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(Dix heures trois minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! La commission de l'économie et du travail se
réunit ce matin pour procéder à une consultation
particulière sur le projet de loi 161, Loi sur les mines.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. M. Farrah
(Îles-de-la-Madeleine) est remplacé par M. Ciaccia
(Mont-Royal).
Organisation des travaux
La Présidente (Mme Bélanger): Avant de commencer,
j'aimerais vous faire part de l'ordre du jour. À 10 heures ce matin,
nous rencontrons l'Association canadienne des municipalités
monoindustrielles menacées; à 11 heures, la Société
québécoise d'exploration minière (SOQUEM); à 15
heures, le Grand Conseil des Cris; à 16 heures, la Société
Makivik; à 17 heures, l'Ordre des ingénieurs du Québec;
à 20 heures, la Société québécoise
d'initiative pétrolière (SOQUIP); à 21 heures, Les
Ressources naturelles Jaltin Inc.
Est-ce que l'ordre du jour est adopté?
Des voix: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Nous allons entendre
l'Association canadienne des municipalités monoindustrielles
menacées. Je vous rappelle que vous avez vingt minutes pour
présenter votre mémoire, ensuite, vous aurez vingt minutes pour
discuter avec les membres du gouvernement et vingt minutes pour discuter avec
les membres de l'Opposition.
Je demanderais aux représentants de bien vouloir s'identifier
pour le Journal des débats.
M. Savoie: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
M. Savoie: Avec votre permission, Mme la Présidente. Hier
on avait fait fi en quelque sorte de la procédure normale. Ce qui s'est
produit, c'est qu'on avait permis un échange de points de vue de
quarante minutes entre celui qui dépose le mémoire et la partie
ministérielle. Pour mieux discuter, mieux structurer, si on ne prenait
que vinqt minutes pour présenter le mémoire, est-ce que cela
conviendrait?
Une voix: II n'y a aucun problème. M. Savoie: II
n'y a aucun problème.
La Présidente (Mme Bélanger): Ce qui veut
dire...
M. Claveau: Je pense qu'hier cela se situait aussi dans un
contexte assez particulier où le ministre avait tout a coup
commencé à questionner à l'intérieur du
mémoire. Ce qu'on pourrait peut-être faire, c'est que les
porte-parole acceptent de faire des représentations moins longues, et
qu'on se distribue le reste du temps moitié-moitié pour poser des
questions, ou je ne sais pas, advenant qu'il reste du temps. Ce serait
peut-être une procédure plus acceptable que d'aller directement
vers un cautionnement de quarante-vingt finalement.
M. Bélanger (Robin): Dans le cadre de la discussion, ma
présentation se situe aux alentours d'environ huit à dix minutes.
À ce moment-là, le reste de la discussion pourrait faire l'objet
d'échanges de propos concernant le contenu.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est parfait.
Une voix: Ce sera moitié moitié.
Auditions
La Présidente (Mme Bélanger): M. Robin
Bélanger, est-ce que vous voulez présenter les personnes qui sont
avec vous?
Association canadienne des municipalités
monoindustrielles
M. Bélanger (Robin): D'accord. Dans la
présentation, je vais couvrir la présentation des
différentes personnes, mais, à ce stade-ci, j'aimerais simplement
apporter une légère correction. C'est l'Association canadienne
des municipalités monoindustrielles. On a changé le titre et on a
enlevé le mot "menacées", parce que je pense que le mot
"monoindustrielles" veut tout dire en soi. Ce sont réellement seulement
les villes monoindustrielles.
Mon nom est Robin Bélanger. Je suis le maire de Fermont et
directeur québécois de l'Association canadienne des villes
monoindustrielles. L'Association canadienne des villes monoindustrielles a
été créée il y a deux ans. L'association tente
présentement de regrouper le plus grand nombre possible de villes au
Québec. On sait que le potentiel du "membership" est d'environ 200
villes monoindustrielles.
Notre association se veut un forum où les représentants de
ces villes...
La Présidente (Mme Bélanger): M. Bélanger,
est-ce que vous voudriez présenter les personnes qui vous
accompagnent?
M. Bélanger (Robin): D'accord, c'est parce qu'un peu plus
loin, je les couvre dans la présentation.
La Présidente (Mme Bélanger): Ah! D'accord.
M. Bélanger (Robin): Est-ce que cela va?
La Présidente (Mme Bélanger): Je m'excuse. Cela
va.
M. Bélanger (Robin): D'accord. L'association se veut un
forum où les représentants de ces villes peuvent échanger
des renseignements sur les différents efforts consentis pour mettre fin
à leur monoindustrialité, sur les efforts de leur gouvernement
provincial respectif, les succès et les échecs
éprouvés.
Ayant passé mon enfance à Wabush au Labrador, ma vie
active à Wabush et maintenant à Fermont, j'ai donc
l'expérience de la monoindustrialité, non seulement à
l'échelle d'une ville, mais à l'échelle de toute une
région qui, rappelons-le, couvre une immense portion du territoire
québécois.
Aux fins de la présentation du mémoire, je suis
accompagné de M. Jacques Asselin, directeur général de la
Société de développement économique de la
région du fer. Il siège à ma droite. Il y a aussi M.
André Gauthier, avocat de la municipalité de Fermont ainsi que
représentant de la Société de développement
économique de la région du fer.
Notre mémoire a voulu situer la réforme de la Loi sur les
mines dans une perspective plus large que la simple administration des
privilèges que l'État consent à ceux qui veulent exploiter
son sous-sol. Fermeture de Gagnon, fermeture possible des activités de
la minière Wabush avec l'impact que l'on peut imaginer sur
Sept-Îles et Fermont, voilà deux événements qui
obligent à réfléchir sur l'attitude que nous avons face
à notre développement économique, y inclus le
développement de nos richesses minéralières et la
coordination des activités de l'État en matière de
développement.
Pensons à la volonté ferme, à défaut d'un
qualificatif plus approprié, du ministère des Affaires
municipales de mettre fin aux jours de Schefferville, peu importent les moyens,
parallèlement aux efforts financiers considérables consentis au
cours des dernières années par le ministère de
l'Énergie et des Ressources pour favoriser l'exploration dans les
régions immédiates de Schefferville, et aux millions que le
secteur privé y investira dès le printemps, et aux
découvertes déjà faites, et aux prémices que de
nouveaux indices suscitent.
Quelque chose ne va plus et, malgré les besoins d'une
concertation et d'une coordination au sein même du gouvernement, le
caractère urgent ou même nécessaire de cette coordination
ne semble pas être perçu dans toute son acuité.
Le mémoire que nous présentons à cette commission
reflète assez bien la dualité de notre approche. D'abord,
participer à l'élaboration d'un projet de loi en tentant de faire
coller un peu plus à nos besoins cette réalité. Soulignons
que l'effort, bien que louable, ne sera guère utile s'il ne s'inscrit
pas dans une volonté ferme et concertée du gouvernement de
reconnaître, sur le plan législatif et réglementaire, que
ces régions frontières ou périphériques vivent une
réalité différente des métropoles et qu'à
défaut de changer ces régions, il faudra bien un jour chanqer les
normes qui les régissent.
Notre participation au projet de loi se résume donc à
quatre recommandations et à deux voeux. La plus importante des quatre
recommandations est d'incorporer le territoire compris au parallèle 49
degrés, 30 minutes, et à l'est du 70e méridien, au
territoire que le projet de loi établit au nord du 52e parallèle
de manière que la Côte-Nord et une bonne partie du
Nouveau-Québec puissent bénéficier de la souplesse
prévue au projet de loi pour les régions d'accès
difficile.
Notre seconde recommandation est de nous assurer, sur le plan
réglementaire, que l'exercice des pouvoirs délégués
sera fait dans le but de promouvoir l'exploration et l'exploitation et
qu'à titre d'exemple, la tarification ne sera pas reliée
seulement aux coûts administratifs du ministère, mais sera faite
en fonction de ces objectifs de promotion.
Une troisième recommandation vise à faire
reconnaître la pertinence de coordonnées, la définition des
limites du territoire urbanisé contenu dans la loi avec la
volonté municipale de s'exprimer dans les schémas
d'aménagement déposés.
Enfin, une dernière recommandation est celle d'assujettir les
autorisations du ministère aux territoires urbanisés à
l'avis de
la municipalité concernée.
Notre mémoire souligne, comme nous le disions, l'importance que
ce projet de loi soit l'amorce d'un véritable effort concerté de
développement économique pour les villes monoindustrielles et
surtout les régions périphériques. Nous émettons
donc deux voeux. Il faut que le projet de loi et son adoption puissent
être suivis d'une loi concernant le développement minier et que
cette nouvelle loi soit insérée dans une stratégie globale
visant le développement économique et social du Nord
québécois.
Notre autre souhait est que, à cette occasion, on pense et on
reformule une véritable politique d'intervention et de gestion de nos
régions frontières, que ce soit par un ministère du Nord
et ses critères d'État, une société gestionnaire
semi-publique, semi-privée, peu importe le véhicule. La
réalité des régions frontières n'est pas celle des
zones métropolitaines ni celle des régions
développées.
Le développement sur les frontières passe par le biais
d'une loi cadre modifiant la portée législative d'une foule de
lois et suppose que ces modifications sont faites en fonction de l'application
de ces lois à une réalité différente: la
réalité des régions frontières et également
en fonction du frein que la loi actuelle représente pour notre
développement.
L'immensité du territoire et la fierté que l'on tire ne
doivent pas se résumer à de simples banalités. Nous
sommes, bien sûr, quatre fois la France. Cependant, si comme nation nous
ne réussissons pas à développer et à occuper nos
frontières, notre société se condamne à vivre peu
à peu sur une bande de territoire le long des rives du Saint-Laurent
près de la frontière américaine, abandonnant non pas
à d'autres comme ce fut hélas! trop souvent le cas, mais
abandonnant purement et simplement le devoir de réaliser nos richesses
et d'occuper la dimension de la province.
Si les bâtisseurs ou les aventuriers de Schefferville ou de
Fermont perdent leur pari, notre société se sclérosera
rapidement pour ceux qui nous suivront. L'aventure de bâtir et de
s'établir sur nos frontières n'existera plus. La bataille du
Labrador fut perdue au Conseil privé. Il serait dommage que celle du
Nouveau-Québec se perde à l'Assemblée nationale.
En terminant, je tiens à vous remercier, Mme la
Présidente, M. le ministre et tous les membres de cette commission pour
nous avoir permis de participer à cette commission parlementaire. Vous
avez interprété avec beaucoup d'ouverture d'esprit les
règlements portant sur la pertinence des interventions. De notre
côté, il nous était difficile de ne pas profiter d'une
aussi belle occasion pour exprimer nos voeux sur l'avenir de nos
collectivités et amorcer dès à présent un dialogue
sur les suites à donner à l'adoption du projet de loi. Je vous
remercie.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M.
Bélanger. M. le ministre.
M. Savoie: Merci, Mme la Présidente. Je vous remercie, M.
le maire, pour le mémoire que vous nous avez présenté et
qu'on a trouvé d'ailleurs fort intéressant. Je voudrais
également vous exprimer toute ma sympathie concernant vos remarques pour
le développement du Nord. Je trouve que l'argumentation que vous nous
présentez ce matin est un incitatif additionnel, non seulement pour tous
les membres de la commission ici présents, mais également, je
crois, à ceux et à celles qui vont lire les
délibérations de la présente commission à
l'avenir.
À la lecture de votre mémoire, on retient, comme vous
l'avez souligné, quatre points principaux. On parle de la modification
de la zone vers le sud, de l'extension vers le sud du territoire prévu
pour l'attribution des permis d'exploration minière. Croyez-vous que
ceci pourrait vraiment stimuler l'exploration dans votre zone? (10 h 15)
M. Bélanger (Robin): On sait que, présentement,
l'application qu'on veut faire au sujet de la délimitation - on parle du
52e parallèle - on sait fort bien qu'au nord du 52e, surtout dans la
région de l'Ouest du Québec, il y a très peu
d'accès et on essaie de stimuler, dans le projet de loi, le
développement du coin de pays. Ce qui est malheureux, c'est que si on
regarde à l'est du Québec, on peut dire qu'à partir du
fond de la Côte-Nord jusqu'à Schefferville, il y a très peu
de chemins d'accès.
Si les mêmes modifications du projet de loi s'appliquaient
à cette région, il serait sûrement plus avantageux et on
pourrait peut-être penser de façon plus positive que des gens
seraient intéressés à regarder les possibilités ou
les indices qui pourraient se trouver dans une région comme la
nôtre.
M. Savoie: Alors, d'après vous, l'impact serait
majeur?
M. Bélanger (Robin): II serait sûrement très
important.
M. Savoie: Est-ce qu'on devrait garder les mêmes
superficies que celles prévues pour le territoire au nord du 52e?
M. Bélanger (Robin): Oui, peut-être qu'André
Gauthier pourrait plus répondre.
M. Savoie: O'accord.
M. Gauthier (André): Je serais d'avis
que oui. En fait, la délimitation du 52e, c'est, dans le fond,
donner une certaine souplesse et permettre de faciliter l'exploration. On
oublie trop souvent qu'à l'est, il n'y a pas de route de
pénétration du tout. 11 y a une seule route qui va donner
accès - encore faut-il le dire vite - au territoire à Fermont. La
route s'arrête - on vous a présenté la carte en annexe C
-présentement à Havre Saint-Pierre et laisse tout l'Est sans
réseau routier. On parle probablement de 350 milles de côte. Vers
le nord, évidemment, il n'y a rien.
Comme le mémoire le dit, on est vraiment sur les
frontières, comme le sont les régions qui sont au nord du 52e
parallèle. Il ne faut pas oublier, non plus, que l'ancienne loi
prévoyait déjà des dispositions où on y allait par
comté, de mémoire. Je pense qu'on parlait des comtés des
îles-de-la-Madeleine et de Gaspé dans l'ancienne loi. On a
préféré vous présenter cela non pas sous forme de
comtés dont les limites sont toujours susceptibles de changer, mais sous
forme géographique. En fait, cela donne le 49e parallèle et les
30 minutes donnent Baie-Trinité le long de la côte, qui est
située à mi-chemin entre Baie-Comeau et Sept-tles. C'est à
partir de là en allant vers le nord et en suivant la rive du
Saint-Laurent qu'on retrouverait ce territoire.
M. Asselin (Jacques): En complément de réponse, M.
le ministre, cela permettrait peut-être d'utiliser de façon
constante le permis d'exploration contrairement au jalonnement et aux claims
qui sont prévus en général. Comme tel donc, les
prospecteurs ou les compagnies minières qui sont
intéressés à aller plus loin dans des indices qui ont
déjà été découverts, ils pourraient
fonctionner à partir d'un permis et de cartes reproduites, plutôt
que d'être sur le terrain à faire du jalonnement. De ce fait, vous
réduisez les coûts d'hélicoptères, de transport
d'équipes, de jalonnement, etc., et vous pouvez travailler beaucoup plus
facilement, quitte, lorsque c'est plus prometteur comme indice, à aller
sur le terrain.
Ainsi, les compagnies qui font de l'exploration minière, en ayant
moins de frais à payer pour ces activités, auront donc plus de
capitaux disponibles pour intervenir. Dans ce sens-là, nous pensons, M.
le ministre, que cela pourrait justement favoriser une plus grande
quantité d'interventions sur le territoire, puisqu'il n'y a pas
d'accès à ce territoire autrement que par
hélicoptère ou par avion.
M. Savoie: Je comprends votre explication. Si ma mémoire
est bonne, une grande partie du territoire à l'ouest de Fermont n'est
même pas cadastrée. Pour les grandes régions où il
n'y a pas de cadastre, le jalonnement sur carte présenterait des
difficultés, n'est-ce pas?
M. Asselin: Effectivement. Hormis les travaux qui ont
été faits pour la cartographie dans le cadre des activités
de la SDBJ, plus ou moins le 70e méridien jusqu'aux frontières du
Labrador, le territoire n'est pas cartographie de façon adéquate.
Sur les cartes disponibles à votre ministère, on peut observer,
pour une grande partie de ce territoire qu'on a redivisé pour les fins
du mémoire, sur les cartes géologiques, qu'il y a des grandes
zones grises.
M. Savoie: D'accord. Sentez-vous que cette position obtiendra la
faveur des prospecteurs?
M. Gauthier (André): On en a parlé avec les gens
qui sont présentement sur le territoire. Ils semblaient tous favorables
à ce qu'on inclue le 49e. Si on regarde le 52e, il passe au nord de
Fermont. Il y a déjà des interventions dans ce coin-là, et
ceux qui interviennent seraient particulièrement favorables à
cela.
M. Savoie: Vous avez une association régionale de
prospecteurs chez vous. A-t-elle appuyé cette revendication?
M. Gauthier (André): On ne l'a pas contactée comme
groupe. Nous sommes plutôt individuellement en relation avec les gens
relativement à l'exploration qui se fait dans la région de
Fermont. On en a également discuté avec les représentants
du ministère qui n'y voyaient pas d'inconvénient, d'autant plus
que, dans le fond, on refléterait un peu la situation actuelle, la
situation sous l'ancienne loi. Au niveau de la cartographie, il ne faut pas
oublier que c'est surtout la région de Gagnon qui est affectée,
plus que la région de Fermont.
M. Savoie: Oui, M. Théorêt aimerait...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Vimont.
M. Théorêt: Merci, Mme la Présidente. Une
proposition de votre mémoire semble intéressante, c'est de la
création d'un fonds pour venir en aide aux villes minières en
difficulté. Croyez-vous qu'il soit nécessaire de
légiférer, d'une part, pour cela et, d'autre part, avez-vous une
formule à proposer quant aux cotisants éventuels au fonds, ceux
qui devraient en faire partie, et d'où proviendraient ces fonds?
M. Gauthier (André): Nous faisons allusion à ce qui
existe déjà dans une province canadienne où il y a une
participation mixte des compagnies, jusqu'à un maximum de 5 000 000 $.
Vous vous
référez à la page 12 du mémoire.
