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(Onze heures onze minutes)
Le Président (M. Bélanger): La commission de
l'économie et du travail reprend ses travaux ce matin pour
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi sur les heures et les jours d'admission dans les établissements
commerciaux. Est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, il y a des
remplacements. Mme Dionne (Kamouraska-Témiscouata) est remplacée
par M. Poulin (Chauveau); M. Leclerc (Taschereau) est remplacé par M.
Richard (Nicolet-Yamaska); M. St-Roch (Drummond) est remplacé par M.
Cusano (Viau); et M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles) est remplacé par Mme
Caron (Terrebonne).
Le Président (M. Bélanger): Bien, je vous remercie.
Alors, hier, nous en étions au dépôt d'une motion de Mme la
députée de Verchères, si je me le rappelle bien...
M. Jolivet: C'est ça, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): ..qui disait - bon, je
vous fais grâce de toute la lecture du texte - qu'on invite le ministre
du Tourisme à participer aux travaux de la commission étudiant
article par article le projet de loi 75, c'est-à-dire la Loi sur les
heures et les jours d'admission dans les établissements commerciaux.
Donc, la motion, à sa face même, est recevable. Alors,
j'inviterais Mme la députée de...
M. Jolivet: Avant, M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie, M. le
député.
M. Jolivet: D'ailleurs, je voulais vous le demander, mais vous
prenez les devants - et je trouve ça très bien - en nous disant
que la motion est recevable. Je voudrais que vous nous lisiez, avant qu'on
débute, l'article 165 du règlement et j'aurai quelques questions
de directives à vous demander.
Le Président (M. Bélanger): Avec plaisir. Alors,
à la demande du député de Laviolette, je lis l'article
165: "Un membre peut proposer que la commission ajourne ses travaux. "Cette
motion est mise aux voix sans amendement et elle ne peut être faite
qu'une seule fois au cours d'une séance, sauf par le président ou
un ministre membre de la commission. Elle ne peut être débattue,
sauf qu'un représentant de chaque groupe parlementaire peut prononcer un
discours de dix minutes chacun." Alors...
M. Jolivet: Donc, la question de directive que je veux vous
poser, M. le Président: Si une motion était déposée
en vertu de cet article-là qui a pour but de déterminer dans un
laps de temps voulu un ajournement - ça peut être sine die comme
ça peut être un temps déterminé - ça veut
donc dire que, si la motion était acceptée, nous ajournerions nos
travaux jusqu'à la date ou l'heure qu'on aura déterminée.
Et, là, à ce moment-là, on viendrait à nos travaux
et on serait rendus, à ce moment-là, à la motion de ma
collègue, la députée de Verchères.
Le Président (M. Bélanger): Effectivement, les
travaux reprendraient là où ils ont été
suspendus.
M. Jolivet: À ce moment-là, si d'autres motions
étaient "demandables", débattables et acceptables, elles le
seraient?
Le Président (M. Bélanger): Oui. Alors, ça
supposerait, si je reprends votre hypothèse, si une telle motion
était adoptée par la commission, après un discours de 10
minutes pour chaque parlementaire, qu'on suspendait nos travaux, mettons, pour
cinq minutes, que, lorsque nous reviendrions, ce serait Mme la
députée de Verchères qui aurait à débattre
sa motion.
M. Jolivet: Alors, M. le Président, vous me permettrez
donc, en vertu de cet article 165 de notre règlement, de faire la motion
suivante: Qu'en vertu de l'article...
Le Président (M. Bélanger): Si vous le permettez,
M. le député, juste une précision
supplémentaire.
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Bélanger): II ne peut y avoir
qu'une telle motion...
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Bélanger): ...par séance,
sauf pour le président ou le ministre.
M. Jolivet: Vous avez raison, M. le Président, et, si je
la fais, c'est comme membre de l'Opposition et, à ce moment-là,
je n'ai le droit d'en faire qu'une seule.
Le Président (M. Bélanger): C'est ça.
Motion proposant la suspension des travaux
M. Jolivet: Donc, M. le Président, qu'en vertu de
l'article 165 de notre règlement, la commission suspende ses travaux
jusqu'à 13 heures, et ce, afin de permettre à ses membres
d'écouter l'important débat sur la motion de censure
présentée par le chef de l'Opposition et qui les touche
puisqu'ils ont tous voté en faveur de la motion du 5 avril 1990 et
qu'ils auront, par leur vote, à décider solennellement s'ils ont
été abusés et bernés par les actions du
gouvernement à Ottawa. Donc, voilà la motion. Vous allez regarder
si elle est recevable ou pas et, ensuite, je pourrai...
Le Président (M. Bélanger): Oui. Sur la
recevabilité, est-ce que je peux vous entendre quelques instants?
M. Jolivet: Oui, M. le Président. C'est une motion, en
vertu de l'article 165, déposée en bonne et due forme, qui
demande une suspension de nos travaux pour un temps limité, le temps du
débat qui, comme vous le savez, débute immédiatement
après les affaires courantes, au moment où on arrive aux affaires
du jour à l'Assemblée nationale, et qui devra se terminer par un
vote à la fin du débat, vers 13 heures.
Donc, le débat est déjà en cours depuis quelques
instants et j'aimerais que les gens puissent y assister. La motion telle que
présentée, quant à moi, à sa face même, comme
diraient les avocats, prima facie, est recevable.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie.
Alors, du parti ministériel, est-ce que quelqu'un veut plaider sur la
recevabilité? Non? Alors, je vous remercie.
Votre motion serait recevable à la condition suivante et, si vous
me le permettez, je vais la corriger pour éviter qu'on...
M. Jolivet: D'accord. Vous avez le droit, en vertu du
règlement.
Le Président (M. Bélanger): En vertu du
règlement, elle pourra se lire comme suit: Qu'en vertu de l'article 165
de nos règlements la commission suspende ses travaux jusqu'à 13
heures. Le reste, constituant une argumentation, ne pourrait pas faire partie
de la motion comme telle.
M. Jolivet: Bien, écoutez, M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Si vous acceptez cette
réserve, la motion serait recevable.
M. Jolivet: Pour cette question-là, M. le
Président, vous le savez très bien, en vertu du règlement,
le président quand il regarde une proposition pour la rendre recevable,
peut, de lui-même, de son propre chef, la corriger s'il juge qu'elle est
recevable en partie, mais non pas en totalité. À ce
moment-là, je me fie à votre bon jugement.
Le Président (M. Bélanger): Merci Alors, vous avez
donc 10 minutes de chaque côté pour plaider la motion.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: M. le Président, comme vous le savez, au
moment où nous avons quitté l'Assemblée nationale,
après l'avis du leader du gouvernement nous disant de venir à
cette commission parlementaire pour étudier le projet de loi qui est
devant nous et qui fart l'objet de nombreuses discussions depuis deux jours
maintenant, il y avait à l'Assemblée nationale, en même
temps, un débat que je juge important et que mes collègues qui
sont avec moi aujourd'hui jugent important.
Je me permets, d'abord, de lire la motion de censure qui est
déposée et inscrite par le chef de l'Opposition officielle, en
vertu de l'article 304 du règlement. Dans ce que l'on appelle le
feuilleton et préavis, nous sommes rendus, dans les affaires courantes
des travaux de l'Assemblée nationale, à ce qu'on appelle les
affaires prioritaires, et cette affaire prioritaire invite donc tous les gens,
toute affaire cessante, à faire en sorte qu'on puisse débattre
d'une motion à partir de 11 heures jusqu'à 13 heures, donc, que
le reste du temps de la séance du matin soit utilisé à ce
débat, partagé équitable-ment entre les membres de la
formation ministérielle et ceux de l'Opposition.
La motion est la suivante: "Que cette Assemblée blâme
sévèrement le gouvernement du Québec et plus
particulièrement le premier ministre et le ministre
délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes
pour avoir violé la motion adoptée le 5 avril dernier qui
l'enjoignait solennellement de rejeter, au nom des Québécoises et
Québécois, toutes propositions constitutionnelles qui pourraient
notamment constituer un amendement ou une modification à l'accord du lac
Meech dans le but de permettre la ratification dudit accord et pour avoir
induit en erreur les députés qui avaient voté cette motion
en leur laissant croire par des déclarations
répétées que tant l'esprit que la lettre de ladite motion
seraient scrupuleusement respectés."
M. le Président, nous avons tous à l'Assemblée
nationale, vous vous en souvenez, sauf quatre représentants du parti
qu'on appelle Equality Party qui ont voté en désaccord,
voté pour cette motion. Les ministériels, à
l'époque, vous vous en souvenez, M. le Président, pour la rendre
acceptable à leurs yeux, avaient décidé de
présenter une motion qui, finalement, avait fait l'objet d'une
acceptation, même si les députés du parti de l'Opposition
n'étaient pas tout à fait en
accord. Mais, finalement, on s'est entendus sur un libelle qui a fait
l'objet d'un consensus.
Or, il y a eu, depuis ce temps, des négocia tions
constitutionnelles. Enfermés comme dans un conclave jusqu'à ce
que la fumée blanche apparaisse, des gens ont vécu des moments
difficiles que, moi, j'ai connus, comme vous le savez, comme négociateur
syndical quand on essaie d'arriver à un règlement. Même,
dans certains cas, d'après les commentaires qui ont filtré de la
part de certains premiers ministres, d'anciens joueurs de football pour les
Alouettes de Montréal ont empêché les premiers ministres de
sortir d'une salle. Donc, vous savez dans quelle ambiance on a discuté
pendant sept jours.
Pendant ces sept jours-là, il a fallu que, comme, nous, on le
prétend, le premier ministre du Québec se plie à la
demande incessante de l'autre partie qui représente le Canada anglais,
un des deux peuples fondateurs de ce pays qui, pour le moment, selon le premier
ministre du Québec, est le vrai pays des Québécois. Dans
ce contexte, s'il dit qu'il est le vrai pays des Québécois, il
vient au moins de nous enlever une image que beaucoup de gens avaient, à
savoir que le premier ministre du Québec serait celui qui ferait la
souveraineté politique du Québec Au moins, il y a une chose:
c'est que c'est clair que ce ne sera pas vrai.
Dans ce contexte-là, nous croyons, comme députés,
avoir été bernés. Dès la première
séance de l'Assemblée nationale, lundi passé, nous avons
essayé, par les moyens qui étaient permis par le
règlement, de soulever une question de privilège pour avoir
été, comme parlementaires, bernés. Or, ce qui est
arrivé, c'est que le président a jugé que ce
n'était pas le cas. Nous avons accepté sa décision et nous
avons pris un autre moyen parlementaire désigné, soit la motion
de censure, la motion de blâme.
Nous avons donc utilisé ce moyen et, à ce moment
précis, nous sommes en discussion de l'autre côté. Les
arguments de part et d'autre doivent être donnés. Il est important
que les députés ministériels puissent entendre,
écouter et, je l'espère, comprendre l'argumentation que les
membres de l'Opposition veulent apporter à l'Assemblée nationale.
Parce que, vous le savez, ici, on a fait la preuve que, dans certains cas,
même s'ils sont présents de corps, comme à ce moment-ci,
discutant avec des gens qui ne sont pas membres de la commission parlementaire,
ils n'écoutent pas nos propos. Ils vont avoir à voter sur quelque
chose alors qu'ils n'auront même pas entendu nos propos. Comment
voulez-vous qu'ils les comprennent? Et, même, ça me dérange
de voir des gens qui, de l'autre côté, parlent très fort,
M. le Président. Dans ce sens, je vous le répète, nous
sommes devant une motion discutée à l'Assemblée nationale.
Cette motion étant discutée à l'Assemblée
nationale, il est donc important que les gens soient présents de corps
et d'esprit à cette discussion pour saisir le pour et le contre
Je vais vous laisser agir, M. le Président, parce que...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
s'il y a des caucus qui se tiennent à part, ce qui est tout à
fait légitime et justifiable dans cette salle, il faudrait quand
même faire attention pour ne pas déranger les travaux. Mais je
dois admettre que, de part et d'autre, on a cette habitude, à
l'occasion, fâcheuse de le faire.
M. Jolivet: Oui, mais, M. le Président, ce qui arrive,
c'est que nous comprenons très bien qu'une personne vienne donner des
renseignements à la personne qui est le ministre ou notre critique de
l'Opposition; on l'accepte et il n'y a personne qui va faire des chichis. Mais,
quand une personne qui n'est pas membre de la commission vient déranger,
c'est de ça que je parle.
Le Président (M. Bélanger): Comme le leader de
l'Opposition hier soir.
M. Jolivet: Oui, puis, d'ailleurs, vous avez remarqué que
je suis allé lui dire que c'était moi qui étais le boss,
ici, pour l'Opposition.
Je vais juste reprendre ce que l'on disait dans la motion où vous
rayé, et vous aviez raison, M. le Président, "et, ce, afin de
permettre à ses membres d'écouter l'important débat sur la
motion de censure présentée par le chef de l'Opposition et qui
les touche puisqu'ils ont tous voté en faveur de la motion du 5 avril
1990 et qu'ils auront, par leur vote - qui va être donné à
13 heures - à décider solennellement s'ils ont été
abusés et bernés par les actions du gouvernement à
Ottawa".
Alors, comment pouvait-on être mieux mis au courant qu'en
assistant au débat et en écoutant pour bien comprendre le
débat qui est devant nous? M. le Président, ma motion, telle que
présentée, est tout à fait légitime. C'est une
motion qui devrait être votée unanimement. On ne devrait
même pas... Puis, j'aurais peut-être dû même
m'arrêter dès le départ. J'aurais même dû
demander le vote immédiatement. Ça allait de soi, sauf que, comme
j'ai cru comprendre, par les hochements de tête que j'ai vus de l'autre
côté, qu'il fallait les convaincre, j'ai donc essayé,
encore une fois, de le faire dans le temps qui m'était imparti.
Mais je vous le rappelle, M. le Président, le débat de
l'autre côté est un débat qui est important pour la
société québécoise, surtout quand on
considère ce qui se passe dans les autres provinces actuellement et
quand on croit que le premier ministre et son représentant des Affaires
intergouvernementales canadiennes, comme ministre, ont accepté, par un
avis broché à l'entente de samedi passé, à
l'entente constitutionnelle, samedi passé, de faire en sorte qu'on dilue
de beaucoup le contenu de la motion
du 5 avril dernier.
Alors, nous sommes en droit de bien saisir ce débat, de bien le
comprendre et une des façons les plus simples de le faire, M le
Président, c'est d'y assister en écoutant attentivement, en se
taisant et en écoutant des deux côtés. Je dois vous dire
que j'ai un vieux principe qui me vient de mon grand-père mater nel, qui
était dans la famille des déportés de l'Acadie - parce que
les Poirier, il n'y en a pas un au Québec qui n'est pas un
déporté de l'Acadie - qui me disait toujours: Tu ferais mieux,
Jean-Pierre, de lire d'abord les livres, les revues, les articles qui
proviennent de tes adversaires avant de lire ceux qui proviennent de tes amis
pour une raison bien simple: si tu veux savoir comment te défendre
vis-à-vis de tes adversaires, il faut d'abord que tu connaisses ce
qu'ils sont, ce qu'ils veulent Tes amis, tu es supposé les
connaître.
Dans ce sens-là, je pense que nous sommes en droit, comme membres
de l'Opposition, de bien comprendre ce que le premier ministre ou son ministre
des Affaires intergouvernementales canadiennes a à dire, comme je suis
assuré que les membres du gouvernement ont intérêt à
écouter ce que le chef de l'Opposition et son collègue, le
député de Lac-Saint-Jean, whip de l'Opposition, ont à dire
sur cette question-là, sur cette motion de blâme. Alors, il me
semble, M le Président, que je ne devrais plus intervenir, que je ne
devrais même pas intercéder auprès de mes collègues
d'en face. Ils devraient, avec nous, voter unanimement pour cette motion et
nous reprendrions à 13 heures là où nous sommes rendus,
c'est-à-dire à la motion de ma collègue qui invite le
ministre du Tourisme à être présent à cette
commission, d'autant plus qu'il était présent en Chambre ce
matin. Ce ne serait pas difficile, et j'espère qu'il est en train
d'écouter le discours, justement, du chef de l'Opposition, qu'il puisse
venir. On aura l'occasion de lui dire, en entrant dans la salle ou au moment du
vote, qu'il est convoqué à cette commission pour cet
après-midi, selon la demande qu'on peut faire.
Alors, il me semble, M. le Président, que ça va de soi que
les gens qui sont du côté ministériel comme de l'Opposition
devraient voter rapidement pour cette motion pour qu'ils aillent à
l'Assemblée nationale pour entendre les arguments de part et d'autre.
Alors, M le Président, je n'argumenterai pas plus longtemps. Je pense
avoir fait tous les efforts nécessaires pour convaincre mes
collègues, mais je n'aurais même pas dû avoir ce besoin. On
aurait dû me dire: M le député, arrêtez de parler, on
s'en va de l'autre bord.
Le Président (M. Bélanger): Alors, je vous
remercie. Du côté ministériel, est-ce qu'il y a une
réplique? M. le ministre
M. Gérald Tremblay
M. Tremblay (Outremont): M le Président, je pense que le
débat qui se tient présentement a déjà eu lieu, au
moins à trois reprises, entre le premier ministre et le chef de
l'Opposition. S'il y avait eu des éléments nouveaux, je pense que
le leader de l'Opposition aurait senti le besoin de demander un débat
d'urgence à l'Assemblée nationale pour arrêter tous les
travaux parlementaires et permettre à tous les députés
d'assister à ce débat
Nous siégeons présentement sur un ordre de la Chambre
jusqu'à 13 heures et, par la suite, de 15 heures à 18 heures et
de 20 heures à 24 heures. Ce n'est pas nouveau que plusieurs commissions
parlementaires siègent en même temps qu'il y a des débats
importants dans la Chambre. À cause de toutes les motions de report
déjà soumises par l'Opposition, le moment m'apparaït venu,
M. le Président, de procéder à l'étude du projet de
loi article par article. Je ne peux donc pas être d'accord avec la motion
du député de Laviolette et nous voterons contre, pour que les
travaux de la présente commission se poursuivent.
M. Jolivet: M. le Président, une question au ministre en
vertu de l'article 213.
Le Président (M. Bélanger): L'article 213, oui
M. Jolivet: Le ministre a bien dit, si j'ai bien compris, qu'il y
avait des motions de report. Est-ce que le ministre ne se serait pas
trompé? Aurait-il pu vouloir dire des motions préliminaires
prévues par notre règlement, qui sont bien autre chose que des
motions de report? Si vous voulez qu'on en fasse une, motion de report, on peut
en faire une.
Mme Blackburn: Ce serait peut-être une bonne
idée.
M. Jolivet: C'est une idée à laquelle on n'a pas
pensé.
M. Tremblay (Outremont): D'ailleurs, il y en a déjà
eu une II y en a déjà eu une en Chambre.
Mme Marois: À l'Assemblée, mais en
commission...
M. Tremblay (Outremont): II y en a déjà eu une
à l'Assemblée. Je reconnais avoir employé "motion de
report" par opposition à "motion", alors...
M. Jolivet: Une question de directive, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Comprenons que c'est un
lapsus.
Mme Blackburn: Une motion préliminaire.
M. Jolivet: Question de directive, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette. (11 h 30)
M. Jolivet: Je vous pose une question. En vertu des
règlements à l'Assemblée nationale, on sait qu'à
partir du moment où les affaires courantes sont passées et qu'on
arrive aux affaires du jour il y a ce qu'on appelle les motions
préliminaires. Il serait bon d'expliquer que la motion
préliminaire, telle que présentée - et j'aimerais avoir
votre avis là-dessus - à l'Assemblée débute au
moment où les affaires du jour sont appelées. À ce
moment-là, ce débat là a priorité sur tous les
autres et le seul moyen que nous avions pour présenter la motion,
c'était ici, en commission, parce que le leader du gouvernement nous
avait convoqués à cette commission et que la commission est
maîtresse de ses décisions. C'est à elle de prendre la
décision et en Chambre le président nous aurait dit: Vous
êtes convoqués, allez régler ça l'autre bord et vous
reviendrez ensuite.
Le Président (M. Bélanger): De fait, je pense que,
dès que la commission se conforme aux ordres de la Chambre,
c'est-à-dire qu'elle ouvre ses travaux et qu'ils ont
débuté ici, elle devient maîtresse de ses travaux dans la
mesure où il y a consensus ou accord des deux partis. Donc, dans ce
sens-là, la commission peut adopter toute motion qu'elle juge utile pour
les fins de ses travaux ou pour toute autre fin qui se rapporte aux travaux,
évidemment, de l'Assemblée nationale. Alors, dans ce
sens-là, il n'y a pas de problème. M. le député
de...
M. Richard: M. le Président, seulement un commentaire au
député de Laviolette.
Le Président (M. Bélanger): Oui
M. Richard: Comme vous êtes sûrement au courant, M.
le Président, quand nous venons siéger en commission
parlementaire, c'est d'un commun accord. Il y a eu une rencontre entre les deux
leaders et on a dit: Demain matin ou aujourd'hui, telle et telle commission va
siéger de telle heure à telle heure. C'est par entente entre M.
Chevrette, dans ce cas-ci, et M. Pagé, qu'ils ont dit: Telle et telle
commission va aller siéger de... C'est d'ailleurs ce que le leader
ministériel annonce, à un moment donné, en Chambre
après la période des affaires courantes.
M. Jolivet: M. le Président, je ne voudrais pas corriger
le député de Nicolet-Yamaska, mais, malheureusement, je vais
être obligé de ie faire parce que nous n'agissons, tout
simplement, que par motion. La motion est déterminée par le
leader du gouvernement et, si le leader de l'Opposition ne veut pas, il peut
l'obliger. La preuve, c'est qu'hier soir, à 21 heures, il y a eu une
rencontre des deux leaders devant Je président. Ils ne se sont pas
entendus. Parce que ça arrive, des fois, qu'on s'entende et qu'on dise:
C'est correct, mais tu feras ta motion et on la votera. On pourrait ne pas la
voter; il pourrait y avoir une personne d'Equality Party qui dise non et
ça ne marcherait pas; ça prend l'Unanimité. À
partir de ça, s'il n'y a pas unanimité, il faut passer au vote
et, là, c'est la majorité qui l'emporte.
Je vous dis simplement qu'hier il y a eu une décision de ramener
à la Chambre la commission de l'éducation et le président
a été obligé, de son siège, de dire: II n'y a pas
eu entente et, comme il n'y a pas eu entente, je suis obligé de
procéder. Et, là, le leader du gouvernement a
déposé sa motion qui sera débattue à partir de 13
heures, cet après-midi. Elle durera toute la soirée s'il le faut,
toute la nuit s'il le faut. Il y a une chose qui est certaine, c'est que
l'entente, c'est pour permettre au leader du gouvernement de préparer
ses travaux. Mais, s'il n'y avait pas entente, il n'y a rien qui empêche
le gouvernement, par son leader, de nous obliger. C'est pour ça que je
vous dis que, nous, vis-à-vis de la décision qui a
été prise, nous savions que, si nous proposions au leader de ne
convoquer aucune des commissions parlementaires, il aurait dit non, il aurait
proposé sa motion pareil et elle aurait été votée.
Alors, nous autres, on a dit: La seule place qu'il nous reste pour
déposer notre motion et la débattre, c'est en commission.
M. Richard: Vous avez tout à fait raison, M. le
Président.
M. Jolivet: Ahbon!
M. Richard: Vous avez tout à fait raison, à
l'exception que, en même temps, vous venez de confirmer que, pour
siéger ici, à cette heure-çi, il y avait entente.
M. Jolivet: Non.
Le Président (M. Bélanger): Mais...
M. Jolivet: II y a eu motion.
Le Président (M. Bélanger): IIy a eu
motion.
M. Richard: Oui, mais...
M. Jolivet: II y a eu motion, mais ce n'est
pas une entente, non. C'est parce que, nous, on aurait pu demander de ne
pas siéger et le leader aurait dit oui. Alors, sachant qu'il nous
dirait. Vous allez siéger pareil, on n'a pas pris la chance de faire un
débat pour rien en Chambre, parce qu'on n'était pas pour gruger
sur le temps qu'il nous restait entre 11 heures et 13 heures sur une motion
aussi importante Donc, la seule place qu'il nous restait légalement,
c'était ici. Et le président nous aurait dit: Le leader vient de
vous convoquer, allez-y, réglez votre problème l'autre bord et
vous reviendrez si ça marche. C'est ça qu'il nous aurait dit.
Le Président (M. Bélanger): Bon.
M. Jolivet: Je suis habitué. Ça fait plusieurs fois
qu'on a ça.
Le Président (M. Bélanger): Les commissions ne sont
pas formellement liées par les ententes.
M. Jolivet: C'est ça.
Le Président (M. Bélanger): C'est tout simplement
que les leaders, sur une base de gentlemen's agreement... C'est les
règles de fair-play britannique qui sont la base de nos règles de
procédure et qui font en sorte qu'on s'entend entre gentlemen.
Une voix: Dans le cas des hommes.
Le Président (M. Bélanger): Oui, on ne fait pas de
sexisme, là. Quand ce sera des femmes, on dira des gentlewomen...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): mais, dans le cas
présent...
Mme Marois: Ça ne s'applique pas.
Le Président (M. Bélanger): ça ne s'applique
pas. Alors, c'est simplement sur cette base-la, ce qui permet de
procéder plus rapidement au niveau des procédures et d'arriver
à plus d'efficacité dans les travaux de la Chambre. Mais, si une
commission décide d'aller contre une entente, et on l'a
déjà vu dans le passé, c'est tout à fart
légitime et la commission reste maîtresse de ses travaux. Je pense
que c'est le point qui devrait nous préoccuper face à la motion
qui est déposée ce matin. La seule chose, c'est que nous sommes
en mesure de décider, nous sommes maîtres de l'organisation de nos
travaux et des décisions que nous voulons y prendre, et, à cette
fin, je vais demander le vote sur la motion, si vous le permettez.
M. Jolivet: M. le Président, juste avant que vous passiez
au vote...
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie, M. le
député.
M. Jolivet:... parce que vous savez très bien que
ça va être un vote nominal que nous allons demander, je
rappellerai que, malheureusement, nous n'avons pas été capables
de convaincre, d'après ce que je peux voir, les membres
ministériels, mais si on avait pu les convaincre, au moment où on
se parle, on aurait déjà perdu un des bons discours, celui du
chef de l'Opposition.
Le Président (M. Bélanger): Alors, sur la motion du
député de Laviolette qui demande qu'en vertu de l'article 165 de
notre règlement la commission suspende ses travaux jusqu'à 13
heures, motion qui a été jugée recevable, j'appelle donc
le vote.
Mme Blackburn (Chicoutimi)?
Mme Blackburn: Pour
Le Président (M. Bélanger): Mme Caron
(Terrebonne)?
Mme Caron: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Mme Dupuis
(Verchères)?
Mme Dupuis: Pour, M. le Président
Le Président (M. Bélanger): M Jolivet
(Laviolette)?
M. Jolivet: Pour, M. le Président
Le Président (M. Bélanger): Et Mme Marois
(Taillon)?
Mme Marois: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Bien M. Bélanger
(Laval des Rapides), contre M. Benoit (Orford)?
M. Benoit: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. Bordeleau
(Acadie)?
M. Bordeleau: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. Lafrenière
(Gatineau)?
M. Lafrenière: Contre, M. le Président
Le Président (M. Bélanger): M. Richard
(Nicolet-Yamaska)?
M. Richard: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. Lemire
(Saint-Maurice)?
M. Lemire: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Et M le ministre
Tremblay (Outremont)?
M. Tremblay (Outremont): Contre, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Alors, la motion est
rejetée.
Motion proposant d'inviter le ministre
du Tourisme à participer à
l'étude détaillée (suite)
Nous revenons donc à la motion de Mme la députée de
Verchères, qui demande que la commission invite le ministre du Tourisme
à participer aux travaux de la commission étudiant article par
article, etc. Mme la députée vous avez 30 minutes pour
défendre votre motion. Je vous en prie.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: M. le Président, la proposition que j'ai
déposée hier, appuyée par mes collègues, est
à l'effet de demander à la commission de bien vouloir recevoir le
ministre du Tourisme pour participer aux travaux de la commission. Bon, hier,
nous avons discuté pendant pratiquement une journée sur des
propositions demandant au ministre de bien vouloir recevoir des intervenants
qu'on voulait écouter et dont on trouvait pertinent d'avoir le point de
vue, ce qui nous a été refusé, M. le ministre invoquant le
prétexte qu'il avait déjà entendu ces gens-là en
commission et qu'il ne voyait pas l'intérêt ou quel
éclairage nouveau pourraient apporter une interrogation ou le point de
vue de ces gens-là à nouveau. Mais je pense que, cette fois-ci,
ces arguments-là qu'il nous a servis hier, il faudra qu'il nous en serve
des meilleurs, puisque le ministre du Tourisme est tellement impliqué,
à partir du projet de loi, si on regarde l'article 11 et, même,
ça déborde sur l'article 12, et on devra se référer
à l'article 10; il y a tellement d'interrogations qui se posent par le
libellé de l'article 11 que je pense qu'il va de soi que le ministre du
Tourisme soit là pour répondre aux questions.
Il y a la notion de lieu, la notion de temps et la notion d'implication
qui entrent en ligne de compte. Connaissant la situation touristique au
Québec, sachant très bien que nous allons, dans le milieu
touristique, vers 1 000 000 000 $ de déficit, sachant très bien
que la coalition pour le tourisme avait demandé 25 000 000 $
additionnels pour sa promotion - ce qui n'a pas été obtenu,
d'ailleurs - II y aura sûrement des pressions sur le ministre du Tourisme
de la part de différents intervenants. Et, là, ce que je trouve
un petit peu navrant pour ce projet de loi, c'est qu'on he soit pas en mesure
de connaître le point de vue du ministre. Est-ce que le ministre a
déjà établi des zones touristiques? Est-ce que le ministre
a déjà établi des heures? Est-ce qu'il y a des demandes
d'arrivées au ministre de la part de différentes
municipalités pour établir les zones touristiques? Quels sont les
critères qui feront qu'une municipalité pourra être une
zone touristique? Ce sont toutes des interrogations, M. le Président,
auxquelles la commission ou le ministre se doit de répondre avant que
l'on puisse adopter ce projet de loi. Sinon, c'est de demander à
l'Opposition un chèque en blanc sur ce qui va se passer dans ce domaine
et sur qui va avoir l'autorisation ou pas d'ouvrir le dimanche.
Depuis le début de cette commission, de plus en plus, je
m'inquiétais, j'avais une certaine appréhension sur le projet de
loi, je me disais: C'est peut-être un premier pas vers la
libéralisation totale de l'ouverture des commerces le dimanche. Plus on
avance dans cette commission, plus je m'aperçois que mes
inquiétudes ou mes appréhensions sont en train de se transformer,
M le Président, en certitudes.
Si je prends le point 11... Et, là, c'est dommage que mon
collègue, le député de Beauce-Nord, qui nous reprochait,
hier, de ne pas avoir tout de suite étudié article par article,
ne soit pas là ce matin parce que là, même si ce n'est pas
l'étude article par article, je suis obligée de me
référer à l'article tout de suite afin de bien faire
comprendre le bien-fondé de cette demande. Je prends l'article 11: "Le
ministre peut, sur demande écrite dune municipalité, autoriser,
pour la période qu'il détermine, que le public soit admis
également en dehors des heures prévues à l'article 2 ainsi
que le dimanche et les jours visés par l'article 3 - ça veut dire
ouvert tout le temps - dans les établissements commerciaux situés
dans une zone touristique sur le territoire de cette municipalité." Vous
conviendrez, M. le Président, qu'avec un libellé pareil, sans que
ce soit accompagné d'un texte... On en a vécu un petit texte
d'accompagnement qui était susceptible de venir modifier des ententes,
mais, là, on n'en a pas Je m'étonne. Les fois où ça
ne serait pas nécessaire d'avoir des petits textes d'accompagnement, on
en a un et les fois où il en faudrait un, il n'est pas là. Je
pense que, là, ce serait nécessaire d'avoir un petit texte
d'accompagnement nous donnant des précisions.
À première vue, c'est ouvrir la porte toute grande. C'est
la grande porte d'entrée vers la libéralisation totale: "sur
demande écrite d'une municipalité, autoriser, pour la
période qu'il détermine..." Allons-y concrètement. Une
municipalité fait la demande au ministre de déclarer sa
municipalité zone touristique. M. le ministre l'accorde. En vertu de
quoi? On ne le sait pas. Mais M. le ministre l'accorde. Qu'est-ce qui
arrive? Toute la municipalité a le droit d'ouvrir ses commerces,
tous ses commerces le dimanche. Libéralisation totale! Je vois
très mal une municipalité ne pas le demander, toute la
municipalité. Je pense à ma petite ville de Saint-Hilaire, par
exemple Je demeure là, je la connais. On va parler de ce qu'on
connaît. C'est une ville qu'on dit touristique. Est-ce que le maire va
couper sa ville en deux? Est-ce qu'il va dire: Un petit quartier touristique
ici et l'autre petit quartier à côté, ça ne le sera
pas? Donc, vous autres, vous avez le droit d'ouvrir le dimanche et l'autre
quartier n'a pas le droit d'ouvrir le dimanche. Il n'y a pas un maire, s'il
veut être réélu, qui va aller présenter une affaire
de même. Ça n'a pas de bon sens "pantoute". (11 h 45)
Si je me réfère à l'article 10 où on dit
"des limites territoriales", si ça ne fonctionne pas pour le
Québec, imaginez-vous si ça va fonctionner dans une
municipalité! Quel quartier on va déterminer zone touristique?
Et, là, la ville d'en face, elle aussi, elle va vouloir l'être!
Elles sont côte à côte, là. Si ça crée
un problème au niveau des provinces, imaginez-vous à
l'intérieur des quartiers d'une municipalité. Allons dire au
maire de Québec que toute sa ville n'est pas une ville touristique.
Puis, allons lui dire dans quel secteur elle est touristique. Allons
défendre ça. II va dire: La ville de Québec, c'est une
ville touristique! C'est bien évident! Donc, on ouvre "at large"
à toute la ville.
Là, Jean Doré se vire de bord, puis dit: Bien, moi aussi,
ma ville, Montréal, c'est une ville touristique. Ce sont des villes qui
attirent le touriste. Alors, on ouvre, on libère. Eux, en étant
libérés, la municipalité aux limites territoriales...
C'est prévu dans la loi, dans l'article 10. J'y reviendrai. Je peux vous
le lire tout de suite: "Le ministre peut, sur demande écrite d'une
municipalité située près des limites territoriales du
Québec, autoriser, pour la période qu'il détermine, que le
public soit admis également en dehors des heures prévues à
l'article 2" et ainsi de suite. C'est encore le ministre qui va le
déterminer, sur demande écrite d'une municipalité. Il n'y
a pas une municipalité qui ne la demandera pas, sauf peut-être une
petite munici palité. Lorsqu'on connaît les dossiers touristiques
un peu, puis qu'on travaille à amener le touriste en région, puis
qu'on voudrait le déconcentrer, le tourisme... On veut bien que
Montréal, puis Québec gardent les touristes deux ou trois jours,
mais on voudrait bien qu'après ça ils trouvent les moyens de nous
les envoyer en région un petit peu, hein? C'est normal qu'on en profite,
nous autres aussi. Alors, c'est tout le Québec qui va devenir
région touristique.
Au moins, dans le libellé de la loi de 1984, on parlait tout de
même de régions touristiques Là, on réduit ça
au niveau des municipalités Voyez-vous grossir le problème? Plus
on diminue les centres, puis le problème va grossir, parce que,
là, on se confronte à d'autant plus de limites territoriales. On
s'embarque dans le plus beau guêpier, la plus belle trappe Moi, je le
vois comme une trappe, mais je ne pense pas que ce soit une trappe. Je pense
que c'est bien voulu; d'après moi, ça devient évident,
c'est la première étape vers la libéralisation totale des
commerces le dimanche. Et c'est ça que je n'accepte pas, M. le
Président.
Si, au moins, on avait eu la franchise de dire: On veut
libéraliser, mais on va y aller mollo, là, pour essayer de ne pas
choquer trop de monde, puis de ne pas avoir trop de levées de boucliers
on va y aller par étapes, l'étapisme, bien, au moins, ça
aurait été honnête, puis franc. Mais, là, on le
découvre en fouillant. Là, on peut dire: Vous nous faites un
procès d'intention, ce n'est pas ça. Écoutez, là,
ce n'est plus au niveau du procès d'intention. C'est tellement cousu de
fil blanc avec un libellé pareil, sans normes précises nous
disant: Cette zone-là sera une zone touristique à
l'intérieur de la ville et pour des raisons précises. Quelles
sont ces raisons?
Combien de temps? Il y a, je pense. Dans les centres de ski, ce n'est
pas les mêmes dates. À quelle date on va ouvrir? Est-ce que
ça a été prévu? Est-ce que les demandes sont
entrées? Comment on va se débrouiller dans tout ce brouhaha dont
je prévois la complexité, puisqu'on a ajouté "sur demande
écrite"? Puis, là, on met les municipalités dedans,
par-dessus le marché. Là, je ne peux pas m'empêcher de
dire: On refile encore une fois la patate chaude aux municipalités. On
leur a refilé des responsabilités sans leur donner l'argent qui
allait avec, on permet aux commissions scolaires d'aller fouiller dans le champ
foncier, vous connaissez tous cette histoire-là; ça se discute
encore, d'ailleurs, en commission.
Mme Caron: Bâillon.
Mme Dupuis: Ah! ils se sont fait bâillonner. Bon On sait
comment le gouvernement actuel traite les municipalités. Bien, encore
là, ils s'en servent encore. Sur une demande écrite d'une
municipalité, le ministre va autoriser, pour la période qu'il
détermine. Ce n'est pas nous autres! C'est la municipalité qui
nous l'a demandé. On ne peut pas dire non à une
municipalité. Voyez-vous, le blâme, sur qui ils veulent le faire
porter, hein? L'abdication devant ses responsabilités, est-ce que
ça peut être plus évident?
Je relis l'article 10: "Le ministre peut, sur demande écrite
d'une municipalité située près des limites territoriales
du Québec, autoriser, pour la période qu'il détermine, que
le public soit admis également en dehors des heures prévues
à l'article 2 ainsi que le dimanche et les jours visés par
l'article 3 dans les établissements commerciaux situés sur le
territoire de cette municipalité. "Le ministre, aux fins de donner
son
autorisation, tient compte des heures et des jours d'admission du public
dans les établissements commerciaux situés dans les zones
adjacentes au territoire de la municipalité qui a fait la demande."
Voilà. C'est clair. Il va tenir compte, lorsqu'il va donner sa
permission ou son refus... Mais pas question de refus là-dedans parce
que c'est évident: "aux fins de donner son autorisation", il n'a pas dit
sa décision s'il va autoriser ou s'il n'autorisera pas. Ça va
aller de soi, c'est automatique. La municipalité demande une
autorisation, se fait déclarer zone touristique, c'est automatique, elle
l'a.
Mais il n'y a rien qui nous le dit, M. le ministre. Vous me faites signe
que non, je veux bien vous croire. Mais il faudrait peut-être que le
ministre du Tourisme vienne nous le dire. Vous ne pensez pas? C'est
écrit? Vous trouvez, vous, que c'est écrit, là? Quelle
zone va l'être dans Québec? Quel quartier de Québec? En
vertu de quoi? Le Vieux-Québec va être zone touristique? Autour du
parlement? Mais il y en qui vont faire... Oui, c'est vrai, effectivement, on en
a, du tourisme, en avant, depuis quelque temps.
Ce que je trouve encore pire, c'est que le ministre du Tourisme... Je le
défends un petit peu, parce que, en passant, je suis critique officielle
en matière de tourisme. Ce n'est pas que je ne veuille pas
défendre le tourisme! C'est mon dossier. Mais on ne peut pas se servir
du tourisme pour libéraliser "at large" les commerces le dimanche. C'est
de l'hypocrisie, ça. C'est quoi? C'est se servir des autres, parce qu'on
n'est pas capable d'être assez franc pour le dire soi-même. En plus
de lui couper ses budgets, pauvre ministre du Tourisme, on se sert de lui, on
appelle ça par la bande. Vous avez joué au hockey, messieurs? Un
but par la bande, c'est ça. Là, on va se servir des
municipalités, on va se servir du tourisme pour compter par la bande,
hein? Au "pool", vous êtes habitués, les hommes, là-dedans?
Moi, je n'ai pas joué, mais je vous ai vus assez faire pour savoir que
vous êtes forts là-dessus. Au billard! Vous êtes forts
là-dessus, les gars, par la bande. Là, je le vois. Là, je
le vois, de plus en plus, que c'est un monde d'hommes, ça, puis avec des
tactiques d'hommes, des sports d'hommes, hein? Par la bande! Allons-y, les
petits gars, il n'y a rien de trop beau!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Avec Maurice Richard, en plus.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! Mme la députée, il ne faudrait pas
prêter aux hommes des intentions inutiles. Vous savez...
Mme Dupuis: Je ne leur prête pas d'intention, je
constate.
Le Président (M. Bélanger): ...c'est tellement
fragile pour nous, il faut toujours faire attention pour ne pas attaquer de
quelque façon les femmes, il ne faudrait pas nous rendre la pareille de
l'autre bord.
Mme Dupuis: Je m'explique, M. le Président. Je ne veux
surtout pas les attaquer. Il n'y a rien que je trouve plus beau qu'une partie
de hockey, puis un beau but compté par la bande.
Mme Blackburn: Un beau gars.
Mme Dupuis: J'allais dire un beau gars, mais ce n'est pas
ça que j'ai dit, j'ai dit "Un beau but".
M. Jolivet: Un beau "goal".
Mme Dupuis: Là, on se sert du ministre du Tourisme. Qu'on
s'en serve, je veux bien, mais qu'on lui donne, M. le ministre, au moins la
chance de venir ici pour s'expliquer, puis nous dire si son projet est fait et
nous donner des précisions à cet effet. Je pense que c'est une
demande tellement légitime qui aurait même dû aller de soi
afin qu'on n'ait même pas à faire cette demande. Je
répète pour l'information de M. le ministre, qui a dû
s'absenter pour des raisons qui sont sûrement très valables, que
c'est tellement évident...
M. Jolivet: II est allé écouter le discours du
chef.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: En cachette.
Mme Dupuis: Je disais tantôt, justement, qu'il y a eu une
motion à l'effet d'aller écouter le discours. Ça touche un
peu à ça, c'est que j'ai fait une allusion aux annexes.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
On écoute Mme la députée de Verchères. S'il vous
plaît!
Mme Dupuis: Je pense que deux petites feuilles brochées
avec le projet de loi, ça aurait eu sa raison d'être pour une
fois, une petite annexe au projet de loi nous démontrant et
précisant d'une façon claire les politiques du ministre du
Tourisme dans ce sens. Comme l'annexe n'y est pas, sans vouloir vous faire un
procès d'intention, vous comprendrez que, pour moi, ça devient
clair qu'aussitôt qu'une municipalité en fait la demande, c'est
automatique, elle l'a. Ça n'a aucun sens. Pour quelqu'un qui veut
vraiment garder une qualité de vie au Québec et qui veut, d'autre
part, parce que j'ai le dossier du tourisme, respecter cette industrie
touristique qui a besoin d'ouvrir dans un plus large éventail d'heures
et d'ouvrir le dimanche pour répondre
aux demandes des touristes... C'est une industrie lucrative. Ça
fait entrer de l'argent au Québec, il n'y a pas de problème
là. Mais il faudrait peut-être que les besoins de cette industrie
ne deviennent pas, M. le ministre, un tour de passe-passe pour ouvrir les
commerces sept jours par semaine.
L'application de ça va devenir d'une complexité qui va
amener des amendements et des amendements. Après qu'une zone sera
déterminée zone touristique, Montréal au complet,
Québec au complet - ça me fait peur juste à y penser -
qu'est-ce qu'on va faire? Ça ne se retire plus. De plus en plus on veut
développer le tourisme au Québec. De plus en plus on va avoir des
zones qui vont vouloir être déclarées région
touristique. C'est toute la région qui va le demander, M. le ministre.
On ne s'en sort plus. Là, si toutes les régions ne le demandent
pas ou toutes les municipalités, elles vont le demander, pas en vertu du
tourisme, mais en vertu de l'article 10 qui parle "des limites territoriales du
Québec". C'est marqué "du Québec", mais en vertu de quoi?
Si on respecte les limites territoriales du Québec, on ne respectera pas
les limites territoriales d'une municipalité.
Vous comprendrez, M. le ministre, qu'il va de soi que le ministre du
Tourisme... D'ailleurs, on l'a vu ce matin en Chambre. Des fois, il fait du
tourisme en région et il n'est pas toujours là, mais, là,
il était là, à ma grande satisfaction. Donc, ce n'est pas
de faire venir un groupe au complet, là! On ne l'a pas encore entendu,
M. le ministre. On ne peut pas dire que ça fait plusieurs fois qu'il est
venu en commission et tout. Il est dans la bâtisse. Je pense qu'il n'y a
aucune raison valable pour que le ministre ne participe pas aux travaux de la
commission, de un. Et, plus que ça, je pense que c'est son devoir
d'être là et de donner des éclaircissements, tous les
éclaircissements nécessaires et, s'il ne peut pas, de dire quand
il va être capable de nous les déposer, quand les demandes qu'il
recevra seront tractées, comment, et tout ça. (12 heures)
J'ai parlé de la notion de lieu, de la notion de temps. On a dit
en commission, précédemment, que le ministre, par son projet de
loi, en donnait plus que ce que le client demandait. J'ai une lettre ici, moi,
de la corporation municipale du village de Saint-Sauveur-des-Monts. Tout le
monde sait que c'est une région touristique. C'est une de nos plus
belles régions qui demande, ici, d'ouvrir les commerces du 15 juin au 15
septembre 1990, c'est-à-dire la période qu'elle juge
nécessaire pour répondre aux demandes du tourisme et aider ou
favoriser cette industrie. "En vertu de l'article 5.3 de cette loi - j'ai la
lettre ici, signée par M. Gérald Tremblay - il me fait plaisir de
vous confirmer mon autorisation, et ce, du 1er juin au 30 septembre." Le client
demande le 15 juin, on lui donne à partir du 1er. Le client demande
jusqu'au 15 septembre, on lui donne jusqu'au 30. Un mois. Si ce n'est pas,
ça, en donner plus que ce que le client demande, M. le ministre, et
même plus...
Là, vous voyez, les heures d'ouverture, on les allonge le matin
et on les allonge le soir. On fait la même chose pour les périodes
d'ouverture pour la saison touristique. Et, là, vous n'allez
sûrement pas croire que je suis assez naïve pour ne pas penser qu'on
va faire le même traitement au niveau du lieu! Si on le fait pour le
temps, on va le faire pour les lieux, c'est la même chose. On va ouvrir
dans un quartier et on va ouvrir l'autre bord. Là, on va toucher l'autre
municipalité. Ça fait que, là, voyez-vous comment
ça va se rejoindre, tout ça? J'ai une municipalité, j'ai
l'autre municipalité. Là, l'autre, c'est en
périphérie. C'est la zone limite. Il va se créer des
petites zones tampons, un petit corridor, trois ou quatre magasins qui, eux, ne
pourront pas ouvrir. Ça n'a pas de sens!
C'est évident que ce projet de loi est la porte ouverte - il n'y
en a pas juste une - peut-être la deuxième grande porte vers la
libéralisation totale des heures d'ouverture le dimanche. Et je ne
voudrais surtout pas qu'on aille me prêter des intentions et dire que je
défends mal le tourisme. Ce n'est pas ça. Qu'on m'amène
des chose précises. Je pense même que j'aurais aimé que le
ministre soit déjà là pour entendre mon argumentation que
je vais être obligée de lui refaire, de toute façon,
à un moment donné. Quand est-ce qu'on va savoir que ça va
être déposé, ça? Est-ce qu'il va y avoir quelque
chose de déposé? Comme il n'y a rien, aucune annexe - je me
répète - on est porté à croire que,
automatiquement, la municipalité qui va le demander, va l'avoir.
