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(Quinze heures trente et une minutes)
Le Président (M. Bélanger): La commission de
l'économie et du travail se réunit afin de procéder
à l'étude de la proposition tarifaire d'Hydro-Québec pour
l'année financière 1990-1991 et d'entendre, à cette fin,
les membres du conseil de direction d'Hydro-Québec. Il est
proposé que la ministre de l'Énergie et des Ressources soit
membre aussi de la commission de l'économie et du travail pour ce
mandat. C'est un ordre de l'Assemblée nationale, alors cela va de
soi.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Il y a un seul
remplacement: Mme Dupuis (Verchères) est remplacée par M. Lazure
(La Prairie).
Le Président (M. Bélanger): Bien. Du
côté ministériel, il n'y a pas de remplacement? Bien.
Alors, il y a un ordre du jour qui a été prévu avec le
temps dévolu à chacun des éléments. Alors, je vais
juste dire, comme remarques préliminaires, que nous nous en tiendrons
rigoureusement au respect de cet horaire-là et que le temps imparti sera
divisé moitié-moitié entre les ministériels et
l'Opposition.
Sans plus de préambule, Mme la ministre, je vous inviterais
à faire vos remarques préliminaires. On a quinze minutes pour les
remarques préliminaires, de part et d'autre.
Remarques préliminaires Mme Lise Bacon
Mme Bacon: M. le Président, nous entamons, aujourd'hui,
l'examen de la proposition tarifaire d'Hydro-Québec. C'est avec beaucoup
d'intérêt que j'aborde l'examen public des demandes de la
société d'État pour la première fois, à
titre de ministre responsable d'Hydro-Québec.
D'entrée de jeu, il me faut souligner que c'est une
responsabilité importante, puisque les activités
d'Hydro-Québec ont des impacts sur les principales facettes de notre vie
collective, et le devoir de la ministre de tutelle est de s'assurer
qu'Hydro-Québec remplisse son mandat.
Le gouvernement s'attend que les consommateurs
d'électricité obtiennent un service de qualité et s'attend
aussi que l'entreprise joue pleinement le rôle de levier
économique qui est le sien et permette aux Québécois de
profiter de l'avantage comparatif que constitue
l'hydroélectricité.
Je vais revenir, dans quelques instants, sur les objectifs que le
gouvernement souhaite prendre en compte dans l'examen de la demande tarifaire
d'Hydro-Québec. Cependant, je voudrais tout de suite insister sur deux
de ces objectifs. En premier lieu, en tant que ministre responsable
d'Hydro-Québec, je veux qu'on prenne en considération la
situation des consommateurs, particulièrement lorsque ceux-ci forment un
marché captif. En second lieu, je souhaite également tenir compte
de la santé financière de l'entreprise. Hydro-Québec, je
l'ai déjà dit, doit avoir une situation financière saine.
Je veux réaffirmer cet objectif, cette volonté, puisqu'il est
nécessaire que l'entreprise dispose de moyens suffisants pour satisfaire
la demande actuelle et future des Québécois. J'aurai l'occasion,
au cours de la commission, de discuter avec HydroQuébec des moyens
d'atteindre et de maintenir cette santé financière.
Ces éléments de base étant posés, j'aimerais
rappeler le contexte dans lequel nous allons procéder à l'examen
des demandes d'Hydro-Québec. Cette année, nous aurons deux
commissions parlementaires. Celle que nous amorçons aujourd'hui nous
permettra d'analyser la proposition tarifaire d'Hydro-Québec à la
lumière des résultats de l'entreprise et de l'ensemble des
éléments de court terme qui conditionnent cette proposition. Nous
tiendrons, au mois de mai, une seconde commission parlementaire où sera
débattu, de la façon la plus complète possible, l'avenir
de l'électricité au Québec.
En effet, à bien des égards, nous sommes à la
croisée des chemins. Le développement de notre secteur
électrique nous conduit à nous interroger sur l'évolution
de nos besoins, sur la meilleure façon de les satisfaire, sur les choix
technologiques que nous devons retenir et, bien entendu, sur la
nécessaire intégration des préoccupations
environnementales dans un concept de développement durable.
Si vous le voulez bien, examinons maintenant les éléments
de conjoncture dans lesquels s'inscrit l'actuelle proposition tarifaire.
Certains éléments conjoncturels sont plutôt difficiles
à contrôler. C'est notamment le cas de l'hydaulicité dont
les effets semblent se répercuter négativement sur la situation
financière de l'entreprise.
Par contre, d'autres variables influençant les coûts sont
directement reliées aux décisions de l'entreprise. Il en est
ainsi des charges d'exploitation. Je dois souligner tout de suite que je suis
très préoccupée par leur évolution à
Hydro-Québec. Je rappelle que, lors de la dernière commission
parlementaire, mon prédécesseur avait demandé à
Hydro-Québec de réduire la
croissance des charges par une productivité plus grande de
l'organisation, afin de soulager les consommateurs québécois. Je
constate que la hausse des charges d'exploitation en 1989 a atteint près
de 15 %, alors qu'Hydro-Québec prévoyait une augmentation de 4 %
l'an dernier.
Il va de soi que le climat de travail, dans toute organisation,
influence directement sa performance. Les négociations pour le
renouvellement des conventions collectives de 90 % des employés
syndiqués ont été entreprises il y a plus d'un an et je
demeure confiante qu'un règlement survienne prochainement. Par la suite,
je m'attends que la productivité connaisse une nette
amélioration, car, enfin, la productivité c'est d'abord et
essentiellement l'affaire de tous les employés d'Hydro-Québec,
syndiqués comme non syndiqués, et je voudrais
qu'Hydro-Québec nous assure que les intérêts des
consommateurs ont la place qui leur revient, c'est-à-dire la
première, dans la recherche d'une solution à ce
problème.
Ces éléments conjoncturels étant
précisés, j'aimerais rappeler les différents objectifs
qui, pour le gouvernement, doivent être gardés en mémoire
lorsque l'on aborde la question des tarifs d'Hydro-Québec. À
maintes reprises et, notamment, dans sa politique énergétique, le
gouvernement a identifié clairement les objectifs qui, à notre
sens, peuvent être pris en compte dans la fixation des tarifs
d'électricité. Il me semble essentiel de les évoquer de
nouveau maintenant, puisque ce sont eux qui devraient nous guider dans
l'analyse de la demande à la société d'État.
Ces objectifs tournent autour de cinq idées essentielles dont
l'application n'est pas forcément facile, puisqu'elle peut nous forcer
à des arbitrages délicats. Pour le gouvernement, les tarifs
doivent être définis en tenant compte de la protection de
l'intérêt des consommateurs, de la position concurrentielle de
l'électricité, de la nécessité d'imputer un juste
prix aux consommateurs, d'une utilisation plus efficace de
l'électricité et de la santé financière
d'Hydro-Québec.
Le premier objectif concerne la protection de l'intérêt des
consommateurs d'électricité. Le Québec a la chance de
disposer de ressources hydroélectriques considérables dont une
partie a déjà pu être aménagée dans des
conditions économiques très satisfaisantes. Grâce à
ce potentiel, grâce aux investissements consentis, les
Québécois possèdent une richesse collective qui contribue
directement à leur qualité de vie. Pour le gouvernement, il est
clair que cet avantage doit être maintenu. Il serait d'ailleurs tout
à fait injuste qu'il n'en soit pas ainsi.
Les consommateurs québécois d'électricité
ont adapté leurs choix énergétiques aux
disponibilités et aux prix qui leur étaient offerts. Plus
particulièrement, les abonnés domestiques ont en grande partie
remplacé par l'hydroélectri- cité les formes
d'énergie qu'ils utilisaient auparavant et qui étaient
achetées à l'extérieur. Il est clair que les consommateurs
qui ont effectué ce choix doivent être protégés, et
ce, d'autant plus lorsqu'ils sont placés dans une situation de
consommateurs captifs. En conséquence, nous devons porter une attention
spéciale à leur situation et à la protection de leurs
intérêts.
Le deuxième objectif retenu vise la position concurrentielle de
notre électricité. La croissance économique du
Québec et son renforcement industriel se sont appuyés fortement
et continuent de s'appuyer sur la disponibilité d'énergie
à faible coût. Dans un monde où la compétition est
de plus en plus exigeante, il apparaît essentiel que nous conservions,
sur le plan des tarifs de l'électricité, les avantages
comparatifs qui nous ont permis d'établir ici certaines activités
industrielles performantes. Pour le gouvernement, les propositions tarifaires
d'Hydro-Québec doivent ainsi être analysées en fonction de
leur impact sur la position concurrentielle québécoise. C'est
effectivement ce qui a été fait au cours des dernières
années.
J'aimerais rappeler que, depuis 1986, la hausse des tarifs
d'Hydro-Québec a été au moins équivalente à
l'inflation. En termes réels, depuis quatre ans, la facture
d'électricité des Québécois n'a donc pas
augmenté. Par ailleurs, HydroQuébec a offert à l'industrie
des formules, comme la stabilisation tarifaire et le partage de
bénéfices et de risques, auxquelles l'accueil a été
très encourageant. Il me semble ainsi essentiel que la
société d'État explique clairement les impacts qu'aurait
la demande qu'elle présente sur la situation des consommateurs et sur la
position concurrentielle de nos entreprises. Pour ma part, c'est dans ce sens
que j'adresserai aux représentants d'Hydro-Québec plusieurs de
mes interrogations.
L'objectif d'un juste prix au consommateur, dans l'examen de la demande
tarifaire d'Hydro-Québec, semble aller de soi. En termes concrets, cela
signifie que chaque abonné doit acquitter les frais qui découlent
du service dont il bénéficie. Cet objectif amène à
s'interroger sur l'inter-financement, c'est-à-dire sur le paiement, par
une catégorie d'abonnés, de frais qui devraient normalement
être imputés à une autre catégorie d'abonnés.
Je compte interroger les représentants d'Hydro-Québec sur cette
question de l'inter-financement et sur leurs intentions à ce sujet. Il
me semble que nous nous entendons déjà sur l'idée selon
laquelle chaque consommateur d'électricité doit acquitter les
coûts liés à sa consommation. L'application de ce principe
doit, cependant, être discutée avec soin. Par exemple, je ne suis
pas sûre que l'on doive demander aux consommateurs résidentiels
d'acquitter les mêmes rendements que ceux qui sont réclamés
aux autres catégories tarifaires.
Dans l'analyse de la proposition tarifaire d'Hydro-Québec, un
quatrième objectif doit être
présent à notre esprit. Cet objectif, c'est celui d'une
utilisation plus efficace de notre électricité. Sur le plan
énergétique, nous disposons, avec
l'hydroélectricité, d'une richesse que beaucoup de monde nous
envie. Il s'agit d'une forme d'énergie renouvelable dont les effets sur
l'environnement font que l'hydroélectricité se compare fort
avantageusement aux autres filières énergétiques
conventionnelles. Cependant, ce n'est pas parce que nous disposons d'une
énergie en abondance que nous devons la gaspiller. Hydro-Québec
met un accent particulier, dans ses nouvelles orientations, sur les
économies d'énergie et sur l'utilisation plus efficace de
l'électricité. La discussion qui commence aujourd'hui devrait
nous permettre de relier cette politique de l'entreprise à la
proposition tarifaire qui nous est présentée.
Promouvoir une meilleure utilisation de l'électricité,
c'est également faire en sorte que la grille tarifaire donne aux
consommateurs le moyen de réagir, d'adapter leur consommation pour le
meilleur intérêt de la collectivité. Je fais
référence ici aux options tarifaires, c'est-à-dire aux
choix qui sont offerts aux consommateurs en termes de tarification, de telle
sorte qu'ils puissent bénéficier d'une facturation plus favorable
s'ils décident d'apporter des modifications à leur mode de
consommation.
Ces choix tarifaires existent déjà pour l'industrie et on
ne peut que féliciter HydroQuébec d'avoir ainsi mis en place tout
un éventail de produits diversifiés. Les programmes de puissance
interruptible, de biénergie, de stabilisation tarifaire ou d'aide
à l'implantation des électrotechnologies sont autant de moyens,
pour les consommateurs industriels, de réduire leur facture
d'électricité en modifiant de façon appropriée les
caractéristiques de leur consommation.
Dans sa politique énergétique, le gouvernement a
clairement souhaité que des choix tarifaires soient offerts à
l'ensemble des consommateurs. À l'exemple de ce qui existe dans
plusieurs pays industrialisés, l'idée est de permettre aux petits
consommateurs d'électricité de réduire leur facture
globale en modulant ou en déplaçant leur consommation.
Il ne semble pas qu'Hydro-Québec ait été en mesure,
dans la proposition tarifaire que nous commençons à discuter
aujourd'hui, d'inclure de tels choix, si l'on excepte le tarif biénergie
résidentiel qui ne s'adresse qu'à un nombre très
limité d'abonnés. Je demanderai donc aux dirigeants
d'Hydro-Québec leurs intentions à cet égard et les moyens
qu'ils entendent prendre afin de mieux diversifier le produit qu'ils offrent
aux petits consommateurs. Il serait regrettable que la société
d'État ne soit pas capable, sur ce dossier, de prendre des engagements
fermes et précis.
Il me reste à aborder le cinquième objectif que nous
devons avoir en tête en examinant la proposition d'Hydro-Québec.
Ce dernier objectif n'est pas le moindre, puisqu'il s'agit de la santé
financière de la société d'État. Pour le
gouvernement - et tous s'accorderont sans peine sur cette préoccupation
- il est primordial que la première de nos sociétés
d'État bénéficie d'une bonne santé
financière. Étant donné la place que détient
Hydro-Québec dans notre économie, il y va de
l'intérêt de l'ensemble de la collectivité
québécoise.
Cette bonne santé est d'autant plus prioritaire que, par ses
activités, Hydro-Québec est confrontée à des
défis considérables. Pour remplir le mandat qui lui a
été confié, la société d'État doit
engager des investissements majeurs dont une partie est financée par des
emprunts. L'entreprise doit se présenter sur les marchés
financiers en bonne position. De plus, la bonne santé financière
d'Hydro-Québec bénéficie directement aux consommateurs.
Elle permet, en effet, à la société d'État de mieux
absorber l'impact d'événements conjoncturels défavorables.
Elle devrait conduire, à terme, à plus de stabilité
tarifaire. (15 h 45)
Si la santé financière d'Hydro-Québec est ainsi un
enjeu de taille, la définition des tarifs en est bien évidemment
l'une des clés. C'est d'ailleurs essentiellement pour sauvegarder et
améliorer cette santé financière, malgré plusieurs
difficultés survenues ou anticipées, qu'Hydro-Québec nous
soumet aujourd'hui une proposition tarifaire dont j'ai déjà
souligné l'ampleur. Ce que nous devons discuter avec les
représentants d'Hydro-Québec, c'est l'évaluation qui est
faite de ces moyens nécessaires. Nous devons également nous
demander si l'accroissement des tarifs constitue effectivement la seule option
envisageable.
L'ordre du jour qui a été retenu va nous permettre
d'aborder successivement les différents dossiers qui
représentent, selon le point de vue d'Hydro-Québec, autant de
dépenses supplémentaires ou de manque à gagner justifiant
la hausse tarifaire qui nous est proposée. Personnellement, j'attends
des représentants de la société d'État qu'ils
identifient clairement devant nous les éléments nouveaux, non
prévus il y a un an, qui ont amené Hydro-Québec à
modifier sensiblement la politique tarifaire telle qu'elle était alors
anticipée. La hausse de ses revenus constitue probablement la principale
réponse de la société d'État aux différents
coûts qu'elle doit assumer. Il ne devrait cependant pas s'agir de la
seule.
Depuis plusieurs années, des questions sont posées
à la société d'État sur sa productivité et
sur les coûts de son fonctionnement. Comme on l'a déjà
souligné ici, les consommateurs québécois ne doivent pas
être les seuls à supporter l'effort demandé par
Hydro-Québec afin de surmonter un certain nombre de problèmes et
de difficultés. Hydro-Québec elle-même doit trouver, dans
sa gestion interne, une partie des réponses aux questions qu'elle
pose.
II est donc normal que la société d'État soit
interrogée sur le niveau de ses charges d'exploitation et sur leur
évolution prévue. Dans un contexte difficile, tel que celui que
nous vivons, ces interrogations sont essentielles. J'ai, pour ma part,
l'intention de questionner spécifiquement Hydro-Québec sur ses
coûts d'exploitation, sur leur montant et sur les politiques de
l'entreprise les concernant.
Voilà donc, M. le Président, rapidement esquissé,
le cadre d'analyse que je vous propose de suivre au cours de ces deux
journées. Comme je l'ai souligné au début de mon
intervention, les objectifs qui viennent d'être rappelés peuvent
nous conduire à des arbitrages délicats, particulièrement
cette année. Le gouvernement n'a pas l'intention de confier un
chèque en blanc à son entreprise, pas plus qu'il ne tient
à lui confier une mission impossible. Avec la collaboration des
représentants d'Hydro-Québec qui, bien sûr, nous est
acquise, nous devrons être en mesure de dégager des informations
pertinentes qui permettront, au gouvernement, j'en suis certaine, de prendre
les décisions les plus conformes à l'intérêt
public.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, Mme
la ministre. J'inviterai maintenant M. le député d'Ungava, qui
est le porte-parole officiel de l'Opposition.
M. Christian Claveau
M. Claveau: M. le Président, en premier lieu je voudrais
souhaiter la bienvenue à MM. Drouin et Boivin ainsi qu'à tout le
personnel qui les accompagne.
Une voix: M. Delisle. M. Claveau: Comment?
Une voix: II y en a un troisième, M. Delisle.
M. Claveau: M. Delisle aussi, évidemment. On m'a
coupé l'inspiration. J'en profite pour saluer aussi la ministre de
l'Énergie et des Ressources qui en est à son premier exercice du
genre et aussi le personnel de son ministère qui est présent ici
aujourd'hui. Enfin, je nous souhaite, à nous tous, que les deux
prochaines journées se déroulent dans un climat serein et
constructif.
Au cours des deux prochaines journées, notre mandat consiste
à étudier la proposition tarifaire d'Hydro-Québec. Au mois
de mai, nous aurons également l'occasion de revenir sur le plan de
développement d'Hydro-Québec, puisque ce dernier fera l'objet
d'une consultation publique. Je voudrais rappeler, à cet égard,
que l'Opposition officielle a collaboré avec la ministre de
l'Énergie et des Ressources, afin de pouvoir tenir cette consultation le
plus rapidement possible. Je rappellerai que, l'année dernière,
nous avions demandé la tenue de consultations publiques sur la politique
énergétique du gouvernement du Québec et sur sa composante
principale, Hydro-Québec. Nous nous réjouissons donc de la
décision de la ministre de l'Énergie et des Ressources d'avoir
accédé à notre demande.
À cet égard, je voudrais également souligner
l'approche positive qu'a adoptée HydroQuébec. J'ai
remarqué, cette année, que les documents d'Hydro-Québec
portent le titre de "Proposition de plan de développement".
L'introduction du mot "proposition" témoigne du respect de l'entreprise
pour la démocratie et donne plus de portée à l'exercice du
mois de mai prochain.
Pour revenir à l'objet même de nos travaux, je rappellerai
que la proposition tarifaire d'Hydro-Québec a surpris un peu tout le
monde, cette année, sur le niveau de ses demandes. Ce dont on parle
aujourd'hui, c'est d'une hausse moyenne des tarifs de 7,5 % applicable le 1er
mai prochain, à laquelle s'additionnerait une nouvelle hausse de 7,5 %
à compter du 1er mai 1991. Dans le secteur domestique, la hausse
proposée atteint 8,5 % pour chacune des deux prochaines années.
Compte tenu de l'introduction de la taxe fédérale, dite TPS, donc
sur les produits et services, le 1er janvier prochain, qui est de 7 %, le
gouvernement du Québec ferait porter à sa population une hausse
de la facture d'électricité de 26 % en l'espace d'à peine
12 mois s'il devait donner suite aux demandes de sa société
d'État.
D'une façon plus concrète, une telle hausse
représente une facture annuelle de 277 $ pour un ménage occupant
un logement moyen chauffé à l'électricité, par
rapport à ce qu'a payé ce même ménage au cours de la
dernière année Nous parions donc d'une hausse de tarifs
considérable. En l'espace d'à peine une année, sort du 1er
mai 1990 au 1er mai 1991, les Québécois verraient augmenter leur
facture d'électricité de 26 % Ni l'augmentation
générale des prix ni l'augmentation des revenus des particuliers
ne s'approchera, même de loin, de cette hausse.
Certaines personnes seront peut-être tentées de comparer la
demande actuelle d'Hydro-Québec aux augmentations de tarifs que nous
avons connues à la fin des années soixante-dix et au début
des années quatre-vingt À ces personnes je rappellerai
qu'à cette époque les besoins de financement des grands travaux
de la Baie James dépassaient la capacité d'emprunt à court
terme d'Hydro-Québec. De 1973 à 1983, la dette à long
terme d'Hydro-Québec est passée de 3 400 000 000 $à 17 800
000 000 $.
Par ailleurs, je rappellerai aussi qu'à cette époque le
prix du pétrole montait tellement que le glissement de la demande vers
l'électricité bon marché menaçait de tourner
à l'avalanche. De 1978 à 1982, le prix du pétrole brut est
passé d'environ 22 $ le baril à près de 50 $ le baril, en
dollars de 1985. Malgré la hausse des tarifs
d'électricité, les Québécois ont fait de
plus en plus confiance à l'électricité, de telle sorte
qu'aujourd'hui environ 70 % dos habitations sont chauffées à
l'électricité et que le taux de pénétration du
chauffage électrique est de 94 % dans la nouvelle construction.
Lorsqu'on regarde les demandes tarifaires d'Hydro-Québec, il faut
constater qu'aucune de ces deux conditions n'existe à l'heure
actuelle.
Dans son mémoire sur la tarification, Hydro-Québec nous
explique que ses charges d'exploitation sont à la hausse en raison,
principalement, de mesures adoptées pour contrer l'effet de la faible
hydraulicité des dernières années et l'introduction de
nouveaux programmes d'amélioration de la qualité du service et
d'économie d'énergie. La ministre de l'Énergie et des
Ressources a d'ailleurs repris à son compte ces éléments
pour répondre à certaines de mes questions.
Soit dit en passant, au sujet du programme d'économies
d'énergie, je me demande si aucune des mesures de ce programme atteindra
une fraction seulement de l'efficacité des hausses tarifaires
demandées par Hydro-Québec qui provoqueraient une restriction
obligée de la consommation d'électricité. Mais je ne veux
pas nier l'impact de ces éléments sur les charges d'exploitation
de l'entreprise. Toutefois, je m'interroge sérieusement sur la
croissance de ces charges d'exploitation depuis 1987 et nous entendons
questionner à fond Hydro-Québec sur les raisons qui justifient
cette croissance.
Par ailleurs, je constate que les demandes d'Hydro-Québec
résultent, pour l'essentiel, d'un jugement apporté sur la
santé financière de l'entreprise. Ainsi, à l'égard
de deux ratios financiers, soit le taux de capitalisation et la couverture
d'intérêt, Hydro-Québec indique sa volonté de
maintenir le premier à 25 % et le second, supérieur à 1 %.
Ces objectifs apparaissent à la loi constituante d'Hydro-Québec
non pas comme une obligation, mais comme une condition à respecter pour
que le gouvernement soit à même d'exiger des dividendes. Mais
aujourd'hui, avec les nouvelles règles comptables du gouvernement, qui
permettent d'inscrire dans les revenus du gouvernement la totalité des
profits d'Hydro-Québec, le respect de ces objectifs n'est pas son souci
premier. Par ailleurs, les prévisions d'Hydro-Québec indiquent
clairement qu'elle ne versera aucun dividende au ministre des Finances au cours
des trois prochaines années, même avec des augmentations de 7,5 %
en moyenne.
Toutefois, une comparaison avec Hydro Ontario pourrait nous
éclairer également. Il faut savoir que le taux de capitalisation
d'Hydro Ontario n'est que de 17 % environ, très loin de ce que maintient
Hydro-Québec depuis quinze ans. Quant à la couverture
d'intérêt, là aussi Hydro Ontario apparaît beaucoup
plus souple. En 1988, la couverture des intérêts d'Hydro Ontario
n'était que de 0,86 comparativement à 1,26 pour
Hydro-Québec.
Il nous reste alors le taux de rendement de l'entreprise à
examiner. De 7 % en 1989, celui-ci tombera à 3,6 % en 1990, si la hausse
tarifaire correspond à l'inflation, pour monter à 7,1 % en 1992,
dans les mêmes conditions tarifaires. Si, par railleurs, la proposition
tarifaire d'Hydro-Québec est acceptée, le taux de rendement sera
de 4,8 % en 1990, 9,7 % en 1991 et 10,9 % en 1992. On peut certes comprendre la
direction d'Hydro-Québec de vouloir présenter à son
actionnaire un meilleur taux de rendement. Il appartient toutefois à ce
dernier de fixer le rendement qu'il exige. Par ailleurs, il est bon de rappeler
qu'en 1986 et 1987 Hydro Ontario affichait un taux de rendement de l'ordre de
5,5 %.
En somme, à l'égard du taux de rendement, la situation de
l'entreprise n'est vraiment difficile qu'en 1990, puisque après son taux
de rendement revient à son niveau de 1989, et ce, même si la
hausse des tarifs n'est que de 4,5 %, soit le niveau de l'inflation.
En somme, l'examen de ces trois ratios financiers nous indique
qu'Hydro-Québec est en bonne santé financière, du moins
lorsqu'on compare sa situation avec celle d'Hydro Ontario. Dans de telles
conditions, il apparaît difficile à l'Opposition officielle
d'accepter une augmentation des tarifs aussi forte que celle
demandée.
Enfin, Hydro-Québec revient cette année avec une
proposition de réduire l'interfinance-ment entre les clientèles.
Je ne conteste pas, à ce stade-ci, les calculs d'Hydro-Québec
pour me démontrer que les clients du secteur domestique et ceux de la
grosse industrie sont avantagés par rapport aux deux autres. Je voudrais
cependant indiquer que cette demande d'Hydro-Québec revient chaque
année, et ce, depuis 1985, à ma connaissance.
Exception faite de l'année dernière où la hausse de
tarifs n'a pas été la même pour toutes les
clientèles, le gouvernement ne s'est jamais véritablement
attaqué à ce problème. Pourtant, le contexte
économique y était plus favorable et il n'y avait pas la taxe
fédérale sur les produits et les services en vue. Il faut donc
conclure que, jusqu'à présent, il s'est relativement bien
accommodé de cet interfinancement.
Je rappellerai aussi que les clients du secteur domestique sont les
seuls touchés par la TPS, puisque les entreprises
bénéficieront de crédits d'impôt pour la TPS
payée sur les intrants. Compte tenu de ce fait, il m'apparaît donc
totalement injustifié de hausser les tarifs d'Hydro-Québec
davantage pour les petits consommateurs qui, de toute façon, à
cause de la TPS, verront leur facture d'électricité grimper
davantage.
Finalement, il faut aussi noter qu'aucune clientèle n'occasionne
de perte pour HydroQuébec. Toutes les clientèles sont
rentables;
certaines plus que d'autres, peut-être, mais toutes rentables
quand même. Jusqu'à cette année, Hydro-Québec nous
indiquait que sa politique à l'égard des tarifs consistait
à éviter les chocs brutaux et qu'à cette fin elle calquait
sa politique tarifaire sur l'évolution générale des prix.
À cet égard, la proposition tarifaire qui nous est
présentée cette année marque un tournant. Les demandes
d'Hydro-Québec sont nettement supérieures au taux d'inflation
prévu.
Dans le cas des petits consommateurs, ceux du secteur domestique, compte
tenu de l'application de la TPS à partir du 1er janvier 1991, la
proposition d'Hydro-Québec représente une augmentation de 26 % de
la facture d'électricité. L'Opposition officielle comprend
très bien que l'application de la TPS n'est pas la responsabilité
d'Hydro-Québec. Un fait demeure toutefois les consommateurs devront
payer cette taxe.
Dans ces circonstances, il apparaît d'ores et déjà
acquis que nous nous opposons à une volonté de réduire
l'interfinancement entre les clientèles. Quant au niveau
général de la hausse des prix de l'électricité, le
niveau moyen de 7,5 % nous apparaît trop élevé. Ce niveau
ne nous apparaît pas non plus correspondre à la véritable
santé financière d'Hydro-Québec. En effet, celle-ci semble
jouir d'une bonne santé financière lorsqu'on la compare à
Hydro Ontario.
Nous reconnaissons toutefois que l'entreprise fait face à
certaines difficultés, notamment à l'égard de
l'hydraulicité. Dans ces circonstances, nous comprenons la
nécessité, hélas, de hausser éventuellement les
tarifs. Une hausse correspondante à l'évolution
générale des prix nous apparaîtrait, à la limite,
davantage conforme à la réalité financière
d'Hydro-Québec et aux objectifs énoncés
antérieurement par l'entreprise.
Enfin, une telle hausse serait davantage respectueuse de la
capacité de payer des Québécois dans cette conjoncture de
plus en plus difficile. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, M. le
député d'Ungava. Maintenant, j'inviterais les
représentants d'Hydro-Québec à faire leur
présentation. Vous avez une heure pour ce faire. Si vous vouliez, dans
un premier temps, vous identifier et identifier vos collègues, aussi.
(16 heures)
Présentation d'Hydro-Québec M. Richard
Drouin
M. Drouin (Richard): Merci, M. le Président. Mme la
ministre, MM. et Mmes les membres de la commission, mon nom est Richard Drouin,
président du conseil et chef de la direction d'Hydro-Québec;
à ma droite, Claude Boivin, président et chef de l'exploitation
et, à ma gauche, André Delisle, vice-président de la
planification générale à Hydro-Québec.
Chaque année, a peu près à la même
période, Hydro-Québec se présente devant une commission
parlementaire à l'Assemblée nationale pour présenter les
orientations de son plan de développement et expliquer ses demandes
tarifaires. Cette procédure fait partie d'un processus public qui permet
à Hydro-Québec d'expliquer sa situation et ses orientations
à court et à long terme, qui permet aux députés de
l'Assemblée nationale d'interroger Hydro-Québec et de formuler
leurs recommandations à la ministre de l'Énergie et des
Ressources et qui permet au gouvernement du Québec de prendre des
décisions éclairées quant à l'approbation des
orientations d'Hydro-Québec, notamment en matière de tarifs et de
développement de l'entreprise.
La ministre a annoncé, le 14 février, que ce processus
serait modifié en 1990 par la tenue d'audiences publiques de la
commission parlementaire de l'économie et du travail à compter du
8 mai prochain. Ces auditions porteront sur le développement à
long terme de l'électricité au Québec. Hydro-Québec
a accueilli cette décision avec enthousiasme et entend collaborer
activement aux travaux de cette commission. Nous nous sommes de plus
engagés à intégrer les orientations qui seraient retenues
par le gouvernement dans notre prochain plan de développement.
Afin de bien traduire notre volonté, il me fait plaisir de vous
annoncer qu'Hydro-Québec a entrepris la préparation d'un
mémoire en vue de la commission parlementaire du 8 mai prochain. Notre
mémoire abordera chacun des cinq thèmes qui constituent le mandat
dévoilé par la ministre de l'Énergie et des Ressources,
à savoir la place de l'électricité dans les besoins
énergétiques du Québec, la situation et l'évolution
de la demande d'électricité au Québec, les orientations et
le choix possible de développement, les moyens proposés par
Hydro-Québec et, enfin, le développement durable. Notre
mémoire précisera les choix possibles et les contraintes qui nous
ont amenés à retenir les solutions centrées,
équilibrées qui apparaissent dans notre proposition de plan de
développement.
Les décisions que nous devrons prendre, suite à la
commission parlementaire du 8 mai prochain, afin d'être en mesure de
répondre aux besoins de notre clientèle à long terme,
n'auront que très peu d'impact sur notre situation actuelle et nos
coûts de fourniture pour les trois prochaines années. En effet,
sur les 13 000 000 000 $ d'investissements qui sont prévus de 1990
à 1992, il n'y a environ que 1 000 000 000 $ qui seront consacrés
à des équipements destinés à répondre
à la demande à long terme. Si nous sommes invités à
comparaître, au cours des deux prochains jours, devant cette commmission
de l'Assemblée nationale, c'est donc pour nous permettre de vous
expliquer la
situation actuelle d'Hydro-Québec et de répondre à
toutes vos questions relatives à notre demande tarifaire pour les deux
prochaines années.
