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(Onze heures trente-neuf minutes)
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission de l'économie et du travail entreprend ses travaux
et est réunie afin de poursuivre l'étude des crédits
budgétaires du ministère de l'Énergie et des Ressources,
secteurs de l'énergie, des forêts et des terres, soit les
programmes 5, 6, 7, 8 et 9, pour l'année financière 1987-1988,
tel qu'elle en a reçu l'ordre de l'Assemblée nationale le 1er
avril 1987. Je vous rappelle que la durée totale prévue est de
trois heures et que la durée de la séance de ce matin est d'une
heure trente. Est-ce qu'il y a des remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Non, M. le Président, il n'y a aucun
remplacement.
Le Président (M. Théorêt): Avez-vous des
suggestions à faire, M. le critique de l'Opposition, sur l'organisation
de nos travaux?
M. Gauthier: M. le Président, je n'ai que des questions et
le ministre n'a probablement que des réponses.
Le Président (M. Théorêt): Je vous remercie.
M. le ministre, je vous cède maintenant la parole. Non. Est-ce que vous
avez des commentaires à faire sur l'organisation de nos travaux ou si
vous êtes d'accord là-dessus?
M. Ciaccia: Non, M. le Président.
Secteur des terres
Le Président (M. Théorêt): Je vous remercie.
Je reconnais le député de Roberval et critique de
l'Opposition.
Gestion des terres publiques
M. Gauthier: Merci, M. le Président. Mes questions
porteront sur le programme 7, Gestion des terres, très rapidement. M. le
ministre, lorsque nous avons étudié le projet de loi 102, vous
nous avez remis le document des règlements no 7 que vous avez
préparé. Je vous en remercie, d'ailleurs. Je pense qu'on va avoir
l'occasion d'y travailler en commission parlementaire, tel que vous l'avez
indiqué.
M. le ministre, c'est simplement une vérification que je fais.
À ce moment-là, j'avais soulevé le problème des
chemins forestiers qui servent à la villégiature et à
l'exploitation forestière et je vous avais demandé
d'évaluer la possibilité de mettre dans le règlement un
certain partage des frais d'entretien de la route pour éviter de
pénaliser certains groupes. A la section 3 du règlement no 7, si
je comprends bien, cet article vous permet d'imposer une contribution aux
utilisateurs de chemins forestiers. J'aimerais savoir, M. le ministre,
premièrement, si c'est bien le cas et, deuxièmement, comment vous
procéderez pour déterminer cette contribution.
M. Ciaccia: Est-ce que je pourrais demander au
député de Roberval â quel article de quel document il se
référé?
M. Gauthier: Projet de règlement no 7, document de
travail, version du 26 mars 1987. Je peux même le mettre à la
disposition...
M. Ciaccia: Je ne l'ai pas ici avec moi.
M. Gauthier: Je peux le mettre & votre disposition. J'ai un
bon service de recherche M. le ministre.
M. Ciaccia: Très bon. Peut-être que je vais appeler
à votre service.
M. Gauthier: Si jamais vous manquez de monde dans votre cabinet,
je vous suggérerai quelques noms.
M. Ciaccia: Certainement, merci.
M. Gauthier: Ma question portait sur ce projet - ce n'est pas une
question piège - de règlement. Est-ce que vous avez
déterminé -peut-être que le sous-ministre pourra nous
donner des indications ou nous dire s'il a eu des réflexions à ce
sujet - de quelle manière cela va être fixé? Est-ce que cet
article veut bien dire que vous allez ou que vous pouvez imposer un droit
à des utilisateurs, à des gens qui font de la coupe de bois en
utilisant un chemin de villégiature, d'une part? D'autre part, comment
le ministère entend-il fixer...
M. le Président, je m'excuse. Je m'évertue à
expliquer quelque chose au ministre et cela jase beaucoup, c'est assez
fatigant.
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaît?
M. Ciaccia: Dans le projet de loi, maintenant la loi, le
paragraphe 9, je crois, de l'article 63 qui porte sur les règlements
nous permet d'"établir des normes relatives à la localisation, la
construction, l'entretien et l'utilisation des chemins autres que les chemins
forestiers ou miniers:". Le projet de règlement qui vous a
été communiqué nous permet d'autoriser l'imposition d'une
contribution aux différents usagers pour la construction et l'entretien
d'un chemin, II semblerait qu'on se donne ce pouvoir partagé pour
imposer ces frais. Je remarque que c'est: "autres que les chemins forestiers ou
miniers".
M. Gauthier: Autres que... vous dites?
M. Ciaccia: "Autres que les chemins forestiers ou miniers". Je
pense qu'une grande partie du problème, c'est sur les chemins
forestiers. Alors, peut-être que je peux demander à mon
sous-ministre associé d'expliquer la portée de ce
règlement, parce que je ne vois pas comment, à la lecture de la
loi et du règlement, à moins qu'il n'y ait d'autres dispositions,
on peut intervenir sur les chemins forestiers dans le sens que vous venez de
mentionner.
On avait essayé d'inclure un article dans le projet de loi qui
nous aurait permis d'intervenir. Mais, à la suite de discussions avec
votre collègue, le député de Laviolette, je pense qu'il
semblait que ça devenait trop onéreux, que ça donnait trop
de pouvoirs au gouvernement, que ça pouvait enlever certains droits aux
usagers.
Alors, on l'avait amendé. Je pense qu'on a même
retiré l'article à la suite de représentations,
après discussion de l'article avec votre collègue. Alors,
présentement, il semblerait que notre intervention, dans la loi 102, est
limitée aux chemins autres que les chemins forestiers ou les chemins
miniers. Alors, le problème demeure.
M. Gauthier: Vous m'aviez écouté avec beaucoup
d'attention, M. le ministre. Je me souviens, si ma mémoire est bien
fidèle, que vous m'aviez dit, au moment où on a travaillé
un peu sur cette question, que ce serait au chapitre de la
réglementation qu'il vous serait possible d'intervenir.
En tout cas, je profite, encore une fois, de l'occasion qui m'est
offerte pour vous le rappeler. Il y a des injustices très graves qui
sont créées à l'endroit de propriétaires
privés du Québec qui se voient obligés, M. le ministre, je
vous le rappelle, de payer pour l'entretien de chemins qui sont
littéralement démolis par des entrepreneurs forestiers auxquels
votre ministère, vos directions régionales accordent des permis
de coupe limitée.
Il m'apparaît injustifiable, injustifié, inacceptable que
quinze propriétaires de chemins de villégiature, par exemple,
soient obligés d'investir 2000 $ de leurs poches pour permettre à
un entrepreneur forestier insouciant d'exploiter un morceau de forêt
quelque part dans le coin où se trouvent leurs chalets. Je pense qu'il
faut absolument qu'on trouve une solution, avant qu'il n'y ait de la violence
ou des choses regrettables qui se fassent.
M. Ciaccia: Je suis d'accord avec vous. Dans le projet de loi 102
- je sais que vous étiez occupé à d'autres fonctions; vous
n'avez pas eu l'occasion de le discuter avec nous et d'être le critique
à l'étude article par article - à l'article 63.8, on avait
stipulé que le "gouvernement peut, par voie réglementaire,
établir des règles de calcul de la contribution qui peut
être imposée le cas échéant aux usaqers d'un chemin
visé au paragraphe 6° par celui qui en assume les coûts de
construction ou d'entretien". Le paragraphe 6° parlait de la
localisation.
Alors, ça nous aurait permis de faire ce que vous
suggérez, c'est-à-dire qu'on aurait pu imposer certains frais
à l'utilisateur, que ce soit un utilisateur privé, que ce soit
celui qui a construit le chemin. Mais il y a eu une objection, virulente, de la
part de votre collègue, à accorder ce pouvoir au gouvernement.
Après discussion, on avait décidé de retirer ce
paragraphe.
Ce qu'on pourrait faire, c'est qu'on pourrait les réexaminer avec
vous, parce que les règlements qu'on vous a fait parvenir n'ont pas
encore fait l'objet d'étude entre nous. On s'était engagé
à avoir une séance de travail de deux heures ou plus pour
discuter de ces règlements. Je suis conscient que c'est un
problème. Au moment où on se parle, je n'ai pas de solution
à ce problème. Il semble qu'il y a des suggestions qui viennent
de partout, mais quand une partie fait une suggestion, l'autre la refuse. Il ne
semble pas y avoir de proposition qui serait acceptable et qui pourrait
être mise en vigueur et acceptée par tout le monde. Alors, je suis
conscient du problème et je suis parfaitement prêt à
m'asseoir avec vous pour voir comment on peut rédiger un
règlement qui pourrait nous donner certains pouvoirs pour régler
ou alléger les situations que vous mentionnez.
M. Gauthier: En tout cas, je me prêterai volontiers
à cet exercice, M. le ministre. Il y aura peut-être quelque chose
à faire en ce qui concerne la remise en état parce que, à
ce que je sache, c'est un peu anormal qu'un Parlement puisse adopter des lois
et qu'il ne puisse pas exiger, quand il
concède des faveurs, en quelque sorte, à quelqu'un, au
moins le respect de la propriété d'autrui. On pourra regarder
quelque chose en ce qui a trait à la remise en état.
M. Ciaccia: On peut regarder aussi dans la loi 150 parce qu'il y
a des articles - je ne les ai pas devant moi - qui traitent des chemins
forestiers. Il y a des pouvoirs de réglementation. Alors, cela ne nous
empêcherait pas, dans les règlements, ici, d'inclure un certain
article, même s'il faut amender ou ajouter aux règlements de la
loi 150. Mais je pense qu'entre la loi 150 et la loi 102 le gouvernement a
sûrement l'autorité d'imposer ou de suggérer ou de mettre
en place certaines solutions quant aux, chemins forestiers et quant aux droits
de ceux qui les utilisent. Peut-être qu'on peut le regarder et, s'il faut
ajouter aux règlements de la loi 150, je pense qu'on serait prêt
à le faire.
M. Gauthier: Vous allez me rendre mon projet de règlement,
j'espère. Merci.
M. Ciaccia: On était tellement désireux de se
rendre à vos demandes qu'on n'en a pas gardé une copie.
M. Gauthier: C'est excellent, M. le ministre. Je n'ai pas fait un
reproche, au contraire. Je me réjouis qu'on puisse travailler si
positivement.
Il y aurait une autre question sur le programme 7, M. le ministre.
M. Ciaccia: Oui?
M. Gauthier: On sait qu'on a soulevé, dans le projet de
loi 102, des problèmes qu'on risquait d'avoir avec les MRC. Vous nous
avez dit que vous adopteriez une attitude conciliante, disons, envers les
problèmes qui pourraient surgir entre les demandes ou les
décisions des MRC et celles du ministère. Est-ce que vous pouvez
nous indiquer, jusqu'à présent, combien d'avis
défavorables vous avez émis qui allaient à l'encontre de
certaines affectations qui étaient proposées par les plans
d'aménagement des MRC?
M. Ciaccia: Un instant! Je vais m'informer. Il semble que ce ne
sont pas des avis défavorables aux schémas d'aménagement
qui ont été communiqués par le ministère. Ce sont
plutôt des avis qui ont été communiqués à une
vingtaine de MRC pour qu'elles fassent certains ajustements pour que leur
schéma d'aménagement soit conforme au plan d'affectation.
M. Gauthier: Est-ce que vous avez une quantification de cela?
M. Ciaccia: Une vingtaine. M. Gauthier: Une vingtaine?
M. Ciaccia: Oui. On m'informe que c'est de 20 à 25. On
pourrait, si nécessaire, le quantifier mieux et vous donner le nombre
exact. On m'informe que c'était des avis normaux dans le processus
normal de consultation. Ce n'était pas strictement dû à la
loi 102 parce que la loi 102 vient d'être adoptée, tout
récemment. Alors, même la loi 125 donnait un processus de
consultation et c'est dans le cadre de ce processus de consultation de la loi
125 que ces avis ont été communiqués aux MRC.
M. Gauthier: D'accord. Et au moment où on se parle,
j'imagine qu'on n'a pas eu besoin encore, au ministère, d'utiliser
l'espèce de mécanisme d'imposition de dernier recours?
M. Ciaccia: À ma connaissance, il n'y a pas eu encore de
mécanisme de décret.
M. Gauthier: Là, on est dans les délais de
consultation, j'imagine, et toutes ces affaires-là.
M. Ciaccia: Personnellement, je n'ai présenté aucun
décret tel que les lois le permettent. On est encore dans te processus
de consultation.
Secteur de l'énergie
M. Gauthier: Cela va pour le programme 7, M. le Président.
J'aimerais maintenant, si le ministre y consent, qu'on passe au programme 8,
celui qui traite de la Régie de l'électricité et du
gaz.
Régie de l'électricité et du
gaz
J'aimerais que le ministre nous indique si son ministère a
procédé, au cours de la dernière année, à
une réévaluation complète du rôle de la
régie. Si c'est le cas, quelle conclusion a-t-il été
amené à en tirer?
M. Ciaccia: Oui, M. le Président, nous avons
procédé à une réévaluation de la
régie et de la loi en vertu de laquelle la régie a
été créée et nous voulons procéder à
un réaménagement de la loi. Le but, c'est de mettre à jour
et de rendre conforme à la réalité la constitution et le
fonctionnement de la régie. Comme vous le savez cela s'appelle la
Régie de l'électricité et du qaz, mais
présentement, elle a très peu ou aucun pouvoir de
réglementation dans l'électricité. C'est un point.
L'autre point concerne des pouvoirs de la régie, qui sont
très discrétionnaires. Par exemple, ils permettraient à la
régie de
rendre une décision qui n'est même pas basée sur la
preuve qui a été faîte durant les auditions. Nous voudrions
baliser les pouvoirs de la régie pour que ses décisions puissent
être restreintes à la preuve qui est faite devant elle par les
différentes parties.
Il y a la question aussi, par exemple, des délais. Dans certains
cas, on s'est plaint que les décisions venaient très tard et
qu'elles étaient rétroactives. Cela cause des problèmes
à ceux qui sont assujettis à ces décisions. S'il y a des
comptes additionnels à payer, cela peut être des centaines de
milliers de dollars ou même plusieurs millions de dollars dans certains
cas. Alors le fait d'attendre huit ou neuf mois et de rendre la décision
rétroactive peut causer certains problèmes à ceux qui sont
appelés à payer les comptes. (12 heures)
C'est un réaménagement de la loi. Nous avons l'intention -
je dis bien "l'intention", ce n'est pas un engagement ferme que je vous donne,
M. le député de Roberval - de déposer, si je peux
traverser toutes les étapes, le Comité de législation,
etc. - il y a certaines étapes qui ont déjà
été traversées, il en reste une et je crois que c'est le
Comité de législation - un avant-projet de loi avant la fin de la
session. Cela va permettre à tous ceux qui seront affectés par le
projet de loi d'en prendre connaissance. Nous avons l'intention de convoquer
une commission parlementaire afin que tous les intervenants et ceux qui sont
affectés par les changements à la régie puissent venir
faire leurs représentations. Cette commission parlementaire pour tenir
des consultations particulières est prévue pour l'automne. C'est
un résumé de la situation du projet de loi et de nos intentions
en ce qui concerne la régie.
M. Gauthier: Si je comprends bien, M. le ministre, puisque vous
avez procédé à une évaluation en vue d'une
restructuration de la régie, d'une redéfinition de son
rôle...
M. Ciaccia: Oui.
M. Gauthier: ...d'un meilleur encadrement, je dois donc penser
que vous ne vous rendrez pas à la recommandation du rapport Gobeil, qui
demandait de la faire disparaître et de transférer son rôle
à la Régie des services publics.
M. Ciaccia: Cela, c'est un autre problème. Je ne veux pas
vous induire en erreur. On va commencer par le réaménagement et
la restructuration de la régie sur le fond de la loi, sur ce qui affecte
la régie et son rôle. Maintenant, cela ne veut pas dire
qu'éventuellement la régie ne pourrait pas être
fusionnée avec la Régie des services publics. Ce serait quelque
chose de technique, cela n'enlèverait pas le rôle que les
régisseurs peuvent avoir. Cela serait juste une question de
réaménagement, de mettre cela sous un parapluie: une Régie
des services publics qui pourrait inclure la Régie de
l'électricité et du gaz. C'est pour cela qu'on procède au
réaménagement et au changement de la loi. Ensuite, si c'est
nécessaire et si on décide que c'est plus avantageux pour
l'administration et pour les dépenses gouvernementales, cela
n'empêchera pas que la Régie de l'électricié et du
gaz puisse être fusionnée avec la Régie des services
publics.
M. Gauthier: M. le ministre, on remarque qu'il y a une
augmentation que je qualifierais d'appréciable du niveau
d'activité de la régie prévue pour l'année
1987-1988. Pouvez-vous m'expliquer à quoi cela est dû? Est-ce que
c'est parce qu'à la régie on démontre plus de dynamisme ou
si c'est parce qu'il y a plus de plaintes? Qu'est-ce qui se passe tout à
coup à la régie pour qu'on note une augmentation aussi
substantielle du niveau d'activité?
M. Ciaccia: Où voyez-vous cela?
M. Gauthier: Dans le cahier, à la page 5, programme 8,
Régie de l'électricité et du gaz, je vois qu'il y a des
chiffres un peu surprenants. Il me paraît y avoir une augmentation
très très substantielle.
M. Ciaccia: Ce sont des prévisions que la régie
nous a fournies pour établir nos budgets et pour établir les
travaux, le rôle de la régie. On lui a demandé de nous
fournir des prévisions pour l'année 1987-1988 et c'est elle qui
nous a fourni ces chiffres en ce qui concerne les requêtes reçues,
les audiences publiques, les plaintes et tout le reste. Alors, il se peut que
les prévisions se révèlent exactes - on va savoir cela
à la fin de l'année - mais ce sont des prévisions de la
régie elle-même.
M. Gauthier: Si je comprends bien, les chiffres indiqués
seraient des prévisions de jours-personnes dans bien des cas. Par
exemple, prenons les chiffres...
M. Ciaccia: Oui.
M. Gauthier: ...dans l'ensemble: "Requêtes reçues:
35." C'est une prévision, la régie prévoit qu'il va y
avoir un peu plus de requêtes.
M. Ciaccia: Oui, six de plus.
M. Gauthier: Bon. D'accord. "Ordonnances rendues", on
prévoit en rendre 50. Cela veut dire que ce n'est pas
nécessairement lié aux requêtes, si je
comprends bien, les ordonnances. M. Ciaccia: Exactement.
M. Gauthier: Où prend-on le mandat avant de rendre une
ordonnance? C'est à la demande de qui? J'imagine que...
M. Ciaccia: La régie peut agir d'elle-même. Elle
peut d'elle-même rendre une ordonnance.
M. Gauthier: D'accord. "Audiences publiques", 60 par rapport
à 49. Encore là, il s'agit d'une estimation. "Enquêtes chez
les distributeurs", à l'élément suivant, on
prévoit,- à la régie, consacrer 250 jours-personnes pour
faire des enquêtes. C'est cela? C'est comme cela qu'il faut comprendre
les chiffres?
M. Ciaccia: Oui, c'est cela qu'on prévoit.
M. Gauthier: "Études de dossiers", en jours-personnes, on
prévoit 650 jours-personnes par rapport à 598, qui était
le chiffre réel.
M. Ciaccia: Oui.
M. Gauthier: C'est la même chose. M. le ministre,
étant donné qu'on prévoit une augmentation substantielle
des tâches à accomplir à la régie, cela ne vous
étonne-t-il pas que le nombre d'employés ne varie pas? Est-ce que
les gens de la régie vont être appelés à travailler
plus fort cette année ou s'ils ne travaillaient pas assez fort
l'année passée? Comment peut-on prévoir? Vous voyez,
à "informatique", 300 jours-personnes par rapport à 183. Je ne
sais pas qui s'occupe de ce genre de dossiers, mais, s'ils ne travaillaient pas
l'année passée, ils vont travailler l'année prochaine,
hein?
M. Ciaccia: Je ne veux pas passer de jugement, à savoir
s'ils ne travaillaient pas assez fort, s'ils devraient travailler plus fort ou
s'ils vont travailler plus fort.
M. Gauthier: Ma question n'est pas tellement dans ce
sens-là, M. le ministre.
M. Ciaccia: Non, je sais. Je comprends.
M. Gauthier: Vous comprenez ce que je veux dire. Comment peut-on
prévoir une hausse aussi substantielle des activités et ne pas
prévoir de hausse de personnel? C'est ce que j'essaie de comprendre.
M. Ciaccia: Je vais essayer d'être aussi diplomate que
possible. Ce sont des prévisions que la régie elle-même
nous a fournies. Ces prévisions sont basées sur l'ancienne loi.
Je suis certain que la régie est au courant, comme tous les intervenants
du milieu le sont, que nous sommes en train de modifier la loi. Je ne suis pas
prêt à dire que ses prévisions seront les mêmes en
vertu de la nouvelle loi, mais peut-être que la régie veut nous
faire part de ses préoccupations, de ses intérêts dans tous
ces travaux. Elle nous a fourni ces chiffres-là.
M. Gauthier: Pas de problème. Je n'ai plus de questions
sur ce programme-là,
M. Ciaccia: Elle ne nous l'a pas demandé, mais elle pense
qu'elle peut, avec le même budget, accomplir ces travaux. Pour le moment,
c'est problématique.
M. Gauthier: M. le ministre, je veux bien qu'on se comprenne. Ce
n'était pas une critique à l'endroit de la régie.
C'était simplement un étonnement. Je manifeste un peu
d'étonnement à voir la prévision d'une hausse des
activités et le même nombre d'employés. Je les salue et je
suis fort heureux de voir qu'ils vont peut-être réorqaniser
différemment leur fonctionnement, mais cela m'étonnait que vous
ne lui accordiez - en définitive, c'est vous, le "boss" du
ministère - que le même nombre d'employés, un budget
majoré de 4,5 %, c'est-à-dire les indexations de salaires
probablement, pour un niveau d'activités prévues et que vous
avez. Là, vous me dites, si j'ai bien compris votre réponse, que
ce sont des prévisions en fonction de la loi actuelle, mais qu'une fois
que vous aurez modifié la loi cela risque de ne plus être
cela.
M. Ciaccia: Oui, c'est une des réponses. C'est un des
éléments. De plus, la régie ne nous a pas demandé
de ressources budgétaires additionnelles, ni de ressources humaines
additionnelles. Quand je vois qu'une régie veut faire plus de travail,
tenir plus d'audiences, s'impliquer davantage et ne demande pas plus de budget,
je me réjouis de cela. Je dis: Bon, finalement, les gens comprennent
qu'on peut, avec les mêmes budqets, accomplir plus de travail et je les
félicite d'avoir adopté cette attitude.
M. Gauthier: Moi aussi.
M. Ciaccia: Ce n'est pas la question qu'on le leur ait
refusé. Ils ne nous ont pas demandé plus d'argent pour faire ces
travaux et, puis, on leur a dit non. Ils ne nous ont pas demandé de
ressources additionnelles. Je suis très heureux de voir qu'ils sont
prêts à accomplir ces tâches additionnelles avec le
même personnel et le même budget, plus ou moins.
M. Gauthier: Cela va. Je n'ai plus de
questions sur ce programme-là.
M. Ciaccia: C'est possible aussi, M. le député,
qu'ils soient plus motivés depuis le 5 décembre 1985.
Des voix: Ha! Ha!
M. Gauthier: Vous ouvrez là un front de discorde
important. Si ces paroles-là venaient des gens de la régie, je
serais tenté de les croire, non pas que je ne croie pas le ministre,
mais on connaît sa propension à essayer de se justifier et de se
trouver bon. C'est normal, il fait de la politique et il n'a pas de gros
succès dans ses dossiers de ces temps-ci. Je comprends donc qu'il ait
cette faiblesse et je respecte ce qu'il vient de me dire, mais je suis en
profond désaccord. Si les gens de la régie pouvaient parler,
peut-être qu'ils seraient aussi en profond désaccord.
M. Ciaccia: La régie a parlé par ses chiffres plus
éloquemment que par des paroles.
M. Gauthier: C'est parfait, M. le ministre. Je comprends
ça comme une invitation l'an prochain à regarder cela
attentivement. D'ailleurs, quand vous présenterez le projet de loi sur
la Régie de l'électricité et du gaz, vous aurez besoin,
bien sûr, qu'on consente parce que je comprends que ce sera à la
toute fin que vous le présenterez, si jamais vous le faites à ce
moment-ci.
M. Ciaccia: Ce sera un avant-projet pour nous permettre de faire
les changements et de le distribuer à tous les intervenants pour avoir
leurs commentaires.
M. Gauthier: On s'intéressera de très près
à la régie.
M. Ciaccia: J'en suis certain. Je l'espère.
M. Gauthier: ...et on vérifiera son degré de
contentement à ce moment-là.
M. le Président, si vous le permettez, on pourrait
déjà passer au programme 9.
Le Président (M. Théorêt): Qu'on appelle le
programme 9.
Études, recherches et interventions concernant
l'énergie
M. Gauthier: M. le Président, je suis prêt, si le
ministre est disposé à ce qu'on regarde ensemble les dossiers qui
concernent le programme 9.
M. Ciaccia: Certainement.
Le projet Soligaz
M. Gauthier: On abordera un dossier, sur lequel on a, j'oserais
dire, croisé le fer hier à l'Assemblée nationale, qui me
préoccupe beaucoup et qui préoccupe probablement beaucoup le
ministre aussi, je pense bien. Il s'agit du dossier Soligaz. J'aimerais savoir
du ministre s'il en a obtenu, d'abord, et, si oui, quel genre de garanties ou
quel genre d'appui il a obtenus de son homologue fédéral,
concernant le projet du pipeline.
M. Ciaccia: Voici! Vous vous en souviendrez, on aannoncé le projet Soligaz l'année dernière au moment
où on a obtenu la participation du secteur privé qui était
prêt à s'associer à SOQUIP et à d'autres
intervenants au Québec pour construire le projet Soligaz. Avec les
consultants choisis par PIL, ils ont préparé un rapport qui
démontrait que la conversion était techniquement faisable. Il y
avait deux étapes: l'étape des auditions qui ont eu lieu au mois
de février pour la question de la tarification et, deuxièmement,
après la décision de l'ONE sur la tarification, on devait
procéder à l'étape de la demande de conversion, l'aspect
technique. C'est ce qui s'est produit jusqu'à ce qu'on ait le
problème avec PIL. À la dernière minute, comme vous le
savez - je vais faire un bref résumé des faits - ils ont
déposé un document d'une page disant qu'ils s'opposaient au
projet, qu'ils ne voulaient plus le faire et que ce n'était pas
sécuritaire.
À ce moment-là, l'ONE avait deux choix. Il pouvait ne pas
rendre de décision sur la tarification - ce qui aurait plu à PIL
parce qu'il n'en veut pas de projet maintenant; il a chanqé
d'idée à la suite de décisions et peut-être
même de pressions qu'il a subies - ou bien l'ONE pouvait décider
de rendre, quand même, la décision sur la tarification,
malgré l'obstruction et l'opposition du transporteur PIL.
Quand nous avons appris que PIL avait fait ces représentations
que nous avons qualifiées d'irrégulières - après
avoir rencontré PIL, j'en suis venu à la conclusion qu'ils
n'étaient pas de bonne foi - on a fait des représentations
à deux niveaux. SOQUIP, qui était un des intervenants aux
auditions et avait le droit de faire une intervention à l'ONE, l'a
faite. Et moi, j'ai communiqué avec le ministre fédéral de
l'Énergie. (12 h 15)
Maintenant, il faut comprendre la situation de l'ONE. C'est presque la
même situation qu'une régie comme la Régie de
l'électricité et du qaz. Si, durant les auditions, je me
prononçais comme ministre, je pense que ce serait irrégulier de
ma part. De la même façon, le ministre fédéral ne
peut pas, lui, pendant qu'il y a des auditions
et que l'ONE doit prendre des décisions, se prononcer
publiquement. Mais le fait que le ministre n'ait pas donné son appui
public à Soligaz ne veut pas dire que le ministre n'est pas conscient
des problèmes et qu'il ne reconnaît pas l'importance de
Soligaz.
La preuve que nos représentations ont porté fruit est le
fait que l'ONE a décidé d'émettre un communiqué.
Cela est très irrégulier, même de sa part. Ce n'est pas
usuel. Je ne dirai pas que c'est irrégulier, mais ce n'est pas dans la
suite normale des auditions. Cela a été causé par une
irrégularité de PIL. L'ONE a émis un communiqué.
Dans leur communiqué, ils ont dit: Oui, nous allons rendre une
décision sur la tarification. Je crois qu'ils vont rendre leur
décision au mois de juillet. Alors, nous croyons que, jusqu'à
maintenant, nous avons gagné un point très important.
Il s'agit maintenant d'aller à la deuxième étape et
d'aller aux auditions sur la conversion de la ligne. Je crois que,
d'après mes discussions avec le ministre fédéral, celui-ci
est très conscient des besoins du Québec, de l'importance de
Soligaz, de l'importance de transporter les liquides de gaz naturel à
des prix compétitifs. Nous avons un engagement du gouvernement
fédéral qui reconnaît que la sécurité
d'approvisionnement en hydrocarbures, à des prix compétitifs, est
essentielle pour l'industrie pétrochimique au Québec. Il
reconnaît cette importance, il appuie ce principe de la
sécurité d'approvisionnement en hydrocarbures et il continue en
disant que les hydrocarbures incluent les liquides de gaz naturel.
En ce qui nous concerne, je crois que, pour le moment, nous avons
gagné une première bataille qu'on n'aurait pas dû avoir,
parce qu'au mois de février PIL nous appuyait. Ils n'auraient pas
dû retirer leur appui. Mais, face à cela, je pense qu'on a
gagné la première bataille. Il s'agit maintenant de passer
à la deuxième étape.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Roberval, me permettriez-vous une question au ministre
là-dessus?
M. Gauthier: J'en ai encore une ou deux, à moins
que...
Le Président (M. Théorêt): Non, non.
C'était juste pour savoir. Elle est très courte.
M. Gauthier: C'est juste une information? Bien, allez-y, à
ce moment-là.
Le Président (M. Théorêt): C'est pour mon
information personnelle et peut-être pour celle des autres membres de la
commission aussi. M. le ministre, est-ce que l'ONE a le pouvoir de bloquer un
tel projet?
M. Ciaccia: Bien, si l'ONE avait refusé de rendre la
décision sur la tarification, à ce moment-là, cela aurait
effectivement causé de gros problèmes et temporairement, je dis
que cela aurait mis fin au projet.
Le Président (M. Théorêt): Ah!
M. Ciaccia: Cela aurait voulu dire qu'il aurait fallu qu'on
demande l'intervention du gouvernement fédéral.
Je voudrais juste aussi porter à l'attention du
député de Roberval et du président que le ministre
fédéral, dans sa conférence chez Shell, dans l'est de
Montréal, "a, toutefois, rappelé que le gouvernement Mulroney
était et est toujours commis à la survie de la pétrochimie
au Québec." Je pense qu'ils ont pris des engagements. Il s'agit
maintenant qu'on passe par les étapes, les organismes et les
procédures qui sont usuels dans ce genre de développement.
Le Président (M. Théorêt): Merci. M. le
député de Roberval.
M. Gauthier: Le ministre persiste à parler de
l'impossibilité d'intervention du ministre fédéral
auprès de l'ONE. Je suis bien d'accord avec lui, mais ce n'est pas cela
que je lui ai demandé et ce n'est pas cela que je lui demande. II y a un
problème quelque part et il n'est pas à l'ONE, à mon avis,
dans ce dossier. On a, d'une part, un intervenant transporteur qui s'appelle
PIL qui, d'ailleurs, appartient en quelque sorte à deux compagnies
pétrolières par une filiale, si mes renseignements sont exacts.
De fait, il présente une requête à l'ONE pour rendre
utilisable le pipeline. À un moment donné, il se fait, pour des
raisons économiques reliées de très près au
complexe de Sarnia et intéressant les compagnies
pétrolières impliquées elles-mêmes dans PIL, un
"lobby" extrêmement négatif de la part de compagnies
pétrolières qui convainquent PIL d'aller dire à l'ONE:
Non, non, tu sais, notre pipeline, il nous semble que cela n'a plus d'allure.
On ne veut plus le transformer et on attend une décision de l'ONE.
Je comprends le ministre de dire que M. Masse n'a pas à dire
à l'ONE: Vous allez décider cela comme cela. Je comprends cela
très bien. Mais là où je comprends moins, c'est
qu'à mon avis le problème est auprès des compagnies
pétrolières qui ont commencé à faire des pressions
indues auprès de PIL, qui ont le contrôle de toute façon,
à toutes fins utiles, et qui décident, pour ne pas se placer en
situation difficile sur le plan de la concurrence, de faire un jeu de coulisses
qui est, à mon avis, extrêmement négatif.
Or, les compaqnies pétrolières, je sais que le ministre
leur parle de temps en temps. Parfois, ça diminue leurs ardeurs;
d'autres fois, cela a moins de succès. J'apprécie, au
moins, que le ministre leur parle. Il me semble, M. le ministre, si M. Masse
est préoccupé par la pétrochimie à Montréal
- et je veux bien le croire - autant que vous l'êtes, que deux ministres,
le ministre fédéral de l'Énergie et le ministre de
l'Énergie et des Ressources du Québec, peuvent s'asseoir avec
Esso et Gulf et leur expliquer que c'est bien de valeur, mais qu'ils
n'apprécient pas la façon dont ces gens travaillent actuellement
en défaveur de la pétrochimie à Montréal et qu'ils
ne laisseront pas la pétrochimie à Montréal dans une
mauvaise position.
Il m'apparaît que ce serait là une intervention très
efficace et qui aurait de très fortes chances de nous faire
réussir notre dossier. C'est dans ce sens que je demande au ministre
depuis deux jours pourquoi lui et M. Masse ensemble... Si les
pétrolières se laissent impressionner par le ministre de
l'Énergie et des Ressources du Québec de temps en temps,
j'imagine qu'elles vont être d'autant plus impressionnées si vous
êtes deux à exiger des choses. Ça, je pense que M. Masse
peut le faire. Cela n'a rien à voir avec l'ONE. C'est ça, le sens
de mes questions.
M. Ciaccia: Je comprends le sens de votre question. Je comprends
l'apport additionnel que vous voulez donner à ce dossier parce que je
suis certain que vous êtes aussi intéressé que nous
à ce qu'il se concrétise. Premièrement, je les ai
rencontrés, les dirigeants de PIL. Ils sont venus d'Alberta, de Calgary,
à mon bureau à Québec. La raison pour laquelle ils sont
venus, c'est parce que j'avais déjà rencontré le
président d'Esso. Ne nous le cachons pas, il y a seulement une autre
grosse et grande compagnie pétrolière, c'est Esso. Je l'ai
rencontré à Dorval. Dès que cela est arrivé, vous
pouvez rire comme vous voulez du téléphone, mais j'ai pris le
téléphone et j'ai dit: Vous, je veux vous voir parce que
ça n'a pas de bon sens, ce qui se passe ici.
Immédiatement - je revenais d'un voyage à Val-d'Or - on
s'est rencontrés à Dorval. Je lui ai dit exactement ce que vous
venez de dire. J'ai dit: Ça n'a pas de bon sens que vous fassiez des
pressions parce que je suis convaincu que ce sont des pressions que vous
faites, le changement d'opinion, le changement de tactiques. Lui, il m'a
assuré que naturellement il n'en faisait pas. Il a dit: Je ne comprends
pas. Nous autres, on est de bonne foi. On n'est pas contre ce projet. Il a dit:
Je vais demander au président de PIL M. Askin et à ses
associés de venir vous voir. Ils sont venus à Québec et on
a fait cette représentation exactement comme vous le dites.
Maintenant, en plus de cela, j'ai même contacté des gens
à Montréal, qui sont dans le milieu et qui connaissent non
seulement le président, mais également les actionnaires de PIL.
J'ai dit: Écoutez, vous les connaissez, vous êtes au
Québec, cela n'a pas de bon sens, ce qu'ils vous font. Ah! a-t-il dit,
je vais te faire appeler par le président du conseil. Effectivement, les
représentants des actionnaires, les Reichman, je leur ai parlé.
Je n'ai pas parlé seulement aux dirigeants de PIL, mais aux
représentants des actionnaires. J'ai vu que, pour le moment, je n'avais
pas plus de réponses positives que je n'en avais eu du président.
Alors, les représentations que vous me suggérez de faire, je les
ai faites.
Maintenant, en ce qui concerne le ministre fédéral,
publiquement, il ne peut pas faire ce que vous dites parce que cela pourrait
être interprété comme un outrage au tribunal. C'est la
même chose que s'il y avait une cause devant un juge et que le ministre
de la Justice allait s'asseoir avec le juge ou faisait une intervention.
Même, selon nos règlements, à l'Assemblée nationale,
s'il y a une cause devant les tribunaux, il faut faire très attention
à ce qu'on dit. C'est presque cette situation.
Alors, publiquement, je peux comprendre que le ministre
fédéral de l'Énergie ne peut pas faire ce que vous
suggérez, c'est-à-dire s'asseoir avec moi et aller rencontrer les
pétrolières et les dirigeants de PIL. Mais ce qu'il fait
privément, je ne le sais pas. J'espère qu'en privé il peut
faire des choses dont je ne suis pas au courant. Mais il y a une chose que je
peux dire, c'est que le fait que l'ONE -c'est vrai qu'il rend seulement des
décisions, ce n'est pas lui qui fait des pressions - ait
décidé de rendre cette décision, je pense que c'est
très significatif. Cela n'empêche pas les autres mesures. Vous en
avez suggéré d'autres et vous savez que, dans une période
de questions où on a quasiment le chronomètre, on ne peut pas
tout dire, on n'a pas le temps de parler de tous les gestes qu'on pose.
Mais j'ai rencontré le représentant du bureau du commerce
à Montréal, le président de la Chambre de commerce de
Montréal. Je vais rencontrer le Conseil du patronat. J'ai l'intention de
monter cette stratégie que j'ai déjà commencée pour
sensibiliser le milieu des affaires au Québec - ils sont naturellement
très réceptifs et ils m'ont assuré de leur appui - pour
avoir un front commun pour laisser savoir au fédéral et à
nos amis qui contrôlent le PIL qu'il n'appartient pas à un
transporteur public de décider de l'avenir de la pétrochimie au
Québec et que nous avons tous les droits, quand on a un projet rentable,
d'avoir le produit pour le mettre en oeuvre.
M. Gauthier: Je remercie le ministre et je lui dirai que, bien
modestement, j'ai joint
mes efforts aux siens. Lors d'une rencontre avec les chambres de
commerce du Québec, je leur ai indiqué mon étonnement
devant leur silence face au dossier énergétique dans son ensemble
et particulièrement sur ce dossier.
M. Ciaccia: Je vous remercie et je pense que cela va changer
parce qu'ils vont venir publiquement...
M. Gauthier: J'ai l'impression, oui. M. Ciaccia: ...et ils
vont l'appuyer.
M. Gauthier: Je pense qu'ils ont réalisé qu'il y
avait quelque chose là à quoi ils devaient
s'intéresser.
Le complexe Gulf
Une question qui me préoccupe un peu, M. le ministre. J'aimerais
que vous fassiez le point en nous disant où en sont rendues vos
démarches. On se souviendra que, quand la raffinerie Gulf a
fermé, le ministre a fait certaines démarches pour rouvrir - et
avec succès - des sections, des parties en quelque . sorte du complexe,
mais il n'y a pas eu depuis ce moment, sauf erreur, beaucoup de
développements. Le ministre m'avait indiqué son
intérêt à travailler à la réouverture
complète du complexe, surtout que, dans le décor, à un
moment donné, il y a eu une possibilité d'ouverture de raffinerie
- je pense que le dossier est encore très actif -à
Come-by-Chance, à Terre-Neuve. J'ai alors posé des questions au
ministre à l'Assemblée nationale. J'aimerais lui permettre de
faire le point sur le complexe Gulf et sur l'état de ses
démarches. Si le dossier sur ce complexe est encore actif quelles sont
ses dernières démarches; sinon, quelles seront les prochaines et
y en a-t-il encore à venir? (12 h 30)
M. Ciaccia: Le dossier de la raffinerie de l'est de
Montréal, nous y avons travaillé depuis le début, parce
que cela nous est arrivé juste après que j'ai été
nommé. On a fait des efforts pour trouver des sociétés et
des groupes qui pourraient avoir un intérêt à rouvrir une
des raffineries dans l'est de Montréal, préférablement
celle de Gulf. Vous allez vous souvenir de mon intervention,
l'été dernier, quand la compagnie Gulf a commencé à
détruire certaines installations. Notre intervention a mis fin à
cette destruction, parce que nous ne voulions pas détruire pour toujours
un actif qui pourrait être utile dans l'avenir. Personne ne pouvait
connaître l'avenir et nous ne voulions pas être mis dans la
position où cette raffinerie ne puisse pas être rouverte. Nous
avons réussi et ils ont cessé leurs travaux de
démantèlement, pour ne pas employer le mot destruction.
Nous avons eu plusieurs rencontres avec un groupe de plusieurs
associés. Au moment où on se parle, même si le dossier
n'est pas actif, j'ai toujours bon espoir qu'on va pouvoir faire quelque chose
et il n'y a rien qui me plairait plus. Je ne peux pas dire plus que ce que je
vous dis maintenant. Nous n'avons pas perdu espoir. L'affaire de Come-by-Chance
a seulement confirmé la position que nous avions prise, c'est qu'il y a
une place pour une autre raffinerie, quoiqu'ils nous disent que Come-by-Chance,
c'est parce qu'ils ont un réseau aux États-Unis et qu'ils vont
desservir ce réseau en particulier. C'est une compagnie qui
achète la raffinerie pour desservir son propre réseau. Le fait
demeure que nous étions des exportateurs nets de produits
pétroliers au Québec. Nous exportions en dehors du Québec,
quand je dis en dehors du Québec, c'est dans l'Outaouais. Nous ne le
faisons plus. L'Outaouais maintenant est desservi par Toronto. Nous continuons
nos efforts. Il y a des membres de mon personnel qui travaillent encore
à essayer de faire redémarrer cela, mais au moment où on
se parle je n'ai pas plus de nouveau que cela.
M. Gauthier: Ce que je retiens, c'est qu'il y a encore un groupe
actif qui étudie une possibilité. Est-ce cela?
M. Ciaccia: Il y avait un groupe qui était actif et qui
étudiait la possibilité. Maintenant, où cela se
trouve-t-il présentement? Je ne veux pas donner de faux espoirs à
quiconque. C'est plutôt tranquille.
M. Gauthier: D'accord. Est-ce que votre ministère est
toujours actif?
M. Ciaccia: Nous sommes actifs et nous sommes activement à
la recherche pour trouver...
M. Gauthier: Vous faites des démarches
régulièrement avec cela.
M. Ciaccia: Oui, on fait des démarches pour susciter un
intérêt.
M. Gauthier: D'accord.
M. Ciaccia: Quand je suis allé en voyage en Europe, en
Italie, l'année dernière, j'ai même essayé
d'intéresser l'ENI pour voir si eux étaient
intéressés à rouvrir une raffinerie. Ils ne sont pas
intéressés par cela, mais ils sont intéressés par
d'autres projets. Il y a un groupe à mon ministère qui s'occupe
activement de voir si l'on peut susciter un intérêt.
M. Gauthier: D'accord. J'avais l'impression qu'on allait
jusqu'à 13 h 30. Je vais faire un effort de concision dans mes
questions et vous allez faire un effort par rapport aux réponses,
j'en suis sûr.
M. Ciaccia: Je vais faire un effort.
Le prix de l'essence
M. Gauthier: Je suis obligé de passer par-dessus un paquet
de choses. En ce qui a trait au prix de l'essence, c'est un dossier qui me
tient à coeur pour un certain nombre de raisons dont, entre autres, ma
responsabilité de critique à l'Énergie. C'est un dossier
sur lequel je n'ai pas pu admirer votre performance, M. le ministre, même
si je sais que vous n'avez pas été totalement inactif dans ce
dossier, au contraire.
On sait que le problème est énorme avec les
pétrolières. On sait qu'il s'agit d'un libre marché, on
comprend tout cela. On sait aussi comment l'ancien gouvernement, la
première fois où c'est arrivé, s'était fait
littéralement siphonner près de 400 000 $ qui devaient aller aux
consommateurs, et c'est pour cela que je vous avais mis en garde lorsque vous
avez adopté une mesure de réduction de la taxe dans les
régions périphériques.
Le problème reste quand même entier. Je ne voudrais pas
qu'aujourd'hui vous me disiez: II y a eu 20 000 000 $ qui ont été
usurpés et 30 000 000 $ qui sont allés dans les poches des
contribuables; ce n'est pas cela que je veux savoir. Je veux savoir si vous
étiez sérieux et si vous envisagez toujours la possibilité
d'intervenir dans le domaine du marché des produits pétroliers
par la constitution d'une régie ou en confiant ce travail à
certaines régies qui existent et qui pourraient se voir confier un
nouveau rôle dans les prochaines semaines.
M. Ciaccia: J'essaierai d'être bref et d'en venir au point.
Vous semblez dire qu'on n'a pas été efficace et qu'on n'a pas
réussi dans ce dossier, mais, de toute façon, on ne portera pas
de jugement là-dessus pour le moment. Avons-nous l'intention
d'intervenir? Oui, nous avons l'intention d'intervenir. Quelle sera la
méthode, le mode de notre intervention? Cela reste à
déterminer. Nous examinons plusieurs alternatives, pas seulement une. Ce
n'est pas seulement moi qui ai l'intention et la ferme volonté
d'intervenir et de faire respecter la baisse de la taxe, parce que nous croyons
que, si on a baissé la taxe, ce n'était pas pour augmenter les
profits des pétrolières, mais c'était pour en faire
bénéficier le consommateur. Le premier ministre lui-même,
à Rimouski, selon Le Soleil du 1er juin, a affirmé qu'il
avait la même préoccupation. II a dit: "C'est intolérable
que les multinationales profitent des baisses d'impôt
décrétées par le gouvernement. J'ai demandé au
ministre de l'Énergie de prendre toutes les mesures pour empêcher
les multinationales d'empocher le sacrifice fiscal du gouvernement." Et, il les
a averties: "Si les multinationales ne corrigent pas d'elles-mêmes cette
situation, le gouvernement n'aura d'autre choix que de les forcer." Un des
moyens, c'est de créer une régie. C'est une alternative, ce n'est
pas nécessairement le seule, mais je peux vous dire qu'au moment
où on se parle il y a des réunions intensives avec les
pétrolières. Elles savent qu'on ne reculera pas. II faudra
trouver le moyen de faire respecter les décisions du gouvernement et on
a la volonté de le faire.
M. Gauthier: Est-ce que je peux vous demander, M. le ministre, si
vous avez fixé à vos fonctionnaires un délai pour
intervenir? Je comprends bien qu'on fait des réunions, mais...
M. Ciaccia: Ils ont même passé l'avant-midi avec
certaines pétrolières. Fixer un délai? C'est difficile de
donner une journée ou une heure précise parce qu'on veut leur
donner toute la chance possible de trouver la meilleure solution, mais il
faudra... Il ne reste pas grand temps d'ici la fin de la session.
M. Gauthier: Est-ce que le ministre compte agir avant la fin de
la session?
M. Ciaccia: Bien...
M. Gauthier: Vous le souhaitez. C'est votre épine au pied,
de toute façon.
M. Ciaccia: Je souhaite certainement pouvoir agir parce que, si
je ne peux pas agir avant la fin de la session, j'aurai des problèmes en
juillet et en août.
M. Gauthier: Brièvement, est-ce que l'hypothèse de
remettre la taxe en régions, pour distribuer l'argent autrement, je
suppose...
M. Ciaccia: De réimposer la taxe?
M. Gauthier: Oui, réimposer la taxe, est-ce une
hypothèse encore à l'étude?
M. Ciaccia: Ce n'est pas une de mes solutions favorites de
réimposer une taxe et de faire payer plus aux consommateurs parce que
les pétrolières n'ont pas voulu respecter la loi.
Personnellement, je pense qu'avant de faire cela il faudrait faire autre chose.
Je ne dis pas qu'éventuellement cela ne pourrait pas être une
solution de dire: Écoutez, si on peut arriver à un certain
prix... Il faut examiner cette hypothèse, mais ce n'est pas une des
alternatives...
