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(Onze heures une minute)
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Ayant constaté le quorum, je déclare ouverte la
séance de la commission de l'économie et du travail qui est
réunie pour procéder à une consultation
générale en ce qui a trait à l'avant-projet de loi sur la
Régie du gaz naturel.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président, il n'y a aucun
remplacement.
Le Président (M. Théorêt): Je vous rappelle
l'ardre du jour et je vous demanderais, si vous en avez déjà pris
connaissance, de bien vouloir consentir à l'adopter tel quel, puisque
cet ordre du jour a été établi le 29 septembre 1987 par
les représentants du critique officiel et du ministre. Cela va?
Adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Aujourd'hui,
après les remarques préliminaires, nous entendrons, à 11 h
45, l'Association des consommateurs industriels de gaz. Nous suspendrons les
travaux à 12 h 45 jusqu'à 14 heures, alors que nous reprendrons
avec les représentants de Noranda; à 15 heures, nous recevrons
l'Association des industries forestières du Québec ltée;
à 16 heures, Gazifère inc.; à 17 heures, l'Association des
consommateurs du Québec. À 18 heures, il y aura suspension
jusqu'à 20 heures, alors que nous reprendrons avec M. Lucien Mouton et,
à 21 heures, nous entendrons les représentants du Centre
d'analyse des politiques énergétiques.
M. le ministre, je vous cède donc la parole pour les remarques
préliminaires.
Remarques préliminaires
M. John
Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M, le Président. MM. les membres de la
commission, mesdames et messieurs, la recherche de l'intérêt
public et du bien commun constitue à la fois la raison d'être et
la fonction la plus difficile de tout gouvernement. Par ses interventions,
l'État doit viser la mise en place d'un environnement favorable à
la créativité, à l'entrepreneurship, aux investissements
et à la croissance. Plus spécifiquement, les interventions de
l'État dans les affaires économiques doivent être
limitées de telle sorte que les forces du marché puissent jouer
librement, dans la mesure du possible.
Dans cette perspective, une révision du râle et du
fonctionnement de la Régie de l'électricité et du gaz
m'apparaissait nécessaire. Cette révision devait être
menée également dans le cadre de la récente
déréglementation des prix et des marchés du gaz naturel au
Canada et du net resserrement de la concurrence qui prévaut au
Québec depuis quelque temps entre les distributeurs d'énergie.
Dans cette optique, j'ai présenté à l'Assemblée
nationale, le 18 juin, un avant-projet de loi sur la Régie du gaz
naturel. Cet avant-projet de loi prévoit une modification des fonctions
et pouvoirs de l'actuelle Régie de l'électricité et du gaz
en matière de distribution de gaz naturel au Québec et retranche
de la juridiction de la régie les activités des producteurs
privés d'électricité et de vapeur.
Une commission parlementaire sur cet avant-projet de loi s'imposait.
Elle nous permettra d'entendre les points de vue de toutes les parties
impliquées par les modifications législatives proposées.
L'avant-projet de loi dont vous avez pris connaissance peut certainement
être amélioré. Il constitue cependant un cadre permettant
d'aborder les principales questions relatives à la réglementation
des activités des distributeurs de gaz naturel et de vapeur. Cette
discussion devra nous permettre de comprendre les points de vue essentiels de
chacun des intervenants.
Nous sommes maintenant réunis pour discuter du mandat et de la
place que le gouvernement donnera dorénavant à l'un des tribunaux
administratifs du Québec. Les tribunaux administratifs occupent une
place considérable dans les mécanismes de réglementation
dont disposent les gouvernements. L'ensemble de leurs jurisprudences
définit en grande partie le sens exact des lois et en détermine
leur application pratique. Partout en Amérique du Nord les services
publics à capital privé jouissant d'un monopole sont
surveillés ou contrôlés par un organisme régulateur
qui examine autant leurs dépenses que leurs revenus. Ces régies
déterminent ou approuvent également les grilles tarifaires
des compagnies réglementées. La présence de
tribunaux administratifs permet également que soient entendus tous les
intéressés et que les décisions soient prises en tenant
compte de l'intérêt public.
Toutefois, j'aimerais préciser que l'avant-projet de loi ne
discute pas à dessein de la réforme des tribunaux administratifs
au Québec. L'ensemble de ces questions a été amplement
traité dans le rapport du groupe de travail sur les tribunaux
administratifs soumis récemment au ministre de la Justice et le
gouvernement verra è y donner suite en temps et lieu.
Ce qu'il est important de comprendre pour les fins de la discussion lors
de cette commission parlementaire, c'est la volonté du gouvernement de
maintenir les mécanismes requis pour que la
déréglementation du prix du gaz naturel et l'assouplissement de
la réglementation des distributeurs se prolongent au-delà de la
réforme des tribunaux administratifs.
C'est pourquoi je souhaiterais que nos discussions sur cet avant-projet
de loi s'inscrivent dans le cadre de ces préoccupations du gouvernement
en matière de réglementation du gaz.
En modifiant la Loi sur la Régie de l'électricité
et du gaz, nous voulons satisfaire à quatre objectifs. En premier lieu
je souhaite que soit donnée plus d'autonomie aux distributeurs de gaz
naturel afin de leur permettre de réagir rapidement aux forces du
marché et de développer leurs activités avec le minimum
d'interventions extérieures» À cet effet je désire
que soit instituée une Régie du gaz dont le rôle sera
principalement un rôle de surveillance et non un rôle de
contrôle détaillé des activités des distributeurs de
gaz naturel.
Plus spécifiquement, j'aimerais que les distributeurs de gaz
naturel bénéficient d'une plus grande marge de manoeuvre. Ne
pourrait-on pas envisager, par exemple, qu'ils n'aient pas à faire
approuver a priori par l'organisme de réglementation le détail de
leurs dépenses? Dans la même perspective, il me semble que c'est
le distributeur de gaz naturel qui est le mieux placé pour
définir sa stratégie commerciale et notamment la grille tarifaire
qui est la plus apte à lui assurer un développement rapide et une
stabilité de revenus.
En deuxième lieu, je veux garantir aux consommateurs une
protection équitable face aux compagnies auxquelles le gouvernement a
confié un monopole de distribution de gaz naturel. Chaque mois, 147 000
chefs de famille, propriétaires ou locataires, du Québec
reçoivent une facture de gaz et je veux faire en sorte qu'ils soient
satisfaits des services qu'ils obtiennent en contrepartie de leurs
déboursés.
En outre, plus de 25 000 commerces et près de 2000 abonnés
industriels ont investi pour être alimentés en gaz naturel en
espérant que le gaz naturel demeure une source d'énergie fiable
et avantageuse.
En conséquence, la régie du gaz doit, à mon avis,
avoir tous les pouvoirs juridiques et le mandat de veiller aux
intérêts des consommateurs. À cet effet, je demeure
convaincu que c'est la régie qui, en dernier ressort, doit approuver la
grille tarifaire d'un distributeur. À mon avis, c'est également
l'organisme de réglementation qui doit énoncer les principes
directeurs de la tarification.
J'estime aussi que la régie est le tribunal le plus
compétent pour trancher les litiges éventuels entre les
distributeurs et les consommateurs ou lorsque les parties
intéressées sont animées par des intérêts
divergents.
Toujours dans l'optique de garantir aux consommateurs une protection
équitable face aux distributeurs, je crois également que les
consommateurs doivent avoir la possibilité de récupérer
tous les trop-perçus qu'un distributeur aurait accumulés à
la suite d'une conjoncture favorable. Cette mesure empêchera qu'un
distributeur tire profit d'un rendement plus élevé sur ses
investissements que celui autorisé par la régie.
En troisième lieu, les changements que je propose dans
l'avant-projet de loi sur la Régie du gaz naturel visent à
alléger, assouplir et mettre à jour la réglementation du
gaz au Québec. Le gouvernement du Québec est convaincu qu'il est
encore possible de faire confiance au mécanisme de la concurrence
là où elle existe. En conséquence, il nous apparaît
désirable de limiter autant que possible le recours aux tribunaux
administratifs pour conclure des affaires. Producteurs, distributeurs,
courtiers et consommateurs doivent pouvoir négocier librement les
approvisionnements de gaz naturel. À mon avis, la
nécessité de négocier entre elles des ententes
amènera les parties à mieux traiter les questions de
sécurité d'approvisionnement à long terme à des
prix avantageux. Cette dynamique assurera la compétitivité et la
croissance, de la part du gaz naturel, sur les marchés internes. Je
crois qu'il faut vraiment alléger la réglementation
gouvernementale. Ainsi, je propose de réglementer les activités
des entreprises privées qui produisent de l'électricité
car elles ne bénéficient pas d'une situation de monopole
accordée par l'État. Dans l'avenir, ces entreprises ne pourront
cependant demander des taux plus élevés que ceux
d'Hydro-Québec pour un même service.
En ce qui concerne les producteurs de vapeur, je sais que la situation
est plus particulière et je suis ouvert aux représentations que
pourraient faire des intervenants sur la nécessité de continuer
à réglementer ce type de commerce. Si une réglementation
de ce secteur est nécessaire, 13 octobre 1987
Commission permansnte
je me demande si on doit surveiller ces activités selon les
mêmes méthodes qui régiront la distribution du gaz au
Québec. Enfin, il faut mettre à jour la réglementation du
gaz au Québec. Dans cette perspective, j'estime, par exemple, qu'il
n'est plus nécessaire que la régie réglemente les
opérations financières des distributeurs gaziers parce que la
Commission des valeurs mobilières et les forces du marché jouent
pleinement ce rôle.
Mon quatrième objectif en ce qui concerne cette révision
de la Loi sur la Régie de l'électricité et du gaz est
d'améliorer le fonctionnement et la performance de l'organisme de
réglementation. La loi actuelle est plutôt muette sur ces
questions. Le fonctionnement de la régie a souvent été mis
en cause par les distributeurs gaziers et par certains consommateurs, notamment
les consommateurs industriels. Dans l'ensemble, toutefois, j'estime que la
majorité des décisions de la régie ont été
favorables à l'industrie du gaz tout en préservant les droits des
consommateurs. Cependant, il faut, à mon avis, encadrer l'exercice des
droits devant ce tribunal administratif en obligeant la régie à
prévoir, par des ordonnances procédurales, le déroulement
des causes tarifaires. Il faudra également que la nouvelle régie
continue à rendre ses ordonnances rapidement. Pour améliorer le
fonctionnement, il faut aussi, par exemple, que la loi autorise la régie
à rendre des ordonnances partielles ou provisoires. J'estime
également qu'aucun régisseur ne devrait avoir de voix
prépondérante.
J'aimerais maintenant aborder un article spécifique de
l'avant-projet de loi sur la Régie du gaz naturel: l'article 63, par
lequel je propose que le gouvernement puisse, par décret, énoncer
les orientations générales selon lesquelles les tarifs de gaz
naturel devront être élaborés et approuvés, n'est
pas passé inaperçu. Je suis très ouvert à vos
commentaires sur cette question. Mon point de vue actuel est le suivant. Le
gouvernement ayant accordé un monopole de distribution à une
entreprise, il doit demeurer responsable devant les consommateurs captifs et
pouvoir définir au besoin ce qu'est l'intérêt public devant
prévaloir dans la définition des tarifs. Vous remarquerez que la
formulation de l'article 63 laisse, à mon avis, pleine autonomie
à la régie et que c'est elle qui rendra les décisions
finales en cette matière. De plus, l'article 63 ne concerne que les
tarifs et non le rendement du distributeur. Le gouvernement n'entend d'aucune
façon intervenir dans les décisions de la régie. Les
consommateurs de gaz du Québec déboursent près de 1 000
000 000 $ chaque année. Je veux m'assurer par cet article 63 que le
gouvernement ait le pouvoir de communiquer officiellement à la
régie son point de vue sur la tarification du gaz naturel au
Québec. D'une manière plus générale, je
considère le gaz naturel comme un facteur de développement
économique et industriel. Je désire fermement qu'il n'en
coûte pas plus cher au Québec qu'ailleurs pour desservir un client
et je crois que, pour y arriver, il vaudra mieux utiliser nos réseaux de
distribution en place. La possibilité d'effectuer des achats directs et
de négocier librement le prix de ta marchandise, avec ou sans l'aide de
courtiers, devrait permettre d'envisager l'établissement au
Québec de nouvelles entreprises d'utilisation et de transformation du
gaz naturel. (11 h 15)
Des projets sont actuellement à l'étude pour la
fabrication d'additifs, de carburant, d'engrais, de même que dans la
métallurgie et les industries du verre et de la chimie. Les tribunaux
administratifs ayant juridiction sur les compagnies de services publics ont
cependant un rôle essentiel à jouer. Ils doivent s'assurer que les
négociations entre les producteurs, distributeurs, courtiers et gros
consommateurs ne se fassent pas au détriment des autres consommateurs et
plus particulièrement de ceux qui sont dans un marché captif. Il
revient aussi à la régie de faire en sorte qu'un juste
équilibre soit établi dans le coût des services et des
tarifs, et cela, pour chacune des classes de consommateurs.
Cette notion d'équilibre est sous-jacente à la
révision de la Loi sur la Régie du gaz naturel. En ce qui a trait
à la distribution du gaz naturel, le rôle d'une régie dans
la protection des intérêts des consommateurs est très
important. Il doit cependant être conjugué avec une
préoccupation réelle de développement économique.
Cette double fonction explique l'intérêt du gouvernement et
l'attention que je porterai à vos avis et commentaires. Je suis ici et
la commission est ici pour entendre vos points de vue et améliorer
l'avant-projet de loi que nous avons déposé à
l'Assemblée nationale à la mi-juin. J'espère, par la
suite, pouvoir procéder rapidement à l'adoption d'une loi
créant une nouvelle Régie du gaz naturel. Merci, M. te
Président.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. Je cède maintenant la parole au député de
Roberval et critique officiel.
M. Michel Gauthier
M. Gauthier: Merci, M. le Président. J'ai parfois de la
difficulté à comprendre la logique qui anime et qui sous-tend,
à tout le moins, les actions du ministre de l'Énergie et des
Ressources du Québec. M. le Président, vous aurez compris que
l'avant-projet de loi qui nous est présenté ici est un
brouillon
dont le ministre entend se servir, je l'espère, du moins, pour
préparer un véritable projet de loi qui permettrait d'encadrer de
façon définitive, correcte et efficace toute la distribution du
gaz naturel au Québec. La décision du ministre est difficilement
compréhensible ou comprenable, si je peux utiliser le terme, dans le
sens suivant. Son gouvernement parle d'une désimplication
gouvernementale dans les champs économiques, d'une part. Un certain
rapport Gobeil, voilà peu de temps, recommandait tout simplement
l'abolition ou la disparition de la Régie de l'électricité
et du gaz et les actions gouvernementales, entre autres au ministère de
l'Agriculture, qu'on a pu observer jusqu'à présent, nous
permettent de constater que le gouvernement manifestait une intention de
simplifier tout le domaine des régies, de regrouper des fonctions et de
rendre plus efficace, ainsi, la machine gouvernementale. Or, il appert que le
ministre, en ne touchant dans son avant-projet de loi que le secteur du gaz
naturel, en abolissant l'ancienne régie, laisse des pans de mur complet,
sans juridiction proprement dite, et l'on peut croire, l'on peut imaginer qu'il
devra poser des gestes d'ordre législatif, un peu plus tard, pour
encadrer également les autres secteurs qui étaient touchés
par la Régie de l'électricité et du gaz, notamment, le
champ de l'électricité et celui de la vapeur.
M. le Président, c'est une logique difficile à comprendre,
parce que cette régie-là deviendra, possiblement, une des deux ou
trois autres régies qui se regrouperont ensemble et qui devraient faire
office, jouer le rôle que jouait l'ancienne régie, avec des
modifications sur lesquelles nous convenons qu'il soit bon d'apporter dans le
rôle de l'ancienne régie. M. le Président, c'est
véritablement un brouillon dans le sens suivant. La régie telle
que proposée dans l'avant-projet de loi... D'abord, on parle de trois
régisseurs. C'est un nombre de régisseurs qui nous apparaît
insuffisant. Quand on regarde ce qui se passe ailleurs et quand on essaie de se
servir de l'expérience passée il nous apparaît qu'il ne
s'agit pas là d'une régie très substantielle quant au
nombre de régisseurs qui y travaillent.
Également, l'avant-projet de loi nous laisse comprendre que le
mandat des régisseurs commence au même moment et se termine au
même moment. M. le Président, en aucun temps, en aucun endroit
dans le projet de loi, à moins que le ministre ne nous donne des avis
contraires, il ne nous est indiqué que les mandats des régisseurs
se termineront de façon différente, à des époques
différentes pour permettre une continuité, compte tenu du fait
que cette fonction est extrêmement délicate, demande une
spécialisation certaine et demandera un certain temps de rodage avant
que ces gens puissent très efficacement gérer leurs dossiets.
Également, M. le Président, il n'y a absolument rien dans
l'avant-projet de loi qui puisse nous indiquer de quelle manière ou
à partir de quel procédé le ministre entend remplacer les
régisseurs parce qu'il faut bien comprendre que ces trois personnes
seront le coeur, en quelque sorte, du projet de loi. Ce seront elles qui seront
pour les consommateurs du Québec, pour les distributeurs de gaz, pour
tous les intervenants dans ce domaine, qui seront, en quelque sorte les grands
décideurs, ceux qui verront à faire respecter les orientations
gouvernementales, ceux qui verront à protéger les petits
consommateurs, à protéger également les consommateurs plus
importants et les distributeurs aussi.
Bref, ils ont un rôle absolument essentiel, leur mandat est
très court, d'une part; deuxièmement, on ne sait pas pourquoi le
ministre semble vouloir les faire terminer leurs mandats en même temps,
on ne sait pas comment il veut les remplacer? c'est le vague le plus total sous
cet aspect.
Également, dans le projet de loi, on ne fera pas l'étude
article par article parce que ce n'est pas l'objet de notre travail ici, on va
écouter les gens qui vont nous donner un son de cloche, une perception
du devoir du ministre et, dans plusieurs cas, on ne peut pas dire que
quelqu'un, à ce moment-ci, soit enthousiasmé de ce premier jet,
M. le ministre. Cependant, il y a aussi des articles dans le projet de loi dans
lesquels il y a des contradictions qui nous apparaissent flagrantes. Les
articles 45 et 63 dont le ministre a parlé également nous
semblent aller en totale opposition. Également, l'article 65 - et
plusieurs intervenants vont le souligner très certainement - permet une
ingérence gouvernementale absolument non balisée, d'aucune
façon, ce qui est inquiétant quand on connaît le style
d'administration qui a été donné à ce
ministère depuis quelque temps et confirmé par le ministre,
savoir qu'on y va un peu au jour le jour. On prend des décisions quand
il y a des problèmes qui se présentent et ces
décisions-là, dans le temps, ne seront pas nécessairement
toutes prises dans le même sens, dans la même direction. Il y a un
problème de cohérence qui se présente dans la direction de
ce ministère et ce problème de cohérence risque
d'être accentué à la lecture de l'article 63 de
l'avant-projet de loi où le ministre, tout à fait par hasard,
décide que le gouvernement pourrait décider de prendre, en
quelque sorte, des décisions à la place de la régie, de
les imposer au bon gré de sa volonté ou des courants politiques,
on ne sait trop.
Bref, les balises se font rares. Est-ce que le ministre veut
réglementer le prix du gaz ou le secteur de la distribution ou les
deux? Ce n'est pas évident dans son avant-projet de loi et c'est
le vague le plus total sous ces aspects.
Également, le ministre dans son avant-projet de lot parle de
tarification, mais encore là quels seront les éléments qui
permettront d'établir une tarification qui soit juste et
équitable? C'est le silence complet là-dessus. En d'autres
termes, il est important, M. le Président, que le ministre aille
à rencontre de la philosophie de son gouvernement, cela on le
conçoit, et intervienne dans un secteur comme celui du gaz naturel pour
protéger tous les intervenants, y compris et surtout les consommateurs
du Québec qui pourraient se trouver à la merci de certaines
personnes ou de certaines entreprises dans le secteur du gaz puisqu'il n'y a
pas une concurrence extrêmement vive sur le plan de la distribution, on
en conviendra.
Le ministre doit intervenir, doit protéger le consommateur,
d'abord et avant tout, mais la façon dont il veut le faire n'est pas
claire. J'ai l'impression qu'il a commencé à jeter sur papier un
certain nombre d'idées. D'aucunes méritent qu'on s'y
intéresse, qu'on s'y arrête; d'aucunes, par contre,
soulèvent les questions les plus pessimistes. J'ose croire que le
ministre ira plus loin qu'il ne l'a fait lorsqu'on a entendu des invités
nous parler du prix de l'essence en région périphérique.
Des recommandations intéressantes avaient été faites. Nous
avions souscrit à un certain nombre de ces recommandations et nous en
avions fait au ministre. Malheureusement, il ne les a pas suivies; en tout cas,
il en a mis de côté un certain nombre qu'il aurait dû
suivre, et il a fait ses devoirs à moitié.
J'espère que, cette fois, M. le ministre - c'est ce que je
souhaite au début des travaux de cette commission - vous aurez le
respect envers nos invités et l'honnêteté intellectuelle
d'écouter, de discuter avec eux et de tenir compte de leurs
recommandations pour que le brouillon que vous nous soumettez aujourd'hui
devienne un devoir mieux fait, un devoir complet, un devoir qui permet, qui
donne des garanties à tous les intervenants dans le secteur du gaz, que
ce soit sur le plan de la consommation ou de la distribution, du gros
consommateur ou du petit consommateur, que tout le monde y trouve son compte,
qu'on sache exactement quelle est la politique du ministère de
l'Énergie et des Ressources pour ce secteur et, enfin, qu'on soit en
mesure de dire et de se prononcer clairement à savoir si, oui ou non, on
est d'accord avec ce que le gouvernement nous propose. Non pas quelque chose de
très vague, de très général, de contradictoire
à certaines occasions, mais bien un projet de loi qui s'inscrive dans
une série de projets de loi, je suppose, qui devront concerner tout le
secteur autrefois touché par la régie.
Voilà, M. le Président, pour les remarques
préliminaires. Nous écouterons avec plaisir, avec attention, avec
beaucoup de sérieux tous les intervenants qui se présenteront
devant cette commission. Nous avons fait, là où c'était
possible, lorsqu'on avait les mémoires à temps, nos devoirs de
façon très complète et nous avons des questions à
poser à ces gens. Mais nous souhaitons - c'est le voeu qu'on formule, je
le formule une deuxième fois - que le ministre ait un comportement
différent de celui de la dernière commission parlementaire
où nous nous sommes rencontrés. J'aimerais qu'il écoute,
qu'il tienne compte des avis et qu'il fasse son travail au complet, cette
fois-là. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Roberval. Est-ce qu'il y a d'autres interventions dans
le cadre des remarques préliminaires?
J'invite maintenant l'Association des consommateurs industriels de gaz
à bien vouloir prendre place à l'avant. Messieurs, les membres de
la commission vous souhaitent la bienvenue. Je vous demanderais, dans un
premier temps, de bien vouloir présenter vos collègues et je vous
rappelle que le temps mis à notre disposition est d'une heure, que vous
avez un maximum de 20 minutes pour la présentation de votre
mémoire ou de vos interventions et que, par la suite, le temps sera
réparti également entre les deux formations politiques.
Je cède la parole à...
Auditions
Association des consommateurs industriels de
gaz
M. Bourque (Jacques-Yves): Jacques Bourque, vice-président
de l'Association des consommateurs industriels de gaz. J'ai, à mes
côtés, Me Georges Audet, procureur, et Me Jacques Shore,
procureur. L'Association des consommateurs industriels de gaz représente
32 industries au Québec qui représentent la grande
majorité des grands utilisateurs de gaz au Canada, principalement au
Manitoba, en Ontario et au Québec. Je laisserai la parole à notre
procureur, Me Georges Audet, qui nous représente depuis une dizaine
d'années à la Régie de l'électricité et du
gaz du Québec. (11 h 30)
M. Audet (Georges): Merci. Comme vous l'avez souligné, M.
le ministre, M. le Président, l'avant-projet s'inscrit dans un contexte
où il y a des changements très importants qui se produisent
actuellement au Canada sur le marché du gaz naturel et plus
particulièrement dans le contexte de la
déréglementation du prix de la marchandise. Comme vous
l'avez indiqué, M. le ministre, comme les circonstances changent, cela
démontre un peu le besoin d'avoir une loi qui s'adapte aux changements
de circonstances et qui sera applicable peu importe ce qui arrivera dans
l'avenir.
Avec la déréglementation des prix, on réalise
beaucoup plus aujourd'hui les deux fonctions très distinctes
qu'exerçait le distributeur de gaz jusqu'à aujourd'hui ou
jusqu'à il y a quelque temps. D'une part, le distributeur est un vendeur
ou un fournisseur de marchandise et, jusqu'au changement de politique quant
à la déréglementation des prix, il exerçait cette
fonction pour tous les consommateurs de gaz, que ce soit des grandes industries
ou autres. C'est lui qui achetait le gaz naturel et le revendait aux usagers.
Une deuxième fonction du distributeur, celle qui est effectivement
sujette à la réglementation, c'est celle du transport et de la
livraison de la marchandise gaz naturel.
Dans le contexte présent, avec la vocation qui a
été déterminée par le gouvernement
fédéral et les provinces productrices et à laquelle le
Québec a souscrit, c'est-à-dire celle de
déréglementer la marchandise, on a clairement indiqué que
dorénavant les acheteurs ou les consommateurs de gaz naturel pourront
avoir un accès direct aux producteurs et ils pourront acheter leur gaz
naturel au meilleur prix possible selon le marché disponible. Mais pour
mettre cette déréglementation des prix en place, il faut
réaliser qu'on doit passer par deux monopoles bien importants. D'une
part, il y a TransCanada qui a le tuyau, si on veut l'appeler comme cela,
à partir de l'Alberta jusqu'à Montréal et qui, elle,
transporte le gaz naturel jusqu'aux portes de la ville pour Gaz
Métropolitain ou pour le distributeur dans l'Outaouais qui est
Gazifère, de Hull et, de là, le distributeur prend cette
marchandise-là et la transporte jusqu'au consommateur.
Là aussi - et c'est le but de la loi principalement - on fait
face à un monopole parfait, c'est-à-dire un seul
propriétaire de l'outillage et des appareils pour distribuer ou
transporter le gaz naturel, la marchandise, qui, elle, maintenant est
déréglementée, jusqu'au consommateur. Dans ce contexte, il
faut comprendre que, comme il s'agit d'un monopole parfait, les parties ne sont
pas égales vis-à-vis de l'organisme de réglementation. On
ne fait pas face ici à une situation où on a, d'une part, deux
consommateurs ou deux individus, ou une compagnie et un consommateur, devant un
tribunal normal, où ils sont traités également. Mais on a
plutôt un monopole parfait qui a le contrôle total du transport et
de la distribution de la marchandise et un consommateur qui, lui, veut avoir
accès à cette marchandise-là dans l'Ouest au meilleur prix
possible. On peut réaliser que si la personne qui contrôle le
tuyau et la distribution a l'entière liberté placée entre
ses mains, c'est bien évident qu'elle prendra les mesures
nécessaires pour protéger le monopole qu'elle possédait
jadis, qui était celui de l'achat et de la revente du gaz naturel.
C'est pour cela que je pense qu'avec la déréglementation
des prix on en vient à constater à quel point les deux fonctions
sont non seulement distinctes, mais à quel point le monopole de
transport et de distribution peut donner des pouvoirs indus entre les mains du
distributeur.
Tout cela pour dire, finalement, que le but de la loi doit être de
tenter de rechercher, comme M. le ministre l'a indiqué au début,
un équilibre entre la protection du distributeur, d'une part, et des
consommateurs, d'autre part. Là où on diffère
peut-être un peu d'opinion, M. le ministre, c'est que, pour maintenir cet
équilibre, étant donné qu'on ne fait pas face à
deux parties égales qui se présentent devant un tribunal mais,
d'une part, à un monopole et, d'autre part, à un consommateur
qui, lui, généralement possède très peu
d'informations sur le système et sur les données
financières, etc.? il faut, je pense, donner à la régie un
pouvoir d'intervention plus qu'un pouvoir d'approbation de tarifs. Si on donne
à la régie uniquement le pouvoir d'approbation de tarifs, dans
une certaine mesure, c'est transporter le problème et peut-être en
créer un autre dans le sens suivant: si la régie n'est pas
d'accord avec les tarifs présentés ou la grille tarifaire, elle
ne les approuvera pas et elle dira chaque fois aux distributeurs:
Présentez-m'en un autre que je vais approuver.
Finalement, que fait-on lorsqu'on donne uniquement le pouvoir
d'approbation? On alourdit peut-être le processus parce que, si la
régie veut exercer sa juridiction, elle dira: moi, je n'approuve pas ce
que vou9 me présentez. On reviendra une deuxième fois avec une
grille que la régie aura recommandée et peut-être qu'elle
ne l'approuvera pas encore une fois. Finalement, quand on dit que la
régie a uniquement ie pouvoir d'approuver des tarifs, elle a aussi je
présume, le pouvoir de refuser. Et, si elle a le pouvoir de refuser, on
est aussi bien de lui donner le pouvoir de fixer les taux. Je ne pense pas que
ceci vienne violer le principe d'autonomie du distributeur que vous avez
mentionné comme l'un des quatre objectifs, c'est-à-dire que le
distributeur établisse ses stratégies commerciales. Je ne pense
pas que ceci vienne violer le droit du distributeur d'établir ses
stratégies commerciales.
Un autre exemple. Dans la loi - et je trouve que c'est excellent parce
que c'est ce
qui se fait ailleurs - on dit que la régie pourra engager des
experts pour venir témoigner, etc. en matière de tarification. Si
on engage des experts pour venir témoigner, si la régie
présente des témoins, mais qu'elle n'a pas le pouvoir de donner
des ordres ou des commandes aux distributeurs, je ne vois pas pourquoi on lui
donne l'incitation de faire venir des témoins et de présenter des
experts si on ne lui donne pas le pouvoir de fixer des tarifs.
C'est peut-être un peu plus de la sémantique qu'autre
chose, mais je pense qu'on ne peut pas faire de la réglementation
à moitié. Dans le fond, l'organisme de réglementation est
là pour prendre des mesures vis-à-vis d'un monopole parfait, des
mesures que la concurrence prendrait si elle existait. L'organisme de
réglementation doit donc être capable de faire des choix, à
un moment donné, de prendre des décisions sur des
éléments importants, sans nécessairement s'ingérer
dans la commercialisation du gaz" naturel.
Je ne sais pas si je fais passer clairement mon idée, mais je
pense que, lorsqu'on dit à la régie: Vous ne pouvez que
surveiller et approuver, elle pourra refuser d'approuver tant qu'elle le voudra
si elle exerce sa juridiction et, finalement, on alourdira le processus.
Quand on regarde, pour la tarification plus spécifiquement,
quelles sont les tâches principales de la régie, vous avez les
articles 4 et 5 qui sont d'une importance vitale. D'abord, l'article 4 dit -
c'est la première étape - qu'on doit accorder un rendement au
distributeur sur la juste valeur de ses investissements dans l'entreprise. On
dit, par la suite, que cette juste valeur "est calculée sur la base du
coût d'origine, soustraction faite de la dépréciation." Par
le passé, la régie a déjà exercé des
jugements à savoir si elle admettait ou n'admettait pas des
investissements dans la base de tarification.
Je pense qu'il est primordial, pour ne pas dire vital, que l'article de
loi indique clairement que les investissements dans l'entreprise, ce sont les
investissements qui sont utiles et utilisés pour desservir les
consommateurs. Il faut indiquer, d'abord, dans le projet de loi la nature des
investissements, parce qu'à mon avis ce devrait être plutôt
les actifs tangibles. D'autre part, il faut clairement indiquer qu'on doit
accorder un rendement uniquement sur les investissements qui ont
été prudemment faits, qui sont utiles et utilisés pour
desservir la clientèle; sinon, la réglementation ne veut plus
rien dire. S'il faut absolument donner un rendement sur tous et chacun des
actifs ou des investissements effectués par le distributeur, cela veut
dire qu'on peut faire à peu près tous les abus que l'on
désire faire et recevoir automatiquement une récompense, un
rendement.
Comme je le disais il y a un instant, la réglementation, c'est,
dans un sens, un palliatif à la concurrence. Qu'est-ce qui arrive dans
un monde de concurrence, si on fait un investissement qui est stupide? Le
concurrent, lui, n'a pas fait cet investissement et il va continuer à
exiger des prix en fonction de son coût qui était moins
élevé et, en conséquence, on devra effacer certains
actifs.
La régie, qui doit être là pour préserver,
justement, l'intérêt du distributeur et celui des consommateurs,
doit être en mesure de poser un jugement sur la qualité des
investissements et sur la quantité des investissements, s'ils sont
utiles et utilisés pour les fins de tarification. Il en est de
même pour les dépenses, quoique l'article 4 sur les
dépenses est plus spécifique en ce sens qu'il dit que "le
rendement raisonnable doit être suffisant pour que le distributeur puisse
rencontrer les dépenses nécessaires." Là,
évidemment, la régie peut exercer un choix sur la qualité
et la quantité des dépenses parce qu'on parle de dépenses
nécessaires. Mais, dans les investissements, on n'en fait pas
état. On ne fait pas état des investissements qui sont utiles et
utilisés par le distributeur pour les fins de donner le service.
Quelques autres points sur la réglementation. On dit, à
l'article 47, qu'on doit absolument tenir compte du prix des énergies
concurrentes pour fixer les tarifs. Je pense ici qu'il y a probablement une
anomalie qui s'est glissée parce que le but de la réglementation,
c'est de réglementer le transport et la distribution du gaz naturel dans
le réseau. Si le prix de la marchandise est
déréglementé, en soi, il va se trouver basé sur
l'offre et la demande. Voici ce que je crains, dans une situation comme
celle-là: le jour où le prix des énergies concurrentes
augmenterait substantiellement, est-ce que cela veut dire automatiquement que
le distributeur pourra augmenter son coût de distribution, qui est
effectivement le service qu'il rend, lui, de prendre du gaz naturel à un
point A et l'amener à un point B? Je pense que cela donne ouverture
à des abus.
L'article 51, M. le ministre, vous en avez fait état. Je n'ai,
d'ailleurs, pas beaucoup traité de cet article dans notre mémoire
parce que je savais qu'il y avait des discussions actuellement relativement
à la réorganisation de certains principes de droit administratif.
Mais il est bien évident qu'en ce qui concerne la loi présente,
au moins on aimerait avoir un droit d'appel sur des questions de droit et de
compétence.
En ce qui concerne la composition de la régie comme organisme,
vous l'avez déjà indiqué, M. le ministre, effectivement
cela prend une régie qui, d'une part, est compétente. La
tarification, c'est un sujet complexe, mais nécessaire dans le cadre
d'un
monopole comme celui de la distribution. Cela demande que Ton remette
cette activité entre les mains d'une régie qui s'y connaît.
(11 h 45)
À ce sujet, nous recommandons qu'il y ait au moins cinq membres
à la régie et pas seulement trois. Vous avez fait état du
vote prépondérant. Évidemment, à notre avis, cela
prend un quorum d'un minimum de trois personnes et, comme je l'ai
indiqué dans notre mémoire, la loi est silencieuse sur ce qui
constitue le quorum. On dit, d'une part, que la régie est
constituée de trois membres et, quand on parle d'audiences devant la
régie, on parle de la régie. Alors, est-ce que cela veut dire
qu'automatiquement cela devrait être trois? Si c'est cela, tant mieux,
mais la loi, malheureusement, est peut-être un peu ambiguë à
ce sujet. C'est pour cela que nous avons posé le problème.
Le deuxième élément quant à la régie,
à notre avis, c'est qu'elle doit être indépendante du
pouvoir politique. L'article 63, je ne sais pas trop comment le lire: J'en ai
fait état dans notre mémoire. Si le but de l'article est de lier
la régie par les orientations gouvernementales, nous croyons que cela
pourrait être une source d'abus. Si les décisions finales
relèvent du gouvernement, à ce moment-là, on va aller
plaider nos causes dans le bureau du ministre et on ne les plaidera pas
à la régie. Je présume qu'on veut que la régie soit
indépendante du pouvoir politique, qu'elle puisse prendre des
décisions en fonction des principes de réglementation tarifaire
et non pas en fonction des désirs des politiciens, au jour le
jour» Ceci ne veut pas dire, quand même, que la régie ne
pourrait pas donner certaines directives.
Ici, j'aimerais peut-être faire un bref aparté. Je parle de
directives sur la façon de tenir des audiences. Comme vous le savez,
depuis novembre 1985, il y a une politique de déréglementation du
prix de la marchandise, du gaz naturel. Chez nos voisins d'Ontario, le
gouvernement a donné mandat immédiatement à la
régie de tenir des audiences génériques sur l'ensemble de
la problématique. Il a dit à la régie: La décision
politique a été prise, mettez en place les mécanismes
nécessaires pour que cette déréglementation se fasse,
c'est-à-dire pour inciter les distributeurs - évidemment, ils ne
voulaient pas laisser aller leur monopole de vente de gaz - à ouvrir
leur tuyau et à donner le libre accès à leur
système de distribution pour ceux qui veulent acheter leur gaz d'autres
sources que du distributeur. Ils ont tenu des enquêtes
génériques à cet effet. Le processus continue encore, mais
ils sont beaucoup - je dois le souligner - en avant de nous en ce qui concerne
la déréglementation des prix.
Au Québec, quand ceci s'est produit, on a été
obligé de se battre, nous, même pour demander à la
régie de nous entendre sur ce sujet parce que le distributeur insistait
afin de faire entendre ses causes de tarification. C'est à force de
discussions qu'on a pu demander à la régie de nous entendre sur
le sujet. Aujourd'hui, on a des tarifs qui sont très inadéquats
en ce qui concerne les achats directs de gaz naturel des producteurs de
l'Ouest. À ce chapitre, je pense que...
Une voix: Inadéquats?
M. Audet (Georges): Oui, effectivement, nos tarifs de livraison
sont tout à fait inadéquats.
Un dernier sujet complémentaire sur la régies après
cela, je vais laisser M. Bourque vous glisser quelques mots. Si la régie
doit être compétente et indépendante, il faut aussi lui
donner les budgets pour lui permettre de réglementer. Surtout dans le
contexte de la déréglementation des prix, c'est extrêmement
complexe, le mécanisme qui doit être mis en place pour assurer que
cette déréglementation du prix de la marchandise se fasse. En
Ontario, ils ont une trentaine de personnes, comme "staff", pour assister les
membres de la régie. Je pense qu'il y a huit membres de la régie
nommés. Evidemment, ils font un peu plus que s'occuper seulement du gaz
naturel, j'en conviens; mais, quand même, la
déréglementation des prix, c'est un processus qui est complexe
actuellement. Comme je vous le dis, tout récemment, il est venu des gens
de l'Ouest devant la régie et ils l'ont signalé. Ils ont dit:
Écoutez, c'est un processus qui est long, qui est complexe et vous ne
semblez pas avoir les outils pour le faire.
Le Président (M. Théorêt): Me Audet,
je...
M. Audet (Georges): Oui.
Le Président (M. Théorêt): ...m'excuse de
vous interrompre, mais vous avez mentionné que vous vouliez passer la
parole à...
M. Audet (Georges): Oui, c'est cela.
Le Président (M. Théorêt): ...un de vos
collègues. Vous avez déjà pris les vingt minutes qui vous
étaient allouées. Je ne sais pas si vous voulez continuer encore
pour longtemps, vous personnellement.
M. Audet (Georges): Moi, j'allais terminer sur cela.
Le Président (M. Théorêt): On me demande
également de vous rappeler, Me Audet, ainsi que les autres
invités, que la
tradition parlementaire veut que vous vous adressiez au président
et non pas directement à M. Ciaccia ou à M. Gauthier ou à
un autre parlementaire.
M. Audet (Georges): Cela va.
Le Président (M. Théorêt): Me Bourque, est-ce
que vous en avez pour longtemps?
M. Bourque: Non, je n'en ai pas pour longtemps. Comme grand
utilisateur de gaz, ce sont seulement les commentaires des grands utilisateurs
que je veux apporter.
Le Président (M. Théorêt): Pourriez-vous
seulement nous indiquer approximativement...
M. Bourque: Cela ne sera pas plus de trois minutes.
Le Président (M. Théorêt): D'accord. Alors,
je vous cède la parole.
M. Bourque: Merci, M. le Président. La seule chose que je
veux dire, c'est que les grands consommateurs, versus ce qui se passe en
Ontario, nous n'avons pas les mêmes genres de contrats. Nous avons
difficilement accès au pipeline, c'est-à-dire à la
distribution du gaz dans la province de Québec parce que les tarifs sont
très instables. On veut amener des investissements industriels. Signer
des contrats à long terme, cela va être très difficile
parce que les tarifs de distribution changent constamment. Tous Ies ans, on
change la grille de tarification. Comment voulez-vous qu'on signe des contrats
à long terme? Nous concurrençons d'une façon
internationale. Nos produits vont sur le marché international et nous
avons de la difficulté à justifier ou à stabiliser nos
investissements parce que l'on ne sait pas; lorsqu'on met une signature sur un
contrat, c'est un chèque en blanc. On signe un volume, on signe une
durée et la régie peut changer toute la valeur monétaire
à l'intérieur de nos contrats pour la durée en question.
Justement un exemple: le tarif interruptible. En Ontario, du tarif
interruptible, il y en a, il y a une grille tarifaire. Ici, au Québec,
vu que c'est un monopole, qu'il y a seulement un distributeur, le distributeur
nous oblige sous peine de ne pas signer de contrat. On garantit un volume
annuel. Il n'y a pas de problème là. On peut le faire. On regarde
nos consommations, etc. Aussi, on doit en tout temps prendre du gaz durant la
durée du contrat, même si ce n'est pas rentable. Or, ceci ne se
passe pas en Ontario.
