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(Dix heures trois minutes)
Le Président (M. Bélanger): La commission de
l'économie et du travail se réunit afin de procéder
à une consultation générale et à des auditions
publiques sur les modifications à apporter à la Loi sur les
heures d'affaires des établissements commerciaux.
Ce matin, dans un premier temps, nous recevons la Corporation des
marchands de meubles du Québec. Alors, messieurs, bonjour. D'abord,
est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, il y a un
remplacement. M. Leclerc (Taschereau) est remplacé par M. Richard
(Nicolet-Yamaska).
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que ça
prévaut jusqu'à la fin des travaux de la commission? Ça
nous évitera de l'oublier à l'occasion.
Le Secrétaire: Je ne le sais pas, M. le Président,
c'est le bureau du whip...
Le Président (M. Bélanger): Alors, M. le
député de Nicolet-Yamaska, est-ce que vous prévoyez ce
remplacement jusqu'à la fin des travaux de la présente
commission?
M. Richard: Je pense que oui.
Le Président (M. Bélanger): Oui. Alors, est-ce
qu'on pourrait accepter ce changement jusqu'à la fin des travaux de la
commission, ce qui nous évitera de recommencer tous les matins?
Mme Marois: Tout à fait d'accord.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Je vous remercie
beaucoup. Cela étant dit, nous avons la Corporation des marchands de
meubles du Québec. Alors, messieurs, bonjour. Vous avez 20 minutes
fermes pour la présentation de votre point de vue et par la suite, il y
aura une période d'échanges avec les parlementaires. Alors, je
vous demanderais, si possible, et si on s'en rappelle à chaque fois,
évidemment, de bien vouloir donner votre nom à chacune de vos
interventions, ceci pour des fins de transcription au Journal des
débats. Alors, sans plus tarder, je vous invite à la
présentation de votre mémoire.
Corporation des marchands de meubles du
Québec
M. Vaillancourt (Paul): Alors, M. le Président,
permettez-moi, au tout début, de présenter, à ma gauche
immédiate, M. Guy Bureau, de
Bureau et Bureau, de Sherbrooke; M. Rémy Perron, de Gaston Perron
et fils, de Cap-Santé; à ma droite immédiate, M. Yves
Varin, qui est le directeur général de la Corporation des
marchands de meubles du Québec; et M. Jean-Marc Lévesque, de
Pelletier électrique, de Mont-Joli.
Alors, M. le Président, il me fait plaisir, à titre de
représentant de la Corporation des marchands de meubles du
Québec, de vous remercier de l'occasion qui nous est fournie aujourd'hui
d'être entendus sur une loi aussi importante que nécessaire pour
le commerce de détail en général et celui du meuble en
particulier. Vous conviendrez comme nous que cette loi représente
à la fois une valeur économique et une valeur sociale. Cette loi
favorise une concurrence plus loyale, plus disciplinée et plus
ordonnée au niveau de sa valeur économique. Quant à sa
valeur sociale, ça implique des traditions et des habitudes de vie que
l'on ne peut affaiblir sans mettre en danger autant son niveau social que son
niveau économique. Cette réglementation contribue à
protéger à la fois consommateurs, employés et
détaillants contre les thèses fallacieuses et abusives de groupes
restreints d'individus dont le but et l'objectif sont d'accroître leur
part de marché.
Pour le commerce de détail en général et celui du
meuble en particulier, bien que le taux moyen de croissance du Québec
ait assez bien évolué au cours des sept dernières
années, il reste que le taux d'épargne des consommateurs affiche
son plus bas niveau depuis 10 ans et il est prévisible que
l'économie canadienne et québécoise évoluera moins
vite au cours des 10 prochaines années qu'on l'a vu évoluer au
cours de la décennie qui vient de s'achever. Il est
compréhensible, dans cette optique, de saisir les raisons de groupes
restreints d'individus, communément appelés les
"multinationales", de demander purement la libéralisation des heures
d'affaires des établissements commerciaux. Compréhensible aussi,
l'attitude favorable à la libéralisation d'autres groupes de
pression, les marchés aux puces, fruiteries, pharmacies à
escomptes, magasins à escomptes genre Club Price, qui trop souvent
hélas, ont bénéficié de largesses gouvernementales
en se voyant octroyer dans des législations ou autrement, des avantages
particuliers, non offerts à l'ensemble.
Dans les quelques minutes qui vont suivre, nous tenterons de tracer
brièvement le portrait du commerce de détail au Québec et
celui du meuble en particulier. Le Québec, au 31 décembre 1988,
concentrait 25 % de la valeur des ventes canadiennes. L'Ontario, pour sa part,
en accaparait un peu plus de 38 % et la Colombie-
Britannique, un peu plus de 11 %. Ces trois provinces regroupaient
à elles seules quelque 75 % de l'ensemble des ventes au détail au
Canada.
Par ailleurs, il serait intéressant de connaître la part de
marché détenue respectivement par les magasins à
chaîne et par les magasins indépendants. Selon Statistique Canada,
de janvier à décembre 1988, le Canada, au niveau de ses ventes,
se divisait comme suit: 39 % dans les magasins à chaîne, 61 % chez
les marchands indépendants. L'Ontario répond avec le profil de 43
% sur les magasins à chaîne, 57 % au niveau des marchands
indépendants. Le Québec, 28 % contre 72 % chez les marchés
indépendants. La Colombie-Britannique, 45 % contre 55 % chez les
marchands indépendants. Les commerçants de meubles
indépendants ont accaparé au Québec, au 31 décembre
1988, 84 % de la valeur des ventes alors qu'en Ontario, cette même
catégorie de commerçants n'en obtenait que 58 %. Il y a là
une nette prédominance des indépendants à l'échelle
québécoise, prédominance qui est certainement due aux
regroupements d'indépendants sous des bannières communes au
Québec depuis une trentaine d'années. Et cela nous porte à
croire qu'une des raisons de l'augmentation de la part des marchés
indépendants en Ontario - par exemple, en 1981, 51,2 % et en 1988, 57 %
- repose sur l'envahissement du marché ontarien par ces mêmes
groupements d'achats québécois et ce dans tous les secteurs
d'activités commerciales On l'a vu dans l'ameublement, on l'a vu dans la
ferronnerie, on l'a vu dans le bâtiment aussi.
La loi sur les heures d'affaires des établissements commerciaux,
M. le Président, a favorisé le maintien et le
développement du commerce de détail indépendant au
Québec. Une analyse de Moorhouse en 1984 aux États-Unis a
prouvé que l'extension des heures d'affaires aux grandes surfaces le
dimanche a entraîné une baisse du nombre d'établissements
commerciaux.
Dans nos recherches, nous citons Woods Gordon. D'ici l'an 2000, selon
Woods Gordon l'âge moyen des Canadiens se sera élevé
à 35 ans. Les bébés issus du "baby-boom" seront
âgés de 44 ans et feront partie de la classe riche de la
population. On vous donne l'exemple dans un milieu très précis.
Les dépenses afférentes aux biens durables augmenteront dans le
futur au détriment des biens semi-durables et des biens non durables
Compte tenu de la hausse du degré de scolarisation au Québec, des
produits de meilleure qualité, plus perfectionnés et plus
personnalisés, avec un service reflétant cet aspect de fine
cuisine, connaîtront un essor au Québec.
Dans ce sens, la baisse de marché des supermarchés
alimentaires au bénéfice des dépanneurs et magasins
spécialisés reflète cette situation. Vous avez le
graphique de Statistique Canada pour le juger vous-mêmes Cette baisse de
part de marché des supermarchés alimentaires se reflète
non seulement à l'échelle québécoise, mais aussi
à l'échelle canadienne Dans toutes les provinces canadiennes,
nous notons ce phénomène et pourtant la réglementation
dans les autres provinces est à la libéralisation. Vous
comprendrez que les marchands de meubles 'questionnent" fortement les
conclusions de l'étude préparée par les HEC qui estiment
qu'une libéralisation des heures d'affaires des supermarchés
aurait fait croître les ventes de ce type de commerce en 1988.
Pour nous, la nécessité d'avoir une loi provinciale sur
les heures d'affaires devrait être basée sur les principes qui
sous-tendent cette loi. Principe mentionné par M. le ministre:
l'équité. Au niveau de l'équité, la loi ne produira
véritablement ses effets que dans la mesure où le
législateur prévoira dans sa loi, sous réserve des
exemptions jugées nécessaires et satisfaisantes, des dispositions
applicables à tous sans exception de race, de classe ou de religion.
Pour ce qui est du respect du principe de la libre concurrence,
l'accès de la loi québécoise sur les heures d'affaires
porte sur la protection de la libre entreprise. Cette loi établit un
cadre légal à l'intérieur duquel le respect du principe
d'une saine et libre concurrence doit s'appliquer. D'où l'importance que
prend cette Loi sur les heures d'affaires des établissements
commerciaux.
Ce cadre légal doit répondre aux besoins réels des
différents intervenants, en l'occurrence les consommateurs, les
travailleurs et les employeurs Aucune législation ne brime si elle
répond, tant dans sa formulation que dans son application, aux voeux et
souhaits de la majorité.
Au niveau des dispositions législatives à rencontre du
principe de l'équité: Le règlement 16587, les
marchés publics et les marchés aux puces, le gouvernement du
Québec a créé, volontairement ou non, des
écorchures au principe de l'équité.
Au niveau du décret 185654. Au surplus, M. le Président,
on a écorché le principe de l'équité en autorisant,
sous certaines conditions, les marchands juifs à fermer leurs
établissements le samedi et à ouvrir le dimanche sous le couvert
de la liberté de conscience ou de religion. Au sujet de la
liberté de culte ou de religion que reconnaissent les chartes des droits
et libertés fédérale et provinciale, nous vous soulignons
que ces lois ne garantissent pas la compensation des inconvénients
essentiellement financiers que l'exercice de cette liberté peut parfois
faire encourir à ceux qui, librement, ont choisi l'observance de tel
culte ou de telle pratique religieuse. Au surplus, M. le Président, la
liberté de conscience et de religion est un droit propre à
l'Individu et non aux personnes morales.
Pour ce qui est des droits acquis accordés à un groupe
restreint de pharmacies à escomptes,
on cite l'article 5.2 de la loi. Imaginez! M. le Président, on a
confirmé des illégalités dans des textes légaux.
Situation assez paradoxale direz-vous, situation qui a fait dire à
certains que le gouvernement a manqué de sérieux. (10 h 15)
Au niveau des écorchures au principe de la saine concurrence,
toutes ces écorchures ont eu comme conséquence de
déséquilibrer les forces du marché, de favoriser une
concurrence déloyale entre les commerçants, de créer
insatisfaction et irrespect de la part des intervenants et de tourner parfois
en dérison à la fois les autorités gouvernementales et la
législation des heures d'ouverture des établissements
commerciaux. Force nous est de constater que les plaintes proviennent surtout
des exemptions et de la concurrence déloyale des marchés publics,
des marchés aux puces, des pharmacies à escomptes, des encanteurs
et des liquidateurs.
Nous procédons à certains commentaires au niveau de la
discussion concernant les impacts économiques de cette loi. Nous
formulons les impacts économiques sur la consommation. Les tenants de la
libéralisation prétendent que réglementer les heures
d'affaires équivaut à restreindre la consommation. C'est le cas
de Provigo, qui soulève que la libéralisation entraînerait
un étalement des dépenses de consommation des ménages sur
une plus grande période de la semaine.
Bien que le document de consultation qui nous a été
présenté mentionne qu'il n'existe aucune étude
sérieuse sur cette question, nous devons respectueusement soumettre
à votre attention le contenu de l'étude préparée
par M. Yves Bigras, intitulée "La réglementation des heures
d'affaires" Ça a été déposé. Cet
économiste mentionne qu'une législation des heures d'affaires
n'influence pas la structure commerciale pour l'ensemble du commerce de
détail. Il est toutefois assuré qu'une libéralisation des
heures d'affaires aura un effet négatif sur le nombre
d'établissements. L'étude Bigras stipule qu'une
déréglementation pourrait faire décroître le nombre
de magasins en alimentation de 30 %.
Pour ce qui est des impacts économiques sur l'emploi, à
partir du fait où il n'y a pas d'augmentation de volume, vous
conviendrez qu'il n'y a pas non plus de création d'emplois.
Au niveau des impacts économiques sur les prix, les marchands de
meubles prétendent que la prolongation des heures d'ouverture des
magasins le dimanche ou les jours de la semaine entraînerait une
augmentation des coûts opérationnels, lesquels seront
répercutés sur les prix de vente payés par les
consommateurs. Vous comprendrez dès lors que la proposition des tenants
de la libéralisation et de la prolongation va certainement à
l'encontre même de l'objectif gouvernemental de la lutte contre
l'inflation.
Au chapitre 5, on veut discuter des enjeux sociaux que ça
représente pour les consom- mateurs. Certains sociologues, certains
économistes et certaines chaînes de magasins soulèvent le
principe de la liberté des consommateurs pour asseoir leurs
argumentations. Alléguer une telle thèse, c'est subordonner les
impératifs sociaux aux impératifs économiques.
Vous conviendrez, M. le Président, que la liberté ne
consiste pas seulement dans un droit accordé aux individus, mais aussi
dans ce pouvoir donné à l'homme de se développer sous
l'empire d'une justice. Libéraliser les heures d'ouverture, permettre
l'ouverture des magasins le dimanche et donner aux consommateurs une
liberté absolue de faire leurs emplettes le dimanche, c'est
également nier ce même droit aux autres groupes, ceux des patrons
et des employés.
Pour ce qui est des enjeux sociaux pour les employés,
libéraliser la Loi sur les heures d'affaires des établissements
commerciaux, pour nous, c'est participer à la destruction potentielle de
la vie sociale et familiale des travailleurs. C'est participer au recul et
à la détérioration des conditions de travail des
employeurs, principe contre lequel la Corporation des marchands de meubles du
Québec se battra jusqu'à la dernière énergie.
Pour ce qui est des enjeux sociaux pour les détaillants, nous
avons évoqué précédemment qu'en 1988, quelque 72 %
du volume des ventes du détail au Québec ont été
réalisés par des indépendants. La majorité des
propriétaires indépendants sont actifs dans leurs entreprises. Le
capital se confond avec le travail. Pour nous, c'est non seulement miner la
qualité de vie des employés, mais également celle des
employeurs. C'est les soustraire à cette participation, le dimanche,
à cette société de loisirs et à cette vie
familiale, sociale et éducationnelle, éléments pourtant
nécessaires à toute société. C'est contribuer
à la dislocation de la société québécoise et
de la culture québécoise, aussi. Il y aura des
conséquences pour les gouvernements et les entreprises de services.
L'ouverture des magasins le dimanche entraînera d'autres coûts
supplémentaires aux entreprises publiques et au gouvernement. Et,
là-dessus, vous avez eu des chiffres qui vous ont été
fournis.
Au chapitre 6, la position de la Corporation des marchands de meubles.
La question de l'ouverture des établissements commerciaux le dimanche
dans le secteur de l'alimentation et dans les autres secteurs. Sur cette
question, les membres de la Corporation des marchands de meubles du
Québec croient fermement que le dimanche, jour chômé et de
récréation, représente une valeur de la
société qui répond aux impératifs de l'homme. Ils
disent non à l'extension du commerce le dimanche.
De l'avis des marchands de meubles du Québec, ouvrir les magasins
le dimanche ne représente aucun avantage réel pour les
consommateurs, aucun avantage réel pour les employés, aucun
avantage réel pour les détaillants. Ouvrir
les magasins le dimanche correspond à rompre cet équilibre
commercial entre le magasin à chaîne et l'indépendant et
à ruiner d'épuisement le commerce indépendant au
Québec, attendu que le commerçant indépendant n'a pas les
ressources financières et humaines pour opérer son
établissement commercial sur une base de sept jours par semaine.
Il est faux de prétendre que la question de la glissade, depuis
quelques années, des parts de marché détenues par les
supermarchés, au bénéfice des dépanneurs et autres
magasins spécialisés, est due à une loi sur les heures
d'affaires restrictive pour les magasins d'alimentation et à la
fermeture des magasins le dimanche, au Québec. À notre avis, la
multiplication des ménages de personnes seules, la participation accrue
des femmes sur le marché du travail, les effets des facteurs
sociodémographiques et ceux reliés au profil de l'accroissement
des revenus et des dépenses de consommation sont les seuls facteurs qui
influencent les parts de marché.
Les marchands de meubles s'opposent farouchement à toute
prolongation des heures d'ouverture sur semaine. Vous comprendrez, M. le
Président, que les perspectives de croissance de la demande sont assez
limitées dans le futur pour justifier une non-prolongation des heures
d'ouverture des établissements commerciaux Toutefois, sans être
favorables à la prolongation des heures d'ouverture, les marchands de
meubles se disent prêts à discuter la question de
réaménager les heures d'ouverture de façon à
focaliser sur les besoins réels des consommateurs Et, là-dessus,
nous pouvons aussi vous remettre un sondage qui a été
effectué auprès des marchands de meubles du Québec. Je
pense que c'est déjà déposé.
Une voix: C'est fait.
M. Vaillancourt: On voudrait commenter sur les exemptions. Pour
nous, la véritable problématique de la Loi sur les heures
d'affaires des établissements commerciaux reposait sur les trop
nombreuses exemptions contenues dans cette loi, soit de façon expresse,
soit encore par certaines autorisations ministérielles accordées
à certaines conditions. Exemptions accordées de façon
expresse par les articles 5.1, 5.2 et 5.3 de l'actuelle loi autorisant magasins
de variétés, pharmacies, établissements commerciaux
localisés près des limites territoriales du Québec, ou
encore dans les régions touristiques, ou encore dont les
propriétaires doivent exercer leur religion. Exemptions aussi
accordées par autorisation ministérielle pour les marchés
publics et les marchés aux puces, décret 165-87, et pour les
marchands juifs à fermer le samedi et à ouvrir le dimanche.
Ces exemptions ont contribué à causer insatisfaction,
mécontentement et irrespect de la loi, à fausser
l'équilibre des forces du marché et à brimer les principes
sur lesquels doit s'appuyer la Loi sur les heures d'affaires des
établissements commerciaux, te) que discuté au chapitre 3 du
présent travail.
Le Président (M. Bélanger): M. le président,
je vous inviterais...
M. Vaillancourt: Oui.
Le Président (M. Bélanger): ...à
conclure.
M. Vaillancourt: M. le Président, nous souhaitons
ardemment l'abolition du décret 165-87 du 12 janvier 1985; l'abolition
également du décret du 28 juin 1986 autorisant certaines
pharmacies, en conformité avec l'article 5.2, l'abolition du
décret 1856-84; la suppression de l'article 17 de la Loi sur les heures
d'affaires des établissements commerciaux; l'obligation légale
pour les marchés aux puces à ne vendre que des produits
usagés hors des heures légalement permises.
Bien que cet article ne concerne pas directement les marchands de
meubles, nous sommes d'avis qu'il serait équitable de soumettre tous les
établissements commerciaux visés par les articles 5.1 et 5 2 de
l'actuelle Loi sur les heures d'affaires des établissements commerciaux
- les pharmacies, tabagies, stations-services et autres - à la
règle de trois personnes, tel que recommandé par le comité
Richard. Évidemment, c'est une position très ferme de la part des
marchands de meubles du Québec.
Avant de terminer, M. le Président, le rapport parle aussi
d'avoir une loi qui a des dents au niveau des amendes. Nous endossons cette
recommandation du comité Richard, au niveau des montants qui sont
délimités. En ce qui concerne le long processus judiciaire,
évidemment, il va définitivement y avoir une loi. Il va
probablement falloir qu'il y ait aussi des cadres pour être capables
d'avoir une application juste et raisonnable.
Je termine là-dessus, M. le Président
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. M. le
ministre.
M. Tremblay (Outremont): Merci beaucoup, M. Vaillancourt, pour
votre présentation. Je voudrais juste, au départ... C'est plus
deux questions d'information que je vous pose. Vous avez mentionné tout
à l'heure que les prix vont augmenter, et que ça ne répond
sûrement pas aux orientations gouvernementales. Je suis
entièrement d'accord avec vous sur la conclusion: il n'y a personne qui
est venu en commission parlementaire, ici, nous prouver que les prix vont
augmenter. J'apprécierais - il reste quelques jours - si vous pouviez
nous soumettre un très bref document, une page, deux pages, pour nous
prouver quantitativement cette information-là,
on l'apprécierait.
Vous avez fait une autre affirmation, aussi, sur les coûts
supplémentaires. Par exemple, vous avez mentionné la
sécurité et vous avez dit qu'il y a des personnes, des
intervenants qui sont venus à cette commission parlementaire pour faire
ce point-là. Je dois vous dire que personne n'a pu nous quantifier cette
affirmation-là sur les coûts supplémentaires. Au contraire,
quand on a posé la question à des gens qui sont favorables aux
heures d'ouverture, entre autres les marchés publics, ils nous ont
clairement dit que c'était eux qui assumaient la sécurité
et que les municipalités étaient très contentes parce que
ça leur donnait une source de revenus additionnelle.
Je vous tends la perche; vous n'avez peut-être pas la
réponse aujourd'hui, mais ne prenez pas pour acquis qu'il y en a qui
sont venus nous quantifier qu'il y aurait des coûts
supplémentaires au niveau des différents services. Si vous
pouviez nous démontrer ça de façon quantitative, on
l'apprécierait.
Mes questions. Sur le principe de l'équité, je suis
entièrement d'accord avec vous. Toute la démonstration que vous
faites de l'iniquité de la loi, on est d'accord, et je suis convaincu
que l'Opposition est d'accord avec ça aussi. Vous avez
spécifiquement mentionné les marchés aux puces, les
fruiteries, les marchés publics, le Club Price. Une chose est certaine,
c'est qu'on veut avoir une loi durable, on veut avoir une loi qui va être
équitable, qui va répondre aux besoins réels et qui va
contribuer à la qualité de vie. Dans ce sens-là, on est en
train de regarder les décrets, entre autres, que vous avez
mentionnés tout à l'heure... L'abolition des décrets. Mais
je dois vous dire que c'est très complexe.
Je vous soumets la première complexité pour avoir votre
réaction. Vous parlez, par exemple, des communautés qui, pour
certaines raisons religieuses, doivent fermer au coucher du soleil le vendredi
et ne pas ouvrir le samedi. Vous dites: Ils ont un problème de religion,
le gouvernement ne devrait pas les protéger; ce n'est pas la faute du
gouvernement et des autres commerçants si, pour des raisons religieuses,
ces gens-là doivent fermer leur commerce le samedi et nous demander le
dimanche. Le gouvernement, dans les années précédentes, a
cru bon de ne pas pénaliser ces commerçants-là.
Je peux comprendre pourquoi vous remettez en question cette
exception-là. Par contre, là où je vous suis moins -
là-dessus, je voudrais que vous me l'expliquiez - c'est que vous, vous
demandez aussi une exception: la fermeture des commerces le dimanche. Si vous
voulez pousser votre logique jusqu'au bout, on pourrait dire: Si, pour des
considérations religieuses, entre autres, on ne doit pas protéger
les gens, pourquoi, pour des considérations de marché ou parce
que vous êtes de petits commerçants, le gouvernement devrait vous
protéger? C'est ma première question. Toujours
l'équité. Oublions la qualité de vie, parlons juste de
l'équité. En quoi est-ce équitable?
M. Vaillancourt: Ça devient difficile, M. le ministre,
d'oublier la qualité de vie.
M. Tremblay (Outremont): Mais pour les fins de... (10 h 30)
M. Vaillancourt: Je pense que dans une loi, dans un cadre
légal... Nous recommandons, d'ailleurs, d'avoir une loi avec les
services nécessaires à la population, tout en respectant la
qualité de vie des citoyens. Je vous donne un exemple. À Cologne,
au mois de janvier 1990, durant l'Exposition du meuble, l'Allemagne a
élargi les heures d'ouverture le jeudi soir, de 18 heures à 20 h
30, et c'était décrié par toute la population en
Allemagne, autant les commerçants que les citoyens, dans le sens
où ils disaient que, pour eux autres, la culture allemande venait d'en
manger un coup. Et ça, ça fait partie de la qualité de
vie. Et, quand on regarde dans ce pays-là, actuellement, où les
commerces sont ouverts du lundi au samedi inclusivement, il y a trois jours
qu'ils ferment à 17 h 30 et trois jours, à 18 h 30. Le dimanche,
ces commerces-là peuvent être ouverts, aucun employé n'a le
droit d'être à l'intérieur du commerce, aucun
propriétaire n'a le droit d'être à l'intérieur du
commerce, aucun cadre, seulement des agents de sécurité parce que
vos magasins, ou les magasins peuvent être visités par des
consommateurs où il ne doit pas se faire aucun commerce.
Donc, la qualité de vie, il ne faut pas la négliger. Je
pense que plus on va, plus on entend parler, du moins de la part des
politiciens en campagne électorale, qu'il se fait beaucoup plus de
campagne sur la qualité de vie des citoyens qu'on voudrait leur donner.
Il ne faut pas la négliger de ce côté-là non
plus.
M. Tremblay (Outremont): Non. M. Vaillancourt, je veux
clarifier. Je n'ai jamais mentionné qu'il fallait négliger la
qualité de vie, au contraire, c'est un principe important. Mais le seul
que je veux discuter avec vous, et peut-être qu'on va discuter avec
d'autres, de la qualité de vie, après, c'est
l'équité. En quoi est-ce équitable? Si on veut pousser
l'équité au bout, pourquoi on pénaliserait les
communautés qui doivent fermer pour des considérations
religieuses? C'est une exception. Je suis prêt à le
considérer. Mais pourquoi je vous en créerais une exception,
à vous, en vous permettant de ne pas avoir de concurrence le dimanche?