Le problème est le suivant. Dans le fond, les relations entre
l'État et les compagnies qui ont développé notre
territoire n'ont jamais été très claires. À
l'époque, l'État a confié, à toutes fins utiles, la
gestion de ce territoire à des compagnies et il leur a donné le
mandat de le gérer. Elles ont construit des villes et des chemins de
fer, et elles s'y sont rendues.
On n'a jamais tenté de planifier le développement de ces
villes, en ce sens que le gouvernement a accordé des chartes
municipales, a donc assumé une partie des responsabilités sans
que, réellement, des règles du jeu soient établies avec
les compagnies. Ce qui se passe actuellement, c'est qu'il y a des fermetures et
qu'il n'y a rien de prévu concernant les fermetures des mines à
moyen terme. Pensons à Gagnon, où SIDBEC-Normines a fermé
son exploitation, cela s'est passé quand même relativement
rapidement, en un an et demi. Ces villes ne peuvent diversifier leur
économie dans un espace de temps aussi court. Donc, on a un
problème de temps. On a également un problème de fonds. Si
les règles du jeu étaient clairement établies au
départ, à savoir que la compagnie doit prévenir à
l'avance et doit contribuer à un fonds visant à diversifier, le
Manitoba y va sur une formule de "royauté". Une partie des
royautés est versée à ce fonds-là et à ce
moment-là, bénéficiant du temps et de l'argent, c'est plus
facile pour une municipalité de tenter de s'en sortir avec les
délais. On cite le cas de l'Atikokan en Ontario qui a réussi le
pari. Les deux mines de fer ont fermé mais peu à peu, on a eu le
délai pour le faire, alors que, par exemple, on a fermé Gagnon,
sans savoir ce qu'il y avait autour de Gagnon sans qu'il y ait eu vraiment de
prospection autour et sans que l'on sache effectivement ce que le sous-sol
pouvait receler autour de Gagnon. On n'a donné aucune chance de
survie.
C'est un peu ce que le mémoire vous suggère quant à
la Loi sur les mines, non pas de prévoir des dispositions comme
celle-là, mais de vraiment songer à une loi sur le
développement minier et particulièrement dans les régions
au nord. C'est une formule à laquelle il faut penser.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Abitibi-Est.
M. Savoie: J'aimerais simplement faire une intervention
sur...
M. Claveau: À partir du moment où on change de
porte-parole, on doit faire alternance.
M. Savoie: Oui. D'accord. Vous pouvez prendre votre temps de
parole tout de suite.
M. Claveau: Je n'ai pas d'objection, vous pouvez continuer, sauf
que la prochaine fois, quand vous voudrez passer la parole à un
collègue, j'aimerais avoir la possibilité d'intervenir avant
votre collègue.
M. Savoie: D'accord.
M. Claveau: Je vous remercie de votre présentation. Je
suis particulièrement intéressé à ce que les
représentants de l'association des villes monoindustrielles puissent
faire valoir leur point de vue dans des occasions comme celles-là. Je
peux dire, à la lecture de votre mémoire, que vous avez vraiment
une réflexion intéressante et très importante d'ailleurs
pour que le gouvernement commence enfin à regarder d'un autre oeil la
problématique des développements des villes nordiques. Cette
problématique, je la connais assez bien pour avoir été
moi-même maire de Chapais, laquelle faisait partie de l'Association
canadienne des municipalités monoindustrielles, du moins au moment
où j'étais maire. Je ne sais pas si maintenant elle est toujours
membre.
Je peux vous assurer que personnellement, je partage
énormément les préoccupations que vous avez dans votre
mémoire qui ressemble beaucoup à certains mémoires que
j'ai eu moi-même à défendre à l'occasion.
Il y a quelques petites choses qui me surprennent quand même et
dont je voudrais que l'on discute. Vous parlez des territoires qui se trouvent
à l'est du 70e méridien, donc à l'est des terres
régies par la Convention de la Baie James et du Nord
québécois. Vous établissez la limite sud au 49e 30'
parallèle. Pourquoi exactement cette limite? Les terres
conventionnées, elles, sont au 49e parallèle.
M. Bélanger (Robin): La limite est établie en
fonction des routes de pénétration existant sur le territoire.
À notre connaissance, à partir à peu près de la
limite de Baie-Trinité, il y a, tout près ou à peu
près, peu de routes pénétrantes nous permettant - soit
nord-sud, le fameux axe qui existe - de pouvoir penser à assurer un
meilleur développement grâce à l'exploration ou à
l'exploitation.
Alors, n'ayant pas de ces routes pénétrantes, on pense
qu'on devrait inclure cela à partir du 49e 30' parallèle. Ce
n'est réellement pas basé à partir des terres
conventionnées. L'idée, finalement, c'était de faire
concorder la géographie avec la réalité d'intervention
dans ce territoire.
M. Claveau: En fait, vous partez à peu près
à la hauteur de Baie-Comeau, si je comprends bien?
M. Bélanger (Robin): Baie-Trinité.
M. Claveau: J'essaie de regarder cela parce que en ce qui me
concerne, en tout cas, je crois que, surtout là-dedans - je veux vous
poser tout à l'heure une petite question par rapport au ministère
des Affaires du Nord - je crois qu'il doit y avoir une certaine
uniformité ou une approche commune dans toute la partie nord du
Québec, à partir du territoire du bassin hydrographique de la
baie James avec le bassin hydrographique du golfe, finalement, qui est
différent de celui du Labrador, lequel on n'a pas à toucher. Je
crois qu'il doit y avoir une approche conjointe, une approche commune et que,
finalement, si chacun de son côté défend des points de vue
à partir de ses propres limites, je ne suis pas convaincu qu'on
réussira comme cela à vraiment percer la machine administrative
gouvernementale en ce qui concerne les revendications légitimes des
municipalités nordiques.
À cet effet, j'aimerais vous entendre vous exprimer sur la
question du ministère des Affaires du Nord dont vous faites
brièvement mention.
M. Bélanger (Robin): Ce qu'on fait, c'est que, la porte
étant ouverte avec le projet de loi 161, on en profite un peu pour
introduire notre position concernant le ministère des Affaires du Nord.
Vous souligniez tantôt la délimitation; on parlait du 52e, du 49e
avec le 70e. Ce qui est important, c'est qu'à partir du moment où
on est capable d'établir, sur une carte, un territoire donné, je
pense qu'il serait facile, par ta suite, de pouvoir passer à une
stratégie nordique, une stratégie de développement. (10 h
30)
Je disais tantôt qu'on pouvait appeler cela un ministère du
Nord, on peut appeler cela une société de gestion
semi-privée, semi-publique. Je pense que ce qui est important, c'est
qu'à partir du moment où on peut délimiter les endroits
qui seraient touchés par une nouvelle loi... Par exemple, on parle du
ministère du Nord. Vous savez qu'à Québec, on
délimite les périodes hivernales entre le 15 novembre et le 15
mars. Pourtant, chez nous en septembre, il neige, et en avril et en mai aussi.
Je veux dire qu'on est pris avec des réalités
métropolitaines, mais qu'on a à subir différemment.
Les budgets sont en concordance avec les dates. On parle, par exemple,
de tarification électrique. Chez nous, en ce qui concerne
Hydro-Québec, c'est prouvé que pour ce qui est de la
consommation, on a 40 % de moins d'heures par chandelle et, par
conséquent, 40 % de plus de consommation. Ce n'est pas que nous soyons
de mauvais utilisateurs de l'électricité, c'est que les
circonstances font qu'on a à chauffer ou à utiliser 40 % de plus
d'électricité. Ce sont toutes des notions qui font que le
territoire est pénalisé, ou même ses habitants ou son
développement. Si on veut améliorer cela ou introduire de
nouvelles notions d'administration, il va falloir, à mon sens,
établir sur carte ce que cela peut toucher comme régions. Je
pense qu'à partir de cette limite, on l'a bien décrit.
Deuxièmement, à l'intérieur du projet de loi sur
les mines, on parle du développement possible du territoire. Je pense
que par la suite, il devra arriver d'autres lois qui pourront toucher
directement ou indirectement les municipalités ou les compagnies dans
ces endroits.
M. Gauthier (André): Si vous me permettez, Mme la
Présidente, pour nous, le véhicule n'a pas d'importance, que ce
soit un ministère du Nord, un secrétariat d'État ou une
société de gestion, comme on a déjà vu pour, par
exemple, la Société de développement de la Baie James, peu
importe le véhicule. Ce qui est important c'est que ce
véhicule-là soit l'effet d'une loi-cadre qui modifierait, non pas
une loi, mais des lois de façon - et des règlements, bien
sûr - qu'on puisse faire coller à la réalité des
zones nordiques, des zones frontières, qu'on puisse faire coller les
normes à ces réalités-là, alors que
présentement les normes ne collent pas à la réalité
et constituent un frein au développement. Il est évident que si
pour chaque mille dollars de chauffage, lorsque vous êtes à
Fermont par exemple, vous dépensez 1400 $, les 400 $ additionnels vont
se retrouver quelque part dans une convention collective, vont se trouver,
éventuellement, sur le prix d'un produit. Les 400 $ se paient parce que
vous êtes considéré comme un surconsommateur, mais vous
n'êtes pas un surconsommateur. On le retrouve au niveau fiscal. Il est
évident qu'il y a des lois qui vont favoriser le développement
tandis que d'autres vont le freiner.
Prenons au niveau fiscal, au nom de l'équité on nous
nivelle par rapport aux gens qui vont habiter Ottawa, Québec ou
Montréal. C'est au nom de l'équité qu'on le fait,
c'est-à-dire qu'il y a des bénéfices qui deviennent
imposables lorsqu'on vit dans le Nord: Ces bénéfices-là
sont en fonction du fait, par exemple, que vous ne pouvez avoir accès au
réseau routier national. Vous devez prendre l'avion, vous avez donc
certains avantages que vous tirez et, au nom de l'équité, on vous
taxe là-dessus. C'est évident que tout cela se répercute
au niveau des conventions collectives et des coûts de
développement d'un territoire. Cela se répercute toujours.
On cite dans le mémoire la Suède qui l'a compris depuis
longtemps, mais qui a fait un effort supplémentaire en 1982 et en 1983,
et a réellement considéré que le pays, dans
le fond, c'était deux entités; il y a le Nord et il y a le
Sud. Alors, il y a des normes au Nord et il y a des normes au Sud, et ce ne
sont pas les mêmes.
On pense qu'en ce qui concerne le gouvernement, que ce soit une loi sur
les mines, une loi sur le développement minier, cela doit conduire
à quelque chose, cela doit conduire à un effort coordonné
et cet effort, peu importe le véhicule qui va le coordonner, va d'abord
passer par une loi-cadre, une loi qui va modifier l'approche législative
de ces territoires.
M. Claveau: Je trouve votre intervention très
intéressante et aussi que vous faites à partir... Enfin vous
délimitez le Nord à partir de certains critères et de
certaines conditions, entre autres, à partir d'une situation
géographique réelle et vécue et non pas, peut-être,
en fonction d'aléas ou de pirouettes politiques qui pourraient faire en
sorte que le Nord contourne une région et vient en chercher une autre,
etc. Je pense qu'effectivement lorsqu'on parle du ministère des Affaires
du Nord ou d'une gestion différente pour les questions nordiques, il
faut vraiment se donner une réalité géographique. Il y a
une limite parce que la réalité n'est plus la même, et
comme je dis souvent quand on est en-dessous de la terre on n'est pas sur le
plan de surface, même si on est au premier niveau en-dessous, on n'est
déjà plus au plan de surface, on est en-dessous de la terre, et
une tonne de roches sur la tête cela fait aussi mal qu'un million de
tonnes.
C'est un peu la notion qu'il va falloir voir, je pense, pour faire en
sorte qu'on délimite le plus honnêtement possible, ce qu'est le
nord du Québec. Enfin, je trouve d'un côté tout le secteur
et les gens qui habitent sur les territoires conventionnés ont tendance
à dire: le Nord du Québec, on l'a déjà, il
correspond, entre autres, à la limite de la loi de 1912 où on
disait: Le Nord du Québec est au 49e parallèle, à toutes
fins utiles, la 100e borne au sud de la baie James le long des
frontières de l'Ontario. Je reprends grosso modo le texte de loi. Et
vous arrivez avec une autre limite qui est le 49e 30' parallèle. Je
crois qu'il faudrait essayer d'harmoniser tout cela et que tout le monde se
parle un peu pour se comprendre.
M. Gauthier (André): Cela peut être cela et
ça peut être autre chose. On parle du Nord; le Nord, pour
quelqu'un, c'est toujours le Sud de l'autre. Nous parlons plutôt de
frontières. Replaçons-nous il y a trois ou quatre
générations. Les frontières du Nord, c'étaient
l'Abibiti et le Saguenay-Lac-Saint-Jean. À un moment donné, des
gens comme vous se sont décidés et se sont dit: On
développe ce coin de pays. Et cela s'est développé.
Aujourd'hui, la frontière est repoussée. Est-ce qu'on regrette
aujourd'hui que l'Abitibi se soit développé? A-t-on des raisons
de regretter que le Saguenay-Lac-Saint-Jean se soit développé? On
n'a aucune raison. Les frontières ont été
repoussées plus loin. On arrive à la Côte-Nord, au
Nouveau-Québec, la partie est du Québec. À ce
moment-là, il ne faut pas trop parler des notions du Nord et du Sud.
Parlons de nouvelles frontières. La frontière est rendue
là. Y a-t-il une décision qui se prend? Doit-on développer
cette nouvelle frontière? C'est cela, dans le fond, que les gens qui
vivent aux frontières demandent depuis plusieurs années, et
à l'occasion de plusieurs commissions parlementaires d'ailleurs. Ils
demandent à l'État de se prononcer. Est-ce que, oui ou non, comme
État, on a le désir de développer ces nouvelles
frontières? Si l'État dit qu'il n'est pas prêt à
consentir l'effort de coordination et l'effort législatif
nécessaire pour le faire, au moins les règles du jeu seront
claires. Les gens qui vivent aux frontières sauront qu'ils sont
peut-être les derniers à le faire et, tranquillement pas vite, on
se rapatriera sur les deux rives du Saint-Laurent.
Mais si l'État dit que cela vaut la peine et qu'on n'a pas de
raison de regretter d'avoir développé l'Abitibi ou d'avoir
développé le Saguenay-Lac-Saint-Jean, à ce
moment-là, faisons l'effort collectif et, pour le faire,
établissons les normes et faisons-les coller à la
réalité. C'est un peu comme si on avait voulu développer
l'Ouest américain avec la loi de Boston; on n'aurait jamais
développé l'Ouest américain. Les moeurs se sont
adaptées à ces nouvelles frontières. Aujourd'hui,
évidemment, il n'y a pas de différence, mais ces
frontières-là ont été développées. La
même chose se passe ici. Va-t-on développer nos frontières?
Bien honnêtement, on pose la question parce qu'on n'a pas de
réponse et il est important d'avoir une réponse, qu'elle soit
positive ou négative, de manière que les gens qui sont aux
frontières sachent exactement quel est leur sort. Si, effectivement, une
compagnie "tousse", à ce moment-là, si on a décidé
qu'on ne développait pas nos frontières, ce sera la fermeture. On
ferme tout et on s'en va.
M. Claveau: J'aimerais revenir plus spécifiquement
à la Loi sur les mines, la loi 161, quoique votre discussion soit
très intéressante. Je crois qu'on devrait se donner un forum
à un moment donné pour continuer ce débat parce que c'est
plus que nécessaire en ce qui concerne, entre autres, toute la question
du Nord et du Moyen-Nord du Québec.
M. Bélanger, dans votre exposé, vous nous avez cité
quatre points ou quatre lignes maîtresses qui semblaient être le
squelette de votre intervention. Je dis "squelette" dans
un sens positif. Au deuxième point, vous parliez de la question
de la tarification et vous disiez que le gouvernement devrait avoir des
objectifs ou des méthodes de tarification en fonction de ces objectifs
de promotion, Pourriez-vous nous expliquer un peu plus de quoi il s'agit?
M. Bélanger (Robin): Ce qui est important, c'est que la
nouvelle loi réponde quand même à une certaine
réalité. Sauf que, naturellement, lorsqu'on l'a
rédigée, on a sûrement regardé les coûts que
le ministère aura à encourir et les demandes concernant ces
différents projets ou loi.
Le parallèle qu'on faisait, c'était le suivant: II ne
faudrait pas que le projet de loi ne réponde pas juste à une
question de coûts contre des demandes. En réalité, c'est
qu'en ce qui concerne la tarification - je vais prendre un exemple - si cela
coûte 10 000 000 $ au ministère, il ne faudrait pas regarder la
loi en fonction de cela, II faut récupérer 10 000 000 $ pour
rentrer dans nos coûts.
Je pense que le ministère devrait avoir une politique beaucoup
plus lointaine dans le sens qu'il devrait aussi avoir une intervention et une
implication dans l'exploration et dans l'exploitation. C'est bien
évident qu'il y aura des coûts additionnels, mais le projet de loi
ne devrait pas prendre en considération seulement les coûts
rencontrés par le ministère.
M. Asselin: La crainte qu'on exprime là-dessus, en
complément, monsieur, c'est qu'il ne faudrait pas que, finalement,
à partir de la planification budgétaire d'un ministère
dans notre région, le ministère agisse en fonction de coûts
et de bénéfices, de telle sorte que la dimension du
développement et la préoccupation que le ministère a de
développer le territoire soient basées uniquement sur les budgets
qui proviennent des tarifs fixés pour les claims et autres
activités.
Donc, on présume que, peut-être en 1984 ou 1985, on a
établi les coûts qui avaient été
générés par le ministère pour ses activités
dans notre territoire. On a dit: Bon, à l'avenir, dans ce territoire,
tant d'argent va provenir de l'exploitation, soit des "royautés" ou
d'autres revenus, et ce sera le budget du ministère pour notre
région.
