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(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Kehoe): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je déclare ouverte la commission de l'économie et du
travail. Je rappelle l'objet de la séance d'aujourd'hui qui est de
procéder à une consultation particulière sur le projet de
loi 161, Loi sur les mines.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme
Bélanger (Mégantic-Compton) est remplacée par M. Kehoe
(Chapleau); M. Farrah (îles-de-la-Madeleine) est remplacé par M.
Ciaccia (Mont-Royal); M. Paré (Shefford) est remplacé par M.
Gendron (Abitibi-Ouest) et M. Rivard (Rosemont) est remplacé par M.
Vallières (Richmond).
Le Président (M. Kehoe): Avant de procéder à
l'étude de chacun des mémoires, je voudrais demander aux membres
de la commission d'adopter l'ordre du jour que je vais lire. À 10 heures
ce matin, nous allons entendre l'Association des mines de métaux du
Québec et l'Association des mines d'amiante du Québec; à
11 heures ce matin, l'Administration régionale Kativik, à 15
heures, le Syndicat des métallos; à 16 heures, l'Association des
constructeurs de routes et grands travaux du Québec; à 17 heures,
Gaspésie, société d'explorations pétrolière
et minière Inc.
Je demande aux membres de la commission si l'ordre du jour est
adopté tel que lu.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Je rappelle aux
représentants des organismes qui vont comparaître devant la
commission que vous avez chacun 20 minutes pour présenter votre
mémoire. Il y aura 20 minutes pour discuter avec les membres du
gouvernement et 20 minutes pour discuter avec l'Opposition.
Je désire rappeler aux personnes concernées que, si vous
voulez changer cette manière de procéder, vous êtes les
bienvenues.
Je demande aux représentants de l'Association des mines de
métaux du Québec et de l'Association des mines d'amiante du
Québec de bien vouloir s'avancer et je leur souhaite la bienvenue. Je
demanderais à leur président, M. Martin Thibodeau, de bien
vouloir nous présenter les membres qui l'accompagnent ce matin.
Association des mines de métaux et Association
des mines d'amiante
M. Thibodeau (Martin H.): Je vais demander plutôt au
directeur général, M. Claude Drouin, de présenter le
groupe, d'abord les gens qui sont à la table et une série
d'autres personnes à l'arrière.
Le Président (M. Kehoe): Merci.
M. Thibodeau: Alors, voici Claude Drouin, le directeur
général.
Le Président (M. Kehoe): M. Drouin.
M. Drouin (Claude): M. le Président, MM. les membres de la
commission, it me fait plaisir de vous présenter la
délégation des mines de métaux et des mines d'amiante.
À l'extrême qauche de la table» M. Jean Boissonneault,
vice-président à l'exploration de Cambior Inc., Me Jean Roberge
qui est adjoint au directeur général de l'association, M. Martin
Thibodeau qui est vice-président aux relations industrielles de Fer et
titane et président de l'association, M. Bernard Coulombe qui
représente aujourd'hui le président de l'Association des mines
d'amiante du Québec et qui est directeur de Mine Jeffrey, M. Maurice
Lauzon, chef ingénieur mines Lab Chrysotile Inc., et, à
l'arrière, M. Raynald Vézina, directeur des Mines d'Or Kiena
Ltée, M. Edmond Legault, vice-président des Ressources
minières Rouyn Inc., M. Michel Rodrigue, directeur de la mine Niobec
Inc., M. Dan Maciejowski, directeur général des Mines
Agnico-Eagle, M. Normand Ouimet, surintendant général des
relations industrielles du groupe Noranda, division Home, M. Claude Dumont,
directeur des Mines Gaspé. Je ne sais pas si j'en oublie d'autres.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. Drouin. Je souhaite la
bienvenue à tous les membres de votre délégation. Je
demanderais à la personne qui va présenter le mémoire de
s'identifier et de procéder à la présentation.
M. Thibodeau: M. le Président, on a, évidemment,
déposé le mémoire et, ce matin, on aimerait s'attarder
à quelques
parties particulières, si vous voulez, du mémoire. On va
faire un premier exposé des points principaux qu'on veut faire ressortir
et sur lesquels on veut attirer l'attention de la commission. Ensuite, on sera
ouvert aux questions. Comme vous l'avez vu par la présentation de M.
Drouin, il y a une série de spécialistes dans la salle qui
peuvent répondre aux différentes questions techniques ou autres
qui seront soulevées par nos remarques ce matin.
Le Président (M. Kehoe): D'accord.
M. Thibodeau: M. le ministre, M. le président de la
commission et MM. les députés, c'est avec grand plaisir que
l'Association des mines de métaux du Québec et l'Association des
mines d'amiante du Québec vous remercient de les avoir invités
à présenter leur opinion sur le projet de loi 161. On pense que
cela a pris évidemment, beaucoup de courage et de patience pour
reprendre une loi qui depuis 1965 n'avait pas été
révisée. On pense qu'il y a là un travail énorme
qui a été accompli, il y a eu beaucoup d'ordre de mis dans une
série de règlements qui ont été passés
à la suite de l'ancienne loi des mines. Le présent mémoire
a été rendu possible grâce à la contribution de
plusieurs membres de l'Association des mines de métaux.
Je veux vous rappeler que l'industrie minière représente
au Québec un atout économique très important. D'abord,
elle représente environ 20 000 emplois, une production annuelle d'une
valeur de 2 000 000 000 $ par année et environ le quart des exportations
du Québec. C'est donc une industrie cruciale qui fonctionne de pair avec
le Québec. Tout cela, je dois vous le dire, logerait, comme on le dit
dans le mémoire, dans un carré de 14 milles de côté.
On ne pourra pas accuser les différentes entreprises minières
d'être "énergivores" en ce qui a trait au terrain.
Commençons par une série de points que l'on juge
très positifs dans le projet de loi. D'abord, nous considérons
comme une bonne chose de reconnaître la prospection et le jalonnement
pour autrui, à l'article 17. On voit là un point très
positif. La désignation sur carte prévue, entre autres, à
l'article 18 est une bonne innovation plus économique et beaucoup plus
simple que l'ancien système. La période de validité du
permis de prospection portée à cinq ans et la période de
validité du claim portée à deux ans, à l'article
57, sont deux mesures qui diminueront les démarches administratives
d'une bonne façon.
Le fait de conserver confidentiels les cartes, rapports et autres
documents relatifs à la recherche et aux travaux géologiques,
à l'article 212, est une mesure que l'on juge nécessaire. La
possibilité, à l'article 227, pour le ministre de s'assurer une
récupération optimale des substances minérales; là
aussi, on pense qu'il y a un principe de très bonne gestion des
richesses minérales au Québec.
Il y a, par contre, une série de commentaires qu'on aimerait
faire ce matin dans un esprit positif. Comme on l'a dit au début,
l'économie générale de la loi nous semble très
positive. Cependant, il y a des points sur lesquels on aimerait faire porter
les discussions ce matin. D'abord, on pense que la structure de la loi comme
telle, est un peu lourde. Quant à sa présentation, on arriverait
peut-être à une simplification en ayant une seule catégorie
de permis plutôt que de nommer la série de catégories de
permis et, pour chacune de ces catégories, de donner les
éléments essentiels que l'on doit respecter, on pense qu'il y
aurait là une simplification possible.
J'aimerais souligner - et je passe une série de points qui sont
plus mécaniques que d'autres évidemment, ils sont au
mémoire et on s'est déjà prononcé - d'abord, ce
qu'on va appeler "l'immobilité de la ressource." Le premier point
important: plusieurs dispositions du projet de loi prévoient
l'interdiction ou la nécessité d'obtenir une autorisation
particulière pour prospecter ou jalonner certains cours d'eau, certains
territoires, par exemple, les parcs, les réserves écologiques et
autres terrains soustraits à ces activités.
L'industrie minière comprend et accepte des préoccupations
ayant trait à l'écologie, la faune et la flore. Cependant,
l'expérience des 50 dernières années nous démontre
que la prospection et le jalonnement n'ont pas mis en péril ces
intérêts. Ce que l'industrie minière préconise,
c'est d'adopter le principe de la coexistence et de l'utilisation des richesses
minérales avec les autres richesses. On pense que les parcs, la faune,
la flore et les rivières aussi - nous le verrons un peu plus loin - sont
une série de richesses naturelles qui, avec les richesses
minérales, devraient vivre dans un principe de coexistence et non pas
s'opposer les unes aux autres par une série de réqlementations.
Alors, on pense qu'il y aurait peut-être à gaqner à essayer
- je sais que ce n'est pas facile parce qu'il faut sauvegarder plusieurs
intérêts - de composer dans ce sens-là, de souligner un
principe de coexistence de ces différentes ressources naturelles.
Le deuxième point important est ce qu'on appelle les invasions.
Avec les dispositions du projet de loi actuel aux articles 66, 87, 105 et
autres, ce n'est plus la couronne qui bénéficiera directement du
droit qui est prévu d'extraire le sable et le gravier. Tout entrepreneur
ou personne ayant à construire un ouvrage de la couronne pourra extraire
sable et gravier dont il a besoin sur des terrains faisant l'objet de droits
miniers et cela, sans indemnité.
Lorsqu'on doit fermer un terrain minier, comme on doit se soumettre
à une série de lois sur l'environnement et autres, on pense qu'on
devrait garder un meilleur contrôle sur ces terrains, compte tenu du fait
qu'on doit remettre ces terrains dans un certain état.
Alors, la même remarque vaut aussi pour l'installation de lignes
de transport d'énergie électrique, d'oléoducs et de
gazoducs. Donc, on pense qu'il y a une série d'invasions qui viennent
par une série d'autres corridors qui peuvent créer des
problèmes sur la propriété minière et, par la
suite, nous avons la responsabilité de la fermer selon certaines
lois.
Il y a un troisième point que l'on juge important qu'on appelle
la dilution des pouvoirs du ministre. Nous remarquons que le projet de loi
diminuera la faculté de gestion du ministre responsable de l'application
de la Loi sur les mines. En effet, nous assistons à une érosion
des pouvoirs légitimes que l'on pense que doit avoir le gestionnaire du
domaine minier, au profit de l'accessoire. Alors, pour les chemins miniers, par
exemple, ce sera le ministre des Transports qui s'en occupera, tandis que, pour
les aspects environnementaux, c'est le ministre de l'Environnement, notamment
en ce qui a trait à la gestion des résidus miniers et à la
fermeture d'une mine.
On pense qu'il y aurait lieu de regrouper un peu plus, à
l'intérieur du ministère, certaines responsabilités qui
sont assez directement reliées à l'exploitation de la richesse
naturelle que sont les mines. Nous voyons là une dilution des pouvoirs
du ministre et nous pensons qu'il s'agit là d'une façon de perdre
un certain contrôle qu'on pourrait mieux garder à
l'intérieur du ministère.
Par contre, autant on préconise qu'il devrait y avoir moins de
dilution du pouvoir du ministre et moins de partage avec d'autres
ministères, autant on voit qu'il y a beaucoup de discrétion
accordée au ministre à l'intérieur du projet de loi. En
effet, le projet de loi est assorti de pouvoirs discrétionnaires
variés et importants. On pourra en discuter plus en détail tout
à l'heure. De tels pouvoirs ne devraient être accordés
qu'en des circonstances bien spéciales et être assortis de
critères précis, surtout lorsqu'une délégation de
ceux-ci peut être faite à toute personne, par exemple, à
l'article 287. On a relevé le nombre d'articles où ce pouvoir
discrétionnaire est accordé au ministre. On en a relevé
environ une trentaine. On ne dit pas que ce sont tous des points qui peuvent
soulever des conditions difficiles d'exploitation minière, mais on pense
que beaucoup de discrétion est accordée.
Au sujet des pouvoirs discrétionnaires, on devrait donc les
restreindre pour autant que l'on peut en indiquer les critères. Si on en
indique les critères, très bien, à ce moment-là, on
sait à quoi s'en tenir. En effet, si le législateur n'est pas en
mesure d'indiquer dans le projet de loi les critères en vertu desquels
une autorisation sera ou non accordée, c'est qu'il n'y a pas de raison
suffisante, pense-t-on, pour justifier la nécessité d'une
autorisation. On pense donc qu'au niveau discrétionnaire il y a beaucoup
de place dans le projet de loi où on aurait peut-être avantage
à avoir des explications. On a soulevé ce point dans notre
mémoire et on a noté environ une trentaine d'articles. On pourra,
d'ailleurs, vous donner des exemples tout à l'heure.
La réglementation comme telle, maintenant. Le pouvoir de
réglementation devrait être réduit au minimum et la loi
devrait également contenir tous les éléments de fond
nécessaires pour éviter, comme dans certains autres domaines,
d'avoir une réglementation extrêmement lourde, mais dont le fond
juridique, finalement, est souvent discutable. Il nous semble que le projet de
loi devrait contenir une base sur laquelle on peut compter, c'est-à-dire
des règles de fond, et que les règlements ne devraient s'occuper
que de la forme.
Il est important aussi de dire quelques mots sur les mesures
transitoires. On pense qu'il y a là un point important à
souligner. Il faudrait revoir ces transitions afin de s'assurer que des droits
acquis et conservés au prix de travaux coûteux ne soient pas
perdus ou altérés par des normes nouvelles. À ce sujet, il
serait très important de revoir la rédaction de l'article 57. En
effet, le sens actuel de cet article laisse à penser que le
renouvellement du claim ne pourrait être obtenu qu'une seule fois. On
sait très bien que ce n'est pas l'intention, mais on pense qu'il y
aurait avantage à revoir la rédaction de l'article dans ce
sens.
Une chose qui nous a plu beaucoup dans le mémoire, c'est ce qu'on
appelle la "récupération optimale" préconisée
à l'article 227 du projet de loi. Cependant, on veut ajouter à ce
sujet que les critères mentionnés à l'article 227 ne
seront probablement pas suffisants. À notre point de vue, les
critères mentionnés sont un peu trop statiques et on devrait y
inclure la "rationelle de l'industrie minière." Souvent, malgré
qu'il y aient une ressource, une technologie et un art de le faire, cela ne
veut pas dire que, pour des raisons économiques, on devrait
nécessairement exploiter cette ressource de la façon dont on l'a
déjà exploitée. Il y aurait avantage à essayer de
développer une série de critères à saveur
économique qui pourraient ajouter à ceux déjà
mentionnés dans l'article. Il y a certainement des contraintes
économiques qui nous empêchent parfois d'exploiter une ressource
comme on le voudrait. Je pense aux prix mondiaux, au volume et à tout
cela.
II y aurait avantage à essayer de compléter ensemble cet
aspect de critères économiques à l'intérieur de
l'article. Cependant, on souscrit totalement au principe et on pense que c'est
un principe très intéressant.
Les résidus miniers. La définition donnée est
nouvelle et il n'y aurait pas lieu de la modifier. Mais, selon nous, elle
devrait se lire comme suit: Les résidus miniers seraient des
résidus provenant de l'extraction et du traitement de substances
minérales et des opérations de pyrométallurgie. La
production minérale est une production à la chaîne dans
laquelle il y a une série d'interventions mécaniques ou autres.
On devrait élargir un peu la définition dans ce sens. (10 h
30)
J'aimerais souligner deux autres points particuliers. À l'article
101, le ministre peut exclure de toute concession les terrains
nécessaires à l'aménagement et à l'utilisation de
forces hydrauliques. Selon nous, cet article est trop large et trop
discrétionnaire. Une nouvelle loi de concession de forces
hydroélectriques pourra le faire en temps opportun et je pense qu'on
aurait intérêt à avoir des discussions substantielles
à ce sujet.
À l'article 116, il y a un point important. Pour abandonner en
tout ou en partie un terrain faisant l'objet d'un bail ou d'une concession, on
exige qu'on se soit conformé aux exigences de la Loi sur la
qualité de l'environnement et de ses textes d'application. Cela va un
peu loin. En effet, le ministère de l'Environnement ne pourra pas
émettre un document établissant qu'un individu ou une entreprise
est conforme à la Loi sur la qualité de l'environnement et
à ses textes d'application, car, même après l'exploitation,
des problèmes environnementaux peuvent aussi survenir ou les normes
peuvent changer. Cette exigence devrait être revue. Ainsi, les nouvelles
exigences ne devraient s'appliquer qu'aux futurs droits miniers - selon nous,
c'est un point important qui devrait être retenu -puisque les baux et les
droits accordés constituent la "loi des parties" et on ne pense pas
qu'on devrait changer les règles en cours de jeu.
Enfin, un dernier point technique nous semble important concernant
l'article 283. En enlevant le droit d'appel, à l'article 283, on veut
peut-être accélérer le règlement de litiges, mais,
d'un autre côté, les conséquences pourraient être
plus graves qu'un délai supplémentaire. Alors, les causes
relevant du droit minier impliquent souvent des sommes énormes, comme
vous le savez. Il n'est pas sage de nous priver du droit d'appel. Souvent, ce
sont des problèmes et des situations complexes dans lesquelles des
sommes importantes sont impliquées et on pense qu'on ne devrait pas
enlever le droit d'appel, à l'article 283.
J'aimerais que l'on procède aux principales recommandations et je
demande à mon ami de l'Association des mines d'amiante du Québec
de faire le point sur les principales recommandations.
M. Coulombe (G. Bernard): M. le Président, M. le ministre,
très brièvement, nos principales recommandations sont qu'il
devrait y avoir une seule catégorie de permis pour rechercher des
substances minérales, quelles qu'elles soient, et un permis pour les
exploiter. Adopter le principe de la coexistence de l'utilisation de la
substance minérale avec celle des autres richesses naturelles, c'est un
point en particulier que l'on aimerait discuter après la lecture de nos
recommandations.
Pour mener à bien l'industrie minière et s'occuper
pleinement du développement et de l'exploitation de cette richesse
naturelle, le ministre responsable doit avoir toutes les cartes en main. La Loi
sur les mines devrait contenir davantage les critères concrets à
partir desquels le ministre exercera ses pouvoirs. La réglementation ne
devrait pas contenir de norme de fond. Il faudrait s'assurer une
récupération optimale, bien sûr, des substances
minérales, mais il faudrait ajouter le critère de la "rationnelle
de l'industrie minière", à définir. Il faudrait, bien
entendu, aussi clarifier la rédaction.
Chaque article contenant la forme négative devrait être
revu pour utiliser la forme positive. Il y a des redondances que l'on pourrait
éviter par l'utilisation d'une clause omnibus, par exemple. Il faudrait
regrouper les dispositions revenant à maintes reprises, de façon
à éviter toutes ces redondances qui deviennent rapidement
ennuyeuses, laissant penser que l'encadrement de l'industrie minière
doit être omniprésent, ce qui, à notre avis, ne devrait pas
être le cas.
II faudrait consacrer le principe de l'ouverture à la prospection
minière partout au Québec. La prospection devrait être
permise, même si les droits miniers sont détenus par un tiers, en
ajoutant la nécessité d'avoir l'accord de ce dernier. Permettre
la prospection partout, même dans les parcs et les réserves.
Assortir la prospection dans ces lieux de normes très
spécifiques. Ainsi, on favoriserait une coexistence des richesses
naturelles sans que l'une soit favorisée au détriment de
l'autre.
Il faudrait préciser clairement ce qui est d'intérêt
public au sens de la Loi sur les mines et rendre possible, après entente
avec les intéressés, un bail exclusif ou non exclusif permettant
d'exploiter des substances minérales de surface si le même terrain
fait déjà l'objet d'un bail ou d'une concession minière
pour d'autres substances. On ne devrait pas ainsi élargir le droit
d'extraire
sable et gravier car il y aura des abus divers. Toute perte de droits
miniers devrait faire l'objet d'un droit d'appel.
Le pouvoir de réglementation devrait être réduit au
minimum et la loi devrait contenir tous les éléments de fond
nécessaires. Enfin, il faudrait revoir la rédaction de l'article
57. En effet, le sens actuel de cet article laisse à penser que le
renouvellement du claim ne pourra être obtenu qu'une seule fois. La
conséquence de ceci, c'est qu'après une période de quatre
ans il faudra passer à l'étape de l'exploitation et ce n'est pas
toujours réalisable. Merci.
Le Président (M. Kehoe): Merci, MM. Coulombe et Thibodeau.
Je demanderais au ministre s'il a des commentaires à faire avant qu'on
commence la période de questions et d'échanges avec les membres
de la commission. Avez-vous des commentaires?
M. Savoie: Oui, j'ai des commentaires pour une vingtaine de
minutes, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): D'accord.
M. Savoie: Merci. Je voudrais d'abord remercier l'AMMQ pour son
étude exhaustive du projet de loi à l'étude. Je voudrais
énoncer quelques questions de principe pour clarifier tout doute. Bien
sûr, ce projet de loi est actuellement à l'étude, bien
sûr, vous avez préparé un mémoire, bien sûr,
il y a plusieurs points que vous n'avez pas eu le temps de souligner dans la
présentation verbale de votre mémoire dont on va tenir compte. Et
même parmi ceux que vous avez présentés aujourd'hui,
plusieurs seront retenus et il y aura des discussions ultérieures. On va
continuer cet échange pendant tout le processus de la préparation
de la loi afin de s'accommoder le mieux possible compte tenu des obligations de
notre part et des obligations de votre part.
Je voudrais commencer par souligner, quant à la question du droit
d'appel, que cela a fait l'objet de plusieurs mémoires et nous sommes
actuellement en voie de réviser cet article afin, dans la mesure du
possible, de faire droit à vos recommandations.
J'ai quelques questions, quelques clarifications, si vous me le
permettez. Vous avez suggéré d'avoir deux seuls permis dans la
Loi sur les mines: un pour le prospecteur et l'autre pour le producteur.
Pouvez-vous nous donner des explications additionnelles à ce sujet?
Le Président (M. Kehoe): M. Thibodeau, je ne suis pas
sûr si c'est vous qui allez répondre.
M. Thibodeau: Oui, effectivement, je vais demander à Jean
Roberge, qui est l'adjoint du directeur général, de donner
quelques précisions.
M. Roberge (Jean): On a pensé qu'après 20 ans
d'exercice il aurait pu y avoir une réflexion en profondeur pour savoir
s'il n(est pas possible d'avoir un permis d'exploration, de
recherche de minéraux, quels qu'ils soient et un permis d'exploitation
par la suite, si c'est utile. Si ce n'est pas la structure que le
ministère et le gouvernement souhaite, c'est l'avis du ministère,
évidemment qui prévaudra, mais on pensait qu'il aurait
été possible d'alléger et de simplifier la prospection, la
recherche et l'exploitation des ressources minérales pour en venir
à une gestion des ressources qui serait beaucoup plus simple et plus
compréhensible.
M. Savoie: C'est cela. Lorsqu'on discute d'un permis pour toutes
les opérations qui pourraient être concernées par la Loi
sur les mines, ne voyez-vous pas un problème entre, par exemple,
accorder un permis pour l'exploitation d'une tourbière et l'exploitation
d'une mine à 6000 pieds sous terre? N'y a t-il pas pour vous autre une
espèce de...
M. Roberge: Évidemment, c'est à examiner. Je ne
suis pas spécialiste en géologie, mais, comme M. Bélanger
l'a mentionné, une tourbière va, si ma mémoire est bonne,
jusqu'à 10 à 15 mètres. Une tourbière qui va
jusqu'à 10 à 15 mètres, selon les dires de M.
Bélanger qui a présenté son mémoire sur la tourbe,
et une exploitation minière qui va en profondeur, il me semble que ce
n'est pas la même chose. Mais il y a certainement possibilité de
les exploiter, la même chose. Il y a peut-être même
possibilité que ce soit le même exploiteur qui pendant un certain
nombre d'années, exploite sa tourbe et pendant d'autres années,
exploite le sous-sol. Les aménagements dans ce domaine sont très
faciles à imaginer et à créer.
M. Savoie: Je crois que la majorité des tourbières
sont uniquement à la surface ou cela se trouve dans la matière
végétale, ce qu'on appelle les morts-terrains dans le domaine
minier. On trouve cela difficile d'incorporer dans le projet de loi un seul
permis qui couvrirait à la fois les tourbières, d'autres
opérations de surface qui sont couvertes par notre projet de loi et
également les droits minéraux. Cela, veut dire que celui qui
jalonnerait pour une tourbière, pourrait empêcher, lorsqu'il
exploite sa tourbière, des opérations minières sous
terre.
M. Roberge: C'est un point de vue.
M. Savoie: On parle de l'exploration. Il
y a une stagnation sur ce terrain en ce qui a trait à
l'exploration minière.
M. Roberge: Je pense qu'il peut y avoir, comme vous le dites,
empêchement, mais il peut y avoir coexistence. Il faut aller dans le sens
de favoriser le fait qu'un exploitant exploite et s'adjoint d'autres
exploitants. Cela valorise un sol et cela ne gèle pas le sous-sol, non
plus. Les deux peuvent s'entendre. Et le ministère peut promouvoir ce
genre de coexistence. Si le détenteur des droits de surface pour la
tourbe insiste et ne veut pas qu'on exploite le sous-sol qui peut
représenter un minerai intéressant, le ministère pourra se
conserver le pouvoir d'accorder des droits à autrui. D'ailleurs, pour le
pétrole, par exemple, on dit qu'on peut même forer sur le terrain
voisin. II me semble qu'on peut peut-être le faire pour les autres
substances minérales.
Avoir des permis différents pour la question des fonds marins ou
le pétrole, cela peut se comprendre. Mais, généralement,
on voyait que, globalement, les droits d'exploiter, de rechercher peuvent
être accordés par un seul et même permis.
C'est une philosophie qui peut être étudiée
après. On est avec un projet de loi qui est fait comme cela. Si la
philosophie est susceptible d'être modifiée, on pourra
certainement y réfléchir plus en profondeur.
M. Savoie: D'accord. C'est parce qu'on trouve curieux que
quelqu'un qui jalonne pour un réservoir naturel afin d'exploiter,
justement, une tourbière qui se trouve à la surface de la terre
en même temps puisse empêcher une compagnie d'exploration au niveau
aurifère, cuprifère, et de l'amiante, de faire de l'exploration
sur un terrain qui est jalonné à des fins de tourbière.
Vous savez que les tourbières, cela va jusqu'à 6000, 7000
hectares et encore. C'est énorme.
M. Roberge: Oui, mais...
M. Savoie: M. Bélanger nous avait indiqué que les
tourbières qui se trouvent à quelques pieds sous terre ne sont
pas exploitées au Canada, actuellement. Il nous a fait cette remarque.
Lorsqu'on jalonne également pour de l'exploration
pétrolière, c'est sur d'énormes et de vastes territoires;
cela empêcherait de le faire, là aussi, à moins d'entente.
Alors, nous aussi, on vise la coexistence et, pour l'assurer, on dit: Celui qui
cherche du pétrole a un permis pour chercher du pétrole et si,
sur le terrain avoisinant ou sur le même terrain, quelqu'un cherche de
l'or, les deux peuvent forer en même temps.
M. Roberge: Je ne crois pas qu'une recherche se fasse sur dix
ans, cela peut être quelques années. Le ministère peut
prévoir des dispositions pour permettre d'autres recherches ou d'autres
exploitations. Une fois que quelqu'un aura trouvé sa tourbe et
exploitera la tourbe, ce sera la tourbe. Je pense que la Loi sur les mines nous
a fait la démonstration qu'il est très possible d'avoir beaucoup
de décisions ou de discrétion ou d'autorisations pour des travaux
spéciaux dans certains cas. Si on en venait à un permis
d'exploration et de recherche, on pourrait utiliser la même
discrétion pour permettre aux autres intervenants ou aux gens
intéressés à d'autres minéraux de faire leurs
travaux.
M. Savoie: Vous pensez que cela devrait relever de la
discrétion du ministre?
M. Roberge: Non, cela devrait relever au moins d'un souci de
coexistence de tout le monde, une promotion de la coexistence, c'est cela qui
devrait être important.
M. Savoie: Nous avons envisagé la situation suivante: par
exemple, la compagnie Noranda entreprend un projet et jalonne un grand
territoire, un territoire qui présente non seulement de
l'intérêt, par exemple, pour le cuivre, mais également pour
la tourbe. À ma connaissance, Noranda n'exploite pas de
tourbières et je ne pense pas qu'ils aient cet intérêt,
ici, aujourd'hui. On pensait que, si quelqu'un voulait exploiter une
tourbière, il pourrait quand même demander le droit de
l'exploiter. Il y avait en réalité coexistence de deux droits sur
le même territoire, mais deux droits complètement
différents: l'un qui porte sur les droits minéraux au sous-sol et
l'autre qui porte sur des droits à la surface. C'était une
vieille tradition au Québec, cette coexistence de permis, cette
coexistence des opérations étant donné qu'elles visent des
buts assez différents. Quelqu'un qui recherche du pétrole peut
forer dans un coin d'un terrain et on peut avoir des opérations
minières pas loin sans qu'il y ait nécessairement absence de
coexistence. Or, si on avait seulement un permis, on craint que le prix de
l'exploration augmenterait sensiblement; il y aurait une mesure de "black mail"
et cela pourrait même empêcher et restreindre le
développement minier au Québec. Toutefois, je suis certain qu'on
pourra continuer à discuter de ce point.
M. Roberge: On va y réfléchir. (10 h 45)
M. Savoie: Tout au long de ces mémoires, plusieurs points
ont été soulevés, mais avec persistance on a relevé
la question du droit administratif et du pouvoir discrétionnaire dans la
nouvelle loi, par exemple, de la discrétion ministérielle, et le
pouvoir délégué vis-à-vis des fonctionnaires.
L'article 227 a été un point tournant. Avez-
vous des suggestions précises à nous formuler concernant
cet article? Sans aller dans des questions de principe, avez-vous une
recommandation ferme qu'on pourra analyser?
M. Thibodeau: Oui. M. Drouin.
M. Drouin: On a étudié le probème, M. le
Président. Notre première réaction a été de
dire: C'est une bonne formule, excepté que, un peu peut-être comme
ceux qui ont rédigé le règlement, on s'est retrouvé
en face de très peu de solutions extrêmement concrètes
à offrir parce que c'est tout de même du domaine du droit
nouveau.
On veut savoir si, en fait, de la façon dont l'article 227 est
écrit, on va demander à l'exploitant de démontrer que sa
technique est justifiée. D'un autre côté, le ministre aura
le droit, lui aussi, d'effectuer une étude pour évaluer cette
technique-là. Finalement, le ministre devient le juge final. Qu'on le
veuille ou non, on en fait une décision politique plutôt qu'une
décision technique. On considère que, s'il y a quelque chose
à faire dans ce domaine, il faudrait que ce soit une décision
d'ordre technique ou économique et, par conséquent, elle devrait
relever d'une tierce partie ou être prise après comparaison avec
un bureau technique qui fait l'évaluation. Il ne faut pas laisser cela
à un pouvoir politique, mais à un pouvoir technique.
M. Savoie: N'avez-vous pas de recommandation spécifique
portant sur une modification?
M. Drouin: Une forme d'arbitrage technique et non pas un
arbitrage politique.
M. Savoie: D'accord. Là-dessus, M. Drouin, je voudrais
répéter notre position, c'est-à-dire l'orientation qu'on a
donnée à l'article 227. Vous avez dit que vous étiez
d'accord avec le principe. C'est, justement, pour empêcher ce qu'on
appelle communément l'écrérnage ou la spoliation des
ressources. Si le ministre constate qu'il y a effectivement
écrémage par un individu qui ne cherche qu'à faire un
profit très rapidement, qu'à sortir le minerai rapidement et
qu'il y a vraiment spoliation au sens propre du terme, le ministre doit
intervenir rapidement. L'article 227 ne vise pas un contrôle dans le
domaine minier, il ne doit pas être interprété par les
tribunaux. Cela ne présente pas de difficulté quant à
l'application par un juge. Le ministre doit être en mesure d'intervenir
rapidement et ordonner la cessation des travaux dans le cas où il
soupçonne un écrémage. La compagnie, il me semble, si elle
se sent lésée et si elle se sent dans ses droits, pourra toujours
obtenir d'un tribunal la mainlevée de cette saisie; elle pourra toujours
contester la décision du ministre. Il y a toujours appel d'une
décision administrative. On est dans le pouvoir quasi judiciaire et,
dans ce cas, il y a toujours appel, c'est commun. D'ailleurs, les avocats en
font grande fortune.
