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(Dix heures deux minutes)
Le Président (M. Gauvin): Je déclare la
séance de la commission de l'économie et du travail ouverte. Le
mandat de la commission ce matin, pour cette séance, est de
procéder à une interpellation du député de
Pointe-aux-Trembles adressée au ministre du Travail sur le sujet
suivant: la santé et la sécurité au travail. Donc, on
devrait se rappeler les procédures: le député interpellant
aura 10 minutes; le ministre a 10 minutes pour sa réponse, dans un
premier temps. Ensuite, ce sont des étapes, de cinq minutes de part et
d'autre. Je pense que vous avez déjà planifié cela.
J'invite le député de Pointe-aux-Trembles à débuter
la séance.
Exposé du sujet M. Michel Bourdon
M. Bourdon: M. le Président, M. le ministre, M. le
président de la CSST, je pense qu'il est important qu'on fasse le point
sur l'importante question de la santé et sécurité au
Québec. La population du Québec accorde de plus en plus
d'importance à l'environnement et, à bon droit, tout le monde se
réjouit de cette préoccupation accrue pour la qualité de
l'air que l'on respire et de l'eau qu'on boit.
Il est cependant un domaine qui est un peu négligé, c'est
l'environnement au travail et dans le travail, parce que l'environnement ne
cesse pas à la porte de l'usine ou à l'entrée du bureau
où on travaille. Et, à cet égard, les problèmes
sont nombreux, divers et importants. Aucun secteur n'est à l'abri en ce
sens que ce n'est pas parce qu'on travaille dans un bureau et qu'on ne fait pas
de chute, comme un travailleur de la construction, qu'on n'a pas des
problèmes de qualité d'air, par exemple.
Donc, c'est une question extrêmement importante et je voudrais,
dès le départ, dire que, quant à nous, nous
privilégions la prévention parce que les accidents ne devraient
pas se produire. À cet égard, le président de la CSST
avait raison de dire, lors de la Semaine annuelle de la santé et de la
sécurité du travail, que c'est à l'année que
ça devrait exister, la préoccupation de ne pas perdre sa vie
à la gagner.
Mais, en attendant les mesures de prévention nécessaires,
on fait face à un nombre très important d'accidents du travail.
M. le Président, en 1989, il y a eu exactement 214 756 accidents
occasionnant des pertes de journées de travail et donc, une compensation
par la Commission de la santé et de la sécurité du
travail. C'est donc dire, M. le Président, que pendant l'interpellation
qu'on fait aujourd'hui, qui dure deux heures, il va y avoir à peu
près 200 accidents, parce que 214 000 par année, c'est 4000 par
semaine et 800 par jour. Pour un quart de jour ouvrable, deux heures, c'est
à peu près 200. Avant que le ministre, qui connaît
ça, me dise qu'il y en a qui travaillent le soir, la nuit et les fins de
semaine, réglons pour 150, mais c'est quand même, très
considérable. Alors, à cet égard, quand on parle de
prévention, on ne peut passer à côté de la question
de l'inspection qui est primordiale. Or, la CSST, pour l'inspection, comptait
en 1988, 357 postes, et ça fait deux ans qu'elle insiste pour
créer 200 nouveaux postes, comme les milieux syndicaux le
réclament. Il s'agit d'une question fort simple vis-à-vis des
employeurs et des travailleurs comme vis-à-vis des automobilistes. On
peut sensibiliser, mais il y a un moment où if faut donner une
contravention quand les personnes ne font pas ce qui est nécessaire. Et
à cet égard, il y a une lacune très considérable de
l'inspection des lieux de travail. On l'a vu à Sorel dans un accident
mortel. L'inspecteur de la CSST qui s'est rendu sur les lieux où quatre
travailleurs sont tombés - et deux sont morts -a exigé que le
Code de sécurité soit respecté et qu'il y ait des
ceintures. Mais il n'a pas eu le temps de revenir vérifier et les
travailleurs avaient des ceintures, mais rien pour les accrocher. Or, il y en a
deux qui sont morts dont un qui a laissé dans le deuil ses trois filles.
C'est dire que l'inspection, quant à nous, et on est d'accord avec la
FTQ là-dessus, est quelque chose de tout à fait primordial. Et
c'est un scandale qu'il y ait moins d'inspecteurs pour la santé et
sécurité au Québec qu'il y a de gardes-chasse et de
gardes-pêche.
Bien sûr, il faut s'occuper des poissons, bien sûr, il faut
s'occuper des chevreuils et des caribous, mais je pense, M. le
Président, qu'il faut s'occuper des personnes. Or, le nombre de
décès par accident est très considérable. En
octobre seulement dans la construction, il y en a eu 10 et la construction qui,
au Québec, représente moins de 5 % de la main-d'oeuvre, a tout
près de 17 % des morts par accidents, Dans la construction, les chiffres
d'accidents sont, bon an, mal an, autour de 17 000 ou 18 000 accidents
rapportés. Ce que je tiens à dire, à cet égard,
c'est qu'on ne parle pas d'un bobo où on se fait poser un diachylon au
travail; on parle d'accidents occasionnant des pertes de journées de
travail, donc, des accidents importants. Dans la construction ce n'est pas
mêlant, il y a un travailleur sur six qui a un accident dans
l'année.
Alors, je pense que la situation est très préoccupante et
qu'à cet égard le gouvernement
a manqué à ses promesses formelles. En décembre
1989, le ministre du Travail d'alors qui, depuis, a démissionné
parce qu'on lui avait imposé une TPS québécoise dans son
dos et il a eu le courage de s'en aller quand il n'était plus d'accord,
s'était engagé formellement à faire une réforme en
profondeur de la CSST et la seule chose qui s'est faite, c'est un document
préparé avec la CSST qui décrit les problèmes, mais
qui ne donne pas de solution.
Il s'était engagé formellement aussi à ce qu'une
commission parlementaire étudie le projet de réforme de la
Commission de la santé et de la sécurité du travail. Or,
à la Commission de la santé et de la sécurité du
travail, non seulement on fait passer en inspection, donc en
prévention... M. le Président, mais les travailleurs vivent un
cauchemar quand vient le temps de l'indemnisation. Il y a 18 000 à 20
000 cas qui sont paralysés dans des mécanismes d'appel
interminables et ça, c'est un problème grave. Le Protecteur du
citoyen qualifiait ça de système monstrueux et il ajoutait que
les travailleurs n'obtiennent pas justice puisque, quand on passe tout le
processus, on arrive de trois à cinq années avant d'être
indemnisé correctement. Il y a un adage anglais qui dit, M. le
Président: "Justice delayed is justice denied". Ce n'est pas
censé d'avoir une mécanique où les bureaux de
révision paritaire, l'arbitrage médical et la Commission d'appel
en matière de lésions professionnelles prennent de trois à
cinq ans pour juger des cas.
Je voudrais dire à nos collègues ministériels que
20 000 personnes environ en attente, c'est un nombre considérable de
personnes dans chacun de nos comtés qui viennent nous voir aux bureaux
de comté pour se plaindre qu'elles n'obtiennent pas de la CSST
l'indemnisation prompte à laquelle elles ont droit. La loi
prévoit que les deux premières semaines d'un accident, c'est
l'employeur qui paie, et l'idée serait que la CSST paie après les
deux semaines, mais les délais sont infiniment plus longs que ça,
et, à cet égard, il y a deux choses sûres et certaines qui
devraient amener le ministre à agir rapidement: c'est un nombre
d'inspecteurs, qu'on ait plus d'inspecteurs en santé et
sécurité qu'il y a de gardes-chasse et de gardes-pêche au
Québec; deuxièmement, que les mécanismes d'appel des
décisions des fonctionnaires soient beaucoup plus rapides que de trois
à cinq ans, où on est encore plus lents que les tribunaux
ordinaires. Sinon, M. le Président, non seulement les gens perdent leur
vie à la gagner, mais ils ne sont même pas traités avec
justice quand vient le temps, la prévention ayant échoué,
d'au moins les indemniser, et qu'ils ne perdent pas de salaire en plus d'avoir
perdu leur santé. À cet égard, M. le Président, le
gouvernement a pris des engagements formels de faire une réforme, de la
soumettre à une commission parlementaire. En retour, on a passé
la loi sur la tarification qui favorisait les entreprises et ça, la CSST
y tenait, parce qu'elle est un peu une mutuelle patronale d'assurance.
Mais on nous avait donné la garantie que, contre le fait qu'on
passait cette loi-là de façon expéditive, puisque la CSST,
sur le bras, avait annoncée la réforme de la tarification, en
retour, on aurait pour les victimes d'accidents une réforme et que cette
réforme serait soumise à une commission parlementaire. Je finis
donc, M. le Président, avec une question. Quand la commission
parlementaire va-t-elle siéger? Quand la réforme va-t-eHe
être mise en vigueur?
Je souligne que dans les 10 minutes que j'ai prises, il y a environ 15
personnes au Québec qui ont été victimes d'un accident,
d'après les statistiques. Et dans les 10 minutes où le ministre
va me répondre, il y aura encore 15 autres personnes victimes
d'accidents. Et je finis avec un extrait, que je ne chanterai pas, d'une
chanson de Gilles Vigneault, M. le Président II n'y a plus de temps
à perdre, il n'y a que du temps perdu.
Le Président (M. Gauvin): Ceci met fin aux 10 minutes
allouées au député de Pointe-aux-Trembles. M. le ministre,
avant de vous donner la parole, j'aimerais annoncer des remplacements. Le
député de Beauce-Nord est remplacé par le
député de Saint-Hyacinthe et, du côté de
l'Opposition, la députée de Taillon est remplacée par le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue. Sur ce, M. le
ministre, je vous reconnais pour 10 autres minutes.
Réponse du ministre M. Normand Cherry
M. Cherry: Merci, M. le Président. D'abord, je veux saluer
la présence des gens qui m'entourent ce matin, ceux que vous venez
déjà de signaler, entre autres, la présence de mon
collègue de Saint-Hyacinthe; la présence également de mon
collègue et adjoint parlementaire, le député du
comté de Drummond; le président de la CSST et une bonne partie du
personnel de la CSST.
M. le Président, d'entrée de jeu, j'aimerais attirer
l'attention de mon collègue d'en face sur une question qui, pour moi,
prend un sens très important dans la démarche de ce matin.
À la neuvième journée de l'ouverture de cette session, il
faisait appel à l'interpellation de ce matin du fait qu'il semblait
d'une extrême importance que ce soit aujourd'hui, vendredi, que nous
soyons ici pour débattre ce sujet. Des gens m'ont dit que c'est
extrêmement rare, à peine après neuf jours de session,
qu'il y ait une interpellation de cette nature. Ma première
interrogation est, et j'attends une réponse de sa part dans sa
réplique là-dessus: Pourquoi était-ce si important
aujourd'hui? Est-ce que mon collègue, mon critique
officiel, le député de Pointe-aux-Trembles, savait que
c'était aujourd'hui qu'était à l'agenda la réunion
du conseil d'administration de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail? Quinze personnes, M. le Président,
forment ce conseil d'administration. Certaines de ces personnes, c'est bien
connu, font partie de la commission élargie sur l'avenir constitutionnel
du Québec, sont membres de cette Commission. D'autres personnes viennent
de régions, M. le Président, et tous les efforts qui avaient
été faits pour que la réunion du mois de novembre du
conseil d'administration de la CSST puisse être tenue aujourd'hui ont
été sabotés par le fait que, ce matin, les gens du
personnel de la CSST doivent être ici pour que nous puissions
répondre à cette interpellation. (10 h 15)
M. le Président, si mon critique de l'Opposition, le
député de Pointe-aux-Trembles, avait simplement consenti à
ce que cette même réunion puisse avoir lieu la semaine prochaine,
il aurait permis la réunion d'aujourd'hui du conseil d'administration,
à laquelle réunion un nombre important d'items sur lesquels il
soulève des questions ce matin et sur lesquelles il va continuer de les
soulever étaient à l'ordre du jour de cette réunion. J'ose
espérer qu'il ne nous avouera pas que c'a été fait de
façon intentionnelle. Si c'était le cas, je ne peux trouver de
qualificatif. Si, au contraire, il m'avouait que c'est parce qu'il a omis de
vérifier, qu'il ignorait que c'était aujourd'hui la
réunion du conseil d'administration, c'est un peu moins, mais vraiment
un peu moins, pardonnable également.
Quand on parle de gens comme, évidemment, le président de
la CSST qui est ici, M. Diamant, MM. Louis Laberge, Jean Lavallée,
Clément Godbout, Claude Morisseau, André Bouchard, Claude
Gingras, Mme Céline Lamontagne, M. Ghislain Dufour, du Conseil du
patronat, comme M. Laberge. Et c'est bien connu, il était à la
table voisine d'eux hier soir à Montréal à la Commission
sur l'avenir politique et constitutionnel du Québec. Il ne pouvait pas
ignorer que ces gens-là siégeaient là. Me Pierre Comtois,
M. Franco Fava, le Dr Michel Guillemette, Me Marcel Beaudry, également
membre de cette même Commission, M. Gaston Lafleur, M. François
Pelletier et, évidemment, les observateurs du ministre de la
Santé et des Services sociaux, le Dr Marc Dionne.
Ces gens-là avaient réussi, après de nombreux
efforts, à coordonner leur agenda respectif pour libérer la
journée d'aujourd'hui pour qu'ils puissent se réunir et se
pencher sur les responsabilités du conseil d'administration de la CSST.
Ce que je demande à mon collègue, le député de
Pointe-aux-Trembles: Pourquoi avoir choisi et insisté pour que la
réunion d'aujourd'hui ait lieu au moment où le résultat de
cette action-là a comme effet direct d'empêcher la réunion
du mois de novembre qu'il faudra reporter et coordonner à nouveau?
Alors, je le vois réagir. Il ne semble pas aimer cette
question-là. Mais je suis obligé de lui dire que, pendant qu'il
va soulever des questions aujourd'hui, les gens qui ont accepté la
responsabilité de trouver des réponses ou des pistes de solutions
à ces questions sont empêchés de siéger à
cause de son insistance de siéger aujourd'hui. Et tout ça
immédiatement neuf jours après l'ouverture de la session pour
faire coïncider la réunion avec celle d'aujourd'hui.
J'espère que vous accepterez de nous répondre. Est-ce que
c'est sciemment que vous l'avez fait ou est-ce que, tout simplement, vous
aviez, encore une fois, omis de vérifier l'implication des gestes que
vous posiez?
M. le Président, dans le dossier qui nous préoccupe ce
matin, maintenant que nous sommes ici, tentons de rendre cet exercice le plus
productif possible. Dans un premier temps, M. le Président, je voudrais
vous parler comme travailleur et comme député, parce que vous
comme moi et mon collègue de Pointe-aux-Trembles et ceux qui nous
entourent savons très bien que chacun de nous, dans nos bureaux de
comté respectifs, nous avons à traiter de cas comme ceux qui nous
amènent en réunion ce matin.