Alors, j'espère que ma demande est tellement légitime,
plus que légitime, que c'est son devoir d'être la pour
répondre à tout ça et déposer les documents, s'ils
sont bâtis. Je suis tellement certaine que le ministre va répondre
par l'affirmative que je pense que mes collègues n'auront même pas
à intervenir et je vous remercie, M. le Président.
Le Président
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la
députée de Verchères. Peut-être pas vos
collègues, mais, moi, je vais me permettre d'intervenir. Et je vous
remercie, parce que votre intervention prouve, hors de tout doute... Ce que
vous avez fait comme exercice, c'est comme si nous étions à
l'étude article par article et que nous en étions aux articles
10, 11 et 12 du projet de loi. Un bel exemple de bonification de cette
loi-là, effectivement. Si nous nous reportons à ce qu'on appelle
la loi de 1984, le seul article qui traitait de la zone touristique, c'est le
5.3. Et je vais vous lire la partie de l'article 5.3. "Le ministre peut
autoriser des établissements commerciaux à exercer leurs
activités
pendant des périodes où ces activités sont
interdites par la présente loi lorsque ces établissements sont
situés dans une région touristique ou près des limites
territoriales du Québec ou lorsque se produit un événement
spécial tel un festival, une foire, un salon ou une exposition."
Ça, c'est l'article 5.3.
C'est donc dire que le ministre, dans ce qu'on pourrait appeler,
jusqu'à maintenant, pas l'ancienne, mais la loi actuelle, non pas dans
le projet de loi, avait toute la latitude, sans consultation, saris
vérification auprès de son collègue ou de sa
collègue responsable du milieu touristique, de tout simplement
émettre la possibilité d'ouverture dans certaines zones.
J'ai eu le privilège, je dis bien, de rencontrer une cinquantaine
de groupes il y a un an et demi, au-delà de 84 groupes il n'y a pas
longtemps en commission parlementaire. Le dossier des zones touristiques n'a
pas porté à critique. Lorsqu'il a porte à critique,
ça a toujours été sur les critères dans lesquels le
ministre pouvait aller puiser pour dire oui ou non et ça a toujours
été dans le sens de dire assez clairement: Comment se fait-il
qu'il n'y ait que le ministre qui soit obligé ou rien que le ministre
qui ait la responsabilité de dire oui ou non et où sont les
critères à l'effet qu'il puisse donner son accord ou son
désaccord? La loi n'avait aucune précision à ce
niveau-là. La loi traite uniquement de ça à l'article 5.3
et on voit clairement que, là, il y a vraiment une latitude beaucoup
trop grande au niveau du ministre titulaire du ministère de l'Industrie
et du Commerce, non pas du ministère du Tourisme. Or, dans le projet de
loi, on dit d'une façon très claire, aux articles 10, 11 et 12:
Le ministre de l'Industrie et du Commerce, oui, sera le maître d'oeuvre,
mais devra automatiquement faire une vérification auprès du
ministre du Tourisme. Et, plus que ça, on dit que le ministre du
Tourisme devra, effectivement, aller faire une vérification sur le
terrain pour les zones.
Votre inquiétude fondamentale était, d'une part, de dire:
Comment ça se fait que le ministre... Qui nous prouve... et sur quoi se
base le ministre pour émettre une permissibilité? En même
temps, vous dites: Une municipalité ne prendra pas sur elle de
fractionner sa ville. Un bel exemple que vous avez situé, c'est la ville
de Québec qui, actuellement, profite de ce type d'exemption de la part,
pas seulement du ministre actuel, des ministres de l'Industrie et du Commerce
qui se sont succédé. La rue Saint-Jean en est un bel exemple. Pas
la ville de Québec, la rue Saint-Jean. Le coin de la rue Saint-Jean est
une zone touristique reconnue. C'est identifié. Vous pouvez aller chez
Aldo, entre autres, vous acheter des souliers le dimanche parce que c'est une
zone identifiée comme zone à caractère touristique, mais
pas la ville de Québec. Que ça ait été M. Jean
Pelletier ou M. L'Allier, je suis convaincu que l'ensemble du conseil municipal
de la ville de Québec n'a pas demandé - et ça n'a pas
été le cas non plus - au ministre de l'Industrie et du Commerce:
Décrétez donc l'ensemble du territoire de la ville de
Québec zone touristique - elle l'est déjà, zone
touristique -pour des fins de vente, de commerce au détail, les
dimanches, en dehors des heures. Ça n'a pas été le cas.
Ils ont ciblé une zone, entre autres, qui est la rue Saint-Jean et c'est
le cas actuellement, et c'est le cas depuis plusieurs années.
Alors, ce que l'on met dans le projet de loi, c'est que,
dorénavant, pas seulement le ministre de l'Industrie et du Commerce
devra statuer là-dessus, mais le ministre du Tourisme aussi. Là,
je complète ma pensée en disant: On est en train de faire, au
moment où l'on se parle, vous et moi, exactement une étude
article par article. Je vais vous confirmer ça encore plus parce
qu'éventuellement, le jour où on arriverait, si ça se
produit et je l'espère, à l'article 11, il y a un amendement, un
amendement que je vais me permettre de vous lire immédiatement, qui va
encore plus baliser exactement dans le sens dont vous parliez, Mme la
députée de Verchères, exactement dans le sens d'être
encore plus certain qu'il y a un contrôle sur l'émission et que ce
n'est pas une machine distributrice, les zones touristiques.
M. Jolivet: M. le Président, je m'excuse. Est-ce que vous
annoncez, au nom du gouvernement, un amendement qu'on ne connaît pas?
Le Président (M. Richard): Que vous ne connaissez pas,
effectivement.
M. Jolivet: O.K. C'est correct. C'est parce que le ministre en
annonçait deux, ce serait un troisième.
Le Président (M. Richard): Oui, mais nous n'avons pas de
cachette à ce niveau-là. Ce que l'on vous dit depuis...
Mme Marois: Est-ce qu'on pourrait avoir les autres, M. le
Président?
Mme Blackburn: Est-ce qu'on peut avoir les autres?
Mme Dupuis: Est-ce que vous en avez à d'autres
niveaux?
Mme Marois: Avez-vous d'autres amendements?
M. Jolivet: Est-ce que vous avez les mots "en tout temps"?
Le Président (M. Richard): Je m'excuse. Une voix:
Vous ne voulez pas comprendre.
Le Président (M. Richard): J'interviens à la suite
de Mme la députée de Verchères et sur un domaine
très spécifique où elle-même, aux articles 10, 11 et
12, a été très spécifique et a posé des
questions sur les articles 10, 11 et 12. Et son interrogation, très
valable en passant, disait: On manque de sécurité et on a peur
que ce soit un élargissement camouflé, et que ce soit tous
azimuts. Ce n'est pas le cas en partant de la comparaison entre l'article 5.3
du présent projet de loi et le projet de loi que nous avons sur la
table. Déjà, dans les articles 10, 11 et 12 du projet de loi, il
y a une nette amélioration comparativement à l'article 5.3 au
niveau des contrôles. Dans l'amendement, on en ajoute, on spécifie
et on clarifie exactement dans le sens que Mme la députée de
Verchères disait tantôt: Le ministre du Tourisme, de quelle
façon il va se situer ou se positionner?
Il y aurait un ajout à l'article 11 du projet de loi.
Premièrement, insérer, dans la première ligne du premier
alinéa, après le mot "municipalité", le mot "locale" - de
façon que ce soit vraiment, d'une façon très
spécifique, ceux qui devraient être éventuellement
touchés - et, dans la deuxième ligne du même alinéa,
après le mot "période", les mots "et la zone". Pas juste des
périodes, pas juste la durée, mais aussi, avec le plus de
précision possible, le "bloc", l'espace de terrain où ça
va se situer, de façon que ce ne soit pas, comme vous le disiez si bien,
flexible et élastique, que la zone soit bien
spécifiée.
Deuxièmement, remplacer les deuxième et troisième
alinéas par le suivant: "Avant d'accorder cette autorisation, le
ministre demande l'avis du ministre du Tourisme quant au caractère
touristique - il va falloir prouver qu'il y a vraiment un caractère
touristique et c'est exactement dans le sens de votre interrogation - de la
zone et quant à la période visée dans la demande."
Pourquoi demandez-vous un mois? Pourquoi deux mois? Actuellement, le
problème, vous l'avez très bien prouvé vous-même par
une lettre ministérielle de M. Tremblay, le ministre de l'Industrie et
du Commerce. L'article 5.3 ne donne pas du tout de balises au ministre,
d'aucune façon. Il a tout le loisir et la latitude de donner un mois,
deux mois, trois mois, selon les recommandations qu'il a. Mais d'où
viennent-elles, les recommandations? Oui, on est en mesure de s'interroger,
mais, dans le projet de loi, on lui dit d'une façon très claire:
II faudra que tu nous prouves que les personnes qui touchent vraiment ce
domaine spécifique et qui savent vraiment c'est quoi l'implication,
après vérification, puissent nous dire: Oui, c'est une zone
touristique, oui, c'est cette zone-là, oui, le monde municipal est
d'accord par résolution, par demande officielle.
Je pense que c'est un bel exemple du travail qu'on aura à faire
à l'étude article par article et vous avez touché
exactement, entre autres, les articles 10, 11 et 12 comme articles qui prouvent
que le travail majeur que nous allons faire, c'est un bel exemple du travail de
bonification de la loi, si on fait une comparaison avec 1984 où, je suis
tout à fait d'accord avec vous, il n'y avait carrément pas de
précision au niveau du ministre et des critères qu'il devait
mettre de l'avant pour nommer ou délimiter des zones touristiques sur le
territoire du Québec.
M. Jolivet: M. le Président..
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Verchères, vous aviez des commentaires.
Mme Dupuis: Oui, j'aurais une question à poser à M.
le Président...
M. Jolivet: En vertu de l'article 113, c'est à vous, mais
vous me donnez la permission.
Le Président (M. Richard): Oui, il n'y a aucun
problème, allez-y en vertu de n'importe quel numéro.
M. Jolivet: O.K.
Mme Dupuis: D'accord
Mme Marois: Est-ce qu'on peut continuer comme ça ou si on
arrête la commission?
Mme Dupuis: Au moment où...
Le Président (M. Richard): L'important, c'est de le faire
poliment.
Mme Marois: Vous savez que c'est toujours mon cas, M. le
Président.
Mme Dupuis: Je pense que c'est très clair que
l'idée n'était pas d'étudier tout le suite le projet de
loi article par article.
Le Président (M. Richard): J'avais compris.
Mme Dupuis: C'était de sortir tous les arguments afin de
convaincre le ministre de nous emmener ici son collègue, le ministre du
Tourisme.
Le député de Nicolet-Yamaska nous annonce que,
effectivement, il y a un amendement, M. le Président, mais, là,
je ne peux me satisfaire de l'amendement parce que, là, c'est un
amendement sur une chose. Je n'ai pas parlé des foires, des salons
d'exposition, de festivals et tout ça. L'amendement ne répond
pas, forcément, à toutes mes questions et je ne voudrais pas,
c'est clair, que l'amendement remplace le ministre. Je ne peux pas être
plus claire.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Richard: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Richard: ...je pense que votre interrogation est correcte. Ce
qu'on vient de faire tous les deux, comme représentants du gouvernement,
c'est exactement le travail qu'on devra faire lors de l'étude article
par article. À l'étude article par article, vous allez arriver,
éventuellement, vous, j'imagine, et dire directement à M.
Tremblay, le ministre de l'Industrie et du Commerce: Bon, voici, au niveau des
foires, de quelle façon c'est balisé, là-dedans? Et c'est
comme ça qu'on bonifie la loi. Vous savez, c'est comme ça... (12
h 15)
Mme Dupuis: Mais, là, vous comprendrez que...
M. Richard: ...qu'on la rend meilleure, c'est notre travail de
parlementaires.
Mme Dupuis: ...quand on va me répondre, parce qu'il y a
des chances qu'on me réponde: Oui, mais ça, ça
relève du ministre du Tourisme, ça va bien, on lui lance la
balle. J'aimerais ça que l'autre soit là; là, il le faut!
Ce n'est pas demain, il faut qu'il soit là. Je n'insisterai jamais
assez: II se doit, c'est même son devoir d'être là, puis, si
vous ne voulez pas que je le lui reproche en Chambre, il serait aussi bien
d'être là!
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): M le
député de Laviolette.
M. Jolivet: ...en vertu de l'article 213, j'aimerais poser une
question qui va être en quelques volets. Je m'excuse de la poser comme
telle, mais je sais que le député va la comprendre comme il le
faut. Ma collègue vient de dire, comme elle l'indique, qu'on pourrait
même baliser par un amendement notre motion en disant que, pour
l'étude des articles qui concernent le ministre du Tourisme, il soit
présent et, pour tous les autres, qu'il ne soit pas obligé
d'être là, ça va être une chose.
Maintenant, j'aimerais savoir, la loi dont vous pariez, qui est la loi
actuelle, elle est de 1984, vous en conviendrez?
M. Richard: C'est exact.
M. Jolivet: À ce moment-là, le ministre, M Biron,
que vous citez souvent vous vous en souvenoz fort probablement - était
ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme...
M. Richard: C'est exact.
M. Jolivet: ...à cette époque. Alors, nous avons pu
le questionner sur ses intentions comme ministre du Tourisme, il était
présent. Est-ce que vous ne croyez pas que, compte tenu que,
aujourd'hui, il y a une dichotomie et qu'il y a un ministre du Tourisme, il
serait normal qu'on le questionne sur les intentions qu'il a de mettre en
pratique, même avec les amendements que vous allez nous présenter,
les articles qui le concernent dans le projet de loi? Et je pense que c'est en
toute logique qu'on devrait demander ça. Je vous la pose, la question:
Est-ce que vous ne croyez pas qu'il serait normal qu'il soit là, comme,
à l'époque, le ministre du Tourisme était
présent?
M. Richard: Si vous le permettez, M. le Président, dans
votre interrogation, je pense qu'il y a un fond qui est correct, tout a fait
correct C'est vrai que M. Biron, à l'époque, était
titulaire du double ministère, sauf que, dans la loi avec laquelle il
travaillait, ça lui donnait tout simplement une double
problématique...
M. Jolivet: Ah! ça, on regardera ça...
M. Richard: ...parce que je pense que vous êtes d'accord
sur ça, là: il n'y avait carrément pas de précision
dans l'article 5.3.
M. Jolivet: Ce n'était pas sur ça que j'en
avais.
M. Richard: Dune part.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Richard: Deuxièmement, votre interrogation - je la
comprends très bien - c'est de dire: Lorsque nous serons arrivés
aux articles 10, 11 et 12, qui sont les articles qui touchent le ministre du
Tourisme, que, éventuellement, il y ait une possibilité que M.
Vallerand, qui est titulaire de ce ministère-là, soit ici. Ah!
bien, c'est très possible. Écoutez, ça, moi,
personnellement, je n'ai aucune objection et je serai peut-être le
premier à demander à notre collègue de faire venir le
ministre, M. Vallerand, lorsque nous serons à l'étude qui le
touche, aux articles, entre autres, que vous avez très bien
spécifiés, Mme la députée de Verchères - je
pense qu'il y a un fond d'honnêteté dans ce que vous dites,
là - mais au moment où nous toucherons ces articles-là
dans l'étude du projet de loi article par article. Parce qu'il
n'apparaît pas à l'article 1, il n'apparaît pas à
l'article 2; dans son dossier, là où il y a une
référence de consultation et d'approbation, c'est aux articles
10, 11 et 12 Alors, je suis tout à fait d'accord avec le
député de Laviolette à co niveau-là, tout à
fait. Alors, ce n'est pas impossible. Ce n'est carrément pas impossible
et c'est très logique, je pense, qu'il en soit fait cas aux articles 10,
11
et 12.
M. Jolivet: O.K. Une voix: Bon.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Oui. Merci, M. le Président Je remercie,
d'ailleurs, le député de Nico-let-Yamaska. Il semble faire preuve
de beaucoup d'ouverture et je trouve que ça rend toujours les travaux
des commissions parlementaires plus faciles, dans le fond, lorsqu'on est
capable de faire ce type d'échange avec toutes la souplesse et toute
l'ouverture. Je vois qu'il nous dit qu'il serait prêt à envisager
la possibilité de recevoir et d'entendre ici le ministre du Tourisme au
moment où on abordera une question qui le concerne au premier chef.
Je pourrais peut-être continuer après, avec la permission
du ministre; si notre ministre me permet une question, ensuite je pourrais pour
suivre mon intervention. Selon certaines informations qui me sont parvenues, on
prétend que le ministre du Tourisme n'aurait pas été
informé de la responsabilité qu'on lui confiait dans cette loi.
Il se dirait en désaccord avec cette responsabilité. Est-ce que
c'est juste?
M. Tremblay (Outremont): Non Je pense que votre affirmation n'est
pas fondée.
Mme Blackburn: Non, ce n'est pas une affirmation; c'est une
question. M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Une affirmation que quelqu'un vous a
faite. La réponse, c'est non. Il a été consulté
à plusieurs reprises et la disposition est en partie, mais pas
uniquement à sa demande, parce qu'il y avait d'autres décisions,
et il est entièrement d'accord. Comme le député de Nicolet
le mentionne, lorsqu'on sera article par article, pour vous rassurer ou, si
vous en sentez le besoin, pour clarifier, bonifier comme vous voulez cet
article-là, je n'ai aucun problème.
Je veux juste profiter de cette intervention pour mentionner qu'il y a
des petits amendements mineurs, des amendements de concordance, des amendements
qui bonifient le projet de loi. C'est dans ce sens que, moi, je pensais que
c'était ça qu'on ferait. Mais les seuls amendements de fond... Et
c'est pour ça que j'ai pris le soin de les annoncer lorqu'on a
passé à l'adoption du principe; je voulais que ce soit clair pour
tout le monde. Je voulais que tous les intervenants aient encore une fois
l'opportunité de faire valoir leur point de vue en fonction des
amendements de fond. Mais ces amendements de fond, c'est très clair et
nos positions sont aux extrêmes
Alors, ce que je dis, c'est que, là-dessus, la position du
gouvernement est claire: passons plus rapidement à l'analyse du projet
de loi pour, si on le peut, bonifier le projet de loi et rassurer tous les
intervenants à l'effet que l'intention du législateur, ce n'est
pas d'ouvrir cette porte pour permettre à toutes les zones touristiques
ou même à des zones qui ne seraient pas dites touristiques
d'ouvrir; ce n'est pas l'intention du tout, du tout, du tout.
Mme Blackburn: M. le Président, pour reprendre les propos
du ministre qui donne la raison pourquoi il a déposé ces
amendements de fond en disant: On pensait qu'on pourrait bonifier à la
lumière des amendements mineurs qui sont apportés, dont un par le
député de Nicolet-Yamaska, le vrai problème, c'est que
précisément les amendements de fond qu'il nous apporte, ça
nous apparaît largement insuffisant. Je pense bien que le ministre a
compris que l'écart entre sa position et le fait qu'il refuse
jusqu'à ce jour de bouger dans une direction qui nous apparaît
davantage conforme aux v?ux de la population de Québec, bien,
là, évidemment, ça explique tout le reste. Je pense que je
peux le dire au nom de mes collègues ici - la porte-parole, je suis
convaincue d'avance qu'elle va endosser mes propos: Si jamais le ministre
décidait, au cours des prochains jours, de bouger dans la direction
qu'on lui a indiquée depuis qu'on est là, ça ne serait pas
trop long qu'on s'assoirait. M. le ministre, si vous décidiez de bouger
dans la direction qu'on souhaite que vous preniez, que souhaite la population
du Québec, nous pourrions très rapidement passer à
l'étude article par article et disposer do cet exercice dès
aujourd'hui.
Mais, si on fait le travail qu'on fait là, ce n'est pas pour le
plaisir de le faire - il fait beau dehors, on irait peut-être dîner
sur une terrasse - c'est vraiment parce que nous estimons de notre devoir et de
notre responsabilité d'essayer d'infléchir votre décision
de manière à rendre compte de la réalité
québécoise qui vous dit: M. le ministre, vous faites une erreur.
C'est exclusivement ça. Dès que le ministre donnera une petite
indication, un signal qu'il est en train de bouger, je peux lui dire, je pense
bien, en notre nom à tous et toutes, qu'on va rapidement travailler
à bonifier le projet. On l'a déjà dit à quelques
reprises d'ailleurs, là, je le répète.
En ce qui a trait à la motion qui est sur la table, je suis
heureuse de voir qu'on est en train de bouger dans la bonne direction. Moi,
là-dessus, je ne fais pas de bataille inutile, je pense qu'il y a
là-dedans un bon mouvement. À présent, l'article me
questionne sous un autre angle, m'inquiète et m'intrigue aussi.
Évidemment, c'est plus sur le fond, parce qu'on dit: "On entend par
"zone touristique" une zone désignée
par arrêté du ministre du Tourisme à la demande de
la municipalité. " Encore une fois, on met en tutelle les
municipalités. Ça, je trouve que c'est ordinaire. Je me demandais
s'il n'y aurait pas lieu de s'interroger sur la présence et sur la
volonté du ministre des Affaires municipales de fonctionner de cette
façon. Très sérieusement, mais ça se pose.
M. Tremblay (Outremont): Oui, comme le ministère du Revenu
pour la taxation, puis les finances.
Mme Blackburn: Ça se pose comme question. Le ministre des
Affaires municipales pourrait peut-être nous dire comment les
municipalités reçoivent les nouvelles fonctions qu'on veut passer
aux municipalités: celle de la surveillance, celle de s'assurer que la
loi est appliquée et respectée, celle de lever des amendes au
besoin. Est-ce que les municipalités sont d'accord avec ça?
Est-ce qu'elles en veulent? Là, je vois une madame, qui est certainement
à la recherche, qui me fait des grands signes de tête: Oui. Il
serait peut-être intéressant d'entendre le ministre
là-dessus. Là...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Et, là, je le dis en toute
simplicité et certainement avec une certaine naïveté: Je
n'en ai pas parlé à mes collègues avant, mais du moment
où on se dit - et vous êtes d'accord avec ça - que le
ministre du Tourisme, il serait important qu'il soit ici, je le pense, à
plus forte raison, pour celui des Affaires municipales parce qu'il y a
plusieurs de ces articles-là qui le concernent. Alors, moi, en ce qui a
trait à la proposition, à la motion qui est déposée
par ma collègue, la députée de Verchères, je suis
tout à fait d'accord. Je le dis tout de suite. Je n'irai pas plus loin
que ça: pour vous prouver que, là-dessus, je ne travaille pas de
mauvaise foi, je ne prendrai pas les 10 minutes qui me sont imparties. Je vous
dis qu'avec l'ouverture que vous semblez vouloir faire je suis tout à
fait d'accord. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Richard: Mme la députée de Chicoutimi fait
allusion au monde municipal. Maintenant, oui, vous avez raison de dire qu'il
peut y avoir une inquiétude avec le monde municipal en fonction des
pénalités, en fonction de l'application de la loi, en tout cas,
au moment où on se parle. Ce n'est sûrement pas le cas à
travers le Québec. Il y a des municipalités qui,
déjà, nous ont signifié qu'elles étaient
intéressées parce qu'elles ont déjà un
système de vérification avec leurs policiers et bon. Certaines
autres municipa- lités, non, elles sont réticentes, certaines
petites municipalités où il n'y a pas de corps de police, par
exemple, en tout cas, à ce niveau-là, oui. Maintenant, au niveau
plus spécifiquement des zones touristiques, on ne leur transfère
pas une responsabilité nouvelle, par contre. Pour aller dans le sens de
la motion, on parle du côté touristique. Du côté
touristique, on ne leur transfère pas une responsabilité parce
que ça va de soi que le monde municipal qui, déjà, est en
charge de son zonage, en charge de ses...
Une voix: Oui.
M. Richard:... limites et de sa réglementation,
automatiquement, c'est inhérent à ses responsabilités
d'avoir la charge de déterminer quelle sera la zone à
caractère touristique ou pas. Or, déjà là,
ça fait partie de leur mandat, je dirais, et de leurs
préoccupations. Si on a une interrogation dans le sens où vous
parliez, Mme la députée de Chicoutimi, ce serait dans le sens
beaucoup plus...
Mme Blackburn: Des contrôles.
M. Richard:... de l'applicabilité de la loi, de
l'application de la loi. Mais, au niveau de la responsabilité de dire
qu'on les entrerait directement comme un peu responsables, pas rien qu'un peu,
responsables dans le geste de faire la demande, dans le geste aussi de bien
baliser la zone, comme on y ajoute le ministre du Tourisme, je pense que c'est
correct. Elles ne demandent pas mieux que ça, j'en suis convaincu, au
niveau municipal.
Mme Blackburn: Oui.
M. Richard: Ça fait partie, en fait, de leur travail de
déterminer ces zones-là. Mais c'est au niveau...
Mme Blackburn: Oui.
M. Richard:... des amendes, je suis d'accord avec vous, qu'il
peut y avoir une interrogation via le monde municipal pour l'application. Par
contre, on se garde, nous, la possibilité de l'appliquer comme
ministère.
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
je vous demanderais de diriger...
M. Richard: Oui.
Le Président (M. Bélanger):... vos
interventions...
Une voix: Vers la présidence.
Le Président (M. Bélanger): ...vers la
présidence pour éviter des interactions de part et d'autre, parce
que, à un moment donné, ça ne devient plus
contrôlable et on est obligés de faire des points de
règlement qui n'en sont pas, et ça devient très
pénible au niveau des travaux.
M. Richard: Vous avez raison, M. le Président.
M. Jolivet: M. le Président... Mme Blackburn:
Oui.
M. Jolivet: ...juste un instant simplement.
C'est parce que le député de Nicolet-Yamaska est tellement
habitué à présider qu'il se pensait encore
président.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette, c'était justement pour éviter
ces genres...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): ...d'interactions que
je faisais mon intervention. Alors, Mme la députée de Chicoutimi,
sur un point de règlement, puisque votre temps...
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Bélanger): ...de parole est
écoulé.
Mme Blackburn: II n'était pas écoulé...
Une voix: Non, il n'était pas écoulé.
Mme Blackburn: ...non. C'est parce que j'ai terminé avant.
Mais, écoutez, je peux en faire un article de...
Le Président (M. Bélanger): Je vais
vérifier. Il vous reste quatre minutes, effectivement.
Mme Blackburn: Oui, oui.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
Mme Blackburn: Alors, c'est simplement parce que je pense avoir
été mal comprise. Au sujet de la désignation et de la
définition des zones touristiques, ça m'apparaît
évident, clair que ça appartient aux municipalités et je
dis: Ça devrait être leur responsabilité exclusive.
Ça ne devrait pas être automatiquement entériné par
le ministre du Tourisme parce que, à mon avis, c'est un gouvernement
municipal. Voulez-vous me dire ce que vient faire le ministre du Tourisme
là-dedans? S'il était indiqué, c'est parce que le ministre
avait les deux fonctions à la fois: Tourisme et Industrie et Commerce.
Que le ministre de l'Industrie et du Commerce, qui est responsable de
l'application de la loi, donne son aval là-dessus, c'est une chose, mais
que, là, on implique le ministre du Tourisme, c'est ça que je
voudrais poser comme question... Il y a une double tutelle qui s'exerce sur les
municipalités, celle du ministre responsable de l'application de la loi
et celle du ministre du Tourisme. Et, moi, je pense que c'est une erreur. Je
vous le dis en toute simplicité. Je pense qu'on vient mettre un peu les
municipalités en tutelle là dessus et je ne croyais pas que
c'était indispensable. Alors, c'était d'un autre ordre. Il y a
deux questions, mais d'une portée différente. (12 h 30)
M. Richard: Si vous le permettez, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
on va laisser Mme la députée de Chicoutimi terminer son
intervention.
M. Richard: Ah! je m'excuse, je pensais qu'elle avait
terminé.
Mme Blackburn: Ça va, c'était vraiment un
échange.
Le Président (M. Bélanger): Je comprends, mais on
va finir votre intervention et, après ça, on va...
Mme Blackburn: D'accord. J'ai terminé, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la
députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur la motion de
Mme la députée de Verchères? M. le député de
Nicolet.
M. Richard: Je m'excuse, M. le Président, seulement une
petite intervention. Je comprends bien votre position, là. Vous ne
croyez pas que ça sécurise le monde municipal, d'une certaine
façon, qu'il y ait, par exemple - je comprends la lourdeur
administrative, c'est peut-être ça que vous voyez derrière
ça - deux ministres qui aient à se prononcer, même si le
ministre qui touche vraiment cette spécificité-là, c'est
celui du Tourisme.
Mme Blackburn: Une municipalité, ça s'appartient,
ça définit ses zones, son territoire, ça se donne des
plans d'aménagement, je veux dire.
M. Richard: O.K.
Mme Blackburn: Dans ce sens-là, moi, le ministre du
Tourisme, là... Mais ça, on y reviendra article par article Mais
je pense que c'est...
M. Richard: M. le Président, je reçois très
bien ce commentaire-là pour avoir vécu 15 ans dans le
municipal.
Mme Blackburn: ...c'est superflu. Je savais que...
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie.
Alors, sur la motion de Mme la députée de Verchères,
est-ce qu'il y a d'autres intervenants?
Mme Marois: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Taillon.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Oui, certainement. Alors, il va, bien sûr, de
soi que je vais appuyer la motion de ma collègue, la
députée de Verchères, et je vais le faire en étant
bien consciente aussi que, lorsqu'on a été en commission
parlementaire, on a reçu des groupes qui sont venus nous
présenter leur point de vue. On en a reçu un grand nombre, on
disait 84. Je pense qu'il y a 91 mémoires qui ont été
déposés, donc. Mais nous avons entendu 84 des groupes qui avaient
présenté leur mémoire. Dans plusieurs cas - vous vous en
souviendrez sûrement, puisque vous présidiez nos débats, M.
le Président, et, d'ailleurs, j'ai été assez
étonnée de constater cela - on a dû soulever la question,
auprès des premiers concernés par les zones touristiques, tant
l'Union des municipalités, que les villes elles-mêmes On a eu la
ville de Gatineau, vous vous souviendrez de la malresse, Mme Pronovost, qui est
une femme haute en couleur et fort intéressante, qui était venue
nous présenter son mémoire. C'est un tout petit mémoire,
d'ailleurs, que je retrouvais ce matin. Et j'essayais de chercher dans le
mémoire là où elle nous avait parlé des zones
touristiques. Or, dans les faits, elle n'aborde pas la question dans le
mémoire. Et le ministre opine, il est d'accord avec moi. Il se souvient
qu'elle ne l'avait pas abordée. Et nous l'avons abordée en
commission, cependant, c'est différent. Elle était venue sur les
zones frontalières, je sais ça aussi.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre
Mme Marois: M. le ministre allait me suggérer, me
rappeler...
M. Tremblay (Outremont): Les zones limi-.trophes.
Mme Marois: ...qu'elle était venue sur les zones
limitrophes, je m'en souviens très bien. Je connais bien la
région de l'Outaouais, j'y ai vécu pendant un bon moment.
Effectivement, elle était venue nous parier des zones limitrophes, mais
n'a pas du tout abordé la question des zones touristiques. Elle aurait
pu le faire, pourtant, parce qu'il y a, entre autres, sur l'autre rive de
l'Outaouais, à Ottawa, une zone touristique. Et c'est à nos
questions qu'elle en est venue à intervenir sur la question des zones
touristiques.
Je regarde le mémoire de l'UMQ. Ce n'est quand même pas
rien, l'Union des municipalités, et je ne retrouve, là encore,
rien sur les zones touristiques. Et même, à la page 11 du
mémoire - et c'est amusant quand on fouille dans nos vieux papiers - je
m'étais mis deux notes pour questionner l'Union. J'avais mis: zones
touristiques et zones frontalières. Donc, les municipalités
elles-mêmes, pas les municipalités, ce serait incorrect de dire
ça, mais l'Union des municipalités n'avait pas jugé bon
d'introduire, dans le cadre de son mémoire, un commentaire en ce qui
concernait la notion des zones touristiques. Et, encore là, on a
dû poser des questions. D'ailleurs ça m'a un peu
étonnée, de la part de certaines personnes qui sont venues,
qu'elles n'aient pas songé à aborder ces questions-là.
C'était le cas de l'Union des municipalités, de la ville de
Gatineau et même, aussi étonnant que cela puisse paraître,
de la ville de Montréal. Le mémoire de la ville de
Montréal n'a pas un mot, pas une phrase, pas un paragraphe en ce qui
concerne les zones touristiques. Donc, chaque fois que ces groupes sont venus,
on a dû - et c'était notre devoir de le faire - poser des
questions en disant: Qu'est-ce que vous en pensez? Qu'est-ce que vous avez
à proposer? Et on les prenait un peu comme par surprise. Ce
n'était pas du tout notre Intention, sauf que c'était assez
évident qu'ils n'en avaient pas discuté entre eux avant de
présenter le mémoire ou, peut-être, un ou deux l'avaient
fait et, là, on y allait un peu de réflexions à voix
haute, sans avoir nécessairement pris le temps d'en discuter
préalablement.
Donc, c'était un peu étonnant de voir ça et je me
dis que, devant la motion qui est là devant nous, ce ne serait
sûrement pas inutile d'avoir un éclairage de la part du ministre
responsable du dossier du tourisme, pour qu'il nous fasse valoir son point de
vue, compte tenu de la connaissance qu'il a de ce dossier. Qu'est-ce qui
pourrait aider les municipalités comme règles d'encadrement pour
leur permettre de demander que certaines parties de leur territoire soient
reconnues comme zones touristiques? De toute façon, M. le
Président, malgré les amendements que l'on annonce actuellement -
je suis heureuse de savoir qu'il y en aura et j'aimerais connaître les
autres, mais, enfin, j'imagine que ça viendra éventuellement - il
reste que le ministre du Tourisme devra s'établir une grille de
décision. C'est normal - et mon collègue, le ministre de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, va sûrement comprendre
ça, lui qui a fait aussi son MBA, dit-on - que le premier
geste à quoi l'on pense quand on a à choisir entre
différentes demandes, c'est d'avoir une grille de décision,
d'avoir un certain nombre de critères pour nous permettre de dire oui
à une municipalité, comme lui-même l'a fait, d'ailleurs,
auprès de la municipalité de Saint-Sauveur des Monts qui lui
avait demandé d'être considérée comme zone
touristique du 15 juin au 15 septembre. Il avait sûrement une grille de
décision et il avait sûrement un justificatif pour répondre
à la municipalité de Saint-Sauveur-des Monts que non seulement
c'était du 15 juin au 15 septembre, mais c'était du 1er juin au
30 septembre. Donc, il y a une raison qui a fait qu'il est passé d'une
date qui était plus restrictive dans la demande de la
municipalité à une autre qui était un peu plus grande.
D'ailleurs, le ministre pourra probablement nous éclairer
éventuellement lorsqu'on discutera des amendements.
Donc, dans ce sens-là, je pense qu'il serait tout à fait
souhaitable que le ministre du Tourisme vienne nous éclairer sur
ça. Je viens de recevoir, il y a à peine quelques minutes, un
document de l'Union des municipalités du Québec. J'y reviendrai
plus tard, M. le Président, parce qu'on nous dit là-dedans: II
faudrait penser à ci et à ça. C'est là qu'on
constate que des lois adoptées en catastrophe en fin de session,
ça présente des risques aussi que l'on erre sur certains
articles. J'y reviendrai. Mais on nous parle, entre autres, des zones
touristiques et on nous dit - j'essaie de retrouver le paragraphe; je n'ai lu
la lettre qu'une fois, je n'ai donc pas fait de recherche d'une façon
systématique, ah oui: "En terminant, l'UMQ souhaite vous
réaffirmer son ouverture à la prise en compte de situations
particulières dues à des contextes régionaux. Des
réponses adaptées à ces contextes doivent être
trouvées et mises en place afin d'éviter de pénaliser nos
efforts de développement économique. " Et on parle un peu plus
avant des zones touristiques comme telles.
Alors, ce serait intéressant que, pour les fins d'une
réponse à l'Union des municipalités, le ministre du
Tourisme vienne ici répondre à nos questions, nous apporte un
éclairage. On n'a pas fait venir l'Union des municipalités; on
n'a pas demandé que les institutions reviennent à nouveau. On
aurait pu le faire; mon collègue de Laviolette a lu hier la nomenclature
des motions que nous avions, nous permettant d'aller chercher d'autres opinions
justement, mais on a constaté que les gens du gouvernement ne
souhaitaient pas avoir ces nouveaux éclairages. Alors, on a consenti,
évidemment, à notre corps défendant, puisque nous sommes
minoritaires, à ne pas recevoir - on va respecter les règles de
la démocratie - les groupes que nous aurions aimé entendre.
Mais, là, c'est du collègue du ministre qu'on parie et
j'ai cru entendre qu'il y avait une ouverture à l'effet qu'il puisse
venir, même pendant l'étude article par article. Alors, s'il y a
manifestement cette ouverture, vous allez me permettre, à ce moment-ci,
donc, de faire un amendement à la motion qui est devant nous et qui
était d'inviter le ministre du Tourisme à participer aux travaux
de la commission de l'économie et du travail.
Motion d'amendement
Je propose de l'amender en ajoutant à la fin des mots
"établissements commerciaux" les mots "et que sa présence ne soit
requise que pour l'étude des articles 10, 11 et 12".
Je pense que ça va dans le sens, essentiellement, de ce que nous
demande la partie ministérielle.
M. Jolivet: Avant, il faut savoir si elle est recevable.
Mme Marois: Excusez-moi. Est-ce que c'est recevable, M. le
Président?
Le Président (M. Bélanger): À mon sens, oui,
puisque ça constitue des précisions sur vos intentions à
l'intérieur de cette motion. Alors, c'est recevable.
Mme Marois: Donc, je peux... M.Jolivet: Je vais
les distribuer. Mme Pauline Marois
Mme Marois: Vous allez les distribuer? Alors, je vais vous donner
tout ça. Évidemment, on a souhaité que le ministre vienne
préalablement participer à nos travaux pour nous apporter un
certain éclairage. Et je le répète, ce n'est pas un
éclairage inutile. Aucun des intervenants qui est venu.. Et, là,
j'ai fait sortir le mémoire de l'Union des municipalités...
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Taillon, je veux vous rappeler que vous avez 30
minutes pour présenter vos modifications, votre amendement à la
motion.
Mme Marois: Oui, je vous remercie, M. le Président.
J'étais en train de mentionner que j'avais devant moi, d'ailleurs, le
mémoire de l'Union des municipalités régionales de
comté du Québec. Et j'essaie de voir un peu, parce que,
évidemment, notre mémoire a besoin d'être rafraîchie,
à l'occasion...
Une voix: II y avait des questions.
Mme Marois: Oui, il y avait des questions, mais il n'y avait pas,
dans le mémoire... Je me souviens de ça Je me souviens qu'on a
posé beaucoup de questions. Mais je voulais bien
vérifier qu'il n'y avait pas au mémoire, là
encore...
Une voix: Les SIDAC, c'est comme une exception, je pense, dans
leur mémoire.
Mme Marois: Oui, c'est ça. Mais il n'y avait pas dans le
mémoire d'élément concernant...
M. Benoit: II y a une question de posée et il y a eu des
réponses.
Mme Marois: Et, comme le député d'Orford me le
mentionne, mais que l'aurais pu aussi lui dire et que je vais
répéter pour les fins de nos travaux, effectivement, dans le cas
de l'Union des municipalités régionales de comté du
Québec, comme dans le cas de l'Union des municipalités du
Québec, comme dans le cas de la ville de Montréal, comme dans le
cas de la ville de Gatineau, rien au mémoire ne faisait état des
zones touristiques.
Donc, l'éclairage qu'on a eu, à ce moment-là, a
été un éclairage spontané, par des gens qui ne
s'attendaient pas à être questionnés sur cela et qui ont,
au meilleur de leurs connaissances et de façon très correcte,
parce qu'un certain nombre connaissait mieux ce thème-là que
d'autres, répondu aux questions qu'on a soulevées ici. Mais, cela
étant dit, on est resté très peu clair sur la
signification que pourrait éventuellement prendre la notion de zone
touristique.
Et c'est vrai, j'en conviens avec mes collègues d'en face, que la
loi de 1984 n'était pas, à cet égard-là,
très claire.
M. Jolivet: C'est vrai
Mme Marois: Si on accepte de travailler sur le projet de loi qui
est devant nous, c'est pour essayer de bonifier, d'améliorer la
situation par rapport à celle qu'on avait retenue en 1984. Nous sommes
des gens de l'avenir et non pas des gens du passé à cet
égard-là. Donc, c'est évident qu'on est tout à fait
d'accord...
Le Président (M. Bélanger): Juste un instant, s'il
vous plaît.
Mme Marois: Oui, j'aimerais bien, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que vous voulez
qu'on suspende les travaux quelques instants pour tenir un...
Mme Marois: Un caucus sur le vote?
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'on peut
suspendre les travaux quelques instants?
M. Richard: Si vous le permettez, M. le Président, c'est
que nous sommes en train - sur la motion de Mme la députée de
Taillon - de regarder, de bien baliser... Et, là, je vais être
très clair. C'est que, tout à l'heure, on a dit que c'est
particulièrement à l'article 11 que le ministre va être
impliqué...
M. Jolivet: Oui
Mme Marois: Oui, tout à fait.
M. Richard: Et le ministre a dit: On n'a pas d'objection à
ce que mon collègue puisse être là au moment où on
traitera article par article et où on arrivera à l'article 11,
s'assurant que...
Une voix: Attends un peu!
M. Richard: Non, mais c'est l'article 11 spécifiquement
qui traite du... (12 h 45)
Mme Marois: Attendez un petit peu, M. le Président. Comme
le député de Nicolet-Yamaska soulève un point qui est
intéressant et comme je connais bien la loi - peut-être moins que
lui, évidemment, parce que je n'ai pas contribué à
l'écrire, mais je l'ai quand même lue d'assez près - si
vous regardez à l'article 12 - et c'est pourquoi on a inscrit l'article
12 - on dit: "Le ministre peut, sur demande écrite, autoriser que le
public soit admis dans les établissements commerciaux également
en dehors des heures prévues à l'article 2 ainsi que le dimanche
et les jours visés par l'article 3 lorsque se tient un
événement spécial, tel...
M. Jolivet: Le Festival western.
Mme Marois: ...un festival, une foire, un salon ou une
exposition." Or, plusieurs festivals, n'est-ce pas, se tiennent pendant la
saison touristique et concernent largement le ministre du Tourisme. Donc,
à cet égard-là, j'imagine que le ministre de l'Industrie,
du Commerce et de la Technologie, dans un geste tout à fait normal et
très correct, pourrait vouloir consulter son collègue du
ministère du Tourisme pour savoir si c'est pertinent. Bon! Alors, je ne
veux donc pas discuter nécessairement du fond de la question, mais vous
voyez un peu pourquoi nous avons inscrit cet article-là au niveau de
l'amendement. Et, si vous voulez que je justifie l'autre numéro, je peux
le faire aussi, M. le Président.
M. Richard: M. le Président, lorsqu'on a parlé des
zones touristiques, on a fait une référence au ministre du
Tourisme. Allons dans le même sens que votre exposé...
Mme Marois: Si vous me le permettez, si j'y fais
référence, c'est parce que la loi y fait
référence.
M. Richard: Non, non, je suis d'accord.
Mme Marois: D'accord.
M. Richard: Je ne suis pas négatif.
Mme Marois: Non, non, j'ai compris ça, M le
Président.
M. Richard: Je pars en me levant le matin d'une façon
positive.
Mme Marois: Vous êtes comme moi.
M. Richard: Et heureusement qu'on est positifs en se levant. Si
on parle, par exemple, de foire, si on parle d'expositions agricoles...
M. Jolivet: Le Festival du cochon.
M. Richard: Oui, dans mon propre comté, le Festival du
cochon. Ce que je ne voudrais personnellement, comme député... Je
suis bien prêt à participer, à consacrer des heures et
c'est maintenant des années au dossier des heures d'affaires, sauf que
je ne veux pas me retrouver ici, personnellement, comme député,
et être obligé de voter sur, par exemple: Est-ce que M. Michel
Pagé, qui est titulaire du ministère de l'Agriculture, devrait
venir aussi? Non, écoutez... Mais, quand même, vous savez... On
disait tout à l'heure parce qu'il y a un caractère...
Mme Marois: M. le Président, si vous me le permettez, je
suis...
M. Richard: Non, mais je suis très franc en disant
ça. Ce n'est pas une question de tactique.
Mme Marois: Non, non, je me lève d'aussi bon pied que le
député...
M. Richard: Ce n'est pas une question de méthode,
là.
Mme Marois: ...comme vous avez pu le constater, mais je suis
d'accord. Je comprends que le député de Nicolet-Yamaska puisse
être préoccupé par cette question-là, surtout que,
pour essayer de bien expliquer notre point de tout à l'heure, on fait
référence au fait qu'on pourrait, effectivement, faire venir
d'autres ministres, mais je peux le rassurer sur nos intentions, M. le
Président. Nous, comme il s'agit principalement du ministre du Tourisme
et comme il est nommément identifié au projet de loi, sans
tactique et sans stratégie - d'ailleurs, nous essayons de ne pas en
faire, mais de rester sur le fond, si vous avez bien compris, de la discussion
que nous avons ici, entre nous, à la commission - effectivement, c'est
le ministre auquel nous souhaiterions pouvoir poser des questions, duquel nous
souhaiterions avoir un éclairage. Et nous n'avons pas l'intention - je
pense qu'à cet égard mes collègues du côté de
l'Opposition sont tout à fait d'accord - de proposer que d'autres
ministres, dont celui de l'Agriculture qui, effectivement, pourrait être
responsable, dans certains cas, des expositions ou de foires aussi, puissent
être Invités à venir partager avec nous leur point de vue
à ce sujet.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Richard: M. le Président, je dois dire à Mme la
députée de Taillon qu'en ce qui me concerne personnellement - et
M. le ministre, je pense, était tout à fait d'accord avec
ça - je prétends que, oui, il y a possibilité aux articles
qui le concernent, qui le touchent directement, et on les a situés
tantôt, particulièrement à l'article .11 et ça se
peut que ça déborde sur l'article 12...
Mme Marois: Oui.
M. Richard: ...que le ministre titulaire puisse être ici
pour des interrogations lorsque nous serons article par article. Là
où j'ai une inquiétude - et je ne suis un parlementaire que
depuis 1985 - c'est que je ne veux pas me retrouver à me faire hara-kiri
tout seul. Vous savez, me donner un coup de marteau sur le doigt, je n'aime pas
tellement ça, surtout quand c'est moi qui tiens le marteau.
Mme Marois: Dans quel sens, M. le Président?
M. Richard: Ce que je veux dire, c'est que le ministre
lui-même a dit, tout à l'heure: Oui, nous n'avons aucune objection
à ce que M. Vallerand, qui est titulaire du ministère du
Tourisme, puisse être ici lorsque nous arriverons article par article
à ces "items". On sait que la mécanique de motion et de
modification a ses gestes, mais je ne voudrais pas me retrouver à voter
et me ramasser, après ça, personnellement, comme
député, à être un peu "pogné" dans un
système où... On connaît l'appareil, son
fonctionnement.
Mme Marois: Dans notre appareil réglementaire,
finalement.
M. Richard: Oui, absolument. Mme Marois: D'accord.
M. Richard: D'accord. Mais le ministre affirme et dit: Oui, M.
Vallerand pourra être présent lorsqu'on touchera ces
articles-là.
Mme Marois: D'accord.