Le droit administratif, c'est un droit en pleine croissance. On est un
peu pris entre le pouvoir d'intervention dans le cas d'écrémage
et - comme vous l'avez soulevé, vous trouvez cela bien - d'un autre
côté, vous voulez qu'on institue une procédure qui serait
lente. Or, ce qu'on veut, c'est protéger les ressources minérales
du Québec, protéger l'intégrité de l'industrie
minière au Québec et, pour cela, i! nous faut un pouvoir
décisionnel rapide. C'est dans ce sens-là qu'on vous demande:
Voulez-vous qu'on balise un peu plus l'article 227? On se dit d'accord. N'y
aurait-il pas une formule qui pourrait nous permettre d'échanger et
d'arriver à un consensus là-dessus?
M. Drouin: On peut suggérer faire appel à deux
intervenants plutôt qu'un pour comparer vos études. Quand vous
parlez de l'article 227, vous faites effectuer une étude; vous pourriez
peut-être faire appel à deux études en parallèle, ce
qui multiplierait vos chances de réduire vos erreurs dans ce
domaine.
M. Savoie: M. Drouin, vous savez qu'un ministre, lorsqu'il exerce
un pouvoir quasi judiciaire, doit respecter des principes de droit. L'un de ces
principes, c'est la règle de ne pas porter jugement sans avoir entendu
l'autre partie. C'est-à-dire que le ministre, avant de rendre sa
décision, doit nécessairement, sous faute fatale pour sa
décision, rendre l'autre partie.
À ce moment-là, celui qui écrème, celui qui
se livre à des activités de spoliation ou son représentant
devra se présenter au ministère et s'expliquer, se faire
entendre. Il doit recevoir une audition en bonne et due forme, selon toute la
pratique, toute l'évolution de notre droit administratif qui est
très sévère. Le ministre doit rendre sa décision,
quand même, dans les plus brefs délais.
Alors, c'était face à cette situation. Si on crée
un tribunal composé, par exemple, des représentants de
l'industrie et des représentants du gouvernement, qu'on les
réunit, et qu'on leur fait examiner le dossier, cela exige plusieurs
mois. Or, ce qu'on veut, c'est, justement, empêcher ce type de "fly by
night" qui s'installe et exploite et qui nuit sensiblement à
l'industrie.
M. Thibodeau: En fait, on voudrait rappeler qu'on était
d'accord avec la rationnelle de cet article. Mais on pense que le processus
pourrait se compléter par un genre de système d'arbitrage
économique rapide. On peut avoir des mécanismes très
rapides dans ce genre de situation là. On pense aussi que, en
certaines occasions, peut-être qu'un ministre des Mines serait mal
placé politiquement pour prendre une décision semblable.
On parle des questions de spoliation, mais il peut y avoir d'autres
situations, comme la tenue des prix sur les marchés ou des volumes sur
les marchés. Il peut convenir économiquement de s'asseoir sur une
ressource et peut-être de ne pas l'exploiter tout de suite ou de
l'exploiter d'une manière différente, et cela, pour des raisons
économiquement valables.
On pense qu'à ce moment-là cela pourrait peut-être
compléter - il n'y a pas de doute qu'un appel au ministre est
nécessairement bon dans ce sens - la procédure. Là, il me
semble que le principe audi alteram partem serait bien campé. Les gens
se sont expliqués économiquement et peut-être que ces
arbitres-là pourront faire ressortir des points intéressants.
M. Savoie: Pour empêcher la spoliation d'un site, on donne
trois conditions: d'abord, le ministre peut exiger qu'on lui transmette un
rapport justifiant la technique; deuxièmement, effectuer une
étude pour évaluer cette technique. Peut-être qu'il y
aurait possibilité de l'introduire là à votre
satisfaction. Est-ce que cela pourrait être le sens de votre
intervention?
M. Thibodeau: Je pense que votre ouverture là-dessus est
très intéressante et qu'on aura certainement des discussions
ultérieures. Il devrait se greffer à cela un mécanisme qui
pourrait, en certaines occasions, libérer le pouvoir politique qui
pourrait être coincé dans une situation. Oui, Claude.
M. Drouin: M. le ministre, l'article prévoit qu'on
effectue une étude. C'est là qu'on peut multiplier le nombre
d'études parallèles qu'on peut faire. Mais j'aimerais me
référer à un cas particulier que nous vivons aujourd'hui.
Vous assistez aujourd'hui à la réouverture d'un grand nombre de
mines d'or qui avaient fermé, il y a 25 ou 30 ans.
M. Savoie: Heureusement, oui.
M. Drouin: Heureusement. Il reste à vous démontrer
que, si on avait appliqué l'article 227 dans ce temps-là et qu'on
avait dit: On ferme la mine... Justement, le rationnel était une
contrainte technique, mais en équilibre avec les contraintes
économiques. C'est le facteur, la technique, à un moment
donné, pour décider, par exemple... Ce qu'on emploie dans les
mines, le "quota value", je ne sais pas comment on dit cela en français;
je ne me le rappelle pas.
La zone de coupe, cela varie tous les jours, en fonction du prix du
marché. Ce n'est pas technique; c'est économique.
M. Savoie: C'est cela. Si le ministre ferme une mine, je peux
vous assurer que cela va devenir politique aussi s'il se trompe.
M. Drouin: II n'y a pas d'erreur.
M. Savoie: II y a des emplois, c'est une activité.
Malheureusement, on m'avise que j'ai peu de temps. Je voudrais tout simplement
soulever la question - vous en parlez, d'une part - des pouvoirs. Vous sentez
une dilution de ce pouvoir vis-à-vis des chemins miniers.
Là-dessus, je voudrais vous demander d'examiner le fait qu'en ce qui
concerne les chemins miniers il y a toujours l'article 241 qui
protège.
Deuxièmement, pour ce qui est de la loi sur l'environnement,
rapidement, est-ce que l'AMMO favoriserait une position où, par exemple,
les exploitants miniers déposeraient un bon au ministère pour la
restauration des parcs et résidus miniers? Étant donné que
cela va relever maintenant du ministère de l'Environnement, est-ce que
vous seriez d'accord pour déposer un bon au ministère, que les
normes soient établies et que cela soit fait sous la direction du
ministère plutôt qu'au ministère de l'Environnement?Rapidement, parce qu'il nous reste peu de temps.
M. Drouin: Le fait de dire que l'on dépose un bon ne
répond pas à cela immédiatement.
M. Savoie: Oui.
M. Drouin: Mais je peux vous dire que nous avons des projets
à l'étude qui devraient apporter des solutions importantes. Mais
la chose importante qu'il ne faudrait pas faire, c'est qu'on ne peut pas
demander aux exploitants d'aujourd'hui de prendre sur eux la
responsabilité des problèmes qui ont été
laissés par les prédécesseurs et des problèmes qui
sont créés par le fait qu'ils ont fonctionné selon les
normes du temps. Par conséquent, c'étaient les normes
acceptées par l'ensemble de la société.
Ils doivent se conformer aux façons de fonctionner d'aujourd'hui
et de demain. Ils doivent s'occuper des opérations de demain. Quant aux
opérations passées, nous croyons que cela appartient au
passé de toute la société et non seulement à ceux
qui suivent les traces des prédécesseurs.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre, je dois vous
souligner que vos 20 minutes sont maintenant écoulées.
Peut-être qu'avec le consentement des membres de ta commission, on peut
prolonger cette période
de quelques minutes.
M. Savoie: L'AMMQ, je pense que ce sont les plus importants
intervenants du secteur minier.
Le Président (M. Kehoe): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Je pourrais peut-être prendre mes 20 minutes et
on verra ensuite.
M. Savoie: On verra.
M. Théorêt: M. le Président, il est
évident que le critique officiel de l'Opposition aurait droit au
même temps supplémentaire qu'on accorderait au ministre, s'il le
veut bien. Étant donné l'importance de la
délégation, si le député d'Ungava n'y voit pas
d'objection, je peux lui dire que tout le temps supplémentaire
accordé au ministre lui serait, évidemment, alloué
également.
M. Claveau: Je me rappelle qu'on a déjà fait des
représentations semblables à d'autres occasions au
député de Vimont et qu'on avait eu des réponses assez
draconiennes de sa part. Je ne sais pas s'il serait bienvenu que je fasse des
réponses semblables à celles qu'il nous a déjà
faites à d'autres occasions. Toujours est-il...
Le Président (M. Kehoe): Peu importe, M. le
député.
M. Claveau: ...que j'aimerais bien avoir mes 20 minutes avant de
prendre une décision.
M. Savoie: Est-ce acceptable dans les normes, M. le
Président?
Le Président (M. Kehoe): Cela dépend des membres de
la commission. C'est à vous de décider.
M. Savoie: Eh bien, M. le député d'Ungava, je ne
sais pas quelle sorte de rapport vous avez avec mon ami, le
député de Vimont, mais je pense qu'on s'est toujours bien
entendus, en somme, pour accorder le temps requis. Précisément,
je crois que l'importance de la délégation, l'importance de son
mémoire et l'importance qu'ils ont auprès de l'industrie
minière nous obligent à leur accorder un peu plus de 20 minutes.
Je serais d'accord pour que l'on partage ce temps additionnel de façon
équitable.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre, tel que
prévu à l'ordre du jour, si le député d'Ungava
exige d'utiliser dès maintenant...
M. Savoie: Ses 20 minutes, je suis d'accord.
Le Président (M. Kehoe): ...son droit de parole de 20
minutes, il en a le droit. Mais s'il est prêt à vous accorder le
droit de poursuivre encore quelques minutes pour compléter vos
questions, c'est à lui d'en décider.
M. Claveau: Bon, je vais intervenir pendant mes 20 minutes et on
pourra prolonger ensuite de quelques minutes pour permettre au ministre de
conclure.
Le Président (M. Kehoe): M. le député
d'Ungava.
M. Cannon: M. le Président, si vous me le permettez,
seulement une petite mise au point sur la réflexion de mon
collège d'Ungava qui disait que, dans d'autres circonstances,
l'Opposition avait fait des demandes similaires et que les
députés ministériels n'avaient pas agréé
à ces demandes. Je voudrais rappeler à mon collègue
d'Ungava qu'il s'agissait des engagements financiers...
M. Claveau: Non, il s'agissait de la Loi sur les mines...
M. Cannon: ...et que la période qui avait
été prévue, justement, n'avait pas été
utilisée de votre côté comme il fallait l'utiliser. Vous
étiez partis sur une autre tangente, alors que nous recevons ici des
gens en auditions.
Le Président (M. Kehoe): Le message de chaque
côté étant passé, je donne la parole au
député d'Ungava.
M. Claveau: Je voudrais préciser, M. le Président,
pour mon collègue, le député de La Peltrie, que je parlais
de la Loi sur les forêts et de la loi sur la construction.
Cela dit, je veux d'abord, au nom de l'Opposition, souhaiter la
bienvenue à tous les représentants, qui sont en grand nombre
d'ailleurs, des deux associations, soit l'Association des mines de
métaux du Québec et l'Association des mines d'amiante du
Québec.
Leur présence ici aujourd'hui témoigne de l'importance
qu'ils donnent à ce projet de loi. Cela nous oblige aussi à
considérer sérieusement leurs points de vue et leurs critiques.
Dans ce sens, j'irais même jusqu'à dire que je suis tout à
fait disposé à ce que, par la suite, lorsqu'on aura
terminé cette consultation, en utilisant certains mécanismes qui
nous sont permis dans la Loi sur l'Assemblée nationale, la commission se
transforme en genre de comité de travail qui pourrait nous permettre
d'étudier beaucoup plus à fond vos revendications et celles
d'un
certain nombre d'intervenants qui vous ont précédés
et qui avaient également pas mal de choses à dire sur ce projet
de loi. (11 heures)
Le ministre aurait peut-être avantage à
réfléchir à cette orientation pour ce qui est des travaux
de la commission, car à partir du moment où il a
déposé le projet de loi à l'Assemblée nationale, il
ne lui appartient plus, il appartient aux parlementaires. Dans ce sens, toute
discussion positive pouvant bonifier le projet de loi devrait se faire dans le
respect de la procédure parlementaire, en présence des
parlementaires qui composent cette commission.
J'ai relevé plusieurs questions dans votre texte qui sont toutes
de fond et toutes importantes. Je vais, pendant les quelques minutes qui me
restent, vous en poser quelques-unes pour avoir des éclaircissements.
Une première question se rattache à toute la problématique
de la discrétion ministérielle que vous relevez aux pages 32 et
33 de votre mémoire, alors que vous identifiez 39 articles où la
discrétion ministérielle est mentionnée. Je puis vous
dire, en ce qui nous concerne, que nous avons relevé exactement 82
articles qui utilisent un certain nombre d'expressions se rattachant à
la discrétion ministérielle. Entre autres, je suis surpris de ne
pas retrouver l'article 112 dans votre liste d'articles, qui dit: "Toutefois,
le ministre peut, lorsqu'il le juge à propos, prolonger ce délai
aux conditions, moyennant le versement des droits et pour la période
qu'il fixe." Si ce n'est pas une discrétion ministérielle, je ne
sais pas comment il faut l'appeler.
J'aimerais entendre votre point de vue concernant les 82 articles qui
font allusion à la discrétion ministérielle dans le projet
de loi et ce que vous voudriez que nous défendions comme point de vue
face à cette approche plutôt évasive du ministre quant aux
possibilités d'intervention.
M. Thibodeau: Je vais demander à M. Roberge de citer les
deux ou trois exemples qui nous apparaissent les plus importants.
M. Claveau: Merci.
M. Roberge: À l'article 31, par exemple, des travaux
peuvent être autorisés, mais assortis de certaines conditions.
À notre avis, il serait très utile et opportun de prévoir
quels critères, conditions et obligations pourront être
imposés pour ces travaux. S'il n'y a pas de critères ou si on
n'en imagine pas, l'autorisation est peut-être superflue. Mais le sens
qu'on donne à toute cette discrétion, c'est le fait qu'on ne sait
pas - on est dans l'insécurité - quel genre de conditions seront
imposées pour ces travaux.
À l'article 76, le ministre peut aussi ordonner, pour des motifs
d'intérêt public, la cessation des travaux d'exploration. En
termes de jurisprudence, l'intérêt public, c'est la santé,
la sécurité et l'hygiène publique. Dans le domaine des
mines, l'intérêt public c'est quoi? On ne le sait pas. L'article
286 nous en donne un aperçu, mais je vois mal l'intérêt
public faire un inventaire ou installer un pipeline. Ce sont des choses
d'intérêt privé plutôt que public, à mon avis,
jusqu'à maintenant.
L'article 106 est intéressant. Cet article dit qu'un
concessionnaire, sur les terres du domaine public, pourra vendre ou louer une
partie de ses terrains ou de ses constructions, mais aux conditions
imposées par le ministre. C'est une autre série de
critères de discrétion qu'on devrait baliser. Il faut indiquer
les critères. Dans le domaine minier, c'est sûr qu'il est
important d'avoir de la discrétion, car chaque territoire a ses
particularités. Il faut avoir une certaine discrétion, car ce
n'est pas comme deux et deux font quatre. Cependant, on devrait au moins avoir
des critères et des balises importantes.
Dans le domaine de la discrétion, comme remarque
générale, une délégation peut être faite,
selon l'article 287, à toute personne. On demanderait d'examiner les
divers pouvoirs discrétionnaires de façon que la
délégation ne puisse s'effectuer que dans certains cas
particuliers. Si on veut céder un pouvoir à un fonctionnaire en
vertu de l'article 31 ou 76 ou 106 ou un des autres que vous avez
recensés, on devrait se demander: Est-ce une décision
suffisamment importante pour que le ministre le conserve ou si c'est une
décision qu'un fonctionnaire dans son quotidien peut appliquer, comme
l'acceptation de travaux ou des choses comme cela?
Un autre exemple de discrétion où on aimerait qu'une
réflexion se fasse aussi, c'est sur les articles 98 et 265. Par exemple,
l'article 98 fait en sorte qu'un droit minier tombe si, dans l'optique de la
personne qui examine les titres miniers, le détenteur des droits miniers
n'aurait pas satisfait à la loi ou aux règlements. C'est une
question d'appréciation et même peut-être
d'interprétation de la loi et des règlements. Alors, le droit
tombe, mais ce n'est pas une décision, c'est un aspect automatique.
Pourtant, l'article 265, pour la même raison: le non-respect de la
loi ou des règlements, permettrait au ministre ou à une personne
déléguée de suspendre ou de révoquer les droits
miniers. Mais cette décision comporte un droit d'appel par l'article
278, ce qui nous apparaît être une protection. On se demande de
quelle façon la discrétion sera utilisée et selon quel
critère on laissera purement et simplement tomber un droit, alors que,
pour les mêmes motifs, on pourrait poser un geste et décider de
suspendre ou de révoquer, ou d'utiliser une
autre discrétion.
M. Claveau: Je vous remercie de votre réponse qui
m'amène à une autre question concernant la réglementation
telle que vous la traitez en page 37 de votre mémoire où vous
dites: "II nous semble que !a loi - c'est le troisième paragraphe, vers
le milieu de la page - devrait contenir une base sur laquelle on peut compter,
c'est-à-dire des règles de fond et les règlements ne
devraient s'occuper que de la forme." Vous voulez par là, je pense,
cerner dans la loi un certain nombre de grands principes sur lesquels la
réglementation n'aurait pas d'effet. Mais j'aimerais que l'on me
précise quels sont ces grands principes, les lignes de fond dont il est
question là-dedans. Je suppose que vous avez réfléchi
là-dessus, parce que, dans le fond, vous semblez vouloir diviser
l'aspect réglementation en deux. Il y a des choses qui doivent
être des grandes lignes maîtresses de fond et que l'on devrait
introduire dans la loi, mais vous laissez quand même un certain pouvoir
réglementaire qui peut être important.
M. Roberge: Oui. Je vais vous donner un exemple. Ce qui nous a
amenés à faire cette remarque-là d'abord, c'est le fait
que la loi actuelle prévoit que des travaux d'exploration et de mise en
valeur sont admissibles. Il faut réaliser ces travaux pour maintenir des
droits, des claims, et les renouveler. De plus, la nature et le coût des
travaux restreints uniquement à des travaux d'exploration seront
déterminés par règlement, ce qui est facilement
changeable. Cela comporte un aspect pratique pour accélérer le
mouvement et, si l'économie fait en sorte que les travaux devraient
être haussés de 10 %, cela peut être facilement fait, mais
il s'agit tout de même d'une norme de fond. Alors, ce genre de norme qui
peut être couverte par l'article 288, paragraphe 5° "fixer les
conditions d'exercice d'un permis ou d'un bail", devrait se retrouver dans la
loi. Au moins, qu'on y indique les critères au lieu d'indiquer
simplement qu'un règlement va prescrire la nature des travaux. La nature
des travaux, c'est large, c'est vague. Quels seront les travaux? On ne le sait
pas. Probablement les mêmes, mais déjà le règlement
dont on a entendu parler prévoit une hausse de 2,5 % d'une façon
générale. Est-ce que l'industrie minière peut
réaliser une augmentation de 2,5 %? Je ne le sais pas, je
n'ai pas fait l'étude de cela.
M. Thibodeau: En fait, ce que l'on veut éviter, c'est que
la réglementation ne devienne plus importante que la loi, dans le sens
que la réglementation porte en elle-même une série de
principes de fond que l'on devrait normalement trouver dans la loi.
Or, évidemment, c'est pour empêcher des conflits que tout
le monde connaît et qu'à un moment donné une personne
puisse prendre en main ou établir un règlement et
qu'effectivement ce ne soit pas du tout selon l'économie de la loi.
Alors, c'est la remarque générale que l'on veut faire.
Qu'il y ait de la discrétion, cela va, c'est normal et, on l'a
fait remarquer, il en faut. Ce n'est pas blanc et noir, ce n'est pas toujours
clair, il faut une discrétion. Mais lorsqu'elle s'exerce, on voudrait
qu'elle s'exerce sur une série de principes qénéraux sur
lesquels les gens se sont entendus et ont compris lorsqu'ils ont adapté
cette loi. Effectivement, il y avait des principes généraux
suprêmes sur lesquels la réglementation peut s'appuyer. Or, c'est
ce qu'on a voulu faire ressortir.
On a vu des exemples dans d'autres lois qui n'ont rien à voir
avec la Loi sur les mines ou le ministère de l'Énergie et des
Ressources, où vraiment la réglementation était devenue la
loi. Je ne donnerai pas d'exemple.
M. Claveau: Je vous remercie. Vous m'excuserez de passer un peu
du coq à l'âne parce que votre mémoire est très
condensé et on n'a quand même pas beaucoup le temps, comme le
ministre lui-même l'a dit tout à l'heure.
J'aurais une autre question à vous poser concernant le principe
que vous avancez, en page 23 de votre mémoire, sur la cohabitation entre
les différents secteurs. Vous dites, d'une part, que l'industrie
minière devrait prospecter partout, qu'on devrait pouvoir intervenir
partout où on a envie de le faire, tout en s'adaptant à certaines
conditions du milieu et à des normes restrictives. Vous dites que
l'industrie minière peut coexister sans problème, qu'elle n'a
quand même pas un impact environnemental énorme, que,
historiquement, on peut démontrer que l'industrie minière
n'affecte pas en soi le comportement environnemental. Vous dites aussi qu'il y
a moyen d'articuler l'industrie minière partout sur le territoire avec
d'autres activités. En fait, c'est comme cela que j'interprète
votre intervention là-dessus.
Par contre, quand on parle de coexistence de deux types d'exploitation
minière ou de deux types d'utilisation de la ressource minérale
sur un même territoire, déjà, il y a de grosses
réserves. Comment pouvez-vous, d'une certaine façon, avoir
d'énormes réserves quant à la coexistence à
l'intérieur même de l'industrie et venir dire, tout de suite
après, qu'il n'y a pas de problème, que l'industrie peut
s'articuler avec à peu près n'importe quel milieu, qu'on peut
prospecter partout et, que des problèmes, on en n'aura pas?
Je comprends mal. Si on est capable de coexister avec n'importe quel
autre milieu,
récréologique ou faunique, de protection naturelle ou
n'importe quoi, pourquoi n'en arriverait-on pas encore plus facilement à
faire coexister sur un même territoire, sur une même entité,
deux exploitants de ressources minérales différentes?
M. Thibodeau: Pourriez-vous préciser un peu ce point
particulier en nous donnant un exemple sur...
M. Claveau: Deux exploitants de ressources différentes. On
parlait de la tourbe tout à l'heure...
M. Thibodeau: Ah! bon. Tout à l'heure, l'exemple du
ministre, d'accord. Jean.
M. Roberge: Votre question comporte deux volets. Sur la question
de la coexistence de deux exploitants différents, il me semble qu'il est
possible qu'une loi fasse ressortir clairement que, s'il y a deux substances
minérales à être exploitées, elles ne sont pas
incompatibles, elles sont compatibles. Si les détenteurs des droits
miniers n'agissent pas de façon à réaliser la
récupération optimale d'une substance minérale, les
autorités devraient avoir la chance de faire valoir que la coexistence
devrait se faire. Si elle ne se fait pas, on devrait le faire d'autorité
si nécessaire.
Vous avez mentionné, dans un autre volet la coexistence avec les
parcs, la faune ou les cours d'eau. On remarque, dans le projet de loi,
diverses exclusions, par exemple, les cours d'eau. On exclut les cours d'eau
ayant un potentiel de 225 kilowatts. Pourquoi les exclure à l'avance
alors qu'il serait très possible de faire de la prospection et de
l'exploitation partout et, si un besoin énergétique,
hydroélectrique, se fait sentir dans dix, quinze ou vingt ans,
peut-être que l'exploitation du gisement qui aura été
trouvé sera terminée, mais l'hydroélectricité sera
encore là. S'il n'y a pas de gisement, on saura au moins le potentiel
minier qu'on sacrifie ou dont on bénéficie. Dans le cas des
parcs, réserves écologiques et de toute autre terre qui serait
louée à des fins autres que minières, il s'agirait, selon
les intérêts des promoteurs de parcs ou d'installations
sociorécréatives ou socioculturelles, de prévoir un
encadrement particulier. Dans une réserve écologique,
évidemment, la prospection peut être légère de
façon à savoir si le sous-sol contient des ressources
minérales intéressantes. Il viendra peut-être un moment
où, ayant suffisamment de renseignements, on se dise: Est-ce que la
réserve peut se tasser un peu ou peut laisser place à une
exploitation minière, ou si c'est impensable? Au moins, on aura toutes
les données en main pour prendre une telle décision. Ce sera, en
fait, la promotion de la prospection, de la recherche minérale.
(11 h 15}
M. Drouin: M. le député, le problème que
l'on veut souligner quand on parle de coexistence, ce que l'on reproche quand
on regarde le projet de loi, c'est qu'il existe, dans la description des
terrains, ici, des terrains qui sont concédés ou loués
à des fins autres que minières. On donne à ces gens le
pouvoir d'entrer sur des terrains qui sont couverts par des droits miniers sans
qu'ils aient à demander de permission. On s'installe, tandis que, nous,
il faut toujours demander la permission. La question de travailler ensemble
avec les parties, ce n'est pas si mal pour notre part. On n'est pas en
désaccord avec cela. Quand on parle de droits de passage, ils sont
donnés d'une façon absolue sans qu'on ait à les demander
à quelqu'un. Par exemple, si on veut passer une ligne, un
oléoduc, une ligne de transmission électrique, les droits sont
donnés d'une façon absolue. On n'a pas de permission à
demander, c'est donné comme cela. Ce n'est pas ce qu'on appelle de la
coexistence. On s'impose, en d'autres mots. Si on prévoyait dans le
projet de loi, lorsque deux droits entrent plus ou moins en conflit, de donner
la chance aux parties de s'harmoniser entre elles, là, on dit qu'on peut
s'entendre, mais l'imposer de droit comme cela... Par exemple, dans les
gravières, pour les gens qui ont des baux miniers, il est possible pour
tous et chacun d'aller piger sur le terrain du voisin aux fins de la couronne,
et ceci sans dédommager l'exploitant minier. Quand on a une
carrière ou une propriété qui est sur une
propriété minière, qu'une entreprise utilise à ses
fins, il n'y a pas de mal, en d'autres mots, à ce que l'autre vienne
chercher du gravier chez nous. Mais, quand on dit que ceci va se faire sans
dédommagement, cela devient une forme de coexistence difficile. En
d'autres mots, si on utilise des biens communs, il me semble qu'il faut
partager les coûts communs. Par exemple, il y a un droit qui est
donné au ministre de déposer des rejets miniers sur un claim
voisin - les articles, je ne les ai pas très fortement à la
mémoire - mais, encore une fois, cela se fait d'une façon
autonome. On est prêt à ces activités, mais on voudrait que
cela se fasse en consultation et, s'il y a des coûts qui se rattachent
à cela, prévoir le droit de participer aux coûts.
M. Claveau: Je suis tout à fait d'accord avec vous, en ce
sens que ce n'est pas à un ministre sectoriel à restreindre les
activités de son propre secteur. Il devrait plutôt essayer de leur
donner de l'importance en les augmentant. Quant à l'aspect, à la
forme négative qu'on retrouve souvent dans la loi, votre remarque
était très pertinente. Vous disiez: Enlevons cela tout de suite
parce qu'on a l'air de quelqu'un qui va quémander des droits alors que
l'industrie
minière est importante et, au contraire, elle devrait s'imposer.
Par contre, vous dites, en page 25 de votre mémoire: "L'industrie
minière croît fermement que la prospection devrait être
ouverte partout." C'est très peu restrictif, vous serez d'accord avec
moi. Je ne sais pas si la phraséologie dépasse votre
pensée quand vous dites cela.
M. Drouin: M. le Président, le mot "prospection", le mot
"recherche", cela ne fait pas plus de mal à un géologue qui se
promène en forêt avec un marteau pour casser une roche que cela va
faire mal à quelqu'un qui se promène avec un Kowa pour
photographier les oiseaux. C'est cela la recherche, le droit de prospecter.
Il y a un problème qu'il faut concevoir dans l'industrie
minière. Quand on parle des droits de surface, la géologie de
surface - on peut reconnaître, par exemple, les substances
minérales de surface - c'est relativement facile. L'exploration n'est
pas compliquée à faire. Quand on parle des droits souterrains, on
connaît une quantité de gens, de géologues qui ont
séjourné au-dessus de gîtes miniers pendant longtemps pour
s'apercevoir quelques années après qu'ils avaient couché
sur une mine depuis longtemps, qu'ils cherchaient tout partout, excepté
à l'endroit où ils étaient campés. C'est l'exemple
de Kidd Creek, en Ontario. C'est peut-être la plus grosse mine de
métaux La Kidd Creek en Ontario, mon Dieu, les géoloques ont
passé là-dessus des instruments aéroportés pour
reconnaître cela pendant des années. Tout à coup, il y a
quelqu'un qui a décidé d'aller voir; pour quelle raison, on ne le
sait pas.
Le problème de la ressource minérale, c'est pratiquement
une loterie. Il faut la voir où elle est, mais, malheureusement, comme
dit le mémoire, c'est une question d'immobilité. Il faut la
prendre où elle est. On ne demande pas de privilège. Il me semble
que c'est un droit de respecter la ressource naturelle, la ressource
minérale, de la même façon qu'on respecte les autres
ressources naturelles. Il y a moyen d'apprendre à vivre en
société, en s'occupant de la ressource minérale.
Le Président (M. Kehoe): M. Drouin, je désire
souligner que les vingt minutes accordées au député
d'Ungava sont écoulées.
M. Théorêb M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Je donne la parole au
député de Vimont.
M. Théorêt: J'aimerais proposer aux membres des deux
côtés, étant donné que nous avons un mandat de
l'Assemblée nationale pour continuer jusqu'à 12 h 30 aujourd'hui,
qu'on puisse poursuivre avec les membres de cette association jusqu'à 11
h 30, ce qui n'enlèverait pas le temps à l'association qui suit,
qui doit avoir une heure. Cela répartit le temps à parts
égales.
M. Claveau: J'accepte cette proposition. On a chacun cinq
minutes, si je comprends bien. Parfait!
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre, est-ce que vous
voulez échanger avec les membres de la délégation?
M. Savoie: Je trouve bien malheureux qu'on ait seulement cinq
minutes additionnelles, ce n'est pas beaucoup.
Le Président (M. Kehoe): C'est à la
discrétion des membres de la commission s'ils veulent allouer plus de
temps. Par contre, il y a un autre groupe qui va être entendu
immédiatement après et on a prévu une heure. C'est tout
à fait normal que la proposition faite soit maintenue.
M. Savoie: D'accord, M. te Président. Toutefois, je
vaudrais inscrire ma dissidence. Je trouve qu'une période de dix minutes
n'est pas suffisante, étant donné l'importance de la
délégation. C'est la première délégation qui
amène tant de monde. Je pense que les points qu'elle soulève sont
des points de fond. On aurait tout à gagner de l'échange. Si vous
me dites qu'on a un mandat de l'Assemblée nationale indiquant qu'on doit
terminer à 12 h 30 et étant donné que les gens de Kativik
doivent nécessairement se faire entendre ce matin, on doit se
résigner. Je suis sûr qu'il y aura lieu d'avoir des
échanges additionnels.
Le Président (M. Kehoe): Je cède la parole au
député d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, je voudrais juste rectifier,
pour le bénéfice de tout le monde, que les horaires ont
été négociés entre les leaders des deux formations
politiques et que, si le ministre avait des représentations à
faire, elles auraient pu être faites à ce moment pour, s'entendre
sur les organismes auxquels on aurait voulu donner, au départ, plus de
priorités. Comme le disait si bien le député de Vimont, on
a un mandat de l'Assemblée nationale qui a été
négocié par les deux leaders et on devra s'y conformer.