Si nous examinons sur un horizon de trois ans les orientations contenues
dans notre plan de développement de l'an dernier et dans la proposition
de plan de développement qui vous est soumise cette année, nous
remarquons que les facteurs d'augmentation de coûts se rattachent
principalement à trois objets: un, la qualité du service, deux,
le démarrage d'un grand projet d'efficacité
énergétique et, trois, la faible hydraulicité.
Nos engagements de 1989 en matière d'amélioration de notre
réseau ont commencé à se réaliser et à
produire des résultats concrets quant à la continuité du
service. Nos programmes d'amélioration du réseau et du service
à la clientèle ont été précisés et
les budgets qui y sont rattachés ont été
révisés à la hausse de 1 900 000 000 $ pour atteindre une
somme totale de 4 200 000 000 $. Ces décisions augmenteront nos
coûts de fourniture mais nous permettront d'offrir à notre
clientèle, d'ici à 1995, une alimentation aussi fiable que celle
des meilleurs entreprises canadiennes d'électricité, ainsi qu'un
service à la clientèle d'excellente qualité. Nous allons
de plus augmenter la formation de nos employés et renforcer nos
critères de fiabilité.
Les prochaines années seront aussi caractérisées
par le lancement et la mise en oeuvre d'un très vaste programme
d'efficacité énergétique. Ce projet constitue notre
réponse aux attentes exprimées par un nombre croissant de
consommateurs qui souhaitent réduire leur consommation
d'électricité tout en maintenant leur qualité de vie et le
rendement de leurs appareils électriques.
Toutes nos catégories de clients seront invitées à
souscrire à plusieurs programmes qui leur permettront
d'économiser l'énergie et de réduire ainsi leur facture
d'électricité. Ces programmes, qui nécessiteront des
investissements importants au cours des trois prochaines années,
permettront de ralentir la croissance de la demande et de faire une meilleure
utilisation de nos précieuses ressources hydroélectriques
actuelles et disponibles pour de futurs aménagements.
La faiblesse de l'hydrauiicité, c'est-à-dire des
précipitations de pluie et de neige, que nous avons connue pour une
sixième année consécutive en 1989 constitue le
troisième élément qui a eu un impact majeur sur notre
proposition de plan à court terme. Nous avons en effet
enregistré, en 1989 seulement, un déficit d'accumulation d'eau
équivalant à plus de 25 milliards de kilowattheures. Ce manque
d'eau nous a d'abord contraints à réduire et même à
interrompre nos ventes dans tous les marchés où c'était
possible en vertu de nos contrats. Nous avons interrompu nos ventes
d'énergie excédentaire sur les marchés externes et au
Québec.
Puis, l'automne dernier, nous avons dû racheter pour un an nos
contrats de biénergie industriels, institutionnels et commerciaux. Nous
avons dû redémarrer l'exploitation continue de la centrale
thermique de Tracy et importer de l'électricité de nos
partenaires canadiens et américains à plusieurs reprises.
Cette situation nous oblige à prolonger l'utilisation des moyens
exceptionnels en 1990, même si nous retrouvons une hydraulicité
moyenne. Hydro-Québec devra par conséquent assumer, en 1990, des
charges supplémentaires de l'ordre de 212 000 000 $. De fait, même
si, au cours des trois prochaines années, nous bénéficions
de précipitations correspondant à la moyenne historique, l'impact
financier des trois facteurs que je viens de décrire, à savoir la
qualité du service, les économies d'énergie et la faible
hydraulicité, sera responsable de la majeure partie de l'augmentation de
nos coûts de plus de 1 000 000 000 $ de 1990 à 1992, par rapport
au plan de développement de l'an dernier.
L'augmentation de ces coûts ne peut être absorbée par
Hydro-Québec parce que le redressement de notre marge de manoeuvre,
entrepris au cours des dernières années, a été
considérablement ralenti par la conjoncture que je viens de vous
décrire et les moyens mis en oeuvre pour y faire face. Il est donc
essentiel de continuer à appliquer notre politique tarifaire visant
à refléter les coûts de fourniture.
Nos objectifs financiers demeurent les mêmes que ceux que nous
avons formulés au cours des trois dernières années. Leur
atteinte nous apparaît essentielle pour nous permettre de maintenir la
santé financière de l'entreprise et d'offrir un produit de
qualité tout en continuant d'exercer notre responsabilité d'agent
de développement économique du Québec. Les hausses
tarifaires que propose Hydro-Québec sont établies, comme toutes
les entreprises de services publics, sur la base des coûts moyens de
fourniture, c'est-à-dire toutes les dépenses requises pour
produire, transporter et distribuer l'électricité à notre
clientèle québécoise, incluant les charges, les
intérêts sur la dette et un rendement normal sur l'avoir
propre.
Nos ventes sur les marchés externes n'ont pas d'incidence sur les
coûts de fourniture à nos clients du Québec. Nos clients
externes paient, pour l'électricité qu'ils achètent
d'Hydro-Québec, des prix qui dépassent largement les coûts
d'alimentation de ces contrats. Je vous rappelle qu'au cours de la
décennie quatre-vingt les ventes d'énergie excédentaire
sur les marchés externes nous ont procuré des revenus de plus de
5 000 000 000 $. À long terme, l'impact de nos ventes sur les
marchés externes sera très positif et nous permettra de
générer des revenus importants qui seront versés au
gouvernement ou réinvestis dans nos projets, réduisant ainsi leur
coût pour notre clientèle québécoise.
Dans la conjoncture actuelle, l'application intégrale du principe
des coûts de fourniture et le respect de nos autres critères
financiers auraient entraîné des hausses de l'ordre de 20 % en
1990. Nous avons donc proposé de réduire cet impact en
recommandant des hausses tarifaires moyennes de 7,5 % au cours des deux
prochaines années. Notre proposition s'inscrit dans l'orientation
approuvée par le gouvernement du Québec et mise en oeuvre en
1989, qui vise à ce que chaque catégorie de clients assume la
totalité des coûts de fourniture et contribue, en proportion
égale à son importance, aux revenus et aux
bénéfices de l'entreprise. Cette orientation, qui relève
tant de l'équité que du bon sens commercial, incitera toutes nos
catégories de clients à faire un usage plus rationnel de
l'électricité et à souscrire au programme
d'économies d'énergie que nous leur proposons.
En bref, nous sollicitons la collaboration de toute notre
clientèle du Québec pour mieux répondre à ses
besoins en énergie tout en maintenant la rentabilité
financière de l'entreprise. Dans ce monde où la
compétition grandit et où les ressources
énergétiques constituent un bien de plus en plus précieux,
nous devons tous apprendre à mieux consommer et être plus
productifs.
La productivité constitue d'ailleurs, depuis plusieurs
années, un objectif majeur d'Hydro-Québec. À la fin de
1989, avec un effectif permanent de 19 252 employés, soit environ 700
employés de moins qu'au 1er janvier 1983, nous desservions 3 086 000
clients, soit 521 000 clients de plus qu'en 1983, et exploitions tous les
équipements additionnels implantés et mis en service pour assurer
leur alimentation. À cette productivité globale, nous souhaitons
maintenant ajouter la productivité individuelle de tous nos
employés et c'est cet objectif qui est au coeur des négociations
que nous poursuivons avec nos trois principaux syndicats, métiers,
bureaux et techniciens, depuis plus de quinze mois.
Nos ressources humaines sont indispensables à l'atteinte de nos
objectifs. C'est pourquoi nous accorderons beaucoup d'importance, au cours des
prochaines années, à l'amélioration de leur formation,
à l'enrichissement de leurs tâches, au développement des
habiletés de nos gestionnaires et à l'implantation d'outils
technologiques qui augmenteront la performance de tous nos employés.
Toutes ces mesures prévues dans notre proposition de plan de
développement entraînent des prévisions d'augmentation de
charges qui sont supérieures à l'inflation et à celles qui
apparaissent au plan de développement déposé en 1989.
Cependant, si l'on soustrait de ces prévisions les coûts
reliés aux nouveaux éléments de notre proposition, dont
les trois facteurs que j'ai expliqués précédemment, on
constate que nos charges, calculées sur une base identique à
celle de 1989, n'augmentent que d'environ 7 % par an en moyenne pour les trois
prochaines années. Ramenées à une base unitaire, les
charges d'exploitation par kilowattheure vendu, qui s'élèvent
à environ 0,01 $, augmenteront en trois ans à un rythme qui est
inférieur à la croissance prévue du taux d'inflation.
Nous croyons donc que notre proposition tarifaire est juste et
équilibrée et qu'elle nous permettra d'honorer les engagements
que nous avons pris à l'endroit de notre clientèle
québécoise, en vue de lui assurer un service fiable et de
qualité, de répondre aux besoins de toute nos catégories
de clients à des prix très compétitifs, d'inciter toute
notre clientèle québécoise à augmenter son
efficacité énergétique en souscrivant aux
différents programmes d'économie d'énergie qui seront mis
en oeuvre au cours des prochaines années et de diminuer ainsi l'impact
des hausses tarifaires qui sont proposées et, enfin, d'atteindre les
objectifs de notre politique tarifaire.
M. le Président, je voudrais maintenant inviter M. André
Delisle, notre vice-président à la planification
générale, à vous présenter plus en détail
l'ensemble de notre proposition de plan de développement. (16 h 15)
M. André Delisle
M. Delisle (André): D'abord, le contexte du plan de
développement de cette année. Le plan présume un
règlement favorable du conflit de travail. D'abord, règlement
favorable quant au temps, puisque c'est important, en fait, que le
fonctionnement normal de l'entreprise reprenne le plus rapidement possible pour
la réalisation de nos objectifs; aussi, règlement favorable quant
aux conditions de travail elles-mêmes puisque le plan de
développement, en fait, présume une efficacité
renouvelée, si on peut dire.
L'année dernière, la direction supérieure de
l'entreprise avait donné une impulsion en matière de
qualité de service, de façon à atteindre de nouveaux
objectifs, des objectifs plus importants à cet égard-là.
En fait, l'année 1989 aura été une année où
on aura eu simplement des premiers résultats à cet
égard-là. Ce sera l'année 1990, vous le comprendrez bien,
à la suite du règlement des conventions collectives, qui sera
l'année véritable de lancement. En ce qui concerne l'offre et la
demande, il y a un resserrement de la situation; on y reviendra abondamment par
la suite dans la présentation.
En ce qui concerne la restauration de la marge de manoeuvre
financière, elle s'avère plus difficile que prévu, on vous
en a parlé antérieurement avec la présentation de M.
Drouin. En fait, la faible hydraulicité, les nouveaux standards de
qualité de service et nos programmes en matière
d'économies d'énergie expliquent cette difficulté qu'on a
au niveau de la restauration de notre marge de manoeuvre financière.
Autre élément de contexte: une commission parlementaire
élargie sur nos projets de développement. À cet
égard-là, on va présenter un mémoire, comme il a
été mentionné antérieurement, lors de la prochaine
commission parlementaire. En matière de qualité de service,
d'abord, notons un certain nombre d'éléments. Ici, sur la
diapositive, vous avez un indice de continuité, en fait, qui est
constitué du nombre d'heures d'interruption en moyenne par client. Ce
qu'on remarque, c'est qu'au cours des années 1987 et 1988, au niveau du
réseau de distribution, on a constaté une
détérioration de notre situation. Cette
détérioration-là, on s'en rappellera, a été
causée d'abord par un certain nombre de surcharges sur notre
réseau de distribution, causées, vous le savez, par la forte
croissance de la demande qui, en fait, a été de 50 %, entre 1982
et 1989. Aussi, la température n'avait pas été tellement
clémente pendant cette période.
L'année 1989, la situation se restaure sensiblement tant au
niveau du réseau de distribution qu'au niveau du réseau de
transport, en excluant les pannes générales. En fait, quand on
additionne les heures d'interruption en 1989 à ces deux
niveaux-là, ça fait un total de 6,5 heures. C'est la meilleure
performance d'Hydro-Québec, au cours des dix dernières
années, en termes de continuité de service. Il faut dire qu'une
partie de cette performance-là est due aux grèves qui ont
entraîné moins d'interruptions programmées sur le
réseau et également à la température qui a
été plus clémente cette année que normalement.
Cette bonne performance au niveau du réseau de distribution et de
transport a été masquée, jusqu'à un certain point,
par la panne générale du 13 mars 1989 qui, comme vous vous le
rappellerez, a été causée par un orage magnétique.
Si bien qu'au total notre performance globale, en termes de continuité
de service, s'est terminée à 14,6 heures d'interruption, en
amélioration légère par rapport à 1988.
Face à cette situation - et c'est en bas, à droite que
vous allez trouver l'information - dans un premier temps, l'entreprise a
décidé de se donner des nouveaux standards de qualité et
de service. La population appelle cette amélioration de standards.
Ainsi, nous voulons viser, pour l'année 1995, à un indice
d'interruption, un indice de continuité de service de 4 heures
comparativement aux 5,5 heures dont je viens de parler. C'est le niveau
d'interruption constaté chez la moyenne des entreprises canadiennes,
excluant Hydro-Québec.
D'autres engagements précis sont également pris dans le
plan de développement. Au niveau des taux de réponses aux appels
téléphoniques, Hydro-Québec vise à un niveau de
réponses de 92 % pour l'année 1992; 96 % au niveau des
relevés réels de compteurs, en 1992 également. Comme vous
le savez, des relevés peuvent également être faits de
façon automatique. En fait, les factures peuvent réellement
être faites de façon automatique sans relevés réels,
ce qui, au moment où on fait les relevés réels, indispose
nos clients.
En ce qui concerne les taux de diffusion des versements égaux, un
objectif de 35 % pour l'année 1992 encore. Ici, c'est dans le but de
permettre aux personnes qui se chauffent à l'électricité
d'avoir une facture d'électricité un peu plus constante dans le
temps.
Autre engagement en matière de qualité de service:
raccourcissement des délais de raccordement de nos clients. En
l'année 1989, HydroQuébec s'est donné de nouvelles normes
à cet égard-là. Ainsi, à l'horizon 1991, on vise
à appliquer la majeure partie de cette norme-là au niveau du
réseau aérien alors qu'en 1992 on voudrait l'appliquer
globalement, y compris pour le réseau souterrain. Également,
dès cette année, on vise à aviser nos clients au moins 24
heures à l'avance dans tous les cas d'interruption programmée de
plus d'une heure.
De façon à atteindre ces objectifs ou ces
résultats, Hydro-Québec a un plan d'action en quatre volets. Le
premier volet concerne la priorisation des activités de base. D'abord,
l'entreprise s'affaire à la correction d'un certain nombre d'anomalies
constatées au niveau de ses postes. En ce qui concerne les travaux hors
tension, on tâche de mieux coordonner ces travaux-là de
façon à interrompre moins nos clients à cet
égard-là. En matière d'émondage, on augmente nos
budgets et on adopte des méthodes qui permettent d'avoir un meilleur
rendement par dollar investi.
Au niveau du rattrapage, en fait, action à laquelle je faisais
allusion tout à l'heure, l'entreprise, l'année dernière, a
lancé trois programmes: un premier programme d'amélioration de la
qualité du service, PAQS 2, qui concerne surtout une amélioration
de la qualité du service au niveau de la distribution; un autre,
PAQS-Clien-tèle, qui concerne la qualité du service au niveau de
nos relations avec la clientèle et un dernier, le PAM, programme
d'amélioration de la maintenance, qui concerne le réseau de
transport. Comme je le mentionnais tantôt, le plan de
développement, l'année passée, évoquait ces
programmes-là. Par contre, dans le cas de PAQS-Clientèle et de
PAM, les sommes n'avaient pas été fixées au moment de la
confection du plan de développement et, d'ailleurs, on en avait fait
état, ici, lors de la commission parlementaire.
Troisième volet, l'entreprise veut se donner un nouveau standard
de qualité de service, comme je le mentionnais tantôt. Il y a
quatre facteurs qui nous permettent d'atteindre ces nouveaux standards.
D'abord, des nouveaux critères de conception en transport.
L'année dernière, on en avait parlé, d'ailleurs. Les
sommes étaient incluses dans le plan de développement. C'est
essentiellement la compensation série qu'on veut installer sur notre
réseau et, d'ici à 1993-1994, on va investir 1 300 000 000 $
à cet égard-là.
Deuxième facteur, un nouveau critère de conception
également, mais pour la distribution en souterrain. L'entreprise veut
que son réseau souterrain soit constitué de façon à
être plus robuste et, à cet égard-là, va implanter
des nouveaux critères de conception tant au niveau des nouveaux
aménagements en souterrain qu'au niveau de la réfection des
aménagements actuels.
Troisième facteur, la fiabilité en énergie. Compte
tenu, d'une réévaluation des probabilités de
délestage à la suite, notamment, de ce qui est arrivé dans
les dernières années avec la faible hydraulicité,
l'entreprise est plus à même, à cet égard-là,
de, maintenant, définir de nouveaux critères, si bien qu'on
présente des nouveaux critères de fiabilité en
énergie qui vont mieux tenir compte des probabilités de
délestage qui existent au cours des prochaines années.
Quatrième facteur, la fiabilité en puissance. On
révise nos critères de réserve en puissance pour mieux
tenir compte de l'expérience des dernières années en ce
qui concerne les taux de panne.
Enfin, quatrième volet et non le moindre, qui va surtout donner
lieu à des travaux au cours de la prochaine année mais qui
devrait habiter, qui devrait influencer énormément le plan de
développement de l'année prochaine, ça concerne la
productivité et une amélioration supplémentaire de la
qualité de service. S'ap-puyant sur les actions prises au cours des deux
dernières années au niveau de ses cadres et aussi des
résultats, espérons-le, des négociations collectives
actuelles, l'entreprise veut se donner de nouveaux objectifs à cet
égard-là. La ligne de force de l'action de l'entreprise va
concerner une plus grande responsabilisation de notre personnel, une
amélioration de la productivité individuelle de nos
employés, de même que la recherche de résultats
précis dans le cadre d'une plus grande responsabilisation, comme je le
mentionnais tout à l'heure.
L'ensemble de ces actions ont des effets financiers estimés au
tableau que vous avez devant vous à 4 200 000 000 $ d'ici à 1996;
ce sont essentiellement les sommes qui sont concernées par les volets 2
et 3 énumérés antérieurement. Ces sommes se
comparent à 2 300 000 000 $ pour les mêmes volets l'année
passée. C'est 1 900 000 000 $ de plus que ce qu'on avait anticipé
l'année dernière. Essentiellement, ça s'explique par les
critères en souterrain et ça s'explique aussi par le programme
PAM. Comme je vous le mentionnais tantôt, ces programmes étaient
évoqués l'année passée dans notre plan de
développement mais ils n'avaient pas été
quantifiés.
Ces éléments également, il faut le remarquer, n'ont
pas d'impact sur notre capacité de production comme telle, donc sur nos
ventes, mais ont un impact majeur sur notre standard de qualité de
service. Remarquons que c'est un programme très ambitieux que de vouloir
réaliser l'ensemble de ces travaux au cours des prochaines
années.
Au niveau de l'offre et de la demande, une première orientation
de court terme. L'entreprise vise à reconstituer sa réserve
énergétique pour être en mesure de pallier à la
poursuite éventuelle d'un cycle de faible hydraulicité. On se
rappellera que la situation de faible hydraulicité actuelle, où
on fait face à 91 térawattheures d'apport inférieur
à une situation normale, est une situation qui n'est pas nouvelle,
jusqu'à un certain point, puisque, pendant la période 1960-1963,
l'entreprise aurait eu des apports de 98 térawattheures
inférieurs à la moyenne, si on avait eu le même parc de
production qu'actuellement. À l'inverse, on a eu aussi des
périodes de forte hydraulicité. Ainsi, au cours de la
période de 1979-1982, c'est 82 térawattheures au-dessus de la
moyenne, ce qu'on a connu, en termes d'apport.
Il est important de bien comprendre la planche qui vous est actuellement
présentée, si vous voulez vraiment bien comprendre la
problématique d'Hydro-Québec. Ici, c'est le niveau des
réservoirs qui est indiqué sur ce graphique. À 100, bien
entendu, nos réservoirs sont remplis entièrement. Ce qu'on peut
voir aussi, c'est qu'à l'intérieur d'une année
donnée le niveau des réservoirs varie de façon importante.
Ainsi, à l'automne, nos réservoirs sont à leur maximum;
par contre, vers le mois de mai, ils sont à leur plus bas, après
l'hiver, période au cours de laquelle les apports sont moins importants
puisque l'eau est en neige ou en glace.
Ce qu'on peut voir, c'est que, pendant la période 1985-1986,
même si on a connu une période de faible hydraulicité, le
niveau de nos réservoirs s'est maintenu à un niveau assez
acceptable puisque, à cette période, on avait encore les surplus
de la phase 1 de la Baie James qui nous permettaient de combler ces manques
à gagner en termes d'hydraulicité. Par contre, dans la
période de trois ans qui suit, malgré le fait que l'entreprise
ait commencé à prendre des mesures exceptionnelles comme racheter
des contrats de vente d'énergie excédentaire sur les
marchés québécois et interrompre ses ventes
d'énergie excédentaire à l'étranger, importer,
à partir de 1988, faire fonctionner Tracy en base partir de 1989,
racheter la biénergie pour cette année, on voit que,
malgré cette situation, le niveau de nos réservoirs a
diminué graduellement au cours de ces trois années.
Dans le futur, à partir de 1990, on a trois courbes qui
correspondent à différents scénarios
d'hydraulicité: hydraulicité forte, en vert; hydraulicité
moyenne, en jaune; hydraulicité faible, en rouge. L'ensemble de ces
courbes inclut les moyens exceptionnels dont il a été fait
mention antérieurement. Dans un scénario d'hydraulicité
moyenne ou dans un scénario d'hydraulicité forte, l'entreprise
devrait inter-
rompre ces mesures exceptionnelles, en fait, l'automne prochain, une
fois qu'on aura bien connu la crue du printemps et les apports d'eau de
l'été. Par contre, dans un scénario d'hydrau-licité
faible, même si on va continuer les mesures exceptionnelles pendant tout
l'horizon de prévision, et ces mesures-là vont impliquer 850 000
000 $ à l'horizon 1992, le niveau de nos réservoirs, on le voit,
diminue un petit peu graduellement malgré, bien entendu, qu'on soit en
position pour faire face à la demande québécoise. (16 h
30)
Une chose qu'on doit noter, c'est vraiment la situation un peu
difficile, jusqu'à un certain point, en ce qui concerne la planification
dans ce domaine-là puisque, advenant un scénario fort d'apport
d'eau, à l'horizon 1992, on parle, en fait, de réservoirs qui
vont être remplis à plus de 90 %. On peut même penser que,
pendant certaines périodes de l'année, on va vendre
l'excédentaire. Également, on peut penser qu'à certains
moments donnés, on pourrait même déverser, au cours de
certains mois, si l'eau arrivait concentrée dans certaines
périodes plus restreintes alors qu'advenant un scénario
d'hy-draulicité faible, malgré les sommes engagées, on
voit que notre niveau de réservoir est de moins de 10 % à
l'horizon 1992.
En ce qui concerne la puissance, comme on l'a mentionné,
l'entreprise a révisé ses critères de fiabilité en
puissance et notre réserve augmente un peu au cours des années,
compte tenu de ce facteur-là. Par rapport à ce niveau de
réserve qui est requis pour faire face aux différents
aléas qu'on a sur nos équipements, etc., on voit qu'il y a un
léger déficit de réserve en puissance qui est
prévu. Par contre, l'entreprise a déjà commencé
à envisager un certain nombre de mesures exceptionnelles en ce qui
concerne tant l'achat de puissance auprès de réseaux voisins que
d'ententes particulières avec certaines industries, ou encore le
fonctionnement de certains groupes, au-delà des puissances nominales,
pour certaines périodes temporaires, et ce, sans même utiliser
l'abaissement de tension qui, comme vous le savez, est un moyen qui est
largement utilisé en Amérique du Nord. Donc, un léger
déficit qui ne nous préoccupe pas beaucoup.
Au niveau du long terme, il y a une orientation fondamentale qui a trois
volets qui se réfèrent à trois choix fondamentaux que la
société québécoise a à faire. D'abord,
HydroQuébec propose d'intégrer dans son plan de
développement les économies d'énergie qu'il est possible
de réaliser à des coûts inférieurs à
l'alternative hydraulique. Donc, on propose d'investir 1 800 000 000 $ pendant
les dix prochaines années, de façon à inciter les
Québécois à réaliser ces économies
d'énergie.
Le deuxième choix qu'Hydro-Québec propose, c'est
concernant le choix du moyen de production. En fait, nous
réitérons que la ressource hydraulique est le meilleur choix pour
les Québécois en ce qui concerne les 18 800 mégawatts
économiquement aménageables. Pourquoi? Pour des raisons
économiques. Par exemple, dans le cas de Grande Baleine, ce sont des
équipements qui peuvent être mis en place à des coûts
inférieurs de 30 % du nucléaire. Aussi, pour des raisons
environnementales, on aura juste à penser aux déchets
nucléaires, dans le cas de l'option nucléaire, ou encore au Co ,
au So ou au Nox dans le cas des moyens de production thermique
Troisième orientation, Hydro-Québec réitère
que c'est bon pour elle et pour le Québec de continuer de
développer des marchés d'exportation rentables. C'est donc bon de
devancer les équipements qui seraient autrement nécessaires pour
le Québec parce que, d'abord, ça rapporte au moins 22 % de
rendement sur notre avoir propre; parce que, deuxièmement, ça
crée des retombées économiques très importantes et,
troisièmement, parce que ça permet le retour de ces
équipements-là, à la fin des contrats, au
bénéfice des Québécois, à des coûts
inférieurs à ce qu'ils auraient été autrement.
Avant d'entrer un peu plus profondément dans ces choix-là,
regardons un peu ce qui s'est passé du côté de notre bilan
d'offre et de demande. D'abord, en 1989, la demande s'est avérée
2,2 térawattheures plus élevée que ce qu'on avait
prévu au dernier plan, à 127,6 térawattheures plutôt
que 125,4. Essentiellement, de ces 2,2 térawattheures,
c'est-à-dire 1,9 térawattheure, c'est la température
très froide des mois de novembre et décembre qui en est la cause.
Donc, à toutes fins pratiques, en 1989, on est pile dessus.
Pour ce qui est de 1999, il y a plusieurs changements. D'abord, à
l'horizon 1999, un plus grand nombre de ménages, de 60 000 à 70
000, qui résulte principalement d'une révision de notre solde
migratoire au cours de la période, d'ici à cette
année-là, ce qui induit 1,9 térawattheure de plus de
demande à l'horizon 1999. Également, vous n'êtes pas sans
savoir que, d'ici à 1999, il va y avoir plusieurs alumineries qui vont
s'établir sur le territoire et qui vont induire une demande de 13,3
térawattheures de plus, à l'horizon 1999, qu'en 1990. Ça
implique 6,2 térawattheures de plus de consommation pour ce
secteur-là, à l'horizon 1999, que ce qu'on avait prévu
dans le plan de l'année passée.
Compte tenu que les alumineries utilisent, en partie, la marge de
manoeuvre industrielle qu'on avait, il nous faut aussi restaurer, en partie,
notre marge de manoeuvre industrielle et c'est ce qui explique la majeure
partie des 4,5 térawattheures que vous voyez au tableau. Ça nous
amène donc à une demande totale de 174,1 térawattheures
à l'horizon 1999. Il s'agit d'une demande brute, puisqu'il y a d'autres
corrections qu'on va voir sur les autres planches. La demande brute est en
hausse de 12,6 térawattheures
par rapport à ce qu'on prévoyait l'année
dernière.
Le plan, comme on l'a vu tantôt, propose des interventions
nouvelles en matière d'économies d'énergie. Ces
interventions-là vont réduire la demande de 9
térawattheures. Si on ajoute à ces 9 térawattheures les
3,9 térawattheures qui étaient déjà inclus dans
notre plan, parce qu'on avait déjà inclus un certain nombre
d'économies d'énergie tendancielles, qui sont des
économies d'énergie qui se font dans l'économie au fur et
à mesure des décisions des gens, parce que les gens
achètent des équipements qui sont plus efficaces, ce sont 12,9
térawattheures, 12 900 000 000 de kilowattheures, qui vont être
par l'action des gens et d'Hydro-Québec en matière
d'économies d'énergie dans cette période de dix ans.
Ça nous amène donc à une demande de 165,1
térawattheures, ce qui est 4,9 térawattheures de plus que la
demande qu'on avait l'année passée et qu'on a vue à la
planche antérieure. Si on continue, donc, au net, sur les marchés
québécois, pour l'année 1999, on parle de 4,9
térawattheures de plus de demande. Vous vous rappellerez que le contrat
avec le Maine a été annulé. Ça vient compenser un
peu cette demande supplémentaire, ce qui fait un net de 2
térawattheures de plus au niveau de nos marchés à
satisfaire.
L'année 1989, par contre, comme on l'avait d'ailleurs
prévu dans le plan de développement de l'année
passée, a été une année où on a
réexaminé fondamentalement notre situation au niveau de notre
offre. De cet examen résulte un certain nombre de conclusions. D'abord,
la "produc-tibilité" du parc existant a été
révisée à la baisse, ce qui fait 2,9 térawattheures
de plus de besoins à satisfaire. En fait, elle est révisée
à la baisse pour tenir compte, bien entendu, de l'expérience de
la faible hydraulicité des six dernières années, mais
aussi pour tenir compte d'un historique plus grand et de méthodes plus
sophistiquées d'analyse.
Également, rehaussement de la fiabilité
énergétique, on l'a vu antérieurement, pour mieux tenir
compte des probabilités de délestage. Encore là, ça
suscite 3,5 térawattheures de besoins supplémentaires à
satisfaire puisque l'entreprise a choisi de produire un excédent de 3,5
térawattheures qui, dans les périodes de moyenne
hydraulicité ou de forte hydraulicité, seraient vendus comme
excédentaires mais qui, dans les périodes de faible
hydraulicité, serviraient à compenser les problèmes de
faible hydraulicité.
Par ailleurs, le plan anticipe un recours plus grand à la
cogénération, pour 2 térawattt-heures, et certains autres
ajustements divers. Donc, 7,8 térawattheures de plus de besoins à
satisfaire, au total, pour l'année 1999, c'est énorme. Par
contre, l'année 1989, comme on l'avait prévu, a été
une année où on a essayé, jusqu'à un certain point,
de revirer toutes les pierres et de refaire un petit peu notre examen complet
en vue de faire face aux années quatre-vingt-dix.
Le premier choix, qu'on mentionnait tantôt, concernait
l'efficacité électrique. C'est une des principales innovations
qu'il y a dans le plan de développement de cette année. En fait,
le plan fait état de 29 actions en matière d'économies de
l'énergie, actions qui vont susciter, chez les consommateurs, un
éclairage de plus haute efficacité, une meilleure isolation
thermique, un plus grand recours à des technologies industrielles
efficaces, etc. Donc, c'est très important.
On continue, par ailleurs, notre action en ce qui concerne la gestion de
la pointe. Vous le savez, la gestion de la pointe, ça consiste à
déplacer la consommation dans le temps et on a un certain nombre de
programmes à cet égard-là: la puissance interruptible, la
biénergie etc. Alors, on continue notre action à cet
égard-là.
Au niveau des économies d'énergie, on l'a vu tantôt,
il y a 12,9 térawattheures qui sont anticipés à cet
égard-là. Il y a 1 800 000 000 $ d'investis. Notons, à
partir de cette planche-ci, que - on le voit dans le secteur domestique - il y
a une contribution plus grande. On parle de 4,7 térawattheures en 1999
sur un total de 9, bien que les montants investis soient moins importants.
Cette situation est notamment causée par le fait qu'il y a un potentiel
plus grand et moins coûteux d'économies d'énergie au
secteur résidentiel.
Les mesures que propose Hydro-Québec en matière
d'économies et de gestion de la pointe sont très importantes. Une
façon de s'en rendre compte, c'est de regarder, au niveau de la
puissance, leur impact. On parle, à l'horizon 1999, de besoins de pointe
de 2500 mégawats de moins, compte tenu de ces mesures là, alors
que la gestion de la pointe induit 3200 mégawatts d'économie de
moyens. Donc, au total, c'est plus de 5500 mégawatts. C'est important
puisque c'est la puissance actuelle utilisée sur l'île de
Montréal.
Une façon de qualifier l'effort proposé, c'est de se
comparer. En Ontario, la croissance de leur demande brute, en fait, est
prévue être de 44,9 térawattheures. Donc, on prévoit
que la demande brute va passer de 139,2 à 184,1 térawattheures
pour 44,9 térawattheures. Ils vont satisfaire 10 térawattheures
de cette croissance-là avec leur programme d'économies
d'énergie à l'horizon 2000. C'est 22,3 % de contribution des
programmes d'économies d'énergie à la réduction de
la croissance de la demande. Au Québec, le chiffre équivalent
est, en fait, 19,4 %, si on exclut, dans la croissance de la demande, les
alumineries. On les exclut parce que le potentiel d'économies
d'énergie auprès de ces entreprises-là est quand
même réduit, puisqu'elles arrivent à la fine pointe de la
technologie notre pourcentage est de 35,3 % de contribution dans notre
programme d'économies d'énergie. C'est 25, 5 % au
comblement des besoins pendant cette période-là.
