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(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! Je demanderais à chacun de bien vouloir reprendre sa
place, afin que la commission de l'économie et du travail puisse
procéder à une consultation particulière sur la
proposition tarifaire d'Hydro-Québec pour l'année
financière 1990-1991. Alors, M. le secrétaire, est-ce qu'il y a
des remplacements, ce matin?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, il y a un
remplacement: Mme Marois (Taillon) est remplacée par M. Lazure (La
Prairie).
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. Du
côté ministériel, y a-t-il des remplacements? Aucun. Donc,
nous continuons nos travaux avec la même sérénité
avec laquelle nous les avons commencés, hier. Ce matin, dans la
première heure, soit de 10 heures à 11 heures, nous aborderons le
cadre financier. Alors, Mme la ministre.
Cadre financier
Mme Bacon: Merci, M. le Président. Nous sommes, ce matin,
dans le cadre financier. Hydro-Québec n'a pas réalisé les
objectifs financiers qui étaient prévus l'an dernier, en raison,
principalement, de faibles conditions d'hydraulicité qui se sont
poursuivies en 1989. Cependant, il est clair que l'entreprise dort
améliorer sa situation financière à court terme, afin
d'être en mesure de réaliser l'important programme
d'investissements indispensables à la satisfaction des besoins en
électricité, à l'amélioration de la qualité
du service et à la promotion de l'efficacité
électrique.
Par ailleurs, à l'exception des hausses tarifaires
proposées, ce qui retient surtout l'attention, dans le cadre financier,
c'est la forte croissance des charges d'exploitation, et vous me permettrez de
revenir là-dessus parce que, depuis 1987, ces dépenses
évoluent à un rythme annuel moyen de 13,2 %. Pour l'année
1990, le taux de croissance s'établira à 12 %, soit presque le
triple du taux d'inflation prévu.
Dans ce contexte de hausse tarifaire qui est nettement supérieure
à l'inflation, il m'apparaît primordial qu'Hydro-Québec
démontre qu'elle a rationalisé ses charges d'exploitation au
moment où elle demande aux consommateurs de contribuer fortement au
rétablissement de sa situation financière. À cet
égard, j'apprécierais qu'Hydro-Québec nous présente
les efforts qu'elle déploie pour contrôler la croissance future
des charges d'exploitation et - je termine là-dessus - j'aimerais que
vous me fassiez part, j'oserais dire, des sacrifices que l'entreprise
s'imposera pour limiter l'augmentation des dépenses, parce que les
ministères sectoriels ici sont habitués à faire des
sacrifices.
M. Boivin (Claude): M. le Président, Mme la ministre, avec
raison, se réfère à l'augmentation importante de nos
charges d'exploitation, au cours des dernières années, lorsqu'on
les compare au taux d'inflation. Je pourrai revenir, à la fin de mon
exposé ou de ma réponse, sur les éléments qui ont
justifié, au cours des dernières années, des augmentations
aussi importantes de nos dépenses d'exploitation. Pour ce qui est de
l'avenir, c'est-à-dire des années 1990 et suivantes, il est
évident que nous sommes préoccupés par le taux de
croissance de nos dépenses d'exploitation et que, comme le dit Mme la
ministre, nous sommes non seulement prêts, mais que nous nous sommes
déjà imposés un certain nombre de sacrifices.
Il est évident, par contre, que, dans un contexte où les
années 1990, 1991, 1992 sont, jusqu'à un certain point, des
années où il y a un certain rattrapage à faire au niveau
des travaux d'entretien afin d'assurer une meilleure qualité du service
pour les années futures, il n'est pas toujours possible, à ce
moment-là, de contenir complètement l'évolution des
dépenses d'exploitation. C'est-à-dire qu'il y a un certain nombre
de dépenses que nous devrons absolument faire, dans les années
qui viennent, pour nous permettre de réaliser notre mission fondamentale
qui est de fournir un service de qualité.
Maintenant, au niveau des objectifs de contraindre les dépenses,
il est évident, tout d'abord, que la première condition pour
réaliser ces objectifs, d'ailleurs, condition que nous avons
mentionnée comme étant un prérequis à la
réalisation globale de notre pian de développement, est le
règlement harmonieux et satisfaisant de nos conventions collectives,
puisque, dans la négociation actuelle des conventions collectives, je
dirais que les deux grands enjeux sont la capacité de fournir un service
de qualité et la capacité, également, d'améliorer
notre productivité.
En ce qui concerne la croissance des dépenses d'exploitation en
1990 par rapport, si on on veut, à nos dépenses d'exploitation de
l'année 1989, je vais vous donner les principales composantes qui
justifient les augmentations. Comme vous allez le voir, en fait, il y a tout
d'abord un montant de 72 000 000 $ additionnel, en 1990 par rapport à
1989, qui touche directe-
ment les programmes d'amélioration de la maintenance, le
programme PAM, et d'amélioration de la qualité du service tant en
distribution qu'en clientèle, le programme PAQS, dont nous avons
abondamment traité hier. Il y a 31 000 000 $ de croissance des travaux
de base parce que l'entreprise Hydro-Québec est une entreprise en
croissance dont les ventes continuent à croître. Il y a un gros
montant pour le combustible de la centrale de Tracy et là, ça
touche directement le contexte de la faible hydraulicité, soit 47 000
000 $. Il y a également 24 000 000 $ additionnels pour les
économies d'énergie, les programmes d'économie
d'énergie et 20 000 000 $ pour l'intensification de la formation.
Par contre, il y a des réductions, si on veut, conjoncturelles,
soit une réduction de 67 000 000 $ qu'il faut enlever quand on compare
par rapport à l'an dernier, puisque, l'an dernier, en 1989, nous avons
payé des compensations de 67 000 000 $ pour racheter la
bi-énergie commerciale et institutionnelle pour faire face à la
faible hydraulicité dans une planification à hydraulicité
moyenne. C'est une dépense qui devrait être non récurrente.
Il y a également 30 000 000 $ de moins d'amortissement de subventions
pour les différents programmes commerciaux qui avaient été
mis en place et réalisés depuis le début des années
quatre-vingt Donc, les amortissements, en 1990, sont de 30 000 000 $ de moins.
Alors, ça vous explique les principales composantes des écarts,
par rapport à l'année 1989, pour l'année 1990.
Mme Bacon: Mais il va de soi, M. le Président, que le
contrôle des coûts doit être rigoureux dans une entreprise de
la taille d'Hydro-Québec. C'est une entreprise qui a des
activités qui sont décentralisées sur une base
régionale. On constate que, depuis les trois dernières
années, la croissance des charges d'exploitation a été
systématiquement plus élevée que ce qui avait
été prévu au départ. Est-ce qu'on a une explication
pour ça? C'est plus que la dernière année et même
que les trois dernières années.
M. Boivin: M. le Président, Mme la ministre touche deux
volets. Le premier, l'aspect contrôle des coûts, comme tels,
à l'intérieur de l'entreprise et, le deuxième, le
dépassement des budgets d'exploitation prévus au cours des
dernières années, dépassement qui semblerait laisser
présumer que le contrôle des coûts est déficient.
Sur le premier volet, au niveau du contrôle des coûts, il
faut comprendre qu'à Hydro-Québec, comme vous le mentionnez, nous
avons une opération qui est largement décentralisée et que
le gros de nos effectifs, de nos budgets et également de nos
dépenses est réalisé dans nos 10 régions
administratives et dans 46 secteurs d'exploitation à travers la
province. Au niveau du contrôle des coûts, il faut comprendre que,
lorsque les budgets sont alloués en début d'année, chaque
unité administrative décentralisée, pour obtenir ces
budgets, a dû présenter ses programmes de travail, ses
justifications. Des budgets fermes sont donc alloués à chaque
unité administrative décentralisée au début de
l'année. Lorsqu'en cours d'année il arrive des imprévus -
et dans une entreprise de notre taille, il arrive à travers
l'année des imprévus - la région ne peut engager des
dépenses au-delà de son budget sans revenir au central,
c'est-àdire au siège social pour faire autoriser des
dépenses extraordinaires. Je pourrais vous donner des exemples. Ainsi,
il est évident que, dans la préparation des budgets
régionaux, on ne prévoit pas les bris majeurs, comme dans le cas
d'un transformateur à LG 4, l'an dernier, qui a brûlé.
Alors, ce sont des dépenses de 1 500 000 $ ou 2 000 000 $. À ce
moment-là, il est évident qu'il faut réparer ou remplacer
le transformateur. Mais la région ne peut pas procéder sans
être venue chercher, au niveau central, une autorisation de budget qui,
à ce moment-là, est puisé à même la
réserve corporative pour imprévus, mais qui est
géré, en fait, au niveau du siège social. En
général, ce type de dépenses extraordinaires doit
être approuvé par un des deux présidents.
Pour ce qui est, maintenant, des explications des écarts ou des
dépassements de budget au cours des dernières années, si
vous me le permettez, je vais commencer par l'année 1987. Nous avions
effectivement, en 1987, un budget d'exploitation de 1 000 000 196 $ et les
dépenses ont été de 1 250 000 000 $, soit un
dépassement de 4,2 %. Les principaux écarts ou les principales
dépenses extraordinaires qui expliquent ce dépassement, c'est
qu'en 1987 nous avons fait une radiation de 25 000 000 $ concernant le
"monitoring" ou le suivi qui avait été effectué de 1982
à 1987 sur l'état du barrage Daniel-Johnson, le barrage de Manie
5. En 1987, nous n'avons pas réalisé entièrement le budget
des immobilisations, et on sait qu'au niveau de l'exploitation il y a des
dépenses qui sont facturées à l'immobilisation,
particulièrement des dépenses de personnel. Lorsque nous
réduisons les investissements, le personnel est utilisé pour
faire des travaux d'entretien et d'exploitation. À ce moment-là,
ça explique les 24 000 000 $ Nous avons eu, également, des prises
d'inventaire en distribution, une normalisation de nos inventaires en
distribution pour environ 15 000 000 $. Par contre, il y a eu quelques points
légèrement favorables, donc, quand on fait le total de ces
chiffres-là, on arrive à nos 50 000 000 $ de dépassement.
Les deux principaux éléments, cette année-là,
étaient la radiation d'étude sur le barrage Daniel-Johnson et une
réduction de nos dépenses d'immobilisation.
En 1988, nous avons eu un dépassement de 61 000 000 $ de notre
budget d'exploitation. Ces 61 000 000 $ proviennent, en grande partie,
premièrement, du début des mesures de faible
hydraulicité. On se souviendra qu'en juin 1988 nous avons
décidé de prendre une première mesure qui était le
rachat de la partie restante des contrats de nos bouilloires industrielles et
nous avons versé à nos clients, pour racheter ces
contrats-là, 19 000 000 $. Nous avons également, en 1988, compte
tenu des résultats que nous avions obtenus sur les appels d'offres,
décidé d'abandonner le projet d'installer un cable sous-marin
pour relier les Îles-de-la-Madeleine. Nous avons dû, à ce
moment-là, faire une radiation des frais d'ingénierie et
d'études qui avaient été engagés pour un montant de
13 000 000 $. On se souviendra également qu'en 1988 notre
continuité de services s'était détériorée et
nos frais de dépannage, c'est-à-dire de réparation
d'équipements lors de pannes, avaient augmenté, par rapport
à nos prévisions, de 10 000 000 $. Ce qui explique, finalement,
dans les grandes lignes, les 61 000 000 $.
Pour l'année 1989, nous avons dépassé nos
prévisions budgétaires de 151 000 000 $, ce qui a probablement
été la plus mauvaise année au cours de la décennie.
Il faut se rappeler qu'en 1989 nous avons décidé de racheter,
à l'automne, les contrats de biénergie. Ça nous a
obligés - et ce n'était certainement pas prévu dans nos
dépenses d'exploitation - à verser 76 000 000 $ à nos
clients. Nous avons également dû, en juin dernier, décider,
compte tenu de la faible hydraulicité, de faire fonctionner la centrale
de Tracy à plein temps, à compter de la fin de
l'été, ce qui a entraîné des dépenses de
combustible de l'ordre de 26 000 000 $ qui n'étaient pas prévues.
Nous avons également, en 1989, décidé d'introduire autour
de la centrale de Gentilly, notre centrale nucléaire, une provision pour
fins de déclassement éventuel de la centrale. On sait qu'au
moment de la mise au rancart d'une centrale nucléaire il y a des
dépenses importantes engagées pour déclasser la centrale,
alors nous avons commencé, en 1989, tout comme le font les autres
utilités canadiennes, à imputer des charges pour bâtir une
réserve pour le déclassement de la centrale, ce qui a
amené, en 1989, des dépenses additionnelles ou des charges
additionnelles à notre budget d'exploitation de 9 000 000 $. Nous avons
également, au cours de 1989, nettoyé - si je peux dire - les
dossiers de mauvaise créance que nous avions, ce qui a
entraîné un montant très important, soit 41 000 000 $ de
mauvaises créances que nous avons radiées, à la fin de
l'année 1989, pour nous permettre de réduire ou de ne pas
traîner dans nos livres des montants à percevoir, que nous savons
que nous ne percevrons jamais. Ça explique les variations de
dépenses.
Mme Bacon: Dans votre graphique "Charges d'exploitation par
kilowattheure vendu, ventes totales", la situation d'Hydro-Québec s'est
considérablement améliorée de 1981 à 1986.
Toutefois, on observe une détérioration impor- tante, de l'ordre
de 20 %, de 1987 à 1989, en dépit d'une normalisation des
charges. Alors, le taux de charges par kilowattheure est, en effet,
passé de 0,008 $ - on peut dire, je pense - ou 0,0089 $ à 0,0107
$ en deux ans, seulement. Comment peut-on expliquer cette dégradation
soudaine d'un indice aussi important, d'autant plus que la normalisation
soustrait l'effet de la faible hydraulicité et aussi des nouveaux
programmes? Comme deuxième question, est-ce qu'il est réaliste
d'espérer qu'Hydro-Québec puisse prendre les mesures
nécessaires pour ramener, à tout le moins, les charges
normalisées par kilowattheure vendu au même niveau qu'en 1987,
soit à 0,008 $ par kilowattheure ou 0,0089 $ par kilowattheure?
M. Boivin: M. le Président, je vais peut-être, pour
répondre à cette question-là, demander de projeter la
diapositive PRO-92, pour permettre de visualiser et d'expliquer de façon
aussi claire que possible l'évolution de nos coûts d'exploitation
par kilowattheure vendu, c'est-à-dire par unité de notre produit
vendu, et vous donner un peu les prévisions et ce que nous entendons
réaliser dans les années qui viennent.
Mme la ministre, vous vous référiez bien à
cette...
Mme Bacon: C'est ça.
M. Boivin: ...donnée-là. On remarquera que
l'évolution de nos coûts unitaires d'exploitation par
kilowattheure vendu a varié énormément au cours des
dernières années. Lorsqu'on se reporte au début des
années quatre-vingt, ces coûts se situaient à 0,0125 $,
environ, par kilowattheure vendu. Il faut se rappeler qu'à ce
moment-là nous étions dans la période de mise en service
du complexe La Grande et que nous avions également des surplus assez
importants. Malheureusement, ce graphique ne remonte que jusqu'à 1981,
mais, effectivement, s'il remontait à la fin des années
soixante-dix, soit, par exemple, en 1978, on se rendrait compte que le
coût unitaire d'exploitation par kilowattheure vendu se situait à
environ 0,01 $.
De 1983 à 1987, comme on l'a déjà expliqué
ici, en commission parlementaire, dans les années passées,
Hydro-Québec a fait des efforts importants de rationalisation de sa
structure, de ses effectifs, et nous avons réussi à diminuer nos
coûts d'exploitation par kilowattheure vendu à près ou
à un peu moins de 0,009 $ par kilowattheure. On remarque maintenant, de
1988 à 1990, une tendance à la hausse, de sorte que nous revenons
aux environs de 0,0115 $ par kilowattheure vendu. Si on tenait...
Je devrais mentionner immédiatement qu'en 1988,
particulièrement en 1989 et 1990-1991, nous avons un certain rattrapage
à faire, parce que je pense que les deux années 1986-1987, qui
sont les années les plus basses, illustrent un peu le
fait qu'il y a du rattrapage, c'est-à-dire que, dans la
rationalisation que nous avons faite, on a peut-être serré la vis
un petit peu trop dans certaines activités d'entretien et
d'exploitation. Ça baissé, effectivement, nos dépenses
d'exploitation par kilowattheure vendu en dessous d'un seuil historique et
probablement, non seulement probablement, mais ça explique effectivement
qu'il y ait un certain rattrapage à faire. Et cette période de
rattrapage-là, nous sommes présentement dedans.
Si on tient compte maintenant des programmes, en fait, on remarquera,
dans le graphique, que la bande bleue, pour les années 1990, 1991 et
1992, représente les efforts additionnels que nous allons faire pour la
qualité du service. Maintenant, je voudrais bien faire remarquer ici que
ces efforts additionnels-là sont non seulement du rattrapage, mais,
comme on l'a expliqué hier, des efforts qui vont nous permettre de nous
diriger vers des nouveaux standards de qualité du service,
c'est-à-dire des standards plus élevés, au point de vue
qualité du service, que ceux que nous avons connus dans les
années soixante-dix. (10 h 30)
La bande rouge indique les dépenses que nous allons engager pour
les programmes d'économie d'énergie, ce qui veut dire que nos
dépenses d'exploitation par kilowattheure vendu vont avoir tendance
à augmenter, au cours des dernières années, jusqu'à
environ 0,0115 $. Mais si on normalisait, c'est-à-dire si on ne faisait
pas ces efforts additionnels dans les années qui viennent, on voit qu'en
1992 nous revenons à environ 0,01 $ par kilowattheure vendu, ce qui est
à peu près notre niveau historique. Maintenant, il est important,
je pense, en regardant ces graphiques-là, de réaliser que,
lorsque nous réussissons à revenir à des niveaux
historiques, ça implique, effectivement, qu'il y a des gains de
productivité, parce que les coûts de base, les coûts de nos
kilowattheures vont en augmentant et que les coûts de nos installations
vont en augmentant. Je pense, peut-être, que la meilleure preuve de
l'augmentation historique de la productivité à
Hydro-Québec est probablement le fait que, depuis 1963, en termes
réels, si on exclut l'inflation, nos tarifs d'électricité
se situent au même niveau et, pourtant, les installations que nous avons
mises en service depuis 1963 sont des installations qui coûtent de plus
en plus cher.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie.
