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(Dix-sept heures quatorze minutes)
Le Président (M. Audet): Alors, je constate le quorum et
je déclare la séance ouverte. Je veux rappeler le mandat de la
commission qui est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 111, Loi sur le ministère des
Forêts. Mme la secrétaire, est-ce que vous pouvez annoncer les
remplacements, s'il y a lieu?
La Secrétaire: M. Benoit (Orford) est remplacé par
M. Brouillette (Champlain); M. Lafrenière (Gatineau) est remplacé
par M. Richard (Nicolet-Yamaska); M. St-Roch (Drummond) est remplacé par
M. Khelfa (Richelieu); et Mme Marois (Taillon) est remplacée par M.
Trudel (Rouyn-Noranda-Témiscamingue).
Le Président (M. Audet): Ça va. Merci. Alors,
est-ce qu'il y a des motions préliminaires, avant de débuter?
M. Jolivet: Peut-être des remarques
préliminaires...
Le Président (M. Audet): Oui, mais il n'y a pas de motion.
Alors, j'inviterais peut-être M. le ministre...
M. Jolivet: Pour le moment, M. le Président, puisqu'on
commence par des remarques préliminaires.
Le Président (M. Audet): ...à faire des remarques
préliminaires.
Remarques préliminaires M. Albert
Côté
M. Côté (Rivière-du-Loup): Merci, M. le
Président. Évidemment, la loi créant le ministère
des Forêts qu'on vous propose aujourd'hui est une grande étape, et
c'est un retour qui existait, en partie, depuis la Confédération,
étant donné les rôles importants que la forêt a
toujours joués au Québec, étant donné son
importance, étant donné également sa présence dans
la plupart des municipalités du Québec qui, il était un
temps, en profitaient de façon plus adéquate qu'aujourd'hui.
C'est malheureux que les activités de transformation dans les petites
municipalités aient été abandonnées en raison de
l'éloignement de la forêt, en raison de sa mauvaise gestion. Je
parle de forêts publiques parce que, évidemment, sur la
forêt privée, les propriétaires en disposent à leur
gré, quoique les propriétaires privés commencent à
être sensibilisés au respect du rendement soutenu. J'espère
qu'un jour il y aura unanimité au sein des propriétaires de
forêts privées, pour se donner la main, en vue de respecter la
possibilité de la forêt.
Vous savez que la forêt privée - et je m'adresse à
un spécialiste, M. le Président - contribue pour 20 % des
approvisionnements des usines de transformation au Québec. Avec un
aménagement qu'on favorise au ministère en contribuant à
différents travaux, avec un aménagement intensif de la
forêt privée, on pourra peut-être, possiblement et
facilement, doubler la production de matière ligneuse en forêt
privée.
Dans d'autres pays où, dans des conditions semblables, on fait de
l'aménagement sur une base intensive, on réussit des performances
qui doublent et qui triplent notre performance ici, au Québec. La
création du ministère, évidemment, ça ne fera pas
pousser les arbres; par contre, quand on regarde les pouvoirs et les devoirs
qui nous sont attribués dans cette loi, il est évident que
ça va concentrer nos énergies à cette fin. J'espère
bien que les milieux, tous les organismes qui ont réclamé, depuis
quelques années, la création d'un ministère des
Forêts seront heureux de cette décision de M. Bourassa qui a
reconnu, évidemment, l'importance de la forêt et qui a reconnu
aussi les instances démocratiques et réclamé ce
ministère.
C'est évident qu'il y aura toujours beaucoup à faire.
Nous, actuellement, du côté forestier, du côté
environnemental, du côté loisir, du côté emplois en
ce qui concerne la forêt - M. le député de Laviolette l'a
mentionné dans son discours, ce matin - on a commencé à
changer de mentalité et ça paraît lorsqu'on visite les
forêts du Québec depuis que la Loi sur les Forêts a
été votée, en 1986. La création du ministère
ne fera que, possiblement, accentuer ce changement de mentalité dans le
respect de toutes les ressources que comprend la forêt et de tous les
utilisateurs de la forêt. Et les gens, la clientèle, la population
sauront à qui s'adresser et où s'adresser lorsqu'il sera question
de la forêt ou d'exploitation en matière ligneuse ou de respect
des autres ressources et du respect de la polyvalence de la forêt. Je
pense bien qu'on pourra, de cette façon, donner un meilleur service
à la clientèle qui a besoin de cette ressource pour s'assurer une
qualité de vie et s'assurer des emplois.
On sait qu'actuellement l'industrie forestière traverse une
période difficile en raison d'un ralentissement. Ralentissement dans
l'économie, ralentissement dans la construction aux États-Unis,
les hauts taux d'intérêt et tous ces problèmes font en
sorte qu'actuellement on connaît un
ralentissement qui, j'espère, sera le plus court possible, mais
c'est un ralentissement passager et cyclique comme on en a connu dans le
passé.
Il y a eu beaucoup de modifications de fartes au cours des
dernières années en discutant ou en négociant des contrats
d'aménagement et d'approvisionnement forestier avec les industriels qui
reconnaissent aujourd'hui - ils le reconnaissaient dans le temps, mais qui
reconnaissent davantage - le bien-fondé de la Loi sur les forêts.
La grande industrie comme la petite industrie poursuivent exactement les
mêmes objectifs que nous poursuivons, c'est-à-dire s'assurer
qu'à long terme la forêt sera là pour nous procurer ses
bénéfices. La création du ministère,
évidemment, doit se faire, si l'Assemblée nationale le vote,
très prochainement. Dès le mois d'avril, le ministère des
Forêts, M. le Président, devra avoir ses propres crédits et
ses propres effectifs qui seront évidemment départagés de
ceux du ministère de l'Énergie et des Ressources. Ça
donnera beaucoup plus d'autonomie, principalement du côté
administration, comptabilité, etc., et aussi du côté
communication.
Plusieurs fonctionnaires au ministère de l'Énergie et des
Ressources s'occupaient exclusivement de forêt. Ça fait que c'est
évident, comme on le mentionne, que ces employés-là
continueront de travailler pour les forêts. Ce ne sera pas tellement
compliqué. M. Harvey, qui est sous-ministre associé au
ministère maintenant, aura la responsabilité de discuter avec son
homologue, son vis-à-vis de ce partage des équipements, des
ressources humaines et évidemment des ressources financières,
parce qu'à l'intérieur de l'administration, il y a des ressources
financières qui ont été attribuées à ces
endroits. J'ai confiance que ça va se passer correctement et qu'on
pourra fonctionner comme ministère autonome, légalement,
dès que cette loi sera en vigueur mais, du point administratif,
dès le 1er avril prochain. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Audet): D'accord. Merci, M. le ministre.
M. le député de Laviolette et critique de l'Opposition, vous avez
la parole.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. J'ai posé
plusieurs questions au ministre durant mon intervention, lors de l'étude
du principe du projet de loi. Le ministre a répondu à
quelques-unes de mes questions, mais il en reste une qui, dans mon esprit, est
quand même très importante. Même si nous donnons notre aval
à ce projet de loi, je dois dire qu'il y a, dans l'esprit de beaucoup de
gens qui travaillent dans le milieu forestier, quand même un point
d'interrogation qui demeure. Est-ce qu'on aurait dû appeler ce
ministère Terres et Forêts? Est-ce qu'on aurait dû appeler
ce ministère peut-être ministère des Ressources
renouvelables? Là, je fais référence à tout ce qui
se trouve sur les terres québécoises, que ce soit la faune, que
ce soit l'énergie hydraulique, que ce soit le ministère des
Forêts; en fait, il y a une réflexion à travers le monde
sur cette question-là aussi qui nous porte à réflexion.
Alors, cette question-là, je disais à M. le ministre: Vous avez
pris une décision. Voilà, elle est là.
Je ne pense pas que je sois capable, dans le temps qui nous est imparti,
de changer la décision du ministre ni celle de son gouvernement et de
son premier ministre parce que je sais ce que ça veut dire,
décider de créer un ministère ou de recréer, dans
le cas qui nous préoccupe, une partie de ce ministère. Mais il
reste quand même que je me pose la question que d'autres personnes se
posent: Qu'est-ce qui va arriver avec les employés du secteur des Terres
qui se trouvent dans les régions? C'est une question qui est importante
dans la mesure où nous sommes en récession, M. le
Président. Si, demain matin, le secteur régional des Terres doit
se trouver des locaux... Je faisais mention de tout l'équipement
électronique que l'on possède et qui, actuellement, peut servir
aux deux. Ça veut dire qu'on va devoir, même en région,
partager certains équipements ou en acheter du neuf, avoir de nouveaux
locaux, des fois, pour des équipes qui, à l'intérieur du
ministère de l'Énergie et des Ressources, travaillaient, je
devrais dire d'un commun accord, avec le ministère des Forêts.
Parce qu'il faut se la poser comme telle, cette question-là.
Les forêts se trouvent sur un terrain, sur un sol. Quand nous
avions, à l'époque, créé le ministère de
l'Énergie et des Ressources, c'était tout dans l'hypothèse
de l'aménagement au Québec. Qui doit être responsable de
l'aménagement au Québec et qui doit être responsable de
l'utilisation de ce qui se trouve sous ces terres ou au-dessus de ces terres?
Et, dans ce sens-là, je m'inquiète un peu, j'espère qu'on
y a pensé, j'espère que le ministre me donnera, cette fois-ci,
des réponses. Mais, en région, vous savez, il y a des
façons de procéder au niveau des terres; soit qu'on décide
de leur donner toute une organisation à part ou qu'il y ait des ententes
de service avec le ministère qui sera nouvellement créé,
le ministère des Forêts, pour qu'on puisse utiliser ce que l'on
utilisait normalement alors qu'on était soit à Terres et
Forêts ou lorsque nous étions à l'intérieur du
ministère de l'Énergie et des Ressources. Alors, c'est une
question qui vient dès le départ et à laquelle j'aimerais
avoir une réponse rapide pour qu'on puisse continuer l'étude de
ce dossier-là, en me préoccupant, comme député
d'Opposition, de ce qui va arriver de ces personnels.
Parce que si, demain matin, au niveau des terres, on décide de ne
pas leur donner des locaux, de leur donner du matériel, de leur
donner une structure régionale, on va avoir des gens qui vont
être entre deux chaises. À quelle place vont-ils retourner? Est-ce
qu'ils vont retourner à Québec? Qu'est-ce qui va arriver avec les
terres? Je pense que ce n'est pas dénué de sens que de poser
cette question-là. Il y a plusieurs choses qui ont été
dites par des députés ministériels. Le ministre
les en a félicités. Moi, je dois dire que lorsque j'écoute
les discours du député de Beauce-Nord, je peux comprendre qu'il
représente une position dans le secteur des forêts privées
qui est bonne. Mais quand j'écoute le député de Saguenay,
M. le Président, le ministre devra convenir avec moi que, des fois, on
pourrait ne pas l'entendre, ça suffirait.
Surtout qu'il a voulu, dans son discours, m'amener des choses, me coller
une expression que je n'accepte pas. J'ai l'occasion, à ce moment-ci, de
le dire, en disant que dans mon discours, j'avais dit que tout avait
débuté avec moi. D'abord, je n'ai jamais dit ça, et je ne
prétendrai jamais le dire non plus. Il est faux. Ce que j'ai dit,
même si j'ai continué du travail, j'ai eu des mandats que j'ai
exécutés du mieux que j'ai pu avec les connaissances que j'avais
et je n'ai jamais dit que tout avait commencé avec moi. Au contraire,
c'est une longue réflexion.
Le ministre, d'ailleurs, en a fait mention dans son droit de
réplique en disant que ça ne datait pas d'hier. À
différentes occasions, on n'a peut-être pas écouté
les cris d'alarme qui étaient lancés parce qu'on avait une
ressource qui semblait inépuisable. Cette ressource qui semblait
inépuisable, malheureusement, en cours de route, il y a des gens qui ont
commencé à jeter des hauts cris en disant: Woup! Un instant, ce
n'est pas si sûr que ça que ce soit si inépuisable que
ça. Et, on a voulu, de la part du député de Saguenay, dire
des choses qui, à mon avis, étaient complètement
insensées.
D'un autre côté, quand on dit que tout a aussi
débuté, en termes de mauvaises choses, sous le règne du
Parti québécois, je dis encore une fois, en bon
Québécois: C'est charrier. D'autant plus que si on regarde le
boum qui a été fait à travers le Québec au niveau
des scieries en particulier, ce boum-là, il était un boum
nécessaire, à l'époque, pour utiliser du bois,
créer dans certains milieux au Québec des lieux de travail qui
permettaient à du monde de vivre honorablement de cette ressource
naturelle.
Si on regarde les époques des années soixante-dix en
particulier, où il y a, vers l'année 1972, une augmentation
phénoménale de la production dans le sciage, on peut comprendre
qu'il y a eu d'énormes pressions. Donc, vouloir dire que... Et, des
fois, le ministre le colporte et ça me fait toujours mal de l'entendre
parce que le ministre, lui, au moins est ingénieur forestier, et il sait
très bien qu'à ce moment-là, il fait un peu de politique
et, à mon avis, il ne devrait pas le faire. Moi, j'aime bien critiquer
puis faire voir mes points de vue, mais quand je sais que l'autre, en face de
moi, a raison, je le dis. (17 h 30)
L'exemple de ce que je suis en train d'exprimer, M. le Président,
est toute la question des concessions forestières. L'histoire des
concessions forestières ne débute pas avec le Parti
québécois pas plus qu'avec le Parti libéral. C'est une
histoire qui date de loin. Les concessions forestières qui
déterminaient d'immenses territoires, qui étaient des territoires
pouvant permettre à des compagnies forestières, si elles
l'avaient fait, de piller la forêt, ce qu'elles n'ont pas fait... Et
même, je dirais que des compagnies ont fait, avant même qu'on leur
demande, de l'aménagement. Un des exemples, dans mon coin, est
maintenant la Stone Consolidated, à l'époque la Consol Bathurst,
qui avait fait beaucoup d'aménagement et qui s'est peut-être,
à un moment, découragée, quand le fédéral
est arrivé et a dit: Le territoire que vous avez aménagé,
c'est bien de valeur, désormais ce sera le parc fédéral.
Je pense que l'argent qui avait été investi par cette compagnie,
ça leur a fait mal de voir apparaître, en vertu des lois
fédérales, sur le territoire du Québec, dans un territoire
aménagé par la compagnie, des résultats aussi
négatifs que ceux-là.
Mais quand on regarde ce que l'on dit au Québec: il y avait 30
000 000 de mètres cubes - je parle toujours sapin, pin gris,
épinette, le résineux - attribués au Québec, ce
n'est pas simplement dû au Parti québécois, je pense que le
ministre va en convenir. Je ne dis pas que lui, comme nous ou comme d'autres
ministres avant nous, n'ont pas, à un certain moment donné, subi
les pressions de la population et qu'il a peut-être donné un peu
plus de bois que prévu. Mais la capacité de la forêt, tout
le monde en a convenu à l'époque, était d'environ 18 000
000 de mètres cubes. Ces 18 000 000 de mètres cubes
étaient malheureusement dépassés par près de 5 000
000 de mètres cubes annuellement puisqu'on en coupait 23 000 000. Sur
les 30 000 000 qui étaient autorisés, il y en avait 23 000 000
qui étaient coupés, mais il y avait, en réalité,
une possibilité forestière, selon le principe du rendement
soutenu, de 18 000 000. Alors, quand on regarde ça bien froidement, il
est évident qu'il y avait eu, peut-être, des octrois qui
n'auraient pas dû être donnés, mais ça ne datait pas
seulement du Parti québécois, ça datait d'années
antérieures et ça datait aussi des concessions
forestières.
Dans ce contexte-là, si on était honnête envers
nous-mêmes et envers la société, on arrêterait de
parler de qui a tort et qui a raison. On dirait plutôt quels sont les
moyens que nous avons pris. Les moyens que nous avons pris, il est
évident, datent de cette connaissance que des gens, au niveau
universitaire en particulier, au niveau forestier d'autre part, avaient
alerté
l'ensemble du gouvernement du Québec de l'époque, aussi
bien le gouvernement Bourassa des années 1970 à 1976 que du
nôtre de 1976 à 1985, qu'il fallait aller à des
décisions importantes dans le dossier. Alors, il y a eu des rapports qui
ont été faits, rapports sur les forêts privées,
rapports sur la forêt publique, qui ont amené des livres qu'on a
appelés les livres verts, des livres de consultation et qui ont ensuite
débouché sur une politique forestière qu'il fallait, il
faut en convenir, discuter avec les principaux intervenants en forêt.
Alors, ceci a peut-être débouché trop tard parce que
même dans le discours sur la politique forestière, je disais qu'on
était déjà 40 ans, 45 ans en retard. Ces 40 ans, 45 ans de
retard, il aurait peut-être fallu le faire avant, d'accord. Il a
été fait trop tard, fort probablement. Mais, au moins, ce dont on
doit parler maintenant, c'est qu'il est fait. Et, comme il est fait, il faut
maintenant donc s'assurer qu'il puisse se réaliser et cette
réalisation-là nous avait apporté, à
l'époque, le ministre va en convenir, on le verra dans peut-être
45 ans, puis ni lui ni moi ne serons là à ce moment-là
peut-être. Moi, peut-être plus fortement que lui, il y a
peut-être une chance, on ne sait jamais. Mais, si le ministre vit
jusqu'à 100 ans, il verra cette époque, mais, quant à moi,
peut-être qu'à 90 ans, je le verrai.
Il y a une chose certaine, c'est que cette forêt-là, on la
connaîtra lorsqu'elle aura fructifié. On aura la chance,
peut-être, de la voir fructifier en cours de route. Mais on a
appelé ça, nous, une forêt électronique. Une
forêt basée sur des hypothèses de travail qui s'appellent
le rendement soutenu et qui s'appellent aussi, si nécessaire, de la
plantation, mais assurément un changement de mentalité. Quand,
dans vos discours, vous dites: Le Parti québécois donnait au
niveau de la forêt privée tant d'argent, nous en donnons plus, je
n'en disconviens pas, je n'en disconviendrai jamais. Parce que tant mieux,
c'est ce qu'on veut. Deuxièmement, il y a eu de l'inflation en cours de
route. Si on prenait en chiffres égaux, on n'aurait pas les mêmes
chiffres. Mais, moi, je ne m'achalerai pas avec ça, je dirai: Tant
mieux. Pourquoi? Parce qu'il faut le faire.
Troisièmement, quant on dit qu'en plantation, on en fait plus que
dans les années quatre-vingt, c'est évident. D'ailleurs, le
virement de 1982-1983, c'était ça. Et si on en fait plus
aujourd'hui, tant mieux, sauf qu'il faudrait arrêter de regarder
ça avec des yeux du passé et le regarder avec des yeux du futur.
Les yeux du futur, c'est quoi? C'est avoir maintenant l'assurance que cette
politique-là puisse avoir des effets bénéfiques, on le
souhaite tous. Je vous dis, à ce moment-là, que ce qui
était déjà dans l'hypothèse de départ qui
était de dire: Écoutez, si on fait une politique
forestière qui se tienne, que le monde accepte et qu'il est prêt
à faire le changement de mentalité, si on additionne de l'aide au
niveau de la plantation des résineux, si on fait des recherches
davantage au niveau des feuillus, si on utilise la fibre le mieux possible,
parce que le député de Saguenay pourrait bien dire qu'il y a eu
telle ouverture d'usine dans son coin par rapport à tel autre, tout le
monde le prévoyait. Il n'y a personne qui pouvait ne pas prédire
que sur la Côte-Nord, où il y a du bois de disponible, s'il
devenait tentant de l'exploiter, qu'on ne le fasse pas.
Donc, aujourd'hui, c'est vrai, le ministre peut se vanter. Il a raison
d'avoir donné des allocations additionnelles à des compagnies sur
la Côte-Nord, mais il ne peut pas se vanter de la même chose quand
on parle de l'Abitibi-Témis-camingue ou de la Gaspésie. Et
ça, le ministre en est bien conscient. Pourquoi? Parce que la
capacité forestière de l'Abitibi est allouée au maximum.
En donner plus, ce serait arriver à la rupture de stock. La même
chose en Gaspésie. Mais sur la Côte-Nord, il y a du bois
disponible et tout le monde n'en disconvenait pas D'ailleurs, dans la politique
forestière, on disait qu'il y a de la possibilité pour ce
secteur-là. Donc, il ne faut pas faire de comparaison dans ce
sens-là, si on veut être honnête avec tout le monde.
Donc, la logique de tout ça nous amenait à la
création du ministère des Forêts ou, pour s'amuser si on le
veut, la recréation du ministère des Forêts. Mais la
recréation de ce ministère-là, comme je l'ai dit tout
à l'heure, au départ, n'est peut-être pas
considérée par certains comme étant la meilleure des
choses et, pour d'autres, comme étant une très bonne chose. Les
uns disent: Le ministère va être tout petit. Le danger d'avoir une
équipe sous-ministérielle réduite par rapport au
ministère de l'Énergie et des Ressources aura peut-être des
facteurs négatifs. D'autres disent: Tant mieux, parce qu'on aura au
moins quelqu'un qui s'occupe à plein temps rien que de ça.
À ce moment-la, il devient donc logique de dire: Oui, le
ministère, il faut le recréer et lui donner toute la force
nécessaire.
Donc, il va falloir que le ministre qui est là actuellement ou
les autres qui suivront aient une force importante au Conseil des ministres,
que l'équipe sous-ministérielle lui prépare les documents
en conséquence pour s'assurer que l'administration journalière
mais aussi toute la question du futur soient considérées comme
étant une action importante au Québec, parce que ça touche
tout l'ensemble de l'industrie forestière: 250 000 personnes. 250 000
personnes, je pense que c'est très important au Québec et, s'il y
en avait davantage, tant mieux. Si on avait des possibilités d'innover.
Et cela, on le verra dans le projet de loi, quand on dit, à l'article
11, que le ministre élabore une politique forestière, la propose
au Conseil des ministres et en fait l'administration. Je dois vous dire que
j'ai pris ça de façon positive, en disant: Est-ce que le ministre
ne pourrait pas justement utiliser ça pour proposer à travers le
Québec des expérien-
ces nouvelles?
Des expériences nouvelles, j'ai fait mention de Léonard
Otis qui est un sylviculteur qui a fait un témoignage dans le document,
témoignage... en fait, toute une collection de l'Université du
Québec à Rimouski, une collection qui permet à des gens
qui ont eu à faire des témoignages... Moi, je dois vous dire que
je ne rejette pas du revers de la main l'hypothèse de créer des
fermes forestières. Le ministre laisse des portes ouvertes en parlant de
l'Abitibi en particulier, ce qu'on appelle l'Abitibi-Témiscamingue, la
réponse qu'il a donnée à mon collègue, le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, nous laisse des
lueurs d'espoir qu'on pourrait peut-être, à ce moment-là,
à travers les lots épars, d'une part, à travers les lots
intramunicipaux, redonner vie à certains villages
éloignés. Parce que l'hypothèse de Léonard Otis est
basée sur la bataille qui semblait perdue, au départ, mais qui ne
l'a pas été, du BAEQ, on s'en souvient, du Bureau
d'aménagement de l'Est du Québec.
J'ai suivi avec beaucoup d'intérêt cet historique, d'autant
plus qu'à l'époque, j'étais dans une organisation
syndicale qui suivait avec beaucoup d'intérêt l'évolution
du dossier, l'opération dignité 1, l'opération
dignité 2, parce que ça touchait nos enseignants, les
étudiants et tout, dans le milieu. Alors, nous nous étions
impliqués dans ce dossier, et les villages ont refusé de mourir.
Même s'il y en a quelques-uns qui ont fermé, d'autres se sont
rouverts. Le Jal est un exemple frappant de ce qui s'est passé dans le
milieu, la réunification de trois villages qui se sont dit: Nous autres,
on se prend en main, il n'est pas question qu'on meure, puis on veut rester
ici, et on veut trouver de l'ouvrage Ici parce qu'il y a de l'ouvrage
disponible. À ce moment-là, M. Otis, dans son livre, indique que
la capacité de pouvoir, à meilleur coût, d'une certaine
façon, et aussi à meilleur rendement, permettre à la
forêt québécoise de se reproduire.
Alors, je dirai au ministre qu'il vaudrait peut-être la peine de
regarder ceci avec beaucoup d'attention et peut-être éviter la
critique qui est la suivante, à l'effet que le ministre, dans sa
politique forestière, avec les modalités, parce que je ne regarde
pas l'hypothèse de départ qui est le livre blanc, mais je
parlerai plutôt, à ce moment-là, de l'application de la loi
comme telle. Le ministre se serait donné pieds et poings liés aux
industries forestières, papetiè-res. Et là, à ce
moment-là, je voudrais bien que le ministre comprenne, je n'ai rien
contre les papetières, elles créent de l'emploi, elles font ces
choses, mais il faudrait peut-être reprendre le texte de M. Mandeville,
en Abitibi-Témiscamin-gue, hier, qui disait: Oui, mais au risque d'avoir
les genoux râpés à force d'être agenouillé
devant ces gens, il y a des moments donnés où on se pose de
sérieuses questions.
Alors, j'aurai l'occasion, en cours de route, de revenir, article par
article, sur chacun des items que j'ai développés. Mais
j'aimerais entendre le ministre sur les questions que je lui ai posées,
auxquelles je n'ai pas eu de réponse, jusqu'à maintenant.
Le Président (M. Audet): D'accord. M. le ministre.
M. Albert Côté
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, Ah, j'aime bien ça quand le député de
Laviolette me dit que je me suis jeté pieds et mains liés dans
l'industrie forestière. Je lui dirai que, évidemment, ça
le chicote un peu, quand on passe des remarques sur le passé. Je n'ai
pas l'intention d'insister, mais quand on me dit une affaire de même,
j'ai le goût de réagir ici, parce que j'ai la conviction d'avoir
fait mon travail, d'avoir considéré, sur une base égale,
les problèmes des petits, des grands, au sein de l'industrie
forestière, et même au sein de la forêt privée. Je
les traite tous avec le même égard. Je souhaite aussi qu'ensemble,
au gouvernement comme dans l'Opposition, on fasse en sorte, évidemment,
que les grandes compagnies qui ont plus de capacité, qui ont plus de
pouvoir... on fasse en sorte que ces grandes compagnies se conduisent comme de
bons citoyens corporatifs. C'est ce que j'ai toujours souhaité et j'ai
toujours travaillé dans ce sens-là. Évidemment,
là-dessus, je donnerais raison au député de Laviolette,
quand il dit: Mais il faudrait arrêter de parler du passé, parler
de ce qui se réalise et de ce qu'on devrait faire pour s'assurer que la
forêt soit là demain.
Le député de Laviolette a parlé, je ne suis pas en
interpellation, là aujourd'hui, je peux répondre à ses
questions, plus... directement. Parce que quand on fait des interpellations
pour parler de la politique du gouvernement en matière de forêt,
on parle de politique du gouvernement en matière de forêt et non
de cas particuliers. (17 h 45)
Ceci étant dit, M. le député de Laviolette a
parlé beaucoup des terres. Il y a certains employés, chez nous,
évidemment, qui sont un peu inquiets aussi du partage qui se fera. Mais
j'ai entièrement confiance que ça se fera correctement et qu'il y
aura lieu de sécuriser ces employés-là et,
évidemment, d'assurer le service à la clientèle et
à la population du Québec, et ce, au meilleur compte possible.
C'est la responsabilité des sous-ministres et des ministres
responsables. Mme Bacon va évidemment intervenir, comme je le ferai moi
aussi. Je suis assuré que ça se fera en toute
équité et de façon à sécuriser les
employés comme il faut, également assurer la population parce
qu'on existe, comme employé, en fonction de la population, en fonction
des besoins. S'il n'y avait pas de besoin, il n'y aurait pas de population,
nous ne serions
donc évidemment pas dans ces fonctions.
Quand on parle ici de petites scieries, de petites usines, j'en suis et
je suis favorable à ça parce que les grandes usines,
évidemment, ça fait le vide alentour. Mais les petites scieries,
les petites usines - parce que le député de Laviolette a fait
allusion à l'évolution qui a eu lieu dans le domaine des scieries
depuis 1972 - ces usines-là permettent de mieux répartir la
richesse et l'activité, étant donné qu'elles sont moins
importantes dans les régions et c'est intéressant. Si nous avions
administré, M. le Président, la forêt comme nous aurions
dû le faire dans le passé... Ce n'est pas d'hier. Dans le
passé, de mon temps à l'université, on en parlait,
ça fait 40 ans de ça. Depuis ce temps-là, il est
passé...
Une voix: 45 ans, ce n'est pas trop.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...depuis ce
temps-là, M. le Président, il est passé plusieurs
gouvernements. Et si nous avions administré la forêt comme on
aurait dû le faire dans le passé, plusieurs petites
municipalités, plusieurs petites usines seraient encore en
opération. Évidemment, des villages sont disparus suite à
la disparition de l'activité, la transformation de la matière
ligneuse. Mais on ne peut pas refaire le passé. Le député
a absolument raison quand il dit: Arrêtons de parler du passé,
parlons un peu de ce qu'on fait, de ce qu'on fera.
Quand on parlait des concessions, souvent les concessionnaires, ce
qu'ils faisaient, dans le temps, c'est qu'ils en demandaient le plus grand
possible et ils gardaient une grande partie de la forêt en "frigidaire"
au cas où, un jour, il y aurait un développement. Et, ça,
ça freinait le développement, ça freinait aussi la
transformation de matière ligneuse et, en même temps, ça
causait des pertes, au Québec, de forêts qui étaient
inexploitées, qui dépassaient la maturité et qui tombaient
d'âge et qui étaient, évidemment, aussi des foyers
prédestinés pour les épidémies d'insectes et pour
les feux. Évidemment, ça freinait, c'était un
ralentissement. C'est une des raisons pour lesquelles les concessions ont
été révoquées; révoquées, ici, dans
le respect des droits de ces industriels-là en leur disant: Vous serez
compensés selon certains critères. Et c'est ce que nous avons
fait de façon à s'assurer que la forêt soit
exploitée rationnellement et pour en tirer les plus grands
bénéfices.
