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(Neuf heures trois minutes)
Le Président (M. Bélanger): Si vous permettez, la
commission de l'économie et du travail reprend ses travaux pour
procéder à une consultation générale et à
des auditions publiques sur les modifications à apporter à la Loi
sur les heures d'affaires des établissements commerciaux.
Ce matin, nous recevons les représentants de la ville d'Aylmer.
Bonjour, madame, monsieur. Ah, mais c'est Mme Provost, qu'on a
déjà eu l'honneur de rencontrer. Ça me fait plaisir.
Je vous explique un petit peu nos règles de procédure.
Vous avez 20 minutes pour la présentation de votre point de vue. Le
reste du temps est consacré à un échange avec les
parlementaires. Je vous prierais donc de bien vouloir vous identifier et de
procéder à la présentation de. votre mémoire. Par
la suite, lorsqu'on aura l'échange avec les parlementaires, si possible
bien vouloir vous nommer chaque fois, ceci pour les fins de transcription au
Journal des débats. Je vous remercie beaucoup et je vous invite
à commencer maintenant.
Ville d'Aylmer
Mme Provost (Constance): Je vous remercie. Je vais m'identifier
officiellement. Je suis Constance Provost, maire de la ville d'Aylmer, non pas
la maire mais le maire de la ville d'Aylmer, pour bien des gens qui se
mélangent souvent avec la mairesse, mais je ne suis pas une mairesse.
J'identifie, à ma droite, Robert Couture, le directeur adjoint de la
ville d'Aylmer.
Je vous remercie d'avoir reporté notre rencontre à 9
heures ce matin, ce qui nous accommode énormément puisque nous
avons de gros dossiers à discuter au niveau de la Communauté
régionale de l'Outaouais. Comme vous le savez, c'est un dossier qui est
assez chaud. On veut toujours être présent et je vous remercie de
m'avoir donné le temps de venir vous rencontrer.
Nous sommes ici, ce matin, pour vous présenter la position de la
ville d'Aylmer sur les heures d'affaires qui nous préoccupent
énormément. Je vais vous lire mon mémoire qui est
très court, parce que j'aime mieux discuter et échanger avec vous
pour pouvoir arriver à une entente avant que nous partions, mais au
moins vous sensibiliser si je n'ai pas de réponse. Je m'attends d'avoir
une réponse quand même.
La situation géographique privilégiée de la ville
d'Aylmer est sans contredit sa caractéristique la plus
intéressante. Située au coeur de la région de la capitale
canadienne, sur la rive nord de la rivière des Outaouais,
frontière naturelle entre l'Ontario et le Québec, Aylmer a su
harmoniser le charme de la campagne à une vie urbaine trépidante.
Parce qu'elle fait partie de la zone urbaine Hull-Ottawa, la
municipalité d'Aylmer profite de la proximité d'importantes
infrastructures de transport. La route provinciale 148 est l'un des principaux
liens entre la région rurale du Pontiac et les villes de Hull, Gatineau
et Ottawa.
La population est principalement composée de fonctionnaires
gouvernementaux qui travaillent à Hull ou à Ottawa et dont tes
heures de travail sont généralement de 9 heures à 17
heures. Ces gens profitent de la journée de paye, tous les deux
mercredis, pour effectuer leurs emplettes. Les fuites commerciales importantes
vers l'Ontario ne se produiraient plus si les heures d'affaires étaient
prolongées sur une base régulière. Ça, je veux que
vous portiez attention à ce paragraphe-là que nous pourrons vous
expliquer plus en détail.
La position des gens d'affaires du milieu. Suite à un sondage
auprès de ses membres, l'Association des professionnels, industriels et
commerçants d'Aylmer, créée en 1979 et regroupant plus de
200 commerçants, préconise depuis plus de quatre ans le
prolongement des heures d'affaires. L'APICA a d'ailleurs présenté
une résolution officielle en ce sens au conseil municipal de la
ville.
Il y a eu un sondage par la Société d'aménagement
de l'Outaouais, qui est une créature gouvernementale chez nous. Suite
à une enquête effectuée par elle en 1984 auprès des
marchands détaillants de Gatineau, Hull et Aylmer, pour connaître
les opinions sur les changements possibles des heures d'affaires, la position
des gens d'affaires d'Aylmer apparaît clairement: tous les
commerçants interrogés étaient en faveur du prolongement
des heures d'affaires, certains jusqu'à 21 heures et d'autres encore
plus tard en soirée. Les résultats des enquêtes de la
Société d'aménagement prouvent que les gens de l'Outaouais
veulent concurrencer le côté ontarien en profitant des mêmes
heures d'ouverture des commerces.
Après vérification auprès de municipalités
de Vanier, Cumberland, Gloucester, Orléans et Kanata - ce sont des
municipalités de banlieue d'Ottawa, Ontario, et non pas du Québec
- toutes situées près d'Ottawa, il s'avère que certaines
d'entre elles ont un règlement spécifique définissant les
heures d'affaires des commerces alors que d'autres s'en remettent à la
loi onta-rienne qui leur permet d'ouvrir 24 heures sur 24, les jours
fériés et les dimanches.
Jouissant d'une grande autonomie face au
reste de la province de l'Ontario, les commerçants de la
région de la capitale nationale offrent une sérieuse
compétition au côté québécois qui, lui,
faisant également partie de la région de la capitale nationale,
doit s'en remettre à la volonté d'un "siège social"
situé à quelque 500 kilomètres.
La position de la ville d'Aylmer. On passe notre temps à demander
régulièrement des permis de prolongement des heures d'affaires
lors de la tenue d'événements touristiques spéciaux. Nous
sommes une vilIe touristique: le Festivoile, le Carnaval, la Campagne d'achat
chez nous. Six terrains de golf - si vous êtes intéressés
à venir jouer au golf - un hippodrome, une marina, nous avons tout
ça chez nous. Les demandes sont toujours bien accueillies, après
avoir franchi un labyrinthe de fonctionnarisme. C'est bien long, demander des
choses chez vous.
À la lumière de tous les faits
énumérés dans ce document et dans le but d'alléger
les procédures, la ville d'Aylmer prône la municipaIisation de la
réglementation des heures d'affaires. Je ne parle que pour la ville
d'Aylmer, aujourd'hui, je veux que ça soit très clair à la
table.
Cette liberté permettrait: aux commerçants de faire une
compétition loyale à leurs concurrents ontariens; aux
résidents de profiter d'une plus grande disponibilité des biens
et services; à la ville d'augmenter le nombre de consommateurs en toute
saison et d'attirer plus de touristes l'été; à la
région de l'Outaouais d'éliminer les fuites commerciales au
profit de l'Ontario.
À l'ère du libre-échange, que la province de
Québec donne à ses municipalités le libre exercice de la
réglementation des heures d'affaires pour que les commerçants
québécois soient en mesure de concurrencer les entreprises du
reste du pays. Le libre choix pourrait devenir synonyme de survie pour ta
petite et moyenne entreprise québécoise. Fin de mon
mémoire.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, Mme
le maire. M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Merci beaucoup, Mme Provost. Dites-moi,
vous avez mentionné tout à l'heure un sondage. En fait, vous avez
mentionné deux sondages. Pour le premier sondage, vous dites: 200
commerçants. Donc, c'est un sondage qui s'applique directement à
la ville d'Aylmer. C'est ça, celui-là, 200?
Mme Provost: Oui.
M. Tremblay (Outremont): Est-ce que vous pouvez me donner un
profil du genre d'entreprises que vous avez? Juste un détail, combien en
gros à peu près? À moins que vous ne l'ayez. Combien dans
l'alimentation, puis combien hors alimentation? Juste ces deux
catégories-là. Deuxièmement, combien de gros par rapport
à des petits?
Mme Provost: Comme vous le savez, nous sommes une petite ville de
banlieue de 32 000 citoyens et nous avons trois grandes chaînes de
magasins d'alimentation. Les autres, elles sont de petite taille, ce sont de
petits magasins. M. le ministre, nous visons sur la petite et moyenne
entreprise, qui est notre point principal de développement chez
nous.
M. Tremblay (Outremont): L'alimentation, c'est bien trois.
Combien y en a-t-il de petite taille, à peu près? Avez-vous une
idée, incluant les dépanneurs? Je veux juste avoir...
Mme Provost: Je demanderai ça à mon expert parce
que c'est mon cerveau de droite qui est fonctionnaire ici.
M. Tremblay (Outremont): Allez-y, M. Couture. C'est normal qu'on
délègue, je pense.
Mme Provost: J'ai appris ça, mon cher M. le ministre.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Outremont): Je comprends très bien. M.
Couture, ce que j'essaie de voir, c'est combien dans l'alimentaire et combien
d'autres genres de détaillants.
M. Couture (Robert): Robert Couture. Pour répondre
directement à votre question, M. le ministre, je n'ai pas les chiffres
avec moi. La ville d'Aylmer, à cause de sa situation géographique
particulière, subit au point de vue économique...
détaillants en alimentation, majoritairement style dépanneur avec
poste d'essence. D'ailleurs, il y a eu une croissance phénoménale
à la ville d'Aylmer, depuis les cinq dernières années,
à ce chapitre. Sur une rue, qui est notre rue principale, on peut en
compter sept, huit facilement.
Sur l'ensemble du territoire, je m'aventurerais peut-être à
une vingtaine dans le genre dépanneur, petits magasins du coin. Les
grosses chaînes à Aylmer, il ne faut pas s'en cacher, ce n'est pas
la force chez nous, on est trop concurrencés par l'extérieur. On
a un Steinberg, un IGA, pour lesquels on peut parler de grandes chaînes
d'alimentation. En ce qui concerne les autres services, je pourrais dire que le
plus gros magasin, en pieds carrés, ce serait Zellers. Ça vous
donne à peu près le profil économique de la ville d'Aylmer
au niveau commercial.
M. Tremblay (Outremont): Je vais vous dire la raison pour
laquelle je vous pose cette question-là. Vous me dites 200 commerces et
que c'est, en fait, tous les commerces. Donc, j'interprète le mot tous"
comme signifiant unani-
me - est-ce que je me trompe? - Pour l'élargissement des heures.
Je vais y revenir tout à l'heure. "Tous", c'est: tout le monde serait
d'accord?
Mme Provost: Disons plutôt que les petits commerces
seraient très intéressés à ouvrir.
M. Tremblay (Outremont): Plus que les gros?
Mme Provost: La chaîne d'alimentation aimerait
énormément ouvrir le mercredi soir, parce que, comme je vous l'ai
dit...
M. Tremblay (Outremont): Oui, oui, c'est clair.
Mme Provost:... tout à l'heure, ces grandes chaînes
d'IGA et de Steinberg me laissent entendre que, si leurs magasins
étaient ouverts, des milliers de dollars perdus pour eux seraient
réinvestis dans la ville d'Aylmer, et c'est ça qui est une plaie
pour eux. Dans les grosses, là.
M. Tremblay (Outremorrt): Comment se fait-il - juste pour
clarifier une autre situation - que, quand vous nous demandez des exemptions
pour une zone touristique ou des événements spéciaux, on a
16 commerces qui sont déjà exemptés par l'article 5 de la
loi, donc les petits dépanneurs - trois employés et moins - et on
en exempte seulement six de plus en vertu de l'article 5. 3? Est-ce que c'est
la zone limitrophe ou touristique, l'article 5. 3?
Une voix: Touristique.
M. Tremblay (Outremont): Touristique. L'article 5. 3.
Une voix: C'est parce que c'est juste le Vieux-Aylmer.
M. Tremblay (Outremont): Ah! c'est parce que c'est juste le
Vieux-Aylmer, je comprends. La voilà, l'explication. O. K.
Mme Provost: Oui. Nous avons investi dans la revitalisation de
notre centre-ville et nous avons 22 femmes qui ont ouvert 22 commerces. Ce sont
vraiment des femmes dynamiques et prêtes à travailler sept jours
et sept soirs par semaine pour que ce soit rentable. Je ne veux pas les brimer
et j'espère que le gouvernement va être ouvert à nos
demandes d'aujourd'hui sur ça.
M. Tremblay (Outremont): Bon. Un deuxième point qui touche
au même. Vous avez mentionné tout à l'heure que la
Société d'aménagement de l'Outaouais a également
fait un sondage, et là vous avez mentionné Gatineau, Hull,
Aylmer. Ça ne comprend pas les autres villes que vous avez
mentionnées tout à l'heure comme Vanier, Cumberland, Gloucester,
Masson.
Mme Provost: Elles sont en Ontario, sauf Masson qui est au
Québec.
M. Tremblay (Outremont): Ah oui, excusez, Masson.
Mme Provost: À Masson, c'est un gros marché, comme
un marché aux puces comme ils ont à Stittsville, Ontario.
M. Tremblay (Outremont): Est-ce que vous nous dites aujourd'hui,
si on prend juste Gatineau, Hull, Aylmer et Masson, qu'elles sont d'accord avec
votre position aussi, même si vous parlez juste pour Aylmer? (9 h 15)
Mme Provost: M. le ministre, j'ai bien spécifié que
je parlais au nom de la ville d'Aylmer. Pourquoi?
M. Tremblay (Outremont): Oui.
Mme Provost: Parce que la ville de Hull n'a pas le même
statut que nous, d'une certaine façon. Elle a 20 000 fonctionnaires qui
sont là toute la semaine. Pour elle, c'est un repos, peut-être, la
fin de semaine, de voir tout ce monde disparaître, s'en aller en Ontario,
mais je peux vous dire que nous, tout notre monde disparaît en Ontario,
les fins de semaine, pour aller se reposer de l'autre côté.
Essayons de comprendre les deux... Je ne suis pas de la même position que
la ville de Hull. Pour elle, c'est peut-être la fermeture qui est bonne
mais, pour moi, c'est le sens contraire.
M. Tremblay (Outremorrt): Je voulais juste profiter de votre
présence ici. Si j'appelais Michel Légère, par
exemple...
Mme Provost: Mais ne lui dites pas que je suis ici.
M. Tremblay (Outremont): Non, mais c'est ça...
Une voix: II va le savoir par...
M. Tremblay (Outremont): II va le savoir... Mais si j'appelais
Michel Légère, est-ce qu'il nous dirait qu'il est favorable
à l'ouverture? J'aimerais juste savoir, peut-être que vous
pourriez m'aider là-dessus.
Mme Provost: II vous dirait qu'il n'est pas favorable.
M. Tremblay (Outremont): O. K. Parfait.
Mme Provost: II dirait qu'il maintient la position de
l'UMQ...
M. Tremblay (Outremorrt): Très bien.
Mme Provost:... sauf que l'UMQ reconnaît le besoin d'une
région frontalière pour la ville d'Aylmer en son statut
même.
M. Tremblay (Outremont): La loi le reconnaissait aussi. Le
deuxième point que je veux discuter avec vous, c'est l'Ontario. J'ai
posé beaucoup de questions sur l'Ontario, plus que sur les
États-Unis parce qu'il y a une frontière, mais en Ontario il y a
juste un pont. Vous me dites qu'en Ontario les commerces - vous avez
mentionné ça et je vous cite - c'est ouvert 24 heures sur 24, les
jours fériés et le dimanche. En vertu de quoi?
Mme Provost: Je vais demander à M. Couture de vous
répondre parce que nous avons apporté la loi avec nous.
Peut-être que vous pourriez vous en faire une copie et la lire, c'est
très intéressant.
M. Tremblay (Outremont): Oui.
M. Couture: En fonction de la loi de l'Ontario "Retail business
holidays Act", vous avez une clause générale qui stipule tous les
congés fériés, incluant le dimanche. En règle
générale, tout le monde est fermé, sauf peut-être
quinze exceptions, et ça, c'est pour tous les commerces, sauf les
grandes chaînes nécessairement. Quand on regarde la loi, il y a
même une composante qui, oubliant les petits magasins, les pharmacies,
les pépiniéristes, les vendeurs de produits pétroliers,
les fruits et légumes, permet aux commerces qui ferment le samedi pour
une période de 32 heures consécutives d'opérer le
dimanche, s'il y a moins que sept employés...
M. Tremblay (Outremont): C'est sept, c'est ça.
M. Couture: C'est sept...
M. Tremblay (Outremorrt): O. K.
M. Couture:... et 5000 pieds carrés, d'ailleurs, si
ça vous intéresse. Alors, si c'est un établissement qui
est fermé le samedi, il peut ouvrir le dimanche s'il a sept
employés ou moins et un maximum de 5000 pieds carrés. Donc, il y
a des exemptions de ce côté-là.
Une autre chose aussi pour la municipalité, c'est en fonction de
l'article 4, sous-article 2, du chapitre 453 que j'ai ici. Il permet à
une municipalité, et je ne vous donnerai pas une traduction libre...
Where it is essential for the maintenance of development of the tourist
industry - chez nous, à Aylmer, l'industrie touristique, elle est forte
- the council of a municipality may, by by-law, provide that section 2 does not
apply - l'article 2 qui parle de toutes les journées
fériées et le dimanche - to any class of retail business
establishment in respect for the sale by retail of such goods or services on
such holidays, for such periods of time, in such parts of the municipality and
under such conditions as specified in the by-law.
Sans nécessairement, comme Mme Provost vous le disait... En
fonction du statut frontalier de la ville d'Aylmer, statut touristique - c'est
notre vision de nous-mêmes, d'ailleurs - capitale des loisirs de
l'Outaouais, si on ne peut attirer de par nos éléments
touristiques aucun attrait commercial connexe ou ancilIaire, bien, ça
rend la tâche très difficile. On attire quelqu'un à
quoi?
M. Tremblay (Outremont): Mais votre demande est-elle d'ouvrir 24
heures sur 24, sept jours par semaine?
M. Couture: Non.
M. Tremblay (Outremont): C'est quoi? Vous dites le libre choix,
ça veut dire quoi, pour vous? Pouvez-vous me dire ça?
Mme Provost: Nous, M. le ministre, on aimerait
légiférer avec notre monde local, exactement ce qu'il
désire, qu'il n'ait pas à recourir à vous demander chaque
fois la permission comme d'aller à la confesse si on est ou non punis.
Moi, je voudrais pouvoir dire à mes gens. Oui, vous pouvez ouvrir, on a
des fêtes, on a des journées spéciales. Il y a des grosses
ventes et peut-être que les petites boutiques voudraient le faire.
Franchement, ça intéresse les gens. Ils veulent vivre chez nous,
mais ils s'ennuient le dimanche. Les gens s'ennuient aujourd'hui. Ils s'en vont
à Ottawa, de l'autre côté, où c'est
intéressant, où il y a un marché qui est ouvert. Toutes
les petites boutiques sont là, tous les petits restaurants sont
là. Vous rencontrez toute la ville, des gens du Québec, de ce
côté-là. Si vous voulez rencontrer vos chums, allez-y en
Ontario le dimanche.
M. Tremblay (Outremont): Assumons, pour les fins de la
discussion, qu'on donne suite à votre demande; qu'est-ce que ce serait,
d'après vous, des heures normales où il faudrait dire oui, par
opposition à sept jours par semaine 24 heures par jour? Si on disait,
admettons, de 9 heures le matin à 21 heures tous les soirs, le samedi,
un certain nombre d'heures et le dimanche, un certain nombre d'heures,
êtes-vous satisfaite? Je vais vous poser la question d'une façon
différente: Est-ce qu'il y a des commerces qui sont ouverts sept jours
par semaine 24 heures par jour, en Ontario?
M. Couture: Effectivement, M. le ministre - Robert Couture - il y
a certains commerces dans (es villes de banlieue - pas nécessairement la
ville d'Ottawa car eux, ils ont un règlement municipal qui, tout
récemment, avait fait un vote huit, huit, conditions d'extension et
d'application intégrale de la loi pour permettre 24 heures sur 24. Donc,
il y a un conseil qui est divisé, en ce moment. Si on regarde les villes
de Gloucester, Nepean, Vanier, Kanata, Stitts-ville, vous allez voir que c'est
le libre choix selon l'offre et la demande. Si le commerçant croit qu'il
peut faire un profit et qu'il peut ouvrir à profit et que c'est
économiquement rentable, il va le faire. Mais c'est son choix à
lui.
M. Tremblay (Outremont): Oui, c'est ça. Ça, je le
comprends, M. Couture.
Mme Provost: Ça arrive une fois de temps en temps.
M. Tremblay (Outremont): Je veux juste profiter de votre
expérience pratique sur le terrain.
M. Couture: Oui.
M. Tremblay (Outremont): Je le sais, le libre choix, je comprends
très bien cette position-là. Je veux juste savoir en pratique. En
pratique, est-ce que les commerces qui sont ouverts sept jours par semaine 24
heures par jours, ce sont réellement des petits dépanneurs, trois
employés ou moins, et les moyennes entreprises ou les autres, c'est
plus, admettons, dans une planche de 9 heures a 21 heures plus le samedi, plus
le dimanche?
M. Couture: C'est plus ça, M. le ministre. Vous avez
l'heure juste à ce sujet. Les Mac's Milk, les petits dépanneurs,
c'est 24 heures sur 24, et les autres sont des commerces
spécialisés.
M. Tremblay (Outremont): Très bien. Bon. Ma
dernière question, vous dites... Souvent, on entend... Il y a des
intervenants qui viennent nous voir et qui nous disent: Si on permet
l'ouverture le dimanche, ça va affecter les petits commerces. Vous avez
mentionné, tout à l'heure, en terminant, Mme Provost, que vous
voulez vous spécialiser dans les petites et moyennes entreprises. Vous
avez également mentionné que vous aviez une vingtaine de femmes
dynamiques qui sont parties en affaires et qui sont prêtes à
travailler très fort. Dans une politique d'équité pour
tout le monde, on ne créera pas un statut particulier à
Aylmer.
Mme Provost: Pourquoi pas, M. le ministre? Vous l'avez
déjà fait pour d'autres choses. Vous devriez reconnaître
ça.
M. Tremblay (Outremont): Non, mais, en fait, les discussions
qu'on a, on va essayer d'avoir une loi équitable. Ça veut dire
qu'on permettrait à tout le monde d'ouvrir. Est-ce que ça cause
un problème à Aylmer? Toutes les municipalités, ouvrez. Si
je suis votre logique, on va le permettre à tout le monde.
Mme Provost: Si les autres veulent s'ajuster à ça,
moi, je n'ai aucun problème. Je n'ai pas discuté avec d'autres
municipalités, M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Non, je comprends.
Mme Provost: Mais je reconnais quand même que je suis une
personne à la table de l'Union des municipalités du Québec
qui a accepté leur proposition à la table de maintenir le statu
quo défini par le gouvernement du Québec sur les heures.
M. Tremblay (Outremont): Oui.
Mme Provost: Moi, j'ai apporté... J'ai une
résolution qui a été déposée et
acceptée par l'Union des municipalités d'appuyer la demande de
Mme le maire à cause du statut que je suis dedans. Mais je ne suis pas
pour aller défendre... Je vais tenir à 100 % avec l'Union des
municipalités de ne pas ouvrir, s'ils ne veulent pas ouvrir.
M. Tremblay (Outremont): Très bien. Non. Mais ce que je
dis pour être bien précis, Mme Provost, c'est qu'un des
problèmes que les intervenants viennent nous dire avec la loi, c'est
que, si on crée des exceptions, ça crée de
l'iniquité. Moi, ce que je vous dis, c'est que, si on allait dans la
voie que vous nous suggérez, c'est évident qu'on irait pour tout
le monde. Ça veut dire, plus précisément pour vous, que
Hull pourrait ouvrir les mêmes heures qu'on déciderait et, s'ils
ne veulent pas ouvrir pour des raisons économiques, ils n'ouvriront pas;
c'est le libre choix que vous avez mentionné. Alors, ma question,
c'était de savoir: Si on le fait pour tout le monde, est-ce que les
gens, les petites et moyennes entreprises d'Aylmer vont pouvoir concurrencer
les gros, je ne sais, de Hull, s'il y en a, ou des autres
municipalités?
Mme Provost: Constance Provost. Je n'ai aucun problème. Je
suis toujours prête à concurrencer, M. le ministre, sauf que je
veux que ce soit clair dans votre esprit et de toutes les personnes à la
table. C'est une région frontalière et je suis sûre que ce
serait avantageux, que ce soit pour Hull, Aylmer ou Gatineau,
définitivement, M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): J'ai une dernière
question. Un autre élément pour notre réflexion
qu'on entend souvent, c'est de dire: Si on permet l'ouverture des commerces le
dimanche, ça va coûter beaucoup plus cher aux municipalités
au niveau de la sécurité, au niveau du déneigement
l'hiver. On nous dit ça. On a eu des marchés aux puces qui sont
venus nous voir. Les marchés aux puces nous ont dit: Ça, c'est
une exception, on dit non. On n'est pas en accord avec ça. Au contraire,
les municipalités sont contentes qu'on soit là parce que,
premièrement, on paie notre taxe d'affaires et, deuxièmement, on
crée un achalandage touristique et ça crée un chiffre
d'affaires dans le milieu. Est-ce que vous pouvez nous donner le point de vue
d'une municipalité, nous dire si, oui ou non, le fait d'ouvrir les
commerces le dimanche, ça va vous coûter plus cher de
sécurité, plus cher de déneigement, l'hiver, ou de
services?
Mme Provost: Je vais vous laisser... Il dit qu'il aimerait
ça répondre, mais je vais vous répondre ma partie.
M. Tremblay (Outremont): Allez, oui.
Mme Provost: Non, pas du tout. Ça n'a absolument pas
d'inconvénient, au contraire. Je pense que les policiers vont pouvoir se
concentrer à une place au lieu de se promener partout en ville parce que
tout le monde va être en ville pour dépenser des sous. Pour nous,
je ne trouve absolument aucun problème de ce
côté-là. Je pense qu'on a plus de problèmes quand
c'est fermé que si c'était ouvert.
M. Tremblay (Outremont): Le transport en commun.
Mme Provost: Le transport en commun, bien, chez nous, les gens se
transportent tous par voiture, en majorité. Le , transport en commun,
c'est un transport de dimanche que nous avons. En tant que présidente du
transport en commun chez moi, ça n'a pas de difficulté du tout du
tout. Si les gens le veulent, ils l'auront le dimanche et ils l'auront le
samedi en plus et ils paieront. "It is a users pay" maintenant, M. le
ministre.
M. Tremblay (Outremont): Et vous, M. Couture - je finis
là-dessus - vous êtes directeur général adjoint.
Donc, c'est vous qui regardez les chiffres, non pas que Mme Provost ne les
regarde pas, je pense qu'elle les regarde parce qu'elle est jugée sur
l'excédent ou l'équilibre entre les revenus et les
dépenses. Mais...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Outremont): ...peut-être pas tous les petits
détails. Mais, vous, est-ce que vous serez affecté, en tant que
directeur général adjoint, quand vous allez être
appelé à administrer peut-être les ouvertures le
dimanche?
M. Couture: Robert Couture. Juste pour ajouter à ce que
Mme le maire a dit, moi, je regarde les chiffres. C'est Mme le maire qui me les
donne par le conseil.
M. Tremblay (Outremont): Oui, c'est bien.
M. Couture: II n'y a pas de différence que je peux voir
dans le fait d'ouvrir le dimanche ou non, au point de vue du
déneigement. S'il y a une tempête de neige, on a un devoir public
de déneiger, que ce soit le dimanche ou le lundi soir, à minuit.
Alors, le réseau routier doit être entretenu 7 jours par semaine,
365 jours par année, 24 heures par jour. Ça va de soi aussi pour
les incendies; ça va de soi pour la police, les patrouilles sont faites
quand même 24 heures sur 24. Par rapport au transport en commun, je peux
vous dire qu'il y aurait peut-être un amoindrissement de l'achalandage
routier sur la route 148, entre Hull, Ottawa, particulièrement Ottawa et
Aylmer, si on pouvait ouvrir le dimanche parce que notre trafic serait local et
ne serait pas sur l'artère principale. Alors, on aurait peut-être
une concentration de trafic local, mais ce serait la même densification
parce que tout le monde va sur le même chemin vers Ottawa, comme du lundi
au vendredi. Donc, je ne vois pas de changement ou d'impact économique
effarant dans le fait d'ouvrir le dimanche sur le dos d'une
municipalité, pour une municipalité.
M. Tremblay (Outremont): Si... J'ai fini. Réellement, j'ai
fini après celle-là. Si... Non, mais qu'on ait des gens sur le
terrain... Si on allait dans votre voie, est-ce que vous accepteriez qu'on vous
transfère la gestion, par exemple, des amendes et de la supervision de
l'ouverture des commerces le dimanche? Plus précisément, vous
avez une Cour municipale. Vous avez des inspecteurs municipaux. On va... Une
chose est certaine parce que ça, ça fait l'unanimité,
c'est qu'on va augmenter de façon importante les amendes. Est-ce que...
C'est important, ça. On va augmenter...
Mme Provost: ...et on va lui donner une bonne réponse
là.
M. Tremblay (Outremont): On va augmenter de façon
importante les amendes. Donc, on ne vous envoie pas un cadeau de Grec non
rentable. Alors, ce serait votre responsabilité de vous assurer que,
dans votre milieu, la loi est respectée. Si elle n'est pas
respectée, vous allez à la Cour municipale, de grosses amendes.
Vous partagerez les amendes comme vous voudrez et la possibilité de
retirer le permis, si un commerçant ne se conforme pas aux nouvelles
lois sur les
heures d'affaires.
Mme Provost: Ça n'a pas été long. On n'a pas
de problème avec ça, M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Merci. Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Taillon.
Mme Marois: Bonjour! Ça me fait plaisir de vous souhaiter
la bienvenue à la commission, au nom de ma formation politique.
Mme Provost: Bonjour, Mme Marois.
Mme Marois: Ça va bien?
Mme Provost: Oui, ça va très bien.
Mme Marois: J'aimerais ça revenir un peu, soit que
ça m'ait échappé ou que j'aie mal compris, mais revenir un
peu sur la situation ontarienne. Vous disiez tout à l'heure
qu'actuellement c'est en débat à la ville d'Ottawa sur... on
ouvre ou on n'ouvre pas. Il y a des zones touristiques, à Ottawa.
Mme Provost: Plusieurs.
Mme Marois: C'est ça qui est dans le vieux, la côte
de Sable, entre autres, enfin, le vieux marché d'Ottawa, la partie
franco-ontarienne, entre autres...
Mme Provost: C'est ça, le marché.
Mme Marois: Ça, c'est ouvert.
Mme Provost: Le marché By, madame.
Mme Marois: Le marché By. Bon, voilà, je cherchais
le nom.
Mme Provost: Vous en avez d'autres. Vous avez la rue Bank, vous
avez le quartier Glebe vous avez plusieurs places aussi dans Ottawa que...
C'est par morceau, par secteur...
Mme Marois: D'accord.
Mme Provost: ...et non pas tout ensemble, mais par secteur.
Mme Marois: C'est la ville qui a décidé de faire ce
choix-là.
Mme Provost: Le municipal.
Mme Marois: Mais actuellement - je pense que c'est M. Couture qui
disait ça tout à l'heu- re - c'est en discussion pour remettre en
question cette chose-là, ou j'ai mal compris? (9 h 30)
M. Couture: Robert Couture. Effectivement, madame, la question se
pose au niveau des grands centres d'achats. La ville d'Ottawa s'est fait
solliciter par, si vous connaissez la ville d'Ottawa...
Mme Marois: Oui, je connais bien.
M. Couture: ...les magasins Carlingwood,
Westgate, on voit aussi le Centre Rideau, de concurrencer, eux, les
petites entreprises sur leur territoire, et ils ont déposé une
requête à la ville d'Ottawa de laisser ouvrir, la permission
d'ouvrir de ces grands centres d'achats là, tous les dimanches.
Mme Marois: O.K.
M. Couture: Initialement, au début, il y a eu un vote 8-4
à Ottawa contre la proposition. Là tous les membres
étaient présents sur le vote de reconsidération,
c'était 8-8. Alors, vote égal, vote négatif. Alors c'est
peut-être partie remise. Mais ça, c'est une demande
spéciale des grands centres d'achats.
Mme Marois: D'accord. Je voulais bien avoir compris, mais
là j'ai bien compris. Effectivement, pour avoir été encore
dans votre coin, il n'y a pas très longtemps, et avoir circulé du
côté d'Ottawa, j'ai vu que c'était ouvert mais, là
encore, par petits secteurs bien identifiés. Dans les villes comme, d'un
bout, Kanata et puis, l'autre bout, Orléans, est-ce que ce sont les
commerces sur rue qui ouvrent et aussi les centres d'achats le dimanche? Les
centres d'achats n'ouvrent pas le dimanche, si je ne m'abuse.
M. Couture: Ils ont le droit, dans le moment, d'ouvrir
mais...
Mme Marois: Mais ils n'ouvrent pas.
M. Couture: Ils se sont mis ensemble. Ce sont des associations de
marchands d'un centre d'achats. S'il y en a un qui veut ouvrir, ça force
les autres à ouvrir aussi. On ne peut pas avoir juste une boutique
d'ouverte à l'intérieur d'un mail.
Mme Marois: C'est ce que je pense aussi.
M. Couture: Alors, par entente commune à
l'intérieur du mail, non, mais tout le reste est ouvert.
Mme Marois: D'accord, vous voulez dire que le commerce sur rue
est ouvert...
M. Couture: C'est ça.
Mme Marois: ...mais pas celui en centre d'achats, pas celui en
mail.
Mme Provost: C'est ça.
Mme Marois: Bon. Les heures d'ouverture, en Ontario, permettent
d'aller tous les soirs, c'est bien ça? J'ai regardé la loi...
Mme Provost: Jusqu'à 22 heures.
Mme Marois: Jusqu'à 22 heures, c'est ça. Est-ce que
les grands commerces alimentaires ouvrent jusqu'à 22 heures tous les
soirs? Les chaînes comparables, Loblaws, elles ouvrent, tous les
soirs?
M. Couture: On peut aller à Ottawa, il y a une rue qui
s'appelle, Base Une...
Mme Marois: Oui, je connais.
M. Couture: Vous connaissez Base Line?
Mme Marois: Oui.
M. Couture: C'est la limite frontalière entre Ottawa et
Nepean.
Mme Marois: Oui.
M. Couture: Et, d'un côté de la rue, IGA, Steinberg
sont fermés et, de l'autre côté, ils sont ouverts. Alors,
du côté de Nepean, ils peuvent ouvrir comme ils veulent.
Généralement, le lundi, ils sont fermés, mais, mardi
jusqu'à vendredi soir, c'est ouvert jusqu'à 21 ou 22 heures, et
le samedi ils ferment à 18 heures.
Mme Marois: D'accord. Vous êtes conscient qu'il y a une des
propositions sur la table, il y a deux grands groupes, là, qui font des
représentations: bon, un prône l'ouverture et l'autre prône
un resserrement des critères pour le dimanche, mais une ouverture plus
grande en semaine. Une des hypothèses, c'est d'ouvrir le mercredi soir
jusqu'à 21 heures, comme ça se fait le jeudi soir et le vendredi
soir. J'ai remarqué dans votre mémoire que vous mentionniez le
fait que, particulièrement le mercredi, les gens vont vers l'Ontario
pour faire un certain nombre d'achats. Est-ce que ça ce serait une
avenue qui vous apparaîtrait répondre en partie? Parce que je suis
consciente qu'il y a d'autres problèmes que vous soulevez.
Mme Provost: Oui, parce qu'il y a une grosse perte pour les
centres d'alimentation à cause du mercredi soir, la fermeture qui se
fait à cause du statut des gens qui vivent chez moi, qui sont, quand
même... qui travaillent au fédéral. C'est ça qu'est
l'inquiétude de ces gens-là. Mais l'autre, ça va sur le
volet touristique de mes petites boutiques qui est très important pour
leur survie.
Mme Marois: D'accord. Sur le fait que les gens aillent vers
Ottawa ou peut-être vers Hull aussi, ou peut-être vers Gatineau,
mais probablement moins parce que la circulation nord-sud se fait assez bien,
chez vous...
Mme Provost: Ah, vous êtes consciente qu'il manque de
réseaux routiers chez moi.
Mme Marois: Oui, je suis très consciente de ça et
j'espère que le gouvernement vous entend.
Mme Provost: Je l'espère. J'ai un pont qui manque
aussi.
Une voix:...
Mme Marois: Ha, ha, ha!
Mme Provost: Je continue à me battre, je vais
réussir à quelque chose.