Alors, en vertu de nos règles d'alternance, c'est au parti de
l'Opposition d'intervenir. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Bon, critères
financiers. En page 9, au chapitre d'introduction de sa proposition de plan de
développement, Hydro-Québec nous présente les quatre
grands ratios qui devraient, finalement, orienter l'ensemble de sa politique
tarifaire. Elle nous parle d'un taux de couverture des intérêts
d'au moins 1 %, d'un taux de capitalisation d'au moins 25 %, d'un taux de
rendement sur l'avoir propre égal ou supérieur au coût
moyen de la dette et d'un taux d'autofinancement d'au moins 30 %. Je pense que
c'est important, au moment où on se parle, avant de parler de la
tarification comme telle, de bien éclaircir ce que ça veut dire
tout ça. J'ai donc quelques questions à poser à
Hydro-Québec là-dessus, étant donné que ce sont
là les grands paramètres qui, pour Hydro-Québec, semblent
absolument immuables pour pouvoir garder sa cote de crédit sur les
marchés internationaux, etc., pour en arriver à être une
entreprise rentable
D'abord, concernant le taux de couverture des intérêts.
D'après les calculs faits par HydroQuébec - et là-dessus
j'espère qu'on s'entend bien - la couverture des intérêts,
dans la mesure où Hydro-Québec, dans sa façon de les
calculer, fait des bénéfices, tant et aussi longtemps
qu'Hydro-Québec va générer 0,01 $ de
bénéfice, son taux de couverture des intérêts va
être nécessairement supérieur à 1 %, dans la mesure
où, dans la formule retenue par Hydro-Québec, au niveau de la
couverture des intérêts, on calcule le bénéfice net
avant intérêts et pertes de change, plus le revenu de placement.
Donc, en termes de chiffres, on a 2 800 000 000 $ plus 76 000 000 $ qui sont
les revenus de placement et on divise ça par la charge des
intérêts bruts. Alors, dans la mesure où les
bénéfices nets, avant intérêts et pertes de change,
sont supérieurs aux charges d'intérêts bruts, ce qui permet
d'avoir des bénéfices nets, son taux de couverture est toujours
égal à 1 % ou supérieur à 1 %
M. Drouin (Richard): M Labonté.
M. Labonté (Michel): De fait, c'est vrai que pour
établir le ratio, nous utilisons nos bénéfices avant
intérêts et pertes de change. Cependant, les intérêts
que nous prenons dans le calcul de ce ratio-là comprennent deux
montants: des intérêts sur les immobilisations qui sont en
exploitation, donc ces intérêts-là apparaissent à
l'état des résultats, auxquels on ajoute les
intérêts sur les constructions en cours et ceux-là
n'apparaissent pas aux résultats d'opération de l'année,
ce qui veut donc dire que, dans les faits, selon le niveau des
intérêts durant la construction, on peut dire que, pour avoir un
ratio égal à un, il faut un bénéfice au moins
égal aux intérêts sur les immobilisations en construction.
Pour vous donner un exemple, en 1988, sur une dépense
d'intérêt de l'ordre brut de 2 338 000 000 $, il y avait 257 000
000 $ qui étaient imputables aux travaux de construction en cours, de
sorte que, dans l'état des résultats, les intérêts
qui apparaissaient étaient plutôt de l'ordre de 2 000 000 000 $,
les 2 338 000 000 $ moins 257 000 000 $, si on fait juste le raisonnement
à ce niveau-là, de sorte qu'il aurait fallu,
pour avoir un ratio égal à un, un bénéfice
au moins égal aux intérêts imputés à la
construction en cours.
M. Claveau: Ça, les intérêts imputés
à la construction en cours, dans le fond, c'est ce qu'on retrouve au
poste... Cette année, c'est 323 000 000 $, ce sont les
intérêts capitalisés.
M. La bonté: En 1989, exactement. Exact.
M. Claveau: Donc, ça veut dire que, par exemple, pour
1989, le taux est égal à un dans la mesure où vos
bénéfices nets sont égaux ou supérieurs à
323 000 000 $.
M. Labonté: Exact. En une période où les
investissements, comme à l'heure actuelle, s'en vont croissants, la
charge d'intérêts sur le poste Construction en cours, pour
Hydro-Québec, s'en va en croissant.
M. Claveau: Qu'est-ce que vous prévoyez comme charge
d'intérêts pour l'année qui vient, et surtout au niveau des
intérêts capitalisés?
Une voix: Pour l'année 1990?
M. Labonté: 378 000 000 $, pour l'année 1990.
Ça s'en va en croissant, en 1991 et 1992, pour atteindre 606 000 000 $
en 1992, selon nos estimations actuelles.
M. Claveau: Bon, ça veut dire, ça, au moment
où l'on se parle, avec un bénéfice net, comme cette
année, de 565 000 000 $, qu'on en a encore pour quelques années
avant d'avoir un réel problème au niveau du taux de couverture
des intérêts.
M. Labonté: Je pense que je me permettrais de faire un
commentaire, à ce stade; c'est qu'il serait très dangereux, pour
une entreprise comme Hydro - évidemment, à cause de la
variabilité et de la sensibilité de son profit net, par exemple,
à différents événements, comme on l'a vu, la faible
hydraulicité - de budgéter en début d'année avec un
ratio de couverture des intérêts égal un. On pourrait
facilement se retrouver en fin d'année avec un résultat net qui
est inférieur à un. Donc, je pense qu'on verra les
éléments de sensibilité peut-être plus tard,
là, dans les résultats d'exploitation d'Hydro-Québec, mais
il serait très dangereux de budgéter avec un ratio égal
à un en début d'année, étant donné les
circonstances actuelles, d'autant plus qu'on sait que ce ratio-là s'en
va inévitablement en croissant, avec le programme d'investissement, de
sorte que, si on veut lisser les augmentations tarifaires, on se doit
d'optimiser les augmentations en fonction du niveau de l'année en cours,
mais de l'endroit où l'on s'en va inévitablement à un an
ou deux.
M. Claveau: O.K. Ça semble vous préoccuper
beaucoup. Maintenant, comparons à Hydro Ontario. Hydro Ontario a un taux
de couverture des intérêts, au moment où l'on se parle - le
taux qui est déclaré - qui est à peu près semblable
à celui d'Hydro-Québec, à quelques centièmes
près, là, sauf que la méthode de calcul d'Hydro Ontario
n'est pas la même que celle d'Hydro-Québec. On n'a pas tout
à fait les mêmes paramètres qu'on retrouve dans la formule.
Si on calculait le taux de couverture des intérêts d'Hydro Ontario
en utilisant exactement la même formule qu'Hydro-Québec, on
arriverait, pour Hydro Ontario, à un taux de couverture de 0,85.
Pourtant, que je sache, la situation d'Hydro Ontario n'est pas beaucoup plus
critique que celle d'Hydro-Québec.
M. Labonté: Michel Labonté. Est-ce que je
peux...
M. Claveau: Oui...
M. Labonté: ...apporter une précision à ce
niveau-là? Effectivement, le ratio d'Hydro Ontario était à
0,86 à la fin de 1988. Cependant, nous aimerions porter à votre
attention un élément qui apparaît très important
dans l'appréciation de ce ratio-là. Selon nos "estimés"
très préliminaires - nous avons essayé de comparer - ce
ratio-là est calculé selon la même façon
qu'Hydro-Québec, vous avez raison de le dire. Cependant, Hydro Ontario
n'utilise pas la même formule d'amortissement de ses immobilisations en
cours qu'Hydro-Québec. En effet, Hydro Ontario procède en
utilisant une dépréciation linéaire, alors
qu'Hydro-Québec utilise une formule de dépréciation qui
est un peu exponentielle, qui utilise un taux réel de 3 %.
Ceci a une incidence majeure quand on fait le calcul de la couverture
des taux des intérêts. En effet, si on prend le bilan d'Hydro
Ontario en 1988, elle avait près de 27 000 000 000 $ d'actif avant la
dépréciation accumulée, 6 300 000 000 $ de
dépréciation accumulée, ce qui donnait 20 600 000 000 $
d'actif immobilisable, en gros.
Ce chiffre-là se comparait, pour HydroQuébec, à 25
500 000 000 $. Cependant, avec 20 600 000 000 $ d'actif à
déprécier, Hydro Ontario a une dépense de
dépréciation de 811 000 000 $, ce qui lui donne un taux effectif
de près de 4 % de dépréciation. Quand on regarde
Hydro-Québec, avec 25 500 000 000 $ d'actif depreciable en 1988, nous
avions une dépense d'amortissement de 538 000 000 $, ce qui nous donne
un taux de 2,1 %.
Si on opère la correction, si Hydro Ontario avait la même
politique de dépréciation de son actif qu'Hydro-Québec et
qu'on utilisait un taux de 2,1 %, ceci aurait pour effet d'augmenter le
bénéfice d'Hydro Ontario de 378 000 000 $. Quand on applique
ça au taux de couverture des intérêts, et Hydro Ontario,
selon nos
estimations préliminaires, avait un bénéfice net de
2 367 000 000 $, avant intérêt et perte de change nous ajoutons
ces 378 000 000 $, ce qui nous reporte à 2 745 000 000 $ de
bénéfice avant intérêt et perte de change. Si on
soustrait la dépense d'intérêt brut, comme
Hydro-Québec, avec la méthode d'Hydro-Québec, qui comprend
les intérêts imputés aux résultats de l'année
en cours, plus les intérêts imputés à la
construction en cours, ça nous donne un montant de 2 752 000 000 $. Le
ratio, donc, devient égal à un, à peu près
exactement: 2 745 000 000 $ versus 2 752 000 000 $.
Donc, l'élément majeur de comparaison... Il faut comparer
des choses comparables et la politique d'amortissement des deux entreprises est
le facteur, d'après nous, explicatif majeur qui fait en sorte qu'on ne
peut pas dire que les deux entreprises, quand elles sont évaluées
par les milieux financiers, ont deux mesures différentes dans les
faits.
M. Claveau: O.K. Tout ça pour dire, dans le fond, que,
même avec les calculs, en ramenant semblables les critères de
dépréciation et tout ça, on arrive avec une couverture des
intérêts pour Hydro Ontario qui reste toujours inférieure
à celle qu'Hydro-Québec a actuellement, de 1,26. Ce n'est pas,
finalement, une augmentation, cette année, de la tarification à
Hydro-Québec qui va faire en sorte de mettre en danger la couverture des
intérêts d'au moins un.
M. La bonté: Je pense qu'il faut réitérer le
fait que, pour l'année 1990, avec les augmentations demandées par
Hydro-Québec, on se retrouverait à 1,05 et non pas à 1,26
et qu'il serait, à mon point de vue, imprudent de planifier et de
budgéter avec un ratio de un en début d'année, à
l'heure actuelle.
M. Claveau: Mais au-delà des prévisions à
long terme, vous nous confirmez finalement que, dans le fond, votre premier
critère du taux de couverture des intérêts serait tout
à fait respecté, même s'il n'y avait pas d'augmentation de
tarifs pour l'année qui vient.
M. Labonté: Non. On a produit une analyse de
sensibilité dans le cadre du plan de développement où, si
l'augmentation projetée avait été de 4,5 % au lieu de 7,5
%, tel qu'il avait été proposé l'année
dernière, le taux de couverture des intérêts serait
passé à 1,02 au lieu de 1,05. On trouve ça à la
page 129 dans le plan de développement. On a une analyse de
sensibilité des ratios par rapport à un taux d'augmentation des
tarifs. (10 h 45)
M. Claveau: Bon. Là-dessus, de toute façon, on
reste dans le chiffre. Toute capitalisation d'au moins 25 %, le deuxième
ratio que vous nous présentez. D'abord, on va s'entendre pour dire que
le taux de capitalisation - je vais me retrouver dans mes chiffres - ça,
selon les formules que vous utilisez, c'est bien l'avoir de l'actionnaire
divisé par l'avoir de l'actionnaire plus la dette totale de la compagnie
C'est ça?
Une voix: C'est ça
M. Claveau: Bon, O.K. Lavoir de l'actionnaire, c'est 8 300 000
000 $, l'avoir de l'actionnaire qui comprend - et pour ça je me
réfère même à vos propres textes - le
capital-actions, 4 300 000 000 $ en gros, et les bénéfices non
répartis, 3 800 000 000 $; ça veut dire 8 233 000 000 $.
Ça, c'est l'avoir de l'actionnaire. La dette à long terme
d'Hydro-Québec, ou enfin la dette totale d'Hydro-Québec, c'est 25
700 000 000 $ en gros. Bon, ça nous donne effectivement 24 et quelque
chose pour cent, ce qui est très près de vos 25 %, sauf que.
C'est là que je reviens à ma question d'hier À la page 65
des états financiers d'Hydro-Québec, on retrouve un item - et on
en parlait tout à l'heure, d'ailleurs - qui s'appelle frais d'emprunt
capitalisés au poste Construction en cours, les intérêts
capitalisés qui, eux, viennent diminuer de 323 000 000 $ le coût
total des intérêts et qui s'ajoutent donc au
bénéfice net pour un montant de 323 000 000 $.
Ce bénéfice net, dans la mesure où il n'est pas
remis à l'actionnaire sous forme de dividendes, va s'additionner aux
bénéfices non répartis et, à ce moment-là,
augmente la valeur de l'avoir de l'actionnaire dans la compagnie. Donc, ma
question est à savoir s'il est vrai de dire que plus Hydro-Québec
emprunte pour faire des grands travaux d'immobilisations - ces
travaux-là vont entrer dans les charges d'exploitation
d'Hydro-Québec juste au moment où on va commencer à
produire un kilowatt avec les équipements - tant et aussi longtemps que
c'est le cas, alors plus les intérêts qui courent sur ces emprunts
sont capitalisés, plus ils viennent d'année en année
augmenter le bénéfice net et, par le fait même, plus ils
viennent augmenter l'avoir de l'actionnaire en s'en allant dans les
bénéfices non répartis, augmentant ainsi le taux,
évidemment, de capitalisation.
M. Labonté: Le taux de capitalisation, tel qu'il est
prévu au cours des trois prochaines années, si on se
réfère au tableau 6.14 du plan de développement à
la page 134, s'en va légèrement en décroissant au cours
des trois années, même avec les hausses tarifaires
demandées II passe de 25,9 % en 1989 à 24,4 % en 1992 Donc, une
des raisons qui sous-tendent les demandes de hausses tarifaires, c'est qu'il
est dangereux de voir dévier et descendre le taux de capitalisation de
façon trop brusque, surtout en période où les
investissements d'Hydro-Québec deviennent très importants et
où le programme d'emprunt va atteindre des niveaux records au cours
des
prochaines années.
Donc, le taux de capitalisation, même en tenant compte du fait
qu'il n'y a pas de dividendes qu'il est prévu de verser au gouvernement
au cours de ces trois années-là, justement parce que le taux de
capitalisation de 25 % n'est pas respecté, fait en sorte que tous les
bénéfices restent dans l'entreprise, mais, malgré
ça, la croissance des bénéfices n'est pas suffisante, en
relation avec le programme d'investissements que nous avons, pour maintenir le
taux de capitalisation. Au contraire, il se détériore
légèrement. Donc, on est dans une situation où le
bénéfice d'Hydro-Québec ne croît pas à un
rythme suffisant en fonction du programme d'investissements qu'on a, tel qu'on
le prévoit. On est donc vraiment en équilibre précaire,
à ce stade-ci, au niveau du taux de capitalisation.
M. Boivin: II y aurait lieu d'ajouter également, M. le
Président, que selon la théorie évoquée, à
ce moment-là, les intérêts qui sont imputés à
la construction en cours sont pris en compte également lorsqu'on
établit le taux de couverture des intérêts. Selon cette
théorie-là, plus on va imputer des intérêts à
la construction en cours, plus on va augmenter l'avoir de l'actionnaire. En
contrepartie, il est certain que le taux de couverture des
intérêts irait en se détériorant si on ne
contrôlait pas, en fait, ce poste budgétaire là.
M. Claveau: C'est quoi l'intérêt pour la compagnie,
pour la société Hydro-Québec, de maintenir un taux de
capitalisation d'au moins 25 %?
M. Labonté: M. le Président, je pense qu'il faut
refaire possiblement un léger historique sur l'approche
qu'Hydro-Québec, de même que le gouvernement qui est le garant
d'Hydro-Québec sur tous ces emprunts sur les marchés financiers,
a maintenue depuis au moins une vingtaine d'années. Hydro-Québec
et le gouvernement, dans l'approche des milieux financiers, ont toujours... il
y a eu convergence. C'est ce qui fait la force d'Hydro-Québec dans les
milieux financiers, à l'heure actuelle, entre les objectifs poursuivis
par le gouvernement et par Hydro-Québec à ce sujet-là. Le
taux de capitalisation de 25 % et le taux de couverture des
intérêts comme politique d'entreprise, c'est une politique
établie de longue date et qui a été soutenue par
l'ensemble des gouvernements qui se sont succédé au cours d'au
moins les vingt dernières années, de sorte que ce qu'on est venu
retrouver dans la loi de 1981 au niveau de ce taux minimum là, c'est que
la loi de 1981 n'a fait que confirmer une pratique très bien
établie et qui remontait à plusieurs années de
manière à assurer les milieux financiers que ces taux-là
seraient respectés et que le gouvernement ne déclencherait pas,
par exemple, un dividende qui mettrait en danger la situation financière
de l'entreprise.
Le Président (M. Bélanger): Si vous permettez, en
vertu de la règle d'alternance, Mme la ministre.
Mme Bacon: J'aurais peut-être eu une question à
poser à M. Claveau, mais il ne faudrait pas qu'il embête son chef
avec les 25%.
M. Claveau: II n'y a rien d'embêtant là-dedans,
absolument rien, Mme la ministre.
Mme Bacon: M. le Président, Hydro-Québec mentionne
qu'elle entend poursuivre ses efforts afin de limiter la croissance des charges
d'exploitation, notamment par l'entreprise d'une productivité accrue. Je
ne peux faire autrement que faire le lien et un lien très étroit
entre la hausse des tarifs et la productivité d'Hydro-Québec.
Est-ce que vous êtes en mesure de quantifier les gains de
productivité attendus au cours des trois prochaines années et de
nous indiquer leur impact sur la croissance des charges d'exploitation?
M. Boivin: M. le Président, afin de donner une
réponse à cette question, je demanderais qu'on projette la
diapositive PRO-41. Effectivement, j'aimerais mentionner, comme entrée
en matière, que l'amélioration de la productivité pour les
années qui viennent est une préoccupation très importante
à Hydro-Québec et qu'effectivement, dans nos prévisions
pour les années futures, il y a des provisions pour des accroissements
assez importants de la productivité au niveau de l'entreprise. Pour
quantifier ces prévisions d'accroissement de la productivité, je
vous réfère à la diapositive qui est
présentée maintenant. Pour tenter de simplifier les choses sur la
méthode utilisée, malheureusement, je me réfère aux
chiffres qui sont complètement en bas de la diapositive.