Encore là, une façon de juger notre action, c'est de
comparer notre prévision de la demande. Après le programme
d'économies d'énergie et en excluant les alumineries, on parle
d'un taux de croissance de la demande de 2 % au Québec. Ça se
compare à 2, 1 % en Ontario, à 2, 1 % en Nouvelle-Angleterre,
à 1, 7 % à New York, à 1, 9 % en Pennsylvanie, New Jersey,
Maryland. Donc, c'est comparable.
Au niveau du programme d'équipement maintenant. Le plan de cette
année identifie 18 800 mégawatts de potentiel économique,
c'est-à-dire de potentiel plus rentable, économiquement et
environnementalement parlant, que le nucléaire. C'est 800
mégawatts de plus que ce qui avait été identifié
l'année dernière, vous vous en rappellerez, la raison en
étant que le Haut-Saint-Maurice fait maintenant partie du potentiel
économique, ce qui n'était pas le cas l'année
passée. On remarque également que Grande Baleine et NBR, en fait,
représentent plus de 60 % de ce potentiel-là, ce qui est
très important.
Au niveau des débuts de mises en service prévus, voyons
d'abord les projets engagés. On va se concentrer principalement sur les
devancements. C'est LA 1 qui est devancé de 1995 en 1994 et Brisay de
1995 à 1993. Vous vous rappellerez que ces décisions-là
avaient été annoncées au printemps passé
après le dévoilement du plan de développement.
Au niveau de l'équipement de pointe, le plan fait état de
750 mégawatts d'équipement de pointe, à partir de 1992,
pour La Citière. Je dois vous dire que, depuis le temps, il y a eu un
changement puisque Hydro-Québec en est arrivé à une
entente avec le Nouveau-Brunswick pour importer de la puissance, ce qui va
certainement, pour 1992, en fait, remettre en cause nos projets à La
Citière. Par contre, l'établissement de 300 mégawatts
à Bécancour est toujours prévu. (16 h 45)
Quant aux projets futurs, voyons d'abord les devancements. Les roues de
Manic 5 sont devancées de 1994 à 1991; sur l'équipement de
Manic 3, de 1997 à 1996; Laforge 2, de 1996 à 1995; Eastmain 1,
de 2004 à 1996, et NBR, de 2004 à 2001, dans un scénario
cible. Par contre, le projet Sainte-Marguerite, qui était prévu,
l'année passée, pour 1998, est maintenant prévu pour
l'année 2000, alors que le complexe Ashuapmushuan n'est maintenant
retenu que dans un scénario fort.
La planche suivante permet de voir un des choix qui se présentent
à la population québécoise à l'égard des
exportations. La courbe en jaune, sur la planche, ou en pointillé, sur
la copie de papier, c'est la demande globale à laquelle
Hydro-Québec aurait à faire face dans un scénario cible si
on arrêtait toute signature de contrat d'exportation, c'est-à-dire
si on se limitait à 2350 mégawatts d'exportation. L'autre ligne,
en bleu ou en foncé, sur votre copie de papier, ce sont les besoins
à satisfaire par Hydro-Québec, si on continue de poursuivre
l'objectif d'exportation de 3500 mégawatts. C'est un des choix majeurs.
On voit que si on va à 3500 mégawatts, NBR et Sainte-Marguerite
sont des équipements qui servent de façon importante à
réaliser cet objectif. Par contre, même si on ne fait pas
ça, Grande Baleine est la clef, dans le fond, pour le moyen terme,
puisqu'on en a besoin à partir de l'année 1998 et, même en
1997 et en 1996, on fait un peu de soutirage dans nos réservoirs, de
façon à combler les besoins de la demande.
Dans un scénario fort, il y a, bien entendu, le complexe
Ashuapmushuan et le Haut-Saint-Maurice, qui sont ajoutés aux
équipements qui seraient mis en production, également NBR, qui
est devancé de 2001 à 2000 et Sainte-Marguerite, qui est en 1999,
pour faire face aux besoins prévus. Aussi, les économies
d'énergie sont plus importantes, dans un scénario fort, puisque
les coûts marginaux sont plus élevés. Donc, on a un espace
plus grand pour faire des subventions: la demande étant plus grande, le
potentiel d'économies d'énergie est plus grand. Malgré
ça, on voit que, de 1995 à 1998, dans un scénario fort, on
fait du soutirage dans nos réservoirs pour satisfaire les besoins
prévus et je pense que ça, ça met encore plus en
lumière l'importance de Grande Baleine dans nos scénarios de
prévisions, d'autant plus que, si Grande Baleine n'est pas là, il
faut voir que cet équipement-là devra être remplacé
par des équipements plus coûteux.
Au niveau des décisions ou des dates importantes de début
de travaux dans les prochaines années, il y en a plusieurs. Je vous
mentionne simplement qu'en décembre 1990 il nous faut débuter nos
travaux sur le complexe Grande Baleine, pour être en mesure de l'avoir
dans le scénario cible, tel qu'on le prévoit, en 1998, alors
qu'au niveau de Sainte-Marguerite, de la rivière Sainte-Marguerite il
nous faut aussi commencer les travaux à la fin de 1990, pour pouvoir
compter sur ce complexe-là, dans un scénario fort, en 1999.
Il est certain que la mise en valeur de 18 800 mégawatts
d'équipement a des impacts importants sur l'environnement et l'un des
défis d'Hydro-Québec, c'est justement d'intégrer cette
mise en valeur à...
Une voix:...
M. Delisle: Excusez-moi. L'un des défis
d'Hydro-Québec, c'est donc d'intégrer ces
équipements-là à l'environnement. D'abord, rappelons-nous
que le territoire occupé non exclusivement par les équipements
dont il vient d'être question passerait de 1 % à 2 % du territoire
québécois, si l'on mettait l'ensemble de ces 18 800
mégawatts en place.
Les études environnementales menées à
Hydro-Québec permettent de conclure qu'au point de vue climat, eaux
souterraines, habitat, ressources fauniques la mise en place de ces
équipements-là ne devrait pas avoir de conséquences
importantes, compte tenu qu'on fait des études d'impact, projet par
projet, et compte tenu qu'on prend les mesures d'atténuation requises.
Par contre, au niveau de l'organisation et de la structuration du territoire,
au niveau des économies régionales, au niveau du mode de vie des
autochtones, il y a des effets significatifs et un des enjeux, c'est une
concertation avec les populations visées de façon à
régler ces problèmes-là.
Au niveau de notre leadership technologique et des retombées
économiques, seulement deux acétates pour vous rappeler que le
plan propose, en fait, l'engagement de 467 000 000 $ de dépenses au
cours des trois prochaines années aux fins technologiques. De ce
montant-là, il y a 342 000 000 $, soit 73 %, qui sont directement
axés sur les besoins d'Hydro-Québec en cette matière, dont
156 000 000 $ sont directement reliés à la qualité du
service. Notons aussi qu'au niveau des filières à long terme et
de la prospective on parle de 61 000 000 $ d'engagements. Par contre, dans ces
secteurs, il faut que vous voyiez que la stratégie
d'Hydro-Québec, c'est de partager les risques à cet égard
avec des partenaires externes.
Au niveau des emplois soutenus, le plan de cette année
prévoit une augmentation importante des emplois par rapport à ce
qui était prévu l'année passée. On parle de 13 300
en 1990 et de 19 000 en 1991. Aussi, une autre façon de le voir, c'est
que les emplois soutenus par HydroQuébec, en 1990, à 80 000
emplois, représentent 18 000 emplois de plus qu'en 1989.
En ce qui concerne la finance et la tarification, voyons d'abord les
investissements. 62 000 000 000 $ d'investissements au cours des 10 prochaines
années. Ici, on est en dollars courants. Des investissements en
croissance importante puisqu'on parlait d'un peu plus de 2 000 000 000 $
d'investissements, en 1989, et qu'on va parler de plus de 8 000 000 000 $
d'investissements, en 1999. En dollars constants, la perspective change un peu,
mais, quand même, ça demeure très important. À
partir de 1991, on parle de 4 000 000 000 $ d'investissements en termes
réels pendant toutes ces années-là. Ce que vous voyez en
rouge sur les bâtonnets, c'est la croissance des investissements cette
année. Ça va représenter un défi technologique et
opérationnel important pour Hydro-Québec et ses partenaires et
aussi un défi financier, puisqu'il faut financer une grande partie de
ces investissements-là. Par contre, on voit, au bas des graphiques, que
les investissements de 1978 représentaient 160 % do nos produits totaux,
c'est-à-dire de nos ventes totales, alors qu'à l'horizon 1999,
ça ne devrait représenter que 40 % de nos produits totaux, si
bien que défi financier, oui, mais défi réalisable.
Au cours des trois prochaines années, on parle de 13 165 000 000
$ d'investissements Ici, il y a beaucoup de chiffres. J'aimerais simplement
attirer votre attention sur un chiffre. Pendant cette période-là,
il va y avoir 1 000 000 000 $ d'investissements qui vont être
reliés à des équipements de base qui vont venir en
production après 1995. Donc, donner son aval à l'ensemble des
investissements prévus par Hydro-Québec, ce n'est pas
compromettre les choix qu'on a à faire comme société pour
le futur, c'est plutôt donner son aval à un nouveau standard de
qualité de services et, bien entendu, à la satisfaction des
contrats qu'Hydro-Québec a signés, à venir jusqu'à
maintenant, principalement avec des sociétés
québécoises.
Ce chiffre-là, de 13 000 000 000 $ d'investissements pour les
trois prochaines années, est en croissance importante par rapport
à ce qui était prévu pour la même période
l'année passée. On parle de 2 576 000 000 $ de croissance de nos
investissements pour les trois prochaines années. Il y a un chiffre,
encore, sur lequel j'aimerais attirer votre attention. 2 045 000 000 $ de cette
croissance-là sont dus à nos activités en matière
de transport et de production. Sur ce montant là, les seuls
investissements qui vont venir influencer nos coûts de fourniture pour
les années 1990 et 1991 sont ceux reliés au suréquipement
de Manie 5 parce que la TAG dont il est question sera en service en 1992 et les
autres équipements, la turbine à gaz dont il est question - le
mot TAG veut dire turbine à gaz - entre en production en 1992, alors que
LA 1 et Brisay, c'est par la suite.
Pour l'ensemble de la période de 10 ans, 1990-1999, on parle de
12 500 000 000 $ d'investissements de plus que...
Le Président (M. Bélanger): Excusez. Avant
d'aborder cette phase, il vous reste cinq minutes.
M. Delisle: Oui. Il n'y a pas de problème. Le
Président (M. Bélanger): D'accord.
M. Delisle: ...12 500 000 000 $... En fait, il m'en reste sept ou
huit parce qu'on a commencé à 16 h 3.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): On ne négociera
pas, on va y aller pour sept ou huit.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Delisle: Donc, on parle de 12 500 000 000 $
dïnvoslissomonls de plus quo l'année dernière: 745 000 000 $
sont reliés au programme PAM, 998 000 000 $ sont reliés au
programme d'économies d'énergie sur les 1 800 000 000 $
qu'on engage à cet égard; 1 748 000 000 $ sont reliés
à la réfection de centrales, soit principalement Beauharnois, et,
au niveau de la distribution, on parle de 1 285 000 000 $, mais c'est 957 000
000 $, pour l'essentiel, en fart, qui sont reliés au souterrain.
Face à l'ensemble de ces chiffres, dans le fond, qu'est-ce qui
fait que nos coûts de fourniture augmentent? Il y a beaucoup
d'investissements, il y a beaucoup d'activités, mais nos coûts de
fourniture, comme vous le savez, sont reliés aux actifs et aux
activités qui sont nécessaires pour produire l'énergie qui
est consommée maintenant. En fait, le tableau qui est ici nous permet de
voir cet aspect de la question. La faible hydraulicité explique 212 000
000 $ de l'augmentation de nos coûts de fourniture pendant ces trois
années. On voit qu'il y a des impacts structurels, qui comportent nos
mesures relatives à la qualité de service, à la
fiabilité en puissance, à la révision de la
produc-tibilité, aux mesures relatives aussi au programme
d'économies d'énergie, etc., qui font qu'au total on parle de 1
075 000 000 $ de plus pendant ces trois années. Ce sont donc ces sommes
qui expliquent l'augmentation de nos coûts de fourniture pendant la
période.
Remarquons que le montant de 430 000 000 $ qui figure pour
l'année 1992 est l'équivalent de 7 % de croissance de nos
coûts de fourniture pour l'année 1992. Ces coûts de
fourniture se divisent, comme vous le savez, en charges d'exploitation et en
autres charges. Les autres charges concernent les importations, les
amortissements et les taxes. L'entreprise a beaucoup plus de prise, comme vous
le savez, sur les charges d'exploitation. Nos charges d'exploitation sont
prévues augmenter de 12 % à l'horizon 1990. Par contre, une fois
normalisées, c'est de 6,4 % dont il s'agit. On peut voir, à la
diapositive suivante, qu'en termes de charges d'exploitation par kilowattheure
vendu - ici, on est en dollars constants tout au long de la période - si
on se réfère aux charges d'exploitation totales, on voit que
notre ratio va passer de 0,018 $ par kilowattheure, sur nos ventes totales,
à 0,0115 $ en 1992. Par contre, si on normalise ces chiffres pour
enlever un certain nombre d'éléments spéciaux que sont les
économies d'énergie, l'intensification de la formation et les
mesures reliées à la qualité du service, on voit que nos
charges d'exploitation par kilowattheure vendu vont passer de 0,017 $, en 1989,
à 0,01 $, en 1992. C'est un défi très important de
réaliser cette performance.
Si on se compare à d'autres, il est certain que l'effort qui a
été fait dans le passé par l'entreprise a
été très important. On peut le voir. Nos coûts
moyens totaux, en fait, ont crû de 0,0313 $, en 1984, à 0,0322 $,
en 1988. C'est 0,7 % de croissance moyenne pendant cette période.
Ça se compare à 2,4 % pour la moyenne canadienne, excluant
Hydro-Québec.
Hydro-Québec demande des augmentations de tarifs de 7,5 % et 7,5
% sur deux ans. Pourquoi dans le contexte actuel? Ici, ce graphique vous permet
de voir ces raisons. C'est qu'avec une augmentation de tarifs de 7,5 et 7,5 -
ici, c'est la partie de droite des différentes sections du graphique -
on voit que nos ratios financiers, en 1992, se rapprochent des minimums que
l'entreprise poursuit à l'exception du taux de couverture des
intérêts qui, lui, à 1,19, dépasse nos ratios
minimums. Par contre, on voit, à la colonne de gauche de l'année
1992, que, s'il n'y avait pas ces augmentations de tarifs, mais que
plutôt les augmentations de tarifs étaient celles qu'on a
prévues dans le plan de l'année passée, on serait bien en
dessous de ces critères minimums, notamment 22 % de taux de
capitalisation et 22 % de taux d'autofinancement, ce qui est nettement
insuffisant dans le contexte présent, compte tenu des risques auxquels
on a à faire face en ce qui concerne la faible hydraulicité.
Aussi, à la planche suivante, on peut voir que les objectifs
poursuivis cette année en termes financiers, pour l'année 1991,
se comparent avec les objectifs qu'on poursuivait l'année passée,
si bien que les hausses de tarifs supplémentaires qu'on demande sont
là pour faire face aux éléments exceptionnels qu'on a
mentionnés antérieurement. (17 heures)
Nos hausses de tarifs sont proposées comme devant être
différenciées, suivant les catégories tarifaires. Encore
là, pourquoi, dans le contexte actuel, faire une telle proposition? On
peut voir ça à la planche suivante. C'est qu'on fait 42 % de nos
ventes au secteur domestique et on en tire seulement 14,5 % de nos
bénéfices. Aux secteurs G et M, petite et moyenne puissance, on
parle de 28 % de nos ventes au total, pour 73,9 % de nos
bénéfices. Pour des raisons d'équité, aussi en vue
d'inciter une plus grande efficacité énergétique, puisque
des prix justes incitent les gens à consommer l'énergie de
façon rationnelle, et suivant notre bon sens commercial, nous proposons
une telle stratégie.
Les hausses proposées devraient amener des augmentations
d'environ 8 % à 8,5 % pour la majorité de nos clients. Ces
hausses devraient représenter, pour quelqu'un qui se chauffe à
l'électricité - et c'est la dernière ligne du tableau -
une hausse de 6,96 $ par mois, en moyenne. Quant à l'aspect
compétitivité de nos tarifs, on voit qu'au 1er mai 1989 on
était très compétitifs et il est de notre intention de
continuer à l'être après, puisque les autres aussi vont
augmenter leurs tarifs. Par exemple, Hydro Toronto augmente ses tarifs de 8,8 %
au secteur domestique, pour l'année 1990.
La politique proposée par Hydro-Québec, au niveau de
l'interfinancement, en est une qui ferait en sorte qu'Hydro-Québec se
comporterait un peu comme la très grande majorité des
entreprises nord-américaines à cet égard, puisque
le tableau, ici, indique le rapport du prix relatif aux secteurs
résidentiel et petite puissance. On voit que seules les villes de
Montréal et d'Ed-monton s'éloignent de l'unité, comme
rapport, alors que les autres sont près de l'unité. Ici, un ratio
qui est égal à l'unité est un ratio qui ne comporte pas
d'interfinancement.
Hydro-Québec doit faire face à des risques importants. Le
principal concerne la faible hydraulicité. On a vu que l'entreprise
engage des dépenses importantes, cette année, même en
présumant l'hydraulicité moyenne au cours des prochaines
années. On parlait de 212 000 000 $ de dépenses
influençant nos charges. Au total, c'est 314 000 000 $, comme on voit
ici, dans le tableau, puisqu'on a aussi un certain manque à gagner
relié au rachat de la biénergie. Par contre, dans un
scénario de faible hydraulicité, c'est 853 000 000 $ qu'il
faudrait engager, à l'horizon 1992. C'est très important comme
risque. Si on avait la forte hydraulicité, par contre, on parlerait de
553 000 000 $ pour améliorer notre situation financière. Comme le
plan de développement le mentionne, il est clair qu'il nous faut, dans
la prochaine année, analyser les mécanismes qui permettraient de
réduire ce risque-là, tant pour l'entreprise que pour les
contribuables.
Enfin, au niveau de la mobilisation des ressources humaines - et c'est
la dernière diapositive - c'est donc une stratégie très
très importante pour Hydro-Québec de tenter de mobiliser son
personnel, au cours des prochaines années, de façon probablement
plus importante que ça n'a été fait dans le passé.
À cet égard, une des stratégies les plus importantes du
plan de développement consiste en l'élaboration d'un plan de
mobilisation des ressources humaines pour les années
quatre-vingt-dix.
Je vous remercie.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. Nous
passons maintenant à une période de questions. Je vous
demanderais, chaque fois que vous avez à répondre à une
question, de bien vouloir vous identifier, et ceci, pour les fins de
transcription du Journal des débats. Mme la ministre?
Éléments de court terme relatifs
à l'offre et à la demande
Mme Bacon: Merci, M. le Président. En effectuant un rapide
relevé des plans de développement, depuis 1984, on
s'aperçoit que, pour chaque plan, Hydro-Québec avait
sous-estimé la demande québécoise de l'année en
cours. Si on donne un exemple, en 1984, les ventes régulières qui
étaient prévues étaient de 88,2 térawatt-heures;
elles furent de 91 térawattheures, soit une erreur de 3 %. Les
sous-estimations ont varié entre 0,5 térawattheures et 3,9
térawatt- heures, pour une moyenne de 2,7 térawattheures chaque
année.
J'aurais trois questions. Je vais vous les poser tout de suite et vous
donnerez vos réponses. Dans cette optique-là, quelle
fiabilité pouvons-nous accorder à vos prévisions de 126,2
térawattheures pour 1990? Qu'avez-vous fart, au cours des
dernières années, pour améliorer vos prévisions?
Et, troisième question: Quels seraient les impacts financiers nets pour
l'entreprise de ventes supérieures ou de ventes inférieures aux
prévisions?
M. Drouin: M. Delisle va répondre à cette
question-là, Mme la ministre.
M. Delisle: En fait, il faut voir que le scénario de
prévisions moyen de l'entreprise, c'est une série de points sur
un graphique. C'est simplement une série de points. Quand on regarde le
futur, oui, on fait ce scénario de prévisions, mais on en fait
d'autres aussi. On fait un scénario faible et on fait un scénario
fort de prévisions. Par exemple, à l'horizon 2006, entre le
scénario faible et le scénario fort, il y a 1 000 000 de
population d'écart II y a 500 000 ménages d'écart. Il y a
40 térawattheures d'écart. Donc, le futur prévisible pour
nous, ce n'est pas une ligne, c'est, en fait, un entonnoir. D'accord.
La probabilité que la prévision de la demande soit dans
cette plage-là, elle est probablement de plus de 90 %, mais elle n'est
pas absolue encore là. Donc, Hydro-Québec, par rapport au futur,
ce qu'elle doit faire, compte tenu du fart que la croissance économique
et la croissance de la demande, c'est le résultat de milliards et de
milliards de décisions d'individus et que personne ne peut
prétendre être capable de prévoir ça avec une
certitude absolue, c'est faire en sorte d'avoir la flexibilité de faire
face à ces différents scénarios. On doit être
capables, en fait, de faire face à un scénario faible et à
un scénario fort.
Et c'est comme ça qu'on répond à votre question.
C'est qu'on ne peut pas, nous, garantir non plus la réalisation d'un
scénario moyen, d'autant plus qu'on sait que ce n'est pas ça qui
va arriver. Ça va se produire à 90 % dans l'intervalle que je
mentionnais. Et, deuxièmement, compte tenu de cette
circonstance-là, on essaie d'être en mesure de faire face à
tous les scénarios qui se présentent. C'est ce qu'on fait,
d'ailleurs. Regardez, après sept ou huit ans de croissance
économique, on vient de connaître une faible hydraulicité
où on a perdu 91 térawattheures par rapport à la moyenne.
On regarde les trois prochaines années. On dit: II va y avoir des
alumineries qui vont venir au Québec, etc. On dit. Il faut faire face
à la situation et même si on a un scénario de faible
hydraulicité On l'a démontré tantôt sur les
graphiques. On est capables de faire face à la situation. Donc,
c'est,
je pense, la réponse à cet égard-là.
Mme Bacon: Je n'ai pas l'impression que j'ai une réponse
complète, M. Delisle, si vous me permettez.
M. Delisle: C'est un autre volet, je crois, hein!
Mme Bacon: On parlait tantôt d'erreur de 3 %. Vous dites
que vous êtes à 90 % fiables. On était à 97 %
fiables, quand on parlait d'erreur de 3 %. Qu'est-ce qui a été
fait - c'est ça ma question - au cours des dernières
années, pour améliorer vos prévisions? Vous me parlez de
méthodologie, mais est-ce qu'on a fait davantage pour ça?
M. Delisle: Je pense que c'est certain qu'Hydro-Québec,
à cet égard-là, s'améliore comme n'importe qui,
avec les ordinateurs maintenant, alors qu'il n'y a pas tellement longtemps, en
fait, les prévisions ne se faisaient pas du tout avec ces
mécanismes-là. Si vous regardez les supports qu'on a maintenant,
même du secteur privé, pour mieux connaître
l'économie, pour mieux connaître, en fait, toutes les composantes
de la demande, etc., c'est clair qu'Hydro-Québec est à la fine
pointe de la technologie et que, compte tenu de ça, on a des moyens qui
sont sans doute beaucoup plus efficaces que ce qu'on avait avant.
M. Drouin: Si je peux ajouter, M. le Président,
là-dessus, en 1989, les prévisions se sont avérées,
effectivement, à peu près conformes à la
réalité. N'eût été le facteur de froid pour
la période de décembre, les prévisions tombaient à
peu près pile.
Mme Bacon: II y a quand même des impacts financiers pour
votre entreprise sur des ventes qui sont supérieures ou des ventes qui
sont inférieures aux prévisions que vous faites. Vous parlez de
nouveaux outils, de nouvelles possibilités pour que ce soit plus juste,
plus précis, mais quels sont les impacts? Etes-vous capables de trouver
quels sont les impacts financiers nets pour votre entreprise s'il y a des
ventes supérieures ou inférieures aux prévisions? Je n'ai
pas l'impression qu'on me répond.
M. Delisle: Oui, mais j'ai l'information, parce que j'avais
répondu seulement au premier volet de votre question. En fait, si on
avait le scénario fort, en 1990, plutôt que d'avoir le
scénario moyen, on aurait 80 000 000 $ de revenus
supplémentaires. Par contre, il faut que vous soyez conscients qu'on a
notre risque hydraulique, qu'on a mentionné tantôt, qui, en fait,
grandirait d'autant. Par contre, si on avait à faire face à un
scénario faible plutôt qu'à un scénario moyen, en
1990, on parle de 60 000 000 $ de revenus inférieurs, mais, encore
là, à ce moment-là, notre risque hydraulique serait
réduit puisqu'on pourrait accumuler plus d'eau dans nos
réservoirs. Donc, pour l'année 1990, on parie de 80 000 000 $
d'un côté, et de 60 000 000 $ de l'autre, mais
pondérés par le risque hydraulique.
Mme Bacon: Quand on écoute vos explications, il
apparaît, évidemment, qu'à partir d'un
événement, qui est un événement conjoncturel, quand
on parie de faible hydraulicité des dernières années, la
société d'État met quand même en place, cette
année, une série de mesures, qui sont des mesures structurelles,
qui sont extrêmement coûteuses. Je fais, bien entendu,
référence à la révision des critères de
fiabilité, de même qu'à une réévaluation de
la productivité du parc de production. Vous avez procédé
à la révision de critères de fiabilité en
énergie et en puissance. Est-ce que vous pouvez élaborer sur ces
nouvelles mesures et nous indiquer les coûts qui sont associés
à cette mise en place?
M. Neveu (Gilbert): Mon nom est Gilbert Neveu, je suis directeur
de la planification de l'exploitation du parc d'équipement. Concernant
la révision des critères de fiabilité en énergie,
ce qui a été décidé au cours des dernières
années, c'est qu'on a constaté qu'on avait eu la conjonction,
finalement, de deux aléas extrêmement importants, à savoir
les aléas sur l'hydrau-licité, dont on a parié tout
à l'heure, et l'aléa sur la demande. Alors,
antérieurement, HydroQuébec avait l'habitude de faire sa
planification en fonction des aléas d'hydraulicité de
façon à se prémunir contre les aléas
d'hydraulicité de l'ordre de 100 térawattheures et, finalement,
compte tenu de l'expérience des dernières années,
l'année dernière, dans le plan de développement, on avait
annoncé notre intention, déjà, de travailler pour voir
s'ils étaient suffisants. Puis, finalement, la réponse, on l'a
cette année dans le plan de développement, c'est qu'à
l'avenir on planifiera en fonction d'un critère qui tient compte
à la fois de l'hydraulicité et de l'aléa sur la
demande.
Ça veut dire qu'au lieu d'être capables de faire face
à des aléas de l'ordre d'une centaine de térawattheures
sur quatre ans, désormais, on sera capables de faire face à des
aléas de l'ordre de plutôt de 120 térawattheures sur quatre
ans.
Mme Bacon: Je ne pense pas avoir eu de réponse à ma
question sur les coûts qui sont associés à la mise en place
de ces critères.
M. Delisle: Je peux donner ces coûts-là, moi.
Mme Bacon: Est-ce que vous pouvez les donner? Oui?
M. Delisle: Oui. André Delisle. En fart, vous avez, dans
le tableau qu'on a vu tantôt, je ne me rappelle pas à quelle page
il est dans le plan, mais dans le tableau où on montre qu'il y a 1 075
000 000 de charges - ce tableau auquel vous vous référez -
supplémentaires pendant ces trois années à ce qu'on avait
prévu l'année passée. Il y a un item dans ce tableau
où on voit qu'il y a 208 000 000 $ qui concernent la fiabilité en
puissance, la révision de la demande et puis la "productibilité"
du parc.
Ce qu'il faut voir, c'est qu'il y a trois sous-items que vous n'avez
pas, qui figurent à cet item-là. D'abord, au niveau des achats de
puissance, la révision de notre critère de fiabilité en
énergie n'a pas d'impact comme tel sur nos charges pendant les trois
prochaines années. Il va y en avoir que plus tard, compte tenu que ce
critère ne va être atteint qu'ultérieurement dans notre
planification. C'est donc la révision du critère de
fiabilité en puissance qui a d'abord des impacts sur nos charges. On
parle de 0 $ pour 1990, 30 000 000 $ pour 1991 et 35 000 000 $ pour I992. Un
autre élément qui est relié à cette révision
du critère de fiabilité en puissance est un montant de 38 000 000
$ pour l'année 1992 et ce montant n'est que de 2 000 000 $ en 1991 et de
0 $ en 1990. (17 h 15)
Le dernier élément qui est inclus à cet
égard-ià, ce sont les sommes qui ont trait aux achats provenant
des producteurs indépendants où on parle de 26 000 000 $, en
1991, et de 77 000 000 $, en 1992. Donc, les montants qui sont prévus
sont essentiellement reliés à l'amélioration du
critère de fiabilité en puissance et sont reliés à
l'évaluation de la "productibilité" du parc pour laquelle on
figure des sommes plus importantes concernant les achats des producteurs
indépendants. Est-ce que ça répond à votre
question?
Mme Bacon: Pas tout à fait, mais enfin, je vais continuer,
parce que j'ai beaucoup de questions à vous poser. Tout au long de
l'hiver, et plus particulièrement au cours des dernières
semaines, les estimations, évidemment, les plus diverses ont
été avancées quant au coût de la faible
hydraulicité des deux dernières années. J'aimerais, pour
éclairer les membres de la commission et peut-être aussi donner
l'heure juste, par le biais de la commission, à la population, que vous
puissiez élaborer davantage sur les coûts directs et les
coûts indirects qui sont reliés aux conditions
d'hydraulicité qui ont été observées au cours des
deux dernières années.
M. Drouin: À la page 116 de notre proposition de plan de
développement, vous avez un tableau, c'est le tableau 6.2, qui permet,
pour l'année 1988 et l'année 1969, de ventiler le manque à
gagner, d'abord de 211 000 000 $, sur l'année 1988, le rachat des
contrats de chau- dières, les achats de soutien, pour un total de 244
000 000 $. Pour l'année 1989, on y voit le chiffre de 267 000 000 $,
dans lequel se trouve le fonctionnement de Tracy comme centrale de base
à 34 000 000 $. Ces deux années-là, en soi, forment
à peu près 500 000 000 $ et, si on regarde à la page
suivante - c'est un tableau qui vous a été montré tout
à l'heure dans la présentation - au tableau 6.3, on voit les
coûts pour l'année 1990 reliés à la faible
hydraulicité en termes de rachat de biénergie et le manque
à gagner, c'est-à-dire les revenus en moins, les
indemnités qu'on a à payer cette année, les achats de
soutien de 122 000 000 $, et le fonctionnement de Tracy pour 81 000 000 $,
formant un total de 314 000 000 $. Alors, pour ces trois
années-là, ce sont les coûts ou les manques à gagner
directement reliés à la faible hydraulicité.
Mme Bacon: Vous nous indiquez aussi que vous avez
procédé à une révision de la baisse de
"productibilité" de votre parc. J'imagine que ce n'est pas la
première fois que l'entreprise procède à un exercice de la
sorte. J'aimerais que vous nous indiquiez quand, pour la dernière fois,
la "productibilité" a été réévaluée,
et quelles sont, en termes de planification, les fréquences de cette
révision.
M. Neveu: Disons que la dernière fois qu'il y a eu une
révision majeure, c'était vers les années 1981 ou 1982, je
crois, si je me rappelle. Mais, de toute façon, je pense que,
périodiquement, il est désirable qu'Hydro-Québec fasse ce
genre de révision parce que, comme on l'a vu tout à l'heure dans
les présentations, les apports hydrauliques peuvent être
très élevés certaines années, peuvent être
très bas d'autres années. Donc, naturellement, il faut toujours
réévaluer notre moyenne en fonction de ces différents
aléas. Donc, je pense que, si ma mémoire est fidèle, c'est
vers 1982 que c'a avait été réévalué.
Le Président (M. Bélanger): C'était M.
Neveu.
