidus quelconques qui font qu'on ne mettra pas en péril, dans
certains cas, la vie des enfants qui iraient jouer là, mais un produit
de bois qui servirait à faire du papier ou à faire des
choses...
Mme Bacon: On fait des expériences actuellement de
recouvrir de végétation de produits forestiers et ça nous
permet de voir comment ça va fonctionner. Les recherches se font
actuellement.
Le Président (M. Audet): O.K. Dans l'intérêt
de la commission, je voudrais rappeler une petite chose. Lorsqu'on est à
l'étude d'un projet de loi, les remarques préliminaires doivent
être faites toutes dans un bloc. Chaque membre de la commission dispose
de 20 minutes et, si les 20 minutes n'ont pas prises en entier, ça ne
peut être saccadé...
M. Jolivet: Oui, c'est correct.
Le Président (M. Audet): II ne peut pas y avoir
d'échange de réponses-questions.
M. Jolivet: Non, non, c'est parce que je...
Le Président (M. Audet): Je veux simplement vous en
aviser. C'est parce que le problème qu'on a avec le règlement
présentement c'est qu'on réfère de plus en plus toujours
à la tradition. Alors, quand on a des fois des dossiers qui sont un peu
plus serrés ou un peu plus corsés, le président a beaucoup
de difficulté à appliquer le règlement parce qu'on
réfère à la tradition. Les articles, dans la tradition,
sont assez flous. Alors, étant donné qu'on a passé
l'étape des remarques préliminaires, à moins qu'il y ait
d'autres membres de la commission qui en aient, on aurait terminé les
remarques préliminaires. La motion que M. le député
d'Ungava a présentée à l'effet que cette commission invite
le ministre de l'Environnement à lui faire part de son point de vue est
recevable. Alors, M. le député d'Ungava vous disposez d'un temps
de parole de 30 minutes pour présenter votre motion.
Motion proposant d'entendre le ministre de
l'Environnement
M. Christian Claveau
M. Claveau: Merci, M. le Président. D'ailleurs, je
remercie la ministre de l'Énergie et des Ressources d'avoir donné
quelques commentaires à la suite de mon intervention. Ça me
permet de croire qu'il est encore plus important que je ne le pensais de
recevoir le ministre de l'Environnement parce que la ministre nous dit que
d'abord le ministre de l'Environnement a assisté à toutes les
discussions et qu'il était d'accord avec ça et que les
fonctionnaires du ministère de l'Environnement ont été
consultés. Or, en ce qui me concerne en tout cas, c'est certain que
c'est le cas pour tous les membres de la commission, il serait
intéressant d'avoir le point de vue définitif du ministre de
l'Environnement là-dessus, quel genre d'interventions ont
été faites et comment, lui, il voit l'application de cette
loi-là. Parce
qu'il reste que je me questionne sérieusement quant à la
portée réelle de la loi et à la façon dont la loi
va être appliquée. Je me demande s'il ne s'agit pas là d'un
ballon ou ce qui risque de devenir un autre ballon comme certains ballons qui
ont été lancés, entre autres, dans l'application de la loi
sur le principe du pollueur-payeur. (20 h 30)
Quand on sait, par exemple, qu'il y a des compagnies qui peuvent faire
de la dépollution ou faire des modifications mais on leur rembourse sous
forme de déductions d'Impôt ou autrement, ce ne sont pas tout
à fait ce qu'on appelle des pollueurs-payeurs. Ce sont des
pollueurs-payeurs tout de suite, mais remboursés plus tard. Alors, il y
a des applications qui peuvent être plus ou moins rigides a la loi selon
qu'on fasse affaire avec une entreprise plutôt qu'une autre, ou selon
qu'on ait affaire à un type d'industrie plutôt qu'à un
autre type d'industrie. Par exemple, dans la partie accessible au public du
mémoire qui a été présenté par la ministre
de l'Énergie et des Ressources au gouvernement du Québec,
mémoire au Conseil des ministres en date du 31 janvier 1991 - c'est
marqué: Partie accessible au public - en page 3, on lit le paragraphe
suivant: En utilisant la technologie présentement disponible, la
restauration de tous les sites miniers pourrait coûter environ 300 000
000 $ à 500 000 000 $. On reviendra là-dessus parce que c'est de
l'argent, vous en conviendrez. Cependant la recherche technologique
présentement en cours devrait permettre de réduire ces
coûts particulièrement dans le domaine des résidus miniers
acides. La mise en oeuvre des nombreux articles de la loi devra donc se faire
avec circonspection pour ne pas compromettre la santé financière
des entreprises. Moi, je veux bien qu'on ne compromette pas la santé
financière des entreprises, mais, en même temps, je veux bien
qu'il y ait des mesures qui fassent en sorte que la loi s'applique. Ou bien on
n'en fait pas de loi ou bien, si on en fait une, il faut qu'elle
s'applique.
Alors, quand la ministre dit: Moi, je me garde toutes les
possibilités de déterminer si le plan d'affectation ou de
restauration est conforme, si l'entreprise suit le plan qu'on a signé
ensemble ou si elle ne le suit pas, moi, je me donne la possibilité
d'établir les vrais délais pour se conformer à la loi, et
que je lis ça en contrepartie dans les notes explicatives qui ont
été présentées et discutées au Conseil des
ministres, je me dis: J'ai l'impression que la ministre essaie d'évacuer
le ministère de l'Environnement de toute la démarche et que,
finalement, elle veut se donner le maximum de marge de manoeuvre possible pour
faire en sorte que, si une compagnie minière s'en vient plaider
l'incapacité de pouvoir vraiment correspondre ou de suivre son plan
parce qu'elle risque de fermer et c'est donc pas drôle... C'est
peut-être vrai, sauf que la loi devrait s'appliquer pour elle aussi comme
elle s'applique à n'importe qui d'autre.
Vous savez, d'ailleurs j'ai déjà discuté en Chambre
quand on parlait d'enlever les permis de conduire à ceux qui
étaient pris en état d'ébrié-té... Je me
souviens d'avoir dit en Chambre - et ça avait fait
réfléchir le ministre des Transports, qui avait dit
lui-même que je l'avais fait réfléchir: Vous, comme
ministre, ou moi, comme député, si je perds mon permis de
conduire, je peux toujours m'arranger autrement. Mais le camionneur, parce
qu'il est allé prendre une petite bière la fin de semaine avec
ses "churns* et qu'il perd son permis de conduire en conduisant sa voiture,
vient de perdre sa job. Il n'y a pas moyen de s'arranger autrement parce que sa
job, c'est de conduire. Alors, est-ce qu'on ne pourrait pas prévoir
certaines modalités qui pourraient faire en sorte que, par exemple, dans
le cas d'un camionneur, il puisse au moins garder son permis de conduire pour
pouvoir chauffer son "truck"? On m'avait dit: II n'y a rien à faire. Il
n'avait qu'à ne pas boire. Sauf que, s'il boit pareil, tu te retrouves
avec toute une famille sur l'aide sociale parce qu'il n'a plus de job. Les
enfants doivent continuer à manger pareil.
Une voix: Et s'il a un accident...
M. Claveau: S'il a un accident chaud, M. le député,
on suppose qu'il ne perdra pas son camion au moins, s'il se fait arrêter
avec sa voiture.
Une voix: Mais ceux qui se sont fait frapper?
Le Président (M. Audet): À l'ordre s'il vous
plaît. Allez-y, M. le député.
M. Claveau: M. le député, on n'en est pas
là. On en est à discuter des modalités qui peuvent
permettre à quelqu'un de continuer à gagner sa vie même
s'il perdait son permis de conduire, dans ce cas-là.
On se disait, à ce moment-là, d'une intransigeance
absolument sans recours. S'il n'a plus d'argent pour payer ses termes, ce n'est
pas grave, il perdra son camion. Il n'avait qu'à ne pas aller prendre un
petit coup avec ses "chums" le samedi soir avec sa voiture privée.
Quand on parie des compagnies dans l'application de cette loi-là,
ce n'est plus pareil. Parce que là il va falloir faire attention
à la santé financière de l'entreprise - je le veux bien -
mais il y a une loi. Est-ce qu'elle va s'appliquer ou non? C'est ça
qu'fl faut savoir. Si la loi en soi devient trop rigide et risque de mettre les
entreprises en difficulté, à ce moment-là, il faudrait
prévoir une loi qui permette à toutes les entreprises, sans
considération de leur état, de s'appliquer ou bien H faudrait
qu'on prévoie, dans la loi, des modalités qui fassent en sorte
que, dans certaines circonstances, une
entreprise pourrait être exemptée de l'application de
certains articles. Mais qu'on ne laisse pas ça à la
discrétion du ministre, et surtout pas du ministre de l'Énergie
et des Ressources, justement. Là, on est dans des questions
carrément environnementales et là où le ministre de
l'Énergie et des Ressources sera pris dans une situation où il
devra être juge et partie et où son collègue de
l'Environnement ne pourra pas intervenir parce que, dans la loi, on dit que
c'est le ministre de l'Énergie et des Ressources, sans consultation avec
qui que ce soit, qui sera responsable. Et je cite l'article 232. 8: "Lorsqu'une
personne omet de se soumettre à une obligation prévue aux
articles 232. 1 à 232. 7, le ministre peut l'enjoindre de s'y soumettre
dans le délai qu'il fixe. "
Là, il n'y a pas de considérations relatives à des
consultations, à une position d'un fonctionnaire d'un autre
ministère ou, enfin, à des considérations d'ordre
général dans l'application d'une loi qui doit être
respectée. Non, on dit: Si la ministre considère que la compagnie
est en difficulté et que, dans le fond, ce n'était pas si grave
que ça, bon... À ce moment-là, elle pourra empêcher
ou permettre à la compagnie de ne pas respecter la loi, de ne pas
respecter son plan de réaffectation de ces sols-là ou elle pourra
lui donner les délais qu'elle jugera nécessaires. Ça,
c'est un peu comme dire: La police a le droit d'enlever le permis de conduire
à qui elle veut et elle a le droit de le laisser à qui elle veut,
même s'il a passé la balloune. C'est parce que lui, c'est un
pauvre diable, et, tu comprends bien, je vais lui laisser, c'est mon "chum", et
l'autre, ce n'est pas mon "chum" et je vais lui enlever, son permis. C'est
comme ça.
Est-ce qu'il s'agit, M. le Président, d'une loi d'application
générale ou est-ce qu'il s'agit d'une loi d'application dans des
cas particuliers où on voudra bien la faire appliquer? C'est là,
mon problème, par rapport à la loi, et c'est pour ça que
quand je lis... D'autant plus que, au moment où je lis les notes
accessibles au public qui font partie du mémoire que la ministre a
déposé au Conseil des ministres et que je lis qu'il va falloir
appliquer ça avec beaucoup de circonspection, on marche sur des oeufs et
il faut faire attention pour ne pas nuire à personne, là... Je me
dis que, dans le fond, la ministre veut consulter le ministère de
l'Environnement parce que ce serait bien mal vu de faire toute la loi sans ne
jamais mentionner le ministère de l'Environnement. Ça aurait
l'air fou. Mais, par contre, elle ne lui en donne pas trop, au ministère
de l'Environnement, dans le fond: deux petites lignes. Elle en parle dans la...
très exactement, le nom ministère de l'Environnement
apparaît à deux places dans toute la loi. Pour le reste, elle se
garde toutes les marges de manoeuvre nécessaires pour négocier
avec les mines. Alors, c'est pour ça que, moi, je pense que dans les
circonstances il serait très très intéressant et
très éclairant de connaître les positions, le point de vue
du ministre de l'Environnement là-dessus.
Quand la ministre nous dit: II faudrait que tous les ministères
fassent pareil, j'en conviens, M. le Président. Normalement, on ne
devrait pas avoir besoin de loi au Québec pour ramasser les canettes le
long du chemin parce que, si tout le monde faisait attention, il n'y en aurait
pas de canettes le long du chemin et on n'aurait pas besoin d'avoir de
pancartes qui disent: 200 $ d'amende avec une canette en travers et une barre.
Si tout le monde faisait ce qu'il doit faire, il n'y en aurait pas de canettes
et de bouteilles de bière qui traînent dans les fossés,
mais, malheureusement, il y en a.
Ça fait que là on a prévu qu'il y ait des
mécanismes de contrôle pour faire en sorte qu'il y en ait le moins
possible. C'est la même chose dans tous les ministères, j'en
conviens. Tous les ministères devraient normalement s'autodiscipliner et
faire en sorte que tout le monde applique ses règlements et ses lois et
respecte l'environnement. Mais, quand je lis, par exemple, ce que je lisais
dans le journal de ce matin, où HydroQuébec donne un contrat
à partage de risques à une compagnie qui s'en vient faire du
silicium-métal dans la Matapédia, entre deux rivières
à saumon, et qui va donner - je ne le sais pas - environ 250 tonnes par
jour de poussière dans l'atmosphère, là, je me demande qui
va contrôler ça. Est-ce que c'est Hydro-Québec? Est-ce que
c'est la ministre de l'Énergie et des Ressources? Ou est-ce que c'est
l'Environnement? Ou est-ce que c'est le gouvernement espagnol qui va être
obligé de le faire parce que la compagnie vient d'Espagne? Je ne le sais
pas mais ça me préoccupe.