Mme Marois: Écoutez, non, ce que je me posais comme
question, c'est à cause du volume de votre population. On parle d'une
population de l'ordre de 32 000 à Aylmer, du fait que 32 000 ça
ne peut pas supporter, évidemment, un centre d'achats, je dirais, de
millions de pieds carrés, à moins de le placer à un
endroit qui soit très, très central et parce qu'Aylmer serait
à ce point central. Bon, ce qui n'est pas le cas parce qu'Aylmer est
quand même excentrique, entendons-nous, excentrique par rapport au coeur
qui serait Hull, la capitale régionale. Bon. Est-ce que, compte tenu du
volume de population et du fait que vous puissiez offir, évidemment
à la mesure de la population, des services dans de la petite boutique,
dans du magasin qui n'est pas du magasin à grande surface, ça
n'amènerait pas, de toute façon et peu importent les heures
d'ouverture que vous auriez chez vous, ça n'amènerait pas les
gens à aller s'approvisionner pour un certain nombre
d'éléments là - je pense aux meubles, ou ça
pourrait être autre chose, du vêtement - bon, à aller vers
des centres un peu plus importants et qui offrent une diversité de choix
plus grande? Je ne dis pas parce que vous ne l'offrez pas mais vous l'offrez
sûrement sur une base quand même plus réduite, et c'est
normal. Compte tenu des 32 000 personnes ou 32 000 habitants, ça ne
génère pas des besoins pour des grands magasins
nécessairement.
Mme Provost: Je m'appelle Constance Provost. Bien, madame,
premièrement, vous avez spécifié tout à l'heure...
C'est le réseau routier qui est inadéquat, dans le moment, mais
comme le gouvernement s'en vient quand même pour le
McConnell-Laramée, que j'espère qui ne... Ne discutez pas
de celle-là avec Légère. O.K., là.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Marois: Ne discutez pas de quoi, vous dites?
Mme Provost: Avec M. Légère, le
McConnell-Laramée. Ça fonctionne très bien dans mon
esprit, celle-là.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Provost: Sauf que je veux vous dire que si on avait un
réseau routier...
Mme Marois: Les consensus ne sont pas toujours faciles, quoi, si
je comprends. Non?
Mme Provost: Bien, ça marche à 90 %.
Mme Marois: D'accord. C'est correct ça. O.K. Ça
fait partie des règles du jeu.
Mme Provost: Ce sont les 10 % qui sont les plus
intéressants parce que c'est là où ça brasse.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Provost: Non, au sujet du réseau routier, sauf qu'on a
vraiment une clientèle qui vient d'Ottawa. Dans les jours... Ce sont les
gens qui ont une disponibilité de venir. Mais il y a une chose où
le gouvernement est très fin en Ontario, c'est que tout le monde qui
veut acheter une pièce peut aller l'acheter à Ottawa et, votre
taxe, vous la retournez à eux et vous la recevez très vite avec
un gros merci d'avoir magasiné en Ontario. Ça, ça me - Ah!
je ne dirai pas le mot - ça me met assez en diable, je suis assez
choquée parce que je me dis que je l'ai, ça, chez nous. Tu ne me
donnes pas le privilège de l'offrir à ma clientèle, dans
l'Outaouais québécois. Gatineau a des magasins extraordinaires,
les plus beaux magasins...
Mme Marois: Oui, effectivement.
Mme Provost: ...plus beaux qu'à Ottawa.
Mme Marois: Oui.
Mme Provost: Oui, mais ils ont des fermetures, eux autres.
À Hull, ils les ont aussi mais je ne peux pas, le soir, quand ça
me tente. Je vais de l'autre côté. Il ne faut pas oublier que
c'est une clientèle captive fédérale qui est
habituée à Ottawa. Et ça, j'ai essayé de les
réveiller pour s'en venir chez nous. Mais si je ne leur donne pas des
heures d'ouverture, comment voulez-vous que je réveille ce
monde-là? Ils sont déjà endormis toute la journée
et, le soir, si je peux les amener magasiner, ça ferait du bien de les
faire réveiller un petit peu. Mon dieu!
Mme Marois: Heureusement qu'ils ne vous entendent pas. Ha, ha,
ha!
Mme Provost: Non, mais je veux dire...
Le Président (M. Bélanger): II y a une protestation
qui s'élève de la salle quant aux heures de réveil.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Provost: Non, mais j'essaie de donner un service à ma
clientèle. Je parle comme je parle chez nous. C'est que je veux donner
un service à ma clientèle. Je tiens à ma clientèle
et je tiens à la petite et à la moyenne entreprise parce que
c'est quand même la survie économique de n'importe quelle petite
municipalité.
Mme Marois: Oui.
Mme Provost: Ça fait qu'il faut que je lui trouve des
moyens.
Mme Marois: Oui.
Mme Provost: Mais je ne le peux pas, de la façon dont vous
me tenez. Si vous ne me donnez pas un petit quelque chose, je ne peux pas le
faire. Quand même vous diriez: L'essor économique dans la
région de l'Outaouais, faites l'effort et tout ça. Bien oui, mais
je suis toujours en train de me battre de l'autre côté de la rue.
C'est fatigant, ça.
Mme Marois: Mais actuellement là... On va reposer la
question autrement. Actuellement, les commerces, chez vous, qui ont pignon sur
rue, quel est leur taux de réussite? Parce que j'aime toujours mieux
voir ça par la positive. Quel est leur taux de réussite?
C'est-à-dire est-ce qu'ils sont en affaires depuis longtemps? Est-ce
qu'il y a eu un gros roulement dans la propriété des entreprises
qui ont commerce sur rue chez vous?
Mme Provost: Oui, ça va bien, madame.
Mme Marois: Ça va bien. Ils vendent actuellement et ils
vivent.
Mme Provost: Ça va.
Mme Marois: Ils survivent et ils se développent.
Mme Provost: Quand on commence un commerce, ça prend de un
à cinq ans et, comme je vous dis, je suis dans ce domaine depuis deux
ans, trois ans. Ça s'en vient bien. Pourquoi?
Parce que ce sont des gens dynamiques. Ça parle, ça vend,
ça crie, ça fait tous les gestes possibles mais c'est de ce petit
coup de pouce qu'ils ont besoin pour continuer. Les gens, le gros comme le
petit, ne se jalousent pas. On a finalement gagné ce lien
d'amitié de dire: Tu vis dans la même municipalité mais
aidons-nous, ne nous déchirons pas. Ça fait que c'est rendu
à ce point qu'ils s'entendent maintenant. Ça, c'est vraiment
acquis.
Mme Marois: D'accord. Mais vous voyez pourquoi je pose la
question, hein? Je pense que vous me suivez.
Mme Provost: Oui.
Mme Marois: Vous suivez bien ma logique. Parce que, moi, je
défends un point de vue qui est celui qu'on devrait, peut-être,
oui, dégager un petit peu plus de temps en semaine, ça
répondrait davantage aux besoins des consommateurs et des
consommatrices, particulièrement dans l'alimentaire, mais qu'on devrait
plutôt, le dimanche, essayer de resserrer pour d'autres raisons que
l'aspect commercial mais pour des raisons plutôt d'une journée de
repos que l'on se paierait, comme collectivité, et où la
majorité du monde ne serait pas au boulot. Moi, c'est le choix que je
propose et que je défends au nom de mon parti. Mais la question que je
vous posais, c'était pour vous mentionner le fait ou vous faire voir le
fait que vos commerces, malgré cette concurrence qui existe et qui est
là, réussissent quand même relativement bien en affaires.
Quand on vient de démarrer, c'est bien sûr que c'est plus
difficile, qu'il faut mettre plus d'efforts et d'énergie, je pense qu'on
connaît bien ce type de situation là, mais ce que je veux vous
dire c'est qu'ils vivent relativement bien. Bon. Ils souffrent peut-être
d'une concurrence, mais ils atteignent quand même des objectifs de
rentabilité puisqu'ils restent en vie et continuent d'opérer et
continuent d'offrir des services. C'est possible, et je vous crois, bien
sûr, parce que vous êtes pas mal plus au courant de ce qui se passe
dans votre quotidien chez vous, c'est vrai, probablement, qu'il y a une plus
grande facilité, de Aylmer vers l'Ontario, que d'autres
municipalités dans le reste de la région: si on prend Gatineau,
ou Pointe-Gatineau, bon, évidemment, il y a toujours le pont
Cartier-Macdonald, selon le point de vue où l'on se place, il y a
toujours le pont qui permet de traverser, mais j'ai l'impression que, chez
vous, il y a une habitude qui était déjà
créée, parce que ce sont des fonctionnaires qui demeuraient
déjà à Ottawa et qui, maintenant, à cause des
changements de bureaux, se retrouvent chez vous. Donc, c'est cette
habitude-là à briser, j'en suis bien consciente, mais j'ai
l'impression que c'est moins présent, un peu, dans le reste de la
région. Il peut y avoir sporadiquement, le dimanche,
particulièrement au marché, des gens qui vont aller faire un
certain nombre d'achats, mais les gens ont plutôt tendance à
s'approvisionner du côté de Gatineau, de Pointe-Gatineau ou de
Hull et vont faire leurs achats là et que l'arrière-pays vient
aussi faire ses achats plutôt du côté
québécois et que chez vous c'est facilité, là, par
le fait qu'il y a un pont qui relie, tout près, Aylmer et l'Ontario pis
que ça arrive à Nepean...
Mme Provost: Ah! bien oui.. Mme Marois:
...justement...
Mme Provost: ...parce que mon pont est tout petit. Moi, je
m'appelle Constance Provost, puis j'ai un petit pont d'héritage... C'est
celui-là qui est très court pour traverser. Mais, qu'est-ce que
j'essaie d'établir ici? C'est que je veux donner aux gens de l'Outaouais
québécois, pas juste Aylmer, de connaître Hull et la
Gatineau; nous avons des choses chez nous.
Mme Marois: Je sais.
Mme Provost: Mais on ne peut pas le faire, parce qu'ils savent
qu'ils ont des facilités de l'autre côté. Je n'ai aucune
facilité à leur donner, pour leur donner le goût d'acheter
chez nous. Je me défends autant pour l'Outaouais
québécois, dans son ensemble, mais aujourd'hui,
particulièrement, pour la ville d'Aylmer, parce qu'il y a beaucoup de
gens qui viennent chez moi, puis c'est que c'est une ville touristique en
soi-même. Mme Marois, je dois vous contredire sur une chose.
Mme Marois: Allez.
Mme Provost: Moi, j'ai entendu des commentaires de gens qui
disent: J'aimerais ça que les magasins soient ouverts le dimanche, je
partirais avec ma famille. Puis la femme dit: J'aurais mon chum pour m'acheter
une robe, pour un "change", me parler, sortir avec moi, parce que, toute la
semaine, on est comme des fous: un d'un bord, un de l'autre côté,
avec les enfants. Le dimanche, ils sortent en famille. Ce n'est plus la
même histoire de vivre en famille comme on faisait autrefois! Je suis une
maman de famille de cinq enfants: j'ai cinq filles qui seraient contentes de
sortir avec maman pour la faire dépenser le dimanche, d'accord? Parce
qu'on n'a pas le temps de se voir dans la semaine, elles seraient bien
contentes que maman aille leur acheter des belles robes. Mais il y a ça.
C'est une famille, chez nous, c'est une famille, dans la ville d'Aylmer. Je ne
parie pas comme une grande ville, une métropole, moi, je parle avec des
gens qui sont fiers de vivre chez eux, c'est bien, c'est grand. Je pense que
Réjean Lafrenière... Ah! vois-tu, j'étais pour demander
à Réjean de... Il est parti?
Mme Marois: II est parti.
Mme Provost: ...pour dire que c'est vrai qu'Aylmer...
Mme Marois: II est là habituellement, quand même,
faut dire ça.
Mme Provost: Non, mais il y a beaucoup de gens qui viennent...
Tout le côté ontarien vient jouer chez nous: le sport. Les femmes
viendraient magasiner chez moi en attendant les maris qui jouent au golf, parce
que c'est majoritairement des hommes qui jouent au golf chez nous, mais je n'ai
rien à leur donner. Là, on commence à bâtir des
petits restaurants, coquets, qui sont intéressants, de petites
terrasses, on fait ce petit pas là, mais est-ce que je dois continuer
à faire ça, à les forcer, à leur aider à
tenir des heures que vous leur donnez pour tes étouffer, qu'ils ne
pourront pas vivre? Je ne veux pas faire ça, c'est pas correct,
ça, ce sont des investissements qui tombent à l'eau!
Mme Marois: Ouais, mais... Bon. Moi, je ne partage pas votre
point de vue à cet égard-là, là, dans le sens
où je pense que si on s'en va...
Mme Provost: Je respecte votre idée... Mme Marois:
Moi... Bon, ha, ha, oui.
Mme Provost: ..mais je vous dis que moi, je parle de chez
nous.
Mme Marois: Et moi, la même chose, et c'est pour
ça... Je pense qu'on se connaît assez bien, d'ailleurs, pour
savoir que nous sommes capables de franchise à cet
égard-là. Moi, le sentiment que j'ai et la présomption que
je fais, c'est que, si on ouvre les commerces... D'abord, le débat porte
surtout ici sur l'alimentation. Bon! Mais c'est évident que, si on met
le pied dans l'alimentation - et M. Couture en donnait un bel exemple par les
pressions qui se font dans les villes périphériques à
Ottawa pour dire: Bon, bien, on aimerait bien ouvrir puis, une fois qu'un
ouvre, les autres, évidemment, doivent suivre. Bon! (9 h 45)
Alors, ma prétention, c'est que, si on commence à
être très nombreux à commercer le dimanche, peut-être
qu'on banalisera, c'est-à-dire qu'on ramènera le dimanche au
même type de journée, au même genre de journée que le
reste de la semaine, et on se récréera, on se transportera ou on
étirera notre stress, finalement, parce qu'en étant plus nombreux
au travail on sera, justement, moins nombreux à pouvoir se rencontrer et
à aller magasiner ensemble, parce qu'il y a un certain nombre d'entre
nous qui devrons être dans les commerces pour assurer les ser- vices. Je
ne veux pas non plus en faire un plat. Ce ne sont pas des centaines de millions
de personnes, mais c'est 20 000 à 25 000 personnes qui pourraient
être concernées. Alors, ça a aussi un impact cet aspect, et
c'est un petit peu le point de vue que je défends.
Mme Provost: Mme Marois, je vais vous laisser entendre que
souvent ces petits commerces pourraient avoir de la famille qui pourrait
travailler. Vous savez, il faut donner le goût à nos enfants de
travailler. À Aylmer, on n'est pas des créateurs d'emplois,
à part d'avoir des choses comme ça, ce qui fait qu'ils pourraient
travailler nos jeunes. Ils travaillent chez Cumberland qui est ouvert sept
jours par semaine, chez nous, et je peux vous dire que ça fait du bien
de voir nos étudiants travailler. Ça leur a donné de
l'emploi à temps partiel. Si on ne donne pas... Dans la ville d'Aylmer
qui n'est pas une ville industrielle, je ne peux pas recourir à ces
besoins, mais je suis consciente que j'ai une population et que j'ai des
familles avec des enfants et je veux les sortir sur la rue pour leur donner du
travail. Et tous ces petits magasins leur donneraient du travail à temps
partiel.
J'ai trois éléments. Je suis une mère de famille,
je regarde mes enfants qui ont besoin de travail, je repense aux pères
et aux mères qui n'ont jamais le temps de sortir ensemble parce qu'ils
n'ont pas les moyens de se permettre le restaurant, mais ils pourraient quand
même visiter les magasins et ça fait du bien. Ça change les
idées au lieu de se chicaner à la maison, le dimanche, parce
qu'ils ne se sont pas vus de la semaine.
Mme Marois: Pensez-vous qu'ils vont se chicaner sur les types
d'achats à faire?
Mme Provost: Madame, c'est tout ça...
Mme Marois: Je vous tire la pipe un peu, là.
Mme Provost: Je le sais, on peut se la tirer. Mais, quand
même, il y a tous ces éléments qui sont importants dans le
type de ville où je vis. C'est pour ça, M. le ministre, madame,
que je défends ma position. C'est ça que je défends. Je
défends Aylmer parce que je la connais, c'est ma ville natale. J'y ai
vécu. Elle a été une ville de villégiature
autrefois, elle a vécu comme côté économique
très fort parce que ce sont les gens d'Ottawa, dans la côte de
Sable, qui venaient vivre chez nous où ils avaient leur maison de
villégiature. Et le monde dormait en paix l'hiver, mais là,
aujourd'hui, je suis ouverte douze mois. Ce n'est plus de la
villégiature, ce sont des gens résidentiels douze mois par
année. Mais il faut que je trouve... C'est bien beau d'être
dynamique, de crier, de parler et de dire: Oui, ça va bien, ça va
y aller et ça va marcher fort, mais j'ai
besoin d'une autre poussée de vous autres pour donner cette
ouverture. C'est le côté touristique qui est très
important. Chaque fois que vous demandez une permission, qu'Us viennent
demander pour une journée spéciale, bien c'est toute une histoire
de vous écrire, d'adopter une résolution, de demander. Il n'y a
plus de fin. Si on avait quand même certaines choses qui pouvaient donner
cette liberté aux municipalités, bien déjà ce
serait un pas de géant pour moi, que je pourrais accepter. Disons que je
ne l'accepte pas à 100 % parce que je veux toujours avoir tout à
100 %, mais je suis prête à regarder le côté
touristique et aussi le côté alimentaire du mercredi qui serait
l'ouverture pour les autres. Mais je veux avoir une certaine flexibilité
de vous autres, avoir un statut particulier. Je ne suis pas une région
distincte, mais j'ai un statut particulier, moi.
Mme Marois: Enfin, moi, j'ai terminé. Mais vous êtes
consciente que le problème que vous soulevez en demandant un statut
particulier avec les villes qui vous entourent - je pense que le ministre vous
l'a mentionné tout à l'heure - les villes
québécoises aussi qui vous entourent, vous avez un effet
d'entraînement qui fait qu'elles n'ont pas le choix que de vous suivre,
etc. Donc, est-ce que ça ne crée pas, à ce
moment-là, d'autres types de problèmes pas mal plus
sérieux que ceux que l'on connaît maintenant? C'est la question
que je me pose.
M. Couture: Ce n'est pas nécessairement de la façon
qu'on peut le voir. Si on regarde la ville de Hull, comme Mme Provost le disait
plus tôt, le rapport de la SAO préparé par Resscoplan
indique que les commerçants de la ville de Hull, d'ailleurs, voudraient
voir un amoindrissement dans le nombre d'heures d'affaires. La raison...
Mme Marois: Ils voudraient voir quoi, pardon?
M. Couture: Un amoindrissement, une réduction.
Mme Marois: O.K. Une réduction. Oui, ça va, c'est
parce que je n'avais pas compris tout simplement.
M. Couture: Alors, la raison est fort simple. C'est que si cinq
jours par semaine, entre les heures de 9 heures et 17 heures, ils ont 20 000
fonctionnaires, qui est une clientèle captive, pour jouir des profits,
des bénéfices qu'offrent les commerces, bien les fins de
semaine... D'ailleurs, un exemple pratique, allez à la Place du Centre,
dans le coeur de la ville de Hull, le vendredi soir et le samedi, bien c'est
vide, il n'y a personne, là.
Mme Marois: Oui, je connais, je sais.
M. Couture: La preuve est éloquente: pas de
fonctionnaires, pas de magasinage. Mais, quand ils reviennent chez nous le
soir, que nos commerces ne sont pas ouverts, là ça ne fonctionne
plus. L'autre point que vous avez soulevé et que j'aimerais reprendre
juste deux instants, c'est de parler un peu du statu quo économique qui
est néfaste. La ville d'Aylmer ne peut pas continuer à vivre avec
la création ou une multiplicité de dépanneurs. Ce n'est
pas ça la vie économique chez nous. Ce n'est pas la vie
économique qu'on veut. On a un centre d'achats qu'on peut
considérer majeur pour chez nous, qui a 160 000 pieds carrés.
Ça, c'est notre gros centre d'achats. Ce centre d'achats là n'est
pas ouvert en fonction des heures actuelles. On sait que souvent l'ouverture
d'un centre comme ça ou d'un centre commercial attire une certaine
clientèle, et par effet de rebond, bien, les autres petits commerces
à côté jouissent du bénéfice d'un attrait.
Quand on a dépensé 1 000 000 $, dont 500 000 $ de la province
pour le ReviCentre qui est le secteur du Vieux-Avlmer, nous avons vu une
croissance de boutiques, petits commerces le long de cet axe. On a
compté 30 nouveaux commerces. En dedans d'un an et demi, on en avait
perdu douze. La raison principale, c'est qu'il n'y avait pas d'achalandage.
Nonobstant le fait que c'était dans une zone qui avait été
revitalisée et qu'on avait une dispense d'ouverture, c'était dans
une zone qui était éloignée - éloignée, il
faut se comprendre - de quelques kilomètres du centre commercial
nouveau. Quand on y arrivait, à la ville d'Aylmer, il faut passer par ce
centre commercial nouveau et c'était vide. C'étaient des mares
d'asphalte vides. Ce n'est pas une incitation à continuer plus loin pour
voir s'il y a quelque chose d'autre. Alors, on connaît bien le fait d'une
fermeture. Quand il y a seulement quinze commerces, une fermeture sur une rue
engage une deuxième et une troisième fermeture et c'est
très difficile à combattre. Donc, pour nous, le statu quo
économique, ce n'est pas acceptable. Ce qu'on veut voir, c'est un
développement de notre secteur commercial et on croit que la seule
façon, vu l'exode quotidien de la ville d'Aylmer du niveau
fonctionnariat - la ville se vide la matin et elle se comble le soir - on veut
permettre à nos gens de connaître nos commerçants, nos
magasins. La seule façon de les connaître, c'est s'ils y ont
accès.
Mme Marois: Je ne voulais pas le statu quo économique pour
votre ville nécessairement, vous m'avez bien compris. Ha, ha, ha! J'ai
terminé en ce qui me concerne. Je vous remercie des informations que
vous nous apportez et de votre contribution aux travaux de la commission.
Merci.
Mme Provost: Merci, madame.
Le Président (M. Bélanger): Merci M le
ministre.
M. Tremblay (Outremont): II me restait une minute. Je vais vous
lire un petit paragraphe ici. Je vous ai posé la question, j'ai eu la
réponse. Je veux voir si, à la suite de la lecture de ce
paragraphe-là, vous allez changer d'idée. C'est de l'Union des
municipalités du Québec. S'il y a une ouverture des commerces de
l'alimentation - ils parlaient juste de l'alimentation - le dimanche, elle
tient dans la fourniture des services traditionnels tels que la
sécurité publique, le transport en commun, la voirie et, plus
particulièrement, le déneigement - ce que je vous demandais tout
à l'heure. Étant donné la grande proportion
d'employés municipaux syndiqués et jouissant de conventions
collectives, il faut prévoir une hausse appréciable des
coûts assumés par les municipalités pour ces
activités - le déneigement, tout ce que je vous disais. Ils
disent également: On peut dès lors prévoir une
activité accrue sur la voie publique et une baisse correspondante de la
tranquillité dominicale si appréciée par plusieurs
citoyens québécois. Est-ce que vous partagez le point de vue de
l'Union des municipalités du Québec? Est-ce qu'ils vous ont
consultés et êtes-vous d'accord avec ça?
Mme Provost: M. le ministre, je siège à la table de
l'Union des municipalités du Québec et je respecte les
collègues à la table avec leurs préoccupations. Moi, j'ai
pris ma particularité à moi que j'ai soulevée à la
table de l'Union des municipalités. Ils ont reconnu à la table
à l'unanimité ma situation de région frontalière.
Tout ce qu'ils ont regardé, c'est plutôt le côté
région frontalière.
M. Tremblay (Outremont): Très bien. O.K. Mme Provost:
Le restant, là... M. Tremblay (Outremont): Parfait.
Mme Provost: Puis je n'ai pas de problème dans ma
municipalité pour les services que j'ai à donner. Ça ne
dérange pas du tout la municipalité d'Aylmer.
M. Tremblay (Outremont): O.K. Alors, pour la question... Ce que
vous me dites, c'est que, dans votre cas à vous, il n'y aura pas une
hausse importante des coûts.
Mme Provost: Pas du tout. Puis je veux quand même
répéter à la table que l'Union des municipalités a
appuyé des régions frontalières qui ont...
M. Tremblay (Outremont): Je comprends.
Mme Provost: ...des problèmes de ce
côté-là. Le reste, ça ne les accommode pas du
tout.
M. Tremblay (Outremont): Très bien. Alors, Mme Provost...
Quand vous êtes arrivée, vous aviez une question. J'ai fini. C'est
juste... Vous avez fait une affirmation. Vous avez dit: J'espère que je
vais partir d'ici avec une réponse et tout ça. Est-ce que vous
avez une question à nous poser maintenant?
Mme Provost: Non, mais apparemment, c'est un petit truc
ça, de vous tenir éveillé pour voir si je parle trop
vite.
M. Tremblay (Outremont): Ah, oui. Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Tremblay (Outremont): Alors, Mme Provost, je vous remercie
beaucoup, M. Couture, de partager avec nous votre point de vue et on va le
prendre en considération dans la décision qu'on aura à
prendre. Merci beaucoup.
Mme Provost: C'est moi qui vous remercie et j'espère que
vous avez tous été attentifs au point de reconnaître ma
préoccupation et je suis assurée que j'aurai une bonne
réponse. Merci.
Le Président (M. Bélanger): Alors, Mme le maire,
j'espère que vous appréciez l'esprit vif de nos
députés, tôt le matin.
Mme Provost: Je me suis sentie très à l'aise. Vous
avez vu ça, pas de problème.
Le Président (M. Bélanger): Je n'étais pas
inquiet pour vous. Alors, la commission de l'économie et du travail vous
remercie de votre participation à ses travaux et invite à la
table des témoins l'Union des municipalités du Québec.
À l'ordre, s'il vous plaît! Je demanderais à chacun
de reprendre sa place pour que nous puissions procéder à
l'audition... S'il vous plaît! Ces derniers jours, c'est comme l'approche
des vacances, ha, ha, ha! . Une voix: On a cinq minutes d'avance,
là.
Une voix: Attends, écoute, là, c'est assez rare
qu'on a cinq minutes d'avance.
Le Président (M. Bélanger): On veut les garder. On
va avoir le temps de dîner ce midi.
S'il vous plaît! Je demanderais à chacun de bien vouloir
reprendre sa place pour que nous puissions procéder à l'audition
du mémoire ou du point de vue de l'Union des municipalités du
Québec. Alors, messieurs, vous êtes, sans doute, très
familiers avec nos commissions parlementaires, nos règles. Vous avez 20
minutes pour la présentation de votre mémoire et le reste, c'est
une partie d'échange avec les parlementaires. Alors, je vous prierais
donc, avant de procéder,
de vous identifier, d'identifier votre porte-parole et, s'il vous
plaît, à chaque fois que vous avez à prendre la parole, de
bien vouloir vous identifier dans la mesure où on y pense,
évidemment. Cela facilite beaucoup le travail des gens à la
transcription des débats. Alors, sans plus tarder, je vous invite
à commencer.
Union des municipalités du
Québec
M. Desrosiers (Jean-Louis): Merci, M. le Président.
Jean-Louis Desrosiers, maire de Mont-Joli et vice-président de l'Union
des municipalités du Québec. A ma droite, le directeur
général de l'Union des municipalités du Québec, M.
Raymond L'Italien; M. Alain Marcoux, directeur des relations
intergouvernementales à l'Union des municipalités, et M. Pierre
Prévost, conseiller fiscal et financier à l'Union des
municipalités du Québec.
Vous en savez déjà beaucoup. Je ne pense pas qu'on puisse
vous en apprendre davantage. Il serait peut-être important, d'abord, que,
de part et d'autre, on se demande si nous représentons bien et
totalement tout le monde. Je pense que, l'autre union passant après
nous, nous pouvons dire que les deux unions et l'Opposition et le gouvernement,
nous représentons la population du Québec. Il est toujours
important au départ...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Desrosiers: ...de savoir qu'on parte au nom de qui et que les
expressions d'opinions qu'on émet sont vraiment celles des gens qu'on
représente. Voilà pour mon préambule du départ.
Vous me permettrez, M. le Président, de vous dire aussi, au
passage, que je suis arrivé à Québec depuis un certain
temps. Que la question, ce matin, je ne veux pas vous manquer de respect,
m'apparaît importante mais nous sommes en pleine fiscalité
municipale, bien plus importante que celle dont on discute. Je vous le dis en
passant afin de vous sensibiliser aussi à cette question dont on aura le
plaisir de parler, un jour, avec vous, de telle façon qu'on sache qu'en
tout partenariat qu'on essaie d'être les partenaires ne se font pas de
coup de cochon.
Des voix:...
M. Desrosiers: C'est un mot que je vais retirer...
Le Président (M. Bélanger): Non. M. Desrosiers:
De coup de salaud. Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): II a été
tellement utilisé ces derniers jours qu'on n'osera pas...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): On en tiendra rigueur
à M. Girard qui a des droits d'auteur dessus.
M. Desrosiers: Très bien.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
M. Desrosiers: Alors, nous passons vraiment au vif du sujet et la
question qui nous importe est la suivante, c'est les heures d'affaires, ce
qu'elles étaient et ce qu'elles pourraient devenir. Plusieurs questions
nous ont été posées. Nous ne répondrons pas
à toutes les questions parce que je pense que nous vous faisons
confiance, contrairement à d'autres tribunes où vous ne nous
faites pas confiance. Dans ce cas-là, nous, nous vous faisons confiance
quant à la révision des exceptions, quant à l'augmentation
du nombre d'employés, quant aux modalités d'application, mais
trois questions, M. le Président, ont retenu notre attention: le
réaménagement des heures, l'ouverture le dimanche et le transfert
au niveau local. Voilà les trois sujets sur lesquels je veux vous
entretenir. (10 heures)
Rappelons brièvement qu'en 1984, lorsque vous avez, dans un
premier temps, édicté la loi qui nous gouverne, vous aviez dans
l'esprit des principes d'équité au niveau du commerce, des
principes de réponse aux besoins des consommateurs et aussi de
protéger la qualité de vie de la population que nous sommes
appelés à servir par voie électorale,
démocratiquement élus. En 1990, c'est battu en brèche ce
pourquoi nous avions posé des gestes dans le passé. Est-ce qu'il
y a équité entre commerces? Il semblerait que non, parce qu'une
certaine série de grands commerces, de grandes chaînes plaident
à leur face même qu'elles devraient avoir les mêmes droits
que les petits. Donc, voilà un premier accrochage.
Les besoins des consommateurs. Les heures d'ouverture dans le
passé étaient moins grandes que celles qu'on sollicite. Ce qui
attire notre attention, M. le Président, c'est le fait que, dans le
passé, mon grand-père travaillait d'une barre du jour à
l'autre et qu'aujourd'hui nous avons des horaires mobiles, les deux conjoints
travaillent, nous avons toutes sortes de flexibilités. C'est
peut-être dans le passé qu'on aurait dû ouvrir le dimanche;
eux en avaient plus besoin que les gens d'aujourd'hui. Histoire,
peut-être, de faire le mercredi le dimanche et le dimanche le mercredi.
Aujourd'hui, on ne se prive de rien, alors, pourquoi ne pas se rendre
jusque-là? Alors, vous comprenez que le besoin du consommateur
exprimé par des enquêtes extrêmement savantes... Je ne sais
pas, M. le Président, si celle, la dernière qui vient de sortir,
au lieu de
75 %, 76 % ou 78 %... Je ne le sais pas, M. le ministre des Affaires...
Vous en tenez compte, ce matin, de façon... C'est déterminant.
Les Québécois se sont prononcés dans le dernier sondage,
et là on vient de décider des choses.
Je vous le dis en vous taquinant un peu, M. le ministre, parce qu'il est
important que vous ne me serviez pas, tantôt, l'argument qu'il y a des
sondages qui ont été faits auprès des consommateurs
à l'effet qu'ils voudraient qu'on ouvre le dimanche. Bien oui! Tout le
monde aime la tarte au sucre; il n'y a pas grand monde qui veut faire la
cuisine le dimanche, par exemple. Ça, c'est une autre question, et c'est
la bonne question. Puis, si on fait la cuisine le dimanche, est-ce que
ça coûte le même coût qu'en semaine? Ça aussi,
c'est une bonne question dont je vous reparlerai tantôt.
Alors, les raisons qu'on avait d'agir dans le passé nous
amènent aujourd'hui à revoir... Bravo! Revoyons ensemble, en
essayant de ne pas chambarder ce qui existe avec succès, en essayant de
répondre au mieux aux besoins des consommateurs, puis en
protégeant l'environnement de cette vie que nous partageons ensemble au
pays du Québec. Ça m'apparaît important.
Nous disons, dans un premier temps, au niveau du
réaménagement des heures... Je devrais commencer par le global:
Sommes-nous favorables à l'ouverture le dimanche? Réponse: Non.
Mon temps est limité et je ne vous ferai pas perdre de temps.
Réponse: Non. Il y a de bonnes raisons à ça. Sommes-nous
favorables au réaménagement des heures? Réponse: Oui.
Sommes-nous favorables au transfert de la décision au niveau local?
Réponse: Non. Pour une fois qu'on a l'heure juste, au Québec, on
va vous la donner.
Pourquoi ne sommes-nous pas favorables à ouvrir davantage le
dimanche? Si telle était la décision qu'on s'apprêtait
à prendre au niveau gouvernemental dans le nouveau projet de loi,
d'ouvrir le dimanche, il faudra tenir compte de l'aspect suivant. Je ne connais
pas le nombre de conventions de travail que nous avons présentement, au
Québec, au niveau des municipalités. Je vous dirais 1000 et je
serais sûr de ne pas me tromper; c'est certainement plus que ça.
De ces 1000 conventions-là - je ne vous apprends rien, M. le
Président - il n'y en a pas une de semblable. Mais toutes ont la
préoccupation de dire que, le dimanche, quand vous me faites travailler,
je vous collecte, puis je vous "charge" plus cher que la semaine. Ça
veut dire que, si on ouvre le dimanche, il faudra que les municipalités,
au niveau de la sécurité de la personne et des biens, veillent au
grain. Il faudra, au niveau de l'entretien de la voirie - prenons l'hiver au
niveau du déneigement - que nous soyons aussi à l'heure qu'il
faut l'être. Le transport commun dans les grandes villes, le dimanche, ne
fonctionne pas aux mêmes heures que durant la semaine; il faudra qu'on
les révise. Il faudra, au niveau du transport... Chez nous on n'a pas de
transport en commun, mais on a le transport adapté. Les gens qui
utilisent le transport adapté vont vouloir s'en servir le dimanche; la
convention qui nous lie avec le transporteur ne prévoit pas ça;
il faudra aussi y voir.
Tout ça, c'est une facture, puis Dieu sait si je me sens à
l'aise, M. le Président, pour vous parler de facture: Vous êtes en
beau... - je ne lai pas dit, donc, c'est très bien - de voir que le
fédéral pellette dans votre cour. Monsieur, le gouvernement,
présentement, au niveau de la fiscalité, est en train de faire la
même chose chez nous; on ne le prend pas et on va vous le faire savoir.
Et si, au niveau des heures d'affaires, on s'apprêtait à faire la
même chose, bien là, je me dis: On n'est pas domptables, on commet
des erreurs à répétition. Il ne faudrait quand même
pas! S'il y a une facture à payer, sachons de quelle nature elle est et
sachons à qui on la refile. Voilà des choses que les gens de la
rue comprennent bien. Il y a définitivement facture - je ne connais pas
le montant - mais, si j'avais à la refiler, ma façon
d'opérer comme municipalité serait la suivante. Je collecte des
taxes pour des services que je rends. Je ne redistribue jamais de richesses.
Ça, c'est le pacte fiscal de 1979; ça n'a pas encore
été violé. On est en train, on en a envie, mais ça
n'a pas encore été violé. À partir de ça,
pour nous, c'est très clair: il n'est pas question d'imposer une taxe
qui aurait un caractère de redistribution, et je vois mal comment on
pourrait, nous, tarifer l'usager du commerce du dimanche, parce qu'on parle de
l'ensemble.