Mme Bacon: Est-ce que vous pouvez nous dire quel est le
coût détaillé, associé à cette perte de
"productibilité" à court et à moyen terme? Est-ce que vous
êtes capable de nous en informer, en termes de coûts?
M. Neveu: La question est de déterminer le coût
d'avoir révisé à la baisse de 2,9 térawatt-heures
la "productibilité".
Une voix: M. André Mercier va répondre à la
question.
M. Mercier (André): Oui. André Mercier, je suis
responsable de la planification du réseau. J'ai deux réponses
à vous fournir. La réponse,
tout à l'heure, concernant les critères de
fiabilité. Les critères de fiabilité vont être mis
en place pour la fin des années quatre-vingt-dix, soit vers
l'année 1999. Ça représente cinq téra-wattheures
par année qu'on va ajouter sur le parc d'équipement pour
être capables de faire face, de se donner une protection additionnelle,
si vous voulez, à toutes les variations d'hydraulicité ou les
variations de demande. Cinq térawattheures par année, ça
représente 200 000 000 $ en termes de charges ou en termes
d'intérêts, si vous voulez, par année. Le programme total
représente une charge entre 3 000 000 000 $ et 4 000 0000 00 $
d'investissements. C'est ce qui donne un montant de l'ordre de 200 000 000 $
par année.
Maintenant, pour la partie de la réponse concernant le changement
sur la faible... En fait, la plus faible "productibilité", vous avez une
différence de 2,9 térawattheures. Alors, disons, 3
térawattheures. Ça représente environ 40 $ le
mégawattheure. Ça fait une charge de 40 000 000 $
multipliés par 3, ce qui donne environ 120 000 000 $,
approximativement.
Mme Bacon: Merci. Je reviendrais peut-être à
l'hydraulicité. Si elle avait été, si on peut dire,
normale, est-ce que l'entreprise aurait quand même décidé
d'aller de l'avant maintenant avec ces nouveaux programmes?
M. Drouin: Vous vous référez aux programmes de
critères de fiabilité et de "productibilité"?
Mme Bacon: Oui.
M. Drouin: M. Neveu pourrait répondre.
M. Neveu: Une remarque générale. Je pense qu'il
serait important de voir que ce ne sont pas des programmes en
réalité car, finalement, la "productibilité" du parc
d'équipement, c'est une donnée qu'Hydro-Québec doit
estimer au mieux de sa connaissance. Donc, si l'hydraulicité devient de
plus en plus faible, on révise, mais il ne s'agit pas de programme. Je
pense qu'il faut que ce soit bien clair. Donc, ce n'est pas un programme comme
tel.
Donc, le deuxième volet de votre question, c'était...
Mme Bacon: Mais je voulais savoir si vous seriez quand même
allés de l'avant même s'il n'y avait pas eu une faible
hydraulicité comme on le constate maintenant.
M. Neveu: En réalité, ce qu'il faut bien voir,
c'est que, comme on le mentionne dans le plan, vers la page 48 je crois, la
révision à la baisse de la "productibilité" est
causée, d'une part, par la faible hydraulicité des
dernières années mais, également, par la révision
de tous les apports sur toutes nos rivières. Ce qu'il faut comprendre,
c'est qu'il y a un ensemble de rivières et on n'a pas des données
depuis très longtemps sur toutes les rivières.
Il y a certaines rivières où on a des données
depuis 1900, par exemple sur le Saint-Laurent. Il y en a d'autres où,
par exemple à la Baie James, on en a depuis 1960 et dans ces
cas-là, lorsqu'on n'a pas de données dans les historiques
antérieurs, ce que l'on fait, c'est qu'on essaie de faire ce qu'on
appelle des corrélations, en statistiques. Donc, on essaie de faire des
liens, si l'on veut, entre les débits d'une rivière où on
n'a pas de données et les débits d'une autre rivière.
Donc, ce genre d'analyse doit être fait périodiquement et plus on
ajoute des données à l'historique, plus il peut y avoir des
changements dans les apports.
Alors, tout ça pour résumer que, finalement, la baisse de
2,9 térawattheures n'est pas seulement due à la faible
hydraulicité. Elle est due à la révision de l'ensemble des
relations, finalement, qu'il y a entre les débits d'une rivière
à l'autre. Alors, même si on n'avait pas eu de faible
hydraulicité au cours des dernières années, on aurait fait
cette révision, sauf qu'elle aurait été un petit peu plus
basse, c'est-à-dire qu'au lieu d'être 2,9 térawattheures,
elle aurait pu être de l'ordre de 2,2 ou 2,3 térawattheures, mais
elle aurait eu lieu pareil.
Le Président (M. Bélanger): Alors, c'est maintenant
au tour de M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Si vous me le permettez, M. le Président, je
vais passer la parole au chef de l'Opposition.
Le Président (M. Bélanger): Alors, M. le
député de l'Assomption. Je comprends qu'il y a un consentement
pour que M. le député de l'Assomption puisse prendre la parole.
M. le député.
M. Parizeau: M. le Président, je voudrais revenir sur un
chiffre que le député d'Ungava a mentionné dans sa
présentation tout à l'heure. De mai 1990, à mai 1991, le
coût de l'électricité pour le propriétaire d'une
maison ou d'un logement va augmenter au Québec de 26 %. J'aurais
souhaité que ce chiffre-là apparaisse plus tôt dans nos
débats. On n'en a pas grand trace dans les six pouces d'épais de
documents que nous avons reçus. D'autre part, je constate, par ce que la
période de questions a révélé la semaine
dernière, que le gouvernement ne connaissait pas ce chiffre. Le
gouvernement, semble-t-il, ne savait pas que la TPS s'appliquait, alors que
manifestement tous les propriétaires de petites entreprises, eux,
étaient au courant. Ils avaient un numéro de
téléphone où ils pouvaient appeler au
fédéral et le savoir. C'est ça que ça veut dire: 26
% d'augmentation du coût de la
facture d'électricité pour un propriétaire de
maison entre mai 1990 et 1991.
C'est dû à quoi ça, les 26 %? Il y a d'abord deux
augmentations successives de 7,5 % demandées par Hydro-Québec,
plus 1 % d'augmentation chaque année en mai 1990 et en mai 1991 pour
l'interfinancement, problème avec lequel HydroQuébec vit depuis
longtemps, mais qu'elle demande de commencer à régler la
même année où la TPS s'installe. Pourquoi cette
année-là? Je ne comprends pas très bien. Mais, enfin,
ça ajoute 1 % aux 7,5 % chaque année, plus les 7 % de TPS. Tout
ça va se produire en l'espace d'un an, si tant est que le gouvernement
autorise HydroQuébec à s'engager dans cette voie. C'est
énorme.
Je sais bien qu'on me dira: II y a eu dans le passé des
périodes où les taux augmentaient très rapidement. Mais
c'étaient des curieuses périodes, M. le Président. Par
exemple, en mettant ensemble les années 1981 et 1982, on arrive à
26 % d'augmentation des tarifs d'électricité, c'est vrai, mais
l'augmentation des salaires prévue par les conventions collectives au
cours de ces mêmes années était de 24 % et l'augmentation
des prix au cours de ces deux années était de 24 %. Alors, ne
nous appuyons pas sur ces années-là pour justifier maintenant
qu'on va faire 26 % de mai 1990 à mai 1991. Parce qu'à l'heure
actuelle, les prix augmentent de combien? 5 % par an à peu près.
Les revenus des individus augmentent de combien? 5 %, 5,5 %, à tout
casser 6 %, s'ils ont une bonne poignée sur les conventions collectives.
Alors, 26 % d'augmentation dans le prix de l'électricité par
rapport à l'augmentation des autres prix et par rapport aux
augmentations des revenus des gens, c'est relativement énorme.
Puisque nous devons discuter jusqu'à 18 heures des
éléments de court terme relatifs à l'offre et à la
demande, vous comprendrez pourquoi je vais me limiter, par rapport à ces
26 %, à quelque chose qui a trait aux éléments de court
terme relatifs à l'offre et à la demande. 26 % d'augmentation du
prix pour un consommateur, qu'est-ce que ça a comme effet sur la
demande? Puisqu'on n'a pas établi les 26 %, est-ce que ça veut
dire qu'on n'aurait pas étudié l'effet de 26 % d'un prix, alors
que les revenus augmentent de 5,5 %, que les prix augmentent de 5 %? Est-ce que
ça veut dire qu'on n'aurait pas étudié l'impact de 26 %
d'augmentation du prix sur la demande? (17 h 30)
Et je vais aller plus loin que ça. Pourquoi, diable, Hydro
s'engage-t-elle dans des mesures d'économies d'énergie aussi
musclées? Est-ce qu'elle pense que 26 % d'augmentation du prix ne suffit
pas comme mesure d'économies de l'énergie? Moi, il me semble que
26 % d'augmentation... La consommation... Il y a des tas de gens qui vont
s'adapter, les gens savent calculer, quand même. Il y en a certains qui
avaient décidé qu'ils n'isoleraient pas leur maison à un
certain prix et qui, avec 26 % d'augmentation, vont peut-être
décider que c'est le temps. Il y a peut-être des tas de gens qui
vont chercher, justement, des équipements qui consomment moins 26 %, ce
n'est pas de la tarte. Ce que je ne comprends pas très bien, c'est:
Est-ce qu'Hydro ne juge pas que 26 % d'augmentation de prix, ça suffit
pour ralentir la croissance de la demande des particuliers ou s'il faut quelque
chose, en plus? En somme, ce que je demande, en termes techniques, parce que,
après avoir dit tout ça, on revient à la technique, et
m'adressant aux gens d'Hydro, je m'adresse à des techniciens: Avez-vous
une idée précise du coefficient de l'élasticité de
la demande, au prix? Et du coefficient de l'élasticité de la
demande de substitution au pétrole et au gaz naturel? Est-ce que vous
avez des études là-dessus?
M. Drouin: M. le Président, relativement, bien sûr,
à l'augmentation dont il est fait mention par le chef de l'Opposition,
il est bien évident que nous avons pris en compte, dans nos
études d'élasticité, des augmentations que nous
suggérons de l'ordre de 7,5 % par année, en moyenne. Bien
sûr, aussi, que nous tenons compte de notre demande, laquelle, je dirai,
n'est pas nouvelle, parce qu'elle a été reconnue comme principe,
il y a deux ans. Et l'an dernier, nous avions obtenu effectivement des
augmentations différenciées entre certaines catégories de
consommateurs. Notre demande ne coïncide pas uniquement avec notre demande
pour régler une partie de l'interfinancement qui, d'ailleurs, ne
représente que la correction de 50 % de l'interfinancement, sur une
période de 10 ans. C'est bien mince par rapport à une correction
qui pourrait être brutale. Mais, indépendamment de ça,
notre proposition est présentée en termes d'augmentation
tarifaire basée sur trois aspects: celui de l'hydraulicité, celui
de la qualité du service et celui des économies d'énergie
C'est uniquement en fonction de ces trois critères et des sommes qui y
sont rattachées que nous en venons à la conclusion, pour
rétablir la situation financière de l'entreprise au cours des
trois prochaines années, de demander une augmentation de 7,5 % par
année.
Quant aux effets de ces augmentations, avant de tomber dans l'aspect
très technique, sur lesquels nous avons effectivement fait une
étude, je dois souligner que l'augmentation des tarifs, uniquement, quel
que soit le pourcentage, ne nous apparaît pas suffisante pour inciter et
influencer la demande à moyen et à long termes. Et si je ne peux
citer qu'un exemple, aux Iles-de-la-Madeleine, nous avons un programme
d'incitation à l'utilisation du mazout comme moyen de chauffage, puisque
nous fournissons l'électricité à même des centrales
diesel, donc, à un coût beaucoup plus élevé.
Malgré que nous offrions aux habitants des
Îles-de-la-Madeleine
de se chauffer avec une économie de 30 % par rapport au
coût de l'électricité, nous aurions pensé que cet
effet sur la demande du chauffage électrique aurait à tout le
moins annulé la demande en chauffage électrique; mais, nous
demeurons avec une proportion de l'ordre de 35 % des foyers qui continuent
d'utiliser l'électricité comme moyen de chauffage, à ce
que nous considérons comme 30 % plus cher qu'ils ne pourraient le faire
s'ils utilisaient ou bénéficiaient de nos subventions à
l'achat du mazout. Quant aux effets des augmentations que nous proposons sur
l'élasticité, en fonction de l'élasticité des prix,
je demanderai peut-être à M. Delisle de vous donner le
résultat des chiffres qui s'appliquent dans le cas présent.
M. Delisle: En fait, les modèles utilisés par
Hydro-Québec sont les modèles économétriques du
ministre de l'Énergie, des Mines et des Ressources du Canada et, donc,
qui sont adaptés pour le Québec. Et dans ces
modèles-là, ce qu'on peut voir, c'est que
l'élasticité de long terme, d'une réaction à 1 %
d'augmentation de prix est de 0,5, c'est-à-dire que normalement
l'élasticité de long terme est de 0,5 %. Il est certain que dans
le court terme, c'est inférieur. En fait, quand on analyse notre
situation dans ces modèles-là, il faut voir d'abord que la TPS,
c'est une chose qui est très différente de notre augmentation de
tarifs puisque la TPS, elle s'applique aussi sur le gaz, et sur les autres
formes d'énergie. Donc, il y a un effet... En fait, ça n'a pas le
même effet sur l'élasticité qu'une augmentation de prix de
l'électricité comme telle. Donc, il y a ce premier
phénomène qu'il faut prendre en considération. En fait,
c'est ce que je peux dire. Les modèles qu'on utilise sont les
modèles du ministère de l'Énergie des Mines et des
Ressources et l'élasticité de long terme qui est inhérente
à ces modèles-là est de 0,5 %. Par contre, le
phénomène est fort différent suivant qu'on
considère la TPS qui s'applique à toutes les formes
d'énergie ou notre augmentation des tarifs comme telle.
M. Parizeau: M. le Président, dans le mémoire sur
la tarification proposée pour 1990-1991, en page 5, Hydro-Québec
écrit ceci: "La progression relativement modérée des
tarifs entre-temps, c'est-à-dire depuis 1984, a également
favorisée la croissance des ventes d'électricité." Alors,
j'imagine que, si la croissance modérée des tarifs a
accéléré les ventes d'électricité,
l'augmentation rapide des tarifs doit la ralentir. Pourquoi fait-on
état... Ça doit être symétrique, ce genre de chose.
J'aimerais savoir de M. Delisle, précisément... Nous parlons dans
les mémoires, dans les points saillants de la proposition de plan de
développement, d'une réduction annuelle des ventes
d'électricité grâce aux mesures d'énergie de 0,7 %
par an. Ce n'est pas grand-chose par rapport au phénomène tout
à fait particulier des Îles-de-la-Madeleine dont il nous parlait
ou dont nous pariait M. Drouin. Les Îles-de-la-Madeleine, je comprends
que c'est un cas tout à fait unique au Québec, qui ne ressemble
rigoureusement, d'aucune espèce de façon, au centre de
Montréal. Mais s'il s'agit d'augmenter les prix dans des proportions
pareilles, si on reconnaît que des prix augmentant relativement
lentement, pas plus que l'inflation, ont favorisé la demande
d'électricité, est-ce que des augmentations de prix au
consommateur comme celles qu'on envisage ne vont pas la ralentir,
l'électricité, dans des proportions tout à fait
compatibles avec, comment dire, les objectifs d'Hydro-Québec?
M. Drouin: Tout ce que je peux dire c'est que oui, on l'a
évalué, on peut questionner notre évaluation, oui on l'a
évalué. Dans notre programme d'économies d'énergie,
on a indiqué qu'à l'horizon 1999 la population pourrait
économiser 12,9 térawattheures. Dans ces 12,9
térawatt-wattheures, nous avons mis comme économie, que
j'appellerais due aux impacts tarifaires, 3,3 térawattheures. Et
l'intervention directe auprès du consommateur sur des économies
d'énergie serait de l'ordre de 5,7. Alors, il y a trois chiffres: 3,3,
impact tarifaire, 5,7 sur des interventions directes et 3,9 sur ce qu'on
appelle de l'efficacité tendancielle, c'est-à-dire
l'amélioration des appareils et des appareils plus économiques,
etc., qui génèrent des économies comme telles.
Mais je voudrais aussi faire remarquer que quand on parle de 26 %, dans
ce que nous proposons, en fait, il y a les 7 % de la TPS qu'on a
évoqués et qui s'appliquent à tout le monde, et ce que
l'on propose est à peu près de l'ordre de 2,5 % par année
de plus que l'inflation. Ces impacts-là, si vous nous demandez comment
on les a évalués sur la demande pour les prochains dix ans, la
réponse c'est qu'effectivement on les a évalués à
3,3 térawattheures sur cette période-là.
Le Président (M. Bélanger): Le temps d'une courte
question pour une courte réponse.
M. Parizeau: M. le Président, j'aurai à revenir un
peu plus tard sur l'augmentation étonnante des effectifs à
Hydro-Québec depuis 1987. Ce n'est pas que je suis contre la
création d'emplois, mais vous comprendrez que 19 % d'augmentation des
effectifs depuis 1986, ça demande, je pense, quelques questions, mais
que nous reporterons un peu plus tard.
Là, je voudrais, sur le plan simplement d'une question qui est
reliée à ces augmentations de tarifs, revenir à ce que
disait M. Delisle tout à l'heure, les demandes d'Hydro Ontario. Le
président d'Hydro Ontario, justement, le 20 mars, tenant compte de
l'application de la TPS, il le mentionne spécifiquement - eux, ils
avaient l'air
de savoir à ce moment-là que la TPS s'appliquait à
l'électricité - disait en substance: Étant donné
qu'il va y avoir une TPS et que l'électricité va augmenter de 7
%, je ne demanderai pas plus que 5,5 % sur mon tarif. La liaison à Hydro
Ontario est tout à fait manifeste. L'année où tombe la
TPS, ils vont essayer de se limiter à 5,5 %. Il fait état de
l'augmentation des charges comme Hydro-Québec, mais il dit: Je pense
que, compte tenu de l'introduction de la TPS cette année, 5,5 % me
paraît le maximum de ce qu'on peut demander. Est-ce qu'il y aurait moyen
de demander à Hydro-Québec - nous sommes, après tout,
ensemble pour deux jours - de regarder un peu ce qui se passe du
côté d'Hydro Ontario et de voir s'il n'est pas opportun pour
à la fois le bien de l'économie et le bien des consommateurs, au
moment de l'introduction de la TPS, de modérer un peu les demandes?
Parce que, comprenons-nous bien, dans ce même contexte,
Hydro-Québec demande 7,5 % contre 5,5 % pour Hydro Ontario. Pourquoi?
(17 h 45)
M. Drouin: Je vous ferai remarquer qu'Hydro Ontario n'a pas la
même configuration sur le plan du réseau qu'Hydro-Québec
puisque Hydro Ontario ne fait pas l'entière distribution du produit
électrique à travers l'Ontario. Et je vous cite, et je pense que
M. Delisle l'a mentionné, que Toronto Hydro demande une augmentation de
8,8 % pour l'année en cours. Évidemment, la TPS s'applique
au-dessus de ça. Ensuite, il y a l'autre année d'augmentation
où Hydro Ontario a augmenté au-dessus de l'inflation. Nous, ce
n'est pas compliqué, il y a trois critères et trois raisons pour
lesquels on se doit de demander une telle augmentation. Je pense que ce ne sont
pas nécessairement les mêmes raisons qui amènent Hydro
Ontario ou Hydro Manitoba ou BC Hydro à demander les mêmes
augmentations ou des augmentations similaires. Je pense qu'on établit
à la face même du dossier que, sur le plan de
l'hydraulicité, on a des pertes monétaires importantes et des
fluctuations monétaires importantes. On dit: 1 400 000 000 $ de
fluctuation entre une hydraulicité forte et une hydraulicité
faible. La situation financière de l'entreprise doit être
rétablie, croyons-nous, d'ici à 1992 dans le but de faire face
à une autre période de développement importante qui, bien
sûr, est inscrite dans notre plan de développement.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. En
vertu de la règle de l'alternance, Mme la ministre.
Mme Bacon: J'aimerais juste au début, M. le
Président, faire remarquer au chef de l'Opposition - et je sais qu'il
n'aimera pas ça, il ne veut pas qu'on utilise ses chiffres - que de 1978
à 1981 l'augmentation du coût de l'électricité
était de 45,7 %, avec une inflation accumulée de 25,8 %, et
ça, sans TPS. Alors, je pense qu'il ne faudrait quand même pas
mêler la TPS avec ce qu'on nous demande ici. J'aimerais demander, M. le
Président: Selon Hydro-Québec, est-ce que la position
concurrentielle de l'électricité par rapport aux autres formes
d'énergie serait modifiée suite à l'imposition de la TPS?
Autrement dit, est-ce que la TPS affecterait plus le consommateur
d'électricité que celui du mazout ou du gaz naturel?
M. Drouin: M. le Président, à notre avis, les trois
formes d'énergie vont être influencées de la même
façon par la TPS. Autrement dit, le gaz, le mazout et
l'électricité auront à subir le même effet, une fois
la TPS appliquée.
Mme Bacon: Est-ce que vous pouvez m'ex-pliquer comment vous
arrivez au fait que vous dites que ça a la même influence sur les
trois sortes?
M. Drouin: Bien, c'est, en fait... Mme Bacon:
Peut-être, M. Delisle?
M. Delisle: Oui. C'est la mécanique de fonctionnement de
la taxe. Dans le fond, les consommateurs doivent payer 7 % sur leur
consommation et les entreprises doivent remettre ces sommes-là au
gouvernement moins les sommes qu'elles ont elles-même payées sur
leurs achats. Les différents distributeurs d'énergie sont aussi
taxés, comme vous le savez, puis il y a des crédits qui sont
donnés, ce qui donne les montants à payer. Donc, au point de vue
du fonctionnement de la taxe, c'est la même mécanique.
Mme Bacon: C'est le même impact.
M. Delisle: Les trois sont actuellement exemptés de la
taxe sur les manufacturiers canadiens. Donc, ça a été
conçu pour être neutre entre les formes d'énergie et on
présume que ça va l'être.
Mme Bacon: Si on revient aux conditions difficiles qui sont
reliées à la faible hydraulicité, il semble
qu'Hydro-Québec a quand même poursuivi - on revient
là-dessus - certaines ventes d'électricité sur les
marchés extérieurs, au cours de la dernière année.
Est-ce que vous pouvez expliquer cette situation-là?
M. Drouin: M. Jacques Guevremont, qui est vice-président
aux marchés externes, va vous donner la réponse sur cette
question.
M. Guevremont (Jacques): Je crois, M. le Président, que
nous avons la réponse à la page 45 du plan de
développement. On indique à la page 45: Les ventes
d'électricité excédentaire à l'exportation pour
1989 se sont situées à 0,9
térawattheures. Nous avions prévu 3,2
téra-wattheures dans le plan précédent. Est-ce que
ça va? À la page 45, dans le scénario moyen, nous avons:
Ventes d'électricité excédentaire à l'exportation.
Ça va? On indique 0,9 et, par la suite, zéro. La raison du 0,9,
on la retrouve parce qu'on a deux contrats qui impliquent des
débordements. Il s'agit d'un contrat avec le New England Power Pool, et
avec le New York Power Authority. Ces deux contrats, ce sont des
"interruptibles" qu'on vend sous ces contrats-là, mais ils sont
annoncés un an d'avance. On a réduit les quantités au
mininum, mais c'est un débordement de l'année
précédente où on n'avait pas une perception aussi claire
de l'hydraulicité. Or, ils ont été réduits au
minimum, et ils ont été portés pour 1989 à 0,9
milliard de kilowattheures.
Mme Bacon: Si je pose la question, M. Guevremont, je pense que
vous allez comprendre qu'on a fait beaucoup les gorges chaudes à partir
du fait qu'on disait qu'il y avait une faible hydraulicité et qu'on
faisait quand même des ventes à l'extérieur. C'est pour
cela que je voulais qu'il y ait une clarification qui soit faite, pour donner
vraiment l'information directe. J'aimerais aussi vous poser la question. On
fait toutes sortes d'hypothèses de planification qui font état de
conditions d'hydraulicité normale à partir de cette année.
Je n'ai pas l'impression qu'on m'a donné la réponse tantôt.
Quels sont les indices, à cette période-ci de l'année, qui
nous font croire et qui nous font vraiment espérer que
l'hydraulicité reviendra à la normale en 1990?
M. Neveu: Gilbert Neveu. Là aussi, tout le monde se pose
des questions: Est-ce que l'hydraulicité va être normale, ou
est-ce qu'elle va continuer d'être faible ou est-ce qu'elle va se
renverser? Comme on l'a vu sur les graphiques qui ont été
présentés par M. Delisle, on peut dire que l'hydraulicité
est extrêmement aléatoire, et qu'il y a des années
où ça va être fort et des années où ça
va être faible. Donc, en termes de planification, dans la mesure
où il n'y a pas de loi écrite ou de cycles identifiés dans
l'historique, la meilleure prévision que l'on peut faire pour des fins
de planification, finalement, c'est de prendre l'hypothèse moyenne.
Aussi, en termes de planification, c'est important de savoir que l'on peut
avoir une hydraulicité forte ou une hydraulicité faible et qu'on
va prendre des moyens pour faire face à ces aléas qui peuvent
nous survenir. C'est pour cette raison qu'Hydro-Québec planifie avec une
hydraulicité moyenne pour les années futures.
Ensuite, pour ce qui est de cette année, est-ce que
l'hydraulicité va être moyenne ou non? On est très peu
avancés dans l'année et les apports en hiver sont
extrêmement faibles, c'est-à-dire que les lacs sont gelés,
la neige qui tombe reste sur le sol et ne se traduit pas en apport dans les
rivières immédiatement, donc il s'agit de la période
faible des apports. Donc, on ne peut pas vraiment se prononcer quant à
l'hydraulicité de cette année jusqu'à maintenant. Tout ce
qu'on peut dire, c'est que la neige qui s'est accumulée sur le sol, qui
va se traduire éventuellement en eau dans les rivières, est un
petit indicateur, mais il faut dire que c'est un indicateur qui est quand
même assez petit. Ce qu'on peut dire, c'est qu'à La Grande les
précipitations de neige sont au-dessus de la moyenne. À
Churchill, les indicateurs sont que les niveaux sont en bas de la moyenne, mais
c'est mieux que l'année dernière. C'est tout ce qu'on peut dire
à peu près jusqu'à maintenant.
Mme Bacon: ...à...
M. Neveu: Parce qu'il faut bien être conscients -
excusez-moi - que, finalement, le gros des apports nous arrive à la
fonte des neiges, c'est-à-dire en mai et juin et ensuite en
été, lorsque l'on a les fortes précipitations, les fortes
pluies. C'est vraiment à ce moment-là que l'on pourra savoir si
l'hydraulicité est forte ou faible, mais on a quand même un petit
indicateur, à savoir qu'à La Grande c'est un petit peu plus fort,
à Churchill c'est un petit peu plus faible. Globalement, on ne peut pas
dire si ça va être à la hausse ou à la baisse.
Mme Bacon: Mais advenant la persistance de la faible
hydraulicité dans les prochaines années, est-ce
qu'Hydro-Québec a déjà envisagé des moyens à
prendre au cours de ces prochaines années?
M. Neveu: Je vous référerais à la page 50 du
plan de développement. Vous avez, dans le tableau 3.7, dans le bas de la
page, les moyens mis en oeuvre en 1990. Donc, pour 1990, les moyens mis en
oeuvre, même dans le cas d'une hydraulicité moyenne, sont de 3,8
térawattheures pour le rachat des contrats de biénergie, 3,5
térawattheures pour des achats auprès des réseaux voisins
et 2,6 térawattheures pour le fonctionnement de Tracy. Ça, ce
sont les seuls moyens mis en oeuvre et engagés à date.
Advenant le cas où on aurait une faible hydraulicité, ce
que l'on pourra constater à la fin de l'été ou durant
l'automne, à ce moment-là, des décisions devraient
être prises pour poursuivre ces moyens au-delà de la fin de
l'année 1990. On peut voir qu'en 1991 - toujours dans le tableau - les
moyens auxquels on pourra avoir recours seraient, là encore, ces
mêmes montants de rachat de biénergie, d'achat auprès des
réseaux voisins, et Tracy.
Donc, globalement, advenant une faible hydraulicité en 1990, on
pourrait mettre de l'avant des moyens qu'on appelle exceptionnels qui
pourraient nous permettre de produire de
l'ordre de 10 térawattheures de plus que ce qu'on produit avec
l'hydraulicité normale. Est-ce que ça répond à
votre question?
Mme Bacon: Trente secondes. J'aurais aimé qu'on me donne
la même explication que celle que vous avez donnée,
Hydro-Québec, devant l'ONE. C'était beaucoup plus précis
que ce que vous venez de me donner.
M. Neveu: Je crois que c'était moi qui l'avais
donnée, mais...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Bacon: J'aurais préféré. Ça va.
Mon temps est écoulé, de toute façon.
Le Président (M. Bélanger): Alors, la parole va
à la formation de l'Opposition, M. le député d'Ungava ou
M. le chef de l'Opposition.
M. Parizeau: M. le Président, je laisse de
côté ce que la ministre de l'Énergie disait au début
de son intervention, que je ne veux pas entendre ces chiffres-là quant
au passé. Elle me donne trois ans, je lui en avais donné deux
avant en lui disant: Voyez à quel point c'était différent.
Je lui répéterai pour trois ans ce que je lui disais pour deux
ans.
Mais j'aimerais m'adresser à quelque chose qui, dans
l'échange qui a précédé, m'intrigue davantage dans
ce qu'Hydro-Québec nous disait quant à cette augmentation de 26 %
dans le coût de l'électricité. On nous disait: La TPS va
s'appliquer à l'électricité, au gaz et à l'huile
à chauffage. Oui, bien sûr, forcément, ça s'applique
à tout, à tout ce qui n'est pas un aliment ou un
médicament. Seulement, ça entre dans le prix que l'individu paie,
et on ne peut pas imaginer un instant que deux augmentations de 8,5 % pour le
propriétaire de résidence plus 7 % de TPS n'affectent pas ses
comportements. Puisque la TPS s'applique aux trois produits, je ne veux pas
dire par là qu'il va y avoir des déplacements de la demande vers
l'huile à chauffage ou vers le gaz naturel automatiquement; ça
dépendra en particulier de ce qui arrive au baril de pétrole.
Mais on ne peut pas imaginer que 26 % d'augmentation sur quelque chose comme
l'électricité se produise en un an sans que le comportement des
gens en soit affecté.
Dans ce sens-là, je suis un peu déçu qu'on ne
puisse pas nous dire: Oui, on a examiné l'effet d'une hausse de 26 %
comme celle-là et nous pensons que ça a, sur la demande des
consommateurs, l'effet suivant. Encore une fois, à ma connaissance, on
n'aura jamais connu ça dans le passé qu'avec des revenus qui
augmentent, somme toute, assez lentement, des prix qui augmentent, somme toute,
aussi lentement on ait une aussi forte augmentation dans le prix d'un service
essentiel. Ça doit, normalement, avoir un effet sur la demande,
ça, et quant aux projections à venir à l'égard de
l'offre assurée, et quant à la demande à court ou à
moyen terme. À mon sens, ça aurait été utile de le
savoir parce que, peut-être, ça aurait résolu un certain
nombre de choses qui sont posées à titre de programme par
Hydro-Québec, en termes de dépenses à encourir, en termes
d'immobilisation à faire. Dans la mesure même où le
coût en termes d'augmentation est aussi fort, je pense que ça va
être un des éléments qui risquent de nous manquer pour
aller au bout des démonstrations
On aura l'occasion de revenir là-dessus ce soir ou demain mais,
pour le moment, c'était plus un commentaire qu'une question. Mais
j'aimerais quand même revenir, à moins qu'Hydro ne veuille
répondre... Pouquoi est-ce qu'on n'a pas examiné sur un an
l'effet d'une augmentation aussi forte dans le prix d'un service essentiel,
quant au comportement des gens?
M. Drouin: M. le Président, nous aimerions avoir
l'opportunité de répondre à cette question puisque, comme
je l'ai mentionné tantôt, on en a tenu compte et je voudrais qu'on
puisse donner une explication complémentaire.