Je veux bien qu'on crée des emplois dans la Matapédia,
mais là je suis quand même préoccupé par le fait
qu'on installe à Amqui, subventionnée par le biais
d'Hydro-Québec, à travers un contrat de partage de risques, une
entreprise qui risque d'être hautement polluante et pour laquelle la
compagnie Roche, qui a fait des études environnementales, n'ose pas se
prononcer sur la façon de contrôle de certaines des
émanations polluantes de cette entreprise-là. Je me dis: Est-ce
que c'est ça qu'on appelle de l'autodiscipline? Si c'est ça, dans
la tête de la ministre, de l'autodiscipline en terme environnemental, eh
bien, je suis encore plus préoccupé que je l'étais
concernant l'application de cette loi-là. Est-ce qu'Hy-dro-Québec
a consulté le ministère de l'Environnement pour s'assurer que
tout était correct avant de signer ce contrat à partage de
risques, avec cette compagnie espagnole? Ce n'est pas certain.
Alors est-ce que c'est ça l'autodiscipline dont la ministre
parle? Ça me préoccupe, si c'est ça qu'elle appelle
autodiscipline. C'est pour ça que je voudrais voir le ministre de
l'Environnement, qui est l'espèce de ministre police, si vous
voulez, en termes environnementaux, s'assurer que tout son monde, en
termes de ministère, respecte les données environnementales.
C'est à lui à faire ça, les autres ministères ayant
des vocations qui sont plutôt genre accélérateur, pour
inciter les investissements, pour amener les gens à développer
des activités économiques et sociales, et tout ça.
Parfait.
Mais, comme je le disais tout à l'heure, on ne peut pas
être en même temps l'accélérateur et le frein. C'est
deux fonctions qui sont bien différentes, et il n'y a pas beaucoup de
relations entre les deux, sinon le pied qui pèse. C'est pour ça
qu'on a prévu des fonctions différentes sur des voitures.
Ça ne fonctionne pas pareil pan-toute. Alors, dans ce cas-là la
ministre a, d'une part, à s'assurer, j'en conviens comme elle, comme
ministre de l'Énergie et des Ressources, responsable du fait que les
mines opèrent en territoire québécois, elle a à
s'assurer - et son texte est logique par rapport à ses fonctions - que
la mise en oeuvre de nombreux articles de la loi devra se faire avec une
certaine circonspection, pour ne pas compromettre la santé
financière des entreprises. Ça, c'est son rôle de ministre
de l'Énergie et des Ressources, responsable des mines, tout en
étant consciente qu'il y a une question environnementale avec laquelle
il faut composer et avec laquelle on devra composer de plus en plus dans
l'avenir. Ça, c'est son rôle accélérateur.
Mais, ailleurs dans le document, je ne vois pas où se trouve le
rôle frein, le rôle servofrein. Je ne le trouve pas. Probablement
que ça aura été dans... Si le ministre de l'Environnement
a déposé un document semblable - et j'espère qu'il l'a
fait - s'il l'a fait j'aimerais qu'on me donne accès à la partie
accessible au public pour voir comment il interprète ça, et de
quelle façon il va s'assurer, tout en respectant, oui, certaines
obligations du rôle accélérateur du ministère de
l'Énergie et des Ressources, qu'il y ait un frein quelque part. Et
qu'entre autres, lorsqu'on dit que l'on devra soumettre, dans des délais
qu'elle fixe, des correctifs, si jamais les plans n'ont pas été
respectés tels que prévus, c'est lui qui soit responsable de
faire en sorte que ça se fasse et non pas la ministre de
l'Énergie et des Ressources, en fonction ou en vertu de sa
préoccupation qu'on trouve en page 3, qui dit: Ayons de la
circonspection, parce que ça peut être difficile pour
l'entreprise. La ministre et son gouvernement doivent savoir, au départ,
que de faire une loi semblable ça aura des contraintes sur l'entreprise
et H y aura des effets sur l'entreprise; ça amène des
dépenses supplémentaires. On parle de 300 000 000 $ à 500
000 000 $, c'est de l'argent.
Mais à partir du moment, M. le Président, où le
gouvernement a décidé d'aller de l'avant, tout en étant
conscient des problèmes et en ayant consulté l'industrie
minière, je le suppose, à ce moment-là, il faut qu'il
s'assure que sa loi soit appliquée de façon unilatérale,
de façon parallèle pour tout le monde, qu'il n'y ait pas de
chouchou dans la gang. C'est ça qui me préoccupe, moi, quand je
vois ça, surtout quand je ne vois nulle part aucune contrainte qui fasse
en sorte qu'on soit obligés de respecter intégralement les plans
de réaménagement et de restauration. Il n'y a rien nulle part. Le
seul endroit où on nous le dit c'est que, si ce n'est pas
respecté, la ministre peut enjoindre la compagnie de s'y soumettre dans
les délais qu'elle fixe. Elle "peut", elle n'a même pas
d'obligation, M. le Président, elle "peut". Au moins, si on disait: La
ministre "doit" enjoindre la compagnie de s'y soumettre dans les délais
qu'elle fixe, on aurait déjà fait un pas en avant, mais elle
"peut", ça veut dire qu'elle n'est pas obligée de pouvoir, non
plus, vous savez. (20 h 45)
Donc, vous comprendrez que devant une situation semblable on risque de
se retrouver dans une loi qui va s'appliquer à la pièce, une loi
puzzle, une loi casse-tête où on va finalement trouver des
morceaux ici et là, et là, où on ne retrouvera pas de
morceaux, il restera un trou. Là où la compagnie ne sera pas
capable de remplir ses obligations, on va dire: Vous aviez peut-être
raison, mais comme je peux, et je peux aussi fermer les yeux, je vais les
fermer pour un bout de temps. Dans cinq ans, si vous n'avez pas
rectifié, là je pourrai peut-être revenir vous voir: C'est
ça que ça veut dire, là. Il n'y a pas plus d'obligation
que ça dans la lot, telle qu'elle est écrite, là.
Est-ce qu'il y a une volonté? Donc les questions fondamentales
à travers tout ça, c'est est-ce qu'il y a une volonté
réelle pour le gouvernement de faire en sorte que les 300 000 000 $
à 500 000 000 $ nécessaires soient investis dans un délai
raisonnable - encore là, on pourra se parier du délai raisonnable
- par le gouvernement lui-même et par les compagnies qui sont
responsables au jour le jour de la gestion de ces parcs à résidus
miniers? Est-ce qu'après en avoir fait le constat il y a une
volonté réelle d'y aller? Et si oui, s'il y a une volonté
réelle, comment se fait-il que, dans la loi qu'on nous propose, il y ait
plein de trous de passoire qui font en sorte que ce n'est pas évident
qu'on va devoir s'y restreindre ou qu'on va devoir appliquer la loi d'une
façon intégrale, d'une façon similaire pour tout le
monde?
Moi, je veux bien croire les bonnes intentions de la ministre de
l'Énergie et des Ressources, c'est un peu comme on a déjà
eu l'occasion de discuter dans la Loi sur les forêts. Au départ,
on se souvient que, quand on a fait la Loi sur les forêts, on disait au
ministre délégué aux Forêts: On trouve que vous avez
beaucoup de pouvoirs discrétionnaires dans l'affaire. Et il disait: Ah!
Vous allez voir, il n'y a pas de problèmes. Il n'y a pas de
problèmes; H y en a des problèmes, aujourd'hui, dans
l'industrie
forestière. Vous avez juste à vous promener à
travers le Québec, vous allez voir s'il y en a des problèmes,
dans l'industrie forestière, parce que les compagnies sont en train de
faire en sorte d'amener le gouvernement à obliger à changer
certaines façons de faire à l'intérieur de la gestion des
CAAF, des contrats d'approvisionnement et d'aménagement en milieu
forestier. Ils prennent toutes les dispositions et les petites
possibilités qui sont prévues ici et là dans la loi,
à travers les quelque 100 articles qui relèvent de la
discrétion du ministre dans leur application. Et, aujourd'hui, on a une
industrie forestière qui ne fonctionne à peu près plus; il
y a des moulins qui ferment partout et on attend, on attend pour voir.
Les compagnies qu'on rencontre, je suis placé pour en parler: II
y a cinq compagnies papetières qui opèrent dans mon comté,
pas juste des compagnies minières, là, il y a cinq
papetières qui opèrent dans le comté d'Ungava. Les cinq
ont exactement les mêmes genres d'approches, c'est de dire au ministre:
Nous autres, on veut entre autres que les CAAF soient reconnus pour l'ensemble
de nos opérations et non pas liés à l'usine et, durant ce
temps-là, on achète des usines et on les ferme. On attend. Et le
petit moulin, comme le moulin de Matagami par exemple, que Domtar a
acheté, un beau petit moulin flambant neuf qui venait d'être
rebâti, on l'achète de la famille Ayotte, et après
ça on le ferme et on attend. On a le CAAF, il est là, et le monde
ne travaille pas, mais on n'en a pas besoin, on le ferme. Le jour où
vous nous permettrez de pouvoir passer notre bois d'une usine à l'autre,
bien peut-être qu'on le rouvrira. Vous savez que c'est ça qui se
passe à peu près partout dans l'ensemble de l'industrie
forestière. Disons que je caricature peut-être un peu en
expliquant ça comme ça, mais c'est exactement le cheminement.
C'est le cheminement qui se passe actuellement, et moi, je suis prêt
à mettre ma main dans le feu que d'ici trois ans le gouvernement va
être obligé de plier parce que l'ensemble des scieries
indépendantes vont être achetées par les grandes
papetières.
Je viens d'apprendre encore que tout dernièrement Tembec vient
d'acheter Howard-Bienvenu à LaSarre et, bon, c'est comme ça, et
là ça opère avec 70 personnes de moins que ce qu'il y
avait avant. Et, tant bien que mal, haie, "quienbeint", comme on dit. Mais
ça se rachète partout et il ne reste à peu près
plus de scieries indépendantes. Le jour où il n'y en aura plus,
eh bien, les papetières vont avoir juste à s'asseoir, à se
croiser les bras et attendre que le gouvernement vienne à leurs
obligations et il va être obligé de le faire, sinon l'industrie ne
fonctionnera pas. Je comprends la démarche de la part des
papetières. Ce n'est pas la démarche de la papetière que
je conteste dans ce cheminement-là. Je comprends qu'en tant
qu'investisseurs, et tout ça, ils veulent faire des pressions comme ils
ont le droit de faire des pressions pour faire en sorte de pouvoir passer
certaines choses. Ce que je n'accepte pas, par exemple, c'est qu'au
départ on savait que ça allait aller vers là, et le
ministre délégué aux Forêts s'est fermé les
yeux, a traité l'Opposition d'alarmiste, a dit qu'on ne comprenait rien
et essayé de nous faire dire que ce n'était pas ça.
M. Leclerc: M. le Président.
Le Président (M. Audet): C'est une question de
règlement...
M. Claveau: Là, M. le Président, c'est la
même chose qui va se dessiner par rapport à...
Le Président (M. Audet): M. le député de
Taschereau...
M. Leclerc: Pourriez-vous rappeler le député
d'Ungava à la pertinence, s'il vous plaît.
Le Président (M. Audet): Est-ce que c'est sur une question
de règlement?
M. Leclerc: II faudrait le ramener à la pertinence,
ça fait cinq minutes qu'on parie de forêts alors qu'on est sur un
projet de loi sur les mines.
Le Président (M. Audet): Alors, M. le
député, sur une question de règlement, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui, M. le Président, je pense que mon
collègue a le droit de prendre des exemples pour faire valoir son point
de vue. Il n'y a rien qui l'empêche de le faire comme il le veut. S'il
avait écouté ce que mon collègue était en train de
dire, il prenait un exemple pour expliciter ce qu'il voulait - justement, il
venait de le commencer - amener comme finalité à l'exemple qu'il
a apporté. Il avait juste à écouter.
Le Président (M. Audet): Merci, alors...
M. Leclerc: M. le Président, peut-être lui demander
de raccourcir ses exemples et de s'en tenir au...
M. Jolivet: Ça, ce n'est pas de vos affaires.
M. Leclerc: ...débat sur la...
M. Jolivet: Ce n'est pas de vos affaires.
M. Lecierc: ...motion.
M. Jolivet: Ça, ce n'est pas de vos affaires.
Le Président (M. Audet): Alors, M. le
député d'Ungava, il vous reste...