Si on parle, non pas de l'ensemble, mais de l'unité, il faudrait
dire, M. le Président, qu'il y a 13 000 points de vente d'alimentation
ouverts le dimanche, et qu'il y en a 1000 qui ne sont pas ouverts. J'ai
l'impression qu'on fait le procès des 1000, pas des 13 000, ils sont
déjà ouverts! Ces 1000, qui sont-ils? Les grandes surfaces
d'alimentation. Les municipalités n'ont pas partie liée avec les
grandes chaînes d'alimentation. Je suppose que le gouvernement est dans
le même état que nous. Alors, on n'a pas à satisfaire l'un
plus que l'autre; nous, on a à satisfaire des contribuables, et le
législateur, des consommateurs. Les respecter. Si l'éclatement de
la famille, si la nouvelle réorganisation du travail fait que les heures
que nous avons ne sont pas suffisantes, donnons-en plus sur semaine. Ça
ne créera de problèmes à personne. Si, dans les sondages
qu'on a faits, on avait demandé: Êtes-vous favorables à ce
qu'on ouvre le dimanche ou la semaine, et le dimanche vous aurez une facture
supplémentaire à payer, parce que... N'oubliez pas qu'on nous
sert l'argument suivant: chez le dépanneur qui, lui, est ouvert le
dimanche, ça coûte plus cher. Bien oui, personne ne conteste que
ça coûte plus cher. Tout le monde comprend pourquoi ça
coûte plus cher, puis vous allez me faire accroire que, quand on va
ouvrir les grandes surfaces le dimanche, ça ne
coûtera pas plus cher? Bien oui, ça va coûter plus
cher ailleurs, au niveau des municipalités, il faudra que ça se
paie. Donc, on arrive à du pareil au même. SI on posait la
question de cette façon-là au consommateur, sa réponse ne
serait pas nécessairement: le dimanche. Voilà un sondage qui
viendrait adopter une attitude totalement différente, et on
répondrait - ce qui est l'objet de notre propos - aux besoins du
consommateur, face à sa nouvelle réalité moderne, face
à sa situation de travail, face à son horaire, qui est tout
à fait différent, par un réaménagement de
l'horaire. Voilà pour le réaménagement.
Dernier temps. Est-ce qu'on pourrait, nous, accepter de gouverner cette
grande opération? Je vous en supplie, ne commettons pas cette
erreur-là, à sa face même! Personne sur la rue ne peut
comprendre qu'on puisse, d'un coup sec, au niveau gouvernemental, se
délester très cavalièrement d'une situation un peu
difficile. Il n'est pas facile de dire: Vous êtes fermés, vous
êtes ouverts, et tout ça. Je pense que c'est le gouvernement qui
le doit, parce que, lui, il contrôle une entité
géographique suffisamment grande pour que ça ait du sens. On ne
peut quand même pas avoir l'heure avancée à
Bécan-cour, puis avoir l'heure solaire à Mont-Joli, puis avoir
l'heure des Maritimes ailleurs; ça n'a pas d'allure! Au Québec,
il faut quand même s'entendre quelque part! Il y a quelqu'un qui doit
faire ça, et c'est le gouvernement du Québec. Pour nous, c'est
très clair. De la même façon que vous devez donner l'heure,
vous devez donner aussi l'heure d'ouverture, et, dans notre esprit, vous
êtes les personnes les mieux habilitées pour dire: C'est ouvert ou
c'est fermé. Notre recommandation, c'est: Que ça soit
fermé le dimanche. Il y en a déjà suffisamment d'ouverts;
il y en a déjà 13 000. C'est peut-être ça qui
chicote un peu, au niveau de l'aspect de cette question bien pratique,
là: Est-ce qu'on doit être ouvert ou fermé, alors qu'il y a
déjà 13 000 points d'alimentation d'ouverts sur 14 000? Il y a
peut-être un ménage à faire. Ne demandez pas aux
municipalités de faire le ménage d'une maison qui a
été salie par d'autres! Avec tout le respect que je vous dois, M.
le Président, faites le ménage. On pense, on est d'accord qu'il y
a un ménage à faire; alors, faites-le.
Est-ce qu'il y a des exceptions? Bien oui! Bien oui! Les gens, sur la
rue, nous ont dit: II y a des exceptions. Il y en a deux: les zones
frontalières, dont vous avez entendu parler, et les zones touristiques.
Tenez-en compte. Notre recommandation - et je termine par ça, M. le
Président, je trouve que vous avez été d'une
facilité déconcertante à mon égard - c'est.
Premièrement, nous sommes défavorables à l'ouverture le
dimanche. Deuxièmement, nous pensons que l'ouverture le dimanche doit
être conservée - et c'est à vous d'en prendre la
décision - pour les zones touristiques et les zones frontalières.
Troisièmement, concernant le réaménagement des heures, ce
serait faire preuve de gros bon sens que de réaménager les
heures. Faisons-le, je trouve que c'est plein de sens, et vous aurez l'appui
des municipalités pour cette opération-là. J'étais
rendu à la conclusion, j'ai oublié de lire mon texte. Vous l'avez
de toute façon, vous le lirez. Nous sommes favorables au
réaménagement et à l'élargissement des heures et
défavorables au transfert de cette responsabilité sur les
épaules des municipalités. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Nous vous remercions.
M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Merci beaucoup, M. Desrosiers. Quand
vous avez commencé votre intervention, vous avez mentionné "qui
on représente". Je lis dans le texte: "...une consultation auprès
de ses membres, les municipalités, les préfets..." Je voulais
juste savoir le genre de consultation que vous avez faite. Est-ce que c'est une
consultation écrite aux maires ou si vous vous êtes
rencontrés et que vous en avez parlé? Deuxièmement, est-ce
que c'était unanime, si on fait abstraction des zones touristiques et
des zones frontalières?
M. Desrosiers: II y a presque un piège dans la question.
Vous le sentez, hein?
M. Tremblay (Outremont): Non, non.
M. Desrosiers: Quand vous me demandez si c'est unanime, je ne
sais pas s'il y en a qui ont protesté dans mon dos; on le sait toujours
après. Vous me pardonnerez ça. S'il fallait qu'il y ait une
municipalité qui ait protesté dans mon dos, je pense que j'en
aurais immédiatement l'absolution. En tout cas, je me la donne. Je suis
généreux, ce matin, avec mes absolutions. Vous allez en avoir
besoin pour moi aussi tantôt. Vous me demandez quel genre de consultation
nous avons tenue. La même que dans toutes les situations de ce
genre-là. Autrement dit, c'est une consultation qui n'a pas un
caractère formel comme celle qu'aurait un sondage. Non. Sauf que c'est
une consultation par délégation. Le bureau de direction s'est
senti "insecure" de prendre une décision pour et au nom de... Il est
allé à l'étape suivante. Il est allé au grand
conseil d'administration qui représente toutes les régions du
Québec. Les grandes régions du Québec ont toutes
été prévenues qu'on les consulterait justement sur cette
question-là, donc chacune. J'ai demandé à Rimouski,
à Matane, à Rivière-du-Loup, à ma région, la
région du Bas-Saint-Laurent, comment ils entendaient cette
question-là. Les gens m'ont répondu. On est revenus au conseil
d'administration et le conseil a demandé de faire des appels
téléphoniques supplémentaires
dans un certain nombre de régions - les zones
frontalières, les régions touristiques - pour voir quelle
était leur opinion. Ça a donné le cumul du fait de ce que
je viens de vous dire tantôt: Non au dimanche, oui à
l'élargissement, oui aux zones frontalières, oui aux zones
touristiques et vous gardez le contrôle complet. Voilà!
M. Tremblay (Outremont): Mais ce n'est pas unanime? Je ne le sais
pas, je pose la question. Les zones touristiques ne peuvent pas dire oui
à la fermeture des commerces le dimanche, alors qu'elles ont un
privilège. C'est dans ce sens-là que je le dis, puis il y en a
plusieurs zones touristiques.
M. Desrosiers: La réponse la plus honnête que je
pourrais vous donner, à partir de la connaissance qu'on a des
événements, c'est un très large consensus. Il est possible
qu'il y ait des exceptions, mais c'est un très large consensus, à
tel point que je me sens parfaitement "secure" de vous dire: Oui, ça
m'apparaît refléter la large majorité.
M. Tremblay (Outremont): En fait, à la suite des
représentations des intervenants, il y a deux tendances qui se dessinent
pour l'équité, parce que je pense que c'est un principe
important. Le jour où on crée des exceptions, ça a un
effet d'entraînement sur d'autres municipalités. Vous l'avez
mentionné tout à l'heure. Donc, c'est de dire: On va fermer le
dimanche, sauf les commerces de trois employés et moins en tout temps,
plus de zones touristiques, plus de zones limitrophes. Ou encore: On va
libéraliser les heures d'ouverture le dimanche. C'est dans ce
sens-là. Tout dépend de la façon dont on pose la question.
Parce que ça me surprendrait, pour en avoir discuté avec le maire
de Saint-Sauveur à une rencontre où nous étions, que ce
dernier soit d'accord avec une position comme celle-là de fermer tous
les commerces le dimanche, sauf ceux de trois employés et moins, parce
que lui, il est dans une zone touristique. Je voudrais juste vérifier si
c'était unanime ou si... Ce n'est pas mauvais si ce n'est pas unanime,
puisqu'il y a 1500 maires et qu'il n'y a pas 1500 zones touristiques; il y en a
un certain nombre; c'est tout.
M. Desrosiers: M. le ministre, j'ai l'impression que, là,
on n'est pas en train de s'accrocher au bon cheval. Est-ce que Saint-Sauveur
avait un problème avec le nombre d'employés ou avec le
fait...
M. Tremblay (Outremont): Oui, oui.
M. Desrosiers: Ce n'est pas pareil. Regardez bien, et je ne veux
faire la leçon à personne, on dit non à l'ouverture, mais
on dit: On n'est pas tombés sur la tête, il y a une
réalité qui existe, la réalité frontalière.
Voulez-vous la déterminer et lui en donner la possibilité? Il y a
une deuxième réalité, c'est la réalité des
zones touristiques. Voulez-vous les déterminer et leur donner la
possibilité? L'accrochage des trois personnes, c'est autre chose, c'est
une autre question. Je ne trouve pas qu'il y a divergence, il y a convergence.
Ceux qui seraient portés à ne pas être d'accord avec
l'Union vont vous dire: Nous sommes d'accord avec l'Union - j'espère que
Mme Provost l'a dit avant - parce que l'Union sait que nous avons des
problèmes particuliers. L'Union va recommander que les zones
frontalières soient désenglobées, et la même chose
pour les zones touristiques. (10 h 15)
M. Tremblay (Outremont): En tout cas, je vous soulève le
point encore. Vous avez mentionné, tout à l'heure, vous avez
parlé de... Si on commence à donner des zones touristiques... Ce
que j'entends, c'est que de plus en plus, on le sait au ministère, on a
des demandes pour les zones touristiques. Alors, quand il y a un
événement touristique, quand de plus en plus les
municipalités commencent à développer des vocations
touristiques, surtout dans les régions éloignées ou dans
les régions qui sont moins urbaines, ça a un effet
d'entraînement. Je veux juste vous soulever ça, mais je comprends
très bien votre point de vue.
Vous avez mentionné les coûts, tout à l'heure, dans
votre document. J'ai posé la question à Mme Provost, maire de la
ville d'Aylmer, j'ai même lu votre paragraphe à l'effet qu'il va y
avoir des coûts additionnels pour la sécurité publique, le
transport en commun, la voirie, les conventions collectives. Dans son cas
à elle, évidemment, ça n'a aucune espèce
d'importance parce que, d'après elle, il n'y aura pas de coûts
excédentaires. J'ai également posé la question à
deux groupes représentant des marchés aux puces, qui sont venus
en commission parlementaire. J'ai posé cette question: Quand il y a un
marché aux puces - et ça, il y en a dans toutes les
régions du Québec - qui est ouvert le dimanche, est-ce que c'est
à la municipalité que ça coûte plus cher de
policiers, toutes ces choses-là? J'ai posé les questions que vous
mentionnez là et ils m'ont dit: D'aucune façon, parce que,
habituellement, la sécurité, c'est nous qui la payons avec des
agents de sécurité et la municipalité, au contraire, ne
s'est jamais sentie pénalisée parce qu'elle avait un
marché aux puces chez elle, parce que les retombées
économiques, tant au niveau de la restauration que du tourisme,
contrebalançaient tous les coûts, si jamais il y en avait.
Donc, j'ai deux questions. Premièrement, pouvez-vous
répondre aux arguments que d'autres nous ont déjà
donnés précédemment? Deuxièmement, s'il y a un
coût additionnel, pouvez-vous soumettre à cette commission un
très bref document quantitatif qui va démontrer que vous avez
raison dans l'affirmation que vous faites?
M. Desrosiers: Vous n'êtes pas facile. Première
réponse: Au niveau des zones frontalières, ma prétention
est la suivante. Quand Mme Provost répond que c'est une
réalité qu'elle vit déjà, je ne peux pas dire si
elle a tort ou raison. Je pense qu'elle a raison parce que ce n'est pas
ça qui va se produire à Rimouski ni à Matane, ni à
Rivière-du-Loup. Si on se met à prendre des villes, on va les
additionner sur chacune de nos listes et on verra ce que ça donne
à la fin. Ça, c'est une chose.
Les zones touristiques et frontalières doivent être
distinguées et déjà elles se conduisent comme si...
Lorsqu'on étend - et c'est ça ma prétention - à
l'ensemble du Québec, là où on change les règles du
jeu, on donne peut-être suite à certains consommateurs qui veulent
profiter sans payer de services nouveaux. Des services nouveaux qui ne
coûtent rien, à sa face même, M. le ministre, c'est
impossible. Ça va coûter quelque chose. Vous ne pouvez pas et
personne ne pourra me convaincre que, dans ma propre ville ou dans celles que
je connais le mieux parce que ce sont celles du Bas-Saint-Laurent, il n'y a pas
de coûts supplémentaires. Nos conventions collectives ne sont pas
négociées de cette façon-là. Il faudra qu'on les
négocie autrement. Autrement il n'y aura pas de protection des biens et
des personnes, il n'y aura pas de mouvements de circulation accrus dans des
endroits bien précis. C'est nier le gros bon sens, ce n'est pas vrai...
Le monde attire le monde. Si on ouvre davantage, on aura un impact dont je ne
connais pas l'ampleur mathématique - c'est la deuxième question
que vous m'avez posée - sur lequel on pourrait peut-être se
pencher pour essayer... Là, on ne réglera pas le problème
ce matin, on essaie de s'éclairer mutuellement. Je prends note de votre
demande - vous nous l'aviez déjà formulée - pour essayer
d'éclairer davantage l'impact négatif que ça pourrait
produire auprès des municipalités, eu égard aux services
qu'on serait appelés à rendre à des moments où,
normalement, ce n'est pas couvert de la même façon dans les
relations du travail. Ça, j'en prends note.
M. Tremblay (Outremont): Je pense qu'on a eu l'opportunité
d'en discuter une fois, et c'est très important qu'on ait cette
réponse parce que, si on ne l'a pas, je ne la prendrai pas en
considération dans la décision que je vais avoir à
prendre. Je vais vous dire pourquoi. Je l'ai demandé à tous les
intervenants, sans exception, même aux grandes chaînes quand elles
sont venues et qu'elles nous ont dit: II va y avoir une augmentation du chiffre
d'affaires, de la création d'emplois. J'ai toujours dit: Ça, ce
sont des arguments qualitatifs. Prouvez-le moi. J'ai demandé à
ceux qui étaient contre, qui disaient qu'il y aurait augmentation des
coûts, de le prouver, si possible. Alors, peut-être que vous avez
raison, peut-être que vous n'avez pas raison, mais est-ce que vous
pourriez, de façon très simple - je ne vous demande pas de
retenir les services d'un consultant et de sortir ça - mais rapidement..
D'ici à quatre ou cinq jours au maximum, M Desrosiers,
j'apprécierais avoir ça, si vous êtes capable de le
faire.
M. Desrosiers: Là, on est en train de me dire...
J'étais en pleine consultation, avec votre permission. Vous me dites:
quatre ou cinq jours; on n'est pas capables. Si vous me dites: quatre ou cinq
jours pour donner des pistes sur ce qui pourrait être influencé
par une ouverture de ce genre-là, ça, on est plus capables
M. Tremblay (Outremont): En tout cas, essayez...
M. Desrosiers: Alors, on pourra vous donner un document qui ne
sera pas un document quantitatif, mais qui sera un document qualitatif quant
aux pistes ou aux endroits où on pense que ça pourrait augmenter
les coûts. On ne peut pas, honnêtement, vous donner les coûts
dans quatre ou cinq jours.
M. Tremblay (Outremont): Bon. Indépendamment de la
décision qu'on prenne, si on vous demandait.. Une chose est certaine,
c'est que, si on veut avoir une loi durable et applicable, il va y avoir des
amendes importantes. Est-ce que les municipalités accepteraient qu'on
leur transfère la supervision des heures d'ouverture des commerces le
dimanche? En d'autres mots, ce que ça veut dire, c'est que vous avez
déjà un service de police ou encore un service d'inspecteurs et
des cours municipales. Si, en plus du transfert de cette supervision, on vous
transfère également la perception des amendes importantes qui
justifient... Mettons qu'on parie de 2000 $ ou 3000 $, donc, ça
justifierait le coût. Et vous pourriez également, c'était
le deuxième volet de la question... Donc, transfert d'amendes. Et, si,
après deux infractions à la loi, on vous demandait de retirer le
permis d'affaires de l'entreprise, est-ce que vous considéreriez
ça?
M. Desrosiers: Je vais faire comme on fait habituellement dans
votre enceinte parlementaire, je vais prendre avis de la question. Vous
comprenez bien que je n'ai pas la réponse d'un coup sec. Je ne le sais
pas. On va la soumettre à la considération du conseil
d'administration et du bureau de direction et on vous reviendra avec une
meilleure réponse que celle que je pourrais vous faire. J'ai des
réactions instinctives, mais ce n'est pas ça que vous voulez
savoir ce matin; ce ne sont pas mes réactions, ce sont des points de
vue. Je prends note de la question, M le ministre, et on vous reviendra. Je ne
suis pas capable de répondre.
M. Tremblay (Outremont): Très bien. J'en ai
une dernière. Vous dites dans votre document, à la page 5,
et je vous cite: "C'est pourquoi l'Union des municipalités du
Québec n'entend pas que le monde municipal puisse être
blâmé d'une décision que le gouvernement ne veut pas
prendre lui-même." Je veux juste vous assurer en passant que je vais
déposer un projet de loi au printemps, après consultation. Alors,
je prends note de ce que vous avez dit, mais je pense que ça ne
s'applique pas dans ce que nous avons l'intention de faire. Je prends
également note de tout ce que vous avez dit pour l'ouverture le
dimanche, plus particulièrement sur la question des supermarchés.
Vous dites, en fait: II semblerait qu'il y a un besoin qui a été
admirablement... mais c'est au gouvernement du Québec de décider.
Assumons - c'est ça ma question -qu'on décide de
libéraliser les heures d'ouverture partout au Québec, de telle
heure à telle heure, les lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi et
samedi, et qu'on permette un droit de retrait aux municipalités qui,
pour des raisons d'environnement, des raisons de qualité de vie, des
raisons de coûts, que vous avez mentionnées tout à l'heure,
pourraient se retirer, pourraient dire: Nous autres, on décide de ne pas
ouvrir, dans notre municipalité, . parce que, dans le fond, le besoin
n'est pas là. Donc, on ne vous transfère pas la
responsabilité de décider, on prend la décision. Par
contre, si, pour des raisons économiques ou des raisons de
qualité de vie ou des raisons propres à votre marché, vous
décidez de ne pas ouvrir, vous pourrez le faire. On aura assumé
nos responsabilités et vous assumerez les vôtres, selon les
besoins respectifs de vos clientèles, de vos électeurs.
M. Desrosiers: Je ne le sais pas. J'ai l'impression que vous
faites indirectement ce que vous ne voulez pas faire directement.
M. Tremblay (Outremont): Non, on le fait.
M. Desrosiers: Ma méthode est la suivante, M. le
ministre...
M. Tremblay (Outremont): Non, non, on le ferait.
M. Desrosiers: Je vous ai écouté religieusement,
puis ça me dérange votre question, mais je vais essayer d'y
répondre. La mienne, ma méthode, est la suivante: Vous affirmez
que les commerces sont fermés...
M. Tremblay (Outremont): Non.
M. Desrosiers: ...le dimanche bien entendu, et les
municipalités et les régions frontalières et les
municipalités qui sont dans des zones touristiques plaident leur cause
devant vous et elles obtiennent un droit de passage. C'est le statu quo, c'est
ce qu'on faisait dans le passé. Ça m'apparaît plus valable
que ça soit décidé à une échelle beaucoup
plus haute que les intérêts immédiats de la petite
communauté en bas. C'est effrayant comme on n'a pas la même
lumière selon qu'on soit à Québec ou à Mont-Joli.
Je me rends compte que ça change. Peut-être que mon
intérêt serait circonstanciel à l'effet que je demande ou
non l'ouverture. J'aurais peur de devenir maquignon sur les bords. Si Rimouki
n'ouvre pas, je pense que je vous dirais d'ouvrir chez nous. Quelle que soit la
formule qu'on prenne, soit que vous ouvriez et que je demande la fermeture ou
que... Imaginez le scénario suivant. Vous ouvrez à la grandeur du
Québec. Rimouski décide, pour la qualité de vie, de
fermer. Je ne veux jurer de rien, mais je pense que les gens de Mont-Joli vont
dire: Ouvrons, nous autres, si Rimouski ferme. Là, on va avoir de la
surenchère d'un bord à l'autre. Ça va se promener pour des
raisons autres que celles pour lesquelles on est en train d'essayer de faire
une législation. Si on garde la méthode positive et non pas... En
fait, c'est l'inverse de ce qu'on fait présentement. La méthode
positive, c'est: Vous affirmez. Et ceux qui ne peuvent pas, pour des raisons
valables et pour lesquelles ils devront faire la preuve devant le
législateur, devant l'organisme responsable, ifs devront faire la preuve
et ils obtiendront un droit de passage. Ça, ça commande le
respect. Si on va dans l'autre option que vous m'offrez - et je réagis
de façon bien trop instinctive - vous dites: Vous ouvrez. Si vous voulez
fermer, vous fermerez. Moi, je m'excuse, j'ai toujours des images mentales:
J'ai l'image de Provigo, chez moi, et de Métro, chez moi, et de
Supermarché GP, chez moi. Là, je leur annonce la bonne nouvelle.
Vous venez de leur dire que c'est ouvert et moi, je vais leur dire que c'est
fermé. Aïe, moi, je perds mes élections, la prochaine
fois.
M. Tremblay (Outremont): Bien oui.
M. Desrosiers: Je ne suis pas tombé sur la tête. Il
me semble que ce n'est pas la bonne façon. Je vais dire: Restez ouverts,
messieurs. Profitez-en tout bonnement. Là, je ne fais pas mon devoir.
Vous voulez me responsabiliser, mais je pense que la méthode n'est pas
bonne. La bonne méthode, c'est que les gens demandent au gouvernement
qui, lui, édicté la loi et la capacité de faire des choses
en dehors de la loi.
M. Tremblay (Outremont): C'est parce que là vous prenez...
Il y a deux possibilités. Il y en a une où on ferme - plus
d'exceptions - parce que les exceptions, ça crée de
l'iniquité. Je suis d'accord avec vous qu'il y a trois principes, mais
je discute juste de l'équité avec vous. Il y a des besoins
réels et il y a la qualité de vie. Ne considérez-vous pas
que vous êtes mieux placés qu'un gouvernement a l'échelle
du Québec pour
discuter des besoins réels et de la qualité de vie dans
vos municipalités respectives? Et si ce n'est pas possible dans une
municipalité - je vais juste élargir ma question - est-ce que
c'est possible pour un territoire plus grand? Voyez-vous, c'est facile de dire
ce que vous venez de dire, M. Desrosiers. Vous dites: Moi, je vais perdre mes
élections à cause des trois Provigo. Mais il n'y a pas juste des
Provigo qui veulent ouvrir. À cette commission parlementaire, il y a
beaucoup de petits commerçants qui sont venus nous dire: On veut ouvrir,
nous autres aussi. En d'autres mots, à Aylmer, ce sont des petites et
des moyennes entreprises, ou une vingtaine de femmes qui sont parties en
affaires... Et il y en a eu beaucoup d'autres qui sont venus dire ça.
Ça, c'est un problème. C'est pour ça que c'est difficile
de trancher. Alors, moi, je vous dis: On va déposer un projet de loi au
printemps. Vous ne trouvez pas que c'est... Peut-être, si c'était
cette possibilité-là, on assume nos responsabilités, on
légifère à la grandeur du Québec, on dit: Voici les
heures et on vous donne le droit... Vous n'êtes pas obligés de
l'utiliser. Parce qu'on ne le mettra pas d'abord, si c'est cette
possibilité-là. Mais n'aimez-vous pas mieux l'avoir, au cas
où, pour des raisons politiques dans votre environnement, les gens ne
veulent pas? Je vous protège, il me semble.
M. Desrosiers: Peut-être.
M. Tremblay (Outremont): O.K.
M. Desrosiers: Je ne vois pas à sa face même.
L'impression que j'ai, à ce moment-là, c'est que je suis
totalement asservi aux grandes chaînes d'alimentation. Ce sont elles qui
vont décider ce qu'on va faire politiquement pour le
bénéfice de notre population. Ça ne sera pas le
bien-être des contribuables. Ça va être le bien-être
des consommateurs.
M. Tremblay (Outremont): O.K. Mais, moi, je vais vous dire, M.
Desrosiers, là-dessus: Moi, je ne suis pas asservi aux grandes
chaînes d'alimentation. Je vais prendre la meilleure décision
possible pour le Québec en fonction des trois principes qu'on a
mentionnés tout à l'heure, dont l'équité.
Ça, je vous dis ça, là, en passant.
M. Desrosiers: Vous avez peut-être raison. Peut-être
que, si j'étais assis à votre place, je ferais le même
discours. Si vous étiez à la mienne, vous feriez le mien. C'est
ça qu'il faut comprendre tous les deux. C'est que, selon la chaise sur
laquelle on est assis, on vort les choses sous un certain angle. Vous nous
convoquez exprès pour qu'on puisse voir les points de vue des uns et des
autres et, après, faire le bilan de tout ça et en tirer le
meilleur profit.
M. Tremblay (Outremont): Ou encore, M.
Desrosiers - je fais juste un petit aparté comme ça -
peut-être que j'ai moins d'expérience politique et que je regarde
le grand intérêt du Québec et non pas ma réaction
dans quatre ans; je ne le sais pas, je le suppose. Je fais juste le...
M. Desrosiers: Ah, oui, mais ça se prend bien.
Des voix: Ha, ha, ha!
(10 h 30)
M. Tremblay (Outremont): C'est peut-être pour ça,
dans le passé, qu'aucun gouvernement - et là, je vise les deux -
n'a pu trancher dans cet important débat-là puis qu'on est
toujours en train de le remettre en question. Mais on s'est engagés, je
pense, à le trancher une fois pour toutes.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Taillon.
Mme Marois: Merci, M. le Président. Ça me fait
plaisir de vous souhaiter la bienvenue au nom de ma formation politique. C'est
tout à fait stimulant, compte tenu que c'est la dernière
journée d'audiences sur cette question-là Quand on commence
d'abord avec Constance Provost et qu'on suit avec vous, c'est stimulant et
ça soulève beaucoup de questions, beaucoup de pistes sur
lesquelles on doit réfléchir.
Je dois vous dire au départ que je partage, pour l'essentiel,
votre point de vue. C'est celui que j'ai défendu depuis le début
de la commission, et ce n'est pas parce que vous arrivez ce matin: ceux qui
sont venus et avec lesquels je n'étais pas d'accord, ils l'ont su aussi.
Puis ça n'a pas toujours été facile, mais ils l'ont su
aussi. Cela étant dit, donc, je partage, pour l'essentiel, votre point
de vue. Je veux questionner un certain nombre d'éléments, qu'il
s'agisse des zones frontalières ou des zones touristiques, votre
réalité, la réalité à laquelle vous
êtes confrontés avec les travailleurs et les travailleuses et les
exigences que ça vous pose en termes administratifs.
Mais, avant de m'adresser à vous, j'aimerais faire un certain
nombre de remarques au ministre Je m'en excuse dès maintenant à
votre endroit. Je vais revenir, parce que, chaque fois, je ne peux pas laisser
passer cet aspect-là sur cette fameuse notion de qualité de la
vie qu'on a l'air d'être capables de saucissonner par
municipalité.
Or, c'est le principe de fond que l'on débat ici et c'est un
choix - ça a l'air d'être un grand mot quand on l'utilise - de
société. Un choix de société, décortiquons
ce que ça veut dire, ça veut dire un choix que font
majoritairement les membres qui vivent dans une société.
Ça n'a rien d'idéologique, de droite, de gauche ou peu importe.
Et quand, moi, je défends le principe de la qualité de la vie
comme un choix de société,
je ne le défends pas comme un morceau de saucisson, qu'à
une place ça se définit de cette façon-là puis
à une autre, d'une autre façon, surtout quand on aborde une
question comme celle du fait que l'on cesse pendant une journée dans la
semaine les activités de commerce et les activités de production
pour se permettre d'avoir un temps où on va accorder un peu plus
d'importance aux communications, aux échanges, aux loisirs.
Ça, c'est pour une chose. Et je comprends le ministre, parce que
ce n'est pas facile nécessairement comme débat, mais quand on
soulève la question du choix laissé aux municipalités,
moi, j'abonde essentiellement dans votre sens, M. Desrosiers, à savoir
qu'on fait indirectement ce qu'on ne veut pas faire directement, parce que le
résultat, en bout de piste, il est le même, présenté
sous un éclairage qui semble plus démocratique, qui semble plus
intéressant. Or, à mon point de vue, ce n'est absolument pas la
réalité que l'on soulève mais, au contraire, on s'en va au
même endroit, sauf qu'on dit: On va laisser à d'autres la
responsabilité de le faire.
C'est aussi un peu difficile pour vous et je comprends. Vous arrivez
à la fin de la commission et on vous dit: On aimerait ça avoir
des données. Mais je pense que le ministre va convenir qu'on peut
attendre une semaine et demie s'ils veulent nous fournir des données. Je
comprends que le ministre doive déposer une loi avant le 15 mai, il s'y
est d'ailleurs engagé pour qu'elle puisse passer à
l'Assemblée nationale, mais il reste, j'imagine, que quelques jours de
plus permettraient peut-être d'avoir un éclairage un petit peu
plus complet.
M. Tremblay (Outrernont): En fixant un échancier
restreint, on a plus de chance de l'avoir, mais on n'est pas à deux
jours près, si c'est ça, là.
Mme Marois: Voilà, c'est ça que je voulais
mentionner. Je comprends votre point de vue. M. Desrosiers, quand vous dites:
Nous sommes impliqués dans un gros dossier qui mobilise beaucoup nos
énergies et qui nous engage aussi beaucoup, la fiscalité
municipale, je vous dirais que vous seriez absolument estomaqué et
étonné de voir l'importance que prend le dossier que nous avons
devant nous et qui concerne les heures d'affaires. Et ce n'est pas pour
contredire. Si on faisait une commission sur la fiscalité municipale,
probablement qu'on aurait des gens autour qui seraient assez nombreux à
venir nous faire des représentations, mais, là, 90
mémoires sur les heures d'affaires, c'est pour vous montrer la
sensibilité qu'un dossier comme celui-là a dans l'ensemble de
notre vie collective. Cela étant dit, je comprends vos craintes quant
à la fiscalité municipale.
Passons maintenant aux questions. Vous gérez déjà
des conventions collectives. Vous faites déjà affaire avec des
travailleurs et des travailleuses dans vos différents services dont,
entre autres, des services de loisir, les services de soutien, les services
techniques, etc. Votre personnel travaille déjà le samedi. Dans
les discussions qu'on a eues avec les gens qui sont contre l'ouverture et qui
sont, pour un grand nombre, du petit commerce, mais parfois du grand commerce
aussi, une des difficultés auxquelles on nous dit être
confrontés, c'est le fait que déjà, pour le samedi, on a,
malgré des primes, malgré - ce qui n'est pas toujours le cas dans
l'alimentation - un certain nombre d'avantages, on a de la difficulté
à recruter du personnel pour le samedi. Ça rejoint un peu ce que
vous disiez, M. Desrosiers, tout le monde veut manger de la tarte au sucre,
mais personne ne veut faire la cuisine. C'est une belle Image.
Est-ce que, dans les services municipaux, vous vous heurtez à
cette même réalité de la difficulté de recruter du
personnel ou s'il y a des primes, chez vous, qui sont rattachées au fait
que les gens travaillent le samedi, et même le dimanche parce qu'il y a
les services essentiels que vous ne pouvez pas négliger, les services de
loisir, on s'entend là-dessus?
M. Desrosiers: De façon très
généralisée, les conventions collectives,
présentement, prévoient des habitudes de société
qui font que quand on fait travailler les gens hors des heures habituelles
convenues par les gens sur la rue - c'est cinq jours par semaine - dès
qu'on dépasse ça, et s'il y a des fêtes en plus, il faut
payer du temps double, du temps triple, etc. C'est très clair.
Mme Marois: O.K., c'est très clair. Votre façon
à vous d'avoir du personnel - et dans vos conventions, c'est
déjà comme ça - c'est du temps double, du temps et demi,
ou des choses comme ça chaque fois que les gens viennent travailler les
fins de semaine.
M. Desrosiers: Parce que les conventions sont
négociées de cette façon-là. Je n'affirme pas qu'on
ne pourrait pas les négocier autrement...
Mme Marois: Oui, je comprends.
M. Desrosiers: ...mais quels changements on ferait demain matin.
Je ne sais pas ce que nos syndicats diraient. On ne peut pas changer les
règles en cours de route, il faudrait quand même les modifier,
mais, entre-temps, il y aura une facture à payer.
Mme Marois: D'accord. Qu'est-ce que c'est la proportion de vos
gens qui travaillent la fin de semaine dans vos municipalités?
Évidemment, j'imagine que ça doit varier selon la taille et tout
ça, mais un ordre de grandeur. Les gens qui
sont obligés. Je suis bien consciente que...
M. Desrosiers: Je ne suis pas capable. Je vais essayer d'y
réfléchir. Vous me posez une question, et j'ai envie de vous
donner une autre réponse.
Mme Marois: Allez.
M. Desrosiers: II y a 75 000 employés municipaux au
Québec.
Mme Marois: D'accord.
M. Desrosiers: On touche à du monde en démon!
Mme Marois: Oui.
M. Desrosiers: La proportion, dans les 75 000, qui est
affectée sur les horaires de fin de semaine, je ne le sais pas. Je ne
suis pas capable de vous répondre, on pourra vous répondre plus
tard.
Mme Marois: Est-ce que vous avez beaucoup de temps partiel, chez
vous, ou si c'est beaucoup du temps plein?
M. Desrosiers: Temps plein.
Mme Marois: Du temps plein, beaucoup. Dans les services de
loisir, il y a des occasionnels, j'imagine, l'été, pour les parcs
et ces choses-là, mais, généralement, c'est du temps
plein.
M. Desrosiers: C'est du temps plein.
Mme Marois: Donc, ce qui amène, comme conséquence,
le fait que, si on ouvre une journée de plus et que des services
supplémentaires doivent s'ajouter, ce sont vos conventions qui
s'étendraient... C'est un peu à ça que vous faisiez
référence, tout à l'heure, quant à
l'augmentation...
M. Desrosiers: M. le président m'a dit: Tu n'as pas
beaucoup de temps. On essaie de dire le maximum possible dans le minimum de
temps pour être le plus clair possible.
Mme Marois: Je peux vous en donner, je vais en prendre sur mon
temps à moi, ça me fera plaisir.
M. Desrosiers: II y a quelque chose dont on doit tenir compte,
c'est la réalité dans laquelle on vit. Je ne veux pas dire que
vous n'en tenez pas compte, mais j'ajoute celle-là parce que je pense
qu'elle n'est pas prise en suffisante considération.
Présentement, dans les conventions collectives qu'on négocie, nos
employés veulent un horaire de quatre jours. Mais ça rime
à quoi, le dimanche? On va l'avoir en semaine. Ça rime à
quoi le fait de dire qu'on n'a pas d'heures pour aller magasiner? C'est de la
folie furieuse, ce n'est pas vrai, on se conte des romances. Nos
employés sont en train de négocier un horaire de quatre jours.
C'est ça la nouvelle réalité dans laquelle on s'embarque.
Moi, je me dis: Tenons compte de ça, 75 000 employés qui
veulent... Ils ne le veulent pas tous demain matin, mais c'est la tendance. On
le sait, quand les tendances s'inscrivent dans les relations ouvrières,
ça commence dans une ville et, après, tous les autres, on
passe... Si tu le fais, fais-le donc. On prend la plus petite et on l'amoche
et, après ça, on passe à la deuxième. Je n'irai pas
donner de conseils aux syndicats, ils savent trop bien comment faire les
choses.