M. Gauthier: ...qu'on privilégie.
M. Ciaccia: ...que j'examine maintenant.
M. Gauthier: M. le ministre, il restera toujours un grand
mystère dans le domaine de l'énergie, c'est celui des
différences de prix appliqués par les pétrolières
au Québec et ailleurs chez nos voisins. J'ai déjà vu un
peu comment cela marchait dans le domaine économique. On a beau
m'expliquer que cela coûte plus cher de distribuer l'essence au
Québec, j'ai beau regarder l'étendue du territoire,
l'organisation du réseau, le système de marché, je
m'explique difficilement que cela coûte tellement plus cher au
Québec de vendre des produits pétroliers pour les compagnies
pétrolières. Je suis plus enclin à penser que ces
dernières subventionnent en quelque sorte les marchés d'autres
régions du Canada, en particulier celui de l'Ontario.
Est-ce que votre ministère travaille toujours là-dessus?
Est-ce qu'à un de ces moments il n'y aura pas lieu de regarder la
situation en commission parlementaire ou par un autre mécanisme, je ne
sais pas trop encore, et de demander aux pétrolières de nous
expliquer cette affaire? On est comme pris avec un problème d'entente,
de cartel du pétrole. Quelques grandes compagnies déterminent que
le marché québécois coûte plus cher, elles haussent
les prix du pétrole la même journée ou à trois
heures d'avis. Il faudra peut-être regarder, un jour, la
possibilité d'être intervenant dans le marché si on croit
que cela doit se régler par le marché.
D'abord, est-ce que votre ministère est très actif autour
de cette question? Est-ce que cette question vous préoccupe?
Troisièmement, est-ce que vous ne songez pas, à un moment
donné, à permettre aux élus de regarder cela de
très près? Cela a toujours été mystérieux,
mais j'aimerais cela que les mystères s'éclaircissent.
M. Ciaccia: Oui, cette situation me préoccupe. Les
chiffres que nous avons, par exemple, ne semblent pas être les
mêmes qu'on véhicule dans les médias. Les chiffres que nous
avons semblent indiquer que la différence moyenne entre l'Ontario et le
Québec est de 0,01 $ le litre, en excluant les taxes. Quand on dit que
cela coûte 0,10 $ de plus à Montréal qu'à Toronto,
0,07 $ de ces 0,10 $ représentent des taxes additionnelles provinciales.
Par exemple, j'ai des chiffres ici: en Ontario, l'essence ordinaire, hors
taxes, c'est 0,2547 $ le litre, au Québec, c'est 0,2652 $; alors, il y a
peut-être 0,015 $, c'est la moyenne.
M. Gauthier: C'est 5 % ou 6 %.
M. Ciaccia: Bien oui, j'étais pour ajouter: Je n'accepte
pas que c'est justifié d'avoir cette différence, mais je veux
juste dire que ce n'est pas aussi dramatique qu'on le laisse entendre, à
savoir 0,10 % ou 0,12 $ le litre. Maintenant, cela ne veut pas dire qu'à
Montréal il n'y a pas une plus grande différence qu'entre
Québec et Toronto. Oui, cela nous préoccupe, on va regarder cela.
Mais la situation la plus pressante maintenant, c'est celle qui prévaut
dans les régions périphériques. Je voudrais régler
cette question. C'est une question différente. On est dans une meilleure
position pour les régions périphériques parce que 0,045 $
le litre, c'était le montant de la taxe et c'est vérifiable si
cela a été baissé ou non. Je n'ai pas besoin de commencer
à examiner les livres et d'aller voir les prix, les profits et tout le
reste parce qu'une fois qu'on commence là-dedans, on n'en finit
plus.
Je n'exclus pas la possibilité d'une commission parlementaire. Je
voudrais avoir le moyen pour régler le problème des
régions périphériques. L'autre aspect que les
pétrolières portent à notre attention, c'est que l'huile
à chauffage est beaucoup moins chère au Québec qu'en
Ontario, c'est 0,10 $ le litre de moins. Alors, elles disent: II y a une
compensation; c'est parce qu'ici, la compétition sur l'huile à
chauffage... Je leur ai demandé... (12 h 45)
M. Gauthier: Permettez-moi de vous dire, M. le ministre, qu'entre
les deux le choix est vite fait.
M. Ciaccia: Moi aussi, je choisirais le...
M. Gauthier: Alors, entendons-nous donc pour dire que, pour ce
qui est de l'huile à chauffage, on pourrait toujours régler cela
après.
M. Ciaccia: Cela fait partie des distîllats. Une raffinerie
ne peut pas sortir que de la gazoline ou du pétrole. Il y a d'autres
produits qui sortent.
M. Gauthier: Quand on parle de volume, j'ai comme l'impression
qu'il se vend un peu plus de gazoline qu'il ne se vend d'huile à
chauffage, sans regarder, de toute façon.
M. Ciaccia: Oui, mais il y a 500 000 foyers où on se
chauffe à l'huile à chauffage. Je ne voudrais pas leur dire,
à eux, que 0,10 $ le litre, ce n'est pas important parce que, pour eux,
c'est important.
M. Gauthier: Je n'ai pas dit que ce n'était pas important,
M. le ministre; j'ai parlé de choisir entre les deux. Les personnes de
ces foyers, en général, se promènent aussi en voiture. Il
faudrait regarder combien cela coûte et combien cela rapporte. De toute
façon, j'espère que le ministre nous donnera l'occasion... En
tout
cas, au cours des crédits des prochaines années,
peut-être que le ministre pourrait nous indiquer le résultat des
recherches et des interventions de son ministère. Mais je souhaite aussi
vivement qu'il nous permette de nous intéresser à cette question
comme parlementaires.
M. Ciaccia: Voulez-vous que je vous démontre une chose?
Des fois, il y a des chiffres quasiment incroyables. Les chiffres
démontrent qu'en Alberta - vous allez avoir de la difficulté
à croire cela - le prix hors . taxes est plus cher qu'au Québec:
0,28 $ le litre en moyenne en Alberta, tandis que c'est 0,26 $ au
Québec. Moi aussi, j'ai de la difficulté à le croire.
M. Gauthier: M. le Président, il me reste peut-être
une dizaine de minutes. Je ne sais pas si on peut avoir un peu de
tolérance compte tenu du fait que nous avons commencé un peu en
retard. Je vais faire l'impossible pour terminer bientôt, mais cela va
peut-être jouer de trois ou quatre minutes.
Le Président (M. Thérien): II me faut un
consentement de la part du ministre. Moi, je n'ai qu'à accepter les
ententes.
M. Ciaccia: Continuons.
Usine de Saint-Juste-de-Bretenières
M. Gauthier: Bon, en ce qui concerne le programme 9.4, j'ai
regardé cela et c'est écrit: biomasses. D'abord, il s'agit, bien
sûr, du programme Études, recherches et interventions concernant
l'énergie,
Développement des énergies nouvelles. J'aimerais savoir,
dans les crédits prévus à l'engagement biomasses
forestières, s'il y a des sommes qui seront disponibles pour l'usine de
Saint-Juste-de-Bretenières.
J'aimerais savoir où en sont les études du
ministère concernant les trois options de développement
possibles. Il doit se prendre une décision, le ministre me l'a dit.
M. Ciaccia: Nous examinons la proposition de l'usine de
Saint-Juste-de-Bretenières. L'une des choses que nous lui avons
demandées, c'est d'établir une planification pour les
années à venir. Autrement dit, on nous demande une subvention
pour cette année, je pense que c'est au moins 1 000 000 $. On veut
savoir quel est son plan de travail pour les prochaines années parce que
c'est difficile pour nous de prendre une décision de subventionner sa
recherche ou son proqramme, si on ne sait pas ce qui va se produire
après ou quelles sont ses intentions. Il y a eu des discussions
préliminaires avec elle. La demande officielle n'est pas encore
formalisée, n'est pas encore déposée, mais au
ministère il y a des rencontres et je crois qu'ils sont en train de
discuter les modalités, les différentes options possibles pour
l'usage des installations. Quand ils les auront déterminées
exactement, quand ils auront répondu aux questions que le
ministère a posées, ils vont formaliser leur demande et on va
être saisi d'une demande officielle. À ce moment-là, on va
pouvoir l'examiner, l'analyser et prendre une décision finale. Mais nous
avons un intérêt dans ce projet. Je crois que c'est quelque chose
que nous devons examiner. Nous pouvons examiner cela, mais il reste encore
certaines questions sans réponse.
M. Gauthier: Nos informations, M. le Président, sont qu'un
plan de développement aurait été présenté
à votre ministère depuis quelques semaines déjà.
Cela fait, quand même, un certain temps que le ministère voit
venir ce dossier parce qu'il y avait des échéances qui
étaient prévisibles. Est-ce que le ministre n'accepterait pas
d'accélérer un peu le travail autour de ce dossier, parce qu'il
me semble que cela piétine un peu?
M. Ciaccia: On m'informe que c'est vrai qu'ils nous avaient
fourni un plan de développement, mais le ministère les a
avisés que le plan était Incomplet et qu'il y avait d'autre
travail à faire. Mais je vais certainement demander un rapport plus
détaillé pour voir si c'est possible. Quand vous dites
"accélérer", je suis pas mal certain que ce n'est pas nous qui
retardons les travaux. Alors, avant de dire: Oui, je vais les
accélérer, je ne voudrais pas donner l'impression que c'est le
ministère qui traîne la patte et qui ne donne pas de
réponse. Ce n'est pas du tout cela qui se passe. On leur a posé
des questions très précises pour qu'ils puissent nous
répondre. Il faut qu'ils puissent formuler leurs demandes et donner les
réponses que le ministère leur a demandées.
M. Gauthier: M. le ministre, se pourrait-il qu'il y ait eu de la
part d'Hydro-Québec un mot d'ordre transmis à Nouveler demandant
d'abandonner, à toutes fins utiles, les investissements dans les
recherches au sujet de l'énergie à partir de la biomasse
forestière? Est-ce que cela pourrait arriver que ce soit le cas?
M. Ciaccia: Pas à ma connaissance. Je peux m'en
enquérir, mais certainement pas à ma connaissance.
M. Gauthier: Si jamais c'était le cas au-delà de la
connaissance du ministre, est-ce que le ministre ne pourrait pas influencer
Hydro-Québec dans un sens contraire, permettant peut-être de
continuer en toute sérénité l'étude du dossier de
l'usine de Saint-Juste?
M. Ciaccia: Ce qu'on cherche va dans le sens inverse. Ce n'est
pas dans le sens d'essayer d'arrêter le projet ou sur l'impression que
quelqu'un ne veut pas qu'il aille de l'avant. Je pense qu'on travaille avec eux
d'une façon positive et que les questions qu'on leur pose servent
à faire avancer le dossier. Autant que je sache, l'intention du
ministère est de travailler avec le groupe de l'usine de Saint-Juste
pour faire avancer le dossier. Le problème, c'est qu'il y a
différentes filiales. Une filiale s'occupe de l'exploitation et fait des
profits. L'autre filiale fait uniquement de la recherche. Alors, il n'y a pas
de profits dans ce secteur. Les subventions sont demandées par la
filiale qui fait la recherche. Naturellement, la subvention n'est pas
demandée par la filiale qui fait de l'argent. Peut-être que, si
elles se mettaient ensemble, elles pourraient prendre le profit qu'elles font
avec une filiale et le mettre dans la recherche. Ce serait une solution
beaucoup plus facile que de venir nous demander 1 000 000 $.
M. Gauthier: Si je comprends bien, M. le ministre...
M. Ciaccia: Cela se peut qu'il y ait des problèmes
internes. Normalement, si j'ai une société et que je fais des
profits, si j'ai un secteur pour la recherche, j'utilise une partie de mes
profits pour faire de la recherche. Alors, il doit y avoir des gens qui ne se
parlent pas dans ces deux groupes-là. C'est l'impression que vous me
donnez. On va examiner cela.
M. Gauthier: Je suis heureux de pouvoir informer le ministre de
choses qui se passent dans sa boîte. Je sais qu'il va pouvoir le
vérifier, je le souhaite. Mais je voudrais bien faire comprendre au
ministre que l'objet de ma question est le suivant. S'il était exact
qu'Hydro-Québec aurait passé à Nouveler un mot d'ordre ou
une consigne du genre de celui que j'ai mentionné ici et que le ministre
dit ignorer pour le moment -j'imagine qu'il va certainement vérifier
-tout le travail que son ministère fait, que les gens de Biosyn font et
que tous les intervenants dans ce dossier font ensemble serait, à toutes
fins utiles, annihilé, anéanti, inutile. Quand même, il
faut qu'il y ait des investissements dans la recherche. Il faut qu'on ait le
goût et qu'on soit convaincu de l'importance des énergies
nouvelles à partir de la biomasse forestière. Est-ce que le
ministre peut s'engager formellement à vérifier auprès
d'Hydro-Québec et, si c'est le cas, à nous en informer et
même à intervenir auprès d'Hydro-Québec pour que
cela puisse changer?
M. Ciaccia: Je peux vérifier, si vous le voulez, mais je
peux vous dire que, même si je ne vérifie pas - certainement que
je vais m'enquérir - on examine le dossier au mérite. Si le
dossier répond aux critères et aux questions que le
ministère a posés, on va l'acheminer. Autrement dit, de la
façon dont on transiqe avec le dossier, il n'est pas à notre
connaissance qu'Hydro-Québec ne veut pas que cela aille de l'avant. On
le regarde au mérite. Il faut reconnaître que la technologie
qu'ils ont développée est très intéressante. Je
voudrais simplement ajouter qu'on a une entente avec l'État de New York
pour différentes technologies et que les gens de New York
s'Intéressent à cette technologie de l'usine de Saint-Juste.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Roberval, je dois demander à ce moment-ci,
étant donné qu'il reste deux minutes, s'il y a consentement pour
continuer et, si oui, pendant combien de temps; sinon, je devrai appeler les
programmes en vertu du mandat que la Chambre nous a confié. Est-ce qu'il
y a consentement pour continuer?
M. Gauthier: M. le Président, je comprends que le
député de Rosemont ne veut pas donner son consentement.
M. Rivard: M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Rosemont.
M. Rivard: Le problème, c'est qu'on a tous - en tout cas,
moi, j'en ai un - un engaqement ailleurs.
M. Ciaccia: Pour dix minutes, on pourrait...
M. Gauthier: M. le Président, vous me voyez regretter
cette situation parce que, si le député de Rosemont avait
été ici à l'heure ce matin, je n'aurais pas besoin de
demander de prolongation.
M. Rivard: M. le Président, excusez-moi.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Rosemont.
M. Rivard: Le député de Rosemont - le
secrétaire de la commission peut en témoigner - était ici
ce matin à 11 h 30 précises. Vous vous trompez de cible, M. le
député de Roberval.
Le Président (M. Théorêt): M. le
ministre.
M. Ciaccia: Si cela peut accommoder tout le monde, on peut
continuer pendant cinq ou dix minutes. Est-ce que c'est cela,
l'intention? Combien de temps?
Le Président (M. Théorêt): Je vous ferai
part, M. le ministre, que, pour adopter les programmes à la fin, cela
prend le quorum. Nous avons présentement quorum, mais, s'il y a des
collègues qui quittent, nous ne pourrons pas adopter les crédits
des programmes 5 à 9.
M. Gauthier: On va adopter les programmes. M. le
Président, pour les questions que je n'ai pas pu poser, je ferai comme
on me permet de le faire à l'Assemblée nationale, je
préparerai des questions pour le ministre.
Adoption des programmes
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Roberval.
J'appelle donc pour adoption les programmes. Est-ce que le programme 5
est adopté?
M. Gauthier: Adopté.
Le Président {M. Théorêt): J'appelle le
programme 6. Est-ce que le programme 6 est adopté?
M. Gauthier: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): J'appelle le
programme 7. Est-ce que le programme 7 est adopté?
M. Gauthier: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): J'appelle le
programme 8. Est-ce que le programme 8 est adopté?
M. Gauthier: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): J'appelle le
programme 9. Est-ce que le programme 9 est adopté?
M. Gauthier: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Je vous remercie,
M. le député de Roberval. Je vous remercie, M. le ministre.
Je suspends les travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 8)
Secteur des forêts
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'économie et du travail entreprend, cet
après-midi, l'étude des crédits budgétaires du
ministère de l'Énergie et des Ressources, secteur des
forêts. Tel que normalement stipulé, il s'agit des programmes 1
à 4 du cahier des crédits budgétaires du ministère
de l'Énergie et des Ressources. Nous avons trois heures et je vous
signale qu'il est déjà 15 h 7.
Est-ce qu'il y a des remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Paré
(Shefford) est remplacé par M. Jolivet (Laviolette).
Le Président (M. Charbonneau): Je voudrais savoir si le
critique de l'Opposition, le député de Laviolette, et le ministre
se sont entendus sur la façon dont ils veulent procéder. En fait,
il y a deux façons. Vous pouvez procéder par une étude
systématique de chacun des programmes, élément par
élément, ou bien vous pouvez faire une discussion
générale sur les questions qui vous intéressent et qui
vous préoccupent le plus. À la toute fin, nous adopterons
l'ensemble des crédits. Qu'est-ce qui vous convient le mieux?
M. Jolivet: II doit y avoir un discours préliminaire du
ministre.
Le Président (M. Charbonneau): Oui. C'est après
les...
M. Jolivet: Ensuite, on filera programme par programme,
élément par élément. Mais, pour nous, ce qui est
important, c'est de poser toutes les questions qu'on croit pertinentes sur
chacun des programmes. On va essayer de suivre les éléments du
programme pour s'assurer que tout fonctionne normalement afin que le ministre
puisse...
Le Président (M. Charbonneau): Donc, programme par
proqramme, très bien.
M. le ministre, pour vos commentaires et vos remarques
préliminaires.
Remarques préliminaires M. Albert
Côté
M. Côté (Rivière-du-Loup): Très bien,
je vous remercie, M. le Président.
La tradition parlementaire veut que, chaque année, tous les
ministres du gouvernement se présentent en commission parlementaire pour
défendre les crédits de leurs ministères respectifs. Pour
un ministère à vocation économique comme le mien, cette
opération revêt une double importance. D'abord, il s'agit de
démontrer aux citoyens et aux citoyennes du Québec, dont vous
êtes
ici les représentants, que leurs ressources sont utilisées
à bon escient. Mais cela n'est pas suffisant dans mon cas.
Au-delà des attentes légitimes de la population à
propos d'une saine gestion des ressources humaines, financières et
matérielles qui nous sont confiées, j'aimerais faire valoir
aujourd'hui, un peu comme mon collègue a commencé à le
faire tout à l'heure, l'importance des activités de mon
ministère pour le développement économique du
Québec. C'est pourquoi j'aimerais d'abord vous parler de ce qui me tient
le plus à coeur, la forêt et l'économie. Ensuite, je vais
vous présenter les principales activités du ministère.
Pour terminer, nous ferons le tour de la nouvelle Loi sur les forêts en
vigueur depuis le 1er avril dernier.
Le Québec est avant tout une province forestière. La
forêt constitue certainement la ressource naturelle la plus abondante et
la plus utilisée. Elle a suscité une industrie dynamique et
florissante qui occupe le premier rang du secteur manufacturier
québécois pour la valeur de sa production et pour celle de ses
exportations. L'industrie forestière québécoise
expédie sur tous les continents des produits aussi bien traditionnels
que nouveaux ou reliés à des technologies très
récentes. La forêt a été, de tout temps, l'un des
pôles essentiels de l'essor économique, social et culturel du
Québec. Facilement accessible et commercialement exploitable sur une
grande superficie du territoire, la forêt fournit aux industries une
matière ligneuse de qualité supérieure dont elle tire une
multitude de produits.
Pour l'illustrer davantage, notons que le territoire
québécois couvre plus de 1 600 000 kilomètres
carrés. Près de la moitié de cette superficie, soit
l'équivalent des territoires de la Suède et de la Norvège
réunies, est considérée comme un secteur forestier
à potentiel commercial. La forêt productive
québécoise représente 2,6 % de la superficie
forestière mondiale et 18 % de celle du Canada. Plus encore, le volume
marchand brut de la forêt productive du Québec est estimé
à plus de 3 000 000 000 de mètres cubes pour les essences
résineuses et à 1 000 000 000 de mètres cubes pour les
essences feuillues. Quant à la possibilité annuelle, elle
s'établit à environ 18 000 000 de mètres cubes pour les
essences résineuses, sans compter la zone pâtes, et à plus
de 14 000 000 de mètres cubes pour les essences feuillues.
Le forêt québécoise regroupe 57 essences
forestières. En termes de volume marchand, elle compte 75 % de
résineux -épinette noire, épinette blanche, pin blanc,
mélèze laricin, sapin baumier, etc. - et 25 % de feuillus -
érable, peuplier, hêtre à grande feuille, bouleau blanc,
bouleau jaune et autres. Cette composition très caractéristique
s'harmonise bien avec la demande mondiale ue matières liqneuses, qui
s'établit à 70 % pour les essences résineuses et à
30 % pour les essences feuillues. Si l'on considère les forêts
mondiales prises dans leur ensemble, cette proportion est inversée. On y
trouve en effet 65 % de feuillus et 35 % de résineux. La qualité
supérieure de la matière ligneuse québécoise, bien
connue des industriels du monde entier, est directement reliée aux
conditions climatiques et pédologiques du pays.
L'activité industrielle que la forêt suscite est vitale
pour l'économie du Québec. En effet, les industries de
pâtes et papiers et les industries de bois détiennent le premier
rang parmi les industries manufacturières québécoises du
point de vue économique avec 14 % des emplois directs, 15 % des
salaires, 18 % des exportations et 3,8 % du produit intérieur brut. Le
secteur forestier québécois regroupe 60 usines de pâtes et
papiers, 631 usines commerciales de bois de sciage résineux et feuillu
ainsi que de nombreuses autres de bardeau, de plaquage, de
contre-plaqué, de panneaux agglomérés, de poteaux, de bois
de fuseau, de lattes, de charbon de bois, d'huiles essentielles et de bois de
chauffage. Ces secteurs occupent un place prépondérante dans
plusieurs régions. On estime, en effet, à plus de 100 les
municipalités québécoises qui vivent à peu
près exclusivement des activités rattachées à la
forêt.
Sur l'ensemble du territoire québécois, le niveau de
coupes se situait, en 1985-1986, à 30 600 000 mètres cubes de
bois dont 23 000 000 provenant de la forêt publique et 7 400 000 de la
forêt privée. Les bois coupés en forêt publique se
répartissent de la façon suivante: 14 000 000 de mètres
cubes dans les forêts domaniales, 8 900 000 de mètres cubes dans
les concessions, 300 000 de mètres cubes dans les terrains vacants et
autres tenures. Du total de cette coupe, 5 800 000 mètres cubes sont
destinés à la pâte et 15 500 000 au sciage. De façon
inverse, 4 200 000 mètres cubes de bais coupés en forêt
privée sont destinés à la pâte et seulement 1 300
000 mètres cubes au sciage. Cette activité est
génératrice d'emplois car elle procure environ 11 000 emplois en
forêt, directement. La capacité de production
québécoise de bois d'oeuvre n'a pratiquement pas changé
depuis les dernières années. L'augmentation de la demande depuis
1983 a rétabli le taux d'utilisation de cette capacité à
un niveau considéré comme acceptable et qui se situait à
près de 85 % en 1985. Les prix moyens de vente de bois d'oeuvre en 1985
et en 1986 ont légèrement augmenté par rapport à
ceux de l'année précédente et il en est ainsi de
l'année en cours.
La vigueur exceptionnelle de la construction résidentielle
constitue le fait le
plus marquant de la conjoncture économique
québécoise en 1985 et en 1986. Avec la mise en chantier de 48 031
logements en 1985 et de 60 348 logements en 1986, on a connu les meilleures
années depuis fort longtemps. Les revenus de la vente de copeaux
représentent près de 30 % du chiffre des ventes totales de
l'industrie québécoise du bois de sciage. La moitié du
bois rond entrant en scierie en ressort sous cette forme. La production est
évaluée à environ 4 000 000 de tonnes anhydres en 1986.
Les prix ont varié au cours de l'année entre 72 $ et 77 $ la
tonne métrique anhydre.
Un taux de change favorable et un niveau de production et de demande
élevé ont permis à cette industrie dans son ensemble de
connaître un niveau de rentabilité très satisfaisant en
1985. Selon les estimations des spécialistes, on aurait connu en 1986
une meilleure performance encore.
Quant à l'industrie forestière québécoise,
après s'être modernisée intensivement de 1979 à 1984
grâce au programme gouvernemental de modernisation de l'industrie des
pâtes et papiers, cette industrie a poursuivi jusqu'en 1986 sa phase de
modernisation en améliorant la production et la productivité de
ses usines par des investissements importants. Uniquement le programme d'aide
gouvernementale a permis des investissements totaux de 1 300 000 000 $. Durant
la période de rétablissement de l'économie qui a suivi la
période difficile de 1982, les entreprises québécoises du
secteur des pâtes et papiers ont pu réaliser de bons profits. Le
taux d'augmentation des expéditions fut de l'ordre de 4,6 % tandis que
le taux d'exploitation des usines pouvait atteindre en moyenne 92 %.
Le secteur du papier journal, le plus important dans l'industrie
québécoise des pâtes et papiers, a augmenté sa
capacité de production en 1986, passant à 4 500 000 tonnes. Quant
au prix, il s'est maintenu à 545 $ US la tonne métrique tout au
long de l'année. Le taux d'exploitation en 1986 a atteint 97 %. Pour les
pâtes commerciales, malgré une croissance de la demande, le taux
d'exploitation a chuté en 1985 à 66 %, dû principalement
à la grève de l'usine Domtar de Lebel-sur-Quévillon. Tout
est revenu à un niveau normal d'exploitation en 1986. La
rentabilité des entreprises de pâtes et papiers s'est donc
maintenue, en 1985, malgré des prix qui ont stagné sous l'effet
des pressions déflationnistes.
Grâce à la modernisation de plusieurs usines, la fermeture
d'unités moins productives et l'installation de nouvelles machines,
l'industrie est devenue plus productive, préservant sa
rentabilité malgré l'inflation de certains coûts
inévitables comme la main-d'oeuvre. L'année 1986 a vu toutefois
s'amorcer une hausse des prix et des produits dans ce sous-secteur qui semble
très encourageante pour les mois à venir. En 1984, les ventes et
bénéfices des entreprises québécoises avaient
augmenté respectivement de 23 % et 151 % par rapport à 1983,
année où les profits avaient été très bas.
En 1985, ces profits furent très satisfaisants puisqu'ils ont
augmenté de l'ordre de 5 % à 6 %.
De plus, si la tendance actuelle de la dévaluation du dollar
américain par rapport aux monnaies européennes se maintient,
notre position concurrentielle sur le marché américain devrait
s'améliorer. En 1985, le secteur bois et le secteur pâtes et
papiers accaparent respectivement 3 % et 20,5 % de l'ensemble des
investissements de notre secteur manufacturier au Québec.
Exceptionnellement, le secteur du papier et les industries connexes
cédaient la première place à celui des métaux
primaires en raison des investissements dans le domaine de la fonte et de
l'affinage.
L'industrie québécoise du bois de sciage a fourni un
effort particulier, en 1984 et en 1985, au chapitre des immobilisations avec
des dépenses de 51 000 000 $ et 61 000 000 $ destinées à
moderniser les usines existantes pour maintenir leur rentabilité et leur
compétitivité sur les marchés internationaux. Les
principaux projets, en 1986, ont été celui de J.-E. Therrien, du
groupe Normick-Perron, à Amos, avec un investissement de 7 000 000 $; de
Forex, à Val-d'Or et Malartic, avec 4 000 000 $; Les Entreprises
Barrette, à Chapais, pour 4 400 000 $; Matériaux Blanchet, a
Amos, avec 2 500 000 $, le Groupe Saucier, à Champneuf, 2 000 000 $. En
1985, les investissements totaux en immobilisations et réparations
avaient atteint 143 000 000 $. Les estimations pour 1986 seraient de l'ordre de
123 000 000 $.
Le niveau des investissements dans l'industrie des pâtes et
papiers, au cours de 1985, a été le plus élevé au
Québec depuis 1979 avec 700 000 000 $ de dépenses
d'immobilisation dont 200 000 000 $ à l'intérieur du programme de
modernisation des pâtes et papiers. Cela représente une
augmentation de 65 % par rapport à 1984. Ainsi, compte tenu de
l'augmentation des liquidités des compagnies papetières,
l'année 1986 semble avoir été une excellente année
en matière d'investissements pour ce sous-secteur. Comme on a pu le
voir, l'activité industrielle reliée a la forêt joue un
rôle capital dans l'économie du Québec. J'aimerais
maintenant vous montrer le rôle non moins capital du ministère
dans le secteur forestier.
Au ministère de l'Energie et des Ressources, la vocation
économique s'exprime par une foule d'activités qui se veulent un
appui au développement économique de
l'ensemble du Québec. Que ce soient des activités
reliées à la connaissance du secteur, à sa protection,
à sa mise en valeur ainsi que celtes qui portent sur la recherche et le
développement et l'assistance à l'industrie, le ministère
s'emploie à créer les conditions propices aux initiatives du
secteur privé en matière de développement de ce segment de
notre économie, car le secteur forestier exerce une influence
déterminante sur pratiquement tous les secteurs de l'économie,
qu'il s'agisse d'immobilisation, d'entretien, de recherche, de transport ou
d'électricité et ses répercussions sont toujours
capitales.
Laissez-moi donc maintenant, M. le Président, le loisir de vous
présenter les principales activités du ministère. L'une
des priorités du secteur consiste à s'assurer d'une
regénération adéquate de tous les sites forestiers et de
rechercher un accroissement de la productivité du milieu forestier. En
ce sens, le ministère compte poursuivre la réalisation du
programme de reboisement amorcé en 1984 en passant d'un reboisement
global de 155 000 000 de plants, en 1986, à 200 000 000 de plants, en
1987, soit de 97 000 000 à 130 000 000 de plants uniquement sur les
terres publiques. On remarquera certainement qu'il s'agit là d'un effort
remarquable de la part de l'État québécois puisqu'il
s'agit d'une hausse de 33 000 000 de plants, soit l'équivalent de 35 %
en une seule année. Il est prévu d'atteindre 260 000 000, en
1992, dont 10 000 000 de feuillus. La croissance de ce programme se poursuivra
donc.
Pour produire et planter ces plants, en 1986-1987, le ministère
avait un budget de base de 139 400 000 $ dont 103 000 000 $ pour les
forêts publiques et 35 800 000 $ pour les forêts privées. Le
budget prévu pour 1987-1988 est de 152 000 000 $ dont 111 000 000 $ pour
les forêts publiques et 40 900 000 $ pour les forêts
privées. La hausse pour cette année est donc de l'ordre de 12 600
000 $, soit 9 %. Le ministère recherchera en outre une plus grande
implication de l'industrie dans ce programme ainsi que le développement
de techniques permettant d'améliorer la productivité de la
forêt et de réduire les coûts comparatifs. Dans cette veine,
j'ai eu le plaisir récemment d'annoncer la construction d'un centre de
bouturage de 3 000 000 $ à Saint-Modeste. Le développement, les
connaissances et l'intensification des transferts technologiques vers
l'industrie, les producteurs privés et les autres intervenants
impliquent concrètement l'accélération de l'inventaire
forestier décennal, soit 9 600 000 $ en 1987-1988, la mise en place
d'inventaires écologiques et l'intensification, au sein du
ministère, de la recherche appliquée et du développement.
Il compte aussi appuyer la recherche fondamentale au sein des
universités et centres de recherche du Québec par le biais de
subventions et contrats totalisant 3 000 000 $ et accélérer les
transferts technologiques de connaissances et de techniques, en plus d'apporter
un soutien substantiel aux recherches sur les pluies acides et leur impact sur
la productivité forestière.
Concernant la protection, le ministère de l'Énergie et des
Ressources veut rendre prioritaires, dès cette année, les
transferts de l'expertise de pointe développée a la
Société de conservation de l'Outaouais sur la prévention,
la détection et le combat des incendies forestiers vers l'ensemble des
autres sociétés régionales de conservation. Le Centre de
transferts technologiques mis sur pied à Maniwaki aura un rôle
clé à jouer dans ce domaine et, je dirais, dans tout le pays
également. D'autre part, le ministère compte s'impliquer dans le
développement de moyens ou produits alternatifs aux
pulvérisations chimiques en vue de combattre les insectes et maladies
s'attaquant aux forêts québécoises. Une protection et un
suivi accrus des pépinières et autres centres de production de
plants pour contrer les maladies et insectes seront aussi
réalisés.
Enfin, le ministère participe avec le ministère de
l'Environnement à l'élaboration d'une politique d'utilisation des
pesticides en milieu forestier de façon à encadrer le recours aux
produits chimiques conformément à la nouvelle Loi sur les
pesticides.
Le ministère poursuivra ses efforts en vue d'améliorer son
expertise et son soutien aux propriétaires producteurs privés et
aux coopératives. À ce titre, il priviléqiera une aide
financière directe aux propriétaires reconnus producteurs
forestiers en fonction de la nouvelle Loi sur les forêts et favorisera
l'utilisation de la matière ligneuse non publique et ses
dérivés pour la transformation industrielle. Les forêts
publiques deviendront alors une source d'approvisionnement industriel
résiduelle ou complémentaire.
Il continuera aussi à fournir gratuitement les plants produits
à des fins de reboisement aux producteurs privés. Après
avoir fourni 58 000 000 de plants en 1986 pour la forêt privée, il
a prévu en livrer 70 000 000 en 1987, soit une hausse de 12 000 000 de
plants ou de 20 %.
Le ministère poursuivra aussi ses efforts en vue d'aider
l'industrie du bois a se moderniser. En 1987, une somme de 300 000 $ est
d'ailleurs réservée dans le cadre de la finalisation du programme
de consolidation et d'expansion de l'industrie du bois alors qu'une somme de 1
400 000 $ a été versée en 1986. Il est prévu que ce
programme se terminera en mars 1988. Il participera aussi à la recherche
de nouveaux procédés de transformation et au développement
de nouveaux produits forestiers.
Plusieurs projets de développement industriel font actuellement
l'objet d'études et devraient déboucher dans les mois qui
viennent sur une décision. Parmi ceux-ci, mentionnons celui d'une
nouvelle papeterie à Matane qui représente un investissement
d'environ 420 000 000 $ et la création de 300 emplois directs en usine
et 573 emplois indirects, ainsi que celui d'une nouvelle usine à
Rivière-du-Loup. Ce deuxième projet dans le sous-secteur des
pâtes et papiers représenterait un investissement de 350 000 000 $
et la création de 250 emplois directs et indirects.
Plus d'une dizaine d'autres projets sûnt déjà en
cours dans le même secteur et devraient se poursuivre en 1987.
Mentionnons la reconstruction de l'usine de Domtar à Windsor, pour un
investissement total approchant le milliard de dollars; Donohue à
Clermont, avec 170 000 000 $; Abitibi Price à Jonquière, avec 100
000 000 $; Cascades à Port-Cartier, avec 102 000 000 $; Temcel à
Témiscaming, avec 75 000 000 $ et Abitibi Price à Chandler, avec
113 000 000 $, etc.
D'autres projets sont aussi à l'étude à la suite du
Sommet régional socio-économique de
l'Abitibi-Témiscamingue qui s'est tenu dernièrement. Dans le
sous-secteur du sciage et autres industries du bois, mentionnons le projet de
l'usine de panneaux MDF de la compagnie Panfibre, à Mont-Laurier. Ce
projet d'une valeur de 34 000 000 $ devrait créer environ 92 emplois en
usine alors que le début des opérations est prévu pour
l'automne 1987. (15 h 30)
L'insécurité actuelle dans ce sous-secteur et la fin du
programme quinquennal de consolidation et d'expansion de l'industrie du bois,
qui a permis au ministère d'injecter 4 500 000 $ dans les projets de
sciage au Québec, réduiront certainement les nouveaux projets
d'expansion et de modernisation dans ce sous-secteur en 1987.
Il est toutefois possible que la compagnie Domtar injecte quelques
millions de dollars dans son usine de Dolbeau et que la compagnie Crête
fasse de même à Saint-Séverin. Mentionnons aussi le projet
de la compagnie Pannolac, à Chambord, au Lac-Saint-Jean, de créer
une usine de panneaux gaufrés. C'est un investissement approximatif de
64 000 000 $ qui créera 95 emplois directs et 246 emplois indirects.
C'est un projet qui est fait en collaboration avec l'entreprise privée,
les coopératives et les syndicats de producteurs. Les interventions du
ministère dans le secteur forestier sont déterminantes. Depuis le
1er avril dernier, elles sont encadrées par une nouvelle loi qui se
veut, elle aussi, un instrument de développement économique.
Comme je viens de le mentionner, le secteur des forêts du
ministère a dégagé pour l'année qui vient quelques
priorités qui vont exiger beaucoup d'efforts, de collaboration, de
coordination et d'information pour atteindre ces objectifs. Parmi ceux-ci,
l'élément central est certainement la mise en place du nouveau
régime forestier approuvé par l'Assemblée nationale le 19
décembre dernier. Son implantation exigera trois ans d'un effort soutenu
pour être complétée, soit pendant toute la phase de
transition qui a commencé officiellement le 1er avril dernier pour se
terminer le 31 mars 1990.
La nouvelle loi qui encadre ce régime novateur a d'ailleurs fait
l'objet d'une adoption unanime à l'Assemblée nationale, en plus
d'être approuvée dans ses principes et objectifs par la
quasi-totalité des intervenants. Il s'agit donc là d'un projet de
société qui mérite que l'on y mette des efforts importants
et la bonne volonté nécessaire. Une collaboration positive de
tous sera alors requise si l'on veut assurer, d'une part, le
développement à perpétuité d'une forêt de
qualité et, d'autre part, la satisfaction des besoins fauniques,
écologiques, récréatifs, touristiques et, bien sûr,
industriels et socio-économiques de la collectivité
québécoise. N'oublions pas que plus d'une centaine de
communautés locales dépendent presque exclusivement de cette
ressource et qu'un travailleur sur dix au Québec y est
impliqué.
Ce nouveau régime comporte les caractéristiques suivantes:
d'abord, un nouveau partaqe des responsabilités entre l'État et
l'industrie. En ce sens, l'État québécois, par son
ministère de l'Energie et des Ressources, fixera et contrôlera les
objectifs de production qui seront intégrés aux nouveaux contrats
d'approvisionnement et d'aménagement qu'il signera avec chacune des
usines intéressées à obtenir une allocation de bois sur
les terres publiques.
Le ministère fixera, révisera et contrôlera aussi le
respect des normes d'intervention en milieu forestier, en plus d'assurer la
régénération des sites forestiers non
régénérés adéquatement au moment de la
signature des contrats. Il rendra aussi disponible le manuel
d'aménagement qui régira les plans, les rapports
d'aménaqement et les méthodes d'évaluation des effets des
traitements sylvicoles. Il continuera, en outre, à fournir gratuitement
à l'industrie les plans nécessaires à ses programmes de
reboisement.
D'autre part, l'industrie se voit confier la planification, la
réalisation et le contrôle des travaux visant à respecter
les objectifs de production fixés dans les contrats. Le rendement
soutenu à perpétuité de la forêt devra ainsi
être assuré. L'exploitation devient aussi une partie indissociable
de l'aménagement de la forêt. La récente Loi sur les
forêts a mis en place une tarification tout à fait nouvelle au
Québec pour les usines
désirant obtenir du bois sur les forêts publiques. Cette
tarification sera en effet basée sur la valeur marchande du bois sur
pied et elle s'applique depuis le 1er avril.
Malgré le fait qu'elle représentera des dépenses
supplémentaires pour l'industrie forestière, soit en argent, soit
en travaux sylvicoles, évaluées à environ 80 000 000 $
pour 1987, cette nouvelle tarification permettra aux industries
forestières québécoises de faire face beaucoup plus
aisément que celles des autres provinces à la surtaxe de 15 %
imposée à nos exportations de bois de sciage vers les
États-Unis. D'ailleurs, nous avons pris récemment les moyens pour
que l'industrie soit le moins pénalisée possible à cause
de cette surtaxe.
L'objectif de la régénération forestière et
le principe du rendement soutenu ouvrent directement la porte au
développement d'une industrie à peine naissante au Québec,
celle de la sylviculture, appelée aussi culture de la forêt.
Réveillée par le programme de reboisement entrepris en 1984,
l'industrie de la sylviculture devrait pouvoir prendre une expansion non
négligeable dans les mois et les années qui viennent. Il faudra
toutefois adapter nos programmes de formation, de perfectionnement et de
recyclage de l'ancienne, de l'actuelle et de la future main-d'oeuvre
forestière, si on veut que la demande de travailleurs et travailleuses
qualifiés en forêt soit comblée par une offre non seulement
suffisante en quantité, mais aussi en qualité.
Le changement des mentalités, tant dans la population que chez
les forestiers, gestionnaires privés et publics, ne sera pas non plus
chose aisée, mais il est nécessaire d'y apporter une attention
concrète. En outre, une révision des procédures,
techniques, méthodes, équipements utilisés dans les
régions et dans l'aménagement des forêts devra permettre
une réévaluation en profondeur d'habitudes peut-être
dépassées, inadéquates ou insuffisamment efficaces. Le
virage technologique forestier sera étudié, adapté et
intégré à court terme dans la mise en valeur de nos
ressources forestières. Cette future expertise devrait, par ailleurs,
tout comme elle l'est dans le domaine des grands projets
énergétiques du Québec, être exportable et rentable
pour notre société et les compagnies qui voudront s'y lancer
sérieusement.
En terminant, M. le Président, je suis convaincu que les
priorités et les objectifs du secteur des forêts du
ministère vont influencer positivement les perspectives
économiques globales du Québec, en passant par celles du secteur
forestier. C'est ainsi que les 1565 employés du secteur vont travailler,
appuyés par des crédits de 272 000 000 $ que je vous demande
d'approuver pour l'exercice 1987-1988, Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le ministre. M.
le député de Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci. C'est d'abord avec deux sentiments
contradictoires que je commence, avec les députés
ministériels, l'étude des crédits du ministre
délégué aux Forêts. Un premier de joie dans le sens
où, ayant occupé ce poste, c'est toujours avec plaisir que je
reviens discuter des problèmes qu'affronte l'ensemble du secteur
industriel forestier du Québec. Mais aussi un deuxième sentiment,
un pincement au coeur, en pensant que c'est plutôt M. Denis Perron, te
député de Duplessis, qui devrait être à ma place
aujourd'hui et qui aurait aimé, n'eût été sa
maladie, être présent pour continuer le travail merveilleux qu'il
a fait jusqu'à maintenant comme porte-parole de l'Opposition en
matière de forêts.
Au moment où commence l'étude des crédits du
secteur des forêts du ministère de l'Énergie et des
Ressources, il me fait plaisir, M. le ministre, de vous saluer et de saluer les
collaborateurs qui vous accompagnent à l'arrière, les membres de
votre cabinet, et l'ensemble des fonctionnaires du ministère. J'aimerais
saluer de façon particulière le sous-ministre associé, M.
Gilbert Paillé. J'aurais voulu rencontrer une autre personne qui va en
remplacer d'autres en cours de route, mais il paraît que c'est pour plus
tard parce que des changements ont été apportés à
votre ministère sous votre responsabilité.
La nouvelle Loi sur les forêts, la taxe à l'exportation de
15 % sur le bois d'oeuvre et les projets de papeterie tous azimuts ont
occupé l'avant-scène du monde forestier au cours des derniers
mois. Le ministre déléqué aux Forêts aime bien le
rappeler. Il l'a fait ce matin et il l'a fait encore cet après-midi.
Parfois, je me demande si cela n'aurait pas été mieux de ne pas
adopter à l'unanimité, la fameuse Loi sur les forêts. Le
ministre se plaît à l'utiliser à toutes les sauces,
laissant entendre que, parce que nous l'avons adoptée à
l'unanimité avec lui, dans ce contexte, nous n'aurions plus rien
à dire contre la loi. J'aimerais lui souligner, cependant, même
s'il aime le faire a l'occasion, je dirais à toutes les occasions, que,
si le 19 décembre dernier nous avons adopté à
l'unanimité à l'Assemblée nationale la nouvelle Loi sur
les forêts, le ministre devrait se rappeler sûrement que mon
collègue de Duplessis et porte-parole de l'Opposition en matière
de forêts avait alors indiqué que nous n'avions pas cependant
appuyé aveuglément tous les principes et toutes les
modalités de ce projet de loi.
Nous avions alors exprimé des craintes qui nous semblent bien
fondées sur de nombreux points, en particulier la répartition
des sources d'approvisionnement: la forêt publique, la forêt
privée et les copeaux. En deuxième lieu, le partage des
coûts entre l'industrie des pâtes et papiers et l'industrie du
bois. Troisièmement, l'impact de la taxe à l'exportation de 15 %
sur la capacité de payer de l'industrie du bois. Je parle dans les deux
derniers cas des scieries. En quatrième lieu, le détournement des
garanties de suppléance et plus spécialement du bois de la
Côte-Nord pour approvisionner des projets de papeterie à Matane et
à Rivière-du-Loup. Le ministre s'en souviendra, on en avait fait
mention à l'époque. Nous n'avions pas fait cela à
l'aveuglette, nous l'avions fait avec les connaissances que nous avions des
projets du ministre, et les derniers mois nous ont confirmé que nous
n'avions pas tort.
En cinquième lieu, de nombreux conflits naîtront s'il n'y a
pas un maître d'oeuvre sur un même terrain de coupe. Au moment
où on se parle, le ministre est conscient des disputes qui se
poursuivent avec des scieurs, des "ramasseux de poteaux", et des
papetières qui avaient d'anciennes concessions. Je pense que le ministre
sait de quoi je parle actuellement. De plus, depuis l'adoption de cette loi,
nous avons, tout comme le ministre, reçu de nombreuses
représentations de groupes et de citoyens du Québec selon
lesquelles la Loi sur les forêts empêche ceux qui en ont besoin
comme agriculteurs ou comme sinistrés d'obtenir un permis de coupe en
vue de la construction de granges et de chalets. D'ailleurs, le 26 mars
dernier, le ministre m'a répondu à l'Assemblée nationale
qu'il proposerait, lors de l'étude du projet de loi 102 qui était
devant nous, la Loi sur les terres du domaine public, des amendements de
concordance avec la Loi sur les forêts et qu'à cette occasion la
question des permis à des fins domestiques serait
réexaminée avec le concours du député de Laviolette
et de l'Opposition. Je lui maintiens toujours mon appui, sauf qu'on n'a pas vu,
lors de l'étude de ce projet de loi, les amendements promis.
Je rappelle que le projet de loi sur les terres du domaine public a
été étudié en commission parlementaire pendant
près de cinq jours, en avril dernier, sans que le ministre ne s'y
présente, malgré l'insistance de l'Opposition, iI a plutôt
laissé son collègue de l'Énergie et des Ressources
défendre pas moins de sept amendements à la Loi sur les
forêts dont certains étaient nécessaires pour faire le pont
entre les deux lois; d'autres ont été retirés ou
déclarés irrecevables par la présidente de la commission,
qui visaient à modifier la Loi sur les forêts. Mais rien pour
donner suite à l'engagement du ministre sur les permis à des fins
domestiques.
Je crois comprendre que, si le ministre avait eu cette décence
tout élémentaire de se présenter à la commission
parlementaire, nous aurions pu, parce que nous étions prêts
à le faire à ce moment-là, étudier tous les
amendements à la Loi sur les forêts qu'il aurait voulu
déposer. Même si cela fait seulement cinq mois que la Loi sur les
forêts a été adoptée à l'unanimité,
comme il semble vouloir le répéter constamment, nous estimions,
à ce moment-là, et nous estimons toujours que des amendements se
révèlent nécessaires pour permettre une entrée en
vigueur en bonne et due forme de la Loi sur les forêts.
Le 1er avril dernier, jour d'entrée en vigueur de la Loi sur les
forêts, le Conseil des ministres approuvait l'arrêté en
conseil 187 qui concerne les droits de coupe. Le dernier paragraphe indique
ceci: Que, pour l'année financière 1987-1988, les droits que doit
payer le titulaire d'un permis délivré en vertu des articles
précités soient calculés à raison de 70 % du
produit du volume du bois récolté par le taux unitaire
applicable. Cela a pour effet de réduire l'augmentation moyenne
prévue des droits de coupe de 5,57 $ le mètre cube à 3,89
$, soit une augmentation réelle de 200 %, puisque la moyenne de l'an
passé se situait à 1,86 $, ce qui représenterait, si on
l'avait calculée à 5,57 $, une augmentation de 300 %.
