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(Vingt heures cinq minutes)
Le Président (M. Audet): Alors, je constate qu'il y a
quorum, donc je déclare la séance ouverte. Je vous rappelle le
mandat de la commission qui est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 86, Loi abrogeant la Loi sur l'Agence
québécoise de valorisation industrielle de la recherche. Est-ce
qu'il y a des remplacements, Mme la secrétaire?
La Secrétaire: Oui, M. Bordeleau (l'Acadie) est
remplacé par M. Lafrance (d'Iberville).
Remarques préliminaires
Le Président (M. Audet): Ça va. Merci. Alors, nous
sommes prêts à débuter à l'étape des
remarques préliminaires. M. le ministre, est-ce que vous auriez un mot
à dire aux membres de cette commission? M. le ministre, est-ce que vous
auriez des remarques à faire aux membres de la commission?
M. Tremblay (Outremont): Non, non, aucune remarque à faire
pour le moment.
Le Président (M. Audet): Aucune remarque. Est-ce qu'il y a
d'autres membres de cette commission... Mme la députée de
Chicoutimi, vous avez la parole.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Bonsoir, M. le Président, M. le ministre,
mesdames, messieurs. D'abord, peut-être avant d'aborder les remarques
préliminaires, je voudrais dire qu'il y a deux projets de loi: 86 et 87,
avec lesquels nous ne sommes pas d'accord. Je pense que c'est important de le
répéter. Je pense que c'a été bien exprimé
en Chambre à l'occasion de la deuxième lecture. Malheureusement,
je n'étais pas en Chambre au moment de la deuxième lecture,
étant retenue à la Commission sur l'avenir politique et
constitutionnel du Québec, et je pense utile, ce soir, de rappeler les
principaux éléments qui nous amènent à penser que
le ministre devrait réviser sa décision quant à la fusion
de l'AQVIR avec la SDI.
J'ai lu attentivement, à la fois les remarques du ministre
à l'occasion de la deuxième lecture en même temps que
celles de vos collègues et celles de mes collègues
également. J'ai essayé, en toute sincérité, de voir
les avantages qu'on pouvait tirer du projet de loi qui est sur la table et je
voudrais, ce soir, proposer au ministre des amendements avec lesquels, s'il
était d'accord, on pourrait probablement en venir à une entente.
Si j'avais eu le temps d'en parler un peu plus tôt, avant qu'on commence
les travaux de cette Chambre, sans doute que je l'aurais fait, mais je suis un
peu serrée dans le temps, vous comprendrez, par les temps qui courent
là. Mais je vais vous dire un peu l'impression que me laisse la lecture
de la retranscription des débats que j'ai faite de façon assez
attentive.
Le ministre nous dit un certain nombre de choses. Il refait son boniment
autour de sa politique intégrée sur le développement
technologique - on le comprendra, c'était une bonne occasion, ça
j'y reviendrai à un autre moment - et il fait, à cette occasion,
des aveux qui sont plutôt embarrassants. Je dirais que sa politique ne
lui permet pas de hausser la part du PIB qui est consacrée à la
recherche et développement. Mais, il dit un certain nombre de choses sur
l'AQVIR qui finissent par nous amener à penser qu'il y a comme un
contresens, et je rappelle les propos au texte, c'était à la page
R-7350, page 2, le 12, c'est-à-dire le 5 décembre dernier: "Par
contre, j'aimerais - il parlait évidemment de la fusion de l'AQVIR -
reconnaître la contribution de l'équipe de l'AQVIR, une
équipe qui a contribué a la mise en place de nombreux projets.
Plus précisément, 150 aides financières ont
été autorisées depuis le début des
opérations de l'AQVIR en 1984 et, au 31 mars 1990, le portefeuille
d'aide financière, essentiellement constitué de prêts et de
redevances détenus par l'Agence, atteignait 18 600 000 $. En sus de
l'aide", et là, le ministre poursuit pour déclarer que c'est,
somme toute, une entreprise, une agence très performante et il dit: Bon,
il y a quelques problèmes par rapport à l'action de l'Agence qui
obligeait une espèce d'aller retour entre l'Agence et la SDI, et sa
solution: plutôt que de voir à renforcer l'Agence, il l'abolit,
aussi surprenant. Alors, j'ai eu beau relire, revenir, je l'ai fait deux, trois
fois parce que je pensais qu'il y avait comme quelque chose que je ne
saisissais pas bien... Ça étonne et j'ai voulu trouver les vraies
raisons et les vraies raisons, elles me semblent se retrouver dans le projet de
loi - j'y reviendrai un peu plus tard - lorsque, dans le projet de loi, on
indique - et je pense qu'en travaillant avec mon projet de loi, j'ai
laissé ma copie en haut - à l'article 4, si je ne m'abuse, "les
sommes accordées à l'Agence québécoise de
valorisation industrielle de la recherche pour l'exercice financier 1990-1991
sont, dans la mesure que détermine le gouvernement,
transférées à la Société de
développement industriel du Québec." Je pense qu'une partie de la
réponse se trouve peut-être là. Le ministre
pourra peut-être nous le dire, mais j'aimerais, pour ma part,
faire un peu l'historique de l'AQVIR pour rappeler d'abord que, lorsque le
projet de loi a été adopté, en 1983, il l'a
été à l'unanimité de la Chambre parce que ce que
voulait constituer le gouvernement du Québec d'alors, c'était une
espèce de petite escouade très efficace qui ne s'attarderait pas,
qui aurait le temps de se pencher sur des petits projets modestes. Ce
n'étaient pas les grands projets d'envergure, ce n'était pas DMR,
ce n'était pas Bombardier, c'étaient de petits projets dont
l'idée se perdait et, finalement, les brevets, on n'arrivait jamais
à les commercialiser. Et essentiellement, c'était ça,
l'objectif: une petite escouade peu nombreuse, et jamais on n'a voulu une
grosse équipe là-dessus parce qu'on la voulait exactement comme
une petite escouade d'intervention efficace.
Cette petite équipe a été, au cours des
dernières années - comme le rappelait le ministre -
particulièrement performante. Je suis vraiment allée aux
informations pour voir ce que ça avait donné dans le temps et
j'ai fait des petits calculs. D'abord, rappelons qu'elle a été
créée par une loi, en 1983, mais vraiment mise sur pied en 1984,
et qu'elle a réussi à créer... En mars 1990 - ça
veut dire qu'on en a un peu plus actuellement - il y avait 900 emplois de
créés et on estime qu'on devrait être proche de 1000
emplois de créés. Et avec 1000 emplois de créés, au
coût de 25 000 000 $, ça vous donne 25 000 $ par emploi
créé. Vous savez, 25 000 $ par emploi créé, dans un
secteur d'activité de technologie avancée, c'est du gâteau
et le ministre le sait. Vous savez, c'est relativement modeste comme coût
de création d'emplois parce que ce n'est pas récurrent,
contrairement aux avantages énergétiques qu'on consent aux
alumineries qui, elles, coûtent - selon la date de construction des
alumineries - entre 180 000 $ et 225 000 $ par année, par emploi et...
récurrent. Là, on parle d'emplois de haute technologie: 25 000 $
par emploi, c'est particulièrement performant. Le taux de
réussite est aussi intéressant à observer. On dit: 50 % de
succès. On ne dit pas: Succès remarquable qu'on peut mettre dans
des records, mais 50% de succès dont 20 % de vraies réussites
remarquables, dans des secteurs de pointe, 30 % de viabilité, dans ces
50 %, et 20 % d'échecs. C'est remarquable, et une des raisons,
d'ailleurs, les lettres qui nous viennent des entreprises nous le confirment,
c'est cette espèce de souplesse de l'entreprise qui permettait
rapidement et au besoin, a la limite, de débloquer de l'argent pour la
petite entreprise qui disait: Écoutez, là, demain, vendredi, je
ne suis pas capable de payer mes employés. Et l'entreprise, parce que
petite, était capable de sortir le chèque parce qu'il y avait des
redevances qui étaient dues juste à la limite ou qu'elle avait
convenu de prêts ou de subventions. Elle était rapidement capable
de se tourner de bord et elle n'avait pas fait 15 appels pour ce faire... Et
aussi, parce que l'équipe était petite. Si vous avez 12
équipes dans chacune des régions, il va falloir que
l'équipe régionale appelle l'équipe nationale et que
l'équipe nationale se réfère au président ou au
sous-ministre associé. Et vous savez ce que ça veut dire?
Ça veut dire qu'avant qu'on ait rejoint trois personnes dans un
ministère... Et le ministre sait de quoi je parle. J'ai vécu dans
l'administration publique aussi et ce n'est pas évident qu'on met la
main dessus. Ils sont à l'étranger, ils sont en train d'examiner
d'autres projets, ils sont en conférence, ils sont à travers le
Québec, mais on les rejoint rarement dans la même journée.
Ça demande un tour de force extraordinaire.
Alors, la valeur et le succès de l'équipe s'expliquaient
aussi par le fait qu'ils travaillaient de façon très
étroite entre eux. Ce qui fait qu'un projet qui entrait à
l'AQVIR, c'était un projet sur lequel c'étaient presque toujours
les mêmes équipes, parce qu'il y avait deux ou trois
équipes avec des spécialistes, mais, finalement, il y en avait
à peu près quatre ou cinq qui s'occupaient d'un projet et qui le
menaient d'un bout à l'autre. À ce moment-là, on
développe une espèce de finesse et de rapidité d'action,
une capacité d'analyse des projets et on voit à peu près
où sont les pièges parce qu'on développe l'expertise et
l'expérience. Et ça, c'était à ça qu'on
devait le succès de l'AQVIR. Et là, on est en train de
compromettre tout ça. Le ministre va me dire: Vous ne voulez pas qu'on
régionalise. Je le vois venir.
Le Président (M. Audet): Mme la députée, il
vous reste une minute.
Mme Blackburn: Seulement, monsieur. Je pourrais vous... Non, j'ai
20 minutes en ouverture.
Le Président (M. Audet): Dix minutes. Dans les remarques
préliminaires, vous avez 10 minutes.
Mme Blackburn: Dans les remarques préliminaires.
Le Président (M. Audet): Étant donné qu'on
n'a pas débuté l'étude du projet de loi, c'est l'article
209 qui s'applique. Alors, vous avez 10 minutes.
Mme Blackburn: Alors, j'aurais le temps...
Le Président (M. Audet): Vous aurez 20 minutes lorsque
vous commencerez l'étude du projet de loi.
Mme Blackburn: Bien. Alors, moi, je dis... J'y reviendrai
sûrement dans le courant de la soirée. À moins que le
ministre me dise qu'il est
en mesure d'examiner une proposition d'amendement qui nous permettrait
de protéger de façon très étroite et fine
l'équipe actuelle et pas nécessairement de régionaliser au
sein de la SDI...
M. Tremblay (Outremont): C'est ça. Il n'y a pas de
problème. C'est fait, ça.
Mme Blackburn: M. le Président, d'après ce que j'ai
lu et relu, ça n'est pas fait. Vous voulez régionaliser
l'AQVÏR. On ne peut pas maintenir l'équipe et la
régionaliser. Vous savez, vous ne régionaliserez pas 12
personnes.
M. Tremblay (Outremont): On n'a jamais dit ça.
Mme Blackburn: Que vous régionaliseriez, c'est dans
le...
M. Tremblay (Outremont): L'équipe de l'AQVIR est
intégrée entièrement à la Société de
développement industriel sous une vice-présidence du
développement technologique qui est confiée au président
de l'AQVIR avec son équipe intégralement.
Mme Blackburn: Et qui devient vice-président de recherche
et développement, qui ne concerne pas que l'AQVIR.
M. Tremblay (Outremont): Au contraire. Un des handicaps de
l'AQVIR, c'était lorsque le client de l'AQVIR voulait avoir accès
à des crédits d'impôt, voulait avoir accès à
des dépenses de commercialisation. Ce n'était pas admissible. La
loi de l'AQVIR ne le permettait pas. Donc, aujourd'hui, la proposition qui est
faite, c'est que le client est desservi par la même équipe. Et, en
plus, cette équipe va s'occuper des crédits d'impôt et de
la commercialisation. Donc, le client va avoir plus de services qu'il n'en a
jamais eus et desservis par la même équipe, la même
équipe performante, on l'admet. Alors, vous pouvez me faire une
démonstration pendant une heure de temps pour me dire que c'est une
équipe performante, j'ai été le premier à
l'admettre.
Mme Blackburn: Je m'excuse, j'étais distraite.
M. Tremblay (Outremont): C'est parce que vous dites que
l'équipe est performante. Je suis entièrement d'accord. C'est la
raison pour laquelle on leur donne la sécurité d'emploi dans la
fonction publique, qu'on les transfère intégralement, sous le
même leadership, à la Société de
développement industriel et qu'on leur donne plus de
responsabilités pour mieux desservir leur clientèle. (20 h
15)
Mme Blackburn: Oui. Alors, M. le ministre, vous savez comme moi
qu'il y avait moyen de le faire autrement, par exemple, en modifiant la Loi sur
l'AQVIR pour lui confier des programmes, comme le PARIQ, comme l'aide à
la commercialisation et le prêt au démarrage, et les
problèmes que posaient les difficultés d'aller et retour entre la
SDI et l'AQVIR se seraient trouvés solutionnés.
M. Tremblay (Outremont): La technologie fait partie d'un ensemble
de services qu'une entreprise doit avoir pour concurrencer sur la scène
internationale. Donc, ça commence par de l'innovation. Ça se
continue au niveau de la modernisation et de l'automatisation des
équipements de production pour, finalement, permettre à une
entreprise d'avoir accès à des marchés, donc financement
à l'exportation. Le financement d'une entreprise, ça fait partie
d'un tout global et la solution qui est prônée, c'est de prendre
l'équipe performante de l'AQVIR, de lui donner les mêmes
responsabilités, les mêmes programmes, la même
clientèle et d'élargir les horizons. D'ailleurs, il faudrait
peut-être demander aux employés de l'AQVIR, je ne dis pas
nécessairement au président, mais aux employés de l'AQVIR,
s'ils sont d'accord avec la solution retenue.
Mme Blackburn: M. le Président, je l'ai demandé.
Parce que dans le fond d'un projet de loi comme ça, vous vérifiez
si ce que ça veut dire...
M. Tremblay (Outremont): J'ai bien dit aux employés qui
s'en viennent.
Mme Blackburn: Aux employés, oui. Là-dessus, je
suis assez consciencieuse, parce que, dans un projet...
M. Tremblay (Outremont): Quelle réponse vous a-t-on
donnée?
Mme Blackburn: ...de loi comme ça, vous avez à voir
aussi comment les employés vont être protégés.
Évidemment, c'est une question qui m'intéressait aussi et pour
laquelle j'ai demandé des informations. Obtenir la
sécurité, personne ne va être contre ça. C'est
exactement la réponse que j'ai eue. Est-ce qu'on sera aussi efficace?
C'était une autre question. Est-ce qu'on se fera bouffer par la machine?
C'était aussi une autre question. Voilà ce que les
employés nous disent.
M. Tremblay (Outremont): Ce n'est pas juste une question de leur
donner la sécurité d'emploi, ça, je pense que vous avez
raison, mais c'était au moins de garder l'équipe intégrale
pour mieux desservir la clientèle, de lui donner des
responsabilités additionnelles, parce que le défi,
c'est de bâtir une équipe plus importante, à
même le noyau existant de l'AQVIR, pour aider plus d'entreprises et jouer
un rôle d'éducation économique pour essayer d'inculquer une
nouvelle culture technologique à nos entreprises au Québec.
Mme Blackburn: Moi, M. le Président, je comprendrais le
discours du ministre si l'équipe avait été
contre-performante, et le ministre ne nous a jamais justifié cette
décision sur la base d'une performance médiocre de l'entreprise.
Il le dit et le répète que cette équipe était
performante, sauf qu'il lui manquait peut-être quelques
éléments de programmes pour qu'elle le soit davantage. Ça
ne se justifie pas de cette façon. Je reviens... Est-ce que les
entreprises avec lesquelles on a communiqué se sont plaintes de cette
situation, se sont plaintes, par exemple, des problèmes et des
difficultés qui se posaient lorsque l'entreprise qui voulait entrer en
communication avec la SDI n'avait pas la stature nécessaire?
M. Tremblay (Outremont): II y a un protocole d'entente
signé avec l'AQVIR, en 1987, à l'effet qu'on a dissocié
les clientèles: trois ans d'opérations commerciales et moins,
l'AQVIR; trois ans d'opérations commerciales et plus, la
Société de développement industriel du Québec.
Donc, c'était normal que, lorsqu'une entreprise qui avait trois ans
d'opérations commerciales et moins venait à la SDI, on la
réfère à l'AQVIR. Alors, on ne peut plus se servir de
ça. C'était un protocole d'entente signé conjointement
avec la volonté des ministres pour faire ça.
Mme Blackburn: Pour éviter les chevauchements.
M. Tremblay (Outremont): Pour éviter les
dédoublements.
Mme Blackburn: C'est ça.
M. Tremblay (Outremont): C'est ce qu'on essaie de faire. Je pense
que ce n'est pas votre intention de protéger une structure, donc parlons
de l'équipe, parlons des programmes...
Mme Blackburn: Bien.
M. Tremblay (Outremont): ...et je vais vous dire que le
président de l'AQVIR qui va devenir vice-président de recherche
et développement siège au comité de direction de la
Société de développement industriel depuis deux mois. Le
conseil d'administration a été informé de la politique au
mois de juillet 1990. Il nous a fait certaines représentations au niveau
d'assurer le service à la clientèle et certaines
modalités. On a donné suite à toutes ses
représentations et le conseil d'administration, qui est composé
de 10 membres, n'a fait aucune autre représentation après le 30
juillet. J'oserais dire que le conseil d'administration, à la suite des
représentations, est d'accord avec la proposition.
Mme Blackburn: M. le Président, la première
question est sur l'équipe. Qu'est-ce qui amène le ministre
à croire que l'équipe aurait pu éclater? Qu'est-ce qui
amène le ministre à penser que, si l'équipe est bonne,
performante, les employés à la hauteur, l'AQVIR se serait
débarrassée de l'un ou l'autre des membres de l'équipe?
C'est quoi l'idée de parler de l'équipe comme si on la prend
toute, on va s'assurer de garder tout ce monde parce qu'il est performant?
Qu'est-ce qui aurait mis en péril l'unité de cette équipe
si elle était restée à l'AQVIR? Il n'y en a pas. Bon,
voilà! Chapeau!
M. Tremblay (Outremont): Ce n'est pas de l'équipe qu'on
parle, c'est du client.
Mme Blackburn: Vous avez parié de l'équipe. On
vient de parler de l'équipe, là.
M. Tremblay (Outremont): Oui, mais l'équipe dessert un
client. L'idée, c'est de bâtir, au Québec, une grande
équipe prête à relever le défi technologique. On
part de la base que nous avons.
Mme Blackburn: Le ministre reconnaîtra qu'il vient de me
dire: C'était l'équipe, on voulait protéger
l'équipe, s'assurer d'avoir toute l'équipe. Il n'y a rien - et je
suis contente que le ministre le dise, là - qui menaçait
l'équipe à l'AQVIR. Alors, je pense que ça, ce n'est pas
un prétexte qu'on peut invoquer. Les clients à présent. Le
ministre dit: On va rapprocher l'activité du client. S'il y a quelqu'un
qui sait ce que ça veut dire, je pense er savoir un bout là
dessus. Ça doit faire plus de 20 ans que je défends l'idée
d'une décentralisation et de rapprocher les services du client. Le
ministre ne peut pas maintenir sa petite équipe de 12 personnes, 16,
s'il en ajoute quelques-unes - quoique ce ne soit pas évident parce
qu'il y a toute l'administration qui va disparaître, le
secrétariat ou quelques-uns, alors probablement que l'équipe va
être un peu réduite - et la régionaliser En quoi, alors,
cette équipe est-elle plus proche du client?
M. Tremblay (Outremont): La régionalisation répond
à la demande de toutes les régions qui nous ont demandé
des antennes technologiques dans toutes les régions, incluant la
vôtre et je n'ai jamais dit que les antennes technologiques seraient des
personnes de l'AQVIR. Au contraire, l'AQVIR va jouer un rôle
d'éducation économique sur les personnes qui vont être les
antennes technologiques en région pour que, lorsqu'un client va se
présenter, par exemple, à Jonquière
pour avoir accès à l'AQVIR, il va y avoir une personne sur
la ligne de front qui ne fera pas partie de l'équipe de l'AQVIR, qui va
pouvoir dire à cette personne-là: Voici ce que nous faisons au
niveau technologique, et lui donner des informations de base. Et si,
éventuellement, un projet d'innovation se crée, une personne de
l'AQVIR, de l'équipe de l'AQVIR qui, dans un premier temps va être
à Montréal, se déplacera à Jonquière pour
répondre à cette personne avec tous les détails
techniques.
Mme Blackburn: Oui, mais vous comprenez que l'AQVIR n'existe
plus. Vous parlez de l'AQVIR comme si elle existait. La loi 86, le projet de
loi que nous étudions s'intitule Loi abrogeant la Loi sur l'Agence
québécoise de valorisation industrielle de la recherche et vous
me parlez de l'AQVIR comme si, demain ou quand le projet de loi sera
adopté en Chambre, ça existera encore, mais ça n'existera
plus. Il y aura une équipe, elle pourra s'appeler n'importe comment,
mais elle ne pourra pas s'appeler l'AQVIR.
M. Tremblay (Outremont): Je ne veux pas faire de la
sémantique. Une équipe...
Mme Blackburn: Ce n'est pas de la sémantique
là.
M. Tremblay (Outremont): Oui, c'est de la sémantique parce
qu'on attache...
Mme Blackburn: Changer...
M. Tremblay (Outremont): ...beaucoup plus d'importance à
des structures et à des noms qu'à une équipe. Alors, c'est
l'équipe qui va devenir la base du développement technologique au
Québec.
Mme Blackburn: Vous y avez travaillé et vous êtes un
économiste. Vous avez une formation en économie. De toute
façon, vous avez travaillé beaucoup dans les entreprises et vous
savez la valeur d'un titre et d'un nom. Vous savez très bien que c'est
pour ça qu'on a changé le nom des Caisses d'entraide
économique parce que, à un moment donné, il était
brûlé. Et quand un nom est bon... McDonald's ne penserait pas
changer son nom en disant: Ce n'est pas grave, le nom. La même chose pour
l'AQVIR. L'AQVIR, à un moment donné... ça prend un moment
avant de vous habituer à savoir c'est quoi, l'AQVIR. Une fois que vous
le savez et une fois que ça s'est parlé, un nom, ça porte
aussi une réalité pour le monde. Ce n'est pas que de la
sémantique. Et là, vous nous parlez... C'est tellement vrai que,
chaque fois que vous parlez de cette équipe, vous continuez à
parler de l'AQVIR, alors que ça n'existera plus, alors que la
référence que les gens avaient dans leur cahier, dans leur code
d'utilisation des services du ministère de l'Industrie et du Commerce,
des services d'appui au développement, le nom qu'on fournissait,
c'était l'AQVIR. Alors, ce n'est pas vrai de dire que c'est sans
importance qu'on fasse disparaître le nom.
M. le Président, est-ce que vous avez trouvé
réponse à la question que je vous posais tout à
l'heure?
Le Président (M. Audet): Oui, Mme la
députée. Je m'en excuse. Il y a un malentendu qui s'est produit,
lorsque j'ai présidé la commission pour l'adoption du projet de
loi sur les forêts, mercredi de cette semaine. Alors, vous avez 20
minutes- Étant donné que je me suis trompé, pour me faire
pardonner, je vous ai laisse échanger avec le ministre.
Mme Blackburn: Mais vous êtes...
Le Président (M. Audet): Normalement, le règlement
permet 20 minutes mais que vous le fassiez tout d'un trait. Vous pouvez vous
exprimer sur une seule question à la fois, contrairement aux engagements
financiers où la tradition permet des échanges de part et
d'autre.
Mme Blackburn: Alors, vous êtes tout...
Le Président (M. Audet): Je vous laisse terminer vos 20
minutes.
Mme Blackburn: ...pardonné et je continue.
Le Président (M. Audet): D'accord, ça va. Je vous
laisse terminer vos 20 minutes...
Mme Blackburn: Je vous remercie.
Le Président (M. Audet): ...mais, normalement, dans les 20
minutes, le règlement ne permet pas d'échange de part et
d'autre.
Mme Blackburn: D'accord.
Le Président (M. Audet): Vous pourrez revenir aux
articles.
Mme Blackburn: Mais je... Très bien. Je l'ai fait parce
que ça nous permettait de régler un peu cette question de
procédure. Il faudrait rappeler des choses qui tombent sous le sens, il
me semble, la philosophie et les valeurs, je dirais la culture de l'AQVIR
comparativement à la SDI. L'AQVIR, c'était le
développement d'entreprises à la fine pointe de la technologie.
Mais c'était des entreprises de démarrage - le ministre l'a dit
-de zéro à trois ans. C'est là que c'est le plus
difficile. On le sait, le ministre le sait, le taux de mortalité des
entreprises est extrêmement élevé au cours des cinq
premières années et il faut presque materner ces entreprises.
D'ailleurs,
on a un terme qui traduit bien cette réalité lorsqu'on
parle d'incubateur d'entreprises. (20 h 30)
Les entreprises naissantes demandent un encadrement et un suivi que
n'exigent pas les entreprises qui ont développé une certaine
expertise, qui ont des administrateurs un peu plus chevronnés et qui ne
deviennent pas euphoriques à cause du premier succès. Ils ont
développé l'expérience qui vous amène à la
fois à une meilleure connaissance de gestion, quand ils ont plus de
tradition, et à de meilleures décisions administratives, ce qui
n'est pas toujours le cas des entreprises en démarrage parce que, en
même temps qu'elles sont en démarrage et avec de jeunes
administrateurs, c'est-à-dire administrateurs qui ne sont pas des
administrateurs chevronnés, elles sont souvent aussi le fait de
personnes plus jeunes, donc ayant nécessairement moins
d'expérience administrative.
Alors, la philosophie, les valeurs et la culture de l'AQVIR,
c'était vraiment la fine pointe de la technologie et des projets qui,
des fois, avaient l'air un peu "flyés". Parlez-en du genre de projets.
Il y en a qui passent par mon bureau, des gens qui se demandent: À
quelle place je pourrais me présenter? J'ai pris contact avec l'AQVIR,
pensez-vous que mon projet... J'en ai vu passer - et certainement que vous ici,
les députés, vous en avez vu passer aussi - des patenteux et des
gars aux idées originales, juste dans mon comté. Il faut dire que
j'ai aussi eu quelques appels qui venaient un peu du Québec, parce que
je suis sur ce dossier. Mais, à première vue, ça ne semble
pas évident. Et ça prend vraiment toute l'attention,
l'imagination et la créativité d'une petite équipe pour
dire: Ça a peut-être du bon sens son affaire, et pour prendre le
temps d'examiner le dossier. C'était ça, la valeur de
l'AQVIR.
Deuxième chose, c'était une approche beaucoup plus
intégrée qui pouvait en même temps faire un peu
l'évaluation de l'état du marché. Sur le contenu, elles
ont, par rapport à l'aide financière... Là, on me dit...
je me suis laissée dire qu'il y avait certains modes de soutien
financier qui seraient contestés à la SDI et qui étaient
valorisés par l'AQVIR. C'est les conditions de prêt,
capitalisation, prêt à redevance et la souplesse, la
rapidité d'action. On me racontait qu'une entreprise disait:
Écoute, je ne serai pas capable de payer mon monde, il faudrait que ma
subvention rentre. J'en ai besoin hier. Et ça a pris 24 heures. Allez
donc demander à la SDI de faire ça, d'émettre des
chèques dans les 24 heures. À moins que le ministre se place et
donne un coup de fil. Avant que ma petite entreprise rejoigne le ministre, la
vôtre aussi probablement, à moins que... Quand on est en Chambre,
c'est pas si pire. C'est quand on n'y est pas. Quand on est en Chambre, on
prend des chances et on se dit, on va voir le ministre en Chambre puis on est
capable de passer nos commissions et là, généralement,
ça débloque vite, pas par mauvaise volonté du ministre,
parce que la structure est sclérosante quand vous tombez dans de grosses
équipes.