Je dis ceci, et ce n'est pas à ma courte honte, rien, je dis.
C'est ce avec quoi je vis. C'est important que vous le sachiez.
Présentement, on s'en va vers un horaire de quatre jours, on s'en va
vers des horaires plus flexibles. Je me dis. Tenons compte de ça,
ça devient presque une réalité plus importante que ce
qu'on a discuté avant. Là, face à ça, on doit
décider de quelle façon, dans cette société, on va
conserver certaines choses de par nos traditions, de par notre façon
d'être. Ce n'est pas l'ensemble du Canada qui a des petits
dépanneurs comme ici au Québec. On est la seule province qui est
comme ça. Est-ce un mal que d'avoir des dépanneurs? Je ne le
pense pas Ne venez pas voir dans ma ville et dans bien d'autres villes les
dépanneurs qui sont là, ne leur demandez pas... Il n'y aura pas
plus d'affaires à faire Vous demanderez à
Claire-Hélène Hovington qui, elle, est députée de
la MRC la plus pauvre au Québec, pis à la deuxième, qui
est la nôtre, chez nous, Henri Paradis...
Une voix:...
M. Desrosiers: . vous leur demanderez si on va avoir plus de
consommateurs. Ce n'est pas parce qu'on va être ouvert le dimanche qu'on
va consommer davantage: on ne gagne déjà pas d'argent! Pis, je ne
veux pas faire le quêteux devant vous autres, je ne veux pas vous faire
pleurer, mais c'est ça, la réalité. Vous comprenez, j'ai
de la misère à m'asseoir dans les riches qui veulent aller
magasiner le dimanche! M. le Président, s'ils ont de l'argent, ils
iront, "crisse", à n'importe quelle heure. Ils ont les moyens d'y
aller.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Desrosiers: Maudit, y a toujours un boutte,
écoutez!
Mme Marois: Je suis très contente de vous entendre, M.
Desrosiers, parce que c'est. .
M. Desrosiers: Ah! puis, je ne suis pas fâché, j'ai
l'air d'être fâché.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Marois: Non, non, on sait ça que vous n'êtes pas
fâché. Je suis très contente de vous entendre, parce que
c'est un point de vue qui a été défendu et
présenté par les ACEF et - parce que, évidemment, c'est un
groupe un peu plus contestataire - on a eu tendance - pas ici, à la
commission, je veux bien me faire entendre, là, mais il y a des gens,
à l'extérieur qui ont eu tendance à ridiculiser un peu
leur position... Et je me dis, venant de quelqu'un comme vous, qui a une longue
expérience et qui connaît sûrement bien son milieu et qui
nous lance un cri du coeur, je pense que ça assoit toute la
crédibilité d'une réalité comme celle-là,
parce que c'est celle-là, moi aussi je le pense, a laquelle on est
confronté, quand on dit qu'il y a des consommateurs et des
consommatrices qui veulent avoir plus d'heures pour magasiner, alors que, quand
on fait le décompte des gens qui travaillent de 9 à 5, quand on
fait le décompte des gens qui sont à temps partiel, quand on fait
le décompte des gens qui peuvent travailler sur des quarts de travail
mais qui sont souvent de 4 à 8 ou de 4 à minuit - j'ai connu
ça aussi - je veux dire qu'il reste du temps ailleurs pour pouvoir faire
ses achats! S'il y a - j'ose le dire - quelques fous comme nous, politiciens,
qui travaillons sept jours-semaine et quelques professionnels, parfois, qui te
font aussi, ce n'est pas nécessairement ce qu'on devrait souhaiter
à l'ensemble de notre société, bon, et donc on devrait
être capables de se trouver du temps et de l'organiser autrement.
Est-ce que vous avez regardé ce qui se passe du côté
de l'Ontario? Et là, je ne veux pas vous ennuyer avec ça,
peut-être que vous n'avez pas regardé du tout, mais c'est parce
qu'il y a des gens qui sont venus ici, particulièrement des
représentants d'associations de commerçants, qui étaient
tout à fait en défaveur de l'ouverture le dimanche, des
associations de commerçants qui nous ont dit: Écoutez, en
Ontario, ce n'est pas si rose qu'on veut nous le laisser entendre. Il y a un
fonds, même, qui a été créé par des
commerçants, pour plaider la remise en question de la loi, parce qu'on
considère qu'elle est en train de déstructurer
complètement l'équilibre qu'il y a, effectivement, entre les
commerces, parce que les indépendants, même s'ils sont beaucoup
moins nombreux qu'au Québec - et ça, c'est intéressant que
vous le souligniez, notre structure de propriété est très
différente - on est en train, donc, de déstructurer un peu cet
aspect-là, et ça crée des situations absolument
aberrantes, où des gens se sentent obligés d'ouvrir alors qu'ils
ne le veulent pas, parce que c'est de leur temps qu'ils doivent mettre dans le
commerce, et ils sont vraiment très insatisfaits de ce qui se passe.
Est-ce que vous connaissez un petit peu cette situation-là ou si ce
n'est pas le cas?
M. Desrosiers: Je ne ferai pas un grand commentaire, M. le
Président. Ce que madame nous rapporte, présentement, ce sont les
mêmes nouvelles que nous, nous avions. C'est que souvent on prend
l'Ontario à témoin d'un modèle à suivre, et Dieu
sait si c'est vrai que, dans certaines circonstances, on nous le sert, cet
exemple-là, à toutes les soupes.
Mme Marois: Ah oui!
M. Desrosiers: À toutes les soupes, comme, par exemple,
que le contribuable québécois, lui, dans les 100 $ de taxes qu'il
paie, il y en a 21 $ qui vient du foncier, alors qu'en Ontario il y en a 28 $.
Alors, il faudrait ponctionner davantage le foncier de ce 7 % manquant, alors
que c'est mis en doute, ça, par les grandes villes du Québec.
Vous comprenez que nous, on est très interrogatifs. Il y a
peut-être une différence, mais elle n'est pas de 7 %. Quand on
veut aller dans le champ foncier, et là, ce qu'on s'apprête
à faire, c'est peut-être, là encore, d'emmener encore dans
leur champ foncier de nouvelles taxes pour répondre aux besoins qu'on
veut créer de toutes pièces, bien, il faudra à ce
moment-là que le contribuable Jean-Baptiste fouille dans sa poche pis
verse encore son obole. C'est ça, la réalité contre
laquelle on se bat! Et, ce qu'on fait présentement en Ontario, quant aux
heures d'affaires, par rapport à ce que, nous, on fait, c'est deux
réalités totalement différentes quant à
l'urbanisation, quant au développement économique, quant aux
condions de travail; c'est totalement différent, selon qu'on a une
usine, qu'on est à Mississauga, qu'on est, je ne sais pas, moi, en
Gaspésie; on n'y parle pas de la même chose, là. Mais ce
sont des choses que vous savez. Alors, je confirme que les commentaires, les
informations que nous avons reçues à partir d'associations
ontariennes sont de même nature que celles qui viennent d'être
émises. (10 h 45)
Mme Marois: D'accord. Juste pour aller un petit peu dans votre
sens... Même dans le document du ministère, d'ailleurs, c'est
repris, pas la situation que vous décrivez, de difficultés qui se
vivent, là, entre autres au plan de la fiscalité aussi, mais sur
le fait que la structure de propriété en Ontario est très
différente de celle que l'on connaît au Québec. En Ontario,
la propriété est plus le lot, d'abord, des grands groupes
corporatifs, de grandes surfaces, alors qu'ici il y a une proportion beaucoup
plus importante d'indépendants, de petits détaillants, etc.
Une autre question avant d'aborder la zone frontalière. Un des
problèmes auxquels nous allons avoir à faire face si on
libéralise dans le
secteur alimentaire, à mon point de vue... SI on
libéralise dans le secteur de l'alimentation le dimanche, on va
créer une pression immédiate pour que ça se fasse dans
l'ensemble des commerces de détail. C'est le pied dans la porte. On
connaît aussi notre organisation, d'ailleurs, qui nous a tellement fait
souffrir dans les centres-villes: le développement en
périphérie de grandes surfaces, de grands centres d'achats. Le
centre d'achats s'est constitué sur la base de pôles d'attrait en
alimentation et aussi dans le commerce de détail: deux gros à
chaque bout ou, si c'est en croix, aux quatre coins de la croix. Alors, ma
prétention, c'est que, eux aussi, ils vont vouloir ouvrir s'ils sont
dans l'alimentaire, et ils vont créer une pression pour faire en sorte
que l'ensemble du commerce de détail ouvre et non seulement
l'alimentation. Si on ajoute les nouveaux concepts aussi, comme Club Price qui
vend de l'alimentation et qui vend d'autres types de produits... Si, lui, dit:
Je ne peux pas vendre les autres types de produits, ce n'est pas
intéressant mon concept, il va recommencer à faire des pressions.
Est-ce que votre connaissance de votre marché, des gens de chez vous,
vous amène à la même conclusion? Ou pensez-vous que, si on
ouvre l'alimentaire plus librement le dimanche, c'est qu'on dit: Bien, vous
ouvrez toute la journée, comme vous voulez, ça n'aura pas,
nécessairement, cet effet d'entraînement?
M. Desrosiers: Ce qui est savoureux c'est qu'on a
dépensé beaucoup d'argent pour revitaliser nos centres-villes.
Nous sommes une des villes qui l'a fait avec un certain succès, et
à la satisfaction des gens quant à l'apport gouvernemental et
quant à l'apport municipal. Ça correspondait vraiment à
corriger des choses qu'on avait laissé faire sans trop s'en rendre
compte. Ce n'était pas contre les intérêts d'une
municipalité de laisser construire un centre d'achats en dehors de son
centre-ville. Mais on paie la facture maintenant parce qu'il est hors du
centre-ville. Dans un centre d'achats, il y a aussi de grandes surfaces
d'alimentation. Ce n'est pas la surface d'alimentation qui est
propriétaire du centre d'achats, mais le propriétaire, non
seulement du nôtre, chez nous, mais des voisins aussi et de plusieurs au
Québec, attend avec beaucoup d'impatience la résolution de ce
problème parce que non seulement il va ouvrir son centre d'achats -
parce qu'il raisonne comme moi - pour le centre d'alimentation, mais aussi pour
les autres boutiques. Ça va finir quand? On ouvre la boîte de
Pandore. Ce n'est pas possible d'ouvrir seulement des commerces d'alimentation
dans un centre d'achats. Ce n'est pas possible. Ce n'est pas réaliste.
C'est qu'on va ouvrir au complet. Tout le monde va être ouvert. Ce n'est
pas parce que toutes les églises sont ouvertes en même temps qu'il
y a plus de monde pour donner à la quête.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Desrosiers: Ça, c'est bien clair dans mon esprit. Il
faudrait faire attention à ce qu'on veut faire.
Mme Marois: Quelle image! Ha, ha, ha!
M. Desrosiers: Et, d'autre part, il y a des choses qui nous
surprennent. J'ai écouté, hier, les commentaires de ceux qui nous
dirigent et c'était quand même une bonne nouvelle; c'était
une ouverture. Je ne veux pas parodier ce que mon premier ministre a dit: Des
fois, quand ça vient du Nouveau-Brunswick, ce n'est peut-être pas
si mauvais que ça. M. le Président, le Nouveau-Brunswick a
décidé de reprendre en main la responsabilité de
l'ouverture des heures de commerce après l'avoir confiée aux
municipalités. Autre bonne nouvelle que vous pourriez soumettre à
M. le premier ministre en provenance du Nouveau-Brunswick, probablement aussi
une bonne ouverture. On devrait analyser ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Marois: Évidemment, à cet
égard-là, je partage votre analyse et votre point de vue aussi
parce que ma prétention, c'est que, si on va vers une plus grande
libéralisation, on va vers la libéralisation complète avec
ce que ça a comme conséquences. Et juste rappeler au ministre
puisqu'on a eu, ce matin, un dépôt qui nous a été
fait d'un document d'un professeur de l'Université de Sherbrooke qui est
venu plaider, ici, devant nous, et qui... Évidemment, plusieurs plaident
aussi. On parle du modèle ontarien et du modèle du
Nouveau-Brunswick, mais on nous parle aussi beaucoup du modèle
américain. Moi, j'ai l'habitude de dire que je ne changerais pas la
qualité de ma vie ici pour la qualité de la vie des
Américains, mais ça... Et voici ce qu'il nous dit, à la
page 4: "En ce qui concerne l'ouverture du dimanche, 94 % des
supermarchés américains ouvrent maintenant le dimanche. En fait,
l'ouverture le dimanche est devenue la norme. Ce n'est pas un
phénomène passager, puisque le pourcentage des magasins ouverts
le dimanche est passé de 48 %, en 1968, à 70 %, en 1978, et
à 94 %, en 1988." Et ce qu'il dit plus loin, c'est que: "H faut aussi
noter le pourcentage croissant des supermarchés qui ouvrent 24 heures
par jour." Aimeriez-vous ça? 15 % des indépendants, 39 % des
supermarchés, des succursalistes sont ouverts 24 heures par jour, soit
une moyenne de 28 % des supermarchés américains. Je pense que
c'est le risque que l'on prend si l'on va vers une plus grande
libéralisation des heures d'ouverture et si on n'a pas le courage de
supporter un autre type de réalité qu'est le dépannage,
avec des critères et des contraintes. Vous vouliez ajouter quelque
chose, M. Desrosiers?
M. Desrosiers: Moi, c'est un secret. Il ne faudrait pas
là...
Mme Marois: D'accord, on ne le racontera pas.
M. Desrosiers: Fermez les micros, il ne faudrait pas que personne
entende. C'est que mon chef de police m'a dit: M. le maire, tâchez donc
de faire attention, à chaque fois qu'on crée un endroit de
concentration, on crée un endroit de rassemblement, etc., etc.
Mme Marois: D'accord.
M. Desrosiers: C'est juste une prudence supplémentaire
qu'il m'a demandé de faire.
Mme Marois: On me dit que mon temps est malheureusement
écoulé. Je suis très... Ça va, M. le ministre?
Est-ce que M. le ministre a terminé aussi? Oui?
M. Tremblay (Outremont): Ça va.
Mme Marois: Je vous remercie des échanges que nous avons
eus, de l'expérience que vous nous avez apportée. Je ne suis pas
loin de penser comme vous: Si on se fiait toujours aux sondages, il y en a un
qui devrait nous indiquer une voie à laquelle on pourrait
adhérer, M. le ministre, si vous la suiviez. Je vous remercie de votre
apport à nos travaux.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Je voulais juste... M. Desrosiers, je
suis entièrement d'accord avec vous, je l'ai dit depuis le début
de la commission parlementaire, si on libéralise l'alimentation, c'est
évidemment qu'on parle d'une libéralisation totale parce que
c'est incontrôlable. Donc, dans la décision que nous avons
à prendre, ce n'est pas de savoir si on libéralise l'alimentation
ou autre chose. Le constat, il est clair, tous les intervenants ou presque tous
les intervenants sont venus nous le dire sur ce point-là. La seule
question que je me posais, puis vous y avez répondu en partie et je vous
le lis parce que j'ai eu le temps de regarder... L'Union des
municipalités régionales de comté dit: "L'évolution
de la société québécoise ne se vit pas de la
même façon que l'on se trouve dans une région centre ou
périphérique et les choix qui découlent peuvent varier".
Dans ce sens-là, c'est une décision importante à prendre
et, dépendamment de la décision, si vous pouvez
réfléchir sur les deux questions que je vous ai soumises, je
l'apprécierais. Aux membres de votre équipe et à
vous-même, merci d'être venus de façon honnête et
transparente partager votre opinion avec nous. On va la prendre en
considération dans la décision que nous avons à prendre.
Merci, M.
Desrosiers.
M. Desrosiers: M. le Président, merci beaucoup.
Mme Marois: Je vais demander au président une permission
pour saluer particulièrement mon ancien collègue que je suis
très heureuse de retrouver chez vous. Bonjour, M. Marcoux.
Le Président (M. Bélanger): Bien. La commission de
l'économie et du travail remercie l'Union des municipalités du
Québec. On regrette de ne pas avoir eu plus de temps parce que plusieurs
députés auraient voulu intervenir; j'ai une liste de noms de
députés qui auraient voulu intervenir. Malheureusement, ce sera,
je l'espère, à une prochaine commission, mais sur un autre sujet,
puisque celui-ci sera définitivement réglé.
J'appelle à la table des témoins l'Union des
municipalités régionales de comté et des
municipalités locales du Québec inc. Est-ce que les
représentants de l'Union des municipalités régionales de
comté et des municipalités locales du Québec sont dans la
salle? Ils ne sont pas arrivés? Ah boni D'accord. Alors, la commission
suspend ses travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 10 h 53)
(Reprise à 11 h 5)
Le Président (M. St-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'économie et du travail reprend maintenant ses
travaux pour entendre le mémoire déposé par l'Union des
municipalités régionales de comté et des
municipalités locales du Québec inc. Alors, permettez-moi, au nom
de tous les membres de la commission, de vous souhaiter la bienvenue. Je
demanderai à M. Nicolet de bien vouloir, pour le bénéfice
des travaux et du Journal des débats, identifier les membres qui
l'accompagnent, s'il vous plaît.
UMRCQ
M. Nicolet (Roger): M. le Président, mesdames, messieurs.
J'aimerais tout d'abord vous remercier d'avoir bien voulu nous accueillir ce
matin. À mon extrême gauche, se joint à nous M. Jean-Guy
Poirier, maire de Saint-Siméon et préfet de la MRC de
Bonaventure; à ma gauche, M. Michel Fernet, directeur
général de l'Union; et, à ma droite, M. Pierre
Châteauvert, recher-chise à l'UMRCQ.
Le Président (M. St-Roch): Je vous remercie, M. Nicolet.
Je vous cède maintenant la parole pour le dépôt de votre
mémoire.
M. Nicolet: J'aimerais, si vous me le
permettez, peut-être en faire lecture, puisque ce document
représente quand même l'aboutissement d'une démarche de
consultation que l'Union a menée auprès de ses membres. L'Union
des municipalités régionales de comté et des
municipalités locales du Québec représente 1200
municipalités locales et 86 municipalités régionales de
comté. L'UMRCQ, à titre de porte-parole du Québec des
régions, défend l'intérêt de ses membres en exposant
les multiples réalités et particularités qui les
caractérisent. Les préoccupations actuelles de l'Union issues de
ses congrès s'inspirent de ces réalités et cherchent
à les mettre en valeur afin d'assurer le développement des
communautés qui forment notre mouvement.
Depuis quelques années, le débat sur les heures d'affaires
des établissements commerciaux divise les Québécois.
L'intérêt de l'UMRCQ envers ce dossier s'est
concrétisé suite aux demandes de plusieurs municipalités
membres, le plus souvent situées dans des régions touristiques et
à forte concentration de villégiature, qui voient dans les heures
d'ouverture des commerces un moyen pour assurer le développement de leur
communauté. De plus, l'hypothèse de transférer cette
juridiction aux municipalités locales et régionales a
poussé l'Union à articuler sa réflexion. Pour ce faire,
nous avons interrogé l'ensemble de nos membres et les résultats
vous seront présentés plus tard. Cependant, une opinion
importante issue de cette enquête peut être immédiatement
émise. Privilégier une journée fériée pour
tous, ou s'ajuster aux besoins actuels toujours changeants de la vie moderne
constitue un choix de société tout aussi difficile à
établir au niveau régional que national. Le Québec a
tenté de régler cette question en établissant un
régime complexe d'exceptions à la règle
générale en ce domaine. Malheureusement, ce régime ne
pouvait que déboucher sur une situation inéquitable et obliger
une révision complète de la loi.
Dans les autres provinces canadiennes, pour ce qui est du rôle des
municipalités en matière d'heures d'ouverture des commerces,
certaines tendances distinctes sont clairement établies. D'abord, on
retrouve celles, comme l'Ontario, qui ont transféré ce pouvoir
aux gouvernements locaux, permettant à ces derniers d'adopter une
réglementation plus libérale en ce domaine. On retrouve
également l'Alberta qui, dans le cadre d'une politique de prolongation
générale, donne aux municipalités le droit de restreindre
les heures d'ouverture des commerces. Finalement, on retrouve les provinces,
comme le Manitoba, qui ont conservé toutes leurs prérogatives en
réglementant les heures d'ouverture le dimanche et les jours
fériés et en laissant la possibilité aux
municipalités de décider pour les autres jours. Dans tout cela,
les expériences du Nou-veau-Brunswick et de l'Ontario sont pour nous les
plus probantes et nous permettent de poser quelques réflexions sur le
transfert de cette juridiction.
En juin 1985, le gouvernement du Nouveau-Brunswick adoptait une loi
transférant aux municipalités le pouvoir de
décréter la fermeture des commerces le dimanche. Cependant, en
décembre 1988, le nouveau gouvernement de M. McKenna modifiait la Loi
sur les jours de repos, rapatriant ainsi ce pouvoir. Durant la période
de trois ans où cette loi s'est appliquée, les gouvernements
locaux de cette province ne se sont jamais sentis à l'aise avec ce
pouvoir, et très peu d'entre eux se sont prévalus de
règlements décrétant la fermeture des commerces le
dimanche. De son côté, l'Ontario a adopté, il y a
maintenant plus d'un an, une loi transférant ce même pouvoir aux
municipalités, tout en prévoyant une liste de petits commerces,
les exemptant de toute restriction le dimanche et les jours
fériés. Les premiers rapports nous révèlent que,
présentement, des municipalités voisines, qui ont choisi des
voies différentes sont déchirées et en conflit.
L'expérience de ces deux provinces nous démontre, d'abord,
comme nous le disions auparavant, que le choix d'ouvrir les commerces le
dimanche et les jours fériés est tout aussi difficile au niveau
local que national. Le cas du Nouveau-Brunswick nous est
particulièrement significatif sur ce point, avec la période
d'indécision qui a caractérisé les trois années
d'application de la loi. Ces deux expériences nous démontrent
également que ce domaine exige du gouvernement provincial une politique
dont toutes les bases et les implications seront fermes et claires, et ce, afin
d'éviter les tumultes dans les relations entre municipalités et
entre commerçants. Finalement, la réalité du
Nouveau-Brunswick nous rappelle que cette juridiction demeure exclusivement
provinciale, et que, malgré l'investissement en énergie de
quelques municipalités, au gré des changements de gouvernement,
le pouvoir de réglementer peut toujours leur être
retiré.
Nous aimerions également soumettre à votre attention un
extrait du rapport du comité dirigé par le député
Maurice Richard sur la même possibilité de transférer ce
pouvoir aux municipalités, et je cite: "Au Québec, un consensus
semble être établi à ce sujet; les regroupements et
associations rencontrés par le comité des députés
ainsi que les municipalités du Québec ne favorisent pas une telle
orientation quant à notre province. Ils ne considèrent pas cette
alternative comme une bonne solution qui réglerait les problèmes
reliés aux heures d'ouverture. En effet, il devient difficile pour des
municipalités de défendre l'ouverture le dimanche alors que cette
situation est tolérée dans d'autres villes avoisinantes.
L'ouverture des commerces d'une municipalité ne peut qu'occasionner une
extension sur les territoires municipaux voisins. Pour toutes ces raisons, nous
ne croyons pas qu'il soit approprié de transférer cette
juridiction aux municipalités du Québec. Il demeure
préférable d'apporter des améliorations à la loi
actuelle qui relève du gouvernement du Québec."
Cette citation complète notre tour de la situation. De ce
portrait rapide, l'UMRCQ retient que toutes les autres provinces connaissent
des problèmes en matière d'ouverture des commerces.
Néanmoins, il semble que, là où les municipalités
peuvent restreindre les heures d'affaires décidées par les
paliers supérieurs, ces difficultés paraissent moins
évidentes.
Comme nous l'avons signalé dans notre préambule, les
particularités économiques des diverses régions
québécoises amènent les représentants de ces
communautés à concevoir différemment ce dossier. De plus,
l'évolution de la société québécoise ne se
vit pas de la même façon que l'on se trouve dans une région
centre ou périphérique et les choix qui découlent peuvent
varier. Pour résoudre ce dilemme, l'Union a fait appel à ses
municipalités locales et régionales membres et un questionnaire
administré auprès de ces dernières nous a permis de
connaître l'opinion de 577 d'entre elles - taux de réponses: 43,5
%; pour la répartition régionale, nous en donnons l'aperçu
en tableau et je vous épargnerai la lecture de ce tableau - sur les
aspects qui les intéressent directement: la possibilité que les
municipalités jouent un rôle en ce domaine; la possibilité
que la MRC joue un rôle en ce domaine; l'uniformité des pratiques
en ce domaine pour l'ensemble de la province; la possibilité que
certaines régions centrales et touristiques puissent jouir d'un
régime d'exception. Les autres aspects qui sont à la base de la
politique des heures d'ouverture n'ont pas été retenus par les
municipalités, ne faisant pas référence à leurs
compétences actuelles.
L'opinion des membres de l'UMRCQ. Pour ce qui est de la
possibilité que la municipalité joue un rôle en ce domaine,
c'est 89,9 % des membres qui ont répondu par la négative que la
municipalité locale ne peut et ne doit pas détenir de
compétence en matière d'heures d'ouverture des commerces. Comme
vous pourrez le remarquer dans le tableau 2, toutes les régions du
Québec répondent de la même façon, et là vous
pourrez bien sûr vérifier région par région quelle a
été la réaction des élus municipaux. À
propos de la possibilité pour la MRC de déterminer les heures
d'ouverture des commerces, 72,5 % des membres ont répondu non à
notre sondage. Vous pourrez remarquer, dans le troisième tableau, que la
réponse demeure unanime, quoique moins forte que dans le premier
cas.
Nous avons également posé une question sur
l'uniformisation des heures d'ouverture pour l'ensemble de la province. Vous
remarquerez que les tendances ne sont pas partout les mêmes et que
certaines régions croient que cela ne devrait pas être le cas.
Finalement, nous avons voulu savoir si nos membres accepteraient des
régimes particuliers pour certaines régions. Vous remarquerez que
les opinions divergent beaucoup plus ici que dans les questions
précédentes.
Comme nous avons pu le voir dans les résultats de notre
enquête, les municipalités locales et régionales membres de
l'UMRCQ sont opposées à un transfert de la compétence
gouvernementale de réglementer les heures d'ouverture des commerces au
Québec. Cette position est particulièrement forte dans le cas des
municipalités locales, où l'on considère qu'un transfert
à ce palier du gouvernement ne pourrait qu'engendrer des conflits avec
les municipalités voisines. Les répondants ont également
tenu à préciser qu'il ne leur appartient pas de décider de
ce choix de société qui doit être l'apanage de
l'Assemblée nationale du Québec. La réponse est cependant
moins catégorique pour ce qui est d'une éventuelle implication de
la MRC.
Cependant, pour ce qui est de l'uniformisation de la
réglementation, la région d'origine des répondants brise
cette unanimité. Pour des motifs de développement
régional, plusieurs membres désirent que les commerces puissent
ouvrir le dimanche ainsi que les soirs de semaine. Habituellement touristiques
ou à forte concentration de villégiature, ces régions
conçoivent leur développement à partir de ces types
d'activités et d'occupation du territoire. Comme exemple, prenons le cas
des MRC des Laurentides, des Pays-d'en-Haut, d'Argenteuil, de
Memphrémagog et de Charlevoix. Bien que leurs réponses sur le
rôle du gouvernement ne diffèrent que très peu de celles
des autres membres de l'Union, 71,4 % des municipalités membres de ces
MRC désirent bénéficier d'un régime
différent, que la politique d'ouverture des commerces sur leur
territoire puisse s'adapter à leur réalité et satisfaire
leurs besoins. (11 h 15)
Certaines municipalités ont tenu à préciser que,
même si elles considèrent cette compétence comme
étant d'abord provinciale, pour sauvegarder leur potentiel de
développement elles envisageraient de s'impliquer dans ce domaine si
cela était devenu nécessaire.
L'UMRCQ demande donc au gouvernement de définir une politique qui
pourra concilier les intérêts nationaux avec les
particularités et les besoins régionaux en matière
d'heures d'ouverture des commerces. Cette politique devra être ferme et
claire afin d'assurer son application à long terme. Le transfert direct
de l'ensemble de cette juridiction aux municipalités locales et aux
municipalités régionales de comté ne doit pas être
envisagé, mais dans l'hypothèse d'une politique nationale de
prolongation générale des heures d'affaires et pour respecter
l'opinion de plusieurs de nos membres, d'autres voies, comme la
possibilité pour le palier local ou régional de restreindre ces
heures d'ouverture, pourraient être étudiées.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. M. le
ministre.
M. Tremblay (Outremont): Merci beaucoup, M. Nicolet. Je vais vous
citer ce que j'avais dit au début de cette commission: "J'aimerais que
cette consultation publique soit le forum privilégié pour une
réflexion globale du dossier qui va au-delà de
l'intérêt personnel et immédiat de chacun." Et j'ai conclu:
"II est donc essentiel de garder une ouverture d'esprit constante dans la
recherche d'une solution." Ce n'est pas un dossier facile et, dans ce
sens-là, après avoir pris connaissance de votre mémoire,
je vous remercie d'avoir une ouverture d'esprit. C'est très
important.
J'aimerais également vous dire que souvent, au niveau
économique, on parle de développement régional et, dans
votre mémoire, vous démontrez clairement que les besoins d'une
région ne sont pas nécessairement les besoins d'une autre
région. Vous en pariez à la page 7 quand vous dites:
"L'évolution de la société québécoise ne se
vit pas de la même façon selon qu'on se trouve dans un
région centre ou périphérique et les choix qui
découlent peuvent varier." Vous le répétez encore à
la page 12 de votre mémoire, à la suite d'une consultation et
d'un sondage, parce qu'on voit clairement que dans certaines régions du
Québec comme la Mauricie-Bois-Francs, comme Lanaudière et les
Laurentides, au-delà de 60 % des gens considèrent que ce serait
important de moduler une loi en fonction des besoins régionaux.
Finalement, vous le répétez à la page 13, lorsque vous
dites: "Pour des motifs de développement régional, plusieurs
membres désirent que les commerces puissent ouvrir le dimanche ainsi que
les soirs de semaine."
Vous dites également qu'un des problèmes de la loi, c'est
que c'est un régime complexe d'exceptions. Ce régime ne pouvait
déborder que sur une situation inéquitable et obliger une
révision complète de la loi. Vous mentionnez, à la page
14: "Cette politique devra être ferme et claire afin d'assurer son
application à long terme." Donc, j'ai mentionné, au début
de la commission, que l'équité était un des principes
très importants et, si on ne voulait pas rouvrir ce dossier-là
dans un an, dans six mois, dans deux ans, il fallait avoir une loi applicable,
une loi gérable et une loi durable.
Ce qu'on reproche beaucoup au gouvernement, on lui dit: Le gouvernement
n'assume pas ses responsabilités, il n'est pas capable de
légiférer. Je veux vous rassurer, je vais déposer un
projet de loi au printemps. Ça, c'est important. J'ai une question
à vous poser. Si on libéralisait les heures d'ouverture pour le
Québec - évidemment, ça comprend le dimanche; je ne parie
pas des heures, je parie du principe - et si on permettait aux
municipalités un droit de retrait en fonction des besoins réels
ou du développement régional ou des zones touristi- ques... Ce
qu'on essaie d'éviter, ce sont les nombreuses exceptions qui,
aujourd'hui, paraissent inoffensh/es, mais ça crée des demandes,
ça crée de la concurrence illégale. On a juste à
regarder les zones limitrophes qui peuvent s'agrandir, les zones touristiques
qui peuvent s'agrandir, on regarde les besoins, de plus en plus, au niveau du
ministère, les demandes qu'on a pour des zones touristiques. C'est
rendu, par exemple, que les Galeries de la Capitale, à Québec,
nous font des demandes pour des zones touristiques; on voit jusqu'à quel
point on est rendu.
Une des possibilités qui pourrait être envisagée,
c'est de dire: Le Québec libéralise les heures d'ouverture, telle
heure à telle heure, et ça va inclure le dimanche. Et on dit: Si,
pour des besoins régionaux, si, à cause des coûts ou
à cause des implications, une municipalité décidait de
fermer, elle pourrait se retirer de l'ouverture. Comment vous réagissez
à ça?
M. Nicolet: Personnellement, M le ministre, je crois que cette
option répondrait à l'attente de nombreuses régions.
Évidemment, deux voies sont possibles, c'est Topting in" ou C'opting
out", en fin de compte.
M. Tremblay (Outremont): C'est ça, exactement.
M. Nicolet: Le Québec pourrait se définir un
régime uniforme pour l'ensemble du territoire avec la possibilité
d'un régime parallèle, ou auxiliaire ou modifié qui
répondrait davantage à l'attente des régions à
vocation touristique et de villégiature. À ce moment-là,
il serait peut-être possible au palier municipal d'exprimer une
préférence.
M. Tremblay (Outremont): Mais je fais, à cause des
représentations qu'on a eues, entre autres de l'Union des
municipalités, vous et également de nombreux intervenants... Les
gens sont venus nous dire: Ne laissez pas le choix de l'ouverture des commerces
aux municipalités Bon, donc, c'est ce que vous appelez Topting in".
M. Nicolet: C'est ça.
M. Tremblay (Outremont): Alors, j'essaie, et c'est une
hypothèse de travail... Je le répète encore une fois,
c'est difficile d'essayer de concilier les points de vue de tout le monde et
d'avoir une loi équitable où il y a le moins d'exceptions
possible. Je le répète encore pour être certain, parce que
je l'ai vu un peu dans votre conclusion, c'est un peu ce que votre conclusion
dit: Est-ce que ce serait applicable, parce que ce qu'on nous dit, c'est que,
si on légifère à la grandeur du Québec, on
forcerait les élus municipaux à prendre des décisions
très difficiles? Alors comment vous réagissez à
ça?
Vous êtes un élu municipal, est-ce que votre
décision serait plus difficile que la mienne?
M. Nicolet: Fondamentalement, oui, je pense qu'elle l'est, parce
que d'abord, et vous l'avez souligné tout à l'heure, la notion de
région touristique varie et est en constante évolution en
fonction de la croissance économique du territoire, mais le
découpage d'une telle région ne coïncide pas
nécessairement avec un découpage politique municipal, qu'on parle
du local ou de la MRC. C'est pourquoi, fondamentalement, il y a beaucoup
d'appréhensions de la part des élus municipaux d'être les
décideurs de première instance dans tout ce débat. Et
c'est pourquoi je pense que, si c'est dans le sens que va votre proposition, si
c'est tout simplement une correction de tir qui peut être apportée
en fonction de considérations particulières régionales,
à ce moment-là la tâche est peut-être
allégée pour le gouvernement municipal ou pour les
décideurs municipaux.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Orford.
M. Benoit: M. Nicolet, à la lecture de votre
mémoire, on s'aperçoit vite, en regardant les sondages, que la
vérité n'est pas toute sur le même côté.
Beaucoup, en commission parlementaire, sont venus nous dire qu'il fallait
absolument ouvrir, que c'est là qu'était le salut, d'autres qu'il
fallait absolument fermer, que c'est là qu'était le salut.
À la lecture de votre mémoire, on s'aperçoit que la
vérité n'est pas nécessairement toute sur le même
côté. Suite à la question du ministre, j'aimerais que vous
nous précisiez un peu ce qui est une zone touristique pour vous. Est-ce
qu'une cathédrale et un oratoire, c'est une zone touristique? Est-ce
qu'un lac ou un centre de ski, ça devient une zone touristique? Un gros
marché aux puces, comme on en a rencontré, où les
autoroutes bloquent le dimanche, est-ce que ça devient une zone
touristique? Un grand centre d'achats - le ministre en a fait mention - le
Stade olympique, qui a quatre étoiles dans le Guide Michelin, qui est le
plus haut gradé dans le Guide Michelin au Québec, est-ce que
ça devient un endroit touristique? Où est-ce que ça
commence et où ça finit, un site touristique au Québec, ou
une zone touristique?
M. Nicolet: En fait, c'est sûr qu'à un moment
donné il faut tâcher, et c'est peut-être là que toute
la réserve que j'exprimais tout à l'heure prend sa juste
mesure... C'est que la définition en soi n'est pas nécessairement
quelque chose de facile, mais il est évident, quant à moi, que,
pour qu'une région puisse être qualifiée de zone
touristique ou de villégiature, il faut qu'il y ait un achalandage
certain de villégiateurs ou de touristes, qu'il y ait un
équipement public et hôtelier pour les accueillir, qu'il y ait un
certain nombre d'activités et que ce soit essentiellement une
activité récréative et polyvalente qu'une clientèle
de l'extérieur vient chercher dans ce lieu touristique.