Prenons à titre d'exemple l'année 1992. Nous voyons que
les charges d'exploitation en cents par kilowattheure sont prévues au
niveau global à 0,0116 $ et vous reconnaissez là les chiffres
qu'on avait dans la diapositive que j'ai projetée
précédemment. On voit, à ce moment-là, que
ça représente un taux d'accroissement de 2,7 %. Si on tient
compte des prévisions de taux d'inflation à 5,2 % pour
l'année 1992 et que nos charges d'exploitation en cents par
kilowattheure vont croître à un rythme de 2,7 %, ça veut
dire que l'écart entre l'IPC - l'évolution de l'inflation - et
nos charges d'exploitation représente des gains de
productivité.
Si on appliquait cette méthode-là à nos
prévisions pour les années 1990, 1991, 1992, on se rendrait
compte que nous prévoyons dans nos cadres financiers et nos
prévisions de dépenses d'exploitation, pour les trois
années qui viennent, des gains cumulatifs de productivité de 4,9
%,
soit 5 % en chiffre rond, ce qui représente pour chacune des
années, en fait, parce que c'est cumulatif, des gains nets de l'ordre de
28 000 000 $ en 1990, c'est-à-dire qu'il y aurait 28 000 000 $ de
dépenses de plus si nous ne prévoyions pas ces gains de
productivité, en 1991, de l'ordre de 40 000 000 $ et en 1992, de l'ordre
de 86 000 000 $, ce qui représente un gain de productivité
cumulatif d'à peu près 5 %.
Mme Bacon: II est aussi mentionné, à la page 10 de
votre mémoire sur la tarification, que les programmes de gestion de la
consommation et d'économies d'énergie vont permettre de
contrôler l'augmentation des coûts de fourniture. Afin de nous
permettre peut-être d'apprécier les impacts de ces programmes,
est-ce que vous pouvez nous indiquer quelle serait l'augmentation des
coûts sans ces programmes?
M. Boivin: M. le Président, pour répondre à
la question de Mme la ministre, il y a peut-être lieu d'expliquer
très rapidement pourquoi on dit, en fait, que des économies
d'énergie vont apporter une réduction du taux de croissance des
coûts de fourniture. Il faut comprendre que les nouvelles installations
que nous mettons en service coûtent de plus en plus cher parce que, comme
tout bon gestionnaire, au cours des derniers 50 ans au Québec, on a
toujours choisi en priorité de développer les ouvrages
hydroélectriques qui étaient au meilleur marché et
graduellement on s'en va vers ceux qui coûtent de plus en plus cher.
Donc, lorsque nous pouvons contenir le taux de croissance de la demande, nous
ne devançons pas ou nous retardons la construction de certains
équipements. Compte tenu que la tarification à notre
clientèle québécoise est établie selon les
coûts moyens de production, ce qui veut dire que c'est le coût
moyen de production de toutes nos centrales - et ça inclut, par exemple,
les très vieilles centrales qui datent du début du siècle,
qui sont totalement amorties, aussi bien que les dernières centrales que
nous avons mises en service, soit celles du complexe La Grande où le
coût de production est de l'ordre de 0,027 $ par kilowattheure - compte
tenu de ça, lorsque nous comprimons le taux de croissance de la demande,
nous réduisons le taux d'augmentation des coûts de fourniture. (11
heures)
Pour ce qui est maintenant spécifiquement des programmes
d'économies d'énergie, si nous n'avions pas les programmes
d'économies d'énergie que nous préconisons dans le plan de
développement que nous avons déposé, effectivement,
c'aurait à peu près pour impact de nous amener non pas sur le
scénario cible tel que nous le préconisons, mais sur le
scénario fort de prévision de la demande, parce que
l'écart entre notre scénario cible et notre scénario fort
est approximativement égal aux prévisions d'écono- mies
d'énergie que nous anticipons avec les programmes, ce qui aurait pour
effet d'augmenter le rythme de nos coûts de fourniture d'environ 0,75 %
par année plus rapidement, au cours des années qui viennent.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava.
Une voix: M. le député de L'Assomption.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de L'Assomption, en vertu de la même...
M. Parizeau: M. le Président, j'aimerais revenir quelques
instants., quelques instants qui nous restent - je comprends qu'il reste 10
minutes - sur la question du cadre financier. Si on regarde le tableau de
sensibilité du cadre financier, hausse tarifaire, qu'Hydro-Québec
nous a présenté, il me paraît clair que, pour 1990,
l'impact d'une hausse de 7,5 %, comme celle qui est demandée, et 4,5 %
qui, j'imagine, devait être conforme à l'inflation dans la
projection de 1989 - c'est probablement de là que ça vient -
ça fait assez peu de différence sur la couverture des
intérêts. On se comprend, ce n'est pas ça qui donne une
marge - dont parlait M. Labonté tout à l'heure - ce n'est pas
ça qui donne une marge terrible. Passer d'une couverture
d'intérêt de 1,02 % pour une augmentation de tarif de 4,5 %
à 1,05 % pour une augmentation de 7,5 %, ça ne change pas
grand-chose. C'est plus significatif cependant en 1991. C'est clair. Mais ce
qu'il y a de remarquable, c'est que sur la base d'une projection de tarif de
4.3 % pour 1991 la couverture des intérêts, cependant, monte assez
clairement, de toute façon, au-dessus de 1,08 %. Sur cette
base-là, aller chercher 7,5 % deux fois, pour se sentir un peu plus
"secure" quant à la couverture des intérêts, ça
paraît quand même une hausse importante de tarif pour un objectif
comme celui-là.
Évidemment, c'est une question de jugement, jusqu'à un
certain point, je comprends. Quand on arrive au taux de capitalisation,
là c'est clair, que ça soit 4,5 % d'augmentation - enfin, une
augmentation conforme à l'inflation pour les trois prochaines
années - ou bien 7,5 %, les 25 % de capitalisation ne seront pas
atteints. Donc, il n'y aura pas de dividendes à payer au gouvernement
Mais ça, du point de vue des équilibres financiers du
gouvernement, au moins pour ce qui a trait au déficit, ça ne
change rien puisque, maintenant, ce sont tous les profits d'Hydro-Québec
qui sont incorporés dans les états financiers du gouvernement. Si
le gouvernement veut avoir un dividende, maintenant, c'est pour une autre
raison que pour ses besoins financiers nets. Ce n'est pas pour son
déficit. Ça ne change rien à son déficit
Là encore, on revient aux 25 %, règle de prudence
sûrement Je pense que M Labonté
faisait correctement recours à des discussions qu'il a bien
connues dans des gouvernements précédents autour de moins de 25
%. Seulement, ça n'est qu'une règle, au fond, de prudence. Dans
le passé, c'est arrivé à plusieurs reprises
qu'Hy-dro-Québec tombe en dessous de 25 %. Pour même quelques
années successivement. 1976, 1977, 1978, Hydro-Québec s'est
promenée entre 23 % et 23,8 %; 1985, 1986, 1987, 24,1 %, 24 %, 24,9 %.
Ce que je veux dire ici, c'est qu'il n'y a pas d'obligation juridique quant aux
25 %, encore que, quand on tombe en bas de cela, je comprends que l'on puisse
devenir un peu nerveux en disant: II ne faudrait quand même pas que
ça se détériore trop et trop longtemps. Et on prend des
mesures de correction. Ce serait plutôt de ce côté-là
que les hausses de tarif demandées sembleraient justifiées, plus
que pour la couverture des intérêts. l_a question qu'on peut se
poser est la suivante: Alors qu'on envisage, à cause de l'introduction
de la TPS, et à cause d'une correction qu'on veut apporter à
l'interfinance-ment, une augmentation, en douze mois, de 26 % dans les factures
d'Hydro pour le résidentiel, est-ce que c'est le moment de faire tous
les efforts possibles pour maintenir les 25 % ou bien si, comme c'est
arrivé dans le passé, on dit: Compte tenu de l'ampleur
inévitable de la hausse des factures d'électricité pendant
deux ans, eh bien, est-ce qu'on ne serait pas mieux d'avoir des hausses de
tarif plus faibles que celles qui sont prévues et, dans ces conditions,
d'être un peu plus en bas de 25 % qu'on ne le serait, de toute
façon? Quitte à dire, quand la TPS et tout le reste aura
été absorbé dans le système: Bon, là, on
remontera davantage. Vous pensez quoi de mon scénario?
M. Boivin: M. le Président, le chef de l'Opposition a
raison de dire que ces critères financiers là, ce ne sont pas des
critères financiers légaux que nous sommes tenus de respecter
à tout prix. Je pense qu'au moment où la Loi sur
Hydro-Québec a été modifiée pour inclure ces
critères-là, le législateur avait été
prudent de ne pas s'attacher à long terme dans une situation où
éventuellement, compte tenu, comme nous l'avons démontré
au cours des dernières heures et hier, que le domaine de
l'hydroélectricité représente quand même des risques
importants au niveau des fluctuations particulièrement causées
par l'hydraulicité... Le législateur a été prudent
de ne pas se placer dans une situation où, éventuellement, compte
tenu d'un aléa imprévu, il aurait pu se retrouver forcé
d'injecter du capital dans Hydro-Québec pour maintenir les ratios
financiers prévus. Par contre, comme l'a dit Michel Labonté
tantôt, notre vice-président aux finances, ces
critères-là sont établis, ont été
établis un peu basés sur les longs historiques que nous avons
connus, à Hydro-Québec. En 1990, au moment où nous
traversons une période de faible hydraulicité qui nous a
frappés de façon très importante, au moment
également où nous réamorçons, après une
pause de sept ou huit ans, une phase intensive d'investissements, donc, nous
anticipons, dans les années qui viennent, comme l'indique notre plan de
développement, des investissements de l'ordre de 62 000 000 000 $ et de
13 000 000 000 $, au cours des trois prochaines années. Nous allons
devoir recourir de façon beaucoup plus intense au marché des
capitaux, dans les trois ans, dans les cinq ans et dans les dix ans qui
viennent, que nous ne l'avons fait au cours des sept ou huit dernières
années.
Nous avons également vu que, dans nos prévisions, il y a
des aléas. On a mentionné, hier - et c'est indiqué dans le
plan de développement - que la faible hydraulicité versus la
forte hydraulicité, au cours de la période 1990-1992, peut
signifier un écart de 1 400 000 000 $ dans nos revenus, au total. Ce
sont quand même des risques importants. Alors nous jugeons, à
Hydro-Québec, actuellement, que, compte tenu de ce contexte-là,
la reprise des investissements, il s'agit d'une saine prudence et d'une saine
gestion de préconiser, à ce moment-ci, de réatteindre le
plus rapidement possible, de maintenir notre taux de capitalisation, notre
critère de taux de capitalisation en gardant une certaine marge de
manoeuvre, notre critère de taux de couverture des
intérêts, devrais-je dire, en se gardant une certaine marge de
manoeuvre, et viser le plus rapidement possible à réatteindre
notre critère de 25 % de taux de capitalisation.
M. Parizeau: Qu'est-ce que... Comment ça se compare, ce
taux de capitalisation d'Hydro, avec l'évolution récente,
là - j'avais l'habitude de connaître ça, il y a plusieurs
années, mais je n'ai pas suivi ça - avec les taux de
capitalisation d'autres compagnies d'hydro au Canada? Est-ce que le...
Où en sont-elles, Hydro Ontario, B.C. Hydro, en termes de taux de
capitalisation?
M. Boivin: M. Labonté a ces données.
M. Labonté: Hydro Ontario... Ce qu'on constate, c'est
qu'Hydro Ontario a tendance, depuis les quatre ou cinq dernières
années, à augmenter son taux de capitalisation qui était
de 15,6 % ou 15,7 %, en 1984, et qui serait rendu à tout près de
18 %, en 1989. Ça se comprend parce qu'Hydro Ontario, en 1988, avait 9
000 000 000 $ de construction en cours avec la centrale de Darlington. Donc,
elle est en période de construction quand même encore importante
et elle a un programme d'emprunt important à soutenir. Donc, Ontario
Hydro se ramasse avec un taux de capitalisation qui est croissant. Cependant,
nous n'avons pas pu tenir compte de l'ajustement de la politique
d'amortissement également là-dedans, parce que ça a une
certaine incidence sur le taux et, sur une base comparable à Hydro,
ça aurait pour effet de l'augmenter. On
n'a pas pu faire ce genre de calcul là parce que ça
viendrait augmenter le bénéfice non réparti, parce que les
profits auraient été plus élevés durant cette
période-là. Donc, il est croissant sauf qu'il faut faire bien
attention, dans le cas d'Ontario Hydro, à cause de la politique
d'amortissement.
Maintenant, les autres utilités... Les autres utilités
canadiennes... À titre d'exemple, le taux de capitalisation de B.C.
Hydro était, en 1988, à 19,6 %; Saskatchewan Power, à 21,5
%; Manitoba Hydro, à 2,4 %; Ontario Hydro, on l'a vu, près de 17
% à 18 %; Nouveau-Brunswick, 18 % et Newfoundland-Labrador Hydro, 22 %.
Cependant, je tiens à mentionner que la politique d'amortissement qui
est à peu près unique à Hydro-Québec a pour effet
de nous montrer un taux de capitalisation supérieur, quand on se compare
à bien d'autres, uniquement à cause de cette politique-là
et on n'est pas en mesure de rétablir la correction exacte pour tenir
compte de ça dans les chiffres qu'on vous donne. On prend pour acquis
leur politique d'amortissement respective et on n'apporte pas de
redressement.
Les utilités américaines, cependant, se retrouvent... La
moyenne des utilités américaines, entre 1984 et 1988, est autour
de 55 %, le taux de capitalisation; 56,31 %, en 1984, qui a été
le plus haut taux et le plus bas, dans la période, a été
54,8 %. Donc, ils se maintiennent à un taux de capitalisation...
Évidemment, ils n'ont pas de garantie gouvernementale qui y est
associée. Cependant, on peut voir l'écart qui en résulte,
ils ont un taux de capitalisation très élevé.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie de vos
réponses. Alors, en vertu de la règle d'alternance, nous passons,
d'une part, au chapitre de la tarification. J'inviterais Mme la ministre.
Tarification
Mme Bacon: Juste pour terminer, M. le Président, on
pourrait dire qu'une chose intéressante, c'est que, même au moment
de la grande récession, on a maintenu le taux de capitalisation à
25 %.
Alors, le mémoire sur la tarification de
l'électricité proposée pour 1990-1991 se démarque,
évidemment, des mémoires précédents, en raison de
l'ampleur et de la durée des hausses tarifaires qui sont
demandées. Contrairement à ce qui était prévu l'an
dernier, il semblerait que révolution des tarifs à l'inflation
soit insuffisante pour assurer le rétablissement de la situation
financière de l'entreprise sur la période 1990-1992, notamment
à cause des modifications structurelles qui sont apportées
à vos coûts de fourniture. Évidemment, je suis
préoccupée par cette nouvelle demande et je m'interroge aussi sur
les effets économiques qui pourraient découler des hausses
réelles des prix de l'électricité.
Je pense qu'il y a des interrogations qu'on doit avoir, en ce moment.
Par exemple, est-ce que ces hausses de la tarification d'Hydro-Québec
vont avoir aussi un effet sur les hausses de prix des autres formes
d'énergie, sur le niveau des prix en général, sur la
compétitivité de nos entreprises? On a lu dans les journaux et
j'ai rencontré les différents représentants des
entreprises.
Vous faites une demande pour deux ans. Est-ce que vous pouvez garantir
que vous allez réaliser vos prévisions par rapport aux frais
d'exploitation, par rapport à la productivité
d'Hydro-Québec, ce qui va faire en sorte que ces prévisions que
vous envisagez qui pourraient être réalisées vont faire que
vous ne reviendrez pas nous redemander davantage, l'an prochain? (11 h 15)
M. Drouin: M. le Président, nous avons mûrement
réfléchi à l'ensemble du dossier des propositions
tarifaires pour l'année 1990-1991. Mon collègue, M. Boivin, vous
a expliqué dans toutes leurs formes nos objectifs quant à la
productivité et au gain de productivité pour les prochaines
années. Nous avons, bien sûr, en arrière de nous, six
années d'hydraulicité faible; nous avons prévu une somme
de 212 000 000 $ pour tenir compte de la faible hydraulicité, en partie,
pour cette année. Comme on l'a mentionné, il y aura lieu de
revoir la question de l'hydraulicité, après les pluies et la
saison d'été, la fonte des neiges, d'abord, et la saison
d'été, de sorte que l'évaluation finale pourra se faire en
octobre et novembre 1990.
Nous savons que notre proposition, tant sur le plan du cadre financier
que des hausses de tarif, comporte, pour l'entreprise, certains risques. Il
nous appartient de pouvoir dire si ce sont les risques que nous entendons
prendre au cours des deux prochaines années, en venant demander
fermement une augmentation de tarif de l'ordre de 7,5 % pour chacune des
années. Cette évaluât ion-là, nous l'avons faite en
sachant les risques qu'elle comporte, s'il devait y avoir une septième
année d'hydraulicité faible. C'est le genre de risque, à
notre avis, qu'une entreprise commerciale, qu'une entreprise de la taille
d'Hydro-Québec doit prendre, et nous le prenons Nous le prenons dans le
cadre de ce que si nous voulions rétablir la situation financière
occasionnée par les trois facteurs qui ont été
mentionnés tout au cours de ces débats, à savoir la faible
hydraulicité, nos programmes spéciaux de qualité du
service et les programmes d'économie d'énergie, nous savons que
si nous devions ne demander une hausse tarifaire que pour l'année en
cours, de façon à rétablir la situation financière
de l'entreprise, elle devrait être bien supérieure à 7,5 %
en moyenne. C'est peut-être une coïncidence, mais le réseau
voisin, qui est celui qui est le plus près de nous en termes financiers,
en termes de compétitivité, en termes d'attirance des industries,
est à peu près en train de faire la même chose, comme on
le
lisait dans le Globe & Mail, ce matin. Mais nous,
c'est dans le but...
Ce n'est pas de gaieté de coeur, M. le Président, que nous
nous présentons pour demander une hausse de tarif de cet ordre. Ce n'est
pas non plus dans les habitudes de l'entreprise, compte tenu de
l'expérience des 25 dernières années, de vouloir
dépasser le taux habituel de la fluctuation de l'inflation. Donc,
plutôt que de demander, pour corriger nos ratios financiers, pour en
venir... Là, je ferai une remarque un peu plus générale,
M. le Président, pour dire que la capacité d'emprunt
d'Hydro-Québec est bien connue, est bien cotée, mais elle est
tout de même très diversifiée. Alors qu'Hydro Ontario
emprunte, à toutes fins pratiques, l'ensemble de ses besoins financiers
sur le marché canadien, pour ne pas dire spécifiquement sur le
marché ontarien, à même les régimes de retraite et
les grands régimes qui sont en vigueur en Ontario, nous, à
Hydro-Québec, avec 13 000 000 000 $ d'investissements au cours des trois
prochaines années, 62 000 000 000 $ au cours des dix prochaines
années, il nous faut aller sur d'autres marchés, comme nous
l'avons fart dans le passé, avec la crédibilité que nous
avons eue. Cette crédibilité qui a été maintenue
par les gouvernements successifs du Québec et par Hydro-Québec,
au cours des vingt dernières années, fait en sorte que nous
pouvons nous présenter sur les marchés étrangers
différents de ceux du Canada, bien sûr. Notre dette, nous l'avions
quand même "canadianisée", si je peux utiliser l'expression, au
cours des récentes années, jusqu'à peu près 60 % de
la dette.