M. Richard: Mais ce que l'on craint, c'est tout le jeu des
motions. On ne veut pas se
retrouver dans une mécanique, mais on a la volonté que les
gens soient là.
Mme Marois: Je ne comprends pas en quoi, M. le Président.
D'abord, quand on utilise le règlement, nous exerçons
essentiellement nos droits, je suis d'accord et je pense que le
député de Nicolet-Yamaska ne dit pas le contraire non plus.
J'assure les membres de la formation ministérielle que notre intention
est d'avoir un éclairage sur ce qui concerne le ministre du Tourisme.
Nous n'avons pas l'intention de demander la présence d'autres ministres
devant cette commission, mais nous souhaiterions, cependant... Je pourrais
faire valoir, parce que mon temps de parole n'est pas terminé, pourquoi
nous souhaiterions aussi qu'il soit là pour l'article 10 du projet de
loi, mais j'ai du temps pour le faire, évidemment.
Le Président (M. Bélanger): Si vous me permettez
une précision là-dessus, la commission ne peut pas donner d'ordre
à un ministre; elle peut l'inviter et sous réserve de ses
disponibilités. Vous comprenez que, à ce moment-ci, on discute de
son agenda sans qu'il soit... Il faut aussi comprendre ça.
Mme Marois: M. le Président, ma motion, comme celle de ma
collègue de Verchères, amendée par la mienne, est tout
à fait claire à cet égard-là. Nous invitons le
ministre du Tourisme. On ne peux pas le forcer; s'il nous dit non, on devra se
tourner vers le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie et
c'est dommage parce qu'on ne bénéficiera pas de
l'éclairage et de l'expertise du ministre du Tourisme.
M. Jolivet: M. le Président, vous avez totalement raison.
D'ailleurs, nous n'avons pas marqué "que la commission convoque".
Mme Marois: Non.
M. Jolivet: D'ailleurs, on le savait très bien.
Sur le fond de l'amendement, ma collègue va prendre son
temps.
Le Président (M. Bélanger): Pas prendre son temps,
mais continuer son intervention.
Mme Marois: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: M. le Président, si j'ai dit prendre son
temps, c'est parce que je sais que c'est dans une limite de temps et, en
même temps, aussi, pour vous indiquer qu'il y a eu un échange pour
clarification avant même...
Mme Marois: Mais ça n'utilisait pas mon temps.
M. Jolivet: Bon, d'accord.
Le Président (M. Bélanger): II n'en fait pas
partie. Non, non.
Mme Marois: D'accord? Je n'ai pas l'habitude de prendre mon
temps, mon débit est assez rapide, normalement, n'est-ce pas?
Le Président (M. Bélanger): Oui.
Mme Marois: Bon. Justement, on va le clarifier tout de suite,
puisque le député de Nicolet-Yamaska s'en inquiétait, et
c'est normal, c'est correct. Je me dis: Quand on présente un amendement
dans l'action et le débat, il peut nous échapper, parfois, la
justification qui fait qu'on demande que le ministre soit entendu ou soit
présent, et qu'on l'invite à le faire lorsque nous
étudierons les articles 10,11 et 12.
Je l'ai expliqué, je pense, assez bien en ce qui a trait à
l'article 12. Ça me paraît une évidence que la plupart des
foires, la plupart des grands festivals se tiennent en région
touristique, se tiennent en saison touristique, qu'il s'agisse du Carnaval de
Québec, qu'il s'agisse du festival dont mon collègue de
Laviolette parlait tout à l'heure et dont j'oublie le nom, le Festival
de la bicyclette à Hull. On est un peuple qui aime fêter; donc on
a des festivals. C'était quoi, M. le Président? Le Festival du
cochon.
Le Président (M. Bélanger): Le Festival du
cochon.
Mme Marois: Bon. Cela étant dit, revenons plus
sérieusement sur le fond. Donc, le ministre du Tourisme peut être
présent à l'étude de l'article 12. À l'article 11
ne pose même pas la question, on n'a même pas besoin de s'en
inquiéter, de s'interroger puisque c'est justement l'article qui
concerne la désignation de la zone touristique et, comme il n'y a aucun
mécanisme, comme le projet de loi qui est devant nous ne prévoit
aucun règlement, c'est d'autant plus important que le ministre du
Tourisme vienne travailler avec nous un peu. C'est assez rare, soit dit en
passant, qu'une loi ne prévoie aucun règlement.
Dans le fond, il y a peut-être, je pense, une certaine sagesse que
ce soit comme ça. Je le dis, et je pense que les gens d'en face savent
que je suis très franche dans mes propos, je suis assez heureuse de
constater que, effectivement, on ne recourt pas à l'approche
réglementaire et que le ministre se soustrait au pouvoir de donner des
exemptions. J'aime ça, même, particulièrement.
J'espère qu'il n'aura pas la tentation d'ouvrir une porte dans ce
sens-là au cours des travaux que nous aurons à l'étude
article par article. Mais je trouve ça intéressant parce que
c'est toujours le drame devant lequel on se trouve quand un ministre est pris
en conflit
entre des intérêts différents et, tout en agissant
en toute bonne foi, il se met dans des situations difficiles, if a à
intervenir, à prendre des décisions que la loi telle
qu'adoptée pourrait lui éviter.
Donc, je trouve ça intéressant à cet
égard-là, mais c'est d'autant plus important que le ministre du
Tourisme vienne nous rencontrer, échange avec nous parce qu'il faut
qu'il nous donne un peu l'encadrement, il faut qu'il nous dise un peu quelles
vont être les règles. Et ce n'est seulement pour les membres de la
commission, M. le Président, évidemment, qu'on fait ce
travail-là, mais c'est pour s'assurer aussi que les partenaires
concernés, qu'il s'agisse de l'Union des municipalités, de
l'Union des municipalités régionales de comté, des grandes
villes qui ont des quartiers touristiques, qui ont de vieux quartiers à
valeur historique, aient un éclairage, surtout dans la perspective
où il n'y a pas de pouvoir réglementaire et où le
ministre, lui, a un pouvoir d'acceptation des zones touristiques.
On nous dit: Pourquoi demandez-vous que le ministre soit là, dans
le cas de l'article 10? Pour le bénéfice des gens qui sont avec
nous et des gens qui liront nos travaux par l'intermédiaire du
Journal des débats - je ne lirai pas l'article, M. le
Président; nous aurons l'occasion de le faire au moment de
l'étude article par article, justement - l'article 10 parle
essentiellement des zones frontalières et on dit qu'on peut autoriser,
"dans les établissements situés sur le territoire de cette
municipalité..."
Excusez-moi, là, je vais prendre une seconde pour... C'est dans
le deuxième paragraphe. Là encore, pourquoi demander que le
ministre du Tourisme soit là? Et je vais prendre l'exemple que je
connais le mieux. C'est toujours plus simple, a ce moment-là, on sait de
quoi on parle, on ne dit pas de bêtises. La ville d'Ottawa est une ville
qui a une zone - appelons-la touristique, elle s'appelle peut-être
autrement - où on ouvre les commerces le dimanche. Il y a des
marchés d'alimentation, il y a aussi de la marchandise sèche, des
vêtements et tout le reste, et c'est assez bien
délimité.
Et c'a été le plaidoyer, d'ailleurs, de la ville de
Gatineau, de nous dire: Écoutez, nous, on est en concurrence avec ces
gens-là; ça nous cause des problèmes. Je vois le
député de Gatineau, qui est avec nous et qui, sûrement,
aurait des questions intéressantes à poser au ministre du
Tourisme, parce que ça risque d'être sur la base de cette
concurrence et non pas sur le fait qu'il y a nécessairement une zone
touristique très élaborée dans certaines des villes
frontalières, par exemple, à la zone de l'Outaouais
québécois vis-à-vis de l'Ontario. Ce ne sont pas
nécessairement toutes les villes qui ont des coeurs de vieilles villes,
qui sont nécessairement intéressantes en termes de zones
touristiques. Elles peuvent l'être à d'autres points de vue, hein?
Il ne faudrait jamais interpréter mes propos à l'égard de
ces villes-là, dont j'aime particulièrement les habitants et les
habitantes. Mais il reste que ça aura sûrement un effet et ce sera
justifié par le fait qu'on a une zone touristique de l'autre
côté de la rivière.
Donc, c'est ce qui explique que nous ayons introduit, dans l'amendement
que j'ai proposé, M. le Président, que nous abordions les
articles 10, 11 et 12 en présence du ministre du Tourisme et que, donc,
celui-ci soit invité à participer à nos travaux. Je
comprends que son agenda puisse être particulièrement
chargé, mais il sait, comme tous les membres de son gouvernement et
comme tous les membres de l'Opposition, qu'une période de fin de session
est exigeante en termes de présence. Normalement, on se rend disponible
pour les travaux de la Chambre. Je pense que ce n'est pas au président
que je vais apprendre cela. Il a une expérience aussi longue que la
mienne de nos travaux parlementaires.
C'est le sens, donc, de l'amendement qui est devant nous. Je le fais,
cet amendement-là, parce que j'ai senti qu'il pouvait être
reçu positivement de la part de la formation ministérielle. Donc,
ça me permettra de satisfaire mes collègues, de satisfaire les
préoccupations que l'on a, en comptant sur la présence du
ministre du Tourisme au moment où nous aborderons ces questions.
Cela étant dit, j'ai d'autres arguments qui justifieraient,
à mon point de vue, la présence du ministre du Tourisme. Est-ce
que vous souhaitez que je les aborde maintenant?
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse. Compte
tenu de l'heure, nous devons suspendre nos travaux jusqu'à 15 heures. Je
rappelle à tout le monde qu'il y a un vote dans quelques minutes en
Chambre.
Mme Marois: Merci beaucoup, M. le Président. Nous
reprenons à 15 heures, hein?
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 11)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! Je demanderais aux membres de la commission de bien vouloir
reprendre leur place, pour que nous puissions procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 75, Loi sur les heures
et les jours d'admission dans les établissements commerciaux.
S'il vous plaît, je demanderais à chacun un peu de
collaboration, s'il vous plaît! Je vous remercie.
Alors nous en étions à la motion 7 de Mme la
députée de Taillon, qui demandait d'inviter le ministre du
Tourisme à participer aux travaux de la commission de l'économie
et du travail. Cette motion avait été amendée, et nous en
étions à l'amendement qui ajoutait, à la fin des mots
"établissements commerciaux", les mots "et que sa présence
ne soit requise que pour les articles 10, 11 et 12". Donc, Mme la
députée de Taillon, il vous restait 16 minutes. Je vous en
prie.
M. Jolivet: M. le Président, avant de débuter nos
travaux... parce que ça pourrait accélérer nos travaux. Si
les gens d'en face nous disaient qu'ils sont prêts à accepter
l'amendement déposé par ma collègue, ça aurait pour
effet, par le fait même, d'accepter la proposition principale. Dans le
code Morin, vous savez très bien que l'amendement délimitant des
articles... Ça aurait pour effet d'accepter la motion principale. Alors,
je voulais juste savoir si le temps du dîner leur a permis de
réfléchir à cette question. Sinon, ma collègue
utilisera le temps qu'il lui sera possible d'utiliser.
Le Président (M. Bélanger): Alors, pour ne pas
appliquer le proverbe "qui ne dit mot consent", est-ce que quelqu'un pourrait
nous...
M. Tremblay (Outremont): Oui.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Au niveau de la motion et de
l'amendement, on va voter contre. Par contre, je suis prêt à faire
tous les efforts nécessaires pour assurer la présence du ministre
du Tourisme, selon ses disponibilités, lorsque nous procéderons
à l'étude du projet de loi article par article. Je vais faire
toutes les représentations nécessaires pour que le ministre du
Tourisme soit présent, selon ses disponibilités, au moment
d'appeler l'article 11.
M. Jolivet: Je crois comprendre d'abord, M. le Président,
compte tenu de ces événements, que le ministre nous indique qu'il
n'est pas prêt à accepter la présence du ministre pour
l'article 10 et l'article 12. Selon sa proposition à lui, ce serait pour
l'article 11. Alors, ma collègue va utiliser le temps qui lui est permis
et, si jamais les gens du côte ministériel voulaient faire un
sous-amendement qui aurait pour effet de rayer le chiffre 10 et le chiffre 12,
on en discutera.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Je vous remercie.
Alors, Mme la députée de Taillon.
Mme Marois: Certainement. Je vous remercie, M. le
Président. Remarquez que ça me déçoit un peu.
Évidemment, je n'en suis pas à ma première
déception en siégeant à cette commission. Malgré
des efforts soutenus pour essayer d'aller plus loin dans la
compréhension de la décision que nous propose de prendre le
ministre avec son projet de loi, il ne semble pas qu'en dehors des membres de
la commission on puisse aller chercher quelque expertise qui nous permettrait
de faire en sorte qu'on prenne des décisions d'une façon vraiment
éclairée. J'ai compris le ministre, et il va me dire à ce
moment-ci, je l'entends déjà sans même qu'il ne parle,
qu'il ne refuse pas d'inviter le ministre et qu'il va faire son effort. Je l'ai
entendu dire ça tout à l'heure. Je suis bien consciente de
ça. Et nous, pour être bien certains que tout ça se fait
dans les formes, on lui propose tout simplement de collaborer avec nous et
d'adopter la motion d'amendement qu'on a faite à une motion qui
était plus exigeante à l'endroit du ministre du Tourisme, qui
était de l'inviter à venir témoigner devant nous. Or, on
nous a dit: Écoutez, son agenda peut l'en empêcher. Parfait, on
fera ça pendant les travaux qui vont concerner l'étude article
par article. Et, encore là, ce n'est pas une obligation pour le ministre
du Tourisme de partager nos travaux, de discuter avec nous, c'est une
invitation. Et, à cette invitation, si le ministre ne peut
répondre positivement, on saura comprendre. Bon, alors, j'ai bien
compris que le ministre ne refusait pas de faire privément la
démarche, mais j'ai compris qu'il refusait, par exemple, aux membres de
la commission - j'imagine que son vote va l'exprimer tout à l'heure -
que l'invitation soit transmise au ministre par les membres de la commission et
au nom de la commission. Bon. On a compris. Je vais tenter donc d'expliquer...
Peut-être qu'il y a d'autres collègues de la formation
ministérielle qui différeront du point de vue du ministre.
Ça peut arriver, à l'occasion. Je sais que ce projet de loi n'est
pas nécessairement facile, et on m'a dit que certains collègues
n'étaient pas toujours d'accord avec le ministre. Alors, peut-être
que, même parmi ceux qui siègent ici, certains souhaiteront aussi
que le ministre du Tourisme puisse venir participer à nos travaux.
Maintenant, au-delà de ce débat qui m'ennuie un peu,
pourquoi refuser que le ministre vienne, alors qu'il pourrait nous aider
à accélérer le processus - là, je vais reprendre ce
dans quoi je m'étais engagée ce matin - surtout quand l'on sait
qu'il y a trois articles de loi qui risquent de le concerner - c'est l'objet de
mon amendement - ou qui risquent de concerner des activités liées
au tourisme? Donc, c'est dans ce contexte-là qu'il serait pertinent
qu'il sort avec nous. Dans l'ancienne loi qui est, en fait, la loi actuelle, il
n'y a qu'un seul article qui traite de zones touristiques. Dans la nouvelle
loi, il y en a un qui traite spécifiquement des zones touristiques. Il
est plus élaboré cependant que celui qu'on a dans la loi
actuelle. C'est très clair. Il y a quelques paragraphes, alors que
l'autre n'en avait qu'un. Je pense qu'il apporte des améliorations,
à première vue. C'est ça que je veux pouvoir constater: si
on va plus en profondeur, est-ce que c'est vrai que ça apporte des
améliorations? Mais il n'y a pas que l'article 11; il y a l'article 10
et il y a aussi l'article 12, qui peuvent concerner le ministre du
Tourisme.
J'ai expliqué ce matin, en prenant des
exemples dans chacun des mémoires qui nous avaient
été présentés par les villes, que l'on avait
à peine effleuré cette question-là. J'ai expliqué
aussi, avant que l'on ne suspende nos travaux, qu'il y avait des
municipalités qui avaient déjà commencé pour cette
année, en se prévalant de l'article actuel de la loi qui nous
régit, et qui avaient demandé qu'on leur accorde une zone
touristique. Déjà, le ministre de l'Industrie, du Commerce et de
la Technologie avait répondu positivement à la demande, et il en
avait donné plus que le client en demandait. Il devait y avoir une
raison. J'aurais aimé ça, et j'aimerais toujours - et c'est le
sens de mon amendement - qu'il nous explique les critères de
décision, la grille de décision sur laquelle le ministre se base
pour retenir plus de temps que ce que la municipalité avait
demandé. D'ailleurs, même sur le territoire de Saint-Sauveur, il
semble que ça cause quelques problèmes. Certains magasins
spécialisés, qui respectaient la loi, d'ailleurs, et qui
étaient habitués de vendre davantage, évidemment, la fin
de semaine, parce qu'ils offrent du dépannage, ont vu leurs ventes
baisser lorsque la zone touristique est apparue - c'est à peu
près normal, on va en convenir - c'est-à-dire lorsque s'est
présentée la possibilité que tous les commerces ouvrent.
Là, ça les agace un peu, parce qu'ils se disent: Bon, tiens, 15
jours plus tôt. Ce n'est pas prévu dans notre budget et dans notre
pro forma, mais enfin. Le ministre du Tourisme aurait pu nous éclairer
un peu là-dessus. Il pourrait toujours le faire, si l'amendement que je
propose est adopté.
Je vais ajouter autre chose, M. le Président, qui est toujours
pertinent, à mon point de vue, à la motion qui est devant nous.
Dans le document que le ministère a préparé et qui, je le
répète - ce n'est pas pour flatter les gens du ministère,
je l'ai dit dès le départ - est vraiment un document
remarquablement fait... D'ailleurs, c'est assez amusant pour les gens qui
regardent mon document, ils doivent en rire un peu, mais on a chacun sa
façon de travailler. J'ai collé plein de petits papiers, de
petits autocollants pour me retrouver, avec des notes sur chacun, pour savoir
où je pouvais trouver telle information dans le document. Donc, ce
document particulièrement bien fait, quand on le consulte, on constate
qu'il y a à peine deux paragraphes qui concernent les zones
touristiques. Un document qui, dans son corps principal, en excluant les
annexes, M. le Président, comprend 113 pages, et il n'y a même
pas... Oui, une page, disons, parce que les deux paragraphes sont
accompagnés d'un tableau. Il y a donc une page qui concerne les zones
touristiques et il y a, en annexe, une liste des décrets qui
reconnaissent les zones touristiques. C'est la seule information que le
document nous apporte. Le seul éclairage qu'il nous donne sur ce qu'est
une zone touristique. Là, ça va nous expliquer une chose, M. le
Président. Ça va nous expliquer pourquoi des villes aussi
importantes que Montréal, des villes comme Gatineau, des unions de
municipalités régionales de comté n'ont pas jugé
bon de présenter dans leur mémoire des propositions concernant
les zones touristiques. Parce que, dans le document qui est devant nous,
c'était vraiment traité quasiment par la bande. À peine,
je le répète, deux paragraphes, puisque le troisième
paragraphe qui est sous ce chapitre-là parle des zones
frontalières, et non pas de la zone touristique. Je comprends, M. le
Président, que vous soyez un peu fatigué, on l'est tous à
nos heures, compte tenu du nombre d'heures qu'on met à accomplir le
travail qui est devant nous.
Cela étant dit, il y a deux paragraphes qui concernent les zones
touristiques, un qui concerne la zone frontalière, et on nous donne
certaines informations dans un tableau qui nous dit quelles demandes ont
été présentées, combien ont été
refusées et combien sont en attente de décision. Au moment de la
commission, d'ailleurs, j'avais soulevé la question auprès du
ministre, qui m'avait fourni un certain nombre d'informations chiffrées
sur combien étaient en attente, où étaient ces
zones-là, etc. Donc, mon propos, ce n'est pas d'avoir des données
techniques sur ça. Comme le disait si souvent le député de
Beauce-Nord, hier: Nous ne sommes pas des gens du passé, nous sommes des
gens de l'avenir. Comme, dans l'avenir, pour le projet de loi qui est devant
nous, on veut que le ministre du Tourisme, chapeau qui n'est pas porté
maintenant par le ministre de l'Industrie et du Commerce, soit avec nous au
moment où l'on débattra des articles qui ont un impact sur les
zones frontalières.
Je termine mon propos sur le fait que les municipalités ne soient
pas intervenues, n'aient pas fait de proposition parce que, comme toutes les
autres, M. le Président, elles se sont fiées au fait que l'on
allait davantage parler de l'alimentation et moins de ce qui concernait les
autres heures d'affaires soit dans les zones touristiques ou soit dans le
commerce de détail. D'ailleurs, la plupart de ceux qui sont venus
présenter des mémoires ont parlé de l'alimentaire, de
l'alimentation, sauf les gens qui sont au commerce de détail. Je ne
reviendrai pas sur les propos que je tenais hier, où j'expliquais qu'ils
avaient été moins naïfs que moi, qu'ils avaient compris que
le ministre s'en allait vers une libéralisation complète et
entière des heures d'affaires et que ça allait donc largement les
concerner, mais enfin. Les municipalités n'ont pas cru bon de
préparer des mémoires sur les zones touristiques et
frontalières. Non, pour ce qui est des zones frontalières, elles
l'ont davantage fait, parce que certaines municipalités étaient
concernées largement par ça. Une, en particulier. C'était
la ville de Gatineau, et ses représentants sont venus nous
présenter un mémoire à cet effet-là, mais pas sur
les zones touristiques
Alors, peu d'information dans le document, peu d'éclairage
apporté par les premiers intéressés, qui seront les
initiateurs du processus. Ce sont les municipalités qui vont envoyer au
ministre du Tourisme une demande pour dire: Nous, nous souhaiterions être
reconnues comme zone touristique. D'ailleurs, à cet effet, M. le
Président, je dois vous dire que j'ai toujours quelques questions sur le
fait que l'on ait des zones touristiques et que l'on permette à tous les
commerces, qu'ils vendent des meubles, qu'ils vendent des instruments de
camping, qu'ils vendent des oeuvres d'art, d'être ouverts le dimanche et
tous les jours de la semaine, et comme ils le veulent, à toutes fins
pratiques. Parce que, moi, j'ai toujours pensé que les touristes, qui
par définition viennent de l'extérieur du Québec ou
d'autres régions du Québec que celle qu'ils sont en train de
visiter, n'y venaient pas nécessairement pour consommer des produits
qu'ils pouvaient se procurer dans leur propre région ou dans leur propre
pays, si ce sont des gens qui viennent de l'étranger, et que, s'ils
venaient ici, c'était pour participer, par exemple, à nos
activités de plein air, pour participer à nos festivals, pour
voir les oeuvres d'art qu'on produisait.
Il y a une exception dans la loi que nous avons maintenant et qui est
conservée dans le projet de loi qui est devant nous. D'ailleurs, c'est
une exception avec laquelle je suis tout à fait d'accord. Que des
artistes, que des artisans qui produisent un tableau, qui produisent une
poterie, et qui sont des artisans qui oeuvrent sur le territoire
québécois, disent: Moi, j'offre mes oeuvres à des gens qui
viennent d'ailleurs et, quand ils partiront, ils partiront avec un produit fait
au Québec, fait par des mains d'artistes... Et là, je trouvais
ça intéressant. Évidemment, ça pose toute la
question: Est-ce que quelqu'un qui est en camping et qui a besoin de se
procurer des articles de camping doit pouvoir se procurer tout ça dans
une zone touristique? Peut-être... C'est le genre de question que je
voudrais pouvoir poser, entre autres, au ministre. Est-ce qu'il y aura des
restrictions? Est-ce qu'un marchand de meubles pourra ouvrir en période
touristique? Parce que, évidemment, j'imagine que, là encore,
à moins que ce ne soient des antiquaires, je ne sais pas quel
intérêt il y a à acheter un "set" de salon.
J'exagère, je le sais, là. Un "set" de salon, si on vient de New
York, quelque part à Saint-Sauveur, là, j'essaie de comprendre,
je ne suis pas sûre que je comprends tout complètement, mais
enfin...
Une voix: Un piano.
Mme Marois: J'exagère un peu, je le sais, là, et
vous savez que je n'ai pas l'habitude de galéjer trop souvent...
Une voix: Pas de problème, ils vont pouvoir s'acheter des
camions.
Mme Marois: ...mais j'aimerais que le ministre du Tourisme...
J'exagère pour signifier aux membres du gouvernement le fait qu'il
serait important que le ministre du Tourisme soit avec nous au moment de
l'étude des articles 10, 11 et 12. Et nous avons pris la
précaution non pas de lui donner un ordre - et ce serait très
cavalier, de toute façon, M. le Président - mais d'inviter le
ministre. Les gens du gouvernement nous disent même qu'ils seraient
d'accord pour le recevoir. Ils seraient d'accord pour qu'il participe à
nos travaux. Mais est-ce que c'est juste pour faire de l'obstruction qu'ils
refusent d'accepter l'amendement qu'on leur propose? Est-ce qu'on leur
enlève les paroles de la bouche, en proposant l'amendement qui est
devant nous, M. le Président?
Alors, vous comprendrez bien sûr que les gens de ma formation
politique - de même que ce sera mon cas, comme porte-parole - appuieront
cet amendement. Je l'appuierai comme je l'ai défendu, d'ailleurs, devant
vous, en espérant que j'aurai aussi l'accord des gens de la formation
ministérielle. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, Mme
la députée de Taillon. M. le ministre.
M. Gérald Tremblay
M. Tremblay (Outremont): Sur la question des zones touristiques,
M. le Président, c'est moi qui ai introduit, en commission
parlementaire, la très grande majorité de questions sur les zones
touristiques. Quand je disais que je voulais avoir un projet de loi clair, pour
moi, c'était important. Même si ça n'avait jamais
semblé causer des problèmes comme tel, je voulais faire de la
prévention et m'assurer que, au niveau des zones touristiques, on
n'aurait pas de problèmes. C'est dans cette optique-là que j'ai
apporté des amendements à la loi de 1984, qui sont
mentionnés dans le projet de loi 75, et j'en ai même
apporté d'autres pour limiter la portée de la zone touristique.
(15 h 30)
Je voudrais rassurer la députée de Taillon que je n'ai pas
l'intention de modifier le projet de loi 75 pour donner au ministre des
pouvoirs réglementaires. Encore là, elle nous a
félicités, elle nous a félicités là-dessus,
mais elle doutait encore, elle croyait qu'on arriverait à la
dernière minute avec un pouvoir réglementaire. Au contraire, il y
en avait un, un pouvoir réglementaire, en 1984, et c'est en partie ce
pouvoir réglementaire là qui a permis certains décrets qui
ont causé des problèmes. Alors, j'ai dit: Pour éviter
toute tentation, toute pression, il n'y aura pas de règlement dans la
loi. Bon, je réitère mon engagement de demander au ministre du
Touris-
me, selon ses disponibilités, de participer à l'analyse de
l'article 11 du projet de loi 75 le moment venu. Et le moment viendra lorsque
nous aurons débuté l'étude du projet de loi article par
article. De plus, lorsque nous serons rendus à l'étude de
l'article 11, je répondrai de façon claire et précise
à toutes les questions de l'Opposition sur les zones touristiques. Et,
à la suite de représentations de l'Opposition, je suis prêt
à modifier, à bonifier, à réglementer davantage la
zone touristique, pour s'assurer que l'article, tel qu'il est, réponde
bien aux intentions du législateur et, j'en suis certain, aux intentions
de l'Opposition. Alors, il ne faut pas prêter des intentions au
gouvernement pour des raisons de procédure et dire qu'on n'est pas
intéressés, qu'on ne veut pas ou qui va inviter qui. Je pense que
je me suis engagé, selon les disponibilités du ministre du
Tourisme, à ce qu'il vienne en commission parlementaire. Alors, je
réitère pour la cinquième fois, M. le Président,
l'importance de procéder le plus rapidement possible à
l'étude du projet de loi 75, article par article.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, M. le Président. Il est très
difficile de comprendre l'attitude du ministre, et on ne peut faire autrement
que de penser que le ministre fait de l'obstruction pour faire de
l'obstruction. Au moment où la députée de Verchères
présente un amendement qui propose d'inviter le ministre du Tourisme
à participer aux travaux de la commission, le ministre nous dit: Bien,
aux travaux de la commission, c'est un peu long. Peut-être que, pour les
articles qui le concernent, ce serait bien. Devant cette ouverture du ministre,
notre porte-parole officiel présente un amendement directement dans le
sens de la proposition du ministre, c'est-à-dire d'inviter le ministre
du Tourisme à venir nous rencontrer lors des études qui le
concernent, c'est-à-dire les articles 10, 11 et 12. Et là, le
ministre nous dit: Je ne peux pas m'engager, mais je vais l'inviter. Mais c'est
exactement ce qu'on demande, M. le Président. Si le ministre avait
accepté immédiatement, nous serions déjà rendus
à une autre partie de nos travaux.
Lorsqu'il semble hésiter sur les articles 10 et 12, ça
aussi, ça m'étonne, M. le Président, parce que toute
l'argumentation de ma collègue de Verchères était faite
sur les articles 10 et 11. C'est le député de Nicolet-Yamaska
lui-même qui, suite à l'intervention de la députée
de Verchères, a ajouté l'article 12.
Une voix: C'est ça.
Mme Caron: II y a lieu de s'étonner. La cohérence
ne semble pas être une qualité dominante. Je retrouve, par contre,
beaucoup de similitudes, M. le Président, avec la commission de
l'éducation, que je viens de quitter. Nous avons passé trois
jours en commission et, systématiquement, toutes les demandes de
rencontres avec les personnes qui pouvaient apporter des
éclaircissements ont été refusées, même
lorsqu'on reconnaissait que, peut-être, ce serait intéressant de
les entendre.
Vous savez, ça ne nous étonne pas, parce que cette
ambivalence, on la retrouve directement dans le projet de loi qu'on a sous les
yeux, le projet de loi 75. Ce projet, moi, je le dis carrément, c'est le
plus bel exemple, c'est le parfait exemple de camouflage. Par cette loi, le
ministre a décidé de faire indirectement ce qu'il n'osait faire
directement. Nos règles de procédure nous le défendent, M.
le Président, mais il semble que pour les projets de loi c'est
différent. Là, on peut se permettre de présenter un projet
de loi qui fait indirectement ce qu'on n'ose pas, ce qu'on n'a pas le courage
de faire directement. Le ministre du Tourisme est directement touché par
ce projet de loi. C'est clair, on l'a défini. Le député de
Nicolet-Yamaska l'a lui-même reconnu, les articles 10, 11 et 12 ouvrent
la porte à une plus grande libéralisation. Il est capital que le
ministre du Tourisme puisse s'exprimer et venir nous dire ce qu'il en pense. Le
ministre lui-même reconnaît qu'il y aurait lieu de l'entendre.
Donc, pourquoi nacccepte-t-il pas tout simplement la motion?
Les zones touristiques, c'est un dossier extrêmement important.
Ces trois articles-là, dans le projet de loi, vont avoir des
conséquences extrêmement importantes. On ne peut pas passer
à côté, et on ne peut les étudier sans la
présence de la personne qui est la plus concernée, soit le
ministre du Tourisme. Le ministre ne devrait pas s'étonner que la
commission fasse des demandes réitérées, des demandes de
rencontre avec des personnes qui peuvent nous éclairer, parce que
lorsqu'un projet de loi, M. le Président, suscite autant d'opposition
dans tous les milieux... Et l'opposition ne vient pas d'un seul secteur.
L'opposition, elle vient autant des épiciers, des dépanneurs, des
travailleurs et travailleuses, des consommateurs. Elle vient de partout. Et il
est normal, à ce moment-là, quand un projet de loi est aussi
contesté, qu'on exige la présence, qu'on invite les gens les plus
concernés à venir nous apporter des éclaircissements. Et
le ministre du Tourisme en fait partie, quant à nous, c'est
évident.
De l'autre côté, on préfère nous dire que ces
articles vont permettre l'autonomie des villes. C'est un beau principe. On est
d'accord pour le principe. On nous propose exactement la même chose avec
la loi 69, du côté de l'Éducation. Au lieu de l'autonomie
des villes, on nous parle d'un pas majeur vers la responsabilisation des
commissions scolaires. Mais dans les deux cas, ce
qu'on ne dit pas, c'est qu'en donnant des responsabilités, en
donnant de l'autonomie, ce sont les villes, et les commissions scolaires dans
l'autre cas, qui doivent supporter non seulement la lourdeur administrative qui
en découle - le député de Nicolet-Yamaska le reconnaissait
lui-même, ce matin - mais aussi les coûts financiers de ces
nouvelles responsabilités. Ah, de ça, on n'en parle pas.
Dès qu'on peut, du côté de ce gouvernement,
transférer une responsabilité financière à un autre
palier de gouvernement, c'est évident qu'on y va allègrement.
Là aussi, c'est du camouflage. On ne veut pas prendre les
responsabilités. Ce sont des taxes qui se trouvent à être
déguisées, mais qui sont toujours payées par les
mêmes personnes, qu'on les appelle contribuables, citoyens ou
consommateurs. Une loi, quant à moi, est supposée répondre
aux besoins exprimés par les citoyennes et les citoyens. Et, quand
autant de personnes manifestent carrément leur opposition à un
projet de loi, je pense qu'il y a lieu de s'interroger sérieusement, et
je ne comprends pas que le ministre ne réagisse absolument pas à
toutes les oppositions qui ont été présentées. Le
député de Nicolet-Yamaska était présent à
Laval, lors de la manifestation, de la réunion d'information du
regroupement contre. Et je m'interroge à savoir s'il a vraiment
passé tous les messages au ministre. Je pense que les messages
étaient clairs. Tous les milieux concernés et touchés, de
près et de loin, s'opposent à ce projet de loi.
Le Président (M. Bélanger): Je voudrais vous
rappeler que nous discutons d'un amendement à la motion de Mme la
députée, qui demande d'inviter le ministre du Tourisme à
participer aux travaux sur les articles 10,11 et 12. Juste ça.
Mme Caron: C'est extrêmement pertinent, M. le
Président. Quand il y a autant d'opposition, je le répète,
peut-être que vous ne m'avez pas comprise tantôt, on se doit
d'aller chercher tous les éclaircissements possibles et, dans le cas
présent, ce sont les éclaircissements du ministre du Tourisme. On
peut faire semblant que ce n'est pas important, que c'est un secteur qui touche
très peu de personnes, mais c'est faux. Ces articles touchent
directement l'ensemble du territoire parce qu'on parle de zones qui sont
annexées, des territoires adjacents aux zones touristiques, aussi. Je
m'étonne vraiment que, de l'autre côté, on nous dise qu'il
y a maintenant seulement l'article 11. Parce que, ce matin, on nous disait que
les trois articles concernaient le ministre du Tourisme. Là, on semble
mettre l'hésitation à accepter cette motion parce qu'on
préférerait l'article 11 seulement.
Notre collègue, tantôt, était très clair. Si
ce n'est que l'article 11 que vous souhaitez, déposez un amendement pour
l'article 11 et nous pourrons en discuter des deux côtés de la
Chambre. Il n'y a pas de problème, on est prêt à reprendre
cette discussion-là. Je m étonne vraiment de l'attitude et, si on
nous accuse, depuis quelques jours, de faire de l'obstruction, je pense que,
présentement, au moment où on se parle, vous avez peut-être
attrapé cette, entre guillemets, maladie.
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, Mme la
députée, en conclusion.
Mme Caron: Mais ils savent que c'est maintenant l'autre
côté qui fait l'obstruction, M. le Président. Et je termine
là-dessus. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci. M. le
député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Merci, M. le Président. Si l'autre
côté pense nous avoir à l'usure, ils peuvent s'atteler.
Toujours est-il, M. le Président, que, d'abord, il y a un avantage
à demander au ministre du Tourisme... J'ai dit que, si l'autre
côté pense nous avoir à l'usure, ils peuvent s'atteler tout
de suite.
Il y a d'abord un avantage à demander que le ministre du Tourisme
vienne parmi nous pour discuter quelques articles du projet de loi en question,
c'est que ça lui fait une belle occasion de venir nous voir à
Québec. On a remarqué que le ministre s'est promené
beaucoup à travers les régions du Québec,
dernièrement, de son propre dire, et que, finalement, par contre, il a,
à l'occasion, oublié qu'il y avait des travaux en Chambre. Alors,
c'est une belle occasion pour lui de venir nous donner son compte rendu de ses
nombreux pèlerinages à travers le Québec au cours des
derniers mois et, peut-être aussi, par le fait même, le fruit de sa
réflexion. Le ministre aurait avantage à connaître cela
afin de bien comprendre la dynamique des zones touristiques à travers le
Québec.
J'inviterais, par le fait même, le député d'Orford
à en parler aussi avec le ministre responsable du Tourisme, parce que,
bien que ça représente un coin où il y a des zones
touristiques, j'ai comme l'impression qu'il lui manque quelques
éléments pour rattacher l'ensemble de sa compréhension du
fonctionnement d'une zone touristique. Pour l'ensemble de nos collègues,
ce serait intéressant de pouvoir bénéficier du fruit des
nombreux voyages du ministre à travers le Québec et de ses
réflexions.
D'autre part, il est bien évident que, dans l'application d'un
projet de loi comme celui-là, quand on parle d'une zone touristique, on
introduit une notion différente et qui peut aussi mener à un
certain nombre d'exagérations, dépendamment de la façon
dont on envisage, ou comment on considère que doit s'appliquer la loi
dans cette zone touristique. Comme disait, par
exemple, tout à l'heure, et à bon escient, ma
collègue de Taillon, c'est quoi l'intérêt de vendre des
pianos ou de vendre des meubles dans une zone touristique, en dehors des heures
normales d'affaires? Il y en a peut-être un, intérêt, par
exemple, mais un intérêt qui va à rencontre d'autres
intérêts régionaux.
C'est que les gens qui viennent de quelque part au Québec, qui ne
sont pas dans une zone touristique, peuvent aller, éventuellement,
profiter de quelques heures de repos et de visite dans une zone touristique
pour s'acheter un "set" de salon, s'équiper d'un nouveau "set" de
cuisine, changer leur télécouleur, c'est possible que ça
se fasse. Mais, si ça se fait dans une zone touristique pour des gens
à l'intérieur du Québec, ça me surprendrait que les
Américains, eux, le fassent; ils paient moins cher chez eux, ils
n'auraient pas trop intérêt à venir le faire ici. Mais si
ça se fait par des gens à l'intérieur du Québec,
à ce moment-là, ça se fait au détriment des
commerçants de la région d'origine. (15 h 45)
Donc, on parle de commerce illégal ou enfin, sinon
d'illégalité, pour le moins, de deux poids deux mesures, de
façons différentes de traiter des commerçants, qu'ils
soient dans une région ou dans une autre parce qu'on peut se servir,
à ce moment-là, de l'appât touristique pour
développer des activités commerciales qui ne peuvent pas
être développées à certaines heures, à
certains moments de la semaine dans d'autres régions qui, elles, ayant
été peut-être un petit peu moins favorisées par la
nature et le sort, ne peuvent jouir du statut de zone touristique. Ce n'est
toujours pas de notre faute s'il n'y a pas des montagnes et des lacs partout et
si ce n'est pas dans toutes les rivières qu'il y a de la truite et du
poisson. Vous savez, c'est certain qu'il va être très difficile,
par exemple, pour le député de Saint-Maurice de faire
décréter la rivière Saint-Maurice, entre La Tuque et
Shawi-nigan, zone touristique. Ça sent tellement mauvais quand le vent
souffle du nord-est qu'il n'y a pas beaucoup de touristes qui vont y aller. Oh!
Vous irez vous promener le long de la rivière Saint-Maurice quand le
vent vient du nord; vous allez savoir ce que je dis lorsque la boucane de la
CIP de Trois-Rivières descend le long de la rivière
Saint-Maurice. C'est bien évident que... Bon, il y a, comme là,
déjà un désavantage marqué pour les
commerçants de cette région-là qui voudraient se faire
reconnaître zone touristique.
M. Jolivet: Shawinigan surtout.
M. Claveau: Vous savez, donc, ce n'est pas donné à
toutes les régions de pouvoir bénéficier de ce
statut-là. Ce n'est pas la faute des commerçants qui se sont
établis dans ces régions-là. Ce n'est pas la faute, non
plus, des gens qui se sont établis dans ces régions-là. Il
y a toutes sortes de raison. Peut-être que si on enlevait la pitoune sur
la Saint-Maurice on pourrait développer un peu d'activités
récréotouristiques en utilisant les plans d'eau qui pourraient
devenir très intéressants mais, pour le moment, il n'y a personne
qui peut faire de bateau dessus. On ne se fournit pas de pieds de moteur
à force de fesser de la pitoune en dessous de l'eau. Donc, difficilement
recevable comme région touristique. Par contre, si une autre
région à côté, à quelques kilomètres,
à quelques milles de là, réussit à se faire
décréter zone touristique et que les commerçants de
meubles, les commerçants de fourrure, les commerçants de
quincaillerie en général, les cours à bois, tout le monde
pouvait ouvrir les fins de semaine, eh bien, à ce moment-là, il
est fort probable que les gens qui vont avoir l'opportunité d'aller
faire leur tour la fin de semaine vont en profiter peut-être pour se
magasiner un "bundle" de deux-par-quatre s'ils ont des rénovations
à faire après leur garage, ou pour regarder un peu, bon, et
éventuellement se laisser attirer par un nouvel équipement
électroménager qu'ils vont voir là, etc. Mais ça
devient de la concurrence déloyale quoi qu'on en dise. Ce n'est pas
ça du tourisme, ce n'est pas du vrai tourisme. Si on veut vraiment
parler de zone touristique, en tout cas à mon point de vue. on devrait
s'assurer que les commerces qui s'adressent à une clientèle
essentiellement touristique, oui, puissent opérer d'une façon
régulière. Mais qu'est-ce que ça donne de permettre
à tout le monde de le faire? Vous n'êtes toujours pas pour me
faire accroire, M. le Président, qu'une cours à bois
derrière une quincaillerie ça peut être un attrait
touristique? Et pourquoi le vendeur de deux-par-quatre aurait le droit d'en
vendre le dimanche après-midi en zone touristique alors que l'autre,
à quelques kilomètres à côté, qui est en
dehors de la zone ne pourrait pas le faire? Vous ne me ferez toujours bien pas
accroire que ça peut être un attrait touristique que d'aller se
chercher 10 livres de clous dans une quincaillerie le dimanche
après-midi? Sauf que la quincaillerie qui est en zone touristique va
pouvoir les vendre, ses clous de 4 pouces, à tête. Dans le cas
présent, c'est peut-être du clou à finir, sans tête,
là...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Mais il va être possible de se les
procurer.
Une voix: Ça a passé proche. Des voix: Ha,
ha, ha!
M. Jolivet: Ils n'ont pas réagi. Ils n'ont pas
écouté.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
S'il vous plaît!
M. Jolivet: Non, mais ils n'ont pas écouté. Le
Président (M. Bélanger): S'il vous plaît! M. Jolivet:
Là, ils réagissent par après.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Tête ou pas tête, on continue.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Claveau: II serait intéressant, donc, d'entendre le
ministre du Tourisme sur ces éléments-là pour savoir ce
qu'il pense vraiment du tourisme. Est-ce que, pour lui, le tourisme doit se
faire à travers un attrait commercial qui fait que des activités
commerciales qui ne se font pas ailleurs vont drainer, vont attirer des gens
dans cette région-là? Si c'est ça qu'on nous dit, à
ce moment-là, dépêchons-nous de décréter
l'ensemble du Québec zone touristique. Comme ça, on ne parlera
pas de concurrence déloyale.
D'autre part, à la lecture de l'article 10, je comprends pourquoi
le ministre, dans le fond, n'est pas intéressé à entendre
un autre ministre, et surtout le ministre du Tourisme, parler sur l'article 10.
Parce que, dans le fond, l'article 10 ne dit rien d'autre que le ministre peut,
suite à la demande d'une municipalité, une demande écrite
d'une municipalité - il ne parle même pas d'une résolution
adoptée au conseil de ville, une demande écrite de la
municipalité; ça, ça peut prendre différentes
formes - permettre, donc, à la suite de cette demande-là, pour
une ville située près des limites territoriales du Québec,
d'ouvrir les magasins en tout temps. Ça, ça n'a aucune
connotation touristique, et, là, on commence à comprendre un
certain nombre de choses. D'abord, il serait intéressant de savoir ce
qu'une ville située près des limites territoriales... On ne dit
pas une ville dont les limites correspondent à la frontière du
Québec, ce n'est pas ça qu'on dit.. On dit: "...près des
limites territoriales." Sept-îles, Sept-îles, M. le
Président...
Le Président (M. Bélanger): En conclusion.
M. Claveau: ...est une ville près des limites
territoriales, étant la dernière ville qu'on peut atteindre au
Québec avant de tomber dans le golfe Saint-Laurent.
Une voix: C'est vrai.
M. Claveau: Eh bien, oui, si j'applique à la lettre le
projet de loi, c'est ça. Rouyn-Noranda est une ville aux limites
territoriales: bien qu'elle ne soit pas directement sur la frontière,
elle est à peine à quelques milles de l'Ontario, même s'il
n'y a pas de concurrents en Ontario vraiment perceptibles de près; il
faut aller à North Bay puis, pour y aller, il faut passer par le
Témiscamingue, mais c'est une ville qui peut être
considérée aux limites territoriales du Québec. À
la limite, on peut dire que Montréal est aux limites territoriales du
Québec lorsqu'on considère Montréal sur la carte globale
du Québec, par rapport à sa situation géographique. Donc,
M. le Président, je comprends que le ministre, là, essaie
peut-être de faire en sorte qu'on discute le moins possible de cet
article-là...
Le Président (M. Bélanger): Veuillez conclure.
M. Claveau: ...parce qu'il est plutôt flou et qu'il peut
prêter à interprétation, autant comme autant. Alors, tout
ça pour vous dire que, dans le fond, lorsqu'on se met à se poser
très sérieusement ces questions-là et les impacts que
ça peut avoir dans les habitudes de vie des consommateurs au
Québec, c'est à juste titre qu'on devrait recevoir, durant la
commission, au moment de discuter de ces articles, le ministre du Tourisme, qui
pourrait nous éclairer, là, éventuellement d'une lanterne
additionnelle pour savoir où on s'en va avec ça.
Le Président (M. Bélanger): Alors, je vous
remercie, je vous remercie. Alors, le prochain intervenant est Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: M. le Président, au moment où je
faisais ma brève intervention, juste avant l'heure du "lunch", je
rappelais que ça me semblait tout à fait
élémentaire qu'on entende le ministre du Tourisme et là,
lorsque le ministre de l'Industrie et du Commerce nous dit qu'il veut bien
l'entendre, mais exclusivement pour un article, je pense que ça frise la
mauvaise foi. Je ne parlerai pas d'arrogance, mais de mauvaise foi,
sûrement. Ce gouvernement a la même attitude et adopte la
même attitude sur tous les dossiers sans exception et il veut en savoir
le moi/is possible, il veut en entendre le moins possible, et son argument,
c'est celui qu'utilisait le premier ministre, en commentant les
résultats de l'accord du lac Meech. Il disait: Dans le fond, ça
va revenir au calme, parce que les gens oublient assez rapidement.
Une voix: C'est ça.
Mme Blackburn: Et c'est là-dessus que le ' gouvernement
compte constamment, mais ce que le gouvernement oublie, c'est que de
l'accumulation des frustrations il en reste toujours quelque chose. Quand vous
aurez réussi à accumuler des frustrations chez les camionneurs,
actuellement, qui sont dans la rue et à qui on dit: Entendez-vous donc
entre vous autres, quand on réussit à accumuler des frustrations
chez les
étudiants d'université dont on a relevé les frais
de scolarité, quand on réussit à accumuler des
frustrations chez les assistés sociaux - il va en rester quelque chose,
attendez le 1er août -quand on réussit à accumuler de la
frustration chez les marchands détaillants qui vous prient incessamment
de les entendre, qui sont ici de façon extrêmement assidue:
ça ne veut pas dire rien, de les voir ici, vous savez, ça
n'arrive pas très souvent...