M. Boivin (Claude): M. le Président, effectivement, vous
avez raison de dire qu'il y a un impact, c'est-à-dire qu'il y a de
l'élasticité. M. Delisle a mentionné des chiffres
tantôt. Je voudrais peut-être compléter la réponse en
vous disant que l'impact des hausses de prix, dans le secteur de
l'énergie, au niveau de l'effet sur la consommation, ou
l'élasticité, n'est pas instantané. C'est un impact, et un
impact à court terme. Après ça, il y a également un
impact à plus long terme, parce qu'on sait que les décisions des
consommateurs, dans ce secteur-là, sont liées non pas à
l'achat de l'énergie elle-même, mais à l'achat de
l'appareillage qui consomme l'énergie. Effectivement, si vous regardez
nos prévisions de taux de croissance dans le secteur domestique, pour la
période 1989-2006, nous prévoyons un taux de croissance annuel
moyen de 0,6 % par année, ce qui est, et de loin, le plus faible taux de
croissance que nous n'ayons jamais prévu et ce qui est effectivement
bien en deçà des taux de croissance que nous avons connus dans le
passé.
Maintenant, je ne prétends pas que ces faibles taux de croissance
à l'horizon de 2006, dans le secteur domestique, sont un résultat
direct et exclusif de l'effet prix. Il y a également l'effet saturation
du marché dans ce secteur-là qui se fait sentir et qui fait que,
dans les années à venir, le taux de croissance de la consommation
d'électricité, dans ce secteur domestique, sera plus faible que
dans le passé. Donc, dans notre prévision de la demande, nous
avons inclus un effet prix, c'est-à-dire l'effet
élasticité causé par des augmentations tarifaires à
court terme, qui sont au-delà de l'inflation, et
sur un horizon plus long qui se rapproche de l'inflation. Et, comme je
vous le disais tantôt, l'impact d'une augmentation de taux
immédiate ne peut se transmettre immédiatement par une
compression de la demande, il va se transmettre graduellement au cours des
années par une compression de la demande.
Deuxièmement, je voudrais revenir sur les 26 %. L'effet prix, ou
l'élasticité dans le secteur domestique, ou dans les autres
secteurs, si on veut, ne sera pas basé sur une augmentation de 26 %,
parce qu'une augmentation de 26 % de la facture, j'aimerais bien dire, se
décompose: 7 % au niveau de la TPS et, dans la position concurrentielle
de l'électricité par rapport aux autres sources d'énergie,
les 7 % s'appliquant à toutes les sources, il n'a pas d'effet
d'élasticité. L'inflation...
M. Parizeau: Pas de substitution.
M. Boivin: II n'a pas d'effet de substitution.
M. Parizeau: Oui, oui. D'accord. Ce n'est pas pareil!
Aïe!
M. Boivin: II peut y avoir un effet d'élasticité.
Pour ce qui est de l'augmentation de 8,5 % au secteur résidentiel, si on
fait l'hypothèse que les autres sources d'énergie vont
effectivement croître au rythme de l'inflation, soit de l'ordre de 5 %
dans les deux prochaines années, effectivement,
l'élasticité va jouer non pas sur 26 %, comme vous semblez le
croire, mais sur 7 %. Ça, ça dégonfle un petit peu les
chiffres qu'on peut mentionner. C'étaient les explications
additionnelles que je voulais vous fournir.
Le Président (M. Bélanger): II reste deux minutes
au député d'Ungava.
Mme Bacon: Le député de L'Assomption peut
revenir.
M. Claveau: Sûrement, Mme la ministre.
Mme Bacon: Avec la réponse qu'il vient d'avoir, il peut
revenir.
M. Parizeau: Sûrement, parce qu'il n'y en a pas. Ha, ha,
ha!
M. Claveau: M. le Président, parlons rapidement,
justement, de cette fameuse hydrau-licité. Dans les tableaux qui nous
ont été présentés par M. Delisle, tout à
l'heure, on nous dit, dans le tableau GR3.3, qu'advenant une
hydrauli-cité exceptionnelle cette année la fin des mesures
d'exception commencerait, à toutes fins pratiques, en août 1990,
si on projette la ligne sur le petit carreau qu'on a dans le tableau.
Donc, en août 1990, on finirait les mesures d'exception.
Je voudrais comprendre, dans un premier temps, puisqu'on suppose plus
loin, à la planche T6.8, que l'hydraulicité, finalement, va
s'améliorer, et on prévoit des coûts de faible
hydrauli-cité de zéro pour 1991 et de zéro pour 1992...
J'aimerais savoir pourquoi on maintient l'hypothèse d'une augmentation
des tarifs sur deux ans, basée sur une faible hydraulicité, dans
la mesure où, selon les chiffres que vous nous présentez, vous
semblez ne retenir le problème de l'hydraulicité que pour une
seule année.
M. Boivin: Claude Boivin. Effectivement, M. le Président,
comme on l'a expliqué tantôt, la planification est toujours faite
sur une prévision moyenne, puisqu'il n'y a pas de règle qui peut
nous permettre de prévoir si on va être en situation de forte ou
de faible hydraulicité. Nous devons planifier sur une
hydraulicité moyenne. Maintenant, comme nous allons avoir une indication
valable de l'hydraulicité pour l'année 1990 uniquement dans le
courant du mois de juillet... Il faut comprendre - les gens pensent que c'est
tard - que nos réservoirs étant situés dans le nord,
même si la crue des eaux, le printemps, vient en avril et en mai dans les
régions de Québec et de Montréal, ce n'est qu'à la
fin de mai et en juin que nos grands réservoirs de Churchill, de
Manicouagan-Outardes et de la Baie James, du complexe La Grande, phase 1, sont
en état de dégel, de crue des eaux, et avant que les apports
d'eau soient rendus dans nos réservoirs, on a des données
valables vers la fin de juin, au début de juillet.
L'an dernier, en 1989, nous étions en position de faible
hydraulicité. Notre année, au niveau hydraulique, on la joue de
juin à juin à cause du facteur que je viens de vous mentionner.
Donc, au moment où on se parle, on est dans la planification qu'on a
faite à partir des données qu'on connaissait en 1989. Ce n'est
qu'au mois de juillet ou d'août de cette année qu'on va pouvoir
prendre des décisions, dans la petite fenêtre qu'on voyait sur le
graphique d'hydraulicité. Si on se retrouve vers une tendance
d'hydraulicité moyenne ou forte pour l'année 1989-1990, à
ce moment-là, nous allons arrêter les mesures exceptionnelles que
nous avions déjà engagées. Les arrêter à ce
moment-ci, je pense que ce serait téméraire, parce que notre
première obligation est de nous assurer que nous avons l'énergie
nécessaire pour satisfaire la demande au Québec.
Le Président (M. Bélanger): Compte tenu de l'heure,
la commission suspend ses travaux jusqu'à 20 heures. On peut laisser nos
documents ici, la salle va être barrée pour les besoins de la
cause.
(Suspension de la séance à 18 h 9)
(Reprise à 20 h 5)
Le Président (M. Bélanger): Chacun veut bien
reprendre sa place pour que nous reprenions nos travaux. On a quorum. Nous en
étions rendus à l'analyse de la qualité du service et,
ensuite, il y a une période de questions d'ordre général.
Simplement vous informer, c'est qu'il est possible que vers 21 h 30, nous ayons
un vote en Chambre, alors les travaux de la Chambre ayant priorité, nous
devrons nous absenter quelques minutes pour aller au vote et revenir, si vote
il y a, évidemment. Alors nous en étions rendus, au moment de la
suspension à l'analyse de la qualité du service. Mme la
ministre.
Qualité du service
Mme Bacon: M. le Président, cette année encore,
Hydro-Québec porte une attention particulière à
l'amélioration de la qualité du service de
l'électricité. Cette préoccupation qui a été
maintes fois soulevée, autant par la population que par le gouvernement,
demeure évidemment un objectif prioritaire de l'entreprise et je suis
bien heureuse de le constater encore une fois. Déjà
l'année dernière, Hydro-Québec avait annoncé la
mise en place de trois programmes majeurs pour améliorer la
qualité de service. Ces programmes-là, qu'on appelle PAQS-2,
l'amélioration de la fiabilité du réseau de transport,
l'automatisation de la conduite du réseau, étaient
évalués, à ce moment-là, à 2 300 000 000 $
pour la période 1989-1998. Je constate cette année que les
engagements financiers directement reliés à l'amélioration
de la qualité de service sont estimés à plus de 4 200 000
000 $. Ma question serait: comment on peut expliquer une augmentation
importante comme celle que je viens de citer par rapport à
l'année dernière, des investissements qui sont associés
à l'amélioration de la qualité de service ?
M. Drouin: Je demanderais à M. Boivin de répondre
à cette question.
Mme Bacon: Peut-être aussi pourrait-il ajouter en
même temps, je pense que ça revient dans nos préoccupations
mutuelles, quelle est leur contribution à l'augmentation des tarifs
au-dessus de l'inflation?
M. Boivin: M. le Président, l'an dernier, effectivement,
dans les programmes d'amélioration de la qualité du service que
nous avions dans le plan de développement, nous prévoyions pour
la période de 1989-1991 des investissements de 2 300 000 000 $, et cette
année, nous prévoyons des investissements de 4 200 000 000 $,
soit un accroissement de 1 900 000 000 $. Effectivement, vous vous souviendrez
que, l'an dernier, nous avions parlé, dans le plan de
développement, que nous étions à élaborer un
programme d'amélioration de la maintenance que l'on appelle le programme
PAM, mais qu'au moment de la préparation du plan de
développement, ce programme-là était en voie
d'élaboration très préliminaire, dans ces premiers
balbutiements, et nous n'avions pas, à ce moment-là, chiffrer
l'ampleur de ce programme. De sorte que cette année, ce programme qui
était annoncé l'an dernier mais qui n'avait pas été
quantifié sur le pian monétaire, est maintenant inclus pour un
ajout de 1 200 000 000 $. Il y a également, et nous en avions
parlé l'an dernier, sans chiffrer à ce moment-là non plus
les impacts, nous avions indiqué dans le plan de développement
l'an dernier que nous avions en cours une étude pour revoir les
critères de conception de nos réseaux souterrains. Effectivement,
cette étude-là dans sa première phase est terminée,
et nous avons inclus cette année dans nos prévisions
d'investissement, l'impact de la révision des nouveaux critères
de conception de nos réseaux souterrains pour un ajout de 500 000 000 $.
Ce qui fait, pour ces deux programmes-là, 1 700 000 000 $ et il reste
200 000 000 $ pour toute une série de mesures plus ponctuelles et plus
détaillées, si vous voulez, ce qui, finalement, explique
l'augmentation de 1 900 000 000 $. Maintenant, pour le deuxième volet de
la question, on traitait de l'impact de ces tarifs-là sur les
coûts de fourniture. Si...
Mme Bacon: C'est l'impact sur les tarifs, l'augmentation des
tarifs au-dessus de...
M. Boivin: D'accord. En fait, comme nos tarifs sont directement
liés à l'évolution de nos coûts de fourniture,
alors, finalement, l'impact...
Mme Bacon: Ça revient au même.
M. Boivin: ...des programmes d'amélioration de la
qualité du service se répercute sur les tarifs. Pour les trois
prochaines années, les années 1989 à 1992, les programmes
que je viens de mentionner, soit PAM, PAQS-2 ainsi que le
PAQS-Clientèle, le programme d'amélioration de la qualité
du service à la clientèle, représente des ajouts de 328
000 000 $. Ce qui veut dire que ces coûts se répercutent dans nos
coûts de fourniture et doivent être absorbés par les
tarifs.
Maintenant, il faudrait - et je vais demander à M. Delisle:
Est-ce que vous avez des données?
M. Delisle: Oui.
M. Boivin: II faut briser ces données en frais
d'exploitation qui, eux, se répercutent immédiatement et
instantanément dans les coûts de fourniture, donc dans la
tarification, par rapport aux montants qui sont immobilisés,
c'est-à-dire qui sont capitalisés dans nos installations
et qui, elles, à ce moment, sont amorties. Donc, c'est à
peu près 10 % de ces montants qui sont intégrés dans la
tarification. M. Delisle va vous donner la répartition.
M. Delisle: En fait, les 118 000 000 $ sur les 303 000 000 $, on
voit que ça représente 39 % des frais qu'on doit ajouter aux
coûts de fourniture à l'horizon 1991, et puis, comme vous le
savez, nos tarifs, en 1990-1991, cumulative-ment, augmentent d'environ 6 % de
plus que l'inflation. Donc, on peut dire qu'il y a 39 % de ce montant qui est
dû à ces programmes d'amélioration de la qualité du
service. C'est donc 2,4 % sur deux ans. En fait, par année, au bout de
la ligne, ça fait environ de 1 % à 1,2 % d'augmentation de tarif
qui pourrait être exempté si on évitait ces programmes.
Mme Bacon: D'accord. J'aimerais que, peut-être, pour le
bénéfice de la commission, vous puissiez indiquer le partage des
coûts des nouveaux critères de conception et d'exploitation du
réseau de transport pour satisfaire les attentes, parce qu'il y a quand
même des attentes dans la clientèle québécoise et
aussi pour faciliter l'intégration du réseau
d'Hydro-Québec au réseau voisin Northeast Power Coordinating
Council.
M. Boivin: M. Mercier va répondre à cette
question.
M. Mercier: Actuellement, dans l'estimation, dans l'imputation
des coûts pour l'amélioration du réseau de transport, on a
toujours imputé la moitié aux exportations et la moitié
pour les besoins québécois. C'était 50 % d'imputation
à l'interne et 50 % d'imputation pour les exportations comme telles. La
raison de ça c'est qu'au départ on avait des exportations qui
requéraient sans doute d'avoir des critères de conception qui
soient identiques pour nos interconnexions, donc, avec les exportations, des
réseaux interconnectés comme tels. Maintenant, on savait
très bien qu'on devait augmenter, améliorer la fiabilité
du réseau à l'interne. Et tant qu'à l'augmenter, on devait
l'augmenter, semble-t-il, au même niveau que les réseaux voisins.
Donc, effectivement, il y avait aussi une motivation qui nous poussait à
avoir des critères de fiabilité équivalents pour la
clientèle québécoise. Alors, dans ce sens, et comme on ne
savait pas partager de façon plus précise entre les besoins
à l'exportation et les besoins internes, on avait décidé
tout simplement de répartir à 50 % pour les exportations et 50 %
pour les besoins internes.
Mme Bacon: À la lecture du plan de développement,
j'ai remarqué que vous référez au vieillissement des
installations comme étant une activité de support à la
qualité de service. J'ai un petit peu de difficulté à
saisir ce genre d'approche, parce que, pour moi, la maintenance devrait faire
partie des activités normales de votre entreprise. Est-ce que vous
pouvez élaborer là-dessus?
M. Boivin: Oui, effectivement. Je demanderai peut-être
à Jean-Claude Roy de donner plus de détails, mais il reste que
vous avez raison de dire que la maintenance des installations fait partie de
nos coûts normaux d'opération. Maintenant, la maintenance a ses
limites. Lorsque des installations atteignent la fin de leur vie utile - on
sait, en fait, que nos centrales sont amorties sur un horizon de 50 ans; nos
lignes de transport sur un horizon de 35 ans - il reste qu'à un moment
donné dans le temps, pour chacune des installations, vous atteignez un
point où il ne s'agit plus de maintenance, mais il s'agit de
réfections majeures. A ce moment-là, en fait, ça ne fait
plus partie des dépenses normales de maintenance, parce que ce sont des
dépenses pour soit faire une réfection complète d'une
installation, la remettre à peu près dans un état de neuf
et lui donner une nouvelle vie pour l'avenir, ou encore, il s'agit en fait de
démanteler, dans certains cas de centrales, tout simplement de
démanteler une centrale et la remplacer par une autre
complètement neuve qui va donner des années, 50 ans de service.
Alors, lorsque nous considérons nos installations à un moment
donné dans le temps, on ne parle plus effectivement d'entretien, mais on
parle d'investissements majeurs pour remettre à neuf nos installations
et augmenter la vie résiduelle de ces installations.
Mme Bacon: Alors, ça dépasse de beaucoup ce qu'on
appelle maintenance régulière.
M. Boivin: C'est exact parce qu'il faut aussi considérer
que si on regarde notre parc de production, nos centrales, bien nous avons
maintenant des centrales qui commencent à prendre de l'âge. Je
pense aux centrales du Saint-Maurice, aux centrales de la Gatineau, certaines
de ces centrales-là ont maintenant atteint jusqu'à 75 ou 80 ans
et sont rendues à toutes fins pratiques à la fin de leur vie
utile et doivent faire l'objet d'une décision, à savoir: est-ce
qu'on fait une réfection majeure ou si on reconstruit en neuf. Et
à ce moment-là, on ne peut pas parler en termes de maintenance
proprement dite.
Mme Bacon: Au niveau des... Il faut penser aussi en termes de
régions, si vous me le permettez, quels seraient les impacts
régionaux des programmes d'amélioration de la qualité de
service, tant sur le plan économique, sur le plan réduction des
pannes? C'est aussi une préoccupation dans nos régions.
M. Boivin: Au niveau réduction des pannes,
je demanderais peut-être d'obtenir la diapositive SO 83 qui donne
un peu l'historique des pannes que nous avons connues. Maintenant, je vais vous
indiquer à partir de ça quels sont les objectifs que nous nous
sommes fixés pour les années à venir. Les investissements
que nous faisons, reliés à la qualité du service, sont
ceux qui nous permettront d'atteindre, à l'horizon 1994-1995, les
objectifs que nous nous sommes fixés. Si on remarque au niveau de
réseau de distribution, historiquement, l'indice de continuité du
service est situé entre 5 et 5,6. Nous avons pour les années 1985
et 1986, et nous pourrions effectivement remonter dans le début des
années 80, nous retrouvons toujours un indice de continuité de
service qui oscille entre 5 et 5,5. Nous avions eu une
détérioration importante en 1987 et 1988 et si on remarque en
1989, nous sommes revenus à peu près au niveau d'indice de
continuité historique.
Il est important, à ce stade-ci, de remarquer que les
investissements que nous planifions pour améliorer la qualité du
service, sont des investissements qui nous amènent à revoir le
niveau de qualité et nous nous proposons d'ici l'horizon 1995, avec ces
investissements-là, d'atteindre un nouveau palier ou un nouveau
critère de qualité du service qui, pour la distribution, se situe
à un indice de 3,5 par rapport à, comme je l'ai mentionné,
un indice de 5 à 5,5. Même chose au niveau du réseau de
transport, on voit que de 1985 à 1989, si on exclut les pannes
générales, l'indice de continuité du service du
réseau de transport, s'est constamment amélioré pour
passer de 3,4 heures par client à 1,3 heure par client. Maintenant,
l'indice de continuité de service que nous nous fixons maintenant comme
objectif avec d'une part le programme d'amélioration de la maintenance
du réseau de production transport et l'implantation des nouveaux
critères de conception du réseau, donc le nouvel indice, dis-je,
que nous nous fixons, est de l'ordre de une demi-heure ou 0,5 heure par
année au niveau du réseau de transport.
Encore là, il s'agit d'un nouveau palier de qualité du
service et un palier que nous n'avions jamais connu. Pour ce qui est des pannes
générales, il est peut-être important de mentionner que les
deux pannes générales que nous avons eues en 1988-1989,
détériorent notre indice de continuité du service mais,
avec l'implantation de la compensation série, c'est un
phénomène qui devrait être atténué de
façon très importante. Et on se rappellera que pendant les
années soixante-dix, bon an mal an, nous avions, historiquement, en
moyenne, une panne générale par année. Pour ce qui est de
l'impact économique au niveau régional des investissements que
nous faisons, la répartition la plus générale à
travers la province, nécessairement, se situe dans les investissements
que nous faisons sur le réseau de distribution, parce que notre
réseau de distribution, finalement, nous permet de rejoindre toute notre
clientèle aux quatre coins de la province. Donc, les investissements
dans le réseau de distribution sont répartis par région,
selon l'importance et l'ampleur du réseau de distribution et ces
chiffres-là sont disponibles.
La même chose du côté du programme
d'amélioration de la maintenance. Maintenant, il n'y a pas une
répartition aussi générale à travers la province
parce que, nécessairement, ça s'adresse d'abord et avant tout
à notre appareillage de production et de transport, mais
également au réseau de répartition qui, lui, est
situé un peu partout à travers la province puisque c'est lui qui
alimente le réseau de distribution. Maintenant, si vous voulez des
chiffres plus détaillés par région, ces chiffres-là
sont également disponibles, du moins pour les investissements en
distribution et M. Jean-Claude Roy peut vous en faire
l'énumération selon nos différentes régions
administratives.
M. Roy (Jean-Claude): En fait, si on compare, si on prend le
programme PAQS-2, qui est de 707 000 000 $, si on regarde pour l'année
1990, ce qui va être investi dans les régions, à
Saint-Laurent on parle de 13 900 000 $, Richelieu 26 500 000 $, Montmorency 9
700 000 $, Laurentides 23 700 000 $, Mauricie 5 200 000 $, La Grande 8 200 000
$, Matapédia 4 300 000 $, Saguenay 2 100 000 $ et Manie, qui a
très peu de distribution, 250 000 $. Ça, c'est pour
l'année 1990; maintenant, pour l'année 1991 aussi, ça
devrait être dans les mêmes proportions.
Mme Bacon: Est-ce qu'on peut comparer, parce qu'on sait que vous
avez quand même atteint des résultats considérables par
rapport à ce que vous vous étiez fixé. Est-ce qu'on peut
comparer avec ce qui se fart dans le reste du Canada? Dans votre réseau
de distribution.
M. Boivin: Les indices de continuité du service que nous
avons maintenant, et nous sommes revenus à peu près au même
niveau que le niveau historique que nous avons connu, du moins au niveau de la
distribution, une amélioration au niveau du transport, si on fait
exception des pannes générales, cet indice-là est à
peu près dans la moyenne historique d'Hydro-Québec. Maintenant,
par rapport à la moyenne canadienne, il est certain que cet
indice-là est de beaucoup plus faible que la moyenne canadienne.
Effectivement, les objectifs que nous nous fixons à l'horizon 1994-1995
sont de nous coller sur les mêmes performances que les réseaux
à l'échelle canadienne.
Il faut comprendre, je pense qu'il est important de mentionner ici, que,
lorsque nous visons à obtenir les mêmes indices de
continuité que la moyenne canadienne, compte tenu des conditions
climatiques dans lesquelles on opère, de l'importance et de la longueur
de notre réseau de transport, parce qu'aucune autre province
canadienne n'a des sites de production situés comme nous aussi
loin au Nord, et je pense entre autres, à notre complexe Manie-Outardes,
au complexe La Grande, à la Baie James et à la Centrale de
Churchill Falls, ce qui veut dire qu'en pratique, pour des conditions
climatiques identiques, nous serions parmi les chefs de file au niveau de la
qualité du service au Canada. Ces indices-là, comme je l'ai
mentionné, sont de l'ordre de quatre heures d'interruption par client,
par année, au total.
Mme Bacon: Dans votre mémoire tarifaire, vous faites
référence à un nouveau programme, intitulé
PAQS-Clientèle, si on tient compte des initiatives qui sont
déjà en cours ou annoncées l'an passé, comme, par
exemple, l'amélioration du taux de réponse
téléphonique, une facturation basée sur un relevé
réel, une planification des interruptions programmée, il y a
aussi l'introduction du mode de versements égaux, la gestion des
plaintes, que contient de nouveau le programme PAQS-Clientèle? Et quels
sont les coûts d'immobilisation et les charges d'exploitation
associés à ce nouveau programme?
M. Boivin: Je demanderais à M. Jacques Finet de
répondre à cette question.
M. Finet (Jacques): M. le Président, on a parlé
auparavant des pannes, mais lorsqu'on fait des sondages auprès de notre
clientèle, on s'aperçoit qu'il y a toute une partie de nos
services, aussi, qui ne reçoit pas la cote d'appréciation qu'on
pourrait souhaiter. Lorsqu'on y regarde de près, on s'aperçoit,
entre autres, que le taux de réponses au téléphone n'est
pas satisfaisant. On était dans les 77 %, 78 %. Je peux vous dire qu'au
moment où on se parle, à cause du conflit de travail, on est
rendus en bas de 70 %. Mais on a un travail à faire appréciable
pour que le client soit capable de nous rejoindre plus facilement.
Aux États-Unis, on considère qu'il faut répondre,
en règle générale, si on veut référer
à une norme, à 95 % des appels dans un délai de dix
secondes. Nous, compte tenu de la situation, aussi du fait qu'il faut apporter
des correctifs à nos équipements, on s'est donné un
objectif sur plusieurs années à atteindre pour améliorer
ce point. En fait, on veut atteindre 85 % dès 1990, 90 % en 1991 et 92 %
en 1992. Il nous reste encore un peu de chemin à faire pour atteindre
les 95 % qui seraient la cible souhaitée.
Voici un autre aspect. Bien entendu, le client nous critique parce
qu'à l'occasion, la facture est faite à partir d'un estimé
de consommation, à défaut de pouvoir avoir une lecture de
compteur. On fait un estimé; on en fait même un deuxième
et, à ce moment-là, il y a des possibilités que la facture
ne reflète pas la consommation réelle parce qu'il a pu arriver
que le client était absent pendant un certain temps ou pour d'autres
raisons. Alors, il y a à la fois du personnel qu'on ajoute pour
être capable d'aller lire les compteurs dans une plus grande proportion
et aussi on fera appel en cours d'année 1990, on installera ce qu'on
appelle des appareils de télémesure, c'est-à-dire un
instrument installé chez le client qui lui-même communique par
téléphone avec l'entreprise, avec nos ordinateurs pour donner la
lecture du compteur. Là-dessus, on parle d'atteindre un objectif de 87 %
en 1990, pour espérer atteindre en 1992 un pourcentage de 96 %.
Là-dessus, je vous dirai aussi qu'aux États-Unis, ou ailleurs,
où ils se disent performants, on parie de taux de 97 %, 98 %. On pourra
peut-être vous dire que c'est ce qu'on souhaite aussi mais, de
façon réaliste, ce qu'on peut espérer atteindre, avec les
moyens qu'on peut mettre à contribution, ce sont des pourcentages de cet
ordre. La même chose...
Le Président (M. Bélanger): Un instant. Mme la
ministre.
Mme Bacon: Je voudrais juste terminer, parce que je veux donner
du temps à M. le député d'Ungava. Je n'ai pas eu de
réponse.
Quels sont les coûts d'immobilisaiton et aussi quelles sont les
charges d'exploitation qui sont associés? Je pense que vous en faites
beaucoup, mais il y a des coûts à ça, il y a des
charges.
M. Finet: Vous avez en page 32 de la proposition de plan de
développement un tableau 2.5 qui fait état des frais
d'exploitation et d'investissement, cependant, pour la période de trois
ans. On parle au total d'un montant de 73 000 000 $. Là-dessus, il y a
de façon importante la télélecture pour un montant de
quelque 30 000 000 $, qui est un investissement important. La balance, ce sont
des frais d'exploitation, à toutes fins pratiques.
Mme Bacon: D'accord, merci.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Oui, M. le Président. D'abord une ou deux
petites questions techniques pour être bien sûr qu'on se comprend
dans les chiffres. Dans les tableaux que vous nous avez déposés
cet après-midi, il y a la planche F16-41 où on parle des
programmes PAQS et PAM et subventions, c'est marqué là. On a des
montants pour les trois années qui viennent. Le "subventions"
là-dedans, il veut dire quoi? C'est dans "prévision
d'investissement, plan de développement 1990-1992."
M. Boivin: F16...
M. Claveau: Moi, c'est marqué F16-41, en
tout petits chiffres dans le bas.
M. Finet: Pour quelle période? 1990-1992 ou la
période...
M. Claveau: Dans le programme d'amélioration, c'est
marqué... Il y a PAQS, PAM et subventions. Je voudrais savoir qu'est-ce
que signifie "subventions" et c'est quoi la part dans le montant global? Parce
qu'on ne retrouve ça nulle part ailleurs, à ma connaissance. (20
h 30)
M. Finet: Oui, oui, un instant.
M. Drouin: Posez la deuxième question pendant qu'on
cherche réponse à la première.
M. Claveau: Si vous voulez. En espérant que la
réponse à la deuxième va venir plus vite.
Tout à l'heure, à la question de Mme la ministre sur ce
que vous entendiez par l'amélioration de la fiabilité du
réseau, vous avez bien répondu que c'était les deux
programmes, PAQS et PAM, essentiellement, plus, évidemment, les travaux
statutaires que vous devez faire. Dans une autre planche, la T6.8: Impact des
principales modifications sur les charges et les intérêts par
rapport au plan de développement. Là, à l'item: La
qualité du service, il y a des montants: pour 1990, 83 000 000 $, 1991,
118 000 000 $ et 1992, 123 000 000 $. À première vue, ça
ne correspond pas tellement avec les chiffres qu'on avait tout à
l'heure, sur les programmes PAQS et PAM. Qu'est-ce que c'est, la
différence?
M. Delisle: A quels chiffres référez-vous, qu'on
avait tout à l'heure?
M. Claveau: Je réfère aux chiffres de la planche
que vous avez présentée vous-même, cet après-midi,
M. Delisle: T6.8.
M. Delisle: Oui, je l'ai.
M. Claveau: Au chapitre: Impact des principales modifications sur
les charges et les intérêts par rapport au plan de
développement.
M. Delisle: C'est ça. Ces montants-là, dans le
fond... Le montant de 83 000 000 $ est composé d'un montant de 52 000
000 $ pour PAM, 23 000 000 $ pour PAQS-2, et 8 000 000 $ pour le
PAQS-Clientèle, alors que le montant de 118 000 000 $ est composé
de 84 000 000 $ pour PAM, 30 000 000 $ pour PAQS-2, et 4 000 000 $ pour le
PAQS-Clientèle; le montant de 123 000 000 $ est composé de 98 000
000 $ pour PAM et 25 000 000 $ pour le PAQS-2.
M. Claveau: O.K..
M. Boivin: Si vous permettez, je pense que la question que vous
posez, c'est que ces chif- fres-là ne correspondent pas à ceux
que nous avons donnés tantôt.
M. Claveau: Oui, d'où vient la différence?
M. Boivin: Alors, la différence, à la planche
T6.8... Ce que nous avons là, ce sont les impacts des principales
modifications sur les charges et les intérêts par rapport au plan
de développement 1989-1991. Ce sont les accroissements et ce sont les
charges sur les intérêts et... Donc, ça veut dire que ce
sont les intérêts sur les montants qui sont capitalisés ou
immobilisés, plus les montants, en fait, qui sont chargés
directement à l'exploitation. Donc, en d'autres mots, c'est l'impact sur
les coûts de fourniture pour ces années-là, de tous ces
programmes-là.
M. Claveau: Est-ce que je comprends en disant que c'est la
différence entre le programme tel que prévu au plan de
développement de l'année dernière et le nouveau montant
qu'on y a rajouté cette année?
M. Boivin: C'est la différence entre les montants de l'an
dernier et les montants prévus cette année...
M. Claveau: O.K.
M. Boivin: ...mais pas pour les investissements totaux. C'est
l'impact sur les charges et les dépenses d'intérêts.
M. Claveau: O.K. Je continue. La planche suivante, la T6.4... On
a, toujours au chapitre de la qualité des services par rapport aux
charges d'exploitation, des chiffres qui sont inférieurs à ce
qu'on avait, tout à l'heure, dans la planche T6.8. Est-ce que la
différence est due exclusivement aux intérêts
consolidés ou capitalisés?
M. Boivin: C'est exact, mais avec l'ajout que, à la
planche T6.4, c'est l'impact total, donc ce n'est pas uniquement le
différentiel par rapport au plan de développement, mais
uniquement pour les charges d'exploitation, excluant les charges
d'intérêts.
Dans un cas, ça inclut l'exploitation... toujours les charges
d'exploitation, plus les intérêts que nous devons payer sur les
montants qui sont capitalisés. Dans l'autre cas, ce sont les charges
d'exploitation directement.
M. Claveau: C'est purement technique, mais comment se fait-il
qu'en 1992, on a presque 20 % de différence? Ça, ça veut
dire qu'il y a 20 % d'intérêts capitalisés?
M. Boivin: Ce n'est pas surprenant, parce que si on prend, par
exemple... À titre d'exemple, dans le programme PAM, le programme
d'amélioration de la maintenance, on vous dit que c'est
un programme global de 1 200 000 000 $. M. Claveau: Oui.
M. Boivin: Sur les 1 200 000 000 $, il y a 900 000 000 $
d'investissements, donc de montants qui vont à l'imobilisation, qui sont
capitalisés, et il y 300 000 000 $ qui vont à l'exploitation. Si
je prends le programme global, une fois qu'il va être terminé et
que j'aurai investi 900 000 000 $, les charges d'intérêts annuels
sur ce montant-là, en prenant une hypothèse approximative de 10
%, sont de 90 000 000 $ par année. Tandis que les 300 000 000 $
d'exploitation, en fait, ils sont passés directement aux charges ou aux
dépenses à chaque année où ces
dépenses-là sont effectuées, puis ils sont
oubliés.
