Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Vingt heures dix minutes)
Le Président (M. Jolivet): Le quorum étant, je
déclare la séance ouverte. Je vous rappelle le mandat de la
commission qui est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 87, Loi sur l'aide au
développement des coopératives. Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire: Oui: M. Benoit (Orford) est remplacé
par M. Gobé (LaFontaine); M. Lemire (Saint-Maurice) est remplacé
par M. Lafrance (Iberville).
Le Président (M. Jolivet): Devant ces faits, M. le
ministre, avez-vous des remarques préliminaires avant qu'on
débute les travaux de cette commission?
Remarques préliminaires M. Gérald
Tremblay
M. Tremblay (Outremont): Oui. Merci, M. le Président.
J'aimerais profiter de cette occasion pour faire un bref rappel pour qu'on
comprenne bien la démarche du présent projet de loi. Lorsque je
suis arrivé au ministère, j'ai regardé la contribution des
coopératives au niveau du développement économique de
toutes les régions du Québec. Je ne remets pas en question
l'importance des coopératives. Lorsqu'on a adopté le principe du
projet de loi, j'ai fait part de l'importance, tant au niveau de la
création d'emplois que des projets d'investissement partout à
travers le Québec. J'ai également félicité toute
l'équipe de la Société de développement des
coopératives, ainsi que la direction générale des
coopératives au ministère pour leur travail excessivement
important.
Par contre, après consultation avec les différents
intervenants, tant au niveau de la Société de
développement des coopératives qu'au niveau du Conseil de la
coopération du Québec, qu'au niveau de la Conférence des
coopératives forestières du Québec, j'ai
étudié sérieusement plusieurs scénarios. Tous les
intervenants, sans exception, étaient d'accord pour dire que le statu
quo ne devrait pas être la solution retenue. Alors, on a discuté,
entre autres, du regroupement des intervenants sous le chapeau de la
Société de développement des coopératives, ce qui
impliquait nécessairement, encore une fois, le maintien au
ministère d'effectif pour administrer la Loi sur les
coopératives, pour administrer le Régime d'investissement
coopératif, pour faire une certaine promotion et, surtout, pour agir
comme coordonnateur au niveau des différents ministères. Alors,
on n'a pas retenu cette possibilité. L'autre possibilité,
c'était le contraire, c'était de tout regrouper au niveau du
ministère et dans les orientations gouvernementales, depuis un certain
nombre d'années, dans la mesure du possible, c'est d'essayer de faire
appel aux différents intervenants en fonction de leur
spécialité. Lorsqu'on regarde au niveau du ministère, le
ministère n'est pas le meilleur véhicule pour assurer le
financement des coopératives. Donc, on n'a pas retenu cette solution. La
solution qui a été retenue, c'est un regroupement au niveau, en
partie, du ministère parce que le ministère doit d'une
façon ou d'une autre continuer à administrer la Loi sur les
coopératives, continuer d'administrer le Régime d'investissement
coopératif, continuer de faire la promotion du développement des
coopératives au Québec et, surtout, le ministère doit
continuer de promouvoir au sein même du gouvernement l'importance des
coopératives.
Donc, ce qu'on a décidé de faire, c'est de prendre les
éléments de la Société de développement des
coopératives qui ont la responsabilité de promouvoir le
développement des coopératives et l'aide technique et de les
regrouper sous le ministère, mais sous un sous-ministre aux
coopératives. C'est ce qu'on nous avait demandé depuis de
nombreuses années. On voulait avoir un sous-ministre responsable, entre
autres, des coopératives pour assurer la présence des
coopératives au niveau gouvernemental pour qu'il y ait un interlocuteur
crédible qui puisse parler au niveau des coopératives. Alors on a
accepté cette suggestion qui nous a été faite et, au
niveau de la Société de développement industriel du
Québec, l'aide financière. Alors, une partie de l'équipe
de la Société de développement des coopératives va
se rapporter à un vice-président au développement des
coopératives répondant directement du président de la
Société de développement industriel du Québec.
Ce vice-président au développement des coopératives
sera choisi en collaboration avec les différents intervenants du milieu.
Ce vice-président aura accès à un comité aviseur
composé, si le milieu corporatif le veut, de tous les
représentants du présent conseil d'administration de la
Société de développement des coopératives et, en
plus, les coopératives seront représentées au conseil
d'administration de la Société de développement industriel
du Québec. Même si on a la même équipe-En passant,
juste une question d'information, le projet de loi prévoit clairement
que les membres de l'équipe soient transférés soit au
ministère ou à la Société de développement
industriel avec la permanence d'emploi. Alors,
c'est une reconnaissance de la performance de l'équipe et on
veut, dans la mesure du possible, maintenir tous ces éléments
pour accélérer le développement des coopératives au
Québec. Mais une équipe sous la SDI, il fallait absolument
reconnaître aussi les programmes. On a voulu reconnaître la
spécificité des coopératives. On n'a pas pris les
programmes qui s'appliquent normalement à de grandes
sociétés industrielles, parce que c'est toujours un peu la
crainte. On dit: Si ça s'en va à la SOI, on va regarder ça
comme des banquiers. Alors, on a maintenu les mêmes programmes
modulés en fonction des besoins des coopératives et
principalement au niveau de la mise de fonds. Donc, les mêmes programmes,
les mêmes enveloppes budgétaires.
Je le répète, cette réorganisation n'est pas faite
pour sauver de l'argent. Au contraire, j'ai toujours mentionné - je le
répète encore - que toute économie servira à aider
davantage le milieu des coopératives. Également, on a voulu
assurer la continuité des services et la continuité des contrats.
Alors, toutes les ententes qui ont été signées au niveau
des différentes coopératives vont continuer à être
respectées. J'ai voulu également m'assurer que de plus en plus on
parle de l'importance d'une présence régionale. Alors, le
ministère a déjà 16 points de service dans toutes les
régions administratives du Québec. Je ne dis pas qu'il va y avoir
32 représentants, qu'on va diviser l'équipe et qu'on va mettre
une personne des coopératives dans tous les bureaux du ministère.
Je pense que nous allons nous assurer qu'un représentant du
ministère soit familier avec tous les programmes des coopératives
pour, dans un premier temps, bien informer la clientèle de l'importance
des coopératives. Il se pourrait que, dans certaines régions
administratives du Québec où la demande est excessivement forte,
on ait également un représentant permanent, comme ça
existe déjà, pour donner un meilleur service dans toutes les
régions du Québec.
Qu'est-ce qu'on essaie de faire, dans le fond? Ce qu'on essaie de faire,
c'est de s'assurer d'une meilleure complicité entre tous les
intervenants. De par mon expérience à la Société de
développement industriel du Québec pendant trois ans et au
ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie depuis un an
et demi, je m'aperçois que dans de nombreux dossiers la
Société de développement industriel était
impliquée, le ministère de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie était impliqué et la SDC était
impliquée. Je pourrais vous citer énormément d'exemples,
surtout au niveau de coopératives de travailleurs. Au niveau des
coopératives de travailleurs, je pense que c'est de plus en plus
important, quand on regarde l'importance du secteur forestier dans les
régions du Québec, qu'on travaille davantage avec les
différents intervenants. Alors, c'est le but du projet de loi. Le but du
projet de loi, c'est de regrouper, qu'on soit plus efficaces, qu'on
réponde aux attentes et aux spécificités des
coopératives, qu'on développe surtout entre tous les
intervenants, que ce soient des intervenants du secteur technologique, que ce
soient des intervenants du secteur coopératif ou des intervenants du
secteur industriel, qu'on développe une meilleure complicité. Je
prétends que dans un contexte économique où, au
Québec, on doit bâtir une économie d'avenir, on doit
regrouper nos forces. On doit travailler davantage ensemble. Et le but du
projet de loi, c'est justement de donner suite - je vais terminer
là-dessus, M. le Président - à une consultation importante
dans toutes les régions du Québec avec les différents
intervenants.
J'ai publié au mois d'avril ou mai 1990, dans Info-Coop,
tous les détails de l'orientation ministérielle. J'ai
également, à leur demande, rencontré la Conférence
des coopératives de travailleurs. Parce que récemment, la
Coopérative de travailleurs disait: Le Conseil de la coopération
du Québec, oui, c'est bien beau, mais ça représente
surtout de grandes entreprises du secteur de service. Qu'est-ce qui dit qu'il
va continuer à s'occuper de moi? Alors, il y a eu une scission, ils ont
demandé de me rencontrer. J'ai rencontré une vingtaine
d'intervenants pour leur expliquer la démarche et je dois vous dire
qu'on n'a jamais questionné comme tel le fait qu'on élimine une
structure ou pas. Ce dont on a voulu s'assurer par contre, et avec raison - et
j'espère, je suis convaincu que le projet de loi reflète cette
orientation - c'est respecter la spécificité des
coopératives.
Le député de Gouin, lors de son intervention à
l'Assemblée nationale, n'a pas parlé des structures comme telles.
Je dois dire également que le député de Shefford non plus
n'en a pas parlé. Évidemment, c'est l'idéal, mais on a
dit. Si jamais il y avait des suggestions à faire ou des petites
modifications à apporter, non pas au niveau des structures, mais au
niveau des modalités, pour s'assurer que les coopératives
demeurent bien représentées et aient accès à des
services, tant au niveau technique que financier, de qualité,
j'étais prêt à analyser avec les députés de
l'Opposition ces modifications ou ces suggestions.
Le Président (M. Jolivet): Merci, M. le ministre. Avant
d'aller plus loin, le député de Shefford justement s'est joint
à nous, mais on n'a pas fait le remplacement. Est-ce que vous êtes
en remplacement de quelqu'un?
Mme Marois: Ça peut être le député de
Pointe-aux-Trembles, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): De Pointe-aux-Trembles. Est-ce
que les gens acceptent, parce qu'on ne l'a pas fait à l'étape?
Ou}? O.K. Mme la députée de Taillon.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Merci, M. le Président. Je vais en profiter
puisque vous m'en donnez l'occasion, d'ailleurs, pour remercier le
député de Shefford qui a pris la relève à
l'Assemblée nationale et qui a fait le discours principal sur le projet
de loi qui est devant nous. Je veux le remercier d'être intervenu de
façon très pertinente, M. le Président. Probablement que
le ministre ne l'a pas entendu comme moi je l'ai entendu, parce que j'avais cru
comprendre qu'il défendait plutôt le fait non pas des structures,
ça j'en conviens avec le ministre, mais qu'il défendait qu'il y
ait effectivement une intervention à l'égard des
coopératives, qu'elles ne se morcellent pas comme ce que nous propose
actuellement le ministre.
J'écoute le ministre parler, M. le Président, et je suis
estomaquée. Je me dis: On dirait, à l'entendre parler, qu'il est
en train d'assurer le développement des coopératives au
Québec d'une façon remarquable, comme on ne l'a pas fait
jusqu'ici. Il a l'air aussi de dire, M. le Président, qu'après
avoir consulté très largement tous les intervenants du milieu,
ceux-ci se sont dits satisfaits de ce qui est proposé et participent
avec le ministre à démanteler le seul outil de
développement des coopératives au Québec qui permettait de
regrouper en son sein une expertise un tant soit peu significative, une masse
critique un tant soit peu importante, un certain nombre de personnes
préoccupées par ce que signifiait le développement des
coopératives au Québec. À l'entendre parler, on a
l'impression qu'en démantelant la Société de
développement des coopératives, il recrée une nouvelle
perspective de développement pour les coopératives au
Québec.
Bien, j'ai vraiment beaucoup de difficultés à le suivre,
M. le Président, à cet égard-là. À mon point
de vue, son discours est complètement contraire à l'intention
qu'il a, si toutefois il en a l'intention, parce que je commence à avoir
des doutes, M. le Président, hein? Il faisait référence au
fait qu'il avait consulté un certain nombre de groupes; j'en conviens,
j'ai parlé aussi à ces groupes-là, puis il y a
actuellement sur le terrain, M. le Président, de la grogne et de
l'insatisfaction. Encore dernièrement, il y a un mois, le
président du Conseil de la coopération, qui est en l'occurrence
M. Béland, se préoccupait du fait que la loi ne semblait pas
rendre effectivement ce que le ministre s'était engagé à
livrer comme marchandise en ce qui a trait au développement des
coopératives. Je pourrais la lire d'un bout à l'autre; je ne le
ferai pas, je vais en retirer certains paragraphes, mais je ne crois trahir
d'aucune façon l'esprit de la loi. Il dit: "Les membres se sont
montrés surpris" - l'esprit de la lettre, pardon, que celui-ci faisait
parvenir au ministre. "Les membres se sont montrés surpris de se trouver
face à un projet de loi qui ne comporte aucune garantie quant au
maintien et à l'amélioration des programmes actuels de la SDC."
Et le ministre, ce soir, nous annonce - je ferme les guillemets - le ministre,
ce soir, nous annonce qu'il va le faire. Je me demande comment il peut le faire
d'une façon claire, ferme. Par des engagements où, M. le
Président? Par des engagements autour d'une table? Ou par des
engagements dans des budgets?
Alors, j'imagine qu'il va nous indiquer tout à l'heure, au fur et
à mesure de l'étude du projet de loi, comment il va
procéder pour répondre à cette attente-là. Il dit -
et je cite encore cette lettre du président du Conseil de la
coopération du Québec, M. Béland, où il parle des
membres - "Ils sont de plus fort déçus de l'absence d'indications
sur les critères d'admissibilité et d'octroi de l'aide
gouvernementale au regroupement de coopératives." D'une douzaine, qu'il
y a déjà eu, de regroupements de coopératives, de conseil
régional de coopératives, on se retrouve actuellement avec quatre
au Québec. Est-ce qu'on veut faire mourir celles qui restent ou on a une
vision à cet égard-là? Il dit, et je reprends sa lettre:
"II est clair que les orientations ministérielles
présentées dans les différents documents portés
à la connaissance des membres et discutées lors des rencontres
avec vous faisaient partie d'un tout et qu'elles étaient
acceptées par les coopératives dans la mesure où les
règles du jeu devenaient plus claires et plus efficaces et qu'elles
permettaient de donner une impulsion supplémentaire à des
secteurs ou à des organismes qui n'avaient pas ou peu accès au
soutien gouvernemental." Alors, il dit: "Oui, je conviens que les garanties que
je vous demande ne peuvent être inscrites dans la loi, mais
j'apprécierais que vous puissiez me les confirmer par écrit de
telle sorte qu'on puisse savoir où on s'en va."
Alors, j'imagine que le ministre doit avoir un certain nombre de
réponses à me donner à cela parce que, nonobstant le fait
qu'il ait consulté, qu'il soit allé sur le terrain, il y a
actuellement de la grogne. Et ce sont souvent les petites coopératives,
où les secteurs, où les regroupements sont, je dirais, moins
capables de se défendre et de faire valoir leur point de vue qui vont
payer la note de cela, des changements que propose le ministre avec le projet
de loi qui est devant nous, M. le Président. L'impression que j'ai eue,
en fait, lorsque j'ai lu le projet de loi, je me suis dit: Tiens, l'ancien
président de la Société de développement industriel
réalise son vieux rêve. Parce qu'on sait que le ministre a
assumé des fonctions à la Société de
développement industriel, que probablement, évidemment, c'est
sûr que ce n'est pas toujours facile de naviguer dans un ensemble de
programmes d'aide où on n'est pas tout seul sur le terrain et où
il y a, d'un côté, une petite société qui s'appelle
la Société de développement des coopératives et
qui
fait, bien sûr, son possible pour aider les coopératives
naissantes, qui fait des efforts pour faire la promotion du
développement des coopératives. Il faut essayer de s'ajuster,
s'arrimer. Et c'est plus facile quand on est président d'une
société, j'en conviens avec lui, qu'on puisse tout
contrôler et tout planifier, avoir tout sous sa responsabilité, ne
pas être obligé de faire de compromis autre qu'avec
soi-même.
Donc, c'est beaucoup plus facile à gérer. Ça,
ça va. Puis n'importe qui va vous le dire. Sauf que la vie quotidienne,
ce n'est pas tout à fait ça. Il y a des intérêts
différents dans nos sociétés, il y a des philosophies
différentes. Et quand on essaie de faire une espèce de "melting
pot" de tout ça, quand on essaie d'intégrer tout ça, il y
en a un qui ressort perdant. Habituellement, ce n'est pas la
société dominante qui sort perdante, mais c'est le petit groupe
qui est plutôt minoritaire dans une société qui se fait
avaler tout rond. Je vous parie, M. le Président, qu'effectivement il en
est terminé du développement des coopératives dune
façon un tant soit peu articulée. Il faut être bien
conscients qu'on ne parle pas de centaines et de centaines d'entreprises
coopératives qui seront nées de par le travail de la
Société de développement des coopératives parce que
le principe même de la naissance d'une coopérative repose sur la
participation des personnes à la réponse à un de leurs
besoins. C'est des coopératives de travailleurs dans le milieu
forestier, c'est des coopératives de consommateurs dans le milieu
alimentaire, ça pourrait être dans d'autres secteurs. C'est
ça, le principe et la philosophie d'une coopérative. D'ailleurs,
on a vu, M. le Président, l'histoire d'Alphonse Desjardins,
c'était assez intéressant. Il s'est battu lui aussi, à son
époque, alors j'imagine que l'histoire continue, que d'autres
coopératives devront se battre pour pouvoir naître, mais le
principe, c'est cela. Donc, c'est normal que ce soit un peu lent, que ce soit
difficile comme cheminement et ça ne suit pas les mêmes
règles que l'on applique dans un système où c'est le
capital qui est au coeur de l'entreprise. Puis, je ne porte pas de jugement, je
dis: C'est différent. Les règles sont différentes. (20 h
30)
Alors, là, ce qu'on demande et ce que le ministre nous demande,
c'est de dire: La Société de développement industriel qui
est plutôt habituée de négocier, de transiger, de discuter,
oui, bien sûr, avec de la petite entreprise, mais beaucoup avec de la
moyenne et de la grande... Puis regardez les moyennes d'investissement, de
prêts à la SDI, puis on va constater ça ensemble.
D'ailleurs, ça a été ma critique quand on a voulu
intégrer les groupes de soutien aux initiatives-jeunesse dans les
commissariats industriels, en disant: Ce n'est pas les mêmes outils, ce
n'est pas les mêmes moyens. C'est la même façon, à la
SDI, ce n'est pas les mêmes outils, ce n'est pas les mêmes moyens,
ce n'est pas la même ampleur, ce n'est pas les mêmes philosophies
qui guident les entreprises coopératives qui vont s'adresser là.
Or, comme ce sera un tout petit élément, finalement, dans
l'ensemble qu'est la SDI, avec une philosophie différente, il va de soi
que: Qui va casquer au bout du compte? C'est essentiellement les entreprises
coopératives qui verront l'intérêt à leur endroit
diminuer, qui risquent de voir l'intérêt à leur endroit
diminuer et, donc, qui risquent de ne pas avoir les réponses aux besoins
qu'elles ont parce que leur mode de fonctionnement est fort différent,
leur philosophie d'opération est absolument d'un autre ordre que ce que
l'on applique dans les entreprises traditionnelles, M. le Président.
Il y a une culture de l'organisation, il y a des façons de
procéder et, à cet égard, je suis tout à fait
inquiète de ce qui va arriver dans le secteur du développement
des coopératives, en plus qu'on ne leur facilite pas la vie. Mais
ça, j'y reviendrai un peu plus tard, M. le Président. Nous aurons
l'occasion d'en discuter tout au long des débats dans lesquels on
s'engage. En fait, il m'est apparu, M. le Président, et avec tout le
respect que je dois au ministre et sachant qu'il s'occupe habituellement
très sérieusement de ses dossiers, je me rends compte, M. le
Président, que le ministre a probablement peu fréquenté le
milieu des coopératives et qu'il y connaît peu de chose et qu'il
en a peu l'expérience concrète, très pratique, sur le
terrain. Sa proposition, qui peut apparaître tout à fait
rationnelle, tout à fait rassurante à quelqu'un qui ne
connaît pas le secteur des coopératives, inquiète, et
drôlement, les gens qui s'y connaissent. Dans ce sens-là, ma
crainte, M. le Président, ma crainte - je ne l'affirme pas, je le crains
- je crains que le ministre ne devienne, finalement, le fossoyeur du
développement des coopératives au Québec. L'histoire,
j'espère, me donnera tort, M le Président, parce que, ainsi, on
tuerait peut-être des initiatives qui nous donnent aujourd'hui le
Mouvement Desjardins, avec toutes ses institutions. C'est à cela que
mène ou que peut aussi mener une coopérative.
C'est d'ailleurs intéressant quand on regarde les critiques qui
ont entouré les premières discussions autour du projet que le
ministre nous présente. Je relisais encore, cette semaine, ce qu'en
disait la coopérative des forestières, c'est ça, les
coopératives forestières qui disaient. On a entendu toutes sortes
de critiques sur l'aide qu'apportait la SDC aux coopératives. Je cite
leur petit journal d'octobre 1990, il disait - c'était le
président qui signait cette lettre, d'ailleurs adressée au
ministre - "Depuis le début de l'année, plusieurs idées,
qui ont profondément choqué nos membres, ont été
véhiculées. Lorsque vous serez intégrés à la
SDI, vous allez être avec de vraies entreprises. Vous allez savoir ce que
sont de vraies entreprises. Les aides accordées par la SDC aux
coopératives forestières, ce
sont des privilèges. Lorsqu'on parle de privilèges, on
veut également dire que ça doit être aboli. L'aide du
gouvernement aux coopératives, c'est du bien-être social."
On citait des points de vue qui étaient émis à
l'égard des coopératives. Alors, on est bien fiers actuellement -
ce n'est pas le ministre qu'on citait, là, j'en conviens - mais on
citait des commentaires qui avaient été faits et qui concernaient
ce projet de loi et qui traduisaient bien, à mon point de vue, la vision
qu'ont un bon nombre de personnes, qu'a un bon nombre de personnes de ce que
c'est qu'une coopérative, qui est un peu quétaine, qui est un peu
niaiseuse. C'est ça la vision qu'ont beaucoup de gens malheureusement.
Alors, on voudrait que les coopératives, on les aime quand elles sont
grosses, on les trouve extraordinaires, on trouve qu'elles contribuent au
développement du Québec, qu'elles sont magnifiques, que leur
philosophie est celle que l'on souhaiterait se voir développer dans
toutes les entreprises, mais quand elles sont petites on trouve ça bien
emmerdant, bien ennuyeux. Et ça demande tout le temps, c'est finalement
compliqué. Alors, on aimerait ça qu'elles soient grosses tout de
suite. Bien, c'est bien de valeur, mais Desjardins a commencé dans le
fond de son sous-sol, de sa cave, parce que, dans ce temps-là, ça
s'appelait une cave et maintenant c'est devenu l'institution financière
que l'on connaît.
Actuellement, il y a un certain nombre de petites entreprises, et nos
sociétés ont changé, on n'est plus au début du
siècle, on est en 1990, nos sociétés industrielles sont
complexes, nos sociétés commerciales sont complexes, alors une
petite entreprise qui veut démarrer selon la formule coopérative
a besoin, pas seulement de fric, pas seulement de capital, elle a besoin de
conseils, elle a besoin d'être soutenue dans son initiative, parce que ce
ne sont pas les mêmes règles qui régissent et la mise en
place et le fonctionnement et l'opération d'une coopérative. Et
dans ce sens-là, l'attitude que l'on prête à un certain
nombre de critiques qui sont au journal des forestiers est effectivement
l'attitude qu'a habituellement le monde traditionnel de l'entreprise à
l'égard des coopératives. Souvenez-vous comment Desjardins
était la risée des entreprises commerciales, parce qu'on disait:
Eux autres, ils ont peur du risque. Bien, oui, ils n'étaient pas
capitalisés comme les banques. Ils n'avaient pas les mêmes
obligations. Et c'était normal qu'ils prennent pas mal moins de risques,
parce que c'était l'épargne des petites gens qu'ils avaient
à gérer et à faire fructifier. Alors, oui, ils
étaient plus prudents. On disait: Ils n'osent pas, eux. Ils n'osent pas
participer à notre progrès, à notre développement.
Maintenant qu'on leur a donné un encadrement leur permettant de vivre
dans les mêmes règles que les institutions financières
traditionnelles, ils en font, du capital de risque, et ils investissent, donc,
dans notre développe- ment, dans notre progrès économique.
Mais il fut un temps où on les regardait en s'en moquant un peu. On ne
s'en moque pas maintenant, c'est notre plus beau fleuron.
Alors, les entreprises qui naissent actuellement dans le secteur des
coopératives au Québec ont besoin d'être soutenues, ont
besoin d'être conseillées. Et on est en train, à mon point
de vue, de saccager complètement ce qu'on a fait à leur endroit
depuis bon nombre d'années. Ça a pris du temps avant qu'on
s'ajuste. On se souviendra qu'il y a eu une première formule de
Société de développement des coopératives qui a
été réaménagée, qui a été
transformée en société d'État, telle qu'on la
connaît maintenant. Mais je vous jure que la façon dont on compte
démanteler la société en en mettant un petit bout à
la SDI et un petit bout quelque part au ministère, puis en se donnant
toutes espèces de raisons qui sont, à mon point de vue,
absolument de faux prétextes pour démanteler la
société, on va nuire au développement et au progrès
des coopératives au Québec, M. le Président.
Cela étant dit, j'aimerais revenir maintenant d'une façon
beaucoup plus précise sur des prétentions qu'a le ministre, qu'il
a énoncées au moment du discours de l'adoption de principe et
qu'il a énoncées aussi au moment du dépôt du projet
de loi. Là, vous allez me permettre de vraiment trouver ça d'un
ridicule consommé. Le ministre nous dit: La visibilité des
coopératives de même que l'encadrement et la technique
nécessaires à la concrétisation des projets seront ainsi
assurés. Mais on n'en a que faire, de la visibilité, M. le
Président, dans un ministère. Parce que ça va faire
visible, ça va être visible dans un organigramme de
ministère. Ça n'aura plus pignon sur rue. Ce sera
intégré à la SDI. Mais ça va être plus
visible. Bien, non, dites-nous autre chose, M. le Président, mais pas
que ça va devenir plus visible parce que tout d'un coup, on la morcelle,
on l'envoie un peu partout et on dit: Ça va être plus visible.
Non. On ne veut pas être visible pour être visible. On veut
être visible pour que les gens puissent venir nous trouver, nous demander
de l'aide et qu'on puisse intervenir avec eux. Alors, ça, là,
ça va complètement à l'envers de ce que fait le ministre.
Il nous dit ça dans son communiqué et il le répète
dans son intervention. Voyons. Il va y en avoir moins, de visibilité, M.
le Président, pour les programmes d'aide au développement des
coopératives. J'espère qu'il en est conscient et qu'il s'en rend
compte, le ministre, à ce moment-ci.
Ensuite, il nous dit que c'est absolument extraordinaire, dans son
discours autour du projet de loi: C'est tout à fait remarquable. Je le
cite: La contribution, M. le Président, des coopératives dans le
développement économique du Québec est remarquable. Et
là, il identifie un certain nombre... il donne un certain nombre de
chiffres: 800 000 membres, 2 000 000 000 $
d'actif, 4 000 000 000 $ de chiffre d'affaires. Et là, il dit:
J'aimerais profiter de ce moment pour reconnaître la performance de
l'équipe de la Société de développement des
coopératives et sa contribution essentielle au développement des
coopératives dans toutes les régions du Québec. Bien, pour
quelqu'un qui est essentiel, disons qu'il est rayé rapidement de la
carte, hein? S'il contribue réellement au développement du
Québec et si c'est si remarquable, ce qu'il fait, j'ai un peu de
difficulté à voir comment le ministre peut affirmer une telle
chose et, du même souffle, dire: Merci, on ferme la boutique.
Occupez-vous d'autre chose. On va vous envoyer un peu partout dans nos
ministères et organisations. Vous serez plus visibles là
évidemment, puis les coopératives seront sûrement mieux
servies. Le ministre se pose un certain nombre de questions et il nous dit:
Est-ce qu'on peut tout regrouper sous la Société de
développement des coopératives plutôt que d'en mettre une
partie au ministère et une partie à la SDI? Et à cela, il
répond: Mais non, c'était une possibilité mais la
réponse a été négative, car le ministère
aurait été obligé de maintenir des activités parce
que le ministère doit administrer la loi sur le développement des
coopératives et il doit administrer le Régime d'investissement
coopératif et faire la promotion des coopératives. Si la
Société de développement des coopératives fait la
promotion des coopératives, le ministère n'a pas besoin de faire
la promotion des coopératives. Alors, c'est un faux prétexte.
S'il a besoin d'administrer des lois, de les gérer, de les superviser,
mais n'importe quel ministère qui a un très bon
secrétariat peut faire ça. On n'a pas besoin de démanteler
sa société pour en prendre la moitié et la mettre au
ministère et dire: Là, maintenant, on est sûr qu'on ne fera
pas double emploi quelque part. Tout d'un coup que le double emploi aurait
été dans le mauvais sens et que ce qui aurait été
pertinent, c'est de prendre les fonctions qui sont assumées actuellement
au ministère, de n'en garder que des fonctions très
légères qui peuvent s'assumer par un secrétariat de
ministère et que l'essentiel des activités s'en aille à la
SDC. Peut-être que ça aurait été ça, la
solution.
Le Président (M. Jolivet): Mme la
députée.
Mme Marois: Oui, M. le Président. Malheureusement, mon
temps est écoulé parce que j'en aurais comme ça pendant au
moins une heure...
Le Président (M. Jolivet): Pour le moment, vous avez 20
minutes.
Mme Marois: ...à répliquer sur chacun des
éléments que nous apporte le ministre. Nous allons
procéder éventuellement parce que je crois que mes
collègues ont des interventions à faire, nous allons
procéder éventuellement à l'étude article par
article, mais je le fais la mort dans l'âme, M. le Président,
parce que je pense que l'on prend - et je le dis très sincèrement
- je pense que l'on choisit la mauvaise voie, le mauvais moyen pour obtenir une
fin pourtant fort positive qui est de soutenir le développement des
coopératives. On ne le fera pas, M. le Président, par le projet
de loi qui est devant nous. Je vous remercie et je reviendrai.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a d'autres... M.
le député de Beauce-Nord.
M. Audet: C'est juste une question que je veux vous adresser, M.
le Président. Est-ce que le ministre a son droit de réplique
après une intervention dans les remarques préliminaires?
Le Président (M. Jolivet): Je vais juste vous dire qu'il
reste au ministre neuf minutes environ sur son droit. Il peut le morceler s'il
le désire pour répondre ou attendre à la fin, ça
dépend de lui. Mais il y a d'abord l'alternance.