M. Savoie: On a commencé à 10 h 15. On aurait
dû avoir une demi-heure additionnelle, c'est cela. Là, on se
ramasse avec dix minutes additionnelles.
Le Président (M. Kehoe): L'ordre de l'Assemblée
nationale est de terminer les travaux à 12 h 30, et il reste une
heure
pour le deuxième groupe. Il est 11 h 20 maintenant; il reste
moins de dix minutes. Je cède la parole à M. le ministre.
M. Savoie: Vous êtes trop bon, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Merci.
M. Savoie: II faut aller rapidement, malheureusement. J'ai un peu
de difficulté à comprendre votre point de vue en ce qui concerne
le pouvoir réglementaire. Vous dites que le pouvoir réglementaire
du projet de loi est plus important que celui de la loi actuelle. Toutefois, on
a eu deux mémoires dont un du Barreau du Québec qui
prétend exactement le contraire, qui dit qu'il n'y a pas de
différence entre la loi telle qu'elle existe aujourd'hui et le projet de
loi à l'étude.
M. Roberge: II faudrait revoir ce que le Barreau disait
exactement. Ce qu'on veut mentionner par notre mémoire, c'est que les
règles de fond qu'est actuellement la question de la quantité de
travaux à réaliser pour renouveler et maintenir les droits
miniers, on souhaiterait que cela soit conservé dans la loi, et non dans
un règlement, de façon que ce soit l'Assemblée nationale
qui protège l'évolution et la conservation de ces droits et qu'il
n'y a pas une évolution trop rapide.
M. Savoie: Tantôt, on a parlé des choses qui sont
dans les pouvoirs réglementaires et qui devraient être dans la
loi. Je crois que le jalonnement sur carte et les permis spéciaux sont
actuellement dans les règlements.
M. Roberge: Ce qu'on suggère à ce sujet, c'est de
mettre la désignation sur carte dans la loi. Les aménagements
prévus à l'article 65 aussi, qui ne sont pas tellement nombreux,
pourraient faire l'objet d'un article, parce que ce sont des points importants.
Cela serait une protection de l'Assemblée nationale que ces choses de
fond se retrouvent dans la loi. La désignation sur carte, il semble que
ce soit prévu d'une façon assez concrète actuellement. Ce
ne serait pas difficile de la mettre en annexe.
M. Savoie: Actuellement, je crois que les permis spéciaux
et le jalonnement sur carte sont dans les règlements. Nous les avons
incorporés dans le projet de loi. Évidemment, il y a des choses
qu'on a mises dans le règlement, mais on tenait compte beaucoup de la
nouvelle loi sur les règlements qui prévoit des avis de 45 jours
et qui donnent un peu le temps de réagir. On visait tout l'aspect de
l'efficacité, de la capacité d'intervenir rapidement. On croit
que les points que vous avez soulevés au sujet du pouvoir
réglementaire méritent des considérations
additionnelles.
Quant au pouvoir discrétionnaire et au pouvoir d'administration,
d'abord, pour ce qui est du pouvoir de délégation, nous sommes
d'accord et je pense qu'il y a une orientation actuellement à
l'étude que vous trouverez acceptable. Nous sommes en train de revoir en
quelque sorte l'application de l'article 287 pour le baliser un peu plus afin
d'éliminer tout au moins en grande partie vos craintes. Pour ce qui est
de la discrétion, notre lecture de la loi nous dit qu'une seule
discrétion pourrait vraiment jouer, disons, d'une façon
défavorable. C'est l'article 16 dans lequel, effectivement, le ministre
a vraiment un pouvoir de contrôle. Pour ce qui est de tous les autres
articles, ils sont toujours en faveur de l'industrie, c'est-à-dire qu'on
dicte un principe: il n'y a pas de jalonnement dans un parc. Mais, on dit:
toutefois, le ministre peut... On ne peut pas jalonner là où des
conditions de coexistence sont absolument nécessaires. On parle d'un
centre de ski. Alors, si on commence à jalonner le mont Sainte-Anne et
à faire des travaux d'exploration, cela soulève des
problèmes. On dit, par contre: Le ministre peut, à des conditions
qu'il jugera convenables. En présumant qu'il y aura rencontres et
discussions entre les propriétaires et la compagnie d'exploration, on
pourra en arriver à une entente qui pourrait autoriser le ministre, dans
laquelle le ministre pourrait puiser son autorisation, parce qu'il y aura eu un
consensus entre les deux pour permettre les travaux. On voit cela comme
favorable à l'industrie. On voit mal...
M. Thibodeau: Ce que vous soulevez est très important,
c'est-à-dire que, dans plusieurs de ces articles où on voyait
discrétion, on aurait pu les lire effectivement dans te sens que vous le
dites.
M. Savoie: C'est cela, oui.
M. Thibodeau: Mais mettez-vous à notre place. On
représente l'industrie et on n'aime pas voir des aspects importants de
notre entreprise dans le pouvoir discrétionnaire. Vous avez parfaitement
raison: à plusieurs endroits, on aurait pu le lire dans le sens que vous
le dites.
M. Savoie: Oui.
M. Thibodeau: C'est vrai, on vous l'accorde, mais on n'aime pas
trop courir de risque dans ce sens-là.
M. Savoie: C'est toujours Kafka qui revient et qui hante cette
commission, et un peu avec raison.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre, je dois
souligner que votre temps est maintenant écoulé, selon l'entente;
les cinq minutes sont déjà écoulées,
malheureusement.
M. Savoie: Seulement une minute pour conclure.
Le Président (M. Kehoe): D'accord, en conclusion.
M. Savoie: D'accord, rapidement. En conclusion, je crois que vous
reconnaissez facilement toute l'attention qu'on porte à votre
mémoire. Les échanges qui sont commencés ne doivent pas
être considérés comme terminés par cette commission;
les échanges vont continuer. Plusieurs points ont été
soulevés dans votre mémoire qui ont fait l'objet de grandes
discussions et même de modifications à l'intérieur du
projet de loi. Je suis certain que d'autres seront soulevés lors des
échanges futurs qu'on aura afin de modifier davantage la loi selon les
orientations que vous avez indiquées. On vous remercie pour le temps que
vous consacrez à ce projet de loi et pour le travail très
précis que vous avez fait dans votre mémoire. On vous assure de
notre coopération continue dans les travaux et dans l'avancement de ce
projet de loi.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le ministre. Je
reconnais le député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Étant
donné que mon temps est limité, je vais être très
concis dans mes questions.
Tout à l'heure, on a soulevé brièvement un point
concernant la durée des permis de prospection. En fait, on faisait
référence aux articles 20 et 21. L'article 20 parlait d'un permis
de cinq ans, que vous disiez raisonnable. Par contre, l'article 20 est assorti
de l'article 21, qui dit que le titulaire doit porter sur lui son permis
continuellement. En tant que qens qui travaillent dans le domaine des mines et
qui savent de quoi ils parlent quand il s'agit de mines, ne trouvez-vous pas
que les articles 20 et 21 sont très restrictifs et peuvent mener
à des abus? N'importe qui voulant sortir qui que ce soit d'une ZEC ou
d'un milieu écologique contrôlé peut toujours essayer de
démontrer qu'il était en train de prospecter parce qu'il avait
ramassé une roche au-dessous d'une souche et réussir à le
faire condamner et à le faire exclure de son terrain comme étant
un prospecteur n'ayant pas son permis ou ne le portant pas sur lui Ne
croyez-vous pas que ces articles ouvrent encore une porte à de nouveaux
abus?
M. Roberge: Je ne crois pas que cela donne lieu à des
abus. Vous voulez dire qu'une personne se promenant avec son permis de
prospecteur peut aller déranger ou prospecter, sous prétexte de
prospection, peut aller fouiner un peu partout?
M. Claveau: Je veux dire que certains individus ou certaines
associations utilisent ces articles pour exclure quelqu'un d'un territoire du
domaine public sous prétexte qu'il aurait prospecté alors qu'il
n'avait pas son permis, ou qu'il ne l'avait pas sur lui, ou qu'il ne
détenait pas de permis. Ce qui, actuellement, ne peut pas exister parce
que quiconque peut prospecter à sa guise et, après, aller se
chercher un permis pour "claimer". (11 h 30)
M. Roberge: Non, je ne crois pas, car l'exhiber sur demande
à tout fonctionnaire du ministère, ce n'est pas
nécessairement l'exhiber à toute personne qui le lut demande dans
la forêt, un responsable d'une 7EC ou un autre. Je ne croirais pas qu'il
y ait d'abus de la part des pourvoyeurs et des utilisateurs de TEC. Je ne vois
pas d'abus dans cela. Je suis peut-être naïf, mais je ne vois pas
d'abus.
M. Thibodeau: Cela ne nous est pas apparu évident qu'on se
ferait poursuivre par tout le monde et nous faire dire: Montrez notre permis.
La loi dit que vous devez le détenir sur vous personnellement. Il
pourrait peut-être y avoir des cas, mais cela ne nous est pas apparu
comme cela.
M. Claveau: Je vous pose la question parce que c'est une remarque
qui m'a été faite en fin de semaine par des prospecteurs.
M. Thibodeau: D'accord.
M. Claveau: Je crois que mon temps tire à sa fin aussi. En
ce qui concerne le renouvellement des claims, vous avez parlé tout
à l'heure, dans votre présentation, de cette question. Vous voyez
l'hypothèse que cela se réduise à un seul renouvellement,
puis, après quatre ans, il faut passer au stade de l'exploitation.
J'aimerais vous demander si vous êtes d'accord pour que le
renouvellement des claims se fasse à l'infini, qu'on puisse garder un
claim pendant 25 ou 30 ans en ayant à le renouveler et à faire
juste les travaux minimums dessus, ou si vous croyez qu'il ne serait pas bon
pour l'industrie minière de fixer une limite de temps où on doit
avoir son claim et, s'il n'y a pas d'exploitation qui est faite sur ce claim
après un certain temps, ou s'il n'y a pas de rapport final de travail
sur ce claim, s'il ne devrait pas être libéré pour
permettre à d'autres d'intervenir et, peut-être, à partir
de nouvelles techniques ou d'une approche, d'une analyse différente,
trouver quelque chose ou, enfin,
le rendre rentable pour la société
québécoise.
M. Boissonneault (Jean): Je vous ferai remarquer que garder un
claim, c'est quand même onéreux. C'est-à-dire que
quelqu'un, comme vous dites, qui s'assied sur une propriété, s'il
veut s'asseoir comme cela, cela lui coûte cher. Ne trouvez-vous pas non
plus qu'il est quand même juste et raisonnable qu'un prospecteur qui
trouve une compagnie, qui trouve quelque chose, qui, disons, est marginal
aujourd'hui, non économique, puisse au moins avoir ce privilège,
étant donné qu'il l'a découvert, qu'il puisse au moins
s'asseoir dessus et attendre pour que, lorsque les conditions
économiques seront favorables, il puisse l'exploiter? Ce serait au
contraire à son détriment s'il ne pouvait pas le faire,
puisqu'à ce moment-là, une tierce partie pourrait, par la suite,
l'acquérir sans l'avoir trouvé, par exemple.
Le Président (M. Kehoe): Merci. M. le
député, votre temps est maintenant écoulé.
M. Claveau: Est-ce que je peux conclure?
Le Président (M. Kehoe): Oui, justement.
M. Claveau: Je vous remercie, M. le Président. Au nom de
l'Opposition, je veux remercier tous les intervenants, tous les
représentants de l'Association des mines de métaux du
Québec et l'Association des mines d'amiante du Québec pour
l'excellente collaboration qu'ils ont donnée aux parlementaires dans
l'étude de la préparation de ce projet de loi et aussi pour tout
le travail qu'ils ont mis à développer une argumentation valable,
une argumentation que l'on ne pourra sûrement pas passer sous
silence.
Si le ministre accepte que la commission parlementaire se transforme en
comité de travail, en fonction des possibilités qui nous sont
données dans la Loi sur l'Assemblée nationale, je souhaite qu'il
soit possible de continuer ce débat avec vous et de voir jusqu'à
quel point on peut bonifier au maximum cette loi pour faire en sorte que ce
soit une véritable Loi sur les mines et non pas juste un paravent qui va
être très difficile à appliquer. Merci pour votre
présentation.
Le Président (M. Kehoe): C'est bien évident que, si
on avait plus de temps, la discussion pourrait se poursuivre pendant plusieurs
heures. Mais on a un ordre du jour assez restreint et il faut absolument passer
au prochain groupe qui va être entendu. Je vous remercie de vous
être présentés ici ce matin.
Je demande maintenant aux représentants de l'Administration
régionale Kativik de prendre place, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! Je souhaite la bienvenue aux
représentants de l'organisme Administration régionale Kativik. Je
demande aux personnes responsables de s'identifier, s'il vous plaît.
Administration régionale Kativik
M. Kleist (Tikile): Mr. Tikile Kleist, Vice Chairman of the
Kativik Regional Government.
Le Président (M. Kehoe): Les autres membres.
M. Audette (Denis): Denis Audette, responsable en environnement
pour l'Administration régionale Kativik.
M. Barrett (Michael): Michael Barrett, Head of Department for
Environment and Resource Management of Kativik Regional Government.
Le Président (M. Kehoe): We wish to welcome you here
today. Would you, please, mention who is the responsible for the presentation
of the mémoire. Voulez-vous nous dire qui est le responsable de la
présentation du mémoire, s'il vous plaît?
M. Kleist: I am the responsible of this presentation.
Le Président (M. Kehoe): Go right ahead!
M. Kleist: Good.
Le President (M. Kehoe): Excuse me for one second. Just before
beginninq, I want to mention the fact that you have twenty minutes for your
presentation and twenty minutes for the Government's side, twenty minutes for
the Opposition, to exchange with you people.
M. Kleist: As I said, I do not speak French; so I am going to
make the presentation in English.
Mr. Chairman and Committee Members. My name is Tikile Kleist. I am the
Vice Chairman of the Kativik Regional Government and the Kativik Regional
Development Council.
On my right, I have Michael Barrett, who is head of the Environment and
Resource Management Department. On my left is Mr. Denis Audette, who is an
environmental specialist for the Kativik Regional Government.
We are pleased to have this opportunity to comment on the Mining Act.
The James
Bay and Northern Québec Agreement and the resulting legislation
has given the Kativik Region a special relationship as concerns the Environment
and Future Development North of the 55th parallel.
The Kativik Regional Government is a supramunicipal organization
incorporated under the Act respecting Northern villages and the Kativik
Regional Government. The Kativik Regional Government has jurisdiction over all
of the territory of Québec located north of the 55th parallel.
Furthermore, Kativik Regional Government benefits from certain privileges at
the regional administrative level, such as health and social services,
education, economic development and the environmental protection regime
described in Chapter 23 of the James Ray and Northern Québec Agreement.
It acts as a municipality for all the lands outside of the 13 Northern villages
situated along the coast of Hudson Bay, Hudson Strait and Ungava Bay.
The Kativik Region is largest about one third of the Province of
Québec. The only operating mine was the one of Asbestos Hill. However,
our region possesses tremendous potential. There have been a number of
discoveries in the Labrador trough and it is expected that many more ore bodies
will be found in the coming years.
Recently, we have seen a marked increase in the exploration activity.
Dependent on the market conditions, we have no doubt that the future
development in our region will include mining activities.
Our experience with large development in the past has not always been
positive. The debris of the Mid Canada radar line, built in the 1950, is still
evident in the region. The creation of the Caniapiscau reservoir for the James
Bay project has resulted in adverse changes for the Kuujjuaq River. The mine at
Asbestos Hill with its deserted structures and large pile of tailing stands as
a monument of the negative aspects of mining. Our Arctic environment is very
fraqile, and any damages will take generations to correct.
This concludes my general comment. As to the specific comment on the
Mining Act, our brief is divided into three parts. Firstly, the current
environmental problems resulting from mining activities in Québec,
particularly in Northern Québec; the bill's general orientation; and
comments on the bill followed by section-by-section analysis.
We understand that the mining industry produces and accumulates 140 000
000 metric tons of rejected materials per year or 75 % of all rejected
materials produced in Québec. We have seen examples of this in the
Abitibi region. The less-densely populated areas are just as vulnerable to the
effects of industrial wastes as are cities. For example, the decomposition of
certain toxic substances and hazardous wastes is much slower in northern
regions than it is in southern Québec. Hence, it is important to pay
particular attention to environmental problems associated with exploration and
mining in northern regions.
The Kativik region's fragile ecosystem bears an importance for the Inuit
who depend on it for their subsistence activities. (For example, the George
River cariboo herd and fishing). It is therefore imperative for Inuit to
protect this environment, to preserve their traditional lifestyle, but a viable
part of region economy.
Mining exploration and development work performed during the last 30
years in the Labrador and Ungava Troughs have led to the discovery of the
largest iron, nickel and uranium deposits in the province, as well as
significant zinc, copper and asbestos deposits. In spite of this work, however,
no lode of nonferrous metals have yet been mined. This is attributable to two
main factors: distance and the lack of infrastructures in the reqion.
The main pollution problem generated by mining in Northern Québec
is the result of asbestos mining. Representatives from the Northern Village
Corporation of Salluit exerted pressures repeatedly to stop the spreading of
asbestos fibers from the tailings impoundment area located near the mine and
from the haulage and loading operations in Deception Bay.
Moreover, mining activities have always caused a more or less
significant degradation of the environment and, as I mentioned earlier, the
construction of exploration trenches, wells and other mining structures have
repercussions on the environment.
We receive very little information from the Ministry of Energy and
Resources and mining companies on the mining activities undertaken in their
territory. Hence, we have often been informed of the existence of mining
infrastructures only once they were built. Two cases in point are the landing
strip at Strange Lake and a new winter road near Schefferville. A winter road
may not be significant in southern area where the vegetation can rejuvenate
itself reasonably quickly. But in our region where the moss and lichens take
years to grow, any disruption such as the passing of the bulldozer can result a
searing of the land for ten to fifty years. (11 h 45)
With significant concentrations of nickel, gold and platinum have been
discovered, we can only anticipate more of these developments if economic
conditions remain stable or improve, deposits could be mined beginning in the
1990s, thereby causing many important problems.
We would nevertheless like to point out certain worthy initiatives in
this bill on mining. Firstly, to simplify the bill, security
measures and conditions for the issuance of licences are set by by-law,
Secondly, Kativik Regional Government approves the modifications which will
state the inspector's powers and the obligations of others towards him.
Although there are too few modifications aimed at environmental
protection, it is important to mention them. One calls for compliance with the
Environmental Quality Act when a mining concession is abandoned. In addition,
the holder of a claim, of a mining exploration licence or of a surface mineral
exploration licence must remove all his movable and immovable property after
his claim is abandoned, renewed or expired. Powers are given to the Minister to
impose protective measures to operators who cease their operations and to cause
work to be done at the expense of the holder or operator.
However, these environmental protection measures are minimal considering
that the objective of the Mining Act is still to regulate the mining industry
for the optimal promotion of mineral resources. Furthermore, this bill is
retrogressive in the area of rejected materials management. As I mentioned
previously, the enormous amount of rejected materials produced annually often
causes irreparable damages to the environment. In principle, the purpose of the
amendments made to the Mining Act in 1977 was to ensure better environmental
protection since it called for public control over not only the location and
operation of the impoundment areas, but also on the entire rejected materials
management system: removal, haulage, storage, treatment and final disposal.
This allowed for an a priori and more complete control, from the factory to the
final disposal location.
By comparison, bill 161 limits the Minister's powers of intervention to
the approval of the tailings impoundment areas. Consequently, the bill does not
empower the Minister to exact from each operator the work he deems necessary to
prevent damages caused by rejected materials deposited prior to the approval of
the rejected materials management system.
Thus, in spite of the new bill, the management of rejected materials is
still not legally recognized. Except for subsurface mining, neither the Mining
Act nor the bylaws adopted by virtue of the Act have ever contained minimum
objectives or standards for the location, management, and reclamation of
tailings impoundment sites for one simple reason: the Mining Act, in addition
to totally ignoring such objectives or standards, precludes the adoption of
by-laws to this effect.
The two by-laws in effect by virtue of the Environmental Quality Act,
one on hazardous wastes and the other on solid wastes, do not include tailings.
Hence we believe the bill must define the term "tailings" and the Minister's
regulatory powers so he can implement standards and management and reclamation
requirements for tailings. We will introduce provisions to this effect in the
next section.
Finally, while reviewing the bill, we noted another important
deficiency. The future bill contains very little information on and obligation
for the particular provisions which should be applicable to the territory
located north of the fifty-fifth parallel by virtue of the James Bay and
Northern Québec Agreement and ensuing laws. We believe the bill should
clearly establish that the JBNQA has priority in the event of differences of
contradiction with the Mining Act. As we will explain in further detail in the
next section, the bill is unclear as to what mining activities can be performed
on category I, II and III lands without the Inuit Community Corporation's
consent. I will leave the rest of it to Denis Audette.
Le Président (M. Kehoe): I might mention that there is two
minutes left in the presentation and then we will proceed to the exchange
between the members.
M. Audette: Ma partie, c'est pour compléter les
commentaires généraux au sujet du projet de loi. On a fait une
étude article par article du projet de loi. Un des points primordiaux
qu'on a trouvés, c'est que certaines définitions qui
apparaissaient dans l'ancienne loi ont été omises dans le nouveau
projet de loi. Nous croyons que ces définitions sont importantes pour la
bonne compréhension du projet de loi. Par exemple, à l'article 3,
on a omis de définir le réservoir souterrain, et nous croyons
que, dans la définition de "réservoirs souterrains", on devrait
enlever tes termes "résidus industriels" car actuellement le projet de
loi ne permet pas de mesures de protection et de restauration pour ce type de
déchets.
Un grand manquement en ce qui concerne le projet de loi, c'est la
définition de "droits aux minéraux" qui n'apparaît pas dans
le présent projet de loi. Nous croyons qu'il est important que cette
définition soit incluse dans le projet de loi pour faciliter
l'interprétation des alinéas qui traitent de ce sujet dans la
Convention de la Baie James. Par exemple, dans la Convention de la Baie James,
l'alinéa 7.1.7 indique qu'aucun droit aux minéraux ni aucun droit
tréfoncier ne peuvent être accordés ou exercés dans
les terres de la catégorie I sans le consentement de la corporation
communautaire inuit intéressée qui possède des droits sur
ces terres et sans le paiement d'une indemnité convenue en ce qui a
trait à l'utilisation des droits sur ces terres. Aussi, nous
recommandons que les alinéas de la
Convention de la Baie James qui traitent des droits aux minéraux
soient inclus dans le présent projet de loi.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. Audette. Je tiens
à souligner que le temps est maintenant écoulé. Je passe
maintenant la parole à M. le ministre.
M. Savoie: Je présume, M. le Président... M.
Audette, est-ce que vous parlez anglais?
M. Audette: Oui.
M. Savoie: Est-ce que vous comprenez l'anglais?
M. Audette: Je comprends l'anglais, oui. M. Savoie: Et
vous aussi, M. Barrett? M. Barrett: Oui.
M. Savoie: Avec votre permission, je voudrais discuter d'abord
avec le vice-président, M. Tikile Kleist. Il ne comprend pas le
français, et je vous demanderais la permission de m'adresser en
anglais.
Le Président (M. Kehoe): Il n'y a pas de problème.
On a le droit de s'exprimer soit en anglais, soit en français. Il n'y a
pas de permission à demander. Allezl
M. Savoie: On peut s'exprimer en anglais en tout temps, oui.
Le Président (M. Kehoe): Certainement.
M. Savoie: C'est une autre affaire à changer, M. le
Président.
Tikile, it is always a pleasure to see you, particularly at this
commission. As you know, I consider the Mining Act to be a very important part
of the Quebec legislation as regards native development, and particularly Inuit
development. I think we have spoken on this on several occasions.
There was a great deal of discussion on the definitions, on the
environment and on the rights of the Inuit as far as the Mining Act is
concerned. I would like to address principally those three issues before
concluding. I would like to have two minutes, notice in order that I may
conclude.
Regarding the definitions, you mentioned that "tailings" was not defined
in the act. It is defined in the act. I presume that you wanted more definition
of "tailings". Is that correct? You saw the definitions that were given in the
act.
M. Kleist: On the tailings, we believe that it does not give
enough protection to the nature we have being living in north of the 55th
parallel.
M. Savoie: No, I was just thinking in terms of the definition. I
presume what you are looking for is a better definition for "tailings" under
article 3, where we say tailings, something or other. We say the definition of
"tailings" is "overburden, waste rock, solid resides from primary ore
concentration and slag from pyrometallurgic operations". Is that correct? Do
you want something more complete?
M. Kleist: Yes.
M. Savoie: Okay, fine. Mr. Audette, you mentioned that several
definitions were not contained in the projected act which are in the existing
act and several definitions have been included on a sectional basis. That means
they are dispersed throughout the projected act in the sections where there are
treated rather than at the beginning in a lump sum, and you will find the
definition of "reservoir" under article 1, as you have mentioned.
The qeneral orientations of the act do not present major problems as
such. I think that in the memoire there were several recommendations or aspects
which you had bought up but, by and large, the act itself you find acceptable.
You would like to see certain changes made within the act, but on the whole, it
is acceptable. Is that correct?
M. Kleist: Yes, especially on the one you mentioned. There is no
definition of the category I, II and III lands.
M. Savoie: That is the second thing that I would like to discuss
with you rapidly. I do not have very much time, twenty minutes goes by very
fast, I am afraid. Under the James Bay Northern Quebec Agreement, under article
6, it is stated: "In case of conflict or inconsistency, this Act -that is the
James Bay Aqreement, the agreement concerning the James Bay - shall prevail
over any other act applicable to the territory described in the Agreement to
the extent necessary to resolve the conflict or inconsistency." Our
interpretation of it is that the James Bay Agreement has priority over the
Mining Act. Is that your interpretation as well?
M. Kleist: No.
Le Président (M. Kehoe): Mr. Barrett.
M. Barrett: Yes, if I could reply please. I think that what we
are refering to is if there could be a specific mention in the Act for it
because we know that it is written in the James Bay Agreement but we have had a
number of cases recently in which the
promoters have been totally... Une voix: Ignorant.
M. Barrett: Yes, they have not seen the James Bay Agreement and
they say: This is a surprise to us, we never knew...
M. Savoie: Okay, that is correct.
M. Barrett: ...this existed, that this provision existed.
M. Savoie: What we have proposed to Makivik is that we would
prepare a little brochure for companies operating north of the 52nd, for
example, to indicate various sections. What you want finally in the Act is a
modification of 29 clearly stipulating the rights which come from the James Bay
Agreement. Do you want a specific stipulation to category I lands?
M. Barrett: For ourselves, that is correct.
M. Kleist: That is correct. (12 heures)
M. Savoie: Okay. There is not only the James Bay Agreement which
applies to the Mining Act, there is also the land regime in James Bay and New
Québec where, for example, Inuit people are exempted from a demanding
permit regarding exploration of certain metals, of certain substances. It also
states clearly, you know, that there will be no minerals or other subsurface
rights which may be obtained for category I lands. So, in reality the mention
should be to the land regime in James Bay and New Québec and not to the
James Bay Agreement. Is that correct?
M. Barrett: We also see a tie with the Environment Quality Act in
the chapter 23 of the James Bay Agreement.
M. Savoie: Yes, but that would not fall under section 29 of the
projected act.
M. Barrett: No, that is correct.
M. Savoie: We are just talking about a... We will hit off on
environment if you permit me to do so at the end. I just try to clear up
section 29. So, what do you want? Do you want a reference to the James Ray Act
or do you want a reference to the land regime?
M. Barrett: To the James Bay Agreement.
M. Savoie: The James Bay Agreement does not say anything about
the mining rights.
M. Barrett: Okay. The James Ray
Agreement because it would be broader for us than the specific
references to the land regime.
M. Savoie: You just state that the James Bay Agreement has
priority over all other subsequent acts, including the Québec Act and
also state that you have no mineral rights whatsoever.
M. Kleist: That is correct. We do not have mineral rights
whatsoever.
M. Savoie: Do you want me to state in the law that you, guys,
have no mineral rights? Is this what I...
M. Kleist: That is a political file, I think.
M. Savoie: What we wanted to do with section 29... Section 29, if
I may be permitted to read it in English, if I have an Enqlish law, just simply
states that: No person may prospect on, stake or desiqnate on a map any land
without the Minister's approval, situated in category I lands designated and
delimited under the Act respecting the land regime in the James Ray and New
Québec territories. We thought that if... We refer to the James Bay
Agreement. We say that you cannot claim, except with the Minister's
authorization. The Minister cannot authorize staking on category I lands, by
virtue of the James Bay Agreement. But should there be an agreement between the
Band or the municipality - because we are talking about the Crees and the Inuit
- the municipality and the promoter... If there is no agreement and the
Minister authorizes it, then he is in contradiction with the James Bay
Agreement and therefore, the decision can be annulled at all times. And if he
does authorize it, it would be in the interest of the Inuit. And what we dit
not want to do was to close any doors, prohibiting necessary exploration
work.
So, we thought that it would be to the advantage of...
M. Kleist: For us it is really difficult because in the past, for
the mining exploration or mining studies beinq done, the Inuit have never been
consulted until the James Bay and Northern Québec Agreement was
signed.
Now, in our community there is a fear that if that continues, it seems
to me that the Québec Government is puttinq the Inuit people north of
the 55th aside and giving the licences without consulting us, what we know and
what we understood. So, I think it has to be clarified in the Mining Act.
M. Savoie: It is clear from the law
that the Minister cannot give a permit without the consent, on category
I lands.
M. Kleist: Yes.
M. Savoie: He cannot give a permit without the consent.
M. Kleist: Okay. You are talking about category I lands.
M. Savoie: Yes.
M. Kleist: How about categories 1, II and III?
M. Savoie: You do not count on category II. You have no rights on
it by virtue of categories II or III.
M. Kleist: Okay. That means that whatever you authorize, we will
never be consulted so they are just going to go ahead and do the mining.
M. Savoie: If you want to renegotiate the James Bay Agreement for
mining rights in categories II and III, that is one thing.
M. Kleist: That is what we are looking for.
M. Savoie: Yes, that is what you are looking for, but you are at
the wrong forum. The James Bay Agreement says: The Inuit do not have mineral
rights, except those qiven under the specific provisions made under the Land
Regime Act. And there is not a situation... This was a negotiated settlement in
1975. Categories II and III, we do not talk about because technically, you do
not have any rights, but I believe that whenever there is development on
category II lands, there is always an agreement.
M. Kleist: We believe that, on our side, there is a possibility
that there could be some kind of negotiation between NEPOOL and the Inuit north
of the 55th parallel on those areas.
M. Savoie: Yes, mineral rights on category II lands can be
something which can be brought up at the James Bay and Northern Québec
Agreement review.
M. Kleist: This includes environment protection.
M. Savoie: Yes, that is what I think too. I do not think that it
should be brought up in the case of the Mining Act.
M. Kleist: When mining is touched, the environment is our concern
at the same time.
M. Savoie: Yes, I know, yes.
M. Kleist: Because, we have rich resources untouched by
pollution, but what we are afraid of, for example, is regarding health; it
might create some mercury in the fish. That is what we are concerned about.
M. Savoie: That is true. This will fall under environment input.
What I am just trying to get from you is some kind of recognition and I cannot
renegotiate the James Bay Agreement while working on the Mining Act.
M. Audette: Can I give a complement of answer?
Une voix: Yes.
M. Audette: In our memory, when we talk about Sections 17, 22,
27, 29 on page 19, what we need is to include the need to obtain the Minister
or/and the Inuit Community Corporation's consent for mining activities on
territories under the jurisdiction. For example, we need to include in the law
that the prospectors have to ask 60 days before they can go on Inuit land.
M. Savoie: You are talking about category I lands?
M. Audette: All the land.
M. Savoie: Category II, category III, is that what...
M. Audette: We want to know who goes on our territory.
M. Savoie: What is your territory' What are you talking about?
Are you talking about cagetory II or category I?
M. Kleist: I have mentioned that the supramunicipal organization
incorporated under the Act respecting Northern villages and the Kativik
Regional Government, we are talking about north of 55th parallel.