Il est évident que l'industrie sera bien satisfaite de ce moindre
mal, ce qui a d'ailleurs permis au ministre de recueillir des applaudissements
un peu faciles devant les membres de l'Association des manufacturiers de bois
de sciaqe, au début de mois de mai, et même à
l'Assemblée nationale, de la part de ses collègues lors de son
annonce. Par contre, les producteurs de bois privés sont en
désaccord avec cette décision, d'autant plus qu'à aucun
endroit la Loi sur les forêts ne donne au ministre le pouvoir de
réduire les droits de coupe au gré des années, des
pressions et même des humeurs gouvernementales. Si le ministre veut
inclure un tel pouvoir dans la Loi sur les forêts, on juge essentiel
qu'il revienne devant l'Assemblée nationale pour qu'on ait l'occasion
d'en discuter. À ce moment-là, on pourra discuter non seulement
du montant, mais de la façon dont on a établi la valeur marchande
des bois sur pied.
L'augmentation moyenne du double des droits de coupe, de 1,86 $ à
3,89 $ le mètre cube, viendra sûrement ébranler le
rendement de l'industrie du sciage et encore plus celle de l'industrie de
roulaqe qui, elle, dans certains cas, verra ses droits de coupe augmenter de
300 %, 400 % et même, d'après des renseignements que j'ai de ma
réqion, de 600 %. Cette année, l'industrie du bois devra donc
payer 28 000 000 $ de plus pour ses droits de coupe, auxquels il faut ajouter
la somme de 104 000 000 $ qu'elle devra verser à la suite de
l'imposition d'une taxe à l'exportation vers les Etats-Unis de 15 % sur
notre bois de sciage.
(15 h 45)
Étant donné que le ministre déléqué
aux Forêts est incapable de faire créditer plus que le tiers de
cette nouvelle taxe, le coût réel pour l'industrie du sciage sera
de près de 100 000 000 $ additionnels cette année. Il ne fait
aucun doute que l'industrie du bois de sciage éprouve de
sérieuses difficultés. Elle estime avoir été
trompée par le ministre délégué aux Forêts
qui s'était engagé à ce que la totalité de cette
taxe de 15 % imposée à la suite d'une bien mauvaise
négociation, à notre avis, avec les Américains soit
retournée pour l'aménagement de la forêt. Or, seulement 35
000 000 $ le seront réellement, laissant près de 60 000 000 $
dans les poches du ministre des Finances. Quand le ministre
délégué aux Forêts nous annoncera-t-il qu'il
récupérera cette somme pour l'affecter au programme de protection
des emplois forestiers menacés, ou à la recherche
forestière, ou encore à un nouveau programme de
développement de haute technologie de l'industrie du bois? Quand le
ministre fera-t-il cette récupération?
Un mot encore sur cette taxe à l'exportation de 15 % sur le bois
d'oeuvre. Nous l'avons dit et nous allons le répéter, le
gouvernement du Québec, en s'associant à la démarche
fédérale, a créé un précédent
très dangereux pour d'autres sortes de resssources en permettant,
à mon avis, de s'accuser sans être coupable. L'industrie du bois
avait des preuves suffisantes pour se débattre face aux
Américains, comme cela avait été fait en 1983, mais le
gouvernement a choisi d'affaiblir le Québec en acceptant, en novembre
dernier, de s'associer à la démarche fédérale. Le
résultat est de permettre aux Américains d'avoir un droit de
regard sur notre politique forestière. Comme l'a écrit en mars
dernier le directeur général de l'Association des manufacturiers
de bois de sciage du Québec dans le journal corporatif Au fil du bois:
En somme, c'est un véritable "party" où les politiciens se
donnent l'accolade et se félicitent à qui mieux mieux, mais
où les scieurs sont absents, en train de lécher leurs plaies.
Faute de défendre adéquatement l'industrie du bois, le
gouvernement tente de faire lever des projets de papeteries tous azimuts,
tantôt à Rivière-du-Loup, tantôt à
Gros-Cacouna, tantôt à Matane, tantôt à Senneterre,
tantôt à Val-d'Or, tantôt à Chibougamau, tantôt
a Amos, et ce, au moment même où les approvisionnements pour de
nouvelles usines sont très limités. Par exemple, le 5
février dernier, le ministre délégué aux
Forêts, en parlant des projets de Rivière-du-Loup et de Matane,
déclarait: Premier arrivé, premier servi; tandis que son
collègue de l'Énergie et des Ressources déclarait le 18
mars dernier, en réponse à la députée de Matane: La
région de Matane est la seule au Québec où on peut
construire une nouvelle usine de pâtes et papiers parce que c'est la
seule région où il y a encore assez de matière ligneuse
pour le faire. Cela, c'est la réponse du grand responsable du
ministère de qui relève le ministre délégué
aux Forêts. Durant ce temps, on entend parler dans des rencontres un peu
partout au Québec - le ministre en a fait mention - de différents
autres projets de papetières à travers le Québec.
D'autre part, les garanties d'approvisionnement doivent être
accordées depuis le 1er avril dernier selon la Loi sur les forêts,
soit en vertu de l'article 98 sous forme de garantie de suppléance au
titulaire d'un permis d'exploitation d'une usine de transformation du bois qui
n'est pas bénéficiaire, à l'égard de cette usine,
d'un contrat d'approvisionnement et d'aménagement forestier, soit en
vertu de l'article 229 qui prévoit que le ministre doit, avant le 1er
avril 1990 et à mesure que la disponibilité des données
d'inventaire le permet, adresser une proposition de contrat d'approvisionnement
et d'aménagement forestier: 1° à un titulaire d'un permis
d'exploitation d'usine de transformation du bois le 31 mars 1987 et dont la
concession forestière a été révoquée, la
garantie annulée ou la convention résiliée; 2°
à un titulaire d'un permis d'exploitation d'usine de transformation
où elle a transformé au cours des cinq dernières
années des bois provenant des forêts du domaine public.
Au cours de la période transitoire qui s'étend du 1er
avril 1987 au 31 mars 1990, seuls les titulaires identifiés aux articles
219, 221 et 225, c'est-à-dire les coopératives
forestières, ont le droit d'obtenir du ministre un permis d'intervention
annuel. Selon notre compréhension, toute nouvelle usine ne peut se voir
accorder de garantie d'approvisionnement que sous la forme d'une garantie de
suppléance par laquelle le qouvernement s'engage à
suppléer, le cas échéant, à un manque
d'approvisionnement dû au défaut d'un fournisseur de bois avec
lequel le titulaire du permis d'exploitation d'usine de transformation du bois
est lié par un contrat à long terme.
Troisièmement, les crédits prévus pour l'aide
financière à l'industrie forestière sont, à toutes
fins utiles, inexistants, avec la fin du programme de modernisation de
l'industrie des pâtes et papiers et la non-récurrence de certaines
subventions versées dans le cadre de l'implantation et de
l'amélioration de l'industrie. Après avoir été de
31 000 000 $ en 1984-1985, les crédits prévus pour le
développement industriel sont réduits à moins de 8 000 000
$ et sont, pour la plupart, déjà engagés. À moins
que le ministre ne soit en train de négocier une nouvelle entente
fédérale-provinciale d'aide à l'expansion du secteur des
pâtes et papiers.
C'est une question qu'on peut se poser. Je comprends Je désir du
gouvernement de vouloir doter le Québec de nouvelles usines de
pâtes et papiers, mais il est impossible d'en ouvrir une par
année. J'aimerais bien que le gouvernement arrête de donner des
illusions à tout le monde et dise enfin quel est son projet
prioritaire.
Il y a beaucoup de sujets que je pourrais aborder. J'aurai l'occasion
d'y revenir lors de l'étude, élément par
élément, de chacun des programmes, mais je donne quelques indices
de ces points qui mériteraient d'être abordés: la
réduction de l'objectif de reboisement de 300 000 000 de plants à
250 000 000; le mini-programme -on peut l'appeler ainsi - de voirie
forestière qui est passé de 12 000 000 $ à 5 000 000 $
depuis deux ans; l'effet des pluies acides sur les érablières,
qui touche beaucoup de gens ici, en particulier mes collègues de la rive
sud; l'importance des crédits périmés qui se chiffraient
à près de 3 400 000 $, dans le programme d'aide aux forêts
privées; la location des poteaux; les conditions de travail en
forêt; la création éventuelle d'un ministère des
forêts; le marché des copeaux; les arrosages contre la tordeuse
des bourgeons de l'épinette - on en a des évidences cette semaine
- le flottage du bois sur la rivière Saint-Maurice, au sujet duquel
j'aurai des questions à poser au ministre; l'entretien des aires
régénérées. Je vais m'arrêter ici en vous
disant que j'aurai des questions sur chacun de ces sujets. Je voudrais,
cependant, indiquer que j'aurai des questions sur l'avenir de la
société REXFOR.
Le Soleil du 16 mai dernier laissait entendre que le ministre
délégué aux Forêts ne serait pas favorable à
la privatisation de REXFOR, mais qu'il visait plutôt une
redéfinition de son mandat actuel au profit de celui qui lui donnait
naissance à l'époque. Je voudrais le mettre en contradiction avec
l'un de ses collègues de la vallée, le député de
Matapédia, qui dit tout à fait autre chose que ce que le ministre
a bien voulu nous dire jusqu'à maintenant. Dans le fond, cela signifie
que REXFOR devra vendre à l'entreprise privée ses actifs dans le
domaine des pâtes et papiers, du sciage et des panneaux. C'est ce qu'on
peut comprendre.
J'aimerais, lors de la période consacrée aux questions,
que le ministre nous éclaire davantage sur ce qu'il a l'intention de
faire avec la société REXFOR. On peut se poser la question,
surtout à la lumière de la nomination, l'an dernier, de quatre
organisateurs politiques libéraux notoires au conseil d'administration
de REXFOR et du renvoi, que nous jugeons inélégant, de M. Michel
Duchesneau de son poste de directeur général de REXFOR. Nous
sommes évidemment en droit d'être inquiets de la manière
dont le gouvernement procédera pour vendre les actifs de REXFOR. Nous
disons au ministre que nous surveillerons très étroitement
l'ensemble des aqissements du gouvernement dans le dossier de la
société REXFOR.
J'aurai donc l'occasion d'y revenir, dans les minutes qui viennent,
parce que le nombre d'heures qui nous est dévolu nous permet de poser
toutes les questions pertinentes. Comme, déjà, près d'une
heure a été consacrée aux déclarations
préliminaires de part et d'autre, je me contenterai d'arrêter mon
allocution de départ en vous disant que nous sommes prêts, M. le
Président, à passer à l'étape des questions.
Le Président (M. Cusano): Merci, M. le
député de Laviolette. M. le ministre, est-ce que vous
désirez répliquer?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, mais
j'aimerais souligner que je déplore l'absence du député de
Duplessis, comme l'a souligné mon collègue, qui est retenu pour
cause de maladie. Je l'ai rencontré une fois depuis qu'il a eu une
attaque cardiaque. Je lui souhaite un prompt rétablissement et je
souhaite qu'il nous revienne dès que possible. Tout comme le
député de Laviolette, je déplore qu'il ne soit pas
là, parce qu'il avait consacré beaucoup d'efforts et beaucoup de
travail au secteur des forêts et il souhaitait aussi, tout
dernièrement, comme nous tous ici, que le secteur des forêts
procure un mieux-être et une qualité de vie des plus prometteuses
et des meilleures pour les Québécois et les
Québécoises.
Je suis prêt, M. le Président, à passer à la
période des questions.
Le Président (M. Cusano): Je vous remercie. M. le
député de Laviolette.
Gestion de la forêt
M. Jolivet: Oui, nous allons commencer par le premier programme,
Gestion de la forêt, élément 1.
Le Président (M. Cusano): On arrive à
l'élément 1, M. le député, oui.
M. Jolivet: Oui, c'est cela. Le programme 1,
élément 1, Recherche et développement.
Recherche et développement
Le Président (M. Cusano): Allez-y!
M. Jolivet: M. le ministre, le livre blanc Bâtir une
forêt pour l'avenir a reconnu l'importance de la recherche
forestière et d'une meilleure coordination de l'ensemble de la recherche
par la création du Conseil consultatif de la recherche forestière
qui a été finalement retenue dans le projet de loi
qui a été adopté, mais on y reconnaissait surtout
la nécessité de faire circuler l'information entre les
chercheurs, l'industrie et le gouvernement.
La création de différents services de transferts
technologiques, qui, notamment, a eu lieu par l'organisation d'un premier
carrefour sur la recherche le printemps dernier, s'est déjà mise
sur la voie. La collaboration du centre d'enseignement et de recherche en
foresterie de Sainte-Foy, celle des polyvalentes et de l'ensemble des
constituantes de l'Université du Québec, quant à nous,
permettraient d'atteindre l'objectif recherché.
J'aimerais savoir du ministre quelle importance il reconnaît
à ce centre d'enseignement et de recherche en foresterie. Est-ce qu'il
est prêt à lui reconnaître un statut? Est-ce que ce centre
peut s'attendre à recevoir de la part du ministre un soutien
financier?
Le Président (M. Cusano): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je m'excuse, M. le
député, mais quel centre de recherche en foresterie?
M. Jolivet: Le CERFO, le centre d'enseignement et de recherche en
foresterie de Sainte-Foy.
M. Côté (Rivière-du-Loup): D'accord. Le CERFO
est appuyé par le ministère et nous continuerons de l'appuyer.
J'ai rendez-vous avec son directeur général, M. Aurèle
Saint-Pierre, cette semaine pour en discuter à nouveau. Actuellement, le
CERFO discute avec l'Université Laval pour offrir sa collaboration dans
l'administration et la gestion de la forêt Montmorency, forêt
expérimentale et forêt d'enseignement. Sur ces questions, le CERFO
peut rendre de grands services et j'espère bien que, tous ensemble, nous
en arriverons à une entente pour une meilleure utilisation de la
forêt Montmorency.
Le Président (M. Cusano): M. le député.
M. Jolivet: II y a autre chose. Le ministre dit qu'il va
rencontrer les gens, mais est-ce qu'il continue de penser que le centre est
à ce point important qu'on puisse lui reconnaître un statut? Le
ministre n'a pas répondu à cette partie de la question.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je crois que, dans
ma réponse, on lui reconnaissait un statut. Si on négocie avec
lui pour administrer une forêt pour l'enseignement et la recherche, cela
va faire partie d'un statut. C'était déjà fait dans mon
esprit, sauf que le CERFO doit être prudent dans ses interventions et
qu'il ne doit pas concurrencer l'entreprise privée, les bureaux
d'ingénieurs privés ou d'autres entreprises. Cela a
été bien clair avec le directeur général lorsque je
l'ai rencontré. J'ai fait la même mise en garde, M. le
Président, à Causapscal jeudi dernier avec le CREF,
c'est-à-dire le centre d'expertise en foresterie de la vallée de
la Matapédia qui, de temps à autre, pour se faire des revenus, je
les comprends, a tendance à concurrencer l'entreprise privée avec
le soutien de l'État ou le soutien du monde de l'éducation et des
cégeps. On doit évidemment faire de la recherche, c'est
très bien, mais il ne faut surtout pas empiéter sur les
activités économiques courantes des entreprises ou des bureaux
d'ingénieurs.
M. Jolivet: Dans le mesure où ces gens ne donnent pas ces
services, il faut qu'ils soient donnés par quelqu'un d'autre. C'est dans
ce sens que le transfert technoloqique peut être fait entre les deux. Le
ministre est bien conscient que, si les entreprises privées ne le font
pas, il y a au moins, pour la continuité, une possibilité que des
organismes, des constituantes d'université ou de cégep puissent
le donner.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Dans ces
cas-là, vous avez entièrement raison, M. le député,
sauf qu'en faisant exception aux règles d'attribution des contrats de
façon spéciale, étant donné que ce sont des
entreprises sans but lucratif, souvent, si on faisait la même
règle d'exception pour l'entreprise privée, elle pourrait donner
le service qu'on demande au CERFO ou au CREF. C'est difficile à
évaluer. C'est en se rencontrant... Je vais vous donner un exemple
très précis. Le centre d'expertise en foresterie de la
vallée a récemment donné un contrat à une firme
d'ingénieurs privés pour faire un travail justement pour ne pas
la concurrencer dans son secteur. On s'est expliqué et on s'est dit dans
quel domaine on devrait travailler chacun. Dans le domaine de la recherche, je
suis entièrement d'accord avec vous, M. le député, il faut
les appuyer. J'espère bien avoir quelques sommes supplémentaires
pour le faire. (16 heures)
M. Jolivet: Un autre dossier, c'est l'utilisation de la biomasse.
Je me souviens que, dans ma région, on avait fait une étude avec
la compagnie Nouveler, Hydro-Québec et tous ceux qui sont à
l'intérieur de cet ensemble. On avait regardé la
possibilité d'utiliser les racines, les faîtes des arbres et les
résidus pour pouvoir même aller jusqu'à la fabrication
d'énergie. Maintenant, vu les coûts à l'époque de
l'usine thermique, on avait plutôt décidé de relier la
ville de Parent par l'intermédiaire du réseau
d'Hydro-Québec, qu'on appelait le secteur non relié à
l'époque. Je veux juste savoir où en est rendu le
ministère quant à l'utilisation de la biomasse. Quelles sont les
études qui sont faites actuellement avec ou sans l'aide de Nouveler ou
d'Hydro-Québec? C'est pour savoir où se dirige le
ministère dans l'utilisation de la biomasse.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Concernant la
biomasse, on a un accord avec l'Institut Armand-Frappier pour faire des
recherches et transformer la biomasse en protéines. Du côté
de l'énergie, cela s'est fait principalement avec Nouveler.
M. Jolivet: Au ministère de l'Énergie et des
Ressources, dont vous êtes l'une des branches quant à
l'utilisation de la forêt, les décisions d'arrêter toutes
les études vu le manque d'argent, est-ce une des raisons de la
non-poursuite du dossier de Saint-Juste-de-Bretenières?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est
relié, évidemment, au coût de l'énerqie, au prix
marchand, au prix régulier de l'énergie, étant
donné que le prix de l'énergie ne peut pas soutenir les
projections. Dans le cas de Saint-Juste-de-Bretenières, je ne le sais
pas, cela relève plutôt du secteur énergétique que
de mon secteur.
M. Jolivet: Oui, je le sais, mais il y avait des connexions avec
la question de l'utilisation de la biomasse.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, mais la
bîomasse est encore là. Sauf que, si les gens ne peuvent plus
produire de méthanol pour le vendre à un prix acceptable, cela
reste là et la biomasse reste sur place.
M. Jolivet: Une question...
Une voix: La question a été soulevée ce
matin.
M. Jolivet: Je vais attendre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On me dit que mon
collègue, M. Ciaccia, a répondu à cette question ce
matin.
M. Jolivet: Je voulais avoir l'idée du ministre qui a la
responsabilité des études sur la biomasse. Je ne voulais pas
avoir la réponse du ministre de l'Énergie et des Ressources. Vous
comprendrez très bien que, si, vous, comme ministre responsable de
toutes les études sur la biomasse, vous dites qu'on fait faire la
recherche par l'Institut Armand-Frappier, qu'on ne lui donne pas de contrat et
qu'on ne lui donne pas d'argent pour le faire, cela veut dire qu'il va le faire
de son propre chef. C'est ce que je disais tout à l'heure. Vous avez le
CERFO et le
CREF. C'est bien beau de dire qu'on va utiliser le secteur privé,
mais, si le secteur privé ne bouge pas et qu'il a intérêt
à ce que le secteur public le fasse, je comprends mal que le ministre
vienne me dire: Ecoutez, on a des ententes avec l'Institut Armand-Frappier,
mais, de là à vous dire qu'on a de l'argent pour continuer
l'étude sur la biomasse forestière et que cela a une connexion
avec l'autre partie qui est la fabrication du méthanol ou, comme je vous
le disais, la construction de l'usine thermique à Parent. Je vous dis
que je ne comprends pas que, comme ministre responsable de la biomasse, vous ne
puissiez pas répondre à ces questions: Où sont rendues les
études? Quelles sont les sommes d'arqent que vous allez mettre
là-dedans cette année? Si vous dites: Pas une cenne, on saura
qu'il n'y aura pas une cenne. Mais on veut savoir quoi.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, l'inventaire du volume de la biomasse, c'est fait aux
Forêts, mais la suite à tout cela relève du secteur
énergétique. Il y a une étude en cours de ce
côté. On a une demande de crédits pour le faire.
M. Jolivet: L'inventaire de la biomasse dont vous parlez, est-ce
que c'est public? Peut-on en avoir une copie comme membre de la commission? Y
a-t-il des possibilités?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, M. le
député.
M. Jolivet: Donc, vous ferez parvenir cela au secrétaire
de la commission pour qu'on puisse en avoir des copies.
Une autre question et je suis sûr que vous l'attendiez
celle-là parce que c'est l'ensemble des recherches, concerne le flottage
du bois sur la rivière Saint-Maurice. Là, ne me répondez
pas que le ministre de l'Environnement a répondu à cette
question, j'en suis conscient. On lui a posé une question qui le
concernait. Je vais vous poser la question puisqu'il s'est
référé à vous en nous disant que c'était
vous qui aviez les études. Donc, c'est clair que c'est vous qui allez me
répondre. Où en est rendue l'étude? Vous m'aviez dit,
pendant la commission parlementaire que vous m'en donneriez des copies.
Après cela, j'ai reçu simplement les deux dernières
feuilles de l'ensemble de l'étude qui ne disent rien, dans le fond, pour
le moment. Dans ce contexte-là, il y a un groupe de gens de la
rivière Saint-Maurice qui font des pressions, par la MRC qui les appuie,
et les municipalités riveraines qui les appuient, par les orqanismes,
les gens qui utilisent la rivière. Le groupe qui utilise la
rivière Saint-Maurice dit: Nous aimerions être consultés
avant que toute décision nouvelle ne soit prise. Je dois vous dire que
les gens ne recherchent pas l'arrêt complet,
dans le contexte immédiat, du flottage du bois sur la
rivière Saint-Maurice. Tout ce qu'ils recherchent, c'est une utilisation
multifonctionnelle de la rivière. Il est évident, que s'il n'y
avait plus une bille sur la rivière, ce serait encore mieux. Mais, entre
cela et la réalité d'aujourd'hui, les gens sont bien conscients
qu'il y a des étapes à suivre. Il y a une étude qui a
été commandée; vous l'avez entre les mains. Le ministre de
l'Environnement nous a dit qu'il rendrait publique une étude que je ne
cannais pas. Il m'a dit dans deux semaines. Est-ce l'étude que vous avez
en main qui sera rendue publique? Est-ce tout le document qui sera rendu public
ou si ce sera simplement ce que vous aurez déterminé comme
étant d'intérêt public, donc coupé de l'ensemble de
ses éléments? Qu'est-ce que ce sera?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, j'avais mentionné au député de
Laviolette que je lui en ferais parvenir une copie si le document
n'était pas jugé confidentiel. Selon nos procureurs, une bonne
partie des informations de ce document était confidentielle et les
compagnies avaient fourni les informations sur cette base. Par contre, je crois
qu'on doit être ouvert aux préoccupations des riverains des
questions d'environnement, leur communiquer l'ensemble des résultats que
l'on peut rendre public et aller discuter avec eux. À cet effet, j'ai
rencontré les dirigeants de Consolidated Bathurst et ceux de CIP, avec
mon collègue, le ministre de l'Environnement, Clifford Lincoln, et nous
avons convaincu ces industriels de rendre publics, sans faire de cachettes,
avec des explications - cela prend des explications - lors d'une
conférence de presse, les principaux résultats de l'étude
qui avait été commandée dans le passé. Dès
que le document-synthèse sera prêt et qu'il sera rendu public, il
me fera plaisir d'en transmettre une copie et d'inviter, s'il le peut, le
député de Laviolette à cette conférence de presse
où on présentera le document-synthèse sur le flottage,
étude qui a été commandée il y a deux ans. C'est
avec plaisir que ces deux industriels ont reconnu et ont accepté,
même si, dans certains cas, il y a des chiffres qui pourraient être
jugés confidentiels, de les dévoiler et de les expliquer. Cela
devrait se faire aussitôt - j'en ai parlé justement à mon
collègue la semaine dernière - dès que le
document-synthèse sera prêt. On convoquera, alors, une
conférence de presse et on vous remettra une copie de ce document, M. le
député.
M. Jolivet: Le 9 mars dernier, le ministre de l'Environnement est
venu dans ma région et a dit qu'il fallait en arriver à
éliminer le flottage du bois, qu'il y aurait une politique dans quelques
mois; il a fait mention de recommandations précises, etc. Il a dit: II
faudra réduire progressivement le flottage du bois sur nos
rivières pour en arriver à l'éliminer complètement.
Entretemps il reste que des permis de l'Environnement sont donnés pour
faire des estacades, alors qu'on parle d'une politique. Les compagnies sont
autorisées à faire des changements au flottage du bois sur la
rivière Saint-Maurice sans consulter les utilisateurs qui, eux, crient
de leur côté en disant: Comment se fait-il qu'après toutes
les lettres que nous avons envoyées à tout le monde il n'y ait
personne qui ait jugé bon de nous consulter avant d'octroyer le permis
à la compagnie pour qu'elle obtienne des subventions
fédérales? Ils ont envoyé tout dernièrement
à nouveau des lettres disant qu'ils aimeraient bien être
consultés parce qu'ils représentent tout le monde y compris les
municipalités et les municipalités régionales de
comté, de ce secteur. Ils veulent être consultés avant
qu'une décision ne soit prise. J'ai envoyé dernièrement
une lettre au ministre lui demandant tout au moins de considérer ces
gens, quand on regarde tout le monde qu'ils représentent.
Dans ce contexte, je serais très intéressé, dans la
mesure où ce ne sera pas pendant la période des vacances, quand
les gens ne sont pas là, que le ministre dévoilera son document,
mais s'il le fait dans les jours qui viennent, la semaine prochaine ou avant
qu'on ne termine la session en cours, je me ferai un devoir d'être
présent. S'il le faisait dans ma région, je lui conseillerai
d'inviter les gens qui font actuellement des pressions. C'est tout à
fait normal, pour les utilisateurs de la forêt, sans qu'on leur dise que,
demain, on fait disparaître complètement le flottage, qu'on en
arrive au moins à une utilisation multifonctionnelle de la
rivière.
M. Côté (Rivière-du-Loup): A cet effet, nous
avons demandé aux principaux industriels concernés de produire un
document pour démontrer les efforts qu'ils ont faits pour
améliorer la circulation sur la rivière pendant certaines
périodes, les efforts qui sont faits au point de vue financier à
ces fins et les efforts qu'ils ont l'intention de faire à l'avenir. Je
pense qu'il serait intéressant pour la population de connaître ces
deux aspects.
M. Jolivet: Je vous arrête pour vous dire que,
effectivement, ils ont présenté cela au comité qui l'a
refusé et ils l'ont fait quand même, avec l'accord du
ministère de l'Environnement. Je veux seulement vous dire cela. En tout
cas, j'attends de vos nouvelles, parce que c'est un dossier qui, je pense, est
important pour notre région.
L'élément 1, quant à nous, serait
terminé.
Le Président (M. Cusano): C'est bien.
Élément 2... Excusez-moi. Est-ce que l'élément 1
est adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Planification de l'utilisation
Le Président (M. Cusano): Adopté.
Élément 2.
M. Jolivet: Est-ce que le ministre a des choses à dire sur
l'élément 2?
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'ai
mentionné dans mon discours que, pour cet élément, nous
avons accéléré la prise des données des inventaires
forestiers afin d'être en mesure de mettre en place le nouveau
régime forestier le plus rapidement possible. Vous constatez qu'il y a
une augmentation du budget à cet élément, Planification de
l'utilisation, de 7,2 %, soit 1 760 000 $ environ. C'est la principale
caractéristique de changement à cet élément.
J'aimerais signaler, M. le Président, qu'au cours de la
présente année nous devrions négocier et proposer des
contrats d'aménagement et d'approvisionnement forestier à 56
détenteurs, propriétaires d'usines. Évidemment, cela
représente une dépense supplémentaire de quelque 300 000 $
en frais de discussions, de voyages et tout cela.
Quant à la voirie forestière, M. le député
de Laviolette mentionnait qu'elle avait été diminuée de
beaucoup. C'est un fait que, du côté de la voirie
forestière, nous avons réduit sensiblement, étant
donné que la nouvelle entente Canada-Québec ne souscrit pas
d'argent à ce dossier.
Voirie forestière
M. Jolivet: Commençons par celui-là, d'abord, la
voirie forestière, M. le Président. Je comprends mal que le
ministre nous dise que, parce que le ministre fédéral n'injecte
pas d'argent, lui n'en met pas. Écoutez, peu importe ce qu'injectait le
fédéral, le gouvernement du Québec en injectait, lui, 12
000 000 $ en 1985-1986, 7 000 000 $ en 1986-1987 et 5 000 000 $ en 1987-1988.
Cela fond comme neige au soleil. On se demande ce que le ministre a l'intention
de faire en voirie forestière pour les voies de
pénétration principales. (16 h 15)
Je pourrais poser de nombreuses questions sur ma propre région,
mais je ne le ferai pas, parce que je veux regarder l'ensemble, tout le
Québec. Une politique a été annoncée dans le livre
blanc. Quelle est la décision du ministre dans ce contexte? Être
coupé par le président du Conseil du trésor, c'est bien
beau, mais il y a quand même des activités qui sont faites. Le
programme de voirie forestière sera-t-il modifié dans ce
contexte? Quelle est l'idée du ministre? Est-ce de diminuer du triple
tous les ans? Je ne comprends pas la réponse du ministre: Parce que le
fédéral n'en met pas, je n'en mets pas. Quand il en mettait 12
000 000 $, le fédéral en mettait aussi. Aujourd'hui, avec les
chiffres, c'est 5 000 000 $; 12 000 000 $, ce n'est pas de l'argent du
fédéral, c'est l'argent du Québec. Si vous étiez
prêt au moins à mettre le même montant, il y a
peut-être des choses qui se feraient mais qui sont retardées
actuellement. Quelle est votre politique? Est-ce que c'est de la faire
disparaître complètement? Ce serait bon de le savoir
immédiatement pour que les gens qui vont avoir des contrats
d'approvisionnement et d'aménagement forestier le sachent.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est qu'on a fait
des choix...
M. Jolivet: Je comprends.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...qui sont
orientés vers la production de plants et l'amélioration de la
forêt, plutôt que vers la construction de chemins forestiers. La
principale partie du budget de 5 000 000 $, c'est pour respecter des
engagements déjà pris dans certaines régions avec certains
industriels. Il y a 5 000 000 $ qui sont bloqués par des engagements
passés et il y a 1 200 000 $ qui servent à la construction du
tronçon de raccordement de la route entre Maniwaki et
Témiscaming. Sur 7 000 000 $, il n'en reste pas beaucoup.
M. Jolivet: Oui, mais, cette année, c'est 5 000 000 $. Si
j'ai bien compris, vous dites qu'il y a 1 200 000 $ pour Maniwaki, qui n'est
pas une route forestière, soit dit en passant. Ce n'est pas pour aller
chercher du bois que vous faites cela.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Bien oui.
M. Jolivet: C'est pour aller chercher du bois dans le secteur
là-bas ou pour relier les deux coins, les deux secteurs?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est une route
qui a été entreprise durant votre règne...
M. Jolivet: Oui, oui, je sais cela.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...et il faut la
relier à la route principale.
M. Jolivet: Oui, mais est-ce que...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Autrement, elle
n'est pas très utile.
M. Jolivet: Oui, je te sais, mais est-ce que le montant de 1 200
000 $, c'est pour aller chercher du bois là-bas, pour permettre à
l'industrie forestière d'aller chercher du bois? Ce n'est pas cela,
c'est une route nationale que vous faites.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non, non.
M. Jolivet: Non?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, c'est la
même route que vous aviez commencée, mais qui n'était pas
reliée au réseau public. Cela coûte 3 600 000 $ pour la
relier au réseau public; on le fait sur une période de trois
ans.
M. Jolivet: Vous mettez 1 200 000 $ sur les 5 000 000 $; il
reste...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Sur 7 000 000
$.
M. Jolivet: Sur 7 000 000 $? D'accord. Il reste...
M. Côté (Rivière-du-Loup): II y a 5 000 000
$: il y a 1 100 000 $ dans la région du SaguenayLac-Saint-Jean,
850 000 $ dans la région de Trois-Rivières...
M. Jolivet:D'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...2 168 000 $ en
Abitibi-Témiscamingue et 900 000 $ sur la Côte-Nord.
M. Jolivet: Ce que vous dites, c'est seulement pour les
engagements déjà pris. Cela veut dire que, dans le fond, ce que
vous mettez cette année, ce n'est pas de l'argent neuf pour de nouveaux
projets.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non, ce ne
sont pas de nouveaux projets.
M. Jolivet:Donc, est-ce que cela veut dire, si je me fie à
cela, une fois que vous aurez fini d'utiliser cet argent, que l'année
prochaine il n'y aura plus une cenne ou si ce seront de nouveaux projets?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ah! ils ne seront
pas tous terminés, mais, comme je l'ai mentionné, on a fait des
choix, on a mis le principal de notre argent sur l'amélioration de la
forêt. C'est pourquoi vous avez une augmentation de 152 000 000 $ du
côté de la production de plants, etc.
M. Jolivet: Je ne nie pas que vous ayez autre chose à
faire. Je vous parle d'un dossier précis, soit toute la question de la
voirie forestière. Vous me dites: On met 5 000 000 $ cette
année...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Bien oui. Si on
n'a pas d'argent, on...
M. Jolivet: ...qui est de l'argent pour des engagements faits,
c'est-à-dire que cette année, vous ne faites rien de neuf, vous
continuez ce qui était prévu dans la programmation avec 5 000 000
$. Vous ne faites pas de nouvelles choses. Si vous parlez d'engagements faits,
c'est quoi? Autrement dit, est-ce que vous allez faire, par exemple, le pont
sur la Vermillon ou sur la Flamand? Ce sont ces questions que je pose. Si vous
me dites que ce sont des engagements qui font que, cette année, on va
faire tant de kilomètres de routes, tant de ponts, je comprendrais, mais
ce n'est pas cela que vous m'avez dit, ce n'est pas ce que j'ai compris. Vous
m'avez dit: On finit les engagements. Finir les enqagements, c'est payer ce qui
est fait, à moins que ce ne soit autre chose. Est-ce que vous finissez
de payer ce qui est fait ou si, dans les 5 000 000 $, vous additionnez le
coût des routes forestières et des ponts?
M. Côté (Rivière-du-Loup): On additionne le
coût des nouveaux chemins à construire, mais ce seront des
engagements vis-à-vis de certaines entreprises qui ont été
pris antérieurement et qu'on respecte. Ces chemins ne pouvaient pas tous
être construits dans la même année. C'est au fur et à
mesure qu'on met l'arqent nécessaire. Le programme à frais
partagés avec l'industrie n'est pas terminé, parce que ces
chemins, la plupart du temps, sont faits 50-50 avec l'industrie.
M. Jolivet: C'est cela. C'est évident. Voici la question
qui me vient pour terminer cette partie: Est-ce que l'année prochaine ce
sera inférieur à 5 000 000 $? Est-ce que, déjà,
vous prévoyez que cela sera inférieur à 5 000 000 $?
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'aimerais, M. le
Président, si on a l'argent pour continuer, l'améliorer et
même l'augmenter, mais on verra quels moyens on aura.
M. Jolivet: Au rythme où cela va, c'est 12, 7, 5, j'ai
l'impression que ce sera zéro.
M. Côté (Rivière-du-Loup) Si on n'a pas
d'argent, s'il y a d'autres priorités plus importantes, on respectera
nos engagements et on y mettra fin. Oui.
M. Jolivet: Vous mettrez fin au programme.
M. Côté (Rivière-du-Loup) Mais je ne
le souhaite pas.
M. Jolivet: En tout cas, vous n'êtes pas rassurant pour les
industries, parce qu'elles ne planifient pas à la semaine ni au mois.
Elles planifient pour des années à venir et elles veulent
connaître vos intentions. C'est vous qui êtes ministre. Il ne
s'agit pas de savoir si on a de l'argent ou non. Vous savez que tous les ans il
faut mettre de l'argent. Il s'agit de savoir combien vous allez en mettre et
dire: Oui, il va y en avoir et on va étudier les cas un par un et
déterminer lesquels y auront droit eu égard aux engagements
déjà pris. Mais ne venez pas me dire que vous ne le savez pas au
moment où on se parle. Cela n'a pas de bon sens. Avez-vous, comme
ministre, l'intention de mettre de l'argent l'année prochaine?
M. Côté (Rivîère-du-Loup): Oui, j'ai
l'intention, comme ministre, d'en mettre l'an prochain.
M. Jolivet: Plus de 5 000 000$?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Selon nos moyens.
Écoutez!
Contrats d'approvisionnement et d'aménagement
forestier
M. Jolivet: II ne répond pas. On n'ira pas loin avec cela.
Cela ne fera pas des enfants forts.
Deuxième question, M. le Président. Vous avez
distribué, en juillet 1986, parmi les documents qu'on a reçus, le
document no 5 Processus d'élaboration et de négociation des
contrats d'approvisionnement et d'aménagement. Vous avez
présenté cela à l'industrie, lors de vos rencontres, en
fonction de la loi qui était en discussion à ce moment-là,
soit la Loi sur les forêts. Ce document indique que, selon les programmes
d'inventaire forestier, les résultats du nouvel inventaire vont
être disponibles en 1987, pour la région de Québec et le
Bas-Saint-Laurent, et, cette année pour la Gaspésie. Vous faisiez
mention qu'à partir de cela il y avait tant de contrats
d'approvisionnement et d'aménagement forestier à signer. On
comprend très bien que l'inventaire, en vertu de la loi, est essentiel
pour permettre l'établissement du bilan de l'offre et de la demande qui
va être analysé par zone. La question qu'on peut d'abord poser au
ministre est la suivante: Si on se fie à ce qu'il nous donnait, est-ce
que l'échéancier est toujours demeuré le même ou si,
compte tenu des circonstances, il a évolué en avançant, si
on veut, ou en reculant?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non,
l'échéancier n'a pas été modifié du
tout.
M. Jolivet: Donc, l'échéancier reste le même
pour le moment.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: Est-ce que le ministre, d'après ce qu'on
entend dire un peu partout, s'apprêterait à confirmer des
approvisionnements pour les projets des papeteries de Matane et de
Rivière-du-Loup? II me dit que l'échéancier est le
même. Est-ce que cela veut dire qu'au moment où on se parle, le
ministre s'apprêterait à confirmer des approvisionnements pour
deux projets, les papeteries de Matane et de Rivière-du-Loup? Est-ce
qu'il peut me dire, aujourd'hui, s'il l'a fait sans attendre ce nouvel
inventaire? Est-ce que vous avez basé cela sans attendre le nouvel
inventaire, comme l'article 229 - je ne vous le lirai pas parce que c'est trop
long - vous oblige à le faire? Est-ce que vous êtes en train de me
dire, étant donné que l'échéancier est resté
le même, au moment où on se parle, que vous auriez promis des
approvisionnements pour les projets de papeteries de Matane et de
Rivière-du-Loup sans avoir l'inventaire?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, nous connaîtrons les données de l'inventaire de
la région du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie à l'hiver ou au
printemps 1988. Les deux projets dont le député de Laviolette
fait mention ne nécessitent pas de nouveaux contrats
d'approvisionnement. Ce sont déjà des volumes qui ont
été alloués à des industries existantes. Ce bois
devrait provenir, en grande partie, de la forêt privée. Dans le
cas de Matane, le tiers devrait provenir de la forêt privée: le
tiers des copeaux produits par les scieries existantes, les scieries
indépendantes, et le tiers des copeaux produits par les scieries de
l'Est. Comme cela ne nécessite pas de nouveaux contrats
d'approvisionnement et d'aménagement, bien sûr qu'on pourra
confirmer à Matane ce que je viens de vous dire.
M. Jolivet: Est-ce que cela veut dire que ce qui était
à REXFOR, les 170 000 mètres cubes, ne sera pas donné
directement à la nouvelle compagnie, à la nouvelle usine?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non. C'est ce que
cela veut dire.
M. Jolivet: À qui allez-vous le donner?
M. Côté (Rivière-du-Loup): À des
scieries existantes, dans le respect du rendement soutenu et de la
possibilité de la forêt.
M. Jolivet: Est-ce que les rumeurs qui...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Et,
évidemment, cela va produire des copeaux. Ils ne s'évaporeront
pas, n'est-ce-pas?
M. Jolivet: C'est évident.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Alors, ce sera
accessible à la papeterie de Matane, si elle voit le jour.
M. Jolivet: Vous parliez de 400 000 mètres cubes
disponibles et vous parliez, dans le projet, d'une possibilité de 800
000 mètres cubes en disant que ce sera plus tard qu'on connaîtra
l'inventaire, qu'on ira voir sur la Côte-Nord, à l'île
d'Anticosti, etc. Vous avez dit tout ça sans aucun inventaire
basé sur l'obligation que vous avez en vertu de l'article 229 de la loi
que vous avez adoptée à l'unanimité.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je
répète que ce sont des allocations qui sont déjà
attribuées à des industries existantes qui
bénéficient durant la période transitoire,
c'est-à-dire d'avril 1987 à mars 1990, de permis d'intervention
basés sur la moyenne de consommation des cinq dernières
années en tenant compte des cas de force majeure, c'est-à-dire
des qrèves, des feux ou des améliorations d'usines ou des
modifications. Ces permis d'intervention sont actuellement
délivrés dans tout le Québec. En avril 1988, pour le
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, on devrait négocier 78 contrats
d'aménagement et d'approvisionnement forestier basés sur les
nouveaux inventaires. Actuellement, on fonctionne d'après des permis
d'intervention émis pendant la période transitoire, et c'est ce
qui est prévu dans la loi. Avec ces données-là, je pense
bien qu'on peut confirmer à Donohue-Péladeau qu'il y a 400 000
mètres cubes de bois disponibles pour eux, à raison d'un tiers un
tiers.
M. Jolivet: J'ai bien compris qu'il y avait 400 000 mètres
cubes. Deuxièmement, vous parlez de 800 000 mètres cubes comme
disponibilité. Cela veut dire qu'au moment où on se parle vous
vous engagez, en vertu de la loi - on ne contreviendra pas à la loi,
j'espère - de ne prévoir les 400 000 additionnels que le jour
où vous aurez les inventaires en 1987-1988 et 1988-1989. C'est ça
que vous me dites, là.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On peut donner
l'assurance au promoteur que, dès que les chiffres seront connus, on lui
donnera ce que la forêt peut lui accorder. Évidemment, on a une
idée assez précise des données d'inventaires du
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie. S'il advenait - c'est ce que j'ai dit
publiquement et je vous le répète avec plaisir - qu'il manque
quelques dizaines de milliers de mètres cubes de bois, nous irions bien
les chercher quelque part parce que ça vaut la peine pour lancer un
projet semblable. C'est un projet qui existe depuis plusieurs années,
vous le savez fort bien. Depuis 1977, votre prédécesseur en a
parlé longuement. En parler, ça ne fait pas tellement pousser la
forêt non plus, n'est-ce-pas?
M. Jolivet: Mais non, mais non! M. Côté
(Rivière-du-Loup): ...non!
M. Jolivet: Je comprends que le ministre peut garantir
actuellement 400 000 mètres cubes. Il garantira le reste le jour
où, à partir de l'hypothèse d'inventaires, il sera capable
de dire: Tu auras, soit sur l'île Anticosti ou ailleurs sur la
Côte-Nord, du bois disponible à la suite de l'inventaire que nous
aurons fait, là on pourra te garantir la deuxième partie de 400
000, mais ça pourrait être 300 000.
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'aimerais
souligner que nous sommes actuellement à préparer un plan
d'aménagement avec le concours du MLCP, à Anticosti. Il faudra
exploiter Anticosti à des fins fauniques, les fins premières
d'Anticosti. Il n'est pas question d'aller construire une usine là.
Mais, évidemment, le bois devra aller quelque part, parce qu'il y a
déjà eu dans le passé des opérations
forestières à Anticosti, et ce n'est pas ça qui a mis la
Consolidated Bathurst dans le chemin.
Quand je vois qu'au ministère on a actuellement des demandes pour
aller chercher 10 000 000 de pieds de bois, pour prendre un exemple
précis, à Anticosti, sans aucune subvention, je pense qu'on peut
tourner les yeux vers Anticosti pour favoriser un projet majeur dans une
région où il y a beaucoup de chômage. Ce sera seulement
pour compléter, et, quand on complète un approvisionnement, peu
importe la compagnie, quand c'est pour compléter, même si c'est un
petit peu plus cher, ça devient quand même des projets rentables
et réalisables. Il en sera de même pour Natashquan où la
population vit de prestations d'aide sociale. Il n'y a aucun avenir pour le
Québec à maintenir les gens dans de telles conditions.
M. Jolivet: La seule chose que les gens se posent comme question,
c'est s'il y a possibilité, dans notre secteur, d'utiliser ce bois
plutôt que de l'envoyer sur la côte sud. C'est à vous de
décider de cette question-là, mais il y a des gens qui se la
posent. (16 h 30)
M. Côté (Rivière-du-Loup): Encore là,
M. le Président, il faut toujours bien avoir des promoteurs et des gens
qui sont prêts à investir. Si je prends les dirigeants de ces
compagnies qui sont prêts à investir, ils ne sont pas aveugles au
point de dire: C'est
impossible, ce n'est pas le bon endroit, il faudrait aller ailleurs.
S'ils s'intéressent à cet endroit, c'est parce que c'est faisable
et possible, et je m'en remets à leur expertise.
M. Jolivet: D'accord pour l'élément 2, M. le
Président.
M. Maltais: Avant l'adoption, j'aurais une petite question.
M. Jolivet: Je m'excuse. Vous y allez? M. Maltais: Vous en
avez encore une? M. Jolivet: Oui, j'en ai une. M. Maltais: Non,
non, allez-y! M. Jolivet: Allez-y, allez-y!
M. Maltais: M. le ministre, je voudrais savoir, tout doucement,
avec l'investissement qu'on met pour la route Gagnon-Manic V cette année
- c'est une partie des 900 000 $ qui est très importante - si cela
complète l'infrastructure ou si cela va prendre encore quelques
années?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, cela complète la route entre Manic V et Fermont.
M. Maltais: Y inclus les ponts. Ce qui veut dire qu'à
l'automne 1987 vous allez être en mesure, au ministère des
Transports, de livrer cette route.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est ce qu'on me
dit, M. le député.
M. Maltais: D'accord. Merci. C'est important.
M. Jolivet: M. le Président, je n'ai pas terminé,
malheureusement, j'ai une autre question.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
Tarification des droits de coupe
M. Jolivet: Elle a trait à la tarification des droits de
coupe. Le ministre a décidé d'adopter un décret et de
porter les redevances à 70 % plutôt qu'à 100 % des
coûts prévus par la loi. On pourrait se demander en vertu de quel
article de la loi le ministre a pu décréter que les redevances ne
vont s'appliquer cette année qu'à 70 % du volume
récolté. On voit à la page 27 du cahier explicatif que les
prévisions de revenus, en droits pour 1987-1988, sont de 49 150 000 $.
Est-ce que ce chiffre tient compte de la réduction de 30 %? Sinon,
à quel montant le ministre, le gouvernement par le fait même,
a-t-il renoncé? Le ministre peut-il confirmer que le coût des
modalités d'intervention à 0,55 $ le mètre cube, ce qui
équivaut à 25 000 000 $, sera entièrement assumé
par le gouvernement? Le document 12, daté du 17 juin 1986 et qui a
été remis à l'industrie en vue de la discussion de
l'avant-projet de loi, indiquait que les coûts, alors
évalués à 18 900 000 $, seraient défrayés
par l'industrie.
