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(Douze heures trente et une minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! La commission de l'économie et du travail reprend ses
travaux pour procéder à l'étude détaillée du
projet de loi 14, Loi modifiant la Loi sur les accidents du travail et les
maladies professionnelles. Nous avions convenu hier de procéder
rapidement et de prendre l'article 1.
Financement
J'appelle donc l'article 1 du projet de loi. M. le ministre, vous pouvez
nous résumer brièvement l'article 1.
Dispositions générales
M. Séguin: Oui, M. le Président. À l'article
1, on apporte une correction à l'ancien article 286 afin que l'expertise
de l'actuaire s'applique également dans les cas prévus aux
articles 314 et 454. L'article 314 vise l'ajustement rétrospectif qu'on
va voir un petit peu plus loin et l'article 454, c'est l'exercice de certains
pouvoirs réglementaires.
Le Président (M. Bélanger): Or, d'autres questions,
d'autres commentaires sur l'article 1? Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Jolivet: Un Instant)
Le Président (M. Bélanger): Ne commence pas,
toi.
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Alors,
j'appelle donc l'article 2. M. le ministre.
M. Séguin: Je vous al signalé, M. le
Président, qu'il y avait deux amendements légers. On les a
distribués.
Le Président (M. Bélanger): Aux articles 4 et
16.
Classification
M. Séguin: C'est ça. L'article 2. On introduit ici
l'article 297 qui est nouveau, enfin qui remplace l'ancien article 297. Il
remplace ce qu'on avait anciennement dans la loi et qu'on appelait des
unités d'activités selon les rattachements économiques.
C'est remplacé par la notion de secteur, le secteur étant une
assiette différente que l'ancienne notion d'activités
écono- miques. Maintenant, les critères pour classer à
l'intérieur d'un secteur un certain nombre d'employeurs sont beaucoup
plus conséquents avec l'expérience de risques d'accidents que
carrément ou simplement le critère d'économie qui les
concerne.
Le Président (M. Bélanger): Sur l'article 2, M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, on peut dire que la
réforme commence vraiment à être introduite ici, puisqu'on
parle de "règlement des unités économiques qu'elle
regroupe en secteurs." Donc, c'est à ça que la nouvelle
classification va s'appliquer. Est-ce que l'ensemble de cette nouvelle
classification sera publié dans la Gazette officielle? Si oui,
dans quel délai? C'est une question que j'adresse au ministre.
M. Séguin: On a quelques articles qui concernent la
publication. Je ne sais pas si vous voulez qu'on y réponde tout de suite
ou...
M. Bourdon: Écoutez, si vous voulez prendre avis de ma
question, mettons qu'à un moment donné ça pourrait
être la même réponse.
M. Jolivet: Encore, s'il y répond immédiatement,
ça peut...
M. Bourdon: Si vous y répondez immédiatement, on ne
la répétera pas pour les autres.
M. Séguin: Oui, je peux me permettre de vous
répondre tout de suite. C'est l'article 11 de notre projet qui
prévoit que "l'article 454 est modifié par le remplacement du
paragraphe 5° par les suivants: déterminer, aux fins de l'article
297, des unités d'activités économiques et les secteurs
qui les regroupent." Donc, c'est déterminé par règlement
et le règlement est publié. C'est une amélioration
par rapport à la première version du projet qui n'a pas
été présentée ici. Mais, je dois avouer que le
premier projet de loi était légèrement différent
et, suite à certaines discussions que j'ai moi-même
alimentées aussi, on a remodelé quelque peu la première
version pour faire apparaître la version actuelle.
M. Bourdon: Est-ce à dire, M. le Président, que
c'est selon les règles habituelles du règlement,
c'est-à-dire publication dans la Gazette officielle?
M. Séguin: Le premier projet avait pour but, en quelque
sorte, d'introduire une nouvelle exemption de publication ou de soumission des
règlements. J'ai préféré qu'on conserve le
statu
quo tel quel par rapport à l'ancienne loi. Ce qui apparaît
ici est conforme au statu quo de l'ancienne loi.
M. Bourdon: Donc, il y aura publication du règlement dans
la Gazette officielle.
M. Séguin: La même chose. M. Bourdon: Juste
un autre...
Le Président (M. Bélanger): II y aurait le
député d'Ungava auparavant.
M. Claveau: Oui, si vous le permettez, M. le Président,
deux ou trois petites questions. Quand on parle "des unités
d'activités économiques qu'elle regroupe en secteurs," j'aimerais
savoir pourquoi on a enlevé les spécifications. Du moins, le
ministre disait dans son explication de l'article que c'était beaucoup
plus clair. À première vue, ça ne me semble pas beaucoup
plus clair, dans la mesure où l'ancien article 297 spécifiait que
c'était "selon la nature des activités et les risques
particuliers qui s'y rattachent." Donc, on savait qu'il y avait un certain
nombre de risques et d'activités qui se retrouvaient dans tel secteur
donné et, là maintenant, on semble laisser tout ça
à l'arbitraire, finalement, ou, du moins, sans être vraiment
arbitraire, disons qu'on ne régit plus par la loi d'aucune façon
ce qui va appartenir à tel secteur. Enfin, c'est la première
Impression qui se dégage pour moi de la lecture de cet
article-là.
J'aimerais que le ministre spécifie pourquoi il a enlevé
la notion du risque et la notion des activités par leur appartenance
naturelle, si vous voulez.
M. Séguin: Le seul changement, c'est que, dans l'ancien
article, on avait les activités économiques. Donc, la Commission
devait regrouper à l'intérieur des mêmes activités
économiques les employeurs cotiseurs, par exemple, dans telle industrie.
Alors, l'ensemble des employeurs de telle industrie faisaient partie d'une
activité économique, l'activité économique
étant plus précise qu'un secteur. Une activité
économique, c'est, par exemple, les mines; alors, tous les employeurs
étalent ensemble. Le secteur, lui, est plus large, un socteur, par
exemple, Industriel Je vous al expliqué hier qu'il y avait cinq grands
secteurs: primaire, manufacturier, construction, services et transport. On voit
que l'ensemble des activités économiques va être
divisé par ces cinq secteurs-là. Donc, chaque employeur va avoir
une meilleure chance que son coût soit réparti à
l'intérieur d'un secteur de façon plus large, plutôt que de
faire partie d'une activité économique. Je vous donne l'exemple
des pêcheurs; ça forme, quand même, au Québec une
activité économique relativement modeste, relativement petite.
Donc, le taux d'accidents ou le taux de primes, qui peut être
réparti à l'intérieur d'une telle activité
économique, peut représenter un fardeau financier plus lourd pour
ces gens-là à l'intérieur d'une activité
économique que s'ils font partie d'un secteur plus large où
chacun des employeurs va avoir une meilleure répartition à tout
le monde.
Par ailleurs, les critères pour déterminer au niveau de la
CSST qui appartient à telle activité économique sous
l'ancienne loi et qui appartiendra au secteur, ça demeure des
critères qui ne sont pas dans la loi. On ne peut pas le prévoir
Ici et l'ancienne loi ne le prévoyait pas non plus, sauf qu'il y a des
critères pour déterminer quels seront les secteurs et,
évidemment, les secteurs seront publiés. Mais,
déjà, on sait qu'il y a cinq grands secteurs et ça se
comprend relativement bien. Quand on parle, par exemple, du secteur du
transport, chaque employeur comprend qu'il appartient au secteur du transport.
À ce moment-là, ça va permettre...
Et l'introduction de ce changement est un partage plus équitable
du coût des accidents par aussi une limite qu'on va introduire qui va
être à peu près deux fois le maximum d'indemnisation,
c'est-à-dire que, comme le maximum d'indemnisation est 40 000 $,
à deux fois ça fait 80 000 $. Alors, quand il y aura un
coût d'accident qui sera supérieur à 80 000 $, le
supplément va être réparti automatiquement sur l'ensemble
de l'unité ou du secteur. Ça va permettre que les taux d'une
année à l'autre n'augmenteront pas dans l'ensemble de plus de 15
%. C'est l'assurance qui est donnée à l'ensemble des cotiseurs
que, indépendamment de leur propre expérience ou de leur propre
situation, dans l'ensemble les coûts vont se niveler à cause d'une
assiette beaucoup plus large.
Et ça va permettre, finalement, à la Commission de
regrouper à l'intérieur d'un même secteur - ce qui
était difficile à faire avant par la notion d'activité
économique - des entreprises qui n'ont pas nécessairement la
même activité économique, comme telle, mais qui ont le
même facteur de risque d'accident, de sorte que, à
l'intérieur d'une unité donnée, on aura moins de
situations où Untel, parce que, lui, il est dans un facteur de risque
très élevé, voisine un autre cotlseur qui, lui, en a
très peu, mais où les deux paient la môme chose, alors
qu'on souhaite à l'Intérieur des unités regrouper des gens
qui vont payer à peu près la même chose relativement au
même facteur de risque auquel leur activité est sujette. Exemple:
dans tel secteur - on sait que, dans les industries, par exemple, pour la
production de produits chimiques, le taux d'accidents a certainement un risque
plus élevé qu'en a le travail de bureau - l'ensemble des
regroupements qu'on va faire va s'assurer que tous les cotiseurs de
l'unité font face à une prime qui va être
égale à leur facteur de risque et non pas uniquement comme
on le faisait dans l'ancienne loi, simplement parce qu'ils appartenaient au
même secteur économique. Et, ça, je pense que ça va
être un petit peu plus juste à l'intérieur des
employeurs.
M. Claveau: Je conviens de la réponse du ministre. Mais,
à mon avis, ça ne me satisfait pas vraiment. Il y a quelque chose
qui m'a fait sourire un peu hier au moment où le ministre nous a
distribué ses petits papiers, la publicité qui était
déjà publiée avant qu'on sache qu'il y avait un projet de
loi. Dans la page 7 du petit dépliant, "Pour un juste équilibre",
il y a un certain nombre de photos qui sont supposées imager, enfin, ou
rendre visualisables chacun des secteurs. Sauf que toutes les photos qui sont
là auraient pu être prises exactement dans la même
entreprise à la même place.
Par exemple, juste pour se comprendre peut-être, au moulin
à papier de Domtar, ici, à Donnacona ou même au moulin de
Daishowa, ici même à Québec, on a de la construction, on a
de la coupe de bois qui fait partie du primaire, on a, évidemment, le
rouleau de papier qui fait partie du manufacturier, on a l'entreposage des
rouleaux dans les hangars qui fait partie du transport et entreposage et,
finalement, on a les services de mise en vente, les services à la
clientèle et tout ce que vous voulez qui font partie des services.
Le Président (M. Bélanger): On avait convenu hier
que ces dépliants-là étaient distribués, mais ne
faisaient pas partie de la commission. Ils ne sont pas des documents de la
commission, là.
M. Claveau: Non, mais moi, c'est parce que j'essaie de
comprendre. O. K., ça va, mais c'est parce que...
Le Président (M. Bélanger): C'est parce que je ne
vois pas la relation entre les photos...
M. Claveau: Bien, oui, mais j'essaie de voir la relation...
Le Président (M. Bélanger):... prises dans la
même entreprise ou pas, je veux dire.
M. Claveau: Non, mais c'est que, par rapport à la
détermination du secteur, est-ce que je dois comprendre, par exemple,
qu'une entreprise comme Daishowa pourrait être, en même temps, dans
les cinq secteurs dépendamment de l'activité qu'elle fait? Est-ce
que le bûchage, par exemple, en forêt, puis l'activité de
faire la pâte ou de préparer le papier en usine vont être
classifiés dans deux secteurs économiques différents?
C'est ça que les photos nous disent.
J'aimerais bien comprendre, parce que, vous savez, le taux d'accidents
est plus élevé dans une ou l'autre des parties de l'entreprise,
dépendamment des différents risques. Et puis le taux de
cotisation n'est pas le même, non plus. Il faut bien se comprendre
là-dessus.
M. Séguin: C'est certain que certaines entreprises ont
plusieurs activités économiques. Il y a des consortiums
financiers fort importants qui ont, quelquefois, 30 ou 40 filiales...
M. Claveau: Juste une petite seconde, si vous le permettez, M. le
ministre. C'est que, là, on parle de l'intérieur de la même
usine. Par exemple, pour faire du papier, pour reprendre votre exemple, il faut
faire du bûchage. Les coupes de bois sont liées à l'usine.
Donc, vos deux photos présupposent qu'une usine de papier, une usine,
une unité de production de papier, devra, pour le moins, faire partie de
deux secteurs économiques, puisqu'on a nécessairement du
bûchage et nécessairement de la pâte et du papier.
M. Séguin: Ça peut arriver, mais il va y avoir des
regroupements et, de toute façon, l'entreprise pourra demander à
faire partie de deux unités, une pour une principale activité,
par exemple, dans les pâtes et papiers et, si elle a un autre secteur
d'activité assez important, demander que, pour ce secteur-là,
elle fasse partie d'une autre unité. Mais il y a des paramètres
qu'elle doit observer pour le faire.
M. Claveau: Pour la même usine.
M. Séguin: Mais le seul but de ça, c'est
vis-à-vis du rétrospectif qui est prévu dans la loi, qu'on
va voir un petit peu plus tard. C'est ça, l'avantage qu'elle peut avoir.
(12 h 45)
M. Claveau: O. K. Là, on se comprend bien, M. le ministre,
quand vous me dites ça. C'est pour une même unité
d'exploitation, finalement, pour une même usine et non pas, par exemple,
réparti sur 50 usines qui pourraient appartenir à une même
entreprise. C'est que la même usine peut avoir différents taux de
cotisation, dépendamment du genre d'activité.
M. Séguin: Évidemment, toute entreprise a un
secrétariat.
M. Claveau: Non, mais, là-dessus, c'était pour le
bénéfice de la photo.
M. Séguin: On ne fera pas de divisions microscopiques
à l'intérieur de toutes les entreprises. C'est ça.
Remarquez que la plupart des moulins de pâte à papier ne coupent
pas eux-mêmes leur bois, mais ils font affaire avec
d'autres filiales ou d'autres sociétés pour le faire, avec
lesquelles ils n'ont pas de lien nécessairement.
M. Claveau: J'aurais peut-être une autre question
aussi.
M. Séguin: Ayant eu l'occasion d'être draveur pour
la CIP de Gatineau pendant quelque temps, c'est le souvenir que j'en ai. Je
connais la "chain saw".
M. Claveau: Hier, M. le Président, je soulevais une
question au ministre dans l'une de mes interventions concernant, entre autres,
le secteur des services. Je disais, par exemple, qu'il y a certaines
entreprises qui, actuellement, d'après ce que je peux comprendre,
d'après la nature de l'activité, sont classées comme des
entreprises de construction. Entre autres, les entrepreneurs qui font du
déneigement ou les entrepreneurs en électricité,
chauffage, plomberie, qui ne font que des réparations au niveau du
résidentiel, sont classés comme étant dans une
catégorie de grande entreprise de construction où ils paient un
taux élevé, alors que, souvent, ces entreprises, en l'espace de
dix ans, peut-être vont réclamer pour un doigt coupé ou
quelque chose de semblable. C'est vraiment très, très,
très minime, le taux d'accident, mais elles paient des cotisations
équivalant, finalement, à l'ensemble de l'industrie de la
construction où, là, c'est beaucoup plus élevé.