M. Savoie: What you want is that everything north of the 55th
parallel be subject to Inuit authorization?
M. Kleist: Yes. It might put you in a different position. The
Kativik Regional Government, we are the municipality the north of the 55th.
M. Savoie: Yes, but subject to the negotiated settlement you had
in 1975. That settlement, in 1975, does not give you those rights.
M. Kleist: We have to try to make some recommendation as to how
we can cooperate with you.
M. Savoie: Yes. I think that the proper form would really be a
review of the James Bay and Northern Québec Aqreement, and not of the
Mining Act. It would be difficult to... At any rate, we will certainly
entertain your recommendation and we will certainly note the fact that what you
want is an exclusive right over mineral rights north of the 55th.
M. Kleist: Yes.
M. Savoie: Yes, all of it.
M. Kleist: No. We do not even have... We have, by law, that in
north of the 55th ordinances cannot be respected by the Province of
Québec. I believe it would have to be modified in some areas for future
mining constructions north of the 55th.
M. Savoie: Okay. Regarding environment, one of your major
concerns was the fact, I think, that companies go up there, do a little bit of
exploration work and leave without cleaning up. What exactly do you
propose?
M. Kleist: That question could be answered by Michael.
M. Savoie: Surely.
M. Barrett: I think there was a little confusion. You were
talking about rights in category III lands and I think it is a question of
optic or vision in that Kativik sees itself as a regional government and,
therefore, having municipal powers over that area, the current problem being
that when mining companies come up and do exploration work, we may or may not
know about it, the region is so vast, and they may or may not leave debris.
They may run a winter road through or they may put a bulldozer through an area
which could affect it for 50 years and we may find out later or during the
operation. Instead of rights, perhaps it could be seen as a notification that
there is going to be exploration and work for when there are questions or when
there is a follow-up needed, because if we do not know what is happening, we
cannot explain it to the mining promoters. There is no line there and we find
out about it later.
M. Savoie: That is correct. This is why we are preparing this
kit. And, within this kit, the Inuit rights will be clearly stated. There will
be a strong recommendation to advise and we will see how that works. If that
does not work, then perhaps we could work out a system where you guys could be
advised directly by the Ministry. We are still working on the nuts and bolts of
this approach. We could get somethinq worked out...
M. Barrett: Okay.
M. Savoie: ...where you could be notified: for example, that
there will be work on category III lands. But we cannot put ourselves in a
position where we would require, for example, the Inuit authorization to do
exploration work on category HI lands.
M. Barrett: We understand that if it is in an area far away from
an Inuit community, but where the exploration work is in category IIIlands, adjacent to a community where it will directly affect us, in that
case, we would ask for an agreement, but we follow you...
M. Savoie: Yes. There was never any firm directives given by the
Ministry regarding companies operatinq in the North and we always figured that
good faith would prevail. But, what we are looking at is the preparation of a
little kit for the perfect explorer in Northern Québec, in which
instructions would be given, regulations would be put in and we will recommend
that he take certain steps, whether he is close or not to a Native community,
at least that he present himself and that there is some kind of communication
between the two established at all times and that notifications be given.
M. Kleist: We are not closing everything because, in my paper, I
mentioned this opportunity of economic development for the Native people. I
said: We welcome the economic development that this will brinq to our people. I
am talking about the Inuit, our people.
M. Savoie: Yes.
M. Kleist: I want to be clear on that. If the mining is going to
go on in the future and we do not get benefit out of it, it is not economical
for us.
M. Savoie: That is true. Could we get back to the environment
thing now? What you are talking about is clearly the renewal of the James Bay
Agreement. There is no provision in the James Bay Agreement. We cannot force a
company, for example, doing work on category III land to pay an indemnity to
the regional government. There are no provisions for that at the present
time.
M. Kleist: There is no provision whatsoever on tha??
M. Savoie: That is right, as it was worked out in the James Bay
Agreement. What we would have to do is review the James Bay Agreement, which is
a horse of a different colour, so to speak.
M. Kleist: As long as we be recognized in the future.
M. Savoie: Could we get back to environment then. What I was
asking was: What would you like to see specifically, besides a notification, as
regards environment?
M. Audette: On the environment aspect, all we ask is to
have...
M. Barrett: I will take it in English. It is a closer tie-in with
the Environmental Quality Act by which mining developments would be subject to
review by the Environmental Quality Commission and so, a closer line and
acknowledgement that these projects or the development would fall under Chapter
23 of the Agreement.
M. Savoie: Thank you. I have just been advised that I have less
than two minutes left. I would like to keep them for closing remarks, if I may.
So, I will hand over the microphone to the president of the commission.
Le Président (M. Kehoe): Thank you, Mr. Minister.
M. Savoie: I will come back a little later.
Le Président (M. Kehoe): Je donne le droit de parole au
député d'Ungava. (12 h 15)
M. Claveau: Merci, M. le Président. Au nom de
l'Opposition, il me fait plaisir de souhaiter la bienvenue, à cette
commission parlementaire, aux membres représentant l'Administration
régionale Kativik, en particulier, à M. Kleist, qui travaille
énormément à défendre les droits et les
intérêts du peuple inuit, autant sur la scène
québécoise qu'à d'autres niveaux, entre autres, au niveau
de la conférence circumpolaire et des relations internationales que le
peuple inuit développe et entretient avec les différentes
composantes du peuple inuit dans le monde.
Cela dit, je me permets de m'exprimer en français. C'est une
question de principe. II y a des principes avec lesquels on ne transige pas, M.
le Président. En ce qui me concerne, c'en est un. Je sais que M. Kleist,
qui comprend relativement bien le français, sera d'accord avec moi quand
je parle de principes avec lesquels on ne peut transiger.
J'aimerais commencer mon intervention en demandant aux
représentants de Kativik de nous donner des précisions, des
compléments d'information en ce qui concerne toute la question' de
l'environnement en milieu nordique parce que, dans l'ensemble, dans plusieurs
mémoires, on nous a critiqués. Ils ont émis des
hypothèses de problèmes environnementaux créés par
l'industrie minière. À ma connaissance, c'est le premier
mémoire qui nous est présenté dans lequel on a une
application concrète. On a des exemples. On a une démonstration
de visu des problèmes causés par la pollution minière, par
les résidus qui s'écoulent dans les rivières, par les
concentrés ou par les morts-terrains qui envahissent des espaces
considérables.
De plus, quand on connaît la fragilité de l'environnement
en milieu nordique, quand on connaît la difficulté que pourrait
représenter une dépollution dans un milieu écologiquement
très sensible, on comprend que l'Administration régionale
Kativik, au nom de l'ensemble du peuple inuit, s'inquiète
énormément de ce problème.
J'aimerais, à la suite de ces réflexions, que vous nous
convainquiez définitivement de l'importance du contrôle presque
absolu, je dirais, de l'industrie minière au nord du 55e
parallèle pour assurer, j'irais même jusqu'à dire, la
survie du peuple inuit parce que si les eaux du Nord sont polluées par
des déversements dans les rivières, cela risque d'être
très dommageable pour les quelques communautés qui sont
éparpillées sur les côtes. J'aimerais que vous essayiez de
nous sortir tout ce qui est possible pour essayer de nous convaincre de
l'importance d'un contrôle complet des activités minières
au nord du 55e parallèle pour préserver l'économie fragile
dans laquelle vous vivez.
M. Kleist: Thank you, Mr. Claveau. Even though we do have a
language problem, I would like to thank you because what you said is true. We
have to protect our environment north of the 55th parallel. I did mention the
Caniapiscau diversion of Kuujjuaq River. We were told by the James Bay Energy
Corporation, and it could happen again... Any mining, they told us, would have
no effect whatsoever. We were told by the James Bay Energy Corporation it will
have no effect on the Kuujjuaq River, which I mentioned in my speech. It has
been affected. So, I do not think that we will be willing to take any chances
to accept anything without being really sure of our natural resources north of
the 55th parallel.
It is important for us to protect what has been our livelihood for the
past 4000 years. We cannot destroy it overnight. We believe it is important for
us and for the Province of Québec, for the future, to keep it as natural
as possible. I agree with our representative to the Assembly that it is
important to protect the environment north of the 55th parallel. Even
though, as I mentioned, I welcome the economic development of our region at the
same time, the environmental aspect of it is the most important. I do not know
if you get the message, Mr. Claveau.
M. Claveau: Vous nous parlez dans votre mémoire, entre
autres, de l'industrie du fer dans la région de Schefferville, et on
sait que la proximité du bassin de la Caniapiscau peut avoir un effet
sur toute la partie de l'Ungava, et aussi l'amiante dans la fosse de l'Ungava.
Vous nous parlez de ces deux projets, des projets miniers qui ont eu beaucoup
d'importance dans le Nord à un certain moment. Pouvez-vous confirmer que
ces deux types d'exploitation ont eu et ont encore, par le biais de
l'écoulement du temps, des effets néfastes sur l'écologie
et l'environnement, sur les troupeaux de caribous, sur la présence de
poisson commercialisable dans les grandes rivières du Nord, etc.? Y
a-t-il des choses concrètes et précises qui peuvent indiquer que
ces deux types d'exploitation ont eu des impacts écologiques
négatifs?
M. Barrett: Je peux répondre à cette question. Dans
le cas d'Asbestos Hill, c'était une place pour la pêche à
l'omble-chevalier, ou l'"artic char" et le projet d'arrêter la
rivière est bien important pour la pêche des Inuit de Salluit. La
réponse est oui, et aussi pour Deception-Bay. Quand ils ont fait le
transport de matériel, ils ont mis une poudre partout dans l'eau. Cela
aussi a eu un grand effet sur la pêche de subsistance pour les
communautés de Salluit et la pêche commerciale.
M. Claveau: Je réfléchis. Vous me parlez de la
pêche commerciale. Cela introduit un autre dossier. Je sais
qu'actuellement vous travaillez à un projet de développement de
pêche commerciale dans les rivières à l'intérieur
des terres, projet qui n'avance pas très vite, mais qui finira
peut-être par aboutir si chaque ministère prend son travail au
sérieux.
Croyez-vous que l'implantation, ou l'exploration, ou le
développement minier pourrait nuire à la qualité ou
à la quantité des espèces de poisson commercialisable qui
pourraient être pêchées dans ces rivières?
M. Kleist: I will answer your question by telling you that I
believe that it might affect our commercial fishery if there is no proper
protection for it in the future, because we cannot commercialize polluted fish.
It might affect it if there is no proper protection for the environment. Have I
answered your question?
M. Claveau: Cela va. Je vais changer de sujet. Vous n'êtes
pas contre le développement minier au nord du 55 parallèle, mais
vous dites que vous devriez en profiter un peu plus et que vous devriez avoir
un impact, plus de pouvoir d'intervention dans le développement minier.
Vous voudriez aussi que l'ensemble des communautés inuit puisse jouir
des avantages économiques qu'entraîne le développement
minier sur leur territoire. Ce que vous dénoncez jusqu'à
maintenant... Je croîs que ce que vous dites jusqu'à maintenant,
c'est que les implantations minières au nord du 55e parallèle ont
très peu bénéficié aux communautés
inuits.
Dans ce contexte, pourriez-vous nous faire part, d'une façon
assez complète, de votre vision du développement minier au nord
du 55e parallèle, de ce que vous attendez de la participation du
gouvernement aux communautés inuit dans le développement minier
au nord du 55e parallèle? Je sais que, tout à l'heure, vous avez
discuté avec le ministre de toute la question du contrôle des
terres, la question des retombées dans le milieu et tout cela et vous
dites, entre autres, que ce que vous voulez, c'est que toutes les terres au
nord du 55e parallèle soient assujetties à peu près au
même contrôle. En plus de tout cela, quelles sont vos
véritables attentes quant à l'hypothèse d'un
développement minier au nord du 55e parallèle?
M. Kleist: Well, Mr. Claveau, ï hope I am going to answer
your question on this. What you mentioned is... You were right when you said
that we are interested in the economic development of mining; it is true, we
are interested. It is true that we have to have strong protection for the
environment. On your side, we would like to see, from the Government of
Québec, better communication, better understanding and in the future,
revenue sharing. That, I hope, has answered your question.
M. Claveau: Est-ce que vous croyez que le projet de loi que l'on
a actuellement sur la table est un début, permet de laisser voir que le
gouvernement du Québec va prendre en considération les
intérêts des réqions concernées et, entre autres,
dans votre cas, l'intérêt de la région du Québec
sise au nord du 55e parallèle? Est-ce que vous croyez que c'est
suffisamment précis dans le projet de loi pour que vous puissiez avoir
les outils nécessaires pour défendre votre point de vue?
M. Kleist: To answer your question: No!
M. Claveau: D'accord, c'est très clair. Est-ce que vous
avez, à ce moment, des suggestions précises à faire qui
pourraient permettre au ministre d'éclairer sa lanterne
quant à vos revendications et à vos espérances?
À ce moment-là, il faut bien se comprendre, je ne parle pas
strictement du problème du développement régional au nord
du 55e parallèle, je parle, pour l'ensemble du territoire du
Québec, de l'importance du développement minier dans
l'économie locale et, en ce qui vous concerne, dans l'économie au
nord du 55e parallèle, que cela bénéficie
premièrement aux gens qui vivent proche, qui vivent là. Quelles
sont vos suggestions?
M. Kleist: I am sorry but I am...
Le Président (M. Kehoe): Avant que vous répondiez,
M. Kleist, je dois souligner qu'il est 12 h 30 et cela prend le consentement
des membres de la commission pour continuer. Il reste quatre minutes au
député d'Ungava et une minute pour le ministre.
Des voix: Consentement.
Le Président (M. Kehoe): Consentement. Mr. Kleist.
M. Kleist: For Mr. Claveau's question, I think I got your
question... It is important to benefit the Northern communities, as that is
where the mining is, for their own protection, for their own safety and for
their economic purposes. But as to the general aspect of it, I cannot really
answer that question by myself. It would have to be decided by the Inuit
population of Northern Québec.
M. Claveau: Je vous remercie, M. Kleist, pour vos
réponses. Je vais céder la parole au ministre, s'il veut prendre
sa minute.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre.
M. Savoie: I would like to thank you for taking the time to
prepare the memoir which you have presented. What I have noted particularly is
your request regarding
Section 29. We will take it into consideration and, if possible, we will
try to follow up on it.
As for the environment, I think that you have touched a very strong and
substantial issue. Wherever possible, I think that the kit which we are
preparing should give some satisfaction to your request. We will be taking a
closer look at environmental laws and regulations regarding mining in Northern
Québec, north of the 55th.
Finally, it should be remarked that the review of the James Bay and
Northern Québec Agreement is one thing and that the Mining Act is
another thing. Notwithstanding this position, we will certainly try to assure
that the Inuit of Québec are fully protected from discretionary policies
by various mining companies. We will be very sensitive to that. We are also
very sensitive to the additional request for information regarding mining
operations north of the 55th.
M. Kleist: I would like to thank you all on behalf of my
colleagues. Thank you very much.
Le Président (M. Kehoe): Thank you Mr. Minister. Merci, M.
le député d'Ungava. Thank you to the members of the
administration of the Kativik Regional Government for coming here today to read
and discuss your petition.
I declare the works of this commission adjourned jusqu'après la
période de questions des affaires courantes, vers 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 33)
(Reprise à 15 h 8)
Le Président (M. Kehoe): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'économie et du travail reprend ses
travaux cet après-midi. L'objet de la séance est de
procéder à la consultation particulière sur le projet de
loi 161, Loi sur les mines. Nous allons entendre, comme prochain intervenant,
le Syndicat des métallos. Je devrai mentionner que le temps
alloué à chaque organisme est d'une heure répartie ainsi:
vingt minutes pour présenter le mémoire, vingt minutes pour
discuter avec les membres du gouvernement et vingt minutes pour discuter avec
les membres de l'Opposition.
Je demande au représentant du Syndicat des métallos de
s'identifier et de présenter le mémoire, s'il vous
plaît!
Syndicat des métallos
M. Godbout (Clément): Bonjour! Mon nom est Clément
Godbout...
Le Président (M. Kehoe): Bienvenue!
M. Godbout: ...je suis le directeur québécois du
Syndicat des métallos et vice-président de la FTQ. Je suis
accompagné, à ma gauche, de M. Yvon Royer, permanent des
Métallos dans la région de Chibougamau, la région
minière là-bas; de Serge Trudel, conseiller technique au Syndicat
des métallos dans le dossier sécurité et santé;
d'Antonio Bruno, coordonnateur et directeur régional pour
l'Abitibi-Témiscamingue, le Nord-Ouest québécois; d'Yves
Morrisseau, de la région de la Côte-Nord où nous sommes
présentement en négociation et où la température
est assez élevée là-bas, et d'André Brochu, de la
compagnie Lac d'amiante du Québec à Thetford.
D'abord, on veut remercier la commission de nous avoir donné
l'occasion de commenter les changements qu'on a vus au projet de loi 161. Comme
vous le savez, le Syndicat des métallos ne voulait surtout pas manquer
l'occasion de donner son opinion quant à ce projet pour lequel nous
avons été saisis. Notre syndicat représente environ 50 000
hommes et femmes au Québec, dont 30 % sont du secteur minier ou de
l'industrie minière, que ce soit dans le domaine de l'exploration d'une
mine ou de l'exploitation de la mine, ou en ce qui concerne le secteur
manufacturier relié à l'industrie minière. Donc, environ
15 000 travailleurs. Les années qu'on vient de passer ont
été pour le moins difficiles et menaçantes, mais on se
rend compte également qu'il était temps de regarder la Loi sur
les mines et ce qui est proposé dans le dossier. On va y revenir un peu
plus loin.
Nos membres ont connu, durant ces périodes, des fermetures
successives, que ce soit à Schefferville ou à Gagnon, des mises
à pied massives, à Fermont, Sept-îles, Pointe-Noire, sur la
Côte-Nord, et également dans les secteurs de Noranda, Mataqami,
Murdochville, etc. On retrouve des situations identiques à Chibougamau,
et, n'eût été l'intervention du ministre des mines dans le
temps, je pense qu'on serait dans une situation passablement difficile
à
Chibougamau. Donc, l'intervention a pu donner, à ce moment, un
peu d'oxygène pour relever un peu la région. C'est très
difficile et cela continue de l'être. En fait, on peut dire que
l'industrie est soumise à une concurrence des plus difficiles et
à un marché des plus sensibles. De plus en plus, on est à
même de constater que la concurrence n'est pas seulement régionale
ou continentale, comme on l'a vécue, elle est maintenant
planétaire et c'est aux frais du Brésil, du Chili ou d'autres
pays qu'on perd nos emplois et cela nous cause des problèmes.
Le Syndicat des métallos considère donc opportun tout
désir ou toute approche qui vise un changement qui permettrait ou
faciliterait l'ouverture de nouvelles exploitations minières et le
maintien d'exploitations minières. L'un ou l'autre nous semble
très opportun. C'est dans cet esprit que nous abordons ce projet et que
nous l'avons regardé. Au premier abord, le projet de loi semble
comporter peu de points communs avec nos activités syndicales
journalières, mais il mérite quand même toute notre
attention. Nous espérons que notre humble participation ou contribution
saura apporter au ministre un éclairage nécessaire et utile
à sa réflexion et à la mise en marche des changements
législatifs visés.
Les droits miniers. Le secteur minier, économiquement,
connaît très souvent des règles de fonctionnement fort
différentes des autres secteurs d'activité économique.
Considéré comme un secteur d'investissement à haut risque,
les exploitations minières ont une durée de vie moyenne d'environ
quinze ans et je ne suis pas certain qu'aujourd'hui on ne devrait pas dire
douze ans, et peut-être moins, à cause de la nouvelle technologie.
Ceci nécessite un renouvellement constant des activités de base,
telles que la prospection, le développement, l'exploration et la
recherche, afin de garantir, de cinq ans en cinq ans, l'existence de la mine et
le soutien du financement. La concurrence ainsi que le marché mondial
des métaux sont autant de facteurs qui rendent l'activité
minière fragile et cyclique. On le sait bien, aujourd'hui, la
concurrence n'est pas régionale, comme je le disais tout à
l'heure, mais elle est au niveau de la planète.
Notre syndicat, les métallos, croit donc qu'il y a lieu de
procéder à une refonte de la Loi sur les mines afin de maintenir
notre industrie minière concurrentielle et attrayante pour les
investisseurs. Nous saluons donc les objectifs du ministre dans ce dossier. II
y a lieu également de voir a ce que toutes les activités de
recherche et d'exploitation aient un impact positif pour le Québec. Il
ne suffit pas d'ouvrir une mine, encore faut-il que les Québécois
en bénéficient sous forme d'emplois, de chances de
carrière, de développement de notre expertise, de rendement
optimum de nos ressources dites non renouvelables. Lorsque nous avons
regardé le projet, nous avons compris que le projet de loi 161
déposé à l'Assemblée nationale, le 9
décembre dernier - à moins qu'on se trompe, on nous le dira
-semblait vouloir simplifier l'administration de la loi, tout en s'adaptant
à de nouvelles réalités: Cette réforme nous indique
qu'au moins à sept niveaux majeurs on souhaite d'importants changements:
par exemple, la création d'un registre minier afin d'améliorer la
connaissance de la ressource minière chez nous, au Québec; la
modification des modes d'enregistrement des droits miniers; une plus grande
juridiction du ministre pour évaluer les techniques d'exploitation; la
prolongation du permis de prospecteur à cinq ans; la possibilité
pour les corporations d'enreqîstrer des claims à leur nom;
l'émission de nouveaux permis de surface pour l'exploitation de la
pierre de taille, pour le concassé et la tourbe, et l'extension du
jalonnement sur carte. Ce sont les sept points qui nous ont frappés
à la lecture du mémoire. Il est intéressant de noter
que... Nous croyons que l'activité minière et la
propriété du sous-sol remontent... Quand on a regardé
cela, c'est un dossier qui remonte au siècle dernier. C'est
intéressant de voir que, étant donné les changements
technologiques, l'amélioration et la façon dont fonctionne
l'industrie maintenant, cette loi est loin de
rencontrer les réalités et qu'elle avait un besoin urgent
d'être revue. Alors, dans ce sens-là, nous croyons qu'elle ne peut
être que bénéfique.
Les délégations qu'on veut donner au ministre dans le
projet de loi nous préoccupent. Elles ne nous préoccupent pas
dans le même sens que l'a expliqué ce matin, devant votre
commission, l'AMMQ. On croit avoir compris la position de l'association des
mines voulant voir le ministre comme un inconvénient important dans
l'évolution de son dossier. Nous, nous ne le voyons pas tout à
fait de la même façon. Ce qui nous préoccupe, c'est que,
déléguer ce pouvoir, normalement, le ministre n'est pas toujours
la personne - cela fait partie de la réalité de la vie - qui va
prendre cette décision-là. Ce sera donc un haut fonctionnaire. Ce
sera normalement le sous-ministre en titre, ou quelqu'un de ce poste-là.
Habituellement, c'est cela. II y a bien des cas où le ministre ne sera
peut-être pas nécessairement impliqué pour déroger
à des parties de la loi. Nous croyons que c'est à se demander -
faute de directives parce qu'on a regardé les règlements et on
n'est pas certain que les directives existent - quels seront les
critères utilisés par le haut fonctionnaire du ministre pour
décider si, oui ou non, on exempte de telle ou telle application. Par
exemple, à l'article 29, le troisième alinéa interdit ces
activités en ce qui concerne les refuges fauniques. C'est un exemple
où on a spécifié des choses, mais on reste passablement
silencieux dans l'ensemble. Nous croyons qu'il y a lieu de resserrer
l'utilisation des pouvoirs proposés discrétionnaires
accordés au ministre et aux fonctionnaires, pouvoirs quasi judiciaires,
dans le fond. De telles possibilités d'exemptions à la loi
pourraient faire l'objet de consultations et de discussions publiques avant
d'être accordées. Nous prétendons qu'il n'est pas prudent
ni souhaitable de laisser reposer sur les épaules du ministre un tel
fardeau de responsabilité sans lui assurer au départ des
protections qui découlent d'audiences publiques, de règles ou de
règlements, ou de décisions qui peuvent être prises par
l'Assemblée nationale. Au moins, tous ces forums ont l'avantage
d'être publics et d'être faits à la connaissance de tous
ceux qui y sont intéressés. On croit que cela pourrait être
dangereux dans ce sens.
Nous croyons également que ceux qui font le jalonnement et le
"claimage", comme on dit communément dans le milieu des mines, doivent
connaître les règles du jeu. Ils doivent savoir dans quoi ils
s'embarquent. Ils doivent savoir quels sont les prérequis du
Québec dans ce domaine. Après tout, ce sont nos richesses
naturelles. Il faut les développer au meilleur de nos connaissances et
en tirer le maximum. On l'a dit une couple de fois dans notre mémoire:
On ne croît pas que ceux qui les exploitent et ceux qui font les claims
sont nécessairement les propriétaires de notre richesse
naturelle. Je pense qu'elle appartient au Québec dans son ensemble. Il y
a du monde qui l'exploite, bien sûr, mais elle ne leur appartient pas.
C'est au Québec dans son ensemble.
Selon nous, il y a un chapitre important qui manque au projet de loi
161. Votre projet touche à environ 10 ou 12 lois. Mais il y a une loi
qui est très importante quand on parle de l'industrie minière,
c'est celle sur l'environnement. Le projet de loi est silencieux
là-dessus. Nous avons consacré - je ne veux pas le lire
entièrement - une bonne partie de notre mémoire à ce
problème. Nous croyons que l'industrie minière est une industrie
très polluante. Il s'agit de vérifier les "stockpiles" qui
existent dans la région. Il s'agit de regarder de quelle façon on
laisse une mine à l'abandon. Il s'agit de regarder ce qu'on fait avec
les ruisseaux, les rivières ou les lacs quand on n'a pas les
règlements nécessaires. On peut parler de plusieurs exemples. On
les a mentionnés dans notre mémoire. Je sais que l'Association
des mines de métaux a voulu vanter ses exploitants en disant: Nos
membres font des choses formidables dans le domaine. On a oublié de dire
que, dans la rivière York, par exemple, avec la compagnie Noranda,
à Murdochville, si on est venu à bout de faire quelque chose,
c'est à la suite de menaces et de pressions constantes du Syndicat des
métallos et du ministère, parce que cela n'est pas venu d'elle
seule. C'est également vrai quand on regarde ce qui s'est passé
à la rivière Moisie, une rivière à saumon
très importante dans laquelle la Québec Cartier a
déversé à quelques reprises - bien sûr, par accident
-ses résidus. Quand on regarde ce qu'on est en train de faire dans la
baie de Sept-Îles avec les compagnies Wabush et Iron Ore et quand on
regarde les monstrueuses montagnes qui poussent à côté des
trous en Abitibi, c'est ce qu'on appelle les rebuts ou le "waste", si vous
voulez, nous croyons que le projet de loi 161 doit absolument produire un
chapitre sur la protection de l'environnement. Il doit faire connaître
nos règles du jeu, au Québec. On le fait pour certaines autres
lois dans le projet de loi. Je comprends que ce n'est peut-être pas
directement relié au jalonnement, mais cela a aussi son importance.
Étant donné la sensibilité des Québécoises
et des Québécois au chapitre de l'environnement, il serait
maladroit de la part du ministre de l'éviter et de ne pas en parler.
Nous refusons carrément de souscrire à la demande de
l'Association des mines de métaux qui vise à assimiler le
Québec aux pays où il n'y a pas de régime ou de
réglementation de l'environnement ou aux pays où il existe des
régimes sous lesquels on n'accepterait pas de vivre longtemps.
Lorsque l'AMMQ dit:: Il y a une loi
économique fondamentale - je reprends une partie de son
mémoire, à la page 86, qu'elle a présenté il y a
quelque temps au ministre - qu'on ne peut oublier: les métaux produits
en tenant compte de l'environnement et de la sécurité sociale ne
peuvent pas se vendre plus cher que ceux produits dans les pays où les
exigences de production sont plus souples ou moins existantes. C'est une
approche qu'on ne peut pas accepter.
Je donnerais au ministre un exemple frappant, qui nous a frappés
lorsqu'on a étudié le dossier: Hydro-Québec. Lorsqu'elle
vient faire des installations de construction de canal ou de
détournement de cours d'eau, ce qui arrive parfois dans l'industrie
minière lorsqu'on la développe, ou le pompage d'un lac, etc.,
elle doit soumettre des études d'impact sérieuses, elle doit
expliquer ce qu'elle fera pour l'environnement. Dans certains cas, elle doit se
présenter devant le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement
pour expliquer clairement sa position, et dans certains autres cas aussi, ce
sera peut-être la décision de l'Assemblée nationale. Dans
le cas de l'industrie minière, on n'a rien dit là-dessus et cela
contraste singulièrement avec l'orientation qu'on a voulu donner
à la Loi sur la protection de l'environnement.
Un autre point nous a frappés dans le mémoire, c'est celui
concernant les villes minières. Les articles 106, 232 et 321 semblent
aller à rebours de la tendance, c'est-à-dire qu'ils iraient
à contre-courant, si vous me permettez l'expression. On parle
d'orientations qui s'en iraient vers "fly-in, fly-out", c'est-à-dire des
villes dortoirs où on va travailler le lundi et d'où on ressort
le vendredi. Dans notre compréhension de la lecture, il y a une tendance
vers cette direction. Nous, on s'y oppose. On pense que, sur le plan social,
sur le plan humain, ce n'est pas la route à prendre. Il y a certaines
régions où cela peut s'appliquer lorsque ce n'est pas tellement
loin d'une ville, etc. Mais on peut voir d'ici ce qui pourrait arriver si on
voulait exploiter Fermont ou d'autres mines, comme celles dans les
régions extrêmement éloignées, à partir du
"fly-in, fly-out". Les raisons ont déjà été
étudiées dans le passé. Les entreprises se sont assises
avec notre syndicat pour regarder de façon sérieuse cette
possibilité et elle a été rejetée pour des raisons
que le ministre connaît certainement et qui sont des plus fondamentales
et des plus importantes quand on pense à l'infrastructure qu'il faut
donner, que ce soit seulement du côté santé et
sécurité, de la vie familiale, etc. Ces trois articles vont dans
cette direction, et cela nous préoccupe de voir cette direction se
dégager.
II y a aussi l'après-ménage. Il faut regarder ce que l'on
a comme programme. Là non plus, on n'en parle pas beaucoup. Il faut voir
les dommages qui sont restés sur place. On a probablement dans le
territoire québécois, à l'heure actuelle, un nombre
incalculable de trous miniers qui n'ont pas été corrigés.
Il faudrait regarder quel est le programme, peut-être d'une dizaine
d'années à la suite de la fermeture d'une mine, ce qu'on fait
pour la fermeture du collet, etc., vérifier l'environnement et regarder
les dangers qui peuvent en découler. Par exemple, l'histoire de Belmoral
en est une bonne. Il faudrait probablement s'assurer qu'on avise les gens
intéressés au développement des mines de ce qu'on veut
faire lorsqu'on ferme une mine et des protections à prendre.
La rédaction de la loi, très rapidement. Le projet de loi
161 se veut une refonte et il mérite qu'on s'y arrête. Il y a
seulement huit définitions dans la formulation de ce qu'on a vu, soit
huit définitions de termes. Si on veut donner les pouvoirs dont on parle
au ministre, avec huit définitions, cela nous semble être une
patinoire un peu trop grande et sans bande autour, peut-être. On peut
perdre la rondelle. La tendance semble vouloir aller à l'opposé
de ce qui existait. Nous pensons que cela ne devrait pas être une loi qui
permette, encore une fois, toute une procédure et une batterie
judiciaire. II faudrait peut-être, un bon jour, avoir une loi quelque
part qui puisse vivre sans avocat. Je pense que ce serait une loi efficace.