Quant aux parcs, évidemment, le ministère des Forêts
n'est pas et ne sera pas le promoteur d'exploitations forestières dans
les parcs. On n'a pas l'intention d'intervenir. Lorsqu'un parc aura
été créé, nous avons l'intention de le respecter et
de ne même pas suggérer d'exploitation de toutes sortes. On a
parlé, durant le débat, du parc du Mont-Tremblant qui, la veille,
a connu une zone différée d'exploitation en raison de la tordeuse
des bourgeons de l'épinette et moi, personnellement, je crois qu'on
devrait, disons, comme personnes raisonnables, protéger, soigner,
aménager la forêt et non la regarder mourir. Le faire de
façon différente dans les parcs pour avoir une forêt saine
plutôt que d'avoir une forêt qui est vivante mais qui est malade et
la laisser souffrir. Quand je regarde ce qui s'est passé au Yellow Stone
Park, aux États-Unis, le feu a pris, mais parce que c'est un parc, on
regardait passer le feu, hein. Je n'ai pas trouvé ça intelligent
et ce n'est pas intelligent de ne pas intervenir lorsqu'un être vivant,
que ce soit une personne, un arbre ou un animal vivant, de ne pas le soigner,
de ne pas le protéger, de ne rien faire. C'est ça, des parcs, en
réalité, souvent, mais si la volonté populaire, si la
volonté de la population veut des parcs, évidemment, je les
respecterai avec... puis je ne suggérerai même pas d'intervention,
même si la forêt est malade, une fois que c'est fait.
On parle souvent de poids: Le ministre, ça va être un vrai
ministre avec un ministère. J'ai dit, dans mon allocution d'il y a
quelques instants, que je n'ai pas eu à souffrir de mon titre de
ministre délégué, parce que j'ai eu beaucoup de
liberté de manoeuvre en ce qui concerne l'administration des
forêts et des propositions qui ont été faites en ce qui
concerne les forêts. Évidemment, quand on a un bon dossier, quand
on a une bonne cause, c'est plus facile. C'est peut-être ça qui
m'a aidé; ce n'est pas le poids, même si, de temps à autre,
je dois subir des... suivre un régime.
Et finalement, le député de Lavioiette a parlé des
fermes forestières, il a parlé longuement de M. Otis - que je
connais très bien, que j'ai connu il y a plusieurs années,
lorsque j'ai travaillé à... dans le
Bas-St-Laurent-Gaspé-sie - et les fermes forestières, maintenant,
c'est difficile de préciser, je pense que ça ne peut pas
être généralisé puis applicable à
différents individus au même titre. Parce que la
rentabilité, quand on parle de ferme forestière, il faudrait que
le propriétaire puisse en vivre et, dépendant des talents de
chacun des, disons, détenteurs de ferme forestière, je ne sais
pas à quel endroit on mettra le partage, la limite. Dans certains cas,
dépendant de certains peuplements, dépendant des soins qu'on va y
apporter, ça peut prendre 600 acres, 500 acres, 1000 acres, tout
dépend, hein. Ça fait que ce n'est pas facile à
préciser et c'est assez compliqué que je me demande si on
réussira à convaincre les personnes que, les fermes
forestières, c'est ce qu'il faut faire.
Dimanche matin, dans une réunion avec la population de
Saint-François-Xavier, dans mon comté, un type me parlait de sa
ferme forestière. Il détenait 550 acres, il aurait aimé
avoir 600 acres, il aurait aimé acheter les 50 acres voisins parce qu'il
prétendait que ça lui prenait 600 acres pour avoir son statut de
producteur forestier, alors que vous savez bien, M. le Président, que le
statut de producteur forestier,
on l'obtient avec 4 hectares. C'est tout ça qu'il faut expliquer
correctement et il y a tellement de points à... qui entrent en ligne de
compte que ce n'est pas facile à généraliser et dire:
Voici, une ferme forestière, c'est tant d'acres. Mais, dépendant
des endroits, dépendant de la personne, dépendant du
propriétaire, ça peut varier beaucoup. C'est comme la
rentabilité, souvent, c'est personnel. Quelqu'un fait une
réussite avec un petit commerce; l'autre, le voisin fait une faillite,
hein, avec un gros commerce, aussi. Et j'espère bien, M. le
député, que ça répond à vos questions. Je
prends bonne note de vos remarques concernant les miennes sur le passé,
et j'essaierai de m'en abstenir le plus possible.
Le Président (M. Audet): D'accord, M. le ministre.
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'il y a d'autres
remarques préliminaires?
M. Jolivet: ...avant d'aller à cette motion, je sais que
le ministre a une activité pour M. Gilbert Paillé. On s'est
entendus...
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est un des
grands forestiers du Québec.
M. Jolivet: Oui, c'est vrai.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Un des grands
forestiers du Québec?
M. Jolivet: Oui, d'ailleurs, avec M. Mercier et d'autres qu'on a
connus... Ah... O.K., là, j'ai trop parlé, j'ai trop
parlé. Ha, ha, ha! Simplement et compte tenu de ça, M. le
Président, je sais que c'est l'alternance, ça devait être
un membre du parti ministériel qui devait prendre la parole, mais mon
collègue...
Le Président (M. Audet): Non, mais c'est...
M. Jolivet: Non, mais c'est parce qu'en termes d'alternance,
ça devait être de l'autre côté parce que le ministre
répondait à ma question.
Le Président (M. Audet): Non, mais c'est qu'au niveau des
remarques préliminaires, vous avez une enveloppe chacun de 20
minutes.
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Audet): Le ministre a un droit de
réplique de 5 minutes, après la...
M. Jolivet: O.K. O.K. O.K.
Le Président (M. Audet): Alors, son enve- loppe
n'était pas complétée...
M. Jolivet: Non, mais c'est ça...
Le Président (M. Audet): S'il avait complété
son enveloppe, on lui aurait donné seulement 5 minutes.
M. Jolivet: Mais, c'est pour ça que je veux dire...
Le Président (M. Audet): Mais, moi, je le compte quand
même sur l'enveloppe initiale, là.
M. Jolivet: O.K. Mais comme j'ai fait... Ce n'est pas grave,
j'accepte ça. Je voulais juste vous dire que moi, comme
député ayant posé une question, je veux dire, fait des
remarques préliminaires, normalement, en termes d'alternance, puisque le
ministre me répondait à moi, il devrait passer du
côté ministériel...
Le Président (M. Audet): Mais, je voulais...
M. Jolivet: Comme il n'y avait personne, c'est mon
collègue d'Ungava qui voudrait avoir la parole, mais compte tenu de ce
temps, j'ai demandé au ministre pour être bon prince avec lui et,
en même temps, il va être la même chose avec moi. Moi, je
m'en vais à l'UPA à 7 heures - c'est arrivé un petit peu
en retard - alors, d'un commun accord, on serait prêts à finir
à 18 heures et reprendre à 20 heures.
Le Président (M. Audet): Oui, M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II me semblait que
ce n'était pas complètement détaché.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): M. le député
d'Ungava, est-ce que vous aimeriez commencer immédiatement vos remarques
préliminaires, faire cinq minutes et revenir avec vous... terminer votre
enveloppe? Moi, je n'y vois pas d'objection. Il nous reste cinq minutes.
M. Claveau: Si vous êtes d'accord, M. le Président,
on peut ajourner tout de suite. Ça me donnera le temps d'avoir du suivi
dans mon intervention...
Le Président (M. Audet): Vous aimez mieux que nous
suspendions.
M. Claveau: Je voulais dire la faire tout d'un trait.
Le Président (M. Audet): Alors, la commission suspend ses
travaux et nous serons de
retour à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 56)
(Reprise à 20 h 11)
Le Président (M. Audet): Alors, la commission reprend ses
travaux. Je vous rappelle le mandat de la commission, qui est de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 111, Loi sur le ministère des Forêts. Nous en étions
aux remarques préliminaires, et je reconnais M. le député
d'Ungava. Vous avez 20 minutes, M. le député.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Merci, M. le Président. Étant
donné la situation que vit l'industrie forestière dans mon
comté, il me semble qu'il est absolument nécessaire, au moment
où on se parie, de faire quelques remarques préliminaires sur
l'état de la situation. Et les grands espoirs que nous portons dans ce
nouveau ministère qui, nous l'espérons, ne sera pas un fardeau
supplémentaire pour les payeurs de taxes - de moins en moins nombreux,
étant donné les emplois qui disparaissent comme neige au soleil -
mais qu'il va plutôt avoir des effets très positifs dans le
domaine du niveau d'emploi dans l'industrie forestière. Parce que si on
crée des nouveaux ministères uniquement pour augmenter les
charges publiques sans qu'il y ait pour autant des effets intéressants
en termes d'emplois dans les milieux concernés pour les travailleurs de
ces milieux-là, eh bien! on est aussi bien de rester dans la situation
qu'on avait avant. Ça va coûter moins cher, et puis, au moins, si
on n'a pas d'ouvrage, ça ne nous coûtera pas plus cher pour
supporter des infrastructures gouvernementales.
Je regardais au niveau des crédits supplémentaires.
Normalement, lorsque l'on a un nouveau ministère, il y a des frais qui
sont associés à ça. Alors, on ne peut pas imaginer,
à moins que le ministre ne nous dise que, déjà, le
printemps dernier, au moment du discours sur le budget, le ministre des
Finances avait prévu, dans ses opérations budgétaires, de
l'argent pour la création du nouveau ministère, à moins de
ça, on devrait retrouver certaines sommes dans les crédits
supplémentaires qui viennent de nous être déposés
pour la fin de l'exercice en cours, pour permettre, justement, la mise en
oeuvre d'un nouveau ministère qui, normalement, devrait
représenter quand même quelques dollars de dépenses
supplémentaires pour le gouvernement.
Moi, je veux bien croire que, à l'article 22 du projet de loi, on
suppose, ou on dit, on ne suppose pas mais, en tout cas... On va voter que les
sommes requises pour l'application de la présente loi seront prises,
pour l'exercice 1990-1991, sur le fonds consolidé du revenu, dans la
mesure que détermine le gouvernement. C'est plutôt vague comme
mesures transitoires, vous en conviendrez, M. le Président. À
partir du moment où un gouvernement sait où il s'en va, à
partir du moment où un gouvernement, supposément, a le
contrôle des cordons de la bourse et qu'il dépose des
crédits supplémentaires en sachant très bien qu'il y a
déjà, en Chambre, un projet de loi qui va créer un nouveau
ministère on peut imaginer qu'il y a quelqu'un, quelque part, parmi les
comptables ou les gestionnaires du gouvernement, qui a prévu qu'il y
aurait des sommes qui seraient affectées à ce nouveau
ministère-là.
Et, dans la mesure, encore là, où on est sérieux
dans notre approche et où, supposément, du moins comme
gouvernement, on sait un peu ce que ça coûte un ministère -
parce qu'on en a dans d'autres domaines et puis on a une idée assez
globale de ce que ça coûte un ministère - à ce
moment-là, on dépose des crédits supplémentaires.
Au lieu de laisser le tout à la discrétion d'un gouvernement qui
devra déterminer au fur et à mesure les coûts
excédentaires, ou les coûts encourus par le nouveau
ministère, eh bien! on pourrait en profiter tout simplement pour les
mettre aux crédits supplémentaires.
Or, je vois la liste. Il y a de l'argent prévu aux Affaires
municipales, en Agriculture, aux Communautés culturelles, aux Finances,
à l'Industrie et Commerce, Main-d'oeuvre, Sécurité du
revenu, Régie de l'assurance-maladie, au Revenu, à Santé
et Services sociaux, à Sécurité publique, aux Transports,
mais rien pour le nouveau ministère des Forêts. Alors, de deux
choses l'une: on crée un ministère sans savoir ce que ça
va coûter, ce qui suppose qu'on n'a pas fait les études en
conséquence et qu'il manque un peu de sérieux là-dedans.
Et dans la mesure où on ne sait pas combien ça va coûter,
bien on dit: On ne mettra pas de crédit supplémentaire pour
ça; on va mettre un vague article dans le projet de loi en termes de
mesures transitoires qui va faire en sorte que le gouvernement pourra
déterminer à sa guise, là, au fur et à mesure,
quelles sont les sommes qui seront disponibles. Ou, d'autre part, on sait
combien ça va coûter, mais on veut le cacher à la
population parce qu'on a peur de faire rire de nous autres.
On a peur que ça ait l'air fou, quand on demande des compressions
budgétaires partout ailleurs, de créer un nouveau
ministère qui va coûter de l'argent dans un secteur
d'activités économiques plutôt chancelantes où il y
a de moins en moins d'emplois. Or c'a l'air un peu bête et puis à
ce moment-là, bien on dit: On va laisser au gouvernement, en termes de
mesures transitoires prévues dans la loi, le soin de déterminer
qu'est-ce que ça va coûter et comme ça les contribuables ne
sauront pas quels seront les crédits supplémentaires; ou, du
moins, ils ne le sauront pas tout de suite. Et puis, une fois que le
ministère va être créé, bien, l'année
d'ensuite, lorsque le Vérificateur général émettra
son rapport - on sait très bien que ce n'est pas
tout le monde qui va fouiller là-dedans - et puis, on n'en aura
pas connaissance.
Il y a peut-être, aussi, une troisième hypothèse qui
ne serait pas farfelue dans le contexte économique que nous vivons
actuellement, le contexte budgétaire du gouvernement. C'est qu'il n'a
tout simplement pas envie de mettre de l'argent dedans pour la première
année. Et puis, dans le fond, ça lui permet de pouvoir revenir,
à ce moment-là, à la synthèse des opérations
financières et de dire: Bon, bien, il y a des montants qui sont
déjà prévus au ministère de l'Énergie et des
Ressources pour les opérations normales du ministère des
Forêts, ou de la section forêt du ministère de
l'Énergie et des Ressources, pour le fonctionnement du ministre
délégué aux Forêts et à ce moment-là,
il devra jouer dans cette assiette-là. S'il n'y en a pas assez, bien, il
attendra l'année prochaine. On lui en trouvera de l'argent au besoin
si... Il n'aura qu'à revenir devant le Conseil du trésor pour
défendre ses budgets pour l'année prochaine et puis on verra
ça aux crédits 1991. Mais, en attendant, il devra se contenter de
ce qu'il y a de prévu, puis s'il n'en a pas assez, bien il s'arrangera.
Sans compter qu'il y a peut-être encore des coupures qui seront
prévues, là-dessus aussi, avant la fin de l'exercice financier,
parce que, d'après ce qu'on a entendu dernièrement des
déclarations du président du Conseil du trésor, ce n'est
pas évident que tous les ministères vont pouvoir jouir des
crédits qui leur sont alloués comme marge de manoeuvre, d'ici au
31 mars 1991, car il y a un trou à combler et puis on a envie de serrer
encore un peu la vis sur le fonctionnement des ministères, qui sont
déjà passablement égorgés dans bien des cas, qui
manquent déjà d'argent.
En tout cas, moi, je ne trouve pas ça très rigolo,
finalement, lorsqu'on m'apporte un projet de loi où on ne trouve rien
qui puisse permettre d'avoir des garanties, à l'effet que les sommes qui
sont nécessaires pour la mise en oeuvre du projet de loi en question, la
création d'un nouveau ministère, soient garanties. Parce que dans
le domaine forestier, comme dans d'autres domaines d'ailleurs - mais puisque,
là, on parle du domaine forestier - dans le domaine forestier, on ne
peut pas se permettre d'attendre trop longtemps, là. J'oserais
même dire de niaiser encore trop longtemps. Ça va mal, ça
va mal partout. Et puis, bon, si on veut créer un nouveau
ministère, moi je veux bien. Je suis d'accord, en principe, avec un
nouveau ministère. On ne peut pas être contre ça, si on
sent que c'est nécessaire d'avoir un ministre complètement
autonome pour administrer les forêts privées et publiques du
Québec, la gestion de ces forêts-là, les contrats
d'approvisionnement et d'aménagement en milieu forestier, pour
contrôler aussi, si vous voulez, les appétits féroces des
compagnies forestières. Moi, je veux bien. Mais, quand je regarde
comment ça se passe sur le terrain, je ne suis pas convaincu qu'au
moment où on se parle, ce sont les meilleures façons d'affecter
le petit peu d'argent encore disponible au gouvernement.
Écoutez. Tout à l'heure, on pariait comme ça avec
le ministre, avant d'entreprendre les débats; mais il y a un certain
nombre de choses qui, je pense, sont nécessaires de
répéter pour bien se faire comprendre. Il y a des exemples
actuellement, dans l'industrie forestière qui sont loin d'être
drôles et je... Par exemple, moi je regarde ce qui se passe dans mon
comté. Eh bien! je vous assure qu'il serait peut-être plus
intéressant de mettre des sommes supplémentaires pour permettre
de supporter les entreprises forestières qui ont des difficultés
énormes. Vous savez, on n'a pas modifié le comportement de
l'industrie forestière depuis une vingtaine d'années ou à
peu près. Le comportement de l'industrie forestière est
resté à peu près le même. Il n'y a rien qui a
été fait pour développer de nouveaux marchés. Dans
le domaine du développement de nouveaux produits, bien c'est l'industrie
elle-même qui a dû... qui doit le faire et puis, ça ne donne
pas toujours les effets escomptés.
Comment ça se fait, par exemple, qu'au moment où on se
parie - c'est très sérieux, on ne donne pas des chiffres en l'air
- 80 % de la capacité installée de production de panneaux -
panneaux particules, panneaux gaufrés - 80 % de la capacité
installée de production ne produisent pas? On a des usines flambant
neuves, comme l'usine de Chambord, Normick-Chambord, qui a été
rachetée par MacLaren et qui fait partie maintenant d'une nouvelle
compagnie que Noranda vient de créer, Norbord qui est fermée. Une
usine flambant neuve. L'usine de panneaux de Val-d'Or aussi est fermée.
Partout, à travers le Québec, les usines ferment. 80 % de la
capacité installée de production de panneaux, à partir de
résidus de bois, ne produisent pas et on ne voit pas la
possibilité que ça produise dans un avenir prochain. Ah certes!
Vous me direz: C'est lié à l'industrie de la construction. Soit!
Mais si l'industrie de la construction ne fonctionne pas, c'est qu'il y a
peut-être des problèmes auxquels le gouvernement devra s'attaquer
pour trouver les solutions.
Et il y a la recherche de nouveaux marchés aussi. Il n'est pas
dit qu'il n'y aurait pas moyen de trouver de nouveaux marchés ou de
trouver des mécanismes... enfin, des produits peut-être un peu
plus sophistiqués ou un peu plus proches des intérêts
immédiats des consommateurs. Mais si le gouvernement ne fait rien, si le
gouvernement n'injecte pas ou ne presse pas les compagnies ou n'oriente pas les
compagnies, eh bien! dans des cas semblables, qu'est-ce qu'elles font? Elles
ferment tout simplement. C'est plus rentable de fermer. Il y a des drames
sociaux qui sont liés à ça. Il y a des problèmes
en-dessous de ça.
Imaginez-vous bien qu'à Chambord, qui n'est pas un village
particulièrement riche au Lac-Saint-Jean, on fait une usine. Les gens,
ça leur donne un regain de vie. On réinvestit. On améliore
sa maison. On se rebâtit. On achète de nouveaux
équipements, nouvelles voitures, etc. Enfin. C'est intéressant
l'investissement de plusieurs millions et tout semble être bon. Tout
à coup, du jour au lendemain, pouf! il n'y a plus rien. Eh bien! c'est
des faillites personnelles et c'est des problèmes qui sont liés
à ça.
Regardons le cas de Comtois, une compagnie importante qui a
été vendue d'ailleurs, il n'y a pas si longtemps par le
gouvernement du Québec, où une société publique du
Québec qui s'appelle Donohue a racheté une scierie
indépendante. Ah! Le beau principe de l'intégration des scieries
indépendantes qui découle directement de l'application de la loi
sur les forêts, parce que le ministre n'a pas voulu reconnaître le
principe que les compagnies papetières devaient d'abord acheter les
copeaux avant d'aller couper dans le bois. Les papetières se sont
virées de bord et elles ont trouvé une solution. On va essayer de
contenter tout le monde. Elles ont racheté les scieries. Qu'est-ce que
ça donne ça? Regardons.
La scierie indépendante de Comtois, la Scierie Saucier de
Comtois, faisait vivre des gens et réussissait bon an mal an à
fonctionner. Normick l'a rachetée, pas Normick pardon, mais Donohue la
rachète. Je n'ai rien contre ça, en principe. Là, Donohue
se vire de bord. On ferme le petit village de Comtois. On oblige les gens
à déménager à Lebel-sur-Quévillon, ce qui
représente des investissements parce que, quand ça fait des
années que tu vis en quelque part, et on dit: C'est fermé, on ne
te donne plus de services; tu dois t'établir ailleurs. Bon. Mais la
ville de Lebel-sur-Quévillon a développé de nouveaux
terrains résidentiels pour recevoir ces gens-là. On a investi au
niveau de la municipalité, aussi, pour faire des réseaux
d'égout et d'aqueduc. Les gens ont acheté des terrains. Ils ont
fait du remplissage et se sont rebâti des maisons ou ont
déménagé leur vieille maison mobile qu'ils avaient
à Comtois. Mais enfin, ils ont réinvesti plusieurs dizaines de
milliers de dollars pour se réinstaller parce que la compagnie les
obligeait à le faire. On ne donnait plus le service sur place, comme
c'était le cas du temps de la scierie Saucier qui permettait à
ses travailleurs de vivre tout près de la scierie. On fait
ça.
Entre-temps, la compagnie se bâtit un beau petit moulin flambant
neuf, quelque chose de bien. Il y a un an d'opération. J'en sais quelque
chose, durant la campagne électorale, l'année passée -
ça ne fait pas si longtemps que ça, c'est au mois de septembre
1989 - il n'était pas encore fini de bâtir, le petit moulin neuf
qui remplaçait le vieux. Ah, nouvelle technologie! Ça va
être beaucoup plus efficace, ça va nous permettre de
développer de nouveaux produits. Ça va nous aider. Comme
ça, on est certains qu'on va passer au travers. Et c'est la
sécurité à long terme.
Un an plus tard, le moulin est fermé. Que reste-t-il aux
travailleurs? Rien. On les a obligés à déménager.
On les a obligés à investir dans des nouvelles maisons, dans des
nouveaux terrains, dans un nouveau milieu de vie. On les a incités
à dépenser aussi. Les gens, les transporteurs de bois ont
acheté des camions neufs. Les bûcherons se sont acheté des
K?hring neuves. Enfin, on a incité tout le monde à
dépenser, à réinvestir sur la base qu'avec une nouvelle
scierie on s'assurait d'un ouvrage à long terme. On aurait pu au moins
les garder encore un an dans les vieilles installations de Saucier, dans le
petit village de maisons mobiles qu'il y avait à côté de la
scierie. Ça aurait été autant de gagné pour ces
travailleurs-là. Bien, non, on a fermé ça et on les a
obligés à aller se bâtir ailleurs et on ferme. Et en plus
de ça, on fait les choses comme il faut, on ferme un mois avant les
fêtes pour être certain d'avoir un beau cadeau de Noël
à leur donner.
Qu'est-ce que vous pensez que ça crée ça comme
milieu social, comme milieu humain? Ce n'est pas la loi sur le partage familial
qui va partir avec la moitié de la dot. C'est la caisse qui part avec
tout. C'est ça le résultat total final de ça. Et
ça, il n'y a pas juste la scierie de Comtois qui est dans ce
problème-là. Moi. je veux bien que, sur le plan statistique avec
nos ordinateurs, on réussisse à prouver qu'on surexploite la
forêt au Québec. C'est vrai! On l'a surexploitée, la
forêt au Québec. On a des problèmes qui sont liés
à ça. Sauf que, quand on trouve... Chercher des solutions
à des problèmes doit se faire autrement qu'en créant de
nouveaux problèmes. Il faut trouver des mécanismes. Et un
gouvernement responsable se doit de trouver des mécanismes pour faire en
sorte que ça ne soit pas toujours le pauvre diable, si vous me passez
l'expression, en bout de piste qui paie pour ça. La scierie de Comtois,
qu'elle soit fermée par Donohue, ça représente juste
quelques zéros de plus dans les colonnes des profits et pertes.
Entre-temps, on investit à Matane et on investit ailleurs.
Enfin, on en ferme une et on rouvre ailleurs. Mais pour le travailleur,
lui, qui a tout réorienté sa vie et réinvesti ses petits
avoirs, avec la confiance que la compagnie allait lui garantir de l'ouvrage
à long terme, parce que c'est ça qu'on lui a dit quand on l'a
amené à déménager du petit parc de maisons mobiles
qu'il y avait là, eh bien, lui se retrouve avec plus rien. Il n'y a
personne qui le supporte. Tout ce qu'il lui reste, c'est un peu de
chômage et probablement l'aide sociale en dedans de 12 mois. Surtout
qu'avec la nouvelle Loi sur l'assurance-chômage, ce n'est pas
évident. Ça peut arriver avant. Parce qu'il n'y a pas d'autres
scieries qui vont le réengager nulle part dans le coin.
N'allez pas vous imaginer qu'ils vont le
réengager à Beattyville, c'est fermé. N'allez pas
vous imaginer qu'ils vont le réengager à Sen-neterre. N'allez pas
vous imaginer qu'ils vont le réengager à La Sarre ou à
Amos, ni à Val-d'Or, surtout pas à l'usine de panneaux de
Val-d'Or. Qu'est-ce qu'il va faire, lui, là? Il lui reste l'aide
sociale. Et durant ce temps-là, le ministre de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle dit: Tu es
apte au travail, je te coupe ton aide sociale. Tu es un lâche. Où
est-ce que l'on s'en va? Qu'est-ce qu'il va faire le pauvre diable?
Êtes-vous capables de me donner une réponse? Du moins, avant de
fermer une scierie, vous devriez vous poser la question, M. le
Président. C'est important qu'on le fasse. Parce que, quand on
gère un pays avec une base "business" comme si c'était une
entreprise pure et simple, eh bien, c'est vers ce genre de situation là
qu'on s'enligne.
Lorsque l'on gère un pays, M. le Président, il faut avoir
une vision sociale intégrée totale, il faut comprendre que,
lorsque l'on pose un geste quelque part, ça va avoir des effets
ailleurs. Et on est mieux de consulter son collègue, qui s'occupe
d'ailleurs, avant de poser le geste pour savoir ce que lui va faire pour
recevoir l'impact de ce geste-là. Quand on ne se parle pas et qu'on
gère un pays en considérant chacun des ministères à
partir de colonnes comptables, comme si c'était des entreprises
privées, ce sont des situations comme ça qui se
présentent, M. le Président. (20 h 30)
Je voudrais juste dire un dernier mot, en préliminaires, sur la
question des autochtones. On ne peut plus négliger la question
autochtone lorsqu'on est en forêt. On l'a vu, même en ville. On ne
peut pas les négliger. Et en forêt non plus, on ne peut pas les
négliger. Au moment de parler de la loi sur les forêts, on avait
mis le ministre en garde. Et si voulez, M. le Président, on
relèvera les discours que j'ai faits là-dessus, les interventions
que j'ai faites. Le ministre trouvait que c'était drôle; je
faisais perdre du temps. On ira voir ce que je disais à ce
moment-là, M. le Président. Que, si on négligeait les
revendications que les autochtones nous ont faites au moment de faire la loi
sur les forêts, avant longtemps, on se retrouverait avec des
problèmes bien plus graves qu'on ne pouvait l'imaginer. Regardez ce qui
se passe aujourd'hui. J'aurai l'occasion plus tard de vous parler d'un exemple
que j'ai moi-même vécu avec un de mes amis, trappeur Cri, cet
été, alors que je péchais avec lui sur ses terres de
trappe. Et je pourrai à ce moment-là essayer de sensibiliser le
ministre à partir d'un exemple bien concret, que j'ai vécu
moi-même avec mes enfants, pas plus tard qu'au mois de juillet
l'été passé.
Le Président (M. Audet): D'accord. Merci M. le
député. Est-ce qu'il y a d'autres remarques
préliminaires?
Une voix: Voulez-vous donner très brièvement...
Le Président (M. Audet): J'attends les remarques
préliminaires, s'il y en a d'autres.
Une voix: D'accord.
Le Président (M. Audet): Mme la députée,
vous avez des remarques? Mme la députée de Verchères. Vous
avez la parole, 20 minutes.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: Au futur ministre de la Forêt à part
entière, d'abord, je vais vous adresser mes félicitations. Bien
sûr, lorsqu'on crée un nouveau ministère, on crée
aussi des attentes au niveau de la population. On s'attend à ce qu'il y
ait un souffle neuf, une dynamique nouvelle qui s'installe, et je pense que ce
sont des attentes normales de la part de la population. Tantôt, j'ai
écouté mon collègue faire un plaidoyer sur les pertes
d'emplois, les fermetures en série. Il parle des problèmes de son
côté, bien sûr; moi, je suis en région de
Montréal, alors, ce sont des problèmes que je n'ai pas à
vivre dans mon comté. Mais cependant, j'ai des interrogations...
J'aurais questionné le ministre sur ses politiques futures, si ça
ne relève pas du ministère des Forêts, bien sûr. Je
pense que M. le ministre se chargera de répondre à ces
questions-là. Ça va peut-être se formuler sous forme de
différentes questions ou d'attentes.
Je disais tantôt qu'on s'attend, lorsqu'on a un ministère
nouveau, à des politiques nouvelles. Parlant d'expérience
nouvelle, moi, je m'attendrais à ce qu'on s'occupe un peu plus de
l'environnement et qu'on sorte, lorsqu'on parle de forêts, des
métiers traditionnels et qu'on suggère une manière
nouvelle d'utiliser notre bois. Là, on l'utilise pour la construction,
pour le chauffage, pour différentes occupations traditionnelles. Mais
là, je me demande si ça ne relèverait pas du
ministère de la Forêt de créer ou de s'interroger sur la
possibilité de la culture d'arbres de façon à
établir une étroite collaboration entre l'environnement et la
nature. Et je m'explique.
On me posait cette question-là dernièrement dans mon
comté. Un type qui avait une pépinière disait qu'il ne
pouvait plus arriver à gagner sa vie et s'informait s'il n'y aurait pas
lieu de faire de la culture d'arbres qui protégeraient l'environnement,
au lieu de bâtir un mur, par exemple, pour éviter la pollution par
le son. S'il n'y aurait pas lieu de cultiver des arbres qui seraient capables,
qui auraient des particularités, des qualités précises
pour ce genre d'occupation ou de fonction qu'on pourrait attribuer à ces
arbres qui pourraient, par exemple, couper la pollution par le son. D'autres
pourraient un petit peu minimiser la pollution visuelle et d'autres
carrément protéger l'environnement de la pollution par les
poussières industrielles. J'ai une usine qui a la réputation de
polluer dans mon comté, c'est Sidbec-Dosco, quoiqu'elle ne soit pas pire
que d'autres usines du même genre et qui amènent des gens du
milieu à laver leur maison trois ou quatre fois par année. Mais
il y a toujours le dilemme de dire: On ne peut pas trop se plaindre de la
pollution parce qu'il y a aussi les emplois à protéger. C'est une
espèce de dilemme. Comme là, il faut couper du bois, mais par
contre, ne pas faire des coupes à blanc. On est toujours pris entre ces
dilemmes et là, je me demandais s'il n'y aurait pas lieu... Si le
ministère ne prévoit pas de la recherche en ce sens afin de
répondre à des besoins nouveaux et d'établir des relations
nouvelles entre la nature, l'humain et les industries - qui sont aussi des
créations humaines - entre la nature et ses produits fabriqués,
qui sont les usines. Ça, c'est une première question.