M. Claveau: O.K. Donc, les intérêts
capitalisés qui, finalement, n'apparaissent pas tant et aussi longtemps
que ce n'est pas mis en production, dans le fond, ça s'en va à
l'avoir de l'actionnaire?
M. Boivin: Non. Ça s'en va dans l'actif de la
compagnie.
M. Claveau: Oui.
M. Boivin: Ça s'en va dans l'actif d'Hydro-Québec.
Maintenant, si vous regardez notre taux de capitalisation, qui est aux environs
de 25 %, ça veut dire qu'effectivement, une fois que c'est dans nos
actifs globaux - et dans l'hypothèse où on maintient, et c'est
notre objectif de maintenir un taux de capitalisation de 25 % - bien il y a 25
% de ce montant-là qui a été autofinancé, donc qui
fait partie de l'avoir de l'actionnaire, et il y a 75 % qui a été
financé par la dette, donc qui s'en va au chapitre de la dette.
M. Claveau: Oui, mais les intérêts, tant qu'ils sont
capitalisés, ils n'apparaissent pas comme dépenses dans
l'année.
M. Boivin: C'est exact. Tant que les intérêts sont
capitalisés. Maintenant, la capitalisation des intérêts,
lorsqu'on construit une centrale, par exemple, que ça nous prend huit
ans à construire une centrale, et qui coûte, par exemple, 2 000
000 000 $, bien, à chaque année, on investit de l'argent et,
comme ça va prendre encore cinq ans, six ans, sept ans avant qu'elle
soit mise en service, il y a des intérêts qui sont
capitalisés dans le coût de construction.
M. Claveau: Oui.
M. Boivin: Lorsqu'on parle du programme d'amélioration de
la maintenance, le programme PAM, ce ne sont pas des projets de dizaines de
milliards qui prennent dix ans à construire. En général,
la plupart des interventions prévues au programme d'amélioration
de la maintenance sont des interventions ponctuelles - installation d'un
nouveau disjoncteur, etc. - ce qui fait que, au moment où le travail se
fait, il n'y a pas d'intérêts capitalisés. Ce cas-là
n'est pas exact, je parlais de l'implantation de la compensation série,
parce qu'il s'agit, à toutes fins pratiques, d'une nouvelle construction
dans notre réseau, et qui va prendre, en pratique, cinq ans à se
réaliser. On a commencé en 1989, on devrait avoir terminé
en 1994, et effectivement, dans les 1 400 000 000 $ prévus pour
l'implantation des nouveaux critères de conception de notre
réseau de transport, il y a des dépenses d'intérêts
qui seront capitalisées.
M. Drouin: Et lorsqu'elles sont capitalisées, il faut se
reporter au ratio de 25 % qui est l'avoir de l'actionnaire par rapport à
celui de 75 % qui appartient à la dette. Donc, ce n'est pas exact de
dire que les intérêts capitalisés sont tout l'avoir de
l'actionnaire. Ils sont dans la même proportion que le reste du
capital.
M. Claveau: Ça veut dire que dans les
intérêts capitalisés, dans le fond, n'intervient, dans le
cas du rendement sur l'avoir propre, que la partie des 25 %, qui est l'avoir de
l'actionnaire?
M. Boivin: C'est ça.
M. Claveau: Parce que, dans le fond, plus vous capitalisez
d'intérêts, finalement, plus vous augmentez le rendement sur
l'avoir propre, sans pour autant avoir...
M. Boivin: Ce n'est pas nécessairement exact...
M. Drouin: Non.
M. Boivin: ...parce que si nous prenons trop de temps pour faire
un projet, son coût final va être influencé. En fait,
l'échéancier, dans la construction d'un grand projet, est
très critique, parce que les dépenses d'intérêts
représentent jusqu'à 25 % ou 30 % du coût final de
construction, du coût capitalisé de construction, et si vous
retardez, vous allez être obligés de le financer également,
comme la partie construction de base. Si vous ne faites pas attention,
premièrement, ça va faire augmenter vos coûts de
fourniture, parce que vous allez avoir une installation qui va vous avoir
coûté plus cher, et deuxièmement, ça va probablement
avoir pour impact de faire chuter votre taux de capitalisation plutôt que
de le faire augmenter.
M. Claveau: On reviendra là-dessus plus
précisément, demain, probablement.
M. Drouin: Vous aviez posé votre première
question sur les subventions. M. Claveau: Oui, oui.
M. Drouin: Je pense que M. Delisle pourrait vous donner la
réponse.
M. Delisle: En fait, vous demandiez qu'elles étaient les
subventions en question. Ce sont des subventions dans le cadre des programmes
d'économie d'énergie et dans le cadre du programme
Electrotechnologie qui sont ici. En fait, c'est l'amortissement de ces
subventions-là, parce que, comme vous le savez, les subventions sont
capitalisées et amorties sur cinq ans, sur une certaine période
de temps.
M. Claveau: Pourquoi, à ce moment-là, l'a-t-on mis
avec les programmes d'amélioration des services à la
clientèle?
M. Delisle: C'est probablement un mauvais recoupement, tout
simplement. À un moment donné, dans un tableau, il peut y avoir
un certain nombre de lignes, et on a fusionné ces
éléments-là ensemble. C'est tout simplement ça.
M. Claveau: Alors, ça arrive même à Hydro de
mal regrouper.
M. Delisle: Si vous voulez. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Dans le plan de développement, à la
page 3, vous nous arrivez avec une nouvelle notion, en tout cas de la
façon dont c'est exprimé. Vous dites que vous allez mettre en
place une nouvelle politique de maintenance préventive conditionnelle.
Ça, c'est à la page 3 du plan de développement. Qu'est-ce
que c'est, dans le concret, de la maintenance préventive
conditionnelle?
M. Drouin: M. Jean-Claude Roy va vous répondre.
M. Roy: Quand on parle de maintenance préventive, ce qu'on
faisait avant cette nouvelle politique, c'est qu'on faisait de façon
systématique de l'entretien de nos équipements. Par exemple, pour
un disjoncteur, il y avait une norme qui disait qu'à tous les cinq ans
on devait défaire le disjoncteur et le rebâtir. Ce qu'on veut
faire, maintenant, quand on parle de maintenance préventive
conditionnelle, c'est qu'on veut, par des moyens qu'on est en train de
développer actuellement, aller vérifier la condition ou
l'état du disjoncteur et décider si, oui ou non, on en fait
l'entretien, ce qui devrait rationaliser et diminuer de beaucoup les efforts
d'entretien qui sont requis.
M. Drouin: Juste pour vulgariser cette réponse, M. le
Président...
M. Claveau: Je vous le permets.
M. Drouin: ...c'est que c'est le parallèle entre une
automobile qui fait 100 000 kilomètres et une automobile qui en fait 10
000. Les inspections, si on décide de les faire quand même
à tous les six mois ou à tous les huit mois, ce n'est pas utile
pour l'automobile de 10 000 kilomètres, puis ça peut être
utile pour l'automobile de 100 000 kilomètres.
M. Claveau: Vous avez glissé un mot tout à l'heure,
M. le Président, sur la question des compensateurs série. Je
reviens peut-être à une question dont on s'est déjà
parlé l'année dernière: Est-ce que le risque en vaut la
chandelle, dans la mesure où les compensateurs série, c'est un
équipement qui est lourd, coûteux, long à construire, long
à financer, comme vous l'avez dit vous-même? C'est un
équipement, à toutes fins pratiques, qui est assez nouveau en son
genre dans le réseau de transport Hydro-Québec et qui, en tout
cas à ce que me disent certaines personnes qui connaissent quand
même quelque chose dans la question de l'électricité et du
transport énergétique, n'est pas un équipement qui a
totalement fait ses preuves. J'aimerais que vous éclaircissiez
ça, si c'était possible.
M. Mercier: André Mercier. Je suis responsable de la
planification du réseau. Ce qu'on peut vous dire, c'est que toutes nos
études ont confirmé que la compensation série,
c'était la meilleure solution pour l'ensemble du réseau
d'Hydro-Québec. C'est une technologie qui a été
utilisée ailleurs dans différents pays, en particulier aux
États-Unis, sur la côte ouest. Ça a été
utilisé aussi en Suède depuis plus d'une trentaine
d'années. Ça s'est révélé extrêmement
efficace, puis je pense qu'il est intéressant de noter que,
particulièrement pour la Suède, c'est un réseau
électrique qui est tout à fait similaire à celui du
Québec. Dans ce sens, ils ont des lignes aussi longues que les
nôtres. Ils ont utilisé ce système de compensation depuis
plus de 30 ans. Ils sont extrêmement satisfaits. Ils vont utiliser
même une nouvelle technologie, en fait la technologie qu'on va utiliser
maintenant, qui est surtout une amélioration de l'ensemble du même
principe qu'auparavant.
Dans ce sens, on a fait des vérifications auprès des
réseaux de la côte ouest américaine, des réseaux
suédois et aussi des réseaux brésiliens qui vont
maintenant utiliser ce genre de technologie. On est tout à fait
convaincus de l'efficacité de ce genre d'application de la compensation
série. On doit dire aussi qu'on a eu un comité d'experts qui
venaient de ces différents réseaux, qui ont fait la conception,
qui ont vécu leur expérience avec l'application de
cette compensation série. Et tous sont d'accord avec la
performance, les résultats qu'on peut obtenir avec l'ensemble de cette
technologie. (20 h 45)
On peut dire aussi que, même au Québec on a, depuis, je
pense, deux ans maintenant, une installation de compensation série qui a
été utilisée à Kampuraska, près de
Rivière-du-Loup, et ce système fonctionne aussi extrêmement
bien. Je pense qu'il est intéressant de dire que c'est un système
qui est simple, c'est un système qui... Vous dites que c'est lourd; en
fait, c'est un système qui s'installe extrêmement facilement et
qui ne comporte aucune pièce tournante, aucun automatisme particulier et
qui peut fonctionner de façon extrêmement efficace. Toutes les
expériences qu'on a pu obtenir... On a rendu visite aux
différentes installations et ce qu'on a obtenu, c'est une
fiabilité absolument extraordinaire, à tel point que les gens
étaient même un peu étonnés qu'on leur pose la
question: Mais est-ce que ça fonctionne correctement? Et, à leur
avis, particulièrement les Suédois et les gens de la côte
ouest américaine, ce qu'ils nous ont dit, c'est que le système
fonctionnait de façon impeccable et que ce n'est pas ce genre
d'installation qui leur donne des problèmes de fiabilité.
M. Claveau: Parce qu'en fait, j'ai vu les plans, les ajouts et
certaines photos même qui nous ont été envoyées par
Hydro-Québec sur les ajouts des postes de compensation série, les
postes Albanel, Chibougamau, etc.. Il reste que c'est un équipement
supplémentaire dans le réseau actuel. Alors, c'est un
équipement, donc, qui va nécessiter aussi probablement des ajouts
en termes d'entretien, de réparation ou de personnel de surveillance,
etc. Je suppose, oui?
M. Mercier: En termes d'entretien ou d'exploitation comme tel,
ça n'implique pas des choses qui sont vraiment différentes parce
que ce sont des batteries de condensateur et les batteries de condensateur,
elles existent déjà dans des postes existants, à des
niveaux de tension différents. Donc, en ce sens-là, ce n'est pas
un équipement qui est vraiment nouveau en termes d'exploitation; c'est
simplement l'utilisation et le système de protection qui est
placé aux bornes, qui est vraiment différent. Je pense qu'on peut
dire aussi que... En fait, pour résumer un peu l'ensemble de la question
sur l'entretien ou l'exploitation, je pense qu'on se sent tout à fait
à l'aise pour dire que c'est un système qui va performer
extrêmement bien et que ça ne nous semble pas être quelque
chose qui va vraiment nous donner des problèmes particuliers. En fait,
toute l'expérience qu'on a pu obtenir ailleurs nous indique de
façon claire que ça devrait fonctionner extrêmement
bien.
M. Claveau: On vous le souhaite.
M. Mercier: Je pense qu'il y a une chose qui est à
remarquer, c'est que la compensation série et je pense qu'on revient
peut-être sur l'explication de l'an passé, ce que ça a
comme résultat, c'est de diminuer la distance effective au point de vue
électrique. C'est pour ça que c'est si efficace dans un
réseau qui est long. Et, effectivement, on l'a mentionné tout
à l'heure, le réseau d'Hydro-Québec, sa
caractéristique c'est d'être un réseau extrêmement
long et à cause de ça, la compensation série a pour effet
de réduire électriquement les distances et à cause de
ça, ça stabilise énormément nos réseaux et,
donc, ça améliore beaucoup la fiabilité.
M. Claveau: Je vous remercie.
M. Mercier: En fait, toutes nos simulations, parce que c'est
vraiment comme ça qu'on peut le tester, nos simulations sont
extrêmement... Les résultats sont très probants.
M. Claveau: Je vous remercie, M. Mercier.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Bacon: Comme on a débordé un peu la
qualité du service, le député d'Ungava va sûrement
me permettre de revenir sur les questions que j'ai déjà
posées. J'aimerais revenir là, surtout, sur
l'hydraulicité, qui est quand même un problème important
auquel on a à faire face et aussi sur les conséquences de
l'hydraulicité. Alors, dans le plan de développement, vous faites
référence à la possibilité de créer un fonds
de stabilisation qui permettrait de réduire la fluctuation des
résultats financiers qui est causée par la variation de
l'hydraulicité. Est-ce que vous pouvez donner des précisions sur
l'approche que vous prenez en regard de ce fonds de stabilisation?
M. Drouin: En fait, ce serait une approche où, profitant
d'une situation où on serait en hydraulicité forte et où
évidemment, les entrées de fonds seraient plus importantes, on
pourrait créer un fonds qui pourrait pallier les chocs tarifaires qui
peuvent s'imposer dans le cas d'une hydraulicité faible. Ce serait une
espèce de réserve que l'on garderait dans nos coffres pour
pallier un choc d'hydraulicité faible. Bien sûr, au moment
où nous sommes dans la situation actuelle, c'est difficile de parler
d'un tel fonds à ce moment-ci, mais au moment où on tomberait
dans une période plus forte, c'est évident que nous proposerions
de créer un tel fonds, ce qui nous permettrait peut-être
aujourd'hui, si un tel fonds avait été créé dans le
passé, de faire face plus aisément à un choc qui est
dû à l'hydraulicité faible.
Mme Bacon: Est-ce que ce fonds de stabili-
sation a des effets sur la tarification?
M. Drouin: C'est parce que ça stabiliserait la
tarification et ça aurait donc un effet positif puisque, à un
moment où on aurait une hydraulicité faible, plutôt que
d'augmenter les tarifs au-delà de l'inflation, comme c'est le cas
actuellement, on pourrait utiliser le fonds de stabilisation pour
remédier à la situation et ainsi éviter le choc
tarifaire.
Mme Bacon: M. Mercier a mentionné des chiffres
tantôt, et j'aimerais peut-être revenir sur les chiffres - vous me
le permettrez, M. le Président - qui ont été
avancés par rapport au coût de la révision de la
productivité, et des critères de réserve. Il a
été mentionné que ça nécessiterait des
investissements de 3 000 000 000 $ ou 4 000 000 000 $, si ma mémoire est
fidèle, ce qui impliquerait des charges d'intérêts de
l'ordre de 200 000 000 $. Est-ce que vous pouvez expliquer comment vous arrivez
à ces chiffres-là de dépenses annuelles?
M. Mercier: En termes de dépenses annuelles, tout à
l'heure, je vous ai mentionné, pour fixer un peu les idées sur...
En termes de valeur d'investissements, effectivement, ce sont des
investissements qui vont se faire à la fin de la décennie. On
tente d'atteindre de nouveaux critères de fiabilité vers
l'année 1999. Donc, effectivement, les ajouts dans l'ensemble du
réseau d'équipements additionnels pour devancer, si l'on veut, de
l'ordre de cinq térawattheures par année, vont nous coûter
3 000 000 000 $ ou 4 000 000 000 $; je n'ai pas le chiffre exact, mais on
pourrait vous l'obtenir.
Maintenant, en termes d'équivalent par année, pour vous
donner un ordre de grandeur, je vous ai précisé que ça
pouvait être de l'ordre de 200 000 000 $, en valeur d'aujourd'hui, pas en
valeur de l'année 1999. Évidemment, ce sont des charges qui vont
être ajoutées vers les années 1998 ou 1999.
Mme Bacon: Elles pourront être plus élevées
à ce moment-là.
M. Mercier: II faudra tenir compte de l'inflation...
Mme Bacon: C'est ça.
M. Mercier:... à ce moment-là, pour avoir les
valeurs réelles.
M. Delisle: J'aimerais peut-être ajouter un point
là-dessus, c'est que...
Mme Bacon: Oui, Monsieur.
M. Delisle:... ici, ce que André Mercier mentionne, c'est
le coût... En fait, c'est l'impact sur les charges du coût des
investissements qu'on va avoir à faire pour faire cette production
supplémentaire-là. Il faut voir, par contre, que, dans certaines
périodes, ces surplus-là, on va les avoir, dans le sens qu'on va
avoir l'hydraulicité forte ou l'hydraulicité moyenne et on pourra
les vendre. En les vendant, je ne le sais pas, 30 $ le mégawattheure,
ça va venir réduire le coût brut que mentionnait
André et ainsi, en fait, faire en sorte que ces critères de
fiabilité énergétique vont être d'un coût
passablement moindre que le coût brut qu'on vous a mentionné.
Mme Bacon: Pour revenir à l'hydraulicité, à
quel niveau de faible hydraulicité mettez-vous en place les moyens
exceptionnels que vous envisagez? Quel serait le niveau de
l'hydraulicité?
M. Roy: II ne s'agit pas d'un niveau d'hydraulicité
mais...
Le Président (M. Bélanger): Votre nom, c'est
monsieur...
M. Roy: Jean-Claude Roy.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
M. Roy: En fait, il ne s'agit pas d'un niveau
d'hydraulicité, mais plutôt d'un critère qu'on se donne,
qui est à très court terme, c'est-à-dire pour les deux
prochaines années. On veut être capables de faire face, par
exemple, l'an prochain, à la pire année qu'on a connue, qui est
de l'ordre de 36 térawattheures, et à une deuxième
année, qui est de l'ordre de 30 térawattheures. C'est pour
ça qu'on dit qu'on veut être capables de faire face à
ça. On voudrait avoir, dans nos réservoirs, à un certain
moment donné, 65 térawattheures pour faire face à cette
hydraulicité là, étant donné que ça prend un
certain temps avant de pouvoir reconstituer notre réserve. C'est ce
qu'on mentionne, dans le plan, quand on parle de 65 térawattheures qu'on
veut maintenir et lorsqu'on voyait les courbes de ce matin. C'est ça qui
déclenche, finalement, les moyens, lorsqu'on ne respecte plus ce
critère.
Mme Bacon: Je reviens peut-être à la qualité
du service. On constate.. Au cours de l'année qui vient de
s'écouler, malgré des résultats qui sont assez
intéressants, le démarrage des interventions des actions
d'Hydro-Québec pour améliorer la qualité du service, il
nous a semblé que ç'a été un peu laborieux. Quelles
sont les mesures que vous avez l'intention de prendre pour peut-être
accélérer la mise en place des programmes et aussi assurer
à la population un service de qualité auquel elle a droit?
M. Boivin: J'aimerais mentionner, effective-
ment, si on se reporte au plan de développement de l'an
dernier... Par exemple, prenons le PAQS-2, le programme d'amélioration
de la qualité du service du réseau de distribution. Nous avons
annoncé le programme en mars dernier, effectivement, et vous comprendrez
qu'il y a des préparatifs à mettre en place, mais le programme
devait effectivement démarrer en juin dernier. On se souviendra que nous
étions, comme nous sommes toujours d'ailleurs, en période de
négociation de nos conventions collectives et effectivement, la
période de démarrage de ces programmes, l'an dernier, a
coïncidé avec le début des moyens de pression à
l'interne. À ce moment-là, nous avons surtout mis l'accent sur
les programmes de base en mettant un focus très important sur les
endroits où nous avions des surcharges dans le réseau pour
tâcher d'améliorer le plus rapidement possible... De sorte que les
dépenses au niveau du programme d'amélioration de la
qualité du service de distribution ont été
décalées. Effectivement, nous avons réalisé
à peu près 40 % des dépenses que nous avions
prévues l'année dernière.
Il est évident, comme on l'a dit ce matin, que la
réalisation de notre plan de développement, et donc, la
réalisation également des programmes d'amélioration de la
qualité du service, présupposent un règlement de nos
conventions collectives, un règlement à court terme de nos
conventions collectives, lorsqu'on comprend que la période de
décembre, janvier, février et mars, à Hydro-Québec,
n'est pas une période de travaux intensifs, parce que nous sommes en
période de pointe dans le réseau et que tous les
équipements doivent être disponibles. Donc, on limite, à ce
moment-là, les interventions de maintenance à des interventions
de dépannage lorsqu'il y a des bris, mais avec l'arrivée du mois
d'avril, c'est normalement le démarrage de la période intensive
des travaux. Donc, au moment où on se parle, dans l'hypothèse
où nos conventions collectives se règlent à court terme,
nous sommes confiants de pouvoir réaliser au cours de l'année
1990 les programmes que nous nous sommes fixés.
Le Président (M. Bélanger): Alors, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Oui, M. le Président. Vous m'excuserez de
revenir encore sur la question du transport. Ça fait partie du service
à la clientèle. C'est excessivement dans la mesure où, en
plus, c'est très visible à peu près partout sur le
territoire du Québec. C'est un problème environnemental en plus.
Je suis particulièrement intéressé par la question de la
compensation série. Est-ce qu'il s'agit là d'un équipement
qui est strictement lié finalement à l'amélioration de la
continuité du transport et qui n'a pas d'impact économique en soi
ou de retombées monétaires pour Hydro-Québec,
malgré l'importance de l'investissement? Ou s'il y a un rapport
coûts-revenus qui est lié spécifiquement à
l'investissement dans un compensateur série?
M. Mercier: Je pense qu'en fait... Votre question est très
bonne parce que la compensation série, ce que ça fait, ça
augmente la capacité en termes de stabilité pour transporter de
l'énergie. Vous pouvez utiliser cette capacité, pour vous donner
de la fiabilité ou de la sécurité dans votre
réseau, ou alors pour augmenter votre capacité. Ce que l'on va
faire aujourd'hui, entre 1989 et 1994, c'est d'ajouter de la compensation
série pour augmenter la fiabilité du réseau, la
sécurité du réseau.
M. Claveau: O.K.
M. Mercier: Maintenant, on aurait pu aussi l'utiliser pour
augmenter la capacité. Et dans le futur, il est certain que la
compensation série qu'on pourra ajouter pourra peut-être nous
servir à augmenter la capacité sans augmenter le nombre de
lignes. Évidemment, là, vous aurez un gain absolument formidable,
quand on pense aux coûts des lignes. Actuellement, une ligne entre La
Grande et Montréal coûte 1 000 000 000 $. Alors, si on peut sauver
des lignes additionnelles dans le futur, non seulement vous avez un impact sur
le plan environnemental parce que vous avez une ligne de moins, mais aussi vous
aurez des coûts qui seront réduits. Donc, effectivement, dans ce
sens-là, ce qu'on peut dire, c'est que l'utilisation de la compensation
série, non seulement pourra augmenter la sécurité du
réseau, mais pourra dans le futur augmenter aussi la capacité du
réseau. Mais il est bien évident qu'au départ, on veut
être prudents. Je pense que c'est important. Vous l'avez mentionné
tout à l'heure, c'est une nouvelle technologie pour Hydro-Québec.
Il reste qu'on va d'abord l'utiliser pour la sécurité et, par la
suite, on pourra l'utiliser pour augmenter notre capacité, si on voit
que c'est possible.
M. Claveau: Ça peut augmenter de combien, une ligne de 735
kilovolts qui transporte, normalement, autour de 2000 mégawatts;
ça peut l'augmenter de combien?
M. Mercier: Avec la compensation que l'on recommande
actuellement, on pourra augmenter de 2000 ou 3000 mégawatts, donc, de
1000 mégawatts de transport par ligne. Actuellement, et j'insiste
beaucoup là-dessus, on garde la transmission de nos lignes à 2000
mégawatts, mais on a un gain formidable en termes de
sécurité du réseau. (21 heures)
M. Claveau: Toujours sur le transport - c'est important pour
l'approvisionnement, évidemment, de l'électricité de la
clientèle - Hydro-Québec est sûrement au courant des
genres de lignes comme on en a développé quelques exemples
en Union soviétique, avec une capacité de transport de
près de 6000 mégawatts à 1050 kilovolts, etc., dont une
entreprise québécoise bien connue a, semble-t-il, réussi
à avoir le mandat de commercialisation internationale. Est-ce que vous
travaillez sur cette technologie-là?
M. Mercier: Vous savez, dans les technologies que l'on a
considérées... La technologie à laquelle vous faites
allusion, c'est le 1100 kV...
M. Claveau: Le 1100, oui.
M. Mercier: ...qui a été mis en service en Russie.
Dans chacun de nos projets, on a considéré le 735 kilovolts, on a
aussi considéré des réseaux à 500 kilovolts. Ce
pourquoi, actuellement... On pense qu'on est... On est tout de même
intéressés à savoir ce qui se passe dans les autres pays
et comment les autres réseaux électriques ont pu utiliser les
différentes solutions. Mais pour nous, et c'est extrêmement
important, un réseau à 1100 kV, à l'heure actuelle, aurait
pour conséquence... peut-être pourriez-vous transporter plus
d'énergie, plus de puissance par ligne, mais ce que vous faites, c'est
que vous concentrez plus de puissance sur une même ligne et, à ce
moment-là, votre fiabilité est affectée. Si vous perdez la
ligne en question, vous avez plus d'impact sur l'ensemble de votre
réseau. Donc, vous affectez le service à la clientèle.
Finalement, c'est en ce sens-là que, pour nous, actuellement... Ce que
l'on a dit, c'est que le 735 kV demeure la solution la plus
intéressante, surtout lorsqu'on lui ajoute la compensation série.
On trouve que c'est vraiment la meilleure solution, tant en termes de
sécurité et, comme je vous l'ai dit tout à l'heure,
peut-être aussi dans le futur, pour augmenter la capacité des
lignes pour les besoins futurs.
M. Claveau: Donc, dans le même genre d'hypothèse,
dans le fond... Pour ouvrir une légère parenthèse sur le
plan de développement ou la proposition de plan de développement,
dans la mesure où... Supposons qu'Hydro-Québec réaliserait
l'ensemble de ses prévisions, ce qui demanderait quelque chose comme
huit lignes de plus, je pense, qui descendraient du Nord. Il n'est pas question
pour vous, au moment où on se parle, de modifier ça pour faire le
transport sur deux ou trois lignes, a partir d'une nouvelle technologie, au
lieu de décoder ou de découper huit nouveaux corridors dans le
territoire québécois.
M. Mercier: Vous savez, en termes de technique de réseau
à très haute tension, comme à 735 kV ou à 1100 kV,
on définit normalement... C'est toujours une question de distance versus
la quantité de puissance que vous devez trans- mettre. Si, par exemple,
vous avez un réseau de l'ordre de 2000 ou 3000 mégawatts, et que
vous avez à transporter sur environ 500 kilomètres, il est sans
doute plus intéressant de le transporter par un réseau à
500 kV. Si c'est, comme dans le réseau actuel, de l'ordre de 10 000
à 15 000 mégawatts, sur 1000 kilomètres, nous, ce qu'on
dit, et beaucoup de concepteurs de réseaux électriques sont
d'accord avec nous là-dessus, c'est que ça vous prend, n ce
moment-là, un réseau de l'ordre de 800 kilovolts. Donc, 735,
c'est cette gamme de réseau. Si on avait un réseau qui devait
transporter, peut-être, sur une distance de 2000 à 3000
kilomètres, une puissance de 20 000 à 30 000 mégawatts,
à ce moment-là, il est fort possible qu'un réseau à
1100 kV serait plus intéressant. C'est justement le genre d'application
qu'ils ont eue en Russie. C'était une distance pas mal plus longue,
finalement, et avec des puissances plus élevées.
M. Claveau: O.K. On va se rapprocher un peu du coin, maintenant.
Au niveau du réseau de distribution, on prévoit... Écart
au niveau des investissements pour la distribution par réseau
souterrain: 957 000 000 $. Ça, c'est à la planche F16.7.1.
Où en est-on dans le développement des réseaux
souterrains? On se souvient qu'on a parlé passablement, l'année
dernière, dans le plan de développement, des retards, entre
autres, qui avaient été pris dans l'engagement
qu'Hydro-Québec avait avec la ville de Montréal de mettre en
service ou de refaire une bonne partie de son réseau souterrain. On se
souvient aussi d'un certain nombre de problèmes qui étaient
arrivés dans le réseau souterrain de la ville de Québec:
explosions, danger de sécurité, la CSST s'en est
mêlée, etc. Où en est-on dans tout ça, un an plus
tard?
M. Boivin: Je vais demander à M. Jean Houde, qui est
vice-président de notre région Saint-Laurent, de vous parler de
l'état d'avancement des travaux dans la région de
Montréal.
M. Houde (Jean): Alors, M. Claveau, si on se reporte où on
en était l'an passé... Vous allez retrouver ça dans la
description du Journal des débats. On avait
réalisé, l'an passé, 157 kilomètres par la
Commission des services électriques, pour des fins techniques, on a
maintenant 175 kilomètres. Et, pour des raisons d'embellissement, on en
avait 48 de réalisés par la Commission des services
électriques; on en a maintenant 60. La part d'Hydro-Québec,
là-dedans: on en avait 106 d'utilisés; on en a maintenant 135
pour des fins techniques. Et pour des fins d'embellissement, on en avait 11; on
en a maintenant 25. Donc, on a progressé par rapport à l'an
passé. L'entente avec la ville de Montréal, vous savez, va se
terminer, en termes de réalisation de travaux, comme je vous l'avais dit
l'an passé, à la fin de l'année 1992. Le
rythme d'investissement de la Commission des services
électriques, c'est 35 000 000 $ par année en travaux civils,
l'île de Montréal. Maintenant...
M. Claveau: On... M. Houde: Pardon.
M. Claveau: On me disait qu'il y a une nouvelle approche et des
modifications structurelles sur la façon de concevoir le réseau.
Entre autres, je pense qu'à partir de maintenant on ne met plus les
postes souterrains, on va les mettre en surface. Où est-ce qu'on en est
là-dedans? Est-ce qu'il y a effectivement de grosses modifications
structurelles dans le réseau qui ont été amenées
depuis l'année dernière?
M. Boivin: Vous parlez, à ce moment-là, des
nouveaux critères de conception de nos réseaux souterrains,
d'ailleurs qui vont impliquer des investissements de près de 1 000 000
000 $ sur un horizon de dix ans. Je vais demander à M. Camille
Gaudreault, qui est directeur de la distribution, de vous faire part de
l'état d'avancement, en fait, des réflexions techniques sur ce
sujet-là.
M. Gaudreault (Camille): Disons que concernant la question que
vous posez, effectivement, après étude qui a été
effectuée par un groupe de travail qui est allé voir un peu
partout dans différents pays, on examine, c'est-à-dire on en est
venus à la conclusion qu'il y a probablement beaucoup d'installations,
à part les cables, c'est-à-dire des installations de
transformation, des installations de sectionnement, qui pourraient être
installées hors terre, ce qui faciliterait, à ce
moment-là, l'exploitation et également le travail. Nous en sommes
rendus présentement au niveau des études, c'est-à-dire de
finaliser les solutions techniques. À cet effet, en 1990, il y a un
groupe de travail, c'est-à-dire... il y a des équipes techniques
qui sont en train d'élaborer les spécifications techniques
concernant ce domaine-là.
M. Boivin: Je voudrais peut-être ajouter... Il faut
comprendre que lorsque nous révisons nos critères, ça se
fait par étapes. En fait, la première étape,
l'étude qui était en cours l'an dernier, c'était de
définir des nouveaux critères de conception en fonction d'un
niveau de qualité, de performance, au niveau de la
sécurité, etc. Cette étape-là a été
franchie, nous avons défini les critères de fiabilité, les
critères de sécurité, etc. Présentement, depuis
janvier, nous avons abordé l'étape de faire la conception,
l'ingénierie conceptuelle de réseaux qui permettront de
rencontrer ces critères-là. C'est à cette
étape-là que M. Gaudreault fait référence.
M. Claveau: On prévoit 957 000 000 $ d'investissement,
ça, c'est au cours des deux prochaines années, là?