M. Audet: O.K. Ça va. C'est correct. Merci.
Le Président (M. Jolivet): Ça va? Est ce que vous
voulez, M le ministre, l'utiliser tout de suite ou attendre?
M. Tremblay (Outremont): Est-ce que.. Il y a deux autres
intervenants, oui.
Le Président (M. Jolivet): Pour le moment, le
député d'Ungava m'a demandé son droit de parole. Mais il y
a l'alternance d'abord, au départ.
M. Tremblay (Outremont): O.K. Très rapidement, M. le
Président. On a fait allusion à la lettre de M. Claude
Béland. Il faudrait peut-être lire au complet la lettre de Claude
Béland qui ne questionne pas comme tel les orientations
ministérielles, mais qui voulait avoir des assurances au niveau des
mécanismes d'implantation des changements, entre autres, au niveau du
comité aviseur et au niveau des programmes gouvernementaux. Le 29
novembre 1990, j'ai répondu à Claude Béland et je dois
vous dire que la directrice du Conseil de la coopération du
Québec, la directrice générale, a reçu cette lettre
et s'est dite très heureuse de son contenu. Si M. Béland n'a pas
pris soin de me répondre, j'en conclus que si la directrice
générale du Conseil de la coopération du Québec se
dit satisfaite du contenu de la lettre, parce que c'est très bien dit
que dans la lettre de M. Béland, il ne s'attend pas à ce que
j'inclue tout dans le projet de loi, mais il voulait avoir une réponse
par écrit, ce que je lui ai donné, incluant une esquisse du
programme d'aide au regroupement des entreprises coopératives auquel
faisait allusion la députée de Taillon, ainsi que le
rôle et la composition du comité aviseur.
Deuxièmement, en ce qui concerne le Mouvement Desjardins... Parce
que j'ai discuté de ce projet avec M. Claude Béland qui a
été le premier à donner son appui au projet à
certaines conditions, je l'admets, qui ont été clairement
définies. Le Mouvement Desjardins a évolué et aujourd'hui,
au sein même du Mouvement Desjardins, la coopérative fait bon
ménage avec le capital parce que, pour grossir, le Mouvement Desjardins
a cru bon capitaliser la Société d'investissement Desjardins, le
Crédit industriel Desjardins, Tremplin 2000 et, récemment, des
parts permanentes. C'est vrai que la culture coopérative comme telle est
différente aujourd'hui d'un autre genre de culture qu'on dirait plus
culture de banquier. Sauf que si on veut changer les mentalités, si on
veut améliorer les choses au Québec, si on veut travailler
davantage ensemble, on doit équilibrer les forces. Le présent
projet de loi permet justement cet équilibre des forces dans le meilleur
intérêt du développement économique de toutes les
régions du Québec et, spécialement, le
développement des coopératives.
Le Président (M. Jolivet): M le député
d'Ungava. (20 h 45)
M. Christian Claveau
M. Claveau: Oui, M. le Président. Dans ce que le ministre
vient de nous dire, il me semble qu'il a oublié quelques
éléments du milieu coopératif. Lorsqu'on parle de
coopératives, on ne parle pas uniquement du Mouvement Desjardins, il
faut bien s'entendre. C'est certain que le Mouvement Desjardins est rendu avec
45 000 000 000 $ d'actif, sinon plus, ça commence à être
relativement important, et que là, il y a une dimension nouvelle dans
l'aspect coopératif, vu à travers Desjardins. C'est vrai, j'en
conviens. Mais ce n'est pas une raison pour tout chambarder l'approche qu'on
doit avoir, comme société, envers le mouvement coopératif.
Il faut bien s'entendre, d'abord, que les coopératives naissent souvent
dans les régions, dans les milieux défavorisés, avec des
gens qui cherchent des moyens de se prendre en main. Je suis même
obligé de vous dire que ce n'est pas toujours Desjardins qui les aide le
plus pour ce faire. J'en connais des exemples. Vous savez, il y a des fois
où une coopérative réussit à se financer bien
mieux, une petite coopérative, dans des milieux de vie, réussit
à se financer bien mieux à partir du capital privé
qu'à partir d'un mouvement coopératif de même, comme
Desjardins. C'est peut-être un peu malheureux, mais enfin, ça fart
partie des contraintes dans lesquelles on a à vivre dans nos
milieux.
J'ai hâte de voir, M. le Président, les bonzes de la SDI,
les superfinanciers, les grands connaisseurs de la SDI, en termes
d'investissement et de rendement sur le capital, comment ils vont traiter, par
exemple, une demande pour une garderie coopérative. Ça
m'intéresserait de savoir de quelle façon on va regarder
ça à l'avenir, moi, qu'est-ce que c'est qu'une garderie
coopérative. De quelle façon on va analyser et regarder et qui va
s'occuper d'aider, par exemple, à la mise en place d'une
coopérative de service en milieu scolaire, comme on en a dans nos
universités, enfin dans certains cégeps, où des jeunes se
regroupent entre eux autres pour essayer de trouver des moyens de pouvoir, dans
des contextes difficiles... Parce que ce n'est pas toujours des enfants de
personnes très aisées qui fréquentent nos cégeps et
nos universités, alors on essaie de trouver des moyens pour s'acheter
des ordinateurs, enfin, et répondre aux demandes de plus en plus
croissantes d'investissement dans le scolaire, dans la mesure où les
budgets sont coupés là-dedans aussi et où les frais de
scolarité sont de plus en plus élevés. Alors, il faut
trouver des moyens. Les coopératives en milieu scolaire ont leur raison
d'être.
Parlons, par exemple, des coopératives d'alimentation, avec les
hauts et les bas que ces coopératives-là peuvent avoir. On sait
très bien que dans bien des milieux les coopératives de
consommation sont encore à peu près la seule façon... Et
là, je parle en milieu éloigné. Si tout le monde pense que
les coopératives de consommation sont disparues au Québec parce
qu'il y a un groupe, la Fédération des coops, qui s'est
démantelé il y a quelques années, eh bien, vous vous
trompez. Il y a encore des coopératives de consommation et
d'alimentation qui fonctionnent au Québec et qui fonctionnent
très bien, j'en connais moi-même, et je peux vous assurer que leur
raison d'être existe. Vous savez, quand vous vous retrouvez dans certains
milieux où il y a à peu près juste une alternative, que ce
soit Provigo, que ce soit la Hudson's Bay, que ce soit quelque groupe de
grandes entreprises que vous voulez, quand la seule alternative pour avoir de
la concurrence est de passer par le milieu coopératif, eh bien, on y va.
Et dans ce sens-là, la Fédération des coops du
Nouveau-Québec est un excellent exemple, c'a été la seule
façon que les Inuit ont pu trouver au cours des années pour
réussir à faire infléchir un peu les prix et la
gourmandise de la fameuse Compagnie de la Baie d'Hudson qui, même si elle
a changé de si-gle et d'image publique dans le Sud, est restée
tout à fait ce qu'elle était dans le Nord. On ne parle pas encore
des magasins La Baie avec d'immenses étalages d'ordinateurs,
d'équipement électronique et de vêtements. Ce sont toujours
les magasins de la Hudson's Bay qui traitent d'abord dans la fourrure et dans
l'alimentation. Donc, ça, c'est toute une approche du milieu
coopératif qui semble être évitée par le projet de
loi en question.
Il faut bien comprendre, M. le Président,
que les coopératives, quand ça s'installe dans un milieu,
ça n'a pas comme première préoccupation le rendement sur
le capital. Une coopérative, généralement, ça
s'implante là où il y a des problèmes et la où les
gens essaient de trouver des solutions pour maintenir un minimum d'emplois,
pour maintenir de la vie dans des milieux. Si on avait travaillé
uniquement en fonction du rendement sur le capital,. M. le Président,
les coopératives sylvicoles comme la Coopérative de Guyenne, en
Abitibi, n'auraient jamais vu le jour. Bon. Ça a pris des années,
ça a avancé tranquillement, l'idée a fait son chemin, on
est allé se chercher des compétences, on a fini par... Bon. Les
premières expériences ont été des catastrophes
complètes, on a perdu les premières récoltes et,
finalement, petit à petit, on a fini par créer une entreprise
sylvicole de production de plants en serre qui est parmi les plus belles au
Québec, et reconnue, et qui a fait revivre un petit village d'Abitibi
qui était, à toutes fins pratiques, en voie de disparition, qui
s'appelle le village de Guyenne, dans le comté d'Abitibi-Ouest, à
quelques milles à l'est de La Sarre. Bon. Mais si ça n'avait pas
été de ça, de l'esprit coopératif, c'est tout de
même à se demander si, aujourd'hui, ce village-là
existerait encore. C'est ça, l'esprit fondamental des
coopératives, ce n'est pas les tours Desjardins au centre de ITIe de
Montréal. Il faut bien comprendre que derrière les tours
Desjardins il y a eu d'abord des 0,05 $ qui ont été
ramassés de peine et de misère par du monde qui croyait à
la nécessité de se mettre ensemble pour bâtir quelque
chose. Et puis ces gens-là n'avaient pas, au départ,
l'idée de bâtir un empire. Non. Tout ce qu'ils voulaient,
c'était d'avoir dans chacun des milieux des petites caisses qui leur
permettraient de fonctionner, de pouvoir aller faire des petits prêts
puis de pouvoir avoir un minimum d'intégration économique dans
des petits milieux donnés où il n'y a jamais une caisse ou une
banque qui aurait voulu s'installer parce que c'est une gang de pauvres, de
tout nus, comme on les appelait. Bon, j'en sais quelque chose, je suis de ce
milieu-là. On a fait rire de nous autres assez longtemps quand on
était jeune qu'on n'a plus envie de faire rire de nous autres
actuellement. C'est bien de valeur, mais c'est ça.
Moi, je suis né, M. le Président, au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, sur une petite terre qui donne dret sur le lac, dans
le rang 1 de Saint-Henri-de-Taillon. Puis je vais vous dire une affaire, si on
n'avait pas eu de coopérative au Saguenay-Lac-Saint-Jean pour assurer un
minimum de développement dans les années trente, quarante,
cinquante, il n'y aurait jamais eu de développement au
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Aujourd'hui, si le Saguenay-Lac-Saint-Jean a
réussi à se mettre sur la carte, c'est grâce au
développement des coopératives. C'est parce qu'on a passé
par un système coopératif qui était très fort et
qui est toujours fort dans cette région-là. C'est ça qui a
maintenu le tissu social économique du Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui a
permis aux agriculteurs de passer au travers, qui a permis à la petite
entreprise de s'implanter, qui a permis d'avoir du financement pour tous ces
gens-là à travers le réseau Desjardins dans le temps qu'il
n'avait pas encore des milliards, mais qu'il croyait aux investissements dans
le milieu. C'est à cause de ça qu'on a réussi à se
mettre debout, à se mettre sur la carte en tant que région. S'il
avait fallu attendre le grand capital, dès que l'Alcan est venue
s'établir au début du siècle, ce n'est pas eux autres qui
ont développé la région pour y donner le tissu
économique. Parce que si on ne s'était pas donné des
moyens, à nous autres, de contrôler les tenants et les
aboutissants de l'économie régionale, eh bien, ça se
serait vidé. Ça serait parti. Il n'y aurait rien qui serait
resté. C'est à cause du milieu coopératif, des mouvements
coopératifs qu'on a réussi à bâtir une
région. C'est ça, les coopératives, fondamentalement
Allez voir ce qui s'est passé dans le Bas
Saint-Laurent-Gaspésie, quand le gouvernement libéral des
années soixante-dix avait décidé de vider des villages.
C'a été coopératif, le mouvement du JAL a réussi
à implanter des gens là. Ce n'est pas parce que le gouvernement
libéral d'alors voulait. Non, il avait décidé de vider la
Gaspésie. On fermait les villages, ça coûtait encore moins
cher que de maintenir du monde. Puis, tant pis si vous vous en allez sur l'aide
sociale puis que vous allez grossir les faubourgs de Montréal comme
assistés sociaux, nous autres, ce qu'on veut comme gouvernement, c'est
vider la Gaspésie. C'est ça, la décision des années
1971, 1972 et 1973 qui a été appliquée puis qui a
été contrecarrée parce qu'il y avait un mouvement
coopératif fort qui s'est implanté dans le
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, qui s'appelait le JAL à ce
moment-là, qui a réussi à contrecarrer les ambitions d'un
gouvernement qui avait décidé de vider une région parce
que ça coûtait moins cher. Et tant pis pour le reste. Tant pis
pour l'accumulation d'assistés sociaux dans les banlieues ou dans les
centres-villes à l'extérieur Ce n'est pas ça qui
l'intéressait. Ce qui l'intéressait, c'était de
régler un problème en le liquidant tout simplement. Et là,
le ministre va plus loin. Il dit: On ne se fera plus jouer de tours par les
coopératives, on va les étrangler, toute la gang; comme
ça, on pourra faire ce qu'on va vouloir en région. Ça
ressemble à peu près à ça.
M. le Président, si on n'a pas de mouvement coopératif
fort dans nos régions du Québec - j'espère que vous avez
un minimum de sensibilité pour les problèmes régionaux -
s'il n'y a pas un mouvement coopératif fort, il n'y a personne qui va
rester dans nos régions. On n'a pas à compter sur la grande
entreprise pour y rester, ce n'est pas vrai. Et les petits contrac-teur, ils
font bien ce qu'ils peuvent dans le privé, mais ils se font vite
engloutir par les
grands, surtout quand les politiques gouvernementales sont à cet
effet-là. Et on a juste à voir ce qui se passe actuellement avec
nos contracteurs en région, nos petits entrepreneurs qui essaient sur
une base individuelle d'investir un peu de capital pour vouloir se
développer et maintenir des activités dans nos régions.
Ça ne prend pas de temps qu'ils se font engouffrer carrément par
les grandes entreprises. Et si vous voulez que je vous en donne une liste, ici,
des gros contracteurs qui se donnent un mal fou à manger nos petits
contracteurs, ça va me faire plaisir de vous la fournir, la liste, si
jamais vous ne l'avez pas. Mais je les connais les noms, puis pas mal d'autres
de nous autres les connaissent aussi. Puis là, le ministre est en train
de jouer exactement la "game" de ce monde-là. Il est en train de faire
en sorte d'enlever des régions les coopératives qui, finalement,
sont un peu comme un mal de dent pour certains entrepreneurs privés et,
surtout, des gens de l'extérieur qui voudraient bien prendre du
marché dans nos régions, mais qui se font souvent au moins barrer
les pattes un peu, dont le cheminement est empêché à bien
des égards par des coopératives qui veulent que les choses se
passent dans le coin.
Le ministre a beau faire les grimaces qu'il voudra, c'est ça
l'image. Il s'en viendra vivre chez nous pendant quelques mois, il va voir
comment ça se passe. C'est ça le problème. Pensez-vous, M.
le Président, que la SDI va prendre la relève? Non. Ma
collègue en doute, moi, je vous dis: Je n'en doute même pas. Ce ne
sera pas ça parce que la SDI va travailler uniquement... D'abord, c'est
une société de développement industriel, c'est clair.
C'est de l'industriel qui l'intéresse. L'industrie du service, ce n'est
pas son fort. La petite entreprise de gens qui s'accrochent à leurs
acquis, qui s'accrochent au terroir pour essayer de continuer à vivre
dans leur région, ce n'est pas son fort. Et c'est là-dessus qu'il
faut axer. C'est là-dessus qu'il faut travailler si on veut maintenir
des activités économiques en région, et ça, le
ministre ne semble pas le comprendre.
M. le Président, c'est simple, on a en place une structure qui
donne des services aux coopératives. Alors, je veux bien croire que le
Mouvement Desjardins sent qu'il a de moins en moins besoin de la
Société de développement des coopératives. C'est
clair que Desjardins est capable de se financer tout seul, qu'il est capable de
payer ses experts lui-même. Je ne peux pas croire que Desjardins est
encore à la remorque de la Société de développement
des coopératives. C'est évident, on n'a pas besoin d'un gros
dessin pour ça. Mais, M. le Président, on a des petites
coopératives dans nos milieux qui ont besoin, elles, d'expertises, de
gens qui connaissent ça, qui sont capables de les conseiller, qui sont
proches d'eux autres, qui ont l'habitude de vivre en milieu coopératif,
qui ont un réflexe de coopérateur, pas un réflexe de
financier, un réflexe de coopérateur, des gens qui sont
spécialisés là-dedans et qui sont regroupés
à l'intérieur d'une société qui s'appelle la
Société de développement des coopératives dont
c'est la spécialité, M. le Président. Et quand le ministre
dit ou louange le rôle des coopératives dans le passé du
Québec, eh bien, ça, il devrait le prendre en
considération parce que, que le ministre le veuille ou non, le
rôle des coopératives, il n'est pas fini. Puis, dans le futur du
Québec, on va en avoir besoin puis peut-être plus qu'il ne le
pense, de coopératives parce que la crise actuelle, entre autres, juste
au niveau de la crise qu'on traverse actuellement, s'il faut attendre le
capital étranger ou les grandes entreprises montréalaises pour
investir dans nos régions, M. le Président, on a des chances de
crever, de sécher sur la corde à linge, comme on dit par chez
nous. C'est ça qui va arriver. Et s'il faut attendre que des
spécialistes qui sont orientés sur des milieux financiers et qui
n'ont pas le réflexe de l'activité, de la structure, de
l'organisation de la coopérative, viennent nous donner des conseils pour
savoir comment s'organiser, eh bien, M. le Président, je vous dis une
affaire, on n'est pas sortis du bois. C'est peut-être vrai qu'on est un
peu reculés dans les régions, mais, là, le ministre
s'organise pour nous reculer au bout.
Mais il y a une chose, par exemple, c'est que ça fait longtemps
qu'on a compris, puis on est capables de réfléchir, puis si on se
décide de se revirer sur nos talons, vous allez voir que ça ne
prendra pas de temps. Puis le ministre va comprendre assez rapidement son
erreur. Sauf que le problème, c'est qu'on risque de se retrouver dans
quelques mois, après une catastrophe suite à cette
opération-là, on risque de se retrouver encore une fois devant un
projet de loi qui va essayer de ramasser les morceaux. C'est ça qui est
le danger, si jamais le ministre accepte d'avouer qu'il s'est trompé.
Mais, nous, on les connaît, les effets de ça. On sait comment
ça fonctionne dans le milieu, on n'est pas dupes de ce genre de
démarches là, finalement, qui visent, à mon avis, à
éliminer carrément du marché une gang de parasites ou de
petites entreprises qui nuisent au développement du grand capital, puis
qui vont chercher une petite part de marché ici et là, pour le
développement de nos régions. C'est ça, le
problème. Et quand le ministre rit, il n'aurait qu'à comprendre,
puis, s'il veut comprendre, il n'aurait qu'à regarder comment certains
gros entrepreneurs qu'il connaît très bien, parce qu'ils sont bien
impliqués dans le Parti libéral, fonctionnent avec des petits
contracteurs dans nos régions pour aller voler les contrats à nos
contracteurs régionaux. Ils s'organisent, à travers plusieurs
chapeaux, pour soumissionner en même temps à peu près dans
toutes les régions du Québec, sous toutes sortes de noms, en
alliance avec des petites
entreprises locales et, durant ce temps-là, les autres
contracteurs régionaux qui n'ont pas embarqué dans la "game", eux
autres sont tous obligés de crever, ils tombent tous comme des mouches,
un en arrière de l'autre. Et si le ministre ne le comprend pas, je peux
lui faire un dessin dret dans le corridor, ça ne sera pas long
tantôt, et puis c'est exactement ce qui va se passer aussi au niveau du
développement industriel, touristique et autres, développement
forestier, si on enlève le support et l'aide aux petites
coopératives. (21 heures)
Si on regarde juste dans le milieu, par exemple, du reboisement, il y a
des entreprises qui seraient intéressées. On sait qu'il y a de
grosses entreprises au Québec qui voudraient bien essayer de s'impliquer
et de prendre le monopole et essayer de se développer comme des
multinationales ou des grands experts dans le domaine du reboisement, de la
clarification et ces choses-là. Mais, malheureusement pour eux autres,
il y a de petites coops un peu partout dans toutes les régions qui
réussissent à décrocher des contrats. Si on enlève
le support à ces coops-là parce que ces coops-là ne
fonctionnent pas uniquement dans un esprit de profit - ce n'est pas 13,5 % de
rendement sur le capital qui les intéresse, c'est de faire vivre du
monde dans la place, bon - et si on ne laisse pas le support nécessaire
à ces entreprises-là, s'il n'y a personne quelque part qui a une
vision coopérative, qui pense en coopérateur, qui croit au
mouvement des coopératives, eh bien, tranquillement, ces petites
coopératives-là qui supportent des emplois mal
rémunérés, vous me direz, mais on travaille pour que
ça soit mieux rémunéré et que ça reste dans
nos régions, s'il n'y a personne qui vient supporter ces
entreprises-là, eh bien, tranquillement pas vite, elles vont se tasser,
elles vont finir par disparaître. Ça va être des faillites
par manque de support technique parce qu'elles ne sont pas capables de se payer
du support d'une façon inconditionnelle chacune, individuellement. Il
faut qu'il y ait quelqu'un quelque part qui pense, qui ait le même esprit
qu'eux autres. Ça, c'est au gouvernement à donner cet
esprit-là, ce support-là.
Alors, si on néglige ça, eh bien, M. le Président,
je suis prêt à mettre la main dans le feu que d'ici à trois
ou quatre ans il n'y aura plus aucune coopérative forestière
à travers le Québec et qu'on va peut-être avoir deux ou
trois grandes entreprises contrôlées par des bonzes de
Montréal qui vont faire du reboisement sur l'ensemble du Québec
et il n'y aura plus d'emplois en région. C'est ça qui va arriver.
C'est ça que le ministre ne comprend pas ou bien il le comprend
tellement bien qu'il décide de jouer le jeu jusqu'au bout parce que
c'est peut-être ça, aussi, le mandat qui leur a été
donné par cette gang-là: de faire crever toutes les
coopératives au Québec. Blés ont déjà assez
de misère comme ça. Mais le ministre semble refuser de voir
comment ça va se passer réellement. Mais c'est comme ça
que ça va se passer, M. le Président.
Je finirai juste par un petit exemple qui va peut-être permettre
au ministre de s'ouvrir les yeux. Vous savez, ce n'est pas en intégrant
tout sous un même chapeau, en essayant d'éliminer la
spécificité de chacune des activités qu'on va aider. Non,
ce n'est pas vrai. Et à preuve, M. le Président, je prendrai le
ministre dans son propre piège, dans un piège de son propre
gouvernement. Parlons d'Hydro-Québec pendant 30 secondes. Quand on a
voulu développer de petites centrales hydroélectriques, des
petites centrales hydroélectriques, qu'est-ce que son gouvernement a
fait, M. le Président? Il a dit: Ah! Hydro-Québec, des
spécialistes des gros barrages. Eux autres, c'est des gens de grosses
productions. C'est des ingénieurs qui ne sont pas capables de mettre
moins de huit zéros on arrière d'un un. Il faut des gros chiffres
pour que ça travaille. Donc, on va donner ça à
l'entreprise privée. On va passer une loi sur le régime des eaux
qui va permettre à l'entreprise privée de pouvoir se
développer une expertise sur les petits barrages. Et c'est ce qui est
arrivé dans la même logique. On a dit: Hydro-Québec, on les
laisse avec les gros barrages, et puis on va donner à l'entreprise
privée la possibilité de se développer une expertise dans
les petits barrages. Bon. C'est discutable mais, en tout cas, c'est comme
ça que ça marche. Bien, c'est ça qui se passe dans le
domaine actuellement, dans ce qu'on a là. Si on rallie les
coopératives à la grosse entreprise, à celui qui a
à voir avec le capital, qui est habitué de gérer avec des
perspectives de rendement et de grosse production, eh bien, il ne sera jamais
capable de comprendre le coopérateur, le pourquoi de l'importance de
petites coopératives dans des milieux de vie difficiles où le
capital ne va pas de lui-même, où le capital privé, pour le
moins, ne va pas de lui-même. À ce moment-là, le ministre
aurait avantage à méditer un peu sur la démarche qui a
été faite par Hydro-Québec qui veut que lorsque - si c'est
vrai pour HydroQuébec, ça peut être vrai pour d'autres
aussi - qui veut que lorsqu'on a une expertise du gros, du grandiose, du grand,
on est peut-être mieux de laisser la petite initiative du milieu entre
les mains d'une autre expertise ou d'une autre compétence. Et dans le
cas présent, on l'a au Québec, cette compétence-là.
Alors, il n'y a rien qui justifie qu'on la démolisse. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Taschereau.
M. Jean Leclerc
M. Leclerc: Merci, M. le Président. En remarques
préliminaires, est-ce que, d'abord, vous
me permettriez de me faire le porte-parole du parti ministériel
pour demander au député d'Ungava de parier un peu moins fort?
M. Claveau: Si je lui casse les oreilles, il a juste à
sortir.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
M. Leclerc: Non, non, écoutez. Il y a à peu
près cinq pieds qui nous séparent, M. le député
d'Ungava. Vos arguments ne sont pas plus pesants parce qu'ils sont
criés. On a... J'ai demandé au prédécesseur du
monsieur qui est là de baisser le son au maximum tout à l'heure.
On en a pour quelques heures à se parler...
M. Claveau: Je vais...
M. Leclerc: ...à se parler. Alors, nous vous demanderions,
si c'était possible, de parler un peu moins fort. Ayez donc la
délicatesse.
Ceci dit, M. le Président, le député d'Ungava nous
a parlé des garderies, des coops d'alimentation qu'il voyait dans sa
boule de cristal, fort mal servies par une SDI capitaliste gérée
par des magnats de la haute finance. Il faudrait d'abord lui rappeler - et je
pense qu'il le sait - que les gens de la SDC seront ceux, dans la nouvelle
formule que nous proposons, intégrés à la SDI, seront ceux
qui traiteront les dossiers des coopératives. Alors, il ne s'agit pas
là... D'abord, il faut aussi lui dire qu'à la SDI il n'y a pas
que des gros dossiers, il y a de fort petites entreprises qui font affaire avec
la SDI. il n'y a pas que des magnats de la haute finance qui sont analystes
à la SDI, il y a des gens, aussi, qui ont l'habitude de plus petits
projets. Mais, malgré cela, ce sont les actuels analystes de la SDC qui
vont faire le travail à la SDI. Donc, il peut avoir toutes les
assurances possibles que ces gens-là, qui ont développé
beaucoup de doigté et d'expertise à travailler avec les
coopératives, sauront le faire sous la nouvelle direction de la SDI.
Évidemment, le député fait de grossières
exagérations et nous dit des énormités lorsqu'il
prétendrait que le gouvernement, par ce projet de loi, vise à
éliminer du marché des coopératives qui
compétitionnent le secteur privé plus traditionnel. Tout le monde
est d'accord, est convaincu, au Québec, du grand apport des
coopératives dans toutes sortes de domaines de l'activité, que ce
soient des coopératives agricoles, des garderies, comme il l'a
mentionné, des grandes institutions financières, des plus petites
entreprises, bref, il y a des coopératives dans à peu près
toutes les sphères d'activité au Québec. Je ne pense pas
qu'il y ait un Québécois, aujourd'hui, au Québec, qui
remette en question l'apport des coopératives.
J'essaie de comprendre qu'est-ce qui peut faire conclure au
député d'Ungava qu'avec notre loi nous voudrions éliminer
les coopératives du marché. Bien au contraire, nous voulons
continuer à les aider, nous voulons continuer à faire en sorte
que les coopératives se développent au Québec. Que le
député puisse ne pas être d'accord sur les moyens que nous
allons emprunter, c'est son droit le plus strict, mais je ne pense pas qu'il
ait le droit, bien que nous en soyons aux remarques préliminaires, de
dire des énormités comme il l'a fait à quelques reprises
pendant son intervention, disant que nous voulions éliminer du
marché des coopératives. C'est assez grave, ce que vous nous
prêtez comme intention. Bien voyons donc! Parce que nous allons traiter
des demandes d'aide financière des... Les demandes d'aide
financière des coopératives seront traitées par les
mêmes personnes. Au lieu que ça s'appelle SDC, qu'il y ait SDC sur
le papier à lettres, ça va être SDI, vous pensez qu'on va
éliminer... Vous croyez ça sérieusement, vous! Enfin.
Donc, je pense que, bien qu'on en soit aux remarques
préliminaires, bien que le député puisse ne pas être
d'accord sur les outils que nous comptons utiliser pour aider les
coopératives au Québec, ça ne lui donne pas le droit, M.
le Président, de dire toutes sortes d'énormités. Je pense
que si nous voulons avoir une étude sérieuse du projet de loi il
ne faudrait pas commencer à imputer toutes sortes de motifs au
gouvernement et aux membres qui le composent. Je ne laisserai pas, moi, comme
parlementaire, député de Taschereau, permettre, je ne laisserai
pas, dis-je, au député d'Ungava le soin de dire à peu
près n'importe quoi sur les intentions du gouvernement. Nos intentions
sont sérieuses, nous voulons continuer à aider les
coopératives, nous reconnaissons tout le travail qu'elles ont fait et
qu'elles continuent à faire et qu'elles vont continuer à faire.
Que nous soyons d'accord ou non sur les moyens, c'est une chose, mais je ne
permettrai pas au député de continuer à dire autant
d'énormités, M. le Président, et je lui demande, pour la
bonne conduite de nos travaux, de ne pas dire de telles
exagérations.
Le Président (M. Jolivet): Merci, M. le
député. Est-ce qu'il y a d'autres personnes? M. le
député de Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: Merci, M. le Président. Je vais
faire quelques minutes là-dessus parce que le ministre, l'autre soir,
nous a invités, si on avait certaines recommandations ou suggestions
à faire pour bonifier le projet de loi, à lui en faire. Je vais
vous dire, mon intervention ne portera pas sur des suggestions à la
modification du projet de loi parce qu'on ne peut pas modifier quelque chose
qui, à sa base même, est contre l'esprit coopératif. Si on
est contre l'abolition, moi, je n'embarquerai pas dans le jeu de vous dire:
Modifiez certaines affaires et abolissez. On est pour ou on est contre
l'abolition de la Société de développement des
coopératives. Et si on est contre l'abolition, avec tous les arguments
que mes prédécesseurs ont énumérés, je ne
vois pas comment on peut embarquer dans leur jeu qui va faire en sorte qu'on va
dire: Bien, on va vous aider à améliorer quelque chose qui est
méchant en soi. Puis, c'est vrai, je trouve ça incroyable, le
beau discours. Je me rappelle ce que vous avez dit en deuxième lecture -
la première partie de votre intervention - et certaines choses qu'a
citées ma collègue de Taillon tantôt: Quand on fait
l'éloge du mouvement coopératif, quand on y croit comme quelque
chose d'essentiel au Québec et quand on va même à dire que
la Société de développement coopératif a un
rôle essentiel au développement des coopératives, on en
fait l'éloge. On vient réaffirmer sa nécessité, on
vient reconnaître qu'elle a fait un boulot extraordinaire, qu'elle a une
crédibilité dans le milieu et on en a besoin. Le mouvement
coopératif devrait prendre plus d'ampleur, selon le collègue qui
a parlé juste avant moi, il faut les aider. Il y a un seul programme qui
existe - mais, non, je m'excuse - une seule institution qui existe, finalement,
et on veut la faire disparaître pour remplacer ça par une
espèce de programme ou un service à l'intérieur d'une
autre institution. Ça veut dire qu'on la rapetisse, on la ratatine, on
la fait disparaître comme institution. Comment est-ce qu'on peut,
sincèrement et honnêtement, dire qu'on va aider davantage? Il y a
quelque chose qui n'est pas correct là-dedans, par rapport à
l'éloge qu'on fait, aux intentions qu'on manifeste et aux gestes qu'on
pose. Il y a quelque chose de totalement contradictoire et ça va avoir
des effets.