Quand le ministre nous dit: Puisqu'on ne va plus de par la nature de
l'entreprise, mais plutôt par son affinité quant aux services ou
quant à son activité économique, est-ce qu'on peut
comprendre que ces entreprises pourront, après négociation avec
la CSST ou autrement, se retrouver dans des classifications ou dans des
secteurs d'activité qui vont être beaucoup plus réalistes
ou beaucoup plus proches de leur réalité sur le terrain quant
à la cotisation qu'elles auront à payer?
M. Séguin: Bien, on pense que oui. On pense que le but de
la réforme de la tarification, c'est de permettre une répartition
beaucoup plus juste par rapport davantage aux facteurs de risque que peut
rencontrer l'entreprise qu'à sa seule activité économique,
de sorte que deux entreprises qui sont rattachées dans la même
unité devraient, normalement, payer à peu près la
même prime par rapport au taux de risque d'accidents auxquels elles
peuvent faire face. Le problème qu'on avait, c'est que, souvent, vous
aviez plusieurs cotiseurs à l'intérieur de la même
activité économique, mais Untel payait beaucoup plus cher que
l'autre parce que lui avait un facteur de risque très
élevé alors que l'autre n'en avait pas. Ça, ça
créait un débalancement et les employeurs étaient
frustrés de ne pas com- prendre pourquoi Untel qui faisait
énormément de prévention d'accidents pouvait être
quasiment, des fois, assujetti au même taux que l'autre qui avait un taux
d'accidents très élevé.
Alors, on va davantage tenir compte du facteur de risque ou des
antécédents de risque d'accidents comme tels et mettre l'ensemble
des entreprises qui ont relativement un taux d'accidents ou un risque
d'accidents comparable sur des cotisations comparables. C'est la notion de
secteur qui est aussi basée sur des activités économiques.
Je veux dire que le secteur, c'est simplement reprendre les activités
économiques qui rejoignent un ensemble de cotiseurs, d'employeurs, mais
plus largement. La notion de secteur est juste un peu plus large parce que ce
qu'on fait, on divise, à toutes fins pratiques, le Québec en cinq
secteurs et on va mettre l'ensemble des employeurs dans les cinq secteurs par
leurs activités principales. À l'intérieur des secteurs,
il y a des unités qui sont encore un petit peu plus précises
où, là, on essaie de balancer le taux de cotisation à
chacun en tenant compte beaucoup de son facteur d'accidents pour qu'à
l'intérieur d'un secteur des entreprises qui ont des facteurs
d'accidents comparables aient à subir, entre elles, le même
fardeau financier de cotisation. Ça, je pense que c'est juste.
Mme Dupuis: Donc, c'est en fonction du taux d'accidents et non en
fonction de l'activité.
M. Séguin: Bien, H y a toujours un peu l'activité,
bien sûr, parce que comment faire des catégories si on ne tenait
pas compte de leur activité? C'est sûr que les pâtes et
papiers, ça fait partie d'un secteur industriel qui va...
Mme Dupuis: Je veux dire, par exemple, deux compagnies qui ont
des activités similaires: l'une a fait de la prévention, l'autre
n'en a pas fait. Si c'est basé sur le taux d'accidents, celle qui a fait
de la prévention devrait payer moins cher que l'autre qui n'en a pas
fait.
M. Séguin: C'est ça.
Mme Dupuis: Donc, ce n'est pas uniquement en fonction du taux
d'accidents; c'est en fonction - il y a deux facteurs - de l'activité et
du taux d'accidents.
M. Séguin: C'est ce que j'explique, le facteur de
risque.
Mme Dupuis: Le terme, je le mets entre guillemets, mais la
compagnie qui a déjà fait de la prévention va se trouver
indirectement récompensée.
M. Séguin: C'est ça.
Mme Dupuis: C'est à peu près ça.
Le Président (M. Bélanger): Moins
pénalisée, si tu veux.
Mme Dupuis: Moins pénalisée.
M. Séguin: C'est ce que j'ai expliqué comme
étant l'incitatif à la prévention; il vient par là.
C'est qu'on va ajuster beaucoup plus directement le taux de l'employeur en
question plutôt que le taux du secteur ou de son ancien rattachement
à une catégorie. Avant, les efforts faits par chacun
bénéficiaient à l'ensemble du groupe auquel ils
étaient rattachés. Il y avait un effet un peu démotivant
à chacun de faire ces efforts-là.
M. Bourdon: Si vous voulez...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Pointe-aux-Trembles, je demanderais, lorsqu'on veut
prendre la parole, de m'en aviser, de ne pas procéder directement, s'il
vous plaît.
M. Bourdon: Est-ce que le ministre serait d'accord pour ajouter
à l'article 297 les termes suivants: en tenant compte des risques
particuliers qui s'y rattachent? J'ai repris ces termes-là de l'ancienne
loi. On dit, dans la première partie: "La Commission détermine
annuellement par règlement des unités d'activités
économiques qu'elle regroupe en secteurs", et on est d'accord avec
ça. Si on disait: "en tenant compte des risques particuliers qui s'y
rattachent", je pense qu'on qualifierait l'exercice que la Commission va devoir
faire.
M. Séguin: Écoutez, ce que je suggérerais,
pour ne pas nuire à nos travaux, je vais prendre ça en
considération et peut-être y revenir...
M. Bourdon: Ça va.
M. Séguin: ...pour qu'on puisse y réfléchir
un peu.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: C'est une question peut-être un peu plus
technique parce qu'elle a trait à notre loi sur la réglementation
qui a été passée par le ministre Portier, à
l'époque. J'aimerais savoir - peut-être que ses conseillers
juridiques pourraient me donner la réponse - dans l'ensemble du texte
qui est présenté, est-ce qu'on a fait la concordance avec la Loi
sur les règlements pour la présentation des règlements?
J'ai cru voir, en cours de route, qu'il y avait des publications qui devaient
se faire en vertu de la loi. Est-ce qu'il y a eu un correctif apporté
à fa loi de la CSST qui prévoit qu'on est assujetti à la
loi sur la réglementation, comme on l'a eu avec les SPEQ, cette semaine?
On a eu cette clause grand-père, qu'on appelle, qui corrige... Est-ce
que c'était nécessaire de le faire?
M. Séguin: On m'a informé que la Loi sur les
règlements a une application automatique sans qu'il soit utile ou
nécessaire que la loi qui veut y référer le mentionne. Je
ne sais pas si...
M. Jolivet: En fait, ce que je veux dire, c'est qu'on a
corrigé la loi des SPEQ dans ce sens-là, en l'excluant de la loi,
parce que ce n'est plus nécessaire dans une loi particulière, vu
qu'elle est soumise automatiquement, d'une façon, ou d'une autre,
à la loi sur la réglementation quant à la
prépublication,
M. Séguin: On pense la même chose ici. Il faudrait
préciser, a contrario, par un amendement à la loi, une
disposition dans notre loi, qu'elle n'est pas assujettie à la Loi sur
les règlements. Ça, on pourrait le faire, mais ce n'est pas notre
but. En ne le faisant pas, la Loi sur les règlements s'applique et les
règlements sont assujettis à la publication telle que
prévue, avec les délais qui sont prévus à la
loi.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: J'ai une autre question qui est reliée un peu
à ce que la CEQ a fait valoir à la commission quand elle disait:
Comment considérer le travail et les risques de lésions
professionnelles relatives à la production et distribution
d'électricité, au commerce de gros et de distribution de produits
pétroliers avec ou sans l'entretien ou l'installation
d'équipements connexes, de la même façon que ceux
reliés aux secteurs de l'enseignement, de la santé et des
services sociaux ou de l'administration publique?
Il y a, dans les grandes catégories que la Commission a
élaborées, celle des services. Ma question peut paraître
hâtive dans le débat, mais, comme on doit adopter cette loi
aujourd'hui, j'aime autant dire d'avance les préoccupations qu'on a.
Est-ce que la commission a envisagé ou envisagerait d'avoir, en
matière de services, une distinction entre le privé et le public?
La notion de services, quand on tombe dans le privé, ça devient
très différent du secteur public, quand on prend, dans le secteur
public...
M. Séguin: Si je comprends bien la question et je la joins
à celle exprimée par la CEQ dans le document d'hier qu'on a
discuté, la question des services par rapport à la CEQ, c'est le
domaine de l'éducation, pas rien que ça, mais beaucoup
l'éducation.
M. Bourdon: Un peu de la santé, mais principalement...
M. Séguln: L'employeur qui est le cotiseur, c'est le
gouvernement du Québec, à ce chapitre, et non pas la CEQ. On
comprend ça. La question à savoir si le gouvernement du
Québec, comme employeur, est bien catégorisé à
l'intérieur des services, c'est une question qui peut se poser, bien
sûr, comme pour n'importe quel employeur, mais je ne crois pas que la loi
devrait accorder un traitement différent au gouvernement du
Québec comme employeur à moins de le faire pour les autres
employeurs. Autrement dit, je pense que, vis-à-vis de la loi, môme
si le gouvernement du Québec est un employeur Important. Il paye environ
190 000 000 $ de primes par année à la CSST pour l'ensemble des
employés de la fonction publique, surtout dans les secteurs de la
santé et les différents ministères. Mais il y a deux
ministères qui sont particulièrement les plus importants, c'est
la Santé, l'Éducation où, d'ailleurs, les primes ont
tendance à augmenter parce que les réclamations ont eu tendance
aussi à augmenter. Mais je pense que c'est un secteur qui est
traité comme les autres employeurs et la loi actuelle ne confère
au gouvernement du Québec comme employeur aucune prérogative
particulière.
Depuis plusieurs années, la CSST ne fait pas de distinction entre
un employeur qui est le gouvernement du Québec et un autre employeur qui
est une entreprise importante. Je pense qu'il y a une certaine sagesse à
cela. Le gouvernement étant lui-mâme législateur,
étant employeur de la fonction publique, de temps à autre, s'il
pouvait intervenir directement, le ferait peut-être davantage pour
protéger son budget que pour nécessairement protéger
l'intérêt suprême de l'équilibre de l'ensemble des
secteurs, de l'ensemble du financement de la CSST.
Je comprends bien ce principe depuis plusieurs années.
Personnellement, je ne serais pas particulièrement sympathique quoique,
si on me faisait la démonstration qu'il y avait lieu de rouvrir cette
question... On comprendra, à ce moment-là, qu'on
enlèverait cette espèce d'autonomie conférée
à la CSST pour définir elle-même, à
l'intérieur de son conseil d'administration, ces secteurs et son mode de
financement. À ce jour, la CSST s'est toujours prévalue de cette
autonomie et les gouvernements successifs, je dois le dire, ont toujours
trouvé une certaine sagesse à laisser la CSST déterminer
elle-même, soit ses augmentations de tarifs, ses diminutions de tarifs,
ses modes de tarifs vis-à-vis de l'ensemble des employeurs, pour ne pas
être imputable sur des décisions et intervenir, compte tenu du
fait que le gouvernement est également un employeur important.
M. Bourdon: M. le Président, la question que ça
soulève pour moi, c'est: Est-ce que, pour la CSST, le gouvernement est
un employeur ou si chaque établissement est un employeur? Ce que
j'entends par là, c'est... On parle d'un système de
démérite ou on peut l'appeler de mérite, ça
dépend comment on l'applique. Ma question, c'est: Est-ce qu'un
hôpital, par exemple, qui ferait beaucoup de prévention, parce
qu'il y a des problèmes de santé et de sécurité
dans les hôpitaux, pourrait voir sa cotisation réduite au
même titre qu'un autre employeur d'une certaine importance auquel on
donnerait un rabais? Parce que le gouvernement comme employeur, ça a
tendance à être tellement immense que, si on ne le
considérait que comme un, ça ne tiendrait pas compte d'un tas de
réalités.
M. Séguln: Enfin, jusqu'à maintenant, ça
faisait partie d'un ensemble, parce que la facturation comme telle est
budgétée à l'intérieur de chacun des
établissements, mais elle est assumée ultimement par le
ministère qui, dans ses crédits, a prévu la cotisation ou
une indexation de sa cotisation annuellement. Ultimement, par-dessus tout
ça, c'est le Conseil du trésor qui s'inquiète à
chaque année, évidemment, du montant. Encore récemment, le
Conseil du trésor, comme il le fait à chaque année,
s'Interroge sur le contrôle d'une telle enveloppe qui approche 200 000
000 $ par année.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, je me
dois de vous interrompre pour deux raisons. D'abord, il est l'heure de
suspendre tes travaux jusqu'à 15 heures et vous êtes attendu en
Chambre.
M. Jolivet: Juste une réponse du ministre avant qu'on
quitte. Les 190 000 000 $ concernent donc les établissements scolaires
comme les établissements hospitaliers et de santé, etc.?
M. Séguin: C'est ça.
Le Président (M. Bélanger): La fonction publique en
général.
M. Jolivet: Alors, soyez bien en Chambre. (Suspension de la
séance à 13 h 1)
(Reprise à 15 h 58)
Le Président (M. Bélanger): Si vous le permettez,
la commission de l'économie et du travail reprend ses travaux sur le
projet de loi 14, Loi modifiant la Loi sur les accidents du travail et les
maladies professionnelles. Nous en étions à l'article 2. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur l'article 2?
Une voix: Adopté.
Le Préskient (M. Bélanger): Sur l'article 2, est-ce
qu'il y a d'autres interventions?
M. Bourdon: M. le Président, à l'article 2, est-ce
que le ministre est d'accord avec l'amendement que je lui avais
suggéré?
M. Séguin: Je vois un petit problème dans
l'amendement qui est soulevé en termes d'interprétation, dans ce
sens que quand on dit, dans l'ancien article: "selon la nature des
activités et les risques particuliers qui s'y rattachent", j'ai
expliqué ce matin que l'un des avantages d'adopter la notion de secteur,
c'était d'éviter de compartimenter à l'intérieur
d'une espèce d'assiette des gens qui étaient regroupés
juste pour des activités économiques, ou pour des risques. J'ai
expliqué que c'était le degré de risque qui était
un lien, si je peux dire, de fusion et non pas des semblables risques. Par
exemple, on pourrait regrouper dans la même unité de taxation une
agence de voyages et un fabricant de jouets. Leur activité
économique n'est pas identique, le genre de risques que les travailleurs
peuvent rencontrer n'est pas le môme. Par contre, on estime que le
degré de risque ou le degré de facteur d'accident peut être
semblable. Autrement dit, l'indice d'accident est peut-être de 1 %, 2 %
ou 3 % dans les deux cas. C'est un élément de fusion dans la
notion de secteur. Dans la motion telle que présentée,
évidemment, on risquerait peut-être, dans certains cas, de
retrouver la même difficulté d'association par des risques qui
seraient différents, mais là on n'aurait pas cette
facilité de jonction.
M. Bourdon: Ça va.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors, sur
l'article 2, est-ce qu'il y a d'autres interventions? Est-ce que l'article 2
est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté.
J'appelle donc l'article 3.
M. Séguin: M. le Président, l'article 3 est de
concordance avec l'article précédent. C'est une suite logique de
l'article précédent que nous avons vu. Il concerne la
classification prévue à l'article 297 de la loi. C'est pour
permettre la classification selon les unités à l'intérieur
des secteurs.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur l'article 3? Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Séguin: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté.