Les outils que s'est donnée l'AQVIR, c'était des outils
qui lui étaient particuliers pour examiner ce genre de projets Elle
faisait des analyses de marché, l'évaluation et l'analyse du
dossier et il y avait une équipe multidiscipiinaire de 12 ou 16
personnes, c'était variable. Je pense que le ministre, là-dessus,
a certainement plus de données que je n'en ai. Mais la SDI, c'est 160
employés, une aide aux entreprises structurées et une philosophie
de banquiers. Ça n'a rien à voir avec cette petite entreprise
souple qui est capable de répondre rapidement à des besoins,
capable de prendre le téléphone et de dire... Parce que vous
savez, quand vous rentrez dans une petite équipe, le
téléphone n'est pas loin, le président n'est jamais loin
du téléphone lorsqu'on entre dans le bureau. Seize personnes
là, ce n'est même pas grand comme ici, les bureaux qu'ils
occupent. Et ça, c'est rapide, tout se passe... Quand vous allez
chercher votre café, vous dites: C'est vrai, tu sais, la petite
entreprise que j'ai à Chicoutimi ou que j'ai à Montréal
Est, elle m'a appelé ce matin ot elle aurait besoin de choses, elle
aurait besoin rapidement qu'on puisse lui donner trois, quatre données
sur l'état du marché.
Le Président (M. Audet): Malheureusement, je dois vous
interrompre, parce que votre temps de parole est terminé.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. Alors, juste une
seconde pour dire que la structure de la SDI, y compris pour aller chercher des
données sur l'état du marché, rend difficile
l'accès à ces données parce que la SDI, étant un
organisme gouvernemental, s'(>? va au Bureau de la statistique du
Québec, alors ça ne leur permet pas d'aller, comme ils le
faisaient avant, un peu partout dans le monde et que les données sur les
statistiques dans les entreprises à haute technologie, on ne les trouve
pas au Québec, parce qu'il n'y a pas beaucoup d'entreprises à
technologie de pointe, on les trouve surtout aux États-Unis et un peu
beaucoup en Europe.
Le Président (M. Audet): D'accord, madame, merci.
Mme Blackburn: Ça, c'était juste pour vous donner
un petit exemple des difficultés que posera dorénavant le
fonctionnement de...
Le Président (M. Audet): Merci.
Mme Blackburn: ...cette équipe au sein de la SDI.
Le Président (M. Audet): Merci, madame.
Est-ce qu'il y a d'autres remarques préliminaires? Mme Dupuis:
S'il vous plaît.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Verchères, vous avez la parole, 20 minutes.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: Merci, M. le Président. M. le ministre, MM.
les députés, en ce qui concerne la loi qui a pour objectif
d'intégrer l'AQVIR à la SDI, les motifs invoqués, M. le
ministre, étaient surtout des motifs de rentabilité, pour
intégrer les structures, uniformiser tout ça. Je ne vous
répéterai pas tous les avantages, toute la compétence et
la bonne renommée de l'AQVIR, je pense que tout le monde le
reconnaît ici. Là, n'est pas le problème. Moi, où je
m'inquiète... Que les employés soient intégrés,
donc protégés et tout ça, là non plus, en ce qui me
concerne, je ne vois pas de problème. Mais, ce qui m'inquiète
c'est le changement de clientèle qui va s'y adresser. Là, comme
disait ma collègue de Chicoutimi tantôt, c'était une
clientèle un peu de patenteux, de créateurs, d'innovateurs un
petit peu "flyés" sur les bords. Et, quand je parle de créateurs,
je sais de quoi je parle parce que j'étais dans le milieu. C'est une
mentalité tout à fait différente d'une grosse entreprise.
Alors, là, l'AQVIR, avec son aide rapide puis sa flexibilité, sa
souplesse, si vous voulez, était en mesure, de façon
appropriée, de répondre à leurs besoins, tandis que
là, en l'associant à la SDI, j'ai l'impression que les services
vont être les mêmes, peut-être avec autant de
compétence, mais que ça ne s'adressera plus aux mêmes gens.
Là, ça va être des services rendus, peut-être aussi
créateurs mais pour des grosses entreprises, et c'est là que
ça m'inquiète. La grosse boîte pour des grosses
entreprises, ça va favoriser la technologie de pointe mais sur une
grosse échelle, pensant compétition internationale et tout.
C'est là que je me demande pourquoi faire disparaître
l'AQVIR et ne pas rebâtir une autre équipe qui aurait pu, aussi,
assurer un suivi de A à Z, si vous voulez, pour les grosses entreprises,
créer la même chose ou similaire mais pour les besoins de la
grosse entreprise et laisser l'AQVIR aux petits créateurs, aux petites
entreprises. Je pense qu'un n'empêche pas l'autre. Et si, pour des
besoins de financement et de suivi... M. le ministre disait tantôt que
l'AQVIR n'était pas en mesure d'assurer le suivi. On les partait, on les
démarrait, on leur prêtait des sous pour vraiment démarrer,
mais après ça, on n'était pas en mesure d'assurer le
suivi. Ça, c'est une chose qui aurait pu se compléter avec le
temps en faisant de l'AQVIR une entité complète ou, après
ça, en la transférant, si vous voulez, à la SDI, dans un
des départements, là, je ne veux pas entrer dans les
modalités. Mais ce qui m'inquiète, moi, c'est le respect de cet
objectif, qui, je pense, est de rendre un service d'une extrême
compétence, d'une très bonne compétence, dans une grosse
compagnie qui fait de la recherche et qui fait des innovations de fine pointe
aussi, mais qui n'ont pas le même volume, qui n'ont pas la même
importance, si vous voulez, en termes de nombre et en termes de sous.
Si je regarde quelques éléments... Puis, il n'y a rien qui
m'assure que ces petits créateurs-là vont avoir les mêmes
services. Si je regarde le point 2, par exemple: "...assume les obligations de
l'Agence québécoise de valorisation", bon, oui, je suis certaine
qu'ils acquièrent les droits et assument les obligations, qu'ils vont
assumer les mêmes obligations, mais peut-être pas envers les
mêmes gens. Les services ne s'adresseront probablement pas aux
mêmes personnes. Je saute le point 3, je vais au point 5, encore
là, "l'aide financière accordée en vertu de la Loi sur
l'Agence québécoise de valorisation industrielle de la recherche
continue d'être administrée conformément aux conditions
selon lesquelles elle a été accordée", là,
ça m'amène à dire que toutes les lois sont
accompagnées de règlements. Qu'est-ce qui nous dit que, pour
avoir accès aux services de PAQVIR, la défunte AQVIR, si vous
voulez, ils ne changeront pas les règlements et qu'il ne faudra pas
avoir un certain volume? Ces règlements-là pourront
peut-être interdire ou empêcher, sans les interdire formellement,
les petites compagnies d'y aller. Et les petites compagnies, même pas! Ce
n'est même pas des compagnies, c'est souvent des individus qui allaient
demander des services rapides.
C'est deux manières de faire complètement
différentes, entre ces créateurs, si vous voulez, ces
innovateurs, et des grosses compagnies qui sont, aussi, des innovateurs,
ça, je ne peux pas dire... Du moment où il y a création
d'un produit nouveau, d'une technologie nouvelle, ce sont aussi des
créateurs, mais sur une autre échelle. Et quand on change
d'échelle, c'est là qu'apparaît toute la différence
entre un prototype, si vous voulez, puis sortir, à un moment
donné, une production à grosse échelle. La
mentalité est différente, les attitudes sont différentes,
les besoins sont différents. On ne parle plus de la même
chose.
Et moi, je m'interroge sur les motifs qui ont pu l'amener. On me dit des
motifs de rentabilité, oui, mais, si c'est le même personnel que
vous intégrez, il va leur falloir des locaux, eux autres aussi. Il va
falloir les loger puis, je veux dire, leur donner des bureaux puis les
installer. Donc, où est l'économie d'énergie
là-dedans? Où est l'économie financière? Je ne
demande pas mieux que le ministre nous en fasse la démonstration
éloquente, mais là, moi, avec les informations que j'ai, je ne
peux pas le percevoir. Et c'est ça que je trouve dommage dans ce projet
de loi là et c'est pourquoi j'espère que le ministre va changer
d'avis ou va
trouver un moyen d'intégrer, de garantir par sa loi les
mêmes services, les mômes protections, de répondre aux
mêmes besoins de ces petits... Ce n'est pas parce qu'on veut penser
international, qu'il y a le libre-échange et tout, qu'on est
obligé de faire mourir ces petits cerveaux, ces petits créateurs,
si vous voulez. Quand on pense que l'économie... qu'est-ce qui est le
moteur de l'économie du Québec, c'est quoi? Ce sont nos PME, ce
sont nos petites et moyennes entreprises, c'est un peu l'équivalent, en
agriculture, de nos fermes agricoles, si vous vouiez.
Sur ce, je n'ai peut-être pas épuisé mon temps, mais
M. le ministre me connaît bien, moi, je ne suis pas là pour faire
du temps. Je suis là pour dire ce que je pense, l'exprimer puis, quand
c'est terminé, eh bien, c'est terminé. Alors, si M. le ministre
voulait bien répondre.
Le Président (M. Audet): Ce n'est pas la meilleure place
pour faire du temps, non plus.
Mme Caron: Pardon?
Le Président (M. Audet): Ce n'est pas la meilleure place
pour faire du temps, ici.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): On en fait un peu des fois,
mais...
Mme Blackburn: Surtout pas un vendredi soir.
Le Président (M. Audet): Alors, M le ministre.
M. Gérald Tremblay
M. Tremblay (Outremont): Alors, il me fait plaisir de confirmer
à la députée de Verchères que le présent
projet de loi n'a pas été déposé pour des questions
de rentabilité ou d'économie. Un des points soulevés
c'est: Est-ce que le petit client ou l'innovateur va avoir accès aux
mêmes services? La réponse, c'est oui. Un règlement a
été préparé conjointement avec les gens d'AQVIR
assurant les mêmes projets. Alors, c'est fait, accepté par le
Conseil des ministres, on attend juste que le projet de loi soit adopté
pour le mettre en application. La députée de... Donc, l'expertise
va demeurer la même, la flexibilité va demeurer la même,
l'aide va être rapide et les services vont être également
les mêmes d'autant plus qu'ils vont être diffusés par la
même équipe.
On a parlé de l'expertise, alors, l'expertise également,
c'est la même équipe qui va diffuser l'expertise, puis je suis
bien content d'entendre que la députée de Verchères n'est
pas préoccupée par des structures. Et, finalement, ça a
été mentionné tout à l'heure la question de...
L'AQVIR avait une certaine flexibilité pour aller chercher des
expertises extérieures, alors j'ai confirmé par lettre au conseil
d'administration de l'AQVIR, le 30 juillet, que, quant aux recours à des
expertises externes spécialisées jugées essentielles
à une bonne évaluation du potentiel du projet et aux risques
associés à celui-ci, je conviens avec vous qu'il y a lieu de
prévoir les mécanismes administratifs appropriés afin
d'assurer leur disponibilité.
Alors, tout ce que la députée de Verchères demande
et, à date, tout ce que la députée de Jonquière
demande, selon ma compréhension de ce que vous demandez, c'est
prévu dans le projet de loi, par règlement et par l'équipe
qui va diffuser les mêmes services à la même vitesse, au
même rythme, en devenant sous la vice-présidence du
développement technologique à la Société de
développement industriel.
Mme Blackburn: de Chicoutimi.
M. Tremblay (Outremont): Ah! Excusez.
Mme Blackburn: C'est un bon collègue, voisin et ami et une
ville voisine.
M. Tremblay (Outremont): Alors, je corrige tout, je corrige tout
pour dire que c'est la députée de Chicoutimi, c'est vrai. Vous
avez absolument raison. C'est parce que ce que j'avais à l'esprit, c'est
desservir la clientèle technologique par le bureau de Jonquière
de la Société de développement industriel.
Mme Blackburn: L'édifice administratif qui est à
Jonquière.
Le Président (M. Audet): Alors, étant donné
que le temps des remarques préliminaires est terminé... à
moins que les députés aient des remarques? Ça va?
Mme Blackburn: Oui, à ce moment-ci, M le Président,
je voudrais proposer une motion.
Le Président (M. Audet): Oui, Mme la
députée. (20 h 45)
Motion proposant d'entendre le
président
de l'Agence québécoise de
valorisation
industrielle de la recherche
Mme Blackburn: il est proposé qu'en vertu de l'article 244
de nos règles de procédure la commission permanente de
l'économie et du travail tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 86, Loi abrogeant la Loi sur l'Agence
québécoise de valorisation industrielle de la recherche, des
consultations particulières quant à tous les articles dudit
projet de loi et qu'à cette fin elle entende le
président de l'Agence québécoise de valorisation
industrielle de la recherche, M. Claude Richard."
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'on peut avoir une copie
de la motion, s'il vous plaît? Sur la motion, M. le député
de Drummond?
M. St-Roch: Sur la recevabilité de la motion, M. le
Président. N'est-il pas exact que, suivant nos règlements et
procédures, avant de proposer une telle motion! nous devons avoir un
droit de parole?
Le Président (M. Audet): Oui, effectivement, au niveau des
remarques préliminaires, j'ai demandé tantôt aux membres de
la commission s'ils avaient d'autres remarques et personne n'a
soulevé...
M. St-Roch: Non. Pour déposer une demande d'entente,
est-ce que ce ne doit pas être fait au moment du droit de parole, au
moment où il nous reste du temps dans nos remarques
préliminaires?
Le Président (M. Audet): Étant donné que les
remarques préliminaires étaient terminées de la part de la
formation de l'Opposition, j'ai demandé aux membres de la commission
s'il y avait d'autres membres de la commission qui souhaitaient prendre la
parole alors, étant donné que personne n'a manifesté
l'intention de prendre la parole, le temps des remarques préliminaires
étant terminé, on doit passer, s'il y a lieu, aux motions
préliminaires. La députée de Chicoutimi a
présenté une motion préliminaire. Alors, comme c'est
là, je peux la juger recevable, puisqu'elle est conforme à
l'article 244 de notre règlement. Alors, Mme la députée de
Chicoutimi, vous avez 30 minutes.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. le
Président, je ne veux pas mettre en doute les propos du ministre, ni lui
prêter de mauvaises intentions. Je pense que le ministre a
démontré beaucoup d'enthousiasme, je dirais, dans
l'administration de son ministère et particulièrement au dossier
touchant la recherche et développement. C'est un enthousiasme,
d'ailleurs, qui l'animait alors qu'il était à la SDI, et faut-il
se rappeler une anecdote, à ce moment-là, il avait
annoncé, devant la chambre de commerce de Montréal, que l'AQVIR
serait intégrée à la SDI. Je me rappelle avoir eu une
réaction... M. MacDonald, son prédécesseur à
l'époque, n'en avait pas vraiment, selon lui, entendu parler. Alors,
comme par hasard, M. MacDonald ne partageait pas cet avis.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, sur la question
d'information pour la députée de Chicoutimi, je n'ai jamais fait
de déclaration à la chambre de commerce de Montréal et je
n'ai jamais fait de déclaration publique à cet effet.
Le Président (M. Audet): M. le ministre, si vous avez des.
remarques à faire, vous devrez les faire lorsque la
députée de Chicoutimi aura terminé son temps de parole.
Pour l'instant, j'ai reconnu Mme la députée de Chicoutimi. Mme la
députée, si vous voulez poursuivre.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Peut-être le
ministre ne l'a-t-il pas fait au cours d'une réunion publique.
Ça, il faudrait que je fasse des vérifications et, si tel
était le cas, je ferai amende honorable, parce que,
généralement, je vérifie les informations qu'on me
communique avant de les transmettre. Si le ministre ne l'a pas fait à
l'occasion d'une assemblée publique, peut-être l'a-t-il fait en
privé et que les choses sont sorties. Toujours est-il que, lorsque ces
choses-là ont été dites, c'est venu aux oreilles de M.
MacDonald qui s'est empressé de nier l'information, parce que M.
MacDonald, l'AQVIR, il y avait aussi réfléchi. Parce que
j'imagine que, quand tu prends un ministère, tu réfléchis
un peu à la rationalisation de tes équipes et aux modifications
qui pourraient rendre l'équipe un peu plus performante selon ta propre
philosophie. Et M. MacDonald avait aussi examiné cette question et il en
était arrivé à la conclusion que cette petite
équipe, par rapport à ce qu'elle coûtait et aux avantages
qu'elle conférait aux entreprises, devait être
préservée, sauf que - et là-dessus, si je ne me trompe,
c'est M. Mac-Donald qui l'a fait - il a voulu s'assurer qu'il n'y ait pas de
dédoublements ou de chevauchements, c'est-à-dire qu'il soit bien
clair que les entreprises de zéro à trois ans étaient
à l'AQVIR et que les autres allaient à la SDI. Il y avait
également une question de volume ou d'activités et de soutien
financier à accorder. Je pense que c'était une bonne
décision. C'a été une décision pour éviter
au moins que ceux qui conseillent les entreprises naissantes, sachent vraiment
où les adresser. Je pense que la décision était importante
et était fort intéressante, d'ailleurs.
Alors, moi, ce que je voudrais faire, et si le ministre est d'accord, on
pourrait peut-être en venir à une entente assez rapide... Il ne
prend d'ailleurs pas grand risque, lorsque je lui propose d'entendre M.
Richard. Comme M. Richard doit être intégré à
l'équipe de la SDI, j'imagine que ce n'est pas celui-là qui va
venir nous descendre complètement le processus. Mais il pourrait
surtout, M. Richard, nous parler en toute connaissance de cause de
l'expérience de l'AQVIR, de son mode de fonctionnement, des
qualités que confère à une équipe le fait qu'elle
ne soit pas enfermée dans des directives administratives de
l'administration publique. Moi, je ne dis pas que les fonctionnaires ne sont
pas bons. J'ai travaillé avec des fonctionnaires et je connais leur
performance. Ils sont à peu près comme tout le
monde. Il y en a des bons, des excellents et des moins bons. C'est
exactement comme les députés et les ministres. Ça, ce
n'est pas fatigant. Je retrouve à peu près la même
proportion, ça, je l'admets. Cependant, ce qui paralyse souvent nos
équipes, c'est l'incapacité d'avoir rapidement la
possibilité de sortir de la machine pour dire: Là, on va chercher
des choses un peu partout ailleurs, parce qu'il y a des directives qui les
empêchent. Juste ça, au plan de la gestion du personnel, pour
avoir géré aussi ce type de personnel là, vous le savez,
tout est réglementé, du voyage de l'un au téléphone
de l'autre, au contrôle de ses appels interurbains. On sait comment
ça fonctionne, alors que, dans une petite équipe... D'abord, il y
a rarement des gens qui se permettraient des indélicatesses, pour les
appeler comme ça, ce qui fait qu'il y a un bon contrôle sur la
machine, un bon contrôle sur les dépenses et qu'elle est
généralement plus performante.
Moi, je ne comprends pas que ce gouvernement, qui est
particulièrement proche des entreprises, pense toujours que les
solutions, c'est dans les grosses machines, alors que c'est prouvé, la
souplesse, surtout dans ce genre d'activité, est capitale par rapport au
temps d'intervention. Si le ministre me le dit tout de suite, M. le
Président, moi, je ne ferai pas 30 minutes. S'il me dit: On est capable
de recevoir M. Richard, je n'ai pas l'intention d'étirer le temps pour
étirer le temps. Mais j'aimerais qu'ici il puisse informer les membres
de cette commission... Je suis convaincue que les membres de cette
commission... Et c'est normal, il y a plusieurs dossiers qui passent en
Chambre, plusieurs lois et ils ont leur comté. Alors, ils ne commencent
pas à examiner, à lire tous les dossiers touchant cette agence,
ce qu'elle a fait dans le passé et les conditions qui lui ont permis de
réaliser avec succès certaines entreprises, certaines
opérations. Moi, je pense que ce serait dans l'intérêt de
tout le monde. Si le ministre me dit: On est prêt à convoquer M.
Richard, on pourrait, à la suite de cette expérience-là,
régler assez rapidement le dossier, avec un autre amendement. Je ne sais
pas si le ministre peut me répondre. S'il me dit non, je vais devoir
continuer pour expliquer pourquoi il est important... Ce sont des gestes qui
ne... À moins que - et ça, ça me désespère -
vraiment, c'est parce qu'on a fait, cette année, de mauvaises
créances pour 3 500 000 $, que le ministre me dise qu'il a eu l'ordre du
président du Conseil du trésor disant - et on sait que le
président du Conseil du trésor a du poids dans ce
gouvernement-là comme probablement dans tous les gouvernements, il en
avait dans le nôtre aussi... Si c'est un ordre du président du
Conseil du trésor, que le ministre nous le dise. Parce qu'on l'a vu dans
d'autres dossiers, quand le président du Conseil du trésor a
parlé, ça prend un Conseil des ministres fort qui a
décidé de le mettre dehors pour passer outre. Et ça, on le
sait aussi. Alors, si le ministre me dit qu'on est prêt à entendre
M. Richard, moi, je suis prête à...
Le Président (M. Audet): Est-ce que ça termine
votre intervention, Mme la députée?
Mme Blackburn: Non, M. le Président. Je pensais que le
ministre pourrait réagir là-dessus.
Le Président (M. Audet): II pourra y répondre
après, lorsque vous aurez écoulé votre enveloppe.
Mme Blackburn: II pourra y répondre après? Le
Président (M. Audet): C'est ça
Mme Blackburn: Bien. Alors, écoutez, je vais vous parler
un peu - et au moins, quand les députés adopteront cette
loi-là, ils l'adopteront en toute connaissance de cause - des
informations que j'ai eues, parce que ça fait partie de mon travail.
Ça fait partie de mon travail et j'essaie de le faire de la façon
la plus consciencieuse possible. M. Richard pourrait venir nous parler de ce
qu'était l'équipe, des rapports qui se sont établis entre
les personnes, de l'autonomie dont jouissaient les membres de l'équipe,
à la fois, pour aller chercher plus d'informations mais aussi pour
consulter leurs collègues qu'ils n'avaient pas l'impression de
déranger parce que tout le monde avait le même
intérêt.
M. Richard pourrait venir nous parler de ce qu'il estime être les
meilleurs outils de soutien financier pour les entreprises en démarrage.
Par exemple, on me dit que le capital-actions ne serait pas
privilégié au sein de la SDI et que, pour l'AQVIR, ça
constituait un outil ou un levier, un soutien financier important qu'il voulait
privilégier. M. Richard pourrait venir nous dire comment on
procède à l'AQVIR ou comment on procédait à
l'AQVIR, quand elle existait - parce qu'on va parler de la défunte AQVIR
tantôt - pour faire des analyses de marché dans des entreprises
dont on a des lettres dans lesquelles elles s'opposent à la fermeture de
l'AQVIR. Ce ne sont pas des produits qui sont d'usage courant au Québec,
ce ne sont pas des entreprises qu'on retrouve à tous les coins de rue et
il n'y a pas un marché très connu là-dedans. Quand on veut
avoir des informations sur le marché, pour faire des analyses de
marché, pour des produits hautement spécialisés, on ne
trouve rien au Québec et, souvent, on ne trouve rien au Canada. La seule
façon de trouver des données sur le marché, c'est d'aller
à l'étranger. Et juste cette souplesse permettait à
l'entreprise de dire: On voit comment le marché est en train
d'évoluer aux États-Unis, on voit comment il a
évolué un peu en Europe. Par rapport à notre
clientèle, par rapport au mode de vie des nôtres chez nous,
par rapport à l'évolution des entreprises, on sait que
c'est un produit qui, dans un an et demi, deux ans, devrait être assez
populaire chez nous et que le besoin va être rendu. Et là,
ça vous permettait, sur une base relativement fiable, d'encourager
l'entreprise dans la poursuite de son projet. Est-ce que c'est possible au sein
d'une équipe comme celle de la SDI?
J'ai appris récemment, ce que j'ignorais, le dossier est
arrivé comme ça sur mon bureau, qu'on ne peut plus, d'abord, sans
débourser, aller chercher des informations au Bureau de la statistique
du Québec parce que le Bureau de la statistique du Québec vend
ses informations et que, si vous lui demandez de colliger ou d'aller chercher
des informations qui ne sont pas déjà dans la banque du Bureau,
vous devez payer un petit peu plus. Mais vous êtes obligé de
passer par le Bureau de la statistique du Québec à
présent. Ça, si vous n'appelez pas ça un empêchement
là... Je ne connaissais pas bien le fonctionnement. J'ai moi-même
appelé, à la suite d'un cas que j'ai eu dans le comté,
pour voir s'il était exact, premièrement, qu'il fallait payer
pour avoir des informations au Bureau de la statistique du Québec. On
m'a dit: Non seulement il faut payer, mais, l'an passé, on a fait 1 000
000 $ avec ça parce que les ministères - je trouvais que
c'était juste de l'argent qui changeait de mains - sont obligés
de payer pour les recherches de données statistiques qu'ils commandent
au Bureau de la statistique du Québec. Mais, en même temps, les
ministères sont obligés de passer par le Bureau de la statistique
du Québec. Alors, vous comprenez que ce n'est pas ça qui va
assouplir une équipe, qui va lui permettre d'aller rapidement pour
cueillir des informations.
À présent, l'équipe de l'AQVIR c'était aussi
une équipe multidisciplinaire qui pouvait, à la fois,
évaluer la qualité du projet sur sa faisabilité, sur la
mise en marché, sur sa situation financière, sur le potentiel des
personnes, les promoteurs du projet, mais, également, qui pouvait
examiner l'avenir ou l'avenir potentiel du projet, ou de l'entreprise, ou de la
création de ce nouvel outil, qu'il soit d'ordre technologique ou
informatique. (21 heures)
Alors, M. Richard, je pense, pourrait nous dire ça. Et ce qui me
surprend du ministre... J'aurais peut-être pu comprendre qu'il ne veuille
pas donner à l'AQVIR des programmes pour la rendre un peu plus autonome,
moins dépendante du MIQ, mais il aurait pu donner à l'AQVIR le
PARIQ, l'aide à la commercialisation et le prêt au
démarrage. Et je me suis laissée dire que, donner ces
programmes-là, ces éléments de programmes là,
ça aurait coûté tout au plus trois à cinq personnes
- mettons-en six pour les besoins de la cause - et l'AQVIR aurait pu, de
façon très autonome, sans obliger les entreprises à faire
des aller et retour entre le MIQ et l'AQVIR, répondre à tous les
besoins de la petite entreprise. Je pense que M. Richard aurait pu venir nous
dire ça. Il aurait pu, en même temps, le dire aux membres de cette
commission. Le ministre aussi aurait pu choisir... Et je me demande pourquoi il
a rejeté du revers de la main cette hypothèse de faire de PAQVIR
une filiale de la SDI. Je connais aussi un peu le système, quoiqu'il y
ait des différences: dans un cas, c'est une société et,
dans l'autre cas, c'est un conseil. Mais dans le conseil consultatif dans
lequel j'étais, il y avait deux vice-présidences: la
vice-présidence à la formation professionnelle et à
l'évaluation, et, du moment où c'était inscrit dans la loi
constitutive du Conseil des collèges, vous n'en échappiez pas,
c'était clair. Ce n'était pas une disposition
réglementaire ou administrative, c'était inscrit dans la loi et,
lorsque c'est inscrit dans la loi, vous ne pouvez pas modifier sans revenir en
Chambre. C'est un peu plus difficile et ça donne une certaine
poignée à ceux qui sont à l'intérieur pour
défendre les intérêts du groupe ou de l'activité
qu'ils sont supposés maintenir ou développer.
Alors, moi, je vous dis qu'il y avait d'autres hypothèses. Il y
avait l'hypothèse d'enrichir l'AQVIR et il y avait l'hypothèse de
faire de l'AQVIR une filiale de la SDI, ce qui aurait entièrement
protégé l'AQVIR. Le ministre aurait rejoint ses objectifs, il
n'aurait pas eu à modifier l'équipe et l'équipe aurait pu,
si elle le jugeait utile, aller chercher des services à la SDI. Et je
pense que l'objectif visé par le ministre aurait pu être atteint
et... peut-être une petite économie au niveau de la
réceptionniste, parce qu'on sait que la SDI doit avoir une
réceptionniste, quoi qu'il va bien falloir qu'il y en ait une s'il y a
un département quelque part, là. Mais ça aurait
peut-être permis ces économies-là et ça aurait
peut-être eu l'avantage - que le ministre nous met de l'avant - pour
l'AQVIR d'utiliser d'autres services ou d'autres expertises de la SDI, par le
biais de protocoles ou de quelque chose de cette nature. Ça se fait
entre des entreprises, tant dans le public, le parapublic que dans le
privé, d'ailleurs.
