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(Quinze heures trente-sept minutes)
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! Alors, je constate le quorum. La commis sion entreprend ses
travaux. Je rappelle le mandat de la commission qui est de procéder
à l'étude détaillée du projet de loi 81, Loi
modifiant le Code du travail. Mme la secrétaire, est-ce que vous pouvez
annoncer les remplacements, s'il vous plaît?
La Secrétaire: Oui. M. Benoit (Orford) est remplacé
par M. Maltais (Saguenay), Mme Blackburn (Chicoutimi) est remplacée par
Mme Carrier-Perreault (Chutes-de-la-Chaudière) et Mme Marois (Taillon)
est remplacée par M. Boulerice (Sainte-Marie-Saint-Jacques).
Le Président (M. Audet): Alors, mesdames, messieurs, on
vous souhaite la plus cordiale bienvenue à cette commission. M. le
ministre, si vous avez des remarques préliminaires, on vous
écoute.
Remarques préliminaires M. Normand
Cherry
M. Cherry: Bon, j'ai déjà indiqué que c'est
un projet de loi qui est d'ailleurs inscrit au feuilleton depuis le 20 juin par
mon prédécesseur, M. Séguin. J'ai écouté
attentivement les remarques qu'ont faites mes collègues de l'Opposition
et je crois bien que, dans certains cas, il sera possible, je l'espère,
d'accommoder leurs remarques. Je pense bien qu'au fur et à mesure qu'on
traitera article par article du sujet on prêtera une oreille attentive
et, on l'espère, avec des solutions qui répondront aux
attentes.
Le Président (M. Audet): D'accord, merci, M. le ministre.
M. le porte-parole de l'Opposition, des remarques préliminaires?
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: Oui, M. le Président. J'entends utiliser les
20 minutes de remarques préliminaires pour démontrer d'abord
qu'il s'agit d'un projet de loi qui met ensemble des éléments
fort disparates et, dans ce sens-là, devant la Chambre, je pense qu'une
motion de scission devrait éventuellement être accueillie parce
qu'on parle essentiellement de choses différentes.
Le premier point, c'est la question de remplacer, dans les exclusions
prévues au Code du travail - c'est-à-dire des personnes à
qui on ne reconnaît pas le droit de se syndiquer, de s'accréditer
et de négocier collectivement leurs conditions de travail - de mettre
lé "ministère du Conseil exécutif" au lieu du "Conseil
exécutif". Je vais rovonir sur le mérite parco que je pense que
c'est une question importante mais c'est un ordre de choses. Le gouvernement a
perdu en cour et il veut se reprendre dans la loi. C'est ce que j'ai
appelé en Chambre une petite vite, un Québec, un sapin, quelque
chose de cette nature-là.
La deuxième section du projet de loi qui, quant à moi,
devrait faire l'objet d'une loi en soi, ce sont les amendements à
l'article 46 du Code du travail qui précisent les pouvoirs du
commissaire-enquêteur.
Et la troisième partie, c'est pour inclure dans les services
essentiels, donc sous la juridiction du Conseil des services essentiels, les
incinérateurs à déchets et les usines d'épuration
des eaux. Donc on est, en matière de déchets et
d'épuration des eaux, dans le coeur du Code du travail avec 45 et 46.
C'est des dispositions importantes. Et au début, dans les exclusions, on
traite des employés du ministère du Conseil exécutif.
Je reviens au premier point, M. le Président. Il nous
apparaît un peu immoral qu'on ait devant nous cette proposition de
changer la loi pour mettre le "ministère du Conseil exécutif."
Pourquoi? Parce que l'État employeur abuse ici de sa capacité de
légiférer pour se donner raison alors qu'il a perdu devant le
Tribunal du travail.
Alors, je répète l'enjeu, M. le Président,
brièvement: Le secrétaire général du Conseil
exécutif, M. Benoît Morin, n'aime pas avoir de syndicat ou de
syndiqués qui dépendent de lui. Le Code du travail accordait
déjà que les employés du Conseil exécutif ne
pouvaient pas être syndiqués. Il s'agit là des personnes du
secrétariat du Conseil exécutif placées sous
l'autorité du secrétaire, M. Benoît Morin. Ces
personnes-là sont directement au bureau du premier ministre et autour,
dans la bâtisse, et c'est le Secrétariat général du
Conseil exécutif. Et il était admis, même par les
syndicats, que le Conseil exécutif n'était pas syndicable. Sauf
que le Syndicat de professionnels du gouvernement du Québec, qui
représente plus de 10 000 professionnels à l'emploi du
gouvernement, a été requérant contre le Procureur
général du Québec et il y avait comme intimé le
ministère du Conseil exécutif.
Et le SPGQ est allé devant le Tribunal du travail pour dire
essentiellement que - le jugement est volumineux - le Conseil exécutif,
c'est une chose, le ministère du Conseil exécutif, c'en est une
autre. Et les prétentions du syndicat étaient à l'effet
que quand on tient compte que
le ministère du Conseil exécutif a sous sa juridiction,
entre autres, le Secrétariat à la condition féminine ou le
Secrétariat à l'Ordre du Québec, on n'est plus, à
ce moment-là, dans les conditions de confidentialité qu'on dit
vouloir assurer, par le Code du travail, dans l'entourage du premier
ministre.
Et, M. le Président, si on parle de l'Ordre du Québec, par
exemple, que les professionnels ou les fonctionnaires qui savent que "La Poune"
va être décorée soient syndiqués ou pas, il n'y a
jamais eu de fuite à cet égard-là. S'il arrivait que le
gouvernement ajoute l'Ordre du Québec à l'Ordre du Canada sur la
poitrine de Ghislain Dufour, le président du Conseil du patronat, qui a,
dans cette bâtisse, un statut presque égal à celui d'un
ministre parce que c'est un grand fédéraliste, un grand
libéral et qu'il exerce une grande influence dans ce Parlement, bien, je
ne pense pas qu'on doive exclure le syndicalisme du secrétariat qui
s'occupe des prix de l'Ordre du Québec. Et même chose pour le
Secrétariat à la condition féminine, puis de bon nombre de
secrétariats qui dépendent du ministère du Conseil
exécutif.
Et au surplus, M. le Président, je comprends le SPGQ d'avoir
craint cette interprétation-là. C'est que, par voie
législative ou par voie de décret, le gouvernement pourra,
n'importe quand, donner une bonne partie de la fonction publique qui se
mettrait à dépendre du ministère du Conseil
exécutif.
Donc, M. le Président, le juge Yergeau du Tribunal du travail a
donné raison au syndicat. Qu'à cela ne tienne! Le gouvernement
est allé en évocation devant les tribunaux civils puis il a perdu
à une place. Il a perdu à une deuxième place en Cour
d'appel, je pense, et là, en gros, le syndicat a eu comme message: Ce
n'est pas notre argent, c'est des fonds publics; donc, on va aller
jusqu'à la Cour Suprême; puis ça, c'est en attendant qu'on
puisse faire autre chose. Et, autre chose, on l'a devant nous. C'est que
l'État employeur abuse de son statut d'État législateur.
Ce que Benoît Morin - le prince l'autre bord de la rue, dans
l'édifice qu'on appelle tantôt le "bunker" tantôt le
calorifère - a décidé, à savoir qu'il ne veut pas
de syndiqués dans le ministère du Conseil exécutif, c'est
ce que la loi veut donner. Et, à cet égard-là, c'est
vraiment quelque chose d'arbitraire, M. le Président.
Ça me rappelle un peu Mme Thatcher en Angleterre qui avait
décidé que les employés d'une centrale nucléaire ne
devaient pas être syndiqués parce que le nucléaire, c'est
très secret et puis un syndiqué, c'est un traître qui va
aller livrer les secrets atomiques de la Grande-Bretagne aux puissances
ennemies. Dans le temps, l'Union soviétique était perçue
comme une ennemie.
Et ici, sur la base plus modeste d'un gouvernement provincial, ce qu'on
dit c'est que, si on est syndiqué, on ne peut pas faire preuve de
loyauté envers l'employeur. Être syndiqué, c'est
nécessairement être déloyal; et le fait d'être
syndiqué va vouloir dire qu'une personne va manquer au devoir de
discrétion qui lui incombe. Et à cet égard, M. le
Président, on sait qu'il y a des non-syndiqués qui coulent des
informations; parfois, c'est dans l'intérêt public parce que les
gouvernements ont tendance à avoir la manie du secret.
Je vais donner un exemple de la manie du secret du gouvernement, M. le
Président. Un intervenant m'appelle pour avoir le nombre de permis
d'alcool au Québec, pour les fins d'un film. Alors, mon attachée
politique de comté appelle à la régie qui émet les
permis d'alcool et demande qu'on lui donne le nombre d'établissements
qui vendent de l'alcool au Québec, où on peut consommer sur
place, que ce soient des bars ou des restaurants. Et puis là, le
fonctionnaire dit: Madame, ça, c'est un renseignement qu'on ne peut pas
divulguer, c'est confidentiel. Alors mon attachée politique me rapporte
ça. J'appelle le requérant qui m'a appelé. Il est
indigné. Je lui dis: Essayez de comprendre; qu'est-ce qui arriverait si
les Russes mettaient la main sur le nombre de permis d'alcool qu'il y a au
Québec, de bars ou de restaurants?
Plus sérieusement, j'appelle le président de la
régie qui me dit: Vous voulez le nombre total de permis pour
consommation, pas la vente en épicerie? Je lui dis: Oui, de la boisson
que l'on peut boire sur place. Alors il me dit: Onze mille quelques cents Je
lui dis: C'est quoi votre source? Il dit: C'est le rapport annuel de la
Régie des permis d'alcool. Alors le fonctionnaire là, il ne
voulait pas me divulguer un extrait du rapport.
Donc, la manie du secret a pris le secrétaire
général du Conseil exécutif et là, il veut que tous
les employés du ministère du Conseil exécutif, ce qui est
beaucoup plus large, se voient interdire le droit de se syndiquer et de
négocier leurs conditions de travail. Et, M. le Président, j'ai
mentionné le Syndicat de professionnels du gouvernement du Québec
mais ça touche aussi le Syndicat des fonctionnaires provinciaux du
Québec. Les deux ont des membres dans les secrétariats qui vont
être touchés.
Donc, il y a deux questions en cause, dans le fond. Est-ce que
l'État législateur vient donner à l'État employeur
un avantage indu? Si Canadair perd devant le Tribunal du travail - je prends un
exemple tiré de ce qui a été longtemps le vécu
quotidien du ministre - bien, Canadair s'essaie en évocation. Ça,
je pense bien, c'est dans leurs moyens. Mais une fois rendu quelque part comme
en Cour suprême, bon, ça arrête là puis les parties
conviennent de ça. Là, le bras du gouvernement employeur actionne
son bras législateur puis il dit: Le juge Yergeau, que le diable
l'emporte; la Cour supérieure, que le diable l'emporte; la Cour d'appel,
que le diable l'emporte; puis, à la rigueur, la Cour suprême,
que le diable l'emporte. La Cour suprême, si on y vient, M. le
Président, c'est vraiment une mesure dilatoire. Sur une question de
cette nature, elle va décider, sans même d'audition, que ce ne
sont pas des matières qu'elle est prête à entendre. Puis
là, on prend le jugement et puis on le met au feu.
Pour un caprice du prince, parce qu'on pourrait très bien
fonctionner avec l'ancienne exclusion du Code du travail, qui dit à
l'article 1 que le Conseil exécutif... Que M. Morin, d'une certaine
façon, arrive en ville, là. Qu'il n'essaie pas d'être le
Raymond Malenfant des yuppies libéraux puis qu'il vive avec ça,
des syndiqués et des syndicats. Puis la confidentialité va
être assurée pareil.
Donc ça, c'est le premier bloc, M. le Président.
Même avec des amendements, s'il venait à en venir, ça
pourrait être moins odieux. Il y aurait encore le terme odieux dans la
proposition, bien que ce soit mieux un amendement et c'est mieux moins odieux
que plus odieux, que trop odieux. Mais on n'aime pas, nous, que l'État,
quand il perd en cour, se reprenne sur une...
Par ailleurs, M. le Président, il y a les articles 45 et 46 du
Code et c'est l'aspect le plus fondamental de la loi qui est devant nous.
L'article 45 du Code, je n'ai pas l'intention de le lire au complet là,
mais il date des années soixante et il a suivi de nombreux abus qui
étaient les suivants: un employeur qui n'aimait pas avoir un syndicat
dans sa "shop" - pour prendre le terme populaire - faisait une vente ou une
fusion ou une cession quelconque de son entreprise et disait: Ah! Ça a
changé de nom. Dans l'unité, dans le certificat
d'accréditation, c'est mentionné telle entreprise. Ce n'est plus
ça. C'est vendu. Ça a changé de nom. Il n'y a plus de
syndicat.
Alors, le gouvernement libéral de l'époque... Parce qu'il
y a eu une époque où un gouvernement libéral était
un gouvernement progressiste mais il y a juste les gens d'un certain âge,
comme moi, qui se rappellent. Dans la période contemporaine, ça
n'a plus été ça. Donc, le gouvernement libéral et
progressiste de l'époque avait décidé de mettre une
disposition dans le Code du travail pour dire qu'un changement de l'employeur
n'entraînait pas la perte des droits des syndiqués en cause, ni de
leur accréditation, ni de leur convention collective. Ça a
toujours posé des difficultés, cet article-là du Code du
travail, M. le Président, parce que la sous-traitance n'était pas
clairement couverte et, surtout, il est arrivé une autre notion, celle
de concessionnaire. Et le cas qu'on a vécu, c'est le cas des
employés du Manoir Richelieu.
On sait à peu près ce qui s'est passé. Un groupe^
hôtelier qui appartient à la famille Dufour de
l'île-aux-Coudres avait une concession du gouvernement du Québec
pour exploiter le Manoir Richelieu, le principal, le plus gros hôtel
de
Charlevoix. Le gouvernement a décidé de ne pas renouveler
le contrat de concession de la famille Dufour pour le Manoir Richelieu et de
vendre le Manoir Richelieu. Alors, le Manoir s'est vendu à un prix, en
passant, et je le souligne dérisoire: quelques millions de dollars pour
un golfe de 18 trous, un immeuble de je ne sais combien d'étages,
à l'homme d'affaires Raymond Malenfant qui est au milieu des affaires ce
qu'André Arthur est aux ondes, c'est-à-dire un patron de choc et
qui a donné des chocs à bien du monde. M. Malenfant
congédie tout le monde et décide qu'il n'y a plus de syndicat
dans la boîte parce que lui dit avoir acheté un immeuble sans
lien, sans rien. Et ça a donné lieu à un affrontement
extrêmement dur entre les employés congédiés du
Manoir Richelieu appuyés par leur centrale, la CSN, d'une part, et M.
Malenfant. C'est une lutte qui a duré un certain nombre d'années,
M. le Président, et où il y a eu mort d'homme aussi, du fait
d'une intervention policière dans une des manifestations durant le
conflit.
Et pendant ce conflit, la Cour suprême du Canada a rendu une
décision à l'égard de l'article 45 du Code du travail dans
le cas de la commission scolaire de l'Outaouais. Dans cette décision, la
Cour suprême disait, dans un cas qui lui ressemblait... Une firme faisait
l'entretien pour la commission scolaire et n'a pas eu son renouvellement de
contrat; on l'a donné à une autre. La Cour suprême a
décidé qu'il n'y avait pas de lien légal entre les deux
firmes et donc que l'accréditation ne tenait plus. On a dit que
ça avait une certaine analogie avec le Manoir Richelieu.
La CSN, de son côté, dit que les deux cas ne sont pas
identiques puisque, dans le cas du Manoir Richelieu, c'est une concession et
dans le cas de la commission scolaire de l'Outaouais, c'était un
sous-contrat, un sous-traitant. Je n'en suis pas là-dessus mais,
à la même occasion, la Cour suprême a dit que l'article 46
du Code du travail qui disait que lorsqu'une partie se plaignait d'un
différend après un transfert d'entreprise - transfert, fusion,
vente, aliénation totale ou partielle et tout - à ce
moment-là, le commissaire pouvait constater la transmission des
droits... Et la Cour suprême, avec raison je pense, a dit: Constater, ce
n'est pas ordonner, ce n'est pas adapter, ce n'est pas décider.
Et c'est à cet égard qu'il est devenu nécessaire
d'amener l'article 46 que le gouvernement a fait par un texte dont le ministre
a eu la courtoisie de me dire qu'il a été retravaillé et
rediscuté cet après-midi au Conseil consultatif du travail et de
la main-d'oeuvre. Nous, on pense que le problème du Manoir Richelieu
pourrait se poser à l'égard de tous les grands hôtels de
Québec et de Montréal parce que les firmes propriétaires
donnent l'opération de l'hôtel à concession,
habituellement. On prétend, nous, que c'est mauvais qu'on n'ait pas
touché à l'article 45 mais juste à l'article 46. On a
touché à
l'article 46 parce que ça, ça a fait l'objet d'un accord
avec le Conseil du patronat. On n'a pas touché à l'article 45
parce que, apparemment, le Conseil du patronat a un droit de veto sur ces
questions-là et on ne touche pas à l'article 45.
Le dernier point, M. le Président. On est d'accord pour inclure
les incinérateurs à déchets ot les usines
d'épuration des eaux dans la juridiction du Conseil sur le maintien des
services essentiels. Si l'autobus et le métro en sont, à plus
forte raison des services essentiels comme ceux-là.
Alors, voilà, M. le Président, l'ensemble du menu. On va
déposer des motions pour entendre un certain nombre de groupes
intéressés dans la loi qui est devant nous. Et on pense, nous,
que si la loi comportait un amendement à l'article 45 pour régler
le problème posé à l'occasion du conflit du Manoir
Richelieu et si on cessait le caprice du prince à l'égard du
Conseil exécutif, il y aurait une possibilité qu'on s'y rallie.
Ou, à la rigueur, M. le Président, si on ne traitait que de
l'article 46 et qu'on enlevait la question du ministère du Conseil
exécutif, on serait peut-être capables de se rallier, mais pas de
gaieté de coeur. On peut adopter un projet de loi en disant: C'est de
valeur que vous amendiez juste l'article 46 et pas l'article 45. Bon,
ça, c'est un cas. Le gouvernement prend sa décision. Mais nous
mettre en même temps dans quelque chose qui spolie les
intérêts légitimes du Syndicat de professionnels du
gouvernement du Québec, principalement - accessoirement et en même
temps, du Syndicat des fonctionnaires - ça, on n'est pas capables. Et
dans ce sens-là on va vouloir faire entendre des gens qui ont des choses
à dire sur ça.
Le Président (M. Audet): Merci, M le député.
Alors, si je comprends bien, vous avez des motions préliminaires
à déposer, M. le ministre?
M. Bourdon: II y a des remarques préliminaires d'autres de
mes collègues de l'Opposition aussi.
Le Président (M. Audet): Oui?
M. Bourdon: Oui Mais le ministre passe avant.
M. Jolivet: Je vais commencer à répondre.
Le Président (M. Audet): Comme vous voulez. Vous pourrez y
aller à la fin, si vous voulez.
M. Cherry. Si vous voulez y aller, allez-y; le bonheur total.
Le Président (M. Audet): Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière, vous avez la parole.
Une voix: Monseigneur est bien bon. Mme Denise
Carrier-Perreault
Mme Carrier-Perreault: Merci, M. le Président.
Écoutez, à l'instar de mon collègue de
Pointe-aux-Trembles, je voudrais réitérer aussi, dans mes propres
mots, les propos qu'il a pu tenir. Disons qu'il s'agit effectivement d'un petit
projet de loi qui vient modifier le Code du travail. C'est un petit projet de
loi qui a l'air tout à fait anodin comme tel. C'est trois sujets
différents, quelques articles seulement. Je pense que vous avez compris
et je pense que c'est clair que, par rapport à ces trois sujets
là, on a certaines difficultés, avec d'aucuns en particulier.