M. Leclerc: Je pense que c'est des affaires de tous les
parlementaires ici.
M. Jolivet: Ce n'est pas de vos affaires. Ce n'est pas de vos
affaires.
Le Président (M. Audet): Ça va. À l'ordre!
MM. les députés, s'il vous plaît, à l'ordre! M. le
député d'Ungava, je vous rappelle qu'il vous reste à peu
près neuf minutes. Il faudrait que je vérifie avec la dame. C'est
huit à neuf minutes. C'est huit minutes.
M. Claveau: Bon, je devrais avoir suffisamment de temps pour
expliquer ce que je veux dire.
Le Président (M. Audet): Alors, je vous rappelle l'essence
de votre motion qui est d'entendre le ministre de l'Environnement. Alors,
continuez votre intervention.
M. Claveau: M. le Président, je donnais cet
exemple-là parce que, lorsqu'il y a trop de pouvoirs
discrétionnaires dans une loi, on ne sait jamais vers où on s'en
va. Finalement, ça laisse la possibilité de pouvoir composer et
de faire en sorte qu'en bout de piste il n'y a pas deux intervenants qui sont
traités de la même façon. Alors, par rapport à la
loi qu'on a sur la table actuellement, ça risque de se vérifier,
le même phénomène.
Là aujourd'hui, la ministre a beau dire: Ah! Le
député d'Ungava est alarmiste et il ne comprend rien. C'est
peut-être son point de vue sauf qu'on s'en reparlera dans trois ou quatre
ans lorsque, en vertu de l'application de l'article 232.8 et en vertu des
dispositions ou de l'argumentaire qu'elle a déposé devant le
Conseil des ministres qui demande d'avoir beaucoup de circonspection dans
l'application de cette loi-là, eh bien, on risque de se retrouver dans
trois ou quatre ans où il n'y aura pas deux compagnies minières
qui vont être traitées de la même façon parce que
chacune va avoir une raison plutôt qu'une autre de passer à
côté. Une fois, ça va être: II y a trop de pluie
cette année et les bassins ont débordé. La fois d'ensuite,
ça va être: On n'a pas assez d'argent. On a fait un
déficit. L'autre fois d'après, ça va être: Ce n'est
pas de notre faute. C'est parce qu'il y a trop de soleil et il n'y a pas eu
assez d'eau. L'autre fois d'après, ça va être la faute d'un
touriste qui va être allé ouvrir une digue. Je ne le sais pas.
Donnez toutes les raisons que vous voulez mais H va toujours y avoir une bonne
raison pour faire en sorte de pouvoir s'exempter d'une façon ou d'une
autre.
Et, ça, je ne le dis pas méchamment, M. le
Président. Je ne le dis pas méchamment dans la mesure où
j'essaie juste de comprendre comment ça fonctionne dans le
système. Je vous dis avec la plus grande honnêteté du monde
que si j'étais propriétaire d'une compagnie minière et que
j'avais des actionnaires avec moi qui demandaient d'avoir un certain rendement
et que je considérais que je ne suis pas pire que les autres en moyenne
dans le respect de l'environnement, tu sais... Je ne pollue pas plus qu'Union
Carbide ou DuPont et je ne fais pas plus de dégâts dans le
décor qu'une compagnie papetière et, dans le fond, je n'ai pas de
raison d'être plus achalé qu'un autre.
Donc, je plaide le fait que j'ai des contraintes et je vais voir la
ministre et je dis: Écoutez, Mme la ministre, etc., on a des contraintes
et on n'a pas beaucoup d'argent de ce temps-ci et le prix de l'or est
tombé. Les métaux ne valent plus rien sur le marché
mondial et, là, c'est la concurrence du Chili, c'est la concurrence de
l'Afrique du Sud et c'est la concurrence de l'Australie. Finalement, à
force de brailler, peut-être bien que je réussirais à avoir
un délai parce que c'est ça que la loi dit. Bien non, je n'ai
même pas besoin de brailler pantoute. J'ai rien qu'à ne pas
respecter mon protocole d'entente. Je n'ai rien qu'à dire: Bon, à
cette heure que j'ai signé, ils viendront me voir. Je m'assois et
j'attends et, trois ans plus tard, j'ai quelqu'un qui passe et dit: Ouais, t'as
pas respecté ton protocole d'entente. Bien oui, mais, cher monsieur, je
n'avais pas besoin de le respecter. Vous voyez, si je ne le respecte pas, la
ministre peut toujours m'enjoindre de le respecter et elle est obligée
de me fixer un délai. Ça fait que j'irai négocier avec
elle. C'est ça que ça dit. Malheureusement, c'est ça que
ça dit.
C'est pour ça que dans les circonstances j'aimerais savoir, et je
pense qu'il serait excessivement important pour l'ensemble des collègues
ici et même pour l'ensemble des compagnies minières aussi de
savoir comment le ministre de l'Environnement, lui, entend se comporter
là-dedans. Est-ce que le ministre de l'Environnement va accepter
ça, ces choses-là? Est-ce que le ministre de l'Environnement, par
exemple, accepte, je ne le sais pas, qu'un agriculteur en difficulté
puisse envoyer son purin de porc dans la rivière tandis que l'autre qui
n'est pas en difficulté est obligé de se faire des bassins?
Est-ce que le ministère de l'Environnement accepterait, par exemple, que
la loi sur l'épuration des eaux soit appliquée d'une façon
différente d'une municipalité à l'autre? Je veux bien
croire qu'il arrive à l'occasion qu'il y a des coupures au Conseil du
trésor qui font en sorte qu'ils ne peuvent pas aller de l'avant dans
l'épuration des eaux comme ils voudraient mais est-ce que, finalement,
c'est normal que, dans les lois de l'environnement, on puisse passer à
côté des ententes qu'on a faites avec le ministère et puis,
finalement, s'en remettre à une décision qui est carrément
arbitraire de la part de la ministre quant à la façon de revenir
dans le droit chemin,
de se conformer à nouveau avec ce qu'on avait signé comme
protocole d'entente?
Il me semble que c'est une démarche qui est pour le moins
questionnable et, si j'étais ministre de l'Environnement dans une
circonstance semblable, je dirais à la ministre de l'Énergie et
des Ressources: Oh, oh, attendez un peu! Je veux bien croire que vous avez de
très bonnes intentions, ma chère collègue, mais moi j'ai
des problèmes. Je veux m'assurer que votre loi va s'appliquer, et je
veux avoir une disposition à quelque part dans cette loi-là qui
va faire en sorte que je ne serai pas seulement un consultant qu'on pourra
consulter mais sans obligation de suivre les recommandations.
Il n'y a rien qui dit là-dedans qu'on est obligé de suivre
les recommandations du ministre aussi. Ça, j'ai déjà eu
l'occasion d'en parler. On peut consulter du monde. Quand on a une
décision à prendre on peut consulter 20 personnes
différentes, mais si les 20 ont des opinions différentes, bien,
on va se brancher sur les opinions de 1 ou 2 qui sont les plus proches des
nôtres, généralement, et les 18 autres ont
été consultés mais on ne les a pas écoutés.
Il n'y a rien là-dedans qui oblige la ministre, si elle n'a pas la
même opinion que le ministre de l'Environnement, de consulter le
ministère de l'Environnement ou de respecter, d'aller de l'avant dans le
sens des recommandations faites par le ministre de l'Environnement. D'autant
plus qu'encore là, dans l'argumentaire au Conseil des ministres en date
du mois de janvier - je vais revenir sur la date si vous me permettez pour les
besoins du Journal des débats et de mes collègues - le 31
janvier 1991, la ministre dit: L'approbation des plans de restauration, la
détermination des montants versés en garantie, la révision
périodique de ces plans et la vérification des travaux exigeront
au minimum trois ingénieurs miniers et deux techniciens en ressources
minérales. Les frais annuels additionnels à prévoir en
salaires et frais divers sont de l'ordre de 250 000 $. Ces ressources
additionnelles devront être accordées au ministère.
Il n'y a rien au ministère de l'Environnement là-dedans.
Je veux bien que ce soit des ingénieurs miniers qui décident
ça, mais j'aimerais bien aussi qu'il y ait peut-être un
ingénieur civil dans le décor, que ce ne soient pas uniquement
des gens du monde minier, des gens qui sont formés en fonction des
opérations minières, qui soient les seuls à pouvoir juger
de l'application ou du respect par les compagnies du règlement en
question. On pourrait avoir là-dedans un géographe, un
spécialiste en aménagement de territoire, quelqu'un qui est
responsable ou qui a une longue expertise dans le domaine environnemental,
quelqu'un qui connaît la gestion des déchets solides, des
déchets toxiques, des déchets liquides. Pourquoi faut-il
absolument, et d'une façon incontestable, que ce soient trois
ingénieurs miniers et deux techniciens en ressources minérales et
rien d'autre? Je ne sais pas, ça doit être des ingénieurs
miniers qui ont écrit cette loi-là, je ne peux pas croire. Ils se
gardent des jobs. Comment se fait-il? Ce sont des avocats qui travaillaient
pour les mines. Ha, ha, ha! Comment se fait-il qu'il y ait juste ça?
Est-ce que, parce qu'on est ingénieur minier, on est
nécessairement qualifié pour s'assurer qu'une compagnie suit un
plan de réaménagement et de restauration en parc à
résidus miniers? Ce n'est pas évident vous savez. Ce n'est pas
nécessairement évident.
Qu'est-ce que le ministère de l'Environnement en pense, lui?
Est-ce que le ministère de l'Environnement va s'engager lui aussi dans
les ressources supplémentaires? Je n'en trouve pas là-dedans. Je
ne vois pas que le ministère de l'Environnement ait prévu des
ressources supplémentaires pour s'assurer que... Bon. Il n'y en a pas.
Est-ce que le ministère de l'Environnement va avoir droit, M. le
Président, à avoir des ressources supplémentaires, lui,
pour s'assurer que les ingénieurs miniers formés pour faire des
mines et non pas pour contrôler des impacts environnementaux vont faire
leurs jobs comme il faut? J'essaie de comprendre, là. Est-ce qu'on a
besoin d'être ingénieur agronome pour contrôler les
déchets des fosses à purin pour les éleveurs de porcs? Il
me semble que tu n'es pas obligé d'être un agronome pour t'assurer
qu'il n'y ait pas de purin qui descende dans la rivière. D'ailleurs, je
ne crois pas que ce soient des agronomes ou des vétérinaires au
ministère de l'Environnement qui fassent ça.
Le Président (M. Audet): Si vous voulez conclure, s'il
vous plaît.
M. Claveau: II y a des inspecteurs qui sont capables de le faire,
qui ont des compétences pour. Alors, pourquoi devrait-on
nécessairement, de par la loi ou de par l'argumentaire qui sous-tend la
loi, être un ingénieur minier ou un technicien en ressources
minérales, pour être capable de contrôler ça? Je
trouve qu'on est très restrictif et qu'encore là on va
probablement beaucoup trop dans le sens de l'industrie minière,
plutôt que dans le sens d'une véritable politique de protection
environnementale dans la gestion des parcs à résidus miniers.
C'est pour toutes ces raisons-là, M. le Président, que je crois
qu'il est tout à fait nécessaire d'entendre ici le ministre de
l'Environnement, qu'il vienne nous expliquer comment il voit ça...
Le Président (M. Audet): D'accord. (21 heures)
M. Claveau: ...et pourquoi il ne pense pas avoir besoin de plus
de personnel dans son ministère et de laisser toute la
responsabilité au ministère de l'Énergie et des
Ressources.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député d'Ungava. Alors, Mme la ministre, vous disposez
d'un temps de parole de 30 minutes.
Mme Use Bacon
Mme Bacon: Je n'ai pas l'intention de prendre les 30 minutes, M.
le Président, parce que je ne fais pas de "filibuster". Je n'ai pas
à en faire. Je voulais juste indiquer au député d'Ungava
que, au ministère, on n'a pas que des ingénieurs miniers, je
pense qu'il y a aussi des biologistes, des géologues, des chimistes, des
comptables, des avocats et même un agronome. Alors, peut-être que
ça peut aider la compréhension du député d'Ungava.
Je ne sache pas que dans la loi on indique précisément des
ingénieurs miniers. Alors, il faudrait peut-être qu'il revoie la
loi au complet, qu'il la relise.
M. le Président, tout le projet de loi est basé sur la
logique de l'activité minière. On parle de prospection, que ce
soit l'exploitation, que ce soit la fermeture. Quand ia mine ferme, il faut
maintenant avec la nouvelle loi laisser la place dans un état
convenable. Les discrétions du ministre sont justement pour prendre en
considération... et je voudrais bien que le député
d'Ungava écoute parce que, quand il n'écoute pas, il reprend les
mêmes choses qu'on a dites déjà.
M. Claveau: J'ai deux oreilles.
Mme Bacon: Vous ne pouvez faire deux choses à la fois.