Évidemment, on le sait, même si la CSST prend de nombreuses
décisions, traite de nombreux cas, dont la très vaste
majorité... Je dirais, M. le Président, que dans chaque cas,
à la CSST, ça appelle environ quatre décisions. Donc,
annuellement, la CSST prend 1 000 000 de décisions. Il faut vous dire
que 97 % de ces décisions-là ne font l'objet d'aucune forme de
contestation, M. le Président. Donc, il nous faut cibler les 3 %, et
c'est ceux-là que vous et moi recevons dans nos bureaux de comté,
des gens qui font appel à nos fonctions, évidemment, comme
travailleurs, parce que mes responsabilités ministérielles ne
remontent qu'à une seule année, mais mon collègue de
Pointe-aux-Trembles l'a cité tantôt, celui qui vous parle a une
expérience du monde du travail beaucoup plus forte que celle de
législateur.
Pendant les 16 premières années de ma vie active, de
l'âge de 15 à 31 ans, celui qui vous parie, soir et matin, a
poinçonné sa carte dans une usine, a côtoyé des
travailleurs et des travailleuses avec des problèmes d'une
complexité, surtout au niveau de la santé et de la
sécurité, qui avaient besoin d'attention. Les 20 années
suivantes ont vu la consécration de mon travail à être
à leur service, à leur disponibilité. Donc, quand on
ajoute cette expérience toute récente qu'est la mienne, comme
législateur, à celle de ma carrière
précédente, je peux vous assurer que la sensibilité que
j'ai, la connaissance que j'ai du domaine, pour avoir vécu avec eux de
façon quotidienne comme compagnon de travail et ensuite pour les avoir
représentés, et maintenant la responsabilité de
législateur m'amènent à vous assurer - et je profiterai
de
l'entretien de ce matin - que toute l'orientation de ma démarche,
tout l'engagement, c'est de m'assurer que chacune des parties, dans le dossier
de la CSST comme dans les autres dossiers qui sont de ma
responsabilité... que je prendrai les miennes en m'assurant que chacune
des parties prendra également les siennes. Je me permets
d'espérer, M. le Président, qu'il y a moyen de compter sur un
minimum de collaboration de la part du parti de l'Opposition dans ce
dossier.
Le régime repose sur deux lois: la Loi sur la santé et la
sécurité du travail adoptée en 1979 et la Loi sur les
accidents du travail et les maladies professionnelles qui a été
votée en cette même Chambre en 1985. M. le Président, nous
connaissons l'objectif fondamental - il me reste 30 secondes pour terminer -
c'est l'élimination à la source des dangers pour la santé,
la sécurité et l'intégrité physique des
travailleurs et des travailleuses. L'application de cette loi, je le rappelle,
repose sur le paritarisme, sur la responsabilité des parties. J'entends
leur offrir ma collaboration; ils ont la mienne et j'ose espérer que je
pourrai compter dans ce domaine-là sur celle du parti de l'Opposition.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): À ce moment-ci,
j'aimerais rappeler aux gens qui siègent à cette commission que
nous allons procéder par des étapes de cinq minutes: donc, un
député de l'Opposition, M. le ministre pour cinq minutes, et un
député ministériel pour cinq minutes. Ce sera les
procédures pour terminer avec une période de 10 minutes pour
chacun, soit M. le ministre et le député de
Pointe-aux-Trembles.
Donc, je reconnais le député de l'Opposition, M. le
député de Rouyn-Noranda-Témis-camingue.
Argumentation M. Rémy Trudel
M. Trudel: Merci, M. le Président. Comme c'est par groupe
de cinq minutes, on va y aller directement et on va quand même faire
quelques remarques, parce que, là, on est en pleine rêverie, c'est
incroyable. Le ministre a pris 9 minutes 30 secondes pour nous expliquer que
l'interpellation d'un membre de l'Assemblée nationale au ministre
responsable de la CSST, ça dérange la réunion du conseil
d'administration de la CSST dont il nous a fait la nomenclature.
Là, les conseils d'administration d'organismes sont rendus plus
importants que l'Assemblée nationale et que la redevance,
l'imputabilité que nous avons envers le public. Là, il y a
quelque chose, le monde est viré à l'envers. Pendant que l'on
décrit le nombre d'accidents du travail qui seproduisent par
année au Québec, pendant que 181 personnes vont
décéder sur les chantiers de travail au Québec, pendant
qu'il va y avoir quatre décès cette semaine au Québec sur
les différents chantiers de travail, pendant tout ce temps-là,
l'Opposition dérange quand elle demande deux heures aujourd'hui au
ministre responsable, parce qu'on ne peut pas faire une réunion du
conseil d'administration de la CSST à 13 h 30 cet après-midi.
Écoutez, je pense que l'argumentation du ministre est ridicule et
les gens vont comprendre que ce qui préoccupe le ministre, c'est de
s'installer dans son fauteuil, et que ce n'est pas les accidentés du
travail, ce n'est pas l'indemnisation de ceux et celles qui sont victimes
d'accidents du travail. Ça, on ne le prendra jamais comme excuse de
dire: Nous, on a de la misère avec nos calepins, avec nos agendas. Et,
voyez-vous, parce que nous avons une rencontre de deux heures ce matin, avec
tout le respect que j'ai pour le président de la CSST, vous savez
très bien, M. le ministre, qu'on peut s'organiser dans une
journée pour être capable de tenir plus d'une réunion de
deux heures.
À cet égard, traitons des véritables cas.
Commençons par les délais et parlez-nous des véritables
problèmes que vivent les travailleurs et les travailleuses du
Québec en matière d'indemnisation. Qu'allez-vous faire, M. le
ministre? Qu'allons-nous faire à la CSST pour éviter et
régler les 50 000 cas qui traînent depuis 1989 et qui sont en
attente d'une première évaluation pour dommages corporels? On ne
parle pas de quelques individus; selon les statistiques que nous avons, 50 000
travailleurs étaient en attente d'une première évaluation:
400 par comté à peu près au Québec, si on veut le
compter comme ça, qui sont en attente d'une première
évaluation pour des dommages corporels. On peut ajouter à cela
qu'en termes d'appel, et vous savez ce qu'on veut dire là, et c'est un
des gros problèmes, - et ce n'est pas parce qu'on a un nouveau ministre
que le temps arrête de courir - l'exministre Séguin disait ici, le
13 décembre, et je vous prends à témoin, M. le
Président: Je vous garantis qu'en 1990 on va corriger le problème
de la révision; je vous prends à témoin, M. le ministre,
que ce gouvernement va régler ce problème-là parce que,
les voies d'appel, vous le savez - révision, Commission d'appel en
matière de lésions professionnelles - 18 000 personnes, 18 000
cas sont en attente. Le Protecteur du citoyen, qui est là, justement, de
par son mandat, pour tirer la sonnette d'alarme, nous indique que 18 000 cas
sont en attente. Ça prend de trois à cinq ans avant qu'on puisse
régler, en matière d'appel, les cas des travailleurs et des
travailleuses qui pensent avoir été traités de
façon injuste.
Le processus d'indemnisation, M. le ministre - je pense que vous le
savez bien, mais là vous avez des réponses concrètes
à nous donner - c'est rendu un processus qui est pire, je dirais - si
vous me permettez l'expression -
qu'un processus judiciaire. Vous savez, actuellement, que des
regroupements de travailleurs sont rendus à conseiller a des
travailleurs qui font des demandes d'indemnité à la CSSC de se
pourvoir des services d'un avocat pour déposer et s'assurer que leur
demande sera bien traitée à la première étape du
processus d'indemnisation. Et c'est la règle quasi
générale lorsque vous allez en demande de révision et, a
fortiori, évidemment, lorsque vous allez à la troisième
étape, possiblement, à une demande de révision à la
Commission d'appel en matière de lésions professionnelles.
Là, on est obligé, généralement, de se pourvoir des
services d'un avocat, des services de l'aide juridique parce que le processus
est monstrueux, dit le Protecteur du citoyen. Ce n'est pas l'Opposition, ce
n'est pas un groupe de pression, le Protecteur du citoyen dit: Le processus est
monstrueux.
On nous avait dit: Nous allons voir à régler ce
problème en 1990. Là, je voudrais que le ministre nous parle de
ces 18 000 cas en attente, des 18 000 cas en matière de révision
et tout le processus. Et je souhaite que le ministre ne prenne pas plus de 20
secondes pour nous parler de l'agenda des membres du conseil d'administration
de la CSST. On veut parler devant le Parlement des travailleurs, des
travailleuses accidentés et des veuves et des gens qui sont chez eux, au
travail, qui n'ont pas de revenu et que, souvent, au bureau de
député, on est obligé d'envoyer à l'aide sociale
parce qu'ils vivent des processus interminables d'évaluation ou de
contestation médicale. Et à cet égard, le ministre doit
nous dire ce qu'il va faire et dans quel délai. (10 h 30)
Le Président (M. Gauvin): C'est ce qui met fin aux cinq
minutes allouées au député. On a dépassé le
temps un peu, mais on essayera de le récupérer. Je reconnais
à ce moment-ci M. le ministre du Travail et député de
Sainte-Anne, pour cinq minutes.
M. Normand Cherry
M. Cherry: M. le Président, par la réaction de mon
collègue et ami, le député qui vient de me
précéder, je réalise qu'il n'a pas déclaré
si c'est volontairement qu'ils ont choisi la journée d'aujourd'hui
plutôt que vendredi prochain. Mais évidemment, il semble que, la
sensibilité de votre réaction, je ne prendrai pas plus de 20
secondes pour ça. Mais je réalise que vous n'aviez pas, encore
une fois, vérifié, à moins que vous ne nous avouiez que
c'est volontairement que vous l'avez fait. Je laisse les gens prendre le soin
de juger de la qualité du travail que vous faites à ce
moment-là.
Je vais relever une des interventions que vous avez faite quand vous
parlez des 50 000 cas en attente. C'est bien ça, le chiffre que vous
avez indiqué? Bon. En 1985, au moment où la loi a
été votée, il a fallu passer la réglementation que
ce gouvernement a faite en 1987. Et les gens qui vous fournissent des
informations - parce que c'est évident que vous ne l'avez pas fait
vous-même - vous auraient confirmé qu'aujourd'hui les 50 000 cas
auxquels vous référez ont tous été traités
et que les nouveaux qui s'ajoutent maintenant font partie du fonctionnement, du
processus normal. C'est beau de lancer des chiffres là, mais il me
semble qu'il y a un minimum de responsabilité. C'est-y trop vous
demander, un minimum? Si vous ne voulez pas nous offrir votre
coopération, au moins peut-on compter que vous ne nuirez pas à
ceux qui veulent faire l'ouvrage?
M. le Président, je profite de l'occasion et je l'ai dit ce
matin, on est ici et on va se parler. C'est quoi la CSST, c'est quoi ses
objectifs, comment ça doit fonctionner? Il est important qu'ils
l'apprennent ou qu'ils se le rappellent, s'ils l'ont oublié. L'objectif
fondamental, je l'ai dit tantôt, c'est l'élimination à la
source des dangers pour la santé, pour la sécurité et
l'intégrité physique des travailleurs et des travailleuses.
L'application de cette loi - et je le rappelle - celle de 1979 comme celle de
1985, repose sur le paritarisme, sur la responsabilisation des parties. Les
principaux mandats de la CSST sont la prévention, l'indemnisation, la
réadaptation et l'inspection.
Quelques chiffres, M. le Président, pour encadrer tout ça,
ce dont on parle. Le budget de la CSST c'est tout près de 2 000 000 000
$, c'est 1 900 000 000 $, M. le Président. Les indemnisations de ce
budget, ce qui est versé aux bénéficiaires: 1 400 000 000
$. On parle de 215 000 réclamations pour perte de temps, que ce soit une
journée ou plus. Mon collègue de Pointe-aux-Trembles disait: On
ne parle pas de ceux pour qui c'est un petit bobo où on met un
diachylon. Ça couvre quoi, ça, M. le Président? On parle
de 170 000 employeurs au Québec et 2 500 000 travailleurs sont couverts
par ça. Et je rappellerai à mon collègue de
Pointe-aux-Trembles, parce que lui et moi avons des origines
précédentes similaires, qu'un très grand nombre de gens
dont il faut prendre soin sont des gens qui n'originent pas, qui n'ont pas la
protection d'un milieu syndical, qui n'ont pas l'encadrement. Pour 60 % ou 70 %
des hommes et des femmes qui travaillent au Québec, M. le
Président, celui qui vous parle a une préoccupation bien
particulière. C'est eux qui ont besoin d'un soin, d'attentions tout
à fait spéciales. Ce n'est pas qu'il faille négliger les
autres, bien sûr, mais il faut avoir une sensibilisation, une attention
particulière pour ceux auxquels on réfère souvent comme
"les sans-voix". Ceux pour qui l'appareil de la CSST doit témoigner un
comportement plus humain, plus préoccupant, les aider à cheminer
à l'intérieur.
Et, M. le Président, permettez-moi de vous dire également
qu'il y a 3000 hommes et femmes
qui travaillent à la CSST, Et je profite de l'occasion pour leur
dire que c'est important. Ce sont, eux autres aussi, des travailleurs et des
travailleuses au service de leurs concitoyens et concitoyennes. Au lieu de
faire de la CSST une cible, celui qui vous parle a l'intention de prendre sa
responsabilité pour les aider à mieux humaniser le service,
à être plus près de l'homme et de la femme qui ont besoin
de ce service-là. Et je pense souvent aux travailleurs et aux
travailleuses qui doivent se lever très tôt le matin pour assurer
des services. Que ce soit la serveuse de restaurant, que ce soit le cuisinier
dans certains coins, il faut se rappeler, M. le Président, que la vaste
majorité des employeurs au Québec, ce sont des petits de la PME.
Eux autres aussi ont besoin de l'aide du ministère, eux autres aussi ont
besoin de l'aide de la CSST et c'est important de leur dire que c'est ça
notre sensibilisation. Je l'ai dit en cette Chambre et je profite de l'occasion
pour terminer avec ça, M. le Président. Quand mon collègue
de l'Opposition voulait me demander c'était quoi la norme acceptable
d'accidents, je lui ai répondu et j'en profite pour le dire ce matin: M.
le Président, n'y aurait-il qu'un seul accident au Québec, ce
serait un accident de trop. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le ministre. Comme
prochain intervenant, pour cinq minutes, je reconnais le député
de Drummond, adjoint parlementaire au ministre du Travail.