Cette approche nous inquiète également parce que vous avez
très peu de définitions. Il me semble qu'il y a un trou, un vide
là. La définition de mine, à l'article 211, nous laisse
particulièrement songeurs quand on tente de l'appliquer à la
réalité minière. Je prends l'exemple de la compagnie
minière Québec Cartier. Cette définition pourrait exclure,
M. le ministre, le chemin de fer, les installations de chargement et les
installations de transbordement du minerai au port de Port-Cartier. Si je
prends la mine de Havre-Saint-Pierre, cela pourrait exclure les concasseurs en
haut, à la mine de lac Tio. Cela pourrait exclure le travail du chemin
de fer, le transbordement - également là - et aussi le port et le
transbordement au port. Je ne suis pas certain que le ministre vise cela. Mais
la définition de mine nous laisse perplexes. En tout cas, une bonne
compréhension de la loi exige que les définitions soient
regroupées au début et qu'on tienne compte de la pratique et de
la réalité de l'industrie minière. L'industrie
minière a changé. Nous autres, en tout cas, on travaille avec les
lois mais on n'est pas des juristes. On essaie de les comprendre et des
définitions aident le lecteur et ceux qui veulent les utiliser.
L'article 306 se réfère à l'article 365, mais on ne
l'a pas trouvé. Il ne semble pas exister dans la loi. Alors, on pourrait
en déduire qu'il s'agit de l'article 364, mais
cela demeure un mystère pour nous. Qu'est-ce que l'article
365?
Les anciens règlements maintenant. Les dispositions modificatives
font référence à trois règlements issus de la Loi
sur les mines. L'article 335 en reconduit un. L'article 337 en abroge un et
l'article 335 en modifie un troisième sans préciser les
dispositions qui devraient le viser. Il y a peut-être lieu de recourir
à une formule générale reconduisant et laissant au
ministre le soin de les modifier selon les besoins, après l'adoption de
la loi. En fin de compte, vous devriez avoir là une période
transitoire par rapport à ce qui est proposé. J'ai parlé
des résidus miniers tout à l'heure dans notre chapitre sur
l'environnement. Je suis convaincu que, dans cette salle, il n'y a personne qui
veuille accepter que les résidus miniers ne soient pas des polluants; je
pense qu'on est tous d'accord pour dire que ce sont des polluants. Encore
là, il y a lieu de poser la question quant au lieu où
l'opération se déroule, de tenir compte des vocations principales
des exécutants, par exemple, les sous-traitants, etc. Donc, l'AMMQ
demande de considérer ce genre de recyclage comme des travaux miniers.
Nous disons: Les résidus sont des polluants et il faut les traiter comme
des travaux régis par cette loi. La proposition de l'AMMQ ne nous semble
pas sérieuse.
Le chemin minier. L'article 243 interdit des poursuites en dommages et
intérêts par l'usager. Cet usager peut très bien être
un travailleur se rendant au travail à la mine et un accident, dans ce
cas, ne serait peut-être pas considéré comme compensable
par la CSST, si on voulait aller au bout du raisonnement. Le travailleur se
retrouve sans ressource et il y a là une grave injustice, le cas
échéant. En tout cas, on ne dit pas que c'est ce qui est
visé, mais on pose la question.
Le Président (M. Kehoe): II vous reste une minute. Je me
demande si vous avez le temps de conclure.
M. Godbout: Sur le jalonnement, nous sommes d'accord. Nous
croyons que le jalonnement pourrait aller plus loin que ce qui est
proposé à l'heure actuelle. On pourrait faire le jalonnement sur
carte pour l'ensemble du territoire québécois. Nous savons que ce
n'est pas tout le monde qui est d'accord avec nous là-dessus, mais on
pense que cela devra bien se faire à un moment donné si on veut
gérer nos richesses de façon efficace. Nous savons qu'à un
moment donné, à l'exception des Cantons de l'Est où,
depuis 1982, on effectue le jalonnement sur carte, les propriétaires des
claims étaient et sont encore les premiers qui jalonnent et enregistrent
les territoires. Là-dessus, on pense qu'on pourrait aller plus loin. On
croit, en tout cas... On est d'accord avec une loi qui propose ces nouveaux
droits visant à assurer une utilisation et une exploitation maximums de
nos ressources. On est heureux d'offrir notre concours, bien sûr, pour
l'avancement de notre ressource naturelle qu'est l'industrie minière,
une industrie importante pour la promotion et l'avancement de ceux qui y
travaillent également. Nous pensons qu'un projet doit viser à
assurer une meilleure répartition de notre richesse et la protection de
notre patrimoine et de notre environnement.
M. le ministre, c'est humblement que nous avons soumis certaines
réflexions. Vous allez trouver plus de détails dans le
mémoire. J'ai voulu le résumer très rapidement et c'est
notre contribution à cet événement. La Loi sur les mines,
on la souhaite et on la salue. C'est une loi qui devait être revue. Elle
est pas mal vieille et elle ne reflète pas du tout la
réalité d'aujourd'hui.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. Godbout. Je demande
à M. le ministre de faire une déclaration ou des
réflexions sur le mémoire présenté.
M. Savoie: Merci, M. le Président. Je voudrais d'abord
remercier les Métallos de nous avoir présenté un
mémoire que j'ai d'ailleurs trouvé fort intéressant et
qui, effectivement, comme l'a souligné leur porte-parole, reflète
leurs grandes préoccupations depuis que je les connais. On connaît
l'emphase qu'ils mettent sur l'environnement, les préoccupations qu'ils
ont face à la protection des droits des travailleurs et,
également, dans le contexte général de la loi et de son
administration, la préoccupation qu'ils portent à la
délégation des pouvoirs. Comme vous l'avez souligné, le
projet de loi que nous avons sous la main vise à une simplification,
à une mise à jour administrative pour que les mesures
administratives qui sont en application aujourd'hui se reflètent tout
naturellement dans la loi.
Je voudrais commencer par les choses que je trouve
particulièrement importantes, mais qui ne visent que des
éléments ad hoc. Vous parlez de l'article 343, des chemins
miniers et vous dites que s'il y avait un accident sur un chemin minier par
exemple, et qu'un mineur utilisait ce chemin, il ne serait peut-être pas
apte à recevoir un traitement de la CSST. (15 h 30)
Une voix: L'article 243.
M. Savoie: L'article 243, excusez.
M. Godbout: Je pose la question parce que l'article 243 dit:
"Aucune poursuite en dommages-intérêts ne peut être
intentée par
l'usager d'un chemin minier secondaire pour des dommages causés
par un défaut de construction, de modification ou d'entretien de ce
chemin". On ouvre peut-être une brèche là.
M. Savoie: Vous pensez que c'est une brèche.
M. Godbout: On l'a regardé... Vous avez peut-être eu
l'occasion de le regarder de façon serrée du point de vue du
contentieux, mais je crois qu'il devrait être regardé de nouveau
sous cet éclairage. Cela nous inquiète. On n'a pas vu beaucoup de
lois qui vont dans une direction aussi claire que celle-ci. Si on ne peut
intenter aucune poursuite en dommages-intérêts parce qu'une route
fait défaut et qu'un travailleur se rend à la mine, qu'est-ce qui
arrive à ce moment?
M. Savoie: On m'avise qu'on avait examiné cette
possibilité et que, lorsqu'on parle de la CSST, on parle d'une
indemnité, mais qu'il ne pourrait pas y avoir de poursuites contre le
ministère concernant l'entretien de la route. On ne pourrait pas imputer
la faute...
M. Godbout: On ne pourrait pas poursuivre un tiers.
M. Savoie: On ne pourrait pas poursuivre le ministère pour
un accident. Par contre, il semble qu'on ne porte pas atteinte aux
indemnités. Étant donné que c'est un point important, je
vais demander qu'on vérifie ce point d'une façon très
serrée et qu'on communique avec vous afin d'éliminer tout doute.
Je ne voudrais pas non plus ouvrir une brèche qui pourrait aller
à l'encontre, par exemple, d'une indemnité à laquelle a
droit un travailleur. Est-ce que cela vous va?
M. Godbout: Oui, il y a peut-être l'aspect...
Là-dessus, j'aimerais que l'article soit regardé. Votre
réponse me va en partie. Prenons, par exemple, un secteur minier
où un syndicat représente les travailleurs et où
l'état de la route est fort déplorable. Si les travailleurs, au
lieu, par exemple, d'arrêter de travailler, décidaient de faire un
grief, est-ce qu'ils pourraient demander des dommages si la loi l'exclut
spécifiquement? C'est un autre aspect aussi.
M. Savoie: C'est un autre aspect des conditions de travail.
M. Godbout: Je pense que cet article doit être
regardé.
M. Savoie: Pour autant qu'on ne poursuit pas le
ministère.
M. Godbout: Ah! Je pense que vous avez probablement voulu couvrir
la poursuite d'un tiers.
M. Savoie: C'est cela.
M. Godbout: Je souhaite qu'on regarde la rédaction, en
tout cas.
M. Savoie: D'accord. Je vais demander qu'on prenne note de votre
intervention et qu'on communique avec vous ou avec une personne que vous
pourrez désigner afin d'éliminer tout doute. Évidemment,
c'était contre la poursuite d'un utilisateur d'occasion, du dimanche,
qui se promène sur la route. Il va à la chasse à la
perdrix et il fait un accident, il déboîte son auto. C'est pour
qu'il ne nous poursuive pas à la suite de cette utilisation, qui est
finalement non autorisée, mais qu'on ne veut pas non plus empêcher
en créant des barrières.
Pour ce qui est des définitions, il y a plusieurs
définitions qui aspergent le texte au moment opportun. Cela suit un peu
les orientations. On veut que le juge interprète les termes selon
l'utilisation commune, c'est-à-dire la définition du
dictionnaire. On ne veut pas créer, par exemple, des mots qui disent
autre chose que le sens commun. C'est un peu pourquoi on en a pris note.
Il y avait quelques autres points. En ce qui concerne l'article 365,
vous aviez bien raison, cela faisait référence à l'article
364. Il s'agissait d'une coquille, comme on dit. On retrouve un peu le
même type de problème à l'article 42.
Rapidement, en ce qui concerne l'environnement, évidemment, c'est
un point très important. Cela va devenir, je crois, de plus en plus
important. Dans les vinqt prochaines années, je pense qu'on va porter
beaucoup d'attention aux questions environnementales. Vous dites que l'article
231 semble présenter un problème. On se demandait si cela
voudrait dire, lorsqu'on regarde l'article 230 où on mentionne les cours
et drainages... L'article 231 donne les pouvoirs de l'exploitant et, à
l'article 230, au début, on dit: "Le titulaire de droit minier ou le
propriétaire de substances minérales peut, pour ses
activités minières et conformément à la loi..." Par
loi, on sous-entend les lois et y applicables, l'ensemble de la
législation portant sur les questions environnementales. Ce n'est
peut-être pas assez explicite. Ce n'était pas notre volonté
de permettre à un exploitant, à des fins d'exploitation
minière, d'aménager, de construire, de prendre ou de
détourner l'eau, de la façon que, lui, juge convenable.
Conformément à la loi... On dit également, au début
de l'article 231 - on le souligne à deux reprises - qu'il faut que ce
soit conforme à la loi, dans son sens général; alors, ce
sont les lois qui s'y appliquent. Cela fait appel à la Loi sur la
qualité de
l'environnement. Lorsqu'on l'a jugé nécessaire, on a fait
des références spécifiques à la Loi sur la
qualité de l'environnement; par exemple, les articles 116, 150 et 199.
À ces trois reprises, on nomme la Loi sur la qualité de
l'environnement dans des cas très spécifiques. Dans des cas
d'articles généraux, comme les articles 230 et 231, c'est
conformément à la loi québécoise.
M. Godbout: Je vous comprends... M. Savoie: Oui.
M. Godbout: ...mais je suis inquiet. M. Savoie:
D'accord.
M. Godbout: Lorsqu'on regarde l'article 231 par exemple:
"L'exploitant peut, aux fins d'exploitation minière et
conformément à la loi..." On retrouve cela, à la loi. Je
pense bien qu'on a voulu parler de cette loi-ci. On n'a pas dit: à la
loi et aux autres lois applicables.
M. Savoie: Non. Ce n'est pas à cette loi ou à la
présente loi.
M. Godbout: À la loi.
M. Savoie: C'est à la loi en général. C'est
la loi avec un petit "1", ce n'est pas un "L" majuscule.
M. Godbout: D'accord. J'ai compris.
M. Savoie: Peut-être que cela pose un petit
problème. On va quand même le vérifier pour être
certain que cela comprend la loi en général et pour être
certain que nos orientations sont exactes.
M. Godbout: II n'y a pas de problème, si c'est cela.
M. Savoie: Évidemment, nous tenons compte de plusieurs
points que vous soulevez dans votre mémoire. On ne peut pas toucher
à tous les éléments, on a seulement vingt minutes. C'est
un peu comme vous dans votre exposé, vous n'avez pas pu soulever toutes
les coquilles ou tous les points. Mais nous en avons pris bonne note et nous
avons dressé une série d'éléments avec les
recommandations se rapportant à chacun des points que vous avez
soulignés dans votre mémoire.
Je voudrais aborder quelque chose de plus général. Vous
avez abordé le sujet de la délégation de pouvoirs.
J'imagine que vous faites référence un peu à l'article 287
où le ministre peut déléguer. On est en train de revoir
cette procédure pour tenir compte, non seulement de vos recommandations,
mais également de celles d'autres intervenants qui nous ont
souligné qu'il pourrait y avoir abus. Si je comprends bien,
contrairement à l'AMMQ qui dit que le ministre a trop de pouvoirs et
qu'il y a possibilité d'abus, votre position est la suivante: le
ministre a trop de pouvoirs et on voudrait qu'il soit un peu à l'abri de
cet exercice du pouvoir, dans le sens qu'on pourrait créer des
structures plus démocratiques entre lui et l'administré. Est-ce
que c'est cela?
M. Godbout: Oui. Dans un sens, c'est cela. Bien sûr, on
souhaite que le ministre soit la personne qui voie a l'application et aux
dérogations, le cas échéant. Mais nous pensons qu'il faut
protéger le ministre. On trouve qu'il serait prudent et souhaitable que
tout ne repose pas seulement sur ses épaules, mais qu'il y ait des
forums qui s'y prêtent et qui soient à sa disposition. Cela
pourrait être différentes sortes de forums. Par exemple, on a vu
des audiences publiques. Cela arrive, à un moment donné, si l'on
veut détourner... Si on voulait détourner un cours d'eau et s'il
y avait des problèmes, le ministre pourrait décider de tenir des
audiences publiques. Il pourrait y avoir des règles ou des
règlements assez précis selon lesquels il pourrait intervenir ou
non. Il pourrait y avoir certains cas où vous décidez, comme
ministre, d'aller devant l'Assemblée nationale. Tel qu'est
rédigé l'article 287 - le ministre peut, par arrêté,
déléguer généralement ou spécialement,
à toute personne, l'exercice des pouvoirs attribués au ministre
par la présente loi - on se demande si c'est prudent. C'est un peu vous
donner un chèque en blanc.
M. Savoie: D'accord. C'est un bon point. Évidemment, dans
la loi, justement, il est prévu que le ministre peut nommer un
enquêteur pour faire ce travail. Cela va à peu près dans le
sens que vous voulez, je pense. J'imagine que ce que vous demandez, c'est un
peu de balisage dans les consultations.
M. Godbout: Ne pouvez-vous pas le faire dans la loi? Si j'ai bien
compris, vous pouvez le faire dans les cas qui sont quasi judiciaires, je
crois.
M. Savoie: Oui. Lorsqu'un ministre exerce un pouvoir quasi
judiciaire, il y a toutes les règles de justice naturelles qui
s'appliquent.
M. Godbout: C'est cela.
M. Savoie: II doit recevoir l'autre partie. Il doit lui permettre
de présenter une défense et l'entendre. Il y a toujours toutes
les possibilités d'appel d'une décision d'un ministre, qui sont
inscrites dans notre loi
depuis fort longtemps.
M. Godbout: Si vous me permettez, on a voulu noter que la loi,
telle que proposée... Je vais essayer de le dire comme il faut.
L'utilisation des pouvoirs discrétionnaires du ministre retombe sur les
épaules de fonctionnaires qui ont, à ce rnoment-là, des
pouvoirs quasi judiciaires. Cela nous préoccupe pas mal. Ce n'est pas
vrai que chaque demande va nécessairement passer devant le ministre. Il
y a des gens qui vont prendre des décisions. Je ne sais pas si vous
saisissez ce que je veux dire.
M. Savoie: Oui, très bien. Il y a deux
éléments de réponse à cela. C'est pour cela qu'on
va revoir l'article 287, pour le baliser bien comme il faut et empêcher
justement ce genre d'abus. Personne ne veut se voir diriger par un groupe de
fonctionnaires.
M. Godbout: On n'a pas dit cela!
M. Savoie: Je dis cela en riant, pour le registre.
Deuxièmement, je crois que, dans l'exercice des pouvoirs quasi
judiciaires, il y a des choses que seulement le ministre peut signer. À
ce moment-là, le ministre est responsable devant l'Assemblée
nationale, devant la population et, évidemment, devant tous les
tribunaux administratifs, comme nos fonctionnaires d'ailleurs le sont devant
les tribunaux administratifs.
Si je comprends bien, avec certaines modifications sommaires à
une vingtaine d'articles, si ma lecture est bonne, en gros, vous êtes
d'accord avec les orientations. Vous ne sentez pas que, vis-à-vis des
travailleurs dans les mines, il y a une perte ou une diminution? Vous ne sentez
pas un recul sur ce plan face à l'ancienne loi?
M. Godbout: Non. Le projet tel qu'il est articulé, on l'a
regardé... D'abord, on l'a dit, c'est une loi qui a besoin d'être
révisée, la Loi sur les mines. C'est évident. Elle a
besoin d'être rafraîchie un peu. Il y a certains points qu'on
soulève, mais avec le temps qu'on a... On aurait pu aller plus loin, par
exemple, les avis en cas de fermeture, etc. On voudrait que ce soit
regardé de façon plus profonde et cela, vous allez le trouver
là-dedans.
Nous croyons qu'il y a des choses à regarder et à
remodeler. En fait, nous trouvons qu'il y a un trou béant autour de
l'environnement. Par exemple, la Loi sur les mines devrait traiter ou, au
moins, faire référence à quelques reprises aux
problèmes environnementaux, parce que c'est fondamental. Nous pensons
que, maintenant, dans la vie des Québécois et des
Québécoises, c'est quelque chose d'important, et tant mieux! Il
faudrait que cela le soit aussi pour le ministre dans ses projets de loi.
M. Savoie: II me reste combien de temps?
Le Président (M. Kehoe): Cinq minutes.
M. Savoie: D'accord. Il me reste cinq minutes, je vais
tâcher de revenir après.
Le Président (M. Kehoe): Je cède la parole au
député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Je voudrais d'abord,
au nom de l'Opposition, souhaiter la bienvenue aux représentants des
Métallos qui se sont donné la peine de faire un travail
recherché, un travail poussé sur le projet de loi et d'en
dégager des éléments qui sont nouveaux par rapport
à beaucoup de choses qui nous ont été dites jusqu'à
maintenant de la part des autres intervenants et qui vont plus avant dans
l'implication, dans la raison d'être du développement minier dans
l'économie québécoise. Je pense qu'il y a là un
principe qui sous-tend cela, qui est tout à fait normal et même
excellent: Pourquoi développer notre économie ou pourquoi
développer un secteur économique si c'est pour que tout le monde
en pâtisse? Si on développe quelque chose sur le plan
économique, c'est pour essayer d'améliorer nos conditions de vie,
notre milieu, notre environnement, et non pas pour se détruire. Je
retrouve à l'intérieur de votre mémoire cette notion qui
dit: Pourquoi développer le secteur minier si c'est pour nuire au
développement ou créer des problèmes plus grands que si on
ne le développe pas? Je retrouve cette préoccupation en
même temps liée au fait que l'industrie minière est
importante et que l'on doit vraiment la développer. Alors, si on doit la
développer, il faut le faire bien. (15 h 45)
À la page 2 de votre mémoire, vous parlez
précisément de la nécessité de viser ou de tendre
vers l'ouverture de nouvelles exploitations minières et le maintien des
exploitations minières existantes. Vous disiez en plus dans votre
présentation, M. Godbout, qu'on souhaitait pouvoir garantir de cinq ans
en cinq ans la vie des mines existantes. J'aimerais avoir un peu plus
d'éclaircissement sur ce concept. Comment pourrait-on, techniquement
parlant, garantir de cinq ans en cinq ans la vie des mines existantes?Aussi, de quelle façon devrait-on articuler la politique
minière pour qu'elle soit beaucoup plus facilitante pour le
développement de nouveaux projets et de l'exploitation minière,
tout en respectant le milieu de vie, les conditions de travail des
travailleurs, le milieu environnemental, la cohabitation du secteur minier avec
les autres activités économiques, etc.?
M. Godbout: Nous pensons qu'il y a moyen de faire une meilleure
gestion de cette richesse naturelle qu'est l'industrie minière. On croit
que, pour survivre à long terme, l'industrie minière devra se
discipliner beaucoup plus, comme tout le monde est obligé de le faire,
au fond, et regarder de quelle façon on sera capable à moyen et
à long terme d'en "planifier l'existence", entre guillemets. Il peut
arriver une catastrophe, un effondrement des marchés ou des prix qui
font qu'il n'y a plus de mines. On croît que, si la durée moyenne
des mines... Cela va vous intéresser, parce qu'on a regardé en
gros le dossier du Nord-Ouest québécois, et quand on regarde les
mines, en fait, on parle d'une quinzaine d'années d'âge, en
moyenne. On se dit que, si on planifiait à peu près le tiers de
la vie de chaque mine et qu'on regardait un peu ce qu'on peut faire à
moyen et à long terme, il doit y avoir là quelque chose
d'important. On pense qu'il y a moyen de regrouper, de façon plus
intelligente, les ressources humaines. Nous avons présenté depuis
plusieurs années notre position là-dessus, qui s'appelle le
statut du mineur. Nous en avons parlé avec plusieurs ministres du
Travail, de l'Industrie. Nous en parlons maintenant aussi au ministre
délégué aux Mines. C'est un dossier qu'il faut examiner.
Un bassin de compétences est là, dans la région, qui peut
être mieux exploité.
Deuxièmement, on retrouve souvent, dans l'industrie
minière, des développements de gisements. On les met en fonction.
Là, les compagnies reçoivent des subventions pour bâtir un
deuxième moulin, par exemple, qui va tuer celui qui fonctionne depuis
quatre ans. On voit des entorses semblables au chapitre du
développement. Nous croyons que nous sommes capables de mieux planifier
le développement de l'industrie. Nous sommes capables de faire en sorte
que l'industrie ne vienne pas faire mourir l'autre. En ouvrant un gisement et
en le mettant en fonction, est-ce que ce gisement n'en tue pas un autre? En
tout cas, relativement aux usines de transformation et des moulins d'usinage du
minerai, on a vu, surtout dans le Nord-Ouest - je pense que vous en avez
vécu quelques expériences - l'ouverture de moulins qu'on n'avait
pas besoin d'ouvrir et qui auraient pu être mis en commun avec d'autres
qui existaient déjà. Mais, à cause de cette fameuse
philosophie de vouloir garder chacun nos choses chez nous, les entreprises ont
pu tuer la poule aux oeufs d'or dans certains cas et dans certaines
régions. Il y a moyen de mieux planifier.
Dans ce sens, nous croyons que la consolidation mieux faite et
intelligente de cette ressource pourrait donner une meilleure et plus longue
vie. Par exemple, dans la région de Chibougamau, toute
l'expérience et tout le travail qui se sont faits pour être
capable de développer et d'aller chercher ce qui reste encore comme
minerai d'or, en attendant de voir ce qui va se passer au sujet du cuivre,
c'est un exemple qui peut être fait. Mais ce n'est pas facile à
faire parce que l'industrie se bat aussi pour ses prérogatives
d'autonomie, et toute l'affaire. On n'entre pas là-dedans avec des
raquettes. Il faut mettre des bas de feutre, et, encore là, on a des
difficultés. C'est donc cela qu'on veut aborder quand on parle de cela.
Quand on parle de planification, on veut dire une gestion mieux faite de notre
richesse, de notre industrie minière, surveiller de quelle façon
peut se faire le développement, d'une façon plus intelligente. Il
faut aussi penser à la ressource humaine qui est là. Au lieu de
s'arracher les mineurs sur le marché et tenter d'aller chercher des
gens, et tout cela, et faire de la concurrence, s'il y avait un statut de
mineur, un bassin reconnu de mineurs ou une espèce de structure pour
laquelle on a présenté à plusieurs reprises un projet qui
s'appellait le fonds minier, et qui a changé au cours des années,
mais qui reste un besoin essentiel, cela nous semble très important. Je
ne connais pas d'autre industrie que l'industrie minière qui,
lorsqu'elle ouvre, s'attend et sait qu'elle commence à mourir. Je ne
connais pas un citoyen québécois qui est prêt à
ouvrir une usine de fabrication d'allumettes s'il sait qu'il faut qu'il la
ferme dans cinq ans. Mais une mine, lorqu'elle commence à produire, elle
commence à mourir. Il faut tenir compte de cela et lui donner un statut
particulier. Elle l'a, mais toute la société qui l'environne et
les gens qui vivent autour ne l'ont pas; et c'est ce qu'il faut regarder.
M. Claveau: Je dois dire que je partage entièrement votre
opinion quant à la rationalisation des services que doivent donner entre
autres les compagnies pour arriver à exploiter différents sites
dans une région, mais sans multiplier les services ou les
décupler à l'infini en se coupant tous la gorge les uns les
autres. C'est une question que je vous pose bien honnêtement: Croyez-vous
que dans la condition économique, dans la dynamique économique
que l'on vit au Québec et dans l'ensemble de l'Amérique du Nord -
que vous connaissez sûrement très bien - il est possible pour un
gouvernement d'en arriver à légiférer sur la
rationalisation des services que devraient donner des compagnies, ensemble,
quand on parle de moulins ou de chemins miniers? D'ailleurs, on a le même
problème dans l'industrie forestière où, pour avoir
accès à deux concessions côte à côte, chacune
des compagnies fait son propre chemin. Croyez-vous qu'il soit possible d'en
arriver à véritablement légiférer
là-dessus?
M. Godbout: Vous avez deux options. Il y a des programmes
incitatifs et coercitifs.
On pense qu'il y a moyen de faire un bon bout avec les programmes
incitatifs, pour tout de suite. Y a-t-il des lois acceptables? Ce n'est
peut-être pas tout à fait dans nos moeurs actuellement, mais il y
a certains pays où cela va plus loin que l'incitatif et où il y a
vraiment une réglementation assez serrée. On regarde les besoins,
on tente de garder ce que l'on a et on tente de développer pour l'avenir
ce qui s'en vient.
Par l'intervention du ministère, du gouvernement et de
l'État, on peut, par des programmes incitatifs, être assez
efficaces et regarder ce qui peut se faire du côté
législatif, mais on ne s'est pas rendu là dans notre
mémoire. Ce que l'on dit, en tout cas, c'est qu'il peut y avoir des
programmes incitatifs et des interventions qui pourront aider. On en a eu
quelques exemples depuis quelques années et, dans la situation actuelle,
on a pu voir qu'on était capable de faire quelque chose.
M. Claveau: Je vous remercie de votre réponse. Dans la
même lancée, vous parlez, en page 9 de votre mémoire, entre
autres, du "fly-in, fly-out" comme mécanique ou comme modèle
d'organisation du travail et vous ne semblez pas favoriser cela
d'emblée. Vous dites, un peu plus loin dans votre texte, que le
gouvernement devrait voir à assurer les conditions de vie des
travailleurs dans les milieux proches de leur emploi en donnant des services
adéquats, si je comprends bien, dans les villes minières. Entre
autres, on parle de véritables politiques de taxation équitables
envers les régions éloignées et on sait que la plupart des
régions éloignées, pour ne pas dire presque toutes les
régions éloignées du Québec, se sont
développées autour de centres miniers. Je dois dire que je ne
peux faire autrement que d'être d'accord avec vous là-dessus. Cela
fait partie de mes préoccupations quotidiennes dans mon travail comme
représentant du comté d'Ungava.
Par contre, d'après vous, quelle serait la limite où on
doit arrêter? J'aurais presque tendance à demander à M.
Royer, par exemple, si, dans la même logique, il trouverait normal que
l'on développe une nouvelle ville ou un nouveau centre minier avec les
populations qui y vivent. Prenons les monts Otish par exemple, en supposant que
les découvertes faites là-bas dernièrement soient
suffisantes pour donner un nouveau gisement très prometteur, alors que
les monts Otish sont quand même à plus de 100 milles au nord de
Chibougamau. C'est presque aussi éloigné de Chibougamau que
Saint-Félicien. Comment pourrait-on se donner une norme minimale dans
toute cette histoire?
M. Godbout: Ce que je sais, c'est que, pour avoir
négocié pendant une quinzaine d'années des conventions
collectives avec l'industrie minière dans les régions
éloignées, il y avait une caricature que les gens faisaient, mais
qui était assez exacte et qui décrivait assez bien la situation.
Ils disaient: On paie nos taxes et même, dans certains cas, on paie
peut-être plus que d'autres, parce qu'on gagne un peu plus cher à
cause des primes d'éloignement et tout, et la seule chose que les
gouvernements ont pu nous donner dans notre région, c'est la
Régie des alcools, peut-être parce que c'est payant. Cette
caricature décrit assez bien la situation. Lors des négociations,
on négociait les poignées de porte, les fenêtres, tout ce
qui n'est pas le transport pour les vacances, le transport aérien, les
gens qui sont malades et toute l'affaire. On négocie tous ces programmes
de vie sociale parce qu'il y a une absence complète, dans bien des cas,
de législation là-dedans. On peut prendre plusieurs points.
Ce qu'on veut dire dans notre mémoire, c'est que l'approche qu'on
retrouve aux articles 106, 232 et 321 nous semble se diriger vers le "fly-in,
fly-out", ce qui n'a pas été jusqu'à maintenant une
politique au Québec. Je crois que cela a été le contraire.
Je crois qu'on ne s'en va pas vers cette direction, je crois qu'on se dirige
vers le développement de centres où les gens pourront demeurer,
vivre ou faire carrière, élever une famille, faire instruire
leurs enfants, etc. Cela reste toujours des milieux où il y a un
minimum, où il y aura toujours des services qui vont manquer. Et
là, il faut organiser la vie communautaire et les possibilités
d'aide et de soutien, ce qu'on n'a jamais été capable de donner
aux régions minières et aux travailleurs qui y vivent, aux
familles et aux citoyens, y compris tous les services connexes. Je ne parle pas
seulement du travailleur syndiqué, je parle de tout le monde qui vit en
régions éloignées. Vous connaissez bien les régions
éloignées. Ce qui manque vraiment, c'est une vraie politique
d'encouragement du point de vue législatif. Prenons comme exemple les
taxes. Qu'est-ce qui peut être taxable et qu'est-ce qui ne le sera pas?
Que peut-on faire dans la législation quant à l'impôt pour
encourager des gens et les aider? S'il arrive un événement
heureux dans une famille, la personne est obligée de prendre l'avion ou
l'auto pour venir à Montréal ou Québec. Cela coûte
cher. Si c'est un événement malheureux, c'est souvent cela qu'on
est obligé de faire aussi, ce qui n'est pas le cas pour les gens de
Montréal. Ils paient leurs taxes, leur part à l'État et
ils n'ont pas de véritable accès aux communications et aux soins
médicaux, etc.
Dans la dernière réglementation, les propositions sur les
bénéfices nordiques, comme on les appelle, ont été
proposées par le gouvernement fédéral sous M.
Mulroney.
On vient de recevoir des règlements qui ne sont même pas
complets quant au transport aérien. Ce ne sont pas des propositions
intelligentes. Ce ne sont pas des propositions qui invitent les gens à
demeurer dans le nord. Ce ne sont pas des propositions qui articulent mieux les
problèmes nordiques. Ce sont des propositions faites à la
va-comme-je-te-pousse. Cela arrive bien vite. On dit: Tu as 5400 $ que tu peux
rabattre de ton impôt si tu as une maison à toi. Qu'est-ce que tu
fais dans une région où les compagnies fournissent les maisons?