C'est pourquoi ça? L'équité, il y a deux poids, deux
mesures?
M. Bureau (Guy): Guy Bureau. On ne demande pas une exception en
rapport avec la religion, on demande simplement une exception pour une
journée, dans la semaine, qui va nous permettre d'avoir une
qualité de vie.
M. Tremblay (Outremont): Oui.
M. Bureau: Je pense qu'il y a deux problèmes, là,
il y a deux questions.
M. Tremblay (Outremont): Oui.
M. Bureau: Ce n'est pas du tout une question de religion.
M. Tremblay (Outremont): Non, mais le fait de demander votre
exception crée, en fait, une problématique très importante
sur toutes les exceptions que vous avez mentionnées tout à
l'heure qui ont été, soit par règlement, et
également dans la loi. Il faut regarder là, et c'est assez
complexe.
Je vous pose une autre question. Puis, peut-être que vous pourrez
revenir, M. Varin, c'est: Assumons qu'on ferme le dimanche, trois
employés et moins, qu'est-ce que vous dites à Pascal qui, de plus
en plus, publie, dans les journaux... Ils ont fait une compagnie
séparée, ils ont Pascal traditionnel, où il y a des
grandes surfaces, ils vendent des meubles; là, il y a le nouveau Pascal,
où il y a des meubles et ils les vendent par correspondance ou par
télématique. Qu'est-ce que vous dites? Est-ce que ça, on
peut continuer à permettre ça? Ça, ils vont vendre
ça, c'est un autre genre de structure. C'est commencé et Canadian
Tire le considère sérieusement aussi.
M. Varin (Yves): M le Président, pour répondre
à la question du ministre, je pense que vous faites allusion aux ventes
par téléphone, ou par télématique, ou autrement.
Dans ce contexte là, rien dans l'actuelle loi, ne décrit ou ne
définit ce que c'est que le mot "vente au détail". Au niveau du
comité Richard, nous avions demandé, en août dernier, de
définir les mots "vente au détail" de façon que ça
s'applique, non seulement aux établissements qui font certaines
activités commerciales, mais que ça s'applique également
aux établissements dont l'opération se base sur les ventes par
téléphone. Il s'agit strictement de redéfinir les mots
"vente au détail".
M. Tremblay (Outremont): O.K. Là, vous parlez de
détail, mais vous savez très bien qu'un des coûts
importants des grandes surfaces c'est les loyers, c'est également le
coût de la main-d'oeuvre, les coûts d'exploitation, tandis que si
Pascal considère - ils sont venus nous le dire, alors... - d'incorporer
une entreprise, ils diminuent, définitivement, leur coût de
main-d'oeuvre et les coûts d'opération. Ça ne sera pas du
détail, ça va être un Club Price...
M. Vaillancourt: C'est un club privé.
M. Tremblay (Outremont): Oui. c'est ça. Ça va
être un Club Price original, grossiste. Donc, vous allez devoir
concurrencer, d'une façon ou d'une autre, ces gens-là. N'est-ce
pas mieux de pouvoir les concurrencer aux mêmes heures que de se dire,
nous autres, on n'a aucun avantage pour ouvrir, donc on ferme? Comment je
réagis à celle-là? C'est une problématique qu'il
faut prendre en considération.
M. Vaillancourt: M. le Président...
M. Tremblay (Outremont): L'avenir, une loi durable.
M. Vaillancourt: M. le ministre, on vous a mentionné
tantôt que 72 % de notre structure à nous autres, du commerce de
l'ameublement, sont les familles de trois personnes et moins.
Évidemment, cette structure, il faut quand même la
préserver. Les chiffres qu'on vous a donnés tantôt au
niveau de 72 % d'entreprises...
M. Tremblay (Outremorrt): C'est vrai, je l'ai noté.
M. Vaillancourt: ...privées, c'est important, ça
fait partie de notre patrimoine économique au Québec. Il faut le
protéger. Il y a un écart de 20 %, presque, avec les autres
provinces. De ce côté, ça ne veut pas dire que ce qu'on a
qui existe actuellement est mauvais. On regarde au niveau de la coalition, la
grande majorité est d'accord pour un statu quo sur les heures
d'ouverture, qu'il y en a suffisamment d'heures de magasinage, soit 62
heures-semaine, quand on est rendu avec des semaines de travail d'à peu
près 35 heures. Là, ça ne tient pas la thèse
où on n'a plus le temps tellement d'aller magasiner, surtout quand on
regarde Vidéotron en plus qui s'en vient avec ses services d'achats
télématiques. Et ça, les achats
télématiques, M. le ministre, j'ai beaucoup de réserve
là-dessus. Je ne pense pas que dans les prochains mois, ou même,
à moyen terme, dans les prochaines années, que ça prenne
un essor et une ampleur assez importants. Évidemment, je suis
appelé à voyager, je visite pas mal d'autres États
américains, par affaires ou par loisir, et je dois vous dire que le
système d'achats télématique n'est pas ce qui fonctionne
le mieux à date, de toute façon. Alors là, il y a une
évolution qui peut se faire mais, d'après moi, elle est
très lente. L'autre problématique qu'on a là-dedans.
Est-ce que nous, on doit aussi devenir des salles d'échantillons
ouvertes...
M. Tremblay (Outremont): Exactement.
M. Vaillancourt: Un instant, s'il vous plaît, je vais
terminer
M. Tremblay (Outremont): Non, non, c'est très bien, c'est
très bien.
M. Vaillancourt: Est-ce que nous, on doit devenir des salles
d'échantillons ouvertes sept jours par semaine pour, après
ça, prendre le téléphone, ces consommateurs-là, et
placer ces commandes directement chez Club Price ou chez Steinberg ou ailleurs?
Alors, si la structure économique qui existe actuellement a
répondu pendant de nombreuses années aux besoins des
consommateurs québécois, je ne verrais pas pourquoi demain matin
cette structure ne serait pas capable de continuer à répondre, si
elle est protégée dans un cadre de loi assez rigide.
M. Tremblay (Outremont): Très bien. C'est exactement le
point que je voulais faire. On va le pousser ce point-là, parce que ce
qui peut théoriquement se passer, vous avez absolument raison, un
consommateur va regarder dans le journal le produit, va aller visiter votre
salle ou votre commerce où vous, vous payez tous les frais fixes, il va
pitonner puis il va l'acheter chez un grossiste qui, lui, a moins de frais
fixes que vous. Je suis d'accord avec ça. Je comprends très bien
cette dynamique.
Mais si l'information vient de l'Ontario - toutes les cartes de
crédit, entre autres American Express puis tout ça, sont rendues
là - est-ce que vous préférez que le commerçant se
serve de votre salle de montre puis commande le bien en Ontario ou qu'il vous
donne au moins la chance de l'acheter chez vous en étant ouvert aux
mêmes heures? C'est une réalité. Quand je parle d'une loi
durable, il faut penser à ça, parce que ça, là, ce
n'est pas dans dix ans, ce n'est pas un beau rêve qui ne se
réalisera pas, c'est en vigueur aujourd'hui. Alors, qu'est-ce qu'on fait
en tant que gouvernement, est-ce qu'on protège nos commerçants
québécois en leur donnant la possibilité d'une saine
concurrence ou on leur dit: Pour des raisons valables, fermez vos portes le
dimanche? Mais ne venez pas nous voir dans deux ans si les
Québécois commandent les meubles hors Québec. C'est une
réalité, ça.
M. Vaillancourt: C'est une réalité jusqu'à
un certain point, mais il faut quand même aussi regarder dans toute cette
éventualité les disparités régionales, les modes de
vie, les goûts des consommateurs. Et croyez-moi, à part les petits
radios portatifs et les petits gadgets électroniques qui se commandent
chez American Express quand on reçoit notre "statement" au bout du mois
puis qu'on a une enveloppe ça d'épaisseur, puis souvent la
facture est assez importante qu'on prend l'enveloppe puis on sacre ça
dans les poubelles, pour la grande majorité des gens, il faut quand
même être capable et le commerce doit être capable de
répondre à la consommation.
Quand vous me dites que les Québécois vont commander des
meubles en Ontario, je peux vous dire que je suis marchand de meubles depuis 30
ans, j'achète 60 % de ma consommation au Québec, parce que au
Québec, actuellement, on est capables de répondre au goût
des consommateurs québécois, ce que l'Ontario n'a pas
été capable de faire à date. Ils sont en train de faire ce
virage, actuellement, et ils sont en train de le faire parce qu'ils ont un
coût d'inflation qui dépasse les normes et qui vient même
influencer l'inflation et le coût d'augmentation des taux
d'intérêt de tout le Canada actuellement. La preuve est faite: Le
plus gros manufacturier canadien de rembourrage, 75 000 000 $ de chiffre
d'affaires, a fermé ses portes avant-hier.
M. Tremblay (Outremont): Pascal s'établit à
Hawkesbury, M. Vaillancourt, ce n'est pas loin, là. Un
Québécois, mettons, s'établit à Hawkesbury,
reçoit les commandes puis livre les meubles au Québec.
M. Vaillancourt: Ça va changer quoi?
M. Tremblay (Outremont): Ça va changer que ça va
affecter directement votre part de marché. Ce que j'essaie de vous dire,
c'est que les gens, quand on a une loi avec des exceptions, ont assez de
créativité pour la contourner. Par exemple, vous l'avez dit tout
à l'heure, Club Price. Cela a commencé sur une base de grossiste
et, après ça, ils ont des cartes privilège. Moi, ce que je
vous dis, c'est que si on veut avoir une loi durable - et on échange
ensemble... Parce que vous parlez des zones touristiques. Mettons qu'on oublie
celui-là. Les zones touristiques. Vous nous dites dans votre rapport que
vous voyez d'un mauvais oeil la question des zones touristiques. Ça veut
dire quoi ça? Parce que, de plus en plus, dans les zones touristiques,
parce qu'il y a une exception, ils ont le droit d'ouvrir sept jours par
semaine, vingt-quatre heures par jour, indépendamment du nombre
d'employés. Il y a des marchands de meubles dans les zones touristiques
qui ont commencé à ouvrir le dimanche. Ça, c'est un
problème régional. Comment l'envisagez-vous celui-là?
M. Vaillancourt: Évidemment, comme je vous l'ai
expliqué lors de ma première parution avec la Coalition, au
niveau de vos zones touristiques, M. le ministre, je conviens qu'il y a un
problème et je répète ce que j'ai dit à ce
moment-là, c'est qu'une zone touristique est définie en fonction
d'un attrait touristique, d'une ouverture de saison touristique aussi. Il y a
ça qui est important là-dedans. Ce n'est certainement pas un
centre d'achats qui va s'installer avec une patinoire et des chutes d'eau
à l'intérieur qui va demander au gouvernement tantôt de
devenir un attrait touristique parce qu'il attire des gens le dimanche. En
autant que je sois concerné, j'aime bien mieux que la
responsabilité vienne du ministre. Le ministre, c'est un politicien qui
est
élu. Alors, s'il fait trop d'erreurs, à un moment
donné, dans son mandat, bien, il aura à faire face au jugement
éventuellement. Par contre, ce que vous m'apportez et ce que Pascal
essaie de faire, Pascal est un marchand de meubles très reconnu autant
au Québec...
M. Tremblay (Outremont): Je ne prête pas d'intention
à Pascal, M. Vaillancourt, j'essaie juste...
M. Vaillancourt: ...Non, non, je vous donne un exemple. Vous me
le citez en exemple et je le réfute dans le sens que ça fait des
années qu'en Ontario les marchands de meubles ouvrent le dimanche et
qu'est-ce que ça vient faire au marché québécois?
Ceux d'Ottawa sont ouverts et ceux de Hull sont fermés. Et je peux vous
dire où, au Québec, il y a le plus d'essor actuellement dans le
domaine du meuble et du commerce de détail d'ameublement, c'est bien
plus dans la région de la Gatineau et de Hull qu'il y en a eu, dans les
dernières années, comparativement au Montréal
métropolitain, actuellement, dû au fait aussi que c'est une ville
où beaucoup de fonctionnaires demeurent et travaillent et que le taux de
qualité de vie et de revenus est assez important. Regardez dans
Statistique Canada, depuis deux ans, les villes qui ont connu une croissance
plus forte que le taux d'inflation et du coût de la vie; Hull-Ottawa en
est une, après ça vous avez l'Abitibi et vous avez quelques
grandes villes canadiennes, mais elles sont très rares. Montréal
métropolitain, la ville de Québec est en deçà du
taux d'inflation au niveau croissance. Alors, c'est un problème assez
important, ce que vous me dites là, mais c'est un problème avec
lequel on vit depuis des années.
M. Tremblay (Outremont): Très bien. Donc, au niveau de
l'équité seulement, et je ne fais pas abstraction de la
qualité de vie, vous ne devriez pas avoir de problème à
ouvrir sept jours par semaine?
M. Vaillancourt: Essayons de régler l'équité
pour le Québec et non pour l'Ontario, M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Juste l'équité, c'est
ça, avec l'Ontario là.
M. Vaillancourt: Oublions l'équité entre l'Ontario
et le Québec. Essayons de régler l'équité qu'on a
comme problème ici au Québec. Je pense que ça, c'est
primordial.
M. Tremblay (Outremont): C'est ça.
M. Vaillancourt: On doit se donner une qualité de vie.
Vous savez, les Québécois ont été longtemps
à payer 10 % de plus d'impôt que l'Ontario, c'était la
qualité de vie qu'on s'était donnée.
M. Tremblay (Outremont): Oui, oui. Mettons qu'on revient
'd'abord. Mettons qu'on l'oublie ça, le Québec et l'Ontario. On
vient uniquement au Québec. Êtes-vous capables de concurrencer
d'autres qui vendent des meubles?
M. Vaillancourt: Certainement.
M. Tremblay (Outremont): Bon, sans problème. D'autant plus
que vous avez cité l'étude de Woods Gordon tout à
l'heure.
M. Vaillancourt: Oui
M. Tremblay (Outremont): Si j'ai bien compris là - je l'ai
écrit rapidement - vous dites: De plus en plus, il va y avoir un
déplacement du pouvoir d'achat vers les biens durables par opposition
aux biens semi-durables ou non durables.
M. Vaillancourt: Semi durables ou non durables, oui.
M. Tremblay (Outremont): O.K. Donc, ça devrait vous
favoriser? Ça voudrait dire que vous êtes capables d'aller
chercher une part de marché plus importante. Vous devriez être en
faveur d'une saine concurrence, donc d'une libéralisation Si c'est vrai
ça, ça veut dire que les gens vont dépenser moins pour de
l'habillement, du semi-durable ou de la nourriture pour justement acheter des
biens durables. Alors, économiquement, vous devriez recommander à
vos membres d'ouvrir le plus souvent possible. Non? J'ai...
M. Vaillancourt: Non, M. le ministre, je reviens aussi à
votre exemple tantôt de télématique, ou
télé-achat, ou ces choses-là. Un marchand de meubles,
ça opère de façon à donner à un client un
service très défini ou un service plus élargi Quand vous
achetez un meuble chez Pascal, par exemple, ou quand vous allez acheter un
meuble ou un article qui va apparaître à l'écran
télévisé, c'est ce que vous allez voir avec un prix. Les
clubs d'achats opèrent avec de très petites marges de profit.
Évidemment, vous achetez ce qu'il y a sur la tablette dans l'état
où il est ou dans la boîte qui est là. Le marchand de
meubles au Québec actuellement est un marchand de meubles beaucoup plus
professionnel parce que le consommateur québécois est un
consommateur plus raffiné. Alors, ce n'est pas vrai que le consommateur
va vouloir acheter le meuble qui est annoncé à la
télévision; il va vouloir le personnaliser à son
environnement et à sa décoration. C'est là que ça
devient important. (10 h 45)
Une voix: Oui.
M. Vaillancourt: Un instant, s'il vous plaît. Une voix
Oui, oui.
M. Vaillancourt: Où ça devient important, c'est que
ça prend du personnel qualifié pour répondre à ce
consommateur-là. Croyez-moi, si on est obligés d'ouvrir sept
jours par semaine, il y a des magasins qui vont résister, certainement:
les Pascal vont résister, moi-même, les Vaillancourt, on va
résister, parce qu'on a une structure de magasins de grande surface. Par
contre, les 72 % que je représente, moi, ici, aujourd'hui, à
cette table-là, de commerçants de détail de meubles qui
ont trois employés et moins, M. le ministre, eux ne pourront pas
résister. Où est l'équité, à ce
moment-là? C'est ça que je viens présenter ici. Mon cas
personnel, je suis capable de le régler, autant que Pascal est capable
de le régler, autant que Club Price est capable de le régler.
Mais si on regarde tout le secteur des marchands de meubles au Québec,
c'est différent. Et vous savez ça, ça ne se reproduit pas
seulement au niveau du commerce de meubles de détail. Vous allez le
retrouver aussi au niveau des ferronneries, vous allez le retrouver dans les
matériaux de construction et dans plusieurs secteurs non
alimentaires.
Le Président (M. Bélanger): Alors, je dois vous
interrompre...
M. Vaillancourt: Que je sache, il n'y a pas eu de
bannières qui sont venues avec la coalition de la libéralisation
des heures. Il y avait Brico, pour un.
Le Président (M. Bélanger): Alors, je dois vous
interrompre et céder la parole à Mme la députée de
Taillon.
Mme Marois: Merci, M. le Président. Ça me fait
plaisir de vous souhaiter la bienvenue au nom de ma formation politique Je ne
sais pas si c'est la qualité des arguments qu'il y a dans votre
mémoire et la qualité, je dois dire, du UnltomeiM quo vous ave/,
fait du problème auquol on est confrontés aujourd'hui qui ont
suscité cette agressivité chez le ministre, qui m'étonne
un peu ce matin!
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Marois: Parce que, tout d'un coup, il prend le point de vue
d'une thèse et, avec beaucoup d'acharnement, revient sur un certain
nombre de vos arguments.
Moi, je vais vous dire - et ce n'est pas pour vous flatter que je le
fais, vous savez que je partage votre point de vue, alors on va mettre
ça derrière nous tout de suite - que votre mémoire est
l'un des meilleurs qu'il m'a été donné de lire et
ça ne dévalorise pas néces- sairement les autres
mémoires qui ont été présentés, mais c'est
que chacun des points a été très fouillé dans ce
sens et je dirais qu'il fait le tour de l'ensemble de la question sous tous les
angles: sous l'angle qui est votre préoccupation, bien sûr, de
gens qui font du commerce dans le domaine du meuble, mais aussi sous l'angle
des consommateurs, des employés, des gouvernements, etc.
Alors, c'est intéressant; ceux et celles qui n'auraient pas eu
l'occasion d'en prendre connaissance, je pense que c'est tout à fait
souhaitable que vous puissiez le faire. Ça rejoint aussi, en ce
sens-là, des propos que j'ai tenus au début de la commission
quant à l'équilibre nécessaire entre les droits des uns et
les besoins des autres et qu'un gouvernement a une responsabilité
d'être conscient de cet équilibre à maintenir, parce que
ça fait partie, entre autres, de l'une de nos responsabilités
fondamentales.
Je vais revenir sur une ou deux choses que le ministre a
soulignées et, après ça, je vous poserai...
Une voix:....
Mme Marois: Tout à fait, je suis capable de faire
ça, cher ami. Je ne reposerai pas les mêmes questions, mais je
vais en poser d'autres, parce que le ministre a l'air de dire que vous
souhaitez qu'il y ait des exceptions. Alors, comment se fait-il qu'on le
souhaiterait pour d'autres et que ça ne s'appliquerait pas pour nous? Ce
que j'ai compris, c'est qu'au contraire, ce qui est dans le document qui est
devant nous, c'est qu'on suggère de resserrer les exceptions, de les
clarifier, de faire en sorte qu'on élimine, au contraire, des
excroissances des exceptions qui ont été accordées dans la
loi de 1984, appliquées ensuite par décret, pour revenir à
une réalité qui ferait en sorte que la majorité des
commerces, tant dans l'alimentation que dans le détail, puissent
être fermés une journée par semaine, tout en s'assurant
qu'on réponde aux besoins essentiels et que les services de base aux
consommateurs et consommatrices soient rendus.
Il y a une réflexion, vous savez, qui me venait hier, parce qu'on
en fait moins état, on dirait, depuis quelques jours, sur le fait que
les gens avaient des horaires très perturbés depuis un certain
nombre d'années, que les femmes étaient sur le marché du
travail, donc que ça limitait le temps qui était disponible pour
aller faire des courses, pour aller faire des achats. Sauf que pour la
majorité des gens, je dis bien la majorité des gens, les heures
auxquelles ils travaillent sont des heures fixes, se situant quelque part entre
9 heures et 17 heures dans la journée ou entre midi et 20 heures le soir
avec des plages de travail, ce qui permet à ces personnes-là,
pour la majorité, d'aller faire leurs courses au moment où les
magasins sont ouverts,
d'autre part, et donc de répondre à leurs besoins.
Cela étant dit, une ou deux questions qui me préoccupent,
entre autres, et qui reviennent très souvent ici, c'est sur
l'applicabilité de la loi. Certains nous ont dit: Écoutez - et
même le ministre soulève souvent la question - il est difficile
d'appliquer une loi comme celle-là, le contrôle devient complexe
Évidemment leur viennent toujours à la tête les exceptions
comme si on devait continuer à vivre avec l'ensemble des exceptions,
alors que ce n'est pas mon point de vue, mais ils nous ont dit: C'est
très très difficile. Remarquez que si le ministre trouve
ça difficile de penser à l'applicabilité de la loi,
ça veut dire qu'il se dit que ce n'est quasiment pas possible, si on va
au bout de son raisonnement, d'en avoir une. Ça, ça
m'inquiète un peu parce qu'on est là pour essayer de voir comment
encadrer justement les besoins et les droits des uns et des autres et les
équilibrer.
Parlez-moi un peu de l'applicabilité de la loi telle que vous la
voyez, la possibilité d'appliquer une loi où il restera des
exceptions pour s'assurer de la réponse aux besoins essentiels, dans
l'alimentaire, entre autres, et je pense à la pharmacie aussi et
à un certain nombre d'exceptions de toute façon que vous me
mentionnez ici.
M. Vaillancourt: Évidemment, pour appliquer une loi,
ça prend un cadre, ça prend une infrastructure, ça prend
les éléments nécessaires. Je sais bien que, nous, au
niveau du secteur de l'ameublement, nous avons déposé une demande
de bill privé, demander une reconnaissance professionnelle pour se
prendre en main un peu comme la Corporation des maîtres
électriciens, les agences de voyages et autres. S'il y a une trop grande
difficulté à appliquer la loi sur les heures d'ouverture dans le
commerce de l'ameublement, moi, je pense que ce dossier pour lequel on attend
une réponse du gouvernement depuis des années pourrait être
une solution. La Corporation des marchands de meubles du Québec fait
déjà beaucoup la police au niveau des heures d'ouverture. On a
dans notre secrétariat, tous les jours, une vérification des
publicités des marchands qui ouvrent leur commerce, qu'ils soient
membres ou non et c'est la Corporation qui en appelle
immédiatement...
Mme Marois: Qui porte les plaintes.
M. Vaillancourt:... qui fait le relais et qui porte les plaintes.
On le fait actuellement et on peut continuer à le faire. Avec une
reconnaissance professionnelle, je crois qu'on pourra en arriver à avoir
définitivement une certaine facilité, probablement moins
coûteuse aussi que ce que ça pourrait coûter au
gouvernement, une application de cette loi-là, au niveau de notre
secteur.
Évidemment, quand vous vous faites "poigner" à 35 ou 40
milles à l'heure, il y a une police qui vous arrête et vous donne
un ticket, ce n'est pas long. Quand la Société des alcools vous a
mis une restriction sur votre permis et que vous ouvrez, vous avez des amendes
à payer, elle est sévère et ce n'est pas long. Il y a
d'autres exemples qu'on peut donner, quand vous avez été
sanctionnés par la Loi de l'impôt sur le revenu, vous n'avez pas
six ans pour payer et vous n'avez pas de détour à prendre, vous
devez faire face à la musique de ça. Alors, je pense qu'une loi
est une nécessité Ç'a protégé
définitivement le commerce de détail au Québec
actuellement, alors on y tient à la loi au Québec. On ne tient
pas à une loi ou à aucune loi qui voudrait dire: On
libéralise tout. Ce serait le "free for all". Ça, c'est trop
simple par rapport à la structure du commerce de détail
québécois qui existe actuellement et qui doit être
protégée.
Mme Marois: Je dirais par rapport à la structure et la
culture aussi.
M. Vaillancourt: La structure et la culture. On reconnaît
que la plupart des problèmes viennent de l'alimentation et des
pharmacies. Je lisais récemment un rapport qui a été
donné par le ministre Pagé, du ministère de l'Agriculture,
qui dit, de mémoire, rapidement, qu'un repas sur trois est actuellement
pris dans les restaurants. Il prévoyait que, d'ici trois ou cinq ans
maximum, si ma mémoire est bonne, un repas sur deux sera pris dans les
restaurants. Si je fais la référence avec Pascal qui va ouvrir
à Hawkes-bury, dans le meuble, il faudrait bien que Provigo et Steinberg
commencent à s'ouvrir des chaînes de restaurants, s'ils veulent
continuer à protéger leur part de marché dans
l'alimentation. Alors nous, du commerce de l'ameublement, on a su s'adapter
rapidement aux besoins et aux changements de nos consommateurs. Il faudrait
peut-être que dans d'autres secteurs on s'applique à faire la
même chose. Ça rendrait une loi certainement beaucoup plus
agréable à vivre avec et peut-être plus facile à
appliquer.