Donc, je reprends aussi dans les mêmes mots, assez
brièvement et très clairement: Par rapport à
l'assujettissement de l'ensemble des départements du ministère du
Conseil exécutif, là-dessus, l'Opposition trouve que c'est
carrément inacceptable. Pour ce qui est de l'article - je ne me souviens
plus lequel - qui, en fait, redonne aux commissaires les pouvoirs qu'ils
avaient perdus en même temps que le fameux jugement de 1988, on trouve
que c'est bien de venir redonner les pouvoirs aux commissaires. On n'est pas
contre parce qu'on trouve que c'est important que ces gens-là aient
quand même certains pouvoirs. Ces pouvoirs-là étaient
d'ailleurs, je pense, dans l'esprit de la loi antérieurement.
Mais, par ailleurs, on trouve que ce n'est quand même pas
suffisant parce que, évidemment, la vraie question, ça aurait
été de corriger vraiment le fond du problème lors du
jugement. On se rappellera que c'est un jugement qui mettait en cause... En
fait, il y avait une mésentente à la commission scolaire
régionale de l'Outaouais. Je pense que le premier jugement avait
porté là-dessus et, par la suite, on a pu revivre un peu le
même genre de problème avec ce qui s'est passé au Manoir
Richelieu. (16 heures)
Le fond du problème, en fart, c'est vraiment la transmission
d'une accréditation syndicale d'un employeur à l'autre. Et
ça, disons que le projet de loi 81 ne vient aucunement toucher à
ça. Mais il reste qu'il y a quand même une bonne nouvelle, M. le
Président, et le ministre doit se réjouir; on a au moins un point
sur lequel on est tout à fait d'accord et c'est quand même
important de le dire.
C'est évident que, pour l'Opposition, pour nous autres, le fait
d'assujettir d'autres services publics aux dispositions du Code du travail
relatives au maintien des services essentiels en cas de grève ou de
lock-out, quand il s'agit du traitement des eaux, du traitement des
déchets, des ordures et tout ça, on est tout à fait
d'accord, c'est des services publics. La population, en fait, a besoin de ces
services-là pour son bien-être et là-dessus, c'est
déjà ça, on peut s'entendre. Mais pour le reste, en tout
cas, il
faut le manifester, notre désaccord. Alors nous manifestons notre
désaccord, M. le Président.
On sait que c'est juste pour changer deux mots dans la loi. Quand on
regarde le projet de loi 81, on dit d'insérer, après le mot
"fonctionnaire", les mots "du ministère du Conseil exécutif' au
lieu de "les fonctionnaires du Conseil exécutif. Ce faisant, c'est
évident qu'on agrandit considérablement le cercle des gens qui
seront exclus, les salariés exclus qui ne peuvent pas être des
employés syndiqués. Et ça, là-dessus, on trouve
vraiment... On ne comprend pas pourquoi, d'abord. Autant on comprenait... Et
tout le monde s'entend, je pense. Mon collègue de Pointe-aux-Trembles
l'a dit tout à l'heure, et je le pense, que tout le monde, même du
côté de l'Opposition officielle, on est capables de comprendre, M.
le Président. Quand il s'agit du Conseil exécutif comme tel, on
peut tout à fait comprendre qu'il peut y avoir des choses qui sont
confidentielles et qui, bon... On ne parle pas non plus du Conseil du
trésor, des choses comme ça, où on sait qu'il y a des
informations privilégiées, importantes, et qu'on ne veut pas
qu'elles sortent. On comprend, pas de problème.
Mais pourquoi maintenir cette exclusion-là, l'élargir et
empêcher les gens du développement économique, de la
condition féminine... En fait, il y a le Secrétariat, si on veut,
à la Condition féminine. Je sais qu'il y en a là-dedans
qui, déjà, n'étaient pas syndiqués. Je suis au
courant mais il reste qu'on élargit le nombre à quelque chose...
Ça tombe à peu près aux alentours de 130 ou 150 personnes,
selon les informations qu'on a. Alors, disons que c'est difficile de
comprendre. C'est difficile pour nous autres et je pense que c'est difficile
pour les syndicats; c'est difficile même pour ces
employés-là de comprendre ce qui se passe de si secret, de si
spécial au Secrétariat à la Famille et au
Secrétariat à la Condition féminine, qu'ils ne puissent
pas...
Une voix: L'Ordre du Québec...
Mme Carrier-Perreault: L'Ordre du Québec. Ah! l'Ordre du
Québec, celle-là, hein! Je vais vous la lire. De toute
façon, je préfère la lire textuellement parce que je
trouve ça tellement... Il y en a qui écrivent tellement mieux que
moi je peux parler, M. le Président. Effectivement...
M. Boulerice: Ne vous sous-estimez pas, chère
collègue, je vous en prie.
Mme Carrier-Perreault: Votre tour viendra, cher collègue,
vous aussi. Alors non, de toute façon...
Une voix: Ça, c'est des voeux d'admiration mutuelle.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Carrier-Perreault: De toute façon, pour ce qui est de
cette partie-là, des amendements apportés par la loi, c'est
très clair. Là-dessus, on ne peut vraiment pas suivre le ministre
dans cette voie-là. En tout cas, on n'est pas d'accord et on a
l'intention de continuer à le dire jusqu'à ce que le ministre ait
compris. Ça dépend toujours de la bonne volonté du
ministre.
D'ailleurs, il y en a d'autres qui disaient aussi... Je vais vous lire
un petit bout; c'est plaisant, c'est très bien: Au Syndicat de
professionnels du gouvernement, M. Giroux assurait d'ailleurs, lui aussi, qu'il
ne vise pas à compter parmi ses membres les gens du Conseil du
trésor et du Conseil exécutif. Mais les syndicats comprennent,
eux aussi, à ce niveau-là. Le président du SPGQ ne
conteste pas non plus l'exclusion de ceux qui ont une fonction de
gérance. Ça, c'est connu; et dans beaucoup d'entreprises
où il y a des syndicats, les gens qui sont à des postes de
direction ou... Même à ça, moi, j'ai travaillé
à Bell Canada et on avait des gens de certains grades, des
employés de bureau; et pourtant, il y avait certains grades qui
étaient employés de bureau et n'étaient pas
syndiqués. C'est facile à comprendre aussi. Les
secrétaires de direction, par exemple, qui travaillaient pour certains
départements dans... Ça aussi, c'est facile à comprendre,
parce que, je veux dire, encore là, on peut admettre quand ça a
du bon sens.
Mais disons que, pour ce qui est du reste, on n'est pas sûrs,
vraiment pas sûrs. Les gens, ces fonctionnaires-là qui travaillent
au Secrétariat à la Condition féminine, on les rencontre.
Moi, je peux les rencontrer plus souvent. Veux, veux pas, étant
donné que je suis la porte-parole de ce dossier-là, je n'ai
vraiment pas l'impression - en tout cas, on ne m'a pas convaincue
jusqu'à date - du bien-fondé de cette mesure-là, de dire
que ces gens-là font du travail à ce point confidentiel. On
pourrait, à ce moment-là, étendre la mesure dans d'autres
ministères. Si on commence à donner des exclusions à ces
personnes-là, à ces travailleurs-là, je ne vois pas
pourquoi on ne continuerait pas.
À un moment donné, on peut se poser la même question
dans les autres ministères comme le ministère de la Santé
et des Services sociaux où il y a des gens qui ont quand même des
postes de responsabilité, qui savent des choses. Mais vraiment, au point
de vue confidentialité, ce n'est pas évident que c'est plus
important au ministère du Conseil exécutif, dans certains
départements, que ça ne l'est dans d'autres
ministères.
En tout cas, à ce niveau-là, c'est clair que vous allez
avoir du travail à faire pour nous convaincre. C'est justement pourquoi
le monsieur disait: Le professionnel - et là, je vous la lis, la phrase
- qui a nommé La Poune et Jean Pelletier membres de l'Ordre du
Québec détient-il des secrets d'État tels qu'il lui soit
défendu de se
syndiquer? C'est vrai que cette décision-là... Et, dans ce
projet de loi là, on vient à deux reprises, dans le cas de la
reconfirmation des pouvoirs des commissaires et dans le cas des gens du
ministère du Conseil exécutif, changer la loi parce qu'on a eu
des jugements et que les jugements n'ont pas interprété ça
à notre goût.
Dans certains cas, je pense que si c'était l'esprit de la loi de
donner vraiment des pouvoirs aux commissaires - je pense qu'il est souhaitable
aussi que ces gens-là aient plus que des pouvoirs de constatation et
aient aussi des pouvoirs d'intervention - ça, je pense que ça
serait normal qu'on essaie de... Et probablement que c'était dans
l'esprit de la loi que ce soit comme
Va-Mais, par rapport à ce petit bout sur le ministère du
Conseil exécutif, on vient ici aussi renverser, bien remettre les choses
en place parce qu'on a déjà eu un jugement. Mais, là, en
tout cas pour moi, ça devient plus compliqué à comprendre
que, dans l'esprit de la loi, on vienne limiter à ce point les gens de
l'ensemble, on vienne les exclure au complet. Je ne suis pas sûre que
c'était dans l'esprit de la loi de le faire.
Quand mon collègue parle des caprices du prince, je trouve
ça très significatif. Ça dit tout; ça vient
synthétiser à peu près la vision qu'on peut avoir du
dossier. On a vraiment l'impression - et je pense qu'on n'est pas les seuls
à l'avoir - qu'il y a des gens au ministère qui ne sont pas du
tout intéressés à travailler avec des employés
syndiqués; il y a des gens que ça embarrasse
énormément. Et c'est dans ce sens-là qu'on ne veut pas
être embarrassés de syndicats, de mesures éventuelles de
ralentissement de travail On a peur de ça, peut-être? Je ne sais
pas exactement de quoi on a peur, là.
Mais, de toute façon, ça ne sera pas les seuls parce qu'il
y a quand même, encore au moment où on se parte, beaucoup
d'entreprises qui ont beaucoup de difficultés à fonctionner avec
des syndicats. Il y a beaucoup d'entreprises privées, aussi; le prince
n'est pas le seul. Et disons que je trouve ça dommage parce que, bien
souvent, quand il y a un syndicat dans une entreprise, une PME, et qu'il arrive
un syndicat, au bout d'un certain temps, je pense qu'il y a beaucoup
d'employeurs qui peuvent même l'apprécier parce que ça les
force à planifier, et à organiser leur affaire, là, comme
il le faut, à l'avance.
En soi, pour moi, ce n'est pas négatif du tout d'avoir un
syndicat dans une entreprise. Je pense que ça peut même être
positif, ça peut aider. Ça aide les employés mais
ça peut même aider les entreprises aussi. Enfin, de toute
façon, pour ce qui est de ce fameux article, je vous le dis et je vous
le répète... Et là-dessus, on va avoir beaucoup de
difficultés à s'entendre, à moins qu'on n'ait des
amendements ou qu'on ne se reprenne là-dessus. Peut-être qu'on
pourra faire venir le prince? Est-ce que ça fait partie de nos. .
Une voix: C'est le premier.
Mme Carrier-Perreault: Ah bon! Non, c'est sûr que des fois,
si on veut des explications, il faudrait peut-être qu'on les demande aux
bonnes personnes étant donné que le ministre, comme il nous le
disait tout à l'heure, ce n'est pas lui qui se trouve à
être le parrain adoptif du projet de loi; il n'est pas comme le
véritable parrain...
M. Bourdon: II est le parrain adoptif mais il n'est pas le
parrain originaire
Mme Carrier-Perreault: C'est ça. M. Bourdon: Je ne
suis pas le père
Mme Carrier-Perreault: Alors, des fois, ça nous prend
toujours...
M. Bourdon: ...je suis le compère. Ha, ha, ha!
M. Cherry: C'est ça, il n'est pas le père, il est
le père adoptif.
Mme Carrier-Perreault: On a toujours besoin quand même d'un
petit peu d'adaptation avec nos nouveaux enfants, voyez-vous. Alors,
peut-être qu'en faisant venir les gens concernés, les gens qui
désiraient vraiment cet amendement-là, entre autres,
peut-être qu'on pourra en savoir plus long. Et moi, dans ce
sens-là, je vais sûrement appuyer les motions de mes
collègues, surtout si elles portent sur la rencontre avec le
secrétaire du Conseil exécutif, M. Morin.
Disons qu'on sait, comme on vous le di-sart - brièvement,
j'achève, M. le Président -que par rapport aux pouvoirs qui sont
redonnés aux commissaires on trouve ça dommage qu'on n'ait pas
vraiment... Par exemple, tant qu'à rouvrir, tant qu'à amender le
Code du travail, pourquoi ne s'est-on pas vraiment attaqué au fond du
problème? Pourquoi n'est-on pas venus trancher la question qui est le
sujet de fond du litige? C'est bien gentil en soi de redonner les pouvoirs aux
commissaires, qu'ils aient vraiment un pouvoir d'intervention, mais on ne
règle en rien les motifs mêmes sur lesquels le jugement de 1988,
et par la suite celui du Manoir Richelieu... Les problèmes qui ont
été vécus au Manoir Richelieu, on ne règle pas du
tout les motifs mêmes de ces problèmes.
Alors, tant qu'à faire, moi, je trouve ça un petit peu
dommage parce que ça fait quand même... Je trouve ça
compliqué ici; je vais vous dire bien franchement, je trouve que des
fois je me perds en conjectures. Vraiment, là, je m'interroge parce que
je me dis: Comment est-ce possible qu'on soit aussi peu efficaces?
Être
autant de monde puis être si peu efficaces? On sait que le
problème est là, on corrige à côté. Pourquoi
ne pas le corriger tout de suite? Il y a moyen de trancher ces
choses-là, de rendre la loi claire à ce niveau-là. Puis,
ça évite après ça un paquet de chicanes, un paquet
de frustrations et de problèmes. Alors, je me dis carrément: II y
a un bout qui nous manque quelque part puis, tant qu'à rouvrir, pourquoi
ne pas faire les choses comme du monde puis tout faire en même temps?
Je ne sais pas si le parrain adopttf peut améliorer ça, ce
projet de loi là. Je sais que ça ne fait pas l'unanimité,
que c'est toujours compliqué. Mais de toute façon, à
chaque fois qu'on prend une décision ici, je ne pense pas qu'on puisse
faire plaisir à tout le monde. Je pense que ce qui est important, par
exemple, c'est qu'on devrait normalement essayer de rendre les choses au moins
justes et équitables et de faire du mieux possible pour éviter
qu'il n'y ait... Parce qu'il va y en avoir encore, des problèmes,
étant donné qu'on ne touche pas du tout au fond. Alors, disons
que c'est dans ce sens-là que je voulais intervenir et je vais m'en
garder un petit peu pour tantôt, hein! Merci, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci, Mme la
députée. Est-ce qu'il y a d'autres remarques
préliminaires? M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. André Boulerice
M. Boulerice: M. le Président, au départ, je
voudrais mettre les choses au clair. Je ne viens pas attaquer le ministre comme
tel. Tout le monde sait les bons sentiments que j'ai pour lui; c'est d'ailleurs
un monsieur d'un agréable commerce. Nous nous rencontrons très
souvent. Mais si je disais commerce, là, je ne peux quand même pas
accepter ce qu'il veut me vendre aujourd'hui, le projet de loi 81. Et surtout
qu'il en est le parrain ou le parrain adoptif; je ne sais pas quelle filiation
légale il existe.
M. Bourdon: Aux yeux de la loi, c'est une famille
reconstituée.
M. Boulerice: Une famille reconstituée, effectivement. Et
je trouve ça d'autant plus difficile, M. le Président, comme la
quasi-totalité des membres de cette commission et même du
personnel qui accompagne le ministre et des observateurs, s'il s'en trouve,
tout le monde connaît le passé de ce ministre, un passé
dont il n'a pas à rougir. Quand je dis "rougir", je ne fais aucune
allusion d'ordre politique là, mais dans le sens de: II ne doit avoir
aucune gêne de ce qu'il a fait. Je pense que ça a
été reconnu. Il était, si je ne me trompe, à la
FTQ, qui d'ailleurs me fait l'honneur d'avoir ses locaux dans ma
circonscription, ce qui ajoute à ma fierté d'ailleurs, M. le
Président, d'être député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques puisque j'ai, chez moi, deux des plus importantes
centrales syndicales au Québec: la FTQ d'une part et la CSN de l'autre.
(16 h 15)
Donc, c'est un ministre, M. le Président, qui a consacré
de longues années de sa vie à la défense des travailleurs
et des travailleuses. Et je n'ai jamais entendu de qui que ce soit ou de
quelque groupe que ce soit des propos à l'effet qu'il les aurait mal
défendus. Tout au contraire, il s'est fait la réputation
d'être bagarreur, mais bagarreur dans le sens positif du terme; il
cherchait à obtenir de plus en plus de droits pour eux,
d'équité et tous ces autres éléments qui font en
sorte que les relations de travail et les conditions de travail soient
meilleures pour les femmes et les hommes du Québec.
Mais là, il hérite d'un projet de loi, M. le
Président, et je suis quand même stupéfait de voir que le
ministre le reprend intégralement, ce projet de loi, sans lui apporter
sa propre couleur; du moins, il n'a pas mis toute la couleur qui, normalement,
serait la sienne. Le ministre, s'il sait que je connais une partie de son
passé, connaît également une partie du mien. Il sait que
j'étais ce qu'on appelait autrefois un PNE, un professionnel non
enseignant. Un professionnel non enseignant, le ministre sait ce que c'est. Ce
sont des professionnels qui, en milieu scolaire, sont chargés de
tâches administratives et qui sont même, la plupart du temps,
adjoints de fait à des cadres et des cadres supérieurs. Il sait
fort bien que, dans mon cas, j'étais professionnel non enseignant dans
ce qui est probablement la plus importante commission scolaire régionale
au Québec, la régionale de Chambly, qu'il connaît bien. Et
je jouais, à toutes fins pratiques, le rôle d'adjoint au directeur
général qui était le regretté M. Bélisle,
que vous avez d'ailleurs connu, j'en suis persuadé.
Mais, moi, à l'époque où j'étais
professionnel et que j'assumais ces responsabilités-là, si on
m'avait présenté ceci, j'aurais trouvé ça blessant
voire même un peu méprisant, M. le Président. Mes
fonctions, c'est-à-dire celles d'être, en définitive, un
des bras droits immédiats du directeur général, donc la
première autorité à la commission scolaire, m'amenaient
à prendre connaissance de certains documents, de certains rapports,
d'avis, etc.
On savait fort bien que j'étais syndiqué. Mais on savait
fort bien que je n'étais pas, parce que j'étais syndiqué,
M. le Président, un ennemi, une espèce de cinquième
colonne, ou, pour employer un vocabulaire de roman policier, un indicateur qui
va essayer de glaner ceci parce qu'il y a eu une décision du conseil des
commissaires ou du conseil privé du conseil des commissaires. On se
disait: II a, comme individu, un code d'éthique. Il a également
comme professionnel,
un code d'éthique. Et, en acceptant l'emploi au départ, en
acceptant ce poste en particulier, je savais fort bien que la commission
scolaire avait des règles de déontologie auxquelles je devais me
soumettre. Et, comme tous les professionnels qui gravitaient dans le centre le
plus important de décisions de la commission, qui était la
direction générale, donc qui n'avait au-dessus d'elle que le
conseil des commissaires, c'est-à-dire le pouvoir politique de la
commission - politique dans son sens étymologique, "politikos";
ça n'a pas de connotation partisane - eh bien! M. le Président,
je ne sais pas moi, j'aurais été vraiment très malheureux
qu'on me juge immédiatement de cette façon-là en disant:
Écoutez, vous, là, vous êtes suspect et vous êtes
tellement suspect qu'il faut absolument que vous ne soyez pas syndiqué
parce que c'est plus facile de vous sacrer dehors, comme on disait en bon
québécois.