Une autre question - parce que je suis en région, même si
ce n'est pas en région éloignée au point qu'on ait des
moulins à scie et tout - c'est la vocation régionale. Est-ce
qu'il y a des politiques prévues pour que, lorsqu'on coupe du bois dans
une région, qu'on utilise la forêt dans une région, les
emplois créés par cette forêt, directement ou
indirectement, soient créés sur les lieux, le plus possible. Pour
qu'ils n'aient pas que les désavantages mais aussi qu'ils
bénéficient des avantages d'une transformation, chez eux. Et
là, je pense qu'on pourrait parler de vocation régionale. Ce ne
seraient pas toujours les mêmes qui en bénéficieraient mais
chacun aurait sa juste part. Ce serait l'inverse du "pas dans ma cour", au
niveau de l'environnement ou au niveau de la pollution; là, ce serait
justement dans ma cour - c'est nous qui le produisons - et créer des
emplois en région dans ce sens.
Une autre chose qui m'est arrivée, aussi. Comme je vous le dis,
on est en banlieue de Montréal dans le comté de Verchères.
Mais il y a une question qui m'a été posée et à
laquelle je n'ai pas été en mesure de répondre, à
savoir si les érablières relèvent du ministère des
Forêts ou de l'Agriculture? Et tout ce qui concerne la conservation des
érablières... Même s'il y a des politiques pour amener les
gens à être un petit peu moins inquiets sur le fait que les
érablières sont en détérioration. Plusieurs
propriétaires d'érablières ont vu baisser le prix de leur
érablière, de façon dramatique. Peut-être que
ça relève du ministère de l'Agriculture - je ne sais pas -
mais moi, je l'associe un peu au ministère des Forêts. Et s'il y a
des politiques dans ce sens-là, pour sauver nos
érablières, qui sont en plus, je pense, des acquis qui pourraient
être, si c'était développé, des attraits
touristiques importants. On revient toujours à nos dossiers, qu'est-ce
que vous voulez? Moi, j'ai le dossier du tourisme et je trouverais
énormément dommage que le ministère des Forêts ne
s'occupe pas -n'ait pas de politique adéquate - de protéger nos
forêts, nos érablières et tout le commerce qui pourrait
s'établir autour de ça.
Les boisés, aussi. Le problème des boisés, dans les
milieux agricoles, est-ce que ça relève aussi du ministre des
Forêts? Si cette politique de conservation des boisés afin de
protéger, ou une érablière... Si on me dit oui, j'aurais
peut-être quelques questions à cet effet. Parlant des
érablières, qu'est-ce qui arrive, par exemple, si un agriculteur
qui a une érablière ou un boisé privé décide
de faire une coupe à blanc? Est-ce que le ministre peut s'assurer - ou
est-ce que son ministère a les ressources suffisantes pour, en ce qui
concerne les coupes à blanc - que, réellement, les politiques qui
sont mises en place soient respectées? Est-ce qu'il donne un meilleur
contrôle, peut-être, sur les CAAF? Ça, c'est plus
spécialisé, si vous voulez. Mais, est-ce qu'il a un
contrôle sur un agriculteur ou un propriétaire qui voudrait faire
de son érablière ou de son boisé... Parce qu'on le voit
régulièrement; des gens qui s'achètent des terres,
supposément boisées, puis ils disent que le boisé n'est
pas bon, n'est pas valable plus qu'il ne faut et on s'aperçoit
qu'à l'intérieur de quelques années, ils ont
défriché complètement pour faire un développement.
Est-ce que ça relève du ministre des Forêts et est-ce qu'il
a des politiques en ce sens?
Une autre petite question. J'interroge beaucoup; comme ce n'est pas mon
dossier et que je suis moins spécialisée, c'est en posant des
questions, je pense, qu'on arrive à se renseigner puis à
être plus compétente dans le domaine. Les dossiers du
désencrage. Est-ce que ça relève aussi du ministre des
Forêts de s'assurer que, pour alimenter une usine de désencrage,
si on n'a pas présentement de quoi l'alimenter en matière de
papier et tout, de s'assurer qu'on ne devienne pas la poubelle des autres pays
environnants? Moi, quand je parle de pays, je parle aussi du Canada, bien
sûr. C'est une question de temps; ça, je pense qu'on en
conviendra. Le ministre pourra-t-il s'assurer que ce ne soit pas comme pour les
déchets - qu'on s'aperçoive que les déchets des autres
s'en viennent chez nous puis là, on est pris avec - qu'on puisse les
alimenter chez nous de façon adéquate. Alors, le reste du temps -
je n'ai peut-être pas épuisé tout mon temps, mais
l'idée n'est pas d'épuiser le temps - je pense que je laisserai
la parole à M. le ministre, s'il voulait répondre à
quelques-unes de mes questions. Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Audet): Excusez, madame. Vous avez
terminé?
Mme Dupuis: Oui.
Le Président (M. Audet): O.K. Excusez-moi, j'étais
avec le député d'Ungava. Est-ce qu'il y a
d'autres remarques préliminaires?
Mme Dupuis: Non, M. le Président. Non, ça va.
Le Président (M. Audet): Non, non pas du tout.
J'étais avec votre collègue d'Ungava, je m'en excuse.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...remarques
préliminaires de la part du député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
Le Président (M. Audet): Alors, M. le député
de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, vous avez la parole 20 minutes.
Allez-y.
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Voici, M. le Président. Oui, j'avais eu
seulement le temps de débuter mon intervention pendant les 20 petites
minutes à l'Assemblée nationale. M. le nouveau ministre - ou qui
va être le titulaire d'un nouveau ministère par cette loi qui va
créer le ministère des Forêts, le projet de loi 111 -
j'avais fait quelques remarques au niveau de l'adoption du principe du projet
de loi et on a bien vu en pratique...
Le ministre a bien pu voir à l'Assemblée nationale que
nous l'appuyions fermement dans la création de ce ministère des
Forêts. Mais, la création d'un ministère, ça impose
aussi un certain nombre de responsabilités. Il vaut la peine de
répéter que, si l'État a pris la décision unanime,
au niveau du principe, de la création de ce ministère des
Forêts, c'est parce que c'est un secteur d'activité
économique important. Puis ce n'est pas seulement un secteur
d'activité économique, c'est aussi un secteur d'activité
que nous pourrions dire sociale puis, sans déborder sur le sens que
l'on... ou sans étirer le sens usuel que l'on donne au mot "social",
parce que c'est une richesse qui contribue à maintenir des
collectivités, qui contribue à développer des
collectivités. Alors, si c'est important de créer ce
ministère-là, il faut s'interroger. C'est surtout ça qu'on
va faire article par article, lorsqu'on abordera chacune des dimensions du
projet de loi.
Quels sont les devoirs, quelles sont les responsabilités qui vont
être données au ministre responsable, au ministre des
Forêts? J'ai déjà mentionné que le ministre va avoir
la responsabilité de favoriser la mise en valeur des forêts
privées. On a fait un bon petit chapitre là-dessus. Lorsque nous
arriverons, encore une fois, au niveau de la définition de chacun des
articles, eh bien, j'aurai certainement quelque chose à dire et à
proposer, ne serait-ce que sur la formulation du quatrième dispositif de
l'article 14. Quant à la responsabilité du ministre dans
l'attribution des contrats d'aménagement fores- tier, du contrôle
des unités d'aménagement forestier et de l'allocation des
ressources, on peut bien dire que c'est des projets de loi qui sont
relativement techniques, qu'ils confirment un état de fait. Le ministre
ne nous en veut certainement pas si on poursuit à l'occasion une petite
taquinerie; c'est parce que ça arrivait aussi dans une situation qui
était peut-être réelle. (20 h 45)
On dit souvent au ministre: Vous allez pouvoir exercer ces
responsabilités; vous n'aurez plus la belle-mère sur le dos pour
regarder pardessus vos épaules. Le ministre sait que c'est une
taquinerie cette dimension-là, mais ce qui n'est pas une taquinerie,
c'est le quatrième dispositif; ce sont des projets de loi qui sont
peut-être techniques, mais à travers l'écriture, parfois,
et c'est le sens... Les mots, là où ils sont placés dans
un texte indiquent ou donnent souvent le sens ou l'orientation qu'on veut
donner à tel ou tel objectif ou telle ou telle orientation. Le
quatrième dispositif termine en disant que les CAAF sur la forêt
publique sont attribués lorsqu'il n'y a pas d'autre source
d'approvisionnement disponible. Il eut été très facile,
pour traduire l'état d'esprit du véritable sens qu'on a voulu
donner à la loi 150, de dire: Les approvisionnements sont d'abord
pourvus à partir de la forêt privée, et de l'inscrire
formellement dans ce sens dans le projet de loi qui va créer le
ministère et le résiduel. Et c'est une grande partie, on le sait,
par rapport aux besoins qu'on a au Québec. Par ailleurs, on va aller sur
la réserve publique qui appartient à tous les citoyens et
citoyennes pour y chercher ce dont on a besoin pour faire fonctionner nos
usines, ou enfin essayer de faire fonctionner celles qui sont en place,
même s'il y en a un certain nombre actuellement qui ont des
difficultés certaines.
Une autre responsabilité qui va être confiée au
ministre, c'est d'élaborer et d'exécuter des plans et des
programmes pour la conservation, l'exploitation et la transformation au
Québec des ressources forestières. Et il n'est pas illusoire de
penser que le législateur aurait pu inscrire, au niveau du projet de
loi, un certain nombre de spécificités quant aux
préoccupations. Ça va de soi que, lorsqu'on parle de la
transformation des ressources, de la conservation, de l'exploitation et de la
transformation des ressources, on élimine une grande partie du
territoire urbain québécois. Pas besoin de faire une grande
démonstration là-dessus. Ça va de soi. Mais qu'on ait le
souci de le dire - et en particulier de contribuer au maintien et au
développement des collectivités rurales au Québec -
ça, c'eût été un signe que la création du
ministère des Forêts, ça dépasse l'intention au sens
de la taquinerie que je mentionnais il y a quelques secondes. Et ça
indique qu'il y a également une mission sociale à ce
ministère.
C'est aussi une façon de lancer un appel
aux populations locales. Parce que, même si ce n'est pas inscrit
au projet de loi, le ministre qui va être responsable de ce nouveau
ministère va être appelé - je parie - dans les semaines et
dans les quelques mois qui viennent, à contribuer à cette immense
problématique - pas facile à saisir en termes de solution, on va
tous en convenir autour de la table - qui s'appelle la désertion du
milieu rural, la déstructuration des milieux ruraux, l'affaiblissement
et plus que cela. J'ai mentionné, je pense, qu'au Québec, grosso
modo, il y a au-delà de 800 municipalités de moins de 700
habitants. Alors ça, ce sont des petites collectivités qui, dans
le contexte de révolution du Québec, dans le contexte de ce qu'on
appelle généralement, en des mots un peu gros et qui sont parfois
difficiles à comprendre pour le commun des mortels, qui demande à
ces 800 collectivités-là qui vivent un drame au Québec
à cause de la mondialisation des marchés... Et le ministre va
être convié à relever une partie de ce
défi-là.
Quand on veut redresser ou quand on pense que l'occupation du
territoire, c'est une dimension importante au Québec, qui va être
convié autour de la table en termes de propositions de solution, en
termes de moyens à mettre en oeuvre? Ce n'est pas le ministre de
l'Industrie et du Commerce, au niveau du développement de la technologie
de pointe. L'exemple que j'emploie souvent pour illustrer, je dis aux citoyens
de Laverlochère dans le comté de
Rouyn-Noran-da-Témiscamingue: On le sait bien que ce n'est pas
l'industrie nucléaire qui va redresser la situation qui fait que les
jeunes quittent massivement. Et encore là, si ce n'étaient que
les jeunes qui quittaient ces petites collectivités, ce sont les
parents. Le diagnostic est très clair au niveau des 0-14 ans qui ont
quitté depuis 15 ans les milieux ruraux, mais ce qui est plus grave
encore, quand on analyse les courbes d'occupation dans ces
municipalités, c'est que, non seulement il y a moins d'enfants mais le
plus dramatique, c'est qu'il y a moins de parents. Alors là, c'est plus
dramatique parce qu'il y a moins d'espoir. Il y a beaucoup moins d'espoir pour
le renouvellement de la population.
Tout ce qui est bon... Puis je n'ai pas honte de le dire, je vis cette
situation-là; je suis même participant à ce
phénomène-là en quelque sorte. Moi, je demeure dans une
toute petite municipalité qui s'appelle Saint-Guillaume-de-Granada et je
fais partie très exactement du diagnostic qu'on a dressé au
Conseil des affaires sociales. Je fais une parenthèse en disant que ce
n'est pas à l'extérieur de la problématique de la mise en
valeur de la forêt au Québec. Je demeure dans le circuit de ce qui
s'appelle le développement en trou de beigne du Québec. Les
centres-villes de tous les chefs-lieux du Québec se sont vidés
littéralement depuis 15 ans. La raison: le développement
commercial. Puis là, il y a une espèce de mouvement
nord-américain là-dessus - pour ne pas accuser tel
député ou tel ministre ou tel autre d'être responsable de
cette situation - les centres-villes se sont vidés puis on n'a
gardé aux centres-villes, généralement, que les
très, très pauvres qui n'ont même pas pu reculer d'un
quartier pour déménager parce que c'est trop dispendieux.
Tout ce qui entoure le chef-lieu - on appelle ça
généralement des municipalités de banlieue, comme la rive
sud, comme la rive sud à Québec, comme alentour de
Jonquière, de Chicou-timi et de Rimouski - eh bien, tout ce qui est
jeune dans la société, en meilleure santé, a une meilleure
formation, a généralement un emploi stable, des meilleures
conditions de travail, une sécurité d'emploi - tout ce
monde-là est allé les rejoindre. Et ça constitue surtout,
un groupe de parents entre 20 et 35 ans, c'est-à-dire ceux qui ont la
capacité de reproduction, avec les qualités que je viens de
mentionner. Ils se sont retrouvés à Saint-Guillaume-de-Granada,
McWatters, etc. Ce sont des petites municipalités qui entourent
immédiatement Rouyn-Noranda et ça regroupe ceux qui, heureusement
pour un certain nombre de personnes dans la société, ont
réussi à être dans ce créneau-là, peu
importent les raisons. Et tout ce qui est en dehors de ça - et puis
là, ce n'est pas de l'Abitibi-Témiscamingue que je parle. Il
suffit de regarder les propres documents publiés par le ministre de la
Santé et des Services sociaux, un document fantastique qui s'appelle
La santé à la carte, pour voir que tout le restant du
pays, tout l'arrière-pays, dans toutes les régions du
Québec - ça se vide littéralement. Et ce qui reste sur
place - parce qu'il en reste évidemment; j'ai dit 800
municipalités ou 700 municipalités de moins de 800 habitants -
tout ce qui reste: mauvaise formation, mauvais état de santé,
plus faible scolarité, précarité au niveau d'un
très grand nombre de conditions personnelles et conditions sociales et
puis, évidemment, une très grande proportion de sous-emploi.
Au Québec, le sous-emploi, lorsqu'on le calcule avec toutes les
personnes inoccupées et qu'on les place sur la carte - parce qu'elles ne
sont pas situées n'importe où - ça nous mène autour
de 30 %-40 % de la population. Quel est l'espoir que l'on... Quels sont...
C'est quoi la grande politique que nous nous sommes donnée? Quels sont
les grands objectifs qu'on a dessinés au Québec, qui auraient
fait en sorte qu'on aurait pu dire: Bon, écoutez, 800
collectivités qui sont dans une situation désastreuse au
Québec... Puis voyez-vous, au même moment, nous, on dit: On va
créer un ministère des Forêts. Alors ça, ce que
ça veut dire dans un État responsable, dans un État qui a
une politique d'ensemble, ça veut dire oui pour l'exploitation, la mise
en valeur, la conservation de la matière, excusez-moi, entre guillemets:
du stock, la matière ligneuse, mais par ailleurs, une
responsabilité sociale. Et quel sera l'apport de ce nouveau
ministère dans une politique globale de redressement, de
restructuration, de revitalisation de notre arrière-pays? Parce que
c'est là aussi qu'elle se situe, essentiellement.
Le ministre va me parler - puis je ne le rabrouerai pas
complètement là-dessus - sur toute la, non pas la théorie,
mais la pratique du rendement soutenu au niveau de la forêt publique,
mais il va falloir aller au-delà de ça. Il va falloir... Au
niveau des signes tangibles parce que des fois, dans la société,
il faut donner des signes. Il faut donner des signes, puis tel pan de la
population est mal pris, tel pan de la population ne dispose pas de
suffisamment de leviers, puis il faut apporter des mécanismes de
soutien, des mécanismes correcteurs, des possibilités - pas le
faire pour les autres - mettre un certain nombre de moyens, de
possibilités en place.
Un de ces signaux-là, c'eût été d'indiquer
dans la loi, par exemple, que la responsabilité du ministère,
c'est aussi de contribuer au relèvement, au redressement, au
développement des collectivités rurales. Quand je dis d'inscrire
ça dans la loi - puis, encore la, c'est pour illustrer ma pensée
- je suis à peu près certain parce que le ministre actuel
connaît ces situations par expérience. Mais nous aurions eu cette
loi, ou ce projet de loi au mois de mars au lieu du mois de décembre -
et là, ce n'est pas mon point de nous mettre à nous tirailler sur
le moment du dépôt de la loi; ça fait assez longtemps qu'on
la réclame - cette loi-là serait passée à
l'Assemblée nationale après les états
généraux du monde rural organisés par l'UPA, je suis
quasiment prêt à parier que le ministre se serait senti la
responsabilité d'inclure cette mission à l'intérieur, du
projet de loi. Mais on sait que ça s'en vient, le ministre doit prendre
conscience de cela.
Alors, ce que j'illustre-là, c'est la responsabilité ou
les devoirs que va devoir exercer maintenant le ministre des Forêts. Et
en contribuant à la transformation de la ressource, il y a aussi une
responsabilité sociale. Il y a un autre objectif, ou il y a une autre
responsabilité qui va être confiée au ministre. Et
là, je vais être un peu sévère pour le ministre
actuel. On discute le projet de loi, pas pour focaliser sur le ministre actuel
- pour ça, il y a d'autres mécanismes, il y a d'autres lieux pour
le faire, pour exercer cette fonction-là au niveau de l'Opposition - le
ministre devra aussi dorénavant, formellement, assurer l'apport du
secteur forestier au développement régional. Et là-dessus,
le ministre sait à quoi je vais penser, à quoi je vais faire
allusion. Ça va lui imposer un devoir de collaboration. Là
encore, il eût été important, je pense, de fixer quelques
éléments de paramètres sur ce que ça veut dire pour
le ministre parce que le ministre actuel, lui, a une longue expérience
de la forêt.
On peut avoir beaucoup - comme mon collègue d'Ungava - de
reproches à faire sur le comportement, sur la situation du secteur.
Quand même un fait: Le ministre "joue dans le bois", au bon sens du
terme, depuis un bon nombre d'années. Il ne sera pas toujours là.
On pourrait aussi le taquiner en disant: Ça va être plus court que
long, là, la responsabilité ministérielle. Ce qu'on veut
tout simplement dire, c'est: II va y avoir évidemment une succession de
ministres. Et il faut qu'on soit capables de poser les balises à ce que
ça veut dire, ça, assurer l'apport du secteur forestier au
développement régional.
Par exemple, la référence à de la collaboration, la
nécessaire collaboration - pas la soumission, la nécessaire
collaboration - avec une structure régionale qu'on s'est donnée
au Québec au niveau des territoires d'appartenance, qui s'appelle les
MRC. On les a chargées de deux missions fondamentales lorsqu'on les a
créées, les MRC: l'aménagement du territoire et les
règlements d'occupation de ces territoires-là.
L'aménagement et l'urbanisme, c'est ça les deux grandes missions,
grosso modo, à travers le Québec. Le ministre des Affaires
municipales serait probablement d'accord avec cela. Bien faites, bien
réalisées; des problèmes d'intégration, bon, soit.
Mais ce n'est pas tout de définir ton schéma d'aménagement
et la réalisation de tes règlements, de tes plaintes, de tes
règlements d'urbanisme dans tes municipalités. Après cela,
ce niveau de gouvernement - parce que c'en est un - a aussi la
responsabilité du développement.
C'est tellement vrai qu'il y a beaucoup de groupes, il y a beaucoup de
régions d'appartenance au Québec qui, à l'occasion de la
fabrication de leur plan d'aménagement, ont outrepassé les
strictes dispositions de la loi 125 et ont ménagé des
propositions de développement à l'intérieur de leur
schéma. C'est par responsabilité; et encore là, la
forêt n'est pas située au coeur de Québec, elle n'est pas
située au coeur de Montréal, elle est située dans les
régions rurales. Ça, ça va imposer un devoir de
collaboration au ministre et il eût été heureux que l'on
retrouvât dans les responsabilités à confier au ministre la
nécessaire collaboration avec ceux et celles qui s'asseoient à
tous les mois autour d'une table, qui s'appellent les maires et qui sont
près de leurs citoyens et citoyennes. (21 heures)
Dans l'attribution, par exemple, des contrats d'aménagement des
CAAF dont le ministre a la responsabilité, le ministre peut nous
expliquer que c'est une négociation avec une entreprise privée,
sauf que c'est une entreprise privée qui va jouer dans les biens publics
et que les gens qui sont sur ce territoire-là ont le droit d'être
consultés. Je n'ai pas dit approuver ce que le ministre va
décider de s'occuper de sa responsabilité ministérielle.
Non, le devoir de consultation, ça veut dire quoi dans le concret?
Ça veut dire que notre fameux problème, pour moi, c'est un
très gros problème. Je comprends que le ministre a une
responsabilité nationale et que ça
peut paraître minime, mais mon fameux problème de ma
collectivité de Belleterre, au moment où le ministre se fait
soumettre des demandes de contrat, une demande de CAAF qui fait appel à
de la ressource ligneuse dans ou autour du territoire où est
situé cette municipalité-ià, c'est à ce
moment-là qu'il est utile de discuter avec les instances locales,
régionales, au sens de MRC, pour qu'on puisse faire et être
sûr qu'on va réaliser notre mission sociale également.
Je n'irai pas dans l'extrême détail, mais je suis
persuadé et je prends le risque de dire que dans le cas de Belleterre,
par exemple, il aurait suffi, M. le ministre, que nous nous fussions assis avec
les autorités locales pour que nous ayons été capables de
découper quelque chose aujourd'hui que vous pourriez accorder. Le
ministre va me répondre encore, et je le comprends, dans les contrats
qu'il a signés...
Le Président (M. Audet): Si vous voulez conclure, M. le
député, s'il vous plaît.
M. Trudel: Je conclurai en disant: Le ministre... ça
aurait permis au ministre en collaboration avec le monde municipal de trouver
ensemble des solutions et les 25 000 mètres qu'on n'a pas aujourd'hui -
et le ministre ne peut pas les sortir de ses poches, de ses culottes, ces 25
000 mètres qu'il n'a pas, mais ils ne sont plus existants parce qu'on
les a donnés à d'autres, bon, et on ne peut toujours pas
déménager ça. Alors, là-dessus, c'est donc une
nouvelle responsabilité de collaboration avec le monde rural, avec le
monde municipal ou régional qu'il va falloir préciser dans le
projet de loi.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député. Est-ce qu'il y a d'autres remarques préliminaires?
M. le ministre, brièvement.
M. Albert Côté
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui,
brièvement. Je vais essayer de répondre aux questions qui m'ont
été posées. Si j'en oublie au cours, des discussions
article par article, probablement qu'on aura l'occasion de les reprendre. M. le
député d'Ungava a fait état de la situation assez
dramatique dans son comté. Je conviens qu'il y a eu fermeture de
scieries, scieries importantes, la plus importante du Québec, la scierie
de Comtois, la scierie de Beattyville, la scierie de Milot, qui a fait faillite
dans son comté également. Je ne peux pas dire que je me
réjouis de cette situation-là, au contraire, sauf que lorsqu'on a
tendance à blâmer Donohue ou MacLaren, il faudrait peut-être
que le député d'Ungava se demande combien de temps la Scierie
Saucier, les Produits forestiers Saucier serait restée ouverte pour
maintenir les emplois qu'il y avait là. Il pourrait se demander aussi
combien de temps la scierie de Beattyville serait restée ouverte et
faire le bilan des deux, à savoir laquelle des deux aurait duré
le plus longtemps.
Je regardais l'autre jour, c'est-à-dire que je voyais une
remarque de Michel Perron qui disait qu'il avait vendu à temps parce que
c'est cyclique dans le domaine du sciage et que la récession qu'on
connaît actuellement est probablement plus importante qu'elle ne l'a
jamais été. Vous savez qu'on a passé de 3 000 100 000
mètres cubes de production au Québec en 1972 à plus de 4
500 000 000 de mètres cubes de bois. C'est beaucoup de bois et,
évidemment, l'industrie du bois de sciage va avec la construction. Si
aux États-Unis, il se construit 1 100 000 unités plutôt que
2 100 000 ou 1 800 000 unités... mais c'est évident qu'il y a des
surplus de capacité. C'est ce qui est arrivé. Il faudrait
peut-être faire le bilan des deux. Et je suis convaincu que les deux
usines en question auraient fermé plus rapidement, n'eût
été de l'intervention de MacLaren et de Donohue. Je ne peux pas
dire que MacLaren et Donohue, ils ne font pas d'erreur et que c'est parfait,
sauf qu'ils ont les reins un peu plus solides que les deux autres qui ont
vendu.
Les nouveaux marchés, oui, on a regardé pour de nouveaux
marchés. On vient de signer une entente avec le gouvernement du Canada.
Je la signe demain avec mes collègues et l'entente avec le gouvernement
du Canada avec la Nouvel-le-Écosse, le Nouveau-Brunswick et l'Ontario
pour soutenir un bureau qui va faire de la promotion pour des nouveaux
marchés. La participation de quatre ou cinq gouvernements fait en sorte
qu'on recherche toujours des nouveaux marchés.
Évidemment, quand on parie d'usine de panneaux, c'est
relié à l'industrie de la construction. Lorsqu'on a voulu
construire des usines de panneaux au ministère, on a
évalué la situation et on a donné des bons conseils
à ceux qui les ont construites, les usines de panneaux. Et je vous
dirais, M. le député, que si on avait écouté,
peut-être qu'on aurait moins de difficultés aujourd'hui, qu'il n'y
aurait pas de surcapacité et qu'il n'y aurait pas de fermeture. Sauf que
les promoteurs ont voulu prendre le risque, ils l'ont pris, c'était leur
décision. Et on a demandé... Dans une usine de panneaux qui est
à Saint-Michel-des-Saints, en raison de la conjoncture des
prévisions, on avait demandé que les promoteurs aient un fonds de
roulement plus important pour être capables de passer à travers
les périodes difficiles qu'on prévoyait. Et moi, dans ma
région, dans le Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, le Syndicat des
producteurs de bois avait un projet d'usine de panneaux particules, non
gaufrés plutôt, et je leur ai conseillé de ne pas le faire.
Et s'ils l'avaient fait pareil, ils seraient dans la même situation que
les autres que vous avez mentionnés tout à l'heure. J'aimais
mieux faire des recherches avec eux pour leur trouver un autre projet qui avait
plus de chances de se
rentabiliser. Évidemment, quand il passe une
opportunité-
Une voix:...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, Mont-Joli.
Quand il passe une opportunité, il faut la saisir. Et si Mont-Joli ne
voit pas le jour, je souhaite que ça voie le jour, ça sera
évidemment en fonction des prévisions que nous aurons
données à ces gens-là, des conseils que nous aurons
donnés. S'il voit le jour pareil, admettons que les prévisions
nous font voir une surcapacité et, évidemment, des prix en bas du
coût de production, on se crée un plus grand problème que
d'attendre l'opportunité de le faire. C'est évident que c'est
malheureux pour les travailleurs d'usine et les travailleurs forestiers
lorsqu'il y a des fermetures semblables. Et je lève mon chapeau devant
ces travailleurs-là parce qu'ils ont tellement le goût de
travailler qu'ils prennent des risques inconsidérés. Pourquoi les
prennent-ils? J'ai de la misère à le comprendre. C'est parce
qu'ils ont le goût de travailler. Ils ont tellement de coeur au ventre
qu'ils font n'importe quoi pour se trouver une "job". C'est malheureux, parce
que c'est eux autres qui, les premiers, sont le plus affectés lorsqu'il
y a des fermetures. Autant que votre voisine, la députée de
Verchères, vous n'auriez peut-être pas dû écouter
votre voisin, le député d'Ungava, mais tout de même. Vous
avez ouvert la porte sur la foresterie urbaine...
Le Président (M. Audet): Messieurs, mesdames, s'il vous
plaît. À l'ordre!
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est un sujet qui
nous tient à coeur parce que, au ministère des Forêts, on a
l'expertise, on a les connaissances pour s'en occuper, mais ça
relève du ministère de l'Environnement. Et au ministère de
l'Environnement, je n'ai pas l'impression qu'ils sont assez nombreux pour
rendre de grands services à la foresterie urbaine comme telle. Et quant
à l'effet, l'importance de la forêt dans notre environnement, dans
notre qualité de vie, si vous regardez la Loi sur les forêts, le
deuxième grand principe de la Loi sur les forêts dit qu'on doit
respecter la polyvalence de la forêt et les autres ressources qu'elle
contient. Et les autres ressources, c'est évidemment la qualité
de l'eau que la forêt protège, c'est le contrôle de
débit des cours d'eau qui purifient l'air, c'est également un
habitat pour la faune et c'est également un lieu pour nos loisirs.
Une voix:...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oh!
écoutez, moi...
Le Président (M. Audet): À moins qu'il n'y ait
consentement, mais... Une voix:...