Mme Marois: Je voudrais revenir aussi sur une autre affirmation
du ministre sur les fameux achats par l'intermédiaire d'un support
visuel ou télévisuel, télématique et tout le reste.
Je trouve qu'on mêle vraiment les choux et les navets quand on prend
cette question-là puis qu'on l'introduit dans le dossier des heures
d'affaires et de l'ouverture des magasins, particulièrement le dimanche.
De tout temps, le commerce par catalogue a existé. Il y a eu par le
passé, au Québec, la grande maison Eaton et maintenant il y a
Sears; et il y a de toutes nouvelles compagnies qui naissent un peu partout. Et
c'est vrai. On parlait d' American Express qui nous envoie la pile chaque mois.
Je dirais que de tout temps cela a existé. On essaie de lui faire
prendre une ampleur peut-être un peu plus significative. Moi, je pense
que, si des gens d'affaires dans le do-
maine du commerce de détail, que ce soit du meuble ou autre
chose, décident d'utiliser aussi ce support pour faire commerce, ils
pourront le faire.
Mais c'est un autre ordre de problème que l'ouverture des
commerces le dimanche. Je trouve qu'on compare des choses qui se comparent
difficilement. Ça n'a pas la même conséquence de faire en
sorte qu'on puisse commercer par l'intermédiaire d'un support, soit de
papier ou d'un support plus électronique et plus moderne, qui a toujours
existé, de toute façon, et le fait qu'une société
décide d'ouvrir une journée dans la semaine où on ne le
faisait pas, le fait que l'on puisse commercer et produire ce jour-là.
Parce que ça va impliquer effectivement des activités de
production éventuellement. En tout cas, je trouve qu'il y a un niveau de
comparaison que je ne peux pas accepter ou une logique à laquelle je ne
peux pas me rendre.
Cela étant dit, question de personnel. Parce que souvent
ça été soulevé ici. Je pense que quand vous
êtes venu, M. Vaillancourt, avec un autre groupe, ça avait
été aussi abordé. Dans votre secteur en particulier, et
vous le mentionnez dans vos documents, une des réflexions qui nous sont
apportées, par les personnes, c'est qu'elles nous disent: Ça nous
pose des difficultés d'ouvrir le dimanche parce que nous sommes des
magasins spécialisés - je pense aux représentants des
quincailliers qui sont venus - et on a de la difficulté
déjà à avoir du personnel le samedi pour assurer un
service de qualité et bien rendre le service pour lequel on existe
aussi. On est là pour commercer, mais on est là aussi pour vendre
des produits de qualité. Alors ça nous pose un problème.
Est-ce que vous vivez la même situation?
M. Vaillancourt: Certainement qu'on la vit. Excuse-moi. Vas-y
Jean-Marc.
M. Lévesque (Jean-Marc): Mme Marois, Jean-Marc
Lévesque. Je viens des régions éloignées et on est
dans le commerce depuis quand même 25 ans. On a suivi l'évolution
du consommateur québécois qui est de plus en plus raffiné.
Automatiquement ça t'a amené à avoir une qualité
sur tes "planchers", ce qu'on appelle des gars ou des femmes de "planchers":
excusez le langage du métier, parce qu'on est dedans depuis un bout de
temps. C'est de plus en plus difficile de recruter une main-d'oeuvre
qualifiée dû au fait que la scolarité est de plus en plus
élevée et que vendeur, ce n'est pas tout le monde qui a le
goût de faire cette job-là. Ce qui fait qu'avoir du monde à
la pige, ce n'est pas obligatoirement facile dans notre domaine.
Mme Marois: Ce n'est pas une situation qui vous facilite, vous,
l'exercice de votre travail. (11 heures)
M. Lévesque (Jean-Marc): Non, pas du tout.
Ce que les gens recherchent dans notre coin, et ça s'adresse
à M. le ministre, c'est qu'ils veulent avoir une loi claire, tout
simplement. Elle va devenir équitable quand elle est juste pour tout le
monde, en définitive. C'est tout ce qu'ils veulent.
Mme Marois: Vous vouliez ajouter quelque chose, je pense, M.
Vaillancourt ou monsieur à côté de vous?
M. Bureau: Les produits que nous offrons aux consommateurs, ce
sont des produits durables, des produits assez dispendieux dans le budget de la
famille. Je ne crois pas qu'un consommateur puisse vraiment faire un achat
intelligent en achetant un mobilier de chambre ou de salon pris sur la tablette
dans son emballage, alors que personne ne peut lui suggérer la vraie
qualité, répondre à ses questions selon ses besoins.
Ça s'applique autant dans le meuble que dans plusieurs autres produits
durables, même dans l'automobile, dans la fourrure, ainsi de suite.
À ce moment-là, nous sommes obligés d'avoir quand
même, sur nos planchers, des représentants qualifiés.
Former un vendeur qualifié dans un magasin de meubles, aujourd'hui,
c'est de deux à trois ans, minimum, comme dirait l'autre gars, pour
avoir quelqu'un qui est capable de répondre adéquatement au
consommateur. Je ne crois pas qu'on puisse répondre comme il faut avec
des personnes supplémentaires, des étudiants ou des choses comme
ça en fin de semaine. Nos vendeurs qualifiés ne peuvent pas
travailler sept jours et deux ou trois soirs par semaine. Il se pose un
problème que je ne sais vraiment pas comment on pourrait le
résoudre, si jamais...
Mme Marois: J'ai le goût d'aller un peu dans le sens de ce
que vous soulevez dans le mémoire, à savoir qu'il y a une
tendance à peu près généralisée, dans nos
pays industrialisés, à aller plutôt vers la
réduction du temps de travail. Un des grands débats qu'on a
actuellement entre le monde syndical et le monde patronal, c'est: Comment y
arrivpr et comment vont se partager, dans le fond, les coûts
reliés au fait que l'on réduise ou les avantages reliés au
fait que l'on réduise? Un des grands débats qu'il y a à
l'heure actuelle, c'est celui-là, il a cours depuis longtemps, mais la
tendance va beaucoup plus dans le sens de comment réduire le temps de
travail que de voir à l'augmenter. Donc, c'est évident que,
quelque part, il faut aussi faire d'autres choix qui sont conséquents
avec ceux-là.
Une autre question que je voulais soulever à votre endroit - je
suis en train de la perdre - c'était au niveau des zones
frontalières. Vous mentionniez l'exemple de l'Outaouais, et
j'étais contente de vous entendre parler de cet exemple-là. Je
trouve qu'on fait un plat avec un problème qui m'apparaît
relativement secondaire.
Est-ce que, à votre point de vue, la hausse des ventes chez vous,
dans votre secteur - oublions même les autres secteurs - ça a
été dû à une fidélité, à une
qualité, au type de services que vous offriez? À quoi vous
rattachiez ce fart-là qu'il y ait eu un volume plus significatif de
ventes?
M. Lévesque (Jean-Marc): Je connais des marchands, au
Nouveau-Brunswick, qui ont hâte que le Québec remette la taxe de
vente pour...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Vaillancourt: Évidemment, la taxe de vente a
été un apport assez important.
Mme Marois: D'accord.
M. Vaillancourt: Je pense, pour connaître ce
marché-là et l'avoir visité, parce que j'ai longtemps
regardé, aussi, une possibilité de faire de l'expansion dans ces
secteurs-là, surtout que, dans les dernières années, des
marchands de meubles ont investi énormément d'argent dans des
structures de magasin modernes et ont définitivement offert des choix de
produits aux consommateurs qui étaient beaucoup plus avantageux que ce
qui se retrouve du côté de la frontière ontarienne.. Il y a
aussi un autre point. Le marché québécois, dans notre
domaine et dans plusieurs autres domaines aussi, est beaucoup plus
compétitif. Autrement dit, la marge de profit qui sort chez un marchand
de meubles, actuellement, au Québec, est plus mince que ce qu'on va
retrouver en Ontario. Alors ça plus, évidemment, cette taxe de
vente là... Mais ça ne veut pas dire que, si demain matin la taxe
de vente revenait, on ne serait pas encore compétitifs. Je pense que
c'est au niveau de la qualité des services qui se donnent et du choix de
produits qu'on vient offrir à nos consommateurs plus qu'autre chose.
Je reviens aussi sur la difficulté d'appliquer une loi.
Évidemment, quand on veut appliquer une loi, il y a un mot important que
j'ai oublié de mentionner tantôt: ça prend une
volonté politique. Si elle n'est pas là, on a beaucoup de
problèmes.
Pour répondre aussi à cette question que vous avez
soulevée tantôt au niveau des achats par télématique
et ces choses-là, il ne faut quand même pas se leurrer, la grande
majorité de ces entreprises-là opèrent au moins à
des heures normales de travail.
Mme Marois: Voilà, ça, c'est l'autre
réalité.
M. Vaillancourt: II faut être réaliste de ce
côté-là. Aussi, ce que j'expliquais tantôt, c'est
que, bien plus souvent qu'autrement, on se fait répondre par un
ordinateur et on place une commande. Si vous vous servez de votre carte de
crédit téléphonique aujourd'hui, ce n'est plus une
personne qui vous répond, c'est un robot qui vous dit: Entrez votre code
Alors, c'est la même chose. J'ai regardé Vidéotron Plus qui
nous offrait ces services-là parce que notre entreprise a
été approchée pour offrir une partie de nos produits
électroménagers dans ce service-là. Actuellement, tout
sera fait sur informatique et sur robotique, de A à Z. Alors, nous, si
on embarquait là-dedans actuellement, on n'aurait même pas besoin
d'ajouter de personnel, tout serait traité par ordinateur et par
robotique, et le lundi matin en arrivant, à 8 heures, eh bien, le
personnel de production, que j'appelle, procéderait en complétant
ses commandes et ses ventes. Il y a ça, comme facteur, qui est
très important.
Les fins de semaine, je pense qu'il y a encore beaucoup plus de
consommateurs ou de citoyens, au Québec, qui s'occupent de leurs
loisirs, qui s'occupent d'aller consommer des produits. Donc, c'est entendu
qu'on ne peut pas empêcher l'évolution du monde, non, mais il
s'agit que, dans cette évolution-là, on respecte autant les
citoyens consommateurs que les citoyens travailleurs ou employeurs. Alors,
ça prend un juste équilibre. Je le réitère, c'est
pour ça qu'un gouvernement existe, c'est pour trancher en quelque part
et c'est pour offrir un maximum de qualité de vie à ses citoyens.
C'est dans ce sens-là que nous, on défend notre position.
Mme Marois: Une dernière question, sur l'effet
d'entraînement. En même temps, en me posant la question, je pensais
que je peux remplir ma commande le dimanche pour quelque chose, puis le dire au
robot, ce que je veux comme commande, mais c'est lundi qu'on va la traiter.
Bon, cela étant dit, l'effet d'entraînement. Vous savez que le
débat principal porte sur l'alimentaire, mais si vous avez mis tant
d'efforts à venir ici, parce que je pense que c'est un effort quand
même sérieux qui a été fait, est-ce que vous avez
une crainte importante qu'il y ait un effet d'entraînement sur vous si on
décide d'ouvrir largement et complètement les commerces
d'alimentation le dimanche?
M. Vaillancourt: II y a certainement une crainte, et je vais plus
loin que ça, je reviens avec les mots "volonté politique", parce
qu'elle n'a pas toujours été là: on voit tout ce paquet
d'amendements qu'on a eus et la situation dans laquelle on est aujourd'hui
Quand - et je titre, en exemple - on a donné le décret pour les
marchés aux puces et pour les marchés publics, le problème
des heures d'ouverture va toujours revenir autour de la définition et
des statuts des secteurs économiques ou des secteurs commerciaux dans
lesquels on doit exploiter. Sur ça, il va falloir que le gouvernement se
penche, ça fait partie d'une volonté politique.
Si vous regardez, quand on a donné l'exemption aux pharmacies,
à ce moment-là, ce que vous trouviez dans les pharmacies,
c'étaient des produits pharmaceutiques et des produits d'hygiène
en grande majorité, à 90 %. Entrez dans les pharmacies
aujourd'hui, et vous allez voir des départements d'alimentation en
entrant, puis ce qui est produit pharmaceutique est relégué dans
un coin, à l'arrière de la pharmacie. Ça a totalement
changé depuis ce temps-là.
Alors, même chose au niveau des marchés publics. Si vous
regardiez les marchés publics dans les années quatre-vingt
à quatre-vingt-cinq, quand ils opéraient dans
l'illégalité, aussitôt qu'ils ont eu le décret,
à ce moment-là, qu'est-ce qui est arrivé? Bien, entrez
dans un marché public aujourd'hui, et la définition des
marchés publics, qui était l'alimentation, et définie,
à part ça, dans certains produits d'alimentation, ça
n'existe plus, ça ne tient plus. Alors, c'en est, déjà,
des effets de débordement à l'intérieur de la loi. Quand
je dis volonté politique, il va falloir que ça aussi, ça
soit pris en considération, parce que ça devient très
important.
Si on élargit encore plus, qu'est-ce qu'on crée? Des
centres d'achats? Comment allez-vous faire avec Steinberg, si les
marchés M demain matin - je les titre en exemple - ont des secteurs
alimentaires dans certains de ces magasins-là? Comment allez-vous faire
dans les centres d'achats qui ont des "anchor stores", qu'on appelle, à
chaque extrémité, de "food business", de nourriture,
d'alimentation? Comment allez-vous faire pour essayer de garder une
équité entre les marchands, parce qu'ils ont tous des
associations de marchands, dans ces centres d'achats-là qui sont le
moindrement importants?
Alors, cette publicité-là et les services qui sont
partagés entre les autres marchands, comment vous allez faire pour avoir
une distribution de dépenses équitables...
Une voix: Équité
M. Vaillancourt: ...qui va revenir là-dessus?
Tout le monde va continuer de crier à l'iniquité et
ça vient seulement amplifier et grandir le problème.
Le Président (M. Bélanger): Alors, Mme la
députée, je vous inviterais à remercier nos
invités.
Mme Marois: Je suis très contente de vous avoir lus et de
vous avoir entendus aussi ce matin et je vous dirai, en réponse aussi en
même temps à certains commentaires du ministre, que c'est bien
sûr que les Québécois et les Québécoises ont
beaucoup d'imagination, c'est heureux et c'est souhaitable, mais ça
n'enlève pas au législateur la responsabilité d'encadrer
les droits, d'encadrer les besoins, si nécessaire, d'établir des
règles qui assurent l'équilibre, justement, entre lus besoins dos
uns ot les droits des autres. Si certains ont l'imagination assez fertile pour
même imaginer des stratagèmes qui les feraient passer à
côté de l'esprit d'une loi, c'est au législateur de trouver
le meilleur chemin et la meilleure façon pour s'assurer qu'on revienne
à l'objectif fondamental de la loi et donc qu'on la modifie même,
s'il y a lieu, pour qu'elle puisse être respectée. Je vous
remercie de votre contribution à nos travaux.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Dans cette optique-là, M.
Vaillancourt, il faut poser des questions. Il faut poser des questions aux
personnes pour essayer de trouver une solution réaliste et durable.
Quand on a déjà fait son point de vue, c'est facile, quand des
intervenants viennent et qu'ils partagent notre point de vue, on est gentil, et
quand d'autres intervenants viennent, on est moins gentil. Moi, je peux vous
dire une chose, j'ai une ouverture d'esprit, je n'ai pas arrêté de
décision. Je pose des questions de la même façon depuis
deux semaines - c'est pour ça que je suis très surpris des
commentaires - à ceux qui sont pour et à ceux qui sont contre.
Quand j'ai posé des questions sur la télématique, je n'ai
pas inventé, il y a des experts qui sont venus ici nous dire que la
tendance s'en allait là. Moi, j'aime mieux poser des questions
aujourd'hui plutôt que d'entendre plus tard: J'aurais bien dû
répondre à cette question-là; pourquoi on ne me l'a pas
posée?
Ce que je veux vous dire en terminant, c'est: Une volonté
politique, oui, il y en a une, volonté politique. C'est très
important qu'on ait une loi équitable et qu'on ait une loi durable.
L'effet d'entraînement, je regrette, moi, j'ai compris il y a longtemps
que c'est dépassé, parce que l'effet d'entraînement, avec
les représentations de tous les intervenants, on ne parle plus
uniquement de l'alimentation, ça fait deux semaines que je le dis.
Alors, je pense qu'on devrait peut-être écouter quand je dis
ça. Dans ce sens-là, je suis très content que vous soyez
venus partager avec nous votre point de vue et on va le prendre en
considération dans les décisions qu'on va être
appelés à prendre. Merci beaucoup.
Le Président (M. Bélanger): Alors, la commission de
l'économie et du travail remercie la Corporation des marchands de
meubles du Québec et ses représentants et invite à la
table des témoins la Coalition des commerçants de piscines.
Mesdames et messieurs, je vous inviterais à reprendre vos places,
s'il vous plaît. S'il vous plaît! Alors, j'appelle les gens de la
Coalition des commerçants de piscines à la table des
témoins. Est-ce que les gens de la Coalition des commerçants de
piscines sont présents dans la salle?
Oui? Bon!
Alors, bonjour, messieurs. Pour vous expliquer rapidement nos
règles de fonctionnement, vous avez 20 minutes pour la
présentation de votre mémoire et le reste du temps est
consacré à un échange avec les parlementaires. Je vous
invite donc, dans un premier temps, à vous identifier, à
identifier votre porte-parole et à présenter votre
mémoire. Je souhaiterais aussi, dans la mesure où cela vous sera
possible, que chaque fois que vous prenez la parole, vous vouliez bien vous
identifier, ceci pour les fins de transcription au Journal des
débats. Alors, je vous en prie, si vous voulez débuter.
Coalition des commerçants de piscines
M. Robert (Réjean): M. le Président, mesdames et
messieurs, membres de l'Assemblée nationale, mesdames et messieurs. Mon
nom est Réjean Robert, je suis président et chef de la direction
du groupe Citadelle et porte-parole de la Coalition des commerçants de
piscines. Je suis accompagné aujourd'hui de M. Clément Hudon,
président de Piscines Trévi, de M. Pierre Chabot, directeur
général et vice-président exécutif du groupe
Qestramar, maîtres pisciniers Vogue et M. Léonard Tremblay,
président de Piscines Unies. (11 h 15)
Le Président (M. Bélanger): Si vous voulez juste me
les rappeler dans l'ordre parce que, qui est qui?
M. Hudon (Clément): Clément Hudon, Piscines
Trévi.
Le Président (M. Bélanger): Au plaisir.
M. Tremblay (Léonard): Léonard Tremblay,
Piscines-Unies.
M. Chabot (Pierre): Pierre Chabot, Maîtres pisciniers
Vogue.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. Ha,
ha, ha! D'accord. On peut y aller.
M. Robert: Au nom de mes collègues, je remercie la
commission de l'économie et du travail de nous accueillir aujourd'hui et
de nous accorder cette occasion de faire valoir notre position à
l'égard des heures d'affaires. Le mémoire que nous avons
déposé à la commission et que nous défendons ici
aujourd'hui représente, en fait, la position solidaire et commune des
quatre principaux groupes de commerce de piscines du Québec. Nos quatre
groupes réunis sont responsables de 95 % des ventes de piscines et
d'accessoires connexes au Québec Nous regroupons environ 130
établissements spécialisés dans le commerce de piscines et
nous employons quelque 5000 personnes, dont la très grande
majorité sont des employés saisonniers et des
étudiants.
Nous oeuvrons dans un marché très compétitif et
nous sommes tous de farouches compétiteurs. Toutefois, nous sommes en
mesure de coopérer lorsque nos intérêts communs sont en
cause. Et c'est le cas avec les heures d'affaires. Comme vous le savez, la
vente de piscines et d'accessoires nécessaires à leur
fonctionnement est exemptée de la loi sur les heures d'affaires et
ça, depuis la dernière modification, en date de 1984
En créant de nouvelles catégories d'activités
commerciales exclues de l'application de la loi, en l'occurrence, de
l'application de l'article qui interdit l'ouverture d'un commerce le dimanche,
le gouvernement reconnaissait qu'il était de l'intérêt du
consommateur que ces activités soient exemptées le dimanche et
que certaines de ces activités nécessitaient, pour leur survie et
leur progression économique, d'être exercées le dimanche.
Plus particulièrement, au chapitre de la vente des piscines, le
gouvernement reconnaissait le caractère saisonnier de ces
activités et le bien-fondé d'une extension des heures d'affaires
pendant la courte saison de magasinage.
Au Québec, en effet, l'utilisation d'une piscine ne
dépasse guère quatre mois par année et le consommateur
désireux d'en faire l'acquisition commence habituellement à
magasiner aux mois de mars et avril, en prévision de la prochaine saison
estivale. En outre, les piscines sont utilisées surtout les fins de
semaine et plus particulièrement le dimanche, d'où l'importance
d'offrir aux propriétaires de piscines un service continu pendant la
courte saison d'utilisation.
Dans le cas des commerces de piscines, il ne fait aucun doute que
l'ouverture le dimanche répond à un besoin réel du
consommateur. Ceux parmi vous qui, pour une raison ou pour une autre, n'en
seraient pas convaincus encore, je vous invite à visiter l'un de nos
magasins, un de ces prochains dimanches. Vous vous rendrez compte que les
consommateurs apprécient la possibilité que nous leur offrons de
magasiner chez nous le dimanche.
En effet, la seule véritable façon de rendre compte des
besoins et des préférences des consommateurs consiste à
observer leur comportement. L'observation des comportements des consommateurs
est plus concluante que le meilleur des sondages, que le meilleur des
modèles d'analyse sociologique Tous les dimanches, pendant la saison de
vente de piscines,' dans la majorité de nos magasins à travers le
Québec, et dans la totalité de nos magasins situés en
milieu urbain, nous sommes en mesure de constater, objectivement et sans
l'ombre d'un doute, que l'ouverture le dimanche correspond à un besoin
et à une préférence réelle de nos clients
Bien entendu, j'entends déjà les commentaires: ce ne sont
pas tous les clients qui ont besoin ou qui préfèrent magasiner
chez nous le
dimanche. Mais le fait est qu'une proportion importante de nos clients
ont besoin ou préfèrent se rendre à nos magasins le
dimanche plutôt que tout autre jour de la semaine. J'ajouterais que le
dimanche est une très bonne journée de vente. Bien que nous
n'ayons pas de statistique précise à ce sujet, nous estimons
qu'environ 30 % des ventes de piscines sont conclues le dimanche. Il va donc
sans dire que nous sommes tous, unanimement, pour le maintien de la
liberté de choix pour nos clients de magasiner chez nous, le dimanche,
s'ils le désirent.
Cela étant dit, nos commerces ne se limitent pas seulement
à la vente de piscines et d'accessoires nécessaires à leur
fonctionnement, nous vendons aussi des meubles et accessoires de patio, ainsi
que divers autres articles qui vont de pair avec la piscine. De fait, nous
vendons un environnement de loisir au centre duquel se trouve une piscine.
Cette vision que nous avons de notre commerce colle à la
réalité des comportements de consommation. En effet, le
consommateur qui décide d'aménager une piscine dans sa cour en
profite le plus souvent pour renouveler son mobilier de jardin, pour acheter
des jeux aquatiques, etc. C'est ainsi que les commerces de piscines ont
été amenés, très tôt dans leur
développement, à se lancer dans la vente d'articles de patio.
Comme la vente de piscines est une activité saisonnière
qui s'étend de mars à septembre, environ, certains d'entre nous
s'adonnent aussi à des activités saisonnières
complémentaires comme la vente d'abris d'auto et de décorations
de Noël. De cette façon, nous sommes à même
d'étirer notre activité sur presque toute l'année et
d'offrir à bon nombre de nos employés des emplois vraiment
permanents.
Or, pour revenir aux heures d'affaires, l'exemption dont nous
bénéficions présentement ne porte que sur la vente de
piscines et d'accessoires nécessaires à leur fonctionnement. Les
autres activités commerciales auxquelles nous nous adonnons
présentement ne sont pas exemptées. Cette ambiguïté
fait que pour être conformes à la loi, nous devons exploiter deux
commerces distincts, dont un seul peut demeurer ouvert le dimanche. Cette
situation dans laquelle nous nous trouvons est tout à fait ridicule.
Nous ne voyons vraiment pas qui puisse bénéficier d'une telle
situation si ce n'est certains autres types de commerces qui ont le droit de
s'adonner à ces activités, le dimanche. Nous serions,
évidemment, tentés de demander au gouvernement de corriger cette
aberration et cette iniquité en élargissant l'exemption dont nous
faisons présentement l'objet et ce, à toutes les autres
activités commerciales auxquelles nous nous adonnons. Certes, cela
réglerait notre problème à court terme, mais cela ne
serait pas une solution globale et durable à la problématique des
heures d'affaires.
Dans notre mémoire, M. le Président, nous comparons la loi
actuelle à une passoire. En effet, la loi est censée imposer un
cadre d'ouverture uniforme pour tous les commerces, mais elle prévoit 18
exemptions précises en plus de conférer au ministre le pouvoir
discrétionnaire d'autoriser certains établissements ou certaines
activités commerciales ou encore certaines régions à
déroger de ce cadre censément uniforme. Je suis certain que peu
de lois dans le monde comportent un nombre aussi exorbitant de trous. Nous
avons donc une loi passoire, à la fois inéquitable et impossible
à gérer. Autant il y a un consensus sur ce constat, autant tous
conviennent de la nécessité d'éliminer les aberrations,
les iniquités et les tracasseries administratives découlant de la
loi actuelle. Or, de deux choses l'une: ou bien on élimine toutes les
exemptions, ou bien on élimine la règle elle-même, et on
libéralise. De façon plus imagée, cela revient à
dire que: ou bien on bouche tous les trous de la passoire, ou bien on ouvre
toutes les mailles; il n'y a pas 56 façons de régler le
problème. Chacun sait que la première solution est utopique et
inacceptable, rnême les groupements les plus opposés à la
libéralisation sont on faveur du maintien de certaines exemptions, dont
les commerces de dépannage, les stations service et les pharmacies.