Il serait intéressant que M. Richard vienne aussi nous expliquer
ce que m'expliquait un membre de son personnel, la différence entre la
philosophie de l'AQVIR et la philosophie de la SDI. Vous savez, dans une
entreprise, comme dans la société, quand vous mettez un gros avec
un petit, c'est généralement le gros qui finit par avaler le
petit. Dans un aquarium comme dans un ministère. Ça, ce n'est
pas... Mettez les gros poissons avec les petits et vous ne chercherez pas
longtemps les petits. Alors, c'est vrai dans un aquarium, c'est vrai dans un
ministère et c'est vrai dans un pays aussi. On le sait, nous, par
expérience, les francophones. À moins de mettre des
barrières tout le tour et des filets tout le tour, on est
littéralement happés par la culture dominante. Et ça,
c'est irréversible, à
moins que vous gardiez des divisions. Et, à l'évidence, ce
qui était l'AQVIR - le ministre ne voudra pas le dire et je le
comprends, il a sa fierté - j'ai l'intime conviction que ça ne
prendra pas trois ou quatre ans, maximum... le temps qu'on change de
présidence. M. Richard va entrer à la SDI, il va entrer avec sa
philosophie, il va résister un an, deux ans, trois ans, mais, à
un moment donné, les règles administratives vont bouffer
l'organisation. Ce n'est pas compliqué. Le ministre, parce qu'il a
travaillé dans les structures et les organisations, le sait. Alors, je
ne comprends pas qu'étant informé de ça il n'ait pas cette
espèce de vigilance de la protéger. Parce que je le crois
sincère lorsqu'il dit qu'il veut développer la recherche et le
développement au Québec, mais je trouve que la façon de
s'y prendre n'est pas des plus adéquates.
M. le Président, je disais tout à l'heure, lorsque j'ai
terminé mes 20 minutes de remarques préliminaires, que la SDI,
c'est 160 employés. Alors, imaginez-vous, il va en rentrer 12 de la
défunte AQVIR; 12 sur 160, ça fait quoi? C'est 15 %, un sur cinq,
quelque chose qui ressemble à ça; 13... 12, 13, 14. Alors, ce
n'est pas trop compliqué. Ça va être comme une bille noire,
mettez-en une blanche ou une noire et 15 blanches. À un moment
donné, la nature a comme horreur un peu de la différence.
Le moindrement que ces gens-là vont avoir des attitudes, des
comportements de petite équipe qui n'a pas l'habitude de se mouler aux
directives administratives et de tomber dans l'espèce d'obligation de
signer des formulaires et d'envoyer des mémos constamment... Parce
qu'ils ne devaient pas s'écrire, eux autres, ils passaient probablement
d'un bureau à l'autre. Ils vont tomber dans cette grosse machine
là. Ils vont disparaître, ce n'est pas compliqué. Ce n'est
pas compliqué, ça va prendre trois ans. Ils vont résister,
parce que, quand vous êtes dans une petite équipe, vous
développez une qualité de relation qui vous fait toujours
désirer ce type de relation là. Vous n'avez pas le goût de
vous faire bouffer par la machine, mais vous ne pouvez pas résister
parce que ça use les personnes. C'est clair. Et, à un moment
donné, ils vont se faire taper trois, quatre fois, soit sur un compte de
dépenses, soit sur la série d'appels qu'ils auront fait en trop,
soit parce qu'ils sont allés chercher des informations que les
directives administratives ne permettaient pas d'aller chercher en vertu de
dispositions réglementaires, et, à un moment donné, ils
vont se dompter, comme on dit en bon québécois. Ils vont dire:
O.K., si c'est comme ça que ça marche dans la machine, pourquoi
qu'on se casse le siau pour essayer de défendre quelque chose auquel le
ministre ne croyait pas? C'est comme ça que ça va se passer. Et
le ministre, dans trois, quatre ans, va pouvoir le dire. Il va peut-être
- malheureusement, c'est un peu ce qu'on fart - dire: Ah bien! c'est vrai que
je n'ai peut-être pas pris la meilleure décision. Bien, je pense
qu'il serait peut-être temps, avant de courir ce risque-là, de
réviser cette décision.
Les Américains disent souvent: Vous savez, pourquoi essayer de
construire quelque chose qui méritait d'être démolie. On
démolit l'AQVIR et on dit: II faudrait la protéger. Moi, je ne
comprends pas. En administration, c'est un des principes administratifs de base
des Américains. Ils disent: Si ça mérite d'être
démoli, ce n'est pas souhaité de le laisser se reconstruire. Tu
le démolis et, après, tu fais autre chose. Mais qu'est-ce qui
nous permet de penser que l'AQVIR méritait d'être démolie?
Moi, je ne crois pas. Moi, je crois à ces petites équipes
là.
Alors, la SDI, ce sont des grosses entreprises. Je sais que le ministre
a plutôt la propension et beaucoup d'intérêt pour tout ce
qui est gros, les grosses entreprises. D'ailleurs, le Fonds de
développement technologique à cet égard est assez parlant:
il n'y a que les grands consortiums qui sont capables d'avoir accès
à ce fonds-là, parce que ce sont des grosses affaires. Ça
prend une grosse entreprise pour gérer et administrer ces projets de
recherche là pour avoir accès au Fonds de développement
technologique. Ça ne veut pas dire que les grosses entreprises ne vont
pas chercher des petites entreprises, mais ça prend une entreprise qui
est capable de gérer des gros budgets. Vous n'allez pas chercher 10 000
000 $ alors que votre chiffre d'affaires est de 20 000 000 $. Alors, c'est
évident que ça vous prend une entreprise qui a les reins solides,
genre DMR, Bombardier, Alcan, Pratt et Whitney. Parce que Pratt et Whitney,
ça ne les fatigue pas trop, ils font déjà 250 000 000 $ de
recherche par année. Eux autres sont capables de gérer ce type de
projet.
Le ministre aime ça, ce genre de projet là Mais l'AQVIR ne
faisait pas ça. L'AQVIR n'a jamais eu la prétention de faire
ça. L'AQVIR: technologie de pointe, mais technologie de pointe qui a
créé près de 1000 emplois. Mille emplois en six ans, 25
000 $ par emploi. J'inclus, dans les 25 000 $, les mauvaises créances,
comme vous incluez, dans le coût des diplômés, seulement
ceux qui sont diplômés en leur faisant porter le coût de
toute la scolarité. Généralement, c'est comme ça,
lorsque vous dites: J'en ai rentré 100, j'en ai sorti 60. Donc, ces
soixante-là m'ont coûté, admettons... C'est toujours sur
60. Autrement dit, quand j'ai fait le calcul par rapport au coût des
emplois créés, c'est en fonction y compris des mauvaises
créances, ce qui est relativement modeste, tout le monde le
reconnaît. Encore une fois, ça n'est pas récurrent, ce qui
est remarquable. Et qui plus est, ce sont des entreprises et c'est tout
à fait dans le courant de ce que l'on doit développer au
Québec. Et je trouve ça infiniment déplorable.
Donc, la SDI, des grosses patentes, des grosses machines, des
entreprises structurées
qu'il faut aider, je n'en disconviens pas, mais qui vont avoir de la
difficulté à comprendre la philosophie qui anime l'équipe
de l'AQVIR ou de l'ex-AQVIR, une structure lourde et
hiérarchisée. Vous ne mettez pas 160 personnes dans une
équipe sans vous obliger à créer une structure qui vous
permette d'avoir un minimum de contrôle. Contrôler 15 personnes ou
12 personnes... Ça en fait combien? Ça fait un sur 13. Vous ne
pouvez pas mettre la même équipe d'administration dans une
boîte où il y a 160 personnes. Sur 160 personnes, vous savez, il y
en a un qui est malade, il y en a un qui est un tire-au-flanc, c'est normal, il
y en a un qui a raté son dossier, avant que vous le retrouviez, donc,
ça va vous prendre... Il y en a un qui n'a pas toujours des bons
rapports avec l'entreprise à laquelle il est supposé rendre
service. Ça arrive partout, ça, mais ça arrive plus
facilement si vous en avez 160, c'est évident. Alors, vous êtes
obligés de vous donner une structure qui est nécessairement et
fatalement plus lourde. Elle est hiérarchisée et elle est
paralysante parce qu'il n'y a pas de place. La fonction publique, la gestion
des affaires publiques, l'administration publique oblige, dans le fond, parce
qu'on doit rendre des comptes, à multiplier les contrôles. Qui dit
multiplication des contrôles... pendant que vous contrôlez, vous
n'êtes pas en train de donner des services. Ça, c'est clair et
net.
La grosse entreprise accepte difficilement les particularités.
C'est connu, ça. Ce n'est pas juste l'entreprise, parce qu'elle est
méchante. La SDI, ça ne doit pas être mauvais, le ministre
a été là. Ça ne doit pas manger personne,
ça. Ça doit avoir de l'allure cette affaire-là. Allez donc
commencer à permettre à un employé d'avoir une attitude,
un comportement ou une approche différente. Là, tout à
coup, l'autre qui est a côté dit: II a du succès dans son
dossier, je vais essayer de l'imiter. Mais, comme ils ne sont pas dominants,
à un moment donné, c'est celui qui a des particularités,
qui a une attitude différente, une approche différente qui va
être ramené au pas et non pas l'inverse. Vous savez, c'est
ça la grosse administration et c'est ce qui va arriver à vos
hommes, à votre belle équipe. C'est ce qui va leur arriver parce
qu'ils n'ont pas l'habitude de travailler à l'intérieur d'une
machine administrative qui est lourde et qui fonctionne par mémo. La
petite équipe, je le disais, le bureau de l'AQVIR, ça loge
même pas dans grand comme ça. Le bureau de la SDI... et celui du
MIC c'est encore pire. Je ne sais pas combien il y a d'étages au MIC.
J'ai déjà eu des bureaux là et c'est assez impressionnant.
Alors, dans une structure comme ça, non seulement vous êtes
avalés, paralysés, mais vous pouvez aussi vous cacher et ne pas
faire grand-chose et, avant que quelqu'un s'en aperçoive, ça peut
prendre une semaine.
Alors, moi, je pense, M. le Président, qu'il serait
intéressant aussi d'entendre M. Richard sur les hypothèses que
j'avançais tout à l'heure, à savoir d'enrichir l'AQVIR des
éléments de programmes qui lui manquaient pour la rendre plus
autonome ou encore, très sérieusement, pour voir s'il n'y avait
pas possibilité de créer une filiale qui aurait permis... Ce
n'est pas un avantage négligeable, le ministre le sait. Qu'il ne
connaisse pas la valeur du nom, du titre d'un produit ou d'une compagnie par
rapport au marketing, ça m'étonnerait, je sais qu'il
connaît ça. Et l'AQVIR c'était devenue quelque chose qu'on
connaissait et on savait ce que ça mangeait. Vous savez que c'est long
de faire passer ça, surtout chez les entreprises, ce n'est pas
évident. L'AQVIR, c'est comme ie CRIQ; ça nous a pris pas mal
d'années avant de savoir vraiment ce que faisait le CRIQ. Là, les
entreprises commencent à le savoir. Pour l'AQVIR, c'est la même
chose. Là, au moment où on commence à savoir c'est quoi
l'AQVIR, on la démolit et le ministre sait ce ?ie ça va
vouloir dire de remonter la pente pour recommencer à réexpliquer
que l'AQVIR ça n'existe plus, mais qu'il y a une petite équipe,
dans un petit département, qu'on fait un petit numéro de
téléphone à quelque part et, là, que vous avez des
chances de trouver à peu près les mêmes personnes. Moi, je
pense que M. Richard pourrait venir nous expliquer ça. (21 h 15)
M. Richard pourrait peut-être aussi venir nous expliquer comment
il va s'y prendre pour protéger l'intégrité de son
équipe à la SDI. J'ai hâte de voir ça. Il pourrait
peut-être aussi me rassurer, il pourrait peut-être me convaincre
que c'est une bonne décision. S'il venait me dire: Écoutez,
l'équipe, on va rester où on est, on n'entrera pas dans les
bureaux de la SDI, on va garder notre petit bureau à côté,
là, il va peut-être échapper à l'envahissement de la
grosse machine, mais ça m'étonnerait que ça fonctionne
comme ça. La SDI va vouloir les avoir sous son aile, dans son bureau et
je pense que le président, le P.-D.G. de la SDI ou l'ex-P.-D.G. de la
SDI ne les aurait pas laissés dans ce petit bureau à part. S'il
les avait intégrés, il les aurait amenés dans sa
boîte. Alors, c'est ce qui va arriver. Alors, moi, je pense que M.
Richard pourrait venir nous dire comment il faudrait s'y prendre pour
protéger l'intégrité de l'équipe à la SDI,
dans la grosse structure de la SDI.
M. le Président, je vous remercie.
Le Président (M. Audet): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. Est-ce qu'il y a d'autres remarques sur la
motion?
Mme Dupuis: S'il vous plaît, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Verchères, vous avez dix minutes.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: M. le Président, je vais appuyer, bien
sûr, la motion de ma collègue de Chicoutimi. Je n'ai pas
l'intention de répéter tous les motifs qu'elle a invoqués
parce que je pense que c'était passablement complet. Cependant, que M.
Richard soit entendu, je pense que ce serait bénéfique pour tout
le monde. D'abord, ça pourrait rassurer ceux qui ont peur comme nous de
la disparition de l'AQVIR. On n'est pas tout seul non plus à avoir peur.
Ce n'est pas long. Du moment que ça se sait un peu... J'ai reçu
quelques appels. Et même avant de savoir que j'interviendrais sur le
projet de loi, il y a des gens qui m'ont appelée et qui m'ont dit: As-tu
su qu'ils sont en train de tuer l'AQVIR? Je regarde mes notes et oui,
effectivement, on n'est pas tout seul à penser ça. Je vois que
Claude Picher parle d'un enterrement de première classe. Et c'est
là que, moi, je trouve étonnant qu'on parle de la santé de
l'AQVIR, de sa performance, alors que c'est un enterrement de première
classe qu'on est en train de lui faire. Est-ce qu'on enterre nos vivants ou
qu'est-ce qui se passe? Et c'est là que j'ai peur qu'on lui fasse un
enterrement et qu'on la fasse mourir après.
M. le Président, M. le ministre, vous avez sûrement en
tête des cas de petites entreprises qui se sont incorporées pour
faire une grosse boîte. Je n'ose pas nommer de noms par respect pour les
entreprises. On prenait un organisme, une petite compagnie qui avait un, deux,
trois ou quatre employés, deux, trois autres, quatre employés et,
finalement, on faisait une boîte avec ça. De deux choses, ou la
clientèle changeait et la clientèle de la petite ne suivait pas
rendue dans la grosse ou cette grosse boîte là ne répondait
pas aux besoins de la petite clientèle, des petits clients qu'elle
avait. Quand je parte de petits clients, je parle de clients qui se rapprochent
de ceux de l'AQVIR, si vous voulez. Ça, c'est une facette du
problème. Mais il y a l'autre facette aussi que ce petit organisme,
c'est des êtres humains qu'il y a dedans. Souvent, ces gens-là ont
une difficulté d'adaptation rendus dans les grosses boîtes ce qui
fait qu'ils essaient de s'adapter. Ils passent la période d'essayer de
s'adapter.
La deuxième période qu'ils ont à vivre, si vous
vouiez, c'est d'essayer de modifier et de leur dire: Bien, écoutez, ils
ne sont pas rentables. C'est trop gros. Il y a telle chose. Et là, ils
dénoncent dans l'espoir de modifier les choses. Et tout à coup,
ils réalisent qu'ils font partie d'un gros conseil d'administration qui
ne décide plus rien et ils sont battus sur tous les points parce que
ça passe au vote et où l'entrepreneur avait deux ou trois
personnes qui décidaient et il avait tout le pouvoir, il
s'aperçoit qu'il est un petit poisson dans un grand étang et il
dit: J'aime autant revenir et être le gros mené dans mon petit
bocal que d'être un petit mené dans un gros. Bon, vous savez
l'histoire. Et là, après quelques années... Ça vous
fait sourire, mais c'est vrai. Vous savez très bien, M. le ministre, que
je tape dans le mille. Et c'est de même que ça se passe dans la
vraie vie. Là, il tolère et, tout à coup, il dit: Je ne
sais pas, je ne suis pas heureux. J'ai envie de - et là, je vous exempte
du mot québécois qu'on entend d'habitude - tous les sacrer
là et de revenir chez nous.
Quand ce n'est pas le président de cette petite compagnie
là qui s'est fait bouffer, c'est ses employés et là, il
n'a plus le choix. Ses employés sont tellement malheureux en
arrière, parce qu'eux autres, là, si le président de cette
petite compagnie, qui s'est faite associer - et c'est le même principe
pour ça - se sent un peu mal à l'aise, imaginez-vous ses
employés en dessous s'ils sont rendus petits menés pour vrai.
Où eux, ils étaient en relation directe avec le patron avant,
là, hein, le patron, ils le voient passer dans le corridor et à
peine. Ils sont tellement malheureux qu'ils font une dépression et
qu'ils sortent de là. Il y a un mouvement inverse qui est en train de se
faire dans plusieurs de ces boîtes-là et la pagaille prend
là-dedans. Et là, j'ai peur. J'ai peur un peu pour l'AQVIR, qu'il
se produise le même phénomène. Je vous le dis dans mes mots
à moi, je vous le dis avec la connaissance que j'ai de ce
milieu-là. Ce n'est pas très théorique mais c'est pratique
et c'est de même que ça se passe dans la vraie vie et là,
je suis inquiète.
Si je reviens à ma motion., d'ailleurs, je vous remercie parce
que je me suis peut-être éloignée un peu puis vous ne
m'avez pas ramenée à l'ordre, je vous en remercie, je reviens.
Tout ça pour dire que, si M. Richard venait, il pourrait peut-être
nous faire part de ses appréhensions face à ça, comment il
prévoit, lui, essayer d'éviter ça, comment il
prévoit intégrer son groupe. Peut-être qu'il en ressent,
des appréhensions. Ce serait intéressant de le questionner sur
tous ces points-là et, là, ça pourrait amener à ce
qu'on fasse des lois qui auraient peut-être, deux ou trois ans plus tard,
moins d'amendements. Parce qu'on va être obligé d'en apporter, des
amendements. Là, ce n'est pas une loi qui va nous amener chez les
avocats, comme on voit souvent, qui nous amènent directement dans les
bureaux d'avocats, comme la plupart des lois, mais je pense que ce que
ça pourrait éviter, ce serait peut-être qu'on ajoute des
amendements et qu'on voit...
On sait que, pour chaque loi, il y a des modifications quand c'est
appliqué et qu'on arrive sur le terrain. On dit: Ça, on ne
l'avait pas prévu. C'est arrivé cette semaine que j'ai dit
à un collègue: Ta loi, sur ça, que t'as approuvée
là, c'est ça dans la vraie vie qui se passe. Et là,
ça rebondit dans les bureaux de comté et on dit: Ah! On ne
l'avait pas prévu. Mais il dit: Pourtant, je pensais qu'elle
était bonne. Là, je pense
que ça peut amener plusieurs amendements ou que ça peut
amener, si on ne fait pas les amendements, à modifier des
règlements ou à mettre des règlements très
pertinents, à jouer serré au niveau des règlements, pour
ne pas... on lui fait un enterrement mais ce n'est pas nécessairement de
le faire mourir, des fois il y a des présidents d'honneur, on peut
peut-être lui faire un enterrement d'honneur, mais sans le faire mourir,
ce petit organisme. Moi, je pense que ça pourrait éviter, ou
qu'on ait des amendements à faire, ou de faire mourir l'organisme en
question, à l'intérieur de l'autre, en apportant des amendements
tout de suite à la loi, au lieu de le faire dans quelques années,
et à prévoir...
On ne peut pas perdre, je pense, en faisant venir, en invitant M.
Richard à venir nous donner son opinion, d'après
l'expérience qu'il a vécue et tout. Je pense que ça ne
pourrait qu'améliorer le projet de loi que je suis certaine que le
ministre voudrait le plus étanche possible, s'il veut bien sauver
l'AQVIR. Quand il n'était pas ministre, il voulait tellement mettre le
grappin dessus, c'était tellement tentant pour lui, l'AQVIR, qu'il veut
sûrement la protéger. Alors, pourquoi ne pas prendre tous les
moyens à notre disposition pour arriver aux fins... Je suis certaine des
intentions du ministre. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci, Mme la
députée de Verchères. Est-ce qu'il y a d'autres remarques
sur la motion préliminaire?
Mme Blackburn: Est-ce à dire, M. le Président, que
personne ne trouve un seul mot à dire sur l'importance ou non d'entendre
ici le président de l'AQVIR?
M. Leclerc: M. le Président...
Le Président (M. Audet): Non, non. J'écoutais une
question.
Mme Blackburn: C'était une question, M. le
Président.
Le Président (M. Audet): Non, Mme la députée
de Chicoutimi, personne n'a soulevé l'intention de prendre la parole.
Alors, on doit passer à la mise aux voix. Est-ce qu'on passe à la
mise aux voix par appel nominal ou...
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. La
Secrétaire: M. Audet?
Le Président (M. Audet): Vous voulez commencer par les
membres.
La Secrétaire: M. St-Roch?
M. St-Roch: Contre, M. le Président.
La Secrétaire: M. Leclerc?
M. Leclerc: Contre.
La Secrétaire: M. Tremblay?
M. Tremblay (Outremont): Contre, M. le Président.
La Secrétaire: Mme Blackburn?
Mme Blackburn: Pour.
La Secrétaire: M. Audet?
Le Président (M. Audet): Contre.
La Secrétaire: La motion est rejetée: 4 voix contre
1.
Le Président (M. Audet): Alors, la motion est
rejetée. Est-ce que nous sommes prêts à débuter
l'étude...
Mme Blackburn: Non, M. le Président, si M.
Richard, on ne peut pas lui faire l'honneur de l'entendre, on pourrait
demander à rencontrer M.
Savard, alors j'aurais une seconde motion à présenter, M.
le Président.
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'elle est
rédigée?
Motion proposant d'entendre le président de la
Société de développement industriel du
Québec
Mme Blackburn: Oui, M. le Président, et elle se lit comme
suit: "II est proposé qu'en vertu de l'article 244 de nos règles
de procédure la commission permanente de l'économie et du travail
tienne, avant d'entreprendre l'étude détaillée du projet
de loi 86, Loi abrogeant la Loi sur l'Agence québécoise de
valorisation industrielle de la recherche, des consultations
particulières quant à tous les articles dudit projet de loi et
qu'à cette fin elle entende le président de la
Société de développement industriel du Québec, M.
Guy Savard. "
Le Président (M. Audet): Alors, la motion est
recevable.
M. Tremblay (Outremont): Je voudrais juste apporter une
correction. M. Guy Savard est vice-président présentement de la
Caisse de dépôt et placement du Québec. Alors, la
députée de Chicoutimi veut mentionner M. Gabriel Savard,
président de la SDI.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Alors, vous prenez
note.
Le Président (M. Audet): N'eût été de
la
bonté du ministre, votre motion aurait été
irrecevable.
Mme Blackburn: Guy Savard est un joueur de hockey quelque
part.
Le Président (M. Audet): Alors, Mme la
députée de Chicoutimi, vous avez 30 minutes sur la motion. Mme la
députée, vous avez la parole, 30 minutes.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. le
Président, entendre M. Savard, je pense que le ministre sait pourquoi
nous avons choisi M. Savard de la Société de développement
industriel, parce que je pense que le ministre devrait comprendre ça. Il
devrait comprendre l'importance de ce poste dans le développement de nos
entreprises au Québec et l'importance d'entendre une personne de cette
qualité sur comment on pourrait intégrer de façon
harmonieuse l'équipe de la défunte AQVIR à la SDI. M.
Savard est sans doute celui qui pourrait nous dire dans quelles mesures on peut
modifier les règles administratives d'une équipe comme la sienne
pour respecter les particularités qui font l'efficacité de cette
équipe que vous voulez intégrer à la SDI, M. le
Président. (21 h 30)
M. le Président, la SDI, je l'ai rappelé tout à
l'heure, c'est une grosse entreprise, le ministre la connaît très
bien puisqu'il l'a dirigée, le ministre sait très bien qu'il y a
un certain nombre de règles dans cette boîte qui font qu'elle
n'est pas particulièrement remarquable par la rapidité des
décisions et l'efficacité des engagements. C'est normal, parce
qu'elle ne joue pas avec des trente-sous. C'est normal parce qu'elle joue avec
notre argent. Lorsqu'il y a des mauvais placements, c'est le contribuable qui
paie et M. Gabriel Savard pourrait nous dire comment il entend procéder
pour intégrer cette équipe. Quelle place il entend faire
au-delà de celle que le ministre a déjà prévue au
conseil d'administration de la SDI, un poste particulièrement
réservé à M. Richard, l'ex-président-directeur
général de l'AQVIR ou de la défunte AQVIR. M. Savard
pourrait peut-être nous dire si, lui, il était plus
intéressé que ça, à l'avoir, cette
équipe-là de l'AQVIR, pour venir créer cette espèce
d'empêcheur de tourner en rond, parce que l'AQVIR ne travaillera de la
même façon que les travailleurs patentés de la SDI, parce
qu'ils ne sont pas de la même envergure, comprenez-vous? C'est la petite
équipe qu'on veut envoyer dans la grosse équipe.
Alors, moi, je pense qu'il serait important, ici, qu'on entende M.
Savard et que M. Savard puisse nous dire comment il va, à la fois,
respecter la philosophie et la culture de cette équipe de l'AQVIR dans
sa grosse équipe. Est-ce qu'il va lui réserver des espaces
particuliers dans le bureau, pour ne pas qu'elle soit contaminée par des
gens qui fonctionnent selon d'autres modèles? Est-ce qu'il va
créer des directives particulières pour cette
équipe-là? Est-ce qu'il va lui donner des dérogations, par
rapport à sa façon de procéder ou par rapport à la
capacité qu'elle aura d'aller chercher des informations, de l'expertise,
du soutien à l'extérieur? M. Savard pourrait nous dire s'il
acceptera que cette équipe, sans que l'autre soit obligé, de se
défendre comme un diable dans l'eau bénite, au sein de la SDI,
puisse avoir un soutien financier aux entreprises qui ne soit pas le même
ou celui que M. Savard pense, qu'on devrait accorder à ces
entreprises-là. Est-ce qu'on permettra à cette petite
équipe de déroger a ce qui doit être une règle,
j'imagine, à la SDI?
Si on décide, à la SDI, que c'est un prêt
participatif, que c'est un prêt sans intérêts, que c'est un
type de soutien financier particulier qui est accordé à la SDI,
est-ce qu'il est possible, alors, de dire: II y a une partie là de mon
équipe qui travaille auprès des petites entreprises et, elle,
elle n'a pas les mêmes obligations? Et qu'est-ce que vous allez faire
dans une grosse équipe comme ça, quand il va y avoir, quand la
SDI va travailler sur des entreprises qui ont sensiblement la même
taille? Alors, il va se trouver quelqu'un dans le bureau de la SDI pour dire:
Écoute, si on donne cet avantage-là à la petite
équipe qui vient de rentrer, qui est bien "smart" et bien belle, elle
vient de l'AQVIR et puis elle est supposée être bien bonne, si on
lui donne ces avantages-là, on devrait aussi me les donner pour
l'entreprise que je suis en train d'aider, mais qui a plus que trois ans
d'existence. Vous voyez comme... Ça, je suis certaine, le ministre le
sait aussi, ça, c'est le genre de débat qui empoisonne des
directions. Et le ministre le sait, parce que le gars, quand il veut
défendre son dossier qui a trois ans et demi d'existence, son entreprise
qui a trois ans et demi d'existence, il voudrait qu'elle soit un pied d'un
côté et un pied de l'autre et il va tout faire pour le faire. Puis
il va vouloir monter au directeur général, au
vice-président, parce qu'il va dire: C'est pas vrai que c'est juste bon
pour eux autres, ça.