Le Président (M. Audet): Ça va? O.K., allez-y. Il y
a consentement, M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Alors, on va
essayer de raccourcir. Quant à la recherche, Mme la
députée, au ministère des Forêts, on en fait pas
mal, d'une façon assez marquée et importante. On fait beaucoup de
recherches sur la génétique des arbres, des plantes. On fait de
la recherche du côté de l'industrie. On en fait du
côté de l'aménagement forestier, des travaux qu'on fait en
forêt. Et on dépense environ 12 500 000 $ sur un budget total de
330 000 000 $ en date d'aujourd'hui, ce qui est un bon pourcentage. Les
résultats de recherches nous donnent des espoirs qu'on pourra
améliorer notre forêt et améliorer notre forêt d'une
façon sensible. Seulement la recherche que nous avons conduite sur le
bouturage fait en sorte qu'on peut espérer un gain de croissance de 60 %
sur les épinettes noires et les épinettes blanches d'ici l'an
2006, et un gain de 100 %, dans ces cas-là, c'est important. Mais il se
fait également de la recherche pour trouver génétiquement
des plants qui vont résister aux maladies et aux attaques des
insectes.
Quant aux érablières, nous avons signé il y a
quelque temps avec le gouvernement fédéral une entente
particulière pour la fertilisation des érablières qui
s'appauvrissaient. Dans le temps, on prétendait que c'était
causé par les pluies acides. C'est sûr que les pluies acides ont
affecté certaines érablières au Québec, mais le
stress causé par les pluies acides n'est qu'un autre stress parmi tant
d'autres imposés aux arbres. Vous avez les verglas, les dégels
hâtifs, les gels, les grands vents, etc. Et l'arbre, comme tout
être vivant, subit des stress. Et quand on ajoute un stress additionnel,
lorsque les pluies acides-Bien, ça a fait ça, sauf que les
résultats de la fertilisation nous font espérer que ces
arbres-là ont repris vigueur.
C'est évident que des érables, une fois rendus à
bout d'âge, finissent par mourir comme tout être vivant, mais ce
n'est pas aussi grave du côté des pluies acides qu'on l'avait
imaginé. C'est tant mieux. Et le programme de fertilisation donne de
bons résultats. Les érablières sur terrains publics
relèvent du ministère des Forêts à qui nous donnons
des permis. Et lorsque c'est en territoire agricole, c'est la Commission de
protection du territoire agricole qui fait en sorte que les
érablières ne puissent pas être exploitées à
blanc, de façon inconsidérée, et c'est la Commission de
protection du territoire agricole qui s'occupe de ce problème-là
dans ce temps-là. Surtout dans les territoires de forêts
privées où le ministère des Forêts n'a aucun
pouvoir, sauf qu'on aide la forêt privée à faire des
travaux et
nous avons subventionné les propriétaires
d'éra-blières ou les locataires d'érablières pour
faire des travaux pour améliorer la production de leur patrimoine.
Le désencrage, évidemment, il y aura... Vous avez vu la
politique de désencrage qu'on a mise de l'avant et le principal point,
c'est qu'on est prêts à aider ceux qui veulent faire le
désencrage pour recycler des fibres pour les introduire dans le papier
journal ou dans d'autres papiers de façon à nettoyer notre cour.
De façon à nettoyer notre cour, ça veut dire qu'on
prétend que si on fait une bonne récupération au
Québec, on récupérera environ 150 000 tonnes de vieux
journaux et de magazines. Et de façon à donner un peu plus de
flexibilité, on a dit dans notre politique a ceux qu'on aidera: il
faudra qu'ils récupèrent au moins 50 % de leur papier au
Québec et ça, c'est dans le but de mieux gérer les
dépotoirs, les sites d'enfouissement et de nettoyer notre cour. Et
lorsque vous parlez de ne pas devenir le dépotoir des Américains
ou des autres, je vous dirai que j'ai visité une usine de
désencrage qui ne cause pas grand dommage à l'environnement. Si
on emploie ces techniques-là au Québec, il n'y aura pas tellement
de problèmes. Ça pourra procurer des emplois et nous permettre
aussi de maintenir nos marchés, nos clients américains qui
exigent de la fibre recyclée dans le papier journal.
Je vous donnerai l'exemple de la Parenco, qui recycle 200 000 tonnes de
vieux journaux et de revues et qui brûle les bouts, c'est-à-dire
les déchets, les pertes complètement dans un incinérateur
qui ne cause pas de dommage à l'environnement. Les autres déchets
sont brûlés dans un incinérateur spécialisé
spécialement affecté à ça qui ne cause pas encore
de problèmes d'environnement, mais ça donne des emplois.
Ça nous permettra, si on le fait de cette façon-là, si
c'est bien fait, de maintenir nos marchés et de maintenir nos
clients.
M. le député de Rouyn-Noranda-Témis-camingue,
évidemment, il a une préoccupation qui lui est chère et
qui m'est chère également: la préoccupation
régionale. Et dans la loi, on dit, à l'article 11 - il l'a
mentionné - qu'on devra assurer la part du secteur forestier,
développement régional. Ça inclut également le
milieu rural. Dans ma région, on a formé une coalition, la
Coalition Urgence rurale. Et c'est évident que le secteur forestier
apportera sa collaboration, et le secteur ne l'a jamais refusée, sa
collaboration pour aider. Mais, seulement, le secteur forestier, comme le
disait votre collègue, le député de Labelle, avant
d'entrer dans cette salle, fera seulement sa part, et sa large part. Mais le
secteur forestier ne pourra pas régler tous les problèmes des
régions et des ruraux parce que, dans le passé, on n'a pas
exploité la forêt de façon correcte, on ne l'a pas
cultivée, on ne l'a pas traitée, on ne l'a pas soignée, on
en a abusé. La forêt est rendue, dans bien des cas, très
loin de ces municipalités-là, et il n'y a pas grand-chose
à faire, du côté forestier, dans certains cas. Dans
certains cas, c'est possible.
On a annoncé, il n'y a pas si longtemps, la construction d'une
usine à La Martre justement pour aider les gens dans cette
situation-là. Je ne sais pas si vous connaissez La Martre, mais ce n'est
pas un village tellement gros. Ça a 325 personnes. Mais quand la
disponibilité forestière le permet et qu'on a les moyens
financiers de le faire, c'est avec plaisir qu'on le fera. Évidemment,
l'occupation du territoire, comme vous l'avez mentionné, c'est important
Et le Québec sera fort en autant que les régions seront fortes
Ça aussi, c'est important. Mais on ne peut pas refaire l'histoire. Et si
on a défait le paysage en exploitant, en surexploitant la forêt,
bien, écoutez, il faut la rebâtir, il faut prendre le temps de le
faire. Et sur la forêt privée, je n'ai pas beaucoup
d'autorité. Je souhaite que les propriétaires privés en
viennent un jour à respecter la forêt et, évidemment, le
rendement soutenu. On y arrivera, mais c'est parce que c'est déjà
en discussion dans plusieurs syndicats; dans plusieurs régions,
ça l'est Évidemment, on a beau le regretter, mais les faits sont
là Ça va, M. le Président, pour les remarques.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le ministre. Alors,
s'il n'y a pas de remarques préliminaires... Étant donné
que les remarques préliminaires sont terminées, nous devons
passer aux motions préliminaires.
M. Jolivet: Oui, mais avant de passer aux motions, pour
accélérer le processus d'étude du projet de loi,
j'aimerais demander au ministre s'il a des amendements au projet de loi.
Avez-vous des papillons, comme on appelle?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, j'ai une couple de papillons, une couple d'amendements.
M. Jolivet: Est-ce que le ministre accepterait de nous donner ces
amendements-là pour pouvoir fonctionner?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, M. le
Président.
Le Président (M. Audet): Alors, on va distribuer les
amendements.
M. Jolivet: Est-ce que le ministre - en fait, c'est le
président de la commission - peut nous donner quelques instants pour les
examiner? Alors, on demanderait une suspension, le temps de les examiner.
Le Président (M. Audet): Bon! Alors, écoutez, on
peut suspendre quelques minutes, pas tellement.. Vous avez besoin de quoi? De
cinq
minutes? Je peux suspendre cinq minutes...
M. Jolivet: Bien, moi, je pense que le temps...
Le Président (M. Audet): ...pour que nous les regardions.
On peut quand même...
M. Jolivet: Ça peut aller jusqu'à au moins et
demi.
Le Président (M. Audet): On pourrait quand même
débuter par l'article 1...
M. Jolivet: Non...
Le Président (M. Audet): ...débuter les articles du
projet de loi et...
M. Jolivet: Non. Je veux bien avoir le temps de les regarder, M.
le Président, si vous me le permettez. Si vous ne me le permettez pas,
je peux passer par ce que me permet le règlement, c'est par une motion
demandant ces choses-là. Alors, c'est pour ça que je vous
demande...
Le Président (M. Audet): Oui, oui. Alors, quoi? Vous
souhaitez jusqu'à 21 h 30, environ?
M. Jolivet: On peut prendre quelques instants, oui.
Le Président (M. Audet): Bon! Alors, on accorde
jusqu'à 21 h 30 pour permettre à l'Opposition de vérifier
les amendements.
La commission suspend ses travaux jusqu'à 21 h 30.
(Suspension de la séance à 21 h 19)
(Reprise à 21 h 31)
Le Président (M. Audet): Nous allons amorcer le
décollage. Alors, la commission reprend ses travaux. Mesdames,
Messieurs, nous allons continuer. Nous sommes maintenant prêts à
étudier l'article 1. M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. Audet): Qu'est-ce qui se passe?
M. Jolivet: Vous allez voir. Une voix: Ha, ha, ha!
Observations sur le titre du projet de loi
M. Jolivet: Je remercie d'abord le ministre, je pense que c'est
la première fois que le ministre accepte de si bon gré de nous
donner ses amendements. Ça nous a permis, dans une étude assez
rapide, à l'article 14, de voir que le ministre répond à
une question posée par mon collègue de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, mais malheureusement, de la façon -
en tout cas, on y reviendra quand ça sera le temps - qu'il le
présente, il enlève le mordant qu'on voyait à l'article
14, paragraphe 4, et je dois vous dire que ça m'a déçu,
mais j'aurai l'occasion d'y revenir à ce moment-là. Mais avant de
débuter l'étude du projet de loi, article par article, M. le
Président, nous allons regarder le titre, parce que j'aurais une
question à poser au ministre avant de passer à une motion
préliminaire, s'il le faut. Dans mon discours à l'étude du
principe du projet de loi, j'ai fait mention justement - j'en ai fait mention
dans mes remarques préliminaires - du problème qui
résultait de ce qu'on appelle la Loi sur le ministère des
Forêts. Est-ce que le ministre pourrait me répondre
précisément pour savoir si j'ai à présenter une
motion préliminaire? Est-ce que l'argumentation que je lui ai
apportée à l'effet de regarder la question des terres et des
forêts est importante à ce point de reconsidérer le titre?
Parce que ça aura des effets sur l'ensemble de tous les articles qui
suivront. Alors, j'ai fait valoir au ministre que nous avions des
représentations...
Le Président (M. Audet): M. le député de
Laviolette...
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Audet): Je m'excuse. Je dois vous
arrêter puisqu'il y a eu une décision de rendue à cet
effet-là, qu'on ne peut pas...
M. Jolivet: Non, c'est quoi...
Le Président (M. Audet): ...étudier le titre...
Attendez un peu, laissez-moi finir.
M. Jolivet: O.K.
Le Président (M. Audet): ...étudier le titre d'un
projet de loi tant et aussi longtemps qu'on n'a pas étudié
l'ensemble du projet de loi puisque...
M. Jolivet: Oui, oui.
Le Président (M. Audet): ...puisqu'on ne peut savoir
d'avance si, justement, parmi les amendements qui seront apportés, par
exemple, dans le cadre de l'étude du projet de loi article par article,
il n'y aura pas des amendements qui feront en sorte d'avoir une incidence
directe ou indirecte sur le titre du projet de loi. Alors, je voyais
tantôt qu'il y a eu une décision de rendue sur le titre du projet
de loi, dans le cadre des motions préliminaires. Alors, je pense qu'il
serait probablement préférable de débuter l'étude
du
projet de loi, article par article, quitte à revenir au titre
à la fin. C'est une décision qui a été rendue
par... Oh! Je ne sais pas, je pense que c'est mon collègue de Rousseau,
M. Thérien, où on a statué justement là-dessus,
qu'on ne peut pas proposer de motion préliminaire sur le titre du projet
de loi puisque les articles n'ont pas été
étudiés.
M. Jolivet: M. le Président, disons que je suis toujours,
vous le savez, très méticuleux des décisions que les
présidents rendent, étant donné que j'ai moi-même eu
l'occasion de présider les commissions de l'Assemblée nationale
ainsi que l'Assemblée nationale elle-même, à titre de
vice-président de l'Assemblée nationale pendant quatre ans. Je
veux simplement savoir, de la part du ministre, d'abord, sans tenir compte du
titre - si vous me dites que je ne peux pas l'amender, je ne peux pas faire de
motion, je vais accepter votre décision - mais est-ce que vous me
permettez de demander au ministre si ce que je lui ai dit à propos de la
création d'un ministère des Terres et Forêts plutôt
que d'un ministère des Forêts serait quelque chose de
préférable. Je n'ai pas entendu le ministre me répondre
à cette question-là. Ça va me permettre de regarder
l'ensemble de tout le projet de loi d'un autre oeil, si le ministre m'indique
dès le départ qu'il peut considérer ma position telle que
présentée. Alors, c'est dans ce sens-là que je poserais ma
question au ministre sans être une motion quelconque.
Le Président (M. Audet): Oui. Je comprends, M. le
député de Laviolette, mais normalement, si je voulais être
pointilleux ou pointu sur le règlement, normalement, on a passé
l'étape des remarques préliminaires et justement l'article 209 -
je le relisais tantôt - où on mentionne que, sauf dispositions
contraires, le député peut s'exprimer une seule fois sur une
même question. Son temps de parole est de 10 minutes. Bon. Alors, ici, on
dit: Le temps de parole... C'est ça, il a 20 minutes, en fait
pour les remarques préliminaires. Alors, lorsque vous avez
écoulé votre enveloppe pour les remarques préliminaires,
vous ne pouvez pas revenir sur les remarques préliminaires. Alors ce
que...
M. Jolivet: Je ne veux pas revenir sur les remarques
préliminaires, je veux juste poser une question au ministre qui va
m'indiquer la suite des événements; ça va nous aider. Si
le ministre me dit que pour lui, il n'est aucunement question, ça va
être ça, il n'y a pas d'autre mandat que ça. Parce que vous
savez que même comme député de l'Opposition, je n'ai pas le
droit de proposer des motions qui ont pour effet d'augmenter le coût
relié au projet de loi, seul le ministre a le pouvoir, qui lui est
conféré par le Conseil des ministres, de le faire. Mais, ce
pourquoi je pose la question, c'est parce que si jamais il acceptait de dire:
Oui, c'est une bonne idée, M. le député de Laviolette, que
ce soit "terres et forêts" plutôt que "forêts", ça
pourrait peut-être sauver de l'argent au gouvernement. Parce que si le
ministère est obligé de régionaliser le secteur "terres"
à l'intérieur de l'ensemble du Québec, c'est de l'argent
qui va être, à mon avis, gaspillé. Et c'est dans ce
sens-là que je posais la question au ministre. Si vous me permettez
qu'il me réponde, ça va m'aider pour la suite des
événements et après ça, on pourra passer à
l'article 1, je vous le garantis. Et quand je...
Le Président (M. Audet): Bon Est-ce qu'il y a
consentement, M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II n'y a pas de
problème, M. le Président. Moi, je suis ici pour discuter et
présenter la Loi sur le ministère des Forêts. Ce n'est pas
dans mon mandat et je n'ai pas l'intention, non plus, de parler des terres.
M. Jolivet: Vous n'en voyez pas l'utilité.
Étude détaillée
Le Président (M. Audet): Ça va? Alors, on peut
débuter l'étude du projet de loi. Alors, j'appelle l'article 1.
Le ministère des Forêts est dirigé par le ministre des
Forêts, nommé en vertu de la Loi sur l'Exécutif. Est-ce que
l'article 1 est adopté? M. le député de Laviolette. M. le
ministre, allez-y, excusez.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, il s'agit d'une formulation standard pour désigner un
ministère et je ne vois pas ce que je pourrais ajouter en plus. Si
chaque ministère est formé en vertu de la Loi sur
l'Exécutif et le gouvernement a l'autorité de proposer la
formation d'un ministère.
M. Jolivet: M. le Président.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Laviolette.
Motion proposant d'ajouter les mots "Terres et" avant
le mot "Forêts"
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Si vous me permettez, j'aurais un amendement à
apporter à l'article 1. Ça irait comme suit: D'ajouter,
après "le ministère des", les mots "terres et" pour indiquer le
ministère des Terres et Forêts et dirigé, par le fait
même, par concordance, par le ministre des Terres et Forêts
nommé en vertu de la Loi sur l'Exécutif. Alors, si vous me
permettez, c'est un amendement qui est facile, pas besoin de vous
l'écrire Alors, c'est d'ajouter les mots entre "des" et
"Forêts" dans les deux cas, les mots 'Terres et".
Donc, l'amendement amènerait l'article 1 à être "le
ministère des Terres et Forêts" et dirigé par le ministre
des Terres et Forêts.
Le Président (M. Audet): Je vais devoir vérifier,
avant, la recevabilité de votre amendement puisque si on ajoute, comme
vous l'avez mentionné antérieurement, si on ajoute le mot
"terres", ça a une incidence financière directe sur la
portée du projet de loi.
M. Jolivet: Avant de prendre une décision, est-ce que je
peux argumenter sur la recevabilité et non pas sur le contenu?
Le Président (M. Audet): Allez-y, M. le
député.
M. Jolivet: M. le Président, je pense que l'amendement,
par lui-même, il est évidemment recevable dans la mesure où
il ajoute à l'amendement sans en contredire le sens.
Deuxièmement, vous savez ce que veut dire, en vertu du règlement,
le mot "amendement", c'est ajouter ou retrancher à une phrase ou
à un membre de phrase ou à un paragraphe ou à un membre de
paragraphe des mots qui ont pour effet de permettre, à ce
moment-là, des additions qui sont jugées nécessaires par
la personne qui le présente. Quand vous regarderez la
recevabilité, vous allez certainement vous poser la question à
savoir: Est-ce que l'amendement, tel que présenté, a pour effet
de faire en sorte que des charges monétaires additionnelles soient
l'apanage de la création de ce nouveau ministère que je voudrais
voir arriver?
M. le Président, je vous dirai au départ que vous avez
toute mon argumentation qui va vous servir à cet effet. Au contraire, si
nous acceptions "le ministère des Forêts", ce sont justement des
coûts additionnels que ça inviterait le gouvernement à
dépenser, parce qu'il va falloir qu'on trouve un moyen de
régionaliser une partie du ministère de l'Énergie et des
Ressources sur le secteur "terres". Tandis que la proposition que je vous fais,
M. le Président, est dans le but d'économiser. Donc, je pense que
vous allez devoir regarder ça bien comme il faut. Ma proposition n'est
pas dans le but de faire en sorte que des coûts additionnels soient
chargés à l'État, c'est au contraire, une diminution de,
justement, ce que le ministre nous propose.
Donc, si notre règlement dit que je n'ai pas le droit de proposer
quelque chose qui ajoute de l'argent, je pense qu'à plus forte raison le
règlement doit me permettre de retrancher des coûts. Actuellement,
vous avez, déjà installé, à travers le
Québec, dans toutes les régions, le ministère de
l'Énergie et des Ressources, et régionalisé le secteur
terres et forêts, dans les mêmes bureaux, dans les mêmes
lieux, dans les mêmes places. Alors, à ce moment-là,
ça nous permettrait, M. le Président, sur la recevabilité,
de bien considérer que la proposition que je fais, n'a pas pour but
d'augmenter les coûts, mais plutôt de les diminuer. Alors, vous
regarderez ça dans votre décision que vous avez à rendre,
tout à l'heure, et je vous demanderai de me donner les raisons pour
lesquelles vous me la refusez, si vous me la refusez.
Le Président (M. Audet): D'accord, M. le
député de Laviolette. M. le ministre.
M. Albert Côté
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je peux ajouter
aussi, M. le Président, que ce que le député de Laviolette
propose comporte nécessairement une augmentation de coûts au
ministère des Forêts. Et je lui dirai que, s'il y a des programmes
qui relèvent directement du ministère des Forêts, il y a
des employés qui travaillent dans la comptabilité, dans
l'administration, et aux communications pour les Forêts, et le partage se
fait équitablement, comme j'en ai parlé, cet après-midi,
et c'est de même que ça va se faire. Le ministère des
Forêts peut s'organiser avec l'argent qu'il détient
actuellement.
Le Président (M. Audet): D'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si on ajoute les
terres, c'est évident que ça va comporter une dépense
additionnelle qui ne fait pas partie de ce projet de loi-là.
Le Président (M. Audet): Alors, je pense que je vais
être... M. le député d'Ungava, je vais vous entendre.
Après, je vais rendre ma décision.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Bon, M. le Président, écoutez
très rapidement, c'est que normalement, un amendement a comme objet de
bonifier un projet de loi. Or, dans le cas présent, je pense que
l'amendement est tout à fait dans le sens d'une bonification
intéressante au projet de loi, dans la mesure où il va d'abord
permettre au ministre de donner, si j'oserais dire, une assise à ses
opérations, des racines à ses feuilles. Je pense qu'on devrait
voir là-dedans une approche beaucoup plus globable et
intégrée des activités gouvernementales, par secteur, ce
qui bonifie nécessairement l'objet du projet de loi.
Quant aux dépenses qui sont impliquées là-dedans,
eh bien! contrairement à ce que le ministre soutient, j'ai plutôt
l'impression qu'on fait économiser, effectivement, de l'argent au
gouvernement. Actuellement, on sait qu'au ministère de l'Énergie
et des Ressources, il y a des bureaux régionaux pour le secteur mines,
il y a des bureaux régionaux pour le secteur terres, qui aussi, le font
avec les forêts. Alors, s'il faut
qu'on rajoute un troisième bureau régional pour un nouveau
ministère, ça va commencer à faire pas mal de bureaux
régionaux, pour finalement gérer les mêmes fonds de
terrains, dépendamment des activités qu'on y fait. Alors, il y
aurait là avantage à regarder cet amendement-là, dans le
sens d'une bonification globale au projet de loi et au travail que le ministre
aura à réaliser.
Le Président (M. Audet): D'accord, M. le
député d'Ungava, M. le ministre, une dernière
intervention?
M. Albert Côté
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, le député de Laviolette, ce midi, a
parlé du ministère des Ressources renouvelables. On pourrait
continuer, après les terres, les ressources renouvelables, après
ça, on va en ajouter et ça ne finira plus. C'est évident
que le ministère des Forêts, tel qu'il est présenté
ici, ne comporte pas, si on ajoute de quoi, c'est des dépenses
additionnelles.
Le Président (M. Audet): D'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): En ce qui concerne
le ministère des Forêts, il n'y en pas de dépenses
additionnelles ici.
Le Président (M. Audet): Merci. Je suis prêt
à rendre ma décision, M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Oui, mais juste avant que vous la preniez, votre
décision, justement pour ça...
Le Président (M. Audet): Alors, ça fait deux fois
que je dis la dernière, maintenant, ça sera vraiment la
dernière. M. le député Laviolette, une dernière
fois.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: M. le Président, simplement pour dire au
ministre que je n'ai pas l'intention non plus de présenter plus
longuement la question de ressources renouvelables, parce que, effectivement,
ces ressources renouvelables, telles que présentées, auraient des
effets sur le budget. Mais, il faut bien comprendre que ce que nous proposons,
et ce que votre règlement dit, c'est des dépenses additionnelles
pour le gouvernement. Je fais bien attention à mes mots, puis pesez-les
bien comme il faut, M. le Président, c'est des dépenses
additionnelles au gouvernement. Alors, le projet qui est devant nous occasionne
des dépenses pour le gouvernement, et par le fait de régionaliser
le ministère des Terres dans une perspective d'un ministre responsable,
avec la partie de terre qui est détachée; ça, ça va
coûter plus cher au gouvernement. Ce que nous proposons, c'est de laisser
comme tel, dans les ré- gions, mais de changer la partie de terres et
forêts actuellement dévolues au ministre de l'Énergie et
des Ressources, de l'envoyer sous la coupole d'un ministre responsable. Donc,
notre proposition, va coûter moins cher, puis ça va affiner plus
la comparaison que l'on a actuellement du ministère de l'Énergie
et des Ressources et régionaliser terres et forêts. Donc, la
proposition que je fais a pour but de sauver de l'argent au gouvernement puis
elle est encore moins dispendieuse que le projet de loi 111 que nous avons
devant nous. (21 h 45)
Décision du président
Le Président (M. Audet): D'accord. Alors, on va
référer, ici, M. le député de Laviolette,
là, on va référer ici - je vous ai entendus des deux
côtés, là - on prend ici l'article qui s'applique, c'est
l'article 192, à moins qu'il n'y en ait un autre, là, mais celui
qui me vient là, c'est l'article 192 qui dit que: "Seul un ministre peut
présenter une motion visant l'engagement de fonds publics, l'imposition
d'une charge aux contribuables, la remise d'une dette envers l'État,
l'aliénation des biens appartenant à l'État." Alors,
l'article 192 est clair, puis il est clair ici dans la mesure où, par
exemple, on est ici pour étudier la création ou la Loi sur le
ministère des Forêts. Lorsque vous dites que ça aurait pour
but d'économiser de l'argent au gouvernement, je ne suis pas en mesure
de discuter de ça, peut-être que vous avez raison. Mais, dans la
mesure où on vient ajouter, je pense selon ce que le ministre m'a
mentionné, un autre secteur au projet de loi qui est visé ici, on
engage directement des fonds publics. Alors, c'est parce qu'on touche
directement, là, la Loi sur le ministère des Forêts que je
suis obligé de juger votre amendement irrecevable, M. le
député de Laviolette. Ça va?
M. Jolivet: Alors, nous allons parler de la proposition nc 1, M.
le Président. Nous allons donc considérer et nous allons faire
valoir notre point de vue - si on ne peut pas le faire par
l'intermédiaire d'un amendement qui aurait -nous avons le pouvoir
pendant 20 minutes de vous dire pourquoi nous allons accepter la position du
ministre, nous allons dire pourquoi nous ne sommes pas d'accord dans le
contexte qui est là. Je pense que...
Le Président (M. Audet): Mais il va falloir, faudra
être plus clairs parce que j'ai jugé votre amendement
irrecevable...
M. Jolivet: Exact, exact, exact...
Le Président (M. Audet): Alors, si vous revenez par...
M. Jolivet: Non, non, exact, exact.
Le Président (M. Audet): Non, O.K. O.K.
M. Jolivet: Non, mais je ne veux pas discuter d'un amendement
parce que si vous le savez, je peux parler 20 minutes sur l'amendement s'il
avait été recevable, puis après ça, 20 minutes sur
la proposition principale.
Le Président (M. Audet): Autrement dit, vous allez
discuter de l'article 1...
M. Jolivet: De l'article 1, mais en faisant mention de l'ensemble
des raisons pour lesquelles, dans quelques années, je devrais même
dire dans quelques mois, on se reparlera, parce que, effectivement, on
calculera le coût astronomique de la décision que nous sommes en
train de prendre ce soir.
Reprise de l'étude détaillée
Organisation du ministère
Le Président (M. Audet): Alors, vous avez 20 minutes, M.
le député de Laviolette.
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Donc, selon le
ministre des Forêts, j'en ai fait mention lors de mon discours à
l'adoption du principe du projet de loi, on aura eu différentes
hypothèses. Pourquoi avons-nous choisi le ministère des
Forêts? Bien, il faut le comprendre; tel qu'il est là, le ministre
se sentait peut-être plus a l'aise avec juste une chose: les
forêts. Il y a différentes écoles à
l'intérieur du ministère lui-même, à
l'intérieur de l'Ordre des ingénieurs forestiers du
Québec, à l'intérieur de tous ceux qui travaillent au
niveau de la foresterie, qui ont de la difficulté à dissocier les
terres des torêts. Le ministre a décidé de mettre
"Forêts", soit! On va avoir à voter dessus, mais je crois que
quand il m'a dit, qu'il m'a répété que même le
député de Duplessis... d'Ungava - pas d'Ungava, excusez-moi, je
me trompe toujours avec lui, je ne sais pas pourquoi - le député
de Saguenay avait...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: C'est presque une insulte, c'est presque une
insulte...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Mais ce n'est pas envers vous, M. le
député.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: C'est tout à l'honneur du député
de Saguenay, si je comprends bien...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Non, non, c'est à l'inverse, c'est à
l'inverse, c'est à l'inverse.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: On peut suspendre...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Quand on dit que, au niveau du député
de... - Sapristi! - de Saguenay...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: ...nous disait en répétition, un peu
comme un perroquet du ministre, nous disait que: Nous avons fait une erreur
fantastique! Parce qu'un jour, j'ai dit peut-être que c'est une erreur
puis, aujourd'hui, on est un peu comme la fable de Lafontaine: quelqu'un
s'était réveillé un matin en disant qu'il avait
rêvé avoir pondu un oeuf puis, à la fin de la
journée, la rumeur publique l'avait amené à avoir pondu
une douzaine d'oeufs. Il y a une chose certaine, c'est que le
député de Saguenay répète à
satiété, le jour où j'ai dit que c'était
peut-être une erreur d'avoir fait ça, que c'était une
erreur. Mais pourquoi aujourd'hui corriger l'erreur, s'il croit que c'en est
une, par une erreur qui peut être pire?
J'ai fait mention de la difficulté au niveau d'équipes,
ministérielles et sous-ministérielles, d'un petit
ministère. C'est un ministère très important au point de
vue économique mais il risque d'avoir un pas très petit au niveau
ministériel. Dans ce sens-là, il me semblait que si on voulait
refaire le ministère, il aurait fallu le refaire sous le principe de
terres et forêts. Certaines personnes diront: terres et forêts,
aujourd'hui, n'est peut-être pas suffisant. La discussion à
travers le monde sur cette question-là...
J'avais participé à des réunions où on en
avait fait mention à l'époque où j'étais ministre
et on parlait de ressources renouvelables. Et là, on regardait toute la
question de l'aménagement du territoire, toute la question de
l'utilisation des terres, toute l'utilisation du cadastre pour en arriver
à dire: Comment est-on capable de faire en sorte que, d'un
ministère à l'autre, ça ne se chamaille pas? L'un, qui est
le ministère de l'Environnement, peut bien mettre la faute sur le
ministère de l'Énergie et des Ressources, secteur forêts
actuellement. L'autre, le ministère de l'Énergie et des
Ressources, secteur forêts peut mettre la faute sur le ministère
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, lequel l'a refilé à
un tel ministère. Alors, c'est de dire: Pourquoi ne pas faire en sorte
que l'ensemble de ces activités soit sous une gouverne différente
de celle qu'on connaît actuellement? Il faut innover et c'est dans ce
sens-là que la question du ministère des ressources renouvelables
était venue dans l'esprit
de bien du monde.