Mais' avec les investissements que nous nous apprêtons à
faire à court terme et à long terme, nous devrons avoir recours
davantage à des marchés extérieurs et, en cela, je dis, le
marché américain que nous utilisons, bien sûr, d'une
façon importante, mais le reste, sur le marché mondial, qu'il
soit européen ou japonais.
Il nous apparaît donc, dans le cadre de cette demande de hausse
des tarifs - que je dis bien ne pas demander avec gaieté de coeur -
important de rétablir en fonction du développement futur de
l'entreprise, à partir des années 1992-1993, il nous
apparaît important de rétablir la situation financière de
l'entreprise et de restaurer les critères financiers que nous avons
mentionnés dans notre plan de développement.
Les critères financiers qu'on a mentionnés... On a
mentionné le taux d'intérêt, M. le Président. On a
mentionné le taux de couverture d'intérêt, pardon, le taux
de capitalisation. Mais il ne faudrait tout de même pas oublier que les
Québécois placent 8 000 000 000 $ d'argent dans
Hydro-Québec et que, cette année, ils ont reçu 7 %d
intérêt sur ces 8 000 000 000 $.
Vous savez, il n'y a personne au Québec qui irait placer de
l'argent, ce matin, à 7 % d'intérêt. Si nous avions une
augmentation telle que nous avions prévue l'an dernier, à 4,5 %,
le rendement serait de 3,6 % d'intérêt, ce matin. Bien sûr,
ayant l'intention de rendre le choc tarifaire le moins violent possible, nous
acceptons que ce rendement sur l'avoir propre des Québécois de 8
000 000 000 $ ne soit, pour l'année en cours, que de 4,8 %. Mais nous
voulons le rétablir quand même le plus rapidement possible
à des taux qui sont universellement connus de rendement sur l'avoir
propre dans le domaine des utilités publiques. Et non pas en Europe,
nous parlons au Canada, nous parlons aux États-Unis des taux de
rendement connus qui varient entre 12,5 % et 14,5 % pour des utilités
publiques.
Malgré ça, M. le Président, notre objectif, tout de
même, sur ce dossier est d'en arriver, en 1992, à un rendement
équivalent à 10,9 %, qui est à peu près celui que
nous visions l'an dernier pour 1991. Donc, c'est une réponse un peu
longue à la question que Mme la ministre m'a posée. Mais il
m'apparaft important de répondre très catégoriquement que
nous avons l'intention de prendre les risques que comporte notre proposition
tarifaire de 1990 pour les deux ans, 1990 et 1991, et ça, dans le but
d'éviter à nos consommateurs un choc tarifaire trop important
pour l'année en cours.
Mme Bacon: M. le Président, je pense que la réponse
n'est pas trop longue. Je pense qu'on a besoin de ces informations. J'aurais
aimé entendre davantage une réponse quant aux prévisions
de frais d'exploitation et de productivité, mais je pense que tout
ça fait un tout quand vous vous engagez à vivre avec les demandes
que vous nous demandez. Selon HydroQuébec, la présence de
l'interfinancement s'explique par le fait que les abonnés domestiques ne
participent pas dans une proportion égale aux revenus et aux coûts
de l'entreprise; est-ce qu'on doit conclure que Hydro-Québec perd de
l'argent avec ses abonnés domestiques?
M. Drouin: On peut peut-être conclure, M. le
Président, qu'on fait beaucoup moins d'argent. Quand je dis ça,
on a un tableau, qu'on pourrait peut-être projeter, sur la marge
bénéficiaire, qui est le tableau PRO-129. Juste une remarque
préliminaire sur la question de nos demandes de tarifs
différenciés au niveau du domestique par rapport à la
petite et à la moyenne entreprise.
Tout d'abord, M. le Président, c'est une demande
qu'Hydro-Québec, année après année, a
présentée devant cette commission, qui a été
reconnue par les autorités gouvernementales ou par l'actionnaire, il y a
trois ans. L'an dernier, effectivement, le gouvernement avait accepté
une augmentation différenciée, compte tenu de la
démonstration que nous avions faite entre le rendement des
différentes classes de clients. Au domestique, comme vous pouvez le
voir, pour 42 % de la part des ventes dans l'entreprise, ça
ne comporte qu'une marge bénéficiaire de 4,8 % et une part
des bénéfices que de 14 %, alors que si on prend les deux autres
classes qui sont la petite et moyenne entreprise, industries et institutions -
ce n'est pas la grande puissance - ça comporte toutes les institutions,
soit des institutions hospitalières, soit les petits commerces de coin
de rue, enfin toute la petite et la moyenne puissance, la petite et moyenne
industrie, la petite et moyenne entreprise pour, en fait, une part des ventes
de l'ordre de 28 %, contribuent à 73 % ou 74 % dans les
bénéfices d'Hydro-Québec. La marge
bénéficiaire de ces deux classes d'employés est, par
conséquent, de l'ordre de 62 %.
C'est donc un peu... Encore là, il ne faudrait pas penser
qu'Hydro-Québec est masochiste au point de vouloir se martyriser
mutuellement en taxant davantage le résidentiel, mais il s'agit tout
simplement d'un équilibre entre les différentes classes de
clients. On peut prétendre, comme la ministre l'a mentionné, que,
peut-être, la participation aux profits de la classe tarifaire domestique
pourrait être moindre que celle de la petite ou de la moyenne entreprise
ou même de la grande puissance. On pourrait prétendre ça,
mais, dans le dossier que vous avez devant vous, on n'en est même pas
rendus à se poser cette question-là tellement l'écart est
grand. (11 h 30)
On est bien conscients, dans une période comme celle-ci, que de
demander une telle différenciation dans les tarifs, ce n'est
peut-être pas à propos de le faire. On l'a évaluée
également. Notre demande consiste à améliorer ou à
corriger, je devrais dire, la situation que pour moitié sur une
période de 10 ans, ce qui voudrait dire qu'au rythme que nous
suggérons cette année, ça nous prendrait 20 ans pour
corriger la situation. Mais il n'est pas, enfin, à ce moment-ci,
même opportun pour nous de commencer - on peut le faire, remarquez bien -
d'évaluer si, effectivement, il est opportun socialement qu'au niveau
domestique, on participe moins à la marge bénéficiaire
qu'au niveau de la petite et de la moyenne puissance tellement la
différence est grande. Juste un complément de réponse
à la question de Mme la ministre. Si en 1990, l'augmentation de tarif
était de 7,5 % pour tout le monde, si nous prenions cette
hypothèse, à ce moment-là, la marge
bénéficiaire que vous avez vue tantôt de 4 % tomberait
à négatif à 0,5 % de moins, moins 0,5 %.
Mme Bacon: En appliquant les hausses tarifaires qui sont
proposées, quels seraient les taux de rendement des catégories
tarifaires en 1991-1992? Qu'est-ce qui arriverait aussi si les hausses
tarifaires étaient - et je reviens encore là-dessus -
établies uniformément entre les catégories
d'abonnés en 1991-1992.
M. Drouin: M. Boivin va répondre à cette question,
madame.
M. Boivin: M le Président, je n'ai malheureusement pas de
diapositive qui illustre ces chiffres-là. Je vais vous les donner pour
le secteur domestique tout d'abord Le taux de rendement sur l'avoir propre pour
le secteur domestique en 1989 s'est situé à 3,3 %. Avec les
hausses proposées pour 1990 et 1991, il se situera à 0,2 %. Il y
a une diminution. D'ailleurs, vous savez que globalement, même avec les
hausses que nous demandons, il y a une réduction du rendement sur notre
avoir propre pour se rétablir à 5,5 % en 1991. Si maintenant,
toujours pour le secteur domestique, nous avions proposé une hausse
uniforme de 7,5 %, soit la moyenne de la hausse de tarif que nous demandons,
pour l'année 1989, 1990, pardon, le taux de rendement sur l'avoir propre
au secteur domestique aurait chuté à moins de l'unité,
c'est-à-dire que nous aurions eu un taux de rendement négatif
très légèrement négatif effectivement de 0,09 %,
donc un dizième de 1 % négatif. Et pour l'année 1991, le
taux de rendement du secteur domestique serait de 4,62 % Si vous désirez
les mêmes chiffres pour les autres catégories tarifaires, à
savoir les tarifs de petite et moyenne puissance ainsi que de grande puissance,
je les ai également et je pourrai vous les citer.
Mme Bacon: Pour le total.
M. Boivin: Au total, les taux de rendement pour nos ventes
régulières au Québec en 1989, comme nous l'avions vu
tantôt, s'étaient situés à 11,1 %. Pour 1990, avec
les hausses que nous demandons, nous obtiendrons 7,8 % et pour 1991, 13,3 %
pour l'ensemble des ventes régulières au Québec
assujetties au règlement tarifaire.
Le Président (M. Bordeleau): Ça termine donc la
période de temps qui était allouée au groupe
ministériel. Alors, selon le principe de l'alternance, je vais laisser
la parole au député d'Ungava au nom de l'Opposition.
M. Claveau: Merci, M le Président D'abord, quelques
réflexions pour camper un peu le débat en ce qui nous concerne
avant que je passe la parole à mes collègues qui auront à
questionner sur quelques sujets bien précis dans le cadre de la
tarification. D'abord, Hydro-Québec nous fait une demande sur deux ans,
bon, une moyenne de 7,5 % par année sur deux ans. Et un des gros
éléments dont il est question, justement, on en a encore
parlé, c'est l'hydraulicité. Sauf qu'Hydro-Québec nous a
dit hier qu'advenant une bonne hydraulicité pour cette année, eh
bien, à partir du mois de juillet ou août, on pourrait
arrêter les mesures exceptionnelles De deux choses l'une, si on
arrête les mesures exceptionnelles, qu'on a de l'eau en masse,
qu'à partir de 1991, tel que prévu, les dépenses relatives
à la faible
hydraulicité égalent zéro et qu'au contraire, en
contrepartie, on génère des bénéfices en vendant de
l'énergie qu'on ne vend pas actuellement parce qu'on ne la produit pas,
à ce moment-là, on a joué les Québécois.
Hydro-Québec va aller chercher plus que ce dont elle aurait besoin si on
acceptait cette année, tout de suite, pour une deuxième
année, 7,5 %. En contrepartie, HydroQuébec nous dit: Si
l'hydraulicité n'est pas bonne, on va arriver en dessous et notre cours
va continuer à descendre et ça va nous coûter encore plus
cher. Dans ce cas-là, Hydro-Québec va devoir revenir devant la
commission et dire: On n'en a pas assez demandé. Alors là,
j'aimerais savoir jusqu'à quel point il est honnête envers les
payeurs, les acheteurs d'électricité québécois de
leur demander tout de suite une augmentation sur deux ans. Hydro-Québec
nous dit en page 13 de sa proposition tarifaire qu'il s'agit la d'une certitude
de continuité pour les milieux financiers. Essentiellement, les milieux
financiers à Hydro-Québec, ce n'est pas sorcier, c'est la cote de
crédit du gouvernement. Hydro Ontario a une situation financière
ou, enfin, des chiffres qui sont inférieurs en moyenne à ceux
d'HydroQuébec. B.C. Hydro, c'est la même chose et pourtant, leur
cote de crédit sur les marchés internationaux est meilleure que
celle d'Hydro-Québec. C'est en fonction bien plus de la cote de
crédit du gouvernement que de la performance à un dizième
près d'un ratio quelconque d'Hydro-Québec que s'établit la
cote de crédit pour les emprunts qu'Hydro-Québec fait. Moi, on ne
me fera pas brailler avec ça.
L'autre affaire, les charges d'exploitation. Hydro-Québec dit:
Depuis 1982, nos charges d'exploitation ont augmenté en moyenne de 1,9
%. Certes, depuis 1982, sauf qu'en 1983, l'augmentation a été de
5 %, en 1984, 6,3 %. On va le ramener en dollars constants pour aller sur les
1,9 % d'Hydro-Québec. C'est 1,8, 1,5, moins 7 en 1986, 5,7 en 1987, 10
en 1988, 9,9 en 1989 et on prévoit, pour 1990, 7,4 et ça va en
montant. Je veux bien croire que l'hydraulicité a quelque chose à
voir là-dessus, mais il y a d'autres problèmes quelque part,
à mon avis, dont il faudrait se parler.
Hydro-Québec nous dit: Les Québécois ont investi 8
000 000 000 $ et ça leur a rapporté juste 7 %. Les pauvres petits
Québécois! Hein! Si on était eux, on n'aurait jamais
investi 8 000 000 000 $ pour avoir 7 % de rendement. Moi, je vais vous dire une
affaire. Si ces 8 000 000 000 $ qu'on a investis me permettent de payer mon
électricité moins cher qu'ailleurs, là, la
différence entre les 7 % et les 13 %, je l'ai dans mes poches et c'est
moi qui vais la gérer et c'est là que c'est rentable pour les
Québécois. Il y a ça aussi. Je veux dire, si on nous dit:
C'est bon pour les Québécois d'avoir un taux de rendement
supérieur, sur leur investissement, à 7 %, bien, ce taux de
rendement-là, ce n'est pas nécessairement Hydro-Québec qui
doit le gérer, cet argent qui est généré. Si je
veux le gérer moi-même à partir d'une diminution de mon
compte d'électricité et si c'est ça le choix des
Québécois, eh bien, ça sera ça. Ce n'est pas
à Hydro-Québec à déterminer ce que les
Québécois veulent comme rendement sur leur argent investi. C'est
au gouvernement. L'actionnaire, c'est le gouvernement. Et dans ce
sens-là, si l'actionnaire dit à Hydro-Québec: Nous autres,
c'est bien de valeur, ce qu'on veut, c'est de payer l'électricité
la moins cher possible pour que ça rapporte immédiatement
à chacun des Québécois concernés, bien,
Hydro-Québec s'y pliera. Hydro-Québec a à produire de
l'électricité en fonction des paramètres que le
gouvernement lui exige. Pour le reste, pour que ça rapporte, ce sera au
gouvernement, en tant qu'actionnaire unique d'Hydro-Québec,
propriétaire unique d'Hydro-Québec au nom des
Québécois, de savoir ce qu'on veut faire avec cet
argent-là.
Au niveau de... C'est la même chose pour les politiques
d'économie d'énergie. Moi, j'ai hâte qu'on arrive à
commission parlementaire du 8 mai pour en parler. J'ai très hâte
qu'on parle des 62 000 000 000 $ qu'Hydro-Québec veut dépenser au
cours des dix prochaines années versus les quelques dizaines de millions
qu'elle met dans l'économie d'énergie. Il y a probablement
là une piste qui sera à fouiller d'une façon très
précise. Je trouve que ce que l'on met en économie
d'énergie versus les dizaines de milliards qu'on veut investir en
inondation de territoires est quelque peu disproportionné. On aurait
peut-être avantage à ajouter quelques milliards dans
l'économie d'énergie et à diminuer de quelques milliards
la note d'inondation territoriale et peut-être qu'on arriverait à
quelque chose d'intéressant qui serait moins lié à
l'hydraulicité aussi. Ça, ça fait partie du
problème. Dans ce contexte, je reste très sceptique par rapport
aux exigences d'Hydro-Québec, ses demandes actuelles, ses
prévisions à long terme et l'intérêt de faire
ça sur deux ans. Cela dit, vous me permettez, M. le Président, de
passer la parole à mon collègue qui va questionner
là-dessus.
Le Président (M. Bordeleau): Je cède la parole au
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, j'ai une courte question
à Hydro-Québec. Je voudrais savoir si, dans la préparation
des tarifs proposés, HydroQuébec a tenu compte de notre
appartenance au Canada et de l'introduction, le 1er janvier prochain, de la
taxe sur les produits et services?
M. Drouin: Je pense qu'on a mentionné hier que,
effectivement, il y a, présumément, à partir du 1er
janvier prochain, une TPS, une taxe sur les produits et services, qui entrera
en vigueur. Ce que nous avons mentionné, c'est que cette taxe avait un
impact sur toutes les sources d'énergie, au même titre, que ce
soit le gaz, que
ce soit l'huile à chauffage ou l'électricité.
M. Bourdon: Je voudrais savoir si, dans les calculs que vous avez
faits des proportions relatives de revenus et dépenses par grande
catégorie - je parle du tableau TA-05, quand on regarde le domestique,
la petite puissance, la moyenne puissance et la grande puissance - est-ce que
vous avez évalué la relation entre la part de chaque
catégorie, l'avez-vous comparée à ce que va devenir les
coûts par catégorie, après que la TPS sera adoptée?