Ce qui explique que ça m'étonnerait qu'on puisse tenir le
coup longtemps, à moins que l'on puisse déjà et à
l'avance prévoir, je dirais, vraiment les garder dans un espace physique
différent, puis avec des règles administratives, des
règles de soutien financier, des règles d'analyse des dossiers,
des règles de cueillette d'information, qui ne soient pas les
règles générales admises à la SDI. Moi, je voudrais
que le ministre... j'aimerais aussi que le ministre me dise ça. Le
ministre est muet, là, mais quand même que le ministre bouderait,
on est contre son projet de loi, parce qu'on pense que ça ne fait pas
avancer le développement des entreprises
au Québec et que ça ne fait pas avancer le
développement de la technologie au Québec. Et, curieusement, le
ministre disait... et, moi, je trouve que c'est un aveu et j'admire le ministre
de le faire. Il nous l'a fait, je n'ai pas trop compris comment il se fait
qu'il le faisait, là, ce n'est pas certainement de la
naïveté, c'est de la sincérité, sans doute. Il a dit,
en Chambre, je l'ai lu très attentivement: On s'est donné un
solide plan intégré de développement technologique, mais
c'est un échec. Après cinq ans, je suis obligé de dire
qu'on fait du surplace: 1,3 % du PIB qui est consacré à la
recherche et développement. Cinq ans d'efforts, cinq ans d'initiatives,
cinq ans de génie que ce gouvernement met là-dedans et on fait du
surplace. Et ce n'est pas moi qui le dit, le ministre ne l'a pas dit une fois,
il l'a dit trois fois, dans l'espace de... je peux compter les minutes.
C'était de 7 à 20 quelque chose, son... C'est ça,
ça n'a pas duré une demi-heure. Ça n'a pas duré une
demi-heure et il a eu le temps de le dire trois fois, parce que je pense que
ça l'affecte beaucoup. Ça l'affecte parce que le plan de
développement que s'était donné ce gouvernement, cette
année, aurait dû l'amener à 1,8. Ça veut dire qu'il
y a quelque chose, un manque à gagner qui doit ressembler à 700
000 000 $. On ne parle pas de petits chiffres là, vous savez.
Entre l'objectif que ce gouvernement-là s'était
donné par rapport à l'investissement dans la recherche et
développement et ce qu'il a atteint cette année, le ministre le
reconnaît, c'est une catastrophe. Et ce n'est pas moi qui le dit, c'est
le ministre qui le dit. Il dit: Écoutez, on voulait atteindre 2 %, on
est à 1,3 %, c'est le statu quo. Il ne dit pas: On piétine, mais
c'est l'équivalent. Alors que les États-Unis sont rendus à
3 % - je retrouve ses chiffres rapidement - les États-Unis, pardon,
à 2,5 %, le Japon à 3 %, évidemment, nous, c'est 50 % de
moins, la moitié moins. La moitié moins, c'est énorme,
parce que, si le ministre estime qu'il met juste 1 025 000 000 $, si je me
rappelle, juste dans la recherche qui se fait dans les différents
ministères... quoique le ministre sait bien que, quand on parle de la
recherche dans les ministères, là, c'est extrêmement
variable. Il y en a que c'est seulement de l'application technologique,
ça n'a pas grand-chose à voir avec la recherche. Il la
comptabilise, on lui donne ce droit, mais même en comptabilisant
ça, remarquez bien qu'il nous dit, et ce n'est pas moi qui le dit: On
fait du surplace en matière de développement technologique.
Est-il en train de me dire - puis moi je voudrais entendre M. Savard
là-dessus - que la disparition de l'AQVIR va lui donner des chances de
faire monter ça? Ce que j'ai lu dans le projet de loi, c'est que la
disparition de l'AQVIR va lui permettre de récupérer quelques
millions là, parce qu'il ne s'engage pas à transférer tous
les avoirs de l'AQVIR. Est-ce que le président du
Conseil du trésor va y ramasser l'équivalent des mauvaises
créances pour cette année? On sait qu'il y a des
dépassements budgétaires importants. Alors, moi, je pense que M.
Savard devrait pouvoir nous dire comment il pense que la disparition de
l'AQVIR, la création de cette petite équipe au sein de la SDI va
donner un peu plus de chance au ministre d'atteindre - pas d'atteindre -
d'augmenter de 0,1 % l'investissement dans la recherche et développement
au Québec.
Moi, je veux bien entendre de beaux discours. Le ministre me dit
souvent, chaque fois que je lui parle de recherche et développement:
Regardez-moi aller, vous allez voir, c'est un beau projet puis on va
réussir. Puis je lui fais confiance. Sauf que ça fait cinq ans
qu'il piétine, c'est pas moi qui le dit, cinq ans, cinq ans de surplace
et, initiative heureuse et intéressante, il y a une équipe qui
fonctionne, il y a une équipe qui crée des emplois, il y a une
équipe qui ne coûte pas cher par création d'emplois et qui
crée des emplois dans des secteurs des technologies de pointe. Puis il
dit: Ma solution, c'est de l'abolir et de faire disparaître le nom. Le
ministre sait ce que ça veut dire un nom. À un moment
donné, lui, s'il pense que ça ne veut rien dire un nom, si on le
changeait de nom, je ne sais pas ce qu'il dirait hein! Tout à coup, vous
changez de nom là. Vous savez ce que ça donne? N'importe qui
d'entre nous, essayons d'imaginer 30 secondes ce que ça veut dire.
Ça veut dire que tout notre marketing passé ne vaut plus rien.
C'est fini. Vous devez recommencer, vous devez recommencer vos preuves. Faire
disparaître un nom ça veut dire ça. Ça veut dire que
l'équipe qu'il va y avoir au sein de la SDI devra, tous les jours,
recommencer à dire: Vous savez, nous autres, on était à
l'AQVIR avant là, puis ça ressemble un peu à ce que
c'était avant là. Et le ministre prétend que ça
c'est son moyen, c'est son moyen, parce que l'essentiel de l'exposé
qu'il a fait en Chambre à l'occasion de la deuxième lecture du
projet de loi 86 sur la Loi abrogeant la Loi sur l'Agence
québécoise de valorisation industrielle de la recherche,
l'essentiel de son exposé veut faire la démonstration qu'il a un
bon projet, un bon programme, un bon plan intégré de
développement de la recherche et développement, puis en
même temps qu'il dit: J'ai un bon plan, il dit: Je suis obligé de
reconnaître qu'il n'est pas bon, qu'il n'est pas efficace. Il ne dit pas
qu'il n'est pas bon, il dit qu'il est bon, sauf qu'il lui fait faire du
surplace. Est-ce qu'on doit comprendre que ce qui est bon c'est ce qui nous
empêche de reculer? Et là, je n'invente pas, ma collègue
était en Chambre et j'ai relu... j'imagine qu'il y a quelques fautes,
comme c'est normal, qu'il y a quelques coquilles là-dedans, mais, pour
l'essentiel, l'esprit et les idées y sont. Alors, c'est là-dessus
que je dois me baser pour faire mon commentaire et mon commentaire
m'amène à conclure qu'il n'y a aucune bonne
raison d'abolir l'AQVIR autre que des raisons économiques qui
vont permettre au gouvernement de récupérer quelques millions de
dollars parce que l'AQVIR a eu 3 000 000 $ de mauvaises créances l'an
passé. Mais regardons le bilan de l'AQVIR au plan des mauvaises
créances. Je pense qu'on a les tableaux 1988-1989 et 1989-1990 sur le
montant des opérations. Alors, 1988-1989, en mauvaises créances,
1 800 000 $, mais je vous rappelle que, quand on parle de mauvaises
créances et quand je parle du coût des emplois
créés, j'inclus les mauvaises créances. En 1989-1990,
l'établissement du coût des emplois créés je l'ai
fait sur la base de 1989-1990: 3 481 158 $. J'ai la conviction intime et
profonde que, quand le président du Conseil du trésor a vu
ça, il n'a pas regardé les emplois créés et le
coût des emplois créés. Il a dit: Là, il y a une
entreprise qui risque de m'amener à quelque chose comme -
peut-être, un peu plus, étant donné que la conjoncture
économique n'est pas très bonne - 5 000 000 $ de déficit
l'an prochain. Il a dit: Ça va me coûter à peu près
30 000 $ par emploi créé; ça coûte trop cher. Il
aurait dû dire ça au moment où on négociait des
tarifs préférentiels à Hydro-Québec pour les
alumineries. Là, ce sont des emplois qui nous coûtent cher et,
selon certains analystes, des emplois qui, dans l'avenir, vont nous
coûter extrêmement cher, beaucoup plus que ce que ça va nous
rapporter.
M. le Président, il serait important d'entendre M. Savard, parce
que M. Savard pourrait peut-être nous dire si, lui, il est
intéressé à avoir l'équipe, si, lui, il est capable
de donner les conditions à l'équipe qui lui permettent de
protéger un peu son intégrité, sa
spécificité et ses qualités. Et M. Savard aurait pu nous
dire également comment il va pouvoir adopter une double
réglementation et comment il va pouvoir, lui, comme président
d'organisme de la société, déroger aux règles sur
l'administration publique qui prévoient à peu près dans le
plus fin détail tout ce que vous dépensez et comment vous le
dépensez. Ça ne vous laisse pas beaucoup de marge de manoeuvre
pour faire preuve d'imagination, de créativité et de souplesse,
puis, de temps en temps, d'audace qui vous amène à dire: Bien,
écoute, là, j'ai regardé ton projet et puis je prends un
risque sur la foi de ce que tu as fait au cours des six derniers mois, de la
dernière année. C'est très "borderline" pour parler
français, mais je prends la chance, je prends la chance. Écoute,
parles-en pas à tout le monde, va pas dire ça partout que j'ai
réussi à te débloquer 10 000 $ là-dessus, mais je
te fais confiance, je pense que tu vas me le sortir. Ça c'est pas le
genre de choses que vous allez pouvoir faire à la SDI comme ça.
Parce que, d'abord, premièrement, pour 10 000 $, quand vous jouez dans
les millions, c'est pas assez gros. Ou vous êtes trop petit ou vous
êtes trop grand, mais, quand vous êtes trop petit dans une grande
entreprise, ça ne veut plus rien dire ça. Ça ne veut plus
rien dire, c'est du bricolage et ça va être
considéré comme du bricolage. (21 h 45)
D'ailleurs, il y a des entreprises qui sont venues nous le dire: Quand
on s'est adressés à la SDI, on n'a pas voulu nous entendre, on
était considérés comme des "bricoleux". Parce que, je le
dis et je le répète, ils jouent avec des millions, des dizaines,
des centaines de milliers de dollars. Alors, quand quelqu'un dit: Moi, j'ai un
petit projet et, pour démarrer, j'aurais besoin de quelque chose comme
50 000 $, écoute, on lui dit: Va donc à ta caisse populaire, tu
sais. Ça ressemble à ça et, d'ailleurs, il faut que je
remette la main sur une série de lettres qui ont été
adressées à M. Tremblay lui-même - pardon! monsieur - au
ministre de l'Industrie et du Commerce, pour lui expliquer, entre autres,
comment ils avaient été reçus à la SDI lorsqu'ils
ont voulu défendre un projet comme ça. On me dit: Écoutez,
il n'y a pas de place pour nous autres à la SDI, pas parce qu'ils sont
méchants, pas parce qu'ils n'ont pas de bon sens, parce que ça ne
fait pas partie de la philosophie de la SDI. La SDI, c'est un banquier qui
prête de l'argent et ça ne peut pas être la même
philosophie. Et ils le font sur la base la plus fiable possible et avec les
données les plus factuelles possible, avec le moins de marges d'erreur
possible parce que, compte tenu des montants d'argent, de l'enveloppe de cette
société-là, évidemment, ils ne peuvent pas prendre
autant de chances parce que, là, ils ne jouent pas dans les dizaines de
milliers de dollars. Et ça, l'AQVIR, l'équipe de l'AQVIR... parce
qu'il ne faut plus parler de l'AQVIR, ça n'existera plus.
Alors, quand on va prendre le téléphone pour savoir: Je
peux-tu parler à l'AQVIR, il faut que les entrepreneurs du Québec
le sachent, que ça n'existera plus. Mais dans cette
équipe-là, l'équipe de l'ex-AQVIR, ça va être
considéré comme des "bricoleux" et je vois comment on va regarder
celui qui va être en train de travailler sur un projet qu'on m'a soumis
qui est l'équivalent d'une espèce d'incubateur pour enfants
prématurés ou ayant des difficultés de respiration qui
serait adaptable dans une ambulance. Ça ne semble pas évident. Il
y a tout un système.. Je n'ai pas les compétences pour
connaître la valeur de la patente, mais imaginez-vous quelqu'un qui
arrive à la SDI avec ça. Ils vont le regarder venir, mes enfants.
Ils vont dire: Écoutez, retravaillez donc votre patente un peu, et, une
fois qu'il va être parti, ils vont dire: On va peut-être le revoir
dans cinq ans si on est chanceux et encore, parce que ce n'est pas la
philosophie.
Je maintiens, M. le Président, que ce qu'on a fait de plus
original, c'était ce genre d'entreprises, c'était ce genre
d'initiatives qui permettaient à une petite équipe
d'échapper aux structures administratives sclérosantes.
C'était
ça, l'idée, et il me semble que c'était
génial. Les résultats sont là pour le prouver. Et
là, le ministre... J'ai vu et j'ai pu tester et tâter son
entêtement lorsqu'on a parié des heures d'affaires. Je ne me fais
pas d'illusions par rapport à l'écoute qu'il peut avoir sur
l'idée des autres. Il n'y a que lui qui a le pas. Ça, je l'ai
appris. Il n'y a que lui qui a le pas et ça, je trouve ça
malheureux parce qu'il me semble que ce n'est pas parce qu'on est à
l'Opposition qu'on dit toujours des bêtises. Ce n'est pas parce qu'on est
à l'Opposition qu'on est des niaiseux et ce n'est pas parce qu'on est
à l'Opposition qu'on ne peut pas dire une certaine
réalité.
Par exemple, aujourd'hui, lorsque j'ai pris connaissance de la politique
du ministre de la Santé et des Services sociaux, moi, j'ai dit qu'il y
avait deux affaires que je n'aimais pas là-dedans: c'est le 5 $ et c'est
l'impôt à rebours. Mais, pour le reste, il y a de bons
éléments de politique et je suis heureuse de le dire. Je suis
heureuse de le dire parce que ce n'est pas vrai qu'il faut penser que
l'Opposition est juste là pour s'opposer. Quand il y a des choses
correctes... Moi, si le ministre était capable de me dire demain matin:
Je suis rendu à 1,8 % du PIB investi en recherche et
développement, je serais heureuse. S'il me disait: Cette année,
on a réussi à investir dans le Fonds de développement
technologique, au 31 mars 1991, 60 000 000 $, je dirais: Chapeau! Ça me
ferait plaisir de le lui dire comme j'ai dit, à un moment donné,
au ministre de l'Éducation que j'étais heureuse qu'il ait
débloqué de l'argent pour les immigrants, à
Montréal, qui voulaient apprendre le français. Ça me fait
plaisir de le dire.
L'Opposition n'est pas juste là pour dire des niaiseries et des
bêtises. Elle n'est pas juste là pour étirer le temps. De
temps en temps, elle est là pour essayer de faire comprendre les
ministres et une des façons de leur faire comprendre, des fois, c'est
d'influencer les collègues. Et je maintiens que l'idée d'une
petite équipe comme ça qui est une espèce de petite
équipe volante... On l'a inventée partout ça. On l'a
inventée en santé. En santé, d'ailleurs, le ministre vient
de l'inventer en disant: Écoutez, transférons l'essentiel de nos
activités de première ligne dans les CLSC. C'est plus petit et
ça travaille mieux. C'est moins sclérosant et ça
coûte moins cher. Il y a une philosophie là-dedans, il y a une
philosophie de gestion. Et là, on est train de bouffer ça dans la
grande machine et le ministre s'apprête à faire la même
chose avec les coopératives. La coopération au Québec
là, c'est un peu comme ce projet-là: la coopération au
Québec, c'est ce qui nous distingue. C'a formé l'imaginaire, je
pense, du peuple québécois. C'est ce qui nous a permis
d'être ce qu'on est. Et le ministre, eh bien! ma chère, il aime
les grosses affaires. Il bouffe ça. La SDC, ça va
disparaître. Ce gouvernement-là a aboli tout le financement de
quatre coopératives de développement régional dans les
régions les plus démunies où le taux de chômage est
le plus élevé. Beau geste! Beau geste! Je n'ai jamais pu avoir
les rapports là-dessus, qui nous auraient permis de justifier la coupure
de financement. Elles ont commencé avec 200 000 $, à
l'époque; 200 000 $ à 0. Organisez-vous! Les régions, ce
n'était pas important. C'était en coopération, ça,
et ça, ça travaillait, et les CDR qui ont été
fermées étaient celles qui étaient les plus performantes.
Voyez à quelle place est l'erreur? Elles ont été
conservées là où il n'y avait pas encore eu un seul projet
mis en place.
Moi, je dis qu'il y a comme une philosophie de vouloir tout centraliser,
sous prétexte d'efficacité et que c'est à contre-courant,
qu'on a comme ça vidé complètement nos régions.
Parce qu'on est en train de tout amener, progressivement, un peu à
Québec, et là, ça va être de moins en moins vrai
à Québec. D'ailleurs, à un moment donné, le mairo
de Québec s'est inquiété, il a dit: Le gouvernement
libéral était en train de vouloir vider le ministère, il
était en train de déverser ça à Montréal. M.
Pelletier s'est élevé contre ça et puis là,
à un moment donné, il y a eu une espèce de recul,
heureusement, une prise de conscience. On a dit: Ça n'a pas de bon sens,
les députés ici, je vois le député de la
région, se sont élevés avec raison. Ça n'avait pas
de bon sens! Ça n'avait pas de bon sens! Il pourra le dire aux
collègues, il n'était pas là, à l'époque
où ça s'est passé. Et, heureusement, M. Pelletier a
été vigilant là-dessus, ça s'est fait et ils ont
maintenu les équipes ici, mais ce n'était pas évident. Ce
n'était pas évident, on était en train
dévider...
Une voix: C'était une tendance qui était
commencée depuis dix ans.
Mme Blackburn: M. le Président, elle était en train
de s'accélérer d'une façon exponentielle, selon le maire
Pelletier lui-même. Et si M. le député veut intervenir
tantôt, ça me fera plaisir, un petit cinq minutes.
Le Président (M. Audet): Monsieur. Vous avez raison, Mme
la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Alors, moi, j'ai peine à comprendre comment
des gens qui ont l'expérience et la compétence du ministre sont
restés accrochés à un modèle de gestion, qui date -
le ministre ne sera pas choqué que je lui dise - et qui est
dépassé complètement aux États-Unis et dans tous
les pays d'Europe. La France a commencé, ça fait fort longtemps,
les États-Unis l'ont réalisé, c'est-à-dire qu'il y
a eu l'apparition de certaines recherches, de certains avis sur la question,
où on avait finalement réalisé que "small is beautiful",
que c'était dans les petites unités qu'on réussissait
à avoir le plus d'efficacité. On peut le traduire en
français. Là, dans
ces petites équipes, on est en train de démontrer que les
pays à petite population, 7 000 000, 8 000 000, 9 000 000, 10 000 000
d'habitants, peuvent plus facilement prendre, et les virages technologiques, et
les virages économiques. Parce que c'est prouvé: c'est plus
facile de faire tourner une petite voiture, de genre Renault, que de faire
tourner un autobus ou encore un train routier. C'est évident. Et
ça, en économie, on le réalise de plus en plus, les
virages technologiques, les virages industriels ont été plus
faciles dans les petits pays que dans les grands pays, ce qui fait que vous
aurez remarqué qu'en Europe les petits pays sont moins affectés
par les crises économiques que les grands. C'est prouvé! Le
ministre doit savoir ça!
Je vous dis, moi... Écoutez, je n'ai pas de formation en
économie, mais, de temps en temps, je lis, de temps en temps, je
m'informe et j'essaie de comparer, pour voir où on s'en va avec
ça. Et il me s'emble qu'il y a, autour de la philosophie qui l'anime,
cette idée qu'il faudrait absolument qu'il ramasse tout dans une
même boite et puis, si c'était possible, eh bien! on finirait par
tout ramasser à Montréal. Évidemment, ça
coûterait probablement moins cher pour un tas de choses. Probablement
moins cher d'essence, parce que les distances sont moins longues à
parcourir, sauf qu'il faut que la voiture tourne aussi longtemps, quasiment,
parce que vous êtes pris longtemps dans les embouteillages. Probablement
que des choses coûteraient moins cher, qu'il y aurait moins d'entretien,
qu'on fermerait les régions - il y en a même qui ont pensé
ça - qu'on ferait des grands parcs. D'ailleurs, les Indiens commencent
à vouloir occuper le territoire dans le nord, alors on pourrait
peut-être leur laisser? Mais, ce que je veux dire, là, pour
revenir de façon plus sérieuse à l'objet de la motion,
c'est qu'il serait intéressant et qu'il pourrait aussi être
très rassurant - le ministre va me dire: La députée
panique encore - pour vos collègues, pour qu'ils puissent comprendre les
motivations qui animent le ministre, de voir l'analyse qu'il a faite pour lui
permettre de tirer cette conclusion.
Parce que ce que j'ai vu, dans la retranscription des débats - et
je les reprends, M. le Président, de façon un peu dans l'ordre
où il a fait sa présentation - c'est qu'il a commencé par
vanter son programme en cinq points, nous dit-il: les investissements d'Hydro,
le Fonds de développement technologique, les incitatifs fiscaux... Bon,
j'échappe les deux autres... De toute façon, en cinq points. Et
sa conclusion, c'est: Ça ne marche pas. C'est un bien beau plan sur
papier, ça avait bien de l'allure dans d'autres projets, mais on
n'atteint pas les objectifs que l'on s'était fixés. Et je le
rappelle, l'écart entre l'objectif qu'il s'était fixé,
entre le 1,3 % et le 1,8 % qu'il devait avoir atteint cette année,
l'écart entre ces pourcentages de 1,3 % et de 1,8 %, 0,5 %,
représente quelque chose comme 800 000 000 $. 800 000 000 $! Ça
veut dire que, si le ministre avait atteint l'objectif qui était le sien
et celui du gouvernement, il aurait pu investir, cette année, 800 000
000 $ de plus en RD. Vous savez ce que ça veut dire en emplois en RD, en
recherche et développement? La recherche et développement - le
ministre le sait aussi - c'est le fer de lance de l'économie
actuellement. Dans les années soixante, soixante-cinq, soixante-dix - il
y en a qui sont trop jeunes pour se rappeler de ça - je m'en rappelle,
ce qu'on cherchait au Québec, c'était des capitaux. À
présent, les capitaux, il n'y a pas de problème. Ce dont on a
besoin, ce sont des idées. Le savoir joue aujourd'hui le rôle que
jouait le capital dans les années soixante-dix, soixante-douze. Le
savoir joue aujourd'hui le rôle que jouait le capital à
l'époque. Avec une idée originale et novatrice, vous pouvez
trouver des investisseurs à peu près partout. C'est ce que je dis
aux gens quand ils se présentent chez nous et qu'ils me disent:
Auriez-vous une bonne idée, je voudrais me partir une entreprise? Moi,
je dis que ça ne fonctionne pas tout à fait comme ça. Si
vous avez une bonne idée, je pourrais vous aider à partir votre
entreprise parce que c'est de ça qu'on a besoin. La recherche et
développement vise précisément à encourager cette
espèce de créativité et d'imagination qui permettrait de
créer des entreprises un peu plus performantes au Québec et la
seule raison - c'est l'explication que je vois dans toutes les 25 minutes de
prestation en chambre du ministre - c'est pour économiser
peut-être les 3 000 000 $ qui vont permettre de dire: On n'a pas de
déficit. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci, Mme la
députée.
Mme Blackburn: J'espère, M. le Président, que le
ministre va abonder dans mon sens et appuyer la motion.
Le Président (M. Audet): Est-ce que le ministre
désire se servir de son droit de réplique? Non. Est-ce qu'il y a
d'autres commentaires sur la motion? Mme la députée de
Verchères, vous avez la parole.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: Nous avons proposé une motion qui était
à l'effet d'entendre le petit qui s'intégrait à. la grosse
boîte et, là, on vous propose forcément une motion inverse.
Je dois dire que celle-là, si... M. Savard serait peut-être plus
en mesure, lui, de créer un milieu - Guy Savard - propice qui
réponde et de donner l'assurance de ses intentions face à
l'intégration du personnel et de l'équipe d'AQVIR. Je ne peux pas
m'empêcher de vous faire part de quelques impressions. Je peux me
tromper, mais j'ai
l'impression qu'on est encore devant le dilemme de la théorie et
de la pratique. M. le ministre a sûrement la théorie. Moi, je n'ai
pas la formation en chiffres, j'ai l'autre, j'ai la formation de
créateur et j'ai envie de vous en parler un peu parce que je me retrouve
en eux, les petits patenteux, ceux qui innovent et ceux qui font de la
création. Avant de passer à toutes les raisons économiques
et tout, j'ai envie de vous donner... et j'en ai trop envie, je succombe. Moi,
on m'a toujours dit: Mieux vaut succomber à la tentation que d'en avoir
envie toute sa vie. Alors, voilà! je succombe. (22 heures)
La création n'invente rien; on ne crée rien, on n'invente
rien. Je donnais l'exemple du Québec et du Canada et je disais: On
n'inventera pas le Québec et on ne réinventera pas le Canada,
mais ce qu'on peut faire ou le seul moment où l'on peut être
créateur, c'est en établissant des liens nouveaux entre les
éléments. C'est là que s'exerce la création. Et
là, ça m'amène, M. le ministre, à quel lien avaient
le personnel et les clients, l'équipe d'AQVIR avec ses clients? Des
liens, je pense, privilégiés. Des liens différents de ceux
qu'une grosse boîte peut établir avec ses clients. Et c'est
peut-être là qu'ils ont été efficaces, producteurs.
On avait une petite équipe productrice, créatrice, qui a
performé et, là encore, j'ai comme l'impression qu'on prend cette
petite équipe pour injecter du sang nouveau à la grosse et,
là, il y a un danger. Là, le danger c'est que,
théoriquement, ça puisse fonctionner, mais que, dans la pratique
- et là j'arrive sur le rapport théorie-pratique si vous voulez
là - ça puisse ne pas fonctionner, puis on dira: C'est-y dommage,
on n'aurait pas dû. Mais là ça peut être trop
tard.
Pour des raisons économiques - moi, je pense qu'à ce
moment-là ça devient des raisons économiques à
court terme pour sauver, peut-être, quelques dollars administratifs - si
on tue une petite équipe productrice d'emplois, créatrice,
efficace, qui a fait ses preuves, qui fonctionnait bien, puis qu'on
l'intègre à une grosse, là j'ai une image qui me vient en
tête. Tu sais, c'est comme si on voulait donner une transfusion de sang
à l'autre pour lui sauver la vie, mais qu'on le vidait de son contenu,
qu'on le passait tout, puis tout à coup qu'on s'apercevait, qu'on
disait: Oh! je l'ai tué, je lui en ai trop donné. Un cadavre,
à un moment donné. Ça serait dommage. Il y a des normes
là-dedans. En médecine, ils les connaissent, tu sais. Il ne
faudrait pas en donner trop.
Une voix: Comme les avocats...
Mme Dupuis: Comme les avocats puis... Tu fais
référence à notre commission d'hier, en tout cas,
où on s'est amusé un peu au détriment des avocats. Ceci
dit... Hé, bon sens leurs commentaires, M. le Président...
M. Leclerc: J'ai un avocat ici, à côté de
moi, là. Il n'est pas tellement d'accord.
Mme Dupuis: M. le Président, les commentaires de vos
collègues, à un moment donné, me font perdre le fil de mes
idées. J'étais rendue à dire que c'était pour des
raisons économiques, mais peut-être à court terme. À
long terme, ce n'est pas certain que ce soit un bon calcul de le faire. Vous
savez, on juge un arbre à ses fruits. Ma collègue disait
tantôt que la SDI donnait des symptômes d'essoufflement un peu et
que, pour l'aider, on envoyait l'AQVIR là. Si on regarde les fruits de
l'un puis les fruits de l'autre, ça serait peut-être
intéressant de savoir le pourquoi puis le comment, tu sais, puis
d'analyser ce qui a pu amener cette petite équipe à être
aussi efficace, à être aussi productive puis à
répondre tellement bien aux besoins de sa clientèle. Il
semblerait que ce ne soit pas une préoccupation du ministre là.