Et on savait fort bien que si, par malheur, j'avais manqué
à mon propre code d'éthique, à celui de ma profession et
aux règles de déontologie de la commission... Bien, je pense que
chacun a quand même un minimum d'honneur dans la vie. J'aurais
sacré mon camp parce que ce serait sorti. Mais ça ne s'est pas
produit et j'ai été là, mon Dieu, quoi, 13 ans. J'ai
été là 13 ans et il y avait même, parmi mes
collègues de travail, un ancien directeur de cabinet de l'actuel premier
ministre, M. le ministre. Saviez-vous ça? Ah! Bien, oui. M. Bertrand
était un professionnel non enseignant qui était rattaché
au secrétariat général de la commission. Le
secrétariat général, vous le savez comme moi - vous avez
une connaissance du milieu scolaire - avait à faire la rédaction
des procès-verbaux des différents comités, etc. Et on ne
lui a pas fait l'injure de lui dire: Mais vous ne pouvez pas être
syndiqué, vous allez être une cinquième colonne, vous allez
être l'indicateur, le 007 de la commission, etc. On l'a traité en
professionnel. Et le traiter en professionnel, c'est avoir au départ un
minimum de respect envers lui.
Et je trouve effectivement que la loi, par richochet, à cause de
sa face négative, ne donne pas aux professionnels cette espèce de
respect et cetto valorisation que, normalement, ils devraient avoir. Il y a une
erreur administrative dans le projet de loi. Il y a, en plus de l'erreur
administrative, M. le Président - et ça, j'espère que le
ministre va le comprendre - un déni du droit d'être
syndiqué. Et troisièmement, je vous le répète, il y
a une espèce de gifle un peu camouflée en leur disant:
Écoutez là, hein, comme on le dit dans le langage courant, on ne
vous "trust" pas. Vous êtes menaçants si vous devenez
syndiqués.
Mais pourquoi, M. le Président, celui qui a pu devenir
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques et celui qui était
attaché d'administration relié au secrétariat
général à la commission scolaire régionale de
Chambly et est devenu directeur de cabinet du premier ministre, eh bien,
pourquoi ces gens-là deviendraient-ils subitement des gens dont il faut
avoir une espèce de méfiance viscérale sous
prétexte qu'ils sont syndiqués? Pourquoi? J'ai hâte
d'entendre votre réponse. J'espère que vous allez m'en apporter
une, j'ai hâte d'entendre la réponse.
Je ne fais pas avec vous une guerre comme telle, sauf que j'essaie de
voir l'impact de cela au niveau des relations de travail, au niveau du climat.
Moi, j'ai l'impression que, loin de vous les solidariser, vous allez
effectivement provoquer l'effet contraire en les considérant comme une
espèce de petit cercle sous étroite surveillance, micros
branchés et caméras braquées, parce que, mon Dieu, Hs ont
des secrets. Mais écoutez! De toute façon, l'ancien premier
ministre, M. Lévesque, nous disait: II n'y a pas de secret d'État
au Québec parce que, premièrement, on n'a pas d'État;
alors, il ne peut pas y avoir de secret. Mais, au-delà de la bourde que
ça pouvait représenter à l'époque, je vous le
répète, je pense que ce sont des gens qui ont une éthique
très forte.
Je ne vous le cacherai pas, j'ai déjà contacté des
professionnels dans différents ministères pour des dossiers,
parce que c'étaient des dossiers qui touchaient ma circonscription puis
j'avais le goût de les régler, comme vous-même le faites,
parce que vous êtes d'abord et avant tout député. Et,
à un certain moment donné, dans le questionnement... Puis je vais
être bien franc avec vous. J'étais persuadé que s'ils
avaient répondu à la question, j'aurais peut-être pu...
Disons une image, là, que ce n'était pas le ministre Y, mais
disons que ça aurait été vous et qu'ils auraient
peut-être pu me donner une information qui aurait fait l'objet d'une
belle petite question, salée, comme on dit. Mais ces professionnels me
disaient: Bien, écoutez, M. le député, je vous ai
donné des éléments qui sont vraiment publics, que je suis
autorisé à vous donner; mais le restant, je m'excuse, je ne peux
pas. Ce n'est pas dans mes attributions. Je ne peux pas divulguer cela. Et si
vous désirez l'obtenir, eh bien, adressez-vous au ministre ou à
son directeur de cabinet ou au directeur de cabinet adjoint.
Alors, je peux vous dire que, comme législateur, j'ai
déjà été capable de faire la preuve qu'ils avaient,
ancrée en eux, cette éthique et qu'ils étaient bien
conscients qu'il y avait un code de déontologie écrit,
c'est-à-dire explicite, ou même implicite qu'ils se devaient de
respecter. Et, moi, je vous le dis, je vous le répète, M. le
ministre, je pense que, loin d'améliorer, vous allez risquer d'envenimer
ou de créer peut-être des tensions et un climat qui ne sera pas
bon. Puis il y a quand même aussi des exemples où on voit que la
loi va effectivement dans l'excès.
Ma collègue, Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière, disait tantôt: Oui, mais qu'est-ce qu'il y
a de suffisamment secret, justement,
dans l'organisme qui attribue l'Ordre du Québec? Qu'est-ce qu'il
y a de tellement secret dans ceux qui ont nommé la... J'ai trouvé
ça agréable qu'ils mentionnent le nom de Mme Ouellette. Tout le
monde sait que c'est une amie personnelle, une dame adorable, superbe. Enfin,
je pense qu'on pourrait passer des heures à ajouter des qualificatifs
pour la décrire. Je lui dois d'ailleurs beaucoup dans ma
réélection comme député, je n'hésite pas
à le dire. Il y a M. Pelletier qui a été un maire
respecté dans cette ville.
Alors vous voyez, déjà, il y a un exemple. Comment se
fait-il qu'à des gens comme ceux-là, il soit défendu de se
syndiquer? J'essaie de trouver puis je ne trouve pas. Vous remarquerez,
d'ailleurs, que mon ton n'est pas agressif. D'habitude, je suis un petit peu
plus musclé. Mais c'est parce que, au-delà du vice que je vois
dans la loi, je m'interroge comme vous. Même si nous occupons des
fonctions - je vous le répète, on ne peut pas faire abstraction
de son passé - nous demeurons tous deux, M. le ministre, des gens qui
avons une expérience syndicale, vous comme permanent, moi comme
délégué, etc. J'ai un poste électif; vous, comme
permanent syndical durant de très nombreuses années,
supérieures aux miennes, ça, j'en suis certain... (16 h 30)
Donc, je sais fort bien, à partir de ma petite expérience,
que ça.. Je ne sais pas, j'ai le sentiment que vous n'êtes pas
insensible à mon propos. Je ne sais pas si je me trompe. Je vois chez
vous un degré d'écoute qui me réconforte. J'espère
qu'en plus de me réconforter, votre degré d'écoute va me
récompenser aussi.
M. Bourdon: Encore une allusion au ministre du Revenu.
M. Boulerice: Encore une allusion au ministre du Revenu.
M. Bourdon: II n'écoute pas et il ne comprend rien.
M. Boulerice: Mais moi, je suis persuadé que,
contrairement à l'autre - quoique je ne veuille pas les mettre dans des
conflits d'intérêts - chacun a sa personnalité. Je pense
que celui-ci écoute mais il comprend également, compte tenu de
son vécu. Moi, je souhaite que vous apportiez effectivement le
changement qu'on vous donne parce que la loi 81, c'est quand même un pas
dans la bonne direction. Je vois que M. le Président veut m'imposer un
bâillon.
Le Président (M. Audet): Vous avez deux minutes, M. le
député, en vertu du règlement.
M. Boulerice: Je sais bien, j'ai tenté...
Le Président (M. Audet): II vous reste deux minutes.
M. Boulerice: ...de vous taquiner, M. le Président, on ne
taquine que les gens qu'on aime bien, les autres on les ignore, vous le savez
comme moi.
Le Président (M. Audet): ...M. le
député.
M. Boulerice: Je ne veux pas vous flatter, je ne fais que vous
rendre hommage; à César ce qui est à César et
à Dieu ce qui est à Dieu. Effectivement, il y a ma
collègue, la députée de Kamouraska-Témiscouata...
Alors, écoutez, ce que je viens de vous dire et ce que mes
collègues vous ont dit, je vous demande de le prendre en sérieuse
considération. On a vu des ministres... Il y a un exemple récent;
d'ailleurs, on l'a célébré tantôt. Je pense que
c'était un beau moment et je conclus là-dessus, effectivement, M.
le Président. C'était un beau moment tantôt lorsqu'on a
voté à l'unanimité de cette Chambre la nouvelle loi pour
le ministère des terres et forêts. J'étais très
heureux de m'associer à vous pour la voter parce qu'elle donnait la
souveraineté pleine et entière au ministre. Libre à lui de
conclure une association de quelque nature que ce soit avec sa collègue
de l'Énergie, bien qu'elle ait dit qu'elle ne négocierait pas.
Mais on sait fort bien qu'elle aussi, elle va se bousculer dans l'autobus pour
venir négocier Ça, c'est un fait.
Moi, je souhaiterais que vous apportiez les modifications que l'on
souhaite et qu'on se retrouve tantôt sur le plancher de la Chambre et que
le projet de loi 81 soit un projet voté, lui aussi, à
l'unanimité. Ne soyez pas inquiets, nous vous en attribuerons tous les
mérites, M, le ministre. Là-dessus, aucun de nous n'ira faire la
phrase mesquine: Ah! bien, l'Opposition a gagné! Mais ce sera au
ministre de bien regarder la loi. On a eu une franche et bonne discussion et on
est vraiment heureux de s'associer à lui. On la votera à
l'unanimité. Là, je pense, M. le Président, que vous
m'avez clairement indiqué que, malheureusement, mon temps était
terminé. Mais j'aurai sans doute l'occasion d'intervenir de nouveau.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député. Est-ce qu'il y a d'autres remarques
préliminaires?
M. Bourdon: M. le Président, je solliciterais le
consentement...
Le Président (M. Audet): M le député de
Saguenay.
M. Bourdon: O.K. Ça va.
M. Maltais: Je pense, M. le Président, que ce serait de
sage et do mesure commune» que d'attendre que l'honorable
député de Laviolotte
puisse prendre ses 20 minutes de remarques préliminaires, tel
qu'il l'avait indiqué avant son départ.
M. Bourdon: Je remercie le député de Saguenay
d'avoir fait le travail que je me préparais à faire
moi-même
Le Président (M. Audet): Alors, M le député
de Laviolette, vous avez 20 minutes sur les remarques préliminaires.
Vous avez la parole.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Je m'excuse, M. le Président, si..
Le Président (M. Audet): Pas de problème.
M. Jolivet: ...j'ai occasionné quelque retard mais
j'étais en Chambre en train de faire un discours sur la taxe nouvelle
qui s'appelle la taxe de vente du Québec.
M. Boulerice: La taxe scélérate?
M. Jolivet: Dans ce contexte là, je dois vous dire que
notre travail comme membres de l'Opposition n'est pas toujours facile, le
nombre de députés nous demandant de nous transporter d'une place
à l'autre, nous amenant à changer souvent de place.
Alors. M. le Président, il est évident que le projet de
loi qui est devant nous amène certaines difficultés. On peut
parler d'expérience parce que j'ai eu l'occasion, alors que
j'étais membre du gouvernement à l'époque, comme simple
député, de faire, à travers le Québec, une
tournée au nom du ministre de ce qu'on appelait un
superministère, M. Marois.
Parlant des difficultés que nous avons vécues dans les
années soixante-dix, j'ai eu l'occasion, à plusieurs moments de
ma carrière de syndicaliste, de voir les difficultés auxquelles
étaient confrontés les travailleurs dans leurs demandes de
syndicalisation. Je pense que le ministre l'a vécu autant que moi
à ce moment là. Il y a eu des moments où il y avait des
difficultés telles que ça amenait des batailles rangées
sur les lieux de travail et les lieux environnant le travail.
On n'a pas besoin d'aller loin pour se souvenir des grèves
sauvages qu'il y a eu à Firestone en 1972. C'a m'a même valu,
juste pour une petite anecdote en passant, un bris à mon auto quand le
pneu avec une semelle d'acier a fendu d'un coup sec, ce qu'on appelle en bon
anglais un "blow out". Je dois vous dire que je ne l'ai pas trouvé
drôle quand l'arrière de l'aile est parti. Les gens avaient
décidé, dans leurs difficultés, qu'ils feraient en sorte
que l'ensemble des gens qui utilisaient le service ou le produit feraient peut
être pression sur la compagnie un jour.
Alors, c'est peut-être des choses semblables qui nous
amènent à nous poser de sérieuses questions. Je vous le
dis bien honnêtement parce que, les pneus Firestone que j'avais, je n'en
ai plus acheté depuis ce temps-là. Ça n'avait pas de bon
sens, je vous le dis; on aurait pu avoir un accident mortel. Pourquoi? Parce
que des gens étaient en maudit de voir la façon dont ça se
produisait dans l'usine et ça se reproduisait dans notre vie quotidienne
pour certaines personnes. On peut regarder le cas de Lapalme avec le
fédéral; on peut regarder les conflits qui avaient amené,
sur la rive sud de Montréal, chez ce que mon père appelait la
Fairchild à l'époque, qui est devenue Pratt & Whitney - parce
que mon père avait travaillé là à l'époque
des années quarante, dans le temps de la guerre - pour vous dire que le
conflit qui était là, il n'était pas drôle à
vivre non plus.
Donc, si l'employeur a trouvé son compte d'une certaine
façon, dans une forme de paix syndicale, c'est parce qu'il y a un
gouvernement qui a décidé un jour de prendre le taureau par les
cornes et de lui indiquer dans quelle direction il voulait que la
syndicalisation aille. Je faisais quelques farces l'autre jour en parlant de
mon collègue, le député de Pointe-aux-Trembles, en parlant
de la CSN, du ministre de la FTQ; moi, venant de la CEQ, on formait un bon trio
dans une sorte de front commun, à l'époque Et lui, bien,
c'était un employeur d'une certaine façon, il était
à un niveau d'employeur à un certain moment donné. C'est
ça. Oui, je ne dis pas que c'était un mauvais employeur.
D'ailleurs, j'ai enseigné à cette commission scolaire là,
à Saint-Basile-le-Grand en plus.
M. Cherry: Elle est déjà moins bonne.
M. Jolivet: Alors, je vous dirai que ça a amené ce
qu'on a appelé la paix relative dans le milieu du travail, d'autant plus
que les employeurs ont dit: On va utiliser cette nouvelle loi pour le
bien-être de l'ensemble des syndiqués et de l'entreprise comme
telle. Le défaut de l'article 45, comme diraient les gens du
Lac-Saint-Jean, du "fameux" article 45, s'est avéré utile. Il y a
des gens qui ont essayé, par le moyen des tribunaux, de le contourner,
ce qui était normal. Il n'y a rien qui empêche un employeur de
contester une décision, pas plus que le syndicat de le faire aussi. Ce
défaut a amené des gens à essayer de le contourner et des
jugements qui ont été rendus nous ont amenés, d'une
certaine façon, à des difficultés nouvelles qu'il faut,
bien entendu, corriger. L'exemple typique du dossier du Manoir Richelieu, en
termes de transmission d'accréditation syndicale d'une employeur
à l'autre est, je crois, un indice des correctifs qu'il faut
apporter.
Mais, au lieu de s'attaquer directement au
problème principal qui est causé par ce fameux jugement,
le gouvernement désire plutôt, peut-être, laisser aller les
choses d'une certaine façon. Et puis, que patrons et syndicats soient
d'accord ou pas avec les modifications apportées à l'article 46,
il est évident que l'on va s'opposer, pour des raisons diverses,
à des changements à l'article 45. Que l'employeur ne veuille pas
voir cet article-là corrigé, avec de nouvelles dents, avec un
renforcement, je pense que je n'apprendrai rien à personne. Que les
employés, par l'intermédiaire de leur organisme syndical
cherchent à lui donner plus de dents et un renforcement, je n'apprends
rien non plus à personne. Le ministre a cependant à trancher
entre les deux et il s'agit de savoir de quel côté il va vouloir
se pencher. Syndicaliste comme il l'a été, j'espère qu'il
est demeuré avec les marnes idées à ce niveau là
parce qu'il est encore frais en politique.
Des fois, on est confrontés dans la vie... Je l'ai
été moi aussi et je ne m'en cache pas mais j'ai toujours eu
l'occasion de dire à mes anciens représentants syndicaux ou
à mes anciens amis du secteur syndical qu'il y a, des fois, des
décisions qu'on doit prendre et on essaie de les prendre le mieux qu'on
peut pour le mieux-être de l'ensemble. La preuve, c'est que les gens
peuvent m'en vouloir dans certains cas, mais on fêtait notre
vingt-cinquième anniversaire il y a à peu près un mois et
j'étais invité comme tout le monde; pourquoi? Les gens m'ont dit:
On est bien contents malgré ce qui s'est passé. Pourquoi? Parce
que j'ai eu le courage, dans ces années-là, d'aller les voir, de
leur expliquer la situation et de leur dire dans quel camp je me posais
à ce moment-là.
Mais le ministre aura l'occasion ici, justement, de démontrer
qu'il a l'intention de corriger vraiment les lacunes que les jugements du
tribunal ont apportées à l'article 45. D'autant plus que ces
changements à l'article 45 ont pour but de maintenir cette paix
syndicale relative. Je pense que le ministre n'a pas intérêt, pas
plus que les employeurs et les employés, à ce qu'il y ait une
nouvelle guerre à ce niveau-là.
L'article 45, c'est un article charnière dans le projet de loi.
D'ailleurs, quand on avait fait la réforme - je vous disais qu'au nom du
ministre, à l'époque, j'ai fait la tournée du
Québec; je l'ai faite pour la Commission de la santé et de la
sécurité du travail - j'ai eu l'occasion de fouiller ce secteur,
compte tenu de mon expérience passée, et d'aller dire aux gens
qu'il fallait des changements majeurs dans la façon dont les
accréditations étaient données. J'ai eu l'occasion
dernièrement... Je vous donne un exemple: Dans une usine de textile qui
est une teinturerie, la teinturerie Perfecta inc. de Grand-Mère,
l'employeur avait décidé unilatéralement qu'au premier
janvier, c'était 10 % et 15 % de diminution salariale parce que les gens
ne sont pas syndiqués. La première réaction que les gens
ont eue, c'est: Qu'est-ce qu'on fait, Jean-Pierre? Je les ai réunis avec
le maire de Grand-Mère dans mon bureau. On a jasé...
Une voix:...
M. Jolivet: ...avec eux autres et on leur a dit: Écoutez,
nous, on ne prendra pas votre décision. On ne vous suggérera pas
de dire que vous prenez tel organisme syndical ou pas. Vous en prendrez un ou
vous n'en prendrez pas. La seule chose, c'est que vous avez le droit de vous
défendre parce que ça n'a pas de bon sens que l'employeur,
unilatéralement, arrive à faire ça. Qu'est-ce qu'ils ont
fait? Dernièrement, ils ont demandé l'aide d'une centrale
syndicale dont je n'ai pas donné le nom tout à l'heure, la CSD
qui, elle, actuellement, est en train de faire l'accréditation dans un
contexte où j'ai rencontré aussi l'employeur, une des personnes
qui est actionnaire à un pourcentage moindre que le grand patron, en lui
disant qu'il est tout à fait normal que les gens veuillent
négocier convenablement avec lui. Peut-être que, dans le contexte
de sauvegarder l'usine, ils vont accepter des diminutions de salaire pour un
certain temps mais ça, c'est leur décision à eux
autres.