Et je pourrais vous en donner quelques exemples. En agriculture, je me
rappelle, en 1985, 1986, 1987, avoir entendu le beau discours que le
gouvernement a fini de garrocher des "guilis-guilis" partout avec 70
programmes, ça n'a pas bon sens! On va couper ça puis on va
ramener ça à 8. Bien, bravo pour vos 8 beaux programmes!
Maintenant, on peut regarder, avec les années qui ont passé,
c'est quoi les effets: 29 000 emplois de moins, directement dans le secteur
agricole. C'est beau, parfait, il y a moins d'ouvrage en administration des
programmes probablement. Il y a moins de gens qui travaillent, on est à
11,5 % de chômeurs, aussi! Alors, on est en récession
économique. On fait quoi? On se croise les bras? Ou bien si, au
contraire, on décide que dans les secteurs où on peut aider, pour
respecter le beau discours qu'on tient, on va au moins maintenir nos
institutions? Et si elles sont si performantes, et si la coopérative
peut nous amener tellement en termes de développement d'emploi et de
développement régional, comment se fait-il qu'on ne décide
pas que ça devienne une institution plus importante? Moi, c'est
très rare que j'aie entendu des choses semblables en 10 ans: C'est
extraordinaire ce que vous faites, vous êtes beaux, vous êtes fins,
vous êtes essentiels, vous allez disparaître. Ce n'est pas correct!
Je le dis parce que je le pense, je trouve que ça n'a pas de bon sens.
Si on n'y croit pas, qu'on le dise, et qu'on le fasse disparaître
carrément, honnêtement, franchement. Mais pas comme ça!
Je me rappelle le discours que je tenais en 1986, ici même,
lorsque votre prédécesseur a décidé de mettre fin
aux programmes de soutien aux CRD, aux Coopératives de
développement régional. À ce moment-là, on disait
déjà: C'est le commencement de la fin; la prochaine étape,
vous allez voir, on va encore aller en diminuant l'aide aux
coopératives. Là, là, on est rendus à l'autre
étape, alors qu'ils sont de plus en plus essentiels; à mon avis,
ils sont devenus même indispensables!
Un autre exemple, mais qui est directement relié à...
surtout aux comtés de villes, mais aussi aux mouvements
coopératifs, c'est les groupes de ressources techniques - ça va
dire quelque chose à certaines de mes collègues - les groupes de
ressources techniques, lorsque le gouvernement a aussi décidé, il
y a quatre ou cinq ans, de couper l'aide aux groupes de ressources techniques,
puis on nous a dit - puis je me rappelle le beau discours - on nous a dit: Les
groupes de ressources techniques, c'est des structures On paie du monde. On les
payait pour quoi, ces gens-là? On les payait pour favoriser l'esprit et
les développements coopératifs en matière d'habitation, et
on a dit: Vous allez voir les effets. Moins il va y avoir de monde pour
stimuler l'esprit coopératif, pour amener le goût de mettre sur
pied une coopérative d'habitation, moins il va y avoir de support
technique partout, dans toutes les régions du Québec, pour
élaborer un projet, pour ensuite le réaliser puis donner un suivi
aux gens qui sont dedans, parce qu'il y a du monde qui bouge dans /es
coopératives. On ne vient pas au monde avec l'esprit coopératif,
nécessairement. Mais il y a des gens qui avaient comme rôle de
s'assurer de la continuité, de la pérennité, au niveau des
coopératives. On a dit: Si vous coupez dans les GRT, on vous garantit,
on ne le souhaite pas, mais on est certain qu'il va y avoir diminution de
logements coopératifs. La réalité, c'est quoi? Alors qu'il
y a quatre ou cinq ans, la moyenne était de 1500 à 1700
unités coopératives par année, bon, on est rendus à
500, 600 et 700 par année. Ça a coupé... Eh bien non! Ce
n'est pas parce qu'il manque de projets, je m'excuse, M. le
député de Taschereau. Au moment où on se parle, il y
aurait eu 92 projets élaborés, prêts à être
construits, 92 projets, 3000 unités, on n'en accepte que 20 %, cette
année. (21 h 15)
M. Leclerc: Ça n'a rien à voir avec les GRT.
M. Paré: Bien non, ça n'a rien à voir
avec
les GRT. C'est trop facile de faire des conclusions semblables...
M. Leclerc: Bien, c'est ça. Pourquoi nous parlez-vous de
GRT? C'est vous qui les faites, les conclusions.
M. Paré: Je m'excuse, vous pourrez y revenir si vous
n'êtes pas content.
M. Claveau: II demandera la parole lui, là. Des voix:
Ha, ha, ha!
M. Paré: Les GRT sont des gens qui sont essentiels. Mais
là, maintenant, on coupe là où on stimule et, ensuite,
ça vient, comment je dirais, presque bénir le ministre qui
annonce des coupures dans les programmes. Pourquoi? Parce qu'il y a moins de
gens dans le milieu, il y a moins de gens pour les défendre, il y moins
de gens pour en faire la promotion.
Donc, je ne peux pas amener des modifications à la loi, il faut
que je sois contre, telle qu'elle est là, parce que c'est l'esprit
même et c'est un recul par rapport aux mouvements coopératifs. En
quoi le développement de coopératives va-t-il être
avantagé par ce qu'on est en train de nous donner? Est-ce qu'on va
augmenter le nombre de fonctionnaires? Non. Est-ce qu'on va augmenter les
budgets? Non. On a dit qu'on va juste maintenir. Sauf qu'en maintenant en
termes d'effectif -, en maintenant en termes de budget, on diminue en termes de
synergie, en termes de spécificité, en termes de groupement
professionnel reconnu, impliqué dans son milieu. Le ministre disait
tantôt - et j'ai trouvé ça frappant, mais honnête -
dans son intervention, qu'il va s'assurer qu'il y ait un représentant
qui connaît les programmes des coopératives. Dans chacun des 16
bureaux régionaux, il va y a voir un représentant, et je l'ai
écrit, parce que je me suis dit: Ça n'a pas de bon sens,
ça montre l'esprit dans lequel on s'en va. On va s'assurer qu'il va y
avoir un représentant qui connaît les programmes des
coopératives dans chacun des points de service. Donc, quelqu'un qui va
connaître les programmes. Il va faire quoi? Il va répondre
à des commandes, il va recevoir les gens, et il va dire qu'il
connaît les programmes. Il y a une différence fondamentale entre
quelqu'un qui connaît les programmes et quelqu'un qui, dans un domaine
aussi spécifique que les coopératives, croit aux programmes, qui
en fait la promotion et qui s'en occupe, qui stimule le milieu. C'est
différent, et peu importe dans le secteur où on se trouve,
quelqu'un qui connaît un programme et qui dirige des gens et quelqu'un
qui croit à une certaine forme d'entreprise et qui stimule son
développement. Et je dois vous dire qu'au moment présent le
besoin de ce mode d'entreprise est de plus en plus essentiel, parce qu'il faut
bien s'ôter de la tête... Ce n'est pas vrai que les
coopératives, c'est des petites choses, que c'est seulement des petites
choses. Loin de là, mes collègues ont donné des exemples,
et je ne veux pas m'allonger là-dessus, je veux plus revenir sur des
points bien précis, mais Desjardins a commencé tout petit, et
c'est le leader québécois en matière de finances et de
services financiers. Il s'ouvre sur le monde à partir de maintenant,
bravo! C'est extraordinaire. S'il n'y avait pas eu de coopératives
agricoles, on serait probablement des consommateurs encore davantage, parce
qu'on l'est déjà d'une façon inacceptable, de produits de
l'Ouest et de l'Ontario.
Mais les coopératives ne se sont pas contentées de donner
des services à leurs sociétaires. Qui sont les leaders du
développement de la modernisation de la recherche et du
développement des produits agricoles au Québec? C'est les
coopératives agricoles. Que ce soit dans le domaine du yogourt, que ce
soit dans le domaine des fromages fins, que ce soit dans le domaine de toutes
suites de produits que vous connaissez, je n'en ferai pas l'élaboration,
sauf que... En tout cas, je le sais pour avoir travaillé dans une, les
grands laboratoires de recherche et de développement, c'est aussi, en
grande partie et heureusement, nos coopératives agricoles. Beaucoup de
coopératives, et là, j'en conviens, sont des petites
coopératives de travailleurs. On a juste à sortir les livres de
votre ministère qui rapportent la réalité des choses au
Québec, M. le ministre, et vous allez vous apercevoir que dans le
domaine privé, comme dans le domaine coopératif, la très
grande majorité des entreprises au Québec sont des petites et
moyennes entreprises. C'est correct parce que ce sont elles qui créent
à peu près 75 % à 80 % des emplois au Québec.
Bien, bravo! Les coopératives sont à l'image, finalement,
des autres entreprises du Québec. Mais si on y croit, pourquoi
recule-t-on au lieu d'avancer, spécialement dans la période - j'y
reviens - qu'on traverse? Dans la crise économique de 1981-1982,
beaucoup de travailleurs victimes de fermeture d'entreprises privées ont
fait quoi? Ils se sont retournés de bord et ont reparti leur entreprise
sur une base plus modeste au départ, sous forme coopérative.
Encore aujourd'hui - je le sais pour y travailler - les employés
victimes de fermeture sont encore en train de recréer leur emploi sous
forme coopérative. Pour les travailleurs, c'est comme une espèce
de bouée de sauvetage.
On devrait, et je le pense sincèrement, maintenir la
Société de développement des coopératives et lui
donner des moyens plus efficaces parce que c'est normal, M. le ministre, qu'il
n'y ait pas juste une superinstitution québécoise d'aide aux
entreprises. Je l'ai dit et je le répète parce que j'y crois et
que je le sais pour travailler avec ces gens-là de façon presque
quotidienne de ce temps-là. La Société de
développement industriel joue un rôle fondamental au
Québec. Les gens qui sont là sont d'une extrême
compétence, ils sont débordés et ils sont accessibles
pareil de ce temps-là. J'ai même parlé avec ces
gens-là aujourd'hui à cause de problèmes d'entreprise.
Ça n'enlève rien à la Société de
développement industriel qui est en complémentarité une
société qui fait en sorte d'aider un autre secteur qui a ses
particularités. Et dans les régions, lors de fermetures, pour des
gens qui veulent se prendre en main, la formule coopérative, elle est
essentielle. Et le rôle joué par la Société de
développement des coopératives est essentiel, vous l'avez dit
vous-même. Elle est bonne, elle est efficace et elle joue un rôle
essentiel. Si elle joue un rôle essentiel, on devrait l'aider, surtout
quand on sait... Les preuves sont faites et, même, c'est dans les
rapports de votre ministère, où on dit que les entreprises
coopératives ont un taux de réussite et de survie qui
dépasse largement ceux qu'on enregistre pour l'ensemble des
entreprises.
Sachant tout ça, comment se fait-il qu'on ne vienne pas aider
ceux qui sont performants? Je dois vous dire que ça ne me rentre pas
dans la tête. Plus j'en parle, plus j'y pense, plus j'en discute, plus je
suis embêté et moins je suis capable de comprendre ce que vous
êtes en train de faire. Parce que je suis convaincu que la
Société de développement industriel, avec tout son monde
et toute son efficacité, elle ne pourra pas être plus efficace
dans le domaine des coopératives qu'une société autonome
avec un esprit, avec une expertise, surtout avec une synergie
déjà reconnue dans le milieu coopératif et le rôle
fondamental qu'elle a joué par rapport aux coopératives. Elle a
une façon de voir les nouveaux promoteurs que la personne que vous avez
identifiée tantôt et que vous appelez le représentant qui
connaîtra les programmes ne sera pas en mesure de donner. Il y a un
support, il y a un appui, il y a une façon de faire qui est
particulière et qui mérite autre chose qu'un - le mot que je
dirais, je voudrais employer le mot français - guide, finalement, par
rapport aux programmes. C'est plus que ça. C'est plus qu'un orienteur.
C'est plus qu'un guide. C'est un appui. C'est quelqu'un qui y croit. Ça
prend effectivement, à mon avis, une croyance dans ce
mouvement-là. Autant on a reconnu au niveau de l'éducation que la
personne qui va enseigner le catéchisme va devoir prouver, montrer
quasiment - comment vous dirais-je - son baptistaire et ses croyances
religieuses. Je dois vous dire que j'y crois et que je trouve ça
correct. Je trouve ça essentiel qu'au niveau des écoles, ceux qui
vont enseigner la morale aient une formation particulière et une
décision de faire ça. Mais ceux qui vont enseigner la religion
catholique et la religion protestante devront prouver qu'au-delà des
connaissances du livre ils ont la foi et la croyance.
C'est un peu la même chose quand on va dans les
coopératives parce qu'ils ont une philosophie particulière
d'entreprise, non pas qu'elle soit moins rentable, non pas qu'elle soit moins
efficace, au contraire. Je vous ai donné, lors de mon intervention en
deuxième lecture, un exemple pétant, extraordinaire dans mon
comté. Suite à la faillite de Slack's, les champignons Slack's
qui étaient les meilleurs au Québec, des problèmes
financiers. Je n'ai pas à trouver de coupable. Malheureusement, la
conjoncture de 1981 a amené la fermeture, du jour au lendemain, de la
principale entreprise du secteur au Québec. Même dans les grosses
entreprises privées, ça arrive, puis même trop souvent,
malheureusement. Ça a été la fermeture. Mais les
employés ont décidé de se reprendre en main. Ils avaient
quoi à offrir, ces gens-là qui étaient rendus, s'ils
n'étaient pas dessus, ils étaient sur le point de se ramasser sur
l'aide sociale? Ils avaient quoi à offrir? Leur détermination et
leur expérience, parce que ces gens-là avaient 15, 20, 30 ans
d'expérience dans le domaine des champignons. Bien, ils sont repartis
avec des salaires très bas, avec des heures très longues, mais
une volonté à tout casser parce que leur entreprise
coopérative, elle devait réussir parce que c'était
à eux autres. Bien, ils ont des projets d'agrandissement, ils ont des
projets de construction, ils viennent d'acheter, dans le Bas-St-Laurent, une
entreprise privée qui était en difficulté
financière dans le domaine des champignons. C'est extraordinaire et
ça prouve que ce développement coopératif est plein
d'espoir, plein d'avenir, plein de possibilités, à la condition
qu'on maintienne à tout le moins le minimum actuel qui n'est pas assez.
Et ce n'est pas en le rapetissant et ce n'est pas en le cachant..
Quand vous avez parlé tantôt, M. le ministre, qu'on
garderait toute la visibilité, ce n'est pas une question de
visibilité, c'est une question de promotion, et la promotion, ça
doit se faire par des gens qui y croient et non pas juste des
représentants qui connaissent les programmes. Mais par des gens qui sont
dans le milieu, qui y croient, qui ont une façon d'agir qui va faire en
sorte que, oui, il va se faire plus de coopératives, sinon il va s'en
faire moins. Je trouve ça tellement malheureux que dans quatre ou cinq
ans on se ramasse ici, en disant: Bien, là, on va regarder en
arrière, dans le rétroviseur, les conséquences de nos
gestes. Comme en agriculture, malheureusement, il y a moins d'agriculteurs par
dizaines de milliers, comme dans les coopératives d'habitation, à
cause de nos décisions, il y a moins d'unités coopératives
qui sont construites à chaque année, c'est un danger Moi, je
pense que maintenant, s'il y a une formule gagnante, bien, une formule
gagnante, on l'utilise au maximum, on ne décide pas que ce n'est plus
bon, on ne décide pas de la cacher en y gardant seulement des gens qui
connaissent des programmes mais des gens convaincus, des maniaques, comme on
les appelle chez nous, mais qui vont réussir à aider des
travailleurs qui n'en sont
plus, des chômeurs qui veulent reprendre leur job parce qu'ils ont
l'expérience. On est en période de crise économique. C'est
très malheureux, mais en période de crise économique, on
ne jette pas les outils, on les sort pour être capable de bâtir
d'autres entreprises coopératives qui vont aider nos victimes de
fermeture d'entreprises privées à se reprendre en main.
Le Président (M. Jolivet): Merci, M. le
député. Est-ce que M. le ministre veut prendre les six minutes
qu'il lui reste?
M. Gérald Tremblay (réplique)
M. Tremblay (Outremont): Merci, M. le Président.
Évidemment, on peut toujours tirer des conclusions à l'effet que
le présent projet de loi va faire disparaître les
coopératives, mais je pense que ce que j'ai toujours dit devrait
être interprété dans ce sens-là, c'est que c'est
l'équipe, la Société de développement des
coopératives qui était excessivement performante, je le
reconnais, je le répète encore, et le présent projet de
loi leur donne la sécurité d'emploi dans la fonction publique,
principalement en reconnaissance de ce travail. Vous faites l'hypothèse
que, du jour au lendemain, les personnes qui, depuis 1984, contribuent au
développement des coopératives dans toutes les régions du
Québec vont devenir des banquiers, puis elles vont laisser tomber les
coopératives. Alors, c'est ce que vous dites, je suis totalement en
désaccord. Quand on a parlé tout à l'heure du Mouvement
Desjardins, ce n'est pas moi qui cite le Mouvement Desjardins en exemple, c'est
vous, le député de Shefford, et c'est également la
députée de Taillon. Alors, moi, j'ai uniquement donné cet
exemple pour vous démontrer que même le Mouvement Desjardins avait
décidé de cohabiter avec des gens avec une certaine orientation
capitale, en maintenant toujours l'esprit coopératif. Donc, c'est
possible. Par contre, ce dont j'ai voulu m'assurer, c'est justement d'aller au
niveau du petit. Là, je suis entièrement d'accord avec le
député d'Ungava. Quand les caisses d'entraide économique,
coopératives, ont eu des problèmes en 1981, je suis allé
passer une année dans votre belle région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, pour assurer la pérennité de cette
institution financière qui contribuait au développement
économique du Québec. (21 h 30)
Donc, il ne faut pas prendre pour acquis que parce qu'on essaie
d'apporter des modifications aux coopératives, elles vont en donner
plus, plus de services, meilleure équipe disponible dans toutes les
régions du Québec. Il faut regarder également où
les coopératives ont évolué. Puis c'est vrai que dans la
région du Lac-Saint-Jean, il y a eu une contribution importante, mais
dans d'autres régions, comme les Laurentides, la
Montérégie, il y a eu deux dossiers depuis 1984.
Ce que je dis, c'est que dans ces régions, peut-être qu'on
a juste besoin d'une personne qui va donner certains renseignements de base,
pour ensuite, si jamais les coopératives se développaient de
façon plus importante, retourner au niveau de l'équipe.
L'équipe qui va contribuer à faire son travail.
Et sur ça, M. le Président, je voudrais juste faire deux
petites dernières remarques. La première, c'est que quand on a
dit tout à l'heure qu'il y a certaines choses qui ont été
véhiculées au niveau que les coopératives vont
disparaître, c'est du bien-être social, etc., Fernand Biron, le
président de la Conférence des coopératives
forestières du Québec, a dit, à la suite de la rencontre
que j'ai eue avec lui: Le respect que vous avez manifesté à notre
égard et l'assurance que vous nous avez donnée qu'il ne
s'était véhiculé rien de tel à l'intérieur
de la structure gouvernementale nous ont rassurés. Nous désirons
- et c'est très important - également vous exprimer ici nos
opinions concernant les futurs services qui seront mis à la disposition
des coopératives. Ce qui est encourageant, c'est que les personnes, les
petits dont on parle, que j'ai rencontrés, une vingtaine d'intervenants,
ne m'ont jamais parlé de la structure. Ce dont ils ont voulu s'assurer,
c'est que les services demeureraient. Et le projet de loi le
reconnaît.
Et en terminant, M. le Président, ce qu'ils m'ont dit, c'est:
Nous tenons à vous remercier pour avoir accepté de nous
rencontrer et pour avoir accepté de nous consulter sur le futur projet
de loi qui régira l'aide financière gouvernementale aux
coopératives. Soyez assuré d'une participation active de notre
part à ce niveau. Ça a été publié au mois
d'octobre, la rencontre a eu lieu au début du mois d'octobre. J'ai
assuré les gens, justement les petits auxquels vous faites si bien
allusion, qui ont raison de vouloir avoir une certaine protection, qu'on
continuerait ensemble à bâtir des coopératives dans toutes
les régions du Québec, en leur donnant plus de services, et une
équipe peut-être plus aguerrie. Je dois vous dire qu'en ce moment,
c'est très utile, parce que j'ai des dossiers importants, importants
dans les régions du Québec où il y a une
coopérative des travailleurs et où la SDI est impliquée,
où on est en train de travailler en équipe pour assurer la survie
de ces entreprises, parce que ça forme un tout. Ça forme un tout.
Et mon ambition pour les petites coopératives, c'est de leur permettre
de devenir des grandes coopératives, et peut-être un Jour aussi
importantes que le Mouvement Desjardins.
Le Président (M. Jolivet): Je vous remercie, M. le
ministre. Est-ce qu'il y a d'autres remarques préliminaires? S'il n'y en
a pas d'autres, nous passons à l'étape soit des motions
préliminaires ou à l'étude de l'article 1.
Mme Marois: Moi, j'aurais une question à
poser au ministre. Deux questions, en fait. Bien, il y en a une qui est
essentiellement une question d'information, à savoir s'il est d'accord
pour déposer la réponse qu'il a envoyée au
président du Conseil de la coopération du Québec.
Le Président (M. Jolivet): En fait, il n'y a pas de
dépôt, mais il peut y avoir distribution.
Mme Marois: Bon, c'est ça, distribution de documents. Et
l'autre chose, je ne sais pas s'il a l'information, mais c'est quoi la moyenne
d'aide accordée aux entreprises par la SDI?
M. Tremblay (Outremont): Depuis la réforme ou avant?
Mme Marois: Ça peut être, non, dans les
dernières années là.
M. Tremblay (Outremont): Dans les 600 prêts
participatifs?
D'abord, quant à la première question, je suis d'accord
pour déposer la réponse avec les documents.
Mme Marois: D'accord.
M. Tremblay (Outremont): Alors, on peut les déposer.
Deuxièmement, au niveau de la SDI, justement c'est 300 000 $, la moyenne
d'aide, je pense. Je le donne sous réserve, mais je me fie aux personnes
responsables de support financier à la SDI, c'est une moyenne de 300 000
$ sur les 600 aides financières en fonction de la nouvelle politique de
la SDI, soit le prêt participatif.
Mme Marois: D'accord. Et la SDI...
M. Tremblay (Outremont): Peut-être que je pourrais ajouter
quelque chose: 30 % des aides ont été à des entreprises en
démarrage. Je pense que c'est très important, pour justement
clarifier le fait que la SDI est également, dans la très grande
majorité des cas, impliquée dans des petits dossiers. Lorsqu'on
parle d'une moyenne de 300 000 $, ça veut dire que dans certains
dossiers on est là pour trois, quatre, cinq...
Mme Marois: À la SDC, c'est quoi?
M. Tremblay (Outremont): 177 000 $, alors ce n'est pas trop
loin.
M. Claveau: Combien de dossiers à la SDC? Mme
Marois: 20 %.
M. Tremblay (Outremont): 286 dossiers depuis le début, 76
dans la dernière année. 306, excusez-moi, 306 depuis 1984.
M. Claveau: 306 depuis...
Le Président (M. Jolivet): On peut appeler l'article
1?
Mme Marois: M. le Président, à l'article 1...
Étude détaillée
Le Président (M. Jolivet): Un instant. Vous êtes
d'accord, on appelle donc l'article 1.
D'abord, de la part du ministre, s'il a des informations à donner
sur l'article 1.
Champ d'application
M. Tremblay (Outremont): En fait, la députée de
Taillon va être contente de cet article 1 parce qu'il décrit
clairement le but, l'objet... Si je me rappelle, quand on a discuté du
parc industriel...
Mme Marois: Là, le ministre présume que je vais
être contente, alors...
M. Tremblay (Outremont): Je n'ai pas parlé du
contenu...
Mme Marois: ...je ne suis pas contente complètement...
M. Tremblay (Outremont): ...j'ai parlé qu'il soit
l'article 1...
Mme Marois: Vous savez que je suis difficilement contentable,
entre guillemets, Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Outremont): Mais, bon...
Le Président (M. Jolivet): Le ministre n'a pas
terminé quand même, peut-être qu'il va réussir.
Mme Marois: Ha, ha, ha! Alors, nous l'écoutons.
M. Tremblay (Outremont): Alors, l'article décrit l'objet
de la loi et reprend essentiellement les objets de la Société de
développement des coopératives qui sont énoncés
à l'article 14 de la Loi sur la Société de
développement des coopératives.
Mme Marois: Bon. Alors, on retrouve...
Le Président (M. Jolivet): Mme la
députée...
Mme Marois: ...toujours cette même philosophie qui fait
qu'on favorise le développement économique des régions,
mais qu'on oublie la dimension de l'emploi. J'ai évidemment devant moi -
le ministre va comprendre ça et sûrement vous, M. le
Président, aussi - l'ancienne loi de la SDC, celle que nous amendons. Il
était dit. au
deuxième alinéa de l'article 14: "Le développement
économique des régions et la création d'emplois dans ces
régions. " On ne retrouve pas cette notion de création d'emplois
et c'est vraiment, M. le Président, un signe d'une philosophie qui
constitue un modèle d'intervention. On prône le
développement économique pour qui? Développement
économique, là, moi, je m'en contrefous si c'est 10 % de la
population qui s'enrichit. Mais le développement économique, si
ça crée de l'emploi, là je suis d'accord parce que,
là, on permet à un nombre plus significatif et plus important de
personnes de participer à la richesse collective.
Bon. Alors, on le retrouvait dans la loi initialement. On ne le retrouve
pas ici. Vous me permettrez, M. le Président, d'être
essentiellement en désaccord, finalement, avec le fait que la nouvelle
loi va nécessairement favoriser le développement
économique des régions. Je reviens d'une tournée, non pas
de ma propre initiative mais en participant à la Commission sur l'avenir
politique et constitutionnel du Québec, je reviens d'une tournée
de toutes les régions du Québec. J'aurai à peine
manqué quelques heures de nos débats. Et je dois vous dire que
c'est un cri de désespoir que nous envoie l'ensemble des régions
quant à la déstructuration de leur tissu industriel, de leur
tissu économique, quant au rapetissement de leur population, à la
diminution, pardon, de leur population. C'est évident - et mon
collègue d'Ungava le mentionnait tout à l'heure - que les
coopératives sont un outil privilégié pour un ensemble de
personnes pour se reprendre en main dans des petits villages, dans des
régions très éloignées des grands centres. Et je
suis très craintive quant à la façon dont on va venir en
aide, dont on va soutenir ces coopératives naissantes avec la nouvelle
philosophie qui risque d'être un peu édulcorée à
travers des outils qui vont être éparpillés.
Dans ce sens-là, je veux bien, c'est, pour l'essentiel, la
reprise, à l'article 1, de ce qu'on retrouvait à l'ancienne loi,
avec la nuance qui est quand même majeure, qui est le fait que l'ancienne
loi prévoyait la fin du développement économique qui
était la création d'emplois, tandis qu'ici on ne le retrouve pas.
Et vous me permettrez, et je n'ai pas à répéter tout ce
qu'on a dit tout à l'heure, tout ce que j'ai dit au début de mon
intervention, tout ce que mes collègues, les députés de
Shefford et d'Ungava, ont rappelé, sur le fait que l'outil
coopératif est majeur pour le développement économique des
régions. Or, que je sache, on a d'abord éliminé dans un
premier temps, il y a quelques années, un certain nombre de
coopératives de développement régional. On ne se retrouve
actuellement qu'avec quatre coopératives de développement
régional au Québec, qui sont situées, d'ailleurs, dans les
grands centres urbains. Alors on n'atteint pas la fin pour laquelle on
souhaitait soutenir ces coopératives. Et là, on prétend
qu'avec la nouvelle loi, la loi restructurée, on va aider au
développement économique des régions. J'ai des doutes, et
très sérieux, M. le Président.
M. Tremblay (Outremont): Alors....
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont):... je serais d'accord... En fait, quand
on fait du développement économique, la conséquence, c'est
la création d'emplois, mais je serais d'accord pour apporter un
amendement à l'article 1, qui pourrait se lire: "qui favorise la
participation accrue de la population à l'activité
économique ainsi que le développement économique et la
création d'emplois dans les régions". Je n'aurais pas d'objection
à ajouter...
Mme Marois: Je vais être, bien sûr, d'accord avec un
amendement comme celui-là, ce qui ne veut pas dire que...
Le Président (M. Jolivet): On ajouterait les mots,
après le mot "économique", "et la création d'emplois dans
les régions". Donc, on enlèverait le "d-e-s. " Est-ce que
ça marcherait?
Une voix: Après le dernier "économique".
Le Président (M. Jolivet): Oui. Donc, ça se lirait
comme suit: Dans la dernière ligne de ce premier paragraphe,
après le mot "économique", on enlèverait le mot "des" et
on ajouterait "et la création d'emplois dans les". Donc, est-ce que je
crois comprendre que l'amendement serait adopté?
Mme Marois: Oui, l'amendement serait adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): L'amendement serait
adopté. Sur l'article tel qu'amendé, le député
d'Ungava avait une question, une intervention.
M. Claveau: Parce que moi, enfin là, il y a une chose que
j'essaie de comprendre, c'est comment est-ce que le ministre peut s'assurer que
ce qu'il amène comme principe au niveau de l'article 1... Il dit: "La
présente loi a pour but de favoriser la création, le maintien et
le développement d'entreprises coopératives par l'octroi d'une
aide financière ou d'une aide technique qui favorise la participation
accrue de la population, etc. Comment est-ce qu'il peut dire que ça,
ça va être mieux garanti à l'intérieur d'un cadre
aussi vaste que la SDI que ça ne pourrait l'être à
l'intérieur de la SDC? C'est ça que j'essaie de comprendre.