Le ministre a une expérience parlementaire intéressante,
mais relativement courte. On ne voit pas souvent des gens assister avec une
telle assiduité à des commissions parlementaires, et ça
leur coûte quelque chose d'être ici, comme on ne voit pas des
manifestations comme celles des camionneurs dans la rue pendant 10 jours sans
que ça ne leur coûte quelque chose. Vous accumulez des
frustrations et vous faites preuve d'une arrogance qui est totalement
inacceptable, dans le fond, parce que, ça n'aurait pas
coûté cher au ministre de dire, oui, 10, 11, 12, dans le fond,
allons-y, réglons ça pour ça et on prend le vote
là-dessus, tout le monde aurait été d'accord. C'est cette
espèce d'incapacité de faire preuve de la moindre souplesse, et
l'impression générale qu'on a - et là, c'est vrai dans
tous les dossiers - c'est toujours la loi du plus fort qui gère, qui
dicte la conduite de ce gouvernement, c'est la loi du plus fort, c'est la loi
du plus riche, du plus fortuné. Dans le cas des assistés sociaux,
celui qui a eu la voix la plus forte, celui qui a eu le plus de pouvoir pour
orienter les décisions du gouvernement, ça a été le
Conseil du patronat.
Si vous regardez du côté du dégel des frais de
scolarité, ne vous demandez pas, ça a été le
Conseil du patronat, ce n'étaient pas les universités, ce
n'étaient pas les étudiants, ce n'étaient pas les parents,
c'était le Conseil du patronat... Ah! j'avais pourtant une bonne
lancée... Alors c'est toujours la même chose, je le dis, cette
arrogance crée des frustrations. Et à la limite cette arrogance
menace la paix sociale. Et je pense...
Le Président (M. Richard): Alors, Mme la
députée de Chicoutimi, je regrette, nous avons -pas
nécessairement un véritable regret, là - mais nous avons
un vote. Alors, nous suspendons les travaux pour l'instant..
(Suspension de la séance à 15 h 56)
(Reprise à 16 h 26)
Le Président (M. Bélanger): Rebonjour. Nous
reprenons nos travaux et nous sommes présentement rendus à
l'intervention de Mme la députée de Chicoutimi sur le
sous-amendement à l'amendement de Mme la députée de
Taillon. Alors, Mme la députée de Chicoutimi, il vous reste six
minutes. Je vous en prie.
Mme Blackburn: M. le Président, au moment où on a
dû ajourner pour aller prendre un vote en Chambre, je rappelais que le
gouvernement a une attitude arrogante et méprisante à l'endroit
des gens qui tentent par tous les moyens et en dépit souvent de faibles
moyens de faire valoir leurs droits. Et juste à regarder l'attitude ici
de certains députés qui, en dépit de la présence
assidue de personnes, lisent des journaux, lisent des revues, se soucient
d'à peu près comme...
Le Président (M. Bélanger): Excusez, excusez...
Mme Blackburn: ...de leur première chemise...
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Chicoutimi, on avait statué sur ce
point-là hier et je pense...
Mme Blackburn: Bien...
Le Président (M. Bélanger): . qu'on n'y reviendra
pas, s'il vous plaît.
Mme Blackburn: ...alors, je ne nommerai pas le
député...
Le Président (M. Bélanger): Et je vous demanderais
de ne pas revenir...
Mme Blackburn: ...de Saint-Maurice... Des voix: Ha, ha,
ha!
Le Président (M. Bélanger): ...là-dessus non
plus...
Mme Blackburn: M le Président
Le Président (M. Bélanger): s'il vous
plaît.
Mme Blackburn: M. le Président, c'est un gouvernement
autocratique. Un gouvernement autocratique, c'est un gouvernement dont la
puissance n'accepte aucun contrôle, et c'est un gouvernement de
ploutocrates, une ploutocratie. Vous save2 ce que c'est, une ploutocratie?
Ploutocratie, c'est un gouvernement dirigé par les riches pour les
riches. C'est un...
Le Président (M. Bélanger): Question de
règlement, M. le député d'Ungava.
Mme Blackburn: Oui.
M. Claveau: Est-ce qu'on peut savoir si le député
de Saint-Maurice s'est procuré son orange en dehors des heures
normales...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
M. Claveau:... de commerce? Le Président (M. Bélanger):
Non. On avait... Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger):... aussi statué
hier qu'on ne se servait pas du règlement pour faire toutes sortes
d'interventions. Mme la députée de Chicoutimi, je m'excuse. S'il
vous plaît, s'il vous plaît!
Mme Blackburn: M. le Président, c'est un gouvernement de
ploutocrates et c'est une ploutocratie et je m'explique. Un ploutocrate, c'est
un riche qui exerce sur la politique une influence en raison de son argent et
une ploutocratie, c'est une démocratie ou un État qui est
dirigé par des riches et pour les riches. Et les seules personnes qu'on
entend en commission parlementaire, qui semblent avoir une influence sur ce
gouvernement, c'est ceux qui ont le moyen de se payer un lobby, il faut voir
comment on a complètement désorganisé...
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Chicoutimi, avant qu'on intervienne au niveau du
règlement, je pense qu'il est interdit par nos règlements de
prêter des intentions ou des choses de même. Alors, je vous
demanderais, s'il vous plaît, de faire attention.
Mme Blackburn: M. le Président, je n'ai pas
prêté d'intentions. J'ai tout simplement...
Le Président (M. Bélanger): Alors, c'est pire.
Donc, je vous demanderais, s'il vous plaît, de faire attention.
Mme Blackburn: Bien, M. le Président. M. le
Président, le ministre refuse d'entendre les petits commerçants,
refuse d'entendre les petits travailleurs. Le ministre refuse d'entendre les
petits dépanneurs propriétaires comme le ministre des Transports
refuse d'entendre les petits propriétaires de camions. Ils ne sont pas
propriétaires de grandes flottes. Ils ne roulent pas sur l'argent. Ils
ne se promènent pas en limousine. Ils n'ont pas l'argent pour faire de
grands lobbies. C'est comme ça que ça s'appelle un gouvernement
de ploutocrates et c'est comme ça, une ploutocratie. Ce n'est pas
compliqué. Et cette arrogance, M. le Président, laisse des
marques. Mais cette arrogance aussi, ce qui est malheureux, c'est qu'elle
crée des tensions dans la société et les tensions vont
être d'autant plus grandes - et là, le ministre le sait parce
qu'il est responsable de l'Industrie et du Commerce - que l'économie
stagne au Québec. Ce n'est pas moi qui le dit. De plus en plus, les
économistes, les analystes financiers font la même lecture. Et si,
en plus, on prend des décisions qui auront pour effet d'entraîner
un ralentissement, d'accélérer un ralentissement, d'amener un
certain nombre de faillites dans ces milieux-là... D'ailleurs, je pense
autant à mes camionneurs qui sont dans la rue et qui devraient
être nos camionneurs à nous tous et qui sont de petites
entreprises aussi, les camionneurs. Les camionneurs, les petits pêcheurs,
c'est une entreprise aussi. C'est comme un petit dépanneur. Parce qu'ils
sont petits, on a l'impression qu'ils n'ont plus de voix dans ce gouvernement
comme les étudiants d'université n'en avaient pas non plus, comme
les assistés sociaux n'en ont pas non plus, comme les régions
n'en ont pas non plus.
Alors, moi, ce que je dis au ministre, le ministre qui est responsable
de l'économie, ce n'est pas n'importe quel ministre dont on parle, c'est
celui qui apporte le pain et le beurre et qui est susceptible de nous aider
à créer des emplois, pas à en fermer, là. Et c'est
à ce titre-là que je l'interpelle, que je lui demande
d'être à l'écoute de ce qui se dit. Et je le rappelle, ce
n'est pas pour rien que ces gens-là sont dans la salle. Il y en a qui
sont là parce qu'ils font du lobbying, et c'est normal. Moi, je n'ai
rien contre le lobbying. Et je pense qu'il faut qu'ils en fassent, mais
cependant il faut qu'on entende les deux versions. Ce n'est pas vrai qu'il faut
accepter que le poids ne vienne que d'un côté. Et dans ce
sens-là, M. le Président, je dis, et je reviens à la
motion qui est sur la table, le ministre a refusé d'entendre tous les
autres organismes, à moins qu'il puisse faire entendre son
collègue et qu'il arrête... Parce que moi je pensais, tout
à l'heure, quand le ministre reviendrait à la table, qu'il
s'excuserait un peu d'avoir lui-même suspendu plus longtemps que
prévu. J'ai pensé qu'il faisait aussi de l'obstruction, parce que
tout le monde était ici, à l'exception du ministre. On peut
penser qu'il était peut-être en train de mettre au point certains
amendements qui iraient dans le sens que nous avons proposé.
Le Président (M. Bélanger): Excusez, madame, juste
pour rectifier, c'est la présidence qui était en retard, retenue
à préparer une réunion pour d'autres travaux qui regardent
la commission. Alors je plaide coupable avec explications.
Mme Blackburn: Alors, très bien, M. le Président,
je les accepte; parce que le ministre n'était pas dans la salle, alors
j'avais conclu qu'il avait aussi des problèmes. Mais, de toute
façon, pour revenir à des choses plus sérieuses, le
ministre, qui refuse d'entendre tous les petits intervenants, qui semble
être influencé exclusivement par des engagements qu'il aurait pris
à l'endroit des plus puissants, pourrait au mois entendre son
collègue. Son collègue qui viendrait probablement nous dire qu'il
y a une disposition,
là-dedans, qui n'est probablement pas aussi satisfaisante qu'il
puisse y paraître. Et il serait intéressant qu'on l'entende sur
les articles 10, 11 et 12, parce que ça lui donnerait l'occasion de
vérifier comment, dans d'autres secteurs d'activité pour
l'article 10, par rapport aux frontières du Québec, comment
ça se gère, quelles sont les règles qui vont régir
l'application de cette mesure-là. Par rapport à la zone
touristique, il est vrai, comme le disait mon collègue d'Ungava, que
ça n'est pas aussi clair qu'on puisse le croire, et il serait important
qu'il vienne nous dire ce que ça veut dire. Et effectivement, le
ministre, qui a invoqué à plusieurs reprises, là-dessus je
suis toujours très sensible, son goût et son souci
d'équité, trouverait-il équitable que, parce qu'un
commerce est situé dans une zone touristique, il puisse vendre, alors
que celui qui est à deux rues suivantes, qui est en dehors de la zone
touristique, il ne puisse pas le faire? Son équité il va la
mettre où, à ce moment-là? Dans le fond de sa poche?
Alors, moi, je dis qu'il y a un certain nombre de questions qui vont se poser
par rapport à l'application concrète de cette mesure-là,
à moins qu'on ait la sagesse d'en faire des cas d'exception
extrême. Et là, vous allez créer d'autres iniquités,
d'autres injustices à l'endroit d'autres villes, qui vont vouloir avoir
des zones touristiques.
Je dis, on avait une loi qu'on aurait pu resserrer, et c'aurait
été suffisant. Chose surprenante, M. le Président, on a
ici beaucoup de petits commerçants, des représentants des
employés, mais les grandes surfaces, on ne les a plus. Ce qu'on doit
conclure, c'est qu'elles ont trouvé leur réponse, elles sont
assurées que le lobbying qu'elles ont mené auprès du
ministre a eu ses effets. Je pense que c'est ça qu'il faut
déplorer. Il faut déplorer l'arrogance de ce gouvernement, son
mépris à l'endroit de la population.
Le Président (M. Bélanger): Alors, en
conclusion.
Mme Blackburn: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Alors, d'autres
interventions? M. le député d'Orford.
M. Robert Benoit
M. Benoit: M. le Président, Mme la députée
de Chicoutimi, hier, nous disait qu'un législateur doit souvent dans ses
législations arriver avec des exceptions. Et je pense que les zones
touristiques, telles que nous le rappelait la députée de
Chicoutimi, hier, sont effectivement une forme d'exception, et ça le
dit, c'est une zone qui est touristique. Alors, dans la même logique que
la députée de Chicoutimi, hier, venant d'une zone touristique, je
ne peux que penser que c'est un bien. Nous sommes avec un déficit
important au niveau du tourisme, nous devons aider nos zones touristiques, que
ce soit du tourisme d'hiver ou d'été, et je pense que le principe
de la zone touristique n'est pas nouveau II existe depuis nombre
d'années, il a bien fonctionné. La logique, entre ce que la
députée de Chicoutimi disait hier et ce qu'elle dit maintenant,
j'ai de la misère à la suivre.
Le Président (M. Bélanger): Bien, l'intervention
prochaine, Mme la députée de Verchères.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: Merci, M. le Président. La motion allait dans
le sens de demander la présence du ministre du Tourisme, puisqu'il est
concerné. C'est même cité dans le projet de loi et nous
avons, pour rassurer encore plus... Je comprends que la confiance n'est pas au
rendez-vous. Je pense que c'est assez évident. Mais pour rassurer
davantage, pour ne pas demander une présence indue du ministre du
Tourisme, on amène même un amendement qui dit: Les articles 10, 11
et 12. Lorsque M. le ministre a fait son intervention, tantôt, je n'ai
malheureusement pu être présente, mais on m'a dit que pour
l'article 11 ça allait, le 10, ça n'allait pas et le 12 non
plus.
Je voudrais d'abord... Je reviendrai après sur la pertinence des
articles 10 et 12, mais pourquoi la présence du ministre? Ce n'est pas
farfelu, ça, et si on pouvait arriver à vous rassurer... On ne
demande pas au ministre de venir faire un discours; on aimerait qu'il soit
disponible, qu'il soit là lorsqu'on étudiera les articles 10, 11
et 12 pour répondre aux questions seulement. Prévoir les
détails. Il faut prévoir un petit peu, là. S'il y a des
questions qui se posent à l'article 10, à l'article 11 et
à l'article 12, qu'on n'a pas de réponse et que le ministre de
l'Industrie et du Commerce, ou une autre personne, ne soit pas en mesure de
répondre parce que ce n'est pas lui qui légifère
là-dessus, parce que ce n'est pas lui qui va donner l'autorisation,
est-ce qu'on va se mettre à courir après le ministre dans le
parlement? Non. Ça veut dire qu'on n'aura pas, dans les faits concrets,
de réponse à nos questions. Si c'était déjà
tout détaillé, on n'en aurait pas besoin, du ministre, mais il
n'y a rien. C'est tellement vague.
Quand on dit "dans les zones adjacentes au territoire de la
municipalité", je comprends que ça touche les
municipalités. Mais comment, au niveau du tourisme, des zones
touristiques, va-ton se démêler là-dedans? Est-ce qu'on va
les prendre en considération, les zones adjacentes? Est-ce qu'on va les
considérer ou non? Ce sont des questions aussi simples que ça,
auxquelles le ministre va pouvoir nous répondre. Là, ça
nous oblige quasiment à faire de l'interprétation Ça
nous oblige quasiment à dire: Coudon, le ministre du Tourisme, il
ne veut pas venir, qu'est-ce qui se passe? Lui en avez-vous parlé? Il ne
veut pas venir? Il ne sait pas quoi répondre? Il n'a rien de
préparé? Ou a-ton vraiment tapé dans le mille, en disant
que ça ouvre la porte à la légalisation à outrance
des ouvertures le dimanche? On ne peut pas, là, ne pas se mettre
à interpréter l'attitude de non-recevoir d'une motion comme
celle-là, où on demande simplement la présence du ministre
pour répondre aux questions.
Si j'en viens à l'article 12... L'article 10, jJen ai
parlé ce matin. Il me semble que c'est tellement évident. Quand
on parle des municipalités, des zones adjacentes et des régions
adjacentes qui sont influencées par l'autre qui est zonée de
telle façon, ça va de soi, mais il n'est pas question de
s'étirer là-dessus. Si je peux rassurer M. le ministre, il n'y a
pas de piège en arrière de ça. C'est ça qu'il
faudrait qu'on comprenne, de l'autre côté. Le but, c'est de le
questionner, mais il n'y a pas de piège là-dedans. Il ne faudrait
pas, à un moment donné, "paranoïer". Si j'arrive aussi avec
l'article 12, c'est parce que, tel que formulé, ce n'est pas assez
précis. Si je lis la dernière ligne... Je vais tout lire, c'est
un petit paragraphe. "Le ministre peut, sur demande écrite, autoriser
que le public soit admis dans les établissements commerciaux
également en dehors des heures prévues à l'article 2 ainsi
que le dimanche et les jours visés par l'article 3 lorsque - là,
j'y arrive - se tient un événement spécial..." O.K.? Un
événement spécial. On parlait des expositions agricoles.
Quels événements sont considérés comme des
événements touristiques? Et là, si on avait mis deux
points, au moins... Festival, foire, salon, exposition, bon... Mais ce n'est
pas ça. Lesquels? Un festival, quelque chose qui ressemble à...
Est-ce que, par exemple, je ne sais pas, moi, c'est le Festival de la fraise?
On est fort là-dessus, nos "Miss", le Festival de la patate frite... Je
ne sais pas, moi. Est-ce que c'est considéré comme un
événement touristique? Est-ce que, parce qu'il y a le Festival de
la fraise qui dure une semaine a Sainte-Madeleine, ou dans le comté de
Ter-rebonne...
M. Claveau: II y a le Festival de la mouche noire, à
Saint-Roch.
Mme Dupuis: Est-ce qu'à ce moment-là... Puis il a
lieu pendant une semaine, demain... Aux environs de cette paroisse-là,
est-ce qu'on va déterminer pendant tout l'été que cette
zone-là est touristique parce qu'il y a le Festival de la fraise qui
dure une semaine? Je n'ai rien contre le Festival de la fraise. Peut-être
que oui, c'est un événement touristique, mais il restera à
me le démontrer. C'est ça que je veux savoir. Je veux plus de
précisions. Il n'y a pas de piège là-dedans. Je voudrais
être claire et je ne voudrais surtout pas que ce soit
interprété... Je suis porteur de ce dossier-là... Je ne
voudrais surtout pas trouver en gros titre, demain, dans les journaux, que
j'essaie de nuire au tourisme. Ça, je voudrais bien faire une mise en
garde là-dessus. Je ne suis pas contre le tourisme, mais je ne veux pas
qu'on se serve du tourisme pour ouvrir la porte à autre chose, tout
simplement. Je veux plus de précisions.
Pourquoi les gens sont-ils là, pourquoi la salle est-elle pleine?
Il y a d'autres commissions où il n'y a pratiquement personne. C'est une
loi qui touche les gens tellement de près, qui vient changer, modifier
ou les toucher dans leur quotidien. C'est normal qu'ils soient
intéressés. Mais plus on a une loi qui touche de près les
gens à ce point dans leur vie de tous les jours, M. le ministre, je
pense que c'est évident, plus il faut en prévoir les
détails. On le sait tous: quand on vit côte à côte,
plus on est près, des fois, plus il y a des irritants. Tu mâches
mal ta gomme, tu m'énerves! Pourquoi? Parce qu'ils se frôlent
à tous les jours. On sait tous ce qu'est la vie de couple. Mais c'est le
même phénomène, c'est la même attitude. Ça
touche les gens de près dans leur quotidien. On arrive avec des choses
aussi vagues que celles qu'on a là. Plus ça les touche - et je le
répète - plus il faut être précis. Parce que, des
fois, c'est un détail qui peut venir leur empoisonner l'existence. Et
la, c'est trop vague. On veut plus de précisions. S'il n'en a pas, il
nous le dira. Mais là, en ne venant pas... Là, on a une
invitation. Vous, vous invitez le ministre du Tourisme à venir. Quelle
pression! Il peut bien se défiler facilement. Il pourrait dire: Vous
m'invitez, mais vous avez voté contre, en commission. Si
sincèrement vous voulez qu'il vienne, le ministre du Tourisme,
donnez-vous un petit peu de poids, vous autres aussi, là. S'il n'a rien
de préparé, le ministre du Tourisme, ce n'est pas la faute du
ministre de l'Industrie et du Commerce. Un ministre n'est pas responsable des
actions de l'autre. S'il n'a rien prévu, ne l'a-t-il pas, la belle porte
ouverte pour se défiler et pour ne pas venir? Même sur
invitation... Il dit: Vous m'invitez, je comprends, mais vous avez voté
contre. Il peut aussi bien vous dire: Branchez-vous! C'est ce que j'ai envie de
vous dire, moi aussi. Branchez-vous, là! De quel bord est-on,
là-dedans? Est-ce qu'on veut ouvrir ou si on ne veut pas ouvrir, le
dimanche?
Le Président (M. Bélanger): Je vous inviterais
à conclure, s'il vous plaît.
Mme Dupuis: Inutile de vous dire, M. le Président, que je
suis en faveur que le ministre vienne, en faveur de la proposition et de
l'amendement apporté par ma collègue, la députée de
Taillon.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remer-
cie. M. le député de Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Bien, avant, est-ce qu'il y a quelqu'un d'autre de
l'autre côté? Parce que c'est l'alternance. Il n'y a personne
d'autre? M. le Président, je dois vous dire que je suis un peu
abasourdi. D'autant plus que j'ai saisi le message que notre collègue,
le député de Nicolet-Yamas-ka, nous avait donné, ce matin.
Et si j'ai apporté l'amendement que j'ai suggéré à
ma collègue, la députée de Taillon, de restreindre la
visite du ministre du Tourisme aux articles 10, 11 et 12, c'est parce que
j'avais très bien suivi la discussion de ce matin. Ma collègue de
Verchères, comme responsable au niveau de l'Opposition, comme
porte-parole de l'Opposition en matière touristique, nous avait fait
mention qu'elle aimerait rencontrer le ministre, surtout parce qu'il y avait
des articles qui touchaient le ministre du Tourisme. À force de
questions avec le député de Nicolet-Yamaska, j'avais compris,
puis si on relisait les galées, ce qu'on appelle nos notes
sténographiées, on s'apercevrait qu'on faisait mention, de part
et d'autre, des articles 10,11 et 12. (16 h 45)
Alors, moi, j'ai dit: Bien, écoutez, il serait peut-être
bon, compte tenu qu'on veut une unanimité de la commission pour inviter
le ministre... Parce que, inviter quelqu'un alors qu'une majorité gagne
par rapport à l'autre, c'est toujours un peu frustrant pour la personne
qui est invitée. L'inviter de façon unanime, c'était bon.
Alors, moi, le but que je recherchais, c'était de le faire de
façon unanime, et j'avais compris - ce que le ministre indiquait aussi -
qu'il n'avait pas d'objection majeure, selon, bien entendu, les
disponibilités du ministre. C'est pour ça qu'en vertu de notre
règlement, on ne peut - vous l'avez bien dit, M. le Président -
convoquer un ministre. On peut simplement émettre le souhait, si la
commission entière est d'accord, qu'un ministre vienne expliquer.
Ça, je comprends ça, parce que ce serait frustrant pour moi, qui
suis porte-parole en matière de forêts, de voir les gens d'en face
demander que le critique de l'Opposition en matière d'affaires
municipales vienne à la place du député responsable des
Forêts. Je sais que le ministre porteur du dossier dans le contexte
actuel, c'est le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie.
Il est donc normal qu'on lui fasse confiance, parce que lui, le
ministre, il a la responsabilité donnée par le premier ministre
de venir expliquer le projet de loi. Qu'on lui suggère et qu'il accepte
en plus, pour certains des articles, d'inviter un de ses collègues pour
qu'on soit rassurés quant au désir que le gouvernement a, j'ai
trouvé ça très bon de sa part. J'ai dit: Mon Dieu, c'est
bien la première fois que ça nous arrive en commission
parlementaire. Peut-être que le ministre pourrait être
traité de naïf par d'autres de ses collègues, mais, moi, je
dirais que c'est un homme intelligent. C'est une personne qui est prête
à nous permettre d'entendre un de ses collègues, pas être
contre lui, au contraire, appuyer ses dires, et qu'il n'avait pas
d'objection... Ce n'est pas une question d'orgueil ni d'humilité. C'est
un ministre qui dit: Oui, je suis collégial et je n'ai pas de crainte
à ce que mon collègue vienne vous donner son opinion, parce que
c'a été décidé au Conseil des ministres et on
était présents tous les deux. Mais que le ministre ne veuille pas
comprendre notre argumentation quant aux articles 10 et 12, ça, j'en
suis un peu abasourdi, parce que notre demande à nous faisait suite
à la discussion qui était quasiment consensuelle, ici, en cette
commission, alors que le député de Nicolet-Yamaska occupait votre
siège pendant que vous aviez été à d'autres
occupations importantes, vous, M. le Président. Le député
avait fait une bonne ouverture, dans laquelle nous sommes entrés en
espérant que ça pouvait porter fruit. Et là, ça
correspondait, quant a moi, à ce qu'il a été dans son
rapport qu'il a présenté, une personne qui a écouté
bien du monde, qui a essayé de trouver le consensus, qu'il l'a
décrit. Malheureusement, on l'a mis de côté. Ce n'est pas
nous qui l'avons mis de côté, c'est le ministre avant celui qui
est là qui l'a mis de côté, ce qui fait que, lorsque fe
ministre est arrivé, c'est avec un esprit neuf et il a dit: Moi, je
recommence tout ça et je regarde tout ça. Maintenant, ça,
c'était son affaire à lui. Mais qu'on ne veuille plus maintenant
dire: Ce sont les articles 10,11 et 12...
Il y a un moyen d'aller plus loin dans notre consensus. Pour nous, ce
qui est important, c'est que le ministre soit là. Il est évident
qu'on voudrait l'avoir au moment où on étudie 'article 10 et
l'article 12 et, en particulier, de façon bien précise, l'article
11. Un des moyens que le gouvernement de l'autre côté a pour
arriver à un consensus, ce serait de faire un amendement - on voterait
pour ou on voterait contre - qui aurait pour but de dire: J'amende la
proposition de la députée de Taillon en retranchant l'article 10
et l'article 12. Et là, on voterait. On pourrait en discuter, faire
valoir nos points de vue et, après l'avoir fait, après avoir
discuté, en prenant le temps d'argumentation le plus bref possible de
part et d'autre, on pourrait voter pour ou contre. Comme la majorité
l'emporte, il est évident qu'on perdrait - fort probablement, si
c'était leur intention - la motion encore une fois, et on se
retrouverait avec l'article 11 seulement. Et là ce serait alors à
notre tour de prendre une décision. Et, à notre tour, on dirait:
Est-ce qu'on s'obstine? Comme je connais mes collègues, je suis
sûr que mes collègues et moi, on dirait: Dans les circonstances,
on n'a pas tout eu, mais on a au moins une
partie. Acceptons au moins cette partie-là et, une fois que le
ministre sera ici, il sera peut-être intéressé par nos
conversations, nos discussions. Il sera peut-être même
intéressé au point de rester au moins pour l'article 12, et on
n'aura pas tout perdu. C'est un moyen tout à fait normal d'en arriver
finalement à faire en sorte que le ministre du Tourisme sort
présent. Donc, notre consensus, c'est que tout le monde veut qu'il soit
présent. On ne s'entend pas sur les articles pour lesquels il devrait
être ici.
Alors, moi, M. le Président, je ne prendrai pas plus de temps.
J'arrête mon argumentation. J'espère avoir convaincu le ministre.
Et si, de bon aloi, il faisait l'amendement qui est là, je suis
sûr que je serais capable de convaincre mes collègues de dire: Ne
partons pas du tout sur le sous-amendement du ministre, votons
immédiatement, on a assez parlé sur ça. On voterait, on se
ferait battre sur l'autre, puis je pense que je serais capable de convaincre
mes collègues de dire: Au moins, on va l'accepter pour l'article 11. Je
pense que ce serait l'argumentation ta plus simple que je pourrais prendre dans
les circonstances, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur la motion de Mme la députée de
Taillon? Je comprends qu'il n'y a pas d'autres intervenants. Donc, l'amendement
à la motion se lit comme suit: "La motion proposant d'inviter le
ministre du Tourisme à participer aux travaux de la commission de
l'économie et du travail est amendée en ajoutant, à la fin
des mots "établissements commerciaux", les mots "et que sa
présence ne soit requise que pour l'étude des articles 10, 11 et
12." Cet amendement, est-ce qu'il est adopté?
M. Jolivet: Vote nominal, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Vote nominal? Bien.
J'appelle donc le vote. Mme Caron (Ter-rebonne)?
Mme Caron: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. Claveau
(Ungava)?
M. Claveau: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Mme Dupuis
(Verchères)?
Mme Dupuis: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. Jolivet
(Laviolette)?
M. Jolivet: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Mme Marois
(Taillon)?
Mme Marois: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. Bélanger
(Laval-des-Rapides), contre. M. Benoit (Orford)?
M. Benoit: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. Bordeleau
(Acadie)?
M. Bordeleau: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. Lafrenière
(Gatineau)?
M. Lafrenière: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. Richard
(Nicolet-Yamaska)?
M. Richard: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. Richard?
Des voix: Pour.
Des voix: Contre.
M. Richard: Moi, je suis pour.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
M. Lemire (Saint-Maurice)?
M. Lemire: Moi, je suis contre, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Ah! M. le ministre?
Excusez-moi, M. le ministre. M. Tremblay (Outremont)?
M. Tremblay (Outremont): Un petit commentaire avant. Je sais que
je n'ai pas le droit, mais avec la permission de l'Opposition.
M. Jolivet: On vous permet.
Le Président (M. Bélanger): II y a
consentement?
M. Jolivet: Consentement.
Le Président (M. Bélanger): Consentement,
même si c'est inhabituel.
M. Tremblay (Outremont): Si j'avais plus d'expérience
parlementaire et si j'étais convaincu que ce n'était pas un
artifice pour nous mettre dans une position délicate, je le
considérerais sérieusement. C'est la raison pour laquelle j'ai
dit que j'étais entièrement d'accord pour inviter
le ministre à venir exposer son point de vue. Donc, je dois voter
contre, tel que présenté.
Le Président (M. Bélanger): Contre. Alors,
l'amendement est rejeté. J'appelle donc le vote sur la motion
principale. S'il vous plaît! S'il vous plait! Est-ce que nous avons le
même vote sur la motion principale?
M. Jolivet: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, avec la même permission
de la part du ministre, je dirais que, ayant l'expérience parlementaire,
je pouvais lui assurer que c'était le seul ministre qu'on avait
l'intention d'inviter. Compte tenu de la décision, la motion sera donc
adoptée dans les mêmes termes, puisque le député de
Nicolet va voter aussi pour nous, puisqu'il...
Une voix: Pour la principale?
M. Jolivet: Pour la principale par le fait même, parce que,
le fait d'accepter qu'il vienne pour les articles 10, 11 et 12, il faut qu'il
accepte pour tout l'ensemble.
Une voix: Le même vote.
Le Président (M. Bélanger): J'avais bien
précisé: Est-ce que c'est sur le même vote? M. le
député de Nicolet-Yamaska.
Une voix: Le même vote? M. Jolivet: Une minute.
Le Président (M. Bélanger): Excusez! Excusez! On
écoute. Oui.
M. Richard: Si vous permettez, M. le Président, ça,
c'est très clair dans mon esprit. Lorsqu'on a parlé de faire
venir Ici le ministre lorsque nous serions à l'étude article par
article, l'intervention qu'on avait eue entre la députée de
Verchères et moi, M. le Président, c'était dans le sens de
dire: Oui, je prétends que les articles 10, 11 et 12 peuvent toucher ce
ministre-là, qui s'ajoute au ministre de l'Industrie et du Commerce.
Oui, je prétends que ce serait correct qu'il soit ici, s'il peut
être disponible au niveau de son agenda, parce qu'il peut y avoir un
questionnement. Moi le premier, je pourrais lui dire: Bon, ton autorisation
pour la zone touristique, de quelle façon tu vas limiter ça? Qui
vas-tu consulter sur le terrain, puisque c'est toi, comme ministre du Tourisme,
qui aura à consulter? Oui, je prétends en toute
honnêteté qu'il serait correct, s'il peut être
présent, qu'il y soit lors de l'étude de ces articles-là.
Évidemment, je ne voudrais pas lui faire subir - ce n'est pas le bon mot
- lui faire passer l'ensemble du projet de loi, les 34 articles.
M. Jolivet: Le député a mal compris ma question.
C'est qu'en adoptant l'amendement, qui avait pour but de dire que "sa
présence ne soit requise que pour l'étude des articles 10, 11 et
12", compte tenu que vous acceptez pour ces articles-là, vous acceptiez
par le fait même la motion principale. Le président m'a
posé la question: Est-ce que c'est le même vote. Je disais: Oui,
c'est le même vote.
M. Richard: Pas dans mon cas.
M. Jolivet: Bien, ça ne peut pas être l'inverse.
M. Richard: En fait, je ne veux pas... Je vais clarifier
ça, si vous permettez, M. le Président. Moi, dans mon esprit,
c'est clair. Le fait d'être pour que le ministre du Tourisme vienne
ici...
M. Jolivet: Pour les articles 10, 11 et 12.
M. Richard: ...pour les articles 10, 11 et 12, c'est clair,
oublions toute la "technicalité" autour, à ça, je suis
favorable, je dis oui.
M. Jolivet: D'accord.
M. Richard: Maintenant, qu'il vienne ici en audition, je suis
contre, carrément contre.
M. Jolivet: Mais écoutez, ce n'est pas ça,
là. Il faut bien comprendre La motion, telle qu'amendée..
M. Richard: Je suis pour qu'il vienne ici lors de l'étude
article par article.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît
Vous allez me permettre de relire la motion, et on va bien se comprendre Alors,
la motion sans amendement se lit comme suit: "Que la commission de
l'économie et du travail invite le ministre du Tourisme à
participer aux travaux de la commission étudiant article par article le
projet de loi 75, Loi sur les heures et les jours d'admission dans les
établissements commerciaux" Alors, la motion se lisait comme telle.
M. Jolivet: II a raison. C'est parce que j'essaie de lui tirer
les vers du nez. Mais le député de Nicolet-Yamaska a raison. Dans
le vote, dans le cas de la motion, parce qu'elle a été battue en
termes d'amendement, il est contre. Donc, le vote, dans son cas, sera
inversé, tous les autres restant les mêmes. Et je vous annonce, M.
le Président, que j'aurais une motion à présenter.
Le Président (M. Bélanger): Ah oui?
Motion proposant que le ministre dépose ses
amendements au projet de loi
M. Jolivet: La motion est la suivante. "Que la commission de
l'économie et du travail exprime le souhait que le ministre de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie dépose les amendements
qu'il a l'intention d'apporter au projet de loi 75, et ce, afin de faciliter le
travail des membres de la commission." M. le Président, vous avez
à décider si elle est receva-ble ou pas.
Le Président (M. Bélanger): Je vais me consulter un
instant, parce qu'il y a une petite ambiguïté.
Alors, s'il vous plaît. J'ai fini de me consulter. La motion se
lit comme ceci: "Que la commission de l'économie et du travail exprime
le souhait que le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie
dépose les amendements qu'il a l'intention d'apporter au projet de loi
75, et ce, afin de faciliter le travail des membres de la commission." Je veux
bien qu'on soit conscients de la portée de la motion. Comme il s'agit
d'un souhait, quelle que sera la décision de la commission, il n'y aura
aucune obligation de la part du ministre de procéder ou pas. Alors, dans
ce sens-là, je peux recevoir la motion. Elle est recevable.
M. Jolivet: M. le Président, d'ailleurs, je savais
très bien qu'elle était recevable, d'autant plus que nous avons
fait attention, dans notre texte, en disant: On exprime le souhait. Avant
d'aller plus loin, j'aurais une question à poser, parce que ça
pourrait éviter...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît.
M. Jolivet: Oui. Juste un instant, parce que la question va
s'adresser à M. le ministre, M. le Président, par votre
intermédiaire. Je pose la question immédiatement. Est-ce que le
ministre accepterait de déposer ses amendements immédiatement?
S'il acceptait de déposer ses amendements immédiatement, il est
évident que ça va m'éviter d'avoir à convaincre le
ministre pendant 30 minutes, mes collègues, pendant 10 minutes. Si le
ministre acceptait ça, je peux lui laisser un temps de réflexion
avec ses collègues. À ce moment-là, nous prendrons une
autre forme de travail, mais je lui fais l'offre actuellement. S'il veut
prendre quelques instants de réflexion avant que je ne débute mon
argumentation, je suis prêt à vous demander, M. le
Président, une suspension à loisir, le temps que le ministre
prenne sa décision.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors, M. le
ministre. M. le ministre, est-ce que vous voulez qu'on suspende quelques
instants, ou si vous êtes prêt?
M. Tremblay (Outremont): Non, non, non.
M. Jolivet: Vous allez prendre quelques instants de
répit.
M. Tremblay (Outremont): Non, non, non.
Le Président (M. Bélanger): Nous sommes prêts
à procéder.
M. Tremblay (Outremont): Si vous voulez... Si vous avez besoin...
Non?
M. Jolivet: Non, ce n'est pas moi. C'est vous.
M. Tremblay (Outremont): Non, non, ça va.
Très bien. Alors, je pense que j'accepte de déposer les
amendements lorsqu'on commencera l'étude du projet de loi article par
article.
M. Jolivet: M. le Président, ça, là,
ça démontre l'entêtement du ministre. Que ce soit...
Là, ce qu'on étudie, c'est un... Moi, je lui dis... M. le
Président, nous sommes devant le fait que nous voulons prendre quelques
instants pour prendre connaissance des amendements. Si le ministre nous dit: Je
suis prêt à les déposer immédiatement, de mon
côté, je suis prêt à lui faire une proposition.
Ça serait bien simple. Juste un instant, c'est parce que je vais juste
consulter. Je vous demanderais quelques instants de suspension, s'il vous
plaît.
Le Président (M. Bélanger): On suspend les travaux
pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 3)
(Reprise à 17 h 14)
Le Président (M. Bélanger): Alors, si vous
permettez, la commission reprend ses travaux. Nous avons devant nous une
motion: "Que la commission de l'économie et du travail exprime le
souhait que le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie
dépose les amendements qu'il a l'intention d'apporter au projet de loi
75, et ce, afin de faciliter le travail des membres de la commission."
Alors, nous en étions rendus là. M. le
député de Laviolette avait posé une question à M.
le ministre. Nous avons...
M. Jolivet: C'est moi qui dois donner la réponse.
Le Président (M. Bélanger): ...à ce
moment-là, suspendu les débats pour quelques instants.
Alors, M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): J'accepte de déposer les
amendements lors de l'étude du projet de loi, et ceci, article par
article.
Le Président (M. Bélanger): Bien.
M. Jolivet: C'était la réponse que le ministre nous
avait donnée et moi, j'étais...
Le Président (M. Bélanger): C'est ça. Ce qui
aurait eu pour effet d'annuler la motion, de la rendre caduque. Comme ce n'est
pas la situation, vous avez donc 30 minutes pour présenter et
défendre votre motion.
M. Jolivet: Oh non, pas tout à fait, M. le
Président. Je ne suis pas sûr qu'on n'acceptera pas la proposition
du ministre, mais à des conditions, nous aussi. Nos conditions
étaient bien simples. C'est que la motion que je présentais, le
ministre ne le savait pas, mais c'était notre dernière. Et nous
étions intéressés à débuter l'étude
de l'article 1. Donc, le ministre vient de nous suggérer quelque chose,
avec une petite pointe de menace, mais je le prends... Parce qu'il a dit: Je
vous les dépose si vous commencez l'article 1. Moi, je lui dis: On avait
l'intention de commencer l'article 1, donc la menace tombe.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, c'est pour
ça que je fais bien attention. Avec l'Opposition, je note tout, je fais
exprès, je note tout mot à mot. Je vais le
répéter...
Mme Marois: Vous n'êtes pas obligé de noter. M. le
Président, il y a les galées.
M. Tremblay (Outremont): ...il n'y avait pas de "si".
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît.
M. Tremblay (Outremont): J'accepte de déposer les
amendements lors de l'étude du projet de loi, et ceci, article par
article.
M. Jolivet: Oui, j'ai bien compris, mais parce que...
M. Tremblay (Outremont): II n'y avait pas de "si".
M. Jolivet: Si j'ai mis le "si", c'est parce que moi, je l'ai
interprété. Autrement dit, ça voulait dire: Commencez
l'article 1, je vais vous les donner. Donc...
Le Président (M. Bélanger): Bon, on ne fera pas de
guerre d'interprétation, si vous voulez bien. On se comprend tous, on
s'entend bien, puis il n'y a personne qui a le dernier mot, je l'ai. Alors, M.
le député de Laviolette.
M. Jolivet: Excusez. Là, je vais reprendre, j'ai
peut-être mal compris. Je recommence. Quand je disais que le ministre
devrait déposer les amendements qu'il a l'intention d'apporter... Est-ce
que je viens de comprendre très bien le ministre, lorsqu'il me dit qu'il
va les déposer - je pense que c'est important, cette
réponse-là - lorsque nous entreprendrons article par article le
projet de loi? Est-ce que ça veut dire que le ministre est prêt
à les déposer en vrac au moment où on commence l'article
1, ou si le ministre veut nous dire qu'il a l'intention de les déposer
à l'article 1, quand il y en a un, à l'article 2, quand il y en a
deux, à l'article 3, quand il y en a trois, à l'article 4, quand
il y en a quatre?
M. Tremblay (Outremont): Article par article, c'est ce que j'ai
dit.
M. Jolivet: M. le Président, j'ai de la misère
à comprendre le ministre. Parce que, nous, on voulait faire une
ouverture qui était la suivante.
Le Président (M. Bélanger): Ce sera compté
sur le temps de débat de votre motion.
M. Jolivet: Les 30 minutes. Là, je commence mes 30
minutes.
Le Président (M. Bélanger): D'accord, je vous en
prie.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: L'ouverture que nous faisions au ministre
était bien simple. On lui disait: Déposez-nous les amendements,
ce qui nous permettrait d'en prendre connaissance, afin de faciliter notre
travail comme membres de la commission Ce qu'il est en train de nous dire: Je
n'agirai pas autrement que comme on agit dans les autres commissions
parlementaires, comme dans le passé Donc, il joue le livre. Le livre,
c'est de dire: Quand je serai rendu à l'article 10. je vous dirai
qu'à l'article 10; j'ai un amendement, mais je ne vous déposerai
immédiatement pas celui que j'aurai à l'article 12. Autrement
dit, il va le faire à chacun des articles, comme on le fait normalement,
sauf que je lui rappelle que ce qu'on lui demande n'est pas nouveau et que
d'autres ministres, comme le ministre de l'Éducation, ont accepté
de faire des choses semblables, parce qu'ils voulaient avoir une bonne
collaboration. Il n'y a rien qui l'empêche. C'est tellement vrai, M. le
Président, c'est tellement vrai que nous avions une telle ouverture
d'esprit que nous voulions sauver du temps. Je venais de dire au ministre que
cette motion était la dernière des motions préliminaires
que nous avions à proposer.
Ce qui laisse sous-entendre que, comme c'était la
dernière, nous tombions sur l'article 1. Si nous tombions sur l'article
1, c'est que nous entreprenions, à ce moment-là, l'étude
du projet de loi article par article. Le ministre, dans un élan de bonne
foi, de bonne entente envers l'Opposition, aurait pu dire: Écoutez, je
vous les dépose tous immédiatement, vous allez connaître
l'ensemble. Ce qui nous permettrait de faire de meilleurs discours, connaissant
l'ensemble des amendements qui sont apportés. On aurait fort
probablement demandé au ministre une chose qui était bien simple:
Donnez-nous une quinzaine de minutes pour qu'on en prenne connaissance. En
contrepartie, pour l'aider à se préparer par rapport à ce
que nous avons comme amendements, pendant ces 15 mêmes minutes, mais
avant que les 15 minutes débutent pour que nous puissions étudier
ses amendements... Contrairement à ce qu'il nous propose, à la
fin de mon intervention - à moins qu'il m'indique qu'il ait
changé d'idée, dans ce cas, je terminerai immédiatement
mon intervention sur cette motion - je lui dis que nous serions prêts,
nous, à déposer les 20 amendements que nous avons. À ce
moment-là, pendant 15 minutes, il prendrait connaissance de nos
amendements et, pendant ces 15 minutes, on prendrait connaissance de ses
amendements, et lorsque nous reviendrions en commission parlementaire, une fois
ces 15 minutes écoulées, là, on débuterait
l'article 1 et on procéderait en conséquence. Je peux lui
garantir que les 20 amendements qui sont là, ce sont les 20 amendements
que nous avons préparés. Cependant, ils pourraient, par rapport
aux siens, s'ajuster ce qui fait qu'il y en aurait beaucoup moins. C'est dans
ce sens-là que je faisais au ministre une offre de bonne foi. Alors,
avant de continuer mon intervention, M. le Président, je redemande au
ministre: Si je dépose en liasse les amendements que l'Opposition a,
est-ce qu'il est prêt, en contrepartie, à faire la même
chose? Et je lui dis que je termine complètement mon intervention, nous
prenons 15 minutes de répit pour regarder chacun de notre bord les
amendements et, après, on commence l'article 1. J'attends sa
réponse.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, M. le
député d'Ungava, vous voulez intervenir avant? Ça va?
M. Claveau: Non, après.
Le Président (M. Richard): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Ma réponse n'a pas changé.
Alors, je suggère qu'on commence l'étude du projet de loi,
article par article, et on déposera les amendements, article par
article.
M. Jolivet: M. le Président, je reviens. Le ministre ayant
donné sa réponse, je vais con- tinuer mon argumentation. Je me
pose de sérieuses questions. Quelles sont les raisons pour lesquelles le
ministre refuse de les déposer, comme on le dit, en liasse, en vrac,
d'un coup sec, tout le monde ensemble? Comme on a souvent dans des magasins,
où on dit: département du vrac. Pourquoi le ministre ne veut-il
pas? Est-ce qu'il a une crainte de déposer tous ces amendements? Le
ministre, en ne voulant pas déposer ses amendements pour qu'on en prenne
connaissance dans les 15 minutes qui suivraient, est-ce parce qu'il ne sait pas
s'il va tous les déposer? Est-ce parce qu'il a des raisons de croire que
les amendements qu'il a l'intention de proposer, si on les étudiait
article par article, auraient pour effet de faire sauter en l'air une
catégorie de l'ensemble des marchands? Est-ce que ce serait mettre en
contradiction certaines des décisions qu'il a prises et qui feraient que
peut-être des fruiteries... Il aurait des décisions à
prendre sur les fruiteries. Est-ce parce que la motion d'amendement qu'il a
l'intention de nous présenter amène des exceptions
additionnelles, viendrait confondre son discours jusqu'à maintenant? Je
suis un peu surpris. Je connais la bonne foi du ministre et je suis, je vous le
dis, vraiment surpris, parce que je me serais attendu, à cette main
tendue, à une autre main qui viendrait la rejoindre. Et je ne le vois
pas, je ne sens pas ça. Le ministre semble avoir une part de suspicion
envers moi, peut-être, je ne le sais pas. Peut-être qu'il craint
l'Opposition. Il pense que l'Opposition veut lui jouer des tours. Je vous le
dis: Non, nous utilisons le règlement, on ne joue pas de tours au
ministre, on utilise le règlement pour lui faire comprendre le bon sens.