Rapidement, juste pour vous donner un peu le rendement de
différentes classes de consommateurs, le rendement sur le
résidentiel, la dernière cause de tarification, est de 5,5 %,
tandis que l'industrie contribue à 56 %. La dernière
déréglementation du prix du gaz, du prix de la marchandise, a
amené une baisse du prix du gaz dans tout le Canada, à
l'exception du Québec au niveau résidentiel. La diminution du
prix a été basée entièrement sur le coût de
service, plus une légère augmentation. Il va falloir que les
investissements, s'ils n'ont pas été faits d'une façon
rentable ou ne sont pas utilisés à pleine capacité, soient
dépréciés comme nous, dans l'industrie privée, nous
le faisons. Si on a fait des mauvais investissements dans les années
antérieures, on les fait disparaître des livres. À Gaz
Métropolitain, tout investissement génère un retour sur
l'investissement; ils font même des profits sur des erreurs. II va
falloir qu'il y ait un juste milieu. C'est tout ce que j'avais à dire.
Merci.
Le Président (M. Théorêt): Je vous remercie,
M. Bourque. Je cède maintenant la parole à M. le ministre.
M. Ciaccia: Merci beaucoup. Premièrement, je veux vous
féliciter pour l'excellent travail que votre association fait depuis
plusieurs années au bénéfice de ses membres. Les
industries grandes consommatrices de gaz naturel constituent le noyau à
partir duquel toute expansion d'un réseau de distribution doit
être conçue. Je suis satisfait de voir que plusieurs de vos
membres sont maintenant desservis et consomment de plus en plus de gaz
naturel.
Je voudrais juste rectifier peut-être quelques notions qui ont pu
découler des commentaires du député de Roberval, le
critique de l'Opposition. Premièrement, ce n'est pas un brouillon de
projet de loi. C'est un avant-projet de loi qui permet la consultation
préliminaire, de la même façon que nous avions fait le
régime forestier. C'est une technique législative qui nous permet
d'aller en consultation écouter les représentations du milieu et,
si nécessaire, faire des amendements si nous trouvons que les
commentaires que vous et ceux du milieu ont faits méritent que
l'avant-projet de loi soit modifié.
Il n'est pas question, non plus, de revenir avec un autre projet de loi
pour une régie de l'électricité ou pour une régie
de ta vapeur. Ce n'est pas cela du tout. On élimine
l'électricité à moins que des intervenants - et je pense
que personne n'argumentera en ce sens - ne viennent nous dire qu'ils veulent
absolument remettre la question de l'électricité. On tient pour
acquis que, dans l'avenir, la régie n'aura pas de fonction dans le
domaine de l'électricité, mais strictement dans le domaine du
gaz. Il nous reste, cependant, à déterminer si on va remplacer ou
remettre le rôle de la régie sur la vapeur; pour cela, on va
écouter les
intervenants et on prendra une décision en conséquence,
selon les arguments qu'on porte à notre attention.
Vous semblez vouloir donner plus de pouvoir d'intervention à la
régie et vous citez certains exemples. Vous dites que, si elle a
seulement un pouvoir d'approbation, il va falloir revenir. Le but de tout
l'exercice, c'est de réduire la réglementation. La raison pour
laquelle nous avons choisi cette formule, c'est, premièrement, parce que
c'est cette formule qui s'applique à la régie en Ontario. Vous
avez cité à plusieurs reprises des éléments qui
vous semblaient favorables en Ontario au que vous sembliez appuyer. Cela en est
un que nous avons pris de la régie de l'Ontario. Nous croyons qu'en
adoptant cette approche on peut alléger la réglementation et
toujours en donnant à la régie un certain pouvoir parce qu'il
faut qu'elle approuve; si elle dit non, je crois bien que Gaz
Métropolitain va s'assurer ou va faire son possible pour que ce soit
acceptable. De la même façon, par exemple, quand
Hydro-Québec vient devant la commission parlementaire, si elle le sait
d'avance, elle cherchera autant que possible , à avoir une
présentation qui soit acceptable. Quand cela ne l'est pas, comme la
dernière fois au mois de mars, on l'a renvoyée en disant:
Écoutez, revenez avec d'autres tarifs. Ne croyez-vous pas que, dans ce
sens-là, ce serait une façon d'alléger la
réglementation et de rendre un peu plus facile la façon dont la
régie peut fonctionner? Je vais faire juste quelques autres commentaires
et, ensuite, je vous inviterai à faire vos propres commentaires.
En ce qui concerne la composition de la régie, vous dites qu'en
Ontario il y a cinq membres et pas seulement trois, et vous apportez certains
exemples de l'Ontario en termes de fonctionnement, en termes de personnel. Il
est de notre intention d'avoir une régie qui peut fonctionner et qui va
avoir les ressources nécessaires, mais, au Québec, il y a un
distributeur et, en Ontario, il y a trois distributeurs majeurs. Au
Québec, le gaz naturel a 15 % du bilan énergétique; en
Ontario, je pense que c'est environ 36 %. Alors, les activités, en
termes de travail et de ressource, sont nécessairement plus grandes en
Ontario parce que ce secteur est beaucoup plus actif qu'il ne l'est au
Québec.
Mais, à la suite de vos commentaires sur le quorum, on pourrait
peut-être rendre plus clair dans le projet de le loi le nombre de
régisseurs nécessaires pour le quorum. On a déjà
mentionné qu'il n'y avait pas de droit prépondérant. S'il
faut une clarification pour être sûr qu'on est clair sur le
fonctionnement, on va pouvoir l'inclure dans le projet de loi.
Vous mentionnez que vous êtes contre l'article 63. Vous dites que,
si c'est le pouvoir politique, vous allez venir devant le ministre. Dieu m'en
sauve! Je ne veux pas que vous veniez devant le ministre, que ce soit moi ou un
autre. Nous voulons que ce soit la régie qui prenne les
décisions. (12 heures)
Mais l'exemple que vous m'avez donné de l'Ontario me semble
justifier plutôt le principe de l'article 63. Vous dites: Le gouvernement
a donné des directives à la régie, il lui a dit: Vous
allez avoir des auditions. On veut s'assurer qu'il y ait une plus grande
ouverture, on veut ouvrir les tuyaux, pour utiliser votre expression. La
régie a répondu aux directives du gouvernement. Si je n'avais pas
l'article 63, comment, dans une situation semblable, le gouvernement du
Québec ou moi-même pourrions-nous dire à la régie:
Faites ceci, ayez des auditions publiques, allez dans cette direction? C'est
l'exemple que vous m'avez donné en parlant de l'Ontario.
Il me semble que l'exemple que vous m'avez donné est plutôt
pour justifier le principe de l'article 63. Je ne parle pas
nécessairement de tout le libellé, tel qu'il est
présentement rédigé. C'est plutôt pour permettre ce
genre de recours. Il n'est pas de notre intention de nous ingérer et de
dire quoi faire à la régie.
Je m'interromps pour le moment et je vais attendre vos commentaires.
Le Président (M. Théorêt): Me Audet.
M. Audet (Georges): D'abord, je vais répondre à une
question. Premièrement, sur la simplification de la tarification, je
comprends très bien que le but recherché, c'est de simplifier le
processus. Mais je pense que cela n'a rien à voir avec la fixation des
tarifs. Je pense que c'est un point qu'il est fort important qu'on comprenne.
Si on veut simplifier la réglementation, on doit dire que ce sont les
gens qui font la tarification qui peuvent mettre en place le système,
avec le degré de détails qu'ils veulent bien lui apporter. Je
m'excuse de dire cela devant certains membres de la régie, mais si la
réglementation est complexe aujourd'hui, c'est, à bien des
égards, parce qu'on a mis en place un système qui est fort
complexe. Mais cela n'a rien à voir avec la fixation des tarifs comme
tels et des pouvoirs que l'on doit donner à la régie.
Soit dit en passant, en Ontario, à l'article 19 de la loi, on dit
bien: "Approving and fixing reasonable rates." On parle bien d'approuver et de
fixer des taux dans la loi ontarienne. Je ne vois pas comment on peut donner le
pouvoir d'approbation sans donner le pouvoir de les fixer. Parce que si on
donne seulement le pouvoir d'approbation, ce qu'on fait, finalement, c'est
alourdir le système réglementaire. Parce que si la régie
n'est pas d'accord, elle ne l'approuvera pas. Elle va dire aux distributeurs:
Revenez
devant moi avec quelque chose que j'approuverai. Finalement, elle va
indirectement fixer la grille tarifaire. Elle va directement fixer les
tarifs.
Quant à la simplification de la tarification, je peux vous
assurer, M. le Président, pour suivre les règles parlementaires,
qu'on peut mettre en place un système fort simple, qui n'est pas
complexe, mais qui n'enlève pas l'essentiel de ce qui est
recherché par la tarification, soit de maintenir un équilibre
entre, d'une part, le monopole et l'intérêt de l'actionnaire, et
le consommateur, d'autre part. Pour maintenir cet équilibre, comme les
parties ne sont pas égales, il faut donner un certain pouvoir
d'intervention à une régie.
Quant à l'autre question que vous avez posée relativement
à l'article 63, comme je vous l'ai signalé, je suis un peu
ambivalent à cet égard. Quand on a parlé du gouvernement
de l'Ontario, j'ai dit plus particulièrement que les gouvernements ont
le pouvoir de fixer les orientations. La preuve, c'est qu'ils l'ont fait. Quand
le gouvernement fédéral et les provinces productrices se sont
assis ensemble et ont dit: Dorénavant, le prix sera
déréglementé, ils ont donné automatiquement l'erre
d'aller. La province de Québec a souscrit à cela. Ils ont dit:
Oui, effectivement, on est d'accord. Qu'est-ce que cela veut dire? Cela veut
dire qu'automatiquement, il faut changer tout le processus à
l'intérieur du système, y compris le système de
distribution. Déjà, l'orientation étant donnée
là, cela n'a pas laissé le choix à quiconque d'entrer dans
le processus.
Cependant, je disais qu'il serait peut-être bon que le
gouvernement puisse donner des directives à la régie pour tenir
des audiences. Il pourrait dire à la régie: Veuillez tenir des
audiences sur ce sujet, c'est important, et mettez le système en place
le plus vite possible. Alors, ce n'est pas nécessairement une
orientation. C'est plutôt une directive dans le sens de tenir des
audiences et d'entendre des causes.
Toutefois, que le gouvernement puisse donner des orientations
générales, je pense que personne ne s'opposerait à cela.
Le problème qu'on voyait avec l'article 63, ce sont uniquement les cas
où la régie était liée par certaines orientations
qui ne seraient pas des orientations globales. Â ce moment-là,
cela rendrait la réglementation inutile. C'est l'aspect qui est
dangereux.
Le Président (M. Théorêt): M. le
ministre.
M. Ciaccia: On va regarder l'article un peu plus. Avec l'exemple
que vous me donnez, quand vous dites que le gouvernement de l'Ontario a
donné des directives en disant: Tenez des audiences et mettez le
système en place, je me demande si on n'a pas un équivalent de
l'article 63 quant à la façon dont on pourrait faire cela, parce
que juste donner des orientations générales, il n'y a rien qui
obligerait la régie à suivre ces orientations. Certainement, il
n'y a rien dans la loi actuelle qui nous permettrait de donner des directives
pour mettre certains systèmes en place.
M. Audet (Georges): Je comprends la problématique. Il
s'agit de trouver le juste milieu.
M. Ciaccia: Ce que vous dites, c'est peut-être que vous
n'êtes pas trop en faveur du libellé de l'article 63, mais
certains principes qui sont inclus dans l'article 63 semblent...
M. Audet (Georges): Le problème qu'on a avec l'article 63,
c'est: est-ce que la régie devra toujours suivre les orientations
données? Cela veut dire quoi, le mot "orientations"? Cela va
jusqu'où? Si, à un moment donné, il y a un gouvernement en
place qui dit: Dorénavant, tout le monde paie le même prix pour la
distribution; peu importent les principes réglementaires, cela finit
là, on abolit tout ce qui existe, est-ce que la régie sera
liée par cela?
M. Ciaccia: Si un gouvernement voulait faire cela, il pourrait le
faire par un projet de loi. Il n'a pas besoin d'aller à la régie.
Il y a différentes façons de le faire. En tout cas, on va
examiner cet article. Je voudrais revenir à l'article 5 où vous
m'avez mentionné les investissements. On mentionne, dans l'article 5, la
"juste valeur" et on ne va pas dans les détails.
Vous avez mentionné qu'il faut que ce soit utile, utilisable et
prudemment fait. Mais, est-ce que ce n'est pas la jurisprudence actuelle?
Est-ce que les investissements ne doivent pas être justes,
utilisés, utilisables et prudemment faits? Est-ce que ce n'est pas la
jurisprudence actuelle? Je ne parle pas de la façon dont c'est
interprété. Mais est-ce que ce ne sont pas les principes dans la
jurisprudence?
M. Audet (Georges): Ce sont les principes réglementaires,
effectivement, oui.
Mais, actuellement, cela ne se passe pas comme ça, en tout
cas.
M. Ciaccia: Si cela ne se passe pas comme cela et que c'est dans
la réglementation, quelle garantie a-t-on que cela va se passer comme
cela, même si on le met dans le projet de loi?
M. Audet (Georges): Là, cela va être clair.
M. Ciaccia: C'est une définition; c'est
la façon dont la régie va définir utilisés,
utilisables et prudemment faits. Mais cela, ni vous ni moi ne pouvons le
définir.
M. Audet (Georges): Non, effectivement, c'est sûr. Je ne
demandais pas qu'on le définisse. Mais je demandais qu'au moins on le
dise pour que ce soit clair que ce ne soit pas n'importe quel investissement.
En d'autres termes, cela m'apparaît évident, de la façon
dont l'article 5 est rédigé que cela peut être
interprété comme n'importe quel investissement. On dit: "La juste
valeur des investissements dans une entreprise est calculée sur la base
du coût d'origine, soustraction faite de la dépréciation".
Donc, n'importe quel investissement.
On dit dans l'article plus haut qu'on donne un rendement sur les
investissements. On dit: Un investissement, c'est quoi? On dit: C'est
calculé sur le coût d'origine, soustraction faite de la
dépréciation. On ne dit pas: Oui, mais il faut que ce soit...
C'est cela, le but de la réglementation, de s'assurer qu'on donne un
rendement sur les investissements qui sont prudemment requis dans
l'intérêt public et qui sont faits, qui sont utiles et
utilisés pour les fins du service rendu.
M. Ciaccia: Alors, vous suggérez que cette
réglementation qui existe maintenant, on le dise clairement dans la
loi?
M. Audet (Georges): Absolument, ah oui! À mon avis, c'est
vital.
M. Ciaccia: Bon, je peux regarder cela.
M. Audet (Georges): C'est absolument vital qu'on l'indique et
cela ne cause pas de préjudice à qui que ce soit. Au contraire,
cela reflète ce que. devrait être l'essence de la
réglementation et c'est fort important, à mon avis.
M. Bourque: Juste pour vous donner un exemple d'un
investissement, lorsqu'il y a eu le pipeline pour aller à Joliette, il a
été présenté à la régie d'une
façon rapide, avec un retour sur l'investissement en disant: Pour
desservir la ville de Joliette, on va prendre deux grands clients, deux grands
consommateurs de gaz. Ces deux clients-là étaient au charbon. Or,
la ligne a été construite avec un pourcentage de rendement et il
ne s'est jamais réalisé parce que les deux entreprises ne se sont
pas branchées sur le gaz. Mais l'investissement complet est toujours
dans les livres et ils ont toujours un rendement, mais la ligne n'est pas
utilisée. Donc, il n'y a pas une vérification, après les
faits de ce qui est dit; si le rendement n'est pas justifié, il doit y
avoir une dépréciation accélérée sur cette
ligne. C'est ce qu'on souligne.
M. Ciaccia: Mais là vous allez plutôt dans
l'opération de la régie que dans les grands principes, parce que
cela pourrait arriver même si on a l'article 5, s'il n'y a pas de suivi
et si la décision est; oui, cela a été prudemment acquis
et c'était utilisable., Ce genre de chose pourrait se
répéter. C'est une question d'interprétation, mais je
prends bonne note du fait que vous préféreriez inclure dans
l'article 5 ces principes qui sont .maintenant dans la
réglementation.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. Je cède maintenant la parole au député de
Roberval et critique officiel de l'Opposition.
M. Gauthier: Oui. Messieurs de l'Association des consommateurs
industriels de gaz, je voudrais, tout d'abord, vous remercier pour la
très haute qualité du mémoire que vous avez
présenté. Manifestement, vous savez de quoi vous parlez et vous
avez fait de façon très pratique une critique du projet de loi
qui se veut positive, on en convient. À cet égard, nous avons lu
avec intérêt le contenu de votre mémoire.
Quelques questions peut-être d'éclaircissement concernant
des paroles que vous avez prononcées. Tout à l'heure, vous avez
fait état de lourdeurs administratives, tout en vous excusant,
évidemment, auprès de l'ancienne régie ou des membres de
l'ancienne régie. J'aimerais vous entendre davantage sur cet
aspect-là et surtout sur l'aspect suivant: est-ce que l'avant-projet de
loi semble vous donner des garanties que les plus grands problèmes de
fonctionnement que vous avez rencontrés antérieurement avec
l'ancienne régie risquent d'être réglés
définitivement? Si oui, j'aimerais bien que vous nous les identifiez.
Sinon, quelles sont les améliorations que nous pourrions apporter ou
suggérer au ministre, qui seraient susceptibles de rencontrer davantage
vos préoccupations?
M. Audet (Georges): Les améliorations, effectivement, on
les a indiquées dans notre mémoire. Sur la lourdeur
administrative, d'abord, la tarification, c'est complexe au point de
départ. Donc, il y a une certaine lourdeur qui se rattache à
cela. Après, cela devient une question de style et du degré avec
lequel an veut le faire. Lourdeurs administratives, cela m'embête un peu,
je vais le dire bien franchement; les gens devant qui je plaide sont en
arrière de moi. Alors, je ne veux pas me retrouver...
Avec le projet de loi comme tel, c'est ce qu'on a voulu faire dans une
certaine mesure et, à mon avis, on manque complètement le bateau.
Je le dis positivement; je ne veux pas dire cela négativement parce que
je
pense que le projet de loi, comme on l'a indiqué dans notre
mémoire, on l'appuie et il va dans la bonne direction.
Ce n'est pas en disant que la régie va seulement approuver des
tarifs que l'on va rendre le système moins lourd. Ce n'est pas vrai.
À mon avis, on va le rendre probablement plus lourd, parce qu'on va
compliquer l'approche, si on veut. Si la régie n'est pas d'accord, comme
je le dis, on reviendra, on reviendra et on reviendra. Cela va compliquer les
choses. (12 h 15)
Où c'est lourd - et il n'y a rien, dans le fond, que l'on puisse
faire avec un projet de loi pour changer cela - c'est dans l'approche de
tarification qui peut être adoptée par un banc versus un autre
banc, à une régie. On peut installer un système de
tarification qui comporte un paquet de facteurs qui deviennent fort complexes,
difficiles à suivre et qui deviennent lourds, alors qu'on peut le faire
parfois avec une approche beaucoup plus simple, beaucoup plus directe, beaucoup
plus à la base. Ça, c'est une question de style et je ne pense
pas qu'un projet de loi puisse faire quoi que ce soit à ce
niveau-là. Cela n'a rien à voir avec les principes de la
réglementation; c'est une question d'approche.
C'est pour cela que j'ai beaucoup de difficulté à
répondre à votre question. Je n'essaie pas de l'éviter;
j'essaie simplement de dire que c'est bien difficile dans un projet de loi de
venir tenter de régler une situation comme celle-là. On
réglemente ou on ne réglemente pas. Si l'on veut
réglementer un monopole, il faut donner les outils nécessaires
à la régie pour qu'elle puisse intervenir et maintenir ce juste
équilibre entre la protection de l'actionnaire, d'une part, et la
protection du consommateur, d'autre part.
C'est tout ce qu'un projet de loi peut faire dans un contexte comme
celui-là. C'est pour cela qu'il faut s'adresser aux grands principes
plutôt qu'à la mécanique de tarification, comme telle.
M. Gauthier: À la page 13 de votre mémoire, vous
dites: "La régie devrait avoir l'autorité de permettre à
un consommateur de se raccorder directement au réseau de transmission
dans l'éventualité où elle estime que ce soit dans
l'intérêt public". Or, les arguments de Gaz Métro sont
qu'une telle autorisation serait de nature à amener automatiquement des
augmentations de prix pour les autres consommateurs. Comment
réagissez-vous à cet argument?
M. Audet (Georges): II faut prévoir que leur argument,
ça va être être de dire que c'est un empiétement sur
leur droit exclusif de distribution et, dans une certaine mesure, c'est vrai.
Mais, en contrepartie, je pense que ce qu'on appelle le "bypass" ou la
déviation - d'abord, on ne sait pas si c'est une juridiction provinciale
ou fédérale, mais assumons que c'est possiblement une juridiction
provinciale - c'est peut-être le test ultime du coût du service. Je
m'explique: en matière de tarification, on devrait normalement tenter de
s'assurer que chacun paie en fonction de ce que cela coûte au
distributeur pour rendre le service qui est de prendre le gaz et de l'amener au
brûleur d'un consommateur. L'argument qui est servi par ceux qui
prônent la déviation ou le "bypass", c'est de dire: Bien,
écoutez, si le distributeur est capable de me desservir, moi, au prix
que cela coûte, s'il me fait payer le prix que cela coûte pour me
desservir, en principe, je ne devrais pas avoir intérêt à
aller mettre mon propre tuyau sur le tuyau de TransCanada et à me
desservir moi-même.
Alors, dans une certaine mesure, le test qu'on applique, c'est le test
du coût du service. Ce qui s'est passé en Ontario, on le sait. Il
y a Cyanamid qui a fait cette approche-là et je pense que l'Office
national de l'énergie a été d'accord à ce qu'elle
puisse se brancher directement sur le réseau TransCanada. Le
problème n'est pas réglé, actuellement, c'est encore
devant les tribunaux. Il y a eu des discussions, par la suite, entre le
distributeur et la compagnie, où le distributeur a offert de desservir
la compagnie pour un prix à peu près équivalent au prix
que cela coûterait à la compagnie pour placer son propre tuyau
dans la terre et aller se brancher sur TransCanada.
Alors, il y a cet aspect-là, mais il faut aussi prendre en
considération l'intérêt public. C'est pour cela qu'on l'a
dit dans notre mémoire: II ne faut pas penser uniquement à
l'intérêt d'un usager, en particulier, mais penser aussi à
l'intérêt de l'ensemble. C'est bien évident que, si
quelqu'un peut se brancher directement sur le réseau, cela peut venir
alourdir les coûts pour les autres. C'est sûr.
M. Gauthier: À la page 7 de votre mémoire, je vous
cite, encore là: "Finalement, les consommateurs de gaz naturel paient
environ 4 000 000 $ en redevances (via les distributeurs) pour défrayer
le coût des opérations de la régie qui opère sur un
budget d'environ 1 500 000 $. Nous estimons que ces redevances sont plus que
suffisantes pour assurer le maintien de cinq régisseurs en permanence
à la régie." Effectivement, on convient que 4 000 000 $ de
redevances pour un coût de 1 500 000 $, ça laisse une certaine
marge de manoeuvre. C'est le moins qu'on puisse dire.
J'aimerais savoir si votre association s'oppose au principe de
contribuer aux coûts de la réglementation. Est-ce qu'elle s'y
oppose formellement? Finalement, dans quelle
mesure croyez-vous qu'il vous appartienne de contribuer aux coûts
de cette réglementation?
M. Audet (Georges): Je suis content que vous souleviez le
problème parce que c'était un des éléments dont je
n'avais pas eu le temps de discuter tantôt., Pour répondre plus
directement à votre question et, après ça, je vais
retourner un peu en arrière; comme c'est là, on s'y
opposé. Je sais que nos voisins de l'Ontario ne paient pas, dans leurs
tarifs, un prix, une redevance pour faire fonctionner la régie.
Cependant, je pense que les distributeurs - pas les intervenants, il faut
être bien précis là-dessus - ont quelque chose à
payer. Je n'en suis pas certain. Ici, le système ne m'apparaît pas
déraisonnable, dans le sens que si on veut prendre une portion du tarif
pour faire de la réglementation, soit, mais qu'on n'en prenne pas plus.
C'était ça, finalement, qu'on disait. Qu'on prenne suffisamment
d'argent pour faire fonctionner la régie, mais que ça ne soit pas
un pouvoir de taxation indirecte où on fait payer 4 000 000 $ de
redevances aux consommateurs et, en contrepartie, ça coûte 1 500
000 $ pour faire fonctionner la régie.
Alors, ce qu'on proposait, c'est: Écoutez, si vous le faites
selon ce système-là, prenez ce qui est suffisant pour la
régie, assurez-vous de donner à la régie, par exemple, un
budget adéquat pour qu'elle puisse fonctionner. Assurez-vous que la
régie puisse faire venir des témoinsc Vous savez, une
vérification, comme je le disais, c'est complexe et ce qui arrive dans
le processus actuel, c'est que le distributeur fait venir ses propres
témoins de New York, peu importe, en matière de tarification; ce
sont des gens qui sont dispendieux. Finalement, ça, c'est replacé
dans le coût du service d'une entreprise. Donc, les consommateurs payent
pour les témoins de l'entreprise de distribution et, en contrepartie, la
régie n'a pas de budget pour, elle, faire venir des témoins, dans
le même domaine, qui pourraient peut-être apporter un son de cloche
différent et qui pourraient éclairer la régie. Je pense
que c'est vital qu'on puisse permettre à la nouvelle régie de
fonctionner dans un contexte similaire à ce qui se fait ailleurs. Ils
ont un procureur qui est actif. Ils font venir des témoins experts qui
présentent un point de vue qui est possiblement différent de
celui du distributeur ou ces témoins-là viennent
représenter l'ensemble des consommateurs. Mais ça, ça
prend de l'argent et ce que que je signalais dans notre mémoire, c'est
que, bon, vous l'avez, l'argent. On le paie déjà. Utilisez-le
à bon usage. Voilà.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Roberval. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants?
Sinon, je vais vous demander, puisqu'il nous reste quelque cinq minutes, de
conclure. M. le député de Roberval, en conclusion.
M. Gauthier: Je voudrais, tout simplement, remercier les gens de
l'association, encore une fois, de la qualité de leur travail, du temps
qu'ils ont pris pour venir témoigner à cette commission. Je veux
les assurer que nous tiendrons compte de façon très fidèle
des remarques qu'ils ont bien voulu nous transmettre dans leur mémoire
et que nous tenterons de faire en sorte que le ministre produise le meilleur
projet de loi possible. Merci.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Roberval. M. le ministre.
M. Ciaccia: Moi aussi, je voudrais remercier l'association pour
son mémoire et ses commentaires. Juste pour clarifier la question des
coûts, c'est vrai qu'il y a 4 000 000 $ qui sont perçus. Mais la
régie perçoit 2 500 000 $ et te coût à la
régie est de 1 500 000 $. Les autres 1 500 000 $ sont perçus par
le ministère du Travail pour le volet sécurité. Alors, il
resterait à la régie, entre le montant qu'elle perçoit et
les coûts, une différence d'à peu près 1 000 000
$.
En ce qui concerne votre recommandation de fixer les prix comme en
Ontario, "the power to approve and fix", on m'informe que c'est vrai qu'en
Ontario on les fixe temporairement, mais on demande aux intervenants de revenir
devant la régie pour l'approbation finale. Si cela rend le
fonctionnement de la régie plus clair, on peut examiner la
possibilité d'inclure "fixer".
Quand vous avez mentionné que vous vous opposiez à ce que
elle "doit tenir compte de la concurrence" soit l'un des éléments
décisionnels de la régie, l'une des objections était que
cela pouvait augmenter le prix du gaz naturel, peut-être arbitrairement.
Il faut lire cela avec l'autre aspect où on dit que le distributeur ne
peut excéder un certain rendement et qu'on a le pouvoir de lui demander
de le retourner si cela excède. Je pense que cela peut établir un
certain équilibre. De toute façon, nous allons examiner
attentivement les recommandations que vous nous avez faites. Comme vous, nous
voulons que le projet de loi soit clair et simple, qu'il permette un bon
fonctionnement de la régie, et de ceux qui vont venir devant la
régie et qu'elle ait les ressources nécessaires pour accomplir
son travail.
Merci encore une fois.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. Messieurs, les membres de la commission de l'économie et du
travail vous remercient de votre présence et vous
souhaitent un bon voyage de retour.
Les travaux de la commission sont suspendus jusqu'à 14
heures.
(Suspension de la séance à 12 h 27)
(Reprise à 14 h 5)
Le Président (M. Théorêt): La commission de
l'économie et du travail reprend ses travaux afin de procéder
à la consultation générale en ce qui a trait à
l'avant-projet de loi sur la Régie du gaz naturel. J'aimerais faire part
aux membres de la commission que, à la suite d'une entente entre les
deux partis, il y a un changement à l'horaire pour les séances
d'aujourd'hui et de demain. Ce soir, nous devions terminer nos travaux à
22 heures et nous les terminerons à 23 heures puisque nous entendrons
SOQUIP de 22 heures jusqu'à 23 heures. Demain matin, nous reprenons nos
travaux à 9 heures mais nous les suspendrons de 10 heures à 11
heures, selon l'entente qui est intervenue de part et d'autre, pour reprendre
à 11 heures. M. le député de Roberval.
M. Gauthier: Concernant SOQUIP, le ministre sait qu'on est
d'accord. Maintenant, serait-elle disponible un peu plus tôt, si on
gagnait un peu de temps...
Le Président (M. Théorêt): On m'avise qu'elle
sera ici au moins une heure avant...
M. Gauthier: Ah, d'accord.
Le Président (M. Théorêt): ...donc, il est
encore possible qu'on termine à 22 heures, 22 h 15 ou 22 h 30.
M. Gauthier: C'est pour prévoir cette possibilité.
Il serait plutôt fâcheux d'attendre une heure pour rien.
Le Président (M. Théorêt): On nous a
confirmé qu'elle serait ici au moins une heure d'avance.
M. Gauthier: D'accord. Cela va. M. Maltais: M. le
Président.
Le Président (M. Théorêt): Oui, monsieur.
M. Maltais: On va avoir une heure de libre demain matin. On
siège de 9 heures à 10 heures et on arrête de 10 heures
à 11 heures.
Le Président (M. Théorêt): Je vois que les
représentants de Noranda ont pris place. J'aimerais que vous vous
présentiez dans un premier temps. Vous m'avez avisé, M. Tourigny,
que M. Smith ne fera la présentation qu'en anglais.
Filiales de Noranda
M. Tourigny (Pierre): Effectivement, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Je vous fais part
que certains députés et membres de la commission ne comprennent
pas l'anglais et, de ce fait, ils vont travailler avec le texte français
du mémoire que vous avez déposé. Les questions vous seront
posées en français, pour ceux qui veulent le faire en
français.
M. Tourigny: Certainement, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): S'il vous
plaît, voulez-vous faire la présentation et commencer votre
exposé?
M. Tourigny: II me fait plaisir... Je suis Pierre Tourigny, du
bureau Langlois, Trudeau, Tourigny, de Montréal. Nos clients sont ici
représentés aujourd'hui par M. Dean Smith, vice-président
de Brenda Marketing, et par M. Pierre Gravel, gérant
général au Québec de la même compagnie. M. Smith
commencera par l'exposé.
Le Président (M. Théorêt): So, Mr.
Smith, I would like to remind you that you will have 20 minutes maximum
to do your exposure and then the remaining time will be split between the two
Parties.
M. Smith (Dean): Thank you very much. I appreciate the
opportunity and I will try to be brief. What I thought I might do is to give
you a very brief background as to what we perceive the regulatory arrangements
of the Régie, the regulatory Board, if you will, should be, and a brief
summary of our concerns with the present legislation as we understand it.
In October 1985, there was an agreement between the producing provinces
and the Federal Government, Agreement on Natural Gas Markets and Prices, which
set in motion the wheels of deregulation. Although Québec is not a
signatory to this agreement, we understand, from Western Canada, that the
Québec Parliament was advised of the contents of that agreement and
certainly there is no question that Québec would be a major benefactor
of the deregulatory process for natural gas.
The key components of that deregulation process, if you will, will
enable a competitive environment for natural gas to occur here in
Québec. Firstly, the buyers and the sellers must have full and complete
access to each other. They must be able to
negotiate price, volume, etc.
Secondly, it is our belief that an open transportation system must be
available such that buyers and sellers can give access the commodity of natural
gas to each other.
Thirdly, and perhaps it is not of lesser importance, it is the fact that
Government would in fact not interfere in the pricing provisions and volume of
those sales.
Brenda Marketing and Noranda which we are representing as well today -
Ï should perhaps give you some background here -Brenda Marketing, Brenda
Mines, Oil and Gas is an affiliate of Noranda. Noranda itself represents many
of the manufacturing institutions here in the province of Québec. I
believe it is the third largest employer here with some 8000 and plus people on
its payroll,.
It is terribly important that Noranda obviously then keep its costs at
the absolute minimum. It includes the cost of production as well as the cost of
energy. Noranda is a major user of energy here in Québec and, of course,
it has to compete with Ontario manufacturers; it has to compete in the
international market place. With free-trade potentially around the corner,
costs become even much more of greater concern to Noranda.
Presently, it is our understanding that the gas cost in Québec,
that is not the commodity cost of the actual gas, but the transportation
function of gas, is anywhere from 20 % to 25 % higher here than it is in other
areas of the country, specifically Ontario,,
Noranda, as well as Brenda, believes that a strong and decisive board
with the appropriate resources will ensure an acceptable level of service, an
acceptable level of transportation and, to a lesser extent, an acceptable level
of rate of return for any monopoly which controls the transportation of any
commodity, that being natural gas here in the province of Québec.
Brenda is an affiliate of Noranda, as I mentioned earlier, who is a
producer of natural gas and a marketer of natural gas, indeed one of the major
marketers on a direct sale basis of natural gas in the Eastern Canada. Brenda,
presently, supplies in excess of 30 industrial plants in Québec and in
Ontario; we are producing and directly selling just less than 100 000 000 cubic
feet of natural gas per day. Of those 30 plus plants, we have only 6 sales in
the province of Québec. We are - it is my understanding - the largest
direct seller in Québec.
Brenda is a strong believer in the regulatory boards, that is to say the
"régies", the Energy Boards, etc., having appropriate staffs and the
appropriate jurisdiction to implement deregulation and the development,
thereafter, of the appropriate environment for a monopoly regulation which
provides the best possible service to Québecers.
A strong "régie"? we submit, would be composed of experts, which
is absolutely essential if Québec wishes to enjoy the benefits of
deregulation. When I say a group of experts, I am referring to people who have
had substantial amount of experience in the regulation of monopolies and
understanding how those monopolies work, how the distribution function works,
etc Financial resources which are required by these boards or "régies",
if you will, have to be allocated through technical, financial, economics and
the use of perhaps outside expertise to develop an overall format which will
provide a greater degree of deregulation, hopefully in the future, here in
Québec.
The summary of concerns. We, first of all, submit that certain
definitional problems should be eliminated, which may disallow producers or
brokers, if you will, from operating in Québec; that is to say: plant
gate sales must be made available to end-users; a distributor should be
required to provide service to end-users and to brokers, and providing the
distributor and the Régie the discretion to curtail service due to
impairing profitability and efficiency is completely unacceptable as far as we
are concerned.
The Régie should review, in a public forum, all complaints by a
distributor indicating such impairment, and those concerns must be substantial
in nature before any service under a regulated toll would be changed or, in
facts, curtailed.
Another component is the Régie should have under its jurisduction
what we call Competitive Marketing Programs or CMPs. They should, like all
other matters which are reflected in the tolls, be reviewable by the
Régie to ensure that the same are being distributed by the distributors
in a non discriminatory fashion. We submit that these discounts or pools of
funds, as you will, should be provided on a common stream basis, so that all
Québecers can enjoy equally, without discrimination, the benefits of
these big discount pools. (14 h 15)
During this time of deregulation, we submit that there should be an
increase of the responsibilities and, in fact, of the jurisdictions of the
Régie. In order to meet the demands upcoming in the deregulatory
process, such as unbounding of rates and things of that nature, determination
of rate of return, engineering functions, the financial and technical services
side, the expansion of any existing or potentially new facilities, etc., it is
imperative that the Régie had the manpower firstly; secondly, the
financial resources in which to make expert, I quote expert, decisions. These
decisions would provide the greatest benefit to the public of
Québec. The Régie should be expanded to at least five
members with a quorum of three members sitting in anyone particular hearing,
each member to have one vote. The Régie or, in fact, experts will
discipline themselves such as they are experts and as such they should be
charged with the responsibility of providing decisions on all aspects of
regulatory affairs, here, in Québec. We are prepared to it. For example,
Brenda and Noranda will be prepared to pay an additional cost of service if
required to finance this type of expansion to the Régie. To do that, you
have a number of different methods; one of which, of course, is the cost of
service component. It is just an incremental cost to transport the commodity
through the sytem of the distributor.
Additionally, we have submitted the producers and brokers, if you will,
who actually own the gas to the plant gate, that is to say from the well head
down to the plant gate in Québec, be given a legal status by definition
or otherwise. For end-users, one to buy gas like any other commodity, and
therefore the provisions should be made for marketers to be defined with a
legal status, if you will, within the legislation and a requirement, therefore,
for service by the distributor for these marketers. It has become abundantly
clear, as we have been involved in gas marketing over the past couple of years,
that end-users want to buy the commodity of gas at your plant gate; they are
not interested in becoming experts in a transporting function. Indeed, it is a
very complex function. They will like to buy and sell their commodity at plant
gate like they do in any other commodity. We have submitted the decisions made
by the Régie should however be subject to an appeal mechanism; that is
to say, specifically points of law, which my colleague, Mr. Tourigny, will
address in a few moments; they should be adressed to a different level, if you
will. Additionally, we have submitted to the Government guidelines which are
reasonable and which can be expected, should be, in fact, in place. However,
those guidelines should be published, they should be reviewed in a public forum
where all the constituents, if you will, of the affected industry have the
opportunity to advise, to present their positions in a forum, such as this one
we have here today, I think, is appropriate.
In summary, we would submit that is very important that this bill
reflects a new market place for energy in Québec. A legal status for
producers and brokers must be provided. The overall responsibility for all toll
matters including systems of rebates such as CMPs should be provided to the
Régie. The expansion of the Régie staff, we think it is critical
and the board members being increased to the level af five must be done to
allow experts to review the distribution and the developpment of a competitive
environment, here in the province of Québec.
Next, we will have Mr. Tourigny, review the actual specific bill
considerations that we submit for your consideration.
Le Président (M. Théorêt): Thank you, Mr.
Smith. We will understand that some of the questions will be addressed to some
of your colleagues in French as some of the members do express themselves in
French instead of English.
Il vous reste neuf minutes, monsieur, pour compléter
l'exposé.
M. Tourigny: Parmi les recommandations qui ont trait à la
rédaction législative, la première, je crois, qu'il nous
faut mentionner est celle du problème que M. Smith a mentionné,
de la définition même de l'entreprise de gaz que l'on retrouve
à plusieurs articles. Évidemment, d'abord à l'article 2 et
ensuite aux articles 9, 10 et 17. Il nous faut ouvrir le marché du
Québec et pour qu'un marché existe vraiment il faut que le plus
grand nombre possible de vendeurs rencontrent le plus grand nombre possible
d'acheteurs. Il est très important que la personne, nommément le
distributeur, qui détient présentement un monopole physique sur
l'acheminement du gaz dans la province de Québec se voie enlever d'une
certaine façon la fonction vente ou, à tout le moins, que la
fonction vente soit bien divisée et qu'elle soit complètement
séparée de la fonction d'acheminement ou de distribution. La
définition de distributeur a bien voulu faire ressortir cette
différence. On voit que le distributeur est mentionné comme
étant une personne qui a un droit exclusif d'exploiter un réseau
de distribution. Cependant, lorsqu'on va au réseau de distribution, on
voit que c'est l'ensemble des conduits, outillages destinés à la
fourniture, au transport et à la livraison du gaz naturel.
De la même façon, si on recherche plus loin aux articles 9
et 10, l'article 9 prohibe à qui que ce soit qui n'est pas
détenteur d'un droit exclusif d'exploiter un réseau de
distribution. Souvenons-nous qu'un réseau de distribution comprend le
mot "fournir". L'article 10 traite à peu près de la même
chose. Ensuite, à l'article 17, on dit que "le droit exclusif
d'exploiter un réseau de distribution confère à son
titulaire - c'est-à-dire le distributeur - sur le territoire où
II porte, le droit de fournir, transporter et livrer, à l'exclusion de
toute autre personne..."
Le premier problème est évidemment le mot "fournir". Le
mot "fournir" est très large dans son acception et peut être
interprété comme couvrant également la vente. À
notre avis, si l'on veut que les acheteurs et les vendeurs puissent se
rencontrer, il faudrait que d'autres personnes puissent fournir le gaz
dans le sens de le vendre, de rendre le produit du gaz disponible à
quiconque au Québec veut en faire l'achat autrement qu'en passant par le
monopole autorisé.
En corollaire, il est évident que si on veut ouvrir le
marché il faut donc que d'autres personnes que le distributeur exclusif
puissent venir faire des ventes, avoir une force de vente, pressentir les gens
et signer des contrats de vente de gaz. On sait qu'éventuellement...
Même présentement, il existe, tant sur le pipeline ou le gazoduc
de TransCanada que dans la province de Québec, des taux qui
prévoient la livraison pure et simple du produit de gaz naturel. En
conséquence, il faudrait donner aux courtiers comme Brenda, par exemple,
le pouvoir de venir faire des ventes dans la province de Québec. C'est
à cette fin que nous avons recommandé, et vous le trouvez
à la page 11 de notre mémoire, une série d'amendements ou
d'ajouts à l'avant-projet de loi tel que préparé.
J'attire également l'attention des membres de la commission
parlementaire sur l'annexe 1 de notre mémoire où on voit, du
côté gauche, les dispositions de l'avant-projet telles qu'elles
existent présentement et, du côté droit, les amendements
que nous voudrions voir adopter dans ce projet de loi.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M.
Tourigny. Je cède maintenant la parole au ministre. M. le ministre.