Comment est-ce qu'en généralisant l'approche on peut s'assurer
que le cas particulier sera mieux traité? Ça, ça m'a
toujours dépassé. J'aimerais comprendre, par exemple...
Peut-être que vous me direz que ce n'est pas à cet
article-là qu'on peut en discuter, mais, en tout cas, si le ministre
veut me répondre tout de suite: Comment est-ce qu'on peut imaginer le
traitement, toujours dans le cadre de cette philosophie-là, que va avoir
une entreprise coopérative qui voudrait prendre la relève d'une
entreprise sur une base personnelle, dont un financement aurait
été refusé par la SOI? Supposons que j'aie une entreprise
privée, O.K.? J'ai des problèmes financiers, je m'adresse
à la SDI, la SDI me refuse mon financement, en me disant: C'est bien de
valeur, il n'y a pas de place pour toi sur le marché, ça ne
fonctionne pas, les critères, etc. Paf! on met de côté! Les
travailleurs de cette même entreprise-là, voulant se reprendre en
main, s'adresseraient de nouveau à la même SDI, par le biais de
leur secteur coopératif, pour essayer d'avoir du financement. Comment
est-ce qu'on pourrait justifier ça en bout de piste, si c'est le
même chapeau? Comment donc, dans ce contexte-là, pourrait-on
réussir, dans la mécanique que le ministre nous amène,
à faire en sorte de vraiment favoriser la création, le maintien
et le développement d'entreprises coopératives par l'octroi
d'aide financière et technique qui favorise la participation accrue de
la population? Parce qu'on sait très bien que l'entreprise
coopérative généralement se développe là
où il y a carence, là où il y a un vide laissé par
l'entreprise privée. (21 h 45)
J'essaie, par exemple, de m'imaginer de nouveau ce qu'aurait
été le dossier Tembec dans le même contexte. Une entreprise
comme CIP décide de dire: Moi, mon usine dans le Témiscamingue
n'est plus rentable, je ne peux plus opérer. La SDI, intervenant dans un
dossier semblable, dit: C'est de valeur, vous ne pouvez plus opérer, ce
n'est pas rentable, bon, tout le monde fait la preuve que ça n'a pas
d'allure, qu'on n'a pas de taux de rendement, qu'on cale de l'argent tous les
ans. Alors, les mêmes anciens travailleurs de CIP se regrouperaient
ensemble et reviendraient frapper à la même porte qui s'appelle la
SDI, mais on l'enverrait dans une espèce de petit corridor un petit peu
à côté en disant: Bon, bien, on en a trois ou quatre qui
pourront vous aider là. Puis là, on accepterait de refinancer le
redémarrage d'une papeterie qui aurait été
abandonnée par la CIP à la suite d'une étude conjointe
avec la SDI. J'essaie de comprendre c'est quoi la dynamique, la logique qui
sous-tend tout ça. Est-ce qu'on peut vraiment s'assurer, dans la
démarche que le ministre nous présente, que les intentions fort
louables, vous me direz, qui sont à l'article 1 vont être
respectées dans la mesure où on sait très bien que le
mouvement coopératif se développe généralement dans
un vide, dans un espace laissé vacant par l'entreprise privée?
Et, dans ce sens-là, on aurait avantage à garder aussi l'approche
de support, de maintien d'aide finan- cière et technique
indépendante de celle qui supporte l'initiative de l'entreprise
privée.
M. Tremblay (Outremont): J'ai mentionné tout à
l'heure que le rôle de promotion, de développement des
coopératives, d'information et d'aide technique relèverait du
ministère avec les mêmes personnes qui faisaient le travail
similaire à la SDC Ce qui va arriver, en pratique, c'est que la porsonno
va so prrisonlor ou v.i 6in> sollicitée par un représentant du
ministère qui, lui, va évaluer le meilleur véhicule pour
permettre à une entreprise d'avoir accès à son
financement.
Alors, une fois que le ministère aura évalué si
c'est un dossier qui répond plus à un financement au niveau des
coopératives ou, encore, à un financement au niveau dit
industriel, le dossier va se rendre au meilleur endroit possible. Dans ce
cas-là, prenez votre petite entreprise. Au lieu de faire comme dans le
passé où elle se présentait, disons, à la
Société de développement industriel et attendre un mois,
possiblement deux mois, pour avoir une réponse, maintenant, elle se
présenterait, selon la nouvelle procédure, directement à
la Société de développement industriel sous la
vice-présidence du développement technologique, à la suite
d'une recommandation du ministère qui l'aurait orientée
directement là.
M. Claveau: Là, j'essaie de comprendre ce que le ministre
me dit. J'ai un petit problème. Le ministre dit: La demande est
adressée au ministère et là, finalement, on regarde si on
va du côté coopératif ou du côté de
l'entreprise privée?
M. Tremblay (Outremont): C'est ça.
M. Claveau: Mais le problème, c'est que, dans le milieu,
ce n'est pas nécessairement comme ça que le choix se fait.
M. Tremblay (Outremont): Oui, mais le choix est proactif. Ce
qu'il faut ajouter, c'est que... Je m'excuse, tout à l'heure j'ai dit
vice-président du développement technologique, c'est
vice-président des coopératives. Je pense que vous aviez bien
compris.
L'important, c'est d'être proactif. Toute la nouvelle orientation
du ministère, c'est d'être proactif. En d'autres mots, ce n'est
pas d'attendre que les gens viennent nous voir. C'est d'aller justement dans le
secteur des coopératives solliciter, rencontrer, promouvoir,
développer de nouvelles coopératives. Alors, dans cette optique,
c'est le rôle maintenant du ministère et c'est le ministère
qui va recommander le dossier sur une base d'opportunité à la
vice-présidence du développement des coopératives qui
donnera suite au niveau financier.
M. Claveau: Pour reprendre un peu l'exemple de mon
collègue tout à l'heure quand il nous
parlait de fol, vous voulez vous transformer en "preacher"?
M. Tremblay (Outremont): Non.
Mme Marois: Ça commence à être
contagieux.
M. Tremblay (Outremont): Si on prend exactement l'exemple qui a
été soumis par le député de Shefford, si, par
exemple, les employés de Slack's veulent repartir l'entreprise, ils vont
se présenter à un des bureaux régionaux du
ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie - il y en a
16 - et ils vont expliquer ce qu'ils veulent faire. Si c'est un financement ou,
supposons, le démarrage par une coopérative, les services vont
être disponibles tant au niveau de l'aide technique qu'au niveau de
l'aide financière, directement.
M. Claveau: O.K. Je reviens à mon affaire, toujours en
essayant de mieux comprendre la façon dont vous allez articuler le
principe très louable qu'on retrouve à l'article 1, surtout
depuis qu'il est agrémenté ou complémenté par
l'idée de la création d'emplois.
M. Tremblay (Outremont): ...à l'article 9...
M. Claveau: Advenant, par exemple, un projet intéressant
dans le milieu, je ne sais pas, moi, supposons l'implantation d'une nouvelle
technique, par exemple, de traitement du bois, un traitement par l'huile
injectée sous pression à la chaleur ou un truc semblable.
Supposons. Il y a un groupe privé de l'extérieur, gros capital et
tout ça, qui est prêt à investir dans le domaine, mais
peut-être en y mettant plus de technologie et un apport extérieur
aussi un peu plus grand, parce qu'il est administré par
l'extérieur de la région. Supposons une entreprise comme
Dono-hue, par exemple, ou Domtar qui est une entreprise gouvernementale
à 42 %, ou quelque chose de semblable, ou paragouvernementale qui est
intéressée à investir là-dedans, mais à la
limite, disons que ça nous crée 40 emplois locaux et le reste des
emplois est à l'extérieur de la région. En contrepartie,
il y a, en même temps, un autre dossier qui est développé
par le secteur coopératif: tout un regroupement de gens dans le milieu,
sous une forme coopérative, qui seraient prêts à faire le
même investissement de l'ordre de 1 000 000 $ - et ce sont des chiffres
qui sont à peu près vrais, c'est à peu près
ça que ça coûte - pour, à partir du milieu,
gérer localement à 100 % et ça nous créerait,
mettons, 75 emplois au lieu de 40 emplois qui resteraient dans le milieu.
Lequel des deux projets allez-vous traiter en priorité?
M. Tremblay (Outremont): On ferait comme on a fait dans Lanofor
et Panofor. On essaierait de favoriser dans la mesure du possible un
partenariat entre les différents intervenants pour maximiser le
rendement économique au niveau des régions.
M. Claveau: ...pour créer le plus d'emplois possible dans
les régions.
M. Tremblay (Outremont): C'est évident. Et pour assurer la
réussite du projet en mettant toutes les chances de notre
côté. Alors, pour être plus précis, dans le cas de
Panofor, c'est exactement ce que nous avons fait avec Normick-Perron et la
coopérative des travailleurs et, dans le cas de Lanofor, c'est
exactement ce que nous avons fait à Saint-Michel-des-Saints avec les
promoteurs, le groupe Forex et la coopérative des travailleurs.
M. Claveau: Est-ce qu'ils sont encore ouverts eux autres?
M. Tremblay (Outremont): Ils sont encore dans... Oui.
M. Claveau: Si je prends Normick-Chambord, ça n'a pas
marché longtemps.
M. Tremblay (Outremont): À cause des... Il y a eu un
contexte économique moins favorable. Mais c'est de même que
ça fonctionne.
M. Claveau: En tout cas, moi, j'essaie de voir de quelle
façon ça va être mieux et, comme ma collègue le
disait tout à l'heure, je continue à croire que si on veut
vraiment aider le secteur coopératif, c'est de lui maintenir pignon sur
rue, finalement. Ce n'est pas en le diluant à l'intérieur de tout
un tas d'autres principes... On va en faire uniquement un morceau de "puzzle"
quelque part, un morceau de casse-tête à l'intérieur de
toute une dynamique globale, mais un morceau qu'on ne pourra plus identifier
comme tel. Vous savez, quand vous regardez un casse-tête, les morceaux
vous échappent. Ce qui, je pense, demeure excessivement important pour
faire la promotion des coopératives, c'est de lui garder pignon sur rue
et lui garder une vitrine facile d'accès où les gens savent
où ils vont frapper. Parce que, encore là, les
coopératives, c'est quelque chose qui émane du milieu. Moi, vous
me dites: II faut faire la promotion proactive de coopératives. Je veux
bien, mais la promotion d'une coopérative, ça se fait par
l'intérieur, ça se fait à partir des tripes un peu, si
vous voulez, des coopérateurs. Ce n'est pas comme faire la promotion
d'investisseurs privés qui ont du capital et qui ne cherchent
qu'à l'investir, ce capital-là, et qui cherchent la meilleure
opportunité. À ce moment-là, vous lui offrez des
opportunités, il vient voir et, si ça fait son affaire, il prend.
Il gobe. Il ramasse. Tout ce qu'il veut, c'est avoir le maximum de
meilleures opportunités pour faire fructifier son avoir.
La coopérative, ce n'est pas ça le principe. C'est des
gens qui, s'ils avaient le moyen de travailler autrement, s'en passeraient en
"mosus" d'investir, de prendre des risques. Mais comme il n'y a personne qui
leur offre le moyen de travailler autrement, eh bien, là, ils sont
obligés de prendre des risques à partir du petit peu qu'ils
peuvent avoir et souvent en hypothéquant leur maison ou, enfin, tous les
petits biens qui peuvent leur rester, pour essayer de se maintenir actifs sur
le marché. Ce n'est pas proactifs qu'ils veulent être, c'est
carrément et uniquement actifs. Alors, à ce moment-là, je
pense qu'on doit avoir, au niveau de gouvernement, un mécanisme
d'écoute, d'attention à ces problèmes-là. Pas
uniquement, ou pas nécessairement du moins, une approche qui se voudrait
celle du promoteur de coopératives, de gens bien pensants qui trouvent
des solutions pour les autres. Les coopératives ne fonctionnent que dans
la mesure où ce sont les gens qui trouvent leur propre solution, qui
proposent quelque chose et qui le font fonctionner.
Un autre exemple qui est extraordinaire au Saguenay-Lac-Saint-Jean,
c'est Lord Machinerie, à Métabetchouan. Une entreprise qui est
fermée, personne ne veut fonctionner avec ça, enfin, ce n'est
plus supposé être rentable. Les travailleurs auraient aimé
bien mieux continuer à travailler pour l'ancien propriétaire,
ça aurait été bien moins risqué et ça aurait
été bien plus plaisant pour eux autres. Sauf que devant une
fermeture éminente, avec aucune alternative, personne d'autre ne peut
les engager, bien, ils ont racheté l'entreprise en gang. On n'a pas eu
besoin de faire de promotion pour ça, ils ont racheté
l'entreprise en gang et finalement, aujourd'hui, c'est devenu une belle
entreprise dans le secteur, qui a une usine secondaire à Matagami et des
contrats pour plusieurs dizaines de millions à la Baie James. C'est
rendu une grosse entreprise, une entreprise très intéressante,
alors qu'il y a à peine quelques années - on parle de 1982-1983 -
c'était une faillite. C'est ça l'esprit coopératif. C'est
de remplir un vide laissé par quelqu'un d'autre.
On voit, par exemple, le développement de l'industrie
laitière au Québec, ça a été ça. On a
commencé par les petites coopératives ici et là, qui
allaient dans les secteurs où l'entreprise privée ne voulait pas
aller, et finalement, de fil en aiguille, devant les faillites et les
difficultés qu'on voyait dans l'industrie privée qui
opérait dans le secteur du lait, eh bien, tranquillement, ce sont les
coopératives qui ont fini par prendre le dessus et par contrôler
l'ensemble, fa totalité de la distribution du lait de consommation au
Québec. Encore là, ce n'est pas parce qu'on en a fait une
promotion proactive, c'est parce qu'il y a des gens qui se sont sentis pris
à la gorge et qui ne pouvaient pas faire autrement pour maintenir une
base d'activité économique dans ce secteur-là, entre
autres, dans le secteur du lait.
C'est un support souvent plus moral que technique, dont ces
gens-là ont besoin. Je ne suis pas convaincu, moi, qu'en diminuant ou en
enlevant de la visibilité au milieu des coopératives, en le
fondant dans un grand tout qui s'appelle "business", eh bien, on va être
capable de faire ça. Je resterais très sceptique. Et j'ai peur
que le moyen que le ministre se donne ne lui permette pas de réaliser
ses objectifs très louables que l'on retrouve à l'article 1.
Mme Marois: Je reprendrais les propos de mon collègue.
Ça prend effectivement un organisme qui va être là pour
cheminer avec les coopératives et leur apporter un support moral, mais
qui témoigne aussi d'une volonté politique, une volonté
politique de reconnaître l'apport des coopératives et de savoir
quelles sont les difficultés, les embûches que rencontrent des
personnes lorsqu'elles veulent se former en coopérative Que ce soit une
coopérative de production, que ce soit une coopérative de
consommation, que ce soit une coopérative d'habitation, que ce soit une
coopérative de travailleurs, il y en a. Et non seulement on va leur
causer - on va y venir dans les articles plus loin - l'emmerdement de les
envoyer voir deux entités différentes - parce que c'est ça
qu'on va faire, on va voir ça ensemble tantôt - non seulement on
va faire ça, mais en plus, il n'y a pas d'identification nulle part qui
crée une certaine vision unifiée et qui est un interlocuteur
unique avec les autres institutions coopératives à travers le
Québec et qui peut faire les maillages nécessaires avec les
autres institutions coopératives, qui a une expertise, une
habileté à échanger et à discuter avec le
réseau coopératif au Québec. (22 heures)
Ça, effectivement, une société qui - à
toutes fins pratiques, je reprends les propos de mon collègue - a pignon
sur rue, est identifiée, a une raison bien solide d'exister, des
orientations bien claires, peut offrir ça aux gens des milieux qui
souhaitent se former en coopérative. Moi - et je le dis parce que je le
pense, pas pour ennuyer le ministre, pas pour faire traîner les choses -
je suis convaincue de cela. Je suis convaincue qu'on va ainsi diminuer notre
impact comme l'impact du gouvernement, l'outil que le gouvernement pouvait
donner, que l'État québécois pouvait donner aux gens pour
aider à s'organiser. Je suis persuadée de cela. Peu importe qu'on
reconnaisse, à l'article 1, tous les beaux principes et qu'on y ajoute
un certain nombre d'éléments qui m apparaissent correspondre
davantage à la philosophie des coopératives, entre autres quant
à l'aide à l'emploi, ou le support à l'emploi, peu importe
toute cette philosophie, tous ces beaux principes que l'on
retrouve au premier article de la loi, je suis persuadée que la
façon dont on procède pour redéfinir le modèle de
distribution et de soutien de l'aide aux coopératives est le mauvais
modèle. On privilégie le mauvais outil. On règle les
problèmes d'ego du monde et on fait en sorte que ça facilite la
vie administrative dans les organisations, mais je ne suis pas sûre qu'on
facilite la vie coopérative sur le territoire
québécois.
On ne peut pas être contre la vertu, alors on va être
d'accord avec l'article 1 tel qu'amendé.
Le Président (M. Jolivet): Mais justement, avant d'aller
à l'adoption de l'article 1 et de l'amendement, j'ai le pouvoir, comme
président, de vous suggérer une correction, si vous le permettez.
Je vais vous le lire, parce qu'en français ça se dit très
mal. On dit: Une aide technique qui favorise trois choses - d'après ce
que j'ai compris - premièrement, la participation accrue de la
population à l'activité économique, première chose.
Deuxièmement, je crois comprendre que ça favorise le
développement économique des régions et,
troisièmement, la création d'emplois dans les régions. Si
on l'écrit comme vous l'avez suggéré, en français,
ça deviendrait: ainsi que le développement économique et
la création d'emplois dans les régions. Le développement
économique ne serait pas correct. Alors, moi, je vous suggérerais
ceci, c'est qu'on enlève, dans la motion d'amendement, pour
éviter de mettre des virgules, enlever des points, ça serait
d'enlever "ainsi que le développement économique des
régions" et remplacer tout cela par "le développement
économique des régions ainsi que la création d'emplois
dans les régions". Ce serait plus français, puis ça
donnerait vos trois idées. Donc, vous permettez?
Mme Marois: ...formulation, si vous le permettez, M. le
Président. D'ailleurs, si vous regardez celle qui est...
Le Président (M. Jolivet): Donc, l'article amendé,
je vous le lis, si vous êtes tous d'accord. Ça serait: "La
présente loi a pour but de favoriser la création, le maintien et
le développement d'entreprises coopératives par l'octroi d'une
aide financière ou d'une aide technique qui favorise la participation
accrue de la population à l'activité économique, le
développement économique des régions ainsi que la
création d'emplois dans les régions." Donc, je
considérerais que cet article, tel qu'amendé, serait
adopté. On passerait à l'article 2, à moins que quelqu'un
d'autre n'ait quelque chose à dire.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Excusez-moi, on va le corriger
comme il faut.
M. Tremblay (Outremont): Vous nous dites "dans les
régions", "dans ces régions". Nous, on a dit "des
régions".
Le Président (M. Jolivet): O.K., dans ces régions.
Ça va. Ce qui est important, c'est de faire l'article comme il faut.
Là, on le fait sur la gueule, comme on dit, ou sur le bras. O.K. Donc,
on passe à l'article 2. M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Ça reprend le deuxième
alinéa de l'article 14 de la Loi sur la Société de
développement des coopératives.
Mme Marois: Ça va, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): L'article 2 est adopté.
J'appelle l'article 3. M. le ministre.
Aide financière et technique
M. Tremblay (Outremont): Ça permet au gouvernement de
pouvoir établir des programmes d'aide financière pour appliquer
la loi. Ça reprend, en substance, l'article 17 de la Loi sur la
Société de développement des coopératives.
Une voix: Ça va.
Mme Marois: Là, M. le Président, si vous le
permettez...
Le Président (M. Jolivet): Mme la députée de
Taillon.
Mme Marois: Oui, merci, M. le Président. Si vous le
permettez, je pense qu'on peut bien adopter, regarder l'article 3, dire qu'il
reprend l'article 17 de l'ancienne loi. Mais là, je pense qu'il faut
essayer de bien comprendre l'articulation de ce chapitre-là, sinon on va
se perdre dans les méandres. Moi, j'essaie de le lire et de suivre la
logique, du début d'une demande jusqu'à la fin, dans le
système: comment ça va passer, quel chemin ça va utiliser.
Je me suis fait un petit tableau et je vais essayer de comprendre, parce que je
trouve que ça n'a pas d'allure quelque part. J'ai regardé ce que
faisait l'ancienne loi de la SDC.
Le Président (M. Jolivet): C'est une demande de
quorum.
Mme Marois: Parfait. Ce que faisait l'ancienne loi de la SDC,
c'est-à-dire où étaient logés les pouvoirs et les
responsabilités. Parce que c'est de ça qu'on parle, l'aide
financière et technique, comment elle va se distribuer aux organismes ou
être apportée aux organismes, parce que ce n'est pas de la
distribution nécessairement, mais ça peut être du support
aussi. Alors je regarde l'ancienne loi, je regarde le projet de loi 87, puis je
fais une comparaison
avec un autre organisme qui est la SDI. Alors, dans l'ancienne loi...
Prenons les fonctions d'abord. La forme de la demande, elle est
déterminée, dans l'ancienne loi, par la SDC. Dans le projet de
loi 87, ça devient le ministre qui est responsable de la forme de la
demande. Mais si je regarde la SDI, c'est la SDI qui est responsable dans ses
demandes qui concernent la SDI.
Documents et renseignements requis. Avant, c'était la SDC;
maintenant, c'est le ministre, puis si je regarde la SDI, c'est la SDI. Je ne
regarde pas dans la loi actuelle, je dis la loi de la SDI.
M. Tremblay (Outremont): J'avais posé la même
question: Pourquoi on mettait toujours le nom, le ministre? En fait, ça
veut dire... c'est le ministère. Alors, dans le cas de...
Mme Marois: Mais c'est... Oui, allez.
M. Tremblay (Outremont): Dans le cas des coopératives, la
porte d'entrée, porte d'entrée à cause de l'équipe
d'information, de l'équipe technique qui va rejoindre la direction
générale des coopératives, c'est au ministère.
Donc, la porte d'entrée devient le ministère.
Mme Marois: Là, vous le voyez un peu. Je pense que le
ministre ne peut pas être insensible à ce que je vais lui faire
comme démonstration ou ce que je tente de lui faire. Quelqu'un peut
s'adresser directement... Une entreprise qui a besoin de financement, qui a
besoin de support, de conseils, à la limite, va s'adresser directement
à la SDI, puis on va dire: Bienvenue chez nous, on vous reçoit,
on étudie votre demande, on la retient ou pas, on analyse avec vous,
etc. Mais dans le cas d'une coopérative, on dit: Non, non, non, vous
allez passer par les bureaux régionaux, par le ministère, par le
sous-ministre aux coopératives quelque part, dont j'aimerais bien
entendre parler d'ailleurs tantôt, mais on y reviendra. Alors, dans le
cas d'une coopérative, elle va s'adresser au ministère. Le
ministère va établir la forme de la demande, va établir
les documents et les renseignements requis, va faire l'étude
d'admissibilité aux programmes, va évaluer l'opportunité
d'accorder une aide, puis là va transmettre l'analyse à la SDI.
Ça va être du "jo-jo", M. le Président, j'ai hâte de
voir ça sur le terrain. Ça n'a pas de bon sens, cette
affaire-là, c'est complètement fou! On va faire étudier
sur le terrain une demande...
Qu'est-ce que vous pensez qu'ils vont faire, à la SDI? Qu'est-ce
que vous pensez qu'ils vont faire? Ils vont recommencer! Voyons, M. le
Président, il faut avoir eu l'expérience des organismes
gouvernementaux, paragouvernemen-taux ou des sociétés
d'État pour savoir qu'un va dire: Bien non, ils n'ont pas bien
évalué, là, le besoin financier; le produit, ce n'est pas
nécessairement ce produit-là qu'il faudrait faire, il faudrait
peut-être le changer. Je suis absolument estomaquée de voir les
méandres administratifs à travers lesquels on va obliger une
coopérative à passer, ce qu'on ne met pas comme poids sur les
épaules d'une entreprise qui est souvent un peu mieux
équipée, je ne dis pas tout le temps, mais souvent un peu mieux
équipée en conseillers et en aide financière. À une
entreprise qui est déjà un peu mieux articulée, un peu
mieux organisée, on va dire: Allez-y, venez directement chez nous Puis
à l'autre, on va dire: Non, non, passez par deux instances. Puis
là, allez voir comment ça va se passer sur le terrain, M. le
Président, demandez au ministre comment ça va se passer sur le
terrain. Il me semble qu'il doit bien le savoir. On va se lancer la balle: Ils
ne nous ont pas assez bien fourni le document, il n'est pas complet, le
document. Puis là, on va retourner la coopérative chez eux. Puis
la SDI va dire: Écoutez, le ministère, il ne vous a pas
demandé les bonnes affaires. Puis ils vont recommencer. J'ai assez
d'expérience, M. le Président, d'abord dans des appareils
administratifs, et pas les moindres, j'ai assez d'expérience dans la
gestion aussi et dans l'organisation de l'appareil gouvernemental pour savoir
que ça va être exactement comme ça que ça va se
passer. Et on pourrait... On va les reprendre, parce qu'on va avoir l'occasion
de le faire, M. le Président, article par article, de regarder ça
là, comme il faut. Mais ce n'est pas plus clair, quand on le lit, que la
façon dont, moi, je vous le présente.
Alors imaginez là, reprenons-la notre coopérative de
travailleurs forestiers. Reprenons-la notre coopérative de production
dans, je ne sais pas moi, le secteur du meuble, qui n'a pas d'administrateur
nécessairement très chevronné mais qui a de bonnes
idées, puis qui est capable de s'organiser, et puis qui sait comment
ça marche, une boutique. Mais là, je lui souhaite bonne chance
quand elle va être obligée de passer à travers toutes ces
étapes-là avant d'obtenir soit une forme d'aide, un support ou
quoi que ce soit. Parce que c'est à ça que vous les obligez, M.
le Président, et que le ministre les oblige, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): D'autres interventions?
Mme Marois: Ah! bien, j'y reviendrai, mais je veux qu'au moins...
Je veux que le ministre m'identifie, me dise que le processus ne sera pas du
tout comme ça, qu'il m'assure que ce n'est pas ça qu'on va
obliger les coopératives à vivre, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre a-t-il une
réponse?
M. Tremblay (Outremont): Bien, quand on va arriver aux articles
5, 6 et 7, on va y revenir.
Mme Marois: Non, je ne veux pas, M. le Président, parce
qu'on perd de vue... Vous savez, quand on a le nez sur l'arbre, on ne voit plus
la forêt.
M. Tremblay (Outremont): Vous prenez pour acquis...
Mme Marois: Alors, je veux essayer de voir.
M. Tremblay (Outremont): ...que, parce que ça fonctionnait
comme ça en 1984 ou avant, ça demeure comme ça. Il y a eu
des changements majeurs de réorganisation faits au niveau du
ministère, orientés vers la clientèle. La dernière
chose qu'on veut faire, c'est de causer des préjudices à la
clientèle. Il y a 16 bureaux régionaux du ministère de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie. On va les utiliser au maximum.
Le client ou la cliente va se présenter au bureau régional, et
c'est la responsabilité du bureau régional d'être au
service de la clientèle, sur une base d'affaires, dans toutes les
régions du Québec. Et à la SDI, juste pour votre
information, on a mis en place des mécanismes qui permettent, en dedans
de trois jours, de dire oui ou non à l'éligibilité d'une
demande et, en dedans de deux mois, on est capable d'émettre une traite
ou un chèque à l'entreprise pour qu'elle puisse débuter
son projet si ça fonctionne. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise?
Que je suis assis là et que ça ne fonctionne pas? Alors, la
procédure qui est là, c'est la même procédure qui va
être appliquée, avec la collaboration de tous les intervenants. Ce
que vous essayez de faire, c'est de cataloguer ce qui existait dans le
passé, où on avait un paquet d'intervenants qui ne se parlaient
pas. Et maintenant, un des buts de ce projet de loi, c'est de favoriser le
regroupement en région, pour mieux répondre aux entreprises.
Prenez le projet de loi article par article, et puis je peux vous
démontrer que la porte d'entrée, vous regardez, c'est l'article
7. Et après ça, on suit son cours comme avec la
Société de développement industriel du Québec, puis
ça fonctionne.
J'aimerais bien pouvoir vous dire: Écoutez, ça ne
fonctionne pas, on a fait des efforts, ça ne marche pas. Mais ça
marche, ça marche. Alors, je ne peux pas me faire hara-kiri.
Mme Marois: Je veux bien que ça marche, M. le
Président, mais une des principales critiques que font les gens
d'affaires à l'égard de la SDI, c'est que c'est encore trop long,
et puis c'est encore trop compliqué.
Cela étant dit, on ne réglera pas ce
problème-là ce soir là, on s'attaquera à ça
à un autre moment. Mais on va regarder... parce qu'on est devant un
projet de loi qui concerne les coopératives.
Je veux savoir si j'ai tort ou raison. Je vais poser la question
à chaque article, ça va être plus long. J'aimerais bien
mieux qu'on la règle tout de suite, au départ. Puis après
ça, après chaque article, on pourra aller relativement vite.
Est-ce que c'est juste que la forme de la demande, les documents et les
renseignements requis, l'étude d'admissibilité et
l'opportunité d'accorder une aide sont faits par le ministre?
M. Tremblay (Outremont): Oui.
Mme Marois: Bon, parfait. Premier bloc. Deuxième bloc:
Est-ce que l'évaluation de l'entreprise quant à ses perspectives
financières, au respect de ses engagements, à la
compétence de la direction, à la viabilité
financière, la détermination du montant de la forme d'aide et la
recommandation au ministre vont être faites par la SDI?
M. Tremblay (Outremont): Une fois que la SDI a eu une
recommandation favorable du ministère quant à
l'admissibilité de la demande, en ce qui concerne l'aide
financière, c'est la Société de développement
industriel, par le biais de la vice-présidence au développement
des coopératives et le comité aviseur, qui va faire la
recommandation au ministre.
Mme Marois: Dernière étape, décision du
ministre et virement de l'aide, et là ça revient au ministre.