Mais, compte tenu que dans la ville de Grand-Mère... Vous savez
probablement la question de la Grand-Mère Shoe, qu'on appelait à
l'époque, qui est devenue Hanna Chaussures; les gens avaient
accepté des diminutions de salaire, des diminutions sur leur fonds de
pension, et la première chose qu'ils ont eue, c'est que le boss est
parti avec la caisse et l'usine a fermé. Ils ont dit: Avoir su
ça, on serait restés au même rythme, on aurait fermé
peut-être six mois avant, un an avant, mais au moins on n'aurait rien
perdu. Alors ça, ces contextes-là, ce sont des contextes pas
faciles. Et encore bien moins dans le contexte de la crise économique
actuelle. Je vous expliquais comme exemple... Il faut favoriser la
syndicalisation des gens pour qu'au bout de la course, qu'il y ait transfert ou
pas, il y ait en même temps transfert des employés avec les
conditions et les conventions qui les gouvernent.
L'exemple dernier qu'on a, c'est un magasin à Grand-Mère
qui est fermé depuis près d'un an maintenant. Les gens pensaient
que ça ne durerait pas longtemps. Ils ont formé le syndicat;
l'employeur a fait un lock-out et il est fermé depuis ce
temps-là. Et ça négocie depuis ce temps-là,
tellement sporadiquement qu'on se demande si un jour ça va rouvrir. Le
patron a dit: Moi, tant qu'à avoir un syndicat, je ferme. Fini. Sauf que
l'organisation syndicale qui est en train de se former à
l'intérieur - vous savez le roulement qu'il y a chez les employés
occasion- . nels dans les épiceries - c'est retrouvée à
n'avoir plus aucun des premiers qui avaient commencé. De telle sorte
que, finalement, les gens ont fait des actions contre l'employeur,
disant: Ça n'a pas de bon sens, ces choses-là. Et le juge
avait déterminé en faveur des employés Malgré tout,
c'est fermé.
Alors, je vous dis: II y a des gens qui n'acceptent pas encore la
syndicaJisation et, dans ce contexte-là, il faut éviter que des
conflits ne perdurent. Donc, il faut que la syndicalisation soit
facilitée et que le transfert soit facilité aussi, dans le
contexte d'une vente de l'un à l'autre, de l'employeur à un autre
employeur, de l'actif et du passif.
L'autre question a trait aux fonctionnaires du ministère du
Conseil exécutif. On peut penser au départ que c'est une
idée qui semble intéressante, dans le fond. On dit. Est-ce qu'on
doit syndicaliser des gens qui ont une possibilité d'avoir accès
à des documents confidentiels? Je n'étais pas ici, donc, je ne
sais pas ce dont mes collègues ont parlé - compte tenu de mon
emploi à l'extérieur de l'Assemblée nationale - mais je
dois dire une chose que les gens ont dite: À ce niveau d'employés
par rapport à la partie de l'administration, il y a des gens qui se
trouvent en dessous. Il y a quand même une éthique qui existe.
Cette éthique-là... Les gens sont soumis à des
responsabilités. On n'a pas à dévoiler des secrets
professionnels comme on veut.
Et ça, je pense que ça n'occasionne pas de problème
dans la mesure où il y a une bonne relation entre l'employeur et
l'employé. Et, à ce moment-là, une personne qui est une
secrétaire, une personne qui est un secrétaire - parce que
ça peut être un homme ou une femme - une personne qui est dans le
système informatique ou un employé qui est au niveau de
l'entretien n'a pas les mêmes responsabilités que la personne qui
se trouve à la direction ou parmi le personnel de direction
Alors, dans ce sens-là, il y a certainement moyen de regarder
comment mettre ça dans la loi. Mais l'impression qui nous reste, c'est
que le gouvernement a décidé de contourner cette décision
qui a été rendue par le Tribunal du travail. Et ça
m'inquiète beaucoup. Ça m'inquiète beaucoup, surtout de la
part d'un ministre qui provient du secteur syndical, d'autant plus que la
personne qui l'a précédé dans le ministère avait
d'autres idées à ce niveau-là et les avait fait valoir un
peu; ça n'avait cependant pas abouti, malheureusement.
Ça me fait toujours penser à la nuit...
Une voix: ...projet de loi.
M. Jolivet: Oui, je sais que c'est son projet de loi. Je le sais
très bien Mais il y avait des choses dont on avait commencé
à discuter avec lui. C'est ça que je vous dis. On avait beaucoup
d'occasions de parler avec lui en dehors des séances de travail de la
commission parlementaire, de le convaincre de la possibilité de faire
des amendements puis, quand on arrivait à la séance de travail,
de regarder les minutes de ces commissions parlementaires. On a toujours
réussi à amener des changements et des modifications.
Et je vous dirai que j'ai vécu une nuit épouvantable quand
un ancien ministre, qui est actuellement ministre de l'Environnement, avait
décidé de nous passer la loi 30 dans la gorge. C'était la
loi réformant l'ensemble du milieu du travail et la Commission des
relations de travail, la CRT qu'on disait. Où est-ce que c'est rendu,
là? Où est-ce que c'est rendu, ça? Pourtant, j'ai
passé des nuits. Je me souviendrai toujours. Je vais vous conter juste
une anecdote à ce niveau-là, pour votre édification, et je
suis sûr que ça va vous faire plaisir.
Nous étions à l'Assemblée nationale. Le leader
adjoint actuel du gouvernement, le député de Vaudreuil,
était responsable de la Chambre et le député de
Brome-Missisquoi, qui était ministre du Travail à
l'époque, était aussi en Chambre. À un moment
donné, on s'est entendus sur ce qu'on devait faire. Alors, comme tout le
monde était un peu fatigué, le leader adjoint du gouvernement a
dit au ministre: Écoute, c'est ta loi. Finis ça, on s'en va
À ce moment-là, est-ce que tu peux terminer la Chambre, comme on
fait de coutume? C'est normal.
Bien, là, l'événement qui s'est passé, c'est
qu'on apprend que le ministre, en l'absence du leader adjoint du gouvernement,
décide de la passer, sa maudite loi 30. Il nous l'a passée dans
la gorge cette nuit-là. Alors, compte tenu de ce qui se brassait... On
était en train de parler d'un petit projet de loi de rien du tout, sur
la municipalité de Kativik. Puis, là, on me dit: Jean-Pierre, il
faut que tu ailles en Chambre; il faut gagner un peu de temps, le temps qu'on
aille à côté pour jaser avec le responsable - qui
était le ministre du Travail - pour éviter que ça
n'arrive.
Je vais vous dire que j'ai parlé 20 minutes sur Kativik, en
invitant le ministre des Affaires municipales à ne prendre aucune
décision hâtive dans le dossier, à aller, avec la
commission parlementaire, se promener à Kativik et voir ce dont les gens
avaient besoin. Vous savez, autrement dit, j'ai parié 20 minutes et
j'aurais pu ne pas parier du tout, ça aurait fait pareil. Je vais
être honnête avec vous. Le but recherché, c'était de
trouver une solution en dehors de la Chambre pour qu'on n'arrive pas à
faire passer la loi 30 Bien, il l'a obtenue pareil; ce qui nous a permis de
réveiller du monde, de les amener en Chambre pour venir jaser contre la
loi 30 parce que ça n'avait pas de bon sens.
Malgré tout ça, le lendemain - c'était la
dernière nuit; on a fini à 9 h 45 le matin - on a
recommencé la séance de l'Assemblée nationale à 10
heures. Et à 15 heures, le premier ministre a donné ordre au
ministre du Travail d'accepter nos amendements. Puis, malgré tout ce
qu'on a fait là, il n'est pas encore en vigueur. Alors, moi, je me dis:
Qu'est-ce que l'on devrait faire pour que cette loi-là soit la
meilleure, pour que
cette loi-là nous permette d'en arriver à la satisfaction
des employeurs aussi bien que des employés? Le ministre va comprendre
que, dans le cas du Conseil exécutif, ça vous touche pas mal,
vous autres. Vous êtes quasiment en conflit d'intérêts comme
responsables du Conseil exécutif. Et pourquoi des personnes qui
travaillent dans des organismes tels que le Secrétariat à la
jeunesse, le Secrétariat général à la condition
féminine ou l'Ordre du Québec seraient-elles
considérées comme des gens qui exercent des activités
tellement confidentielles qu'elles n'auraient pas le droit de se syndiquer?
Le ministre va peut-être nous donner des amendements. Est-ce
qu'ils vont nous satisfaire? Ça, je ne le sais pas. On va les discuter
au fur et à mesure, mais il est certain qu'il y a des personnes qui
auraient intérêt à venir nous dire ce qu'elles en pensent,
elles, parce que si le ministre nous dit avant le début de nos travaux
article par article: M. le député, je suis prêt à
déposer tous les amendements... Je vous dis là, j'en ai
manqué un bout; je ne sais pas si le ministre l'a fait; est-ce que le
ministre les a tous déposés? Ah! Est-ce que le ministre est
prêt à les déposer tous? Est-ce que le ministre est
prêt à ce qu'on suspende pour étudier pendant l'heure du
souper, puis on suspendrait à 17 heures, puis on reprendrait à 20
heures, puis on étudierait avec mon collègue et nos
légistes la teneur de ces amendements-là? Peut-être qu'en
revenant à 20 heures on pourrait dire: M. le ministre, votre projet de
loi, on va vous l'adopter en 20 minutes; c'est fini, on est d'accord avec les
amendements, puis voilà.
Mais non, si le ministre me dit qu'il n'est pas prêt à nous
verser les amendements, c'est parce qu'il n'est pas prêt à
accéder à nos demandes. Je pense que c'est ça. Je peux me
tromper; je n'ai pas eu l'occasion, comme je vous le dis, de suivre à
fond le dossier, mais au moment où je vous parle, ce sont les deux
points que je voudrais porter à l'attention du ministre en lui disant
que je le juge comme une personne apte à prendre de telles
décisions. La preuve en est que, cet après-midi, des deux
côtés de la Chambre, on s'applaudissait mutuellement parce qu'on
était d'accord avec la formation du ministère des Forêts,
même si on avait voulu qu'il y ait un ministère des terres et
forêts. Ça, c'est autre chose mais on l'a fait dans la mesure
où on a eu la chance de discuter en commission parlementaire. Je peux
vous apporter les amendements qu'on a apportés au projet de loi, qui
nous ont satisfaits parce qu'il y avait trois amendements qu'on voulait
apporter et le ministre les a inclus tous les trois. Mais on s'en est
parlé, on l'a fait ensemble. Le projet de loi n'est pas ce qu'on aurait
souhaité mais, au moins, il est bon. Il n'est pas le meilleur mais il
est bon.
Alors, si le ministre était prêt à travailler de
cette façon-là, je suis sûr qu'à 18 heures on
pourrait même quitter, s'il le faut. Mais s'il nous donne la chance
d'avoir les amendements, de les examiner un par un avant - on pourrait prendre
l'heure du souper avec nos collègues ici et nos représentants
légistes - je suis sûr qu'à ce moment-là le ministre
sauverait du temps pour tout le monde. Puis on pourrait partir moins
fatigués parce que demain - vous, vous êtes plus chanceux que nous
autres, vous allez avoir quelqu'un qui va vous conduire - nous autres, il faut
descendre deux heures de temps puis, demain matin, j'ai autre chose à
faire dans mon comté; mon collègue de Saint-Maurice, j'en suis
assuré, a les mêmes choses aussi. Et comme il doit me surveiller
et que j'ai une fin de semaine chargée, II va avoir beaucoup d'ouvrage
à me surveiller en fin de semaine. Je peux lui donner mon horaire s'il
le veut mais, dès demain après-midi, j'ai déjà de
l'ouvrage.
Alors je dois vous dire, M. le ministre, que vous devriez faire ce qu'on
vous propose. Ça éviterait peut-être de vous donner mon
agenda pour demain; comme vous le faites souvent en réponse à nos
questions à l'Assemblée nationale, je pourrais vous donner mon
agenda pour toute la fin de semaine. Lundi matin, quand on va so revoir, je
vais avoir fait bien de l'ouvra ge.
Le Président (M. Audet): Ça va, merci M. le
député de Laviolette.
M. Bourdon: M. le Président, est-ce que ça serait
pensable d'avoir, si le ministre était d'accord, une suspension de cinq
minutes, que je cause avec le ministre et puis on pourrait reprendre tout de
suite après..
Le Président (M. Audet): Est-ce que M. le ministre
accepte?
M. Cherry: Oui.
Le Président (M. Audet): Bon, on va suspendre cinq
minutes. La commission suspend cinq minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 54)
(Reprisée 17 h 10)
Le Président (M. Audet): S'il vous plaît, la
commission reprend ses travaux. Alors, je penso que M. le député
de Pointe-aux-Trembles...
Motion proposant d'entendre le Syndicat de
professionnelles et professionnels du gouvernement
M. Bourdon: On a convenu, le ministre et moi et les deux leaders
respectifs, qu'on
adopterait tout de suite la seule des 14 motions que j'avais ici, qui
dit d'entendre le Syndicat do professionnels du gouvernement du Québec
à 20 heures ce soir - l'heure n'est pas dans la résolution mais
ils m'ont indiqué qu'ils pourraient être là - on pourrait
l'adopter sans débat, ça va de soi. Il ne viendrait qu'un
organisme et les intéressés par le jugement et le ministre nous
déposerait ses amendements. On reprendrait à 20 heures pour
entendre le SPGQ. À 21 heures, on passerait à l'étude
article par article pour finir a 21 h 30 au lieu de minuit.
Le Président (M. Audet): II y a une faute, par exemple,
sur votre motion; c'est le projet de loi 81 au lieu de 97
M. Bourdon: Ah! Mon Dieu!
Le Président (M. Audet): C'est très important.
Une voix: C'est le lendemain de la veille
Une voix: Le 81, le 97.. Une voix: M. le
Président...
Une voix: ...comme ayant été soustrait de...
M. Jolivet: M. le Président, vous avez tous les pouvoirs
de faire les corrections d'erreurs typographiques.
Le Président (M. Audet): Alors, la motion est recevable.
On va s'arranger pour qu'elle soit recevabJe. Ça fait que.. C'est
ça. De toute façon, on sait ce que vous voulez. O.K. À
l'ordre, s'il vous plaît. M. le député de
Pointe-aux-Trembles, vous avez probablement des commentaires à
nous..
M. Bourdon: Non, simplement pour dire...
Le Président (M. Audet): ...faire sur la motion.
M. Bourdon: ...M. le Président, que je remercie le
ministre de sa collaboration. Le SPGQ a gagné devant le tribunal. Que la
loi vienne lui enlever ce qu'un juge lui a donné, il le prend mal et je
lui donne raison. Je me dis qu'on pourrait passer une heure, entre autres,
à discuter de recevoir le SPGQ. Autant le recevoir; il parlera 20
minutes puis 20 minutes pour l'Opposition, 20 minutes pour les
ministériels. Après ça, le gouvernement fera son lit. Mais
là, au moins, on aura entendu le syndicat intéressé.
Une voix: C'est beau.
Le Président (M. Audet): D'accord. Ça va? H n'y a
pas d'autres commentaires? M. le ministre.
M. Cherry: Voyez-vous, M. le Président, je pense que c'est
ça, la démonstration, contrairement peut-être à la
perception que certains pourraient avoir, de l'excellente relation qui existe
entre le député de Pointe-aux-Trembles et celui qui vous parle
dans un dossier concernant les relations du travail. Donc, tel que convenu et
tel que déclaré par mon collègue, je vais déposer
les deux amendements. Ça lui permettra, à l'heure du souper,
d'entretenir nos invités à compter de 20 heures; ce qui
permettra, je pense, une discussion finalement plus éclairée,
plus intéressante. Et c'est ça le but, dans le fond, de
l'exercice. Puis, on suivra ce qui aura été convenu entre les
deux partis.
On devrait pouvoir permettre à notre collègue, le
député de Laviolette, de se rendre plus rapidement dans son
comté pour exercer ses activités de fin de semaine. Il m'a
inquiété tantôt, par exemple, quand il disait qu'un groupe
de Grand-Mère était allé le voir et que l'employeur
voulait réduire les salaires et les bénéfices de 15 %.
J'ai craint, pour un moment, qu'il leur ait suggéré de monter
ça à 20 %; mais il leur a plutôt suggéré une
alternative plus acceptable Alors, M le Président...
Le Président (M. Audet): Merci, M le ministre. Un instant,
là.
M. Bourdon: J'ajoute deux choses pour le ministre. Si je peux
parler à cet employeur-là, je lui dirai que c'est sûrement
néfaste de baisser qui que ce soit de salaire, que ce soit de 15 % ou de
20 %. Deuxièmement, je veux dire au ministre que cette
collaboration-là montre mon insistance à avoir une commission
parlementaire sur la réforme de la CSST. Parce que là aussi on
s'entendrait.
Le Président (M. Audet): D'accord. Avant de... Parce que
là, je comprends qu'on va suspendre; il faut disposer de la motion
avant. Alors, je vais vous relire la motion pour voir si ça
répond à ce que vous souhaitiez. "Il est proposé qu'en
vertu de l'article 244 de nos règles de procédure la commission
permanente de l'économie et du travail tienne, avant d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi 81, Loi modifiant le
Code du travail - et non pas les normes du travail - des consultations
particulières quant à tous les articles dudit projet de loi et
qu'à cette fin elle entende le Syndicat de professionnelles et
professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ)."
Alors, on recevra ce groupe-là ce soir, à 20 heures, je
pense.
M. Bourdon: C'est ça.
Le Président (M. Audet): D'accord, ça va. Est-ce
que la motion est adoptée?
Des voix: Adopté.
M. Boulerice: Me permettriez-vous une remarque, M. le
Président?
Le Président (M. Audet): Allez-y, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. Brièvement.
M. Boulerice: J'ai trouvé M. le ministre tellement
attentif à mes propos tantôt que je me suis permis de lui envoyer
un pli personnel; j'espère qu'il ne m'en voudra pas de le divulguer.
Je lui avais dit, compte tenu des modifications qu'on veut apporter:
Faisons donc de cette loi la "Cherry Blossom" des lois.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: J'ai l'impression que mon voeu est exaucé;
il a accepté l'amendement.
M. Cherry: M. le Président, ayant convenu de l'excellence
de nos relations, j'ai chargé quelqu'un d'aller chercher des "Cherry
Blossom" pour tout le monde.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): Un instant. Les amendements,
est-ce que vous pouvez nous les donner. M. le ministre, qu'on en fasse la dis-
tribution? Alors, ça va. On va en garder des copies ici. La
commission... À l'ordre, s'il vous plaît! La commission suspend
ses travaux et reprend à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 15)
(Reprise à 20 h 3)
Le Président (M. Audet): La séance va commencer. Je
déclare la séance ouverte. Je vous rappelle le mandat de la
commission qui est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 81, Loi modifiant le Code du travail.
Alors, selon ce qui était convenu à la suspension, avant le
souper, une motion a été déposée à l'effet
d'entendre le Syndicat de professionnels du gouvernement du Québec. Ils
sont ici avec nous ce soir, on va immédiatement procéder; on a
une heure. Alors, si vous voulez vous présenter. Sur les échanges
de toutes parts, ce sera 20-20-20; mais ce sont des échanges. Monsieur,
si vous voulez d'abord vous présenter, on vous souhaite la bienvenue
à notre commission.