M. Ciaccia: Je veux remercier les représentants de la
compagnie Noranda ou Brenda Marketing pour leur mémoire et les
recommandations qu'ils portent à notre attention. Je voudrais vous poser
quelques questions. Premièrement, sur les amendements que vous avez
suggérés. Dans votre mémoire, on suggère le
retranchement du mot "supply", ou "fournir", à l'article 17...
M. Tourigny: Oui, fournir...
M. Ciaccia: Cette section vise particulièrement les droits
et obligations du distributeur. Il prévoit que le droit exclusif
d'exploiter a certaines conséquences.
M. Tourigny: Oui.
M. Ciaccia: Ne croyez-vous pas que le distributeur doive assumer
un rôle dans la vente du gaz, notamment en vue de satisfaire les besoins
d'une clientèle captive, tels les marchés résidentiel,
commercial et institutionnel? Si vous enlevez le mot "fournir" de l'article 17,
je pense qu'il y aura une sérieuse lacune.
M. Tourigny: Je crois que le problème, quant à
nous, provient de l'association du mot "fournir" aux mots "droit exclusif" qui
arrivent au tout début de l'article 17. Je crois qu'effectivement il est
important que le distributeur puisse, lui aussi, garder le droit de vendre du
gaz. Cependant, tel que l'article est rédigé présentement,
notre crainte, c'est que l'association se fasse entre le droit de fournir et le
droit exclusif d'exploiter un réseau de distribution, lequel
réseau de distribution est lui-même défini comme
étant les appareils nécessaires à fournir le gaz.
On se retrouve un peu dans la position où nous sommes
présentement, où la loi prévoit ceci à l'article 1
dans la définition d"'entreprise de gaz", et je cite - c'est l'article
1, paragraphe b; "lorsque ce mot désigne une entreprise de gaz: une
entreprise de vente, d'emmagasinage, de transport ou de distribution de gaz
dans le Québec."
Vous avez parfaitement raison, M. le ministre et ce n'est pas notre
intention de priver le distributeur ou de lui enlever complètement toute
fonction de vente. Cependant, nous soulignons le danger de lui donner un droit
exclusif sur le territoire où porte ce droit exclusif, le droit de
fournir... Je crois qu'il l'a, en fait, comme n'importe qui.
M. Ciaccia: Mais vos craintes qu'un courtier... Je présume
que ce sont vos craintes qu'il ne puisse effectuer des ventes sur le
marché québécois. Est-ce que cette crainte ne
disparaîtrait pas si, au lieu d'amender l'article 17, on amendait
l'article 2, la définition de "réseau de distribution", en
éliminant le mot "fournir" dans l'article 2? Autrement dit...
M. Tourigny: Évidemment, c'est une de nos suggestions,
d'ailleurs, M. le ministre. Je pense qu'en amendant la définition de
"réseau de distribution", on élimine certainement une partie du
problème. Néanmoins, je ne suis pas convaincu personnellement, je
n'ai pas la conviction morale qu'une cour n'en viendrait pas à cette
conclusion à cause de l'article 17 qui confère le droit exclusif,
justement.
M. Ciaccia: Vous voudriez enlever le mot "fournir" dans
l'article 17 et le remplacer par "vendre"? Vous ne voulez pas...
M. Tourigny: Non, enlever justement le mot "fournir".
M. Ciaccia: Complètement et ne pas le remplacer par quoi
que ce soit.
M. Tourigny: Complètement.
M. Ciaccia: On va examiner cela, mais
je pense qu'il y aurait une lacune. Mais, en tout cas, on va examiner
cela.
M. Tourigny: On pourrait l'ajouter dans un article ailleurs.
Mais, encore une fois, ce qui nous fait peur, M. le ministre, c'est
l'association du droit exclusif et du mot "fournir".
M. Ciaccia: Vous suggérez un amendement à l'article
22, au deuxième paragraphe, afin d'y inclure - je lis le texte anglais:
"or broker requesting it". En français, vous avez dit: à la
demande du courtier?
M. Tourigny: Oui.
M. Ciaccia: Si je comprends bien, vous souhaitez en tant que
courtier avoir accès à un service de transport sur le
réseau de distribution, lequel n'est actuellement disponible qu'aux
consommateurs. Pourriez-vous expliciter les avantages que les consommateurs
québécois retireraient par un élargissement de
l'accès au service de transport sur le réseau de distribution
pour les courtiers?
M. Tourigny: Avec votre permission, M. le ministre, je crois que
M. Smith serait beaucoup plus éloquent que moi dans ce domaine. Je vais
lui traduire la question, si vous me le permettez, afin qu'il y
réponde.
M. Ciaccia: What would the advantages be for the Québec
consumer if we would enlarge the access to the transport gas to the
brokers?
M. Smith: First of all, if we step back and look at a simplified
administrative function, the marketer would have the opportunity to provide all
of the transportation service on the inner provincial as well as the producing
province transportation systems. Then, once you enter the province of
consumption, it would hold the transportation system there. So, ultimately, the
end-user would only be required to, administratively, execute one agreement;
the marketer, if you will, would have the responsability of meeting all the
terms and conditions of all other agreements. (14 h 30)
Secondly, there are inherent benefits, within the distribution system,
where a marketer can group together a number of end-users. That is simply
referred to as complementary load balancing where you use different end-users
accommodate each other loads. The other obvious benefit, of course, is that
there would be a reduction or a potential for a reduction in the transportation
cost to that end-user the grouping mechanism, that is to say, by putting
several consumers together, they would have a greater buying power in the
province of gas origin because of their volumetric level.
M. Ciaccia: Si je comprends bien, la conclusion est que cela
pourrait réduire le coût au consommateur.
M. Tourigny: Effectivement.
M. Ciaccia: It would effectively reduce the cost to the
consumer.
M. Smith: Yes.
M. Ciaccia: That is the bottom-line of your explanation.
M. Smith: As well as we hope to increase the level of
service.
M. Ciaccia: Lorsqu'une demande est présentée par le
distributeur en vertu de l'article 22, croyez-vous que la décision de la
régie devrait être prise en fonction de l'intérêt
public? Et est-ce que, par définition, l'intérêt public
déborde les seules et uniques conséquences financières que
pourrait subir un distributeur en vertu de l'obligation qui lui est faite
à l'article 22? Si je vois votre proposition d'amendement à
l'article 22, vous faites référence à "undue financial
hardship".
M. Smith: There is no question, the Régie, in determining
the activities of the distributor, clearly makes decisions that are in the
public interest. The impairment or undue financial hardship, I would suggest to
you, are something that can be equated to the public interest, that is to say
that, if the distributor suffers undue financial hardship, then clearly the
benefit to the public has been reduced. Conversely, if the benefit to the
public is increased and along with it come some financial setbacks, if you
will, for the distributor, then the public interest, I would suggest, would
take precedence.
M. Ciaccia: À la page 11 de votre mémoire, vous
dites: "In our view, the distributor, as a monopoly, should be required to
justify that its purchases are in the public interest before being made part of
the rate base". Est-ce que vous suggérez que, pour tout investissement,
le distributeur doit justifier que ses achats sont dans l'intérêt
public avant qu'ils ne fassent partie de la base pour fixer les tarifs? Est-ce
que vous suggérez que tout investissement fait par le distributeur soit
préalablement autorisé dans le cadre d'une audience publique?
M. Tourigny: Votre question est?
M. Ciaccia: Ma question: Est-ce que vous suggérez que tout
investissement fait par le distributeur soit préalablement
autorisé dans le cadre d'une audience publique? In other words, must all
investments made by the distributor be authorized, prior to the investment
being made, in a public hearing or after a public hearing?
M. Smith: Well, our recommendation clearly is that, at any
investments made with respect to expansion of facilities, anything that would
have an effect on the toll or on the toll methodology within the distribution
sytem clearly should be reviewed by certainly the affected parties, if you
will, the public.
M. Ciaccia: It would be when? Prior to the investment being made
or can it be reviewed afterwards?
M. Smith: Our recommendation is that it be done on a proactive
basis, that it be done prior to any such investment being made.
M. Ciaccia: Est-ce qu'il y a certains investissements ou un seuil
ou un montant ou un investissement qui pourraient être autorisés
par la régie sans qu'une audience soit nécessaire? Auriez-vous
quelques commentaires à ce sujet?
M. Smith: Well, certainly that is an alternative method that
would provide some flexibility to the distributor and, I guess, the quantity or
level is something that the legislation and perhaps the Régie, in a
relatively open forum, would come to some conclusion on. I have not given any
consideration to any sort of level of expenditure.
M. Ciaccia: That could be a formula, quantitate levels and
afterwards it will be a public hearing prior to the expenditure.
M. Smith: That is probably a reasonably convenient formula to
provide the distributor with some level of flexibility.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. Je cède maintenant la parole au député de
Roberval et critique officiel de l'Opposition. M. le député.
M. Gauthier: Oui, M. le Président. Malheureusement, le
texte français du mémoire nous a été
déposé à 11 h 15 seulement ce matin. Par manque de
ressources, cela a empêché l'Opposition de pouvoir jouer son
rôle et d'accorder toute l'importance et tout l'intérêt
qu'elle aurait dû accorder à ce mémoire qui, bien
sûr, a un contenu assez appréciable. Compte tenu de la
nécessité qu'on a de bien maîtriser la langue de
Shakespeare pour comprendre toutes les subtilités techniques qu'il y a
dans ce type de mémoire, je dois vous dire qu'il ne nous a pas
été possible de faire le travail qu'on aurait dû faire.
Cependant, je poserai mes questions en français, évidemment, et
je m'attends à une réponse en français.
À la page 7 de votre mémoire, j'ai compris avec
difficulté, pour la lecture que j'ai pu en faire, votre opposition
concernant les programmes de commercialisation sur les marchés
concurrentiels. D'abord, a priori vous écartez ce genre de programme. Il
ne devrait pas y avoir - je comprends que c'est votre position - de ce type de
programme susceptible, je pense, c'est l'interprétation que j'en fais,
vous me corrigerez si ce n'est pas exact, de faire en sorte que les petits
consommateurs payent en quelque sorte pour des programmes susceptibles
d'intéresser des gros consommateurs. Un peu plus loin vous dites: "Si
ces programmes sont tolérés -c'est le deuxième paragraphe
de cet élément dans la version française - ils doivent
à tout le moins être soumis à la régie." Moi,
j'aimerais savoir en quoi la régie pourrait porter des jugements sur ces
programmes ou comment, du fait que ces programmes soient soumis à la
régie, cela crée moins de problèmes pour ce que vous
énonciez plus haut.
M. Tourigny: Je crois que la réponse à cela est la
suivantes Les CMP en ce qu'ils ont d'occulte, c'est un mot peut-être trop
fort pour l'idée que je veux exprimer, peuvent mettre certains
consommateurs dans une position ou peuvent placer les gens qui ont le monopole
de ta distribution dans une position où, parce que finalement personne
ne regarde jamais le quantum de ces réductions, on peut faire une
concurrence déloyale. Laissez-moi vous expliquer. Par exemple, supposons
qu'un groupe de producteurs décident de mettre un montant quelconque, un
pourcentage établissons-le à 40 % du prix officiel du gaz qui,
dans la province de Québec, est de 2,48 $ à peu près... Si
on met 1 $, par exemple, sur 2,48 $ dans un fonds, il s'agit non pas d'une
distribution égale à tous les consommateurs
québécois mais bien dans un fonds que quelqu'un, et le plus
souvent c'est le distributeur lui-même... La personne qui a le monopole
peut aller verser, autrement dit concentrer ce fonds-là sur la
tête de quelques personnes. On sait qu'on veut un marché ouvert;
or, le marché ouvert a une limite réelle qui est le prix du gaz
à la frontière de l'Alberta. Aucun vendeur de gaz ne pourrait
normalement être capable de vendre du gaz au Québec à un
prix inférieur des prix à la frontière de l'Alberta, plus
les frais de transport qui, eux, sont fixes et
établis par des régies ou des offices nationaux de
l'énergie, etc. Si on continue par un système occulte, en fait un
système sans vérification, il se peut que,
systématiquement, quelqu'un ou enfin les gens qui y ont
intérêt concentrent, pour prendre le marché, ces fonds qui
sont généralement assez élevés. En en faisant
bénéficier quelques-uns, ils se trouveraient, ces gens, ces
consommateurs qui sont le plus souvent de grands consommateurs industriels,
à déjouer toute concurrence puisqu'ils peuvent concentrer leurs
fonds sur la tête de quelques personnes. Quel est l'effet de cela
à long terme? À notre avis, l'effet à long terme est tout
simplement de repousser toute concurrence réelle et,
éventuellement, très peu de gens iront acheter du gaz directement
parce qu'ils auront bénéficié de ces concentrations
d'escompte, si vous voulez.
Ce que nous disons, c'est que, si le Parlement ou l'Assemblée
nationale décide qu'il faut les garder, on doit les soumettre à
la régie et celle-ci sera en mesure - parce qu'elle connaît les
taux tant ici dans la province de Québec que ceux de TransCanada
PipeLines, etc., elle connaît également les prix minimums à
la frontière de l'Alberta -à tout le moins de savoir si on est en
train de bloquer toute la concurrence, et il ne faut pas déjouer la
concurrence libre. Je crois que c'est la principale préoccupation et non
pas la seule. Donc, la régie pourrait s'assurer, par ce système,
qu'elle est en train de promouvoir un marché et non pas, à moyen
ou à long terme, de l'éliminer ou d'empêcher toute
concurrence.
M. Gauthier: Merci, il y a un autre aspect que j'aimerais
soulever et qui a attiré mon attention dans cette lecture rapide, c'est
la question des tribunaux d'appel. Vous faites un lien dans votre
mémoire, en tout cas vous semblez faire un lien entre le nombre peu
élevé de régisseurs à l'éventuelle
régie et le fait que cela deviendra encore plus important d'être
en mesure de faire appel. Je vous pose une question assez précise
là-dessus. Je comprends le lien que vous pouvez faire - mais une
éventuelle possibilité de faire appel à la régie
même, comme cela existe quelquefois dans certaines régies
gouvernementales ou certaines commissions, par un mécanisme inclus dans
le fonctionnement de la régie, cela vous semblerait-il une protection
acceptable?
M. Tourigny: Je dois avouer que je vois un peu mal comment une
régie qui a un nombre limité de régisseurs pourrait, en
somme, défaire ou rendre une décision contraire au raisonnement
sur lequel elle s'est appuyée.
M. Gauthier: Pour vous donner plus d'explications sur ma
question, dans le domaine des jugements rendus, appelons cela comme cela, pour
la protection des terres agricoles, par exemple, on sait que la commission a un
mécanisme à l'interne qui est celui de faire
réévaluer un cas par des personnes différentes et dans un
autre contexte. C'est un mécanisme qui semble donner satisfaction. Je me
demandais, mutatis mutandis, les choses pouvant être ajustées en
conséquence, si cela pouvait être suffisant. C'est dans ce
sens-là que...
M. Tourigny: Honnêtement, nous ne croyons pas, non. Nous
préférerions voir une cour de justice régler ces
problèmes de droit.
M. Gauthier: D'accord. Vous parlez d'une cour de justice, mais il
y a une préoccupation qu'on me soulève et que j'ai: Est-ce que
les cours de justice, malgré tout le respect que je leur dois,
possèdent, à votre avis, compte tenu du caractère
très spécialisé des décisions rendues, les
éléments ou l'expertise nécessaires pour rendre un
jugement éclairé là-dedans? C'est quand même un
domaine extrêmement technique et j'ai une inquiétude à ce
niveau.
M. Tourigny: Je porte à votre attention M. le
député, qu'effectivement il ne s'agit d'appels que pour des
questions de droit. Quelles seraient les questions de droit à ce
moment-là? L'interprétation législative, d'une part, pour
laquelle, les cours sont très bien équipées, je crois. Je
ne crois pas qu'il s'agisse d'un droit d'appel à chaque fois que
quelqu'un n'est pas content du taux pour telle quantité, à tel
endroit. Non, certainement pas. D'ailleurs, cela reste dans les amendements que
nous avons soumis. Il ne s'agit que d'un appel pour des questions,
évidemment, de juridictions... Remarquez que, de toute façon, on
pourrait dire que cela existe mais c'est toujours mieux, à notre avis,
quand on a un système prévu dans la loi, plutôt que de
faire confiance aux fameux brefs d'évocation qui sont aléatoires
et qui sont de moins en moins efficaces, moins qu'ils ont déjà
été.
Sur des questions de droit et sur une question de juridiction de la
régie, je crois que les cours sont particulièrement bien
équipées pour répondre à cette demande.
M. Gauthier: Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Roberval. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M.
le ministre?
M. Ciaccia: Non, merci.
Le Président (M. Théorêt): Avant la
conclusion? Est-ce qu'il y a d'autres interventions de la part des
membres de la commission?
M. Ciaccia: Une remarque, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): M. le
ministre.
M. Ciaccia: À l'article 63, si je vous comprends bien,
vous avez parlé du droit du gouvernement de donner des orientations
générales. Si je vous comprends bien, vous mentionnez dans votre
mémoire que si ce pouvoir doit exister il devrait, à tout le
moins, être tempéré par l'obligation de publication des
règlements et directives proposés et de consultation
auprès de l'industrie et des autres intéressés, y compris
la régie.
M. Smith: The rational behind, why we would like to examine those
types of guidelines, it is simply because we perceive that all of the
constituents, if you will, within the industry should have an opportunity to
supply the parliamentary committee with the opportunity to see what our views
are. That is as producers, as shippers and as end-users. Each constituent party
is obviously going to have its own vested interest but, hopefully, when taken
in total, the most appropriate set of guidelines will come forth. Clearly, the
Régie has to act according to a set of guidelines and it is going to act
in terms of its toll-making methodology subject to a public forum, wherein
everybody does have the opportunity to intervene as interested parties and
present their position on the matter that...
It would seem to us that it would be appropriate that, if the committee
was about to set guidelines, it too would like to use a forum, like this one,
to sollicite the opinions of all of the different players in the industry.
M. Ciaccia: Je trouve que c'est une recommandation positive et
que cela met des balises et des restrictions pour un gouvernement qui doit et
qui voudrait agir dans les orientations et que ces orientations soient
conformes au consensus du milieu.
M. Tourigny: Oui et aux conditions du marché. Exactement.
Tel que vu par les gens qui sont impliqués.
M. Ciaccia: It is a positive recommendation.
M. Tourigny: Exactement.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. M. le député de Roberval, vos conclusions.
M. Gauthier: Oui, M. le Président. Je voudrais simplement
remercier nos invités pour la présentation qu'ils nous ont faite
et leur exprimer à nouveau le voeu que, peut-être dans l'avenir,
les traductions françaises nous parviennent un peu plus tôt afin
qu'on puisse faire notre travail d'Opposition comme il se doit, étant
donné qu'on n'a pas, dans ce Parlement, les services de traduction qui
ont cours à Ottawa, Vous comprendrez qu'il faut être
extrêmement familiers avec la langue anglaise pour être capable
d'en faire une interprétation juste et raisonnable. J'exprime ce voeu en
terminant. Je vous remercie donc de votre présentation et des
explications que vous avez bien consenti à nous donner.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Roberval. M. le ministre.
M. Ciaccia: Je veux vous remercier pour votre mémoire. En
ce qui concerne le droit d'appel, je voudrais seulement attirer votre attention
sur l'article 54. Il y a effectivement un droit d'appel sur une question de
compétence de la régie et non sur tous les autres
éléments de droit dont vous avez parlé. Ils sont
spécifiquement exclus.
M. Tourigny: Je réitère ce que je disais tout
à l'heure. Actuellement, les recours extraordinaires et, en particulier,
l'évocation, ma perception c'est que c'est en train d'être battu
en brèche. Je comprends que c'est explicitement donné. C'est ce
que nous... On n'est pas contre cela du tout mais on croit qu'on devrait aller
aussi aux questions de droit.
M. Ciaccia: Alors, je veux vous remercier pour votre
mémoire. Nous allons certainement en tenir compte et étudier les
recommandations que vous avez apportées à notre attention.
Le Président (M. Théorêt): Mr. Smith, I know
that you are a long way from home, so we thank you for being here.
M. Tourigny et M. Gravel, merci, et nous vous souhaitons bon voyage de
retour.
Nous supendons les travaux pour trois minutes, pour une
pause-santé.
(Suspension de la séance à 14 h 51)
(Reprise à 14 h 57)
Association des industries forestières du
Québec
Le Président (M. Théorêt): La commission de
l'économie et du travail
reprend ses travaux et nous recevons les représentants de
l'Association des industries forestières du Québec. J'imagine, M.
Dufresne, que vous allez nous présenter votre collègue... M.
Duchesne ou M. Dufresne?
Une Voix: Duchesne.
Le Président (M. Théorêt): Ah bon! Alors,
messieurs, voulez-vous, s'il vous plaît, vous présenter, en vous
rappelant que vous avez un maximum de 20 minutes pour faire votre
présentation?
M. Duchesne (André): Mon nom est André Duchesne, je
suis président et directeur-général de l'Association des
industries forestières du Québec. En principe, j'ai avec moi, cet
après-midi -quand il va arriver, il va s'asseoir là - M. Guy
Dufresne, le premier vice-président, groupe pâtes et papiers
Amérique du Nord de la compagnie Consolidated Bathurst inc., et qui est
déjà rendu. J'ai M. Raoul Buser, vice-président,
technologie et développement, Domtar.
M. le Président, l'Association des industries forestières,
vous le savez, est un peu une habituée de cette commission, mais vous me
permettrez quand même d'en parler pendant quelques instants. Depuis 1924
que l'AIFQ représente le secteur papetier au Québec, elle
regroupe aujourd'hui 29 entreprises forestières qui représentent
la presque totalité de la capacité de production en pâtes
et papiers et le quart de la capacité de production en sciage. Vous
savez que ce sont des activités qui consomment de grandes
quantités d'énergie que la récolte et la transformation de
la matière ligneuse. Dans son ensemble, l'industrie forestière
québécoise a utilisé, en 1986, environ 124 000
térajoules d'énergie, dont 70 % d'électricité. Le
gaz naturel, lui, n'est que notre troisième source d'énergie pour
l'instant, mais sa consommation croît rapidement. En effet, en 1980, le
gaz naturel ne constituait que 3 % de l'énergie totale achetée
par l'industrie forestière; il compte aujourd'hui pour 11,5 %. Dans la
même période, la consommation totale de gaz naturel a
augmenté au Québec d'environ 70 %, alors qu'elle a
quadruplé dans les usines de pâtes et papiers seulement. Ce n'est
donc pas surprenant que ce soit cette industrie qui ait présenté
le plus fort taux d'augmentation de la consommation depuis 1980. En 1986,
c'était 14 170 térajoules ou 375 000 000 de mètres cubes
que notre industrie a consommés, ce qui correspond à 7,5 % de
toute la consommation québécoise. Incidemment, il y a le
programme d'énergie excédentaire d'Hydro-Québec qui est
censé prendre fin en novembre 1988. Si tel était le cas, - et
cela fera l'objet d'autres représentations, M. le ministre - il faudrait
prévoir un impact significatif sur la consommation de gaz naturel par
l'industrie papetière. L'industrie devrait alors remplacer
l'électricité du programme d'énergie excédentaire,
qui représente plus de 9 000 000 de mégawattheures par an, et le
gaz naturel pourrait, selon nos prévisions, absorber environ la
moitié de ce marché.
Vous voyez donc l'intérêt des membres de l'AlFQ pour
l'avant-projet de loi sur la Régie du gaz naturel. Le prix du gaz
naturel et de son transport constitue toujours pour nous un
élément important à considérer lors de la
planification budgétaire d'un projet de construction d'usine ou
d'expansion. Cette importance est encore accrue par la conjoncture actuelle qui
suscite plusieurs projets de conversion à la nouvelle forme
d'énergie. On pense donc que l'industrie papetière pourrait
doubler sa consommation de gaz naturel d'ici à quelques
années.
L'industrie forestière québécoise, de son
côté, ne jouit d'aucune façon d'un marché
protégé. Son principal produit, le papier journal, est vendu dans
un marché international hautement concurrentiel où l'offre et la
demande et non les coûts de production sont les facteurs qui fixent les
prix. Cela prévaut pour toute la production de pâtes et papiers et
la production de sciage au Québec. Les expéditions atteignaient
une valeur d'environ 6 000 000 000 $ en 1986, soit 10 % de la valeur totale des
expéditions manufacturières. Il y a un peu plus de 10 % de cette
valeur qui est le coût de l'énergie utilisée par
l'industrie.
Nos ventes sur le marché des exportations atteignent, dans le
secteur des pâtes et papiers, au-delà de 4 500 000 000 $ et
représentent 23 % de toutes les exportations québécoises.
Si 1986 et 1987 sont, sans contredit, de bonnes années, elles ne doivent
pas faire oublier que le taux de rendement du secteur papetier, à long
terme, n'atteint même pas 10 %, ce qui est plusieurs points de
pourcentage inférieurs à nos concurrents américains.
En contrepartie, il semble bien que les entreprises qui oeuvrent dans le
secteur du gaz naturel jouissent d'un taux de rendement garanti de 10 %
à 15 % et que cela n'a pas trop de relation avec les conditions du
marché ou la qualité de leur gestion. Or, nous croyons que la
nouvelle Régie du gaz naturel doit être en mesure de
protéger non seulement le petit consommateur, mais aussi les
consommateurs industriels contre l'exercice de ce pouvoir monopolistique de la
part des fournisseurs de gaz naturel. Il importe de souligner, à notre
avis, que l'actuelle Régie de l'électricité et du gaz n'a
pas tout à fait réussi à faire cela. On a vécu des
hausses de prix exorbitantes, des tarifs rétroactifs, souvent complexes
au point d'être incompréhensibles.
Alors, les membres de l'AIFQ estiment donc particulièrement
important - cela constitue nos recommandations, M. le Président - que la
régie dispose de tous les pouvoirs nécessaires pour régir
de façon juste et équitable la tarification du gaz naturel. De
plus, la régie doit avoir une vision plus globale qui tienne compte de
la conjoncture économique où opèrent les industries
québécoises, ainsi que de leur compétitivité.
Enfin, la régie doit s'assurer que les taux soient bien
adaptés aux besoins de chaque catégorie d'usagers et que les
industries concernées aient toujours la possibilité, selon une
procédure simple et efficace, de lui faire connaître leurs points
de vue, particulièrement en matière de tarification. Dans tous
les cas, les tarifs d'une année devraient être connus dès
l'automne précédent pour permettre une planification
budgétaire par l'entreprise consommatrice et, dans la même veine,
une prévision à moyen terme de la variation des tarifs serait
d'un grand intérêt pour l'analyse de la rentabilité des
projets d'investissement.
Au-delà de ces recommandations, les membres de l'AIFQ ont cru
utile de faire quelques commentaires sur certains des articles de
l'avant-projet de loi. Concernant les articles 4 et 48 qui parlent du rendement
des entreprises distributrices, nous croyons que la loi devrait se
référer expressément à la qualité des
investissements et de la gestion d'un distributeur comme critère
à considérer lors d'une demande d'approbation de tarifs à
la régie. L'AIFQ est consciente qu'une telle évaluation... Mais
cela ne se fait pas sans difficulté. Par contre, une
référence expresse à ces critères ouvre la porte
aux intervenants qui voudraient formuler des commentaires utiles à ce
sujet, particulièrement en matière de révocation d'octrois
exclusifs ou, encore, lors de la détermination d'un rendement
raisonnable dans le cadre d'une conjoncture économique
particulière.
Au sujet de l'article 8 qui traite de tarifs, il nous semble difficile
d'interpréter cet article, en particulier quand on tente de le concilier
avec l'article 23. Ce dernier article semble autoriser la négociation
d'un prix inférieur à celui approuvé par la régie,
alors que l'article 8, plus général, semble interdire toute
variation, même à la baisse et même après entente
entre le fournisseur et le consommateur.
L'article 10, au sujet des droits exclusifs. Il nous semble que les
conditions d'octroi d'un droit exclusif devraient être
précisées, sait par règlement, soit par la régie,
mais en tenant compte de l'intérêt public et en s'assurant que
tout le monde connaît la nature de ces conditions pour éviter
toute ingérence politique en la matière.
L'article 15, sur la révocation des droits exclusifs. Vous vous
souviendrez, M. le Président, que l'AIFQ s'est toujours opposée
farouchement à la révocation de droits privés vous en avez
encore entendu parler récemment - en particulier quand il s'agit de
révocation faite de façon subreptice, comme dans le cas, par
exemple, des schémas d'aménagement des municipalités
régionales de comté.
Dans le cadre bien particulier d'un service public en situation de
monopole et contrôlé par une régie, l'AIFQ doit se
déclarer d'accord avec le principe de révocation de l'octroi d'un
droit exclusif, lorsque l'intérêt public le justifie, mais cela ne
devra pas se faire n'importe comment. La loi doit préciser le
mécanisme d'une telle révocation. Elle doit prévoir que
toute personne, en démontrant le bien-fondé d'une demande, puisse
demander à la régie la tenue d'une audience pour la
révocation de l'octroi du droit exclusif. Dans sa forme actuelle,
l'article 15 n'accorde pas ces droits-là au consommateur et n'indique
même pas comment procéder pour que la régie se prononce sur
ce sujet-là.
Il y a quelques articles, M. le Président, qui traitent du
fonctionnement de la régie et qui nous apparaissent incomplets.
L'article 36, par exemple, traite des pouvoirs du vice-président, alors
que nous ne savons pas exactement quels sont les pouvoirs du président.
Cela nous apparaît une lacune à combler.
Les articles 31 à 43, dans leur ensemble, parlent de la
constitution, mais nulle part nous n'avons pu constater la définition du
quorum, comment le quorum s'appliquait, de quelle façon on
procédait pour prendre des décisions. En fait, c'est toute la
procédure de prise de décision par la régie qui est
inconnue pour l'instant et, spécifiquement, aux articles 45 et 46, il
semble qu'il n'y ait aucun processus de prévu pour porter à la
connaissance du consommateur les règles de preuve et de procédure
qui pourraient être édictées, pas plus que les principes
généraux qui servent à l'élaboration d'un tarif. Je
pense que ce serait utile que ce soit connu.
L'article 47, qui traite de concurrence, nous semble un peu difficile
lui aussi. Selon le chapitre II, le rendement de l'entreprise distributrice est
le critère de base dans l'acceptation d'un tarif par la régie.
L'introduction d'une comparaison avec les autres sources d'énergie pour
fixer ces mêmes tarifs, il me semble, vient brouiller les cartes. Ce
dernier critère nous apparaît difficilement conciliable avec un
critère de rendement si le prix des autres sources d'énergie, par
exemple, montait assez rapidement. Il pourrait en résulter un rendement
bien plus élevé que celui qui était prévu pour le
fournisseur.
Concernant l'article 49, le trop-perçu n'est même pas
remboursé automatiquement.
II nous semble qu'il y a un petit peu d'ajustement à faire
à ce niveau-là.
Quant aux articles 51 et 54 qui traitent des décisions de la
régie, il nous semble qu'on doit prévoir un appel formel, comme
il vient d'être discuté par les précédents
intervenants, sur la question des points de droit dans ces
décisions-là. En particulier si le nombre de régisseurs
est limité à trois, il nous semble qu'il serait utile et
nécessaire de porter ce nombre à cinq de façon à
avoir une meilleure expertise disponible et à ne pas
répéter nécessairement les mêmes décisions;
nous aurions la possibilité, à ce moment-là, d'avoir des
régisseurs provenant de professions différentes qui
compléteraient la compétence de la régie.
Pour l'article 55, l'approbation de tarifs, nous comprenons que la
régie n'est pas tenue de convoquer une audience et nous croyons qu'elle
devrait en convoquer une dès le moment où une demande de tarif
lui est soumise.
Il y a quelques autres points, M. le Président, qui ne sont pas
véritablement couverts dans l'avant-projet de loi. On a discuté
tantôt du terme "fourniture" ou "fournir". L'article 22 semble distinguer
entre fournir et vendre, ou permet la distinction, à tout le moins. Il
nous apparaît important que le terme "fourniture" soit à tout le
moins défini, de telle sorte qu'il permette l'achat à la source
par les gros consommateurs; la dizaine d'articles où ce terme
apparaît devront probablement être ajustés en
conséquence.
La question de raccord direct. La loi devrait prévoir
expressément la possibilité pour un consommateur de se raccorder
directement à un réseau de transport à ses propres fins
lorsque, évidemment, cela ne va pas à rencontre de
l'intérêt public.
L'autre point, c'est la consommation d'un volume inférieur au
volume minimal sous contrat. On ne voit pas pourquoi un consommateur qui a
utilisé durant la période d'un contrat un volume de gaz
inférieur au volume contracté devrait être tenu de verser
une indemnité au distributeur, même lorsque ce dernier n'a pas
réellement subi de dommages. Il devrait y avoir une procédure qui
démontre qu'il y a eu dommages et pertes financières de la part
du distributeur avant d'imposer une amende, ni plus ni moins, à
l'utilisateur.
En conclusion, M. le Président, nous espérons que ces
quelques commentaires contribueront à mettre en place une régie
du gaz naturel qui soit capable de remplir son rôle de protection du
consommateur pour l'ensemble des consommateurs de gaz naturel au Québec,
les gros comme les petits. Nous répondrons avec plaisir à toutes
vos questions, si nous en sommes capables.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M.
Duchesne. Tout en souhaitant la bienvenue à M. Dufresne, je
cède la parole au ministre de l'Énergie et des Ressources.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Merci, M. Duchesne,
pour votre mémoire. Je suis heureux que votre association ait
présenté un mémoire à cette commission. Comme vous
le mentionnez, ce n'est pas la première fois que vous venez devant nous
pour différents sujets et certainement que nous apprécions les
commentaires que vous nous apportez.
L'expansion du gaz naturel à l'Est de Montréal s'est faite
en bonne partie pour donner accès à une nouvelle forme
d'énergie avantageuse pour nos industries, grandes consommatrices
d'énergie, et l'industrie papetière a bien répondu
à l'occasion qui lui a été offerte de diversifier ses
approvisionnements. Comme vous l'avez mentionné, vous êtes
particulièrement intéressés à cette commission car
la consommation de gaz naturel par vos membres est susceptible d'augmenter
assez rapidement après la fin du programme d'énergie
excédentaire d'Hydro-Québec dont nous allons sûrement
discuter plus longuement, et j'espère que vous allez continuer à
nous faire des représentations à ce sujet. Je peux vous dire
d'avance que nous sommes entièrement ouverts à de telles
discussions. Cependant, les choses étant telles, le programme doit se
terminer à la fin de 1988 et ça peut augmenter la part de gaz
naturel que votre industrie va absorber.
J'aurais quelques questions à vous poser afin de me permettre de
mieux comprendre votre mémoire. Premièrement, au point 3.13,
à la page 12 de votre mémoire, vous nous demandez d'inclure
expressément dans la loi "la possibilité pour un consommateur de
se raccorder directement à un réseau de transport - "by-pass" -
pour ses propres fins, lorsqu'il est dans l'intérêt public de
permettre un tel raccordement". Je voudrais savoir de vous s'il est
d'intérêt public de faire une telle chose, si l'on présume
que les grilles tarifaires approuvées par la régie sont justes et
raisonnables et ont été accordées après un examen
de l'intérêt public. (15 h 15)
M. Buser (Raoul): M. le Président, M. le ministre, je
crois que dans ce cas précis certains consommateurs de notre industrie
pourraient se raccorder directement et ne devraient pas subir de coûts de
distribution... Ces raccordements sont relativement courts, très courts
en distance et très peu dispendieux. Les membres doivent en payer la
totalité, qui est quand même élevée comparée
à des concurrents de l'Ontario, presque trois fois plus
élevée. C'est un cas particulier et il ne faut pas oublier que,
même si les coûts des producteurs ont
baissé, les coûts du distributeur augmentent. La
distribution, qui était à l'époque d'environ 15 % à
20 % du coût, est maintenant rendue à 25 % du coût. Cela
permettrait à certains consommateurs de réduire leurs
coûts. Je ne sais pas si je réponds à votre question.
M. Ciaccia: Oui. Vous y répondez. Comme vous le savez, la
cause en Ontario est devant les tribunaux. On va examiner cela, mais ce serait
peut-être plus sage d'attendre la décision de la Cour
suprême pour voir qui a juridiction pour donner un tel pouvoir.
Ce matin, un groupe, l'Association des consommateurs industriels de gaz,
je crois, est venu devant nous et nous a fait des représentations en ce
qui concerne les pouvoirs de la régie, non seulement d'approuver les
tarifs, mais de les fixer. Il m'avait presque convaincu qu'on devrait donner ce
pouvoir à la régie. Vous venez maintenant me dire - et cela
soulève d'autres questions, d'autres inquiétudes - que la
régie doit protéger aussi les grands consommateurs et que cela
n'a pas toujours été fait dans le passé. Vous mentionnez
que les tarifs sont souvent très compliqués et difficiles
d'application - je ne sais pas exactement quel mot vous avez utilisé.
Cela veut-il dire que votre association préfère que la
régie n'ait que le pouvoir d'approbation et pas le pouvoir de fixer tes
tarifs?
M. Duchesne: Ce qui se produit à l'heure actuelle, M. le
ministre, l'exemple qu'on a vécu, c'est qu'on a
généralement un établissement de tarif qui arrive en fin
d'année, alors qu'on consomme le gaz depuis le début de
l'année. Je ne sais pas si c'est relié directement au fait
qu'elle a le pouvoir ou non, mais c'est ce qui se produit dans les faits. On a
aussi une complexité dans ces tarifs, ce qui fait qu'il y a un
très petit nombre de spécialistes qui sont en mesure de les
analyser et de prévoir comment va fonctionner une consommation de gaz,
suivant les particularités données, car vous savez qu'on a des
variantes. La consommation de gaz, ce n'est pas un débit constant. C'est
un peu comme n'importe quelle autre énergie. On consomme avec des
pointes et des arrêts, ce qui fait que l'analyse de ces variations, pour
comparer l'alternative de sources d'énergie, est à peu
près impossible à l'heure actuelle.
Le Président (M. Théorêt): M. Dufresne.
M. Dufresne (Guy): Si je peux ajouter un commentaire, nous n'en
sommes pas aux moyens d'arriver au tarif, mais bien au résultat, car il
faut être concurrentiels sur les marchés et c'est ce qui importe
le plus à l'industrie d'avoir des tarifs qui nous permettent...
L'énergie au Québec, comparativement, dans notre industrie, au
coût des arbres et de la main-d'oeuvre, c'est le seul facteur, ou
à peu près, où on a un avantage par rapport aux
Américains, qui sont nos concurrents directs. Il est très
important pour notre industrie, qui est grande consommatrice d'énergie,
que le résultat final, dans le gaz comme dans les autres secteurs
d'énergie, nous permette de garder cet avantage concurrentiel. Si on
l'élimine, à long terme, on met l'industrie en jeu.
M. Ciaccia: Mais, pour contrer la critique qu'on vient d'entendre
que les tarifs sont compliqués, est-ce que vous favorisez plutôt
le pouvoir de la régie d'approuver les tarifs? Autrement dit, Gaz
Métropolitain ou le distributeur va fixer, va faire sa grille tarifaire
et va aller la faire approuver devant la régie, plutôt que de dire
que, comme l'Association des consommateurs industriels de gaz le
suggérait, la régie ait le pouvoir de fixer elle-même les
tarifs.
M. Dufresne: Celui qui approuve, normalement, jusqu'à un
certain point met quand même des balises, qu'on le veuille ou non.
À ce niveau, est-ce que c'est lui qui doit prendre l'initiative? Je ne
suis pas en mesure de vous le dire dans ce cas précis, mais celui qui
approuve, normalement, a un pouvoir de décision.
M. Duchesne: Ce qui nous apparaît important, M. le
ministre, finalement, c'est que le distributeur et la régie ne soient
pas constamment en train de se renvoyer la balle pour savoir quelle structure
de tarifs on va avoir et comment on va l'approuver. Il faut qu'il y ait un
responsable. Que le mécanisme précis soit l'un ou l'autre, je ne
pense pas qu'on ait d'objection d'une façon ou d'une autre, pourvu que
cela donne, comme te dit M. Dufresne, des résultats connus,
interprétables, et suffisamment tôt pour qu'on puisse planifier en
conséquence.
M. Buser: Si vous permettez, je peux vous donner l'exemple que
vous avez mentionné de l'énergie excédentaire d'Hydro.
Pour le moment, c'est impossible de décider si on va convertir au gaz ou
au mazout parce qu'on ne connaît pas les taux. On ne connaît
même pas encore les taux de 1987 et l'année est quasiment finie.
Il faut aussi réaliser que les taux de distribution en 1983-1984
étaient de l'ordre de 0,30 $ le gigajoule et que c'est rendu à
0,80 $. Cela vous donne une idée des changements. Alors, s'il faut
planifier, s'il faut faire des investissements, ce n'est pas seulement pour
convertir, ce sont d'autres entreprises qui font des investissements.
Décider pour le gaz, c'est extrêmement difficile parce qu'on
ne sait pas sur quel bord il faut...
M. Ciaccia: La question de délai, de savoir
suffisamment...
M. Buser: Exactement.
M. Ciaccia: ...d'avance, c'est très important pour votre
industrie.
M. Buser: Exactement.
M. Ciaccia: II y a un point que je ne comprends pas dans votre
mémoire et peut-être pouvez-vous m'éclairer. D'un
côté, vous nous dites, à la page 4, sous le titre "La
concurrence", que l'industrie forestière canadienne ne jouit pas de
marchés protégés et doit vendre son produit dans un
marché international hautement concurrentiel. Vous ajoutez à la
page 5 que la nouvelle régie doit avoir une vision plus globale - je
présume, que l'ancienne - qui tienne compte de la conjoncture
économique et de la compétitivité des industries. So far
so good.
D'un autre côté, vous vous opposez, à la page 10 de
votre mémoire, à la section 3.8, à ce que la régie
ait le devoir de tenir compte de la concurrence des autres formes
d'énergie lorsqu'elle décide d'une demande d'approbation de
tarif. Alors, pourriez-vous me dire pourquoi la régie dans ses
décisions doit tenir compte de votre compétitivité et non
pas de celle du distributeur? Il me semble que les distributeurs de gaz doivent
aussi affronter la concurrence d'Hydro-Québec et des
pétrolières.