Donc, ça touche l'énergie hydraulique. Ça touche la
question de l'agriculture, d'une certaine façon à cause des
terres agricoles. Ça touche le ministère du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche. Ça touche des parties du ministère des
Affaires municipales par ses lois fiscales au niveau de la fiscalité
municipale. Ça touche donc beaucoup de personnes incluant le
ministère de l'Environnement et incluant le ministère des
Forêts qui, lui, s'occupe de la ressource qui se trouve sur le sol,
c'est-à-dire les arbres, de la racine à la cime de l'arbre.
Alors, cette discussion-là, il me semble que le ministre aurait pu
profiter de ce projet de loi pour y arriver.
Tout à l'heure, le ministre disait: Vous savez, le
député de Laviolette a parlé de ministère des
ressources renouvelables. Si on accepte le ministère des Terres et
Forêts comme amendement et si on le votait ici, à cette
commission, et que la majorité disait non, le député
pourrait proposer un nouvel amendement qui aurait pour but de mettre le
ministère des ressources renouvelables. Ça, je pense que je ne
l'aurais pas fait, je le jure. Le ministre peut me comprendre parce que je ne
pouvais pas le faire parce que, effectivement, à ce moment-là, en
présentant un tel ministère, vous l'auriez de facto jugé
irrecevable. Le ministère des ressources renouvelables, c'est vraiment
quelque chose de plus gros parce que ça regroupe beaucoup de choses.
Mais les terres et forêts, ce que le ministre a de la difficulté
à comprendre - peut-être que je vais essayer de le convaincre -
terres et forêts, actuellement, même si ça n'existe pas
comme ministère, ça existe dans un ministère. Ce
ministère-là s'appelle le ministère de l'Énergie et
des Ressources. Le ministère de l'Énergie et des Ressources
actuellement a décentralisé, au niveau régional, la
question des terres et des forêts parce que c'était
déjà ce qui existait avant d'être amené dans le
ministère de l'Énergie et des Ressources.
Donc, c'était ce qu'on connaissait de l'ancien ministère
appelé Terres et Forêts. En revenant à Énergie et
Ressources, ça n'a pas coûté plus cher, c'a fait juste
remettre sous un seul chapeau, le ministère de l'Énergie et des
Ressources, terres et forêts, mines, pétroles,
hydroélectricité et d'autres comme les éoliennes et
autres, pour en arriver donc à former un ministère qui n'a pas
coûté plus cher, au contraire, mais qui a permis dans certains cas
de gagner et de sauver de l'argent en faisant en sorte qu'il n'y ait pas
d'obligation de contrats de services entre les ministères, l'un vendant
les services à l'autre. À ce moment-là, ça ne
coûtait pas plus cher. Aujourd'hui, ce qui va nous arriver en mettant le
ministère des Forêts, c'est que lorsqu'on aura besoin, au
ministère des Forêts, de renseignements au niveau du
ministère des Terres, il faudra désormais, selon des formules
habituelles, en arriver à demander des services au ministère de
l'Énergie et des Ressources pour les besoins des terres et on devra se
les facturer l'un et l'autre pour s'assurer que le service soit donné.
Et comme il n'est pas comptabilisé dans le ministère des
Forêts, il faudra à ce moment-là trouver un moyen au niveau
comptable, pour s'assurer qu'on sache ce que coûte le service rendu de
l'un à l'autre.
Maintenant, M. le Président, ça va amener des
complications dans le milieu régional sur le terrain. Que va-t-on faire
des personnes qui sont actuellement, à l'intérieur du
ministère de l'Énergie et des Ressources, affectées aux
terres? Est-ce qu'on va devoir rouvrir de nouveaux bureaux? Est-ce qu'on va
devoir les amener à s'informatiser avec de nouveaux appareils, parce que
les appareils, actuellement à l'intérieur du ministère des
Forêts qui sera formé bien, il va provenir certainement des
appareils qui sont actuellement en disponibilité en région?
À moins que le ministre ne vienne me dire que, demain matin, il va
s'informatiser avec du nouveau stock! Ça me surprendrait beaucoup, parce
que, là, ça n'aurait vraiment pas de bon sens Et ça me
surprendrait beaucoup qu'il diminue la grandeur de plancher pour remplacer
deux, trois, quatre, cinq personnes qui travaillent aux terres actuellement,
mais qui sont agglomérées au ministère de l'Énergie
et des Ressources régionalisé.
Il est évident que la proposition que je voulais faire, M. le
Président, avait pour but de sauver de l'argent. Vous l'avez
jugée irrecevable, c'est votre droit. Je dois donc m'y soumettre. Mais
je vous ferai respectueusement mention, M. le Président, que ce n'est
pas pour autant, que j'accepte le fait que le ministre ne comprenne pas, lui.
C'est le ministre. Si vous, vous voulez le refuser, si ie ministre l'acceptait,
ah, là, ce serait autre chose. Le ministre, désormais, puisque
vous me l'avez indiqué comme tel, a le pouvoir de le décider. Et
c'est pour ça que j'argumente à nouveau dans ce sens-là,
pour dire au ministre d'y réfléchir.
Mon collègue d'Ungava, tout à l'heure, comme exemple,
donnait les indications que lui-même, moi-même ainsi que le
député de Duples-sis, à l'époque, avions fait
mention, sur la loi 150, au ministre en ce qui regarde les autochtones. On
disait qu'ils auraient des problèmes. Tout le monde en a des
problèmes avec les autochtones, puis il y a des compagnies qui ont des
difficultés actuellement, justement eu égard à ces
discussions en Outaouais avec les Algonquins et les compagnies
forestières autour. Ce n'est pas réglé, ça encore,
quoiqu'on le dise. Il y a des choses qui sont loin d'être
réglées. Alors, à partir de ça, M. le
Président, nous avions dit au ministre: Faites attention, dans quelque
temps, vous aurez des problèmes. Le ministre a dit: Écoutez, on
verra ça dans le temps comme dans le temps. Il avait ajouté:
Écoutez, ne soyez pas des oiseaux de malheur. Il avait dit à
l'époque:
Vous ne voyez que les mauvais côtés des choses. Mais je
pense qu'aujourd'hui, on ne s'est pas trompés, puis je pense qu'on ne se
trompe pas. Alors, ici, au moment où on se parle, nous ne nous trompons
aucunement, M. le Président. Nous croyons que la mise en place du
ministère actuel, tel que préconisé par le ministre, va
coûter plus cher que la formule que je propose au ministre.
Je voudrais bien entendre le ministre sur les raisons fondamentales de
son refus. Pourquoi, lui, qui est un forestier, refuse-t-il de mettre à
cet article les mots 'Terres et Forêts"? Est-ce qu'il fait partie de
l'école qui dit à l'intérieur du ministère,
à l'intérieur des ingénieurs forestiers, à
l'intérieur des compagnies forestières que l'on ne devrait pas
remettre l'ancien 'Terres et Forêts"? Ou est-ce qu'il ne comprendrait pas
que, peut-être, c'est eux qui ont raison? Moi, j'ai longuement
discuté avec des gens qui sont des ingénieurs forestiers, qui ont
probablement écrit au ministre, disant que c'était une bonne
chose, parce qu'ils savent qu'ils n'ont pas le choix - le ministre a
décidé comme tel - mais qui, dans d'autres rencontres, disaient
que ça n'avait pas de bon sens, juste la création des
forêts. Ça inquiète du monde. Ça m'inquiète
aussi. (22 heures)
Je peux vous dire, M. le Président, qu'il y a dans la
création du ministère des Forêts, actuellement, des
employés du ministère à la fois des Forêts,
malgré que ça ne les touche pas par rapport aux employés
du ministère de l'Énergie et des Ressources, secteur terres, qui
sont craintifs de la mise en place du ministère des Forêts
seulement. Ils m'ont dit, dans les rencontres que j'ai eues avec certaines
personnes à différentes occasions, dans mon travail de
député, qu'ils espéraient que le ministre changerait de
position et qu'il comprendrait qu'il serait mieux de créer le
ministère des Terres et Forêts.
D'autres m'ont dit, pas plus tard que ce soir - j'ai eu l'occasion
d'assister au cocktail de l'Union des producteurs agricoles qui tiennent leur
congrès ici à Québec, et je parlais avec justement
quelqu'un qui est du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche - un sous-ministre m'indiquait qu'il trouvait intéressante
l'idée d'un ministère des Ressources renouvelables. Puis, il
disait que ce qui avait été commencé par le gouvernement
du Parti québécois, et qui avait été heureusement
continué par le ministre actuel de la jonction entre les deux
ministères, avait énormément enlevé de ce qu'on
appelle des relations assez difficiles des fois. Parce qu'il était
normal que le ministère des Terres et Forêts de l'époque ou
le ministère de l'Énergie et des Ressources défende les
entreprises qui vivent de la forêt, alors que le ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche est à protéger pour les
villégiateurs et les chasseurs et les pêcheurs à la fois le
territoire quant à sa capacité d'absorber du monde en forêt
pour la villégiature autant que pour ceux qui vivent de la chasse et de
la pêche ou qui profitent de leurs moments de loisir, leurs moments de
vacances même dans certains cas, d'une richesse faunique aussi
importante.
Il me disait que ceci avait eu pour but d'amoindrir les relations entre
les deux ministères, l'un ayant une vocation de protection de la faune,
de la flore et de la villégiature, l'autre ayant la vocation de
travailler pour les compagnies forestières. Mais, dans un contexte de
société de loisirs et de société qui se
préoccupe davantage de l'environnement, c'était de bons pas dans
la bonne direction et peut-être que, s'il y avait la formation d'un
ministère des Ressources renouvelables, ce serait une chose qui serait,
d'abord, envisageable et qui serait aussi, en même temps, très
intéressante comme perspective d'avenir. Alors, M. le Président,
le ministre pourrait dire: Écoutez le député m'avait dit
qu'il ne ferait pas de motion sur le ministère des Ressources
renouvelables. Je ne fais pas de motion, il en conviendra très bien,
parce que je n'ai pas le pouvoir de le faire, mais ça ne m'empêche
pas de lui rappeler que nous espérons nous tromper. Mais peut-être
que nous ne nous trompons pas si profondément et que nous pourrons nous
revoir dans quelque temps, où le ministre pourra dire: Ouais! je
n'aurais jamais dû accepter ça. Le premier ministre, qui a
répondu à ma demande incessante de l'après-élection
de 1989, sans tomber dans ce que mes appels du... Moi, je ne dis pas du
radotage parce que ça n'en est pas, mais des commérages...
Il reste quand même que des rumeurs profondes sont apparues; les
journalistes en ont été saisis. Nous-mêmes, nous l'avions
été, mais nous n'avions pas décidé, à ce
moment-là de le sortir, que le ministre avait énormément
fait de pressions auprès du premier ministre. Au moment de
l'assermentation des ministres, lors de l'élection de 1989, il avait,
avec beaucoup de pression - d'insistance, comme dit ma collègue de
Verchères auprès du premier ministre - demandé la
création du ministère des Forêts ce que le premier
ministre, à l'époque, lui avait refusé et ce qui avait
amené une saute d'humeur du ministre, qui avait même amené
le Parti libéral, dans la région de Rivière-du-Loup,
à faire un sondage pour savoir qui serait le plus apte à
représenter le comté pour remplacer le ministre qui voulait
démissionner. C'est encore, le ministre me dira-t-il, des
commérages. D'une façon ou d'une autre, le ministre n'a pas
à me confirmer ces choses, parce que le ministre lui-même,
à ce niveau-là, ne peut pas confirmer publiquement toutes les
pressions qu'il a faites auprès du premier ministre. Ce serait
peut-être anormal de le faire. Mais, il a gagné son point. De
guerre lasse, peut-être. La ministre de l'Énergie et des
Ressources l'a laissé aller, mais elle semblait plutôt vouloir le
garder pour elle. Elle aurait même voulu ne pas avoir de ministre sous
sa
dépendance, que ce soit des Mines ou que ce soit des
Forêts. Vous trouvez ça drôle, Mme la députée
de Kamouraska-Témiscouata? Mais, ça, c'est des choses qui se sont
dites, qui sont réelles.
Une voix: Ils en ont fait un, chez vous aussi, un sondage.
M. Jolivet: Alors, à partir de ça, M. le
Président, il est évident que le ministre a été
obligé de se contenter de cette décision-là du premier
ministre de créer le ministère des Forêts, même si
le... J'ai l'impression qu'il fait partie de l'école de ceux qui croient
qu'on aurait dû mettre le ministère des Terres et Forêts
plutôt que le ministère des Forêts. Mais, en tout cas, le
ministre devra vivre... Pas déjà 20 minutes?
Le Président (M. Audet): Oui, vous les avez
passées, même. Je tolère.
M. Jolivet: ...devra vivre avec cette décision-là
et nous aurons l'occasion de lui rappeler, à plusieurs occasions, qu'il
a fait fausse route.
Le Président (M. Audet): D'accord, M. le
député. M. le ministre, des commentaires? Non, ça va? On
est prêts à procéder à l'adoption de l'article 1? En
vertu de l'alternance, M. le ministre, ça va, ou...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je vous ferai
remarquer, M. le Président, tout simplement que si on suit le
raisonnement du député de Lavio-lette, on pourrait
également dire: On va former le ministère des Ressources
renouvelables et on va sauver de l'argent. C'est aussi recevable que l'autre et
ce qui est ici, en cours de discussion, c'est la création du
ministère des Forêts. Et si on ajoute d'autres secteurs, les
ressources renouvelables, les terres et d'autres, c'est évident que
ça va changer le budget et ça va coûter plus cher au
ministère dont on discute actuellement.
Le Président (M. Audet): Et puis j'ajouterais aussi, M. le
ministre, qu'en vertu de... C'est formé en vertu de la Loi sur
l'Exécutif, une chose que j'aurais pu mentionner tantôt. Mais en
vertu de la Loi sur l'Exécutif, la commission n'a pas le pouvoir d'aller
dépasser ou d'outrepasser la Loi sur l'Exécutif. Je ne pense pas.
C'est un décret du Conseil des ministres. Alors...
M. Claveau: C'est pour ça que je n'ai en aucune
façon insisté sur votre décision...
Le Président (M. Audet): Ça va, M. le
député.
M. Claveau: C'est au ministre que j'ai demandé si lui, qui
a le pouvoir, pouvait le faire.
Le Président (M. Audet): Mais il ne peut pas le faire
seul, M. le député, vous le savez bien. M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: On pourrait suspendre et aller au Conseil des
ministres.
Le Président (M. Audet): Alors, M le député
d'Ungava. Vous avez demandé la parole, c'est à vous. Vous avez 20
minutes.
M. Claveau: Oui, M. le Président. Il n'en reste pas moins,
quand on fait un projet de loi, que normalement, c'est pour améliorer le
sort des gens et aussi pour faciliter les choses. On ne crée pas un
nouveau ministère pour compliquer les choses. On crée un nouveau
ministère parce que l'on a, comme gouvernement, des visions à
l'effet de faciliter, de rendre plus efficace le fonctionnement de la machine
gouvernementale. On ne crée pas de nouveaux ministères pour
satisfaire les intérêts d'un individu en particulier ou pour
assurer une limousine à un collègue Ce n'est pas pour ça
qu'on crée des ministères, M. le Président.
Alors, au delà du débat technique, à savoir si
ça va coûter plus cher ou moins cher, il reste que lorsque l'on
nous dit qu'on crée un ministère des Forêts avec un
ministre qui va avoir pleine juridiction sur ses activités, eh bien, on
est tout à fait en droit, comme Opposition officielle
représentant la population, porte-parole de la population, de se
demander pourquoi on crée un ministère des Forêts,
qu'est-ce que ça va donner? Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, au
contraire, de donner une autre appellation au ministère afin d'ouvrir un
peu le champ, l'éventail d'activités pour faciliter les choses,
M. le Président?
Quand je regarde la loi qu'on a là...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ne pensez vous pas
que les remarques du député d'Ungava...
Le Président (M. Audet): M le ministre, je ne peux pas
vous donner la parole. J'ai...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non, mais
vous ne pensez que les remarques du député d'Ungava,
actuellement, font partie des remarques préliminaires du début?
On répète les mêmes choses, là.
Le Président (M. Audet): M. le ministre, on discute sur
l'article 1, qui est à l'effet de... Le ministère des
Forêts est dirigé par le ministre des Forêts nommé en
vertu de la Loi sur l'Exécutif. Alors, je veux entendre le
député d'Ungava, et si je juge à propos de l'arrêter
pour le ramener à l'ordre, je le ferai, mais je dois redonner la parole
au député d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je me fie à
votre jugement.
M. Claveau: Écoutez, on est à l'article 1, qui
parle du ministère des Forêts, du nom, de la désignation du
ministère et du nom que l'on doit accoler au ministre qui aura la
responsabilité de ce ministère-là. Alors, n'y a-t-il pas
quelque chose de plus pertinent que de parler, justement, de la signification
du ministère des Forêts? Qu'est-ce que ça veut dire,
qu'est-ce que ça chapeaute, tout ça, et de se questionner sur la
pertinence d'avoir un ministère des Forêts?
Alors si je parlais, je ne sais pas moi, de la TPS, vous pourriez
peut-être me dire que je ne suis pas à la bonne place. Va voir
l'autre côté. Il y a un autre collègue qui était
anciennement aux Mines qui lui, a perdu son ministère, qui s'est
retrouvé avec le Revenu et qui va administrer la TPS. Ça, c'est
une chose. Là, on parle de la désignation du ministère des
Forêts et de la pertinence d'avoir un ministère des Forêts.
Alors on va écouter. Si on n'est plus dans le ton, on aura à
réviser l'ensemble de la réglementation de l'Assemblée
nationale en ce qui concerne le travail à l'étude article par
article en commission parlementaire.
Je regarde, M. le Président, toujours dans l'idée
d'essayer de comprendre, pourquoi on crée un ministère des
Forêts et spécifiquement des Forêts. Pourquoi ne change-t-on
pas le titre? On nous dit que ça va peut-être coûter plus
cher, que ça ne fait pas partie du mandat, sauf qu'à la lecture
de certains articles subséquents, dans le projet de loi qu'on aura
l'occasion de discuter de toute évidence dans les prochaines heures, on
se rend compte qu'il y a des interférences, pour le moins, avec des
activités autres que celles qui vont être chapeautées
probablement par le ministre des Forêts avec l'appellation, là:
ministre des Forêts.
Je regarde un peu plus loin, par exemple, lorsque l'on parle de
gérer tout ce qui se rattache à l'aménagement forestier.
M. le Président, il faut quand même comprendre que des arbres,
ça ne pousse pas dans les airs. Je veux bien que la Loi sur les
forêts comme telle ne gère que la matière ligneuse.
Ça, c'est une chose. On se l'est dit au moment où on a
discuté de la Loi sur les forêts. Le ministre dit: On a la Loi sur
les forêts et cette loi-là n'a comme objet que de gérer la
matière ligneuse, excluant les racines qu'on ne considère pas
comme étant de la matière ligneuse. Et là, on s'est dit:
Bien, peut-être que le ministre a raison, finalement. Même si les
arbres poussent quelque part, qu'à chaque fois que tu plantes un arbre,
il y a une superficie de terrain qui est affectée, il n'en reste pas
moins que la Loi sur les forêts comme telle et les contrats
d'approvisionnement et d'aménagement en milieux forestiers... Et on a
dit: O.K. On a des arbres qui poussent et ces arbres-là, on les
récolte et puis, bon... Qu'est-ce qu'on en fait quand on donne les
modalités de récolte des arbres? Jusque là, ça va.
Alors c'est la loi spécifiquement sur les forêts en termes de
gestion de matières ligneuses. Mais quand on a un ministère,
c'est un peu différent. Là, on ne peut pas avoir une approche qui
ne touche pas au sol.
Quand on dit que te ministère, que le ministre aura à
gérer tout ce qui se rattache à l'aménagement forestier,
eh bien! les chemins en forêt, c'est de l'aménagement forestier,
des parcs et réserves, c'est de l'aménagement forestier, des
zones privilégiées de chasse et de pêche, c'est de
l'aménagement forestier, à moins qu'on ne me dise qu'on ne fait
plus de pêche et de chasse en forêt. En tout cas, par chez nous, la
chasse dans les champs cultivés, il n'y en a pas beaucoup. Il n'y a
aucun agriculteur dans mon comté et puis j'ai l'impression qu'il y a pas
mal de coins au Québec où ça ressemble à ça.
Il y a peut-être quelques chevreuils qui traînent dans les champs
dans l'Estrie, mais à part ça, pour l'essentiel, la chasse se
fait en forêt.
Alors là il y a toute une série d'activités,
finalement, autres que la gestion de la matière ligneuse, qui se
rattachent à l'aménagement forestier. Quand Hydro-Québec
inonde des territoires pour faire de l'électricité, eh bien! il
affecte drôlement l'aménagement forestier aussi. Il faut bien
s'imaginer que ça a comme un genre d'impact en forêt, surtout
lorsque l'on parle de faire des centrales en Haute-Mauricie, dans les parterres
de coupe de la CIP probablement, ou que l'on parle de faire des centrales
hydroélectriques sur la rivière Ashuapmushuan, dans les parterres
de coupe de la Donohue ou de la Stone Consol ou que l'on parle de faire des
centrales hydroélectriques sur la Côte-Nord, sur la rivière
Sainte-Marguerite, la Moisie, bien, ça a un certain impact sur
l'aménagement forestier. Vous en conviendrez avec moi, M. le
Président. Alors, on se dit: qu'est-ce que ça signifie être
ministre des Forêts? Est-ce que ça signifie qu'on gère des
arbres et qu'il va falloir négocier, enfin, tout le reste avec les
autres ministères parce qu'on n'a aucune assise territoriale pour
exercer nos opérations? Il me semble qu'il y a matière à
se poser des questions là-dessus. (22 h 15)
Nous, on dit, tant qu'à y être, pourquoi on ferait quelque
chose d'un peu plus raisonnable, et le député de Laviolette l'a
expliqué tout à l'heure. Les arbres poussant sur des terres,
pourquoi les terres sur lesquelles poussent ces arbres-là ne seraient
pas gérées par le même ministère? À ma
connaissance, le ministère de l'Agriculture, M. le Président,
gère aussi les fonds de terres sur lesquels on fait pousser des carottes
et où on fait pousser du blé d'inde. On s'occupe de ces
terres-là même si c'est des terres privées. On a de
l'aménagement au privé
aussi, mais le ministère de l'Agriculture n'intervient pas
uniquement pour la récolte des céréales, mais intervient
dans la gestion de l'ensemble des terres. Et même si c'est des terres
privées, comme dit M. le ministre, il y a une Loi sur le zonage agricole
qui fait en sorte que tu ne peux pas faire n'importe quoi avec tes terres
agricoles, tes terres arables parce qu'on a, au départ, la notion que
les terres arables, ça fait partie du potentiel, ça fait partie
du patrimoine global de la société et que ces terres-là,
on ne peut pas les gaspiller indéfiniment même si ça nous
appartient, même si ça appartient à certains individus.
Alors, on a une Loi sur le zonage agricole qui fait en sorte qu'on ne peut pas
les utiliser à n'importe quoi sous prétexte qu'on en est le
propriétaire foncier. Cette Loi sur le zonage agricole est
administrée par le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. On me dit que non. À ma
connaissance, si ce n'est pas le ministère de l'Agriculture, ce n'est
pas loin. Hein? Et moi, je sais que lorsqu'on parle de zonage agricole en
Chambre, c'est le ministre de l'Agriculture qui répond pour le zonage
agricole.
M. le Président, on me dit que c'est le ministre, mais que ce
n'est pas le ministère. Enfin, on pourra toujours en reparler. Mais il y
a une chose qui est certaine, c'est que les fonds de terres attachés
à l'agriculture font partie des activités de l'agriculture.
M. le Président, là, on va se retrouver dans un contexte
assez particulier où on a un ministère de l'Énergie et des
Ressources qui a déjà ses structures, son fonctionnement en
région, qui va gérer l'ensemble des activités du
territoire, la Loi sur le régime des eaux, la Loi sur les terres du
domaine public, toutes les lois qui sont reliées à ça et
puis, on va avoir un ministère des Forêts qui, lui, ne va
s'adresser qu'à la matière ligneuse selon le titre alors que,
dans le texte du projet de loi, on retrouve toutes sortes de
responsabilités, même des responsabilités en matière
de développement régional, M. le Président. On dit que le
ministre des Forêts aura des responsabilités en matière de
développement régional, que le ministre des Forêts - enfin,
je ne veux pas reprendre le libellé de chacun des articles - aura des
responsabilités quant à la protection des ressources contre
l'incendie, l'épidémie, les maladies; devra contribuer au
développement, à l'adaptation, à la modernisation des
usines de transformation; favoriser la mise en marché et la vente. Ce
sont des activités diverses qui demandent d'avoir, à ma
connaissance et à mon sens, une vision globale du problème et une
assise un peu plus large que le simple principe de dire: II faut gérer
la matière ligneuse.
M. le Président, je ne comprends pourquoi on sent le besoin de
créer un ministère strictement pour les forêts alors que,
contrairement à l'argument que donnait le ministre tout à l'heure
où il disait: Bon, on pourrait faire des ministères sur n'importe
quoi... Et bien oui, c'est dans la façon, dans l'approche qu'il y a
là qu'on pourrart faire des ministères sur n'importe quoi, parce
qu'à partir du moment où on dit: On a un ministère qui
gère les forêts, on pourrait avoir un ministère qui ne
gère que les poissons, on pourrart avoir un ministère qui ne
gère que les mines, on pourrait avoir un ministère qui ne
gère que la faune, hein, un ministère sur les orignaux et un
ministère sur les castors. Pourquoi pas puisqu'on veut tout
compartimenter par ministère?
Nous, on dit que pour bien gérer un territoire donné, il
faut qu'il y ait une intégration au niveau décisionnel, il faut
que l'on puisse savoir à qui on s'adresse. Si le ministre des
Forêts a en même temps la responsabilité des terres,
jusqu'à maintenant il était ministre délégué
aux Forêts. La ministre en titre avait la responsabilité sur
l'ensemble des opérations. Alors, à ce moment-là, il y a
des utilisations conjointes de bureau, il y a des activités conjointes,
il y a une approche globale que l'on doit discuter avant de prendre une
décision entre les ministres délégués à
certaines fonctions à l'intérieur d'un ministère
donné. Mais là, ce n'est plus ça. Il va y avoir un
ministre ou une ministre pour le moment responsable de l'ensemble du dossier
des terres qui va pouvoir faire à peu près à sa guise
là-dedans et un ministre des Forêts qui, lui, va pouvoir faire
aussi ce qu'il veut.
Alors, par exemple, prenons l'hypothèse d'un territoire à
conserver, à protéger. Le ministre de l'Énergie et des
Ressources pourrait très bien décider de désigner une zone
quelque part en tant que ministre responsable de la Loi sur les terres du
domaine public. Il pourrait très bien décider de désigner
une zone de lac quelque part comme étant une zone de villégiature
à protéger sur laquelle, supposons, il y aura 25
killomètres carrés où il n'y aura pas d'intervention
forestière. Et parallèlement à ça, le ministre
pourrait dire: Oh, oh, c'est moi, les arbres, ce n'est pas toi. Moi, je dis que
telle compagnie X va avoir le droit de couper ces arbres-là Ah! curieuse
de situation.
Je vais vous donner un autre exemple, M. le Président, et je
pense que peut-être le moment est venu. Quand on parle de l'utilisation
des terres avec toutes les composantes et de la gestion des forêts, je
reprendrais le texte que j'avais tout à l'heure: Gérer tout ce
qui se rattache à l'aménagement forestier. C'est important,
ça, quand on dit. Tout ce qui se rattache à l'aménagement
forestier. Parce que le ministre, lui, a une vision d'ingénieur
forestier. Pour lui, un arbre c'est des piastres qui passent à travers
une écorceuse et une machine à copeaux. Ça, c'est une
vision. Mais les autochtones du Québec qui vivent en forêt ont une
autre vision de l'importance de la matière ligneuse. Je vais
reprendre, M. le Président, pour bien éclairer la
commission sur ce qu'on veut dire par là, le petit exemple que je n'ai
pas eu le temps de vous donner tout à l'heure. Cet été,
j'étais tenté, avec ma famille, sur un lac tout près,
enfin, d'un petit lac tout près d'un grand lac dans mon secteur qui
s'appelle le lac Dodon, sur les lignes de trappe et à côté,
à même le campement permanent d'une famille autochtone. Alors, on
péchait un peu ensemble. On veillait ensemble le soir.
Ça fait des années, sinon des décennies, que cette
famille-là est établie dans le secteur. Ils font de la
pêche commerciale à l'esturgeon, entre autres, une activité
intéressante pour eux. La compagnie Kruger, une compagnie
forestière bien connue dans mon coin, non pas par le niveau de
main-d'oeuvre qu'elle engage, mais par le nombre de bûches qu'elle sort
sans laisser de retombées dans le secteur, décide, parce que le
ministre des Forêts lui a octroyé dans un camp un secteur entre
les lacs Father et Dodon, secteur de coupe, qu'ils font un chemin pour y
arriver. Mais comme il n'y a personne qui se parle dans ces
ministères-là et que, finalement, on gère la forêt
d'une façon d'une part, qu'on gère les questions autochtones
ailleurs d'une autre façon, qu'on gère les questions
minières d'un autre côté, personne ne se parle, on ne sait
pas le régime des eaux et enfin, tout est mêlé, ça
s'est adonné que pour mal faire, la compagnie forestière en
question est allée passer son chemin à peu près à
200 pieds du camp de la famille Dixon au grand désarroi de la famille en
question. Et je peux vous dire que j'ai eu à le vivre moi-même
pendant quelques jours. Je n'aurais pas voulu le vivre à
l'année.
Aie, vous savez, quand, à 3 heures du matin, les bûcheuses
vous ronronnent dans les oreilles, ce n'est pas particulièrement doux
comme son, puis que les camions de bois voyagent jour et nuit avec la
poussière dans les grosses chaleurs, qu'en tant qu'autochtones qui
opèrent ou qui gèrent une ligne de trappe depuis des
années, en respectant l'ensemble du milieu écologique dans lequel
ils vivent, tu te retrouves un bon matin avec ça d'épais de
poussière sur ta nourriture, parce que la compagnie forestière a
décidé de passer un chemin à côté... Eh bien,
moi, je peux vous dire que, pour l'avoir vécu pendant quelques jours,
ça m'a particulièrement insulté. Et je comprends que ces
gens-là soient insultés à l'année. Je comprends que
ces gens-là fassent des injonctions, comme ils en font, actuellement, en
Abitibi, dans des coupes de feuillus, parce qu'on refuse de les respecter.