À ce moment-là, il n'y aura plus de ressources
financières pour compléter la cartographie qui est
déficiente, pour faire la géochimie des lacs, etc. Alors, peu
importe la méthode qui sera utilisée pour la tarification, on
veut qu'il y ait quand même dans le projet de loi - cela a
été exprimé dans notre mémoire - un souci
d'intervention et de développement. Si les tarifs fixés par le
projet de loi ne sont pas suffisants, il faudra qu'il y ait d'autres budgets
pour favoriser cela.
M. Claveau: Est-ce que vous voyez, par exemple, à la suite
de ce que vous venez de me dire, que par le biais de la tarification sur les
claims ou toute la procédure, le réenregistrement - enfin, tout
ce qu'on a vu comme paperasse dans ce projet de loi - on ne pourrait pas
créer un genre de fonds d'investissement ou de développement qui
permettrait, entre autres, aux municipalités monoindustrielles d'engager
des gens ou de travailler à des plans de relance, de promotion ou de
publicité qui permettraient de diversifier leur économie?
M. Gauthier (André): Je vais répondre. Ce ne serait
peut-être pas sur le plan de cette tarification, mais sur le plan, par
exemple, des "royautés", comme d'autres l'ont fait, parce que les
"royautés", dans le fond, son tirées de notre sous-sol ou de
notre partie du territoire. Si un fonds pouvait être créé,
on pourrait peut-être suivre l'exemple d'autres provinces et y aller sur
le plan des "royautés".
Quant à la tarification, ce qui est important, c'est de savoir ce
que l'on recherche comme but premier. Si l'on recherche comme but premier que
la tarification soit suffisante pour couvrir les frais d'un ministère et
qu'incidemment, la tarification favorise le développement, c'est un
objectif.
Nous préférons que l'objectif de la tarification soit
d'abord et avant tout de favoriser l'exploration et la prospection et que si
cette tarification a pour effet de rencontrer les déboursés du
ministère, les coûts administratifs du ministère, tant
mieux. Mais, cela ne devrait être qu'un effet, non pas l'objet principal.
Mais, évidemment, les règlements de tarification sont à
venir.
M. Claveau: D'accord. Ce que je comprends de votre intervention,
c'est que peu importe le moyen qu'on se donne et là où on va
prendre l'argent, il faut que le gouvernement finisse par créer un genre
de fonds d'intervention ou un fonds de développement nordique -
appelons-le comme on voudra - qui permettra aux municipalités d'aller
vers une diversification de leur économie et aussi de pallier la
fermeture immédiate ou imminente, dans certains cas, de mines ou de
sites miniers. (10 h 45)
Je voudrais déborder là-dessus et vous poser quelques
questions sur l'aspect des délais de fermeture. Vous connaissez
l'administration municipale - et j'en sais quelque chose, car on a vécu
des situations assez difficiles dans le secteur de Chapais-Chibougamau au
moment ou j'étais maire de Chapais - on planifie, par exemple, un budget
municipal qui entre en vigueur le 1er
janvier. On est dans une ville monoindustrielle et, le 20
décembre, sans avis, la mine met à pied 50 % de son personnel.
C'est un exemple théorique que je cite, mais qui reflète
certaines réalités. Ces gens s'en vont du jour au lendemain. La
plupart du temps, ils profitent du temps des fêtes pour essayer de se
trouver un emploi ailleurs, dans une autre mine quelque part au Québec
ou au nord de l'Ontario. Voilà que votre budget municipal est tout
à fait déséquilibré. Vous récupérez
la moitié des taxes que vous aviez prévues; et vous n'avez plus
le temps de vous tourner de bord, parce que le budget entre en vigueur le 1er
janvier et que les comptes de taxes sont souvent déjà dans
l'ordinateur prêts à être expédiés dès
les premiers jours de janvier.
De quelle façon pensez-vous que, par le biais d'une Loi sur les
mines, on pourrait atténuer ces choses qui surviennent dans le quotidien
des municipalités nordiques?
M. Bélanger (Robin): Je pense qu'en réalité
dans la Loi sur les mines, on ne pourra pas introduire la notion de
délai de fermeture. Comme on l'expliquait au début, c'est dans
une loi sur le développement minier qu'on devra, à ce
moment-là, si une telle loi suscite l'intérêt,
prévoir des mécanismes de fermeture.
Différents travaux ont été faits par des
fonctionnaires provinciaux du Québec citant les différents
exemples d'autres provinces. On parlait tantôt d'Atikokan en Ontario. On
pourrait parler de Lynn Lake au Manitoba. Ces villes ont toutes un délai
de deux, trois ou quatre ans, ce qui a permis aux personnes en place de
regarder leur avenir et de dire: Est-ce qu'il y a un moyen de diversification
et, si oui, qu'est-ce qu'on peut faire? Il est bien évident que la
compagnie a aussi un rôle de contribution à jouer. Si une
compagnie doit donner un avis de fermeture au préalable, que ce soit de
deux ou de trois ans, je pense qu'à ce moment-là on peut aussi
prévoir un mécanisme dans lequel cette même compagnie
contribuerait à un fonds pour aider à la diversification de la
même ville qu'elle a mise en place. Présentement, je ne pense pas
que cette application se justifierait à l'intérieur de la Loi sur
les mines, mais elle pourrait entrer sensiblement dans le cadre du
développement minier.
M. Claveau: Selon ce que vous me dites, à ce
moment-là, est-ce que vous vous ralliez à la proposition que nous
a faite la Chambre des notaires du Québec lors de l'étude de la
Loi sur les forêts et, maintenant, de la Loi sur les mines, qui proposait
qu'on commence, avant d'aller dans la refonte des lois sectorielles, par faire
un genre de code des terres ou de code des ressources au Québec pour
que, autant dans le domaine minier, forestier ou hydroélectrique, on se
dote d'un code d'éthique, d'une marche à suivre ou de choses
fondamentales à respecter. Par exemple, comme on en parle maintenant,
une procédure d'ouverture, une procédure de fermeture dans le cas
d'une mine. Cette proposition pourrait-elle aller dans le même sens que
ce que vous nous dites?
M. Gauthier (André): Je ne veux pas médire des
notaires, le ministre en étant un, mais la situation ne nous semble pas
si compliquée. Ce que l'on dit quant à la Loi sur les mines,
c'est que cela va. Dans le fond, elle régit le processus selon lequel
l'État accordera un privilège à certaines personnes et les
conditions auxquelles il accordera ce privilège. Ceci est une chose.
S'il y avait une loi sur le développement minier - il pourrait y
en avoir une sur le développement forestier, peu importe -l'État,
dans ce cadre, fixerait les règles du jeu à l'avance et dirait:
D'accord, pour nous, il n'y aura plus d'ouverture de nouvelles villes, si le
promoteur ne fait pas la preuve que cette ville, dans un rayon de 50 milles,
n'aurait pas deux ou trois ressources diversifiées d'exploitation ou
d'autres avantages économiques justifiant son ouverture. Cela pourrait
être une règle du jeu.
Une seconde règle du jeu pourrait être que, à tel
stade des activités la compagnie doit commencer à prévoir
les fermetures. Par exemple, chez nous, il n'y a pas de fermeture surprise sur
la Côte-Nord. Les compagnies sur la Côte-Nord ne sont pas des gens
d'école. La compagnie Wabush, la compagnie minière IOC, la
compagnie minière Québec-Cartier, sont fortement
impliquées dans le domaine du fer chez nous; ce sont des gens dont les
actionnaires sont des sidérurgies, ce sont des gens qui
contrôlent, à l'étranger, d'autres mines de fer. Il n'y a
rien de surprenant dans les fermetures.
Il serait normal, à ce moment-là, une ville étant
créée par une compagnie, que les règles du jeu soient
déjà mises sur la table et que l'on prévoie
déjà ce qui se passera en cas de fermeture, quelles sont les
conditions d'ouverture de la ville, quelles sont les conditions de fermeture et
ce que l'on ne retrouve pas. On retrouve au Code du travail, évidemment,
des dispositions touchant la fermeture d'une entreprise à court terme,
mais il n'y a rien qui empêcherait le gouvernement de poser ces
règles du jeu. Évidemment, chez nous, il est un peu tard, parce
que les villes ont déjà été créées,
les chartes sont données, les gens sont sur place. On peut faire un
effort pour chercher des sources de diversification. C'est difficile de revenir
en arrière et de dire aux compagnies: Voici de nouvelles conditions.
Mais, au moins, que l'on pense à l'avenir.
M. Claveau: D'accord. On m'avise que mon temps est...
La Présidente (Mme Bélanger): Votre temps est
terminé malheureusement, M. le député d'Ungava. M. le
ministre.
M. Claveau: Je voudrais seulement faire une petite
réflexion sur l'intervention de Me Gauthier, qui a dit, au début
de son intervention, que cela semble être facile, que ce n'est pas aussi
compliqué que ce que la Chambre des notaires demande, sauf que l'on sait
très bien - en tant qu'avocat, il est bien placé pour le savoir -
que ce qui ne semble pas compliqué, à première vue, peut
l'être drôlement quand on s'embarque dans une démarche
législative et qui peut aller facilement au judiciaire.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député d'Ungava. M. le ministre.
M. Savoie: Avant de faire rapidement le tour du dossier du Nord,
je voudrais discuter de l'urbanisation. Vous avez fait des recommandations
concernant le projet d'urbanisation. Je veux que ce soit bien clair. Par
exemple, vous ne favorisez pas que la Loi sur les mines soit sujette aux MRC.
Il n'y a pas de doute là-dessus?
M. Bélanger (Robin): II y a un point qui n'est pas clair
dans la loi, c'est qu'on n'a pas défini les limites du territoire
urbanisé. Est-ce qu'on parlait de la municipalité dans le cadre
de la MRC ou de la municipalité même? Le tissu urbain
n'était pas réellement défini. Alors, on s'est posé
la question. On s'est dit: C'est une de nos préoccupations.
M. Savoie: Cela concerne tout simplement la partie
urbanisée de la municipalité et non pas la municipalité
régionale de comté.
M. Bélanger (Robin): C'est bien cela.
M. Savoie: C'est bien cela. On s'entend. Vous vous demandez:
Comment va-t-on faire pour procéder à la délimitation de
la zone d'urbanisation? Est-ce exact?
M. Bélanger (Robin): Est-ce que vous allez utiliser le
même territoire urbanisé déjà défini par la
municipalité ou si vous allez choisir vos propres normes, vos propres
définitions de ce qui est urbanisé ou non?
M. Savoie: L'orientation qu'on donne est d'aller vers un
mécanisme qui va permettre d'agencer les limites du territoire
urbanisé avec le jalonnement qui serait effectuable ou qui est
déjà effectué autour de cette municipalité
habitée... Enfin, que les deux concordent pour ne pas qu'il y ait des
claims qui soient à cheval entre les deux. C'est-à-dire qu'il y
ait une partie dans la zone urbanisée et une partie dans une zone qu'on
aurait exclue de l'urbanisation.
M. Bélanger (Robin): C'est bien cela. Le seul point qui
était notre quatrième point vis-à-vis des
municipalités, c'était surtout concernant l'avis que les
municipalités n'étaient pas nécessairement
concernées dans la décision du ministre. On disait, à ce
moment-là, que la municipalité devrait être avisée
des démarches ou des demandes que le ministre est sur le point de faire
ou a l'intention de produire à l'avenir. La municipalité devrait
faire partie du processus.
M. Gauthier (André): Lorsque vous faites exception
à la loi.
M. Savoie: Oui, c'est une exception à la loi.
M. Gauthier (André): Ce que l'on déplore un peu
c'est que la municipalité ne soit pas partie prenante à la
décision du ministre - on comprend les difficultés que cela peut
représenter de ne pas être partie prenante à la
décision du ministre -de faire exception, dans un cas donné, aux
limites du territoire urbanisé. Le cas se produit chez nous, où
il y a des permis de jalonnement qui ont été ou qui sont sur le
point d'être donnés à l'intérieur de la zone
urbanisée de Sept-Îles par exemple, où ce jalonnement va se
faire sur le seul site pour l'industrie lourde. Évidemment, avec
l'ancienne loi, la municipalité, bien qu'étant consultée,
n'a finalement pas qrand-chose à dire. La suggestion que l'on faisait
dans la nouvelle loi, c'est que le ministre fasse exception pour que la
municipalité soit non seulement consultée mais qu'elle puisse
donner son avis. Si l'avis est négatif, que la discrétion
ministérielle en subisse le contrecoup.
M. Savoie: D'accord. Je pense que le but visé par la loi,
quand on dit "lorsque le ministre peut...", etc., fait que ce sont certainement
les principes de la règle audi alteram partem qui jouent. Je ne suis pas
inquiet. En gros, je pense que les orientations qui sont données dans le
projet de loi permettent justement au ministre d'en tenir compte mais, dans le
cas où il y a des abus ou un manque de bonne foi de la part de la
municipalité, le ministre peut dire: Écoutez, j'ai fait de mon
mieux... C'est surtout pour assurer une bonne croissance.
Vous avez parlé tout à l'heure d'une loi sur le
développement minier. Évidemment, dans les objectifs visés
par le ministère, c'est le développement minier à son
maximum. Le projet de loi est structuré de
façon à permettre au ministre de donner les orientations
les plus agressives, les plus dynamiques à l'industrie minière.
C'est un peu ce qu'on vise. Quant à vous, ce que vous visez par une loi
sur le développpement minier, ce serait des zones
désignées en quelque sorte pour recevoir l'attention de
l'exploration minière, c'est ça?
M. Gauthier (André): C'est cela et qu'on ne reproduise pas
les erreurs passées comme celle de permettre un développement
minier qui fait que l'on remettrait les clés d'un coin de pays à
une compagnie sans qu'il y ait de règles établies d'avance. Il
faut savoir ce qui se passe. Quelles sont les conditions d'ouverture d'une
ville? Quelles sont les conditions de fermeture d'une ville?
Prenons l'exemple de Tumbleridge, en Colombie britannique, où on
s'est assuré, avant l'ouverture de la ville, qu'il y ait des ressources
différentes pouvant permettre à cette ville d'espérer une
diversification économique à moyen terme, même si on la
créait et si la seule exploitation que l'on y faisait au départ
était celte du charbon. Mais il y a une planification qui s'est faite.
D'une part, on ne retrouve pas dans notre législation une pareille
planification mais, d'autre part, on n'en trouve pas non plus dans le cas d'une
fermeture, tant et si bien que l'on vit une expérience comme celle
vécue à Gagnon, par exemple. On travaille avec une Loi sur les
cités et villes qui ne prévoit pas du tout comment une ville se
ferme. On travaille avec une compagnie qui vit une expérience de
fermeture et qui, normalement, n'en revivra pas d'autre. Quand on va à
Schefferville, on recommence. C'est une nouvelle expérience. Ce sont des
nouvelles règles du jeu.
Lorsque l'on développe un pays ou une partie de pays, si les
compagnies qui sont incitées à faire le développement
connaissent d'avance les règles du jeu, à ce moment-là,
c'est clair pour tout le monde. Ce qui va se passer est clair. En cas de
fermeture, est-ce qu'il y aura un préavis? Si oui, de combien temps?
C'est clair également en cas d'ouverture. Il ne faut pas se leurrer.
Chez nous, la diversification économique est non seulement difficile,
mais elle subit également le frein des compagnies qui sont là.
Jusqu'à un certain point, la Côte-Nord et le Nouveau Québec
sont des "company towns". Il faut avoir vécu dans le milieu du
développement économique pour savoir que les compagnies en place
n'aiment pas beaucoup voir entrer un autre géant ou une autre grosse
compagnie, même si elle n'est pas dans le même domaine, parce que
cela crée de la tension au chapitre de la main-d'oeuvre et provoque une
concurrence. Ils vont tenter de freiner cela discrètement, parce qu'il y
a toujours l'image publique à protéger, mais ils vont quand
même tenter de freiner cela.
(11 heures)
Si les règles du jeu sont établies à l'avance, si
on dit qu'il n'y a pas d'ouverture de ville à proximité d'une
mine, s'il n'y a pas d'espoir à moyen terme qu'il y ait une, deux ou
trois sources de minerais différents ou d'autres possibilités de
diversification économique, si on fait cette planification, on ne se
ramassera peut-être pas avec les problèmes qu'on vit
présentement. Et pour régler les problèmes qu'on vit
présentement, on dit: Dans une loi sur le développement minier,
prenons les villes monoindustrielles qu'on a présentement et mettons le
paquet pour savoir si oui ou non, à moyen terme, ces villes peuvent se
diversifier. Si elles ne peuvent pas se diversifier parce qu'elles ne vivent
vraiment que d'une seule ressource accessible, au moins, on aura fait l'effort.
On se dit: D'accord. On va vivre avec un problème à Fermont
où il y a seulement du fer. Lorsque la mine de fer sera
épuisée ou que le marché tombera, la mine fermera et on ne
leurrera personne. À ce moment-là, il serait possible d'exiger,
dans une loi, des compagnies de cette taille, non pas des compagnies qui
peuvent agir par inexpérience mais des compagnies qui ont beaucoup
d'expérience des préavis de fermeture et un mécanisme de
fermeture. De cette façon, avec l'expérience passée, on
mettra des règles et ce sera clair pour tout le monde qui paie quoi,
quelles sont les primes. De quelle façon on expropie, de quelle
façon on fait cela?
M. Savoie: Je pense que cela suscite beaucoup
d'intérêt. Je vois d'une façon très favorable votre
préoccupation qui semble relier le projet de loi sur les mines au
développement régional, particulièrement celui de la
Côte-Nord.
Évidemment, le projet de loi sur les mines ne peut pas structurer
un développement régional, mais je pense que votre suggestion
d'une loi spécifiquement adaptée ou un programme
spécifiquement adapté au développement régional de
la Côte-Nord -pour les activités minières, à tout le
moins -est certainement bonne. On en avait discuté à quelques
reprises. Je pense que c'est ce qu'on voulait faire avec notre projet de
développement du Nord lorsqu'on parlait de créer une structure,
une combinaison de facteurs qui nous permettrait d'assurer la continuation et
la diversification des activités des municipalités
monoindustrielles de la Côte-Nord. Je pense qu'on s'est mis d'accord pour
dire que c'est un petit peu l'orientation que voulait donner Mme Wolfe et c'est
également la préoccupation qu'on s'est donnée au cours des
derniers mois pour en arriver à quelque chose d'acceptable pour assurer
la continuation des activités de Fermont en diversifiant les ressources
minérales qu'elle était chargée d'exploiter.