M. Buser: Essentiellement, on pense que le distributeur a
quasiment la garantie de son investissement et, aussi, du rendement. Dans notre
industrie, il n'y a rien qui est garanti. Quand on fait un investissement, il
faut se battre pour aller chercher les ventes et tout. Il ne devrait pas y
avoir ce genre de règle qu'un rendement est garanti. Ce qu'on veut dire,
c'est qu'avec la conjoncture, cela dépend. Il y a des années
où 10 %, ce n'est pas possible dans notre industrie. On a vécu
deux ou trois années de suite au-dessous de 10 %. On a l'impression que
la régie cherche toujours à être au-dessus de 10%. C'est
cela qu'on veut dire par cela dépend de la conjoncture
économique.
M. Ciaccia: Je crois que c'est un autre problème, la
question du rendement. Vous pouvez remettre en cause le taux de rendement mais,
présumant qu'il y a un taux de rendement qui ne doit pas excéder
le taux qui a été fixé par la régie, la question de
prendre en considération la concurrence peut affecter les
différents secteurs dans des conditions particulières. Moi, je
présume que tout cela est fonction du taux de rendement. On a même
inclus une clause dans te projet de loi disant que, si on a
excédé le taux de rendement, le distributeur doit rembourser le
consommateur. Alors, je présume que, oui la régie va tenir compte
de la concurrence, mais toujours en fonction du taux de rendement qui est une
règle générale au-dessus de toutes les décisions de
la régie.
M. Duchesne: II reste, M. le ministre, que le taux de rendement
du distributeur ne semble pas relié directement, comme le taux de
rendement d'une papetière ou d'une autre industrie, à la
conjoncture économique et que les remboursements dont vous parlez qui
pourraient venir corriger le point que nous soulignons, cela n'a pas l'air
d'être automatique, d'après l'article 49. Si on pense que c'est
d'intérêt public, éventuellement, il y aura des
remboursements.
M. Ciaccia: C'est plus qu'éventuellement, mais
peut-être qu'on peut examiner cela. Venons un instant à la
question des délais. À la page 6, vous affirmez que, dans tous
les cas, les tarifs d'une année devraient être connus dès
l'automne précédent afin de permettre une planification
budgétaire par l'entreprise consommatrice. Est-ce que vous nous
suggérez ici d'inclure dans la loi un mécanisme d'approbation
automatique des tarifs soumis par un distributeur lorsque la régie n'a
pas encore approuvé à l'automne la grille tarifaire soumise?
Qu'est-ce que vous pourriez nous suggérer à ce propos?
M. Dufresne: M. le ministre, je crois que, dans toute
planification d'industrie, le plus possible on peut connaître certains
éléments pour nous permettre de prendre une meilleure
décision et d'être plus concurrentiels... Je pense que c'est dans
cet objectif qu'on a regardé cela, plutôt que d'avoir un
mécanisme bien précis. Si je peux en citer une autre,
Hydro-Québec a fait ce genre de planification un peu plus longue, ce qui
a permis à l'industrie de regarder quelques années en avant,
même si le taux ou le tarif n'était pas précis ou
était dans une certaine fourchette. Cela permet de mieux se
préparer à entrer en concurrence à long terme même
si on n'a pas définitivement établi les taux plusieurs
années d'avance.
M. Ciaccia: Cela va pour le moment.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. M. le député de Roberval.
M. Gauthier: Oui. Merci, M. le Président. Messieurs, j'ai
un certain nombre de questions à vous poser. Commençons donc par
une qui me préoccupe au plus haut point.
J'ai l'impression de voir une contradiction dans votre mémoire,
et c'est peut-être le fait d'une mauvaise
compréhension, alors, je compte sur vous pour me donner des
éclaircissements.
Vous dites, à la page 6 - je vous le cite pour que l'on se
comprenne bien: "la régie doit s'assurer que les taux soient bien
adaptés au besoin de chaque grande catégorie d'usagers et que les
industries concernées aient toujours la possibilité, selon une
procédure simple et efficace, de lui faire connaître leur point de
vue, particulièrement en matière de tarification". Alors, on
comprend que vous souhaitez que la tarification s'applique par
catégorie, soit plutôt similaire pour des industries du même
genre, c'est ce que je comprends. (15 h 30)
D'autre part, tout à l'heure, vous pariiez de la
possibilité pour ceux qui étaient à proximité de se
raccorder eux-mêmes aux principaux pipelines et d'éviter des frais
de distribution onéreux. Est-ce qu'il n'y a pas là une
espèce de contradiction dans le sens que, pour une catégorie
donnée, vous souhaitez un prix semblable et, d'autre part, vous dites:
S'il y en a un, par hasard, qui se trouve un peu plus proche qu'un autre, on
souhaiterait qu'il en bénéficie et qu'il ait un coût
différent bonifié? N'est-ce pas là contradictoire?
Souhaitez-vous un prix planifié, décidé et unique, ou
est-ce que vous souhaitez que chacun puisse profiter des avantages qui sont les
siens dans la situation géographique ou autre dans laquelle il se
trouve?
M. Dufresne: M. Gauthier, je pense que vous êtes dans cette
fameuse confusion du terme "fournir". Nous sommes d'avis qu'il y a lieu de
distinguer entre l'achat du produit gaz naturel et du service transport de gaz
naturel, et si vous reconsidérez votre question en faisant cette
distinction, je pense que vous allez voir notre point de vue. Pour ce qui est
du tranport comme tel, ce que nous avons vécu jusqu'à maintenant,
ce sont, comme vous le disait M. Buser tantôt, des augmentations assez
substantielles du coût du transport à partir de la
frontière du Québec jusqu'à la sortie de l'Ontario
où les augmentations ont été beaucoup moins grandes ces
dernières années, alors même qu'il est possible, par
ailleurs, de négocier à la tête de puits, ou presque, avec
des associations de producteurs dans l'Ouest des contrats de fourniture du
produit gaz lui-même qui, à ce moment-là, est livré
à la frontière du Québec dans le pipeline avec les autres,
mais l'achat du gaz est un contrat indépendant de l'achat' du service
livraison, si vous voulez. On pense utile d'avoir la possibilité de se
brancher directement dans certains cas où on est tellement près
justement de cette ligne de transport principale qu'il y a quelques centaines
de mètres à faire, à toutes fins pratiques, et on
évite tout l'aléatoire du réseau de distribution
québécois. On est branché à la tête du puits.
Pour ce qui est des catégories d'usagers qu'on a mentionnées, ce
n'est pas nécessairement une catégorie pâtes et papiers,
mais bien une catégorie qui tienne compte des variantes de consommation,
des cas de puissances interruptibles, par exemple, comme dans le secteur de
l'électricité où ce n'est pas par type d'entreprises, mais
bien par grands types industriels par niveau de consommation ou par
fréquence des interruptions, des choses semblables où le
fournisseur et l'utilisateur peuvent convenir de procédures qui sont
économiques pour les deux.
M. Gauthier: Tout à l'heure, les gens qui sont
passés devant nous - vous étiez dans la salle, à ce
moment-là, probablement -nous ont parié des programmes de
commercialisation sur les marchés concurrentiels. Est-ce que l'industrie
que vous représentez bénéficie de ces programmes?
M. Dufresne: M. Gauthier, à ce moment-ci, au
Québec, je ne connais pas de papetière qui s'approvisionne
directement de cette façon à cause justement des problèmes
de jonction avec le réseau de distribution québécois, le
distributeur au Québec.
M. Buser: II faut bien se comprendre, c'est directement...
M. Gauthier: Directement.
M. Buser: Oui. ...qu'ils vont faire des achats. Il y en a qui
essaient, mais ils n'ont pas encore réussi.
M. Gauthier: Est-ce que vous pourriez m'expliquer... Vous portez
un jugement quand même assez sévère, à la page 5 de
votre mémoire; vous soulignez le fait que l'actuelle régie n'a
pas su protéger les consommateurs industriels. J'aimerais
connaître votre point de vue. Est-ce que ce manque de protection qui a
entraîné des hausses... Vous parlez de hausses, de prix
exorbitants, de tarifs rétroactifs, etc. Bref, la situation est bien
noire. Est-ce que, à votre avis, c'est dû au fait que la
régie ne possédait pas les outils qu'il fallait pour
protéger davantage les clients industriels ou est-ce dû à
une attitude générale de la régie qui était
plutôt non complaisante, disons, à l'endroit des grands clients
industriels? À quoi attribuez-vous ce problème très grave
que vous nous soumettez?
M. Dufresne: Peut-être que je pourrais répondre
encore par la même question que j'ai mentionnée au ministre
tantôt. Nous autres, ce n'est pas savoir qui dans le système, mais
c'est le résultat qu'on regarde.
Naturellement, celle qui a le pouvoir là-dedans, c'est la
régie, du point de vue du contrôle. Maintenant, où cela se
trouve dans le système n'a pas d'intérêt, disons. Non pas
que cela n'ait pas d'intérêt, mais c'est d'intérêt
moindre. On est orienté vers les résultats.
M. Gauthier: C'est qu'on a un petit problème ici,
monsieur, et c'est le suivant: on est obligé de travailler avec le
ministre pour préparer un projet de loi qui encadre une nouvelle
régie. On veut la faire la mieux possible, cette régie. On veut
qu'elle réponde aux besoins des gens qui nous font le plaisir de venir
nous présenter un mémoire. Or, vous êtes de ceux-là.
Il aurait été intéressant... Remarquez bien, je ne veux
pas forcer de réponse de votre part, je ne veux pas non plus que vous
vous posiez en arbitre dans toute cette situation, mais il aurait
été intéressant de savoir si vous souhaitez, vu
l'expérience que vous avez, qui n'est pas négligeable, une
régie beaucoup plus musclée et que les législateurs
fassent en sorte de donner ce muscle à la nouvelle régie qui est
parrainée par le ministre ou si vous pensez simplement qu'il faille agir
à un autre niveau que celui de muscler la régie,
c'est-à-dire de lui donner des pouvoirs plus grands. On aurait
aimé savoir - du côté de l'Opposition, en tout cas; ma
question reste toujours sur la table si jamais vous avez le goût d'y
répondre - quelle sorte de régie vous voulez avoir et, pour cela,
je pense qu'une question du genre de celle que je vous ai posée
était appropriée. Quand on peut identifier le problème...
Je comprends que ce qui vous intéresse, c'est le résultat. Nous
aussi, on veut avoir un bon résultat, sauf qu'on aimerait se donner et
vous donner aussi le meilleur outil possible. C'est dans cet esprit qu'on vous
pose la question, et non pas faire le procès de gens qui ont
probablement fait leur possible à ce moment. On se demandait si la
régie avait tous les outils utiles pour faire ce travail.
M. Duchesne: Si on fait un parallèle avec le secteur de
l'électricité, M. Gauthier, où, finalement, les structures
de tarifs sont proposées généralement par
Hydro-Québec et approuvées par la suite par la régie, et
à part le fait qu'évidemment il faut se parler, ce qui me
paraît normal, on a généralement réussi à
avoir des structures de tarifs qui étaient appropriées aux
besoins de l'industrie. On peut supposer qu'une copie de ce genre de
mécanisme dans le secteur du gaz donnerait des résultats
semblables, mais ce n'est pas une position irrémédiable de notre
part, c'est une remarque d'une expérience vécue dans un secteur
parallèle.
M. Gauthier: D'accord. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Roberval. M. le ministre.
M Ciaccia: Justement, sur le dernier point, je vous ai
posé la question avant, à savoir si vous favorisiez le droit pour
la régie d'approuver ou de fixer, et l'exemple que vous venez de nous
donner, c'est le processus d'Hydro-Québec. Dans le processus
d'Hydro-Québec, c'est l'approbation parce que le Conseil des ministres
ne peut pas fixer. La seule chose qu'on peut faire, c'est que, si on n'approuve
pas les tarifs, la grille tarifaire d'Hydro, on la renvoie. Naturellement, on
se parle et on suggère ce qui serait acceptable pour nous, mais c'est
Hydro qui a 'la responsabilité de revenir. Nous n'avons pas
l'autorité de fixer. Est-ce que c'est ce genre de processus que vous
favorisez pour la régie?
M. Duchesne: M. le ministre, ce processus fonctionne relativement
bien. Je ne pense pas que vous devez le mettre de côté. Tout ce
qu'on vous dit cet après-midi, c'est qu'on n'a pas de position ferme sur
ce sujet, pourvu que vous nous donniez ce qu'on vous demande, finalement, une
certaine capacité de prévoir quels seront les tarifs, de les
appliquer à nos industries, ce que le système donne sur le plan
de l'électricité à ce moment-ci. Ce n'est pas
nécessairement la seule façon dont cela peut se faire.
M. Ciaccia: Est-ce que j'ai le temps pour une dernière
question, M. le Président?
Le Président (M. Théorêt): Oui, M. le
ministre, vous avez le temps pour une dernière question.
M. Ciaccia: On pourrait discuter un peu plus là-dessus,
mais je pense que le temps va nous manquer. Vous ne parlez pas, dans votre
mémoire, de la question de l'achat commun de gaz par plusieurs
consommateurs, par l'intermédiaire d'un courtier. Pensez-vous que la loi
devrait permettre que des courtiers agissent à titre
d'intermédiaires entre producteurs et consommateurs, et que ces
courtiers puissent faire affaires avec le distributeur, le tout sous le
contrôle de la régie?
M. Buser: II faut absolument qu'on ait des mécanismes qui
permettent de réduire le coût le plus possible. Une fois que tous
les problèmes de réglementation - pas au Québec, hors du
Québec - seront bien connus et que la loi sera bien connue pour le
transport des provinces productrices jusqu'ici, ce sera un véhicule
très intéressant qui nous permettra de réduire le
coût de cette source d'énergie, et c'est cela qui nous aidera
à rester concurrentiels le plus possible. Ce sont des voies à
explorer et, si ces possibilités
sont là, cela nous aidera à réduire le
coût.
M. Dufresne: Est-ce que je pourrais ajouter, M. ie ministre, pour
vous donner un exemple concret, que notre compagnie a des puits de gaz dans
l'Ouest et, s'il y avait possibilité de les utiliser directement dans
nos usines, ici, dans l'Est, ce serait un bon exemple de réduction du
coût qui rendrait une industrie de plus en plus concurrentielle?
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. M. le député de Roberval, pour la conclusion.
M. Gauthier: Je veux simplement remercier, très
brièvement - d'ailleurs, ils sont habitués à ces usages
puisque ce sont des familiers des commissions parlementaires - les gens de
l'Association des industries forestières du Québec du
mémoire de qualité qu'ils nous ont présenté, comme
c'est leur habitude d'ailleurs. Nous ferons tout notre possible pour tenir
compte des remarques très judicieuses qu'ils nous ont soumises. Je vous
remercie.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député. M. le ministre.
M. Ciaccia: Je veux remercier les représentants de
l'Association des industries forestières du Québec pour la
qualité de leur mémoire et pour les recommandations qu'ils nous
font. Nous allons certainement les prendre en considération. II y en a
qui sont plus discutables, à notre point de vue, mais nous garderons le
dialogue avec vous. Par exemple, quand vous demandez un droit d'appel et que
vous faites des recommandations au sujet du taux de rendement, qu'on doit
prendre en considération la qualité des investissements et la
qualité de gestion, si vous reliez cela à un droit d'appel, je
dois vous dire qu'on n'est pas sorti du bois. On se trouvera plus souvent
devant les tribunaux que devant la régie parce que cela ouvre la
porte...
Le but d'une régie, c'est d'être efficace, de
répondre aux besoins de l'industrie, des consommateurs, et de vous
donner les réponses pour ne pas que cela traîne devant les
tribunaux ad vitam aeternam. Vous parlez de certitude et de planification. La
meilleure façon d'enlever la certitude dans tout ce que vous faites,
c'est d'aller devant les tribunaux. Je vous dis cela parce que j'ai
pratiqué le droit et ce n'est pas la façon de rendre les choses
les plus certaines dans une industrie ou dans un secteur comme le vôtre.
Cependant, nous allons prendre note et étudier avec intérêt
les recommandations que vous nous faites. Il y en a plusieurs qui,
certainement, se retrouveront dans le projet de loi que nous proposerons pour
adoption finale à l'Assemblée nationale. Merci. (17 h 45)
Le Président (M. Théorêt): Messieurs, les
membres de la commission vous remercient et vous souhaitent un bon voyage de
retour.
J'inviterais maintenant les représentants de Gazifère inc.
à bien vouloir prendre place, s'il vous plaît;
Le Président (M. Lefebvre): Messieurs de la compagnie
Gazifère inc., je vous souhaite la bienvenue à la commission de
l'économie et du travail. Dans un premier temps je vous demanderais de
bien vouloir vous identifier, s'il vous plaît»
Gazifère inc.
M. Pharand (Michel): Merci, M. le Président. Je me
présente. Mon nom est Michel Pharand. Je suis le conseiller juridique de
Gazifère inc. M'accompagnent, à l'extrême droite, M. Michel
Levac, directeur général adjoint de Gazifère et, à
ma droiteimmédiate, M. Keith Walker qui est
vice-président des affaires réglementaires de la compagnie
Consumers'Gaz qui est la maison mère de Gazifère inc.
Le Président (M. Lefebvre): M. Pharand, si vous êtes
le porte-parole de la compagnie, je vous demanderais de faire votre
exposé. Je vous rappelle que vous avez 20 minutes pour faire
l'exposé en question.
M. Pharand: Merci, M. le Président. J'aimerais tout
d'abord corriger un lapsus du ministre de ce matin quand il a dit qu'il n'y
avait qu'un seul distributeur au Québec. Nous sommes le deuxième
distributeur. Il y en a un gros et un plus petit. Nous sommes le plus petit
distributeur qui exerce au Québec.
Règle générale, nous sommes d'accord avec le but
recherché par le ministre sur la réforme visée par cet
avant-projet de loi, mais nous croyons cependant qu'il y a des propositions que
nous devons soumettre pour l'améliorer.
En premier lieu, l'expression "fourniture" que nous retrouvons à
l'article 1 et un peu partout dans l'avant-projet de loi, soit sous les termes
"fourniture" ou "fournir", nous semble ambigüe et trop vague et devrait
être précisée. Ce terme nous amène à
confusion. D'ailleurs, cela a été souligné par d'autres ce
matin et cet après-midi. Il y a confusion entre le mot "vendre" ou
l'expression "vendre" et "ie pouvoir de vendre" et la distribution comme
telle.
À l'article 3 nous croyons que l'expression "un tarif" devrait
être remplacée par le pluriel, c'est-à-dire "ces tarifs".
Quand le distributeur propose les tarifs à la régie, il doit les
proposer dans l'ensemble et, à ce
moment-là, la régie doit les approuver dans l'ensemble,
compte tenu de tout le contexte tarifaire et réglementaire. Comme cela
se fait, d'ailleurs, présentement.
À l'article 5 nous croyons qu'une précision devrait
être également apportée pour modifier le "coût
d'origine" pour prévoir qu'il ne s'agit pas uniquement du coût
historique des investissements, mais bien pour que, dans le cas d'une
requête en tarification basée sur l'année projetée,
la régie puisse prendre en considération le coût
projeté de l'investissement.
La remarque suivante concerne le mot "consentie" que nous retrouvons
à la quatrième ligne de l'article 6. Nous croyons qu'il y a
là une erreur de frappe ou de français et que cela devrait
être corrigé pour se lire au pluriel afin de qualifier et le
rabais sur les coûts d'acquisition et les autres conditions avantageuses
d'approvisionnement.
Enfin, nous croyons qu'il devrait y avoir un article dans ce chapitre
qui pourrait prévoir que les tarifs pourront être basés
soit sur une année témoin historique, soit sur une année
témoin projetée, au choix du distributeur.
En ce qui regarde le chapitre III du projet de loi, nous trouvons un
élément nouveau à l'article 10. Dorénavant, le
projet de loi prévoit que le gouvernement, aux conditions qu'il
détermine, pourra octroyer un droit exclusif d'exploiter un
réseau de distribution. Cet élément est de droit nouveau
et nous rend un peu perplexes sur les raisons de mettre dans le projet de loi
cette nouvelle condition. Plus particulièrement dans le cas où il
s'agit du renouvellement de l'octroi de ce droit, nous croyons que le
gouvernement ne devrait pas avoir le droit de poser des conditions. Nous
suggérons que l'article 14 du projet de loi soit modifié en
conséquence.
 l'article 26, nous proposons que, pour des fins de concordance
avec l'article 17 de l'avant-projet de loi, l'expression "droit exclusif de
distribution" soit remplacée par l'expression "droit exclusif
d'exploiter un réseau de distribution".
Comme l'ont fait valoir d'autres intervenants antérieurement, le
projet de loi ne prévoit rien pour le quorum de la régie. Nous
proposons, comme le prévoit la loi actuelle et comme le prévoit
également la loi ontarienne, un quorum de deux membres, mais sans droit
de vote prépondérant pour aucun des membres.
L'article 40 attire également notre attention. Nous avons
trouvé un peu surprenant que ce soit le président qui doive
attester les écrits ou les documents faisant partie des archives de la
commission. Nous croyons que, comme le prévoit la loi actuelle, il
devrait être de la compétence du secrétaire de certifier
les écrits et les documents qui font partie des archives de la
régie. Cependant, en l'absence du secrétaire, nous croyons que le
président devrait avoir le pouvoir de désigner un employé
de la régie pour le remplacer.
Il y a une autre chose que nous ne retrouvons pas dans le projet de loi
et qui, nous croyons, devrait y être insérée. Au premier
alinéa de l'article 4l, nous sommes d'avis que les décisions de
la régie, sur les questions de fait, devraient être basées
uniquement sur la preuve faite lors des audiences. Nous savons que la
régie a une expérience... D'ailleurs, c'est pour cela qu'on nomme
des gens de compétence à la régie. Il faudrait absolument
que les éléments soient insérés dans la preuve,
soit à la demande de la régie... D'ailleurs, le projet de loi
prévoit que la régie pourra dorénavant faire entendre des
témoins. À ce moment-là, tous les intervenants auront
l'occasion de bien s'assurer que leur point de vue a été
inséré dans la preuve. Nous croyons que la loi devrait le
prévoir.
À l'article 41, deuxième alinéa, nous croyons qu'on
devrait préciser que les copies de documents qui peuvent être
transmises au ministre sont uniquement celles des documents produits lors des
audiences dans le cadre d'une affaire, à l'exception des documents
produits sous le sceau de la confidence.
Je m'explique. Les distributeurs font compétition avec
Hydro-Québec. Dans certains cas, il est à l'avantage des
distributeurs de déposer des documents qui devraient rester à la
régie et ne pas venir aux yeux d'Hydro-Québec avant que les
décisions de la régie soient publicisées. Dans cette
optique, nous croyons que les documents produits à la régie sous
le sceau de la confidence devraient demeurer à la régie.
Quant à la section II qui traite des fonctions et pouvoirs de la
régie, nous croyons qu'un article devrait être ajouté dans
le projet de loi pour prévoir que la régie doit rendre une
décision dans les quatre mois qui suivent le dépôt d'une
requête. À l'article 44.1 le mot "tarif devrait être au
pluriel ainsi qu'aux articles 47, 48 et 49.
L'article 49 parle entre autres de l'établissement du
mécanisme de remboursement de trop-perçus. Nous croyons
qu'à ce moment-là le projet de loi devrait parler
également et prévoir la série d'autres mesures afin de
rendre le mécanisme de remboursement de trop-perçus
équitable pour toutes les parties. Entre autres, je pense au compte
stabilisateur pour les variations dans le niveau du gaz perdu, le compte
stabilisateur pour la température et il y en a d'autres, ce n'est pas
exhaustif.
En ce qui a trait au droit d'appel nous partageons l'opinion des autres
intervenants jusqu'à maintenant et nous croyons que les
décisions de la régie devraient être sans appel,
sauf pour les questions de droit ou de compétence. Et, sur cette
question, nous croyons qu'un appel devrait être permis devant la Cour
supérieure. C'est la situation en Ontario et je vous
réfère à l'article 32 de la loi ontarienne. Nous vous
référons également aux recommandations faites au ministre
de la Justice par le groupe de travail sur les tribunaux administratifs.
À l'article 54 nous sommes d'avis que l'exclusion de l'article 33
du Code de procédure civile qui est prévue devrait être
enlevée car nous croyons que cet article constitue une garantie
fondamentale et que ce recours ne devrait pas être
écarté.
À l'article 56.3, nous sommes d'avis que la méthodologie
de la location du coût de service doit être, est du ressort et de
la responsabilité du distributeur et doit le demeurer, et en
conséquence nous recommandons que ce sous-paragraphe soit
retranché.
Et enfin, M. le Président, nous croyons qu'à l'article 60,
aux alinéas 2 et 3, il devrait y être précisé que
les documents et renseignements obtenus en vertu de ces dispositions ne font
pas partie d'une preuve que la régie peut considérer selon
l'article 41 du projet dans une cause.
Nous vous remercions de l'attention que vous nous avez portée, M.
le Président et tous les membres de la commission, et nous sommes
prêts à répondre à vos questions.
Le Président (M. Lefebvre): Alors, je vais
reconnaître maintenant, M. Pharand, si vous me permettez, M. le
ministre.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Alors, je vous
remercie de votre présentation. Je prends note que vous êtes en
accord avec le but recherché par cet avant-projet de loi et
effectivement je m'excuse du lapsus de ce matin. J'ai mentionné qu'il y
avait un distributeur; effectivement, vous êtes un distributeur au
Québec de gaz naturel. Je voudrais cependant vous poser quelques
questions qui me permettront de mieux connaître votre point de vue.
Je me demande d'abord si vous considérez que la Régie du
gaz naturel devrait avoir un rôle actif à jouer au niveau de la
sécurité des approvisionnements d'un distributeur.
M. Pharand: Est-ce que je pourrais vous demander, M. le
Président, de préciser votre question?
M. Ciaccia: Comme vous le savez... Par exemple, l'ONE,
jusqu'à très dernièrement pouvait imposer aux
distributeurs, aux producteurs, certains surplus qui garantissaient
l'approvisionnement aux consom- mateurs. Depuis la
déréglementation, l'ONE n'exerce plus ce rôle. On nous dit
que ça va être une surveillance, un monitoring. Est-ce qu'au
niveau de notre régie on devrait s'assurer que les approvisionnements -
soit pour un secteur ou plusieurs secteurs... La sécurité
d'approvisionnement, est-ce que ça doit être une des
préoccupations de la régie telle qu'elle l'était pour
l'ONE avant la déréglementation? (16 heures)
M. Pharand: Je pense que je vais demander à M. Walker de
répondre à cette question.
M. Walker (Keith A.): The problem comes about because there are
some customers who can practically get their gas from alternate sources and
directly participate in the competitive market, and there are some smaller
customers who have no practical access to the competitive market, at least not
now and not for the foreseeable future» And for all intents and purposes,
the distributor has a virtual monopoly on the sales. For those people who are
more or less captive to the distributor, I think the traditional regulation has
to survive the coming of the new pricing era. The same concerns that we always
had over security of supply, over securing that security of an adequate supply
of gas, they will always exist.
M. Ciaccia: When you say "captive", are you referring to
residential or are you referring also possibly to other uses?
M. Walker: Basically, to residential; and small commercial could
include some small industrial. I do not like the word "captive", but I cannot
think of a better one. I prefer the expression "those who do not have a
practical access to competitive, to alternate sources".
M. Ciaccia: Si je comprends bien, vous êtes en faveur d'un
certain rôle actif pour la régie au point de vue de la
sécurité des approvisionnements dans des secteurs où il y
a une clientèle captive, majoritairement dans le secteur
résidentiel et du petit commercial. Is that pretty well...
M. Walker: I think its responsibility is in the public interest
that one must make sure that the monopoly whether it be a legal one or a
virtual one that it not be abused and that has to be regulated in the sense
that no abuse would take place. For those customers who have no warehouse to go
for their gas, I think they need the same traditional protection by way of
regulation that they have always had.
M. Ciaccia: Merci. Est-ce que la régie
doit s'assurer que vos contrats d'approvisionnement, notamment ceux
auprès d'une compagnie mère, sont les meilleurs possible pour
desservir votre clientèle résidentielle et industrielle?
M. Walker: I think the Board will always have an interest in the
supply contracts and want to ensure themselves that they are adequate whether
or not they have to go through an approval process. I am not sure that is
necessary. There will be a price to pay for a longer-term security of supply.
In other words, gas bought on a short-term basis will be less expensive because
there will be more opportunity for competition to exist. So that if one wants
to ensure a security of supply over a long term for certain customers, he can
expect to pay a higher price for that. There will always be a conflict...
M. Ciaccia: I think perhaps my question was misunderstood or I
did not pose it right. I am not talking about security of supply on long term
and examining those contracts. I think we went throught that at the previous
question. What I want to know is: Obviously, if a company buys at arm's length
from Alberta, then there is not a role to play by the régie because it
is a contract that they purchase from Alberta, obviously negotiated under the
best possible terms. But, what about does the régie have a duty to
examine non arm's length contracts between a disributor in Quebec and its
supplier?
M. Pharand: M. le Président, je pense que je peux
peut-être répondre à la question.
Nous avons toujours considéré que présentement la
régie a le pouvoir de regarder le contrat d'approvisionnement de
Gazifère et entre autres de dire, par exemple: Vous avez pris une
mauvaise décision, Gazifère, en signant un tel prix d'achat alors
que vous auriez dû le signer au prix de "Y". En conséquence, dans
vos tarifs on va vous autoriser à aller chercher "Y" seulement et non
pas le prix de "X" qui est au contrat.
M. Ciaccia: Vous dites que ce pouvoir existe...
M. Pharand: Je pense qu'il existe présentement.
M. Ciaccia: ...et il doit continuer à exister dans la
nouvelle loi.
M. Pharand: Toujours sous le signe de la décision prudente
que le distributeur doit exercer.
M. Ciaccia: Si je comprends bien, votre mémoire veut viser
vos suggestions de changements sur les articles 1, 2, 3, 17, 22 de
l'avant-projet de loi. Vous ne demandez plus maintenant que le distributeur
soit le seul vendeur de gaz naturel sur son territoire.
M. Pharand: Non. Je dois dire que, lorsque ce mémoire a
été préparé dans sa version originale, j'ai fait ce
que j'ai appelé une hérésie et je suis allé trop
loin. En conséquence, voici...
M. Ciaccia: D'accord. Alors, maintenant, dans le mémoire
révisé vous ne demandez plus qu'il soit le seul vendeur du gaz
naturel.
M. Pharand: Non.
M. Ciaccia: Pourriez-vous nous dire pourquoi?
M. Pharand: Ce n'était pas la position de Gazifère
non plus.
M. Ciaccia: Est-ce que vous pourriez nous expliquer pourquoi vous
prenez cette position? Quelles sont les raisons qui vous motivent à
adopter cette position?
M. Pharand: Je pense que c'est dans l'optique de
déréglementation. Nous devons faire face à la situation
qui en résulte. Peut-être que M. Walker pourrait expliquer
pourquoi.
M. Levac (Michel): Gazifère ne s'oppose pas à ce
qu'il y ait plusieurs acheteurs ou vendeurs du produit du gaz naturel dans la
région où il distribue le gaz naturel. Il n'a aucune objection
à cela. Gazifère est d'avis qu'on ne fait pas du profit sur la
vente du produit, mais sur la distribution du gaz naturel. On n'a aucun
problème du fait qu'il y ait plus d'un vendeur ou plus d'un
acheteur.
M. Ciaccia: Merci. À la page 3 de votre mémoire,
vous suggérez qu'en cas de renouvellement de l'octroi d'un droit
exclusif d'exploiter un réseau le gouvernement ne devrait pas avoir le
droit de poser des conditions. Je crois que vous discutez cela à
l'article...
M. Pharand: Les articles 10 et 14.
M. Ciaccia: Les articles 10 et 14, oui. Je dois vous avouer que
j'ai de la difficulté à comprendre cette demande. Ne croyez-vous
pas que l'intérêt public exige que le gouvernement puisse poser
des conditions lorsqu'il accorde un monopole à une entreprise? Est-ce
que vous suggérez qu'on doit accorder le monopole et ne pas mettre de
conditions?
M. Pharand: Voici, M. le Président. Dans la loi actuelle,
le gouvernement n'a pas ce pouvoir. Je dois vous avouer que, comme conseiller
juridique, quand j'ai lu cette disposition je me suis posé des
questions. Je ne sais pas pourquoi le ministre a choisi de changer son optique.
Cela me crée des craintes. Je me dis; Quand un distributeur a investi
pendant 30 ans des sommes dans le sol en tuyauterie, etc., et que la
régie constate qu'il fait un bon travail et qu'il recommande au
gouvernement de renouveler le droit exclusif, j'aimerais... Quant à moi,
je pense que le gouvernement ne devrait pas imposer de conditions
additionnelles, sans connaître l'optique dans laquelle vous l'avez mis
là et compte tenu également que, dans dix ans, dans quinze ans,
les personnes qui ont pensé ce projet de loi ne seront plus là.
À ce moment, on pourra donner toutes sortes d'interprétations
à cet article. C'est la raison pour laquelle j'ai dit cela dans le
mémoire. Ce sont des préoccupations que j'ai.
M. Ciaccia: Vous ne pourriez pas envisager que possiblement
certaines conditions peuvent changer, qu'il ait pu y avoir certains changements
nécessaires, qu'on impose, je ne présume pas, je ne dis pas que
ce doit être des conditions tellement onéreuses qu'elles ne
peuvent pas être remplies, mais c'est possible qu'après un certain
nombre d'années pour renouveler un contrat, si certaines choses n'ont
pas été faites, le gouvernement puisse dire: Écoutez, je
vais renouveler le monopole que vous avez, mais vous devez respecter certaines
conditions pour accomplir le mandat de distribution dans l'intérêt
des consommateurs.
M. Pharand: C'est que, avant que le gouvernement...
M. Ciaccia: Autrement, le seul choix, c'est qu'on va octroyer le
droit exclusif pour un certain nombre d'années. Cela peut être 30
ans. Pas plus que 30 ans. On peut le donner pour moins. À la fin de
cela, on ne le renouvellera pas. Ce ne serait pas plus justifiable. Ce ne
serait pas plus acceptable. Je pense que ce serait bien plus acceptable de
dire: On va le renouveler. Si certaines conditions n'ont pas été
remplies, on peut au moins les imposer.
M. Pharand: Vu le fait que la régie a un droit de regard
sur toute la question, je vous dis que, quant à moi, je ne vois pas la
nécessité d'insérer cette clause.
M. Ciaccia: Très bien. J'aimerais connaître votre
opinion sur un autre point précis. Croyez-vous qu'un distributeur
devrait avoir droit à un rendement sur des dépenses qu'il a
effectuées dans le cadre d'un programme de commercialisation? Should the
distributor have the right to...
M. Pharand: Je présume que vous parlez de subvention dans
le cadre d'investissements.
M. Ciaccia: Non, je ne parle pas de subventions, je parle de
distributeurs. The distributor is entitled on a certain rate of return on his
investment»
M. Pharand: Investissements.
M. Ciaccia: Should the distributor have the right to claim a rate
of return on a program that he may have instituted, a marketing program?
M. Walker: I think if marketing expenses, whether they be
day-to-day expenses or for a long-term program, that are used to further
distribution of natural gas are reasonably recovered in rates, whether they be
in operating expenses for one year or over the course of several years for
which there is benefit. The theoretical enlargment or the theoretical benefit
would be from the economies of scale which come about by enlarging the system
presumably in the long run lowering cost and for that reason any expense
encurred to enlarge the system or distribute more gas is a reasonable expense
that can be recovered or should be recovered in rates.
M. Ciaccia: À la page 4 de votre mémoire, vous
dites que la loi devrait prévoir que les décisions de la
régie devraient être basées sur preuves faites lors des
audiences. N'est-ce pas ce qui se passe normalement? Pourquoi spécifier
cela dans la loi? (16 h 15)
M. Pharand: M. le Président, c'est
précisément, d'une part, parce que la loi ontarienne le
prévoit. Deuxièmement, c'est que, pour déterminer et pour
que les intervenants puissent avoir l'occasion d'être entendus sur tous
les aspects de la cause, il est important que ces aspects soient
consignés dans les débats et non pas fondés simplement sur
l'expérience des membres de la régie, mais plutôt que ce
soit discuté en audiences. Comme, d'une part, dans votre projet de loi,
vous prévoyez que la régie pourra faire entendre des
témoins, pourra mettre la preuve, nous voulons que toute cette preuve
soit dans le dossier et éviter que la preuve soit faite hors du
dossier.
Par exemple, les experts qui seront engagés par la régie,
nous voulons simplement nous assurer que leur témoignage aura
été consigné dans le procès-verbal et non
simplement dans les discussions qui auront lieu entre le personnel et ses
experts.
M. Ciaccia: À ce moment-là, s'il nous manque des
éléments de preuve, est-ce que c'est la régie
elle-même qui doit les obtenir, les ajouter ou si vous dites que la
décision doit être rendue strictement sur la preuve qui est devant
la régie?
M. Pharand: Comme, d'une part, le projet de loi prévoit
que la régie peut mettre la preuve, elle pourra le faire. D'autre part,
si la régie ne le faisait pas, à ce moment-là, je pense
que ce serait un élément de droit sur lequel il y aurait un
appel, selon notre prétention.
M. Ciaccia: Quand vous mentionnez, à l'article 41, quand
on parle de documents, que seulement ceux qui sont déposés
à la régie doivent être acceptés ou rendus publics,
doivent faire partie du dossier, avec l'expérience que nous avons eue
concernant l'Office national de l'énergie, alors qu'après
l'audition on a envoyé les documents à la régie - ce que
je considère aller à l'encontre de la procédure
régulière - je crois que je suis totalement d'accord avec vous
que seulement les documents qui sont déposés devant la
régie pendant une audition doivent faire partie du dossier. Et cela ne
devrait pas être permis pour un intervenant, que ce soit le distributeur
ou un consommateur, après les auditions, de pouvoir envoyer des
documents à la régie.
M. Pharand: Remarquez qu'il pourrait peut-être y avoir ce
processus qui permet, d'une part, de produire des pièces après
les audiences, quitte à en informer tous les autres participants, et si
les autres participants voient matière à réouverture,
qu'il y ait réouverture. Mais le processus peut être
facilité, il ne devrait pas y avoir automatiquement empêchement de
produire les documents après l'audience, avant les
délibérations.
M. Ciaccia: Merci; on m'informe que mon temps de parole est
écoulé. Je vous remercie.
Le Président {M. Théorêt): Merci, M. Pharand.
Le temps du ministre étant maintenant écoulé, je vais
reconnaître le critique de l'Opposition, M. le député de
Roberval.
M. Gauthier: Merci, M. le Président. C'est surtout une
question d'éclaircissement que j'ai à vous poser. À la
page 2 de votre mémoire, concernant l'article 5... Pour ceux qui veulent
comprendre, on y dit: "La juste valeur des investissements dans une entreprise
est calculée sur la base du coût d'origine, soustraction faite de
ta dépréciation." Cela, c'est pour déterminer un prix
juste et raisonnable pour les consommateurs et on parle d'un rendement qui doit
être jugé acceptable, normal, mais pas excessif.
Dans le commentaire que vous faites à la page 2 de votre
mémoire, vous utilisez la notion d'année témoin
projetée. Je vous cite, pour qu'on se comprenne bien: "Nous croyons
qu'une précision devrait être apportée concernant le
"coût d'origine". Il nous semble opportun de préciser qu'il ne
s'agit pas uniquement du coût historique des investissements, mais que
dans le cas d'une requête en tarification basée sur une
année témoin projetée, la régie pourra prendre en
considération le coût projeté de l'investissement." Une
année témoin, vous excuserez mon ignorance, j'ai toujours
pensé que c'était une année dont on se servait pour fins
de comparaison, qui, par définition, était passée. C'est
quoi la notion d'année témoin projetée?
M. Pharand: L'année témoin projetée, M. le
Président, c'est quand le distributeur demande à la régie
de déterminer ses tarifs pour l'année 1988, par exemple...
M. Gauthier: L'année qui vient.
M. Pharand: ...l'année qui vient, basés sur la
projection de budgets qu'elle fait. Elle dit: L'année prochaine, je vais
prendre telle quantité de gaz; je vais avoir tant de dépenses et
je vais avoir besoin de X tarifs pour faire face à mes dépenses
et réaliser mon profit raisonnable.
M. Gauthier: C'est ce dont ii est question dans cette
suggestion.
M. Pharand: C'est ce dont il est question.
M. Gauthier: À ce moment-là, je vous pose la
question suivante: Si, l'année suivante, les prévisions
d'investissements, les prévisions de ventes ne s'avèrent pas
exactes, et que la régie aurait accordé une augmentation plus
substantielle qu'elle aurait dû le faire, comment prévoyez-vous la
façon dont la régie devrait tenir compte de ces erreurs? Est-ce
que vous suggérez que, dans l'après-coup, il y ait une
redistribution aux consommateurs ou une soustraction?
M. Pharand: Présentement, s'il y a de mauvaises
prévisions et que le distributeur fait plus d'argent qu'il ne
prévoyait en faire dans ses estimations, cet argent se trouve à
être versé dans le compte de trop-perçus -vous avez
l'article 49, je pense - et, à ce moment-là, c'est
redistribué aux consommateurs.
M. Gauthier: La suggestion que vous nous faites, l'avant-projet
de loi proposerait que l'ajustement de tarifs se fasse à partir
de l'année qui vient de s'écouler et vous voudriez, au
contraire, que cela se fasse...
M. Pharand: Non, Nous voulons dire que, uniquement pour les
investissements... Si, par exemple, on prévoit faire un investissement
au mois de janvier 1988, on aimerait que la régie en tienne compte dans
l'approbation des tarifs...
M. Gauthier: Antérieurement.
M. Pharand: ...parce que cette dépense va se faire en 1988
et il y aura onze ou douze mois pour lesquels on devrait avoir des revenus.
C'est uniquement là-dessus qu'on...