M. Jean-Guy St-Roch
M. St-Roch: Je vous remercie, M. le Président. C'est avec
plaisir que je m'adresse à cette Assemblée, ce matin, M. le
Président. D'entrée de jeu, je vais dire au député
de Pointe-aux-Trembles que, comme lui, je partage la conviction avec mes
antécédents industriels que le plus primordial... Les efforts
maxima de nos travaux se doivent d'être accentués vers la
prévention. Lorsqu'on parle de prévention, M. le
Président, je comparerais un milieu de travail à une grande
famille. Les enfants vont toujours regarder dans leur processus de jour en
jour, papa et maman, pour voir le comportement de papa et maman et si, papa et
maman, par leur exemple, par leurs actions, par leurs paroles, montrent des
directives de ligne de vie, on a beaucoup de chance que l'éducation qui
est transmise à ce niveau-là va faire en sorte que les enfants
vont prendre comme modèle papa et maman.
Lorsqu'on regarde une entreprise, moi, j'ai toujours cru qu'au
même titre que les communications, ça avait deux voies, de haut en
bas, qu'on doit avoir un mariage entre les travailleurs et le patron. Le patron
doit reconnaître que sa principale richesse, ce qui fait qu'il existe, ce
sont ses travailleurs et ses travailleuses. C'est là-dessus qu'il faut
mettre des efforts et mettre l'accent. Lorsque le patron est convaincu de la
prévention, eh bien, il va en faire un outil de gestion, il va en faire
l'une de ses sources de préoccupations journalières pour faire en
sorte que le message s'étende à la structure de son
organisation.
La prévention, M. le Président, ça passe à
partir d'une sensibilisation, comme je disais tantôt, de tous les
intervenants du milieu de travail. Au mois de décembre 1989... Là
je vais faire un peu référence aussi au député de
Pointe-aux-Trembles qui semble dire que lorsque nous avons
déposé, nous, du gouvernement, la nouvelle loi sur la
tarification de la CSST, que ce sort seulement un mécanisme d'assurance.
Mais j'aimerais rappeler ce matin qu'il y avait trois volets. Le premier volet,
c'était d'améliorer, oui, les mécanismes d'assurance, mais
il y avait deux autres volets et, particulièrement, le deuxième,
à mon avis qui était la pierre d'assise de cette tarification,
c'était d'insister sur la prévention en permettant, lorsque
possible, une variation du taux de l'employeur en fonction de son
expérience accident. Et, finalement, un principe aussi, je pense, qui
est fondamental: améliorer l'équité dans le milieu de
travail.
J'ai eu l'occasion d'intervenir en troisième lecture lorsque nous
avons déposé cette tarification-là. L'ensemble de mon
intervention, M. le Président, avait été de dire que cette
loi ferait en sorte, finalement, qu'au Québec, nous aurions une
sensibilisation du milieu de travail à partir du patronat. Il ne faut
pas oublier, M. le Président, qu'au Québec, lorsqu'on parle du
vaste domaine du milieu de travail, lorsqu'on parle de santé et de
sécurité au travail, nous avons à nous adresser à
170 000 entreprises. Or, notre travail de sensibilisation en tant que
législateurs s'adresse à ces 170 000 chefs d'entreprises qui
auront, à leur tour, à aller passer le message de la
prévention.
J'avais dit que, lorsqu'on regarde... Et je vais citer... Je ne voudrais
pas noyer le débat dans les statistiques, mais lorsqu'on regarde ce que
ça peut faire pour un employeur, M. le Président, qui aurait un
chiffre de paie de 8 300 000 $, ça veut dire que s'il est conscient de
la prévention dans son milieu, s'il est conscient que la
sécurité et la santé au travail, c'est une pierre d'assise
primordiale en 1990 pour demeurer concurrentiel devant cette globalisation des
marchés, ça voudra dire pour lui, s'il est conscient des primes
minimales de 92 000 $, qu'elles pourraient aller aussi à 524 000 $.
Qu'est-ce que ça a fait cette loi-là, M. le Président? Je
regarde mon milieu, je viens d'un comté axé sur la petite et
moyenne entreprise et la grande entreprise. Ça a forcé le
comptable à dire au chef de l'entreprise: Attention, maintenant, il y a
un élément important de rentabilité auquel tu dois faire
face. De quoi s'est-on aperçu? À moins d'un an d'usage, M. le
Président - le temps filant vite - on s'est aperçu
premièrement, que cette loi-là sur la tarification, a
été acceptée à l'unanimité au conseil
d'administration de la CSST, a été acceptée à
l'unanimité à l'Assemblée nationale. Quel beau message que
nous avons envoyé à nos travailleurs et à nos
travailleuses! Moi, j'avais maintenu à ce moment-là, en
décembre 1989, qu'enfin on aurait un message clair et que les patrons
commenceraient à s'intéresser à cette loi-là, On
verra les statistiques dans les mois à venir, mais on regarde
déjà que, grâce à ce nouvel incitatif financier, les
dirigeants d'entreprises ont développé honnêtement un
intérêt accru pour la santé et la sécurité au
travail dans l'entreprise. La CSST reçoit maintenant des demandes de
conférenciers; des colloques et autres activités du genre se
multiplient à l'échelle de la province. L'inspecteur de la CSST
qui était perçu autrefois comme le méchant garnement est
maintenant perçu comme un allié. Et on perçoit maintenant
les avantages de l'inspecteur qui va nous conseiller et améliorer notre
dossier de la sécurité et santé au travail.
M. le Président, vous me faites signe que mon temps est
écoulé. S'il y a une loi qui contribue maintenant à
accentuer et à arrêter cette hémorragie d'accidents, c'est
la prévention; c'est là que ça passe et je pense qu'on
s'est donné, dans un premier temps, un merveilleux outil de travail.
J'aurai l'occasion de revenir un peu plus tard sur les dossiers
accumulés à différents niveaux. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Gauvin): Pour un prochain cinq minutes,
je reconnais un député de l'Opposition, le député
de Pointe-aux-Trembles.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: M. le Président, je voudrais remercier et
féliciter le député de Drummond de son intervention. Je
pense que je suis tout à fait d'accord avec lui que l'important, c'est
la prévention. Et la CSST ne coûterait pas 1 750 000 000 $ si
chaque employeur avec les employés étaient conscients de la
nécessité de s'occuper de la santé et
sécurité. Je préfère cette attitude-là
à celle du ministre qui nous dit qu'on dérange l'agenda des gens
de la CSST qui savaient depuis neuf jours qu'il y avait une interpellation ce
matin et qui n'ont pas été capables de remettre leur
réunion à 13 h 30 cet après-midi. Et, à cet
égard, je voudrais passer un message à la CSST et aux
employés de la CSST que j'aime bien et qui font, en
général, tout leur possible, notamment les occasionnels qui sont
en première ligne pour s'occuper d'indemnisation. Je voudrais dire
à la CSST qu'elle existe pour le monde et non le contraire et que
distribuer 500 000 $ de publicité pour annoncer une loi que le Parlement
n'avait pas encore adopté c'est inacceptable, II faut que ces
fonctionnaires-là sachent qu'ils sont là pour indemniser
prompte-ment, pour faire de la prévention et qu'ils sont au service de
la population qui est représentée ici par le député
de Drummond, par moi et par d'autres. La question de l'agenda, je la vois comme
une nouvelle manifestation de cette arrogance incroyable que cette Commission a
manifestée à notre égard, encore une fois; qu'elle avait
déjà manifestée à l'égard de la loi de
tarification et qu'elle avait déjà manifestée aussi au
Vérificateur général.
Moi, je pense que Mme Monique Jérôme-Forget avait raison,
un peu avant de quitter la CSST, de dire que les problèmes financiers
étant réglés, la CSST devait maintenant humaniser les
services et arrêter de bretter avec un certain nombre de questions dont
celle des programmes de stabilisation économique et sociale qui ne sont
pas indexés depuis 1982. Avant que le ministre le dise, le Parti
québécois était au pouvoir en 1982 et ça a
été une erreur de ne pas indexer à partir de 1982. Mais si
l'erreur d'un parti est répétée par l'autre parti, est-ce
que ça veut dire que la population est finie jusqu'à la fin des
temps tant qu'il y aura deux partis? Or, le président de la CSST disait
en juin, et je le cite: Les parties au conseil d'administration de la CSST sont
d'accord sur le principe d'indexation des primes - on parle des prestations aux
gens qui sont dans le programme de stabilisation économique et sociale -
de façon à ce que les personnes qui y ont pleinement droit ne
soient pas pénalisées. Le programme en question indemnise des
gens, il y en a 4180, leur âge moyen est de 51 ans, qui reçoivent
des prestations, soit parce qu'ils ne sont pas capables de reprendre un emploi,
soit qu'ils reprennent un emploi moins rémunéré que celui
qu'ils occupaient avant un accident. Eh bien, M. le Président, si le
conseil d'administration est d'accord, si le président-directeur
général de la CSST est d'accord et compte tenu que l'ancien
ministre s'engageait à indexer rétroactivement à 1985 -
quand on parle de rétroactivité, on ne parle pas de
chèques, mais de prendre la rémunération de 1985 et de
l'indexer - pourquoi ne le faites-vous pas? (10 h 45)
II n'est pas trop tard, M. le Président. Il est 10 h 45. Qu'on
fasse donc, à 13 h 30, la réunion qui devait être
prévue pour 10 heures ce matin et qu'on en finisse donc. Ce que je veux
savoir du ministre précisément, les programmes de stabilisation
économique et sociale qui sont essentiels, quand seront-ils
indexés et jusqu'à quelle période? Parce que l'ancien
ministre parlait de 1985, ce qui nous paraît raisonnable.
Juste un calcul des gens qui n'étaient pas prévus à
la réunion du conseil d'administration de la CSST aujourd'hui. Quelqu'un
qui a un salaire de 30 000 $ et qui n'est pas indexé perd, après
trois ans, exactement 4729 $. Ça, c'est plus important que le
préjudice tellement effrayant
d'avoir dit à la CSST, il y a neuf jours, que, si elle devait
être ici ce matin, eh bien, elle avait juste à remettre la
réunion à 13 h 30, cet après-midi. Donc, on veut
être précis et clairs, les programmes de stabilisation
économique et sociale qui visent 4180 personnes, quand seront-ils
indexés?
M. le Président, je finirai avec une expression
américaine, et je la dis en anglais parce qu'elle me paraît
claire; elle a été utilisée par un membre du
Congrès qui disait, s'agissant de toute la question de la santé
et sécurité, et je l'applique ce matin: "If not us, who? If not
now, when?". Et c'est pour ça qu'on parle ce matin. Ça fait des
années que ça traîne et j'attends des réponses du
ministre.
Le Président (M. Gauvin): Je reconnais, pour les cinq
prochaines minutes, en réplique, M. le ministre du Travail et
député de Sainte-Anne.
M. Normand Cherry
M. Cherry: M. le Président, je crois que mon
collègue, le député de Pointe-aux-Trembles, en est
à sa deuxième ou troisième interpellation ce matin et il a
trouvé le moyen de donner raison à des gens qui ont
quitté. Il semble que ce soit une habitude chez lui de féliciter
les gens après qu'ils soient partis. J'ai l'intention de lui rappeler,
M. le Président... Il dit qu'il aime bien la CSST - c'est ce qu'il a dit
- mais, évidemment, sa phrase suivante, c'est pour critiquer des choses
que les gens de la CSST ont faites. On va lui parier du bilan des
réalisations. Ça semble le préoccuper, on va lui en
parler.
Des gestes ont été posés au plan législatif
et au plan administratif par le présent gouvernement, et je donne des
exemples. Services aux bénéficiaires: il y a eu un
assouplissement des critères pour l'obtention d'un retrait
préventif. Je voudrais qu'il se souvienne de ça aussi, au lieu de
nous parler de choses qui sont réglées comme si elles ne
l'étaient pas, on va lui parier de choses qui sont faites, O.K.? On a
facilité l'accessibilité des services offerts pour les
bénéficiaires par l'augmentation des bureaux en régions.
Les gens de première ligne, ceux qui sont le premier contact, celui qui
chemine avec le travailleur ou la travailleuse qui a besoin de services; M
existait 14 bureaux dans les régions du Québec. On les a fait
passer de 14 à 21, M. te Président. 225 employés
additionnels dans les années 1989 et 1990. Ça, c'est des
ressources pour aller rendre service aux hommes et aux femmes qui en ont
besoin. C'est comme ça qu'on a fait ça.
On a réduit les délais aux bureaux de révision
paritaire, grâce à la mise en place d'un plan de redressement
qu'il a souligné tantôt. Ce qu'on a voulu faire et ce qu'on
continue à vouloir faire, M. le Président, c'est d'humaniser les
services par des nouvelles procédures administratives et non par de la
législation. Les lois dont on discute ce matin, M. le Président,
que ce soit celle de 1979 ou celle de 1985, il faut se souvenir qu'en termes de
législation, ce sont de nouvelles lois. Qu'est-ce que
l'expérience récente nous indique? Quel est le comportement des
parties, M. le Président? Chaque fois qu'on fait une nouvelle
législation, ou la partie patronale et/ou la partie syndicale se mettent
en ligne devant les tribunaux pour aller se chercher de la jurisprudence et
là, quand arrivent les premières décisions, on s'enligne
là-dessus jusqu'à temps qu'arrivent d'autres décisions
contraires et là, c'est un nouveau réenltgnement. Pendant qu'une
approche comme celle-là, légaliste, fait sûrement le
paradis des avocats, les hommes et les femmes attendent, eux, pour des bonnes
décisions.
Alors, l'approche que je privilégie - c'est ma
responsabilité maintenant, depuis cinq semaines - c'est celle
d'identifier les irritants et les "aggravants", de les voir. Chaque fois que
j'aurai l'occasion de me déplacer en régions, j'irai rencontrer
les gens dans ces bureaux, en régions, les gens de première
ligne. Je veux les rencontrer non seulement parce qu'ils sont des travailleurs
et des travailleuses et qu'ils travaillent pour la CSST, mais également,
M. le Président, parce que, quand on est à l'écoute de ces
gens-là, très souvent, à cause de leur expérience
quotidienne, ils réussissent à nous fournir des pistes de
solution et dans le domaine économique et dans le domaine de la
procédure, pour mieux humaniser, pour mieux répondre à
l'attente de leur clientèle. Et c'est dans ce sens-là, M. le
Président, que j'ai l'intention d'aller. Au niveau de la
prévention, et mon collègue en parle, l'adoption, en 1989, dune
loi relative au système d'information sur les matières
dangereuses. Vous vous en rappelez, de ça? Dans chaque milieu de
travail, M. le Président, que soient clairement identifiés les
produits que le travailleur et la travailleuse ont à manipuler, ont
à se servir dans leur quotidien et, également, M. le
Président, la façon la plus sécuritaire d'utiliser ces
produits-là.
Ça, M. le Président, je vous rappelle que c'est un effort
de concertation des parties pendant 10 ans pour établir ce
catalogue-là, qui va faire en sorte qu'à chaque endroit au
Québec le travailleur connaîtra la matière avec laquelle il
doit travailler et connaîtra les modes de protection. Ça, M. le
Président, je ne vous donne qu'un seul exemple bien concret de la
façon de s'attaquer à la source, de faire de la
prévention.