Et le ministre dit: Moi, le ministre délégué aux
Forêts, ce n'est pas mon problème. Moi, je m'occupe des arbres.
S'il y en a d'autres qui ont des problèmes avec les autochtones, ils
s'arrangeront. S'il y en a qui ont des problèmes avec les endroits
où on passe les chemins, ils s'arrangeront. Il aurait été
facile pour la com- pagnie de se tasser de quelques centaines de pieds à
côté, pour ne pas aller passer sa route "dret" dans la soupe de
l'autochtone en question, du Cri en question. Ah non, parce qu'il n'y a rien,
nulle part, qui lui dit de ne pas le faire et il le fait. Et le ministre dit:
Moi, ce n'est pas mon problème. Moi, c'est des arbres que je
gère. Moi, ce qu'il m'intéresse de savoir, c'est ce qu'il va
faire avec l'arbre qui est là, sans aucune considération pour le
reste.
C'est ça, une des parties du problème. Tout ça pour
vous dire, M. le Président, qu'avant de nous présenter un projet
de loi pour créer un nouveau ministère, le ministre
lui-même et son gouvernement auraient eu avantage à regarder pour
créer un ministère qui intègre un certain nombre
d'activités, réglant ainsi des problèmes existants
plutôt que de continuer à se fermer les yeux sur ces
problèmes-là. À ce moment-là, on aurait fait un
cheminement global et intéressant. Là, actuellement, comme le
disait mon collègue de Laviolette, on fait un projet de loi qui va faire
en sorte que, comme en 1987, au moment de faire la loi sur les forêts, on
va se retrouver, avant longtemps, avec des amendements, ici-même, et puis
le ministre va dire: J'aurais dû écouter l'Opposition au moment
où elle m'a averti, parce qu'il ne faut pas oublier aussi...
Le Président (M. Audet): Si vous voulez terminer.
M. Claveau: ...que ces commissions-là, elles-mêmes,
coûtent de l'argent aux contribuables.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le député
d'Ungava. Est-ce qu'on est prêt à passer à l'adoption de
l'article 1? Mme la députée de Verchères.
Mme Dupuis: J'aurais simplement quelques commentaires. Et je vais
commencer, si ça peut vous détendre, par vous conter une petite
anecdote que je n'ai pu m'empêcher... qui m'est venue tout de suite
à l'esprit quand on parle de juridiction. Ce n'est pas les terres, c'est
juste la forêt et tout ça. Je vous la conte si ça peut vous
détendre, mais c'est un fait vécu.
Je m'en viens sur l'autoroute. Je viens sur l'autoroute. Je passe
au-dessus d'un tunnel et il y a une dame qui tombe à quelques pieds de
ma voiture. Et, là, j'arrête, forcément, et je fais venir
la police. C'a pris une heure et quart. Savez-vous pourquoi? Parce qu'on m'a
dit: Non! Elle était sur le pont. C'est de juridiction
fédérale. Entre les deux, c'est provincial et, rendu à
terre, c'est municipal. Croyez-le ou pas, c'a l'air juste... J'ai dit: Je vais
vous détendre. Ça, c'est un fait vécu. Une heure et quart,
avant de savoir quelle juridiction et quelle police devait venir y voir,
jusqu'à tant que je me fâche. Et, là, tu n'es pas
députée. Tu es un
simple citoyen, parce que quand j'ai vécu ça,
j'étais une simple citoyenne. Et, là, je comprends que...
Une voix:...
Mme Dupuis: On est citoyen, mais je veux dire-Une
voix:...
Mme Dupuis: C'est qu'on est un petit peu plus
éloigné. On voit ça avec des yeux un peu plus neufs. Et,
moi, je suis encore une nouvelle députée. Et, là, je
comprends... Vos collègues, avec leurs commentaires qu'on n'entend pas,
dites-les donc plus fort. Au moins, on les comprendrait. Là, ça
fait juste me couper... et me couper dans mon intervention.
M. Jolivet: M. le Président.
Mme Dupuis: Je vous parle du citoyen ordinaire.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Lavlolette, sur une question de règlement.
M. Jolivet: Question de règlement. M. le Président,
je pense qu'on a été sérieux dans cette commission. Ce
n'est parce que quelqu'un est venu, et a décidé de signer ses
cartes de Noël ici, qu'il est obligé de déranger ma
collègue. Alors, il pourrait peut-être continuer à signer
ses cartes de Noël et nous laisser tranquille.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Et, quant aux autres, si on ne veut pas que je les
nomme, nous laisser la chance d'agir convenablement. Alors, j'espère
que...
Le Président (M. Audet): D'accord, M. le
député. Alors, j'invite les membres à être un peu
plus discrets et respecter le temps de parole des collègues. Mme la
députée de Vercheres, vous avez la parole.
Mme Dupuis: ...tenir compte qu'il signe ses cartes, mais s'il
veut bien les signer en silence. Ceci étant dit...
Le Président (M. Audet): M. le député de
Taschereau.
Une voix: C'est quoi que ça a à voir... (22 h
30)
M. Leclerc: M. le Président, de façon
régulière, en commission parlementaire et à
l'Assemblée, il y a des collègues des deux côtés de
la Chambre qui signent leurs cartes de Noël.
Ça fait cinq ans que je suis ici, ça fait cinq ans que je
vois ça, je ne vois pas ce qu'on fait de si grave que ça,
là.
Le Président (M. Audet): D'accord, d'accord, ça va,
ça va.
M. Jolivet: M. le Président, c'est la question de
règlement. C'est simplement pour dire ceci: Si le député
de Taschereau n'avait pas pris la parole, personne n'aurait su que
c'était lui, alors je le trouve un peu drôle...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Je n'ai jamais nommé personne.
Le Président (M. Audet): Ce n'est pas une question de
règlement.
M. Jolivet: II se cherchait un moyen de passer à
l'histoire, M. le Président.
Le Président (M. Audet): À l'ordre, À
l'ordre. Un instant, un instant. À l'ordre, s'il vous plaît. Un
instant. Je veux reconnaître M. le député de Taschereau,
qui était sur une question de règlement, avant.
M. Leclerc: M. le Président, j'ai pris la parole parce que
je n'ai pas honte de signer mes cartes de Noël.
Le Président (M. Audet): Non, non, ça va. Ce n'est
pas une question de règlement. M. le député du
Saint-Maurice, vous avez une question de règlement.
M. Lemire: Qu'est-ce que ça a à voir dans la
forêt, ça?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): O.K., ça va La
procédure, c'est assez. Je reconnais Mme la députée de
Vercheres. Si vous voulez poursuivre votre intervention, Mme la
députée de Vercheres, on vous écoute. À l'ordre,
s'il vous plaît, À l'ordre.
Mme Dupuis: Alors l'anecdote que j'ai contée... Tout
ça pour dire que lorsqu'on commence à s'enfarger dans les
juridictions, qu'on commence à se spécialiser à outrance,
ça amène des faits aussi cocasses que celui que je vous ai
conté tantôt. Les questions que j'ai posées au ministre,
tantôt, dans mon esprit à moi, relevaient toutes de terres et
forêts On me dit: Les érablières publiques sont sous la
juridiction du ministre, les érablières privées, non.
Qu'elles soient privées ou publiques, il reste que, dans mon esprit - et
je pense, dans l'esprit de tous les citoyens - terres et forêts,
ça va ensemble.
Le drainage des érablières... Si les
érabliè-res publiques relèvent du ministère... Oui,
j'ai un cas, moi. J'ai quelqu'un qui m'a téléphoné, dans
mon comté, pour se plaindre que les subventions en
Montérégie pour le drainage des érablières
n'étaient pas... Il n'y a pas de drainage des érablières?
Ça existe? Bon, je ramène encore à l'ordre votre
collègue. Signe tes cartes, mon vieux, mais arrête de commenter;
tu n'es pas au courant.
Le Président (M. Audet): Messieurs, Mesdames, À
l'ordre, s'il vous plaît.
Mme Dupuis: Ça n'a pas de bon sens. Il réagit
à tout ce que je dis et il réagit à tort et à
travers.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): MM. et Mmes les
députés, s'il vous plaît. Mme la députée, je
vous rappelle l'article 32. Chacun doit être à sa place en silence
et respecter le temps de parole de l'autre. Et je vous rappelle aussi, Mme la
députée, que ça compte sur votre enveloppe de temps
à vous. Alors, si vous voulez poursuivre, vous avez 20 minutes, mais il
y en a déjà un bon bout de temps d'écoulé.
Mme Dupuis: 20 minutes? C'est parce que je vois qu'il y a de
l'information qui est demandée de l'autre côté. C'est que,
lorsque je parle de drainage des érablières, je vois les
collègues d'en face sursauter, s'étonner. Oui, ça existe.
Informez-vous auprès des ministères, vous manquez
d'information.
Une voix: Parce que lui, ce sont les biscuits à
l'érable qui l'intéressent.
Mme Dupuis: Ceci étant dit, M. le ministre, je pense que
pour le citoyen, terres et forêts, ça va ensemble. Je ne
reprendrai pas tous les plaidoyers de mes collègues tantôt mais
les raisons invoquées pour ne pas associer terres et forêts
à votre ministère, M. le ministre, ce sont des raisons de budget.
Et c'est là que moi, je ne peux accepter ces raisons-là comme
étant des raisons valables. Si M. le ministre a d'autres raisons
à invoquer, moi, je suis toute disposée à les
entendre.
Mais que ce soit pour une raison de budget... Je comprends qu'on coupe
des fonds partout et que les ministères ont des budgets de plus en plus
serrés, de plus en plus petits...
Le Président (M. Audet): Mme la députée, je
veux juste vous rappeler que j'ai refuse cet amendement-là parce que je
le jugeais irrecevable. Alors, vous n'avez plus à en... Vous devez
être prudente dans ce que vous dites, on n'en est plus à en
discuter, là.
Mme Dupuis: Je ne peux plus discuter du premier article qui dit
que le ministère...
Le Président (M. Audet): C'est parce que vous dites que le
ministre ne veut pas accepter ça et vous trouvez ça regrettable.
J'ai rendu une décision là-dessus tantôt, alors vous n'avez
plus à revenir là-dessus. Poursuivez sur l'article 1, mais pas
sur la motion d'amendement que votre collègue a déposée
tantôt. Elle a été jugée irrecevable.
M. Jolivet: M. le Président, juste pour aider à la
question. Je pense que ma collègue, ce qu'elle veut dire, c'est qu'elle
ne vous le demande pas à vous. Elle sait que c'est irrecevable. Ce
qu'elle demande, c'est au ministre de prendre la décision. C'est pas
pareil. Donc, c'est dans ce sens-là qu'elle pose la question.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Verchères, si vous voulez poursuivre.
Mme Dupuis: J'étais au reste que les raisons
invoquées, je ne les trouvais pas valables. Là, les budgets sont
serrés, mais advenant que tout se replace, l'économie se replace
et que le gouvernement n'est plus à essayer d'effacer la dette, il reste
que cette loi-là, que ce ministère-là, qui, maintenant,
devient un ministère à part entière, sera toujours
handicapé du fait qu'il n'est pas associé aux terres et aux
forêts, et ça, je trouve ça un petit peu dommage. Parce que
le seul motif, c'est des raisons, des raisons que vous n'avez pas de budget.
C'est pour ça que je demande au ministre de m'amener, s'il en a,
d'autres motifs.
Je pense qu'il y va aussi d'une question de crédibilité.
Encore là, avant d'être députée, je voyais des lois
et j'ai pu le constater, en arrivant ici - ça fait simplement un an.
Alors je vois encore ça avec des yeux neufs et je pense que souvent
c'est là, que, avec les années, on se dissocie, on
s'éloigne de la population. C'est peut-être intéressant
d'arriver avec des yeux neufs pour voir ça. Lorsque je vois une loi, qui
comprend peut-être une dizaine ou une quinzaine d'articles et qui a plus
d'amendements dans une loi, pour la corriger, que le nombre d'articles de cette
propre loi... On voit ça, parfois, qu'il y a tellement d'amendements
à un article de loi-Pourquoi? Parce que, pour une raison autre, ou pour
différentes raisons, on a apporté tellement d'amendements.
Pourquoi? Parce que, lorsqu'on a fait la loi, lorsqu'on a passé cette
loi, on n'a peut-être pas, ou pour des raisons plus ou moins valables, on
n'a pas amené un projet de loi susceptible de répondre à
toutes les questions qui se posaient, et c'a dû amener après une
foule d'amendements.
Comme je disais tantôt, je n'ai pas l'intention de
répéter tout ce que mes collègues m'ont
répété, ont dit tantôt, mais je voudrais tout
simplement attirer l'attention du ministre sur mes commentaires et lui
demander s'il veut bien répondre à la question suivante: Quelles
sont ses raisons, autres qu'une raison de budget, tel qu'il l'a
invoqué?
Une voix: II veut gérer de la matière ligneuse,
point final!
Le Président (M. Audet): Vous avez terminé, Mme la
députée? Alors, est-ce qu'il y a d'autres remarques sur l'article
1?
M. Jolivet: Une petite question à poser au ministre, si
vous me le permettez? Ce ne sera pas long.
Le Président (M. Audet): Votre enveloppe de temps est
utilisée, M. le député de Laviolette. Alors, ça
fait deux fois que je tolère...
M. Jolivet: Oui, je le sais, mais je peux la poser sur la
deuxième, comme je peux savoir la première, je suis aussi bien de
poser la...
Le Président (M. Audet): Bien, je
préférerais peut-être que vous la posiez sur la
deuxième. Ça nous permettrait de respecter le
règlement.
M. Jolivet: Bien, ça ne sera pas plus long dans l'un que
dans l'autre.
Le Président (M. Audet): Ça nous. M le
député de Laviolette, là, Ha, ha, ha! Non, non, vous
avez... Écoutez, là. Vous venez de me dire: On peut la poser, la
deuxième, mais écoutez, commençons donc à l'article
1, à...
M. Jolivet: Non, mais vous allez voir que ce n'est pas plus long
dans l'un que dans l'autre. La question est la suivante...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Non, mais le ministre me le permet, je suis
sûr. Il est né... Bon, bien, écoutez...
Le Président (M. Audet): Parce que votre temps... M. le
député de Laviolette, en vertu du 213, vous ne pouvez pas, parce
que le ministre n'a pas parlé.
M. Jolivet: Oui, il a parlé.
Le Président (M. Audet): Non, non. l'article 213 a dit que
si vous aviez une question à poser, vous devez le faire
immédiatement après l'intervention du député.
Là, c'est un petit peu plus tard. Non, ce que je veux que vous
écoutiez, vous avez été vice-président de
l'Assemblée, vous savez qu'on doit être tolérant, mais
avoir une certaine rigueur...
M. Jolivet: Je le sais, mais c'est parce que ça a l'air...
Mais là, vous êtes en train de perdre plus de temps que j'en
voulais. Ma question était bien simple: Le ministre, quand il va dans le
public, se fait-il souvent appeler le ministre des Terres et Forêts?
Parce que le monde, le ministre délégué aux Forêts,
ils ont de la difficulté à comprendre ça. Est-ce que le
ministre peut me répondre à ça?
Le Président (M. Audet): M. le député de
Laviolette, là. Arrêtez donc, là. À l'ordre! Vous
avez été vice-président de la Chambre. Vous savez qu'on
peut tolérer certaines choses, mais ça prend quand même une
certaine rigueur. Bon, alors, je reviens à l'article 1. Est-ce que
l'article 1 est adopté? M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, je vous ai dit que si nous ne
pouvions pas avoir le plus, au moins on peut se contenter de moins. Alors nous
acceptons l'article 1.
Le Président (M. Audet): Alors, l'article 1 est
adopté. J'appelle maintenant l'article 2: Le gouvernement nomme,
conformément à la Loi sur la Fonction publique, une personne au
titre de sous-ministre des Forêts.
M. Jolivet: Je vais poser ma question au ministre. Je lui ai
déjà donné un préavis, il sait déjà
ma question. Quand on s'en va dans le public... Parce que ma collègue
disait: Pour le monde ordinaire, on parle toujours du ministre des Terres et
Forêts. Je vais vous conter une anecdote, moi aussi. Même ma
municipalité, à l'époque où j'avais
été nommé ministre délégué aux
Forêts, avait fait l'erreur sur un petit cadeau qu'elle m'avait
donné. On avait marqué. Le ministre des Terres et Forêts.
Pourquoi? Parce que, dans la tête des gens, ça n'était pas
enlevé encore, Terres et Forêts. Alors, ma question au ministre -
puis j'aurai l'occasion d'argumenter ensuite sur l'article 2 - est-ce qu'il
peut me dire que ce n'est pas réel que, des fois, il se fait souvent
appeler le ministre des Terres et Forêts plutôt que ministre
délégué aux Forêts? Le ministre va être
honnête; il va me répondre comme je pense qu'il va me
répondre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II faudrait, M le
Président, que je fouille dans mes souvenirs.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Vous ne souffrez pas d'Alzhei-mer?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, oui Non,
c'est... On fait toutes sortes de choses, hein! On m'appelle surtout le
député de Rivière-du-
Loup.
M. Jolivet: Mais là, M. le ministre, on va prendre le
terme dans le dictionnaire de politicien. Là, vous êtes un
politicien. Parlez donc en homme politique maintenant.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Comme il ne veut pas me répondre, M. le
Président, vous comprenez très bien que, dans plusieurs
occasions, il se fait appeler le ministre des Terres et Forêts, parce que
ce n'est pas enlevé dans la tête des gens, mais...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je vous dirai, M.
le Président, lorsque mes électeurs ou les gens du comté
de Rivière-du-Loup ont appris que je serais nommé ministre des
Forêts, ils étaient très heureux. Ils ont fait une grande
distinction entre le ministre délégué aux Forêts et
le ministre des Forêts. Ils ne se sont pas trompés d'appellation
dans ce cas-là.
M. Jolivet: M. le Président.
Le Président (M. Audet): Est-ce que, concernant l'article
2...
M. Jolivet: Non, je suis sur l'article 2.
Le Président (M. Audet): Normalement, le ministre fait des
commentaires lorsque le président l'appelle.
M. Jolivet: Ah O.K. oui, oui.
Le Président (M. Audet): J'aurais aimé que le
ministre fasse ses commentaires, après ça vous viendrez.
Ça va vous faire gagner du temps pareil. M. le ministre.
Le sous-ministre
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cet article
confirme le pouvoir de nomination du ministre des Forêts par le
gouvernement et vous savez, M. le Président, que les sous-ministres sont
nommés par le gouvernement, par décret, sur proposition du
premier ministre.
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'il y a des commentaires
à l'article 2?
M. Jolivet: M. le Président, vous savez, il y a des
silences qui sont souvent plus éloquents que des paroles. Il y a aussi
des sourires qui indiquent des choses. Alors à ma question, le ministre
a tellement souri que, j'en suis sûr, je ne parlais pas de sa
circonscription électorale, il en conviendra très bien. Je
parlais de l'ensemble des gens qu'il rencontre à travers le
Québec.
Mais, ma blague étant faite, étant donné que nous
avons accepté l'article 1, vous comprendrez très bien que je
voulais appuyer la remarque de ma collègue de Verchères qui
disait que, dans la tête des gens, c'était bien plus le
ministère des Terres et Forêts que le ministère
délégué à quelque chose... Ou le ministre, parce
que le ministère n'existe pas; le ministre délégué
à quelque chose. Alors, je dois vous dire que si nous avons
accepté l'article 1 qui nous indique que le désormais
ministère des Forêts est dirigé par le ministre des
Forêts, il est évident qu'il ne peut pas le faire sans être
appuyé par une équipe sous-ministérielle. Donc, il faut,
au départ, en vertu de la loi qui forme les ministères, appuyer
sa démarche par une personne qui portera le titre de sous-ministre des
Forêts. Donc, une personne qui devient très importante dans
l'administration quotidienne du ministère. On sait que la
responsabilité du ministre est de prendre les grandes orientations,
aidé par le Conseil des ministres. Donc, le ministre, à partir
des orientations, doit être appuyé par une équipe
sous-ministérielle qui va dans la même direction.
Vous avez souvent entendu parler de ministres, de sous-ministres qui,
des fois, ne marchent pas ensemble. On a vu des exemples au ministère de
l'Environnement, on a vu des exemples à d'autres ministères
où on a vu un roulement de sous-ministres. Donc, si nous acceptons, par
l'article 2, de mettre en place ce que la loi nous demande de faire,
c'est-à-dire une équipe administrative, il est évident que
la personne devra, avec le ministre, former une équipe très
très serrée, très importante aussi pour l'activité
économique qu'est la forêt au Québec.
Vous le savez très bien, le ministère - on ne le rappelle
jamais assez - représente 250 000 emplois au Québec. C'est un
ministère qui, en même temps, au point de vue économique,
dépasse même le ministère de l'Agriculture. C'est, en fait,
l'activité économique du Québec. C'est, je devrais
même dire, la seule activité économique dans bien des
municipalités au Québec.
Le député de Rouyn-Noranda-Témiscamin-gue, qui a eu
à participer à l'étude faite par le comité qui a
étudié ce qu'on a appelé "le Québec divisé
en deux", Québec... Comment appelez-vous ça, M. le
député de Taschereau? (22 h 45)
M. Leclerc: "Deux Québec en un".
M. Jolivet: "Deux Québec en un", qui était faite
par la Commission des affaires sociales vous dira que, dans bien des
municipalités, c'est une activité qui, lorsqu'elle
disparaît, fait mourir nos petites paroisses dans l'arrière-pays.
Alors, le sous-ministre, sa responsabilité - il faut se le rappeler -
est celle de conseiller le ministre. En fait, la personne qui décide, au
bout de la course, c'est le ministre. Il faut être bien clair. Si le
ministre ne décide pas, c'est que le sous-
ministre est plus fort que lui ou bien c'est parce qu'il n'a pas de
pouvoir. Mais, normalement, un ministre, avec son sous-ministre, forment
l'équipe de tête du ministère.
Le sous-ministre - et j'ai eu l'occasion de le vivre moi-même -
c'est une personne qui, normalement, dort donner différentes
possibilités au ministre au point de vue administratif, au point de vue
de la gérance du ministère, en lui indiquant les bons
côtés et les mauvais côtés de telle et telle
décisions. Mais, au bout de la course, c'est toujours le ministre qui a
la responsabilité finale de décider. Et c'est là qu'on en
arrive à une question d'imputabilité et d'une décision qui
fait actuellement l'objet d'une grande consultation, qui a fart l'objet d'une
grande consultation, qui fait l'objet de grandes discussions par la commission
où M. le député de La Prairie et M. le
député de Vanier, à titre de président et de
vice-président, ont regardé les tenants et les aboutissants de
cette imputabilité des sous-ministres dans les décisions qui
doivent être prises en vertu des autres articles de la loi que nous
allons bientôt adopter.
Je vous dirai, pour l'avoir vécu, qu'un ministre qui est
conscient de la bonne qualité de son sous-ministre ou de ses
sous-ministres associés doit prendre fait et cause pour eux, dans la
mesure où on sait qu'ils n'ont pas commis de fautes lourdes. Je vous
raconterai un exemple que j'ai eu à vivre comme ministre à
Val-d'Or, à l'église Saint-Sauveur, au sous-sol de
l'église Saint-Sauveur où des gens dans la salle s'en
étaient pris à un sous-ministre associé qui m'accompagnait
et même, M. Cossette, à l'époque, Jean-Jacques Cossette,
avait répliqué devant toute la salle que c'était mon
sous-ministre associé qui était responsable de l'erreur.
Alors, je lui avais rappelé que, dans les conventions collectives
que j'ai eu à signer comme représentant syndical, il y avait
toujours une clause qui avait pour effet de dire: L'employeur doit prendre fait
et cause pour l'employé, à moins que l'employé n'ait
commis une faute lourde. Et, ça, on s'entend bien sur ce que ça
veut dire, en termes de décision, ce qu'est une faute lourde. Et j'avais
eu l'occasion de répliquer en lui disant que la personne qui
était assise à ma gauche, à ce moment-là... ou
à ma droite, je ne me souviens pas trop, mais je pense que
c'était à ma droite. J'avais dit: Cette personne-là, M.
Cossette, c'est une personne dont j'ai le devoir, comme ministre, de vous dire
ceci: Elle m'a donné, à partir de l'équipe
sous-ministérielie, les tenants et les aboutissants de telle et telle
décisions, les bons et les mauvais côtés. Et je dois vous
dire que la décision finale, c'est moi qui l'ai prise. Et si vous avez
quelque chose à dire, c'est à moi que vous allez le dire. Mais,
mon employé qui est à côté de moi - parce que
c'était mon employé - je vous dis, au départ, que je le
défends.
Et les applaudissements dans la salle ont été nourris.
Pourquoi? Parce que, moi, je croyais que - et je le crois toujours - la
personne qui est sous-ministre, c'est une personne qui doit avoir l'appui du
ministre dans ses décisions. Et si je n'ai pas le courage de
considérer son appui comme étant valable, je n'ai qu'à
prendre mes décisions et à demander au Conseil des ministres,
dans le cas du sous-ministre, de le changer.
Donc, ça doit être composé du ministre et du
sous-ministre, avec toute l'équipe, une équipe très
solide, une équipe qui mérite qu'on n'ait pas avec le ministre...
le sous-ministre, telle parole puis, en arrière, aller le descendre. Si
on fait ça, on met en péril le ministère lui-même.
Alors, je pense que la décision qui est prévue par l'article 2 me
permet de faire ces recommandations au ministre en lui disant que la nomination
d'une telle personne mérite un choix juste et équitable.
Il est évident qu'il y aura, en vertu de la constitution de ce
ministère, des décisions qui doivent être prises pour faire
en sorte que les personnes qui sont déjà au ministère de
l'Énergie et des Ressources, mais pour le secteur forêts, aient
des représentations à faire, parce que les personnes qui aident
le ministre, à ce moment-ci, méritent des félicitations de
la part des parlementaires dans le travail qu'elles ont accompli jusqu'à
maintenant et un appui. Donc, ce n'est pas à nous, comme
députés de l'Opposition, à décider qui va
être le sous-ministre.
Il y a une chose qui est certaine, c'est que nous avons quand même
à donner, à ce moment-ci, notre appréciation du travail
qui a été fait. Et j'ai eu l'occasion de travailler avec
quelqu'un qui, malheureusement, à cause de la maladie, a dû
quitter ce soir le ministère pour se rendre à l'école
normale... l'École nationale d'administration publique qu'on appelle
l'ENAP. - C'est parce que j'étais tellement pris avec le fait
qu'à l'époque, on allait comme enseignant à l'école
normale... Mais c'était l'École nationale d'administration
publique - ... Des contacts assez judicieux avec cette personne.
Il est évident maintenant que le ministre aura à prendre
une décision et à s'assurer que son équipe qu'il formera
au niveau sous-ministériel soit la plus forte possible. Je le
répète pour le bien-être de tous ceux qui travaillent
actuellement en forêt. Alors, M. le Président, je vais
arrêter mes propos sur cet article-là en souhaitant à cette
nouvelle équipe qui sera formée le meilleur accomplissement dans
son travail en lui disant aussi, en même temps, mon appui le plus total
comme député dans l'accomplissement de son travail, tout en lui
disant, cependant, que mon sens critique qui est ma seconde nature...
même quand j'étais au niveau ministériel, gouvernemental,
je l'ai toujours conservé, parce que je proviens d'un milieu qui a
toujours eu à combattre pour la justice. Alors, je dois dire que
même si le ministre est confirmé dans ses fonctions, le
sous-ministre qu'il choisira
sera une personne la plus compétente possible, que je me
permettrai de la critiquer, à certaines occasions, cependant, pour des
raisons qui me seront naturelles, pour le mieux-être de tout l'ensemble
de l'industrie forestière au Québec.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires avant de passer
à l'adoption de l'article 2? M. le député d'Ungava, vous
avez la parole pour 20 minutes.
M. Claveau: Oui, M. le Président. Juste quelques petits
mots pour...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Juste un petit "vingt" - ha, ha, ha - pour dire
jusqu'à quel point... D'ailleurs, à l'instar de mon
collègue de Laviolette, il est important d'avoir des sous-ministres
compétents qui fonctionnent de pair avec le ministre dans l'application
des lois qui sont de la juridiction d'un ministère. Et je suis
convaincu, M. le Président, qu'il est d'autant plus facile de travailler
pour un sous-ministre et de bien conseiller ou de bien collaborer avec son
ministre que les lois ou le champ de juridiction dans lesquels il a à
travailler sont bien définis et bien identifiés et ne
prêtent pas à interprétation.
Tout à l'heure, M. le Président, on a tenté une
manoeuvre de déstabilisation en face de moi, en essayant de me confondre
sur l'application de la Loi sur la protection du territoire agricole. Et je
pense qu'il est important de revenir là-dessus, parce que autant la
façon de voir du ministère en ce qui concerne la
désignation du ministre, vaut pour le sous-ministre, bien entendu.
C'est vrai, M. le Président, qu'il y a une commission qui a comme
objet de gérer l'application de la Loi sur la protection du territoire
agricole, mais il est tout aussi vrai, M. le Président, que cette
loi-là relève d'un ministre en particulier. Même s'il
s'agit d'une question territoriale, on a cru bon de mettre l'application de
cette loi sous la responsabilité du ministre qui a à prendre des
décisions en agriculture. Alors, c'est le ministre de l'Agriculture qui
a à répondre de l'application de la loi et qui a aussi à
répondre devant les parlementaires et devant la population du
fonctionnement de la Commission de la protection du territoire agricole. On n'a
pas mis ça entre les mains de la ministre de l'Énergie et des
Ressources. On n'a pas mis ça entre les mains du ministre des Affaires
municipales, responsable de l'aménagement. On n'a pas mis ça
entre les mains du ministre de l'Environnement. Non. On a cru bon que ce soient
le ministre et, par le fait même, le sous-ministre de l'Agriculture qui
aient à s'assurer que cette loi-là soit bien appliquée et
que la Commission remplisse bien ses fonctions.
De la même façon, M. le Président, lors- qu'on a
créé la Commission de la santé et de la
sécurité du travail, on a cru bon, même si ce n'est pas une
activité de travail, au sens de la fabrication, enfin, sur le terrain,
de le rattacher au ministère du Travail parce que c'était une
activité qui encadre l'ensemble des activités des travailleurs et
travailleuses du Québec. La même chose, M. le Président, la
Société de l'assurance automobile du Québec relève
du ministère des Transports. C'est une activité d'assurance, ce
n'est pas une activité de transport en soi. Ce n'est pas une
activité de réparation de routes, même si on veut lui
donner ce sens-là aujourd'hui. Mais, on a cru bon, parce que ça
assurait essentiellement les utilisateurs de la route, de la rattacher au
ministère des Transports.