Autrement dit, sans libéralisation totale, il y aura toujours une
certaine forme d'iniquité et d'aberration dans le système. Selon
nous, il n'y a qu'une seule solution vraiment possible qui soit à la
lois souhaitable pour l'ensemble des commerçants et acceptable pour
l'ensemble des contribuables qui ont à faire les frais du système
actuel. Cette solution, M. le Président, c'est la libéralisation
totale des heures d'affaires. Cette solution a d'abord le mérite
d'être à la fois élégante, juste et
équitable. Elle n'est assortie d'aucune exemption, d'aucune contrainte.
La libéralisation des heures d'affaires ne brime et ne contraint
absolument aucun commerçant et absolument aucun consommateur. La
liberté de choix pour tous les commerçants et pour tous les
consommateurs ne peut contraindre et brimer absolument personne. De fait, les
seuls commerçants qui pourraient être pénalisés par
une libéralisation sont ceux qui, justement, profitent indûment du
système actuel ou qui n'ont pas à coeur l'intérêt
des consommateurs.
D'autre part, la libéralisation totale des heures d'affaires
représente une solution durable qui permet au commerçant de
s'ajuster à tous les changements susceptibles de se produire dans
l'environnement commercial, tant à l'intérieur du Québec
qu'à l'extérieur de ses frontières; qui permet aussi au
commerçant de s'ajuster aux changements susceptibles de se produire dans
les besoins et les préférences des consommateurs. La
libéralisation, c'est la seule façon de régler le
problème une fois pour toutes, pour la bonne raison qu'elle est souple
et qu'elle permet au commerçant de s'ajuster aux besoins changeants
et variés des consommateurs.
Sur le plan administratif, la libéralisation élimine de
façon définitive tous les contrôles, toutes les
procédures judiciaires et toutes les tracasseries administratives
associées à une réglementation quelconque des heures
d'affaires. Mais surtout, la libéralisation s'inscrit dans la
continuité et dans la normalité. De révision en
révision, la Loi sur les heures d'affaires a été
progressivement assouplie pour devenir la loi passoire que nous connaissons
présentement.
Si le gouvernement du Québec est venu à la conclusion
qu'il faut à nouveau modifier la Loi sur les heures d'affaires, il faut
le faire dans le sens d'un assouplissement et d'une libéralisation, non
pas à rebrousse-poil. C'est aussi la seule voie normale.
Dans tous les pays du monde, dans tous les secteurs d'activité
traditionnels, nous assistons à une vague sans précédent
de déréglementation et de libéralisation. Par exemple, en
matière de commerce international, l'heure est à l'ouverture,
à l'élimination des barrières et des contraintes, bref,
à la libéralisation. De la même façon, s'agissant
des heures d'affaires, la tendance au Canada, aux États-Unis et dans le
monde est à l'assouplissement, la déréglementation et
à la libéralisation.
Si le gouvernement du Québec est venu à la conclusion
qu'il faut à nouveau modifier la Loi sur les heures d'affaires, il doit
le faire en tenant compte de ces tendances que l'on observe partout autour de
nous, ici même au Québec, dans une foule d'autres domaines.
Enfin, la libéralisation des heures d'affaires va dans le
même sens que l'évolution sociale et économique du
Québec En effet, la participation accrue des femmes sur le marché
du travail milite dans le sens d'une ouverture des commerces le dimanche. Tout
comme d'ailleurs la multiplication des ménages monoparentaux. En outre,
plusieurs études indiquent que la tendance est à une augmentation
de la semaine de travail, ce qui laisse moins de temps libre pour les
activités de magasinage pendant les heures normales d'affaires
prescrites par la loi actuelle.
Si le gouvernement du Québec en est venu à la conclusion
qu'il faut modifier à nouveau la Loi sur les heures d'affaires, il doit
le faire en fonction de ces tendances réelles qui interviennent dans la
société québécoise et non en fonction d'un
soi-disant choix de société que certains groupments voudraient
nous imposer (11 h 30)
Bref, M. le Président, selon nous, le problème des heures
d'affaires est un problème artificiel causé par une loi
désuète et complètement dépassée. En effet,
la Loi sur les heures d'affaires est un vestige d'une époque
révolue où le commerce était vu comme une basse oeuvre
incompatible avec les valeurs de la société. Une telle loi qui
rappelle la prohibition n'a plus sa raison d'être à l'aube du XXIe
siècle. Il faut la reléguer aux oubliettes. Il faut
libéraliser les heures d'affaires et remettre aux commerçants et
aux consommateurs un droit et une liberté dont ils ont été
trop longtemps privés II faut que le gouvernement se retire de ce champ
de réglementation où y n'aurait jamais dû mettre les pieds,
car le commerce de détail est le seul secteur d'activités
économiques dont les heures d'affaires sont réglementées.
Cela fait beaucoup trop longtemps que le problème artificiel des heures
d'affaires draine des énergies et de l'argent qui pourraient être
utilisés à bien meilleur escient, à régler les
vrais problèmes de l'heure.
Il est grand temps que le gouvernement retire sa loi sur les heures
d'affaires et qu'B donne le coup de barre qui s'impose. Le temps est venu de
passer aux actes. Finies les études non concluantes, finies les
consultations où l'on redit et redit les mêmes arguments.
En terminant, M le Président, nous ne voyons vraiment aucune
raison valable et sérieuse qui justifierait le maintien d'une
réglementation quelconque sur les heures d'affaires des commerces S'il
faut protéger le congé dominical, comme certains le soutiennent,
en vertu d'une conception très suggestive et très partielle de la
qualité de vie, d'accord, faisons-le, mais faisons-le pour tous les
travailleurs et travailleuses du Québec et non pas pour une
minorité d'individus Très sincèrement, M. le
Président, nous croyons que s'opposer à l'ouverture le dimanche
pour protéger la qualité de vie c'est faire preuve d'hypocrisie.
C'est oublier que des milliers et des milliers de Québécois et de
Québécoises, travaillent le dimanche dans les mines, dans les
forêts, dans les usines, dans les centrales électriques, dans les
centraux téléphoniques, dans les hôpitaux, dans les centres
d'accueil, dans les services de sécurité, dans les restaurants et
j'en passe, car la liste est trop longue.
Quant à nous. M. le Président, cela fait des années
que nous sommes ouverts le dimanche. Nous ne forçons aucun
employé à travailler le dimanche et nos employés qui
travaillent le dimanche s'accommodent très bien de la situation et y
trouvent même des avantages comme ils vous l'ont eux-mêmes
laissé savoir lors de leur comparution devant cette commission. Je vous
remercie de votre attention et nous sommes prêts à répondre
à vos questions.
Le Président (M. Bélanger): Alors, nous vous
remercions, messieurs. M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Merci beaucoup M. Robert. J'aimerais que
ce soit un problème artificiel là, mais ce n'en est pas un
je pense. C'est assez complexe. Dites-moi: Coalition des commerçants de
piscines, quatre grands groupes, est-ce que ça existe des petits
détaillants de piscines?
M. Robert: Nous représentons les quatre compagnies qui
représentent tous les pisciniers au Québec. À
l'intérieur de notre organisation, nous avons tous les centres de
piscines qui existent, les petits, les moyens et les grands. Nous sommes quatre
groupements au Québec qui représentons les gens de la piscine Si
nous ne sommes pas 100 % ici aujourd'hui c'est tout simplement que les 5 %
c'est plusieurs, plusieurs petits qui ne sont représentés par
personne.
M. Tremblay (Outremont): Mais est ce qu'ils sont d'accord avec
votre position?
M. Robert: Oui.
M. Tremblay (Outremont): Vos heures d'ouverture en ce moment
quelles sont-elles?
M. Robert: Nos heures d'ouverture. Nous, actuellement, selon les
besoins du consommateur, nous ouvrons le dimanche à partir du 1er
février, parce que les gens désirent venir voir nos produits
nouveaux et nous fermons normalement vers le mois de septembre, parce que le
consommateur n'a plus réellement besoin de nos produits.
M. Tremblay (Outremont): Ma question c'était plus... Oui
mais les heures? Comme lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi,
dimanche, c'est de quelle heure à quelle heure?
M. Robert: Nous sommes ouverts du lundi au vendredi, de neuf
à neuf, durant la saison et nous sommes ouverts le samedi de neuf
à cinq, le dimanche de dix à cinq heures.
M. Tremblay (Outremont): Quand vous parlez de
libéralisation des heures d'ouverture ça veut dire quoi?
Ça veut dire reconnaître votre droit ou élargir davantage
ces heures-là?
M. Robert: Vous savez, M. le ministre, nous on croit que nous
rendons service aux consommateurs d'être ouverts le dimanche, mais
j'aimerais vous expliquer une chose. La loi nous permet, nous, M. le ministre,
de vendre une piscine et un produit nécessaire au fonctionnement de la
piscine, par exemple, il y a une pièce qui est défectueuse, nous
avons le droit de la vendre. Le consommateur vient chez nous avec un
problème d'eau. Nous avons droit de lui vendre les produits pour que son
eau devienne propre. Mais comme vous savez, M. le ministre,
l'été, lorsqu'un couple a une piscine, souvent la famille:
parents, beaux-frères, amis, se rejoignent, vont en visite chez ces
gens-là et passent une belle journée le dimanche autour de la
piscine. Savez-vous actuellement, M. le ministre, que souvent, nous,
l'été, parce que la visite arrive chez un propriétaire de
piscine, ils viennent au magasin pour acheter des jouets, pour acheter des
choses polir jouer dans la piscine? Savez-vous, M. le ministre, que les jeunes
enfants ont besoin de flotteurs pour nager dans la piscine ou apprendre
à nager? M. Id ministre, la loi, actuellement nous empêche...
M. Tremblay (Outremont): Oui, ça, je comprends, M.
Robert.
M. Robert: ...de vendre aux jeunes...
M. Tremblay (Outremont): Je vais y revenir à ces
points-là, mais je voulais juste savoir la libéralisation, pour
vous... Vous nous avez donné vos heures et les saisons que vous ouvrez
le dimanche, mais quand vous nous dites: On voudrait la libéralisation
des heures d'ouverture, est-ce que c'est ça que vous dites, de
reconnaître votre droit sans élargir les heures, 9 à 21, 10
à 17, 9 à 17?
M. Robert: Pour nous, M. le ministre, c'est de nous laisser
libres de bien servir notre client lorsqu'un client a besoin de nous.
M. Tremblay (Outremont): Est-ce que ça veut dire sept
jours par semaine, 24 heures par jour?
M. Robert: Si c'est nécessaire, oui.
M. Tremblay (Outremont): La loi vous a permis, vous a
donné une exception et vous l'avez bien décrit, votre
privilège, c'est pour les piscines et accessoires. Comment pouvez-vous
aujourd'hui... Et, en fait, je peux même vous dire que c'est
légitime que vous vouliez élargir votre gamme de produits, par
exemple: vente de mobilier, accessoires de jardin et vous avez mentionné
les abris d'autos et les décorations de Noël, mais comment
pouvez-vous... Mais également, avant de vous poser la question, c'est un
concept, parce qu'on a juste à passer devant vos commerces, on les voit,
c'est rendu de très grandes surfaces. Comment pouvez-vous demander au
gouvernement d'imposer à tous les petits commerçants l'ouverture
de leur commerce le dimanche et/ou hors des heures normales d'ouverture parce
que, vous, vous avez développé un concept?
M. Robert: Nous, M. le ministre, nous demandons que la loi donne
aux commerçants la liberté d'ouvrir ou de fermer le dimanche et,
pour nous, c'est la seule manière de régler le problème.
Pourquoi? Parce que lorsqu'on est ouverts, c'est qu'il y a un besoin; nous,
ici, les quatre présidents des organisations, si le consommateur n'a pas
besoin de nos services, nous ne sommes pas ouverts le dimanche, nous ne sommes
pas ouverts les soirs de la semaine. Au mois de janvier, nos magasins sont
fermés parce que, au mois de janvier, le consommateur n'a pas
besoin de nous.
M. Tremblay (Outremont): O. K. Mais ça. je le comprends
parce qu'il y en a une exception dans la loi, par exemple, pour les
concessionnaires automobiles et eux peuvent ouvrir 7 jours par semaine, 24
heures par jour. Ils ont décidé de ne pas ouvrir le samedi et le
dimanche et d'aménager leurs heures en semaine. La question que je vous
pose... En fait, il y a deux solutions. Tout le monde veut une loi
équitable. Il y a deux solutions: une solution, c'est, par exemple, de
dire: On va éliminer toutes les exceptions, sauf celles qui sont
essentielles. Vous avez fait allusion tout à l'heure à trois
employés et moins dans l'alimentaire, vous avez associé à
ça les pharmacies et, également, les postes d'essence, vous avez
dit ça. Mais d'une façon ou d'une autre, si c'est la
libéralisation hors des heures normales d'ouverture, à moins que
ce ne soit 7 jours par semaine 24 heures par jour, je pense que ces mêmes
exceptions, qui représentent un vrai dépannage, doivent demeurer.
Alors, la question que je vous pose, c'est de dire... L'une des solutions,
c'est de dire: On les ferme les commerces le dimanche; au nom de la
qualité de vie, au nom des besoins des consommateurs, au nom de
l'équité, on maintient trois exceptions. Qu'est-ce qui fait que,
vous, vous considérez que c'est essentiel? Est-ce que les gens sont
obligés d'aller acheter une piscine le dimanche?
M. Robert: Les gens ne sont pas obliges à rien en ce qui
nous concerne, excepté qu'une piscine, c'est une activité
familiale. Lorsque les gens viennent chez nous la semaine, souvent, le monsieur
seul ou la madame seule, parce que les gens travaillent, ils disent: Nous
allons revenir en famille dimanche, parce que l'achat d'une piscine est un
achat familial. Une piscine, c'est utilisé le dimanche, c'est
utilisé les fins de semaine, et une piscine, quand ça fait
défaut, quand il y a un problème d'eau, c'est le dimanche,
principalement. Nous, c'est un peu comme les gens qui sont dans le ski.
Actuellement, admettons, les gens qui sont sur les pentes de ski, le dimanche,
ils auraient le droit d'avoir des tickets pour monter en haut et descendre
mais, par contre, ils n'auraient pas le droit, si quelque chose brisait,
faisait défaut ou qu'ils voulaient s'acheter un équipement
quelconque parce qu'il fait froid pour faire du ski, ils n'auraient pas le
droit de l'acheter. C'est un non-sens.
Nous, on considère qu'on veut bien servir nos consommateurs, on
veut bien servir nos gens et, pour ça, c'est une nécessité
qu'on soit ouvert aux heures où on désire être ouvert.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Drummond.
M. St-Roch: Dans la foulée de ce que vous venez de
mentionner, qu'est-ce qui empêcherait, dans une loi, que tous los
commerces soient fermés le dimanche, de dire: On va reconnaître
l'élément service, service d'appoint au niveau des pièces
ou au niveau des produits chimiques que vous utilisez pour maintenir la
qualité de l'eau. Ça, ce serait permis. Et pour le
résiduel, dans la foulée de ce que vous avez mentionné, il
semble qu'une piscine, c'est un achat qui sert à la famille. Rien ne
vous empêcherait d'avoir une salle de montre où les gens peuvent
se promener, regarder et revenir compléter la transaction le samedi ou
le dimanche. Ça, c'est ma première question.
Ma deuxième question: Si on fermait le dimanche, quel serait
l'effet chez les détaillants de piscines à travers le
Québec?
M. Robert: Votre première question, nous sommes en
affaires pour une rentabilité. On n'est pas un musée. Si on
expose des piscines, cest pour en vendre et c'est pour pouvoir donner le
service à nos clients. Il y a ici M. Hudon à côté de
moi, M. Tremblay; malheureusement, M. Lebuis, le président de Vogue, ne
pouvait pas être ici. Ce sont quatre gars qui ont débuté
dans la vie avec rien, à zéro. Moi, j'ai commencé comme
vendeur de piscines, M. Hudon comme installateur de piscines. M. Tremblay, la
même chose, et M. Lebuis a commencé dans son sous-sol par
manufacturer des produits. Nous, on s'est régi une loi dans notre
domaine à nous, on a travaillé ensemble, on a grossi, on est de
farouches compétiteurs, mais si nous sommes rendus là
aujourd'hui, c'est parce qu'on a toujours été sensibles aux
besoins de nos clients On veut que la loi nous permette de pouvoir continuer
à offrir aux consommateurs ce qu'ils veulent
Aujourd'hui, le client se présente chez nous avec la famille un
dimanche et il veut acheter une piscine et, en même temps, il veut
acheter un set de patio, des jouets pour aller dans la piscine, et il veut
qu'on lui livre toute la marchandise au même moment. Savez-vous
qu'actuellement, on n'a pas le droit, il faut qu'il revienne pour acheter les
produits connexes parce que la loi ne nous permet pas de lui donner des
informations.
Venez chez nous un dimanche, dans n'importe quel de nos magasins, et
vous allez voir souvent des clients qui nous engueulent, des clients qui nous
chicanent, qui pensent que c'est nous qui ne voulons pas leur donner des
informations Ils ne croient pas que la loi nous en empêche parce qu'ils
disent que dans d'autres magasins, ils peuvent acheter les mêmes produits
et que, chez nous, ils ne peuvent pas les acheter.
Pourriez-vous me répéter votre deuxième
question?
M. St-Roch: En prenant l'hypothèse qu'on fermerait tout le
dimanche, quel serait l'effet sur
vos commerces?
M. Robert: D'une manière, entre les gens les plus positifs
et les plus négatifs, on parlerait d'une perte d'environ 500
employés et d'une perte de chiffre d'affaires entre 25 000 000 $ et 50
000 000 $ de ventes.
M. St-Roch: Mais qu'est-ce qui ferait la perte d'affaires? Est-ce
que c'est un besoin artificiel, l'achat d'une piscine, ou si ça
répond réellement à un besoin? Je regarde l'automobile.
Tous les dépositaires sont fermés, par volonté du groupe
des concessionnaires, le samedi et le dimanche, ça a créé
des multinationales, en bout de piste. Les familles vont aller voir les autos
et les transactions vont se faire soit la semaine, soit les soirs. Pourquoi,
à ce moment-là, si c'est fermé, ça
empêcherait la vente de 25 000 000 $ à 50 000 000 $?
M. Robert: Notre principal compétiteur, nous, c'est les
plages américaines, et c'est le dimanche. Allez aux "lignes", le
dimanche, et c'est notre compétition parce que, comme je vous l'ai
expliqué tantôt, la piscine, c'est le dimanche que les gens s'en
servent, et notre compétiteur, nous, c'est les plages
américaines, et c'est le dimanche que les gens y vont. (11 h 45)
M. Hudon: Pour compléter ce que M. Robert dit, je pense
que le dimanche, on a dépensé beaucoup d'argent à
développer l'idée du monde de rester dans leur cour et d'investir
dans leur cour arrière. Si. le dimanche, ils n'ont pas de loisirs dans
leur cour arrière, ils vont aller occuper leurs loisirs où ils
vont pouvoir se baigner et s'amuser. Quand on a beaucoup de monde qui s'en va
du côté américain, c'est du monde qui n'a plus les moyens
de dépenser dans leur cour arrière dans les mois qui vont suivre.
Pour renforcer ce que M. Robert disait, c'est exactement ce qui se passe et ce
qui se passerait.
M. St-Roch: Je serais d'accord si on fermait les magasins de
piscines, sept jours par semaine, mais il me semble qu'avec les moyens modernes
de publicité qu'on a, si on fait une promotion de vente de piscines, le
consommateur va avoir le choix de dire: est ce que je vais sur les plages, aux
États-Unis, comme vous le mentionnez, ou si je m'en vais faire un tour,
le dimanche ou le samedi, regarder pour l'achat d'une piscine? Je fais la
transaction et je la fais livrer le lundi, on fait l'installation et la fin de
semaine d'après, je reste chez moi.
M. Hudon: Ce n'est pas aussi simple que ça. 51 vous avez
une piscine, chez vous, et que vous avez un problème, le dimanche matin,
et vous avez de la visite qui s'en vient chez vous. C'est ça qui est le
problème. Quand Hydro-Québec dit "mettez-vous à
l'électricité", elle garde du monde, les fins de semaine, pour
donner un service s'il y a un problème. On est obligés de faire
la même chose. Du côté service, il faut avoir des personnes
qui sont disponibles le dimanche pour répondre aux appels et aux
attentes du client. Si vous, vous dépensez dans votre cour 10 000 $ ou
15 000 $, vous voulez pouvoir en profiter les fins de semaine. Si vous invitez
des amis, vous voulez pouvoir leur montrer votre achat. Si, dans votre cour,
l'eau est verte, la filtration ne marche pas, je pense que vous n'aimerez pas
votre achat. Souvent, c'est un achat dont on se sert les fins de semaine et
c'est pour ça qu'il faut être ouvert les fins de semaine, le
samedi et le dimanche, pour que le client qui a investi ce montant d'argent
là puisse réellement en profiter. Si, à toutes les fois
que vous avez besoin de quelqu'un les fins de semaine, pour répondre
à vos besoins, vous ne l'avez pas, vous ne direz pas à votre
frère ou à vos amis: Je suis content de mon achat de piscine.
Ça va faire moins d'achats de piscines et plus de dépenses pour
des vacances à l'extérieur. C'était un peu le
phénomène qu'on vivait avant.
M. Tremblay (Outremont): M. Hudon, est-ce que je peux vous
arrêter là-dessus pour vous dire que, indépendamment de la
loi, vous avez le droit de le faire? La loi n'empêche pas le service de
quelque équipement que ce soit.
M. Hudon: Mais quand je parle du service, c'est de
répondre à la clientèle qui entre dans nos magasins.
M. Tremblay (Outremont): O.K. Ça, c'est de la vente au
détail, Je parlais du service sur place, ou s'il y a un problème.
Ça, la loi vous le permet tout le temps.
M. Hudon: Moi, ce que je voulais vous dire, c'est que pour un
problème de filtration, vous venez en magasin chercher votre
pièce ou vous venez chercher vos produits chimiques.
M. Tremblay (Outremont): Oui, ça comprend ça
aussi.
M. Hudon: Oui
M. Tremblay (Outremont): Si c'était juste ça, le
problème, la loi vous le permet sans aucun problème.
M. Hudon: C'est parce que ça va un petit peu plus loin que
ça. Si vous prenez le côté technique d'une piscine, vous
avez aussi le côté loisir de la piscine. Ça vous prend des
chaises pour mettre autour d'une piscine, pour meubler ça.
M. Tremblay (Outremont): C'est ça qui est le
problème, M. Hudon, parce que le jour où vous avez cette
permission-là, ça empiète directement sur le
marché, entre autres - on l'a vu tout à l'heure - des
détaillants de meubles, des Canadian Tire, des Pascal, des Ro Na, qui
nous disent: c'est ça, le problème. Pourquoi y aurait il une
exception? Il y en a qui disent: fermons, et il y en a d'autres qui disent:
ouvrons. On comprend, c'est très clair ça.
M. Hudon: À ce moment-là, si vous les
libérez complètement, il n'y a plus de problème.
M. Tremblay (Outremont): Oui. Votre position est très
claire.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Taillon?
Mme Marois: Merci. Ça me fait plaisir de vous souhaiter la
bienvenue au nom de ma formation politique. Je pense que vous savez que je ne
partage pas votre point de vue. Je peux le respecter, par exemple. Le respect
entraîne justement la discussion et l'échange sur une base
franche. Il y a des choses que je ne peux pas prendre; je vais commencer par
vous les dire et après, je vous poserai un certain nombre de
questions.
D'abord, quand on dit qu'il s'agit d'un droit fondamental qui est
actuellement refusé aux seuls commerces de détail, que cette
possibilité d'ouvrir le dimanche, je pense qu'il y a des droits
fondamentaux qui sont la liberté de pensée, la liberté de
presse, la liberté de religion, mais la liberté de commercer ou
de vendre n'est pas une liberté aussi fondamentale. Je pense que
ça ne se compare pas tout à fait
D'autre part, je vous dirai que ce n'est pas faux d'être capable
d'arrêter tous les automobilistes contrevenants, qu'on décide que
la loi sur la haute vitesse sur les routes est une mauvaise loi, bon. Si on n'a
pas tous les moyens pour l'appliquer, on peut le reconnaître mais, en
soi, elle peut avoir son fondement et être tout à fait correcte.
Là où je ne vous suis pas non plus, c'est quand vous dites, une
belle journée le dimanche, les gens sont autour de la piscine, veulent
avoir nos services, etc. Mais si un nombre plus important et de plus en plus
impor tant est amené à travailler, eh bien il va y avoir moins de
monde aussi qui va être sur le bord de la piscine le dimanche. On va
convenir de ça ensemble. Bon!
Là où je ne vous suis pas non plus, parce que j'en ai une
piscine là et je me dis, il me semble qu'en une journée, l'eau
n'a pas le temps de devenir verte. Si mon filtre ne fonctionne plus, je le
débranche pour éviter qu'il ne brûle ou qu'il ne se brise,
je le débranche mais je ne pense pas que l'eau devienne verte en une
journée même si j'ai beaucoup de monde. C'est vrai que ça
va me prendre un petit peu plus de temps le lundi à
récupérer là, vous allez m'aider à le faire, mais
ce n'est pas une journée qui va faire que je vais vraiment m'en passer,
à moins qu'elle ne soit déjà en mauvaise condition du
samedi, du vendredi, bon, etc. D'accord?