Bien sûr, il me semble aberrant de qualifier un simple
établissement commercial comme étant l'amorce ou un
élément critique pour déterminer la qualité
touristique d'un lieu. Là-dessus, je pense que les élus locaux,
par le biais des schémas d'aménagement, ont déjà
fait un travail de réflexion sur ce qu'ils considéraient
être des régions ou des secteurs touristiques de leur territoire.
Il y a peut-être moyen d'élaborer et de s'entendre, après
une recherche un peu plus approfondie sur le travail qui a été
fait non seulement par le ministère du Tourisme, mais aussi par les
populations impliquées dans la confection des schémas
d'aménagement régionaux.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Vous, M. Poirier, vous venez de la
Gaspésie?
M. Poirier (Jean-Guy): Oui, monsieur.
M. Tremblay (Outremont): II y a une exception de zone touristique
pour Percé et on peut comprendre pourquoi. Toutes les pentes de ski...
Par exemple, à New Carlisle, vous voulez commencer... Ce n'est pas fait
encore, mais je sais qu'on parle de pentes de ski. Si on regarde
également de plus en plus la thalassothérapie, ça devient
important au niveau touristique. L'aquiculture, la culture du saumon en eau
douce puis en eau salée, pour du développement régional,
si on veut aller au-delà... Parce que c'est mentionné dans votre
mémoire: "Cette politique devra être ferme et claire afin
d'assurer son application à long terme." Comment fait-on, comme
gouvernement provincial, pour dire: Une zone touristique, c'est peut-être
ça, ce n'est peut-être pas ça? Ne trouvez-vous pas que vous
êtes mieux placés, en fonction de l'évaluation de vos
besoins, de vos commerçants et de la population, pour prendre cette
décision-là? Donc, une des hypothèses de travail, c'est de
dire: Le Québec a décidé. Voilà les planches. Mais
au point de vue régional, et je prends votre exemple, la
Gaspésie, parce que c'est saisonnier, c'est très restreint, un
problème de chômage élevé, un problème au
niveau de la pêche, vous allez essayer de trouver des solutions pour
développer votre région.
M. Poirier: Je vous comprends, mais quand vous parlez
d'aquaculture et que vous parlez aussi de l'autre commerce comme tel, je ne
pense pas que ça nécessite l'ouverture des commerces. Par
exemple, je ne vois pas ce que l'aquaculture vient faire avec l'ouverture des
commerces le dimanche ou le soir, il y a certaines activités qui sont
directement reliées à l'ouverture des
magasins, je le conçois. Un exemple: à Percé
où il y a une affluence de touristes en été.
M. Tremblay (Outremont): Les pentes de ski, mettons.
M. Poirier: Les pentes de ski, en fin de compte, je ne vois pas,
excepté les services hôteliers. Normalement, les skieurs,
excepté dans des grands centres comme Québec ou Montréal,
vont faire du "shopping" le soir, mais je ne crois pas que ce soit le cas chez
nous au moment où l'on se parle.
M. Tremblay (Outremont): La boutique de ski qui est ouverte le
dimanche? Est-ce qu'on aurait le droit de l'ouvrir?
M. Poirier: Habituellement, la boutique de ski fait partie d'un
ensemble. C'est un bâtiment.
M. Tremblay (Outremont): Mais il n'y a pas d'exception dans la
loi pour la boutique de ski qui est ouverte. Elle est ouverte parce qu'il y a
une zone touristique.
M. Poirier: Oui, mais ce serait assez difficile pour des skieurs
de se rendre faire du ski dans un centre de ski où il n'y aurait pas de
skis disponibles. Je pense que c'est aussi important...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Outremont): Non, mais ce qu'on entend de certains
intervenants, c'est que ce n'est pas important d'ouvrir la boutique de ski,
parce que les gens arrivent normalement avec leurs skis, leur chandail et leur
manteau. Je vous donne des exemples d'exception qui créent un dilemme et
où les gens, pour servir les besoins de la clientèle... Il y a du
monde qui fait du ski, donc on ouvre une boutique de ski, on vend de la
nourriture, puis demain on va ouvrir d'autres choses. C'est pour ça que
je vous posais la question.
M. Poirier: II faut quand même comprendre que, dans le
contexte gaspésien, si je parle du territoire gaspésien comme
tel, tous les élus municipaux ne sont pas favorables à
l'ouverture des commerces le dimanche. Il y a plusieurs explications à
ça. Quand on essaie de nous dire que le fait d'ouvrir des commerces le
dimanche va créer des emplois supplémentaires, j'aimerais voir la
personne assez savante pour être capable de me le prouver. (11 h 30)
M. Tremblay (Outremont): D'accord, M. Poirier. Je suis
entièrement d'accord avec vous. Il n'y a personne qui soit pour ou
contre qui est venu nous prouver ça par écrit. Je l'ai
demandé à tous les intervenants. Je suis entièrement
d'accord avec vous. Mais Percé, n'est-ce pas dans votre région
ça?
M. Poirier: Percé, c'est dans ma région, mais c'est
quand même à 130 kilomètres de chez...
M. Tremblay (Outremont): Je sais, mais ce n'est pas loin.
M. Poirier: Non, ce n'est pas loin.
M. Tremblay (Outremont): 130 kilomètres, ce n'est pas loin
si on se met d'ici. Mais on nous demande une exception C'est une exception,
Percé, c'est une zone touristique.
M. Poirier: Définitivement. À ce moment-là,
il pourrait y avoir une exception pour un secteur désigné, mais,
de là à en faire une règle générale parce
qu'à l'intérieur d'un territoire aussi vaste que le nôtre
il doit y avoir une exception, je pense qu'on devrait faire l'exception et la
balance, la laisser comme elle est à l'heure actuelle, avoir le statu
quo.
M. Tremblay (Outremont): Ne trouvez-vous pas, pour des raisons de
développement régional et pour toutes les raisons
expliquées dans le mémoire ici, que vous êtes mieux
placés que le gouvernement du Québec pour décider
ça dans votre région?
M. Poirier: Écoutez, M le ministre, depuis quelques
années, le gouvernement du Québec nous trouve drôlement
bien placés dans plusieurs secteurs.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Outremont): Je le sais, que ce n'est pas facile,
mais il ne faut pas mêler les dossiers.
Mme Marois: Vous êtes ministre et membre du gouvernement,
quand même.
M. Tremblay (Outremont): Oui, oui. Oui, oui.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Taillon.
Mme Marois: Merci, M. le Président. Je vous souhaite la
bienvenue au nom de ma formation politique. Vous connaissez sans doute la
position que nous défendons, qui va vers un resserrement des
critères et qui va vers une fermeture plus étanche des commerces
le dimanche en conservant des notions de dépannage.
Ça m'agace toujours un peu quand le ministre prend un exemple
comme celui d'un centre de ski, qui a une boutique pour nous accommoder si on
perd son bâton, si on casse
son ski ou si on perd sa tuque. Ça m'agace toujours un peu parce
que, évidemment, je me dis que même si le commerce était
ouvert à deux kilomètres plus loin, sur la rue, parce qu'on a
permis la libéralisation des commerces le dimanche, est-ce que la
personne partirait du centre de ski pour aller acheter sa tuque à deux
kilomètres plus loin? Je ne suis pas sûre. Donc, je trouve qu'on
pose un problème, mais qu'on peut encadrer. C'est mon point de vue.
Je vais en donner un autre aussi parce que c'est important. Les gens de
l'Union des municipalités qui vous ont précédés
m'ont dit après: Ce n'est pas nécessairement très clair.
Ce qu'il faut savoir, c'est que, dans la loi actuelle, c'est vrai qu'il y a des
exceptions, mais des exceptions qui sont très bien balisées et
qui rejoignent beaucoup les exceptions que proposait le rapport Richard qui
s'était déjà penché sur la question. D'ailleurs, le
député est présent avec nous, ce matin. Donc, les
exceptions qui étaient là étaient des exceptions
balisées. Dans ce sens-là, les exceptions qui se sont
créées par la suite se sont créées sur l'initiative
du gouvernement actuel par décret ministériel, et ce
n'était pas la loi que nous avions adoptée comme gouvernement.
Alors, je veux juste qu'on se le dise. Il y avait quand même des
exceptions, mais elles étaient balisées.
M. Tremblay (Outremont): Les piscines.
Mme Marois: Oui, il y en a trois que j'identifie assez bien: les
piscines, les monuments funéraires...
M. Tremblay (Outremont): O.K.
Mme Marois: II y avait deux exceptions, à mon point de
vue, qu'on pouvait questionner. Mais, pour le reste, le ministre avait le
loisir de décider d'accorder d'autres exceptions.
M. Tremblay (Outremont): Non, mais ce n'est pas juste notre
gouvernement. Partageons au moins la responsabilité...
Mme Marois: Je suis d'accord, je vous dis ça depuis le
début, M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): ...parce que pour les piscines et
l'autre ce n'est pas le présent gouvernement.
Mme Marois: Je suis d'accord avec vous, je vous dis ça
depuis le début. Cela étant dit, je vais m'adresser à vous
et, en particulier, à M. Poirier. Vous confirmez que non seulement
personne ne nous a prouvé que ça créerait de l'emploi,
mais actuellement il commence à entrer un certain nombre de documents
parce que le ministre a souhaité que la commission soit le plus
éclairée possible. Je partage son point de vue, bien sûr.
Donc, on a demandé souvent à des gens qui sont venus nous
présenter des mémoires de compléter leur mémoire.
On a eu un mémoire qui s'est ajouté, ce matin, d'un professeur de
l'Université de Sherbrooke. Ce qu'il nous dit, c'est que l'ouverture des
marchés d'alimentation en Alberta, par exemple, a fait varier de
quelques heures le nombre d'heures-personnes nouvelles en termes d'emploi.
Donc, c'est insignifiant et marginal. Les mémoires et les documents qui
ont été faits par le ministère et partout ne
peuvent pas arriver à prouver qu'il y a un impact réel sur
l'emploi si on augmente les heures d'ouverture.
Revenons maintenant à la zone touristique. J'ai une
préoccupation là-dessus aussi et je n'ai pas pu, malheureusement,
à cause du temps, poser la question à l'Union des
municipalités qui vous a précédés. Dans la loi
actuelle, il y a une série d'exceptions que le rapport Richard
recommandait de conserver et avec lesquelles on est assez à l'aise aussi
de notre côté, c'est-à-dire qu'ils pourraient ouvrir le
dimanche. D'abord, on sait que les établissements de loisirs, de
restauration, c'est ouvert; ce n'est pas concerné, on n'en parle pas,
là. Mais on parlait ici, par exemple, d'oeuvres d'art, si elles sont
créées par un artiste québécois et vendues par cet
artiste ou par le ou les représentants de regroupements ou
d'associations dont cet artiste est membre; d'antiquités ou de
marchandises usagées; de fleurs ou de produits d'horticulture; de
denrées alimentaires si, évidemment, chaque jour où le
commerce est ouvert, il n'y a jamais plus de trois personnes en place.
Est-ce que ça, dans une zone touristique, compte tenu qu'il y a
les librairies aussi et les tabagies, ça ne permet pas de
répondre aux besoins du touriste qui vient? Pas nécessairement
pour aller s'acheter un produit de consommation habituel qu'il va trouver, dans
le fond, le samedi ou le lundi, mais il vient peut-être pour des
particularités propres à une région qui sont, entre
autres, ces artisans, ces artistes, qui sont l'accès... Au moins une
journée par semaine, en tout cas, on dit: Eux auront un certain
privilège, oui, ce sont des gens qui sont des créateurs de leurs
produits. Il y a la restauration. Bon.
Alors, est-ce qu'il n'est pas imaginable que ça soit satisfaisant
pour les gens qui viennent faire du tourisme? Quand on me parle des
établissements de thalassothérapie, je pense, à moins que
je ne me trompe, que c'est beaucoup plus relié à des
établissements d'hébergement qui offrent en sus des services de
soins légers de santé, si on veut. Donc, je trouve que ça
se compare difficilement à un magasin qui vend, je ne sais pas, moi, des
vêtements; ce n'est pas du même ordre. Oui, allez, j'aimerais vous
entendre sur ça.
M. Nicoiet: Mme Marois, bien sûr, comme vous le mentionniez
en préambule, je suis
conscient de la politique et de la position que vous avez
défendue et je la respecte, puisqu'elle recoupe finalement...
Mme Marois: Beaucoup d'éléments de votre
position.
M. Nicolet: ...beaucoup d'éléments de prise de
position de l'ensemble de nos membres. Je pense que, là-dessus, le
Québec profond a certaines valeurs, au niveau des heures d'ouverture,
qu'il n'est pas prêt d'abandonner. Par contre - et là, je me
permets de nuancer mon propos en fonction du chapeau particulier que je porte,
étant au-delà de mes responsabilités de président
de l'UMRCQ - je m'adonne à venir d'une région qui, elle,
prétend tirer un revenu important de ses activités d'heures
d'ouverture prolongées; pour ne pas la nommer, c'est la MRC de
Memphrémagog. La MRC de Memphrémagog est à la fois
région touristique et a la fois région de villégiature.
Vous dites: Ça ne crée pas d'emploi. Bien sûr que ça
ne crée pas d'emploi, mais le couple avec ses enfants qui arrive le
vendredi soir ou le samedi dans le courant de la journée, qui veut
magasiner pour la fin de semaine, pour une période de vacances, ces
gens-là arrivent avec leur "station wagon", ils amènent toute la
parenté, ils n'ont pas fait leurs courses à Montréal parce
que la voiture était pleine, ils arrivent en région et ils
s'attendent à avoir des services. C'est sûr que ce que le vendeur
de Montréal ne leur a pas vendu, c'est le vendeur de Magog qui va leur
vendre.
Mme Marois: Oui, c'est ça. On s'entend bien. Ça va,
ça.
M. Nicolet: On s'entend que c'est un transfert, mais c'est un
transfert qui, pour certaines régions, est critique. Tout ce qu'on
essaie de souligner, c'est que la réalité est polyforme. C'est
que ce qui est important pour l'activité économique, en fonction
de la villégiature, du tourisme ou de tous les apports
extérieurs, de la proximité des frontières
américaines, où ils sont en compétition avec certaines
pratiques commerciales aux États-Unis C'est une réalité
pour une région qui n'est pas nécessairement celle de l'ensemble
du Québec. C'est tout ce qu'on essaie de dire.
Mme Marois: Je comprends bien votre point de vue et je pense que
c'est bien nuancé aussi. Mais est-ce que ça nécessite
vraiment l'existence d'une zone touristique, l'ouverture de tous les
commerces?
M. Nicolet: Ah non! C'est sûr que ce sont des besoins
très particuliers et sélectifs. Mais comment on fait la
distinction? C'est ça, je pense, que les élus municipaux vous
disent unanimement. Ce n'est pas à nous de décider...
Mme Marois: D'accord. O.K. Ça va.
M. Nicolet: ...si c'est quatre employés, trois
employés et demi, deux employés; ce n'est pas à nous de
faire ce genre de distinction.
Mme Marois: O.K.
M. Nicolet: Mais tout ce qu'on essaie de vous dire, c'est qu'il y
a une réalité qui est importante au point de vue...
Mme Marois: Et vous voulez qu'on ..
M. Nicolet: Et vous avez mentionné les artistes...
Mme Marois: Oui.
M. Nicolet: l'artisanat II y a toute une série de
fonctions qui sont importantes en région pour la survie même de
ces milieux.
Mme Marois: Oui. Et que la loi prévoyait
déjà de toute façon quand elle avait été
adoptée en 1984. Est-ce que... Une des questions qui se soulèvent
ici, c'est l'applicabilité. On dit: C'est une loi qui sera toujours
compliquée à appliquer parce que, qu'on le veuille ou non, si on
resserre, il y aura des exceptions. Vous le mentionniez et on est d'accord
aussi qu'il y en ait Bon. Mais généralement ce sera fermé
le dimanche sauf qu'on permettra un certain nombre d'exceptions de
dépannage, d'artistes, bon, etc. Et une des préoccupations qu'on
a ici à la commission, c'est dire: Est-ce qu'une loi comme
celle-là serait applicable? Vous avez de l'expérience dans le
monde municipal et vous en appliquez des lois et des règlements
municipaux de toute sorte, hein. Je ne veux pas entrer dans le détail
Est-ce qu'il vous apparaît... Là, je ne vous dis pas: Vous, comme
municipalité, vous auriez à l'appliquer mais. . Imaginons que le
gouvernement a à appliquer la loi. Il a des inspecteurs. Il a tout
l'appareillage qu'il faut. Est-ce que ça vous apparaîtrait, une
loi qui resserrerait un peu les critères, qui, bon, travaillerait un
petit peu sur les amendes, bien sûr, applicable?
M. Nicolet: Applicable par les...
Mme Marois: Par les gens d'un ministère, là. En
autant qu'il y a, évidemment, les inspecteurs qu'il faut et le nombre de
personnes pour surveiller. Parce qu'on nous dit: C'est tellement
compliqué. Il y a tellement d'exceptions. Et comment contrôler
trois personnes en tout temps dans une boutique, bon? Alors, c'est tellement
compliqué Les gens ont essayé de passer à
côté, donc, dans le fond, je dirais l'attitude, c'est:
Démissionnons devant ça et n'en faisons pas de lois, comme
ça, on n'aura pas besoin d'en appliquer. Je charrie et je pousse
à
l'extrême mais c'est une des hypothèses qui est devant
nous. Alors, il faut aussi la voir. Si des personnes veulent...
M. Nicolet: Le danger de toute loi, c'est un peu peut-être,
si vous me permettez un parallèle avec ce qu'on vit en matière
d'environnement, c'est qu'on a créé une réglementation
d'une rigueur, en fait, d'une logique implacable. Mais ce qu'on a
malheureusement complètement évité, évacué,
c'est toute la réflexion sur les mécanismes d'application de ces
lois et règlements. Il me semble que l'analogie n'est peut-être
pas si mauvaise. En environnement, on se retrouve aujourd'hui dans une
situation, et vous me permettez de "digresser", mais, en environnement, on se
retrouve dans une situation où, effectivement, le gouvernement n'a
d'autre choix, et le ministère de l'Environnement l'a bien dit, que de
trouver des mécanismes par lesquels il va pouvoir mobiliser le pouvoir
municipal et les ressources de fonctionnaires municipaux pour assurer une
certaine surveillance minimum tout simplement parce que les coûts sont
prohibitifs. Je ne sais pas, étant donné la grandeur et les
distances, la diversité du Québec, au niveau des heures
d'affaires, toutes proportions gardées, mutatis mutandis, on n'a pas une
problématique du même ordre qui, comment...
Mme Marois: À ce moment-là, est-ce que-Oui.
M. Nicolet: ...quand, de quelle manière...
Mme Marois: Est-ce que vous seriez prêts à aller,
c'en est une des questions qui est soulevée ici aussi, à assumer
la responsabilité de l'application avec, évidemment, une
compensation où vous allez chercher les amendes ou enfin...
M. Nicolet: Non, là-dessus, je pense que, malheureusement,
la réponse, enfin, selon le point de vue que vous prenez, mais je doute
fortement que les administrations municipales soient prêtes à
assumer cette responsabilité. On n'a pas posé la question mais je
présume de la réponse.
Mme Marois: D'accord. Oui, ça semble être le cas.
D'accord. Je reviendrai plus tard avec d'autres questions.
M. Tremblay (Outremont): J'ai...
Mme Marois: Allez-y. Non, allez-y. C'est à votre tour.
M. Tremblay (Outremont): Non. J'aimerais mieux poser la question
là comme elle doit être posée. Si jamais il y avait des
amendes importantes de l'ordre de 3000 $, les municipalités ont des
inspecteurs municipaux, une cour municipale et la police, et si, dans le
meilleur intérêt de la population et de tous les
commerçants et le développement de votre région, on vous
demandait, en retour des amendes, de superviser l'application de la loi, est-ce
que vous auriez des objections à ça?
M. Nicolet: M. le ministre, je dois réserver... sur cette
question parce qu'il faudra absolument qu'on étudie ça de
beaucoup plus près. (11 h 45)
M. Tremblay (Outremont): Très bien. Ça, c'est
clair. Et je ne vous demande pas de réagir tout de suite. C'est bien,
ça.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Nicolet-Arthabaska.
Une voix: Yamaska.
Le Président (M. Bélanger): Yamaska, excusez,
oui!
M. Richard: M. le Président, c'était
Nicolet-Yamaska, mais c'est exactement le sens de la question de M. le
ministre. C'est suite à la question de Mme Marois. C'est dans
l'hypothèse que nous faisions, nous, la loi-cadre, qu'on faisait les
balises d'une façon très stricte de l'applicabilité sur le
terrain soit par l'inspecteur municipal ou par le corps policier, avec tout
l'avènement des amendes qui feraient aussi partie de la structure de la
loi-cadre au niveau des montants très spécifiques. On sait qu'on
a à vérifier de la fosse septique en montant, actuellement, avec
nos inspecteurs municipaux. Alors, est-ce qu'il n'y aurait pas
possibilité d'applicabilité de ça? Puisque, de toute
façon, si on demeure dans une... la masse des municipalités au
Québec sont de petites municipalités où quand même
on a très peu d'employés municipaux.
Mais ces employés municipaux, actuellement, que nous payons de
plus en plus vraiment... Ce ne sont pas des temps partiels. On en vient
maintenant à des inspecteurs municipaux qui relèvent de la MRC ou
qui relèvent de trois ou quatre municipalités et, ensemble, on se
dote d'un employé qui nous appartient. Maintenant, est-ce qu'il n'y
aurait pas lieu de donner cette tâche additionnelle qui pourrait
peut-être aider justement à payer cet employé-là,
maintenant qu'il est un employé permanent?
M. Poirier: J'aurais une remarque à faire. Quand vous
dites que l'inspecteur municipal ferait respecter les règlements... Dans
des régions comme la mienne où l'inspecteur municipal est
inspecteur municipal, inspecteur à bâtiments, inspecteur agraire,
inspecteur aux préjudices, à l'agriculture, etc., bien vite, ce
monsieur-là va être obligé de se promener avec un
revolver sur la hanche. Bien, écoutez un peu, M. le
ministre...
M. Tremblay (Outremont): M. Poirier, ce qu'on dit,
là...
M. Poirier: Le règlement de contrôle
intérimaire, le schéma d'aménagement. Je peux vous en
nommer et ça...
M. Tremblay (Outremont): Non, mais, je...
M. Poirier: Et vous avez encore des municipalités avec des
employés à mi-temps.
M. Tremblay (Outremont): M. Poirier, je comprends que vous
pouviez dire non. Mais la seule chose... Essayons dans l'ouverture d'esprit que
vous avez eue, puis je sais que ce n'est pas facile à cause de tous les
autres dossiers. Ce n'est pas une question de vous...
M. Nicolet:...
M. Tremblay (Outremont): Je le sais, M. Nicolet. Je le sais
puis...
Mme Marois: II y en a d'autres avant vous qui nous l'ont fait
valoir! Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Outremont): Mais, je le sais, M. Nicolet. Mais le
but de ça ne serait pas pour le gouvernement de vous dire: Assumez une
responsabilité. Au contraire, la police sur le terrain, ce n'est pas
votre inspecteur municipal. Ce sont les commerçants qui, eux, font une
plainte. Alors, au lieu d'appeler à Québec, ils appelleraient,
mettons, la police. La police, tout ce qu'elle aurait à faire, c'est
comme un accident; elle ferait un constat. Ils iraient en Cour municipale puis,
si l'amende, c'est 3000 $, vous les mettez dans vos coffres puis vous payez la
police pour la demi-heure qu'elle a prise, ou l'inspecteur, pour aller
là. C'est juste ça qu'on dit, là.
Je comprends peut-être qu'en Gaspésie, à cause des
distances, ça peut être un problème, mais il me semble que
c'est une source de revenus qui ne vous coûte rien dans le fond. Vous
n'avez pas besoin de nous donner la réponse aujourd'hui. On aura
peut-être la chance d'en reparler, parce que, quelles que soient les
solutions envisagées, je pense que celle-là, dans le meilleur
intérêt de l'équité pour tous les
commerçants, serait peut-être une possibilité, une
hypothèse de travail.
M. Richard: Si vous permettez, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
M. Richard: En fait, dans ma propre région, il y a une
demande pour un inspecteur municipal pour une petite municipalité de
1800 personnes et on demande deux ans de connaissance du droit. Donc, on est
assez loin de l'inspecteur municipal qui était la personne du village
avec du gros bon sens et on ajoute beaucoup de technique. Puis c'était
à cause, M. Poirier, exactement ce que vous dites, de tout l'ensemble
des lois. Puis ça pourrait s'ajouter comme responsabilité et
peut-être une rentabilité derrière ça aussi, sans
discuter sur le fond de la loi. Il faudrait que ce soit très bien
balisé.
M. Poirier: Excusez-moi, mais ça me porte à vous
dire avec ma... Ça fait treize ans que je suis en affaires municipales
et, chaque fois qu'on a reçu des responsabilités du gouvernement,
il n'est pas resté tellement de sous dans nos poches.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Richard: J'y ai vécu quinze ans de temps. Vous n'avez
pas tout à fait tort!
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Marois: Ça concorde, en tout cas, comme opinion,
d'après ce que je peux percevoir! Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Taillon, est-ce que vous aviez quelques questions
encore?
Mme Marois: Ça va. Moi, je pense avoir fait pas mal le
tour. Il y a peut-être une chose sur laquelle on n'est pas revenus Et on
a posé à vos prédécesseurs à la table cette
question-là, sur les coûts aussi qui s'ajouteraient au fait que
l'on passe à une libéralisation complète des heures
d'ouverture le dimanche... Là, je m'explique. On ouvre l'alimentation,
mais on ouvre aussi l'ensemble des commerces. Alors, on dit, évidemment,
que ça créera une pression pour les services municipaux.
Évidemment, ce n'est pas nécessairement des grandes
concentrations comme Québec ou Montréal. Mais vous avez quand
même des villes de taille importante qui sont dans vos
régions.
Est-ce que vous êtes capables d'évaluer ou de quantifier
cet aspect, d'une part? Et, d'autre part, est-ce que dans les conventions qui
vous lient à vos travailleurs et à vos travailleuses il y a des
clauses qui prévoient du paiement en temps supplémentaire ou en
temps et demi ou peu importe, si on travaille le samedi et le dimanche?
M. Nicolet: Essentiellement, bien sûr, c'est un
problème urbain plus qu'un problème rural.
Mme Marois: C'est ça. J'étais consciente de
ça.
M. Nicolet: À première vue, c'est une question...
L'expérience que nous avons, en tout cas, est que les services du
déneigement et autres s'offrent sept jours par semaine et, de toute
façon, je ne pense que pas ça change énormément la
facture en bout de piste. Bien sûr que nous avons tous des dispositions
particulières quant au travail en fin de semaine pour nos
fonctionnaires.
Mme Marois: Quelles sont-elles ces dispositions? Est-ce que c'est
de l'ordre d'un double paiement horaire?
M. Nicolet: Le dimanche, oui, sans ça c'est temps et demi,
enfin ça varie d'une convention à l'autre, je pense pas qu'il y
ait de règle générale qu'on puisse déposer ici.
Mme Marois: D'accord. C'est vrai que vos municipalités,
peut-être, commandent moins des services plus élaborés
parce que des commerces ouvriraient le dimanche, comparées à une
ville comme Quebec ou Montréal où ça aurait un impact
sûrement. J'imagine que sur un service de surveillance policière
ou des choses comme ça...
M. Nicolet: De toute façon M. le ministre faisait allusion
tout à l'heure à une police. Vous n'êtes pas sans savoir
que nos membres n'ont que rarement les services policiers.
Mme Marois: Je sais.
M. Nicolet: Alors que je pense que ce n'est pas... La
problématique ne se pose pas dans ces termes-là.
Mme Marois: Je connais bien. Alors, en ce qui me concerne,
ça va. Ça m'a fait plaisir de vous entendre et de vous recevoir.
Je suis très heureuse de l'éclairage que vous nous apportez, vu
sous votre angle et selon votre point de vue.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la
députée de Taillon. M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Merci beaucoup, M. Nicolet, M. Poirier,
M. Fernet, M. Château-vert. Je sais que vous vivez des moments
spéciaux. Vous avez beaucoup de préoccupations. Vous avez pris le
temps de venir nous voir avec une ouverture d'esprit. Dans ce sens-là,
je vous remercie beaucoup. On va prendre en considération vos
suggestions dans la décision que nous aurons à prendre. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Bélanger): Bien. La
commission...
M. Nicolet: Merci beaucoup.
Le Président (M. Bélanger): La commission de
l'économie et du travail remercie l'Union des municipalités
régionales de comté et des municipalités locales du
Québec inc. pour sa participation et informe les membres de la
commission que l'on suspend les travaux jusqu'à 15 heures 30.
Mme Marois: Est-ce qu'on ne peut pas essayer de suspendre nos
travaux jusqu'après la période de questions, si on peut rejoindre
nos invités pour qu'ils y soient?
Le Président (M. Bélanger): Oui, histoire de finir
plus tôt.
Une voix: II n'y a pas un vote à faire? Mme Marois:
II y a un vote?
Le Président (M. Bélanger): S'il y a un vote
après la période des questions...
Mme Marois: Immédiatement après le vote?
Le Président (M. Bélanger): Oui, c'est le vote
reporté. Après le vote on sera ici et on commencera.
D'accord?
Mme Marois: Après le vote. D'accord. Le
Président (M. Bélanger): Merci. (Suspension de la
séance à 11 h 53)
(Reprise à 15 h 43)
Le Président (M. Bélanger): Je demanderais à
chacun de bien vouloir prendre sa place afin que la commission de
l'économie et du travail puisse procéder à une
consultation générale et à des auditions publiques sur les
modifications à apporter à la Loi sur les heures d'affaires des
établissements commerciaux.
Cet après-midi, nous recevons la ville de Montréal. Je les
inviterais à s'approcher à la table des témoins.
Bonjour. Vous connaissez définitivement nos règles de
procédure.
M. Perreault (Robert): Pas tant que ça, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous fais confiance
là-dessus. Alors, vous avez, m'a-t-on dit, 30 minutes ou moins pour la
présentation de votre mémoire et, par la suite, il y aura une
période d'échanges avec les parlementaires. Alors, je vous
prierais de vous présenter et de présenter vos porte-parole, et,
s'il vous plaît, de procéder à la présentation de
votre mémoire. Merci.
Ville de Montréal
M. PerreauK: Je vous remercie, M. le Président. Je peux
rapidement vous présenter les personnes qui m'accompagnent: M.
Beauchamp, conseiller à la ville de Montréal, conseiller
associé aux questions économiques; M. Moisan, attaché
politique, M. Dupras, commissaire à la CIDEM, la Commission d'initiative
et de développement économique de Montréal.
M. le Président, M. le ministre, mesdames et messieurs, bien
sûr que, dans un premier temps, je souhaite remercier le gouvernement et
la commission qui nous fournissent l'occasion d'élaborer aujourd'hui un
peu les positions de l'administration municipale de Montréal sur ce
dossier.
Je n'ai pas l'intention de lire notre mémoire; je pense que tout
le monde l'a reçu dans les délais prévus. Toutefois, je
souhaiterais, bien sûr, réserver peut-être plus de temps
pour les échanges avec la commission. J'imagine que c'est
peut-être ce qui serait le plus souhaitable. Toutefois, vous me
permettrez quand même d'en tracer les grandes lignes et peut-être
surtout d'en dégager ce qui, à mon avis, est peut-être
l'essentiel de la position de l'administration municipale de
Montréal.
Je dirais que, dans sa décision de convoquer la commission sur
cette question, le gouvernement du Québec a interpellé
l'administration municipale de Montréal de deux façons. Bien
sûr sur les enjeux de fond, à savoir: doit-on ou pas
élargir les heures d'ouverture des commerces le dimanche? et
également sur la question du rôle des municipalités dans
l'application de la loi.
Vous me permettrez peut-être d'aborder le deuxième volet
qui peut être réglé un peu plus rapidement. Notre
mémoire là-dessus est assez explicite. Je crois également
que vous avez eu l'occasion d'entendre le point de vue de l'Union des
municipalités du Québec, de l'Union des municipalités
régionales de comté du Québec. Sans avoir suivi
personnellement tous les travaux de la commission, j'ai cru comprendre, que
l'on soit des tenants du pour ou du contre l'élargissement des heures
d'ouverture, qu'il y a au moins une chose qui fait consensus, sinon
l'unanimité, c'est que la responsabilité de la loi sur cette
question, de même que son application, doit relever du gouvernement du
Québec. Évidemment, la ville de Montréal partage ce point
de vue, d'autant plus - et j'avais eu l'occasion de faire valoir ces
arguments-là il y a quelque temps au ministre Tremblay - que le
problème de l'application, dans le cas de la région de
Montréal, nous semblerait particulièrement difficile si on devait
y aller du côté d'une responsabilité municipale, compte
tenu de la configuration de l'agglomération urbaine de la grande
région de Montréal.
Alors, donc, je prends un peu pour acquis que, sur ces questions, la
commission a déjà entendu beaucoup de commentaires qui vont tous
dans le même sens et, conséquemment bien sûr, nous
souhaitons que le gouvernement du Québec les retienne dans ses
décisions finales
La commission siège sur cette question depuis longtemps. Je pense
qu'elle a entendu beaucoup de commentaires, beaucoup d'arguments sur plusieurs
des dimensions qui sont en cause. Vous avez sûrement entendu des
arguments relatifs aux marchés aux puces, à la valeur de ce qui
s'y vend, à la question: Est-ce qu'on doit ou pas vendre des arbres de
Noël lorsqu'on vend des piscines, à la création possible
d'emplois d'étudiants dépendamment des choix que l'on fait, aux
coûts supplémentaires, éventuellement, de toutes ces
opérations et également à un certain nombre de
débats de société concernant les valeurs de notre
société. Il vous appartiendra, bien sûr, de faire la part
de toutes ces idées que vous avez entendues, de tous ces arguments. Je
pense qu'il est vrai qu'il y a là effectivement un choix de
société.
Toutefois, au nom de l'administration municipale et un petit peu
indépendamment des idées personnelles que je peux avoir dans ce
dossier, je pense que le principal propos qui est émis aujourd'hui et
sur lequel je voudrais sensibiliser les membres de cette commission - il me
semble, de ce point de vue là, que c'est vraiment le rôle de
l'administration municipale de le faire puisque le gouvernement nous a
interpellés sur cette question - c'est, bien sûr, concernant la
conviction qui est la nôtre des impacts négatifs possibles sur la
vitalité et le développement des artères commerciales de
Montréal si l'on devait aller du côté d'un
élargissement des heures d'affaires le dimanche et, par
conséquent, à terme, éventuellement, sur la qualité
et le nombre de services qui sont accessibles à la population de
Montréal dans ses divers quartiers. Il s'agit pour nous de la question
principale et c'est celle sur laquelle nous voulons attirer l'attention de la
commission Ces impacts, à notre avis, malheureusement, ne sont pas, au
moment où on se parle, suffisamment évalués et ils n'ont
pas été évalués dans le document dont nous avons pu
prendre connaissance. Je pense, de ce point de vue là, me faire le
porte-parole, au nom de l'administration municipale, de la grande
majorité des commerçants de Montréal et également
parler dans le sens de l'intérêt de la population de
Montréal.
Je voudrais tout de suite peut-être clarifier notre position.
L'administration municipale et je pense également que les
commerçants de Montréal sont très conscients qu'il est
intervenu des changements dans les habitudes des consommateurs au
Québec. Et, de ce point de vue là, nous sommes d'accord avec le
gouvernement comme quoi le statu quo n'est plus possible actuellement. Et nous
saluons la nécessité de clarifier la situation.
Mais également, dans un esprit de prudence,
tout en poursuivant un certain nombre des objectifs d'efficacité
avec peut-être moins d'effets dommageables, il nous semble, quant
à nous, plutôt souhaitable de revoir, dans un premier temps, les
heures d'ouverture en semaine, la plage des heures d'ouverture en semaine,
quitte, plus tard, si les réactions qu'elles entraînent sont
positives, à revenir sur ce débat et à envisager des
heures d'ouverture le dimanche.