J'appelle l'article 4 et il y a un papillon. L'article 4 qui vous a
été distribué ce matin. Ce papillon dit ceci: Remplacer,
au paragraphe 3° proposé par le paragraphe 2° du texte anglais
de cet article 4, les mots "peculiar to" par le mot "of.
Une voix: Vous avez un bon accent.
Le Président (M. Bélanger): Ce n'est pas si mal,
oui. Peter OTool et moi avons le même.
M. Séguin: C'est une question, M. le Président, de
qualité de langue que l'on veut corriger.
Le Président (M. Bélanger): Si je comprends bien,
ça n'affecte que le texte anglais. C'est pour une meilleure
traduction.
M. Séguin: C'est un amendement purement
esthétique.
Le Président (M. Bélanger): Ha, ha, ha! Bien, donc,
ça ne change rien au sens de l'article 4 tel qu'il est formulé
ici.
M. Séguin: Non.
M. Bourdon; Est-ce que le ministre pourrait nous l'expliquer?
Le Président (M. Bélanger): L'article 4, s'il vous
plaît.
M. Séguin: Oui, l'article 4 concerne la
possibilité, un peu comme ça existait dans l'ancien article parce
que l'article 301 n'est que modifié... On disait: "Lorsque des
activités économiques de natures diverses sont exercées
par un employeur ou dans un établissement, la Commission classe cet
employeur ou cet établissement dans plusieurs unités." On
comprendra que, sur le plan économique, ça peut être
avantageux, dans certains cas, de se faire classer dans plusieurs unités
parce que, si une unité a un taux plus élevé et que, dans
une autre unité, le taux est plus bas, la moyenne des deux va faire
qu'il y aura une certaine économie, plutôt que d'être, par
exemple, classé dans l'unité la plus chère. Bon,
ça, c'est un peu gros, ce que je dis, mais ça explique un peu
l'intérêt de la question.
On conserve cette possibilité, mais à des conditions
additionnelles qui apparaissent ici, tout simplement, au deuxième
alinéa de notre article 4, qui dit qu'on remplace les conditions 1 et 2
qui existaient dans l'ancien article par maintenant trois conditions qui sont:
"il existe plus d'une unité pour ces activités" - je pense que
ça tombe un peu sous le sens - "il n'existe
aucune unité qui regroupe l'ensemble de ces activités" et,
finalement, "les travailleurs affectés à une activité
économique de l'employeur ne sont pas substantiellement exposés
aux risques de lésions professionnelles d'une autre activité
économique de cet employeur. "
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors, est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur l'article 4?
M. Bourdon: Une autre question, M. le Président. Dans le
3", on dit par le remplacement de la première ligne du deuxième
alinéa par ce qui suit: "L'employeur doit, à la demande de la
Commission, ou il peut, de sa propre initiative. " Ce n'est pas
automatique?
M. Séguin: La demande peut venir de la Commission, comme
une entreprise elle-même, dépendant de son organisation qui peut
changer d'une année à l'autre, peut se présenter devant la
CSST et démontrer qu'elle devrait, dans un secteur donné de ses
activités, être rattachée à une autre unité.
C'était possible sous l'ancienne loi et ça demeure possible.
Évidemment, c'est la CSST qui va décider.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors, sur
l'article 4, donc, est-ce qu'il y a d'autres interventions? Est-ce que
l'amendement à l'article 4, à la version anglaise, est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que l'article 4,
tel qu'amendé, est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté.
J'appelle l'article 5.
Fixation de la cotisation
M. Séguin: Oui, M. le Président, à l'article
5, on modifie l'article 304 de la loi pour faire en sorte que les taux de
cotisation des unités d'activités soient fixés
annuellement et cela, par règlement. Et on en a un peu parlé ce
matin. J'ai expliqué que l'article 454 avait été
modifié afin d'assurer la publication des règlements. La Loi sur
les règlements, bien sûr, s'applique de façon automatique;
il n'y a aucune réserve sur l'application de la loi.
M. Bourdon: M. le Président, une autre question, d'abord.
On dit que le taux est fixé annuellement. C'est à quel moment
habituellement qu'on fixe le taux?
M. Séguin: Au mois de juin.
M. Bourdon: Au mois de juin. Et le 2° supprime le
deuxième alinéa qui dit: "elle publie à la Gazette
officielle, avant le 1er janvier, la liste des taux de cotisation de
l'année suivante". Pour quelle raison il n'y a plus cette
obligation?
M. Séguin: C'est parce qu'on se réfère
carrément à la Loi sur les règlements qui est plus
sévère sur les délais de publication.
M. Jolivet: Ce que j'ai posé comme question arrive
ici.
M. Séguin: C'est un peu...
M. Jolivet: La concordance avec la Loi sur les
règlements.
M. Séguin: C'est ça. Il devient inutile de
préciser quelque chose qui est déjà dans la Loi sur les
règlements ou qui pourrait porter à confusion dans
l'interprétation entre les deux. Parce que ça donnerait à
entendre que, si ce n'était pas dans notre loi, elle ne serait pas
obligée de le faire.
Le Président (M. Bélanger): L'article 5, est-ce
qu'il est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): J'appelle l'article
6.
M. Séguin: L'article 6 est nouveau, M. le
Président. Il traite de la possibilité pour la Commission, par la
méthode maintenant qui est Introduite dans la loi, de fixer par
règlement ou "conformément à ses règlements un taux
personnalisé de cotisation applicable à l'employeur qui,
relativement à une unité... " Il y a certaines conditions,
évidemment. Le taux personnalisé tient compte d'un indice de
risque basé sur la comparaison de l'expérience de l'employeur au
cours des années antérieures ou des années qui suivent.
Habituellement, c'est une période de trois années qui sert de
référence. Le taux va être ajusté,
évidemment, si l'indice d'accidents diminue. C'est cette notion de
prévention avec l'incitatif financier qui peut être
intéressant pour qu'un employeur, qui fait de réels efforts pour
diminuer son indice d'accidents sur la période de trois ans, ait une
diminution de cotisation. On verra que, par une autre mesure
rétrospective, il pourrait même avoir des remboursements de prime
s'il s'avère que, pendant les trois ans, il a payé beaucoup plus
que ce qui était nécessaire pour rencontrer ses obligations.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviotette?
M. Jolivet: Non, non...
Le Président (M. Bélanger): Alors, sur l'article 6,
d'autres interventions?
M. Bourdon: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie, M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: J'ai en main une lettre que l'Office des producteurs
de tabac du Québec avait envoyée à Mme
Jérôme-Forget, à la CSST, et on se plaint des tarifs
suggérés à leur égard en disant qu'en 1988, 1989,
1990 le taux serait passé, dans leur cas, de 2, 98 $ à 4, 14 $.
On ajoute: Le nombre d'accidents à la ferme aurait-il
nécessité une hausse de 39 % des primes depuis 1988? Visiblement,
ils ne sont pas d'accord. Je demande au ministre s'il aurait là-dessus
des informations supplémentaires venant de la CSST.
M. Séguin: D'une part, je dois indiquer que la demande des
producteurs de tabac jaune, évidemment, n'est pas relative à
l'article 6 de notre projet de loi, quand même. Par contre, leur
représentation m'a été sympathique. J'ai regardé
ça attentivement et on étudie présentement qu'est-ce qu'on
pourrait faire pour que leur fardeau financier, suite à la nouvelle
tarification, soit plus acceptable.
Évidemment, je n'ai pas de réponse aujourd'hui, mais je
peux déjà vous dire que normalement il y avait un solde
débiteur de 2, 07 $, qui aurait été habituellement
ajouté au 1er janvier 1990. Je suis prêt à vous dire que
dès maintenant on est prêt à les exempter de ce solde
débiteur à leur compte qui aurait dû s'ajouter de 2, 07 $
à leur cotisation. Même s'ils étaient restés
à 3, 63 $ en 1990, au même taux qu'en 1989, ils auraient eu
à supporter 2, 07 $ d'augmentation sous l'ancien système. Pour
tenir compte de la transition entre les deux régimes, tenir compte de
leur représentation et de l'analyse qu'on a faite qui a
démontré qu'il y avait peut-être lieu de réajuster -
enfin, j'ai été saisi de ça il y a quelques jours
simplement - déjà je peux vous dire que, sur le solde
débiteur de 2, 07 $, on est prêt à les exempter. Pour le
reste, je vais continuer à voir s'il n'y a pas moyen de voir à
l'intérieur des grilles mathématiques si leur positionnement
pourrait s'avérer encore meilleur.
Le Président (M. Bélanger): O. K. L'article 6
est...
M. Jolivet: Tut, tut.
Le Président (M. Bélanger): Ohl M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Juste une petite question. Quand vous dites: La
Commission fixe par règlement un taux personnalisé, vous avez
parlé de facteurs dont il faut tenir compte. Est-ce que dans le
règlement c'est ce que vous avez l'intention de présenter? Est-ce
qu'il est possible, dans ce contexte, d'avoir la copie des règlements?
Il doit y avoir une première copie qui a été faite. Est-ce
que c'est possible, au début de la semaine prochaine, de faire parvenir
aux membres de la commission une ébauche des règlements?
M. Séguin: Effectivement, dans les prochaines semaines, on
me dit que les premiers projets de règlements vont être
disponibles. Alors, ça me fera plaisir de les soumettre.
M. Jolivet: De les transmettre par l'intermédiaire du
secrétaire de la commission.
M. Séguin: Deuxièmement, ce sont des
règlements qui comportent effectivement tout le détail. C'est
très complexe et c'est très élaboré, mais c'est
tout en détail, les critères, etc. Donc, ça devrait
répondre à la question.
M. Jolivet: Parfait.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Oui, M. le Président. J'aurais une question.
Vous jugerez de la pertinence de la question quant à l'article, mais je
veux la poser, quand même. Est-ce que les chauffeurs de taxi sont
admissibles à la CSST?
M. Séguin: Les chauffeurs de taxi?
M. Claveau: II y en a qui me disent que oui et il y en a d'autres
qui me disent que non.
M. Séguin: Syndiqués ou non syndiqués?
M. Claveau: On en parlera avec l'ATAQ. Dans le taxi, la
syndicalisation multipatronale n'existe pas.
M. Séguin: Elle est en voie de l'être.
M. Claveau: Non, mais est-ce que les chauffeurs de taxi...
M. Séguin: C'était pour savoir si vous étiez
pour ou contre. Ce n'est pas important.
M. Claveau: Est-ce que les chauffeurs de taxi peuvent
bénéficier de la CSST?
M. Séguin: S'ils sont salariés, oui.
M. Claveau: Ça veut dire que celui qui possède son
véhicule ne peut pas.
M. Séguin: S'il est autonome, à condition qu'il se
soit enregistré comme employeur, il peut l'être. S'il est
salarié au sens normal du terme, à ce moment-là, il est
assujetti, il est couvert. Mais, dans l'industrie du taxi, la distinction
souvent entre autonome, employeur, locateur, locataire, salarié est
relativement subtile. C'est peut-être là aussi une source...
M. Claveau: Parce que dans l'industrie forestière, par
exemple, les propriétaires de machinerie forestière, même
s'ils sont à peu près autonomes - ce sont toutes des petites
"business" avec, on calcule, à peu près 9 employés par
machine dans le bois, par Koehring - eux sont tous admissibles à la CSST
pour autant qu'ils paient la cotisation. Est-ce que le même
règlement vaut dans le taxi?
M. Séguin: C'est la même chose.
M. Claveau: O. K. Donc, les chauffeurs de taxi qui me disent
qu'ils ne sont pas admissibles à la CSST, c'est parce qu'ils ne paient
pas leurs cotisations ou ils sont mal informés.
M. Séguin: C'est peut-être parce qu'ils se
déclarent autonomes à tous autres égards.
Évidemment, ils ne peuvent pas... C'est comme l'assurance-maladie ou
d'autres programmes, si la personne... Même au sens fiscal, au
ministère du Revenu, il y a des gens qui se classent employés,
mais souvent ils ont tendance à préférer être
autonomes pour ne pas subir les déductions à la source.
Là, il y a des contrecoups des fois, mais ça, c'est une autre
chose.
M. Claveau: Ça va. Je vous remercie.
Le Président (M. Bélanger): L'article 6,
adopté?
M. Claveau: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté.
J'appelle l'article 7.
M. Séguin: Oui, l'article 7. M. le Président,
à l'article 305, on modifie, après le mot "classé", le
reste du texte en remplaçant l'expression par celle-ci "ou, le cas
échéant, au taux personnalisé qui lui est applicable. "
Ça, c'est concordant avec l'article précédent où on
a parlé de taux personnalisé. (16 h 15)
M. Bourdon: M. le Président, j'aurais une question. Est-ce
que le ministre peut nous indiquer quelle proportion des employeurs et de la
main-d'?uvre? Parce que je sais que ce sont surtout les employeurs
d'Importance qui seront "éligibles" au taux personnalisé. Est-ce
qu'il est envisagé qu'éventuellement cette pratique du taux
personnalisé se généralise à d'autres que ceux
qu'on vise au départ?
M. Séguin: En fait, le projet, dans l'état actuel,
a un peu fait une distinction entre 0 à 14 000 $ et 14 000 $ et plus.
Parce que, en bas de 14 000 $, l'effet est peut-être un peu
immatériel dans son incitatif. Par contre, à
l'expérience... Parce qu'il faut dire que la réforme va
peut-être demander un an ou deux d'ajustement, c'est prévisible.
Ce n'est pas impossible que, si l'effet est ressenti positivement et qu'on voit
que ça pourrait aller davantage plus bas que la norme de 14 000 $...
M. Bourdon: Vous partez de 14 000 $ de cotisation?
M. Séguin: Oui... ça pourrait être
intéressant de l'étendre. Mais, actuellement, on croit que,
jusqu'à 14 000 $, il n'y a pas un effet moteur Intéressant pour
l'employeur. Pardon?
M. Claveau: Je n'ai pas eu le temps de faire mes calculs. Je ne
suis pas toujours vite en calcul.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: II faut me laisser le temps, en calcul mental. Sauf
que 3 %... Mettons, par exemple, un taux de cotisation à 3 %, parce
qu'on n'a pas les tarifs exacts - mettons au niveau des services, vous avez dit
hier 2, 5 %, 2 et quelque chose - qui totalise 14 000 $; ça veut dire
que ça fait, quand même, une bonne masse salariale, ça,
là. Ça fait une masse salariale suffisamment impressionnante.
Donc, il peut y avoir pas mal d'employés, donc un chiffre d'affaires
relativement élevé. Si 14 000 $ égalent 3 % ou 2, 5 % de
la masse salariale, ça peut représenter un gros chiffre
d'affaires comme entreprise. Donc, ce n'est quand même pas
nécessairement une "réguine", comme on dit.
M. Bourdon: M. le Président, ce que j'ajouterais à
ça, c'est que la taille de l'entreprise comme degré d'incitation,
pour rencontrer des petites entreprises et même des très,
très petites entreprises, je peux dire au ministre qu'il me semble que
la question devrait rester ouverte. Les petites entreprises, les
économies qu'elles pourraient réaliser sont, je pense, tout aussi
importantes que les grandes. Je veux dire que tout est à
l'échelle. Pour la grande entreprise, ça ferait peut-être
une masse plus importante.
Mais, dans le fond, j'ai une sous-question. Si la Commission
décidait de l'étendre à d'autres
catégories d'employeurs, est-ce que la loi l'en empêcherait
ou bien s'il y a ouverture?