L'autre question qui surgit, c'est: Quelle est la capacité des
industries du sciage de payer une hausse de près de 200 % des droits de
coupe, c'est-à-dire de 1,85 $ le mètre cube à 3,70 $ le
mètre cube? On sait que la taxe à l'exportation va coûter
environ 104 000 000 $ à l'industrie du sciage, que les coûts
d'aménagement vont se situer à près de 28 000 000 $, ce
qui donne un coût total à supporter de la part de l'entreprise de
132 000 000 $, moins le crédit qui va provenir de la taxe à
l'exportation qu'on évalue au tiers du montant, à 35 000 000 $,
ce qui donne un coût réel d'environ 100 000 000 $. En gros, 97 000
000 $ de coûts additionnels pour le sciage. J'aimerais savoir du ministre
comment il peut donner les informations les plus pertinentes possible à
toutes ces questions. J'en aurai d'autres ensuite.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Concernant les
redevances, M. le Président, j'ai formé un comité et j'ai
aussi demandé à une firme indépendante, à un
vérificateur de regarder notre façon de calculer la valeur
marchande du bois sur pied, parce que c'est une évaluation. Le
vérificateur indépendant va regarder notre façon de faire
et nous fera peut-être des recommandations, et le comité que j'ai
formé va rencontrer tous les industriels du Québec pour recevoir
leur perception ou leurs vues sur la valeur marchande du bois sur pied. Si on
s'est trompé, j'ai pris l'engagement le 1er décembre d'adopter un
arrêté ministériel rétroactif au 1er avril de
façon à respecter l'équité d'une valeur marchande
du bois sur pied correcte.
Lundi, j'arrivais d'une conférence avec mes collègues, les
ministres des Forêts, à Winnipeg et je vous dirai qu'en ce qui
concerne la taxe de 15 %, toutes les provinces proposent, sauf une, des mesures
de remplacement. Nos droits de coupe, actuellement, au Québec, nos
redevances au Québec, pour cette année, sont inférieures
à celles de l'Ontario et inférieures à celles du
Nouveau-Brunswick. Quant à la Colombie britannique, elle se propose
d'augmenter ses redevances à un niveau comparable sinon supérieur
au nôtre dès le 1er septembre comme mesure de remplacement de la
taxe de 15 %. Quant à ces nouvelles majorations, M. le
député de Laviolette, elles sont déductibles de la taxe de
15 %, c'est-à-dire
que j'ai fait adopter un décret pour éviter qu'il y ait
double taxation. Je pense que cela est important parce que, s'il fallait payer
en plus, mettons, l'augmentation des redevances et la taxe de 15 %, notre
industrie ne pourrait pas survivre. Nos redevances se comparent au Canada...
Elles sont inférieures à celles du Nouveau-Brunswick. Quand je
parle de la moyenne des résineux, elle est inférieure à
l'Ontario. Et ça se compare aussi... Étant donné que la
Colombie britannique a un système de tenure différent du
nôtre, c'est difficile de le comparer, mais j'ai rencontré le
nouveau ministre Dave Parker et c'est ce qu'il nous disait lundi.
M. Jolivet: Je peux reprendre. Le ministre peut-il nous dire sur
quel article il s'est basé pour changer les redevances de 100 % à
70 %?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Sur l'article 71,
M. le Président.
M. Jolivet: De la loi?
M. Côté (Rivière-du-Loup): De la loi.
M. Jolivet: L'article dit: "Le bénéficiaire doit
payer annuellement pour, l'exécution du contrat, les droits prescrits
par le ministre sur la base du volume de bois attribué par le contrat.
"Ces droits sont égaux à 75 % du produit du volume
attribué par le taux unitaire applicable."
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les droits
prescrits par le ministre, c'est là-dessus que je me suis basé,
M. le député.
M. Jolivet: Oui, mais on dit: "sur la base du volume de bois
attribué par le contrat". Pourquoi dites-vous 70 % du volume au lieu de
100 %? C'est marqué "tout". C'est 100 %.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est pour
respecter le principe de la loi quant à la valeur marchande du bois sur
pied.
M. Jolivet: Je ne comprends pas le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II y a aussi
l'article 5 qui se lit comme suit: "Le ministre prescrit ces droits selon le
taux unitaire applicable à l'essence ou au groupe d'essences et à
la qualité du bois dont le permis autorise la récolte ou, le cas
échéant, le taux unitaire applicable par unité de surface
dans l'aire forestière où s'exerce le permis."
M. Jolivet: Oui, mais le taux unitaire...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pour les
catégories de permis d'intervention.
M. Jolivet: Oui, mais le taux unitaire est basé sur la
valeur marchande du bois sur pied.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, il reste
là.
M. Jolivet: Oui, mais à propos de quoi dites-vous 70 %
plutôt que 100 %?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Du volume. M.
Jolivet: Du volume, oui, oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le taux unitaire
reste la valeur marchande du bois sur pied. À l'article 5, on dit que
pour être titulaire d'un permis d'intervention, une personne doit payer
les droits prescrits par le ministre.
M. Jolivet: Oui, je le sais, mais l'article 71 dont vous faites
mention dit que les droits sont égaux à 75 % du produit du volume
attribué. Le volume attribué, ce n'est pas 70 %, c'est 100 %.
Donc, la question que je vous pose c'est: Sur quel article vous basez-vous? Je
ne peux pas vous dire si c'est Ça-
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est en
période intérimaire, transitoire.
M. Jolivet: Oui, je le sais, M. le ministre. Je vous ai dit dans
mon discours d'ouverture que ça, vous allez en avoir tous les ans. Il va
toujours y avoir toutes sortes de pressions. Est-ce que c'est d'après
l'humeur de quelqu'un quelque part que le ministre va décider que c'est
80 % cette année, l'année prochaine, 50 % et l'autre
année, 100 %? Avez-vous le droit, comme ministre, de
décréter, en vertu de la loi, un volume différent tous les
ans, un pourcentage du volume différent tous les ans7 C'est
bien beau de me dire qu'aujourd'hui c'est transitoire, mais vous allez voir
que, dans le transitoire, il y a des passagers qui y demeurent longtemps. Il y
a des occasionnels qui sont encore occasionnels depuis un bon bout de temps
dans certaines industries et ailleurs. L'occasionnel devient quasiment un
permanent. C'est la question que je vous pose. Sur quel article de la loi vous
êtes-vous basé pour dire que, cette année, c'est 70 % au
lieu de 100 % du volume?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Sur l'article 5
aussi.
M. Jolivet: C'est-à-dire que cela vous donne tous les
pouvoirs de subir toutes les pressions que vous voulez. Vous venez de
dire aux membres: Faites des pressions, à peu près comme
le ministre de l'Éducation qu'on rencontre un peu partout...
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'ai...
M. Jolivet: ...et qui dit: Je marche sur les pressions, moi.
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'ai
expliqué que, si on avait fait cela, M. le député, c'est
que nous n'étions pas prêts à proposer des contrats
d'aménagement et d'approvisionnement dès cette année. En
attendant, cette année, il y avait lieu de soulager un peu
l'industrie.
M. Jolivet: En tout cas, cela vous indique les pressions
actuelles. Les gens se disent que les amendes vont peut-être être
moins importantes que la mise en application des modalités
d'intervention, ce qui fait qu'il y a bien du monde qui ne le fera pas cette
année. Le monde va dire: Si le ministre a cédé une fois,
il va céder deux fois.
Vous avez une loi qui vous donne des pouvoirs et vous l'utilisez sous la
forme de pressions en disant: On n'était pas prêts, donc, on est
condescendants. Mais, demain matin, qu'est-ce que vous allez faire contre les
industries qui, au lieu de mettre en pratique les modalités
d'intervention en milieu forestier, diront: Après tous les calculs que
j'ai faits, je m'aperçois que, finalement, cela me coûte moins
cher de payer l'amende que de faire cela? Qu'est-ce que vous allez avoir comme
forêt demain matin? On va avoir de maudits problèmes.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On verra.
M. Jolivet: Je vous dis simplement que vous avez...
M. Côté (Rivière-du-Loup): On verra.
M. Jolivet: ...été, à mon avis... Bien, on
verra... J'en entends déjà parler. Il y a déjà des
gens qui me disent qu'ils vont faire cela. Il y en a qui ont engagé des
gens de contentieux, des avocats, qui disent: Cela va nous coûter moins
cher de payer les amendes que de faire les modalités d'intervention; on
ne les fera pas, on paiera les amendes. Cela fait un mosus de beau début
pour une loi. Il y a des amendements, vous le savez, qui doivent être
apportés et vous ne les apportez pas pour le moment.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, j'aurais
peut-être dû relever cela. Il y aura des amendements
apportés à la Loi sur les forêts, M. le
député. Au fur et à mesure qu'il se présente
quelque chose, au ministère, nous le compilons. Lorsqu'on aura un
ensemble et que cela vaudra la peine, on fera le nécessaire.
M. Jolivet: Je vous le dis tout de suite, pour être au
courant du problème, que vous allez l'avoir ce ne sera pas lonq, parce
que le monde dit: S'il a cédé sur un point, il va céder
sur deux. Vous avez été imprudent, à mon avis. Vous auriez
dû venir ici à l'Assemblée nationale, en commission
parlementaire, sur la loi 102 et apporter ces amendements; on les aurait
discutés au mérite et on aurait demandé à des gens
de venir parler du problème dont vous avez transmis la difficulté
à un organisme que vous avez engagé - vous l'avez dit tout
à l'heure - des vérificateurs afin de connaître la valeur
marchande du bois sur pied. Le monde s'inquiète, là.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les gens n'ont pas
raison d'être inquiets parce qu'ils auront l'occasion de faire valoir
leur point de vue. Évidemment, il appartient à l'industrie de
démontrer si on s'est trompé. Je pense que c'est équitable
d'agir ainsi.
M. Jolivet: La meilleure place aurait été à
l'Assemblée nationale où ils auraient la chance de dire
publiquement ce qu'ils pensent plutôt que de le dire à un
comité de travail formé des députés de votre
formation politique.
Ma deuxième question: Les prévisions de revenus des droits
à 49 150 000 $. Est-ce que cela tient compte, comme je l'ai
demandé dans ma question, de la réduction de 30 %?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les
prévisions de revenus des... (16 h 45)
M. Jolivet: Des droits à 49 150 000 $, à la page 27
du cahier explicatif que vous nous avez remis. Je peux donner une
réponse au ministre. Comme il a pris sa décision après
avoir préparé ses budgets, il est fort possible que le montant
soit surestimé, parce qu'il va y en avoir moins. Il va y avoir un manque
à gagner quelque part. Là, on vient de voir disparaître
trois fois le montant d'argent disponible pour la voirie forestière.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, le montant de 49 000 000 $ n'est pas correct, parce qu'il est
basé sur l'ancienne loi. Si vous voulez, je vais vous donner les
chiffres basés sur la loi actuelle, en tenant compte des 20 % et de
l'estimation des travaux qui se feront en forêt. Si on prend l'ancienne
loi et les anciennes redevances, nous escomptions recevoir 50 000 000 $.
L'augmentation prévue d'après la nouvelle Loi sur les
fôrets équivaut à 81 000 000 $, ce qui fait un
total de 131 000 000 $. Ce montant de 131 000 000 $ multiplié par
70 % du volume nous laisse un revenu de 92 000 000 $. Comme une partie des
redevances est payable en argent et comme l'autre partie est payable en
travaux, nous estimons que cette année les industriels devraient
réaliser environ 20 000 000 $ de travaux en forêt, ce qui nous
laisserait un revenu de 73 000 000 $ au ministère.
M. Jolivet: Donc, un surplus?
M. Coté (Rivière-du-Loup): Donc, une augmentation
par rapport à l'an dernier ou à l'ancienne loi. Au lieu de 49 000
000 $ ou 50 000 000 $ d'après l'ancienne loi, 73 000 000 $ cette
année au ministère en fonction de la courbe de 23 000 000 de
mètres cubes de bois. C'est cela?
Une voix: C'est cela.
M. Jolivet: Donc, vous auriez 73 000 000 $ au lieu de 50 000 000
$, en gros.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On ne manquera pas
de revenus.
M. Jolivet: Vous allez en avoir plus que vous pensiez?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non. C'est un
chiffre qui a été calculé d'après l'ancienne loi.
Je vous dis que ce chiffre de 49 000 000 $ ou de 50 000 000 $ n'est pas
correct.
M. Jolivet: Donc, nous n'étions pas en train
d'étudier les bons crédits. Est-ce qu'il y d'autres chiffres que
ceux-là? Si cela continue de même, on va s'apercevoir qu'ils vont
en payer plus qu'on pensait et que les chiffres de 97 000 000 $, soit le
coût réel pour le sciage en particulier, ce serait plus cela. Nos
chiffres sont-ils bons?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le chiffre de 49
000 000 $, à la page 27, il faut le corriger pour 73 000 000 $, M. le
député.
M. Jolivet: L'autre question que je voudrais poser à
nouveau: Vous parlez d'un rapport fait par un comité de votre formation
politique sur les redevances, lequel est présidé par la
députée de Mégantic-Compton, que je n'ai pas le bonheur de
voir ici. Est-ce que je pourrais reposer la question? Quand le rapport va-t-il
être prêt? Les gens vont-ils se déplacer dans tout le
Québec pour rencontrer les industriels ou est-ce que les industriels
vont venir les rencontrer?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, le rapport sera prêt vers la fin de juillet. En
octobre, nous serons probablement en mesure de prendre une décision
après la vérification de ce rapport. Comme je l'ai dit, le 1er
décembre, il y aura probablement lieu d'émettre un nouvel
arrêté ministériel au sujet des corrections à faire,
s'il y en a, rétroactivement au 1er avril de cette année.
M. Jolivet: Vous ne serez pas obligé de changer la loi?
Vous allez le faire de votre propre avis, comme cela?
M. Côté (Rivière-du-Loup): La loi dit, M. le
député, que les redevances sont payables d'après la valeur
marchande du bois sur pied. C'est l'exactitude de cette évaluation qu'on
regarde en faisant tout ce travail.
M. Jolivet: Ce rapport va-t-il être public?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, je pourrais
le publiciser.
M. Jolivet: Au complet?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: Deuxièmement, les gens vont-ils se
déplacer ou est-ce que ce sont les industriels qui vont se
déplacer?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est le
comité qui se déplace dans toutes les régions, M. le
député.
M. Jolivet: Est-ce qu'il y a un budget pour ces
déplacements?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, il n'y a pas
de budget pour les députés.
M. Jolivet: Les députés paient ces
déplacements à partir de leurs revenus.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui. M.
Jolivet: De leur banque.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, c'est ce qui
arrive. Je vous dirai que je ne suis pas d'accord, mais c'est ainsi.
M. Jolivet: L'autre question: Vous avez fait mention de votre
rencontre à Winnipeq. Je ne sais pas si les renseignements que nous
avons sont exacts, que le Québec serait la seule province assurée
de voir acceptée sa proposition d'être soustraite de l'obligation
de payer la taxe de 15 % sur le bois d'oeuvre exporté aux
États-Unis, parce qu'il y aurait eu une augmentation substantielle des
droits de redevance. Est-ce que cette rumeur est fondée?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, ce n'est pas
exact, ce n'est pas de cette façon que cela se présente, M. le
Président.
M. Jolivet: On disait qu'au cabinet du ministre Côté
on estimait que cette mesure était suffisante pour satisfaire les
Américains, et, donc, que le Québec ne soit plus soumis à
la taxe fédérale de 15 %. Cela ne date pas de tellement loin,
c'était hier soir, à 17 h 30, a Radio-Canada. Cela venait de
votre cabinet. C'est donc une mauvaise interprétation.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, parce que
notre proposition, en ce qui concerne les mesures de remplacement, se traduit
par deux volets. Évidemment, on prévoit une augmentation des
redevances et cela est basé sur la valeur marchande du bois sur pied.
Cette augmentation, on en tiendra compte dans les 15 %. L'autre volet, ce sera
la différence qui sera versée dans un fonds forestier par un
droit de coupe spécial ou par une surtaxe spéciale pour
compléter les 15 % et satisfaire les Américains. On fera cela en
deux volets.
M. Jolivet: On disait: "Le Québec a bon espoir
d'être bientôt exempté de la taxe fédérale de
15 % sur les exportations du bois d'oeuvre." Donc, c'est faux.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je dirai que
l'objectif des provinces est d'avoir déposé, à la
satisfaction du fédéral, toutes les mesures de remplacement
dès le 1er septembre, de façon que le fédéral
puisse discuter avec le gouvernement américain de la valeur de ces
mesures de remplacement. Je ne prévois pas que ce soit prêt avant
l'hiver prochain.
M. Jolivet: On attend des nouvelles du comité.
Dans la négociation des contrats d'approvisionnement et
d'aménagement forestier, il y a une question qui surgissait toujours et
qui revient à nouveau, c'est toute la question de la location des
poteaux. Est-ce qu'il y a actuellement des changements prévus? À
moins que je ne me trompe, il me semble qu'un comité a été
mis sur pied, le comité Lafond, avec un budget, d'ailleurs,
celui-là. On aimerait savoir qui sont les membres du comité, quel
est le budget accordé et quelles sont les possibilités de voir
des changements dans l'allocation des poteaux au Québec, selon la
division du Québec en quatre parties.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le comité
qui s'occupe de discuter des contrats d'aménagement et
d'approvisionnement avec les industriels est composé d'André
Lafond, Emile Ouellet, M. Rouleau, économiste au ministère, et
d'un avocat, M. Brisson. Ce comité rencontre les industriels dans leur
propre région. J'ai l'impression qu'il est aujourd'hui dans l'Outaouais.
Il y a un budqet pour payer les honoraires de M. Lafond. C'est un budget sur
trois ans, je crois, qui devrait totaliser 300 000 $.
M. Jolivet: Est-ce qu'il y a des députés qui
participent à ce comité?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, M. le
Président, il n'y a pas de député à ce
comité.
M. Jolivet: Vous disiez tout à l'heure que vous ne
trouviez pas juste que les députés voyagent en automobile et que
M. Lafond voyage en avion.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela. Ce
n'est certainement pas juste pour les députés.
M. Jolivet: Le territoire est très vaste chez nous. J'ai
déjà dit et je continue à dire que ce ne sont pas les
ministres de Québec ou Montréal qui devraient avoir des
chauffeurs, mais les députés dans les réqions.
Le Président (M. Cusano): Je suis tout à fait
d'accord avec vous.
M. Jolivet: Je n'ai jamais gagné mon point.
Une question peut-être hors du sujet, mais qui est
d'actualité, compte tenu de la question que j'ai posée à
M. le ministre ce matin à l'Assemblée nationale et qui a trait
à la scierie Crête compte tenu des nouvelles qui ont paru dans les
journaux - je prends mes sources dans les journaux - et de ce que je connais du
dossier, de ce que j'entends à la radio et à la
télévision et de ce que j'ai vu en passant devant la scierie la
semaine passée, je me suis dit: Qu'est-ce qui se passe? Sont-ils en
train de nettoyer le terrain? II n'y a plus un billot ici. La compagnie avait
une moyenne de 305 000 mètres cubes coupés annuellement, en plus
de ce qui venait des endroits où il y avait la tordeuse des bourgeons de
l'épinette, en Beauce, en particulier, où on allait chercher un
certain nombre de mètres cubes, et aux États-Unis. Compte tenu de
la taxe à l'exportation de 15 %, là, cela devient trop
dispendieux pour elle, mais la compagnie coupait, bon an mal an, environ 400
000 mètres cubes. La réponse que j'ai actuellement, c'est qu'on
serait rendu à 250 000 mètres cubes comme contrat
d'approvisionnement à lui être donné, et je ne tiens pas
compte de l'autre dossier qui est en suspens et dont vous avez discuté
avec votre collègue, le ministre de l'Agriculture et
député de Portneuf, eu égard à l'usine de
Notre-Dame-des-Anges, à Montauban, qui est
actuellement à 30 000 mètres cubes, mais qui, normalement,
devrait être à 80 000 mètres cubes pour fonctionner
convenablement. Mais celle dont je parle, c'est celle de
Saint-Sévérin parce que cela touche des gens qui doivent aller
à votre ministère vendredi matin, m'a-t-on dit. Il s'agit de M.
Germain, si je ne me trompe pas, de Mont-Carmel, dans le comté de
Saint-Maurice, qui, actuellement, est comme bien d'autres, comme les gens de
Sainte-Thècle qui travaillaient à la fois pour
Consolidated-Bathurst et qui coupaient du billot en longueur pour la scierie
Crête. Ils se trouvent actuellement au bord de la faillite, dans bien des
cas, compte tenu des circonstances dans lesquelles ils sont placés. Or,
les rumeurs disent que 40 ou 45 employés seraient mis à pied. Une
vingtaine d'autres seraient mis à pied parce qu'ils ont une salle de
triage qui va être différente et qui fait partie de l'aide
apportée par le ministère. Ne parlons pas de ceux-là,
parce que cela fait partie d'un autre dossier, mais des 45 qui, eux, ne sont
pas sûrs de leur emploi dans les semaines et les mois qui viennent.
Qu'est-ce que le ministre a à répondre, puisqu'il a eu le temps
de se préparer à la suite de ma question de ce matin, aux
employés de Crête à Saint-Séverin?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Tel que
prévu dans la loi, le permis d'intervention durant la période
transitoire a été calculé en se basant sur la moyenne de
consommation en provenance de la forêt publique des cinq dernières
années - je précise que c'est en provenance de forêt
publique; s'il y a des bois d'autres provenances, c'est en plus - et en tenant
compte aussi des facteurs incontrôlables, c'est-à-dire les
grèves, les feux, les autorisations d'augmentation de la capacité
autorisée, etc. Pour l'usine de Saint-Séverin, nous arrivons
à un chiffre de 250 000 mètres cubes. Si M. Crête n'est pas
satisfait de ce chiffre et prétend qu'on s'est trompé dans nos
calculs, il a le loisir de le démontrer au comité Lafond-Ouellet
qui a déjà fait, à ma connaissance, une douzaine de
corrections à la suite de discussions, d'un exposé des
circonstances qui ont prévalu durant les cinq dernières
années qui servent de référence. Gérard Crête
et Fils recevait ses allocations en provenance d'autres concessions
forestières dans l'ancien régime et c'est ainsi que
Consolidated-Bathurst lui livrait des bois, ainsi que CIP, John Lewis et
d'autres, comme Mallette qui exploitent le bois franc, produiront
également du résineux qu'ils devront livrer à Crête
et Fils pour un volume total de 250 000 mètres cubes. Lui-même,
Crête, recevra un permis d'intervention de 32 000 mètres cubes de
bois qu'il devra couper et je me demande pourquoi il ne le fait pas
actuellement.
Quant à Montauban, je dirai au député de Laviolette
que cette usine détenait une garantie d'approvisionnement de 14 500
mètres cubes dont une partie en pin blanc et une partie en feuillus.
C'était l'approvisionnement qui était attribué à
l'usine de Montauban. Si M. Crête l'a transformée pour modifier
d'autres bois comme le résineux, le sapin, l'épinette et le pin
gris, il l'a fait sans autorisation, de sa propre volonté. En lui
accordant 30 000 mètres cubes de bois, je pense que nous sommes
très généreux. Même s'il dit dans l'article qu'il
n'aura du travail que pour environ 22 semaines, c'est parce qu'il a grossi son
installation; il l'a augmentée et il en a en même temps
changé la vocation sans autorisation. Il y a eu des expériences
basées sur la dernière année de l'ancien gouvernement
à Montauban avec des échanges de bois avec des concessionnaires.
Evidemment, dans la région de Chibougamau, les usines de sciage se
plaignent qu'elles n'ont déjà pas suffisamment de bois et elles
s'opposent, évidemment, à ce qu'on fasse d'autres
expériences semblables à Montauban. (17 h 00)
M. Jolivet: Vous avez entendu parler, comme moi, d'autres usines
qui disent qu'il y a aussi la question de l'ensemble des droits de coupe
nouvellement installés, des redevances, ainsi que toute la question de
la négociation des contrats qui n'est pas facile. On le savait et,
d'ailleurs, je ne veux pas dire que le ministre en est responsable. On est bien
conscients qu'en mettant une nouvelle politique en place cela va amener des
frictions de part et d'autre, mais on espère qu'elles seront les plus
petites possible. Il reste, quand même, compte tenu de tout cela, que les
négociations sont corsées, si bien que des gens qui pensaient
pouvoir aller couper du bois ne le peuvent pas présentement compte tenu
de certaines circonstances, parce que les ententes ne sont pas signées.
C'est dans ce sens-là qu'effectivement il y a des problèmes qui
surgissent.
En tout cas, j'ai entendu parler, parce que j'ai reçu des appels
téléphoniques, de gens qui croyaient avoir de l'ouvrage et qui
vont certainement faire faillite. Vous savez comment cela fonctionne. Quand on
demande à quelqu'un d'acheter un "slasher" et de le payer, il faut qu'il
travaille. S'il reste dans la cour, il rouille, mais, avant qu'il rouille, la
finance vient le chercher. C'est le problème actuel compte tenu des
négociations qui semblent ardues dans le coin et qui font en sorte qu'il
y a des gens qui vont être mis à pied. C'est dans ce
sens-là que les gens en parlent; c'est à cause de la mise en
vigueur de la nouvelle politique forestière, étant donné
qu'il n'y a pas de mesure transitoire à ce sujet. Il y a peut-être
des moyens... Je ne sais pas comment
le ministre peut régler le problème, mais ce n'est pas le
seul endroit au Québec. Il y a Gatineau, dans l'Outaouais, dont on a
entendu parler l'autre jour. On a vu des images à la
télévision qui indiquaient qu'à partir de telle date il
n'y aurait plus de bois dans la cour et, s'il n'y a plus de bois, on ne peut
plus fonctionner. Ce ne sera pas le seul endroit au Québec en ce qui
concerne les scieurs.
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'aimerais
ajouter, M. le Président, comme le mentionne le député de
Laviolette, qu'il reste beaucoup de travail à faire et que ce n'est pas
facile de changer de cap d'une façon aussi importante. Il reste beaucoup
de travail à faire dans les trois prochaines années et je l'ai
mentionné dans mon discours d'ouverture.
J'aimerais revenir sur le cas des poteaux, non pas parce que mon
beau-frère est dans ce commerce-là, M. le Président.
M. Jolivet: Ha! Ha! On le savait.
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'aimerais revenir
là-dessus, parce qu'avec le nouveau régime et la façon
dont les opérations devront se faire, avec les obligations et les
nouvelles redevances, j'ai l'impression et j'ai même la conviction qu'il
y aura plus de poteaux au Québec disponibles que ne l'exigent les
besoins des quatre régions mentionnées par le
député de Laviolette. Des entreprises nous mentionnent, dans des
rapports, que la valeur marchande du bois sur pied, disons, pour le pin blanc,
sur terrain privé, est de 29,50 $ le mètre cube, ou 29 $, et pour
l'épinette, le sapin et le pin gris, elle est de 13,50 $ le mètre
cube, sur terrain privé, alors que, sur terrain public, on devrait
arriver avec un droit de coupe, une redevance négative. Là, j'ai
un peu de difficulté à comprendre cela. Quand on se donne comme
prétexte que c'est à cause des redevances si on est menacé
de fermeture, j'ai de la difficulté à suivre un tel raisonnement,
M. le Président.
M. Jolivet: C'est terminé pour ce qui est de
l'élément 2, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va?
M. Jolivet: Élément 3.
Protection de la forêt
Le Président (M. Charbonneau): Élément
3.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, nous avons augmenté le budget de la protection en
raison de l'augmentation des arrosages contre la tordeuse des bourgeons de
l'épinette en Gaspésie et sur la Côte-Nord. Cette
année, nous allons épandre du BT, du bacillus thuringiensis, sur
210 000 hectares comparativement à 51 000, l'an dernier. Il est
évident que cela comporte une augmentation du budget, des coûts de
la pulvérisation. Comparativement à 1 600 000 $ l'an
passé, nous allons affecter à cette tâche 5 500 000 $.
C'est le commentaire que j'avais à faire, M. le Président.
M. Jolivet: Malqré tout, pour l'ensemble du dossier de la
protection de la forêt, c'est une diminution de près de 2 000 000
$, au total.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Une
réduction de? Excusez-moi.
M. Jolivet: Dans l'ensemble de la protection de la forêt.
Je parle du total. Vous aviez un budget de 23 000 000 $ en 1986-1987 et il est
de 21 000 000 $, cette année. Donc, il y a une diminution de 2 000 000
$, au total. Vous parlez d'une augmentation, c'est une partie de
l'élément.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On me dit que,
l'an passé, il y a eu beaucoup de feux et que c'est le budget
ajusté à 23 000 000 $. Évidemment, lorsqu'on manque de
fonds pour les feux de forêt, nous sommes obligés d'aller au fonds
de suppléance. C'est difficile de prévoir quelle sorte
d'année on aura. On me dit que c'est un budget ajusté.
M. Jolivet: Donc, ce serait plutôt 16 000 000 $, ce qui
fait 21 000 000 $ au total, la différence de 5 000 000 $ dont vous
parliez.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Sauf que nous en
avons mis un peu moins aussi pour être plus justes sur la question des
frais de protection, de prévention.
M. Jolivet: II y a l'ajout d'une équipe mobile de combat
dans votre document. On dit, à la page F-21: "II a été
décidé de maintenir les activités de prévention et
de lutte contre les incendies à leur niveau des années
antérieures, si ce n'est de l'ajout d'une équipe mobile de
combat." Est-ce un souhait que vous faites ou si ce sera une réalisation
qui se fera quand même?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Elle existe, M. le
Président, c'est fait.
M. Jolivet: Dans quel sens est-elle mobile? Selon les
besoins?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Actuelle-
ment, pour le feu de la Vallée de la Mata-pédia, il y a 42
hommes qui travaillent. Il y a trois équipes de spécialistes qui
viennent d'autres régions pour leur donner un coup de main. Sur ce feu
il y a de l'équipement, mais il y a aussi l'hélicoptère
pour la surveillance, la patrouille, muni d'équipements à
l'infrarouge pour détecter les zones de chaleur, les feux qui couvent
dans le sol et qui ne sont pas manifestes.
M. Jolivet: Dans votre même document, à la page
F-21, vous dites: "L'adoption de ces technologies nécessite le maintien
en place, au Centre de transferts technologiques de Maniwaki, d'une
main-d'oeuvre experte en ces matières." Malgré tout cela,
à moins qu'on ne se trompe, il est indiqué, au dernier
paragraphe, qu'il y aura une réduction de budget de 943 000 $ à
833 000 $, c'est-à-dire 113 000 $ de moins. Comment pouvez-vous
m'expliquer, à moins que je ne me trompe, que vous ayez, à la
page F-ll du document de présentation: "Par ailleurs, l'effort entrepris
en 1986-1987 pour améliorer l'information scientifique et technique et
surtout le transfert de la technologie se poursuivra l'an prochain, même
si le budget passe de 943 000 $ à 833 000 $ en raison de la
réduction du montant prévu pour le Centre de transferts
technologiques de Maniwaki" d'une part alors qu'ensuite vous dites que
ça demande le maintien en place d'une main-d'oeuvre experte en ces
matières? Quel est le lien entre les deux?
M. Côté (Rivière-du-Loup): II y a eu des
dépenses supplémentaires pour le départ et, aujourd'hui,
on a besoin de moins d'argent. Évidemment, certaines dépenses
n'étaient pas récurrentes, comme les ordinateurs.
M. Jolivet: Donc, les 113 000 $, c'est pour indiquer que, les
besoins de départ n'étant plus nécessaires, vous diminuez
le montant, mais cela n'a pas de lien avec le maintien en place d'une
main-d'oeuvre experte.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non.
M. Jolivet: Vous avez fait mention de l'entrée en vigueur
d'une nouvelle loi sur l'utilisation des pesticides en milieu forestier. Le
ministre de l'Environnement et vous avez, justement, fait les études
nécessaires à ce sujet. J'aimerais savoir si,
premièrement, le ministre peut déposer, s'il en a, le
résultat des études comparatives du contrôle de ce qu'on
appelle la végétation concurrente et quelles méthodes
seront utilisées pour entretenir les 4000 hectares
régénérés tel qu'indiqué à la page
F-41.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, il s'agit d'un mandat qui a été confié
au Fonds de recherche de l'Université Laval. On pourrait déposer
un rapport d'étape parce que le rapport va être prêt l'an
prochain. J'aimerais mentionner au député de Laviolette que nous
sommes à discuter actuellement avec le ministère de
l'Environnement d'une politique d'utilisation des pesticides. La Loi sur les
pesticides va être proposée par le ministère de
l'Environnement et nous, nous discutons d'une politique d'utilisation de ces
pesticides.
M. Jolivet: Dans le contexte où vous faites de la
plantation comme moyen ultime quant à la
régénération de la forêt, vous avez à la
protéger, soit vous ou les industriels privés. Quand je parle des
privés, je parle des producteurs de bois et des grosses industries qui
auront leur territoire. A ce moment, vous avez à protéger
l'investissement qui est fait. Dans le contexte où actuellement on
utilise quelque chose de très dispendieux, qui est le BT, et vu qu'il y
a des problèmes de contamination dont on a eu connaissance
dernièrement, vous avez certainement à prévoir des moyens
moins dispendieux que ceux-là.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, le député a pratiquement raison. C'est que le
BT, le bacillus, est utilisé pour les arrosages concernant les insectes,
ta tordeuse des bourgeons de l'épinette. Quand on parle de
végétation concurrente dans les plantations, nous utilisons
actuellement un produit chimique. Je vous dirai qu'actuellement le
ministère de l'Environnement subventionne des recherches à
l'Institut Armand-Frappier pour développer, sans que ce soit
nécessairement meilleur, un herbicide biologique. Pour les chercheurs de
l'Institut Armand-Frappier, évidemment, si on peut identifier une plante
en particulier comme le framboisier, c'est assez facile de fabriquer un
herbicide biologique assez rapidement. Mais si on veut avoir un herbicide qui
va détruire toutes les espèces de plantes concurrentes aux plants
de reboisement, cela va être plus compliqué. On espère y
arriver dans une période de trois ans.
M. Jolivet: En fait, il y a les insecticides d'un bord et les
pesticides de l'autre contre les herbes concurrentes et les insectes. Je
faisais le lien entre les deux en disant que, pour les insecticides, vous avez
l'obligation d'utiliser des produits biologiques dispendieux. De l'autre
côté, vous avez des pesticides qui sont chimiques et vous dites
qu'on est en train de regarder la possibilité d'avoir un insecticide
bioloqique. Dans tout ce contexte, ce qui va toucher les pesticides va-t-il
aussi toucher l'ensemble des insecticides ou si vous mettez cela à
part
l'un de l'autre? Est-ce que l'étude que vous allez faire a pour
but de réutiliser des insecticides chimiques en plus des pesticides
chimiques actuellement?
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'étude va
couvrir tout cela, M. le député.
M. Jolivet: D'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Sauf que nous
avons l'intention de nous conformer aux directives reçues du
gouvernement précédent concernant les arrosages,
l'épandage des insecticides, disons, pour la tordeuse des bourgeons de
l'épinette. Nous n'avons pas l'intention de revenir aux produits
chimiques.
Par contre, on essaie aussi d'avoir une politique d'utilisation de ces
insecticides. Également, cela va se traduire pour la
végétation concurrente par des herbicides chimiques ou
biologiques. Aussitôt qu'on trouvera ce qu'il y a de meilleur et de plus
sécuritaire pour la manutention et pour la santé, ce qu'il y a de
moins risqué, c'est évident qu'on va utiliser ces produits. Ces
études couvrent cela.
M. Jolivet: Elles couvrent les deux.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Elles couvrent les
deux.
M. Jolivet: Peut-être en terminant sur cette question parce
qu'on a d'autres questions sur d'autres sujets et que le temps file. Compte
tenu que vous avez déclaré -du moins on a vu cela dans les
journaux dernièrement - au sujet des insecticides, que, même s'il
y avait une contamination du BT, ce n'était pas dédommageable
pour la santé de l'être humain, que ce n'était pas plus
dommageable que les résidus de chevreuils ou d'orignaux, et que le Dr
Smirnoff avait déjà bu du BT et qu'il avait été
malade, le ministre s'engagerait-il à boire son BT devant nous? (17 h15)
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non. Non, non.
M. Jolivet: Vous ne prenez pas cette chance,
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je ne m'engagerai
pas à en boire. Seulement, là-dessus, nous avons pris toutes les
précautions possibles et imaginables et le ministère de
l'Environnement, comme précaution additionnelle, nous a demandé
de faire des analyses à tous les trois jours, même si ça
prend cinq jours avant de développer la fermentation pour mesurer le
degré de contamination ou autre. L'Ontario a été
informé par nous. Il a cessé ses pulvérisations
immédiatement. Maintenant, ils ont obtenu l'accord des services de
santé au fédéral et au provincial pour recommencer les
opérations de pulvérisation.
M. Jolivet: D'accord. Ca va être tout sur cette partie, la
protection. Je passerais à l'élément 4.
Le Président (M. Charbonneau): II n'y a pas d'autres
questions sur cet élément. Alors, élément 4, M. le
député.
Contrôle de l'utilisation
M. Jolivet: J'aurais un certain nombre de choses à dire,
parce que la question qui s'en vient dans ce dossier, Contrôle de
l'utilisation, c'est la fameuse question des permis de coupe domestique.
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'ai
demandé qu'on examine toute cette question des permis de coupe
domestique. Les permis de coupe domestique coûtent une fortune en
administration. Évidemment, il faut penser aux sinistrés, penser
à ceux qui en ont absolument besoin. Je me demande ce qui serait plus
efficace et meilleur: proposer un amendement pour introduire les permis de
coupe domestique ou plutôt proposer un fonds pour tenir compte des
sinistrés et de ceux qui ont besoin d'aide, qui ont besoin de bois pour
se faire construire. C'est la question qu'on examine actuellement avec beaucoup
de sérieux. Dès qu'on sera fixé, il me fera plaisir d'y
revenir.
M. Jolivet: Mais ne faites pas l'erreur de votre collègue
responsable en cas d'inondations. Là, il y a du monde qui avait le droit
d'aller chercher du bois pour des fins importantes, comme agriculteurs ou comme
sinistrés. Si ça doit vous coûter tellement cher que,
finalement, ils ne pourront plus le faire, vous êtes bien mieux de ne pas
penser à cela.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II faut dire,
toutefois, M. le Président, qu'il faut avoir une espèce de
discipline et d'ordre en forêt. Les permis de coupe domestique
répondaient à des besoins il y a plusieurs années, au
temps de la colonisation, dans les années trente et cinquante.
Aujourd'hui, les besoins sont différents. Il n'y a plus de colonisation.
Ces permis étaient principalement pour les gens sur les terres de
colonisation. Aujourd'hui, je ne vois pas pourquoi une municipalité
irait couper du bois. Il y a d'autres façons de l'aider. C'est toujours
pour se faire des revenus. Cela nous coûterait peut-être moins cher
d'administration de trouver une autre solution pour aider - il faut les aider
aussi - les sinistrés, les indigents, ceux qui ont besoin d'aide
plutôt que d'avoir dans la forêt une
autre personne. C'est difficile à contrôler et cela met
souvent les employés dans une situation difficile quand ils doivent
rendre compte de ce qui se passe.
M. Jolivet: En tout cas, vous irez dire cela aux gens qui avaient
15 000 permis d'exploitation de ce genre annuellement. Vous irez dire cela
à tous ceux qui nous ont envoyé des lettres avec les
résolutions municipales disant que, eux, ils ne trouvent pas juste qu'on
leur ait enlevé ce droit qu'ils avaient. Cela s'adressait à tous
les députés qui ont des secteurs forestiers.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui. On a maintenu
le permis de bois de chauffage pour fins domestiques. On a discuté du
volume en commission parlementaire. On l'a fixé à quinze
mètres cubes. C'est un permis essentiel, mais, quant aux autres, je
pense qu'on évalue actuellement la situation et, s'il y a lieu de
proposer un amendement à la loi, M. le député, je vous le
dirai.
M. Jolivet: Un autre petit dossier, rapidement. Je vous en ai
déjà fait mention. Plusieurs personnes m'en parlent. Ceux qui
avaient de petits contrats de récupération, avec la nouvelle loi,
ne peuvent pas avoir ce bois de récupération, même pour des
raisons sanitaires ou pour d'autres sortes de raisons. C'est du bois qui se
perd. Ils doivent actuellement, avec la nouvelle loi, faire des ententes avec
tous ceux qui vont avoir des contrats d'approvisionnement et
d'aménagement forestier et ils trouvent cela un peu dur dans le contexte
où ils aidaient plutôt que de nuire à l'ensemble de la
forêt. Ils l'aidaient, justement, dans le contexte où
c'étaient des arbres renversés, des arbres qui étaient en
train de se perdre, des arbres qui avaient certaines maladies et qui pouvaient
être récupérés rapidement. En fait, ces gens qui
faisaient de la récupération aidaient à la forêt.
Dans ce sens-la, je sais que, compte tenu de la loi qui parle de contrats
d'approvisionnement et d'aménagement forestier, il y a peut-être
moyen de garder une obligation pour les compagnies de permettre que des
contrats soient signés dans ce sens.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est un aspect
que nous étudions actuellement, M. le Président. Mais à
l'heure actuelle, ils peuvent l'avoir par l'intermédiaire d'un titulaire
d'un permis d'intervention.
M. Jolivet: Cela va. Il nous reste le programme 1,
élément 5. M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): L'élément
5.
Direction du secteur forêt et administration
régionale
M. Jolivet: Est-ce que je peux poser des questions
immédiatement, M. le Président?
Le Président (M. Charbonneau): Oui, oui.
M. Jolivet: D'accord. On a, dans ce programme, en 1986-1987, un
montant de 6 200 000 $ et nous passons à 7 200 000 $, en gros, ce qui
donne environ 1 500 000 $ de différence, dont près de 1 000 000 $
dans la catégorie Fonctionnement Personnel. Ma question: Pourquoi une si
forte augmentation à la catégorie Fonctionnement - Personnel?
Est-ce que c'est dû à toute la négociation du comité
pour les contrats d'approvisionnement et d'aménagement forestier ou si
c'est autre chose? Qu'est-ce que c'est?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le principal de
l'augmentation est dû à un réaménagement,
c'est-à-dire que c'est une aide financière que nous allons
apporter à la Faculté de foresterie et de géodésie
de Laval.
M. Jolivet: De combien?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est 500 000
$.
M. Jolivet: Est-ce que c'est pour l'agrandissement?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui. C'est en
collaboration avec le ministère de l'Éducation...
M. Jolivet: Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...afin
d'héberger Forintek avec qui on a des contrats de recherche. Forintek,
nous insistions pour qu'ils s'installent au Québec et cela était
une des conditions. Aussi, c'est pour appuyer les Clubs 4-H et l'association
forestière, dont le budget, anciennement, était sur le budqet
discrétionnaire; alors, on le met à cet endroit.
M. Jolivet: Est-ce que c'est l'enveloppe de 800 000 $?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela. M.
Jolivet: Les diverses associations...
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela, les
deux.
M. Jolivet: C'est celles que le ministre de l'Énergie et
des Ressources ne pourra plus
venir vous chercher! Là, vous êtes sûr, vous en avez
la garantie?
M. Côté (Rivière-du-Loup):Ha Ha! Ha!
M. Jolivet: Alors, le sourire du ministre et son rire m'indiquent
que j'avais raison. Donc, cela veut dire que les Clubs 4-H, l'Association
forestière québécoise et autres vont être bien
protégés, ils n'auront pas de crainte pour les années
à venir. Le ministre délégué aux Forêts les
défend bien.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ils vont
être bien protégés, mais il faudra qu'ils démontrent
les activités qu'ils développent avec ces montants d'argent. Il
va falloir qu'ils nous donnent des comptes rendus. Ce n'est pas
nécessairement statutaire, fixe à tous les ans.
M. Jolivet: J'ai pleine confiance, connaissant les gens qui sont
là-dedans, qu'ils vont vous le démontrer rapidement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, monsieur. Si
on le demande!
M. Jolivet: Le programme 1, M. le Président, est
adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Alors, on va continuer avec
le programme 2.
M. Jolivet: Effectivement, M. le Président.
Amélioration de la forêt
Le Président (M. Charbonneau): Amélioration de la
forêt.
M. Jolivet: Est-ce que je peux commencer
immédiatement?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je peux
résumer...
M. Jolivet: Oui.
Aménagement des forêts publiques
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...un petit peu.
C'est que nous avons augmenté le reboisement et la production de plants.
C'est le principal de l'augmentation de 12 500 000 $ dans le budget de cette
année. Quand on pense que nous allons reboiser, cette année, avec
près de 200 000 000 plants, c'est-à-dire 130 000 000 de plants en
forêt publique et 70 000 000 en forêt privée, c'est une
grosse augmentation; c'est une augmentation de 30 % à comparer avec l'an
passé. Évidemment, le budget est là pour la soutenir.
M. Jolivet: Est-ce que le ministre, lorsqu'il est passé de
300 000 000 à 250 000 000 de plants, c'était pour faire mentir
nos prévisions à l'époque ou bien si c'est parce qu'il n'a
pas besoin de ce qu'on pensait?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, c'est parce
que la prévision de 300 000 000 de plants était assez arbitraire;
elle n'était pas basée sur des données scientifiques,
comme je le souhaitais. À mon arrivée, j'ai demandé
d'examiner cette question de près et de mesurer les faits pour qu'on
puisse espérer une possibilité annuelle, au Québec, en
résineux: sapins, épinettes, pins gris, de 25 000 000 à 26
000 000, comme c'était l'objectif en 1984. En examinant cette question
de près, avec les essences qu'on reboise, selon les régions, nous
n'avons besoin, pour atteindre le même objectif, que de 251 800 000
plants.
M. Jolivet: En 1988?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, pour
atteindre l'objectif d'une possibilité de 26 000 000 de mètres
cubes au Québec. Cela ne nous donne rien d'en reboiser plus si on
atteint nos objectifs.
M. Jolivet: Autrement dit, ce que vous faites, c'est que vous ne
voulez pas en prévoir des possibilités futures de nouvelles
capacités pour d'autres sortes d'usines. Vous dites..
M. Côté (Rivière-du-Loup): Dans les 25 000
000 ou 26 000 000 actuellement, il y en a pour l'expansion des nouvelles
usines. La possibilité actuelle, si on ne tient pas compte de la zone
pâte, est de 18 000 000 de mètres cubes et, si l'on tient compte
de la zone pâte, elle est de 21 000 000 de mètres cubes. Il y
aurait une augmentation de la possibilité de 5 000 000 à 6 000
000 de mètres cubes avec les travaux d'aménagement que nous
exécuterons.
M. Jolivet: Est-ce que le ministre peut me dire, dans le contexte
de la plantation, qui était de 100-105, qui est devenue, à un
moment donné, 100-130-70 et là qui va être changée,
par le fait même des 250 000 000, pourquoi on est rendu à
près de 34 000 000 seulement pour les compagnies forestières?
Quels sont vos problèmes?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les compagnies
forestières ont retardé à s'impliquer étant
donné que nous ne sommes pas prêts à négocier les
contrats d'aménagement et d'approvisionnement forestier. Les compagnies
veulent, évidemment - je les comprends un peu - savoir où elles
vont faire les travaux d'aménagement nécessaires
avant de s'impliquer. Les pépinières publiques, pour
compléter ma réponse, produisent environ 104 000 000 ou 105 000
000 de plants. Le reste sera partagé entre les organismes privés,
soit les coopératives et l'industrie.
M. Jolivet: C'était 100-100-100, c'est devenu 100-130-70.
Maintenant cela a changé. C'est rendu combien? 100 par le gouvernement,
les pépinières 100, 105, 106, quelque chose comme cela.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Comme je viens de
le mentionner, c'est à peu près 105-110 par les
pépinières publiques, 35 à 40 par l'industrie et le reste,
par les coopératives...
M. Jolivet: Les coopératives.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...les organismes
de gestion en commun ou les petites entreprises indépendantes.
M. Jolivet: D'accord. Pouvez-nous dire quelles sont les
compagnies qui ont accepté de produire ces plants et où
vont-elles les reproduire? Vous dites qu'elles vont produire entre 35 et 40.
Supposons 34. Quelles sont ces compagnies et où?
M. Côté (Rivière-du-Loup): II y a Donohue qui
s'est impliquée, l'automne dernier. Elle produit des plants sur la
côte de Beaupré et devrait reboiser dans la région de
Québec. Il y a CIP qui s'est impliquée aussi dans la production
de plants. Elle devrait reboiser dans la région de Saint-Maurice et de
l'Outaouais.
M. Jolivet: Elle ne produit pas les plants chez nous.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II y a
Consolidated-Bathurst qui s'est impliquée.
M. Jolivet: Dans la plantation?
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'oubliais, M. le
Président, il y a aussi le Centre de production de Forestville ou le
Quebec North Shore, Reed et Consolidated qui se sont impliqués en
collaboration avec une coopérative locale ou les producteurs locaux.