S'il n'y a pas d'autres questions de votre part ou d'autres points sur
lesquels vous voulez intervenir, je ne contenterais de terminer.
M. Asselin: Peut-être juste une réflexion. On a
parlé à plusieurs reprises du préavis, Tout le monde sait
que présentement, la seule disposition qui existe relativement au
préavis découle du licenciement des employés. Mais le
préavis auquel on réfère dans notre mémoire, c'est
celui de prévenir suffisamment à l'avance l'ensemble des
intervenants qu'il y a un risque de fermeture dans cinq ans ou sept ans, de
telle sorte qu'on puisse s'interroger et faire des interventions sur le terrain
pour voir s'il y a une possibilité de continuer d'exister dans ce coin
de pays ou tout simplement, comme l'a dit Me Gauthier tout à l'heure,
prévenir les gens que dans deux ou trois ans, ils vont avoir à
plier bagage tout simplement. Je voulais faire cette réflexion.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre, en
conclusion.
M. Savoie: Je vous remercie beaucoup pour votre mémoire
qui contenait plusieurs points qui portaient non seulement directement sur le
projet de loi sur les mines mais également sur une réflexion plus
générale sur le développement régional, le
développement régional minier et les attentes des gens de villes
monoindustrielles et également des gens qui habitent la Côte-Nord.
Vous savez que cela nous préoccupe énormément. Cela nous a
poussé à faire une réflexion qui a été
très favorable à la position à laquelle vous vous ralliez.
On espère que, dans un temps relativement court, peut-être au
cours de ce printemps ou au début de l'été, on sera en
mesure d'annoncer des activités qui vont continuer cette
réflexion sur une structure qui pourrait assurer le développement
plus dynamique de nos régions nordiques et, en conséquence, de
nos régions minières, qui, en grande partie, se trouvent
là-bas. Je vous remercie beaucoup et je ne peux que vous dires À
la prochaine. J'espère que ce sera pour bientôt.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, Mme la Présidente. Avant de conclure,
je voudrais seulement mettre le ministre en garde de ne pas confondre
l'Abitibi, comme région minière, avec une région
nordique.
M. le maire Bélanger, Me Gauthier et M. Asselin, je vous remercie
au nom de l'Opposition officielle pour la présentation que vous nous
avez faite, qui est excellente et très intéressante et qui veut
défendre les intérêts des régions nordiques et des
centres miniers qui doivent se développer tant bien que mal dans ces
régions, sauvent à la merci des fluctuations du marché et
des intérêts des compagnies qui, la plupart du temps, sont loin
des véritables intérêts des populations qui vivent sur le
terrain. Il y a comme une relation dialectique entre les deux qui n'est pas
toujours évidente qui ne va pas, de toute évidence, toujours dans
le même sens. En tout cas, je peux vous dire que c'est avec beaucoup
d'intérêt qu'on va considérer votre point de vue, nous de
l'Opposition, pour faire en sorte que le ministre n'oublie pas les centres
miniers nordiques dans le texte final de son projet de loi.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député d'Ungava. Quant à moi, je remercie les membres de
l'Association canadienne des municipalités monoindustrielles pour la
présentation de leur mémoire. Je leur souhaite un bon retour.
Merci.
J'inviterais les représentants de la Société
québécoise d'exploration minière à prendre place
à la table.
Bonjour, messieurs. Je vous souhaite la bienvenue. J'aimerais rappeler
que le temps alloué à chaque organisme est 20 minutes pour la
présentation du mémoire, 20 minutes de discussion avec les
membres du gouvernement et 20 minutes avec les membres de l'Opposition. Ce
matin, M. le ministre semblait préférer que la
présentation du mémoire soit moins longue afin de faciliter les
échanges entre l'organisme et les... Êtes-vous d'accord avec cette
formule?
Une voix: Tout à fait d'accord, madame.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous êtes
d'accord. On va attendre une petite minute que le ministre arrive. Je
demanderais aux représentants de la société de
s'identifier, s'il vous plaît!
SOQUEM
M. Bourassa (Paul J.): Mon nom est Paul J. Bourassa. Je suis le
président-directeur général de SOQUEM. Pour bien
représenter SOQUEM, voici, à ma gauche, M. Denis Simoneau,
directeur qénéral de l'exploration, M. Raymond Raby,
vice-président corporatif de la société, ainsi que Me
Miche! Cloutier, secrétaire corporatif et directeur du contentieux de
notre société.
La Présidente (Mme Bélanger): Si vous voulez
commencer la présentation de votre mémoire.
M. Bourassa (Paul J.): Mme la Présidente, M. le ministre,
MM. de la
commission de l'économie et du travail, premièrement, nous
tenons à vous remercier de la confiance que vous nous avez
témoignée en nous invitant à formuler nos commentaires sur
le projet de loi 161 communément appelé Loi sur les mines.
Pour répondre au voeu du ministre tel qu'indiqué par Mme
la Présidente, nous ne passerons pas à travers tout le
mémoire, mais nous allons plutôt prendre certains extraits et nous
limiter, peut-être, à huit ou dix minutes pour permettre un
dialogue plus constructif que seulement écouter des paroles.
M. Savoie: C'est parfait.
M. Bourassa (Paul J.): Afin de vous permettre de mieux saisir le
contexte dans lequel ce mémoire a été
rédigé, ainsi que la portée de ce dernier, nous avons,
dans un premier temps, jugé utile de tracer un historique de SOQUEM et,
dans un deuxième temps, de vous faire part des objectifs poursuivis par
l'exposé qui suivra.
Originairement, les mandats confiés à SOQUEM
étaient l'exploration par toutes les méthodes, la participation
à la mise en valeur des découvertes, ainsi que la participation a
la mise en exploitation des gisements.
En décembre 1980, la loi de SOQUEM était
révisée par législation en y spécifiant que, dans
la réalisation de ses objets, la société se devait d'avoir
un objectif de rentabilité.
Entre 1965 et 1985, seulement pour rappeler nos lettres de noblesse,
SOQUEM a investi plus de 70 000 000 $ en exploration minière dans ses
propres programmes et dans les programmes partagés avec des partenaires.
Cinq découvertes majeures ont été faîtes
entraînant la mise en valeur de ces gisements et leur exploitation. On
parle du gisement de cuivre en 1968 et de zinc en 1974 chez Louvem, à
Val-d'Or; on parle également du gisement de niobium en 1969, à
Saint-Honoré, près de Chicoutimi, du gisement d'or de Doyon en
1973 et, finalement, des dômes de sel gemme de la mine Seleine en
1972.
À la suite du dépôt par SOQUEM de son plan
quinquennal de développement 1986-1991, lequel fut approuvé le 4
février dernier, SOQUEM se retrouve présentement avec un mandat
réorienté à moyen terme, axé principalement sur
l'exploration minière et la mise en valeur de substances
minérales à l'intérieur du territoire
québécois. (11 h 15)
Le mémoire qui vous a été soumis ne se veut pas une
étude exhaustive du projet de loi sur les mines, mais plutôt un
document de référence favorisant une discussion sur la
législation proposée ainsi que sur les principes qui la
sous-tendent. En effet, étant donné la qualité des
intervenants sollicités par la commission de l'économie et du
travail, leur champ de spécialité propre et le mandat
renouvelé de SOQUEM, nous avons jugé à propos, dans un
premier temps, de nous limiter, sous la rubrique intitulée
"Considérations d'ordre général", à
énumérer certains éléments progressistes de ce
projet de loi et à identifier certains concepts ou modalités qui
nous laissent perplexes et qui, d'après nous, devraient être
repensés ou, du moins, raffinés.
Les considérations d'ordre général. Dans
l'ensemble, le projet de loi 161 représente une amélioration
marquée par rapport à la loi actuelle. Parmi les
éléments progressistes, nous tenons particulièrement
à signaler les suivants:
La reconnaissance du fait que la loi liera le gouvernement, ses
ministères et les organismes qui en sont mandataires.
La possibilité de jalonner pour autrui.
La possibilité de jalonner sur carte un terrain susceptible de
faire l'objet d'un claim et situé dans un territoire
désigné par le gouvernement aux fins de désignation sur
carte ou dans un terrain visé aux articles 117, 259 ou 274 sous
réserve des commentaires spécifiques qui suivent quant à
la détermination du territoire et à la nécessité
d'analyser, et de réviser au besoin cette méthode et ses
applications. La possibilité de jalonner sur carte un terrain
susceptible de faire l'objet d'un claim dans un territoire donné, pour
nous, est une mesure des plus progressistes. Par contre, étant
donné l'application possible de ce concept important introduit par le
projet de loi proposée, nous croyons que l'identification du territoire
pouvant en faire l'objet devrait être approuvée par le
législateur et non par le gouvernement. En effet, de cette façon,
la détermination dudit territoire pourrait faire l'objet d'un
débat, le cas échéant. De plus, un mécanisme de
remise en question, après une période donnée, de cette
nouvelle méthode d'acquisition de claims devrait être prévu
dans la loi, le tout de façon à l'éliminer
complètement en temps opportun, à la raffiner au besoin, à
l'étendre à un territoire beaucoup plus vaste ou à la
limiter à un territoire plus restreint.
La période de validité du permis de prospection et du
claim, qui sera dorénavant respectivement de cinq ans et de deux ans au
lieu d'un an dans la loi actuelle, est également une mesure très
progressiste.
L'introduction du concept de limites du territoire urbanisé sous
réserve de la détermination qui en sera faite par le ministre.
Nous osons espérer que, comme pour Chibougamau où la limite est
de dix cantons, cela ne sera pas une limite de vinqt cantons; mais une limite
de deux cantons.
La limite maximum de 200 claims par mois quant à l'enregistrement
par avis de
désignation sur carte évitant les abus que pourrait
entraîner cette méthode, est également une mesure
progressiste, mais nous avons tenu à vous souligner nos réserves
parce qu'elle comporte des embûches.
Cette mesure permettra, en partie, d'éviter les jalonnements
massifs par désignation sur carte, c'est vrai. Par contre, telle que
rédigée, elle pourra être contournée par
l'utilisation de plusieurs personnes désignant sur carte en leur nom
propre, mais travaillant en réalité pour une seule et même
personne à qui elles pourront transférer, sans problème,
la propriété des claims ainsi désignés sur
carte.
La possibilité pour le demandeur de déposer avant
l'enregistrement du claim un avis de jalonnement ou de désignation sur
carte modifié dans lequel est rectifiée une erreur
grossière constatée dans l'avis original est également
progressiste.
La possibilité pour le tiers acquéreur d'un claim qui
constate une irrégularité de jalonnement pouvant entraîner
sa révocation de jalonner de nouveau, si la validité du claim
n'est pas contestée.
La possibilité de renouveler un claim par anticipation pour une
seule période de validité.
L'énumération dans la loi des raisons pour lesquelles le
ministre peut refuser tout ou partie des travaux d'exploration, tel que
prévu aux articles 69, 91 et 114.
La possibilité pour le titulaire d'un permis d'exploration
minière de jalonner un claim sur tout ou partie du territoire qui fera
l'objet du permis d'exploration minière, tel que prévue à
l'article 86.
La nécessité de ne démontrer, lors d'une demande
d'obtention d'un bail minier, qu'il existe des indices permettant de croire
à la présence d'un gisement exploitable plutôt qu'un
gisement économiquement exploitable, tel que prévu à la
loi actuelle.
L'augmentation de la superficie du bail minier qui passe de 90 à
100 hectares, sous réserve de nos commentaires quant à la
possibilité pour le ministre de conclure un bail pour un terrain d'une
superficie supérieure dont la limite maximum n'est pas
prévue.
L'augmentation de deux à quatre ans, après la conclusion
du bail minier, du délai pour commencer l'exploitation minière
pour le locataire.
Finalement, l'introduction du concept de récupération
optimale des substances minérales sous réserve de nos
commentaires spécifiques qui suivent quant à son application.
L'introduction du concept de récupération optimale des substances
minérales nous semble une très bonne innovation. Par contre, en
pratique, il faudra connaître les critères à être
retenus par le ministre afin que les exploitants puissent s'y conformer de
façon à favoriser la récupération optimale. Il est
à noter que le concept de récupération optimale est
totalement différent du concept de récupération
économiquement optimale, dans les conditions présentes. Il est
bien évident que tout peut être amélioré avec des
coûts accrus ou des investissements supplémentaires qui pourraient
rendre non rentable une exploitation autrement prévue.
Malgré ses aspects positifs et progressistes, ce projet de loi
161 comporte certaines dispositions qui nous laissent fort perplexes. À
cet effet, nous désirons attirer l'attention de la commission de
l'économie et du travail sur certains concepts, certaines approches ou
modalités qui devraient, selon nous, être repensés ou, du
moins, raffinés.
L'utilisation du pouvoir discrétionnaire. Le projet de loi 161
contient de nombreuses dispositions qui confèrent un pouvoir
discrétionnaire au ministre et, par le jeu de l'article 287, à
toute personne à qui le ministre aura délégué
généralement ou spécialement l'exercice d'un ou de tous
ses pouvoirs. Tout en étant conscients que, dans de nombreuses
circonstances, un droit d'appel existe en vertu de l'article 278, nous croyons
que, dans certaines situations précisées, il y aurait lieu de
baliser ce pouvoir discrétionnaire ou, du moins, de l'assortir de
certains critères inclus dans la loi connus de tous les
intervenants.
La notion d'indemnité. Dans le cadre du projet de loi 161, nous
avons relevé un certain nombre de dispositions qui traitent de la notion
d'indemnité. Plusieurs d'entre elles éliminent toute
possibilité d'indemnité. D'autres, par contre, la restreignent.
Nous sommes d'avis que, dans certains cas énumérés dans la
section commentaires, cette approche ou ce concept devrait être
repensé et/ou raffiné après en avoir soupesé
à nouveau le pour et le contre. Ici, on pense aux article 66, 76 et
228.
L'identification du territoire pouvant faire l'objet de la
désignation sur carte. Nous croyons que l'identification du territoire
pouvant faire l'objet de désignation sur carte devrait être
approuvée par le législateur et non par le gouvernement, le tout
de façon qu'elle puisse faire l'objet d'un débat approprié
le cas échéant.
Les répétitions. Certaines dispositions similaires qui se
répètent d'une section à l'autre pourraient, à
notre avis, être regroupées sans pour autant nuire d'une
façon excessive à la compréhension du texte.
L'interdiction de prospecter. L'interdiction de prospecter, aux articles
26 et 29, constitue un ajout important par rapport aux dispositions actuelles
qui ne limitent cette interdiction qu'au jalonnement. La prospection, quitte
à être définie - car cette prospection semble avoir une
portée très restreinte ou très large dépendamment
des interlocuteurs - devrait être permise sans
autorisation du ministre. Cette façon de faire aurait comme
avantage d'offrir la possibilité de recueillir des données ou des
informations permettant aux autorités concernées de faire les
choix qui s'imposent au moment opportun et en connaissance de cause.
Les exclusions. Certaines exclusions, et particulièrement celles
prévues aux articles 62, 100 et 101, devraient être
repensées. En effet, pourquoi dès maintenant porter un tel
jugement sans connaître toutes les données qui favoriseraient une
décision judicieuse et éclairée en temps opportun?
Pourquoi empêcher la prospection dans une formation volcanique, rocheuse,
en dessous d'un cours d'eau qui a 226 kilowatts de potentiel d'énergie
quand tout le monde sait, même Hydro-Québec, que ce ne sera jamais
exploité? D'après nous, les prospecteurs ou l'industrie
minière devraient avoir la chance, au moins, d'en faire la prospection
et, ensuite, de regarder, s'il y a des indices minéralisés, si on
ne peut pas aller plus loin.
Cette façon de faire évite tout débat ad hoc ou au
mérite sur la préséance de l'exploitation d'une richesse
naturelle par rapport à une autre ou de leurs coexistence dans des
circonstances données.
Le pouvoir de réglementation. Le pouvoir octroyé au
gouvernement à l'article 288 semble, dans certains cas, porter sur des
questions de fond qui devraient, d'après nous, demeurer dans la loi, le
tout de façon à permettre, le cas échéant, les
débats qui s'imposent selon les mécanismes prévus dans
notre système démocratique.
La quantité et le type des avis, rapports, plans, registres et
autres documents exigés. La lecture des articles 212 à 222 nous
laisse également perplexes quant à la volonté
réelle du gouvernement ou du législateur de réduire la
paperasse administrative. Si après une autre analyse les avis, rapports,
plans, registres et autres documents mentionnés auxdits articles se
révèlent encore nécessaires, il y aurait lieu de
réduire la fréquence de leur production et, dans certains autres
cas, de coordonner leur date de production avec les pratiques de l'industrie
minière.
Je n'ai pas hâte de voir certains pauvres prospecteurs vous
soumettre un rapport mensuel sur la planification des six prochains mois; cela
va être difficile.
Le langage juridique et la rédaction du texte. Dans certains cas
identifiés dans notre section commentaires, nous croyons qu'il y aurait
lieu, soit d'apporter certaines clarifications, soit d'abréger le texte
proposé ou de le scinder. Il y a des paragraphes et des phrases de neuf
lignes ou treize lignes. Il est vraiment difficile d'en comprendre le sens.
De plus, nous regrettons l'utilisation d'une méthode de
rédaction qui favorise une écriture négative d'une
disposition donnée. En effet, nous croyons que le but visé
pourrait être atteint de toute façon en utilisant une
méthode de rédaction positive. Est-ce que, ce faisant, on veut
éviter que l'exception ne devienne la règle ou vice versa? Nous
n'avons pu le soupeser. (11 h 30)
Finalement, la notion d'intérêt public. Dans plusieurs
dispositions, on indique que la notion d'intérêt public servira de
base à une décision du ministre, notamment aux articles 76 et 85.
Nous croyons qu'il y aurait lieu de cerner davantage ce concept de façon
à éviter, autant que faire se peut, toute ambiguïté
quant à son sens et à son application.