M. Séguin: Ce serait par règlement.
M. Bourdon: Ce serait par règlement. Je le dis parce que,
si, à l'usage,...
M. Séguin: Je suis d'accord avec vous qu'il faut garder la
possibilité ouverte. Par contre, je dois tout de suite dire que
ça peut être désavantageux pour certaines entreprises,
parce que si, dans une année, elles connaissent un facteur d'accidents
absolument épouvantable et qu'elles seraient assujetties à un
taux personnalisé, elles vont être frappées tout de suite.
L'avantage, le contrecoup de la grande assiette, c'est que chaque employeur,
surtout les petits, qui n'ont souvent pas des marges de manoeuvre
financières très grandes pour absorber une année une
catastrophe dans leur usine, là vont bénéficier d'une
stabilité du taux où on leur garantit qu'il n'y aura pas
d'augmentation de plus de 15 %, indépendamment de leur situation. Donc,
il y a une certaine sécurité pour une entreprise, à moyen
et à long terme, de ce côté-là.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Oui, M. le Président, vous me permettrez...
À moins que je ne comprenne mal, je ne vois pas où l'argument du
ministre peut avoir vraiment de la portée dans la mesure où, de
toute façon, quel que soit le coût de l'accident, au-delà
de 8000 $, c'est absorbé par l'ensemble du secteur ou, enfin, par la
catégorie. Mais le maximum qui va être absorbé par
l'entreprise, peu importe sa grosseur, c'est 8000 $.
M. Séguin: Oui, mais on me dit que, dans l'ensemble, les
réclamations sur les accidents, ce sont quand même des montants
relativement faibles. La moyenne, c'est 1000 $, 1500 $, 2000 $. Les accidents
graves, ce sont ceux-là qui sont, évidemment, les plus
onéreux et qui représentent 30 % des demandes en
réparation.
M. Claveau: Oui, mais d'où le fait que, finalement, le
taux soit personnalisé ou non, pour un accident vraiment grave... Parce
qu'un accident à 8000 $, ce n'est même pas un doigt, c'est quand
même un petit accident, c'est vraiment minime. C'est ce qui arrive
continuellement.
M. Séguin: Même la moyenne est de 2000 $. Elle n'est
même pas à 8000 $, c'est 2000 $; alors, ce n'est pas...
M. Claveau: Oui, mais ça, c'est toutes sortes de petites
affaires, quand on veut une compensation pour une petite perte d'oreille de 2 %
puis, je ne sais pas, en tout cas, il y a quand même toutes sortes de
choses. Sauf que, quand un gars se fait arracher un doigt dans un planeur ou
n'importe quoi, on commence déjà à dépasser
passablement les 8000 $; ça monte vite. Pour les accidents de dos, les
jambes et tout ça, quand on prend tous les frais qui sont connexes
à l'accident, ça monte assez vite. Donc, je ne vois pas en quoi
l'argument du ministre peut faire en sorte que le fait de personnaliser, par
exemple, la prime pour un employeur qui aurait dix employés dans une
petite entreprise, par exemple, d'entretien de routes sa prime pourrait faire
en sorte de le mettre en danger s'il avait un accident plus grave qui pourrait
coûter 120 000 $, dans la mesure où, de toute façon,
jusqu'à 8000 $, il l'absorbe, mais, après 8000 $, c'est
absorbé selon les échelons par le secteur.
M. Séguin: Sauf que le taux personnalisé a, quand
même, un effet sur sa facturation personnelle. Quand il y a un effort de
diminution de son facteur de risque sur une période de trois ans,
là, il en bénéficie. Mais, s'il y a une augmentation du
facteur de risque, il peut aller à la hausse aussi. J'indique tout
simplement que, pour des petites entreprises, ça peut avoir un effet des
deux côtés.
M. Claveau: Est-ce que vous avez des chiffres quant à
l'origine des accidents par rapport aux entreprises? Par exemple, on sait que
le taux personnalisé devrait s'attaquer ou correspondre aux besoins,
d'après ce qu'on peut voir dans vos chiffres, de 7 % des employeurs ou
à peu près. Est-ce que les gros accidents arrivent plus souvent
dans les petites entreprises qui paient moins de 14 000 $ de CSST ou dans les
entreprises qui paient au-delà de 320 000 $, par exemple, pour reprendre
vos chiffres? Est-ce qu'il y une incidence quelconque entre la grosseur de
l'entreprise, sa taille, et le coût des accidents, l'importance des
accidents, la gravité des accidents dans l'entreprise?
Je vous pose la question parce qu'à mon avis, en tout cas
à première vue, c'est généralement dans les
entreprises à plus haut risque, entre autres dans la grande entreprise,
dans l'entreprise du secteur primaire, que, à mon sens, il y a le plus
d'accidents graves; à moins que je ne me trompe, vous pourrez toujours
me le dire, les accidents qui sont coûteux sur le plan de la
compensation, c'est, règle générale, dans les grandes
entreprises. Les petites entreprises oeuvrent surtout au niveau des services,
du transport, tout ça, et ce ne sont pas des entreprises où, II
me semble, à première vue, l'indice ou le facteur de
possibilité d'accidents graves est très élevé.
M. Séguin: Écoutez, il y a peut-être deux
tableaux que je peux porter à votre connaissance.
M. Claveau: Envoyez donc.
M. Séguin: Ils sont dans le même cahier que vous
avez eu, un, à la page 17 et l'autre, à la page 27. Je ne sais
pas si ça répond complètement à votre question,
mais, en tout cas, ça donne un certain portrait par rapport aux
cotisations annuelles payées par les employeurs. Ça donne, quand
même, l'ampleur de l'employeur visé et le pourcentage qu'il
supporte dans la facturation globale, les pourcentages de dépenses de
réparation, les pourcentages de masse salariale en jeu et le nombre de
réclamations sur une période de trois ans, qui est toujours une
référence.
Le taux personnalisé n'est pas le fait d'une seule année.
En évaluation actuarielle, surtout dans le domaine des assurances, on
tient compte de deux ans, trois ans et la norme ici, c'est trois ans. C'est
pour tenir compte d'une performance pendant trois ans. Ensuite, à la
page 27, on vous donne les indices statistiques de risques par secteur, dans la
colonne du milieu. Ça vous donne une idée, quand même; dans
le primaire, c'est 2,6 %; dans le manufacturier, 1,3 %; dans la construction,
c'est le plus élevé, c'est à 3,3 %, le facteur de risque;
transport, c'est 2,1 %; les services, c'est 0,6 %.
M. Claveau: O.K.
M. Séguin: Remarquez que, comme je l'ai dit à votre
collègue de Pointe-aux-Trembles, la question est ouverte. La CSST va de
temps en temps, peut-être l'année prochaine... Surtout dans la
première année de cette réforme, c'est sûr qu'il
faut regarder et peut-être faire des ajustements. On a parlé d'un
tantôt. Il y en aura d'autres. S'il y a des modifications, avec la
possibilité que la CSST a de les faire par règlement, elle les
fera. Mais il faut se donner un peu d'expérience dans toute
l'implantation de ce système qui n'est pas tellement simple, quand
même. Il y aura beaucoup d'ajustements, j'imagine.
M. Claveau: Rapidement, il y a, quand même, une chose que
je remarque dans le tableau de la page 17, qui va, à mon sens, dans le
sens de ce que je disais. C'est que plus l'entreprise est petite, moins le
nombre de réclamations en trois ans est grand, en pourcentage. 14 % pour
les entreprises qui ont moins de 3000 $ de cotisation, ce qui représente
75 % des employeurs. Donc, 14 % de réclamations en trois ans. Pour les
grandes entreprises qui représentent 1 % des employeurs, avec des
cotisations de 330 000 $ et plus, on est rendu à 100 %. Ça veut
dire qu'il n'y en a pas une qui n'a pas au moins une réclamation. Dans
le fond, s'il y avait quelque-chose - et c'est là que je pense qu'il y a
un petit vice dans l'affaire, si vous me passez l'expression - le taux
personnalisé, s'il était appliqué à toutes les
entreprises, probablement qu'étant donné la grande
majorité des petites entreprises qui, finalement, ne réclament
à peu près pas d'accidents, ça voudrait dire une baisse
sensible de la cotisation moyenne à la CSST de ces entreprises, ce qui
obligerait le ministre à augmenter la cotisation pour la grande
entreprise.
C'est un petit peu la réflexion que je faisais hier. Dans la
mesure où on tente de diminuer dans la grande entreprise l'indice
d'accidents et, donc, de permettre des cotisations plus basses en moyenne pour
la grande entreprise qui, elle, a plus les moyens aussi de se moderniser et
d'éviter les facteurs d'accidents dans son milieu de travail, ça
va faire une pression supplémentaire sur la cotisation pour les petites
entreprises qui, elles, ne pourront pas bénéficier du taux
personnalisé et qui vont devoir se contenter du taux moyen qu'on va
avoir fixé pour leur secteur. Et ça représente, dans le
fond, en tout, 93 % des entreprises.
Quelqu'un va devoir payer en bout de piste. On l'a vu, il y a 1 000 000
$ de différence dans le budget prévu pour 1990 par rapport
à ce que ça coûtait en 1989. On est passé de 1 480
000 000 $ à 1 479 000 000 $. Ça fait 1 000 000 $ de
différence. Si on baisse la cotisation pour la grande entreprise sur la
base d'un principe de rendement préférentiel lié à
la diminution du taux des accidents et du coût de ces accidents, il y a
quelqu'un d'autre qui va payer la différence. C'est la petite entreprise
qui, elle, finalement, n'a pas un gros indice d'accident; c'est elle qui va
payer pour.
M. Séguin: Oui, mais, si vous me permettez, je pense que
l'équation que vous faites n'est pas exacte. Vous opposez, d'un
côté, les grandes entreprises et les autres en disant que la
grande entreprise... Je vois tout de suite un peu le mythe politique qu'on veut
faire; c'est tellement sympathique de dire que ce sont les petits qui vont
payer plus cher, mais je pense que l'équation, ici, n'est pas visible.
Ce n'est pas ça, absolument. À l'intérieur d'une
même unité, on ne regroupe pas les entreprises d'après leur
grosseur. À l'intérieur d'une unité, il peut y avoir des
entreprises qui sont importantes, d'autres plus petites. Il n'y a pas de
classification d'après la grosseur des entreprises, quand
même.
M. Claveau: C'est d'autant plus dangereux.
M. Séguin: Donc, à l'intérieur d'une
unité, le taux personnalisé, ce qu'il fait, c'est qu'on fixe un
barème. Je vous avoue que dans les
autres pays on voit des exemples comparables. Et, là-dessus, si
le député d'Ungava peut me citer un système meilleur que
celui-ci ou s'il y a des éléments qu'on devrait regarder ailleurs
dans d'autres provinces ou dans d'autres États américains ou dans
des États européens, on est prêt à les regarder.
Mais, dans les brochures, vous avez une comparaison avec les autres
législations comparables. Je vous avoue que nous sommes actuellement
dans un système tout à fait équitable, tant pour les
petites entreprises que pour les grandes. À la lumière de la
première année d'expérience, s'il fallait qu'on apporte
d'autres corrections, on les fera. Pour le moment, on ne croit pas...
D'ailleurs, il y a des petites entreprises qui ont des diminutions de
tarif avec la réforme. Il ne faut pas croire que c'est juste la grande
entreprise qui a un taux personnalisé qui va avoir une diminution avec
la réforme en 1990. D'ailleurs, ça va prendre trois ans avant que
le taux personnalisé répercute une diminution ou un tassement
dans la prime. Il va falloir que l'entreprise connaisse véritablement
une amélioration de son indice de risque. Donc, à ce point de
vue, comme je l'ai dit tantôt, une petite entreprise qui paie 8000 $ de
prime par année, si elle préférait, à un moment
donné, payer le coût réel du dédommagement, je ne
suis pas sûr que ce serait à son avantage, même
auprès d'une compagnie d'assurances privée. (16 h 30)
M. Claveau: Excusez-moi de vous couper la parole, M. le ministre,
mais, d'après les chiffres qu'on voit en page 17, il y a un genre de
péréquation qui se fait de la petite entreprise vers la grande,
parce que la grande non plus ne paie pas le coût réel de ce que
ça lui coûte. Elle ne le paie pas plus que la petite. Mais comme
l'indice d'accidents est beaucoup plus élevé dans la grande
entreprise que dans la petite, d'après les chiffres qu'on a
là...
M. Séguin: Je m'excuse, ce que vous dites là,
c'était peut-être exact dans le passé parce que ça
créait un déficit, mais je pense qu'avec une équation
où les recettes et les revenus s'équilibrent, même avec un
léger surplus... Mais admettons que, dans une situation absolument
idéale, les cotisations n'égalent que la réparation; il
faut admettre, à ce moment-là, que le système est
équitable.
M. Jolivet: Est-ce que ce qui est recherché c'est de faire
en sorte, justement, que, quelle que soit la grosseur de l'entreprise, quel que
soit son degré au niveau de l'accident ou des réparations, peu
importe, ou des services qui sont donnés, vous cherchez, par le taux
personnalisé, à en arriver à faire en sorte, finalement,
que l'entreprise ne paie que ce qu'elle génère comme coût
en termes accidentels?
M. Séguin: C'est le but recherché.
M. Jolivet: Ça veut dire que, si on a une petite
entreprise et qu'on a moins d'accidents, par le fait même on aura moins
à payer; si on a une plus grosse entreprise, on a plus d'accidents, on
aura plus à payer.
M. Séguin: C'est un peu ça.
Le Président (M. Bélanger): Sur l'article 7, y
a-t-il d'autres interventions? L'article 7 est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): J'appelle l'article
8.
M. Séguin: Oui, M. le Président, l'article 8
modifie quelque peu l'article 313 de l'ancienne loi, ou la loi actuelle. On
prévoyait que la Commission peut fixer une cotisation minimale et,
maintenant, on remplace la cotisation minimale par une cotisation
établie à l'employeur. Autrement dit, ce n'est pas un taux de
base minimum, mais c'est un montant cotisé à l'employeur, dans
son cas; donc, on substitue la cotisation minimale qui apparaissait dans
l'ancien texte par un montant cotisé selon les besoins annuels en frais
fixes élaboré par la Commission.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava?
M. Claveau: Cette cotisation, à partir de quelle date elle
va être connue par l'entreprise?
M. Séguin: C'est comme celle habituelle, au mois de
juin.
M. Claveau: Pour l'année qui suit.
M. Séguin: Oui. C'est que son facteur de taxation est
ventilé en faisant apparaître un pourcentage qui va pour les frais
fixes, un pourcentage pour la réparation, un pourcentage pour d'autres
éléments et le total lui donne son pourcentage qu'il a à
supporter. Exemple, le retrait de la femme enceinte, le programme du retrait
préventif de la femme enceinte, c'est un taux fixe qui ne tient pas
compte de l'expérience. Il n'est pas personnalisé. Ça,
c'est pour protéger le programme. De sorte que, si on a besoin de tant
de financement pour assurer le programme, il est simplement facturé
à part égale à l'ensemble des employeurs.