M. Tremblay (Outremont): Oui.
Mme Marois: C'est ça. Pourquoi, M. le Président,
traite-t-on les coopératives différemment qu'on ne traite les
autres entreprises, quand il s'agit de la SDI? La SDI n'a pas à passer
à travers... Toutes les demandes présentées à la
SDI n'ont pas à être passées par le filtre que je
décrivais tout à l'heure, et les entreprises coopératives
n'avaient pas à le faire non plus. Puis ce n'est pas le passé
là, c'est comme ça que ça marche dans la vie aussi
là, quotidiennement. Elles n'avaient pas à passer par le filtre
du ministère, mais s'adressaient directement à la SDC qui, dans
le cadre évidemment des montants qu'elle pouvait verser, etc., parce
qu'il y avait un encadrement, il y a une loi d'encadrement, elles n'avaient pas
à s'adresser à deux interlocuteurs. (22 h 15)
M. Tremblay (Outremont): La Société de
développement industriel, lorsqu'elle reçoit une demande dans un
autre secteur que les coopératives, doit, dans un premier temps,
soumettre la demande au ministère qui juge de l'opportunité, donc
de l'admissibilité et, dans un deuxième temps, de
l'opportunité de faire une recommandation favorable ou pas. La SDI ne
pourra jamais intervenir dans une demande d'aide financière si elle n'a
pas, du ministère, une opinion favorable.
Une fois que le ministère a émis son opinion
favorable...
Mme Marois: Tous les cas?
M. Tremblay (Outremont): Tous les cas sans exception. Une fois
que le ministère a émis son... Et ce n'est pas juste le
ministère de l'Industrie, du Commerce et de (a Technologie, c'est le
ministère de l'Énergie et des Ressources, c'est le MAPAQ, c'est
le ministère du Tourisme, tous les ministères à vocation
économique doivent émettre un avis sur l'opportunité
d'aider une entreprise ou pas. Une fois que l'opportunité est
donnée, la Société de développement industriel fait
l'analyse financière, fait une recommandation au ministre qui doit la
signer dans tous les cas sans exception.
Mme Marois: D'accord, M. le Président. Est-ce qu'à
ce moment-là les entreprises, vous me dites, ne peuvent pas s'adresser
directement à la SDI?
M. Tremblay (Outremont): La porte d'entrée, oui, mais une
fois que...
Mme Marois: Parfait.
M. Tremblay (Outremont): ...la demande est faite, la SDI la
regarde, regarde si ça remplit les critères directement et,
ensuite de ça, ça va au ministère pour un avis
d'opportunité et ça retourne à la SDI pour l'analyse
financière.
Mme Marois: Bon. Pourquoi traite-ton les coopératives
différemment?
M. Tremblay (Outremont): Non, la même chose...
Mme Marois: Bien non. Elles ne s'adressent pas directement
à la SDI...
M. Tremblay (Outremont): Oui, l'article 7... Mme Marois: On
dit... M. Tremblay (Outremont): ...l'article 7... Mme Marois:
...Forme de la demande...
M. Tremblay (Outremont): Non, non, l'article 7...
Mme Marois: ...Forme de la demande déterminée par
le ministre. Documents et renseignements requis par le ministre...
M. Tremblay (Outremont): Oui, oui, non, mais...
Mme Marois: Elles vont s'adresser, en région, dans
les bureaux régionaux du MIC... M. Tremblay (Outremont): Non.
Mme Marois: ...c'est ça que vous m'avez dit
tantôt...
M. Tremblay (Outremont): Non, 1...
Mme Marois: Non?
M. Tremblay (Outremont): ...l'article 7. Lisez l'article 7...
Mme Marois: Elles ne s'adresseront pas aux bureaux... Je
veux...
M. Tremblay (Outremont): C'est parce que là, on fait la
confusion entre les programmes d'aide, les formes d'aide. Ça, ça
va toujours relever du ministre. Ça prend un décret pour modifier
les formes d'aide. Alors, lorsqu'une demande est faite, c'est l'article 7 du
projet de loi qui dit clairement: Toute entreprise coopérative qui
désire bénéficier d'une aide financière doit en
faire la demande à la Société - donc, c'est à la
Société de développement industriel - dans la forme que
détermine le ministre." Par la suite, c'est la procédure que je
vous ai mentionnée tout à l'heure, qui est identique dans tous
les cas, c'est la cohérence pour s'assurer d'avoir une procédure
uniforme.
Mme Marois: Et dans les cas où la Société...
où il ne s'agit pas d'entreprises coopératives, est-ce que la
forme est déterminée par la SDI?
M. Tremblay (Outremont): La forme d'aide? Mme Marois: Oui.
Non, non, les exigences...
M. Tremblay (Outremont): Non, c'est toujours...
Mme Marois: ...posées.
M. Tremblay (Outremont): En fait, les exigences posées
sont... Ça dépend, c'est. En tout cas...
Mme Marois: Non, non, non, regardez, je l'ai, l'article,
ici...
M. Tremblay (Outremont): Lequel article?
Mme Marois: ...je ne suis pas... La Loi sur la
Société de développement industriel du Québec,
article 11: 'Toute demande d'aide financière doit être faite
à la Société dans la forme qu'elle détermine" - pas
que le ministre détermine mais dans la forme que la
Société détermine.
M. Tremblay (Outremont): Oui, mais c'est le
ministre...
Mme Marois: "Cette demande doit en outre être..."
M. Tremblay (Outremont): ...qui l'a déterminée
avant.
Mme Marois: "L'entreprise requérante doit démontrer
à la Société qu'elle - la Société, on parle
toujours de la SDI - présente des perspectives financières
adéquates..."
Sous réserve des articles... Là, il faudrait que j'aille
les voir... O.K. "La Société examine la demande, détermine
si l'entreprise rencontre les conditions prévues", etc. Alors, c'est la
Société, dans le cas des autres entreprises, qui détermine
les formes d'aide. Je m'excuse, mais c'est dans la loi. Je peux peut-être
mal interpréter la loi, mais je la lis comme tout le monde.
M. Tremblay (Outremont): Vous faites... Donc, c'est un avantage
pour les coopératives d'être mieux protégées par le
ministre.
Mme Marois: Bien, moi, je pense que non. Je pense que ça
va être un désavantage. Ce n'est pas un avantage d'être
mieux protégé, ça va être un désavantage,
dans le sens où il va y avoir effectivement deux lieux de
décision, deux endroits où elles devront se référer
pour des fonctions et des tâches et des responsabilités
différentes. Et ça donnera ce que ça va donner sur le
terrain, un méli-mélo absolument inextricable. Rien qu'à
voir la façon dont est rédigée actuellement la loi, c'est
à ça qu'on va aboutir, malheureusement. Je ne le souhaite pas,
mais je vous dis que c'est à ça qu'on va aboutir.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Non, non, mais je ne suis pas d'accord.
Qu'est-ce que tu veux? On fait des scénarios d'horreur avant même
que ça ait débuté, alors je comprends là avec
raison...
Mme Marois: Bien, mieux vaut prévenir que guérir.
Vous êtes le premier, M. le ministre, à me le dire sans
arrêt. Alors, nous essayons de prévenir.
M. Tremblay (Outremont): C'est ça. Exactement. Alors, moi,
ce qui est important, c'est de m'assurer que les coopératives aient
accès aux mêmes services, aux mêmes programmes, aux
mêmes formes d'aide qu'elles avaient dans le passé, dans un
environnement qui va leur permettre d'avoir accès à du
financement. Le projet de loi a été fait dans cette optique pour
justement s'assurer que les coopératives aient un environnement
favorable à leur épanouissement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Oui. M. le Président, j'écoute
attentivement l'échange, là, je viens d'écouter
attentivement l'échange entre ma collègue et le ministre et puis,
à moins que je ne me trompe, il en ressort vraiment deux cheminements
tout à fait différents, soit que l'on s'adresse au milieu
coopératif ou qu'on s'adresse au milieu industriel ou, au sens large, au
milieu de l'investisseur privé. Parce que là, dans le domaine des
coopératives, on ne peut plus parler uniquement du milieu industriel,
à moins que vous ne me disiez qu'une garderie coopérative,
ça devient de l'industriel. Ce n'est pas évident. À moins
que vous ne me disiez que de la consommation par le biais, par exemple, de
coopératives d'habitation ou de coopératives de distribution de
produits alimentaires et autres, ce soit de l'industriel. Ce n'est pas
évident. Mais je veux bien comprendre, là. Moi, ce que je saisis
de l'échange qu'il vient d'y avoir, c'est que, d'une part, lorsque c'est
une coopérative qui fait une demande, bon, ça passe par le bureau
régional, la demande est adressée à la
Société mais elle est analysée par le ministère. Et
les formes de la présentation de la demande, en fait, tout est fait par
le ministère. Alors, si je comprends bien, dès qu'une demande est
reçue concernant le domaine coopératif, elle est tout de suite
mise dans une enveloppe, elle est envoyée au ministère, le
ministère en fait l'analyse, fait toute la démarche, prend ses
contacts, etc., étudie les opportunités et autres, et puis s'il
conclut que c'est intéressant, que c'est réalisable, à ce
moment-là il dit à la SDI, il renvoie le dossier à la SDI
en disant: Allez-y, ça, c'est finançable. En contrepartie...
Bien, j'essaie de comprendre...
M. Tremblay (Outremont): ...finançable, mais ce n'est pas
le ministère qui dit à la SDI si c'est finançable ou pas.
Le ministère, ce qu'il dit à la SDI, il donne une
opportunité d'intervenir ou pas.
M. Claveau: Mais il le fait au départ, avant, alors que,
si je comprends bien, dans la démarche industrielle, celle de la SDI
actuellement, c'est: La SDI reçoit un dossier, fait son analyse,
prépare tout, complète son dossier, enfin, émet certaines
recommandations qui sont ensuite acheminées au ministère qui dit
oui ou non.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, est-ce que je
pourrais vous être utile dans la compréhension du texte? Moi,
j'avais compris que, d'abord, toute personne, que ce soit des
coopératives ou du milieu des entreprises, fait une demande à la
Société de développement industriel. La
Société de développement industriel, avant d'agir, demande
au ministère sectoriel un avis, qui fait, à ce moment-là,
que si ça s'adresse à l'Agriculture, elle fait la demande
à l'Agriculture, si ça s'adresse au Loisir, elle fait une
demande au Loisir, ce qu'on appelle un avis favorable des ministères
sectoriels. Dans ce cas-là, si la porte d'entrée, c'est la
Société de développement industriel pour l'un ou pour
l'autre, la demande de la Société... Avant d'agir elle demande un
avis des ministères sectoriels et, après ça, elle est
habilitée à agir, et la forme dans laquelle elle le fait, elle le
fait sous la représentation du ministre de l'Industrie et du Commerce
qui, lui, détermine sous quelle forme la Société de
développement industriel va demander aux entreprises de faire la
demande.
M. Tremblay (Outremorrt): La forme d'aide?
Le Président (M. Jolivet): Bien, pas la forme d'aide, il y
a des formules, il y a des choses dans le formulaire. Autrement dit, ce que je
crois comprendre, comme vous êtes le ministre responsable de la
Société de développement industriel, vous donnez vos
directives sur la façon dont doit être faite la demande. Le
ministère dit ensuite à la SDI. Tu as la responsabilité
d'être la porte d'entrée mais, avant d'agir, il faut que tu
demandes au ministre sectoriel un avis et, quand tu as l'avis sectoriel
favorable, là, tu analyses la demande, tu fais la recommandation au
ministre de l'Industrie et du Commerce qui, lui, l'autorise ensuite. Si c'est
de même qu'on le comprend, on va se comprendre vite.
Une voix: Certains secteurs industriels...
Le Président (M. Jolivet): Mais je parle aussi bien, je
veux dire, moi, aussi bien coopératif qu'industriel, c'est ce que je
veux savoir. Si c'est ça, là, vous pourrez parler à partir
de la même chose.
M. Tremblay (Outremont): C'est la même chose que l'article
qui a été dans l'aide au développement touristique en 1979
et en 1984. La même forme de demande, l'article 8 qui a été
mis en place en 1979 et 1984, alors... On ne peut pas réinventer la roue
et chercher des bibites là où il n'y en a pas, là.
Mme Marois: Mais on ne cherche pas des bibites là
où il n'y en a pas, M. le Président, je m'excuse, absolument
pas.
M. Tremblay (Outremont): O.K.
Mme Marois: On essaie de bien saisir la démarche à
travers laquelle va passer, les étapes à travers lesquelles vont
passer les projets de demande d'aide provenant de coopératives.
M. Tremblay (Outremont): C'est facile. On prend, dans le milieu,
un coopérateur, quelqu'un qui décide de se prendre en main. Il va
se présenter au bureau du ministère de l'Industrie, du Commerce
et de la Technologie. C'est clair. Dans le passé, il pouvait se
présenter à six SDC. Maintenant, il va pouvoir se
présenter dans seize vitrines, pour employer le terme du
député d'Ungava. Là, il va dire: Moi, j'aimerais partir en
affaires avec d'autres personnes, je veux former une coopérative.
Alors là, immédiatement, il peut, étant
donné que cette personne, très souvent, n'est pas apte à
monter des dossiers, à faire des plans d'affaires, à
préparer des états financiers, immédiatement le
ministère va lui donner le support nécessaire pour l'aider
à monter son dossier. Le commissaire industriel, en tout cas. Il
faudrait dire ça aux gens de la SDC parce que c'est l'agent de la SDC
qui faisait ça dans le passé. Alors, on prend les mêmes
personnes qui faisaient ça.
Là, il y a une demande. La demande est présentée
officiellement. On va essayer de sauver du temps La demande est
présentée officielle ment à la SDI. La SDI regarde
ça. Quant à l'éligibilité, en dedans de trois
jours, ils disent oui ou non, à savoir si c'est eligible. Ça s'en
va au ministère qui regarde l'admissibilité Le ministère
dit: Oui, ça va être bon pour le développement des
coopératives. Et là, il dit oui. Ça retourne à la
SDI qui finalise l'analyse financière en fonction de la loi et des
moyens d'intervention et c'est réglé. Et ça revient au
ministre qui signe, comme dans tous les autres dossiers.
On n'a rien inventé là. Le secteur touristique, c'est
pareil. Quand quelqu'un veut intervenir dans le secteur touristique, il se
présente. On regarde le dossier, on l'envoie à la SDI. La SDI
demande un avis au ministère du Tourisme, il revient, la SDI fait
l'analyse financière et le ministre signe.
Alors, c'est cohérent, tout, et ça fonctionne. Qu'est-ce
que vous voulez que je vous dise? J'aimerais bien vous dire que ça ne
fonctionne pas. Ça fonctionne. Bon.
M. Claveau: Oui. Mais ça fonctionne dans le cadre de ce
que vous avez actuellement. Mais là où moi, j'ai un
problème... Et on regarde, tout à l'heure, mon collègue de
Shefford donnait des exemples de ce qui s'était passé. On
pourrait vous parler d'autres exemples aussi. Quelle va être, par
exemple, la répartition des budgets ou des programmes en fonction des
différentes activités ou les créneaux dans lesquels vont
pouvoir s'inscrire les activités des coopératives? Ça
aussi, c'est un peu préoccupant. Si je regarde, par exemple, au niveau
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, lorsque...
M. Tremblay (Outremont): Les mêmes qu'avant. Il n'y a rien
de changé Les mêmes programmes, les mêmes qu'avant
exactement. Alors, on n'inventera pas.
M. Claveau: Les mêmes budgets?
M. Tremblay (Outremont): Les mêmes budgets, les mêmes
choses, les mêmes personnes, le même monde, les mêmes aides
qu'avant.
M. Claveau: Mais la grosseur, par exemple. Il n'est pas dangereux
que les gros projets aillent manger les budgets des petits projets?
Mme Marois: Allez-vous faire deux enveloppes?
M. Claveau: M. le ministre, je voulais juste vous demander, si je
suis sur mon temps de parole...
M. Tremblay (Outremont): Oui. Deux enveloppes
séparées, deux risques totalement différents. La
réponse, c'est oui. Alors, je vais vous donner une ventilation de ce
qu'on a fait dans le passé.
Mme Marois: Parfait.
M. Tremblay (Outremont): Vous les avez. Vous avez une ventilation
de ce que vous avez aujourd'hui. Et à la prochaine étude des
crédits, vous me demanderez: Qu'est-ce que vous avez fait à date?
Et ça va me faire plaisir de répondre à vos questions et
de vous donner la ventilation. La députée de Chicoutimi m'a
demandé la même chose au niveau de l'AQVIR. Je n'ai aucun
problème. J'ai la lettre avec moi. Je l'ai eue à 7 heures. Je
vais la relire et je vais lui donner demain exactement ce dont elle a besoin.
L'intention, je vous le répète, ce n'est pas de causer
préjudice aux coopératives. Au contraire, c'est de leur en donner
plus, de les aider et de favoriser et accélérer le processus de
développement des coopératives dans toutes les réglons du
Québec.
M. Claveau: Toujours sur mon temps de parole, M. le
Président, le ministre comprendra qu'on est un peu
échaudés par ce genre de démarche là, et quand je
dis ça, ce n'est pas pour l'attaquer personnellement. Moi, je regarde,
par exemple, ce qui s'est passé au niveau du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche, lorsqu'on a modifié le programme des PADEL. PADEL avait
trois volets, dont un volet spécifiquement pour les gros projets et un
volet pour les petits projets et un autre pour le développement des
centres de ski ou autres. (22 h 30)
Là, il y a un an ou deux, le ministre du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche a décidé que c'était mieux d'agir
autrement, qu'il allait mettre tout ça ensemble. Bon. L'effet dans le
milieu que l'on vit tous les jours, au moment où on se parle, c'est
qu'il n'y a plus de place pour les petits projets. Il n'y a plus que les gros
qui passent parce que, entre un projet de 1 000 000 $ et 20 projets de 10 000
$, eh bien, c'est souvent le gros projet qui va manger le restant des budgets
alors qu'antérieurement on pouvait faire tout un tas de petits projets.
Quand je vois le député de Beauce-Nord qui semble ne pas
être d'accord avec ça, il aura juste à regarder de quelle
façon on a traité les budgets de PADEL dans des gros projets lors
des sommets économiques, pour enlever les possibilités
d'application des petits projets, parce que là on donnait à coups
de 100 000 $ et de 200 000 $ dans des arenas et des gymnases, des trucs comme
ça, et des centres de loisirs, mais le volet petits projets ayant
été diminué, actuellement, on ne retrouve jamais d'argent
pour les petits projets et on vous dit: Oui, mais vous avez eu votre part, on
vous a donné 200 000 $ ou 300 000 $ dans votre comté. Sauf que
c'était 300 000 $ promis dans un sommet économique pour finir une
aréna. Ça ne nous avance pas dans le reste, ça là!
C'est ce genre de préoccupation là que j'ai par rapport aux
petits projets de coopératives dans nos milieux qui sont des supports de
base pour quatre, cinq, six, dix emplois, mais qui sont excessivement
importants mais, par contre, qui n'ont pas de valeur marchande en soi. Ce n'est
pas le genre d'entreprises qu'on peut revendre. Ce sont même souvent des
entreprises où les gens gagnent à peine le salaire minimum, mais
qui sont des éléments moteurs indispensables dans des milieux
défavorisés, des milieux régionaux en voie de disparition
quasiment.
M. Tremblay (Outremont): Avec votre permission, M. le
député d'Ungava, vous avez absolument raison dans vos
représentations, mais il faut comparer des pommes avec des pommes. Au
niveau de la Société de développement des
coopératives... des garanties de prêts, ou je fais des prêts
de capitalisation. Alors, ce n'est pas des subventions comme telles. Donc, il y
aura toujours de l'argent pour prêter à des entreprises pour
favoriser le développement économique. Quand vous parlez du
PADEL, c'étaient des subventions budgétaires; maintenant, ce
n'est pas ça. Ce n'est pas ça du tout, du tout, du tout. Alors,
je douterais fort qu'un gouvernement quel qu'il soit n'aide pas les petits
à partir en affaires pour se prendre en main. Ça a toujours
été et ça va continuer exactement comme ça s'est
fait dans le passé.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'article 3?
Mme Marois: Oui, je voudrais en faire une dernière,
toujours sur le circuit que doit entreprendre et franchir une
coopérative pour obtenir de l'aide. Je ne veux pas mettre en doute la
parole du ministre, mais moi, je lis le projet de loi et je lis la Loi sur la
Société de développement industriel du Québec. M.
le Président, qu'on
le veuille ou non, à l'article 11 de la loi, à l'article
12 de la loi, de la SDI, j'entends, de la Société de
développement industriel du Québec, on dit: Toute demande
financière doit être faite à la Société dans
la forme qu'elle détermine", alors que dans l'autre cas, c'est: que le
"ministre" détermine. "Cette demande doit en outre être
accompagnée des documents et contenir les renseignements exigés
par la Société." Alors que dans l'autre cas, c'est le ministre.
À l'article 12: "...la Société examine la demande,
détermine si l'entreprise rencontre les conditions prévues dans
la loi et les règlements et, le cas échéant, elle peut
déterminer l'aide financière qu'elle entend accorder." Encore
là, dans l'autre cas, c'est le ministre.
Alors, qu'est-ce que vous voulez? Moi, je lis la Loi sur la
Société de développement industriel du Québec et je
lis la loi, le projet de loi qui est devant moi. Peut-être que je lis
mal, peut-être que je ne comprends pas les mots mais, pour moi,
"Société" dans la Loi sur la Société de
développement industriel du Québec, ça veut dire
"Société de développement industriel" et quand je lis
"ministre" dans la loi 87, je lis "ministre". Alors, je ne peux pas en
inventer, je les lis comme ils sont écrits, les mots. Cela étant
dit, j'espère que le ministre va se questionner sur ça, il va
comprendre que l'on risque de faire... que l'on risque d'obliger les
entreprises coopératives à passer à travers un
méandre que l'on n'impose pas aux autres entreprises qui sont d'une
autre forme.
M. Tremblay (Outremont): Alors, je voudrais juste lire...
Mme Marois: Je ne suis pas la seule à avoir des
problèmes avec ça puisque le ministre a reçu une lettre,
en novembre, de la Conférence des coopératives forestières
du Québec. Vous allez me dire qu'ils n'étaient pas ceux qui
étaient les plus favorables à la loi, mais ils supportaient en
cela bien d'autres regroupements de coopératives et ils se posent les
mêmes questions. Et je pourrai y revenir à l'étude article
par article puisqu'ils y viennent. Je ne l'ai pas inventé.
M. Tremblay (Outremont): O.K. Non, non. Mais il y a l'article 8
de la Loi sur l'aide au développement touristique - je vais vous le
lire, il y a quatre lignes, alors on va pouvoir comparer avec ce qu'on fait
présentement au niveau de la Société de
développement des coopératives - "Toute personne qui
désire bénéficier d'une aide financière doit en
faire la demande à la Société dans la forme que prescrit
le ministre du Tourisme. Cette demande doit être accompagnée de
documents et contenir les renseignements qu'il détermine." Donc,
l'article... Et c'est celui-là que je mentionnais tout à l'heure,
qui a été rédigé en 1979 et 1984 et conforme
à l'article qu'on a ici. Ce que j'ai de la misère à com-
prendre, c'est le point que vous essayez de faire.
Vous dites que la Société de développement
industriel du Québec, c'est la grosse société qui va
éliminer, qui va manger tout, qui va éliminer les
coopératives. Alors là, il y a une protection additionnelle et
c'est le ministre qui va s'assurer que tout est correct.
Mme Marois: Je ne veux pas être.. Je comprends que vous
essayez de relever une contradiction dans nos propos. Non, il n'y en a pas.
D'abord, je vais reprendre ce que le député de Shefford disait
tout à l'heure. On est en désaccord, qu'est-ce que vous voulez,
avec l'orientation qui est privilégiée ici. À partir de
là, on est toujours en porte-à-faux avec les propositions que
l'on fait. Je pense que le ministre va comprendre ça puisque c'est avec
le fond qu'on est en désaccord. Maintenant, à partir de
là, on se dit: Puisque c'est ça le choix du gouvernement et qu'il
ne semble pas qu'on puisse avoir une influence, même si on essaie
désespérément de le faire, je commence à avoir des
doutes. En tout cas, on se dit: Qu'est-ce qui va être le mieux? À
partir du moment où le choix est fait, là, je n'y peux plus rien.
Qu'est-ce qu'on peut proposer ou qu'est-ce qu'on doit regarder pour faire en
sorte qu'on facilite au moins l'entrée dans le système, pour les
coopératives? Et c'est essentiellement sur ça que j'en ai. Je
vais toujours être en porte-à-faux. Ça va être facile
pour le ministre de me mettre en porte-à-faux parce que, au point de
départ, je suis en désaccord avec le projet qui est là.
Donc, je comprends qu'il puisse me poser la question mais, moi, je lui pose,
d'autre part, un autre type de question.
Je vais le reprendre, son exemple de l'aide au développement
touristique. Je comprends, ce n'est pas le ministre de l'Industrie, du Commerce
et de la Technologie qui est responsable du tourisme. S'il y avait une
entreprise, je ne sais pas, qui veut développer un camping famille sous
une forme coopérative, le ministre serait tout à fait
justifié de dire: C'est un outil de développement touristique, on
va demander un avis au Tourisme. Mais là, on s'entend que c'est sous le
même chapeau, sous la même responsabilité. Alors, que le
ministre ne doive donner un avis qu'à la fin du processus, ou même
au début, une fois... Mais là, c'est qu'on fait promener l'entre
prise entre le ministère et la SDI avec un va-et-vient entre les
deux.
Alors, moi, comme je vous le dis, M. le Président, je ne suis pas
la seule à comprendre ça puisque les coopératives
forestières ont fait la même analyse que nous à cet
égard-là. Et c'est amusant parce que j'ai eu le commentaire des
coopératives forestières, seulement il y a quelques jours, parce
que, évidemment, j'ai été très prise par la
Commission sur l'avenir politique et constitutionnel du Québec, donc
j'ai reçu ça un peu tard. Mais les analyses qu'on avait
faites,
nous, ici, du projet de loi arrivaient à la même
conclusion. Donc, les esprits se rencontrent, là, hein?
Le Président (M. Jolivet): Pour aider au débat, M.
le ministre, si je pouvais mettre un petit grain de sel en cours de route pour
voir si je comprends bien moi aussi. Actuellement, si je suis une
coopérative forestière, puisque je suis critique de ce
secteur-là, ce que j'ai à faire, c'est que je vais à la
SDC. Et la SDC, en vertu de sa loi, demande un avis sectoriel au ministre de
l'Énergie et des Ressources, secteur forêts, désormais le
ministre des Forêts. Et là, la SDC a ses règlements, elle
agit selon ce qui la détermine et, à ce moment-là, l'avis
sectoriel vient du ministère de l'Énergie et des Ressources. En
vertu de la loi qui est devant nous, ça veut dire qu'elle va devoir se
rendre à la SDI. Et là, la SDI va avoir deux choses à
regarder. Comme c'est une coopérative, elle va devoir demander l'avis
sectoriel du ministère de l'Industrie et du Commerce et elle va devoir,
en même temps, demander l'avis sectoriel du ministère de
l'Énergie et des Ressources, secteur forêts, ou du futur
ministère des Forêts. Dans son cas, au lieu d'avoir une seule
demande d'avis sectoriel, il va y en avoir au moins deux, si je comprends bien.
Et c'est ça que les coopératives disent: II y a une tracasserie
additionnelle qu'on nous met sur le dos.
Ce que le ministre veut faire à la SDC, dans le fond, en la
transférant au ministère pour ensuite donner le mandat à
la SDI, c'est qu'il y a une étape de plus entre les deux qu'elle n'avait
pas à faire avant.
M. Tremblay (Outremont): Si je me fie à ce que vous me
dites et ce qui est la réalité, c'est que quand un
coopérant se présente à la SDC aujourd'hui il arrive avec
une idée et beaucoup de bonne volonté et il a besoin d'une aide
technique. Ça va être la même démarche, là. Au
lieu de se présenter à un bureau de la SDC - il y en a 6 - il va
se présenter à un des 16 bureaux du ministère de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie avec son idée et sa bonne
volonté. Et le rôle du ministère, ça va être
de l'encadrer, de lui apporter le support et de l'aider à monter son
dossier. Une fois que c'est fait, c'est évident que le dossier va se
rendre à la Société qui, elle, va demander un avis
d'opportunité. Ce n'est pas un dédoublement, c'est une
procédure, mais, en fait, l'avis d'opportunité va
déjà être presque évident parce qu'on va le demander
à la même personne au ministère ou, sensiblement, qui va
l'avoir vérifié.
Le Président (M. Jolivet): S'il est dans la forêt,
il va le demander au ministère des Forêts...
M. Tremblay (Outremont): Comme dans tous les autres dossiers,
c'est évident. Comme dans tous les autres dossiers, que ce soit à
la SDI... Quand ça rentre à la SDI, la SDI le reçoit, va
l'envoyer aux Forêts; la SDI va le recevoir, va l'envoyer au Tourisme.
C'est la même chose, il n'y a pas de différence.
Évidemment, si c'est nécessaire, mais il n'y a pas de... Je
considère, personnellement, que c'est une protection additionnelle pour
le secteur des coopératives. Ce n'est pas un moyen dilatoire pour
retarder des demandes. Au contraire, on dit - j'ai entendu ça beaucoup
ce soir - que la grosse SDI va manger, va bouffer tout le monde, pour employer
les termes du député d'Ungava. Ce que je dis, c'est que c'est une
protection. Je pense qu'en tant que ministre j'ai la responsabilité de
m'assurer d'une transition ordonnée et que toutes les parties puissent
travailler ensemble dans un système cohérent qui est le
même et qui n'est pas différent, à l'exception que je vais
déterminer la forme, la forme d'aide, la forme des documents, c'est
tout. C'est ce qu'on faisait dans le passé aussi.
Mme Marois: La crainte n'étant pas uniquement que la
grosse SDI mange les petites coopératives, mais vous savez très
bien, et je n'ai pas besoin de revenir sur ça, c'est une question de
philosophie et d'attitude et qui fait que, qu'est-ce que vous voulez, si le
volume est beaucoup plus significatif dans un secteur, qui est celui de
l'entreprise plus traditionnelle, versus le volume de demandes beaucoup plus
limité dans un secteur moins traditionnel, il va de soi que les
priorités vont là où la masse se trouve. Que vous le
vouliez ou non, que vous aimiez ça ou pas, c'est la loi des
organisations.
M. Tremblay (Outremont): Je ne suis pas d'accord du tout, du
tout. Il y a 33 employés à la Société de
développement des coopératives, il va y avoir encore 33
employés. Il y a eu 76 prêts d'octroyés, il va y en avoir
encore 76 ou peut-être 80. En plus de ça, c'est un
vice-président au développement des coopératives, le
même conseil d'administration qui devient un comité aviseur. En
plus, il y a une présence au niveau du conseil d'administration de la
SDI.
Mme Marois: On verra dans les articles un par un, pour savoir si
c'est vraiment ça qui se passe, et où c'est écrit.