En effet, que la révision, pour satisfaire les besoins des
consommateurs, non pas l'extension, mais la révision de la plage
d'heures en semaine, nous semblerait à court terme une mesure plus
prudente, susceptible d'atteindre les objectifs que le gouvernement se fixe ou,
enfin, que certains groupes recherchent et, en même temps,
d'éviter que l'on s'engage dans une voie qui, à terme, pourrait
causer un certain nombre de problèmes.
Je voudrais peut-être rappeler brièvement un petit peu,
c'est quoi le commerce à Montréal, c'est quoi la structure
commerciale de Montréal pour une bonne part. Dans le mémoire,
nous évoquions plus de 10 000 commerces de détail sur les rues de
Montréal. Dans les faits, il y a plus de 12 000 commerces sur les rues
commerciales de Montréal. Beaucoup sont des commerces qu'on pourrait
qualifier de à caractère familial. On emploie plus de 50 000
personnes dans ce type de commerces. J'en exclus les grandes chaînes.
Évidemment, la plupart de ces 50 000 employés sont à temps
plein, mais il y a également beaucoup d'emplois temporaires
créés par ces commerces sur rue.
Une bonne partie de la vie des quartiers de Montréal, de la vie
de la population s'est organisée autour de ces principales
artères commerciales. On en dénombre une centaine: 76 sont
sûrement parmi les plus importantes, 26 sont sûrement encore parmi
les plus importantes et les SIDAC qui sont avec moi en représentent un
certain nombre, qui sont les plus déterminantes.
On pourrait peut-être se rappeler un petit peu - je n'étais
pas, à ce moment-là, en position peut-être de faire ce
genre de débat - que, dans le début des années soixante,
le commerce sur rue, à Montréal, était en chute libre; il
connaissait des difficultés majeures. Tout ça s'accompagnait d'un
mouvement général de déplacement des populations vers les
couronnes, la création de grands centres commerciaux.
Il y a eu des interventions importantes de faites. On se rappelle, bien
sûr, que le métro de Montréal a sûrement permis,
d'une certaine façon, par son effet structurant, de sauver un peu la
situation et de sauver le centre-ville de Montréal. Il y a eu
également de la part de l'administration qui nous a
précédés un moratoire sur la création de nouveaux
centres commerciaux, qui est d'ailleurs toujours en vigueur. Dans le même
esprit, \e plan d'urbanisme que l'administration a rendu public à
l'égard du centre-ville limite le développement des grandes
surfaces commerciales sur le territoire de Montréal.
Il y a eu également entre l'administration municipale et le
gouvernement du Québec un programme conjoint, qu'on a appelé le
programme ReviCentre, qui visait, justement, à revitaliser les
artères commerciales de l'ensemble de ce qu'on a appelé les rues
principales des villes du Québec. De ce point de vue là, nos
artères commerciales sont un petit peu les rues principales dans chacun
de nos quartiers qui regroupent, des fois, 100 000 personnes, 50 000 personnes.
Ce sont un peu nos rues principales. Il y a eu, donc, un programme de
revitalisation de ces artères commerciales dans lequel le gouvernement
du Québec et l'administration municipale ont mis conjointement
près de 30 000 000 $. Les commerçants eux-mêmes du secteur
privé ont rajouté au moins le double pour un total
d'investissements de 90 000 000 $ au cours des dernières années
dans la revitalisation des artères commerciales.
Donc, je pense que l'importance pour Montréal, pour sa
population, de l'activité commerciale n'est plus a faire et l'importance
également de cette structure commerciale dans notre tissu urbain. Alors,
quel serait l'impact - et c'est notre grande préoccupation - d'un
élargissement des heures d'affaires et de l'ajout d'une septième
journée, soit le dimanche, au niveau des heures d'affaires?
Là-dessus, tous les indices, tous les contacts, toutes les informations
nous laissent croire que nous risquons de relancer ce qu'il a été
un peu difficile de corriger: un déplacement des activités
commerciales et un affaiblissement des artères commerciales de
Montréal.
Il y a des raisons très simples à ça. Elles
tiennent, je pense bien, à la nature des intervenants qui sont en cause
et que j'ai décrits brièvement tantôt, c'est-à-dire
la structure du commerce de détail au Québec, en
général, et plus particulièrement, dans notre cas, sur les
rues de Montréal. Il faut, quant à nous, là-dessus, en
quelque sorte, être très prudent et, encore une fois, je pense
qu'il faut absolument qu'un certain nombre d'études d'impact soient
réalisées, qu'un certain nombre de choses soient faites avant
qu'on ouvre ainsi la porte à ce qui pourrait être la relance d'un
mouvement de déstabilisation de l'artère commerciale. J'aurai
l'occasion peut-être de mieux m'expliquer tantôt.
Je terminerais en disant peut-être que nous comprenons très
bien que le gouvernement du Québec doive clarifier la situation et
prendre un certain nombre de décisions. Nous avons eu l'occasion de dire
au début que nous sommes d'accord pour dire que le statu quo n'est plus
possible. Mais, en même temps, il nous semble qu'il y a des impacts
importants qu'il faut envisager comme administration municipale, au nom des
commerçants, de même qu'au nom de la population du point de vue
des services qu'elle est en droit d'obtenir. Et on peut penser que le
commerce de détail constitue sûrement un service
fondamental dans le quartier. Nous craignons fortement un déplacement de
l'activité commerciale à terme, évidemment pas au
lendemain d'une décision. De ce point de vue, la position que nous
présentons nous semble plus susceptible de pouvoir satisfaire un certain
nombre d'objectifs, tout en ne nous engageant pas dans des impacts que l'on
prévoit plutôt négatifs.
J'arrête là-dessus, M. le Président, en prenant pour
acquis dans le fond que peut-être que l'échange avec les membres
de la commission nous permettra d'approfondir ces questions.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, M. le
représentant de la ville de Montréal, M. le maire.
M. Tremblay (Outremont): Je suis rendu maire de Montréal,
c'est bien.
M. Perreault: J'allais dire, M. le Président, que
ça me ferait éminemment plaisir, mais je sens que...
Le Président (M. Bélanger): On a passé la
journée avec les maires. Je ne voudrais rien dévoiler de vos
intentions, M. le ministre.
M. Perreault: Je ne voudrais pas que le maire de Montréal
ait l'impression qu'en venant à Québec...
Le Président (M. Bélanger): Ça ne
présume en rien des intentions futures de M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Merci beaucoup, M. le
Président.
M. Perreault: M. le ministre, est-ce que vous habitez
Montréal?
M. Tremblay (Outremont): Outremont.
M. Perreault: Outremont? Donc, vous n'êtes pas eligible
à la mairie de Montréal à la prochaine élection?
D'accord.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Outremont): Merci beaucoup, M. Perreault, pour votre
présentation. À la page 6 de votre mémoire, vous dites.
"La ville de Montréal considère de son devoir moral de
défendre les intérêts des petites et moyennes entreprises
montréalaises qui sont justifiées d'appréhender un
changement législatif à la loi sur les heures d'affaires." Je
pense que c'est très légitime. Tout maire, et toutes les
personnes qui sont venues ici défendent évidemment avec grand
intérêt leur point de vue.
On a appris des choses en commission parlementaire. Ça, je pense
que ça fait consensus, il faut avoir une loi durable. Quelle qu'elle
soit, il faut avoir une loi durable Vous avez mentionné tout à
l'heure qu'on devrait peut-être juste faire des petits changements, s'il
y a lieu - on va revenir exactement sur ce que ça veut dire, ces
changements-là - et revenir sur le débat dans deux ans ou dans
trois ans. En fait, je pense que le consensus d'à peu près tous
les intervenants qui se sont présentés ici, c'est: Essayez donc
de le régler une fois pour toutes parce qu'on n'a pas l'intention de
rouvrir ce débat-là dans deux ans. Je fais juste noter ça
pour vous dire que je ne sais pas si on va retenir cette suggestion.
Idéalement, je dis bien idéalement, on va essayer de le
régler une fois pour toutes.
Vous avez dit, et c'est la conclusion de votre mémoire: "Le
gouvernement ne peut se soustraire à une responsabilité qui
manifestement lui incombe...11 Je vous assure qu'on va assumer nos
responsabilités et que je vais déposer un projet de loi au
printemps. L'intention n'a jamais été... C'était une
hypothèse de travail d'évaluer avec les municipalités la
possibilité de régionaliser la décision, mais je pense que
cette décision - les intervenants ont été à peu
près unanimes - est assez claire.
Par contre, ce qu'on a appris en commission également, c'est que
des exceptions, les gens n'en veulent plus, parce que ce sont les exceptions
qui créent les iniquités. À la suite de ça, on est
arrivés, dans le fond, à deux tendances. Une tendance, c'est de
dire: Si c'est vrai que le dimanche est important, on va fermer tous les
commerces le dimanche, sauf le vrai dépannage. L'autre tendance, c'est
de dire: On va libéraliser les heures d'affaires des commerces, incluant
le dimanche, pas uniquement pour l'alimentation mais pour tous les commerces,
justement à cause des exceptions que ça crée. Vous, votre
position, c'est de dire: On ferme les commerces le dimanche. On est prêts
à élargir les heures sur semaine.
Donc, ma première question, parce que j'en ai plusieurs... Ce
n'est pas marqué dans votre mémoire ce que ça veut dire
élargir les heures sur semaine. Pouvez-vous me dire c'est quoi votre
point de vue là-dessus? (16 heures)
M. Perreault: Rapidement, là-dessus, M. le ministre, notre
position est la suivante. Quand on a décrit le commerce de détail
à Montréal, dans le fond, comme un commerce avant tout familial,
on est conscients que ces gens là, actuellement, travaillent 62 heures
dans leur commerce, sans parler des heures qu'ils consacrent à
l'administration ou à leur approvisionnement. Nous disons, quant
à nous, qu'il ne faut pas augmenter le nombre d'heures d'ouverture des
commerces, mais peut être plutôt revoir la plage horaire. On sait
qu'effectivement les habitudes des consommateurs ont changé; souvent,
les femmes et les hommes travaillent. Donc, la nécessité d'ouvrir
un commerce à 9 heures le matin est moins éviden-
te, les gens sont ailleurs. On pourrait donc imaginer, comme ça
se fait dans beaucoup de pays, que les commerces ouvrent plus tard le matin et,
donc, continuent d'être ouverts plus tard le soir en semaine ou un soir
supplémentaire de la semaine. Là-dessus, je dois dire très
honnêtement que l'administration municipale n'a pas une position
déterminée en disant: Est ce que ça doit être
d'ouvrir systématiquement jusqu'à 19 heures ou 19 h 30 tous les
soirs ou plutôt d'ouvrir un mercredi soir de plus? Là-dessus, je
pense que vous seriez sans doute mieux placé, avec tous les commentaires
que vous avez entendus, pour prendre des décisions. Ce qui nous semble
cependant évident, c'est que dans la mesure où on souhaite
régler des choses - c'est plus dans ce sens-là - c'est moins
dommageable, à notre avis, à la structure commerciale, à
cause d'impacts ou d'effets d'entraînement, que le dimanche qui, lui, est
carrément le rajout d'une autre journée.
M. Tremblay (Outremont): O.K. Donc, 62 heures réparties de
façon différente.
M. Perreault: On pense que 62 heures dans une semaine pour
pouvoir faire ses courses, si les horaires sont mieux ajustés, ça
devrait être suffisant.
M. Tremblay (Outremont): Ma deuxième question: À la
page 9 de votre mémoire, vous mentionnez qu'à cause de la nature
des commerces à Montréal, vous prônez une position, mais
vous dites que vous êtes favorables à maintenir certaines
exceptions. Entre autres, vous dites que vous êtes favorables à
"l'ouverture le dimanche de fruiteries et de pâtisseries de quartier."
Alors, j'ai mentionné tout à l'heure qu'une des hypothèses
est la fermeture le dimanche, trois employés ou moins, vrai
dépannage. Les fruiteries sont venues - je pense que c'est unanime -
nous dire qu'elles ne peuvent pas opérer des commerces avec trois
employés ou moins et également les artisans pâtissiers sont
venus nous dire que ça serait très difficile, voire même
impossible, d'opérer avec trois employés ou moins. Alors, c'est
quoi votre point de vue, avec les informations que je viens de vous donner?
Est-ce que vous seriez prêts à dire: Pour maintenir tous les
commerces fermés le dimanche, on va fermer les fruiteries, on va fermer
les pâtisseries qui ont trois employés ou plus?
M. Perreault: La tradition, en tout cas dans le cas du territoire
montréalais, il y a plusieurs fruiteries, plusieurs pâtisseries,
historiquement, qui ont été ouvertes les dimanches et qui sont
des petits commerces de quartier avec trois employés ou moins. Ils ont
trouvé le moyen de demeurer ouverts. Là dessus, notre position ne
va pas dans le sens de revenir en arrière, de le maintenir; il y a
là des matières... Évidemment, nos habitudes changent
aussi. On parlait tantôt des habitudes des consommateurs qui changent. On
sait comment, par exemple, de plus en plus les gens prennent l'habitude d'avoir
des choses fraîches. De ce point de vue, particulièrement dans le
cas des éléments de pâtisserie, ce sont des habitudes qui
existent dans beaucoup de pays. On me dit, par exemple, que le 23 juin est une
date importante que beaucoup de monde attend pour toutes sortes de raisons. On
me dit qu'en France le 23 juin, c'est la date où le gouvernement
français a décidé de maintenir la fermeture des commerces
le dimanche. Mais, pour autant, je pense bien qu'ils peuvent trouver le moyen
de s'accommoder de l'ouverture, par exemple, des pâtisseries. Donc,
là-dessus, notre position à nous, c'est que ça peut rester
tel quel. Il appartiendra au gouvernement de trancher dans l'ensemble des
arguments qu'il entend.
M. Tremblay (Outremont): Oui, mais vous ne trouvez pas que vous
ménagez la chèvre et le chou? Vous dites: On va protéger
nos petits commerçants, on ferme le dimanche, mais je comprends qu'il y
a des exceptions; puis là, vous faites la dynamique de la loi de 1984.
Les fruiteries? Hum... Elles nous ont dit qu'avec trois employés ou
moins elles ne peuvent pas fonctionner. Les pâtisseries? Trois
employés ou moins, elles ne peuvent pas fonctionner. Ensuite de
ça, je vais ajouter d'autres exceptions. Vous nous demandez le
Vieux-Montréal, zone touristique. Vous nous demandez le quartier
chinois, zone touristique.
M. Perreault: M. le ministre, vous me posez plusieurs questions
en même temps.
M. Tremblay (Outremont): Non, des exceptions.
M. Perreault: D'abord, sur les exceptions. Je pense que, le
dimanche, ce qui est en cause, c'est non pas la fabrication, dans le cas de la
pâtisserie - je n'ai pas entendu les commentaires qui vous ont
été exprimés - mais bien la vente.
M. Tremblay (Outremont): Ils ne sont pas capables
d'opérer. Ils ne sont pas capables.
M. Perreault: Ce dont il s'agit, dans notre esprit, c'est bien de
la vente, c'est le service au consommateur. La production comme telle, il est
peut-être possible que certaines pâtisseries doivent être
plusieurs pour produire la nuit ou autrement leurs choses, mais on parte de la
vente, au moment où on se parle.
M. Tremblay (Outremont): Ils sont venus nous dire.. Non. En tout
cas, vous ne le saviez peut-être pas, mais - à moins que Mme la
députée de Taillon ne soit pas d'accord - je pense qu'elles sont
clairement venues nous dire,
les fruiteries et les pâtisseries - je parle de la vente -
qu'à cause de l'affluence le dimanche elles opèrent à
certaines heures, admettons de 10 heures à 15 heures, et que c'est
impossible d'opérer avec trois employés ou moins. Elles sont
venues nous dire ça.
M. Perreault: M. le ministre, je dois vous dire qu'il m'arrive
personnellement de magasiner à Montréal dans les fruiteries et
dans des pâtisseries le dimanche. Je dois dire que l'expérience
qui est la mienne et. je pense, celle de beaucoup de Montréalais, c'est
que c'est quelque chose qui existe, qui fonctionne. Je n'ai pas entendu tous
les commentaires Évidemment, vous faites référence
à des choses que je n'ai pas entendues et c'est possible que les gens
soient venus vous le dire, mais dans mon esprit, la vente, c'est quelque chose
d'un peu différent de la production.
Mme Marois: En fait, ce sont ceux et celles qui sont venus ici.
D'accord? Ceux et celles qui sont venus...
M. Tremblay (Outremont): Oui
Mme Marois:. qui ont fait leurs représentations nous ont
dit qu'eux, ils pouvaient difficilement, compte tenu du type
d'équipement qu'ils avaient, du volume, etc. Bon. Ce n'est pas
nécessairement toutes les fruiteries et toutes les
pâtisseries.
M. Tremblay (Outremont): Ça, je suis d'accord avec
ça. Ceux qui sont venus sont les artisans; l'Association des artisans
pâtissiers est venue...
M. Perreault: O. K.
M. Tremblay (Outremont): et il y a également d'autres
propriétaires de pâtisseries.
Mais je comprends bien votre point de vue.
Vous, ce que vous dites, c'est que, s'il y a fermeture le dimanche, vrai
dépannage, trois employés ou moins en tout temps. C'est ce que
vous dites.
M. Perreault: C'est ça.
M. Tremblay (Outremont): C'est clair, parfait. Avec la
conséquence que, s'ils ne sont pas capables d'opérer avec trois
ou moins, ils sont fermés.
M. Perreault: C'est ça.
M. Tremblay (Outremont): O. K.
M. Beauchamp (Denis): Moi, je pourrais peut être donner
juste un exemple d'une pâtisserie qui fonctionne très bien
à Montréal.
Une voix: C'est M. Beauchamp
M. Beauchamp: juste ici, la pâtisserie bretonne au coin de
Saint-Denis et de Carmel. Il y a trois employés, là. Pourtant,
s'il y a une pâtisserie qui marche à Montréal, c'est bien
celle-là, pour la vente, par exemple. Il est clair qu'ils vont faire
leur pain le samedi.
M. Tremblay (Outremont): Non, mais celle qui est sur l'avenue du
Parc, au coin de Comment ça s'appelle? La Boutique du pâtissier,
ils ne peuvent pas opérer avec trois employés ou moins et ils ne
sont pas venus en commission parlementaire le dire.
M. Perreault: M. le ministre, je ne le sais pas. Il y a
peut-être quelque chose, cependant. Si quelqu'un ouvre "la" fruiterie en
ville où, dans le fond, on se prépare à desservir des
milliers de consommateurs, c'est bien évident que ça prend plus
que trois employés Dans notre esprit, ce que nous souhaitons, cest
maintenir l'esprit de la loi qui vise à ce que. lorsqu'on ouvre, il
s'agit de commerce de quartier et non pas de commerce à caractère
métropolitain.
M. Tremblay (Outremont): J'ai compris. Non, c'est clair Si vous
acceptez le principe de. Je vais qualifier la page 9. Vous êtes
favorables à l'ouverture le dimanche des fruiteries et des
pâtisseries en autant qu'il y ait trois employés ou moins. C'est
ça que vous dites.
M. Perreault: C'est ça, tout à fait.
M. Tremblay (Outremont): L'autre exception que peut-être
vous voulez maintenir, peut-être vous ne la voulez plus, je suis
peut-être allé trop loin, ce sont les zones touristiques. Avec la
fermeture des commerces le dimanche, trois employés ou moins en tout
temps, une des possibilités, c'est qu'on élimine les zones touris
tiques.
M. Perreault: II me semble que, dans le cas des zones
touristiques, il y a peut-être un problème d'interprétation
et de définition des zones touristiques. Je suis conscient que la chose
n'est pas facile. Si ce qu'on a en tête, c'est de définir des
zones qui visent le tourisme international principalement ou le touriste
d'outre-frontières qui vient passer un week-end en ville, il nous semble
possible d'avoir des définitions de zones touristiques suffisamment
restrictives, y compris au niveau de la nature des activités qui sont
permises, pour faire en sorte qu'il n'y aitpas d'impacts majeurs, que
ce soit "circonscri- vable" et que ça puisse répondre à
certains besoins. Donc, de ce point de vue là, on n'a pas senti le
besoin, en ce qui nous concerne, de proposer une limitation de l'ouverture du
côté des zones touristiques.
M. Tremblay (Outremont): Le quartier chinois, est-ce que
ça va dans ce que vous...
M. Perreault: C'est une bonne question. M. le ministre, je vous
demanderais: Y a-t-il d'autres quartiers chinois au Québec? Dans le cas
de la communauté chinoise, il me semble qu'on est dans une situation
spéciale et on a fait la demande au gouvernement du Québec qui
l'a retenue. Depuis que la communauté chinoise est à
Montréal, c'est ouvert le dimanche.
M. Tremblay (Outremont): Montréal...
M. Perreault: Et on retrouve... Je veux juste continuer un petit
peu.
M. Tremblay (Outremont): Oui.
M. Perreault: On retrouve là des produits qui, vous le
reconnaîtrez avec moi, sont un peu particuliers. Vous connaissez le
quartier comme moi probablement. Il n'y a, à toutes fins pratiques, pas
de commerce qui est en concurrence avec quoi que ce soit d'autre à
Montréal ou au Québec. La communauté chinoise habite toute
la grande région de Montréal depuis qu'on a détruit le
quartier chinois. Elle s'y retrouve pour commercer le dimanche. Il nous semble
qu'il y a là un cas très, très, très particulier au
Québec.
M. Tremblay (Outremont): Est ce que vous trouvez ça
équitable, le quartier chinois et le Vieux-Montréal ouverts et
les commerçants sur la rue Saint-Laurent, entre les deux, fermés,
le dimanche?
M. Perreault: Là encore, ça renvoie à la
question de savoir si, pour l'ensemble du gouvernement du Québec et pour
les administrations, la question des règles en matière
d'ouverture reliée au tourisme peut justifier l'ouverture, le dimanche,
de commerces. À ce moment-là, je pense que si c'est le cas, il
faut qu'on ait une vision et une analyse restrictive de c'est quoi une zone
touristique et, à ce moment-là, je pense qu'il faut prendre la
décision en fonction des politiques en matière de tourisme.
M. Tremblay (Outremont): Montréal 1992, c'est particulier
à Montréal; des événements qui vont durer une
année. Est-ce que vous allez nous demander une exemption pour
l'ouverture des commerces le dimanche pour Montréal 1992?
M. Perreault: Non, M. le ministre. J'ai vu
récemment les statistiques où on annonçait un certain
nombre de pays qui sont parmi les pays où le tourisme est le plus
développé dans le monde - je pense, entre autres, je le
répète, à l'exemple de la France; on pourrait mentionner
l'Italie, l'Espagne et d'autres - et où les heures d'ouverture
malgré tout, malgré le fait qu'on accueille à Paris des
dizaines de millions de touristes par année, sont très claires.
Je pense", de ce point de vue là, qu'il est possible d'adopter une
définition suffisamment restrictive pour satisfaire les besoins
essentiels vus du point de vue du tourisme, sans pour autant verser dans une
large ouverture des commerces.
M. Tremblay (Outremont): Mais quand vous m'avez dit non, est-ce
que c'est parce que vous ne nous demanderez pas de permission spéciale
pour Montréal 1992, sauf le Vieux-Montréal et le quartier
chinois?
M. Perreault: En ce qui nous concerne, à date, la position
de l'administration est claire: le seul quartier touristique de
Montréal, dans notre esprit, c'est le Vieux-Montréal. Il n'y en a
pas d'autres. Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas des touristes ailleurs
à Montréal, mais ça obéit à des
règles particulières. Il y a le Vieux-Québec, j'imagine.
Et, dans le cas de la communauté chinoise, très
honnêtement, je pense qu'il y a là un cas d'exception au
Québec, un cas très particulier.
M. Tremblay (Outremont): Non. Je vous dis ça pour votre
information parce qu'on a beaucoup de demandes au ministère, lorsqu'il y
a des événements spéciaux, d'octroyer, par exemple
à des salons ou à des foires internationales, un permis pour
l'ouverture des commerces le dimanche. Alors, je vous dis ça pour
ça parce que ça me surprendrait bien gros, entre nous, qu'en 1992
vous ne sentiez pas le besoin de venir nous demander quelques exceptions pour
favoriser le développement touristique et les achats.
M. Perreault: M. le ministre...
M. Tremblay (Outremont): Mais ça, ce n'est pas...
M. Perreault: Je ne sais pas si je serai là...
M. Tremblay (Outremont): Ce serait légitime, en
passant.
M. Perreault: ...il y a des élections cet automne.
M. Tremblay (Outremont): Oui.
M. Perreault: Mais on pourra voir, si jamais j'y suis, si j'ai
respecté...
Le Président (M. Bélanger): Alors, en vertu de la
règle de l'alternance, je cède la parole à Mme la
députée de Taillon.
Mme Marois: Je vous remercie, M. le Président. Alors, je
vous souhaite la bienvenue
au nom de ma formation politique. Je pense, pour avoir
échangé avec différentes personnes impliquées dans
ce dossier chez vous, que vous connaissez notre position. Nous appuyons, en
fait, votre approche, généralement, et nous la partageons. Je
vais donc aborder un certain nombre de questions avec vous.
Il nous a été dit, ici, que, si nous étions
amenés à ouvrir plus largement les commerces d'alimentation le
dimanche - et vous le rapportez aussi dans votre mémoire - cela
créerait une pression pour ouvrir d'autres types de commerces de
détail. Donc, que c'était un pied dans la porte nous amenant
à plus ou moins long terme, ou à moyen terme, à
libéraliser beaucoup plus largement les heures d'ouverture des
commerces, et que cela entraînerait des coûts
supplémentaires pour les villes concernées puisqu'elles devront
offrir, à ce moment-là, des services de transport plus
élaborés, des services de sécurité, des services de
surveillance, etc. J'aimerais savoir si vous vous êtes penchés sur
cette question-là et si vous pouvez nous apporter un éclairage
sur ce type de question.
M. Perreau It: Nous n'avons pas fait d'étude exhaustive de
la question et je dois dire que notre préoccupation, très
honnêtement, est davantage liée à la question de la
structure commerciale. Mais, c'est évident qu'il y aura des coûts,
de rajouter une journée. Je dirais, d'une certaine façon, que, si
ce n'était que ces coûts-là, je préférerais
ceux-là au débat en cours actuellement autour de la
fiscalité municipale. Un pour l'autre, s'il faut les échanger, je
suis prêt à les échanger.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Perreault: Je suis prêt à les
échanger.
Mme Marois: Remarquez que l'Union des municipalités nous a
aussi envoyé un message très clair à cet
égard-là, particulièrement au gouvernement.
M. Perreault: Mais sur les coûts.. Regardez, très
simplement, c'est bien évident qu'une journée
supplémentaire, du point de vue des travaux publics, suppose, par
exemple, une journée supplémentaire de nettoyage. Donc, on est
avec des conventions collectives qui prévoient des horaires de travail
où le dimanche, de façon générale, nos
employés sont en congé. Ça nous obligerait, bien
sûr, de façon ponctuelle, mais c'est plus ponctuel comme
coût, à revoir nos règles de stationnement parce que
ça supposerait que le dimanche, où on a des règles,
ça devienne des règles du commerce en général. (16h
15)
Du côté de la police, on nous signale qu'évidemment,
avec une journée de plus, malheureusement la criminalité ne se
répartit pas dans la semaine de façon équivalente, avec un
montant fermé de criminalité. Les services de la police
prévoient que, normalement et logiquement, d'après les
expériences qui sont les leurs, du point de vue des vols à
l'étalage, du point de vue des voies de fait, toutes ces
choses-là, on se dirige vers une journée supplémentaire,
avec tout ce que ça peut entraîner.
Je vous donnerais juste un exemple que je connais mieux, puisqu'il
m'arrive de temps en temps de porter le chapeau de la Société de
transport de la Communauté urbaine de Montreal. Nous avons actuellement,
je pense, 700 autobus le samedi en circulation, contre 560 le dimanche.
Évidemment, la semaine, c'est 1400. Alors, le scénario de
l'ouverture le dimanche, ce n'est pas le scénario à 1400, mais on
peut imaginer que, pour le transport des travailleurs pour les activités
commerciales, il faudrait fournir le même service que le samedi 140
autobus, en termes de coût, c'est au minimum 2 000 000 $ à 3 000
000 $ par année, simplement pour cet exemple-là. Alors, j'imagine
qu'une étude exhaustive démontrerait qu'il y a des coûts
municipaux directs et indirects quand même assez importants dans le cas
d'une ville comme Montréal. Mais, encore une fois, je serais prêt
à troquer l'un contre l'autre.
Mme Marois: D'accord. Mais, déjà, c'est
intéressant, l'exemple des autobus, parce que ça donne un ordre
de grandeur, et c'est un peu ça dont on a besoin. C'est évident
qu'on peut toujours affiner les données et tout ça, mais
déjà ça donne un ordre de grandeur. On sait que, le
dimanche, ça diminue d'une façon quand même relativement
importante. Je comprends que le samedi, où on est là surtout pour
les commerces parce que les activités de bureau et de production ne
fonctionnent à peu près pas, si on dit que c'est 700, bien le
dimanche c'est 560. Donc, la différence entre les deux, j'imagine...
M. Perreault: C'est 140.
Mme Marois: ...c'est ce qu'entraînerait une ouverture.
Évidemment, on ne parte pas juste d'alimentation à ce
moment-là, mais on parte de l'ouverture plus
généralisée. Alors, ça donne un ordre de
grandeur.
Une autre des questions qui est soulevée devant nous, très
souvent, c'est l'applicabilité de la loi. Souvent, le ministre pose la
question, en disant: Écoutez, c'est compliqué d'appliquer une loi
comme celle-là, ça prend beaucoup de surveillance, parce que, si
on va vers un resserrement des critères, ça nous amène
à, enfin, la règle qui est proposée, soit la notion de
dépannage, trois personnes ou moins en tout temps dans le magasin.
À votre point de vue, vous qui appliquez des règlements
municipaux, vous qui avez à vous assurer que les lois sont bien
respectées, est-ce que vous croyez que c'est
applicable, une loi qui prévoirait des critères comme
ceux-là?
M. Perreault: À ma connaissance, dans le monde, tous les
pays n'ont pas décidé qu'ils ouvraient sept jours par semaine en
se disant que la loi est inapplicable lorsqu'on prévoit des
restrictions. Je comprends que, dans la situation actuelle... Et
là-dessus je répète que nous sommes d'accord pour qu'il y
ait une clarification de la loi et que, vu d'un point de vue de certaines
demandes, vu d'un point de vue de la question de l'équité, le
statu quo n'est plus possible. Mais ceci dit, et là je reprends un
peu... Tantôt, le ministre disait: Dans le fond, est-ce qu'on n'aurait
pas le choix entre fermer complètement ou ouvrir complètement? Il
me semble qu'il devrait y avoir moyen, tout en reconnaissant certaines
difficultés, d'avoir une loi qui, clarifiée, permette d'obtenir
un équilibre entre les divers besoins et les diverses
préoccupations, et qu'on ne soit pas obligés,
nécessairement, de faire un choix aussi drastique, tout un ou tout
l'autre Plusieurs pays, me semble-t-il, ont réussi à appliquer la
législation des heures de commerce J'imagine qu'ils ont certaines
difficultés aussi; il y a des pressions de toute nature, j'en suis
conscient, mais, me semble-t-il, on devrait être capables d'appliquer la
loi.
Mme Marois: D'accord.
M. Perreault: Mais le problème que nous avons
actuellement, c'est peut être qu'il y a trop de zones confuses, il y a
trop de confusion. Il faut peut-être, de ce point de vue là, la
resserver.
Mme Marois: Enfin, mon point de vue, et ça je l'ai
exprimé assez fréquemment au ministre, c'est qu'effectivement il
y a des exceptions, bon. etc.. et surtout ce n'est pas clair, la ligne
où on va. Il y en a qui ont ouvert, il y en a qui sont venus même
ici, nous dire: Écoutez, j'ai été dans
l'illégalité ou je suis à la marge de la
légalité. Et ces gens-là opèrent toujours. Alors,
le message n'est pas clair. Donc, quand le message n'est pas clair, bien, avec
notre imagination, au Québec, on sait que les gens s'essaient. Oui, M.
Perreault?
M. Perreault: Non, je pense que c'est humain et c'est normal. Vu
d'un point de vue individuel, chacun, soit comme consommateur, soit comme
commerçant, joue sa "game", et c'est normal. Le problème que nous
avons, le gouvernement a des décisions à prendre qui sont celles
d'un gouvernement. Je voulais juste indiquer, par rapport à la question
que vous soulevez, que j'entendais le ministre tantôt et je pense que
c'est réel... On nous a souvent dit: Mais ce qui est en cause, c'est
juste l'ouverture des marchés d'alimentation. J'ai cru comprendre que ce
que le ministre nous a dit, c'est que, dans le fond, quand on regarde la
pression, ouvrir davantage une nouvelle exception ou un peu plus, la pression,
le message qui est envoyé est dans le sens, non pas d'une clarification
du débat, mais d'une confusion. Je suis d'accord avec le ministre
lorsqu'il dit que le vrai choix c'est avec tout ouvrir, entre guillemets, dans
le sens d'ouvrir tous les commerces, pas juste l'alimentation. C'est la crainte
que nous avons.
Je reviens avec le débat de départ qui était le
mien, c'est parce qu'on est convaincus que ouvrir les grands marchés
d'alimentation c'est, à toutes fins pratiques, ouvrir tous les commerces
de détail le dimanche. Et, compte tenu que sur les rues commerciales de
Montréal ces grands marchés d'alimentation sont moins
présents, nous sommes convaincus qu'il va se produire dans les faits un
déplacement de l'activité commerciale qui va venir annuler les
efforts patients, laborieux, tant du gouvernement du Québec que de
l'administration municipale et des commerçants, pour sauver les
artères commerciales de Montréal. C'est un enjeu
extrêmement important, je voudrais en convaincre la commission, avant
qu'une décision ne soit prise. C'est un enjeu extrêmement
important pour l'avenir de Montréal, la déstabilisation de ses
artères commerciales.
Mme Marois: Je vous dirai que les représentants et
représentantes, d'ailleurs, des SIDAC ont été très
éloquents sur la défense de cette partie du dossier. Ils l'ont
fait avec beaucoup de vigueur, je peux vous dire ça. En fait, ce que
vous soulevez, aussi, comme réalité, c'est une comparaison qui
peut se faire entre le Québec et l'Ontario. Vous le présentez
entre Montréal et un pou sa banlieue, mais la structure de
propriété québécoise, entre autres, est beaucoup
plus significative pour le petit commerce, pour l'indépendant, alors que
la structure de propriété ontarienne dans le domaine de
l'alimentation est plus une structure de propriété où le
géant de l'alimentation, le corporatif, a une place beaucoup plus
significative. Il y a un parallèlle intéressant et moi aussi
j'essaie de convaincre, à cet égard-là, le ministre. Il y
a une autre réalité aussi-Une voix: Ce n'est pas
facile.
Mme Marois: On verra si on réussit tous ensemble à
le faire. Il y a une autre réalité dont j'aimerais que vous nous
parliez, ici, devant la commission. J'imagine qu'il y a certaines de vos
artères commerciales, on pense, évidemment, plus au centre-ville,
qui sont liées aussi au fait qu'il y a des gens qui circulent
régulièrement la semaine pour être au travail, et qui,
donc, la fin de semaine n'y viennent pas. Même si on permettait
l'ouverture, ces commerces-là ne prendraient peut-être pas le
risque d'ouvrir, donc, bien sûr, se verraient concurrencés par des
gens
qui sont ailleurs. Je ne sais pas si mon hypothèse est juste ou
pas, j'aimerais que vous m'en parliez un peu.