M. Claveau: Ce que je demande au ministre, c'est de savoir... Il
dit que la Commission peut augmenter la cotisation des employeurs d'un
montant fixe qu'elle détermine annuellement. Par exemple, j'ai
une entreprise, je veux faire mon budget pour le 1er janvier. Normalement je
devrais savoir, dans le courant du mois d'octobre ou de novembre, à peu
près qu'est-ce que ça va me coûter. Quand est-ce que la
CSST va me faire connaître comment ça va me coûter de
CSST?
M. Séguin: Formellement, au mois de juin. Comme elle le
fait à chaque année.
M. Claveau: Au mois de juin de l'année d'avant pour que je
sois capable de budgéter, de prévoir les dépenses.
M. Séguin: Ça fait partie de sa cotisation
annuelle.
M. Jolivet: Qui va de janvier à décembre.
M. Séguin: C'est ça. Comme c'était avant, on
ne change pas le principe.
M. Claveau: O.K. Non, c'est parce que... M. Séguin:
Sauf qu'avant...
M. Claveau: ...ce n'est pas nécessairement
évident.
M. Séguin: Avant, la Commission pouvait charger une
cotisation, on disait, minimale, qu'elle fixait. Maintenant, la Commission, au
lieu de le faire comme tel, elle va répartir certains coûts de
financement fixe à l'ensemble des employeurs et va cotiser
annuellement.
M. Claveau: Quelle est la fourchette de variations que vous
pouvez prévoir - je suppose que ça a été
discuté sur une base de modèles mathématiques - pour
s'assurer que, par exemple, d'une année à l'autre, dans une
certaine catégorie de travailleurs, on n'ait pas 300 %
d'augmentation?
M. Séguin: Vous voulez dire au niveau de l'employeur dans
sa cotisation?
M. Claveau: Oui.
M. Séguin: Écoutez, la fourchette varie entre 0,6 %
et 7 % à peu près, actuellement dans les cinq secteurs.
M. Claveau: On a parlé du retrait préventif tout
à l'heure, O.K? Vous dites: Le retrait préventif, ça
coûtait...
M. Séguin: De mémoire, le retrait préventif,
je pense que c'est 0,10 $ les 100 $ de masse salariale admissible qui sont
chargés à tous les employeurs.
M. Claveau: O.K. On dit que c'est ça. Mais là, en
cours d'exercice 1990, on se rend compte que ce n'est pas ça. En
réalité le retrait préventif, pour s'autofinancer,
coûte 30 sous les 100 $. Ça fait que là, l'année
d'ensuite, j'envoie au mois de juin mon "bill" à l'entrepreneur en
disant: Là, c'est bien de valeur mais le retrait préventif
ça ne sera plus 0,10 $. À partir du 1er janvier c'est 0,30 $ dans
la piastre que ça va te coûter. C'est 300 % d'augmentation,
ça.
M. Séguin: SI ça devait être ça,
ça sera la facture.
M. Claveau: Donc, il n'y a pas de limite, finalement. Vous n'avez
pas une fourchette dans laquelle la CSST va être obligée
d'opérer. Elle peut aller...
M. Séguin: La loi dit que la CSST doit cotiser les sommes
requises à l'application de la loi. Alors, évidemment, si les
sommes requises une année sont beaucoup plus élevées mais
que ça n'avait pas été prévu, il y aura un
déficit qu'elle tâchera l'année d'après de
renflouer.
M. Jolivet: Est-ce que ça n'a pas pour effet, dans le cas
du retrait préventif au niveau de la femme enceinte et qui allaite,
d'inciter les employeurs à ne pas en engager?
M. Séguin: Qu'est-ce qui serait incitatif à ne pas
les engager?
M. Jolivet: Je donne un exemple. Si vous me dites que le risque
d'avoir des femmes qui deviennent enceintes et qui allaitent fait en sorte
d'augmenter le coût qu'on va lui charger... Si elle a, au moment
où elle est installée, deux femmes, et que dans trois ans elle en
a sept et que c'est une petite entreprise, il va y avoir plus de chances que
sur sept il y en ait une qui devienne enceinte et qui allaite.
M. Séguin: Mais c'est le contraire qu'on fait. Si on avait
un taux personnalisé, là on aurait le danger, dans un programme
comme celui-là, sans trop de contrôle, de voir le
phénomène se développer où, effectivement, un
employeur dirait: Moi, par tous les moyens, je vais éviter d'avoir ce
genre de réclamations. De toute façon, automatiquement, à
chaque début d'année, la CSST, par exemple, pour l'année
1990, prévoit à peu près 60 000 000 $. Alors elle le
charge à l'ensemble des employeurs et ramasse les 60 000 000 $. Il y a
toujours un coussin aussi. Parce que c'est une évaluation. On planifie
et on regarde. On regarde l'année passée. On dit: L'année
passée, ça a augmenté d'à peu près 10 %.
Ça va peut-être augmenter de 10 %. Donc
on a planifié 60 000 000 $. On le charge à tous les
employeurs, qu'importe leur situation personnelle...
M. Jolivet: Ah, O.K.
M. Séguin: ...parce que c'est un taux fixe. Et c'est la
demande d'ailleurs de la CEQ que Je rencontrais à 14 heures, cette
fameuse heure de rencontre avec la CEQ dont on parlait hier. Et..
M. Jolivet: Qu'on n'a pas eue, nous autres, mais que vous avez
eue.
M. Claveau: On a attendu pareil...
M. Séguin: Oui, on a fait... On a eu huit heures
ensemble.
M. Claveau: On a attendu le ministre quand même. On aurait
pu être avec lui.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Séguin: Mais ça c'est une autre chose.
C'était le ministre du Travail qui était appelé sur une
urgence...
M. Jolivet: Ah bon, O.K.
M. Séguin: ...ce que d'ailleurs mon collègue
d'Ungava aurait apprécié s'il avait à vivre la même
situation dans son comté. Et j'ai été appelé de
façon... Je m'excuse, d'ailleurs, de l'absence, mais je ne pouvais pas
faire autrement.
Mais, sur le retrait préventif de la femme enceinte, la plupart
des représentations des coalitions, etc., ça été de
dire, s'il vous plaît, ne passez pas au taux personnalisé
là-dessus, parce que ça voudra dire que chaque employeur va
développer des stratégies, lui, pour en payer le moins possible.
Et, la réaction patronale à la tarification, dans les sondages
que nous avons eus après la consultation, à peu près la
seule critique qu'on a eue, ça a été sur le retrait
préventif de la femme enceinte qui était chargé de
façon uniforme, parce que les employeurs sont un peu réticents.
On a dit: Non, c'est un taux uniforme comme c'était sous l'ancienne loi
parce que ça assure fa pérennité du programme une
année après l'autre sans aucune possibilité que les
employeurs...
M. Jolivet: Et c'est pour ça que les employeurs vous
disent: Comme c'est une mesure sociale, vous devriez la payer.
M. Séguin: Oui, ça, j'entends ça souvent.
Mais je leur dis que la loi a un caractère social et la question qu'ils
soient cotisés par la CSST n'est qu'une modalité. On aurait pu
faire une loi qui dit que c'est chargé de telle façon par un
ministère ou cotisé à la source, qu'importe. Donc, je
pense que, de ce côté-là, je suis très très
peu ému par les commentaires qu'on me fait dans cet ordre-là.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Verchères.
Mm* Dupuls: J'aurais un commentaire là-dessus et je vous
félicite d'y avoir pensé et de l'avoir laissé parce que
les secteurs où les femmes sont en majorité, ça aurait
coûté beaucoup trop cher.
M. Séguin: Je m'excuse.
Mme Oupuis: Les secteurs où les femmes sont en
majorité des travailleuses...
M. Jolivet: C'est ça. C'est ce que...
Mme Oupuis: ...si vous aviez mis un taux personnalisé
ça aurait coûté énormément cher pour ces
secteurs-là.
M. Jolivet: Les compagnies qui ont plus d'employés.
Mme Dupuis: Les compagnies qui engagent des femmes en
majorité, par exemple.
M. Séguin: Oui, possiblement.
Mme Dupuis: Ça aurait coûté bien plus cher si
vous aviez personnalisé le retrait préventif.
M. Séguin: Oui, mais, là, on aurait vu se
développer...
Mme Dupuis: C'est ça. C'est pour ça que je vous
dis: Je vous félicite de l'avoir laissé.
M. Séguin: Ah! O.K. Je pensais que vous...
M. Claveau: On ne félicite pas un ministre en commission.
Ça va revenir contre toi un jour ou l'autre.
M. Séguin: ...m'interpeliez parce que j'avais fait quelque
chose de pas correct.
M. Jolivet: Au contraire, c'est surprenant de se faire donner des
fleurs.
Mme Dupuis: Ça vous a tellement surpris que vous ne
compreniez plus rien.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Séguin: Je ne suis pas habitué d'avoir des
félicitations.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Dupuis: Je vous félicite peut-être trop vite,
mais...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Dupuis:... moi, je veux vérifier si tout ça
s'applique dans la réalité, par exemple. Ça me rassure
quand vous me dites ça, mais j'ai une crainte que, finalement, les
femmes des secteurs qui engagent majoritairement des femmes soient
pénalisées.
M. Séguin: Je vais vous dire une chose. D'une part, le
budget du programme pour le retrait préventif de la femme enceinte
augmente. Donc, c'est quand même rassurant de ce
côté-là. Et, depuis deux ans, iI augmente de 10 % par
année, en termes budgétaires. Donc, il n'y a pas de restriction
là-dessus. Deuxièmement, tant la coalition pour le retrait
préventif de la femme enceinte que la CEQ que j'ai rencontrée
tantôt faisaient comme vous, me félicitaient parce qu'elles
suivent ce programme-là à la trace depuis le mois de juin. Elles
ont vu un virage depuis le mois de juin. Elles m'ont dit, de la CEQ:
Grâce à votre intervention, au mois de juin, ça a
complètement viré les statistiques au niveau des demandes
à la CSST et du nombre de contestations qui, normalement, suivaient,
soit au bureau paritaire, à la CALP, etc. Il y a vraiment un changement
puisque la directive a été changée au mois de juin. Alors,
de ce côté-là, je me dis: Bien, au moins, ce
programme-là est bien assuré et il va dans le bon sens.
M. Jolivet: M. le ministre, comme les gens dans l'assistance
n'ont pas le droit d'intervenir, mais, par certains signes, nous font quelques,
disons...
M. Séguin: Suggestions?
M. Jolivet:... pas nécessairement des suggestions, mais
des commentaires de vos propos, peut-être que ça aurait
été mieux de les voir ensemble, on aurait pu avoir la même
interprétation de leurs dires.
Le Président (M. Bélanger): Alors, sur l'article 8,
est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M. Jolivet: Non.
Le Président (M. Bélanger): L'article 8 est il
adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): J'appelle l'article
9.
M. Séguin: M. le Président, à l'article 9,
on introduit cette notion qu'on appelle le rétrospectif, qui est nouveau
et qui est rattaché à cette notion de la prévention qui
est un incitatif qu'on pense louable dans son principe, qui dit essentiellement
que la commission pourra procéder à l'ajustement
rétrospectif, c'est-à-dire rétroactif, si on veut, en
quelque sorte, qui satisfait, pour l'année de cotisation, aux conditions
d'assujettissement déterminées dans les règlements. Alors,
l'ajustement rétrospectif, comme je le lis au deuxième
alinéa, tient compte des éléments prévus par
règlement dont notamment de la prise en charge par l'employeur du
coût des prestations. La commission détermine annuellement par
règlement, après expertise actuarielle, les primes d'assurance
nécessaires à l'ajustement définitif de la cotisation
annuelle. "
Dans certains cas, ça peut aller jusqu'à des
remboursements, lorsque après la période considérée
on se rend compte qu'effectivement les taux facturés étaient plus
élevés que l'expérience du risque. Il faut dire,
cependant, que ne seront admissibles à cette modalité que les
employeurs qui paient annuellement 332 000 $ de prime et plus. Donc, ça
ne s'adresse qu'à des entreprises relativement considérables. On
pense qu'H y en aura peut-être 300, 400, 450 au Québec. Ce
système rétrospectif nous vient du système
américain, je pense, duquel on s'est inspiré, où on a vu
que ça avait eu un effet pour mettre en marche, au sein des grandes
entreprises qui sont responsables, je l'ai dit tantôt, quand même,
de 30 % des demandes de réparation, des mesures de prévention
beaucoup plus efficaces parce qu'il y a un incitatif de coût. Et
là, quand on dit, par exemple, que faire de la prévention, c'est,
strictement sur un plan économique, beaucoup plus souhaitable que
simplement faire de la réparation, je pense que ça va dans ce
sens-là. Alors, c'étaient les quelques explications, M. le
Président... (16 h 45)
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: On a dit, à quelques reprises, nous, que la
possibilité existe que certaines entreprises trichent pour
améliorer leur performance si elles ont le désir et l'ambition de
réaliser certaines économies. Est-ce que le ministre peut nous
dire quelles mesures la CSST songeait à adopter pour s'en
prévenir? Ça peut se défendre, on l'a dit aussi, de penser
que l'intérêt de payer moins de cotisations inciterait les
entreprises à faire de la prévention, mais on sait que,
même sans cet élément-là, il y a déjà
des entreprises qui masquent certains accidents.
M. Séguin: C'est parce que je voyais... Est-ce que c'est
dans le même sens ou je réponds maintenant?
Une voix:... vous pouvez répondre...
M. Séguin: Bien, c'est une inquiétude qu'on a
partagée hier dans nos longs préambules, à un moment
donné. C'était une question qui était venue et on en avait
discuté. C'est sûr que, môme sans cette réforme,
même dans le système actuel, ça existe comme
phénomène; je l'ai vu moi-même, j'ai pu le constater. On
connaît tous des entreprises où il y a peut-être des efforts
un peu sous la table de faits pour afficher le moins d'accidents possible,
parce que ça fait certainement une meilleure image et ça se
répercute, de façon plus intéressante, au point de vue
assurance. On l'a vu aussi dans certaines pratiques d'assurance automobile,
où, quelquefois, c'est mieux pour un accidenté automobile de ne
pas le rapporter à son agent pour ne pas être augmenté, et
faire des règlements à l'amiable, etc.
Je pars du principe, en tout cas, que l'accidenté a des droits et
il faut qu'il les exerce. Comment être sûr que, dans n'Importe
quelle loi, une personne qui peut bénéficier de droits les exerce
ou ne les exerce pas? On peut renforcer le rôle d'information que peut
jouer la CSST dans les entreprises, dans les petites entreprises, auprès
des comités de santé et des syndicats et dans les entreprises non
syndiquées; c'est quand même 60 % au Québec. La CSST - je
l'ai dit hier - pourrait davantage jouer un rôle pour inciter les gens
à exercer leurs droits et se prémunir contre ces
phénomènes-là qui peuvent exister à
l'intérieur des entreprises.
La loi prévoit des amendes, prévoit des sanctions. On
n'hésitera pas à les appliquer. Je pense que, de ce
côté-là, c'est clair. Mais si on peut penser à
d'autres moyens de prévenir qu'entre un employeur et un accidenté
du travail il puisse y avoir des conversations secrètes ou des
stratégies secrètes entre eux pour ne pas qu'il y ait une
réclamation... C'est tout à fait condamnable. Je pense qu'il faut
essayer de se prémunir contre ça. L'information qu'on peut donner
à l'accidenté du travail, je pense que c'est la meilleure
façon de l'inciter à ne pas craindre, d'une part, d'exercer ses
droits et de lui faciliter la tâche. On aura l'occasion de parler,
à un moment donné, du service au bénéficiaire de la
CSST qui existe déjà, par la vice-présidence au
bénéficiaire, et, dans le plan d'action, je souhaiterais qu'il
prenne une ampleur beaucoup plus considérable avec une mission qui
pourrait être dans ce volet-là.