M. Tremblay (Outremont): C'est ça.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: J'écoute le ministre. H y a un problème
de conception. Je ne sais pas si le ministre a déjà eu
l'occasion sur le terrain... Il me dit qu'il est allé au Lac-Saint-Jean,
dans le cas de la Société d'entraide économique, dans
le
temps des caisses d'entraide économique, d'ailleurs qui sont
devenues la Financière. Je ne sais pas si le ministre a
déjà eu l'occasion de discuter avec les gens du secteur
privé, les industriels qui ont réussi, eux, de ce qu'ils pensent
du milieu des coopératives, de ce qu'Hs pensent du monde de la
coopération. Probablement que les gens de chez nous ne sont pas
très différents du monde d'ailleurs. Vous savez, on se ressemble
un peu. Quand je vais sur le terrain et que je rencontre mon monde et que je
parle avec les contracteurs, et que je parle avec les gens de l'industrie
forestière, que je parle avec les gens de l'industrie minière,
leur opinion du monde des coopératives n'est pas nécessairement
ce qu'il y a de plus beau. C'est ça le problème qu'on a a vivre
actuellement. C'est que c'est avec ces gens-là que le ministre dit: On
va mêler tout le monde. Tout le monde est beau et fin, on fait de la
"business" ensemble. Mais le monde de l'entreprise privée, comme je le
dis souvent d'ailleurs, et je ne me gêne par pour le dire: Dans
l'entreprise privée, quand ça va bien, tu es bon parce que c'est
toi qui as réussi. Quand ça va mal, c'est la faute du
gouvernement. Les gens de l'entreprise privée ont une vision du milieu
de la coopération qui, à mon avis, est tout à fait
irréconciliable. Ce qui fait que si on veut vraiment que le monde de la
coopération puisse fonctionner, puisse avoir des chances de se
développer, U doit rester entre les mains de gens qui sont vendus
à la cause de la coopération, pas avec un
à-côté quelque part, mais vendus à la cause de la
coopération. (22 h 45)
Moi, je ne suis pas convaincu, loin de là, sans vouloir mettre
les paroles du ministre en doute et sans vouloir non plus faire une chasse aux
sorcières, mais je ne suis pas convaincu que les gens qui ont
l'habitude, depuis de nombreuses années, de travailler avec le secteur
industriel privé aient une approche tout à fait ouverte et sans
préjugés envers le monde de la coopération qu'on le
veuille ou non, à l'exception peut-être de Desjardins et de
quelques-uns comme ça qui ont une grosse image, de Purdel, enfin, puis
de quelques entreprises peut-être un peu plus importantes, mais qui, dans
l'ensemble, restent pour l'entreprise des quêteux, dans le domaine des
affaires, dans le milieu de la "business". Et même encore aujourd'hui,
même si Desjardins est une grosse affaire, je ne suis pas convaincu, moi,
que c'est encore tout le monde qui est certain que ça va tenir. Il y a
une approche qui est différente, une façon de voir qui est
différente. Le milieu de la coopération n'est pas basé sur
le rendement, il n'est pas basé sur l'efficacité
nécessairement, il n'est pas basé sur des critères
d'opportunité, de recherche de la meilleure opportunité, sinon
les 25 gars qui veulent se mettre ensemble pour faire une petite "business",
une coopérative forestière dans le bout de Chibougamau, s'ils
allaient vers l'opportunité, probablement qu'ils prendraient le
même argent, puis ils iraient le mettre à Montréal ou aux
États-Unis, ils se feraient une coopérative de condos en Floride,
si c'était l'opportunité qui les intéressait. Ce n'est pas
ça. C'est d'avoir une petite "business" dans la place pour pouvoir vivre
avec leur monde. Pourquoi, par exemple, des industriels chez nous puis les gens
d'affaires qui ont réussi, eux, parce qu'ils étaient bons et
fins, aujourd'hui, investissent-ils en Floride, aux Bahamas, dans des condos,
à Montréal puis dans ce coin-là, puis ne sont pas
intéressés à mettre de l'argent dans le milieu? Ils en ont
fait de l'argent dans le milieu par exemple, mais ils vont l'investir ailleurs,
là où il y a des opportunités. Et pour maintenir des
emplois, bien, c'est des coopératives qui prennent la relève
parce que, eux, ce n'est pas le milieu du rendement puis de
l'opportunité qui est la meilleure affaire a faire, qui les
intéresse. C'est de pouvoir vivre dans la place. C'est ça le
dilemme entre les deux principes, puis le ministre veut les mettre ensemble.
Ça va exploser, ça n'a pas d'allure.
M. Tremblay (Outremont): M le Président, que voulez-vous
que je vous dise? Je me demandais d'où venaient les qualificatifs qui
avaient été cités dans la revue du forestier, mais je
pense que ça vient du député d'Ungava. Je pense que j'ai
beaucoup plus de respect pour les coopératives que vous ne pouvez en
avoir.
M. Claveau: Au contraire.
M. Tremblay (Outremont): Ce qu'il est important de
réaliser aujourd'hui... Je vais vous donner juste une statistique,
peut-être que ça va vous aider à comprendre: 40 % des
coopératives qui ont été faites dans les derniers six mois
sont associées dans de grandes entreprises méchantes, comme vous
le dites. Ce sont des coopératives de travailleurs qui travaillent
justement avec de grandes entreprises. C'est ça, l'avenir. L'avenir,
c'est de travailler davantage ensemble et je ne serai pas.
M. Claveau: II y a une affaire que le ministre n'a pas comprise,
c'est qu'ils n'ont pas le choix.
M. Tremblay (Outremont): Je ne serai pas la personne qui va
isoler davantage les coopératives pour leur dire: Restez dans votre
trou, vous êtes moins bons que les autres. Au contraire, je pense que les
travailleurs et les travailleuses peuvent très bien travailler avec de
grandes entreprises puis contribuer au développement économique
de leur région sous forme de coopérative et c'est, entre autres,
pas uniquement, c'est entre autres ce que ce présent projet de loi et la
nouvelle dynamique leur permettent.
M. Claveau: II y a une affaire que le
ministre n'a pas comprise, M. le President, dans cette
histoire-là quand il parle d'association, entre autres, dans le milieu
forestier. Je peux vous dire pourquoi l'entreprise forestière, des
coopératives forestières s'associent avec des entreprises, c'est
parce que pour pouvoir remplir les contrats des CAAF, des contrats
d'approvisionnement et d'aménagement forestier, les entreprises ont des
responsabilités à prendre. Mais comme les entreprises essaient
d'aller au moins coûteux, d'éviter les problèmes de
syndicat, d'éviter les problèmes de conventions, puis
d'éviter les salaires trop élevés, eh bien, à ce
moment-là, elles font des ententes avec les coopératives dans le
milieu en faisant vivre du monde, certes, mais en payant la moitié moins
cher de ce qu'elles paieraient la plupart du temps, si elles étaient a
l'intérieur de l'unité de négociation. C'est pour
ça. Ça, c'est comme quand le ministre des Transports nous dit:
Oui, mais que voulez-vous, les camionneurs aiment ça, être
indépendants pour transporter du bois. Ce n'est pas vrai, ils n'ont pas
le choix. C'est que les compagnies leur vendent les camions, puis s'ils ne
veulent pas les acheter ils les clairent puis ils en prennent d'autres, avec
leurs propres camions. Pas parce qu'ils veulent, c'est parce qu'ils ne peuvent
pas faire autrement s'ils veulent gagner leur croûte. Il faudrait que le
ministre comprenne ça. S'il y a des associations dans le domaine
forestier, entre autres, dans des coopératives et des entreprises
forestières, c'est que c'est la seule façon qui reste aux
travailleurs pour gagner leur croûte, puis c'est du sous-emploi, de la
sous-rémunération dans le mesure où ça permet aux
entreprises de pouvoir remplir leurs engagements avec le gouvernement, sans
payer ce qu'elles auraient à payer si elles étaient à
l'intérieur d'une unité de négociation. Puis, si les
travailleurs n'acceptent pas ça, c'est le BS. C'est pour ça qu'il
y a des ententes. Pas par bonne volonté, c'est parce que les entreprises
ne veulent pas agir autrement, puis elles acculent les travailleurs au pied du
mur pour les sous-payer.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur l'article 3?
M. Claveau: Écoutez un peu, je sais comment ça se
passe. Je les vois tous les jours.
Le Président (M. Jolivet): Juste avant de terminer,
j'aimerais bien comprendre, M. le ministre. Actuellement, une entreprise qui
veut avoir de l'aide va à la SDI, la SDI demande un avis sectoriel du
ministère où elle fait la demande. Le ministère retourne
à la SDI sa demande en lui disant: Oui, d'accord, on est d'accord avec
ça. Faites l'analyse. La SDI l'envoie au ministre responsable qui est le
ministre de l'Industrie et du Commerce. Selon la SDC actuellement, la
coopérative va voir la SDC. La SDC demande un avis favorable du
ministère concerné, lequel retourne son avis à la SDC et,
après analyse, l'envoie au ministre de l'Industrie et du Commerce qui
décide.
Dans ce que je crois comprendre actuellement, là où le
litige se trouve, c'est que la coop doit, comme porte d'entrée, voir le
MIC qui, lui, l'envoie à la SDI, secteur des coopératives, lequel
fait une demande sectorielle, disons, aux forêts, qui dans ce
cas-là le retourne à la SDI, qui la retourne au MIC, lequel
l'envoie au ministre. Serait-il possible dans ce cas-là, pour
éviter tout ça, que la coop arrive, s'en aille directement
à la SDI, secteur des coopératives de la SDI; de là le
secteur coopératif de la SDI fait une demande au ministère
sectoriel, du ministère sectoriel le retourne à la SDI qui, elle,
l'envoie au ministre? On aurait le même processus, tandis que là,
le problème qu'on a, c'est qu'il semble y avoir six étapes et,
dans l'autre cas, c'est quatre étapes.
M. Tremblay (Outremont): C'est ça que ça fait
là. La dernière étape, c'est ça que ça
fait.
Le Président (M. Jolivet): Bon, si c'est ça,
j'aimerais bien le comprendre. Est-ce que...
M. Tremblay (Outremont): C'est marqué à l'article
7, on recommence, on peut le regarder.
Le Président (M. Jolivet): O.K.
M. Tremblay (Outremont): L'article 7: 'Toute entreprise
coopérative qui désire bénéficier d'une aide
financière doit en faire la demande à la Société
dans la forme que détermine le ministre." Bon. La seule
différence avec la SDI, c'est que, dans la loi de la SDI, c'est dans la
forme que détermine la Société. Bon. Alors, la demande est
faite et, après ça, elle suit son cours de la même
façon qu'avec la SDI.
Une voix: Une fois que la formule est prescrite, elle est
prescrite pour 10 ans.
M. Tremblay (Outremont): Bien oui. Tu sais, la formule, on n'est
pas... Tu sais, le ministre a approuvé des formules et, une fois que je
l'ai fait, je ne recommencerai pas toutes les fins de semaine à
approuver des formules.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que je comprendrais...
C'est de la façon suivante, d'abord: ça veut dire que le
ministère, disons, des Forêts, actuellement... Laissons tomber les
coopératives, parlons de la SDI. Je veux faire un programme de relance
des scieries au Québec. Le ministre des Forêts détermine
quelle forme d'aide il va apporter... Non mais, actuellement là... Non,
mais c'a déjà existé comme ça dans le sens suivant:
le ministère des Forêts qui existera demain matin, lui, il veut
avoir un programme
spécial pour relancer l'industrie du sciage. Lui, comme ministre
responsable, il s'en va devant le Conseil des ministres, il détermine le
programme dont if a besoin. Il dit: Le programme dont j'ai besoin, c'est
ça, voici la forme d'aide que je veux apporter. Et là où
les gens devront s'adresser pour l'administration de ce programme-là,
c'est la SDI. Donc, tout individu, après ça, s'en va à la
SDI et la SDI fait l'analyse avec les demandes sectorielles et autres et le
ministre responsable autorise, donc le ministre des Forêts, l'aide. Non,
mais dans ce cas-là, ça serait le ministère de l'Industrie
et du Commerce qui aura la responsabilité. Dans ce cas-là, ce que
j'essaie de voir, c'est, dans le cas qui nous préoccupe, que la loi
qu'on est en train de passer, c'est comme si on avait une sorte de
décret ministériel qu'on voudrait mettre dans une loi, puis le
ministre de l'Industrie et du Commerce étant le responsable des
sociétés coopératives, il détermine quelle forme
d'aide il va y avoir, puis quel montant d'argent va être disponible, puis
il va distribuer les budgets pour que la SDI l'administre ensuite. Autrement
dit, la SDI ne serait que l'administrateur du programme déterminé
par le ministre de l'Industrie et du Commerce pour les coopératives.
Mine Marois: On va toucher d'ailleurs à un article
très précisément là, l'article 9.
M. Tremblay (Outremont): Oui, oui. Pour rassurer, les budgets de
la Société de développement des coopératives vont
faire partie d'une demande séparée pour assurer justement ce que
l'Opposition dit: Qu'est-ce qui va nous assurer que ce ne sera pas noyé
dans un grand ensemble, que l'argent n'ira pas aux gros projets industriels,
qu'il n'en restera pas pour des petits? Dans le meilleur intérêt
du développement des coopératives et des petites
coopératives, le ministre a gardé le pouvoir de décider
des programmes, des formes d'aide; c'est une protection additionnelle pour le
milieu coopératif.
Mme Marois: À l'article 9, on va constater que ce n'est
pas une protection nécessairement additionnelle, mais, à mon
point de vue, ça peut être une embûche additionnelle.
Ça, on y reviendra, parce qu'il y a deux avis, deux avis
différents.
Le Président (M. Jolivet): C'est ça. O.K. Donc, si
on revenait, dans ce cas-là, à l'article 3 pour en conclure avec
l'article 3. Est-ce que l'article 3 est adopté?
Mime Marois: II est raccourci parce qu'on a retrouvé
à l'article 1 ce qui était à l'article 14, mais l'article
3 vient remplacer à peu près l'article 17 de l'ancienne loi.
À l'article 17 de l'ancienne loi, évidemment, on
répétait le fait que le gouvernement pouvait établir des
program- mes d'aide financière ou tout autre programme destiné
à favoriser la création et le développement d'entreprises
coopératives et en déterminer les conditions, critères et
limites d'application. Alors, on est un peu plus précis là...
Le Président (M. Jolivet): Alors... Mme Marois:
...mais on va l'adopter.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. J'appelle l'article
4. M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): En fait, ça détermine les
formes d'aide que peut prendre l'aide financière aux
coopératives.
Le Président (M. Jolivet): Mme la députée de
Taillon.
Mme Marois: Oui. Au quatrième alinéa, on a
indiqué... L'aide financière peut prendre les formes suivantes.
4°."un prêt." Et à l'article 18 de l'ancienne loi, on lisait
"un prêt avec ou sans intérêt". Et là, c'est vraiment
une question d'information, je veux dire. Est-ce que ce n'était pas
utile de le répéter ou est-ce que c'est pertinent de le
répéter là? Parce qu'à l'article 18, à
l'origine, dans la loi de la SDC, on parlait, au quatrième
alinéa, d'un prêt avec ou sans intérêt et ici, on dit
simplement "un prêt", avec le projet de lot qui est devant nous.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Oui, c'est parce que la prise en charge
d'intérêt est au paragraphe 3°. En fait, ce qui arrive en ce
moment, il y a la possibilité qu'il y ait un congé
d'intérêt pour les deux premières années. Alors, le
paragraphe 3... "une prise en charge d'une partie ou de la totalité des
intérêts sur les emprunts - donc les prêts - ou sur les
parts privilégiées d'une entreprise coopératives."
Mme Marois: L'alinéa 3° dont vous faites état
était déjà à l'article 18 mais, malgré tout,
on retrouvait à l'alinéa 4° ce que je vous mentionne. Alors,
je pensais qu'on faisait référence à plus large, ici.
M. Tremblay (Outremont): Non, non, ce qu'on me dit là...
Je l'ai ici: L'omission de ces mots devrait être considérée
comme une amélioration logistique parce qu'un prêt peut toujours
être sans intérêt ou avec intérêt. Mais
ça n'enlève rien à ce qui existait dans le
passé.
Mme Marois: Vous connaissez l'expression, je pense que notre
président est un spécialiste, qui va bien...
Le Président (M. Jolivet): Trop fort ne
casse pas.
Mme Marois: Non. Ce qui va bien sans le dire...
M. Tremblay (Outremont): C'est encore mieux de le dire.
Une voix: Ce qui va sans dire va encore mieux quand c'est
écrit.
Mme Marois: Voilà. Alors, est-ce qu'il n'est pas
souhaitable qu'on le retrouve là?
Le Président (M. Jolivet): Est-ce un notaire ou un avocat
qui a dit ça?
Une voix: Ça dépend; si vous avez quelque chose
contre les avocats, alors ce sera un comptable.
Le Président (M. Jolivet): Ou pour les notaires.
Mme Marois: Parce que, évidemment, quand on ta lit... Je
comprends le ministre, ça peut être... Mais, évidemment,
moi, je la lis avec l'ancienne loi qui est amendée, qu'on met de
côté. Alors, j'essaie de voir où sont les
différences et...
M. Tremblay (Outremont): Je vous l'ai donnée, la raison.
On dit: Ce sont des améliorations légistiques. Ça veut
dire qu'il y en a qui doivent faire ça. Alors, moi, je n'ai pas
d'objection qu'on mette "prêt", que ce soit exactement comme
c'était avant. On m'a dit, à moi, que c'était une
amélioration légistique. Alors...
Mme Marois: Ce qui veut dire une amélioration à la
loi.
M. Tremblay (Outremont): Bien, oui, c'est ça qu'on me dit,
parce que c'est compris dans l'article 3. Mais si vous voulez le dire, on peut
dire "avec ou sans intérêt", ça ne change rien.
Le Président (M. Jolivet): C'est que le fait de ne pas
l'écrire, Mme la députée, un prêt peut être
avec ou sans intérêt. C'est une décision du ministre. Donc,
le fait de mettre "un prêt", ça inclut les deux.
Mme Marois: Oui, mais vous savez fort bien...
Le Président (M. Jolivet): Mais, si vous voulez, trop fort
ne casse pas...
Mme Marois: Oui, trop fort ne casse pas.
Le Président (M. Jolivet): Alors, si vous le faites...
Vous faites un amendement, Mme la députée?
Mme Marois: Oui, je préférerais qu'on mette...
Le Président (M. Jolivet): Donc, après le mot
"prêt"...
Mme Marois: ..."un prêt avec ou sans intérêt".
Puisque c'est ce que ça veut dire, pourquoi ne pas l'écrire?
Le Président (M. Jolivet): ...on ajoute les mots "avec ou
sans intérêt;" - point-virgule. Est-ce que le ministre est
d'accord?
M. Tremblay (Outremont): Je n'ai aucun problème avec
ça.
Le Président (M. Jolivet): Donc, l'amendement aurait pour
effet, au quatrième paragraphe, d'ajouter, après le mut
"prêt", les mots "avec ou sans intérêt;" - point-virgule.
Donc, l'amendement serait adopté. L'article 4, si j'ai compris, avec
cette demande serait adopté?
Mme Marois: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. J'appelle
l'article 5. M. le ministre.
Administration
M. Tremblay (Outremont): Ça prévoit que la
Société de développement industriel va administrer les
programmes d'aide financière adoptés par le gouvernement en vertu
de la présente loi.
Mme Marois: Bon, il est évident, M. le Président,
qu'on ne refera pas tout le débat qu'on a depuis le début. Mais
c'est à cet article en particulier que nous nous adressons, lorsqu'on
dit que la Société de développement industriel,
malgré tous les talents qu'on trouve à ses gestionnaires,
malgré toute la valeur de ses interventions dans un grand nombre de
secteurs industriels du Québec, ne lui donne pas nécessairement,
ça ne lui donne pas tout ça nécessairement, l'expertise
pour aider, soutenir et cheminer avec des projets de développement de
coopératives. Alors, c'est l'objet de tout notre débat
évidemment puisque, en démantelant la SDC, on envoie sous la
responsabilité de la SDI les programmes autrement administrés.
C'est évident qu'on va être en désaccord avec cet article.
Donc... (23 heures)
Le Président (M. Jolivet): Donc, adopté, si je
comprends bien...
Mme Marois: Sur division, bien sûr, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): ...sur division. J'appelle
l'article 6. M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Étant donné que les
fonctions de la Société de développement des
coopératives sont partagées entre la SOI et le ministère,
au niveau principalement, entre autres, de l'aide technique, c'est l'article
qui permet au ministre d'intervenir par le biais du ministère pour
apporter toute l'aide technique aux coopératives, par le
ministère, par la Direction générale des
coopératives.
Le Préaident (M. Jolivet): Mme la députée de
Taillon.
Mme Marois: M. le Président, dans l'ancienne loi, puisque
c'est celle-là que nous amendons, je le répète toujours,
que nous mettons de calé finalement, il était prévu
à l'article 15 la chose suivante, et je cite: "Pour la
réalisation de son objet et dans le but d'offrir aux entreprises
coopératives un financement complémentaire à celui de
leurs membres et des institutions financières déterminées
par le gouvernement, la Société peut - et là, on donnait
trois éléments permettant à la Société
d'agir -1° administrer tout programme d'aide visé dans l'article 17
- qui prévoyait des programmes d'aide aux entreprises
coopératives - 2° conseiller les entreprises coopératives sur
leur financement; 3° s'assurer que les entreprises coopératives
bénéficiant d'une aide financière ont accès
à l'aide technique nécessaire."
Le nouveau paragraphe 6 est peu loquace et dans une lettre au ministre
que lui adressait M. Miron, le président de la Conférence des
coopératives forestières du Québec, celui-ci s'en
inquiétait en disant: Le chapitre II intitulé Aide
financière et technique ne comprend aucune référence sur
la nature ou les formes que pourrait prendre cette aide et, à ce point
de vue, nous sommes évidemment prêts, nos membres ayant pu
bénéficier à nombre d'occasions de l'aide technique
dispensée par la SDC, à collaborer pour préciser cet
aspect.
Je voudrais donc bien comprendre pourquoi le ministre n'a pas senti le
besoin de réintroduire des éléments comme ceux-là.
Là, je vais expliquer vraiment pourquoi je pense qu'il aurait
été souhaitable qu'un certain nombre de ces
éléments s'y retrouvent. Je vais prendre l'alinéa 3°
de l'ancien article 15 qui disait, et je le répète à
nouveau: "s'assurer que les entreprises coopératives
bénéficiant d'une aide financière ont accès
à l'aide technique nécessaire." Ça dépasse le
conseil d'ordre de gestion, le conseil sur la structure financière.
Ça dépasse largement ce que fait habituellement une entreprise de
soutien ou d'aide aux finances d'une entreprise coopérative ou autre. Je
pense que c'est dire: Voilà, on peut... La Société de
développement des coopératives disait aux entreprises: Nous, on
peut faire telle et telle chose. On se rend compte qu'il y a une expertise qui
serait peut-être nécessaire au plan d'une technologie et,
là, diriger l'entreprise vers un service qui pourrait l'aider, vers une
autre entreprise qui pourrait l'aider à cet égard-là, ce
qu'on ne retrouve pas à l'article 6. Peut-être n'est-ce pas le bon
article, mais, moi, j'avais pensé que c'est là que ça
devait à peu près se loger, puisqu'on parle de l'aide technique
nécessaire pour la réalisation de son projet Donc, c'est ce genre
d'aide, j'imagine, qu'on devrait y retrouver. C'est "peut accorder". Le nouvel
article dit: Le ministre peut accorder à l'entreprise toute aide
technique. Dans l'autre, c'était aussi "peut", mais "s'assurer que les
entreprises... bénéficiant d'une aide ont accès à
l'aide technique nécessaire."
M. Tremblay (Outremont): Je n'ai pas de problème à
écouter les suggestions de la députée de Taillon pour
s'assurer que l'intention des parties est exactement celle de la
députée de Taillon. Alors, on pourrait dire: Le ministre assure
à l'entreprise toute aide technique pour la réalisation de son
projet.
Mme Marois: Parfait. On enlève la notion de "peut" et on
la fait plus affirmative, plus positive. Déjà, ça me
convient mieux, M. le Président.
M. Tremblay (Outremont): Oui.
Le Président (M. Jolivet): II faudrait écrire
ça.
M. Tremblay (Outremont): Dans la Loi sur la Société
de développement industriel du Québec, pour votre information,
à l'article 3, il y a une disposition au deuxième paragraphe:
"conseille en matière de structure de capital les entreprises qui
présentent une demande d'aide financière."
Mme Marois: Mais on comprend que l'ancien article - je m'excuse
de revenir à ça, mais il faut toujours regarder d'où on
part puisque c'est ça qu'on remet en question - on se rend compte que
c'était une aide financière, "ont accès à l'aide
technique nécessaire".
M. Tremblay (Outremont): C'est ça, mais l'article 6 le
fait. L'article 6, on l'a réglé là. Le ministre assure
à l'entreprise toute aide technique pour la réalisation de son
projet.
Mme Marois: Parfait.
M. Tremblay (Outremont): Réglé.
Mme Marois: O.K.
M. Tremblay (Outremont): Le financement,
je vous dis qu'il y a deux choses. La dernière phrase du
paragraphe 5 de la Loi sur la Société de développement des
coopératives dit: Elle conseille les entreprises sur leur
financement.
Mme Marois: Oui.
M. Tremblay (Outremont): En plus, la Loi sur la
Société de développement industriel, au paragraphe 2°
de l'article 3, dit clairement qu'on va, en plus de ça, conseiller les
entreprises en matière de structure de capital, etc.
Mme Marois: Oui, ça va. J'ai l'article devant moi.
M. Tremblay (Outremont): Elle administre tout programme d'aide
visé... ça, on l'a dit tout à l'heure.
Mme Marois: D'accord.
M. Tremblay (Outremont): Alors, la correction... Si vous
êtes d'accord, M. le Président, on pourrait dire: Le ministre - on
enlève "peut accorder" - assure à l'entreprise toute aide
technique pour la réalisation de son projet.
Mme Marois: Je pense que c'est déjà plus large et
ça offre plus de garanties.
M. Tremblay (Outremont): Très bien.
Le Président (M. Jolivet): Si vous êtes d'accord, on
enlèverait les mots "peut accorder" et on les remplacerait par "assure".
L'amendement donnerait l'article suivant: Le ministre assure à
l'entreprise toute aide technique pour la réalisation de son projet. Si
vous êtes d'accord, on l'adopterait, tel qu'amendé.
Mme Marois: Oui, d'accord, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. J'appelle
l'article 7. M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): En fait, c'est l'article qu'on a
discuté beaucoup tout à l'heure. C'est la porte
d'entrée.
Mme Marois: C'est ça, et je répète,
évidemment, qu'on traite différemment les entreprises qui vont
à la Société, généralement.
M. Tremblay (Outremont): Non pas pour la porte d'entrée,
uniquement pour... Ce n'est pas la Société qui décide de
la forme d'aide, et je prétends honnêtement que c'est dans le
meilleur intérêt des coopératives.
Mme Marois: Moi, je pense que comme la loi n'est pas dans le
meilleur intérêt des coopératives, évidemment, on a
comme des problèmes.
Je suis persuadée - le ministre saura m'en reparler quand viendra
le temps de l'évaluation, des résultats si jamais cette loi est
adoptée. Il est évident que ça va causer un certain nombre
d'imbroglios et de dédoublements administratifs, j'en suis
persuadée, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Donc, est-ce que c'est
adopté sur division?
Mme Marois: Sur division, ça va de soi.
Le Président (M. Jolivet): Adopté sur division.
J'appelle l'article 8.
M. Tremblay (Outremont): En fait, c'est que toute demande doit
être accompagnée des documents requis et contenir les
renseignements prescrits par le ministre.
Mme Marois: Ça fait la preuve. Adopté sur division,
M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Sur division. L'article 9.
Mme Marois: Voilà!
Le Président (M. Jolivet): Est-ce le même
résultat? Sur division.
Mme Marois: "Le ministre détermine si la demande est
admissible au programme d'aide et évalue l'opportunité d'accorder
cette aide. "
Le Président (M. Jolivet): Je comprends que ce sera sur
division aussi.
Mme Marois: Ce sera sur division, mais, avant tout...
Le Président (M. Jolivet): Oui.
Mme Marois:... j'aimerais dire aux membres de cette commission
qu'on n'est pas les seuls à lire ce projet de loi comme on le lit
maintenant. Encore une fois, je fais référence à ceux qui,
si je le comprends, se sont le plus penchés sur ce projet de loi, parce
qu'ils ont été en désaccord dès le départ.
Ils ont même quitté la table du Conseil de coopération.
C'étaient les coopératives forestières. Et je relis le
paragraphe qui concerne les articles 7, 9 et 10 qu'on regarde et qui dit: Le
circuit emprunté par les demandes d'aide ne nous apparaît pas
évident, notamment lorsqu'on essaie de comprendre les articles 7, 9 et
10 du projet de loi. Il est difficile de voir en quoi on peut, ici,
espérer une amélioration au chapitre de l'efficacité et
des délais. Ça, c'est signé toujours par M. Miron,
président de la Conférence des coopératives
forestières du Québec. Alors, on ne va pas reprendre toute la
discussion qu'on a eue, mais... C'est exactement
ce à quoi vous faisiez référence tout à
l'heure, M. le Président. Voyez-vous: Te ministre détermine si la
demande est admissible au programme d'aide et évalue
l'opportunité d'accorder cette aide." Il est évident que s'il
s'agit, par exemple, d'un projet touristique, il devra aller s'informer en plus
au ministère du Tourisme. Il est évident que s'il s'agit d'une
coopérative forestière et, dans l'alimentation, ce sera
peut-être autre chose... Ce sera à la Santé et Services
sociaux, peut-être, je dis à peu près... J'identifie
n'importe quel exemple a ce moment-ci, mais je pense qu'on comprend bien mon
propos et mes objections.
Le Président (M. Jolivet): Donc, la logique de ce que vous
êtes en train de dire, Mme la députée, sans vouloir
recommencer la discussion que vous avez faite avec le ministre, ça veut
donc dire que 9, 10 et 11 ainsi que 12 - c'est la logique même de
l'ensemble - seraient tous adoptés sur division...
Mme Marois: Éventuellement, mais on va...
Le Président (M. Jolivet): ...à moins que vous ne
vouliez reprendre.
Mme Marois: Non, on va les regarder.
Le Président (M. Jolivet): O.K. Donc, l'article 9 serait
adopté sur division?
Mme Marois: Oui, à mon corps défendant et sur
division. Donc, j'imagine que c'est ce que ça veut dire.
Le Président (M. Jolivet): J'appelle l'article 10. M. le
ministre.