M. Perreault: Je pense que, lorsqu'on dit qu'on craint un peu
l'effet déstabilisant et déstructurant, c'est au coeur de ces
questions-là. Le ministre lui-même dit: Dans le fond, si on doit
ouvrir le dimanche, ça risque d'être tout le commerce de
détail, peut-être pas juste l'alimentation. À partir de ce
moment-là, qu'est ce qui se produit? Dans le cas d'un centre commercial,
il y a, en quelque sorte, une espèce d'unité d'action. Quand
quelqu'un planifie un centre commercial, il en prévoit la mixité,
il prévoit l'équilibre entre les divers types de commerces, il
prévoit la présence de grands magasins et, dans le fond, il
gère son centre un peu comme une grosse "business", une chose, avec des
stratégies bien précises de mise en marché. Dans le cas
des rues commerciales, même si les SIDAC font des efforts importants, il
reste quand même qu'il s'agit d'une série de décisions
indépendantes les unes des autres. Or, pour un consommateur, de se
retrouver un dimanche sur une rue commerciale de Montréal où la
moitié des commerces sont ouverts, les deux tiers, le quart... Il
souhaitait aller acheter un peu de son épicerie, et en même temps
faire une course à côté, mais l'autre commerce a pris la
décision, lui, compte tenu des caractéristiques que j'ai fait
valoir, de ne pas ouvrir. Finalement, c'est ce que j'appelle un peu la
difficulté de se retrouver avec une situation qui ne peut pas être
gérée avec une vision d'ensemble unique, avec des
décisions qui sont prises par les mêmes personnes, alors que les
grandes surfaces ont plus de capacité à se réorganiser,
à organiser, encore une fois aussi, leur main-d'oeuvre, parce que c'est
moins familial... Donc, la concurrence, de ce point de vue là, nous
semble-t-il, va être difficile, parce que le consommateur n'a pas
intérêt, bien sûr... Déjà qu'il y a... Il faut
quand même reconnaître que nous partons avec des handicaps: il n'y
a pas de stationnement facile, livraison à l'auto. On magasine dehors
pour l'essentiel, à Montréal, on n'est pas à
l'intérieur comme dans les grands centres d'achats... Donc, ce sont des
handicaps objectifs, qui sont compensés, bien sûr, par la
proximité des commerces. Mais, à partir du moment où on
ouvre le dimanche et qu'on dit aux gens: Bien, vous prenez votre voiture et
vous êtes sûr, dans ce centre commercial là, de retrouver
tous les commerces ouverts, alors que sur votre rue du coin ce n'est pas
certain, ce qui se produit, c'est un phénomène de
déstabilisation de l'artère commerciale et ça, on le
craint vraiment.
Mme Marois: D'accord. Merci.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, il vous
reste quinze minutes. Il y a M. le député de l'Acadie qui avait
des questions.
M. Tremblay (Outremont): Quand on parle d'ouvrir les autres
commerces, ce n'est pas parce qu'il va y avoir de la pression. Je pense que
c'est plus une question d'équité. On sait très bien que,
de plus en plus, les commerces ne sont pas nécessairement
spécialisés dans la vente d'un produit. Il y a une
variété de produits. Quand on permet, par exemple, à une
pharmacie d'escompte d'ouvrir, elle ne vend pas juste. Bon. Alors, c'est
surtout pour l'équité. Là, je fais juste des remarques. Je
vais revenir aux questions. Je veux partager ça avec vous pour que vous
soyez conscients de la complexité de ce dont on parle.
Quand vous parlez de la grande surface et du petit commerçant, il
n'y a pas de problème parce qu'il y en a d'autres qui sont venus nous
dire ici: II n'y a pas de problème, en tout cas, en pratique, six jours
par semaine, vendredi, samedi, la concurrence. Puis, le dimanche, il y a des
gens qui sont venus nous dire ici. Il n'y a aucun problème. La grande
surface va ouvrir. On parle de petits commerçants. Moi, ce que je vous
dis, c'est que ce n'est pas en fonction de l'équité que vous
parlez, vous, c'est plus en fonction de la qualité de vie. Est-ce qu'on
doit permettre à un petit commerçant d'avoir une qualité
de vie, parce que, dans une grande surface, ce n'est pas nécessairement
le propriétaire qui va être là? En tout cas, c'est
juste-Quand vous nous pariez de votre quartier chinois, je vais vous en donner
un autre petit... Bien, c'est le quartier chinois. Vous dites: C'est unique. Il
est à Montréal. Pas vous en tant que. Montréal...
M. Perreault: Vous m'excuserez de ne pas en rougir.
M. Tremblay (Outremont): Non Mais je vais juste vous donner un
exemple. Si un quartier italien ou un quartier grec se formait demain matin, on
va avoir une lettre du rabbin et vous allez avoir le même
problème. La communauté hassidique.. Attendez, ne brassez pas la
tête trop vite La communauté hassidique... Non, mais c'est
correct. La communauté hassidique qui doit fermer le vendredi soir et le
samedi demande la permission d'ouvrir le dimanche. Si on retourne en
arrière, trois employés et moins, la communauté hassidique
vient nous dire: On va être pénalisé pendant deux jours,
donc laissez-moi ouvrir le dimanche. Si on la laisse ouvrir le dimanche
indépendamment du nombre d'employés, on lui donne un monopole
où elle peut concurrencer tout le monde le dimanche. Je ne veux pas
rentrer dans ce débat-là, mais je veux juste expliquer la
complexité de ça. Bon.
M. Perreault: Oui, je...
M. Tremblay (Outremont): J'ai trois questions. La question des
coûts a été mentionnée tout à l'heure. Il y a
beaucoup d'affirmations qui sont faites à savoir que les coûts
vont augmenter. Par contre, il y a une municipalité qui est venue et qui
a dit qu'il n'y aura pas d'augmentation de coûts. Il y a les
marchés aux puces qui sont établis dans beaucoup de
municipalités au Québec qui disent: Au contraire, la
municipalité est assez contente parce que ce n'est pas une augmentation
de coûts. On paie une taxe d'affaires et, en plus de ça, on
contribue au développement économique de la région. Vous,
vous donnez des arguments. Vous dites: Les stationnements. Mais les
stationnements, il va y avoir du monde dedans, donc ça va être
payant. Ils sont vides en ce moment. Il n'y a personne dedans. Vous me dites:
Le transport par autobus. D'autres sont venus, entre autres les SIDAC et ils
nous ont dit: II faut fermer tout le monde parce que, si vous ne fermez pas
tout le monde, les gens vont prendre leur automobile et ils vont aller acheter
à Laval. Bon. Alors, on se sert d'arguments. Moi, la seule chose que
j'aimerais savoir, c'est si vous êtes capables, d'ici une semaine je suis
d'accord avec la députée de Taillon, ça peut être
sept ou huit jours - de me prouver ça pour qu'on puisse le prendre en
considération. Il n'y a pas un intervenant qui nous a prouvé
qu'il y aurait une augmentation de coûts au niveau d'une
municipalité advenant l'ouverture le dimanche.
M. Perreault: M. le ministre, vous allez me permettre de
peut-être vous retourner un peu l'argument et de vous dire: Prouvez-moi
qu'il n'y a pas d'impact avec la décision d'ouvrir le dimanche.
M. Tremblay (Outremont): Non.
M. Perreault: Tous les indices, dans le cas de Montreal - je no
peux pas parler au nom de toutes les autres administrations municipales ou des
autres sociétés - laissent croire très
sérieusement, compte tenu de l'historique de ce dossier, compte tenu de
l'histoire commerciale de Montréal, qu'il y a des impacts majeurs. Le
document qui a été produit par le gouvernement du Québec
n'en lait aucun cas. Il n'aborde pas la question sous cet angle là. Et
je vous dirais, à la limite, que vous me demandez de prouver quelque
chose... je dois vous dire très honnêtement que vous souhaitez
entendre les parties là-dessus et leurs commentaires pour vous permettre
de vous faire une idée. Moi, je vous dis très honnêtement:
Nous sommes sérieusement inquiets qu'après trois années il
n'y ait pas d'étude d'impact sérieuse sur les conséquences
du point de vue, non pas du commerçant ou du consommateur, mais du point
de vue de la structure commerciale dans la région de Montréal. Et
quand on regarde - je n'étais pas là chaque fois la nature des
intervenants, semble-t-il qu'il y a des problèmes à l'envisager.
Vous parliez, M. le ministre, tantôt, d'équité versus la
qualité de vie. Moi, je pense qu'il y aurait aussi une question
d'équité. L'équité, ce n'est pas juste une question
qui se mesure sur le plan formel. Les intervenants ne sont pas les mêmes
et la capacité des intervenants de faire face aux contraintes
supplémentaires n'est pas la même.
M. Tremblay (Outremont): On est d'accord.
M. Perreault: Et ce point de vue là, me semble-t-il, on
doit le prendre en compte.
M. Tremblay (Outremont): Oui, c'est ça.
M. Perreault: On doit le prendre en compte. (16 h 30)
M. Tremblay (Outremont): Je suis très conscient de
ça, M. Perreault, mais la seule raison pour laquelle je vous la pose et
que je vous demande de le faire, si c'est possible parce que peut être
qu'il y a tellement d'hypothèses à faire qu'on va arriver
à une conclusion qu'on ne pourra pas justifier parce que quelqu'un
d'autre va faire d'autres hypothèses, c'est qu'il y a beaucoup
d'intervenants qui viennent nous dire: On est pour l'ouverture, ça va
créer des emplois et qu'il y en a qui viennent nous voir et qui disent.
On est contre l'ouverture, mais ils n'ont jamais été capables de
me le prouver ou de me le quantifier. Je ne veux pas débattre ça
parce que, dans le fond, c'est un débat qualitatif et on en est bien
conscients, mais moi, je voudrais savoir si un intervenant pourrait me le
quantifier. Je n'ai pas besoin d'avoir la réponse aujourd'hui.
M. Perreault: Bien honnêtement, nous n'avons pas fait
toutes les études d'impact. De fait, M. le ministre, je dois vous dire
très honnêtement que la décision n'est pas la
nôtre...
M. Tremblay (Outremont): O. K. Très bien.
M. Perreault:... mais bien celle du gouvernement Maintenant, je
vous ai donné un certain nombre d'indices du point de vue des
coûts possibles Par exemple, dans le cas de la société de
transport, du service de police, une journée supplémentaire, au
prix des conventions et de tout le reste, représente des coûts
importants. Ils ne sont peut-être pas linéaires, pas
proportionnellement exactement un septième, mais un septième,
c'est 14 %. Alors, ils ne sont peut-être pas exactement un
septième, mais il y a des coûts réels. Mais nous n'avons
pas fait l'étude dans ce sens-là parce que nous souhaitons...
M. Tremblay (Outremont): Très bien.
M. Perreault:... plutôt vous convaincre qu'on
a une solution qui, elle, est moins coûteuse et moins
problématique.
M. Tremblay (Outremont): O. K L'Union des municipalités
régionales de comté nous a déposé un document dans
lequel elle nous dit clairement que, pour des questions régionales, des
questions de différences entre les municipalités, les besoins ne
sont pas les mêmes. Si on adoptait la position suivante, on
libéralise les heures d'ouverture en semaine et le dimanche, et qu'on
permettait à une municipalité, pour des raisons évidentes
- en fait, toutes les raisons que vous mentionnez là - de se retirer et
de fermer ses commerces, est-ce que vous avez un problème avec
ça?
M. Perreault: Oui, je pense que c'est ce que nous avons
exprimé fondamentalement et je pense également que c'est ce que
l'UMQ et l'UMRCQ sont venues vous dire. Je pense également que c'est...
parce que, M. le ministre, autrement, on joue peut-être... Je ne sais
pas, j'ai de la misère à comprendre, à moins que vous ne
m'expliquiez un peu comment on pourrait résoudre le problème. Je
donne l'exemple de Montréal et de l'agglomération urbaine. C'est
bien évident que la structure de l'agglomération urbaine
n'arrête pas aux limites des municipalités, ni même des MRC,
mais que ce soit la communauté, la rive sud, Laval, comment
pourrions-nous.. dans quelle situation.. J'essaie de comprendre quelle serait
la suggestion qui nous est faite parce que comment pourrions nous, par exemple,
nous retrouver dans une situation où une des municipalités
appliquerait à sa façon les possibilités de la loi?
M. Tremblay (Outremont): Bon. L'Union des municipalités
régionales de comté...
M. Perreault: Oui, j'ai vu le mémoire, ce matin.
M. Tremblay (Outremont):... sa conclusion c'est: "... dans
l'hypothèse d'une politique nationale - c'est de ça que l'on
parle, les intervenants veulent que le gouvernement assume ses
responsabilités - de prolongation générale des heures
d'affaires et pour respecter l'opinion de plusieurs de nos membres, d'autres
voies, comme la possibilité pour le palier local ou régional de
restreindre ses heures d'ouverture, pourraient être
étudiées. " En d'autres mots, je vais vous poser la question
d'une autre façon: Pourquoi imposerait-on à toutes les
municipalités du Québec le caractère distinctif de la
ville de Montréal?
Des voix: Ha, ha. ha!
M. Perreault: Je ne vous demande pas, M. le ministre, d'appliquer
à tout le Québec le carac- tère distinctif de
Montréal Je vous signale* seulement que ce n'est pas le caractère
distinctif de la ville de Montréal Ce que je veux vous soulever, c'est
le problème de la région de Montréal. Il serait un peu
impensable, surtout dans une situation, par exemple, où les gens de
Longueuil, de Saint-Lambert ou de la rive sud décideraient que les
commerces sont ouverts le dimanche, d'imaginer que nous, nous serions en
quelque sorte dans une situation théoriquement objective d'avoir ou pas
à prendre la décision d'ouvrir. On serait dans une situation qui
est un peu la vôtre, c'est-à-dire une situation de pression
épouvantable pour un élargissement des heures. Je vais vous
donner un exemple de ce point de vue là: les marchés publics.
Quand le gouvernement du Québec a modifié la loi, en 1987, pour
élargir les heures d'ouverture des marchés publics privés,
nous avons dû suivre au niveau des marchés publics de la ville de
Montréal parce que, évidemment, les commerçants, dans
cette situation-là, étaient pénalisés. On n'avait
pas le choix, autrement c'était pénaliser nos commerçants.
Alors, dans le cas d'une agglomération urbaine comme celle de
Montréal - et là on peut parier d un rayon de 50
kilomètres - où il y a au delà de 55 grandes surfaces de
grands centres dachats, une cinquantaine, à moins que vous ne me disiez
que la région en question est quelque part entre la frontière
américaine, Sainte Adèle, Cornwall et Trois-Rivières,
mais, autrement, moi, j'ai des problèmes, me semble-t-il, ou à
moins que je ne comprenne pas la façon dont on pourrait, tout en disant
que ce n'est pas la responsabilité des municipalités.. qu'on ait
un problème d'application.
M. Tremblay (Outremont): C'est parce que, quand on pose cette
question là, on dit: Le gouvernement a essayé de trancher, mais
nous, en tant qu'intervenants municipaux qui connais sons bien notre population
et les besoins de notre population, nous autres, on n'est pas capables, mais,
vous autres, tranchez. Alors, le gouvernement tranche. On assume nos
responsabilités. On libéralise les heures d'ouverture.
M. Perreault: M. le ministre, ce que je vous propose
plutôt, c'est de trancher et je vous signale que nous tranchons dans le
sens que nous vous recommandons...
M. Tremblay (Outremont): Très bien, excellent.
M. Perreault:... une formule précise qui nous semble,
elle, créer moins de problèmes et avoir moins d'impacts tout en
satisfaisant...
M. Tremblay (Outremont): Pour Montréal. M.
Perreault:... certaines de vos...
M. Tremblay (Outremont): Pour Montréal.
M. Perreault: Et peut-être pour beaucoup d'artères
commerciales de beaucoup d'autres villes du Québec, d'artères
commerciales principales, qu'on soit à Sherbrooke, à
Québec, à Chicoutimi ou ailleurs. Dans le fond, ce qu'on vous
dit, c'est oui, il faut trancher; oui, il faut amender la loi; oui, le statu
quo n'est plus possible, mais on vous suggère une méthode qui
nous semble meilleure.
M. Tremblay (Outremont): Bon, ma dernière question
concerne la supervision. Si, pour assurer une loi applicable et gérable
avec des amendes importantes, on transférait aux municipalités,
non pas le pouvoir décisionnel, mais la supervision des heures
d'ouverture le dimanche, en d'autres mots - vous avez les inspecteurs
municipaux, vous avez la police - si un commerçant se plaignait qu'un
autre commerçant est ouvert le dimanche et que vous pouviez envoyer la
police qui émettrait, mettons, une mise en demeure, après
ça, la Cour municipale serait responsable de l'application des heures
d'ouverture et que vous gardiez les amendes, alors ça devrait être
payant s'il y a infraction?
M. Penreault: On me suggère une boutade, M. le ministre,
en disant: Est-ce que c'est parce que vous avez certains de vos employés
qui ne veulent pas travailler le dimanche? Mais...
M. Tremblay (Outremont): Non.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Perreault: Écoutez, très simplement, mais plus
sérieusement, c'est peut-être discutable ces choses-là,
mais, évidemment, il y a des coûts. Dans le fond, ça
renvoie un peu à la question suivante. À partir du moment
où un palier d'administration ou, dans ce cas, un gouvernement a des
responsabilités, habituellement, les responsabilités
d'application lui incombe. Si vous me dites; Est-ce qu'on doit négocier
avec les municipalités des ententes? Ça peut être
discutable pour toutes sortes de raisons, mais je pense que, du point de vue du
coût et des fardeaux de l'application de la loi, me semble-t-il,
ça doit relever de l'autorité responsable.
M. Tremblay (Outremont): Mais non. C'est parce que je prends pour
acquis que, si on transférait, par exemple, la supervision des heures
d'ouverture avec des amendes importantes pour qu'elles soient
appliquées, vous ne seriez pas perdants, en d'autres mots, ce n'est pas
un cadeau de Grec qu'on vous fait. C'est de dire que...
M. Perreault: Qu'est-ce que vous faites, M. le ministre, si une
municipalité l'applique mal?
M. Tremblay (Outremont): Mais...
M. Perreault: Est-ce qu'il y a des amendes de prévues?
M. Tremblay (Outremont): Ah oui!
M. Perreault: Dans le fond, je le sais que c'est compliqué
et je comprends que le gouvernement, dans le fond, se dise: On est loin un peu
du point de vue de l'application quotidienne. Je comprends ça, mais le
problème, c'est que c'est risquer de se retrouver dans une situation
où une municipalité applique la loi de telle manière et
l'autre, pour toutes sortes de raisons, a plus de difficultés à
l'appliquer, mettons. On va se retrouver dans la même situation. Mais je
vous redis, cependant, que ça peut être discutable. Je pense que
ça peut être discutable, qu'on peut regarder ça, mais dans
la mesure où il y a, bien sûr, ce que j'appellerais des
négociations sur le partage des coûts.
M. Tremblay (Outremont): Limitées à ce
dossier-là.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Perreault: J'avais cru comprendre que le gouvernement avait
des réserves à l'égard des transferts aux
municipalités et tout ça.
Le Président (M. Bélanger): Alors, la formation
ministérielle a épuisé son temps. Mme la
députée de Taillon.
Mme Marois: Je vous remercie, M. le Président. En fait,
j'ai déjà dit au ministre, moi, sur cette question d'"opting out"
ou de décision qui pourrait être laissée aux
municipalités de se dégager de la couverture de la loi, que c'est
faire indirectement ce qu'on ne veut pas faire directement. À mon point
de vue, ça mène vraiment à cette
réalité-là. En tout cas, je le répète
là.
Je reviens sur une ou deux choses. Dans la loi actuelle, on constate
qu'il y a des exceptions qui permettent, par exemple, de la vente d'articles
d'artisanat, s'ils sont créés par un artisan, d'oeuvres d'art, si
elles sont créées par un artiste québécois et
vendues par cet artiste ou par le représentant, etc. Bon, il y a un
certain nombre d'autres exceptions que l'on connaît, journaux,
périodiques, livres, tabac, etc. Ce sont, généralement,
des exceptions sur lesquelles il y a eu à peu près consensus de
la part des gens du gouvernement à un certain moment et, de notre
côté, c'est le genre de choses qui apparaît encore pouvoir
demeurer. Est-ce que ce type d'exceptions pourrait répondre aux besoins
présentés par une zone touristique? Je pose la question parce que
moi, je souhaiterais qu'on soit le plus clairs possible et, évidemment,
quand on
veut être clairs, il faut être un peu simplistes, c'est un
peu tannant, là, mais c'est ça. Donc, plus on va ramener à
des choses précises, à des règles précices... Entre
autres, dans le domaine de l'alimentation, une règle qui est
proposée c'est trois employés en tout temps dans le commerce.
Bon. On sait qu'à ce moment-là ça va mener vers du
dépannage, vers de l'alimentation vraiment essentielle, etc. Donc, la
notion de zone touristique, je me dis, si on la resserrait elle aussi, est-ce
que ça vous apparaîtrait quelque chose qui pourrait être
envisageable, une hypothèse comme celle-là? Parce que, quand les
touristes - regardez, je pense que vous voyez un petit peu où je veux
aller - viennent au Québec, que ce soit à Montréal ou que
ce soit ailleurs, ils y viennent, évidemment, pour ce qui nous
particularise en termes d'attraits, de paysages et tout le reste, mais aussi en
termes de ce que nous sommes et de la qualité de ce que nous produisons,
mais qui est différent. Ils ne viennent pas acheter un vêtement
qui est produit chez eux ici, mais ils vont peut-être, par contre, se
préoccuper d'une toile, d'une sculpture, d'un élément
comme ça.
M. Perreault: Mais je pense que si on veut... Le gouvernement a
sa décision à prendre et je pense que, pour nous, c'est clair le
sens dans lequel il doit la prendre. Du point de vue des modalités, si
ça implique un resserrement de la question des zones touristiques et des
commerces ouverts, c'est dans ce sens-là qu'il faut aller plutôt
que dans l'autre sens Là-dessus, notre position est claire. Les
modalités concrètes, je pense que ça va dépendre de
ce que vous entendez, mais pour nous, notre option là-dessus est claire,
notre option fondamentale est assez claire là-dessus. Je m'arrête
là-dessus, je pense que c'est...
Mme Marois: D'accord. Vous disiez que vous aviez investi des
sommes assez importantes, vous nous avez parlé de 90 000 000 $ dans la
revitalisation du centre-ville, impliquant, dans votre cas, que c'est plusieurs
petits centres ou des artères commerciales que l'on a remis en valeur.
Quelle était la proportion - parce que je ne me souviens pas, je sais
que c'est un programme qu'on a mis en place - respective de la ville, du
gouvernement et des commerçants aussi, parce qu'ils ont
été impliqués dans ce type d'opération?
M. Perreault: Bien, il y avait deux volets au programme.
C'était 50 %. je pense, dans le cas du programme des subventions
à la rénovation et, dans le cas du programme...
Mme Marois: II y avait programme...
M. Perreault: ...RAC, des artèros commer ciales... Non,
dans le cas de RAC, c'était 50 - 50, dans le cas du programme de
subventions, c'était 60 %, comme proportion 60 - 40...
Mme Marois: D'accord.
M. Perreault: ..sur les 30 000 000 $. Donc, c'est la
première note de 30 000 000 $. Les autres 60 000 000 $, ça
été l'effort des commerçants eux-mêmes, c'est
l'effort privé.
Mme Marois: Comme tel, c'est ça. Non, c'est pour un petit
peu remettre en perspective le fait que le gouvernement avait choisi aussi,
à cet égard-là, de s'assurer qu'on allait permettre que
vive, que se développe et que progresse ce type de commerces et
d'activités en ville. Est ce que vous avez évalué - on l'a
posé un petit peu aux SIDAC, ce n'était pas nécessairement
clair non plus - l'effet concret que ça pourrait avoir en termes de
nombre réel possible de fermetures de magasins si, ici, on allait vers
une libéralisation et que tous les phénomènes,
évidemment, dont on parle se produisaient?
M. Perreault: De fait, nous n'avons pas là-dessus,
à ce moment-ci, de réponse à ça, et, d'ailleurs,
c'est ce qui fait que nous disons au gouvernement, puisqu'il faut adopter, il
faut quand même clarifier les choses, pourquoi, dans ce cas-là, ne
pas retenir un petit peu les propositions qui sont les nôtres, qui nous
semblent, dans la mesure où toutes les études d'impact ne sont
pas faites, théoriquement, en tout cas, et en principe, beaucoup moins
dommageables potentiellement qu'une libéralisation totale du commerce le
dimanche et de tout le commerce de détail? Dans le fond, ces
études-là n'ont jamais été faites par aucun
gouvernement à ma connaissance, pas plus d'ailleurs, je dois le
reconnaître, par notre administration. Donc, je ne suis pas en mesure de
dire de façon précise qu'il y aura tant ou tant de commerces,
mais je dirais que ce n'est pas juste une question de... Il faut comprendre que
ce n'est pas juste le fait qu'un commerce va fermer. C'est un
phénomène de dilution de l'activité commerciale, compte
tenu que certains vont demeurer ouverts, ne mourront pas, mais vont
peut-être être fermés tel jour, tel jour, et là c'est
toute l'activité qui se trouve comme débalancée par
rapport à ce que c'est qu'une artère commerciale.
Mme Marois: D'accord Ça va, M. le Président. (16 h
45)
Le Président (M. Bélanger): Alors, si vous voulez
remercier nos invités.
Mme Marois: On vous remercie pour l'éclairage nouveau que
vous nous apportez, pour aussi la clarté de votre opinion et
j'espère que cette opinion saura influencer le gouvernement. Je vous
remercie.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Merci beaucoup, MM. Perreault,
Beauchamp, Moisan et Dupras. Merci d'être venus partager avec nous votre
point de vue. On va le prendre en considération dans la décision
qu'on va avoir à prendre.
M. Perreault: Je vous remercie, M. le ministre.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): La commission de
l'économie et du travail remercie la ville de Montréal de sa
participation à ses travaux et invite à la table des
témoins le parti municipal Action Saint-Laurent.
Bonjour aux membres du parti municipal Action Saint-Laurent. Nous vous
souhaitons la bienvenue et nous vous expliquons nos règles de
fonctionnement. Vous avez une enveloppe de 30 minutes qui vous est consentie,
dont 10 minutes pour la présentation de votre mémoire, et le
reste en échange avec les parlementaires. Je vous prierais donc, dans un
premier temps, de vous identifier et de bien vouloir procéder à
la présentation de votre point de vue. Je vous remercie.
Action Saint-Laurent
M. Le Blanc (Jacques): Merci. Bonjour, Jacques Le Blanc, chef du
parti municipal Action Saint-Laurent, à Saint-Laurent. M. le
Président, M. le ministre, membres du groupe ministériel, membres
du groupe de l'Opposition officielle, mesdames, mesdemoiselles, messieurs, nous
apprécions les membres de cette commission pour leur courage, leur
effort et leur bonne volonté de bien vouloir traiter tout le monde avec
justice et équité devant un sujet aussi controversé,
épineux, complexe et d'une grande importance pour nos consommateurs. Je
dois vous dire que cent ans se sont écoulés, déjà,
depuis les premières rencontres entre les législateurs
québécois et les marchands détaillants, afin d'en arriver
à une réglementation des heures d'af faires des
établissements commerciaux dans notre province. La
répétition de ce scénario dans les années 1960,
1980 et 1990 indique une problématique importante et grave. Il nous est
impossible, bien sûr, dans cette discussion, faute de temps, de citer la
multitude incroyable de paroles et d'écrits qui furent consacrés
à ce sujet. Notre but est d'exposer le plus succinctement possible les
aspects juridictionnel, social, commercial et législatif, suivi d'une
conclusion que nous croyons plausible.
Quant à l'aspect juridictionnel, au moment de dévoiler le
mandat do cette commission on décembre 1989, M lu ministre, qui est ici
présent, jonglait avec l'idée de laisser les villes
décider des heures d'ouverture. Les municipalités ont
détenu le pouvoir de réglementer les heures d'affaires de 1894
à 1969, en vertu de la Loi concernant la fermeture des magasins à
bonne heure, et cette loi fut stagnante pendant 75 ans. Faute d'une
réglementation uniforme des heures pour tous les commerces à la
grandeur de la province, la situation s'envenimait de décennie en
décennie. concurrence déloyale, injustice, aggravation,
disparité, procès coûteux devant les tribunaux, bref, de la
politicaillerie municipale carnavalesque. Nous n'avons qu'à citer le cas
de l'Ontario. Il y a un an, le gouvernement provincial cédait aux
municipalités le pouvoir d'autoriser l'ouverture des magasins.
Aujourd'hui, ce geste est très loin de faire l'unanimité chez nos
voisins ontariens.
C'est en juin 1965 qu'une importante délégation de
marchands se rendait ici, à l'Hôtel du Parlement, pour demander la
mise sur pied d'un comité d'étude sur les heures d'affaires, et
j'étais là. La majorité des marchands, des citoyens et des
politiciens faisaient l'unanimité quant à une juridiction
provinciale et l'uniformisation des heures à la grandeur de la province.
Le gouvernement du Québec prenait le pouvoir de réglementer les
heures d'affaires par le biais d'une nouvelle loi, le 28 novembre 1969, et ce,
à la satisfaction de la majorité des Québécois.
Nous implorons M. le ministre et ses collègues de maintenir la
juridiction provinciale en ce qui a trait à toute loi sur les heures
d'ouverture, si loi il y a. Nous sommes catégoriquement contre toute
idée de céder le pouvoir de réglementer les heures
d'affaires à une municipalité, une communauté urbaine ou
à un organisme paramunicipal.
Pour nous, l'aspect social du problème des heures comprend tous
les éléments qui sont diamétralement opposés
à l'ouverture des magasins le dimanche. Certains sonnent le glas de la
petite entreprise...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
si vous permettez un instant, monsieur.
M. Le Blanc: C'est très approprié.
Le Président (M. Bélanger): Si vous permettez un
instant, s'il vous plaît. Est-ce qu'on peut vérifier si c'est un
quorum ou un vote?
Une voix: C'est un quorum.
Le Président (M. Bélanger): C'est un quorum.
Oui.
Une voix: II n'y a pas de vote. Ce sont des projets de loi.
Le Président (M. Bélanger): Ah bon! O.K.
Alors, on continue.
M. Le Blanc: J'aurais aimé que feu M. Pierre Laporte ait
été ici parce que je lui avais répété la
même chose, il y a 25 ans.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Le Blanc: Alors, ça l'aurait peut-être fait rire
un peu Alors, pendant que les autres clament l'anéantissement de la
cellule familiale, l'exploitation de l'homme par l'homme et la profanation du
Seigneur le dimanche, tout ce feu d'éloquence de certains intervenants
dans ce sens sur le sujet constitue, à notre opinion, une
futilité émanant d'un raisonnement vieillot et qui ne
répond plus aux moeurs de nos jours. Il y a belle lurette que le petit
écran de télévision supprime le dialogue dans plusieurs
familles à raison d'une moyenne de 23 heures par semaine par personne.
La boisson alcoolisée vendue aux Québécois le dimanche
constitue parfois un élément beaucoup plus destructeur pour la
cellule familiale que l'achat de légumes, de meubles ou autres
commodités. Quant aux salariés, ils sont protégés
par les conventions collectives En l'absence de ces dernières, ils
peuvent recourir à la Commission des normes du travail pour
protéger et revendiquer leurs droits.
Pourquoi a ton permis à certains magasins d'escompte
déguisés en pharmacie d'ouvrir sept jours par semaine? Pourquoi
a-ton permis aux grandes chaînes d'alimentation de jouer le rôle de
franchiseur et d'ouvrir des centaines de débouchés commerciaux
déguisés en dépanneur? La permissivité de notre
gouvernement provincial en matière de réglementation des heures
ouvrables des établissements commerciaux a contribué largement au
conditionnement d'une large partie de la population à magasiner le
dimanche. Il n'est pas rare de trouver des familles entières, en
provenance de tous les rangs sociaux, visiter les marchés aux puces et
les halles le dimanche. On croirait même que ce mode de vie est devenu
monnaie courante ou partie intégrante des loisirs dominicaux de
plusieurs cellules familiales. Quoi qu'il arrive, il faudra se pencher sur les
habitudes, les moeurs et la mentalité qu'auront les futures
générations. N'oublions pas non plus que nous connaîtrons
ici au Québec un accroissement d'immigrés venant de tous les
coins du monde dans les prochaines décennies.
Quant à l'aspect commercial, lors des auditions des années
soixante, ici, en commission parlementaire, des groupes de marchands prô
naient le respect de l'entreprise privée et la liberté du
commerce. Mais ils craignaient la libéralisation des heures d'affaires
prétextant que leurs activités se limitaient aux petites et
moyennes entreprises, que la liberté du commerce ne devait pas
être une jungle où le plus fort, par le simple fait de sa
puissance financière, éliminerait le plus faible Le marchand qui
ferme ses portes 52 dimanches par année et les jours
fériés, à l'exception de Noël, bien sûr, et du
24 juin, est en réalité fermé au public 60 jours ou deux
mois par année II doit quand même payer les dépenses
afférentes à l'exploitation de son établissement, loyer,
taxe d'affaires, téléphone, assurance et autres
déboursés. Le propriétaire d'un commerce quelconque doit
évaluer la rentabilité des fonds investis dans son entreprise. II
est grand temps pour le petit commerçant de s'émanciper et de
s'épanouir dans un monde de libre concurrence. Un commerce n'est pas de
tout repos et il faut composer avec les problèmes inhérents
à l'exploitation d'une entreprise. Le consommateur recherche le marchand
qui est disponible au moment où il en a besoin. Dans le cas contraire,
la liberté de choix du consommateur est brimée.
Maintenant, quant à l'aspect législatif, il nous suffit
d'inventorier et d'étudier les lois fédérales et
provinciales se rapportant à la fermeture des magasins en semaine et le
dimanche pour constater que, dans l'espace de quelques décennies, les
permissions, les dérogations, l'inconstitutionnalité, les
arrêts ministériels ont afflué à un tel point que la
Loi sur les heures d'affaires des établissements commerciaux a fini par
perdre le fil.
La décision que prendra le gouvernement concernant les heures
ouvrables des magasins, soit en semaine ou le dimanche, devra satisfaire avant
tout le consommateur d'aujourd'hui et celui des décennies à
venir. Pensons au consommateur qui se rend au sud de la frontière, le
dimanche, pour y faire ses achats là où il n'y a aucune
contrainte législative. Nous attirons votre attention sur l'État
de New York, où chaque entreprise s'autodétermine dans le domaine
des heures d'affaires. II n'y a pas de privilégiés ni d'exclus.
Ni l'un ni l'autre. C'est la liberté totale d'agir et de décider
pour soi-même, et personne ne semble sen plaindre Nous optons donc pour
l'autodétermination des commerces dans notre province.
II est donc résolu, vu les faits évoqués dans cette
declaration: de recommander l'abrogation de toute loi sur les heures d'affaires
des établissements commerciaux. Merci.
Bélanger): Je vous remercie. M. le député
d'Acadie.
Une voix: II n'est pas député. Des voix: Ha,
ha, ha!
M. Le Blanc: Ah! Excusez moi! C'est mon député. O.
K. C'est correct. Parce qu'une partie de Saint Laurent est dans l'Acadie.
D'accord OK.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bordeleau: Ça me fait plaisir de vous saluer, M. Le
Blanc, qui êtes, comme vous le dites, un résident du très
beau comté de l'Acadie, dans la partie Saint-Laurent, comme vous l'avez
signalé. Écoutez, j'aimerais peut être juste revenir sur un
point. Je pense que votre message est clair. On a eu, par contre, durant les
journées où on a entendu différents groupes, des gens qui
sont venus nous parler des petits commerçants; je pense à des
dépanneurs ou à d'autres petits commerçants
indépendants qui sont venus nous parler du danger que pouvait
représenter pour eux l'ouverture des commerces le dimanche. Ça a
été un message qui nous a été envoyé assez
souvent. Vous, vous recommandez l'ouverture, la libéralisation des
heures d'ouverture des commerces. Est-ce que vous ne voyez pas, à ce
moment-là, de problèmes au niveau de la survie des petits
commerçants, dans ce contexte-là?
M. Le Blanc: Aucunement. Aucunement, parce que si vous parlez de
marketing ou de clientèle, si vous avez 10 000 personnes dans un endroit
défini, vous ne pouvez pas en avoir 10 000 et un client, vous avez 10
000 clients. C'est ceux qui excellent dans le marketing ou dans la
présentation de leur commerce qui vont chercher des clients de l'autre.
Présentement, la façon dont les choses fonctionnent, c'est que
les gros vont chercher la clientèle et le petit, lui, il est
condamné, s'il ouvre le dimanche. Alors que s'il pouvait ouvrir le
dimanche, par son initiative, il pourrait aller chercher de cette
clientèle et puis augmenter ses profits à la fin de
l'année. Parce qu'en somme il est fermé deux mois par
année, ce ne sont pas des farces; il faut qu'il paie quand même
les dépenses fixes, qu'il paie des dépenses pendant deux mois de
temps. La ville de Montréal ou la ville de Saint-Laurent ne donne pas un
rabais à celui qui est fermé deux mois par année, parce
que, si on considère 52 dimanches plus certains jours
fériés, il est fermé deux mois par année, mais il
faut qu'il paie ses dépenses quand même: téléphone,
assurances, etc.