M. Boivin: Non, sur l'horizon de dix ans.
M. Claveau: Dans les prochaines années, O.K. Ça
veut dire qu'au moment où on se parle, si on fait exception des travaux
qui se font à Montréal et qui étaient déjà
planifiés, et tout ça, et qui sont en voie d'achèvement,
si je comprends bien, il n'y a rien, il n'y a pas de nouveaux
développements qui vont se faire tant qu'on n'aura pas fini toutes ces
études-là?
M. Gaudreault: Non, il va y avoir de nouveaux
développements qui vont être faits, des correctifs qu'on peut
apporter à court terme, à la suite des études qu'on a
faites. Il y a probablement des correctifs qu'on peut apporter
immédiatement sur le réseau, qu'on va mieux définir en
1990 et qu'on va appliquer en 1991-1992, des correctifs sur les installations
existantes, les installations où on a de l'eau. On va s'organiser pour
mieux les drainer, pour assurer une salubrité pour faciliter le travail
à nos travailleurs, sur le plan de la sécurité et sur le
plan de la santé. Il y a aussi différentes spécifications,
différents critères qu'on peut appliquer immédiatement au
niveau du réseau, c'est-à-dire le réseau qu'on construit
tous les jours. À ce moment-là, on va les appliquer
immédiatement. Ça s'inscrit dans les plans, c'est-à-dire
dans l'argent déjà prévu au budget. Alors c'est juste une
question qu'on va utiliser l'argent déjà existant et on va
l'affecter à ces travaux-là. Autrement dit, c'est un choix qu'on
va faire, au moment où on va avoir arrêté la solution. Il y
a des choses qui vont se faire, on n'attendra pas trois ans avant d'apporter
des modifications au réseau. Il y a un certain nombre de critères
qu'on peut appliquer immédiatement.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de l'Acadie.
M. Bordeleau: ...dans un autre ordre d'idées...
Le Président (M. Bélanger): Oui. Alors, on passe
maintenant a la section des questions d'ordre général. Donc, il
nous reste une heure sur ce point, alors vous pouve2 y aller tous azimuts. De
la pile Eveready à Manie, tout est ouvert.
Questions d'ordre générai
M. Bordeleau: Écoutez, j'aimerais revenir sur un aspect.
Par déformation professionnelle, étant psychologue industriel,
j'aimerais revenir sur la dernière feuille de la présentation que
vous avez faite cet après-midi et qui présentait les objectifs et
stratégies en matière de res-
sources humaines. Évidemment, je sais que, présentement,
vous êtes en négociation pour les conventions collectives. Il
n'est pas question d'entrer dans ce sujet à ce niveau-ci. On nous a
beaucoup parlé de la productivité, on entend souvent des
critiques de l'extérieur vis-à-vis des employés
d'Hydro-Québec, le climat de travail à Hydro-Québec. Je
vois ici que vous avez établi de grands objectifs et certaines
stratégies. J'aimerais que vous nous expliquiez de façon un peu
plus opérationnelle quels sont les projets que vous voulez mettre en
marche, entre autres, surtout sur la question de la mobilisation des ressources
humaines dans l'entreprise.
M. Drouin: Premièrement, je dois dire qu'on a
déjà commencé à mettre certains programmes
importants en place relativement à la mobilisation des ressources
humaines, indépendamment du fait que nous sommes en négociation
avec trois groupes qui sont reliés au Syndicat canadien de la fonction
publique. Premièrement, on a signé une entente, une convention
collective avec le Syndicat des ingénieurs, au mois d'avril 1989. Donc,
ce dossier est réglé. Mais, en plus de ça, on a mis en
place dès décembre 1988, à titre d'exemple, un projet
qu'on appelle Action-cadres et qui faisait partie d'ailleurs de
l'énumération dans la diapositive que vous avez
mentionnée. Un programme d'Action-cadres et, également, nous
sommes à parfaire un programme relativement à la gestion des
spécialistes. Ça, c'est déjà conçu, mis en
place, au niveau d'Action-cadres. Il y a 19 mesures de mobilisation,
d'implication des cadres dans la gestion de l'entreprise. Ça, je pense
qu'on peut dire que, sur ce plan, on a fait même des progrès,
indépendamment de la négociation avec les autres syndicats dans
l'entreprise.
Bien sûr, une fois la négociation terminée avec les
autres syndicats, nous avons l'intention, bien sûr, de mettre en place
des mécanismes de suivi de l'implantation des nouvelles conventions
collectives. C'est un conflit qui dure depuis plusieurs mois, et il nous faudra
donc prendre des mesures spéciales pour s'assurer et se
préoccuper de la relation avec tous nos employés, y incluant les
cadres qui seront impliqués directement.
Nous avons également l'intention de mettre en place, à
compter de cette année, c'est-à-dire d'établir un plan de
mobilisation des ressources humaines pour la décennie quatre-vingt-dix.
Ce plan devra comprendre un ensemble d'éléments, à partir
d'un projet d'entreprise, autour duquel nous pourrons mobiliser les cadres tant
supérieurs qu'inférieurs, à tous les niveaux, ainsi que
les employés. Il faut redonner à Hydro-Québec le sentiment
d'appartenance que les employés ont déjà eu et devraient
avoir; je pense qu'une fois les conventions collectives signées, ce sera
le "challenge" que nous aurons de mettre en place tout un plan de mobilisation
des ressources humaines. Je peux vous dire qu'à partir de 1988, nous
nous sommes préoccupés au plus haut point de ce problème
de mobilisation et de gestion des cadres d'Hydro-Québec. Dès que
la convention collective pourra être signée avec les autres
syndicats, je pense qu'il faudra descendre jusqu'à la base et
réellement impliquer tout le monde dans ce plan de mobilisation. C'est
un "challenge" important mais qu'il nous est difficile d'aborder dans le
contexte actuel.
M. Bordeleau: Une autre question complémentaire sur le
même sujet; une question un peu plus spécifique. Je remarquais
dans les documents que vous nous avez fait parvenir que, depuis 1984 à
peu près, le pourcentage d'employés féminins à
Hydro-Québec est à peu près toujours de 20 %. Au niveau de
l'ensemble des employés, 20 %; au niveau des employés de bureau,
ça représente 56 % des employés; au niveau des cadres,
vous avez 5 % de cadres féminins. Est-ce qu'il y a des mesures, de ce
côté-là, que vous allez mettre en marche pour essayer
d'assurer une meilleure représentation des employés
féminins et des cadres féminins? (21 h 15)
M. Drouin: Je demanderai à Jacques Nadeau,
vice-président, développement des ressources humaines, de vous
donner une réponse là-dessus.
M. Nadeau (Jacques): Alors, sur ce plan-là, l'organisation
s'est donné un programme qui, sur dix ans, se propose d'augmenter la
représentativité des femmes à Hydro-Québec de
l'ordre de 30 %. Alors, on est actuellement à 19,5 % et on monterait
à 30 %. À ce moment-là, il s'agit, pour nous autres, de
prévoir tous les ajustements qu'on doit faire dans l'organisation
finalement pour nous permettre de rencontrer cet objectif-là de 30
%.
M. Bordeleau: Est-ce que les mesures vont permettre... C'est
parce que les 30 % peuvent être localisés à certains
endroits plus spécifiques, est-ce que les 30 % vont être...
M. Nadeau: C'est la représentativité globale dans
l'organisation.
M. Bordeleau: À tous les niveaux de l'organisation?
M. Nadeau: À tous les niveaux, c'est ça. M.
Drouin: M. Boivin, voulez-vous...
M. Boivin: J'aimerais ajouter également que cet objectif
de 30 % sur un horizon de dix ans, soit passé de 19,2 % à 30 %,
ça semble, à prime abord, quelque chose qui est mineur.
Maintenant, quand on pense à la stabilité des employés
d'Hydro-Québec, effectivement, à Hydro-Québec, en
règle générale, la très grande majorité de
nos
employés commencent à travailler jeunes à
Hydro-Québec et font toute leur carrière à
Hydro-Québec. Si je vous disais que pour aller... Si on décidait,
demain matin, que tous les postes qui vont devenir vacants à
Hydro-Québec à la suite de départs d'employés mis
à la retraite et quelquefois des employés qui
démissionnent, mais c'est une minorité, à la suite de la
mise à la retraite, si on décidait, pendant la décennie
quatre-vingt-dix, d'embaucher uniquement des femmes, nous n'atteindrions pas 50
% dans dix ans, nous atteindrions à peine 40 % en dix ans. Donc,
l'objectif de 30 % que nous nous sommes fixé, nous croyons, parce qu'il
y a eu de nombreuses discussions et réflexions à ce
sujet-là à Hydro-Québec, nous croyons qu'il est
particulièrement ambitieux de passer de 20 % à 30 % à
Hydro-Québec dans une décennie. Surtout quand on considère
également que, dans la répartition des emplois à
Hydro-Québec, il y a quand même près de 8000 emplois
métiers qui sont - un terme que je n'aime pas - classés
habituellement comme étant des emplois non traditionnels pour les
femmes. Et il est évident que, dans ce domaine-là, nous avons un
travail énorme à faire, travail qui d'ailleurs est
commencé depuis un an et demi, deux ans.
M. Bordeleau: Toujours relié au même sujet, vous
mentionnez la difficulté dont on est bien conscients, étant
donné la stabilité du personnel mais, au cours de la
dernière année, on dit qu'il y a eu 600 nouveaux employés.
Est-ce que vous avez des données à ce niveau-là? Combien
d'employés sont des employés féminins et combien
d'employés masculins, dans les 600 qui ont été
engagés au cours de la dernière année?
M. Nadeau: Non, je n'ai pas les chiffres présentement mais
on pourrait les obtenir.
M. Bordeleau: Oui, j'aimerais, si c'était possible, avoir
l'information. Merci.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Drummond.
M. St-Roch: Merci, M. le Président. À la lecture
des diapositives que vous avez présentées à la fin de
l'après-midi, on remarque au niveau des programmes d'économies
d'énergie, vous prévoyez dépenser, 1990-1999, 1 800 000
000 $. De ces 1 800 000 000 $, 540 000 000 $ seront adressés au
marché résidentiel. Alors, mes questions sont celles-ci: Quelle
sera la répartition, à l'intérieur des dix ans, de ces 540
000 000 $? Quel type de programmes vous avez l'intention d'introduire? Et quel
sera finalement, troisièmement, l'effet sur le coût de la facture
d'un client résidentiel moyen qui chauffe à
l'électricité?
M. Drouin: Alors, je demande à M. Finet de répondre
à cette question.
M. Finet: M. le Président, pendant qu'on sortira les
chiffres sur la repartition au cours des dix prochaines années, je
pourrais peut-être vous expliquer d'abord comment est-ce qu'on a fait
cette évaluation-là et, par la suite, vous donner aussi les
critères qui nous ont amenés à déterminer une
enveloppe globale de 1 800 000 000 $. Reconnaissons, au départ, qu'on a
la chance de pouvoir observer ce qui s'est fait un peu partout aux
États-Unis et ici au Canada, principalement en Ontario et en
Colombie-Britannique. Il existe toute une série d'appareils maintenant
beaucoup plus performants sur le plan de l'utilisation de
l'électricité. On peut penser à des lampes fluorescentes,
on peut penser à des chauffe-eau mieux isolés, on peut penser
à des minuteries pour restreindre l'utilisation qu'on fait d'un
appareil, on peut penser à des thermostats programmables, on peut penser
à des moteurs à vitesse variable dans l'industrie; en fait, il y
a toute une gamme d'appareils qui sont maintenant beaucoup plus performants. A
partir de cet inventaire de moyens qui existent et reconnaissant aussi,
à la suite de la discussion de cet après-midi, que la
tarification a aussi un effet, et aussi des campagnes de sensibilisation qu'on
peut faire, parce que, finalement, je pense que les Québécois
vont accepter d'embarquer dans cette démarche en autant qu'ils
comprennent le pourquoi, donc, à ce moment-là, on a
appliqué ça à tout notre parc de consommation, à
toute notre clientèle québécoise. Et on s'est servi
d'abord d'un premier guide. On a dit qu'il ne faudrait pas que l'argent qui
sera dépensé et par Hydro-Québec et par le client
excède ce que, finalement, on pourrait dépenser pour installer le
kilowattheure. Ce ne serait pas... je pense qu'on s'appauvrirait. On serait
peut-être plus efficaces sur le plan de l'économie
d'énergie, mais, tous ensemble, on serait plus pauvres.
Donc, ce qu'on a choisi comme critères, c'est de mettre à
contribution, nous, HydroQuébec, la partie, la différence qu'il y
a entre notre coût futur pour développer de nouveaux
équipements et le prix qu'on le vend au client. Je prends un exemple
très simple, et ce sont des chiffres fictifs, attardons-nous pas aux
chiffres, mais disons, pour produire un nouveau kilowattheure dans un projet
futur, ça nous coûte 0,06 $ du kilowattheure et que, ce
kilowattheure, on le vendrait 0,04 $, on a avantage à mettre 0,02 $
à contribution parce que c'est ça, finalement, qui va faire que
nos coûts vont être freinés par la croissance de la demande.
En faisant ça et en l'appliquant encore de façon... à
toute notre clientèle et en jugeant ce qu'on peut donner comme
incitation financière, on en arrive, grosso modo, à une
évaluation de 1 800 000 000 $.
C'est ça et c'est vraiment fait dans le but de donner à la
clientèle les moyens souhaités
pour pouvoir passer à l'action. Parce que notre clientèle
nous dit, elle: On n'est pas prêts à sacrifier notre
qualité de vie, à sacrifier notre confort, mais si vous nous
dites comment faire pour économiser de l'énergie, on est
prêts à passer à l'action. Mettons ça en relation
aussi avec les hausses de tarif dont on reconnaît qu'elles ont une
importance relativement grande, compte tenu qu'on excède l'inflation. En
parallèle, on dit à notre client aussi: oui, mais tu peux
l'effacer, ta hausse de tarif, en tout ou en partie, par les moyens
d'économies d'énergie qu'on va te suggérer. Et ça,
à ce moment-là, je pense que c'est fort important et c'est de
très bon aloi, autant sur le plan économique, soit dit en
passant, que sur le plan environnement.
Maintenant, si vous voulez avoir la répartition. Transformons les
1 800 000 000 $, qui sont en dollars courants, en dollars constants: ce sont 1
450 000 000 $. Et ça commence tranquillement, en 1990, parce que tous
ces programmes, il faudra les élaborer dans tous leurs détails.
On commence par une dépense de 43 000 000 $, en 1990, pour passer
à 88 000 000 $, en 1991, à 108 000 000 $, en 1992 et ainsi de
suite, pour atteindre 150 000 000 $, à peu près, en
l'année 1996 et maintenir ce rythme. C'est un tableau qu'on pourra
distribuer aux membres de la commission, si le président le juge
approprié.
À présent, considérez qu'il s'agit là
d'estimation. Tout ça, il faut être conscients que c'est toujours
sujet à révision. Une planification, on la fait, en apparence,
une fois par année, puisqu'on revient une fois par année vous
présenter notre planification à long terme, mais on révise
toutes ces choses-là tous les six mois. Il est à espérer
qu'on pourra peut-être revenir dans un an, dans deux ans, puis dire que
le programme a un petit peu plus de succès qu'on l'espérait et
ça pourra peut-être être supérieur à 1 800 000
000 $, espérons-le. Parce qu'il faut bien comprendre que, lorsqu'on
dépense 1 800 000 000 $, on sauve au moins trois fois ça en
équipement de production. Alors, 1 800 000 000 $, ça veut dire
que c'est au-dessus de 5 000 000 000 $ qu'on sauve en équipement de
production à long terme. C'est aussi un très bon investissement
pour le Québec.
M. St-Roch: Mais si je m'intéresse à la portion
spécifique au marché résidentiel, des 1 800 000 000 $,
vous aviez 540 000 000 $, alors j'en déduis que des 43 000 000 $, il va
y avoir une partie, peut-être le tiers, je ne le sais pas, à peu
près, si on fait une règle de trois, qui va aller au
résidentiel. Est-ce que cette déduction est correcte?
M. Finet: Oui. En dollars constants, c'est 432 000 000 $ que j'ai
ici, pour le résidentiel, sur les 1 449 000 000 $.
M. St-Roch: Puis tout ça, si je suis quel- qu'un qui a une
facture mensuelle présentement de 81,02 $, mes économies
d'énergie, si j'applique tout votre programme, vont être de
combien? En dollars ou... je pense que c'est en dollars qu'il y avait une
réelle mesure.
M. Finet: Je peux vous donner une réponse, prenons un
exemple, celui du chauffage de l'eau. Le chauffage de l'eau, dans la
consommation résidentielle, représente 18 %. C'est important. En
ayant recours à des moyens, des appareils qui existent sur le
marché, soit pour réduire le débit de la consommation
d'eau chaude sans perte de confort, soit dit en passant, en isolant mieux le
chauffe-eau, vous pouvez facilement aller économiser un 1200
kilowattheures par année. 1200 kilowattheures, ce n'est peut-être
pas indicatif trop trop. Mettons-le à 0,05 $ du kilowattheure, vous
pouvez épargner 60 $ par année. Ça commence à
être important.
Pensez après ça à une foule d'applications
quotidiennes que l'on fait. Le thermostat. Beaucoup de clients n'ont pas le
réflexe de baisser le thermostat la nuit. Pourtant, on est beaucoup plus
confortable lorsqu'on dort moins à la chaleur. Donc, il y a des
thermostats programmables qui vont effectivement vous réduire votre
température et sans perte de confort, vous allez aussi sauver des
kilowattheures. La même chose pour le chauffe-moteur. Dans notre froid
québécois, on a la tendance souvent, pour des milliers de
Québécois, pour ne pas dire des centaines de milliers, de
brancher le chauffe-moteur lorsqu'on arrive à 19 heures et de le
débrancher à sept heures le lendemain matin avant de partir,
alors qu'avec une simple minuterie, une heure avant de partir, c'est suffisant
pour que votre auto soit en état de partir facilement. Dans le
quotidien, dans nos habitudes de consommation même, on doit
reconnaître qu'il y a de la place énormément pour des
économies appréciables. D'ailleurs, notre clientèle le
reconnaît et se dit prête à collaborer dans ce
sens-là.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. M. le
député d'Orford.
M. Benoit: Deux courtes questions. La première, j'aimerais
que vous me donniez un peu quelle est l'approche que vous prenez avec les
coopératives municipales, qui sont des revendeurs
d'électricité dans 14 municipalités, je pense, au
Québec, au niveau de la tarification, et comment ça se compare
avec l'électricité que vous vendez a une multinationale, par
exemple?
M. Finet: Jacques Finet, toujours. Voici, il existe encore une
coopérative d'électricité au Québec,
Saint-Jean-Baptiste-de-Rouville, si je me souviens bien du nom, plus une
douzaine, grosso modo, de réseaux municipaux à qui on donne un
traitement égal en tout point à tout autre client industriel ou
commercial de même importance. Et
je m'explique. Notre tarification est fonction de nos coûts de
fourniture et nos coûts de fourniture aussi sont fonction des
caractéristiques de consommation. Pour deux clients, prenez la
municipalité et prenez à côté le client industriel,
qui sont raccordés au même réseau, qui ont la même
puissance, qui présentent les mêmes caractéristiques de
consommation, les deux sont assujettis aux mêmes tarifs, ont exactement
les mêmes conditions. Il n'y a pas de discrimination là-dessus ni
en faveur, ni en défaveur de l'un ou de l'autre.
M. Benoit: II y a eu un certain nombre de disparitions de ces
revendeurs d'électricité. Il y en a eu quatre, je pense. À
quoi peut-on attribuer ça que ces petites entités qui
étaient populaires dans leur milieu respectif, à ce qu'on entend,
aient disparu?
Le Président (M. Bélanger): Juste un instant. On va
vérifier si c'est une demande de quorum ou si c'est le vote. C'est un
vote. Donc, on va suspendre nos travaux le temps que durera le vote et on va
les reprendre par la suite. Je m'excuse.
(Suspension de la séance à 21 h 29) (Reprise à 21 h
45)
Le Président (M. Bélanger): Je demanderais à
chacun de bien vouloir reprendre sa place pour que nous puissions reprendre nos
travaux. Nous en étions à la formation ministérielle, au
député d'Orford qui avait une question à poser et, s'il
restait du temps, j'avais en liste le député de Drummond. Alors,
M. le député d'Orford, si vous voulez reprendre votre question du
début, on ne tiendra pas compte du temps pour ça.
M. Benoit: Alors, j'ai eu la réponse à la
première question sur les revendeurs municipaux. Ma deuxième
question porterait sur les petits barrages. Je crois comprendre qu'un des
coûts, dans l'électricité, c'est son transport. C'est la
mode, en Ontario et aux États-Unis, de permettre à des petits
entrepreneurs de construire des barrages un peu partout où il y a
déjà des réservoirs. Quelle est votre approche
vis-à-vis la construction de petits barrages?
M. Guevremont: Comme vous l'avez vu au plan de
développement, pour les autoproducteurs, les petites centrales et les
incinérateurs, nous avons prévu 390 mégawatts, à
l'horizon 95. De ces 390, dans les petites centrales, on prévoit 30
mégawatts; pour les incinérateurs, on prévoit, pour le
moment, 60 mégawatts; et pour la cogénération, qui est
l'autre élément de ce programme, nous prévoyons 300
mégawatts, pour un total de 390 mégawatts. Alors, nous avons une
tarification prévue. Je crois que vous avez demandé de comparer
ça avec ce que font les autres?
M. Benoit: Non, je voulais savoir quelle était votre
approche. Est-ce qu'il y en a en construction, maintenant? Et quels sont les
permis qui sont à être donnés ou qui seront donnés?
Et combien va-t-il s'en construire? Juste une idée
générale de ce que vous faites dans ce secteur-là.
M. Guevremont: Comme je l'ai dit, pour les petites centrales
hydrauliques, on prévoit 30 mégawatts. On a signé un
contrat avec Hydro-méga Mont-Laurier, c'est 2,4 mégawatts. Nous
sommes très près de signer un contrat, en négociation
presque complétée, presque prêts à signer avec
Hydroméga Côte Sainte-Catherine, c'est 2,1 mégawatts. On a
la phase II, à Côte Sainte-Catherine, pour un autre 4
mégawatts; Côte Sainte-Catherine, phase III, un autre 4
mégawatts; à Sainte-Marguerite, il y aurait un 8
mégawatts; à Coulonge, un 9 mégawatts; à
Saint-Elzéar, 0,4 mégawatts et à High Falls, 0,2
mégawatts, pour un total de 30 mégawatts. Ce sont les demandes
qui ont été faites. C'est ce qu'on prévoit au niveau des
petites centrales hydrauliques.
Maintenant, pour les incinérateurs, il y en a deux. Ensuite, pour
les cogénérateurs, je pourrais vous énumérer ceux
qui sont dans le... Mais, enfin...
M. Benoit: Et, est-ce que ce programme-là, vous avez
idée de l'accélérer ou de... Est-ce quelque chose
d'intéressant pour Hydro-Québec?
M. Guevremont: En autant que ce soit neutre au point de vue
d'Hydro-Québec, c'est-à-dire qu'on vise à ce que notre
tarification soit neutre, de sorte que, pour notre clientèle, d'acheter
la production de ces moyens-là, ce serait la même chose que si on
construisait. Dans le moment, on offre quand même une tarification
intéressante et il y a des gens qui ont manifesté de
l'intérêt pour ces développements-là.
M. Benoit: Merci.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Orford, le temps de votre formation est
écoulé. Avant de donner la parole à la formation de
l'Opposition, j'ai quelques petits points de procédure à
régler maintenant. Est-ce qu'on pourrait s'entendre pour continuer nos
travaux passé 22 heures, pour reprendre le temps qu'on a manqué
avec le vote et ne pas avoir à le reprendre demain? Ça va?
J'ai un deuxième consentement aussi. Je ne vous cède pas
la parole tout de suite, mais ça va venir. Mme la députée
de Terrebonne voulait intervenir. Est-ce qu'il y a consentement pour lui
permettre d'intervenir? Parce qu'elle n'est pas
membre de la commission. Alors, consentement. Donc, je cède la
parole à Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je pensais que c'était pour la
députée de Terrebonne. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Non, c'était
à vous.
Mme Blackburn: Un commentaire et deux questions. Le commentaire,
c'est que j'ai admiré votre façon de vous en tirer par rapport
aux effectifs féminins. J'ai relu un peu la liste des personnes
présentes ici qui, je pense bien, constituent, pour l'essentiel,
l'état-major qui vous accompagne, des cadres supérieurs d'Hydro.
J'ai constaté qu'il y avait cinq femmes pour 42 personnes
présentes. Ce n'est pas tout à fait... C'est un petit peu plus de
10 %. Je pense qu'on est loin du 30 %. On pourrait peut-être un jour,
là-dessus, vous entendre nous dire quelle est la politique de promotion
au sein de l'entreprise.
Une question sur votre programme de recherche développement. Vous
prévoyez investir 467 000 000 $ dans ce que vous appelez Technologie"
dans votre document "Technologie et retombées économiques", et
vous en faites le partage là-dedans. Dans votre plan de
développement, vous avez un volet sur le mercure. J'aurais pu aborder
n'importe quel autre volet, mais le mercure... Et en gros, ce que vous nous
dites, par rapport à ce phénomène-là - on
connaît le phénomène de formation de mercure, après
la construction des barrages, dans les grandes nappes d'eau - vous nous dites
qu'il n'y a rien pour le moment qui vous permette de nous assurer que, dans la
construction des prochains barrages, le même phénomène ne
se répétera pas. Il n'y a pas de mesures correctrices, de
corrections, qui permettraient de diminuer les concentrations de mercure
présentes actuellement. Alors, les mesures qu'on prend, c'est vraiment
pour essayer de créer autre chose à côté, ce qui
n'empêche pas, évidemment, Hydro-Québec d'envisager la
construction d'autres barrages, avec les mêmes conséquences. Dans
votre budget de recherche, quelle est l'importance, et quelles sont les sommes
qui sont consacrées à la recherche et à la correction, aux
mesures de correction, des effets négatifs actuellement sur les
populations, particulièrement, évidemment, les autochtones?
M. Drouin: Je demanderais à M. Dubeau de répondre
à cette question.
M. Dubeau (Daniel): Bonsoir, mon nom est Daniel Dubeau,
vice-président environnement à Hydro-Québec. Concernant la
question sur le mercure, et je vous rappeleral que Hydro-Québec a
signé avec le gouvernement du Québec et le
Grand conseil des Cris, en 1986, l'entente de la baie James sur le
mercure. Cette entente d'une durée de dix ans prévoit qu'un
budget total de 18 000 000 $ est consacré à cette
problématique, dont 12 000 000 $ provenant de Hydro-Québec En ce
qui a trait aux études comme telles, Hydro-Québec s'occupe du
volet environnemental, le ministère de la Santé et des Services
sociaux s'occupe du volet santé et les Cris de la baie James s'occupent
des impacts socio-culturels. Comme tel, effectivement, pour l'instant, il
n'existe pas, à notre connaissance, de méthode pour
atténuer de façon directe à la source, le
phénomène du mercure. Maintenant, il faut comprendre que ce
phénomène se retrouve à l'état naturel dans la
biomasse qui est envoyée lors de la création de nos
réservoirs, et particulièrement dans le Bouclier canadien, c'est
un phénomène qu'on retrouve à l'état naturel et
que, malheureusement, il n'existe pas de solution précise pour
l'atténuer directement, étant donné l'ampleur des
réservoirs. Cependant, il faut comprendre que le phénomène
est aussi temporaire. Les études nous démontrent, et
également les analyses que nous avons faites sur des réservoirs
déjà existants, que, sur une moyenne de 20 à 30 ans,
l'environnement retrouve, si vous voulez, son état d'équilibre,
c'est-à-dire qu'on retourne à un niveau de concentration de
mercure équivalant à celui avant la création des
réservoirs proprement dits.
Mme Blackburn: Dans vos recherches, est-ce qu'il y en a qui
touchent précisément... Là vous connaissez le
phénomène de la production, j'ai déjà eu l'occasion
de voir les choses que vous avez produites sur cette question-là... Mais
est-ce que dans vos volets recherche, est ce qu'on consacre une partie
importante des ressources aux fins d'essayer de trouver des façons
d'éviter la formation de mercure additionnelle? Parce que ce n'est pas
juste la concentration naturelle, ça s'additionne au moment de la
création des barrages. Ce que vous nous avancez à l'effet que
c'est un phénomène qui est passager, dans le Saguenay, ce n'est
pas passager, 20 ans après la situation est exactement la même. Je
comprends qu'il y a des courants qui empêchent l'accumulation des
résidus, ce qui fait que le mercure reste plus accessible quand vous
avez des courants plus importants. Mais qu'est-ce qui vous fait penser que
d'ici 20 ou 30 ans, sur quoi basez-vous cette affirmation, que d'ici 20 ou 30
ans, ce sera disparu, alors qu'ailleurs, ça ne semble pas vouloir se
vérifier?
M. Dubeau: Des études ont été faites, entre
autres, concernant les concentrations de mercure dans les réservoirs de
Churchill Falls, et même le résevoir Gouin, le réservoir
Manie 5, donc on regarde la situation dans d'autres réservoirs qui
existent depuis plusieurs années, et on constate - les études ont
débuté dans ce do-
maine-là depuis 1978 à Hydro-Québec - et on
constate effectivement que les concentrations ont de beaucoup diminué
dans la chaire des poissons. Maintenant, même au complexe La Grande, le
Conseil de la santé et des services sociaux a lui-même
décrété que la consommation était possible dans
plusieurs zones où il y avait des réservoirs. Il ne reste que
dans le réservoir, si vous voulez, en aval de LG 2, où il reste
une concentration un peu significative et où il y a certaines
contraintes de pêche. Mais ailleurs sur l'ensemble du complexe
hydroélectrique, il est permis aux autochtones de pêcher et de
consommer le poisson. Donc, cela étant dit, encore une fois le
phénomène est passager, en ce qui a trait à
l'élévation de la concentration du mercure dans la chaire des
poissons, mais avec les années, le phénomène se
résorbe et la consommation comme telle peut être poursuivie.
Maintenant, dans les moyens alternatifs, parce que c'est surtout dans ce
domaine-là qu'il faut regarder, en fonction, justement, du milieu
naturel, quels sont les autres modes d'alimentation que devraient
privilégier les autochtones? Donc, dans ce sens, il y a beaucoup
d'activités de recherche qui sont faites en fonction des moyens
alternatifs. Par ailleurs, en ce qui a trait au problème
spécifique comme tel. Tantôt, je vous ai dit: On ne connaît
pas, au niveau de la connaissance des sciences, jusqu'à maintenant, une
solution directe à la base pour le problème du mercure. Mais,
entre autres, dans nos programmes de recherche, nous avons créé,
comme vous le savez, une chaire de recherche sur l'environnement à
l'UQAM, et un des mandats qui lui est confié, entre autres, c'est de
travailler sur la question du mercure comme tel, la création du
phénomène et comment on pourrait s'attaquer à la source.
Maintenant, le problème existe aussi ailleurs dans le monde, et, dans
les pays nordiques, bien sûr, le phénomène de
résorption est plus long que dans des pays plus au sud, si vous
voulez.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Blackburn: Ah! oui, vous me laissez encore une petite minute,
brièvement?
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
Mme Blackburn: Dans un tout autre ordre d'idées: objectifs
et stratégies en matière de ressources humaines. Les objectifs
sont beaux, les stratégies peuvent être intéressantes, mais
ça ressemble à l'ordre de voeux pieux. Je m'excuse, on en a vu
qui se sont mobilisés sur la colline, 4000, lundi.
M. Drouin: Écoutez, il n'y a aucun doute dans notre esprit
que le défi est là. Je pense qu'on a commencé au niveau
des cadres, on a réglé une convention collective, il nous reste
encore des conventions à régler, puis assez rapidement. C'est
évident que tout le plan de développement des ressources
humaines, pour les années quatre-vingt-dix, est à définir
en fonction des résultats un peu de la négociation de la
convention collective et de la remise en marche de l'entreprise dans des
conditions normales. Comme je l'ai mentionné aussi, déjà,
au niveau des cadres, des programmes très spécifiques ont
été mis en place; le projet d'Action-cadres en est un exemple
très précis. Il y a 19 mesures qui ont été mises en
place au niveau des cadres qui permettent, soit au niveau de la formation, soit
au niveau de la communication, enfin, toute une série de mesures qui
vont sûrement aider à mieux gérer dans les années
à venir. Mais je suis quand même obligé de vous admettre
que le gros reste à faire, en fonction de ce qui aura été
négocié lors de la terminaison ou de la finalisation des
conventions collectives, et il faudra, à ce moment-là, avoir des
objectifs bien précis.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Les ACEF et divers
groupes voués à la protection du consommateur auraient bien voulu
s'exprimer dans ce débat. Étant porte-parole officielle de
l'Opposition pour la protection du consommateur, je vais donc poser certaines
questions qui les préoccupent et qui me préoccupent
particulièrement.