Mais on ne peut garantir dans aucune loi que les gens qui peuvent avoir
des recours ne seront pas l'objet de certaines tractations plus ou moins
valables et qu'ils ne les exerceront pas.
Au ministère du Revenu, on donne la possibilité à
n'importe qui, à n'Importe quel contribuable de contester une cotisation
dans les 90 jours en signant une formule. C'est gratuit, etc. Il y a
probablement, peut-être encore, des contribuables qui hésitent
à le faire, pour toutes sortes de raisons. Alors, je pense qu'on est
conscient que ça peut exister, que ça existe déjà
sous l'ancienne loi et que ça peut continuer d'exister, on ne se fera
pas d'illusion. On essaiera de se prémunir contre ça et
d'appliquer les sanctions lorsqu'on pourra les constater.
Le Président (M. Bélanger): Alors, M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: À cet égard, je l'ai comme
esquissé hier, mais il me semble qu'il y a un problème qui se
posait déjà, ça, j'en conviens avec le ministre, si un
employé ne se sent pas capable de faire respecter ses droits. Il a
raison, le ministre, de dire que l'ajustement rétrospectif peut
contribuer à ça, mais que ce n'est pas le seul facteur. Le
ministre souligne que 60 % des travailleurs ne sont pas syndiqués. Je
pense qu'il faut voir là la réalité de la
difficulté. Les gens assujettis aux normes minimales ne les font souvent
pas appliquer parce qu'ils ont le choix entre l'application d'un droit reconnu
par la loi ou la porte. Ça, c'est une réalité dont iI faut
bien tenir compte. Je suis conscient qu'on ne la réglera sans doute pas
par cette loi-ci, mais je souligne au ministre que l'idée qui a
déjà été avancée était de permettre
aux gens de se syndiquer à titre individuel, pas pour négocier
leurs conditions de travail - l'économie de notre Code du travail, c'est
qu'il faut être majoritaire pour exercer ce droit à la
négociation - mais pour faire appliquer les normes minimales, la Loi sur
la santé et la sécurité du travail et ses droits à
l'égard de la CSST. S'il n'y a pas des moyens concrets pour les gens de
se défendre, il y a disproportion de moyens entre l'employeur qui impose
sa volonté et l'employé qui a le choix entre ça et la
porte. Dans un contexte où on a, bon an mal an, toujours un bon 10 % de
chômeurs au Québec, c'est évident que les gens ne sont pas
toujours capables. Je suis conscient qu'on ne peut peut-être pas
régler le problème ici par ce moyen-là, mais il faut voir
chez les non-syndiqués comment le retrait préventif pour les
femmes enceintes s'applique. J'en ai rencontré. Elles se font dire: Si
tu ne veux pas travailler, tu t'en vas chez toi. Ce n'est pas plus
compliqué que ça. Moi, je pense que c'est utile d'avoir des
recours.
On n'a qu'à voir également l'usage qui a été
fait quand ça a été permis dans les normes minimales
d'avoir droit à un arbitrage quand on justifie cinq ans de service chez
un employeur. Ça, c'est déjà comme le début d'une
protection pour quelqu'un et, un effet inattendu de la loi,
c'est que c'est surtout des cadres qui s'en sont prévalus. Et je
pense que c'était normal qu'ils le fassent aussi.
En tout cas, je maintiens la réserve qu'on a faite. Le ministre
en est conscient. Hier, un de mes collègues me soulignait que,
même chez des entreprises syndiquées, il y a des gens qui
acceptent de régler pour autre chose qu'un accident de travail pour ne
pas attendre après la commission. Ça, c'est un problème;
on s'est assez expliqué pour savoir qu'on est d'accord sur le principe
de prendre des mesures. C'est tout pour...
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Verchères.
Mme Dupuis: Au sujet, M. le ministre, du mérite et du
démérite, est-ce que le taux sera basé en fonction d'une
normalité pour tel type d'entreprise, par exemple, ou en fonction du
taux d'accident dans cette entreprise-là?
M. Séguin: C'est-à-dire qu'évidemment la
notion du mérite-démérite demeure toujours.
Mme Dupuis: Oui, oui, mais là, tout ça pour dire
que... Mol, c'est important que je sache ça puisque... Sinon, supposons
qu'une entreprise avait déjà fait de la prévention depuis
X années, ce qui fait que son taux était déjà bas,
donc il ne sera pas baissé si l'année suivante elle reste au
même taux d'accidents; elle fait de la prévention depuis dix ans -
c'est une hypothèse là - versus si c'est établi en
fonction d'une normalité pour tel type d'entreprise. On dit: Pour telle
type d'entreprise, normalement, on a tant d'accidents, et elle est
déjà en bas de ça, celle qui a fait de la
prévention se trouve en bas de la normalité, donc elle paie tout
de suite, elle a tout de suite des points de mérite. C'est là que
je voudrais savoir sur quoi vous vous basez pour dire qu'il va y avoir des
points basés sur le mérite ou le démérite.
M. Séguin: C'est-à-dire que..
Mme Dupuis: C'est une normalité pour tel type d'entreprise
ou en fonction des accidents qu'il y a dans cette entreprise-là?
M. Séguin: C'est un peu les deux. Il y a le taux
personnalisé qu'on a vu tantôt qui tient compte de
l'expérience de l'entreprise, surtout sur une période de
référence de trois ans. Il y a le taux rétrospectif, pour
les entreprises qui "rencontrent" ces critères-là,
c'est-à-dire qu'il y a une facturation de plus de 33a 000 $ par
année, et qui, par ailleurs, "rencontrent" les conditions du
rétrospectif; elles vont également avoir un ajustement de la
prime pour tenir compte, à l'intérieur de leur situation à
elles, des efforts de diminuer l'indice de risque d'accident.
Mme Dupuis: Oui, mais avez-vous des normalités
d'établies qui fait qu'on sache tout de suite, par exemple, pour telle
usine de transformation de métal versus l'autre? Là, ils font le
même genre de travail.
M. Séguin: Bien...
Mme Dupuis: Là, iI y a moins d'accidents et, là, il
y en a plus.
M. Séguin: Les cotisations sont...
Mme Dupuis:... pour les mêmes actions, les mêmes
manoeuvres.
M. Séguin: Les taux de cotisation sont établis par
une équipe d'actuaires parce que ce sont toutes des mécaniques,
ce sont des prévisions, c'est de la perspective. C'est de dire: Bon,
l'année prochaine, dans tel secteur, d'après les données
qu'on peut ramasser, les tangentes sur deux ou trois ans, les comparables...
Alors, ça c'est des actuaires. Comme n'Importe laquelle compagnie
d'assurances quand elle vous envoie votre renouvellement de prime, elle a
essayé d'élaborer à peu près si vous avez droit
à une diminution de prime, la même prime ou une augmentation, et
c'est basé sur...
Mme Dupuis: Oui mais élaboré en fonction de quoi?
Vous ne répondez pas à ma question. En fonction du type
d'entreprises ou en fonction du taux d'accidents qu'il y a là?
M. Séguin: Chaque employeur est d'abord à
l'intérieur d'un secteur donné qui, lui, a un taux et les
entreprises qui sont admissibles au taux personnalisé ont un ajustement
sur leur taux personnalisé et les entreprises encore plus importantes
qui ont droit au rétrospectif vont avoir un autre ajustement sur leur
taux mais il y a un taux de base par secteur qui est divisé en
unité et, à l'Intérieur de chaque unité, il y a un
taux qui va s'appliquer qui est déterminé à chaque
année.
Mme Dupuis: Donc, tout de suite vous allez être en mesure
de savoir ceux qui font de la prévention ou qui en ont
déjà fait et ceux qui n'en font pas normalement.
M. Séguin: Donc, par le taux personnalisé et par le
rétrospectif, c'est sûr que ça va se répercuter en
quelque part. Les entreprises qui vont véritablement diminuer sur trois
ans leur taux d'accident, normalement ils vont avoir une certaine
récompense, entre guillemets, par le fait que leur prime...
Mme Dupuis: C'est là que ça m'inquiète,
diminuer. La vie ne commence pas à partir de cette loi-là. Il y
en avait qui en avaient fait avant, de la prévention, et ils ne
diminueront pas.
M. Séguin: Pourquoi?
Mme Dupuis: Parce que s'ils font de la prévention depuis
dix ans ils sont déjà à un taux qui est bas. Donc...
M. Séguin: Mais à chaque année le taux s'est
ajusté selon leur situation. Le taux actuel tient compte de toute leur
histoire. La compagnie actuellement qui paye à la CSST depuis huit ans,
elle a un dossier personnel et un taux qui tient compte de ses huit ans
à la CSST, à elle.
Mme Dupuis: Donc, le système de mérite et
démérite est déjà instauré.
M. Séguin: C'est dans la loi, il n'est pas changé,
sauf qu'il est métamorphosé pour faire apparaître davantage
la notion de secteur...
Mme Dupuis: Je ne suis pas sûre que...
M. Séguin:... et la notion du rétrospectif qui est
quand même différent du mérite-démérite qui,
lui, s'appliquait à l'intérieur d'une assiette beaucoup plus
grande.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava. Ah, excusez, M. le député de
Laviolet-te auparavant...
M. Jolivet: Oui, juste pour essayer de simplement dire comment le
mérite et le démérite pourraient avoir des effets sur la
cachette que peuvent faire des employeurs d'un accident arrivé chez eux.
Il est évident que ça a existé et ça peut encore
exister, mais il y a une chose qui pourrait aider à diminuer ça
et ça ce n'est pas par la loi ici, c'est par l'utilisation qu'on en
fera, c'est-à-dire d'accélérer la possibilité pour
les employés d'être rémunérés
équitablement et rapidement pour l'accident qu'ils ont subi.
Actuellement, pourquoi qu'il y a des gens qui refusent, même avec l'aide
de l'employeur, de se mettre sous l'assurance-salaire de l'employeur
plutôt que de se mettre sous
l'assurance-sécurité-santé de la loi? C'est parce qu'ils
se disent: Même si je perds 100 $ par semaine, au moins je n'aurai pas le
tracas d'aller me présenter devant du monde, d'aller faire valoir mon
point de vue et de voir le médecin d'Untel et le médecin de
l'autre et finalement prendre un an et demi avant de recevoir ce à quoi
j'ai droit. Je l'ai tout de suite. Je vais en profiter. Alors, le risque que
l'employeur cache des choses est davantage plus fort. C'est pour ça que
je dis que si on accélérait le processus de règlement des
cas d'accidents auprès des individus on les inciterait davantage
à faire appel à la loi plutôt qu'à se camoufler dans
l'assurance-salaire de l'employeur. C'est le commentaire que je voulais
faire.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Je continue à être
préoccupé là-dedans. Écoutez, j'ai fait un petit
calcul rapide, tantôt je n'avais pas eu le temps de le compléter,
mais savez-vous qu'en bas de 14 000 $, là, une entreprise au salaire
minimum ça peut représenter une centaine d'employés?
Cotisation de 14 000 $ d'une centaine d'employés au salaire minimum,
à 14 000 $ de cotisation, dans le domaine des services, à 1, 3 %
de masse salariale, 5 $ l'heure, à peu près autour de 11 000 $
par année avec un petit peu d'avantages sociaux, s'il y en a, une
cotisation de 1, 3 % au niveau des services - c'est ça, à la page
27, c'est bien ça? Cela fait une centaine d'employés pour 14 000
$ de cotisation. Ça fait du monde pas mal, ça! Et ça fait
du monde qui sont dans des secteurs qui, par exemple, prenons au niveau - je ne
sais pas moi, juste à titre d'exemple, pour bien qu'on se comprenne -
des services de conciergerie dans des gros "buildings" etc.; les salaires ne
sont pas forts. (17 heures)
M. Séguin: 50.
M. Claveau: Pardon?
M. Séguin: 50 employés.
M. Claveau: Ça donne 50 employés en tout?
Une voix: Au taux moyen de 2, 50 $.
M. Claveau: D'après mes calculs, ça ferait une
masse salariale de l'ordre de 1 075 000 $ environ.
Une voix: C'est à peu près 500 000 $.
M. Claveau: 500 000 $. À 1, 3 %, ça fait au-dessus
de 1 000 000 $ de masse salariale.
M. Séguin: Oui, mais le taux moyen est de 2, 50 $.
M. Claveau: 2, 50 $. C'est quoi le 1, 30 $ qu'on voit ici?
M. Séguin: Ça c'est le taux sectoriel, mais le taux
moyen est baissé de 2, 75 $ à 2, 50 $.
M. Claveau: Mais les entreprises de services
vont payer combien?
M. Séguin: Ce dont vous parlez, c'est l'indice de risque,
ce n'est pas le taux.
M. Claveau: Calcul du taux des secteurs. Expérience
provinciale.
M. Séguin: Ce n'est pas le taux facturé, c'est le
taux d'indice de risque.
M. Claveau: C'est un curieux de mot ça, "provincial''. 1,
30 $, les indices de risque s'expriment en dollars constants, ha, ha, ha!
M. Séguin: Oui. Alors à quelle page
êtes-vous?
M. Claveau: 27.
M. Séguin: À la page 27. Alors c'est ça.
M. Claveau: Les services, 1, 30 $, c'est quoi ça?
M. Séguin: Ça, c'est le taux de cotisation moyen
pondéré pour le secteur des services, mais le taux moyen
facturé est 2, 50 $.
M. Claveau: Ah! D'accord. Donc une entreprise de services qui a
des employés au salaire minimum et qui les paie 1, 30 $ peut aller se
chercher une centaine d'employés.
Une voix: Oui.
M. Claveau: En payant autour de 14 000 $.
M. Séguin: Elle va être facturée à 1,
30 $.
M. Claveau: C'est ce que je dis, autour de 14 000 $ de primes
globales à la CSST. Ça commence à faire du monde pas mal.
Ce sont des secteurs qui sont... Là-dedans, en tout cas, on retrouve des
secteurs qui sont non syndiqués où il y a très peu de
protection. Les travailleurs sont sans protection et souvent aussi les gens
n'ont pas un haut niveau de qualifications dans un monde où le taux de
chômage est autour de 10 % malgré les sept années de
prospérité dont on se flatte tant. Ce sont des gens qui sont
faciles à remplacer quand ils se plaignent trop. Il faut qu'ils fassent
attention à leurs petits bobos parce que la porte n'est pas loin et
qu'on en met un autre qui n'a pas de bobo à sa place, et c'est vite
fait. Ça ça existe. Vous savez que le monde du travail, ce n'est
pas un monde particulièrement angélique. Ils ne font pas tous de
la prière, le chapelet à 19 heures à la radio.
Ça fait qu'il y a une chose à laquelle il faut faire
attention là-dedans. Je pense qu'il faut s'organiser aussi pour
protéger le plus démuni.