M. Gauthier: D'accord. Dans le même sens, à
l'article 6 du projet de loi, on dit: "Dans un tarif les taux et autres
conditions applicables à un consommateur ou une catégorie de
consommateurs doivent refléter tout rabais sur les coûts
d'acquisition ou toute condition avantageuse d'approvisionnement consentie au
distributeur en considération de la consommation de ce consommateur ou
de cette catégorie de consommateurs." C'est ce que dit l'avant-projet de
loi. Vous ajoutez le commentaire suivant; Un article devrait être
ajouté audit projet de loi pour prévoir que les tarifs pourront
être basés soit sur une année témoin historique,
soit sur une année témoin projetée, au choix du
distributeur. L'avant-projet de loi prévoit que le consommateur devrait
profiter d'une baisse de coûts d'approvisionnement pour vous autres, qui
serait due à un de ces comportement, c'est-à-dire que, s'il
achète en grande quantité, vous avez de meilleurs prix et vous
devez le refiler au consommateur. On est d'accord avec cela, mais je comprends
mal le fait que vous ameniez à ce moment-ci la notion de tarif
basé sur l'année témoin historique ou sur l'année
témoin projetée, au choix du distributeur. Dans le fond, vous
voulez trouver le meilleur parti possible, que ce sait dans le passé ou
dans l'avenir.
M. Pharand: Non. Nous demandons tout simplement de
concrétiser le statu quo. Présentement, la régie va
utiliser soit l'année témoin historique, soit l'année
témoin projetée pour déterminer les tarifs. Nous demandons
tout simplement, étant donné que la loi était silencieuse,
que le projet de loi est silencieux, de clarifier le statu quo et de dire que
le distributeur pourra demander, quand il va faire sa demande pour ses tarifs,
soit d'utiliser l'année témoin historique, c'est-à-dire
l'année passée, ou l'année témoin projetée,
c'est-à-dire le budget de l'année prochaine soumis à la
régie.
M. Gauthier: Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Roberval. M. le ministre.
M. Ciaccia: Pour le mot de la fin?
Le Président (M. Théorêt): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions de la part des parlementaires? M. le
député de Roberval, en conclusion.
M. Gauthier: Très brièvement. Je veux remercier,
comme on l'a fait pour les intervenants précédents, les
représentants de Gazifère inc. pour le mémoire qu'ils nous
ont présenté et les assurer de notre volonté ferme de
tenir compte des préoccupations qu'ils nous ont soumises dans le travail
que nous aurons à faire, la collaboration que nous aurons à
apporter au ministre pour mettre en place ce projet de loi. Je vous remercie
beaucoup au nom de ma formation politique.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Roberval. M. le ministre.
M. Ciaccia: Je veux remercier les représentants de
Gazifère. I want to thank Mr. Walker for the recommendations that he has
made with respect to our Régie de l'électricité et du
gaz.
M. le Président, j'applaudis et je note qu'il semble y avoir un
grand intérêt dans les travaux de notre commission. L'auditoire a
semblé augmenter sensiblement aux derniers moments. Je vais vous inviter
à demeurer avec nous jusqu'à ce que nos travaux soient
terminés. Je crois que cela va stimuler les membres de la commission. Je
note l'intérêt qu'on prend pour un projet de loi
économique, comme celui qui est devant nous, pour aider le consommateur
et le développement économique.
Aux représentants de Gazifère, je dis que nous prenons
bonne note des recommandations qu'ils nous ont faites. Nous allons les
étudier et sûrement que le projet de loi qui sera
déposé en première lecture contiendra certaines des
recommandations que plusieurs intervenants ont portées à notre
attention. Merci.
Le Président (M. Théorêt): Messieurs, les
membres de la commission vous remercient et vous souhaitent un bon retour chez
vous. J'inviterais maintenant les représentants de l'Association des
consommateurs du Québec à bien vouloir prendre place, s'il vous
plaît.
Est-ce que Mme Solange Guillot-Lemelin est dans la salle ou un
représentant de l'association? Sinon, je vais suspendre les travaux pour
quelques minutes. Je suspends les travaux pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 28)
(Reprise à 16 h 45)
Le Président (M. Théorêt): La commission de
l'économie et du travail reprend ses travaux. Nous souhaitons la
bienvenue à Mme Solange Guillot-Lemelin, présidente de
l'Association des consommateurs du Québec.
Association des consommateurs du Québec
Mme Lemelin, je vous rappelle simplement que vous avez un maximum de 20
minutes pour faire votre présentation et qu'après coup le parti
ministériel et l'Opposition échangeront avec vous.
Je vous cède la parole.
Mme Guillot-Lemelin (Solange): M. le Président, M. le
ministre, il me fait plaisir d'être ici aujourd'hui au nom de
l'Association des consommateurs du Québec pour vous faire part de nos
commentaires sur l'avant-projet de loi sur la régie du gaz.
L'Association des consommateurs du Québec a eu l'occasion d'intervenir
à plusieurs reprises sur les questions d'énergie, en particulier
sur les hausses de tarifs d'Hydro-Québec. En 1981, on était
présents à la commission parlementaire pour s'opposer à la
transformation de la structure d'Hydro-Québec. Nous sommes notamment
intéressés à la réglementation et à
l'encadrement des entreprises productrices ou distributrices
d'énergie.
L'association aurait souhaité un véritable débat
sur l'énergie. Comme il est mentionné dans le mémoire,
l'occasion qui nous est offerte par l'avant-projet de loi sur la Régie
du gaz naturel ne permet qu'une discussion partielle de nos choix politiques
concernant l'énergie. On veut créer une régie, mais pour
nous ce n'est pas vraiment un débat sur toute la question de
l'énergie.
En matière d'énergie, comme dans les autres secteurs de la
consommation, l'ACQ favorise la libre concurrence afin de répondre aux
besoins des consommateurs. Pour y arriver, il faut garantir aux consommateurs
le choix et la diversité des sources d'énergie, une meilleure
distribution du service et un meilleur rendement à meilleur prix. C'est
sûr que le coût est important, mais on est conscients qu'il faut
tenir compte des habitudes sociales et culturelles des consommateurs. C'est
donc par une concurrence accrue que le consommateur sera le mieux servi, au
meilleur coût.
Comme l'énergie est un secteur monopolistique, on accentue
davantage cet aspect en créant une nouvelle régie se limitant au
gaz naturel. En 1977, lors d'audiences publiques, avec le ministre de
l'Énergie du Québec à ce moment-là, l'ACQ
recommandait que soient regroupées sous une seule régie les
différentes formes d'énergie pour qu'on ait au moins une
concurrence entre chacun des secteurs sous une même régie. Cet
avant-projet de loi va donc dans le sens contraire de ce que l'on demandait et
nous nous interrogeons à propos de cette orientation qui implique des
coûts sociaux et une efficacité administrative réduite. On
entend par là qu'on croit qu'avec cette façon de procéder
on multiplie l'administration, on double toute la façon de
procéder, on répète l'encadrement. Il y a donc beaucoup de
coûts sociaux reliés à cela, quand on sait que dans
certaines régies il y a environ 38 % des frais qui vont seulement
à l'administration.
L'ACQ tient à ce que l'avant-projet de loi soit le reflet des
intentions annoncées, notamment en ce qui a trait à la protection
équitable des consommateurs face aux distributeurs. De nombreux aspects
de cet avant-projet de loi semblent à première vue
protéger les consommateurs. Cependant, nous croyons nécessaire de
préciser le processus permettant aux consommateurs d'avoir une
véritable reconnaissance de ses intérêts. Les consommateurs
attendent d'un tribunal administratif comme celui sur le gaz naturel des
informations pertinentes, une meilleure gestion, de l'efficacité et de
meilleurs prix.
Nous sommes conscients que ce mémoire dépasse le cadre et
l'objet de l'avant-projet de loi, mais il permet de préciser
l'orientation de la prise de position de l'Association des consommateurs du
Québec.
En ce qui concerne l'accessibilité des consommateurs, une
préoccupation favorisant l'accessibilité du consommateur à
la régie semble se dégager de ce document, à l'article 28.
Elle se concrétise par l'accès aux services et à
l'arbitrage. Le consommateur peut demander à la régie de
convoquer une audience pour les demandes d'approbation de tarif surtout et pour
les cas de trop-perçu.
Par contre, la régie ne se prononçant que sur des preuves,
c'est aux consommateurs à qui incombera le fardeau de la preuve. Est-ce
qu'ils auront recours aux groupes de soutien, notamment, si ceux-ci ont
accès au financement de l'expertise? On demande aussi que le terme
"consommateurs et leurs représentants" soient définis à
l'article 2.
L'expertise et les ressources doivent être assurées
à toutes les parties en cause. Pour préparer un mémoire,
les consommateurs doivent disposer d'un délai raisonnable pour permettre
une défense adéquate en ce qui a trait à l'augmentation
des prix, par exemple.
Protection des consommateurs. L'information demeure la meilleure
protection des consommateurs. De toutes les préoccupations de ce genre
de régie, la fixation du prix du service s'avère de
première importance pour les consommateurs. Afin de garantir aux
consommateurs une protection accrue à ce propos, le législateur a
proposé une formule de ristourne sur le trop-perçu du
distributeur, bien que celle-ci ne soit pas automatique, à l'article 49.
Mais, étant donné la décision de la Cour supérieure
relative au refus de remboursement de Bell Canada aux consommateurs
dernièrement, ce jugement récent risque de faire jurisprudence et
de rendre inapplicable cet article. Oe toute façon, noua croyons que
cela va à l'encontre de toutes les lois économiques. On
demanderait que ce ne soit pas un remboursement d'argent, mais plutôt une
baisse de tarif accordée aux consommateurs à ce moment. Aussi,
les consommateurs devraient-ils être pleinement informés sur le
mécanisme qui fixe les tarifs selon les types de clientèle et les
transferts de factures inhérents de façon à mesurer le
trop-perçu des distributeurs.
D'autre part, plusieurs mesures protègent les consommateurs:
l'intégrité des régisseurs, le respect des ententes
fixées sur les prix et sur le taux de rendement. Cependant, les
protections concernant, notamment, fe travail des enquêteurs, le travail
d'enquête des régisseurs, risquent d'être mitigées
par des pénalités qu'on croit ridicules, qui devraient être
augmentées.
Le gouvernement peut aussi intervenir directement par décret dans
le mandat de la régie. Nous nous interrogeons vraiment sur l'autonomie
du mandataire à ce moment. Les critères et les motifs d'une telle
intervention devraient être précisés. On s'interroge en
particulier sur les modalités, pourquoi le gouvernement va intervenir et
surtout comment. Le pouvoir du gouvernement sur la régies est-ce qu'il
peut annoncer par décret les orientations générales,
est-ce qu'il peut faire le travail de la régie, est-ce qu'il peut
intervenir n'importe quand? Ce sont des questions à préciser.
J'aimerais terminer en ce qui regarde les notes explicatives de
l'avant-projet de loi, tout de suite après la page titre. On dit, au
paragraphe 3: "Cet organisme appelé "Régie du gaz naturel" sera
dorénavant composé de trois membres. Il aura principalement pour
fonction d'approuver les tarifs proposés par un distributeur de gaz
naturel". Vous comprendrez pourquoi on demanderait aussi d'ajouter, d'approuver
ou de refuser les tarifs proposés par un distributeur.
Cela résume ce qu'on a fait comme travail sur cet avant-projet de
loi. Je suis prête à répondre.
Le Président (M. Théorêt): Merci, Mme la
Présidente. Je vais maintenant céder la parole au ministre.
M. Ciaccia: Merci. Je veux remercier l'Association des
consommateurs du Québec, je remercie Mme Solange Guillot-Lemelin pour sa
présentation. Je pense qu'on se rejoint sur plusieurs points. Je
remarque, par exemple, qu'en matière d'énergie, comme dans les
autres secteurs de consommation, l'Association des consommateurs du
Québec favorise la libre concurrence afin de répondre aux besoins
des consommateurs,, Vous dites que c'est par une concurrence accrue que le
consommateur sera le mieux servi et au meilleur coût.
La première question que je me pose a trait à votre
participation aux audiences de la régie au cours des dernières
années. J'aimerais savoir si vous avez déjà
présence votre point de vue devant la régie. J'aimerais
également que vous me présentiez les contraintes auxquelles vous
faites face et vos intentions en ce qui concerne la représentation des
consommateurs de gaz naturel devant la future régie.
Mme Guillot-Lemelin: Concernant les contraintes pour lesquelles
on ne s'est pas présentés devant la régie... De toute
façon, l'Association des consommateurs a ses propres priorités.
Ce n'est pas que des sujets comme ceux-là ne nous préoccupent pas
si jamais on n'est pas intervenus. On a beaucoup de contraintes au point de vue
des ressources, humaines et financières, qui font qu'on ne peut
être présent à toutes ces régies.
Quelle était votre dernière question sur le gaz?
M. Ciaccia: Bien, je voulais savoir vos intentions en ce qui
concerne la représentation des consommateurs devant la future
régie. Peut-être pourrais-je enchaîner avec l'article 57.
L'avant-projet de loi prévoit dans l'article 57 que la régie
pourra maintenant accorder des frais aux parties dont elle juge la
participation utile à ses délibérations. J'aimerais que
vous me disiez comment vous comptez utiliser la possibilité qui vous
serait ainsi offerte de participer aux audiences de la Régie du gaz
naturel. J'aimerais savoir si vous seriez en faveur que le procureur de la
régie ait pour mandat spécifique de veiller à faire valoir
le point de vue des consommateurs non représentés devant la
régie.
Mme Guillot-Lemelin: Oui, bien sûr, on aimerait que le
procureur puisse faire cela. Quand on parle d'expertise dans cet
article-là, nous, on aimerait offrir notre expertise au consommateur
pour l'aider justement à évaluer, par exemple, face à une
augmentation de tarif, surtout lui faire prendre conscience de ses droits, pour
ne pas qu'il se sente démuni si, financièrement, il n'est pas
capabale d'être représenté. Par contre, s'il sait qu'il y a
des personnes qui
peuvent être là pour l'aider à faire face au
problème qu'il peut rencontrer, nous, bien sûr, qu'on pourrait
agir à titre d'expertise dans ce sens-là.
M. Ciaccia: Est-ce que vous auriez des suggestions
précises ou des commentaires à faire au sujet de l'article 57 qui
prévoit que la régie adjuge à sa discrétion sur les
dépenses relatives aux affaires de son ressort et à
l'exécution de ses décisions et qu'elle peut accorder des frais,
y compris les frais d'experts, aux parties dont elle juge la participation
utile à ses délibérations?
Mme Guillot-Lemelin: Si jamais elle pouvait attribuer un certain
montant aux personnes qui seraient là pour aider le consommateur, nous,
on serait, bien sûr, d'accord pour participer dans ce sens-là.
M. Ciaccia: Mais en ce qui concerne le remboursement du
trop-perçu, vous dites dans votre mémoire à la page 3 que
dans le cas de Bell Canada, la Cour supérieure aurait rendu un jugement
qui, selon vous, risque de faire jurisprudence et rendre inapplicable l'article
49 de l'avant-projet de loi. C'est l'article dans notre avant-projet qui
prévoit le remboursement du trop-perçu au consommateur. Ne
pensez-vous pas que c'est justement parce que le CRTC n'avait pas dans sa loi
le pouvoir de décider du remboursement du trop-perçu qu'il y a eu
une telle décision et ne pensez-vous pas qu'il faut alors que la loi de
la régie comprenne explicitement un article lui donnant le pouvoir de
rembourser le trop-perçu?
Mme Guillot-Lemelin: Effectivement, si on lui donne le pouvoir de
le faire et si elle peut l'appliquer, tant mieux, sauf que l'on se posait des
questions concernant ce qui est mentionné là, sur ce qui vient de
se passer dans le cas de Bell. En plus, comme j'ai ajouté tout à
l'heure, ce ne serait pas de rembourser le trop-perçu, mais plutôt
de faire profiter le consommateur par une baisse de tarif. On a
mentionné cela vraiment à titre de prévention pour ne pas
que cela se reproduise, mais si c'est effectivement le pouvoir qu'on donnerait
à la régie, alors tant mieux.
M. Ciaccia: C'est pour cette raison que nous l'avons inclus
spécifiquement dans la loi, pour donner ce pouvoir à la
régie, parce que dans la loi du CRTC je ne pense pas qu'il y avait ce
pouvoir spécifique et c'est pour cela que Bell Canada est allée
devant les tribunaux. C'est dans notre juridiction de le faire et je crois
qu'en le spécifiant dans la loi, cela va accorder à la
régie le pouvoir de rembourser le trop-perçu.
Mme Guillot-Lemelin: Heureusement, et nous espérons que
cela va s'appliquer.
M. Ciaccia: En ce qui concerne l'approvisionnement en gaz naturel
des consommateurs du secteur résidentiel, j'aimerais savoir ce que vous
pensez de la possibilité que ces clients puissent se regrouper, unir
leur force et faire affaire avec des courtiers plutôt qu'avec Gaz
Métropolitain ou Gazifère pour acheter leur gaz naturel. Est-ce
que vous voyez cela comme une possibilité, est-ce que vous voyez cela
comme avantageux ou est-ce qu'il y a trop d'inconvénients à
utiliser cette approche?
Mme Guillot-Lemelin: C'est à espérer que ne se
passe pas dans le domaine de l'énergie ce qui se passe dans le domaine
des assurances, le fait que des courtiers soient mal renseignés, ne
donnent pas l'information nécessaire au consommateur, qu'on ne leur
fasse pas connaître les meilleurs prix, les meilleurs taux où se
procurer leurs assurances. Alors, si on peut transposer cela dans le domaine de
l'énergie, il faudrait que le consommateur en retire vraiment des
avantages très concrets en termes d'information surtout et de taux
avantageux. (17 heures)
M. Ciaccia: Tout au long de votre mémoire, vous dites que
l'information est la meilleure protection des consommateurs. Croyez-vous que la
Régie du gaz naturel doit avoir un tel mandat, le mandat d'informer?
Comment peut-elle remplir ce rôle et est-ce que vous pourriez nous donner
une idée des informations qui doivent être systématiquement
rendues accessibles aux consommateurs?
Mme Guillot-Lemelin: La première observation qui me vient
à l'esprit, c'est surtout concernant le mécanisme de fixation des
prix, de toute la tarification concernant le gaz pour le consommateur. Souvent,
c'est quelque chose qui n'est pas évident pour le consommateur, on ne
sait pas comment ça se produit. Dont, pour ces raisons-là, il
n'aura pas tendance à aller plus loin et. à obtenir ce qui lui
est dû. Alors, je pense qu'en termes d'information, sur tout ce qui
concerne la tarification, il faut que la régie fasse le plus de travail
possible.
M. Ciaccia: L'information, le rôle d'informer le public sur
la façon dont les prix sont fixés...
Mme Guillot-Lemelin: Oui.
M. Ciaccia: ...pour que le consommateur puisse savoir...
Mme Guillot-Lemelin: ...puisse recourir...
M. Ciaccia: ...quel est le processus. Mme Guillot-Lemelin:
Exactement.
M. Ciaccia: Est-ce qu'il y a d'autres informations qui seraient
utiles?
Mme Guillot-Lemelin: II y aurait aussi l'information concernant
toute ia disponibilité, comment se procurer cette énergie,
quelles sont les façons pour le consommateur d'avoir une meilleure
disponibilité concernant cette ressource.
M. Ciaccia: Merci.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. M. le député de Roberval.
M. Gauthier: Oui, Mme la présidente. Il me fait plaisir de
vous saluer au nom de ma formation politique. J'aimerais savoir, Mme la
présidente... Vous savez, dans le domaine de la consommation, on sait la
difficulté -vous le savez mieux que nous autres, d'ailleurs - de
regrouper tous les consommateurs pour leur permettre de se donner cette force,
qui est la leur en réalité, et la canaliser dans les lois du
marché, et qu'ils obtiennent le meilleur prix pour un produit, comme on
est en droit de s'y attendre normalement. Est-ce que vous croyez, Mme la
présidente, plutôt que de prendre ia formule des courtiers
suggérée tout à l'heure dans la question du ministre,
est-ce que vous croyez qu'un rôle de surveillance des approvisionnements
confié à la régie, dans le sens que la régie aurait
le pouvoir, au nom des consommateurs, de surveiller si tel ou tel distributeur
s'approvisionne au meilleur prix possible ou si ses achats sont faits, disons,
un peu à la légère dans certains cas, puisqu'il justifie
ses prix à la régie par le coût de sa matière
première, un rendement sur son capital investi, les coûts
d'entretien, etc. - donc, il est possible que ce prix fixé soit assez
élevé, ne soit pas nécessairement le meilleur prix pour le
consommateur - est-ce que vous croyez qu'on devrait nommément identifier
le devoir à la régie de surveiller le prix, la qualité des
approvisionnements qui sont destinés, bien sûr, aux consommateurs?
Est-ce que vous croyez que ça pourrait être une façon de
rendre justice aux consommateurs?
Mme Guillot-Lemelin: En fait, si la régie faisait
ça, avait tous les moyens... Elle a probablement plus de ressources que
les courtiers pour le faire. De toute façon, s'il n'y a pas
d'intermédiaire, l'information a des chances de se rendre plus
directement aux consommateurs. Dans ce sens-là, ça pourrait
être plus avantageux, mais j'avoue que, lors de la rédaction du
mémoire, on ne s'est pas attardé à cette notion de
courtiers qui viendraient interférer. Sauf que de la façon que
vous le mentionnez, s'il n'y a pas d'intermédiaire, l'information a des
chances de se rendre plus directement.
M. Gauthier: Est-ce que - je me pose la question - dans le
domaine du prix de l'électricité? par exemple... Il y a une
formule qui veut qu'en commission parlementaire, cette commission-ci demande
à Hydro-Québec publiquement des justifications de hausses de
tarifs. Est-ce que cette formule, qui est très publique et qui vise
à diffuser la meilleure information possible aux consommateurs, est-ce
que vous croyez qu'une formule comme celle-là est adéquate et
répond aux besoins des gens que vous représentez?
Mme Guillot-Lemelin: Vous dites que c'est public, sauf que ce
n'est pas M. Tout-le-Monde qui va venir ici présenter son point de vue
là-dessus. C'est sûr que c'est une bonne chose. C'est un pas quand
même assez considérable. Je pense qu'à l'intérieur
même de ces compagnies, s'il y avait des comités où les
gens étaient entendus pour faire connaître leur point de vue sur
le fonctionnement même de ces organismes, ce serait opportun.
M. Gauthier: Ma question avait un but, évidemment, et
j'arrive à ma véritable question. Comme exercice d'information
publique sur le coût d'un produit, je vous avoue qu'on a fait, en ce qui
concerne le prix de l'électricité, un effort sans
précédent, du côté du gouvernement, au moment
où nous formions le gouvernement, comme maintenant, dans l'Opposition,
pour essayer de rendre publiques ces données et vous me dites - c'est un
peu ce qu'on craint, malheureusement - que ce n'est peut-être pas
suffisant... que ce n'est peut-être pas une garantie pour le
consommateur. Comment, en appliquant au gaz ces principes, comment une
régie pourrait-elle, une régie qui est moins publique en quelque
sorte que le Parlement, qu'une commission parlementaire, par quel moyen
pourrait-elle rendre service aux consommateurs? Vous avez parlé de la
nécessité d'obtenir de l'information. Qu'est-ce que la
régie devrait faire pour que cette information se rende encore mieux que
par une commission parlementaire sur l'étude des tarifs de
l'électricité, par exemple? Faudrait-il que cela aille
jusqu'à - ce qui est quasi impensable - une information
individualisée? Quel mécanisme avez-vous en tête
présentement, auquel vous pensez qui pourrait nous amener à
donner cette information le mieux possible?
Mme Guillot-Lemelin: Nous qui représentons les
consommateurs pour protéger
leurs intérêts, je pense que ce serait une bonne chose que
de nous consulter et de nous faire part, justement, de cette augmentation. De
plus en plus d'entreprises nous consultent sur différents sujets sur
lesquels ils veulent se prononcer. Alors, comme il est mentionné dans le
mémoire, cela nous donnerait le temps de l'évaluer au nom des
consommateurs. Pour présenter un mémoire, on pensait à
trois mois, mais qu'on nous donne au moins la période nécessaire
pour pouvoir, nous, l'évaluer au nom des consommateurs et voir tout le
mécanisme à être mis en place, de sorte que nous puissions
nous prononcer, à savoir si oui ou non cela est nécessaire. On
est bien conscient qu'il faut quand même suivre le taux d'inflation.
À un moment donné, il faut arriver avec certaines augmentations
de tarifs. Il faut que ce soit raisonnable, il faut que ce soit bien
expliqué et il faut que ce soit bien compris de tout le monde.
M. Gauthier: Vous dites dans votre mémoire que
l'Association des consommateurs devrait avoir accès facilement à
l'expertise de la régie, si j'ai bien compris le sens de votre
intervention. Est-ce que vous pourriez préciser davantage? Puisque vous
intervenez vous-mêmes souvent et régulièrement dans des
dossiers de cet ordre, quel type d'aide devrait-on apporter à votre
association pour lui permettre de jouer, face à la régie,
pleinement son rôle d'intervenant éclairé, capable
d'argumenter? Cela va jusqu'où ce type d'aide dont vous avez besoin?
Mme Guillot-Lemelin: Cela va jusqu'à, premièrement,
nous considérer comme - avec les ressources nécessaires - experts
auprès des consommateurs pour pouvoir les conseiller et qu'on nous donne
les ressources, surtout financières, pour qu'on puisse travailler
pendant une période x sur un sujet précis, afin de vraiment avoir
tout en main ce qui est nécessaire pour évaluer la situation et
vraiment guider le consommateur dans sa future démarche.
M. Gauthier: Au début de votre mémoire, sauf
erreur, vous mentionnez le fait que vous êtes en désaccord avec la
parcellisation du travail de la régie, c'est-à-dire qu'elle ne
s'occupera dorénavant que de la distribution du gaz - en tout cas, dans
ce qu'on a dans l'avant-projet de loi. Si je comprends bien, vous souhaitiez,
comme les orientations semblaient vouloir se prendre dès les
années 1978 et 1979, qu'il y ait un regroupement, que la régie se
voit accorder un pouvoir accru, accentué, en ce qui concerne les autres
formes. On parlait de la vapeur. On va avoir l'occasion d'en parler
tantôt, parce que cela touche aussi les consommateurs par le biais de
commerçants, d'hommes d'affaires qui ont à subir un tarif
quelconque et qui sont captifs d'une certaine manière. On parle de
l'électricité. Je sais que le ministre a tendance à dire
que les tarifs fixés par Hydro-Québec font école, mais il
y a quand même plus que cela. Quelle est l'étendue du rôle
que vous souhaiteriez voir à la régie? D'abord, au départ,
la Régie de l'électricité et du gaz touchait à ces
trois secteurs. Voyez-vous son rôle davantage étendu? Auriez-vous
souhaité une régie qui continue à garder le même
champ de juridiction, mais dont la facture lui permette de poser des gestes de
façon plus musclée? J'aimerais vous entendre un peu
là-dessus, sur votre vision, non pas par rapport à l'avant-projet
de loi qui est très limitatif, mais par rapport au rôle que
devrait véritablement jouer au Québec une régie du type de
celle dont on parle.
Mme Guillot-Lemelin: Nous, on disait que ce n'était qu'une
partie de tout le débat qui est en train de se faire à Ottawa
présentement, surtout sur la meilleure utilisation des ressources
énergétiques. C'est pour cela qu'on se disait que ce
n'était qu'une façon d'aller voir, dans le cas du gaz, comment on
utilise toutes les ressources énergétiques plutôt que de le
voir dans l'ensemble de toutes les ressources. C'est sûr qu'on voit
surtout le rôle de la régie comme un rôle de surveillance,
qu'elle est là pour faire appliquer les choses des compagnies
détentrices de toute l'énergie. On a d'ailleurs mentionné
que cela allait à l'encontre de la concurrence que de vouloir donner au
secteur du gaz sa propre façon de procéder et que cela
empêchait la concurrence à l'intérieur de tous les
secteurs.
Vous avez aussi parlé de pouvoir accru. Je pense que de donner un
pouvoir à un secteur en particulier vient encore empêcher le
consommateur de profiter de la concurrence. C'est vraiment en rapport avec cela
qu'on s'est prononcés.
M. Gauthier: Quant au mécanisme de nomination des
régisseurs, je m'étonne que vous n'ayez pas exprimé le
souhait dans votre mémoire que l'Association des consommateurs du
Québec puisse être considérée à titre
consultatif dans le choix des régisseurs ou même qu'elle participe
à la nomination d'un des régisseurs. Est-ce parce que vous ne
l'avez pas envisagé sous cet angle ou est-ce implicite quand vous
affirmez que le gouvernement devrait reconnaître l'Association des
consommateurs du Québec comme un expert au départ?
Mme Guillot-Lemelin: Oui. C'est dans ce sens. C'est sûr
qu'on ne l'a pas mentionné, comme vous le voyez. On est peut-être
conscients de la réalité d'une proposition comme celle-là,
sauf que le fait de nous considérer comme des experts pour
conseiller le consommateur face à un problème, ce serait
pour nous déjà intéressant.
M. Gauthier: Je reviens à ma question, de façon un
peu plus précise. Est-ce que la nomination, le fait d'accepter ou
d'accréditer un régisseur, un membre observateur,
suggéré par l'Association des consommateurs du Québec,
s'il y a lieu, vous semblerait une façon de faire en sorte que la
régie non seulement fournisse toujours et en tout temps l'aide requise
aux associations, mais aussi soit véritablement garante des droits et
privilèges des consommateurs? Est-ce que cela ne pourrait pas être
une formule intéressante à laquelle le ministre devrait
s'intéresser?
Mme Guillot-Lemelin: Pourquoi pas? Je pense que, si le ministre
était intéressé à aller jusque-là, bien
sûr que c'est exactement ce qu'on voudrait faire.
M. Gauthier: Cela permettrait, possiblement...
Mme Guillot-Lemeiin: D'être plus entendus aussi.
M. Gauthier: Cela permettrait, possiblement, de garantir des
choses et je ne vois pas quel mal il y aurait à cela.
Mme Guillot-Lemelin: Non,, On est d'accord avec vous.
M. Gauthier: Je vous remercie. Pour l'instant, ça va.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Roberval. M. le ministre.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Un des aspects que je
note et que je trouve un peu préoccupant est le manque de
présence de l'Association des consommateurs du Québec devant la
régie. Je ne crois pas que de vous consulter sur la nomination d'un
régisseur puisse vraiment répondre aux problèmes des
consommateurs. Une fois qu'on vous a consultés et que la décision
est prise, il reste toutes les décisions sur les tarifs, et c'est
là l'important. Ce n'est pas nécessairement une consultation sur
le régisseur. (17 h 15)
L'autre formule suggérée par le critique de l'Opposition,
le député de Roberval, est d'avoir un membre présent
à la régie. Si on accorde un membre présent,
attitré, à temps plein, pour le consommateur, bien, on va se le
faire demander pour les autres secteurs. À la fin, nous n'aurons pas
vraiment accompli grand-chose. Je pense que le vrai problème, la vraie
réponse, c'est une participation de l'association quand il y a des
demandes d'augmentation de tarif. Je remarque qu'en Ontario, l'Association des
consommateurs est beaucoup plus présente quand il y a des auditions pour
augmenter et c'est cet aspect-là que je trouve préoccupant, parce
que le secteur industriel a des associations et il a les ressources. Ils savent
présenter leur point de vue. ILs ont les ressources pour apporter
à l'attention de la régie, voici ce qui nous
préoccupe.» Le secteur commercial, l'association qui est venue
devant nous auparavant, les produits forestiers, font tous des
représentations à la régie.
C'est vrai qu'il y aurait moins de maux de tête pour un
gouvernement si vous n'étiez pas là. Mais je me demande ce qui
pourrait être fait, parce que je crois que ce serait important d'avoir
une présence, pas en permanence, pas attitrée, parce que
là cela devient... Vous n'avez pas besoin d'un autre fonctionnaire qui
va parler au nom des consommateurs à temps plein devant une
régie, ce n'est pas cela qui va faire vraiment jouer son rôle
à votre association. Mais comment votre association peut-elle participer
aux auditions et faire des représentations du point de vue du
consommateur devant la régie?
Mme Guillot-Lemelin: Vous voulez dire surtout dès qu'il y
a une augmentation de prix, par exemple?
M. Ciaccia: Oui, oui, s'il y a une augmentation de prix...
Mme Guiilot-Lemelin: Bien, à ce moment-là...
M. Ciaccia: La régie doit décider dans le secteur
industriel, car il y a toutes sortes d'éléments, ce n'est pas le
même prix pour tout le monde. Alors, quand ça vient pour le
consommateur résidentiel, qui le représente devant la
régie? Je sais que la régie doit prendre en
considération... Ce n'est pas un reproche que je vous fais et ce n'est
pas un reproche que je fais à la régie non plus, mais cette
présence, je pense qu'il y a là une lacune.
Mme Guillot-Lemelin: Écoutez, je suis bien contente de
savoir que l'Association des consommateurs du Canada était
présente en Ontario lors de certaines audiences, mais peut-être
que si les audiences ont eu lieu, je ne sais pas, moi, à Toronto et
qu'il y avait des gens de cette région-là qui étaient
présents, il y a de fortes chances que, physiquement parlant... Je sais
qu'il y a eu des audiences publiques au sujet de Bell, mais l'association ne
pouvait pas se rendre à Hull. Comprenez-vous, nous sommes limités
jusqu'à ce point-là pour être même présents
dans certains...
M. Ciaccia: Mais la régie ne siège pas dans des
endroits... C'est à Montréal ou à Québec qu'elle va
siéger. C'est dans les centres...
Mme Guillot-Lemelin: Non, mais vous parlez de celles qui ont eu
lieu en Ontario, ce n'était pas au Québec. Oui, effectivement, je
ne disais pas cela non plus pour excuser notre absence à ces
endroits-là. C'était juste pour vous montrer que si nous ne
sommes pas là à certains moments, c'est qu'on n'a pas eu les
ressources nécessaires pour travailler sur le dossier et même pour
être présents, sauf que je retiens ce que vous dites.
Effectivement, cela peut être sûrement profitable pour les
consommateurs si nous pouvons être le plus présent, le plus
souvent, à plusieurs endroits.
M. Ciaccia: Alors, si je comprends bien la raison - je pense que
vous l'avez déjà dit - c'est le manque de ressources...
Mme Guillot-Lemelin: C'est ça.
M. Ciaccia: ...que vous n'avez pas, parce que cela prend...
Mme Guillot-Lemelin: ...pour participer à toutes...
M. Ciaccia: Ça prend du personnel, ça
entraîne des dépenses, ça prend de l'argent pour
préparer des dossiers afin d'aller devant la régie.
Mme Guillot-Lemelin: C'est ça. Sauf que, dès que ce
sera possible pour nous de le faire, c'est sûr qu'on le fera et avec
attention.
M. Ciaccia: Merci.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. M. le député de Roberval, pour la conclusion?
M. Gauthier: Oui, je voudrais remercier Mme la présidente
de l'Association des consommateurs du Québec, d'abord, d'avoir
présenté un mémoire. On sait que les ressources - vous
nous l'avez dit - ne sont pas abondantes et le temps que vous mettez pour
préparer ces choses-là, évidemment, vous devez
probablement le grignoter ailleurs. Alors, on apprécie d'autant plus
votre réflexion et votre présence en commission parlementaire
dans ce cadre-là. Soyez assurée que nous prenons bonne note des
recommandations que vous nous avez faites et des éclaircissements que
vous avez apportés à nos questions. Nous ferons en sorte de
surveiller le ministre afin qu'il en tienne compte.
Mme Guillot-Lemelin: Merci.
Le Président (M. Théorêt): M. le
ministre.
M. Ciaccia: Merci, Mme la présidente. J'espère,
premièrement, qu'on vous a rassurée sur certains aspects,
spécialement sur l'article 49, la perception du trop-perçu. La
raison pour laquelle on a mis cet article-là, c'est justement parce
qu'il y avait une clause et que cette clause-là n'était pas dans
la loi du CRTC. Quand on parle d'une régie sur d'autres formes
d'énergie, c'est difficile d'avoir le principe de la libre concurrence
et d'avoir une régie pour toutes sortes de formes d'énergie. La
raison pour laquelle on l'a dans le gaz naturel c'est parce que c'est un
monopole actuellement pour les consommateurs. Alors, il y a une
régie.
Je voudrais encourager l'association à être plus
présente aux auditions de la régie pour donner le point de vue du
consommateur. Si j'en juge par votre mémoire, je suis persuadé
que vous n'auriez pas seulement comme rôle ou comme position juste
d'aller devant la régie et de dire que c'est trop cher. Je pense que
vous allez apporter des arguments et des points de vue, comme vous l'avez fait
aujourd'hui, qui méritent d'être discutés et qui portent
à réflexion. Alors, nous allons certainement coopérer avec
vous s'il y a des mesures à prendre pour assurer, pour encourager votre
présence et, en ce qui concerne les recommandations, certainement que
nous allons les prendre en considération. Merci.
Mme Guillot-Lemelin: D'accord. Merci.
Le Président (M. Théorêt): Mme la
présidente, les membres de la commission vous remercient et vous
souhaitent un bon retour. Les travaux de la commission sont suspendus
jusqu'à 20 heures, ce soir.
(Suspension de la séance à 17 h 22)
(Reprise à 20 h 1)
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission de l'économie et du travail reprend ses travaux
afin de procéder à la consultation générale en ce
qui a trait à l'avant-projet de loi sur la Régie du gaz naturel.
J'invite maintenant - vous avez déjà pris place - M. Lucien
Mouton.
M. Mouton (Lucien): Bonsoir, monsieur.
Le Président (M. Théorêt): Je vous rappelle
que vous avez un maximum de 20 minutes pour la présentation de votre
mémoire. Après coup, de part et d'autre, on
discutera avec vous. Je vous cède donc la parole, M. Mouton.
M. Lucien Mouton
M. Mouton: Bonsoir, messieurs. Après tout ce que vous avez
entendu ce matin, je vais essayer d'être concis, quoique ceux qui me
connaissent savent que j'ai de la misère à l'être. Alors,
au tout début, je ne voudrais pas entrer dans les problèmes de
concordance des articles et des lois, ni dans la question de la fourniture. On
vous a amplement parlé ce matin de la question de la fourniture du gaz
et des difficultés d'interpréter certains de vos articles, tels
que 1, 7, 17 et 22, etc.
J'aimerais, cependant, vous souligner un problème que personne
n'a abordé. J'aimerais bien qu'on me dise quelle différence
existe entre le transport et la livraison, car j'ai vu dans les articles 1, 2,
3, 17, 18, 19, 23, 47, 62, etc., qu'on parlait de transport et de livraison.
Or, on ne définit pas ces termes. Je crois qu'il est nécessaire
dans certains cas, dans une loi, de définir les termes pour
empêcher les gens de les interpréter. Je vous en soulignerai
quelques-uns un peu plus tard. Mais si je n'ai pas été capable de
l'interpréter, j'ai demandé à des gens de le faire pour
moi et je n'ai pas encore eu d'opinion. Je n'ai même eu personne qui
était capable de me faire la différence entre le transport et la
livraison. Si le transport et la livraison veulent dire la même chose, il
y a un terme de trop. J'aimerais donc qu'on fasse attention à
définir les mots "transport" et "livraison".
Ensuite, un des termes que vous avez probablement constatés et
que j'essaie de vous faire enlever par un article est le mot "investissement"
pour le remplacer par les mots "base de tarification". Pourquoi? Je reviens
à ceci: Quand je regarde un organisme quel qu'il soit, je dis:
L'organisme a besoin normalement de quatre choses. Une compagnie, c'est une
charte. La régie, c'est une loi et des règlements. Si vous voulez
mettre des choses dans une loi pour être bien précis, faites-le.
C'est assez dur de changer une loi. C'est la raison pour laquelle certaines
choses sont inscrites peut-être dans des règlements, les
règlements étant plus faciles à changer. Quand on parie
des procédures, parfois c'est plus facile de les mettre dans les
règlements que de les mettre dans une loi.
La deuxième chose qu'on vous a soulignée ce matin - et je
peux vous en parler - c'est le budget de la régie. Quand je parle du
budget de la régie, il y a des salaires, mais il y a d'autres
dépenses. On regardera les salaires, c'est-à-dire le personnel,
un peu plus tard, mais on parle des autres dépenses. Vous avez
constaté dans mon mémoire que je fais souvent mention de
l'absence de personnes qui viennent du milieu de la protection du consommateur.
Je dis que, si des personnes, ce matin, vous ont demandé de donner de
l'argent pour avoir des experts, c'est que, justement, la régie n'a
peut-être pas, pour le moment, le budget pour le faire. Il s'agira de
regarder la question du budget de la régie et de dire: Est-ce qu'on peut
lui donner les moyens financiers de bien faire son boulot?
On parle de procédures. C'est bien entendu qu'il y a des
procédures qu'on inscrit dans une loi parce qu'on semble dire qu'il faut
absolument les avoir là. On parlait, par exemple, d'avis public, etc. Il
y en a d'autres qui peuvent être simplement dans un règlement, par
exemple, le quorum si vous ne voulez pas l'avoir là. Mai3 certains
insistent pour que ce soit dans la loi parce que c'est tellement essentiel.
Je reviens au dernier point qui est le personnel. Si vous n'avez pas le
personnel adéquat, c'est bien entendu que la régie, même si
elle voulait faire son boulot, ne pourrait pas le faire parce qu'elle manque de
personnel. C'est malheureux, mais je suis obligé de dire que la
Régie de l'électricité et du gaz, depuis un certain temps,
n'a pas eu le personnel suffisant pour accomplir le travail que la loi lui
dictait de faire, parce que, dans la loi, on parle d'un travail de surveillance
et de contrôle et non pas simplement de prendre des données et de
les accepter. Si on veut faire de la surveillance et du contrôle, il faut
avoir le personnel pour faire le boulot. Je reviendrai sur cela un peu plus
tard.
Ayant tous ces éléments, budget, personnel,
procédures, loi, même si tout cela est parfait, il faut bien
remarquer qu'on a affaire à des hommes et ces derniers sont imparfaits.