L'autre chose, quand vous dites... C'est vrai que probablement votre
plus grande concurrence c'est la plage américaine, mais vous n'arrivez
pas à me convaincre... La plage américaine ou le bord des lacs
québécois, ça arrive aussi quoique c'est un peu plus
froid. Bon! Mais vous n'arrivez pas à me convaincre du fait qu'en
ouvrant six heures de plus, une journée, ça va vous permettre de
vraiment mieux concurrencer cette réalité-là ou de la
concurrencer complètement parce que, d'abord, quand quelqu'un vient
acheter une piscine chez-vous le dimanche, j'imagine que vous ne la lui livrez
pas le dimanche et vous n'allez pas creuser le trou le dimanche. Donc,
ça va être dans une semaine ou deux. Je comprends que le
goût d'aller l'acheter peut lui venir le dimanche, le goût d'aller
discuter avec vous peut lui venir le dimanche, mais le goût de m'acheter
un "char" aussi peut me venir le dimanche, sauf qu'ils ne sont pas ouverts.
Alors je vais m'en acheter un le lundi ou le lundi soir ou à quelque
part le mardi.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, juste pour
être... Ce n'est pas juste le dimanche qu'ils demandent.
Mme Marois: J'ai compris ça aussi.
M. Tremblay (Outremont): Ils n'ont pas le droit d'ouvrir le
lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi...
M. Jolivet: 24 heures sur 24, sept jours par semaine.
M. Tremblay (Outremont): Non, non. M. Jolivet: Ça
peut aller là.
M. Tremblay (Outremont): Non non. Lundi, mardi, mercredi, jeudi,
ils veulent ouvrir... Lundi, mardi et mercredi jusqu'à 21 heures, donc
ça fait neuf heures de plus. Juste pour clarifier. Ce qu'ils demandent,
c'est plus que ça.
Mme Marois: J'ai compris ça aussi mais je suis d'accord
qu'il faut être capables de le voir. Bon! Comme vous voyez, j'ai pas mal
de points de désaccord avec vous et je vais en ajouter un autre. Il y a
actuellement, c'est vrai, il y a depuis un certain nombre d'années une
vague et un courant d'individualisme Je veux quelque chose maintenant et c'est
tout de suite que je veux avoir ma réponse. C'est aussi, que chacun se
débrouille, que chacun s'arrange, etc. Depuis un certain temps, A y a
cette vague d'indMdua-
lisme chez les pays développés; je ne parie pas pour les
pays que je connais moins. Mais on sent aussi depuis, je dirais, la
dernière année mais les deux, trois dernières
années, une espèce de questionnement là-dessus, un retour
à des valeurs un petit plus collectives. Vous allez voir où je
m'en vais là, je ne fais pas de la philosophie juste pour le plaisir
d'en faire.
J'écoutais, c'est ce matin, un reportage qui nous venait de
Washington, du correspondant de Radio-Canada. Vous allez dire: Où est-ce
qu'elle s'en va avec ses patins en hiver? Vous allez voir. Le reportage du gars
de Radio-Canada à Washington expliquait que la société
américaine, actuellement, qui est pourtant une des
sociétés où on a un taux de chômage qui semble
relativement bas, et tant mieux et c'est souhaitable, qui est un des pays
à peu près les plus riches au monde quand on fait la liste
là, même s'ils sont les cinquièmes des fois, ils remontent
à la troisième, etc. Son reportage nous disait: Oui, mais il y a
tout un tas de personnes marginalisées, tout un tas de personnes mises
de côté, qui ne sont même plus dans les statistiques parce
qu'elles sont tellement découragées et elles font partie des
sans-abri, elles font partie des... Bon! Alors, donc, c'est vrai qu'on a une
société qui a misé sur l'individualisme mais ça a
donné aussi ses effets pervers là. Et je ne veux pas faire de la
démagogie ce matin avec vous, mais ça a donné ces effets
pervers là.
Est-ce que c'est souhaitable que nous, comme société au
Québec, on décide aussi d'aller vers ce modèle
d'individualisme? Et à ce moment-là, ce modèle-là,
il commande, et vous avez raison, je vous suis quand je prends cette
logique-là, il commande qu'on mette le moins de contraintes possible au
commerce, il commande qu'on mette le moins de contraintes possible à la
production; il commande que l'on mette le moins de contraintes possible
à l'utilisation des services, etc. D'accord? Maintenant, moi, ce que je
vous dis, c'est que ce n'est pas un modèle auquel j'adhère, parce
que je ne pense pas que ce soit un modèle qui réponde, d'une
part, à ce que l'on est profondément comme culture et c'est un
modèle qui risque de nous mener aussi aux aberrations que l'on
connaît ailleurs. Bon.
Revenons, maintenant. Vous allez dire: Écoutez, vous faites une
bien grande démonstration pour notre problème de piscine. Je suis
d'accord. Mais si on vous permet à vous en fonction de
l'équité... C'est ça que vous demandez et vous avez raison
là-dessus: d'être traités équitablement.
Là-dessus, je dis souvent au ministre: On a notre part de
responsabilité de part et d'autre de la table. Je suis prête
à en prendre une partie au nom de mon gouvernement - le gouvernement
dans lequel j'étais avant 1985 - mais je pense qu'il faut qu'il en
prenne une, depuis 1985, parce que c'est eux qui l'ont. Bon.
Cela étant dit, vous soulevez le problème de
l'équité. Or, si vous nous demandez d'aller dans un sens pour
régler votre problème d'équité, est-ce que vous
n'amenez pas à soulever bien d'autres difficultés auxquelles vous
allez être confrontés le lendemain matin? Moins de clients
viendront chez vous parce qu'ils seront moins nombreux à pouvoir
consommer et se reposer le dimanche, parce qu'ils seront sur le marché
du travail. Si, à vous, on offre cette possibilité de conserver
l'exception et même de l'élargit - c'est vrai que c'est frustrant
quand tu vas dans un magasin, que tu vois le meuble à côté
et que tu ne peux pas l'acheter - est-ce que ça n'impliquera pas que le
quincaillier nous demande la même chose, que les marchands de meubles qui
sont venus avant vous nous demandent la même chose? Donc, le pied dans la
porte nous amène à la solution que vous prônez, mais avec
des effets qui pourraient ne pas répondre nécessairement aux
attentes que vous avez à l'égard du marché.
Dernière chose - là, vous allez essayer de défendre
ça - je ne suis pas capable d'accepter qu'il y ait une perte chez vous
de 500 emplois. Ce que vous me dites, c'est: II va se vendre beaucoup plus de
piscines que maintenant, il va se vendre... Pour que vous perdiez 500 emplois,
ça veut dire que votre... Si on restreint de cinq heures dans la semaine
ou de quelques heures, ça va réduire à ce point et les
gens n'auront plus besoin de piscine, ils vont en acheter moins, ils vont avoir
moins besoin de meubles de jardin, ils vont avoir besoin de moins de chlore,
puis ça va faire 500 personnes en moins? J'ai de la misère un
petit peu à me convraincre de ça. Alors, essayez donc de me
convaincre de ça.
M. Robert: Mme Marois, premièrement, actuellement, le
dimanche, c'est 30 % de notre chiffre d'affaires dans la vente de piscines. Si
la loi nous empêchait de vendre ces piscines, les gens, le dimanche, qui
viennent faire un tour chez nous avec la famille iraient sur les plages
américaines ou, lorsqu'il fait très chaud, auprès de nos
lacs. Maintenant, lorsque vous dites, Mme Marois: Si la loi était
libéralisée, il y aurait beaucoup moins de gens chez vous le
dimanche. Il me semble que j'ai vu, je crois, que ça serait 1 % ou 2 %
de plus des travailleurs au Québec...
Mme Marois: On parlait de l'alimentaire, à ce
moment-là, uniquement.
M. Robert: De l'alimentaire.
Mme Marois: C'est parce que vous, vous êtes dans un autre
secteur, c'est le loisir peut-être plus.
M. Robert: Mettons 2 % ou 3 % de plus de travailleurs qui
travailleraient le dimanche, je crois que ce n'est pas énorme. Quand
vous parlez. Ce n'est pas la fin du monde, le dimanche, si l'eau est verte.
Bien, je vais vous expli-
quer que l'eau devient verte dans une piscine n'importe quel jour de la
semaine, mais surtout lorsqu'on l'utilise. Le problème qui arrive...
Mme Marois: Mais techniquement, là. Je veux être
sûre, parce que vous, vous êtes un spécialiste, je n'en suis
pas.
M. Robert: Je peux essayer de vous...
Mme Marois: Mais imaginons que j'entretiens normalement ma
piscine, que je vérifie tous les jours ou tous les deux jours mon
degré d'acidité, mon degré de chlore. Je le sais, j'en ai
une puis je le fais. O.K.? Bon. Je le vérifie tous les jours puis
j'entretiens bien. Même si beaucoup de personnes l'utilisent une
journée, c'est sûr que ça va détériorer son
eau, mais est-ce que ça va la rendre verte?
M. Robert: Mme Marois...
Mme Marois: Répondez à ma question technique,
là.
M. Robert: ..je vais vous répondre techniquement à
votre question. Je vous félicite, vous, de tous les deux jours
vérifier votre piscine...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Marois: Mais alors! D'après moi, vous feriez un bon
politicien, vous! Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Outremont): Je veux vous dire qu'elle est à
Québec cinq jours par semaine puis sa piscine est à
Montréal!
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Marois: Comme je ne me baigne pas l'hiver, mais surtout
l'été, parce qu'elle est dehors, puis je suis à
Montréal l'été.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre,
ça va être comme pour l'épicerie, ça va être
le mari!
Mme Marois: Non, mais répondez à ma question. (12
heures)
M. Robert: Malheureusement, Mme Marois, nos clients, en
majorité, les deux conjoints travaillent et n'ont pas le temps, souvent,
de vérifier leur piscine ou its l'oublient. Ils arrivent la fin de
semaine, le samedi et ils vont magasiner à la fine épouvante,
parce qu'il faut qu'ils fassent tout ça dans la journée, parce
que la loi ne leur permet pas d'étaler ça sur deux jours.
Mme Marois: D'accord. Je connais.
M. Robert: Et là, le dimanche matin, ils pensent à
la piscine. Oups! la piscine est verte. Vous savez que ce n'est pas comme un
mal de tête: Tu prends une pilule et. une demi-heure après, c'est
passé. Nous, ça prend des produits spécifiques et il faut
donner de l'information. Souvent, prévenir un problème est
beaucoup plus facile que le guérir. Lorsqu'ils peuvent venir chez nous
quand ça commence, l'eau est brouillée ou est verte, avec les
produits que nous avons, c'est immédiatement réglé. S'ils
sont obligés d'attendre au lundi, ça va coûter deux
à trois fois plus cher pour régler leur problème
d'eau.
Mme Marois: Si elle est bien entretenue, ça prend combien
de temps à se détériorer, si le filtre arrête?
M. Robert: Pardon?
Mme Marois: Si le filtre est arrêté, mais qu'elle
est bien entretenue, ça prend combien de temps à se
détériorer? Deux ou trois jours?
M. Robert: Je vais vous dire franchement: C'est une question
d'heures.
Mme Marois: Mais une journée ou à peu près
peut se vivre, hein?
M. Robert: Mme Marois, je m'aperçois que chez vous votre
piscine a un entretien bien privilégié.
Mme Marois: Oui.
M. Robert: Je vais vous expliquer que nous, souvent, le monsieur
vient le matin et la dame passe l'après-midi, puis ils sont bien
découragés parce que l'eau est verte et ce n'est pas un
cadeau.
Mme Marois, je vais vous dire une chose. Le produit que nous vendons...
J'imagine que vous-même vous utilisez votre piscine le dimanche avec vos
enfants, puis nos clients c'est la fin de semaine qu'ils l'utilisent, c'est le
dimanche qu'ils utilisent leur piscine.
Quand vous parliez tantôt d'individualisme, savez-vous que nous,
on fait des bonnes choses pour le consommateur québécois, parce
quon fait en sorte que les gens se réunissent la fin de semaine, que les
familles se réunissent autour d'une piscine la fin de semaine.
Mme Marois: Je suis d'accord avec vous, mais je veux qu'on soit
plus nombreux à le faire.
M. Robert: Vous savez, nous sommes ici ce matin.. De toute
manière, je m'excuse, des fois, peut-être que je ne devrais pas
parler, mais je ne suis pas habitué à ça. C'est la
première fois de ma vie que je viens ici, mais nous, on est ici, ce
matin, parce qu'on a voulu faire nos devoirs et nos leçons et penser
à nos clients, à nos
employés, à nos organisations et à nos banquiers
à qui il faut payer l'argent qu'ils nous ont prêté.
Mme Marois: Je comprends ça.
M. Robert: S'il vous plaît, on veut rendre service à
nos clients. On est heureux, dans notre industrie, de pouvoir, sept jours par
semaine, si nécessaire, leur être utiles. On n'est pas ici, je
crois, pour penser aux problèmes des autres, on est ici pour penser
à nos problèmes. Nous, on pense qu'en laissant la
libéralisation totale, les gens vont se faire des règlements
à l'intérieur de leurs industries et ce sera merveilleux.
Mme Marois: J'y reviendrai plus tard. Je vous dirai que moi,
justement, j'ai été élue quasiment juste pour ça
penser aux problèmes des autres. Alors, j'essaie de m'en
préoccuper un peu.
Le Président (M. Bélanger): Le dimanche aussi.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Marois: Jo reviendrai avoc d'autres questions. J'y pense.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Marois: J'y pense, mais, malheureusement, je ne
réussis pas à les régler le dimanche, puis là ils
sont en train de m'en causer un autre.
Le Président (M. Bélanger): Excusez mon
commentaire. M. le ministre.
Mme Marois: Je suis capable de le prendre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de l'Acadie.
M. Bordeleau: Merci, M le Président. En fait, je voudrais
profiter du fait que vous vivez depuis plusieurs années l'ouverture le
dimanche, pour aborder un point qui a déjà été
abordé avec d'autres groupes, soit la question du personnel et de la
difficulté d'avoir du personnel pour travailler le dimanche.
D'abord, j'aimerais savoir comment on trouve le personnel qui travaille
le dimanche. Est ce du temps partiel, vos employés réguliers?
Comment tout ça est-il agencé avec la semaine
régulière de travail et est-ce difficile? Quelle est la
réaction des employés? J'aimerais avoir votre point de vue sur
ça
M. Robert: C'est plus facile pour nous d'avoir des
employés la fin de semaine que durant la semaine, parce que la
majorité de nos employés sont des étudiants. Nous, nous
n'avons aucun problème à avoir des employés la fin de
semaine et nos représentants dans nos magasins, si on avait à
leur donner congé la fin de semaine, seraient très malheureux,
parce qu'eux veulent être là les fins de semaine pour
répondre à leurs clients et c'est le dimanche qu'il y a des
clients dans nos magasins.
Nous n'avons aucun problème, nous, à avoir des gens pour
travailler les fins de semaine. Nous n'avons aucun problème à
avoir des étudiants ou des employés qualifiés. Pourquoi?
Parce que, depuis nombre d'années, nous sommes ouverts le dimanche et
nous avons des cours de formation que nous leur donnons les soirs de la semaine
et nous ne laissons jamais un employé sur le plancher répondre
à un consommateur sans avoir au moins une notion des problèmes
que le client peut vivre.
Pour nous, moi, ça fait depuis 1973 que je suis dans l'industrie
de la piscine, et on a toujours pu vendre des piscines le dimanche. Nous avons
toujours pu aider notre clientèle et on n'a jamais eu de problème
en tant qu'employé déjà, moi, et aujourd'hui patron,
à avoir des gens pour travailler le dimanche. C'est la semaine que nous
avons des problèmes, parce que l'étudiant va à
l'université, il va au cégep et il no pout pas ôtre cho/
nous Mais la fin de semaine, c'est facile pour nous.
M. Bordeleau: Si je me souviens bien, vous avez mentionné
tout à l'heure que vous n'obligez pas vos employés à
travailler le dimanche. Est-ce que c'est exact?
M. Robert: C'est vrai, monsieur. Nous ne forçons personne
à travailler le dimanche. Nous n'avons jamais perdu des employés
parce qu'ils ne veulent pas travailler le dimanche.
M. Bordeleau: Durant la saison d'été pour les
piscines, à vendre des piscines, c'est quoi le pourcentage
d'étudiants que vous employez. Vous dites que vous avez beaucoup
d'étudiants.
M. Robert: Environ 60 % de nos employés saisonniers sont
des étudiants.
M. Bordeleau: Ce qui représente à peu près
combien d'étudiants par année?
M. Robert: Ça prend environ 3000 personnes qui travaillent
comme saisonniers, ce qui veut dire environ 1000 étudiants qui
travaillent chez nous dans nos magasins durant l'été.
M. Bordeleau: Parfait. Je vous remercie.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Orford.
M. Benoit: M. Robert, j'aimerais ça que vous vous assoyiez
à ma place pour un instant et je vais m'asseoir à votre place. Il
y a quinze mi-
nutes, il y avait la Corporation des marchands de meubles du
Québec qui prend les mêmes mots que vous dans leur rapport. Ils
sont "véhéments" contre l'ouverture puis vous êtes
"véhéments" pour l'ouverture.
Les deux vendent des biens durables. Eux, ils vendent des salles de jeux
avec une télévision puis des meubles. Vous, vous vendez des
meubles avec une piscine. Finalement, au total, il n'y a pas grand
différence. Puis, eux, ils déchirent leur chemise puis ils nous
disent: II faut fermer le dimanche.
Puis, vous, vous venez quinze minutes après. Vous avez tout
vécu ça tous ensemble. Assoyez-vous à ma place, là.
C'est quoi... Qu'est-ce que je ne comprends pas, qu'eux comprennent pas puis
que vous, vous ne comprenez pas? Je veux dire, où est la
vérité entre eux autres puis vous?
M. Robert: Je vous remercie de me poser la question, parce qu'il
y a une très grande différence. Nous, nous vendons un produit qui
est pour une fin de semaine, qui est un produit de plaisir. Et les gens veulent
vivre en plein air le dimanche autour de leur piscine. Eux, ils vendent des
frigidaires, des poêles, un "set" de cuisine puis un de salon. Ce n'est
pas le dimanche que tu utilises ça. Ce sont les journées de la
semaine. Leurs clients, eux, ont besoin de leur produit. Ils l'utilisent durant
la semaine. Nous, ils l'utilisent durant les fins de semaine.
M. Benoit: Mais, Mme Marois, je suis sûr qu'elle utilise sa
piscine le lundi, le mardi et le mercredi soir.
Mme Marois: Ce n'est pas moi, ce sont mes petits! Ha, ha, ha!
M. Benoit: Elle l'utilise sur semaine, sa piscine, et ce n'est
pas vrai qu'elle utilise sa piscine juste le dimanche après-midi quand
il fait beau. Je veux dire...
M. Robert: Mais lorsqu'il fait beau, je ne pense pas qu'elle
utilise son "set" de salon le dimanche après-midi!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Robert: Ou sa chambre à coucher...
Mme Marois: Je l'achète habituellement en dehors du
dimanche.
M. Robert: C'est saisonnier aussi.
M. Tremblay (Outremont): M Robert.
M. Robert: Oui.
M. Tremblay (Outremont): Dans le même ordre d'idées,
il y a des ventes de mobiliers qui concurrencent certains - disons pas tous -
commerçants au niveau des meubles également, Pascal, Canadian
Tire, Ro-Na Ils sont venus nous le dire ici. En plus de ça, vous nous
dites: Vous faites des ventes d'abris d'autos puis, en plus de ça, vous
nous dites, pour des raisons de saison, que vous vendez des arbres de Noël
aussi. Bon. Donc, c'est toute la question de dire: Si on crée une
exception, vous allez trouver un moyen d'enfreindre la loi et de revenir au
gouvernement pour dire que votre concept a évolué pour satisfaire
le plus de clients possible. Donc, vous allez créer des
iniquités.
Ce qui arrive aujourd'hui... parce que si on est devant cette commission
parlementaire, votre exception, c'était pour vendre des piscines avec
des accessoires. Et un des problèmes, c'est l'iniquité qui a
été causée par votre agressivité commerciale.
Comment répondez-vous à ça?
M. Robert: Le problème est arrivé parce que le
consommateur avait un besoin. Les gens venaient chez nous et nous disaient:
C'est donc de valeur que vous ne vendiez pas les choses qui vont autour de la
piscine. À partir de ça, nous sommes allés voir des
expositions pour aller chercher les produits que les consommateurs voulaient
avoir. Maintenant, c'est la grande raison pour laquelle on vous dit: La seule
manière de régler le problème, c'est la
libéralisation totale. Nous, on n'est pas ici pour parler contre
personne, les gens vont chez Price Club, les gens vont dans certaines
pharmacies, ils peuvent acheter des "sets" de patio le dimanche et chez nous,
les consommateurs ne comprennent pas qu'ils peuvent acheter une piscine,
acheter les produits nécessaires à l'entretien dune piscine et
qu'ils ne peuvent pas acheter ces produits-là. Ils ne comprennent pas
ça.
M. Tremblay (Outremont): Ça, c'est très clair, M.
Robert, ça explique pourquoi vous défendez ce point de vue
là. Mais s'il y avait équité et qu'on fermait tous les
commerces le dimanche, sauf ceux de trois employés et moins,
l'hypothèse qu'on fait, c'est qu'une piscine - corrigez-moi si je tais
une mauvaise hypothèse - ce n'est pas un achat impulsif. Quelqu'un ne
rentre pas dans une salle de montre pour dire: Moi, j'achète cette
piscine-là et il part avec. Il y va une fois, deux fois, il amène
la famille, il regarde la piscine, bientôt, ils vont pouvoir se baigner
dedans avant de l'acheter tout ça c'est correct, mais si tout le monde
était sur le même pied et qu'on fermait les commerces le dimanche,
en quoi ça vous causerait un préjudice?
M. Robert: Pourquoi, M. le ministre, priver la population d'un
besoin? Pourquoi nous priver de rendre service à nos clients? C'est
incompré-
hensible. Pourquoi, à ce moment là, on continuerait
à permettre aux restaurants d'être ouverts le dimanche, on
permettrait aux centres de ski de pouvoir accommoder les clients le dimanche.
C'est une grande philosophie, c'est un grand principe.
M. Tremblay (Outremont): Je vais vous dire pourquoi, ce que
j'entends. Je vais vous dire exactement ce que j'entends pour vous aider dans
votre réflexion et votre réponse. Premièrement, 50 %, ou
à peu près, des intervenants viennent nous dire: II ne faut pas
ouvrir le dimanche à cause de la qualité de vie et,
deuxièmement, on maintient des biens essentiels, et une piscine, c'est
un bien de luxe. Si les gens en veulent, ils vont se déplacer le lundi,
le mardi, le mercredi, le jeudi, le vendredi, le samedi, on n'a pas besoin de
se déplacer le dimanche pour ça.
M. Robert: Parfait. M. le ministre, au Canada, 75 % des piscines
hors terre vendues sont vendues au Québec. J'imagine que tous, ici, vous
avez pris l'avion et vous avez atterri soit à Dorval ou à Saint
Hubert. Si on dit qu'une piscine, c'est un produit de luxe aujourd'hui,
lorsqu'on arrive? on avion, on no comprend plus. C'est une
nécessité, c'est un besoin, comme d'avoir une automobile, comme
d'avoir une télévision couleur, ça fait partie de la
qualité de vie, M. le ministre, aujourd'hui.
M. Tremblay (Outremont): Est-ce que je peux, juste une
dernière petite question? Oui?
On a encore une minute? Oui? Est-ce que vous exportez des piscines?
M. Robert: M. le ministre, je vous remercie de poser cette
question-là parce que nous, ici, lorsqu'on a débuté dans
la piscine, on achetait des produits américains, européens, et
maintenant, les piscines sont fabriquées au Québec et, en plus,
nous les vendons en Amérique du Nord, et en plus, nous les vendons hors
Québec, à nos confrères canadiens. Et pour nous, c'est une
fierté. L'industrie de la piscine au Québec est un modèle
en Amérique du Nord. La place au monde où il y a eu une plus
grande pénétration du marché, c'est au Québec. Vous
pouvez le vérifier, beaucoup de compagnies européennes,
américaines, viennent prendre exemple ici au Québec.
Actuellement, en ce qui nous concerne, nous, notre plus grande augmentation de
ventes, c'est le produit que nous vendons hors Québec, actuellement.
M. Tremblay (Outremont): Manufacturer des piscines, vous avez le
droit de le faire 24 heures par jour, sept jours par semaine. Est-ce que ceux
qui sont appelés à travailler pour manufacturer ces
piscines-là travaillent le dimanche ou le samedi?
M. Robert: Chez nous, lorsque la saison arrive, nous travaillons
trois chiffres. Je pourrais dire vingt-quatre heures par jour, sept jours par
semaine, si nécessaire.
M. Tremblay (Outremont): Est-ce que vous avez de la misère
à trouver des employés le dimanche pour manufacturer ces
piscines-là?
M. Robert: Aucune difficulté. Parce que nous, M. le
ministre, lorsqu'il rentre une commande américaine, on s'empresse de la
produire pour la livrer. (12 h 15)
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors, Mme la
députée de Taillon.