M. Claveau: Je suis en plein là-dedans. Allez-y.
Mme Bacon: Alors, allez-y, puis j'y parlerai ensuite.
M. Jolivet: Vous allez prendre une demi-heure, si ça
continue.
Mme Bacon: Je pense qu'on n'est pas venus ici pour s'amuser, M.
le Président.
M. Claveau: On n'est pas là pour s'amuser, c'est parce
que...
Mme Bacon: On est ici pour travailler sérieusement.
M. Claveau: On était en train de consulter les documents
du ministère de l'Environnement qui font les...
Mme Bacon: Ce qui fait que, quand on vous parle, vous
n'écoutez pas. Vous continuez à poser les mêmes questions
où on vous a donné les réponses préalablement.
Alors, peut-être si vous écoutiez ce qu'on vous dit, vous ne
continueriez pas la discussion sur la même chose; c'est peut- être
plus facile. Parce que je vous ai tout donné les réponses
tantôt à toutes les questions que vous venez de poser pendant une
demi-heure. Écoutez-moi, vous n'aurez pas besoin de recommencer une
autre demi-heure.
Le Président (M. Audet): Alors, si vous voulez
poursuivre.
Mme Bacon: On a juste deux heures.
M. Claveau: On a juste deux heures, vous pensez? On a deux heures
ce soir, mais on a...
Mme Bacon: Ce soir.
M. Claveau: ...jusqu'au 21 juin.
Mme Bacon: Oui, oui.
M. Claveau: Je ne suis pas pressé. On va prendre le temps
de le faire comme I faut, ne craignez pas.
Mme Bacon: Certainement.
M. Claveau: Ne craignez pas. Je suis capable de disposer de mon
temps. Je suis capable d'évaluer ce dont j'ai besoin pour étudier
la loi...
Le Président (M. Audet): Alors, on va poursuivre.
Mme Bacon: On n'est pas dans la basse-cour quand même ici.
On est au salon rouge.
M. Claveau: Oui, on est au salon rouge...
Le Président (M. Audet): À l'ordre, si vous
plaît!
M. Claveau: ...et j'ai beaucoup de respect pour l'institution
gouvernementale, c'est pour ça que je veux que les lois soient
faites...
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'ï vous
plaît!
M. Claveau: ...avec beaucoup de circonspection.
Mme Bacon: Démontrez-le.
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Bacon: Votre laxisme m'inquiète.
Le Président (M. Audet): II est bien évident qu'en
vertu du règlement il n'y a pas d'article du règlement qui oblige
un député à écouter l'intervention d'un
collègue. Évidemment...
Mme Bacon: Je ne voudrais qu'il revienne avec les mêmes
questions, M. le Président.
Le Président (M. Audet): ...c'est dans
l'intérêt de la commission que les membres soient attentifs.
Enfin! Alors, Mme la ministre, vous disposez toujours de 20 minutes et
quelques...
Mme Bacon: Je vais parler pour mes collègues, M. le
Président, ils écoutent, ils comprennent surtout.
Le Président (M. Audet): Si vous voulez poursuivre.
Mme Bacon: Alors, la discrétion du ministre est justement
pour prendre en considération la dynamique économique et les
cycles économiques qui caractérisent l'industrie des
métaux. La discrétion ministérielle, à l'article
232.2 ne s'applique qu'aux mines actives ou abandonnées à 232.11.
Quant aux nouvelles mines, il n'y a pas de discrétion dans les nouvelles
mines. La loi tient compte de la situation factuelle, que ce soit une mine
abandonnée, que ce soit une mine active, que ce soit une mine nouvelle
et les modalités de la loi tiennent compte aussi de cette situation. Le
ministère de l'Environnement continuera à jouer son rôle
puisqu'il aura à émettre un certificat d'autorisation non
seulement pour l'exploitation de la mine mais aussi au moment de
l'exécution du plan de restauration. M. le Président, c'est un
domaine nouveau, il y a peu d'expertises pratiques et je crois qu'il vaut mieux
prendre le risque, même si c'est un petit peu compliqué
d'application, que de prendre le risque d'imposer des mesures qui sont mal
adaptées, qui causeraient aussi un tort irréparable à
l'industrie des mines et aux emplois qui en dépendent. À
l'expérience, je pense que nous verrons s'il faut resserrer absolument
ce pouvoir qui est donné. Voilà, M. le Président, je ne
fais pas une demi-heure.
Le Président (M. Audet): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Laviolette, vous disposez d'un temps de parole de 10
minutes.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Je n'ai pas
l'intention de prendre nécessairement 10 minutes mais j'ai deux choses
à dire.
Je vous donne un exemple, pour revenir à la question de mon
collègue disant pourquoi on voudrait que le ministre de l'Environnement
vienne... Premièrement, qu'on regarde les travaux qui sont faits sur les
sites qu'on appelle, en bon québécois, les "pits" de gravelle,
les sablières. Le règlement des sablières a une
responsabilité... la Commission de protection du territoire agricole a
une certaine forme de responsabilité parce qu'on ne peut pas permettre
le décapage de ces terres- là, ni de faire le ramassage ni le
brassage de ça. Il y a des gens qui ont, à certains niveaux,
faits des actions comme celles-là. À partir de ça, M. le
Président, le ministère de l'Environnement doit intervenir parce
qu'il y a des gens qui se plaignent, d'abord du bruit, du transport des
camions, de toutes sortes d'activités. Donc, ce n'est pas le
ministère de l'Agriculture qui a la responsabilité de surveiller
ces choses, c'est le ministère de l'Environnement qui l'a.
La deuxième chose: Pourquoi la ministre dans son projet de loi
nous indique que le ministère de l'Énergie et des Ressources a la
responsabilité? On est dans un domaine nouveau, qu'elle dit. Avec les
dangers et les risques que cela comporte, elle ne voudrait pas le mettre entre
les mains d'autres personnes. C'est ce que je crois comprendre à moins
que je ne me leurre sur ce qu'elle a dit. À ce moment-là, c'est
le ministère de l'Environnement qui est l'autre personne. Pourquoi la
ministre ne veut pas voir le ministère de l'Environnement?
Peut-être que, comme ministre responsable d'Hydro-Québec, elle a
eu tellement de mauvaises expériences avec l'Environnement que ça
l'incite à vouloir le mettre de côté dans cette
voie-là et de s'assurer que ce soit elle qui ait la mainmise sur
l'ensemble comme ministre responsable. Ce serait un autre ministre, et elle
permettrait à l'autre ministre de l'avoir.
Ce n'est pas parce que c'est elle qui est là, c'est parce qu'elle
croit mordicus que le ministère de l'Énergie et des Ressources
est capable de faire toutes ces actions-là et d'être à la
fois - et c'est là, je crois, l'argument central de mon collègue
- juge et partie. Je n'ai jamais vu, dans quoi que ce soit, quelqu'un capable
d'être juge et partie à la fois, sans être subjectif. La
subjectivité qui est contenue dans ce projet de loi nous
inquiète. On a le droit de le faire valoir et on voudrait savoir si le
ministre de l'Environnement, qui est membre du Conseil des ministres et qui a
eu à discuter de ce projet de loi, était d'accord tel qu'il est
présenté ou s'il avait des divergences. C'est évident que
la ministre nous dira, comme le premier ministre, qu'il n'y a pas de
divergence, il n'y a pas de dispute, c'est simplement des sensibilités
différentes ou des sensibilités diverses. Mais il reste une
chose, c'est que des fois, quand on voit des interventions à la radio,
à la télévision, à la Chambre, on s'aperçoit
que la sensibilité frôle drôlement la dispute. Dans ce
sens-là, loin de nous de vouloir mettre une dispute dans ce projet de
loi, mais on veut au moins savoir le fin fond de la raison pour laquelle la
ministre dit: C'est le ministère de l'Énergie et des Ressources
qui a la responsabilité dans un domaine tout à fait nouveau, dans
un domaine qui comporte des risques.
À plus forte raison, M. le Président, si c'est un domaine
nouveau et qui comporte des risques, il devrait à ce moment-là y
avoir une
personne autre que le ministère lui-même qui prenne des
décisions. C'est, quant à nous, le ministère de
l'Environnement. À défaut d'entente entre les deux, il y a
quelqu'un qui décide, à un moment donné, de faire
l'arbitrage de ça, il s'appelle le premier ministre. Nous, on croit que
le projet de loi tel que libellé amène des difficultés qui
font en sorte que le ministère de l'Énergie et des Ressources se
place en difficulté lui-même dans un contexte où il devra
être à la fois juge et partie.
C'était la raison pour laquelle nous croyons et c'est la raison
pour laquelle nous pesons davantage sur nos mots pour dire que le ministre de
l'Environnement devrait venir à cette commission. Le règlement
nous permet de lui demander de venir. On ne peut pas le convoquer. Je ne pense
pas qu'il y ait quelqu'un autour de la table qui a le droit de convoquer le
ministre de l'Environnement. On peut suggérer qu'il vienne. On
espère qu'il vienne et on pourra lui poser toutes nos questions. S'il
nous dit qu'il est d'accord avec ça, on saura à quoi s'en tenir.
Mais, pour le moment, nous croyons que ce n'est pas de cette
façon-là que le projet de loi devrait être libellé.
Si on ne peut pas entendre le ministre de l'Environnement, on prendra d'autres
moyens lors de l'étude du projet de loi, article par article, pour
apporter les amendements qui seront utiles quant à nous.
C'était l'argumentation que je voulais apporter, M. le
Président, à l'appui de la motion de mon collègue.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député. Est-ce qu'il y a d'autres remarques sur la motion?
Alors, le vote est demandé. Le vote nominal. M. le
député de Taschereau, vous demandez le vote nominal?
M. Leclerc: Oui.
Le Président (M. Audet): Alors, allez-y.
La Secrétaire: Pour ou contre la motion
présentée par M. Claveau (Ungava)? M. Benoit (Orford), pour ou
contre?
M. Benoit: Contre.
La Secrétaire: Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata)?
Mme Dionne: Contre.
La Secrétaire: M. Lafrenière (Gatineau)?
M. Lafrenière: Contre.
La Secrétaire: M. Leclerc (Taschereau)?
M. Leclerc: Contre.
La Secrétaire: M. Lemire (Saint-Maurice)?
M. Lemire: Contre.
La Secrétaire: M. St-Roch (Drummond)?
M. St-Roch: Contre.
La Secrétaire: Mme Bacon (Chomedey)?
Mme Bacon: Contre.
La Secrétaire: M. Audet (Beauce-Nord)?
Le Président (M. Audet): Contre.
La Secrétaire: M. Claveau (Ungava)?
M. Claveau: Pour.
La Secrétaire: M. Jolivet (Laviolette)?
M. Jolivet: Pour.
Le Président (M. Audet): Alors, la motion est
rejetée à 8 contre 2. Est-ce qu'on est prêts à
passer à l'étude, article par article, du projet de loi 130?
Mme Bacon: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Alors, j'appelle l'article 1.
Étude détaillée
Territoire délimité à des fins
non
exclusives de récréation, de
tourisme
ou de conservation
Mme Bacon: Alors, le texte proposé, M. le
Président. "L'article 32 de la Loi sur les mines est modifié par
l'addition, à la fin, du paragraphe suivant: "5° situé dans
un territoire délimité, par arrêté
ministériel, à des fins non exclusives de
récréation, de tourisme ou de conservation de la flore ou de la
faune. "
À l'intérieur des parcs provinciaux à fins de
récréation ou de conservation, l'activité minière
est interdite par la Loi sur les parcs. Par contre, sur d'autres territoires
également à fins de récréation ou de conservation
mais qui ne sont pas des parcs, l'activité minière est permise.
Alors, certains de ces territoires ont un potentiel minéral important
et, pour le bien économique de l'industrie et de la province, le
ministère de l'Énergie et des Ressources s'oppose à leur
constitution en parcs. L'agrandissement du parc Aiguebelle, en
Abitibi-Témiscamingue, a été refusé, justement,
pour cette même raison. Et, de concert avec le MLCP, nous avons
prévu que ces territoires pourront avoir un statut qui permet au
ministère de l'Énergie et des Ressources d'y
contrôler l'activité minière.
Le ministre pourra délimiter, par arrêté
ministériel, un tel territoire à des fins non exclusives de
conservation, de récréation et de tourisme. L'autorisation du
ministre sera par la suite nécessaire pour jalonner ces terrains et,
avant d'accorder son autorisation, le ministre consultera le MLCP et, si
nécessaire, le ministre pout imposer certaines conditions
particulières par le biais de l'article 34 de la Loi sur les mines. Par
exemple, dans le cas de territoires urbanisés, l'autorisation du
ministre peut, après consultation de la municipalité
concernée, imposer des conditions visant à protéger les
aménagements publics d'une municipalité. Par le biais du
même article le ministre pourra donc imposer des conditions qui viseront
à contrôler l'activité minière afin de respecter les
activités de récréation et de conservation de la faune,
tout en permettant l'activité minière.