Parce qu'il y a beaucoup de gens qui disent que M. Wilson est sérieux et
qu'il va appliquer la TPS. Ce que j'entends par la, M. le Président,
c'est, on voit que dans la structure tarifaire proposée, le domestique
aurait une hausse de 8,5 % et les utilisateurs de grande puissance de 8 % et
les petits et moyens de 6,5 %, ce qui donne, entre le domestique et les
utilisateurs de grande puissance, une différence de 0,5 %. Mais quand on
ajoute la TPS et qu'on combine les augmentations et qu'on les estime un peu
plus de douze mois après le début des hausses tarifaires, au 1er
mai 1991, ça donne, comme différence, une hausse de la facture de
26 % dans le domestique, de 13,4 % pour les utilisateurs de petite puissance,
même chose pour la moyenne puissance, et de 14,9 % pour les utilisateurs
de grande puissance, 16,6 % moins l'effet du programme de stabilisation
tarifaire. Parce que les entreprises obtiennent des crédits
d'impôt pour ce qu'elles ont payé en TPS, la fourniture
d'électricité étant un intrant. À cet égard,
il faut regarder de près, et je m'étonne qu'Hydro-Québec
ne l'ait visiblement pas fait, quelle sera la charge réelle
supportée par les catégories, qui sont, bien sûr,
domestique, petite, moyenne, grande puissance. Mais il y a aussi les
entreprises comparées aux individus, c'est-à-dire vous, moi,
nous, qui allons payer une facture d'électricité. J'écoute
depuis ce matin le débat passionnant sur le taux de rendement, sur le
taux de capitalisation et je ne sais pas ce qui passe dans Taschereau, Drummond
ou Chomedey, mais, dans Pointe-aux-Trembles, j'entends parler facture
d'électricité. Les gens sont très reliés à
cela. Et le gouvernement est là pour s'assurer que ça soit
raisonnable ce qui se fait, parce qu'il représente les actionnaires, les
actionnaires étant les contribuables. On sait que les entreprises ne
votent pas. Ce sont les contribuables qui votent. À cet égard,
est-ce qu'Hydro-Québec pense qu'il y aurait moyen, pour le gouvernement
qui va avoir à décider des tarifs, pas Hydro-Québec, de
tenir compte de la taxe sur les produits et services? (11 h 45)
II y a quelque chose d'irréel dans le débat qu'on entend
ici. C'est comme si on n'appartenait pas au Canada, encore, et que pour avoir
notre part des Rocheuses on ne devait pas, le 1er janvier prochain, payer la
TPS. Est-ce qu'il y a eu une réflexion, au niveau du gouvernement, sur
le fait que le chauffage et l'éclairage des maisons, ce sont des biens
essentiels, peut-être tout aussi essentiels que les meubles, les
chaussures et les vêtements que le gouvernement exclut de sa taxe de
vente? Et, à cet égard, on peut se poser une question... Le
gouvernement est hostile à la TPS. Il ne le dit pas souvent, parce qu'il
y a autre chose à négocier avec le Canada et que ce n'est pas
simple; mais le gouvernement est hostile à la TPS Est-ce que la ministre
pourrait concevoir d'entreprendre peut-être une négociation pour
exclure le mazout, le gaz naturel et l'électricité de la TPS?
Parce que, écoutez, on peut faire comme si la TPS n'existait pas, mais
pour les gens qui reçoivent une facture d'Hydro-Québec, à
un moment donné, il y a un 7 % qui va se retrouver dedans, c'est
incontournable. Alors, dans le fond, ma question s'adresse au président
d'Hydro-Québec et à la ministre: Est-ce qu'on va tenir compte de
la taxation qui s'applique, tant et aussi longtemps qu'on appartient au
Canada?
M. Drouin: M. le Président, c'est évident
qu'Hydro-Québec, dans toute la présentation que nous avons faite
au cours des deux derniers jours, a examiné l'ensemble du dossier
financier d'Hydro-Québec, de ses budgets d'exploitation, de ses budgets
en général, pour en arriver à rétablissement des
coûts de fourniture du service électrique au Québec. Je ne
crois pas que ce soit notre rôle à ce stade-ci d'évaluer
l'opportunité de la TPS dans tout ce dossier-là. Nous, ce que
nous faisons... Puis vous pouvez nous le reprocher, mais nous ne sommes pas un
organisme gouvernemental aux fins d'établir l'opportunité d'une
telle taxe au Canada et au Québec. Nous, notre raisonnement serait
faussé si on devait inclure - puis on est parfaitement au courant de
toute la mécanique envisagée - l'impact de la TPS dans
l'étude de nos coûts de fourniture Alors, pour nous, ça ne
fait pas partie des intrants qui servent à établir la hausse
tarifaire.
Le Président (M. Bélanger): Alors, Mme la
députée de Verchères.
Mme Dupuis: Bonjour monsieur Hier, ma collègue de Taillon,
Mme Marois, a questionné un peu, a abordé le sujet de la
tarification en serriculture. La réponse qui a été
donnée, je ne peux pas m'en satisfaire pour le moment De toute
façon, c'est trop complexe et puis ce n'est pas assez clair pour que Ion
puisse transmettre aux serriculteurs une réponse qu'ils vont trouver
satisfaisante.
Au niveau de la tarification qui a augmenté, qui était de
2,8 % - et là, je m'informe pour savoir si mes renseignements sont
exacts - est-ce vrai que c'est 60 % de plus que la tarification de l'Ontario
pour la serriculture? L'information qui m'a été donnée,
c'était que lorsqu'on demandait 2,8 %, le taux de 1987, c'est
60 % de plus dispendieux que l'Ontario, dont le taux se situe à
1,8 %. Est-ce vrai? Et si oui, comment expliquer cette différence au
niveau de la tarification, quand on sait que la principale dépense, le
coût le plus élevé pour la production en serre est le
coût d'électricité et que nos serriculteurs, nos
producteurs se doivent d'être compétitifs avec l'Ontario, qui est
leur principal concurrent; quand on sait aussi que le ministre Pagé
déclarait, en conférence de presse, le 9 juin 1986, que,
malgré les efforts déployés depuis de nombreuses
années par les divers intervenants au Québec pour
développer la production de légumes en serre, le déficit
à combler reste énorme et que la situation persistera ainsi tant
que nous ne réussirons pas à baisser les coûts de
production? On sait que les coûts de production sont énormes pour
les serriculteurs, en matière d'électricité.
M. Drouin: M. le Président, avant de céder la
parole à M. Finet qui a, évidemment, l'expertise dans ce dossier,
je voudrais juste informer la députée que, suite à
l'intervention de la députée auprès d'Hydro-Québec
tout récemment, j'ai pris la responsabilité de rencontrer
moi-même les serriculteurs, en la personne de M. Paré, en
compagnie de M. Finet. Je voudrais juste informer la députée que
M. Paré s'est dit totalement satisfait des explications qui avaient
été fournies par Hydro-Québec mais que, évidemment,
dans le contexte qu'il vivait, il se devait d'aller plus loin. Je le dis parce
que cette rencontre a été non seulement cordiale, mais elle a
été très explicative et elle a permis de voir quels
étaient réellement les problèmes au niveau des
serriculteurs. C'était déjà en discussion. Mais j'insiste
sur le fait que nous avons rencontré, M. Finet et moi, M. Paré
des serriculteurs et pour eux, je le dis bien, pour eux, la situation est
très claire. Elle n'est peut-être pas satisfaisante, mais elle est
très claire. La position d'Hydro-Québec est très claire.
Là-dessus, je demanderais peut-être à M. Finet de
compléter, sur le plan technique.
M. Finet (Jacques): Jacques Finet. Un point en particulier que
vous avancez... Vous faites une comparaison avec l'Ontario. Les serriculteurs,
bien entendu, sont en compétition avec ceux de l'Ontario. Sauf qu'il
faudra se souvenir, au cours des discussions, hier, qu'on a
démontré que les tarifs d'électricité en Ontario
sont d'au moins 30 % supérieurs à ceux du Québec. Il y a
cependant un avantage pour certains serriculteurs, en Ontario. Il s'agit de
ceux qui ont une possibilité d'alimentation au gaz. Le gaz est meilleur
marché en Ontario qu'il ne l'est au Québec et, à ce
moment-là, il y en a quelques-uns qui sont avantagés par
ça. Alors, là-dessus, la situation est très claire.
Cependant, ce que les serriculteurs nous disent, c'est que votre tarification
biénergie, indexée au prix du pétrole - surtout dans le
temps, alors que le prix du pétrole a baissé et que,
nécessairement, nos prix ont baissé en conséquence - les a
vraiment aidés financièrement. Elle leur a pratiquement permis de
se mettre au monde, mais avec aussi tout un scénario financier qui
tenait compte d'un marché pour les prix des aliments, qui tenait compte
aussi des prix de la main-d'oeuvre, enfin, de toutes les composantes de leurs
coûts à eux. Et finalement, cet ensemble-là aussi a
été perturbé, je vous dirai, pas tellement par le prix de
l'électricité comme par d'autres facteurs, surtout. Alors, dans
ce sens-là, lorsqu'on leur dit: On revient à un tarif de 0,028 $
- qui élimine cependant l'autre tranche qu'on avait ajoutée par
après - là, ils nous disent: Hydro-Québec, on comprend,
c'est normal, vous allez nous ramener à des coûts de fourniture.
Vous nous fournissez même une situation un peu particulière qui
nous permet d'avoir un prix plus bas - parce qu'ils utilisent
l'électricité en dehors des périodes de pointe. Mais ils
disent: Notre situation financière n'est quand même pas meilleure
pour autant. Mais il s'agit de la situation financière dans son
ensemble. Et ils disent là-dessus: Fort possiblement qu'on va continuer
à faire des représentations auprès du gouvernement du
Québec, tout en reconnaissant qu'Hydro-Québec, vous autres, vous
avez fait votre part. Alors, je pense que la balle, je peux vous dire, elle
n'est pas dans notre camp. Au moment où on se parle, on a vraiment fait
toute la démarche qu'il fallait pour donner une assistance à une
industrie qu'on a aidé à mettre au monde.
Mme Dupuis: L'augmentation qui devait avoir lieu le 1er mars
1990...
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Verchères, le temps de votre formation
étant écoulé, je dois céder la parole à Mme
la ministre.
Mme Bacon: Alors, M. le Président, il est
généralement reconnu que les tarifs d'électricité
au Québec sont parmi les plus bas en Amérique du Nord. Est-ce que
cette affirmation tient toujours, à la lumière des hausses
tarifaires que vous nous proposez?
M. Drouin: La réponse très simple, c'est oui, mais
je vais demander à M. Finet d'élaborer sur cette
réponse.
M. Finet: M. le Président, vous avez, en page 4 du
mémoire sur la hausse de tarif, un court tableau qui donne une
comparaison pour différents types d'usage entre des villes du Canada et
des États-Unis et qui démontre clairement qu'au niveau du
domestique, de la clientèle résidentielle, on est vraiment les
plus bas à travers le monde avec Winnipeg, à peu près, et
si on allait dans certains coins des
États-Unis, avec la ville de Seattle. On ne peut pas se permettre
de dire qu'on est les plus bas au monde: il y a à peu près deux
ou trois autres endroits dont la situation est comparable à celle que
connaît le Québec actuellement. Là où on est un
petit peu plus en déséquilibre, c'est pour les catégories
générales de petite et moyenne puissance, où nos tarifs
sont plus élevés. On a expliqué la situation
d'interfinancement et, à ce moment-là, la situation est moins
claire. On s'aperçoit, par exemple, que Vancouver et Winnipeg, encore,
sont vraiment plus bas que le Québec. Pour les autres villes,
l'écart est moins grand.
Là-dessus, j'en profiterais cependant pour vous glisser un
message, qui est celui-ci. Lorsqu'on parle des catégories
générales de petite et de moyenne puissance, on a souvent
tendance à penser aux commerces et aux industries et à dire: Eux,
ils ont la possibilité d'inclure leur facture
d'électricité dans leurs dépenses. Il ne faudrait pas
oublier qu'il y a aussi, dans cette clientèle-là, des
institutions, que ce soit des édifices du gouvernement provincial,
fédéral, municipal; il y a aussi des écoles, publiques et
privées; il y a des garderies, il y a des organismes à vocation
culturelle. Et c'est d'eux, principalement, qu'on reçoit souvent des
représentations - et je suis certain que vous en recevez vous aussi -
pour nous dire que la facture d'électricité est très
élevée. C'est pour ça, d'ailleurs, qu'on propose de donner
un certain allégement dans la hausse de tarif à ces
catégories générales, petite et moyenne puissance, qui
n'incluent vraiment pas seulement les commerces et industries qui créent
de l'emploi.
Dans ce sens-là, nos tarifs sont encore très
compétitifs sur la scène mondiale, j'entends. Et par rapport aux
autres formes d'énergie, que ce soit le mazout et le gaz, vous avez le
même tableau... C'est-à-dire que vous avez un tableau,
également en page 4, qui vous démontre que le système
biénergie en particulier, qu'on désire développer au cours
des prochaines années, est vraiment la solution la moins coûteuse
pour les Québécois. Par après, si on regarde les chiffres
de près, on s'aperçoit que l'utilisation du mazout et du gaz,
lorsqu'il y a des systèmes à haute efficacité - et ce
n'est malheureusement pas le plus grand nombre de cas qu'on retrouve dans un
parc d'habitation - est vraiment une formule aussi avantageuse. Par
après, autant pour les anciens systèmes à l'huile et au
gaz que pour l'électricité, la situation est plus
avantageuse.
Mme Bacon: Je pense que je vais faire suivre tout de suite une
question, par rapport à la biénergie. Vous avez l'intention, vous
nous dites, d'augmenter fortement les tarifs biénergie relativement au
tarif régulier. Lorsqu'on considère que des clients de la
biénergie ne sont pas présents pendant la période de
pointe du réseau, pourquoi avez-vous l'intention d'aug- menter plus
fortement ces tarifs?
M. Finet: M. le Président, la réponse est tout
simplement pour, là aussi, mieux refléter nos coûts de
fourniture. D'ailleurs, je dois préciser que la hausse pour le tarif
régulier, le tarif D, et la hausse pour le tarif DT sont identiques,
à toutes fins utiles, en ce qui concerne le chauffage à
l'électricité comme tel. Parce que si vous prenez la
dernière tranche du tarif régulier, la hausse est de 9 %; et pour
le tarif DT, aussi, la hausse est de 9,1 % et 9 %, chacune des deux
années. Donc, ils sont augmentés de la même façon,
et c'est vraiment pour refléter les coûts de fourniture. Parce
que, même s'ils ne sont pas présents en période de pointe,
ces clients-là, il reste quand même qu'il y a des
équipements, autant en production, en transport, en distribution, qui
ont été mis en place pour les servir. Alors, tout ce qu'on
épargne avec eux, ce sont les frais de pointe. Ce qui nous permet, en
fait, d'accorder une réduction à peu près annuelle de
l'ordre de 250 $, pour un tarif biénergie versus le tarif
régulier. (12 heures)
M. Boivin: M. le Président, si vous me le permettez,
j'aimerais apporter une information complémentaire à la question
précédente de Mme la ministre. Lorsqu'elle a parlé de
l'évolution de la position concurrentielle, M. Finet a donné la
position concurrentielle, ou des comparaisons, avant les hausses de tarif.
J'aimerais ajouter peut-être, à titre d'information, que lorsque -
du moins par rapport à certains réseaux canadiens, ceux pour
lesquels on connaît déjà les prévisions de hausse de
tarif... Je pense qu'il est important de les mentionner, parce qu'on peut voir
effectivement, à partir de là, que la position concurrentielle de
l'électricité devrait à peu près se maintenir,
sinon se détériorer très légèrement par
rapport aux réseaux canadiens voisins. À cet effet, par exemple,
Hydro Ontario a annoncé, pour 1990, une hausse de tarif de 5,9 %. Et
pour 1991, comme le mentionnait M. Drouin ce matin, Hydro Ontario vient
d'annoncer une prévision de hausse de 7,8 %, ce qui est au-delà
de ce que nous prévoyons nous-mêmes pour 1991. En
parallèle, du côté de l'Ontario toujours, mais pour les
réseaux municipaux, la hausse de tarifs est de 7,8 % et de 7,9 % pour
les deux années 1990 et 1991. Du côté de la
Colombie-Britannique, B.C. Hydro a annoncé en novembre dernier trois
hausses consécutives de 3 % à chaque six mois, ce qui donne une
hausse cumulative de 9 % entre novembre 1989 et avril 1991. Donc, la position
concurrentielle, lorsqu'on considère que partout ailleurs au Canada, il
y a également des pressions très fortes à la hausse sur
les coûts de fourniture et donc, sur la tarification... Ce qui veut dire
qu'effectivement, notre position concurrentielle devrait se maintenir. Je
pourrais revenir à des chiffres que j'ai mentionnés hier soir,
par exemple, sur l'évolution au cours des
sept ou huit dernières années. Par exemple, la
tarification au Québec par rapport à la tarification en Ontario,
où l'avantage de l'hydroélectricité au Québec s'est
accru énormément au cours des dernières années,
passant, en fait, des hausses moyennes en Ontario... Il y a un écart de
12 % qui s'est creusé, par exemple, ou près de 13 % où
nous étions en 1982, pour se retrouver maintenant avec un avantage
comparatif de 34 %.
Mme Bacon: Au niveau de la structure des tarifs domestiques, on
remarque qu'Hydro-Québec propose d'augmenter la deuxième tranche
du tarif de 9 % et la première tranche de 8,2 %. Qu'est-ce qui justifie
ces taux d'augmentation différenciés?
M. Finet: Jacques Finet. Voici. Si je me réfère
à votre discours d'ouverture, où vous disiez qu'il faut, dans la
mesure, refléter les coûts de fourniture et penser à des
structures de tarifs d'énergie électrique qui incitent le client
à en faire une meilleure utilisation, le changement qu'on fait
maintenant à la structure de tarifs va dans ce sens-là. Dans le
sens que le kilowattheure, pour fournir l'électricité à
des fins de chauffage, augmente plus rapidement que le reste de la
consommation. Deuxièmement, si on veut donner un signal de prix qui
incite le client à bien utiliser l'énergie, à en faire une
utilisation efficace, à ce moment-là, la modification va aussi
dans ce sens-là. En se rappelant, bien entendu, et surtout en n'oubliant
pas qu'il y a en parallèle un programme d'économie
d'énergie qui va donner au client les trucs nécessaires et
même certaines incitations financières pour qu'il en vienne
à passer à l'action et vraiment contrôler, faire une
gestion de sa facture d'électricité, être capable de
réduire l'impact des hausses de tarifs. Donc, à votre question,
bien précisément, c'est pour mieux refléter les
coûts de fourniture et bien entendu aussi, reflétant mieux les
coûts de fourniture, inciter le client à faire une utilisation
efficace de l'électricité.
Mme Bacon: Est-ce que vous pensez, ou est ce que vous êtes
convaincu qu'un consommateur est au courant de ça, s'il est dans la
première ou dans la deuxième tranche?
M. Finet: M. le Président, il nous appartient de vraiment
sensibiliser la population adéquatement. Je vous dirai, lorsqu'on parle
d'économie d'énergie et qu'on fait des sondages, surtout
auprès de la clientèle, la clientèle a l'impression qu'au
Québec, on est encore dans une situation d'abondance, que de
l'électricité, il nous en sort littéralement par les
oreilles et qu'on n'a pas à se soucier d'en faire une économie.
Il y a aussi la perception qu'économiser de l'énergie, ça
veut dire passer à une formule de rationnement, donc se priver, donc
sacrifier sa qualité de vie, sacrifier son confort. Alors qu'en fait, ce
n'est pas ça du tout que vise le programme d'économie
d'énergie. Ça vise à donner à notre
clientèle d'abord le pourquoi des programmes d'économie
d'énergie, à rendre les gens conscients que
l'électricité, l'hydroélectricité au Québec
est une richesse qu'il faut protéger tout comme on protège nos
forêts, tout comme on protège nos cours d'eau. Il faut
protéger cette richesse qu'est l'hydroélectricité.
Ensuite, le client qui nous dit qu'il est prêt à passer à
l'action en autant qu'on lui dise comment faire, ce sera à nous aussi de
lui indiquer les façons d'économiser l'énergie.