M. Jolivet: La compagnie Abitibi Price n'a pas
décidé d'en faire? Dans l'ensemble, on a Domtar, Dohohue,
Consolidated-Bathurst, CIP.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, Abitibi Price
ne s'est pas impliquée encore, quoique M. Johnson ait manifesté
le désir de le faire.
M. Jolivet: Au sujet de l'entretien des plantations, il y a des
études qui ont été réalisées dans
l'unité de qestion du Grand Portage. Au moment où on se parle,
est-ce que le ministre est prêt à déposer les
résultats de ces études? (17 h 30)
M. Côté (Rivière-du-Loup): Est-ce qu'on parle
de l'étude dont il a été question il y a quelque temps?
C'est une étude qui est faite par le fonds de recherche.
M. Jolivet: L'entretien de plantations.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, c'est cela.
On va déposer un rapport préliminaire, un rapport d'étape,
et l'étude sera complétée l'an prochain, M. le
Président.
M. Jolivet: Mais le rapport d'étape sera
déposé quand?
M. Côté (Rivière-du-Loup): II y en a chaque
année, M. le Président.
M. Jolivet: Donc, vous le déposerez aussitôt qu'il
sera prêt?
M. Côté (Rivière-du-Loup): On vous le fera
parvenir aussitôt qu'il sera disponible, M. le Président.
M. Jolivet: On ne peut pas avoir une date? Au mois d'octobre,
encore?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Durant vos
vacances, M. le Président.
M. Jolivet: Ah! L'élément 1, adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): Elément 2.
Aménagement des forêts
privées
M. Jolivet: Le statut du producteur forestier. J'ai une question
importante. On a des crédits périmés de très grande
envergure dans ce dossier, M. le Président. Il y a 10 000 producteurs
forestiers qui se seraient enregistrés. On s'aperçoit qu'il y a 3
400 000 $ de crédits périmés. On se pose des questions
quant à l'objectif du nombre d'inscriptions qui n'a pas
été atteint. Qu'est-ce qui se passe? Quelles sont les raisons qui
nous amènent a cela? On sait que la nouvelle Loi sur les forêts
donne une plus grande responsabilité aux producteurs de bois
privés. Cela nous inquiète de voir qu'il y a tellement de
crédits périmés. Est-ce que ce serait parce que le
formulaire à remplir est tellement compliqué que même les
fonctionnaires ne s'y retrouveraient pas?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, c'est un fait
que le formulaire est peut-être un
peu compliqué, mais...
M. Jolivet: Comme celui de la déclaration de revenus.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non, non. Ce
n'était pas à cause de cela, M. le Président, La
réponse, à mon avis, a été bonne. Au-delà de
10 000 producteurs sont déjà enregistrés, ils ont
déjà leur statut. L'an dernier, on a introduit l'aide
individuelle et c'est de ce côté que la réponse n'a pas
été aussi forte que nous l'espérions.
M. Jolivet: II y a, quand même, 3 500 000 $ de
crédits périmés, c'est 12 % de l'objectif de moins. Il y a
sûrement quelque chose qui s'est passé. Est-ce qu'on a
manqué de publicité? Est-ce que les gens ont fait leur travail
dans les régions pour s'assurer que les productions s'inscrivent? On
demandait un plan simple de gestion, on ne leur demandait pas quelque chose de
compliqué.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est un fait. On
nous a signalé en cours d'année, qu'on devrait peut-être
publiciser et informer davantage afin de rencontrer les objectifs du
côté de l'aide individuelle. Vous avez un point
intéressant. On devrait peut-être le prévoir cette
année parce que la même chose pourrait nous arriver si
l'information ne se rend pas.
M. Jolivet: C'est évident qu'étant donné que
c'est un programme qui s'adresse directement à l'individu... Il y a deux
sortes de programmes: les programmes collectifs et les programmes individuels.
Si vous arrivez aux programmes individuels et que la publicité est faite
par le syndicat, il y a peut-être possibilité que cela ne se rende
pas. À moins qu'on ne leur donne la capacité d'avoir des contrats
au plan de l'aide apportée à ces gens. Si vous le faites par
l'intermédiaire des fonctionnaires et de la publicité, il est
fort possible que plus de gens y participent.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui. C'est
pourquoi nous avons souscrit, à la télévision, avec la
collaboration du Soleil, au cours "Gérer sa forêt". Le
cours a reçu une très bonne réponse de la part de la
population et il y a eu beaucoup d'inscriptions de ce côté.
M. Jolivet: Vous parlez du Soleil, mais le Soleil
ne se rend pas à La Tuque.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ah non? Oh!
M. Jolivet: II n'y en a pas à Montréal, à ma
connaissance. C'est peut-être pour cela qu'il n'y a pas de
pépinière à La Tuque et qu'on a perdu notre contrat.
Blague à part, il y a le journal Le Nouvelliste et La
Tribune, il y a d'autres journaux qui peuvent être utiles.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est une
collaboration entre l'Université Laval, le journal Le Soleil et
Radio-Québec, pour implanter le cours "Gérer sa forêt", qui
est très intéressant et qui a reçu une bonne
réponse de la part des producteurs. Tout cela fait partie de la
publicité et, vous avez raison, on devrait peut-être
l'accentuer.
M. Jolivet: Je l'espère! Une autre question qu'on pourrait
poser: S'il y a eu 10 000, vous vous êtes certainement fixé un
objectif pour cette année? Qu'est-ce que c'est, dans votre esprit? On
sait qu'il y a 120 000 propriétaires de boisés privés au
Québec, il y en a une partie qui sont dans les proqrammes collectifs
à cause des syndicats de producteurs de bois de l'époque avec
l'UPA, mais vous avez aussi au moins 90 000 personnes qui ne sont pas encore
inscrites. Si on prend les 10 000 qui sont là, cela veut dire qu'on
serait rendu à 50 000, à peu près, sur 120 000?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Nous n'en
escomptons pas autant que cela, M. le Président. Il y a à peu
près 25 000 producteurs forestiers privés productifs, qui
exploitent chaque année; il n'y en a jamais 120 000 en même
temps.
M. Jolivet: C'est cela, effectivement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Quand on aura
atteint 20 000 ou 25 000 producteurs forestiers, je pense que ce sera pas mal
le...
M. Jolivet: Mais ne croyez-vous pas que c'est un point important
à fouiller, parce que ce sont des sites proches des usines...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: ...c'est dans le secteur sud du Québec, dans
un secteur où il y a une production annuelle plus rapide qu'ailleurs et
qu'en conséquence on devrait donner beaucoup d'importance au secteur
privé? C'est un peu votre "bag" comme parti de dire que le secteur
privé est important. C'en est un secteur privé collectif ou
individuel, et il me semble que vous auriez intérêt à
pousser davantage. Cela faisait partie, quand même, d'une capacité
de production importante à moindre coût et à qualité
meilleure. Vous me dites qu'il va y avoir plus de publicité et que
l'objectif est de 25 000. Mais il reste qu'annuellement il y a 40 000 ou 42 000
producteurs dans l'UPA et, sur cela, il y en a 30 000 qui produisent du bois et
ils sont pas mal tous dans des régimes collectifs, ceux-là. Tous
les autres
producteurs individuels, vous me parlez de 10 000, cela fait quand
même un bon bout... Si vous me dites 25 000, cela veut dire qu'il y en
aurait juste 15 000 de l'UPA et 10 000 individuels et que cela ferait 25 000 au
total. Parlez-vous plutôt de 25 000 dans les collectifs et de 10 000 dans
les individuels? Ce serait plus intéressant, en tout cas.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Comme
évaluation, j'avais un total de 25 000.
M. Jolivet: L'autre chose qui est, quand même, importante,
c'est l'ensemble des plans de mise en valeur. On a des plans simples de
gestion, c'est une chose, mais le plan de mise en valeur est très
important. Au cours de l'année, tous les syndicats et offices des
producteurs de bois privés devraient avoir complété
l'ensemble de leurs plans de mise en valeur. Le ministre a-t-il l'intention de
mettre en place des programmes de création d'emplois pour permettre
l'application de ces plans? Si oui, où va-t-il prendre les fonds
nécessaires, parce que c'est de la création d'emplois et je pense
que c'est important de le faire dans le contexte où il y a une
capacité de production importante dans le secteur des boisés
privés?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je suis
entièrement d'accord avec le député de Laviolette sur le
fait qu'il y a une capacité de production intéressante dans le
secteur privé. C'est là qu'on peut retirer les meilleurs retours
sur nos investissements. Mais je dirai que la création d'emplois
relève plus du ministère de la Main-d'Oeuvre que du mien et
j'aimerais qu'on puisse en venir à une entente avec le ministère
de la Main-d'Oeuvre pour créer des emplois dans le secteur forestier.
Déjà, je pense qu'on aura deux projets pilotes cette année
avec la collaboration du ministre Paradis.
M. Jolivet: C'était dans ce sens-là. Je ne disais
pas que c'était vous qui deviez lancer les programmes, mais au moins
suggérer à votre collègue que vous avez un besoin urgent
et qu'un programme pourrait être mis sur pied. C'est évident que,
s'il y a, en plus de cela qui sont demandés par des organismes comme les
syndicats dans les programmes de développement de l'emploi au
fédéral, ce n'est pas à négliger, non plus, dans le
contexte où on avait des ententes fédérales-provinciales
à ce sujet. C'est dans ce sens que j'interviens, parce que vous avez une
responsabilité comme ministre de mettre en place l'entente
fédérale-provinciale dans le secteur des boisés
privés, et il me semble qu'il y a de l'argent à aller chercher
dans ce coin.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Notre contribution
à la forêt privée représente plusieurs emplois,
c'est évident. Je discute actuellement avec mon collègue, le
ministre Paradis, afin d'ajouter d'autres emplois dans ce secteur,
M. Jolivet: Ça va pour cet élément, M. le
Président. On peut passer à l'élément 3.
Le Président (M. Charbonneau): L'élément
3.
M. Jolivet: L'élément 3. M. Côté
(Rivière-du-Loup): D'accord.
Production de plants
M. Jolivet: L'élément 3 du programme 2, Production
de plants. Dans le document que vous nous avez présenté, à
la page F-49, il y a un tableau. Est-ce qu'à partir de ce tableau, parce
qu'on parle de millions de plants, le ministre peut nous indiquer une
étude comparative des coûts de production de plants par les
pépinières gouvernementales, par les petites entreprises, etc?
C'est une des grandes questions qui sont souvent posées et il serait
intéressant d'avoir un comparatif.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cette
étude-là n'est pas faite, M. le Président, elle le sera au
cours de l'année.
M. Jolivet: Vous avez mentionné que l'industrie
forestière, pour sa production de plants, a toujours dit que cela lui
coûtait plus cher, à elle, de produire des plants qu'à
d'autres, à cause des syndicats, des groupes syndiqués. On
faisait toujours la comparaison avec le gouvernement. Quand on fait de la
production de plants avec la Fédération des producteurs de bois
ou avec des groupes coopératifs, c'est un point, mais, d'un autre
côté, quand on parle de la comparaison industrie-gouvernement,
l'industrie dit toujours qu'elle veut avoir le même prix que cela
coûte au gouvernement pour les produire, parce qu'elle juge qu'elle a les
mêmes obligations que le ministère peut avoir. Quand cette
étude-là sera-t-elle disponible? À quelle occasion,
à quel moment le ministre va-t-il la rendre publique?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Dans les contrats
que nous avons signés avec les compagnies forestières, c'est le
même prix que l'entreprise privée.
M. Jolivet: Quand vous parlez de petites entreprises
privées indépendantes, c'est le même prix que vous avez
négocié avec les compagnies? Cela veut dire que vous avez
donné plus aux petites entreprises, si je comprends bien?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce n'est pas plus,
mais cela a été une négociation...
M. Jolivet: C'est parce que le coût d'un employé
d'une petite entreprise par rapport au coût d'un employé
syndiqué payé par la CIP, c'est bien différent. Est-ce que
cela veut dire que les petites entreprises auraient beaucoup plus que les
coopératives forestières ou les groupes semblables qui se
plaignent toujours? C'est au même niveau. Tout le monde, cette
année, est au même niveau. J'ai hâte de voir l'étude.
Combien le plant?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est 0,135 $ le
plant en tunnel, au maximum.
M. Jolivet: Vous me dites que la CIP, dans le coin de
l'Outaouais...
M. Côté (Rivière-du-Loup): En serres, on nous
demande 0,14 $, mais c'est le prix de la CIP. C'est 0,14 $.
M. Jolivet: En tout cas, on va attendre votre étude.
M. Côté (Rivière-du-Loup): 0,13 $.
M. Jolivet: Quand sera-t-elle disponible?
M. Côté (Rivière-du-Loup): 131,50 $ le mille;
0,1315 $.
M. Jolivet: Quand cela sera-t-il disponible?
M. Côté (Rivière-du-Loup): La
comparaison?
M. Jolivet: C'est cela, toute l'étude.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On pourrait vous
faire cela durant vos vacances.
M. Jolivet: Encore! Des voix: Ha! Ha!
M. Jolivet: En tout cas, on se mettra à lire en revenant,
c'est sûr et certain.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pardon?
M. Jolivet: On va avoir de la lecture en revenant.
M. Côté (Rivière-du-Loup): À
l'automne, oui. C'est pour cela.
M. Jolivet: Mais ce sera à l'automne que vous allez la
donner.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, à
l'automne.
M. Jolivet: J'aimerais savoir où en est rendu le fameux
contrat de 25 000 000 de plants à La Tuque, qui est disparu dans la
brume. Avez-vous l'intention de le rappeler et de l'envoyer en soumissions
publiques ou est-ce qu'il est disparu pour de bon? Est-ce que vous
pénalisez le secteur de La Tuque ou quoi? Ce n'est pas parce que la CIP
en prépare à Harrington qu'on n'est pas capable d'en
préparer à La Tuque. On fait de saprées belles tomates
à La Tuque.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je pense qu'il ne
reviendra plus, M. le Président.
M. Jolivet: II est perdu.
M. Côté (Rivière-du-Loup): En révisant
de 300 000 000 à 250 000 000, il a fallu faire des réajustements.
Justement, on ne produit pas des plants pour les produire. On produit des
plants pour un objectif. Notre objectif étant atteint, 25 000 000
à 26 000 000 de mètres cubes de bois avec 250 000 000 de plants,
c'est suffisant. Ce n'est pas dirigé contre votre région, M. le
député. C'est arrivé comme ça.
M. Jolivet: C'est à peu près la même chose
qu'à Forestville ou au Lac-Saint-Jean, si je comprends bien.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oh non, ce n'est
pas pareil, ça, du tout.
M. Jolivet: Ce n'est pas pareil?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non, non.
M. Jolivet: C'est-à-dire que, nous autres, le contrat n'a
pas été signé parce que les demandes faites par
l'organisme qui l'avait eu, à l'époque, en soumissions,
étaient exagérées par rapport à la capacité
de payer; alors, vous l'avez fait disparaître dans la brume.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II y a eu des
révisions. La révision de 50 000 000 de plants a amené des
ajustements et il y a un ajustement qui s'est fait à cet
endroit-là. Je dirai qu'à Forestville, pour la production de la
Côte-Nord, nous avons besoin selon les prévisions de 14 000 000 de
plants et c'est exactement le nombre de plants que nous allons produire
à Forestville et à Sainte-Thérèse-de-Colombier.
M. Jolivet: Je vous rappellerai, M. le Président, que le
ministre devrait savoir, comme tous les autres ministres à qui j'en ai
fait mention, que La Tuque existe. C'est une région
éloignée, mais elle produit autant qu'ailleurs et elle est
capable de produire autant qu'ailleurs. Les gens se sont posé de
sérieuses questions. Alors, j'aurai à leur répondre
qu'il y a un contrat qui a déjà existé à La Tuque,
mais qu'il est disparu dans la brume à un moment donné, compte
tenu de la révision et qu'on n'a pas jugé bon d'en laisser, quand
même, une partie à La Tuque. On aurait pu, je pense, en laisser,
mais on vient de me dire qu'on n'en a pas laissé. Il n'y a pas un
endroit où le ministre en aurait de disponibles, pour qu'on puisse
assurer à la population que, si ce n'est pas 25 000 000, c'est
peut-être 10 000 000. Il y a des gens qui sont capables de faire cela
là-bas, vous savez. (17 h 45)
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ah oui! Je n'en
doute pas, et très bien à part ça, j'en suis
convaincu.
M. Jolivet: Mais il n'y a pas moyen de penser qu'il y en aurait
de disponibles là?
M. Côté (Rivière-du-Loup): "Coudon"! Je ne
peux pas produire des plants pour produire des plants. Il faut être
capable de prévoir les utiliser.
M. Jolivet: Si le ministre avait laissé ça à
300 000 000, on aurait encore nos 25 000 000, c'est sûr.
M. Côté (Rivière-du-Loup): 300 000 000 avec
un objectif de 30 000 000 de mètres cubes de possibilité, alors
que l'objectif du temps était de 25 000 000 ou 26 000 000 et qu'il est
encore à ce niveau-là.
M. Jolivet: Je comprends très bien que le ministre est
très conscient que La Tuque sort son bois pour le donner à
d'autres régions. Ils en acceptent d'ailleurs par copeaux, mais, d'un
autre côté, ils en ont besoin aussi en termes de production. Toute
la production de plants est faite soit à East-Angus ou à
Harrington. Les graines sont ramassées là-bas et sont
envoyées à Berthierville pour la récupération et,
ensuite, sont retournées dans le secteur là-bas à partir
des plants préparés soit à Harrington, soit à
East-Angus, mais rien dans le coin. En tout cas.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Est-ce que vous
n'en avez pas un petit peu à Grandes-Piles, également, des
plants?
M. Jolivet: Je vais vous en parler du dossier de Grandes-Piles,
justement. C'est la deuxième question que j'avais.
M. Côté (Rivière-du-Loup): D'accord.
M. Jolivet: Donc, vous me dites qu'il n'y en aura pas du tout. Il
n'y a pas d'espoir. Le ministre n'a pas la capacité de réviser
cela et de regarder s'il n'y a pas quelqu'un quelque part qui n'en fait pas
pour être sûr de le faire chez nous?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pas actuellement,
M. le Président. Si c'est possible, on le fera, mais pas
actuellement.
M. Jolivet: Donc, la question, à la suite des rumeurs
concernant la pépinière à Grandes-Piles, vise à
savoir ce qui se passe à East-Angus et à Grandes-Piles. Est-ce
réel, on a parlé de la privatisation de Grandes-Piles si
East-Angus ne fermait pas ou l'inverse?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est la
première fois qu'on me parle de la privatisation de Grandes-Piles, je
n'en ai pas entendu parler avant.
M. Jolivet: Donc, ça faisait partie des pressions de
certaines personnes pour faire plus travailler les gens en leur disant:
Ça va être privatisé.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je ne le sais
pas.
M. Jolivet: Vous n'êtes pas au courant de ça"?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je ne suis pas au
courant de ça.
M. Jolivet: J'ai eu des lettres de qens qui se sont posé
de sérieuses questions. Certains disaient qu'ils avaient des craintes et
d'autres disaient que la méthode d'embauche était drôle
depuis que le nouveau gouvernement avait décidé de faire en sorte
que l'embauche se fasse par l'intermédiaire du ministère
lui-même. Des gens de Grandes-Piles ou qui demeurent à
Grand-Mère et qui travaillaient là depuis des années se
sont retrouvés à Duchesnay, ici, dans le coin, parce que leur
nom, je ne sais pas pour quelle raison, s'est retrouvé à
Québec. Tout ça pour vous dire qu'il y a eu des problèmes
d'embauche. Et ce n'est pas la seule place au Québec pour ce qui est du
ministère.
Deuxièmement, une fois qu'ils sont embauchés, qu'ils sont
sortis de l'aide sociale dans bien des cas parce qu'ils viennent faire un bout
de travail et essaient de gagner un peu d'argent, on les retrouve, pour des
raisons diverses, sans aucun travail même si ça faisait quatre ou
cinq ans qu'ils travaillaient là. Il y a des gens qui travaillaient
là depuis trois semaines, qui ne connaissaient rien de ça et qui
se sont retrouvés sur la plantation, alors que d'autres faisaient ce
travail depuis quatre ou cinq ans. On se pose de sérieuses
questions.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est la
première fois que des problèmes d'embauche
semblables sont portés à ma connaissance. Je dirai que la
production à Grandes-Piles a baissé de 13 000 000 à 9 000
000.
M. Jolivet: C'est pour ça que je vous dis que les gens ont
commencé a avoir des craintes, là.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ah! C'est de
là que vient la crainte de la privatisation?
M. Jolivet: Non, mais en plus.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ah bon! Je
n'étais pas au fait de ça. Pour ce qui est des problèmes
d'embauché, en cours d'année, j'ai mentionné chez nous au
directeur du personnel d'être équitable pour tout le monde et que
je ne voulais pas avoir de problèmes de ce côté-là.
Si vous m'en signalez à Grandes-Piles, disons qu'on examinera
ça.
M. Jolivet: Je vous ferai parvenir une lettre, M. le ministre. On
me dit effectivement que des gens qui étaient là depuis deux ou
trois ans se sont retrouvés sur le carreau et que des gens qui sont
engagés depuis trois semaines font la "job" que d'autres faisaient sans
expérience. En tout cas, je vous dis que vous aurez des problèmes
au niveau de la qualité à un moment donné si les gens sont
sans expérience.
Parfait! Trois heures, ce n'est pas beaucoup pour un ministère
à caractère économique et, comme le disait le ministre,
d'une importance capitale. Trois heures, ce n'est pas gros. Il faudra se battre
l'année prochaine pour avoir plus d'heures, M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela me fera
plaisir.
M. Jolivet: Je suis sûr de votre appui, là? On
l'écrit au Journal des débats? L'autre programme, le
programme 3, Développement de l'industrie forestière.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que le programme 2
est adopté?
M. Jolivet: Oui.
Développement de l'industrie
forestière
Le Président (M. Charbonneau):
J'appelle le programme 3 qui s'intitule Développement de
l'industrie forestière.
M. Jolivet: On a fait mention de quelques papeteries. On a
parlé de papeteries qui seraient construites, en tout cas,
demandées dans le Nord-Ouest québécois, une
deuxième machine à Amos, Val-d'Or, Senneterre. Enfin, vous en
avez entendu parler, n'est-ce pas? J'en ai entendu parler, moi aussi.
On a l'aide à l'industrie du bois, à votre page 54
où on dit: Le Programme de consolidation et d'expansion de l'industrie
du bois est maintenant fermé quand on parle des volets 1 et 3. On l'a
à votre paraqraphe 1 à la page F-54. "Le ministère a mis
un terme, à l'automne 1986, à son aide technique et
financière auprès des entreprises via les volets 1 et 3 du
Programme de consolidation et d'expansion de l'industrie du bois, avec des
déboursés de 412 752 $ en 1986-1987 et des engagements totaux de
586 750 $."
Donc, pourquoi le gouvernement ne met-il pas en place un volet d'aide
à la conversion à la haute technologie, suite qui serait logique
aux études d'ingénierie qui ont été faites? Il
pourrait ainsi retourner aux industriels du bois de sciage 10 000 000 $
à 15 000 000 $ de plus de la taxe à l'exportation. Est-ce que le
ministre a cette intention ou s'il n'a pas l'intention du tout, si l'horizon
est fermé?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Quand vous parlez
de l'industrie du sciage, avec le CRIQ nous avons acheté !e logiciel qui
s'appelle SAWSIM pour aider l'industrie du sciage dans une meilleure
utilisation en transformation. Le programme concernant l'industrie du sciage
est pratiquement terminé. Avec un peu de chance, j'espère bien
avoir des montants additionnels pour mettre l'accent sur le transfert de
technologie et sur la recherche.
M. Jolivet: Je comprends mal quand le ministre me dit: "Avec un
peu de chance." Ce n'est pas de la chance qu'il faut. Les industriels
n'attendent pas après la chance. Ils attendent après un programme
précis. Le ministre a-t-il l'intention de dire au ministre responsable,
au ministre des Finances ou au président du Conseil du trésor,
à la suite des pressions qu'il fera au Comité ministériel
permanent de développement économique: Oui, je veux de l'argent
pour te! programme, parce qu'il me semble que la suite logique de l'ensemble
des études d'ingénierie qui ont été faites nous
permet de passer à un volet d'aide à la conversion à la
haute technologie?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est une
démarche que j'ai faite, M. le Président.
M. Jolivet: Si je comprends bien,- c'est une démarche qui
n'a pas donné de résultats.
M. Côté (Rivière-du-Loup): La réponse
finale n'est pas encore arrivée.
M. Jolivet: Donc, vous dites que vous continuez vos pressions
pour que, dans les crédits que le ministre des Finances a dit
qu'il mettait au fonda de suppléance, vous alliez chercher de
l'argent pour être sûr de faire un programme nouveau pour aider les
compagnies.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je n'ai pas
parlé de programme nouveau. J'ai parlé de continuer.
M. Jolivet: Mais un volet 3, c'est... M. Côté
(Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: L'industrie des panneaux. Le ministre songe-t-il
à proposer au gouvernement la vente à l'entreprise privée
Forex ou peut-être à l'entreprise de Mme Saucier, Les Produits
Saucier, etc., des actifs qu'il possède, par l'intermédiaire de
REXFOR, dans la compagnie Forpan, l'ex-Forex-Leroy? Les rumeurs sont
fortes.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non.
Dernièrement, au cours de l'hiver, le groupe Kunz s'est porté
acquéreur des actions d'Elf Aquitaine, un groupe français. Avec
les actions de REXFOR, évidemment, ils deviennent majoritaires à
50,05 % du groupe Forpan. Forpan a convenu - c'est signé tout
récemment - de mettre en vente, selon la procédure adoptée
par le gouvernement avec la collaboration de M. Fortier et de M. Ciaccia,
Panofor, c'est-à-dire l'usine de panneaux gaufrés qui
intéresse tout particulièrement Mme Saucier, Normick-Perron,
Mallette, etc. Cela devrait se faire à l'intérieur des six
prochains mois.
M. Jolivet: Dans le programme 3, développement industriel,
il y a eu une réouverture - le processus est enclenché -par
Cascades de la fameuse usine d'ITT, à Port-Cartier. Dans certains
documents, nous avons appris que le ministre s'apprêterait à
garantir des dépassements de coûts du projet Cascades à
Port-Cartier jusqu'à un maximum de 5 000 000 $. Concernant cette chose,
est-ce que le ministre peut m'indiquer que c'est réel qu'il a
l'intention de présenter une demande d'autorisation au Conseil des
ministres bien qu'il semble, toutefois, impossible, vu l'ampleur du projet, de
prévoir avec précision à quel moment l'usine sera en
mesure de fabriquer un produit vendable et que des problèmes de
démarrage pourraient occasionner des dépassements pouvant
atteindre 10 000 000 $? Le ministre pourrait-il nous confirmer, aujourd'hui,
qu'il a l'intention de garantir jusqu'à un maximum de 5 000 000 $ les
dépassements de coûts du projet de Cascades à
Port-Cartier?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est un fait, M.
le Président. C'est déjà réglé. Ces choses
ont été une demande des bailleurs de fonds et de la SDI; ils ont
demandé à M.
Lemaire, à Cascades et à REXFOR de garantir tout
dépassement, s'il y en avait. J'ai rencontré M. Lemaire il n'y a
pas longtemps. Il est très confiant qu'il n'y aura pas de
dépassement, mais, dans ces qros projets, c'est une coutume pour les
banquiers ou les bailleurs de fonds de se faire garantir de cette
façon.
M. Jolivet: Comment se fait-il que ce décret aurait
été adopté au début de mai ou dernièrement
et qu'il n'y aurait pas eu de conférence de presse à ce sujet?
C'est vrai que ce n'est pas vous qui annoncez les bonnes nouvelles. C'est
toujours le ministre de l'Énergie et des Ressources dans ce secteur, M.
Ciaccia. Comment se fait-il qu'il n'est pas allé faire une belle annonce
indiquant qu'il avait cela parce que les documents nous disent bien: "Que
REXFOR soit autorisée à financer, à même ses fonds
propres, à Cascades 50 % de tout montant dépassant le coût
prévu du projet de 102 300 000 $ jusqu'à concurrence de 5 000 000
$ sous forme d'avance ou de prêt subordonné aux droits de
banquiers, etc., et que le ministre des Finances soît autorisé
à avancer sur le fonds consolidé du revenu jusqu'à
concurrence de 5 000 000 $."
Comment se fait-il que, pour les gens du coin, le député
ne soit pas allé annoncer cela? Cela aurait été une bonne
nouvelle. Est-ce que c'est une cachette que vous faites?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Au contraire. Je
ne pense pas, par exemple, M. le député, que ce soit une si bonne
nouvelle que cela. Un dépassement, ça ne produit pas
grand-chose.
M. Jolivet: Non, je le sais. Dans ce cas, vous auriez dû
l'annoncer. C'est toujours vous qui annoncez les mauvaises nouvelles.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Quand il y a une
production, il y a une amélioration, là c'est une bonne nouvelle
qu'on peut annoncer dans une conférence de presse. Mais pas pour
ça, je ne le pense pas.
M. Jolivet: La convention d'approvisionnement signée le 20
février 1987 s'appuie-t-elle sur les principes de la nouvelle politique
forestière ou si c'est à partir d'une politique qui
n'était pas appliquée à ce moment?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Elle s'appuie sur
l'ancienne loi, M. le Président.
M. Jolivet: Est-ce que - non, je ne poserai pas cette question,
je vais seulement la suggérer - les gens qui vous conseillaient
étaient d'accord avec cela ou si c'est une décision totalement
politique?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Concernant
l'approvisionnement?
M. Jolivet: Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'ai suivi les
conseils des responsables au ministère.
M. Jolivet: Ah bon! D'accord. Programme 5, maintenant. M. le
Président, le programme 4 étant... Il me reste deux minutes. Ce
n'est pas long.
Le Président (M. Charbonneau):
Programme 3, ça va, c'est adopté. Donc, on a
complété. Le programme 5 est déjà
adopté.
M. Jolivet: D'accord. C'est REXFOR. Ça vous regarde quand
même REXFOR, même si le programme 5 n'est pas...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce n'est pas
l'étude des crédits de REXFOR. Si vous voulez en parler un peu,
j'accepte avec plaisir.
M. Jolivet: Juste une question. Vous avez déclaré,
le 16 mai, que le géant québécois de la forêt,
REXFOR, entrait, disait-on, dans le tourbillon de la privatisation. On disait:
"Le processus de réévaluation de REXFOR est enclenché
depuis deux semaines. Si Albert Coté s'est refusé, lors d'une
rencontre de presse récente à Causapscal, à
révéler une quelconque indication sur l'avenir de REXFOR,
privatisation ou non, le député de Matapédia, Henri
Paradis, a, pour sa part, répété très clairement
son choix: REXFOR doit être privatisée." Pouvez-vous me dire qui
disait la vérité? Est-ce que c'est le député ou si
c'est vous?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Nous disons tous
les deux la vérité. J'étais, jeudi dernier, à
Sayabec chez Pan-Val et le député de Matapédia a fait un
discours et H dit exactement comme moi. Il faut examiner les orientations de
REXFOR. Il dit également que REXFOR a rendu de grands services au
Québec et devrait continuer à rendre de grands services pour le
développement des régions. Elle doit faire en sorte qu'il arrive
quelque chose dans les régions aussi.
M. Jolivet: Que! est l'échéancier du comité
de travail qui réévalue toute la question de la privatisation
possible de
REXFOR? À quel moment aurez-vous un rapport vous permettant de
savoir quelle est votre décision finale?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela devrait
prendre de trois à quatre mois, M. le Président.
M. Jolivet: Trois à quatre mois, cela veut dire
après mes vacances.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Encore une
fois.
M. Jolivet: Soyez assuré que je ne prendrai pas de longues
vacances, mais il reste que c'est la farce qui a commencé au
début et qui continue. M. le Président, je comprends qu'on aurait
encore des questions à poser jusqu'à l'automne, nous aussi, mais
que le temps alloué ne nous permet pas de continuer. Je vais donc dire
que, si nous n'avons pas eu toutes les réponses satisfaisantes, parce
que l'Opposition a posé plusieurs questions et en aurait d'autres
à poser, il reste que nous avons des éléments de
réponses qui peuvent ou non satisfaire ceux qui liront le Journal des
débats.
Je me permettrai, encore une fois, en terminant, de dire mon
appréciation de l'ensemble des gens qui travaillent avec vous au
ministère, M. le ministre, ayant eu à les connaître
à d'autres moments. D'un autre côté, je voudrais leur dire
que tout ce que nous faisons, c'est pour le plus grand bien de votre politique
forestière qui est importante pour le Québec.
Je vous dirai aussi que j'ai un deuxième pincement au coeur en
annonçant - peut-être que vous le savez - que celui qui m'a servi
au ministère comme attaché politique et qui est actuellement le
responsable du service de recherche du Parti québécois, pour des
raisons d'orientation de carrière qui lui appartiennent, sera
désormais, dans les jours qui viennent, directeur de la mise en
marché du bois à la Fédération des producteurs de
bois du Québec, une filiale de l'UPA, comme vous le savez. Comme c'est
une personne qui a toujours fourni un bon travail, qui est un très gros
travaillant, je tiens à le remercier publiquement, comme je l'avais fait
lors de l'étude de la Loi sur les forêts. Je veux lui souhaiter la
meilleure des chances dans cette nouvelle carrière, en sachant qu'il
continuera à aiguillonner le ministère comme il l'a fait depuis
environ deux ans, et comme il l'avait fait lorsqu'il était à mon
emploi au ministère. C'est une personne qui est capable d'aller chercher
les réponses aux questions qu'on pose et, dans la mesure du possible, de
nous donner les éléments nous permettant d'avoir, lors des
décisions qu'on avait à prendre à l'époque, les
meilleures solutions. Dans ce sens, je tiens à le remercier et à
lui souhaiter la meilleure des chances.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): En terminant, M.
le Président, je voudrais, premièrement, remercier tous les
employés du ministère qui ont fourni un effort
extraordinaire pour l'implantation de la nouvelle loi et du nouveau
régime forestier. Je suis assuré de leur soutien et de leur
support parce qu'il reste beaucoup à faire. Un ministre, quel qu'il
soit, ne peut pas faire grand-chose seul, il a besoin de l'appui de ses
collègues et des employés de son ministère. Je remercie le
député de Laviolette de sa collaboration et de ses bonnes
suggestions, et je souhaite à son ami de coeur, M. Mathieu, un bon
succès dans ses nouvelles fonctions. C'est avec plaisir qu'on le
rencontrera et qu'il continuera à faire affaire avec nous parce que le
monde forestier n'est pas tellement vaste. On se côtoie souvent et on se
connaît pas mal tous dans ce milieu. C'est avec plaisir que je recevrai
ses demandes au nom de la fédération des producteurs.
Il me reste à vous remercier, M. le Président, M. le
secrétaire, de votre collaboration, ainsi que mes collègues pour
cette séance qui est, malheureusement, trop courte, comme l'a
souligné le député de Laviolette. Merci infiniment.
Le Président (M. Charbonneau):
Messieurs, mesdames, les travaux de la commission sont suspendus
jusqu'à 20 heures ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 4)
(Reprise à 20 h 2)
Secteur des mines
Le Président (M. Cusano): La commission de
l'économie et du travail reprend ses travaux. Elle se réunit afin
de procéder à l'étude des crédits
budgétaires du ministère de l'Énergie et des Ressources,
secteur des mines, soit le programme 10, pour l'année financière
1987-1988, ceci étant un ordre de l'Assemblée nationale du 1er
avril 19B7. Avant de commencer, on pourrait demander et au ministre et au
critique de l'Opposition de quelle façon ils aimeraient
procéder.
M. Savoie: Rapidement, M. le Président.
M. Claveau: C'est toujours trop vite, M. le Président.
Le Président (M. Cusano): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: C'est toujours trop vite, M. le Président.
Le Président (M. Cusano): Est-ce qu'il y a des remarques
préliminaires de part et d'autre?
M. Claveau: Oui, on a quelques petits mots a dire.
Le Président (M. Cusano): Quelques petits mots à
dire, discussion générale et adoption des programmes à la
fin.
M. Claveau: Oui. On aura sûrement une bonne discussion
à faire sur certains programmes.
Remarques préliminaires
Le Président (M. Cusano): M. le ministre, vos remarques
préliminaires, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous
plaît! La parole est à vous, M. le ministre.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Merci, M. le Président. D'abord, je voudrais
saluer mes confrères, le député de Saguenay, le
député de La Peltrie, le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, de même que le député
des Îles-de-la-Madeleine. Je voudrais également
présenter...
Une voix: Le député d'Ungava.
M. Savoie: Oui, évidemment, de même que le seul
député de l'Opposition qui s'intéresse au dossier des
mines, le député d'Ungava.
Je voudrais présenter les gens qui ont jugé bon de
m'accompagner ce soir. Je voudrais commencer par le sous-ministre en titre au
ministère de l'Énergie et des Ressources, M. Dicaire; M. Onil
Roy, qui est sous-ministre adjoint, secteur des mines, pour le ministère
de l'Énergie et des Ressources, et on a également M. Mahoney,
responsable de l'évaluation et de la politique des programmes au
ministère; le Dr Laurin, responsable du service à l'exploration;
M. Yvan Godbout, responsable du service à l'industrie minière;
Michel Després et M. Gilles Picard, à la planification
financière; mon chef de cabinet, Louise Hébert, de même que
Gilles Reny, qui est ici quelque part. Je ne pourrai pas vous les nommer tous.
M. François Geoffrion, du service à l'industrie minière.
Il y a également ici présent M. Claveau, du centre de recherche,
et Marc Piché.
Une voix: Est-il parent?
M. Savoie: Heureusement, M. le Président, non.
M. Claveau: On se le rappellera, M. le ministre.
Le Président (M. Cusano): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Savoie: Avec votre permission, M. le Président, j'ai un
petit discours que j'aimerais présenter. Dès décembre
1985, le gouvernement actuel a reconnu l'industrie minérale comme un
outil majeur du développement économique. La mission de base du
secteur des mines est toujours la même, mais, comme nous le verrons au
cours de mon exposé, le gouvernement doit s'adapter continuellement aux
nouveaux besoins des intervenants, et ce, afin de supporter une richesse
naturelle confrontée à la concurrence féroce des autres
régions et des pays producteurs.
Notre objectif premier, M. le Président, est de promouvoir le
développement de l'industrie minérale du Québec par un
ensemble de mesures qui visent à appuyer l'initiative et le leadership
du secteur privé. Nous devons aussi nous assurer que l'exploitation des
ressources minérales se fasse selon les meilleurs intérêts
du Québec. En ce sens, nous déposions en décembre dernier
le projet de loi sur les mines. Notre intervention de tous les jours repose sur
les activités inscrites au programme 10 du MER. Six objectifs sont
à la base de notre action: 1° stimuler les investissements
privés pour développer de nouveaux gisements et améliorer
les capacités de production existante, et, dans ce sens, nous voulons
ajouter un deuxième point, soit de concentrer la recherche et le
développement sur des projets spécifiques qui répondent
aux besoins de l'industrie, qui aident à consolider notre position
concurrentielle et qui suscitent le développement industriel à
court et à moyen terme; 3° contribuer au renouvellement des
métaux usuels et favoriser la diversification de la production
minérale dans les régions du Québec en stimulant
l'exploration minière; 4° intensifier la recherche et le
développement sur l'amiante; 5° promouvoir internationalement le
potentiel minier du Québec afin d'encourager la venue de nouveaux
investisseurs, et ce, en sensibilisant ces derniers aux avantages comparatifs
du Québec et, 6° , assurer la concordance des actions du MER-Mines
avec les besoins des intervenants. Malgré la conjoncture difficile qui
prévaut actuellement sur le marché international des
minéraux, l'ensemble des actions du ministère est axé sur
ces objectifs, contribuant ainsi à la performance remarquable de notre
industrie minière.
M. le Président, l'industrie minérale constitue l'un des
piliers de l'industrie économique du Québec. En 1986, nos
expéditions minérales ont atteint 2 280 000 000 $, soit 1 200 000
000 $ pour les substances métalliques et 1 000 000 000 $ pour les
minéraux industriels et les matériaux de construction. En 1986,
l'or, le minerai de fer, le titane, l'amiante, le ciment, le cuivre et le fer
de refonte étaient les principales substances produites par le
Québec. La production minérale est concentrée dans
certaines régions du Québec dont la Côte-Nord,
l'Abitibi-Témiscamingue et la région administrative de
Québec. En excluant la production de matériaux de construction
localisée près des grands centres, nous constatons que les
expéditions de l'industrie proviennent, à près de 70 %,
des régions du Moyen-Nord québécois. L'activité
minière est donc un puissant levier économique pour ce territoire
à villes mono ou biindustrielles et dont l'activité dépend
des mines et de la forêt.
L'emploi dans l'industrie est évalué à 20 267
personnes-années. En 1986, les salaires et gages versés par
l'industrie minérale ont atteint 688 000 000 $ et le salaire annuel
moyen est de près de 34 000 $. Pour la même année, les
dépenses d'investissement dans le secteur minier ont été
de 731 000 000 $: 263 000 000 $ pour l'exploration, 150 000 000 $ pour la mise
en valeur de nouveaux gisements, 122 000 0Û0 $ pour les immobilisations
et 196 000 000 $ pour les réparations. Les métaux précieux
accaparent 48 % des dépenses d'investissement et, à cause de son
potentiel aurifère, l'Abitibi-Témiscamingue compte pour 61 % de
ces dépenses.
Il est essentiel de renouveler, de mettre en valeur et d'exploiter
l'immense potentiel minier du Québec. L'effort d'exploration est la
première étape. Elle est à la base de toute
activité minière et, sans elle, les 20 267 emplois n'existeraient
pas. L'exploration doit donc bénéficier de l'appui du
gouvernement et du dynamisme des prospecteurs québécois.
Rappelons quelques chiffres. Comme je l'ai précisé, les
dépenses d'investissement en exploration minière sont de 263 000
000 $, ce qui représente une augmentation de 58 % par rapport à
1985. Plus de 87 % de ces fonds ont été dépensés
hors chantier, soit 67 % de plus qu'en 1985. À 32 500 000 $, les
dépenses d'exploration en chantier sont demeurées stables. Les
métaux précieux détiennent la part du lion avec 83 % du
total des investissements. Un nombre record de 53 080 claims ont
été enregistrés en 1986. C'est plus du double des 26 450
reconnus en 1985.
Les résultats de 1986 nous permettent de constater une
performance sans précédent au Québec. Si cette
dernière est évidemment la conséquence des facteurs
économiques, telles la montée du prix de l'or et l'importance de
plusieurs découvertes récentes, il est essentiel de
reconnaître le grand succès des mécanismes de financement
public sous forme d'abris fiscaux. Les actions accréditives, les
sociétés en commandite jouent, en effet, un rôle de premier
plan, car, pour l'acheteur, c'est et cela demeure un placement risqué,
mais très intéressant. Pour la petite société, la
junior d'exploration, c'est la possibilité d'obtenir le
financement indispensable à la réalisation de son projet.
La poursuite de ce dernier implique des retombées multiples dont la
création d'emplois est la plus évidente. Ainsi, en
Abitibi-Témiscamingue, le taux de chômage a diminué de 14,1
% à 11,8 % entre 1985 et 1986.
Les abris fiscaux miniers ont été au centre des
débats en 1986. Revoyons-en brièvement l'évolution. En
1980, le Québec a mis sur pied une allocation de 166 2/3 % sur la valeur
des frais d'exploration au Canada encourus au Québec. Cet incitatif est
venu à point pour stimuler l'exploration et encourager l'activité
économique en période de récession. Convaincu de la valeur
du programme et désireux de nous donner plus d'arguments pour la
défense, j'ai incité l'APQ à faire appel à des
spécialistes afin d'évaluer l'impact économique des
actions accréditives. Le MER-Mines a fourni un montant de 49 500 $, soit
la moitié du coût de l'étude.
Cependant, le 11 décembre 1986, le ministre
québécois des Finances devait ramener l'allocation à 133
1/3 %, car le gouvernement canadien annonçait son intention de faire
porter une plus grande partie du fardeau fiscal par les entreprises et de
réduire les préférences fiscales à leur
égard, compromettant ainsi l'avenir de la déduction
fédérale de 133 1/3 %. Notre stratégie d'action est simple
et fait appel au beau gros bon sens. Avec une déduction qui passe de 166
2/3 % à 133 1/3 %, nous allégeons la pression fiscale en nous
conformant à l'ensemble du Canada. Nous pouvons ainsi négocier la
signature d'une entente de trois ans qui assure les intervenants miniers d'un
financement à 133 1/3 % accessible pour une durée minimale
connue.
Plusieurs interlocuteurs m'ont informé qu'ils prévoyaient
un niveau d'exploration au Québec aussi élevé qu'en 1987.
Les spécialistes en financement minier de l'Abitibi-Témiscamingue
ne signalent aucun ralentissement marqué quant aux activités sur
le terrain. En 1987, je serai cependant très vigilant afin de
prévoir et de pallier un éventuel revirement de ces tendances.
N'oublions pas que, malgré les richesses minérales de notre
sous-sol, il faut être conscient de la nécessité de mettre
en valeur les découvertes. L'exploration ne peut être une fin en
soi. Nous devons donc souhaiter la mise en production de plusieurs gisements
découverts par les juniors d'exploration.
Trois régions, peu ou pas explorées, ont connu un regain
important d'activité. Les fasses de l'Ungava et du Labrador, ainsi que
les 77 000 kilomètres carrés du territoire de la Baie James, sont
riches de ressources à découvrir. Le nombre de permis
d'exploration est un indice tangible de l'intérêt que suscitent
ces régions. En 1986-1987, 93 permis ont été émis,
comparativement à une moyenne de 10 à 12 pour les années
antérieures. C'est une augmentation de plus de 900 %. Les fosses de
l'Ungava et du Labrador sont les secteurs les plus actifs au Canada pour la
recherche de platine et ce, à la suite d'une découverte majeure
dans la fosse du Labrador et à l'amorce d'importants programmes dans
celle de l'Ungava. Au nord-ouest de Schefferville, de nombreux indices d'or
confirment le potentiel aurifère de cette région. Quant au
territoire de la Baie James, deux projets ont permis la découverte
d'indices de cuivre, de nickel et de chrome. De plus, on s'affaire actuellement
à évaluer le potentiel aurifère des roches ultramafiques.
(20 h 15)
Plusieurs facteurs ont joué un rôle déterminant dans
ce regain d'activité des découvertes. L'ouverture de la Baie
James au jalonnement minier, décrétée au printemps 1986
n'est pas le seul facteur responsable de cet essor. Les recherches et la
publication des travaux du MER-Mines au Nouveau-Québec ont
révélé la présence des métaux
recherchés que sont l'or et les éléments du groupe des
platinoïdes. Cette géoinformation joue un rôle capital. Dans
le contexte compétitif canadien, l'apport de la géoinformation
est primordial. L'Ontario est notre premier compétiteur, car il
bénéficie d'une géologie semblable à celle du
Québec. Il est donc essentiel d'appuyer nos agents d'exploration et d'en
diffuser les rapports. Adversaires redoutables que nous sommes vis-à-vis
de nos voisins, nous devons nous surpasser en utilisant cette arme de
première classe qu'est l'excellence de nos agents et de leurs
travaux.
Ce survol des régions où il y a eu regain
d'activité serait incomplet si j'ignorais l'Estrie et la
Gaspésie, pour ne nommer que ces deux-là. SOQUEM sera d'ailleurs
active partout au Québec, exception faite de
l'Abitibi-Témiscamingue. Jusqu'à maintenant, la majorité
de nos activités administratives se déroulent à
Québec. Toutefois, le rôie de l'Abitibi-Témiscamingue est
de plus en plus déterminant dans le bilan minier du Québec.
La réorientation des activités régionales est une
réponse aux revendications des intervenants de l'industrie
minière de l'Abitibi-Témiscamingue. Depuis la
réorganisation de 1983, cette dernière dénonce avec raison
une baisse importante des services offerts, des coupures trop fortes
d'effectifs et la concentration à Québec de certaines
activités. Après des années de plaintes et
d'insatisfaction, nous avons choisi d'agir, car une part importante des besoins
de la clientèle minière se résume à un accès
rapide et efficace aux données géoscientifiques et à
celles sur les titres miniers.