Le Président (M. Audet): Ça va. Est-ce qu'il y a
des questions, des commentaires? M. le député d'Ungava?
M. Claveau: Oui, oui, certaines petites questions, M. le
Président. D'abord, nonobstant ce que la ministre vient de me donner
comme explication, j'aimerais savoir c'est quoi, les problèmes
vécus actuellement, qui font en sorte qu'on soit obligés d'amener
cet article-là. Pourquoi on fait cette modification-là?
Normalement, on ne fait pas ça en l'air, là, une modification
d'un article de la loi. Est-ce que c'est parce que le ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche, qui a aussi des
responsabilités sur ce genre de territoire là, a eu des
problèmes avec des intervenants miniers? Ou est-ce qu'il y a des
demandes qui traînent dans le décor et qui ne peuvent pas
être actuellement... auxquelles on ne peut pas répondre parce
qu'on ne sait pas comment faire? J'aimerais savoir pourquoi on sent le besoin
d'ajouter ça alors qu'au moment de faire la Loi sur les mines on a
discuté de ça et on nous disait: Oh! pas nécessaire, il
n'y a pas de problème avec ça.
Mme Bacon: Bien, si le député d'Ungava avait
écouté mes commentaires, M. le Président, il aurait eu
l'explication qu'il demande. Je vais répéter.
M. Claveau: Je peux poser la question 25 fois, c'est de mes
affaires, la, vous savez.
Mme Bacon: Oui. Je peux répéter 25 fois aussi. Je
vais répéter que certains territoires ont un potentiel
minéral important...
M. Claveau: Mais...
Mme Bacon: Écoutez-moi. Pour le bien économique de
l'industrie et de la province, le ministère s'oppose à leur
constitution en parcs. L'agrandissement... Je vais vous donner un exemple. Le
parc Aiguebelle, en AbitibhTémis-camingue, a été
refusé pour cette même raison et nous avons prévu, avec le
MLCP, que ces territoires-là pourraient avoir un statut qui permet au
ministère de contrôler l'activité minière.
M. Claveau: Ça, je l'avais très bien compris. Je
pensais qu'il y avait quelque chose que j'avais oublié quand vous m'avez
dit: Vous n'avez pas écouté. Peut-être bien que j'aurais
dit qu'il y a quelque chose que je n'ai pas saisi entre les lignes. Ça,
je l'avais compris. Je vous demande c'est quoi, les raisons spécifiques.
Est-ce qu'il y a des demandes précises en l'air? Est-ce qu'il y a des
problèmes très précis qu'on peut identifier et qui font en
sorte qu'on doit justifier ça?
Mme Bacon: Je viens de donner les raisons, M. le
Président. (21 h 15)
M. Claveau: Non, mais là vous me donnez des raisons d'une
façon générale. Vous savez, c'est comme dire que la lune
est ronde j'en conviens, mais, en dehors de ça, ça ne me dit pas
combien il y a de cratères sur la lune. Moi, je veux savoir pourquoi.
Est-ce qu'il y a des demandes spécifiques, des raisons en arrière
de ça qui font qu'on est obligés de modifier la loi?
M. Lebuis (Jacques): Jacques Lebuis, Énergie et
Ressources. Le problème a été porté à notre
attention quand il a été demandé par le ministère
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche d'agrandir le parc d'Aiguebelle.
Aiguebelle c'est un parc en Abitibi qui a une vocation exclusive de
conservation et de récréation. On nous a demandé
d'agrandir le parc et nous on s'est rendu compte que l'agrandissement
demandé était sur un territoire qui avait un haut potentiel
minier. Alors, on a cherché une solution de compromis où on
pouvait favoriser la coexistence d'activités de conservation. Dans ce
cas, c'est parce que c'est un territoire propice pour l'orignal. Donc, une
vocation mixte où on aura un espace de conservation et où il
pourra aussi y avoir de l'activité minière, mais à des
conditions particulières qui viseront à protéger cet
espace-là pour continuer à favoriser la population d'orignaux qui
est en bordure du parc. Ça c'est un exemple précis qu'on a
utilisé et on va probablement utiliser ce concept-là ailleurs,
où il y a un bon potentiel minéral et où il y a un
potentiel pour d'autres types d'activités. Alors, on vise la coexistence
d'activités sur le même territoire et pour ce faire on va imposer
des conditions particulières à l'activité
minière.
M. Claveau: Ça suppose, par exemple, comme dans le cas
d'Aiguebelle, que le ministère
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche pourrait augmenter les
limites du parc, mais tout en permettant des interventions d'exploration
minière.
M. Lebuis: Ça ne sera pas un parc au sens de la loi des
parcs. Ça ne sera pas un parc à vocation exclusive. Le parc
existe déjà.
M. Claveau: C'est une réserve faunique.
M. Lebuis: Oui. Au lieu d'avoir une réserve faunique...
Ça pourrait être une réserve faunique dans laquelle on
vient permettre l'activité minière à des conditions
très très particulières.
M. Claveau: Genre parc de la Vérendrye? M. Lebuis:
Oui. Le parc de la Vérendrye...
M. Claveau: Une réserve faunique qui est coupée
à blanc à 50 %.
M. Lebuis:... ce n'est plus un parc quand même, c'est une
réserve faunique.
M. Claveau: Non, mais est-ce que ça serait à peu
près le même principe, par exemple... On sait, quand on regarde le
genre, le parc de la Vérendrye, le parc des Laurentides, le parc de
Chibougamau, ce qu'on appelle des parcs, il y a toutes sortes d'interventions
qui se font là-dedans.
M. Lebuis: Oui.
M. Claveau: II y a de l'exploration minière, il y a de la
coupe de bois, il y a de tout.
M. Lebuis: Non, ce n'est pas des espaces aussi grands que
ça qu'on vise, c'est plutôt un espace qui a une vocation
très particulière de conservation ou de récréation
et qu'en même temps il y ait un bon potentiel minéral. Donc, dans
le parc de la Vérendrye, par exemple, c'est un espace tellement grand
qu'on n'est pas pour imposer des conditions particulières chaque fois
que quelqu'un va aller jalonner là. Ce n'est peut-être pas le
meilleur exemple. Mais, par contre, Aiguebelle, comme on mentionnait
tantôt, ça serait l'exemple classique.
M. Claveau: Est-ce que ça peut avoir un effet, je dirais,
rétroactif aussi? C'est-à-dire que des zones qui... On parle
d'Aiguebelle, je pense qu'il y a probablement des choses qui pourraient
s'appliquer dans la réserve Assinica, ou quelque part dans les hauts
plateaux en Gaspésie ou des trucs comme ça. Est-ce que ça
peut avoir un effet rétroactif, dans le sens où actuellement tu
ne peux pas aller dans Aiguebelle, mais tu pourrais y aller à partir du
moment où il y a une...
M. Lebuis: II y a une disposition comme ça? M. Claveau:
Oui.
M. Lebuis: Non, nous on ne vise pas du tout à remettre en
question la vocation des parcs qui ont déjà été
créés...
M. Claveau: O. K.
M. Lebuis:... et qui vont éventuellement être
créés aussi. On reconnaît très bien le fait que
c'est nécessaire d'avoir des parcs à vocation exclusive de
conservation, par exemple.
M. Claveau: Genre parc vallée de la Jacques-Cartier, parc
de la Haute-Mauricie.
M. Lebuis: La vallée de la Jacques-Cartier, il n'est pas
question qu'on touche à ça pour toutes sortes de raisons, il n'y
a pas de potentiel minéral, d'abord.
M. Claveau: il n'y en avait pas à Saint-Honoré non
plus, vous savez!
M. Lebuis: Je pense qu'on admet qu'il faut garder des territoires
à vocation exclusive de conservation. Ce n'est pas ça qu'on veut
remettre en question.
M. Claveau: II n'y en avait pas à Saint-Honoré, non
plus.
Le Président (M. Audet): Est-ce que ça va pour
l'article 1?
M. Claveau: Juste une seconde.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Laviolette?
M. Jolivet: Oui, c'est parce que, au Québec, il y a
toujours une ambiguïté entre parc et réserve, pas parce que
les gens ne connaissent pas ce qu'est un parc, ce qu'est une réserve. On
dit souvent le parc de la Saint-Maurice, mais en réalité c'est
une réserve. À partir de ça, on sait très bien
qu'il y a des activités qui sont non permises dans un parc. Quelles que
soient les activités, il n'y a pas de permission dans un parc. C'est
pour ça que je veux m'assurer que, dans le texte qui est là,
ça exclut ce qu'on appelle nommément le parc, dans la mesure
où je donne l'exemple au niveau d'un parc fédéral. Chez
nous, sur la rivière Saint-Maurice, on veut faire un barrage aux chutes
Manigance et ça va inonder un parc. Vous vous imaginez que ce que
ça va inonder de l'autre bord, c'est une montagne. Ça inonde
quasiment rien, mais par principe, au niveau fédéral, on ne
touche pas un parc. Si jamais il fallait faire un changement à un parc,
il faudrait avoir des maudites bonnes
raisons même pour passer une route. Alors, je veux juste savoir,
dans un contexte d'article tel qu'il est marqué là, est-ce que
ça permet au ministère de l'Énergie et des Ressources,
selon certaines ententes avec le ministère du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche, d'aller toucher à des secteurs de parcs, je dis bien
parcs, je ne parle pas de réserves, là?
Une voix: Le parc du Mont-Tremblant.
M. Lebuis: II n'est absolument pas question qu'on touche aux
parcs avec ces dispositions-là. C'est reconnu que les parcs sont
créés en vertu de la loi des parcs et notre disposition n'entre
pas en conflit avec ça.
M. Jolivet: La question que je pose: En quoi l'article, tel que
libellé, nous garantit que le ministère ne touchera pas à
un parc? Pourquoi je vous dis ça, c'est parce que, quand on parle du
parc du Mont-Tremblant, il n'est pas supposé avoir rien dedans, et,
pourtant, il y a eu des coupes forestières, même des coupes
à blanc. C'est pour ça que je dis dans ce contexte-là,
l'article qui est là, est-ce qu'il me donne la garantie que, demain
matin, le ministère de l'Énergie et des Ressources, en
préentente avec le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, ne peut pas faire de l'exploration minière dans un
parc?
M. Lebuis: Je ne connais pas exactement la loi des parcs, mais je
pense qu'avant de changer les limites d'un parc ça prend des audiences
publiques.
M. Jolivet: Je ne parle pas de changer les limites. Je parle de
l'utilisation, parce que quand on parle de la bataille qu'il y a eu au parc du
Mont-Tremblant, au niveau de la coupe forestière, on n'est pas
supposés de faire de coupe dans un parc; il y en a eu. On a même
fait de la coupe à blanc. À plus forte raison, si on a
réussi à faire de la coupe à blanc dans un lieu
appelé "parc", est-ce qu'on pourrait faire l'utilisation du sous-sol par
des mines souterraines dans un lieu appelé "parc"? Est-ce que l'article
qui est là empêche nommément l'utilisation souterraine de
ce lieu appelé "parc"? On ne peut pas me donner de garantie, si je
comprends bien?
Mme Bacon: Non, on sait que, si on touche un parc, vous savez
très bien qu'il faut modifier la loi des parcs.
M. Jolivet: Ça, je sais ça. Mme Bacon: Bon.
Bien alors...
M. Jolivet: Mais, ça n'empêche pas, M. le
Président, de voir que, même sans changer la loi des parcs, on a
réussi à faire de la coupe à blanc dans un parc, c'est
grave en...
Mme Bacon: On n'est pas en forêt, on est en souterrain,
là.
M. Jolivet: Non, mais je parle... Non, mais je...
Mme Bacon: Non. Mais il ne faut pas mêler les choses.
M. Jolivet: Ce que je veux dire, c'est que la forêt... Dans
la loi des forêts, on nous avait dit qu'on ne touchait pas aux parcs. La
première nouvelle qu'on a vue, c'est qu'ils ont fait justement de la
coupe à blanc dans un parc. Alors, moi, je me pose la question...
Mme Bacon: Oui, je comprends que c'est votre dossier favori, la
forêt, mais on n'est pas en forêts là, on est en
mines...
M. Jolivet: Non. Non. Mais à plus forte... Mme Bacon:
...les mines souterraines.
M. Jolivet: Je sais. Non. Non, madame, parce qu'il y a des mines
qui peuvent être à ciel ouvert. Bon...
Mme Bacon: Je sais ça. Je sais ça. Mais, on ne les
fait pas, là.