M. le Président, on a un certain nombre de sociétés
d'État qui sont rattachées à des ministères qui les
concernent. SOQUEM était rattachée au ministère des Mines,
qui est maintenant au ministre délégué aux Mines.
Maintenant, le ministre de l'Energie et des Ressources. Hydro-Québec est
rattachée au ministère de l'Énergie et des Ressources.
D'autres sociétés d'État sont rattachées aux
ministères qui les concernent. Dans le cas de REXFOR, jusqu'à
maintenant on ne le sait pas, est-ce que ça va être
rattaché au ministère de l'Énergie et des Ressources ou
à la loi? On me fait un signe comme quoi ce sera rattaché au
nouveau ministère. Malheureusement, je n'ai pas pu saisir la phrase
qu'il a dite dans le texte, mais on verra en temps et lieu. De toute
façon, tout ça pour vous dire, M. le Président - et je
voyais le président qui commençait à fouiller dans son
règlement en doutant de la pertinence de mes propos - que, eh oui...
Une voix: Essentiellement non pertinents...
M. Claveau: Je ferai remarquer que le député
n'assume plus le siège de la présidence depuis quelques secondes,
alors on pourra se passer de son interprétation. C'était à
lui de le dire au moment où il était assis sur le
siège.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Taschereau, s'il vous plaît! M. le député de Taschereau. M.
le député d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, tout ça pour vous dire
qu'en tant que sous-ministre des Forêts relevant d'un ministre des
Forêts, je pense qu'il aurait été beaucoup mieux et
beaucoup plus efficace et fonctionnel et beaucoup moins encombrant
administrativement que l'on parle d'un sous-ministre rattaché à
un ministre qui a aussi à voir l'aspect des terres sur lesquelles
poussent ces forêts-là et sur lesquelles on les exploite. Parce
que quoi que l'on dise, M. le Président, même si la matière
ligneuse est en surface, les chemins pour y arriver, eux autres, sont bien
collés sur le plancher des vaches. Les
camions qui roulent avec des charges pouvant atteindre jusqu'à
115 000 kilos, eux, roulent par terre et font lever la poussière du sol
qui retombe au sol. (23 heures)
M. le Président, les animaux qui sont affectés, les
animaux en forêt qui sont affectés par la coupe à blanc,
marchent bel et bien sur notre bonne vieille planète. Et les traces de
leur sabots, lorsqu'on les suit en forêt, ce n'est pas dans les nuages
qu'on les trouve. Elles sont bel et bien par terre. M. le Président, le
castor qui ne pourra plus faire sa digue parce qu'on a coupé la
forêt à blanc, et que le crique qui lui servait pour monter son
barrage, s'est évaporé, lui, M. le Président, continue
à vivre parterre...
Le Président (M. Audet): M. le député de
Taschereau.
M. Leclerc: Je veux tout simplement savoir, c'est quoi, le
rapport entre le castor et le sous-ministre des Forêts? Pour rappeler le
député, un petit peu, à la pertinence!
Le Président (M. Audet): Bon, M. le député
de Taschereau, vous soulevez là, la règle de la pertinence. M. le
député d'Ungava, je vous inviterais peut-être, à
rester autour de l'article 2, au moins...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): Je peux bien croire que les
castors, il y en avait dans le bois, là, il y a un peu toutes sortes de
choses là! Je vous demanderais de vous rapprocher un peu plus de
l'article 2, parce qu'on va s'enfarger dans les procédures, là.
O.K.? Si vous voulez poursuivre, s'il vous plaît.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: M. le Président, c'est peut-être juste
pour essayer de cerner le contexte dans lequel aura à vivre le
sous-ministre des Forêts, qui va voir son poste créé,
là, par l'article 2, qu'on s'apprête à voter tout à
l'heure. Parce que j'essaie de me mettre à la place du sous-ministre qui
aura ce poste-là. Et puis, il me semble qu'il va avoir de la
difficulté à cerner son champ d'activité à travers
tous ses collègues des autres ministères qui vont vouloir
empiéter, de tous bords et de tous côtés, sur son terrain,
si j'ose dire, mais qui n'en aura pas de terrain, d'après ce que je peux
comprendre. Mais comment voulez-vous que le sous-ministre des Forêts
puisse bien conseiller son ministre en matière d'intervention en milieu
forestier s'il n'a pas de contrôle ou s'il n'a aucune possibilité
d'intervenir sur le territoire sur lequel pousse cette
forêt-là?
Comment voulez-vous, M. le Président, qu'on puisse se servir au
maximum de l'alinéa 11, par exemple, de l'article 14, où on parle
d'assurer la part du secteur forestier au développement régional,
si le sous-ministre, qui voit son poste créé par l'article 2, ne
sait même pas quelle est sa possibilité d'intervenir sur le fond
de terrain où poussent les arbres? Comment voulez-vous qu'il
réussisse à bien conseiller son ministre? À moins qu'on me
dise, M. le Président, qu'il s'agit d'un ministère qui a
essentiellement comme vocation l'application des lois concernant la gestion des
matières ligneuses, qu'il n'aura rien à dire quant aux
aménagements forestiers comme tels, là, une fois que l'arbre est
coupé. À ce moment-là, on remet ça à
d'autres ministères. C'est peut-être ça qui va se passer.
Mais à ce moment-là, comment pourrons-nous appliquer les autres
dispositions prévues dans la loi, en ce qui concerne
l'aménagement global des forêts, la meilleure utilisation,
à tous égards, de la matière ligneuse?
Alors, vous comprenez, M. le Président, qu'on se retrouve dans un
curieux de cul-de-sac, et que le sous-ministre qui aura la fonction que lui
donne l'article 2 du projet de loi, devra, d'abord, commencer par consulter
tous ses collègues, les autres ministres des autres ministères,
avant de pouvoir intervenir, là, d'une façon ou d'une autre, sur
le territoire où il y a des arbres qui poussent.
Parce que, M. le Président, on l'a vu tout à l'heure, les
forêts sont habitées: Les autochtones ont des lignes de trappe
partout en forêt. Il y a des réserves fauniques sur lesquelles le
sous-ministre en question n'aura aucune capacité d'intervention. Il y a
des zones protégées sur lesquelles il n'y aura rien à
faire. Il y a des zones qui seront inondées par des barrages,
probablement, si jamais on réussit à s'entendre, sur lesquels il
n'a plus un mot à dire. Il y a toutes sortes d'autres utilisations
récréotouristi-ques de la forêt, et par le fait même,
des terres dans lesquelles s'ancrent les racines qui supportent les arbres, ou
qui tiennent les arbres debout, sur lesquels le sous-ministre ne pourra pas
conseiller son ministre, puisque ça ne le regardera pas. Ça sera
d'autres juridictions.
Alors, vous comprenez que dans la mesure où on veut vraiment
permettre au sous-ministre des Forêts d'être efficace, fonctionnel,
de pouvoir avoir la vision la plus complète possible de tout ce qui
s'appelle intervention en milieu forestier, je continue à croire qu'il
serait important que le sous-ministre porte aussi le titre de sous-ministre des
Terres et Forêts pour conseiller son ministre des Terres et
Forêts.
On a dit, tout à l'heure, qu'on avait voté l'article 1,
oui, un peu à regret, vous en conviendrez, mais il n'en reste pas moins
que même si on a voté l'article 1, on ne peut pas essayer de
revenir, à l'article 2, en argumentant peut-être, en amenant le
ministre à changer d'idée. On est prêts à lui donner
tous les consentements nécessaires pour revenir sur le vote de l'article
1
si jamais il décide de faire un amendement en conséquence,
afin de lui donner tout le pouvoir possible, toute la latitude possible pour
bien exercer ses fonctions de ministre, en partie responsable de la gestion de
la matière ligneuse, mais aussi responsable - comme on va le voir plus
tard dans le projet de loi - de la meilleure gestion possible de toutes les
utilisations que l'on peut faire du milieu forestier. Ce qui suppose une
capacité de contrôle et d'intervention sur les terres sur
lesquelles poussent les arbres. C'est important comme nuance.
M. le Président, j'aurais tendance à demander au ministre
si, après avoir réfléchi sur les arguments que nous
apportons, il accepterait de revenir sur l'article 1. Je suis convaincu que mon
collègue, d'emblée, donnerait son consentement pour que l'on
puisse réviser le vote sur l'article 1 avant de voter l'article 2, parce
que, vous comprendrez M. le Président, donner un consentement pour
revenir sur un article, c'est plus facile que de le donner pour revenir sur
deux articles. Surtout que, finalement, en votant sans avoir pris le temps de
réfléchir sur le titre que portera le sous-ministre, bien, on
confirme le titre que l'on a donné au ministre, ce qui enlève,
à toutes fins pratiques, toute marge de manoeuvre pour pouvoir continuer
à essayer de faire comprendre au ministre... Je suis convaincu,
d'ailleurs, que le ministre l'a compris. Son problème, probablement,
c'est qu'il n'a pas réussi à le faire comprendre à ses
collègues du Conseil des ministres. Je suis convaincu que le ministre
des Forêts, étant lui-même ingénieur forestier, ayant
l'habitude de marcher en forêt et sachant très bien que lorsque
l'on marche en forêt, on marche sur du sol, on ne marche pas dans les
nuages, comprend bien la relation qu'il y a entre la racine et l'arbre. Il sait
très bien qu'une souche qui reste sur la terre, une fois qu'elle a
été bûchée, témoigne de la présence
d'un arbre qui y a déjà vécu.
Une voix: Ha!
M. Claveau: II sait très bien aussi, M. le
Président, que lorsque l'on veut faire du reboisement, il faut avoir un
minimum de contrôle sur la terre sur laquelle on veut reboiser.
D'ailleurs, on se souviendra, il n'y a pas plus de quelques minutes en Chambre,
cet après-midi, le ministre répondait à une question de
mon collègue de Rouyn-Noranda-Témiscamingue concernant la
question des lots intramunicipaux. C'est du fond de terrain, ça, ce
n'est pas des arbres. C'est du fond de terrain. Alors, si en répondant
à ça et en nous affirmant, d'ailleurs, que les lots épars
seraient vendus, mais que les autres ne le seraient pas immédiatement,
par le fait même, il nous donne la conviction à l'effet que c'est
lui, en tant que ministre responsable des Forêts, qui aura à
gérer les lots intramunicipaux... Là, déjà, il nous
parle de fonds de terrain. Alors, si le ministère de l'Énergie et
des Ressources a l'intention de lui transférer la gestion de ces lots
avant de les avoir vendus, peut-être, du moins pour un certain temps,
s'il est capable de gérer ces lots-là, pourquoi ne veut-on pas
lui transférer globablement tout le fonds de terrain - pas à lui
- mais enfin, qu'on lui donne la responsabilité de voir à
l'application des lois qui gèrent l'utilisation du fonds de terrain sur
lequel pousse la forêt? C'est comme vouloir séparer les cheveux du
crâne.
Le Président (M. Audet): Deux minutes, M. le
député. Il vous reste environ deux minutes.
M. Claveau: Alors, M. le Président, je ne voudrais pas
abuser du temps de la commission. Je n'ai pas l'intention d'utiliser les 20
minutes qui me sont imparties pour cette intervention. Je voulais juste
alimenter, enfin compléter la réflexion nécessaire
là-dessus avant que le ministre nous revienne, là, dans quelques
mois, pour nous dire: Effectivement, il me fallait avoir le crâne pour
que je puisse couper les cheveux. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le député
d'Ungava. Est-ce qu'il y a d'autres remarques des députés
ministériels? M. le député de Taschereau.
M. Leclerc: M. le député d'Ungava est tellement
convaincant sur son plaidoyer de l'article 2, en mettant en garde toute la
complexité et la difficulté qui attend le futur sous-ministre des
Forêts que, pour l'avoir à côté de moi, j'ai
l'impression qu'il se demande s'il va appliquer sur le poste.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le député
de Taschereau. Alors, après ce qu'on a entendu, je suis persuadé
que le sous-ministre est un peu plus à même de constater l'ampleur
de la tâche qui l'attend.
M. Jolivet: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député.
M. Jolivet: Non, je m'adressais au ministre. Mais vous savez que
je ne pouvais pas m'adres-ser au ministre. Il faut que je m'adresse à
vous pour le ministre. Le ministre me permet peut-être de lui lire une
petite phrase sortie du journal Le Nouvelliste d'aujourd'hui
appelée "Le Sourire". Il est ici: "On vient d'inventer un insecticide
qui rend les insectes amoureux. Ainsi, on va pouvoir les écraser deux
par deux."
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): Alors, puisqu'on
parie de deux, est-ce qu'on pourrait adopter l'article 2? Alors,
j'appelle l'article 2. Est-ce que l'article 2 est adopté?
M. Jolivet: M. le Président, je...
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'espère
que l'auteur de cette phrase participera aux audiences et à la
consultation populaire sur la stratégie de protection des forêts.
Le but, c'est d'éliminer les insectes nuisibles deux par deux.
Le Président (M. Audet): Bon, est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Jolivet: M. le Président, j'accepte l'article 2 en vous
disant que cependant, je ne porte pas de jugement sur le choix que le
sous-ministre actuel aura à faire dans le futur. Je pense qu'il est
justement un homme capable de faire son jugement sans nous le demander.
Le Président (M. Audet): Alors, l'article 2 est
amendé. L'article 3: "Sous la direction du ministre, le sous-ministre
administre le ministère. Il exerce en outre toute autre fonction que lui
assigne le gouvernement ou le ministre." M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cet article, M le
Président, confirme ou établit les pouvoirs administratifs du
sous-ministre et confirme évidemment l'autorité du ministre sur
ce dernier dans la plupart des décisions, et comme l'a souligné
le député de Laviolette tout à l'heure, évidemment,
c'est le ministre qui a la décision finale. Alors, quand il nous a
donné l'exemple de Val-d'Or... et là-dessus, j'abonde dans ce
sens-là.
Le Président (M. Audet): Alors, est-ce qu'il y a des
commentaires à ajouter à l'article 3? Est-ce qu'on peut passer
à l'adoption? M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: J'aimerais savoir, de la part du ministre, quand il
dit: sous la direction du ministre, le sous-ministre administre le
ministère. Alors, j'aimerais que le ministre m'indique, dans le contexte
maintenant de sa vision du ministère des Forêts, à travers
l'ensemble de tous les employés actuellement sous la
responsabilité du ministre délégué aux
Forêts, qui sont membres employés du ministère de
l'Énergie et des Ressources, quel sera le nombre des employés
qu'ils transféreront et qui seront sous la responsabilité du
ministre et, par le fait même, du sous-ministre? J'aimerais savoir:
Est-ce que le ministre peut nous indiquer ce soir l'ampleur de son
ministère? Ça donnera, par rapport à d'autres
ministères, combien d'employés, qui soient
considérés sur la formule habituelle des employés à
temps plein et non pas de postes mais d'employés à temps plein?
Donc, il y aura deux questions qui pourraient arriver. La première,
c'est le nombre de postes disponibles. Ils sont partagés à
combien d'employés, parce qu'on peut avoir un poste permanent, puisqu'on
peut avoir des postes qui ne sont comblés que par des occasionnels et
à ce moment-là, ça peut être une demi-personne qui
remplit une partie du poste et une autre demi-personne, de telle sorte qu'il y
a une différence entre les postes et le personnel. (23 h 15)
Deuxièmement, est-ce que le ministre pourrait nous indiquer
l'organigramme de son ministère à titre de sous-ministre? Est-ce
qu'il y aura un sous-ministre en titre tel que prévu par la loi? Est-ce
qu'il y aura des sous-ministres, qu'on appelle sous-ministres adjoints, et
responsables de quoi? Donc, l'organigramme du ministère qu'il est en
train de créer, est-ce qu'il pourrait me donner quelques indications
sans perdre mon droit de vote.. mon droit de parole sur l'article? Je pense
qu'ici, il serait... Ça va? Ici, il serait à même d'avoir
une question-réponse. Donc, nombre d'employés qui seront sous la
gouverne du ministre, nombre de postes et après ça, combien de
personnes seront sous la responsabilité sous-ministérielle?
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, M. le
Président. Évidemment, c'est une question qui va se régler
au cours des prochains mois. Mais d'ores et déjà, il y a des
employés qui seront affectés à des tâches
spécifiques qui concernent le domaine forestier. Dans les
employés permanents, il y en aura 1192 en ce qui concerne le centre et
les régions, ceux qui nous appartiennent de façon claire et sans
discussion. Et vous savez fort bien, M. le Président, qu'il y a des
employés au sein de l'administration du ministère de
l'Énergie et des Ressources et au sein des Communications qui font les
tâches qui se présentent. Ils ne sont ni affectés aux
mines, ni à l'énergie, ni aux forêts, mais ils font les
tâches au fur et à mesure qu'elles se présentent. Et ce
partage se fera par les deux sous-ministres responsables de cette question,
c'est-à-dire le sous-ministre de l'Énergie et des Ressources et
le sous-ministre associé aux Forêts, qui discuteront du meilleur
intérêt de chacun des ministères de façon à
ne pas nuire au service qui sera rendu à la clientèle. Pour
l'instant, je ne peux pas déterminer le nombre d'employés qui
font partie de l'administration ou qui font partie des Communications qui
traverseront aux terres et forêts, c'est-à-dire aux
forêts.
M. Jolivet: Même le ministre se trompe. Des voix:
Ha, ha, ha!
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non, je ne me
suis pas trompé
M. Jolivet: La population se trompe et même le
ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je ne peux pas le
déterminer actuellement pour des raisons bien simples. Mais les
Communications, l'administration et les Communications, c'est un service commun
qu'il faudra départager. Si on me donne, disons, si on dit: Dans mon
idée, un partage bien facile, le budget des forêts
représente 70 %, 72 % du budget du ministère de l'Énergie
et des Ressources, et je pense bien que nous devrions avoir 70 %, 72 % des
effectifs de ces deux départements-là.
M. Jolivet: Si je comprends bien, donc...
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est aussi simple
que ça.
M. Jolivet: Oui, je sais que c'est une difficulté qui va
surgir et qui se règle normalement dans l'administration, et les
ministres vont ensuite ratifier la décision. S'il y a litige, c'est
évident que c'est le Conseil des ministres qui aura à prendre la
décision finale. La question qui se pose: Donc, dans un contexte comme
celui-là, le personnel actuellement attitré directement aux
tâches forestières - ça c'est clair, c'est net - si j'ai
bien compris, c'est 1192 personnes permanentes.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Permanentes.
M. Jolivet: Si c'est permanent, il y a des occasionnels qui
s'additionnent à ça.
M. Côté (Rivière-du-Loup): 1464.
M. Jolivet: 1464.
M. Côté (Rivière-du-Loup): 1600.
M. Jolivet: 1600 employés occasionnels.
M. Côté (Rivière-du-Loup): 1664, oui, pour un
total de 2856.
M. Jolivet: Est-ce que, à ce moment-là, le ministre
parle de personnes attitrées. En termes de postes, ça
équivaut à moins que ça dans le fond parce que
l'occasionnel peut être à temps partiel. O. K.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les occasionnels,
ce sont des équivalents de temps complet.
M. Jolivet: O. K. Donc, quand on parle de 1664...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ça fait
qu'il y en a...
M. Jolivet:... personnes.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II y en a plus que
ça comme personnes.
M. Jolivet: C'est ça.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais c'est
l'équivalent de personnes-années.
M. Jolivet: O. K. Les équivalents de temps complet, ETC,
qu'ils appellent.
M. Côté (Rivière-du-Loup):
L'été, en raison des travaux qui s'effectuent en forêt,
il est évident que le nombre de personnes est beaucoup plus
élevé.
M. Jolivet: Ça, c'est l'équipe attitrée
directement...
M. Côté (Rivière-du-Loup): À la
forêt.
M. Jolivet:... à la forêt. Dans l'administration et
les Communications, compte tenu qu'ils avaient été conjointement
mis à partie dans le ministère de l'Énergie et des
Ressources, là il va falloir qu'on détermine parmi ceux-là
un pourcentage, on va dire de 72 %, l'équivalent en gros, mais ça
touche combien de personnes ça, ça peut toucher...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ça touche
302 personnes permanentes et 168 personnes en équivalent
personnes-années, pour un total de 470.
M. Jolivet: Bon, ça c'est donc l'équipe de
fonctionnaires. Cette équipe de fonctionnaires maintenant, elle va
être chapeautée par l'équipe sous-ministérielle.
Ça ne comprend pas, si je comprends bien, ça comprend je veux
dire des fonctionnaires et des professionnels celle-là. Est-ce que
ça comprend les personnes qui sont l'équipe administrative, les
directeurs?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: Oui, ça comprend tout ça. Est-ce que
ça comprend les sous-ministres associés, peu importe comment vous
les appelez, ou adjoints?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: Alors, est-ce qu'on pourrait avoir, de façon
décortiquée, la partie qui est plus administrative donc, les
professionnels d'une part parmi ceux-là et l'équipe
sous-ministérielle d'autre part.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je ne peux pas
vous fournir ça M. le député, je ne l'ai pas, M. le
Président, ici. Évidemment, l'organigramme,
nous sommes à y travailler, c'est pas fait encore la
création du ministère, nous sommes à y travailler
ça fait qu'on ne peut le déposer non plus M. le
Président.
M. Jolivet: On ne l'aura pas, si je comprends bien, à
l'adoption du projet de loi, à l'adoption finale.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non.
M. Jolivet: Ce sont des discussions qui vont se poursuivre. Donc,
nous sommes, aujourd'hui, il faut bien être conscient, en créant
le ministère, un peu dans la brume, si vous me permettez l'expression,
de ce que sera le ministère, une fois terminé dans sa
création finale, et que nous serons mis au parfum de tout ça plus
tard.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, M. le
Pré sident, vous savez, le secteur forêt du ministère de
l'Énergie et des Ressources fonctionne de façon assez autonome et
il y a des structures qui sont en place et il restera, justement, pour
répondre à l'autonomie complète du ministère des
Forêts, pour ajouter, ici et là, quelques personnes. Ça ne
sera pas plus compliqué que ça. Ou faire graduer quelqu'un ou
promouvoir quelqu'un.
M. Jolivet: Oui, mais disons que si...
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...Et aux
Forêts, on a, si vous voulez, M. le Président, un sous-ministre
associé. On a un sous-ministre adjoint au développement
régional. On a un sous-ministre aux Forêts, on a trois
sous-ministres actuellement et il n'y aura pas grand changement dans ces
niveaux-là.
M. Jolivet: Après ça on va aller à la partie
administrative qui va être un nouveau.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II restera, la
partie administrative, ça va être la comptabilité, qui
actuellement est un service commun pour tous les secteurs, il restera à
le partager. Il y aura, évidemment, un directeur responsable.
M. Jolivet: La même chose pour les communications?
M. Côté (Rivière-du-Loup): La même
chose pour les communications, c'est aussi simple que ça.
M. Jolivet: Ensuite...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Probablement parmi
le groupe des employés qui sont là actuellement.
M. Jolivet: Est-ce que le ministre pourrait m'indiquer, à
ce moment-ci, s'il y a du personnel qui travaille au ministère des
Forêts et qui, en même temps, sont, pour une partie de leurs
tâches, aux Terres?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, M. le
Président. Il y a des employés des Forêts qui rendent des
services aux Terres dans leurs fonctions actuellement. Oui, il y en a.
M. Jolivet: Est-ce que le ministre peut m'indiquer le nom de
personnes équivalent temps complet actuellement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non ce n'est
pas à temps complet ça. C'est leurs fonctions.
M. Jolivet: C'est ce que je comprends. C'est pour ça que
je vous dis, c'est que ça se calcule. Je sais que ce sont des gens qui
actuellement sont employés du secteur Forêts et qui
complètent leurs tâches au niveau des Terres et vice versa.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais c'est
justement ce à quoi on s'affaire actuellement pour essayer de
départager tout ça.
M. Jolivet: Si on prenait un exemple, au niveau d'un bureau
régional, de ce que ça va affecter la loi telle que
présentée actuellement. Au niveau justement du partage, si on
peut avoir juste une idée entre les Terres et les Forêts. Vous
n'êtes pas capable, au moment où je vous parle, de m'indiquer de
quelle façon ça va se faire, compte tenu justement des
négociations qui sont à continuer et à parfaire.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, M. le sous-ministre associé pourra répondre
à cette question-là au député de Laviolette.
Le Président (M. Audet): D'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Avec votre
permission.
M. Harvey (Bernard): M. le député de Laviolette,
actuellement en région, il y a 118 personnes - je parle des permanents -
et 50 ETC équivalent temps complet, pour un total de 168 qui sont
spécifiquement identifiés Terres", qui sont des gens qui
émargent au budget, aux éléments de programme 'Terres"
dans le budget du ministère de l'Énergie et des Ressources.
Cependant, pour l'encadrement, il y a un certain nombre de services de
support qui sont fournis par le secteur forêts. Et c'est cette
opération-là qu'on est en train d'entreprendre pour bien
identifier c'est quoi, ce nombre de personnes-là ça correspond
à quoi exactement. Et comme dit M. le ministre, c'est environ...
Ça varie d'une région à l'autre, dépendant de
l'importance des terres publiques. Ce n'est pas toujours pareil d'une
région à l'autre. Ça varie entre 10 %et20 %.
M. Jolivet: Est-ce qu'on peut comprendre...
Le Président (M. Audet): Écoutez, pour les fins du
Journal des débats, je voudrais souligner que nous avons entendu M.
Bernard Harvey, sous-ministre associé.
M. Jolivet: Est-ce que... Non, en fait je m'excuse, je recommence
ma question. Ces personnes se trouvent au bureau régional et non pas
dans les bureaux de sous-régions. Je donne l'exemple, là. Il y en
a un, il y a des personnes à Trois-Rivières, mais il n'y en a pas
à La Tuque; ce qui est normal d'ailleurs, c'est un bureau de services,
au niveau des forêts celui-là. Donc à ce moment-là,
comme ça se trouve au bureau régional...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Dans les deux
genres de bureaux. Le bureau régional et les unités de gestion,
des employés des terres.
M. Jolivet: (I y en a dans les unités de gestion?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, oui.
M. Jolivet: Bien disons, c'est vrai, vous avez raison. Ça
se joint.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II peut y en
avoir. Il y en a.
M. Jolivet: II peut y en avoir, vous avez raison, c'est vrai.
Alors à ce moment-là, oui, je me souviens là, M.
Lafrenière. Parce qu'il travaille sur les deux parties mais il est joint
directement à la région de Trois-Rivières. Ça veut
dire que s'il se trouve deux personnes dans un bureau de gestion, une
unité de gestion, et puis qu'il s'en trouve trois, quatre au niveau
régional, comment ça va fonctionner? Êtes-vous capable de
m'expliquer comment on va, demain matin, donner des services à la
population dans une unité de gestion avec deux personnes, puis cinq,
dans le bureau régional? Comment on va pouvoir faire ça? Moi,
ça m'inquiète. J'aimerais bien comprendre. Puis ça
inquiète aussi des employés qui sont habitués à
vivre depuis longtemps dans une unité aménagée du
ministère de l'Énergie et des Ressources, mais qui s'appelait
autrefois Terres et Forêts. C'est tellement associé l'un à
l'autre. C'est évident qu'on pourrait dire que les terres, ça
touche les terres agricoles, ça touche la faune, ça touche ci,
mais c'est tellement attaché à la forêt que j'ai de la
misère à comprendre ça. Êtes-vous capable de
m'expliquer ça, comment ça va se faire? Qu'est-ce que c'est que
vous avez décidé?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est ce que nous
sommes en train de faire. Nous avons rencontré aujourd'hui les
administrateurs régionaux et nous rencontrons le responsable, le
sous-ministre associé aux terres, demain. C'est un partage qui va se
faire de façon à répondre aux besoins de la
clientèle.
M. Jolivet: Je comprends ce que vous me dites, en termes de
partage. C'est sûr et certain que, quand c'est la personne qui est
permanente aux terres, ça, ce n'est pas difficile à
déterminer. Quand la personne est "équivalent temps complet",
là, ça peut être un peu plus difficile. Parce qu'il y en a
qui peuvent travailler au niveau terres et en même temps au niveau
forêts. Mais là, on va devoir décortiquer tout ça.
Ça, je comprends ça cette partie-là. Ça ne me
dérange pas. Mais justement, comment ça va
s'opérationa-liser? Parce que là, vous dites qu'ils administrent
le ministère. Bien, s'ils administrent le ministère, ils
devraient déjà m'indiquer de quelle façon ils voient
l'opérationalisation de ce transfert. Les deux personnes, admettons,
dans l'unité de gestion à La Tuque, il y a deux personnes.
Prenons ça comme exemple. Demain matin, elles vont se retrouver
où quand le ministère va être créé,
là? C'est sûr et certain qu'il va y avoir une période de
transition. Dans la période de transition, elles vont probablement
rester à l'unité de gestion. Mais après ça, quand
ça va être vraiment décortiqué? Puis ça va
vouloir dire: Toi tu t'en vas aux terres, puis toi tu t'en vas aux
forêts. On va les mettre où eux-autres? Va-t-il falloir trouver un
autre bureau, l'équiper d'une secrétaire - qu'on n'a pas
actuellement - l'équiper d'une téléphoniste,
l'équiper de ci. Il va falloir que le gars ou la fille qui travaille
dans le secteur terres ne soit pas tout seul dans son coin à
répondre au téléphone, à faire de l'administration,
à aller voir sur le terrain, etc. Il va falloir qu'il y ait quelque
chose. C'est ça que je veux savoir.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ça c'est
une question, M. le Président, que le député de Laviolette
devrait poser à la ministre de l'Énergie et des Ressources, ou au
sous-ministre de l'Énergie et des Ressources. Ça va être
leur responsabilité de les organiser.