L'accessibilité géographique de nos
spécialistes est aussi de première importance. Le 9 avril
1987, j'ai donc annoncé la création du service géologique
du Nord-Ouest québécois, ainsi que le développement de
nouvelles activités de métallogénie et l'augmentation des
effectifs permanents en région. Pour répondre au maximum aux
demandes de l'industrie, il y aura désormais en région un
représentant du CRM et un autre de la direction générale
de l'industrie minière.
L'amélioration des services à la clientèle est une
autre de nos priorités d'action. L'accès rapide à une
information de pointe, la réorganisation des activités en
région et des effectifs adéquats sont trois exemples concrets de
la volonté de ce gouvernement en la matière. Notre service de
géoinformation publie annuellement une centaine de rapports
géoscientifiques et gère un fonds documentaire de 50 000 rapports
de travaux effectués par le MER-Mines ou par les compagnies. Tous ces
documents sont diffusés à une clientèle
diversifiée, dont les investisseurs de chez nous et d'ailleurs. Les
modes de gestion actuellement utilisés par le MER-Mines en ce qui touche
au traitement, à la production, au stockage, au repérage et
à la diffusion de cette information sont principalement des
procédés manuels traditionnels. Cet état de fait
impliquant des lenteurs inacceptables dans le contexte actuel de
compétitivité, le secteur des mines modifiera ses
procédés de gestion de l'information et implantera un
système d'information moderne des plus efficaces. Ce programme sera
développé au cours des cinq prochaines années et
réparti financièrement sur les trois prochains exercices
financiers.
Il y a des efforts importants à faire en recherche et
développement. Il faut améliorer le procédé de
production de certaines entreprises, développer de nouveaux produits, de
nouvelles utilisations et contribuer à la mise en valeur de nouveaux
gisements. La recherche et le développement sont donc les moyens que
nous privilégions pour y parvenir. Le MER-Mines considère
d'ailleurs que le gouvernement doit subventionner la recherche et le
développement minéral car une implication efficace dans ce
domaine comporte des conditions financières trop exigeantes pour les
entreprises en raison du contexte économique actuel.
L'intervention du gouvernement dans ce secteur se fait par
l'intermédiaire du Centre de recherches minérales. Le CRM est un
organisme de recherche appliquée dont le mandat est de fournir un
soutien scientifique et technique à l'industrie minière et
métallurgique. Il travaille pour et avec les entreprises afin
d'améliorer leur productivité et réduire leurs coûts
de production. Ses recherches sont axées presque exclusivement sur le
service à la clientèle industrielle.
En mettant l'accent sur la réalisation des projets
commandités, soit ceux qui exigent une contribution financière
des entreprises, notre politique a le double avantage d'assurer que le CRM
travaille sur les sujets qui intéressent vraiment les entreprises et de
réduire la contribution du Trésor public à la
réalisation des projets. Ainsi, il privilégie les projets
conjoints susceptibles de se traduire par des retombées industrielles
importantes à court terme. Dans bien des cas, les producteurs
québécois ont besoin d'améliorer leur productivité
s'ils veulent survivre. Le comité consultatif du CRM et le comité
"aviseur" jouent un rôle important pour orienter les travaux en recherche
métallurgique et en technologie minière. Ces comités sont
composés surtout de personnes du milieu industriel. Des colloques et des
séminaires sont également utiles pour orienter la recherche du
CRM. Les nombreuses rencontres et les échanges de personnel du CRM avec
les représentants du monde industriel et universitaire visent le
même objectif.
Les sommes engagées sous forme de subvention pour faciliter le
développement de l'industrie ont beaucoup varié depuis quelques
années. Les subventions, incluant la construction d'infrastructures et
le crédit de droits remboursables, sont passées de 12 600 000 $,
en 1982-1983, à 52 700 000 $ en 1985-1986. On prévoit qu'elles
devraient être d'environ 25 000 000 $ en 1987-1988.
Au début des années quatre-vingt, l'économie
québécoise a connu un ralentissement majeur. Face à cette
situation, le gouvernement a mis sur pied un programme visant à relancer
les investissements, le programme d'accélération des
investissements privés, ou PAÎP. En vertu de ce programme, une
assistance financière était offerte aux entreprises afin de les
inciter à devancer la date de réalisation de leurs projets
d'investissement. Le PAIP était essentiellement un programme
conjoncturel de relance des investissements en période
économiquement difficile. Depuis 1985-1986, le PAIP a été
graduellement remplacé par des incitatifs moins directs. D'ailleurs,
à long terme, il n'est pas sain de subventionner systématiquement
un secteur particulier de l'économie, car les entreprises ne sont pas
soumises aux règles du marché. L'assistance gouvernementale
risque alors de favoriser l'avènement des producteurs marginaux et de
devenir un ingrédient essentiel à la survie- des entreprises.
Toutefois, nous avons toujours l'intention d'appuyer le développement de
l'industrie minière. Nous croyons cependant nécessaire de revenir
à des mesures d'assistance moins discrétionnaires,
privilégiant donc les subventions aux infrastructures et l'utilisation
des mesures fiscales.
Par le biais des rabais tarifaires pour les travaux de recherche et de
développement effectués par le CRM, des contrats accordés
aux universités et des abris fiscaux à l'exploration, le
MER-Mines fournit une aide indirecte dont l'impact et la valeur
financière sont indiscutables. Ainsi, par exemple, le coût des
abris fiscaux a été évalué à quelque 125 000
000 $ en 1986. En décembre 1985, j'ai annoncé une nouvelle mesure
législative qui instaure un crédit de droits remboursables en cas
de perte. Il s'agit d'une mesure fiscale innovatrice par laquelle une
société minière qui subit une perte peut
récupérer 18 % de ce montant par le biais d'un remboursement
direct du gouvernement. De cette façon, l'aide gouvernementale n'a plus
le caractère discrétionnaire des subventions, puisque les
déboursés du gouvernement se font par le biais d'avantages
fiscaux disponibles à tous. Cette formule devrait stimuler les
investissements dans l'exploration et dans le développement de nouveaux
gîtes, à l'avantage autant des sociétés qui ont
atteint le stade de la production commerciale que de celles qui n'en sont
encore qu'au stade de l'exploration.
Pour les sociétés exploitantes, cette mesure prendra toute
sa valeur en période de difficulté économique ou de
besoins d'investissement majeur exigeant une liquidité accrue. Quant aux
sociétés d'exploration ou en voie de développement, elles
pourront, en l'absence de revenus d'exploitation, créer une perte
fiscale et réclamer ainsi un remboursement correspondant à une
subvention de 18 % des dépenses admissibles. Cette mesure,
associée au crédit reportable de 90 000 $ et au taux unique de 18
%, fait de la fiscalité minière du Québec le régime
le plus avantageux et le plus avant-gardiste au Canada.
Le défi que se lance le secteur des mines dépasse la
simple concurrence avec nos voisins canadiens. Si nous voulons augmenter la
valeur de nos expéditions, il faut considérer le contexte
international dans lequel évolue l'industrie minérale. Plusieurs
facteurs influencent notre performance. Ce sont la faible croissance de la
demande pour la plupart des minéraux produits au Québec, la
surcapacité de production et la faiblesse des prix dans des secteurs
comme le cuivre, le fer et l'amiante, et la forte concurrence des pays en voie
de développement. Cependant, le Québec possède plusieurs
avantages comparatifs face aux pays en voie de développement. Ce sont un
gouvernement stable, une infrastructure de transport bien
développée, des camps miniers bien structurés, une
main-d'oeuvre compétente, l'expertise technique, la disponibilité
des ressources énergétiques à des prix concurrentiels,
à proximité des grands marchés de consommation de
l'Amérique du
Nord.
En 1987, toutes ces forces devraient permettre au Québec de
maintenir et de faire progresser sa position sur le marché mondial des
minéraux. Merci de votre attention.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: M. le Président, avant de faire part de mes
quelques notes d'introduction, je vais me permettre de saluer le ministre
délégué aux Mines et ses collègues, même s'il
a omis de me saluer au départ...
Une voix: Vous n'êtes pas le seul.
M. Claveau: ...ainsi que toutes les personnes de son
ministère qui l'accompagnent ici ce soir et qui vont sûrement nous
aider à éclaircir quelques points dans les crédits que
nous avons sous les yeux, je l'espère bien.
Depuis quatre ou cinq ans, l'industrie minière
génère environ 2 000 000 000 $ de produit intérieur brut
du Québec, soit environ 2 % de l'ensemble de l'activité
économique québécoise. C'est beaucoup quand on
considère le secteur quand même très circonscrit dans
lequel l'activité minière s'exerce, parce que, pour qu'il y ait
mines, il faut qu'il y ait gisements, bien entendu. Or, les 20 267
personnes-années en 1986, pour les 688 000 000 $ versés dans
l'économie du Québec en salaires et gages de toutes sortes, font
preuve de l'importance de cette industrie. L'industrie minière
représente 15 % de l'ensemble des exportations
québécoises. Dans l'économie en général, y
compris les services, biens et services qu'achète l'industrie
minière au Québec, on arrive à un chiffre total de
transfert financier de l'ordre 4 500 000 000 $ pour 73 000 emplois directs et
indirects reliés à l'existence de nos mines.
La situation minière du Québec était catastrophique
au début des années 1980. Mais, depuis la fin de la crise
économique, elle va en s'améliorant, bien que le redressement
soit encore plutôt lent. La situation du fer, de l'amiante, du cuivre et
de la plupart des métaux usuels apparaît bien fragile.
Après avoir connu une baisse dramatique au début des
années 1980, la situation du fer semble se stabiliser, pendant que la
presque totalité des mines de cuivre encore en opération doivent
leur survie à la présence de l'or dans leur minerai. En fait,
l'or joue actuellement un rôle stratégique dans l'industrie
minière au Québec. C'est l'or qui a sauvé l'industrie du
cuivre jusqu'à maintenant, mais c'est aussi lui, combiné au
régime fiscal des actions accréditives, qui a
provoqué une profonde transformation de l'industrie minière au
Québec en permettant le développement de petites compagnies
d'exploration qu'on appelle communément les juniors. Malheureusement, le
11 décembre dernier, le ministre des Finances a réduit de 166 2/3
% à 133 1/3 % la réduction fiscale supplémentaire
liée à l'exploration minière connue sous le nom d'actions
accréditives.
Dès le 17 décembre, le ministre
délégué aux Mines déclarait dans Le Soleil
que la réduction s'avérerait positive. Pourtant, quelques
semaines plus tard, soit au début de février, l'Association des
prospecteurs du Québec publiait une étude démontrant
l'impact économique du programme d'actions accréditives et
concluant à la nécessité de maintenir intact cet abri
fiscal devant un tel succès.
Selon l'étude de l'APQ, ce programme a donné lieu à
330 000 000 $ de dépenses au Québec en exploration
minière, dont 96 % ont été effectuées en
Abitîbi-Témiscamingue et dans la région de
Chapais-Chibougamau. Entre 1980 et 1985, le nombre de sociétés
juniors et de sociétés en commandite qui ont effectué un
financement public est passé d'une à 71 sociétés,
pour la plupart québécoises. Le programme a donc permis
l'éclosion d'entreprises québécoises dans une industrie
fortement dominée par des entreprises à contrôle non
québécois au début des années soixante-dix.
L'étude évalue à 50 000 le nombre d'emplois
créés ou maintenus grâce à ce programme qui n'a
coûté jusqu'ici que 146 000 000 $ aux deux niveaux de
gouvernement. Le document relève de plus la découverte de huit
gisements économiquement rentables qui donneront lieu à des
investissements de l'ordre de 300 000 000 $ au cours des deux ou trois
prochaines années. Les retombées fiscales de l'exploitation de
ces gisements sont évaluées à 540 000 000 $ pour les dix
prochaines années. D'ailleurs, La Presse du 23 avril dernier
titrait sous la plume de Richard Dupaul: Abitibi. Le boum minier est
relié au programme des actions accréditives.
Devant tant de données concluantes, j'ai demandé, avec mon
collègue de Lévis et porte-parole de l'Opposition en
matière de finances, le prolongement pour une année de la
réduction fiscale de 166 2/3 %. Malheureusement, le gouvernement a
rejeté notre demande. Nous lui laissons l'entière
responsabilité de cette décision, mais nous croyons
qu'après avoir présenté la privatisation des actifs
aurifères de SOQUEM comme une planche de salut pour les juniors, le
gouvernement vient de les ébranler en s'attaquant aux actions
accréditives. (20 h 30)
J'ai pris bonne note, lors du Sommet économique du Nord-Ouest, en
Abitibi-Témiscamingue, au début d'avril, que le ministre
délégué aux Mines s'est engagé à mettre sur
pied une table de concertation visant à convaincre le gouvernement
fédéral d'épargner les actions accréditives dans sa
réforme budgétaire attendue pour l'automne 1987. Il peut compter
sur notre appui total dans ce domaine, d'autant plus qu'une étude
publiée en mars dernier par la Commission des valeurs mobilières
du Québec démontre que ce ne sont pas nécessairement les
Québécois les plus fortunés qui investissent le plus dans
l'achat d'actions accréditives.
L'automne dernier, nous avons abordé à de nombreuses
reprises le dossier de la sous-évaluation des actifs de Cambior que nous
estimions à 50 000 000 $ au moment de la privatisation. Émises
à 10 $ le 24 juillet dernier, les actions de Cambior valaient hier en
Bourse 25 7/8 $, sans compter la valeur d'un bon de souscription qui se
transige à 16 $. Nous estimons toujours que le gouvernement a
été imprudent en fixant le prix trop bas. Au lieu
d'émettre un seul bloc de 15 700 000 actions, il aurait dû tester
le marché, dans un premier temps, avec une émission beaucoup plus
modeste. La privatisation des actifs aurifères de SOQUEM fut une
opération très facile pour le gouvernement tellement le produit
était alléchant pour le prix demandé, mais ce sont tous
les contribuables du Québec qui en ont été
pénalisés. Ce plan de privatisation des actifs de SOQUEM,
incluant toutes les propriétés minières situées
dans le Nord-Ouest, a sorti cette société d'Etat de la
région de l'Abitibi-Témiscamingue. En février dernier, le
Conseil des ministres a approuvé le plan de développement de
SOQUEM - du résidu de SOQUEM - après avoir fixé au
préalable des paramètres inacceptables, aux dires mêmes du
conseil d'administration de cette société d'État. À
la page 2 du plan de développement, on peut lire: Le budget de base
recommandé, à la section 7.5 a, valorisation maximale avec 4 000
000 $ pour l'exploration minière, répond à une
volonté gouvernementale telle qu'exprimée et non à une
volonté de la société d'État. Il faut bien noter,
par contre, que cette hypothèse limite les activités de SOQUEM
à une mise en valeur minimale d'une découverte minérale,
laquelle ne pourra pas, dans le cas du budget de base, être
valorisée jusqu'à l'étape de la faisabilité
commerciale sans réduire radicalement les budgets d'exploration,
compromettant ainsi, à court terme, la viabilité même de
SOQUEM.
Malgré un budget annuel de 4 000 000 $ pour l'exploration
minière, le plan quinquennal de développement de SOQUEM compromet
à court terme la viabilité même de la société
d'Etat en ne prévoyant aucun financement pour les activités de
mise en valeur des sites minéralisés. En ne prévoyant
aucun poste budgétaire pour la valorisation d'une
découverte et l'étude de faisabilité
prédécîsionnelle, deux étapes essentielles pour
établir la juste valeur marchande d'une mine, je crois que ce plan de
développement est suicidaire. Compte tenu que l'expérience
démontre qu'en moyenne, pour 120 propriétés
explorées, une seule devient mine, la stratégie retenue par le
gouvernement de ne pas pas inclure la mise en valeur et l'exploitation dans les
objectifs de SOQUEM est inacceptable. Cette stratégie aura pour effet
d'empêcher SOQUEM de financer ses activités d'exploration à
partir d'une exploitation rentable, comme c'est le cas pour toute compagnie
minière responsable. SOQUEM devra donc se financer en vendant la
propriété à rabais ou en liquidant des actifs. Mais je me
dois de féliciter le conseil d'administration de SOQUEM d'avoir
proposé au gouvernement une alternative, a savoir l'approbation par le
gouvernement d'un plan flexible, éliminant la vente à rabais des
propriétés minières valorisées et permettant
à SOQUEM de participer à la mise en exploitation, en partnership
avec l'entreprise privée. On se souviendra que le conseil
d'administration avait trouvé inacceptable les principes fixés le
9 juillet dernier par le gouvernement sur la réorientation de SOQUEM.
L'expérience acquise par SOQUEM depuis 1965 dans l'exploration
minière et la mise en valeur des mines telles Doyon, Louvain, Niobec
devraient inciter le gouvernement à ne pas court-circuiter à
l'avance son second départ.
Un mot maintenant sur l'industrie de l'amiante. On a fait beaucoup de
déclarations fracassantes au cours des dernières années,
même encore récemment pour discréditer l'achat par le
gouvernement du Québec précédent des actifs de Bell
Asbestos et de General Dynamics. Je conviens qu'il y a certains aspects de la
transaction qui sont discutables et que c'est d'autant plus facile de critiquer
huit ans après, mais regardons les choses en face. Au cours des
dernières années, l'industrie de l'amiante a été
rudement ébranlée, notamment par la crise économique de
1982-1983, par les puissants "lobbies" américains et européens
antiamiante qui ont réussi à créer un climat quasi
hystérique, dont nous voyons encore le prolongement dans un article de
la Presse de ce matin, et, enfin, par la percée de matériaux
compétiteurs sur la scène internationale. La conjoncture est donc
devenue subitement très défavorable. Personne ne pouvait la
prévoir, il y a huit ou dix ans. Ainsi, depuis 1979, la production
québécoise a baissé de plus de 50 %, passant de 1 034 000
tonnes à 565 000 tonnes en 1986, mais, au cours de cette même
période, les exportations vers les États-Unis sont passées
à un peu moins de 100 000 tonnes, soit une diminution de 80 %. Dans ce
contexte, je suis porté à croire que, n'eût
été la mise en place, en 1978, d'une politique
québécoise de l'amiante dont les objectifs visaient,
premièrement, un plus grand contrôle d'une industrie dont nous
sommes le deuxième producteur mondial, avec 16 % du marché,
derrière l'URSS qui a 55 % du marché, et face à une dure
concurrence de la part, notamment, de la Grèce, du Brésil et du
Zimbabwe, et, deuxièmement, une plus large transformation au
Québec en accentuant la recherche - il n'y a jamais eu de recherche
avant 1976, alors que, depuis lors, nous avons investi plus de 30 000 000 $
dans la recherche sur l'amiante - donc, n'eût été cette
politique québécoise de l'amiante, la sous-utilisation de la
capacité des usines serait encore plus importante et les pertes
d'emplois seraient encore plus grandes. Les gouvernements ont parfois
l'obligation d'analyser les dossiers sous l'aspect social plutôt
qu'économique. Je suis persuadé que le ministre en
conviendra.
Le 30 juillet dernier, le ministre délégué aux
Mines et son ministre de tutelle, le ministre de l'Énergie et des
Ressources, ont annoncé un plan de redressement financier et les
nouvelles orientations que le gouvernement du Québec entend donner
à la Société nationale de l'amiante: premièrement,
le regroupement des mines d'amiante sous la gestion de LAB Chrysotile Inc.,
afin de rationaliser les opérations et de consolider les quelque 1450
emplois existants; deuxièmement, la vente ordonnée des filiales
manufacturières de la SNA. En fait, rien de nouveau par rapport à
ce qui avait été enclenché en 1985 par le gouvernement
précédent. Ce redressement s'avérait nécessaire,
car il est certain qu'un arrêt définitif des opérations de
la SNA serait un drame pour toute la population de Thetford-Mines, tout comme
la fermeture des opérations de JM Asbestos Inc., serait un drame pour
toute la population d'Asbestos. C'est sûrement ce qui a fait bouger le
ministre délégué aux Mines et ses collègues de
l'Énergie et des Ressources et de l'Industrie et du Commerce pour qu'ils
déposent, le 8 mai dernier, devant le comité ministériel
permanent du développement économique, le CMPDE, un
mémoire strictement confidentiel proposant une assistance
financière équivalant à 85 % d'un prêt maximum de 50
000 000 $ à la société JM Asbestos Inc., afin d'assurer la
réalisation d'un projet d'expansion de la mine Jeffrey sise à
Asbestos. Selon le mémoire, cette expansion permettrait de poursuivre
les opérations de cette société, du moins jusqu'à
la fin de 1994, préservant ainsi les quelque 715 emplois directs et 285
emplois indirects. Cette mine a déjà employé plus de 2500
personnes.
À la page 7 de ce mémoire, on peut d'ailleurs lire, il est
indiqué comme suit: "De plus, considérant les investissements
relative-
ment faibles, les actionnaires n'exigent pas du projet qu'il
dégage une rentabilité intéressante, mais plutôt
qu'il leur permette simplement de préserver leur capital et leurs
emplois. Pour cette raison, les actionnaires se sont plutôt
attardés à examiner le projet sous un aspect de financement et
non de rentabilité interne. Puisque cette approche est moins exigeante
financièrement pour le gouvernement, c'est donc dans cette ligne de
pensée que notre réflexion s'est également faite. Il
s'agit d'une analyse plutôt sociale qu'économique."
Bref, tout indique que le gouvernement a décidé
d'intervenir parce qu'il craint les effets désastreux d'une fermeture de
JM Asbestos sur les emplois et la production québécoise de fibres
d'amiante. Le temps nous dira si le gouvernement avait raison d'injecter
près de 43 0D0 000 $ dans JM Asbestos sur la base d'une analyse sociale.
D'ailleurs, quand un gouvernement se met à subventionner les entreprises
de transformation sous l'angle d'une analyse sociale, il s'expose à des
demandes qui peuvent paraître étonnantes, comme l'a lui-même
appris le ministre délégué aux Mines la semaine
dernière, alors que Mines Gaspé portait ses pertes de 28 000 000
$ à 38 000 000 $, à la suite de l'incendie du 1er avril à
Murdochville. Nous l'avons dit et nous le répétons, nous croyons
qu'il serait logique d'aider Mines Gaspé à se relever. Le fait
que la survie de la mine ne dépassera pas 1994 incite, cependant,
à la prudence et à une appréciation exhaustive des
réserves économiques et des efforts financiers requis, mais pas
nécessairement à n'importe quel prix.
Au chapitre des crédits, je note une baisse substantielle de 55
900 000 $ à 28 300 000 $ des crédits alloués au
développement de l'industrie minérale, mais, par contre,
l'injection de 2 800 000 $ dans le cadre d'un programme spécial afin
d'accélérer les travaux d'exploration en chantier par trois
entreprises minières dans la région de Chibougamau-Chapais. De
plus, je remarque que le budget du Centre de recherches minérales est
maintenu à près de 7 500 000 $ et que le ministre a l'intention,
dorénavant, de privilégier l'assistance à la construction
d'infrastructures à caractère public dans les régions qui
en sont dépourvues et où de nouveaux gisements ont
été mis au jour grâce, entre autres, aux stimulants fiscaux
en exploration minière.
Pour ce qui est de la refonte de la Loi sur les mines, le ministre m'a
informé qu'à la suite des consultations particulières de
mars dernier, plus de 125 amendements seraient apportés aux 364 articles
du projet de loi 161. Je veux bien croire le ministre quand il écrit
à la page M-12 que la Loi sur les mines a fait l'objet d'une refonte qui
en simplifie le contenu et l'administration et qui constituera un avantage
comparatif supplémentaire pour le Québec. Mais je
préfère analyser le projet de loi réimprimé avant
de donner mon assentiment, tellement il était évident que la
première version du projet de loi 161 allait compliquer
sérieusement l'exploration et l'exploitation minières. Nous
sommes disposés à étudier la refonte de la Loi sur les
mines, mais pour autant qu'elle poursuive réellement les objectifs du
développement minier et de soutien des efforts d'exploration et de
recherche mis de l'avant par les entrepreneurs privés. Merci, M. le
Président,
Le Président (M. Baril): M. le ministre, est-ce que vous
avez une réplique aux commentaires du député d'Ungava?
M. Savoie (réplique)
M. Savoie: Je ne peux passer sous silence certaines remarques
concernant SOQUEM. J'avais déjà invité le
député d'Ungava à me faire la remarque en Chambre
concernant sa position sur SOQUEM et il a refusé de le faire, sachant
fort bien qu'elle était mal fondée.
Pour ce qui est de Cambior, je n'ai pas l'intention d'y revenir. Je
voudrais simplement rappeler que le député d'Ungava n'a jamais
compris ce dossier. SOQUEM est une société d'État malade.
C'était reconnu tant par l'ancien gouvernement que par le nôtre.
Maintenant, après une industrie, un secteur ou une société
d'État malade, nous avons trois sociétés en pleine
santé. Il y a les Mines Seleine qui n'ont plus de dettes, qui reprennent
en quelque sorte une force économique assez importante dans la
région, qui sont plus stables, On a, évidemment, Cambior,
société aurifère très importante au Canada, qui,
sous la direction de Louis Gignac et de M. Mercure, vole de ses propres ailes,
et on s'attend à beaucoup de grandes choses de la part de Cambior. Il y
a évidemment SOQUEM, qui est retombée sur ses pieds, qui n'a plus
de déficit à assumer et qui est capable de se consacrer à
sa mission première, soit l'exploration au Québec,
particulièrement dans les régions défavorisées. Je
pense qu'à ce chapitre cela a été un succès
éclatant et je crois que, de toutes les privatisations, elle a
été la plus belle de ce gouvernement.
Quant à la SNA, on n'y reviendra pas. Je comprends pourquoi le
député d'Ungava parle de la SNA du bout des lèvres. C'est
difficile pour lui de s'embarquer dans une discussion à fond de train au
sujet de la SNA. Bien sûr que cela a été un
désastre, mais son gouvernement a empiré ce désastre en
posant des gestes répétitifs, en 1981, 1982, 1983 et 1984, qui
ont nui sensiblement à l'opération. (20 h 45)
Pour ce qui est de la Loi sur les mines, il y a eu une centaine de
corrections, environ 120; il y en a eu très peu de fond. II y en a
peut-être une vingtaine ou une trentaine de fond par lesquelles on a
modifié des articles; les autres sont des répétitions
à la suite de ces modifications-là. Je pense qu'on peut
être fier du travail qui a été fait, et je tiens à
souligner au député d'Ungava que c'est la première fois
que le gouvernement rédige une loi sur les mines. Auparavant, elle
était rédigée par l'industrie et soumise au gouvernement
pour approbation. C'est nouveau et je pense que les fonctionnaires qui s'y sont
penchés avec l'industrie peuvent en être fiers. Je pense que
l'industrie, de façon générale, appuie maintenant le
projet de loi sur les mines.
Le Président (M. Baril): Est-ce que d'autres membres de la
commission auraient des remarques préliminaires à faire? M. le
député de La Peltrie.
Discussion générale L'amiante
M. Cannon: Oui, merci, M. le Président, très
brièvement. Je trouve parfaite l'occasion qui m'est offerte ici ce soir.
J'ai écouté tantôt mon collègue, le
député d'Ungava, tracer un parallèle et tenter de
défendre tant bien que mal la position de l'ancien gouvernement dans le
dossier de l'amiante en alléguant un certain nombre de problèmes,
notamment la crise de 1982-1983 et un lobby américain très
important et très puissant qui, pour des raisons de santé et de
sécurité au travail, a provoqué une chute mondiale des
prix et des matériaux deviennent de plus en plus des substituts. Tout
cela pour dire: Bien, mon doux, on s'excuse infiniment, on a
légué au nouveau gouvernement un déficit ou une aventure
qui a coûté près de 600 000 000 $. Par ailleurs, du
même souffle, le député d'Ungava nous dit: Écoutez,
là-dedans, ce n'est pas tout à fait notre faute parce qu'il y a
un contexte mondial qui a mal fonctionné, on avait tenté de faire
quelque chose et, par ailleurs, vous autres, quand vous avez fait l'analyse
financière de Cambior dans SOQUEM, vous avez acheté des actions
à 10 $, vous les avez émises sur le marché à 10 $
alors qu'aujourd'hui cela se transige à 25 5/8 $, etc.
Je pense que, si on veut faire une analyse très sérieuse
de la situation, si on veut faire une analyse financière qui se
respecte, ce qui est important - c'est finalement une question de philosophie
politique, c'est ce qui nous distingue par rapport au Parti
québécois - c'est que, dans le cas de SOQUEM, lorsque le ministre
a eu la possibilité d'intervenir, c'était une aventure qui nous
coûtait tout près de 110 000 000 $ de déficit, lorsqu'on a
décidé de privatiser cet exercice futile de la part du Parti
québécois, exercice de développement économique, on
a réussi, malgré tout, à effacer non seulement le
déficit, mais à faire en sorte que les Québécois,
aujourd'hui, puissent bénéficier, par l'entremise du
capital-actions qu'on a acheté dans Cambior, d'une aventure très
intéressante où on était en "partnership". On est
allé avec l'entreprise privée, main dans la main, et nous n'avons
pas eu la prétention, comme gouvernement, de dire: On est capables de le
faire tout seul, ce développement. Alors que, dans le cas de l'amiante,
vous avez non seulement mis les Québécois, de façon
générale, dans la dèche, mais vous avez risqué et
vous avez contribué très largement à mettre une
région tout près de la faillite. Aujourd'hui, heureusement, on
est en mesure de récupérer le peu qu'il reste dans ce dossier.
Mes collègues, non seulement la députée de
Mégantic-Compton, mais également le député de
Frontenac et d'autres, sont en mesure d'intervenir auprès du ministre
pour que des gestes concrets et sérieux soient posés au chapitre
du marketing de cette entreprise, pour l'épurer des espèces de
canards boiteux qui y existent. Ce sont des gestes très positifs.
Quand je regarde le dossier, je m'étonne de la position que
défend, aujourd'hui, le Parti québécois par l'entremise de
son porte-parole, le député d'Ungava, qui essaie de
défendre cette position qui, aux yeux de tout le monde, des experts et
des spécialistes de l'analyse financière, était une
position qui ne se tenait pas du tout. On essaie de nous reprocher d'avoir
posé des gestes concrets, des gestes sérieux de privatisation
dans le dossier de Cambior. Je jette simplement ces quelques réflexions
sur la table parce que je pense que c'est un élément ou, tout au
moins, deux situations, deux états de fait où le gouvernement du
Québec a agi au nom et pour ses contribuables afin non seulement
d'assainir ses finances, mais aussi de gérer une situation
financière qui était intenable pour que les contribuables n'aient
pas à payer indûment ad vitam aeternam des erreurs -j'appelle cela
des erreurs - d'application d'une politique qui, parce qu'on voulait
créer une société d'État et revenir à la
belle époque de la Révolution tranquille et des
phénomènes de nationalisation qu'on avait connus auparavant, qui
nous ont coûté extrêmement cher. Non seulement ils nous ont
coûté cher, mais, finalement, ce qui coûte cher, ce sont les
emplois perdus. Vous avez très mal prévu dans l'industrie de
l'amiante... Pas vous, M. le député, je m'excuse M. le
Président - je dois parler par votre intermédiaire - mais les
gens comme Jacques Parizeau et ceux qui étaient là à
l'époque. C'est une aventure qui nous a
coûté énormément cher et c'est une aventure
que les gens de la région de l'amiante sont en train de payer, et de
payer chèrement. Je suis prêt à aller sur la place publique
et à défendre ce dossier avec toute la vigueur que je pourrai y
mettre pour démontrer que vous avez très mal géré
cela. Non seulement vous avez mal géré, mais vous n'avez pas tenu
compte du contexte nord-américain et mondial de l'économie quand
vous vous êtes lancés dans cette aventure qui nous a
coûté une main et quasiment un bras. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Baril): Est-ce qu'il y a d'autres
députés qui auraient des remarques préliminaires?
M. Claveau: Je vais me permettre de faire deux ou trois petites
réflexions.
Le Président (M. Baril): Oui, vous en avez le droit.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Je pense que le
député de La Peltrie a manqué une belle occasion de se
taire et je vais lui expliquer pourquoi, M. le Président. D'abord, quand
on parle de la refonte de la Loi sur les mines, le ministre
délégué aux Mines en conviendra, les meilleurs bouts
avaient déjà été écrits par l'ancien
gouvernement. Là-dessus, les décisions étaient prises
depuis bien longtemps avant les élections de 1985, bien que la
rédaction finale de la loi n'était malheureusement pas
terminée. En ce qui concerne SOQUEM, le ministre en conviendra pour
l'avoir lui-même exprimé à maintes reprises au début
de 1986, le ministre a suivi, à toutes fins utiles, le plan de
privatisation de SOQUEM qui avait été préparé par
l'ancien gouvernement. Là où nous ne sommes pas d'accord, ce
n'est pas sur le plan de la privatisation, nous sommes d'accord
là-dessus, nous sommes d'accord sur tout ce qui a été dit,
mais nous continuons à croire que SOQUEM n'a pas été
vendue assez cher. C'est de l'argent qui avait été investi par
l'ensemble des contribuables québécois et qui aurait dû
profiter à l'ensemble des contribuables québécois au
moment de la vente. Pour ce faire, il aurait fallu que SOQUEM soit vendue un
peu plus cher que ce qu'elle a été vendue.
Quant à l'argumentaire que j'ai élaboré sur la
question de l'amiante, je dois dire là encore que le
député devrait s'informer auprès de ses ministres. La
majeure partie des arguments que j'ai donnés dans mes remarques
préliminaires est tirée d'un mémoire signé par M.
le ministre délégué aux Mines et aux Affaires autochtones,
M. le ministre de l'Énergie et des Ressources, M. le ministre de
l'Industrie et du Commerce du présent gouvernement, le 8 mai 1987,
mémoire qui a été présenté devant le
Conseil des ministres ou le CMPDE. L'argumentaire sort de ce
mémoire, ce n'est pas un argumentaire de péquiste. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Baril): Je comprends que M. le
député de Richmond veut intervenir.
M. Vallières: Merci, M. le Président.
Évidemment, je ne voudrais pas adresser de reproches au
député d'Ungava qui n'était pas en cette Chambre lors des
nombreux débats qui ont eu lieu lors de la prise en charge de tout le
secteur de l'amiante, en particulier dans la région de Thetford-Mines,
par le gouvernement du Québec, par le biais de la Société
nationale de l'amiante. On a eu l'occasion, à plusieurs reprises, dans
plusieurs débats, de faire la preuve de gestes incongrus,
d'investissements aveugles dans un secteur où seule General Dynamics
pouvait faire ses frais et être heureuse quand même de pouvoir
vendre une activité minière. Inutile de vous dire qu'on a
acheté une Volks pour le prix d'une Cadillac à 42 $ l'action,
alors qu'elle se transige encore, je pense, à moins de 4 ou 5 $. Seul le
député d'Ungava est en mesure de dire aujourd'hui: C'est une
bonne affaire. Même le ministre qui a défendu le dossier avec
beaucoup d'efficacité grâce à la majorité servile de
l'époque a réussi à démontrer à ses
collègues que ce marché de dupes était une bonne affaire.
Il demeure qu'aujourd'hui on doit en faire les frais et lui-même, M.
Parizeau, reconnaît que notre implication dans ce dossier fut une erreur.
Alors, je pense qu'il faut au moins donner le mérite à M.
Parizeau de reconnaître que cela n'a pas été une bonne
affaire. Je ramène également la députation péquiste
actuelle au verdict qu'ont rendu les travailleurs de cette région de
l'amiante lors de la dernière élection générale:
une réponse juste et sans équivoque des travailleurs de l'amiante
qui ont rejeté le gouvernement précédent face à ses
politiques dans le secteur de l'amiante, massivement.
Ce qui nous distingue, M. le Président, de cette politique
échevelée du gouvernement précédent dans le secteur
de l'amiante, c'est que nos efforts - et pour cela, je dois accorder tout le
mérite au ministre actuel -se veulent plus axés sur la recherche,
sur le développement et sur l'accessibilité à de nouveaux
marchés dans le domaine de l'amiante. Comment se fait-il que le
gouvernement précédent n'ait pas prévu qu'il existait
d'autres marchés que celui des États-Unis, par exemple, pour
vendre notre fibre d'amiante? Ce même gouvernement a été
responsable de la destruction du lobby américain dans le domaine de
l'amiante, lobby qu'on doit recréer de toutes pièces aujourd'hui
et pour lequel on doit investir des fonds publics afin de s'assurer que ce
mineral soit également défendu aux États-Unis.
Moi, je veux, M. le Président, me joindre aux travailleurs de ma
région pour indiquer que les politiques actuelles du gouvernement du
Québec répondent aux aspirations de nos travailleurs et
travailleuses dans ce secteur. Je veux dire au ministre, également, qui
était de passage chez nous il y a environ un an et qui, d'ailleurs, aeu l'occasion d'annoncer quelques projets dans le secteur minier, qu'il
faut souligner son travail inlassable, constant et efficace. Le ministre actuel
a ciblé son action. Qu'on pense au travail considérable qui a
été fait par la délégation québécoise
lors de la convention qui s'est tenue à Genève, présence
remarquée du Québec à cette convention, présence
également auprès de nombreuses autres délégations
de pays à travers le monde qui se présentent ici au
Québec. J'ai vu à maintes reprises le ministre actuel rencontrer
les délégations de pays étrangers afin de faire valoir la
pertinence de l'utilisation de matériaux à base d'amiante dans
leur pays, travail qui se solde de façon très efficace.
J'espère que nous continuerons dans cette foulée d'interventions
auprès des pays utilisateurs actuels, mais aussi des futurs pays
utilisateurs de ce minerai si important pour les travailleurs de notre
région.
Je me permets d'indiquer au ministre quand même que, dans le seul
comté que je représente, nous comptions il y a quelques
années - en 1982, en fait - quelque 2700 travailleurs dans la seule
activité de l'amiante. Nous sommes passés à quelque 700
emplois dans le même secteur, ce qui nous indique qu'il y a beaucoup de
marchés à reconquérir. Pour autant que nous sommes
concernés, les quelque 200 000 tonnes de production de minerai que nous
avons chez nous, nous souhaiterions pouvoir les tripler, les quadrupler, et
nous espérons que cette volonté affirmée par l'actuel
ministre délégué aux Mines va se continuer et que nous
pourrons au cours des prochains mois, des prochaines années, percer de
nouveaux marchés et redonner confiance aux utilisateurs, mais aussi
redonner espoir aux travailleurs de l'amiante, dans les deux régions de
l'amiante.
Je veux également indiquer le travail considérable fait
par le gouvernement actuel pour que les travailleurs en général
de l'amiante au Québec s'associent dans des démarches
concertées pour la défense de l'amiante. Cela n'existait pas
avant. Il y avait beaucoup de rivalité entre les régions de
l'amiante. Cette rivalité s'est estompée grâce au
changement de mentalité survenu à la suite des implications du
ministre actuel qui donne l'exemple dans le secteur et qui fait en sorte que
maintenant on traite de l'amiante, au Québec, avec un grand A. Tous les
intervenants sont derrière le gouvernement du Québec,
derrière le ministre délégué aux Mines afin de
faire une réussite de cette entreprise qui doit être commune, sans
quoi, je pense que, quels que soient les efforts, s'ils ne sont pas
orientés, si on ne consent pas aux mêmes objectifs... Et je
n'exclus même pas la recherche. Il faut véritablement asseoir tout
le monde à une même table dans le secteur de la recherche afin
d'identifier quelles sont nos priorités. Là-dessus, je pense
qu'à moins qu'il n'y ait une volonté très ferme de tous
les intervenants dans ce dossier nous pourrions ne pas atteindre les objectifs
que nous nous fixons. {21 heures)
Alors, j'ose espérer que le travail qui a été
effectué à ce jour et qui va se continuer avec le ministre des
Mines pourra faire en sorte que l'on puisse continuer à dire qu'il y a
encore de l'espoir, de la viabilité pour ce que l'on appelle chez nous,
l'or blanc.
Mes propos contrastent assez éloquemment avec ceux du
député d'Ungava. J'ose espérer que l'on pourra, à
tout le moins, se rejoindre afin que, dans le secteur de la recherche et du
développement, pour la défense du minerai qu'est l'amiante, on
puisse faire abstraction de nos rivalités politiques et concentrer nos
efforts sur la recherche de solutions permanentes dans ce secteur.
Le Président (M. Baril): Merci. M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. C'est avec plaisir que
je me joins aux propos du député de Richmond afin de faire en
sorte que le problème de l'amiante soit réglé une fois
pour toutes. Ce avec quoi nous sommes tout à fait d'accord. Mais, pour
pouvoir le faire, il faut partir avec des prémisses assez stables et il
est bon de resituer les choses dans leur contexte.
En 1979, au moment où la loi de la SNA a été
votée, la production d'amiante au Québec était de 1 343
000 tonnes. Ce n'est pas moi qui donne le chiffre, c'est le mémoire du 8
mai. Donc, la production était très bonne. Il n'y avait pas de
problème. C'est à partir de 1980 que cela s'est
détérioré. Écoutez, avant de rire. Cela s'est
détérioré jusqu'en 1983 pour se stabiliser à partir
de ce moment-là, à environ 500 000 tonnes. Alors, 1981, 1982,
1983. Quand le député de Richmond disait tout à l'heure:
En 1981, 1982, 1983, cela allait mal, c'est vrai. C'était la
dégringolade générale sur l'ensemble des marchés
mondiaux dans le domaine de l'amiante. Le Québec, comme les autres
producteurs d'amiante dans le monde, n'était pas capable de se
restructurer et de découvrir de nouveaux marchés, parce que
c'était la débandade générale.
À partir de 1984-1985, on commence à
voir la lumière au bout du tunnel et on se retrouve
effectivement, en 1985-1986, dans une situation favorable pour le nouveau
gouvernement qui arrive dans un milieu où il peut intervenir plus
facilement, aller à la recherche de nouveaux marchés mondiaux.
Là-dessus, nous sommes tout à fait d'accord et nous marchons dans
ce sens. Nous l'avons dit au ministre responsable que nous appuyons sa
démarche. Nous sommes d'accord. Il faut en faire et on n'en fera jamais
assez, mais il faut arrêter de tirer de tous bords et de tous
côtés, puis resituer les choses dans leur contexte. Dans ce
sens-là, je rappellerai au député de Richmond que la
recherche sur l'amiante n'a pas été inventée
l'année dernière, puisque, depuis 1980, il y a eu 30 000 000 $
d'investis dans ce domaine-là et que, si on commence à voir
aujourd'hui les fruits de cette recherche, c'est parce qu'elle s'est faite
avant. On commence à avoir des fleurs avant d'avoir des pommes.
Aujourd'hui, si on est au stade des pommes, c'est parce qu'il y a eu des fleurs
avant et qu'elles n'ont pas gelé.
Cela dit, je comprends le député de Richmond qui se doit,
dans les circonstances, d'avoir au moins la galanterie de flatter son ministre.
Quand on reçoit 42 000 000 $ pour son comté, du jour au
lendemain, c'est probablement de bon aloi d'appuyer son ministre. Je ferai
aussi remarquer au député de Richmond que, lorsqu'il parle de la
dégradation de l'emploi dans son secteur, en ce qui concerne, entre
autres... Il disait qu'on était passé de 2700 à environ
300 travailleurs de l'amiante, dans son secteur.
M. Vallières: 700.
M. Claveau: 700, c'est quand même pas mal.
M. Vallières: C'est quatre fois moins.
M. Claveau: En l'espace de combien d'années, M. le
député?
M. Vallières: Disons cinq ans. C'est surtout sous votre
régime. Cela ne s'est pas produit chez nous.
M. Claveau: Je ferai remarquer au député que, dans
le domaine des métaux, entre 1985 et 1986 - donc, on ne peut pas trop
parler du régime péquiste, vous comprendrez entre vous et moi -
on a eu une perte sèche, en un an, de 1639 travailleurs.
Une voix: En quelle année?
M. Claveau: Entre 1985 et 1986.
M. Leclerc: Décembre 1985 ou janvier 1985?
M. Claveau: De décembre 1985 à...
M. Leclerc: On a pris le pouvoir le 12 décembre.
M. Claveau: ...décembre 1986. M. Farrah: On
n'était pas là.
Le Président (M. Baril): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Claveau: II y a eu 1639 pertes d'emplois dans le domaine des
métaux, dont 534 dans le domaine des fonderies et raffineries - que je
sache, le gouvernement du Québec n'a rien privatisé
là-dedans - dont 165 dans le domaine du cuivre et du zinc -le
gouvernement du Québec n'a pas beaucoup privatisé dans ce domaine
- et 203 dans le domaine du fer et du titane. À ma connaissance, il n'y
a pas eu beaucoup de privatisations, non plus, dans le domaine du fer et du
titane dernièrement. Et cela, c'est au cours de la dernière
année écoulée. Il faut donc resituer les choses dans leur
contexte et les dire comme elles sont.
II y a une conjoncture internationale extrêmement mauvaise pour
l'ensemble des métaux de base et l'amiante fait, malheureusement, partie
de ce contexte-là. Et ce n'est pas uniquement lié à la
création de la Société nationale de l'amiante. J'ai,
d'ailleurs, dit, dans mes notes d'introduction, que beaucoup de choses
étaient discutables là-dedans, on en convient, mais il faut aussi
resituer les choses dans leur contexte. Merci.
Le Président (M. Baril): Merci.
M. Vallières: M. le Président, on a parlé un
peu de mon intervention. Je ne sais pas si le député d'Ungava me
permettra, au moins, quelques petites questions sur son intervention. D'abord,
il fait allusion à une implication financière du gouvernement du
Québec, dans le comté de Richmond, dans la mine Jeffrey à
Asbestos, la JM Asbestos Inc. Est-ce que je peux dorénavant
véhiculer dans le comté de Richmond, dans la région
d'Asbestos en particulier, que l'Opposition serait contre le projet
d'investissement du gouvernement du Québec dans la région
d'Asbestos? Je pense que ce serait de nature à nous permettre de
distinguer très clairement les positions des uns et des autres dans ce
dossier.
En second lieu, j'aimerais que le député d'Ungava
m'indique, puisqu'il a fait allusion à la position du gouvernement
antérieur, combien d'emplois son gouvernement, malgré les
investissements qu'on connaît et dont on a payé une partie de la
note cette année, dans le secteur de l'amiante, dans la région de
Thetford-Mines en particulier, a créés malgré l'injection
de millions de dollars qu'on
a connue dans le secteur de l'amiante dans la région de
Thetford-Mines. Comment peut-il indiquer aujourd'hui que ce choix de
priorités était bien? Et comment peut-il indiquer qu'il n'aurait
pas été préférable, plutôt que de mettre ces
dizaines de millions de dollars dans les poches des Américains, de bien
les investir ici au Québec dans le secteur de la recherche et du
développement?
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: II n'y a aucune colle là-dedans.
M. Vallières: Je vous rappelle que c'étaient 10 000
nouveaux emplois dont M. Bernard Landry parlait dans le secteur de l'amiante
à la suite des investissements qu'on y avait faits.
M. Claveau: M. le Président, je ferais remarquer au
député de Richmond que...
M. Vallières: Cela a été changé par
des chiffres de chômage et j'aimerais que vous nous expliquiez cela.
M. Claveau: Je dirais au député de Richmond qu'on
n'est pas ici pour me questionner.
Une voix: As-tu peur?
M. Claveau: Toutefois je n'ai pas peur des questions. Je lui
dirai que, dans un premier temps, il n'aura qu'à relire mon discours
préliminaire. S'il avait été dans la salle, il aurait eu
l'argumentation par rapport à notre position dans ce qui se passe dans
le dossier de la JM Asbestos.
Le ministre a fait ses choix, le gouvernement a fait ses choix. Ce sera
à lui de vivre avec et l'avenir nous dira ce que cela va donner. Nous ne
sommes pas contre le fait d'aider les gens dans leur milieu, mais il reste que
chaque gouvernement vit avec ses choix. De la même manière, nous
disons au ministre qu'il aura aussi un choix à faire avec lequel il
devra vivre en ce qui concerne Mines Gaspé. L'autre question... De toute
façon...
M. Vallières: L'autre question, c'était combien de
"jobs" avez-vous créées dans le secteur de l'amiante
malgré les dizaines de millions de dollars que vous y avez investis et
malgré la promesse de Bernard Landry de créer quelque 12 000
emplois dans le secteur de l'amiante?
M. Claveau: Je ferai remarquer au député de
Richmond que, n'eût été la dégringolade dans
l'industrie de l'amiante qui a suivi de quelques mois l'achat de la
Société nationale de l'amiante, plusieurs milliers
d'emplois auraient probablement été créés. Mais
cette dégringolade dans l'amiante a été vécue aussi
dans tous les autres secteurs des mines et des métaux en
général et elle n'a pas été spécifique
à l'industrie de l'amiante.