C'est pour cela que, dans mon mémoire, je vous souligne certaines choses
importantes, telles que - quelqu'un l'a dit ce matin - le vote
prépondérant du président. À mon avis, il ne
devrait pas y avoir de vote prépondérant dans une régie;
il devrait y avoir des votes qui, à la majorité,
décideraient d'une chose, quelle qu'elle soit. C'est pour cela que j'ai
considéré qu'un quorum de chiffre impair, un minimum de trois
régisseurs, deviendrait, justement, quelque chose qui serait acceptable,
de telle façon que, contrairement à ce que Gazifère vous a
dit ce matin, je ne verrais pas un banc de deux personnes où vous auriez
un régisseur contre un autre et vous auriez à recommencer tout le
travail parce qu'il faudrait recommencer devant un autre banc. Donc, quorum
d'au moins trois et de chiffre impair. Le nombre de régisseurs, j'ai dit
au moins trois. Donc, le gouvernement peut dire, quatre, cinq, six, comme il le
voudra, selon les besoins.
Si on veut compléter par le choix de ce qu'on appelle des
temporaires, je vous ai souligné que c'est à regarder. Je vous ai
dit
que vous ne pouvez pas trouver à tous les coins de rue des gens
qui sont des experts dans la matière. Quand on sait que ça prend
un an à un an et demi pour former un régisseur, bien, vous pouvez
vous imaginer quelqu'un qui travaille comme temporaire. C'est triste à
dire - et j'ose l'affirmer -mais souvent le "staff" en connaît plus long
que les régisseurs. Si on n'est pas capable de travailler en commun,
régisseurs et "staff", on a le problème où les
régisseurs entre eux devront décider. Le fait de nommer quatre
nouveaux régisseurs, par exemple, d'un coup sec ferait que vous n'auriez
pas la continuité de régie en régie ou de "board" en
"board". Alors, je voulais souligner cette chose qu'on appelle la
continuité de la philosophie qui existe dans les régies
canadiennes et américaines. Quand même vous auriez le meilleur
outil, cette philosophie dépend des hommes. Et si vous avez en conflit
des hommes, bien, ça n'avancera pas plus le règlement du
problème, même si vous avez le meilleur outil au monde qui
s'appelle la loi.
Le président - on vous l'a dit ce matin - c'est dur de savoir
exactement ce qu'il a comme prérogative dans la loi. Sous l'ancien
régime - que je suis obligé de dire que j'ai vécu - on
disait que c'était selon la fonction publique. J'aimerais qu'on indique
un peu plus dans une loi quelles sont les fonctions du président. Et Je
vous souligne en passant, encore une fois, que c'est dangereux de trop donner
de pouvoirs au président. Je vous souligne un cas particulier: qu'est-ce
qui arrive si vous avez quatre, cinq ou six régisseurs et que, par
exemple, vous avez une série de régisseurs qui ont une certaine
priorité de vues ou de façons de travailler et que vous avez le
président, d'un autre côté, qui ne voit pas cela du
même oeil? S'il est responsable du budget, de l'engagement du personnel
et du bon fonctionnement, quel que soit le président qui sera là,
il aura tendance à faire passer ses idées. Il ne faut pas
blâmer un homme. Il faut regarder, justement, le poste et ne pas
s'engager dans un carcan où un homme pourra avoir l'autorité sur
plusieurs autres.
Dans mon projet, je ne vous ai pas dit quelque chose, mais
peut-être que vous allez ouvrir les yeux sur la suggestion suivante:
Pourquoi le gouvernement doit-il nommer le président? Aux
États-Unis, j'ai déjà vu une régie où ce
sont les régisseurs qui nomment le président. Donc, si le
président ne fait pas l'affaire du groupe, l'année suivante,
à la réunion annuelle, il vient reprendre le poste de
régisseur, tout simplement. Donc, il y a une continuité entre la
philosophie de tous les régisseurs d'année en année du
fait que vous avez un groupe qui travaille ensemble, plutôt qu'un homme
qui décide seul. Je vous souligne en passant que c'est bien
important.
L'autonomie, on en a parlé ce matin.
C'est pour cela que, dans certains articles je vous dis: Faites
attention à votre article 63. Si, tel que le dit M. le ministre, c'est
seulement pour donner des grandes lignes, j'en suis. Mais il s'agit de faire
attention à la manière dont on passe le message. Par exemple, si
on donne l'ordre de faire une enquête publique, cela va. Mais, si on
venait, dans l'article 63, dire: On fixe le taux de rendement, il ne resterait
pas grand-chose à faire à la régie, parce que quelqu'un du
gouvernement aurait établi une façon de fixer le taux de
rendement. Donc, ça peut être bon que le gouvernement donne des
grandes lignes, mais il faudra faire attention aussi à ne pas aller trop
loin.
Ce matin, j'ai entendu parler d'investissements, de dépenses et
de trop-perçu. Je ne voulais pas entrer dans le détail, mais je
pense que je suis obligé de le faire. Les gens ne comprennent
peut-être pas ce qu'on veut dire par trop-perçu. Si je dis dans la
loi que le trop perçu devrait être remboursé, cela veut
dire que c'est un excédent de quelque chose que je rembourse. C'est
l'excédent de quoi? La régie a un boulot à faire et, si on
veut le faire rapidement, quelqu'un suggère: On va mettre les tarifs en
vigueur aussi vite que possible. Certaines lois aux États-Unis disent:
90 jours après que la requête est déposée, quitte
à prendre tout le temps qu'on voudra pour compléter. Cependant,
si vous êtes dans une année témoin projetée, comme
on le disait ce matin, il faut se mettre dans l'esprit du travail à
faire par quelqu'un. Vous acceptez, disons, les chiffres du requérant.
Vous n'avez pas le temps, supposément, durant la cause -parce que vous
voulez faire cela vite - de savoir si la base de tarification ou les
investissements dont on parlait sont raisonnables ou non et si les
dépenses sont raisonnables ou non.
Si on ne fait pas ce travail, qu'on arrive à la fin de
l'année et qu'on dit: L'excédent du rendement je le remets
à quelqu'un, si j'étais une compagnie, quelle qu'elle soit sans
la nommer, j'aurais avantage, vers le onzième mois de l'année,
à dépenser le plus possible pour ne pas avoir de rendement, de
trop-perçu. Si on ne regarde pas l'effet du réel versus le
projeté, c'est pratiquement du "cost plus" qu'on fait à la
compagnie. Tout ce qu'elle va investir, tout ce qu'elle veut faire comme
dépense, on va l'accepter, on va lui donner le rendement et,
après, on ne va regarder que l'effet superficiel du
trop-perçu.
Si vous acceptez une année témoin projetée, parce
que c'est plus facile et plus vite de faire des études, vous devriez
normalement faire ce qu'on faisait avant l'année témoin
historique, c'est-à-dire revenir vers l'actuel, regarder les
comparaisons entre l'actuel et le projeté et expliquer les
différences entre les deux. Cela ne veut pas
dire qu'on rejette du revers de la main la question des
différences, mais cela force la régie à poser un jugement
sur la raison pour laquelle les dépenses sont plus élevées
ou non, ou les investissements excessifs ou non.
La question de l'investissement. Je vous ai suggéré que la
base de tarification, qui est un terme employé couramment dans
l'industrie, devrait être employée au lieu d'investissement. Parce
que, l'investissement n'étant pas défini, on a toutes les sauces
possibles. Prenez quatre ou cinq personnes et vous aurez quatre ou cinq
définitions. La base de tarification, c'est reconnu et je vous dis dans
mon texte que ce sont les actifs qui sont la propriété du
distributeur qui devraient faire partie de cette base. En plus des actifs que
vous définissez dans l'article, vous devriez lui donner des frais de
premier établissement, ce que vous ne faites pas, dont vous le privez
actuellement. (20 h 15)
Actuellement, on a la dépréciation. Or, le mot
"dépréciation" veut dire usure pour beaucoup de personnes tandis
que amortissement accumulé, qui est peut-être comptable, selon la
méthodologie actuellement autorisée par la régie,
définit l'encadrement dans lequel on travaille. En plus, je vous ai
suggéré un fonds de roulement, celui approuvé par la
régie. Ce n'est pas inscrit dans la loi. Cela priverait encore le
distributeur d'un certain montant auquel il a droit.
Vous voyez que, si vous ne donnez pas des définitions très
précises et que vous laissez les hommes interpréter les mots qui
sont là, vous aurez un abus dans le sens que vous pouvez être
quatre ou cinq personnes autour d'une table et celui qui aura le vote
prépondérant l'acceptera comme il voudra. Je vous donne un
exemple. Bien que je sois un comptable agréé, il y a environ une
dizaine d'années avec le vice-président qui est un comptable
agréé et un autre membre de mon "staff" qui est un comptable
agréé, on l'a fait exprès, on s'est mis autour de la table
et on a dit: Qu'est-ce que signifie le mot "actif"? On est arrivé avec
trois définitions; on le savait et on est arrivé pile. Tous les
trois avaient raison, selon l'interprétation qu'ils faisaient au
départ. Donc, il faut faire bien attention.
Autorisation préalable. Quelqu'un a parlé ce matin
d'autorisation préalable pour un distributeur de faire certaines choses.
Vous constaterez que j'ai fait disparaître les autorisations
préalables pour les extensions de réseau. Je peux être
d'accord actuellement que c'est peut-être aller trop loin. On pourrait
peut-être dire: Les conduites principales d'un certain diamètre et
d'une certaine longueur pourraient être soumises à la juridiction
de la régie. Mais, si on veut alléger, il faut essayer de ne pas
revenir comme avant et dire: Il faut avoir des autorisations préalables
pour tout ce que te distributeur va faire. Mais rendez-le responsable de ce
qu'il va faire. S'il fait une extension de réseau et qu'il n'est pas
capable de prouver la rentabilité de son réseau après
trois ou quatre ans d'activité, la régie aura un jugement
à porter. Est-ce que cela a été prudent de faire cela? Si
on ne pose pas cette question de prudence, si on ne se pose pas cette
question-là, c'est du "cost plus"» Vous dites au requérants
Dépense tant que tu voudras; on va te donner 12 % de plus.
Je vous ai dit qu'il y a des dépenses selon que l'entreprise est
réglementée ou non. Si vous ne jugez pas, d'abord, si c'est
réglementé ou non, cela ne sert à rien d'avoir une
régie? vous mettez tout cela dans le même paquet et vous laissez
aller tout cela. Après, vous acceptez ce qui est régi. Vous devez
voua demander ce qui est admissible. Cela ne veut pas dire
nécessairement que ce qu'un distributeur dépense est acceptable.
Je vais vous donner un exemple qui est irréel. Supposons que Gaz
Métropolitain dépenserait 1 000 000 $ pour la Place des Arts ou
qu'elle paierait des chars allégoriques pour une parade, est-ce que le
consommateur doit payer cela? Il s'agit de regarder ce qui est admissible et
non pas, parce que le requérant ou le distributeur l'a fait, lui donner
automatiquement, encore une fois, 10 % de plus. C'est pour cela que je dis
qu'il faut faire bien attention. Si vous voulez faire de la
réglementation, il faut que les instruments soient bons, mais il faut
que les hommes en place soient aussi capables de travailler dans le sens de la
réglementation et non pas simplement d'encenser parce que quelqu'un veut
bien que le requérant prospère.
Je vais assez vite malgré que j'ai pratiquement
dépassé mon temps, parce que je pourrais être ici pendant
deux heures, si vous le vouliez.
Quant aux tarifs, il est bien entendu...
Le Président (M. Théorêt): Je vous fais
remarquer, M. Mouton, que ce n'est pas deux heures, mais trois minutes qu'il
vous reste.
M. Mouton: Lorsqu'on parle de tarifs, on dit: Est-ce qu'ils
devraient être approuvés, être soumis, etc? Il y en a qui
disent qu'ils devraient être soumis et approuvés tout de suite,
sujet à révision. Quand on écoute ceux qui sont
passés ici et qui disent autre chose devant la régie, la grosse
différence, c'est qu'ils ne parlent pas d'approbation; ils parlent
d'imposition. Il y a une différence entre approuver, fixer et imposer.
Il y en a qui se plaignent d'une imposition, mais ils n'osent pas vous le dire
en pleine face. Je vous le dis, moi, qu'il y en a qui se plaignent que la
régie impose des tarifs, alors que ce n'est pas à elle de le
faire. La régie peut, comme on l'a
suggéré, donner de grandes lignes pour dire: La
tarification, on la voit dans ce sens-là. Si vous êtes d'accord,
on va vous donner des grandes lignes, des orientations. Mais, entre donner des
orientations et imposer certaines choses...
Le distributeur dit: Je connais mon marché. S'il se fait imposer
des tarifs, il dit: Mon marché ne peut pas recevoir les tarifs que j'ai.
Je ne suis pas capable d'administrer ces tarifs-là. Donc, il faut faire
attention entre ce que la régie a le droit de faire et ce qu'elle
devrait faire.
On parle aussi dans l'avant-projet de loi des relations entre certaines
personnes pour le prix du gaz. De la manière dont je l'ai compris, c'est
simplement entre la compagnie mère et la filiale, entre quelque chose
qu'on dit parent. J'aimerais vous souligner aussi qu'il y a des transactions
entre compagnies affiliées. Si la régie ne regarde pas, par
exemple le prix de Metro Gaz Marketing, qui est une filiale de Noverco, cela
veut dire, au pis-aller, que c'est la compagnie mère qui ferait tout
l'argent sur la vente de gaz et que la compagnie qui est devant nous ne
pourrait pas en faire. Il s'agit donc de regarder les relations entre toutes
les compagnies qui sont affiliées, comme certains l'ont dit, "at arm's
length".
La régie devrait avoir le droit de surveillance sur toutes les
activités qui, de près ou de loin, relèvent de son boulot.
Je pense que je suis mieux d'attendre vos questions sur les articles.
J'aimerais mieux ne pas en traiter. Vous avez peut-être lu les
différentes pages. Si vous avez des questions sur les articles, cela me
fera plaisir d'y répondre.
Le Président (M. Théorêt): Je vous remercie,
M. Mouton.
Je cède maintenant la parole au ministre de l'Énergie et
des Ressources.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. M. Mouton, je tiens,
d'abord, à vous remercier d'avoir pris l'initiative de présenter
à cette commission un mémoire qui donne un point de vue qui
permet de mieux voir comment fonctionne une régie. J'apprécie vos
suggestions pour améliorer la performance de la régie.
J'aurais quelques questions à vous poser. Commençons par
les derniers points que vous avez soumis. Vous parliez de tarification, de
surveillance. Croyez-vous que le rôle de la régie puisse en
être un de surveillance des abus seulement et non de contrôle
détaillé des opérations d'un distributeur? Quand vous
parlez de tarifs - je pourrais donner les grandes lignes - à moins que
je n'aie mal compris, est-ce que cela veut dire que la régie ne doit pas
fixer les tarifs, mais peut seulement soit les approuver ou donner des
orientations sur les tarifs?
M. Mouton: Si vous dites que la régie est là pour
surveiller le monopole et qu'une de ses fonctions, c'est, disons, pour le
moment, d'implanter des tarifs, je crois qu'elle devrait être capable de
les approuver et aussi de les fixer. Quand je dis fixer, j'ai bien dit ne pas
les imposer. Dans mon idée, fixer, cela veut dire que le distributeur
présente sa cédule de tarifs sur laquelle la régie peut
avoir des différences d'opinions.
M. Ciaccia: Un instant. Je veux comprendre. Elle peut les fixer
sans les imposer.
M. Mouton: Pour moi, imposer veut dire: Les voici, vous n'avez
pas un mot à dire là-dedans. Cela, c'est imposer. Les fixer, cela
veut dires Je vous ai écouté, vous m'avez présenté
des tarifs et, sur certaines clauses ou sur certaines choses, je ne suis
peut-être pas tout à fait d'accord et je les modifie. La seule
chose que je dis, c'est que, si on les modifie, on devrait au moins laisser
à celui qui les a imposés la chance de réfuter ce qu'on
pourrait imposer.
Si je suis en délibéré, par exemple, et que je
demande de l'information à quelqu'un, si je la reçois, je n'ai
rien contre cela. Cependant, si j'ai une décision à rendre
à partir de l'information reçue et que c'est assez important, je
crois qu'on devrait retourner et redemander, justement, ce que chacun en
pense.
Par exemple, il y a quelques années, Gaz Métropolitain a
été en maudit du fait que le "staff" de la régie passait
des opinions écrites à la régie, dans le sens que, vu que
les régisseurs travaillaient en collégialité avec le
"staff", lors des discussions, le "staff" pouvait passer certaines
idées. Gaz Métropolitain disait: Bien oui, mais puisque je n'ai
pas l'opinion de M. Mouton dans le dossier, comment puis-je la réfuter?
Bien, je dis la même chose à la régie. Si la régie
n'est pas d'accord avec les tarifs implantés, elle peut présenter
sa façon de penser, un "set" de tarifs si elle le veut, mais se
retourner pour dire: Qu'est-ce que vous en pensez? C'est cela, la
différence entre les fixer et les imposer. Les fixer, cela veut dire: Je
vous ai écoutés, je ne suis peut-être pas tout à
fait d'accord avec ce que vous recommandez et je vais les changer en
partie.
M. Ciaccia: On pourrait discuter encore plus de cet aspect, mais,
comme vous le savez, on est un peu limité; alors, je vais essayer
d'aller sur d'autres sujets.
Vous avez parlé du pouvoir de directive qu'un gouvernement
pourrait utiliser à l'occasion. Vous avez dit: II peut donner des
grandes lignes, mais vous avez donné comme
exemple qu'il ne doit pas fixer le taux de rendement. Comment voyez-vous
le pouvoir de directive qu'un gouvernement pourrait utiliser?
M. Mouton: Si le gouvernement, par exemple, veut dans sa
politique aider le consommateur résidentiel, il pourrait dire dans une
directive: Bien, les tarifs, messieurs de la régie, vous allez les
implanter sous la forme "cost base", c'est-à-dire que vous allez faire
une étude du coût des services et vous allez agir de telle
façon que l'interfinancement, vous allez le faire disparaître.
Cela pourrait être, comme je vous le dis, une orientation que le
gouvernement donnerait. La régie serait devant un carcan parce que vous
auriez une directive qui aurait été émise. Serait-elle
obligée de suivre la directive, oui ou non? Si vous dites oui, je me
dis: Oui, mais que ferait la régie? Il me semble qu'une de ses
prérogatives, c'est, justement, d'étudier ces tarifs et
peut-être de dire: J'accepte ou je n'accepte pas, jusqu'à tel
point, le taux d'interfinancement.
C'est pour cela que je vous dis qu'il y a certaines choses qui sont
d'ordre très générai, les grandes lignes? favoriser, par
exemple, la pénétration. Il y a bien des choses que vous pourriez
faire, mais je dis que c'est difficile de mettre le point exactement là
où vous le voudriez et de dire: Cela, c'est contre l'autonomie de la
régie et cela, oui, ça devrait aller.
Chaque cas particulier devrait être, d'après moi,
regardé attentivement. Si vous vous ingérez trop sous forme de
directives, je suis obligé de vous dires Vous n'en avez pas besoin,
d'une régie. Vous n'avez qu'à prendre le ministère,
à émettre une directive et à appliquer ce que vous voulez
faire. Les régisseurs, mettez-les à la porte. Vous allez
épargner cet argent-là. C'est pour cela qu'il faut faire
attention jusqu'où vous allez dans vos directives. Des
généralités, j'en suis, mais n'allez pas trop loin.
M. Ciaccia: Orientations générales, mais pas
spécifiques.
M. Mouton: Pas spécifique, mais, dans les cas
particuliers, il faudrait y voir.
M. Ciaccia: À la page 25 de votre mémoire, vous
suggérez, après une analyse qui fait l'historique récent
des représentations des consommateurs devant la régie, que la
régie soit maintenant assistée d'un procureur dont le rôle
explicite selon la loi sera de s'assurer que la preuve présentée
devant la régie est complète. Ce procureur s'appuierait sur le
personnel de la régie. Je pense que c'est une proposition
intéressante. J'aimerais que vous me dégagiez mieux les
conséquences pratiques d'une telle proposition.
M. Mouton: Bon. Depuis un certain temps, on me dit que le
personnel de la régie travaille pour la régie. Lors d'une cause,
nous sommes les bras droits, ni plus ni moins, de la régie. Moi, je ne
le vois pas comme cela. C'est peut-être pour cela que j'ai des
différences d'opinions très marquées avec certaines
personnes. J'ai toujours prétendu, tel que je l'ai vécu avec les
autres régisseurs dans le temps, que le personnel de la régie
devrait être indépendant de la régie. Comme il n'y en a pas
qui représentent les petits consommateurs et les consommateurs
commerciaux, cela veut dire que tout ce qu'on a devant la régie, c'est
IGUA qui parle pour les consommateurs industriels. Donc, vous n'avez qu'un son
de cloche. L'autre son de cloche étant inexistant, si on parle de
preuve, c'est la seule preuve que vous avez. (20 h 30)
Donc, d'après moi, il manque l'autre question, la preuve des
autres qui sont absents. Le personnel, d'après moi, devrait prendre la
place des absents. Je ne veux pas dire être antirequérants ou
anti-Gaz Métropolitain et Gazifère, mais travailler de telle
façon que toutes les données soient devant la régie afin
que celle-ci puisse prendre une décision éclairée.
Donc, si j'ai un avocat et un "staff" indépendants de la
régie au point de vue de leurs fonctions lors de l'audition d'une cause,
cela veut dire que je pourrai demander à mon avocat de poser des
questions très pertinentes, même pour essayer de détruire
l'argumentation de Gaz Métropolitain sur un point particulier de
façon à démontrer à la régie que ce qu'elle
demande n'est pas acceptable ou encore la façon dont elle a
présenté telle ou telle chose. Si je ne le fais pas, il n'y a
personne qui va le souligner. Je dis donc, dans ma proposition: Si le
gouvernement voulait me donner le "staff" nécessaire, donc les budgets,
on devrait participer de deux façons: une partie du "staff" qui aiderait
la régie à faire son boulot et l'autre partie du "staff" qui
ferait l'intervention des absents. Là, vous auriez, au moins, toutes les
données possibles et une régie avec un "staff" suffisant pour
l'aider.
M. Ciaccia: Là, cela fait une couple de fois que vous
mentionnez que le gouvernement devrait vous donner le "staff"
nécessaire. N'est-il pas exact que vous avez trois postes qui n'ont pas
été comblés à la régie: un poste pour un
avocat, un pour un analyste... Cela fait plus que deux ans que les postes sont
vacants et là vous demandez même d'en transférer. Je veux
bien prendre le fardeau de ce qui me tombe sur les épaules mais, quand
vous me dites que vous n'avez pas de personnel et que je sais qu'il y a trois
postes qui n'ont pas été comblés durant deux ans, je me
pose la question suivante: Qu'est-ce que vous voulez que je
fasse?
M. Mouton: À moins que je ne me trompe, actuellement, on a
un avocat qui remplit la fonction; il n'est peut-être pas à temps
plein, mais actuellement il y en a un. Il y a un poste qui est libre,
d'après ce qu'on me dit; un autre, peut-être, se libérera
bientôt, mais cela n'empêche pas que ce ne sont pas les deux seuls
postes dont on a besoin.
M. Ciaccia: II y en a deux qui sont libres et il y en a un
troisième que vous voulez transférer à un autre
ministère parce que vous n'en avez pas besoin.
M. Mouton: Je ne dis pas qu'on n'en a pas besoin.
M. Ciaccia: C'est cela, la demande qui m'est parvenue comme
ministre. J'ai une formule à remplir et je ne l'ai pas signée
parce que j'ai dit: Un instant! On me demande du personnel et on m'envoie une
demande pour transférer le poste avec le budget. Vous savez que les
ministères ne sont pas trop heureux de voir ces choses arriver. Alors,
je me pose une question. Écoutez, c'est un peu l'inverse de ce qu'on me
dit dans d'autres instances.
M. Mouton: Bon! Alors, la question est la suivante: Qui veut ce
personnel-là, encore une fois? Je suis obligé de vous dire: Si
j'ai du personnel, actuellement, est-ce que j'ai le personnel qui veut faire le
travail que la régie veut faire? Si j'ai un groupe de régisseurs
qui veulent aller d'un bord et que l'autre régisseur veut aller de
l'autre bord, c'est bien entendu que, les priorités étant
différentes, l'engagement du personnel sera différent. Si le
directeur des services financiers, en l'occurrence moi-même, est à
couteaux tirés avec le président, c'est bien entendu qu'il va
faire tout son boulot pour ne pas engager quelqu'un qui pense que ce n'est pas
le gars qui devrait être là, je suis obligé de le dire.
Alors, si je sais que la plupart des régisseurs veulent avoir
quelqu'un qui s'en va du côté de la vérification et que le
président, avec les priorités qu'il a le droit d'avoir en tant
que président, me dit: Je veux engager un économiste, si je
prends pour la majorité et je me dis qu'on devrait aller en
vérification et qu'on n'en fait pas, je me dis dans mon for
intérieur: La future régie et les futurs régisseurs
vont-ils vouloir aller dans cette direction? Si j'engage quelqu'un dans ce
sens-là et que je suis obligé de le mettre sur la tablette dans
trois mois parce que les nouveaux régisseurs ne veulent pas aller dans
cette priorité, c'est cela, le problème. Donc, je n'ai pas
engagé, même si le président m'a poussé dans le dos,
un individu pour aller du côté économique, parce que je ne
suis pas certain que c'est la fonction qui, d'après moi, est la plus
importante; c'est une question d'opinion.
Je ne blâme pas la personne, pas plus que je ne dis: Si lui a pris
la décision, tant pis pour moi si je ne lui ai pas obéi, j'en
prendrai la responsabilité. C'est mon patron, peut-être; bien,
moi, je dis non parce que j'ai toujours prétendu que mon patron, ce
n'est pas le président de la régie, mais c'est l'ensemble des
régisseurs. C'est pour cela que, des fois, j'ai des difficultés.
L'ensemble des régisseurs, d'après moi, est mon patron et je ne
me battrai jamais pour un homme ou pour des hommes; je me bats pour l'ensemble
que j'appelle la régie. Mon patron, c'est la régie. C'est un
organisme et non pas des hommes.
M. Ciaccia: Vous faites une bonne cause pour l'article 63 et pour
le pouvoir du gouvernement de donner des directives.
M. Mouton: Peut-être. M. Ciaccia: Merci. M.
Mouton: Merci.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. M. le député de Roberval et critique officiel de
l'Opposition.
M. Gauthier: Merci, M. le Président. Merci, M. Mouton,
d'avoir fait tout ce travail qui est assez volumineux. On doit dire que les
mémoires déposés avec les annexes, c'est quelque chose de
substantiel et de fort intéressant puisqu'ils présentent une
vision de quelqu'un qui, finalement, connaît mieux que nous tous le
fonctionnement d'une régie comme celle-là.
Il y a une question qui me préoccupe, M. Mouton, et j'aimerais
avoir votre point de vue là-dessus. Certaines personnes qui sont venues
comparaître ici ont parlé d'un mécanisme d'appel des
décisions de la régie. Vous avez assisté à nos
délibérations depuis ce matin. Vous avez entendu, donc, ce qui
s'est dit à ce propos, les différentes possibilités qui
pouvaient s'offrir. La plupart des gens réclament la possibilité
d'une intervention d'ordre judiciaire, de pouvoir faire appel à un
tribunal quand certaines décisions ne conviennent pas, principalement
sur les aspects juridiques, on nous l'a précisé. J'aimerais
connaître votre point de vue là-dessus, M. Mouton.
M. Mouton: J'ai été tout surpris, par exemple, en
lisant le mémoire de Gaz Métropolitain qui viendra demain, de
voir qu'on recommande que, même si ce sont des questions de droit, ce
soit la régie qui puisse interpréter sa loi. J'ai toujours
entendu, de
la part de tous les avocats qui sont passés à la
régie, que les questions de droit devraient être examinées
par un tribunal indépendant. Donc, je suis pour que, justement, sur des
questions de droit, de fond, ce soit un tribunal indépendant qui puisse
interpréter la loi. Donc, si on fait des erreurs de loi en faisant une
ordonnance, ça devrait être un tiers qui devrait, justement, dire
qu'on a eu tort ou raison.
Cependant, les questions de fait, les questions strictement de "dollars
and cents", quand on fait des calculs, je pense que c'est raisonnable que la
régie puisse, de son propre chef, les corriger. Mais commencer à
faire des appels simplement parce que quelqu'un, comme on le disait, n'est pas
d'accord sur le taux de rendement que la régie a donné ou sur le
calcul de la base de tarification ou du coût du service, bien, ça,
ça veut dire que, indépendamment de ce qu'on disait ce matin en
parlant d'assouplissement, vous allez vous engager dans une série
d'appels et d'appels et d'appels comme il en existe dans d'autres endroits.
Donc, des appels de fond, oui; des appels de fait, non. Je suis pour que la
régie, sur des questions de dollars et de calculs, ait la juridiction
finale.
M. Gauthier: Merci. Quant au nombre de régisseurs, de
façon générale nos recherches nous indiquent que,
là où il y a un organisme qui peut se comparer, le nombre de
régisseurs est beaucoup plus important que trois. Vous avez parlé
beaucoup de questions de personnel et de ressources. J'ai compris qu'il
s'agissait de ressources techniques, d'une équipe pour appuyer les
régisseurs. Vous avez semblé, de façon très,
très globale, ne pas attacher d'importance plus qu'il n'en fallait au
fait qu'il y ait trois ou cinq ou sept régisseurs, parce que vous
parliez de chiffres impairs. Quel est votre point de vue sur le nombre de
régisseurs?
M. Mouton: Bien, si vous n'avez qu'une cause ou deux, c'est bien
entendu que quelqu'un va vous dire: Trois régisseurs, c'est suffisant.
Mais le problème, c'est que, si vous avez une cause sur l'année
témoin projetée, je prétends que vous avez une
deuxième cause qui suit qui est tôt ou tard une cause de
révision de ce que vous avez fait. Donc, quand on était sur
l'année témoin historique, on n'avait qu'une cause et je
prétend qu'en année témoin projetée on a deux
causes. Cela multiplie par deux le travail qu'on devrait faire.
Si vous avez d'autres choses que des causes de tarification, bien, vous
avez d'autres causes. Par exemple, devant la régie actuellement, dans la
phase 2, quand on parle de tarification, on est rendu qu'on va parler
d'ajustement de méthode et qu'on va parler aussi des courtiers. Cela
veut dire que, si on a une cause de tarifs et qu'on a mis les trois
régisseurs sur cette cause, automatiquement toute autre cause est mise
de côté parce qu'on n'a pas assez de régisseurs pour
l'autre cause. Si une cause de Gaz Métro, par exemple, prenait neuf mois
et que Gazifère vient nous demander une cause et que cela prend encore
trois mois, cela fait l'année. Si, entre-temps, on a d'autres causes de
nature générique ou de nature comptable - de temps en temps, on a
des petites "causettes" - cela veut dire que vous n'avez pas assez de
régisseurs pour entendre toutes ces causes.
Je viens de téléphoner à l'Ontario Energy Board.
L'Ontario Energy Board, pour vous, avait un budget de 4 300 000 $
l'année passée et de 5 000 000 $ cette année. Ils ont huit
régisseurs; un "staff", à part le régisseur, de 42, dont 6
qui font ce qu'on appelle de la vérification indirecte - des "in-house
audits" - et non pas de la vérification extérieure. En Alberta,
ils ont un budget de 2 700 000 $. Ils ont 7 régisseurs, ils ont 12
personnes, au point de vue technique, qui font la révision de 6 causes
réelles par année.
Le problème est ceci: si vous dites que toutes ces causes,
quelles qu'elles soient, doivent être entendues par des
régisseurs, cela veut dire que, si vous avez trop de causes, vous n'avez
pas suffisamment de régisseurs pour les entendre. Votre rôle va
cumuler, cumuler et cumuler. Cela veut dire qu'automatiquement vous devriez
vous demander? Est-ce qu'il y a du travail qui peut être fait hors cause,
donc préalablement à des causes, par le "staff" qui, lui, pourra
présenter un rapport sur lequel les régisseurs pourront se baser,
plutôt que de recommencer?
Je vous souligne, en passant, une chose que je n'ai pas dite; c'est le
temps qu'on passe actuellement en régie, en audiences. Avant cela, il
n'y avait pratiquement pas de causes, il n'y avait pratiquement pas
d'audiences. J'ai des statistiques qu'il me fera plaisir de vous soumettre.
Quand on voyait une journée, trois jours, quatre jours d'audiences,
c'était normal. Pourquoi? Parce qu'avant de commencer une audience on
était préparé au point de vue "staff". Donc, on gagnait du
temps, dans le sens que les régisseurs n'avaient pas à
siéger pendant 45 jours. En plus, les avocats et tous les intervenants
n'avaient pas à siéger; le "staff" faisait le boulot
préalable. Si vous n'avez pas cela, automatiquement, quand vous avez une
étude où vous êtes moins bien préparé, vous
avez des causes qui durent 30 jours, 40 jours, 50 jours. Si vous avez trop
d'audiences, vous n'avez pas le temps de siéger pour les autres
causes.
Je dis que cela dépend du nombre de causes. Le gouvernement
propose d'avoir des temporaires. Cela dépend du genre de
temporaires que vous allez choisir. Je pensais que, sans avoir des
temporaires, si on avait peut-être cinq à sept régisseurs,
cela aurait un certain bon sens. C'est-à-dire que vous auriez plusieurs
bancs qui. pourraient siéger. Avec des bancs de trois, cela veut dire
que vous auriez deux causes possibles.
M. Gauthier; Une chose qui me préoccupe, M. Mouton, c'est
le fait que l'ancienne Régie de l'électricité et du gaz,
qui traitait également des questions de fourniture de vapeur, est
maintenant ou sera bientôt complètement dissoute et sera
remplacée par cette Régie du gaz. Il y avait d'autres domaines
d'activité qui étaient traités par l'ancienne
régie. Je m'inquiète. Le ministre nous a dit ce matin:
L'électricité, il n'y a pas de problème, les
données générales d'Hydro-Québec nous permettent de
fixer les tarifs. Tout le monde va s'ajuster. Dans l'avant-projet de loi, il y
a quelques articles qui prévoient cela. Les gens vont s'ajuster sur les
tarifs d'Hydro-Québec. Mais, la question de la fourniture de la vapeur
comme source d'énergie dans le domaine du chauffage, il ne semble pas
que le ministre sache vraiment ce qu'il va faire avec. J'aimerais savoir, vous
qui avez une longue expérience du fonctionnement de l'ancienne
régie, si vous avez des préoccupations de ce genre. (20 h 45)
M. Mouton: Je suis obligé de patiner. Ce que vous dites
est très politique. Je vais vous dire qu'en électricité
c'est vrai que, si vous avez un article qui dit que le distributeur
d'électricité ne peut pas la vendre à des tarifs plus
hauts que ceux d'Hydro-Québec, la question, c'est: Est-ce qu'il ne
pourrait pas la vendre meilleur marché qu'Hydro-Québec? On a eu
des causes, il y a quelques années, où les tarifs étaient
moindres que ceux d'Hydro-Québec. Si vous enlevez
l'électricité de la Régie de l'électricité
et du gaz, je ne suis pas tout à fait convaincu que le consommateur sera
bien protégé. Je dirai: Oui, il n'y aura pas plus
qu'Hydro-Québec, mais je vous demande: Est-ce qu'il ne devrait pas y
avoir moins qu'Hydro-Québec?
C'est à regarder. Ce n'est pas à moi de juger de la
pertinence d'éliminer certaines fonctions de la Régie de
l'électricité et du gaz. Moi, je voulais regarder plutôt le
gaz naturel. Si je regarde la vapeur, bien entendu - on va vous en parler
encore demain - c'est la protection de ceux qui sont les plus captifs possible
parce que, quand on parle de vapeur, cela ne veut pas dire un réseau
très étendu. Ceux qui sont à la vapeur, avant qu'ils se
convertissent à une autre forme d'énergie, ce sera plutôt
coûteux, d'après ce que j'ai entendu.
Donc, c'est une question que le gouvernement doit bien se poser en
disant: Si la Régie de l'électricité et du gaz ne l'a pas,
est-ce que quelqu'un d'autre devrait l'avoir pour protéger les
consommateurs?
M. Gauthier: Je vous remercie.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Roberval. M. le ministre. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député de Roberval, en conclusion.
M. Gauthier: M. le Président, je devrai prendre l'habitude
de conclure, après ma dernière question; cela vous évitera
de faire toujours le même appel à nos collègues. Je veux
simplement remercier, au nom de ma formation politique, M. Mouton pour cet
excellent travail. Nous considérerons, bien sûr, dans le travail
que nous aurons à faire, les données qu'il a bien daigné
porter à notre attention.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Roberval. M. le ministre de l'Énergie et des
Ressources.
M. Ciaccia: Je voudrais remercier, à mon tour, M. Mouton
pour son mémoire, ses remarques et ses recommandations. II y en a
plusieurs qui font déjà partie de l'avant-projet de loi, la
question qu'il n'y ait pas de vote prépondérant.
En ce qui concerne le personnel ou le manque de personnel, je pense
avoir soulevé certains éléments qui ont été
portés à mon attention. Mais, quand vous donnez les chiffres:
Ontario Energy Board, 4 000 000 $, Alberta, 2 700 000 $, Québec, 1 500
000 $, je vous ferai remarquer que c'est presque proportionnel à
l'utilisation du gaz naturel dans chaque juridiction. En Ontario, c'est 36
%.
M. Mouton: La réponse, c'est: Est-ce cela parce que le
volume est aussi gros? Est-ce qu'il y a une relation directe?
M. Ciaccia: II y a une relation parce que, plus il y a
d'activités, plus il y aura de demandes devant la régie; il y a
plus de distributeurs. Je vais vous donner une statistique bien simple. Quand
vous dites qu'on pourrait siéger avec plus de bancs et plus de juges,
l'année dernière, la régie a siégé au total
80 jours. Sur 250 jours ouvrables, vous avez siégé 80 jours. Vous
ne pouvez pas venir vous plaindre que vous n'avez pas assez de personnel. Si
vous aviez siégé 250 jours, là, vous pourriez venir vous
plaindre: On n'a pas assez de personnel, si on avait plus de régisseurs,
on pourrait siéger. Quand vous siégez un tiers du temps, Il me
semble que c'est un reflet. Je ne vous blâme pas de ne pas avoir
siégé assez longtemps; les demandes ne sont pas là. Quand
on a 15 % de notre bilan énergétique
par le gaz naturel et quand il y en a 36 % en Ontario, je crois que le
"work load", c'est normal qu'il y aura moins de travail, moins de demandes au
Québec qu'il n'y en aura dans les autres juridictions, parce qu'il y a
plus d'activités. Au fur et à mesure que la proportion va
augmenter au Québec, cela va sûrement se refléter dans les
budgets et dans le personnel.
Quand vous mentionnez que le projet de loi ne protégera
peut-être pas les utilisateurs d'électricité qui pourraient
payer moins, je pense que la politique de chaque gouvernement, pas seulement du
gouvernement présent, depuis la nationalisation de
l'électricité, c'était un tarif pour le même service
partout au Québec dans l'électricité. 11 n'est pas
question de dire que quelqu'un qui est plus près de la Baie James va
payer moins cher et que quelqu'un aux Îles-de-la-Madeleine, où
cela coûte dix fois le prix, va payer dix fois le prix parce que c'est le
coût. Les politiques... C'est pour cela qu'Hydro-Québec a
été nationalisée, pour donner un prix égal à
tout le monde.
Ce sont les quelques remarques que je voulais porter à votre
attention. J'ai écouté avec beaucoup d'intérêt les
recommandations que vous avez faites et nous allons les étudier. Le but
d'une commission parlementaire, spécialement dans le cas d'un
avant-projet de loi, c'est précisément d'avoir l'opinion de tous
les intervenants. Nous allons examiner cela et voir les suggestions qu'on peut
inclure dans la version finale de notre projet de loi.
M. Mouton: Excusez-moi d'insister, mais...
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre.
M. Mouton: ...où avez-vous pris vos chiffres quant au
nombre de jours d'audience? Je les ai devant moi. On a siégé,
durant l'année financière 1986, 123 jours. Je peux vous donner
toutes les requêtes et le nombre de jours sur les requêtes.
M. Ciaccia: Ce sont les chiffres que mon ministère m'a
donnés. Je vais les vérifier. Même 123, c'est la
moitié de 250. Vous aviez 127 autres jours où vous pouvez
siéger.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. M. Mouton, les membres de la commission vous remercient et vous
souhaitent un bon retour.
M. Mouton: Merci et bonsoir.
Centre d'analyse des politiques
énergétiques
Le Président (M. Théorêt): J'appelle
maintenant les représentants du Centre d'analyse des politiques
énergétiques, représenté par Mme
Hélène Connor-Lajambe, directrice générale.
Mme Hélène Connor-Lajambe, vous connaissez les
règles du jeu. Vous avez un maximum de 20 minutes pour présenter
votre exposé et, ensuite, on échangera avec vous, de part et
d'autre. Je vous cède donc immédiatement la parole.
Mme Connor-Lajambe (Hélène): M. le
Président, M. le ministre, Mmes, MM. les députés, le
Centre d'analyse des politiques énergétiques, également
appelé le CAPE, se réjouit de voir le gouvernement
québécois tenir des audiences publiques dans le domaine de
l'énergie et l'en félicite. Nous sommes heureux également
que cela fournisse à notre centre tout nouvellement créé
l'occasion de commencer à remplir son rôle de service.
Le CAPE est un organisme indépendant dont la présence vise
à favoriser la tenue d'un débat, d'un discours
énergétique informé et objectif sur l'évolution
énergétique du pays. Le CAPE se situe à la confluence des
apports universitaires, de l'activité de l'industrie, ainsi que des
préoccupations des usagers et des décideurs, publics et
privés. C'est dans ces divers milieux que. le CAPE recrute ses
collaborateurs. Les activités du CAPE veulent multiplier les rencontres
et les échanges entre les divers participants du secteur
énergétique dans une atmosphère de coopération au
service du bien commun. Les personnes qui désireraient avoir une
description de notre centre sont les bienvenues. J'en ai apporté
quelques-unes ici.