Finalement, à la suite de notre analyse et nous basant sur la
perception que nous en avons, nous avons jugé opportun
d'énumérer ci-dessous les recommandations suivantes:
l'identification du territoire pouvant faire l'objet de désignation sur
carte devrait être approuvée par le législateur et non par
le gouvernement; un mécanisme de remise en question, à une date
donnée, de la méthode de désignation sur carte devrait
être introduit dans la législation; la prospection devrait
être permise, notamment...
La Présidente (Mme Bélanger): M.
Bourassa, je vous ferai remarquer qu'il vous reste 30 secondes dans les
20 minutes qui vous étaient allouées.
M. Bourassa (Paul J.) Merci, madame. Le projet de loi, qui
constitue en fait une refonte de la Loi sur les mines, contient une très
large part d'éléments progressistes. Somme toute, la loi
proposée a su tenir compte des expériences vécues au cours
des ans. En effet, nous avons noté à maints endroits la
transposition en langage juridique de pratiques courantes ou, du moins, de
dispositions souhaitées par l'industrie minière. Par contre, nous
croyons qu'une discussion s'impose au regard de la place que semblent vouloir
conférer certaines dispositions du projet de loi à la recherche
de substances minérales et à l'exploration de celles-ci, en
prenant comme toile de fond que l'apport de l'industrie minière au
Québec s'élève à plus de 2 200 000 000 $ par
année.
En effet, nous craignons que l'effritement des pouvoirs de gestion et de
représentation que détenait le ministre pour l'industrie
minière ne continue à s'accentuer et que ces pouvoirs ne se
retrouvent soit à l'Environnement, soit à la CSST, soit au
ministère des Affaires municipales, soit aux terres et forêts et,
finalement, au ministère des Transports. Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. Bourassa.
M. le ministre.
M. Savoie: Je vous remercie, Mme la Présidente. Je veux
d'abord remercier SOQUEM pour son mémoire des plus
détaillés et qui reprend sensiblement plusieurs points qui ont
dû faire l'objet d'une réflexion de notre part à la suite
de la lecture de son mémoire. Ils ont présenté un
mémoire qui, à la fois, pose des questions d'ordre
général, d'ordre structurel, mais également des points
très techniques, et nous allons tâcher, dans la mesure du
possible, de donner satisfaction aux revendications et aux arguments qu'il
soulève.
Je ne voudrais pas aborder ici les points sur lesquels on a
déjà fait des corrections à la suite de vos commentaires,
des points purement techniques. Je voudrais faire porter nos échanges
sur des points principaux qui vous laissent perplexes. Cela se résume
à trois grands thèmes. II y a d'abord la question du pouvoir
décisionnel, du pouvoir quasi judiciaire qui sera exercé par le
ministre ou par ses délégués en vertu de la loi;
deuxièmement, la question de l'administration du territoire au niveau
des interdictions et des exclusions; troisièmement, c'est un point
majeur puisqu'il est revenu à quelques reprises, les questions de
jalonnement sur carte au point de vue législatif.
Pour ce qui est du jalonnement sur carte, si l'on devait inclure -
puisque, finalement, c'est le point le plus petit - dans le corps de la loi les
limites du territoire réservé à la désignation sur
carte, croyez-vous que les limites proposées sont suffisantes?
M. Bourassa (Paul J.): Présentement, oui, je le crois.
M. Savoie: Oui. Ne devrait-on pas inclure, dans la partie sud, la
région de l'Outaouais où les jalonneurs ont souvent
rencontré des problèmes avec les résidents?
M. Bourassa (Paul J.): D'après nous, il n'y aurait aucune
difficulté à inclure pour la désignation sur carte tout le
territoire qui a été urbanisé avant I860.
M. Savoie: Oui. À ce moment-là...
M. Bourassa (Paul J.): Avant le 1er juillet 1880. C'était
là qu'étaient tous les troubles, c'est là qu'on remonte
à la loi 59 d'il y a trois ans, alors que l'on a changé le
régime des droits miniers pour ces terrains.
M. Savoie: D'accord. On pourrait peut-être discuter des
interdictions et des exclusions qui sont dans la loi et qui, en quelque sorte,
restreignent le jalonnement qu'on pourrait faire. Vous avez soulevé
à plusieurs reprises... On va prendre l'article 62, parce que je ne suis
pas loin et que, par cet exemple, on pourrait toucher un problème
pertinent. À l'article 62, il y a une exclusion: "Est exclue du claim et
réservée à la couronne toute partie d'un cours d'eau d'une
puissance naturelle de 225 kilowatts..." Au deuxième alinéa, on
dit: "Le ministre peut toutefois autoriser, sous certaines conditions, le
titulaire du claim à rechercher des substances minérales sur le
terrain réservé." Dans l'ensemble des exclusions ou des
interdictions qu'on y énonce, on cherche toujours, en quelque sorte,
à baliser en disant: Le ministre peut l'autoriser sous certaines
conditions; dans d'autres, c'est exclu, sauf s'il y a l'autorisation du
ministre. Finalement, ce qui est recherché par le biais de l'article,
c'est trois choses: premièrement, une cohabitation; deuxièmement,
étant donné que le ministre est favorable à l'industrie
minière, qu'il a un préjugé favorable à son
développement, en conséquence, le poids portait sur le ministre
responsable de l'administration de la loi et non sur un autre ministre dont les
intérêts pourraient être autres que le développement
de l'industrie. Je pense que la troisième chose qu'on voulait faire,
c'est justement, en combinant le facteur cohabitation avec l'autorisation du
ministre chargé de l'application de la loi, donner le ton en maintenant
les prérogatives qu'on possède, tout en accordant une certaine
discrétion pour des circonstances exceptionnelles qui feraient en sorte
que la loi peut rester relativement clairsemée, dans le sens qu'elle ne
sera pas alourdie par toutes sortes de conditions. On voit ces interdictions et
ces exclusions comme une diminution du territoire. Je saisis mal la...
M. Bourassa (Paul J.): Je suis heureux de vous entendre dire que
le ministre s'est réservé, dans la Loi sur les mines, le pouvoir
de débattre de choses. Mais j'aimerais vous souligner que l'autre
ministre s'est fait mettre dans la loi qu'il était interdit pour nous
d'aller là. Plutôt qu'une formule négative, si
c'était une formule positive, ce serait à l'autre ministre
responsable des terres et forêts ou d'Hydro-Québec ou n'importe
lequel de faire la preuve que son secteur est plus important. Dans l'industrie
minière, un dépôt minéral, c'est immobile. II est
là où on le trouve. C'est également une richesse qui
s'amenuise. Le jour où on commence à la mettre en exploitation,
on sait que, dans X années, on va la fermer. Tandis que l'eau qui coule
dans la rivière va toujours aller dans le même sens. Elle va
toujours se renouveler. C'est cela.
M. Savoie: D'accord, cela marche. On me souligne qu'on ne veut
pas se retrouver dans une situation où un ministre, comme ce fut le cas
pour le grand territoire qui était à l'ouest de la baie d'Hudson,
déclare cette zone soustraite au jalonnement.
On prévoit un mécanisme qui porte un préjugé
favorable au développement hydroélectrique, mais qui dit que,
nonobstant ces stipulations, le ministre peut... Ce qu'on pensait faire, c'est
en quelque sorte donner satisfaction d'une main, mais se réserver, en
dernière analyse, la décision autorisant ou non le jalonnement.
Je comprends fort bien, par exemple, vos remarques dans le sens qu'il aurait
peut-être été mieux de dire: Le ministre peut - comme on le
dit ailleurs dans la loi - pour des motifs valables, par exemple, autoriser le
jalonnement sur toute partie du cours d'eau d'une puissance naturelle. C'est le
sens de votre intervention, finalement.
M. Bourassa (Paul J.): Une façon positive. Nous, à
SOQUEM, nous avons à vivre avec cette loi, mais ma crainte c'est pour
des investisseurs étrangers, que ce soit n'importe quelle compagnie
étrangère, qui lisent ce projet de loi. Ce qu'on a essayé
de vous souligner, c'est que c'est une loi d'interdiction, "de ne pas, sauf,
tandis qu'il y aurait eu moyen, je le crois, de la mettre ni plus ni moins
comme une invitation: On peut prospecter, à moins que... plutôt
que: II est défendu de prospecter, sauf avec l'autorisation du
ministre.
M. Savoie: Oui, oui.
M. Bourassa (Paul J.): Voyez-vous le...?
M. Savoie: Oui. Ce que ceux qui ont participé à la
rédaction de la loi et les gens qui ont consulté ont
cherché à faire, c'était, justement, accaparer,
vis-à-vis d'autres ministres, le maximum de discrétion en ce qui
concerne les territoires qui étaient autrefois exclus ou qui pourraient
être exclus dans le futur. Cela semble être, j'imagine, le
résultat d'une espèce de consensus, mais ce sera quelque chose
qu'on révisera et qu'on abordera afin de vous donner satisfaction dans
la mesure du possible. Le point a été bien défendu et bien
présenté également par SOQUEM.
Évidemment, les exclusions des articles 27 et 29 sont d'une autre
nature. Vous serez d'accord avec moi que, pour les exclusions prévues
dans le projet de loi concernant, d'une part, les autochtones, il est plus
difficile, tout au moins pour l'article 29, de ne pas tenir compte de l'entente
de la Baie James et de ne pas tenir compte également des demandes
particulières des réserves qui, finalement, sont un territoire
très restreint, et des revendications des autochtones.
M. Bourassa (Paul J.): Notre point là-dessus, M. le
ministre - et je ne m'étendrai pas trop longtemps - c'est que nous
sommes tout à fait d'accord pour que des terrains ne soient pas
jalonnables pour l'acquisition de droits miniers, que ce soit chez les
autochtones, que ce soit dans les cimetières. Ce que nous soulevons dans
notre mémoire, c'est qu'on interdit même le droit de prospecter.
62 % des mines au Canada ont été trouvées non pas par des
géologues, non pas par des ingénieurs miniers, non pas par des
ordinateurs, mais par des prospecteurs, des gars qui fouinaient la fin de
semaine. Et on leur défend de prospecter. La prospection, c'est cela qui
est à la base de la découverte d'une minéralisation ou de
l'identification de la formation géologique qu'il y a là, qu'on
soit capable de la prendre régionalement et d'aller à
l'extérieur; à l'extérieur des terres des autochtones, il
y en a d'autres terres. C'est l'interdiction de prospecter qu'on trouve
difficile.
M. Lebuis (Jacques): Je suis fonctionnaire au ministère de
l'Énergie et des Ressources. J'aimerais vous signaler quand même
que le Québec est probablement la province qui a le plus de territoires
ouverts à la prospection, au jalonnement et à l'activité
minière au Canada. Les parcs, par exemple, qui interdisent
l'activité minière ne représentent que 0,05 % du
territoire québécois comparativement à l'Ontario; on est
très nettement avantagé à cet égard. (11 h 45)
Si on regarde maintenant les réserves pour l'aménagement
des forces hydrauliques, cela existe depuis 1928. C'est dans la loi actuelle,
mais cela existait bien avant cela puisque cela existe depuis 1928. Il faut
lire ces articles en tenant compte du fait que le secteur des mines du
ministère de l'Énergie et des Ressources est un secteur à
vocation économique qui favorise la promotion et le développement
du secteur minier. C'est pourquoi on a ajouté à l'article 62 une
chose qui n'existe pas dans la loi M-13 actuelle, à savoir que le
ministre peut permettre, à certaines conditions, d'aller faire de la
prospection ou de l'exploration dans les réserves ou dans les
territoires réservés pour l'aménagement des forces
hydrauliques. C'est une première chose.
Deuxièmement, il n'est absolument pas question de réserver
à l'avance tous les territoires qui seraient éventuellement
prévus pour construire des réservoirs hydrauliques. Vous
remarquerez à l'article 286, je pense, que, par arrêté
ministériel, on peut créer des réserves pour
l'aménagement des forces hydrauliques, mais c'est seulement quand le
projet est mûr. Il n'est pas question à ce stade-ci de soustraire
tout cela au jalonnement ou de créer des réserves pour compliquer
la tâche aux explorateurs et aux prospecteurs.
Concernant les réserves indiennes, vous connaissez aussi le
problème. Dans certains cas, on est coincés. On est dans une
impasse juridique. Les gens vont sur le terrain et
s'approprient des claims. Ensuite, ils ont des difficultés
à pénétrer sur le terrain parce qu'il y a des discussions
avec les bandes autochtones. Ce qu'on prévoit de façon
administrative dans la loi actuelle, c'est qu'il y ait auparavant des ententes
à l'amiable entre les prospecteurs et les autochtones. S'il y a entente
à l'amiable, à ce moment-là, vous venez au
ministère et on reconnaît l'enregistrement du claim.
En fait, je pense que toute la loi est conçue dans l'esprit d'une
cohabitation d'activités, quand la cohabitation est nécessaire.
Dans la très grande majorité des cas, l'activité
minière est tout à fait prioritaire. On prévoit des
mécanismes où il faut que le ministre
délégué aux Mines, du ministère de l'Énergie
et des Ressources, ait l'initiative des discussions avec les autres
ministères quand il s'agit de créer des zones soustraites au
jalonnement, par exemple. On les prévoit dans notre loi.
C'est-à-dire que c'est le ministre délégué aux
Mines qui a l'initiative du geste. Cela donne un pouvoir de négociation
fantastique face aux autres partenaires ministériels. C'est dans cet
esprit, je pense, qu'il faut comprendre plusieurs libellés qui, à
première vue, peuvent avoir une connotation négative pour
l'industrie. Je pense qu'il faut raisonner a contrario de cela, dans le sens
que le ministre délégué aux Mines est là pour
promouvoir le développement de l'industrie minière.
M. Bourassa (Paul J.): Je n'ai pas lu cet article.
M. Lebuis: Le fait qu'on attribue toute une série de
permis pour l'exploration et pour l'exploitation, cela veut dire qu'on est
là pour favoriser le développement.
M. Bourassa (Paul J.): Mais pour nous, la prospection, c'est
prospecter le terrain. L'exploration, c'est une fois que tu as le droit minier
par jalonnement. C'est la seule chose. Nous n'avons jamais attaqué et
nous n'attaquerons pas le droit de soustraction au jalonnement. Quand une
étude s'en vient, que vous mettez en plan des investissements de grands
constructeurs comme Hydro-Québec, qui représentent des milliards
de dollars, il faut que le titre de propriété du terrain soit
sauvegardé.
On a déjà le droit de soustraction au piquetage. Ensuite,
on interdit le droit de prospection. Si on définit la prospection comme
un ouvrage d'exploration, nos commentaires ne sont pas valides. Il y aurait
peut-être lieu de définir le mot "prospection" dans les articles
1, 2 et 3.
M. Savoie: Comme le temps s'écoule très rapidement
et qu'on est à la minute près, est-ce qu'on pourrait avoir vos
remarques sur l'article 228?
M. Bourassa (Paul J.): Oui. À l'article 228, il y a deux
choses. Je crois que nous en avions parlé. Nous croyons qu'à
défaut de consentement, selon l'article 228 tel qu'il est
rédigé, les droits qui y sont reliés ne deviennent que
théoriques, au deuxième paragraphe, à moins qu'une
indemnité et son quantum ne soient déterminés, par
exemple, par le ministre et que le paiement de cette indemnité
n'équivaille à ce consentement.
Si vous regardez le deuxième paragraphe, personnellement, quand
j'ai lu: "ou sur paiement d'une indemnité à ce dernier", la
première note que j'ai mise en marge était: fixé par qui?
Dans toutes les terres louées par la couronne, que ce soit des "limites"
forestières, comme on appelait cela, qui s'étendent sur des
centaines de milles carrés, si on n'a pas le consentement du locataire,
le prospecteur n'est pas capable d'aller là, de la façon dont
cela est écrit.
M. Savoie: Vous comprendrez que le ministre ne peut pas fixer
d'indemnité.
M. Bourassa (Paul J.): Pardon?
M. Savoie: Vous comprendrez que le ministre ne peut pas fixer
d'indemnité.
M. Bourassa (Paul J.): Qui va déterminer
l'indemnité?
M. Savoie: C'est une négociation et, à
défaut de consentement, le tribunal compétent.
M. Bourassa (Paul J.): Sur quelle base allons-nous nous
présenter à un tribunal?
M. Savoie: Sur la base de l'article 228 et à défaut
de consentement.
M. Bourassa (Paul J.): Pardon?
M. Savoie: C'est cela. On me dit que c'est la Cour
supérieure si c'est en haut de 15 000 $. En bas de cela, ce serait la
Cour provinciale. C'est cela.
La question d'indemnité mise à part, vous ne sentez pas
qu'on donne une primauté au développement minier par le biais de
l'article 228?
M. Bourassa (Paul J.): Non. M. Savoie: Non?
M. Bourassa (Paul J.): Non. Ma première réaction a
été: fixé par qui? Avant, on pouvait aller sur les
concessions forestières. D'après cela ici, un opérateur
forestier pourrait bloquer la prospection ad vitam aeternam sur ces
territoires.
M. Savoie: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Votre temps de parole
est écoulé. Par contre, après les 20 minutes
d'intervention de l'Opposition, on aura 15 minutes pour de nouveaux
échanges, réparties entre les deux formations politiques. Je
cède de nouveau la parole à M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Merci, Mme la Présidente. Je vais commencer
par souhaiter la bienvenue aux représentants de SOQUEM, qui se sont
donné la peine de nous faire un mémoire très
intéressant et plein de données techniques qui reflètent
bien la connaissance du terrain de SOQUEM, la connaissance du milieu tel qu'on
le vit dans le quotidien. Je voudrais aussi souligner l'ouverture d'esprit du
ministre délégué aux Mines, qui a accepté de
recevoir SOQUEM en commission parlementaire, en consultation publique sur la
Loi sur les mines, alors que son collègue des Forêts a
refusé, sans raison apparente, de recevoir REXFOR à une
consultation particulière semblable. Dans ce sens-là, je ne peux
que me réjouir de la décision du ministre
délégué aux Mines.