C'est la seule façon d'attirer les gens. Ils n'ont pas ce rabattement
d'impôt. Cela ne les rapproche pas du centre hospitalier ni des
établissements d'éducation pour leurs enfants.
Par exemple, on dit: Vous avez le droit d'avoir du transport
aérien; vous avez des subventions pour le transport aérien et ce
n'est pas taxable. Mais, si on vous le donne en argent, c'est taxable. Alors,
prenons un gars qui demeure à Fermont, qui part avec sa famille. Il ne
prend pas l'avion, il décide de prendre le train de Québec
Cartier. Il reçoit de l'argent parce qu'il ne prend pas le billet
d'avion. La compagnie lui dit: Au lieu de te donner le billet, tu n'en as pas
besoin, je te donne cela en argent. Alors, cela devient taxable avec la
réglementation. Que font les travailleurs? Ils font exactement comme les
gars de Labrador City sont en train de faire. Ils sont sur la ligne de
piquetage depuis hier. Ils se retournent vers l'employeur et ils disent:
Donnez-nous des conditions qui nous permettent de vivre avec notre famille et
qui nous permettent d'avoir accès aux mêmes services que les
autres. C'est le problème. Il va falloir établir une politique
intelligente, tous les gouvernements devront s'asseoir et la regarder à
nouveau. Pas seulement au Québec, mais au Canada aussi. De quelle
façon va-t-on pouvoir aider les populations en régions vu
qu'elles n'ont pas accès à tous les services comme les autres, et
qu'elles paient leur part? Ils ne devraient pas être
considérés comme des citoyens de deuxième classe. On est
capable de faire des programmes se rattachant à eux et
représentant vraiment les besoins.
Vous savez, on a présenté plusieurs mémoires, le
CTC, la FTQ, les Métallos au niveau canadien et dans toutes les
provinces, pour dire à chaque gouvernement en place: Écoutez,
voici ce qu'il faut faire pour les régions nordiques. L'industrie est
venue avec nous pour présenter des positions à peu près
identiques, sauf qu'on n'a jamais obtenu de résultat. Il y a une grande
réponse dans la réglementation et dans la tarification. Que
peut-on accorder comme bénéfices nordiques aux gens qui vivent
dans ces régions de façon à les aider, vu qu'ils n'ont pas
accès à tous les services qu'ont les autres citoyens? C'est une
réponse importante qu'il faut regarder. Je pense qu'il y a là un
filon important, pour dire comme dans les mines.
M. Claveau: Je vous remercie de votre réponse très
intéressante qui fera sûrement réfléchir le ministre
pendant ses heures de loisir.
Je voudrais quand même revenir à l'autre question que
j'avais tout à l'heure concernant la limite qui pourrait être
acceptable en termes de déplacement. On sait qu'il existe actuellement,
à toutes fins utiles, deux écoles dans ce domaine. Une
première école dit, sans trop le dire: On a suffisamment de
problèmes avec les régions éloignées, les centres
isolés, organisons-nous donc pour tout vider cela tranquillement pas
vite, en douce, et, les nouveaux centres miniers qui vont se développer,
on les fera partir de Montréal, ou de Québec, ou de Val-d'Or, ou
de Chicoutimi, et on les enverra par en haut, "fly-in, fly-out". (16
heures)
II y a une deuxième école, qui est peut-être plus
acceptable, à mon avis, qui est de dire qu'il y a déjà un
certain nombre de villes, de localités en régions
éloignées, isolées, qui vivent des problèmes
économiques et qui sont dans une situation telle que celle que vous
décrivez actuellement. Alors, dès qu'il y aura de nouveaux
centres miniers qui se développeront plus ou moins loin, au lieu de
donner les services à partir des grands centres pour ces nouveaux sites
miniers, et au lieu de créer de nouvelles villes sur ces sites, pour
éviter certaines erreurs, comme on pourrait se permettre d'en nommer si
on voulait s'en donner la peine, de villes très rapprochées qui
ont été créées parce qu'il y avait deux mines
là... Les exemples sont quand même assez nombreux au
Québec, nombreux dans la mesure où les villes minières ne
sont pas nécessairement très nombreuses, mais les exemples sont
flagrants, pour le moins. On dit: Quand il y a un nouveau site minier qui se
développe, au lieu, donc, de donner les services à partir d'un
centre - et, à mon point de vue, Val-d'Or et Chicoutimi sont des centres
- et d'aller vers cela, profitons-en donc pour consolider l'économie des
localités ou des petites villes qui ont des problèmes à
cause, justement, de leurs mines qui sont rendues à quinze ans et des
dernières épinettes qui sont en train de sortir, et profitons des
autres centres qui se développent autour, à 15, 20, 30 ou 50
kilomètres, pour consolider cette économie.
Mais, dans la pratique, ce n'est pas cela qui se passe. Dans la
pratique, vous savez aussi bien que moi que ce qui se passe, c'est que,
dès qu'il y a une nouvelle mine... Prenons l'exemple de la mine du Lake
Shortt, prenons l'exemple de la mine du secteur de Casa Berardi ou prenons
l'exemple des gens qui, au lieu de vivre à Joutel, voyagent à
l'extérieur, dans d'autres
villes d'Abitibi. Dès qu'il y a un nouveau site qui se
développe, il y a toujours un centre plus important quelque part,
à l'extérieur, qui essaie de mettre la patte dessus pour le
contrôler au détriment des localités, des
municipalités minières qui sont sur le territoire et qui
pourraient en profiter. Alors, je me demande comment vous vous situez par
rapport à cela.
M. Godbout: Écoutez, des structures pour des structures...
On est d'accord avec ce que vous dites, en gros. Il faut tenir compte, selon
moi, dans les régions éloignées, de la qualité des
routes que nous avons. Par exemple, lorsque les hivers sont très durs,
les routes ne sont pas souvent empruntables et il peut y avoir beaucoup
d'absentéisme et des problèmes comme ceux-là. On en a
parlé. Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, on a regardé
cela passablement avec les entreprises qui sont venues au Québec,
surtout dans le Nouveau-Québec et au Labrador, et on a essayé
d'articuler tout ce problème. C'est évident qu'il faut que les
municipalités qui entourent le développement d'une mine... Une
municipalité doit en profiter au lieu de toujours... Nous autres, on ne
pense pas que ce serait intelligent que ce soit à... Je ne sais pas.
Prenons, par exemple, la région, les 300 milles qui entourent
Québec; une mine, c'est du "fly-in, fly-out". Ou bien 300 milles qui
entourent Val-d'Or, etc. Faire des centres où les mineurs vont pouvoir
aller et venir, nous pensons que ce n'est pas comme cela qu'il faut
fonctionner. On prend plutôt l'autre route. Maintenant, il y a eu des
exemples frappants aussi. Je pense, en gros, à Labrador City et Wabush
où il y a quatre milles entre les deux villes. En plein Ungava, on a
bâti deux de ceci, deux de cela. On a tout doublé partout parce
que les entreprises ne pouvaient pas s'entendre. Cela, c'est un peu drôle
aussi. On n'a peut-être plus les moyens de faire cela.
Alors, il y a moyen de mieux planifier. Nous disons que la loi, comme
nous l'avons comprise, se dirige vers le "fly-in, fly-out", ce qui n'a pas
été la tendance au Québec jusqu'à maintenant, et on
ne pense pas que ce soit dans l'intérêt des
Québécois ni dans celui des travailleurs et travailleuses qui
vont donner leurs services aux entreprises de développer dans ce sens.
Maintenant, veut-on se rendre aussi loin qu'on l'a vu? Je ne le sais pas, mais
je sais qu'il y a une tendance qui se dégage et on demande au ministre
et à tout le monde de la regarder de façon sérieuse. On ne
croit pas qu'elle soit dans l'intérêt des gens et des
municipalités qui entourent le développement minier et, si elle
allait dans le sens que vous dites, cela pourrait être assez
dévastateur dans certains cas.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. Godbout. Je dois
souliqner que le temps de l'Opposition est maintenant écoulé. Il
reste une réplique du ministre ou des interventions du ministre pour une
durée de cinq minutes.
M. Savoie: Merci. Je vois que tout le monde s'aligne sur un
ministère du Nord, M. le Président.
M. Claveau: De l'Abitibi.
M. Savoie: J'ai réfléchi un peu aux orientations et
aux problèmes que vous soulevez au niveau de l'environnement, lorsque
vous avez discuté avec le député d'Ungava. Vous savez que,
en ce qui concerne l'environnement, au Québec, il n'y a jamais eu de
fermeture - me dit-on - à cause de l'application d'une disposition de la
Loi sur la qualité de l'environnement. Je ne crois pas que ce soit votre
volonté de voir trop d'ingérence. Ce que vous cherchez, c'est de
parvenir à établir un équilibre entre des orientations
d'ordre écologique et les orientations qui favorisent le
développement de notre industrie minière. Il me revient ceci:
Est-ce que vous pensez que l'administration des critères d'environnement
doit relever du ministre déléqué aux Mines ou du ministre
de l'Environnement?
M. Godbout: On dit que le projet de loi est complètement
silencieux.
M. Savoie: Oui.
M. Godbout: Le projet de loi se réfère à une
bonne douzaine de lois; il ne se réfère jamais à la Loi
sur la qualité de l'environnement.
M. Savoie: À la Loi sur la qualité de
l'environnement?
M. Godbout: On ne l'a pas vue, en tout cas.
M. Savoie: En tout cas, à cinq reprises - je peux vous en
donner trois, quatre, rapidement, de mémoire - il se
réfère à... Par exemple, à l'article 106, on...
Une voix: L'article 116.
M. Savoie: L'article 116, 4° - je m'excuse - dit ceci: qu'il
se soit conformé aux exigences de la Loi sur la qualité de
l'environnement...". Il y a les articles 150 et 199.
M. Godbout: On parle du bail.
M. Savoie: À l'article 150?
M. Godbout: À l'article 150, c'est le
bail exclusif, on parle d'autorisation.
M. Savoie: L'article 150, 3°: "qu'il se soit conformé
aux exigences de la Loi sur la qualité de l'environnement et de ses
textes d'application;".
M. Godbout: Les deux cas que vous venez de soulever, ce sont des
cas d'abandon.
M. Savoie: Oui, c'est justement. Il faut qu'il le remette dans
l'état... Ensuite, on fait référence à toutes les
lois d'application générale lorsqu'on parle...
M. Godbout: Oui. Tout à l'heure, vous avez expliqué
la loi.
M. Savoie: Bon, c'est cela. Ensuite, si vous allez à
l'article 199...
M. Godbout: On parle encore de l'abandon.
M. Savoie: Oui, mais c'est justement. C'est au moment de
l'abandon où ça devient...
M. Godbout: Je comprends. Ce que vous soulevez, cela concerne
l'abandon; on l'a vu, cela.
M. Savoie: Oui.
M. Godbout: Mais nous disons que l'exploitant ou les personnes
qui font le claim - en tout cas, c'est notre prétention, on n'est pas en
possession de la vérité -ceux qui auront à appliquer la
loi devraient voir, là-dedans, quelles sont les réglementations
dans laquelle vous fonctionnez. Vous savez, cela coûte beaucoup moins
cher pour une entreprise de s'installer tout de suite, en partant, pour
respecter les règlements que de le faire en chemin, plus tard.
M. Savoie: Oui, mais, par exemple, une ligne qui doit toucher
l'eau, des lacs, des rivières, des cours d'eau, pour en modifier le...
On a dit, au commencement, qu'il faut que ce soit conforme à toute
loi.
M. Godbout: J'ai compris ce que vous nous avez dit tout à
l'heure. Mais, par exemple, est-ce que vous allez jusqu'à dire que vous
seriez prêt à prendre à peu près la même
approche vis-à-vis d'Hydro-Québec? Nous, une sorte de
réglementation qui entoure le développement ou le
détournement de cours d'eau par Hydro nous irait, dans l'industrie
minière, mais je n'ai pas senti que c'était là.
M. Savoie: D'accord. Finalement...
M. Godbout: On a mis en parallèle ce qu'on exige d'Hydro,
qui est une société d'État.
M. Savoie: Oui.
M. Godbout: Pourquoi ne l'exigerait-on pas d'autres qui vont
faire à peu près les mêmes travaux?
M. Savoie: Oui, mais on exige, lors de l'exploitation de la
mine...
M. Godbout: Vous êtes à quel article?
M. Savoie: ...des permis en vertu de la Loi sur la qualité
de l'environnement. Maintenant, ce n'est pas mentionné dans notre loi,
mais c'est dans la Loi sur la qualité de l'environnement.
M. Godbout: D'accord.
M. Savoie: D'accord. Je vous remercie, cela m'a beaucoup
intéressé. Je pense qu'on va retenir plusieurs choses de votre
mémoire. Oui.
M. Godbout: Un point. M. Savoie: Oui.
M. Godbout: Vous n'êtes pas revenu là-dessus et
j'aimerais vous entendre, avant qu'on ajourne, sur la définition du site
minier. Vous savez qu'il y a une décision de la Cour supérieure
qui définit le site minier, en vertu de la définition de la Loi
sur les mines, comme étant la mine, point. Les installations de surface
et les autres installations qui s'y rattachent ne sont pas incluses. Cela a
été tout le drame des amiantosés et du problème de
l'amiante, et toute l'affaire. Dans la définition, cela nous semble
très restrictif également. Avez-vous regardé cela? Je
pense aux chemins de fer...
M. Savoie: Oui.
M. Godbout: ...je pense aux quais de chargement ou de
transbordement, etc.
M. Savoie: C'est ça. J'ai pris note de votre demande
concernant la définition du site minier, et j'imagine que, lorsqu'on va
communiquer avec vous concernant la précision sur la CSST, on pourra
également vous faire part de votre demande concernant le site minier.
Évidemment, il y a beaucoup de choses que j'aurais aimé qu'on
touche ensemble. On aurait pu discuter davantage de plusieurs point, mais le
temps nous manque, le président devient impatient. Je voudrais tout
simplement vous remercier de votre mémoire. J'ai vraiment
apprécié les grandes orientations que vous avez données
à votre
mémoire et il y a plusieurs points que j'ai trouvés des
plus pertinents. Alors, je vous remercie.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le ministre. Merci, M.
Godbout. Je vous donne quelques secondes pour conclure. M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Je vous remercie, M. le Président. Alors, je
veux remercier les représentants des Métallos qui se sont
donné la peine de faire un bon travail sur le projet de loi sur les
mines. En tout cas, je peux vous assurer que, sur toute la problématique
qui est reliée aux conditions de vie, de travail, du milieu humain dans
les villes minières, particulièrement dans les villes
isolées du Moyen-Nord et du Nord québécois, je suis avec
vous à 100 % et, comme je l'ai fait par le passé, je vais
continuer a faire tout mon possible pour essayer de percer la machine
administrative et la machine gouvernementale pour faire comprendre que ce n'est
pas facile de vivre dans ces milieux-là et que, si on veut en partager
les avantages, on se décide donc aussi à en partager les
inconvénients. C'est bien plus facile d'en parler vu de
l'extérieur que de vivre dedans, avec toutes les contraintes du milieu.
J'espère qu'un jour l'opinion publique québécoise sera
suffisamment sensibilisée à la problématique du milieu de
vie dans les villes isolées du Nord et du Moyen-Nord
québécois pour que des revendications comme celles que vous
faites semblent légitimes et honnêtes, et soient acceptées
d'emblée par nos dirigeants politiques.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. Godbout. Merci, MM. les
représentants du Syndicat des métallos.
M. Godbout: Merci beaucoup.
Le Président (M. Kehoe): J'invite maintenant les prochains
intervenants, l'Association des constructeurs de routes et grands travaux du
Québec, à s'avancer et à s'identifier.
Nous allons suspendre les travaux quelques minutes en attendant
l'arrivée des autres intervenants.
(Suspension de la séance à 16 h 13)
(Reprise à 16 h 19)
Le Président (M. Kehoe): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous allons continuer avec le prochain intervenant, l'Association des
constructeurs de routes et grands travaux du Québec. Je demande aux
représentants de cet organisme de s'identifier, s'il vous
plaît.
Association des constructeurs de routes et grands
travaux du Québec
M. Richard (Gabriel): Gabriel Richard, directeur
général de l'Association.
Le Président (M. Kehoe): Bienvenue. Les personnes avec
vous?
M. Richard (Gabriel): M. le Président, à ma droite,
M. Réjean Gingras, de l'entreprise de construction Désourdy,
suivi de M. Nicol Dallin, d'Entreprises Beau Bassin, et M. Armand
Lelièvre, qui sera ici dans une seconde et qui est en même temps
administrateur de l'association. À mon extrême gauche, M. Angelo
Roy, de Pavage Sartignan, et en même temps vice-président de
l'association, et Me Gisèle Bourque, qui est le conseiller juridique de
notre association.
Le Président (M. Kehoe): Je souhaite la bienvenue à
votre groupe et vous fais remarquer que vous avez 20 minutes pour la
présentation de votre mémoire et 20 minutes d'échanges
avec le parti ministériel et le parti de l'Opposition. Si vous voulez
présenter votre mémoire, M. Richard.
M. Richard (Gabriel): M. le Président, M. le ministre,
messieurs de la commission. Notre association regroupe 600 membres qui oeuvrent
dans le domaine de la construction de routes et de travaux de génie
civil dans toutes les régions du Québec. Cependant, les sources
d'approvisionnement de substances minérales de surface qui proviennent
de terres de la couronne ne concernent qu'un petit nombre de nos entrepreneurs
et ces derniers nous ont rarement fait part des problèmes ou
difficultés résultant de la Loi sur les mines, à part la
redevance de 0,28 $ la tonne dont l'existence leur semble
injustifiée.
Nous avons donc retenu les services de Me Jean-Paul Lacasse pour nous
formuler une opinion plus éclairée que nous incluons en annexe de
la présente. Quelques articles du projet de loi et des règlements
attirent toutefois notre attention et nous les commentons ci-après. Les
baux d'exploitation exclusifs et non exclusifs.
Pour obtenir des contrats, nos entrepreneurs sont tenus d'abord de
procéder par voie de soumissions publiques qui doivent être
présentées dans un contexte de saine compétition, puisque
les contrats sont octroyés aux moins offrants. II est donc essentiel que
les sources d'approvisionnement les plus économiques du domaine de la
couronne soient disponibles pour tous les soumissionnaires. Il est
également essentiel d'accorder une certaine protection aux entreprises
qui sont implantées dans les régions après y avoir investi
des sommes
substantielles et qui méritent de poursuivre leurs
activités. Le critère de ces baux qui nous tracasse est donc la
durée de cinq ans qui, réduite à deux ans, nous
paraît mieux appropriée. Nous parlons ici des nouveaux baux. Les
entreprises qui avaient des droits acquis au 31 décembre 1986 devraient
les conserver.
Les territoires exclus du bail d'exploitation. Selon les articles 26 et
138, un bail d'exploitation sera interdit sur un territoire classé comme
parc. Le ministère des Transports sera concerné par cette
interdiction. Les coûts de construction de routes augmenteront
proportionnellement à l'éloignement des sources alternatives
d'approvisionnement. Aussi, nous croyons que ce projet de loi devrait traiter
du sort qui sera réservé aux actuels détenteurs de permis
d'exploitation sur des territoires qui deviendront exclus.
Redevance. L'article 149 devrait clarifier qu'aucune redevance n'est
exigible de l'entrepreneur qui construit sur un chemin public pour le compte de
la couronne.
Dispositions transitoires. À l'article 335, nous comprenons que
le titulaire d'un permis exclusif obtiendra un bail exclusif de cinq ans sans
égard à la durée du permis. Est-ce bien l'intention du
législateur(
Les dispositions abusives. Plusieurs articles du projet de loi
confèrent au ministre des pouvoirs qui devraient être
exercés par des tiers impartiaux. Compte tenu de l'évolution
récente de l'arbitrage au Québec, nous croyons que le
législateur devrait préconiser ce moyen pour régler
avantageusement les différends qui pourraient survenir lors de
l'application de cette loi.
Les consultations. Nous suggérons à la commission de tenir
quelques consultations dans les régions du Québec qui seront les
plus touchées par cette loi. Les intervenants immédiatement
intéressés auront alors l'occasion de bien comprendre, au
départ, les changements qui leur seront imposés et aussi de
formuler les commentaires qui pourraient servir à bonifier le
présent projet de loi.
Nous vous remercions d'avoir invité l'Association des
constructeurs de routes et grands travaux du Québec à vous
communiquer son opinion et nous demeurons à votre disposition pour les
questions que vous voudrez bien nous poser. Merci.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. Richard
et M. le ministre.
M. Savoie: Merci. Je voudrais d'abord vous remercier d'avoir pris
le temps de venir nous présenter un mémoire, lequel, d'ailleurs,
soulève plusieurs points qui méritent notre intérêt.
Toutefois, lorsque vous parlez de consultations dans les régions, il
faudrait souligner que les commissions parlementaires tiennent lieu de
consultations publiques et permettent des échanges additionnels.
Évidemment, l'ensemble des régions est représenté
par des intervenants. Par exemple, on a eu des intervenants du secteur de
l'amiante, des prospecteurs d'Abitibi-Témiscamingue principalement et
d'autres régions du Québec. On a eu également la compagnie
Noranda qui a des activités à Murdochville en Gaspésie.
Compte tenu du fait que c'est un domaine d'activité qui s'applique
particulièrement à trois régions
périphériques, nous avons cru bon de permettre tout simplement de
dire que la commission parlementaire tenait lieu finalement de consultation
publique. Pourriez-vous nous donner quelques exemples de dispositions que vous
croyez abusives dans la Loi sur les mines?
M. Richard (Gabriel): En particulier, le fait que le ministre
décide si le maintien d'un bail exclusif est nécessaire pour
qu'un entrepreneur soit capable de demeurer en affaires. Je pense que c'est
l'article 141.
M. Savoie: C'est peut-être l'article 142. M. Richard
(Gabriel): Ou l'article 142.
M. Savoie: Sur la durée du bail exclusif. Le ministre
renouvelle le bail exclusif pour la même période, pourvu que le
locataire en ait fait la demande, ait fait de l'exploitation pendant au moins
un an, ait satisfait aux conditions de renouvellement fixées par
règlement, ait acquitté le loyer, ait respecté les
dispositions de la présente loi... On peut le refuser pour l'extraction
ou l'exploitation de sable, de gravier et d'argile commune, lorsque le ministre
est d'avis que la garantie d'approvisionnement n'est plus nécessaire
à l'établissement ou à la survie de l'entreprise. Ce
serait des dispositions...
M. Richard (Gabriel): Ce sont ces dispositions. Selon l'opinion
de Me Lacasse, il nous dit que c'est seulement s'il est démontré
au ministre qu'une garantie d'approvisionnement est nécessaire à
l'établissement ou à la survie de l'entreprise ou encore si
l'exploitation vise d'autres substances minérales de surface, comme la
pierre, que le bail pourra être exclusif. Le bail exclusif dure cinq ans
et peut être renouvelé pour la même période aux
conditions prévues par règlement. Il semble, selon Me Lacasse,
que le ministre a le pouvoir de décider s'il doit renouveler ou non le
bail d'exploitation exclusif qui était octroyé auparavant aux
entreprises.
M. Savoie: Est-ce qu'on est d'accord pour dire que le pouvoir est
circonscrit dans le sens que le ministre ne peut refuser que lorsqu'il est
d'avis que la garantie d'approvisionnement n'est plus nécessaire
à
l'établissement ou à la survie de l'entreprise?
M. Richard (Gabriel): C'est cela. Je me demande si c'est le
ministre qui doit décider cela.
M. Savoie: Effectivement, contrairement à d'autres
dispositions législatives, il n'y a pas de commission, il n'y a pas
d'office qui voit à l'application de la loi. C'est finalement le
ministère, qui est chargé de l'administration de la loi. Nous
avons eu l'occasion de discuter de ce point à plusieurs reprises avec Me
Lacasse au cours de la semaine dernière. Je crois qu'il a
été des plus sensibilisés à notre position et qu'il
est très difficile de permettre à quelqu'un d'autre d'administrer
la loi dans le contexte actuel. On croit que le pouvoir est circonscrit. On
indique très clairement les conditions de non-renouvellement qui sont
établies. Il y a toutes les dispositions de la justice naturelle qui
s'appliquent à une telle décision ministérielle. On
soulève à plusieurs reprises la question d'entendre l'autre
partie, ce qui fait partie de la justice naturelle, du droit d'appel d'une
décision d'un ministre.
Finalement, ce n'est pas tellement une question de discrétion ou
d'appréciation. C'est tout simplement une forme expéditive
d'administration. (16 h 30)
M. Richard (Gabriel): D'accord. Je ne veux pas discuter de la
qualité d'un ministre, mais il reste qu'un ministre est quelqu'un d'un
parti et, l'autre fois, c'est quelqu'un d'un autre parti. Cela change. Cela
peut être une décision politique de décider de la survie
d'une entreprise parce que c'est le ministre qui décide. Si vous parlez
de la justice naturelle, ce " n'est pas une fois que l'entreprise s'est fait
enlever son permis ou qu'on a refusé de le renouveler que son
problème est réglé. Si elle peut recourir aux tribunaux,
cela prend cinq ans ou huit ans avant d'avoir une réponse.
M. Savoie: D'accord.
M. Richard (Gabriel): C'est pour cela qu'on vous suggère
dans notre mémoire de recourir à l'arbitrage, qui est un moyen
beaucoup plus rapide. C'est quand même un outil qui est neutre, un
mécanisme pour faire appliquer la loi et qui pourrait rendre des
décisions beaucoup plus rapides que la cour.
M. Savoie: D'accord.
M. Richard (Gabriel): D'autant plus qu'à Québec
vous avez maintenant le Centre d'arbitrage commercial national et international
qui pourrait facilement s'occuper de mandats bien précis de la Loi sur
les mines.
M. Savoie: Oui. C'est Nabil Antaki qui est champion de ce projet.
Je suis familier avec cela. Cela s'applique assez difficilement à la Loi
sur les mines.
En tout cas, pour vous donner satisfaction là-dessus en quelque
sorte, peut-être pourrait-on vous indiquer que nous sommes justement en
train de revoir l'article 142 et d'étudier la possibilité de
mettre un appel spécifique à cet article pour assurer qu'il ne
fasse pas strictement l'objet d'une décision de favoritisme politique,
à la suite du dépôt de votre mémoire. Je tiendrais I
souligner toutefois que vous êtes bien au courant qu'il y a toujours
appel d'une décision. Il y a toujours moyen de critiquer cette
décision par la voie des tribunaux judiciaires.
Une dernière question. Vous nous avez demandé de
réduire le bail de cinq ans à deux ans. Quels seraient, selon
vous, les avantages à réduire ce bail de cinq à deux
ans?
M. Richard (Gabriel): Le seul problème que nous voyons
là, ce sont les entreprises déjà implantées dans
certaines régions, dans les régions de la Côte-Nord en
particulier où il y a plus de mines que sur la Grande-Allée.
Elles sont déjà implantées et elles ont déjà
investi des sommes considérables pour exploiter leurs entreprises.
Selon la loi, quelqu'un d'autre pourrait profiter de cet article pour
obtenir un bail dans cette région-là et il obtiendrait
immédiatement un bail de cinq ans, car il n'y a uniquement que ces cinq
ans dans la loi. Cela pourrait causer d'immenses torts, car cinq ans, c'est
long quand on est obligé de se défendre devant les tribunaux pour
essayer de maintenir son entreprise. C'est seulement sur la durée du
bail qu'on accroche. On se dit que, si c'était deux ans, ce serait moins
long et un entrepreneur ou une entreprise souffrirait moins longtemps.
N'oubliez pas que tout ce dont on parle ici, pour nous, se sont des substances
minérales de surface. Nous ne nous impliquons pas dans l'exploitation
même des mines ou quoi que ce soit.
Nous avons aussi dit qu'il fallait tenir compte des droits acquis et,
selon nous, les droits acquis au 31 décembre 1986 sont les vrais droits
acquis qui devraient être considérés par le projet de loi.
Entre le 1er janvier 1987 et le temps où ce projet de loi sera
promulgué, certaines personnes auront le temps d'aller se procurer des
permis qui deviendront plus tard des baux exclusifs. On voudrait éviter
cette situation.
M. Savoie: Est-ce que cela veut dire que vous n'êtes pas
satisfaits des mesures transitoires?
M. Richard (Gabriel): C'est cela. Selon
ce que nous avons conclu des mesures transitoires, nous comprenons que
quelqu'un pourrait obtenir un permis - pas un bail -qui deviendrait par la
suite un bail exclusif de cinq ans. Comme je vous le dis, nous ne sommes pas
des spécialistes de ta Loi sur les mines, et peut-être
comprenons-nous mal ces articles.
M. Savoie: Si je comprends bien, la réduction de cinq ans
à deux ans ne porterait que sur les exploitations de droits de surface.
Est-ce exact?
M. Richard (Gabriel): Seulement pour les substances
minérales de surface et seulement pour les nouveaux baux. Seulement pour
ce qui arriverait après la date de promulgation de la loi.
M. Savoie: On m'avise que les permis de surface ne sont pas
affectés par la période de cinq ans et qu'ils restent à un
an pour les sables et graviers.
M. Richard (Gabriel): Vous me dites que quelqu'un qui a
actuellement un permis de surface...
M. Savoie: Oui, pour le sable et le gravier...
M. Richard (Gabriel): ...pour le sable et le gravier, aura,
après l'adoption de la loi, un permis d'un an.
M. Savoie: Un an, oui. Le permis de cinq ans ne s'appliquerait
pas.
M. Richard (Gabriel): Alors, à quoi rime l'article qui dit
qu'il y aura des baux exclusifs de cinq ans? Je pense que c'est l'article
335.
M. Savoie: Dans les mesures transitoires, il est prévu que
les permis de cinq ans continueront de s'appliquer sur cinq ans, ceux d'un an
continueront de s'appliquer sur un an; il y a très peu d'exceptions au
principe de cinq ans.
À l'article 335, "Le titulaire d'un permis d'exploitation d'une
sablière délivré en vertu du règlement... devient
titulaire d'un bail non exclusif d'exploitation de substances minérales
de surface ou d'un bail exclusif... selon le permis qu'il détenait".
L'article 335 présente une partie de la solution.
On m'avise très clairement qu'effectivement, en vertu de la
nouvelle loi, lorsque vous exploitez une carrière de sable et de
gravier, vous avez une période d'un an. Donc, la disposition de cinq ans
à deux ans ne porte finalement que sur une exploitation
minérale.
M. Richard (Gabriel): À un endroit dans la loi, vous dites
qu'un bail exclusif a une durée de cinq ans.
M. Savoie: Oui.
M. Richard (Gabriel): Pour les baux exclusifs, c'est toujours
cinq ans.
M. Savoie: C'est cela.
M. Richard (Gabriel): À l'article 335, on ajoute "selon le
permis qu'il détenait" à la fin de l'article. Ce que vous voulez
dire par cela, c'est que quelqu'un qui a un permis d'un an non exclusif
obtiendra un bail exclusif d'un an.
M. Savoie: Non, il aura un bail non exclusif d'un an. Vous ne
pouvez pas passer d'un an à cinq ans en vertu de l'article 335. Vous
renouvelez votre permis pour la même période en vertu des mesures
transitoires.
M. Richard (Gabriel): Même si le permis qu'il avait est
exclusif?
M. Savoie: Si le permis qu'il détenait était
exclusif, il est reconduit. S'il avait un permis exclusif de cinq ans, il est
reconduit pour cinq ans.
M. Richard (Gabriel): J'avais interprété - et
plusieurs autres aussi, d'ailleurs - que, selon le permis qu'il
détenait, cela voulait dire exclusif ou non exclusif. Je ne pensais pas
que le terme un an, deux ans, trois ans ou quatre ans était aussi
couvert selon le permis qu'il détenait.
M. Savoie: Finalement, vous ne voulez pas que quelqu'un passe
d'un an à cinq ans en vertu des mesures transitoires.