Le tarif a deux composantes. Il y a une première tranche de 900
kilowattheures qui est, en fait, pour couvrir le marché dit captif:
l'éclairage, l'utilisation des petits appareils, une partie du
chauffe-eau. Celui-là, vous l'avez à l'année. Il est
à un prix réduit, parce que c'est vraiment un marché plus
captif. Celui sur lequel vous pouvez avoir une action plus efficace, c'est
beaucoup plus avec le chauffage de l'eau et le chauffage des locaux et donc
c'est celui-là sur lequel on doit donner un signal de prix qui est
encore plus près de la concurrence, plus près de nos coûts
de fourniture et qui l'incitera vraiment à passer à l'action,
avec, bien entendu - je le répète encore une fois - un bon
message d'information, une bonne communication de la part
d'Hydro-Québec, pour à la fois sensibiliser le consommateur et
lui dire les trucs à utiliser.
Mme Bacon: M. Finet, vous avez l'impression que ce
message-là est passé?
M. Finet: Mme la ministre, je vous dirai que non, il n'est pas
encore passé. Nous avons une campagne de communication qui commencera
dans les prochaines semaines et qui vraiment va véhiculer ce
message.
Mme Bacon: M. le Président, Hydro-Québec annonce
qu'elle a l'intention d'entreprendre une réforme du tarif grande
puissance. Combien de clients sont-ils assujettis a ce tarif? Et, est-ce que la
réforme proposée aura un impact uniforme sur la facture
d'électricité de ces clients?
M. Roy (Gilles): Mon nom est Gilles Roy.
M. Boivin: Gilles Roy, directeur à la tarification, va
vous donner la réponse.
M. Roy: On poursuit, avec cette réforme, un certain nombre
d'objectifs. Le premier est de simplifier et de moderniser une structure qui
est un petit peu complexe et un peu anachronique aussi, si on se
réfère à la structure actuelle de notre tarif L, qui est
le tarif grande puissance. Il y a 192 clients, en passant, qui sont soumis
à cette tarification. Actuellement, on a un prix de puissance et trois
tranches d'énergie selon une formule dégressive d'une tranche
à l'autre. À
cela s'ajoutent un certain nombre de rabais, étant donné
la tension d'alimentation. Notre but avec la restructuration est de simplifier,
je vous le disais, cette structure-là pour en arriver
éventuellement à un seul prix pour l'énergie. Ce qu'on
voudrait faire disparaître en même temps, c'est cette notion de
dégressivité qui est un peu anachronique, comme on le disait,
surtout dans le contexte d'économie d'énergie dont on parlait
tantôt. C'est une chose qu'on a, au cours des dernières
années, d'ailleurs, essayé de redresser doucement, mais là
on veut s'attaquer fondamentalement à la restructuration du tarif pour
faire disparaître complètement la dégressivité de
nos tranches d'énergie, et pour en arriver, sur une période
graduelle de trois ans, à un seul prix d'énergie.
Quant au résultat de ça, les calculs qu'on a faits - et on
l'a fait pour chacun de nos 192 clients - le résultat est globalement
neutre. On ne va pas chercher de revenus additionnels avec ça. Dans les
faits, il y a 70 % des clients pour lesquels c'est un petit peu favorable. Il y
a 30 % des clients pour lesquels c'est un peu défavorable. On en
connaît... Évidemment, ceux qui nous intéressent le plus,
ce sont ceux pour lesquels c'est défavorable. Il y en a sept qu'on
connaît exactement, pour lesquels la restructuration voudrait dire une
hausse de l'ordre de 3 %. Et pour ces sept-là, dont quatre
municipalités, on a pensé aussi à des formules de
rattrapage et de récupération qui vont faire qu'on va lisser les
effets déplaisants que la hausse ou que la restructuration pourrait
avoir dans les années qui viennent.
Mme Bacon: Justement par rapport aux réseaux municipaux
qui seront affectés par la restructuration du tarif grande puissance, on
a parlé d'un mécanisme de plafonnement des hausses. Est-ce que
vous êtes en mesure d'expliciter davantage ce mécanisme de
plafonnement?
M. Roy: Je pourrais vous en donner la formule
mathématique, mais fondamentalement, ce dont on va s'assurer c'est que
la hausse pour les réseaux municipaux ne dépassera jamais un
demi-point de plus que le tarif L pour l'année qui va être
impliquée. Donc, il y a une formule qui arrive à ce
résultat, le but étant, évidemment, de ne pas
détruire de façon sauvage la marge bénéficiaire de
ces réseaux. Parce qu'on sait qu'on en contrôle à la fois
les prix d'achat et les prix de vente. Donc, on veut s'assurer qu'on ne fera
pas disparaître la marge bénéficiaire des réseaux
municipaux. En fait, comme je vous le disais, il y en a quatre qui sont
touchés et on est déjà en discussion avec eux sur
l'application de ces formules.
Mme Bacon: Hydro-Québec soutient aussi, à la page
16 de son mémoire, qu'une dépendance de sa rentabilité
envers les abonnés, les tarifs petite et moyenne puissance
représentent, à terme, un risque financier qu'il importe de
redresser progressivement. Est-ce que vous pourriez expliciter ces risques que
vous mentionnez dans votre mémoire et donner aussi un ordre de grandeur
de leur impact financier probable?
M. Finet: Le tableau 7 de la page 16 indique que pour les ventes
assujetties aux règlements tarifaires, il y a une proportion fort
importante - 42 % de ces ventes - qui contribue vraiment très
légèrement à la marge bénéficiaire, à
la part des bénéfices de l'entreprise, alors qu'on disait tout
à l'heure qu'il y en a 28 % dans les catégories de petite et
moyenne puissance qui contribuent pour 75 %.
C'est un écart qui est vraiment inacceptable et qui même
nous met en danger, on le voit, puisque la hausse des tarifs de 8,5 % en 1990
n'est même pas suffisante pour conserver les 14,5 % de participation aux
bénéfices et c'est pourtant notre plus gros bloc de consommation.
Ce qui veut dire que ça nous oblige à faire porter par les autres
consommateurs un fardeau beaucoup plus grand. On l'expliquait tout à
l'heure, à ce moment-là, ce sont tes industries, les commerces et
tous les autres clients institutionnels, que ce soient les gouvernements ou les
secteurs de services qui doivent en supporter la facture. Pourtant, on n'est
pas les seuls. Si on regarde ce qui s'est fait au Canada et aux
États-Unis, tout le monde, d'ailleurs, va dans cette démarche de
mieux refléter les coûts de fourniture et de réduire cet
interfinancement.
Le projet qu'on vous propose, aujourd'hui, 1 % de plus dans le
domestique versus la moyenne, à notre avis, est un pas qu'on peut
qualifier, je ne dirais pas de timide, mais du moins et loin d'être
exagéré, compte tenu du fait que, dans 10 ans, on n'aura pas
encore éliminé 50 % de l'interfinancement. Il faut y aller
à un régime modéré, surtout qu'on y va maintenant
avec un règlement de deux ans et surtout qu'en parallèle on offre
un programme d'économie d'énergie - et je le répète
parce que ce sera important qui va permettre au client de sauver vraiment une
bonne partie de sa facture.
Vous savez, si on peut penser... La hausse qu'on apporte aujourd'hui,
elle peut être totalement éliminée. Je vous donnerai juste
une illustration avec deux lampes de 100 watts qui consommeraient vingt-quatre
heures par jour. Faites l'économie de l'équivalent de ça
et vous annulez tout à fait l'impact de la hausse des tarifs. Alors, il
n'y a pas beaucoup à faire pour vraiment éliminer l'impact de
cette hausse de tarifs.
Mme Bacon: Au niveau de la petite et de la moyenne puissance,
quelle est la position concurrentielle d'Hydro-Québec? Est-ce qu'on
parle de risques pour Hydro-Québec9 Quelle est votre
position concurrentielle?
M. Boivin: M. le Président, pendant qu'on sort les
données, j'aimerais préciser, concernant justement le risque
associé, en fait, à avoir 74 % de nos bénéfices qui
proviennent de deux secteurs qui ne représentent que 28 % de nos ventes,
qu'il faut ajouter à ce que M. Finet a dit - et on va vous fournir les
chiffres dans quelques minutes - que ce sont, en plus, les deux secteurs
où notre position concurrentielle, par rapport aux autres sources
d'énergie, est la moins bonne. Donc, ce sont des marchés
où nous sommes, d'une part, plus vulnérables et, d'autre part,
qui génèrent 75 % ou 74 % de nos bénéfices. Donc,
ça accentue le risque et c'est dans ce sens-là qu'on dit que ce
déséquilibre accentue le risque à moyen ou à long
terme.
M. Finet: J'ajoute un complément d'information. Ici, on
dit dans une étude que nous avons faite: Le mazout coûte, en 1989,
entre 39 % et 52 % de moins que l'électricité aux tarifs
généraux. Cet avantage du mazout devrait rester à peu
près le même puisqu'on prévoit une augmentation du prix du
mazout léger d'environ 13 % en 1991. Or, c'est majeur comme écart
de prix entre le mazout et l'électricité dans les secteurs
généraux de petite et de moyenne puissance.
Le Président (M. Bélanger): Alors, je cède
maintenant la parole au député d'Ungava.
M. Claveau: Oui, M. le Président. Dans un premier temps,
allons sur les indices comparatifs des prix d'électricité au 1er
mai 1989 dans les différentes villes canadiennes. Je voudrais juste,
à titre d'information... Je suppose qu'on a tous à l'occasion
regardé la météo, le soir, après les nouvelles,
à Radio-Canada et on est à peu près tous à se
demander comment ça se fait qu'on ne vit pas tous à Vancouver. On
a dû remarquer qu'à l'occasion, quand il fait moins 20°
à Montréal ou à Québec, il fait 1° à
Vancouver. Même dans le temps des fêtes, ça leur prend tout
pour avoir de la neige. Ça, ça veut dire, probablement, qu'ils
paient un petit peu moins cher de chauffage que nous autres. Sans avoir des
chiffres très précis, on peut penser, au départ, que
ça leur coûte un petit peu moins cher de chauffage que ça
peut nous coûter quand on reste à Québec, à
Chicoutimi, à Chibougamau ou à Val-d'Or. Par conséquent,
il y a de fortes chances pour que les 12 % de plus qu'ils paient sur la facture
d'électricité, sur lé kilowattheure qu'ils
achètent, soient largement compensés par cette
différence-là en termes de chauffage de "heater" de char -
excusez-moi, mais il doit y avoir un terme français pour ça - de
chauffe-moteur d'automobile. Il n'y en a pas tellement à Vancouver, mais
chez nous on en a besoin de temps en temps, etc. (12 h 15)
Alors, est-ce que vous êtes capable de nous dire, au-delà
des beaux pourcentages qui mêlent tout le monde et que personne ne
comprend, combien ça coûte à un consommateur moyen
chauffé à l'électricité à Vancouver, par
rapport à un consommateur moyen chauffé à
l'électricité quelque part au Québec? Prenons, dans le
meilleur des cas, Montréal; c'est encore là que c'est le moins
froid à peu près. C'est quoi, la facture? Je pourrais vous
demander celle de Kuujjuaq, mais ce serait différent. Disons
Montréal. C'est plus doux en général que même
à Chicoutimi.
M. Finet: Écoutez, on pourrait vous sortir les chiffres,
oui, exactement, ce qu'il peut en coûter pour du chauffage à
Vancouver versus ce qu'il en coûte ici à Montréal.
Probablement, vu que le climat est plus modéré, que la facture
d'énergie serait moindre, mais à ce moment-là, pour
être honnête, il faudrait aussi comparer le coût de la maison
à Vancouver, le coût du panier d'épicerie, le prix des
assurances et, finalement, vous auriez peut-être vraiment une
réponse précise qui vous permettrait de juger de la
qualité de vie à Vancouver et à Montréal.
M. Claveau: On en est à l'électricité, parce
qu'il y a bien d'autres choses qu'on pourrait comparer au Québec aussi
en termes de... Juste Petro-Canada vend son diesel plus cher au Québec
que n'importe où ailleurs au Canada. Vous savez, on pourrait comparer
également.
On va s'en tenir à la facture d'électricité.
J'aimerais qu'on nous donne ces chiffres exactement pour savoir comment un
consommateur moyen, tel que vous le définissez au tableau 11 de votre
proposition tarifaire... Vous définissez une facture moyenne par
catégories de consommateurs qui chauffent à
l'électricité et de consommateurs qui ne chauffent pas à
l'électricité, etc. J'aimerais qu'on ait le même tableau
pour un consommateur de Vancouver et un consommateur de Toronto. Celui de
Winnipeg, il fait froid à Winnipeg, on le sait, mais il a à peu
près le même coût que nous, il est à 101 %; il y a 1
% de différence. Ça doit ressembler à la nôtre. Je
remarque... On dirait que moins il y a tendance à faire froid, plus les
tarifs sont élevés. Il y a peut-être là une
concordance qu'on ne connaît pas, c'est peut-être une loi non
écrite. En tout cas, j'aimerais avoir un peu plus de précisions
là-dessus.
L'autre affaire... Parce que c'est beau de parler de chiffres, mais des
pourcentages il n'y a rien de plus trompeur: 10 % de 10 $, ça fait 1 $.
Tout le monde est capable de l'absorber, c'est vite fait. Mais 10 % de 1000 $,
tu es rendu à 100 $; c'est moins évident quand ton revenu n'a
peut-être pas augmenté du tout. Pour revenir à ce que
disait tout à l'heure le député de Pointe-aux-Trembles, il
faut bien comprendre que si on applique tout ce qui est demandé - la
TPS
qui s'applique en fonction évidemment du pourcentage, puis,
l'année prochaine, elle va être plus élevée, parce
qu'elle va s'appliquer sur 114 % ou 117 % si on a 8,5 % cette année et
l'année prochaine, puis les taxes du Québec là-dessus - si
on applique tout ça, ça nous donne en gros, pour un consommateur
moyen, tel que vous le définissez au tableau 11, quelque chose comme 277
$ par année de plus. Savez-vous que pour un pauvre célibataire
sur l'aide sociale, ça représente quelque chose comme une fois et
un tiers son chèque mensuel d'aide sociale? Est-ce que ça veut
dire que le gouvernement du Québec s'engage à combler la
différence? À moins qu'il soit obligé de se passer
complètement d'électricité, puis de chauffer au bois; ce
n'est pas évident quand tu restes à Montréal. Ça
fait partie du problème qu'on a à voir comme population. Est-ce
qu'on va dire aux assistés sociaux: C'est bien de valeur, mais à
partir de demain matin, clang! on vous ferme le compteur, parce que vous
n'êtes plus capables de payer? Ou bien, le gouvernement va prendre des
mesures en conséquence pour que les assistés sociaux continuent
d'être branchés sur Hydro-Québec C'est ça que
ça veut dire en bout de piste. Ça veut dire ça pour bien
d'autres affaires aussi. On prend ce cas-là, mais il faut regarder
globalement quel impact social ça va avoir, parce qu'il y a du monde qui
vit au-delà des chiffres, des colonnes comptables, puis du taux de
rendement, puis du taux d'efficacité, puis du rendement sur l'avoir
propre. Il y a des gens qui vivent en dessous, puis qui n'ont peut-être
pas des taux de rendement très élevés par les temps qui
courent, au moment où on annonce encore, par exemple, des mises à
pied énormes chez GM, à Montréal, puis au moment où
on vient de perdre l'année dernière plus de 1000 emplois juste
dans le domaine minier au Québec, etc. Ce n'est peut-être pas
évident que tout le monde a un taux de rendement de 14 % sur son avoir
propre.
Parlons rapidement des agriculteurs. On en a parlé avec les
serres. Page 20 de votre proposition, exploitations agricoles. On dit: Les
exploitations agricoles qui bénéficiaient du tarif domestique
connaîtront des hausses se situant entre 7,9 % et 9 %, alors que la
moyenne atteindra 8,7 %. Il reste au Québec 46 503 agriculteurs,
d'après ce que je peux voir, qui sont branchés sur Hydro.
À moins qu'il y en ait quelques-uns qui ne le soient pas, mais ça
me surprendrait. Il y a à peine une dizaine d'années, il y en
avait quelque 60 000. Il nous en reste 46 000. Et là, vers où on
s'en va avec ça, moi je ne connais pas beaucoup d'agriculteurs qui ont
des taux de rendement sur leur avoir actuellement de l'ordre de 14 % ou de 15
%. Je ne sais pas si vous avez des chiffres là-dessus, mais à ma
connaissance, les agriculteurs, ça tire un peu le diable par la queue,
comme on dit, dans bien des cas. Ce n'est pas évident, l'agriculture au
Québec, parce que ce n'est pas évident non plus que tu peux
être concurrentiel avec la vallée de l'Okanagan, et avec la
région de Windsor en Ontario, et avec les subventions qui sont
données aux producteurs de grain dans l'Ouest canadien et que les
nôtres ne peuvent pas avoir au Québec. Hein! Ce n'est pas
évident qu'on est capables d'être concurrentiels Une augmentation
des charges d'électricité de 9 % pour les agriculteurs,
savez-vous que ça risque peut-être d'en mettre plusieurs au bord
de la faillite? Sans compter que la TPS va s'appliquer sur d'autres affaires.
C'est sûr qu'il va y avoir des remboursements dans le cas de
l'agriculture, là, probablement, parce que ça va dans les
intrants, mais il y a des frais marginaux qui sont importants et qui augmentent
partout Est ce que Hydro Québec est en train de devenir, après
avoir été pendant des années une société qui
devenait un moteur économique, créatrice d'emplois. D'ailleurs,
on l'a vu, dans les emplois soutenus par HydroQuébec, on met tout ce qui
s'appelle entreprises hautement consommatrices d'électricité, etc
Est-ce qu'on est en train de faire maintenant d'Hydro-Québec une
société qui va ralentir l'économie
québécoise, qui va égorger des consommateurs
québécois qui n'ont pas un taux de rendement de 14 % et qui ne
sont pas capables d'avoir un taux de capitalisation de 25 %? Je pense que,
là, il est du devoir du gouvernement du Québec de regarder
ça très sérieusement, à moins qu'on soit en train
de nous dire qu'on va se contenter de 15 000 à 20 000 agriculteurs au
Québec et tant pis pour le reste. Parce que je vous assure d'une chose,
c'est que, dans le domaine de l'agriculture, une hausse de 9 % des tarifs
d'électricité, c'est quelque chose. Mais Hydro-Québec se
fart une belle jambe, parce que tout de suite dans le paragraphe suivant, elle
dit: Vous êtes chanceux, les agriculteurs, vous pourriez être bien
pires que ça Une plus grande proportion de clients connaîtra une
hausse supérieure à 8,5 % en raison des caractéristiques
de cette consommation Les exploitants agricoles facturés au tarif D
conservent tout de même un avantage important du fait même qu'ils
bénéficient du tarif domestique plutôt que du tarif
général normalement appliqué aux entreprises commerciales
et industrielles auxquelles elle s'apparente On dit: Vous êtes encore
chanceux, on aurait pu vous étrangler plus que ça, on aurait pu
vous changer de catégorie. Et c'est quand même extraordinaire Je
suppose qu'il y a bien des agriculteurs qui vont s'en réjouir.