Mme Marois: Merci, M. le Président. Je vais revenir sur un
certain nombre de choses évidemment. À partir du moment où
il n'y a plus de concurrence déloyale, je veux dire, ni Club Price, ni
Jean Coutu qui vend du chlore et autres accessoires, ni un autre, donc, que le
marché se partage entre vous aux heures d'ouverture auxquelles vous avez
droit et pour lesquelles les autres commerçants ont droit aussi bien
sûr, pour que ce soit équitable, est-ce que vous avez l'impression
que vous allez être incapables de garder votre part de marché?
M. Robert: Mme Marois, pourquoi brimer le consommateur?
Mme Marois: Ce n'est pas ça que je vous ai posé
comme question, M. Réjean Robert.
M. Robert: Vous m'avez posé comme question si...
Voulez-vous me la répéter, s'il vous plaît?
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Marois: Oui, certainement. Ha, ha, ha! Vous aviez une
réponse prête, mais pas la bonne question. Mais c'est
intéressant, remarquez. C'est tout à fait passionnant, même
je vous dirais. Si nous assurons que d'une façon étanche
l'ensemble des commerces le dimanche, sauf exception tout à fait
particulière, médicaments, aliments, avec le petit
dépanneur, essence, bon, quelques produits, d'une façon
très serrée et qu'on demande à tous les autres de fermer,
donc à vous aussi, donc aux quincailliers, donc à des gens qui
vendent aussi de vos produits, de ne pas en vendre puisqu'ils ne vendront pas
des meubles de jardin aussi, etc., est-ce que vous avez l'impression que vous
allez, à ce moment-là, être capables de conserver votre
part de marché?
M. Robert: Mme Marois, si la loi arrivait à une conclusion
semblable, je crois qu'il y aurait aux lignes américaines... Le
dimanche, ça serait terrible. Parce que, imaginez-vous, l'eau est
verte dans la piscine le dimanche matin. Les gens ne peuvent pas se
baigner et il fait chaud. Ils vont descendre sur les plages
américaines.
Mme Marois: Non, non, ça je ne vous suis pas. Moi, je
pense que, si ça se passe comme ça, c'est que les achats vont
aller se faire autrement que le dimanche mais ils vont continuer à se
faire. Vous avez raison que la piscine est de moins en moins un bien de luxe
parce qu'on la produit à un coût tout à fait avantageux
maintenant et de haute qualité d'ailleurs. J'ai visité aussi
quelques entreprises qui font la production au Québec et qui font une
très belle production. D'ailleurs j'ai visité des entreprises qui
vous fournissent chez Citadelle, entre autres. Donc, à mon point de vue,
on ne va pas décider d'aller... On peut, pour une fois, oui, choisir
d'aller sur une plage un week-end, mais encore faut-il ne pas être trop
loin parce que ça prend quand même un certain temps pour y avoir
accès. Mais ça va arriver une fois et on va s'assurer qu'on ait
accès au produit. On va l'acheter aux heures où il sera
disponible. Là aussi, qu'une fois notre eau se détériore
dans notre piscine, j'imagine qu'on va apprendre et qu'à ce
moment-là, les fois suivantes on va se dire: J'attends de la visite.
Bien le vendredi matin ou le samedi matin, je vais m'assurer que c'est correct,
à moins que je ne fasse aucune planification, que je sois incapable d'en
faire. Et je pense que la moyenne du monde est à peu près capable
de faire au moins ça. Ils peuvent se faire prendre quelques fois. Vous
avez sûrement raison, mais pas tout le temps.
J'ai un petit peu de difficulté à vous suivre sur ce
chemin-là. Moi je crois que vos ventes se répartiraient
différemment, que les 30 % viendraient se répartir sur le reste
de la semaine et que vous auriez sans doute une concentration le samedi, par
exemple, parce que les gens le savent. Aujourd'hui les gens le savent. Je suis
pareille. Je fais la même démarche que tout le monde à cet
égard. Je le sais que c'est ouvert. Donc, je m'en préoccupe
moins. Je ne regarde pas si j'ai du chlore ou si j'ai les produits
nécessaires le samedi. Je me dis que je vais pouvoir les trouver le
lendemain. Mais si je sais que c'est fermé le lendemain, je m'organise
pour essayer d'en avoir. Donc, je comprends que vous soyez dans la situation
dans laquelle vous vous trouvez, à cause d'une loi qui vous l'a permis,
et vous dites: C'est complètement aberrant. On peut vendre des choses et
pas vendre le reste. Je vous dis que sur ça, je comprends ça.
La solution que moi, je préconise, c'est de dire on va
restreindre plutôt au moins une journée et taire on sorte quo ce
soit clair dans la tête du monde. Qu'il y ait une volonté
politique aussi claire d'appliquer la loi. À ce moment là, moi,
ma prétention - parce que je ne suis pas intéressée non
plus à ce que vous perdiez votre marché, que votre situation
économique se détériore, ce n'est pas souhaitable pour
personne - ma prétention c'est que ce que vous vendez le dimanche, vous
pourrez le vendre les autres jours de la semaine et donc, que vous pourrez
conserver vos parts de marché.
M. Robert: Mme Marois, imaginons que... On va considérer
que c'est moi le consommateur, et le samedi, j'ai à faire mon
épicerie, j'ai à aller habiller mes enfants parce que leur linge
est déchiré et usé et je veux avoir quelque chose dans le
frigidaire, aussi, pour le samedi soir. C'est plus prioritaire pour moi que
d'aller voir pour acheter un bien qui va faire que nous, la famille, on va
s'amuser ensemble. C'est nécessaire aussi, mais si, dans ma
journée, au point de vue temps, je suis limité, je vais pour ce
qui est bien important et après, je le fais. Nous, c'est le dimanche que
les gens ont le temps, en famille, de venir chez nous. Ils nous le disent, ils
le veulent, c'est comme ça. Et c'est la raison pour laquelle on
défend tant notre point de vue. Je vais vous dire que travailler le
dimanche, c'est pas plus le "fun" que de travailler un lundi, un mardi ou un
mercredi; mais, notre client à nous... Nous, on est des pisciniers,
c'est notre vie, on est heureux dans ça, on a réussi dans
ça. Si on a réussi, Mme Marois, c'est parce que je pense qu'on a
compris le besoin de nos clients, on a compris qu'ils voulaient avoir un
produit de qualité, avec un bon prix, un bon choix. Nous, on sait que
notre client, c'est le dimanche qu'il est heureux de venir chez nous et qu'il
veut venir chez nous, parce que c'est familial, il y a de l'ambiance. Ils
viennent même chez nous pour se promener et regarder. Laissez-nous libres
de le servir quand il veut un bien de nous.
Mme Marois: S'il y en avait juste un qui était dans votre
situation et que vous me faisiez ce plaidoyer, même si je n'adhère
pas à un certain nombre de vos arguments, je dirais: bien oui, ça
a du bon sens. Sauf qu'il y a vous et il y a les 48, 9 % d'autres, dont le
député parlait, qui sont aussi de ce point de vue-là. En
même temps, je me retourne et j'en ai 50 % d'autres qui disent: nous, on
défend un point de vue différent. Alors, je vous dirais oui, tout
de suite. Sauf que ce n'est pas comme ça. On est dans une situation
où on dort équilibrer les droits des uns et les libertés
des autres, et faire en sorte que chacun y trouve son compte sans qu'il y ait
d'iniquité et en respectant les besoins de base des personnes. D'accord?
On se trouve devant cette situation là à cause de ça. Vous
nous posez le problème parce que vous avez
bénéficié d'une exemption, parce qu'elle n'existait pas
cotte exception là auparavant, à moins que je ne m'abuse. Est-ce
qu'elle existait? Non.
M. Robert: Mme Marois, depuis 1973 que je suis dans la piscine et
depuis 1973 que les commerces de piscines sont ouverts le dimanche.
Ils étaient ouverts avant, mais en tout cas...
Maintenant, nous, Mme Marois, comme vous remarquerez, on est unanimes
dans notre industrie. Nous, ce n'est pas la majorité, c'est pas
partagé, nous sommes unanimes, Mme Marois, s'il vous plaît, nous
voulons bien servir notre client.
Mme Marois: Je vais vous poser une autre question sur le plan du
personnel et du mode de rémunération. Est-ce que la plupart de
vos vendeurs sont à commission?
M. Robert: Oui, Mme Marois.
Mme Marois: D'accord. C'est parce que ça a des
conséquences, aussi. On fait des sous quand on travaille. Ce n'est pas
comme quand on est à salaire horaire où on dit... de neuf
heures., on a une semaine de 35 ou de 40 heures/semaine, on sait que si on
occupe ce temps-là, en faisant correctement et avec compétence
notre travail, on va avoir notre rémunération. Le principe de la
commission, c'est: tu fais des sous si tu réussis à vendre et si
tu es là. Donc, dans ce sens-là, le problème de la
possibilité de venir travailler ou pas. le dimanche, so pose
différemment pour cette personne-là que pour la personne qui,
elle, est sous un horaire régulier. On va s'entendre? Donc, les droits
de refus, ça ne se présente pas du tout de la même
façon. C'est comme s'il était un entrepreneur, comme si cette
personne était un entrepreneur un peu à son compte, puisque
ça dépendra du volume qu'elle réussira à
vendre.
Prenons les travailleurs et travailleuses qui sont sur des horaires
réguliers. Comment ça fonctionne, chez vous? Est-ce qu'ils sont
obligés de travailler une fin de semaine sur deux, une fin de semaine
sur trois, dans le contrat que vous avez avec eux?
M. Robert: Mme Marois, pour nous, comme vous le savez, la
température fait qu'il y a beaucoup de consommateurs dans nos magasins
ou bien il n'y en a pas beaucoup. Ce qui veut dire que nous, chez nous, de
faire des "cédules" pour un mois et deux mois à venir,
honnêtement, c'est impossible. Ce qui veut dire que nous,
dépendamment de la température, nous avons un "staff" qui est
rotatif et que, s'il fait très beau, s'il fait très chaud, il y a
des gens qui travaillent plus et, s'il fait moins beau, s'il fait moins chaud,
bien il y a un minimum de "staff. Et, chez nous, c'est comme ça que
ça se passe. Maintenant, les fins de semaine...
Mme Marois: Comment se fait l'appel aux personnes? Ce sont les
derniers arrivés dans l'entreprise...
M. Robert: Bien nous, ce sont les étudiants, en
majorité, chez nous.
Mme Marois: D'accord.
M. Robert: Et, en ce qui concerne les cadres, bien ce n'est
jamais toujours le même qui travaille le dimanche. Moi-même, je
travaille le dimanche, à quelques occasions, ainsi que mes
confrères ici. C'est partagé. Il y a des systèmes de
roulement, et on n'a pas de problème avec ça..
Mme Marois: Mais comment vous faites pour avoir vos travailleurs
et vos travailleuses, le samedi et le dimanche? Ils sont sur des listes de
rappel, ils sont... Comment ça fonctionne?
M. Robert: Nous, nous avons...
Mme Marois: Si quelqu'un vous dit "moi, je ne peux pas...
M. Robert: Pas de problème.
Mme Marois:... parce qu'il fait beau, je ne peux pas, parce que
j'ai autre chose. "
M. Robert: Mettons que nous, nous avons une liste,
dépendamment des gens, des magasins, de cinq étudiants ou de dix
étudiants, nous, il y a une demoiselle qui prend le
téléphone et qui appelle, puis le troisième peut, le
sixième peut. On a besoin de deux employés, ce sont
ceux-là, tout simplement.
Mme Marois: D'accord. Si on mettait dans une loi de normes
minimales du travail un droit de refus absolu... Je m'explique. Il serait
inscrit dans la loi qu'une personne qui ne veut pas travailler le dimanche a
toujours la possibilité de refuser. Est-ce que vous, vous pourriez vivre
avec une loi comme celle-là?
M. Robert: Madame, premièrement, je crois qu'ici, c'est le
ministère de l'Industrie et du Commerce...
Mme Marois: Oui.
M. Robert:... pas le ministère du Travail.
Mme Marois: Oui.
M. Robert: Mais si le ministère du Travail faisait une loi
semblable, aucun problème pour nous.
Mme Marois: Sauf que le ministre est membre d'un gouvernement et
quand il prend, lui, des décisions, elles ont des impacts sur d'autres
de ses collègues. Il serait irresponsable de ne pas y penser.
M. Robert: Nous, madame... Chez nous, il n'y a aucun
employé syndiqué. Pourquoi? Parce
qu'ils se sentent probablement bien protégés, bien
appréciés de leurs employeurs, super heureux. Chez nous, il n'y a
pas plus de divorces qu'ailleurs, il n'y a pas plus de malheureux qu'ailleurs.
Puis, je vais vous dire, on est heureux, madame, ça fait des
années. On demande...
Mme Marois: Je n'ai pas dit que vous étiez malheureux,
monsieur.
M. Robert: Non, non, nos gens. Je m'excuse.
Mme Marois: Je n'ai pas dit non plus qu'il y avait plus de
divorces, mais...
M. Robert: Je m'excuse, je parle de nos gens.
Mme Marois: D'accord. C'est parce que moi, je vais vous dire,
pour poser la question... Parce que ça devient une obsession quand on
est pris avec ce type de problèmes auxquels on est confrontés,
pour poser la question à à peu près toutes les personnes
que je rencontre qui exercent un métier le dimanche ou qui travaillent
le dimanche, il n'y en a pas un, à date, mais pas un - alors, ou bien je
me suis adressée aux mauvaises personnes ou je n'en rencontre pas assez,
mais pourtant, dans mon métier, j'en rencontre pas mal - qui m'a dit
qu'il aimait travailler le dimanche et même des gens, probablement, qui
travaillent chez vous.
M. Robert: Mme Marois, est-ce que vous connaissez beaucoup de
gens, s'ils avaient le choix de ne pas travailler le mardi ou le mercredi... Je
pense qu'à tous les matins, lorsqu'on se lève, il faut aller
travailler, si on avait le choix de ne pas travailler, bien, je pense qu'on ne
travaillerait pas Maintenant nous, le dimanche, c'est le jour 7. Que ce soit le
jour sept ou Ie jour six ou le jour cinq ou le jour quatre, nous, il faut
être là quand le client a besoin de nous. On a été
élevés là-dedans. On est comme ça, on est heureux
comme ça et nos employés, d'ailleurs, sont venus ici,
dernièrement, vous supplier de les laisser libres parce qu'ils ne
veulent pas que leurs confrères perdent leur emploi.
Mme Marois: Oui, je le sais, on les a reçus, d'ailleurs
ils étaient intéressants et ils étaient aussi à
commission, comme je l'expliquais tout à l'heure.
M. Robert: Pas tous
Mme Marois: En tout cas, ceux qui sont venus. (12 h 30)
Cela étant dit, je pense que mon temps est terminé. Ce fut
un échange très intéressant. Vous ne m'avez absolument pas
convaincue, je dois vous le dire. Cela étant dit, vous com- prendrez,
cependant... Je comprends, par exemple, que vous défendiez le point de
vue que vous défendez; ça, je le vois très très
bien. Mais on est aux prises avec une difficulté qui est de s'assurer
qu'il y ait de l'équité et moi, je défends aussi,
au-delà de cette question de l'équité, un autre point de
vue qui est qu'il serait souhaitable, dans notre société
québécoise, non pas que nous ajoutions au nombre de personnes qui
ont à travailler le dimanche, par choix ou par obligation, mais souvent
par obligation, mais plutôt que nous restreignions un peu les
activités de commerce et de production pour accorder de l'attention
à des valeurs qui vous concernent très largement qui sont,
justement, les activités de récréation, les
activités de communication, les activités d'échanges qui
sont aussi nécessaires dans une société aussi progressiste
que la nôtre. Alors, je vous remercie d'avoir participé à
nos travaux.
Le Président (M. Bélanger): Merci, madame M. le
ministre, il reste deux minutes à votre formation.
M. Tremblay (Outremont): M Robert, en 1969, la loi ne vous
permettait pas de vendre des piscines le dimanche. Vous me dites que vous en
vendez depuis 1973, donc de 1973 à 1984, vous étiez dans
l'illégalité, si je comprends bien. Je ne fais pas votre
procès, je fais juste un constat. En 1984, le gouvernement vous a
donné une permission, sûrement pour régulariser la
situation. À ce moment-là, est-ce que vous avez fait des
représentations au ministre du temps pour avoir cette
exemption-là?
M. Robert: En 1984, ce n'est pas moi qui m'occupais du dossier
et, honnêtement, je crois qu'il y a eu un mémoire qui a
été présenté par la CPQ Je ne sais pas si mes
confrères peuvent répondre, niais moi, honnêtement...
M. Tremblay (Outremont): O. K. Donc, en 1969, pas d'exemption; en
1984, on reconnaît dans la loi, sans condition d'émission de
décret, le droit aux vendeurs de piscines de vendre, et le
même gouvernement, en 1989 - je fais juste soulever ça, pour
l'information des membres - pour l'équité, dit qu'il faudrait
éliminer toutes les exemptions et retourner en arrière. C'est
ça que j'entends ce matin.
M. Robert: M. le ministre, c'est difficile, pour nous, d'entendre
ces choses.
M. Tremblay (Outremont): Je n'attendais pas quo vous me disiez
ça. ce n'était pas ça, je voulais juste voir.. Ce sur quoi
je voulais plus que vous me répondiez, c'est au niveau de
l'équité.
M. Robert: L'équité, M. le ministre, nous,
on demande. C'est notre vie, la piscine, c'est notre vie, l'industrie.
On a débuté à zéro là-dedans, et nous, on
vous dit: Laissez nous libres de servir notre client au moment où il
veut être servi.
M. Tremblay (Outremont): Je veux vous dire...
M. Robert: M. le ministre, je m'excuse, nous ne sommes pas des
multinationales, nous sommes de potites PME ot nous payons nos taxes, nos
employés paient de l'impôt. S'il vous plaît, laissez-nous
bien servir notre consommateur.
M. Tremblay (Outremont): Je vous remercie, M Robert, avec les
membres de votre équipe, M. Hudon, d'être venus nous faire
partager votre point de vue. On va le prendre en considération dans la
décision que nous allons avoir à prendre.
Le Président (M. Bélanger): Alors, la commission de
l'économie et du travail remercie le groupe des commerçants de
piscine et on tient compte de votre dernière remarque: Le dimanche,
c'est payant, et vous voulez continuer. Dans ce sens-là, on vous
remercie de votre participation à vos travaux.
J'inviterais à la table des témoins L'Industrielle
Alliance compagnie d'assurance sur la vie.
Alors bonjour, mesdames et messieurs. Il me fait plaisir de vous
accueillir. Vous connaissez les règles de fonctionnement de notre
commission. Vous avez 20 minutes pour présenter votre mémoire ou
votre point de vue et, par la suite - ce sont bien 20 minutes, oui - il y aura
une partie d'échanges avec les parlementaires. Je vous prierais, dans un
premier temps, de bien vouloir vous identifier, identifier les gens qui sont
avec vous, qui vous accompagnent, et procéder à la
présentation de votre mémoire. Lorsqu'on fera la partie
d'échanges avec les parlementaires, chaque fois que vous aurez à
prendre la parole, je vous demanderais, s'il vous plaît, de bien vouloir
vous identifier. Dans la mesure où on s'en rappelle, ça aide
beaucoup les gens qui font la transcription au Journal des débats.
Alors, je vous prie de commencer.
L'Industrielle-Alliance
M. Smith (Georges): Alors, M. le Président, mon nom est
Georges Smith, je suis vice-président directeur général
à L'Industrielle-Alliance pour la section affaires corporatives. J'ai,
à mes côtés, le vice-président, communications, qui
est M. Louis Duclos et, immédiatement à ma droite, Mme
Andrée Brunet qui est la directrice du développement immobilier;
un peu plus loin Mme Janie Renaud qui est gestionnaire de la rue du Campanile
et, à ma gauche, nous avons deux exploitants à la rue du
Campanile, en particulier dans les halles d'alimentation, soit Mme Lise Audet
qui est propriétaire du commerce L'Ère du vrac et Mme Lise Naud,
propriétaire de Les Délices Côté.
Alors, M. le Président, M. le ministre, Mmes et MM. les
députés, je veux d'abord vous remercier, au nom de
L'Industrielle-Alliance, de nous permettre de présenter notre position
dans ce dossier. Évidemment, ça peut être surprenant pour
vous que L'Industrielle-Alliance, qui est une grande compagnie d'assurances,
effectivement la plus grande compagnie d'assurances incorporée au
Québec, qui agit par l'intermédiaire de 3000 vendeurs qui sont un
petit peu indépendants des heures d'affaires, vienne ainsi vous
présenter un mémoire sur les heures d'affaires. Mais justement,
je vais, dans un premier temps, vous exposer pourquoi on s'intéresse aux
heures d'affaires. Dans un deuxième temps, je vais vous dire comment,
à partir d'un problème particulier qu'on a vécu, on est
amenés à élargir cette situation particulière pour
aborder la question des heures d'affaires sur le plan plus
général de la législation. Je vais vous énoncer
quelle est notre position, qu'est-ce qui supporte notre position et,
finalement, quelles seraient nos suggestions à nous,
L'Industrielle-Alliance compagnie d'assurance sur la vie.
Alors, M. le Président, dans un premier temps,
L'Industrielle-Alliance, c'est une compagnie d'assurances qui possède
des immeubles, de nombreux immeubles, soit à Québec, soit
à Montréal, soit ailleurs dans le pays. Comme propriétaire
d'immeubles, nous avons une double mission, celle de rapporter des profits pour
nos assurés et celle aussi de tenter de faire, dans notre
développement immobilier, un peu de responsabilité civile ou de
responsabilité civique, de faire en sorte que nos développements
immobiliers ne soient pas exclusivement, si vous voulez, des
développements strictement commerciaux, mais que ce soient des
développements qui tiennent compte de l'environnement, tant
l'environnement géographique que l'environnement humain.
C'est dans ce contexte que nous avons construit ce qui est connu
à Québec comme la rue du Campanile, qu'on annonce comme la plus
belle rue en ville et qui était, effectivement, un développement
urbain presque futuriste au moment où on l'a commencé. Il s'agit
d'un vaste complexe connu sous le nom de Faubourg Lau-dance, qui comprend des
commerces, qui comprend des aménagements locatifs, qui comprend des
espaces à logement. C'est une rue à la fois résidentielle
et commerciale. C'est une rue qui a atteint déjà une certaine
réputation par son caractère innovateur. Effectivement, M. le
Président, nous avons, au moment de la construction du Campanile,
gagné des prix pour signaler la qualité et l'originalité
du concept architectural ainsi que l'encadrement harmonieux avec le
développement. Pour ne citer que quel-
ques-uns de ces prix, nous avons eu un prix de l'Ordre des architectes
en 1987. Nous avons aussi eu un prix de la Chambre de commerce de
Montréal, ce qu'ils appelaient un Habitas 87. Nous avons eu aussi,
à deux reprises, les prix de la Chambre de commerce de Sainte-Foy.
Ça c'est dans un premier temps.
Je voulais vous dire comment on fait pour s'intéresser aux heures
d'affaires. C'est que nous, on a construit un ensemble commercial à
Sainte-Foy. Et, pour vous situer le problème, nous allons vous expliquer
en très peu de temps quelle était la situation à ce moment
là. Quand nous avons construit le Campanile, nous avons essayé de
tenir compte du milieu, de l'évolution du milieu. Nous avons tenu compte
des recherches démographiques que nous avons faites et des recherches
sociologiques. Nous avons tenu compte d'un peu tout ce qui a été
entendu autour de la table ici, à savoir que les gens veulent un peu de
calme, veulent vivre dans des endroits où la verdure existe et nous
avons essayé de développer un concept qui s'harmonisait avec
cette réalité d'aujourd'hui. C'est ainsi que dans notre
développement - et pour ceux qui auront l'occasion d'aller le voir,
ça vaut la peine d'aller le voir - nous avons deux sections commerciales
Nous avons une section commerciale qui est sur la rue et qui, elle,
n'opère pas le dimanche et nous avons une section commerciale qu'on
appelle les Halles du Campanile, qui est caractérisée par sa
tourelle. Et, dans cette section-là, nous respectons les heures du
dimanche avec le minimum de trois employés.
Sauf qu'au moment où nous avons construit, nous avons
essayé d'amener dans le bois à Sainte-Foy des concepts qui
étaient utilisés ailleurs, qui étaient ceux des halles de
l'alimentation. Et, à ce moment-là, il y avait
déjà, en dehors de notre lieu géographique à nous,
des halles d'alimentation qui bénéficiaient d'exceptions en vertu
de l'article 19 de la loi, en ce sens qu'il y avait déjà des
commerces qui ouvraient le dimanche. Et nous, dans notre développement,
nous avons voulu harmoniser, si vous voulez, avec ces développements
là, en essayant de créer là bas des milieux qui avaient
déjà reçu des exemptions en vertu de la loi. Or, quand
nous avons demandé notre exemption, nous n'avons pas eu l'exemption sous
la qualification de halles d'alimentation simplement parce qu'à ce
moment-là, quelqu'un avait décidé qu'on devait mettre de
l'ordre là-dedans. Non pas parce que notre développement
n'était pas aussi bon que les autres ou pire que les autres ou parce que
la situation était différente, mais simplement parce que
quelqu'un avait décidé qu'il fallait harmoniser.
À partir de cette situation-là - c'est à-dire qu'on
a voulu créer à Sainte-Foy quelque chose qui se comparait
à ailleurs où il y avait déjà des permissions
d'ouvrir le dimanche avec plus de trois employés - où nous
n'avons pas eu notre exemption parce que ça avait, à toutes fins
pratiques, été gelé, on a dit: C'est quoi le
problème? Comment la législation devrait-elle évoluer?