M. Richard (Gabriel): C'est cela.
M. Savoie: Alors, nous allons faire une vérification
additionnelle. Il pourra peut-être y avoir un changement pour vous donner
pleine satisfaction sur ce point, car ce n'est pas notre volonté
à nous non plus. D'accord?
M. Richard (Gabriel): Oui.
M. Savoie: On m'avise qu'il me reste deux minutes. Je pourrais
peut-être céder la parole au député d'Ungava et
revenir faire ma conclusion par la suite.
Le Président (M. Kehoe): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, dans un premier temps, au nom
de l'Opposition, je voudrais souhaiter la bienvenue aux représentants de
l'Association des
constructeurs de routes et grands travaux du Québec qui se
donnent la peine d'intervenir régulièrement sur un certain nombre
de projets de loi. On s'est déjà vu ici, dans cette même
salle, à la même place lors de l'étude du projet de loi sur
la construction et d'autres lois où vous êtes directement
impliqués; on le comprend très bien, d'ailleurs. Finalement,
c'est grâce à vos interventions, à cause de vos
activités professionnelles, dirais-je, que les Québécois
et les Québécoises réussissent à traverser ces
grandes régions et à se déplacer d'un endroit à un
autre. Cela fait que vous êtes à peu près toujours pris
dans un certain nombre de contraintes, selon le milieu où vous arrivez,
que ce soit une tourbière, un parc national, un site minier ou un site
écologique contrôlé, n'importe lequel.
Au fond, je crois que le ministre a passablement touché
l'ensemble de votre mémoire qui est très technique, en termes
d'approche, par rapport à votre besoin spécifique de devoir
garantir des droits sur des dépôts de sable et de gravier.
J'aimerais aller dans un domaine plus large et vous demander vos
réactions, votre point de vue, par rapport à ce qu'on a entendu
au cours de la journée et vu dans des mémoires
précédents, sur la cohabitation de différentes
activités. Entre autres, certains représentants du monde minier
disaient: Nous ne sommes pas trop d'accord que, par exemple, un permis
d'exploitation de minéraux de surface ou de bancs de gravier soit
donné sur un site minier qui nous appartient, etc. Est-ce que vous
croyez qu'il y a vraiment un problème de cohabitation là-dedans
ou si vous pensez qu'il y a moyen d'exploiter, en même temps, nos
richesses de surface et nos richesses de sous-sol?
M. Richard (Gabriel): Je vous remercie pour ce que vous avez dit
au commencement, au sujet de notre association. Oui, je pense qu'il y a moyen
de faire cela. Pour le faire, il faut que l'exploitant minier soit consentant
à ce que les exploitants de minéraux de surface le fassent par la
suite, qu'il soit d'accord et qu'il réalise très bien que c'est
aussi dans son intérêt. Si c'est fait par le biais d'obligations
dans une loi, franchement, je pense qu'il aura beaucoup de moyens pour amener
des embûches et empêcher que cela fonctionne bien.
M. Claveau: Dans la pratique, actuellement, au moment où
on se parle, dans le quotidien, est-ce qu'il existe des problèmes de ce
genre ou si vous les réglez généralement à
l'amiable, sur place, ou selon la loi en vigueur présentement?
M. Richard (Gabriel): Je crois que nous avons peu de
problèmes et nous les réglons sur place, en nous entendant avec
les propriétaires des mines.
M. Claveau: D'accord. À la page 12 de votre
mémoire, vous faites allusion, entre autres, au fait que, si vous
respectiez à la lettre certains articles de la loi par rapport aux parcs
et aux réserves, aux sites écologiques ou aux lits des
rivières pouvant être aménagées pour produire de
l'électricité, etc., vous pourriez vous retrouver, par exemple,
dans la situation suivante: vous feriez des travaux qui seraient près
d'un banc de gravier, mais vous ne pourriez pas y toucher, ne serait-ce que
pour la période de trois mois au cours de laquelle vous en auriez
besoin, et vous devriez aller chercher très loin... Vous dites: "Le
constructeur de gros travaux ne pourra pas s'approvisionner sur place." Avec
les articles de la loi tels que rédigés actuellement, entre
autres, en ce qui concerne la soustraction des jalonnements, à l'article
286, est-ce que vous croyez vraiment que la situation pourrait aller
jusque-là?
M. Richard (Gabriel): C'est ce que Me Lacasse croit. Quant
à nous, lorsque nous sommes appelés à exécuter un
travail sur un site de construction, généralement, les
arrangements sont faits par d'autres. Si on parle de la construction d'un
barrage pour le compte d'Hydro-Québec, nous présumons
qu'Hydro-Québec a pris des arrangements avec les différents
ministères pour que nous ayons le droit de travailler là. Ce que
nous voyons dans cette loi, c'est que, si, par hasard, tout n'avait pas
été bien fait au début, selon un article de cette loi,
nous ne pourrions pas aller prélever les agrégats que l'on
croyait raisonnablement pouvoir prendre au moment des soumissions. Là,
vous voyez bien qu'on pourrait se faire dire: C'est dans la Loi sur les mines,
vous n'aviez qu'à vérifier si tout avait été fait
correctement auparavant. C'est la seule crainte que nous avons. Autrement, si
tout est bien fait avant, il n'y a pas de problème. (16 h 45)
M. Claveau: D'accord. En ce qui concerne l'exclusivité, le
bail de cinq ans avec exclusivité d'exploitation - supposons, en tout
cas; je ne sais pas si on s'est compris, si c'était bien cela ou non,
mais j'ai retenu que cela se pouvait... Ne croyez-vous pas - c'est une de mes
préoccupations, surtout en tant que représentant d'une des
régions éloignées qui ont souvent des problèmes
quotidiens qu'on ne voit pas ailleurs - que, si un entrepreneur de travaux
routiers - membre de votre association ou non; cela ne change rien -
contrôlait par un bail exclusif de cinq ans le seul dépôt de
gravier accessible ou rentable, économiquement accessible dans un
secteur donné, isolé, au Québec, cela ne briserait pas le
jeu de la libre concurrence? Cela ferait en sorte que,
finalement, pour pouvoir soumissionner sur un travail quelconque dans
cette région, dans ce coin du pays pendant les cinq années qui
suivent l'émission de son bail... À toutes fins utiles, c'est lui
qui a le contrôle et il n'y a personne qui peut soumissionner plus bas
que lui. Ne croyez-vous pas qu'il y a de ces risques dans certaines
régions du Québec? Je pourrais vous nommer des régions
Matagami, Chibougamau, Fermont - où il n'y a pas plus de gravier qu'il
faut. Vous savez, on est dans des zones de moraine ou de tourbe et le gravier,
on l'a quand on en trouve.
M. Richard (Gabriel): C'est exactement notre grande crainte parce
que quelqu'un pourrait détenir une information privilégiée
lui permettant de savoir que, dans trois ans, il va se réaliser un
projet à un certain endroit. Et là, profitant de certains
articles de la loi, il pourrait réussir à obtenir un bail
exclusif de cinq ans et, par la suite, personne d'autre ne pourrait y toucher
parce qu'il serait seul là. Il pourrait même le faire au
détriment des entreprises qui sont déjà là et qui
n'ont pas l'information privilégiée que cette personne avait.
C'est notre grande crainte et c'est pour cela que nous vous disons de
réduire le terme à deux ans. Mais nous ne sommes pas certains,
nous ne sommes pas des experts dans la Loi sur les mines. Nous croyons que, si
cela était réduit à deux ans et qu'il se produisait une
telle chose, les entrepreneurs locaux auraient uniquement deux ans à
souffrir au lieu de cinq et que cela leur ferait moins mal.
Maintenant, dans le même ordre d'idées, il faut absolument
que la même loi protège les entreprises qui sont
déjà là, qui ont investi des sommes considérables,
qui emploient des gens, qui doivent continuer à payer des salaires et
à faire vivre ces familles. Alors, si ces gens qui, par le passé,
ont gagné leur vie là avaient besoin de baux exclusifs,
même s'il faut que cela soit 20 ans, donnons-leur des baux de 20 ans.
C'est aussi simple que cela.
M. Claveau: Veuillez croire, M. Richard, que si telle est votre
préoccupation je la partage entièrement. J'avais effectivement
peur qu'on en arrive à un mécanisme qui ferait en sorte qu'un
entrepreneur, par le biais d'une information ou d'une technicité
légale, administrative, réussisse à contrôler
l'ensemble des bancs de gravier d'une région et fausse, à ce
moment-là, toute possibilité de libre concurrence ou de
soumissions, disons "honnêtes", entre guillemets. Si c'est là
votre préoccupation, je m'engage à la défendre
sérieusement afin que le terme d'exclusivité soit le moins long
possible, du moins dans certaines régions du Québec où les
dépôts sont en nombre très limité. Cela
compléterait ma période de questions en ce qui concerne votre
mémoire.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre, un dernier
mot?
M. Savoie: Oui, d'accord. Je crois que les articles 134, 135 et
136 expliquent assez clairement la question d'exclusivité et de
non-exclusivité. Je crois que, finalement, le discours qui se produisait
était clairement explicité par ces articles, en particulier par
les articles 134 et 135.
On a convenu, je crois, que le contentieux prendrait contact avec vous
afin d'être certain, hors de tout doute, que vos considérations
concernant les mesures transitoires, de même que la question de
l'exclusivité et de la non-exclusivité, le renouvellement du
bail, soient à votre entière satisfaction.
Je vous remercie pour votre mémoire. Plusieurs points font
actuellement l'objet d'une révision et d'un réexamen,
particulièrement en ce qui concerne la condition d'appel, à
l'article 135. Je vous remercie beaucoup d'avoir pris le temps de venir ici
aujourd'hui présenter votre mémoire que je crois fort utile
à notre projet de loi.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. Richard et les membres
de votre équipe.
M. Claveau: M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Excusez-moi. M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Je voudrais aussi remercier les représentants
de l'Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec
pour leur excellente participation à cette consultation publique. Elle
est dans la lignée de celles que vous faites
régulièrement, toujours opportune, et elle soulève des
points qu'on aurait malheureusement tendance à oublier. Comme je le
disais tout à l'heure, votre intervention étant d'ordre
général dans presque tout ce qui concerne les
développements d'exploitation de matières premières au
Québec, on a peut-être tendance à sous-estimer l'importance
de l'impact de la loi, à certains points, sur votre travail et sur le
développement des activités économiques de vos
membres.
Je vous remercie de votre présentation et je puis vous assurer
que certaines de vos recommandations seront écoutées d'une
oreille très attentive de la part de l'Opposition.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. Richard.
M. Richard (Gabriel): Vous êtes le bienvenu.
Le Président (M. Kehoe): J'appelle le prochain groupe
d'intervenants, Gaspésie, société d'explorations
pétrolière et minière Inc.
Gaspésie, société d'explorations
pétrolière et minière Inc.
M. Seguin (Émilien): M. le Président, M. le
ministre, je m'appelle Émilien Séguin, Je suis le
président d'une PME qui s'occupe d'exploration de pétrole en
Gaspésie. À ma droite, je vous présente M. Claude Anger,
qui est un géophysicien pétrolier, ex-employé de SOQUIP.
Il a sa propre PME lui aussi et il s'occupe d'exploration de
pétrole.
Le Président (M. Kehoe): On vous souhaite la bienvenue, M.
Séguin. Je vous demanderais de présenter votre
mémoire.
M. Séguin (Émilien): Merci. Vous savez que j'ai
été invité ici parce que je dirige une PME qui s'occupe
d'exploration de pétrole. Il n'y a pas beaucoup de PME qui s'occupent
d'exploration de pétrole; nous sommes cinq ou six présentement.
Traditionnellement au Québec, ce sont les multinationales qui se sont
occupées des hydrocarbures. Elles sont toutes venues, les unes
après les autres, creuser un puits et elles sont retournées.
Évidemment, SOQUIP a aussi été active pendant un
certain nombre d'années. Qu'il y ait autant de PME qui déploient
des efforts assez soutenus dans ce domaine, c'est relativement nouveau. Ce qui
est assez difficile à expliquer, c'est pourquoi les PME ont mis autant
de temps à s'intéresser aux hydrocarbures au Québec. Si on
regarde les districts pétroliers connus comme l'Ouest canadien ou les
États-Unis, on se rend compte rapidement que, dans ces districts
pétroliers, il y a évidemment des multinationales - elles sont
toutes là - mais il y a beaucoup plus de PME que de multinationales. Les
PME, dans ces districts, ont joué un rôle assez
déterminant.
Au Québec, c'est comme si les hydrocarbures étaient
réservés exclusivement aux multinationales et qu'il n'y avait pas
de place pour les PME. À ce sujet, je voudrais vous dire qu'en
Gaspésie on retrouve les mêmes formations géologiques que
dans l'Ouest canadien, par exemple. Je n'entrerai pas dans les détails;
je parle de l'ensemble, la même pile sédimentaire des
périodes ordovicienne, silurienne et dévonienne. On a ces
formations géologiques en Gaspésie. Ce sont les mêmes qui
se retrouvent en Alberta, par exemple, avec une différence: en Alberta,
les formations sédimentaires qui sont, comme vous le savez,
déposées par bancs horizontaux se retrouvent maintenant encore en
position horizontale. En Alberta, tout a été tranquille, il ne
s'est rien passé depuis les lointaines époques
géologiques, tandis qu'en Abitibi il s'est passé beaucoup de
choses au niveau qéologique. Il y a beaucoup d'événements
qui sont survenus. On a une chaîne de montagnes qui est là, et
ça résulte du fait que les roches ont été soumises
à beaucoup de contraintes. Il y a eu beaucoup de plissements, de
cassures et de déplacements.
Donc, les réservoirs pétroliers originaux qui pouvaient se
trouver en Gaspésie en position horizontale ont été
affectés sérieusement. À mon avis, on se retrouve dans une
situation où il y a beaucoup plus de petits que de grands
réservoirs. Donc, c'est un contexte qui convient davantage aux PME
qu'aux multinationales. Dans ce contexte, c'est souhaitable que les PME
s'intéressent à l'exploration du pétrole en
Gaspésie parce qu'elles peuvent jouer un rôle
déterminant.
Je voudrais vous dire deux mots de ce que ma compagnie a fait depuis
quatre ans. Avec un budget et des moyens modestes, on a dépensé 2
000 000 $ jusqu'à maintenant en Gaspésie. On a découvert
trois réservoirs pétroliers. Quand je parle de réservoirs
pétroliers, je veux dire des endroits où les formations rocheuses
sont très poreuses ou fracturées, ou les deux ensemble, et
où la porosité ou les fractures sont pleines de pétrole.
C'est un réservoir pétrolier. Nous en avons découvert
trois avec des quantités de pétrole très
appréciables. Évidemment, de la découverte à
l'exploitation, il y a beaucoup de travail à faire. Il y a aussi le prix
du pétrole qui est très important. Par exemple, maintenant, la
situation n'est pas la même qu'elle était il y a à peine un
an et demi. Nous sommes assez satisfaits des résultats que nous avons
obtenus avec les moyens quand même modestes que nous avions.
J'aimerais ajouter pour votre information que, présentement, on
fore un puits de 3000 pieds selon les règles de l'industrie
pétrolière. On commence avec un puits d'un diamètre de
douze pouces, on réduit à huit pouces, on s'en va à 3000
pieds. L'entrepreneur qui creuse le puits de 3000 pieds, c'est un entrepreneur
québécois de Saint-Nicolas, près d'ici, qui est
propriétaire d'une foreuse pétrolière comme il s'en trouve
dans l'Ouest canadien. Dans quelques semaines, nous serons prêts à
réaliser ce qu'on appelle la prise de diagraphies dans le puits. Cela
veut dire qu'on va descendre des sondes, plusieurs sondes très
sophistiquées, qui vont donner toute sortes d'information sur la roche,
le rapport pétrole-eau, etc. L'entrepreneur qui va réaliser les
diagraphies, c'est un entrepreneur québécois qui demeure ici tout
près de Québec, et qui, aussi, a acquis les équipements
modernes et sophistiqués pour réaliser le travail. Je vous dis
que c'est nouveau au Québec de parler de creusage de puits de
pétrole et de prise de diagraphies
par des Québécois. C'est la première fois que cela
se passe ainsi. Nous sommes assez contents de voir que ces choses se passent
comme cela. Nous espérons que c'est le début d'un processus qui
va quand même aller en continuant dans le même sens.
J'arrive à la loi 161, car c'est pour cela que je suis venu ici.
Mais, avant de parler de la loi 161, il y a encore une chose que je veux vous
dire. Vous savez bien, et on le sait tous, que le gouvernement a assisté
financièrement l'industrie pétrolière et la recherche
pétrolière depuis longtemps au Québec. Il y a eu des
dizaines de millions de dollars qui ont été accordés.
Évidemment, c'était accordé aux multinationales qui
venaient ici par toutes sortes de formules ou à SOQUIP qui était
une société de la couronne. Mais quand les multinationales ont
quitté le Québec - cela fait déjà quelques
années qu'il n'y a plus une seule multinationale au Québec - et
quand SOQUIP a non pas quitté physiquement mais a cessé ses
activités d'exploration de pétrole au Québec en 1984, les
subventions ont cessé. Forcément, il n'y avait plus personne pour
en recevoir. Nous, les PME, nous sommes arrivées un peu tranquillement
sans trop faire de bruit, et nous voulons vous dire que nous sommes là
maintenant et que les subventions qui ont été
discontinuées quand les compagnies qui font de la recherche avaient
quitté le Québec, il faudrait peut-être trouver un moyen de
les reprendre. (17 heures)
Moi, je m'occupe d'exploration minérale aussi en Abitibi et je
suis en mesure de voir que les PME qui cherchent du pétrole maintenant
en Gaspésie sont très pénalisées par rapport aux
PME qui cherchent de l'or en Abitibi et de deux façons principales. Vous
savez que la division des Mines du ministère de l'Énergie et des
Ressources accorde une assistance technique importante à l'industrie
minière. Vous avez les levés géologiques qui sont à
très grande échelle et les levés géophysiques
aériens, "mags" et "input" qui donnent des sites de forage précis
aux compagnies qui veulent faire de l'exploration. Il y a la géochimie,
les ruisseaux, les lacs, etc. et vous faites également des sondages
stratigraphiques. Vous donnez toutes ces informations aux compagnies qui
cherchent des mines, mais, quand on cherche du pétrole, on nous dit tout
le temps: Je regrette, mais le pétrole est expressément exclu de
nos programmes. C'est comme cela que cela se passe. "Expressément
exclu", c'est l'expression qu'utilisent vos fonctionnaires.
La deuxième façon dont nous sommes
pénalisés, c'est que vous accordez une assistance
financière aux compagnies qui cherchent des mines, sous forme de
remboursement d'une partie des frais, où, entre autres, la division des
Mines de votre ministère participe à la gérance d'un
programme de fonds fédéral qui est mis à la disposition
des compagnies qui cherchent des mines dans le Bas-du-Fleuve et la
Gaspésie. Nous, on se dit: Tiens, cela va bien. On est justement dans le
Bas-du-Fleuve et en Gaspésie. Mais on nous dit que le pétrole est
expressément exclu de ces programmes.
C'est très décevant, vous savez. Je pourrais chercher des
pierres précieuses ou des diamants en Gaspésie, même si je
sais qu'il n'y en a pas. Je pourrais chercher du mica et je serais admissible.
Mais, quand je cherche du pétrole, on n'est tout simplement pas
admissible. On n'est pas admissible, car je pense que les fonctionnaires n'ont
peut-être pas encore réalisé que les multinationales ne
sont plus là et que nous essayons de faire notre bout de chemin
là-dedans. Cela prend un petit peu de temps avant qu'on sache que nous
sommes là.
Je voudrais vous parler maintenant du projet de loi 161. C'est pour cela
que je suis venu ici. Je vais vous lire l'article 1 du chapitre 1. Je ne
choisis pas n'importe quel; c'est le premier. On y lit que les substances
organiques fossilisées - on parle justement de pétrole; les
substances organiques fossilisées, c'est le pétrole - sont
assimilées à des substances minérales. Quand je lis cela,
je comprends que, dans l'esprit du législateur, celui qui a écrit
le projet de loi, le pétrole est une substance minérale tout
comme le cuivre, le zinc ou une pierre précieuse. Mais, dans l'esprit de
vos fonctionnaires, ce n'est pas comme cela que cela se passe, parce que les
fonctionnaires dissocient les deux avec insistance. Les mines, c'est quelque
chose, et le pétrole, c'est autre chose. Tout ce qui pourrait être
utile à une compagnie qui fait de la recherche, cela va pour les mines,
mais cela ne va pas pour le pétrole.
Je me demande si vos fonctionnaires ont vraiment le droit de ne pas
respecter l'article 1 du chapitre 1 de votre projet de loi. Je ne suis pas
avocat et je n'ai pas de prétention dans ce domaine. Je voulais tout
simplement vous dire ce que nous en pensons. Si la PME qui cherche du
pétrole était traitée sur le même pied qu'une PME
qui cherche des mines, on aurait beaucoup d'avantages qu'on n'a pas
maintenant.
Je voudrais vous mentionner une dernière chose. Vous savez que,
l'année dernière, les financements avec abris fiscaux ont
rapporté entre 200 000 000 $ et 300 000 000 $, disons 250 000 000 $. Ces
sommes sont venues du public et étaient disponibles pour l'exploration
minérale. Je sais qu'en Gaspésie, l'année dernière,
ma compagnie était la seule à avoir réalisé un
financement avec abri fiscal pour chercher du pétrole. Je connais toutes
les compagnies qui font du travail en Gaspésie et on a
prélevé 660 000 $. Cela a été très
difficile. Les investisseurs préfèrent de loin investir
dans l'or en Abitibi plutôt que dans le pétrole en
Gaspésie.
Notre financement ne représente même pas un quart de 1 % du
montant global que le public a versé à l'industrie. Je vous dis
que, à chances égales, si la Gaspésie n'a pas plus de
chances que l'Abitibi, c'est clair que 99 % de tous les fonds s'en vont en
Abitibi. Cette année, mes informations indiquent que le financement avec
abri fiscal va donner encore plus d'argent que l'année passée.
Certains parlent de peut-être 500 000 000 $ cette année. Les gens
qui font de l'exploration pétrolière en Gaspésie ou de gaz
naturel dans la région du Bas-Saint-Laurent se sont rencontrés et
nous nous sommes demandé pourquoi nous ne demanderions pas au
gouvernement de nous donner un petit avantage de plus que ce que l'Abitibi apour être en mesure d'être un peu compétitif avec
l'Abitibi. La demi-douzaine de petites compagnies et certaines personnes de la
Gaspésie ont écrit à M. Gérard D. Levesque. Il y a
des hommes d'affaires, des gens de la chambre de commerce, des professionnels
de Gaspé qui seraient prêts à former leur propre compagnie
d'exploration de pétrole à Gaspé s'ils se rendaient compte
qu'il y a moyen de faire un financement raisonnable. Alors, on a demandé
à M. Levesque de bien vouloir considérer la possibilité de
maintenir à 166 % les déductions fiscales pour un an encore pour
le pétrole et le gaz naturel dans les basses terres et la
Gaspésie. Je pense que, si on arrive chez un courtier avec un projet de
financement qui est orienté vers le pétrole en Gaspésie et
si le courtier nous dit: Oui, mais les gens n'aiment pas beaucoup le
pétrole, les prix sont déprimés et les gens
préfèrent aller en Abitibi, à ce moment-là, si on a
un avantage fiscal de plus, soit 166 % au lieu de 133 %, je pense qu'on peut
rivaliser. Des 500 000 000 $ prévus cette année pour l'ensemble
des financements avec abris fiscaux, si on pouvait en récolter seulement
5 % pour le pétrole de la Gaspésie, ce serait déjà
fantastique. Cela ferait quelque chose comme 10 000 000 $ à 20 000 000 $
qui iraient là-bas.
Je voudrais maintenant laisser la parole à mon ami, M. Anger,
pour ce qui nous reste car il est lui aussi président d'une compagnie
qui cherche du pétrole en Gaspésie.
Le Président (M. Kehoe): M. Anger.
M. Anger (Claude): M. le Président, M. le ministre, je
n'ai pas présenté de mémoire probablement parce que
l'adresse que j'ai donnée pour l'exploration de mon permis 749 est celle
de mon partenaire. Je pense aussi que l'assimilation du pétrole et du
gaz aux autres substances minérales est un concept un peu
général qu'il est quelquefois difficile d'assimiler
complètement dans les faits.
Malgré que je n'aie pas présenté de mémoire,
je voudrais parler un peu des problèmes de recherche autour du permis
qu'on possède soi-même. L'article 166 prévoit de donner un
certain recul pour la recherche du pétrole. On semble considérer
que, dans certains cas, il est nécessaire "d'investiguer" tous les
alentours de la région qu'on cherche elle-même. Cela semble un
petit peu en contradiction avec l'article 23 où il semble que le
ministre ait le droit de donner l'autorisation de recherche dans un permis
voisin, même dans le cas où une partie du territoire voisin est
déjà prise par un permis. Par contre, l'article 208 semble, au
contraire, beaucoup plus restrictif par rapport à la loi minière.
Les documents concernant les substances minérales deviennent disponibles
très rapidement. Les documents concernant la recherche
pétrolière et gazière ont l'air de devenir disponibles
seulement à l'exploration du permis, abandon ou révocation.
Là, il serait sans doute très intéressant pour promouvoir
la recherche dans la province que les résultats d'un permis puissent
être connus plus rapidement quelquefois, en particulier pour les forages
par les titulaires de permis voisins.
L'article 153 mentionne également que les documents qui sont
remis au gouvernement feront l'objet d'un règlement. Je voudrais dire
que les documents les plus intéressants pour l'avenir d'une recherche
sont les documents de base, les documents originaux. Les cartes isochrones ou
les cartes déjà interprétées peuvent être
modifiées par une réinterprétation. En particulier, les
petites et moyennes entreprises souhaiteraient que les documents qui tombent
dans le domaine public soient des documents sur lesquels on puisse retravailler
pour, éventuellement, avoir des idées nouvelles telles que les
sections sismiques et même c'est peut-être un peu plus difficile du
fait qu'on a les bandes magnétiques originales.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. Anger. Avez-vous
terminé votre présentation?
M. Anger: Oui, enfin, je veux juste dire que, en ce qui concerne
l'assimilation du pétrole aux substances minérales, pour tout ce
qui pourrait aider à la recherche pétrolière... Enfin, je
partage l'avis de M. Émilien Séguin sur ce point.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. Anger, merci, M.
Séguin. Je demande au ministre s'il a des représentations
à faire, des questions à poser.
M. Savoie: Oui, d'accord. Je vous remercie, M. le
Président. Effectivement, la première partie a porté moins
sur la Loi sur les mines que sur une revendication qui, je crois, est assez
intéressante; malgré le fait
que ce ne soit pas tout à fait le forum approprié, je
pense que c'était valable de le présenter. Il faut se faire
entendre, surtout quand on parle de financement et de développement.
J'ai pris bonne note des revendications concernant les problèmes de
financement et je vais m'enquérir justement, à la suite de votre
intervention d'aujourd'hui concernant les difficultés que vous pouvez
éprouver pour obtenir du financement...
Une petite question, rapidement. Les actions accréditives
existent toujours au fédéral, par exemple, pour des fins
pétrolières, je crois? 133 %?
M. Séguin (Émilien): Oui, cela existe toujours,
quoique ce que l'on appelle les "pipes" a été discontinué
à partir de 1985, mais il reste les déductions de 133 %.
M. Savoie: D'accord. Cela existe toujours?
M. Séguin (Émilien): Oui.
M. Savoie: D'accord. Avez-vous des indications quant à la
réforme fiscale?
M. Séguin (Émilien): Pardon?
M. Savoie: Avez-vous des indications quant à la
réforme fiscale proposée par M. Wilson?
M. Séguin (Émilien): Non, je n'ai aucune
indication.
M. Savoie: Vous n'avez pas d'indication. D'une façon
générale, pour une PME comme la vôtre, vous est-il plus
facile de vous retrouver dans le présent projet de loi que dans l'ancien
projet de loi M-13?
M. Séguin (Émilien): Oui. J'ai lu les sections qui
traitaient des hydrocarbures et je pense que c'est un travail bien fait. Je
voudrais profiter de l'occasion pour féliciter ceux qui l'ont fait.
M. Savoie: D'accord. Êtes-vous d'accord avec...? Avez-vous
pris connaissance du rapport préparé par SOQUIP?
M. Séguin (Émilien): Oui, j'en ai pris
connaissance. Vous voulez parler du rapport de février 1984?
M. Savoie: Oui, c'est cela. M. Séguin (Émilien):
Oui.
M. Savoie: Comment réagissez-vous à ce rapport?
M. Séguin (Émilien): Je ne suis pas d'accord du
tout avec ce rapport. Je n'ai pas de prétention mais vous me demandez ce
que j'en pense...
M. Savoie: C'est cela.
M. Séguin (Émilien): SOQUIP dit: On a fait beaucoup
de travail ici, on est désappointé parce qu'on n'a rien
trouvé. On veut s'en aller à l'extérieur et on pense que
les chances sont trop faibles pour continuer à faire de l'exploration en
Gaspésie. Je pense que, même si on n'a pas trouvé quelque
chose, cela ne veut pas dire qu'il n'y en a pas. Vous savez, c'était
leur opinion à eux. Maintenant, je pense que M. Anger pourrait en parler
beaucoup mieux que moi parce qu'il a travaillé pour SOQUIP.
M. Savoie: Deux secondes... Oui?
M. Anger: Je voudrais dire que, même en supposant que
SOQUIP ait très bien travaillé, ce qui était d'ailleurs le
cas, il y a des améliorations technologiques qui se continuent tout le
temps, l'exploration pétrolière va de l'avant d'une
manière absolument considérable. Par exemple, des
réservoirs fracturés du type de Saint-Flavien existent aussi en
Alberta. Il y a le "Second White-Spec" qui est une formation fracturée
et qui contient quelquefois des hydrocarbures. En Alberta, les gens ne
cherchaient pas dans le "Second White-Spec". L'an dernier, il commença
à y avoir des méthodes géophysiques comparant les zones
longitudinales et les zones transversales qui semblent donner des
résultats. Enfin, l'an dernier, une société de
géophysique a fait ce que l'on appelle un "spec", une étude
qu'elle a payée elle-même et qu'elle vend à des compagnies.
Elle a réussi à vendre, en pleine crise, cette étude
à quatorze compagnies en faisant probablement des
bénéfices d'à peu près 300 %. La recherche
évolue constamment et il peut y avoir des améliorations qui
rendent maintenant rentables des prospections qui ne l'étaient pas il y
a dix ans.
Le Président (M. Kehoe): M. le député
d'Ungava. (17 h 15)
M. Claveau: Merci, M. le Président. Je voudrais souhaiter
la bienvenue aux gens de la Gaspésie, en tant que compagnie et comme
personne ayant leur résidence là et les féliciter pour la
préoccupation qu'ils ont à l'égard du nouveau projet de
loi sur les mines et, par le fait même, sur les hydrocarbures.
Je jongle dans ma tête avec des informations qui nous
étaient données par les représentants de Ressources
naturelles Jaltin et, entre autres, monsieur... Attendez, vous faites
référence dans votre lettre à... trou de mémoire!
Le président de Jaltin...
Une voix: Jean-Yves Lavoie.
M. Claveau: C'est cela. On discutait avec eux et ils nous
parlaient, entre autres, des possibilités, comme si, au moment où
on se parlait, ils avaient cerné les sites les plus importants pour les
ressources d'hydrocarbures au Québec, entre autres dans la région
de Trois-Rivières, en venant vers Québec, ainsi qu'un site ou
deux en Gaspésie. On nous disait que les possibilités d'aller sur
de nouveaux sites étaient quand même très faibles, que ce
qu'il fallait faire, c'était essayer de continuer sur les sites actuels
et d'approfondir finalement la connaissance des sites actuels où on a
des indices, dans l'espoir, même avec la certitude dans certains cas, de
trouver mieux que ce qu'on a trouvé à ce jour. Est-ce que vous
êtes d'accord pour dire que, finalement, la localisation
géographique des hydrocarbures au Québec est quand même
très limitée?