Pour la préparation du mémoire que nous présentons
aujourd'hui à la commission de l'économie et du travail, notre
centre avait organisé une table ronde sur le sujet le 20 août
dernier. Les participants venaient des divers milieux de la distribution
gazière, de la réglementation, ainsi que de la consommation. Ces
divers experts ont pu bénéficier d'un exposé de MM.
Saint-Cyr et Kimpton, du ministère de l'Énergie et des
Ressources, sur les objectifs du ministère lors de la rédaction
de cet avant-projet de loi. Les vues exprimées dans notre mémoire
ne sont pourtant pas la fidèle synthèse de cette table ronde;
elles représentent uniquement les vues du centre.
Depuis l'embargo pétrolier de 1973, la mise en place de
nombreuses mesures destinées à modifier le poids respectif des
diverses sources d'énergie composant le bilan énergétique
d'un pays a contribué à donner à l'énergie un poids
considérable au sein de la vie économique. Pour gérer ces
transformations, les gouvernements ont souvent créé de nouvelles
agences spécialisées.
Au Québec, ce rôle a été essentielle-
ment laissé aux producteurs sans apporter de véritable
modification au mandat des organismes existants. C'est pourquoi certains des
buts définis dans le livre blanc sur l'énergie de 1978 ont
été atteints et d'autres négligés; jusqu'à
présent tout au moins. Avec l'avant-projet de loi sur la Régie du
gaz naturel, nous sommes portés à nous demander tout d'abord si,
par cette refonte, le législateur amorce la mise au point d'outils
pouvant assurer la maîtrise de l'énergie dans
l'intérêt public.
Nous avons donc tout d'abord analysé le bien-fondé de
cette démarche pour regarder ensuite quelles améliorations les
modifications proposées pourront éventuellement apporter à
la situation présente des divers intéressés.
Commençons par l'aspect institutionnel: Une nouvelle
régie. Les changements que l'on veut apporter au secteur
québécois du gaz naturel se situent dans un contexte de
déréglementation généralement reconnu comme
souhaitable. Cependant, comme au Québec le gaz naturel est
distribué de façon exclusive par un distributeur, la
société gazifère à Hull et Gaz Métropolitain
dans le reste du Québec, il est indispensable de garder une
réglementation.
Le ministère a jugé souhaitable de confier l'application
de cette réglementation à une régie exclusivement
consacrée au gaz naturel plutôt que de l'inscrire dans le mandat
de la Régie des services publics. Ceci laisse donc à penser que
le gouvernement, premièrement, n'a pas l'intention de créer dans
l'immédiat une régie de l'énergie comme il en existe une
en Ontario, par exemple, et que, deuxièmement, il va
subséquemment créer une régie de
l'électricité pour reprendre le reste du mandat assumé par
l'ancienne régie et non repris par la nouvelle, c'est-à-dire
l'électricité et la production de vapeur, et assurer le
contrôle d'un monopole dont le pouvoir est bien plus conséquent
que celui des distributeurs gaziers.
Cependant, il nous semble que la création d'une unique
régie de l'énergie plutôt que de deux organismes
régissant pratiquement chacun une société offrirait une
meilleure garantie d'efficacité économique et procédurale.
Parmi les raisons à évoquer, mentionnons simplement que,
premièrement, les ressources pourraient être mises en commun et
les coûts partagés au bénéfice ultime des
consommateurs et des contribuables; deuxièmement, des procédures
standardisées et simples pourraient faciliter Ies interventions et
accélérer le traitement des cas; troisièmement, le mandat
de cette agence pourrait s'élargir à toutes les sources
d'énergie et à l'élaboration de mesures d'urgence pour
faire face à une pénurie possible et tenir compte des risques
technologiques que présentent certaines industries
énergétiques.
Voyons maintenant quel serait l'impact de la nouvelle loi.
L'avant-projet de loi tel que proposé ne déréglemente pas
le secteur du gaz naturel. Il peut cependant être perçu comme
allégeant les contraintes mises à l'autonomie du distributeur
dans la mesure où il affaiblit l'importance du rôle direct que
pourra jouer la régie en la soumettant davantage aux impératifs
politiques du moment - voir le chapitre V.
Selon le ministère de ' l'Énergie et des Ressources, les
changements proposés visaient essentiellement à assouplir le
processus en confiant à la régie un mandat de surveillance
plutôt que de contrôle. Cette refonte, premièrement,
donnerait plus d'autonomie au distributeur; deuxièmement,
améliorerait la performance de la régie et, troisièmement,
assurerait la protection du consommateur.
Nous allons reprendre ces trois points un par un pour voir si les
propositions du législateur sont conformes au but visé. Tout
d'abord, la situation du distributeur. La régie ne pourrait
s'ingérer dans la stratégie commerciale ni préparer la
grille tarifaire du distributeur. Néanmoins, dans la mesure où,
premièrement, elle doit approuver les tarifs établis selon des
principes qu'elle a préalablement définis et où,
deuxièmement, elle doit décider subséquemment si la
performance de la compagnie lui a fait excéder le taux de rendement
permis et justifie un remboursement, il semble que sur les tarifs le
degré de contrôle de la régie reste similaire.
Deux nouvelles dispositions semblent constituer par contre un
renforcement de la réglementation du secteur gazier au Québec.
Tout d'abord, la régie sera appelée à approuver tout
transfert d'actions qui rendrait une autre société majoritaire
parmi l'ensemble des détenteurs collectifs du monopole - article 26.
Deuxièmement, l'article 24 oblige fournisseur et distributeur
ayant des liens de propriété l'un envers l'autre à
soumettre les contrats d'approvisionnement à l'approbation de la
régie. Comme les critères devant présider à la
décision de la régie ne sont pas précisés, ces deux
mesures pourraient constituer une ingérence indue dans des
décisions privées si elles ne sont pas invoquées
raisonnablement.
En conclusion, il est difficile de voir ce que le distributeur va gagner
en autonomie avec la nouvelle Régie du gaz naturel telle que
décrite. Certaines des mesures annoncées pourraient en effet
aller à l'inverse de ce que pourrait être une
déréglementation et ne garantissent pas forcément que
l'usager sera mieux servi à moindre coût et avec toute la
sécurité possible. (21 heures)
Dans un deuxième temps, voyons maintenant comment cela va
modifier et
améliorer la performance de la régie. Si les changements
allègent si peu que ce soit le contrôle exercé sur les
distributeurs, on le verra à l'usage, mais c'est immédiatement
qu'ils vont affecter, par contre, le rôle de la régie.
Premièrement, la diminution du nombre de juges de quatre à
trois et celle de la durée de leur mandat, à l'article 32, risque
d'en diminuer également l'efficacité. Des dossiers aussi
complexes exigent une grande compétence et une vaste expérience
qui s'acquièrent très lentement., Il serait souhaitable d'en
tenir compte et de conserver éventuellement les présentes
dispositions, surtout si l'on compte raccourcir les délais de
décision.
Deuxièmement, même si les juges continuent à
contribuer à bâtir la preuve de la façon la plus
équilibrée possible, l'avant-projet de loi ne spécifie pas
comment la régie pourra s'assurer que toute la preuve pertinente a bien
été présentée.
Troisièmement, pour les attributions de franchise, la
régie n'émet que des recommandations que le gouvernement peut
ignorer - article 13 - apparemment sans avoir à justifier une
décision s'éloignant de l'avis de la régie. Cela ne
devrait pas se produire normalement puisque théoriquement la
régie est l'outil privilégié du gouvernement dans ce
rôle.
Quatrièmement, l'article 52 prévoit trois motifs de
révision des décisions ou ordonnances de la régie. Nous
suggérons d'élargir le pouvoir de révision de la
régie dans l'intérêt public en en ajoutant un
quatrième: lorsqu'un nouvel événement le justifie, de
façon à donner une certaine souplesse à la
régie.
Enfin, dans un troisième temps, voyons si la protection des
usagers va être améliorée. La restriction de l'importance
du rôle des juges et, par voie de conséquence, de la régie
risque de se faire au détriment des consommateurs dont les
intérêts étaient, jusqu'à présent, pris en
main par la régie elle-même.
En effet, l'expertise est rare et coûteuse, hors de la
portée des petits usagers. Or, le marché domestique du gaz a
connu une expansion phénoménale ces dernières
années et Gaz Métropolitain à elle seule compte maintenant
quelque 160 000 abonnés dans cette catégorie. Pour se
présenter devant la régie, cette compagnie doit engager des frais
importants que ne peuvent envisager les groupes de consommateurs. Que
prévoit le projet de loi spécifiquement pour la protection des
usagers?
Premièrement, la régie peut accorder des frais, y compris
des frais d'experts, aux parties dont elle juge la participation utile à
ses délibérations, tel que le mentionne l'article 57. Cette
mesure est un net progrès puisqu'elle n'était pas prévue
précédemment. Néanmoins, elle reste à la
discrétion de la régie et la formulation semble indiquer qu'une
demande devra lui en être faite. La réponse viendra-t-elle
suffisamment vite pour permettre à de nouveaux intervenants de
s'insérer dans des procédures quasi judiciaires, longues et
complexes, alors que le délai entre l'audience et sa publication est de
30 jours - article 12 - et que les groupes éventuellement
intéressés sont déjà impliqués dans d'autres
dossiers complètement différents? Qui paiera ultimement ces
interventions; le ministère? la régie? le demandeur de permis?
Pour être crédible, cette mesure demande à être
étayée de dispositions concrètes et précises.
Deuxièmement, la régie surveillera les hausses de tarifs
et s'assurera que le trop-perçu est remboursé,
présume-t-on, par des diminutions ultérieures de tarifs.
Troisièmement, le caractère relativement vague du
rédigé de la loi pourrait jouer contre le groupe des usagers
dépourvus d'organisme de vigilance puisque l'on ne sait ni comment la
régie évaluera que la preuve présentée est
équilibrée ni qui défendra l'intérêt public
en présence éventuellement -article 63 - d'un décret
gouvernemental prêtant à controverse.
Quatrièmement, le principe d'interfinancement qui fait partager
à toutes les catégories d'usagers le coût d'investissement
dans l'infrastructure qui représente ce sur quoi le distributeur a un
monopole est généralement reconnu. Il reconnaît
implicitement le pouvoir inégal de négociation dont disposent les
différents usagers et la nécessité de protéger ceux
du secteur domestique. Cet avant-projet de loi remet en question le principe
d'interfinancement de deux façons: tout d'abord, en obligeant le
distributeur à transporter pour des tiers, à l'article 22, et,
deuxièmement, en acceptant des tarifs qui tiennent compte, et je cite:
"du coût de service par grandes catégories d'usagers", article
47.
La première mesure, qui est mesure de
déréglementation, va permettre aux gros usagers qui forment le
marché stable, important et régulier du distributeur de signer
directement des accords d'approvisionnement à des prix plus
intéressants, ce que ne peuvent faire les petits clients qui
individuellement n'ont aucune influence sur les prix. Les distributeurs
risquent, en perdant leurs plus gros clients acheteurs, de perdre aussi de leur
pouvoir de marchandage, de voir leur courbe de demande se saisonnaliser
davantage et leur facteur de charge diminuer. Face à cette spirale de
l'impossible, le distributeur doit alors hausser ses tarifs pour faire face
à ses charges. Davantage de ses clients se tournent alors vers une autre
source d'approvisionnement énergétique, ce qui
diminue encore les revenus et l'oblige à demander d'autres
hausses de tarifs. La régie étant en quelque sorte gardienne de
la rentabilité du monopole du gaz - article 22 -pourra
éventuellement revenir sur sa décision de l'obliger à
transporter pour des tiers, mais tout le secteur énergétique
québécois pourrait avoir été secoué par
cette velléité de libéralisation sans
bénéfice pour personne.
Sans vouloir remettre en question l'intérêt que pourrait
présenter une déréglementation, il semble dangereux de
vouloir permettre certaines catégories de négociation qui ne sont
pas accessibles à tous les usagers, au moins dans le contexte actuel. Il
semble donc qu'il serait souhaitable de s'en tenir au respect du principe
d'interfinancement et de ses corollaires.
Cinquièmement, certaines des activités liées
à la distribution du gaz peuvent affecter la qualité de
l'environnement. Nous souhaitons donc voir l'article 18, par exemple, comporter
une disposition assurant que les développements gaziers, quels qu'ils
soient, se fassent en intégrant la composante environnementale
dès le stade de la décision pour respecter au maximum
l'intégrité des systèmes écologiques
affectés par les travaux. Pour assurer le respect de cette mesure, il
serait bon également que les amendes soient plus élevées
que celles prévues au chapitre VI pour les infractions à la Loi
sur la Régie du gaz naturel.
Il nous semble que ces quelques améliorations sont souhaitables
pour s'assurer que la Loi sur la Régie du gaz naturel offre de
véritables garanties pour la protection des intérêts des
usagers, en particulier ceux des usagers du secteur commercial de petite
envergure et du secteur domestique.
En conclusion, nous pensons que la création de la nouvelle
Régie du gaz naturel, telle que présentée dans cet
avant-projet de loi, est une demi-mesure. Le ministère va
peut-être bientôt pouvoir donner des indications sur ce que sera la
prochaine étape de la réorganisation visant à assurer la
maîtrise de l'énergie au Québec. Nous pourrons alors mieux
évaluer à sa juste valeur l'avant-projet de loi
présenté.
Toute réforme institutionnelle se fait en réponse à
des circonstances changeantes. La réforme de la régie s'imposait
depuis un certain temps, tout comme celle du reste du secteur
énergétique à la suite de l'embargo pétrolier de
1973, La plupart des pays ont pris des mesures importantes pour s'assurer de
contrôler ce secteur vital de la vie économique et sociale. Le
Québec a adhéré à un certain nombre de programmes
qui ont réussi à diminuer la part du pétrole dans le bilan
énergétique de 70 % qu'elle était en 1976 à environ
40 % en 1986. Les gains ont été effectués par
l'électricité et le gaz naturel qui, respectivement, ont
augmenté de 80 % et de 200 % leur participation percentuelle dans le
bilan énergétique du Québec. Il est donc approprié
de vérifier que les institutions qui contrôlent ces monopoles
puissent agir efficacement dans l'intérêt public.
Nous n'avons donc qu'une grande recommandation. Elle est d'ordre
général. Le Centre d'analyse des politiques
énergétiques considère qu'il serait judicieux de
consolider le contrôle des grands responsables de l'approvisionnement
énergétique au sein d'une agence unique et soutient que la
création d'un tel organisme devrait se faire après que le
gouvernement ait procédé à une vaste consultation publique
et énoncé sa politique énergétique. Nous
espérons que les commentaires et suggestions de notre centre pourront
contribuer à aider le législateur dans sa tâche. Merci,
messieurs.
Le Président (M. Théorêt): Je vous remercie,
madame. Je vais céder la parole immédiatement au ministre de
l'Énergie et des Ressources.
M. Ciaccia: Je veux remercier Mme Lajambe pour son
mémoire, pour les recommandations qu'elle nous fait.
Dans votre mémoire, vous concluez - je vais commencer par la
conclusion et après cela on reviendra...
Mme Connor-Lajambe: Oui.
M. Ciaccia: ...aux recommandations plus spécifiques que
vous avez faites antérieurement - vous concluez, en page 11, que la
création d'une nouvelle régie est une demi-mesure. Vous
recommandez, à la page 12, de consolider le contrôle des
responsables de l'approvisionnement énergétique. J'ai de la
difficulté à voir - peut-être pourriez-vous me l'expliquer
- comment cette recommandation d'augmenter les contrôles s'inscrit dans
le cadre de la déréglementation du gaz naturel au Canada.
Mme Connor-Lajambe: Disons que je ne prétends pas que la
déréglementation du gaz naturel est indispensable. Je pense que,
tant qu'on a un monopole, on doit le contrôler. J'aimerais
également revenir sur le terme de demi-mesure. Je ne voudrais pas que ce
soit pris comme un terme péjoratif, loin de là. J'ai eu
l'occasion de parler aux personnes responsables, à ceux qui ont
participé à la rédaction de la loi. Je sais qu'ils l'ont
fait avec le plus grand soin. Donc, cela ne reflète pas la
qualité de la loi, mais simplement une certaine déception de voir
que la politique énergétique qu'on annonce depuis longtemps n'est
pas encore vraiment annoncée et que l'on prend des dispositions qui
pourraient éventuellement aller à l'encontre de ce que le
gouvernement
pourrait décider de faire dans le cadre d'un véritable
train de mesures qu'on pourrait appeler une politique
énergétique.
M. Ciaccia: Quand on parle de déréglementation, on
parle d'allégement de la réglementation au Québec, mais la
déréglementation du gaz naturel,, ce n'est pas nous qui avons un
contrôle sur cela, c'est le gouvernement fédéral qui, lui,
a choisi de procéder à la déréglementation. C'est
quelque chose avec lequel nous devons vivre et avec lequel nous devons
composer. En conséquence, nous devons rédiger les lois qui
affectent la distribution du gaz naturel en tenant compte de cette
déréglementation qui a été faite par le
gouvernement fédéral.
Mme Connor-Lajambe: Oui, je comprends.
M. Ciaccia: Mais est-ce que la régie devrait exercer,
d'après vous, un contrôle détaillé des
activités des distributeurs?
Mme Connor-Lajambe: Jusqu'à un certain point, oui, mais
elle doit faire cela avec une grande dose d'autonomie. Je pense que le projet
de loi l'établit assez bien. Par contre, il y a quelques petites
atteintes sur lesquelles on se pose des questions, comme le chapitre V en
particulier.
M. Ciaccia: À la page 6, vous dites que certaines mesures
annoncées pourraient, en effet, aller è l'inverse de ce que
pourrait être une déréglementation. Est-ce que vous pouvez
nous dire quelles sont ces mesures et leurs conséquences, et que
suggérez-vous?
Mme Connor-Lajambe: C'est à nouveau le chapitre V qui
pourrait permettre au gouvernement d'intervenir à n'importe quel moment
dans les démarches de la régie.
M. Ciaccia: Alors, vous suggérez qu'on amende... Le
chapitre V, c'est l'article 63 où on peut énoncer les
orientations générales.
Mme Connor-Lajambe: Cela ne nous semble pas vraiment
nécessaire dans la mesure où c'est déjà le
gouvernement qui adopte la loi et qui a consulté auparavant.
M. Ciaccia: En page 9 de votre mémoire, vous
présentez le point de vue suivant, vous dites: en obligeant le
distributeur à transporter du gaz pour des tiers, les distributeurs
feront face à une spirale de l'impossible. Est-ce que vous pourriez nous
expliquer votre point de vue? Vous semblez dire que les distributeurs vont
perdre des revenus et, en conséquence, qu'il va falloir qu'ils
augmentent leurs tarifs. Ne pensez-vous pas que les distributeurs vont
continuer d'être rémunérés pour les services qu'ils
rendent en transportant le gaz pour des tiers?
Mme Connor-Lajambe: Oui, absolument, puisqu'il semble acquis que
les deux vont être séparés, le transport et la
distribution. Par contre, ce qui peut être au désavantage du
distributeur, c'est s'il perd de gros clients qui lui permettent d'avoir une
courbe de demandes assez égale tout au long de l'année, donc, qui
rentabilisent les investissements au maximum. Si ces gros intervenants, ces
gros acheteurs ont accès à une déviation, peut-être
que les revenus provenant de l'achat du gaz seront perdus pour le distributeur
affectant ainsi ses revenus indûment. (21 h 15)
M. Ciaccia: Alors, vous voudriez exclure totalement le droit des
tiers, les courtiers, admettons, de faire des ventes. Si je comprends bien,
c'est ça?
Mme Connor-Lajambe: Nous nous posons la question, oui. Si Gaz
Métropolitain ou Gazifère de Hull perdent de gros clients,
ça risque d'affecter leur balance, leurs liquidités.,
M. Ciaccia: Parce qu'il y a deux éléments: il y a
les tiers, les courtiers, et il y a aussi l'autre aspect quand certains - il y
a une cause devant la Cour suprême, je crois, maintenant - quand
quelqu'un veut se brancher, s'alimenter à partir du pipeline existant.
Alors, ce sont deux situations différentes. Sur l'une, on ne propose
rien dans te projet de loi parce qu'on n'en traite pas, mais, sur l'autre, les
courtiers ne sont pas exclus. Alors, si je comprends votre point de vue, vous
seriez contre la possibilité que des courtiers puissent obtenir les
contrats d'approvisionnement même si, d'après les courtiers,
d'après certains intervenants, ceci aurait comme effet de réduire
le prix pour les consommateurs.
Mme Connor-Lajambe: Si c'est transmis aux consommateurs,
d'accord. Il faudra que la régie ou l'organisme qui contrôle la
distribution puisse s'en assurer. Dans chacun de ces cas, je pense qu'il faudra
que ce soit étudié cas par cas. Je ne pense pas qu'il y ait
tellement de gens qui veuillent bénéficier de la
déviation. Mais, d'une façon générale, dans la
mesure où il y a un seul distributeur de gaz et qu'il a un monopole, je
pense que son droit exclusif devrait être respecté.
M. Ciaccia: Même s'il y en a qui faisaient la preuve que la
mesure d'avoir des tiers ou des courtiers pourrait réduire... Je
comprends que, si cette mesure avait pour effet d'augmenter les prix, il
faudrait être très très prudent.
Mme Connor-Lajambe: C'est là...
M. Ciaccia: Si la démonstration pouvait être faite
que cela aurait comme effet de réduire les prix pour les consommateurs,
est-ce que vous auriez la même réticence?
Mme Connor-Lajambe: Non, je pense que vous avez très bien
compris les craintes que nous avons. Par contre, si on peut prouver à la
régie, qui serait l'organisme, de façon satisfaisante que les
usagers y gagneraient, je pense qu'il ne faut pas être rigide au point de
s'y opposer. Mais c'est du cas par cas.
M. Ciaccia: Très. bien. En ce qui concerne la protection
des usagers, vous nous dites, en page 3 de votre mémoire, que l'accord
des frais de représentation par la régie n'est pas une mesure
crédible tant qu'elle n'est pas étayée de dispositions
concrètes et précises. Je crois que c'est un nouvel
élément que nous voulons apporter justement pour essayer de
combler une lacune, d'aider à certaines représentations qui ne
sont pas faites maintenant. Mais est-ce que vous auriez des suggestions
à nous faire sur la façon de rendre cet aspect de la loi plus
crédible?
Mme Connor-Lajambe: Je pense qu'il serait bon que la loi
précise d'abord des délais qui permettraient aux intervenants
possibles de se décider. Pour avoir été personnellement
plutôt du côté de groupes qui essayaient d'intervenir devant
des commissions, devant l'Office national de l'énergie, etc., les grands
obstacles rencontrés sont tout d'abord les délais qui sont permis
pour la présentation ou la préparation de mémoires et,
deuxièmement, ce sont les facilités logistiques et
financières de préparer des mémoires qui soient de
qualité suffisante pour retenir l'intérêt des commissions
ou de l'Office national de l'énergie. On a besoin d'experts qui ne sont
pas disponibles. Notamment, dans l'organisation de la table ronde qu'on a eue
le 20 août, j'ai remarqué à quel point il y avait peu
d'experts dans ces domaines qui ne soient pas déjà
encadrés par une société distributrice ou qui ne soient
pas déjà à la régie. En dehors de ces
milieux-là, on a beaucoup de difficulté à trouver des gens
qui sachent un petit peu ce qui se passe dans le domaine
énergétique. Donc, il faut susciter la formation d'experts qui
soient disponibles pour les groupes qui veulent intervenir dans le cadre de ces
audiences.
M. Ciaccia: La question d'avoir des représentations... Par
exemple, des groupes de consommateurs sont venus devant cette commission nous
dire qu'ils n'avaient pas les ressources nécessaires. Quand vous dites,
à la page 7 de votre mémoire, que l'avant-projet de loi ne
spécifie pas comment la régie pourra s'assurer que toute la
preuve pertinente a été présentée,
premièrement, on présume, mais peut-être qu'on
présume trop que la régie doit s'assurer que toute la preuve
pertinente soit présentée. Encore ici, est-ce que vous avez des
suggestions à faire à ce propos, à savoir comment la
régie pourra s'assurer que toute la preuve soit
présentée?
Mme Connor-Lajambe: À l'intérieur de la
régie même, je crois qu'il y a une volonté de s'assurer que
cela est fait. Je crois que c'est très rassurant. Par contre, ce n'est
peut-être pas uniquement la responsabilité de la régie de
s'assurer de cela. Si on a été capable, pour les gros
consommateurs de gaz de créer un lobby, si je peux dire, un groupe qui
protège leurs intérêts, je pense qu'il ne serait pas exclu
de voir parallèlement aux associations de consommateurs existantes, un
groupe qui s'occupe des intérêts des usagers du secteur
énergétique. Cela ne se limiterait d'ailleurs pas au gaz naturel,
au pétrole ou à l'électricité. Il y aura vraiment,
je crois, un besoin considérable de susciter une expertise dans
l'intérêt public général. Ce n'est pas
nécessairement à l'intérieur des organismes officiels
qu'elle devrait être suscitée.
M. Ciaccia: Peut-être avez-vous raison de dire que ce n'est
pas seulement la responsabilité de la régie, mais de prendre des
mesures...
Mme Connor-Lajambe: C'est un petit peu la raison de la
création de notre centre, d'essayer de susciter de
l'intérêt parmi des universitaires ou des jeunes pour qu'ils
s'orientent vers les secteurs énergétiques. L'énergie
n'est plus ce qu'elle était il y a vingt ans où elle constituait
un coût infime des coûts de production. C'est devenu vraiment un
coût important dans tout processus de fabrication. De la même
façon, cela pèse beaucoup sur les budgets familiaux. On en est
toujours au même point où on était il y a vingt ans. Donc,
il y a un besoin à l'heure actuelle de faire naître une expertise
dans ce domaine d'organismes qui ne soient peut-être pas conventionnnels,
mais qui peuvent être à créer.
M. Ciaccia: Vous avez raison, parce qu'au Canada et aux
États-Unis, per capita, on utilise deux fois plus d'énergie que
dans tous les autres pays occidentaux. Alors, le coût de l'énergie
devient de plus en plus important. C'est pour cela qu'il est important de nous
assurer que les représentations soient faites devant la régie,
comme vous le mentionnez, pour que tous les faits soient
présentés, ainsi que toutes les informations pertinentes,
permettant à la
régie d'arriver à une décision équitable
pour tous les usagers. Merci.
Mme Connor-Lajambe: Certainement.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. M. le député de Roberval et critique de
l'Opposition.
M. Gauthier: Merci, M. le Président, Je serais bien
malvenu de dire que le ministre posait des questions impertinentes, puisqu'il a
posé, et dans l'ordre à part cela, trois des quatre questions que
je me proposais de présenter à notre invitée. Elles sont
là en plus, M. le ministre. C'est donc dire que nos sujets de
préoccupation peuvent se ressembler d'une certaine manière.
Cependant, il y a une question qui demande une explication, qui n'a pas
été posée par le ministre. C'est la suivante, et je vous
la pose: Vous êtes - et en ce sens on se rejoint - en faveur de la
création d'une régie unique, qui aurait un rôle beaucoup
plus large que ne veut donner le ministre à cette régie qui
s'occupe strictement du gaz. Est-ce que, concrètement, de façon
précise, vous pouvez nous énumérer - je ne sais pas si
votre étude est allée suffisamment loin pour cela - les avantages
qu'en retireraient le consommateur, entre autres, les distributeurs, d'autre
part, et possiblement le gouvernement, en troisième lieu? On est
d'accord avec l'idée générale, on suppose que cela
pourrait être avantageux pour un certain nombre de raisons, mais
avez-vous poussé l'étude plus loin?
Mme Connor-Lajambe: Je pense qu'on n'a pas besoin
d'étudier la question. Si on compare le Québec à d'autres
provinces, d'autres pays, il est évident qu'on a besoin d'une meilleure
maîtrise, je dirais, du secteur énergétique. Avec cet
avant-projet de loi, on va contrôler essentiellement deux compagnies. Gaz
Métropolitain représente moins de 200 000 usagers. On n'a aucune
indication sur la façon dont on va contrôler le monopole qui a la
mission d'alimenter de 6 000 000 à 7 000 000 d'usagers de
l'électricité. Même chose dans le domaine du
pétrole. C'est un domaine assez mal connu au Québec, puisque,
dès qu'on prononce le mot énergie, tout le monde pense
électricité. Par contre, le pétrole constitue encore 40 %
de notre alimentation énergétique. Cela va de soi que ces choses
devraient être dans une régie de l'énergie.
Finalement, ce qui serait le plus grand intérêt d'une
agence unique, c'est de voir ce qui s'est passé en France avec l'AFME,
l'Agence française pour la maîtrise de l'énergie, où
on a inclus également un secteur extrêmement actif et dynamique
pour la création d'industries autour des énergies renouvelables.
Beaucoup d'entreprises ont reçu un grand "boost" qui leur a permis de
pénétrer des marchés, qui leur a donné des
ressources pour la recherche et le développement qu'elles n'avaient pas
avant et, surtout, qui les a fait connaître dans leur pays d'origine. Il
y a eu tout un tas de projets de démonstration qui ont vraiment mis les
énergies renouvelables sur la carte. Ce sont des choses comme cela qu'on
aimerait voir annoncées dans la politique énergétique du
ministre prochainement.
M. Gauthier: Tout à l'heure, dans la réponse que
vous donniez au ministre, j'ai cru comprendre que vous disiez, concernant
l'autonomie de l'éventuelle régie, qu'il y avait quelques accrocs
à un fonctionnement autonome de la régie. Je ne sais pas si je
vous cite bien, mais c'était à peu près dans ce sens. Il y
avait des choses qui laissaient croire que la régie n'était
peut-être pas aussi autonome qu'elle devrait l'être. D'abord, je
dois vous dire que, personnellement, je trouve qu'il y a de gros accrocs
à l'autonomie de la régie. Est-ce que vous avez, dans vos
études, dans vos travaux, analysé ou comparé le
degré d'autonomie d'organismes similaires, par exemple, en Ontario, la
situation de la régie ontarienne sous l'aspect de l'autonomie face au
gouvernement ou face aux décisions qui peuvent lui être
imposées?
Mme Connor-Lajambe: Non. Je sais que la régie de l'Ontario
a un contrôle sur les tarifs également dans le cas de
l'électricité. Par contre, je dois vous' dire humblement que je
ne suis pas une experte de la réglementation du gaz naturel et je n'ai
pas la compétence des gens qui m'ont précédée dans
le domaine du gaz naturel. Donc, je n'ai pas étudié plus
spécifiquement ce domaine.
M. Gauthier: D'accord, je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Roberval. Comme vous l'avez si bien mentionné
tantôt, si vous voulez bien conclure avec vos remarques finales.
M. Gauthier: Je voudrais simplement, au nom de ma formation
politique, remercier Mme Lajambe, dont on connaît l'habitude de
présenter des analyses fouillées sur différents secteurs
concernant le grand secteur de l'énergie au Québec. Comme
d'habitude, son mémoire présentait une analyse fort
intéressante et les points qui pouvaient demeurer obscurs ont fait que,
pour la première fois depuis ce matin, mes questions et celles du
ministre se rejoignaient. Ce n'est pas par manque d'intérêt, je
veux bien que vous le croyiez, c'est strictement par coïncidence que la
chose s'est présentée
ainsi. Soyez assurée que la qualité de votre
mémoire nous a frappés au moment où nous en avons fait une
étude préliminaire, et la qualité de la
présentation de ce soir aura complété les questions qui
pouvaient demeurer. Nous vous remercions infiniment et nous espérons
avoir l'occasion de vous revoir à d'autres commissions parlementaires ou
lors d'autres situations où les questions de l'énergie au
Québec seront débattues. Je vous remercie. (21 h 30)
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Roberval. M. le ministre.
M. Ciaccia: Je veux vous remercier, Mme Connor-Lajambe, du Centre
d'analyse des politiques énergétiques, pour le mémoire que
vous venez de présenter. Je voudrais simplement porter un fait à
votre attention. À la page 3 de votre mémoire, vous mentionnez
que le gouvernement a jugé souhaitable de confier l'application de cette
réglementation à une régie exclusivement consacrée
au gaz naturel plutôt que de l'inscrire dans le mandat de la Régie
des services publics. Vous tirez certaines conclusions. Je dois vous dire que
nous n'avons pas exclu le fait et la possibilité que le mandat de la
régie puisse être assumé par la Régie des services
publics. Ce que nous avons voulu faire, c'est de nous assurer que la loi qui
affecte la régie du gaz soit modifiée pour apporter certaines
améliorations, mais cela ne présuppose pas les changements ou la
réforme que le gouvernement pourrait faire à la question des
tribunaux administratifs.
Cependant, quand vous en venez à la conclusion que le
gouvernement n'a pas l'intention de créer dans l'immédiat une
régie de l'énergie, vous avez raison. Mais, quand vous dites
qu'on va subséquemment créer une régie de
l'électricité pour reprendre le reste du mandat, je peux vous
dire que ce n'est pas notre intention. On a voulu spécifiquement exclure
l'électricité pour des raisons que nous avons
mentionnées.
En ce qui concerne les accrocs à l'autonomie de la régie,
la régie ontarienne la loi, dans une certaine mesure, peut être
interprétée comme allant plus loin que notre avant-projet de loi
parce qu'en Ontario, le gouvernement peut demander des audiences sur un sujet
précis. Je pense que c'est plus directif ou plus direct que l'article
63.
Cependant, nous notons avec intérêt les recommandations que
vous avez portées à notre attention. On peut vous assurer qu'on
va les étudier. Il y en a plusieurs que nous trouvons très
intéressantes et qui peuvent se retrouver dans la version finale de
notre loi.
Mme Connor-Lajambe: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. Merci, madame, et bon retour chez vous.
J'invite maintenant les représentants de SOQUIP à bien
vouloir prendre place, s'il vous plaît!
Messieurs, les membres de la commission vous souhaitent la bienvenue. Je
sais que vous connaissez les règles du jeu pour votre
présentation. Je vous demande donc immédiatement de
présenter vos collègues et je vous céderai
immédiatement la parole pour votre exposé.
SOQUIP
M. Pouliot (Richard): Merci, M. le Président. Je suis
Richard Pouliot, le président-directeur général de SOQUIP.
Je voudrais vous présenter, à ma droite, M. Jean Guérin,
vice-président au développement de SOQUIP, et, à ma
gauche, Me Pierre S. Boivin, directeur des affaires juridiques et du domaine
minier de SOQUIP.
M. le Président, M. le ministre, MM. les membres de la commission
de l'économie et du travail. Comme vous le savez, le domaine de
l'énergie, tout comme c'est le cas dans d'autres secteurs de
l'économie, vit à l'heure actuelle une période de
déréglementation. Législateurs, fournisseurs et
consommateurs doivent donc s'adapter à une plus grande
libéralisation des marchés. Au Québec et au Canada le
sujet de la déréglementation du gaz naturel en est un
d'actualité et surtout de grand intérêt pour les
consommateurs, distributeurs et autres principaux intervenants du secteur
gazier. C'est dans ce contexte que SOQUIP a voulu situer son mémoire en
replaçant l'avant-projet de loi proposé par le gouvernement dans
l'ensemble du contexte général de la situation du gaz naturel au
Canada. SOQUIP voit la réorganisation proposée des fonctions et
des pouvoirs de l'organisme de réglementation gazier au Québec
comme s'inscrivant dans le contexte d'un échange plus libre entre
fournisseurs et consommateurs de gaz.
Notre présence devant cette commission témoigne de notre
intérêt pour le sujet et vise surtout à offrir notre
contribution au législateur dans son objectif d'instituer une
Régie du gaz naturel dont les fonctions et pouvoirs seront les mieux
adaptés à la situation actuelle du marché tout en tenant
compte des besoins à court et à long terme des distributeurs et
des consommateurs de gaz naturel au Québec.
SOQUIP désire remercier le ministre de l'Énergie et des
Ressources d'avoir permis que l'avant-projet de loi qu'il a
présenté le 18 juin dernier à l'Assemblée nationale
fasse cette semaine l'objet d'audiences publiques. Nous voulons
également remercier les membres de la commission de l'économie
et
du travail de nous accorder cette occasion de présenter notre
point de vue sur cet avant-projet de loi.
L'intérêt de SOQUIP dans ce sujet découle
principalement du fait de notre participation active dans le domaine du gaz
naturel au Québec et également au Canada. En tant que producteur
au Québec ainsi que dans l'Ouest canadien et en tant qu'actionnaire de
la distribution gazière au Québec, nous croyons pouvoir offrir
une vision d'ensemble sur les questions qui préoccupent le plus
l'industrie gazièrec De plus, notre statut de société
d'État nous confère une responsabilité envers l'ensemble
des consommateurs québécois.
C'est dans cet esprit d'une vision globale des intérêts de
chacun que nous avons analysé les principales modifications de
l'avant-projet de loi laissant à d'autres intervenants qui
représentent l'un ou l'autre des secteurs touchés par cet
avant-projet le soin de commenter sur des points particuliers et plus
techniques qui les affectent.
Permettez-moi tout d'abord de résumer très
brièvement les principales activités de SOQUIP dans le domaine
pétrolier et gazier. Au cours des dernières années ces
activités nous ont permis d'acquérir une expérience
variée dans le secteur des hydrocarbures. Après avoir
concentré l'essentiel de ses activités à l'exploration des
bassins sédimentaires du Québec durant la période de 1969
à 1980, SOQUIP a vu son mandat s'élargir et se diversifier depuis
1981. Les gouvernements successifs du Québec confiaient à SOQUIP
la responsabilité de voir que les objectifs de sa politique
énergétique en matière de gaz naturel soient
atteints» C'est à ce moment que SOQUIP est entrée dans le
secteur de la distribution gazière en devenant actionnaire de Gaz
Métropolitain et de Gaz Intercité. Ces deux distributeurs, comme
on le sait, ont par la suite été regroupés, faisant de Gaz
Métropolitain l'une des plus grandes entreprises dans le domaine de
l'énergie non seulement au Québec, mais également au
Canada.
SOQUIP est également active dans la distribution gazière
par le biais de sa division du gaz porté. Cette méthode de
livraison de gaz par camions-remorque permet à des consommateurs
industriels situés à l'extérieur du réseau de
distribution de Gaz Métropolitain d'utiliser une source d'énergie
qui leur serait autrement inaccessible.
Notre société a su développer au cours des
dernières années une présence stratégique en
Alberta, le centre canadien de l'industrie pétrolière et
gazière. Cette présence s'articule autour de deux volets
principaux, l'exploration et la production, de même que
l'approvisionnement des marchés du Québec.
Nos activités d'exploration et de production dans l'Ouest
canadien sont depuis 1984 sous la responsabilité de SOQUIP-Alberta, une
filiale à part entière de SOQUIP. Cette présence active
comme producteur en Alberta, ajoutée au permis que SOQUIP a obtenu du
gouvernement de cette province, nous permet aujourd'hui d'approvisionner Gaz
Métropolitain pour une partie de ses besoins en gaz naturel. Cette
présence québécoise au niveau de l'exploration, de la
production, de l'approvisionnement et de la distribution du gaz naturel ne
pourra qu'ajouter des connaissances et des avantages aux intervenants du
Québec au moment où nous progresserons dans la voie de la
déréglementation.
En effet, dans un contexte de libéralisation des échanges
entre producteurs, vendeurs et consommateurs, une province consommatrice comme
le Québec et ses acheteurs d'énergie ont tout avantage à
renforcer leurs connaissances afin d'être en position de
bénéficier à long terme d'approvisionnements sûrs et
à prix concurrentiels.
Les consommateurs d'énergie au Québec peuvent maintenant
compter pour la grande majorité sur un choix entre les trois principales
formes d'énergie. Le pétrole a été pendant de
nombreuses années l'énergie préférée, sinon
unique, des Québécois. Les crises pétrolières des
années soixante-dix et notre dépendance grandissante sur le
pétrole importé ont toutefois incité plusieurs
consommateurs à se tourner vers d'autres énergies ou tout au
moins à améliorer leur flexibilité
d'approvisionnement.
La grande richesse hydroélectrique du Québec a permis que
l'électricité occupe une place plus grande dans la satisfaction
de vos besoins énergétiques. Le niveau de sécurité
de nos approvisionnements s'est accru par cette plus grande utilisation de
cette ressource québécoise.
Le gaz naturel, une énergie domestique abondante, efficace et
économique était jusqu'à tout récemment disponible
tant au Québec que dans les régions de Montréal, Hull et
une partie de l'Abitibi. C'est pour cette raison qu'en 1981 cette forme
d'énergie n'occupait que 8 % de notre bilan énergétique
alors qu'en Ontario, où elle avait contribué à la forte
industrialisation de cette province, elle satisfaisait à la même
période environ 30 % des besoins de cette province.
Aujourd'hui, les efforts conjugués de Gaz métropolitain,
de Gaz Intercité Québec et de SOQUIP, appuyés par des
politiques et des programmes des gouvernements provinciaux et
fédéral, font que le gaz naturel occupe près de 16 % du
bilan énergétique du Québec. Les consommateurs du
Québec ont été les grands bénéficiaires de
cette concurrence accrue entre les principaux fournisseurs d'énergie.
Notre économie a aussi grandement profité des
milliards de dollars qui ont été investis dans l'expansion
des marchés entre 1981 et 1987, période durant laquelle les
grands projets d'investissements étaient peu nombreux.
Le Québec dispose maintenant, et pour les années à
venir, d'une infrastructure gazière grandement améliorée
alors que la majorité des grands utilisateurs d'énergie ont
accès au gaz naturel. La sécurité des approvisionnements a
ainsi été fortement renforcée. La diversité des
sources d'énergie a été améliorée,
permettant notamment à nos industries de réduire leur facture
énergétique et surtout d'être plus concurrentielles sur les
marchés de l'exportation.
SOQUIP tient à profiter de l'occasion qui lui est fournie pour
souligner à ce titre le rôle de la régie dans l'atteinte de
ces résultats. Au cours de cette période de développement,
la régie a su appuyer les efforts de tous par des décisions
justes et même innovatrices. Sans son appui, les efforts et les
investissements considérables dirigés vers l'accroissement des
ventes de gaz naturel au Québec n'auraient certes pas été
aussi profitables.