M. Jolivet: Non. Non. Mais, ce que je veux dire, c'est que...
Est-ce que, dans le texte qui est là, ça donne la garantie qu'on
n'ira même pas faire de la recherche souterraine ou de l'utilisation du
souterrain pour une mine? Eh bien! Vous me dites que c'est mon dada favori,
mais ce n'est pas juste mon dada favori, c'est la protection du territoire. Ce
que je prends pour acquis, là, on prend ça en note, M. le
Président, c'est qu'on n'a pas de garantie. C'est ce que je comprends,
l'article ne nous donne pas cette garantie-là.
Le Président (M. Leclerc): Vous pouvez prendre les notes
que vous voulez.
M. Jolivet: Bien, je pense que c'est inscrit au Journal des
débats; on ne nous donne pas de réponse.
Le Président (M. Leclerc): Est-ce que le débat sur
l'article 1 est terminé? Est-ce que l'article 1 est adopté?
M. Claveau: Adopté.
Le Président (M. Leclerc): L'article 1 est adopté.
L'article 2.
M. Claveau: Adopté, tout en étant cons-
cients que...
Le Président (M. Leclerc): Nous passons à l'article
2, Mme la ministre.
Mme Bacon: Alors, l'article 105 de cette loi est modifié
par l'insertion, dans la deuxième ligne du deuxième alinéa
et après le mot "miniers", des mots ", notamment l'établissement
de parcs à résidus miniers, d'ateliers, d'usines et d'autres
installations nécessaires à des activités
minières,". Alors, la modification vient préciser le sens de
"usages miniers", du deuxième alinéa de l'article actuel et
l'article actuel 105 accorde au locataire le droit d'utiliser le dessus du sol,
droit qui est toutefois limité aux usages miniers et subordonné
aux conditions prévues dans le bail et dans la loi. Le locataire peut,
sur le terrain faisant l'objet de son bail minier, implanter un parc à
résidus miniers servant à entreposer les rejets de son
concentrateur, à établir les autres installations
nécessaires à ses activités minières et notamment
les ateliers mécaniques ou techniques et les usines de
préparation de traitement de minerai.
La présence de l'article 239 de la loi, qui réfère
spécifiquement aux parcs à résidus miniers, aux ateliers,
usines et autres installations, crée une certaine controverse. Le
locataire, en plus de son bail minier, devra obtenir un bail
spécifiquement pour les installations prévues à l'article
239. Le locataire doit donc conclure deux baux sur le même territoire,
ajoutant ainsi à ses obligations. La modification proposée va
permettre au titulaire du bail minier ou de concession minière de se
soustraire à l'application de l'article 239 pour le territoire faisant
l'objet de son bail ou de sa concession.
Le Président (M. Leclerc): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Moi, M. le Président, je reviens
à peu près avec le même genre de questions. Et que j'avais
tout à l'heure. Pourquoi doit-on amender la loi pour spécifier un
certain nombre de choses à usage minier alors qu'au départ, au
moment de faire la loi, il n'y a pas si longtemps, on n'avait pas cru bon de
retenir ces genres de spécifications, puisque, encore là, il y a
eu des problèmes très spécifiques? Quand je pose
ça, c'est sérieux. La ministre a bien beau vouloir penser qu'on
veut gagner du temps, ce n'est pas ça pantoute. Quand on vote une loi,
à moins d'être en dictature où l'Opposition n'a pas un mot
à dire à moins de se ramasser en dedans, il est important, quand
on nous fait voter sur un article de loi, de savoir ce qu'il y a
derrière ces articles de loi, pourquoi on sent le besoin de faire
ça. Est-ce qu'il y a des problèmes? Tout d'un coup on nous fait
voter sur un article de loi qui nous amène un amendement puis on se rend
compte que cet amendement-là, c'était pour favoriser un "chum"
à quelque part Moi, en tout cas, je serais particulièrement
insulté d'avoir voté pour ça puis je prétendrais
que mes droits de parlementaire auraient été bafoués dans
la mesure où on nous oblige à passer vite sur certaines choses
sans vouloir répondre à nos préoccupations et,
éventuellement, nous permettre de voter sur des choses que... Je ne veux
pas dire que c'est le cas actuellement, mais j'aime bien quand même
mettre toutes les chances de mon bord, vous comprenez.
Si je regarde, par exemple, de quelle façon certaines compagnies
se servent de compagnies comme Crée Construction, actuellement, pour
aller chercher des contrats sans soumission sur le territoire de la Baie James,
vous comprendrez que j'ai le droit de me préoccuper. Je parle de Beaver
Asphalte, Mme la ministre. Ils viennent chercher des contrats sans soumission
sur le territoire de la Baie James en se servant de Crée Construction,
à cause d'une clause de la Convention de la Baie James puis ils font
manger de la colle à tous nos contructeurs locaux qui ne sont pas
capables de s'en servir.
Vous voyez, c'est pour ça que je suis un peu réticent.
J'aime bien savoir sur quoi je vote quand on me fait voter sur quelque chose.
J'aimerais savoir pourquoi - vous comprendrez, c'est assez drôle, un
petit contrat dans le coin chez nous - il y a un "loader" de Beaver qui monte
de Montréal alors qu'il y a des "loaders" de contracteurs dans le coin
qui ne sont pas capables de travailler. Je suis allé les voir vendredi
matin sur la réserve Oujé-Bougoumou. Donc, j'aimerais savoir -
pour vous dire que j'ai raison d'être préoccupé des fois
sur certains comportements, j'essaie de comprendre ce que ça veut dire -
qu'est-ce qui fait que la ministre se sent obligée, tout d'un coup,
d'amender cet article de la loi pour faire en sorte de bien spécifier ce
que ça veut dire "usage minier*. On parte de parcs à
résidus miniers; il y en avait avant. Des ateliers, il y en a toujours
eu. Des usines de concasseurs, broyeurs, compacteurs, tout ce que vous voulez,
il y en a toujours eu Autres installations nécessaires à des
activités minières: les puits, les pièces pour manger,
pour se changer, il y en a toujours eu. C'est ça des usages miniers.
Alors, pourquoi on sent le besoin tout d'un coup de le spécifier dans la
loi?
M. Giroux (Jean): Jean Giroux, je suis avocat et directeur des
affaires juridiques au ministère. C'est très simple, M. le
député. Si vous me permettez de vous faire lecture de l'article
239 auquel on a référé. L'article 239 de la loi actuelle,
la Loi sur les mines, dit ceci: "Le titulaire de droit minier ou le
propriétaire de substances minérales peut, conformément
à la Loi sur les terres du domaine public, se faire céder ou
louer des terres du domaine public pour rétablissement soit d'un parc
destiné à recevoir les résidus miniers, soit d'un
emplacement destiné
à recevoir des usines, ateliers ou installations
nécessaires à des activités minières." Alors, vous
avez pu constater que c'est la même formulation qu'on utilise ici
à l'article 2 du projet de loi pour rendre, finalement, l'article 105 de
la loi conforme à l'article 239. C'est qu'il y avait une discordance
légale entre les deux droits ou les régimes de droits
accordés à un concessionnaire ou à un locataire qui sont
détenteurs de droits miniers. Alors, c'est simplement une harmonisation
entre les deux textes pour éviter des problèmes
d'interprétation légale. (21 h 30)
Vous qui êtes familier avec la Loi sur les mines, M. le
député, savez très bien qu'un titulaire de droits miniers
ou le propriétaire de substances minérales peut être
à la fois locataire et concessionnaire, ou il peut effectuer des travaux
pour un titulaire ou un propriétaire, de sorte qu'à l'article
105, quand on voulait, par exemple, exercer certaines activités, si ce
n'était pas conforme à l'article 105 et que le type vous disait:
Écoutez, à l'article 239, je pourrais demander l'acquisition de
terres pour telle et telle fin, il y avait une discordance. Alors, ce que
l'article fait, il tente d'éliminer la discordance. C'est n'est pas plus
compliqué que ça, il n'y a pas de chinoiserie là-dedans,
en tout cas pas à notre point de vue.
M. Claveau: Non, mais c'est une question de savoir ce qui fait en
sorte qu'on sente le besoin de modifier ça. Mais là vous me dites
que c'est par concordance à l'article 235.
M. Giroux: Article 239.
M. Claveau: Article 239. Je comprends que dans l'article 105 on
parie déjà de limiter aux usages miniers. Usages miniers c'est
tout ce qui est lié aux activités minières. S'il y a des
choses qui ne sont pas claires et qui peuvent faire en sorte que quelqu'un
puisse se prévaloir de 239 pour le faire, il n'y a pas de
problème. Je ne vois pas qu'il y ait vraiment une
nécessité de spécifier ce que sont des usages miniers
parce qu'à ce moment-là on pourrait en mettre loin. On n'a pas
parlé de... Il y a plein de choses qu'on aurait pu mettre
là-dedans, y compris les résidences pour les travailleurs
miniers, au besoin, s'il n'y a pas de ville proche. On ne l'a pas
là-dedans. On aurait pu en mettre en masse.
M. Giroux: Si la commission décide d'adopter l'article 2
tel que proposé, il y a évidemment le mot "notamment". Alors,
vous savez très bien que ce n'est pas limitatif. C'est explicatif.
M. Claveau: C'est pour ça que je reste perplexe quant
à la nécessité de spécifier ce que sont des usages
miniers. Remarquez que...
M. Jolivet: ...principe: Trop fort casse pas.
Il est mieux de le mettre que de ne pas le mettre.
M. Giroux: Exactement. À cause de 239. Une voix:
T'as compris, là? M. Claveau: Oui, oui. Une voix: T'as
compris?
M. Claveau: Je vous ferai remarquer, M. le Président,
que... J'ai le droit à combien de temps par article? Vingt minutes?
Le Président (M. Audet): Vingt minutes.
M. Claveau: Si on se fout de ma gueule, vous allez voir que je
vais les prendre les 20 minutes à chacun des articles, sans faute, avec
des amendements. Je vais prendre mon 10 minutes et mon 20 minutes sur chaque
amendement et sur chaque article. On n'est pas encore sortis d'ici.
Le Président (M. Audet): C'est votre droit, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Celui qui va vouloir se foutre de ma gueule, M. le
Président, va payer pour. Il va être longtemps assis sur sa chaise
de cuir.
Le Président (M. Audet): D'accord, c'est votre droit.
Alors, j'appelle les membres de la commission à l'ordre, s'il
vous plaît. Veuillez continuer.
M. Claveau: J'ai le droit de questionner comme je le veux sur des
articles de loi. C'est de mes affaires. Ce ne sont pas des affaires de... S'ils
trouvent que c'est trop long, ils n'ont qu'à s'en aller. On ne les
oblige pas à être là, vous savez. Ils sont besoin de trois,
on est juste deux. Il y en faut trois pour me battre au vote.
Le Président (M. Audet): Ça va, merci. Allez-y.
Une voix: C'est à toi. Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Bacon: Un peu de sérieux, s'il vous plaît. On
est en train de travailler sur un projet de loi.
Le Président (M. Audet): Alors, nous en sommes toujours
à l'article 2.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires à l'article 2 ou...
Une voix: Adopté.
M. Claveau: Ça va, M. le Président.
Le Président (M. Audet): L'article 2 est adopté.
Alors, l'article 3.
Mme Bacon: Cette loi est modifiée par l'insertion,
après l'article 213.1, du suivant: "213.2 Le ministre peut subordonner
la conclusion ou le renouvellement d'un droit minier aux conditions et
obligations qu'il détermine lorsque le terrain qui fait l'objet de ce
droit est situé dans un territoire délimité, par
arrêté ministériel, à des fins non exclusives de
récréation, de tourisme ou de conservation de la flore ou de la
faune." Le ministre pourra déterminer par arrêté
ministériel les terrains destinés à des fins non
exclusives de conservation, de récréation et de tourisme. Les
demandes de détermination de tels terrains proviendront du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche et c'est ce
dernier qui précisera le territoire exact à déterminer. Le
ministre se conformera à ce territoire et, en vertu de l'article 32.5,
cinquième alinéa de la loi - qu'on vient d'adopter, l'article 1
du présent projet - le ministre doit donner son autorisation à
toute personne désirant obtenir des daims miniers à
l'intérieur des territoires ainsi déterminés. Avant de
donner son autorisation, le ministre consultera le MLCP.
En vertu de l'article 34 de la même loi, le ministre peut
subordonner son autorisation de conditions particulières visant à
favoriser les activités de récréation et la conservation
sur les territoires. Le présent article vient préciser que de
telles conditions pourront être imposées pour la conclusion de
tout droit minier sur un territoire déterminé, que ce soit un
type d'exploration ou d'exploitation, et, de plus, les conditions pourront
être imposées lors du renouvellement de tout droit minier sur les
terrains visés.