Quelle serait la situation idéale, non seulement pour nous mais pour les
autres aussi? De sorte qu'à partir de cette situation
particulière, L'Industrielle-Alliance qui est une corporation d'une
grande envergure, s'est dit: Ça vaut la peine pour nous d'aller voir la
commission parlementaire et de dire à la commission parlementaire quelle
est notre position à nous.
Quelle est notre position? D'abord, notre position à nous ne
réfère pas à l'ensemble des heures d'affaires pour
l'ensemble des commerces. Comme promoteur immobilier, nous avons des contacts
avec beaucoup de centres d'achats. Nous finançons des centres d'achats
Nous sommes propriétaires de centres d'achats et nous ne voulons pas
aujourd'hui émettre d'opinion sur autre chose que les halles
d'alimentation. Non pas parce que nous n'avons pas d'opinion sur les autres
domaines, que ce soit les piscines ou tout ce que vous voudrez, mais simplement
parce qu'on n'a pas senti chez nos locataires, chez nos associés, chez
nos partenaires, qu'il y avait nécessité pour nous de faire des
interventions en dehors des halles d'alimentation.
Alors notre position, nous, c'est exclusivement dans les halles
d'alimentation où on se dit: II faut libéraliser
légèrement le secteur des halles d'alimentation On ne dit pas
qu'il faut tout ouvrir On dit qu'il faut libéraliser
légèrement les halles d'alimentation. II y a une espèce de
maxime qui dit que très souvent l'évolution juridique, la
législation est en retard par rapport à révolution
sociologique. On pense, nous, que dans le secteur des heures d'ouverture,
peut-être que notre législation est légèrement en
retard par rapport à ce que les gens désirent. (12 h 45)
Alors, pourquoi on pense qu'il faut élargir un petit peu les
heures d'ouverture? Parce que, d'abord, le législateur a
déjà reconnu, dans un certain nombre d'exceptions qu'il a
créées lui même, qu'il a acceptées lui-même
dans la loi et dans les règlements, la nécessité d'ouvrir
un peu les heures d'ouverture. Ce qui nous a surtout fait mal, c'est assez
curieux, c'est presque difficile de parler de cas personnel, si vous voulez,
quand on vient devant la commission, mais ce qui nous a un peu fait mal, c'est
que nous, on a amené chez nous, dans les halles, des locataires qui
étaient déjà locataires dans d'autres halles ailleurs et,
ailleurs, ils avaient la permission d'ouvrir, mais, chez nous, ils ne l'avaient
pas et les concepts étaient les mêmes. Alors, on dit, nous: Le
législateur a déjà reconnu la possibilité
d'exceptions, il a déjà reconnu une certaine ouverture, alors
pourquoi ne pas aller un petit peu plus loin dans ces ouvertures?
Les décrets qui ont été édictés dans
le passé ont reconnu des situations particulières. Nous, on
pense, à titre d'exemple, que les halles
du Campanile et d'autres halles doivent toutes être mises sur pied
d'égalité pour faire en sorte que tes heures d'ouverture soient
un peu les mêmes pour tout le monde. Quand on a construit nos halles
à nous, il y a des gens qui avaient prévu qu'il y aurait une
ouverture sept jours sur sept. Ils avaient toutes les raisons du monde de
croire que ce serait ça. Je pense qu'il y a un manque à gagner
important pour eux et peut-être pour d'autres qui sont dans des
situations semblables.
On sait aussi que lorsque le gouvernement au pouvoir a
décidé de mettre sur la table les heures d'ouverture, il n'y a
peut-être pas grand monde qui s'attendait que ça reste exactement
comme c'était. Nous, on pense que ça a créé des
espoirs. Je pense que, pour certaines personnes, les espoirs sont beaucoup trop
grands parce qu'ils veulent aller beaucoup trop loin, mais dans le commerce de
l'alimentation, la situation est légèrement différente des
autres et peut-être que là, il y a quelque chose à
faire.
Finalement, au moment où aujourd'hui on parle, un peu partout, de
déréglementation, peut être qu'une certaine ouverture
à cot endroit là no serait pas une réaction à
contre-courant. Alors après avoir essayé de vous expliquer quel
était notre problème particulier, qu'est-ce qui nous a
amenés à réfléchir, qu'est-ce qui nous amène
à dire que peut-être il faut aller plus loin, il ne faut pas se
contenter de ça, il faut vous dire qu'est-ce que, peut-être, le
gouvernement devrait faire, du moins pour les halles d'alimentation.
On pense qu'il y a deux choses qu'il faudrait peut-être
travailler. La première chose à travailler, c'est l'exception des
trois employés. Est-ce que c'est suffisant, les trois employés?
Nous savons que si nous suggérons cinq employés, quelqu'un va
venir, dans trois ans, et va dire: Ça devrait être six ou
ça devrait être sept Mais, en pratique, les trois employés,
ça marche peut-être dans le dépanneur qui a des "canisses"
dans ses rayons, mais ça marche moins bien pour la fruiterie où
on veut, si vous voulez, maintenir une apparence d'ordre dans le commerce.
Alors, dans une fruiterie, c'est peut-être un petit peu différent,
pourtant c'est aussi essentiel que les boîtes de conserve.
Peut-être que, dans un temps, on pourrait examiner l'exception des trois
employés. Peut-être que ça devrait être cinq,
peut-être que ça devrait être six, peut-être que
ça devrait être sept, mais peut-être faire quelque chose
dans ce sens-là.
Un autre point où on pourrait travailler, c'est au niveau du
sous-alinéa 19 de la loi. Nous autres, on s'est vraiment butés
à un mur quand on a voulu être classés - des halles - comme
tout le monde parce qu'il n'y avait pas de règles ou de politiques qui
disaient que si les halles sont situées comme ça, comme
ça, comme ça, vous allez avoir l'exception Peut être que ce
qu'il faudrait faire, c'est de dire: Les halles d'alimentation, on les
définit comme ça, que si, après une consultation publique,
les gens les veulent, que si ce n'est pas plus grand que ça, peut
être qu'il faudrait faire quelque chose qui ferait en sorte que
l'obtention de l'exception ne soit pas soumise à un arbitraire. Dans
l'espèce qui nous est arrivée, l'arbitraire n'était
peut-être pas si fou que ça, parce qu'à partir du moment
où on décide de faire le ménage, c'est bon qu'on
arrête de faire des exceptions. Mais ce qui était un peu odieux
dans l'arrêté en conseil de janvier 1985, c'est qu'à toutes
fins pratiques, on a régularisé l'infraction d'un paquet de monde
qui était en exception et après ça on a dit: Pour le
futur, bien, vous autres, vous n'aurez pas le droit d'être là. Et
ce qui est triste aussi là-dedans, c'est que je me suis posé la
question, à titre d'avocat. Qu'est-ce qui arriverait si, dans un des
commerces en opération, en janvier 1985, il y avait une faillite? Est-ce
qu'en fermant le commerce pendant deux mois, le suivant pourrait rouvrir?
Alors, vraiment, l'arrêté en conseil de 1985, qui a fixé
ceux qui opéraient le 12 janvier 1985, il est, en termes de
qualité législative, susceptible d'améliorations
considérables.
Tout ça pour vous dire que plusieurs commerçants se sont
établis dans nos halles. C'est un succès au niveau
régional. On pense que les besoins et les habitudes du consommateur au
fil des années ont évolué. On pense que l'avènement
de la société des loisirs, la présence massive des femmes
sur le marché du travail, le nombre de plus en plus grand de familles
monoparentales exigent peut-être une réglementation adoucie en
termes de halles d'alimentation. En envahissant les marchés publics,
depuis quelques années, les gens ont peut-être indiqué
qu'il s'agissait là d'un phénomène nouveau qui n'est plus,
si vous voulez, un phénomène éphémère, mais
qui est peut-être un phénomène de
société.
En un mot, à la lumière de ce que nous avons essayé
de vous dire, on ne croit pas, chez nous, que la réglementation sur les
heures d'ouverture doive être ouverte de façon
immodérée. On pense qu'il y a des situations
particulières, et c'est le cas, entre autres, dans le secteur de
l'alimentation. Il a existé une histoire dans ce domaine-là, une
histoire qui est qu'un certain nombre de commerces ont obtenu des exemptions
sous le titre de halles d'alimentation. C'étaient des exemptions
sporadiques. À un moment donné, le gouvernement a
décidé de mettre fin aux exemptions sporadiques, mais lorsqu'il a
mis fin aux exemptions sporadiques, il aurait peut-être dû
définir quel était le genre de commerce qui aurait pu
bénéficier, dans le futur, de l'exemption.
C'était, en quelques mots, M. le Président, un
résumé du mémoire que vous avez entre les mains, qui vise
simplement à dire au gouverne^ ment qu'il n'est pas nécessaire de
libéraliser entièrement les heures d'ouverture le dimanche
parce que la société n'est peut-être pas prête
à faire ça, mais l'évolution démographique des
gens, la présence des femmes au travail, les personnes
âgées font que, dans le secteur de l'alimentation, il y a
peut-être lieu d'ouvrir légèrement. Nous suggérons
deux moyens de le faire: Peut-être augmenter le nombre de trois
employés à cinq ou à six, ce que vous jugerez
idéal, ou encore de définir les cas qui pourraient rentrer dans
les exceptions du sous-alinéa 19 de l'article 5 en précisant dans
quels cas les halles d'alimentation sont susceptibles d'avoir la permission
d'ouvrir le dimanche. Je vous remercie beaucoup de votre attention.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. M. le
ministre.
M. Tremblay (Outremont): Je vous remercie, M Smith. C'est
évident que tout le monde veut sa petite exception. Si on est rendu
où on est rendu aujourd'hui avec la Loi sur les heures d'affaires, c'est
justement parce qu'il y a eu des exceptions, et ça a créé
de l'iniquité. Quand vous dites, dans votre document, à la suite
de l'exception créée pour certaines halles: Le gouvernement
manifestait, à l'époque, sa ferme volonté de s'engager
dans une déréglementation do l'activité économique.
Vous avez mentionné que L'Industrielle Alliance, c'est une
entreprise de grande envergure. Vous êtes vous même avocat.
Comment pouvez-vous venir nous voir aujourd'hui pour dire que même si
vous n'aviez pas un droit, de par la loi, de le faire - c'était clair,
vous ne l'aviez pas - vous ne l'avez pas quand même et, aujourd'hui, vous
venez nous dire: Écoutez, nous, on a interprété ça
de telle façon, donc, aidez-nous.
M. Smith: M. le ministre, nous ne voulons pas d'exception
maintenant. Ce que nous disons, c'est que si le gouvernement veut toucher aux
heures d'ouverture et qu'il ne touche pas dans la règle
générale et qu'il veut uniquement toucher au niveau des
exceptions, qu'il détermine une règle qui fasse en sorte que
l'exception soit connue d'avance. Dans le passé, ce sont des commerces
déterminés qui ont eu des exceptions. Nous autres, on ne vout pas
ça, on veut que la règle soit pour tout le monde, et il faudrait
déterminer comment on devient une exception dans une règle
générale.
Maintenant, on a embarqué dans le projet parce que,
premièrement, on savait qu'avec la règle des trois
employés, ça pouvait faire notre affaire et que nos commerces
pouvaient opérer avec la règle des trois employés.
Actuellement, nos commerces situés dans la partie halles d'alimentation
opèrent avec trois employés, mais on croit que dans un certain
nombre de commerces la règle des trois employés n'est
peut-être pas suffisante. peut être qu'il faut aller plus loin. Ce
qu'on vous dit, tout simplement, c'est qu'on respectait la loi au moment
où on a fait ça, on respecte encore la loi aujourd'hui, mais si
on veut que nos commerçants soient plus prospères parce qu'on
pense que les gens, dans le coin, veulent ça, je pense qu'il ne faut pas
nous reprocher d'essayer d'obtenir plus. Mais on ne veut pas que, parce qu'on
vous demande d'obtenir plus, vous élargissiez tout et que vous brisiez
le dimanche. On veut juste obtenir plus, mais on respecte la loi, comme on la
respectait au début.
M. Tremblay (Outremont): Si on voulait être
équitable pour tous, il y a deux possibilités, il y a une loi qui
vous permettrait, dans vos entreprises, d'opérer avec trois
employés et moins, des petits commerces. Donc, là, vous n'auriez
pas de problème si on appliquait cette loi-là à tout le
monde.
M. Smith: Non, on n'aurait pas de problèmes, et on serait
sur le même pied que tout le monde et les gens, au lieu de magasiner au
Campanile ou de magasiner aux Halles de Sainte-Foy, ne magasineraient nulle
part et tout le monde serait sur le même pied. On n'a pas de
problèmes avec ça. Si tout le monde est traité sur le
même pied, nous on dit: C'est parfait. Pourquoi uno compagnie de. notre
envergure insiste-t-elle pour venir vous voir aujourd'hui? C'est parce que le
traitement d'exception qui a été fait dans le passé et
qui, à un moment donné, s'est arrêté à une
date précise, pour nous, on pense que ça, c'est pas correct.
M. Tremblay (Outremont): Très bien. Ça, je suis
content de vous l'entendre dire. Donc, on pourrait éliminer les
exceptions qui ont été créées par le décret,
trois employés et moins. Mais dans votre mémoire vous dites
d'autre chose aussi. Donc, il n'y aurait pas de problèmes pour...
Ça retarderait peut-être l'expansion, trois, c'est pour ça
que vous demandez quatre, cinq, et ça je le comprends, mais je vais
revenir avec Mmes Audet et Naud là-dessus après. Vous dites, dans
votre mémoire, qu'il y a une autre chose. Et moi je l'ai soulevé
à plusieurs reprises et je suis content que vous veniez nu; donner
l'opportunité peut être d'en parler Vous disiez: Au nom de
l'équité à l'endroit des investisseurs - parlant
d'investisseurs on parle do vous en tant que compagnie, mais on parle
également de tous les petits investisseurs - pour qu'ils puissent
réaliser la plus-value de leurs investissements à l'endroit des
commerçants de la rue du Campanile... Donc ce que vous... Moi, j'avais
compris, en fait, quand j'avais lu ça Je me suis dit que ces petits
investisseurs là lorsqu'ils ont décidé - et vous, pour les
attirer - lorsque vous avez décidé ce concept-là,
c'était en fonction de l'ouverture des commerces le dimanche.
M. Smith: Oui
M. Tremblay (Outremont): Bon.
M. Smith: Si vous me le permettez, ce qu'on dit au nom de
l'équité, c'est la chose suivante: c'est qu'on a construit
quelque chose qui était comparable à ce qui existait ailleurs
à Québec et en dehors de Québec où les gens avaient
obtenu une exception précise pour eux autres. O. K. ? Alors on dit:
Pourquoi, à titre d'exemple, M. Côté qui a un commerce aux
Halles de Sainte-Foy, pourquoi qu'aux Halles de Sainte-Foy, son commerce
vaudrait ça parce qu'il est ouvert le dimanche et qu'aux halles du
Campanile il n'aurait pas droit à la même chose parce que
là, aux halles du Campanile, il n'a pas réussi à rentrer
dans les exceptions? Si vous abolissez pour tout le monde, nous autres on dit
que c'est correct. Notre suggestion numéro un n'est pas de dire:
Abolissez pour tout le monde. Notre suggestion numéro un dit:
Élargissez légèrement. Et si vous n'élargissez pas
légèrement, au moins arrêtons de faire des exceptions
sporadiques.
M. Tremblay (Outremont): C'est très clair. Je pense que
ça, c'était la première partie de votre intervention.
Ça, c'est très clair.
La deuxième que je voulais faire c'était de m'assurer
qu'au nom de l'équité à l'endroit des investisseurs qui ne
vous diront pas: Écoutez, vous nous avez fait des représentations
à l'effet qu'on pouvait ouvrir le dimanche, comme d'autres avec trois
employés et plus... Parce que vous avez mentionné tout à
l'heure que vous avez attiré des commerçants qui opéraient
dans d'autres halles. Est-ce que ces commerçants qui opéraient
dans d'autres halles opéraient avec trois employés et plus?
M. Smith: Les commerçants qui sont venus chez nous
connaissaient la situation dans son entier. Ils connaissaient la situation dans
le sens qu'ils savaient que dans un autre endroit ils pouvaient opérer
avec plus de cinq employés et que chez nous ils n'opéraient
qu'avec trois employés. Ils savaient également...
M. Tremblay (Outremont): Oui.
M. Smith: qu'on allait faire des représentations pour
obtenir la même chose que tout le monde, mais on n'a pas fait de
promesses là dessus.
M. Tremblay (Outremont): Très bien.
M. Smith: Notre compagnie est suffisamment responsable pour ne
pas s'engager dans un domaine comme celui-là.
M. Tremblay (Outremont):. Non, non, ça je comprends. Et je
suis certain qu'en tant que bon avocat, vous avez qualifié tous vos
contrats. Mais ces personnes-là que vous êtes allés
solliciter, peut être pas vous, mais Mme Brunet, est ce qu'il y en a qui
avaient plus de trois employés?
M. Smith: Chez nous ou là bas?
M. Tremblay (Outremont): Non, non. Mais là-bas, maintenant
chez vous. S'ils ont déménagé, par exemple, d'une halle
avec trois employés et plus et qu'ils s'en viennent chez vous, ce n'est
certainement pas pour réduire le nombre d'employés. C'est pour
être encore plus prospères.
M. Smith: Non.
M. Tremblay (Outremont):. Est-ce qu'il y en a?
M. Smith: Non.
M. Tremblay (Outremont): Aucun? O. K.
M. Smith: Non, non. Les gens étaient là-bas, avec
cinq employés là-bas. Ils sont restés là bas. O. K?
Et ils ont ouvert un deuxième commerce chez nous en commençant
avec trois employés. Nous autres, on leur a dit: On va travailler avec
vous pour obtenir...
M. Tremblay (Outremont): O. K.
M. Smith:... aux halles du Campanile la même chose qui est
obtenue ailleurs.
M. Tremblay (Outremont): Très bien. Peut-être... Mme
Audet et Mme Naud, vous êtes des commerçantes. Vous êtes
propriétaires d'une fruiterie, une charcuterie ou d'un petit commerce
dans les halles.
Mme Audet (Lise): Oui. Mme Naud (Lise): Oui.
M. Tremblay (Outremont): Deux questions à vous poser. La
première sur le nombre d'employés. Comment voyez-vous l'avenir de
votre entreprise? Est-ce que vous avez fait cet investissement-là pour
rester, en fait, un petit commerce, trois employés et moins? Ça
c'est ma première question. Deuxièmement, est-ce que vous
travaillez le dimanche? Et qu'est-ce que ça fait au niveau de votre
qualité de vie? (13 heures)
Mme Côté (Lise): Lise Côté, de Potager
Côté et Délices Côté. J'opère ces deux
commerces-là avec mon mari. Nous avons un commerce aux Halles de
Sainte-Foy et un, au Petit-Quartier, rue Cartier. Nous, nous avons le droit
d'ouvrir le dimanche. Lorsqu'on a projeté d'aller au Campanile, on
était au courant de la loi, c'est bien sûr. Par contre, nous
espérions que, dans les mois ou les années qui suivraient, la
loi
serait changée parce que nous trouvons que ce n'est vraiment pas
juste que des halles aient le droit d'opérer et d'autres, qui sont
à peut être deux milles de distance, n'aient pas le droit, pour la
seule et unique raison qu'elles sont ouvertes deux ans plus tard. Alors, on
s'est dit: on va partir comme ça, avec trois employés. Au
début, à trois employés, on pouvait opérer, mais
avec l'augmentation de la clientèle, c'est impossible d'opérer
avec trois employés et de donner un bon service à nos clients,
que ce soit dans...
M. Tremblay (Outremont): Sur ce point-là Excusez-moi,
c'est parce que je ne veux pas l'échapper, celui-là, pour
être certain... Est-ce que ce n'est pas un peu contradictoire avec ce que
M. Smith vient de dire? Ce n'est surtout pas de la légalité que
je veux faire. Ce n'est pas ça, on parle de commerces. Vous, quand vous
êtes allés là, vous avez dit: oui, trois employés,
mais vous venez de dire: ça va être impossible de continuer
à opérer avec trois employés et moins. C'est une fruiterie
que vous avez, vous?
Mme Côté: Oui, une fruiterie, et sur la rue du
Campanile, on a aussi une fromagerie et une charcuterie qui sont deux locaux
différents Au début, c'est sûr, quand tu ouvres ton
commerce, il y a moins de circulation que quand ça fait trois ans ou
cinq ans. Par contre, ayant vécu d'autres expériences dans le
passé, nous savions qu'au bout de deux, trois ou quatre ans, on ne
pourrait plus opérer avec... En tout cas, on espérait bien ne pas
pouvoir opérer avec trois employés parce que ce n'est pas
rentable du tout. Si le volume est tellement petit qu'on peut se contenter de
trois employés, c'est impossible de vivre de cette
façon-là. Dans une fromagerie, c'est un service
personnalisé. II faut servir les clients un par un, couper le fromage ou
la charcuterie pour le client, ce qui est très long. C'est impossible
qu'on puisse réussir à servir les clients sans les faire attendre
pendant une demi-heure à trois quarts d'heure. Il n'y a personne qui
attendrait ce temps-là.
Dans les fruits et légumes, c'est un autre problème. Le
client se sert lui-même mais, par contre, il faut que les employés
remplissent les étalages à plusieurs reprises pendant la
journée, parce que c'est un produit frais. Ensuite, il y a les
caissiers, c'est sûr.
M. Tremblay (Outremont): Dans votre cas à vous - je veux
revenir sur la qualité de vie, mais avant, juste pour clarifier
ça - si vous aviez su qu'on ne donnerait pas suite parce que... Je cite
le mémoire, je ne veux pas qu'on me dise que j'invente des choses: Le
gouvernement manifestait, à l'époque, sa ferme volonté de
s'engager dans une déréglementation de l'activité
économique. Si vous aviez su: trois employés et moins, en tout
temps, est ce que vous auriez ouvert un commerce spécialisé en
fruiterie ou on charcuterie?
Mme Côté: On y aurait réfléchi pas mal
longtemps Je ne suis pas sûre qu'on aurait fait le pas, parce que...
M. Tremblay (Outremont): Puis vous, Mme Naud, je vous vois aller
la tête-là?
Mme Côté: C'est Mme Audet.
M. Tremblay (Outremont): Excusez-moi, Mme Audet.
Mme Audet: Moi, lorsque j'ai ouvert mon vrac, qui est
l'Ère du vrac, j'étais le deuxième commerce du genre
à Québec, et j'avais tous les chiffres. L'autre qui existait,
c'était à Place Sainte-Foy, qui est ma grande amie et qui m'a
aidée à ouvrir. J'avais tous ses chiffres et je savais combien et
quel pourcentage le dimanche représentait, etc. Définitivement,
si j'avais su que je ne pouvais pas ouvrir le dimanche, jamais.
M. Tremblay (Outremont): Parlez-moi de votre qualité de
vie. Est-ce que, le dimanche...
Mme Audet: Disons que moi, je suis un cas spécial, je suis
veuve. Il faut que je me débarque de ça. Au point de vue
qualité de vie, on a fait la suggestion: pourquoi ne pas ouvrir les
lundis, mardis et mercredis soir. Au point de vue qualité de vie, je
vous assure que ce serait terrible. Ça donnerait cinq journées
entières, de 9 heures à 21 heures. Quand nous sommes de petits
propriétaires comme ça, le propriétaire travaille beaucoup
Je travaille tous les samedis et tous les dimanches, les jeudis soir et les
vendredis soir Si, pour fermer le dimanche, vous m'ouvrez lundi, mardi et
mercredi, cost evident que c'est moi qui vais le faire, ça. Au point de
vue qualité de vie, ça va être terrible. Beaucoup pire que
le dimanche parce que, vous savez, le dimanche, les enfants s'ennuient. Alors,
évidemment, mon commerce c'est mon gagne-pain, c'est mon travail, c'est
mon hobby, c'est mon bébé. Et quand c'est votre petit commerce,
les jours, ça ne compte ça.
M. Tremblay (Outremont): Vous, Mme Naud, juste... Est-ce que mon
temps est fini?
Le Président (M. Bélanger): Malheureusement,
oui.
M. Tremblay (Outremont): Juste, peut-être, laisser Mme
Naud... Je veux juste vous entendre, vous, sur la qualité de vie le
dimanche, parce que vous avez deux commerces.
Une voix: Moi aussi.
Mme Naud: Oui Mme Audet est aux Halles
Fleur de Lys aussi, en plus du Campanile. C'est sûr que travailler
le dimanche, ce n'est pas la journée la plus agréable pour
personne, mais lorsqu'on veut travailler et qu'on veut gagner sa vie, on la
gagne au moment où c'est le plus rentable. Puis je pense qu'au point de
vue de la qualité de vie, si vous me permettez d'ajouter quelque chose,
je pense qu'on insiste beaucoup là-dessus. Je ne suis pas sûre que
ce soit un si grand drame que ça d'opérer des commerces
d'alimentation le dimanche. Je pense qu'au contraire, les produits
périssables, ça ne s'achète pas une semaine à
l'avance. La coutume de faire des marchés énormes pour une
semaine complète, je pense que vous devez être au courant que
c'est pas mal passé dans les habitudes de vie, dans la mentalité
des Québécois; le marché se fait beaucoup plus à
l'européenne, depuis quelques années. Et je pense qu'au prix que
sont les produits, à ce moment-là, les parents peuvent mieux
équilibrer leur budget et peuvent acheter plus adéquatement. Il y
a aussi le problème des petites familles, des couples ou d'une personne
seule qui ne peuvent pas acheter en grosse quantité parce qu'ils en
perdent, ils en perdent, ils en perdent Alors, ça les accommode beaucoup
qu'on soit ouvert le dimanche.