La réforme de la tarification dont mon collègue se targue
à chaque fois qu'il se lève en cette Assemblée en laissant
entendre que ça, ça ne favorise que les employeurs. Mon
collègue, et vous comprendrez pourquoi le premier ministre lui a
confié la responsabilité d'adjoint parlementaire au ministre du
Travail, c'est parce qu'on passe le message aux employeurs, comme il l'a si
bien dit, M. le Président, que c'est payant
d'investir dans la prévention. Et c'est ça l'orientation
du gouvernement, c'est ça l'orientation de celui qui vous parle. C'est
payant, M. le Président, de faire de la prévention.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le ministre. Dans
l'ordre, je reconnais le député de Saint-Hyacinthe pour cinq
minutes.
M. Charles Messier
M. Messier: Merci, M. le Président. Je vais revenir sur
certains propos du député de Pointe-aux-Trembles. Je trouve
ça outrageux, ça me fait rire et ça me chagrine un petit
peu quand je vois un député péquiste en train de
féliciter des employés et que ce soient les employés de la
CSST ou les employés des secteurs public et parapublic. Je voudrais
juste rappeler qu'en 1982, moi je travaillais à la Commission de la
santé et de la sécurité du travail. J'ai travaillé
là de 1975 à 1985.
En 1982, j'étais directeur de grève. En 1982, j'ai
vécu les coupures de salaires du Parti québécois du mois
de janvier au mois de mars. Il y a une démotivation profonde au niveau
de ces employés-là, qu'on a réussi à
récupérer en tant que gouvernement libéral. Mais je pense
que le député - qui ne nous écoute pas - de
Pointe-aux-Trembles devrait savoir que cette démotivation-là est
profonde et qu'il y a moyen d'aller les chercher. Je pense qu'on va revenir
tout à l'heure sur les moyens qui peuvent être pris au niveau des
employés de la Commission pour les motiver davantage à
travailler, à être plus productifs.
Il y a déjà un bon bout de chemin de fait, mais ce n'est
pas avec le gouvernement du Parti québécois, mais c'est bien avec
le Parti libéral du Québec. Je vais vous donner une
évolution historique de la CSST - qui est quand même concurrente
avec le gouvernement du temps -une évolution historique des revenus et
dépenses. On va parler de déficit. On va parler de la politique
de capitalisation. Il faut voir qu'en 1988, la dette non provisionnée
était de 2 300 000 000 $ ce qui s'explique par une gestion qu'on
pourrait qualifier d'un petit peu moins rigoureuse que celle qu'on
connàh actuellement.
En 1983, il y avait un déficit de 866 000 000 $; en 1984, 1 322
000 000 $; en 1985, dernier mandat du Parti québécois, 1 870 000
000 $. Depuis ce temps-là la situation s'est nettement
améliorée. La Commission s'est dotée d'une politique de
capitalisation. Et, pour expliquer un petit peu, peut-être aux membres du
Parti québécois qui ne doivent pas connaître ça,
mais plus pour les gens qui nous écoutent, les revenus anticipés
de la Commission versus les dépenses n'étaient pas suffisants. Et
là, on va parier de taux moyen de cotisation parce que la cotisation est
quand même payable à 100 % pour les employeurs.
Pour vulgariser, la cotisation perçue est insuffisante pour
combler le coût de réadaptation, le remplacement de revenu, les
rentes pour les veuves, et on peut continuer là-dessus. Si on regarde
les revenus de 1985, dernière année au pouvoir du Parti
québécois, 990 000 000 $. La dette, le déficit, 1 538 000
000 $, un déficit de 547 000 000 $, comme je l'ai rappelé. On va
se rapprocher avec le Parti libéral du Québec dans les deux
exemples bien précis, pour les gens qui nous écoutent, de 1988 et
de 1989: En 1988, revenus, 1 750 000 000 $, dépenses, 1 650 000 000 $;
excédant des revenus sur les dépenses de 103 000 000 $. En 1989,
les revenus de la Commission, 1 966 000 000 $ - le ministre nous l'a
expliqué - et le total des dépenses, 1 553 000 000 $. Donc, des
revenus supérieurs de 213 000 000 $.
Mais il faut toujours dire qu'il y a une dette accumulée et la
dette accumulée est quand même là depuis un certain temps.
Si on se réfère dans le temps, on va donner des chiffres: En
1984, 228 000 000 $ de déficit; en 1985, 547 000 000 $; en 1983, 47 000
000 $. Cette dette-là s'est accumulée par une mauvaise gestion.
Elle est similaire à la gestion que vous aviez faite lorsque vous
étiez au pouvoir. Il y a moyen de corriger ça et la politique qui
a été mise en branle par la Commission de la santé et de
la sécurité du travail depuis un certain temps, c'est la
politique de la capitalisation. On fait toujours référence
à l'Ontario. Le taux moyen qu'ils vont chercher est de 38 %,
c'est-à-dire qu'ils ont décidé, tout dernièrement,
en 1984, de mettre 0,50 $ sur le taux moyen de cotisation - 0,50 $ par dollar -
pour résorber les déficits en question.
La politique qui a été prise par la CSST, suite à
une décision qui est relativement récente: - on parle ici du 16
février 1990 - le conseil d'administration de la CSST a adopté
une résolution visant à combler ou visant à capitaliser le
déficit en question, il a été fait mention, ici, que "la
dette non provisionnée au 31 décembre 1989 sera amortie sur une
période de 20 ans, à compter de 1990; amortissement qui se
traduit par un taux de cotisation de 0,11 $ par 100 $ de masse salariale
cotisable de 1991 à 1994." Mais ce qui est primordial dans cette
décision, c'est la note suivante: "Les surplus ou les déficits
qui se produiront à compter de 1990 se refléteront dans la
tarification suivante selon un processus établi." Donc, et ça,
c'est un gain relativement important, un gain syndical. Peut-être que le
député de Pointe-aux-Trembles est un peu
déconnecté, mais c'est un gain syndical, dans le sens que tous
les déficits ou tous les surplus seront répartis directement sur
les taux de cotisation à venir. Je pense que c'est un gain syndical et
vous devriez être fiers de notre gouvernement. Merci.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le
député de Saint-Hyacinthe. J'aimerais rappeler aux membres
qui auront à intervenir à cette commission, qu'on procède
dans l'ordre, un député de l'Opposition, la réplique de M.
le ministre et un député du côté ministériel.
Je reconnais le député de Rouyn-Noranda-Témis-camingue,
pour l'Opposition, cinq minutes.
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Merci, M. le Président. C'est ça la
différence entre la conception du parti au pouvoir et l'Opposition.
Nous, on veut parler, ce matin, des hommes et des femmes qui ont eu
malheureusement ou qui sont malheureusement victimes d'un accident de travail,
et qui font appel à la mutuelle que nous avons mise sur pied au
Québec, qui s'appelle la CSST. Ils veulent être indemnisés
ou loger un appel à leur compagnie d'assurances collectives pour
recevoir une indemnisation. Alors, si vous vouiez parler du passé
pendant deux heures, ça, allez-y, c'est votre choix, faites ce que vous
voulez. Nous, on va parler des hommes et des femmes. Et si vous voulez, M. le
ministre, très précisément, on va se parier des 18 000 cas
qui sont en appel soit devant un comité de révision ou la CAMLP,
la Commission d'appel en matière de lésions professionnelles. Et
là, très précisément, M. le ministre, vous allez me
dire, parce que je ne pose pas simplement la question au ministre,
député de Sainte-Anne, je pose la question au ministre du Travail
qui assure la continuité des opérations quant à sa
responsabilité vis-à-vis la CSST.
M. le ministre, le 17 avril 1990, quant à ces 18 000 cas en
attente, je cite le ministre d'alors, le ministre Séguin - on peut
l'appeler comme ça maintenant puisqu'il n'est plus en Chambre - à
partir d'un extrait d'un journal. Il dit: "Le projet de réforme du
ministre porte principalement sur les délais, l'arbitrage médical
et les bureaux paritaires, les comités de révision. Vous le savez
très bien, M. le ministre, et ce n'est pas une accusation en soi sur le
ministre, mais vous allez comprendre qu'il y a autour de 18 000 personnes qui
attendent entre trois et cinq ans. Le ministre va accepter que le Protecteur du
citoyen ait reçu, l'an passé, au-delà de 3000 plaintes. On
le sait, la CSST est un gros appareil - un gros appareil - d'indemnisation,
mais tout le monde le dit, y compris l'ex-ministre: II faut faire quelque
chose. Qu'allons-nous faire? M. le ministre, je veux que vous me donniez des
indications sur ce qui va changer, sur les délais qui sont impartis aux
travailleurs et aux travailleuses qui demandent des indemnisations, aux
travailleurs et aux travailleuses qui sont devant les commissions d'appel. (11
heures)
Je me préparais, évidemment, ce matin, et vous le savez...
On sort des cas de comtés que les collègues nous ont
peut-être soumis. Il y a un travailleur - je ne nommerai pas la compa-
gnie, parce qu'on n'est pas. ici pour faire les procès - dans une
fonderie qui, d'évidence, est intoxiqué par des matières
dangereuses, parce qu'il travaille dans une entreprise qui manipule des
produits toxiques. Ça fait trois ans qu'il essaie d'avoir son diagnostic
pour étude de sa demande à la CSST, avec l'indication du
médecin de la compagnie que, peu importe le diagnostic des
lésions, il va finalement le contester.
M. le ministre, je veux que vous nous répondiez très
concrètement. Au mois d'avril dernier - mai, juin, juillet, août,
septembre, octobre, novembre - ça fait sept mois qu'on demande à
la CSST de se préparer et de réviser le processus. Le ministre
disait le 17 avril que, bientôt, il allait dire aux travailleurs et aux
travailleuses du Québec que "nous allons réviser tout le
processus". Je prie le ministre de ne pas prendre la voie de dire: Nous allons
augmenter le nombre d'employés encore, pas parce que ceux-là ne
font pas leur travail. On a consacré, je le sais, vous avez
consacré 20 000 000 $ de plus à l'administration de la CSST
l'année dernière par rapport à 1988. C'est le
processus.
Une voix: 28 000 000 $.
M. Trudel: 28 000 000 $ de plus. C'est le processus, M. le
ministre. Qu'allez-vous faire? S'il vous plaît, M. le
député de Sainte-Anne et ministre du Travail, donnez-nous le
résultat du travail entrepris et les dates qui vont amener des
changements de par les décisions du conseil d'administration de la CSST.
Et dites aux travailleuses et aux travailleurs du Québec: Oui, ça
va changer.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le
député. Votre temps était écoulé depuis
déjà au-delà de 30 minutes. Je reconnais en
réplique...
M. Trudel: 30 minutes?
Le Président (M. Gauvin): 30 secondes, excusez-moi!
M. Trudel:... long, M. le Président. Des voix:
Ha,ha, ha!
Le Président (M. Gauvin): Je m'en excuse. Je reconnais, en
réplique, le ministre du Travail.
M. Normand Cherry
M. Cherry: Merci, M. le Président. L'intervenant qui m'a
précédé, mon collègue et ami, a fait
référence au rapport du Vérificateur. Et je prenais
connaissance hier de ce rapport qui a été déposé en
cette Chambre hier. Le Vérificateur général, chaque
année, faisait des commentaires sur la façon dont la CSST... et
ça, c'est une préoccupation que vous venez d'exprimer. Je
vais
vous référer à la page 80 du rapport du
Vérificateur général qui a été
déposé hier en cette Chambre. Donc, ça devait être
le premier sur la pile des choses que vous avez à lire. Vous l'avez
reçu hier.
Il dit que plusieurs nouveaux outils de travail ont été
élaborés par la CSST pour ses agents d'indemnisation et il nous
dit - c'est le Vérificateur général qui parle - que la
CSST a intégré à ses manuels des politiques
appuyées sur les jugements les plus récents des tribunaux.
Ça, ça a quoi comme conséquence? Ça permet à
ceux et à celles qui, quotidiennement, doivent prendre des
décisions de se servir de cet outil-là qui a comme
résultat direct de rendre une meilleure décision. Et du fait
qu'il y a une meilleure décision, il va y avoir moins de causes en
appel. Et, ça, c'est le Vérificateur général qui
dit ça. Je pense que ça, c'est louangeur pour la CSST. Ça,
ça fait partie des outils, ils sont qualifiés comme
ça.
Le Vérificateur général constate, en comparant les
résultats obtenus cette année avec ceux des vérifications
des deux années précédentes - il a quand même une
bonne façon de comparer: les deux années
précédentes avec celle dont il a déposé son rapport
hier - que le travail des agents à la CSST - et c'est lui qui parle -
s'est nettement amélioré de façon à minimiser le
nombre de dossiers susceptibles d'être remis en question. Ça veut
dire que la qualité des décisions de première instance
s'est améliorée et, je vous le dis, je prends l'engagement que
ça va continuer à s'améliorer. C'est pour ça que je
vous disais, tantôt, que des outils comme ceux-là, que ma
sensibilisation personnelle à ces travailleurs et à ces
travailleuses de première ligne à la CSST, les gens qui
reçoivent celui qui a été accidenté, plus on va les
aider, plus et mieux on va les équiper, plus on va les tenir au courant
des décisions des tribunaux, de la jurisprudence, ils vont rendre de
meilleures décisions, ce qui va avoir comme résultat net de
diminuer le nombre de causes en appel. Mais, il fallait procéder par
étapes et c'est ça qu'il a fait. Celui qui vous le dit, ce matin,
est bien fier de vous le dire parce que je suis convaincu que si le rapport du
Vérificateur général déposé hier avait
maintenu les critiques des années précédentes concernant
la CSST, vous seriez les premiers ce matin, vous n'auriez pas
vérifié la date de l'assemblée, mais vous auriez
vérifié le rapport du Vérificateur, encore une fois,
toujours comme le disait mon collègue, le critique de
Pointe-aux-Trembles, en aimant bien les gens de la CSST, mais en n'omettant
jamais une opportunité de critiquer la qualité du travail qu'ils
font.
En conséquence, M. le Président - et ça se
réfère directement à ce que mon interlocuteur
précédent a dit - on peut prévoir un
désengor-gement, une diminution des délais d'attente devant les
paliers d'appel dans le meilleur intérêt des travailleurs et des
travailleuses. C'est par des gestes concrets que l'on arrive à de tels
résultats. Je profite de cette occasion, encore une fois, pour
féliciter les employés de la CSST pour la qualité du
travail et la détermination que la grande majorité d'entre eux
mettent à accomplir leur besogne quotidienne qui n'est pas toujours
facile parce que, règle générale, ça fait appel
à une situation humaine qui est souvent difficile. Qu'on arrête de
faire de la politique sur le dos des travailleurs et des travailleuses et
qu'ensemble on continue à encourager ceux et celles qui posent des
gestes concrets pour faciliter ces causes. C'est à ça que je veux
référer mon collègue, c'est ça qu'il y a
d'important, non pas de faire des nouvelles lois pour que les avocats aillent
chercher de la nouvelle jurisprudence, mais qu'on établisse des
mécanismes, qu'on fournisse des outils à ceux et celles qui
prennent des décisions pour que leurs décisions soient
meilleures. Elles vont être moins contestées, ça va
désengorger les rôles d'appel et ça va faciliter le
versement de ce qui est dû aux travailleurs et travailleuses qui ont
été accidentés. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): Je reconnais pour cinq autres
minutes le député de Saint-Hyacinthe, député du
côté ministériel.