Si un territoire est déterminé après
l'émission d'un droit minier, lors du renouvellement de ce droit, des
conditions particulières pourront être imposées au
titulaire. Les conditions particulières concerneront les travaux
effectués sur le terrain. Elles prévoiront des mesures
particulières pour le réaménagement et la restauration du
site, pour les mesures de sécurité et de protection visant
à assurer la sécurité des usagers et du territoire, et
pour les activités de récréation et de tourisme. Les
conditions particulières verront également à limiter au
minimum la perturbation du territoire délimité. Par exemple, le
titulaire d'un droit minier d'exploitation pourra être tenu d'implanter
son parc à résidus à l'extérieur du territoire et
même à placer tous les accès à la zone
minéralisée à l'extérieur du territoire, soit les
puits, la rampe d'accès, etc.
M. Claveau: La ministre nous a donné... Ai-je la
parole?
Le Président (M. Audet): Allez-y, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Dans ses notes explicatives, la ministre nous a
donné des éclaircissements très intéressants quant
à l'application de ça, entre autres, ce qui se passe quand il
arrive une délimitation de zone non exclusive après qu'il y a eu
des droits miniers accordés. J'aimerais savoir pourquoi on n'a pas
retenu ça dans le libellé de l'article. Souvent, dans des
articles de loi, on dit ce qui risque de se passer en cas de modification, etc.
Alors, pourquoi on n'a pas cru bon de préciser dans la loi ce qui se
passerait dans ces cas-là?
M. Lebuis: Jacques Lebuis, Énergie et Ressources. En fait,
c'est quand même assez difficile de prévoir toutes les
possibilités d'une mine, comme vous le savez. Dans certains cas, on va
pouvoir exiger que le parc à résidus soit à
l'extérieur, dans d'autres cas, ça va être la rampe
d'accès qui va être à l'extérieur, mais pas
nécessairement. Alors, c'est difficile, à l'avance, d'essayer de
prévoir toutes les possibilités de configuration d'une mine en
regard avec ces territoires-là. C'est la seule raison pourquoi on laisse
de l'espace pour tenir compte de chaque cas particulier, autrement dit.
M. Claveau: Je vous comprends, là, sauf que ma question
était plutôt concernant la création d'un territoire
à des fins non exclusives de récréation et de tourisme,
après qu'il y a eu un droit minier d'accordé sur ce
territoire-là.
M. Lebuis: Oui.
M. Claveau: La ministre nous disait, tout à l'heure, en
dernière partie de son explication: À ce moment-là, au
moment du renouvellement du droit minier, on pourra exiger des nouvelles
conditions. J'aimerais savoir pourquoi cet élément-là n'a
pas été retenu dans le texte de la loi, c'est-à-dire comme
deuxième alinéa, là, dans le cas où il y aurait eu
des droits miniers accordés antérieurement à la
désignation d'une zone à usage exclusif de
récréation, etc. De nouvelles conditions respectant cette
zone-là feraient partie du renouvellement du bail, ou un truc semblable
qui ferait en sorte d'avoir, dans la loi, des orientations
générales, pour le moins, quant à ce qui arrive
après que... s'il y a une désignation de zone, là,
après l'émission d'un bail.
M. Lebuis: Ça veut dire que vous souhaitez que les
conditions d'exercice futur puissent être mentionnées dans cet
article-là? C'est parce que j'arrive mal à saisir, là.
M. Claveau: Je voulais savoir pourquoi parce qu'au moment de lire
l'article une des premières
idées qui m'est passée par la tête, justement,
ça a été de dire: Oui, bon, le ministre peut subordonner
la conclusion ou le renouvellement d'un droit minier aux conditions et
obligations qu'il détermine lorsque le terrain qui fait l'objet de ce
droit est situé dans un territoire délimité, etc.
Ça, dans le fond, c'est lorsque... Moi, je vois ça un peu
comme... Je ne sais pas si je me trompe, là, mais j'ai l'impression que
c'est en continuité avec ce qu'on avait à l'article 1,
là...
M. Lebuis: Oui.
M. Claveau:... situé dans un territoire, etc. Bon, on
donne la permission d'aller voir. Une fois que vous êtes allé
voir, si vous avez trouvé quelque chose, là, on vous donne,
à l'article 3, la possibilité de l'exploiter.
M. Lebuis: C'est ça.
M. Claveau: O. K. C'est comme ça que je le comprends, en
tout cas. Une fois que vous avez le droit de l'exploiter, mettons, par exemple,
que ce n'est pas le cas, au moment où je pars ma mine; il n'y en a pas
de terrain comme ça. O. K? Il n'y a pas de zone délimitée
à usage exclusif de récréation. Ma mine est en
opération; on parlait d'Aiguebelle tantôt, prenons la mine
Béliveau, pour prendre celle-là, bon, qui n'est quand même
pas très loin. Supposons qu'on décide d'agrandir la limite
d'Aiguebelle, puis ça irait chercher la mine Béliveau, et puis,
au moment d'arriver à un renouvellement de notre bail pour permettre de
continuer les opérations de la mine Béliveau, on risque
d'être obligé de lui obliger de nouvelles conditions qui
n'étaient pas là avant.
M. Lebuis: C'est ça.
M. Claveau: Est-ce que l'article, tel que libellé,
prévoit ça ou bien si c'est juste dans la réglementation
ultérieure qu'on va retrouver ce cas en particulier, par exemple?
M. Lebuis: Non, le cas que vous évoquez serait couvert par
l'article tel qu'il est libellé ici, c'est-à-dire que le ministre
dispose d'un pouvoir discrétionnaire pour imposer de nouvelles
conditions, au moment du renouvellement du titre minier.
M. Claveau: Un pouvoir discrétionnaire veut dire qu'il
n'est pas obligé d'en imposer non plus, c'est ça que ça
veut dire.
M. Lebuis: C'est ça. Alors il faut tenir compte... C'est
un article qui a énormément de souplesse, parce que les cas de
territoires à vocation non exclusive ça ne sera pas tellement
fréquent. Donc, étant donné que ça n'est pas
tellement fréquent, c'est difficile de réglementer partout.
Ça va être tellement peu fréquent que ça va prendre
des conditions d'exercice spéciales du droit minier, que le ministre va
pouvoir déterminer, en tenant compte, là, de la vocation du
territoire, et puis en tenant compte évidemment aussi de la vocation
minière de ce territoire-là. Alors, c'est une souplesse qui est
dans le projet de loi pour tenir compte de ces
éléments-là.
M. Claveau: En tout cas.
Le Président (M. Audet): Est-ce que il y a d'autres
commentaires à l'article 3?
M. Jolivet: Bien, je reviens toujours à ma question...
Le Président (M. Audet): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Oui, je reviens toujours, M. le Président,
à la question précédente. On me dit que ça donne
une souplesse. Je comprends que dans certains cas il faut en avoir. Mais, dans
fa mesure où on arrive dans un parc, est-ce que la souplesse va
jusqu'à dire que la ministre pourrait... Je vous donne un exemple, on
parle de gaz naturel dans Charlevoix, puis il y a un lieu qui pourrait
être considéré comme une réserve qui est dite
biosphère. À travers le monde il n'y en a pas beaucoup de
ça. Alors, est-ce que ça donnerait la permission, dans des cas
comme ceux-là, d'aller faire des recherches? Est-ce que la souplesse qui
est donnée ici permettrait de le faire?
M. Lebuis: Pas dans un parc. M. Jolivet: Jamais?
M. Lebuis: Dans un territoire à vocation non exclusive,
comme ceux dont on parle ici, oui. Mais, dans un parc, la loi des parcs
prévoit, nommément, qu'il n'y ait pas d'activités
minières. C'est la loi des parcs qui prévoit ça. Notre loi
ici ne vient pas changer la loi des parcs, pour répondre peut-être
à votre question précédente.
M. Jolivet: Antérieure.
M. Claveau: Est-ce que l'application de cette nouvelle
disposition pourrait carrément empêcher le gouvernement d'arriver
à décréter de nouveaux parcs?
M. Giroux: Empêcher le gouvernement de
décréter des nouveaux parcs?
M. Claveau: Bien, si on dit, par exemple, à chaque fois
que le gouvernement veut décréter un parc en quelque part: Wo!
potentiel minier probable dans ce coin-là...
M. Giroux: Ça serait plutôt douteux. Comme M. Lebuis
le disait tout à l'heure, c'est vraiment des cas exceptionnels. Je ne
peux pas voir comment ça pourrait causer un problème. Si vraiment
il y avait un territoire, j'imagine, qui était déterminé
à potentiel exceptionnel pour fins de parc, au sens de la Loi sur les
parcs, j'imagine que les gens prendraient leurs responsabilités et puis
qu'ils s'arrangeraient pour atteindre leurs fins. À ce moment-là,
ils prendraient les moyens légaux qui existent. Mais ce n'est pas le but
de notre article ici.
M. Jolivet: M. le Président, moi en tout cas, il va
toujours me rester un petit point d'interrogation. J'ai eu l'occasion de
discuter, à un moment donné, avec le ministère de
l'Environnement, sur un site qu'on voulait avoir; une réserve
écologique. Les problèmes que ça comporte... Il y a des
gens qui disent: Écoute, on ne peut pas faire une réserve
écologique partout, là. Il y a des lieux qui sont à
protéger à travers le monde. Il y en a quelques-uns qui sont des
microclimats ici même au Québec. J'avais un exemple à
Lac-Édouard, chez moi, puis il y a des mines. Dans ce
contexte-là, on dit qu'on va restreindre davantage la réserve
écologique parce que, là, ceux qui sont pour la faune disent: On
ne peut plus y aller. Il y a ceux qui disent: II y a des fruits sauvages, on ne
peut pas y aller non plus. Il y a des gens qui disent: Sur ce
territoire-là, bien écoute, la chasse et la pêche, c'est
fini. D'autres disent: eh bien, la forêt, on ne peut plus la couper.
Alors, il y a toutes sortes d'implications. (21 h 45)
Ce pour quoi je pose la question, c'est parce qu'on va revenir à
la fin du projet de loi et je vais essayer de faire le lien, même si on
ne devrait pas sauter d'un article à l'autre. Je veux juste vous donner
l'exemple, M. le Président. A l'article 9, on dit: L'article 304 de
cette loi est modifié par l'insertion, à la fin du paragraphe
1° du premier alinéa, du paragraphe suivant: "délimiter..."
Quand on s'en va à l'article 304, on dit: Le ministre peut, par
arrêté... Donc, c'est un arrêté ministériel,
arrêté en conseil. Donc, "peut, par arrêté,
délimiter des territoires à des fins non exclusives de
récréation, de tourisme ou de conservation de la flore ou de la
faune." Tout ça, pourquoi on se pose la question? C'est que, là,
on va venir à la fin du projet de loi et dire: La ministre peut, par
arrêté en conseil... Arrêté en conseil, ça
veut dire que, là, ça ne se fait plus par un projet de loi,
ça se fait par une décision ministériele du Conseil des
ministres. Les ministres, par le comité dont faisait mention la ministre
et dont elle est membre, pourront en discuter et dire: On est d'accord ou on
n'est pas d'accord, et finalement une décision est prise au Conseil des
ministres et personne ne le sait, c'est fait. C'est pour ça que je
dis...
Une voix:...
M. Jolivet: Oui, mais quand bien même on en aurait une
copie, ça sera fait. La ministre dit: Dans une question de parc, on ne
pourra pas le faire autrement que par un changement à la loi, mais, dans
un article qui est marqué ici, elle dit que par arrêté en
conseil elle pourrait le faire. Moi, je vous dis, ça m'inquiète.
C'est ça que je trouve, la largesse, la latitude qu'on donne qui
m'inquiète. J'ai le droit de m'inquiéter. J'ai le droit de le
dire. Si on est battus ici, on sera battus, mais au moins on pourra dire dans
quelque temps, si jamais l'arrêté en conseil arrive sur notre
table: On l'avait dit à la ministre qu'il y avait un danger. Elle ne
sera pas toujours là et il y a aura toujours un ministre ou un autre, un
jour, qui pourra vouloir utiliser cet article-là. Ce n'est pas pour elle
qu'on dit ça, nous autres, c'est pour le futur. Ce sera n'importe qui
sera là et il dira: Moi, c'est marqué, c'est moi comme ministre,
j'ai le droit, je vais le faire. Et je me fous bien de savoir si je dois aller
en audiences publiques ou pas, ou si je dois passer par un projet de loi.
Quand on a un projet de loi qui change un parc, si jamais il y avait une
décision comme celle-là, cette décision-là fait
l'objet d'une discussion à l'Assemblée nationale, étude du
principe, discussion. L'Opposition peut demander à des gens de venir
à l'Assemblée nationale pour s'expliquer. Mais là ce n'est
pas ça que la ministre est en train de nous dire. Elle dit: Par
arrêté en conseil, je peux tout faire. Moi, ça
m'inquiète, je vous dis bien honnêtement, ça
m'inquiète. J'ai le droit de m'inquiéter.