C'est pourquoi, moi, je reviens un petit peu aux intentions que je lui
prêtais au début. Sans vouloir lui faire un procès, je
pense que M. le ministre ne s'enfarge pas dans l'idée de dire: Bon, on
change de clientèle carrément. On prend la petite équipe
d'AQVIR puis on l'amène à la SDI et puis au diable l'autre
clientèle.
Et c'est là, je pense, qu'on ferait une erreur relativement
importante. Parce que nos petits patenteux, nos petites équipes, nos
petits créateurs, c'est toute une question d'attitude qui est
différente. C'est là la différence, c'est dans l'attitude.
Quelle attitude aura le président, M. Guy Savard, devant ses...
Mme Blackburn: Gabriel Savard.
Mme Dupuis: Gabriel? Moi, j'avais Guy ici. C'est Gabriel,
bon.
Mme Blackburn: C'est Serge Savard, c'est ça que je
cherchais tantôt.
M. Leclerc: Parlez de M. Savard, vous allez être sûr
de ne pas vous tromper.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Verchères, vous avez toujours la parole, allez-y.
M. Leclerc: II y a Serge, aussi, Savard.
Mme Dupuis: Lui lire la lettre au complet? Peut-être que je
peux lui lire la lettre.
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît.
Mme Dupuis: Mais, je vais tout de même... J'avais pris
quelques notes que je tiens parce que, moi, j'y vais sur du ressenti puis des
exemples vécus. C'est au niveau de l'attitude, c'est ça. C'est
là que ça se passe. Tu sais, quand
tu arrives dans une grosse boîte puis que tu perçois... Les
artistes, ils ont le sentiment, ils ont la perception développée,
je vous dis que je sais de quoi je parle. Ils vont le percevoir qu'ils ne sont
pas vus de la même manière que les autres, qu'ils sont
traités un petit peu comme avec un petit sourire qui en dit long des
fois où on se...
Mme Blackburn: Des granolas.
Mme Dupuis: ...oui, une espèce de granola tu sais, avec un
petit sourire qui en dit long mais qui est très blessant pour celui qui
le perçoit. Et ça, ça les amène à dire: On
n'y va plus, et ils vont se passer le mot. C'est tout ça. C'est à
peu près comme lorsqu'on dit qu'il va y avoir une pénurie de
sucre, tout le monde s'achète du sucre et, après, on en manque
pour vrai. Cette attitude et le bouche à oreille qui va se transmettre,
ça peut amener justement à faire mourir le projet plus vite que
prévu. Donc, c'est une question de philosophie, de mentalité, de
manière de faire qui est différente, surtout que ça va
à l'encontre... Je regrette, M. le Président, mais comme je n'ai
pas mes verres, je ne peux pas le lire. Si vous voulez me le dire.
Le Président (M. Audet): Deux minutes.
Mme Dupuis: C'est pas drôle d'afficher nos handicaps en
pleine commission parlementaire. Et voilà!
M. Leclerc: On est en famille. Gênez-vous pas.
Mme Dupuis: Au moment où on veut faire l'inverse,
où on veut faire... Je dis "on", là, ça inclut la personne
qui parle. C'est une majorité de Québécois qui veulent
justement se faire reconnaître dans leurs différences, dans ce
qu'ils sont de plus créateur, dans ce qu'ils sont de plus
différents, je reviens avec le mot. Et on fait le mouvement inverse dans
nos petites entreprises.
J'ai aussi envie de vous donner l'exemple des grosses polyvalentes. On
est allé copier le modèle américain et on a amené
ça ici pour s'apercevoir, 10 ans après, que c'était le
plus beau gâchis qu'il n'y avait pas, 3500 élèves dans une
école. C'est un autre exemple. Je pourrais vous en citer... Mon temps
est déjà terminé?
Le Président (M. Audet): Une minute. Il vous reste une
minute.
Mme Dupuis: II me reste une minute? Je vais conclure en lisant la
lettre. Je vais peut-être dépasser mon temps. Je le ferai une
autre fois. Et là on pourrait, en série et dans tous les
domaines, donner des exemples d'erreurs qu'on a fait en grossissant
énormément et trop vite, peut-être, des choses. Et de
prendre un instru- ment ou un organisme qui fonctionne bien et de
l'intégrer à un qui fonctionne plus ou moins bien en pensant
que... souvent on a les résultats tout à fait inverses.
Je reviens à nos grosses polyvalentes. Quelle horreur pour
s'apercevoir, 10 ans après, qu'on n'aurait peut-être pas dû
copier le modèle américain tel quel. Vous savez, des fois, en
copiant les autres, comme on l'a fait pour la TPS - et je ne veux pas
m'éloigner - en copiant, exactement, en se calquant, c'est une erreur.
Et en pensant trop...
Le Président (M. Audet): Mme la députée
votre temps est écoulé.
Mme Dupuis: Je vais conclure sur ce point et appuyer ma
collègue dans sa motion en espérant que M. le ministre
accédera à sa demande. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Alors, sur la motion de Mme la
députée de Chicoutimi, on demande le vote nominal. Mme la
secrétaire, si vous voulez procéder.
La Secrétaire: M. Lafrance?
M. Lafrance: Contre.
La Secrétaire: Mme Dionne?
Mme Dionne: Contre.
La Secrétaire: M. Leclerc?
M. Leclerc: Contre.
La Secrétaire: M. St-Roch?
M. St-Roch: Contre.
La Secrétaire: M. Tremblay?
M. Tremblay (Outremont): Contre.
La Secrétaire: M. Audet?
Le Président (M. Audet): Contre.
La Secrétaire: Mme Blackburn?
Mme Blackburn: Pour.
La Secrétaire: Mme Dupuis?
Mme Dupuis: Pour.
La Secrétaire: La motion est rejetée six voix
contre deux.
Le Président (M. Audet): Alors, la motion est
rejetée. Est-ce que...
M. Leclerc: M. le Président, je suggère que l'on
passe à l'étude de l'article 1.
Mme Blackburn: M. le Président, j'aurais une motion
préliminaire.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Chicoutimi, votre motion.
Mme Blackburn: On ne le fait généralement pas, mais
c'est la dernière parce que je - très sérieusement,
ça va être la dernière que je présente -
souhaiterais... Je veux bien démontrer ici que ce n'est pas juste pour
vous garder ici jusqu'à minuit. Ça ne m'intéresse pas
diable de garder... J'ai passé la semaine à la commission
constitutionnelle, M. le Président, avec ce que ça suppose. Pour
ceux qui ne sont pas venus...
Le Président (M. Audet): Je comprends, madame.
Mme Blackburn: II y en a quelques-uns qui sont venus et ils
savent ce que cela veut dire. C'est extrêmement fatigant. Je ne le fais
pas pour le plaisir, je le fais pour le principe et parce que j'y crois.
Motion proposant d'entendre
l'Association des directeurs de
recherche industrielle du Québec
Je fais la motion suivante, M. le Président: "II est
proposé qu'en vertu de l'article 244 de nos règles de
procédure la commission permanente de l'économie et du travail
tienne, avant d'entreprendre l'étude détaillée du projet
de loi 86, Loi abrogeant la Loi sur l'Agence québécoise de
valorisation industrielle de la recherche, des consultations
particulières quant à tous les articles dudit projet de loi et
qu'à cette fin elle entende l'Association des directeurs de recherche
industrielle du Québec, l'ADRIQ. "
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'on peut avoir une copie
de votre motion, s'il vous plaît? Alors, la motion m'apparaît
recevable. Mme la députée de Chicoutimi, vous avez un temps de
parole de 30 minutes.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: M. le Président, l'ADRIQ, à tout le
moins quand je l'ai entendue la dernière fois, au moment où elle
présentait un mémoire devant je ne sais plus quelle commission
qui est responsable de l'énergie et des ressources,
d'Hydro-Québec... Au moment où Hydro-Québec
présentait son plan de développement, l'ADRIQ est venue
présenter son mémoire. À ce moment-là, son
président était Pierre Tremblay, qui est directeur du centre de
recherche de l'Alcan, 36 000 000 $. Il y avait Jean-Marc Rousseau, qui est
vice-président en recherche et développement, secrétaire
trésorier à l'ADRIQ et qui travaille pour Créatech inc.,
une entreprise de logiciels, et M. André Trudel, ex-président,
qui lui était chez... ça me reviendra sûrement. Il y avait
M. Robert Hay, Denis N. Beaudry, André Dumouchel, Maurice L'Abbé,
Samuel Mac Intosh, Jacques St-Cyr, et Peter Wrist. Alors, ce ne sont pas les
moindres en matière de recherche et développement au
Québec. Ces personnes-là sont parmi les plus compétentes
et gèrent les budgets les plus élevés en matière de
recherche et développement dans nos grandes entreprises
québécoises. Et je rappelle juste au ministre - parce que je me
rappelle avoir attiré l'attention du ministre là-dessus, mais
comme ce n'est pas vraiment dans son secteur d'activité, je comprends
aussi qu'il ne s'en soit pas vraiment occupé - que l'ADRIQ, chiffres
à l'appui, est venue faire la démonstration que, sur les 495 000
000 $ d'investissements sur cinq ans promis, par le gouvernement, au nom
d'Hydro-Québec, il en manquerait 100 000 000 $. Alors, si vous vouliez
que je vous en fasse un peu la lecture, vous comprendriez qu'il y a des gens
là qui croient à l'AQVIR et qui seraient intéressés
à venir faire la démonstration que ce n'est peut-être pas
la décision la plus sage que de l'intégrer à la SDI.
Je vais me permettre de lire quelques passages de ce mémoire, qui
démontre, hors de tout doute, et la ministre de l'Énergie et des
Ressources n'a pas pu démentir l'information, pas plus, d'ailleurs, que
le président d'Hydro-Québec à l'époque... Je passe
les informations touchant l'entreprise elle-même, c'est-à-dire
l'ADRIQ elle-même, puis on dit: L'Association des directeurs de recherche
industrielle est heureuse d'avoir été invitée à
faire connaître ses vues sur la proposition du plan de
développement d'Hydro-Québec 1990-1992, horizon 1999, à la
commission parlementaire de l'économie et du travail, c'est la
même commission qu'ici. Et ils rappellent que cette entreprise est
devenue le porte-parole de la communauté en matière de recherche
et de développement et qu'ils gèrent à eux seuls, les
membres de l'ADRIQ, 800 000 000 $, mais ils estimaient que c'était plus
proche de 1 000 000 000 $, de recherche dans les entreprises
québécoises. Alors, on ne parle pas de gens qui ne savent pas de
quoi ils parlent. J'ai l'impression qu'on parie de ce qui se brasse de plus
sérieux au Québec. Ces personnes-là sont membres de cette
Association et dirigent, en partie, cette Association. (22 h 15)
Alors, l'Association s'est présentée devant la commission
de l'économie et du travail pour faire ce commentaire au sujet du
rôle des sociétés d'État en matière de
développement scientifique et plus particulièrement,
évidemment, de la société Hydro-Québec. Ils y
rappellent que, dans le plan de développement du gouver-
nement, le ministre des Finances annonçait un investissement
financier - et je lis - substantiel et s'engageait à fournir le
gouvernement du Québec en matière de RD. Dans ce contexte, dit-on
à la page 2 du mémoire, il avait mentionné une aide
globale qui devait atteindre 2 975 000 000 $ au cours des cinq années,
1989, 1990, 1993, 1994. Or, l'un des éléments les plus importants
dans la contribution annoncée par le ministre, c'était la
politique de faire faire d'Hydro-Québec, politique à laquelle,
d'ailleurs, faisait référence le ministre, en Chambre, au moment
où il parlait de l'AQVIR. Cette politique de faire faire
d'Hydro-Québec représentait des dépenses de 495 000 000 $,
soit le sixième de tous les investissements gouvernementaux
prévus au cours des cinq prochaines années.
Le ministre s'étonne qu'on n'investisse pas plus, mais il pourra
trouver une partie des explications... C'est-à-dire que la part du PIB
ne soit pas plus grande en matière de RD, il en trouvera une partie des
explications dans ce mémoire. Je ne sais pas si le ministre a eu
l'occasion de le lire.
Alors, qui plus est, si on fait abstraction des mesures fiscales et
qu'on ne retient que l'aide directe consentie par le gouvernement à
l'effort de RD, l'ADRIQ nous dit: Ça représente le quart de la
contribution publique en matière de RD au Québec, ce que devrait
faire l'HydroQuébec en faire faire. Cet engagement de 1989, nous
rappelle-t-elle, n'a pas été modifié. Dans une
conférence de presse prononcée le 23 mars dernier, le ministre de
l'Industrie, du Commerce et la Technologie le réitérait, devant
les membres du conseil québécois de l'Association des
manufacturiers d'équipement électrique et électronique du
Canada. En conséquence, l'ADRIQ, conformément à sa
mission, veut consacrer le présent mémoire à retracer la
concordance entre la stratégie du gouvernement de mai 1989 et les
intentions exprimées par la proposition de plan de développement
d'Hydro-Québec au titre des investissements en recherche et
développement.
L'hypothèse que fait l'ADRIQ, c'est qu'Hy-dro-Québec n'a
pas l'intention de respecter les engagements que le gouvernement a pris en son
nom à l'effet d'investir 495 000 000 $ en faire faire au cours des cinq
dernières années. L'engagement gouvernemental, ils le
rappellent... Ils disent: Une partie de l'effort - et ils citent le document
gouvernemental du discours sur le budget de mai 1989 - du secteur privé
en RD, au cours des prochaines années, découlera des
dépenses d'Hydro-Québec à ce titre. Ces dépenses
seront de 830 000 000 $ au cours de la période 1989-1993. Parmi les
dépenses d'Hydro-Québec reliées à la RD - c'est
toujours dans le discours sur le budget - 60 % de ses dépenses,
représentant 495 000 000 $ pour la période 1989-1993, mettent
directement à contribution le secteur privé dans le cadre d'une
politique de faire faire. Et ça c'est tiré du discours sur le
budget.
Quant à la proposition d'Hydro-Québec, d'emblée, il
faut dire que, sur le plan des intentions, la proposition de plan de
développement d'Hydro-Québec fait preuve de cohérence par
rapport au rôle que la stratégie gouvernementale compte confier
à la société d'État. Parce qu'effectivement, dans
le plan d'Hydro-Québec, on retrouve le chiffre de 495 000 000 $ et la
société affirme, en effet, qu'elle entend continuer d'être
l'un des principaux moteurs de développement technologique du
Québec et qu'elle entend amplifier les effets structurants de son
activité technologique. Hydro-Québec prévoit en effet
effectuer des dépenses de recherche et développement de
près de 500 000 000 $, pour les trois années, et on revoit
ça dans le plan de développement d'Hydro-Québec. Mais
l'analyse de la proposition, qui est faite par les membres de l'ADRIQ, ce sont
des données représentées au graphique de la page 145 du
plan de développement d'Hydro-Québec qui permettent de fixer
à 467 000 000 $... Il y a un petit écart, mais ils disent: Ce
n'est pas significatif, le total des dépenses technologiques
planifiées pour la période 1990-1992. Ce graphique fait
état de quatre composantes qu'il convient d'étudier en
détail. La RD, les engagements de 341 000 000 $ au titre de recherche et
de développement sont décrits dans le document et on y retrouve
205 000 000 $ relatifs à la RD, à la production, au transport et
à la distribution.
Alors, vous comprendrez que la distribution et la recherche et
développement ça n'a pas grand rapport; 27 900 000 $ sont
prévus pour la recherche sur le développement de produits
auxquels le chapitre sur l'offre et la demande fait également allusion -
et le chapitre sur l'offre et la demande n'a pas grand rapport avec la RD - et
59 200 000 $ sont consacrés au développement des installations,
ça non plus, ça n'a pas grand rapport avec la RD. Et il est
indiqué clairement que seulement 25 800 000 $ des 61 000 000 $ qui
seront affectés à l'exploration de filières à long
terme et à la prospection viendront de la société
elle-même. Il est à noter, de plus, que ces dépenses
contiennent aussi des crédits dont l'ampleur n'est pas
précisée pour la commercialisation des sous-produits de la
recherche à long terme. La commercialisation: 27 000 000 $.
Ses activités pour autant qu'elles soient louables, nous dit le
document, ne peuvent sûrement pas être assimilées à
des activités de recherche et développement. Ce sont des gens qui
savent un peu de quoi ils parlent. L'analyse des dépenses prévues
dans la section pour la technologie révèle que l'effort
d'Hydro-Québec au titre de l'activité scientifique et
technologique représentera au plus 404 000 000 $ au cours de
l'année 1990-1992 parce qu'il faut soustraire les activités de
commercialisation. Et par rapport au demi-milliard ou près du
demi-milliard que prévoyait le discours du trône, sur le
budget,
les 405 000 000 $ qu'Hydro-Québec doit consacrer à la
recherche et développement représentent des investissements de
près de 100 000 000 $ inférieurs à ceux de la
stratégie gouvernementale, et qui plus est, si vous continuez dans le
document, l'ADRIQ en arrive à la conclusion que le faire faire ne
représenterait - et je vous trouve les données - que quelque 200
000 000 $ et non pas les 495 000 000 $ annoncés.
Il serait peut-être intéressant qu'on entende ces
gens-là, des gens qui savent de quoi ils parlent, des gens qui ne disent
pas n'importe quoi, n'importe où et n'importe quand. Et le ministre
connaît la plupart de ces personnes-là. Moi, je pense qu'une
association comme celle-là pourrait venir nous dire s'il y a lieu
d'accorder du crédit aux différentes entreprises qui ont
écrit au ministre pour lui dire leur désaccord quant à la
disparition de l'AQVIR.
J'ai ici - et je pense que ça pourrait intéresser aussi
mes collègues d'en face, mes amis d'en face Bio-Expert, c'est une lettre
qui est datée du 29 août 1990, adressée au ministre de
l'Industrie et du Commerce: M. le ministre, la présente est pour vous
faire part de mes inquiétudes concernant l'intégration de
l'Agence québécoise de valorisation industrielle de la recherche
avec la Société de développement industriel du
Québec. Considérant que les critères de sélection
des projets par l'AQVIR reposent prioritairement sur la compétence
technologique plutôt que sur la taille ou les ressources
financières des entreprises, ce qui, à mon avis, est un gage de
succès et un atout pour l'avenir du Québec, je m'interroge
à savoir si cette forme de sélection pourra être maintenue.
Considérant la souplesse et le dynamisme de la formule administrative
actuelle de l'AQVIR, je m'interroge également à savoir si des
paliers supplémentaires ne viendront pas alourdir le processus, ce qui
aurait pour effet d'en diminuer l'efficacité et d'augmenter le niveau de
risques des partenaires industriels. Considérant que l'AQVIR est un des
rares organismes à prévoir et supporter de façon
concrète le développement de la biotechnologie au Québec,
je m'interroge enfin à savoir si ce secteur d'avenir pourra conserver sa
place de choix parmi les projets de la SDI. Bio-Expert est une entreprise
québécoise émergente, qui oeuvre dans le secteur de la
biotechnologie et plus particulièrement dans le contrôle
automatisé et informatisé des bioprocédés.
Bio-Expert a profité de l'aide de l'AQVIR, pour le développement
de son système de contrôle unique au monde et est maintenant sur
le point de commercialiser ce système sur le plan international.
Comme il doit un peu savoir de quoi il parle aussi, il ne parle pas en
tant qu'entreprise qui a peur de la fermeture, qui a peur de son avenir, par
rapport à l'AQVIR, mais qui se dit: Si l'AQVIR nous a aidés, elle
va pouvoir aider quelqu'un d'autre.
Je ne remets pas en cause - là, il pour- suit - la bonne
volonté du gouvernement du Québec dans ce dossier.
J'espère que l'efficacité du soutien accordé aux
entreprises québécoises ne s'en trouvera qu'accrue. Voilà
pour Bio-Expert.
Instrumentation Biophysique inc., 110, Sherbrooke, c'est sur la rue Galt
à Sherbrooke. La lettre s'adresse toujours au ministre, elle est
datée du 27 août: Je vous prie de bien vouloir vous
désister du projet de fusion de la Société de
développement industriel et de l'Agence québécoise de
valorisation industrielle de la recherche. L'AQVIR m'a aidé à
démarrer mon entreprise, une compagnie de recherche et de
développement dans le domaine de la haute technologie, en me
fournissant, à part un prêt, des conseils et services valables,
adaptés à mes besoins directs et immédiats. Puisque mes
compétences sont plutôt en technologie qu'en affaires, le contact
avec les conseillers de l'AQVIR m'a été très
précieux. Je suis certain que beaucoup d'entrepreneurs, notamment ceux
ayant des projets de transferts technologiques, dépendent du programme
d'aide rapide et flexible offert par l'AQVIR, qui est d'ailleurs unique au
Canada. C'est peut-être ça qu'on appelait le caractère
distinct du Québec, sa capacité d'être novateur dans ce
genre de projet. Je poursuis: Le fichier des réalisations de l'AQVIR
atteste du succès de la formule utilisée à date et j'ai
peur qu'une fusion, résultant en une grosse organisation, et un certain
degré d'inertie ne puissent que diluer ce qui a été
atteint. Je vous prie donc de bien vouloir considérer les besoins des
petites entreprises dans votre bienveillante décision.
Formatech, intéressant, intéressant. For-matech dit: 'Tout
dernièrement, il nous a été donné d'apprendre - et
c'est daté du 2 août 1990 et adressé à M. Richard,
président de l'AQVIR - l'éventualité d'une
intégration de votre organisme à la SDI, ce à quoi nous
nous objectons fortement. Depuis plusieurs mois déjà, notre
compagnie est à développer un système d'information
analogique à référence spatiale pour lequel le financement
a été obtenu de l'AQVIR. Ainsi, nous sommes en relation constante
avec votre organisme via votre représentant, M. Normand Carpentier, pour
plusieurs des aspects de ce projet, qu'ils soient administratifs, financiers ou
de promotion. Puisque ce projet en est justement un de recherche et de
développement, il est primordial pour l'entreprise
bénéficiaire d'un prêt gouvernemental d'être
assujettie à des règles souples - et c'est toujours ce qu'ils
invoquent - ajustables, davantage basées sur la confiance mutuelle entre
les partenaires que sur des règlements corporatifs ou, pour utiliser le
mot plus approprié, sur du "red tape". Notre relation avec votre
organisme en est une que nous considérons privilégiée,
tout comme nous sommes assurés qu'il en est de même pour la
plupart des compagnies qui transigent avec l'AQVIR. Et les règles du jeu
sont effectivement
axées avant tout sur cette confiance mutuelle que les entreprises
recherchent tant. En résumé, l'AQVIR ne travaille pas contre
nous, mais avec nous. Cette façon de faire nous a permis de profiter
réellement des conseils de votre représentant, des rencontres
qu'il a planifiées avec des entreprises complémentaires. Nous
constatons avec plaisir que votre organisme s'implique au-delà de l'aide
financière et, comme vous le savez, le succès d'une entreprise
dépend d'une multitude de facteurs, tous aussi importants les uns que
les autres. Nous croyons donc à la pertinence de l'AQVIR dans sa forme
actuelle, c'est-à-dire un organisme indépendant, dont la taille
est à la mesure des entreprises débutantes.
M. le Président, la taille est à la mesure des entreprises
débutantes, c'est ce que nous disons. Pas nous, c'est-à-dire que
nous le disons en rappelant, en s'appuyant sur ce que nous disent les
entreprises. Dans les faits, l'AQVIR devrait être le guichet unique de
l'aide à la PME versée en haute technologie. C'est
l'équivalent de ce que j'avançais tout à l'heure, qu'on
devrait enrichir l'AQVIR plutôt que de la démembrer. Ainsi, elle
serait également responsable du financement, des crédits
d'impôt à la recherche et au développement, ainsi que ceux
pertinents à la commercialisation des produits développés.
Ce n'est pas moi qui le dit, c'est cette petite entreprise, Formatek Archivage
optique. Elle dit donc: Ainsi, elle serait également responsable du
financement, des crédits d'impôt à la recherche et au
développement, ainsi que ceux pertinents à la commercialisation
des produits développés. L'équivalent de
l'enrichissement... Ils disent: Ne la faites pas disparaître, permettez
lui d'être plus efficace. Le processus serait simplifié, rapide et
à la portée des PME, favorisant encore plus nos chances de
succès. À rencontre de ce qui précède, nous sommes
assurés qu'à moyen et long termes, son intégration - je
vous demanderais d'être bien attentifs - à la SDI en fera un autre
de ces géants de la subvention gouvernementale qu'H vaut mieux
éviter - ce n'est pas moi qui l'a dit - puisque uniquement à la
portée de multinationales qui ont les moyens financiers de se doter
d'experts en "red tape", de bâtisseurs de "red tape". Espérant,
cher M. Richard, que les autorités gouvernementales écouteront,
pour une fois, la voix de la sagesse plutôt que celle des
pseudo-bâtisseurs d'entreprises, nous demeurons... et il y a quatre
signataires: MM. Georges Tremblay, Robert Rinfret, Pierre-Paul Grondin et
Michel Odesse. (22 h 30)
M. le Président, nous avons une autre lettre ici, Profilem de
Chambly. Ce qui est intéressant, vous aurez remarqué, c'est qu'on
les retrouve un peu partout sur le territoire du Québec. Ils ne se sont
pas juste intéressés aux grosses machines qui roulent à
Montréal ou dans les grands parcs industriels. Ils s'intéressent
aussi aux petites entreprises. Projet de fusion des opérations
AQVIR et SDI. M. le Président, je me permets de prendre quelques
minutes de votre temps pour vous écrire - ça vient de Profilem,
je le rappelle, et c'est adressé à M. Richard - et vous remercier
personnellement de l'aide généreuse que votre organisme nous a
accordée avec un prêt d'environ 600 000 $ pour un projet total de
2 000 000 $ répartis sur deux ans. C'est grâce à des
initiatives de ce genre de la part de votre organisme que des projets de
recherche et développement, comme celui que nous avons entrepris au
début de l'année, pourront prendre de l'ampleur au niveau
international et faire rayonner le Québec mondialement,
espérons-nous, au niveau de la haute technologie. Ce genre
d'intervention directe que l'AQVIR opère dans des PME du Québec
est essentielle pour nous. Il s'agit même d'un prérequis essentiel
qui vise à nous permettre de faire de la recherche et
développement et de compétitionner à une échelle
internationale. Les politiques du gouvernement à ce sujet ne me sont pas
entièrement étrangères puisque j'ai participé -
c'est important l'avis de ce monsieur, il parle en connaissance de cause, c'est
Jack-Éric Vanderbroucke, président de Profilem...
M. Tremblay (Outremont): La lettre est adressée au
ministre, donc prenez pour acquis que le ministre l'a lue.
Mme Blackburn: Elle est adressée à M. Claude
Richard.
M. Tremblay (Outremont): Ah! c'est drôle II en fait des
copies et il les envoie au ministre.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: II semble que ça n'ait pas eu beaucoup
d'influence sur le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Le 7 août 1990, honorable
Gérald Tremblay.
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! C'est Mme la députée de Chicoutimi qui a la parole
pour l'instant.
Mme Blackburn: M. le Président, le ministre doit
reconnaître que la lettre ne lui est pas adressée, mais qu'une
copie conforme lui a été adressée
Le Président (M. Audet): Vous pourrez commenter
après, M. le ministre.
Mme Blackburn: Mais peu importe. Ça n'enlève rien
à la pertinence des remarques qui sont dans la lettre. Je vous
inviterais à les écouter. Ça pourrait vous donner une
idée de ce que ça a fait, l'AQVIR, et de ce que ça
pourrait faire pour d'autres entreprises.
Les politiques du gouvernement à ce sujet - nous dit ce monsieur
- ne me sont pas entièrement étrangères puisque j'ai
participé activement, en tant que membre invité, au comité
consultatif sur l'élaboration d'une politique de RD au Québec,
parrainée par le ministère de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie, en 1989. Les conclusions à en tirer sont simples: la grosse
industrie a ses exigences et la petite n'a pas sa place, selon eux. Il s'agit
d'un constat un peu sombre mais il est bien réel.
Il ne parle pas à travers son chapeau. Il a participé
à des discussions là-dessus où on dit que les petites
entreprises, ces entreprises, c'est du bricolage. Ce n'est pas n'importe qui,
qui nous dit ça.