M. Cannon: ...
M. Claveau: Si le député de La Peltrie a quelque
chose à dire, il peut toujours demander la parole, n'est-ce-pas, M. le
Président?
Cela étant dit, je vais commencer mon intervention par la
deuxième page de votre mémoire où vous dites: "Suite
à cette transaction et au dépôt par SOQUEM de son plan
quinquennal de développement 1986-1991, lequel a été
approuvé le 4 février 1987..." Un peu plus loin dans le texte, on
fait référence au "mandat renouvelé de SOQUEM". Dans un
premier temps, est-ce que le président-directeur général
de SOQUEM pourrait nous dire si ce document est d'ordre public, si le plan
quinquennal, tel qu'il l'annonce ici et qui vient d'être signé, a
été rendu public, a été diffusé? J'aimerais
aussi qu'on me parle un peu du mandat renouvelé de SOQUEM.
M. Bourassa (Paul J.): Ce que l'on dit dans le mémoire,
c'est un mandat réorienté principalement sur l'exploration
minière et sur la mise en valeur de substances minérales.
D'après notre plan de développement qui a
été approuvé - et je crois que les décrets du
gouvernement sont d'ordre public - par le gouvernement au mois de
février, nous revenons presque à SOQUEM de 1967 où ce que
SOQUEM faisait, c'était de l'exploration, de la prospection en
quête de découverte d'indices "minéralisés". Mais,
d'après nous, nous revenons beaucoup plus forts que nous ne
l'étions en 1967, parce que nous avons tout de même 20 ans de
dossiers, d'association, d'expérience dans le sous-sol
québécois. Nous sommes à la recherche d'indices
"minéralisés" pour essayer de faire des découvertes afin
d'ouvrir d'autres mines.
M. Claveau: Si je vous comprends bien, M. le Président,
c'est clair maintenant que SOQUEM ne disparaîtra pas, qu'elle a vraiment
un mandat nouveau qui s'échelonne dans le temps, qui n'est pas un mandat
de dernier souffle comme on pourrait le dire, et qu'au cours des années
qui viennent on va voir une entreprise comme SOQUEM qui va intervenir sur le
terrain en matière d'exploration à haut risque dans les sites
très peu connus, entre autres, en ce qui concerne
l'échantillonnage du potentiel minier du Québec en dehors des
zones exploitées ou, du moins, explorées d'une façon plus
intense par les compagnies qui y ont déjà des exploitations.
Est-ce cela, grosso modo, le mandat renouvelé de SOQUEM?
M. Bourassa (Paul J.): C'est déjà commencé
depuis le mois d'octobre 1986. Pour l'échantillonnage, vous me
permettrez un calembour: Pour autant que nous puissions être capables de
prélever plus d'une tonne par propriété.
M. Claveau: Là-dessus, peut-être que votre calembour
pourrait faire l'objet d'une question très pertinente. À la suite
de votre expertise sur le terrain, que pourriez-vous recommander au ministre?
Je suppose qu'il ne vous a pas consultés avant de sortir ce
chiffre-là, si je comprends bien. S'il vous consultait, que lui
recommanderiez-vous?
M. Bourassa (Paul J.): Concernant?
M. Claveau: Le tonnage. Doit-il y avoir une restriction
là-dessus?
M. Bourassa (Paul J.): Oui, oui. Il faut qu'il y ait une
restriction et, en ce qui concerne l'échantillonnage pour fins
géologiques, cinq tonnes - je ne dis pas pour les fins de potentiel
minier ou métallurgique, mais géologique - ce serait beaucoup
mieux qu'une tonne.
M. Claveau: Si je comprends bien, vous faites une
différence entre le premier échantillonnage qui permet de savoir
si le claim a vraiment du potentiel ou pas, et un autre échantillonnage
qu'on fait beaucoup plus par...
M. Savoie: Oui. Je crois que l'on s'oriente sur 20 tonnes dans le
texte. À titre d'information, on n'en restera pas à une tonne. On
s'oriente sur 20 tonnes. Il y a un ensemble de détails techniques, comme
je
l'ai mentionné au début, qui ont été
incorporés au projet de loi à la suite du mémoire de
SOQUEM et d'autres mémoires également qui nous ont fait des
recommandations dont on a tenu compte afin de modifier notre projet de loi.
M. Claveau: Merci, M. le ministre. Je vais quand même
demander au président de SOQUEM si je le comprends bien quand il dit
qu'il fait une différence fondamentale entre le
prélèvement de terrain, la première approche, et tout
l'aspect exploration qui consiste à cerner le potentiel souterrain ou
à cerner le "body", là où pourra s'exploiter une future
mine. Pour vous, ce n'est pas la même chose?
M. Bourassa (Paul J.): Non. Une voix: Le "body"?
M. Claveau: C'est comme cela que l'on appelle, malheureusement,
le bassin potentiel sous la terre et que l'on ne voit pas à l'oeil nu.
(12 heures)
Je voudrais revenir un peu sur la question de la désignation sur
carte sur laquelle vous vous attardez en page 10 de votre mémoire.
J'aimerais que vous m'expliquiez cela, parce qu'il y en a plusieurs
déjà qui sont intervenus pour ou contre la désignation sur
carte jusqu'à maintenant. Il y a des associations, comme l'Association
des prospecteurs, qui auraient plutôt aimé que cela soit vraiment
le plus restreint possible et très précis dans la loi alors que
l'Association des arpenteurs-géomètres, elle, nous a dit: Au
contraire, on devrait l'élargir à tout ce qui n'est pas
forêt, finalement. On devrait aller vers toutes les zones urbaines et
tout le territoire agricole.
J'aimerais que vous nous explicitiez un peu votre pensée
là-dessus. Il y a vraiment deux écoles qui entrent de front.
M. Bourassa (Paul J.): Les deux que vous avez citées,
j'imagine, prêchaient pour leur paie de la fin du mois. Nous, nous
n'avons pas à prêcher pour cela. Nous croyons que le statut du
claim, en droit québécois, est un peu spécial et cela fait
tout de même plus de 100 ans que l'on vit avec le mode présent.
Arriver, par un règlement, à changer le statut du claim, sans que
l'Assemblée nationale, le législateur, ne puissent y participer,
c'est, d'après nous, un changement de fond. Nous ne voyons aucune
difficulté à l'essai. C'est pour cela, tout à l'heure, que
j'ai répondu à M. le ministre que, dans les droits, dans la
partie sud-ouest de la province, qui avait été patentée
avant 1880, c'est urbanisé, c'est couvert de routes. Pour cela, on ne
voit pas de difficulté. Mais pour des terrains qui sont beaucoup moins
connus, même par les arpenteurs, "let alone" par les prospecteurs, on
devrait encore permettre aux "fouineux" de fin de semaine d'aller regarder,
d'aller prospecter. C'est notre point de vue.
Nous voyons la possibilité, dans le projet de loi, que te
système d'obtention du droit réel et immobilier qui est le claim
minier ou le droit minier, sous terre, disparaisse en dedans de cinq ans, que
maintenant on le fasse par désignation sur carte et, en surplus, sans
avoir de permis de prospecteur. N'importe qui peut désigner sur carte et
n'a pas besoin de permis de prospecteur; on ne le connaît même pas.
On trouve que c'est prendre une bouchée beaucoup trop grosse. On devrait
en faire l'expérience dans une partie qui est connue depuis 1680
jusqu'à 1980, ce qui fait 300 ans, et l'augmenter, s'il y a lieu, la
garder comme cela ou l'annuler, après expérience. C'est cela
qu'on souligne.
M. Claveau: Ce que vous me dites, M. Bourassa, me semble aller
encore à l'encontre d'une autre intervention de l'Association
professionnelle des géologues et des géophysiciens du
Québec qui, eux, au contraire, semblaient dire que les entreprises
d'exploration minière n'avaient pas assez souvent recours à des
spécialistes et que l'exploration minière coûte très
cher actuellement, probablement parce qu'on perd beaucoup de temps sur le
terrain à "s'enfarger" dans des questions techniques auxquelles on ne
trouve pas de réponses parce qu'on n'a pas assez recours à des
spécialistes en géologie et en géophysique. Partagez-vous
cette appréciation de l'Association professionnelle des géologues
et des géophysiciens?
M. Bourassa (Paul J.): Vous me prenez de court parce que je n'ai
pas lu ce que vous dites là. Je peux vous dire que, à SOQUEM,
nous avons des professionnels de la terre et en géologie et en
géophysique pour faire l'ouvrage. Quand nos moyens ou notre volume sont
dépassés, nous faisons appel régulièrement à
des consultants géologues et à des consultants
géophysiciens.
M. Claveau: Vous sembliez dire tout à l'heure qu'il
fallait laisser plus de place aux "fouineux" de fin de semaine, comme vous les
avez appelés; en fait, tous ceux qui aiment aller dans le bois et qui,
en même temps, vont agrémenter peut-être leur voyage de
pêche d'un peu d'exploration et de prospection. Ils vont s'amuser
à ramasser des roches et à aller voir le géologue
résident du coin pour les faire analyser et voir si jamais il n'y aurait
pas un centième d'once d'or. Personnellement, je suis porté
à partager votre avis. Comme on dit souvent, ces gens
ont le flair de la roche. Ils ont le nez pour découvrir des
choses là où les spécialistes qui sont passés n'ont
rien vu. Des cas semblables sont, quand même, assez fréquents. Je
pourrais vous citer plusieurs cas, de mémoire, de gens que je connais
dans le milieu et de choses qui sont arrivées comme cela.
Quand vous dites qu'il faudrait, au contraire, permettre à tout
le monde d'aller sur le terrain et que le "fouineux" de fin de semaine, comme
vous l'avez appelé, ait vraiment une place - je ne dis pas une place de
choix, mais, du moins, une place qui ne soit pas marginale à
l'intérieur de la démarche de la connaissance géologique
des zones non explorées présentement - cela me semblait
être en contradiction avec ce que l'Association professionnelle des
géologues et des géophysiciens du Québec revendique. C'est
seulement à ce sujet que je voulais voir s'il y avait vraiment deux
écoles qui sont carrément opposées pour ce qui est de
l'exploration: l'une qui dit qu'il faut aller vers des gens qui connaissent le
terrain et qui n'ont peut-être pas une trop grosse pile de livres en
arrière d'eux, alors que l'autre école semble vouloir dire qu'il
faudrait, au contraire, qu'on soit bien armé et bien articulé
intellectuellement et, après, on ira sur le terrain.
M. Bourassa (Paul J.): Qu'est-ce qui nous empêche d'aller
aux deux? Rien dans notre présentation ou dans ce qu'on dit ne nous
empêche d'aller aux deux. L'industrie minière devrait mettre
toutes les chances de son côté. Sur 100 propriétés
que nous avons eues en 20 ans, on a eu un indice "minéralisé";
sur dix indices "minéralisés", on a eu une
propriété minière. On trouve cela statistiquement assez
difficile. On est mieux de mettre le plus de chances possible du
côté de l'industrie minière. Je ne parle pas seulement pour
SOQUEM. Rien ne nous empêche d'aller voir les deux, mais le premier sera
toujours le prospecteur.
M. Claveau: D'accord. On est dans une discussion que je trouve
intéressante mais qui est peut-être en dehors de votre
mémoire. Hier, l'Association des banquiers canadiens nous faisait part
de l'une de ses préoccupations, soit que le propriétaire de la
surface ou, enfin, celui qui est considéré, en termes juridiques,
comme propriétaire de la surface d'un terrain devrait pouvoir aussi
être propriétaire des 300 premiers pieds de profondeur de
façon à éviter qu'une exploitation minière ne
vienne lui manger son droit de créance par en dessous, si vous voulez.
Comprenez-vous ce que je veux dire? L'Association des banquiers canadiens a
beaucoup insisté sur ce point-là. Elle a dit: On arrive
même dans une certaine situation où l'objet même de notre
créance, le fonds de terrain, est disparu parce qu'il est passé
dans un broyeur de mine. Elle demandait que le ministre accorde les 300
premiers pieds de profondeur dans la roche mère au propriétaire
de surface. Pourrait-on avoir votre première réaction à
cette affirmation?
M. Bourassa (Paul J.): Comme le diraient certains Anglais
d'Angleterre: "Preposterous, old man". C'est épouvantable, voyons! Un
droit de surface, c'est un droit superficiel, un droit de mine souterraine,
c'est un droit en bas. Arriver et définir la séparation entre ces
deux-là comme 300 pieds verticaux, ils ont été beaucoup
plus vite que - je ne me souviens pas - à la suite de l'accident
à Belmoral; on est encore à étudier combien on devrait
laisser de piliers de surface.
M. Claveau: C'est l'exemple qu'on donnait à ce
moment-là.
M. Bourassa (Paul J.): Ils ont été beaucoup plus
vite pour arriver aux piliers de surface.
M. Claveau: C'est l'exemple qu'on donnait à ce
moment-là.
M. Bourassa (Paul J.): Il s'agit de se garder le maximum de marge
de sécurité pour faire en sorte que l'objet de la créance
ne s'en aille pas dans un...
M. Claveau: On peut tout de suite passer à la
deuxième étape. Je reviendrai tout à l'heure.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Savoie: Merci, Mme la Présidente. Tout simplement, un
petit commentaire. Vous savez que les terres louées, cela ne comprend
pas, par exemple, des exploitations forestières, des concessions
forestières, des ZEC. On vise seulement des endroits de
villégiature, par exemple des chalets, ou, à l'intérieur
d'une exploitation forestière, un petit terrain qu'on louerait à
l'opérateur pour qu'il puisse installer son usine. II ne s'agit pas de
grands territoires à l'intérieur de l'article 228.
M. Bourassa (Paul J.): Les concessions forestières d'une
compagnie ne sont pas des terrains loués, même si le paiement du
bail de location est tant par arbre à la souche.
M. Savoie: II n'y a plus de concessions forestières, M.
Bourassa.
M. Bourassa (Paul J.): Non?
M. Savoie: Non, avec la nouvelle loi,
tout cela a été aboli. Il ne faudrait pas voir, dans
l'article 228, les concessions forestières de l'ancienne Loi sur les
forêts.
M. Bourassa (Paul J-): II y aurait moyen de dire: "sur les terres
louées par la couronne à des fins autres que minières et
forestières".
M. Savoie: On ne peut pas, justement, parce que
"forestières" comprendrait, à ce moment-là, la petite
usine que la compagnie installerait sur ce qui était autrefois sa
concession.
M. Bourassa (Paul J.): Cela, c'est sous bail de location.
M. Savoie: Oui, c'est cela.
M. Bourassa (Paul J.): Ce n'est pas achat.
M. Savoie: Alors, c'est loué. Il faut bien comprendre la
portée de l'article 228; il ne porte essentiellement que sur des
endroits de villégiature et les locations de petits espaces.
M. Bourassa (Paul J.): S'il porte seulement sur ça, il y
aurait moyen de l'expliciter dans le projet de loi.
M. Savoie: On croyait que c'était explicite.
M. Bourassa (Paul J.): "Autres que minières". Il y a
beaucoup de choses autres que minières.
M. Savoie: Autres que minières?
M. Bourassa (Paul J.): Oui, "des fins autres que
minières". Un terrain loué pour des fins autres que
minières, il y en a beaucoup d'autres.
M. Savoie: Oui, il y a beaucoup d'autres fins.
M. Bourassa (Paul J.): Voyez-vous, nous nous sommes
trompés et nous avons mis les forêts dedans.
M. Savoie: Oui, mais on ne loue pas d'énormes territoires.
On va prendre cela en note, quand même. Mais, ce n'était qu'une
clarification, si vous me le permettez.
J'avais dit, au début de mon exposé, qu'on pouvait
regrouper vos interventions autour de trois grands thèmes. Il y avait la
question du jalonnement sur carte, la question des interdictions, des
exclusions de l'application de la Loi sur les mines.
L'autre grand thème, comme dans plusieurs autres mémoires
- je pense que le député d'Ungava en conviendra - c'était
toute la question des pouvoirs discrétionnaires qui étaient
introduits par le projet de loi. La question d'indemnité,
évidemment, est rattachée à cela, en grande partie. Vous
recommandez de le baliser. Vous avez soulevé, par exemple, la question
de l'intérêt public.
Vous ne vous opposez pas à ce que le ministre possède -
pour des raisons d'efficacité de l'industrie, j'imagine - des pouvoirs
décisionnels ou des pouvoirs quasi judiciaires? Vous n'êtes pas
contre ce principe?
M. Bourassa (Paul J.): Évidemment, un gars qui va investir
500 000 000 $...
M. Savoie: Oui.
M. Bourassa (Paul J.): ...il aimerait bien avoir l'assurance que
le ministre ne lui enlèvera pas le bail dans deux ans, comme il peut le
faire dans le projet de loi. (12 h 15)
Lorsqu'on veut cesser les travaux d'exploitation, c'est cela; c'est
l'article 227, si ma mémoire est bonne. C'est cela? L'article 227 et non
pas 228 où on dit justement que le ministre peut, lorsqu'il y a
écrémage, par exemple - c'est le cas visé -l'utilisation
à des fins non minières d'un territoire... Le gars n'est pas
mineur, il est là pour faire un "fast buck". 11 entre, il
écréme et il s'en va; en quelque sorte, il pille le patrimoine
collectif des Québécois. Vous faites référence
à cet article.
M. Bourassa (Paul J.): Et à d'autres. Il y a beaucoup de
place dans le...
M. Savoie: Oui, il y a également l'article 76. En gros, ne
sentez-vous pas que, dans toute notre structure administrative» dans
l'administration de la justice, il y a appel d'une décision d'un
ministre lorsqu'il y a abus? Toutes sortes de connotations et de
références dans notre droit administratif contrôlent ces
situations. On pourrait prendre l'article 227 à titre d'exemple.
Lorsqu'il y a écrémage, il faut un pouvoir d'intervention
rapide.
M. Bourassa (Paul J.): Oui. M. Savoie: Oui.
M. Bourassa (Paul J.): L'écrémage se dit comme une
spoliation des richesses naturelles.