Je vous donne des exemples. La rivière Saint-Maurice
actuellement, les études d'Hydro-Québec sont
arrêtées totalement parce que le fédéral, il les
protège ses parcs. Le fédéral les protège tellement
que c'est... Ceux qui connaissent la rivière Saint-Maurice, je suis
allé vendredi visionner ça avec des gens du ministère des
Transports et d'Hydro-Québec pour voir ce que ça donnerait sur le
terrain. Ce que ça inonde sur le territoire du parc national de la
Mauricie, c'est le bord de la montagne. Il n'y a pas grand chevreuil qui est
là. Pourtant le ministère fédéral refuse.
Là, les négociations sont entreprises et ça va prendre une
maudite bonne raison pour les faire changer d'idée. Alors, ça
retarde d'un an toutes les études environnementales.
Moi, je dis, nous autres au Québec, on dit à la ministre:
On donne la permission... Eh bien, c'est ça qu'on va voter, là.
Nous autres, on va donner la permission à la ministre de faire ça
par arrêté en conseil. Je ne suis pas capable d'accepter
ça. Je suis incapable d'accepter ça. C'est gros. Si on veut
regarder bien à fond, objectivement, le projet de loi, M. le
Président, j'ai une crainte majeure ici. Je l'ai exprimé tout
à l'heure à l'article premier. Je vais l'exprimer là
et je vais l'exprimer à l'article 9.
M. Claveau: Surtout quand on pense, M. le Président...
Dans la même ligne de pensée, si on regarde, par exemple, la
façon dont on s'apprête à traiter la réserve
Ashuapmushuan avec HydroQuébec, vous êtes en train de me faire
regretter que ça ne soit pas une réserve fédérale,
parce que ça a l'air que le gouvernement du Québec, ça ne
l'intéresse pas, l'Ashuapmushuan. On a mis de l'argent là-dedans
depuis des années et Hydro-Québec fait des études, et
envoie donc, on va l'inonder et ce n'est pas plus grave que ça. Alors,
vous comprendrez que dans le contexte on a le droit de se questionner sur
quelles sont les portées d'un article comme celui-là.
Moi, j'aurais aimé voir le gouvernement du Québec
s'insurger contre la possibilité qu'Hydro-Québec inonde la
réserve Ashuapmushuan qui a coûté des millions aux citoyens
du Québec pour en faire ce qu'on en connaît aujourd'hui. Mais non,
ça finit là et ça ne les intéresse pas plus que
ça, ça a l'air. Je n'ai jamais vu personne, y compris le ministre
de l'Environnement, dire: Aïe! Ça n'a pas d'allure. Alors que dans
le cas de La Mauricie, avec le fédéral, il n'y a pas moyen de
bouger.
Vous comprendrez qu'on se pose des questions. On est capables de donner
des exemples en masse qui font en sorte qu'on arrive à ce
questionnement-là. Ce n'est pas des affaires en l'air, contrairement
à ce que la ministre pense depuis tout à l'heure. On ne fabule
pas quand on dit ça. On regarde comment ça se passe dans d'autres
secteurs et on se dit: Oui, bien, écoutez, on trouve que la ministre se
donne des pouvoirs un peu grands et on aimerait mieux voir le ministre de
l'Environnement avoir un petit peu plus de "pogne" sur la ministre de
l'Énergie et des Ressources; pas nécessairement dans son cas
à elle, on veut bien croire sa bonne volonté, mais il y en a
d'autres qui vont venir et une loi, quand elle est votée, elle est
votée. Elle peut toujours être amendée, mais il reste que
c'est une loi qui est votée et, tant qu'elle n'est pas amendée,
chacun peut s'en prévaloir.
Alors, quand on nous dit, encore là, qu'il y a une façon
discrétionnaire de voir à ce que ça soit respecté,
bien, moi, je ne comprends pas pourquoi il faut être
discrétionnaire à ce point-là. On dit: II y a des zones
non exclusives de récréation et de tourisme qu'on a
décrétées, semble-t-il, parce qu'on se donne le pouvoir de
les décréter sans avoir à consulter personne, mais,
à partir du moment où on les a décrétées, au
moins qu'on s'organise pour les faire respecter. Qu'on ne donne pas un pouvoir
discrétionnaire encore en plus pour faire en sorte que si on pense qu'un
tel est plus intéressant qu'un autre, bien, lui, on va donner un peu
plus de "loose" et l'autre on va donner un peu moins de "loose". C'est
ça que ça veut dire des pouvoirs discrétionnaires, M. le
Président. Ça veut dire qu'on n'est pas obligé de traiter
tout le monde de la même façon et ça, ça
m'achale.
M. Giroux: Justement, je vais essayer de vous
"désachaler", si je peux me permettre.
M. Claveau: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Pas dessaler, là, parce que...
M. Giroux: "Désachaler". L'article 304, M. le
député - Jean Giroux, encore - c'est un article qui permet une
technique par arrêté, à la ministre - par exemple, si vous
lisez l'article 304.1° - de "réserver à la couronne ou
soustraire au jalonnement, à la désignation sur carte, à
la recherche minière ou à l'exploitation minière tout
terrain contenant des substances minérales qui font partie du domaine
public et nécessaire à tout objet qu'il juge
d'intérêt public, notamment l'exécution des travaux et
ouvrages suivants..." Et là, on donne des choses. Vous comprendrez que
le processus de consultation en soi peut être bon, mais quand vient le
temps d'affecter des territoires comme ça, si des gens avaient de
l'information que le gouvernement ou la ministre s'apprêtait à
soustraire au jalonnement... Les gens, vous savez comment ça marche, les
jalon-neurs, ça fait plus que marcher, ça court.
M. Claveau: Ils auraient claimé.
M. Giroux: Ils auraient claimé. Qu'est-ce qui arriverait
après? On serait probablement obligé d'exproprier, parce que
c'est un droit, c'est un droit immobilier. Alors, là, il est
préférable, pour traiter tout le monde équitablement, de
la même façon, d'établir les règles du jeu avant.
Alors, l'article 213.2, si vous l'adoptez, permettra à la ministre,
lorsqu'elle déterminera par arrêté des territoires à
des fins non exclusives de récréation, de stipuler dans son
arrêté les conditions auxquelles un droit pourra être acquis
ou renouvelé. Il nous semble que c'est une manière
équitable de traiter tout le monde de la même façon. Alors,
c'est le but de l'article.
Le Président (M. Audet): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Oui, M. le Président. Je comprends très
bien ce qu'on me dit et, effectivement, les jalonneurs,
généralement, courent assez vite quand ils veulent avoir un
terrain, sauf qu'il y a aussi une façon qui est utilisée dans les
règlements de zonage des municipalités pour éviter
ça qui est, quant à moi en tout cas, dans la mesure où
tout le monde veut être honnête, un excellent moyen.
C'est-à-dire qu'à partir du moment où on annonce qu'on va
avoir un règlement de zonage, dès qu'il y a une annonce
préliminaire de faite, ouf! toute nouvelle cons-
truction est bloquée dans le secteur en question. Après
ça, on prend le temps de faire les modifications, les consultations et
tout ce que vous voulez. Une fois qu'on s'est entendu, bien là, O.K., on
a le nouveau zonage, il est voté et, après ça, on continue
les opérations sur
Call n'y a rien qui empêche, par exemple, que la ministre puisse
par décret, sans avoir avisé personne avant, dire: À
partir d'aujourd'hui, à partir du 1er juin 1991, telle zone est
soustraite au jalonnement jusqu'à ce qu'on ait statué
après consultation sur ce qu'on va faire avec. C'est le même
principe que pour un règlement de zonage. Alors, à ce
moment-là, oui, elle pourrait avoir son pouvoir de décret
ministériel pour faire ça, mais, après ça, on
consulte. Mais, durant la consultation, il n'y a personne qui peut jalonner.
Une fois qu'on s'est entendu, on sait ce qu'on va faire avec ça et on
sait de quelle façon tous les gens qui vont vouloir intervenir dans ce
secteur seront traités comme c'est le cas dans un règlement de
zonage.
Si on décide de faire une zone, par exemple, I-3, genre cour
à "scrap", à ce moment-là, on s'entend, on en discute et,
après ça, tout le monde est d'accord si c'est voté que
c'est un I-3. Si on ne veut pas avoir de I-3 là, bien, on fait un 1-1 et
on n'a pas le droit de faire de cour à "scrap", mais on a le temps d'en
discuter. Et tout le monde, une fois que c'est décidé, une fois
que le décret est pris, tout le monde est traité de la même
façon.
On peut très bien prévoir une période qui soustrait
au jalonnement un territoire, mais qui ne donne pas à ce
territoire-là sa vocation définitive, parce qu'on doit faire un
certain nombre de consultations et on doit revenir devant les utilisateurs de
toutes sortes pour s'entendre et pour faire quelque chose de bien, pas quelque
chose qu'on devra défaire dans deux ans ou dans trois ans.
Il me semble que c'est un cheminement qui est, pour le moins, tout aussi
bon que ce qui est proposé là.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, pour ajouter à ce que
mon collègue dit... Il y a une question qui me préoccupe: Dans un
contexte comme celui-là, quelles sont les conséquences sur les
schémas d'aménagement des municipalités régionales
de comté? Dans les territoires non organisés, il y a des
schémas d'aménagement qui ont fait l'objet de consultations, qui
ont amené des gens à déterminer que tel site sera pour
telle ou telle utilisation et tel autre site pour telle autre utilisation.
Est-ce que ça veut dire que la ministre se subordonne à la
décision qui est prise par les municipalités régionales de
comté ou si c'est elle qui est par-dessus la décision des MRC,
selon le principe que la couronne, c'est elle qui est la propriétaire du
sous-sol? Est-ce que ça veut dire que, devant ces faits, elle va obliger
la MRC à changer son schéma d'aménagement pour ses besoins
à elle?
M. Lebuis: Jacques Lebuis, ministère de l'Énergie
et des Ressources. En fait, la création de ces territoires-là se
fait par un arrêté ministériel du ministre de
l'Énergie et des Ressources. Alors, si une MRC veut voir un territoire
reconnu comme à vocation non exclusive de récréation,
etc., elle devra acheminer une demande auprès du ministre de
l'Énergie et des Ressources. C'est à ce moment-là qu'on va
considérer, nous, la valeur de la demande en fonction du potentiel
minéral qui est là. Nous autres, ce qu'on cherche toujours, c'est
de valoriser le potentiel minéral, de faire des mines qui se
développent et, dans certains secteurs, il va y avoir une cohabitation
avec une activité qu'on est prêts à reconnaître par
le biais de la Loi sur les mines pour permettre des activités de
conservation.
J'aimerais aussi vous faire remarquer que l'inquiétude que vous
avez est exactement à l'inverse de l'inquiétude de notre
clientèle. Notre clientèle a peur qu'avec cet article-là
on crée des espaces non exclusifs partout au Québec, alors que
vous avez la crainte qu'on empêche la création de parcs. Alors,
vous voyez qu'on doit lire cet article-là dans le contexte de la Loi sur
les mines. Il y a un article dans la Loi sur les mines qui avait
été introduit lors de la dernière révision,
l'article 17. "La présente loi vise à favoriser la prospection,
la recherche, l'exploration et l'exploitation des substances minérales
et des réservoirs souterrains et ce, en tenant compte des autres
possibilités d'utilisation du territoire."
Alors, ce qu'on vient faire avec l'article 3 du projet de loi qu'on
discute, c'est simplement de raffiner cette question-là.
M. Jolivet: M. le Président, juste pour terminer avec ce
qu'on vient de dire, on avait la même inquiétude au niveau des
boisés, mais à l'inverse l'une de l'autre. Les gens qui veulent
couper la ressource en haut avaient peur qu'on les en empêchent, puis
ceux qui veulent en profiter avaient peur qu'on les coupe. C'est aussi clair
que ça. Et la réponse que vous me donnez m'inquiète,
d'autant plus que votre responsabilité comme ministère, c'est de
protéger l'utilisation minière, puis l'autre, de l'autre
côté, ça va être l'utilisation forestière,
puis l'autre, ça va être l'utilisation faunique, puis les MRC,
ça va être l'utilisation récréotouristique.
Alors, c'est donc tout ça qu'il faut allier à une
décision qui soit la plus juste possible pour tout le monde et qui
permette une utilisation multifonctionnelle de la forêt et des terres,
n'est-ce pas?
Le Président (M. Audet): D'accord. Compte tenu de l'heure,
est-ce qu'on est prêt à procéder à l'adoption de
l'article 3 avant d'ajourner? Non? Alors, on va reprendre demain à 9 h
30 en la même salle.
M. Claveau: Est-ce qu'il me reste encore du temps? J'aurais une
couple de questions encore, si vous me permettez de...
Mme Bacon: Non, il est 22 heures.
Le Président (M. Audet): Oui, il restera encore du temps,
là, demain matin.
Mme Bacon: Demain matin.
Le Président (M. Audet): Alors, la commission ajourne ses
travaux jusqu'à demain matin 9 h 30.
(Fin de la séance à 22 heures)