Toutefois, grâce à des programmes incitatifs et
d'intervention directe, comme ceux parrainés par la SDI, l'AQVIR, au
niveau de la RD, l'avenir est fort prometteur pour les entreprises
québécoises; L'ouverture dont ont fait preuve les dirigeants de
ce dernier organisme démontre une volonté ferme du gouvernement
québécois de rester dans le groupe de tête et de favoriser
les entreprises créatrices d'emplois grâce à leurs
réalisations qui découlent directement de ces programmes de
recherche et de développement. Malgré ces énoncés
fort louables, certains écueils restent sur le parcours des PME
dynamiques comme la nôtre. En effet, le projet que vous avez
accepté et signé le 18 janvier dernier a bien failli - et
là, je voudrais bien qu'on écoute - ne pas voir le jour si ce
n'était de notre entêtement à continuer notre
démarche car, malgré un potentiel de marché qu'une
étude de marché indépendante confirmait à
près de 3 000 000 000 $ US, en Amérique du nord seulement, la SDI
n'a pas cru bon de nous soutenir et de procéder à l'analyse de
notre demande prétextant l'ampleur du projet face à nos
dimensions fort modestes. Et là, c'est un jugement qu'il porte sur la
SDI. Le ministre a des excuses: il n'y était pas à
l'époque. Je continue: Suite à ce premier refus, je me suis alors
tourné vers l'AQVIR qui a eu l'ouverture d'esprit de comprendre à
fond notre projet et de ne pas s'en tenir à des règles
administratives préétablies. C'est pourquoi, lorsque j'ai appris
le projet de fusion de l'AQVIR à l'intérieur d'un groupe de la
SDI, plusieurs questions me sont venues à l'esprit dont celle-ci: Quelle
place la nouvelle superstructure SDI réservera-t-elle aux gros projets
des petites entreprises? En effet, notre projet, qui représente un
marché international de plusieurs milliards de dollars et qui enclenche
une petite révolution dans les habitudes de production dans un secteur
fort important de l'économie, a bien failli avorter à cause d'un
règlement administratif de la SDI. La question est de savoir encore
combien d'autres projets très intéressants seront
abandonnés parce que la SDI évaluera les dossiers des petites
entreprises en appliquant des critères administratifs à une
culture propre aux grandes entreprises. Notre inquiétude est grande face
à cette perspective et nous espérons que les
intérêts des petites entreprises, auparavant défendus par
l'AQVIR, seront aussi efficacement protégés par des gens qui nous
connaissent et qui nous comprennent. La pire chose que le gouvernement puisse
infliger à de tels programmes serait de les formaliser dans un cadre
trop rigide, qui nous empêcherait de nous développer tels que
leurs énoncés de politique le préconisent. Je vous
encourage fortement à ne pas accepter de pénaliser les petites
entreprises qui méritent d'être supportées par le
gouvernement en altérant la mission de l'AQVIR.
J'en profite, par la présente, pour vous lancer une invitation
personnelle à venir voir sur place les conditions d'opération de
tels projets. Nous serions très heureux de vous recevoir à votre
convenance. Cette visite vous montrerait ce qu'une petite PMFI qui fait partie
des 5,7 % des entreprises québécoises qui utilisent quatre
technologies - le ministre sait ce que ça veut dire par rapport à
notre faible performance dans ce secteur-là - est capable de
réaliser à l'aide de l'AQVIR, selon la dernière
étude du CRIQ, qui porte sur l'implantation des six technologies de
production à des PME québécoises eux, ils en utilisent
quatre, ce qui est particulièrement remarquable.
J'aimerais vous remercier d'avoir pris le temps de nous consacrer
quelques minutes. Vous pouvez être assuré que tous les nouveaux
employés embauchés grâce à ce projet, six à
date et dix à venir, et ceux qui conservent ainsi leur emploi, six, sont
au courant que c'est l'organisme que vous dirigez, sa politique d'intervention,
d'avant-garde qui a permis la réalisation de ce projet. Vous pouvez
compter sur l'entier soutien de tout notre personnel.
Ce n'est pas l'Opposition qui dit ça, ce sont des entreprises qui
disent: Écoutez, on s'était donné quelque chose
d'original, à notre mesure, à notre taille, souple, capable
d'intervenir efficacement, qui avait le temps de nous écouter, qui
n'était pas enfargée dans des structures, dans des politiques
administratives incontournables. C'est ça qu'on veut conserver. M. le
Président, c'est ce que j'avais à dire, et c'est ce que je
souhaiterais pouvoir entendre de la part de l'ADRIQ, l'Association des
directeurs de recherche industrielle du Québec.
Le Président (M. Audet): D'accord, Mme la
députée. Merci.
Mme Blackburn: Et j'espère... Le ministre, ça lui
donnerait l'occasion, en même temps, peut-être, de connaître
cet organisme et de voir l'importance et le soutien que cet organisme pourrait
lui apporter dans la promotion de la défense des intérêts
de son ministère en matière de recherche et de
développement. Là, on parle
des gens les plus importants dans ce secteur. Il me semble que le
ministre pourrait leur faire cet avantage de les recevoir pour les entendre et,
en même temps, il pourrait peut-être faire avec eux le point quant
aux intentions d'investissement d'Hydro-Québec en matière de
RD.
Le Président (M. Audet): D'accord. Merci, Mme la
députée. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur la motion?
Mme la députée de Verchères.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: Oui, quelques minutes. Merci, M. le Président.
C'est quelques minutes, parce que je viens d'être agréablement
surprise. Ma collègue vient de me remettre une lettre qui dit
sensiblement les mêmes choses que je dis spontanément au ministre.
Donc, il peut penser que je l'avais lue, mais je ne l'avais pas lue. Et je
pense que, pour le bénéfice de mes collègues... Ça,
vous pouvez toujours en douter, cher collègue...
Mme Blackburn: M. le Président, à l'ordre, s'il
vous plaît!
Mme Dupuis:... mais je peux vous dire que je vous donne l'heure
juste, présentement. C'est une lettre qui a été
envoyée au ministre. Donc, le ministre va peut-être trouver
ça ennuyant, parce qu'il l'a lue, certainement, mais comme il ne nous
répond pas, qu'il n'exerce pas son droit de parole, je prends sur moi le
droit - puis c'est mon privilège - de lire à mes collègues
la lettre que le ministre a reçue et dont ont reçu copie vos
autres collègues, le premier ministre, votre collègue le ministre
de la Santé et des Services sociaux, M. Marc-Yvan Côté,
votre collègue Mme Lucienne Robillard, une autre de vos
collègues, Mme Christiane Pelchat, M. Claude Rivard et M. Gabriel
Savard. Elle est simple, elle démontre une expérience
pratique.
Les rumeurs d'une éventuelle intégration à l'Agence
québécoise de valorisation industrielle de la recherche avec la
Société de développement industriel du Québec
m'inquiètent beaucoup. Cette lettre ne se veut pas un plaidoyer ni une
critique pour ou contre l'une ou l'autre des entités concernées;
elle vous présente simplement l'objet des craintes importantes qu'une
telle fusion laisse planer spécialement sur les petites entreprises.
Ça rejoint le commentaire que je faisais à M. le ministre
tantôt. La SDI et l'AQVIR sont des organismes essentiels à la
structure économique québécoise des petites et moyennes
entreprises. Donc, les deux sont nécessaires. Tous les deux vivent la
croissance et la rentabilité des entreprises mais dans un rôle
différent. De par leur mission de base, chacun s'est structuré,
au cours des années, de façon à bien servir sa
clientèle principale de façon non exclusive. Je crois que
l'AQVIR, avec ses intérêts plutôt technologiques, est bien
adaptée aux besoins des petites et moyennes entreprises. De son
côté, la vocation surtout financière de la SDI la rend plus
accessible à la moyenne et grande entreprises. Au premier coup d'oeil,
il peut sembler intéressant de regrouper sous un même chapeau des
services complémentaires. Toutefois, en regardant d'un peu plus
près, il n'est pas évident que la somme des deux entités
à fa culture très différente donne un tout conservant les
qualités de chacun.
À titre d'ex-président de la SDI, vous êtes bien
placé pour saisir la différence fondamentale de culture des deux
organismes. L'AQVIR possède le langage et la flexibilité pour
s'adresser surtout aux dirigeants du type entrepreneur de la petite entreprise,
alors que la SDI possède l'infrastructure pour offrir plus
adéquatement des services aux dirigeants de type gestionnaire de la plus
grande entreprise. À titre de diplômés M. B. A., nous avons
appris, voire même expérimenté, dans nos carrières
personnelles, que la culture d'une organisation est quelque chose de
profondément ancrée, de difficilement changeable. Ça va
exactement dans le sens de ce que je vous disais tantôt.
L'intégration potentielle des deux organismes de taille très
différente ne peut que résulter, à relativement court
terme, en une nouvelle entité dont la culture sera uniformisée
à celle du plus grand. Et là ça me tente d'ajouter un
commentaire. Tout le monde le fait, fais-le donc. Cela malgré toute la
bonne volonté des gens en place, croyez-en mon expérience
personnelle - et ce n'est pas moi qui parle, bien sûr, ce sont les
dirigeants de Presticom.
Vous êtes de ceux qui croient que l'avenir du Québec passe
par la capacité de nos entreprises à innover et à
compétitionner sur le marché mondial. Malgré les risques
élevés associés au secteur de la haute technologie, c'est
grâce à l'énergie de nos entrepreneurs que des entreprises
issues de ce domaine deviendront des fleurons de l'économie
québécoise. Ne leur compliquons pas davantage la vie,
spécialement au cours des premières années de leur
existence. Je crois que l'autonomie de l'AQVIR et de la SDI,
complémentée d'une certaine complicité, est une recette
gagnante. La spécialisation de l'AQVIR dans les projets à
caractère innovateur est particulièrement utile au cours des
premières années d'une entreprise. Cette assistance,
complémentée du parrainage de la SDI avec révolution des
besoins de l'entreprise, peut rendre le terrain fertile à
l'émergence de nos futures grandes organisations. Rassurez-vous, il ne
reste qu'une demi-page. Mais je pense que c'est des plus intéressants,
ce texte. Les formes de capital de risque offertes par la SDI et l'AQVIR
doivent être maintenues. J'ose espérer que ces deux organismes
profiteront de l'autonomie requise et qu'ils consacreront toutes leurs
énergies à améliorer encore davantage les
services qu'ils offrent dans chacun des créneaux
privilégiés.
(22 h 45)
En terminant, j'aimerais vous dire que Presticom est une jeune
entreprise manufacturière d'équipement de communication
informatique. Au cours de notre première phase de croissance - bon,
là, je pense qu'ils parlent d'une façon plus précise
là - nous avons obtenu un prêt de redevances de l'AQVIR, au
montant de... Là, je pense que c'est plus personnel à la
compagnie, alors, je m'arrêterai à ce moment-là, quoique
s'il y a... Je sens des sourires qui semblent indiquer que le reste de la
lettre n'était pas dans le même sens; je peux vous le lire
aussi.
Alors, je me contenterai de ce témoignage, M. le
Président. Je pense que ça dit tout. Et ce n'est pas
l'Opposition, et ce n'est pas pour faire du temps, et ce n'est pas pour aller
jusqu'à minuit que Presticom a écrit ça au ministre.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Audet): D'accord, Mme la
députée de Verchères, je vous remercie. Est-ce qu'il y a
d'autres commentaires, M. le député de...
M. St-Roch: Un bref commentaire, M. le Président. Les
sourires, c'est parce que ma collègue de Verchères m'a
inquiété. Je pensais qu'elle était pour nous dire que
ça venait d'un cabinet d'avocats célèbres à quelque
part, lorsqu'elle lisait son texte.
Le Président (M. Audet): M. le ministre, vous avez
souhaité prendre la parole.
M. Gérald Tremblay
M. Tremblay (Outremont): Je voudrais juste assurer les
députés de l'Opposition que j'ai pris connaissance de toutes ces
lettres. Par un heureux concours de circonstances, ces lettres sont toutes
datées du mois d'août, à la suite de ma rencontre avec le
conseil d'administration de l'AQVIR, donc 10 personnes qui travaillent depuis
de nombreuses années pour favoriser l'émergence, l'aide technique
et le démarrage de très petites entreprises. Alors, Guy Bertrand,
entre autres, président du Centre de recherche industrielle du
Québec, fait partie du conseil d'administration, Paula Laviolette,
Claude Richard fait partie du conseil, Garry Vail, président de Bomem,
fait partie du conseil et Pierre Coulombe, ancien sous-ministre au
développement technologique, fait également partie de ce
conseil.
Alors, je leur ai fait la présentation et ils m'ont écrit
une lettre, ils m'ont écrit une lettre datée du 26 juillet, qui,
en fait, me remercie de l'intérêt particulier et puis de
l'implication personnelle que j'apporte à ce dossier. Ils souhaitent
aussi exprimer leur satisfaction devant la diligence avec laquelle les
démarches se poursuivent et devant l'accord des parties sur plusieurs
aspects du projet de fusion.
En aucun cas, les parties, membres du conseil d'administration, n'ont
parlé de la structure: Le conseil se réjouit en particulier de
votre appui ainsi que de celui de M. Savard - M. Gabriel Savard - à
l'effet de retenir la formule du conseil spécial regroupant des membres
en provenance du milieu des affaires, de la PME technologique et de la
recherche et du développement et sensibilisés à
l'importance de l'innovation technologique comme élément du
processus décisionnel d'approbation des projets de financement, au sein
du programme AQVIR transféré à la SDI.
Par contre, le conseil demandait trois choses. Alors, les trois choses
étaient essentiellement: Est-ce que c'est possible de maintenir l'aide
sous forme de capital-actions, est-ce que c'est possible également
d'aider davantage au niveau de la commercialisation et est-ce que c'est
possible de maintenir des conseillers externes.
Quelques jours plus tard, donc le 30 juillet, je répondais
à M. Roger Blais - Roger Blais, qui est également très
connu au niveau de la technologie - et je lui disais: En ce qui concerne le
capital-actions, vous savez que dans le passé, au 31 mars 1990, toutes
les aides faites par l'AQVIR, au niveau du capital-actions, sur un total de 35
000 000 $, c'a été de 124 000 $. Alors, ce que je leur ai dit
c'est qu'on peut maintenir la formule du prêt à redevances et,
advenant un problème de l'entreprise, on convertira en capital-actions.
En ce qui concerne les aides au niveau de l'évaluation externe, je leur
disais, quant au recours à des expertises externes
spécialisées, jugé essentiel à une bonne
évaluation du potentiel du projet et aux risques associés a
celui-ci, nous allons prévoir les mécanismes administratifs pour
y donner suite. Et le troisième point, c'était: Est-ce qu'on peut
aider davantage à la commercialisation... parce que partie des lettres
que vous avez lues, les gens le disent: II faut avoir accès au
crédit d'impôt. Et, en passant, toutes les entreprises de l'AQVIR,
en ce moment, bénéficient du financement des crédits
d'impôt de la Société de développement industriel,
à cause de la conjoncture économique moins favorable.
En ce qui concerne la commercialisation, à la suite des
représentations du conseil de l'AQVIR, j'ai augmenté à 75
% le financement de la commercialisation. Le lettre est datée du 30
juillet.
La raison pour laquelle je n'apporte pas de commentaires sur les lettres
que j'ai toutes lues... Nous avons même été rencontrer
personnellement l'équipe et rencontrer les dirigeants de ces entreprises
pour les assurer de notre entière collaboration, c'est ce qui explique
pourquoi, depuis deux mois, le président de
I'AQVIR siège au comité de direction de la
Société de développement industriel du Québec, la
raison pour laquelle les règlements sont déjà prêts,
qu'ils répondent à toutes vos attentes sans exception, et je
voudrais vous rassurer que l'intention du ministre n'est pas de ne plus aider
les petites entreprises, au contraire, c'est d'aider toutes les petites
entreprises pour leur permettre de devenir des grandes entreprises. C'est
l'ambition que j'ai pour le Québec. Mon ambition pour le Québec,
c'est de préparer nos entreprises à relever le défi
technologique. J'ai choisi ce moyen, j'ai évalué toutes les
possibilités, et c'est le choix que j'ai fait. Et je pense
qu'aujourd'hui ce choix est partagé par l'équipe de la SDI et
l'équipe de l'AQVIR. Je vous demande - on parle de ressources humaines,
on parle de personnes qui veulent travailler ensemble, qui veulent relever le
défi - qu'on puisse approuver ce projet de loi le plus rapidement
possible pour bâtir cette équipe. Mon seul intérêt,
c'est de bâtir une équipe, et je voudrais la grossir. Je ne
voudrais pas que ce soit uniquement une petite équipe, mais une
équipe spécialisée au niveau de la technologie. Et la
structure, la nouvelle structure de la Société de
développement industriel répond à ces attentes. Ce ne sont
pas des petits qui vont être noyés dans des gros. Ce n'est pas
ça. C'est une vice-présidence au développement
technologique excessivement importante, qui va être assumée par
Claude Richard, l'actuel président de l'AQVIR, qui va avoir la
responsabilité non pas uniquement de s'occuper des programmes qui
existent maintenant au niveau des très petites entreprises, mais
également qui va avoir - c'est un vote de confiance qu'on fait à
l'équipe - une autorité fonctionnelle sur toutes les autres
personnes de la SDI qui s'occupent du financement, des crédits
d'impôt et de la commercialisation.
Alors, je pense qu'à cause de la culture - on en a beaucoup
parlé de la culture tout à l'heure - et de l'attitude, le pari
que je fais, en ayant un comité aviseur, en ayant les membres du conseil
d'administration de l'AQVIR qui vont maintenant renforcer, au niveau de la SDI,
la culture technologique, c'est que j'espère que l'AQVIR,
l'équipe va transférer certaines attitudes, certaines
mentalités, certaines connaissances au niveau de la SDI. L'équipe
de la SDI va-t-elle compléter au niveau de plus gros projets, parce
qu'éventuellement les petites entreprises vont devenir grosses. Et j'ai
toujours pensé que, ce qui était important, c'était de
répondre aux attentes réelles des clients. Alors, là, ce
que je dis aux clients, puis vous l'avez mentionné, la
député de Verchères l'a mentionné tout à
l'heure, c'est que ça va être un guichet unique:
vice-présidence au développement technologique, où la
très petite entreprise va pouvoir directement se rendre sous cette
vice-présidence et avoir accès à tous les services.
La seule raison pour laquelle, dans le passé, certaines
entreprises se sont présenlées à la SDI et ont eu un
refus, ce n'était pas parce que la SDI ne voulait pas les aider, c'est
parce qu'on avait signé un protocole d'entente avec l'AQVIR pour,
justement, bien identifier les clientèles pour éviter les
dédoublements. Alors, des efforts considérables sont faits.
Lorsque la députée de Chicoutimi mentionne qu'après des
efforts des deux gouvernements, depuis 1980, parce que je parle toujours depuis
1980... Vous avez mentionné tout à l'heure que j'ai dit que la
politique n'a pas réussi. Ce n'est pas tout à fait ce que j'ai
dit. Quand le député de Shefford est intervenu en Chambre, il a
dit: Nous avons fait, en 1980, le virage technologique. J'ai dit: Oui, je le
reconnais. Nous, en 1985, nous avons fait un virage, mais on doit regarder
froidement, après 10 ans d'efforts au Québec, qu'on est encore
sensiblement aux mêmes investissements en recherche et
développement, par rapport au produit intérieur brut, à
1,4 %. Et quand on regarde froidement la situation... et c'est dit par M.
Lemay, qui est le vice-président de l'Association canadienne des
technologies de pointe: On est en train de perdre des années critiques
en haute technologie, il va se passer davantage de choses dans ce secteur au
cours des 5 prochaines années qu'il n'y en a eu dans les 25
dernières.
Je pourrais m'asseoir et ne rien faire, il me vante, dans ce document.
Il me vante moi, puis il vante également le Québec. Il dit: Les
entreprises de haute technologie vantent les efforts du Québec. Il dit
qu'on a fait des efforts. Mais, moi, je me dis: Le temps, c'est la variable
qu'on ne contrôle plus. J'ai une ambition technologique pour le
Québec et le choix que je fais - il peut être risqué, je
l'admets - c'est que, si je prends les meilleurs intervenants dans le secteur
technologique et que je les mets ensemble, ils vont être plus forts,
puis, en étant plus forts, ils vont avoir une influence importante pour
jouer le rôle d'éducation économique Parce que ce ne sont
plus des programmes qu'on doit inventer, on doit inculquer à nos
entreprises l'importance du développement technologique, donc la culture
technologique. Et notre concurrence, ce n'est pas le Canada, c'est le Japon, et
je vais terminer là-dessus, M. le Président
Le Japon va dépenser, au cours des prochaines années, au
cours de l'année 1990, en innovation, recherche et développement,
280 000 000 000 $. Le Canada va dépenser, en 1990, 9 500 000 000 $.
Alors, je me dis: Ce sont des gros chiffres. Au Québec, on a
démontré clairement, dans le passé, qu'on peut innover.
Oui, c'est vrai qu'on peut innover. On en a des créateurs, mais on doit
mettre toutes les chances de notre côté, on doit les encadrer au
niveau technique, pour les aider à démarrer des projets, mais
aussi, lorsque le projet arrive à un stade de commercialisation, on doit
avoir la même équipe qui va aider cette entreprise, tant au niveau
du financement, des crédits d'impôt, que de la
commercialisation. Puis une fois qu'on a réussi à
commercialiser ces projets, qu'est-ce qu'il faut faire immédiatement
après? Il s'agit de produire des projets, de manufacturer les biens, et
ça fait partie d'un ensemble, d'un tout. Et je pense qu'en regroupant
sous une même entité les différents intervenants
économiques, il y a peut-être un risque, il y a peut-être un
risque, mais je regarde l'aspect excessivement positif et je fais le pari qu'au
Québec, si on travaille davantage ensemble dans le secteur
technologique, on va pouvoir bâtir une société
prospère, une société d'avenir, et c'est l'ambition que
j'ai pour le Québec. Le projet de loi, aujourd'hui, avec l'appui de
l'Opposition, va confirmer qu'au cours des prochaines années on va
réaliser des pas de géant dans le secteur technologique.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le ministre.
Mme Blackburn: M. le Président, est-ce que le ministre me
permettrait de poser quelques questions?
Mme Dupuis: Si vous m'accordez le privilège, M. le
Président, d'une minute seulement, parce que je dois quitter, donc je ne
vais pas...
Le Président (M. Audet): Écoutez, je ne veux pas
être pointilleux avec le règlement. Bon, écoutez, une
minute, je pense qu'il n'y a personne qui va s'offusquer de ça. Je vous
accorde le consentement.
Mme Dupuis: D'abord, pour remercier le ministre d'avoir bien
daigné nous répondre. Je l'apprécie, je l'en remercie.
Maintenant, lorsqu'il a dit tantôt: Les mettre ensemble pour les rendre
plus forts, est-ce qu'il est conscient - et j'en suis certaine - qu'il en
change la nature et que les conséquences de ça peuvent être
de mener au délaissement de la petite entreprise? C'est la question que
j'avais à vous poser. Après ça, je vous remercie, puis je
vous salue en même temps parce que je dois quitter, j'ai un autobus
à prendre.
M. Tremblay (Outremont): La raison pour laquelle je ne parlais
pas avant, c'est que, ce que je viens de dire, je l'ai dit en Chambre pendant
deux heures de temps et je prenais pour acquis que vous en aviez tout le
"verbatim", mais là j'ai senti le besoin de l'exprimer encore une fois.
En ce qui concerne le fait que je mette les gens ensemble, la plus grosse
équipe, c'est l'équipe de l'AQVIR, alors, normalement, ça
devrait être l'équipe de l'AQVIR, le gros poisson qui mange le
petit poisson, la petite équipe de la SDI. Et le pari qu'on fait... Non,
non! Le pari qu'on fait, c'est exactement celui-là, parce que, vous
l'avez mentionné tout à l'heure, il y a 13 personnes à
l'AQVIR et - vous l'avez dit - peut- être 4 ou 5 personnes à la
SDI qui s'occupent des crédits d'impôt et des programmes d'aide
à la recherche et à l'innovation du Québec. On pense, le
pari que je fais c'est que la culture de l'AQVIR, l'équipe de l'AQVIR,
en travaillant avec l'équipe de la. SDI, . va bâtir une plus
grande équipe, et en donnant la direction de l'équipe à
une personne qui, depuis 10 ans, travaille au sein de la petite entreprise, je
fais le pari qu'elle va continuer à travailler pour la petite entreprise
et justement rendre ces petites entreprises plus grosses pour qu'on puisse
avoir un meilleur service à la clientèle et leur offrir plus de
services.
Le Président (M. Audet): M. le ministre, merci. Mme la
députée de Verchères, on vous souhaite une agréable
fin de semaine, un agréable retour...
Mme Dupuis: Merci bien.
Le Président (M. Audet): Soyez sage en notre absence.
Alors, est-ce qu'il y a d'autres motions avant de débuter l'étude
du projet de loi?
Mme Blackburn: M. le ministre... (23 heures)
Le Président (M. Audet): II faut procéder à
l'adoption, oui, de la motion.
Mme Blackburn: Bien oui, de la motion.
Le Président (M. Audet): Excusez-moi, je l'oubliais,
oui.
Mme Blackburn: Alors, je souhaiterais vraiment, oui, qu'on
procède à l'adoption, avec l'accord du ministre.
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'on va procéder
à la mise aux voix? Est-ce que quelqu'un fait la motion de la mise aux
voix?
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Audet): Qu'on appelle les
députés.
Une voix:...
Le Président (M. Audet): Oui, on doit voter sur la motion,
oui. C'est ça?
La Secrétaire: M. Lafrance (Iberville)? M. Lafrance:
Contre.
La Secrétaire: Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata)?
Mme Dionne: Contre.
La Secrétaire: M. Leclerc (Taschereau)?
M. Leclerc: Contre.
La Secrétaire: M. St-Roch (Drummond)?
M. St-Roch: Contre.
La Secrétaire: M. Tremblay (Outremont)?
M. Tremblay (Outremorrt): Contre, M. le Président.
La Secrétaire: M. Audet (Beauce-Nord)?
Le Président (M. Audet): Contre.
La Secrétaire: Mme Blackburn (Chicoutimi)?
Mme Blackburn: Pour.
La Secrétaire: Mme Dupuis (Verchères)?
Mme Dupuis: Pour.
La Secrétaire: La motion est rejetée: 6 voix contre
2.
Le Président (M. Audet): Alors, ça va. Est-ce qu'il
y a d'autres motions avant que nous débutions l'étude du projet
de loi?
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. Je me demandais si je
pouvais poser quelques questions au ministre. D'abord, dans la retranscription
des débats, le ministre a dit, il n'a pas parlé de 10 ans, il a
parlé de 5 ans, et c'est en page R-7354-CH page 2: "Ça fait 5 ans
qu'on dit qu'on est encore à 1,3 % d'investissements en recherche et
développement par rapport à notre produit intérieur brut.
Qu'est-ce qu'on fait? On maintient le statu quo? On protège
l'AQVIR...
Le Président (M. Audet): Madame..
Mme Blackburn: Je voulais juste voir parce que...
Le Président (M. Audet): Oui, mais...
Mme Blackburn: ...c'est une question au ministre parce que...
Le Président (M. Audet): Oui, mais, écoutez, je
veux juste vous dire quelque chose là. C'est qu'on a
procédé aux remarques préliminaires. D'accord? Vous aviez
un temps qui est alloué pour ça...
Mme Blackburn: Je sais que ça prend votre autorisation. Si
vous ne l'accordez pas, on va passer.
Le Président (M. Audet): C'est parce qu'il y a des
questions de règlement qui ont déjà été
soulevées considérablement là-dessus. C'est comme je vous
l'ai dit tantôt, je ne veux pas m'enfarger dans ia procédure, tout
ça, mais est-ce qu'il ne serait pas préférable, à
ce moment-là, qu'on débute l'étude du projet de loi,
à l'article 1? Ou si vous avez une motion à déposer, vous
pouvez le faire. Vous aurez, à ce moment-là, un droit de parole
de 30 minutes. Vous pourrez poser des questions et le ministre pourra y
répondre après.
Mme Blackburn: Je vais avoir des amendements, d'ailleurs, que
j'ai communiqués au ministre tout à l'heure là, mais je
n'ai pas... J'attendais un peu sa réponse. C'est pour ça que je
pensais, si c'était accepté, bien là qu'on pourrait
procéder.