M. Savoie: Je préfère le terme
"écrémage".
M. Bourassa (Paul J.): Oui, mais...
M. Savoie: C'est plus salaud.
M. Bourassa (Paul J.): ...c'est parce que certains avocats qui
vont écrire le texte de loi, eux, n'aimeront pas
"écrémage". Pour cela, on est tout à fait d'accord. Mais
ce n'est pas ce que dit l'article 227. L'article 227 dit: "La
récupération optimale...
M. Savoie: C'est cela.
M. Bourassa (Paul J.): D'accord? Dans l'idée du ministre
ou de ses membres dans l'administration, c'est marqué "la
récupération optimale" et non pas "économique" dans la
loi. Une récupération optimale des substances
minérales.
M. Savoie: Lorsqu'ils ont préparé la... Justement,
regardons ensemble la rédaction de l'article 227: "En vue de s'assurer
que tout exploitant récupère la substance minérale
économiquement exploitable qui fait l'objet de son activité en se
conformant aux règles de l'art, le ministre peut: 1° exiger qu'il
lui transmette un rapport... 2° effectuer une étude pour
évaluer cette technique; 3° l'obliger à prendre... les
mesures nécessaires pour remédier à... À
défaut par l'exploitant de se conformer..." À 3° on emploie
le, mot "optimale", la "récupération optimale de cette substance
minérale", c'est-à-dire qu'on donne le bénéfice du
doute, dans les conditions à l'exploitant. Là, on dit: "À
défaut par l'exploitant de se conformer aux exigences du ministre, ce
dernier peut ordonner la suspension des activités pour la période
qu'il détermine." Ne sentez-vous pas que, par le biais de l'article 227,
c'est assez clair pour un juge qui doit interpréter une décision
prise par celui qui est chargé d'administrer la loi, d'empêcher
justement l'écrémage? On me dit qu'il y a eu deux ou trois
exemples dans les dernières années et où, techniquement,
ceux qui étaient responsables d'administrer la Loi sur les mines
n'avaient pas les pouvoirs... Si je comprends bien, vous êtes d'accord
avec le principe, mais vous aimeriez mieux avoir un peu plus de balises encore.
C'est cela, en gros, le... Alors, vous n'êtes pas contre le pouvoir quasi
judiciaire que détient le ministre.
M. Bourassa (Paul J.): Absolument pas. La spoliation des
richesses, pour autant que je suis concerné, est un crime; cela devrait
être puni par le fouet.
M. Savoie: Oui, c'est vrai.
M. Bourassa (Paul J.): La spoliation.
M. Savoie: Oui.
M. Bourassa (Paul J.): On prétend que, si une compaqnie
minière vous soumet un plan, il est approuvé et au cours des
années, dans deux ou trois ans... Il y a beaucoup de dépôts
polymétalliques, des dépôts d'or renfermant du platine
aussi. Au bout de deux ou trois ans, on dit: Aie! Il y a du platine
là-dedans, il faut que vous le récupériez, d'accord?
M. Savoie: Oui.
M. Bourassa (Paul J.): C'est cette partie. Il peut être
récupérable, mais non économiquement. D'après nous,
l'article 227 vous donne le pouvoir de faire cesser les opérations si on
ne se conforme pas.
M. Savoie: C'est cela.
M. Bourassa (Paul J.): C'est cela que je veux dire.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. Votre temps est écoulé. Je passe la parole à
M...
M. Savoie: Est-ce que je peux avoir encore 30 secondes, M. le
député d'Ungava?
M. Claveau: Ah! 30 petites secondes...
La Présidente (Mme Bélanger): S'il y a
consentement.
M. Savoie: Avec consentement. Rapidement, on me dit que mon temps
est écoulé, mais j'aurais aimé, évidemment,
continuer notre discussion sur ces aspects.
Je pense que la position que vous défendez, substantiellement en
est une tout simplement de forme et non de fond. On est d'accord pour dire que,
oui, le ministre doit être en mesure d'empêcher la spoliation,
comme vous le dites, et il doit avoir un pouvoir d'intervention dans les cas
d'abus.
Vous êtes d'accord également, en principe, avec le pouvoir
décisionnel que détient le ministre dans l'ensemble des
propositions de la loi.
M. Bourassa (Paul J.): On trouve l'article 286 un peu...
M. Savoie: Un peu "touqh".
M. Bourassa (Paul J.): Le ministre s'est encore
réservé le pouvoir de soustraire à la prospection le
pauvre prospecteur. Je pense que le ministre devrait valoriser le job du
prospecteur plutôt que d'y mettre des bâtons dans les roues.
M. Savoie: Mais, c'est restreint.
M. Bourassa (Paul J.): II est dit: Le ministre peut, pas
arrêté, réserver à la
couronne ou soustraire à la prospection...
M. Savoie: Des conduites souterraines...
M. Bourassa (Paul J.): ...des travaux et ouvrages suivants: des
travaux miniers d'inventaire ou de recherche. C'est cela, la prospection et
l'exploration.
M. Savoie: C'est cela. Les parcs, les réserves
écologiques...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre, je
regrette.
M. Savoie: Oui, on pourrait peut-être continuer cela
à un autre moment parce que la présidente est à la veille
de me dire des gros mots. Je vous remercie pour votre mémoire; cela a
été très agréable d'échanger.
J'espère qu'on aura l'occasion, au cours de la continuation de notre
réflexion qu'on va faire sur ce projet de loi, d'échanger de
nouveau et d'expliquer nos positions respectives. Je vous remercie pour votre
mémoire; je le trouve très positif. Je trouve qu'il est
encourageant et il assure une bonne solution au projet de loi que nous avons
déposé.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, Mme la Présidente. La prochaine fois
que le ministre me demandera trente secondes, je comprendrai que c'est trois
minutes. De toute façon, comme il l'a l'habitude de le faire, il peut
inviter le président de SOQUEM à continuer la discussion en
dehors de la Chambre. Il en a déjà invités plusieurs comme
cela depuis le début de la consultation publique.
M. Savoie: C'est pour notre bénéfice mutuel, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le ministre! D'ailleurs, pour le
bénéfice de tout le monde, si vous me permettez, j'aurais une
question à poser au ministre concernant l'aspect de la
récupération optimale des substances minérales. Je pense
que cela va dans le même sens que la préoccupation des gens de
SOQUEM. Je voudrais avoir une interprétation, un
éclaircissement.
Prenons un gisement chalcopyriteux où la teneur en or est
suffisante pour être exploitable à l'état libre. Par
contre, on sait que le prix du cuivre est très peu intéressant,
actuellement, et que la compagnie peut se retrouver dans une situation - pour
pouvoir maintenir son taux d'emploi - où elle va attendre que le cuivre
redevienne un peu plus intéressant et va carrément écarter
la partie chalcopyrite, la partie de l'extraction, en fait, le concentré
de cuivre, et va se rabattre, pendant quelques années, sur l'extraction
pratiquement exclusive de l'or à l'intérieur de ce
concentré. Est-ce que cette raison ferait que le ministre obligerait
cette compagnie à abandonner son exploitation si elle ne revient pas
à l'utilisation maximale des ressources de cuivre dans cette mine?
M. Savoie: Ce qu'on vise par l'article 227, c'est ce qui est
connu populairement comme des cas d'écrémaqe. On ne veut pas, par
exemple, qu'une personne venant du Québec ou d'ailleurs vienne au
Québec, s'installe et exploite uniquement dans le but d'aller chercher
un dollar, un gisement, en disant: Je prends ce qu'il y a de plus riche;
j'oublie le reste. Il entre, il écrème et il s'en va.
Si, pour des raisons économiques, une compagnie installée
prend des décisions, je ne crois pas que le but visé à
l'article 227 puisse empêcher des décisions d'ordre administratif
et des décisions d'ordre économique quant aux activités
d'une mine. Je crois que la volonté très nette qui est
démontrée dans le projet de loi, c'est d'empêcher
l'écrémage. Il y a eu des cas et on n'avait rien pour les
prévenir. Là, ce que l'on se donne, c'est un peu ce pouvoir
d'empêcher cela. Il ne faut pas oublier que ce qui est minéral
appartient à tous les Québécois. Il faut avoir le pouvoir
d'intervention dans le cas d'écrémaqe et il faut que la
rédaction de l'article 227 soit suffisamment large, mais suffisamment
balisée, pour assurer cette intervention d'une façon des plus
efficaces.
M. Claveau: Le problème de l'article 227 tel que
rédigé actuellement, c'est que même si le ministre dit que
c'est ce qu'il stipule, il reste que ce n'est pas ce qu'on y lit. Si on le lit,
il dit: C'est de la récupération optimale de tout ce qui peut
être une substance le moindrement minérale et qui pourrait sentir
un peu la minéralisation. Dans ce sens-là, on pourrait même
retrouver l'exemple que je viens de donner. Par exemple, on pourrait voir une
situation où un autre producteur d'or, lui, dans un gisement de
chalcopyrite, comme concurrent, pourrait revenir par le biais de l'article 227
et dire au ministre: Tu vas appliquer ton article 227, parce qu'il dit qu'il
doit récupérer au maximum et il me fait une fausse concurrence
parce qu'il n'applique pas cela. Il laisse tomber le cuivre et il ramasse
seulement l'or qu'il y a dans ce gisement. Donc, l'article 227 doit s'appliquer
et il pourrait, par le biais des mécanismes juridiques, amener le
ministre à appliquer l'article 227.
M. Savoie: C'est-à-dire qu'il faut bien comprendre les
mécanismes juridiques qui se
joueraient. Le ministre ne pourrait pas rendre une décision de
nature quasi judiciaire, c'est-à-dire suspendre l'activité
minière, sans entendre la compagnie contre qui il veut exercer son
pouvoir. Il ne pourrait pas non plus prendre cette décision sans
respecter l'ensemble de toutes les règles de justice naturelle qui
balisent notre droit administratif. Alors, il n'y aura pas de surprise, sauf
pour celui, évidemment, qui est de mauvaise foi.
On parle de l'exploitant qui vient carrément faire un
écrémage. Il y aura toujours la possibilité pour
l'administré de contester la décision du ministre, de demander
une révision de la décision du ministre ou d'aller en appel de la
décision du ministre. Il y a toute une gamme de recours qui se
présentent en faveur de l'administré contre la décision
ministérielle. Il ne faut pas oublier que pour un ministre qui n'est
après tout qu'un député, prendre la décision de
fermer ou de suspendre une activité minière, cela veut dire du
monde à la porte, du monde qui ne travaille plus. C'est une
décision très lourde de conséquences, sauf dans le cas
d'une opération "fly-by-night".
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, en conclusion,
M. le député d'Ungava, il est 12 h 30.
M. Claveau: Ai-je le temps de poser une petite question?
La Présidente (Mme Bélanger): Une petite
question.
M. Claveau: Je veux seulement dire que, dans un premier temps, je
comprends la préoccupation du ministre quand il dit qu'en tant que
député, il ne peut pas le faire. Mais pourquoi, dans un article
de loi, à ce moment-là, se met-il devant une situation où
on va pouvoir faire des pressions sur lui pour qu'il applique par rapport
à un concurrent ou à quelqu'un d'autre qui viendrait s'introduire
sur un territoire donné cette notion: Tu fermes parce que tu n'exploites
pas tout? Il y a moyen de revoir cela.
M. Savoie: Est-ce que je comprends bien? Êtes-vous en
faveur que l'on permette à un "hustler" du Wisconsin de venir au
Québec ramasser une veine de surface, "striper" le terrain, partir avec
la veine de surface, prendre son profit et tout oublier?
M. Claveau: En ce qui nous concerne, M. le ministre, on n'a
jamais dit cela. Ce que l'on dit, c'est qu'éventuellement l'article 227
pourrait amener le ministre à fermer des mines qui sont actuellement en
exploitation au Québec parce que, dans une conjoncture économique
donnée, elles vont récupérer un produit commercialisable
plus rentable qu'un autre qui n'est plus rentable du tout.
M. Savoie: On a balisé la loi avec les termes
"économiquement exploitable"...
La Présidente (Mme Bélanger): La commission doit
ajourner.
M. Savoie: On pourrait reprendre à nous deux.
M. Claveau: Est-ce qu'on me donne l'autorisation de continuer 30
secondes?
M. Savoie: Certainement, je n'ai pas d'objection.
M. Claveau: Je veux poser encore une question aux gens de SOQUEM
puisqu'on les a avec nous; ce qui a été assez rare depuis les
derniers mois.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, pour une
question de 30 secondes, M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Ma question de 30 secondes va dans le sens que
j'aimerais vous entendre sur la notion du chemin minier. Est-ce que vous avez
des problèmes par rapport à cette question des chemins miniers
d'accès en forêt pour faire de l'exploration?
M. Bourassa (Paul J.): On pourrait dire oui et non. Il faudrait
que je connaisse le temps que j'ai pour donner ma réponse.
M. Claveau: Je suis certain que le ministre est tout à
fait disposé à vous donner tout le temps
désiré.
M. Bourassa (Paul J.): Vous parlez du chemin minier tel qu'il est
dans la loi présentement?
M. Claveau: Oui, comme il est dans la loi par rapport à ce
qu'il peut devenir ou ce qu'il devrait être.
M. Bourassa (Paul J.): Dans le projet de loi?
M. Claveau: Dans le projet de loi.
M. Bourassa (Paul J.): Quant à nous, pour autant que tout
le monde est traité sur le même pied, c'est ce que je disais tout
à l'heure dans ma conclusion. Notre crainte, c'est qu'ils s'effritent;
c'est commencé en 1974. Les pouvoirs de représentation et de
gestion du ministre pour l'industrie minière ont commencé
à s'effriter en 1974. Notre crainte est que, du moment que les chemins
miniers s'en vont au ministère des Transports, ce soit un autre de ses
outils qui s'en aille. Une bonne journée, on va en avoir.
Cela peut être comme pour le chemin de Gagnon, trois ans
après que la ville a été démolie; une bonne
journée, on va en avoir. Mais les autres n'en auront pas plus que nous
dans le même champ. Ce qui fait que nous sommes traités de
façon égale et équitable.
M. Claveau: Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Si vous voulez
conclure, M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Je remercie M. Bourassa et ses collègues pour
l'excellente présentation qu'ils nous ont faite. Elle se rattache plus
spécifiquement aux préoccupations de SOQUEM, qui - on vient de le
savoir, d'ailleurs, et on espère que les documents, étant
donné qu'ils sont publics, nous seront disponibles le plus rapidement
possible - a et aura dans l'avenir une vocation spécifiquement
orientée vers l'exploration dans des zones à haut risque. Je
crois que SOQUEM est une des institutions les plus touchées par la loi
actuelle en tout ce qui concerne l'accès aux territoires, les questions
d'enregistrement des claims, les questions de droit de toutes sortes au pian
des renouvellements, etc.
Je pense que vos propos étaient et sont toujours les bienvenus.
Ils vont servir énormément à éclaircir certains
points nébuleux dans le projet de loi à l'étude
actuellement. Merci, et je vous souhaite bonne chance pour votre nouveau
mandat. On compte sur vous pour développer de nombreux sites miniers au
Québec.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre,
est-ce que vous voulez donner le mot de la fin?
M. Savoie: Ah! J'ai encore un autre mot de la fin? Je pense que
j'ai...
La Présidente (Mme Bélanger): Je suis pas mal
tolérante, hein?
M. Savoie: Je voudrais tout simplement vous remercier encore une
fois. Je sais que préparer un mémoire et faire une analyse, cela
demande beaucoup de temps et d'efforts. On vous en remercie. On vous remercie
également parce que je pense que vous avez participé aussi
à toute la préparation du projet de loi. Vous avez mis
quelques-uns de vos préposés à la disposition de nos
fonctionnaires pour que ceux-ci puissent profiter de toute votre
expérience dans la rédaction du projet de loi. On compte sur
votre coopération habituelle.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. Bourassa.
M. Bourassa (Paul J.): Je tiens à vous remercier de nous
avoir invités, mais c'est du nouveau que vous m'apprenez. Il y a
certains de nos administrateurs qui ont siégé au comité
formé, mais, à ma connaissance, il n'y a pas eu d'employés
de SOQUEM qui y ont travaillé.
M. Savoie: M. Jean Lacasse? M. Bourassa (Paul J.):
Non.
La Présidente (Mme Bélanger): Je remercie les
représentants de SOQUEM pour leur mémoire. Je leur souhaite un
bon retour. La commission suspend ses travaux jusqu'à la fin des
affaires courantes de l'Assemblée nationale, ce qui veut dire que les
travaux de la commission reprendront approximativement vers 15 heures.
(Suspension de la séance â 12 h 35)
(Reprise à 15 h 35)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission de l'économie et du travail reprend ses travaux
afin de procéder à une consultation particulière sur le
projet de loi 161, Loi sur les mines.
Je demanderais au groupe du Conseil des Cris de bien vouloir prendre
place.
M. Dionne (Paul): Si vous voulez nous donner une minute, il y a
Philip Awashish qui fait la présentation. Il était ici avec nous
et là, on est en train de le rechercher. Il ne doit pas être
allé très loin. C'est lui qui va faire la présentation au
nom du Grand Conseil des Cris.
La Présidente (Mme Bélanger):
D'accord. Nous allons attendre.
M. Dionne: Mon nom est Paul Dionne. Je suis conseiller juridique
pour le Grand Conseil des Cris.
La Présidente (Mme Bélanger): Je vous rappellerai
le mode de procédure, soit que l'organisme a 20 minutes pour
présenter son mémoire. Il y a 20 minutes avec les
ministériels et 20 minutes avec l'Opposition. Je demanderais au Grand
Conseil des Cris de se présenter, s'il vous plaît.
M. Savoie: Mme la Présidente... La Présidente
(Mme Bélanger): Oui. M. le ministre.
M. Savoie: ...avec la permission du député
d'Ungava, on avait pris l'habitude d'avoir des échanges de propos moins
structurés que 20 minutes chacun. Pardon?
C'est pour permettre des échanges...
La Présidente (Mme Bélanger): Durant la
présentation du mémoire?