M. Charles Messier
M. Messier: Merci, M. le Président. Pour ma part, on a
soulevé autre chose tout à l'heure, du côté de
l'approche de la clientèle de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail. On vit tous, comme députés, le
ministre aussi, les députés du parti ministériel et de
l'Opposition, quotidiennement avec des cas d'accident du travail, mais
d'après mon expérience personnelle, depuis 1985, il y a une
baisse dramatique - et tant mieux - des nombreuses demandes d'information de la
CSST à mon bureau.
Ça se conçoit très bien parce qu'elle a
développé une nouvelle approche, une approche dite
clientèle. C'est facile aussi de regarder, lorsqu'on vit ça
quotidiennement, comme députés... On a juste à
téléphoner au bureau régional. J'en ai un à
Saint-Hyacinthe qui est ouvert depuis quelque temps, c'est facile d'entrer en
communication avec le bureau de la CSST, le bureau régional et
sous-régional. Elle a amélioré l'accueil et la
téléphonie. D'ailleurs, depuis peu de temps, la Commission
accepte quand même les frais d'interurbain. On sait qu'on vit dans une
grande région, la province est relativement grande, et accepter les
frais interurbains ça coûte principalement entre 1 000 000 $ et 2
000 000 $. Je pense que c'est une nouvelle philosophie de la Commission qu'on
n'avait pas avant 1985. C'est une nouvelle approche, une approche
clientèle qui me satisfait énormément.
Ça va rendre les situations beaucoup plus efficaces et ça
rend aussi l'appareil plus efficace et plus efficient.
Au point de vue de l'humanisation des services à la
clientèle, j'ai assisté, il n'y a pas tellement longtemps... Mme
Thibault est ici, une des vice-présidentes qui fait la tournée
des régions. En 1990, ils ont couvert 27 journées d'information.
Ces journées d'information sont relativement importantes et je vous
souhaite, comme députés, de participer a ces journées. La
Commission convoque des accidentés qui sont là depuis un certain
temps. On parle d'accidentés qui ont des périodes d'arrêt
de travail de trois mois et plus. Mme Thibault fait des interventions.
Lorsqu'on parlait de motivation des employés, j'ai
été très heureux de voir que beaucoup d'employés de
la CSST participaient à ces rencontres et on voit qu'il y a un contact
étroit entre les employés de la CSST et ceux qui en sont
bénéficiaires, très étroit le rapprochement qui
s'est fait entre la Commission et la clientèle. Ces rencontres-là
vont continuer à se faire et, en tout cas, je trouve ça
fantastique de voir cette nouvelle approche que fa Commission s'est
donnée.
La même chose pour les pochettes d'accueil. Je l'ai soulevé
à maintes reprises, je me rappelle, à la dernière
commission parlementaire sur la révision de la Loi sur la fonction
publique, c'est de diffuser ou de donner de l'information, mais qu'elle soit
vraiment accessible à la population. On va donner des pochettes
d'accueil à tous ceux qui dépassent 35 jours d'arrêt de
travail pour les informer sur leurs droits et leurs obligations, parce que les
accidentés ont quand même des droits, mais ils ont aussi des
obligations vis-à-vis de la CSST et vis-à-vis de leur employeur,
savoir favoriser la prise en charge de leur situation. C'est la même
chose pour la Commission, de mieux les connaître. On est dans
l'Année de l'alphabétisation. Il va y avoir une clientèle
analphabète, ce qui fera en sorte qu'on va pouvoir entrer en contact
plus facilement avec ces gens-là. Il y a une nouvelle approche qui est
vraiment fantastique au niveau de la Commission.
Il y a autre chose qui s'en vient au niveau de la CSST, c'est les
micro-groupes de travail. Ça me rappelle de bons souvenirs. À la
Commission, en 1980-1982, j'avais formulé, dans le temps, à mon
directeur régional, l'hypothèse - il va falloir que je retrouve
ces documents-là, c'était trop important - d'un micro-groupe de
travail, réunir les gens de l'inspection, de la prévention, de la
réadaptation et ceux qui s'occupent de l'indemnisation, pour faire en
sorte que ces gens-là de la CSST connaissent le milieu de travail. C'est
important pour un agent d'indemnisation de connaître un peu le milieu de
vie de l'accidenté ou du travailleur en question, de sorte que la
décision qui sera rendue pour cet accidenté sera vraiment juste
et justifiée. Je sais qu'à Saint-Hyacinthe c'est
déjà en place, ils font des visites dans nos entreprises, avec la
participation des syndicats à l'intérieur des entreprises en
question, et ils donnent des séances d'information. C'est vraiment une
nouvelle approche de la Commission qui s'est dotée de ces groupes de
travail par rapport à l'indemnisation, à la réadaptation,
à la prévention et à l'inspection. Ça leur permet
de mieux identifier les problèmes réels de l'entreprise.
Donc, lorsqu'on parlait des plaintes... Le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue parlait de certaines plaintes. Moi, je sens
que, chez nous, il y a une chute des plaintes qui sont formulées
à la CSST et au bureau du député, compte tenu de cette
nouvelle approche-là, malgré qu'il y ait encore des choses
à faire et que la Commission va continuer à les faire.
Vous me dites qu'il me reste 30 secondes, je vais activer. Il a
été fait mention des délais. Je regarde les statistiques
que la Commission m'a fournies tout à l'heure. On sait que le
délai de paiement est quand même d'environ 45 jours
présentement et on veut le rapprocher à 30 jours. Ces
délais-là sont un peu imputables à l'interne, mais
beaucoup à l'externe. Et on prend le micro aujourd'hui pour
peut-être inciter les employeurs, et surtout les médecins,
à faire parvenir à la Commission les rapports médicaux le
plus rapidement possible, parce que les délais sont principalement dus
à une clientèle extérieure et non à l'interne pour
les employeurs.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le
député.
M. Messier: Merci.
Le Président (M. Gauvin): Pour alterner, je reconnais le
député de Pointe-aux-Trembles pour les prochaines cinq
minutes.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: M. le Président, il y a des chiffres qui sont
éloquents dans le budget de la CSST, par rapport à 1988. En 1989,
les programmes de prévention ont vu une diminution de leur budget de
près de 1 000 000 $ et, dans la même période les frais
d'administration ont augmenté de 28 000 000 $, soit de 140 000 000 $
à 168 000 000 $. On revient constamment à des hommages creux aux
employés de la CSST. On travaille tous les jours dans nos bureaux de
comté avec les employés de la CSST et on apprécie leurs
efforts, sauf qu'ils doivent y aller avec les mécanismes qui existent et
si le ministre et le président de la CSST aiment tant les
employés, qu'ils arrêtent donc de maintenir dans le statut
d'occasionnels les agents d'indemnisation qui n'ont pas l'indépendance
requise pour faire leur travail, parce que ce sont des personnes qui ont un
statut précaire. On sait, M. le
Président, qu'il faut d'abord agir sur la première ligne
pour que les décisions soient mieux rendues et plus rapidement, au
départ. Mais, il reste un problème, M. le Président.
Qu'arrivera-t-il des 18 000 personnes qui attendent d'avoir fini le
mécanisme d'appel, quand on sait que la CSST ne révise à
peu près jamais aucune de ses décisions? Ces personnes-là
se retrouvent sur l'aide sociale conditionnelle pour que leur cauchemar avec la
CSST, qui dure de trois à cinq ans, se termine. Qu'est-ce que la CSST
entend faire avec la recommandation du Protecteur du citoyen, qu'en attendant
la fin de la mécanique d'appel, que la CSST avance de l'argent à
ces personnes-là pour qu'elles ne se retrouvent pas sur l'aide sociale
parce qu'on aura mieux formé les agents de première ligne, et on
est parfaitement d'accord avec ça. Ça n'empêche pas que,
dans le pipeline de l'appel, il y a 18 000 personnes. (11 h 15)
L'autre aspect, c'est que la mécanique, après 11 ans
d'application de la loi, est judicia-risée à l'extrême; le
ministre le dénonce comme nous. Il y a des avocats qui font des fortunes
à tout contester. On a vu des slogans du genre: Contester, c'est payant.
Il y a des entreprises qui contestent tous les cas, même les plus
évidents. Je connais un cas, dans mon comté de
Pointe-aux-Trembles, où la personne a perdu l'usage de ses deux mains.
Et ça fait deux ans que tous les mois, le médecin de l'employeur
- parce qu'il y a des médecins, aussi, qui font beaucoup d'argent
à dire que les gens ne sont pas malades et n'ont pas eu d'accident et
que c'est la cigarette, leur problème - dit qu'il n'a pas perdu l'usage
de ses mains. Tous les mois, depuis deux ans, le médecin de la CSST fait
un excellent travail et dit qu'il a perdu l'usage de ses deux mains. Mais
ça fait une douzaine de fois qu'il passe en audition, ce
travailleur-là, même quand la CSST fait son travail. C'est
hallucinant! M. le Président, je pose une question concrète au
ministre. Il est automobiliste, je suis automobiliste. S'il frappe un
piéton, est-ce qu'il va le référer à son
médecin pour voir si c'est vrai qu'il a la jambe cassée ou si on
va laisser la Société de l'assurance automobile décider du
dégât? Et, en passant, à la Société de
l'assurance automobile, il y a des problèmes, là aussi; mais
ça se règle généralement à
l'intérieur d'un an. Alors, qu'on finisse donc par répondre
à nos questions!
Le retrait préventif des femmes enceintes, par exemple. À
cause d'une décision de la Cour suprême, les femmes qui sont sous
juridiction fédérale, et il y en a une cinquantaine de mille, ne
sont plus couvertes par ces dispositions. Le prédécesseur du
ministre s'est engagé à en discuter à Ottawa, dans des
négociations bilatérales dont le gouvernement dit que ça
peut réussir. Mais qu'est-ce qu'on va faire pour ces femmes-là?
L'autre problème qui se pose, en matière de retrait
préventif des femmes encein- tes - il y en a eu 18 043, ran passé
- c'est qu'il y en a à peine 13 % qui sont réaffectées,
les employeurs ayant tendance, parce que c'est compliqué, une
réaffectation, à dire: Bien, fait donc un retrait total, ce n'est
pas moi qui paie directement, tout de suite, c'est la CSST. Et à cet
égard, on le sait que la CSST hérite d'autres
problèmes.
Le secteur public. Les femmes du secteur public, ont, depuis 1979,
grâce au Parti québécois, à peu près cinq
mois de congé de maternité; le privé ne l'a pas. Et il est
sûr que le retrait préventif, il y a même des employeurs qui
voient ça comme un congé de maternité. Donc, il y a ce
problème-là à régler. Mais les 18 000 qui attendent
sur l'aide sociale, est-ce qu'on pourrait leur donner une avance, au lieu de
les réduire à l'indigence? Et qu'est-ce que la CSST va faire pour
accélérer les appels?
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le
député de Pointe-aux-Trembles. Je reconnais, en réplique,
M. le ministre.
M. Normand Cherry
M. Cherry: M. le Président, mon collègue, le
député de Pointe-aux-Trembles, mon critique, s'inquiète
des délais des bureaux de révision. Il pose toutes sortes de
questions, mélange toutes sortes de choses. On va essayer de le ramener
un petit peu, dans les cinq minutes, sur des choses bien précises. On va
essayer de mettre de l'ordre dans ses idées. Je pense que c'est
important de profiter de la période de ce matin pour qu'au moins on
puisse tenter de faire ça.
Il parle de la prévention et il dit que ça diminue tout le
temps. M. le Président, les sommes consacrées à la
prévention, à la CSST, en 1988, c'était 68 000 000 $; en
1989, ça a baissé à 67 000 000 $; et en 1990, c'est
remonté à 81 000 000 $. Écoutez! Où est-ce qu'il
prend ça, ces informations-là? Lisez des livres à date.
Faites un minimum de recherche. Qu'on utilise le temps précieux qu'on a
ce matin à parler de choses concrètes! On parlait des bureaux de
révision, tantôt. Il s'est levé, dans cette Chambre, il y a
moins de deux semaines et il a déclaré qu'il était contre
la formule paritaire, dans la révision; et ça, c'est une formule
qui a été adoptée par son propre gouvernement. La
constance... Bien non! Vous ne vous souvenez même pas de ce que vous avez
dit il y a deux semaines? C'est inquiétant!
Dès l'automne 1989, la Commission mettait en place un plan de
redressement. De septembre 1989 à octobre 1990 - c'est assez actuel,
là - le nombre des dossiers en attente a été réduit
de 20 300 à 17 700. Pour l'année 1989-1990, des sommes
additionnelles de 7 000 000 $ ont été injectées pour
répondre à ça. Pour la première fois cette
année, la CSST a pu traiter plus de plaintes qu'elle en a reçues.
Prenez au moins un
minimum de connaissance de ça! Ce n'est pas parfait là. Il
y en aurait deux qui attendraient et ça serait deux de trop. Mais, au
moins, reconnaissez que des efforts sont faits, que des sommes sont
consacrées. Le collègue de Pointe-aux-Trembles soulève le
nombre d'occasionnels. La CSST a environ 3000 employés, 2700 sont des
réguliers et 300 sont des occasionnels. J'ai signé fa semaine
dernière un C. T. au Conseil du trésor pour en convertir 275 de
ceux-là à des fonctions permanentes.
Une voix:...
M. Cherry: Votre intervention fait la démonstration...
Mais il est important de corriger la fausse perception que vous indiquez au
public qui nous écoute, comme si l'ensemble des travailleurs de la CSST
étaient des occasionnels. Avant même que je signe ce C. T., 2700
des 3000 étaient des travailleurs et travailleuses réguliers
à la CSST. O. K. ? Je l'ai signé la semaine dernière.
Une voix:...
M. Cherry: Mon collègue d'Abitibi-Témis-camingue,
c'est son inexpérience... O. K. ? Bon!
Le Président (M. Gauvin): Une minute, s'il vous
plaît. J'aimerais rappeler aux membres de cette commission, M. le
ministre, qu'on devrait permettre aux intervenants de faire leur
présentation de cinq minutes en toute tranquillité. Je vous
remercie de votre collaboration. Vous pouvez continuer, M. le ministre.