Ce n'est pas jouer des tours à quelqu'un que d'essayer de lui faire
comprendre le bon sens. Et j'étais tellement de bonne foi - je continue
à l'être - que je lui dis que, s'il le faisait, nous passerions
à l'article 1. Nous aborderions le projet de loi article par article
dans les minutes qui suivraient les 15 minutes de répit. Je n'irais pas
jusqu'à lui dire qu'à 18 heures on continuerait. Je pense que
tout le monde a besoin, avec la journée qu'on a passée
jusqu'à maintenant, pour ceux qui sont arrivés ici à 7
heures ce matin, ayant quitté le parlement vers 1 h 30, 2 heures, la
nuit passée, d'un petit moment de répit. D'autant plus
qu'à l'heure du dîner on a pris notre heure du dîner pour
aller réciter une prière avec les camionneurs à
l'extérieur pour la mort malheureuse d'un individu, hier, à
Montréal. On n'a presque pas eu le temps de bien dîner ce midi,
compte tenu des circonstances. Mais on serait prêts à ne pas jouer
le livre comme le ministre le joue, mais plutôt la bonne foi. Alors,
devant ces faits, M. le Président, je vous demanderais, compte tenu de
l'argumentation que je pourrais apporter et de ce que mes collègues me
demandent de vous demander, si c'est possible, une petite suspension de
quelques instants.
Le Président (M. Bélanger): Alors, il y a
consentement pour suspendre les travaux quelques instants? Consentement.
(Suspension de la séance à 17 h 25)
(Reprisée 17 h 33)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! Je demanderais à chacun de bien vouloir reprendre sa
place pour que nous puissions reprendre nos travaux. Nous en étions
à la motion de M. le... Qui l'a déposée?
La Secrétaire: Le député de Laviolette.
Le Président (M. Bélanger): ...député
de Laviolette, excusez. M. le député avait commencé son
intervention et avait quelques minutes de fartes. Alors, si vous voulez bien
continuer, M. le député.
M. Jolivet: Oui, M. le Président. J'essaie, encore une
fois, de dénouer l'impasse. C'est une expression qu'on a connue depuis
quelques jours, sauf qu'on n'est pas cloîtrés et qu'on n'est pas
enfermés; on le fait publiquement en plus. J'essaierais de proposer au
ministre une autre solution s'il le désire, ce qui nous permettrait
peut-être d'avancer rapidement dans l'étude du projet de loi. Le
ministre nous a dit: Je vais les déposer article par article. Bon, soit!
On va accepter, d'autant plus que, nous aussi, on a à déposer
article par article mais, pour vérifier la bonne foi du ministre, nous
disons: Au lieu de commencer par l'article 1, par les articles 2, 3, 4, nous
serions disponibles pour commencer par celui qui est le noeud du
problème. Tout le monde, ici, le sait. Je l'ai
répété maintes et maintes fois au ministre, c'est 4 en
tout temps avec, bien entendu, une partie de l'article 4, alinéa 2°,
qui pourrait être biffée en conséquence. Alors, si le
ministre nous dit: Écoutez, d'accord, nous sommes prêts, nous
allons aller au coeur du problème et on va aller chercher les
discussions les meilleures possible pour convaincre que de, part et d'autre,
les informations nous permettant d'arriver à un projet de loi qui soit
conforme à ce que la majorité demande... Alors, moi, je lui dis:
M. le ministre, êtes-vous prêt à nous déposer
l'amendement que vous avez sur l'article 4, en particulier l'alinéa
2°?
L'article 4, alinéa 2°, dit ceci: "l'établissement
n'offre principalement en vente, en tout temps, que des denrées
alimentaires, d'autres produits d'épicerie ou des boissons alcooliques
et pourvu qu'au plus quatre personnes, à l'exception de celles
affectées exclusivement à la fabrication des denrées, au
service de restauration aux tables ou au service de sécurité de
l'établissement, assurent le fonctionnement de celui-ci en dehors des
heures prévues à l'article 2 ainsi que le dimanche et les jours
visés par l'article 3" Je vais vous donner l'amendement qu'on a. Notre
amendement est ceci: L'article 4 du projet de loi 75 est modifié par le
remplacement des mots "pourvu qu'au plus quatre personnes, à l'exception
de celles affectées exclusivement à la fabrication des
denrées, au service de restauration aux tables ou au service de
sécurité de rétablissement" du paragraphe 2° du
premier alinéa par les mots "pourvu qu'au plus quatre personnes en tout
temps". Alors, ce serait notre proposition à nous.
C'est évident que ce que l'on souhaiterait, c'est que le ministre
dépose tous ses amendements, que nous, on dépose tous nos
amendements, qu'on prenne le temps qui reste, jusqu'à 20 heures, pour en
discuter de part et d'autre, puisqu'on avait demandé une quinzaine de
minutes, on peut peut-être mettre une vingtaine ou 25 minutes de
discussion. Ça veut dire que ça nous permet, durant l'heure du
souper, avec nos légistes, notre collègue, la
députée de Taillon, responsable du dossier, de faire l'analyse de
vos amendements, comme vous, vous allez faire l'analyse des nôtres
C'est évident qu'on aimerait avoir tous les amendements. Mais,
à défaut de ne point les avoir, je me dis que, peut-être,
si on allait au coeur du problème, qui est l'article 4, il serait
peut-être important que le ministre accepte notre invitation. C'est lui
démontrer notre bonne foi. On serait prêts à
débuter, article par article, l'étude du projet de loi.
M. le Président, avant de continuer mon intervention, je pose la
question au ministre. Est-il d'accord pour qu'on aille au coeur du
problème, qu'on arrive à l'article 4 et que, arrivés
à l'article 4, immédiatement en commençant, on puisse
discuter de son amendement et du nôtre, en étant de bonne foi de
part et d'autre et en nous donnant tous les amendements, si c'était
possible? Mais s'il ne veut pas, au moins, est-ce qu'on peut aller à
celui-là? Alors, je lui pose la question, après ça, je
continuerai s'il le faut.
Le Président (M. Bélanger): Alors, M le ministre,
si vous acceptez cette question et la réponse conséquente
M. Tremblay (Outremont): M le Président, je
répète pour la neuvième fois que je suis prêt
à déposer les amendements lors de l'étude du projet de loi
article par article, en commençant par l'article 1. Si nous n'avons pas
encore procédé à l'étude du projet de loi 75,
article par article, en débutant par l'article 1, ce n'est pas parce que
la partie ministérielle n'était pas prête.
M. Jolivet: Le ministre s'entête encore et je comprends
pourquoi on a de la difficulté à lui faire comprendre qu'il y a
un amendement majeur
qui doit être apporté au projet de lot. C'est tout
ça qui a été dit pour la énième fois, quant
à nous, puis que le ministre ne veut pas accepter. Le ministre pourrait
au moins, pour démontrer sa bonne foi, dire: O.K., on va y aller au
coeur du problème. On va y aller, on va faire la discussion puis,
après ça, on reviendra à l'article 1 et on pourra
même dire au ministre: Choisissez les articles que vous voulez, puis on
finira... Au bout de la course, là... Ce n'est pas anormal, souvent on
débute par l'article 1 puis, pour une raison ou pour une autre, on le
laisse en suspens et on passe à l'article 2, et on laisse en suspens
l'article 5. Ce n'est pas la première fois que je vis ça, moi,
depuis longtemps.
J'ai vu dans le projet de loi 150, qui avait des répercussions
sur les forêts, à tel article par rapport à tel autre
article, mettre en suspens l'un puis on dit maintenant, comme on met
celui-là en suspens, il faut aller à l'autre, puis on reviendra.
Ce n'est pas anormal. On a un secrétaire de la commission qui fait un
très bon travail, lequel est de prendre en note toutes les
décisions que nous prenons pour qu'à la fin on soit sûr
d'avoir regardé le projet de loi, de son titre à sa fin, sans
aucune difficulté, incluant les titres et le nom du projet de loi. Je ne
vois pas pourquoi le ministre veut s'entêter, M. le Président.
Vous avez présidé des commissions parlementaires, avec des
projets de loi bien plus difficiles que celui-là, M. le
Président. À la commission des affaires sociales, vous le savez,
la loi sur les ambulances, c'a brassé. Je ne veux pas vous le rappeler.
Puis pourtant, il y a des moments où on est passé d'un article
à l'autre sans aucune difficulté. Je ne comprends pas
l'entêtement du ministre. Nous lui faisons, de bonne foi, une
proposition. Je lui dis. M. le ministre, je n'ai qu'une parole et je vais
être capable de la tenir, ma parole. Et ceux qui me connaissent savent
que, quand j'ai une parole, je la tiens. Je lui dis: Nous sommes prêts a
débuter, mais par le moyen qui est l'article principal du projet de loi,
quant à nous. On a un amendement. S'il n'en a pas, on discutera de notre
amendement. S'il accepte notre amendement, nous aurons, je pense,
réglé une bonne partie du problème. Il restera des
amendements mineurs de concordance ou d'autres qui pourront être faits
ensuite, mais il me semble que le ministre devrait sauter sur la perche que
nous lui tendons. Il comprendra très bien que notre but est de l'aider
à le passer, son projet de loi. Il est évident que nous avons
pris des moyens qui sont prévus par le règlement pour essayer de
le convaincre de changer d'idée. On pensait avoir été
capables de le convaincre, mais là on s'aperçoit que ce n'est pas
possible de le convaincre et qu'il s'entête encore. Cet amendement
majeur, M. le Président, c'est un amendement qui aurait pu être
discuté avec beaucoup d'à-propos, de part et d'autre. Je pourrais
longuement discuter. Je pourrais prendre mes 30 minutes, M. le
Président. Je fais des offres au ministre, et il les refuse toutes.
Alors, je suis à court d'arguments, vous savez. Comme je suis à
court d'arguments, si ma collègue, qui est la porte-parole, a quelque
chose de plus à dire, moi, je lui laisserais mon droit de parole. Je
n'ai plus de moyen. Je suis désemparé devant l'entêtement
du ministre. Alors, je laisse à ma collègue le soin,
peut-être, de poser une question au ministre. Mais il me semble qu'il
devrait accepter cette perche qu'on lui tend.
Le Président (M. Bélanger): Alors, bien que le
député d'Ungava brûle d'envie de prendre la parole, on va
la céder à Mme la députée de Taillon.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: J'ai une dizaine de minutes, M. le Président,
j'imagine, comme la règle nous le permet. Alors, sûrement que mon
collègue, le député d'Ungava, pourra prendre les minutes
qui vont rester. À moins que le ministre, évidemment, cesse de
faire de l'obstruction sur son propre projet de loi et accepte de
débattre les amendements qu'il a à proposer.
M. le Président, quand notre formation politique, par
l'intermédiaire de mon collègue de Laviolette, propose aussi
largement que cela, d'une part, de recevoir tous les amendements que le
ministre veut faire à son projet de loi, qu'en contrepartie nous
déposerons, de notre côté - il le sait, nous n'avons qu'une
parole - tous les amendements que nous voulons faire nous aussi et qu'à
cela nous ajoutons: S'il n'est pas prêt à recevoir et à
déposer tous les amendements qui sont prévus dans le cours de nos
débats, allons donc à un article qui est celui qui crée le
plus d'unanimité contre, sur lequel on a le plus d'objections, vidons le
débat principal et, après, revenons, comme mon collègue le
mentionnait, aux articles 1, 2, etc., où nous aurons, bien sûr,
des amendements... On vient de le dire au ministre, on en a 25 à
proposer, peut-être un peu moins, autour. Mon collègue les compte
et je vous dirai combien on en a exactement.
Moi, M. le Président, ça m'inquiète. Si le ministre
n'a pas le courage d'annoncer maintenant ses couleurs, est-ce que c'est pour
essayer de faire faire des pressions à des gens qui sont ici, dans la
salle, sur l'Opposition, en disant: Ce n'est pas le gouvernement qui n'est pas
d'accord avec vous, c'est l'Opposition qui ne veut pas vous entendre? Ah bien!
si le ministre a le courage de brimer la majorité et si le ministre a le
courage de fouler aux pieds la majorité et de ne pas en tenir compte,
j'imagine qu'il doit avoir le courage aussi de fouler aux pieds la
minorité, ou de la reconnaître et de faire une exception. Depuis
trois jours, les fruiteries sont ici, à nous dire: Le ministre ne veut
pas proposer d'amendements parce qu'il dit que l'Opposi-
tion va être contre. C'est ça qu'il dit aux fruiteries.
Alors, j'imagine qu'il doit avoir un amendement à proposer sur les
fruiteries, leur permettant d'ouvrir en tout temps, 24 heures par jour, peu
importe le nombre d'employés qu'il y a dans les fruiteries. Puis on
votera contre si on n'est pas d'accord. Mais s'il a le courage, là, de
fouler aux pieds la majorité qui n'est pas d'accord avec son projet...
Parce qu'il n'a pas répondu à ma question: Combien y en a-t-il,
dans les mémoires qui nous ont été déposés,
M. le Président, qui demandaient d'ouvrir jusqu'à 22 heures, tous
les soirs? Qu'il me les nomme! Je veux les connaître. J'en ai trois
piles, là. Ça, c'est la première et j'en ai deux autres
à côté de moi. Et ici j'ai une pétition que, tous
les jours, je dépose, pour dire au ministre: C'est contre eux autres que
votre projet de loi va, parce qu'eux autres sont en désaccord avec vous.
Ils ont même pris la peine de signer des documents. Soit dit en passant,
les feuilles sont pleine*:, elles sont plutôt signées sur trois
colonnes qu'une. (17 h 45)
Alors, quand le ministre nous dit qu'il ne veut pas déposer ses
amendements, qu'il se plaint que l'Opposition fait de l'obstruction, je pense
qu'il doit se blâmer lui-même et plaider sa propre turpitude. C'est
devant ça qu'on est, M. le Président. L'Opposition ne fait pas de
l'obstruction pour de l'obstruction; c'est parce qu'on veut qu'il y ait des
gens qui ne sont pas d'accord avec son projet de loi qui soient entendus. Le
ministre nous a accusés... Non, je dirais que le ministre nous a
questionnés sur le fait qu'on n'était pas
préoccupés des besoins des consommateurs et des consommatrices.
Il nous a dit non quand on a voulu les entendre sur son projet de loi. Puis il
nous a dit non quand on a voulu entendre les travailleurs de l'alimentation et
du commerce, tant du côté de la FTQ que de la CSN. Il nous a dit
non quand on a voulu demander à recevoir les dépanneurs, à
recevoir les marchands de meubles. Alors, ce n'est pas de l'obstruction, M. le
Président. On a un projet de loi que le ministre nous a
déposé depuis quatre semaines. L'Union des municipalités
m'envoie une lettre, le 13 juin, comme quoi elle n'est pas d'accord avec un
certain nombre d'éléments qui sont dans le projet de loi. Je ne
peux pas lui dire: Peut-être que je vais aller dans le sens de ce que
vous proposez ou pas, je ne sais pas c'est quoi les amendements que le ministre
veut déposer. Après ça, c'est lui qui nous dit à
nous qu'on fait de l'obstruction, alors qu'il est en train de faire une loi
pour la minorité. C'est ça, M. le Président, qu'il est
train de faire, le ministre, et il n'a même pas le courage de les
déposer, ses amendements. Alors, q'jind il aura le courage de les
déposer, ses amendements, M. le Président, on aura le courage,
point par point, de discuter de chacun de ceux-là. Puis nous, on sait
où on se loge, puis ça ne nous inquiète pas.
Puis on sait qu'on en représente du monde, puis on sait que le
monde qu'on représente, c'est la majorité, M. le
Président. C'est ce que j'avais à dire pour l'instant. Merci.
Une voix: Bravo! Bravo!
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! Non, non. M. le ministre.
M. Gerald Tremblay
M. Tremblay (Outremont): Je voudrais, pour la quatrième
fois, rassurer la députée de Taillon et tous les membres de
l'Opposition que je n'ai subi de pression d'aucun lobby et ceci, quelle que
soit leur position. Le lobby de la Coalition contre et certains
représentants de la Coalition pour sont présents. Je respecte les
deux points de vue. Le projet de loi est un compromis, un compromis qui
apparaît acceptable, sans nécessairement plaire à tout le
monde.
Lorsqu'on nous accuse d'avoir refusé certaines motions pour faire
entendre à nouveau, en commission parlementaire, des intervenants, j'ai
clairement exprimé, dans la majorité de ces motions-là,
qu'on avait déjà rencontré tous les intervenants en
commission parlementaire: 91 mémoires, 84 groupes, 110 heures de
consultation. À ce moment-là, l'Opposition nous avait dit:
Inutile, une commission parlementaire, on sait tout, on n'a rien à
apprendre de plus. Au nom de la démocratie, je l'ai convoquée
tout de même, la commission parlementaire. Alors, je répète
- maintenant, je suis rendu à la dixième fois -que je suis
prêt. J'ai toujours été prêt, depuis maintenant
près de 60 heures, à analyser... J'exagère, là, 60
heures. Ça fait 12, 24... J'exagère, là, il faudrait au
moins diviser par deux, je l'admets. Je suis prêt à
procéder à l'analyse du projet de loi article par article. Alors,
je demande encore une fois à l'Opposition de suivre les
procédures normales et de commencer par l'article 1.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: M. le Président, d'abord, en ce qui concerne
la procédure normale, la commission étant souveraine dans sa
façon de fonctionner en autant qu'on a des consensus, toute
procédure qu'on décide de suivre devient une procédure
normale en soi, d'une part.
D'autre part, il y a un problème fondamental que le ministre
connaît, qui est le noeud du problème et qui oriente tout le reste
de la discussion sur le projet de loi. C'est bien clair, nous, on veut
commencer par là et on pense qu'il y a de bonnes raisons pour qu'on
commence par la, et l'une des bonnes raisons, je vais vous
la donner tout de suite, M. le Président. L'article 1, intention
générale, n'en parlons pas. L'article 2, les premiers mots de
l'article 2: "Sous réserve des articles 4 à 12". L'article 3, les
premiers mots de l'article 3: "Sous réserve des articles 4 à 12."
On arrive à l'article 4, après. On veut nous faire voter, au
départ, nous faire discuter sur des articles de loi pour que, en
commençant le projet de loi, ils nous introduisent déjà un
certain nombre de réserves sans qu'on ait eu la possibilité de
discuter de ces réserves-là. Il y a un problème.
Moi, je veux bien qu'on discute des articles 2 et 3, mais j'aimerais
bien savoir sur quel genre de réserves, par exemple, on discute, quelles
sont les réserves qui vont les conditionner. L'article 4, en
réalité, aurait dû être l'article 1, dans ces
conditions-là, parce qu'il conditionne le reste du projet de loi et les
réserves vont de l'article 4 à 12. Imaginez-vous, il y a à
peine une trentaine d'articles dans le projet de loi! Ça commence
déjà, et, dans la trentaine, il y en a un nombre
considérable qui sont des dispositions transitoires et finales, les
autres sont des amendes, hein! En fait, il y a 12 articles qui sont exclus, des
amendes, sanctions et dispositions transitoires, et, de ces douze
articles-là, il y en a juste trois qui ne sont pas conditionnés
aux réserves des neuf autres. Et vous trouvez que l'on a tort de vouloir
commencer en discutant des réserves, la principale réserve
étant l'article 4?
Je pense que, au contraire, M. le Président, notre position est
tout à fait logique. L'article 1, à la limite, l'intention
générale, mais les articles 2 et 3, qu'on en discute avant de
parler de l'article 4, moi, en tout cas, je ne suis pas d'accord avec
ça. Je veux bien savoir ce qu'on va voter et en fonction de quelle
réserve on va voter ces articles-là, d'une part.
D'autre part, M. le Président, le ministre nous dit: Le projet de
loi que j'ai sur la table est un compromis. Allons donc! Un compromis avec
quoi? Un compromis avec qui? Un compromis sur quoi? Un compromis, M. le
Président, est, règle générale, un genre de
position mitoyenne, un dénominateur commun qui rallie le plus de monde
possible! C'est ça, un compromis. Le ministre a utilisé un
dictionnaire ou un langage qui n'est pas vraiment le nôtre, parce que son
compromis, c'est d'arriver à rendre tout le monde insatisfait. Il a
réussi à trouver la ligne médiane là où il
n'y avait personne d'accord, et il appelle ça un compromis, M. le
Président. Il faut quand même ne pas avoir beaucoup de gêne
quant à l'utilisation des mots. Il faut leur donner de la valeur, aux
mots qu'on utilise. Un compromis qui ne rallie personne, M. le
Président, ce n'est pas un compromis.
D'autre part, le ministre dit - et ça, je l'ai retenu moi aussi,
à l'instar de ma collègue de Taillon - aux fruiteries qu'il ne
peut pas proposer d'amendement parce que l'Opposition va être contre.
Allez donc! Ça ne le fatigue pas bien bien de nous présenter un
article 4 en sachant qu'on est contre, il n'a pas un problème, avec
ça, au contraire, il y tient parce qu'on est contre. Eh bien, si tel est
le cas, il nous laissera juger de ce dont on doit être contre et ce avec
quoi on doit être d'accord. C'est à nous d'en juger, ce n'est pas
à lui. S'il veut proposer quelque chose pour les fruiteries, qu'il le
fasse! Qu'il en prenne ia responsabilité lui-même! Et,
après ça, on jugera de ses propositions on est capables de se
tenir debout et on sera capables d'expliquer notre point de vue aux fruiteries
nous autres mêmes. On n'a pas besoin que le ministre se réfugie
derrière des supposées intentions qu'il nous prête pour ne
pas modifier son projet de loi à l'égard d'un autre groupe de
marchands qu'il est en train d'égorger avec la position qu'on a sur la
table. On est capables de prendre position nous-mêmes, on a toujours
été capables de défendre nos points de vue nous-autres
mêmes, et on va continuer à le faire, n'en ayez crainte, M. le
Président.
Moi, je pense que le fait que le ministre refuse d'accepter la
proposition qu'on met sur la table en disant: Commençons donc par
discuter de toutes les réserves qui conditionnent les premiers articles
du projet de loi, c'est qu'effectivement il n'a pas l'intention de discuter
globalement des impacts de son projet de loi. Et, à la limite, quoi
qu'il en dise, je ne serais pas surpris d'apprendre, au moment où on
commencera l'étude article par article du projet de loi, que les deux
seuls amendements qu'il avait, il les a mis sur la table, c'est-à-dire
un employé de plus en dehors des heures normales de commerce, le
deuxième étant la réduction des heures, de 22 heures
à 21 heures, parce que là il s'était un peu trop
emballé, se rendant compte que, finalement, en allant jusqu'à 22
heures, vraiment c'était peut-être exagéré. Un petit
peu plus, il allait même fermer les magasins après la fermeture du
métro à Montréal. Alors là, il a
décidé de revenir un peu par lui-même. Mais je ne serais
pas surpris, moi, que ce soit les deux seules exceptions ou les deux seuls
amendements qu'il avait à mettre sur la table, peut-être à
l'exception d'un amendement qui, semble-t-il, a été
proposé par le député de Nicoiet-Yamaska, et qu'on n'a pas
encore, de toute façon. C'est probablement la raison pour laquelle le
ministre n'a rien à déposer. Si tel est le cas, qu'il nous le
dise tout de suite et, à ce moment-là, il n'aura pas à
taxer l'Opposition d'intentions pour justifier son manque de capacité
d'intervenir pour régler les problèmes que crée son projet
de loi. S'il a des amendements et si ces amendements-là sont acceptables
par les gens qui sont ici dans la salle et qui en demandent des amendements, je
ne vois pas pourquoi il aurait honte de les déposer sur la table.
Le Président (M. Bélanger): En conclusion,
s'il vous plaît, M. le député d'Ungava...
M. Claveau: Dans ce sens-là, M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): En conclusion.
M. Claveau:... j'invite, encore une fois, à l'instar des
collègues qui m'ont précédé, le ministre, d'une
part, à déposer ses amendements dont il ne devrait pas avoir
honte s'ils sont si bons que ça - nous, on a les nôtres, on n'en a
pas honte, on est prêts à lui donner - et, d'autre part, qu'il
nous permette d'étudier les réserves avant d'étudier les
articles de loi sur lesquels ces réserves-là s'appliquent. Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui, simplement, dans mon "désemparement" de
tout à l'heure, j'ai oublié de poser le geste que j'avais promis.
J'avais promis que nous déposerions nos amendememnts, nos 20
amendements. Je les ai recalculés parce que ma collègue m'a mis
un peu la puce à l'oreille, je me suis dit: "C'est-u" 20 ou 25?
C'était bien 20. Alors, M. le Président, je fais le
dépôt officiel. J'aurai probablement l'occasion, puisque mon temps
n'est pas encore écoulé, quant à moi, de pouvoir les
annoncer en les lisant à 20 heures ce soir, lors de notre retour
à la commission parlementaire.
Dépôt des amendements de
l'Opposition
Le Président (M. Bélanger): Bien! Alors, le
dépôt de vos amendements est accepté. Comme il n'y a qu'une
copie de disponible, à l'heure du souper on les fera faire et, à
20 heures, elles seront distribuées. Mme la députée de
Chicouti-mi.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. Je m'apprêtais
à prendre la parole mais, comme il ne reste que quelques minutes,
est-ce...
Une voix:... quelques secondes.
Mme Blackburn: Moi, je peux commencer, je n'ai pas de...
Le Président (M. Bélanger): On peut suspendre les
travaux jusqu'à 18 heures. Consentement?
Une voix: Jusqu'à 20 heures.
Le Président (M. Bélanger): Jusqu'à 20
heures, excusez. Alors, les travaux sont suspendus jusqu'à 20 heures. Je
vous remercie.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
(Reprise à 20 h 14)
Le Président (M. Richard): Je suis convaincu que vous
aviez des discussions fort intéressantes... Mesdames et messieurs, la
commission reprend donc ses travaux. Je vous rappelle que nous étions
à la motion 9, qui était la suivante: "Que la commission de
l'économie et du travail - qui est la nôtre - exprime le souhait
que le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie dépose
les amendements qu'il a l'intention d'apporter au projet de loi 75, et ce, afin
de faciliter le travail des membres de la commission. " La motion avait
été déposée par le député de
Laviolette, M. Jolivet. Avait demandé d'intervenir, Mme la
députée de Chicoutimi, Mme Blackburn. Vous avez donc la
parole.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. J'ai dû
m'absenter pour aller prononcer un discours en Chambre au moment où
était déposée cette motion et, à mon grand
étonnement, je dois dire - et j'aimerais qu'on m'écoute - j'avais
l'intime conviction que le ministre accepterait d'emblée la proposition
qui était faite de déposer les amendements pour qu'on puisse un
peu en prendre connaissance et progresser dans l'étude des
différents articles du projet de loi. M. le Président, je n'ai
pas la prétention d'avoir une très longue expérience
parlementaire, ça va faire tout juste cinq ans que je suis ici.
Cependant, j'ai eu l'occasion, a de multiples reprises, de siéger
à des commissions parlementaires longues, consultations, consultations
limitées, consultations générales, examens de projets de
loi, et dans la plupart des commissions parlementaires - et je voudrais que le
ministre prenne note de ces faits - généralement, à moins
qu'il y ait mauvaise volonté, les propositions d'amendement sont
déposées. Ce n'est pas quelque chose de particulier qu'on demande
au ministre, c'est quelque chose de légitime, c'est quelque chose qui se
fait assez généralement, à moins qu'il y ait des tensions
telles, à moins qu'on veuille cacher la réalité;
généralement, lorsqu'on dépose d'avance les amendements,
ça permet d'abord d'établir un bon climat de travail, ça
permet à l'Opposition d'un peu voir, et à ceux qui sont
observateurs, où s'en va le ministre avec son projet de loi. Ça
nous permet également de ne pas poser des questions inutiles parce qu'on
sait que, d'avance, certains amendements seront apportés aux articles
suivants. Ça permet, autrement dit, de travailler avec intelligence et
efficacité. J'ai travaillé à plusieurs commissions
parlementaires. Je vois ici le président de la commission, nous avons
siégé ensemble. Et je ne dirais pas que c'est une pratique
généralisée et absolue, mais très très
fréquente, et avec certains ministres - je pense au ministre de
l'Éducation, aussi à la ministre de la Santé et des
Services sociaux
à l'époque, Mme Lavoie-Roux - nous arrivions même
avec le cahier qui était préparé par le ministère
qui donnait les articles du projet de loi antérieur, les articles du
projet de loi modifié et les raisons, toujours sur trois colonnes. J'ai
eu des cahiers complets et qui m'étaient transmis avant même qu'on
commence l'examen du projet de loi. Donc, il s'est établi une pratique
en commission parlementaire qui permet à l'Opposition d'être
efficace, qui fait preuve de transparence de la part du ministre, mais,
également, qui démontre une volonté d'être à
l'écoute des différentes opinions émises autour de la
table.
Alors, ce que je voudrais dire au ministre... Ce n'est pas exceptionnel,
la demande. Et je sais que ceux qui ont un peu plus d'expérience le
savent. Ce n'est pas exceptionnel, la demande que nous avons faite qu'il
dépose en bloc ses amendements. D'ailleurs, nous l'avons fait avec bonne
grâce, sans aucune difficulté. Ça permet aux gens de savoir
où ils vont et comment on se branche.
M. le Président, l'autre question sur laquelle le ministre se
refuse d'avancer... Parce que je pense que le ministre refuse. C'est de la
mauvaise volonté et c'est de mauvaise foi. Très
fréquemment, nous l'avons fait je ne sais dans combien de commissions
parlementaires, on suspend l'étude de l'article 1, de l'article 2, et
là on s'en va à un article qui a des incidences sur les articles
qui précèdent ou qui suivent. Et là on prend l'article qui
a le plus d'incidence sur le projet de loi et, quand on s'entend sur cet
article-là, les autres, rapidement, peuvent être examinés,
modifiés, amendés, et ça va très rapidement.
Alors, M. le Président, il ne s'agissait pas pour nous de faire
une demande farfelue. Nous avions vraiment l'intention d'essayer de faire
progresser la discussion, ici, en cette commission, parce que nous sommes
obligés de constater un certain nombre de choses. D'abord, le ministre
semble tout à fait déterminé à n'écouter
personne. Autant commencer à examiner le projet de loi parce qu'on aura
tout fait. Il refuse même... Parce que c'était tout à fait
en toute bonne volonté que nous lui demandions de déposer ses
amendements. Mais voilà, comme il refuse à la fois d'entendre le
monde... Et là on pensait qu'au moins il accepterait de déposer
ses amendements. Il refuse ça. Il refuse de commencer à l'article
4. Et là je me suis dit: C'est peut-être par manque
d'expérience parlementaire. Mais je ne le crois pas parce qu'il y a des
conseillers qui en ont, il y a des collègues qui en ont. Donc, on ne
peut pas penser que c'est simplement parce qu'il ignore que les règles
existent, en certaines circonstances. Donc, je ne peux interpréter
ça que comme étant de la mauvaise foi. Le ministre, non seulement
refuse-t-il d'entendre le monde, mais il refuse vraiment - et,
là-dessus, nous sommes tout à fait convaincus - de faire un
travail sérieux d'examen du projet de loi.
À présent, le ministre va nous dire: Écoutez, vous
faites des motions demandant d'entendre différents groupes. Ce sont des
mesures dilatoires, vous n'avez pas l'intention de procéder, et il est
trop tard pour que nous commencions à entendre des groupes. S'il est
trop tard pour que nous commencions à entendre des groupes, il faut que
le gouvernement ne s'en prenne qu'à lui-même parce qu'il
dépose toujours ses lois à la dernière minute. Est-ce
qu'il y a seulement une journée, pendant la session, au cours de
laquelle on peut déposer les projets de loi, qui serait le 14 ou le 15
mai, la date limite? Non. La session parlementaire a commencé cette
année le 11 mars. On peut penser qu'il y avait des projets de loi qui
étaient probablement prêts, ils auraient pu être
déposés à compter du 11 mars, on aurait pu tranquillement
procéder à l'examen de ces projets de loi. Alors, le
gouvernement, délibérément, dépose ce projet de loi
à la dernière minute, amène les projets de loi aux trois
ou quatre derniers jours de session, de manière à pouvoir
bulldozer tout le monde.
M. le Président, la politique, c'est l'art du compromis, pas de
la compromission, du compromis. J'admire en cela la sagesse du ministre de
l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Science, qui
dit, devant nos remarques: Vous savez, on ne peut pas tout changer d'une fois.
Des fois, on aimerait ça prendre une situation puis dire: On fait table
rase et on recommence. Mais il dit: Dans le fond, le temps m'a appris qu'on est
mieux de faire des petits pas, modifier des petites choses puis, tanquillement,
la fois suivante, on progresse un peu plus. Le seul endroit et le seul moment
où on peut vraiment faire des grands pas, où on peut faire table
rase sans se soucier de personne, c'est lorsqu'on gère une entreprise
personnelle, privée: on peut à l'occasion faire table rase et
recommencer.
M. Jolivet: M. le Président, je m'excuse auprès de
ma collègue, on aura l'occasion d'y revenir, des
événements pressants devant nous, vous savez, avec toutes les
difficultés qu'on aura connues de convaincre le ministre, mais on aura
l'occasion de revenir dessus... Est-ce qu'on pourrait avoir une suspension, M.
le Président, d'une dizaine de minutes?
Le Président (M. Richard): Oui, je pense que M. le
ministre donne son accord, ça va. Alors, une suspension de 10 à
15 minutes pour des raisons techniques.
(Suspension de la séance à 20 h 20)
(Reprise à 21 heures)
Le Président (M. Richard): La commission reprend ses
travaux. Nous en étions à la motion, et la parole était
à Mme la députée de Chicouti-
mi. Mme Blackburn, vous avez donc la parole.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Au moment où
nous avons été interrompus, j'essayais de dire au. ministre que
ce n'était pas exceptionnel, la motion que nous avions
déposée afin de lui demander de déposer ses amendements et
l'idée qui avait été mise sur la table à l'effet
que l'on puisse commencer par l'article qui posait le plus de problème,
lequel article, une fois dénoué, permet de procéder
rapidement à l'examen des précédents et des
subséquents. Alors, ce n'était pas du droit nouveau, de la
pratique nouvelle, c'est très fréquent que ça se fasse en
commission parlementaire.
Vous savoz, la politique, je le disais, c'est l'art du compromis; pas de
la compromission, du compromis C'est l'art de concilier les parties. C'est
l'art de réconcilier les divergences. C'est l'art d'équilibrer
les rapports entre les belligérants. C'est l'art de composer avec
l'Opposition de manière à choisir la meilleure voie, mais c'est
aussi les bons administrateurs, les bons politiciens. C'est l'art de
s'approprier les meilleurs éléments des adversaires pour
améliorer ce projet de loi. En politique, on ne peut pas fonctionner
comme dans le privé. En politique, on doit accepter la politique des
petits pas. Il y a des fois où on a l'impression qu'il serait
préférable qu'on recommence ça à zéro. Il y
a très peu de situations qui nous permettent de le faire en faisant
table rase de tout ce qui existe. En politique, vous devez accepter de faire
des petits pas, de dire: II y a un problème, commençons
tranquillement par corriger, et, s'il faut vraiment changer la
mentalité, allons tranquillement dans le changement des
mentalités. Mais on n'impose pas à une société des
changements de mentalité. De façon générale, on
reconnaît que les législations suivent les changements et ne les
précèdent jamais.
Prenons une loi extrêmement contentieuse, celle de l'avortement.
Jamais on n'aurait envisagé d'aborder cette question-là si,
déjà, il ne s'était pas établi une pratique. Le
divorce, tiens, c'est moins contentieux. Prenons le divorce. Quand on a
accepté d'adopter une loi sur le divorce en Chambre, ça faisait
20 ans que ça existait, tranquillement, et ça posait des
problèmes aux couples qui se séparaient. Mais jamais les
législations ne précèdent les changements de
mentalité. La législation ne fait que confirmer ce qui se passe
et pas l'inverse.
Alors, ce que je voudrais juste dire au ministre, c'est que, dans une
situation à laquelle nous sommes ce soir confrontés dans l'examen
de ce projet de loi, il faut éviter d'essayer de précéder
les changements de mentalité. Il faut davantage essayer de se mettre
à jour avec les changements de mentalité, mais on n'est pas
obligés d'imposer à la société
québécoise des changements de mentalité intervenus ou
à intervenir dans d'autres États ou dans d'autres provinces.
Alors, moi, M. le Président, j'essaie, avec la petite
connaissance que j'ai, l'expérience relativement brève que j'ai
des travaux parlementaires, d'inviter le ministre à bouger
là-dessus. Je sais que ce n'est pas une chose facile. Ce n'est jamais
une chose facile, lorsqu'on s'est fait une opinion bien arrêtée,
qu'on a une connaissance du dossier qui nous amène à penser qu'on
est dans la bonne voie, parce que je ne pense pas que le ministre soit de
mauvaise foi dans le sens: Je vais "blaster" tout le monde. Je ne le pense pas.
Je pense qu'il a la conviction qu'il est dans la bonne direction. Je pense
qu'il a cette conviction, sauf que je dis au ministre: II n'est jamais
déshonorant de constater qu'on a pu errer sur quelque chose. Il est
beaucoup plus déshonorant de persévérer dans l'erreur que
de commettre une erreur. L'erreur est humaine, mais d'y
persévérer, ce n'est jamais souhaitable, que ce soit par orgueil
ou par...
Alors, M. le Président, tout ce que je souhaite, je le souhaite
pour nous puis je le souhaite pour les Québécois, je le souhaite
pour ceux et celles qui s'intéressent à cette question-là,
qui s'en passionnent, qui en vivent, j'oserais dire. J'espère que le
ministre reviendra à, j'allais dire, de meilleurs sentiments et qu'il
nous permettra vraiment de commencer l'examen de ce projet de loi article par
article Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. D'autres intervenants?
M. Jolivet: Du côté ministériel, M. le
Président, il y en a. Ils ont des questions, il faut croire qu'ils ont
des idées. Non?
Le Président (M. Richard): Ce n'est pas parce qu'ils
n'interviennent pas qu'ils n'ont pas des idées, par exemple, M. le
député de La violette, quand même!
M. Jolivet: On a un vote.
Le Président (M. Richard): Non, ce n'est pas un vote. Non,
c'est probablement une question de quorum.
M. Jolivet: Non. En fait, M. le Président, c'est qu'il y
avait eu suspension, de l'autre côté, et on appelle les
députés. .
Le Président (M. Richard): Pour reconvoquer...
M. Jolivet: ...pour recommencer, oui. Mme Blackburn: Tout
simplement.
Le Président (M. Richard): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants? Mme la députée de
Terrebonne, Mme Caron, vous avez la parole. Mme Jocelyne
Caron
Mme Caron: Merci, M. le Président. J'avoue que, moi aussi,
comme ma collègue de Chicoutimi, je suis un petit peu
déroutée par certaines attitudes depuis le début de cette
commission, étant habituée, moi aussi, à travailler
à la commission de l'éducation. Nous sommes habitués
à une certaine rigueur qui permet, par contre, d'apporter des
amendements et d'étudier des amendements.
Depuis le début de nos travaux, ce matin, je suis très
surprise de l'attitude du ministre qui semble éprouver de
sérieuses difficultés entre la théorie et ta pratique.
Lorsqu'on a proposé un amendement invitant le ministre du Tourisme
à venir nous rencontrer pour étudier les articles 10, 11 et 12,
le ministre nous a dit qu'il était pour ce principe, qu'il était
prêt à l'inviter, mais il a voté contre. Lorsque nous avons
demandé le dépôt des amendements pour procéder enfin
à l'étude du projet de loi, le ministre nous a dit que, oui, il y
avait des amendements, mais il n'était pas prêt à les
déposer. Il voulait commencer à étudier la loi avant.
Lorsqu'on lui demande de commencer à étudier la loi à
partir de l'article 4, il ne peut pas commencer à étudier la loi
à partir de l'article 4. Pourtant, comme l'a souligné
tantôt mon collègue d'Ungava, si on regarde bien les articles,
l'article 2 et l'article 3 sont sous réserve des articles 4 à 12.
Donc, la demande de l'Opposition était quand même très
rationnelle.
Ça ressemble beaucoup au projet de loi qu'on a devant nous. Ce
projet de loi a été annoncé en grande pompe par le
ministre en disant qu'il était contre l'ouverture des commerces le
dimanche. Si on le regarde dans sa nature, si on examine tous les articles,
pratiquement, ça ne donne pas une fermeture le dimanche; au contraire,
ça donne une ouverture le dimanche.
Je pense qu'il est important d'être cohérent. Le ministre,
dès le début, avait été clair et je pense qu'il
était sincère à ce moment-là, il voulait respecter
trois grands principes: la qualité de vie des travailleurs, les besoins
réels des consommateurs et l'équité entre les
commerçants. Les amendements que l'Opposition a déposés
vont dans ce sens-là, dans le sens de ce que le ministre souhaitait pour
une meilleure qualité de vie des travailleurs, pour répondre aux
besoins réels des consommateurs. Parce qu'il ne faut pas oublier que la
Coalition touche à toutes ces personnes, autant les travailleurs et les
consommateurs que les commerçants. On ne peut avancer dans ce projet de
loi si le ministre ne commence pas l'étude des articles importants, et
l'article le plus important, je suis sûre qu'il va le reconnaître,
c'est l'article 4, c'est le pivot, c'est l'essence même de la loi et
c'est là-dessus qu'on se doit de travailler.
Le ministre nous a dit tantôt que sa loi était un
compromis. Je ne pense pas qu'on ait la même définition du mot
"compromis". Un compromis, oui, il faut en faire, un compromis, mais il faut
que ce compromis réponde aux besoins qui ont été
exprimés en commission. Ce que nous avons sur la table
présentement, sans les amendements, c'est un projet de loi qui ne
répond absolument pas aux demandes qui ont été
exprimées durant la commission. Personne ne s'est attendu à un
projet de loi qui, tout en énonçant comme principe qu'il
défend l'ouverture le dimanche, finalement le permet. Personne ne s'est
attendu à un tel projet de loi de la part du ministre.
Je pense que, si nous commencions dès maintenant l'étude
du projet de loi article par article en nous inspirant des mémoires qui
ont été déposés, les 91 mémoires qui ont
été déposés, les 84 groupes qui ont
été entendus, nous pourrions avancer. Moi aussi, je tiens
à en appeler de la bonne compréhension du ministre, tout comme ma
collègue de Chicoutimi, pour que nous puissions régler, à
la satisfaction de l'ensemble des citoyens. Parce que, si le projet de loi 75
passait tel quel, sans amendement, c'est toute notre société qui
serait pénalisée.
Reculer, c'est possible, surtout lorsqu'il y a eu des demandes, et les
demandes, elles ont été très nombreuses depuis plusieurs
semaines. Lorsqu'un projet de loi est déposé, il n'est pas final,
ce projet de loi; il est déposé, d'une certaine façon,
pour que les groupes réagissent et qu'on puisse reculer, si on
s'aperçoit que ce qui est proposé ne convient pas à
l'ensemble. Et c'est ce que les gens ont fait. Certains projets de loi passent
presque tout à fait inaperçus, mais ce projet de loi, je pense
que tout le monde, autant les consommateurs que les travailleurs et les
commerçants, tout le monde a démontré une volonté
de le régler, ce conflit, et tout le monde a démontré,
vraiment, sa bonne foi et apporté des arguments valables au ministre.
Permettre ces amendements aujourd'hui, je pense que ce serait faire preuve
d'une très grande compréhension et ce ne serait pas -
contrairement à ce que le ministre peut croire - abolir son compromis,
puisque ce serait une autre forme de compromis, mais un véritable
compromis qui répond aux besoins de notre nouvelle société
québécoise.
Vous savez, M. le Président, ce que les gens ont demandé
dans cette législation, ils ont vraiment demandé qu'elle soit
claire, qu'elle soit simple et qu'elle soit bien appliquée, parce que je
pense que c'est ce qu'on reprochait le plus à la loi qui est
actuellement en vigueur. Elle n'était pas appliquée. Si nous
voulons, ensemble, régler ce problème qui traîne quand
même depuis plusieurs années... Il ne faut pas se le cacher,
ça fait des années qu'on tente de légiférer sur ce
projet de loi. Le projet de loi 75, tel que présenté, est une
nouvelle tentative de régler le conflit. Mais il est clair, à
partir de toutes les
démonstrations qu'on a eues, que la proposition n'apporte aucune
satisfaction. Et, si elle n'apporte aucune satisfaction, nous devrons, dans
quelques mois, revenir avec une nouvelle étude, une nouvelle commission
parlementaire et une nouvelle modification du projet de loi sur les heures
d'affaires. Je pense que, tant qu'à répéter ce processus
à l'infini, il serait bon de vider, une fois pour toutes, la
question.
C'est très simple, ce qu'on demande, finalement. Si le ministre
arrivait à changer l'article 4 et à ajouter, tout simplement, les
mots "quatres employés en tout temps", je pense que l'étude du
projet de loi 75 se ferait très rapidement, dans le calme, la
sérénité, pour le grand bien de tout \p monde et à
la grande satisfaction de tout le monde. Les seules, peut-être,
perdantes, si le ministre arrivait à céder sur cet amendement, ce
sont, bien sûr, peut-être, les grandes surfaces ou certaines
grandes pharmacies où on retrouve peut-être 10 % de
médicaments et où or. 'etrouve à peu près de tout,
des aliments, des vêtements. On trouve de tout, même un ami. Je
pense que notre population québécoise n'est pas en mal
d'amitié et peut quand même se trouver d'autres amis pour les
quelques heures de liberté qu'il lui reste. (21 h 15)
Donc, M. le Président, j'en appelle vraiment à la
maturité du ministre et à sa ferme décision... Qu'il
revienne à sa décision première et je suis convaincue que,
quand il a présenté le projet de loi 75, ce qu'il voulait,
c'était régler - il nous l'a dit en Chambre - une fois pour
toutes ces heures d'ouverture qui traînent depuis si longtemps. S'il veut
vraiment les régler, et pour longtemps, c'est la seule façon de
les régler, à notre avis. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la
députée de Terrebonne. Autre intervenant? Mme la
députée de Verchères, Mme Dupuis, vous avez la parole.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: Merci, M. le Président. Il y a une phrase que
le ministre a dite tantôt et qui m'a portée à
réfléchir. Le ministre a dit: Je n'ai rien à apprendre de
plus. C'est peut-être possible que le ministre n'ait plus rien à
apprendre sur le sujet, mais moi, ma réaction vis-à-vis d'une
phrase comme ça, c'est: Je le plains. C'est un manque de respect pour
ceux qui ont la conscience, M. le ministre, de faire un travail proprement, de
faire un travail consciencieusement, et avec tous les éléments
nécessaires pour le faire, ce travail-là. Qu'on refuse de donner
tous les amendements pour quoi, puisse les étudier puis faire un travail
intelligent, ça, c'est d'enlever les outils quasiment indispensables
à ceux qui veulent faire leur travail comme il faut, et ceux qui n'ont
peut-être pas fini d'apprendre.
Mais là, j'ai retrouvé le Parti libéral pas mal
là-dedans. Déposer à la pièce, politique à
la pièce, politique de rapiéçage puis de camouflage. J'ai
appris quelque chose bien, bien jeune, ma mère m'a dit: N'envoie jamais
la poussière en dessous du tapis, fais le ménage ou bien ne le
fais pas pantoute. Caché. Pas moyen de ne rien lui arracher, on essaie
d'avoir une motion, c'est: Non. On dirait qu'il n'a pas passé
l'âge du "non"; tu sais, à cinq ans, tout le monde dit non tout le
temps. Ça reste accroché là. On a eu ça tout le
long. Mais, pour avoir une attitude comme ça, je suis convaincue qu'il a
dû dire oui à quelque part, à un moment donné, puis
à qui?
Une voix: Ha, ha, ha! Oui, oui.