Mais moi, il y a quelque chose que j'ai de la difficulté à
comprendre dans la logique fondamentale d'Hydro-Québec Je veux bien
croire qu'on a des problèmes à Hydro-Québec. Je veux
croire qu'on doit régler des problèmes. Mais tandis qu'on roule
carrosse doré. Somme toute, c'a l'air d'aller assez bien à
Hydro-Québec, en règle générale: la mobilisation
des troupes, comme on l'a vu dans la dernière planche, ça a
assez bien réussi au cours des derniers jours, ça mobilise
bien... Tandis qu'on roule quand même carrosse doré à
Hydro-Québec, qu'on veut investir des dizaines et des dizaines de
milliards en construction, qui vont représenter des frais
énormes, on a une population qui est en train de croupir en dessous et
qui va avoir de plus en plus de difficulté à payer. Ça,
ça semble carrément passer par-dessus la tête
d'Hydro-Québec et la tête du gouvernement. Je voudrais savoir
c'est quoi, là, comment est-ce que vous envisagez ça? Est-ce que
vous allez carrément liquider quelque chose comme peut-être
quelque 100 000 assistés sociaux qui ne seront plus capables de payer
parce que la note va dépasser leur augmentation et de loin, ou bien si
vous allez dire: payez votre électricité mais vous ne mangerez
pas? Je voudrais en savoir un peu plus là-dessus. C'est quoi, la corde
sensible d'Hydro-Québec par rapport aux besoins, aux problèmes
des consommateurs?
M. Boivin: M. le Président, le député
d'Ungava semble penser qu'Hydro-Québec n'a aucune préoccupation
envers sa clientèle. Comme l'a dit mon collègue, Richard Drouin,
ce n'est certainement pas de gaieté de coeur que nous devons,
aujourd'hui, demander des augmentations de tarifs aussi importantes. Il faut
cependant se rappeler les raisons qui nous amènent à demander ces
augmentations de tarifs. Il y en a une qui est hors de notre contrôle, on
l'a mentionné, c'est la question de la faible hydraulicité, mais
un des facteurs très importants, c'est l'amélioration de la
qualité du service. À tort ou à raison, nous avons
perçu à Hydro-Québec, au cours des deux ou trois
dernières années, un message très clair de la part de
toute notre clientèle québécoise que la qualité du
service que nous avions n'était pas satisfaisante et que même en
revenant au niveau de la qualité du service que nous connaissions au
début des années quatre-vingt, ce n'était pas non plus
satisfaisant. Nous, les objectifs que nous nous sommes fixés, c'est de
fournir aux Québécois de nouveaux standards de qualité du
service et c'est ce qui nous amène à augmenter, à demander
des hausses de tarifs cette année.
Maintenant, pour ce qui est de la politique de base, nous n'avons jamais
eu, à Hydro-Québec, le mandat de confier, de répartir la
richesse au Québec. Nous ne pensons pas et il n'y a rien dans notre loi
qui nous indique que ce serait notre rôle. Nous sommes cependant
conscients du rôle que nous devons jouer comme moteur économique
tout en fournissant également à nos clients des conditions qui
leur permettent de survivre, comme vous le dites.
M. Finet mentionnait, hier, que nous allons commencer, dès le
printemps, auprès de 500 assistés sociaux, une expérience
pilote qui devrait déboucher sur des programmes plus spécifiques
pour les aider, en fait, à économiser et à utiliser de
façon plus rationnelle l'énergie électrique. C'est un
exemple, en fait, de la préoccupation qu'a Hydro-Québec envers
ses petits clients. Mais, par contre, nous ne pouvons pas et nous n'avons pas
le mandat de charger à l'ensemble de la clientèle des tarifs
supérieurs pour subventionner certains secteurs de la population. Je
dois admettre en toute sincérité que nous ne considérons
pas, pour le moment, que c'est notre mandat. Nous serons prêts à
le considérer si jamais le législateur nous le confie.
M. Claveau: Je reviens un peu à ce que je disais tout
à l'heure au sujet des politiques d'économie d'énergie. Il
y a des problèmes de consommation énergétique au
Québec, on en convient. Bon! Hydro-Québec a deux choix, deux
possibilités. C'est de dire: On investit massivement pour
économiser de l'énergie... Et massivement là, on ne parle
pas des quelques millions de dollars, des grenailles ici et là, qui sont
prévus pour les trois ou quatre prochaines années. Vous savez, en
comparaison avec des investissements de 62 000 000 000 $ sur 10 ans, ce sont
des bagatelles. Hydro-Québec peut dire: On investit massivement pour
faire en sorte de baisser, à la limite, d'aider aux gens à
baisser leur facture d'électricité en consommant moins,
dégageant ainsi un certain nombre de kilowatts ou de mégawatts -
parce que ça va se compter en mégawatts - que nous pourrons
revendre à d'autres clients et, de cette façon-là, nous
n'aurons pas à investir dans de nouvelles constructions. Actuellement,
Hydro-Québec dit: Oui, on va le faire un petit peu. On va en faire un
peu, mais il faut qu'on investisse à coups de dizaines de milliards de
dollars dans des nouvelles constructions avec tous les troubles que ça
implique et, par le fait même, bien, il faut garder des taux de rendement
élevés, il faut garder notre cote, il faut... Bon, il va falloir
s'organiser pour se payer; ça va coûter cher et, dans le fond,
c'est la même clientèle qui paie. Est-ce que Hydro-Québec
n'aurait pas avantage à réviser - et là c'est une question
peut-être anticipée, mais qu'on aura sûrement à
débattre plus en profondeur au mois de mai - complètement sa
vision "engineering", j'oserais dire, du développement, parce que des
grands travaux, ça paraît bien, puis ça crée des
emplois vite, puis ça fait élire des gouvernements? (12 h 30)
Mais au-delà de ça, est-ce que HydroQuébec n'aurait
pas avantage à y aller peut-être un petit peu moins fort dans ses
vues de type "engineering", puis à mettre la pédale un petit peu
plus vite surtout dans les mesures d'économie d'énergie?
J'imagine, par exemple, que si Hydro-Québec mettait en place un
programme de 10 000 000 000 $ en économie d'énergie, les "blocks"
à Montréal qui ne sont pas isolés, on les isole tous
demain matin. Ça va peut-être créer autant de jobs qu'une
nouvelle rivière à la
Baie James. Puis, finalement, les économies d'énergie, on
pourrait toujours les refacturer sous forme de services ou autres à
l'intérieur de la "bracket" de diminution. Et, à la limite, je ne
suis pas convaincu qu'Hydro-Québec ne perdrait pas d'argent, puis que ce
ne serait pas plus rentable pour l'ensemble de la société, sans
avoir à faire une pression indue sur l'ensemble des consommateurs.
Est-ce que ça a été envisagé de cette
façon-là à Hydro-Québec?
M. Drouin: M. le Président, ce qu'on propose, cette
année, en matière d'économie d'énergie, à
notre avis, est un dossier ambitieux. Vous savez, le dossier de
l'efficacité énergétique, puis le dossier des
économies d'énergie, puis de la gestion de la demande,
Hydro-Québec n'embarque pas dans ça pour la première fois.
Si vous regardez tous nos énoncés dans le plan de
développement actuel et dans les annexes, vous verrez que ça
remonte jusqu'à 1960 où on a eu des actions précises en
termes de favoriser auprès des consommateurs des économies
d'énergie, soit par des modes d'isolation, soit par des chauffe-eau,
enfin, une série de mesures.
Donc, on n'en est pas à nos premières armes
là-dessus. Il faut aussi regarder dans le contexte, disons
nord-américain, pour ne pas dire du bloc de l'Ouest comme tel y incluant
l'Europe, mais au moins du contexte nord-américain pour voir que dans
les nouvelles formules d'économie d'énergie, beaucoup
d'utilités en sont à leurs premières armes dans ces
dossiers-là. Autrement dit, il y a beaucoup de "trial and error",
si je peux utiliser l'expression anglaise, relativement aux économies
d'énergie. Dire qu'on met quelques millions seulement dans les
économies d'énergie dans le dossier qu'on présente dans
notre proposition de plan de développement, ce n'est pas tout à
fait juste, M. le Président, puisqu'on parle de 1 800 000 000 $ sur une
période de dix ans. 1 800 000 000 $, ça veut dire d'arriver, en
1999, à sauver sur une consommation annuelle de 12,9
térawattheures... Ça veut dire sur toute la période. Bien
sûr qu'on ne peut pas commencer à sauver 12,9
térawattheures la première année, ce n'est pas possible.
D'ailleurs, les montants qu'on vous a mentionnés en termes
d'investissements dénotent le fait qu'il faut habituer les
Québécois à éteindre le gaspillage, si je peux
utiliser l'expression. Il faut les habituer par des formes de communication et
de publicité et aussi des accessoires qui leur permettront de
sauver...
Mais ce que nous ambitionnons et je dis bien "ambitionner" et j'utilise
l'expression, c'est de sauver ou d'économiser, sur une période de
dix ans, 70 térawattheures. C'est très ambitieux et on a
mentionné dans notre plan de develop pement ou dans l'exposé
qu'on vous a fait hier... On a fait certaines comparaisons et dont une... Puis
je regrette, on la fait souvent, parce qu'on pense que c'est réellement
celle avec laquelle on peut réellement avoir des comparaisons qui sont
éloquentes, celles de l'Ontario Et quand on fart cette comparaison on
enlève le dossier des alumineries, parce que les nouvelles alumineries
sont, de toute façon, très efficaces Donc, on ne peut pas penser
avoir des économies additionnelles ou ambitionner de faire des
économies additionnelles au niveau des alumineries. Mais quand on
regarde ce que l'on peut sauver sur une période de dix ans, en termes
d'augmentation de la consommation, c'est 25 %, M. le Président.
C'est ambitieux, mais nous n'avons pas l'intention de geler ce
programme-là pour une période de dix ans, puis de se revoir dans
dix ans, puis de vous donner les résultats. On devra le faire au jour le
jour, semaine après semaine, mois après mois, au fur et à
mesure que des accessoires, au fur et à mesure que des programmes de
publicité ou des programmes d'implantation de ces économies
seront faits, évalués et, par la suite peut-être,
amendés et changés. Mais...
Le Président (M. Bélanger): Alors, je vous
inviterais à conclure, s'il vous plaît.
M. Drouin: ...exactement dans l'objectif de ce que le
député d'Ungava mentionne, il s'agit d'atteindre l'objectif le
plus haut tout en prenant bien soin de dire que les 12,9 térawattheures,
dans dix ans, si on ne les a pas effacés, ça veut dire qu'on n'a
pas les équipements pour le faire. Parce que, vous avez raison, M le
député d'Ungava, de dire que ça remplace des ouvrages qui
vont donner de l'électricité à ce moment-là. Donc,
il faudra livrer les 12,9 % ou, du moins, les réévaluer en cours
de route
Conclusions
Le Président (M. Bélanger): Alors, je vous
remercie, M. le président. Nous passons maintenant à la phase
finale de nos travaux, soit les remarques de clôture. Alors, M. le
président, ou votre porte-parole, vous avez dix minutes pour les
conclusions, le porte-parole de l'Opposition aura dix minutes et Mme la
ministre, dix minutes. Alors, je vous invite donc à procéder.
M. Richard Drouin
M. Drouin: M le Président, je voudrais d'abord vous
remercier sincèrement pour avoir si habilement présidé les
travaux de cette commission. Je voudrais de plus remercier la ministre de
l'Énergie et des Ressources, le chef de l'Opposition et le
député d'Ungava, ainsi que les autres députés, qui,
par leurs questions et réflexions, nous ont fourni la possibilité
d'expliquer notre situation ainsi que les facteurs qui nous amènent
à vous soumettre notre demande tarifaire pour les deux prochaines
années.
Vous me permettrez de reprendre brièvement en conclusion les cinq
objectifs énoncés
par la ministre de l'Énergie et des Ressources au début de
cette commission. L'hydroélectricité constitue pour tous les
Québécois un bien précieux, une richesse collective que
nous devons développer et utiliser avec rigueur et efficacité.
C'est cette tradition qui nous a permis, depuis bientôt 30 ans, de
planifier, d'aménager et d'exploiter avec succès un réseau
hydroélectrique dont plusieurs caractéristiques le rendent unique
au monde. Hydro-Québec d'aujourd'hui ainsi que le réseau que nous
exploitons sont le résultat du travail des employés et des
gestionnaires qui nous ont précédés, mais aussi des
décisions prises par le gouvernement en vue d'assurer l'autonomie
énergétique du Québec, tout en favorisant le
développement.
L'intérêt des consommateurs qui composent notre plus large
clientèle est au centre de nos préoccupations. Les travaux et les
actions qui seront réalisés au cours des prochaines années
visent à implanter de nouveaux standards de qualité, tant au
niveau de la continuité du service que de nos services à la
clientèle. Malgré l'augmentation des coûts de fourniture et
les demandes tarifaires qui en résultent, nos clients domestiques
continueront de payer beaucoup moins cher leur électricité que
les consommateurs de la plupart des autres provinces canadiennes. De plus, la
mise en oeuvre de nos programmes d'économie d'énergie visera
d'abord les clients résidentiels qui pourront, dès les prochains
mois, bénéficier d'un programme d'aide à l'acquisition
d'accessoires de haute qualité et de haute efficacité. Ces
clients seront, de plus, l'objet d'une importante campagne d'information et de
sensibilisation destinée à les aider à effectuer les
meilleurs choix dans la gestion de leur consommation. Ces premiers programmes
seront accessibles à tous nos clients résidentiels, qu'ils soient
locataires ou propriétaires, chauffés ou non à
l'électricité, et une attention particulière sera
accordée aux plus défavorisés. Nous nous engageons donc
à tout mettre en oeuvre pour permettre aux consommateurs
québécois de disposer de moyens concrets et efficaces pour
réduire sensiblement l'impact de nos demandes tarifaires sur leurs
factures.
L'électricité est et demeurera très concurrentielle
pour toutes nos catégories de clients, que ce soit par le prix, la
disponibilité ou la qualité du produit. Le prix de
l'électricité, au Québec, a connu une croissance moyenne
inférieure au taux de l'inflation, depuis 30 ans. De fait, au cours des
trois dernières années, la croissance moyenne des tarifs a
été de 4 %, alors que l'inflation était de 4,3 %.
Même si les circonstances que nous connaissons et les mesures que nous
avons prises pour y faire face nous obligent à demander des hausses
tarifaires supérieures au taux d'inflation anticipé, nous sommes
convaincus que l'électricité demeurera à un prix
très compétitif par rapport aux autres sources d'énergie
disponibles au Québec. De plus, tous nos clients québécois
continueront de bénéficier d'un avantage concurrentiel sur leurs
voisins de l'Ontario. Cet avantage, qui s'est accru pour les clients de grande
puissance au cours des dernières années, varie
présentement de 20 % à 34 % selon les catégories
tarifaires.
L'électricité demeure aussi très concurrentielle au
Québec par sa disponibilité. La mise en oeuvre de la politique
énergétique du gouvernement a fait augmenter de 21 % à
plus de 41 % l'apport de l'électricité dans notre bilan
énergétique et notre autosuffisance est basée sur
l'exploitation d'une ressource renouvelable. Sa disponibilité sera
d'ailleurs renforcée par la réalisation de nos programmes visant
l'amélioration de la fiabilité du réseau. En outre, si la
faible hydraulicité que nous connaissons depuis six ans affecte à
court terme notre clientèle, il faut se rappeler que la
disponibilité, c'est aussi la possibilité que nous avons, en
période de forte hydraulicité, comme ce fut le cas au
début des années quatre-vingt, d'offrir à notre
clientèle québécoise de l'énergie
excédentaire à des prix encore plus avantageux.
L'électricité est enfin une énergie de grande
qualité, parce qu'elle est efficace, propre, facile d'utilisation et
adaptée aux technologies les plus modernes. De plus, l'implantation des
nouveaux standards que nous proposons augmentera davantage la qualité de
notre produit. L'électricité, comme tout autre bien, doit avoir
un prix. Nous proposons de l'établir en fonction des coûts moyens
de fourniture pour chaque catégorie de clients parce que cette formule
est équitable pour tous nos clients et qu'elle assure le maintien de la
santé financière de l'entreprise.
Il est vrai que certaines entreprises peuvent reporter le coût de
leurs factures d'électricité à leurs clients, mais, pour
plusieurs, cette possibilité a des limites et peut affecter leur
position concurrentielle. Nous convenons toutefois qu'il faut appliquer ce
principe avec discernement et modération pour tenir compte de la
conjoncture actuelle. C'est pourquoi nous proposons, pour les deux prochaines
années, des hausses tarifaires assorties d'une légère
différenciation pour chacune des catégories de clients. Nous
devons, de plus, revoir nos méthodes de détermination du taux de
rendement pour tenir compte des caractéristiques propres à chaque
catégorie de clients. Ainsi, nous pourrons accorder une attention
particulière à la clientèle domestique qui est stable et
captive et représente un risque plus faible pour
Hydro-Québec.
Nous prenons, par ailleurs, un engagement ferme en matière
d'efficacité énergétique à l'endroit de notre
clientèle québécoise. Simple et avantageux pour tous,
notre objectif consiste à réduire, d'ici 1999, la croissance
prévue de la demande au Québec d'au moins 25 % ou, formulé
autrement, à diminuer de 10 % la consommation totale
d'électricité au Québec par rapport à nos
prévisions. Nous investirons 1 800 000 000 $ dans
le plus vaste projet d'efficacité énergétique de
notre histoire. Le défi est ambitieux, mais nous pourrons même le
dépasser si tous nos partenaires conviennent d'y contribuer avec
détermination et nous y gagnerons tous, individuellement, par la
réduction de nos factures et, collectivement, par la valorisation de
notre ressource hydroélectrique.
Hydro-Québec est la plus importante société
d'État du Québec. Son développement a été
étroitement lié à l'importance qu'ont toujours
accordée ses gestionnaires et le gouvernement au maintien de la
santé financière. La gestion de cette santé repose d'abord
sur un contrôle rigoureux des coûts et des revenus. À
HydroQuébec, les intérêts sur la dette à long terme
absorbent 40 % du revenu en 1989. La gestion de la dette constitue donc un
objectif majeur pour l'entreprise. Les charges d'exploitation
représentent, quant à elles, près du tiers de nos revenus.