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. St-Roch: M. le Président, dans le but de faciliter, je
pense, l'adoption de ce projet de loi là, moi, je ne verrais aucune
objection...
Le Président (M. Audet): D'accord, ça va. M.
St-Roch: ...à donner mon consentement.
Le Président (M. Audet): Continuez, Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Alors, je voulais juste savoir...
Le Président (M. Audet): Brièvement.
Mme Blackburn: ...j'ai soumis, M. le Président, tout
à l'heure, des amendements au ministre, pas qui nous font accepter le
projet de loi, je le trouve inacceptable parce que, je le rappelle,
l'argumentation du ministre là-dessus, vous savez, ça n'a pas de
bon... J'allais dire que ça n'a pas de bon sens. C'est parce que c'est
comme à contresens. Il dit, et je le rappelle: "Ça fait cinq ans
qu'on dit qu'on est encore à 1,3 %... en matière de recherche et
développement par rapport à notre produit intérieur brut.
Qu'est-ce qu'on fait? On maintient le statu quo? On protège l'AQVIR, une
petite agence performante, on assiste à la naissance d'une
équipe..." Moi, je pense que.. Ça me surprendrait que vous alliez
chercher 800 000 000 $ avec ça. En tout cas, je vous souhaite bonne
chance. Et l'autre chose, et ça c'est probablement majeur...
Le Président (M. Audet): Brièvement, madame.
Mme Blackburn: Oui, très brièvement. Le tableau que
j'ai en main, qui montre l'évolution
de la part du PIB en 'matière do recherche el
développement de 1979 à 1988, montre qu'entre 1979 et 1985, la
dernière année du Parti québécois, on est
passé de 0,86 % à 1,37%. On était plus haut en 1985 qu'on
ne l'est actuellement. Il y a eu une augmentation de 200 % des sommes investies
en matière de RD. C'est passé de 558 000 000 $ à 1 485 000
000 $. Alors, on peut penser que les initiatives qui ont été
prises par le précédent gouvernement étaient
particulièrement efficaces et je pense que le ministre, très
sérieusement là et au-delà de toute partisannerie, devrait
vraiment, mais très sérieusement, s'interroger sur ce qui a fait
qu'on ait réussi ça et dans des périodes où ce
n'était pas facile. Parce que je vous ferai remarquer que la
période de crise là, quand on a commencé la crise en 1980,
1981 là, on n'avait pas 1 %, on en était à 0,98 %. Et on a
tranquillement monté pendant la crise, parce que c'est là qu'on a
réalisé qu'il fallait agir et rapidement. Et je ne trouve pas que
c'est la meilleure décision que de briser ce qui a semblé vouloir
marcher. Et...
M. Tremblay (Outremont): Je voudrais juste dire à la
députée de Chicoutimi que la croissance des investissements en
recherche et développement par rapport au produit intérieur brut,
ça ne doit sûrement pas être à cause de l'AQVIR,
parce que l'AQVIR a commencé ses opérations en 1984. Ça ne
veut pas dire que je ne reconnais pas qu'il y a eu une évolution
importante de 1979 à 1985 et c'est la raison pour laquelle je n'ai
parlé que de 1985 à 1990, et je l'admets. Je l'admets, je l'ai
dit, la croissance n'est pas importante depuis 1985 et le choix que je fais,
c'est d'essayer d'inculquer à nos entreprises une nouvelle culture
technologique et la décision que j'ai prise au niveau du regroupement
des forces au Québec devrait l'améliorer. Est-ce que c'est la
seule chose qui va faire qu'on va augmenter les dépenses
d'investissements en recherche et développement? La réponse,
c'est non. On a pris d'autres décisions et on va continuer à en
prendre dans le meilleur intérêt du développement
technologique du Québec.
Mme Blackburn: Ma question, je voulais seulement demander au
ministre s'il n'y aurait pas eu lieu de s'inspirer de ce qui avait
été fait et de la nature des activités qu'on avait mises
en route à l'époque pour obtenir un résultat, une
performance remarquable? Parce que, si on avait pu, au Québec, si le
gouvernement avait pu maintenir la même croissance, on serait
probablement aux alentours de vos objectifs de 1,7 %, 1,8 %. Là, je ne
fais pas de démagogie, je parle juste sur la base des chiffres. Je sais
que le ministre le sait. Je me dis que ce n'est peut-être pas la
meilleure décision. Là, je me fais aussi, en même temps, je
ne l'ai pas dit plus tôt, le porte-parole du chef de l'Opposition, qui
estime que c'est probablement une des plus mauvaises décisions que le
gouvernement prend.
M. Tremblay (Outremont): Laquelle?
Mme Blackburn: Celle d'abolir l'AQVIR. Je pense qu'on peut
tous... je pense que là-dessus ça fait l'unanimité au
Québec, dans ces matières, la compétence de M. Parizeau,
le chef de l'Opposition, a été plutôt remarquable. Les
initiatives qu'il a su mettre en route ont donné des résultats
concrets et lorsqu'il nous dit: Soyez vigilants, ce n'est pas dans les grosses
boîtes qu'on va trouver l'efficacité, j'ai tendance à le
croire. Et c'était ça que je voulais vous dire. Moi, je crois,
davantage par instinct et aussi un peu par information, davantage à ce
genre de structure qu'aux grosses machines. Mais je vous dis que le chef de
l'Opposition estime que ce projet est inacceptable et...
M. Tremblay (Outremont): Je veux juste...
Mme Blackburn: ...c'est l'Opposition tout entière,
évidemment, sur la base de l'expérience qu'il possède. Je
pensais que ça méritait d'être souligné.
M. Tremblay (Outremont): C'est très clair, mais je
voudrais juste mentionner que j'abolis une structure et non pas l'équipe
qui va continuer son travail dans un environnement, je l'admets,
différent, mais dans un environnement qui va permettre à toutes
les petites entreprises du Québec d'avoir accès à du
financement et également à toutes ces petites entreprises de
devenir plus prospères avec des services additionnels et des aides
additionnelles.
Mme Blackburn: Je ne reviendrai pas là-dessus.
Le Président (M. Audet): D'accord.
Mme Blackburn: M. le Président, j'avais remis tout
à l'heure au ministre, deux propositions d'amendement qui...
Le Président (M. Audet): Touchent des articles
précis?
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Audet): Ça va.
Mme Blackburn: Je voulais savoir si le ministre avait eu
l'occasion de les examiner et s'il les acceptait. On avait un peu conclu
que...
Le Président (M. Audet): Étant donné qu'ils
touchent les articles 4 et 6, est-ce qu'on ne...
Mme Blackburn: On pourrait peut-être suspendre quelques
minutes, le temps que...
M. Tremblay (Outremont): Oui, c'est ça, j'en ferais la
suggestion parce que je pense que, si on est d'accord sur les articles 4 et 6,
c'est implicite qu'il n'y aura pas de problème pour les autres articles.
Alors, si vous nous donnez, M. le Président, mettons au maximum 5
minutes, je pense que ça va être réglé.
Le Président (M. Audet): D'accord. Alors, la commission
suspend ses travaux. On est de retour dans 5 minutes.
(Suspension de la séance à 23 h 9)
(Reprise à 23 h 17)
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission reprend ses travaux. MM. et Mmes les
députés, si vous voulez regagner vos sièges, s'il vous
plaît, la séance va commencer. Alors, est-ce qu'on peut appeler
l'article 1?
Mme Blackburn: Oui, M. le Président.
Étude détaillée Abrogation de la
loi
Le Président (M. Audet): J'appelle l'article 1: "La Loi
sur l'Agence québécoise de valorisation industrielle de la
recherche... est abrogée." Est-ce qu'il y des commentaires ou si on peut
passer à l'adoption? L'article 1 est adopté?
Mme Blackburn: Non, un instant, je vais redire à nouveau,
quelle que soit la conclusion, à moins que... puis je sais que ce n'est
pas possible, mais je vais redire que je suis en total désaccord avec
cette décision, au moins pour qu'on se rappelle, lorsqu'on lira les
bilans de l'activité en recherche et développement de la SDI dans
10 ans, qu'il y avait peut-être quelqu'un ici qui s'y était
opposé avec raison ou à tort, mais on saura qu'il y avait
quelqu'un qui n'était pas d'accord.
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'il y a des commentaires
additionnels? L'article 1 est adopté.
Une voix: Adopté Le Président (M. Audet):
Adopté? Mme Blackburn: Adopté sur division.
Droits et obligations
Le Président (M. Audet): Adopté sur division.
J'appelle l'article 2: "La Société de développement
industriel du Québec constituée en vertu de la Loi sur la
Société de développement industriel du Québec
acquiert les droits et assume les obligations de l'Agence
québécoise de valorisation industrielle de la recherche." Est-ce
qu'il y des commentaires?
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre pourrait m'expliquer sa
déclaration? C'est ça tantôt que je voulais qu'il
m'explique un peu, à moins qu'il soit en train de rédiger
les...
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Chicoutimi veut poser une question au ministre.
M. Tremblay (Outremont): Non, non, excu sez.
Mme Blackburn: Oui, je pensais que vous étiez en train de
reformuler le dernier amendement. Non?
M. Tremblay (Outremont): On est sur l'article 2?
Mme Blackburn: Oui, on est sur l'article 2 et je me demandais,
bien, quoique le ministre m'ait dit tantôt: Je l'ai dit, quel rapport il
fait parce que je ne le suis pas. Vous dites, à plusieurs reprises que
l'AQVIR a été performante, dans votre présentation. Et,
là vous dites: "...acquiert les droits et assume les obligations de
l'Agence", vous la faites disparaître. Je maintiens que l'analyse est
tordue et je n'arrive pas à rentrer dans votre entonnoir. Est-ce
que...
M. Tremblay (Outremont): Bien, c'est pour protéger le
client surtout, cet article, et également pour protéger la
continuité de l'AQVIR. Quand on assume les obligations, je l'ai
mentionné à l'Assemblée nationale, c'est parce que le
client, lui, a déjà un contrat avec l'AQVIR, alors on veut
respecter son contrat. On veut pouvoir dire au client. Vous avez, dans le
passé, contracté de bonne foi avec l'AQVIR, alors on s'engage
à respecter tous les engagements de l'AQVIR. Je pense que c'est un
article qui protège le client.
Mme Blackburn: Actuellement, quelles son» les obligations
à peu près de l'AQVIR?
M. Tremblay (Outremont): Les
Mme Blackburn: Les obligations, parce qu'il a des obligations,
des engagements pris à l'en droit d'un certain nombre d'entreprises. Il
y a combien d'entreprises qui sont encore liées à l'AQVIR et qui
vont l'être dorénavant par la SDI et ça représente
combien?
M. Tremblay (Outremont): Oui, mais j'ai mentionné
Le Président (M. Audet): Est-ce que ça va
pour l'article 2?
M. Tremblay (Outremont): Non, non, je vais juste... Je vais vous
le donner, là...
Le Président (M. Audet): Ah! Excuse2. C'est parce que je
n'écoutais pas.
M. Tremblay (Outremont): En ce moment, au 31 mars 1990, le
porte-feuille d'aide financière de l'AQVÏR, essentiellement
constitué de prêts à redevances, est de 18 600 000 $. Donc,
on assume le portefeuille de l'AQVIR qui totalise les 18 600 000 $. En plus,
dans les contrats que je mentionnais tout à l'heure, toujours au 31 mars
1990, l'aide à verser sur les projets autorisés totalise 16 400
000 $. Alors ça, c'est l'obligation financière que la SDI assume,
c'est-à-dire qu'on va respecter les contrats et qu'on va continuer
à débourser ces aides selon les ententes entre les parties.
Mme Blackburn: Les entreprises qui sont actuellement sous
convention ou pour lesquelles il y a un financement autorisé, il y en
combien? Ça touche combien d'entreprises?
M. Tremblay (Outremont): Si on se réfère aux
états financiers de l'AQVIR, aux derniers états financiers, au
rapport annuel 1989-1990, on voit, à la page 5, au haut de la page 5, le
volume des opérations, les demandes reçues, retenues, les
financements autorisés. Alors, si on se réfère, par
exemple, aux financements autorisés, en 1988-1989, il y avait 29
dossiers, en 1989-1990, 21 et au total, depuis le début de l'agence,
147. Alors, de ces 147, il y a encore des dossiers, un nombre important de
dossiers actifs et ce sont ces obligations-là qui sont
assumées.
Mme Blackburn: Ma question c'est à savoir combien il reste
de dossiers actifs? Parce que ça, je l'avais vu tantôt, quand j'ai
regardé le rapport.
M. Tremblay (Outremont): Les dossiers actifs, c'est 147...
Mme Blackburn: 147, c'est le total des activités.
M. Tremblay (Outremont): Oui, c'est ça. En fait, il y a
136 dossiers, de conventions qui ont été signées. Il y a
eu des radiations, des pertes de 8 448 977 $ depuis le début, mais je
n'ai pas le nombre de dossiers qu'il reste. Mais il y en a sûrement moins
de 136, des conventions signées.
Mme Blackburn: Mais qui restent actifs, me disiez-vous, je
m'excuse?
M. Tremblay (Outremont): Je n'ai pas le nombre. Je n'ai pas le
nombre ici, en fait...
Mme Blackburn: II faut que ce soit moins de 136,
sûrement.
M. Tremblay (Outremont): Oui, c'est sûrement moins de 136,
c'est sûrement moins de 100.
Le Président (M. Audet): Ça va? Est-ce que
l'article 2 est adopté?
Mme Blackburn: Est-ce que ce serait possible d'avoir ces
informations?
M. Tremblay (Outremont): Oui, oui. On va vous les donner le plus
rapidement possible.
Mme Blackburn: Et un peu aussi le tableau de la ventilation par
rapport à la durée des ententes, des conventions. J'imagine qu'il
y en a... ça vient à échéance environ après
3 ans, sauf les prêts à redevances qui, eux, peuvent courir sur 10
ans, je pense bien, quand l'entreprise est prospère, pa-ce que j'ai
compris que ça pouvait être payant aussi, à l'occasion,
lorsque les entreprises avaient plus de succès. On parlait des
obligations, mais en quoi consistent les droits de l'AQVIR?
M. Tremblay (Outremont): Les droits, c'est le contraire des
obligations...
Mme Blackburn: Oui. C'est sûr que je connais ça.
M. Tremblay (Outremont): ...ça veut dire le droit de
percevoir les recevances.
Mme Blackburn: Ce sont les redevances.
M. Tremblay (Outremont): C'est ça, entre autres, le droit
de percevoir les recevances, le droit à la propriété
intellectuelle, advenant certains problèmes.
Le Président (M. Audet): Ça va? Mme Blackburn:
Oui.
Le Président (M. Audet): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
Mme Blackburn: Sur division.
Le Président (M. Audet): Sur division. Article 3. Est-ce
que vous voulez que je le lise au complet ou...?
Mme Blackburn: Oui.
Statut du personnel
Le Président (M. Audet): "3. Le mandat du président
de l'Agence québécoise de valorisation industrielle de la
recherche prend fin le (indiquer
ici la date d'entrée en vigueur du présent article). Les
membres du personnel de l'Agence québécoise de valorisation
industrielle de la recherche, autres que le président,
bénéficiant de la permanence en vertu du Règlement
numéro 8 établissant les normes et barèmes
régissant les conditions de travail à l'AQVIR... tel que
modifié, en fonction le... deviennent, selon les modalités
déterminées par le Conseil du trésor, membres permanents
du personnel de la Société de développement industriel du
Québec et sont, dès lors, réputés nommés et
rémunérés suivant la Loi sur la fonction publique". Est-ce
que l'article 3 est adopté?
Mme Blackburn: Des questions, M. le Président. L'actuel
président de l'AQVIR deviendrait vice-président, si j'ai compris,
de la SDI. Donc, ça veut dire un nouveau contrat, un nouvel
arrêté en conseil pour son embauche.
M. Tremblay (Outremont): Non. Le président de l'AQVIR est
un employé d'Hydro-Québec depuis de nombreuses années. Il
a été...
Mme Blackburn: II est en prêt de services.
M. Tremblay (Outremont): Exactement. C'est un prêt de
services à l'AQVIR. Alors, son contrat finit le 31 mars 1991. Nous lui
donnons aujourd'hui la vice-présidence au développement
technologique et nous espérons qu'il va continuer au niveau de la
Société de développement industriel. Ce sera son
choix.
Mme Blackburn: Mais si vous lui donnez la vice-présidence,
j'imagine qu'il y a déjà une entente qui est en train
d'ôtre conclue avec Hydro pour prolonger son congé sans solde aux
fins de prêt de services. C'est comme ça que ça fonctionne,
habituellement.
M. Tremblay (Outremont): C'est ce dont nous allons discuter,
à la suite de l'adoption du projet de loi, avec M. Richard et c'est ce
qui a été discuté avec Gabriel Savard aussi.
Mme Blackburn: Les émoluments de M. Richard à la
vice-présidence, qu'est-ce que ça représente?
M. Tremblay (Outremont): En fait, nous allons respecter le
contrat de M. Richard avec l'Agence québécoise de valorisation
industrielle de la recherche et sa rémunération est de
beaucoup... Elle est supérieure à celle d'un cadre normal
à la Société de développement industriel qui
occuperait la fonction de vice-président au développement
technologique.
Mme Blackburn: Ça donne combien, ce
"supérieur"?
M. Tremblay (Outremont): Bien, je pense que...
Mme Blackburn: Parce que c'est de l'ordre des informations
publiques, ça.
M. Tremblay (Outremont): C'est 94 000 $, le salaire de M.
Richard.
Mme Blackburn: Ce n'est pas extravagant.
Le Président (M. Audet): Ça va?
Mme Blackburn: Non. Sur le personnel...
Le Président (M. Audet): Une autre ques tion.
Mme Blackburn: On dit: "Les membres du personnel de l'Agence
québécoise de valorisation industrielle de la recherche, autres
que le président, bénéficiant de la permanence en vertu du
Règlement numéro 8 établissant les normes et
barèmes régissant les conditions de travail". Il y en a combien?
Ceux qui ne sont pas permaments, il y en avait combien? Et combien seront
laissés sur le carreau? D'abord, est-ce qu'il y en a?
M. Tremblay (Outremont): II n'y en a pas. Mme Blackburn: Ils sont
tous permanents?
M. Tremblay (Outremont): Ils sont tous permanents. C'est
ça. À l'AQVIR, ils sont tous permanents.
Mme Blackburn: II y en a combien qui deviennent,
dorénavant, membres de la fonction publique?
M. Tremblay (Outremont): Tous. Mme Blackburn: 10?
M. Tremblay (Outremont): 10 Oui, parce qu'il n'y a pas le cadre.
C'est ça? J'ai lu aussi 10.
Une voix: 10, à l'exception de M. Richard. M. Tremblay
(Outremont): C'est ça. 10
Mme Blackburn: Et les cadres sont inclus là-dedans, parce
qu'il devait y avoir un cadre... Oui, il y avait madame Authier, Gauthier?
M. Tremblay (Outremont): II y en a un, M Archambault.
Mme Blackburn: II y en avait deux cadres, à part
monsieur...
M. Tremblay (Outremont): Non. M. Richard
et M. Archambault.
Mme Blackburn: M. Richard et M. Archambault.
Le Président (M. Audet): Ça va? D'autres
commentaires?
Mme Blackburn: Non. Ça va, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Audet): Adopté. Est-ce que c'est
adopté, madame?
Mme Blackburn: Un instant, s'il vous plaît.
Le Président (M. Audet): J'appelle l'article 4.
Mme Blackburn: Un instant, s'il vous plaît, ce ne sera pas
très long. Oui, il y en avait 12, ça veut dire qu'il y avait
probablement un poste vacant. Dans le rapport annuel, on présentait 12
employés.
M. Tremblay (Outremont): II y a un poste vacant, mais on ne
transfère pas les postes, on transfère les personnes. On m'assure
qu'on tansfère tout le monde. Ils ont tous la permanence.
Le Président (M. Audet): Alors, l'article 3 est
adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Aide financière
Le Président (M. Audet): Article 4. "Les sommes
accordées à l'Agence québécoise de valorisation
industrielle de la recherche pour l'exercice financier 1990-1991 sont, dans la
mesure que détermine le gouvernement, transférées à
la Société de développement industriel du Québec."
Est-ce qu'il y a des commentaires?
Mme Blackburn: Une proposition d'amendement.
Le Président (M. Audet): Une proposition d'amendement.
Alors, l'amendement est... L'article 4... Est-ce que c'est celui-là?
M. Tremblay (Outremont): Non.
Le Président (M. Audet): Non. Excusez-moi. M. le ministre
propose... (23 h 30)
M. Tremblay (Outremont): Non.
Mme Blackburn: C'est celui qu'on a vu tantôt.
M. Tremblay (Outremont): C'est ça, mais c'est un
amendement qui serait proposé par... Je suis d'accord pour proposer cet
amendement-là en consultation avec l'Opposition. Alors, l'article 4 du
projet de loi 86 est remplacé par le suivant: "Le solde des
crédits accordés à l'Agence québécoise de
valorisation industrielle de la recherche, pour l'exercice financier 1990-1991,
est transféré à la Société de
développement industriel du Québec."
Mme Blackburn: Quelques explications. Si vous lisez le
libellé de l'article 4, c'était indiqué: "Les sommes
accordées à l'Agence québécoise de valorisation
industrielle de la recherche pour l'exercice 1990-1991 - vous dites - sont,
dans la mesure que détermine le gouvernement, transférées
à la Société de développement industriel du
Québec." Et la crainte que nous avions c'est que, pour faire le
transfert, ça demande un décret, non un CT et vous savez que les
CT ça passe au Conseil des ministres, qu'on vous questionne pour savoir
s'il faut tout transférer et - je sais que le ministre le sait aussi -
ça donne de grosses tentations au président du Conseil du
trésor. Alors, c'est la meilleure façon d'éviter qu'il ait
des tentations auxquelles vous ne pourriez résister, M. le ministre.
Ça nous apparaissait être la seule façon de s'assurer que
tout soit transféré, ce qui n'empêchera pas,
évidemment, de périmer des budgets à la SDI et ailleurs,
ça je le sais. Ça ne donne aucune garantie, mais, au moins, c'est
une façon de vous donner un coup de main, je pense, parce que je sais
que vous n'êtes pas intéressé à perdre de budget. Il
n'y a pas de ministre qui est intéressé à perdre de
budget, surtout dans un secteur aussi vital que le vôtre. Alors,
ça nous apparaissait la façon la plus sûre d'éviter
ça. Évidemment, il n'y a rien qui nous garantit - seul le
président du Conseil du trésor pourra nous le garantir - que les
sommes qui étaient consacrées à cette
activité-là à l'AQVIR seront maintenues
intégralement à la SDI. Ça, il n'y a rien qui nous
garantit ça, mais ça le ministre le sait parce que,
déjà, il sait qu'il ne rentre que 11 employés plutôt
que 12, parce qu'il y a eu probablement une vacance qui n'a pas
été comblée, et il n'y a rien qui nous garantit que nous
aurons le même niveau d'activité une fois rendu là-bas.
Malheureusement, je le dis pour le déplorer, mais, au moins, on saura
que le transfert a été fait intégralement. Donc, j'appuie
cet amendement.
Le Président (M. Audet): Alors, l'amendement est
adopté?
Mme Blackburn: À moins que le ministre ait
des commentaires.
M. Tremblay (Outremont): Sur ça, non. Ça
va.
Mme Blackburn: Sur cet amendement-là.
Le Président (M. Audet): Pardon? Ça va?
Alors, l'amendement est adopté. En fait, on remplace l'article 4
qui est inscrit dans le projet par...
Mme Blackburn: Et l'article tel qu'amendé.
Le Président (M. Audet): Alors, l'article 4,
amendé, est adopté. Article 5. "L'aide financière
accordé avant le... en vertu de la Loi sur l'Agence
québécoise de valorisation industrielle de la recherche continue
d'être administrée conformément aux conditions selon
lesquelles elle a été accordée." Est-ce qu'il y a des
commentaires?
Mme Blackburn: Des explications. Le Président (M.
Audet): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): C'est le complément de ce qu'on
discutait tout à l'heure. L'important, c'est qu'on voulait s'assurer
qu'au niveau du client on maintenait en vigueur l'ensemble de toutes les
conditions, c'est-à-dire les taux de redevance, les taux
d'intérêt privilégiés. Alors, cet article-là
vient confirmer que l'aide telle qu'accordée ne sera pas modifiée
face au client.
Mme Blackburn: Une question. Il faudrait que je voie la loi
constitutive de l'AQVIR parce qu'on a transféré le personnel, les
budgets, les obligations et les droits, mais il n'y a rien qui,
là-dedans, indique qu'on transfère l'espèce
d'activité dans la nature qui était définie à
l'AQVIR. Pourquoi est-ce qu'on n'a pas jugé utile de remettre ça
là-dedans? Je ne sais pas si vous réalisez... J'imagine que vous
y avez pensé, sinon il faudrait peut-être le regarder
sérieusement, parce qu'il y avait une définition de l'AQVIR. Il
me semble qu'il faudrait qu'on ait une définition, la même
définition qui se retrouve dans le mandat de la SDI.
M. Tremblay (Outremont): On l'a fait par règlement. C'est
que, dans la Loi sur la Société de développement
industriel du Québec, tous les pouvoirs qui permettaient à
l'AQVIR d'avoir des règlements, c'est déjà... Tout ce qui
existait, au niveau de l'AQVIR, pour permettre à l'AQVIR d'avoir
certains règlements, c'est dans la Loi sur la Société de
développement industriel du Québec. Alors, on opère
uniquement par un règlement.
Mme Blackburn: Ce n'est pas vraiment de ça dont il s'agit.
En ce qui concerne les règlements, je ne m'inquiète jamais pour
les organismes gouvernementaux. Alors ça, ce n'est vraiment pas
ça ma préoccupation. Ma préoccupation, c'est de m'assurer
que les fonctions qui étaient dévolues à IAQVIR soient
véritablement transférées à la SDI et, pour
ça, dans les fonctions de l'AQVIR, on disait: L'Agence a pour objet de
promouvoir l'innovation technologique et de contribuer à la mise en
valeur des résultats de la recherche dans des applications industrielles
ou commerciales susceptibles d'avoir des retombées économiques au
Québec. Elle favorise, à ces fins, la concertation entre les
milieux de la recherche et les milieux industriels. C'est un mandat très
précis et il me semble qu'il faudrait que ce mandat se retrouve dans la
définition du mandat de la SDI.
M. Tremblay (Outremont): II est encore plus général
au niveau de la SDI.
Mme Blackburn: Oui.
M. Tremblay (Outremont): Le mandat de la SDI, c'est... Oui, mais
il est plus général. C'est de favoriser le développement
économique du Québec, notamment en encourageant le
développement des entreprises, la croissance des exportations et les
activités de recherche et d'innovation. Alors, le mandat plus
général de la SDI permet d'intervenir de façon beaucoup
plus diversifiée que le mandat que l'AQVIR avait.
Mme Blackburn: Le plus grand intègre le plus petit et le
noie, et ça, vous y perdez. Je continue la description des fonctions de
l'AQVIR. "1° collaborer avec les milieux de la recherche et les milieux
industriels en vue de trouver des idées et des technologies nouvelles
susceptibles de recevoir une application industrielle ou commerciale, notamment
en tenant compte des domaines prioritaires identifiés par le
gouvernement dans ses éconcés de politique; 2° accorder, aux
conditions et selon les limites qu'elle fixe, une aide technique ou
financière pour la réalisation de projets d'innovation
technologique et dans les secteurs d'activité qu'elle détermine
et ce, à toutes les phases du processus d'innovation antérieures
à l'organisation de la production et à la commercialisation;
3° procéder aux études et évaluations
nécessaires au choix et à la mise au point de projets
d'innovation technologique, 4° conclure avec toute personne ou tout
organisme - ça, probablement que ça se trouve dans la Loi sur la
SDI, par exemple - des ententes pour faire effectuer les opérations
nécessaires à ses activités; 5e promouvoir la
participation financière des particuliers, des sociétés et
des corporations à tout projet auquel elle accorde une aide, notamment
par la mise sur pied de sociétés en commandite; 6° contribuer
à la gestion et à l'exploitation du portefeuille de brevets
des
ministères." Il me semble qu'il faudrait bien s'assurer... et si
ça n'a pas été fait, là, c'est plus
inquiétant.
M. Tremblay (Outremont): Si on lit l'article... Quand on parle,
entre autres...