Mme Dupuis: C'est blessant, M le Président C'est vraiment
blessant. Peut-être, oui, que je suis nouvelle en politique puis je me
fais encore des illusions, mais moi, ça m'a blessée Puis
ça, ça ne se passe pas dans la tête, ça se passe
dans les tripes, M. le Président. Une attitude comme celle-là est
foncièrement blessante. Puis si c'est ça, la politique, vous
allez m'avoir dans les pattes pendant quatre ans, certain! Parce que je ne suis
pas prête, moi, à endosser ça comme ça, puis
à fermer ma boîte. Je le sais, que ce n'est pas drôle
d'avoir une femme choquée en face. Bien oui, mais arrêtez de nous
faire choquer, puis on va avoir des attitudes un peu plus calmes! C'est
insupportable, je suis foncièrement blessée On demande qu'un
ministre vienne répondre à des questions alors que son nom, tout
le long du projet de loi, apparaît, le ministre du Tourisme. On n'en veut
pas Ou on dit: J'ai peur de me faire avoir, peut-être. Peur de se faire
rouler! Mais se faire rouler par qui? Par l'Opposition? Le danger n'est
peut-être pas là. Peur des compromis. On refuse tout compromis,
mais en même temps on ne refuse peut-être pas de se compromettre.
Oui, c'est blessant Je me choque, il faudrait peut-être que je me
"déchoque". Oui, ce serait mieux, M. le Président? Mais ce n'est
rien, ça. Quand les 1000 travailleurs, puis les 2000, puis les 3000 vont
se choquer, il va peut-être voir autre chose que ça.
MmeCaron: 400 000.
Mme Dupuis: 400 000? Peut-être que ça va être
plus imposant qu'un député d'en face qui se choque. Parce qu'il
le ressent Eux autres aussi le ressentent, M. le ministre. Je n'ai pas besoin
de les pousser, je n'ai pas besoin de les crin-quer, entre guillemets,
là. Je pense que l'attitude du ministre est capable de le faire. Parce
qu'ils le vivent, comme je le disais tantôt, ils le vivent, ils vont le
vivre tous les jours, M. le ministre. J'aime bien mieux être dans mes
bottines que dans les vôtres. Ils vont le vivre tous les jours, chaque
soir que la caissière va fermer sa caisse, à 23 heures, à
22 heures, puis
qu'elle va rentrer chez elle à minuit, c'est tous les soirs que
ça va revenir, ça. Elle ne pourra pas l'oublier. Tous les matins,
quand elle va prendre son autobus, il va falloir qu'elle soit au travail
à 8 heures, tous les matins, elle va la haïr, cette
situation-là. Ce n'est pas comme, des fois, un chèque
d'impôt. C'est bien choquant, mais c'est une fois par année, un
mois après, ça se passe. Mais là, c'est tous les jours.
Combien, tu m'as dit? 400 000? 400 000 tous les jours, ça peut avoir de
l'effet, à un moment donné, hein? Peut-être que,
monétairement, c'est rentable de faire ça. Mais, politiquement,
je me pose des questions pour vous autres. Mais ça, moi, ça ne me
dérange pas. Arrangez-vous avec votre facture. Vous l'aurez et vous ne
l'aurez pas volée. Mais qu'on ne respecte pas, par exemple, l'Opposition
d'en face, puis qu'on essaie de nous museler tout le temps, puis de nous
empêcher de faire notre travail adéquatement, quand tu veux le
faire sincèrement, ton travail, et qu'on dit: Non, on va être
corrects, là... Est-ce qu'on peut avoir les amendements
déposés pour qu'on puisse les étudier? C'est non. On va
les étudier à la pièce, un par un. Ça ne sera pas
plus drôle. On va les prendre un par un.
Ce n'est pas fini, mon temps de parole, M. le Président?
Le Président (M. Richard): Allez, allez, madame!
Mme Oupuis: Je ne vous dis pas qu'on va les prendre tout de
suite. Ça fait plusieurs fois qu'on vous offre de commencer puis ce
n'est pas commencé. Vous accrochez sur l'article 1 alors que l'article
1, ça ne veut rien dire et, de toute façon, ça nous
réfère tout à l'article 4.
M. Tremblay (Outremont): On va être rendus à
l'article 2. Après ça, on va être rendus à l'article
4 très vite. On va commencer d'arrêter, là!
Mme Dupuis: C'est décevant. Tout ce que je peux dire,
c'est que c'est décevant. C'est même humiliant de se faire traiter
de la sorte.
M. Claveau: Les camionneurs, ça fait 10 jours qu'ils
attendent dans la rue, en avant.
Mme Dupuis: C'est ça. Ce n'est pas grave. On peut faire
attendre les gens. Je pense que je vais arrêter là-dessus. Je
pense que j'ai dit ce que j'avais à dire. Je suis choquée. Je
n'ai pas envie de reprendre "item" par "item", d'une façon très
rationnelle et tout ça. Non. Ça sort émo-tivement. Tu es
choquée, tu es choquée. Mais c'est blessant, puis pas juste pour
une personne. Je ne comprends pas, et c'est même décevant. Je vais
vous dire, M. le Président, si M. le ministre avait dit oui,
tantôt, je pense qu'il aurait grandi aux yeux de plusieurs. Il a
raté une belle occasion. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la
députée de Verchères. Maintenant, chacun a utilisé
son droit de...
M. Jolivet: M. le Président, j'ai utilisé, je
pense, 18 minutes de mon temps de 30 minutes. J'aimerais bien pouvoir utiliser
le reste. Alors, j'aimerais... Vous ne voulez pas me donner cette occasion de
faire valoir ce point de vue, quoi?
Le Président (M. Richard): Ce n'est pas que je ne veuille
pas. C'est que, si je me réfère au règlement, vous ne
pouvez pas.
M. Jolivet: En vertu de quel article, M. le Président?
Le Président (M. Richard): On va vous dire ça
à l'instant, M. le député de Laviolette. Heureusement, je
ne fais pas ce règlement-là. À moins qu'il n'y ait
consentement de la part des gens qui sont ici... S'il y a consentement à
ce que vous consommiez l'ensemble de vos 30 minutes...
Mme Marois: II faudrait voir le règlement et, après
ça, si on a un problème avec le règlement, on verra au
consentement.
Le Président (M. Richard): Si ma mémoire est bonne,
vous ne pouvez pas. Parce que vous ne pouvez pas dire, par exemple, si vous
aviez une demi-heure: Je prends 15 minutes et je compléterai mon temps
un peu plus tard, dans une deuxième partie ou une troisième
partie.
Alors, l'article 209: "Sauf..." Oui, mais, avant de demander le
consentement, on va seulement actualiser l'article 209: "Sauf dispositions
contraires, un député peut s'exprimer une seule fois sur une
même question. Son temps de parole est de 10 minutes pour une motion de
forme et de 20 minutes pour toute autre affaire." Mais on spécifie bien
que c'est une seule fois dans un seul bloc. Alors, si vous aviez utilisé
10 minutes...
M. Jolivet: Je m'excuse, mais est-ce que vous êtes à
l'Assemblée nationale ou si vous êtes en commission parlementaire?
Parce qu'il y a des différences, en commission parlementaire, M. le
Président, par rapport à l'Assemblée nationale. Je
comprendrais très bien, à l'Assemblée nationale, j'ai un
droit de parole, j'ai droit à 10 minutes, j'ai droit à 20
minutes, j'ai droit à une demi-heure, j'ai droit à une heure,
dépendant si je suis le porte-parole de l'Opposition sur une motion de
fond, une motion de forme. Maintenant, je sais que l'habitude, en commission
parlementaire, peut permettre à une personne d'utiliser son temps en
plusieurs moments. D'ailleurs, l'expression typique de ça, c'est
que,
quand on est en crédits, M. le Président, vous le savez
très bien, on alterne môme entre nous autres, on fait des ententes
dans ce sens-là. Simplement, je veux savoir si j'ai le droit. Si je n'ai
pas le droit, écoutez...
Le Président (M. Richard): Non. Je sais que vous
êtes respectueux du règlement et je vais vous lire le
deuxième paragraphe. "Cependant, l'auteur d'une motion, le premier
ministre et les autres chefs de groupes parlementaires, ou leurs
représentants, ont un temps de parole d'une heure pour les motions de
fond et de 30 minutes pour les motions de forme. " Dans ce cas-ci, c'est une
motion de 30 minutes, mais c'est toujours à l'article 209. Donc, vous ne
pouvez pas compléter votre temps, malheureusement. Ça
n'empêche pas la deuxième hypothèse, dans le sens de ce
qu'a dit Mme la députée de Taillon...
M. Jolivet: Je vais me fier au règlement, M. le
Préisident, je voulais juste m'assurer de ce droit-là. Alors,
dans ce contexte-là, M. le Président, je me rends à votre
décision.
Mme Marois: On n'est pas à la cour, de toute
façon.
Le Président (M. Richard): Maintenant, puisque chacun a
épuisé son temps, est-ce qu'on demande le vote nominal?
M. Jolivet: Certainement, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Alors, M. le secrétaire,
si vous voulez faire le vote nominal sur la motion du député de
Laviolette, M. Jolivet.
Le Secrétaire: Mme Blackburn (Chicoutimi)?
Mme Blackburn: Pour.
Le Secrétaire: Mme Caron (Terrebonne)?
Mme Caron: Pour, M. le Président.
Le Secrétaire: M. Claveau (Ungava)?
M. Claveau: Pour.
Le Secrétaire: Mme Dupuis (Verchères)?
Mme Dupuis: Pour, M. le Président.
Le Secrétaire: M. Jolivet (Laviolette)?
M. Jolivet: Pour, M. le Président.
Le Secrétaire: Mme Marois (Taillon)7
Mme Marois: Pour, M. le Président.
Le Secrétaire: M. Benoit (Orford)?
M. Benoit: Contre, M. le Président. Le
Secrétaire: M. Bordeleau (Acadie)? M. Bordeleau: Contre, M.
le Président. Le Secrétaire: M. Lafrenière
(Gatineau)? M. Lafrenière: Contre, M. le Président.
Le Secrétaire: M. Richard (Nicolet-Yamas-ka)?
Le Président (M. Richard): Contre
Le Secrétaire: Et M. Tremblay (Outremont)?
M. Tremblay (Outremont): Contre, M. le Président.
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. Richard): Oui. M. le député
de Laviolette.
M. Jolivet: Étant donné que cette motion est
battue, si je comprends bien..
Le Président (M. Richard): Oui, oui.
M. Jolivet: La motion est battue?
Le Président (M. Richard): Oui, c'était
ça.
M. Jolivet: Compte tenu que nous avions dit que nous
étions intéressés - et je n'ai qu'une parole - à
commencer l'étude article par article après cette motion, vous
vous en souvenez, je n'ai pas changé d'idée, mais j'ai une motion
quand même.
Le Président (M. Richard): Vous avez le droit.
Mme Marois: M. le Président, juste.. Si vous me le
permettez, juste pour les fins d'explication, peut-être, pour les gens
qui nous liront et certains qui nous écoutent, expliquer comment il se
peut qu'étant, pour l'instant, majoritaires dans le vote on le perde
quand même. J'aimerais ça, que vous expliquiez ça aux gens
qui nous regardent, parce que, évidemment, c'est un peu
compliqué, là, de comprendre qu'on peut gagner un vote à
cinq contre six.
Le Président (M. Richard): Bon, voici, à cause de
l'ensemble des commissions parlementaires, il est convenu, d'un commun accord
avec les deux partis, maintenant les trois partis - la partie
ministérielle et les deux partis d'Opposition - d'un nombre de votes
dans chacune des commissions parlementaires. Dans celle-ci, le nombre de votes
maximum possible pour le parti
de l'Opposition, qui est le Parti québécois, est de quatre
et le nombre de possibilités de votes de membres votant pour le Parti
libéral serait de neuf. À l'instant où nous obtenons,
comme parti ministériel, plus de quatre, ou même quatre seulement,
parce qu'il n'est pas nécessaire d'avoir une majorité, à
l'instant où c'est égal, la motion tombe. Ce n'est pas une
question d'avoir une majorité à ce niveau-là lors d'une
motion en commission parlementaire. Et ça, c'est relié à
l'article 127 du règlement de l'Assemblée nationale qui dit ceci:
Lorsqu'elle détermine - l'Assemblée comme telle - la composition
de chaque commission, la commission de l'Assemblée nationale peut fixer
- ce qu'elle a fait - le nombre de membres qui, dans chaque groupe
parlementaire, exercent un droit de vote. Elle peut également
décider que tous les membres des commissions participent au consentement
unanime et exercent un droit de vote, lors de la mise aux voix des motions
devant être adoptées à la majorité des membres de
chaque groupe parlementaire. Ces décisions sont prises a
l'unanimité et n'affectent en rien tout autre droit d'un membre, homme
ou femme législateur, y compris le droit de parole et le droit de
présenter des motions. Ça répond à votre question,
madame?
Mme Marois: Je vous remercie, M. le Président. Je pense
que c'était important pour apporter un éclairage aux gens qui
nous liront et qui nous entendent.
Le Président (M. Richard): Non, je pense que vous avez
bien fait.
M. Jolivet: Et, peut-être pour ajouter, M. le
Président, pour les besoins des gens qui nous écoutent et qui
nous lisent, je pense que c'est important aussi de dire que le
président, quel qu'il soit, même membre de l'Opposition comme
vice-président, dont je suis, qui pourrait présider à
l'occasion conserve à la fois son droit de parole et son droit de
vote.
Le Président (M. Richard): Oui. Sans être
obligé de l'utiliser, mais il a le droit de le faire.
Motion proposant d'étudier d'abord l'article
4
M. Jolivet: C'est ça. Alors, je vous disais, M. le
Président, avant que ma collègue vous pose cette question de
directive, que j'avais une motion qui a trait, justement, à l'agencement
de nos travaux article par article, tel que je l'avais promis. Alors la motion
que je vous propose, M. le Président, celle-là, après
avoir fait un souhait au ministre, je la fais de façon formelle, cette
fois-ci: Que la commission de l'économie et du travail exprime le
souhait qu'elle commence l'étude du projet de loi 75 en étudiant,
dans un premier temps, l'article 4 de ce projet de loi.
Le Président (M. Richard): Si vous le permettez, on va
seulement faire une vérification au niveau de...
M. Jolivet: On peut suspendre. (21 h 30)
Le Président (M. Richard): Non, non, pas
nécessairement. Ça ne sera pas tellement long.
Mesdames, messieurs, effectivement, puisque c'est un souhait, je pense
que c'est recevable. Alors, nous recevons la motion, effectivement.
M. Jolivet: M. le Président, j'ai un droit de parole de 30
minutes?
Le Président (M. Richard): C'est exact. M. Jean-Pierre
Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Je voudrais bien faire
une distinction entre la motion que j'ai présentée avant l'heure
du souper et cette motion, parce que les gens pourraient avoir l'impression que
la motion qui est devant nous est la même que celle d'avant l'heure du
souper. Alors, je vais vous lire, pour qu'on se comprenne bien, la proposition
d'avant l'heure du souper. C'était: "Que la commission de
l'économie et du travail exprime le souhait que le ministre de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie dépose les amendements
qu'il a l'intention d'apporter au projet de loi 75, et ce, afin de faciliter le
travail des membres de la commission. "
Ce que nous avons proposé à ce moment-là nous a
amenés à des exemples qui avaient été
apportés par mon collègue, le député d'Ungava,
disant qu'il serait opportun d'avoir les amendements nous permettant d'agir. On
avait même proposé une suspension de 15 minutes des discussions
permettant au ministre de déposer en vrac tous ses amendements, comme
nous, nous étions prêts à le faire, ce que nous avons
effectivement fait, vous vous en souvenez, M. le Président. D'ailleurs,
nous avons tous reçu de la part du secrétaire de la commission
l'ensemble des 20 amendements que nous avions déposés avant
l'heure du souper.
Nous avions dit aussi, à ce moment-là, comme exemple, que,
si nous avions les amendements, nous serions capables d'agir de façon
plus convenable quant à l'étude du projet de loi. Ma
collègue, la députée de Chicoutimi, vous a dit et redit
que ce n'était pas anormal, que c'était tout à fait
correct et que d'autres ministres avaient accepté d'agir comme
ça. Je ne sais pas qui conseille le ministre, je ne sais pas s'il agit
de son propre chef, mais il y a une chose certaine, c'est que je trouve, M. le
Président, que le ministre s'entête, j'allais dire
obstinément, mais c'est un peu trop le dire comme tel; mais il
s'entête.
Alors, devant ces faits, comme j'avais
promis d'arriver à l'étude article par article, je vous
dis, M. le Président, que, oui, on est actuellement article par article,
mais que nous voulons commencer par l'article 4. Pourquoi voulons-nous
commencer par l'article 4? Parce que l'article 4, tel qu'il est
présenté devant nous, est un article de grande importance. C'est
lui qui, pour l'ensemble du projet de loi, aura une détermination qui
nous permettrait, comme membres de l'Opposition, de voter pour ou de voter
contre l'ensemble du projet de loi. Comme un processus est enclenché
où, comme le disait la députée de Verchères, le
ministre dit toujours non, je m'attends encore une fois, M. le
Président, à ce qu'il me dise non et, même, par
l'intermédiaire du leader de son propre gouvernement, malgré
toutes les discussions qu'il y a eu jusqu'à maintenant, malgré
toutes les preuves qu'on lui a apportées jusqu'à maintenant,
malgré ce que les gens disent, à l'extérieur comme
à l'intérieur, et les discussions qui ont amené la
suspension de nos travaux, que le ministre nous donne le bâillon, nous
impose le bâillon. C'est son droit de le faire, de le demander, parce
qu'il estime que, pour lui, le débat a assez duré.
Nous lui avons fait des ouvertures avant le souper, nous lui avons fait
des ouvertures depuis le début, nous lui avons dit, s'il était
prêt à mettre trois petits mots dans le projet de loi, que nous
serions capables de nous accommoder du reste, même d'acceptb." le hindi,
le mardi, le mercredi, le jeudi, le vendredi à 2i heures et même
22 heures. Mais, comme il a reculé à 21 heures, on était
prêts à accepter ça, puis on le négocierait. On le
discuterait. Mais le ministre a agi autrement, il a décidé
autrement. Il a décidé d'utiliser la matraque, le bulldozer, le
bâillon. Il a accepté ça en disant: J'ai assez entendu
parler l'Opposition, je ne broncherai pas, ça va rester tel quel, puis
nous, l'article 4, on ne bougera pas dessus. Bien, je dois lui dire, comme le
disait ma collègue, la députée de Verchères: Je
suis insulté.
J'ai connu ici, en commission, en Chambre, des débats encore plus
longs que ceux-là, où l'Opposition essayait de faire comprendre
des choses. Je l'ai dit au ministre, pour la loi 101, les gens sont venus des
jours et des jours, des heures et des heures, parler du livre blanc sur la loi
101. J'ai vu, au mois de juillet, en pleine chaleur, alors qu'il n'y avait pas
d'air climatisé, où on était obligés d'ouvrir les
fenêtres de chaque bord, les gens venir, de l'Opposition, nous dire que
nous avions tort d'agir comme ça. Des heures et des heures. On n'a
jamais, jamais mis le bâillon sur une loi aussi importante Jamais! Nous
avons terminé le 27 août 1977, dans le salon bleu, qui
était un salon non climatisé, dans un salon où on avait fa
chaleur sur la cuirette, où il a fallu même, dar.z certains cas,
enlever nos vestons parce qu'il faisait trop chaud. On n'a jamais imposé
le bâillon.
Puis le ministre, parce qu'il n'a pas pris la responsabilité de
déposer avant le 15 mai son projet de loi, parce qu'il a refusé
d'entendre les travailleurs, les gens qui sont les consommateurs, les gens qui
représentent la Coalition pour et la Coalition contre, les gens des
dépanneurs, les gens des meubles, vient nous dire, maintenant, parce
qu'on a essayé d'utiliser les moyens de lui faire comprendre que le
projet de loi avait contre lui l'unanimité des petits comme des gros,
mais qu'il avait une tendance à favoriser plus les gros que les
petits... Parce que le ministre a dit, dans ce contexte-là, non, nous
avons décidé de continuer notre bataille au nom de ceux qui sont
bafoués. Et voilà qu'on nous annonce que nous serons
bâillonnés. Le bulldozer a passé. Quand le ministre vient
nous dire qu'il a décidé sans aucune contrainte, mes
collègues ont raison de penser qu'on a des doutes Puis quand je vois les
gens qui sont de l'autre côté, qui étaient membres de la
commission pendant l'étude des mémoires et qui ne sont plus
membres, ici, ce soir, de la commission, je sais pourquoi ils ne sont plus
membres, c'est parce qu'ils auraient voté pour la position de
l'Opposition. Qu'on ait réussi à dire aux gens qu'il fallait
avoir des membres à cette commission, qui, dans certains cas, ne nous
écoutaient même pas, des murs devant nous autres... Puis on vient
nous accuser, maintenant, d'avoir perdu du temps? Non, monsieur! Non, M. le
Président, je n'accepterai pas ça. Je n'accepterai pas de me
faire dire que j'ai perdu mon temps ici. J'ai essayé de
représenter une partie de la population qui est contre le projet tel que
présenté. Puis moi aussi, je vais parler avec i.iOs tripes, parce
que je le sens profondément, ce que je pense
Nous voulons commencer par l'article 4, qui est le noeud du projet, qui
est l'action même de la décision de chacun d'entre nous, qui
ferait pencher les membres de l'Opposition pour le gouvernement s'il acceptait,
au moins, trois petits mots: "en tout temps". Nous savons, nous croyons, nous
ne pouvons pas imaginer autrement que le projet de loi, fait comme il est fait,
va nous amener, M. le Président, à plus ou moins long terme,
à faire tomber un des principes du ministre, la durabilité. Le
projet de loi ne sera pas durable. On a demandé à des gens s'ils
étaient d'accord avec le projet de loi en leur disant: Écoutez,
on va monter de trois à quatre le nombre d'employés qui seront
disponibles. On vient de leur dire qu'on avait fait sauter "en tout temps". Ces
gens-là, de bonne foi, ont dit: Bien, ça a bien du bon sens,
trois ou quatre, ce n'est pas pire, 21 heures ou 22 heures, le soir, on peut
s'entendre.
Puis là, on vient de nous dire: Ils nous appuyaient, puis on ne
comprend plus pourquoi ces personnes-là en autorité dans des
organismes syndicaux viennent de dire que ce n'est pas vrai, que ce n'est pas
ça qu'on leur avait dit, puis que là, ce n'est pas vrai qu'ils
appuient le projet de loi, puis qu'on n'a pas besoin de s'appuyer sur eux pour
croire que le projet de loi est adap-
table et adoptable comme c'est là. Puis je ne charrie pas quand
je dis ça. Je sais de quoi je parle. On a les lettres entre les mains.
Que ces gens-là, maintenant, aient été leurrés, il
est compréhensible de penser que beaucoup d'autres l'ont
été, M. le Président. Puis les gens qui sont ici, dans
cette salle, c'est parce qu'ils ont voulu y être. Les gens ont
été dans les salles où vous avez été
présent, M. le Président. Et je pourrais lire les documents de
presse qui nous indiquent que même vous, malgré toute la bonne
volonté que vous avez manifestée, malgré le mémoire
que vous avez présenté, malgré toutes les choses qui
auraient pu être accommodables dans votre position, les gens vous ont
hué, a Sherbrooke. Puis ça, vous ne pouvez pas le dédire.
C'est marqué et c'est dit et puis tout le monde le sait. Pourquoi? Parce
que, comme nous, ils croient que l'article 4 doit être changé et
parce que c'est par celui-là qu'il faut commencer.
Je me suis retenu, avant l'heure du souper. Vous avez remarqué
que je n'ai pas pris mes 30 minutes. C'est pour ça que j'ai posé
la question, tout à l'heure. Ce n'est pas parce que je veux les
utiliser, c'est parce que je voulais au moins montrer que, pour ce que je
voulais dire maintenant, je ne me retenais plus. Le ministre est-il capable de
comprendre, est-il capable d'accepter notre position? Est-il capable de savoir
que ce n'est pas de notre faute s'il a fait une promesse de passer une loi
avant la fin juin? Il pilerait sur son orgueil s'il décidait de faire un
changement et il pilerait sur son orgueil s'il décidait de ne plus nous
bâillonner et de dire: Écoutez, le débat doit encore durer
un mois, deux mois, comme on l'avait proposé au début. S'il le
fait.
Vous ne me ferez pas accroire qu'un débat qui a duré peu
de temps en Chambre sur le principe, parce qu'on s'est entendus pour ne pas
perdre de temps pendant la nuit parce que c'est nous qui nous
pénalisions... On n'est pas assez masochistes pour ça, M. le
Président. On a accepté de finir à une heure raisonnable,
en Chambre, de ne point parler pendant la nuit à condition que je fasse
la dernière intervention pour l'Opposition, et le ministre, son droit de
réplique. C'est ça qui s'est passé. Mais on aurait pu
passer toute la nuit à le dire, chacun des membres du Parti
québécois. On aurait peut-être même osé penser
que des membres du Parti libéral l'auraient fait. Mais on s'est dit:
Ça ne sert à rien, c'est nous que nous pénalisons. On n'a
pas fait ça.
Mais, rendus en commission parlementaire, c'est là que notre
travail de moine - si on veut l'appeler comme tel - commence. Ce n'est pas
toujours facile. Levés tôt, couchés tard. Vous le savez, on
s'est couchés à deux heures, la nuit passée, parce qu'on a
fini, en Chambre, à deux heures. Et à sept heures, j'étais
ici, ce matin, comme tout le monde. On était ici, on a passé
notre journée ici, on est allés voir les camionneurs à
l'extérieur et on est allés voir autre chose sur notre heure de
souper, et nous aussi, on est fatigués. Mais il y a une chose qu'on
sait: notre devoir de députés nous implique et nous oblige
à être présents et à faire notre travail le mieux
possible. Or, nous croyons que l'article 4 est le noeud du problème.
Est-ce que le ministre est capable de couper ce noeud gordien? S'il est
capable, qu'il nous l'indique. Mais qu'il ne fasse pas ce qu'il est en train de
faire par l'interposition de son leader gouvernemental.
Si vous calculez, nous avons commencé à peu près
vers 11 h 45, mardi. Et calculez les heures. Une heure, mardi, le matin, trois
heures, l'après-midi, quatre heures, le soir. Ça fait quoi, si
vous savez calculer? Ça fait huit heures. Même chose mercredi:
huit heures. Et maintenant, on n'a pas encore terminé nos huit heures et
on va les terminer parce qu'on a l'obligation de terminer jusqu'à 24
heures, et il n'est pas question, même s'il y a un bâillon de
l'autre bord, de ne pas finir jusqu'à 24 heures. Parce qu'il n'est pas
question que vous alliez passer le projet de loi sans notre présence.
Parce que vous savez que vous avez le droit de le faire. On va rester ici
jusqu'à 24 heures. Notre devoir nous impose d'être ici
jusqu'à 24 heures, mais on va vous dire ce qu'on pense, par exemple. On
va vous dire que 24 heures de discussions sur un projet de loi aussi important,
c'est peu, en comparaison d'autres où on a passé des centaines
d'heures.
J'ai présidé une commission parlementaire, M. le
Président, ici, télévisée, sur un mot: menteur.
Vous vous en souviendrez toujours, ceux qui l'ont écoutée. J'ai
passé des heures et des heures, sans les règlements que nous
possédons actuellement, avec des députés qui
étaient des notaires, des avocats. Ils connaissaient la loi et je
n'étais ni l'un, ni l'autre. J'ai présidé avec patience
une commission parlementaire qui a permis à des gens de s'exprimer et
jamais on n'a bâillonné, jamais on n'a empêché
quelqu'un de parler. Et voilà que monsieur veut passer son projet de loi
avant la fin juin parce qu'il a promis qu'avant la fin juin il serait
passé et qu'il est un peu soumis, qu'on le veuille ou qu'on ne le
veuille pas, à des problèmes dans d'autres commissions
parlementaires et à la Chambre. Ça, le ministre le sait. (21 h
45)
Moi, ce n'est pas moi qui ai décidé d'imposer les
commissions scolaires, de leur donner le droit de taxer à
Grand-Mère, chez moi, trois fois plus. C'est 90 $ que je paye cette
année, moi, dans mon compte de taxes. Et on m'a indiqué, à
Grand-Mère, que ce serait trois fois plus l'année prochaine, 270
$, et on a bâillonné, hier soir, la commission de
l'éducation. En bas, encore ce soir, au moment où on se parle,
c'est 623 000 000 $ plus les 100 000 000 $ de l'année passée
parce qu'ils avaient fait une erreur dans la loi qu'il faut corriger,
près de 700 000 000 $ qu'on va aller faire en ponction dans la loi de
la
Régie de l'assurance automobile du Québec, et on s'attend
aussi à être bâillonnés. C'est le choix
gouvernemental. Mais il va me permettre de dire qu'il n'a pas de bon sens. Ce
n'est pas moi qui ai fait l'engorgement qui est là. Ce n'est pas moi qui
appelle les projets de loi en Chambre. Ce n'est pas moi qui dépose un
projet de loi en Chambre, c'est une décision du gouvernement et des
ministres. Mais, s'ils ont décidé de faire ça comme
ça, ils vont quand même me permettre de leur dire que je ne trouve
pas ça drôle pantoute.
Le député d'Orford peut sourire en pensant que je m'amuse
ou que je fais de la comédie. Ce n'est pas vrai. Je pense
profondément ce que je dis là. Je le pense profondément
parce que je suis de ceux qui sont capables d'exprimer ce que des gens dans la
salle voudraient qu'on exprime, parce qu'ils ne peuvent pas eux-mêmes
l'exprimer. Je veux que le ministre comprenne que, si nous sommes allés
sur l'article 4 et que nous proposons que l'article 4, de façon
formelle. c'est parce que tout à l'heure on l'a fait de façon
à essayer d'amener un dialogue entre nous, à permettre justement
d'avancer dans le projet de loi. Le ministre l'ayant refusé parce que ce
n'était pas une motion formelle, je l'ai fait de façon formelle.
Je l'ai fait parce qu'il y a des gens qui nous disent, M. le Président:
Nous allons avoir de la difficulté. Nous allons même avoir de la
difficulté au point...
Et vous, vous êtes, de ceux qui ont des petites et moyennes
surfaces. Dans des milieux comme le vôtre, avec les centres d'achats de
Trois-Rivières, de Trois-Rivières-Ouest, dans les cas de chez
nous avec le centre d'achats de Shawinigan, parce qu'il n'y en a pas, à
Grand-Mère, de centre d'achats, on aura nos difficultés, vous
allez voir qu'on n'aura pas parlé dans le vide aujourd'hui. C'est de
ça qu'on veut parler, M. le Président.
Le ministre prétend ne pas avoir eu de pression? Je peux tui
faire confiance. Donc, s'il n'a pas eu de pression, il devrait être
capable de céder. Il devrait être capable de céder à
notre argumentation, parce que là ça ne sera plus
considéré comme étant des pressions des grandes
chaînes, Provigo, Jean Coutu: On va pouvoir dire que c'est à cause
de l'entêtement et de l'orgueil du ministre que nous n'avons pas pu
réussir à le convaincre. C'est de ça que je vais devoir
parler désormais, là. Si le ministre nous dit: Je n'ai pas eu de
pression de qui que ce soit, ni des petits, ni des gros, je lui dis, à
ce moment-là, qu'il a pris la décision lui-même. Je lui
rappellerai, je lui rappellerai toujours que nous avons, nous aussi, des
contacts avec des membres de sa formation politique, et qu'il ne vienne pas me
dire que des gens lui ont fait peur, la.
Moi, j'ai été membre du gouvernement qui a pris une
décision qui n'était pas favorable... je l'ai, dans le caucus,
combattue, mais, le jour où elle a été prise, je me suis
rallié. Je suis allé rencontrer mes enseignants et demandez au
député de Saint-Maurice, qui était proche de chez moi,
dans le temps, si ce n'est pas vrai ou si c'est vrai. Je suis allé voir
les enseignants. Moi aussi, j'ai eu, comme le député de
Nicolet-Yamaska, des huées. Mais je suis allé leur dire ce que je
pensais. Je leur ai dit que, peu importe la décision que j'avais prise
à l'intérieur d'un caucus, celle que je prenais publiquement,
c'était celle de mon gouvernement et je l'ai défendue. Au risque
de me faire battre. Ce que les gens ont dit, c'est: Tu as eu du courage. Et ce
qu'ils ont fait la fois suivante, c'est qu'ils m'ont réélu. Dans
la pire vague du Parti libéral de 1985 Mais ça, je l'ai
vécu, ça. Mais j'ai pris mes responsabilités. D'autres ont
agi autrement. Ils ont agi en décidant de démissionner du
gouvernement. Ils ont été indépendants, sur les banquettes
des indépendants.
Alors je sais, M. le ministre, que des membres chez vous nous ont dit,
pas plus tard qu'à 17 heures, au moment où on est allés
voter, des gens à qui j'ai dit: Le ministre n'accepte pas notre
amendement... La rumeur circule dans les corridors de cette Assemblée.
Selon mon principe habituel, si tu veux savoir ce qui se passe dans cette
fameuse bâtisse, colle-toi l'oreille sur le mur du corridor parce que la
rumeur court les corridors. Mais je dois vous dire que des gens, des
députés nous ont dit qu'ils ne seront pas présents au vote
et que, s'ils sont présents, on va les regarder parce qu'ils auront
cédé à des pressions; pas les nôtres, celles du
gouvernement. Il y a des gens qui devraient être présents ici,
à cette Assemblée et qui ne le sont pas parce que, justement, ils
n'étaient pas capables de nous affronter parce qu'ils étaient
d'accord avec nous.
Je dois vous dire, M. le Président, que moi, quand je prends une
décision dans une assemblée publique parce que les gens
m'indiquent ce qui en est, je prends la responsabilité de le dire
à qui de droit. Je l'ai vécu à Trois-Rivières, on
s'est fait applaudir en se faisant dire qu'on était pour défendre
la position des membres de la Coalition, mais je n'ai pas entendu un
traître mot, aujourd'hui, de la personne qui s'est fait applaudir. Il
pourra sourire, il pourra être narquois, mais c'est la
vérité. Et comme dirait une vieille dame de chez moi, la
vérité a toujours ses droits.
L'article 4 est l'article le plus important. L'article 4, c'est celui
qui nous permettrait de trouver une solution aux problèmes qui nous
confrontent. Même si le ministre disait: Écoutez - comme il le
disait à ma collègue, la députée de
Verchères - vous dites que l'article 1, ce n'est pas le plus
important... C'est vrai que ce n'est pas le plus important. Bien, il dit:
Passez-le donc, acceptez-le donc comme tel. Non, non, on a des amendements.
L'article 2, il n'est pas plus important que l'article 4. Non, non, on pourrait
avoir un amendement. On ne sait jamais, dépendant de ce que le ministre
peut nous dire. Il peut avoir un amendement lui-même; on ne le
sait pas, il n'a pas voulu les déposer. Donc, on ne le sait pas
avant d'arriver a l'article 4, si nous aurions des amendements. Nous, on sait
les nôtres; mais les vôtres, on ne les sait pas.
Il y a une chose certaine, M. le Président, c'est que, si le
ministre, qui prend des notes depuis le début, qui est un homme
sérieux, un homme digne de foi, qui est un homme qui est de bonne foi...
Je le sens, je le sais, j'ai eu l'occasion de discuter avec lui sur d'autres
sujets et je peux témoigner devant cette commission que le ministre agit
pour le bien-être des Québécois. Dans les dossiers que j'ai
eu à travailler avec lui, sur les bateaux dans ma région, je peux
vous dire que, oui, le ministre a travaillé, continue à
travailler pour permettre justement à ces gens de survivre dans un
contexte difficile de libre-échange. Mais ça ne veut pas dire,
même si je le félicite, je le remercie et je le complimente, que
je suis satisfait de lui dans le contexte actuel. Je ne suis pas satisfait, je
le dis, je l'exprime. Et je l'exprime au nom de milliers de
Québécois qui disent, les uns: C'est trop, d'autres: Ce n'est pas
assez.
L'unanimité a été faite contre le projet de loi que
le ministre présente. Dans ce contexte, mes collègues et moi
allons essayer, dans le temps qu'il nous reste jusqu'à minuit... Parce
que, à minuit, notre travail ici sera probablement terminé,
d'après les renseignements que nous avons. Demain, nous aurons à
discuter d'une motion nous coupant la tête et nous indiquant que,
désormais, c'est en Chambre que ça va se passer. Imaginez-vous,
messieurs dames qui nous écoutez et qui allez lire nos
gâtées, les "minutes" de cette Assemblée, que le ministre,
dans la prise en considération du rapport de la commission, si demain,
on est obligés de retourner en Chambre, justement, pour la prise en
considération du rapport, le ministre, croyez-le ou non, déposera
en vrac les amendements qu'il nous refuse ce soir. Parce que, s'il veut que ses
amendements passent, il faudra qu'il les dépose avant - selon le
règlement, c'est 10 heures - le jour où le dépôt du
rapport se fait.
Une voix: Lundi.
M. Jolivet: C'est bien ça?
Une voix: Lundi.
M. Jolivet: II va être inscrit? O.K. Donc, le
secrétaire... Parce que je sais qu'il y a des règles
différentes, ça dépendra de la motion du leader du
gouvernement. S'il dit que le dépôt du rapport doit se faire
lundi, à ce moment-là, ce sera dans la journée de lundi
qu'il aura la dernière limite nécessaire, c'est-à-dire, je
pense à 10 heures, ou encore avec le dépôt du rapport,
ça dépendra de la motion du leader du gouvernement, pour
présenter ses amendements. Imaginez-vous, ce que nous aurons voulu avoir
en vrac ici, ce soir, sera déposé avec le rapport de la
commission, en vrac, mais à la condition qu'on se fasse couper la
tête, qu'on se fasse passer sur le corps. C'est anormal, M. le
Président. S'il avait été correct avec nous, il nous les
aurait déposés avant l'heure du souper et, au moment où on
se parle, on serait peut-être rendus à l'article 15.
Peut-être qu'on aurait, à force de discussions, convaincu le
ministre d'accepter notre motion d'amendement à l'article 4,
peut-être qu'on n'aurait pas, comme on dit en bon
Québécois, "stalle" au 4. On aurait probablement
été au rang 4 et on serait restés au rang 4.
Mais il y a une chose qui est certaine, M. le Président, le
ministre ne pourra jamais être capable de dire à la population que
c'est la faute de l'Opposition. L'Opposition aura fait son travail. Le ministre
a tous les moyens de passer sa loi. La preuve, c'est qu'il nous guillotine. Il
a le droit. Il a le pouvoir. Alors, il ne peut pas accuser l'Opposition. La
seule chose que je peux vous dire, M. le Président, c'est qu'on n'aura
pas l'occasion de l'étudier à fond, ce projet de loi. Si le
ministre avait dit: Écoutez, je le dépose au mois de mai, mais
c'est pour adoption au mois de décembre, ah! là, on aurait pris
notre temps, au mois d'août, pour faire l'étude. On aurait pris
tous les moyens nécessaires pour la faire. Ou le ministre aurait pu
dire: Écoutez, compte tenu des circonstances, de ce que j'entends un peu
partout, je ne suis pas pressé. Je vous donne donc le
bénéfice du doute et on y reviendra. On arrête?
M. le Président, si on ne parle pas quand on a le droit de
parole, au moins qu'on ne parle pas quand je l'ai.
Le Président (M. Richard): Vous l'avez, M. le
député.
M. Jolivet: Vous n'avez pas entendu. Ce n'est pas vous, M. le
ministre, c'est à gauche. Non, non. Vous l'entendez encore, M. le
Président? Moi, je ne veux rien. S'il veut aller manger et prendre du
café, qu'il aille de l'autre bord et qu'il ne dérange pas la
population.
Le Président (M. Richard): S'il vous plaît! S'il
vous plaît, mesdames, messieurs.
M. Jolivet: II n'est pas question de s'il vous plaît, M. le
Président, je pense que le moment est tellement tragique, au moment
où le ministre a demandé à son leader d'imposer la
guillotine, pour qu'au moins on s'exprime, et librement à part
ça. Jusqu'à maintenant ça a bien été et je
peux dire que je suis content. Mais là, là, je commençais
à voir des signes d'impatience de l'autre côté que je
n'aime pas.
M. le Président, c'est, pour le ministre, sa première loi.
Je pense qu'il part d'un très mauvais pied. Deuxième loi. Quant
à moi, je
m'excuse, elle était bien petite, l'autre; c'est pour ça
qu'elle n'était pas difficile. D'ailleurs, je m'en souviens.
Mme Marois: II a eu toute la collaboration de l'Opposition.
M. Jolivet: D'ailleurs, je m'en souviens, j'étais
président à cette époque-là et j'avais dit que
ça ne serait pas toujours de même que ça se passerait.
Mme Marois: Oui.
M. Jolivet: Mais moi, je parlais de lois d'importance. Ft cette
loi-là, M. le Président, devant les faits qui seront
rapportés... C'est que le ministre aura utilisé ce qui est son
droit, que je conte?ie. Lui conteste le mien d'avoir, comme responsable avec ma
collègue et mes collègues, fait le travail comme nous l'avons
fait. C'est parce que nous croyions être capables... Nous aurions cru
être capables de le convaincre. Mais nous nous apercevons que
c'était peine perdue, tout ce désir, tout ce travail que nous
avons eu.
M. le Président, je redemande au ministre, parce qu'il pourra
prendre dès maintenant le temps qu'il voudra dans les 30 prochaines
minutes et, même, s'il avait des choses très intéressantes
à nous annoncer, je lui permettrais même 45 minutes, M. le
Président.. Mais je pense que le ministre pourrait nous dire à ce
moment-ci quelles sont vraiment ses intentions. Et là, je comprendrai le
député de Beauce-Nord qui avait d'autres activités dans
son comté aujourd'hui, qui ne peut pas être présent avec
nous. Je comprendrai ce qu'il me disait au début de son intervention,
dans la Chambre même, sur le principe du projet de loi. Il accusait ma
collègue, la députée de Taillon, d'avoir pris une position
ferme dès le départ, mais en ayant le courage de l'exprimer et de
poser des questions en ce sens aux gens qui venaient nous voir pour
déposer des mémoires. Il l'accusait de n'avoir pas changé
sa position. Elle pourra expliquer si elle l'a changée ou pas, c'est
à elle de le décider. Mais une chose qui est certaine, ce que je
comprends, c'est que le député de Beauce-Nord pourra dire au
ministre que depuis le début il n'a pas changé non plus sa
position, à part les amendements qu'il nous a annoncés qui sont
de l'ordre de deux, dont celui que vous avez échappé, vous, comme
président et qui a été fait, je vous l'ai demandé,
au nom du gouvernement. Je ne sais pas s'il y a d'autres amendements. Le
ministre ne veut pas noub !e dire. Le ministre ne veut pas les déposer.
Dans ce contexte, M. le Président, je suis obligé de tenir prur
acquis que le ministre n'aura pas, dès le départ jusqu'à
maintenant, changé d'un iota sa position sur les points majeurs du
projet de loi. Alors, le député de Beauce-Nord pourra comprendre
qu'il est pos- sible d'avoir une position et de la tenir tout le temps sans
être accusé d'être une personne qui ne veut rien savoir. (22
heures)
Mais il y a une chose. Je dirai au ministre qu'il avait une très
belle occasion. Les discussions se sont faites chacun de notre bord, de
demandes de suspension en demandes de suspension aujourd'hui pour, justement,
dénouer cette impasse qui nous confronte. Le ministre était sur
le point de pouvoir accepter des choses, mais il trouvait qu'on en demandait
trop. Comme il a trouvé qu'on en demandait trop, il fallait passer
à une étape, s'il veut que le projet de loi soit adopté
d'ici le 22 juin au maximum, à minuit, le vendredi 22 juin. Il fallait
qu'il passe à l'étape à laquelle il a décidé
de passer. C'est son choix. Je vous dirai que mes collègues auront
l'occasion, dans le temps qui leur est imparti, de lui dire que ça n'a
pas de bon sens.
Ça n'a pas de bon sens, dans la mesure, M. le Président,
où nous n'avons pas eu tout le temps voulu, compte tenu des contraintes
dans le temps qu'il s'était lui-même données et que son
leader s'est données en déposant à la dernière
minute un projet de loi. Parce que, s'il avait été
déposé au mois de février, si on avait eu la commission
bien avant, si elle n'avait pas été retardée comme elle a
été retardée, peut-être qu'on aurait eu l'occasion
d'avoir un projet de loi plus avant, peut-être qu'on aurait pu commencer
l'étude de ce projet de loi plus avant. On aurait en plus de temps et le
ministre aurait été plus patient Mu impatient. Mais,
ce soir, il me donne l'impression d'être impatient de passer cette loi,
comme on le dit dans notre langage, à la vapeur. Mais, cette fois-ci, il
y a des gens qui étaient vigilants, qui se sont organisés pour
lui dire ce qu'ils en pensaient. Le ministre aura donc l'occasion de redire
à ceux qui se sont organisés: Vous avez tout fait ça pour
rien. Je ne change pas d'opinion.
M. le Président, l'article 4 nous aura donné l'occasion de
faire la preuve de la bonne volonté du ministre. J'attends donc sa
réponse.
Le Président (M. Richard): Merci. M le
député db Laviolette. Maintenant, M. le ministre, vous avez la
parole.
M. Gérald Tremblay
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, au nom de la
démocratie, j'ai convoqué une commission parlementaire afin de
permettre à tous les intervenants, quel que soit leur point de vue, de
nous faire part de leurs suggestions pour régler le dossier des heures
d'affaires. L'Opposition qui nous parle aujourd'hui a dit que c'était
inutile. Elle s'est même demandé combien de ministres et
d'années de consultation il faudrait au gouvernement libéral pour
qu'il en arrive à prendre enfin une décision dans le dossier
des
heures d'affaires des établissements commerciaux. Je cite la
députée de Taillon: "Le gouvernement semble paralysé par
une question qui ne présente comme difficulté que d'avoir
à prendre une décision, à trancher, à
gouverner."
Je peux écouter à nouveau, par la voix de l'Opposition,
comme je le fais maintenant depuis 24 heures, tout ce que j'ai
déjà entendu en commission parlementaire et lors de nombreuses
rencontres que j'ai eues avec plusieurs intervenants depuis le
dépôt du projet de loi 75. Je l'accepte au nom de la
démocratie. Mais on ne peut me reprocher mon silence et encore moins
interpréter ce silence comme de l'indifférence, de
l'entêtement et de l'orgueil, et encore moins, M. le Président, et
surtout, de ne pas avoir consulté l'Opposition.
Comment se fait-il que j'ai eu les commentaires de la très grande
majorité des intervenants? Comment se fait-il que tous les intervenants
ont eu le temps, depuis le 15 mai, d'analyser le projet de loi en
détail, de le lire, non pas une fois, mais deux fois, trois fois, quatre
fois, cinq fois et de consulter leurs avocats pour nous faire des suggestions?
Plusieurs membres de la Coalition contre ont eu l'opportunité de le
lire, le projet de loi, et à plusieurs reprises, pour nous faire leurs
suggestions et des commentaires.
L'Opposition l'a, le projet de loi, depuis le 15 mai. Ça fait un
mois. La position de l'Opposition se résume sensiblement au statu quo.
C'est un point de vue et je le respecte, mais je ne le partage pas et je le dis
depuis le 15 mai. Ce n'est pas depuis hier que je dis ça, c'est depuis
le 15 mai. Je ne partage pas ce point de vue. On peut me forcer à le
répéter encore 10 fois, je lai déjà dit. Et je
demande encore, pour la onzième fois, à l'Opposition de
procéder à l'étude du projet de loi article par article,
pour voir si on ne peut pas le bonifier, en commençant évidemment
par l'article 1.
C'est comme si on nous demandait de balayer un escalier et de commencer
par le bas. L'Opposition ne pourra jamais dire au gouvernement, et encore moins
au ministre qui est assis dans cette chaise ici depuis 24 heures, qu'elle n'a
pas eu le temps de faire valoir son point de vue. Parce que, depuis 24 heures,
l'Opposition répète sensiblement deux choses. Première
chose: En tout temps. Deuxième chose: Les heures, il y en a trop. C'est
simple. C'est très simple. On peut être en accord et on peut
être en désaccord. Je le dis depuis 24 heures que je ne partage
pas ce point de vue là. Ça ne veut pas dire que ce n'est pas un
point de vue qui se défend. Oui, j'en suis conscient, et je parle
à la très grande majorité des personnes.