M. Cherry: Merci, M. le Président. Dans l'ensemble des
délais, avec le plan de redressement qu'on vient de faire, il faut se
souvenir, M. le Président, que nous avons réduit la moyenne
d'attente, et c'est ça que j'indiquais tantôt. Pour la
première fois, on peut traiter plus de causes qu'on en a reçues
à la CSST. Ça prend maintenant trois mois et demi de moins
qu'avant et l'objectif que nous avons à l'intérieur du plan de
redressement, c'est, en décembre 1991, de ramener ces
délais-là à trois mois et, dans certains bureaux en
région, c'est déjà la façon dont ça
fonctionne. Pourquoi c'est plus long? À cause des centres où
c'est plus populeux, à cause de l'engorgement, ce à quoi on
s'attaque présentement avec les outils qu'a signalés, par
exemple, le Vérificateur général. Il y a
déjà une nette amélioration et, je vous le
répète, ça fait partie du plan d'action, ça fait
partie du plan de redressement, ça fait partie de ma
préoccupation. Ce que je suis de façon régulière,
c'est l'objectif, qui va être atteint, mais qui l'est déjà
dans certaines régions - je me répète, M. le
Président, c'est important - c'est le service à la
clientèle. On a déjà réduit les délais de
trois mois et demi pour l'ensemble des cas et notre objectif, c'est qu'en
décembre 1991 ça soit trois mois dans l'ensemble des cas. Et je
le répète, dans certaines régions où le volume est
moins fort, c'est déjà ça comme objectif, comme forme
d'accompagnement. Je tiens à le porter à votre attention.
Ça, ce sont des gestes concrets, M. le Président.
Un autre exemple concret, c'est le budget de la Commission d'appel, et
le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue y faisait appel,
il parlait de la CALP tantôt, son budget de fonctionnement qui
était de 9 800 000 $ en 1989 est passé à 16 500 000 $ en
1990 et à 19 800 000 $ en 1991. Il est doublé. Doublé, M.
le Président! Ça, ce sont des gestes concrets. Vous demandez:
Où il est le plan d'action? Suivez-le; il fonctionne devant vos yeux.
Alors, on a doublé le budget de la CALP et ça, M. le
Président, c'est une autre façon de diminuer les délais.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le ministre. Je
reconnais, pour cinq minutes, un député ministériel, le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Charles Messier
M. Messier: Merci, M. le Président. Je veux juste
renchérir sur les propos du ministre. Il est évident que
lorsqu'on parle des bureaux de révision paritaire, tous les cas qui sont
en attente sont des cas de trop. Ça, on est conscients de cette
problématique-là. C'est évident qu'il y a eu une
progression relativement importante, en 1986, 1987, 1988, 1989; on est
passé de 5000 demandes en 1986 à 17 000 en 1989. Peut-être
que les gens connaissent mieux la loi. Il y a eu des articles de
proclamés. Donc, on peut penser que la population, les travailleurs du
Québec sont mieux connaissants de la Loi sur la santé et la
sécurité du travail. Mais de ces 17 000 là, il faut
prendre en considération qu'if y a certaines choses qui se passent. On
est en période de redressement. Par ailleurs, il y a une politique de
redressement qui est déjà en place depuis 1989. On demande aux
bureaux de révision paritaire une augmentation de la productivité
parce qu'on sait très bien que les rôles sont relativement
engorgés. Il faut leur donner des objectifs précis et ils sont en
mesure de les prendre déjà activement. Il y a aussi la
réduction du nombre de demandes reliées autrement que par
audition en instituant un mécanisme d'examen préalable aux
demandes, un nouveau mécanisme qui a été mis en branle
pour réduire sensiblement la période d'attente pour passer aux
bureaux de révision paritaire. D'ailleurs, on peut espérer que
même de ces cas en attente... il y a 4800 demandes qui ont
été réglées autrement que par audition et
ça, c'est important parce qu'il y a des mécanismes qui sont mis
en branle, il y a moyen de s'entendre autrement qu'en passant aux bureaux de
révision paritaire.
D'autres chiffres pour éclairer l'Opposition officielle: de
septembre 1989 à octobre 1990, le nombre de demandes traitées a
été réduite 20 300 à 17 700 et ce, malgré
quand même une demande ou des nouvelles demandes qui ont
été faites en 1990. Malgré cette augmentation, le
processus de résorption des délais est en bonne voie. De
septembre 1989 à octobre 1990, le délai moyen de convocation pour
l'ensemble des régions est passé de 358 jours à 255, une
réduction de trois mois et demi. Donc, une réduction importante
compte tenu du nombre important de demandes qui sont formulées à
la Commission de la santé et de la sécurité du travail. Si
on regarde l'ensemble des réclamations - on parlait de quelque 300 000
réclamations - c'est un léger pourcentage qui se rend en
audition. C'est évident que les auditions, c'est toujours les auditions
de trop, mais il y a un processus qu'on doit faire...
Je me rappelle très bien lorsque la Commission était juge
et partie, il y a des nouveaux mécanismes paritaires... Le ministre l'a
souligné tout à l'heure, le député de
Pointe-aux-Trembles semble être en désaccord avec son parti, mais
ce ne sera pas la première fois qu'il sera en désaccord avec son
parti. D'ailleurs, on commence même, à voir à
l'intérieur de son parti, à l'Assemblée nationale des
divergences d'opinions. Mais la Commission telle quelle, dans ce processus
paritaire-là qui prend beaucoup plus de temps, parce qu'il y a un
commissaire, il y a un assesseur patronal et un assesseur syndical... C'est
important que ce nouveau processus-là se fasse et ça se fait
relativement bien. Le nombre de demandes étant accru, le processus est
un petit peu plus long pour régler. Il y a donc aussi un nouveau
mécanisme, c'est de réduire le délai entre la
journée de l'audition et la décision. On parle ici de
réduire... On a ramené de 53 jours à 38 jours. C'est
évident que ce sera toujours trop long. Le ministre en est conscient, je
pense que le gouvernement est conscient qu'un cas d'accident de travail, c'est
un cas de trop, et un cas aux bureaux de révision paritaire, c'est un
cas de trop et la journée que la décision est rendue, ça
devrait quasiment être des décisions sur le banc. Mais compte tenu
de la complexité des cas... ce sont des cas complexes qui passent aux
bureaux de révision paritaire, ce sont des cas qui demandent analyse et
jugement Donc, on est en période de résorption à la
Commission de la santé et de la sécurité du travail,
principalement aux bureaux de révision paritaire.
Deux petits mots sur le délai de l'admissibilité. J'ai
passé vite tout à l'heure compte tenu du manque de temps. En
1990, la Commission de la santé et de la sécurité du
travail s'est fixée comme objectif de passer, à un délai
maximum de 30 jours - c'est relativement important - entre
l'événement de l'accident du travail et le premier paiement de
l'indemnité de remplacement du revenu. Il y a des solutions
concrètes pour ramener ça à 30 jours. Ils ont fait un
rappel aux employeurs, les incitant à produire leur réclamation
le plus tôt possible. On sait que, des fois, des employeurs retardent
indûment de produire le formulaire en question à la CSST.
Même chose pour les travailleurs accidentés qui n'envoient pas
rapidement leur formulaire. On incite aussi la clientèle à
utiliser les télécopieurs. C'est relativement nouveau. On demande
à la clientèle d'aider la CSST à couper dans les
délais, entre le délai de l'événement et le
délai du premier chèque payable, une première partie
à l'employeur et l'autre partie à l'acci denté.
Ces rappels-là ont été faits rapidement et on
demande à l'ensemble des travailleurs, on demande la même chose
à l'Opposition officielle, de diffuser ce type d'information-là
pour réduire les délais entre la production
d'événements et les premiers chèques. Je pense que c'est
la meilleure crédibilité qu'on peut donner à la CSST, aux
employés, aux travailleurs et aux accidentés. C'est de produire
les rapports le plus rapidement possible pour les paiements le plus rapidement
possible. Merci, M. le Président. (11 h 30)
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le
député. Je reconnais, pour une prochaine intervention, ie
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: M. le Président, on a enfin la réponse
à la question qu'on posait, il y a une dizaine de jours. Combien y
a-t-il de travailleurs en attente d'une décision en appel? Là, on
a le chiffre. Il n'y en a pas 18 000 comme l'Opposition a dit à tort, il
n'y en a que 17 700. Et il n'y a rien dans ce qu'on a annoncé ce matin,
M. le Président, qui va faire que ça va aller plus vite pour ces
personnes-là.
L'autre aspect, le ministre parle de paritarisme et on y croit, nous
aussi, à la concertation sur les lieux de travail pour réduire
les risques d'accidents. Mais les articles 204 à 215 de la loi ne sont
toujours pas en vigueur, M. le Président. Ce sont ceux qui donnent aux
travailleurs de la construction des comités de chantier, c'est du
paritarisme, ça, M. le Président, et des agents de
prévention, ça, c'est la surveillance qui doit être accrue.
Comme on l'a dit, il y a plus de gardes-chasse et de gardes-pêche au
Québec que de personnes qui s'occupent du monde qui travaille. Or, dans
la construction, M. le Président, la situation est très
préoccupante. D'après une étude, de l'Institut de
recherche en santé et en sécurité du travail du
Québec, c'est dans la construction qu'on trouve le plus grand nombre
d'accidents, et les accidents les plus graves. Je donnerai le chiffre de 1989:
17 236 accidents avec interruption de travail dans la construction, et 30
décès. Ça, ce sont les chiffres de 1989 et ceux de 1990,
dans la construction, vont être
encore plus accablants, si l'on considère que dans le seul mois
d'octobre, il y a eu 10 décès par accident et qu'il y a eu 17 236
accidents en 1989 dans la construction, sur un total d'à peu près
118 000 travailleurs; c'est quasiment un travailleur sur six qui a un accident
dans l'année. Il y a presque autant d'accidentés du travail dans
la construction qu'il y a de gens qui attendent la fin de la mécanique
d'appel de 17 700...
Alors, M. le Président, ce qu'on demande au ministre à cet
égard-là, c'est de répondre directement au
problème. C'est une bonne chose de mieux équiper les agents
d'indemnisation pour l'avenir, mais les 17 700 personnes, que va-t-il leur
arriver? On donne plus de budget à la CALP, encore là c'est un
pas dans la bonne voie, mais quel est le plan, selon quel
échéancier, pour en venir à ce que les gens arrêtent
d'attendre de trois à cinq ans? Et quand la CSST se
décidera-t-elle à faire comme d'autres organismes et d'autres
ministères et, quand elle s'est trompée, quand elle a tort,
qu'elle change sa décision? Quand la CSST - je parle de la tête de
la CSST, non pas des employés - arrêtera-t-elle de se comporter
comme une compagnie d'assurances qui ne veut pas payer, et quand
remplira-t-elle la fonction que lui donne la loi, d'indemniser promptement?
Quand cesserons-nous d'entendre le député de Saint-Hyacinthe dire
que c'est un grand progrès, que le premier chèque, on attend en
moyenne 45 jours, alors que la loi était faite pour que ce soit deux
semaines qu'on attende avant d'avoir son premier chèque, quand la CSST
ne conteste pas sa maladie? Et il y a un homme politique qui a dit un jour, M.
le Président, que les sociétés sont comme les poissons;
c'est d'abord la tête qui pourrit.
Le Président (M. Gauvin): Excusez-moi. Je reconnais M. le
ministre, en réplique.
M. Normand Cherry
M. Cherry: M.le Président, je ne croyais pas qu'il
fallait vraiment refaire l'abc de tout ce dossier-là avec mon
collègue, le député de Pointe-aux-Trembles. Je voudrais au
moins qu'il reconnaisse que, quand une décision a été
rendue et qu'elle favorise un travailleur et que l'employeur en appelle, tout
le temps que dure cet appel, le bénéficiaire continue à
recevoir son indemnisation. J'espère que vous savez ça, au moins!
Et, pour continuer votre élémentaire dans ce dossier-là,
et je ne croyais pas être obligé d'aller aussi loin que ça,
dans ce nombre de cas, comme 82 % ou 83 % sont des contestations de la part
d'employeurs, ces 82 % ou 83 % de bénéficiaires continuent
à recevoir leur indemnisation. Ce serait important que vous le sachiez,
et, une fois que vous savez ça, que vous reteniez ces
informations-là. Ça me semble important pour ne pas créer
la perception que, du moment qu'il y a un cas qui est contesté, les
bénéfices cessent, 83 % des gens dont la contestation vient de la
part de l'employeur continuent à recevoir ces prestations. C'est
important de dire ça, mes amis. Autrement, on fausse la
réalité. Ou est-ce par ignorance, ou est-ce volontairement? Mais
je profite de l'occasion ce matin pour ramener ces faits-là en
première ligne; ça me semble important dans la discussion et la
compréhension de notre dossier.
On a parlé de prévention et c'est avantageux. J'ai
participé à l'inauguration de la 6e Semaine annuelle de la
santé et de la sécurité du travail. J'ai indiqué
aux principaux responsables de la santé et de la sécurité
qu'on avait tous le même objectif au Québec, la prévention.
C'est important, vous l'avez souligné. La prévention ça
doit être une préoccupation constante, à tous les jours et
pour tout le monde. La prévention des accidents, c'est
financièrement et humainement rentable. C'est pour ça qu'il faut
s'en occuper de la prévention. Je suis convaincu qu'avec la CSST, les
travailleurs, les travailleuses et les employeurs, on va réussir
à contrer les dangers en milieu de travail. Celui qui vous parle est
convaincu de ça. C'est le principe sur lequel je viens d'élaborer
et j'y crois. C'est à ça que je consacre énormément
d'énergie et de vigueur.
Je vous rappelle que le plan d'action comprend la prévention,
trois comités ad hoc, et je vous les nomme: comité sur
l'entrée en vigueur de mécanismes de prévention pour les
groupes prioritaires, les groupes 3, 4, 5 et 6 Vous avez questionné
tantôt sur ces groupes-là. Bon. Il y a un comité ad hoc qui
doit nous donner des recommandations là-dessus et cet item-là -
je vous le rappelle et je sais que vous n'aimerez pas ça - est un des
items à l'ordre du jour de la réunion du conseil d'administration
de la CSST aujourd'hui. Il y avait également le comité sur les
représentants à la prévention dans le secteur de la
construction et le troisième comité, c'est le comité sur
les services de santé curatifs et préventifs.
Tout récemment dans cette même Chambre, en réplique
à mon collègue de Pointe-aux-Trembles, j'ai nommé les
membres d'un de ces comités. Je les ai nommés. Je vous
épargnerai aujourd'hui la liste des membres de ces trois comités;
cependant, je demande à ces membres de prendre leurs
responsabilités. Il faut que des solutions soient trouvées dans
les meilleurs délais afin que nous puissions prouver le sérieux
de ces comités. Il paraît que ça ne s'était jamais
fait, nommer en Chambre les membres de comités. Je l'ai fait. Certains
ont communiqué avec moi dans les heures qui ont suivi pour me dire: M.
le ministre, vous mettez de la pression sur nous. Je leur ai dit: Oui. Vous
avez accepté la responsabilité de siéger sur des
comités ad hoc, vous avez pris l'engagement de nous aider à
trouver des pistes de solutions, faites votre travail! Mon collègue de
Pointe-aux-Trembles se souviendra
qu'à la sortie d'un débat de fin de séance
où on avait traité de ce sujet là, je lui ai
communiqué l'information, ce que je refais ce matin.