Alors, ici, au Québec, je crois qu'il est grand temps que le
petit marchand arrête de se cacher en dessous du jupon de la province
puis de ci puis de ça puis qu'il commence à s'émanciper,
à s'épanouir.
On a eu une expérience comme ceci, il y a quelques années,
Mme Marois est au courant quelque peu. C'est que dans un dossier qui avait
trait au domaine de la coiffure, dont j'étais un porte-parole tout
simplement, un président d'association, mais je n'étais pas
coiffeur, mais parce que j'avais des intérêts dans le domaine,
j'avais, disons, des intérêts dans des salons... C'est que,
à un moment donné, quand on a vu toute cette loi, le statut du
coiffeur qui comprenait les heures de commerce, un tas de., les prix, la
fixation des prix, etc., on a demandé au gouvernement de
déréglementer la coiffure. À partir de ce
moment-là, on entendait clamer du monde, les gens disaient; C'est la fin
de là coiffure, tout le monde va ouvrir comme il le veut. Finalement,
ça fait cinq ans, personne n'est mort, personne n'est malheureux, tout
le monde est heureux. Celui qui opère sur la rue Saint-Jacques avec les
secrétaires dans les édifices, lui, il aime ouvrir de 7 heures
à 9 heures le matin, de 11 heures à 13 heures ou 14 heures, puis
de 17 heures à 19 heures, puis le samedi, lui, il est fermé.
L'autre qui est sur le Plateau-Mont-Royal, lui, il aime ouvrir le dimanche puis
ouvrir le soir sur semaine, parce qu'il a une clientèle passante.
L'autre qui est aux Îles-de-la-Madeleine, lui, il aime ouvrir le soir,
parce que le jour les gens sont partis à la pêche
l'été ou les femmes sont dans les usines de transformation.
L'autre qui est à un autre endroit que je connais, et nous-mêmes
qui sommes impliqués... (17 heures)
C'est que nous, on est ouverts du mardi au samedi, de 9 heures à
18 heures, et ça fait plaisir à tout le monde. Alors, il faut
laisser les gens décider. C'est le marchand qui est responsable de
toutes les dépenses afférentes à l'exploitation d'un
commerce, c'est à lui à décider s'il va ouvrir ou non,
s'il veut faire de l'argent ou s'il ne veut pas en faire. Il devient braillard,
ici, au Québec, parce qu'à un moment donné il est
locataire dans un édifice commercial; au bout de 25 ans, on le retrouve
et il est encore locataire dans l'édifice, comme les gars qui
étaient ici, il y a 25 ans, qui chialaient et qui braillaient; la
moitié sont soit retraités ou morts et les autres sont encore
locataires. Tandis que le gars qui vient de l'autre bord... parce qu'on a
toujours tendance à viser... Ce n'est pas parce qu'on est racistes ou
quoi que ce soit, mais on a toujours cette tendance à être jaloux
des gens qui viennent de l'extérieur du pays, qui émigrent ici,
qui se parlent des commerces et qui travaillent à la sueur do leur
front, sept jours par semaine. Eux, ils deviennent propriétaires de la
bâtisse. Comme analogie, ça me fait penser un peu à quand
j'étais petit gars... le Canadien français qui investissait 10 $
à la Banque Canadienne Nationale, dans un compte de banque, comme
dépositaire, il mettait son petit 10 $ là pour avoir 3 %
d'intérêt. L'autre qui était plus "smart" un peu, qui
venait de l'extérieur, il achetait une action dans la banque. Alors, 30
ans plus tard, le gars se ramassait encore avec son petit 10 $ en banque et des
intérêts de 3 % à 5 %, tandis que le gars qui avait
acheté une action pour 10 $, son action était rendue,
peut-être... il y avait eu un "split" quatre, cinq et six fois et,
à part ça, il y avait des dividendes de 7 % et 8 % par
année, ou 6 % et 7 % par année. Alors, c'est cette
mentalité de bas de laine qui reste encore un petit peu, dans la
province, et dont il faut se débarrasser totalement. C'est comme quand
on était petits gars, les grandes
banques nous menaient par le bout du nez, mais aujourd'hui on a la
caisse populaire qui - je crois mais je peux me tromper - a un actif de 44 000
000 000 $. Aujourd'hui, ils peuvent faire le pied de nez à tout le
monde. Mais c'est ça, il faut que le petit commerçant apprenne
à attacher ses souliers lui-même, il faut qu'il se sorte de cette
zizanie, il faut... C'est de valeur que je tape sur la tête du petit
marchand mais j'en ai marre de toujours entendre le marchand se plaindre contre
n'importe quoi et de brailler tout le temps. Le "Canayen" français,
c'est un gars qui pense toujours à dépenser et il ne pense jamais
à faire de l'argent. Alors, qu'on se réveille! Et ça,
ça commence là, par le commerce, par la libre entreprise. Comment
se fait-il qu'aux États-Unis ils n'aient pas peur de ça, eux?
Dans l'État de New York, chacun se sert de son bon sens.
Évidemment, si vous allez à Long Island, vous ne retrouverez pas
de commerce par là; les gars qui vendent des pianos sont fermés.
Les gars qui sont à Time Square, eux vont ouvrir; d'autres sur la Fifth
Avenue... prenez Sack's, Macy's, Glendale, ils sont ouverts le dimanche.
Ça leur convient. J'ai même le New York Times, ici, dans ma
serviette, qui peut vous donner un tas de magasins qui sont ouverts de 10
heures à 18 heures, le dimanche. Vous n'avez qu'à regarder le
New York Times. Il ne faut pas rester ici à lire toujours les
mêmes journaux. De temps en temps, il faut sortir de notre province pour
savoir ce qui se passe ailleurs. C'est ça. Voilà.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de l'Acadie, est-ce que vous avez d'autres questions?
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: II n'ose plus.
M. Le Blanc: Probablement...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît...
M. Le Blanc:... qu'il trouverait souhaitable que je
déménage dans un autre comté, je ne sais pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît.
Mme la députée de Taillon.
Mme Marois: Je vous souhaite la bienvenue. Comme vous l'avez vu,
vous nous avez quand même amusés pas mal avec vos exemples. Puis,
dans le fond, le député a craint un peu de vous redonner la
parole. Je pense que ça va être un peu long.
Cela étant dit, je vous souhaite la bien- venue. Ne vous sentez
vous pas un peu en contradiction, M. Le Blanc, avec les gens qui sont venus,
représentant les SIDAC de Montréal, mais aussi les SIDAC de
l'ensemble du Québec, et qui représentent habituellement des
petits commerçants ou des indépendants, à tout le
moins9 Ça a été vrai, aussi, pour d'autres
regroupements. Ne vous sentez-vous pas en contradiction un petit peu avec les
représentants de ces groupes-là?
M. Le Blanc: Mme Marois, ça ne m'impres sionne pas
beaucoup. Je sais que, dans 25 ans, ils vont revenir ici pleurer encore.
Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise7 Ça va être
une répétition. Vous allez vous asseoir ici, peut-être dans
cinq ans, dix ans encore, pour discuter du même problème Ça
va revenir parce que le gouvernement... On a un très bon gouvernement,
mais vous faites des lois et vous les oubliez aux archives. Vous oubliez de les
appliquer... Je ne sais pas ce qui se passe... Vous avez des lois... C'est
impossible, vous avez travaillé d'arrache-pied pour formuler des lois,
légiférer, et là vous les mettez sur la tablette et
ça ramasse des fils d'araignée et personne n'en entend plus
jamais parler. Si vous voulez faire des lois pour vous amuser, faites-en...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Le Blanc:.. mais seulement, si vous faites une loi que Pierre.
Jean. Jacques commen cent à ouvrir et, après ça, H arrive
un gars avec une délégation, ici, et il vous fait des pressions
et là, en campagne électorale, il commence à vous
influencer, moi, je vais tout vous arranger ça; si vous commencez
à faire des passe-droits, un petit nanane pour un et un nanane pour
l'autre, ça va encore être revenu pareil.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Le Blanc: Ça va être encore la même chose.
Que ce soit des deux côtés... Moi. je n'ai 74rion contre personne
mais, je veux dire...
Mme Marois: Une dernière question. Des voix: Ha,
ha, ha!
Mme Marois: Comment est-ce que vous avez.. Combien y a-t-il de
membres dans votre parti?
M. Le Blanc: Pardon, madame?
Mme Marois: Combien y a-t-il de membres?
M. Le Blanc: Ah! Présentement, 207 membres
signataires...
Mme Marois: D'accord.
M. Le Blanc: ...officiels là. Mme Marois:
Officiels. D'accord. M. Le Blanc: Oui.
Mme Marois: Est-ce que vous les avez consultés tous?
M. Le Blanc: Sûrement. À Saint-Laurent, d'ailleurs,
je dois dire que c'est là que le premier centre d'achats a connu le jour
au Canada, le deuxième en Amérique du Nord, le centre d'achats
Norgate. Il est tellement vieux qu'ils vont le démolir, là.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Marois: Je pense que c'est une mesure dilatoire que vous avez
dite là.
Le Président (M. Bélanger): J'espère que
ça ne nous arrivera pas à nous autres aussi.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
Mme Marois: Et vous les avez donc consultés sur cette
position-là.
M. Le Blanc: Certainement, madame. D'ailleurs, j'ai fait une
déclaration locale. On a des journaux, nous autres, dans Saint-Laurent,
on en a deux présentement et j'ai fait une déclaration. On la
même mise assez en évidence et j'ai eu de nombreux appels
téléphoniques. Vous savez, les gens, en général,
sont pour l'ouverture le dimanche mais il y a des dames qui sont un peu plus
âgées qui ne veulent pas profaner le Seigneur et un tas de choses
comme ça et elles sont toujours rendues à l'église. Je les
admire mais seulement, à un moment donné, elles sont contre
l'ouverture le dimanche mais là vous les voyez partir en catimini pour
aller à la pharmacie chercher une boîte de chocolats pour la femme
qui est malade à l'hôpital ou bien elle va appeler votre femme
pour se faire coiffer parce qu'il faudrait qu'elle aille dans un salon
mortuaire, le dimanche soir à part ça, mais elle est contre les
services le dimanche! Elle est contre ça. Vous savez, aujourd'hui, les
gens sont habitués maintenant. Vous allez dans les halles, il y a des
garderies d'enfants même maintenant. Les garderies d'enfants, les parents
laissent les enfants dans les garderies. C'est incroyable! Le premier club
Price, par exemple, je me permets de le mentionner... Il y en a quatre à
Montréal, il y en a un, ici, à Québec, je crois. Je me
suis rendu, moi, dans un club Price le dimanche, et les mêmes marchands
qui ne veulent pas ouvrir le dimanche, bien ils sont là au club Price
parce que ce sont seulement les marchands qui peuvent acheter le dimanche.
Ça fait qu'ils sont tous là, au club Price.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Le Blanc: Puis ce n'est pas de la marchandise pour revendre
qu'ils s'achètent. Ils s'achètent de la marchandise pour eux
autres.
Mme Marois: Oui, ça ils nous l'ont dit, d'ailleurs. Club
Price nous l'a dit.
M. Le Blanc: II y a jusqu'à 30 caisses, madame, par club
Price. 30 caisses et elles sont débordées.
Mme Marois: D'accord. Alors, bien, écoutez, je vous
remercie de nous avoir présenté votre point de vue. Ça m'a
fait plaisir de vous entendre. Je ne partage pas tout à fait votre point
de vue, par exemple, on ne peut pas toujours être d'accord, n'est-ce-pas?
Alors... Mais, cela étant dit, je vous remercie de votre
contribution.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Alors, je vous remercie beaucoup, M. Le
Blanc, d'être venu partager avec nous votre point de vue. On va le
prendre en considération dans la décision qu'on va être
appelés à prendre. Merci beaucoup.
M. Le Blanc: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Bélanger): Alors, la commission de
l'économie et du travail remercie les représentants du parti
municipal Action Saint-Laurent et, avant de finaliser ses travaux, nous
aurions, puisque c'était le dernier mémoire, le 91e que cette
commission entendait...
Conclusions
Alors, si chacun peut reprendre sa place, nous allons continuer. Nous en
serions aux remarques de conclusion. Alors, nous nous sommes entendus pour
accorder plus ou moins 15 minutes à chacun des partis. Je pense que
ça peut être plus court puisqu'on aura d'autres occasions de se
reparler là-dessus. Alors, Mme la députée de Taillon.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Oui. On aura sûrement d'autres occasions.
Alors, d'abord, je voudrais dire, avant même d'engager les notes
préliminaires, que j'ai trouvé très intéressants
nos débats. Ce n'est pas parce qu'on a parfois certains échanges
où on élève le ton un peu que les débats ne sont
pas pour autant intéressants. Je pense que ça s'est fait dans le
respect des personnes que l'on
a reçues et aussi des collègues que nous sommes, à
l'Assemblée nationale, et, en ce sens là, j'ai eu beaucoup de
plaisir à y participer.
La commission parlementaire qui se termine aujourd'hui nous a permis, en
fait, de clarifier les enjeux d'une libéralisation des heures d'affaires
des établissements commerciaux en général et, bien
sûr, des commerces d'alimentation en particulier. 91 mémoires, le
président le mentionnait, 11 journées d'auditions nous ont
donné l'occasion de mieux comprendre la complexité du
débat devant lequel on se trouve aujourd'hui, de même que les
différents points de vue qui s'y rattachent.
Il apparaît maintenant clairement que nous sommes
confrontés à deux enjeux fondamentaux. Le premier est celui d'un
choix de société. Dans quel Québec désirons-nous
vivre? Celui du 24 heures sur 24, du sept jours par semaine, soit une
libéralisation totale des heures d'affaires pour tous les types de
commerce, un abandon de toute réglementation gouvernementale en ce
domaine? Ou nous choisissons de vivre dans un autre modèle, moins
américain, peut-être, moins proche du capitalisme sans balises,
plus humain, plus distinct, et qui fait appel à d'autres valeurs
sûrement? Encadrer la pratique commerciale, non pas pour nuire à
nos entreprises mais pour leur permettre un développement en harmonie
avec leurs travailleurs, avec leurs travailleuses, leurs fournisseurs, les
consommateurs et les consommatrices, avec la société, finalement,
toute entière, dont elles émergent, en permettant justement
à cette société de sortir, ne serait-ce qu'une
journée par semaine, de ce que j'appellerais la frénésie
commerciale, en fait, un Québec qui privilégie d'autres valeurs.
Le choix est clair et cette formulation est indéniable pour quiconque a
écouté attentivement les intervenants qui ont
témoigné devant nous. Si on invoque la supposée
difficulté, sinon l'impossibilité d'application de la loi pour
permettre une certaine libéralisation, on ne peut que conclure à
l'échec inévitable de toute réglementation. La loi ne sera
pas plus facilement applicable les soirs de semaine que le dimanche, par
exemple. La seule conclusion est alors qu'il faut abandonner toute tentative de
réglementation.
On ne peut non plus limiter le débat de l'ouverture des commerces
au seul secteur de l'alimentation. La tentation pour les commerces
d'alimentation d'élargir leur offre de produits non alimentaires sera
irrésistible et, de toute manière, le problème se pose
déjà si l'on pense aux superpharmacies, aux établissements
du type Club Price dont on vient de parler. Comment les empêcher de
vendre le reste de leur marchandise alors que la section alimentaire serait
ouverte le dimanche? Le problème d'équité entre les
commerces risquerait de rester entier ou l'application de la loi se
complexifierait davantage. On pourrait aussi mentionner le problème
d'équité qui se poserait pour les marchés d'alimentation
situés dans des centres d'achats et qui devraient soit supporter seuls
les coûts de l'ouverture de l'ensemble de l'immeuble -
sécurité, éclairage, chauffage - soit rester
fermés, soit faire des pressions pour que les autres puissent ouvrir et
partager les coûts. Un choix doit être fait. Il doit être
compris de tous et, en particulier, par le ministre qui a entre ses mains la
responsabilité de proposer une orientation claire. Si on décide
de libéraliser les heures d'ouverture des commerces de l'alimentation
afin de permettre l'équité entre les commerçants, il faut
sans doute les libéraliser entièrement et pour tous les types de
commerce. Évidemment, cela n'est pas notre choix.
Le deuxième problème majeur qui émerge de nos
travaux est celui du rapport entre la loi telle qu'elle a été
adoptée, en 1984, et la volonté politique mise à
l'appliquer On a pu remarquer, au cours des auditions, que les
récriminations les plus fortes en ce qui a trait à
l'iniquité entre les commerces ont été exprimées
par les représentants du secteur de l'alimentation, bien que les
commerçants de tous les types de commerce soient venus nous exprimer des
doléances. En fait, les commerçants de l'alimentation ont
spécifiquement pointé du doigt les superpharmacies, les
marchés publics et les fruiteries.
Il faut rappeler sans détour à qui incombe la
responsabilité de cette situation. Le ministre se plaît parfois
à qualifier la loi de 1934 de chef d'oeuvre d'incohérence, mais
cette loi, dans sa forme initiale, contient, en fait, toutes les dispositions
nécessaires pour éviter les cas les plus problématiques.
En fait, c'est le gouvernement actuel qui, par son manque de volonté
politique, a créé la situation inacceptable dans laquelle on se
trouve. Rappelons que c'est le ministre, M. Daniel Johnson, qui, en 1986, a
permis par décret aux chaînes des superphar macies dêtre
légalement exemptées de la loi Rien ne l'y obligeait. (17 h
15)
Les supermarchés situés dans les marchés publics
qui s'étaient vu accorder un délai lorsque nous avons
adopté la loi, ils s'étaient vu accorder un délai pour se
conformer à la loi que nous avions adoptée. Or, en 1987, et cette
fois encore par décret ministériel, on aura permis à ces
marchés d'être exemptés de la loi. Le ministre, M. Johnson,
n'aura pas, en fait, écouté les conseils de son collègue,
M. Bourbeau, qui déclarait lors de l'étude du projet de loi, en
1984 - M. Bourbeau est actuellement ministre de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle - il disait
que l'Opposition libérale ne pouvait - et là, je le cite - "
..qu'espérer que ces mécanismes de passe-droit seront
utilisés avec le maximum de prudence et de discernement." En ce qui a
trait aux fruiteries, la règle des trois personnes en tout temps,
appliquée de façon rigoureuse à la moindre infraction, eut
tôt fait de régler le
problème et d'éviter celui auquel nous sommes
confrontés maintenant. Et si le véritable problème
reposait non seulement sur le montant des amendes mais plutôt sur la
volonté politique de les imposer, ces amendes, est-ce que le
gouvernement n'aurait pas eu qu'à proposer un amendement à la loi
pour les augmenter, ces amendes? Et sans nul doute qu'il aurait reçu
l'appui de l'Opposition.
Mais ce qu'on comprend plutôt des représentations des
marchands qui réclament l'équité entre les commerces par
l'ouverture en tout temps - ce qui est inquiétant - c'est qu'ils ont
perdu, et à raison peut-être, confiance dans la capacité du
gouvernement de faire appliquer la loi. Si on pouvait les rassurer pleinement,
il ne fait aucun doute que la pression pour ouvrir le dimanche s'estomperait
pour un bon nombre d'entre eux. Je mets le ministre en garde contre la
tentation d'attribuer à la loi de 1984 tous les maux dont souffrent
actuellement nos commerçants, maux qui sont réels.
D'ailleurs, une lecture du rapport portant sur la loi des heures
d'affaires et qui a été produit par un comité de
députés libéraux, soit le comité
présidé par le député Richard qui a
travaillé avec nous pendant toute cette commission, en fait, indique le
même constat. Les membres du comité n'ont pas demandé une
révision majeure de la loi mais certains ajustements et, surtout, une
abrogation des décrets ministériels du gouvernement actuel.
Alors, maintenant que les choix et les responsabilités sont bien
logés, je vais profiter de la synthèse de nos travaux, parce que,
à différents moments, on a eu à revenir sur beaucoup de
questions, pour m'attaquer à ces questions et à ces mythes qu'on
a véhiculés, probablement pas malicieusement, mais que certains
porte-parole de groupes ont véhiculé ici devant la commission et
sur lesquels il m'ap-paraît important de revenir.
Premier mythe, liberté de travailler. À mon point de vue,
on ne saurait tenir de tels propos à la suite de représentations
sans équivoque du côté des travailleuses et des
travailleurs syndiqués, de même que du côté des
commerçants. Le refus de travailler le samedi, même lorsque
prévu dans les conventions collectives actuellement en vigueur -
ça existe maintenant - n'est pas absolu et s'accompagne
fréquemment de risques plus ou moins immédiats de perte d'heures
de travail ou de perte de certains privilèges. Est-ce que c'est cela que
l'on entend par la liberté de travailler? La liberté de perdre
une partie de son salaire si on n'a pas envie de travailler le dimanche?
Second mythe, liberté de commercer. Il faut bien mal
connaître le commerce de détail pour croire qu'un
commerçant puisse se permettre de rester fermé le dimanche alors
que ses concurrents, eux, ouvriraient leurs portes. La permission d'ouvrir, qui
effectivement ne veut pas dire l'obligation légale d'ouvrir, veut quand
même dire l'ouverture généralisée. Et l'exemple
américain, à cet égard, est plein d'enseignement. 98 % des
commerces d'alimentation actuellement aux États-Unis, là
où c'est permis, ouvrent. Ce qu'on sait maintenant, c'est que 28 % des
supermarchés américains ouvrent sept jours par semaine, 24 heures
sur 24.
Troisième mythe. Il y a beaucoup de gens qui veulent travailler
et, en particulier, les étudiants veulent travailler le dimanche. C'est
vrai que, si on donne le choix à un étudiant qui veut payer ses
études entre travailler le dimanche ou ne pas travailler du tout, il va
choisir de travailler. Le témoignage des commerçants qui ont
à embaucher des gens le dimanche est différent. On nous dit que
les étudiants et étudiantes se prévalent de leur
ancienneté pour ne pas avoir à travailler le dimanche,
aussitôt qu'ils le peuvent, et réclament des systèmes de
rotation pour les quarts de travail cette journée-là. Personne ne
veut travailler le dimanche et le faisait remarquer, entre autres, une personne
qui embauche beaucoup de gens le dimanche, M. Jean Coutu, qui est venu
témoigner devant notre commission. La très grande majorité
des propriétaires exploitants, les indépendants qui sont
suffisamment proches de leurs employés, sont particulièrement
sensibles à cette réalité. Ils nous l'ont mentionné
à plusieurs reprises. En fait, soutenir que les étudiants doivent
aimer travailler le dimanche puisqu'il n'y a pas une si grande
difficulté à en trouver, ça se compare à dire que
les pigistes doivent aimer la précarité de leur emploi et de leur
statut puisque le gouvernement n'a pas de difficulté à en
recruter. Tant que le taux de chômage va se maintenir, pour les 15-24
ans, autour de 12 %, il sera sûrement moins difficile d'embaucher le
dimanche.
Un mythe connexe, si je peux m'exprimer ainsi, c'est celui de la
création d'emploi qui résulterait de la libéralisation des
commerces. En fait, pour bien cerner le phénomène, il faut parler
de variation de la masse salariale car scinder un emploi à temps plein
en deux emplois à temps partiel, ne correspond pas, selon ma
définition, qui, je l'espère, est partagée par le
ministre, à créer de l'emploi.
Or, trois remarques s'imposent. Premièrement, on spécifie
bien dans le document d'information du ministère qu'aucune étude
sérieuse n'a apporté de réponses concluantes à
cette question. Nous avons eu par contre le témoignage d'une
franchisée, on va s'en souvenir, franchisée sous la
bannière Métro, qui a pu ouvrir le dimanche dans une zone
touristique. Elle nous a dit: Mon volume n'a pas augmenté, j'ai
augmenté le nombre d'emplois mais ma masse salariale, elle, n'a pas
augmenté. Si on sait compter, cela veut dire qu'il y a maintenant dans
son commerce plus d'emplois à temps partiel et ceux-ci sont
peut-être moins bien payés, je dis bien "peut-être".
Toute une amélioration!
Troisièmement, si on devait malgré tout assister...
Le Président (M. Bélanger): Je vous inviterais
à conclure, Mme la députée.
Mme Marois: Oui. Si on devait malgré tout assister
à une augmentation de la masse salariale suite à l'ouverture des
commerces le dimanche, il faudrait bien payer d'une quelconque façon
l'augmentation des coûts si le volume n'augmente pas et si le
marché est à maturité.
Évidemment, si j'avais un peu plus de temps, je vous parlerais de
la question fondamentale qui me proccupe. Je vais simplement le souligner,
celle de la qualité de la vie. C'est évident que ce n'est pas
seulement le dimanche que ça se passe, mais ce que l'on dit c'est:
Essayons donc, comme collectivité, comme société, de faire
en sorte qu'au moins une journée par semaine la majorité d'entre
nous puisse avoir la possibilité de participer à d'autres types
d'activités que celles de la production et du commerce. On nous dit que
les consommateurs et les consommatrices sont d'accord avec une ouverture le
dimanche. Quand on pose la question un petit peu plus en profondeur, on se rend
compte que leur choix va parfois davantage vers une augmentation des plages
horaires en semaine et que, pour le reste, ça se partage à peu
près également.
En fait, j'aimerais rappeler en terminant, M. le Président, que
l'Opposition officielle a présenté tout au long de cette
commission, une position claire, applicable, gérable et durable, comme
le souhaite le ministre, et je partage son point de vue, une position qui
rejoint aussi les recommandations qu'avait faites le rapport Richard et qui
rétablirait l'équité entre les commerçants en
respectant scrupuleusement la qualité de vie des travailleurs et des
travailleuses. Son seul défaut, probablement majeur aux yeux de certains
membres du gouvernement peut-être, c'est qu'elle demande un minimum de
volonté politique. Mais quelle solution n'en demandera pas? Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la
députée.
Non, non, non, non, non, non!
M. Jolivet: C'était bon, c'était bon.
Le Président (M. Bélanger): Je regrette, je
regrette, M. le député, vous avez déclenché une
chose et vous connaissez les règlements. Vous savez fort bien que c'est
interdit.
M. Jolivet: Je ne l'ai pas déclenchée, j'ai le
droit, moi.
Le Président (M. Bélanger): Oui mais vous l'avez
fait de façon telle..
M. Jolivet: Non, mais eux autres, ce n'est pas de mes affaires,
ce n'est pas de mes affaires. Moi. j'ai le droit.
Le Président (M. Bélanger): Je vous inciterais,
à l'avenir, à tenir compte de nos règlements. M. le
ministre.
M. Jolivet: Mais c'était bon pareil. M. Gerald
Tremblay
M. Tremblay (Outremont): M le Président, j'aimerais, au
départ, vous remercier pour votre excellent travail tout au long de
cette commission qui a su créer un climat de collaboration On a eu
parfois des échanges mouvementés, mais je pense qu'ils ont
toujours été très constructifs et vous avez su permettre
à tous les intervenants qui avaient une opinion de s'exprimer librement.
À Mme la députée de Taillon, j'aimerais dire que vous
êtes une bonne avocate pour la cause que vous défendez, bien
appuyée, évidemment, par le député de Laviolette.
Quant à mes collègues, j'aimerais vous remercier pour votre
participation et, également, pour votre assiduité tout au long de
la commission. Et pour les collaborateurs de mon ministère, je pense
qu'on doit reconnaître l'excellent travail au niveau de la
préparation du document d'information, également, leur
participation et surtout le travail qu'il leur reste à faire.
Vous savez, au début de la commission, j'ai mentionné que
c'était un forum privilégié, forum
privilégié pour nous permettre une réflexion globale - je
souligne bien le mot "globale" - du dossier, qui va au delà de
l'intérêt personnel et immédiat de chacun. Si certaines
personnes pouvaient avoir des doutes sur la pertinence de la commission, je
pense qu'aujourd'hui tous et toutes devraient reconnaître qu'une
commission parlementaire s'imposait.
Nous avons reçu 91 mémoires; 84 groupes, associations,
intervenants sont venus partager avec nous leur point de vue. Je pense que ce
qu'il y a de plus important, c'est la démocratie. Quelle que soit la
décision que nous serons appelés à prendre, si nous avons
permis à tous les intervenants de s'exprimer publiquement, à tous
les intervenants de répondre à nos questions, à tous les
intervenants de nous soumettre aujourd'hui, et peut-être dans les
quelques jours à venir, des preuves quantitatives des affirmations
qu'ils ont faites, je pense qu'on aura réussi à démontrer
que la démocratie, c' est important.
On s'est fixé, au départ, que toute décision doit
impliquer des principes, des principes fondamentaux. Alors, il y en a trois qui
ont guidé notre réflexion: l'équité entre les
commerçants, les besoins réels des consommateurs et la
qualité de vie de la population, notamment celle des travailleurs
et des travailleuses. Si je reprends l'équité, je pense que la
commission a démontré que les nombreuses exceptions dans la loi
ont créé une situation d'iniquité. Ces exceptions ont
même encouragé certains commerçants à enfreindre la
loi. On n'a qu'à penser à certaines pharmacies d'escompte,
à certains marchés publics et, également, il faut se dire
que les amendes n'étaient pas dissuasives.
Je ne sais pas si, aujourd'hui, je fais un reproche à ces
commerçants-là. On dit souvent que dura lex, sed lex, la loi est
dure mais c'est la loi. Il y a sûrement des responsabilités.
Plusieurs personnes sont venues nous dire: Si j'avais su, en 1984, j'aurais
témoigné pour m'assurer de faire valoir mon point de vue.
Ça a sûrement influencé la décision de faire une
commission parlementaire. C'est évident que des exceptions, ça a
un effet d'entraînement. Souvent, on entend: Je pensais que je pouvais
faire ça.
Quand on regarde ce que c'est un commerçant, fondamentalement,
qu'il soit petit ou qu'il soit gros, c'est quelqu'un qui, de bonne foi,
investit des sommes d'argent importantes pour améliorer son sort. On a
entendu au cours de la commission, on a dit: Oui, c'est un risque
calculé. C'est un risque calculé quand on parle uniquement
d'affaires, mais, quand un gouvernement édicté une loi,
crée des exceptions ou n'applique pas uno loi, je pense que le
gouvernement a une certaine responsabilité parce que le
commerçant se dit: Le gouvernement a envoyé des messages pour
faire telle ou telle chose. (17 h 30)
Ce qui a été intéressant, tout au long de la
commission, aussi, c'est le fait que, que les intervenants soient petits,
qu'ils soient gros, ils se sont regroupés et je pense qu'il y a des
montants d'argent importants qui ont été investis et des
ressources humaines également importantes, quels que soient les groupes,
qu'ils soient petits, gros, qu'ils représentent un point de vue ou un
autre point de vue. Et, finalement, ce qu'on a appris, plusieurs intervenants
sont venus nous dire. On est petits, on a peur. Plusieurs sont venus nous dire:
On est petits, on n'a pas peur. Donc, la saine concurrence a été
défendue de part et d'autre par les différents intervenants.
Donc, l'équité, premier principe, c'est important.
Deuxième principe, les besoins, mais les besoins réels des
consommateurs. C'est évident que si on demande à un consommateur
à la porte d'entrée de son commerce s'il est pour l'ouverture des
commerces ou pour la fermeture des commerces, le consommateur a toujours
raison, alors, quelle que soit la question qu'on va lui poser, le consommateur,
s'il est favorable à l'ouverture des commerces, il va dire: Oui, j'y
vais, donc je signe.
L'évolution des besoins, je pense que la commission a clairement
démontré - tous les intervenants - qu'il y a eu une certaine
évolution des besoins. Pas uniquement des besoins des consommateurs,
mais également des besoins des régions. On l'a vu plus
spécifiquement aujourd'hui quand on parle des zones touristiques, des
zones également limitrophes. Mais tous ces besoins-là, la
question qu'on est en droit de se poser: Est-ce que ce sont des besoins
réels? C'est dans ce sens-là que le mot "réels" a
volontairement été ajouté au niveau des principes qu'on a
mentionnés tout à l'heure. Je pense que c'est ça la
question, ou une des questions qu'on est en droit de se poser: Quels sont les
besoins réels des consommateurs? Et la deuxième question: Qui est
le mieux placé pour décider des besoins réels des
consommateurs? Est-ce que c'est le gouvernement? Est-ce que ce sont les
consommateurs?
La qualité de vie. Oui, la qualité de vie, c'est
très important, mais c'est une valeur personnelle. Ce qui peut
apparaître comme une condition sine qua non de "sa" qualité de vie
peut être, pour une autre personne, une diminution. Si on favorise l'une
ou l'autre des options, c'est évident qu'on va favoriser la
qualité de vie de certaines personnes et moins celle des autres. Mais la
qualité de vie, c'est également continu, ce n'est pas juste
quelque chose qui se fait le dimanche ou le samedi ou le lundi ou le mardi.
Il y a un consensus sur une chose, sur plusieurs choses, mais dont une
est importante Si on veut avoir une loi durable, il semble y avoir deux options
et la députée de Taillon l'a mentionné tout à
l'heure: fermeture des commerces le dimanche, vrai dépannage en semaine,
réaménagement possible des heures sur semaine, ça j'en
conviens; ou si on est pour aller pour une ouverture, il faudrait ouvrir tous
les commerces le dimanche, et ça on l'a réalisé
après, je pense, deux ou trois jours de commission. Le débat,
c'est un débat important, mais c'est également un débat
très complexe, et c'est un débat de société.
Ça fait appel à des valeurs profondes, puis on l'a vécu
tout au long de la commission. Des intervenants, qu'ils soient petits ou qu'ils
soient gros, sont venus nous exprimer leur point de vue avec conviction. C'est
un débat de société qu'on va devoir assumer
collectivement. Les responsabilités qui me sont confiées, et
également celles qui sont confiées à tous les
députés membres de la commission, ou également membres de
l'Assemblée nationale, sont lourdes de conséquences. Toutes les
positions des intervenants sont sympathiques, quand on s'arrête à
y penser Mais c'est me solution globale qu'il faut rechercher et je suis
convaincu qu'elle ne fera pas que des heureux.
J'ai mentionné tout à l'heure qu'il y avait des consensus.
Oui, il y en a des consensus. Le premier: tout le monde semble vouloir une loi
applicable, une loi gérable et une loi durable. Un autre consensus: tout
le monde considère que l'équité, c'est très
important. Un troisième
consensus, les besoins des consommateurs, c'est important. Où il
semble y avoir des différences importantes, c'est quand on ajoute le mot
"réels" à "besoins" et c'est quand on commence à parler du
troisième principe qui est le principe de la qualité de vie.
Je me suis engagé à déposer un projet de loi au
printemps. Donc, je vais déposer un projet de loi au printemps.
En terminant, je voudrais rassurer tous les intervenants La
décision sera basée uniquement sur les faits
présentés en commission parlementaire. Tous les intervenants ont
eu l'opportunité de se faire entendre. Je l'ai déjà dit et
je le répète encore: La décision ne fera l'objet d'aucune
pression de qui que ce soit La confiance que la population attache à nos
institutions et à ses représentants élus est très
importante pour moi. J'entends répondre aux attentes de la population et
présenter une solution qui favorisera l'épanouissement
économique et social du Québec. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, M. le
ministre. Avant de terminer, je voudrais remercier des gens qu'on ne voit pas
beaucoup, mais qui sont à la transcription du Journal des
débats et qui font un travail très ingrat. Souvent ils ont
à courir ou à fouiller pour identifier qui a fait quelle
intervention et ça n'est jamais facile. On va remercier ces
gens-là, ainsi que nos gens qui nous accompagnent autour et qui nous
servent de soutien, etc. Il n'y aura pas de question à ce
niveau-là. M. le député de Drummond.
M. St-Roch: M. le Président, seulement quelques minutes.
Au nom de tous mes collègues, et je pense que ça va être
partagé par les deux côtés, je veux remercier tous ceux qui
ont participé et aussi principalement vous, M. le Président, qui
a su si bien mener de main de maître les travaux de cette commission.
Le Président (M. Bélanger): Non, non, non, non,
non. Je veux remercier tout le monde et tous ceux et celles qui ont
participé. Ça aurait pu être une commission difficile,
parce qu'il y avait des points de vue divergents, mais, parce qu'on avait
beaucoup de discipline et qu'on croit en l'efficacité des mots beaucoup
plus que de la procédure, il n'y a pas eu de guerre de procédure,
il n'y a eu rien de compliqué et ça s'est même
déroulé dans un climat très très facile. Je vous
remercie tous. On ajourne nos travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 38)