M. Vallières: Oui, mais, vous savez, on ne va pas loin
avec des "si". Il y a un dicton qui dit: Si tous les chiens avaient des scies,
il n'y aurait plus de poteaux.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Vallières: Je pense que c'est la preuve d'un manque de
planification et d'un manque de vision de la part du gouvernement
précédent.
M. Claveau: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
passer...
Le Président (M. Baril): Est-ce que nous avons d'autres
remarques préliminaires? M. le député de Taschereau.
M. Leclerc: Évidemment, je voudrais aussi intervenir sur
les propos de mon collègue d'Ungava qui doit se sentir fort aise
aujourd'hui de n'avoir point été de l'ancien gouvernement,
même s'il partage la même philosophie politique aujourd'hui, parce
que l'héritaqe minier qu'il nous a laissé est fort lourd, et il
le sait.
On sait qu'au lieu de se baser sur des analyses de marché
sérieuses, au lieu de se baser sur des analyses économiques
sérieuses, le précédent gouvernement a laissé libre
cours à son nationalisme. Et c'est principalement pour des raisons
nationalistes qu'il a pris des positions dans l'amiante qu'il regrette
aujourd'hui, que le ministre des Finances de l'époque a
regrettées, ne fût-ce qu'un temps, mais poussé par ses
troupes, ses députés ou son parti, il a été
obligé de remplir les promesses électorales de son parti pour ce
qui est de l'amiante. Le même schème de pensée s'applique
aussi aux décisions quant aux ordinateurs dans les écoles. Le
même schème de pensée s'est appliqué aussi pour
Quebecair. On peut dire que c'est à peu près les trois pires
décisions économiques que le gouvernement précédent
a prises, décisions économiques qui n'ont pas été
prises pour des raisons économiques, des raisons rigoureuses d'analyse
de marché, mais pour des raisons purement nationalistes. Aujourd'hui,
nous en payons le prix et chèrement. On sait les déficits
catastrophiques de Quebecair, 1 000 000 $ par mois avant qu'on s'y mette. On
sait que l'expérience des ordinateurs MAX-20 dans les écoles est
une catastrophe. L'Actualité de ce mois-ci en parle. J'invite le
député d'Ungava à en prendre connaissance.
Tous les analystes économiques sérieux que l'on
connaît sont unanimes à dire que le marché que le
précédent gouvernement du Parti québécois a fait
dans l'amiante est une catastrophe économique, alors que les actions ont
été payées 42 $ et qu'elles valent, au moment où
nous nous parlons, 5 $. Je ne veux pas nn'étendre sur le sujet, je pense
que bon nombre d'analystes, de députés, de commentateurs
politiques l'ont fait avant moi. Le député d'Ungava doit se
sentir, à tout le moins, un peu soulagé de ne pas avoir
été partie prenante de ces décisions à
l'époque et je crois qu'il doit subir, aujourd'hui, les décisions
que son gouvernement a prises, bien qu'il ne siégeait pas à
l'Assemblée nationale à ce moment-là.
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Un petit mot pour, d'abord, resituer dans le contexte
le député de Taschereau. On parle plutôt de questions de
mines actuellement ici et on devrait s'en tenir à cela.
M. Leclerc: Je me suis permis de faire des comparaisons.
M. Claveau: Quand il parle d'analyse économique
sérieuse, je voudrais, encore une fois, le référer au
mémoire du 8 mai auquel je faisais allusion tout à l'heure et lui
relire le dernier paragraphe du chapitre 3.2, à la notion de
rentabilité, qui se lit comme suit -ce n'est pas un péquiste qui
a écrit cela: "Puisque cette approche est moins exigeante
financièrement pour le gouvernement, c'est donc dans cette ligne de
pensée que notre réflexion s'est également faite. Il
s'agit donc d'une analyse plus sociale qu'économique."
Une voix: Cela a coûté 42 000 000 $.
Le Président (M. Baril): M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Claveau: On vit avec ses choix.
Le Président (M. Baril): M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Merci, M. le Président. Le ministre veut
peut-être intervenir parce que, jusqu'à maintenant, je pense qu'il
n'a pas eu beaucoup la chance d'intervenir.
M. Savoie: C'est important dans la discussion...
Les Mines Seleine
M. Farrah: Merci, M. le ministre. Merci, M. le Président.
Je ne parlerai pas beaucoup de l'amiante parce que je pense que mes
collègues l'ont fait avec brio et avec une meilleure connaissance
également. Je vais plutôt parler du sel. Juste pour faire allusion
aux commentaires du député d'Ungava selon lesquels notre
gouvernement suivait la politique énoncée par l'ancien
gouvernement et que ce serait, en fin de compte, une continuité, j'ai
peut-être été plus chanceux que mes confrères de
l'amiante dans le sens qu'on est arrivé au pouvoir au bon moment. Si on
avait suivi la politique de l'ancien gouvernement, on aurait eu des
problèmes. On est arrivé au bon moment pour me sauver. J'en
remercie le ministre également.
Tout cela pour vous dire que, en ce qui concerne Les Mines Seleine,
l'ancien gouvernement avait mis la mine en vente à l'automne 1985, un
peu avant les élections. On sait que Les Mines Seleine perdaient
considérablement d'argent. L'ancien gouvernement avait mis Les Mines
Seleine en vente au niveau du cartel même du sel. Il y a eu un changement
de gouvernement en décembre et, en février, 1986, si ma
mémoire est fidèle, nous avons reçu des offres pour
l'achat de Mines Seleine aux Îles-de-la-Madeleine. Les offres que nous
avons reçues, en fin de compte, n'avaient aucun sens. Elles auraient
peut-être été très négatives quant à
la survie de la mine aux îles et quant aux emplois, évidemment.
Alors, étant un gouvernement très consciencieux face aux
régions et aux emplois à conserver, le ministre n'a pas
été de l'avant pour vendre la mine étant donné que
ces offres n'avaient pas de sens.
Qu'est-ce qu'on s'est dit en tant que gouvernement responsable? On s'est
dit: Avant de vendre Les Mines Seleine, si nous les vendons effectivement,
parce qu'il n'y a rien d'engagé jusqu'à présent, nous
allons assainir les finances de la mine, nous allons assainir la situation
financière de la mine et, par la suite, nous verrons si, effectivement,
nous allons la vendre ou non. Pourquoi? Parce que, dans un premier temps, si
nous vendons une mine dont la situation financière a été
corrigée ou est plus saine, à ce moment-là, nous aurons
plus d'argent pour la mine donc, pour les contribuables
québécois, et, dans un deuxième temps, si nous vendons une
mine en santé, cela garantira la survie de la mine et, donc, des emplois
locaux.
Une voix: C'est cela. C'est beau!
M. Farrah: Je pense que, si nous avions poursuivi la politique de
l'ancien gouvernement, nous aurions vendu la mine à rabais et,
deuxièmement, la possibilité de la fermeture de la mine aurait
été très grande.
M. Leclerc: Quand ils achètent, ils paient trop cher et,
quand ils vendent, ils ne vendent pas assez cher.
M. Farrah: C'est juste pour dire que la transaction de Cambior,
chez nous, a rapporté 90 000 000 $. Avec la transaction de Cambior, nous
avons payé la dette de Seleine qui était de 90 000 000 $. Ces 90
000 000 $, comme tels, si Les Mines Seleine avaient été bien
gérées, bien planifiées par l'ancien gouvernement, je les
aurais mis ailleurs aux îles-de-la-Madeleine, ce qui m'aurait
donné des investissements dans d'autres domaines et ce qui aurait
été beaucoup plus enrichissant pour mon milieu. En tout cas, on
les a reçus quand même, on a payé Les Mines Seleine et,
comme le ministre l'a dit tantôt, Les Mines Seleine ne font plus de
dettes et leur situation financière a été
considérablement corrigée. Pour ce qui est du milieu, je pense
que les gens sont quand même très reconnaissants de l'intervention
du ministre et du gouvernement.
En terminant, je voudrais juste mentionner au député
d'Ungava que je pense qu'il devrait peut-être faire ses classes et
regarder ses dossiers et que, si nous avions agi comme le gouvernement
antérieur a agi, Les Mines Seleine, aux îles, seraient
fermées présentement et il y aurait 225 emplois en moins. C'est
juste pour vous dire: Une chance qu'on est arrivé au pouvoir le 2
décembre 1985, parce que la mine ne serait probablement plus là
à l'heure qu'il est! Merci, M. le Président.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le député
de îles-de-la-Madeleine. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, cela me fait plaisir
d'entendre le député des îles-de-la-Madeleine louer Les
Mines Seleine. Je crois que c'est à l'ancien gouvernement qu'il devrait
être reconnaissant, car, n'eût été une
décision de l'ancien gouvernement, il n'y aurait jamais eu de mine de
sel aux îles-de-la-Madeleine, parce que tout le monde savait que
c'était, quand même, très risqué et très
difficile et que les marchés étaient loin d'être garantis,
dans un premier temps.
Deuxièmement, si l'ancien gouvernement avait mis Les Mines
Seleine en vente, comme le nouveau gouvernement l'a fait, il faut croire que
l'ancien gouvernement aurait aussi évalué les offres d'achat de
la même façon que ce qui a été fait.
Enfin, je crois que l'ancien gouvernement a largement
démontré son intérêt à tous les niveaux pour
le développement économique des îles-de-la-Madeleine et que
le député des Îles-de-la-Madeleine devrait lui faire une
révérence.
Le Président (M. Baril): M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Je ne veux pas commencer un débat avec le
député d'Ungava là-dessus. Je pense que le ministre a
beaucoup de choses à dire; c'est surtout à lui de défendre
ses crédits. Je voudrais seulement dire au député d'Ungava
que je lui réitère ma demande d'aller faire ses classes, parce
qu'il faut dire que Les Mines Seleine ont commencé en 1972 avec SOQUEM
qui faisait des recherches aux îles-de-la-Madeleine. En 1972, je n'ai pas
besoin de vous dire quel gouvernement était au pouvoir. Merci, M. le
Président.
M. Claveau: En quelle année cela a-t-il commencé a
fonctionner?
Le Président (M. Baril): Je vous remercie.
M. Leclerc: ...des décisions.
M. Farrah: II faut que tu remontes au début. Ce n'est pas
l'année où on a commencé à creuser.
M. Claveau: Explorer et exploiter, ce sont deux choses. Le
ministre va nous expliquer tout à l'heure la différence entre
exploiter et explorer.
Le Président (M. Baril): D'accord. Est-ce que les
remarques préliminaires sont terminées?
Une voix: Pour le moment.
Le Président (M. Baril): Je vous remercie. M. le
député d'Ungava, il y a différentes façons de
procéder pour l'étude des crédits.
M. Claveau: On est bien parti! Des voix: Ha! Ha!
Le Président (M. Baril): II faut bien comprendre que
chaque député a droit à vingt minutes pour ses remarques
préliminaires et elles sont terminées. Pour procéder, il y
a différentes façons. Vous pouvez procéder
élément par élément ou étudier tous les
éléments en même temps et les accepter à la fin.
Vous avez le choix.
M. Savoie: M. le Président, mercredi dernier, on a fait la
défense des crédits concernant les autochtones et, à
mi-chemin, on a pris un "break" pour fumer une cigarette.
Des voix: Ha! Ha!
M. Savoie: Vous savez que je fais l'usage morbide de la nicotine.
Je pense qu'avec l'approbation gentille du député d'Ungava on
arrêtera pour fumer une
cigarette et on pourra recommencer; cela nous donnerait l'autre
moitié de la soirée.
M. Claveau: On en a déjà la moitié de faite
et on est juste aux remarques préliminaires.
Des voix: Ha! Ha!
Le Président (M. Baril): Tout ce qu'il me faut, c'est un
consensus. Est-ce que j'ai le consentement?
M. Claveau: Je peux passer des cigarettes.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Cannon: Si vous le permettez, M. le Président, tout
à l'heure, mon collègue d'Ungava nous a invités à
lire ses remarques préliminaires. Je me demande si le secrétariat
serait disposé à nous faire parvenir immédiatement une
copie de ces remarques préliminaires qui, selon lui, sont très
intéressantes et très "illuminées".
Il pourrait nous illuminer de ses remarques préliminaires qui,
selon lui, sont extrêmement intéressantes et très
"illuminées". Il pourrait nous illuminer quant aux...
M. Claveau: Si M. le député de La Peltrie ne peut
attendre la transcription des travaux, on va les lui fournir tout de suite.
Le Président (M. Baril): Alors, on arrête pour cinq
minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 21)
(Reprise à 21 h 30)
Le Président (M. Baril): À l'ardre, s'il vous
plaît!
Nous reprenons nos travaux. Nous en étions au programme 10 et
à l'élément 1. M. le député d'Ungava.
Gestion et développement de l'industrie
minérale
M. Claveau: L'exploration. D'abord, on remarque que les
dépenses d'exploration pour l'année qui s'en vient ont subi une
légère variation à la hausse. Le ministre pourrait
peut-être nous expliquer en gros quelles sont les raisons qui justifient
cela et comment il s'oriente en matière d'exploration minière
pour l'année qui vient.
Exploration M. Savoie: Essentiellement, je pense que, si vous
avez le document à la page M-6, vous pouvez constater qu'il y a une
variation à la hausse de 2,4 %. Vous connaissez toute l'importance qu'on
accorde au renouvellement de nos ressources. D'ailleurs, j'en ai fait mention
dans mon allocution du début. Nous visons le renouvellement des
ressources dans les régions où il existe actuellement une
activité économique minière importante. D'autre part, nous
visons, dans les régions périphériques,
particulièrement dans la région de l'Ungava et la fosse du
Labrador, une augmentation de la recherche afin de trouver des gisements
économiquement exploitables, particulièrement d'or et de platine.
Dans la région de Chibougamau, vous savez fort bien, M. le
député d'Ungava, que nous avons fait une intervention fort
importante concernant la recherche à l'intérieur même des
chantiers afin de permettre aux trois exploitants de la région de
Chibougamau de renouveler leurs ressources. Je pense que cela a
été une intervention fort heureuse. Je sais que tout cela
reçoit, d'ailleurs, votre approbation.
Nous comptons maintenir ce rythme en Estrie, rythme qu'on a
commencé à établir, d'ailleurs, dès 1986 avec
l'ouverture du bureau à Sherbrooke qui avait été
commencé sous votre régime. Nous pensons que l'activité
qui est générée actuellement dans la région de
l'Estrie devrait donner des résultats fort intéressants en
recherche géologique.
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: M. le ministre, je remarque - toujours à la
page 6 de vos notes explicatives qui, soit dit en passant, sont très
bien faites comparativement à ce qu'on avait sur le Secrétariat
aux affaires autochtones - que vous dites: "Trois thèmes dominent la
problématique de l'exploration au Québec: la qualité de
l'information, la régionalisation des services et la diversification
minérale." Est-ce qu'on retrouve des budgets spécifiques dans
chacun de ces trois éléments? Qu'est-ce qui peut être fait
ou que prévoyez-vous faire comme amélioration tangible pour ce
qui est de la qualité de l'information, de la réqionalisation des
services et de la diversification minérale?
M. Savoie: Justement, au sujet de l'information, vous savez que
nous sommes en voie de procéder à mettre sur informatique
l'ensemble de la documentation que nous possédons au ministère.
Vous savez que cela explique également une partie assez importante de la
hausse, de la variation de 2,4 % que vous voyez . Au sujet des interventions,
les principales activités qui ont cours dans le cadre de cet
élément de
programme pour l'année 1987-1988 sont le début de
l'implantation du système de gestion informatisée des
informations géoscientifiques, qui doit être
complété en 1989-1990, la création d'un service
géologique dans le Nord-Ouest québécois, qui est attendue
depuis fort longtemps et qui a été très bien reçue
par la population lors du sommet socio-économique en
Abitibi-Témiscamingue au mois d'avril; l'embauche de
métallogénistes pour adapter davantage le contenu des rapports
géoscientifiques aux besoins des utilisateurs; la poursuite du programme
de normes d'assistance financière à l'exploration; la poursuite,
en coparticipation avec le fédéral, du programme d'assistance
financière à la prospection minière en Gaspésie et
dans le Bas-Saint-Laurent, et la poursuite de la cartographie et des
études des environnements géologiques dans le cadre de l'entente
auxiliaire Canada-Québec de développement minéral.
Comme vous le savez, pour la Gaspésie, M. le député
d'Ungava, nous avons signé une entente avec le gouvernement
fédéral qui a été annoncée, je crois, au
mois de novembre l'année passée en présence de M. Marcel
Masse, ministre de l'Énergie, des Mines et des Ressources du
gouvernement fédéral, dans le but, justement, de permettre
l'investissement par le gouvernement d'un montant de 5 000 000 $. Ce programme
est payé a 90 % par le gouvernement fédéral et à 10
% par le gouvernement provincial qui en assure, toutefois, la gestion et voit
à l'exécution de ce mandat. Les cours ont déjà
été donnés dans la région de Matane et il me fait
plaisir de vous annoncer, ce soir, je crois en primeur, que les cours vont
commencer à New-Richmond le 15 juin, à Murdochville le 27 juillet
et de nouveaux cours à Matane, le 8 septembre. On croit que ce cours
sera de toute première importance. Nous sommes sûrs, par le biais
de ce programme, d'assurer une activité économique assez
importante dans la région de la Gaspésie. Vous savez que le taux
de bénéficiaires d'aide sociale est très
élevé en Gaspésie, le nombre de chômeurs
également. On pense qu'en créant ce programme d'exploration on
est peut-être en mesure d'identifier certains gisements qui pourraient
susciter un certain intérêt de la part de l'industrie et qu'on
sera peut-être en mesure d'entreprendre quelques programmes de forage, le
tout dans le but de diversifier l'industrie et le tissu social,
économique, de la Gaspésie.
M. Claveau: Les 10 % des 5 000 000 $, les 500 000 $, on les
retrouve à l'intérieur des 20 800 000 $. Cela fait partie
spécifiquement de ce programme, de cet élément du
programme 10.
M. Savoie: Oui, c'est cela.
M. Claveau: D'accord. Mais, puisque vous nous avez parlé -
déjà, vous en aviez parlé dans vos notes
préliminaires - d'une certaine modernisation, d'une nouvelle compilation
de données d'information générale sur les claims, etc.,
cela représente des frais, de nouveaux achats d'équipement, en
fait, de tout un tas de choses nouvelles. Étant donné que le
budget reste à peu près le même, il faut croire qu'il va y
avoir des coupures ailleurs dans d'autres choses qui se faisaient
antérieurement afin de pouvoir compenser les sommes que vous allez
investir dans ce réaménagement des locaux et du personnel en
régions ou ailleurs. Quelles sont les activités d'exploration qui
devront souffrir de ces modifications?
M. Savoie: Si vous allez à la page M-10 de votre document,
vous voyez, de toutes pièces, les programmes qui ont subi une
réduction. D'abord, comme vous pouvez le constater, ce qui est entre
parenthèses, c'est une réduction: là où il n'y a
pas de parenthèses, cela veut dire une augmentation. Vous avez les
levées géoscientifiques qui vont subir une réduction de
11,9 %; il y en a eu plusieurs depuis un bon nombre d'années. Je pense
que le coût total de l'informatisation est de l'ordre de 750 000 $.
Évidemment, la diminution des budgets consacrés aux Appalaches,
aux fosses du Labrador-Ungava et à la Côte-Nord coïncide avec
la fin des plans quinquennaux, comme il est mentionné
immédiatement après les schémas.
M. Claveau: Est-ce que le travail en fait de relevés
géoscientifiques est suffisant actuellement pour pouvoir justifier qu'on
ralentisse l'intervention dans ce domaine?
M. Savoie: Évidemment, on cherche toujours à avoir
le plus d'activités géoscientifiques possible, mais il faut
toutefois travailler à l'intérieur de certains budgets et de
certaines restrictions. On croit que le programme qu'on vise à
informatiser, à court terme, va donner plus de rendement; il va nous
permettre de mieux gérer l'information qu'on reçoit afin de mieux
desservir ceux qui s'intéressent à l'exploration.
M. Claveau: Est-ce que vous pourriez nous dire, dans la pratique,
si les prospecteurs sur le terrain ou les compagnies, les juniors, qui ont des
claims utilisent couramment ou, du moins, se servent du terrain qui a
été couvert par les relevés géoscientifiques? Quel
est le pourcentage de ce terrain qui est actuellement à l'étude
sous forme de claims appartenant à des juniors ou à des
prospecteurs privés?
M. Savoie: II s'agit d'une question assez technique. On pourrait
peut-être demander à notre expert, M. Laurin, d'intervenir sur
cette question.
M. Laurin (André): Je pense qu'il est assez difficile de
vous préciser exactement l'étendue...
Le Président (M. Baril): Je m'excuse, mais pourriez-vous
vous identifier pour les fins du Journal des débats?
M. Laurin: André Laurin, directeur général
de l'exploration géologique et minérale au secteur des mines.
Le Président (M. Baril): Merci.
M. Laurin: Je pense que, pour répondre à la
question du député d'Ungava, il est assez difficile de
préciser exactement l'étendue du territoire en pourcentage, mais
je peux vous dire, d'ores et déjà, que l'ensemble de l'Abitibi,
qui a été couvert par l'ensemble des levées
géoscientifiques du ministère, autant du côté
géologique que du côté géophysique et
géochimique, est occupé à peu près à 80 %
par l'industrie d'exploration. La même chose peut s'appliquer
présentement à une bonne partie de l'ensemble de la fosse du
Labrador qui fait aussi l'objet d'exploration minière de la part de
l'industrie. Je parle bien de la fosse du Labrador, évidemment, et non
pas tout l'arrière-pays d'un côté comme de l'autre. Donc,
dans la fosse du Labrador, vous avez une occupation du territoire à peu
près à 50 % à la suite des levés
géoscientifiques qui ont été menés dans le
territoire. La même chose s'applique présentement pour la fosse de
l'Ungava dans le très Grand-Nord, où vous avez une reprise de
l'activité à la suite des travaux que le ministère y a
effectués. Maintenant, l'industrie, qui était absente, fait
réellement de la recherche pour des éléments et des
substances comme le platine et le palladium, ce qui pourrait amener le
développement et l'exploitation d'autres substances qui s'y trouvent si
jamais celles-ci arrivaient réellement à être valables.
Par contre, dans d'autres sections du territoire - non pas que la
connaissance soit moindre, c'est que le contexte géologique est
peut-être moins valable, au départ; ceci peut s'appliquer à
la Gaspésie - les compagnies occupent l'ensemble du territoire
peut-être à 10 % ou à 15 %. Le ministère, par
contre, continue ses levées afin d'arriver avec des incitatifs valables
qui pourraient amener l'industrie à s'intéresser à
l'ensemble de la Gaspésie. On fait exactement la même chose
présentement en Estrie. Donc, pour l'ensemble du territoire,
globalement, si vous voulez, au sens global du Québec, je dirais
qu'à peu près à 40 % le territoire est occupé par
l'industrie minière qui y fait de la recherche pour des substances
minières.
M. Claveau: Donc, vous nous dites que, dans le contexte actuel,
il y a suffisamment de marge entre le territoire où les relevés
géoscientifiques sont faits et le territoire actuellement sous
prospection pour permettre un certain ralentissement dans les relevés
géoscientifiques.
M. Laurin: Je n'ai pas dit cela. Tout ce que je dis,
présentement, c'est que l'industrie prend une relève selon les
substances qu'elle veut bien y chercher. Par contre, le ministère comme
tel est toujours intéressé à aller de l'avant et à
fournir une information supplémentaire selon que de nouvelles substances
peuvent devenir réellement rentables dans l'avenir. Alors, on ne peut
pas dire que l'ensemble du territoire est connu pour toutes les substances. Il
faut que le ministère soit réellement à l'affût des
désirs de l'industrie à l'avenir et fasse ses projections, ses
analyses et ses travaux en tenant compte des substances qui peuvent devenir
valables et rentables dans l'avenir. À titre d'exemple, lorsque le
ministère a commencé à refaire ses travaux dans la fosse
de l'Ungava dans le très Grand-Nord, c'est parce qu'on savait que
l'ensemble de l'industrie cherchait des platinoïdes et, le contexte
géologique s'y prêtant, nous avons refait des travaux à
l'intérieur de ce grand territoire pour arriver, justement, à
déceler des indices de platinoïdes. L'exploration minière a
été reprise par l'industrie et cela a amené aussi un
regain de la même façon du côté de la fosse du
Labrador puisque les contextes étaient à peu près
semblables. Ce que l'on vise, c'est d'être toujours à
l'affût des besoins de l'industrie pour essayer de trouver un contexte
géologique favorable qui pourrait contenir ces substances et, à
ce moment, valoriser et bonifier l'ensemble de l'information que nous avons ou
bien celle que nous voudrions avoir avec des techniques de pointe pour
l'avenir. Donc, cela ne veut pas dire que nous sommes satisfaits de ce que nous
avons. Nous sommes contents de ce que nous avons, mais nous voulons toujours
aller de l'avant selon les besoins de l'avenir.
M. Claveau: Si j'interprète bien ce que vous nous dites,
M. Laurin - et M. le ministre me permettra sûrement de vous poser la
question directement - il peut arriver, dans un contexte particulier ou
précis, là où des relevés ont été
faits dans un premier temps, par exemple, pour la recherche de métaux de
base, que vous soyez obligés de revenir lorsque l'industrie va
plutôt aller vers les métaux précieux dans le
même secteur.
M. Laurin: II est fort possible que nous soyons forcés de
reprendre les analyses ou de bonifier l'information que nous avons. D'ailleurs,
c'est ce que nous avons fait en Abitibi à partir du milieu des
années soixante-dix, si vous voulez, pour essayer à
l'intérieur de ce territoire de l'Abitibi qui est tout de même une
région minière très valable, d'attirer les compagnies
à regarder d'autres substances vu que la valeur des métaux de
base diminuait. Nous avons bonifié l'information que nous avions sur
l'ensemble du territoire, en plus d'ajouter une plus-value en faisant des
levés plus sophistiqués pour, justement, attirer l'industrie
à aller chercher des substances qui pouvaient créer une reprise
de l'industrie minière. (21 h 45)
Actions accréditives
M. Claveau: Je vous remercie, M. Laurin. Je n'ai pas encore
écoulé mes 20 minutes. Je voudrais revenir à M. le
ministre Savoie et lui demander quelques explications sur le comportement des
actions accréditives. Je sais que c'est un sujet qu'il aime beaucoup. On
sait qu'entre 1985 et 1986 la masse des investissements dans les actions
accréditives et dans tes sociétés en commandite est
passée de 157 400 000 $ à 239 900 000 $. Là, c'est quand
on combine les deux éléments, actions accréditives et
sociétés en commandite, mais, lorsqu'on s'attarde strictement aux
actions accréditives, on voit un recul dans les montants investis ou
utilisés par le biais des actions accréditives, montants qui sont
passés de 57 800 000 $, en 1985, à 48 500 000 $, en 1986.
Comment le ministre interprète-t-il le fait que les investisseurs
semblent être plus intéressés par les
sociétés en commandite que par les actions
accréditives?
M. Savoie: Oui. Si je comprends bien, vous dites qu'il va y avoir
un recul cette année en ce qui concerne les fonds qui seront
utilisés pour les actions accréditives.
M. Claveau: II y a eu recul en 1986, selon les chiffres qui
émanent du gouvernement dans le cahier "Le Québec minier, la vie
économique des régions". On y dit: Bien que la masse, le volume
total des montants investis en exploration minière, soit sous forme
d'actions accréditives ou de sociétés en commandite, ait
augmenté, les investisseurs ont été moins attirés
par les actions accréditives, puisque les montants investis dans les
actions accréditives ont diminué, alors que, pour les
sociétés en commandite, la masse de financement a pratiquement
doublée.
M. Savoie: Les sociétés en commandite, c'est une
structure de choix, n'est-ce pas, pour l'investisseur. Cela présente
plusieurs avantages, particulièrement en ce qui concerne des pertes
éventuelles qui pourront être appliquées. L'industrie va
continuer de chercher à améliorer les structures de services
qu'elle offre aux investisseurs. Ce que je comprends mal dans votre approche,
c'est que vous semblez indiquer qu'il va y avoir une baisse cette année.
Cela fait quelques fois qu'on vous entend parler de cette baisse
éventuelle des investissements dans les actions accréditives. Je
ne comprends pas cette position. Il semble bien que le montant investi cette
année sera, tout au moins, identique à celui de l'an
passé.
M. Claveau: Oui, mais, M. le ministre, ma question est par
rapport à 1985-1986. En page 6 du document produit par le ministre de
l'Énergie et des Ressources qui s'intitule "Le Québec minier, la
vie économique des régions", on lit ce qui suit: Le financement
obtenu sous forme de sociétés en commandite s'est
élevé à 191 400 000 $ contre 89 600 000 $ en 1985, tandis
que celui obtenu sous forme d'actions accréditives a totalisé 48
500 000 $ contre 67 800 000 $ en 1985.
Donc, déjà entre 1985 et 1986, les investisseurs ont
été moins intéressés par les actions
accréditives qu'ils ne l'étaient avant, alors que le volume
d'argent récolté par le biais des sociétés en
commandite, lui, a doublé, à toutes fins utiles.
M. Savoie: Oui, mais les sociétés en commandite
utilisent la structure des actions accréditives. Une
société en commandite, par exemple, peut servir à
diversifier les investissements, tout en utilisant les actions
accréditives. Si vous avez le tableau en question, allez voir à
la note 2. Est-ce que vous avez le même tableau que nous autres?Effectivement, les sociétés en commandite achètent
des actions accréditives. Évidemment, pas toutes, mais la
très grande majorité, et les informations qu'on a nous indiquent
très clairement que, par le biais des sociétés en
commandite, on va acheter des actions accréditives afin de diversifier
l'investissement dans deux, trois, quatre, cinq compagnies afin de diminuer le
risque. Cela présente d'autres avantages également. Donc les
sociétés en commandite utilisent cette structure des actions
accréditives.
M. Claveau: Ce que vous me dites, c'est que, lorsqu'on parle de
48 500 000 $ obtenus sous forme d'actions accréditives, cela ne comprend
pas toutes les actions accréditives. Vous semblez me dire qu'il y a une
partie des 191 400 000 $ qui vient des actions accréditives.
M. Savoie: Oui, en grande partie. C'est que la
société en commandite n'est qu'un véhicule qui utilise
également les actions accréditives. Les actions
accréditives peuvent être utilisées par une petite
compagnie junior qui fait une émission sur le marché. Elle peut
les utiliser également, cette junior...
M. Claveau: Par une société en commandite.
M. Savoie: ...par le biais d'une société en
commandite.
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Ungava, si vous le permettez, il y a le député de Richmond qui
aimerait poser une petite question.
M. Vallières: J'aurais juste une autre petite
question.
M. Claveau: Peut-être, avant de donner la parole au
député de Richmond, si vous voulez, le ministre disait tout
à l'heure qu'il avait entendu dire partout, à plusieurs reprises,
qu'il devait y avoir une diminution dans les actions accréditives.
Est-ce qu'il pourrait préciser un peu les rumeurs qu'il a entendues?
M. Savoie: Quant à moi, je n'ai pas entendu de rumeurs.
Les seules rumeurs que j'ai entendues, c'est de votre part. Je pense qu'on
surveille la situation de près. Lorsqu'il y a eu réduction de 166
à 133, évidemment, cela nous a forcés à
réfléchir un peu sur l'orientation qui se prenait, On n'avait pas
le choix, comme vous le savez. Je pense que vous êtes familier pour
m'avoir entendu à plusieurs reprises expliquer la façon dont on
voyait le dossier. Les intervenants qui, par le biais des médias, ont eu
à se prononcer sur ce dossier sont tous unanimes pour dire qu'il n'y
avait pas ou qu'il n'y aura pas d'impact sur la structure des actions
accréditives. La réduction de 166 à 133 n'aurait pas
d'impact.
Si je regarde du côté de l'industrie, on n'a eu aucune
déclaration de la part d'un intervenant - je parle du monde sur le
terrain - indiquant que cela réduirait, par exemple, l'activité
au Québec. Cela va peut-être avoir pour effet d'augmenter
légèrement l'activité en Ontario ou ailleurs - c'est
possible, c'est même probable - mais sans, pour autant, réduire
l'activité au Québec. On surveille la situation de très
près. J'en ai parlé tout dernièrement avec les
fonctionnaires aux mines. Ils m'ont dit qu'ils surveillaient la situation de
près, que dès qu'on aura des indications qu'il y a une baisse
d'activités, j'en serai averti. Mais, pour le moment, il semble que le
montant global des investissements sera à peu près identique
à celui de l'an passé.
L'année 1986 a été exceptionnelle. Si vous regardez
du côté des spécialistes en financement, en placement, ils
sont tous d'accord pour dire que cette année s'oriente également
pour être une année exceptionnelle.
Le Président (M. Baril): Je permettrai au
député de Richmond...
M. Savoie: On m'avise que ce serait même supérieur
à l'an dernier. L'an dernier a été la meilleure
année concernant l'exploration au Québec depuis des
décennies. Jamais on n'a eu une telle activité, une telle
floraison de chantiers, d'hommes au travail. Cela a été une
année exceptionnelle. Cette année, malgré que le nombre de
claims va diminuer comparativement à l'an passé alors qu'on a
ouvert une grande partie de la Baie James au jalonnement, je pense qu'au
chapitre des investissements ça va être fort supérieur.
Nous avons des motifs qui nous permettent de croire que le gouvernement
fédéral pourrait maintenir la structure des actions
accréditives à 133. Si c'est le cas, si la structure des actions
accréditives se maintient à 133 au fédéral et au
Québec, ce sera fort heureux pour l'industrie. C'est pour cela que je
parle toujours d'avoir une entente de trois ans afin de donner une certaine
stabilité à cette expansion.
M. Claveau: M. le ministre, c'était là la
dernière question que je voulais vous poser par rapport aux actions
accréditives: Avez-vous des indices sérieux de la part du
fédéral comme quoi, malgré la réforme fiscale qui
s'en vient, on ne touchera pas à ce genre de programme?
M. Savoie: On a des rumeurs qui viennent de sources bien
renseiqnées. Évidemment, au sujet de ia décision, on va en
savoir un peu plus le 18 juin, lorsque M. Wilson va déposer son livre
blanc sur la fiscalité. Disons que les indications que nous avons
jusqu'à maintenant, les rumeurs, l'information qu'on ramasse, qui ne
proviennent pas de tavernes et d'endroits comme ça, mais de sources
raisonnablement sûres, nous permettent d'être
légèrement optimistes. D'ailleurs, si vous avez regardé la
Northern Miner de cette semaine, il y a, justement, un article à
la première page où j'interviens pour dire que ça
s'annonce pas trop mal.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le ministre. M. le
député de Richmond.
Ecoute des régions
M. Vallières: Tout à l'heure, nous avons eu
largement l'occasion de démontrer quelle fut l'action
incompétente du gouvernement
précédent dans le domaine de l'amiante. J'aimerais qu'on
puisse, au cours des quelques minutes qui vont suivre, établir
peut-être quelques distinctions dans le secteur de l'exploration
minière, en particulier, distinctions qui nous dissocient de l'action
passée du gouvernement qui nous a précédés. Le
gouvernement précédent a souvent été
critiqué pour son manque d'écoute des besoins régionaux.
Je sais que tantôt vous avez parlé d'exploration minière,
en particulier, en Estrie. Vous aviez l'occasion, quand vous êtes
passé dans le comté de Richmond, en particulier dans la ville
d'Asbestos, lors de la tenue du sommet socio-économique de l'Or Blanc,
d'annoncer la création d'une zone dite désignée,
d'ailleurs sous l'oreille attentive du député d'Ungava qui
était là à titre d'observateur. J'aimerais que vous
puissiez nous indiquer si cette désignation a donné des fruits,
en particulier dans la région de l'Estrie. J'aimerais également
que vous nous indiquiez, puisqu'il y a eu ouverture d'un bureau régional
dans la ville de Sherbrooke pour desservir la région de l'Estrie et,
donc, l'installation d'un géologue résident en Estrie, si ces
diverses actions font partie d'un plan d'ensemble visant à être
davantage à l'écoute des régions, si ce genre d'action a
été limité à la région de l'Estrie ou si on
a retrouvé pareille mesure ailleurs au Québec. Quels sont les
résultats à ce jour? Quels sont les résultats
anticipés de ces investissements, de cette énergie qu'on consacre
à ces secteurs d'activité dans les différentes
régions du Québec'?
J'ose espérer que, dans un deuxième temps, le ministre
pourra nous indiquer ce qui distingue son action de celle du gouvernement
précédent afin de nous assurer que le gouvernement que nous
sommes soit davantage à l'écoute des besoins des
différentes régions du Québec dans le secteur minier en
particulier.
M. Savoie: Je vous remercie de votre question. Je la trouve
particulièrement à point, parce que, si on commençait avec
la deuxième partie de votre question d'abord, je pense que ce que le
présent gouvernement a visé en nommant un ministre
délégué aux Mines, c'était justement, compte tenu
du contexte économique qui était particulièrement
favorable, de stimuler cette industrie le plus possible. Nous avons agi, non
seulement, par exemple, pour la défense de l'amiante ou la promotion des
actions accréditives, mais aussi nous avons essayé d'avoir une
écoute particulièrement attentive des régions pour y
promouvoir l'exploration.
Si vous examinez de près nos interventions depuis environ douze
mois, vous allez constater que nous avons beaucoup voyagé. Nous avons
visité l'ensemble des producteurs de toutes les régions du
Québec. Je pense que la seule région minière du
Québec que je n'ai pas visitée est la région de
Montréal, Toutes les autres régions ont été
visitées: la Gaspésie, la Côte-Nord, Chibougamau à
trois ou quatre reprises, évidemment l'Abitibi-Témiscaminque et
la région au nord de La Sarre, la fosse du Labrador, la fosse de
l'Ungava, et nous avons, comme vous l'avez si bien remarqué, fait
plusieurs passages dans la région de l'Estrie.
Nous cherchons à démontrer a la population que les
ressources minérales du Québec, particulièrement l'or,
particulièrement les sites polymétalliques méritent notre
attention, parce qu'ils permettent à différentes régions
de se développer davantage au point de vue économique. Cette
promotion que nous faisons en rencontrant les différentes chambres de
commerce, en tâchant de mettre l'accent sur l'exploration en
régions périphériques, en régions
éloignées, et en régions moins éloignées
comme l'Estrie, c'est, justement, afin de nous assurer que les structures qui
existent, la conjoncture économique qui existe puissent être
utilisées au maximum en nous penchant sur le développement
minéral du Québec.
Vous savez que, depuis 1978-1979, l'ensemble de l'industrie
minière au Québec est en crise, sauf pour l'or. Nous pensons
qu'il est tout de même possible de continuer à augmenter notre
production minérale en s'axant sur des minéraux qui sont
économiquement exploitables. Évidemment, on pense toujours
à l'or et au platine.
En ce sens, nous voyons que notre rôle, d'une part en partie de
promotion, est de répondre du mieux qu'on peut immédiatement aux
demandes de l'industrie à ce niveau et d'intervenir auprès
d'autres ministères afin qu'on accorde des réponses le plus
rapidement, le plus facilement possible. (22 heures)
Je vais donner à titre d'exemple la situation en Gaspésie
où cela faisait deux ou trois ans que l'entente était
prête. Mais, à cause des chicanes entre le gouvernement
fédéral et le Parti québécois qui était
alors au pouvoir, on ne donnait pas suite à l'entente. On disait: Vous
savez, au Québec, le seul maître d'oeuvre, le seul vrai
administrateur de tous les droits miniers, c'est le gouvernement provincial. On
ne veut pas que le gouvernement fédéral s'immisce
là-dedans. Il s'agit là d'un privilège constitutionnel
accordé au gouvernement du Québec, soit d'être le seul
maître d'oeuvre, si vous voulez le propriétaire du sous-sol.
Lorsque le dossier nous est parvenu il y a environ sept mois, j'ai
immédiatement appelé M. Rémillard et je lui ai dit tout
simplement, à lui et à Diane Wilhemy, que je ne voulais pas
entendre parler de dossier constitutionnel sur les mines. Tant que notre
privilège était fondamentalement protégé, tant
qu'il n'y avait pas d'ingérence de la
part du gouvernement fédéral, on devait y participer. Si
le gouvernement fédéral injectait 5 000 000 $ pour de
l'exploration en Gaspésie, on devait l'accepter et, ensuite, trouver les
modalités qui respectent le privilège du gouvernement du
Québec d'être le seul responsable du sous-sol
québécois. C'est cette attitude, je crois, avec l'ouverture au
jalonnement d'une grande partie du territoire de la Baie James, et toutes ces
mesures qui ont fait que le gouvernement du Québec a pu être plus
présent dans les régions périphériques. Pensons au
service géologique du Nord-Ouest. Vous savez qu'actuellement la seule
région du Québec qui jouisse d'une grande
prospérité à cause de l'activité minière est
cette immense zone située entre Chapais-Chibougamau et la
frontière de l'Ontario, entre le 48e et le 50e parallèle. Cette
grande région riche en or jouit actuellement de tellement
d'activités qu'on m'avise, par exemple, que le service de
géologie a récemment lancé un appel d'offres pour du
forage en Abitibi. Personne n'a soumissionné parce que tout le monde est
occupé à faire du forage.
Cette grande région qui jouit d'une grande activité
économique, nous allons la doter d'un service géologique appelle
service géologique du Nord-Ouest qui va permettre l'établissement
en région de dix postes, alors que le gouvernement en avait coupé
une demi-douzaine. Pour mieux répondre à la demande de la
région, nous avons donc décidé de créer ce service
parce qu'on prévoit que, d'ici cinq ans, il est fort possible que la
production minérale de l'Abîtibi-Témiscamingue, qui
constitue actuellement 22 % de la production minérale de la province de
Québec, passe à 40 % et que la production aurifère de
l'Abitibi-Témiscamingue augmente de beaucoup, c'est-à-dire
qu'elle double quasiment sa production. Ce sera également profitable non
seulement pour une région qui était traditionnellement pauvre,
où le taux de chômage était très
élevé, une région sous-scolarisée, mais cela va
grandement aider cette région à s'affranchir, à devenir
une région à part entière de la province de
Québec.
En Estrie, M. le député de Richmond, MER-Mines a investi
660 000 $ en travaux géoscientifiques. Tous ces travaux, l'ouverture du
bureau, cet intérêt, cette connaissance que développe la
région de l'Estrie au niveau des actions accréditives vont nous
permettre, je crois, d'identifier plusieurs petits gisements
intéressants au niveau de l'or. J'ai déjà rencontré
dans votre région quelques prospecteurs, entre autres, un docteur en
géologie qui s'intéressait, je crois, à la région
du mont Stoke si ma mémoire est bonne, où on a des indices d'or
particulièrement intéressants. On a également des indices
de minéraux industriels fort intéressants, en mettant,
évidemment, de côté l'amiante parce qu'on en a plusieurs
gisements. On parle, entre autres, du talc et d'autres matériaux de
construction qui pourraient représenter une activité
économique importante. Cela prend du temps à développer
une mine parce que cela coûte cher. Ces investissements produisent
toutefois un bénéfice fort important pour une région
pendant de longues années.
Évidemment, cette participation ne vient pas seulement de
l'exploration, elle vient de toute l'approche qu'on a au niveau du service
à l'industrie minière, au niveau du CRM où on cherche
à répondre d'une façon très précise,
très concise à la demande et aux besoins de l'industrie. On
cherche à être plus actifs, plus terre à terre. Tout
dernièrement, par exemple, un groupe d'hommes d'affaires de la
région de l'Abitibi-Témiscamingue est venu visiter le CRM pour en
prendre connaissance, pour connaître les services qu'offre le CRM. Je
pense que c'est une chose qu'on voudrait voir se répéter à
plusieurs reprises dans différentes régions du Québec. Une
façon de s'assurer que le développement minier du Québec
progresse, c'est de renseigner la population, de lui démontrer qu'on est
capable de répondre à des besoins très précis,
qu'on est capable de répondre surtout à des problèmes
régionaux. Les mines sont le facteur clé, je crois, du
développement, non seulement du Nord québécois et du
Moyen-Nord québécois, mais également des régions
comme l'Estrie et la Gaspésie.
M. Vallières: Je remercie le ministre de la clarté
de sa réponse, de même que des précisions qu'il nous a
apportées. Je le remercie pour avoir permis à l'Estrie, chez
nous, de se donner des ressources spécialisées que nous avait
toujours refusées le gouvernement précédent. On a souvent
parlé, dans le passé, d'un bureau régional des mines en
Estrie. Il fallait attendre un qouvernement libéral pour se le donner.
Je me réjouis de la sage décision du premier ministre de donner
au Québec un ministère des Mines et, j'oserais dire, un vrai
ministre des Mines.
M. Savoie: Moi aussi, j'ai trouvé sa décision
particulièrement sage, M. le député de Richmond.
M. Claveau: Est-ce qu'on pourrait cesser... et revenir aux
crédits?
M. Vallières: M. le Président...
M. Cannon: Question de règlement, M. le Président.
Je pense que c'est le député de Richmond qui a la parole et je
demanderais au député d'Ungava de bien vouloir respecter cette
chose-là.
M. Claveau: Je demandais une information au président,
à savoir si on était toujours dans les crédits des Mines
ou si on était à la kermesse...
M. Maltais: Question de règlement, M. le Président.
Pour une fois que c'est un autre que le député d'Ungava qui fait
l'éloge du ministre détéqué aux Mines, je pense que
c'est normal que notre parti politique accepte ces éloges.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Richmond, si vous voulez conclure, s'il vous plaît!
M. Vallières: Pour avoir vécu pendant un certain
temps avec ce qui nous servait de gouvernement auparavant, vous comprendrez que
je veuille, aujourd'hui, insister sur la compétence du ministre actuel
et de son leadership dans le secteur des mines présentement.
État du marché mondial de
l'amiante
J'aimerais que le ministre puisse nous donner - ce sera l'objet de ma
dernière question - étant dans un comté où on
retrouve beaucoup de production d'amiante, quelques indications sur
l'état actuel du marché mondial de l'amiante et quelles sont les
actions précises qu'il prévoit prendre en 1987, en particulier
pour soutenir cette industrie qui fournit de l'emploi à plusieurs
travailleurs de mon comté, de même que dans la région de
Thetford-Mines et dans le comté de Frontenac.
M. Savoie: Merci, M. le député de Richmond. Comme
vous le savez, l'amiante est un dossier particulièrement difficile
à cause de tous les éléments qui viennent, en quelque
sorte, nuire à ce dossier où on devrait constater une
stabilisation. Plusieurs éléments viennent, en quelque sorte,
jeter de l'ombrage sur un développement qui devrait être beaucoup
plus stable.
Les expéditions d'amiante, pour l'année 1986, sont de
l'ordre de 515 000 tonnes. En 1985, elles étaient de l'ordre de 615 000
tonnes. En 1987, il est possible que les expéditions d'amiante soient de
l'ordre de 450 000 tonnes. C'est une réduction constante. Par contre, on
remarque, au niveau mondial, qu'il y a une certaine stabilisation,
c'est-à-dire qu'on se maintient toujours autour de 4 000 000, 4 200 000,
4 300 000 tonnes. Il y a même une légère hausse de la
production mondiale de l'amiante.
On se demande pourquoi, au Québec, on absorbe tant cette baisse
de production. Pendant longtemps on a cru qu'un des facteurs les plus
importants était la mise en exploitation de mines, par exemple, au
Brésil, au Zimbabwe, et il y a également une petite mine
en Grèce. Tous ces producteurs nuisent, évidemment, parce que
leur coût de production est carrément inférieur et ils sont
plus près des marchés qui achètent des mines productrices
au Québec.
En plus de cela, traditionnellement, le Québec avait comme
marché principal l'Europe et les États-Unis, et un peu le Japon
et l'Amérique du Sud. On constate, évidemment, avec la
décision de l'EPA, une baisse de nos exportations vers les
États-Unis. On constate également une baisse en Europe, qui,
d'une part, réduit sa consommation d'amiante et, en même temps,
augmente ses importations du Zimbabwe, de la Grèce et même du
Brésil.
Tout cela pour dire que la complexité de la situation et les
nombreux intervenants, tant sociaux, psychologiques qu'économiques, font
qu'actuellement la région de l'amiante vit une situation très
difficile. Lors des rencontres que j'ai eues à Montréal il y a
deux semaines avec plusieurs importateurs importants d'amiante, ceux-ci m'ont
tous fait part qu'on pourrait augmenter le pourcentage de tonnage que vend le
Québec. Les Français, les Belges et même les Japonais ont
affirmé qu'ils pourraient effectivement augmenter leurs achats au
Québec.