Le Québec bénéficie donc maintenant d'installations
gazières modernes et efficaces. Il lui faut maintenant s'assurer du
maintien de cet avantage, voire même l'accentuer au cours des prochaines
années. Pour cela, il s'avère nécessaire d'optimiser
l'utilisation du réseau gazier afin qu'il profite le plus possible et au
meilleur coût aux consommateurs qu'il dessert.
De même, l'industrie de la distribution du gaz naturel au
Québec doit être de plus en plus efficace, compétitive et
rentable. C'est là la meilleure façon de bien positionner le
Québec, ses distributeurs et ses consommateurs dans le contexte canadien
de la déréglementation de l'industrie gazière.
Notre mémoire rappelle les grands principes de cette
déréglementation du secteur gazier depuis la promulgation de
l'entente sur les marchés et les prix du gaz naturel convenue entre les
gouvernements du Canada, de l'Alberta, de la Colombie britannique et de la
Saskatchewan le 31 octobre 1985. En résumé, ces gouvernements
convenaient alors de la nécessité d'un régime de
tarification plus souple et axé sur les conditions du marché par
rapport à un système de prix administré résultant
en fait de négociations parfois très pénibles entre
niveaux de gouvernements.
L'entente comportait à cette fin des mesures visant à
permettre ce libre marché pour les acheteurs et les vendeurs de gaz
naturel tout en maintenant toutefois le caractère
réglementé du transport et de la distribution du gaz. Cette
entente recommandait entre autres un examen du rôle et des
activités des sociétés pépinières
interprovinciales et internationales de façon à faciliter la
transition vers le régime tarifaire recherché. Une commission
d'examen, d'ailleurs, a été formée à cette fin.
Elle définissait dans son rapport certaines recommandations pour que les
conditions nécessaires à la libéralisation du
régime de tarification du gaz naturel soient en place. (21 h 45)
Notons parmi ces conditions requises, premièrement,
l'accès sans discrimination aux marchés, aux sources
d'approvisionnement, aux pipelines et à l'informatisation.
Deuxièmement, la séparation entre les activités de
transport et les activités de commercialisation des transporteurs par
pipeline. Troisièmement, la déréglementation du prix du
gaz naturel facturé aux grands consommateurs industriels désirant
contracter leur propre approvisionnement. Quatrièmement, la
séparation des services de distribution et de vente des distributeurs
gaziers et, enfin, l'introduction d'un système de transport par
contrat.
La déréglementation des marchés du gaz naturel
permet une négociation plus libre entre acheteurs et vendeurs. De plus,
les fournisseurs ou acheteurs de gaz peuvent avoir un accès au service
de TransCanada Pipelines. Cette libéralisation des approvisionnements
permet donc aux principaux consommateurs de négocier et de
s'approvisionner directement auprès des producteurs. En cette
période d'offre abondante et de vive concurrence entre producteurs,
plusieurs grands consommateurs industriels se sont déjà
prévalus des opportunités de cette déréglementation
des approvisionnements, réalisant des économies en achetant
directement des producteurs.
SOQUIP souligne toutefois dans son mémoire la question de la
sécurité des approvisionnements à long terme. Alors que
les grands consommateurs peuvent aujourd'hui réaliser à court
terme des économies importantes, toute modification significative de la
situation actuelle de surplus de l'offre pourrait remettre en cause les
avantages actuels au niveau des prix. Face à cette situation
potentielle, il incombe à la régie le difficile rôle de
concilier les intérêts des consommateurs entre les avantages de
prix à court terme, les ventes directes, et la sécurité de
l'approvisionnement à plus long terme.
En d'autres termes, il faut maintenir les éléments d'un
système à long terme au moins pour les utilisateurs captifs.
SOQUIP est d'avis que l'avant-projet de loi comporte d'intéressantes
modifications qui vont dans le sens de la libéralisation des
marchés comme en fait foi à titre d'exemple l'introduction de la
notion de vente directe à l'article 22. De même, le projet tient
compte des intérêts des consommateurs qui, selon l'article 28,
pourront demander à la régie
d'arbitrer tout litige les opposant à un distributeur. De
façon générale, SOQUIP est heureuse de constater que
l'avant-projet de loi tente d'adapter la réglementation du gaz naturel
au Québec aux nouvelles conditions d'approvisionnement orientées
vers la libéralisation des marchés.
Notre mémoire renferme toutefois quelques recommandations dans le
but de rendre les fonctions et pouvoirs du futur organisme de
réglementation encore mieux adaptés aux besoins de l'ensemble des
intervenants de l'industrie gazière et de sa clientèle. Ces
recommandations concernent principalement l'importance, premièrement,
que la régie accorde une flexibilité accrue au distributeur dans
sa tarification, notamment, au niveau des programmes commerciaux;
deuxièmement, une intervention minimum de la part de la régie
dans les ententes conclues avec les fournisseurs, même ceux liés
aux distributeurs, qui tiendra compte également des notions de
concurrence et de confidentialité; troisièmement, la
réglementation de l'emmagasinage souterrain de gaz naturel;
quatrièmement, l'importance de maintenir l'intégrité du
système de distribution et d'éviter les déviations au
système; cinquièmement, la question du traitement des
trop-perçus par le distributeur; sixièmement, enfin, la prudence
requise dans l'énoncé par le gouvernement des orientations
générales de la tarification gazière.
Cela dit, M. le Président, je termine cette présentation.
Tous les éléments que je viens d'invoquer sont déjà
dans le mémoire. Je tiens encore une fois à remercier les membres
de la commission de nous avoir permis d'exposer notre point de vue. Mes
collègues et moi, évidemment, sommes à votre disposition
pour toutes questions que vous aurez à poser sur le sujet.
Le Président (M. Théorêt): Je vous remercie,
M. le président. Je cède la parole, maintenant, au ministre de
l'Énergie et des Ressources.
M. Ciaccia: Je voudrais remercier M. Pouliot et l'équipe
de SOQUIP, premièrement, d'avoir accepté de présenter leur
mémoire ce soir plutôt que demain; cela nous accommode et je vous
remercie de vous être pliés à notre demande. Je sais que
vous travaillez à plusieurs projets qui sont assez importants.
J'apprécie le fait que vous ayez pu accepter de venir ce soir
plutôt que demain. Deuxièmement, je sais que vous avez un certain
intérêt et un intérêt certain dans ce domaine avec
tous les projets que vous étudiez.
Cependant, je voudrais éclaircir avec vous certains points que
vous avez soulevés dans votre mémoire. En premier lieu, vous
demandez, en page 7, que la régie allège ses contrôles dans
le but d'accélérer son processus décisionnel. Vous dites:
"La société souhaiterait néanmoins que la régie
allège encore davantage ses contrôles..." Est-ce que vous pourriez
nous donner quelques suggestions, quelques exemples qui pourraient aller dans
ce sens, dans cette direction?
M. Pouliot: M. le ministre, si vous n'avez pas d'objection, je
vais demander à M. Guérin...
M. Ciaccia: Pas du tout.
M. Pouliot: ...de répondre à votre question.
M. Ciaccia: Pas du tout.
Le Président (M. Théorêt): M.
Guérin.
M. Guérin (Jean): Alors, deux suggestions,
peut-être, M. le ministre. Au chapitre des tarifs, comme Gaz Métro
le suggère dans son mémoire, la régie pourrait, par
exemple, accepter de mettre en vigueur les tarifs dès le moment
où ceux-ci sont déposés; disons que cette période
pourrait être le 1er octobre, cette date de mise en vigueur. À ce
moment-là, par la suite, la régie pourrait prendre tout le temps
voulu pour étudier à fond les questions de tarifs, de coûts
de service et de base de tarification. Ceci permettrait
d'accélérer grandement le processus.
Au chapitre des programmes de commercialisation, comme on le mentionne
à plusieurs reprises dans notre mémoire, la situation
concurrentielle au Québec et au Canada en général est
très vive. Souvent, le distributeur doit réagir avec beaucoup de
rapidité, en mettant de l'avant des programmes de commercialisation, des
programmes de marketing qui, par la suite, doivent être approuvés
par la régie. Une manière d'accélérer serait
peut-être que la régie fasse connaître d'avance les
critères permettant de traiter dans le coût de service ces
différents programmes de commercialisation. Souvent, comme je l'ai
mentionné tout à l'heure, le distributeur doit mettre de l'avant
ces programmes de commercialisation et ne connaît qu'un an après
le traitement tarifaire qui va être accordé à ce genre de
programme: soit qu'il aille dans la base de tarification, soit qu'il soit tout
simplement admis comme dépense.
M. Ciaccia: Selon votre première suggestion voulant que
les tarifs viennent en vigueur automatiquement - et ceci d'après vous
donnerait l'opportunité à la régie d'étudier cela -
est-ce qu'il n'y aurait pas un danger à ce moment-là de
créer une pression sur la régie pour accepter les tarifs qui ont
été proposés, de rendre un peu plus difficile
la modification des tarifs et de rendre encore un peu plus lourd, pour
le consommateur... Parce que, si le tarif vient en vigueur automatiquement,
s'il y a un changement, il va falloir avoir des procédures pour redonner
le trop-perçu aux consomateurs. Est-ce qu'il n'y aurait pas d'autres
moyens? Parce qu'on pourrait se faire critiquer aussi de la part des
consommateurs. Il peut dire: Écoutez, seulement parce que le
distributeur demande l'augmentation, vous l'accordez. Vous ne nous avez
même pas accordé l'opportunité à la régie et
à nous de faire des représentations. Est-ce qu'il n'y aurait pas
ce danger-là?
M. Guérin: Possiblement, M. le ministre* Mais, comme vous
le savez, la régie a introduit toutes sortes de comptes de nivellement
et de stabilisation tarifaire qui font en sorte qu'elle pourrait
tranquillement, à sa guise, étudier la justesse du tarif
approuvé, disons le 1er octobre. Et si par hasard le tarif
s'avère trop élevé ou trop bas, via les comptes de
nivellement elle pourra automatiquement, dans les hausses de tarif
subséquentes, donner les ajustements qu'il faut faire. Il y a des
procédures...
M. Ciaccia: C'est toujours difficile...
M. Guérin: ...automatiques d'autocorrection.
M. Ciaccia: C'est toujours difficile de convaincre le
consommateur en disant que c'est vrai que le tarif était trop haut, mais
qu'on augmentera moins le prochain tarif. Vous savez, c'est difficile de le
convaincre de ça. Lui, il voit ce qu'il reçoit, ce qu'il a dans
ses mains. Il pourrait interpréter ça comme une excuse et ne pas
voir vraiment le bénéfice de la décision de la
régie. Mais, puisque vous avez soulevé la question du
nivellement, des comptes de nivellement, plus tard à la page 13 de votre
mémoire vous soulignez que la régie a adopté une
réglementation innovatrice. Souhaiteriez-vous que la loi prévoie
de sauvegarder ces principes en vigueur, particulièrement ceux que vous
avez mentionnés, le recours de l'année témoin
projetée, les comptes de nivellement? Est-ce que vous voudriez voir
ça dans la loi ou si vous seriez satisfait que ça soit maintenu
dans la réglementation?
M. Guérin: Je pense que ça serait bon si
c'était maintenu dans la réglementation sans être
nécessairement intégré à la loi.
M. Ciaccia: Concernant les ententes d'approvisionnement
passées entre fournisseurs et distributeurs ayant des liens entre eux,
vous demandez, en page 9 de votre mémoire, que la régie
n'intervienne que si elle observe une inéquité
préjudiciable à la communauté des usagers. Est-ce que vous
pourriez expliciter ce que vous entendez par cela?
M. Pouliot: J'imagine, M. le ministre, que ce qu'on veut dire
dans l'avant-projet de loi, c'est que, lorsqu'il y a, je dirais, une relation
très étroite entre un fournisseur et un distributeur de gaz, pour
des raisons d'équité, la régie pourrait, en vertu de ce
projet de loi, avoir le droit de rouvrir, en fait, Ies contrats et d'examiner
ces contrats. Il est évident que la situation dans laquelle quelqu'un
pourrait se plaindre de ces relations tiendrait au fait que les prix du gaz
naturel prévus dans ces contrats seraient plus élevés que
les prix du gaz normalement prévus dans le marché. Si bien que ce
que l'on dit dans notre mémoire, c'est que, dans ces cas-là, si
vraiment la régie observe une inéquité
préjudiciable à la communauté des usagers, il n'y aurait
pas d'objection à ce que la régie intervienne. Ce que nous
demanderions cependant, parce que SOQUIP elle-même se trouverait
visée par cet article de loi, c'est de protéger, en fait, la
confidentialité des données qui sont parties à ces
ententes d'approvisionnement, pour des raisons de concurrence, essentiellement,
entre les fournisseurs et les producteurs de gaz naturel.
M. Ciaccia: Je peux comprendre la question de la
confidentialité, c'est assez important, mais, concernant le
"préjudiciable à la communauté des usagers", est-ce qu'on
pourrait avoir une situation où cela serait préjudiciable,
d'après la régie, non nécessairement à la
communauté des usagers, mais à certains usagers particuliers qui
seraient visés? Est-ce que cette situation pourrait se produire qu'un
contrat d'approvisionnement entre une société dans laquelle
SOQUIP et Noverco ont des intérêts serait fait à un niveau
que la régie jugerait un peu plus élevé que le
marché et que cela pourrait affecter seulement certains usagers?
M. Pouliot: La plupart des contrats qui sont prévus avec
le distributeur sont des contrats d'approvisionnement dans lesquels le gaz est
destiné à l'ensemble des usagers. C'est très difficile
d'identifier où la molécule de carbone s'en va. La question que
vous soulevez, c'est un type de contrat dans lequel ce gaz serait
spécifiquement destiné à un utilisateur précis.
Cela prendrait d'abord un utilisateur qui soit un gros consommateur de gaz.
Dans le cas présent, cela ferait sans doute l'objet de vente directe, de
"buy and sell" ou d'une formule, en fait, permettant à un fournisseur de
gaz, qui pourrait être SOQUIP, Noverco ou quelqu'un d'autre, une
association de producteurs, de livrer à un consommateur industriel du
gaz à un prix qui sera nécessairement négocié
librement entre
les deux et ne sera probablement pas visé par la régie
comme telle.
Les seuls cas, à ma connaissance, où cet article pourrait
s'appliquer, c'est vraiment dans un cas où - remarquez bien que je n'ai
pas regardé tous les cas en question - il s'agirait de viser une
communauté d'usagers, non seulement un seul usager. Dans ce cas, la
seule circonstance où on pourrait s'en plaindre, comme je le disais
tantôt, c'est une circonstance dans laquelle un contrat de fourniture de
gaz serait fixé à un prix plus élevé que le
marché. Là, je comprendrais qu'il y ait un préjudice. S'il
est moins élevé, je ne vois pas où est le
préjudice. Je me dis: Cela doit être parce que c'est plus
élevé. La régie, voulant protéger le consommateur
et en toute équité pour lui, va regarder ce contrat et va attirer
V attention, sans aucun doute, du distributeur sur l'inéquité qui
est crée par ce contrat d'approvisionnement. Là, je ne vois pas
vraiment de problème, mais, encore une fois, pourvu que la
confidentialité des données soit conservée dans ces
contrats. (22 heures)
M. Ciaccia: Si c'est normal de dire qu'on doit regarder la
communauté des usagers, on n'a pas besoin de le dire si c'est cela qui
arrive. Si ce n'est pas un cas particulier, ce serait normalement un ensemble
d'usagers.
M. Pouliot: Enfin, c'est la seule circonstance que je
verrais.
M. Ciaccia: Vous avez mentionné la question de la
sécurité des approvisionnements. Croyez-vous que la régie
doit jouer un rôle actif pour garantir la sécurité des
approvisionnements des consommateurs de gaz au Québec? Vous avez
mentionné quelques exemples. Est-ce que vous pourriez préciser ce
sujet?
M. Pouliot: Des exemples d'approvisionnement de gaz au
Québec?
M. Ciaccia: Oui.
M. Pouliot: Vous savez que SOQUIP, par l'intermédiaire de
SOQUIP-Alberta, sa filiale à part entière en Alberta, et en
concertation avec au-delà d'une trentaine de producteurs albertains, a
obtenu du gouvernement de l'Alberta trois licences d'exportation de gaz naturel
de l'Alberta depuis cinq ans, pour les cinq dernières années,
pour livrer au Québec un volume qui représente à peu
près 12 % du total des approvisionnements de Gaz Métropolitain.
Dans ce contexte, l'ensemble des producteurs ont des permis et des contrats
pour vendre à peu près 21 BCF de gaz au Québec sur 170
environ que nous consommons au total au cours de la présente
année.
M. Ciaccia: J'ai peut-être mal posé ma question.
Est-ce que la régie doit jouer un rôle actif pour garantir la
sécurité des approvisionnements des consommateurs?
M. Pouliot: Là où la régie, M. le ministre,
peut jouer un rôle, c'est dans la façon avec laquelle... Enfin, il
y a plusieurs façons avec lesquelles elle peut jouer. La
première, évidemment, c'est dans la méthode de sa
réglementation elle-même. Quel traitement la régie
fera-t-elle des ventes directes? Quel traitement la régie fera-t-elle
des ventes groupées, des questions touchant les déviations du
système, un ensemble de questions sur lesquelles, en
réalité, la régie a une juridiction et qui vont
déterminer les conditions dans lesquelles l'approvisionnement gazier va
se faire? Si nous devons, comme je le disais dans mon exposé liminaire,
maintenir l'essence, les éléments d'un système
d'approvisionnement gazier à long terme, les ventes directes, oui, c'est
bien; il n'y a aucun doute? nous sommes favorables à cela. Cela permet
de libéraliser le marché, de déréglementer le
marché à ce niveau, mais ce n'est pas tout le monde qui peut
jouer dans ce marché-là. Il y a des utilisateurs captifs de gaz
naturel au Québec. Sur les quelque 175 000 abonnés au gaz, on
peut calculer qu'au-delà de 90 % d'entre eux sont des utilisateurs
captifs de gaz. Dans la plupart des cas, ces gens ont besoin d'avoir un
système d'approvisionnement régulier et à long terme. Ils
ne peuvent pas entrer dans le marché des ventes directes. La
régie, de ce point de vue, doit assurer que ce système soit
maintenu. Si, éventuellement, on permettait à trop de gens de se.
distraire de l'ensemble du système de distribution à long terme,
il y a l'ensemble des autres usagers qui vont devoir en assumer les
coûts. Je crois que la régie a un rôle, comme nous le disons
dans notre mémoire, qui est difficile, mais un rôle
d'équilibre entre les préoccupations à court terme
concernant les ventes directes et la préoccupation d'assurer un
système de livraison à long terme au Québec pour
protéger les utilisateurs captifs de gaz naturel et qui vont le
demeurer.
M. Ciaccia: Pour protéger les clients captifs, est-ce que
la régie peut exiger du distributeur qu'il ait lui aussi des contrats
à long terme?
M. Pouliot: La régie peut certainement exiger que le
distributeur démontre, je dirais, qu'il possède les
approvisionnements gaziers nécessaires ou les contrats de gaz, ainsi que
les contrats de transport qui vont assurer la livraison de ce gaz et la
sécurité des approvisionnements des consommateurs gaziers au
Québec.
M. Ciaccia: C'est toute l'argumentation
de l'Alberta. Avant la déréglementation. les tests de
surplus, tout le reste, l'Alberta s'opposait à ce que ce soient les
producteurs qui financent les consommateurs à l'autre bout, qui devaient
maintenir des réserves assez élevées et les consommateurs
n'étaient pas obligés de signer des contrats à long terme.
Ce serait par l'entremise d'une régie qu'on pourrait quasiment renverser
le processus et obliger les consommateurs ou les distributeurs à avoir
ces contrats à long terme?
M. Pouliot: M. le ministre, il est évident que la
régie ne peut pas régler tous ces problèmes-là. Il
faut que ce soit tout le long de la chaîne d'approvisionnement que cette
question soit résolue. Comme vous le savez, c'est un problème qui
est actuellement objet de débats parfois acrimonieux de la part des
gouvernements, des producteurs, des distributeurs à travers le pays et
du transporteur TCPL. Il n'y a aucun doute que mon point de vue sur ce sujet,
surtout pour protéger les intérêts du Québec qui est
à l'autre bout de la ligne dans le transport... Si nous avions une autre
source d'approvisionnement - je ne dis pas que cela ne viendra pas un jour -
que celle que nous avons, je tiendrais peut-être un autre langage, mais
tant et aussi longtemps que nous serons en bout de ligne, il sera absolument
essentiel, pour protéger les intérêts des consommateurs et
des utilisateurs captifs qui ont investi dans le gaz naturel des sommes
considérables, d'assurer qu'on ait un approvisionnement à long
terme. Cela va de la politique de l'Alberta, de celle des producteurs, des
transporteurs jusqu'à celle de la distribution au Québec.
Cela dit, tout en disant cela je suis bien d'accord avec la
déréglementation et la libéralisation, mais il faut se
rendre compte que les structures de consommation des grands consommateurs
industriels et celles du consommateur résidentiel, du petit commercial
et même du petit industriel ne sont pas du tout les mêmes.
M. Ciaccia: Seulement une autre question, M. le Président.
Est-ce que cela veut dire que l'on doit limiter le rôle des courtiers
afin d'assurer la sécurité d'approvisionnement à long
terme? Finalement, est-ce que la sécurité d'approvisionnement
à long terme ne devient pas une question de prix et de coûts
additionnels aux consommateurs du Québec? La régie ne peut pas
obliger l'Alberta à avoir des réserves, il faudra que ce soient
les distributeurs qui signent ces contrats.
M. Pouliot: II n'y a aucun doute qu'il y a un prix à payer
pour la sécurité d'approvisionnement. C'est vrai dans toutes les
formes d'énergie, que ce soit l'électricité, le
pétrole ou le gaz naturel. Cela dit, je suis également d'accord
avec vous, ce n'est pas juste la régie qui peut faire cela. Il faut
qu'il y ait également la part du distributeur et aussi d'un certain
nombre de courtiers en gaz dont SOQUIP, incidemment, qui joue et doit jouer un
rôle à ce niveau-là.
Quant au rôle pour les courtiers, permettez-moi une petite
remarque. Je demanderai peut-être à M. Guérin de commenter
là-dessus. Non, cela ne fait pas disparaître le rôle des
courtiers. Au contraire il y a de plus en plus, par la libéralisation,
un dégagement de volume de gaz important, il y a de plus en plus de gens
qui font du courtage de gaz au Canada. D'ailleurs, si vous regardez la
structure de consommation au Québec en termes de volumes, près de
70 % de nos volumes de gaz sont vendus dans le secteur industriel. Il y a donc
pas mal de place pour du courtage de gaz. Ce que je dis cependant, c'est que
sur ces 70 % il y a peut-être un petit nombre de volumes qui
nécessitent des assurances qu'à long terme les approvisionnements
soient présents, mais à côté de cela il y a 30 % de
volumes qui nécessitent des approvisionnements à plus long terme
et pour lesquels il est nécessaire d'assurer la sécurité
d'approvisionnement.
M. Ciaccia: Merci.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre.
M. le député de Roberval.
M. Gauthier: Merci. En page 6 de votre mémoire, au dernier
paragraphe, il est écrit: "Dans ce contexte, SOQUIP croit souhaitable
que la régie accorde une flexibilité accrue au distributeur au
niveau de sa tarification en vue notamment de lui permettre de mettre en oeuvre
des programmes requis pour le maintien de sa compétitivité et le
développement de sa part de marché." Quand vous parlez de
flexibilité accrue, on pense aux consommateurs. Dans quelle mesure une
flexibilité accrue peut-elle se traduire? Jusqu'où la
régie devrait-elle laisser libre cours aux initiatives des
distributeurs, des vendeurs et où devrait-elle mettre des balises pour
s'assurer que les consommateurs ne font pas les frais d'une guerre qui pourrait
coûter pas mal cher, entre autres, entre les gens qui s'occupent de gaz
et ceux qui ont aussi des programmes dans le domaine de
l'électricité ou d'autres formes d'énergie? J'imagine que
vous comprenez que notre préoccupation est aussi du côté
des consommateurs. J'aimerais que vous expliquiez davantage cette
flexibilité accrue non définie.
M. Pouliot: M. le Président, c'est à
cause des consommateurs que nous avons indiqué ce que vous
trouvez dans notre mémoire en page 6. Actuellement, nous avons investi
au Québec près de 2 000 000 000 $ dans un système de
distribution. Ce système est à peu près utilisé
à la moitié de sa capacité.
La préoccupation que nous avons et sur laquelle nous avons
insisté dans notre mémoire, c'est que nous devons optimiser
l'utilisation de ce réseau gazier maintenant qu'il est en terre. Si nous
voulons réduire le coût aux consommateurs, il faut qu'on
réduise le coût de service de distribution du gaz. La seule
façon que je connaisse de réduire le coût de service de
distribution du gaz, c'est d'augmenter le volume de gaz qui coule dans ces
tuyaux. La seule façon d'augmenter les volumes de gaz qui coule dans ces
tuyaux, c'est de donner aux distributeurs la flexibilité pour vendre
plus de gaz dans le marché.
Mon argumentation porte essentiellement sur la nécessité,
pour protéger le consommateur à moyen et à long terme, de
lui permettre de diminuer le coût unitaire du gaz. Le coût de
service au Québec est élevé. Le coût de service au
Québec pour le gaz est plus élevé qu'en Ontario. La raison
fondamentale de cela tient au fait que nous avons des équipements
récents. Nous avons investi beaucoup d'argent dans un réseau qui
n'est pas encore amorti. Si nous voulons assurer que le coût de service,
et que ce soit pour tout le monde... Je pense au consommateur
résidentiel tout autant qu'à notre industrie en disant cela. Si
nous voulons assurer que le Québec demeure compétitif dans ce
domaine, il faut assurer maintenant l'utilisation maximale de ces
investissements.
C'est pour cela, M. le député, que la flexibilité
accrue... Je suis bien conscient en même temps, tout en disant cela,
qu'il y a une question d'équilibre. Je fais confiance à la
régie parce que la régie a quand même une histoire, il y a
quand même des principes et des méthodes de réglementation
qui sont adoptés au Québec comme partout ailleurs en
Amérique du Nord et qui permettent d'établir ce juste
équilibre.
Comme nous l'avons dit, la régie a innové dans plusieurs
domaines. Il y a aussi des innovations à introduire pour assurer
l'optimisation de l'utilisation du réseau gazier au Québec.
M. Gauthier: Puisqu'on en est sur la régie comme telle,
cela va m'amener à une question que je voulais vous poser un peu plus
tard, mais que je vais poser immédiatement. À la page 13 de votre
mémoire, vous faites état effectivement que la Régie de
l'électricité et du gaz a été une des plus
avant-gardistes en Amérique du Nord, qu'elle a adopté des
principes et des méthodes de réglementation hautement
innovateurs, dont le recours à l'année témoin
projetée, l'introduction de différents comptes de nivellement,
etc. Bref, vous décrivez de façon fort élogieuse, il faut
bien en convenir, le rôle de la régie. Êtes-vous capable de
me dire de façon sommaire et rapide en quoi la régie
proposée dans l'avant-projet de loi maintenant risque-t-elle
d'être encore meilleure que celle que vous louangez fortement à la
page 13 de votre mémoire et qui est appelée à
disparaître? Sous quels aspects, plutôt, devrait-elle être
meilleure?
M. Pouliot: M. le Président, d'abord, le fait d'avoir une
régie qui serait consacrée strictement au gaz naturel, à
mon sens c'est un développement heureux.
Deuxièmement, je crois qu'en termes d'organisation, si j'avais
une remarque à faire là-dessus, ce serait probablement la
suivante: Ne faisons pas trop de comparaisons avec les autres provinces et
surtout pas avec l'Ontario. L'Ontario possède au moins trois
distributeurs de la taille de Gaz Métropolitain et l'Office de
l'énergie de l'Ontario au surplus, comme vous le savez, a un rôle
de surveillance et de recommandation en ce qui concerne la tarification
d'Ontario Hydro.
Par conséquent, je ne veux pas faire de comparaisons comme
celle-là. Cependant, concernant le projet de loi, en termes
d'organisation, je suis persuadé que les problèmes de la
régie peuvent être résolus par ce projet de loi et que les
problèmes qui ont été soulevés, dont certains que
j'ai entendus, sont peut-être des problèmes qui ne se situent pas
au niveau de la régie comme telle, mais au niveau du "staff",
c'est-à-dire de l'organisation inférieure de la régie.
Nous l'avons précisément constaté dans le passé et
c'est vrai encore dans le présent, nous avons une régie mal
équipée du point de vue de l'organisation de soutien. (22 h
15)
Quant au reste, M. le Président, il y a toute une série de
recommandations, enfin, de modifications à la loi apportées dans
cet avant-projet de loi qui, à mon sens, vont faciliter de beaucoup les
choses. Le simple fait, par exemple, d'introduire la notion des ventes
directes; il y a déjà une très grande flexibilité
octroyée à la régie en ce qui concerne la tarification du
distributeur. On lui donne, en fait, la flexibilité de réduire le
nombre de classes tarifaires. Il y a des choses où les
régisseurs, à mon sens, dans ce projet de loi peuvent très
bien se tailler et tailler pour le Québec une régie moderne et
qui soit à l'avant-garde de tout ce qu'on voit ailleurs.
Comme je le disais tantôt, surtout faisons attention, à mon
sens, de faire des comparaisons avec d'autres régies ailleurs et
tout au moins regardons les projets de loi. Je ne suis pas sûr
qu'ils sont mieux équipés que notre Régie du gaz naturel
ne le serait en vertu de cet avant-projet de loi.
M. Gauthier: Vous avez mentionné que c'est
extrêmement important que cette régie n'ait d'intérêt
que le gaz. Tout à l'heure, une intervenante nous disait exactement le
contraire et souhaitait une régie de l'énergie. Aujourd'hui, on a
eu des personnes qui sont venues ici et selon les situations, selon les
humeurs, je ne sais trop, on nous dit tantôt que c'est heureux que la
régie ne s'occupe que du gaz, et tantôt que c'est malheureux
qu'elle ne s'occupe que du gaz. J'aimerais que vous m'expliquiez pourquoi selon
vous c'est un événement heureux qu'elle ne s'occupe que du
gaz.
M. Pouliot: M. le député, la chose suivante:
Qu'avons-nous réglementé au Québec dans le domaine de
l'énergie? Réglementer l'industrie pétrolière?
 mon sens, il y a des limites à ce qu'on peut faire dans ce
domaine, vu la concurrence existante. Je ne suis pas sûr qu'une
régie peut faire mieux que les règles dures de la concurrence
dans ce domaine. Laissons aller la concurrence.
Dans le cas d'Hydro-Québec, l'Assemblée nationale dans la
Loi sur HydroQuébec a prévu, en fait, un système en vertu
duquel c'est le gouvernement qui adopte la tarification d'Hydro-Québec.
Le gouvernement est le seul actionnaire dans Hydro-Québec. Je vois mal
comment une régie va finir par faire un travail meilleur que celui que
le gouvernement va faire dans ce domaine. Reste la question du gaz naturel. Que
fait-on avec cela? Vous pourriez imaginer que le gouvernement adopte la
tarification ou encore le système de réglementation qui est
proposé dans le projet de loi. En Amérique du Nord, c'est ce
système-là qui prévaut parce que vous avez affaire
généralement à des entreprises privées
détenant des monopoles qui sont consentis par l'État, mais en
fait des entreprises privées dont les actions sont détenues en
Bourse par des milliers d'investisseurs et il est normal dans ces conditions
qu'il y ait, en fait, un organisme qui établisse des règles, des
critères d'établissement de rendement et de tarification. C'est
dans ce sens que je disais: II est heureux que ce soit ainsi. Quant à
savoir si la Régie du gaz naturel doit exister comme telle, plutôt
que d'être regroupée, parce que j'ai aussi entendu
l'argumentation, je vous avouerai très franchement que pour moi c'est
une question très pratique. C'est au gouvernement de décider si
la régie doit être maintenue comme telle ou regroupée parce
que tout à l'heure M. le ministre disait que sur ce sujet la
décision n'est pas prise.
Moi, je dirais très franchement que, sur ce plan, c'est une
question strictement administrative. Quel est le prix que le gouvernement est
prêt à payer pour avoir une régie seule avec deux clients,
Gaz Métropolitain et Gazifère de Hull, plutôt que d'avoir
quelque chose d'autre?
M. Gauthier: D'accord. Vous avez mentionné ceci aussi dans
votre mémoire, et vous en avez parlé tout à l'heure dans
la discussion avec le ministre; je n'ai pas saisi, à ce moment
j'étais occupé à feuilleter. Vous avez dit qu'il y avait
un prix à payer, bien sûr, pour assurer la sécurité
des approvisionnements et que l'avantage du consommateur, ce n'était
peut-être pas juste d'avoir - j'ai compris cela comme cela, vous me
corrigerez si ce n'est pas exact - un tarif un peu plus bas maintenant, mais
qu'il fallait mettre cela en parallèle avec une sécurité
d'approvisionnement. Cette sécurité d'approvisionnement que vous
voulez assurer au consommateur, elle est en vertu, j'imagine, de la politique
énergétique du gouvernement. Je sais que vous le mentionnez dans
le document. Vous faites allusion à cette politique
énergétique.
J'aimerais savoir, concernant le gaz actuellement, concernant le
marché qui vous préoccupe, que dit la politique gouvernementale
dans le domaine du gaz. Vous demande-t-elle d'accentuer la
pénétration du gaz? Vous demande t-elle d'augmenter la part de
marché à 30 %, à 25 %? Que dit cette politique?
M. Pouliot: M. le Président, il y a plusieurs questions
dans cette question. On va au moins essayer de répondre à une des
deux. Premièrement, en ce qui concerne ma remarque de tout à
l'heure, je ne faisais pas référence aux consommateurs et au prix
que le consommateur devrait nécessairement payer pour assurer un
approvisionnement, mais au rôle que des courtiers et des distributeurs
devaient jouer dans ce domaine. Il n'est pas interdit de penser que des
actionnaires dans une entreprise de distribution soient d'accord pour que
l'entreprise de distribution investisse dans l'approvisionnement quand
ça ne serait que pour assurer une certaine flexibilité dans ses
approvisionnements. Parce que les distributeurs peuvent, évidemment,
aujourd'hui maintenir un système d'approvisionnement à
très long terme avec le transporteur puisque TCPL jusqu'à tout
récemment assumait la quasi-totalité des approvisionnements
gaziers à l'exception de ceux que SOQUIP et une autre entreprise de
l'Alberta fournissaient. Mais le distributeur a le choix, soit de rester
là-dedans, soit de jouer des ventes directes ou même des ventes
qu'on appelle "spot", c'est-à-dire à très court terme, ou
encore éventuellement d'investir dans l'approvisionnement gazier.
Quant au consommateur, c'est une idée intéressante - je
n'avais pas pensé è celle-là là, c'est une question
également d'appréciation, à mon sens, par la régie:
Jusqu'à quel point la régie peut permettre au distributeur -
parce que ça passerait par le distributeur - d'investir, en d'autres
termes, d'utiliser un peu plus de sa tarification pour se donner une
flexibilité pour investir dans des approvisionnements à plus long
terme qui, en retour, stabiliseraient; si vous voulez, non seulement les
volumes, mais les prix de la consommation dans le temps. C'est une idée,
en tout cas, que j'imagine que la régie va regarder.
Sur votre deuxième question, écoutez, la politique du
gouvernement, je pense que je suis très mai placé pour vous dire
quelle est la politique du gouvernement en ce qui concerne le gaz. Je peux vous
dire cependant que les objectifs que SOQUIP s'est fixés en
matière d'établissement et de développement du gaz naturel
au Québec, de développement, de son implication dans
l'approvisionnement sont, disons, des orientations qui ont été
faites de concert avec l'approbation de son actionnaire. Sur un plan plus
général je pense que ça serait au ministre de
l'Énergie de commenter votre question.
M. Gauthier: Non, d'accord. Ce que je voulais savoir, c'est que
si les consignes gouvernementales étaient d'améliorer
l'approvisionnement, la qualité de l'approvisionnement, la
sécurité de l'approvisionnement, si la politique du gouvernement
était dans ce sens-là... Vous me répondez en disant: Oui,
on agit dans ce sens-là et c'est avec l'approbation de notre
actionnaire. Je comprends que vous me confirmez là que c'est
l'orientation dans laquelle le gouvernement veut que vous fonctionniez. C'est
ça que je voulais savoir. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Roberval. Il vous reste deux minutes pour des questions
et après on passera à la conclusion.
M. Ciaccia: Je n'ai pas de question spécifique.
Le Président (M. Théorêt): À moins que
le député de Roberval...
M. Ciaccia: Je voulais juste faire un autre commentaire à
la suite des propos du député de Roberval et de M. Pouliot de
SOQUIP. En ce qui concerne la politique du gouvernement je pense que SOQUIP
vous a répondu sur la question de l'approvisionnement. Il y a beaucoup
d'efforts et des projets spécifiques en ce qui concerne - en amont, pour
s'assurer que le Québec a un approvisionnement adéquat pour
l'avenir - la part du gaz naturel. Je ne pense pas qu'on puisse fixer des
chiffres arbitraires, mais on peut avoir une loi ou des objectifs et des
politiques qui permettent à Gaz Métropolitain, SOQUIP, dans un
libre marché, d'aller chercher et d'offrir des services qui sont
compétitifs et concurrentiels et d'aller chercher autant que possible
leur part du marché et plus, s'ils peuvent le faire. Et quand c'est
compétitif et concurrentiel ça va être pour le
bénéfice du consommateur et si c'est Gaz Métropolitain et
SOQUIP qui peuvent le faire, c'est le consommateur qui va en
bénéficier. Si c'est une autre source d'énergie qui va le
faire, c'est encore pour aider le consommateur.
M. Pouliot a soulevé un élément de la question de
la régie quand on fait les comparaisons entre le Québec et
l'Ontario. Un élément que j'avais oublié même de
mentionner, c'est exactement ça, le rôle de la régie de
l'Ontario dans tout le domaine de l'électricité. Alors, ça
prend du personnel pour faire ça en plus du fait que ces gens vendent
beaucoup plus de gaz naturel, ça prend du personnel. Mais je dirais
ceci, que c'est seulement un pouvoir de recommandation que la régie de
l'Ontario a en ce qui concerne l'électricité. Et, dans le cas du
Québec, le pouvoir du Conseil des ministres, c'est un pouvoir
décisionnel. Si on prend la situation qui nous est arrivée au
mois de mars dernier, si on avait le système de l'Ontario, la seule
chose que la régie aurait pu dire, c'est faire une recommandation
à Hydro-Québec de ne pas augmenter le petit consommateur plus que
le gros consommateur. Hydro-Québec aurait pu, comme Hydro-Ontario le
fait souvent, accepter ou ne pas accepter cette recommandation de la
régie. Tandis que, dans notre cas, on a pris la décision de ne
pas approuver les tarifs demandés par HydroQuébec et de lui
demander de nous revenir avec d'autres tarifs. Je suis persuadé que le
système que nous avons au Québec travaille plus en faveur du
consommateur que les systèmes qui existent ailleurs, que cela soit pour
l'électricité - et on va sûrement avoir l'occasion d'y
revenir au commencement de la session la semaine prochaine -que cela soit dans
le prix du pétrole avec le BIIP et la loi qui nous permet d'intervenir
si nécessaire et cela va être avec la nouvelle loi sur la
régie du gaz.
Le Président (M. Théorêt): Merci. M. le
député de Roberval.
M. Gauthier: M. le Président, je trouve
intéressants les propos du ministre. Cela fait deux ans que je lui
réclame de connaître ses orientations et les orientations du
gouvernement dans le domaine énergétique. Il finit par
élaborer sa politique au fur et à mesure qu'il écoute les
intervenants, c'est bien.
C'est rassurant.
M. Ciaccia: C'est pour cela qu'on a une commission parlementaire,
pour écouter.
M. Gauthier: Plus le ministre écoute, M. le
Président, et plus on risque d'avoir quelque chose qui ressemble
à une politique de l'énergie au Québec. Je m'en
réjouis et j'espère qu'il va écouter encore beaucoup,
parce que ce n'est pas très complet. Je voudrais simplement profiter de
l'occasion pour remercier les derniers intervenants qui nous ont
présenté leur point de vue, un point de vue
éclairé. Il y aurait eu énormément de questions
à leur poser. Du fait qu'il s'agisse d'une société
d'État, c'est évidemment une position délicate, mais leur
travail les met au coeur des préoccupations qui sont les nôtres,
qui sont celles de cette commission depuis le début de nos travaux. En
ce sens, M. Pouliot et son équipe, je vous remercie au nom de
l'Opposition. J'en profite également, puisque je crois que la
journée se termine là-dessus, pour remercier de façon
globale tous ceux et celles qui, aujourd'hui, sont intervenus à cette
commission. Nous poursuivrons nos travaux dans le même esprit que nous
l'avons fait aujourd'hui, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Roberval. M. le ministre.
M. Ciaccia: Je veux remercier SOQUIP. Je peux assurer le
député de Roberval: Oui, j'écoute les intervenants, mais
ce n'est pas une opération grandes oreilles. Je les écoute,
j'écoute les suggestions qu'ils nous font. Je veux vous remercier pour
votre présentation et vous pouvez être assurés que nous
allons étudier les suggestions que vous nous faites. Il y en a plusieurs
qui sont très intéressantes. Il y en a qui peuvent avoir des
conséquences assez intéressantes et importantes pour l'industrie
et pour le consommateur. Comme je l'ai dit à d'autres intervenants, nous
espérons que plusieurs de ces recommandations se retrouveront dans la
version finale du projet de loi que nous allons déposer à
l'Assemblée nationale. Merci.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. Messieurs, les membres de la commission vous remercient. J'avise
immédiatement les membres de la commission que les travaux reprennent
exceptionnellement demain matin à 9 heures. Les travaux sont donc
ajournés jusqu'à demain matin, 9 heures.
(Fin de la séance à 22 h 30)