Auditions
Syndicat de professionnelles et professionnels du
gouvernement
M. Deschênes (Paul): Alors, merci de nous recevoir. Paul
Deschênes; je suis le secrétaire du SPGQ. On est contents que vous
nous receviez ce soir pour parler du projet de loi mais plus
particulièrement du premier article de ce projet de loi là, qui
vise a exclure les fonctionnaires du ministère du Conseil
exécutif.
Pour nous, c'est typique, cet article-là, d'une tendance de
l'employeur gouvernemental à se faciliter la vie en relations de travail
en utilisant son pouvoir législatif pour se donner raison, même
quand les mécanismes normaux de relations de travail lui donnent
tort.
Dans ce dossier du ministère du Conseil exécutif, on a,
par des requêtes en accréditation, obtenu que le Tribunal du
travail se prononce sur le fait qu'on devrait distinguer le Conseil
exécutif du ministère. Le gouvernement est allé en
évocation; en Cour supérieure, le juge nous a donné
raison. Il est allé en appel et, pour être sûr de ne pas se
tromper, a proposé cette modification au projet de loi. Il me semble que
c'est une menace aux droits d'association. C'est dommage que, dans un projet de
loi qui vise à faciliter, à régier des
problèmes...
Par ailleurs, on a déjà vécu la situation dans le
secteur privé où, lors d'un transfert d'entreprise ou des choses
comme ça, en même temps, on en profite pour exclure l'ensemble des
fonctionnaires du ministère du Conseil exécutif. Ça nous
apparaît d'autant moins raisonnable que le SPGQ s'est, pour s part,
toujours montré ouvert à négocier, à regarder,
à tenir compte de la notion de confidentialité. On ne nie pas
qu'il y a des postes au ministère du Conseil exécutif qui ont un
caractère confidentiel. La seule chose, c'est qu'on pense qu'il ne doit
pas y avoir une exclusion d'office de l'ensemble des personnes, qu'il n'y a
rien qui justifie ça. Dans ce sens-là, on n'a jamais
réclamé la syndicalisation des gens au Secrétariat
général du Conseil exécutif, au Secrétariat
à la législation ou encore au Secrétariat aux emplois
supérieurs.
Cependant, dans le cas des autres non plus on ne réclamait pas
nécessairement tout le monde. On était prêts à
discuter, à avoir des ententes poste par poste. Il nous semble qu'il n'y
a pas de raison pour qu'il y ait des gens, par exemple... Le coeur du litige
avec le gouvernement portait sur le Secrétariat aux affaires
intergouvernementales canadiennes, des gens qui ont déjà
été syndiqués. Pourquoi maintenant, tout d'un coup, ces
gens-là tout d'un coup seraient plus confidentiels qu'ils ne
l'étaient au moment où ils étaient syndiqués?
Pourquoi aussi ces gens-là seraient plus confidentiels que leurs
confrères, leurs collègues et consoeurs qui font le même
travail en matière de relations
intergouvernementales, mais avec d'autres pays? Les gens du MAI, du
ministère des Affaires internationales, sont syndiqués; enfin, il
n'y a pas d'exclusion qui vise l'ensemble du ministère. Il y a des gens
qui ont des postes confidentiels et il y en a d'autres qui n'en ont pas. Il
nous semble qu'il y a plein d'exemples comme ça, qui montrent que c'est
assez arbitraire de décider d'exclure entièrement le
ministère du Conseil exécutif.
Le Secrétariat à la famille, pour donner un autre exemple,
était, il y a quelques années, au ministère de la
Santé et des Services sociaux. Du jour au lendemain, on décide
qu'il est transféré au ministère du Conseil
exécutif et ses employés sont désyndiqués.
Pourquoi, par exemple, le responsable du centre de documentation au
Secrétariat des affaires intergouvernementales canadiennes serait-il
considéré comme confidentiel? Pourquoi plus confidentiel que la
personne qui exerce les mêmes responsabilités au ministère
des Affaires internationales?
Pour nous, comme syndicat, en matière de syndicalisation, c'est
normal qu'il y ait parfois des litiges sur la confidentialité On a
toujours eu une attitude ouverte. Encore tout récemment, on concluait
une entente pour ne pas réclamer un certain nombre de professionnels,
fonctionnaires au ministère du Revenu, qui traitaient de choses qui
avaient rapport au budget. On a aussi, tout au long des discussions avec le
Conseil du trésor sur la question du ministère du Conseil
exécutif, fait preuve d'ouverture; et il nous semble que là,
parce qu'on a gagné en cour, on vient changer les règles du
jeu.
Déjà, on vit dans un système d'exceptions, comme
syndicat de fonctionnaires, un système d'exceptions qui prévoit
qu'un ensemble de sujets ne sont pas négociables. On a
déjà des systèmes d'exceptions en matière
d'exercice de la grève et même en matière de
règlement des litiges sur le droit à la syndicalisation. Et
encore là, ça ne suffit pas. On vient aussi utiliser l'arme
législative pour régler les problèmes alors qu'on a
toujours eu une attitude ouverte, pragmatique, de regarder ce qu'était
la confidentialité. Il ne faut pas confondre la confidentialité
au sens des relations du travail avec le devoir de réserve, avec ce que
le code d'éthique prévoit aussi en termes de devoir de
discrétion des fonctionnaires.
Je pense que, là-dessus, ce n'est pas parce que quelqu'un est au
courant d'orientations gouvernementales et de projets gouvernementaux que
ça fait de cette personne-là une personne confidentielle au sens
du Code. Juste pour donner un exemple: Encore là, pourquoi la personne
qui travaille à l'Ordre national du Québec, qui fait les
recommandations pour les personnes qui devraient être
décorées de l'Ordre national, serait plus confidentielle qu'une
personne qui travaille au ministère des Affaires culturelles pour
préparer les recommandations et décider qui devrait recevoir les
Prix du Québec? Il me semble qu'il n'y a pas de différence
significative et qu'on devrait regarder et avoir une approche poste par poste,
regarder les choses, discuter.
Nous, on peut considérer qu'il y a un ensemble de postes, comme
ailleurs. Il peut y en avoir qui sont de nature confidentielle. Cependant, il
nous semble que c'est fausser les règles du jeu, qui sont
déjà suffisamment faussées comme ça, que de vouloir
décider d'exclure tout simplement l'ensemble des personnes. Surtout que
ça ouvre la porte, finalement, à ce que plusieurs
activités gouvernementales soient exclues par leur simple transfert au
ministère du Conseil exécutif. C'est arrivé dans le
passé. Ça arrive à l'occasion, aussi. On décide de
rapatrier au niveau du Conseil exécutif des activités et, du jour
au lendemain, ces gens-là perdraient le droit à la
syndicalisation si l'article de la loi était adopté.
Je vais donner un autre exemple récent: le Comité
ministériel permanent de développement du Grand Montréal.
Pourquoi les gens qui travaillent là seraient ils
considérés comme con fidentiels parce que, simplement, ils sont
rattachés au ministère du Conseil exécutif? Alors, il me
semble que c'est se faire justice soi-même, que le Code du travail est
supposé permettre un équilibre en matière de relation de
travail et que la modification qui est proposée rompt cet
équilibre-là alors que ce n'est pas nécessaire. Il y a
moyen de travailler à trouver des ententes cas par cas, en vertu de la
notion réelle de confidentialité. Je vous remercie. Si vous avez
des questions...
Le Président (M. Audet): Merci bien. Alors, M. le
ministre.
M. Cherry: D'abord, c'est avec beaucoup de plaisir que
l'unanimité s'est faite cet après-midi pour qu'on accepte de
recevoir un organisme aussi important que le vôtre. La sélection a
été facile. Mon collègue aurait souhaité une longue
liste de gens mais, finalement, quand il a fallu faire l'unanimité,
ça a été vers votre organisme qu'on s'est tournés.
Les gens chez vous qui...
En vous saluant tantôt, M. Deschênes, je m'informais si
votre président Daniel Giroux... Et vous m'avez indiqué que la
négociation continue et que vous êtes pris avec ça. M. Jean
Côté, qui est très impliqué dans le fonctionnement
des négociations de votre organisme, lors d'une rencontre il y a
à peine quelques semaines avec celui qui vous parte concernant la
version initiale du projet de loi 81, avait indiqué des
inquiétudes par rapport à certaines discussions ou certaines
possibilités qui gravitaient autour de... Et ça ne se limitait
pas à ça; je suis sûr que vous êtes au courant de
ça.
Alors, c'est pour ça que, pour nous, c'était
important qu'on fasse montre d'ouverture par rapport à ces
préoccupations sur lesquelles, il y a quelques semaines, les gens que je
viens de nommer, MM. Giroux et Côté, m'avaient demandé de
me pencher concernant d'autres ministères. Et c'est pour ça que
j'ai voulu m'assurer, dans un premier temps, que ces craintes qui avaient
été exprimées - je n'ai pas à les qualifier, si
elles étaient justes ou non - ne se refléteraient d'aucune
façon dans le projet qui est devant nous.
Et quant à l'autre aspect, je suis convaincu que vous conviendrez
que... On m'avait indiqué, les gens chez vous et les gens au Conseil,
que la relation était quand même bonne. Il y a quand même
des choses qui ont débuté à être identifiées.
Dans ce sens-là, il me semble que si on n'avait pas été
pressés par le temps, peut-être qu'il aurait pu y avoir un
cheminement qui, à mon avis, va quand même se faire. Et dans ce
sens-là, c'est pour ça que, tel que présenté devant
vous... Cela permettra, par décret, au fur et à mesure qu'ils
seront identifiés et que ce sera convenu que ça puisse se
faire... Et c'est dans ce sens-là que l'amendement qui a
été présenté aujourd'hui juste avant l'heure de
l'ajournement a été fait. C'est dans le but de respecter les
préoccupations parce que les gens qui vous ont
précédé à mon bureau avaient des craintes que ce
soit le début... Alors, dans un premier temps, on a voulu être
rassurants dans ce sens-là et, dans un deuxième temps, tenter de
répondre tout en reconnaissant que... Je pense que vous le faites
également. Quand il est question du Conseil exécutif, je pense
que les gens que j'ai rencontrés - vous le refaites ce soir - ne mettent
pas en doute les exigences.
J'ai bien aimé les termes que vous avez utilisés. C'est,
indépendamment de l'objet de la rencontre de ce soir, qu'il existe chez
vous un code de discrétion, un code d'éthique auquel on veut
aspirer, puis, ils occupent des fonctions à l'intérieur de la
fonction publique du Québec. Alors, dans ce sens-là, il n'est pas
question de mettre ça en doute. Et, pour un, celui qui vous parle, je
suis confiant que le type d'approche que votre organisme a
développé avec le Conseil du trésor se poursuit dans le
même esprit qu'il avait débuté depuis quelque temps, et
j'ai la conviction que vous allez réussir. Nous allons réussir
à bien nous entendre. Et c'est pour ça que je n'ai pas
d'inquiétude.
Dans un premier temps, j'ai voulu que le gouvernement démontre sa
bonne foi, sa bonne volonté quant à des craintes qui avaient
été exprimées et - je me répète parce que,
lors de la rencontre, c'était tellement important pour vous autres,
cette préoccupation-là - j'ai voulu m'assurer que ça ne
pouvait faire l'objet d'aucune façon du projet de loi qui est l'objet de
la rencontre d'aujourd'hui. Alors, j'aimerais, à ce moment-ci, faire
comme vous. Vous avez fait une courte intervention. Je pense qu'on devrait
profiter de l'heure au lieu de se faire de longs échanges, y aller au
fur et à mesure dans ce sens-là. Alors, ça terminerait mon
intervention là-dessus à ce moment-ci. (20 h 15)
Le Président (M. Audet): Merci, M. le ministre. Avez-vous
des commentaires, monsieur?
M. Deschênes: Oui. L'amendement que vous avez
proposé en fin de journée par rapport au projet de loi, il me
semble qu'il ne change pas la nature du problème. Dans le fond, ils sont
entièrement exclus, ils sont tous exclus à moins qu'il n'y ait un
décret qui en décide autrement. Autrement dit, à moins
qu'une partie ne soit le seul maître pour en décider, ça ne
donne pas beaucoup de marge de manoeuvre pour faire une entente et,
concrètement, on a été capables de s'entendre sur un
certain nombre de choses.
Un, le gros obstacle, c'était vraiment la question du
Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes. Bon,
à partir du moment où une disposition comme celle-là
existe dans le Code, quelle est la capacité qu'on a de pouvoir faire une
entente qui ne soit pas en fonction du bon vouloir et d'une définition
qui risquerait finalement d'être assez restrictive de la
confidentialité? On sait que les gouvernements - ce n'est pas par
méchanceté que je le dis, je pense que tout le monde en est
conscient - n'ont pas, je dirais par nature, beaucoup de tendance à la
transparence. Alors, il y a une tendance à considérer que la
confidentialité, c'est assez étendu comme notion. Alors, dans la
mesure où le gouvernement peut en décider seul, de la nature
confidentielle, il me semble qu'on ne solutionne pas le problème et
qu'il faudrait surtout... Dans le fond, c'est une exclusion. Dans le fond, la
règle, c'est une exclusion et c'est finalement par exception qu'on
viendra permettre la syndicalisation, comme, finalement, une gentillesse de la
reine.
Puis, par rapport aux craintes qu'on a, bon, puisque vous les avez
évoquées par rapport à d'autres organismes, je pense que
là-dessus, à partir du moment où on commence à
permettre ce genre de choses là, de dire: Bon, on va en venir, par un
amendement qui se glisse dans une réforme quelconque du Code du travail,
à vouloir exclure ci et ça, bien, c'est une question de
disposition du moment des gens avec qui on travaille en relations de travail.
Il me semble que ça se joue, je dirais, dans les règles
d'ensemble, qu'il y a un régime d'exceptions déjà
important pour la fonction publique. Il me semble qu'on ne devrait pas, sur des
dossiers particuliers, pour des problèmes particuliers où il y a
déjà des régimes d'exceptions, pouvoir, en plus de
ça, venir établir des règles particulières au cas,
selon que ça fait notre affaire ou pas. Il me semble qu'en relations du
travail et dans un Code du travail qui se veut équilibré, ce
n'est pas une approche normale.
Le Président (M. Audet): M le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Alors, M. le Président, je voudrais saluer le
représentant du Syndicat de professionnels du gouvernement du
Québec et remercier les ministériels et le ministre de leur
collaboration parce que ça a été relativement facile de
s'entendre pour vous entendre. Et à nous, parlementaires, ça nous
évite un débat d'une heure sur l'opportunité d'entendre un
groupe une heure et, quand le groupe est dans la salle, c'est pire parce qu'on
dit: Au lieu de parler avec eux autres, on parle d'eux autres.
Par ailleurs, d'entrée de jeu, je vous dirai ce que vous savez
déjà, que de notre côté on n'est pas d'accord avec
la disposition qui est introduite; ce qui ne nous empêchera pas de tenter
de l'améliorer par un sous amendement lorsqu'on sera rendu à
l'étude article par article de la loi. On est en désaccord parce
que votif syndicat a gagné devant un juge qui s'y entend en relations du
travail, un juge du Tribunal du travail, et là, l'action du
gouvernement, l'action législative, ça consiste à dire:
Bon, bien, on va se reprendre dans la loi puisqu'on a perdu devant le
Tribunal.
Il y a des cas où, quand le gouvernement perd devant un tribunal,
ça crée un problème d'une ampleur telle qu'il doit, par
une législation, se rattraper. Mais dans le cas dont on parle ici, c'est
l'administration ordinaire du Code du travail, c'est allé au Tribunal du
travail et l'employeur, en l'occurrence, a perdu. Et pour la mécanique
du Tribunal du travail, M. le Président, vous me permettrez de faire
remarquer qu'il y a un effet pernicieux à ça. Le message au juge,
c'est: Vous avez la discrétion et le Code du travail vous donne comme
mandat de décider; mais tâchez donc de décider dans notre
sens parce que, quand ce n'est pas dans notre sens, nous autres, on change les
règles du jeu. Nous autres, dans la partie de poker, on a des miroirs
partout et on regarde les cartes des autres et on triche. C'est une tricherie
que je n'attribue pas au ministre, je veux qu'il comprenne bien; à cet
égard-là, il y a des contingences qui viennent en ligne de
compte.
Je trouve qu'il y a un paradoxe, aussi. J'ai posé plusieurs
questions à l'Assemblée nationale, au ministre de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie au sujet de l'usage de briseurs de grève
dans le cas de la grève de la Société des alcools, et le
ministre m'a répondu: Je ne veux pas me mêler du processus
judiciaire et des requêtes en injonction devant les tribunaux. Et il dit:
S'il y a un ordre de la Cour, ils vont le respecter. Bien, ici, il y en a un
ordre de la Cour et là, bien, c'est le gouvernement, par le
secrétaire du Conseil exécutif, qui dit: Moi, je vais en appel
pour ne pas avoir à le respecter tout de suite et je l'annule par une
décision législative.
Alors moi, je pense, au nom de l'Opposition, que ce n'est pas une
façon correcte de faire les choses et, dans le fond... Je vous pose la
question: Dans vos discussions, M. Deschênes, avec le Conseil du
trésor, est-ce qu'il a été question.. Vous avez
mentionné, par exemple, le Secrétariat aux affaires
intergouvernementales canadiennes; est-ce qu'on vous a donné des cas?
Parce que, si je comprends bien, ces gens-là sont syndiqués
actuellement et l'intention du gouvernement, c'est de les.. Non pas
ceux-là. Ce que j'ai compris de votre intervention, c'est qu'au
Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes les gens sont
déjà syndiqués et... Non?
M. Deschênes: Les gens ont déjà
été syndiqués lorsque le Secrétariat était
un ministère.
M. Bourdon: Alors quand le Secrétariat était un
ministère, ces gens-là étaient syndiqués. Est-ce
que, dans vos rencontres avec le Conseil du trésor, on vous a
donné ne serait-ce qu'un seul cas particulier où il y avait eu
des problèmes à l'égard de l'obligation de
discrétion que les fonctionnaires ont?
M. Deschênes: Est-ce que je peux répondre? Le
Président (M. Audet): Allez-y.
M. Deschênes: Effectivement, dans nos discussions, le
Conseil du trésor là-dessus, sur le Secrétariat aux
affaires intergouvernementales canadiennes, n'a jamais voulu aborder ça
poste par poste. C'était vraiment une question de principe de dire:
C'est l'ensemble. Nous, on a toujours reconnu qu'il y avait là,
effectivement, des personnes, des conseillers politiques par exemple, ou des
choses comme ça, qu'on pouvait considérer comme confidentielles.
Cependant, il y avait d'autres personnes... J'ai donné tantôt
l'exemple très concret de la personne qui est responsable du centre de
documentation. Il me semble que c'est assez évident que ça ne
justifie pas que cette personne-là soit considérée comme
confidentielle. On pourrait donner d'autres exemples.
Nous, l'approche qu'on privilégiait, c'était une approche,
je dirais, de poste à poste. M. Cherry faisait référence
tout à l'heure au bon climat des relations, à notre
capacité de nous entendre avec le Conseil du trésor. Bien,
justement, s'il y a un bon climat qui permet de s'entendre, il n'y a pas
nécessité d'exclure de façon totale le ministère du
Conseil exécutif, alors qu'on s'entende. Et je pense qu'il est possible
et qu'on a fait la preuve, quant à nous, qu'on est capables de conclure
des ententes lorsqu'il y a effectivement confidentialité au sens
où c'est reconnu, soit de travailler dans des choses, je dirais, qui
sont très très proches des
grandes orientations budgétaires ou les choses qui touchent les
relations de travail comme telles.