Il y a un autre facteur, et on croît que c'est un facteur assez
important. S'il pouvait y avoir chez les deux producteurs du Québec une
concertation sur la mise en marché, s'ils pouvaient recevoir de
l'assistance technique et financière des ministères que dirigent
Pierre MacDonald et Daniel Johnson, à ce moment-là, on croit
qu'on pourrait être plus agressif sur le marché. On serait plus
concurrentiel et on pourrait être en mesure, tout au moins, de cesser
cette hémorragie de pertes d'exportation et, même, augmenter nos
exportations et reprendre notre place.
Deuxièmement, on croit que l'EPA perd énormément de
crédibilité à cause du dossier de l'amiante. Cela va
peut-être prendre du temps, mais on pense qu'éventuellement les
exportations vers les États-Unis vont grimper léqèrement
et pourraient même voir une certaine stabilisation. C'est sûr qu'on
ne verra jamais des années comme les années passées
où on exportait 20 %, 25 % de notre production aux États-Unis,
lorsqu'on produisait 1 000 000 de tonnes. Mais, tout de même, on pense
qu'il pourrait y avoir une légère hausse de nos exportations vers
les États-Unis, avec l'affaiblissement de la position de l'EPA. Il y a
également un autre marché très lucratif, qui est
l'Amérique du Sud, où l'on pourrait également être
plus agressif et intervenir davantaqe, par exemple, en ce qui concerne le
Mexique qui devrait augmenter très sensiblement sa consommation
d'amiante au cours des prochaines années.
Tous ces facteurs font que, malgré une
situation fort complexe où il y a nombre d'éléments
qui interviennent, malgré tout, il y a une lueur d'espoir pour
l'amiante. Une étude faite dans le cadre de JM Asbestos nous permet de
constater que pour JM Asbestos il y a un avenir et certainement jusqu'en 1994.
Le marché qu'occupe actuellement JM Asbestos devrait être maintenu
jusqu'en 1994. Tous ces éléments nous indiquent, malgré
une conjoncture fort difficile pour l'amiante, que, si on continue et si tout
le monde s'y applique, l'industrie, le gouvernement et particulièrement
les travailleurs qui sont très importants pour la défense de
l'amiante auprès des syndicats étrangers et canadiens, on sera en
mesure de retourner légèrement la situation. On dit qu'on est
légèrement optimiste lorsqu'on en vient à la question de
l'amiante.
Les 11 000 000 $ qu'on a annoncés le 21 mai à
Montréal, je pense que cela aussi va jouer un rôle. Si on est en
mesure d'aider l'industrie à réduire ses coûts, si on est
en mesure de développer de nouveaux produits, si on est en mesure
d'améliorer la présentation et les utilisations du produit, on
pense que cela aussi pourrait avoir comme effet une stabilisation.
L'intervention Québec-Ottawa qui a eu lieu le 21 mai dernier sera un
autre élément qui, je crois, devrait apporter une certaine
stabilisation à cette chute et même une tendance vers la hausse.
Actuellement, plusieurs intervenants du domaine de l'amiante croient que nous
allons arriver à une espèce de plancher au chapitre de nos
exportations. Il faut que ce soit le cas. Si les exportations continuent
à chuter, les effets seront très importants pour votre
région et, évidemment, la région de Thetford-Mines. Par
exemple, une autre chute de 30 000, 40 000 ou 50 000 tonnes, à ce
moment-là, impliquerait d'autres fermetures d'activités
minières très importantes au Québec. Face à
l'information qu'on reçoit, face aux échos qu'on en a du
côté international, face à certaines situations aux
États-Unis avec l'EPA, on peut dire qu'on commence à croire qu'on
a atteint un plancher; du moins, on ose l'espérer. Pour les
années a venir, on s'attend, pour ce qui est de notre production, si on
est en mesure d'intervenir d'une façon rigoureuse et efficace, que les
exportations augmentent légèrement. (22 h 15)
Le Président (M. Baril): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Je crois qu'on a assez
parlé de l'amiante, on va parler d'autre chose, d'autant plus que le
ministre nous dit, dans un premier temps, que cela s'en va en baissant et que
cela risque de baisser encore l'année prochaine, et qu'il nous dit en
conclusion qu'il a atteint un plancher. On ne sait plus trop où cela se
situe.
M. le ministre, il y a quelque chose que vous avez dit au tout
début de votre intervention qui m'a frappé. À la
première question du député de Richmond, vous avez dit que
le nouveau gouvernement avait créé un poste de ministre
délégué aux Mines dans un contexte qui était
favorable et que c'était à cause d'une relance dans le domaine
minier qu'un ministre délégué aux Mines avait
été nommé. Est-ce que vous vouliez dire par là que,
si le contexte avait été celui de 1982 où tout
était à la débandade, il n'y aurait jamais eu de ministre
délégué aux Mines dans le nouveau gouvernement?
M. Savoie: Ce que je disais, c'est que, compte tenu du fait que
ce gouvernement est axé sur le développement économique,
compte tenu du fait aussi que la conjoncture économique est
particulièrement favorable, dans le but de porter plus d'actions sur la
mission économique qu'a ce gouvernement, M. Bourassa a nommé
quelqu'un aux Pêcheries, quelqu'un aux Mines et quelqu'un aux
Forêts. Cela a trois effets...
M. Claveau: II y avait déjà quelqu'un.
M. Savoie: Non, non, mais aux Pêcheries, je crois qu'il n'y
en avait pas et aux Mines non plus. Je pense que cela a trois effets. D'une
part, c'est un souci pour le développement régional. Lorsqu'on
parle de forêts, de pêche, de mines, on parle du
développement réqional, on ne parle pas d'autre chose. Cela
permet aux intervenants économiques dans les régions d'avoir
accès au gouvernement par le biais d'un ministre qui peut mieux
répondre à leurs demandes afin de jouir pleinement de la
conjoncture économique qui est très favorable. Les taux
d'intérêt sont bas et la demande est très forte pour
l'ensemble des biens que produit le Québec. Dans ce sens, je pense que
c'est certainement un des éléments que M. Bourassa voyait,
c'est-à-dire la désignation, la délégation de
certains ministres à des cadres impliquant une mission économique
dans le but de faire du développement régional.
Je pense qu'il y a un autre élément qui a dû peser
lourd dans la décision de M. Bourassa, c'est que, pour mieux
répondre à la croissance économique, il fallait être
très sensible aux indicateurs économiques dans chacun des
éléments concernés. Quand un ministre gère un
très gros portefeuille, comme, par exemple, M. Bérubé l'a
fait d'ailleurs avec beaucoup de doigté, un ministre sectoriel
impliqué comme moi aux Mines permet de mieux répondre, de
sensibiliser davantage l'ensemble des intervenants socio-économiques du
Québec aux problèmes. Je me souviens qu'au début
de mon mandat ma nomination a créé des attentes. Les gens
s'attendaient que j'occupe une place au Québec, que je défende
avec véhémence les avantages qu'avait déjà
l'industrie minière et qu'on réponde davantage aux besoins de
l'industrie minière. C'est ce qu'on tâche de faire. Je pense que,
dans une certaine mesure, on y réussit.
M. Claveau: Merci, M. le ministre, vous allez m'expliquer quelque
chose. J'ai beaucoup regardé les chiffres qu'on a sur la table
concernant l'industrie minière et, entre autres, l'industrie
aurifère. Vous avez dit encore tout à l'heure que les
expéditions d'or allaient en augmentant, que cela allait bien et qu'il y
avait beaucoup d'exploration dans le domaine aurifère. On sait que des
731 000 000 $ d'investissement - d'ailleurs, en hausse de 8 % cette
année - il y en a 48 % qui sont dans le domaine aurifère et que
le prix de l'or a augmenté sensiblement pour se situer à une
moyenne de 367 $ U5 pour l'année 1986 comparativement à 320 $, ou
à peu près, en 1985. Donc, tout est favorable. D'accord? Mais,
quand on arrive au bout et qu'on se rend compte qu'entre 1985 et 1986 la
production nette en or, en tonnes, est passée de 30,1 à 29,5,
donc, une diminution de 0,6 tonne de production; 0,6 tonne en once troy
à 367 $ l'once, cela donne une diminution nette, une perte sèche
d'à peu près 5 300 000 $, ou quelque chose du genre. Comment
peut-on expliquer, dans un contexte favorable, avec des investissements
à la hausse, avec une exploration qui va bien dans le domaine
aurifère, avec un prix de l'or qui n'avait pas connu un tel plancher
depuis 1979-1980, qu'on ait une diminution dans la production?
M. Savoie: Je comprends très bien votre question, mais
vous comprendrez que la production a augmenté très
sensiblement.
M. Claveau: La valeur des expéditions et non pas la
production.
M. Savoie: Non. La production a augmenté, mais la teneur
de la production est un peu plus faible. On parle évidemment de
l'année 1985, qui est une de vos années, et de 1986, qui est une
de nos années. Pendant notre année, cela a augmenté
très sensiblement, et 1987 devrait être encore une année
nettement supérieure.
M. Claveau: Le nombre d'onces, de tonnes d'or, parce qu'on le
compte en tonnes avec la quantité qu'on a, a diminué de 1985
à 1986.
M. Savoie: La production aurifère globale...
M. Claveau: Mais, là, si la quantité de roches
stériles augmente, ce n'est pas notre faute.
M. Savoie: Non, non.
M. Claveau: II faut voir ce qu'il y a...
M. Savoie: Oui, mais, pour l'ensemble des gisements qui ont
été mis en production, on a exploité beaucoup plus de
tonnage.
M. Claveau: D'accord.
M. Savoie: Mais le tonnage est un peu moins riche. C'est ce qui
explique la diminution.
M. Claveau: Est-ce qu'il y a une tendance générale
au Québec? Êtes-vous en train de nous dire qu'il y a une tendance
générale à des teneurs de minéralisation moins
élevées dans nos mines?
M. Savoie: II y a deux éléments, je pense, dont il
faut tenir compte. Premièrement, en 1986, il n'y a pas eu de mise en
développement de nouveaux producteurs d'or au Québec. C'est le
résultat de votre règne, évidemment. En 1987, il va y
avoir de nouveaux producteurs d'or au Québec.
M. Claveau: On en a eu de très belles mines en 1984-1985,
M. le ministre, vous devriez le savoir.
M. Savoie: Oui, sans aucun doute. C'était une petite
boutade, M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Ha! Ha! D'ailleurs, il y en a eu une en 1986, une
mine d'or, n'est-ce pas?
M. Savoie: On me dit que non. Si oui, laquelle?
M. Claveau: Pardon? M. Savoie: Laquelle?
M. Claveau: J'ai vu cela quelque part dans mes notes.
M. Savoie: Ah bon! En tout cas, je pourrais vous donner quelques
minutes pour le trouver, M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Ha! Ha! De toute façon, on n'en est pas
à une mine près.
Une voix: Mine de rien.
M. Claveau: J'aimerais savoir...
Une voix: II est en train de te miner.
Industrie minérale et gestion des lois
M. Claveau: ...pourquoi ou ce qui justifie, en ce qui regarde
l'élément 2 du programme, Industrie minérale et gestion
des lois, qu'on ait là une telle coupure. On part de 55 000 000 $ pour
passer à 28 000 000 $. Cela commence à ressembler à une
catastrophe. Qu'est-ce qui fait qu'on a une diminution, une variation de moins
49 %, soit 27 000 000 $ de moins à cet élément?
Assistance à l'industrie
minérale
M. Savoie: C'est à cause du PAIP, essentiellement.
Évidemment, c'est à cause du PAIP. Vous connaissez le programme
d'accélération des investissements. Ce programme était
prévu pour cinq ans. Il en est à sa dernière année
et, en conséquence, il n'est pas renouvelé. C'est ce qui explique
une bonne partie de l'affaire. Si vous regardez, par exemple, la page M-16,
à la première entrée, Consolidation de l'industrie
minérale au Québec, il s'agit du programme
d'accélération des investissements. Vous voyez que le petit
chiffre de 12 000 000 $ est entre parenthèses. Cela veut dire qu'il y a
une baisse de 12 000 000 $. En conséquence, cela constitue, je pense,
l'élément principal de la baisse de l'assistance à
l'industrie minière qui est de 18 000 000 $. L'autre
élément, évidemment, c'est la dernière
entrée, Assistance à la Société nationale de
l'amiante. Ce sont des versements qu'on a dû faire à la suite de
regroupements à la Société nationale de l'amiante, soit 6
700 000 $.
M. Claveau: Je voudrais simplement faire remarquer au ministre
qu'on avait là un excellent programme, le programme
d'accélération des investissements dans le domaine minier, qui a
permis l'ouverture de mines, comme tout dernièrement, en 1986. Mais le
ministre doit savoir qu'avant d'exploiter une mine, il faut au moins prendre
deux ans à partir du moment où on commence à creuser le
puits. Donc, ce sont des décisions qui ont été prises sous
l'ancien gouvernement et qui donnent leurs fruits aujourd'hui, comme je le
disais tout à l'heure. Les fleurs finissent par donner des fruits, mais
il faut qu'il y ait une fleur avant. La fleur, dans le cas d'une mine qui ouvre
et qui est en exploitation, a au moins deux ans.
Ce que je voudrais savoir, comme vous nous dites que le programme
d'accélération des investissements est terminé, c'est
qu'on a quand même la disparition de 27 000 000 $. Est-ce qu'il y a
quelque chose d'autre ailleurs qui va prendre la relève ou est-ce
qu'à partir de maintenant toute compagnie qui a besoin d'une certaine
aide en matière d'investissement va devoir se référer aux
banquiers, purement et simplement? Est-ce qu'il y a quelque chose ailleurs,
dans d'autres programmes ou d'autres ministères?
M. Savoie: Effectivement. Vous comprendrez deux choses. D'une
part, c'est que le programme PAIP a été créé
à un moment où la conjoncture économique n'était
pas favorable; c'était un programme pour accélérer les
investissements, comme son nom le révèle. Alors, si vous regardez
encore votre tableau, à la page 16, M. le député d'Ungava,
vous constaterez, par exemple, qu'à la rubrique Infrastructure de
développement minéral il y a eu une croissance de 5 800 000 $,
d'une part; si vous regardez ensuite l'élément Exploration, il y
a eu un ajout, une addition, aussi légère soit-elle, mais elle
est là quand même. Reste une bonne partie des montants de la
perte. Si vous enlevez l'assistance à la Société nationale
de l'amiante, qui est de 6 000 000 $ et les 12 000 000 $ au chapitre du PAIP,
vous avez 18 000 000 $. Mais, finalement, pour la réduction de
l'assistance à l'industrie minière, si on inclut l'ajout de 6 000
000 $ pour de l'infrastructure et le développement, vous avez une perte
pour l'industrie minière qui se situe seulement autour de 5 000 000 $ ou
6 000 000 $ et qui est compensée par d'autres programmes du
ministère.
M. Claveau: Est-ce que je comprends bien, quand on nous remet le
cahier des réponses aux questions qu'on avait posées, qu'on a, en
ce qui a trait aux crédits périmés, à Industrie
minérale, pour 14 752 000 $ de crédits périmés?
Est-ce que j'ai bien compris? Est-ce que cela veut dire que, sur les 55 000 000
$ qui étaient prévus en 1986, on n'en a dépensé en
réalité que 41 000 000 $?
M. Savoie: À ce chapitre, je vais demander au
sous-ministre adjoint, M. Roy, d'intervenir et de vous donner les
réponses.
M. Roy (Onil): Onil Roy, sous-ministre associé aux Mines.
Le principal élément pour les crédits
périmés, ce sont des crédits permanents qui sont
reliés au remboursement de droits de mines qu'on est parfois
obligé de faire sur des trop-perçus. Il y avait eu une provision
pour certains cas en litige qu'on n'a pas eu à débourser en cours
d'année, de sorte qu'il y a une partie importante des crédits
permanents qui ont été périmés en fin
d'année.
M. Claveau: Est-ce que vous parlez de JM Asbestos?
M. Roy: Ce sont différents dossiers qui ont fait l'objet
de perceptions et qui peuvent
être en litige; celui-là en est un et il y en a
d'autres.
M. Claveau: En ce qui concerne le programme même, la
dernière année du programme d'accélération des
investissements, y a-t-il eu des crédits périmés?
M. Roy: II y en a eu pour 1 000 000 $ dans le programme
d'accélération des investissements et, encore là, c'est
attribuable au fait que certaines entreprises n'ont pas produit à temps
des factures nous permettant de débourser des sommes, de sorte qu'elles
ont dû être reportées à l'année suivante,
parce qu'on ne peut débourser que sur la base des pièces
justificatives qui nous sont remises. Alors, chaque année, il y a un
petit peu de flottement dans ces réclamations. Il est impossible
d'arriver juste, parce qu'on est à la merci des réclamations qui
nous sont faites et, elles-mêmes, de la capacité d'encourir les
travaux assez rapidement.
M. Claveau: Cela m'amène tout à coup à poser
une question que j'aurais dû probablement poser dès le
début, mais il n'est jamais trop tard pour bien faire. Pourquoi, cette
année, avez-vous regroupé les trois programmes en un seul?(22 h 30)
M. Savoie: C'est tout simplement à des fins
administratives. Au lieu que ce soient les programmes 10, 11, 12, c'est le
programme 10, subdivisé en 10.1, 10.2 et 10.3.
M. Claveau: Mais est-ce que cela amène des modifications
ou des économies en termes administratifs ou autres? II n'y a pas de
regroupement de programmes pour autant, il n'y a pas de modifications dans la
démarche.
M. Savoie: C'est tout simplement au point de vue administratif.
Au lieu d'appeler cela 10, 11, 12, on appelle cela 10.1, 10.2, 10.3.
M. Claveau: D'accord. J'aurais une autre question que je crois
intéressante. Je l'ai effleurée tout à l'heure quand on
parlait des pertes d'emplois dans le domaine de l'amiante. Comment se fait-il
que, dans un contexte où le ministre nous dit que tout va bien dans le
meilleur des mondes, dans le domaine minier, on encaisse des pertes d'emplois
dans à peu près tous les secteurs, toutes les branches de
l'activité minérale à partir de l'exploration -
l'exploration, c'est peut-être un peu différent - du moins au
niveau de l'exploitation jusqu'aux fonderies, la mise en marché? On
accuse des reculs de l'emploi.
M. Savoie: Je n'ai jamais dit que tout allait bien dans le
meilleur des mondes. Ce que je disais pour l'amiante, c'est que ce qu'on a
cherché à faire, c'est de cesser l'hémorragie, raffermir
même, si on le pouvait, un peu l'industrie et tâcher d'augmenter
nos exportations qui sont rendues à moins de 60 % de ce qu'elles
étaient il y a quatre ou cinq ans.
En ce qui concerne le cuivre, c'est un peu le même
phénomène. Vous connaissez les problèmes du cuivre, vous
connaissez les problèmes du fer. Tout le monde est d'accord pour dire
que l'industrie minière au Québec est en crise.
M. Claveau: Dieu merci que l'ancien gouvernement n'ait pas
acheté de mines de cuivre! Il s'est perdu autant d'emplois dans le
cuivre que dans l'amiante.
Je voulais vous dire justement que selon les chiffres qui émanent
du ministère même, entre 1985 et 1986, le plus qros perdant en
termes d'emplois, ce n'est justement pas l'amiante, ce sont les fonderies et
les affineries.
M. Savoie: Et ce n'est pas terminé. Il va y avoir encore
des pertes d'emplois dans l'industrie minière au Québec. Nous
faisons face à une concurrence déloyale de la part d'une bonne
partie des producteurs du tiers monde, des pays, par exemple, comme le
Brésil, qui ont des gisements extrêmement riches, qui sont
capables de produire à des coûts très faibles, qui sont
capables de "dumper" sur le marché d'énormes quantités de
minéraux de base à des coûts nettement inférieurs
à ceux du Québec.
Par exemple, ils peuvent réduire leurs coûts de production
cuprifère tout simplement en se disant: On a besoin de dollars
américains, on a besoin de monnaie du Japon, du mark allemand pour nous
permettre de rembourser, pour nous permettre d'améliorer notre situation
au niveau des échanges. À ce moment, ces pays ne peuvent pas
concurrencer d'une façon convenable avec les producteurs
nord-américains, avec les producteurs européens, ce qui force des
fermetures massives. Regardez l'industrie du fer en Europe, regardez
l'industrie du charbon, par exemple, en Angleterre, regardez l'industrie du
cuivre aux États-Unis, où il y a eu une exploitation
minière qui a mis à la porte - et on parle d'une seule
exploitation minière, M. le député d'Ungava, cela devrait
vous intéresser - 18 000 personnes dans une exploitation
cuprifère.
M. Claveau: Aux États-Unis, ce n'est pas le PQ.
M. Savoie: Non, mais c'est une mentalité, par exemple.
Une voix: II en a pas de PQ aux États-Unis.
M. Savoie: Alors, cette crise profonde que connaît
l'industrie minière du Québec va continuer pendant encore
plusieurs années. Ce que vit actuellement Murdochville, c'est un peu
cette situation, où le prix du cuivre ne réussit jamais à
traverser la barre du dollar canadien, ce qui fait en sorte que c'est
très difficile pour nos producteurs, pour les mineurs et pour
l'industrie en général.
M. Claveau: Mais est-ce que vous pouvez me dire si vous pensez
que vous êtes capable de mettre en place des politiques qui vont
arrêter l'hémorragie à tous les niveaux? Vous savez que les
mineurs se posent de drôles de questions aussi. On a hâte que cela
arrête.
M. Savoie: Oui. Je pense que j'ai mentionné que les causes
de cette crise ne proviennent pas de l'intérieur. Elles proviennent
essentiellement de l'extérieur, c'est-à-dire la mise en
production de mines au Brésil, où on met sur le marché des
gisements beaucoup plus riches que ceux du Québec, d'énormes
quantités de cuivre et de fer et même d'amiante à des prix
très très concurrentiels par rapport aux producteurs
québécois, et généralement beaucoup plus bas.
M. Claveau: Le député de Saguenay n'arrête
pas de nous déranger. Il nous empêche de vous écouter, M.
le ministre.
Dites-lui donc d'attendre son tour.
Une voix: C'est une question déshydratante..
M. Claveau: Ce que vous dites est très intéressant
et je pense que les gens de votre formation auraient tout avantage à
vous écouter sérieusement.
M. Savoie: Je pense que oui. Vous aussi, vous auriez
intérêt à m'écouter, parce que, justement 1987-1988,
ça va être une année difficile pour l'industrie
minière à plusieurs points de vue. Je pense qu'on va avoir besoin
de votre coopération, de votre collaboration à certains niveaux
afin d'assurer qu'on desserve bien l'industrie qu'on est censés
représenter, vous, en tant que membre de l'Opposition et moi, en tant
que ministre responsable.
M. Claveau: C'est ça, M. le ministre, mais pas à
n'importe quel prix.
M. Savoie: J'essayais de vous dire que, oui, il y a des
éléments qu'on ne contrôle pas et qu'on ne contrôlera
jamais. Il y a des éléments qu'on peut contrôler, par
contre, où on peut intervenir en assistant l'industrie pour qu'elle
réponde mieux au défi technologique afin de réduire ses
coûts. En demandant, par exemple, au gouvernement d'intervenir davantage
au niveau de l'assistance qu'on peut donner pour la recherche scientifique. Au
niveau, par exemple, du développement du CRM. Ce qu'on risque de perdre
aujourd'hui ne reviendra plus. On sait, par exemple, qu'il y a un
élément cyclique dans l'industrie minière. Aujourd'hui, le
prix du cuivre est bas. Peut-être qu'un jour il va remonter. Quand il
remontera, il faudra que notre industrie soit en place. Il ne faut pas
qu'entre-temps on l'ait fermée.
Une fois qu'on a perdu la technologie, une fois qu'on a perdu nos
ingénieurs miniers, une fois qu'on a perdu nos métallurgistes, le
retard devient insurmontable. Il faut maintenir et soigner ce qu'on a avec
toute la force et toute l'énergie qu'on est capable de lui
consacrer.
M. Claveau: Merci, M. le ministre. On est tout à fait
d'accord avec vous. C'est pour cela qu'on comprend très mal, par
exemple, qu'on ait une diminution aussi importante, soit 27 000 000 $, en ce
qui regarde, entre autres, l'industrie minérale et la gestion des lois
à ce programme. Ce que vous nous dites implique ou prévoit des
mises de fonds importantes de la part du gouvernement. Certes, on a des mises
de fonds cette année dans le domaine de l'amiante, mais, soit dit en
passant, il y en a eu dans les années antérieures aussi. Or, dans
les autres domaines, il semble que les mises de fonds soient passablement
diminuées.
M. Savoie: En réalité, M. le député
d'Ungava, si vous voulez regarder au haut du document à la page M-16, au
haut du graphique, c'est-à-dire du budget du programme pour 1986-1987 et
1987-1988, vous allez constater que la réduction est d'environ 18 000
000 $. Je vous ai expliqué qu'il y a 12 000 000 $ sur ces 18 000 000 $
qui proviennent en partie de la fin du programme PAIP...
M. Claveau: Celui-ci peut être reconduit, il peut
être amélioré, il peut être changé.
M. Savoie: ...et que 6 700 000 $, les 6 000 000 $ restants,
proviennent de l'assistance à la Société nationale de
l'amiante, qu'on a dû verser. Si vous regardez les budgets depuis 1982
jusqu'à 1987-1988, par exemple, les subventions à l'industrie
minérale, vous pouvez constater qu'au niveau de l'assistance aux
infrastructures la participation du gouvernement du Québec pour
1987-1988 devrait être d'environ 13 320 000 $. En 1986-1987, elle
était de 8 000 000 $; en 1985-1986, de 4 000 000 $; en 1984-1985,
de 1 000 000 $, mais, en 1983-1984 de 2 500 000 $. Alors, de 2 500 000 $
à 13 000 000 $, il y a une croissance tout à fait extraordinaire,
je pense.
M. Claveau: Par contre, il y a d'autres programmes qui
disparaissent.
M. Savoie: C'est vrai qu'il y a d'autres programmes qui
disparaissent. Il y a des transferts d'un programme à l'autre. Il faut
toujours s'ajuster à la conjoncture économique. Je vais
être très franc avec vous. Vous dites qu'on n'a pas assez
d'argent. Je vais dire: Moi aussi, je n'ai pas assez d'argent. C'est sûr
que j'aimerais m'asseoir avec M. Gobeil, M. Bourassa et M. Levesque et leurdire: Les gars, j'ai besoin de 150 000 000 $ pour l'aide à
l'industrie minière.
M. Claveau: Si c'est pour ça, je ne veux pas y aller avec
vous.
M. Savoie: Vu le contexte et un certain réalisme... On me
souligne qu'on a des dépenses sur le plan des crédits
remboursables. On est allé avec la nouvelle Loi concernant les droits
sur les mines. On a présenté des situations fort avantageuses. Je
reconnais que cela a été introduit par votre gouvernement.
D'ailleurs, votre gouvernement a posé d'excellents gestes, en ce qui
concerne la fiscalité, qui vont donner des résultats heureux pour
l'industrie pour plusieurs années.
M. Claveau: Est-ce que le député de Richmond est au
courant, M. le Président?
M. Savoie: Je pense que le député de Richmond a
soulevé un point très important. Vous avez posé de bons
gestes en ce qui concerne la fiscalité, mais vous avez fait
d'énormes gâchis dans le reste de l'industrie, par exemple, en ce
qui concerne l'amiante, le fer et le cuivre.
M. Claveau: Vous l'avez dit vous-même, à ce
moment-là, c'est à cause de la chute presque instantanée
des marchés mondiaux, dans les trois domaines que vous venez
d'énumérer, à cause des substituts qui sont arrivés
sur le marché. La baisse des marchés mondiaux, ce n'est pas le
Québec qui l'a créée. Le gouvernement qui a eu à
gérer cela s'est trouvé dans une catastrophe.
M. Savoie: Je m'excuse, savez-vous qui est le plus gros
producteur de substituts actuellement, aux États-Unis, ou un des plus
gros? C'est General Dynamics. Ils font cela avec l'argent que vous leur avez
donné pour extraire de l'amiante au Québec.
M. Claveau: Ils l'auraient fait quand même.
M. Savoie: On me souligne que, si je n'avais pas à mettre
30 000 000 $ dans la SNA, j'aurais pu en mettre pour le service à
l'industrie. Les 30 000 000 $ qu'on doit verser à la
Société nationale de l'amiante, il faut que cela vienne de
quelque part. C'est de l'argent que je ne peux pas mettre ailleurs.
M. Claveau: Voulez-vous, M. le ministre, qu'on aille gratter
entre 1970 et 1976?
Il y a le député de Saguenay...
Le Président (M. Baril): Est-ce que vous permettez que le
député de La Peltrie pose une question?
M. Claveau: Je n'ai pas de permission à donner, M. le
Président.
Le Président (M. Baril): M. le député de La
Peltrie, s'il vous plaît.
Emploi et concurrence
M. Cannon: Merci, M. le Président. Je serais quasiment
tenté - j'écoutais mon collègue d'Ungava poser des
questions au sujet du nombre d'emplois qui étaient perdus - de remercier
et féliciter le ministre, qui a fait peuve d'une certaine clairvoyance
et d'une transparence en informant le député d'Ungava de la
situation actuelle et du contexte mondial. À l'époque, Bernard
Landry avait fait la prédiction que la nationalisation de nos mines
d'amiante créerait 12 000 emplois, mais je pense qu'il y a eu à
peine 1000 emplois qui ont été créés. Si les 1000
ont duré, c'est un phénomène remarquable. Je pense qu'on
les a aussi perdus. Dans ce contexte, d'une part, nous avons une personne qui
nous donne l'heure juste et qui nous donne exactement la situation telle
qu'elle se présente et, d'autre part, on n'a qu'à mettre en
comparaison et en évidence ce qu'elle dit avec ce qui avait
été dit par l'ancien ministre, un de vos experts
économiques, soit-dit en passant, M. le député.
Ma question, M. le Président, s'adresse au ministre et porte sur
la concurrence internationale. Je pense qu'il a identifié, tout à
l'heure, que nous vivons au Québec une concurrence très forte sur
le plan international dans lequel évolue l'industrie minière.
J'aimerais savoir quels sont les efforts qui sont consentis par le
ministère pour aider les entreprises du secteur minéral à
réduire les coûts et à se maintenir à la fine pointe
de la technologie.
M. Savoie: II y a plusieurs programmes, plusieurs orientations
pour mieux répondre à ce défi que constitue le
relevé technologique
dans le but de réduire nos coûts de production. Le moyen
privilégié qu'on possède, c'est le Centre de recherches
minérales. Je crois que cette commission a demandé, lors de la
présentation de la Loi sur les mines, d'y être invitée. Je
sais que l'invitation est en voie d'exécution et que vous devriez
bientôt visiter le Centre de recherches minérales qui est
composé de deux modules: un module qui est l'usine pilote où on
cherche, par des moyens d'application, des solutions à des
problèmes qu'éprouve l'industrie, et un autre qui comprend les
laboratoires et les services minéralogiques et technologiques qui sont
situés au centre, tout près du CRIQ. (22 h 45)
Tout dernièrement, le Centre de recherches minérales...
Actuellement, il accorde un peu plus de 50 % de ses activités pour des
projets commandités, c'est-à-dire qu'il s'efforce de trouver des
solutions pratiques aux problèmes de l'industrie.
Généralement, ces programmes sont facturés jusqu'à
un montant équivalant à 40 % du coût au client. Alors, il y
a là une intervention auprès de l'industrie afin de
réduire les coûts de l'industrie. Cela va permettre aux industries
d'intervenir d'une façon beaucoup plus efficace quant à leurs
coûts de production, d'extraction et d'exploitation, ce qui va rendre nos
industries beaucoup plus concurrentielles.
Le CRM possède également un bassin d'ingénieurs, de
métallurgistes et de techniciens de compétence reconnue. Je
voudrais vous souligner que le directeur du CRM ici à Québec, le
Dr Everell, nous quitte. Il prend la direction du CANMET, c'est-à-dire
le centre de recherche métallurgique du gouvernement
fédéral à Ottawa. C'est un centre beaucoup plus grand. Et
je pense que le fait que le gouvernement fédéral soit venu
chercher le Dr Everell fait preuve, en quelque sorte, de sa bonne
réputation. Règle générale, l'ensemble de
l'industrie... Ceux avec qui j'ai discuté m'ont fait part que le CRM
faisait preuve de beaucoup d'ingéniosité, d'élaboration et
de crédibilité dans son domaine. Les solutions qu'il propose, le
sérieux avec lequel il s'attaque aux problèmes qui lui sont
soumis font en sorte qu'il est la gloire, la fleur, si vous voulez, de notre
aide ou de notre assistance à l'industrie.
Un autre des éléments qu'on recherche
particulièrement... Entre autres, un autre élément qui
nous permet de réduire ses coûts, c'est le fait que, chez nous,
l'ensemble des fonctionnaires qui se rattachent au CRM participent à un
grand nombre de colloques et on transmet l'information qu'on reçoit
directement à l'industrie. On cherche à créer un peu cette
image de courroie de transmission de l'information et les conclusions
parviennent d'un secteur d'activité à l'industrie qui est en
exploitation ici, au Québec.
Je pense que les montants d'argent dépensés par le CRM
sont fort bien dépensés et que le service qu'il rend à
l'industrie est fort bien utilisé. L'ensemble de la correspondance que
je reçois de plusieurs mines en exploitation ici au Québec me
fait l'éloge de l'industrie. Tout ce qu'on cherche à faire, c'est
que ce soit utilisé davantage. On cherche à protéger cette
connaissance et cette compétence qu'on a développées ici
au Québec.
M. Cannon: M. le ministre, si mon collègue d'Ungava n'a
pas d'objection, étant donné que dans le bloc de 20 minutes
j'avais cédé la parole au député de Saguenay qui a
une question dans son comté qui touche l'exploitation minière...
Ce sera très bref.
M. Claveau: On fait une brèche au règlement, M. le
Président, mais à une condition, c'est que la réponse soit
assez brève pour me permettre de poser d'autres questions.
Une voix: Oui, oui.
Le Président (M Baril): J'espère bien que tout se
fera dans l'ordre. Alors, une réponse brève, M. le ministre, pour
donner la chance au député d'Ungava de poser quelques
dernières questions parce que nous devons terminer à 10 h 55 pour
adopter les crédits.
M. Maltais: M. le Président, je vous remercie, ainsi que
le député d'Unqava pour sa sollicitude. Dans son allocution
préliminaire, le député d'Ungava a quand même
touché des points importants concernant son comté, la
région de Chapais-Chibougamau, celle de l'Abitibi et celle de
Thetford-Mines. Il a parlé de l'amiante, des résidus d'amiante
avec quoi, comme gouvernement, on doit composer.
Avenir des mines de fer de la Côte-Nord
II y a quand même un secteur économique très
important, il s'agit du Grand-Nord québécois, sur lequel le
député d'Ungava a passé très rapidement puisqu'il
n'a parlé que dans une phrase du fer. Le député de
Duplessis est absent, mais, s'il avait été ici ce soir, il vous
aurait posé quelques questions très précises, M. le
ministre. On sait que, depuis quelques années, on a assisté
à des fermetures de villes dans la région du Nord
québécois, particulièrement Gagnon et Schefferville. Ces
décisions ont été prises en collaboration avec les
gouvernements antérieurs, gouvernements qui ont rasé des villes
et des infrastructures et qui ont chassé des populations. Nous, nous
sommes pris avec les pots de grains. M. le
Président, le ministre pourrait-il nous dire
précisément, premièrement, quel est l'avenir du fer sur la
Côte-Nord et, si le fer à très court terme n'a pas d'avenir
prononcé, quelles sont les alternatives pour les travailleurs et les
travailleuses du Nord du Québec qui sont là quand même
depuis de nombreuses années et envers lesquels le gouvernement du
Québec a des responsabilités? Comme gouvernement, on doit prendre
nos responsabilités. J'aimerais savoir ce que le ministre
délégué aux Mines du Québec entend donner comme
garanties ou comme avenues à ces travailleurs et à ces
travailleuses du Québec.
Le Président (M. Baril): M. le ministre. Une voix:
C'est une question sérieuse.
M. Savoie: Je pense que la question est très pertinente,
compte tenu du fait que cette année sera, je crois, une année
très marquante pour l'industrie du fer. Vous savez qu'au Québec
actuellement, en gros, il y a trois producteurs qui jouent sur la scène.
Il y a d'abord la compagnie Québec-Cartier, qui est la seule à
avoir ses opérations de minage et des opérations de raffinage ici
au Québec. Il y a la compagnie Iron Ore qui, comme vous le savez, a
cessé ses opérations à Schefferville en 1981 et qui,
maintenant, exploite une mine au Labrador. Elle utilise encore ses
installations de Sept-Îles pour faire ses opérations de raffinage
et son port pour l'exportation. Il y a également Mines Wabush qui
utilise ses installations tout près de Sept-Îles pour son
exportation. Vous savez également que l'industrie du fer est
mondialement en crise depuis plusieurs années. Un compétiteur a
pris plusieurs années à mettre en marche ses opérations et
ses installations. On parle de Carajas au Brésil. L'année
passée, ils ont, je crois, si ma mémoire ne me fait pas
défaut, mis sur le marché mondial quelque 12 000 000 de tonnes de
fer. Ces installations minières au Brésil sont en mesure de
produire 35 000 000 de tonnes par année, pendant les 500 prochaines
années. Ils sont en mesure effectivement d'assumer une grande partie de
la demande mondiale. Ils sont en mesure de produire un minerai de fer à
un coût nettement inférieur et d'une qualité
carrément supérieure. On parle du double. Je pense qu'au
Québec nos gisements produisent avec un taux de rendement de l'ordre de
30 %, tandis qu'au Brésil, justement à Carajas, on parle de 60 %
à 65 % et d'une qualité - à cause des anomalies -
nettement supérieure à celle du Québec. Cette
année, ils devraient passer de 12 000 000 de tonnes à quelque 20
000 000 de tonnes - on parle de 25 000 000 de tonnes - et l'année
prochaine aller jusqu'à 35 000 000 de tonnes. IOC, si ma mémoire
est bonne, produit 6 000 000 de tonnes sur une base annuelle.
Le Président (M. Baril): Voulez-vous conclure, s'il vous
plaît?
M. Savoie: L'introduction de ce gisement de Carajas sur le
marché va faire en sorte qu'il va y avoir du fer à bon
marché, que les acheteurs vont être tentés d'acheter du
Brésil et non des compagnies dont le centre d'activité est au
Québec. Pour solutionner ce problème, il faut augmenter notre
technologie, il faut réduire nos coûts de production. Il va
falloir que tout le monde participe, tous et chacun des ministères,
Hydro-Québec en ce qui a trait à l'électricité, les
municipalités et les travailleurs pour maintenir nos industries en
opération pendant encore quelques années, en espérant que
la situation s'améliore. Si on n'est pas capable de le faire, il va y
avoir la cessation de certaines activités du fer au Québec.
Peut-être IOC, peut-être Wabush, peut-être
Québec-Cartier, mais il va certainement y avoir de graves
problèmes à court terme.
Le Président (M. Baril): Un instant! Je devrais permettre
une petite réflexion à une petite question et une petite
conclusion.
M. Claveau: Oui, peut-être en guise de conclusion, si vous
me le permettez, M. le Président.
Le Président (M. Baril): Je reviendrai pour la
conclusion.
M. Claveau: Je pense que l'exercice qu'on vient de vivre ce soir
démontre une fois de plus que le temps alloué à
l'étude des crédits d'un secteur tel que celui des mines est
beaucoup trop restreint. On a vécu la même chose la semaine
dernière.
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Ungava, vous avez la parole, s'il vous plaîti
M. Claveau: Je sais que les gens du centre-ville de
Montréal ne sont pas plus intéressés qu'il ne le faut par
les mines, mais, nous, on l'est.
Une voix: ...plus de temps pour les crédits et on...
M. Claveau: Si vous m'aviez laissé parler, c'est justement
là où je m'en allais.
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Ungava, s'il vous plaît!
M. Claveau: Je vais réitérer au ministre la
même demande qu'on lui a faite la semaine dernière, à la
même heure
environ, mais pas dans la même salle, que le ministre
prévoie, l'an prochain, utiliser son poste de ministre pour faire valoir
les intérêts du monde minier à travers les autres
ministères - c'est lui qui nous l'a dit tout à l'heure,
l'importance du monde minier dans l'administration gouvernementale - pour avoir
plus de temps pour pouvoir vraiment faire le tour des choses.
Quand le député de Saguenay a parlé tout à
l'heure du fer, bien oui, on a toutes une série de questions sur le fer,
on a toute une série de questions sur le Centre de recherches
minérales qui, entre autres, a fait beaucoup d'études sur les
boulettes de fer et toutes sortes de composantes. On a beaucoup de questions
sur l'application de l'entente auxiliaire Canada-Québec, sur le mines de
sel des Îles-de-la-Madeleine, enfin, sur les pertes des grandes
compagnies, parce qu'on sait que les grandes compagnies minières ont
encaissé, depuis 1982, pour environ 1 000 000 000 $ de pertes. Alors, il
y a des choses là-dedans sur lesquelles il serait intéressant
d'échanger des points de vue. Je réitère ma demande au
ministre, à savoir que, l'an prochain, il prévoie négocier
suffisamment avec son leader de temps pour qu'on puisse en parler
convenablement.
M. Cusano: Ce n'est pas à nous de négocier, c'est
à vous de négocier.
M. Claveau: M. le Président.
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Vous savez ce que je pense, là, n'est-ce pas?
Je ne le dirai pas.
M. Cusano: C'est vous qui faites la demande, ce n'est pas le
ministre qui la fait, c'est vous. Demandez-lel
Le Président (M. Baril): S'il vous plaîtl Un
instant, s'il vous plaît! À l'ordre!
Une voix:
Christian, on t'aime bien dans le fond.
Le Président (M. Baril): Laissez terminer le temps qui
appartient à M. le député d'Ungava, s'il vous
plaît!
M. Claveau: Comme je l'ai dit à plusieurs reprises, M. le
Président, s'il y en a qui sont mal à l'aise et qui aimeraient
mieux être ailleurs, bien, qu'ils s'en aillent, on ne demande même
pas d'avoir le quorum.
Le Président (M. Baril): Veuillez conclure!
M. Claveau: On n'oblige pas le quorum, on pourrait le faire, mais
on ne l'oblige pas.
Mais, si vous vous sentez de trop, vous n'avez qu'à vous en
aller. On va continuer notre travail comme on l'a fait, sans
problème.
Le Président (M. Baril): Pourriez-vous conclure?
M. Claveau: Je voudrais poser une dernière question,
puisqu'on n'a pas plus de temps et qu'on vient de perdre quelques minutes
précieuses à cause du député, qui a fait sa seule
intervention de la soirée, soit dit en passant. Je voudrais demander au
ministre comment il se fait qu'on retrouve, entre autres, dans la liste des
contrats de moins de 25 000 $ quelques contrats de 4999 $, c'est-à-dire
juste assez pour ne pas avoir à aller en appel d'offres, pour ne pas
avoir à...
Une voix: ...
M. Claveau: ...pour pouvoir y aller directement, sans aller sur
invitation. Je voudrais, entre autres, savoir pourquoi on a octroyé
à Luc Pelletier et Associés et à Jos Ouellet et
Associés des contrats de 4999 $. On aimerait que le ministre
dépose devant la commission les notes de compétence, raisons
sociales et adresses de ces gens-là qui justifient que le montant ne
soit pas de 5000 $, mais de 4999 $.
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Savoie: On fournira à M. le député
d'Ungava les réponses par écrit et, à votre convenance,
dans les meilleurs délais.
Le Président (M. Baril): Alors, je vous remercie.
M. Claveau: Je vous remercie, M. le ministre.
M. Savoie: Cela me fait plaisir.
Le Président (M. Baril): Le secrétaire fournira
à tous les membres de la commission les détails que vous avez
demandez, M. le député d'Ungava.
M. Savoie: Je vous les transmets...
Le Président (M. Baril): ...au secrétaire
M. Savoie: ...à vous et vous les transmettrez au
député d'Ungava.
Adoption des crédits
Le Président (M. Baril): C'est cela. Nous devons
procéder à l'adoption du programme 10 d'Énergie et
Ressources, Gestion et développement de l'industrie
minérale. Le programme 10 est-il adopté? Des voix:
Adopté. M. Claveau: Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'ensemble des
crédits budgétaires du ministère de l'Énergie et
des Ressources est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Baril): Adopté.
M. Savoie: Du secteur des Mines.
Le Président (M. Baril): Non, mais nous devons... C'est le
dernier élément qui reste de tout le secteur de l'énergie
et nous devons compléter avec cette phrase-là.
M. Claveau: Ah! Vous auriez dû le préciser.
Le Président (M. Baril): Je suis rendu aux remarques
finales et je vais donner la parole au député d'Ungava...
M. Claveau: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Baril): ...tout en étant bref.
M. Claveau: Comme j'en ai l'habitude, d'ailleurs. Si on me laisse
la parole pendant deux ou trois minutes, je voudrais, dans un premier temps,
remercier le ministre pour tout l'intérêt qu'il a mis à
répondre adéquatement à nos questions. Règle
générale, on est satisfait des réponses, bien qu'on aurait
aimé creuser davantage certaines choses. J'aimerais aussi remercier le
personnel de son ministère, les hauts fonctionnaires et les
sous-ministres, responsables de certaines divisions et secteurs, de leur
présence ici ce soir et de nous avoir fait part de leur
intérêt dans le développement de l'industrie minière
au Québec.
En terminant, je voudrais dire... M. le Président...
Le Président (M. Baril): Oui.
M. Claveau: Je remercie les membres de la formation
ministérielle qui ont fait quorum. Nous allons tout mettre en oeuvre
l'an prochain et je suis certain que le ministre sera d'accord avec moi, pour
que nous ayons le maximum de temps possible pour discuter de l'ensemble des
dossiers sans qu'une région se sente frustrée par rapport
à une autre.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le député
d'Ungava. M. le ministre.
M. Savoie: Très rapidement, M. le Président, je
voudrais remercier les députés et mes collègues qui ont
bien voulu participer à la commission ce soir. Je pense que leur
présence a beaucoup égayé notre rencontre et il m'a fait
énormément plaisir de les voir ici et de les voir si actifs. Je
voudrais également vous remercier, M. le Président, pour votre
grande agilité à régir cette commission durant des moments
très difficiles, j'en suis sûr, et je voudrais remercier le
député de l'Opposition pour avoir posé tant de questions
avec tant de complaisance.
Je voudrais remercier tout particulièrement ceux et celles qui
ont voulu nous accompagner ce soir dans le but de mieux répondre aux
questions qu'aurait pu poser le député d'Ungava et je lui
répète ce que je lui ai dit lors de la défense des
crédits des Affaires autochtones, que je suis toujours à sa
disposition pour le rencontrer, lui et ses confrères. Vous pouvez
utiliser les mécanismes qui sont prévus le mercredi, vous pouvez
me convoquer pour me poser des questions sur l'ensemble de l'industrie avec vos
collègues, quoique très peu soient intéressés
à la question minière, je le sais, et il y a aussi le vendredi
après-midi...
Une voix: ...
M. Savoie: L'interpellation. Je sais que le vendredi crée
des difficultés parce que nous desservons des régions
éloignées.
Une voix: On va faire un spécial pour M. Claveau.
M. Savoie: Je suis certain que c'est faisable en semaine et
à votre convenance. On est toujours là pour vous transmettre
toute l'information dont vous avez besoin et j'inviterais d'ailleurs le
député à... Non, c'était tout simplement une
remarque pour vous dire qu'on a une certaine ouverture d'esprit et qu'on est
toujours prêt à vous rencontrer et à vous transmettre les
informations que vous juqez à propos, de façon que vos
interventions en Chambre soient encore plus pertinentes.
Des voix: Ha! Ha!
M. Claveau: Je considère que le procès d'intention
du ministre envers mes collègues, quant à leur
intérêt sur la question minière, est vraiment mal à
propos.
Une voix: À l'ordre!
Le Président (M. Baril): Alors, maintenant qu'on s'est
tous remerciés...
Des voix: Ha! Ha!
Le Président (M. Baril): ...j'ajourne les travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 3)