Nous devons, au cours des prochaines années, accorder une importance
primordiale à la gestion de ces charges. Même si nous avons pu
démontrer que nos coûts d'exploitation en termes réels et
répartis sur chaque kilowattheure vendu n'ont pas augmenté depuis
1978, nous reconnaissons qu'il nous faut maintenant ajouter à cette
productivité globale l'accroissement possible de la productivité
de chaque employé. (12 h 45)
L'augmentation de la productivité individuelle demeure un
objectif majeur de la négociation que nous poursuivons actuellement avec
nos trois principaux syndicats, et nous nous engageons à mobiliser tous
les gestionnaires et employés de l'entreprise pour l'atteindre. Nous
sommes convaincus que les actions que nous avons entreprises au cours des deux
dernières années en matière de gestion des ressources
humaines, matérielles et financières, commencent à porter
fruit. Elles devront, par conséquent, être poursuivies et
accentuées, afin de ramener à son niveau historique la confiance
qui caractérise la relation qu'entretiennent tous les clients
d'Hydro-Québec avec leur entreprise d'électricité. De
plus, l'acceptation de nos demandes tarifaires nous permettra de mieux faire
face aux risques reliés à l'évolution de
l'hydraulicité. HydroQuébec doit disposer de moyens financiers
suffisants pour lui permettre de gérer la situation conjoncturelle
présente et future sans compromettre sa santé
financière.
En résumé et en conclusion, la demande tarifaire que nous
soumettons au gouvernement du Québec dans le cadre de notre proposition
de plan de développement est équitable pour toutes nos
catégories de clients, nous permet d'implanter de nouveaux standards de
qualité, maintient la position concurrentielle de
l'électricité face aux autres sources d'énergie, assure
à tous nos clients une disponibilité d'énergie
malgré la faiblesse de l'hydraulicité, rétablit notre
santé financière et nous fournit les moyens de faire face aux
risques associés à la faible hydraulicité, favorise la
mise en oeuvre de notre projet d'efficacité énergétique en
collaboration avec tous nos clients et valorise la richesse collective que
constitue, pour le Québec, notre ressource hydroélectrique.
Le Président (M. Bélanger): Alors, je vous
remercie, monsieur. M. le député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: M. le Président, je tiens d'abord à
remercier tout le personnel d'Hydro-Québec, M. le
président-directeur général, le président et chef
de l'exploitation ainsi que tous les vice-présidents qui ont
participé à cet exercice qui sera sûrement très
bénéfique pour éclaircir la vision que les
Québécois ont d'Hydro-Québec et la vision
qu'Hydro-Québec a des Québécois, ce qui n'est pas
nécessairement toujours juxtaposé à 100 %. Je voudrais
aussi souligner la présence de tous les employés-cadres, enfin de
spécialistes d'Hydro-Québec qui sont ici dans la salle en un
nombre assez impressionnant et qui ont sûrement tiré beaucoup de
bénéfices de cette discussion de deux jours. Aussi, quant
à Mme la ministre, je la remercie de l'intérêt qu'elle
porte à la question d'Hydro-Québec. Elle démontre vraiment
qu'elle veut prendre les choses en main et faire en sorte de fixer à
Hydro-Québec ses véritables paramètres, en tant que
représentante des actionnaires d'Hydro-Québec, des
propriétaires d'Hydro-Québec à la table. Je remercie
également tout le personnel du ministère qui a participé
en alimentant, entre autres, la discussion par toute une série de notes,
d'informations diverses, tel que c'est généralement le cas dans
une commission semblable.
Cela dit, on a pu voir, finalement, au cours de ces débats,
qu'Hydro-Québec s'est fixé des critères, des ratios, des
objectifs en tant que société et en tant que gestionnaire de
fonds pour l'État québécois, gestionnaire d'un bien qui
appartient aux Québécois. Là-dessus, on n'a rien à
redire, dans la mesure où Hydro-Québec, en tant que gestionnaire
a, dans son mandat de gérer, au meilleur de sa connaissance, et de
rentabiliser l'argent qu'elle a en main tout en fournissant, à un prix
raisonnable, l'électricité aux Québécois. Donc,
qu'Hydro-Québec fasse ses propositions et qu'elle dise: C'est comme
ça qu'on croit que ça devrait se passer, c'est excellent, c'est
comme ça que ça doit se passer. C'est la démarche normale
Mais il y a un représentant, en l'occurrence une représentante de
l'actionnaire ici qui a à orienter tout ça, à prendre des
décisions par rapport aux propositions qui sont faites par
Hydro-Québec Les taux de rendement, les taux de capitalisation, la
couverture des intérêts, le rendement sur l'avoir propre, enfin
tout ce que vous pouvez amener
comme paramètre sont des paramètres, sont des
données qui relèvent d'abord des intérêts des
actionnaires. Dans n'importe quelle société, ce sont les
actionnaires qui se prononcent là-dessus. La direction peut faire des
propositions, mais ce sont les actionnaires qui orientent les activités,
qui déterminent ce qu'ils veulent comme rendement et comme taux de
couverture, enfin comme prix de fourniture, comme prix à recevoir de ce
qu'ils ont à vendre. Ce sont les actionnaires qui disent: Nous, c'est
comme ça qu'on veut que ça fonctionne. À partir de
là, les gestionnaires de la compagnie prennent les mandats puis les
appliquent. Dans ce sens-là, c'est au gouvernement d'orienter
Hydro-Québec, lui donner des mandats clairs et précis. C'est au
gouvernement de dire à Hydro-Québec ce qu'il nous faut comme taux
de rendement, ce qu'il nous faut comme taux de capitalisation, ce qu'il nous
faut comme couverture des intérêts, enfin tous ces ratios. C'est
au gouvernement aussi de dire à Hydro-Québec: Dans le fond, on
pense que, telle façon de faire, vous devriez peut-être la
changer, la réorienter. C'est certain que, dans la mesure où le
gouvernement ne donne pas de mandat à Hydro-Québec,
Hydro-Québec, comme gestionnaire de fonds publics, va proposer ce qu'il
y a de mieux. Elle va proposer l'idéal, mais là, c'est au
gouvernement de savoir quelle est la marge entre l'idéal et le
possiblement réalisable dans le contexte actuel. C'est là que le
gouvernement a à se prononcer.
Nous croyons, en ce qui nous concerne, que la proposition tarifaire
qu'on a sur la table va avoir des impacts très négatifs dans
l'économie québécoise, dans la mesure où on a une
économie qui est déjà prise à la gorge, qui est
déjà relativement essoufflée, qui a de la
difficulté à trouver de l'air. On parie de ralentissement
économique - c'est un nouveau terme pour désigner une crise, mais
en tout cas - bien ralentissement il y a. Ce n'est pas quand tout ralentit sur
le plan économique, quand ça devient difficile de souffler pour
tout le monde, qu'on doit s'amuser encore à égorger le client;
parce qu'il est à terre, on va en profiter pour fesser dessus.
Ce n'est pas une attitude responsable de la part d'un gouvernement. On
sait comment va l'économie, actuellement. Le gouvernement lui-même
est en train, avec ses crédits qu'il nous a déposés hier,
de trouver toutes sortes de façons de couper des dépenses ici et
là pour balancer ses chiffres. Le gouvernement va être le premier
à avoir des problèmes. Les municipalités, qui sont
déjà surtaxées, vont devoir taxer encore. Quant aux
commissions scolaires, on nous dit que la taxe scolaire va peut-être
doubler au cours de l'année qui vient. Le compte
d'électricité aussi s'additionne à tout ça. Dans ce
sens-là, on croit que ce n'est pas le moment pour Hydro-Québec de
vouloir forcer à la limite la capacité d'augmenter les tarifs et,
en plus, de nous parier d'interfinancement.
Toutes les catégories de tarifs à HydroQuébec sont
rentables. Il y en a qui sont plus ou moins rentables, mais elles sont toutes
rentables. Hydro-Québec ne perd pas d'argent avec aucune des
catégories tarifaires qu'elfe a actuellement. Dans ce
contexte-là, ce n'est quand même pas si mal. Il y a bien des
grandes entreprises, avec des produits diversifiés, qui sont
obligées de prendre de l'argent d'une production pour combler le manque
à gagner d'une autre ligne de production ou d'un autre produit qui, lui,
n'est pas rentable. Dans ce sens-là, Hydro-Québec est tout
à fait au-dessus de la mêlée. Tous ses produits sont
rentables. Ce n'est quand même pas mauvais.
Les investissements, les choix d'investissements d'Hydro-Québec,
j'ai hâte qu'on en reparle en commission parlementaire, au mois de mai,
et longuement, j'espère. On nous disait, tout à l'heure,
qu'Hydro-Québec prévoit des économies d'énergie; ce
n'est quand même pas des grenailles, ce sont 1 800 000 000 $, ça
veut dire que c'est au-dessus de 1000 millions, c'est de l'argent; 1 800 000
000 $ pour économiser 5600 mégawatts, parce que, quelque 12
térawattheures, 12,9 térawattheures, ça se traduit, en
termes de puissance installée dans des centrales, par quelque chose
comme 5600 mégawatts. Alors, 1 800 000 000 $, c'est vrai que c'est de
l'argent en bout de piste, mais c'est peu comparativement aux investissements
globaux qu'Hydro-Québec veut faire pendant la même braquette de
dix ans; 62 000 000 000 $, ça, c'est de l'argent. Savez-vous que 1 800
000 000 $ de 62 000 000 000 $, ça représente quelque chose comme
3 %. Avec 3 % des investissements d'Hydro-Québec au cours des dix
prochaines années, on va économiser 5600 mégawatts. Avec 3
% des investissements et avec, à peu près, toute la
différence, c'est-à-dire quelque chose comme 55 000 000 000 $ ou
56 000 000 000 $ sur les 60 000 000 000 $ qui restent, on va bâtir des
centrales, on va créer des problèmes écologiques, on va
inonder des territoires, on va avoir des compensations à verser pour
dédommagement aux autochtones, etc. et avec ces 55 000 000 000 $, en
gros, de travaux d'"engineering" bien pensés, bien calibrés par
des gens qui connaissent leur job d'ingénieur, on va produire quelque
chose comme 10 800 mégawatts.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député, je vous inviterais...
M. Claveau: ...55 000 000 000 $...
Le Président (M. Bélanger): ...à
conclure.
M. Claveau: Oui, M. le Président. C'est 55 000 000 000 $
de travaux de construction pour 10 800 mégawatts, 1 800 000 000 $ en
économie d'énergie pour 5600 mégawatts. Je pense qu'il
ne
faut pas être sorcier pour comprendre le rapport.
Là-dessus, j'inviterais Hydro-Québec à penser
peut-être plus en termes d'économie d'énergie à
coups de milliards. Si on est capables de mettre 55 000 000 000 $ en
investissement, dans les dix prochaines années, pour construire des
centrales, on serait peut-être capables d'en mettre 8 000 000 000 $ ou 10
000 000 000 $ pour faire plus d'économie d'énergie. Et ça
semble être pas mal plus rentable par kilowatt ou par mégawatt que
peuvent l'être les constructions de centrales et peut-être bien
moins dommageable, à long terme, pour l'ensemble de notre
économie.
Tout ça pour dire, M. le Président, que les augmentations
qui nous sont proposées nous semblent complètement
irréalistes, en dehors de la situation du contexte actuel et qu'on
aurait avantage à discuter globalement toute la problématique
d'Hydro-Québec avant d'accorder quelque sou que ce soit
d'augmentation.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. Mme
la ministre.
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: Alors, M. le Président, au cours des deux
dernières journées, nous avons eu la possibilité
d'interroger les représentants d'Hydro-Québec sur les
modifications qu'ils souhaitent voir apporter à la grille tarifaire de
leur entreprise et, surtout, sur les raisons qui justifient de telles
modifications. Les réponses apportées à mes questions par
les représentants d'Hydro-Québec ont confirmé certains
points qui sont essentiels. Hydro-Québec est confrontée à
plusieurs problèmes résultant, en bonne partie, de
phénomènes conjoncturels qu'il aurait été difficile
d'anticiper, il y a encore un an. Ainsi, les représentants de la
société d'État nous ont longuement exposé l'impact
de la faible hydrauli-cité sur les résultats financiers de
l'entreprise. Nous avons souligné avec force que votre situation
financière vous laisse une marge de manoeuvre plutôt
étroite dans la définition des tarifs, du moins à court
terme. Il me parait effectivement évident que les modifications
tarifaires qui seront finalement autorisées par le gouvernement devront
tenir compte de ce facteur de façon particulière.
À ce propos, je voudrais rappeler combien il est important pour
l'ensemble de notre collectivité que la première de nos
sociétés d'État dispose d'une situation financière
saine, solide, la rendant capable de répondre aux besoins des
Québécois pour les années à venir, et cela, dans le
meilleur intérêt de l'ensemble du Québec. Cependant, nos
discussions d'hier et d'aujourd'hui ont confirmé des
préoccupations auxquelles une attention spécifique doit
être portée.
J'aimerais revenir sur trois d'entre elles fort importantes. Mon premier
souci concerne les consommateurs d'électricité et nous sommes
loin, je pense, de la demande qui avait été faite et
accordée, en 1982, de 17,5 % d'augmentation domestique. Alors, je pense,
M. le Président, que le gouvernement, et je l'ai rappelé hier
après-midi, considère comme essentielle la protection de
l'intérêt des consommateurs. La proposition tarifaire
d'Hydro-Québec, si elle était entérinée,
expliquerait que, cette année et l'année prochaine, les prix de
l'électricité augmenteraient à un rythme plus
élevé que l'inflation. Le gouvernement étudiera avec la
plus grande attention la demande de la société, d'autant plus
qu'au Québec, les prix de l'électricité ont un effet
d'entraînement indéniable sur les prix des autres formes
d'énergie. Sur plusieurs marchés, les tarifs avantageux offerts
aux consommateurs d'électricité ont constitué une pression
à la baisse pour les formes d'énergie concurrentes. Une
augmentation rapide des tarifs d'Hydro-Québec risquerait ainsi de se
répercuter, au moins en partie, sur l'ensemble du marché
énergétique québécois. Hydro-Québec a donc,
en matière de prix, une responsabilité qui excède le seul
secteur de l'électricité et que la société
d'État doit pleinement assumer. C'est également afin de
protéger les consommateurs d'électricité, et
particulièrement dans la conjoncture actuelle, que des
aménagements devront, en plus, être trouvés à la
proposition tarifaire qui nous a été présentée. Je
souhaite, en effet, que les hausses qui seront demandées aux
consommateurs d'Hydro-Québec soient plus également
réparties entre les catégories tarifaires.
Nous avons parlé à plusieurs reprises d'interfinancement,
au cours de cette commission parlementaire. Indépendamment des principes
en cause et des conditions de leur application, je m'interroge
sérieusement sur l'opportunité d'aborder cette question dans la
conjoncture que nous connaissons. En d'autres termes, est-il raisonnable de
demander à certains consommateurs un effort spécifique au titre
de vos objectifs d'interfinancement alors que les hausses de tarif
demandées à l'ensemble des abonnés sont déjà
supérieures à l'inflation. Dans la situation exceptionnelle que
vit, cette année, HydroQuébec, il serait peut-être
légitime de reporter l'application de vos objectifs d'interfinancement
et d'accorder ainsi un répit aux consommateurs visés.
Ma deuxième préoccupation concerne les charges
d'exploitation d'Hydro-Québec et, d'une façon
générale, la situation de la productivité au sein de la
société d'État. Hier et aujourd'hui, nous avons
abordé à plusieurs reprises cette question. Comme je l'ai
déjà souligné, il me semble aller de soi
qu'Hydro-Québec récupère, par une gestion interne
appropriée, une partie de la marge de manoeuvre qu'elle semble avoir
perdue. En termes pratiques, il faudra que la société
d'État mette en place un véritable plan d'action touchant les
frais d'exploitation et
l'amélioration de la productivité et rende des comptes sur
ce dossier. C'est dans ce sens que je formulerai certaines recommandations au
gouvernement.
Une troisième question doit également retenir notre
attention. Il s'agit des économies d'énergie, de la
nécessaire action visant à mieux utiliser notre potentiel
hydroélectrique. Là aussi, de nombreux points ont
été soulevés lors de cette commission parlementaire. Le
souci de mieux utiliser notre électricité rejoint, en fait,
à mon sens, l'objectif de protection des intérêts du
consommateur. En effet, une efficacité plus grande dans l'utilisation de
l'énergie aura pour résultat de réduire la facture
électrique des consommateurs québécois, tout en
améliorant notre autosuffisance. Je m'attends donc à ce
qu'Hydro-Québec fasse preuve d'imagination dans la mise en place des
moyens visant à permettre une meilleure utilisation de l'énergie
électrique.
Pour terminer, je voudrais remercier les représentants
d'Hydro-Québec de leur disponibilité, de la coopération
dont ils ont fait preuve lors de ces discussions. Je suis certaine que cette
commission a fait avancer de façon très positive les
débats concernant la gestion de notre principale richesse
énergétique. Je voudrais remercier mon collègue, le
représentant de l'Opposition, porte-parole de l'Opposition en
matière d'énergie, mes collègues députés des
deux côtés de cette Assemblée et vous aussi, M. le
Président.
Je pense que ces débats reprendront et s'élargiront dans
moins de deux mois, lorsque nous aborderons l'avenir même de
l'électricité au Québec. Nous ne nous servirons pas de
cette prochaine rencontre pour faire le procès d'Hydro-Québec.
J'aimerais replacer ici les discussions que nous aurons, dans deux mois: la
place de l'électricité dans les mandats
énergétiques au Québec, ce sont les mandats que nous avons
donnés à la commission, la situation et l'évolution de la
demande d'électricité au Québec à moyen et long
termes, les orientations et les choix possibles afin de satisfaire
l'évolution de la demande d'électricité au Québec
à moyen et long termes, les moyens en termes de ressources et
d'équipements proposés par Hydro-Québec dans le cadre de
son plan de développement pour accomplir son mandat et fournir
l'électricité nécessaire au Québec et les moyens de
concilier la satisfaction des besoins d'électricité au
Québec, la qualité de l'environnement et le développement
économique durable.
D'ici là, M. le Président, le gouvernement aura
statué sur la demande tarifaire qui est déposée par la
société d'État. Je suis convaincue que la décision
gouvernementale saura tenir compte de tous les éléments que nous
avons discutés ici, au cours de nos travaux.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, Mme
la ministre. Alors, la commission de l'économie et du travail remercie
Hydro-Québec de sa participation, remercie aussi tout le
personnel qui nous a soutenus dans ces travaux et, compte tenu qu'elle a
accompli son mandat, nos travaux sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 13 h 4)