Ma façon de fonctionner, c'est de responsabiliser les parties,
responsabiliser les organismes patronaux, responsabiliser les organismes de
travailleurs, la CSST, le ministère du Travail et, M. le
Président, en terminant, j'ose espérer un minimum de
collaboration de la part du parti d'Opposition. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le ministre.
M. Bourdon: ...une question de règlement.
Le Président (M. Gauvin): Oui, M. le député
de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Comme on n'a pas commencé à 10 heures
juste, mais que tout le monde était ici à 10 heures, est-ce que
le ministre donnerait son consentement pour qu'après le
député ministériel, le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue ait les cinq minutes prévues, et on
finirait à 12 h 3 au lieu de midi?
Le Président (M. Gauvin): Évidemment, on
réalise qu'on est à court de temps pour entendre tous les partis
prévus à l'horaire. Je demande s'il y a consentement de part et
d'autre pour déborder de quelques minutes midi, qui était l'heure
prévue.
M. Cherry: Bien sûr, M. le Président. Dans un esprit
de collaboration qui doit nous animer, bien sûr!
Le Président (M. Gauvin): Donc, je reconnais le
député de Drummond, adjoint parlementaire.
M. Jean-Guy St-Roch
M. St-Roch: Merci, M. le Président. Nous en sommes
maintenant dans le dernier droit de cette interpellation de ce matin. Je dois
vous avouer que je me serais attendu à ce qu'on se soit attaqués
à explorer des nouvelles méthodes, des nouvelles avenues pour
qu'on puisse aller de l'avant. Je déplore un peu tout cet alarmisme que
nos collègues de l'Opposition semblent mettre dans ce dossier.
J'ai dit, d'entrée de jeu, M. le Président, que la
prévention est une clé. Quand on regarde ce vaste
mécanisme de la CSST, il faut quand même admettre que c'est 170
000 employeurs, des millions de travailleurs et de travailleuses. Il faut
regarder la situation où elle en était. Vous le savez, le
député de Pointe-aux-Trembles nous dit que c'est toujours par la
tête que ça passe. J'ai, d'entrée de jeu, dit: Oui,
règle générale ça commence par un conseil
d'administration. Mais moi, je dois féliciter la direction de la CSST
parce qu'elle est bipartite. Elle avait tout un défi à relever.
On semble oublier qu'en 1985, le régime risquait la faillite, avec 547
000 000 $ de déficit. Or, il a fallu que la direction mette des
énergies pour solutionner ce premier problème. Lorsqu'on regarde
une situation régionale, M. le Président, un bon médecin
et un chirurgien d'urgence vous diraient mieux que moi que, lorsqu'un patient
arrive en état de danger avancé, on règle
l'hémorragie et, après ça, on fait de la
récupération, de la réhabilitation et de la chirurgie
esthétique s'il le faut.
Dans un premier temps, les énergies de la CSST, et Dieu sait
qu'elle l'a relevé avec brio, c'était d'arrêter
l'hémorragie, de donner une gestion saine. Dans un deuxième
temps, qu'est-ce qu'il faut regarder? Je l'ai dit dans ma première
intervention, ça va être d'aller davantage vers la
prévention. Mais qui dit prévention, aujourd'hui, dit aussi, au
niveau des systèmes administratifs, se donner des outils de
prévention qui vont faire en sorte que les décisions que nous
allons prendre vont apporter et solutionner le correctif.
Et j'en veux comme énoncé de ce principe-là, M. le
Président, si je regarde la CALP... Oui, c'est vrai qu'il y a des
dossiers qui sont en retard à la CALP. Mais qu'est-ce qu'on a fait?
Après avoir réglé le premier problème
d'hémorragie, maintenant la haute direction de la CSST avec son conseil
d'administration peut donner des outils de travail valables aux gens de
première ligne pour prendre des décisions efficaces qui vont
prévenir l'engorgement plus tard, des systèmes d'"arbitration" ou
des systèmes de bureaux de révision.
Bien, on l'a dit tout à l'heure et mon collègue, le
ministre, l'a souligné. Ce dont il faut se mettre en garde, nous, les
gens de l'Assemblée nationale, les élus, c'est de compliquer le
mécanisme avec des lois, de la législation et de la
réglementation, ce qui fait qu'on va donner un système qui va
être de plus en plus lourd parce qu'il va faire appel autant
côté médecine que côté juridique. Alors, avec
le système qui est mis en place, avec l'augmentation, comme l'a si bien
souligné mon collègue, M. le ministre, des budgets de la CALP, on
donne quoi? On donne un outil où on est en train de bâtir une
jurisprudence.
La CSST a fait quoi avec ces décisions-là? Elle peut
maintenant utiliser les décisions rendues par la CALP comme
jurisprudence, comme moyens d'éducation, de formation de nos
travailleurs et de nos travailleuses de la CSST de première ligne, et
dire: Voici le modèle; voici une nouvelle jurisprudence. Or, ça
va faire quoi? Dans un premier temps, arrêter l'engorgement des appels
parce que les décisions vont coller réellement aux actifs et aux
besoins et aussi, ça va nous permettre, avec l'accroissement des
budgets, d'aller régler les retards. Et moi, personnellement,
comme député de Drummond représentant des citoyens et
citoyennes, tant et aussi longtemps qu'il y aura un dossier qui sera en retard,
qu'il y aura un accident dans ma circonscription, c'est déjà un
dossier et un accident de trop.
Je partage cette conviction-là aussi avec mon collègue, M.
le ministre.
Mais je pense qu'on devra s'interroger aussi en tant que
législateurs. On a un système lorsqu'on regarde tout le
côté de l'arbitrage médical, et c'est là qu'est le
problème fondamental auquel on fait face à l'heure actuelle,
lorsqu'on regarde la Commission. Il faut se rappeler que 50 % des
décisions rendues à la suite d'un arbitrage médical sont
portées devant la CALP qui modifie ces décisions-là dans
75 % des cas. Or, les questions d'ordre médical constituent maintenant
60 % du volume des causes devant la CALP. Encore là, deux avenues
devront se dégager.
Au niveau du poste de travail, une meilleure compréhension des
méthodes de travail. Il faudra trouver les mécanismes pour avoir
une médecine préventive, une médecine de travail
accélérée. Il faudra aussi améliorer le processus
des arbitrages. Et moi, je pense que ça va se faire en consultation avec
les corporations professionnelles. Qu'on s'assure que les gens qui vont faire
partie de ce comité d'arbitrage sont des gens qui donneront des
décisions qui seront justes et qui nous aideront à rendre aux
travailleurs et aux travailleuses de chez nous des décisions
appropriées qui règlent leurs problèmes. Je vous remercie,
M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le
député de Drummond. Je reconnais, pour cinq minutes
additionnelles, un député de l'Opposition, le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Merci, M. le Président. Le député
de Drummond va avoir le devoir de se présenter tous les matins à
la porte du ministre du Travail pour lui rappeler ce qu'il vient de dire et si
le ministre du Travail ne fait pas de pressions sur lui pour qu'il s'en vienne
dans l'Opposition, vous êtes dans le droit chemin parce que c'est
ça, effectivement, il y a de véritables problèmes.
Écoutez, il faut aller au-delà de la par-tisanerie
politique sur cette situation-là parce qu'en particulier, il faut
toujours le répéter, il y en a 17 700 qui attendent et aussi
parce que dans notre rôle d'Opposition, il y a des engagements
ministériels qui avaient été pris. Le député
de Drummond disait dans sa première intervention: Heureusement,
maintenant, en termes de services d'inspection, les inspecteurs de la CSST sont
maintenant vus comme des alliés des entreprises.
Là, j'ai quelques petites nouvelles pour lui, par exemple. J'ai
quelques petites nouvelles pour lui. Ce que le ministre du Travail de
l'époque disait, en décembre dernier, au moment où nous
adoptions une loi visant à modifier la tarification de la CSST - et ce
n'est pas de ça que je veux parler - et c'est grave ce que disait le
ministre: J'ai comme l'impression que la présomption, qui est à
l'avantage de ('accidenté du travail dans la loi n'est plus
appliquée, qu'elle a peut-être été, un petit peu
beaucoup diluée au cours des dernières années et, dans ce
sens-là, le fondamental de la loi, c'est la présomption en faveur
du travailleur qui est victime d'une circonstance accidentelle ou d'un accident
du travail. On vous dira largement - et le ministre le reconnaissait - que la
présomption en faveur des employés, en faveur du travailleur,
n'est plus reconnue. C'est pourquoi, M. le ministre, et je vous le demande
spécifiquement, dans une région comme
l'Abrtibi-Témiscamingue en particulier, je veux que le ministre, donne
suite à l'intention ministérielle de modifier les aspects
fondamentaux de la Loi sur la santé et de la sécurité au
travail au Québec, interdise toute pression sur la machine de la CSST en
termes d'inspection sur les lieux de travail. (11 h 45)
Moi, je peux vous citer, M le ministre, une lettre de l'Association des
mines de métaux du Québec qui, s'adressant à un des
directeurs régionaux, nommément celui de la région de
l'Abitibi-Témiscamingue, disait à propos du travail d'un
inspecteur sur un chantier de mines: "J'ai l'impression qu'il y a anguille sous
roche dans le cas particulier des mines Casa Bérardi, soit un agitateur
quelconque dans le milieu qui se sert de la loi pour faire le trouble ou
quelqu'un qui veut régler un compte personnel. Il ne revient pas
à l'Association minière du Québec de s'ingérer dans
le dossier particulier en question, mais il est malheureux que ce service
d'inspection en particulier soit appelé à jouer les rôles
qui travaillent contre la promotion et la prévention. Je vous demande,
M. le directeur général régional, de maintenir ce dossier
sur la glace jusqu'à ce que la rencontre que nous avons proposée
dans notre lettre du 20 juillet dernier soit faite." Et on a réussi
à retarder toute la correction en matière d'inspection pour une
trentaine de jours.
M. le Président, pour que le ministre soit bien au courant, je
voudrais, à la fin de mon intervention, déposer cette lettre.
J'aimerais déposer également, en même temps, une demande
des syndicats de métallos de la région d'Abitibi
Témiscamingue qui demandaient, il y a déjà trois mois,
qu'une enquête soit faite sur les services d'inspection dans le monde
minier. Vous êtes probablement au courant, M. le ministre - et je vous le
pardonnerais si vous ne l'étiez pas complètement - qu'il y a eu
un nombre de morts
certaines dans les mines du Québec, particulièrement dans
la région de l'Abitibi-Témiscamingue, au cours du printemps
dernier. En l'espace de deux mois, nous avons eu plus de quatre morts et le
nombre d'accidents augmente.
Ce que je demande, M. le ministre, trois choses: Allez-vous donner suite
à l'engagement de l'ex-ministre du Travail de procéder à
une réforme complète et profonde en matière
d'administration de l'indemnisation des travailleurs à la CSST?
Allez-vous faire en sorte que les mécanismes d'inspection soient
garantis, en particulier dans les mines du Québec? Et allez-vous
intervenir pour qu'il n'y ait plus aucune intervention ou pression possible sur
la Commission de la santé et de la sécurité du travail
pour qu'on interdise tout type de pression sur l'inspection? Et ça
aussi, c'est de la prévention et je veux déposer cette demande
des syndicats des métallos, ainsi que la lettre de l'Association des
mines et métaux du Québec.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce qu'on est d'accord pour
le dépôt du document proposé par le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue?
Une voix: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): Document déposé.
J'aimerais expliquer aux membres de cette commission que, dans le dernier bloc
de 20 minutes, 10 minutes sont allouées au ministre et 10 minutes, en
conclusion, au député interpellant, qui est le
député de Pointe-aux-Trembles. Donc, je reconnais le ministre
pour 10 minutes, en conclusion.
Conclusions M. Normand Cherry
M. Cherry: Merci, M. le Président. Quand l'intervenant
précédent parle de présomption défavorable, je
voudrais simplement lui rappeler et je l'ai dit au début, mais on va
replacer ça dans le contexte... C'est ma dernière intervention
aujourd'hui. Quand 97 %, 96,5 % de l'ensemble des décisions prises par
la CSST ne font l'objet d'aucune contestation, j'ai de la difficulté
à dire qu'il n'y a pas là une démonstration
évidente d'une présomption en faveur des gens qui font appel
à la CSST. Et je ne tente pas par là de diminuer les 3 % qui font
l'objet des statistiques qui ont fait partie du débat ce matin. Alors,
je veux quand même lui rappeler ça, dans ce domaine-là,
pour ne pas laisser de fausse impression.
Quant au sujet du dossier des mines qu'il vient de soulever, je peux
l'assurer que mon collègue, le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, le ministre du Revenu et moi cheminons...
Nous avons un bon suivi là-dessus, et je peux l'assurer que, là,
il n'a pas à s'inquiéter. Ce n'est pas un dossier de partisans.
Il faut répondre à une situation qui existe. Et votre
collègue, comme vous et comme moi, sommes très
préoccupés par ce dossier.
En terminant, M. le Président, je veux simplement vous rappeler
ceci. Dans le débat de ce matin, nous avons touché, abordé
trois sujets principaux. On a parié ensemble de l'importance de la
prévention, de la responsabilité des partis, à savoir
comment c'est important. C'est la base même de tout le fonctionnement et,
évidemment, de façon bien particulière pour celui qui vous
parle, de l'humanisation des services. Et je réitère, dans ma
dernière intervention de ce matin, que j'assure le conseil
d'administration, j'assure le personnel de la CSST de mon entière
collaboration dans ce dossier.
Il est important que ces gens-là qui nous écoutent sachent
qu'ils ont, en la personne de celui qui vous parle, un allié, quelqu'un
qui va les aider, quelqu'un qui va les écouter, quelqu'un qui va les
comprendre, parce que, des fois, on entend, mais on ne comprend pas. J'ai
l'avantage de venir de ce milieu, de connaître une bonne dimension des
problèmes. Je les assure de ma collaboration et je souhaite que les
parties... J'ai parlé tantôt de la responsabilisation des parties,
parce que c'est la base même. Il faut absolument que les employeurs et
que les travailleurs, ensemble, acceptent de cheminer dans ce dossier. Ils y
gagnent tous. Ça, c'est important, je l'ai dit et je le
répète. J'espère que ce ne sont pas ces propos-là
qui font sourire le député de Pointe-aux-Trembles. La
responsabilisation des parties, elle s'applique également au parti de
l'Opposition, je veux lui dire ça. Je pense qu'il a la
responsabilité de collaborer pour que ça fonctionne bien, comme
le disait son collègue, de mettre la partisanerie de côté
et s'attaquer aux vrais problèmes. Mais si, ça, c'est trop lui
demander, je lui demande au moins, au nom des travailleurs et des travailleuses
qui ont besoin de ce service, qu'il accepte de ne pas nuire au processus, au
moins ce minimum de ne pas nuire à ceux et celles qui veulent que
ça fonctionne bien.