Autre chose, je pense que ça n'empêche pas, qu'on soil
ouvert le dimanche, à personne de faire du sport, d'aller visiter leurs
vieux parents, faire ce que vous voudrez; je pense que les gens sont libres
d'aller visiter leurs parents s'ils le' veulent, d'aller faire du sport s'ils
le veulent. Par contre, nous voyons beaucoup de nos clients qui reviennent, on
les reconnaît par leur costume, par leur habillement, à 16 h 30 ou
17 heures pour faire des achats pour leur souper avec d'autres amis qu'ils ont
invités, qu'ils ont rencontrés au ski ou ailleurs.
À ce moment-là, je pense que c'est un service qu'on leur rend
qui est très apprécié et ils nous le disent souvent. Ou,
si on parle des personnes âgées qui sont dans une maison de
retraite, ça ne vous empêche pas, si vous voulez aller visiter
votre; mère, d'y aller le dimanche après-midi. Par contre, vous
avez le loisir d'arrêter, en passant, dans une fruiterie, de lui acheter
des fruits frais et de les lui apporter. La même chose pour une personne
hospitalisée. Si vous avez un frère qui est hospitalisé,
vous pouvez très bien y aller le dimanche après midi et, en
passant, acheter quelque chose pour lui apporter, des fruits frais.
Il ne faut pas exagérer là-dessus. Nous, en tout cas,
ça fait vingt ans qu'on est en affaires, on a élevé quatre
enfants, on a toujours travaillé le dimanche et puis on n'est pas plus
malheureux pour tout ça. Nos enfants travaillent dans nos commerces avec
nous, puis je ne pense pas qu'ils aient été si souffrants de nous
voir travailler le dimanche, puisqu'ils restent dans la même ligne que
nous.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Taillon.
Mme Marois: Merci, M. le Président. Je vous souhaite la
bienvenue au nom de ma formation politique. Je. veux saluer
particulièrement M. Smith avec lequel j'ai eu déjà des
échanges pour d'autres dossiers, lorsque je représentais le
comté de La Peltrie. Ça me fait plaisir de vous saluer.
Je vais revenir sur une question que posait le ministre ou une remarque
qu'il faisait. Et sa remarque l'amenait un peu à tirer quelques
conclusions, en tout cas, que moi je tire. On peut toujours présumer,
souhaiter, imaginer, vouloir que le législateur prenne une direction,
mais tant qu'il ne l'a pas prise, on ne peut pas présumer qu'il va le
faire. Je vais ramener ça à des notions plus de commerce et
d'affaires - et je pense que vu que vous êtes effectivement en affaires,
alors vous savez probablement encore mieux que moi ce dont il s'agit -
ça s'appelle la notion de risque. On prend un risque de poser tel geste
en se disant: On espère que le législateur va aller au bout de ce
qui nous semble être une démarche logique. On peut faire toute
cette analyse, mais il y a une notion de risque. Dans la notion de; risque,
ça dit. Je peux gagner mais je peux perdre. Sinon, il n'y a pas de
risque. Donc, je comprends le point de vue que vous défendez et c'est
légitime aussi de venir le faire. Mais la loi n'avait pas prévu
votre situation, la loi n'avait pas fait d'exception pour votre situation,
donc, vous avez pris le risque. Vous pouvez trouver que c'est injuste, la
façon dont ça fonctionne maintenant, mais vous prenez le risque,
sachant que cette injustice existait et qu'elle risquait de se continuer.
Alors, je veux bien qu'on se comprenne dans la situation devant laquelle on se
trouve.
Quand le ministre pose la question sur votre qualité de vie
à vous, je trouve ça un peu fallacieux parce que - je m'excuse,
ce n'est pas à vous que je dis ça, c'est au ministre. Il est
habitué.
Ce matin, ça a drôlement commencé, d'ailleurs, puis
c'est vous, là-dessus, qui étiez pas mal... Non.
Une voix:...
Mme Marois: En forme! Ah! bon, bon, O. K. Je vais le savoir pour
les autres fois. Moi, je pourrais dire aussi à peu près la
même chose que vous: Ma qualité de vie à moi, telle que je
la perçois et que je vis... Probablement que je suis aussi active que
vous pouvez l'être aussi les fins do semaine, à cause de ce que
l'on fait; on rencontre les gens lorsqu'ils sont moins au travail, etc. Mais
quand on prend une distance et qu'on se dit: Est-ce que, comme
société, on ne peut pas souhaiter que globalement,
généralement, pour la majorité, une journée par
semaine, on se donne les moyens d'être le moins nombreux
possible à commercer ou à travailler? Que des services
puissent se rendre, des services essentiels, des services de base, dans un
contexte où on va s'assurer qu'il y ait une équité, donc.
Un des critères dont on parle depuis le début, c'est de dire:
Qu'il y ait un certain nombre de travailleurs et de travailleuses limité
toujours dans le commerce, de telle sorte qu'on assurera le dépannage de
base, le service essentiel de base et on ne créera pas de non
équité entre les commerces. Parce que je pense que ce que vous
soulevez est un problème réel, qui existe et devant lequel on
est. D'ailleurs, c'est pour ça que la commission siège
actuellement. Bon
Là, donc, ça ne se pose plus dans: Vous, êtes-vous
prêts à faire ça? Mais c'est: Comme société,
est-ce que c'est un choix que l'on fait? Parce que quand vous me dites, et vous
avez raison: Une personne qui s'en va visiter une personne âgée,
une personne à l'hôpital, peut passer chez vous se prendre un beau
panier de fruits, bon, etc. Là, il y a très peu de gens qui
ouvrent le dimanche, la preuve: c'est très tranquille dans nos rues le
dimanche, bon, etc. Mais si on permet une libéralisation plus
significative... D'abord, le fait que vous, vous fassiez, par exemple, un
chiffre d'affaires plus important le dimanche, si tout le monde se met à
ouvrir, on risque d'aller chercher un petit peu votre part de marché, en
tout cas, d'essayer de vous l'enlever. Ça va être plus loyal parce
que ça va être plus équitable, tout le monde pourra le
faire, mais la bataille va être un petit peu plus compliquée, on
va en convenir. Vous même, vous avez fait l'analyse, vous avez dit. Le
chiffre d'affaires, c'est 30 % le dimanche, donc, j'ai un intérêt
à être ouvert le dimanche. C'est normal, sauf que l'autre,
à côté, comme il n'a pas le choix, lui, il ne peut
même pas évaluer l'intérêt, il n'a pas le droit de le
faire. D'accord? Bon.
Alors, le jour où on décide que tout va être
libéralisé... Je sais que ce n'est pas votre point de vue, mais
je vais vous dire pourquoi - je le sais, je la fais bien la réserve -
j'en viens là, vous allez voir un peu pourquoi j'y arrive. Si on
libéralise les commerces - imaginons seulement l'alimentation - le
dimanche, puis on dit une plage horaire qui serait de 10 heures le matin
à 3 heures l'après-midi où tout le monde pourra ouvrir le
dimanche. Une des craintes que l'on a, c'est que ça nous mette le pied
dans la porte pour amener à ce qu'il y ait des pressions qui se fassent
pour que d'autres commerces ouvrent. Et vous avez été là
depuis le début, ce matin, j'ai l'impression, pour un certain nombre
d'entre vous. Il y a les marchands do meubles qui sont venus et qui nous ont
dit: Ça risque d'arriver. Or, nous, on n'est pas prêts à
nécessairement aller jusque la. au nom, justement, globalement, d'une
volonté d'une meilleure qualité de vie Je hais bien ça
quand on la réduit à "le dimanche, ça va être
là que ça va se passer" Ce n'est pas ça, dans le fond,
c'est de dire II y a d'autres valeurs dans la vie qu'uniquement le commerce, la
production, puis, une journée par semaine, on va être le plus
nombreux possible à pouvoir en bénéficier.
Alors, si on va à la limite de ce développement, vous,
dans le fond, qui en profitez parce que vous êtes un petit commerce et
qu'il y a moins de gens ouverts le dimanche, vous allez être
obligés de vous batailler plus fort pour garder vos parts de
marché et. d'autre part, il va y avoir moins de gens, aussi, prêts
à aller acheter chez vous parce que ça va commander que d'autres
personnes travaillent. Donc, on va être moins nombreux à passer
s'approvisionner chez vous, le dimanche devenant une journée, enfin,
plus banalisée. (13 h 15)
Alors, tout le débat qu'on a, actuellement, c'est celui-là
Moi, c'est le propos que je tiens et c'est le point de vue que je
défends Je peux peut être me tromper, mais ce sont des valeurs
auxquelles je tiens et ça ne m'apparaît pas des valeurs
dépassées. Ce sont des valeurs de communication, ce sont des
valeurs d'échange et même vos commerces sont basés, en
partie, sur ça. Les gens viennent chercher des produits frais parce
qu'ils veulent aller, justement, en famille partager un bon repas, etc. Alors,
c'est tout là qu'est le débat. Je comprends votre point de vue,
ce n'est pas de dire: On ouvre tout. Votre élargissement.. Là,
ça va être ma question et la seule, dans le fond, parce que je
comprends bien, je pense, votre point de vue à cet égard. C'est
quoi? Parce que vous ne le précisez pas et je ne sais pas si le
ministre, je l'écoutais assez bien pourtant, mais je ne pense pas Est ce
qu'on augmente le nombre de personnes9 Est ce qu'on augmente le
nombre d'heures7 Qu'est-ce que vous souhaitez? Vous pouvez
réagir aussi à ce que j'ai dit, évidemment.
M. Smith: D'une part, c'est vrai qu'on a pris un risque financier
quand on a ouvert, mais quand je regarde la chronologie, on a fait accepter les
règlements de zonage pour la ville de Sainte-Foy en novembre 1983, on a
présenté le projet en février 1984. Au moment où on
établissait nos plans, le gouvernement, à ce moment-là,
accordait des exemptions aux Halles Fleur de Lys. accordait des exemptions aux
Halles de Sainte-Foy et, nous, on ne pensait pas qu'un jour il y aurait un
arrêté en conseil qui viendrait dire que les commerces de fruits
et légumes qui opéraient le 12 janvier 1985, dans un
marché public, auraient le droit. Ça, c'est définitif.
Mme Marois: Monsieur, juste une remarque, c'est à dire une
information Dans la loi, à ce moment là, ce que le décret
prévoyait en 1985, c'est que, dans les halles, les gens devaient se
conformer a la règle prévue dans la loi du trois,
entre autres.
M. Smith: Oui, O. K.
Mme Marois: C'est plus tard qu'on a élargi.
M. Smith: Notre suggestion...
Mme Marois: C'est plus tard que l'autre décret est venu
sur les marchés publics. Avant, c'était un délai pour se
conformer à la règle du trois.
M. Smith: La double suggestion qu'on a faite et que j'ai
essayé de faire ressortir dans la présentation verbale et qui
ressort davantage dans la présentation verbale que dans la
présentation écrite, c'est de dire: II faut ouvrir
modérément parce quo la qualité de vie, on y croit, nous
autres aussi, et il n'est pas question, si vous voulez, d'opérer sur
semaine la même chose qu'en fin de semaine. Jamais ça n'a fait
partie de nos préoccupations. On n'est pas dans ce
métier-là pour ça. Ce qu'on dit, c'est peut-être
qu'il faut toucher aux genres de commerces qui peuvent être ouverts le
dimanche. Peut-être que, dans l'alimentation ou dans les fruits et
légumes, c'est un peu plus de trois employés, ce qui ferait que,
sans briser la qualité de vie de tout le monde, on pourrait peut
être rendre un meilleur service aux clients.
L'autre suggestion que je faisais aussi, c'est de définir le
concept nouveau que sont les halles d'alimentation, qui sont répandues
dans la province sans fourmiller et qui semblent répondre à un
besoin de la population. On a construit, nous autres, dans le boisé de
Sainte Foy, un concept d'habitation presque nouveau, dont nous sommes
extrêmement fiers. On a voulu incorporer à cet ensemble des
commerces qui, à la fois, sont des commerces qu'on opère sur
semaine, c'est la rue du Campanile, et à la fois des commerces qui
répondent à un concept nouveau, qui est le magasinage à
l'européenne, comme Mme Côté disait, dans l'optique, si
vous voulez, de satisfaire le consommateur. Alors, ce qu'on dit, c'est que si
on est pour permettre des halles d'alimentation, définissons ce que
c'est qu'une halle d'alimentation et réglementons de façon
uniforme. C'est ça qui nous a fait mal, c'est le fait qu'un jour, on a
laissé des commerces ouvrir et, après ça, on a dit: Ceux
qui, dans le passé, n'ont pas, à toutes fins pratiques,
respecté la loi, ouvrez-les. Alors, ouverture modérée,
peut-être en agrandissant un petit peu les trois employés ou,
peut-être, en définissant les halles d'alimentation, ce qui serait
valable pour toute la province, tout en respectant la qualité de vie
dont la députée de La Peltrie est très
préoccupée...
Mme Marois: L'ex-députée de La Peltrie.
M. Smith: Non pas de La Peltrie parce que c'est de Taillon
maintenant.
Mme Marois: C'est de Taillon, maintenant.
M. Smith: Mais pour respecter le concept de paix le dimanche. On
est d'accord avec ça, la paix le dimanche. Mais même si on est
tous d'accord avec la paix le dimanche, il y a encore des gens qui veulent, en
revenant du ski, aller chercher quelque chose pour manger ou, avant d'aller
à l'hôpital, veulent aller chercher des fruits pour le malade
à l'hôpital. Il y a encore une clientèle pour ça et
on peut faire quelque chose dans ce sens-là sans révolutionner
nos habitudes de vie.
Mme Marois: D'accord. Je comprends bien votre point de vue. Je
voudrais juste qu'on s'entende bien et je pense que le ministre a
acquiescé aussi quand je lui ai dit: C'est que dans la loi de 1985 que
notre gouvernement avait adoptée, il était prévu un
délai pour que les halles puissent se conformer à la règle
générale de la loi, qui est trois employés ou moins en
tout temps. On se disait: On ne va pas prendre ces gens-là par surprise,
ça s'est développé. Donc, dans la loi, dans le
décret qui a été adopté, on a dit: Pour qu'on
accorde l'exemption aux halles, il faut que les gens - et là, on a
donné les noms, les adresses, les numéros de
téléphone - puissent se conformer à la règle. En
1987, le gouvernement actuel a modifié ça pour reconnaître
les halles, un certain nombre de halles, avec encore des délimitations
bien claires, mais en n'obligeant plus au respect de la règle de trois
ou moins.
M. Smith: O. K. C'est une précision...
Mme Marois: Je ne vous blâme pas de ne pas savoir
ça, même moi, tous les jours - ça fait trois semaines qu'on
est assis ici - je découvre des éléments dans la loi.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors, M. le
député de Drummond.
Mme Marois: Oui, vous pouvez poser une question...
Le Président (M. Bélanger): Alors, Mme Audet. C'est
bien ça?
Mme Audet: C'est ça. J'ignore le pourquoi des trois
employés, la logique qui...
Mme Marois: Essentiellement, la logique était la
même que celle que, moi, je défends, et je vais vous expliquer
comment, moi, je l'entends. L'objectif et la philosophie, c'est qu'il y ait une
journée où le plus grand nombre d'établissements puissent
être fermés. Mais il y a des
gens qui ont besoin de dépannage, il y a des gens qui ont besoin
d'alimentation, etc., donc, on va s'assurer qu'il n'y ait pas une
prolifération d'entreprises qui décident d'ouvrir n'importe
quand, n'importe ou, n'importe comment, parce que l'objectif, c'est qu'il y ait
une journée de fermeture, donc, on va s'assurer que ce soit toujours
trois employés ou moins. On pense que là. on peut assurer du
dépannage, mais pas nécessairement autre chose. Les gens me
disent: Oui, mais ça empêche les petites entreprises de se
développer. Non, si elles veulent se développer, elles devront
respecter la règle et fermer le dimanche, à ce moment-là,
et elles se développeront les autres jours.
Mme Audet: Trois employés, c'est que, là, vous nous
limitez sur la qualité du service.
Mme Marois: C'est parce que c'est toute la différence du
point de départ et de l'analyse qui est faite. Vous avez raison, bien
sûr, mais l'objectif, c'est qu'il y en ait le moins possible qui ouvrent
et qu'on s'assure que ceux qui ouvrent, ce sera pour du dépannage, donc
dépannage, pas nécessairement du produit haut de gamme, etc. Dans
certains cas, ça peut l'être, une charcuterie fine, par exemple,
une petite, bien sûr, à trois employés ou moins, et
ça existe, j'en connais.
Mme Audet: Non rentable.
Mme Marois: Oui, mais c'est ça, comprenez-vous, la
différence de philosophie et de concept. Le jour où tout le monde
va ouvrir le dimanche, vous allez voir si c'est rentable ou non de continuer.
Le problème que ça va poser, c'est que fa concurrence va
être plus grande. Il faut savoir ça, aussi. Ça a des
conséquences, une décision ou l'autre. Donc, l'orientation qui
est privilégiée, c'est de dire: Avec un petit nombre
d'employés comme ça, en tout temps, on s'assure que c'est
essentiellement du dépannage, donc que l'objectif qui est visé,
que l'ensemble des activités de commerce et de production soit le plus
réduit possible, est atteint. C'est ça. C'est une
différence de point de vue, essentiellement.
Le Président (M. Bélanger): Alors, je m'excuse,
c'est parce que, normalement, c'est nous qui interrogeons les témoins.
Je comprends que ça nous permet de nous faire une opinion...
Mme Marois: Non, non, j'ai terminé.
Le Président (M. Bélanger): Après, on pourra
procéder à toutes les questions. M. le député de
Drummond.
M. St-Roch: M. Smith, à la lecture de votre
mémoire, à l'annexe B, je remarque qu'il y a quatorze boutiques,
commerces ou établissements de décrits Vous parlez, ce matin, des
halles d'alimentation, mais il y a une caisse populaire là-dedans, je ne
pense pas que ce soit...
M. Smith: La caisse n'est pas ouverte le dimanche, mais il y a un
guichet automatique qui fait du dépannage, à condition qu'on art
des fonds, mais ça fait du dépannage quand même.
M. St-Roch: O. K Le Salon Fleuri, j'imagine que c'est un salon de
coiffure, d'esthétique ou...
M. Smith: Ce sont des fleuristes, des fleurs.
M. St-Roch: Des fleuristes? Ça, c'est ouvert?
M. Smith: Oui.
M. St-Roch: Après ça, on a Info-Cité
Québec enr.
M. Smith: C'est fermé.
M. St-Roch: C'est fermé. Et Collection Thaï enr?
M. Smith: C'est fermé.
M. St-Roch: Alors ce quo vous demandez, finalement, quand vous
définissez l'alimentation...
M. Smith: Ce sont les magasins d'alimentation situés dans
des...
M. St-Roch: D'alimentation, tout simplement.
M. Smith: Oui Avec une qualité minimale de services au
moment où ils sont ouverts. Je comprends que, dans l'ancien temps, le
bonhomme était là, il avait son fils et sa femme. Aujourd'hui, il
y a beaucoup de ces dépanneurs là qui marchent exclusivement avec
des employés, et trois, ce n'est peut-être pas suffisant. Tant
qu'à faire du dépannage, aussi bien en faire
M. St-Roch: À l'heure actuelle, tous les commerces
respectent la loi. la règle de trois.
M. Smith: Tous les commerces respectent ça. Il nous est
arrive, malheureusement, que, à un moment donné, un patron soit
allé voir ses employés et là l'inspecteur est passé
en même temps et youp on en avait quatre, mais... On a eu des accidents,
mais on n'est pas d'accord avec les accidents, mais... je pense que ça
ne sert à rien de se mentir, O. K. En règle
générale, il y a trois employés, là.
M. St-Roch: D'accord, je vous remercie. M. le
député
Le Président (M. Bélanger): Merci, alors, M. le
ministre.
M. Tremblay (Outremont): Si les commerces qui ont
été mentionnés tout à l'heure par le
député de Drummond, qui ne sont pas ouverts, avaient le droit
d'ouvrir le dimanche, pensez-vous qu'ils ouvriraient, dans vos halles?
M. Smith: Je suis vraiment incapable de parler pour eux.
Mme Audet: Oui, définitivement.
M. Tremblay (Outremont): Est-ce qu'ils veulent ouvrir?
Mme Audet: Vous voulez dire ceux qui n'ouvrent pas
présentement?
M. Tremblay (Outremont): Ceux qui ont été
mentionnés.
Mme Audet: Définitivement, ils ouvriraient, c'est
incontestable
M. Tremblay (Outremont): Est ce qu'ils ouvrent parce qu'ils vont
être forcés d'ouvrir ou ils ouvrent parce qu'ils veulent ouvrir
parce que ça va être rentable?
Mme Audet: Non, par désir et c'est ça, pour
rentabiliser encore plus.
M. Tremblay (Outremont): Peut être... il me reste une
minute. Je vais vous résumer la façon dont je comprends votre
position: idéalement, vous auriez aimé être dans le
décret.
M. Smith: Oui
M. Tremblay (Outremont): Bon, il est trop tard. S'il y avait un
retour en arrière, écoutez, c est l'équité pour
tout le monde, vous êtes d'accord avec ça. Par contre, vous, M.
Smith, point d'interrogation, est-ce que ça répond aux besoins
des consommateurs? Et vous, mesdames les commerçantes, vous vous dites:
Écoute, si on est obligées on est obligées, mais, dans le
fond, quand on a fait cet investissement-là, c'était pour prendre
un petit peu d'expansion sans devenir des supermarchés, donc trois
employés ça nous cause un problème, peut-être que
ça devrait être quatre ou cinq, par contre.. Alors c'est ça
votre position. C'est ça? Alors moi, je veux juste vous dire que si on
veut être équitables, dans notre réflexion, ce que
ça crée, ça, ça veut dire que les
supermarchés viennent nous dire: Bien, on veut ouvrir. Et, par contre,
il y a des détaillants, un bon nombre de détaillants, qui
viennent nous dire: Non, nous autres on ne veut pas ouvrir, donc allez vous en
à trois employés ou moins. S'il y avait une libéralisation
au niveau de l'alimentation, parce que je sais que vous représentez
l'alimentation, vous, est-ce que ça vous causerait un problème de
concurrencer un supermarché qui est ouvert, ou un marché de ... ?
Vous n'avez pas peur de ça?
Mme Audet: La clientèle n'est pas la même du tout,
du tout.
M. Tremblay (Outremont): Donc, vous êtes petites et vous
n'avez pas peur du gros.
Mme Audet: Pas du tout.
M. Tremblay (Outremont): Par contre, vous voulez grossir un petit
peu.
Mme Audet: Ce n'est la même chose et ce n'est pas la
même clientèle.
M. Tremblay (Outremont): Oui, mais ce qu'on entend tout le temps,
c'est que le gros va se trouver des façons de commercialiser, vous allez
mourir, vous allez être obligés de faire faillite, et on va vous
enlever votre marché.
Mme Audet: Héritage est ouvert de l'autre
côté de la rue Halles Fleur de Lys, et je vous assure que je fais
de très beaux samedis. Et il est ouvert. Dans la fréquentation
des halles, ce n'est pas la même clientele que ceux qui
fréquentent, je ne veux pas dire qu'elle est moindre en qualité,
mais ce sont... Dans des halles, ce sont des gens pour qui manger c'est un
hobby. Tu sais, on voit qu'ils viennent et qu'ils aiment ça. Même
si ça prend deux heures, ils aiment ça. Deux heures chez
Héritage, c'est long. Deux heures dans des halles, c'est une sortie
sociale, c'est une sortie familiale. Ce n'est pas la même chose. On le
voit de la façon dont les gens se comportent.
M. Tremblay (Outremont): Une autre, est-ce que j'en ai une
autre?
Le Président (M. Bélanger): Rapidement, M. le
ministre, vous avez 30 secondes.
M. Tremblay (Outremont): On ne la pose pas souvent,
celle-là, mais parce que c'était prévu, le cloisonnement
des commerces. Est-ce que j'ai bien compris, je pense que c'est Mme Naud, vous
avez mentionné, tout à l'heure, que vous avez deux commerces,
vous. Vous avez une fruiterie et vous avez une charcuterie. C'est
cloisonné, ça, ce sont deux commerces séparés?
Mme Naud: Oui, ce sont deux locaux complètement
différents, qui opèrent... ils ont chacun leur caisse, ça
n'a aucun rapport.
M. Tremblay (Outremont): Non, ce n'est pas pour des
considérations légales, là, mais s'il y
avait libéralisation, est ce que vous allez enlever le mur entre
les deux commerces, s'il sont l'un à côté de l'autre?
Mme Naud: Non, parce que ce n'est pas un mur, c'est de chaque
côté de la rue, si vous voulez.
M. Tremblay (Outremont): Vous ne ferez pas un tunnel, là
vous?
Le Président (M. Bélanger): Bien Alors, Mme la
députée de Taillon, si vous voulez remercier nos
invités.
Mme Marois: On vous remercie de votre contribution à nos
travaux et des points de vue que vous êtes venus défendre.
Ça m'a fait plaisir de vous entendre. Merci.
M. Tremblay (Outremont): M. Smith, les membres de votre
équipe, merci beaucoup d'être venus partager avec nous votre point
de vue. On va le prendre en considération dans la décision que
vous avons à prendre.
Le Président (M. Bélanger): Alors, la commission de
l'économie et du travail remercie le groupe L'Industrielle-Alliance
compagnie d'assurance sur la vie et ajourne ses travaux à demain, 9
heures, même local.
(Fin de la séance à 13 h 30)