Je n'ai pas peur de regarder ces personnes dans les yeux. Je n'ai pas
peur... Oui, exactement, les personnes. Je n'ai pas peur. J'ai rencontré
à plusieurs reprises la très grande majorité de ces
personnes-là. Et le projet de loi va leur permettre, dans un
environnement favorable, de compétitionner, de pouvoir ouvrir leur
commerce quand d'autres commerces sont ouverts, alors qu'eux devaient fermer
auparavant. Et quand on comprend bien le projet de loi, les intentions du
législateur, ce qu'on nous a demandé en commission parlementaire,
c'est, dans la mesure du possible, de protéger une journée de
repos. Pour la très grande majorité des travailleurs, c'est le
cas. Pas pour tous les travailleurs. Pour une très grande
majorité des travailleurs, c'est le cas.
Deuxièmement, on nous a dit: On veut avoir une loi
équitable, éliminez les exceptions. On les a
éliminées, les exceptions. Je ne connais pas beaucoup de
gouvernements qui, quand c'est le temps de prendre une décision, ne
subissent pas les pressions de mille et un intervenants, comme en 1984. Je ne
connais pas beaucoup de gouvernements qui, dans l'intérêt de
l'équité, ont un projet de loi qui semble, à sa face
même, ne pas faire plaisir à tout le monde. Je le reconnais, je le
dis depuis le début. Mais je ne l'ai pas fait pour faire plaisir
à un groupe au détriment de l'autre. Je l'ai fait pour respecter
le point de vue de tous les intervenants que j'ai entendus en commission
parlementaire. Ce projet de loi est une synthèse du point de vue de tous
les intervenants, et il établit un équilibre entre les trois
principes que je mentionne depuis le début de la commission
parlementaire.
Premier principe: l'équité entre les commerçants.
Dorénavant, tous les commerçants sont égaux devant la loi.
Il me semble que c'est très important. On ne pourra plus dire: Ce
commerçant est ouvert; pourquoi, moi, ne suis-je pas ouvert, pourquoi
n'ai-je pas le droit de vendre le même produit? Il faut au moins
reconnaître ça du projet de loi. On peut l'aimer ou on peut ne pas
l'aimer, on peut dire qu'on ne libéralise pas assez ou qu'on ne
libéralise pas du tout. On peut dire: Je préfère le statu
quo. On peut dire aussi: Je veux avoir la libéralisation 24 heures par
jour, sept jours par semaine. Mais une chose est certaine, c'est qu'on ne
pourra pas nous reprocher que le projet de loi n'est pas équitable
envers tous les commerçants.
Deuxième principe que j'ai mentionné à plusieurs
reprises: les besoins réels des consommateurs. Il ne faut pas les
oublier, les consommateurs. Les consommateurs, je pense que c'est important. Ce
n'est pas uniquement les consommateurs qui comptent, mais c'était le
deuxième principe. On a pris en considération les besoins
réels. Les consommateurs, si on les avait écoutés, les
commerces seraient ouverts 7 jours par semaine, 24 heures par jour. Beaucoup de
consommateurs sont venus nous dire... Non, non, j'en vois, c'est vrai. Mais le
consommateur, lui, il aimerait ça. Pas tous les consommateurs, mais,
idéalement, pourquoi pas? On a écouté et on a
protégé la journée de repos et on répond aux
besoins réels des consommateurs.
Le troisième principe: la qualité de vie de la population,
notamment celle des travailleurs et des travailleuses, qu'on a également
prise en considération dans le projet de loi.
Ensuite de ça, on nous a dit: Oui, c'est bien beau, une loi, mais
est-ce que vous allez la faire respecter, la loi? On en parle beaucoup du
côté de l'Opposition. On en a beaucoup parlé. Oui, on va la
faire respecter, la loi, parce que, si on veut avoir une loi durable, il va
falloir la faire respecter. C'est dans cette optique-là qu'on a
travaillé avec les municipalités non pas pour céder, mais
pour partager la responsabilité avec les municipalités. On a mis
des amendes importantes. Dans cette optique-là, M. le Président,
on peut rester assis, je n'ai pas 110 heures de consultation avec tous les
intervenants... On peut me dire: Écoute, on aurait aimé mieux que
tu fasses te'ie chose. On aurait aimé mieux que tu fasses telle autre
chose. Mais on ne pourra jamais me reprocher de ne pas avoir
écouté. 110 heures de consultation. Par la suite, j'ai
peut-être rencontré, pendant de nombreuses heures encore, la
majorité des intervenants, et ça fait 24 heures que je suis assis
ici. Alors, l'Opposition peut dire qu'elle est déçue. Moi, je
peux vous dire une chose: Pour une personne qui vient du privé et qui
s'est impliquée en politique pour essayer de trouver des solutions
concrètes à des problèmes qui durent et qui perdurent
depuis des années, le dossier des heures d'affaires, moi aussi, je suis
très déçu d'avoir passé 24 heures ici sans avoir
discuté un seul instant du projet de loi.
Volontiers, j'aurais apporté, si l'Opposition nous avait fait des
suggestions, certaines modifications. Pas sur les questions de fond,
mais...
Une voix: Ah!
M. Tremblay (Outremont): Non, non, mais c'est clair. Je l'ai dit
depuis le début. Ça fait 24 heures que je répète la
même chose. Pas sur les questions de fond, mais sur les questions pour
s'assurer que tous partent au moins avec une loi qu'ils comprennent bien, et
que tout le monde soit satisfait. Alors, dans cette optique-là, M. le
Président, je réponds aux attentes de l'Opposition. Je vais les
répéter. "Le gouvernement semble paralysé par une question
qui ne présente comme difficulté que d'avoir à prendre une
décision, à trancher et à gouverner."
Alors, je peux dire aux personnes de l'Opposition que j'assume mes
responsabilités. Je vivrai avec ma décision. Je pourrai regarder
dans les yeux tous les intervenants, les consommateurs, les travailleurs et les
travailleuses et la population en général, également. Je
vivrai avec mon projet de loi. Je pense que c'est un bon projet de loi. Je suis
capable de vendre ce projet de loi. C'est un projet de loi qui répond
aux trois principes de fond qui ont été mis de l'avant à
plusieurs reprises, et je trouve un peu mesquin qu'on nous reproche,
après 24 heures de consultation et d'écoute, d'être
obligés, M. le Président, de poser le geste que nous posons ce
soir.
Mme Marois: Alors, M. le Président, à mon tour.
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Taillon, vous avez la parole.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Alors, le ministre va pouvoir vivre, M. le
Président, avec son projet de loi, parce que ça va être le
sien et juste le sien. Ce ne sera sûrement pas celui de la
majorité. Voyez-vous, je n'ai pas de leçon de démocratie
à recevoir ici, moi, là, quand je sais qu'à minuit ce soir
je n'aurai plus un mot à dire, je ne pourrai plus rien proposer, et je
ne pourrai pas discuter avec les membres de la commission des amendements que
nous avons demandé de recevoir et que vous n'avez jamais
déposés.
M. Tremblay (Outremont): On commence. L'article 1.
Mme Marois: Alors, moi, ici, je n'ai pas de leçon de
démocratie à recevoir de personne, parce que je représente
des milliers de travailleurs et de travailleuses Vous voulez savoir combien?
Dans le domaine de l'alimentaire, il y en a 79 280. O K? Il y en a 322 230 dans
le domaine du commerce de détail et de l'alimentation. Je l'ai
levé, le ton, avant le souper. Je vais le rebaisser un peu, M. le
Président.
M. Jolivet: S'ils veulent parler de l'autre bord, qu'ils prennent
le droit de parole quand ce sera leur tour. (22 h 15)
Mme Marois: C'est ça, hein? Alors, là, la
démocratie, on va s'en parler. La démocratie, c'est les milliers
de personnes qui m'ont envoyé des pétitions. C'est ça, la
démocratie. La démocratie, c'est des dizaines de groupes qui sont
venus présenter des points de vue au ministre pendant un mois de temps,
sans savoir où il logeait. C'est ça qu'on a dit au ministre. On
n'a pas dit au ministre: Arrêtez de consulter, ne consultez pas,
ça ne vaut pas la peine. On a dit: Si vous consultez, dites donc au
monde où vous voulez aller, pour qu'il vous dise s'il trouve que
ça a de l'allure. Jamais. Il y a au moins un de vos collègues qui
a eu le courage de le faire. Je vais être obligée de tourner sur
un dix cents, par exemple, pour vous soutenir dans votre projet de loi...
M. Jolivet: 0,25 $.
Mme Marois: 0,25 $, O.K. Mais on va en parler, de la
consultation. Vous voulez en parler?
II n'y en avait pas, de projet de loi, quand on a consulté. Il
n'y en avait pas, de position du gouvernement. Tous les jours, ça
changeait. Si vous le voulez, on va lire les galées, mais comme j'ai
juste dix minutes, je ne les lirai pas. Un jour, le ministre disait qu'il
faudrait peut-être ouvrir 24 heures sur 24, sans faire de loi. Le
lendemain, il disait qu'il faudrait peut-être qu'il y ait du vrai
dépannage. Et le surlendemain, il disait autre chose. Vous demanderez
aux intervenants, parce qu'ils sont là, ils sont venus en commission
parlementaire puis ils l'ont dit: Ce n'était pas inutile de consulter,
mais c'était inutile de consulter sans savoir où le gouvernement
s'en allait. Là, on le sait: il va où le ministre veut aller, en
se foutant complètement des gens qui sont dans le milieu, qui
travaillent, eux, dans le commerce au détail. Et ce ne sont pas des gens
qui gagnent des salaires très élevés: ils sont au salaire
minimum et à peine un peu plus, avec des conditions de travail
précaires. Les propriétaires de commerces indépendants, ce
ne sont pas non plus des gens qui roulent nécessairement sur l'or. C'est
à eux autres que vous irez expliquer votre projet de loi, M. le
Président. C'est à eux que vous irez expliquer que vous l'avez
fait pour la majorité, ce projet de loi, que ça répond
à leurs besoins et qu'ils sont bien contents. Après, on se
parlera de démocratie et on va savoir pour qui on fait les lois.
M. le Président, depuis que je suis ici et dès le
début de la commission, on vous a proposé de travailler sur un
amendement majeur. Vous auriez pu nous battre sur cet amendement-là. On
aurait pu au moins en discuter, si vous n'étiez pas d'accord. Vous
n'avez même pas accepté d'en débattre. Quand vous avez fait
venir les groupes en commission parlementaire, on avait fixé au 26
janvier la date limite pour recevoir les mémoires. Le ministre m'a
demandé de prolonger la date de deux semaines, parce qu'il trouvait
qu'il n'y avait pas suffisamment de gens qui s'exprimaient. Je trouvais que
ça avait du bon sens. Je ne peux pas accepter que les gens ne puissent
pas s'exprimer. C'est ce qui va m'arriver, cependant, à minuit ce soir.
Alors, j'ai accepté ce qu'il m'a demandé. Mais là, le 26
janvier, Club Price Canada n'avait pas déposé son mémoire.
La coalition des commerçants de piscines qui souhaitaient l'ouverture
n'avait pas déposé son mémoire. La coalition pour
l'équité et l'accès au marché l'avait
demandée, l'ouverture, mais n'avait pas déposé son
mémoire. L'association des consommateurs qui était pour
l'ouverture, le seul groupe pour, alors que les dix autres groupes
représentant les consommateurs étaient contre, n'avait pas
déposé son mémoire, le 26, et elle a profité du
fait qu'on avait allongé la plage. Steinberg n'avait pas
présenté son mémoire. Tous des gens qui étaient
favorables à l'ouverture des commerces d'alimentation et des autres, M.
le Président.
Alors là, vous savez, le ministre n'était pas satisfait.
Il trouvait qu'il n'avait pas l'autre point de vue. Alors, on va s'en parler
effectivement, de la démocratie, de l'indifférence, de
l'arrogance et du mépris. Il y a un prix à payer, M. le
Président. Et c'est ce que je lui pose: Pour qui le ministre fait-il ce
projet de loi? À qui répond-il, à part à son ego,
pour dire qu'il a pris une décision? Je suis seul à avoir le pas
et je suis l'armée à moi-même tout seul! Alors, c'est
ça, la leçon de démocratie qu'il était en train de
nous donner.
D'autre part, je sais que je ne suis pas toute seule non plus à
penser ça. Dans ma formation politique, on pense et on porte le projet
qui est défendu par des milliers de personnes. Et dans sa propre
formation politique, il y a des gens qui pensent aussi comme nous. Demandez
donc, pour voir, à la députée de Groulx, ce qu'elle en
pense, au député de Rousseau, au député de Drummond
qui participait à notre commission - et il n'est pas là -
demandez donc au député de Chauveau, demandez donc au
député de Provost, demandez donc au député de
Fabre, à la députée de Mégantic-Compton, au
député de Vaudreuil. Au cas où les gens dans la salle ne
le sauraient pas, ils pourraient aller les chercher... C'est tous des gens qui
sont membres de la formation politique du ministre et qui ne sont pas d'accord
avec lui. Ils sont assez pas d'accord avec lui... Ils n'ont pas signé
contre son projet de loi maintenant, mais ils ont signé contre
l'ouverture des commerces le dimanche, pour un bon nombre d'entre eux. J'ai
leur signature ici. Alors que le ministre, dans la proposition qu'il fait, dans
son projet de loi, permet l'ouverture des commerces le dimanche. Il ne s'est
pas contenté de quatre personnes, des gens en fabrication, des gens aux
pilules et des gens en sécurité. Il en a ajouté un autre.
Ça prenait le patron pour superviser tout ça; et il ne pouvait
pas être parmi les quatre personnes. Et il est en train de nous faire
croire et de faire croire à la population du Québec qu'il
protège le dimanche, qu'il protège la qualité de vie des
Québécoises et Québécois. De la foutaise, M. le
Président! Du mépris à l'égard de la
majorité!
Oui, je l'élève, le ton, parce que je sais que, dans
à peine quelques heures, je ne pourrai plus rien dire. J'aurai à
peine quelques minutes pour faire valoir le point de vue de milliers de
personnes qui m'écrivent, qui me téléphonent, qui vous
écrivent et vous téléphonent à vous aussi. Ils ont
pris la peine de se déplacer et ils sont ici ce soir. Je vais
répéter ce que j'ai dit hier. Il est rare qu'une commission
parlementaire soulève... Une commission parlementaire où on
étudie article par article... On essaie, à condition que le
ministre veuille bien s'engager dans le processus. Il est exceptionnel qu'on
compte sur des personnes qui viennent entendre ces travaux, qui sont parfois
lourds, qui sont parfois un peu ennuyeux,
où il y a certains débats de procédure. Si vous
avez remarqué, on n'en a pas fait beaucoup. On est restés pas mal
sur le fond. On est restés tout à fait sur le fond, en demandant
que les gens qui n'avaient pas pu se faire entendre depuis que le projet de loi
avait été déposé soient entendus. On a
demandé de les entendre. Ça, ce n'est pas de la procédure,
M. le Président, de demander aux gens qui représentent les
dépanneurs de venir nous dire qu'ils ne sont pas contents, de demander
aux consommateurs de venir nous dire qu'ils n'aiment pas ça!
Oui, ils l'ont analysé, le projet de loi, oui, ils l'ont
fouillé. Bien sûr. Et, oui, ils en ont fait, des
représentations. Tout le monde en a fait. J'en ai tout plein, ici. Et le
lendemain matin, j'avais fait une analyse, moi aussi. Or, là encore, que
le ministre ne vienne pas nous dire qu'on n'avait pas fait d'analyse; on en
avait fait. Sauf que la conclusion n'est pas la même. Il y a
unanimité contre le projet de loi que nous présente le ministre.
Et il pense que 24 heures, c'eft trop. Effectivement, il n'a pas beaucoup
d'expérience parlementaire. Je peux comprendre ça. On ne peut pas
lui reprocher ça. Mais 24 heures pour débattre de questions qui
vont concerner des milliers de personnes, je pense que ce n'est pas trop. Je
pense qu'on devrait en prendre pas mal plus. On devrait laisser tomber la
poussière un peu et se revoir quelque part à l'automne.
Peut-être que ça aurait refroidi un peu les esprits, les
nôtres et ceux du ministre, et peut-être qu'il ne trouverait pas
que la majorité, c'est une engeance, que c'est ennuyeux, la
majorité, qu'il vaut mieux ne pas l'entendre, qu'on est mieux
d'écouter ce qui nous apparaît, à nous, juste, normal et
équitable.
Habituellement, quand on se fait élire, c'est parce qu'il y a la
majorité qui nous a appuyés. Alors, quand on so fait élire
parce que la majorité nous a appuyés, j'imagine qu'on doit
travailler d'une façon correcte pour essayer de représenter au
mieux les intérêts de la majorité. Ce soir, je sens mes
droits bafoués et je sais que, par la même occasion, à
cause des propos que je tiens et des intérêts collectifs - pas
personnels, pas individuels - que je défends, je me sens bafouée
dans mes droits, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci. Mme la
députée de Taillon. M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Je voudrais juste mentionner...
M. Jolivet: Je voudrais juste savoir, M. le Président...
Je vous ai posé la question tout à l'heure, comme porte-parole de
i Opposition, sur la motion que j'avais présentée. Alors,
là, je dis au ministre, en partant, que c'est une question de
procédure que je fais, une question de règlement.
Le Président (M. Richard): Ça va Une voix:
Ça n'arrive pas souvent!
M. Jolivet: J'aimerais savoir... Moi, comme député,
j'avais 30 minutes.
Le Président (M. Richard): C'est exact.
M. Jolivet: Avant l'heure du souper, je n'ai pas pris mes 30
minutes. Je vous ai posé fa question suivante après que tous mes
collègues eurent parlé: est-ce que j'avais le droit de prendre la
différence qui me restait, soit 12 minutes? Vous m'avez répondu:
Non.
Le Président (M. Richard): C'est exact.
M. Jolivet: Alors, j'aimerais savoir. Si le ministre a le droit,
je vais le lui laisser, mais j'aimerais savoir en vertu de quel
règlement le ministre aurait le droit de parole sur une motion que j'ai
présentée, puisqu'en vertu du règlement l'Opposition a
droit, enfin, le proposeur de la motion a droit à 30 minutes, et
quelqu'un qui est de l'autre côté, qui est dans ce cas-ci
ministériel, a droit à 30 minutes et tous les autres ont droit
à 10 minutes.
Le Président (M. Richard): C'est exact. M. Jolivet:
Vous en convenez avec moi?
Le Président (M. Richard): Tout à fait
d'accord.
M. Jolivet: Or, à mon avis, le ministre a parlé
pour la partie ministérielle, puisqu'il a dépassé 10
minutes Comme il a dépassé 10 minutes, il ne devrait pas,
à mon avis, morceler son temps de parole. Alors, il n'aurait plus le
droit de parler sur cette motion-là. Il devrait passer la parole
à un de ses collègues qui n'a pas encore eu la chance de
parler.
Mme Marois: de le faire.
Le Président (M. Richard): M le député de
Laviolette, vous qui avez été vice-président de la
Chambre, vous vous rappelez sûrement l'article 246 qui traite des droits
de parole et qui dit que le ministre qui présente un projet de loi a le
droit d'intervenir cinq minutes au maximum après chacun des
intervenants. L'article 246 l'identifie très clairement: "Le ministre ou
le député qui présente un projet de loi, outre le temps de
parole dont il dispose - ça, c'était exactement ce que vous
mentionniez, et avec justice, son droit de parole d'une demi-heure qui lui est
identifié après le vôtre, par exemple, vous qui
présentiez la motion - au même titre que les autres intervenants,
a droit à un temps de parole de cinq minutes après chaque
interven-
tion. "
M. Jolivet: M. le Président, je veux que vous ajourniez ou
suspendiez et alliez voir, parce que là, je vais vous poser le point
suivant.
Le Président (M. Richard): Allez-y'
M. Jolivet: Nous ne sommes pas encore sur le projet de loi.
L'article que vous venez de me lire a pour but de permettre au ministre de
défendre ses articles, article par article, ses amendements, amendement
par amendement. Vous auriez raison si nous étions sur un "item" qui est
l'article 1 ou l'amendement à Particle 1. Mais sur la motion
préliminaire, M. le Président, ce sont les mêmes
règles qu'en Chambre et les mêmes règles qui vont les
déterminer. Alors, avant de prendre une position - vous m'avez
éclairé un peu - j'aimerais que vous alliez voir ce qu'il en est,
parce que nous ne sommes ni sur un article ni sur un amendement. Nous sommes
sur une motion préliminaire, et une motion préliminaire, ce n'est
pas la même chose. Je voudrais qu'avant que vous preniez une
décision finale... Parce que je vais la contester.
M. Tremblay (Outremont): Je n'ai pas besoin de parler.
Mme Marois: Ah bon!
Le Président (M. Richard): Même là, M. le
ministre, même si vous me spécifiez, moi le président, que
vous n'avez pas l'intention d'intervenir après chacun des intervenants,
je pense qu'il est important qu'on clarifie quand même ça ici.
Juste un instant, là.
Alors, maintenant, M. le député de Lavio-lette et
l'ensemble des membres de la commission, le 9 juin 1986, un de mes
collègues, président de commission, M. Jean-Guy Lemieux, avait
fait la décision suivante. La question était la suivante: lorsque
la commission étudie les motions préliminaires, est-ce que le
ministre dispose d'un temps de parole de cinq minutes après chaque
intervention? Je pense que c'est exactement le sens de votre question,
précisément. La décision a été la suivante.
L'article 246 stipule que, lors de l'étude détaillée d'un
projet de loi, le ministre dispose de cinq minutes après chacune des
interventions. C'est effectivement ce dont on a fait lecture tout à
l'heure. Ce temps de parole ne vaut cependant que pour l'étude
détaillée des articles d'un projet de loi et ne peut pas
être utilisé lors de l'étude de motions
préliminaires. Puisque nous sommes toujours aux motions
préliminaires, vous avez tout à fait raison. Je pourrais, comme
président, contredire mon collègue, M. Lemieux, mais je n'ai pas
cette intention ce soir, parce que je tiens quand même à ma
santé. Alors, ça veut dire tout simplement...
M. Jolivet: Est-ce que vous craignez le député
Lemieux?
Le Président (M. Richard): Ah! Pas du tout.
M. Jolivet: Mais, si vous avez peur pour votre santé, ce
n'est pas nous qui allons vous faire du mal.
Le Président (M. Richard): D'ailleurs, c'est avec humour.
Vous savez, M. le député de Laviolette, que dans cette
jurisprudence il y a aussi des jurisprudences qui viennent du président
Maurice Richard, effectivement.
M. Jolivet: Oui, effectivement, M. le Président. Donc, je
ne voulais en aucune façon empêcher le ministre. Le ministre a
laissé sous-entendre qu'il a renoncé à son droit de
parole, mais il ne peut pas renoncer à quelque chose qu'il n'avait
pas.
Mme Marois: Voilà!
Le Président (M. Richard): C'est parfait.
M. Jolivet: C'est correct.
Le Président (M. Richard): Non, mais je pense que
ça clarifie.
M. Jolivet: Non, mais c'est parce qu'il a parlé de
démocratie.
Le Président (M. Richard): II n'est pas question de
mauvaise foi là-dedans.
M. Jolivet: Non, mais c'est parce que j'ai entendu des mots de
l'autre bord, et ça m'a fait de la peine, quand même, parce que je
connaissais la décision. (22 h 30)
Le Président (M. Richard): Alors, ça clarifie la
situation. Puisque nous ne sommes pas encore à l'étude article
par article et que nous sommes toujours en phase préliminaire, qu'on
appelle l'étape des motions, effectivement, le ministre n'a pas droit de
parole après chacun des intervenants, il n'a pas droit à ses cinq
minutes, comme ce serait le cas si nous étions à l'étude
article par article.
Mme la députée de Chicoutimi. Je m'excuse auprès de
vous, Mme la députée de Chicoutimi, je constate que chaque fois
que je vous donne la parole comme président, ou bien les cloches sonnent
pour aller voter, ou bien... Il arrive toujours quelque chose et on suspend. On
espère pouvoir faire ça d'un seul trait, cette fois-ci. Vous avez
la parole, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: M. le Président, j'en serais
également ravie.
Le ministre fait preuve d'une attitude, je le dis, autocratique,
condescendante, paternaliste, et j'ajouterais arrogante, méprisante,
suffisante et provocante. Mais commençons par les deux premiers
qualificatifs. Il dit des choses qui m'étonnent et qui me
déroutent complètement. Il dit: Écoutez, au nom de la
démocratie, j'ai écouté et j'ai entendu tous les groupes
en commission parlementaire. Les groupes sont venus nous dire effectivement ce
qu'ils en pensaient, mais sans connaître le projet de loi du ministre.
Ça, c'est le premier point.
Le ministre dit: Pour moi, la démocratie, c'est de leur permettre
de parler. C'est une démocratif; de souverain: Je vous écoute, je
ne suis pas obligé de vous entendre. C'est exactement ça, c'est
de l'autocratie: souverain, pouvoir totalitaire, je condescends à vous
entendre, mais je ne suis pas obligé de vous écouter. Je ne suis
pas obligé de tenir compte de vos avis. Il va beaucoup plus loin que
ça, et ça, c'est méprisant, c'est prendre les gens pour
des imbéciles. Il dit: Mon projet de loi, c'est la synthèse de
tout ce que vous êtes venus me dire en commission parlementaire. Les gens
sont en train de nous dire ici: C'est de la foutaise, M. le Président,
pour ne pas dire plus, ils n'en veulent pas! Il est en train de leur dire:
Écoutez, c'est parce que vous ne vous comprenez pas, il faut vous
protéger contre vous-mêmes. Il est en train de les protéger
contre eux-mêmes, comprenez-vous? Ils n'ont pas compris, ce
monde-là, ils n'ont pas compris que leur intérêt
n'était pas dans le projet de loi du ministre. Ça, c'est
méprisant comme ce n'est pas possible.
Tous les Québécois et les Québécoises qui
sont descendus dans la rue, qui assistent ici à cette commission
parlementaire et oui représentent des dizaines de milliers de
Québécois et de Québécoises, on est en train de
leur dire: C'est juste parce que vous ne comprenez pas, on va vous aider,
malgré que vous ne le vouliez pas. Ça, c'est une attitude non pas
paternaliste, mais hautaine, méprisante, arrogante. Il n'y a que lui qui
a le ton. Il dit: C'est mon projet de loi, et je suis capable de regarder tout
le monde dans les yeux. J'ai hâte qu'il regarde les faillites
tantôt, ceux qui vont faire faillite, parce qu'il a ouvert le dimanche et
qu'il a prolongé les heures d'affaires. J'ai hâte de voir des
jeunes femmes, des jeunes travailleurs venir lui dire: Ça n'a pas de bon
sens. Ils vont le dire dans son comté, ils vont le dire dans vos
comtés à vous autres.
Je sais, je n'ose pas trop en parler aux députés du
gouvernement, parce que je pense que la majorité d'entre eux partage
notre avis. Il semble être le seul à partager son avis.
Voulez-vous me dire qu'est-ce qui se passe? Allez voir dans les régions,
on en a nommé pas mal, tantôt.
À présent, on va en parler, de la démocratie. Le
ministre limite la démocratie au fait d'écouter les gens. Ce
n'est pas ça, la démocratie. La démocratie, c'est prendre
en compte l'expression des gens. Là, c'est la deuxième fois que
ça nous arrive, bâillon encore ce soir. On vit des bâillons
en fin de session à toutes les sessions, sans exception. C'est le
mépris de la démocratie. La vraie démocratie, ce n'est pas
de dire: Je vous écoute, je condescends à vous écouter. La
vraie démocratie, c'est prendre en compte ce que les gens disent. Mais
à l'Assemblée nationale, quand on met le bâillon comme on
est en train de le faire, on méprise l'Assemblée nationale, on
méprise tous ceux et celles que nous représentons.
Je voudrais faire remarquer au ministre, qui est en train de parier,
qu'on représente 41 % de tous les votes exprimés au
Québec. Il y a au moins ça. Je suis certaine que dans vos
comtés, dans votre comté, M. le Président, dans les
comtés de ces députés-là, il y a aussi des gens qui
sont contre le projet de loi du ministre. On peut penser ici, sans aucune
exagération, qu'on doit représenter à peu près 60 %
de l'opinion publique sur ce projet de loi là. Et vous bâillonnez
les députés. Ça, c'est aller à l'encontre de la
démocratie, mais c'est surtout, Mme la Présidente,
mépriser profondément l'Assemblée nationale et c'est
banaliser l'Assemblée nationale. Si on n'est pas capables de faire
l'opposition en Chambre, M. le Président, on va la faire dans la rue,
parce que c'est ça qui va arriver. Quand la démocratie ne s
exerce plus dans nos institutions, elle s'exerce en dehors des institutions et,
là, ça fait plus mal. On a l'impression que vous êtes en
train de souhaiter la déstabilisation sociale. Il y a déjà
des milliers de camions dans la rue. On va faire descendre les assistés
sociaux dans la rue au mois d'août. Il y a les gens, là, que vous
allez faire descendre dans la rue. Vous ne trouvez pas que ça commence
à être assez. Quand on remet en question nos institutions
politiques et la capacité pour les élus et ceux que nous
représentons de l'exprimer à l'intérieur des cadres
normaux, dans des conditions normales, l'Opposition se fait ailleurs.
Je ne comprends pas le ministre. Je ne le comprends pas, M. le
Président. C'est comme s'il avait vécu dans une bulle
jusqu'à ce qu'il arrive ici. Surprenant! Une tour d'ivoire, une tour en
verre quelque part, un bureau de grand spécialiste, sans doute - je ne
mets pas ça en doute - mais fermé sur le reste du monde. Il ne
s'est jamais interrogé sur ce que ça voulait dire la
démocratie, absolument, parce que ce n'est pas vrai que sa conception de
la démocratie a un rapport à voir avec ce qui est la
démocratie au Québec, M. le Président. L'Assemblée
nationale, telle qu'ils sont en train de la faire, c'est un cirque. Un cirque
où on nous permet - on est niaiseux, nous autres - de parader, où
on nous permet de parier, où on nous permet un peu de
s'exprimer, où on laisse rentrer les bêtes un peu de dehors
mais où on n'entend rien et, ça, M. le Président, c'est
grave quand on méprise la démocratie, quand nos institutions ne
servent plus que de façade parce que c'est ça qui arrive. Les
grandes lois importantes avec ce gouvernement-là ont toutes
été adoptées par le bâillon et, ça, ça
ne peut pas durer comme ça. L'opposition va vous venir d'un peu partout.
On l'exprime à l'intérieur de ces murs, avec colère sans
doute, parce que je n'ai pas été élue dans mon
comté pour venir faire rire de moi en Chambre. J'ai l'intention ferme de
représenter correctement les gens qui m'ont élue ici, qui pensent
encore et qui croient encore qu'on a une institution démocratique au
Québec mais ce n'est plus vrai. On va faire le relevé, ça
a déjà été fait, du nombre de bâillons qui
ont été imposés depuis que ce gouvernement a
été élu. C'est sans précédent dans
l'histoire parlementaire du Québec. On tourne l'Assemblée
nationale en dérision. Je suis aussi furieuse parce que je n'ai pas de
temps à perdre à venir faire, ici, la parade alors qu'on est en
train de tourner en ridicule et les parlementaires et ceux qui nous
élisent.
M. le Président, il y a deux catégories de citoyens au
Québec. On s'en est aperçus, en Chambre, ce matin. Si vous voulez
devenir fonctionnaire, il faut que vous soyez d'allégeance
libérale et, là, si vous voulez vous faire entendre en cette
Chambre - si vous voulez vous faire entendre en cette Chambre - il faut que
vous ayez un fort lobby et des entrées particulières. C'est un
gouvernement de ploutocrates, un gouvernement de gens riches pour les gens
riches. Un gouvernement de gens riches pour les gens riches qui musèle
la Chambre chaque fois que ça ne fait pas leur affaire. C'est ça,
M. le Président. Parce que le bâillon, qu'est-ce que c'est? C'est
l'interdiction aux parlementaires élus selon des règles admises,
acceptées, légales, légitimes. Ils ont dit à ces
parlementaires-là: À compter de minuit, c'est fini.
M. le Président, on a la chance de vivre dans un pays où
on a des traditions de démocratie et on a dû, à l'occasion,
avec des gouvernements passés qui avaient des habitudes plutôt
autocratiques... On pensait, comme Québécois, avoir
dépassé ça. Le gouvernement à la Duples-sis, on
avait un peu pensé avoir dépassé ça et on est en
train de revenir au même système, système de protection,
système de privilège et système de bâillon.
M. le Président, il y a deux catégories de citoyens au
Québec et on s'en rend de plus en plus compte. Toutes les
régions, sans exception, sans exception, sont devenues des
régions qui sont en train de se vider. Chaque fois qu'on prend une
décision, elle pénalise les plus démunis. Hier, on nous a
mis la bâillon sur une loi touchant la fiscalité municipale. Vous
savez à quelle place que ça fait mal, la fiscalité munici-
pale? Dans les villages. Vous savez ce qu'on leur dit? On dit: Ce n'est pas
grave, il y a la péréquation. La péréquation, vous
savez ce que c'est? C'est le bien-être social scolaire. Parce qu'on
corrige par la péréquation des injustices de système.
M. le Président, je déplore infiniment ce qui se passe
ici. J'en parle avec l'expérience des quatre années et demie que
j'ai, avec les frustrations que j'ai accumulées parce que, chaque fois
qu'on a un projet de loi important, ce gouvernement dépose le projet de
loi à la dernière minute et refuse d'entendre les principaux
intéressés et il met le bâillon.
M. le Président, je le rappelle, si l'Opposition n'est plus
capable de faire l'opposition en Chambre, selon des règles normales,
reconnues et légitimes, elle va se faire dans la rue. Elle est
déjà commencée. Moi, je préférerais qu'elle
se fasse ici, comme c'est normal que ça se fasse. Mais, comme vous nous
imposez le bâillon chaque fois qu'il y a quelque chose d'important en
Chambre, ça va descendre dans la rue. C'est ce qui est arrivé
quelque part en 1970, en 1972, en 1973, en 1974, en 1975, pendant que vous
étiez là. Et ça va recommencer parce que vous êtes
arrogants, méprisants et vous insultez le parlementarisme. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. Maintenant, qui veut intervenir? Mme la
députée de Terrebonne, Mme Caron, vous avez la parole pour les 10
prochaines minutes.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, M. le Président... non, je ne me
lèverai pas et je ne pense pas que le leader de l'Opposition ait des
commentaires à faire à ce moment-ci, M. le Président.
Le Président (M. Richard): S'il vous plaît, si vous
permettez, passez par moi.
M. Jolivet: Non, mais on lui a dit la même chose de...
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Terrebonne, vous avez la parole pour les 10 prochaines minutes.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Depuis 24 heures, j'ai
vécu de ce gouvernement deux bâillons. Un premier bâillon
hier, sur la loi 69, une loi qui était réfutée par tout le
monde dans les milieux municipaux, par l'UPA, par plusieurs commissions
scolaires, par les contribuables. Ce soir, 24 heures après, on nous
propose un nouveau bâillon. On a peut-être le bâillon mais on
ne l'a pas jusqu'à minuit. Donc, on va utiliser notre temps de parole
jusqu'à la dernière minute. Quand on va déposer les
rapports dans les jours
subséquents, et pour l'adoption du projet de loi, on va utiliser
notre temps de parole, M. le Président.
Le ministre nous a démontré - et là, il est absent,
parce que pour lui, écoutez, ce n'est pas important - une nouvelle fois
son incohérence. Il nous l'a démontrée par son projet de
loi. Bien, il vient de nous le démontrer encore. Il nous dit depuis des
heures qu'il veut étudier le projet de loi article par article. Il veut
l'étudier. Qu'est-ce qu'il fait au moment où on est prêts
à l'étudier? Il passe le bâillon. Très
cohérent. Le ministre nous dit: Je suis un grand démocrate. Je
suis pour la démocratie, j'écoute. Qu'est-ce qu'il fait? Il passe
le bâillon. Bien, passer le bâillon, ce n'est pas de la
démocratie. C'est démontrer un grand mépris pour la
démocratie, M. le Président, pour toute la population.
Le prétexte? C'est l'Opposition qui s'exprime seulement. C'est
seulement l'Opposition qui est contre son projet de loi. C'est seulement
l'Opposition qui n'a pas compris son projet de loi. C'est faux, M. le
Président. Ce n'est pas seulement l'Opposition qui n'a pas compris son
projet de loi, personne ne comprend son projet de loi comme lui le comprend. Si
les gens sont ici dans la salle, ce n'est pas parce qu'ils n'ont rien d'autre
à faire. Si les gens ont pris la peine de signer des pétitions,
si les gens ont pris la peine de se déplacer dans des rencontres partout
en région - 2500 personnes à Laval, M. le Président - ce
n'est pas pour rien. C'est parce qu'ils avaient des choses à exprimer,
ils avaient des revendications à faire. C'est exceptionnel qu'une
population se mobilise autant. On devrait l'écouter dans ce
temps-là, M. le Président. (22 h 45)
Le ministre nous dit qu'il a écouté la Coalition. Bien, je
ne comprends pas. Parce que ta Coalition, c'était très
très clair. Les membres de la Coalition proposent deux amendements
clairs afin d'assurer le respect des principes du ministre. On proposait
d'ouvrir lundi, mardi jusqu'à 18 heures; mercredi, jeudi, vendredi
jusqu'à 21 heures; samedi, 17 heures. C'était le premier
amendement. Deuxième amendement, on proposait quatre personnes en tout
temps. Ce n'est pas si compliqué comme amendement. Le ministre semble
nous faire croire qu'il a reçu plein d'amendements puis que
c'était donc compliqué Deux amendements très clairs. Ce
que l'Opposition a fait depuis trois jours, ce n'est pas ce que le ministre
laisse entendre, ce n'est pas de l'obstruction qu'on fait, on a fait notre
travail. Parce que le travail de l'Opposition, c'est de s'exprimer au nom de la
population puis, quand une majorité de personnes s'exprime l'Opposition
n'a pas juste le droit, elle a le devoir de la défendre.
Cette loi-là est contre l'intérêt public.
L'Opposition ne fait pas d'obstruction. L'Opposition, elle fait son travail.
Passer une mauvaise loi, quant à moi, il n'y a rien qui presse. Le
ministre est très content, il a pris une décision. Enfin, c'est
extraordinaire, après des années, ce gouvernement-là a
pris une décision. Il ne s'interroge pas si elle bonne ou pas bonne, il
en a pris une, c'est juste ça qui compte. Il a pris sa décision.
Bien, ça ne presse jamais de passer une mauvaise loi. On est mieux
d'être indécis, quelques mois de plus, mais d'en prendre une bonne
décision.
L'attitude du ministre est tout à fait méprisante, pas
juste pour l'Opposition, pour la population aussi. Tout ce qui lui importe,
c'est de démontrer qu'il a réussi à passer sa loi, par
n'importe quel moyen. Il a même utilisé, M. le Président,
comme cachette, les consommateurs. Les besoins réels des consommateurs,
il les connaît. Moi, M. le Président, à titre de
porte-parole officiel en matière de protection du consommateur, je les
ai lus les mémoires et je les ai entendus, quand les consommateurs sont
venus les présenter. Mais je pense que, là aussi, le ministre a
écouté. Il écoute, mais il ne comprend rien. Il n'a rien
compris. Parce que les consommateurs, là, se sont exprimés.
Quelque 40 organismes de consommateurs, répartis sur l'ensemble du
territoire du Québec, se sont associés pour affirmer un non
catégorique à l'ouverture des magasins le dimanche. Deux
associations l'ont demandé.
Ce consensus presque total du mouvement des consommateurs du
Québec voulait prendre en considération les conditions de travail
et de vie des travailleurs et des travailleuses du commerce, ainsi que ceiies
des petits propriétaires de magasin. Il n'a pas lu ça, lui. Hein?
Il n'a absolument pas vu ça. Ce qu'ils proposaient, les consommateurs,
le mercredi jusqu'à 21 heures. C'est clair. Ça, c'est le
Regroupement des coopératives de consommateurs; eux aussi, ils pensent
la même chose. Ils ont dit que le débat sur les heures
d'ouverture, c'était de l'iniquité à l'absurdité.
Mais je pense qu'ils n'avaient pas imaginé que l'absurdité
pouvait aller aussi loin que le projet de loi 75.
L'objectif premier de la loi, pour ces regroupements de
coopératives de consommateurs, c'était un jour de repos uniforme
pour tous les employés du commerce de détail. Ce qu'on voulait
pour le consommateur, c'est un service minimum le dimanche pour les biens de
première nécessité, comme les médicaments. Ce qu'on
voulait, ce n'était pas de légaliser l'ouverture, d'une
façon déguisée, en plus, M. le Président.
C'était très clair pour les regroupements de coopératives
de consommateurs. Le panier de consommation québécois est
saturé, et tout changement dans les règles du jeu des ouvertures
ne peut être motivé que par une stratégie commercialiste de
concentration de la part de gros intérêts capitalistes
particuliers.
Et le ministre vient nous dire qu'il les a entendus, les consommateurs,
qu'il les a écoutés, les consommateurs. II ne les a pas
écoutés, pas
du tout, il ne les a pas lus, les mémoires. Parce que les lire et
les écouter, c'est les comprendre, aussi, M. le Président. La
Fédération nationale des associations de consommateurs, elle
aussi, défendait exactement la même chose, une journée de
repos. On ne vous a pas demandé de libéraliser les heures
d'ouverture des commerces comme on le fait, surtout qu'on le fait d'une
manière, mais il faut le répéter, tout à fait
déguisée.
On va finir sur les consommateurs avec les recommandations de la
Fédération des ACEF, c'est assez important, la
Fédération des ACEF. Elle a fait un mémoire de 30 pages.
Ça aussi, je pense que le ministre, il ne l'a pas vu passer. Maintien du
principe de la fermeture, la plus étanche possible, des magasins le
dimanche. C'est clair, ça. Une fermeture la plus étanche
possible. On demandait aussi l'ouverture des magasins le mercredi
jusqu'à 21 heures et le dimanche, du dépannage alimentaire pour
les commerces opérant avec trois personnes et moins en tout temps.
Là, le ministre vient nous dire qu'il a compris ce que voulaient les
consommateurs. Je m'excuse, mais il n'a pas compris, mais pas du tout.
Ça, il nous l'a démontré clairement toute la
journée. J'ai comme principe, M. le Président, que tout se paie
un jour ou l'autre. Toujours. Je suis fermement convaincue que le ministre, sa
décision de ce soir, il va se la rappeler et longtemps. Il a dit qu'il
était prêt à vivre avec, mais il va avoir à vivre
avec. Mais le triste ce n'est pas ça. Que lui vive avec, ça ce
n'est pas grave. C'est lui qui l'a choisie, au nom du mépris de la
démocratie. Mais le plus triste, c'est les travailleurs, les
travailleuses, les propriétaires de dépanneur, les
propriétaires de petite épicerie, qui, eux autres, vont avoir
à vivre avec sa loi, au mépris de la plus grande
démocratie, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la
députée de Terrebonne. Maintenant je cède la parole
à M. ou Mme, Mme la députée de Ver-chères, Mme
Dupuis. Vous avez la parole pour les 10 prochaines minutes.
Mme Luce Dupuis
Mme Oupuis: M. le Président. Il y a eu consultation, c'est
évident, 101 heures d'écoute.
M. le ministre est allé préparer son projet de loi:..
Le Président (M. Richard): Ça va, Mme la
députée, vous avez la parole.
Mme Dupuis: M. le ministre a préparé son projet de
loi. La population et ceux qui ont à vivre avec en ont pris
connaissance. Ils manifestent, de façon soutenue, leur
désapprobation. Le ministre ne bouge pas. Là, je viens de faire
un petit résumé, très bref. Là, ça
m'amène à parler - je ne suis pas pour tout revoir le chapitre -
de l'attitude du ministre et à lui demander: Mais pour qui se prend-il?
Là, je ne savais pas si je devais avoir une attitude très
révérenci... Parce que j'ai comme l'impression d'avoir Dieu le
père en avant. On a déjà parlé de la main de Dieu,
mais là on a Dieu le père en avant. L'infaillibilité du
pape. Ils ne se trompent pas. Tout le monde se trompe. Ils se trompent tous eux
autres, 400 000, c'est ça? Je ne suis pas forte dans les chiffres. Ils
se trompent tous. L'Opposition, elle se trompe toute. Des gens de son part),
ils se trompent aussi. Les journalistes - j'ai déjà fait
antérieurement sortir des articles des journaux - ils se trompent tous.
Je ne prendrai pas tout mon temps. Je n'ai même pas envie de le prendre,
parce que j'ai l'impression que je me le fais perdre. Mais le ministre a
raison. Malgré tout ça, le ministre détient la
vérité. Mais pour qui se prend-il pour refuser d'admettre que sa
décision n'est pas bonne? Je parlerai de la démocratie un petit
peu après. Là, j'ai regardé dans - je ne serai pas longue
- le Petit Robert. Il y en un autre petit Robert, vous le connaissez.
Là, il y a une petite définition, et je prends toutes les
précautions pour être bien dans les paroles parlementaires,
où c'est marqué: mauvais, sans valeur. Moi, je trouve que
ça colle bien à votre projet de loi. Une mauvaise loi, sans
valeur. Savez-vous comment ça s'appelle, ça, dans le
dictionnaire, dans le Petit Robert? Merdique, sa loi, elle est merdique.
Elle ne vaut pas de la merde. C'est ça en français, c'est-y
clair? C'est dans le dictionnaire et mon mot est parlementaire. Mauvais, sans
valeur, égale merdique. Merdique c'est de la merde et la loi c'est de la
merde. Je ne peux vous le dire plus clair que ça, je ne prendrai pas 15
jours pour vous le dire, c'est ça sa loi. C'est là qu'on est
capable de s'apercevoir que Dieu le père, il est capable d'en faire
comme les autres de ça.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, Mme la
députée de Verchères, je...
Mme Dupuis: Je ne parlerai pas longtemps. Le Président
(M. Richard): Non, non. Une voix: M. le Président.
Mme Dupuis: Ce n'est pas démocratique. Je m'en doutais
bien.
Le Président (M. Richard): Pas nécessairement. Je
ne veux pas aller voir dans les jurisprudences.
Mme Dupuis: Bon, bien, allez-y voir pendant ce temps-là,
c'est tout.
Le Président (M. Richard): Non. Je ne veux pas aller voir
dans les jurisprudences. Mais admettons que je... Si vous ne le
répétez pas, je
vais peut-être être correct.
Mme Dupuis: Ah, bien, O.K., je ne vous le répéterai
pas.
Le Président (M. Richard): S'il vous plaît, ne
relisez pas ça.
Mme Dupuis: Tout le monde l'a entendu pareil.
Mme Marois: Même si c'est au dictionnaire, M. le
Président?
Le Président (M. Richard): Même si c'est au Petit
Robert. Ne touchez pas...
Mme Dupuis: ...pour faire pousser les fleurs.
Le Président (M. Richard): Continuez votre intervention,
mais...
Mme Dupuis: Mais ça ne fera pas pousser leur profit, eux
autres, par exemple. Et ça n'améliorera pas... Tu sais, c'est bon
du fumier dans le jardin pour faire pousser les fleurs, pour faire pousser les
légumes et les fruits. Mais ça n'arrangera pas la situation des
fruitiers. Ce n'est pas vrai ça.
Le Président (M. Richard): Vous augmentez la traduction un
peu, par exemple.