M. Tremblay (Outremont): L'article 10, c'est le rôle de la
Société de développement industriel dans l'étude
d'une demande d'aide financière.
Le Président (M. Jolivet): Mme la
députée.
Mme Marois: Encore une fois, dans le même article, on
retrouve "la Société" et, après ça, "qui soumet au
ministre". Dans ce cas-là, c'est le même processus qu'on retrouve
pour les autres projets de la Société, mais ça ne rend pas
le processus plus intéressant pour autant. Alors, sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Adopté sur division.
J'appelle l'article 11. M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): C'est le ministre qui accorde l'aide
financière sur l'autorisation du gouvernement.
Mme Marois: C'est ça. C'est exactement le même
libellé qu'on avait dans l'autre loi, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que c'est sur division
ou adopté?
Mme Marois: Pour la logique, il faudrait que ce soit sur division
parce que tout ça vient dans une logique. Alors, comme on n'accepte pas
la logique, on a comme des problèmes à accepter cet
article-là, même s'il est tout à fart le même que
celui qu'on lisait dans la Loi sur la SDC.
Le Président (M. Jolivet): Donc, c'est le cheminement.
Surdivision. L'article 12.
M. Tremblay (Outremont): En fait, l'article 12, c'est la
Société qui verse l'aide financière, sauf dans le cas
d'une forme de prise en charge d'intérêts, où c'est le
ministre qui la verse.
Mme Marois: Je m'excuse, là. Il commence à se faire
tard. La SDI a ses propres fonds nécessaires pour verser.
M. Tremblay (Outremont): Oui, mais là, c'est la prise en
charge d'intérêts. C'est une subvention et le ministre intervient
toujours lors d'une subvention, dans tous les cas.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, pendant qu'on
cherche sur l'article 12, est-ce que je peux revenir sur l'article 11 vous
poser juste une question?
M. Tremblay (Outremont): Oui.
Le Président (M. Jolivet): Au deuxième paragraphe,
vous dites. 'Toutefois, le ministre peut, aux conditions qu'il
détermine, accorder cette aide sans cette autorisation dans les cas
prévus par le gouvernement." Nous avons ça à la Loi sur la
SDI. C'est un pouvoir discrétionnaire du ministre pour intervenir.
Est-ce qu'on a ça dans la loi qui concerne ce dont on parlait tout
à l'heure, le tourisme ou bien... Est-ce que c'est simplement le
ministre de l'Industrie et du Commerce qui a ce pouvoir-là, autrement
dit? Est-ce que vous auriez le même article dans le Tourisme? Est-ce que
vous auriez le même article dans les Forêts, s'il y avait un
programme dans ce sens-là ou bien si c'est spécial, ici?
M. Tremblay (Outremont): Oui, c'est la même chose pour le
Tourisme.
Le Président (M. Jolivet): Ça veut dire que le
ministre sectoriel aurait le pouvoir...
M. Tremblay (Outremont): ...
Le Président (M. Jolivet): C'est parce que le Tourisme,
c'est un ministère sectoriel. Je vous pose la question bien
honnêtement, à ce niveau-
là, parce que ce que vous êtes en train d'écrire
là, vous l'avez écrit pour la SDC. O. K. ?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Jolivet): Si c'est le même article
pour le Tourisme, si c'est le même article pour les Forêts,
ça veut dire que les ministres sectoriels, malgré tout ce qui a
été fait, pourraient, à une demande de décret au
Conseil des ministres, déterminer une aide autre que celle qui aurait
été non recommandée par la SDC ou la SDI ou le
Tourisme.
M. Tremblay (Outremont): Non, c'est ça que je pensais.
C'est la délégation de pouvoirs, ça. Ça veut dire
que toutes les aides... Si on prend, par exemple, la SDI, c'est 2 500 000 $ et
plus qui vont au niveau du Conseil des ministres et 2 500 000 $ et moins vont
au niveau du ministre et c'est le gouvernement qui prévoit ça par
décret.
Le Président (M. Jolivet): O. K. C'est
celle-là.
M. Tremblay (Outremont): C'est le gouvernement qui a
prévu, par décret, la délégation de pouvoirs.
Le Président (M. Jolivet): C'est parce que dans la SDI
vous avez un exemple. On en a déjà discuté. Disons, le
montant maximum prévu dans les 30 000 000 $, qui sont devenus 45 000 000
$, c'est 1 000 000 $ par demande, sauf que le ministre, par les pouvoirs qui
lui sont conférés par la Loi sur la SDI, a le pouvoir d'aller
plus haut si c'est nécessaire pour maintenir en vie l'usine.
M. Tremblay (Outremont): Non, c'est dans le décret.
Le Président (M. Jolivet): C'est dans le
décret.
M. Tremblay (Outremont): On ne l'a pas publicisé, mais
c'est dans le décret. C'est 1 000 000 $, la règle
générale, sauf exception. Mais, moi, je pourrais autoriser, en
tant que ministre, jusqu'à 2 500 000 $, mais au-delà de 2 500 000
$ il faudrait que ça aille au Conseil des ministres.
Le Président (M. Jolivet): Et seul le ministre, avec le
Conseil des ministres, a le pouvoir. Il ne peut pas subdéléguer
ce pouvoir-là au sous-ministre.
M. Tremblay (Outremont): Non.
Le Président (M. Jolivet): O. K. Ça va. L'article
12.
Mme Marois: Ça prend un décret.
Le Président (M. Jolivet): Oui, ça prend un
décret. C'est ça. (23 h 15)
Mme Marois: Je vais revenir, moi, à l'article 12,
justement. On dit: Dans le cas d'une aide financière sous forme de prise
en charge d'intérêts, le ministre verse l'aide financière.
Je reviens à la loi de la SDI, à l'article 6. On dit: L'aide
financière peut prendre la forme d'un prêt. Bon, si je m'en tiens
à ce qu'on a dit tout à l'heure, c'est un prêt avec ou sans
intérêt, même s'il n'est pas écrit. Parce que si on
s'est entendus là-dessus tantôt, ça s'applique ici. Bon.
Donc, s'il fait un prêt sans intérêt, ça veut dire,
dans le fond, qu'il ne cache que la valeur de l'intérêt.
C'est-à-dire non pas "si il", mais "si elle", la Société.
Donc, à ce moment-là, encore une fois, une approche
différente selon qu'on s'adresse aux coopératives ou qu'on
s'adresse aux entreprises. Par la logique, peut-être que c'est ma logique
qui n'est pas la bonne et celle qui est là relève d'un autre
principe...
M. Tremblay (Outremont): C'est parce qu'il y a des paliers
d'autorisation pour certaines aides financières, mais dans tous les cas
sans exception, lorsque c'est un congé d'intérêt ou un
prêt sans intérêt, ça prend l'approbation du ministre
parce que ce n'est pas normal. Alors, quand on dit...
Mme Marois: Mais quand... Revenons à la Loi sur la
Société de développement industriel du Québec.
M. Tremblay (Outremont): C'est ça, l'aide
financière peut prendre la forme d'un prêt mais pas d'un
prêt sans intérêt. Le prêt peut être avec
intérêt ou sans intérêt, mais s'il était sans
intérêt ou à un taux d'intérêt moindre que
celui prévu par les directives...
Mme Marois: Par le marché, oui.
M. Tremblay (Outremont):... il faudrait que ça passe par
le ministre.
Mme Marois: Et ça, c'est dans les règlements?
M. Tremblay (Outremont): Oui, dans tous les... Bien, dans les
règlements, dans tous les cas où... Je ne sais pas, dans la SDI,
qu'est-ce qui dit ça, mais dans tous les cas où il y a...
où ce n'est pas un prêt sur une base d'affaires prévu par
les directives internes ou les règlements de la SDI, il faut que ce soit
approuvé par le ministre.
Mme Marois: Mais moi, évidemment, je
compare rapidement la Loi sur la Société de
développement industriel du Québec, je ne la possède pas
sur le bout de mes doigts comme d'autres lois mais je ne sais pas
où... Bien sûr.
M. Tremblay (Outremont): On n'aurait jamais osé donner un
congé d'intérêt à une entreprise sans que le
ministre soit d'accord. Non, mais ça, c'est...
Mme Marois: Donc, chaque fois... Et c'est indiqué dans un
article de la loi ou dans un règlement quelque part. Mais ici, on a
jugé bon qu'on le mette dans la loi. Remarquez que je n'ai pas
nécessairement d'objection à ce que ce soit dans la loi parce que
ça nous embête toujours quand ça se retrouve dans les
règlements. Comme parlementaires, nous perdons ainsi le contrôle
de la législation.
M. Tremblay {Outremont): O.K., mais la question, c'est pourquoi
on le met pour la SDC...
Mme Marois: Pourquoi on le met dans la loi, ici? Est-ce que... Et
où on le met ailleurs? Quand il s'agit de la SDI, où ça se
retrouve?
M. Tremblay (Outremont): C'est ça qui.. Le point qui est
fait, ce n'est pas de discuter de la pertinence, c'est juste de voir pourquoi
la SDI, il n'y a pas ça...
Mme Marois: C'est ça.
M. Tremblay (Outremont): ...et la SDC là, est-ce qu'on
crée un statut différent pour la SDC?
Mme Marois: C'est ça.
M. Tremblay (Outremont): La réponse, c'est non, on n'en a
pas l'intention. Alors, ils vont regarder ça.
Le Président (M. Jolivet): L'ancienne Loi sur la
Société de développement industriel du Québec
disait: La Société est liée par l'autorisation du
gouvernement ou, le cas échéant, par les décisions du
ministre. Ça couvrait probablement ce qu'on vient de décrire plus
précisément dans l'article 12.
M. Tremblay (Outremont): Moi, j'ai juste... L'article 11 me donne
le pouvoir de faire l'article 12, je peux l'arrêter à l'article
11. Je peux l'arrêter à l'article 11 parce que c'est par
décision du ministre avec l'autorisation préalable du
gouvernement aux conditions que celui-ci détermine. J'ai juste à
dire que, quand il y a une subvention, il n'a pas le droit sans la signature du
ministre. En fait, il y a toujours bien des façons de regarder
ça. Là, on me donne l'autre argument que peut-être que la
SDI pourrait arriver à la conclusion qu'il n'y a pas besoin de
congé d'intérêt, mais moi, je pourrais le donner,
alors...
Mme Marois: Oui, c'est sûr.
M. Tremblay (Outremont): Ça permet au ministre de ne pas
être lié par une décision qui se voudrait, disons, plus
financière des gros méchants de la SDI et, moi, je pourrais
intervenir...
Mme Marois: M. le ministre interprète nos propos.
M. Tremblay (Outremont): Ha, ha, ha! Je n'ai pas
interprété, j'ai passé la soirée à
écouter ça, mais...
Mme Marois: Si vous aviez bien entendu.. Pourvu que vous reteniez
un certain nombre de nos propos qui concernent particulièrement le
développement des coopératives, ça va m'aller. Pour le
reste...
M. Claveau: On va prendre les propos que le ministre disait tout
à l'heure, on a une plus haute opinion de ça que de la SDI.
Mme Marois: Vous avez tout à fait raison, cher
collègue.
Le Président (M. Jolivet): Juste un instant.
Mme Marois: Mais j'aimerais ça le trouver, j'aimerais
ça voir comment... Est-ce que le traitement est le même à
la SDI? Dites-moi comment vous le faites, ce traitement-là? Est-ce que
vous le faites dans la loi ou par règlement? Ou la SDI ne peut
absolument pas donner de congé d'intérêt? Non, la SDI peut
donner congé d'intérêt
M. Tremblay (Outremont): Elle ne le peut pas sans l'autorisation
du ministre, impossible.
Mme Marois: Où est-ce que ça se retrouve?
Une voix: C'est à l'intérieur des marges
fixées par...
Le Président (M. Jolivet): Juste un instant, juste un
instant. Pour les besoins du Journal des débats, je peux vous
permettre-Une voix: Je vais laisser répondre le ministre,
plutôt.
Le Président (M. Jolivet): ...de parler au nom du
ministre. Non, non, vous pouvez parler, il n'y a pas de problème, en
nous donnant votre nom.
M. Samson (André): D'accord. André Sam son,
conseiller juridique. Ces marges-là se retrouvent, dans le fond,
à l'intérieur des pouvoirs donnés par le gouvernement
lorsque le ministre peut autoriser, mais dans les cas prévus par le
gouvernement, c'est à l'intérieur de ces cas prévus par le
gouvernement que l'on retrouve ces possibilités, effectivement. Donc, la
possibilité d'évaluer également le congé
d'intérêt qui peut être donné dans cet
aspect-là.
Mme Marois: D'accord, dans les cas prévus par le
gouvernement, par règlement à ce moment-là?
Le Président (M. Jolivet): Par règlement. M.
Samson: Oui, tout à fait.
Mme Marois: Pourquoi sent-on le besoin, ici, de le mettre dans la
loi, plutôt que par règlement? Vous savez, je suis d'accord avec
ça. Je l'ai dit d'ailleurs dans une première intervention tout
à l'heure, mais comme on cherchait l'information, on n'a pas
écouté cette première intervention que j'avais faite.
C'est évident que ça nous rend le contrôle plus facile.
Mais, d'un autre côté, je me demande si c'est pour ces
fins-là qu'on l'a mis là, ou si ce n'est pas pour mieux
contrôler les gens qui vont s'adresser à la SDI pour demander de
l'aide aux coopératives?
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que vous aimez mieux
qu'on regarde ça, puis on peut revenir tout à l'heure. On peut
suspendre quelques instants.
Mme Marois: Je veux juste savoir où ça se retrouve
ailleurs, tout simplement, puis sous quelle forme,..
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que vous êtes
capable de chercher ça rapidement?
Mme Marois: ...sous quelle forme?
M. Tremblay (Outremont): En tout cas, trouvez la réponse,
là, parce que...
Le Président (M. Jolivet): O.K. Donc, on va suspendre
l'article 12 puis on va aller à l'article 13, puis on reviendra à
la fin.
Mme Marois: Parfait. Bon.
Dispositions transitoires et finales
Le Président (M. Jolivet): Donc, les mesures transitoires,
c'est donc le transfert des actifs et passifs avec tous les droits et pouvoirs
de la SDC à la Société.
Mme Marois: Oui. Bon, là, on va faire quelques remarques
générales sur les craintes qu'ont les coopératives et qui
se sont manifestées de différentes façons, soit par une
lettre de M. Béland, président du Conseil de la
coopération, soit par une lettre de la Conférence des
coopératives forestières du Québec ou par des commentaires
qu'on a recueillis, nous, sur le terrain et qui concernent les
différentes personnes associées au développement des
coopératives qui actuellement jouent un rôle soit à
l'intérieur du conseil d'administration de la Société de
développement des coopératives, soit chez le personnel même
de la Société. Il y a un certain nombre de fonctions qui sont
départagées - en fait, plusieurs fonctions qui sont
départagées - et on veut essayer de voir si les engagements du
ministre seront respectés.
Bon, alors, on va commencer d'abord, puis on reviendra après
ça dans les articles, parce qu'une fois qu'on aura réglé
ça, là, ça va aller relativement rapidement si on
réussit à comprendre. Je reprends. La Conférence des
coopératives forestières disait: "Un des éléments
majeurs de la réforme que vous proposez est, nul doute,
l'établissement d'une vice-présidence, financement des
coopératives à la SDI. Ceci n'apparaît pas dans le projet
de loi. À quel endroit seront donc précisés la nature et
les pouvoirs ou prérogatives de cette vice-présidence?"
M. le Président, alors, où allons-nous être en
mesure d'être informés? Quand allons-nous être en mesure
d'être informés sur cette question? Quand le ministre a-t-il
l'intention d'en faire l'annonce? Est-ce que ça nous aurait
échappé et que ce serait déjà fait? Ce serait
extraordinaire!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Outremont): Non, c'est dans la... Au niveau de la
réorganisation de la Société de développement
industriel du Québec, il y a un poste de vice-président,
développement des coopératives relevant directement du
président de la Société de développement
industriel, et je n'attends que l'approbation du projet de loi pour trouver, en
consultation avec le milieu coopératif, la personne.
Mme Marois: Bon, ce qui veut dire qu'il y a un engagement
très clair quant à la structure de la SDI qui sera
modifiée. Combien y a-t-il de vice-présidents, actuellement,
à la SDI?
M. Tremblay (Outremont): C'est fait... Jean, me donnes-tu
l'organigramme, là? Un, deux, trois, quatre, cinq. Si je me rappelle, de
mémoire, cinq: une vice-présidence administration et finances, un
vice-président exécutif, un vice-président
développement des coopératives, un vice-président
développement technologique.
Mme Marois: Est-ce que c'est déjà passé
au
Conseil du trésor? Évidemment, ce n'est pas
nécessairement de mes affaires, mais comme ça doit passer
là...
M. Tremblay (Outremont): Non, pas encore. La demande... C'est un
mandat qui a été donné à une firme externe qui a
fait ses recommandations au niveau de la réorganisation de la
Société de développement industriel du Québec.
Mme Marois: Mais il n'y a pas eu d'approbation officielle encore
par le gouvernement.
M. Tremblay (Outremont): Ou Conseil du trésor, non. Oui,
ça a passé au Conseil du trésor. Ça a passé
au Trésor, mais dans l'acceptation de la réorganisation, c'est
très clair que le Trésor a accepté le principe de la
création d'une vice-présidence développement
technologique, comme il a accepté la création d'une
vice-présidence développement... Est-ce que j'ai dit
"technologique"?
Mme Marois: Oui, vous avez dit "développement
technologique".
M. Tremblay (Outremont): Ah! excusez-moi! Technologique et,
là...
Mme Marois: C'est parce que vous confondez avec l'AQVIR, comme
vous faites subir le môme sort à l'AQVIR!
M. Tremblay (Outremont): ...oui... vice-président
développement des coopératives.
Mme Marois: D'accord. Le Président (M. Jolivet):... Mme
Marois: Ah oui! En effet.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que ça
répond à vos inquiétudes?
Mme Marois: Bon. Alors, là, on a un volet des engagements
qu'avait pris le ministre et, si je comprends bien, le ministre va être
supporté par son gouvernement quant au respect de cet engagement. Il y
en avait un autre aussi qui concernait... Puisqu'on départage les
fonctions de la Société de développement des
coopératives en deux entités, si on veut, ou qu'on va les
retrouver sous deux entités, il y avait aussi le fait qu'on allait
nommer un sous-ministre adjoint. J'avais lu ça quelque part, qu'on
allait nommer un sous-ministre adjoint aux coopératives. Et ça,
si je ne m'abuse, ça doit être aussi fait par décret.
Est-ce que c'est fait déjà? Est-ce qu'il y a eu un décret
de publié?
M. Tremblay (Outremont): C'est fait. Ça, c'est le
sous-ministre adjoint aux opérations régionales, service aux
entreprises et coopératives. Il s'appelle Jean-Claude Lafleur.
Mme Marois: Ah bon! Qui était déjà
vice-président aux finances et à l'administration.
M. Tremblay (Outremont): Non, l'ancien.
Mme Marois: Auparavant, à la SOI, c'est ça, et qui
est maintenant...
M. Tremblay (Outremont): Qui est main tenant rendu au
ministère, en charge des régions.
Mme Marois: D'accord
M. Tremblay (Outremont): Et pour...
Mme Marois: Alors, dans le fond, on lui a donné une
nouvelle fonction. On a ajouté une fonction.
M. Tremblay (Outremont): Oui, on a fait plus que ça. C'est
ça. On a une responsabilité additionnelle qui va chapeauter la
Direction générale des coopératives. Et pour
l'information, en fait, dans le communiqué de presse qu'on avait
émis lors de l'annonce, le 25 octobre 1990, c'est clairement
marqué: Vice-président au développement coopératif.
Alors, c'est un engagement aussi. Le discours en Chambre... Puis on regarde
toute la documentation qui a été remise à ce
moment-là, c'est très clair aussi. Ce que j'avais convenu avec
les coopératives, c'est que le vice-président au
développement des coopéra tives serait nommé par
concertation avec le milieu des coopératives.
Mme Marois: C'est ça. Mais on s'entend bien, là.
D'abord, on s'entend bien qu'on ne s'entend pas, dans le sens où, moi,
je suis en désaccord qu'on morcelle Mais on comprend bien qu'il ne faut
pas non plus jeter trop de poudre aux yeux, parce qu'à mon point de vue,
confier une responsabilité supplémentaire à un
sous-ministre qui en avait déjà peut-être plein les bras,
ce n'est pas nécessairement rendre service aux coopératives et
à leur développement, parce qu'on ne crée pas un
sous-ministériat. On confie à un sous-ministre qui occupait
déjà des fonctions de support au développement des
régions - c'est bien ça, on s'entend - Opérations
régionales et service aux entreprises - on lui ajoute au bout de son
titre "et coopératives". On s'entend bien?
M. Tremblay (Outremont): On s'entend très bien.
Mme Marois: Bon. Alors, je veux bien qu'on nous dise qu'on fait
des choses absolument majeures, mais ajouter un élément, c'est
ajouter des fonctions et peut-être, finalement, voir
encore davantage se diluer la responsabilité. Ce n'est pas parce
qu'on l'a monté d'un cran que ça va être plus efficace.
Cela étant dit, effectivement, il y a un engagement à l'effet
qu'on nommerait cette personne sur consultation. Maintenant, est-ce que le
poste n'est pas déjà occupé? Le poste est
déjà occupé; on a dit qu'on nommerait sur consultation,
c'est à la SDI, ça... (23 h 30)
M. Tremblay (Outremont): Lequel? Oui, le vice-président au
développement des coopératives...
Mme Marois: D'accord. Mais au ministère,
évidemment, on garde sa prérogative de nommer qui on veut.
M. Tremblay (Outremont): Les parties avaient été
informées... Non, non... Mais les parties avaient été
informées à ce moment-là que c'était Jean-Claude
Lafleur, alors elles le savent, ça.
Mme Marois: C'est ça... Qui était
déjà... Je ne connais pas M. Lafleur, il est sûrement un
homme très compétent, je n'en doute pas.
Cependant, on lui donne une fonction de plus, on n'attribue pas un poste
relié essentiellement au développement des coopératives au
ministère. On l'a fait à la SDI, on ne le fait pas au
ministère.
M. Tremblay (Outremont): En fait, ce qu'on...
Mme Marois: Non, ou bien non, je lis mal, là:
Sous-ministre adjoint Opérations régionales et service aux
entreprises et coopératives, c'est ça que j'avais ici...
M. Tremblay (Outremont): C'est vrai qu'on ne crée pas un
sous-ministre au développement des coopératives, mais
étant donné qu'on parle de régionalisation, d'impact
régional, il y a une direction générale des régions
et il y a une direction générale des coopératives qui
doivent travailler davantage ensemble, pour permettre la synergie et le
développement des coopératives dans toutes les régions du
Québec.
Mme Marois: D'accord. Je ne suis pas sûre qu'on aide
beaucoup la synergie avec le projet qui est devant nous, alors je pense que
c'est un mot qui ne convient pas dans le cas actuel pour faciliter le
développement des coopératives. Revenons aussi sur un engagement
qui avait semblé être pris par le ministre dans le document qu'il
nous citait d'ailleurs lui-même tout à l'heure, Info-Coop,
où on disait que pour assurer la représentation des
coopératives au sein du conseil d'administration de la SDI, deux postes
pourraient être réservés à des administrateurs
à être choisis parmi les représentants du milieu
coopératif. Où en est-on de cet engagement?
M. Tremblay (Outremont): Un. Minimum un, confirmé dans la
loi. C'est quel article qui dit ça, déjà?
Mme Marois: Ce serait à la toute fin de la loi, on l'avait
regardé.
M. Tremblay (Outremont): C'est ça, l'article 23.
Mme Marois: Donc, ce ne serait que un. Ici, on nous disait...
M. Tremblay (Outremont): Oui, possiblement...
Mme Marois:... qu'il avait été prévu deux,
là...
M. Tremblay (Outremont): Oui, oui. Pourrait... Pourrait, niais
l'idée là, c'est qu'on pourrait théoriquement avoir, par
exemple, Claude Béland. On pourrait dire que c'est un
représentant du mouvement des coopératives au sein du conseil
d'administration que représentent les grandes coopératives,
identifiées plus au secteur industries, et on pourrait avoir un
représentant du milieu des coopératives de travailleurs dans le
secteur forestier. Alors, le projet de loi assure une personne, minimum.
Mme Marois: Oui, mais dans le cas de M. Béland, ce
seraient les grandes institutions financières.
M. Tremblay (Outremont): Oui, si on veut.
Le Président (M. Jolivet): Ayant fait le tour de toute la
question... Non?
Mme Marois: Oui. Bon, il en reste une autre.
Le Président (M. Jolivet): O. K.
Mme Marois: C'est le comité aviseur. Si je me souviens
bien, et là, j'avoue que j'essaie de me souvenir dans quel document je
l'ai lu, mais je vais y aller de mémoire, je suis assez rapide
là...
M. Tremblay (Outremont): La lettre de M. Béland.
Mme Marois: C'est ça. On parle du comité aviseur.
Je vais y revenir là...
M. Tremblay (Outremont): Regardez dans le document, je vous ai
remis la confirmation de la lettre, et j'ai mis le mandat et la composition du
comité aviseur...
Mme Marois: La réponse que vous nous avez fournie
là...
M. Tremblay (Outremont): Ce qu'il voulait, il ne voulait pas
que... Évidemment, je ne peux pas mettre ça dans le projet de
loi, mais il m'a demandé si je pouvais lui confirmer, et je lui ai
confirmé par écrit.
Mme Marois: Oui. Et dans la lettre par laquelle vous
répondez à M. Béland, vous dites... C'est à quel
paragraphe?
M. Tremblay (Outremont): La page 2, Rôle et composition du
comité aviseur. Alors, je lui donne le document qui confirme, et
ça, je veux le faire avec eux, moi je leur ai mentionné: On
pourrait reprendre tous les membres du conseil d'administration de la SDC comme
comité aviseur. Pour en avoir discuté avec les syndicats, plus
particulièrement la CSN, ils aimeraient avoir un représentant qui
est déjà au conseil d'administration de la SDC. Moi, je n'ai
aucun problème, l'idée, c'est d'assurer la transition avec les
mêmes représentants.
Mme Marois: Assurer la transition, c'est une chose, je veux
dire... Est-ce que ça voudrait dire que ce serait un comité
aviseur temporaire?
M. Tremblay (Outremont): Non, non. Il va être là
aussi longtemps que les coopératives vont sentir le besoin d'avoir un
comité aviseur. Il va être là, je n'ai aucun
problème avec ça.
Mme Marois: Je me dis: C'est là qu'on voit, dans le fond,
l'incongruité de certaines décisions dans ce projet de loi. On le
voit parfaitement. On sent le besoin de garder un comité aviseur, de
nommer un vice-président quelque part, de nommer un sous-ministre
quelque part, parce qu'on essaie de s'assurer que la volonté va
être maintenue dans l'appareil.
M. Tremblay (Outremont): À court terme.
Mme Marois: Pourquoi pensez-vous que tous ces gens-là nous
écrivent?
M. Tremblay (Outremont): Ils ont raison. À court
terme.
Mme Marois: Qu'ils nous envoient des documents? Je n'en ai pas
125, mais j'en ai quand même suffisamment pour dire qu'il y a des gens
qui sont très inquiets et le ministre essaie de choisir toute
espèce d'avenue pour les rassurer, mais on se retrouve avec des choses -
vous allez me permettre l'expression, entre guillemets - bâtardes.
Pourquoi tout d'un coup un comité aviseur quelque part? Et là,
bien sûr, vous allez dire: Tiens, vous n'êtes plus d'accord avec le
comité aviseur? Non, non, ce n'est pas ça que je vous dis, je
vous dis que je ne suis pas d'accord avec l'économie
générale et, donc, on se retrouve avec des choses qui, à
mon point de vue, sont des dédoublements. On va mettre des pressions
importantes sur les épaules de personnes qui ont déjà des
tâches significatives à assumer et on se retrouve devant quelque
chose qui n'a pas tout à fait d'allure, alors qu'on avait un outil qui
avait du bon sens. Mais, enfin, puisqu'il en va ainsi, on essaie malgré
tout de bonifier tout ça, mais je ne suis pas sûre qu'on se rende
service en faisant ainsi, M. le Président.
Donc, si je comprends bien, du comité aviseur vous allez en
discuter, mais il n'y a pas d'engagement ferme à cet égard.
M. Tremblay (Outremont): Oui, il y a un engagement ferme:
écrits, documents, communiqués de presse, j'attends le projet de
loi puis on va le faire ensemble. J'ai même dit que le comité
aviseur, ça va être les mêmes représentants qu'au
conseil d'administration. Si vous voulez les maintenir, on va les
maintenir.
Mme Marois: Bon. Parfait. Alors, ce que vous me dites est plus
clair, parce que les intervenants semblaient inquiets sur cet aspect-là.
Je pense que ça fait le tour des éléments
généraux. Est-ce qu'il y a autre chose, cher collègue?
Non, ça va?
Le Président (M. Jolivet): Si on révise chacun des
articles, s'il y en a d'autres, Mme la députée.
Mme Marois: Oui, oui, ça va sûrement revenir, ne
vous inquiétez pas.
Le Président (M. Jolivet): Donc, comme c'est des mesures
transitoires, à l'article 13, c'est le transfert à la
Société de développement industriel des droits de la
Société de développement des coopératives, ainsi
que de ses obligations. Est-ce que c'est sur division?
Mme Marois: Oui, sur division.
Le Président (M. Jolivet): À l'article 14, ce sont
les droits et obligations découlant de l'aide. Ils sont pris en charge
par le ministre.
Mme Marois: Le ministre a encore le temps de changer d'avis.
Donc, on n'a pas de date de prévue évidemment.
Le Président (M. Jolivet): C'est ça. Mme Marois:
Sur division.
Le Président (M. Jolivet): Adopté sur division.
J'appelle l'article 15. Ce sont les employés qui sont
transférés...
Mme Marois: Là, je veux savoir...
Le Président (M. Jolivet): ...avec droits.
Mme Marois: Oui. Il y a six mois, combien y avait-il
d'employés à la SDC?
M. Tremblay (Outremont): 35.
Mme Marois: 35 employés à la SDC. Maintenant,
combien y en a-t-il?
M. Tremblay (Outremont): Toujours 35. Mme Marois: Postes
ou employés?
M. Tremblay (Outremont): Deux en congé sans solde.
Postes.
Mme Marois: II y a 35 postes.
M. Tremblay (Outremont): 35 postes, 33 employés, 2 en
congé sans solde.
Mme Marois: D'accord. Donc, il n'y a pas eu de variation depuis
un an, depuis plus d'un an. C'est un rythme de croisière qu'on a atteint
depuis combien d'années?