Mme Blackburn: Peut-on...
M. Tremblay (Outremont): En fait, il y a deux façons...
Quand on parle de l'article 5, on peut retourner à l'article 2, quand on
dit: "...acquiert les droits et assume les obligations de l'Agence
québécoise de valorisation industrielle de la recherche". C'est
un autre volet, aussi.
Mme Blackburn: M. le Président, obligation n'a jamais...
Il ne faut pas confondre obligation et fonction. Je pense que,
là-dessus, vous allez me dire la même chose que moi:
juridiquement, ça n'a pas la même valeur, obligation et fonction.
Autrement, on aurait dit que c'était équivalent, mais ce n'est
pas équivalent. Parce que là, ici, on parle des fonctions de
l'AQVIR, Et là, je le dis au ministre en toute sincérité:
Si vous voulez vous assurer que, quand vous serez partie de ce
ministère-là, ça demeure une activité importante
à la SDI, il faut l'y inscrire. Autrement...
M. Tremblay (Outremont): Oui, mais la loi de la SDI donne tous
ces pouvoirs-là, la preuve c'est que la SDI a un programme qui s'appelle
PARIQ, Programme d'aide à la recherche et à l'innovation au
Québec, qui fait sensiblement la même chose que l'AQVIR, pour des
compagnies un peu plus importantes.
Mme Blackburn: M. le Président, un programme, ça
s'abolit, même un organisme; ça s'abroge la loi d'un organisme, on
est en train de le faire. Alors, moi, je pense qu'il y a un minimum d'assurance
que vous devriez vous donner et donner à vos successeurs et aux gens qui
vont travailler dans cette équipe-là, que les fonctions qui
étaient dévolues à l'AQVIR se retrouvent dans les
fonctions de la SDI. Il me semble que c'est un minimum. Et là, je vous
dis, je ne suis pas en train d'essayer de faire de la démagogie. Moi, je
n'y avais pas pensé avant, j'y pense en le regardant, là. Mais il
me semble qu'il faut que ça soit examiné de façon plus
sérieuse que de dire: Eh bien! ça se trouve comme ça. On
ne peut pas faire des à peu près, on est en train de changer une
loi qui va avoir une incidence importante sur le développement des PME
en matière technologique. Je pense que, très sérieusement,
ça m'étonnerait qu'on retrouve la même définition.
Si le ministre... Est-ce qu'on a une copie de l'article là de la SDI qui
nous permet de dire que ça se retrouve intégralement
là-dedans?
M. Tremblay (Outremont): Oui. C'est l'article 2 de la Loi sur la
Société de développement industriel du Québec, qui
dit que "la Société a pour objet, conformément à la
présente loi, de favoriser le développement économique du
Québec, notamment en encourageant le développement des
entreprises, la croissance des exportations et les activités de
recherche et d'innovation."
Mme Blackburn: Les activités de recherche et d'innovation,
là, ici, on... Sérieusement là, moi, je serais
prête, je vous le dis là, si vous êtes capable d'examiner
ça et l'autre, par rapport au rapport, je vous le dis tout de suite, ce
serait 1, 2, 3, n'importe quand, lundi, lundi après-midi, je n'ai pas de
problème avec ça. Mais, très sérieusement, je pense
que ça mérite un examen minutieux de la part de ceux qui ont les
compétences pour examiner ce genre de choses là, pour voir
qu'est-ce que ça pourrait représenter pour l'avenir, pai rapport
aux obligations en vertu desquelles obligations vous pourrez demander des
comptes à la SDI, comme ministre. Puis vous savez, vous avez des
registres, on sait ce qu'on fait, on prend sa loi et on dit: Mais
écoutez, ce n'était pas dans ma loi, ou: Ce n'était pas
aussi clair que ça dans ma loi.
M. Tremblay (Outremont): On prend la loi de la SDI et c'est
marqué mot à mot dans la loi de la SDI. Il ne faut pas faire de
la sémantique sur des mots. L'intention des partis... On ne
transfère pas des équipes qui font de la valorisation
industrielle de la recherche pour leur dire: Demain matin, vous ne faites pas
ça. C'est marqué. On le dit clairement, c'est les
activités de recherche et d'innovation.
Mme Blackburn: Oui, mais, écoutez, si ça avait
été aussi simple que ça, est-ce que vous reconnaissez avec
moi, là, qu'on aurait juste repris les termes de la SDI, par rapport
à la recherche et développement et qu'on les aurait
transférés à l'AQVIR? Mais si on a pris la peine de
détailler le programme de l'AQVIR, ces fonctions, c'est parce que
ça devait avoir une certaine importance, et on avait
particulièrement mis l'accent sur la concertation. Et ce n'est pas le
fort de la SDI, la concertation, parce que ce n'est pas dans son mandat, tel
qu'on l'a conçu à l'AQVIR. Et puis, je ne vous dis pas ça
pour essayer d'étirer le temps. Moi aussi, je m'en irais; je n'ai pas de
chauffeur pour m'en aller et c'est à peu près la même
distance s'en aller à Montréal ou à Chicoutimi. Alors, je
ne fais pas ça pour m'amuser avec vous autres ici ce soir, j'aime votre
compagnie, mais, cependant, quand même. Alors, je vous dis très
sérieusement que si vous voulez être capables de demander des
comptes à la SDI n'importe quand, sur la base de ce que vous venez de
leur transférer, vous êtes mieux de transférer les
fonctions avec parce que,
quelque part, dans deux ou trois ans, vous ne pourrez plus demander de
comptes là-dessus. Ça va s'être noyé dans le
programme général de la SDI, parce que ce n'est pas suffisamment
précis. Et puis, je vous le dis, je ne le dis pas pour faire des
chinoiseries. Peut-être avez-vous raison, peut-être
m'arriverez-vous, lundi matin, en me disant: Écoutez, on a fait examiner
ça par nos conseillers et ils nous disent qu'il n'y a pas de
problème, ou encore: On a ajouté trois, quatre mots et ça
va suffire, mais je ne pense pas qu'on puisse, ce soir... Moi, je n'y ai pas
assez réfléchi et je n'ai pas l'impression que vous y ayez
beaucoup réfléchi non plus. (23 h 45)
M. Tremblay (Outremont): Oui, on y a réfléchi. Ce
n'est pas parce que vous n'y avez pas réfléchi...
Mme Blackburn: Par rapport aux fonctions là?
M. Tremblay (Outremont): Mais c'est certain, c'est marqué
dans la loi: on a un pouvoir général de faire de l'innovation et
de la recherche. C'est très clair dans la loi. Ce que vous me demandez,
ce sont des mesures administratives sur lesquelles vous allez pouvoir poser
toutes les questions que vous voulez dans des commissions parlementaires, dans
des votes de crédits...
Mme Blackburn: Monsieur...
M. Tremblay (Outremont): ...et, à ce moment-là, on
vous donnera la ventilation de toutes les aides financières, les
prêts, les redevances et on comparera ce qui existe aujourd'hui avec ce
qui existera demain, et là, vous allez pouvoir dire: Nous avons eu
raison, ou moi, je vais pouvoir vous...
Mme Blackburn: J'ai eu raison.
M. Tremblay (Outremont): ...dire: Je vous l'avais dit; regardez,
ça va bien.
Mme Blackburn: J'espère que vous pourrez nous dire: J'ai
eu raison. Mais, je reviens sur le point que j'ai fait puis je vais le
maintenir. Je souhaiterais très sincèrement que, de façon
spécifique... Parce que, là, vous dites: Le mandat est
général. C'est vrai qu'il est général. Il peut
mettre n'importe quoi, puis rien; il peut faire juste du financement pour
ça, avec le mandat qu'il a là, et c'est à peu près
ce qu'il fait là. La SDI ne fait pas beaucoup plus que ça. Alors,
le mandat est général. Ce que je dis c'est que, si vous voulez
confier un aspect très spécifique, une activité
spécifique, il faut que vous le leur disiez quelque part. Est-ce qu'on
peut s'entendre là-dessus ou si vous refusez?
M. Tremblay (Outremont): Non, j'ai donné ma
réponse.
Mme Blackburn: Je peux bien faire 20 minutes, moi.
M. Tremblay (Outremont): J'ai donné ma réponse,
j'ai donné ma réponse. Je pense qu'elle est très claire.
La loi de la SDI, elle est également très claire, elle permet
toutes les activités...
Mme Blackburn: Bien. M. le Président, elle était
claire...
M. Tremblay (Outremont): ...d'innovation et de recherche.
Mme Blackburn: ...la loi de la SDI. Vous avez été
président de la SDI. Est-ce que vous faisiez les activités de
l'AQVIR? Est-ce que vous aviez cette préoccupation très
précise qui est indiquée, là, dans le mandat de l'AQVIR?
Dites-moi donc ça. Voyons donc! Je veux dire... Puis, je ne dis pas
n'importe quoi, là. Puis, là, je commence à trouver,
là, que, tu sais, c'est ôtro têtu pour être
têtu, là, alors que vous voulez, comme moi, faire avancer ce
dossier-là, puis vous assurer que, tantôt, vous pourrez demander
des comptes à la SDI. Au minimum, arrangez-vous pour que vous puissiez
en demander! Écoutez, vous avez dirigé cet organisme-là,
puis vous le savez qu'est-ce qu'on peut faire quand on est président
puis quand on n'a pas les mêmes préoccupations. Puis, je vous dis,
en toute sincérité, que... Là, je vais faire une
proposition d'amendement, une proposition d'amendement, puis on va travailler
dessus pendant encore une demi-heure, puis on va attendre à lundi matin.
Mais, je trouvais que c'était peut-être un peu plus intelligent
que, de façon très sérieuse, on examine cette
possibilité. Si vous me dites: Je m'y engage, si vous me dites, lundi -
après la période de questions, parce que je vais être ici -
qu'il n'y a rien là puis que vous ne bougez pas, bien, vous ne bougerez
pas, mais, au moins, on l'aura examinée de façon sérieuse.
Et je mets sur la table... Sinon bien, je vais mettre quand même sur la
table un amendement et ça vous donnera peut-être le temps d'y
réfléchir Mais j'aurais souhaité que ça se fasse de
façon un peu plus sereine, là.
Le Président (M. Audet): M le député de
Drummond, vous avez demandé la parole.
M. St-Roch: Oui, M. le Président, peut-être dans le
but un peu de clarifier. M. le ministre, n'est-il pas exact, à l'heure
actuelle - pour répondre peut-être aux craintes de notre
collègue de Chicoutimi - que, si, dans deux ans ou dans trois ans, comme
le dit Mme la députée de Chicoutimi, il arrivait un
problème, le ministre
responsable de la SDI aurait toujours le pouvoir, par
réglementation, de régler tous les problèmes que Mme la
députée pourrait avoir comme craintes? On peut les corriger ces
problèmes-là, quant à moi, en cours de route, avec le
pouvoir réglementaire, parce que la réglementation de la SDI...
Si on voulait, par exemple, dans trois ans d'ici, remettre exactement ce que
vous avez élaboré tout à l'heure, on pourrait le faire
à l'intérieur de la réglementation. Est-ce exact? Oui?
Mme Blackburn: Je ne penserais pas. Il faudrait peut-être
demander aux aviseurs. Ça se ferait par programme, pas par
réglementation, je pense, là.
M. Tremblay (Outremont): Que ça se fasse par programme,
par décret, par réglementation, la Société de
développement, elle a 15 programmes - pas 15, elle en a 9, là -
mais c'est en fonction d'une loi générale qui lui permet de faire
ça.
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'il y a d'autres...
Mme Blackburn: Moi, je sais que la loi est assez
générale pour tout, mais, là-dessus, là, je n'ai
aucune... Je suis certaine que vous avez raison. J'ai la conviction,
là-dessus, que vous avez raison. Elle peut tout mettre, comme elle peut
à peu près, aussi, tout exclure, à part ce que vous
choississez de maintenir. Puis ça aussi, je pense que le
député de Drummond va reconnaître, ça. Quand vous...
Ce n'est pas parce que la loi est large que vous mettez tout dedans. Vous devez
choisir et vous pouvez aussi, vous devez aussi éliminer. Et
éliminer, ça pourra dire, éventuellement, ne pas accorder
d'importance à ce projet de loi. Et si votre intention est telle que
vous nous le dites depuis le commencement, de renforcer l'équipe, de
vous assurer qu'ils en fassent, pourquoi ne pas l'écrire? Je dirais
comme mon vieux notaire: Ce qui se comprend bien en l'énonçant,
se comprend encore mieux en l'écrivant. Il me semble que, si on
l'écrivait, on s'en assurerait. Et puis ce n'est pas une modification,
là, qui va venir bouleverser le monde. C'est juste une modification qui
vient reconduire les fonctions de l'AQVIR au sein de la SDI. Pourquoi est-ce
qu'on s'objecterait à ça? Donnez-moi une bonne raison
là.
M. Tremblay (Outremont): Parce que c'est déjà
prévu dans la Loi sur la Société de développement
industriel du Québec, ça fait cinq fois que je le dis, à
l'article 2, c'est très clair. La Société de
développement industriel a le pouvoir...
Mme Blackburn: Alors, si c'est très clair, pourquoi est-ce
qu'ils ne le faisaient pas?
M. Tremblay (Outremont): C'est faux. On le faisait par le
Programme d'aide à la recherche et à l'innovation au
Québec, c'était le PARIQ. C'est un des problèmes qu'on
avait, un dédoublement entre deux organismes qui pouvaient faire
sensiblement la même chose.
Mme Blackburn: Sensiblement. Ils ne faisaient pas la même
chose.
M. Tremblay (Outremont): C'est la clientèle qui
était différente, c'est tout. Et, maintenant, on prend la
même équipe et la clientèle s'en va là. Je peux
répéter, répéter 20 fois la même chose. La
SDI le faisait, la SDI peut le faire et la SDI va continuer à le faire.
Il y a une volonté politique d'aider toutes les entreprises qui veulent
faire de la recherche et du développement, qu'elles soient petites,
moyennes ou grosses. C'est le défi technologique du Québec, bon.
Pas besoin de... C'est marqué dans la Loi sur la Société
de développement industriel du Québec, c'est clair. Ça ne
peut pas être plus clair, au contraire c'est encore plus large, ça
permet de faire beaucoup d'autres choses. Puis, si vous avez des suggestions
à faire, ça va me faire plaisir de les écouter. Si vous
avez des programmes à mettre en place, ça va me faire plaisir de
les écouter.
Mme Blackburn: Ah bien! si vous les écouter comme celle
que je suis en train de faire là, j'ai pas l'impression qu'on va avancer
bien vite hein!
M. Tremblay (Outremont): Non, mais pas sur des...
Le Président (M. Audet): Alors, est-ce que l'article 5 est
adopté? Adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Audet): Adopté. J'appelle
l'article 6: "La Société de développement industriel du
Québec devient partie à toute instance à laquelle l'Agence
québécoise de valorisation industrielle de la recherche
était partie le... sans reprise d'instance." Est-ce qu'il y a des
commentaires?
Mme Blackburn: J'aurais un amendement, 6.1.
Le Président (M. Audet): Alors, il y a un amendement de
proposé. O.K. d'abord. Alors, ce sera un article s'insérant entre
les articles 6 et 7. Est-ce qu'il y a des commentaires sur l'article 6? C'est
adopté?
M. Tremblay (Outremont): Juste pour l'information de
l'Opposition, c'est un article qui a été mis là au cas
où il arriverait une instance,
parce qu'il n'y en a pas présentement.
Mme Blackburn: C'est ça que je me demandais: "sans reprise
d'instance", il n'y en a pas. Adopté.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Audet)): Adopté. Alors, il y a une
insertion ici. L'article... Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: L'article 6.1, oui c'est ça. Le projet de
loi 86 est modifié par l'ajout, suite à l'article 6, de l'article
suivant: "6.1 La Société de développement industriel du
Québec s'engage à présenter les résultats de l'aide
accordée en vertu des programmes qui relevaient de l'Agence
québécoise de valorisation industrielle de la recherche de
façon distincte et dans un format semblable à celui qu'utilisait
ladite Agence, de façon à permettre la comparaison."
Le Président (M. Audet): Est-ce que vous voulez faire des
commentaires sur votre amendement, Mme la députée.
Mme Blackburn: En fait, si on veut vraiment savoir si les
activités de l'Agence québécoise de valorisation
industrielle de la recherche ont les mêmes effets ou des effets
supérieurs, il faut se donner des modèles comparatifs et la seule
façon d'établir des comparaisons, c'est de comparer des choses
comparables. Comparer des choses comparables, c'est donc avoir un format, une
présentation qui va nous permettre à la fois de voir
l'évolution des budgets, l'évolution des investissements, les
prêts qui ont été accordés et le soutien qui a
été accordé aux entreprises. C'est un amendement que j'ai
soumis tout à l'heure au ministre en me disant que, si cet amendement
était accepté, on aurait pu fonctionner assez rapidement. Je sais
que de telles dispositions existent dans d'autres lois qui veulent... Je le
sais parce que j'ai vu des lois dans lesquelles c'était conclu. Quand on
veut avoir un rapport spécifique pour une activité
particulière, on peut l'inclure dans la loi.
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): J'ai pris connaissance de cet
amendement. Ça ne peut pas... Je voudrais rassurer la
députée de Chicoutimi. Tout ce qu'elle désire je vais le
lui donner, mais je ne peux pas inclure cette disposition dans un projet de
loi. On m'informe que la législation s'y objecterait
sérieusement. Ce n'est pas une disposition qu'on met dans un projet de
loi. La Société de développement industriel du
Québec, elle fonctionne uniquement par programme. Les programmes sont
identifiés. Si vous prenez le rapport de la Société de
développement indus- triel, les programmes sont identifiés de
façon séparée. Je m'engage à vous donner, sur
demande, la ventilation, dans les plus brefs délais, dans les semaines
à venir, de tous les prêts, dates d'autorisation,
échéances, redevances et modes de remboursement et, aux prochains
crédits, je vais vous dire où on en est rendu parce que, ce que
vous demandez, vous avez raison de le demander - je veux dire que vous avez
raison non pas dans le projet de loi mais, en pratique, vous avez raison de le
demander - pour vous assurer que la décision que nous prenons
aujourd'hui n'est pas pour réduire ou annuler l'aide qu'on donnait
à des entreprises en démarrage, mais pour continuer cette aide,
la multiplier et aider davantage les entreprises. Je pense que je vais vous
donner tous les renseignements sur demande pour vous assurer que la
décision qu'on prend aujourd'hui, c'est dans le meilleur
intérêt de l'aide aux petites entreprises, mais je ne peux pas
incorporer cet article dans le projet de loi.
Mme Blackburn: Moi, je fais confiance au ministre. Quand il me
dit: Je vais vous donner l'information, je suis convaincue qu'il va me la
donner. Là-dessus, je n'ai pas trop de problèmes. D'ailleurs,
vous savez, là-dessus, j'ai déjà demandé des
informations que je n'ai pas obtenues - probablement que ça s'est
oublié dans les galées des commissions parlementaires - mais de
façon générale, vous essayez d'être assez
transparent. J'ai juste à voir comment vous dites que ça n'avance
plus en matière d'investissements en RD pour vous croire lorsque vous me
dites: Je vais vous donner l'heure juste. Là-dessus, je n'ai pas de
problème. Mais je le rappelle, c'est exactement comme lorsque le
ministre de l'Éducation me disait: Fiez-vous sur moi et faites-moi
confiance. Ce n'est pas que je ne vous fais pas confiance, ça n'a pas de
rapport. Quand un ministre vient me dire: Faites-moi confiance, c'est quelque
chose qui est sans rapport et qui ne m'impressionne pas. Normalement, ça
ne peut pas impressionner personne. Vous allez faire là un an, deux ans,
trois ans, cinq ans au plus beau.
M. Tremblay (Outremont): Cinq ans, ce serait bien.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: C'est ça Ça m'étonnerait Oui,
j'ai dit cinq ans en sachant bien qu'il y avait pou do possibilités.
Vous le savez comme moi, vous avez réagi de la même façon.
Alors, pour vous dire qu'il va y avoir tantôt un député du
Parti québécois, du gouvernement du Parti québécois
qui va être assis à votre place et qui, lui, n'aura pas les
mêmes affaires et si on n'a pas quelque chose dans la loi sur lequel vous
pourrez, à l'Opposition, l'interroger, sur quoi est-ce que vous allez
l'interroger? Les lois ne
sont pas des choses qu'on fonde en vertu d'un ministre. Ça part
des bonnes intentions d'un ministre, ça part de son imagination, de sa
créativité, mais ce n'est pas vrai... Le ministre de
l'Éducation a changé. Regardez quand on interroge l'autre. C'est
bien évident, je le comprends, il dit: C'est mon
prédécesseur qui a pris ces engagements-là, ce n'est pas
moi. La seule explication qu'on a, c'est: Ecoutez, allez voir, fouillez et
cherchez. Ça va être exactement la même chose et j'essaie de
voir si... Peut-être que la formulation - et, là, je l'admets
parce que je l'ai relue - n'est pas ce qu'elle pourrait être. Elle n'est
pas ce qu'elle pourrait être.
M. Tremblay (Outremont): Je ne vous ai pas demandé de me
faire confiance. Ce que j'ai dit, c'est que je...
Mme Blackburn: C'est ce que vous m'avez dit: Faites-moi
confiance.
M. Tremblay (Outremont): ...m'engage. Ai-je dit: Faites-moi
confiance?
Mme Blackburn: Oui, oui: Faites-moi confiance.
M. Tremblay (Outremont): Oui, j'ai dit ça? En fait, ce que
je dis c'est: Je m'engage. Et si jamais, pour une raison ou pour une autre, une
autre personne ou mon successeur, de quelque parti que ce soit, ne le faisait
pas, je pense que le mécanisme le plus sûr c'est par
l'étude des crédits et, à ce moment-là, vous
pourrez demander toutes les explications que vous voulez, d'autant plus que je
vous aurai fourni, dans les plus brefs délais - donc dans les semaines
à venir - la grille qui vous permettra de demander une grille comparable
pour assurer la continuité.
Mme Blackburn: Mais, vous comprenez que, du moment que ce n'est
pas présenté sous la même forme...
M. Tremblay (Outremont): Vous la demanderez sous la même
forme. Je vais vous faire immédiatement la grille.
Mme Blackburn: Pour vous, j'en conviens, j'en conviens...
M. Tremblay (Outremont): Après, vous demanderez à
mon successeur, de quelque parti soit-il - mais il y a de grosses chances qu'il
soit du présent gouvernement - qu'il vous donne une grille
semblable.
Mme Blackburn: Voulez-vous que je vous donne la réponse
classique qu'on va me donner, dans deux ans, si je repose la question? On a
restructuré l'équipe. On a modifié le programme, on y a
ajouté ceci et on a amputé cela. Vous me demandez de comparer des
choses qui ne se comparent pas. Les fonctionnaires savent exactement ce que je
veux dire. C'est la réponse classique, la réponse classique parce
que... Et c'est vrai en plus; ils n'ont même pas besoin de mentir pour
dire ça, parce que c'est vrai et c'est normal, une organisation,
ça bouge. Ça bouge. On ne pourra pas avoir ça du moment
où on ne l'inscrit pas et vous le savez comme moi.
M. Tremblay (Outremont): On ne peut pas mettre ça dans un
projet de loi. Je ne peux pas le mettre, mais je suis d'accord pour vous donner
la ventilation immédiatement et je vous assure de mon entière
collaboration. Si vous n'êtes pas satisfaite de la ventilation, on va la
modifier pour que vous puissiez comparer. J'ai autant à coeur que vous
la continuité...
Mme Blackburn: Ah! Ça, je n'en doute pas.
M. Tremblay (Outremont): ...et l'assurance qu'on va continuer
à bâtir des petites entreprises pour relever le défi
technologique. C'est pour ça qu'on le fait et je clouterais très
fort qu'un futur ministre de la technologie n'ait pas les mêmes
intentions.
Le Président (M. Audet): Compte tenu de l'heure, j'ai
besoin du consentement de la commission pour pouvoir terminer le mandat
touchant le projet de loi 86. Est-ce qu'il y a consentement?
M. St-Roch: Consentement, M. le Président. Mme
Blackburn: II y a consentement.
M. Tremblay (Outremont): Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Audet): Alors, est-ce que...
Mme Blackburn: Je voudrais juste vous dire... C'est pas à
la personne, là...
M. Tremblay (Outremont): Je le sais. Je ne me sens pas...
Mme Blackburn: Et c'est toujours comme ça. On finit
toujours par ce genre de remarques là. Et si vous comprenez que je vous
le donne ce soir, là, c'est parce que je sais que vous essayez de faire
une bonne job. Je ne vous fais pas confiance sur le choix de vos moyens...
M. Tremblay (Outremont): Je comprends.
Mme Blackburn: ...et je ne suis pas d'accord avec vos moyens,
mais je ne suis pas non plus... Parce que je sais, à un moment
donné, que vous ne bougerez pas non plus, là. Sauf que je
souhaite très sincèrement que vous ne vous soyez
pas trompé. Puis, il n'y a rien, dans le passé de ce
gouvernement-là, au cours des cinq dernières années, qui
me donne confiance par rapport à ce dossier-là, et c'est vrai
chez vous - vous n'étiez pas là avant, c'en était un autre
- c'est vrai en science, à l'université, c'est vrai pour la
formation des chercheurs, c'est vrai pour la scolarisation. Écoutez!
Là, vous me demandez... Ce n'est pas un chèque en blanc mais
quasiment. Vous dites: Faites-moi confiance. Les actions de ce gouvernement et
ses résultats me laissent sceptique et inquiète. Puis
vous-même, ça vous inquiète, alors ne me demandez pas de
vous faire une confiance aveugle. Et ce n'est pas à vous, là.
L'action du gouvernement... Je ne sais pas comment vous arrivez à
fonctionner mais, sapristi, pour des gens qui devaient en faire plus qu'on n'en
faisait, ce n'est pas vrai en éducation, ce n'est pas vrai en
scolarisation, ce n'est pas vrai en recherche et développement.
Ça commence à faire pas mal de choses. Ce n'est pas vrai pour
l'entretien des routes non plus. Ça fait qu'on va commencer par avoir un
bilan plutôt négatif. Ne me demandez pas de vous donner de
gaieté de coeur une bénédiction comme ça. Vous
allez avoir votre projet de loi tel que vous le voulez, mais vous allez l'avoir
sur division. Mais ça prend le...
Le Président (M. Audet): Alors, le...
Mme Blackburn: Ça va. Il y a un vote à prendre
là-dessus. Il y avait un amendement.
Le Président (M. Audet): Oui. Alors, j'appelle
l'amendement 6.1: "La Société de développement industriel
du Québec s'engage à présenter les résultats de
l'aide accordée en vertu des programmes qui relevaient de l'Agence
québécoise de valorisation industrielle de la recherche de
façon distincte et dans un format semblable à celui
qu'étudiait ladite agence, de façon à permettre la
comparaison."
Est-ce que l'amendement est adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Audet): Alors, l'amendement est
rejeté. Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Sur division.
Le Président (M. Audet): II est rejeté, hein? O.K.
Oui.
M. Tremblay (Outremont): Oui. Il est rejeté. Mais je vais
vous le donner, ce que vous voulez, mais pas dans le projet de loi.
Le Président (M. Audet): Alors, j'appelle l'article 7.
Mme Blackburn: Pendant qu'on y pense, en même temps...
Le Président (M. Audet): "La présente loi entrera
en vigueur à la date ou aux dates fixées par le gouvernement."
Est-ce que l'article 7 est adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Audet): Adopté. J'appelle le titre
du projet de loi. Est-ce que le titre du projet de loi, Loi abrogeant la Loi
sur l'Agence québécoise de valorisation industrielle de la
recherche, est adopté?
Mme Blackburn: Sur division. Le titre? Le Président (M.
Audet): Le titre.
Mme Blackburn: Ah! Le titre, l'abolition, sur division aussi.
Le Président (M. Audet): Sur division. Est-ce que
l'ensemble du projet de loi, tel qu'amendé, est adopté?
Mme Blackburn: Sur division.
Le Président (M. Audet): M. le ministre, vous devez
faire... Non? Il n'y a pas de motion de renumérotation. Alors,
étant donné que la commission a accompli son mandat touchant
l'étude détaillée du projet de loi 86, j'ajourne les
travaux sine die et je vous souhaite une agréable fin de semaine.
(Fin de la séance à 0 h 4)