Les problèmes de la CSST, comme je l'ai dit hier, couvrent
souvent... Il faut que ça couvre tout le monde et ceux qui ont le plus
souvent des problèmes, ce sont encore les démunis, ceux qui ont
des petits salaires et qui n'ont pas les moyens de se protéger et qui ne
sont pas syndiqués. Si on met la pression sur ces entreprises-là
pour toutes sortes de raisons et qu'en plus ces gens-là n'ont pas de
défense, vous savez qu'aller vous payer un avocat à 150 $ l'heure
quand vous en gagnez 4, 50 $, ça prend du temps en "batinse" avant de
rentrer dans votre argent. Quelqu'un qui est à 75 000 $ par année
peut se payer un avocat pour le défendre, mais quelqu'un qui est
à 4, 50 $ ne le peut pas. Et surtout qu'il est remplaçable
facilement sur le marché du travail, lui, parce qu'il y en a en masse,
10 % de chômage, ça traîne dans les rues, du monde qui veut
travailler. Ça fait que: Fais attention à ton mal de dos. Fais
attention à ta petite coupure sur les doigts et, comme je le disais
hier, fais attention à la vitre qui peut te passer au travers du bras
parce que, si tu veux en couper encore de la vitre le lendemain, tu es aussi
bien de te mettre du "masking tape" tout de suite ce soir parce que tu l'auras
plus ta job, demain, si tu te plains trop. C'est comme ça que ça
se passe et on dirait que le ministre ne veut pas le voir.
Je suis d'avis qu'on devrait établir un certain mécanisme
d'immunité face à l'accidenté du travail dans des milieux
où il n'a pas moyen de se défendre. On le voit. Je regarde chez
nous, par exemple, le milieu syndical, il fait de la représentation pour
les non-syndiqués dans le secteur parce qu'il n'y a pas moyen de faire
autrement. Il faut que tout le monde se protège quand même un peu,
dans un petit milieu comme le nôtre. Le milieu syndical, môme si un
travailleur non syndiqué arrive et dit: J'ai eu un accident et ça
fait deux ans que ça traîne, je suis sur l'aide sociale, j'ai
mangé mon char et ma maison, et ma femme est sur le bord de partir parce
qu'il n'y a rien qui se règle... Là il s'en va voir le syndicat
et on dit: O. K., on va te donner le service quand même parce que,
qu'est-ce que tu veux, on n'est toujours bien pas pour te laisser crever
même si tu es non syndiqué. Ça, ça arrive que
ça se fasse dans nos milieux, mais ça ne se fait pas partout non
plus. Comment est-ce qu'on va faire pour s'assurer que le petit travailleur qui
n'a pas de moyens, qui est toujours démuni, qui a toujours l'impression
de se faire écraser par le train chaque fois qu'il arrive quelque chose
à notre société, puisse se prévaloir une fois pour
toutes de ses droits? Ce n'est quand même pas sorcier.
Mes collègues disaient tout à l'heure... C'est vrai, M. le
ministre. Quand vous êtes un travailleur non syndiqué et facile
à remplacer selon le travail que vous faites ou vos qualifications, vous
êtes mieux de ne pas trop vous faire d'entorses lombaires longtemps parce
qu'on ne vous opérera
pas deux fois avant que vous ne vous retrouviez dans la rue. C'est comme
ça que ça se passe. Mais ce gars-là ou cette
femme-là ont le droit de continuer de travailler aussi, même s'ils
se sont fait une entorse lombaire, même s'ils se sont brisé une
patte; il faut qu'ils continuent à travailler pareil. Mais, au niveau de
l'employeur, ça ne compte pas tellement. Ce n'est pas un milieu
angélique, le milieu du travail. Ne vous contez pas d'histoire; vous le
savez sûrement autant que moi.
Tout à l'heure, vous nous avez donné un exemple, M. le
ministre, que je n'accepte pas. Vous avez dit: Tout le monde peut aller
réclamer devant l'impôt, faire des réclamations
d'impôt, etc. Il y a des mécanismes, tout le monde peut
réclamer. Oui, mais si je réclame à l'impôt,
n'importe quel travailleur qui réclame à l'Impôt, ce n'est
pas sa job qui est en jeu et le gars de l'impôt, il ne l'a jamais vu
autrement que par sa signature sur une lettre de réclamation. Même
s'ils s'engueulent un peu au téléphone, ça ne changera
rien dans son quotidien.
Si, par exemple, dans une petite entreprise de 75 employés, il a
le malheur de s'obstiner avec son "boss" sur une histoire de CSST, ne craignez
pas que le lendemain et le surlendemain et l'année d'ensuite, ils vont
se regarder encore de travers et il est aussi bien de faire attention parce
qu'à la première coche mal taillée il va prendre le bord
du trottoir, ça ne sera pas long. Ce n'est pas pareil. Tu joues ta
croûte, tu joues la croûte de tes enfants, tu joues l'avenir de ta
famille avec du monde qui ont a priori le bénéfice comme objectif
en bout de ligne.
C'est ce qui me fait peur et c'est pour ça que ces genres
d'entreprises vont essayer autant qu'ils vont pouvoir de cacher des accidents,
encore plus qu'ils ne le font actuellement. Ils n'ont pas besoin du
consentement des deux parties, comme vous le disiez tout à l'heure, ils
n'ont pas d'autre partie. Ce n'est pas syndiqué la plupart du temps.
Vous l'avez dit vous-même, 60 % des travailleurs ne sont pas
syndiqués et ce sont des gens qui vivent dans les conditions de travail
les plus difficiles en plus.
Quand tu es syndiqué, aller te négocier 15 $ et 18 $
l'heure, ça se fait; quand tu n'es pas syndiqué, ce n'est pas
facile d'aller te négocier 10 $ l'heure. Hein? Ce sont ces
gens-là. Puis, ils vont être encore "poignés" et ils ne
pourront pas encore réclamer à la CSST parce que... Et ce sont
encore les cas qui vont traîner parce qu'ils n'ont pas les moyens de se
défendre et il n'y a personne qui leur assure quelque immunité
que ce soit si jamais ils osent lever la tête pour se plaindre parce
qu'on va leur indiquer la direction de la porte, ça ne sera pas
long.
Quand je dis ça, je ne blâme pas une entreprise en
particulier, je n'attaque personne. Je regarde le système comme je le
vois fonction- ner depuis des années et comme je l'ai vu comme
travailleur à la boîte à lunch. J'étais une
boîte à lunch avant de rentrer ici et je sais comment ça se
passe dans le milieu du travail, ne vous en faites pas. C'est comme ça
que ça va continuer à se passer. C'est pour ça que je
trouve que dans ce projet de loi on est en train de renvoyer le fardeau de la
CSST aux petites entreprises qui paient souvent le plus mal leur monde, pas
parce qu'ils le veulent non plus nécessairement mais parce que le
marché et le milieu du travail est ainsi fait. Cela se fait sur le dos,
par le fait même, des travailleurs non syndiqués, avec le moins de
recours possible, qui sont le plus souvent dans les petites entreprises, dans
des secteurs mous d'activités où on se retrouve facilement sur le
chômage et où on se remplace facilement parce qu'on a des jobs
où ça ne demande pas des grosses compétences ni des
grosses années d'expérience et de qualifications.
C'est encore ceux-là qui vont payer la note. C'est ça que
je déplore. Je suis convaincu, M. le ministre, à la lecture de
tout ça, qu'en bout de piste c'est ça qui va arriver. C'est
ça qui va arriver. Ah! Ça ne sera pas aussi évident que
ça, on ne verra pas ça aux nouvelles tous les soirs, sauf que
tranquillement c'est vers ça qu'on est en train de glisser. On est
encore en train de faire payer la note au petit travailleur en bout de piste
parce que c'est lui qui ne pourra plus réclamer et c'est son entreprise,
qui a souvent le moins de possibilités de se moderniser et
d'éviter des facteurs d'accident, qui va aussi se retrouver à
payer la note pour la grande entreprise qui va pouvoir bénéficier
de taux personnalisés.
Ça reste mon point de vue. Plus ça va, plus ça
ressemble à ça.
M. Séguin: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Séguin: Vous avez remarqué qu'il n'y avait pas
de question.
M. Claveau: Bien...
Le Président (M. Bélanger): C'est un
commentaire.
M. Séguin: Une longue déclaration, mais il n'y a
pas de question. Alors, d'accord. Oui, oui. Je comprends tout ça. Comme
je l'ai dit hier, je n'adopterais pas la loi, vous ne la voulez pas, c'est
correct, mettez-la au panier. Votre problème demeure entier. Ce n'est
pas depuis hier. Je ne suis pas venu ici parce que j'ai inventé un
système et je veux, demain matin, avoir mon nom pour dire que j'ai
Inventé un nouveau système, je vais me promener partout, et j'ai
inventé un système de retrospection. Si vous avez la convic-
tion que ça, ce n'est pas bon, mettez-le au panier. C'est
ça que je vous dis.
Mais, si vous avez la conviction que ça peut être valable,
que faisons-nous ici à 17 h 10, après à peu près 17
heures de discussions où on rebrasse la CSST, CSST, CSST, CSST? Je veux
bien. Donnez-moi une solution. On est à l'article 9. Vous êtes
contre, votez contre. Vous avez une solution à proposer pour
éviter que des employeurs tripotent avec les employés? Donnez-moi
votre solution tout de suite et je la mets en oeuvre la semaine prochaine.
M. Claveau: Introduisez une clause d'immunité pour le
travailleur qui va se prévaloir de la CSST.
M. Séguin: C'est quoi ça, une clause
d'immunité?
M. Claveau: Ça veut dire que la compagnie...
M. Séguin: Voulez-vous que j'en parte à votre chef
pour voir si, lui, il serait d'accord, si un jour il prend le pouvoir, pour
mettre des clauses comme ça un peu partout dans ses lois? Pensez-vous
que l'ex-ministre des Finances ne verra pas aussi qu'on peut créer des
gouffres ailleurs aussi? On est à faire une loi présentement.
Même si j'accepte tous les principes que vous évoquez, est-ce
qu'à l'article 9 il y a quelque chose qui est là qui n'est pas
acceptable? Il y a des dangers. C'est sûr qu'il y a des dangers. Il y a
des dangers dans tout dans nos lois, qu'elles soient déformées,
qu'elles soient tripotées sur le plancher. Il s'agit d'être
vigilants et d'espérer que les gens qui ont des droits à exercer,
que les accidentés, que les syndicats, que les comités de
santé les exercent. Il y a un rôle que peut jouer la CSST dans
ça. Il y a tous les organismes. Les députés dans leur
région peuvent jouer ce rôle-là, d'inciter les gens
à ne pas craindre de réclamer ce qui leur revient. Pour le reste,
je veux bien, mais je veux dire... A l'adoption de l'article 9, s'il n'y a pas
de problème, je dirais: Écoutez, d'accord, mais procédons
peut-être un peu à... A moins qu'on se donne rendez-vous encore
lundi, mardi, mercredi, je ne sais pas.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, j'ai entendu un
collègue l'autre côté dire qu'on n'était pas
sérieux.
M. Jolivet: II est parti, d'ailleurs, depuis ce
temps-là.
M. Bourdon: Ah bon! Il est parti depuis ce temps-là. Si on
devait qualifier l'autre côté, je ne parle pas du ministre, on
dirait qu'ils sont silencieux, ça, c'est certain. Maintenant, on a fait
valoir au ministre les difficultés que ça comporte. Je pense que
le ministre prépare un plan d'action qui va aller à une
commission parlementaire. On aura l'occasion de rebrasser ces mêmes
difficultés. Il est évident que la loi qu'on a devant nous, qui
va être adoptée, je pense, dans les délais, fait une chose
et pas d'autres. On peut et on doit, je pense, souligner les difficultés
que ça pose, mais on est conscients qu'on en est à l'adopter
article par article et on a l'intention de continuer.
Le Président (M. Bélanger): Alors, sur l'article 9,
d'autres interventions?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que l'article 9
est adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): J'appelle l'article
10.
Compétence de la Commission, révision et
droit d'appel
M. Séguin: Oui, M. le Président. Ici, on ajoute
à l'ancien article 361 une référence à un avis
d'imputation qui s'ajoute à l'avis de cotisation qui était
déjà dans l'article. C'est le seul changement que nous faisons
étant donné que l'avis d'imputation... Pourquoi fait-on
ça? C'est que, si on n'avait pas ajouté l'avis d'imputation qui
est différent de l'avis de cotisation, l'employeur pourrait en appeler
et suspendre le paiement, ce qui pourrait mettre en péril
l'établissement du montant pour l'année. Donc, pour ne pas
emporter sur la validité temporaire de la cotisation, il pourra
contester l'imputation, mais sans nuire à l'avis de cotisation.
M. Bourdon: Une question, M. le Président, au
ministre.
M. Séguin: Comme il était prévu dans
l'ancienne loi.
M. Bourdon: Mais est-ce que ça c'était
déjà fait de refuser de payer sous prétexte que
l'employeur contestait?
M. Séguin: On me dit que non, c'était plutôt
rare, mais on veut prévoir que des gens ne le découvrent pas
et...
M. Bourdon: Et avec les avocats, des fois, ça se
généralise assez vite. Ha, ha, ha!
M. Séguin: Le problème... Effectivement. Ils vont
recevoir un avis de cotisation. La loi dit qu'ils doivent payer même
si... Mais ils vont prendre le ricochet de l'avis d'imputation...
M. Bourdon: De l'imputation qui était...
M. Séguin:... contester l'avis d'imputation par un...
M. Bourdon: Comme on le fait pour l'impôt. Comme on le fait
pour l'impôt. On est obligés de payer et, après ça,
on conteste pour éviter les intérêts.
M. Séguin: Eh oui!
Le Président (M. Bélanger): Alors, sur l'article
10, d'autres interventions? Adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté.
J'appelle l'article 11.
Règlements
M. Séguin: C'est de concordance avec les articles
précédents, surtout la définition d'activités
économiques.
M. Jolivet: Enfin, la seule chose qu'on pourrait peut-être
lire ici, c'est tous les pouvoirs de réglementation. Moi, je reviendrai
avec ma même difficulté. On donne de plus en plus de pouvoirs de
réglementation à la commission. Je vous rappelle votre discours,
qui était si bon en 1984-1985 et que vous aviez si bien
véhiculé, mais vous ne le faites pas, c'est-à-dire vous
augmentez quand même la réglementation pour régler vos
problèmes. Je vous rappelle ça, les députés du
pouvoir. (17 h 15)
Le Président (M. Bélanger): Cela étant dit,
est-ce qu'il y a d'autres interventions à l'article 11?
M. Jolivet: Je serais porté à dire sur
division.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que l'article 11
est adopté?
Une voix: Adopté.
M. Jolivet: Sur division, simplement pour inscrire ma
dissidence.
Le Président (M. Bélanger): Adopté sur
division. J'appelle l'article 12.
M. Séguin: L'article 12, c'est par concor- dance,
également, M. le Président, en regard de l'article 9 du projet de
loi, qu'on a adopté.
M. Bourdon: Maintenant, les 60 jours d'avis et la publication
dans la Gazette officielle...
M. Jolivet: C'est dans la nouvelle loi.
M. Bourdon: C'est dans la nouvelle loi, dites-vous.
M. Séguin: C'est ça.
M. Jolivet: Par concordance, dans le fond, en faisant sauter,
tout à l'heure, à l'article précédent, le rappel
dont je viens... C'est l'article 5, par la suppression du deuxième
alinéa, à l'article 304. Donc, par concordance, on l'applique aux
articles suivants.