Mais il y a en masse de latitude dans l'article 1, paragraphe 3.1. Il y
a en masse de latitude pour exclure plein de gens. Ajouter le ministère
du Conseil exécutif, où on sait qu'on crée des
secrétariats qui, parfois, sont rattachés là et sont
parfois rattachés ailleurs... Le Secrétariat à la famille
dont j'ai parlé tantôt est un bel exemple de ça. Et
d'autres secrétariats pourraient être déplacés
là. Et les gens perdraient leur droit à la syndicalisation
automatiquement, de ce simple fait, et ne pourraient le retrouver que par
décret, si le gouvernement y consent bien. Donc, ça fait son
affaire, etc. Je pense que ça fait, vous en conviendrez, un
régime de relations de travail dont l'équilibre est
complètement faussé.
Et pour ce qui est de s'entendre sur quelque chose, à partir du
moment où la personne avec qui vous devez vous entendre peut
décider ce qu'elle veut, peu importent les discussions, en tout cas,
ça fait une négocia tion... On vit souvent ça on
matière de régime général do relations de travail,
et II mo semble qu'on ne doit pas remettre en question le droit à la
syndicalisation de cette façon-là outre mesure. Il y a
déjà plusieurs atteintes en ce qui concerne le secteur public
mais il me semble qu'on ne doit pas aller jusque-là.
M. Bourdon: II y a quelque chose qui me frappe dans votre
réponse: une personne qui est au Secrétariat à la famille,
qui fait un travail x, si le Secrétariat est rattaché à un
ministère, du simple fait qu'on fait dépendre administrative-ment
le Secrétariat du ministère du Conseil exécutif, son
travail devient de nature confidentielle. Et je me mets dans la peau de la
personne, c'est qu'elle dit: Je fais le même travail qu'avant, pour le
même supérieur qu'avant, et il n'y a rien de changé d'autre
que ce que j'ai appelé, ici et en Chambre, dans le fond, le caprice du
prince.
Parce que, ce qui me frappe dans ce qu'on a là, c'est que c'est
sans égard à des problèmes concrets réels qu'il y
aurait eus. Moi, j'ai négocié des années dans le
privé. Les relations ont tendance à s'établir sur la base
de: Bien, il y a un problème là, qu'est-ce qu'on fait pour le
régler? C'est qu'il me semble que c'est un peu irréel, là,
ce qu'on a devant nous. C'est un peu Le château de Kafka, dans le
sens qu'il y a toute une mécanique qui part pour dire: Ces
gens-là ne devraient pas, parce qu'on aime autant qu'ils ne soient pas
syndiqués. Mais j'ai beau chercher depuis le début - et j'ai lu
le jugement du juge Yergeau et je regarde ce dossier-là - il me semble
qu'il y a quelque chose là-dedans qui est irréel, là, qui
est de l'ordre de la question dite de principe, qu'on aimerait mieux que ces
gens-là ne soient pas syndiqués. Et la seule chose que ça
change, c'est qu'il y a des personnes qui perdent des droits. Dans le fond,
c'est ça qui est en question. Je ne pense pas que le SPGQ ne puisse
survivre à la décision que le législateur s'apprête
à prendre. C'est juste qu'il y a des personnes qui ont normalement le
droit d'être défendues et qui vont se retrouver pas
défendues par un syndicat. (20 h 30)
Je vais donner d'autres exemples. C'est que les syndicats du secteur
public, en général, et singulièrement le Syndicat de
professionnels du gouvernement, ne s'occupent pas que du salaire ou de
l'accès aux stationnements ou des primes à verser aux
employés. Le SPGQ, depuis longtemps, s'occupe de questions
d'éthique professionnelle puis de défense des droits. Or, une
personne qui travaille au Conseil permanent de la jeunesse par exemple... Il
arrive que le Conseil permanent de la jeunesse - on l'a vu à la
commission du budget et de l'administration quand on a parlé justement
de la Loi sur la fonction publique - vienne défendre, comme le
Protecteur du citoyen puis la Commission des droits do la personne, à
l'occasion, des positions qui vont à rencontre môme d'un projet de
loi du gouverne ment; c'est admis. Mais les personnes qui préparent ces
positions-là, qui seraient, par hypothèse - je ne dis pas,
d'aucune manière, que c'est le cas, là - victimes de
harcèlement ou de tentatives pour les empêcher de faire une
étude, un travail, un rapport, un sondage, quelque chose qui peut
déplaire à un ministre, eh bien, elles perdent l'instrument
syndical pour se défendre.
Et puis je ne suis pas en train de dire, M. le ministre, que ça
arrive là, que ça se fait, mais ce que je veux dire, c'est que le
Conseil permanent de la jeunesse est arrivé. Il peut dire: Les
occasionnels, c'est surtout des jeunes et puis des femmes et il y a comme une
discrimination systémique à leur endroit; on devrait
régulariser leur statut. Les personnes qui préparent ces
études-là, ces mémoires, etc., ont le droit, je pense,
d'être défendues dans leur éthique professionnelle. Et le
SPGQ, dans sa convention, a des choses à l'égard, par exemple, de
l'intégrité du rapport qu'un professionnel du gouvernement fait,
pour qu'on ne puisse pas le changer sans son accord, parce que la personne qui
a eu un mandat dit: Voilà mon travail et c'est ça que ça
fait.
Donc, ce sont ces droits-là qui se trouvent à être
influencés. Moi, je pense qu'on ne devrait pas se mettre dans la
tête que c'est un appareil syndical qui perd quelque chose si ça
passe, ce qu'on a devant nous; je pense que ce sont des personnes qui sont
privées d'un droit. En tout cas, je vois que je lâche le mode
interrogatif puis que mon jupon dépasse largement! Moi, je pense que
ça ne serait pas nécessaire d'avoir cette exclusion-là de
la loi, qui procède, je le... Quand je dis "le caprice du prince", ce
n'est pas juste une figure, là. Il est resté, dans l'appareil du
gouvernement, quelque chose du célèbre "La
reine ne négocie pas avec ses sujets" de Jean Lesage. Puis
là, c'est le prince qui ne négocie pas avec les gens qui
l'entourent.
Et quant à moi, je vais vous dire le fond de ma position; on va
essayer d'améliorer la proposition du gouvernement. Je souhaiterais,
moi, qu'en bout de course le ministère du Travail s'implique de
façon officieuse dans les discussions qui, de toute façon,
devraient intervenir entre le SPGQ et puis le Conseil du trésor, pour
essayer de trouver des accommodements. Parce que, même si c'est le
gouvernement par décret, il n'y a rien qui interdise de se parler
avant.
Et je dis tout de suite à nos amis du SPGQ que j'aimerais autant
que ça ne soit pas comme ça. Mais, si les farts font que c'est
comme ça, je souhaiterais que le ministère du Travail continue
peut-être de s'y associer pour essayer de trouver des solutions. Sauf que
je suis parfaitement d'accord avec le syndicat qu'il y a quelque chose d'odieux
qu'un employeur, parce qu'il est en même temps législateur, dise:
Ça n'arrête pas au jugement du tribunal, je le change. Et je
charge le ministre de le dire au prince s'il le veut. Moi, une fois que j'ai eu
lu tout ça, M. le Président, ce que le Secrétariat
général du Conseil exécutif et puis le plus haut
fonctionnaire de la province ont fait, je ne trouve qu'un mot pour qualifier
tout ça - qu'on va annuler - c'est que c'est puéril.
Ça m'inquiète, et je vais vous dire dans quel sens. Il y a
des problèmes beaucoup plus graves au Québec que ceux-là
et puis ça m'in quiète de savoir qu'au sommet de la pyramide de
l'État, M. Benoît Morin a investi beaucoup de son temps et de
notre argent pour éviter que les gens n'exercent un droit qui est comme
élémentaire. En tout cas, ça m'inquiète parce que
je trouve ça, je le répète, assez puéril. Je veux
dire, qu'est-ce que ça change que la décision du tribunal
s'applique? Puéril puis en même temps autoritaire parce que c'est
dire au juge Yergeau: Que le diable t'emporte! En vertu du Code, tu
En tout cas, on va essayer d'améliorer ça quand
même, mais il y quelque chose là-dedans qui... Puis,
écoutez, c'est plus globalement, M. le ministre, que ça se pose.
C'est que c'est tentant d'être à la fois l'employeur et le
législateur. C'est peut-être humain. I! y a plus d'un employeur
qui aimerait ça adopter des lois à un moment donné. Mais
il me semble qu'il faut faire la différence entre les deux. Alors, je
n'ai pas autre chose à dire.
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'il y a d'autres . M. le
député de Taschereau.
M. Leclerc: Sur le plan du salaire et des avantages sociaux,
j'imagine que les non-syndiqués du Conseil exécutif ont les
mêmes privilèges ou les mêmes conditions - excusez l'expres-
sion - que ceux qui sont syndiqués ailleurs dans la fonction publique.
Quant à leur possibilité de défense en cas de conflit avec
l'employeur, quelle est la mécanique qui est actuellement
utilisée?
M. Deschênes: Dans le cas des gens qui sont non
syndiqués?
M. Leclerc: Oui.
M. Deschênes: Bien, finalement, ils ont un certain nombre
de recours via la Commission de la fonction publique qui fait affaire dans leur
cas et qui doit. . Le pouvoir d'enquête. Je dirais, pour ces
gens-là, le droit d'association, c'est un droit qui est reconnu en vertu
des Chartes. Ces gens-là ont le droit à l'association. Il n'y a
pas de problème. Je dirais que l'article 1, paragraphe 3.1, ce qu'il
permet, c'est de désigner un certain nombre d'organismes, etc., qui
représentent le bras employeur du gouvernement et qui, en vertu d'une
logique, pour dire: C'est normal que les gens qui sont des représentants
ou qui représentent l'employeur ou qui sont, je dirais, l'ensemble de la
machine employeur du gouvernement ne soient pas syndiqués.
Mais dans le cas de secrétariats qui sont reliés au
Conseil exécutif, ce n'est pas le bras employeur. Le Secrétariat
à la famille, ça n'a rien à voir avec le bras employeur du
gouvernement. Le Comité ministériel permanent de
développement du Grand Montréal, ça n'a rien à voir
avec le bras employeur du gouvernement. Pourquoi ces gens-là
seraient-ils exclus automatiquement et pourraient-ils éventuellement
être non syndiqués si le gouvernement le décidait par
décret? Nous, on pense que ce qui est important, c'est qu'on regarde
ça dans ce qui est prévu là, c'est-à-dire le
caractère de confidentialité. Là-dessus, il y a
suffisamment de latitude pour regarder les cas qui sont vraiment confidentiels.
S'il fallait exclure tous les gens qui sont au courant, qui participent
à l'élaboration du prn|ols de loi, qui préparent des
mémoires pour le gouvernement, qui sont au courant d'orientations
gouvernementales du droit à la syndicalisation, bien, j'ai l'impression
qu'on exclurait une bonne partie des membres du SPGQ. Il me semble que ce n'est
pas ça qui rend quelqu'un confidentiel. Mais ils ont les mêmes
conditions de travail, je dirais, en termes d'avantages, etc. Sauf que, par
exemple, en termes de défense de leurs droits par rapport à leur
travail, à leur intégrité professionnelle, etc., ce n'est
pas évident qu'ils ont tout le temps les mêmes choses aussi
Ce n'est pas parce qu'ils n'ont pas de syndicat qu'ils n'ont pas le
droit. Ce n'est pas ça qu'on prétend. On dit que ces
gens-là ont le droit d'être syndiqués. Ils
l'étaient. Ce n'est pas des confidentiels au sens de ce qui est
généralement reconnu et il n'y a pas de raison qu'on les exclue
autrement que pour vouloir se prémunir
contre je ne sais quoi. De toute façon, si on demandait à
des gens qui étaient vraiment confidentiels - et c'était
contesté - le Tribunal du travail donnerait raison au gouvernement. Il
dirait: Ce sont des confidentiels. Ce sont des gens qui jouent dans les dessous
intimes du gouvernement mais...
M. Leclerc: À certains égards, donc, ces
gens-là bénéficient de la négociation qu'a faite le
syndicat sans avoir à payer de cotisation.
M. Deschênes: Oui, mais je vous dirais qu'il y en a
d'autres aussi, ailleurs. Ceux qui sont dans les organismes comme le Conseil du
trésor en bénéficient aussi. Dans le fond, ce n'est pas
ça qui est fondamental dans cette question-là.
M. Leclerc: Non, je n'ai pas dit ça.
M. Deschênes: C'est juste que, de vouloir exclure des gens
qui ne sont pas l'appareil employeur du gouvernement par décision
législative, c'est ouvrir la porte à des choses qui ne nous
apparaissent pas acceptables dans un équilibre normal, tout en
considérant qu'il y a des différences avec le secteur public. Il
y en a déjà beaucoup. Que ça soit dans ce qu'on peut
négocier, dans les dispositions du Code du travail qui s'appliquent
à nous, dans le processus de négociation, dans les
mécanismes entourant l'exercice de la grève, etc., il y a plein
d'exceptions pour te secteur public et la fonction publique. Pourquoi, en plus,
venir... Je comprends; moi aussi, des fois, je pourrais... Si le syndicat
pouvait émettre des lois, probablement qu'il décréterait
aussi de plus fortes augmentations de salaire de la part du Conseil du
trésor.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Drummond, est-ce qu'il y avait des questions là-dessus?
M. St-Roch: Oui, M. le Président. Je ne voudrais pas que
mon interrogation soit perçue comme quelque chose pour essayer de
quantifier; c'est strictement pour mon éducation. Lorsqu'on parle du
ministère en question, ça regroupe combien de personnes
ça, d'après vous, qui sont impliquées dans cette
problématique-là?
M. Deschênes: Pour nous, ça représente - je
ne pourrais pas vous dire de façon globale - à peu près
135 personnes réparties dans une quinzaine de secrétariats.
M. St-Roch: Qui pourraient avoir techniquement le droit, suivant
votre point de vue, à la syndicalisation.
M. Deschênes: C'est-à-dire qui pourraient avoir
techniquement... Il y en a, dans ces 135, qui l'auraient et il y en a d'autres
qui ne l'auraient pas. Mais...
M. St-Roch: La masse globale est de 135. M. Deschênes:
Oui. C'est ça.
M. St-Roch: Et tout à l'heure, en vous écoutant,
vous avez mentionné: "ils étaient". Est-ce que ça signifie
qu'il y avait des gens, à un moment donné, qui ont
été syndiqués et, parce qu'ils ont été
rattachés, ont été exclus?
M. Deschênes: Exactement. Oui.
M. St-Roch: Vous n'avez pas de proportions pour savoir
comment...
M. Deschênes: Bien, un des plus gros groupes où il y
a une soixantaine de personnes, qui est le Secrétariat aux affaires
intergouvernementales canadiennes, était syndiqué quand
c'était un ministère. Pas tous, mais une bonne proportion
était syndiquée. Le Secrétariat à la famille
représente une quinzaine de personnes. Enfin, je n'ai pas les
statistiques exactes, mais ces gens-là étaient syndiqués
quand ils relevaient du ministère de la Santé et des Services
sociaux.
Dans le fond, pour toutes sortes de raisons de l'organisation de
l'activité gouvernementale, parfois, des secrétariats, des choses
qui ne sont pas des organismes, qui ne sont pas encore des ministères,
qui sont des choses, bon, qui touchent certaines priorités ponctuelles
ou, etc., sont rattachées au Conseil exécutif. Et, parce qu'on
fait ça, les gens perdent le droit d'être syndiqués. Quand
on parle du droit d'être syndiqué, on parle d'un droit qui est
reconnu, qui devrait être reconnu, qui est reconnu par les Chartes; et
déjà, souvent, il y a plusieurs atteintes à ces
droits-là. On essaie d'en corriger. Je pense que le législateur
doit essayer de se préoccuper de les corriger et de concilier et d'avoir
un équilibre au niveau des relations de travail. Je pense que c'est
ça, le rôle d'un Code du travail. Et, pour nous, ça ne va
pas du tout dans le rôle que devrait jouer le Code du travail en
matière de civiliser les relations de travail.
M. St-Roch: En réponse à la question de mon
collègue de Taschereau, lorsqu'on parlait de conditions de travail,
est-ce que je suis correct de prétendre que, règle
générale, dans l'ensemble des 135 travailleurs ou travailleuses
mentionnés, les conditions de travail, j'imagine, sont à peu
près la même chose au niveau des salaires et au niveau des
bénéfices marginaux? Quelles sont les choses que les
travailleuses ou les travailleurs n'auraient pas? Est-ce que je suis correct de
présumer que ça pourrait être comme la procédure de
grief? Est-ce qu'ils ont une procédure de grief ou cet
avantage-là, ils ne l'ont pas?
M. Deschênes: C'est-à-dire que, sur des
matières données, H y a des procédures dappel
devant la Commission de la fonction publique qui peuvent ressembler au grief
mais ce n'est pas toutes les mêmes matières qu'on retrouve dans
une convention collective.
M. St-Roch: Et comme mon collègue de Pointe-aux-Trembles
le mentionnait tout à l'heure, si on parle de procédure de grief
au niveau de harcèlement ou ces choses-là, il n'y aurait pas de
procédure normale, sauf ce qui est normal pour l'ensemble de la fonction
publique?
M. Deschênes: C'est-à-dire qu'il y aurait des
procédures en vertu des droits qui sont prévus pour les
non-syndiqués via la Commission de la fonction publique. Mais pour
l'ensemble des autres personnes qui sont non syndiquées, ça ne
change pas leurs conditions de travail immédiates. Ça change la
capacité de faire valoir leurs intérêts, de se
défendre comme professionnels par rapport à des choses qui
touchent le contenu de leur profession, le droit de négocier leurs
conditions de travail et, finalement, le droit d'association C'est ça
que ça change. Parce que, c'est bien sûr, pour l'ensemble des
personnes, tant celles qui ont le droit d'être syndiquées que
celles qui n'ont pas le droit d'être syndiquées dans la fonction
publique, on le sait, les conditions de travail sont harmonisées.
M. St-Roch: Et, en conclusion, je suis correct de
prétendre aussi que ça inclut aussi nécessairement,
à la suite de vos propos, le droit à la grève qu'ils n'ont
pas?
M. Deschênes: Bien...
M. St-Roch: Je sais que c'est la peine maximale qu'on veut
toujours limiter des deux côtés à un moment donné,
mais ça exclut ça aussi, j'imagine?
M. Deschênes: Oui, oui, ça exclut ça. M.
St-Roch: O.K. Merci, M. Deschênes.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
d'Acadie? (20 h 45)
M. Bordeleau: Juste peut-être pour compléter les
questions qui ont été posées par mes
prédécesseurs. Vous n'avez pas nié, dans ce que vous avez
mentionné précédemment, que certaines personnes devraient
évidemment être exclues. J'aimerais savoir, selon vous, sur la
base de quels critères, de façon assez précise, les gens
pourraient être exclus et ça représenterait combien de
personnes sur les 135, à votre avis?
M. Deschênes: Sur la base de quels critères? Je
pense qu'ils devraient être exclus sur la base des critères qui
sont prévus; celui de la confidentialité, pas sur la base d'une
exclusion automatique. Les critères de la confidentialité, je
pense qu'ils sont à apprécier en fonction, finalement, de la
nature de l'employeur, de ce qu'il fait et aussi du contexte des relations du
travail. Il me semble qu'il y a un caractère lié aux relations du
travail dans la notion de confidentialité dans le Code, même si ce
n'est pas défini.