M. Tremblay (Outremont): Quatre ans.
Mme Marois: Depuis quatre ans, ça n'a pas bougé?
Bon, O.K. Donc, ce qui veut dire que...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, ça
comprend les postes permanents. Est-ce que ça comprend les
équivalents temps complet?
M. Tremblay (Outremont): Oui.
Le Président (M. Jolivet): Donc, c'est des postes, mais
ça contient, en termes de personnes, combien de personnes? Là,
vous parlez à un vieux négociateur.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Outremont): Ce qu'on me dit, c'est qu'il y a 34
postes, 35 personnes, parce qu'il y a 2 personnes à mi-temps. Toutes les
personnes qui étaient permanentes à la SDC sont...
Mme Marois: Ce que je voulais savoir, c'est ça.
Maintenant, comment ça se répartit ça? Je veux voir, dans
le fond, comment ça se répartit. Qui assume quoi comme
responsabilités et, à partir de là, quelles sortes de
responsabilités? Combien de personnes on transfère où?
M. Tremblay (Outremont): Ça, ce n'est pas fait encore. Ce
n'est pas fait, mais on peut vous donner la répartition, aujourd'hui, de
qui fait quoi. Quant à la répartition finale entre les personnes
qui vont travailler au niveau du ministère et les personnes qui vont
travailler au niveau de la SDI, ce n'est pas finalisé encore.
Mme Marois: Combien effectivement? Comment ça se
répartit ces postes-là à la Société?
M. Tremblay (Outremont): II y a 4 cadres, 16 professionnels, 13
employés de soutien, pour un total de 33; 11 agents de
développement dans les 33; 13, personnel de soutien; sur les 16, il y en
a 11 qui sont des agents de développement, donc il en reste 5
étant des analystes financiers, des avocats et certaines personnes au
niveau de l'administration et 4 cadres.
Mme Marois: D'accord. Donc, pour la majorité du personnel,
il y a un ratio très élevé de personnes orientées
vers le service direct aux entreprises...
M. Tremblay (Outremont): L'aide technique.
Mme Marois: ...coopératives plutôt que "l'overhead",
si on veut nous passer l'expression.
J'imagine quand même que devant l'éventualité d'un
morcellement de la Société on a dû...
Une voix: Vous nous dérangez, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui, je le sais, mais vous
autres aussi.
Mme Marois: Certains parlent fort, mais certains parlent bas et
on les entend quand même. Ce que j'essaie de voir, parce que j'imagine
qu'il y a quand même eu un certain nombre d'évaluations de faites,
c'est les fonctions. Comment vont se départager les fonctions? Quelles
sont les fonctions qu'on va orienter vers le ministère, parce que j'ai
compris qu'il y en a qui s'en vont au ministère et qu'il y en a qui s'en
vont à la Société de développement industriel?
Alors, qu'est-ce qu'on prévoit... Sans avoir arrêté
nécessairement et déterminé d'une façon
précise quel type de fonctions on prévoit envoyer au
ministère, quelles fonctions actuellement assignées par la SDC
prévoit-on envoyer à la SDI?
M. Tremblay (Outremont): C'est assez complexe comme situation,
parce que dans les personnes qui faisaient, par exemple, l'aide au
développement il y avait des personnes qui assuraient de l'aide
technique, financière et le suivi de certains dossiers. Alors, la
discussion qu'il y a présentement entre la Société de
développement industriel et le ministère, si le ministère
est pour avoir la fonction développement ainsi que la fonction aide
technique, on
doit réellement définir ce que c'est, laide technique.
Donc, l'aide technique, c'est le montage, la préparation du dossier, le
plan d'affaires, tandis qu'au niveau de la Société de
développement industriel il va y avoir la fonction analyse
financière, crédit, mais également la fonction suivi et le
support au niveau légal. Donc, c'est ça qu'ils sont en train de
définir exactement, qui faisait quoi au niveau de la description des
tâches. Évidemment, le personnel de soutien va suivre,
dépendamment des transferts soit entre la SDI ou entre le MIC.
Mme Marois: On n'a pas une idée, actuellement, du type de
proportion qu'on peut retrouver.
M. Tremblay (Outremont): II y a plus de personnes qui vont aller
au MIC qu'à la SDI, selon les discussions préliminaires. Les
discussions préliminaires, c'était dans cet ordre de
grandeur.
Le Président (M. Jolivet): Avant qu'on continue plus loin,
j'aimerais vous faire remarquer qu'au rythme où on va, si l'horloge va
moins vite, on va finir, sinon on va être obligés d'arrêter
à minuit, à moins que je ne m'aperçoive pas que minuit
arrive.
Mme Marois: II y a encore un peu de temps, M. le
Président, à moins que l'horloge...
M. Tremblay (Outremont): C'est rapide les autres articles,
ça devrait...
Le Président (M. Jolivet): Simplement, c'est juste un
rappel à tout le monde. Autrement dit, je pourrai m'apercevoir à
minuit qu'il est minuit plus tard que prévu.
M. St-Roch: Ça nous fera plaisir de vous donner notre
consentement, M. le Président, pour poursuivre les travaux
Mme Marois: On verra, M. le Président
Le Président (M. Jolivet): C'est pour votre gouverne.
Mme Marois: On verra quand on sera rendus là. À
chaque moment suffit sa peine. Quand on sera rendus là, on se posera la
question, on traversera la rivière.
Le Président (M. Jolivet): D'accord
Mme Marois: Voyez-vous, je ne veux pas être une emmerdeuse,
mais ça confirme ce que je disais tantôt. Si on envoie...
Imaginons même qu'ils soient dans une proportion égale: une
tnoitié au MIC et l'autre moitié à la SDI Ça veut
dire, à ce moment-là, qu'on va confier des fonctions au
ministère et qu'on va en confier à la SDI et qu'on va amener,
qu'on le veuille ou non, ce chassé-croisé entre les deux
institutions.
M. Tremblay (Outremont): Une meilleure complicité.
Mme Marois: Vous me permettrez d'avoir des doutes, M. le
Président...
M. Tremblay (Outremont): Oui, je comprends ça.
Mme Marois: ...sur les propos tenus par M. le ministre. Moi, je
pense que c'est plus facile d'être complice dans des situations où
on partage les mêmes outils de travail, où on se retrouve dans une
même institution que lorsqu'on risque de se retrouver parfois en
situation de conflit parce que l'un évalue le projet sous un angle que
l'autre a de la difficulté à saisir et la complicité, je
vais vous dire, se transforme parfois en querelles et en luttes de pouvoir
intestines qui deviennent absolument néfastes pour les objectifs que
l'on poursuit. Si vous me disiez... J'avais hâte qu'on arrive à
cet article-là, dans le fond. Parce que si vous m'aviez dit: La masse
générale s'en va à la SDI ou s'en va... Parce que, moi, je
pensais que, dans la logique et malgré tout ce qu'on a dit - mais je
suis votre logique - ça devrait, normalement, s'en aller vers la
Société de développement industriel. Mais là, si
vous me dites que c'est le ministère, ça change
complètement la perspective et la façon que l'on va avoir de
traiter les dossiers et ça confirme ce que je vous disais
tantôt.
M. Tremblay (Outremont): C'est exactement la discussion que vous
avez tenue, les députés de l'Opposition, tout à l'heure,
à l'effet que l'importance du travail, au niveau des
coopératives, c'est l'aide technique, c'est le support, c'est de
rassembler des personnes, s'assurer qu'elles comprennent bien la dynamique
d'une coopéra tive, l'importance de la mise de fonds, d'éduquer,
de jouer un rôle d'éducation économique. Et ça,
ça relève d'un ministère, ça relève d'une
direction générale des coopératives. L'analyse
financière comme telle, une fois que les parties, parce qu'on parle de
travailleurs, décident de mettre de leur propre argent, après
ça, c'est une analyse financière, souvent, dont le prêt de
capitalisation est garanti à 100 % par, à l'avenir, la
Société de développement industriel avec...
Mme Marois: Moi, M. le Président, j'ai de la
difficulté à me laisser convaincre par le ministre parce que j'ai
rarement vu des administrations et des fonctions publiques aller animer dans
les milieux, soutenir des actions et de la façon dont on le fait
habituellement dans ce type de milieu l.i, parce que l'institution pose des
problèmes de rigidité que ne pose pas une
institution ministérielle, pose des problèmes de
rigidité que ne pose pas une société d'État, qui a
beaucoup plus d'autonomie et qui peut intervenir dans un champ d'action plus
large, souvent, qui a plus de souplesse pour le faire que ne peut l'offrir
l'institution qu'est un ministère.
À cet égard, il va falloir que vous vous leviez de bonne
heure pour me convaincre que les formules d'aide les plus adaptées sont
celles qui sont distribuées par un ministère. Très
souvent, les ministères se donnent des bras, des outils. Ils se donnent
des institutions. Le ministère de la Santé et des Services
sociaux a tout un réseau - on est en train de le modifier actuellement -
qui sont des outils sur le terrain. Le développement culturel se donne
des outils dans les Conseils de la culture et partout, à peu près
dans tout l'appareil gouvernemental... Un ministère que j'ai
particulièrement bien connu et à fond, qui était le
ministère de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu,
se fie sur des outils pour réinsérer des clientèles
particulièrement en difficulté. Je pense aux SEMO, aux Services
externes de main-d'oeuvre - ce n'est pas parce que j'enlève mon
"é". Il n'y a pas de "é" sur le "e" - et, dans ce sens-là,
chacun des ministères se donne des outils. Mais, là, on dit:
Nous, on en a un et il ne nous satisfait pas. Je ne sais pas pourquoi,
d'ailleurs, parce que je n'ai pas encore compris. Il semblait satisfaire et,
là, on dit: On va ramener ça au ministère et à la
Société de développement industriel.
Donc, dans ma logique, malgré la crainte que je peux avoir si
l'ensemble du développement des coopératives est logé
à la Société de développement industriel, je vous
avoue honnêtement, malgré tout le respect que je peux avoir pour
la fonction publique et s'il y en a qui savent que j'en ai, c'est bien les gens
de la fonction publique parce que j'ai une longue expérience et celle
que j'ai eue, je pense, a été positive... Mais je vous dis que
c'est évident que c'est plus facile de faire ça si les gens sont
concentrés et qu'ils sont concentrés davantage à la
Société de développement industriel du Québec. Dans
votre logique, compte tenu de toutes les critiques que j'ai faites avant et que
je ne retire pas, il y a une logique, au moins, quelque part, tandis que
là, on va morceler l'action et la loger davantage au ministère.
C'est, à mon point de vue, se mettre plus de contraintes que se donner
d'outils. (23 h 45)
M. Tremblay (Outremont): Mais c'est ce qui existe
présentement au niveau du ministère de l'Industrie, du Commerce
et de la Technologie, l'aide technique est toujours apportée par des
gens du ministère et l'aide financière, par la SDI. Alors, il ne
faut pas regarder la situation comme elle existe ou comme elle existait il y a
un an, il faut plus la regarder comme une grande orientation de favoriser une
enseigne unique en région pour permettre à la clientèle
d'avoir accès à des services intégrés qui
répondent à leurs besoins spécifiques.
Mme Marois: Quand vous dites que l'aide technique est toujours
donnée par le ministère, par ses directions
régionales...
M. Tremblay (Outremont): Par les directions régionales,
c'est certain.
Mme Marois: Bon. Alors...
M. Tremblay (Outremont): Exactement. Ce sont des gens qui sont
formés depuis x nombre d'années pour faire ce genre de
travail.
Mme Marois: Qui le font surtout dans l'entreprise de type
traditionnel.
M. Tremblay (Outremont): Qui le font dans l'entreprise de type
traditionnel, oui.
Mme Marois: D'accord. Et moins dans l'entreprise qui, elle, est
moins de type coopératif.
M. Tremblay (Outremont): Oui. Mais dans la réorganisation,
je doute fort que des personnes qui, par exemple, sont au
Saguenay-Lac-Saint-Jean déménagent à Québec pour
faire leur travail. Au lieu d'être à une enseigne qui s'appelle
SDC, elles vont se rendre à une enseigne élargie qui s'appelle
MIC avec les services aux coopératives dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean,
à cause de l'importance de la demande au Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Par contre, on n'aura peut-être pas, sur une base permanente, un
représentant des coopératives dans Laurentides-Lanaudière
où il y a eu deux demandes. On va s'adapter à la
clientèle, c'est la clientèle qui va décider de la
présence en région des personnes.
Mme Marois: Bon. Alors, vous connaissez mon point de vue sur
ça, on est rendus assez loin dans le projet de loi, je ne reviendrai pas
sur tout le débat que j'ai fait au début, mais je pense que c'est
une erreur.
Une voix: Adopté.
Mme Marois: Alors, nous sommes à quel article de loi?
Le Président (M. Jolivet): L'article 15.
Mme Marois: Voilà, l'article 15. Alors, évidemment,
ce sera sur division. Mais avant que ce soit sur division, j'ai encore des
questions. Selon les modalités déterminées par le Conseil
du trésor, c'est-à-dire que là, on prévoit le
transfert... C'est-à-dire surtout la permanence, les salaires, les
conditions de travail deviennent,
selon les modalités déterminées par le Conseil du
trésor, membres permanents du personnel.
Le Président (M. Jolivet): Oui, et les droits d'un
congé auquel ils sont en droit s'ils sont en congé sans solde,
les congés avec solde.
Mme Marois: Alors, est-ce que c'est déjà
déterminé, ça, ou pas? On n'a pas... Ce sont les
règles habituelles qui s'appliquent?
M. Tremblay (Outremorrt): Oui, oui.
Le Président (M. Jolivet): C'est ça. Et elles sont
prévues par la convention collective, ordinairement.
Mme Marois: D'accord. Alors, c'est comme un automatisme, il n'y a
pas vraiment de choses particulières là. O.K.
M. Tremblay (Outremont): Je ne suis pas un expert dans les
négociations, mais j'ai l'impression que c'est une procédure
standard qui permet aux employés d'intégrer la fonction publique
avec tout ce que ça implique.
Le Président (M. Jolivet): La seule question que j'aurais
peut-être, moi, c'est la personne qui passerait à la
Société de développement industriel du Québec,
compte tenu que c'est une organisation qui n'est pas du ministère mais
c'est un para... Mais fa SDI, ce n'est pas le ministère?
M. Tremblay (Outremont): Oui, oui. Non, mais c'est
rémunéré en fonction de la...
Le Président (M. Jolivet): Je le sais bien, je comprends.
Mais ce que je veux dire, c'est que la SDI comme telle, c'est à peu
près comme quelqu'un qui passerait dans un autre organisme, je ne sais
pas moi, j'essaie d'en voir un paragou-vernemental, c'est vraiment... Donc,
autrement dit, il ne perd pas le droit de revenir au ministère s'il le
désire et son droit aux mêmes mutations, affectations et autres
s'il le désire.
Mme Marois: Ils deviennent membres de la fonction publique,
à toutes fins pratiques. Oui, c'est ça.
Le Président (M. Jolivet): Ils demeurent membres de la
fonction...
Mme Marois: Oui, c'est ça, ils deviennent membres parce
qu'ils ne l'étaient pas, là.
M. Tremblay (Outremont): Ils deviennent membres de la fonction
publique et, s'ils vont à ta SDI, ils sont membres de la fonction
publique et ils peuvent retourner au ministère s'ils le veulent.
Mme Marois: D'accord. Donc, il y a des garanties très
claires à cet égard-là, en ce qui concerne les...
Le Président (M. Jolivet): Donc, ce serait sur
division?
Mme Marois: Oui, bien sûr, parce que...
Le Président (M. Jolivet): L'article 16, c'est le
transfert de...
Mme Marois: Pardon?
M. Tremblay (Outremont): Ça me surprend, celui-là,
sur division.
Mme Marois: Non, bien, parce que c'est évidemment le
démantèlement très concret de la
Société...
Le Président (M. Jolivet): C'est la logique.
Mme Marois: ...alors, qu'est-ce que vous voulez, c'est la
logique. Ou on est cohérent avec les propos qu'on tient ou on ne l'est
pas Je suis tout à fait d'accord. Et pour les fins de nos travaux, je
vais le dire, comme ça, ce sera très clairement inscrit au
Journal des débats, je suis tout à fait d'accord avec le
fait que l'on protège les conditions de travail et de
rémunération des travailleurs et des travailleuses de la
Société de développement des coopératives, que ces
personnes choisissent ou qu'on décide, à leur place, de les
envoyer à la SDI ou au ministère. Mais il va de soi que, comme il
s'agit du démantèlement de la Société, je vais
être en désaccord avec l'article 15. Donc, il est voté sur
division.
Le Président (M. Jolivet): L'article 16. Il y a un
immeuble, et cet immeuble-là s'en ira à la Société
immobilière du Québec.
Une voix: Adopté.
Mme Marois: Là, c'est toute la partie de la liquidation
des actifs d'une Société et tout ça et...
Le Président (M. Jolivet): C'est ça
M. Tremblay (Outremont): À l'article 16, c'est l'immeuble
qui retourne à la Société immobilière du
Québec.
Le Président (M. Jolivet): Oui Ça ne veut pas dire
que...
Mme Marois: En fait, qui n'y a jamais été, mais qui
y va, disons.
M. Tremblay (Outremont): Oui. À l'article 17, c'est... On
ne veut pas payer de droit de
mutation. On ne voudrait pas... parce qu'il y a un changement de
propriétaire, qu'on pourrait payer des mutations immobilières.
Alors, face à des municipalités ou à la ville de
Québec, on leur dit: Vous n'aurez pas le droit de percevoir un droit sur
les mutations immobilières.
Le Président (M. Jolivet): Ça, c'est la clause
"nonobstant".
M. Tremblay (Outremont): Si on veut.
Mme Marois: C'est ça. C'est pour ça qu'elles ne
nous aiment pas, d'ailleurs! Ha, ha, ha! Non, mais c'est vrai. Les
municipalités viennent un peu...
Le Président (M. Jolivet): Mais juste une question, M. le
ministre. L'immeuble qui est là...
M. Tremblay (Outremont): Oui.
Le Président (M. Jolivet): ...les gens ayant
été transférés quelque part ailleurs, l'immeuble
devient excédentaire.
M. Tremblay (Outremont): L'immeuble devient la
propriété de la Société immobilière du
Québec qui en assume les baux et les responsabilités. Et ils
feront...
Le Président (M. Jolivet): Parce que le monde va
être envoyé ailleurs.
M. Tremblay (Outremont): Oui, exactement.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 16,
Mme la députée.
Mme Marois: C'est un bel immeuble, un bel immeuble ancien.
M. Tremblay (Outremont): Oui, il est superbe, vous avez
absolument raison. C'est un bel immeuble.
Mme Marois: Oui, bien conservé. Sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): L'article 17. C'est sur
division aussi?
Mme Marois: C'est ça. À l'article 17, mon
collègue me glisse à l'oreille qu'effectivement, ça
enlève...
M. Tremblay (Outremont): On se vend à
nous-mêmes.
Mme Marois: ...de l'argent aux municipalités. Mais c'est
sûr qu'on se vend à nous-mêmes.
M. Tremblay (Outremont): On se vend à nous-mêmes. Il
n'y a pas de transfert comme tel. On n'est pas pour payer un droit de mutation
en plus.
M. Claveau: C'est vous qui le décidez, là. M.
Tremblay (Outremont): Pardon? M. Claveau: C'est vous qui le
décidez... M. Tremblay (Outremont): Oui, mais...
M. Claveau: Dans l'ensemble des citoyens normaux, si quelqu'un
veut vendre sa maison à sa femme, il paie le droit de mutation.
Une voix: Père et fils... Il y a des exceptions.
M. Tremblay (Outremont): On n'a déjà pas beaucoup
d'argent. On n'est pas pour se trouver des dépenses en plus!
Une voix: C'est adopté.
Mme Marois: La pauvre ville de Québec! Il y a tellement de
problèmes à cet égard.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté sur division.
Mme Marois: Sur division.
Le Président (M. Jolivet): À l'article 18, c'est la
continuité, la logique.
Une voix: C'est ça, adopté.
Le Président (M. Jolivet): Mme la
députée.
Mme Marois: "Les droits et obligations dans les baux de
location..." Je suis un peu fatiguée, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui, c'est correct. Je ne vous
presserai pas. Je ne vois plus l'heure.
Mme Marois: Mais est-ce qu'il y en avait, dans les faits, des
baux de location?
M. Tremblay (Outremont): Oui, les bureaux régionaux.
Mme Marois: Ah oui! D'accord. C'est vrai. Il n'y a pas que le
siège social de la Société. Mais est-ce que la
Société, dans les baux de location, elle ne louait pas... Elle
louait pour ses fins à elle. Oui, c'est ça, effectivement.
Le Président (M. Jolivet): Sur division?
Mme Marois: Sur division...
Le Président (M. Jolivet): J'appelle l'article 19.
Mme Marois: ...parce que c'est tout le
démantèlement. On ne va pas approuver ça.
M. Tremblay (Outremont): L'article 19... Après l'immeuble,
c'est les dossiers puis les meubles.
Le Président (M. Jolivet): Entre la Société
et le ministère.
Mme Marois: Selon que le détermine le ministre, bien
sûr.
Le Président (M. Jolivet): Toujours la même
logique?
Mme Marois: Oui, la même logique. Le plus important
étant de savoir où iront les travailleurs et les travailleuses,
le reste étant évidemment très technique.
Le Président (M. Jolivet): L'article 19 est adopté
sur division. J'appelle l'article 20.
M. Tremblay (Outremont): En fait, on assume les poursuites s'il y
en a.
Une voix: C'est ça, adopté.
Mme Marois: Oui, c'est ça, c'est la continuation des
activités.
Le Président (M. Jolivet): L'article 20, sur division ou
adopté?
Mme Marois: Sur division. Elles s'en vont à la
Société de développement industriel...
Le Président (M. Jolivet): L'article 21.
M. Tremblay (Outremont): Ça, c'est juste s'il y a eu des
engagements.
Mme Marois: Expliquez-moi donc ça, là... "au
prorata de leurs créances et à même..."
M. Audet: Ça va prendre notre consentement, M. le
Président, étant donné qu'il est minuit.
Le Président (M. Jolivet): Je n'ai aucune objection. Je
n'ai pas vu l'heure encore!
M. Tremblay (Outremont): Ha, ha, ha!
Mme Marois: Effectivement, il est minuit. Je ne sais pas si...
Mon collègue et moi, on va en discuter un peu.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que vous m'accordez le
consentement?
M. Audet: Jusqu'à quelle heure? On est consentant mais
passé telle heure, c'est plus difficile.
Mme Marois: Vous êtes consentants. Le gouvernement est
consentant. Le parti gouvernemental est consentant et si, nous, on était
opposés?
Le Président (M. Jolivet): Je suis soumis à toutes
vos décisions.
Mme Marois: On va prendre quelques instants puis on va le
terminer, M. le Président. Vraiment, c'est notre bonne foi!
M. Tremblay (Outremont): En fait, cet article reprend...
Mme Marois: Sur laquelle vous pouvez miser! (minuit)
M. Tremblay (Outremont): ...l'article 47 de la Loi sur la
Société de développement des coopératives par
lequel cette dernière s'est vue imposer l'obligation de rembourser au
gouvernement et aux coopérateurs souscripteurs les avances qui lui
avaient été faites. Maintenant, c'est la SDI qui va avoir la
même obligation que la SDC avait.
Mme Marois: D'accord. Ça, c'est ce dont on a
discuté tantôt à l'article 23.
Le Président (M. Jolivet): C'est ça.
Mme Marois: Alors, évidemment, l'article 22, c'est sur
division, là.
Le Président (M. Jolivet): L'article 21, sur
division...
Mme Marois: L'article 21, sur division...
Le Président (M. Jolivet): ..l'article 22, sur
division...
Mme Marois: ...l'article 22, sur division... Le
Président (M. Jolivet): ..l'article 23.. Mme Marois:
L'article 23...
M. Tremblay (Outremont): Ça, c'est le conseil
d'administration, un membre...
Le Président (M. Jolivet): C'est ce dont on parlait tout
à l'heure...
Mme Marois: Oui. mais c'est encore sur
division, parce qu'on ne peut pas être d'accord d'un bord, puis ne
pas... Sur la Loi sur la Société de développement
industriel...
Le Président (M. Jolivet): Sur division. J'appelle
l'article 24.
Mme Marois: Bon, ça, ça va. Il n'y a pas de
problème.
Le Président (M. Jolivet): L'article 25. Mme Marois:
Sur division, l'article 25, là.
Le Président (M. Jolivet): L'article 25 est adopté
sur division. On revient à l'article 12 avant d'aller à l'annexe,
si vous le permettez. Est-ce qu'on a un amendement à nous proposer,
à l'article 12?
Article en suspens
Une voix: Oui.
Une voix:Est-ce qu'il y avait lieu de proposer un amendement?
Une voix: Non, non, non. Mais c'était quoi, là?
Le Président (M. Jolivet): Bien, c'est ce qu'on a
demandé. Il y a du monde qui...
M. Tremblay (Outremont): C'était: Où c'est
marqué dans la loi de la SDI?
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Tremblay (Outremont): C'est une explication, ça.
Où c'était marqué? Pourquoi on mettait ça là
pour la Société de développement des coopératives,
puis on ne le mettait pas pour la SDI? C'est quoi?
Une voix: C'est ça. C'est qu'en fait on peut trouver
l'explication sur...
Le Président (M. Jolivet): Juste un instant. Vous donnez
votre nom pour les besoins du Journal.
Une voix: Oui, je m'excuse.
Le Président (M. Jolivet): Ce n'est pas grave.
M. Samson: André Samson.
Mme Marois: Bon, d'accord, oui. Je veux bien entendre.
M. Samson: En fait, il s'agit d'un type de rédaction qui
diffère dans les deux cas, bien sûr, mais la finalité est
quasiment la même. Dans les deux situations, que l'on soit dans une
situation SDI ou que l'on soit dans une situation de coopérative, c'est
le ministre qui, en définitive, a le pouvoir d'accorder ou non l'aide,
et qui l'autorise. Dans le cas d'une coopérative, il y a donc une
précision où l'on vient dire, à l'article 12, que dans le
cas d'une aide financière sous forme de prise en charge
d'intérêts, le ministre verse l'aide financière. C'est une
précision, si on veut, par rapport à la loi SDI, où ce
pouvoir de prise en charge existe également, mais il n'est pas
rédigé de la même façon, c'est-à-dire qu'il
est implicite à l'intérieur des pouvoirs, ce qui fait que sur le
plan de la pratique administrative, dans le cas de la SDI, lorsqu'il y a une
prise en charge d'intérêts, on retrouve sur le plan administratif
cette prise en charge d'intérêts dans un budget
déterminé au ministère comme tel, approuvé par
lé Conseil du trésor suivant... comme tous les budgets. Ici,
à l'article 12, quand on regarde le cas d'une coopérative, je
dirais que ce budget devient ni plus ni moins statutaire, c'est-à-dire
que l'on précise que lorsqu'il y aura prise en charge
d'intérêts, c'est le ministère qui, dans le fond, prend
cette charge d'intérêts, ce qui laisse quasiment supposer que la
création d'un budget spécifique pour ce genre d'aide, si on veut,
est statutaire, c'est-à-dire quasi obligatoire, voyez-vous? Mais ce sont
deux formes administratives qui mènent vers le même
résultat.
Mme Marois: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que ça va?
Mme Marois: Ça va, monsieur...
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que c'est adopté,
ou sur division?
Une voix: C'est unanime, M. le Président. Annexe:
Désignation de l'immeuble
Le Président (M. Jolivet): Ça va? Adopté.
L'annexe. Il y a un amendement et, si vous le permettez, on va vous le
distribuer. Cette annexe-là remplace l'annexe après l'article 25,
à la page 7. Donc, la modification: L'annexe I, Désignation de
l'immeuble, du projet de loi sur l'aide au développement des
coopératives est remplacée par la suivante. Là, vous avez
toute une nouvelle désignation complète. Je n'ai pas fait la
lecture. Si vous voulez, je peux la faire, mais je peux aussi demander...
Mme Marois: Pour cette fois-ci, vous pouvez laisser tomber, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Bon, je vous remercie
beaucoup.
Une voix: Est-ce qu'on pourrait avoir copie de l'annexe, M. le
Président? On n'en a pas eu.
Une voix: Bon, ce n'est pas grave, ça.
Une voix: M. le ministre, c'est important. Voyons donc!
Le Président (M. Jolivet): Donc, quelques explications
pourquoi il faut remplacer la page 7, l'annexe à la page 7.
M. Tremblay (Outremont): En fait, le texte de cette nouvelle
annexe contient des modifications techniques qui nous ont été
suggérées par Me Jean Poitras, notaire, de la Direction des
affaires notariales du ministère de la Justice.
Le Président (M. Jolivet): Pardon? C'est un notaire, cette
fois-ci?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: En premier, il avait vendu le terrain du
voisin...
Des voix: Ha, ha, ha! Mme Marois: Ah oui?
Le Président (M. Jolivet): Donc, si c'est une
modification, il faut comprendre qu'il est plus à même que nous de
s'assurer que la description est bien faite et qu'on ne vendra pas une parcelle
qui ne nous appartient pas.
Mme Marois: Écoutez, comme nous n'avons aucune
espèce de moyen de vérifier quelque information qui s'y
trouve...
Le Président (M. Jolivet): On va faire confiance.
Mme Marois:... on adopte tout ça les yeux fermés,
puis on imagine que le gouvernement vivra avec ses troubles s'il s'en est
causé en nous proposant des choses qui n'avaient pas d'allure.
Le Président (M. Jolivet): Donc, l'annexe serait à
adopter telle qu'amendée, si j'ai bien compris. Nous en sommes rendus,
après avoir adopté l'article 25 sur division, si j'ai bien
compris, pour bien se le rappeler, à appeler l'étude de
l'intitulé des titres, livres, chapitres, sections, sous-sections du
projet de loi le cas échéant. Alors, je vous pose la question: II
y a l'intitulé des titres, livres et chapitres. C'est adopté?
Mme Marois: Sur division, M. le Président, bien
sûr.
Le Président (M. Jolivet): Le titre du projet de loi
est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Mme Marois: Sur division.
Le Président (M. Jolivet): Le projet de loi tel
qu'amendé est-il adopté?
Mme Marois: Sur division.
Le Président (M. Jolivet): En conséquence, la
commission ayant accompli le travail pour lequel elle avait été
convoquée...
Mme Marois: Même les membres de son gouvernement, M. le
Président, ne sont pas d'accord avec le ministre.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Marois: J'ai entendu un vote sur division de son
côté, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): J'ajourne donc sine die les
travaux de cette commission et je vous souhaite une bonne nuit.
(Fin de la séance à 0 h 7)