Dans un premier temps, avez-vous le nombre précis de familles qui
n'arrivaient plus à payer leur facture d'électricité et
qui ont été coupées, en 1988 et en 1989?
M. Finet: Jacques Finet, vice-président exécutif,
marché québécois. J'ai réponse à vos
questions; cependant, vous serez peut-être portée à croire
qu'il y a eu amélioration en l'année 1989-1990, quoique je vous
dis tout de suite que les résultats de 1989-1990 sont largement
influencés par le conflit de travail, dans le sens qu'il y a beaucoup
d'interventions qui n'ont pas été faites.
Une voix: Une chance!
Mme Caron: Mais ne vous inquiétez pas, ça va
augmenter en 1990!
Une voix: C'est comme les pannes.
M. Finet: Voici, en 1988, le nombre d'interruptions était
de 30 188. En 1989, il a été réduit à 24 678. Je
peux présumer des autres questions, parce que, à chaque
année, en commission parlementaire, on a un peu cette
question-là. En hiver 1988-1989, il y a 4070 coupures, alors que pour le
dernier hiver il n'y en a eu que 627.
M. Boivin: J'aimerais préciser que quand on parle
d'interruption de service, ça ne touche pas nécessairement des
familles. En fait, ce sont les interruptions de service de toutes sortes. Il
est évident que la majorité touche des clients du secteur
domestique, mais il y a également des clients du secteur commercial,
particulièrement du secteur commercial, qui sont touchés par les
coupures.
Mme Caron: Même si vous dites "que 627", ce sont quand
même des personnes; on n'oublie pas ça. Vous me parlez des
entreprises, est-ce que vous avez la comparaison par rapport aux entreprises
dans votre pourcentage?
M. Boivin: On l'a, mais M. Finet ne l'a pas avec lui ce soir.
M. Finet: Je peux la déposer demain, si vous voulez. (22
heures)
Mme Caron: J'aimerais, d'accord? Est-ce qu'il y a eu une
étude de faite sur l'impact des hausses demandées sur les
familles à faible revenu?
M. Finet: Voici, madame. Il y a d'abord une analyse qui est faite
sur une base expérimentale, soyons conscients, auprès de 500
familles défavorisées qui vivent dans des immeubles d'habitation,
là, où il y a une problématique très
particulière parce que ces familles-là habitent souvent des
immeubles où le propriétaire a transformé la filerie
électrique pour mettre le compteur sous la responsabilité du
locataire et où, souvent, l'immeuble n'est pas de qualité
tellement adéquate sur le plan de l'isolation. En bon
québécois, on pourrait dire que l'air passe par les
fenêtres et les portes facilement. Ces clients-là sont ceux qui
pourraient être touchés par une hausse de tarif parce que
finalement, ils n'ont pas, eux, la réaction, le réflexe bien
normale, de dire: On va mieux isoler. Ça coûterait une fortune et,
pour le temps qu'ils risquent d'occuper le logement, ce n'est pas
adéquat. Donc, on va dépenser 1 000 000 $ au cours des prochains
mois pour faire une expérimentation dans ces 500 familles, pour voir
quelle sorte d'aide on peut leur donner pour vraiment profiter des programmes
d'économies d'énergie et aussi voir quelle sorte de programmes on
pourrait développer avec tous les partenaires associés. Parce que
le grand programme d'économies d'énergie, soyons conscients d'une
chose, Hydro-Québec ne réussira pas, seule, à tout faire
ça. Il va falloir que vraiment tous ceux dont c'est la mission de voir
à la qualité de vie des citoyens, s'impliquent aussi.
Donc, on verra à ce moment-là, s'il n'y a pas moyen
d'inciter le propriétaire, puisque le programme d'économies
d'énergie peut aussi augmenter la valeur de sa propriété.
En augmen- tant la valeur de la propriété, la municipalité
qui a un mode de taxation qui est fonction de la valeur imposable de la
propriété, elle aussi pourrait y trouver avantage. Et,
finalement, même le gouvernement du Québec qui a un ministre
responsable de l'habitation, pourrait être intéressé par ce
résultat-là. Donc, les plus défavorisés de notre
société, on s'y attarde beaucoup, d'abord par de la recherche
pour avoir des programmes d'économies d'énergie qui soient mieux
adaptés à eux, et j'irai peut-être sur un autre plan, sur
le plan justement de la difficulté que peut avoir un client à
payer sa facture.
Voici là-dessus ce qu'on propose. D'abord, la coupure pour
paiement, on l'utilise vraiment avec discernement, et les coupures en hiver,
là, on en fart le moins possible et on n'en fera que dans des cas
où des fois ça devient évident qu'on a affaire à
certains profiteurs. Vous savez, il y a des gens défavorisés dans
la société, mais il y en a aussi quelquefois à l'occasion,
qui ont une tendance à abuser des systèmes. Donc, autant que
possible, en hiver, on ne touche pas celui qui est vraiment en
difficulté financière temporaire. Au contraire, on va lui offrir
de répartir le paiement de sa facture sur plusieurs mois.
Maintenant, on va mettre aussi tout un programme de l'avant pour agir
plus efficacement en matière de recouvrement. Actuellement, je vous
dirai qu'un des défauts, c'est peut-être d'attendre trop longtemps
avant d'intervenir. Si on attend six mois avant de dire à un client: Tu
nous dois, tu es rendu à 800 $, bien des fois c'est difficile de
réussir à percevoir ces 800 $. Donc, on va agir plus rapidement,
éviter que les dégâts soient trop grands. On va aussi
donner une meilleure formation à notre personnel pour être capable
de distinguer celui qui est dans le besoin de celui qui, aussi, profite du
système. Et à celui qui est dans le besoin, on va essayer de
développer des programmes avec les agents communautaires du milieu. Je
pense aux ACEF qui, elles, se sont donné une mission d'aider ces
gens-là à établir un budget et à le suivre surtout.
Donc, c'est là aussi un programme conjoint qu'on va faire pour tenir
compte de cette clientèle, de cette partie de la population qui est
défavorisée.
Mme Caron: Un petit commentaire avant ma prochaine question.
Quand on parle de plus 4000 coupures en hiver, en 1988, ça
m'apparaît énorme compte tenu de notre climat et quand on me parle
d'un programme expérimental qui va toucher 500 familles, alors qu'on me
dit qu'en 1988, 30 188 coupures ont été effectuées, je
trouve ça plus ou moins efficace.
Si on revient à votre politique de recouvrement justement, est-ce
qu'il y a une politique uniforme à travers le Québec, avant de
couper, une procédure d'avis? On me dit que ça ne serait pas
uniforme à travers le Québec. Est-ce qu'il y
en a une, quelles sont les façons de procéder et,
deuxièmement, quelles sont les procédures après
coupures?
M. Finet: Jacques Finet. Oui. Voici, il faut peut-être
situer un peu d'abord, pour vous présenter Hydro-Québec, ses
procédures et les comparer là aussi avec ce qui se fait ailleurs
au Canada et aux États-Unis. Je vous dirai qu'au Canada, la
procédure est à peu près la même. L'interruption est
utilisée en dernier recours et vaguement avec très peu d'ampleur
en hiver, parce qu'on sait qu'en hiver, on a un climat nordique et qu'il faut
faire attention à la clientèle. Et, encore une fois, lorsqu'on
parle de 4000 coupures sur 3 000 000 de clients, il faut comprendre que dans
les 3 000 000, ce ne sont pas nécessairement toujours des
défavorisés.
À présent, allons du côté des
États-Unis. Du côté des États-Unis, il y a des
régies, c'est à peu près 50 % où on permet des
coupures, 50 % où on n'en permet pas. Évitons les coupures, si
vous voulez, l'espace d'un instant, pour des fins hypothétiques, et
réalisons qu'à ce moment-là, il ne resterait que le moyen
légal pour aller recouvrer de l'argent qui est dû, des fois,
depuis six, huit et dix mois. À ce moment-là, le coût
à la société québécoise, à la
clientèle pourrait être de l'ordre de 125 000 000 $, si on ne se
fiait qu'à la procédure légale. Donc, à ce
moment-là, vous savez, on a à choisir un peu entre des
procédures qui sont peut-être, en apparence, difficiles quoique
utilisées avec, vraiment, parcimonie, versus, peut-être, des
moyens légaux qui engendreraient des frais importants et qui, en plus,
feraient perdre à la clientèle, dans son ensemble, parce que
finalement ce sont tous les autres qui devraient payer, des sommes très
importantes.
En ce qui concerne nos procédures, il y a des avis
d'envoyés après la deuxième facture impayée. Par
après, il y a encore un autre avis qui est envoyé pour dire qu'il
y aura coupure s'il n'y a pas paiement. Il y a un téléphone, il y
a des recherches d'entente de paiement. Parce que, je vous le dis, si c'est un
client qui est capable de vous dire: Je suis mal pris temporairement, mais ma
situation va se replacer. À ce moment-là, on est prêts
à faire des ententes de répartition sur quatre mois, six mois
même, dépendant de la capacité de la clientèle.
Mais, au moment où survient une interruption, lorsqu'elle survient, la
plupart du temps, ça fait déjà quelque chose comme 170,
180 jours que l'électricité a été consommée
et pour lequel on a entamé toute une série de procédures
pour arriver à avoir le paiement.
Mme Caron: Un dernier commentaire. Pour avoir eu à
négocier certaines ententes, je dois vous dire que ça arrive
souvent beaucoup plus vite et que c'est beaucoup plus difficile, comme entente,
à négocier. Merci.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Taillon, rapidement, il reste une minute trente.
Mme Marois: Alors, là, je reviendrai plus tard. Je voyais,
dans votre rapport annuel qui a été déposé en
décembre, enfin, qui se termine en décembre, que, à votre
conseil d'administration, incluant le président du conseil et le
président et chef de l'exploitation, on parlait de 19 personnes, dont
trois femmes et une aurait démissionné. Donc, il en resterait
seulement deux. Alors, non seulement c'est une réalité qui est
vécue au niveau des cadres supérieurs mais, si j'ai compris,
c'est vécu aussi au niveau du conseil d'administration
d'Hydro-Québec, à moins que cette réalité ne soit
changée maintenant.
M. Drouin: Effectivement, vous avez le portrait tel qu'il est
dans le rapport annuel.
Mme Marois: D'accord. Et dans la haute direction, il y a une
femme, je pense, à un poste de-Une voix: Vérification
générale.
Mme Marois: ...vérification générale. C'est
ça? D'accord. Cela dit, je voudrais revenir sur un sujet qui est tout
à fait différent et qui est relié au fait qu'on se soit
servi et qu'on continue, d'ailleurs, à se servir, évidemment, de
cet avantage que l'on a en matière d'hydroélectricité pour
attirer chez nous des entreprises qui ont, évidemment, un impact sur
l'économie et sur la création d'emplois, ce que l'on souhaite, je
pense, tous ensemble, évidemment, comme objectif à atteindre.
Il y a un cas très particulier qui nous a été
soulevé, et je pense que c'est M. Finet qui a été saisi de
la question, et que j'aimerais aborder avec vous, et c'est la question de la
serriculture, où on sait que... D'abord, le ministre actuel de
l'Agriculture avait mentionné que c'était un
élément majeur, le contrôle des coûts reliés
à l'énergie, pour la culture en serre. En fait, ça
comprend... cela équivaut à 20 % environ des coûts de
production que tout l'aspect de l'électricité... On sait qu'on a
fait des efforts assez importants pour implanter des systèmes de
biénergie, si on veut. Or, on constate que le tarif de 1982, qui est
passé de 0,018 $ le kilowattheure à 0,028 $ en 1985, actuellement
se situe à 0,038 $ le kilowattheure. Je constate que vous avez une
modification de prévue dans votre synthèse, à la page 25,
j'aimerais ça que vous m'en parliez. Mais ce sont des hausses, quand on
les regarde sur l'ensemble. Si on regarde, les prix à la consommation
ont monté de 51 %, les tarifs moyens d'Hydro de 58 % sur cette
même période et les tarifs d'électricité des
producteurs en serre, eux, ont augmenté de 211 %. Quand ça
correspond à 20 % de leurs coûts de production, c'est
énorme. Je voyais qu'en janvier dernier et en février, les
producteurs étaient venus mentionner cette situation à
Hydro-Québec pour savoir si on allait avoir une politique un peu
particulière en ce qui les concerne.
Alors, j'aimerais savoir où en est ce dossier parce que ça
irait essentiellement à rencontre d'un des objectifs que l'on poursuit
aussi par les tarifications qui ont été
préférentielles, à certains moments, garanties sur longue
période, etc. pour permettre à des entreprises de s'implanter
chez nous et à ce que chez nous se crée de l'emploi.
M. Finet: Jacques Finet, vice-président exécutif,
marché québécois. Effectivement, j'ai reçu
récemment le président du Syndicat des producteurs en serre du
Québec, M. Serge Paré, qui m'a exposé la
problématique que vivait l'industrie de la culture en serre. Pour bien
comprendre, il faut peut-être faire un petit retour en arrière, un
petit historique. Prenez peut-être tout simplement quelques notes pour
bien comprendre.
Situons-nous en 1983, au moment où nous avions des surplus
d'électricité. Nous avons développé, à ce
moment-là, un programme biénergie pour favoriser
l'écoulement d'abord de nos surplus et aussi aider nos clients
industriels et commerciaux à profiter de ces surplus. À ce
moment-là donc, en 1983, un tarif b qu'on a introduit à un prix
de 0,0265 $ du kilowattheure. Ce tarif était indexé au prix du
pétrole. Est survenu, à ce moment-là, le ralentissement
dans les prix du pétrole, la pression à la baisse et le prix a
baissé au point d'être rendu aujourd'hui à 0,0178 $ du
kilowattheure. Il y a un certain nombre de serriculteurs qui ont profité
de l'occasion et qui se sont installé le chauffage biénergie. On
a accepté, à ce moment-là, dans certains cas, du moins
pour ceux qui voulaient le faire, de mettre l'éclairage sur le
même raccordement électrique, à partir tout simplement de
la réflexion que l'éclairage contribuait aussi à la
chaleur. Donc, on pouvait associer ça à du biénergie. Le
client pouvait subir des interruptions durant les périodes de grand
froid, même pour la partie éclairage. Mais, globalement, il avait
avantage, sur le plan de la culture, à profiter de ce système.
Donc, le prix est baissé de 0,0265 $ à 0,0178 $. Le client
profitait d'une garantie de la part d'Hydro-Québec pour une
période de quatre ans. La même chose... Comme on versait des
subventions importantes, on a versé, je pense, au-delà de 7 000
000 $ dans ce programme, le client a profité de toutes ces subventions,
et une garantie de quatre ans a été respectée de part et
d'autre.
En 1987, cependant, on a introduit un nouveau tarif qu'on a
appelé le tarif BG, le tarif b n'étant plus disponible, à
un prix de 0,028 $ le kilowattheure. Plusieurs nouvelles industries de la
serriculture ont embarqué à ce tarif, 0,028 $. C'est à
partir de ce moment-là, d'ailleurs, qu'on a retrouvé les plus
grosses serres, c'est-à-dire les plus grands espaces en pieds
carrés, avec les charges les plus importantes en termes
d'éclairage.
On continue de cette façon-là. Arrive l'année 1989,
et on a expliqué le problème de la faible hydraulicité.
À ce moment-là, on a dit à nos clients biénergie:
On vous offre de racheter vos contrats à des conditions fort
avantageuses. D'ailleurs, même dans l'industrie de la serriculture, 65 %
des clients ont accepté, sauf ceux qui ne pouvaient absolument pas
laisser, abandonner leur charge d'éclairage. Comme les périodes
de quatre ans de garantie de part et d'autre étaient terminées,
pour ne pas avoir à continuer à livrer de la biénergie
à 0,028 $, par exemple, alors qu'il faut l'acheter à 0,04 $ ou
à 0,05 $, on a mis un tarif particulier à 0,038 $, suffisamment
pour ne pas que le client soit enclin à utiliser quand même la
biénergie alors que nos réservoirs étaient bas. Là
arrive le problème qui nous est signalé par l'industrie de la
serriculture qui dit: Pour ceux qui étaient à 0,028 $, passer
à 0,038 $, déjà, c'est une augmentation très forte.
Pour ceux qui étaient à 0,0265 $ au départ, que le tarif a
baissé à 0,0178 $, que de devoir maintenant passer à 0,038
$, on parlait de 117 % d'augmentation.
Donc, on s'est entendus au moins pour corriger, en grande partie, leur
situation. Parce qu'on n'a pas un intérêt ni la volonté de
leur créer des situations financières impossibles, on leur a
offert de corriger une partie de la situation en éliminant le bout du
0,038 $. C'est une situation particulière C'est nous qui avons
accepté que l'éclairage soit là-dessus. Donc, ramenons
tout ça à 0,028 $. Je vous dirai qu'avec ça, on
fait...
Mme Marois: ...ramener à 0,028 $, c'est ça que vous
dites? (22 h 15)
M. Finet: Bien, il reste encore quelques négociations,
parce qu'il faut bien comprendre qu'on va essayer d'attacher toutes les
ficelles et non pas simplement quelques-unes.
De ramener ça à 0,028 $, ça règle une grande
partie du problème, sauf que ceux qui ont profité du tarif
à 0,0178 $, je vous dirai qu'ils souhaiteraient encore qu'on continue
à 0,0178 $. Mais là, ce n'est absolument pas possible parce que
c'est nettement en bas de nos coûts de fourniture, et il faut, pour ces
clients-là comme pour d'autres, aussi, qu'Hydro-Québec ait des
tarifs au moins égaux à ses coûts de fourniture. Il y a
toujours le dilemme de voir qu'il y en a qui ont embarqué dans 0,028 $
dans la deuxième vague, ça fait très bien leur affaire et
ils continuent, ils s'en contentent très bien, alors que ceux de la
première vague aimeraient bien pouvoir encore profiter de la 0,0178
$.
?T-1347
Faites un parallèle, si vous voulez, avec l'année
passée ou il y a deux ans, quand on est venus en commission
parlementaire, au moment où on avait arrêté les ventes
d'énergie pour les bouilloires électriques chez les clients
industriels, les ventes d'excédentaire à des prix très
bas, l'industrie réclamait qu'on continue cette espèce de vente
de feu pendant des années, ce qu'on ne pouvait pas faire.
La biénergie, il y a un rachat temporaire. On est prêts
à faire un accommodement dans le cas de la serriculture, mais en autant
qu'ils puissent au moins reconnaître qu'on a fait la part des choses et
que c'est un compromis qui puisse être acceptable, sans vouloir quand
même nous demander de subventionner indirectement par le tarif
d'électricité. Ce qu'on ferait si on subventionnait par le tarif,
il faut bien reconnaître qu'il y a quelqu'un d'autre qui devrait payer
pour. Je pense que ce n'est pas à HydroQuébec à faire une
repartition des richesses de ce genre-là.
Le Président (M. Bélanger): Je suis navré de
vous interrompre, le temps de votre formation est totalement
épuisé. Je cède la parole au député de
Beauce-Sud.
M. Audet: Beauce-Nord, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Beauce-Nord. Je suis
toujours mêlé.
M. Audet: Merci. Dans le même ordre d'idées, on a
vu, dans les derniers jours, une association manufacturière, entre
autres, s'élever contre la proposition de hausse que vous faites,
alléguant qu'on est dans un contexte de libre-échange,
ralentissement économique, contexte économique peut-être un
peu plus difficile, possibilité de TPS un peu plus tard, tout ça.
J'aimerais connaître vos commentaires là-dessus.
Deuxièmement, je sais qu'au niveau des entreprises, il existe
certains programmes aussi. J'aimerais ça avoir vos commentaires,
premièrement, et, deuxièmement, au niveau des programmes, est-ce
qu'il n'y aurait pas de nouvelles choses d'ajoutées? Dans le contexte du
libre-échange, en tout cas, je sais que dans la Beauce, chez nous, j'ai
beaucoup de petites entreprises, ça les inquiète beaucoup.
M. Drouin: M. Boivin voudrait...
M. Boivin: J'ai pris connaissance du mémoire de
l'Association des manufacturiers canadiens et je dois dire qu'il y a, à
mon point de vue, passablement de démagogie dans ce mémoire. Je
vais simplement passer quelques éléments du mémoire. Au
tout début, on dit que les tarifs d'électricité sont de
moins en moins concurrentiels et que la position du Québec
s'érode d'année en année. Je vais simplement vous donner,
à titre d'exemple... Ceux qui, comme moi, sont à
Hydro-Québec et suivent l'évolution de nos coûts
comparatifs depuis longtemps se souviendront qu'en 1982, notre position
concurrentielle par rapport à l'Ontario, qui est notre voisin
immédiat, l'autre grosse province fortement industrialisée, au
Québec, lorsqu'on comparait les tarifs grande puissance
d'Hydro-Québec en 1982 aux tarifs grande puissance d'Hydro Ontario, on
avait un écart favorable pour le Québec de 12,9 %. Ce n'est quand
même pas il y a cent ans, c'est en 1982, c'est il y a huit ans.
Au moment où on se parie, avant les hausses de tarifs, la
position concurrentielle de l'hydroélectricité au Québec
par rapport aux tartifs de l'Hydro Ontario est passée à un
avantage de 34 %. Si c'est ce que l'Association des manufacturiers canadiens
appelle une position concurrentielle qui se détériore,
écoutez, il y a quelque chose que je ne comprends pas quelque part. Et
je fais abstraction, quand je dis ça, aux nombreux programmes de rabais
tarifaires, d'aide à l'implantation industrielle, de contrats à
partage de risque qu'on a mis en place, particulièrement dans la
période 1983-1987 où on avait, à ce moment-là, des
excédents d'électricité, et on s'est dit: Pourquoi ne pas
en faire bénéficier les industriels et mousser l'implantation
industrielle?
Je vous donne ça à titre d'exemple. Je pourrais
probablement prendre une demi-heure pour vous commenter leur mémoire,
mais je vous avoue que j'ai été un peu choqué de ce
mémoire, de la façon, du moins, dont il est
présenté, avec des énoncés, à mon point de
vue, qui sont du charriage, si vous me permettez l'expression. Maintenant, si
mon collègue Finet veut ajouter à ça, libre à
lui.
Le Président (M. Bélanger): Venant de son
président, ça se prend.
M. Finet: M. le Président, je pourrais peut-être
ajouter aussi qu'il y a une certaine incohérence dans le rapport. Vous
savez, d'une part, on se plaint de la qualité du service, de la
qualité du produit. Et, soit dit en passant, les membres de l'AQCIE, qui
est une des associations, proviennent, pour la plupart, de la région du
corridor Contrecoeur-Varennes-McMasterville, là où il y a un
problème particulier d'un réseau à 25 kV qui a à
être amélioré. Ça, c'est connu et on y travaille.
C'est dans nos plans, d'ailleurs.
Donc, d'une part, on se plaint de la qualité du service qui n'est
pas ce qu'ils souhaiteraient. Par contre, on dit: N'augmentez pas les tarifs.
Bien coudon! Il va falloir comprendre qu'à un moment donné, si on
doit investir dans l'amélioration de la qualité du service, il
n'y a rien qui se crée, il n'y a rien qui se perd. Donc, à ce
moment-là, il y a nécessairement un besoin de revenu additionnel
qu'il faut combler par des hausses de tarifs.
II y a plusieurs autres aspects aussi. Lorsqu'ils extrapolent la
situation des pannes chez leurs clients de l'AQCIE et qu'ils font une
règle de trois pour extrapoler ça à la province, je pense
que c'est vraiment grossier comme manoeuvre. Vraiment, ce n'est pas la
façon. D'ailleurs, nos statistiques le prouvent. Il y a une
amélioration légère, il faut peut-être convenir,
à cause de la panne majeure du printemps dernier. Mais il reste que, sur
l'ensemble du réseau de distribution, il y a une amélioration.
C'est malheureux qu'on ait débordé. Il faut dire qu'au
départ, on a d'excellentes relations avec ces gens. Sauf que vous savez,
lorsque vient le temps d'écrire un mémoire, des fois, bien
coudon, peut-être que le temps a manqué pour vérifier
certaines informations. Il y a des choses vraiment là-dedans qui sont
totalement erronées.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. M. le
député de Drummond, vous avez une question.
M. St-Roch: Merci, M. le Président. Dans la
présentation de cet après-midi, au niveau des investissements,
pour la période 1990-1999, vous avez mentionné qu'il y aurait 1
748 000 000 $ consacrés à la réfection de la centrale. Je
pense que c'est M. Del isle qui a mentionné aussi que la plus grande
partie irait à la centrale de Beau-harnois. Ma question est celle-ci:
Combien vont s'adresser aux centrales qui sont de moins de 100 000
kilowatts?
M. Michel (Benoît): Benoit Michel, vice-président
exécutif, équipement. Le programme de réfection est
effectivement de 1 748 000 000 $. La majeure partie de cet argent s'adresse
à Beauharnois qui va coûter 1 200 000 000 $. Par ailleurs, on a
des études en cours pour La Gabelle, Drummondville, l'Anse-Saint-Jean.
On a tout un programme de réfection, Shawinigan, les plus vieilles
centrales du complexe Shawinigan, où on étudie la masse de ces
équipements et on va prendre des décisions quant aux
réfections ou aux reconstructions proprement dites.
M. St-Roch: J'en déduis que ça va être, le
différentiel, quelque chose comme 500 000 000 $ grosso modo.
M. Michel: De l'ordre de 440 000 000 $, oui.
M. St-Roch: Ce plan-là va être connu dans quel
échéancier?
M. Michel: On a établi un plan quinquennal parce que,
historiquement, Hydro, dans ses réfections, procédait surtout par
des travaux au niveau du génie civil et, quelquefois, en regardant
passer avec assez de précision les répercussions sur
l'automatisation des centrales, du côté mécanique et
électrique. Présentement, on y va sur un plan quinnuennal. On a
un programme quinquennal de réfection de centrales, avec des
réfections majeures et des prises de décisions pour
reconstruction ou réfection. On procède comme ça, par plan
quinquennal. Il y a toute une gamme, une brochette de centrales qui vont devoir
subir des réfections très très majeures. 1 400 000 000 $,
à titre d'exemple, l'an dernier, dans le plan, on avait 1 000 000 000 $
pour dix ans de réfection. Cette année, c'est 1 400 000 000
$.
M. St-Roch: Merci.
Le Président (M. Bélanger): Alors, compte tenu de
l'heure, la commission... D'information, oui, je vous en prie.
M. Jolivet: Oui, j'aurais eu une question à poser sur la
centrale de Gentilly. Est-ce que demain, dans l'avant-midi, j'aurai l'occasion
de la poser?
Le Président (M. Bélanger): Demain matin, ce qui
est prévu, de 10 heures à 11 heures, c'est le cadre financier; de
11 heures à 12 h 30, c'est la tarification. Maintenant, s'il y a
consentement, peut-être qu'on pourrait accepter la question du
député de Laviolette?
Une voix: ...financier... pertinent...
Le Président (M. Bélanger): Non, je pense que ce
serait pertinent ce soir, dans le contexte, mais il ne reste plus de temps.
Alors, est-ce qu'on accepte une question du député de Laviolette
ou si on...
Une voix: S'il promet d'être sage demain...
M. Jolivet: Je ne promets jamais d'avance d'être sage,
ça, vous le savez. On peut attendre à demain.
Le Président (M. Bélanger): Une question courte a
une réponse courte.
M. Jolivet: Bien, ça peut être plus long que court.
Mais, est-ce qu'on peut attendre à demain? On peut la passer.. Non?
Bien, je vais essayer de la passer courte, d'abord. Ça dépend de
la réponse, vous savez.
Le Président (M. Bélanger): Si on commence tout de
suite, on va finir vite.
M. Jolivet: II y a plusieurs inquiétudes au niveau de
Gentilly. Un des problèmes qui a surgi - et je ne parlerai pas de ce qui
suit dans la population, pour le moment, je parlerai de la centrale
elle-même - on sait qu'il y a des radiations dans cette centrale, qu'il
faut être prudent, et je pense qu'Hydro-Québec, comme
responsabilité, l'a très forte à ce
niveau-là. On nous dit qu'à la sortie de la centrale, il y a deux
points de sortie qui sont les suivants. Pour les individus, tout le monde doit
normalement converger vers un point où il devrait y avoir normalement un
appareil de détection des radiations. Actuellement, l'appareil,
là où il est placé, permet à des gens de sortir de
la centrale sans avoir eu l'occasion de passer par l'appareil de
détection et ils peuvent donc se rendre dans la population, chez eux,
avec des radiations.
Une des questions qui est posée par les responsables à la
centrale, c'est: Quand est-ce qu'on va avoir une seule porte de sortie? Et
quand est-ce que l'appareil va obliger tout le monde à sortir par cette
partie qui est essentielle, c'est-à-dire de vérifier la
détection des radiations?
La deuxième, ce sont les camions qui s'y rendent et qui sortent
sans avoir eu une inspection. Et là, on met sur le dos des
employés l'obligation de faire l'inspection, mais en vertu de la loi
fédérale d'Énergie atomique Canada, c'est la
responsabilité du propriétaire de l'édifice, de
l'industrie de faire les vérifications qui s'imposent et de prendre tous
les moyens. Je vous dis: J'aimerais savoir si Hydro-Québec va prendre
des moyens pour rassurer la population, d'après tout ce qu'on a entendu
parler, de ce qu'on a vu au niveau de. Gentilly, qu'il n'y a pas d'appareil de
détection de radiations qui soit la seule sortie possible pour les
individus et, deuxièmement, est-ce qu'on doit, comme employeur, comme
propriétaire, prendre tous les moyens nécessaires pour que ce qui
entre et ce qui sort soit assuré qu'il n'y a pas de capacité de
transporter à l'extérieur de la centrale des radiations qui
seraient nocives pour la santé publique?
Je vous donne l'exemple des camions, simplement dans les pneus, on
reconnaît que, s'il y a des radiations...
Le Président (M. Bélanger): A une question courte
une réponse courte, s'il vous plaît.
M. Jolivet: ... S'il y a des radiations qui sont restées
dans les pneus, on doit même débarrasser les pneus et mettre un
nouveau pneu.
Je voudrais savoir, de votre part, qu'est-ce qui en est.
M. Michel: Je vais vous donner une réponse partielle et on
complétera demain, si vous le voulez bien. La construction et
l'exploitation de la centrale nucléaire, comme vous l'avez
souligné tout à l'heure, sont régies par la commission de
contrôle d'Énergie atomique du Canada et il y a des normes
très sévères et très strictes qui contrôlent
les entrées et les sorties du personnel et des équipements.
S'il y a eu, semble-t-il, des gens qui auraient passé à
côté, je comprends difficilement parce que j'ai été
maître d'oeuvre de la réalisation de ce projet-là dans le
passé, et je comprends difficilement comment est-ce que ça aurait
pu se faire. Mais on va vous répondre demain. Quant aux camions, ils
sont aussi régis, il y a une guérite, un poste de garde, c'est
surveillé par caméras de télévision. Je comprends
difficilement, mais on va vérifier vos affirmations.
Quant aux rejets nucléaires, une chose que j'aimerais vous
dire... la centrale nucléaire de Gentilly, la commission de
contrôle qui régit la conception de ces
équipements-là fixe une norme - si vous me le permettez, M. le
Président, je vais aller plus vite encore - pour que quelqu'un qui
vivrait... il y a un rayon d'exclusion de 3000 pieds tout le tour de la
centrale, c'est-à-dire que ces terrains-là appartiennent à
Hydro-Québec et personne d'autre ne peut les utiliser à d'autres
fins qu'Hydro-Québec. La norme internationale de l'Agence internationale
de Vienne de l'énergie atomique ferait que... Ils ont fixé une
norme à la clôture, si on veut, d'exclusion, qui ferait que
quelqu'un pourrait vivre là 8760 heures par année,
c'est-à-dire à plein temps, et qu'il n'y aurait aucun
résultat à court, moyen ou long terme sur sa santé.
Ça, c'est la norme.
La performance, maintenant, de la centrale, c'est qu'au niveau des
rejets radioactifs, les rejets se situent entre 100 et 10 000 fois plus bas que
la norme. Donc, au niveau des rejets de Gentilly, ce n'est absolument pas un
problème, c'est par plusieurs ordres de grandeur plus
sécuritaires que les normes internationales. Quant au parcours des
camions, on va vous répondre demain.
Le Président (M. Bélanger): Bien, je vous remercie
beaucoup. Compte tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux à
demain, 10 heures, dans le même local. Merci.
(Fin de la séance à 22 h 30)