Le Président (M. Bélanger): Oui, c'est ça.
M. Séguin: C'est ça.
Le Président (M. Bélanger): Sur l'article 12,
est-ce qu'il y a d'autres interventions? Adopté?
M. Séguin: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): J'appelle l'article
13.
M. Séguin: Comme on indique ici, on mentionne que le
gouvernement peut modifier un règlement qui lui est soumis pour
approbation par la Commission, en vertu de l'article 455. Je pense que c'est
éloquent. Remarquez que ce qu'on change ici, c'est le...
M. Bourdon: Espérons que la Commission ne dépensera
pas 500 000 $ pour diffuser le règlement avant que vous le
modifiiez.
M. Jolivet: Juste pour rappeler ce que mon collègue dit,
M. le Président, nous nous sommes aperçus, hier, que le
même phénomène s'était produit dans la Loi sur les
courses de chevaux, et les mêmes phénomènes se sont
produits, les gens responsables de l'application de cette loi ont
imprimé de la documentation, fait de l'information à ceux qui
sont dans ce secteur avant même qu'on ait la chance d'adopter la loi. Et
vous savez ce qui arrive actuellement, la loi n'est pas encore passée et
il n'est pas sûr qu'elle soit passée avant la fin de la
session.
M. Séguin: Est-ce que la présidence de cette
commission est la même depuis...
M. Jolivet: Non, mais on peut juste vous dire une chose, c'est
que c'est le leader du gouvernement qui est "poigné" avec, parce que
c'est lui qui est ministre de l'Agriculture.
M. Bourdon: On n'aurait pas cru les responsables des chevaux
partir à l'épouvante comme ça.
M. Jolivet: Et faire leur étalon. Tout ce qu'on
espère, c'est que ce ne soit pas, comme on dit toujours - comment on dit
ça - une mesure étalon.
M. Bourdon: L'étalon-or.
Le Président (M. Bélanger): C'est un hongre,
ça veut dire qu'il est... Sur l'article 13, est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): L'article 13 est
adopté. J'appelle l'article 14.
M. Séguin: Ici, c'est pour permettre à la
Commission de tenir compte des données statistiques sur chacun des
employeurs dans son dossier, qui existaient avant la réforme en janvier
1990, pour justement ne pas faire perdre... Ça rejoint un peu, je pense,
la question que vous aviez posée, si, antérieurement, les bons
dossiers... Alors, effectivement, c'est une pondération qui se fait en
tenant compte des années antérieures, et avec ce qui s'en
vient... Il n'y a pas de coupure parce qu'il y a une tarification, maintenant,
qui va être modifiée. Les statistiques demeurent tes mômes,
etc., pour les années à venir. C'est ça qu'on dit à
l'article 14.
M. Jolivet: C'est une mesure transitoire. M. Séguin:
C'est ça.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions à l'article 14? Adopté?
M. Séguin: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): J'appelle l'article
15.
M. Séguin: L'article 15, c'est sujet à la
modalité du rétrospectif qu'on introduit. Lorsque le
rétrospectif fait conclure qu'il y a lieu à remboursement
à un employeur donné compte tenu de son histoire sur la
période de référence de trois ans, la Commission pourra
môme effectuer un remboursement s'il s'avérait que les montants de
cotisation de cet employeur sont supérieurs à l'histoire
réelle des trois ans qu'il a vécue, en termes d'indice de risque
d'accident.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a des
questions, des commentaires? Est-ce que l'article 15 est adopté?
M. Bourdon: Adopté. M. Séguin:
Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. À
l'article 16, il y a un papillon, M. le ministre.
M. Séguin: Effectivement, M. le Président. Ici, le
but de l'amendement, c'est de tenir compte des modifications apportées
au règlement sur le système de cotisation basé sur le
mérite ou le démérite des employeurs. Ça, c'est le
décret du 29 octobre 1986, donc on en tient compte par le
règlement modifiant le règlement sur le système de
cotisation basé sur le mérite ou le démérite des
employeurs approuvé par le décret du 6 décembre 1989.
Autrement dit, on va tenir compte des entreprises de juridiction
fédérale suite au jugement de la Cour suprême du Canada
récemment, au mois de décembre l'année passée, qui
a fait que particulièrement sur le retrait préventif de la femme
enceinte... C'était le cas de Bell Canada. Bell Canada a contesté
devant la Cour suprême le fait qu'elle soit assujettie aux cotisations de
la CSST du Québec à l'égard du retrait préventif de
la femme enceinte. Elle a prétendu quelle n'était pas assujettie,
parce qu'elle était une corporation de juridiction
fédérale dans une compétence de juridiction
fédérale au Québec. Donc, la Cour suprême lui a
donné raison et nous devons donc en tenir compte. On ne peut pas, on n'a
pas le droit légalement d'imputer ce genre de facturation à une
corporation de compétence fédérale au Québec.
M. Bourdon: M. le Président, j'invoque le
règlement. Je pense qu'on n'a pas le droit de fumer dans les
édifices publics.
Le Président (M. Bélanger): C'est-à-dire
qu'à la discrétion de la commission on peut autoriser ou non. Je
vois des gens de votre côté qui réclament ce
droit-là aussi. Alors...
Une voix: Ils trouvent ça dur.
M. Claveau:... dans trois jours ou dans deux jours.
Le Président (M. Bélanger): Je pense qu'on a fait
preuve de tolérance de part et d'autre, dans la mesure où ce
n'est pas abusif. Alors, je pense qu'une petite exception dans
l'après-midi, c'est l'occasion pour certains qu'il leur sorte quelque
chose de la tête. Excusez!
M. Audet: Je veux juste ajouter un commentaire, M. le
Président. J'ai eu l'occasion de présider des séances
assez régulièrement. Lorsque
l'avis de non fumeur a été publié pour
empêcher tes gens de fumer en commission, j'étais intervenu pour
empêcher le député de Saint-Jacques qui, si je ne m'abuse,
est un collègue du député de Pointe-aux-Trembles, pour
l'empêcher de fumer, et j'avais été rabroué
très sévèrement. Alors...
M. Jolivet: II n'avait pas raison.
Le Président (M. Bélanger): Écoutez, le
débat est clos.
M. Jolivet: Je ne lui en parlerai plus. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): Je pense qu'on exerce
une certaine tolérance et on oublie ça. On continue sur l'article
16. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M. Bourdon: Ça va quand même permettre au
député d'être mentionné au procès-verbal.
M. Leclerc: Excusez, M. le Président, sur la
réponse du ministre, est-ce que je dois comprendre que Bell Canada
profite à certains égards de notre loi et que ses travailleuses
ont droit, et c'est normal, au congé de maternité, au retrait
préventif, mais elle ne paie pas?
M. Séguin: Bell Canada a plaidé, comme je l'ai dit,
qu'elle n'était pas assujettie à la loi de la CSST, en
particulier parce qu'elle était une corporation de juridiction
fédérale au Québec, et elle a eu gain de cause.
M. Leclerc: Mais on a sûrement calculé combien
ça nous faisait perdre comme gouvernement?
M. Séguin: On doit procéder à un
remboursement important sur plusieurs dizaines de millions, tant à Bell
Canada qu'à d'autres compagnies semblables.
M. Leclerc: C'est perdu pour le passé, mais c'est perdu
pour l'avenir aussi?
M. Séguin: II y a deux déceptions: la
première est de voir que notre loi est contestée et que ça
nous cause un certain préjudice, parce que c'est un gros employeur et
donc, sur le plan financier, il y a une perte; deuxièmement, les
employées de Bell Canada, les femmes évidemment, qui pourraient
bénéficier du programme ne peuvent plus en
bénéficier.
M. Leclerc: Elles ne peuvent plus.
M. Séguin: Elles ne peuvent plus réclamer et
à ce moment-là, soit que Bell Canada doive mettre sur pied un
programme volontaire ou d'autres techniques, mais je me suis entretenu avec mon
collègue, mon vis-à-vis, à Ottawa et... C'est un jugement
de la Cour suprême.
M. Leclerc: Oui.
M. Claveau:... la cour du voisin, la Cour suprême.
M. Leclerc: Non, non.
Le Président (M. Bélanger): On est encore au
Canada.
Mme Dupuis: C'est-à-dire que, chaque fois que ce sera de
juridiction fédérale, tout notre beau système peut
être foutu en l'air parce qu'on nous emmène en Cour suprême,
et on paiera?
M. Séguin: C'est comme ça depuis toujours. La
constitution canadienne fait que les entreprises de juridiction
fédérale ne sont pas assujetties à des lois
provinciales.
Mme Dupuis: Elles peuvent toutes se soustraire?
M. Claveau: Le CN et tout ça, ils pourraient tous passer
par là.
M. Jolivet: Canadien Pacifique, Canadien National.
Mme Dupuls: Ils pourraient tous se soustraire à
ça.
M. Jolivet: Ils sont soustraits, ils ne sont même pas
là.
M. Séguin: Je ne suis pas là pour
interpréter la constitution canadienne.
Mme Dupuis: Oui, mais...
M. Jolivet: Juste pour la gouverne du ministre, comme diraient
les avocats, avant de venir ici, à 15 h 30, je recevais une lettre pour
justement un dossier que j'ai mené jusqu'à Ottawa, qui est le
fourgon de queue du Canadien National et du Canadien Pacifique, et je vous
donnerai la belle réponse m'indiquant qu'il n'y a rien qui
protège les individus autre que la convention collective. Comme on
connaît la façon dont l'UTA négocie les conventions
collectives et la façon dont elle les applique, il n'y a pas
grand-chance que l'individu qui est au bout du fourgon de queue ait des
sécurités notoires, surtout après les accidents qu'on a
eus dans notre milieu chez nous.
M. Séguin: Remarquez que ce ne sont pas
toutes les activités d'une société de juridiction
fédérale au Québec qui échappent à
l'application d'une loi provinciale. C'est uniquement la loi 17 qui a
été contestée. Ce n'est pas la Loi sur les accidents du
travail et les maladies professionnelles qui, elle, Indemnise. Ça, c'est
différent.
M. Bourdon: ...loi 17 sur le retrait préventif des femmes
enceintes.
M. Séguin: Parce que le retrait préventif de la
femme enceinte est dans la loi 17. Il est relatif au Code du travail...
M. Bourdon: C'est une autre loi et la CSST a mandat d'en faire
l'application.
M. Séguin: ...et le Code du travail ne s'applique pas
à une société de Juridiction fédérale. Il
faut quand même... Ce n'est pas parce que c'est une société
fédérale qui est au Québec qu'il n'y a pas...
M. Bourdon: Sauf que Bell est une entreprise...
Mme Dupuis: ...se faire administrer la même
médecine, là. Il dit: C'est le retrait préventif. Donc, le
CN pourrait y passer, Bell, puis...
M. Séguin: C'est-à-dire que, sur le retrait
préventif de la femme enceinte, la Cour suprême a
décidé que la façon avec laquelle la loi est faite, elle
ne peut pas être opposable à une société de
juridiction fédérale au Québec. Et Bell Canada a
décidé de la contester et a eu gain de cause.
M. Bourdon: C'est que Bell emploie un nombre considérable
de femmes.
Mme Dupuis: Je trouve ça dégueulasse. Je m'excuse
de le dire comme ça.
Le Président (M. Bélanger): Vous direz ça
à Bell et au fédéral.
Une voix: C'est ça.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie.
Alors, sur l'article 16.
M. Jolivet: Minute, M. le Président!
Le Président (M. Bélanger): Sur l'article 16, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Non, M. le Président. Je pense que le droit
d'émettre une opinion ici...
Le Président (M. Bélanger): C'est ça,
monsieur. J'ai dit de les mettre à la bonne place.
M. Jolivet: Non, mais, minute! M. le Président, je ne
voudrais pas faire une question de procédure, mais le droit de
l'émettre ici... Nos minutes sont lues par du monde puis on peut les
prendre et les envoyer. Donc, je pense qu'elle a le droit, comme
députée, de l'indiquer ici. Ce sera dans nos minutes du
Journal des débats, puis tout indMdu qui pourra le prendre pourra
le faire valoir après auprès de compagnies. Alors, si elle n'a
pas terminé, j'aimerais que vous lui permettiez de terminer.
Mme Dupuis: Oui. Puis je voulais le dire en deux points. En tant
que Québécois, d'abord, on se fait conduire sur notre terrain par
le fédéral, de un, et, de deux, ça s'adresse là
d'une façon précise aux femmes. Il y a juste les femmes qui sont
pénalisées là-dedans. Je vous jure que le mouvement des
femmes va le savoir demain matin.
M. Séguin: J'espère, parce que, moi-même,
j'ai...
Mme Dupuis: Je trouve ça dégueulasse.
M. Séguin: ...réagi publiquement à plusieurs
reprises, sur les suites de ce jugement-là...
Mme Dupuis: Après ça, ils nous disent qu'il faut
faire des petits, tu sais! C'est insultant, franchement!
M. Séguin: ...trouvant que la société Bell
avait peut-être...
Mme Dupuis: Je comprends que je suis minoritaire et que je suis
la seule femme. Mais, si je ne le fais pas, qui va le faire? Ce n'est pas vous
autres certain! Aie, que ça m'insulte!
M. Leclerc: Nous-mêmes, on dit que ça n'a pas de bon
sens. Alors, ne dites pas... Ne vous demandez pas qui va...
Mme Dupuis: Oui, mais ce n'est pas à vous autres que je
fais des reproches. J'ai droit de faire ma colère et j'ai droit de le
faire enregistrer.
M. Séguin: Oui, fâchez-vous!
Mme Dupuis: Bon, ceci étant terminé, c'est dit.
Le Président (M. Bélanger): Alors, les
colères étant terminées, est-ce qu'on peut disposer de
l'article 16, s'il vous plaît?
Une voix: Adopté.
Mme Dupuis: On va en entendre parler
demain matin.
Le Président (M. Bélanger): Sur l'article 16,
est-ce que l'amendement à l'article 16 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que l'article 16
est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Merci. Alors, l'article
17.
M. Bourdon: Ça va.
M. Jolivet:... surtout des amendements de concordance.
Le Président (M. Bélanger): L'article 17, pas
d'intervention? Donc, l'article 17 est adopté? Adopté. L'article
18 est-il adopté?
Des voix: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Est-ce
que ie titre du projet de loi est adopté?
M. Jolivet: Oui, il y a l'article 19. L'article 19, vous ne
l'adoptez pas?
Le Président (M. Bélanger): Où est l'article
19? Excusez!
M. Bourdon: Ce serait utile. La loi 160, on n'a pas dit quand
est-ce qu'elle finissait. Ça fait quelque problème.
Celle-là, il faudrait dire quand est-ce qu'elle débute!
Le Président (M. Bélanger): Alors, l'article 19
est-il adopté?
M. Jolivet: Bien, là, on va poser des questions. Ha. ha,
ha!
Le Président (M. Bélanger): Adopté. M.
Séguin: Une motion! Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que le titre du
projet de loi 14, Loi modifiant la Loi sur les accidents du travail et les
maladies professionnelles, est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Est-ce
que le projet de loi est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président
(M. Bélanger): Tel
qu'amendé, c'est-à-dire? Oui?
Des voix: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors, la
commission, ayant acquitté son mandat, ajourne ses travaux sine die. Je
vous remercie.
(Fin de la séance à 17 h 29)