M. Jolivet: Mais êtes-vous capable de me dire que
l'administration de ça coûtera moins cher au gouvernement, ou
coûtera plus cher au gouvernement?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Bien, je
répète M. le Président, que cette question-là doit
s'adresser à la ministre de l'Énergie et des Ressources qui est
responsable des terres. (23 h 30)
M. Jolivet: M. le Président, je comprendrai que le
ministre ne veut pas répondre, parce qu'il
sait très bien la réponse. C'est que ça va
coûter plus cher. Il ne peut pas, on ne peut pas nier ça. Si on
veut donner du service à une population - et puis en Haute-Mauricie, on
sait ce que ça veut dire d'avoir quelqu'un qui s'occupe du secteur
terres - pour les gens qui veulent de la villégiature s'entendre avec le
ministère des Loisirs, de la Chasse et de la Pêche;
préparer le dossier; descendre ça en région, en bas, pour
que la décision soit prise par la personne au bureau régional,
qui le transfère ensuite à Québec pour une décision
finale; pour arriver finalement, avec les notaires, à monter tout le
dossier; faire on sorte que le dossier soit inscrit au registre des terres,
pour qu'on n'ait pas les problèmes qu'on connait sur les cadastres
actuels; puis là, qu'on sache que ia personne est enregistrée
puis que les actes notariés ont été faits, et puis que
finalement tout est en ordre.
Alors, le ministre me dit: Adressez-vous à la ministre de
l'Énergie et des Ressources. Mais je me pose cette question-là.
Est-il ministre dans un gouvernement? S'il est ministre dans un gouvernement,
il doit être ministre au Conseil des ministres, qui en a discuté,
li n'a certainement pas présenté ça sans avoir dit, dans
un document présenté au Conseil des ministres, ce que ça
coûterait de plus ou de moins. Le ministre, c'est évident, ne veut
pas me répondre. Et ça m'inquiète. Ça
m'inquiète parce que vous vous imaginez, M. le Président,
actuellement, la téléphoniste qui répond, je vous donne
l'exemple... Chez M. Lafrenière à La Tuque, c'est la même
téléphoniste qui répond pour les forêts. Cette
personne-là, qui s'appelle M. Lafrenière, à La Tuque, a
une personne qui fait la dactylographie de ses dossiers. Donc, il y a une
téléphoniste, il y a une secrétaire, il y a lui, mais
ça, c'est compte tenu du travail qu'il y a à faire. Elle est
agglomérée aux services administratifs du ministère de
l'Énergie et des Ressources.
Alors moi, je veux savoir: Est-ce que le ministre - vu qu'il a
décidé que ça serait le ministre des Forêts - le
ministère des Forêts, a-t-il décidé,
peut-être, d'envisager, pour éviter des coûts additionnels
au gouvernement et donc à tous les payeurs de taxes, pour le même
service, a-t-il envisagé ce qu'on appelle des contrats de service?
A-t-il envisagé, avec la ministre de l'Énergie et des Ressources,
de continuer à donner le service à partir du bureau actuel,
d'avoir un contrat de service? Que la téléphoniste des terres
soit la même que celle des forêts, pour que la secrétaire
qui travaille à l'un ou à l'autre et ces choses-là? Est-ce
que le ministre a envisagé la possibilité de maintenir dans les
unités de gestion actuelles, dans les bureaux régionaux actuels,
le service qui, actuellement, est donné pour les terres?
Il me semble qu'à un ministre d'un Conseil des ministres qui a
présenté un mémoire au Conseil des ministres, cette
question-là a dû, d'elle-même, trouver sa réponse
immédiatement.
Sinon, je comprendrai que le ministre ne sait pas, ou ne veut pas.
J'aurai donc deux tentatives, deux tentations. Ou bien il sait et il ne veut
pas le dire, ou bien il ne veut pas le dire parce qu'il ne le sait pas.
Ça, ça serait pire.
Donc, je dois comprendre que l'ouverture que je lui fais, dans la mesure
transitoire, qui pourra peut-être devenir une mesure permanente... A-t-il
envisagé, pour conserver les bureaux régionaux et les
unités de gestion, que les personnes demeurent là, continuent,
par des contrats de service, à donner le service? Et à ce moment
là jo comprendrai pont ôtre pourquoi lo ministre veut maintenir le
ministère des Forêts parce qu'il aura déjà
décidé, avec la ministre de l'Énergie et des Ressources,
des contrats de service pour sauver de l'argent à tout le monde et puis
continuer à donner le même service.
Alors moi, si le ministre m'indiquait ça, je comprendrais
très bien. Ça m'aiderait beaucoup à prendre mes
décisions dans les articles qui vont suivre. Mais l'hésitation du
ministre m'inquiète beaucoup. Il pourra peut-être me
répondre que, oui, c'est ce qu'il a l'intention de faire. Mais c'est
peut-être parce que je le lui ai suggéré qu'il y a
pensé. Et ça, ça m'inquiète beaucoup. Je pensais
qu'il m'aurait dit dès le départ: M. le député,
vous n'avez pas à vous inquiéter, cette partie-là, elle
est réglée par un protocole, puis ça va être des
ententes de services. J'ai tellement connu ça dans le milieu de travail
dans lequel j'étais, dans l'enseignement, pour connaître ce que
ça veut dire des contrats de services qui permettent de sauver de
l'argent à tout le monde, et puis d'utiliser l'ensemble du personnel qui
n'a pas tout son plein emploi. Parce qu'en enlevant la partie du
ministère des Forêts, la personne qui occupait... La
téléphoniste - parce qu'elle avait aussi le secteur des Terres,
parce qu'elle était secrétaire et qu'elle donnait le service des
Terres - cette personne-là aura moins d'ouvrage et à ce
moment-là, on devra mettre du monde à pied quelque part. Ou bien,
engager des deniers additionnels pour ouvrir un nouveau bureau, chercher, par
la SIQ, la Société immobilière du Québec, de
nouveaux bureaux, mettre des téléphones, prévoir des
assurances contre l'incendie, prévoir des assurances-accidents dans le
milieu. Si jamais il y avait ce qu'on appelle des personnes qui, comme
individus, allaient là-bas, puis tombaient dans les marches de
l'escalier, la marche est pourrie et elle se brise, ou parce qu'il y a de la
glace l'hiver... Il y a donc une assurance responsabilité qui doit
être prise, en fait, des frais additionnels.
Alors, j'attends la réponse du ministre pour me faire une
idée sur la façon dont ça va procéder.
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président,
la création d'un ministère ou la nomination d'un ministre,
ça relève du premier ministre et c'est lui qui a fait
l'exposé dans ce cas-là. J'ai pris bonne note aussi des conseils
que mes collègues de l'autre côté ont donnés au
sous-ministre, au futur sous-ministre, et je leur dirai qu'ils n'étaient
pas à la bonne place, parce qu'il faudrait que ça s'adresse au
premier ministre, de qui relève la nomination d'un sous-ministre comme
d'un ministre.
Et les mesures dont fait mention le député de Laviolette,
c'est oui. Ce sont des mesures qui ont été envisagées. Et
ces mesures, je l'ai mentionné, on regarde tout ça actuellement,
on fait le partage et, si on a rencontré les administrateurs
régionaux aujourd'hui, c'était sur ces questions-là. Si on
rencontre le sous-ministre associé aux Terres, c'est également
sur ces questions-là. Ce sont des mesures qui sont envisagées,
oui, pour le plus grand bien de la population et de la clientèle.
M. Jolivet: M. le Président.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, le ministre m'inquiète
un peu et il me semble qu'il aurait pu me dire: M. le député,
vous avez complètement raison, c'est de cette façon-là que
nous allons procéder, parce que le ministre aurait du y
réfléchir avant. Ça fait depuis qu'il est nommé
là qu'il réclame un ministère des Forêts.
Voilà qu'il obtient son point. Et, là, il n'est pas capable de me
dire si sa réflexion a porté jusqu'à ces détails
importants.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je viens de vous
le dire. Ce sont des mesures qui ont été envisagées.
M. Jolivet: Non, vous m'avez dit de me référera un
mémoire que le premier ministre a...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, mais
après...
M. Jolivet: Ce n'est pas de même que ça fonctionne.
Le ministre, le premier ministre, c'est évident que c'est lui qui nomme
et qui "dénomme" les ministres, j'en suis bien conscient. Mais c'est lui
qui demande à un ministre de préparer les recommandations
nécessaires au Conseil des ministres pour la formation d'un tel
ministère.
Je dis, le premier ministre a pris la décision que, oui, on
créait le ministère des Forêts. Une fois qu'il a pris cette
décision-là, le ministre quand il amène sa loi - c'est
dans ce sens-là que je parle de mémoire, M. le ministre
responsable, je l'ai vécu, je sais de quoi je parle, quand on a
créé le ministère du Tourisme, quand on a
détaché de ce qu'on appelait à l'époque
Industrie,
Commerce et Tourisme le ministère du Tourisme, il y a eu un
mémoire qui a été présenté par le ministre
qui défendait, qui voulait, et qui avait amené le premier
ministre à accepter la création du ministère du Tourisme.
Il nous a indiqué de quelle façon il voulait procéder et
toutes les étapes qui devaient être suivies. Il y a eu un
mémoire au Conseil des ministres.
Si le ministre est en train de me dire qu'il n'a pas eu de
mémoire, qu'il a créé une loi et dit aux gens: Faites-moi
confiance, eh bien là, je vous dis bien honnêtement, ça
m'inquiète! Il y a certainement eu de la part du ministre, une
étude, la plus exhaustive possible des implications de la
création d'un ministère des Forêts. Et, là, je vous
dis, pour ceux qui vont nous lire, parce qu'il y a des gens au ministère
qui vont nous lire, qu'ils vont dire il y a quelque chose qui ne va pas: Le
ministre ne peut pas répondre à l'Opposition et lui dire ce qu'il
a envisagé. Il a dit: Allez le demander au premier ministre. Ce n'est
pas à la bonne place que vous posez vos questions. Et, sur la question
des terres, allez voir la ministre de l'Énergie et des Ressources.
Moi, je vous dis, M. le Président, c'est une façon de
faire qui m'inquiète et, dès le départ, je vous ai dit
qu'il fallait avoir une équipe ministérielle très forte,
qu'il fallait avoir une équipe sous-ministérielle très
forte, si on veut que ce ministère soit pris au sérieux. Et,
là, le ministre me dit: Eh bien ça, ce n'est pas ma faute,
demandez-ie au premier ministre; ça, ce n'est pas ma faute, demandez-le
à la ministre de l'Énergie et des Ressources.
Ou bien il prend le leadership ou bien il laisse ça à
d'autres. Et je vous le dis, j'ai eu l'occasion de voir, de mon vivant, pour
avoir été membre du Conseil des ministres, avec quelle vigueur le
ministre du Tourisme défendait son idée. Cela a été
considéré à l'époque, on s'en souviendra, comme une
très bonne chose. Tout le monde l'avait félicité. Il avait
amené le public à voir l'utilité économique de la
création d'un ministère du tourisme et cela demeure encore
aujourd'hui comme tel. Pourtant, s'il y avait un ministère qui avait
été relégué à cause de différentes
décisions à l'intérieur d'un autre ministère, qui
avait été moulé dans un autre ministère,
écoutez, on avait le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, puis du Tourisme. C'est devenu le ministère de l'Industrie,
du Commerce et du Tourisme. Écoutez, on appelait ça Tourisme,
Chasse et Pêche dans le temps, quand je suis arrivé, en 1976.
Comme on avait, vous vous en souvenez à l'époque, en 1976, le
Service de protection de l'environnement, qui est devenu plus tard, alors qu'il
était aggloméré au ministère des Affaires
municipales, à part de ça, à l'époque, qui a
été formé en ministère, le ministère de
l'Environnement. C'est parce que ça avait une valeur, que ça
valait quelque chose.
Là, je suis tout à fait surpris de voir que le ministre ne
peut pas me donner des indica-
tions précises sur la philosophie qui l'a amené à
décréter le ministère des Forêts, à
suggérer au premier ministre la création du ministère des
Forêts, tout en préservant les emplois et le service à la
population à moindre coût, parce qu'on est dans une époque
de récession. On est dans une époque où on devrait
resserrer les finances publiques et, là, on se retrouve avec un ministre
qui me dit: Écoutez, ça, ce n'est pas de mes troubles,
demandez-le à la ministre Unetelle. Mais on n'est pas ici pour parler
à la ministre de l'Énergie et des Ressources, on est avec le
ministre actuellement. Ça, ça a une importance pour moi.
Alors, M. le Président, prenez bonne note - j'en suis
assuré - pour les transmettre à qui de droit, mes
récriminations au nom des employés du secteur terres, et
même des employés du secteur forêts, dans la mesure
où il va y avoir un partage du travail. Ils vont dire à
quelqu'un: Décide, tu t'en vas aux terres ou bien tu t'en vas aux
forêts. S'ils ne vivent pas dans la même bâtisse, ils ne
pourront pas être dans les deux à la fois. Il va falloir qu'ils
choisissent quelque part. Mais, si le ministre m'avait dit: M. le
député, non seulement je prends note de vos suggestions, mais je
dois vous dire, M. le député, que c'est ce que j'avais
pensé... Moi, j'étais sûr qu'il me dirait ça tout
à l'heure. Il a dit: C'est exactement ça, M. le
député, je ne l'ai peut-être pas exprimé comme vous
le vouliez mais, là, je dis que ce que vous avez dit, c'est vrai, c'est
sûr que ça va avoir lieu. Mais, là, ce n'est pas ça,
le ministre dit: On verra.
M. le Président, ça n'a pas de bon sens. Je vais accepter,
parce que la logique de mes premières décisions m'amène
à dire que, journellement, l'administration est sous la
responsabilité du sous-ministre. C'est tout à fait normal. Il n'y
a rien d'anormal à ça, mais toujours sous la
responsabilité du ministre, comme j'en faisais mention.
Est-ce que le ministre, dans un souci d'information pour cette
commission, peut nous indiquer ce qu'il voit comme autres fonctions qui
pourraient être assignées...
Le Président (M. Audet): M. le député, si
vous voulez conclure, votre enveloppe de temps est presque terminée.
M. Jolivet: Oui. Sur le premier item, M. le Président,
mais je peux commencer sur le deuxième item de l'article 3, qui dit: "II
exerce, en outre, toute autre fonction que lui assigne le gouvernement ou le
ministre." Là, je viens de parler de "sous la direction du ministre, le
sous-ministre administre le ministère".
Une voix: C'est le même article.
Le Président (M. Audet): Est-ce que c'est une question que
vous avez posée au ministre, M. le député de
Laviolette?
M. Jolivet: Oui. C'est ça.
Le Président (M. Audet): Oui.
M. Jolivet: Je voulais savoir quelles sont les fonctions qu'il
veut assigner au sous-ministre.
Le Président (M. Audet): O.K. M. le ministre. Pendant ce
temps-là, ça va me donner le temps de cherche l'article du
règlement. M. le ministre, avez-vous...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ah! non, non. Je
n'ai rien en vue comme fonctions particulières à assigner au
sous-ministre, actuellement. Ça dépendra des circonstances.
Ça dépendra, évidemment... Seulement, c'est un article qui
est standard et qui nous permet aussi de nous ajuster, dépendant des
circonstances.
Le Président (M. Audet): D'accord. M. Jolivet:
Donc, le ministre...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Et si le
député de Laviolette est assez clairvoyant pour me prédire
les circonstances où je devrais confier des fonctions
particulières à un sous-ministre, qu'il me les dise.
Le Président (M. Audet): D'accord. M. Jolivet: Non
mais, M. le Président...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, ce n'est pas
à vous de me le dire, c'est vrai, c'est à moi, mais seulement on
verra.
M. Jolivet: Oui, mais là, c'est ça mon
problème. C'est que, tout à l'heure, il disait: Ça,
ça ne me regarde pas, c'est le premier ministre qui a pris la
décision; ça, ça ne me regarde pas, ça
dépend de la ministre de l'Énergie et des Ressources. Là,
en plus, il me lance la balle en disant: Dites-moi donc, M. le
député, quelles autres fonctions je peux lui assigner? Moi, je
voulais juste le savoir et je vous aurais posé la question autrement,
j'aurais dit: M. le ministre, actuellement, vous êtes ministre
délégué aux Forêts, vous avez un sous-ministre
associé, vous lui assignez d'autres fonctions de temps en temps, autres
que celles d'administrer le minis tère, c'est quoi, les fonctions que
vous lui avez données depuis les cinq dernières années?
(23 h 45)
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ça
dépend des circonstances.
M. Jolivet: Mais de quel genre?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le genre, je
vais vous donner un exemple. M. Jolivet: Bon!
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les discussions
avec les Américains sur la taxe à l'exportation.
C'en est un. Il s'en présente ici et là des circonstances
semblables.
M. Jolivet: Est-ce que je pourrais aller jusqu'à dire
que...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais c'est une
question pour une question.
M. Jolivet: Oui. Autrement dit, ce que vous êtes en train
de me dire, c'est: Je donne un exemple sur un dossier spécifique. Je
demande à mon sous-ministre de préparer une équipe de
travail qui va aller négocier avec les Américains, qui va nous
rapporter ça pour qu'une décision soit prise par moi comme
ministre, après avoir consulté le Conseil des ministres. C'est un
exemple. La deuxième, je vous pose la question, est-ce que c'est un des
mandats que vous donnez à votre sous-ministre d'aller avec le ministre
responsable des négociations intergouvernementales canadiennes, en fait
les négociations qui portent sur le plan conjoint,
fédéral-provincial, d'aide aux forêts, est-ce que c'est un
mandat que vous accordez à votre sous-ministre?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'en est un autre,
M. le Président.
M. Jolivet: Donc, c'est des mandats comme ceux-là dont on
fait mention avec "toute autre fonction" et non pas la fonction administrative
normale.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non. M.
Jolivet: Ça va pour moi, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Ça va. Est-ce qu'il y a
d'autres commentaires sur l'article 3? Écoutez, on va s'entendre. Pour
cela, M. le député de Laviolette a une grande expérience.
Je ne veux pas dire qu'il a voulu nous passer un sapin, mais il avait raison.
Mais, quand même, pour éviter les imbroglios ou les
incompris...
M. Jolivet: Ce n'était pas une épinette,
certain.
Le Président (M. Audet): Non. Ha, ha, ha! C'est que, en
vertu de l'article 245, vous avez droit à 20 minutes par article,
alinéa ou paragraphe. Alors, vous avez demandé la parole, M. le
député d'Ungava. Si vous intervenez, vous allez probablement
intervenir sur le premier alinéa qui est: "Sous la direction du
ministre; le sous-ministre administre le ministère." Je vais vous
laisser faire votre intervention sur cet alinéa. Je céderai la
parole peut-être aux ministériels s'ils le souhaitent et je
reviendrai à votre collègue de Verchères qui,
peut-être, souhaitera prendre la parole. On finira le premier
alinéa pour revenir ensuite au deuxième alinéa, quoique le
député de Laviolette ait commencé le deuxième
alinéa.
D'accord. M. le député d'Ungava, je vous reconnais. Alors,
vous devez nous entretenir sur: "Sous la direction du ministre, le
sous-ministre administre le ministère." Vous avez 20 minutes pour parler
de ça.
M. Claveau: Je ne prendrai pas tout le temps de la commission, M.
le Président.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous n'avez
qu'à ne pas en faire d'alinéas et à continuer. C'est
seulement des dispositions, ça, Voyons donc!
M. Jolivet: M. le Président, est-ce que le ministre
voudrait mettre en doute votre impartialité?
Le Président (M. Audet): M. le député de
Laviolette, je n'ai pas fait de commentaire.
M. Jolivet: Je n'ai jamais fait signe. Ah, bon! O.K. C'est
correct.
Le Président (M. Audet): J'ai reconnu le
député d'Ungava. M. le député d'Ungava.
M. Jolivet: J'ai entendu des mots niaiseux. Je pensais que
c'était de vous qu'il parlait.
Le Président (M. Audet): M le député
d'Ungava, vous avez la parole.
M. Claveau: J'espère que ça ne se
référait pas à ma future intervention, M. le
Président. Sinon, vous me verriez obligé de demander de retirer
les paroles.
Non. Très rapidement, j'aurais aussi un certain nombre de
questions à poser au ministre dans la complémentarité des
questions que mon collègue de Laviolette lui a faites.
J'aimerais savoir comment le ministre voit les relations ou l'ouvrage
qu'aura à réaliser son sous-ministre en collaboration avec les
responsables dans les ministères, les différents autres
intervenants en milieu forestier? C'est souvent là l'imbroglio dans
l'histoire. C'est que, quand on parle d'intervention en milieu forestier, on a
mille et une visions. Le ministre du Tourisme, lui, voit une intervention en
milieu forestier en termes de développement touristique; le ministre des
Mines, lui, voit les mines; l'Énergie et Ressources, en tout cas, voit
des mines; la ministre responsable d'Hydro-Québec, elle, voit des
aquariums; le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche voit des
parcs et réserves, des
ZEC. Alors, il devra, un jour ou l'autre, y avoir un genre de jonction
qui devra se faire entre tout ça pour savoir de quoi on parle lorsque
l'on parle de la gestion d'un ministère qui a comme intérêt
d'assurer la meilleure utilisation de la forêt. J'aimerais avoir les
commentaires du ministre sur sa façon de voir l'organisation de son
ministère afin de s'assurer que toutes ces jonctions-là soient
faites, d'autant plus qu'encore il y a les questions autochtones aussi avec
lesquelles le ministre devra composer et composer de plus en plus
sérieusement. L'exemple du lac Barrière et d'autres exemples
semblables montrent qu'on ne pourra pas éternellement et qu'il ne pourra
pas lui-même éternellement faire la sourde oreille aux questions
autochtones. Et on se souviendra, au moment où on a discuté de la
Loi sur les Forêts, des interventions qui ont été faites
dans ce sens-là. D'ailleurs, on a eu des représentants des Cris
qui ont été présents tout le temps et qui ont même
demandé que l'Opposition fasse des représentations afin de faire
spécifier des clauses très précises à
l'intérieur de la Loi sur les Forêts pour qu'on respecte ou donne
priorité ou prépondérance à certaines dispositions
de la Convention de la Baie James et du Nord québécois.
Dans la mesure où il y a actuellement tout un tas de
négociations aussi qui sont entreprises avec d'autres nations
autochtones, que ce soient les Attikameks, les Montagnais, les Algonquins, les
Hurons, les Micmacs ou d'autres, sur les questions territoriales, ça
risque d'affecter aussi passablement son potentiel forestier, bien que, dans sa
tête, c'est toujours au-dessus de la ligne d'horizon. C'est dans les
airs. J'aimerais savoir de quelle façon le ministre veut travailler pour
s'assurer que l'administration de son ministère prendra en
considération tous ces facteurs dans la meilleure utilisation de nos
forêts. Ma question est posée, elle est entière. Quel est
le rôle que le ministre voit pour son ministère dans cette
administration?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les sous-ministres
ont le téléphone, ils vont se parler. Il existe aussi, au
gouvernement, plusieurs comités ministériels, ce qui fait en
sorte qu'il y a des communications fréquentes entre les
différents ministères. Comme exemple, je vais donner le
Comité ministériel permanent du développement
économique où six ou sept ministres siègent
régulièrement. C'est la même chose pour le Comité de
développement régional où il y a six ou sept ministres. Ce
matin, on a eu une réunion. J'ai eu une réunion hier avec le
Comité de développement économique. Évidemment,
c'est là que, via le secrétariat de ces comités, tout
s'apparente, tout se concrétise. Ça va être pareil, il n'y
a rien de changé de ce côté-là.
M. Claveau: Je veux bien. Je comprends la réponse...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous savez, hier
au CMPDE, au Comité de développement économique, on
était huit ministres qui siégions. Et, évidemment, il y a
eu des échanges. Chaque dossier est examiné par l'ensemble des
ministres. Ce ne sera pas plus compliqué. Il y a toujours le
téléphone aussi.
M. Claveau: Je comprends ce que le ministre me dit. Dans la
théorie, c'est une chose...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce n'est pas la
pratique ça?
M. Claveau: Dans la pratique... Je vais vous donner un petit
exemple de quoi ça a l'air quand ça atterrit sur le terrain,
quand ça arrive à travers le vrai monde.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Écoutez, le
comité en question, via le secrétariat, transmet les
décisions qui sont prises et ces décisions sont acheminées
au Conseil des ministres pour recommandation dans un dossier, peu importe le
secteur, peu importe le ministère: développement
économique, développement régional ou du côté
des affaires sociales, du Conseil du trésor également où
il y a des ministres qui siègent.
M. Claveau: O.K. Je remercie le ministre pour sa réponse.
J'aurais à ce moment-là une autre question à lui poser
quant à l'administration plus précise à l'intérieur
du ministère. Quand je dis que les choses, des fois, malgré les
meilleures volontés du monde, atterrissent de façon souvent un
peu biscornue, rendu à travers la population, je vais lui donner un
exemple que j'ai moi-même vérifié dernièrement en
préparant mon voyage de chasse cet automne. Mon voyage de chasse, il
faut s'entendre, on chasse dans le coin, je chasse pas loin de chez nous, je
n'ai pas besoin d'aller loin... Oui, j'aime la chasse, ce n'est pas un
défaut. C'est une activité "forestière" très
lucrative pour les Québécois et les Québécoises en
général. Ça rapporte pas mal dans les coffres du
Trésor québécois, surtout au prix où sont rendus
les permis de chasse, vous allez voir. C'est une autre taxe cachée qui a
beaucoup servi le président du Conseil du trésor au cours des
dernières années. Mais, par exemple, quand on parle de la
coordination du travail à l'intérieur d'un ministère, au
ministère de l'Énergie et des Ressources actuellement, il y a
deux bureaux à Chibougamau.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous avez
donné tellement de conseils au sous-ministre et au ministre tout
à l'heure, la coordination, ça ne devrait pas vous
inquiéter
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Bien, justement, malgré les
conseils que l'on a donnés depuis cinq ans...
M. Côté (Rivière-du-Loup): On vous a
écouté religieusement.
M. Claveau: ...on a encore un certain nombre de problèmes.
Alors, comprenez que c'est peut-être la dernière fois qu'on aura
l'occasion de le faire. C'est à souhaiter. Mais il y a encore certains
irritants dans la machine et je veux vous donner un exemple, M. le
Président. Je vais m'adresser directement à vous comme le veut le
règlement. Imaginez-vous, M. le Président, qu'il y a deux bureaux
du ministère de l'Énergie et des Ressources à Chibougamau.
Ils sont tous les deux sur la même rue, la 3e Rue. Il y en a un d'un
côté et un de l'autre. Au bureau du secteur forêts, il y a
des cartes, mais les cartes qu'il y a au bureau du secteur forêts n'ont
pas les chemins forestiers. Il y a des cartes des endroits, mais sur les cartes
il n'y a pas les chemins forestiers, alors que, si vous allez au bureau du
secteur mines, eux, ils ont des cartes avec des acétates avec les
chemins forestiers dessus. C'est à vérifier. Alors, on peut
avoir, on peut acheter des cartes avec les chemins forestiers au secteur mines,
mais on ne peut pas les acheter au secteur forêts parce que les cartes
n'ont pas les chemins forestiers dessus. Si vous voulez vérifier,
allez-y, je peux vous donner les adresses des deux bureaux. J'ai moi-même
tenté l'expérience. Alors, vous voyez qu'il y a comme une
espèce de petite discordance. C'est un peu spécial comme
phénomène. Ça donne un exemple des choses qui peuvent se
présenter dans l'administration d'un ministère.
L'autre chose, M. le Président, que j'aimerais demander au
ministre, c'est... Je vois que mon exemple fait sourire, probablement parce
qu'il semble un peu ridicule mais c'est exactement (es faits; les faits sont
comme ça. Je voudrais demander au ministre s'il a prévu qu'il y
ait un coordonnateur à son ministère pour les questions
autochtones? Ou est-ce que cela va relever du ministère de
l'Énergie et des Ressources ou d'un autre? On sait que l'ensemble des
ministères normalement doivent avoir un coordonnateur pour les questions
autochtones. Alors, est-ce qu'il y a quelque chose de prévu de ce
côté-là? Et ce coordonnateur-là, va-t-il avoir des
mandats très spécifiques quant à l'obligation, qu'il aura
à défendre envers les autres ministères, de respecter les
autochtones lorsqu'on fait de l'intervention en milieu forestier?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, tous les ministères ont des coordonnateurs concernant
les affaires autochtones. Il y en avait au ministère de l'Énergie
et des Ressources et if y en aura aux forêts également.
M. Claveau: Et quel sera le mandat de ce coordonnateur-là?
Est-ce qu'il aura dans sa tâche, dans ses devoirs, la
responsabilité de faire en sorte que, chaque fois que le
ministère intervient en forêt, autorise des chemins de
pénétration ou autorise des coupes de bois, les
intérêts des autochtones concernés soient respectés
en totalité?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les
coordonnateurs, M. le Président, aux affaires autochtones dans chacun
des ministères, évidemment, représentent ces
ministères-là au sein du Secrétariat aux affaires
autochtones et c'est là qu'il se fait une concertation entre les
différentes activités forestières.
M. Claveau: Ça va, M. le Président, pour le
moment.
Le Président (M. Audet): Alors, il nous reste une minute
de débat. Est-ce qu'il y a des commentaires?
Mme Dupuis: Simplement une question.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Verchères.
Mme Dupuis: Oui. C'est simplement une question humaniste. En
étudiant le point 3 du chapitre I, ça m'amène à me
poser la question parce que je n'ai pas encore la réponse et
peut-être que vous avez soumis un texte à cet effet. Quelles sont
les raisons qui ont été évoquées pour la
création de ce ministère? Là, moi, je me mets dans la peau
des électeurs, je retourne dans mon comté et je le leur annonce.
Je vous place dans la situation où il y a un nouveau ministère
à créer avec toutes les coupures qui existent et tout - et je ne
vous dis pas que je ne suis pas d'accord avec le principe, on a voté
avec vous. Mais j'aimerais être en mesure de leur dire le pourquoi.
Alors, vous avez le pourquoi de la création et pourquoi on le
sépare des autres.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le
député de Laviolette va vous dire ça.
Mme Dupuis: Est-ce que vous avez déposé un document
à cet effet? Sinon, peut-être que vous pourriez me le signaler
verbalement et croyez-moi, M. le ministre, j'en prendrai bonne note.
Le Président (M. Audet): M. le ministre, une
réponse très brève, puisqu'il est minuit.
M. Jolivet: M. le Président, puisqu'il est minuit, je vais
laisser au ministre le soin d'y réfléchir pendant la nuit et,
demain matin à 10 heures, il pourra nous donner la réponse. On va
tous être ici à 10 heures, demain matin. Alors, comme il est
minuit, M. le Président, nous devons ajourner nos travaux. L'ordre de
la
Chambre, ce n'est pas moi qui le donne.
Le Président (M. Audet): Alors, étant donné
qu'il est minuit, la commission ajourne ses travaux et nous reprendrons demain
matin à compter de 10 heures, à la salle 1. 38 de
l'édifice Pamphile-Le May, l'ancienne salle 101-B. Â tous, une
bonne nuit.
(Fin de la séance à 0 h t)