M. Séguin (Émilien): C'est entendu, les
hydrocarbures, au Québec, on peut les trouver seulement dans des roches
sédimentaires? En tout cas, c'est supposé. Les roches
sédimentaires sont dans la vallée du Saint-Laurent, le
Bas-du-Fleuve et la Gaspésie. Dès qu'on traverse le fleuve pour
aller à Sept-Îles, c'est autre chose. C'est une superficie quand
même petite par rapport à la province de Québec, mais, par
rapport à d'autres pays, c'est une région très grande. De
Gaspé jusqu'au lac Champlain, vous savez, il y a au-delà de 1000
kilomètres de long.
Je vous mentionnais tantôt que l'on a localisé trois
réservoirs de pétrole avec un budget de 2 000 000 $ sur une
période de quatre ans. C'est certain qu'on n'a pas localisé les
trois seuls réservoirs pétroliers qui existent en
Gaspésie. On en a localisé trois comme cela, mais, si dix
compagnies travaillaient là pendant quatre ans encore, je suis certain
qu'il y en aurait beaucoup plus qui seraient découverts. Ceux que nous
avons découverts ne sont certainement pas les meilleurs non plus. Il
faudrait un hasard extraordinaire pour être tombé tout de suite
sur ce qu'il y a de mieux. Je pense que le meilleur est encore à
venir.
M. Anger: Je voudrais ajouter quand même...
Une voix: Oui.
M. Anger: Parmi les compagnies qui font de la recherche
actuellement dans la province de Québec, à ma connaissance, il y
en a deux, GHK et la mienne, qui recherchent des concepts de recherche
nouveaux. GHK est en train de chercher dans des terrains éruptifs. Il y
a actuellement aussi un test qui se fait en Suède. Dans ce cas, ce sont
des idées très nouvelles. C'est basé un peu sur les
explorations d'autres planètes du système solaire. Remarquez que
moi, je n'y crois pas beaucoup. Mon concept de recherche est de chercher dans
une roche d'origine volcanique. C'est un concept très connu. Il y a
quinze gisements au Texas qui ont été trouvés dans cette
même roche qui s'appelle une serpentinite qui est très souvent
fracturée après sa mise en place. Probablement que, quand elle se
refroidit, elle se fracture en se contractant. C'était dans mon cours de
l'école du pétrole. Il y a des serpentinites en Gaspésie
qui, d'après mon partenaire, Edwin Gaucher, ont exactement les
mêmes caractéristiques que les serpentinites du Texas. Je pense
que cela vaut la peine de forer au moins une fois dans des serpentinites pour
voir ce que cela peut donner.
Autrement, parmi les concepts qui ont déjà
été regardés par SOQUIP, effectivement, beaucoup peuvent
encore être examinés en fonction d'une recherche plus
économique. Cela pourrait aussi reprendre de l'intérêt dans
l'avenir, avec des améliorations technologiques. Il y a encore beaucoup
de réservoirs classiques, conventionnels qui ont déjà
été regardés par SOQUIP. La recherche que fait Jean-Yves
Lavoie est tout à fait normale, à mon avis, effectivement.
M. Claveau: À votre connaissance, à combien
pourrait-on chiffrer le volume, ou enfin, à combien de barils
pourrait-on évaluer le volume de pétrole actuellement connu sur
le territoire québécois?
M. Anger: Connu? Eh bien, connu, il n'y en a pas. La
manière de préjuger du pétrole dans un bassin, ce sont des
calculs assez théoriques qui sont basés sur le volume de
sédiments. Enfin, de savoir exactement combien il y a de pétrole,
c'est assez difficile. En plus, il y a le pétrole
récupérable et des foraqes tels que le forage de Galt
numéro 1 où on a trouvé du pétrole. Il y a du
pétrole dans le forage qui a été fait par Pétro
Canada et SOQUIP. Est-ce qu'il est rentable de le tirer actuellement?C'est un peu difficile à dire. Si on fait une recherche
très économique en dépensant le moins d'argent possible -
je pense d'ailleurs que c'est exactement ce que fait Jean-Yves Lavoie qui a des
objectifs très peu profonds - cela peut encore être rentable
même avec les prix actuels. Vous savez que le prix actuel de 20 $ le
baril, il y a 25 ans, les gens auraient été très contents
de l'avoir et ils cherchaient quand même dans des tas de
régions.
M. Claveau: Vous excuserez mon ignorance, mais tout à
l'heure M. Séguin disait que vous aviez trouvé trois sites qui
étaient loin d'être négligeables. Comment
évaluez-vous ces sites en termes de valeur si, comme le dit M.
Anger, on ne peut pas se servir de ce que je croyais être, en tout cas,
la norme reconnue pour évaluer le potentiel ou ce qu'on avait entre les
mains de prouvé comme réserve, c'est-à-dire...
M. Anger: Ah, bien non, excusez-moi. J'ai compris que vous me
demandiez le potentiel de l'ensemble du bassin.
M. Claveau: Non, je voulais savoir comment on en a de
prouvé actuellement. Est-ce qu'on a vraiment des indices suffisants
prouvés, de volume, pour dire: Effectivement, on peut y aller à
fond de train dans l'exploration pétrolière?
M. Séguin (Émilien): Moi, je peux bien vous parler
des trois réservoirs que je vous ai mentionnés. Le premier
réservoir qu'on a découvert en 1983-1984, on évalue son
contenu à 200 000 barils de pétrole. 200 000 barils à
très faible profondeur, cela passe juste en dessous de la couche
d'argile et cela descend à peu près à 400 pieds. Le
gisement mesure 600 mètres de long, 150 mètres de profond. Ce
sont des roches inclinées, poreuses et prises en sandwich, si vous
voulez, entre des roches qui sont comme imperméables, des "shales"
imperméables, le pétrole a été piégé
dans cela. Alors, 200 000 barils et, évidemment, quand c'est à
faible profondeur, il y toujours moins de pression. Le pétrole va venir
avec beaucoup plus de pression si on le trouve en profondeur.
Dans un autre réservoir que je vous ai mentionné, on
évalue le pétrole en place à 1 000 000 de barils. Encore
là, il faut faire attention. Je vous parle de pétrole en place et
non pas de pétrole nécessairement récupérable. Il y
a une très grosse différence entre les deux. Le deuxième
réservoir de 1 000 000 de barils, je vous dis qu'on l'a foré
systématiquement par forage avec carottes et échantillonnage
continu, ce qu'on appelle du "diamond drilling". Systématiquement,
à tous les 200 mètres, on a recoupé les roches qui sont
fracturées et les fractures sont pleines de pétrole. À cet
endroit, on se propose - c'est notre projet maintenant, si on peut avoir assez
de fonds -d'utiliser une nouvelle technique qui n'a jamais été
utilisée encore en Gaspésie. Elle a été
utilisée, par exemple, aux États-Unis et dans l'Ouest. La
technique consiste à forer des drains latéraux, donc, des trous
horizontaux au fond du puits principal. Vous avez un puits de 3000 pieds de
profond, huit pouces de diamètre, à la profondeur qu'on choisira,
disons 3000 pieds, on va demander à ces gens de venir creuser des trous
de quatre pouces, mais horizontaux. Ils ont un équipement très
spécial, ce sont des tiges qui sont formées de segments qui
s'emboîtent les uns dans les autres, un peu comme un casse-tête;
ces tiges sont pliantes. Cela ne s'est jamais fait ici. Cela a
été mis au point par des Américains de Houston et c'est
patenté. Ils viennent ici à contrat et ils vont réaliser
le travail. Maintenant, les trous latéraux au fond d'un puits facilitent
beaucoup le mouvement du pétrole, à partir des roches
avoisinantes dans le trou, surtout quand on est dans un réservoir qu'on
appelle fracturé. Alors, je vous donne un ordre de grandeur de ce qu'on
a trouvé là et puis le taux d'extraction va dépendre
beaucoup de notre méthode d'extraction. Comme cela, si on peut
réaliser des drains latéraux, on pourra parler d'un taux
d'extraction beaucoup plus élevé que si on n'en fait pas.
M. Claveau: Votre troisième réservoir est-il aussi
dans la même proportion?
M. Séguin (Émilien): Le troisième
réservoir est tout près de la ville de Gaspé, dans un rang
qui s'appelle Sandy-Beach. On a fait seulement trois sondages à cet
endroit, mais, fait assez étonnant, on a coupé d'abord les
premiers 200 pieds, ce sont ce que l'on appelle "mudstones". "Mudstones", ce
sont des boues consolidées. C'est le meilleur "capping", c'est la roche
qui est imperméable. C'est à cause de la présence de cette
roche que le pétrole est en dessous. Alors, 200 pieds de "mudstones",
100 pieds en dessous, c'est un grès poreux saturé de
pétrole. Là, il y a un autre problème, Etant donné
la proximité du pétrole avec la surface, il y a une bonne partie
du pétrole qui s'est échappée. C'est la partie la plus
fluide, la plus légère, de sorte que ce qui nous reste dans cette
roche, c'est un pétrole lourd. C'est un pétrole de moindre
qualité, mais il est quand même là.
M. Claveau: Peut-être une dernière question. Quand
vous dites que l'exploration pétrolière et les hydrocarbures sont
systématiquement exclus des programmes qui sont mis en place pour
faciliter l'exploration minérale au Québec, voulez-vous dire que
vous aimeriez que les hydrocarbures soient traités sur la même
base que l'ensemble des autres produits d'ordre minéral au
Québec, en termes d'aide, de subventions, d'approches gouvernementales,
etc., ou si vous aimeriez plutôt que le gouvernement mette en place des
programmes qui soient plus spécifiques pour assister l'exploration des
hydrocarbures?
M. Séguin (Émilien): Ce que j'ai proposé
dans mon mémoire, c'est que, premièrement, le gouvernement place
le pétrole sur un pied d'égalité avec les mines de sorte
que, si une PME cherche du pétrole, elle ait le même traitement
que si elle cherche des mines. Autrefois, je comprends que c'étaient les
multinationales qui cherchaient le pétrole,
donc, ce n'était pas la même situation. Aujourd'hui, je
pense qu'une PME pourrait être considérée de la même
façon si elle cherche du pétrole ou des mines et avoir les
mêmes avantages.
Dans un deuxième temps, par exemple, j'ai proposé que le
gouvernement considère de maintenir à 166 % les déductions
fiscales pendant encore un an afin de donner un petit avantage à la
Gaspésie sur l'Abitibi, l'Abitibi qui est tellement populaire, comme
vous le savez. Il y a eu des découvertes, le prix de l'or est fort,
l'Abitibi est beaucoup trop populaire pour la Gaspésie dans le moment et
cela ne rend pas justice à la Gaspésie qui, pourtant, a pas mal
de potentiel. Remarquez que je ne suis pas Gaspésien de naissance, mais
j'ai réalisé qu'il y a beaucoup de potentiel en Gaspésie
et, si on lui donne sa chance, cela va peut-être déboucher.
M. Claveau: Je vous dirai, en concluant, que le ministre n'est
pas Abitibien de naissance non plus.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre, avez-vous des
commentaires?
M. Savoie: Non, je voudrais tout simplement vous remercier
d'avoir pris le temps de venir nous présenter, d'une part, vos
doléances et, d'autre part, vos remarques concernant la loi et j'en ai
pris bonne note. Pour ce qui est de l'article 153 auquel vous avez fait
référence, on est en train de réexaminer cet aspect.
Je vous remercie et j'espère qu'on aura l'occasion de se revoir
dans d'autres circonstances.
M. Séguin (Émilien): Merci beaucoup.
Le Président (M. Kehoe): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, au nom de l'Opposition, je
tiens à vous remercier pour l'excellente présentation que vous
nous avez faite et surtout pour la démonstration par laquelle vous nous
avez permis de mieux cerner le potentiel, l'importance de l'exploration des
hydrocarbures au Québec. Alors, c'est en vous souhaitant le plus grand
succès et... On va essayer de prendre en considération - en tout
cas, en ce qui nous concerne, nous, de l'Opposition - vos revendications pour
les faire valoir auprès des instances ministérielles
concernées. Merci.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. Séguin, merci,
M. Anger. Je comprends que ceci met fin aux consultations particulières
sur le projet de loi 161, Loi sur les mines. On a entendu plusieurs
intervenants depuis plusieurs jours. Maintenant, je donne l'occasion au
porte-parole de l'Opposition, le député d'Ungava, de faire ses
remarques finales, s'il y a lieu.
Conclusions M. Christian Claveau
M. Claveau: Je vous remercie, M. le Président. On nous
avait prévu quinze minutes pour les remarques finales.
Le Président (M. Kehoe): Dix. (17 h 30)
M. Claveau: Dix minutes? Pardon. J'avais cru voir dans la
planification quinze minutes. Je crois qu'au moment où on se parle la
réflexion est bien amorcée sur le projet de loi sur les mines et
que ce n'est peut-être pas le moment de faire un panorama exhaustif de
tout ce que l'on a discuté ici. C'est encore trop tôt, c'est trop
jeune, c'est trop frais. Par contre, je dirai tout simplement qu'à ma
connaissance il se dégage de nombreux principes intéressants et
importants dans le projet de loi en question, avec lesquels nous, de
l'Opposition, sommes d'accord. Il faut quand même... Je voudrais profiter
de l'occasion pour dire que le projet de loi en question a déjà
été mis en marche par l'ancien gouvernement, qui avait
commencé à faire un travail sur cela, qui n'était pas
négligeable, et que, fort probablement, une bonne partie des articles
qu'on a actuellement sur la table avaient déjà été
écrits avant que le ministre délégué aux Mines
actuel ne prenne son siège dans son bureau ministériel. Donc, il
y a certainement de bons principes dans le projet de loi.
Toutefois, à la lumière des consultations tenues au cours
des quatre journées de travail avec les différents intervenants
du milieu, il nous semble important de souligner la nécessité de
nombreuses améliorations au projet de loi pour le rendre beaucoup plus
proche des intérêts des différents intervenants, beaucoup
plus accessible à tout le monde, beaucoup plus réaliste et
applicable sur le terrain, et entre autres, comme je le disais dans les
remarques préliminaires au début de cette consultation, de faire
que la seule activité qui soit générée par ce
projet de loi ne soit pas une activité administrative de multiplication
de paperasse. Il faudrait que le projet de loi soit vraiment orienté
vers l'intérêt du milieu et l'intérêt du
développement minier et en cela il devrait aussi promouvoir une
simplification des normes administratives et des différentes contraintes
de paperasses de toutes sortes qu'auront à produire les intervenants
dans le milieu.
Je pense aussi, comme j'ai eu l'occasion de le dire à plusieurs
reprises au long de la consultation, que ce n'est pas à
un ministre sectoriel de faire le travail d'autres ministres sectoriels
dans leurs domaines. Je suis d'avis que le ministre
délégué aux Mines se doit d'abord et avant tout d'avoir un
projet de loi qui défende les intérêts de l'industrie
minière, qui essaie de la rendre la plus concurrentielle, la plus
importante possible dans le contexte économique québécois.
Dans ce sens, à mon avis, ce n'est pas à l'intérieur d'une
Loi sur les mines qu'on devrait voir apparaître tout un ensemble de
restrictions. Un intervenant en hydroélectricité ou un
intervenant en ce qui concerne la chasse, la pêche, la forêt ou
l'agriculture se voit, dans la Loi sur les mines, accorder des droits qu'on
refuse aux compagnies minières elles-mêmes ou aux intervenants
dans le domaine minier. En cela, d'ailleurs, je suis, en tout cas, favorable...
Je crois qu'il vaut la peine d'étudier le concept qui a
été élaboré ici et exposé à plusieurs
reprises par des représentants de la Chambre des notaires, soit la
nécessité d'établir un code du domaine public dans lequel
on retrouverait toutes ces normes et ces questions qui s'entrecoupent dans les
différentes activités d'utilisation de nos richesses naturelles.
Chacune des lois sectorielles serait vraiment la défenderesse, l'apanage
du secteur qu'elle représente, mais serait greffée sur un code du
domaine public pour que personne ne marche sur les pieds des autres, comme on
peut le voir actuellement.
J'ai participé personnellement à la consultation et
à toute la discussion sur le projet de loi sur la forêt, j'ai fait
la même chose aussi concernant la Loi sur les terres. Je dois vous dire
que je suis un petit peu surpris de voir qu'alors que les autres lois se
veulent "embrassantes", ont des bras en masse, ont des tentacules partout pour
récupérer le plus possible pour le secteur on arrive avec une Loi
sur les mines qui nous semble restrictive et qui a tendance à se
recroqueviller sur elle-même en disant: Bon, bien, les autres nous
prennent de la place. J'ai participé aussi au débat sur la
modification de la Loi sur la faune. Et, avec les mêmes principes, on se
retrouve avec la Loi sur les mines qui, elle, semble dire: Bon, bien,
écoutez, ne dérangeons pas trop et faisons en sorte que les
autres soient heureux autour de nous, on va faire attention pour ne pas leur
piler sur les pieds, alors que tous les autres tentent d'envahir, de
défendre leur point de vue au maximum et de prendre le plus de place
possible.
Ceci étant dit, je crois qu'en ce qui nous concerne on a encore
énormément de travail à faire pour synthétiser tout
cela et on a besoin de temps pour que l'Opposition fasse son véritable
travail quant à la version finale de ce projet de loi. Je dois dire
qu'en tant qu'Opposition responsable nous n'avons pas du tout envie de demander
au ministre de retirer son projet de loi et d'essayer de faire de la politique
sur le dos des intervenants dans le domaine minier. Nous voulons, bien au
contraire, collaborer honnêtement, positivement, et faire en sorte que
les intervenants du domaine minier puissent jouir, dans l'avenir, d'une loi qui
sera à jour, qui sera conséquente aux besoins des années
quatre-vingt-dix et qui complétera pour le mieux, modifiera pour le
mieux l'ancienne Loi sur les mines qui date des années soixante.
Dans ce sens, par contre, nous demandons au ministre
délégué aux Mines -qui a lui-même, d'ailleurs,
ouvert la porte, à plusieurs occasions, en invitant certains de ceux qui
se présentaient ici à des consultations de corridor, à des
vous viendrez me parler ici, on se consultera là, je vais vous revoir
ici et là - de respecter la démarche parlementaire. À
partir du moment où la loi qu'on a là a été
déposée devant les parlementaires, elle appartient aux
parlementaires membres de l'Assemblée nationale. Il faudrait faire en
sorte, en se servant des articles de la Loi sur l'Assemblée nationale
qui le permettent, de constituer un comité de travail dans lequel tout
le monde pourrait intervenir, que ce ne soit pas du huis clos, des choses qui
pourraient même être contestables, à un moment donné
parce que, dans le fond, je ne crois pas qu'il soit vraiment souhaitable pour
le ministre qu'il fasse lui-même le travail de consultation à huis
clos, sans participation, et qu'il se retrouve dans des situations où
quelqu'un pourrait éventuellement dire: Écoutez un peu, ce n'est
jamais cela qu'on a voulu dire, alors que c'est cela qui a été
interprété. Donc, au nom de l'Opposition, nous demandons au
ministre délégué aux Mines de continuer le processus de
consultation parce qu'on voit qu'il y a beaucoup de lacunes dans le projet de
loi, il y a beaucoup de choses à modifier, il y a beaucoup d'aspects
techniques qui ont été mal compris et, s'ils ont
été mal compris, c'est probablement parce qu'ils ont
été mal écrits. Quelque chose qui a été mal
compris par tout le monde, c'est peut-être quelque chose qui a
été mal exprimé. Si ce n'est pas ce que te ministre
voulait exprimer, il devra faire en sorte de l'écrire pour que tout le
monde comprenne ce qu'il a voulu dire. On a eu des discussions la-dessus, entre
autres dans le domaine du tirage au sort et d'autres technicités
semblables à l'intérieur du projet de loi où le ministre
dit: Ce n'est pas cela qu'on voulait dire. Par contre, tout le monde a compris
ce que le rninistre ne voulait pas dire. II y a peut-être là
matière à se poser la question et à essayer de trouver,
tout le monde ensemble, la meilleure formulation avant même d'en arriver
à l'étape article par article, après la deuxième
lecture.
Donc, c'est dans cet esprit que, personnellement, j'aborde le projet de
loi, et
je voudrais aussi dire, en terminant, qu'il y a des articles dans le
projet de loi sur lesquels on a très peu parlé mais qu'on aurait
peut-être eu avantage à souligner. Malheureusement, je n'ai pas
les numéros en tête mais il y a un article entre autres qui abolit
l'article 11 de la Loi sur les villes minières...
Une voix: L'article 521.
M. Claveau: L'article 321 qui abolit le fonds municipal qui est
une source de revenus pour les villes minières. C'est vrai, vous me
direz, qu'il n'y a plus beaucoup de villes minières au Québec
mais il y en a encore qui profitent de cela. Alors, que va-ton mettre à
la place? Le ministre est-il en train de dire, finalement, que l'argent qui
était déposé dans le fonds municipal pour aider les villes
minières à mettre sur pied des infrastructures va être
récupéré par la machine gouvernementale et que, pour
compenser, les villes qui relèvent de la Loi sur les villes
minières vont devoir taxer encore plus leurs citoyens pour compenser les
quelques milliers de dollars par année qu'elles pouvaient retirer de la
Loi sur les villes minères, par le biais de l'article 11 qui est
abrogé, carrément, sans nous dire ce que l'on va faire avec cela?
Je crois qu'il y aurait encore matière à fouiller. C'est un
exemple parmi tant d'autres. Il y a beaucoup d'articles dont on n'a pas
discuté et on aurait tout intérêt à ne pas vouloir
régler un problème en en créant un plus gros à
côté.
Enfin, en conclusion, je veux féliciter le ministre, le remercier
pour son ouverture dans la discussion. Je pense qu'on a eu un moment de travail
quand même assez agréable avec cette consultation, ce qui prouve,
d'ailleurs, que même le parlementarisme peut joindre l'utile à
l'agréable. Je ne peux que souhaiter que l'attitude d'ouverture du
ministre, et je dirais même celle de ses collègues, qui ne se sont
pas trop opposés aux consentements, pour une fois... Je souhaite que
le...
Le Président (M. Kehoe): Pourriez-vous conclure, M. le
député?
M. Claveau: Je souhaite que cela continue et je crois que, si le
ministre a fait attention à quelques-unes de nos revendications, le
processus est très bien enclenché. Merci.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le
député. M. le ministre, vos remarques finales.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Merci, M. le Président, je suis
agréablement surpris par la déclaration du député
d'Ungava et je suis content que lui aussi ait constaté cet esprit de
collaboration qui a existé de part et d'autre. Finalement, je crois que
cela reflète un peu la qualité de notre projet de loi. Bien
sûr, il y a des papillons, des coquilles, il y a des choses à
clarifier, mais je pense que, dans l'ensemble, le but visé par le projet
de loi, qui est, finalement, de faire une révision
générale, un rajeunissement, a été atteint.
Parmi tous les mémoires qui nous ont été
présentés, personne n'a mis en doute les principes fondamentaux
de la loi; personne, non plus, n'a demandé des modifications
substantielles quant à des chapitres entiers, à des secteurs. Je
pense que cela portait plutôt sur des principes d'ordre
général que j'aborderai tout à l'heure.
Dans l'ensemble cela va. J'ai aussi été
agréablement surpris de constater que, même les autochtones ne
cherchaient qu'à avoir des précisions, en ce qui concerne
particulièrement les terres de catégorie I, purement techniques.
Sur les principes, personne n'a contesté, lors des présentations
des autochtones, les grandes orientations de la loi ou le fait que cela
pouvait, d'une façon quelconque, porter atteinte à leurs
droits.
Le projet de loi a soulevé, finalement, des commentaires de trois
ordres, d'une façon très générale,
particulièrement concernant le droit administratif, pour ce qui est du
pouvoir réglementaire et, en quelque sorte, de la facture de la loi.
Il y a eu, évidemment, plusieurs commentaires sur des points ad
hoc. Tel article devrait être modifié pour comprendre telle
situation ou pour tenir compte de tel autre article. Je pense que ces
éléments font partie de la réflexion à une
commission parlementaire, et on en a tenu compte. Je crois que cela va amener,
dans son ensemble, des modifications de cette nature.
Si on tient compte des revendications d'ordre plus
général, le droit administatif, par exemple, il faut
considérer que la loi actuelle tient compte de l'évolution
actuelle du droit. Ce n'est pas toujours reçu d'une façon
aisée de la part de l'industrie, mais on croit que la loi se situe
très bien dans l'ensemble des autres lois déposées
à l'Assemblée nationale depuis une dizaine d'années. Il y
a une tendance vers une meilleure réponse de la part de l'administration
vers l'administré. Cela demande, évidemment, une
possibilité d'intervention rapide. D'un autre côté s'est
développée, à côté de ce pouvoir
administratif, toute une nouvelle branche de droit qui s'appelle le droit
administratif qui a déterminé, avec beaucoup de précision,
des règles de justice naturelle, qui a déterminé, avec
beaucoup de précision, les limites du pouvoir quasi judiciaire qui
pouvait être exercé par un ministre et qui fait l'objet
également de beaucoup de définitions de la part de la Cour
suprême. Finalement, les interventions, il y en a plusieurs dont on va
tenir compte, qui vont amener plusieurs modifications, concernant l'appel, par
exemple, dont semblait beaucoup se soucier l'industrie.
Je pense que, dans l'ensemble, personne n'a mis en doute la
qualité et la nécessité d'un pouvoir
discrétionnaire exercé soit par un ministre, soit par les hauts
fonctionnaires. On a senti une bonne réticence, on a senti que pour
certains articles on aimerait mieux avoir certaines balises pour éviter
les frictions. Dans l'ensemble, cela va. Quant aux modifications qu'on va
apporter à la loi à la suite des mémoires qui ont
été déposés, cela va aussi.
Au chapitre du pouvoir réglementaire, on a constaté,
évidemment, une préoccupation avec le fait que, en transposant
certains éléments de la loi au niveau du pouvoir
réglementaire - il faut tenir compte aussi du fait qu'on a amené
un pouvoir réglementaire à la loi - on sent un malaise, car on
pense qu'il est beaucoup plus facile de modifier des règlements allant
à l'encontre des intérêts de l'industrie par le biais d'une
structure réglementaire que par le biais d'une structure
législative. (17 h 45)
Toutefois, je pense que c'est dû à deux facteurs: d'une
part, que l'industrie connaissait mal ou connaissait moins bien, si on veut,
les orientations et les principes énoncés dans la loi qui a
été adoptée au mois de juin 1986 concernant les
règlements, qui impliquent également, par exemple, le
délai de 45 jours, un temps de réponse. Il faut admettre que le
règlement est un mode normal d'expression de règles de droit, et
on en est conscient. On est conscient également de cette
maniabilité, mais on croit carrément que les orientations
nouvelles et les exigences de l'industrie en 1987 demandent des interventions
rapides, demandent des adaptations beaucoup plus efficaces que ce qui existait
par le passé, compte tenu des communications, compte tenu de l'intention
de l'industrie de recevoir une prompte attention. C'est cela qui nous a
guidé. Je pense que l'histoire des 45 jours est déjà une
protection adéquate pour l'industrie. Bien sûr, nous allons
réexaminer cette question encore une fois. Nous allons voir,
effectivement, s'il n'y a pas des éléments qu'on a
transférés, concernant le pouvoir réglementaire, qui ne
pourraient pas être maintenus dans la loi. Tout cela nous force à
faire un examen de conscience que nous allons faire de bonne foi.
La troisième intervention d'ordre général a
porté sur la facture de la loi en disant, qu'ici et là, c'est mal
rédigé, ce n'est pas clair ou bien qu'on utilise beaucoup plus
une structure négative, une approche négative dans la
rédaction de l'article au lieu d'être positif. Là encore,
nous avons identifié certains articles que nous allons remanier afin de
donner satisfaction aux revendications de l'industrie.
Pour ce qui est de Ja demande de l'Opposition de tenir une table, je n'y
suis pas favorable à ce stade. On n'en sent pas, évidemment, en
ce moment, la nécessité puisque, normalement, cela se produit
dans des circonstances où il y a tout un chapitre qui doit être
remanié ou toute une section. Ici, cela porte sur des principes qui sont
relativement nouveaux pour l'industrie minière. C'est la première
fois que l'industrie minière ne rédige pas sa loi. C'est vraiment
venu de la part de l'administration gouvernementale plutôt que de la part
de l'industrie. Je ne ferme pas la porte complètement là-dessus,
je vais y réfléchir encore pour être certain que le tout
sera finalement à la satisfaction de l'Opposition. Si, dans la mesure du
possible, on en est capable ou si cela nécessite vraiment cet
échange, on pourra toujours le faire.
Je pense que les échanges qu'on a eus avec certains membres de
l'industrie ont permis de clarifier plusieurs points qui, pour eux,
étaient discutables ou qu'ils comprenaient mal. Cela nous a permis de
nous améliorer, et je pense que ces rencontres et le fait qu'on
dépose un mémoire ne constituent pas une rupture entre
l'industrie et le législateur. Cela fait partie du processus. Les
échanges aussi qui suivent le dépôt du mémoire - les
échanqes qui continuent - font également partie du processus.
Alors, dans ce sens, je vais attendre un peu avant de donner suite à
votre demande.
Pour conclure en quelque sorte, je crois que la loi répond aux
objectifs visés. Des modifications seront apportées au
présent projet de loi. Notre but de révision et de rajeunissement
de la loi est certes louable, mais je pense ici que ce qu'on voulait faire,
c'était refléter la volonté de l'industrie. Je pense que
nous avons réussi, parce que, si nous examinons la majorité des
mémoires, ils sont tous très favorables à la loi. Il y a
des points évidemment, il y a des choses - je suis bien d'accord avec le
député de l'Opposition - il y a des points qui irritent, mais
c'est normal, et on va les corriger. Ce qu'on cherche à faire, c'est
aller chercher un consensus qui va permettre, par exemple, la coexistence de
l'industrie avec le restant de la société
québécoise, qui va chercher à assurer la protection que
possède l'industrie minière depuis la constitution. Malgré
le fait qu'on a dû en quelque sorte assurer cette coexistence par des
mesures dites restrictives ou une interprétation où le ministre
pourrait intervenir afin d'assurer cette coexistence, je pense que dans
l'ensemble la loi reflète bien la situation d'office qui se produit
actuelle-
ment dans la pratique minière et que l'industrie saura
apprécier cette loi au fur et à mesure qu'elle prendra de
l'âge.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le ministre. S'il n'y a
pas d'autres interventions...
M. Claveau: M. le Président, me permettez-vous... trente
secondes?
Le Président (M. Kehoe): Trente secondes.
M. Claveau: Je voudrais juste rassurer le ministre et lui dire
qu'on n'a pas envie d'écrire la loi à sa place - bien au
contraire, on va lui laisser faire ses devoirs - et lui dire aussi que plus il
va y avoir de désaccords avant d'arriver à la discussion article
par article, plus il y a de chance que la discussion soit intéressante
et animée à l'étude article par article. Alors, c'est tout
à son avantage de régler les désaccords avant.
Une dernière question: Serait-il possible d'avoir une idée
de l'échéancier que se fixe le ministre pour l'adoption de la
loi?
M. Savoie: Je n'ai pas encore établi
d'échéancier. Je voulais voir les mémoires, je voulais
entendre les parties. Je pense qu'on a encore des échanges à
faire, par exemple avec l'Association des prospecteurs et le Barreau du
Québec qui ont présenté des mémoires importants. Je
voudrais d'abord sonder le terrain avec eux et voir quelle orientation cela va
prendre. À la suite de cela, on établira un
échéancier. Je peux vous assurer que dès qu'on aura
établi un échéancier, on va communiquer
immédiatement avec vous pour qu'on puisse se rencontrer pour en
discuter, pour être certain que tout est des plus convenables.
Le Président (M. Kehoe): S'il n'y a pas d'autres
interventions, j'ajourne les travaux sine die. La commission a accompli le
mandat qui lui a été confié par l'Assemblée
nationale.
(Fin de la séance à 17 h 52)