Vous me dites: Combien et lesquels, etc.? C'est justement ce qu'on veut
négocier, c'est justement ce qu'on veut regarder et on veut s'entendre
avec le Conseil du trésor, avec le Conseil exécutif, plutôt
que de dire non. On est prêts a faire des ententes mais, de l'autre
côté, on a toujours dit: Ça, il n'en est pas question;
c'est en entier. Nous ne voulons pas entrer dans la dynamique de dire: Tel
poste, c'est pour telle raison qu'on le considère comme confidentiel.
Vous me posiez la question tantôt: Pouvez-vous dire pourquoi et ce qui
est invoqué? On ne veut pas invoquer de raisons. On veut juste dire:
C'est ça, c'est comme ça, et l'ensemble de ce groupe-là,
on est prêts à vous le donner. Tel secrétariat, ça
va; tel secrétariat, ça ne va pas, etc. C'est comme
ça.
Nous, on pense que c'est en fonction du poste et de la nature du travail
qu'on doit le regarder et qu'il y a moyen d'en arriver à des ententes.
On en arrive à des ententes ailleurs; on y arrive pour d'autres
ministères; on est capables d'en développer. Pourquoi, là,
on ne serait pas capables alors que, fondamentalement. Et ça, je pense
que la question fondamentale en bas de ça, c'est de dire: Pourquoi
quelqu'un qui fait un travail x, parce qu'il est dans tel ministère, il
a le droit d'être syndiqué et s'il fait exactement le même
travail dans un autre ministère, qui n'est pas plus confidentiel dans un
endroit que dans l'autre, le fait d'appartenir à ce
ministère-là l'exclut? À moins que le gouvernement ne
veuille bien le réinclure; si votre amendement passe dans le projet de
loi, il est exclu automatiquement.
Le Président (M. Audet): Merci. M le député
de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Dans le fond, ce qui va dans le sens de votre
prétention, c'est le 3° de la loi actuelle. C'est qu'on commence par
dire: "Un fonctionnaire du gouvernement dont l'emploi est d'un caractère
confidentiel au jugement du Tribunal du travail ou aux termes d'une entente
liant le gouvernement et les associations accréditées" Donc,
c'est ça que vous invoquez, dans le fond. C'est que, dans le cadre
normal des choses, on s'entend sur qui est confidentiel et qui ne l'est pas ou
bien, si on ne s'entend pas, c'est au jugement du Tribunal du travail, ce que
le Tribunal a fait dans votre cas.
Maintenant, la cause de la difficulté que vous avez à
répondre au député du comté
d'Acadie, c'est qu'on ne vous a jamais, de l'autre côté,
amené des demandes avec une liste, avec quelque chose qui vous
permettrait de dire: On ne s'entend pas sur 17 postes ou sur 21 postes ou sur
30 postes sur 135. À votre connaissance, si on ajoute les fonctionnaires
de ces mêmes organismes-là, ça peut faire combien de
personnes? Je sais que, dans votre cas, c'est 135.
M. Deschênes: Je ne saurais vous répondre.
M. Bourdon: Mais normalement, dans la fonction publique, il y a
jusqu'à trois fois plus de fonctionnaires...
M. Deschênes: Ça dépend; le ratio varie selon
les organismes mais c'est un ratio raisonnable.
M. Bourdon: O. K. Donc, on peut penser qu'il y aurait 200, 300
fonctionnaires des mêmes organismes.
Le Président (M. Audet): Ça va? Une voix:
Ça va.
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'il y a d'autres
remarques? M. le député de Drummond.
M. St-Roch: Juste encore pour mon éducation. On dit un
ratio de 2 à 3 qui ne seraient pas syndiqués?
M. Deschênes: Oui. M. St-Roch: O. K.
Le Président (M. Audet): D'autres commentaires? Personne
n'a autre chose à ajouter là-dessus? Ça termine
là-dessus.
M. Bourdon: Bien moi, si c'est terminé, M. le
Président, je remercierais le Syndicat de professionnels du gouvernement
du Québec d'être venu et je voudrais l'assurer qu'on va essayer.
Si on ne peut pas obtenir que ce soit mieux, on va sans doute essayer que ce
soit moins pire.
Le Président (M. Audet): D'accord.
M. Cherry: M. le Président, merci beaucoup d'avoir
accepté. On sait qu'un vendredi soir, surtout avec d'autres
activités de négociations que vous avez... Merci d'avoir pris le
temps de venir nous faire partager ça.
M. Deschênes: On vous remercie.
M. Bourdon: Et, si vous en avez besoin, bonne chance aussi dans
vos négociations!
M. Deschênes: On vous remercie de votre écoute puis
on espère aussi, effectivement, que le ministre du Travail, qui est
chargé un peu de surveiller l'équilibre des choses, sera sensible
à l'argumentation qu'on a fait valoir.
M. Cherry: Merci, Paul.
Le Président (M. Audet): La commission vous remercie
beaucoup; je vous souhaite une agréable fin de semaine. Merci. Alors, la
commission poursuit ses travaux. Est-ce qu'on est prêts à passer
à...
M. Bourdon:... à l'étude article par article...
Le Président (M. Audet):... l'article 1, c'est
ça.
M. Bourdon: Oui, M. le Président.
Étude détaillée
Le Président (M. Audet): Alors, J'appelle l'article 1.
L'article 1 du Code du travail est modifié par l'insertion, dans la
treizième ligne du sous-paragraphe 3° du paragraphe I et
après les mots "fonctionnaire du", des mots "ministère du".
Alors, M. le ministre, vos commentaires sur cet article-là. Vous allez
avoir un papillon, je pense, dans l'article tantôt, là, mais on va
discuter de l'article.
M. Cherry: Alors, l'objet, évidemment, c'est que la
modification suggérée introduit une exclusion de la
syndicalisation visant les fonctionnaires du ministère du Conseil
exécutif, bien sûr. Puis, elle prévoit la
possibilité que, par décret, certaines fonctions soient
déclarées syndicables.
Les justifications à ça, M. le Président, c'est
qu'en 1965, c'est à ce moment-là que s'est Inscrit au Code que
l'exclusion visait le person-nel du Conseil exécutif. C'était
ça, l'objectif visé à ce moment-là. Il était
alors raisonnable de penser que ce ne serait qu'au Conseil exécutif que
se trouveraient les personnes informées des secrets d'État mais
ce n'est que beaucoup plus tard que le ministère du Conseil
exécutif prit effectivement la forme que l'on connaît aujourd'hui.
Bien qu'en 1975 une décision du Tribunal du travail trancha que
l'exclusion syndicale visant le Conseil ne s'appliquait pas au ministère
du Conseil exécutif, il n'y eut pendant les années qui suivirent
aucune démarche particulière visant à syndiquer le
personnel de ce ministère-là.
Alors, croyant qu'il y avait là un accord tacite entre les
parties, le Code prévoyant d'ailleurs la conclusion d'accords sur cette
question, le gouvernement n'a donc pas modifié le Code pour
rétablir l'intention originale du législateur. Toutefois, et on y
a fait référence aujourd'hui, une décision du Tribunal du
travail a été rendue cette année dans un dossier visant
à
syndiquer une partie du personnel professionnel oeuvrant au
ministère du Conseil exécutif. On en connaît le
résultat.
Donc, afin de signifier clairement que cette exclusion ne vise que les
personnes pouvant être au courant des secrets d'Etat, elle s'inscrit dans
un nouveau sous-paragraphe de l'article qui fait l'objet de discussion du Code
présentement et laisse ouverte la possibilité que, par
décret, le gouvernement en réduise la portée. C'est dans
ce sens-là qu'on l'a déposé et c'est à la suite des
représentations qui nous ont été faites par les gens de
l'organisme que nous venons d'entendre. Nous avons également
été sensibles à des arguments qui nous ont
été apportés cette semaine à l'Assemblée
nationale.
M. Bourdon: M. le Président?
Le Président (M. Audet): M. le député.
M. Bourdon: Est-ce que le ministre est maintenant prêt
à déposer l'amendement qu'il nous a remis cet
après-midi?
Le Président (M. Audet): Oui, vous avez proposé un
amendement à l'article 1, là. Vous venez d'ailleurs d'en parler,
je pense, hein?
M. Cherry: Oui. oui. C'est ça.
Le Président (M. Audet): Bon O.K. Alors,
l'amendement...
M. Cherry: Bon, j'ai pris pour acquis que, parce qu'on l'avait
fait avant, là...
Le Président (M. Audet): Oui, ça va.
M. Cherry: Ça avait fait l'objet de..
Le Président (M. Audet): Oui, c'est ça, mais il
faut..
M. Cherry: S'il faut officialiser tout ça, faisons-le,
là, mais...
Le Président (M. Audet): Oui, c'est parce qu'il faut le
déposer, là, comme M. le député le souligne. Alors,
l'amendement se lit comme suit: L'article 1 est remplacé par le suivant:
L'article 1 du Code du travail est modifié par l'insertion, après
le sous-paragraphe 3°, du paragraphe I, du sous-paragraphe suivant: "Un
fonctionnaire du ministère du Conseil exécutif, sauf dans les cas
que peut déterminer par décret le gouvernement."
M. Bourdon: Alors, M. le Président, comme je l'avais
annoncé, j'ai un sous-amendement à introduire. Mon
sous-amendement dit ce qui suit: L'amendement à l'article 1 est
modifié par le remplacement du paragraphe 3.1 qu'il introduit par le
suivant: Le nouveau paragraphe 3.1 dirait. "Un fonctionnaire du
ministère du Conseil exécutif qui occupe un poste dont les
attributions sont déclarées confidentielles en vertu d'un
décret du gouvernement."
M. Bordeleau: M. le Président, est-ce qu'on pourrait avoir
une copie de l'amendement?
M. Bourdon: Oui, oui.
Le Président (M. Audet): Du sous-amendement ou de
l'amendement?
M. Bordeleau: De l'amendement, là, qui a été
déposé par le ministre.
M. Bourdon: J'en ai en masse, moi, du...
M. Cherry: On les a déposés juste avant l'heure. Il
y en a un paquet, là
Le Président (M. Audet): II y en avait un paquet mais je
pense qu'ils n'ont pas été distribués, là; on
s'excuse.
M. Cherry: Je pense qu'il a donné le paquet, là,
c'est ça?
M. Bourdon: Oui, mais j'en ai. Je pense que le ministre m'en a
remis, qui étaient à votre disposition, il est
généreux, il m'a donné tout le paquet.
M. Cherry: C'est ma nature.
M. Bourdon: Celui que j'ai déposé, cependant, si la
secrétaire voulait en faire des copies, je pense que ça
serait...
Une voix: C'est la seule, Michel?
M. Bourdon: Oui, c'est parce que je n'en avais que trois copies;
alors si la secrétaire voulait en faire des photocopies, on pourrait les
distribuer.
Le Président (M. Audet): Alors ce qu'on dit, finalement,
c'est parce que... O.K.
Parce que, dans le fond, votre sous-amendement remplace...
M. Bourdon: Ça remplace le paragraphe 3.1.
Le Président (M. Audet): Ça remplace le paragraphe
3.1 complètement.
M. Bourdon: C'est le sens du sous-amendement. Je ne l'ai pas
devant moi, par exemple, là.
Le Président (M. Audet): Vous ne lavez pas, la copie du
sous-amendement? L'avez-vous?
M. Cherry: Oui, c'est ça, là.
Le Président (M. Audet): Oui, OK.
M. Bourdon: Écoutez, la façon dont... Je pourrais
peut-être l'expliquer en attendant qu'on ait les photocopies.
Le Président (M. Audet): Oui, oui. Allez-y.
M. Bourdon: Alors, il dit, ce sous-amendement là, "Un
fonctionnaire du ministère du Conseil exécutif qui occupe un
poste dont les attributions sont déclarées confidentielles en
vertu d'un décret du gouvernement", alors que le texte original disait:
"un fonctionnaire du ministère du Conseil exécutif sauf dans les
cas que peut déterminer, par décret, le gouvernement".
Pour ne pas se mélanger, rappelons-nous que cet article-là
du Code du travail parle de ceux qui sont exclus, qui n'ont pas le droit
d'être syndiqués, et puis il y a une liste. Et au paragraphe 3.1.
on dit dans la liste: "un fonctionnaire du ministère du Conseil
exécutif sauf dans les cas que peut déterminer, par
décret, te gouvernement". Donc, on dit quo quelqu'un qui est
fonctionnaire du ministère du Conseil exécutif n'a pas le droit
d'être inclus dans un syndicat, sauf exception. Mon texte est plus
positif, on dit: "Un fonctionnaire du ministère du Conseil
exécutif qui occupe un poste dont les attributions sont
déclarées confidentielles en vertu d'un décret du
gouvernement".
Autrement dit, en vertu de mon sous-amendement, M. le Président,
plutôt que le gouvernement fasse un décret pour dire qui peut se
syndiquer, il ferait un décret qui déclarerait quels sont les
postes dont les attributions sont déclarées confidentielles et
dont les titulaires ne peuvent pas être syndiqués. Et puis, on
fait une allusion à une personne qui occupe un poste dont les
attributions sont déclarées confidentielles; il y a une nuance,
là aussi. C'est qu'on dit que ce n'est pas le fait d'être dans un
secrétariat qui fait que le gouvernement va nous exclure. C'est parce
qu'on occupe un poste dont les attributions sont confidentielles, à la
discrétion du gouvernement.
Et mon sous-amendement, je le dis tout de suite, pour moi, ça
serait une façon un peu moins choquante de le faire. Mais nous restons,
quant à nous, en désaccord avec l'idée même
d'exclure les gens du ministère du Conseil exécutif. Autrement
dit, on dirait: "Un fonctionnaire du ministère du Conseil
exécutif qui occupe un poste dont les attributions sont
déclarées confidentielles." Le mot "attributions" a une certaine
importance. Ce qu'on dit. c'est que ce n'est pas à l'égard du
Secrétariat à la famille ou du Secrétariat aux affaires
intergouvernementales canadiennes que le gouvernement devrait décider.
Il pourrait, remarquez, en vertu de mon sous- amendement, dire que chacun des
postes de ce secrétariat-là a des attributions qu'on
déclare confidentielles. Il en aurait le droit, le sous-amendement le
prévoit. Mais le voeu que je formulerais, c'est que le gouvernement
fasse son décret, en disant, poste par poste: Est-ce que ce
poste-là, ses attributions, sa description de tâches, si on veut,
c'est confidentiel?
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Cherry: Bien, M. le Président, quand on fait la
comparaison entre le texte du sous-amendement proposé par le
député de Pointe-aux-Trembles et celui que nous avons
proposé comme amendement, c'est que, finalement, on pense que c'est plus
facile de discuter d'inclusion que de discuter d'exclusion.
Et en écoutant notre ami M. Deschênes tantôt, on a
trouvé que notre amendement était compatible avec la
procédure de l'organisme. Parce que, finalement, ils disent: On veut
avoir le droit de représenter tout le monde mais, au départ, on
reconnaît qu'il va falloir qu'on exclue des gens. Et nous, on dit qu'on
exclut en bloc le personnel du ministère. Dans un premier temps, ga ne
bouleverse pas la situation actuelle parce qu'il n'y a personne de
syndiqué Donc, on ne change rien à ce qui existe
présentement, là. Il n'y en a pas de gens qui sont
syndiqués, là, en ce moment. Bon. Et on pense que l'approche de
dire que, par décret, le gouvernement peut le faire, ça favorise
les échanges entre les parties. Parce que, pour empêcher
l'exclusion de jouer, là, il faut que ce monde-là se parle. Donc,
à chaque nouveau décret, chaque fois qu'il y aura entente et que
le gouvernement décrète que, ça devient un plus, c'est
perçu comme... O.K? Alors ça favorise une approche de relations
de travail. Et on pense que, dans ce sens-là, c'est plus positif. (21
heures)
M. Bourdon: Le ministre me permettra de lui faire observer qu'il
n'y a pas une énorme différence entre ie sous-amendement et
l'amendement, sauf une. C'est que, nous, on dit que, normalement, on est
syndiqués à moins que le gouvernement n'ait déclaré
que le poste a des attributions confidentielles. Dans l'autre cas, on est dans
une liste de personnes qui sont exclues à moins que le gouvernement, par
décret, n'accepte de nous inclure. Dans les deux cas, on ne peut que
souhaiter qu'il y ait des discussions entre les parties pour s'entendre
là dessus. Mais il n'y aurait pas moins de discussions avec le
sous-amendement qu'avec l'amendement puisque, de toute façon, en bout de
ligne, ce serait le gouvernement qui déciderait. Mais là, nous
autres, on dit: Ce n'est pas n'importe quel fonctionnaire du ministère
du Conseil exécutif, c'est un fonctionnaire du ministère du
Conseil exécutif qui occupe un poste dont les attributions sont
déclarées confidentielles Alors que,
dans l'autre texte, on dit: En tant que tel, ou par définition,
un fonctionnaire du ministère du Conseil exécutif n'est pas
syndiqué, sauf exception. Alors, nous autres, on dit que c'est
syndiqué sauf des exceptions qui sont à la discrétion du
gouvernement, par voie de décret.
Le Président (M. Audet): M. le député d
Acadie?
M. Bordeleau: Merci, M. le Président. En fait, c'est une
question d'information que j'aimerais poser ici. J'ai l'impression, M. le
Président, que le sous-amendement n'est pas un sous-amendement mais un
amendement. II y a un amendement qui a déjà été
déposé par le ministre et ce que le député de
Pointe-aux-Trembles présente, c'est pratiquement le contraire de
l'amendement; ce ne peut pas être un sous-amendement. Si c'est un
amendement qui pourrait être présenté en parallèle
avec celui-là, après qu'on aura disposé de l'amendement
présenté par le ministre, mais un amendement qui dit le
contraire, ce n'est plus un sous-amendement, c'est un amendement contraire.
Alors, je pense qu'il faudrait diposer de l'amendement du ministre
Une voix: C'est un problème de forme.
M. Bordeleau:... avant d'aborder le nouvel amendement qui
pourrait être présenté, à ce moment-là, par
le député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, sur la recevabilité
C'est un sous amendement parce que, si on adopte l'amendement du ministre, le
mien, il n'a plus sa place. Le ministre, dans son amendement, dit: Dans le
texte du Code du travail, on met un fonctionnaire qui fait telle chose. Moi, je
dis: On mot un fonctionnaire du ministère du Conseil exécutif qui
occupe un poste dans. C'est l'un ou l'autre. Maintenant, si on vote sur mon
sous amendement et qu'il est battu, il va rester l'amendement du ministre. Ce
que je veux dire, c'est que c'est, je pense, un sous-amendement. II va dans le
même sens que l'amendement mais d'une manière différente,
là, avec des variantes.
Le Président (M. Audet): Oui, je suis d'accord un peu avec
ce que vous dites, mais je suis d'accord avec M. le députe de
Pointe-aux-Trembles aussi. Ça a peut être l'air fou de dire
ça, mais...
M. Cherry: O. K.
Le Président (M. Audet): c'est parce qu'on a
vérifié avec le règlement tantôt C'est que le
ministre a déposé un amendement qui vient apporter des
changements au paragraphe 3° de l'article 1. Bon. Dans la mesure où,
comme l'a mentionné le député de Pointe-aux-Trembles, son
amendement à lui... Si lui, par exemple, ça avait
été déposé dans l'amendement le premier, comment je
dirais ça... Le point que vous soulevez, dans le fond... Mais
écoutez, c'est parce que là, d'une certaine façon, vous
avez raison. Vous dites. C'est deux amendements. Oui, je peux convenir de
ça. Mais dans la mesure où ils visent tous les deux la même
chose...
M. Bordeleau: Oui, il faudrait disposer de l'amendement du
ministre. Si l'amendement du ministre est rejeté, à ce
moment-là, il y aura un nouvel amendement déposé par le
député de Pointe-aux-Trembles. Mais on ne peut pas...