Mme Dupuis: Démocratie maintenant. "Démocratie:
doctrine politique d'après laquelle la souveraineté doit
appartenir à l'ensemble des citoyens." J'ai comme l'impression qu'ils
n'ont pas tellement l'impression que la démocratie, que la
souveraineté leur appartient. Donc, elle appartient à une
personne, au ministre. Le ministre est souverain; comme ma collègue
disait tantôt, l'autocratie.
Eh, bon sang, c'est écrit fin, ce n'est pas drôle de
vieillir, une minute: "organisation politique dans laquelle les citoyens
exercent cette souveraineté. Démocratie directe: où le
peuple exerce directement sa souveraineté." J'ai bien hâte de voir
leurs réactions après qu'elle va être passée, la
loi. Ils vont trouver un autre moyen de l'exercer probablement et directement,
leur souveraineté, pas dans le Parlement mais peut-être en dehors.
Quand ils vont avoir marché dans les rues, ils vont découvrir
d'autres choses. Vos rues, vous les avez négligées pas mal. Nos
routes s'en vont chez le diable. Et ils vont découvrir ça en
même tomps. Allez-y. Ça s'enchaîne. Ça, ça va
avoir un effet de domino. Il y a un autre bout: "où le peuple °xerce
directement sa souveraineté." Et il y a eu un petit mot aussi:
"démocratie représentative: où le peuple élit des
représentants." Et c'est là qu'on se sent bafoués. On est
dans un pays - pas encore, parce que c'est retardé encore, en tout cas,
ça va venir, ne vous inquiétez pas - démocratique. Et,
dans un pays démocratique, on élit des députés. Au
moment où on les musèle, comme c'est le cas ce soir, bien, c'est
toute la population qu'on musèle. Vous pouvez les museler
temporairement, mais on ne peut pas museler tout le monde tout le temps. Ce
n'est pas vrai. On peut mentir à une personne une fois, puis tout le
temps. Mais on ne peut pas mentir à tout le monde tout le temps. Je ne
vous souhaite pas la facture. Mais je ne pleurerai pas quand la population va
vous la donner là-dessus. Parce que c'est humiliant ce qu'on vit ce
soir. C'est vraiment humiliant. Sur des détails à part de
ça, sur des niaiseries; pas vouloir commencer par l'article 4 alors que
c'est le sujet le plus important, et refuser et nous dire un non
là-dessus. C'est quasiment impensable. J'aurais imaginé, moi,
avant d'être députée, de vivre ça, on m'aurait dit:
Tu as l'imagination trop fertile. Et on le vit. Il faut le vivre. On apprend
des choses en le vivant, par exemple. Ça nous amène à
réfléchir sur la démocratie. Ça nous amène
à réfléchir sur le rôle qu'on a à exercer,
à se poser des questions sur qui on représente. Et je vous jure
que des attitudes comme celles-là, ce ne sont pas des attitudes à
imiter. Ce n'est pas parce qu'on est ministre, ce n'est pas parce qu'on a le
pouvoir qu'on est obligés de l'exercer de façon indue. Et on a
dû déjà vous dire, M. le Président, que ceux qui
l'exercent d'une façon indue, comme c'est le cas présentement,
c'est un signe de faiblesse. Je penoe que nos amis d'en face se sentent dans un
état de faiblesse. Les sondages le prouvent, d'ailleurs. Sur ce, j'ai
dit que je ne prendrais pas tout mon temps, je termine, M. le Président,
et je vous remercie. (23 heures)
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la
députée de Verchères. M. le député d'Ungava,
vous avez la parole.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Oui, avant de commencer mon intervention, j'aurais
une question de directive, M. le Président. Est-ce que les mots "pomme"
et "route" sont des mots parlementaires?
Le Président (M. Richard): Oui, sauf que s'il y a le "de"
entre les deux, ce n'est pas certain.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Richard): Est-ce que c'était dans
ce sens-là, votre intervention?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Richard): Vous avez la parole. M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Donc, je dois comprendre que les termes "pomme" et
"route" sont des termes parlementaires. Merci, M. le Président.
M. le Président, j'ai devant moi un bouquin, assez impressionnant
d'ailleurs, semble-t-il, bien fait. Je suppose qu'il a été bien
fait, il émane du ministère, le ministère de l'Industrie,
du Commerce et de la Technologie, gouvernement du Québec. Ça
s'appelle: Loi sur les heures d'affaires, document d'information.
Imprimé au Québec dans le 11e mois de 1989. En page 37 du
chapitre 3 de ce document, il y a un tableau qui est intéressant.
Ça s'appelle le tableau 3.7, Répartition du nombre de commerces
en alimentation, selon les types de commerce et selon les principaux centres
urbains au Québec. Lorsque l'on regarde le total de ça, sur 14
370 établissements recensés - et je suppose que le recensement a
été bien fait, d'une façon exhaustive - il y a 8005
épiceries, dépanneurs, marchands de fruits et légumes
ayant des superficies de moins de 400 mètres carrés. 8005 sur 14
370, M. le Président. En contrepartie, à la colonne
Hypermarchés ayant des superficies de plus de 2500 mètres
carrés, il y en 355, et entre les deux il y a toute une catégorie
de commerces spécialisés ou avec des superficies variables qui
peuvent aller évidemment entre 400 et 2500 mètres carrés.
On les a tous regroupés ensemble. Il y en a au-dessus de 3000.
M. le Président, à qui s'adresse le projet de loi? Qui
sont ceux qui sont contre le projet de loi? Qui font partie de la coalition de
ceux qui se préoccupent du projet de loi? Qui se préoccupent de
ses répercutions et qui se disent pris à la gorge par le projet
de loi? Ils se trouvent dans la catégorie des épiciers,
dépanneurs, marchands de fruits et légumes ayant des superficies
de moins de f400 mètres carrés, dans leur
totalité. Et, en grande partie, dans ceux qui se trouvent dans les
catégories épiceries et boucheries ayant entre 400 et 2500
mètres carrés. Les deux ensemble, M. le Président,
ça représente quelque chose comme 11 100 unités
différentes, contre 355 unités qui font partie des
hypermarchés, des grandes surfaces.
Lorsque l'on va maintenant au niveau de l'emploi, la catégorie
des épiceries, dépanneurs de moins de 400 mètres
carrés de superficie, ils sont 8000. Ils embauchent, à eux seuls,
au total 23 000 travailleurs, c'est-à-dire moins de trois travailleurs
par entreprise en moyenne. Donc, il est fort probable que le fait de ramener
ça à cinq avec le propriétaire, ça ne changera pas
encore grand-chose dans leurs habitudes, ce n'est pas à eux que
s'adresse le projet de loi. C'est très évident. Parce que les
petits dépanneurs, en général, emploient moins de trois
travailleurs en moyenne. Le chat sort du sac tranquillement, et à partir
des chiffres du ministère. Les propres chiffres du ministre.
M. le Président, le ministre s'apprête à faire
couler toute une série de gens au Québec, toute une industrie.
Une industrie qui représente plus de 1 500 000 000 $ d'investissements,
qui supporte 23 000 emplois au Québec et qui a fait des ventes totales,
l'année dernière, de 2 500 000 000 $. L'industrie du
dépannage, de la petite entreprise, de dépanneurs, familiale,
petite entreprise qui permet à des jeunes aussi de pouvoir s'habituer au
monde des affaires, commencer à se familiariser avec ça. C'est
certain que lorsque l'on dit que les dépanneurs au Québec ont
vendu dans l'ensemble, l'année dernière, pour 2 500 000 000 $ en
produits alimentaires et bricoles de toutes sortes, c'est bien évident
qu'il y a des loups à côté avec les dents longues qui
veulent aller chercher cette part de marché là et qui,
malheureusement pour eux, n'ont pas investi dans le bon sens, en ce qui les
concerne. Eux ont investi pour opérer dans les heures normales
d'affaires. Ils se sont fait leur part de marché là-dedans, ils
ont joué du coude, comme il se doit, comme ça fait partie de la
"game". Mais, maintenant qu'ils sont rendus à saturation à
l'intérieur du cadre dans lequel ils ont investi, ils vont voir le
ministre, les 355 qui sont recensés là et peut-être
quelques autres à travers, mais très peu, et ils disent:
Maintenant, il y a encore 2 500 000 000 $ qui trottent quelque part dans le
décor. Ça flotte un peu ici et la et nous, on a les dents
longues, on a encore faim, on le veut. Et le ministre dit: Ah bien, c'est vrai,
aux États-Unis, ça s'est passé comme ça. Il y a des
marchés, aux États-Unis, où on est rendu que, pour trouver
un pot de beurre de pinottes, il faut passer par un "computer" à la
porte qui vous indique le chemin pour trouver le pot de beurre de pinottes sur
les tablettes. Ce n'est pas des farces, c'est vrai. Ceux qui voyagent à
l'occasion ont dû en voir. Ah bien, le ministre trouve ça bon. Il
dit: Probablement qu'au Québec on devrait avoir seulement un
marché avec un ordinateur et on chercherait notre pot de beurre de
pinottes à partir d'un clavier de "computer".
Il embarque dans le jeu et, finalement, il se retrouve aujourd'hui avec
un projet de loi qui va permettre à une minorité ayant
déjà occupé tout le champ d'activité dans le cadre
de leurs investissements originaux de bouffer la grande majorité qui,
entre eux, de peine et de misère, à partir de leurs sueurs
quotidiennes, sans compter leur temps de travail, se partagent 2 500 000 000 $
de ventes dans le domaine de l'alimentaire et des bricoles connexes. C'est
ça que le ministre va permettre avec son projet de loi. Ce qu'on a sur
la table, M. le Président, je suis prêt à mettre ma main
dans le feu que ce n'est qu'une ouverture. Lorsqu'on a le pied dans la porte,
généralement, quand on est le moindrement costaud, ça ne
prend pas de temps que tout le corps passe. Actuellement, le ministre permet
à toutes les grandes surfaces au Québec qui opèrent dans
le domaine alimentaire de mettre le pied dans la porte des opérations en
dehors des
heures normales d'affaires et durant toutes les fins de semaine, sur 24
heures si elles en ont envie, avec leurs cinq employés sur le parquet
plus le gardien de sécurité, évidemment, qui se
promènera avec un panier entre les allées et qui ne touchera
surtout pas aux ventes, avec tous les gens qu'il va pouvoir y avoir dans
l'entrepôt pour faire l'empaquetage - il n'y a pas de contrôle
là-dessus - avec les gens qui vont faire la fabrication, qui vont
préparer les saucissons, le pain et le poulet BBQ et la pizza pour
vendre sur place; tous ces gens-là vont pouvoir opérer le
dimanche, tous ceux qui sont dans la fabrication. Il va y avoir cinq personnes
pour vendre, quatre caisses et quelqu'un qui va surveiller à travers les
tabieites et, en plus, on peut rajouter des gardiens de
.sécurité.
Le ministre permet aux 350 hypermarchés au Québec dans le
domaine alimentaire de mettre le pied dans la porte. À la grosseur
qu'ils ont, je vous en passe un papier, ça ne prendra pas un an ou deux
avant qu'on se retrouve dans cette même salle en commission parlementaire
- la plus grosse erreur que je peux faire, M. le Président, c'est qu'on
peut être dans une salle en bas, à l'autre étage - pour
permettre de défoncer définitivement la porte pour que,
finalement, tout ouvre. Et tout va suivre, et le ministre le sait très
bien. C'est une personne qui est habituée au sens des affaires, on l'a
vu tout à l'heure, il est tellement habitué de vivre dans des
tours en hauteur avec des bureaux huppés que ça fait longtemps
qu'il ne voit plus le monde sur les trottoirs en bas. Il ne sait plus comment
ça se passe parmi le petit monde sur le trottoir, ça fait trop
longtemps qu'il est juché dans sa tour. Ce qui veut dire que le ministre
s'enligne vers ça, et il le sait très bien.
Tout à l'heure, le ministre m'a fait frémir. Il a dit:
Ça fait trois jours qu'on est ici à attendre pour savoir
qu'est-ce que vous voulez. M. le Président, ça n'a pas l'air de
le fatiguer que les camionneurs artisans soient en ville depuis dix jours.
J'aurais aimé le voir frémir là-dessus, s'il se
préoccupait des intérêts des petits. Mais non, le
gouvernement, le ministre, actuellement, traite les dépanneurs, les
artisans de l'alimentation au Québec de la même façon que
son collègue des Transports traite les camionneurs artisans en leur
disant: Ah! moi, je ne suis pas là pour vous autres. Allez
négocier avec les plus gros, ils vous arrangeront ça. Le ministre
fait exactement la même chose, il fait exactement ce que son
collègue des Forêts a fait avec l'application de la loi 150 sur
les forêts, en faisant crever toutes les scieries indépendantes au
Québec sans vouloir protéger leurs actions au marché pour
leurs copeaux, ce qui fait en sorte qu'aujourd'hui, si une scierie
indépendante veut survivre, eh bien, elle n'a qu'à
s'intégrer aux grandes multinationales du papier.
M. Jolivet: Vente de feu.
M. Claveau: C'est ça sur toute la ligne. Le ministre
délégué aux Mines a fait exactement la même chose
avec les petites entreprises qui opèrent dans le domaine de
l'exploration minière en abolissant les actions accréditives et
en obligeant ces entreprises à s'incorporer à des grandes
multinationales dans le domaine de la métallurgie, de l'exploration et
de l'exploitation minière. C'est ça sur toute la ligne, M. le
Président. C'est la logique de ce gouvernement, c'est la logique de ce
ministre qui est tout à fait indifférent au fait qu'avec son
projet de loi il s'apprête à faire crever 23 000 travailleurs qui
vont perdre leur job. à moyen terme ou à court terme au
Québec dans le domaine des dépanneurs, des petites
épiceries et à faire en sorte que des gens qui ont investi sur
une base honnête, personnelle, des économies totalisant 1 500 000
000 $ dans ce secteur vont se retrouver ruinés du jour au lendemain. La
seule réponse qu'il aura à leur dire, c'est la même que
celle que le ministre des Transports dit aux camionneurs artisans. Allez
négocier avec ceux qui vous égorgent; peut-être qu'à
la limite ils vous serreront le cou un peu moins fort et vous laisseront
souffler une petite affaire, si jamais ils en ont envie.
C'est dans ce contexte-là que ce gouvernement gouverne, M. le
Président, ce qui est absolument inadmissible et ce contre quoi je
m'insurge. Je suis profondément choqué de l'attitude du
gouvernement. Deux bâillons dans la même journée, c'est
quand même pas mal. Pour la première fois dans l'histoire
parlementaire du Québec, on a mis un bâillon sur une loi fiscale.
Ce n'est jamais arrivé qu'on ait mis un bâillon sur une loi
fiscale; on en a mis un aujourd'hui pour permettre aux commissions scolaires
d'aller ponctionner 320 000 000 $ dans le champ de taxation foncière
qu'on avait réservé au municipal. Le gouvernement, encore
là, abandonne ses responsabilités.
Qu'est-ce que le gouvernement a fait avec les étudiants, en
augmentant les frais de scolarité? Pourtant, il avait bien dit qu'il ne
le ferait pas. Vous me dites que mon temps est terminé, M. le
Président.
M. Jolivet: C'est de valeur.
Le Président (M. Richard): Depuis trois minutes.
M. Claveau: Depuis trois minutes? Je m'en excuse
énormément.
Le Président (M. Richard): Aucun problème.
M. Claveau: Voyez-vous, c'est parce que je crois qu'on n'a pas
encore été jusqu'au fond du problème. Le ministre, en nous
amenant son bâillon, nous empêche d'élucider le
problème et de comprendre les vraies intentions ou, du moins,
il s'empêche de nous expliquer les vraies intentions qui l'ont
amené à faire ce projet de loi. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député d'Ungava. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants? Je pense
que, sur cette motion, chacun a donné son opinion. Maintenant, est-ce
que vous voulez le vote nominal?
M. Jolivet: C'est chacun qui voulait, pas chacun. Qui le
voulait.
Le Président (M. Richard): Qui voulait, évidemment.
Personne n'était obligé de le faire, évidemment.
M. Jolivet: O. K. Correct. Non, mais peut-être que...
Tournez-vous donc à droite et demandez donc s'il y en a qui ont des
idées à exprimer. Ils ont des idées, je le sais, mais
à exprimer. Non? D'accord. On va passer au vote nominal.
Le Président (M. Richard): Le vote nominal. M. le
député d'Orford.
M. Benoit: Nous n'avons pas à recevoir de leçon de
l'Opposition au niveau de l'émission des idées. Je pense qu'on
est capables de décider par nous-mêmes, de la même
façon qu'on n'a pas à recevoir de leçon sur la
démocratie, M. le Président, de l'Opposition...
Une voix: Pinochet disait la même chose en 1973.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse!
M. Benoit:... surtout au lendemain d'une élection
où le Parti libéral s'est fait élire en disant, dans son
programme, qu'il réglerait le cas des heures d'ouverture parce qu'on en
avait parlé assez longtemps.
M. Jolivet: Est-ce qu'il a un droit de parole ou si c'est une
question de règlement?
Le Président (M. Richard): Bien, je veux dire, M. le
député de Laviolette...
M. Jolivet: On veut savoir. Je veux savoir.
Le Président (M. Richard): Bien, moi, je peux m'informer
de ça, mais je ne pense pas que ce soit nécessairement important
comme tel, d'autant plus que votre allusion était dans le sens qu'il
n'était pas intervenu. Alors, partant du moment où il intervient,
laissons-lui la chance d'intervenir.
M. Jolivet: Non, mais je voudrais tout simplement qu'il
intervienne sur la motion en discussion à l'effet d'arriver à
l'article 4.
Le Président (M. Richard): Oui, bien, là, je
préfère que ce soit une question de règlement.
M. Jolivet: Ah bon! Est-ce terminé? M. Benoit: Oui,
M. le Président. M. Jolivet: O. K. d'accord.
Le Président (M. Richard): Ça va. Merci, M. le
député d'Orford. Ça va pour le vote?
M. Jolivet: Nominal.
Le Président (M. Richard): Oui, ça je me doutais
que c'était nominal.
M. Jolivet: Mais, M. le Président, je vous ferai
mention...
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet:... qu'après le vote ma collègue, la
députée de Chicoutimi, aurait une motion à vous
présenter.
Le Président (M. Richard): Ça aussi, je m'en
doutais. Alors, M. le secrétaire, s'il vous plaît, le vote
nominal.
Le Secrétaire: Mme Blackburn (Chicoutimi)?
Mme Blackburn: Pour. (23 h 15)
Le Secrétaire: Mme Caron (Terrebonne)?
Mme Caron: Pour, M. le Président. Le Secrétaire:
M. Claveau (Ungava)? M. Claveau: Pour.
Le Secrétaire: Mme Dupuis (Verchères)? Mme
Dupuis: Pour, M. le Président. Le Secrétaire: M.
Jolivet (Laviolette)?
M. Jolivet: C'est moi qui l'ai proposée. Je vote pour.
Le Secrétaire: Mme Marois (Taillon)? Mme Marois:
Pour, M. le Président. Le Secrétaire: M. Benoit
(Orford)? M. Benoit: Contre, M. le Président. Le
Secrétaire: M. Bordeleau (Acadie)?
M. Bordeleau: Contre.
Le Secrétaire: M. Lafrenière (Gatineau)?
M. Lafrenière: Contre, M. le Président.
Le Secrétaire: M. Richard (Nicolet-Yamas-ka)?
Le Président (M. Richard): Contre.
Le Secrétaire: M. Lemire (Saint-Maurice)?
M. Lemire: Contre, M. le Président.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Outremont)?
M. Tremblay (Outremont): Contre, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Non, c'est correct. Mme la
députée de Chicoutimi, vous auriez une nouvelle motion?
Motion proposant d'entendre le premier ministre du
Québec
Mme Blackburn: Oui, M. le Président, je voudrais faire
motion pour que la commission de l'économie et du travail exprine le
souhait, compte tenu de l'urgence de la situation, d'entendre en dernier
recours le premier ministre du Québec.
Le Président (M. Richard): II faut d'abord faire une
vérification au niveau technique.
M. Jolivet: M. le Président, si vous voulez avoir...
Le Président (M. Richard): Sur la recevabilité?
M. Jolivet: Oui, c'est ça, c'est pour vous aider.
Le Président (M. Richard): Merci, j'en étais
certain.
M. Jolivet: M. le Président, c'est tout simplement pour
vous rappeler que non seulement une commission parlementaire avait émis
un souhait comme celui-là, à un moment donné, à
l'Assemblée nationale, mais même qu'une décision avait
été rendue à l'Assemblée nationale même,
justement, une décision importante qui avait amené, pendant de
nombreuses heures, je l'expliquais tout à l'heure, une commission
télévisée où même le premier ministre du
Québec avait été convoqué à la commission
parlementaire, c'était encore plus... Là, on a, en vertu de nos
règlements, plutôt pensé émettre un souhait parce
que notre coutume veut qu'on ne peut pas donner d'ordre, mais qu'on peut au
moins souhaiter. Alors, le débat portera sur le souhait; on va avoir
à dire si on est d'accord ou pas et on s'expliquera pendant le temps
qu'il faudra, d'ici minuit, malheureusement, parce qu'on n'aura plus le droit
de siéger dépassé minuit en vertu de nos
règlements, non pas en vertu du bâillonnement, mais nous n'aurons
pas l'occasion de revenir demain puisque nous ne serons plus ici à
partir de minuit. Comme c'est un souhait, comme il est dans la même veine
que toutes les autres propositions que nous avons faites, vous comprendrez
très bien, M. le Président, que nous avions dit que nous n'avions
point l'intention d'inviter d'autres ministres, mais, les circonstances nous
obligeant à changer d'opinion compte tenu de la décision prise en
Chambre, nous avons cru bon de demander en dernier recours, comme le dit ma
collègue, le premier ministre qui a le pouvoir absolu de décider
au-dessus de tout ministre.
Le Président (M. Richard): Merci. M. le
député de Laviolette. Je veux seulement jeter un petit coup
d'oeil à cette jurisprudence-là.
M. Jolivet: M. le Président, je vous vois hésiter,
mais je vous rappellerais, simplement pour vous aider encore dans votre
décision, que c'est une proposition identique à celle d'inviter
le ministre du Tourisme, mais, cette fois-là, c'est un souhait que
l'Opposition présente, que le pouvoir pourra refuser, c'est son droit le
plus strict. Mais, àir.iplement, M. le Président, c'est dans la
même veine que toutes les motions qu'on a faites jusqu'à
maintenant.
Le Président (M. Richard): D'ailleurs, on constate que,
dans la jurisprudence, il y a eu deux de mes collègues, MM. Gilles Baril
et Jean-Guy Lemieux qui ont eu cette situation-là, et c'était,
à l'époque, au niveau du ministre des Finances et du premier
ministre du Québec.
Une voix: C'est ça.
Le Président (M. Richard): Ça va Je n'ai pas
d'objection comme telle. De toute façon, dans votre formulation, Mme la
députée de Chicoutimi, vous avez inscrit le fait que vous
exprimiez le souhait, compte tenu...
Mme Blackburn: C'est la situation.
Le Président (M. Richard): Exprime le souhait. Je pense
que c'est bien rédigé.
M. Jolivet: D'accord.
Le Président (M. Richard): Alors, ça va bien.
Mme Blackburn: Bien.
Le Président (M. Richard): Mme la députée,
vous avez la parole.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Je vous remercie, M. le Président. Je
comprends ce que ma motion a de difficile pour le ministre de l'Industrie et du
Commerce. Je comprends que ça puisse paraître blessant que l'on
souhaite ici entendre le premier ministre. Vous comprendrez que, si je l'ai
fait, c'est parce que, ayant épuisé tous les autres moyens
à notre disposition pour essayer de ramener le ministre à la
raison sur ce projet de loi, il nous semble que la seule personne capable de
réussir là où nous avons échoué, c'est le
premier ministre.
Il faudrait peut-être essayer de rappeler brièvement
d'où sont venues les représentations. Elles sont venues de
personnes qui représentent - je vous ai donné la liste hier -
environ 2 000 000 de Québécois, de toute origine, de toutes les
régions, de tout âge et de toute croyance, je dirais. Il a
reçu les représentations des personnes ici présentes, de
façon très assidue, qui ont tente à de multiples reprises
d'exprimer au ministre que ce projet de loi, à eux et elles qui sont
dans l'action quotidienne, ne leur convenait pas. Il a eu des rappels et
j'allais dire quasiment des supplications - je pense à l'une de ses
collègues - de la part de ses collègues qui l'ont invité
à revenir sur sa décision. Il a eu aussi les
représentations nombreuses que nous avons faites sur tous les tons. Il a
eu, m'a-t-on dit également, les conseils de l'entourage du premier
ministre. Il a eu les grands syndicats.
Quand on a épuisé toutes ces formes de
représentations, dans le cadre de la démocratie, la seule
personne qui est capable et qui a la responsabilité d'indiquer au
ministre la voie à prendre, il nous semble que ce soit le premier
ministre. Parce que le premier ministre est, en quelque sorte, dans nos
démocraties, le gardien de la démocratie. Le premier ministre est
le responsable ultime de l'ordre également. Le premier ministre a la
responsabilité devant fa population. C'est lui qui, en cas de crise,
doit répondre devant la population. Le premier ministre doit
répondre devant la population s'il y a des tensions sociales, s'il y a
un ralentissement économique et s'il y a risque d'injustice grave. Le
premier ministre est, dans nos sociétés démocratiques et
au Québec, le gardien de la démocratie et du bien-être
collectif.
Il serait souhaitable et, je le rappelle, en dernier recours... parce
que je sais dans quelle mesure cette proposition, ce qu'elle peut avoir
d'humiliant et de blessant pour un ministre parce que, implicitement, ça
indique qu'il ne mérite pas la confiance que son poste exige pour
régler une situation, celle qui est présente, pas
nécessairement pour toutes les autres. Mais je sais que c'est grave de
faire une telle proposition en invoquant le fait que le ministre semble tout
à fait sourd à toutes les autres formes de représentations
et que, de notre avis, les représentations qui ont été
faites en faveur d'une modification de son projet de loi dépassent
largement les représentations qui ont été faites en faveur
du projet de loi tel que rédigé.
Il ne restait plus, semble-t-il, à l'Opposition d'autre
alternative que de souhaiter que le premier ministre vienne ici entendre les
arguments de l'Opposition qui saurait, à cette occasion, se faire le
porte-parole des personnes qui estiment que ce projet de loi menace le climat
social, menace la qualité de vie et menace la survie de nombreuses
entreprises.
M. le Président, je pourrais poursuivre encore longuement, j'ai
droit à 30 minutes, mais je sais que mes collègues auront le
goût, également, d'intervenir sur cette motion. Donc, je
cède la parole à mes collègues et je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. M. le député de
Laviolet-te.
M. Jolivet: À moins qu'il n'y ait quelqu'un de l'autre
côté qui voudrait répliquer.
Le Président (M. Richard): II ne semble pas. M.
Jolivet: II n'y en a pas.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laviolette, vous avez la parole pour les 10 prochaines minutes.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Comme ma
collègue le dit, nous voulons tous avoir la chance de parler une
dernière fois en commission parlementaire, en espérant
peut-être que cette dernière fois-là pour chacun d'entre
nous amènerait le ministre à réviser sa position et
à peut-être empêcher... Il est toujours possible de le faire
tant que la motion qui est en discussion, puisqu'elle a été
déposée ce soir à l'Assemblée nationale, n'a pas
été appelée par le leader du gouvernement. Donc, on a
toujours du temps devant nous. Le temps coule, mais coule à un rythme
qu'on peut ouvrir, par robinet, à petits ou gros flots.
Vous savez, ma collègue, la députée de Chicoutimi,
en présentant cette motion, a indiqué les réticences que
nous pouvons avoir à la proposer, mais, pour avoir eu, au courant de la
journée, des contacts directs par personne interposée avec le
premier ministre qui, si les gens se le rappellent, se trouvait à un
souper, ce soir, de la Société Saint-Jean-Baptiste de
Montréal, souper où des gens ont pu lui faire valoir
certains points... Malgré ses préoccupations, son travail,
le premier ministre est sensible à un remous dans la population et il
est normal que des gens le lui indiquent.
Dans ce contexte, M. le Président, je dois vous rappeler que le
premier ministre qui, ce soir, était reçu à un souper qui
prépare la fête nationale des Québécois, selon les
nouvelles que nous avons eues au moment où j'ai eu la chance d'aller
jeter un coup d'oeil, de l'autre côté, à Radio-Canada,
avait été reçu calmement, peut-être un peu
froidement, mais que les deux fois où il a été applaudi
à cette assemblée, c'est lorsqu'il a présenté M.
Jacques Parizeau et M. Lucien Bouchard. Je voulais juste le rappeler en passant
pour vous indiquer que peut-être il pourrait, en venant à cette
commission parlementaire, réchapper un peu sa renommée en venant
indiquer t l'ensemble des gens qui ont suivi nos deliberations et à ceux
qui les liront qu'il a in extremis sauvé, peut-être pas de la
même façon que I? semaine passée pour lui, une loi qui
était dans l'impasse, une loi qui méritait, justement, de trouver
solution.
Après rediscussion avec le ministre, parce que le ministre, je le
sais, a eu des discussions avec des représentants du cabinet du premier
ministre au courant de la soirée... Ils étaient ici
présents. Ils nous ont quittés en cours de route, mais ils
étaient là. Ils ont eu des discussions. Le leader du gouvernement
est venu, le leader de l'Opposition est venu. De notre côté, on
s'est rassemblé rapidement à une demande d'arrêt de nos
travaux par suspension - vous vous or> souvenez, M. le Président -
et, de votre côté, vous avez assisté à des
rencontres, vous avez discuté de la possibilité d'entendre
l'opinion de l'Opposition comme étant celle qui devait être
possible.
On peut dire qu'on est venu à un cheveu, peut-être, de
trouver une solution. Comme le cheveu était ténu, il a
cassé. Peut-être que le premier ministre pourrait ramasser ies
pots et, par sa présence ici, nous indiquer qu'il y a moyen encore de
permettre que la loi soit passée et que cette loi importante du ministre
de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie du Québec puisse avoir
une portée où la plus grande majorité, cette
fois-là, étant non pas contre, mais pour le projet de loi,
pourrait être entendue. (23 h 30)
Un des moyens que le premier ministre pourrait prendre pour le
régler, c'est de nous dire qu'il accepte la motion d'amendement que nous
proposons à l'article 4 et d'inscrire dans le projet de loi les trois
mots suivants: "en tout temps". Le ministre se plaîl à nous dire
que pour la onzième fois il nous a dit ceci, pour la neuvième
fois il nous dit ceci. Je n'ai pas pris sur moi le soin de faire comme lui et
de compter à chaque fois que je l'ai dit ou que mes collègues
l'ont dit, mais je vais le dire dans les termes habituels: Pour la nième
fois, qui peut être certainement au moins la centième, nous
voulons un simple amendement et dans les autres cas, nous aurions pu nous
accommoder. Peut-être que le premier ministre pourrait convaincre le
ministre de l'Industrie et du Commerce d'accéder à notre demande
qui représente une très forte majorité de ceux et de
celles qui travaillent et qui sont propriétaires de ces marchés
d'alimentation.
Alors, M. le Président, comme ma collègue, je n'insisterai
pas davantage. Je ne veux pas peiner davantage le ministre par notre
intervention, mais je veux simplement lui dire que, quand on a un dernier
recours, on l'utilise. Souvent dans une famille, le dernier recours pour
accéder au père, c'est la mère et dans certains cas c'est
l'inverse Mais la tradition catholique, dans laquelle j'ai été
élevé, nous a souvent indiqué que, pour arriver au
père, il fallait passer par la mère. Et, dans ce
contexte-là, j'essaie de nous convaincre que le moyen qu'on a, pour
accéder à notre demande, c'est de passer, malheureusement cette
fois-ci, par le père tout-puissant, qui est le premier ministre et qui
est à la fois celui qui a le pouvoir d'indiquer à quelque
ministre que ce soit que sa volonté est de telle sorte
Un exemple typique de ça, M. le Président, vous l'avez
vécu lors de la dernière Législature, c'est la loi 30,
vous vous en souvenez? Nous avions fait un travail énorme en commission
parlementaire. Nous avions passé une nuit debout pour convaincre le
ministre du Travail de l'époque, M. Paradis, de ne pas passer cette
loi-là. C'est tellement vrai que le ministre du Travail actuel, M.
Séguin, ne l'a pas encore appliquée. Malgré l'intervention
du premier ministre à l'époque, à 2 heures 45 de la
dernière journée de session, dans un caucus spécial, alors
qu'il était lui-même en conférence de presse pour indiquer
que tout avait été bien, il était encore en train de
négocier avec le ministre des amendements qui ont finalement
été les nôtres Et, malgré nos amendements à
nous, la loi n'est pas encore appliquée, trois ans plus tard.
Mais, là, c'est justement pour éviter que le ministre
n'applique une loi qui pourrait amener des difficultés à beaucoup
de monde que nous intervenons et que nous demandons que le premier ministre
soit présent pour nous indiquer ce qu'il pourrait amener comme moyens de
règlement. Et il se pourrait, à ce moment-là, avant qu'on
amène la motion en Chambre, après la période de questions
de demain, qu'on prenne une petite demi-heure, qu'on règle le
problème ici et peut-être que le ministre n'aura pas à
défendre une iniquité, lui qui veut être équitable,
soit celle de nous bâillonner. Alors, je laisserai, M. le
Président, à d'autres de mes collègues le soin
d'intervenir.
Le Président (M. Richard): M le député
d'Ungava, vous avez la parole pour les 10
prochaines minutes.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Merci, M. le Président. Je vais être
bref. M. le Président, je pense qu'on a besoin de se faire
éclairer dans cette commission. Dans la situation dans laquelle on se
trouve actuellement, on a besoin de se faire éclairer et on a besoin de
comprendre pourquoi le ministre agit de cette façon-là, pourquoi
le ministre prend ce chemin-là. Vous savez, M. le Président, plus
je regarde le ministre, plus je trouve qu'il me fait penser au gars qui arrive
avec un gros camion chargé, genre 14 pieds de haut - c'est à peu
près la limite permise - devant un tunnel. Il y a juste un chemin et il
est là devant un tunnel et c'est marqué: Hauteur maximum: 9
pieds. Alors, le ministre fait juste ralentir, il regarde autour: il n'y a pas
de problème, il n'y a pas de police, je passe. Le ministre agit à
peu près comme ça. Il a trouvé un trou de tunnel dans sa
montagne où il ne savait pas par où sortir. Ça lui
semblait une montagne énorme. Il a consulté des gens, il eu des
idées de toutes sortes qui lui sont arrivées, mais il ne savait
pas par où passer. Et, tout à coup, il a vu la lueur au bout du
tunnel, sauf qu'il a oublié que le tunnel était trop petit pour
la charge qu'il avait à passer dedans. Et, comme il pensait qu'on ne le
verrait pas, bien, il s'est imaginé qu'il passerait pareil. C'est comme
ça - moi, c'est l'image que j'ai du ministre, là - qu'il va
passer dans le trou, dans le tunnel, en oubliant qu'il a une charge en
arrière du "truck".
M. le Président, je pense que, pour comprendre ce genre
d'agissement là de la part d'un ministre responsable, supposément
responsable, pour le moins, qui a été élu pour prendre des
responsabilités, qui a été élu pour
représenter l'ensemble des intérêts des
Québécoises et des Québécois, qui n'a pas
été élu pour gérer avec une vision d'homme
d'affaires, mais pour gérer avec une vision ou un sens du bien commun,
eh bien, notre dernier recours, c'est celui de s'adresser à son chef. Et
je ne vois pas comment le ministre, malgré sa hauteur, pourrait, de son
propre chef, de sa propre décision, se décider de
bâillonner son chef en commission parlementaire en l'empêchant de
venir ici nous expliquer ce qui se passe, à moins qu'il ne nous dise que
c'est son chef lui-même qui lui aura ordonné de voter pour
l'empêcher de venir ici. Je ne vois pas à partir de quel principe
le ministre pourrait se substituer à son chef pour lui imposer le
bâillon à lui aussi.
M. le Président, je reviens encore une fois, en terminant - c'est
peut-être la dernière intervention que je vais avoir à
faire sur ce projet de loi - sur les trois principes qui, supposément,
ont guidé l'action du gouvernement, ce gouvernement costaud qui prend le
taureau par les cornes. Il y avait trois principes. L'équité des
chances pour tout le monde dans le commerce, mettre les gros avec les petits,
sous prétexte que, par l'équité des chances, tout le monde
a le droit à la même eau pour nager. On en a parlé;
ça finit que, à la limite, il y a toujours plus de gros que de
petits: II n'y a pas plus de gros, mais il y a moins de petits.
L'intérêt du consommateur. Allez donc! Voulez-vous me dire en
quoi, M. le Président, le consommateur va être mieux servi parce
qu'on s'enligne dans une société où il ne pourra plus
trouver au coin de la rue le petit dépanneur qui va lui permettre
d'acheter les bricoles dont il a besoin en dehors des heures normales
d'affaires, mais où, au contraire, on va l'obliger, à court terme
- pour le moins, à moyen terme - à se rendre dans des
supermarchés, souvent peut-être loin de chez lui ou, du moins, qui
vont l'obliger à se déplacer à ses frais pour trouver un
pot de beurre de pinottes à partir d'un ordinateur, dans une
marée d'étagères où on ne peut pas se retrouver
autrement qu'avec une carte programmée sur "computer". C'est ça,
la qualité de vie du consommateur?
On a dit qu'on voulait améliorer les conditions de travail des
travailleurs de l'alimentation. Allez donc, M. le Président! Tous les
syndiqués de l'alimentation sont contre! Tous les syndiqués du
commerce, en général, sont contre! C'est vrai qu'il y a beaucoup
de non-syndiqués dans le domaine. Malheureusement, leur voix porte un
petit peu moins fort. Peut-être que le ministre n'avait pas l'oreille
suffisamment tendre pour les comprendre. Leur voix n'était
peut-être pas forte. On ne sait pas, le ministre a peut-être le
même problème que moi: pour avoir travaillé quelques
années dans les mines, je suis un peu dur d'oreille. Peut-être que
le ministre aussi n'a pas toujours travaillé dans ses tours d'ivoire en
hauteur et qu'il a eu l'occasion de travailler sous terre un peu, aussi;
ça rend dur d'oreille. J'ai l'impression que le ministre n'a pas compris
la faible voix des non-syndiqués et que, parce qu'il ne les a pas
entendus, il pense qu'ils n'ont rien dit.
Donc, j'émets le souhait le plus sincère que son chef
vienne nous expliquer c'est quoi, vraiment, qui sous-tend tout ça, c'est
quoi, les idées qu'il a imposées à son ministre ou c'est
quoi, les tendances que son ministre essaie de lui imposer, d'imposer à
son chef et à son parti. Qui, là-dedans, décide?
J'aimerais bien le savoir. Il me semble que c'est important, pour les 8000
investisseurs qui risquent de perdre leur mise et pour les 23 000 travailleurs
qui risquent de se retrouver sur le trottoir, pour les gens qui ont investi
au-delà de 1 500 000 000 $, de bonne foi, et qui risquent de se
retrouver ruinés. Il me semble que ce serait important qu'on aille plus
loin que les prétentions du ministre et que l'on comprenne
fondamentalement, par la voix de son chef, quelle est la dynamique globale qui
anime l'âme de ce gouvernement, si jamais on est
capable de lui trouver une âme.
M. le Président, en terminant, très brièvement,
donnons-nous donc toutes les chances de marcher d'aplomb avant de glisser sur
la pomme de route qu'il y a devant nous. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Ungava, je viens de comprendre pourquoi vous vous informiez de ce
terme-là tout à l'heure! Merci de votre intervention. Maintenant,
je cède la parole à Mme la députée de Taillon. Mme
Marois, vous avez la parole.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Je vous remercie, M. le Président. Si je
partage avec ma collègue, la députée Je Chicoutimi, le
souhait que la commission de l'économie et du travail reçoive le
premier ministre, ce serait, en fait, pour dire un certain nombre de choses au
premier ministre. Ce serait pour lui rappeler et lui dire: Votre gouvernement
n'a pas fait appliquer la loi de notre gouvernement. Votre gouvernement a
multiplié, de décret en décret, les exceptions à la
loi que notre gouvernement avait adoptée. Votre gouvernement a permis
à des gens de bâtir des entreprises en dehors des cadres
légaux. Votre gouvernement n'a pas appliqué la loi que notre
gouvernement a adoptée. Votre gouvernement a laissé s'instaurer
l'iniquité entre les commerçants. Votre gouvernement a
tergiversé pendant quatre ans et demi. Votre gouvernement a
consulté, par l'intermédiaire du député de
Nicolet-Yamaska. Votre gouvernement, par l'intermédiaire de la
recommandation de votre député, est arrivé à un
consensus avec les intervenants.
Votre ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie a
consulté à nouveau toutes les personnes concernées par la
Loi sur les heures d'affaires, en faisant fi d'une hypothèse qui avait
été chercher le consensus des intervenants impliqués par
le dossier. Votre ministre a préféré recommencer
l'exercice comme si, avant lui, c'était le désert. Votre
gouvernement et votre ministre ont fait cette consultation de façon
intéressante. J'ai pris plaisir, effectivement, avec des membres de
votre gouvernement et de ma formation politique à échanger avec
les intervenants qui sont venus nous présenter leur point de vue.
Votre ministre a écouté les intervenants, les a
questionnés, mais votre ministre ne les a pas entendus. Votre ministre a
décidé de proposer un projet de loi qui punit ceux qui ont
respecté la loi. Votre ministre a décidé de proposer un
projet de loi qui récompense les illégaux. Votre ministre s'en
remet aux lois du marché du lundi au samedi, de 8 heures à 21
heures. Votre ministre, malgré que tous les intervenants du commerce de
détail lui aient demandé de ne pas ouvrir en semaine, en sus des
horaires déjà prévus, a fait fi de ce que lui ont
demandé les représentants du commerce de détail. (23 h
45)
Votre ministre, par son projet de loi, a fait fi de ce que lui ont
demandé les représentants et les représentantes des
travailleurs et des travailleuses. Votre ministre a fait fi de ce que lui ont
proposé des associations de consommateurs et de consommatrices. Votre
ministre a saccagé le dimanche qui, par son projet de loi, est devenu
aussi banal que n'importe quel autre jour de la semaine et qui sera donc,
à ce titre, comme tous les autres jours, un jour de travail et un jour
de production pour un nombre plus important de travailleurs et de
travailleuses.
Je dirais au premier ministre, M. le Président, et je lui
demanderais qu'il intervienne auprès de son ministre pour que celui-ci
respecte, entende la voix de la majorité. Je lui demanderais, je lui
dirais: Est-ce que votre ministre ne peut pas se préoccuper d'un
équilibre à maintenir entre les besoins et les
intérêts des uns et des autres? Est-ce que votre ministre ne
pourrait pas se préoccuper de la qualité de la vie de personnes
qui préféreraient que, le dimanche, on soit le moins nombreux
possible à travailler et à produire, que, le dimanche, on puisse
se permettre de mettre un peu de temps à autre chose que de la
consommation et de la production? Je lui dirais: Est-ce que votre gouvernement
est là pour une majorité ou est-ce que votre gouvernement est
là pour répondre à une minorité? C'est ce que
j'aurais à lui dire, M. le Président, en espérant,
puisqu'il est le chef de ce gouvernement, puisqu'il a la responsabilité,
à la toute fin d'un processus, de l'entériner, de l'appuyer, de
l'approuver, qu'il soit sensible aux arguments qui me semblent être ceux
qui répondent à cet équilibre que l'on recherche entre les
besoins et les intérêts des uns et des autres. Et c'est pour
ça que je vais voter pour la motion qu'a présentée ma
collègue, la députée de Chicoutimi.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la
députée de Taillon. Maintenant, est-ce qu'il y a d'autres
intervenants? Mme la députée de Verchères, Mme Dupuis,
vous avez la parole.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: Comme ma collègue, la députée de
Chicoutimi, oui, bien sûr, je suis pour que nous puissions faire nos
recommandations au premier ministre. C'est le dernier moyen, c'est le moyen
ultime. Il faut tout tenter, je pense, pour essayer de faire entendre raison au
gouvernement.
M. le ministre, lorsque j'ai entendu votre discours d'ouverture, en
Chambre, et que vous avez parte des trois principaux principes qui avaient
guidé votre action dans ce projet de loi: équité dans les
commerces, besoins réels des
consommateurs, qualité de vie des travailleurs et des
travailleuses, et qu'en plus, du même souffle, vous avez apporté
une modification...
Une voix: En dehors des heures d'affaires.
Mme Dupuis: ...une légère modification, comme j'ai
l'habitude de donner la chance au coureur, j'ai dit: Ça va être
agréable d'aller travailler sur ce projet de loi. Les principes
m'allaient parfaitement bien. L'attitude que j'ai sentie à ce
moment-là face à qui était une légère
modification, j'ai dit: En en discutant, donc, c'est un ministre à
l'esprit ouvert, mais je dois vous dire, M. le ministre, que, lorsque, dans les
faits, j'ai regardé article par article, je me suis rendu compte que
votre projet de loi ne répond pas aux principes, s'est
éloigné des principes sur lesquels vous aviez basé votre
action au début. Ce n'est que cette remarque-là, M. le ministre,
que je voulais rappeler à votre attention. Pour le reste, je pense que
nous devrons le dire au premier ministre lui-même, s'il veut bien nous
prêter une oreille attentive et si cette commission veut bien faire
l'invitation au premier ministre lui-même. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la
députée de Verchères. Mme la députée de
Terrebonne, Mme Caron, vous avez la parole.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, M. le Président. Je serai très
brève, M. le Président, car je ne peux vous cacher que je n'ai
pas le coeur aux discours devant cette défaite. Devoir en appeler au
premier ministre, c'est une défaite. Je suis triste, M. le
Président, pour tous ceux et toutes celles qui ont lutté
démocratiquement, avec acharnement, depuis des mois, pour leurs droits.
À ce moment, l'Opposition n'a plus d'autre recours que cette motion. M.
le Président, nous n'avons pas le choix, devant l'attitude du ministre,
pour tenter de dénouer l'impasse. Le ministre vient d'écrire une
bien triste page dans notre histoire parlementaire. Nous croyons
sincèrement que nous défendons, avec la Coalition, les
intérêts du Québec. Cette loi, M. le Président, elle
touche l'ensemble des citoyennes et des citoyens du Québec et, devant la
gravité de la situation, nous devons nous tourner vers le premier
ministre. Nous n'avons pas le droit, comme Opposition, de ne pas utiliser tous
les moyens parlementaires qui sont à notre disposition. En faisant appel
au premier ministre, nous lui confions nos derniers espoirs qui sont, j'en suis
convaincue, ceux de la majorité de la population. Ils ne peuvent
s'exprimer ce soir, nous voulons les représenter avec toutes nos
croyances, nos convictions et toute notre sincérité. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la
députée de Terrebonne. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants sur
la motion de Mme la députée de Chicoutimi? Sinon, M. le
secrétaire, je demanderai le vote nominal.
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: ...je pense que, dans les circonstances, pour ne pas
ajouter, nous serions prêts à voter sur division. Nous ne ferons
pas un appel nominal.
Le Président (M. Richard): II n'y a pas d'objection.
M. Jolivet: De cette façon-là, personne ne serait
inscrit en vrai ou en faux.
Le Président (M. Richard): Donc, pas de vote nominal,
c'est-à-dire un vote nominal, mais rejeté sur division.
M. Jolivet: M. le Président, compte tenu de l'heure,
compte tenu de la guillotine qui tombera dans quelques secondes sur notre toit,
sur notre tête, je demanderais, pour les circonstances, l'ajournement de
nos débats sine die.
Une voix: On se croirait dans la Ille République.
Le Président (M. Richard): Alors, la commission ajourne
ses travaux sine die. Merci, mesdames et messieurs.
(Fin de la séance à 23 h 54)