Je souhaite que les parties trouvent les solutions et je m'engage
à collaborer avec elles. Je suis disponible pour les aider, M. le
Président. C'est important qu'elles sachent ça aussi. Je vais les
appuyer, toutes les parties, comme l'administration de la CSST, et je leur dis
que si elles sont incapables de trouver des solutions, j'ai l'intention, au
cours de mon mandat, de proposer des correctifs. Je veux d'abord qu'elles
cheminent entre elles parce que c'est leur responsabilité. Qu'elles
cessent de venir porter sur le bureau du ministre leurs responsabilités.
Si elles sont pour venir me dire: On a tenté de trouver une solution et
on n'est pas capables, moi, M. le Président, je prendrai les miennes. La
responsabilisation des parties est la base même et il ne faut pas
permettre que dans le fonction-
nement de ça, on les déresponsabilise et qu'on vienne
porter les problèmes sur le bureau du ministre. Ça, M. le
Président, ce n'est pas ma façon de fonctionner. Ça fait
cinq semaines que je suis en poste et je le déclare directement du
plancher de l'Assemblée nationale: Oui, elles peuvent compter sur ma
collaboration, oui elles peuvent compter sur mon appui et si elles veulent
qu'ensemble on trouve des pistes de solution, on va le faire, mais si elles ne
sont pas capables, qu'elles viennent le dire aussi, on va les prendre. Je n'ai
pas de difficulté avec ça et je souhaite, tout comme le
Protecteur du citoyen - on y a fait référence - la
création d'un bureau des plaintes pour l'année 1991. Je pense
que, ça aussi, ça va être encore un ajout pour aider ceux
qui ont besoin de ce service - j'insiste, je l'ai dit et je le redis - les
près de 70 % du secteur privé qui sont non syndiqués qui,
eux, ont besoin d'une main encore plus solide, d'une compréhension.
C'est envers ceux-là que celui qui vous parle a une attention bien
particulière.
J'Insiste sur l'importance des services rendus aux accidentés du
travail. J'espère pouvoir compter sur un minimum de collaboration de la
part de mon collègue, le critique de Pointe-aux-Trembles. C'est
important, je pense qu'il faut être capable... Je lui ai dit en cette
Chambre - il va s'en souvenir, c'était lors d'une appellation de fin de
séance - que je souhaitais - et c'est normal, nous sommes de formations
politiques différentes, que nous ayons des divergences d'opinions... Il
me semble que l'on peut trouver suffisamment de sujets sur lesquels lui et moi
pouvons avoir une divergence d'opinions honnête. Il me semble qu'on ne
devrait pas essayer de politiser le débat sur le dos des travailleurs et
des travailleuses. Là-dessus, lui aussi peut compter sur mon
entière collaboration. Je veux lui dire et je lui répète,
parce que ça me semble important, que, comme les parties
engagées, comme le personnel de la CSST, comme le conseil
d'administration, comme les partis de l'Opposition, tous ceux et celles qui
veulent contribuer à améliorer la situation vont trouver en celui
qui vous parle un interlocuteur et un compagnon de cheminement qui va faire
tout son possible et qui va mettre ses énergies à ça.
M. le Président, je veux rappeler à mon collègue,
le député de Pointe-aux-Trembles, juste pour qu'il en prenne
bonne note, que la prochaine réunion du conseil d'administration de la
CSST, c'est le 29 novembre prochain. J'aimerais ça y assister.
Voulez-vous prendre bonne note de ça? Parce que des sujets qui ont fait
l'objet du débat de ce matin étaient à l'ordre du jour. Y
a-t-il moyen qu'on harmonise un minimum de coopération? Et je reviens
à mon thème là-dessus: S'il ne veut pas aider, au moins
qu'il tente de ne pas nuire. Ce serait déjà là un pas dans
la bonne direction. Je ne lui prête pas une intention d'avoir voulu le
faire, mais ie résultat ou de sa volonté ou de son inconscience a
eu comme conséquence qu'il a fallu le reporter dans deux semaines. Si le
débat avait eu lieu la semaine prochaine, suite à des
décisions qui auraient été prises ce matin, nous aurions
pu davantage - je le souhaite - amener des réponses beaucoup plus
concrètes. À la CSST, ça se fait avec les partenaires. Les
partenaires sont présents au conseil d'administration et celui qui vous
parle, non seulement offre sa collaboration en paroles, mais est prêt
à poser des gestes dans ce sens-là.
Je demande à mon collègue, le député de
Pointe-aux-Trembles, au nom de l'Opposition officielle, de me permettre de
pouvoir assister, ie 29 novembre prochain, à cette
réunion-là. Je l'assure, entre-temps, comme il le fait, comme il
m'envoie périodiquement des cas, de toute ma collaboration. Lui, il peut
compter sur moi. C'est ma responsabilité, je l'accepte et je suis
convaincu que les deux heures que nous avons passées ensemble ce matin
l'aideront à établir ce meilleur lien de compréhension du
dossier et de communication pour qu'ensemble on puisse mieux faire cheminer des
solutions aux travailleurs et aux travailleuses accidentés au
Québec. Merci, M. le Président. (12 heures)
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le ministre. Je
reconnais, en conclusion, le député de Pointe-aux-Trembles.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: M. ie Président, je pense qu'on pourrait
éventuellement s'entendre pour corriger les situations que vivent les
accidentés du travail. Et je trouve que le ministre accorde une trop
grande importance à sa personne et à la mienne, dans le sens que
je ne suis pas et qu'il n'est pas un des 17 700 accidentés du travail
qui attendent pour obtenir justice. Par ailleurs, on ne réglera pas la
question par des bouffonneries comme l'insistance du ministre à nous
dire que l'interpellation de ce matin a dérangé i'agenda du
conseil d'administration de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail. Et à cet égard, je voudrais
lui souligner que, ni son cabinet, ni celui du leader du gouvernement ne nous
ont jamais, d'aucune manière, suggéré de remettre
l'interpellation à un autre moment.
Ce qui est visible, c'est que le ministre rampe devant la CSST - il y en
a 10, à côté de lui, qui le surveillent - que le ministre
est incapable d'aboutir avec un projet de réforme et que le ministre
fait son commis qui vient nous dire: Ah! bien, là, par exemple - il nous
chicane - vous nous faites perdre notre temps, le Parlement, alors que le
conseil d'administration de la CSST devait se réunir. Il aurait
peut-être été mieux équipé, ce matin, si le
président du Conseil du patronat et le président de la FTQ
avaient répondu à son invitation de l'accompagner. Je les ai vus
tous les deux, à deux reprises
cette semaine, et aucun des deux - M. le Président, je voudrais
le souligner, suite aux bouffonneries du ministre - ne s'est plaint que la
réunion prévue pour aujourd'hui pouvait être
changée. Et les accidentés du travail qui nous écoutent,
à la télévision, vont assez mal prendre que le principal
de la réponse du ministre, ça demeure qu'on a
dérangé l'agenda de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail qui aurait pu tenir son conseil
d'administration à 13 h 30, cet après-midi. C'est aussi simple
que
Ça.
Je voudrais citer un article du journal Le Devoir du 17 avril
dernier où on disait: "Lors d'une rencontre qui s'est tenue le 15
février dernier, le ministre du Travail a soumis son projet au conseil
d'administration de la CSST pour consultation. Une prochaine rencontre est
prévue d'ici la fin avril et le ministre rendra ensuite public le
détail des changements qu'il entend apporter." Ce n'est toujours pas
fait. Et là, le ministre nous parle du plan de redressement de la CSST,
le vingtième en 18 ans, au lieu de nous parler de la réforme que
le gouvernement a promise. Il y a 350 personnes qui font l'inspection et,
d'après la CSST elle-même, ça en prendrait 200 de plus,
pour un total de 550. À Sorel, s'il y avait eu une inspection
adéquate, on aurait évité que deux travailleurs de la
construction meurent. L'ancien ministre parlait de la présomption en
faveur du travailleur. Il faut présumer de la bonne foi des travailleurs
qui demandent à être indemnisés. Et une chose qui n'a pas
été dite dans l'interpellation, M. le Président, c'est
qu'à l'occasion, il y a des simulateurs et des fraudeurs sur le nombre,
mais c'est une très, très petite partie des personnes, et la CSST
agit comme si tout le monde était un fraudeur en puissance. Le ministre
nous parle des cas qui se règlent à la CSST, et c'est
évident qu'il y en a. C'est comme son collègue, le
président du Conseil du trésor, quand on lui dit: Ç'a-tu
du bon sens, 10 % de chômeurs. Il nous parle des gens qui travaillent.
Mais les gens qui chôment, c'est eux qui ont le problème. Les
accidentés, c'est eux qui ont le problème. La CSST n'a même
pas un mécanisme de reconsidération de ses décisions quand
elle s'aperçoit qu'elle s'est trompée, ce que d'autres
ministères et d'autres organismes ont dans les bureaux de comté,
on écrit des fois... Le député de Drummond, le
député de Saint-Hyacinthe, le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue sont là pour en témoigner, et
même le député de Sainte-Anne. Il y a des places où
on obtient des réponses et il y a des choses qui se règlent.
À la CSST, ça ne se règle jamais. Les réponses
qu'on a c'est: C'est rendu à telle étape et madame va passer
à la CALP en juillet 1991. Bye, bye, bonjour!
Une voix: C'est ça.
M. Bourdon: C'est ça qu'on veut voir changer, nous. Qu'on
reconsidère les décisions au plan administratif à
l'interne. On voudrait aussi simplifier les mécanismes d'appel. Il y a
des gens qui siègent à 1500 $ par jour sur des arbitrages
médicaux, qui n'ont pas besoin d'être là. Ça n'a pas
besoin d'être trois en révision et ça n'a pas besoin
d'être trois en arbitrage médical, M. le Président. Le
ministre du Travail est un syndicaliste, il le sait. Un comité de trois,
où le président décide, on est aussi bien d'avoir juste
celui qui décide. C'est connu, et ça coûterait moins cher
et on pourrait donner cet argent-là aux victimes pour l'expertise
médicale et pour les aider à se défendre.
Je voudrais, M. le Président, citer le Protecteur du citoyen; ce
n'est pas un chiqueux de guenille. Il est nommé par l'Assemblée
nationale. Ce n'est pas quelqu'un qui, d'ordinaire, empêche le
président de la CSST de tenir un conseil d'administration un vendredi
matin. Voici ce qu'il disait dans son dernier rapport, en parlant des plaintes
à l'égard de la CSST. Et je le cite: "Cette situation est
inacceptable en 1990 car même si, ultimement - et il parle des 17 700
personnes qui attendent - le citoyen a gain de cause, il en sortira perdant
parce qu'il aura dû attendre longtemps, souvent avec la simple allocation
de la Sécurité du revenu, avec les stress psychologiques,
familiaux et sociaux. Souvent, parce qu'il y a une pièce manquante dans
le dossier, on rejette la réclamation, sans prendre soin d'informer la
personne que si elle détenait cette pièce, son cas pourrait
être acheminé. En fermant ainsi le dossier, on sur-chage le bureau
d'appel de la CSST quand on n'incite tout simplement pas le citoyen à
laisser tomber, et le Protecteur du citoyen ajoute toujours: Comment un simple
citoyen, 600 000 assistés sociaux, 800 000 analphabètes, 650 000
personnes âgées, 330 000 chômeurs et 1 000 000 de jeunes de
15 à 25 ans qui ont de la difficulté à se trouver un
emploi pourront-ils composer avec toute cette bureaucratie? Comment peuvent-ils
défendre leurs intérêts quand on sait que la CSST dispose
de ressources (avocats et médecins) illimitées pour
défendre ses positions." Fin de la citation.
M. le Président, c'est le Protecteur du citoyen qui parle. Il
n'attaque pas les pauvres employés de la CSST qui font leur possible, on
le sait. Il parle du citoyen qui subit cette bureaucratie monstrueuse. La
question, c'est: Quand allez-vous remplir vos engagements? Là-dessus, M.
le Président, je donne avis que je vais invoquer prochainement l'article
294 de notre règlement qui dit: "Chaque commission examine annuellement
les orientations, les activités et la gestion d'au moins un organisme
public soumis à son pouvoir de surveillance." Fin de la citation. Je
vais donc demander qu'avant Noël, la commission de l'économie et du
travail convoque la CSST, pas le 29 novembre, M. le ministre, il est exclu
qu'on nuise à l'agenda de
la bureaucratie moyenne supérieure de ta CSST, pas à cette
date-là, M. le ministre. N'ayez pas peur!
Une voix: Avant Noël!
M. Bourdon: Dites-le à votre patron, le président
de la CSST, mais avant Noël, parce que, nous, on a eu une garantie il y a
un an, M. le Président, que si on passait le projet de loi sur la
tarification qui a donné un premier rabais aux employeurs, qui a
été suivi d'un deuxième rabais pour lequel le
président de la CSST a voté, à ce moment-là, nous
aurions deux choses: une commission parlementaire et une réforme,
visiblement, le ministre n'a aucun projet de réforme. Mais cette
commission-ci a un pouvoir de surveillance et je vais demander, à la
prochaine réunion de travail de la commission, qu'on entende la CSST,
que ces gens-là qui dépensent près de 2 000 000 000 $ de
fonds viennent rendre des comptes, manifestent leur imputabiltté et
viennent nous dire comment il se fait qu'il y a toujours 17 700 personnes qui
attendent des appels de trois à cinq ans, et qu'il y a des bureaux
d'avocats qui font des fortunes à contester des évidences, qu'il
y a des médecins qui se font comme spécialité de dire que
quelqu'un n'est pas malade ou accidenté quand ce n'est pas, sur le
même bureau d'arbitrage médical - le Protecteur du citoyen l'a
noté - deux médecins de la même clinique qui agissent comme
assesseur patronal et comme président. Bref, M. le Président, on
a un esprit positif. On veut que le ministre ramasse tout son courage, tout son
petit change, qu'il arrête de dire des bouffonneries et qu'il
nettoyé son écurie de la CSST.
Le Président (M. Gauvln): Merci, M. le
député de Pointe-aux-Trembles. J'avise les membres de cette
commission que la commission a accompli son mandat, soit d'entendre justement
les membres sur le sujet en titre qui était la santé et
sécurité au travail. Je remercie les membres de la commission de
leur collaboration. J'annonce que cette commission ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 12 h 9)