M. Bourdon: Je pense que...
M. Bordeleau:... marcher avec deux amendements parallèles,
deux amendements qui veulent dire le contraire l'un de l'autre.
Le Président (M. Audet): Non, je l'ai reçu comme un
sous-amendement, là.
M. Bourdon: Mais, M. le Président, je n'ai pas de
misère à me rallier au point de vue du député
d'Acadie. Ce que je veux dire, c'est que pour moi, ce qui compte, c'est la
réalité des choses. On pourrait penser que, par l'impossible, on
pourrait battre l'amendement du ministre et à ce moment-là, le
mien serait adopté après. Mais ce n'est pas comme ça que
ça se présente. Quand on fait ça en commission, c'est dans
l'espoir déclaré de l'Opposition que le ministre se dise
intéressé et retienne l'amendement de l'Opposition. Et quand il
le fait, il retire le sien et il met l'autre. Lautre ou l'autre modifié,
peu importe. Maintenant, je pense qu'à date le ministre n'a pas
donné d'indication que mon amendement puisse lui convenir. Si ça
reste comme ça, je n'ai pas d'objection à ce qu'on retienne la
suggestion du député d'Acadie. Qu'on vote d abord l'amendement du
ministre et, si jamais il était battu - ce qui m'étonnerait
énormément - passons le mien. À cet
égard-là, notre sort et le sort des quelques centaines de
personnes en cause sont entre vos mains. Si un jour ça devient nous, le
gouvernement, on fera le nécessaire.
Le Président (M. Audet): Moi, là-dedans, je l'ai
regardé tantôt; ce que je prends pour acquis, c'est que s'il
arrive une autre situation, par exemple, où le ministre dépose un
amendement puis un député de l'Opposition dépose, comme
vous l'avez dit, un sous-amendement qui vise, dans le fond, le même
objectif mais dont les termes sont différents, bon, c'est une
façon différente de formuler les choses et M. le ministre l'a
expliqué tantôt lorsqu'il a discuté de ce que le
député de Pointe-aux-Trembles a appelé un sous-amendement.
Si j'avais accepté, adopté immédiatement l'amendement du
ministre,
s'il avait été adopté, ça aurait
été difficile; ça aurait été quasiment fini
pour le député de
Pointe-aux-Trembles de proposer quelque chose et en discuter aussi.
M. Cherry: Mais j'ai voulu que... On a voulu..
Le Président (M. Audet): Parce que, en vertu du
règlement, on doit adopter le sous-amendement avant de passer à
l'amendement. Alors, on va délibérer sur le sous-amendement. S'il
est rejeté, à ce moment-là, on vérifiera
après sur l'amendement. Parce que, si j'avais fait le contraire,
ça venait d'empêcher la discussion que le député de
Pointe-aux-Trembles a soulevée.
M. Bourdon: Dans le fond, M. le Président, la question est
presque théorique parce que le premier des deux qui est adopté
exclut l'autre.
Le Président (M. Audet): C'est ça. M. Bourdon:
Et on n'en parle plus
Le Président (M. Audet): C'est ça. Mais en vertu du
règlement ici, moi, il y a un article qui me dit que, lorsqu'il y a un
sous-amendement qui est proposé, je dois d'abord en discuter avant de
discuter l'amendement.
M. Bourdon: Ça revient au même.
Le Président (M. Audet): C'est ça. Alors, est-ce
qu'il y a d'autres commentaires sur le sous-amendement?
M. Cherry: Juste un...
Le Président (M. Audet): Allez-y, M le ministre.
M. Cherry: ...sous-commentaire, un commentaire sur le
sous-amendement proposé. Dans le fond, quel est l'effet? C'est
d'attribuer au gouvernement une fonction qui appartient déjà au
Tribunal du travail. Parce que... C'est-à-dire, c'est de
déterminer le caractère confidentiel parce que, quand je lis bien
dans le Code: "3° Un fonctionnaire du gouvernement dont l'emploi est d'un
caractère confidentiel au jugement du Tribunal du travail...
M. Bourdon: Mais, M. le Président, on est toujours dans
les exclusions, là. On arrive au 3°...
M. Cherry: ...au terme d'une entente."
M. Bourdon: ...et on dit: "Est exclu un fonctionnaire dont
l'emploi est d'un caractère confidentiel au jugement ou par entente."
Là, on continue dans la liste et, après ça, on arrive
à un fonctionnaire du Conseil exécutif; là, on dit: "Un
fonctionnaire du ministère du Conseil exécutif sauf dans les cas
que peut déterminer, par décret, le gouvernement "
La différence essentielle, M. le Président, c'est que,
dans notre sous-amendement, on parle d'un poste dont les attributions sont
déclarées confidentielles. Dans l'amendement du ministre, c'est
à la discrétion du prince, sauf ceux pour qui le prince
décide qu'ils peuvent être syndiqués. Nous, on lui laisse
la discrétion, au prince, mais on dit que, normalement, il devrait tenir
compte du caractère confidentiel. Je suis d'accord avec le ministre que
ça, ça va à rencontre du début où on dit:
"Un fonctionnaire du gouvernement dont l'emploi est d'un caractère
confidentiel au jugement du Tribunal du travail." Mais ça, on en sort.
Parce que ça, le Tribunal du travail a décidé que ce
n'étaient généralement pas des emplois avec un
caractère confidentiel. C'est pour ça qu'on tombe dans une autre
sorte de...
Le Président (M. Audet): Est ce qu'il y a d'autres
commentaires sur le sous-amendemenl?
M. St-Roch: M. le Président, je ne veux pas faire de la
"procédurite" mais juste clarifier les choses. Votre décision,
quant à moi, elle était impeccable et était la bonne chose
parce que, si on adoptait l'amendement de M. le ministre en premier sans avoir
disposé du sous-amendement de M. le député de
Pointe-aux-Trembles, ça voudrait dire qu'après que l'amendement
eut été adopté, ça nous aurait pris le consentement
unanime des gens pour recevoir... Alors, je pense que votre décision
était sage, elle était adéquate, M. le
Président.
Le Président (M. Audet): Je vous remercie, M. le
député de Drummond, vous êtes un ami.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourdon: M. le Président, je tiens à dire au
député de Drummond que, sur le plan de la logique, il a bien
raison. Et pour moi, être battu en premier ou en deuxième,
ça n'a guère d'importance.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): Non, mais c'eal aussi...
M. Bourdon: Ce que je veux dire par là, c'est que...
Le Président (M. Audet): aux fins damé
liorer...
M. Bourdon: ...je me reprendrai si, comme
je l'espère, on forme le gouvernement à un moment
donné.
M. St-Roch: Même en l'an 2000.
Le Président (M. Audet): Alors, est-ce que..
M. Bourdon: Vous souhaitez que ce soit le plus tard possible; il
y en a qui souhaitent que ce soit le plus tôt possible. Les avis sont
partagés.
Le Président (M. Audet): Est-ce que le sous-amendement...
Est-ce que vous voulez aller par adoption? Oui, ça va? Est ce que
le...
M. Bourdon: Je demanderais le vote nominal, M. le
Président.
Le Président (M. Audet): Alors, Mme la secrétaire,
pour le sous-amendement.
La Secrétaire: M. Cherry (Sainte-Anne)?
M. Cherry: Contre.
La Secrétaire: M. St-Roch (Drummond)?
M. St-Roch: Contre.
La Secrétaire: M. Bordeleau (Acadie)?
M. Bordeleau: Contre.
La Secrétaire: M. Audet (Beauce-Nord)?
M. Audet: Contre.
La Secrétaire: M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles)?
M. Bourdon: Pour.
La Secrétaire: Mme Carrier-Perreault (Les
Chutes-de-la-Chaudière)?
Mme Carrier-Perreault: Pour.
La Secrétaire: Le sous-amendement... Excuser. M. Leclerc
(Taschereau)?
M. Leclerc: Contre.
La Secrétaire: Le sous-amendement est rejeté...
M. Bourdon: Je demande le votre nominal sur l'amendement, M. le
Président.
La Secrétaire:... cinq voix contre deux. Une voix:
Votre inverse.
M. Bourdon: Vote inverse.
Le Président (M. Audet): D'accord. O. K. pour l'amendement
de M. le ministre. Ça va.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires à l'article 1?
M. Bourdon: Non, M. le Président. On est prêts pour
l'article 2.
Le Président (M. Audet): Alors, l'amende-ment est
adopté. Est-ce que l'article 1 est adopté tel
qu'amendé?
M. Bourdon: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Sur division. Alors, j'appelle
l'article 2. Est-ce que je vais en faire la lecture?
M. Cherry: J'ai déposé un amendement aussi,
hein?
Le Président (M. Audet): Oui, ça va. L'article 46
de ce Code est remplacé par les suivants: "46. II appartient au
commissaire du travail, sur requête d'une partie
intéressée, de trancher toute question relative à
l'application de l'article 45. À cette fin, il peut en déterminer
l'applicabilité et rendre toute ordonnance jugée
nécessaire pour assurer la transmission des droits ou des obligations
visée à cet article. "46. 1. Le commissaire du travail peut
régler toute difficulté découlant de l'application de
l'article 45. Il peut notamment: 1° déterminer l'existence d'une
telle difficulté; 2° déterminer, modifier une unité de
négociation et fusionner des unités de négociation; 3°
octroyer, modifier ou révoquer une accréditation; 4°
accréditer une association de salariés parmi celles mises en
présence par l'application de l'article 45 par tout moyen
d'enquête qu'il juge opportun, notamment par la tenue d'un vote au
scrutin secret; 5" permettre le choix aux conditions qu'il indique ou
déterminer l'application d'une convention collective ou de certaines de
ses dispositions; il peut à cette fin interpréter les
dispositions de cette convention.
On me dit qu'il y a un amendement. C'est parce que je dois faire la
lecture de l'article avant que l'amendement puisse avoir force de loi.
Alors, un amendement ici. L'article 2 est remplacé par le
suivant: "46. Il appartient au commissaire du travail, sur requête d'une
partie intéressée, de trancher toute question relative à
l'application de l'article 45. À cette fin, il peut en déterminer
l'applicabilité et rendre toute ordonnance jugée
nécessaire pour assurer la transmission des droits ou des obligations
visée à cet article. Il peut aussi régler toute
difficulté découlant de l'application de cet article. "
M. Bourdon: M. le Président, je voudrais
dire que l'amendement m'apparaît sage. Le ministre m'a
informé que le Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre
avait convenu de recommander cet amendement en début
d'après-midi. Le Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre,
pour ceux qui liraient le journal de nos débats - il y a toujours des
curieux qui veulent savoir ce qu'on fait le vendredi soir - est un organisme
consultatif qui regroupe le Conseil du patronat et les centrales
syndicales.
À cet égard-là, je dirai que je demeure
déçu que l'article 45 n'ait pas été modifié
mais le nouveau texte de l'article 46 m'apparaît plus satisfaisant que
l'ancien. C'est peut-être l'ancien négociateur syndical qui
remonte chez moi. Quand on énumère des pouvoirs, ce qu'on a
oublié n'est plus prévu; alors que là, on dit: II peut
aussi régler toute difficulté découlant de l'application
de cet article. L'inconvénient de l'autre texte est: Le commissaire peut
faire ça, ça, ça, ça ou ça. Cinq choix.
Puis, il arrive dans une situation, il dit: Oui, mais moi, c'est autre chose
qu'un des cinq choix que je voudrais faire. Il est fait. Dans ce
sens-là, je trouve ça sage.
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'il y a des commentaires
additionnels sur l'amendement?
M. Cherry: Comme mon collègue de Pointe-aux-Trembles vient
de vous le dire, et je pense que ça vaut la peine d'être
souligné, on essaie de se souvenir de la fois précédente
où c'est arrivé. C'est, en tout cas, la première fois, de
mémoire très récente, qu'une décision unanime du
Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre est arrivée. Ce
n'est pas souvent que le Conseil du patronat, la FTQ, la CSN et la CEQ se
déclarent d'accord sur un amendement comme celui-là. Je pense que
ça démontre quelque chose qu'on se doit de respecter, même
si mon collègue de Pointe-aux-Trembles a fait les commentaires qu'il
l'aurait souhaité autre que celui-là.
L'important, on sait tous pourquoi, c'est qu'il faut s'assurer que le
commissaire au Tribunal du travail ait les pouvoirs qu'il faut pour faire le
travail qu'il a à faire. Avant ça, c'était de constater.
Il y a toute une différence entre constater les dommages et le pouvoir
de corriger. Non seulement de constater mais, à partir de ça, de
rendre des décisions. Alors, dans ce sens-là, il nous semble que
c'est essentiel. Je pense bien qu'on n'a pas besoin de discourir bien plus
longtemps. L'argument le plus majeur par rapport à l'article 2, c'est
celui, je pense, qu'on vient d'invoquer l'un après l'autre; c'est le
fait que le Conseil consultatif a été unanime à supporter
ça. Alors je pense que, là-dessus, ils sont les parties
intéressées.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le ministre.
M. Cherry: C'est pour eux qu'on fait ça.
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires sur l'amendement? Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Bourdon: Adopté.
Le Président (M. Audet): Adopté. Est-ce que
l'article 2, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Audet): Article 3. L'article 111.0.16 de
ce Code est modifié: 1° par la suppression, dans la deuxième
ligne du paragraphe 5°, des mots "d'eau"; 2° par l'insertion,
après le paragraphe 5°, du suivant: "5.1° une entreprise qui
exploite ou entretient un système d'aqueduc, d'égout,
d'assainissement ou de traitement des eaux;" 3° par l'addition, à la
fin du paragraphe 6°, des mots "ou d'incinération de
déchets." Des commentaires, M. le ministre, sur cet article?
M. Cherry: Évidemment, l'article 3, je pense qu'on s'est
déjà déclarés d'accord là-dessus et on va se
répéter pour, comme disait mon collègue, ceux qui se
cherchent de la lecture sur ce qui se passe le vendredi soir. L'article 3,
ça vise à étendre la notion de service public aux
entreprises qui exploitent un système d'aqueduc, d'égout,
d'assainissement, de traitement des eaux et aux entreprises
d'incinération des déchets.
On sait qu'il y a des municipalités qui le font, d'autres qui le
faisaient, qui le donnent à contrat, en sous-traitance; on veut
s'assurer que le public ayant droit à ces services-là quand ils
sont exercés par la municipalité continue à avoir le
même type de protection quand la municipalité décide de
donner ça en sous-traitance. Alors, ces travaux-là sont
normalement visés par cette notion lorsqu'ils sont pris en charge par
une corporation municipale ou une régie intermunicipale. De plus en
plus, c'est une façon d'aborder ces problèmes-là. Par
contre, ils cessent d'être visés lorsqu'ils sont donnés en
sous-traitance, d'où la nécessité d'inclure
spécifiquement les entreprises les exécutant dans la notion de
service public. Cette modification vise à assurer une meilleure
protection de la santé et de la sécurité du public.
Le Président (M. Audet): Merci D'autres commentaires?
Ça va.
M. Bourdon: Pas de commentaire
Le Président (M. Audet): M. le député de
Drummond?
M. St-Roch: Oui, juste une brève explication, M. le
ministre. Une entreprise, est-ce que
ça inclut une municipalité, une MRC, une régie ou
un sous traitant?
M. Cherry: Ou un sous-traitant. C'est ça. M. St-Roch:
Ça inclut tout ça.
M. Cherry: Oui. Ceux qui le font dans le moment, si c'est un
organisme public, il est déjà couvert.
M. St-Roch: O. K.
M. Cherry: Mais, comme je disais tantôt, il y en a de plus
en plus qui sous-traitent ça ou qui donnent ça à
l'entreprise privée. C'est l'entreprise privée qui s'occupe de
ça maintenant Alors il faut que la même protection que le public
avait quand c'était exercé par une municipalité soit
transportée, que l'obligation aille en même temps pour assurer la
qualité du service à laquelle le public a droit en tout temps
là-dessus.
Le Président (M. Audet): Alors, est-ce que l'article 3 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Audet): J'appelle l'article 4. L'article
111. 0. 17 de ce Code est modifié: 1° par le remplacement de la
deuxième phrase du deuxième alinéa par la suivante "II
peut être pris en tout temps avant un tel dépôt"; 2° par
l'addition, après le deuxième alinéa, du suivant:
"À compter de la date qui y est indiquée, ce décret
suspend l'exercice du droit de grève jusqu'à ce que l'association
accréditée en cause se conforme aux exigences des articles 111.
0. 18 et 111 0. 23. " M. le ministre?
M. Cherry. Bon. Bien, I'article 4, M. le Président,
ça modifie légèrement le mécanisme
d'assujettissement des services publics aux dispositions relatives au maintien
des services essentiels. Le premier alinéa vise à allonger le
délai pendant lequel le gouvernement peut, par décret, ordonner
à un service public de maintenir les services essentiels en cas de
grève. Cette extension de délai permettra au gouvernement
d'assujettir en tout temps certains services publics qui, pour des raisons
administratives, sont identifiés tardivement. L'ordinateur nous le sort
à la dernière minute et là, oups! les 15 jours sont
déjà entamés, on ne pourrait plus. Donc, je pense bien que
ce n'est pas à ça qu'on veut se soumettre. Cela s'est
déjà produit lorsque, pour des raisons de délai
d'inscription au système informatique du ministère, des
établissements normalement visés n'apparaissaient pas sur la
liste informatique.
Tel a déjà été le cas aussi lorsque le nom
d'un établissement n'était d'aucun secours pour établir
s'il s'agissait ou non d'un service public devant être assujetti. Par
exemple, un foyer pour personnes âgées pourrait s'appeler
Amitié-Soleil. Ça n'indique pas directement que c'est ça.
Donc, Il n'apparaît pas dedans mais on sait très bien que
ça doit en faire partie. O. K. ? Donc, le deuxième alinéa
a une modification de concordance. Cela vise à préciser
clairement les effets du décret d'assujettissement lorsqu'il est pris
pendant l'exercice du droit de grève. C'est tout simplement
ça.
Le Président (M. Audet): D'accord. Est-ce qu'il y a
d'autres commentaires?
M. Bourdon: Pas de commentaires.
Le Président (M. Audet): Alors, l'article 4 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Audet): L'article 5 La présente
loi entre en vigueur le... " Alors, ça, est-ce que c'est
adopté?
M. Bourdon: Je fais juste le voeu que le ministre du Travail ne
fasse pas comme un de ses prédécesseurs et que, quatre ans
après, la loi ne soit pas en vigueur.
M. Cherry: Laquelle? M. Bourdon: La 30
M. Cherry: Ha, ha, ha! Je voulais juste te l'entendre dire.
M. Bourdon: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): O. K. Est-ce que le titre du
projet de loi, Loi modifiant le Code du travail, est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Audet): Est-ce que le projet de loi tel
qu'amendé est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Audet): Adopté. Est-ce qu'il y a
des commentaires en terminant? M. le ministre?
M. Cherry: Non, ça va. Je crois que ça s'est fait
dans un excellent esprit de collaboration.
M. Bourdon: Sur division, l'adoption de l'ensemble, M. le
Président, à cause de l'amendement...
Le Président (M. Audet: ) Oui, Ça va. Ça va
être noté au procès-verbal, ça va. D'autres
commentaires?
M. Bourdon: Je souhaite un bon week-end au ministre.
M. Cherry: J'ai cinq activités de comté en fin de
semaine.
Une voix: J'en ai trois.
Le Président (M. Audet): Alors, on vous remercie de votre
collaboration, M. le député de Drummond.
M. St-Roch: Je crois que c'était une loi "Cherry
Blossom".
Le Président (M. Audet): On vous souhaite à tous
une bonne fin de semaine. La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 21 h 21 )