M. Savoie: Oui. En conséquence, ce qu'on ferait, c'est
qu'on combinerait nos 20 minutes pour faire un total de 40 minutes afin que les
échanges soient plus fructueux et que...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Hier, on avait effectivement fait cela une fois. Ce
matin, je crois qu'on avait dit qu'on pourrait peut-être... Si la
présentation est plus courte ou si les intervenants sont prêts
à raccourcir leur présentation à quelques minutes, on peut
se diviser plus de temps pour poser des questions. Hier, on avait
accepté une entorse au règlement, effectivement, mais pour moi,
c'est une question ponctuelle parce qu'on se trouve dans une situation
où le ministre avait 40 minutes de questions et j'avais seulement 20
minutes et il n'y avait pas de présentation.
M. Savoie: Vous pouvez embarquer dans nos 20 minutes. On pourrait
faire un bloc d'une heure.
M. Claveau: À partir du moment où... Si l'organisme
qui se présente décide de faire cela en trois minutes, juste dire
bonjour et qu'il passe aux questions, à ce moment-là, il n'y a
pas de problème, on peut se séparer le temps et questionner. Mais
si l'organisme...
La Présidente (Mme Bélanger): Bon.
M. Claveau: ...croit bon de prendre 10 minutes ou 15 minutes pour
présenter son affaire...
Grand Conseil des Cris
La Présidente (Mme Bélanger): Je pense que c'est
à l'organisme de décider s'il préfère
présenter le mémoire tout d'un bloc et la période de
questions après ou, en présentant votre mémoire, si vous
voulez que le ministre puisse vous questionner en même temps, selon
certains sujets que vous abordez.
M. Dionne: The question is whether we...
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, elles
sont...
M. Dionne: On préférerait peut-être
procéder à la présentation du mémoire et ensuite,
aux périodes de questions.
La Présidente (Mme Bélanger): Veuillez vous
présenter, s'il vous plaît et on va commencer la
présentation du mémoire.
M. Dionne: La présentation va être faite. Mon nom
est Paul Dionne, conseiller juridique pour le Grand Conseil des Cris. La
présentation sera faite par M. Philip Awashish qui est chef
exécutif pour le Grand Conseil des Cris de l'administration
régionale crie.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord. Si vous
voulez commencer, s'il vous plaît.
M. Awashish (Philip): Thank you. On behalf of the Grand Council
of the Cress of Québec, the Cree Regional Authority, the nine Cree Bands
of the James Bay territory, the Cree Village Corporation and the Cree
Landholding Corporations, I wish to thank the Parliamentary Committee on Labour
and the Economy for allowing us to present a brief regarding Bill 161 which
constitutes a complete reform of the Mininq Act. It is the third time, within
the past few months, that we have submitted briefs to this Parliamentary
Committee concerning bills which may have an impact on our lands.
There are presently approximatly 10 000 Crees in Québec
inhabiting the communities of Mistassini, Oujé-Bougoumou, Waswanipi,
Nemiscau, and Waskaganish located South of the 52° degree of latitude and
Eastmain, Wemindji, Chisasibi, Whapmagoostui located North of the 52 degree of
latitude. These Cree communities have been situated in North-Western
Québec and in the James Bay region. Thus, they find themselves in the
very hard of one of the most important mine region of Québec. 5ome of
these communities already possess a proven mineral potentiel and indeed
numerous, Mistassini, Oujé-Bougoumou, Waswanipi Crees have already
participated or are presently actively participating in mineral exploration and
development activities. In the futur, therefore, the mining sector will take on
and increase the importance in Cree economic development either by the Crees
associating themselves with existing mineral exploration companies for mineral
exploration and development on their territory or by the Crees developing or
creating their own mineral exploration companies for this purpose.
Furthermore, the Crees have traditionally been a hunting and trappinq
people and these activities continue to constitute the basis of their culture
and economy.
In 1975, the James Bay Northern Québec Agreement, signed with the
Government of Québec, Hydro-Québec, the James Bay Development
Corporation, the
James Bay Energy Corporation and the Government of Canada, recognized
that the Crees had rights of ownership on category I lands, exclusive hunting,
fishing and trapping rights on category II lands and the right to pursue their
traditional activities on the remainder of the James Bay territory designated
as category III lands. In fact, the entire James Bay territory has, for
generations, been actively occupied by Cree hunters and trappers.
By virtue of the agreement, Québec retains the ownership of
mineral and subsurface rights. However, no mineral may be extracted or
developed and no mineral or subsurface right may be granted or exercised in
category I lands without the prior consent of the Cree community having rights
over those lands and without the payment of compensations agreed upon for the
use of these communities lands.
In addition, special authorization from Québec in conformity with
the conditions stipulated in the Québec Mining Laws and Regulations, is
required in advance of the grant of mineral and subsurface rights on Cree
category I lands.
Sections 5 and 22 of the agreement guarantee further protections of the
Cree lifestyle on categories II and III lands by subjecting mining activities
to the respect for the Cree exercise of wild life harvesting activities and to
a special environmental and social protection regime.
The James Bay and Northern Québec Agreement is a treaty within
the meaning of section 35 of the Constitution Act 1982 and has been respected
as such or recognized as such by a resolution of the National Assembly adopted
on March the 28th 1985, and titled "Motion for the Recognition of Aboriginal
rights in Québec". In addition, both the Act adopted by the National
Assembly and the one adopted by Parliament, approving and bringing into force
the agreement, contain a clause stipulating that, as regard all other acts
which are either in conflict or inconsistent with their terms, the former acts
prevail to the extent necessary to resolve the conflict or inconsistency. I
will therefore summarize this introduction by stating that the Crees have an
interest in commenting upon Bill 161 in their capacity both as developers and
as aboriginal people possessing specific rights on a specific territory, such
rights having been recognized in particular by acts of the National Assembly
and our Parliament and by the Constitution. (15 h 45)
Three types of issues are raised in this brief. The first deals with the
need to stipulate that the rights recognized to the Crees by the James Bay and
Northern Quebec Agreement and its legislation prevail over rights acquired
under the Mining Act.
The next issue addresses problems relating to the importance given to
delegated legislation and to the minister's discretionary powers. The final
deals with various considerations of a general nature, most of which concern
all developers.
As regards to the need to stipulate the preponderance of rights
recognized by the Agreement and its legislation, we consider that the National
Assembly, in order to be consistent with the resolutions it adopted two years
ago respecting the rights of aboriginal people, should not adopt Bill 161
before ensuring on one hand that these rights cannot in any way be contested or
affected by reason of the exercise of a mining right and on the other hand that
developers wishing to prospect on mineral rights in the territory covered by
the Agreement know the exact extent of their rights by consulting the Mining
Act. In this respect, it is relevant to mention that, in addition to the
protection provided to the Crees by the Constitution and by the acts approving
and bringing into force the Agreement, the March 28, 1985 resolution affirms
the will of the National Assembly to protect in its fundamental laws the rights
of the aboriginal people included in agreements such as the James Bay and
Northern Quebec Agreement.
Although we disagree with the content of the 1985 resolution, which, in
our view, does not provide adequate guarantees for the protection of our
rights, we find it strange that the provisions of Bill 161 concerning
aboriginal people deal merely with the subject of prospecting, staking or map
designation of land situated on an Indian reserve or in category I lands within
the meaning of the agreement to prior authorization from the minister.
No reference is made in the Bill to the rights of the Cree signatories
to the Agreement. Yet, the preeminence of such rights have been recognized in
various ways as we have demonstrated. It is thus essential to introduce in Bill
161 an incompatibility clause stipulating that the James Bay and Northern
Québec Agreement and its legislation prevail over the Mining Act, in
order to ensure that no one is tempted to infringe our rights and that each and
every person clearly know the limits of the rights which they may acquire on
our land by virtue of the Mining Act by merely consulting the latter.
We highlight in our brief that the inclusion of such an incompatibility
clause is not without precedent since it is found in an Act respecting the
conservation and development of wildlife.
Furthermore, we believe that although the inclusion of a general
incompatibility clause would most certainly constitute a clear improvement to
the Bill, it would not solve the problem completely.
In order to avoid litigation and to forewarn possible developers of the
prevaling rules, particularly if they wish to pursue mining activities on Cree
category I lands, we are of the opinion that a series of specific
incompatibility clauses in Bill 161 are imperative, namely in the following
cases: The access to lands that are subject to a mining right should, whenever
such a right contemplates Cree category I lands, be subject to the principle of
preponderance of Cree rights recognized by the agreement and its legislation.
The bill also provides for the obligation to obtain the prior consent of the
interested Cree community for all mining activity exercised by anyone on Cree
category I lands. This principle is found in the agreement and in the act
respecting the land regime in the James Bay or New Québec
Territories.
In addition, section 29 must be amended so that the minister's
authorization is not required when it is the Cree community itself that wishes
to prospect or stake on its own lands. Indeed, the obligation at section 29 to
obtain an authorization from the minister echoes the same obligation found at
paragraph 5,1.10a of the agreement. This obligation is stipulated for the sale
purpose of guaranteeing that the consent of the interested Cree community, also
provided for in this paragraph, has truly been obtained. When it is the Cree
community itself that wishes to pursue mining activities, the question of
whether or not its consent has been obtained does not arise.
The reserve in favour of the crown for hydroelectric purposes found at
section 62, which contemplates the part of any watercourse with a natural power
of 225 kilowatts or more together with a strip of land 20 meters wide on each
side of the watercourse, does not figure in the exclusion of category I lands
contemplated in the agreement. Consequently, category I lands should be
excluded from this reserve.
The right of a claim holder and of a mining lessee to utilize sand or
gravel for their mining activities, a right found, respectively, at sections 63
and 103 of the bill, should be subject to the condition of prior consent of the
interested Cree community when this right is exercised on Cree category I
lands. The bill enumerates the conditions which must be met by a holder of a
mining right in order for the latter to abandon his right. As it concerns the
mining right exercised on Cree category I lands, the interested Cree community,
by virtue of the agreement, in giving its consent to the exercise of such
rights could effectively attach conditions to its approval at the time of
abandonment.
For example, the interested Cree community might wish to make
abandonment conditional upon returning the site to its original state. To avoid
all possibility of litigation, the obliqation to obtain the consent of the
interested Cree community should be provided for in the agreement as a
condition to be respected for the abandonment of a mining right when this right
is exercised on Cree category I lands.
Sections 124 to 133 of the Bill set forth conditions pertaining to
exploration licenses for surface mineral substances. As regards the exploration
and utilization of soapstone and of gravel on Cree category I lands, the bill
must reiterate those provisions of the agreement exempting the Crees from
obtaining licenses for this purpose. As concerns the mining lease contemplated
at section 94 of the bill, it would be necessary to specify that the holder of
a mining claim or a license on a Cree category I lands does not automatically
have the right to a mining lease, even if he has respected all the provisions
of the Mining Act. It is essential in addition that the interested Cree
community has given its consent to the lease ,and that it could have exercised
its option not to attach conditions to the mining lease at the time that it
consented to the exploration. Indeed, a lengthy period of time could have
elapsed between the start of the exploration phase and that of the development
phase a period of time during which economic conditions might have changed.
The right of a holder of a mining lease to expropriate for the purposes
of access or mining activities contemplated at sections 99, 228 and 229 of the
bill should be subject to the conditions of the consent of the interested Cree
community, and the expropriation should be carried out in accordance with the
applicable laws.
Section 206 of the bill stipulates that the holder of a mining right may
cut timber needed to carry out his mining activities that is found on a parcel
of land which is subject to this right. On Cree category I lands, this right
must be subject to the conditions of the consent of the interested Cree
community.
Likewise, sections 230 and 231 of the bill stipulate that the hold of
the mining right may alter a water course for his mining purposes. On Cree
category I lands, this right must be subject to the condition of the consent of
the interested Cree community.
Finally, sections 307 and following of the bill provide for a
registration system for mining rights. In order to be consistent with the
modifications which we have proposed, a provision should be added to the new
Civil code chapter contemplated at sections 308 to specify that the consent and
conditions of the interested Cree community must also be registered, when the
registered mining claims or rights relates to Cree category I lands.
We will now comment on the problems raised by the importance given to
the delegated legislation and the minister's discretionary powers. With regards
to the importance of delegated legislation, we will simply mention that
sections 18, 286 and 288 of the bill in particular open the door to a
considerable amount of delegated legislation either by governmental of
ministerial order, or by regulation. It is not possible to know the extent of
the Mining Act reform without knowing the substance of its regulations. We have
therefore suggested in our brief, that parlementary committee hearings be held
for the delegated legislation, in the same fashion as for the bill itself, and
that the bill not be adopted until this consultation phase has been
completed.
With respect to the minister's discretionary powers, we would simply
state that the bill, as presently drafted, is apt to penalize the developer by
opening the door to arbitrary action on the part of the officers of the
Minister of Energy and Resources. By way of example, we refer you to section
51, where in the minister would have the last word concerning the decision to
accept or to refuse a notice of staking or of map designation.
At present, the minister's decision in this regard conforms the subject
of an appeal to the Provincial court. Furthermore, section 76 allows the
minister to order for the reasons of "public interest" the cessation of
exploration work. This is a new power which allows the minister to arbitrarily
determine what constitutes public interest.
Finally, section 287 allowing the minister to delegate by authority the
exercice of his discretionary powers... La Présidente (Mme
Bélanger): Un instant, s'il vous plaît! Je vous ferai
remarquer, M. Awashish, qu'il vous reste une minute pour conclure votre
mémoire. Vous aviez 20 minutes. Cela fait 19 minutes.
M. Dionne: Est-ce qu'on peut le terminer? Il reste environ deux
pages.
La Présidente (Mme Bélanger): Cinq minutes de plus,
cela sera cinq minutes de moins pour les questions.
M. Claveau: Je suis capable de juger de mon temps tout seul. Je
n'ai pas besoin du député de Saguenay pour me le dire.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Vous voudriez continuer à présenter votre mémoire?
Est-ce qu'il y a consentement?
M. Savoie: Je n'ai pas d'objection quant à moi.
M. Claveau: Moi non plus.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors nous
acceptons.
M. Awashish: I was speaking of the minister's discretionary
authority and this new power which allows the minister to arbitrarily determine
what constitutes public interest. Finally, section 287 allowing the minister to
delegate by order the exercice of his discretionary powers to any person seems
to us to be far too exorbitant. The developer has no garantee as to the
competence and the impartiality of the person who will be designated by
ministerial order to discharge important decision-making functions in the
matter of mining rights. (16 heures)
In closing, we would like to address a number of general considerations
which concern all developers. The bill itself allows for the acquisition of a
claim by map designation rather than by conventional staking on territories to
be described by a governmental order for the purpose of the map designation.
Although we are not opposed in principle to this innovation, we believe that
the territories which are the object of map designation must be specified in
the bill.
We are opposed to map designation being permitted in our territory,
particularly on Cree Category I lands, unless we have first consented to such a
measure. Furthermore, the bill prohibits prospecting and staking on territories
classified as parks or ecological reserves. To this, we add that the cultural
property Act allows the minister of Cultural Affairs to prohibit mining
activities on cultural property that is classified.
As regards cultural property that is merely recognized no such
protection is afforded. As the Crees wish to protect their ecological heritage,
we would suggest that section 26 of the bill be amended in order to enable the
Minister responsible for the application of the Mining Act to prohibit any
mining activity likely to destroy or damage cultural property recognized or
classified under the Cultural Property Act or to authorize such activities
subject to conditions he deems necessary to ensure the protection of such
property.
With respect to the system of registration of mining rights, we are of
the opinion that the use of the terms "office of the recorder" in sections 43
to 59 and "registry office" in section 308 seems to indicate two distinct
recording systems. Therefore, we request that this be clarified. Section 65 of
the bill would be improved by specifying what the improvements on lands and
public domain are which could be determined by regulation. This commentary
parallels the commentaries made previously regarding delegated
legislation.
Finally, we have taken note of the fact that section 214 of the bill
introduces a new obligation for the prospector, that being to forward each year
to the minister a preliminary report concerning the cost of his operation for
the current year and a forecast for the following year regardless of whether or
not a prospector has registered the claim. This new obligation is added to the
obligation to forward a final report found at section 215 of the bill. We find
that the requirements of section 214 are onerous for the prospector even in
light of the fact that the bill does not provide for any sanction in the case
of a violation of this obligation by the prospector. We would request that the
obligation to produce a preliminary report and a forecast be deleted in the
case of a prospector.
To conclude, I would summarize our arguments by reiterating that the
bill revising the mining act must clearly stipulate that Mining Act activities
exercised on a territory contemplated by the James Bay Northern Quebec
Agreement are subject to the rights recognized by the agreement and its
legislation.
Furthermore, from the point of view of the developer, the Crees are of
the opinion that Bill 161 contains a number of unwanted provisions and that it
confers excessive discretionary powers upon the minister responsible for the
application of the act.
In this respect, the bill must be reworked and consultation with the
interested developer groups must take place by holding hearings in mining
regions of Québec, if possible.
Finally, I would like to close the presentation by thanking the deputies
for having given me this opportunity to speak and to be heard, Also, I would
like to thank the president for allowing me to continue and finish this
presentation. I would now invite dialogue on the brief that we have
submitted.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
Étant donné la longueur de la présentation du
mémoire, vous avez droit à 16 minutes de part et d'autre.
M. Savoie: Est-ce que je suis obligé de les partager?
La Présidente (Mme Bélanger): Les 16 minutes? Avec
l'Opposition?
M. Savoie: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
Une voix: C'est 16 minutes pour lui et...
La Présidente (Mme Bélanger): Non, c'est 16 minutes
pour vous...
M. Savoie: Oui.
M. Claveau: J'aurais été le premier à y
consentir.
La Présidente (Mme Bélanger): ...et, ensuite, 16
minutes pour l'Opposition.
M. Savoie: C'est ce que je pensais.
La Présidente (Mme Bélanger): Ah! Bon!
M. Savoie: Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous vouliez avoir
les 32 minutes pour vous seul.
M. Savoie: Non, non. Je voulais seulement 16 minutes pour
moi.
La Présidente (Mme Bélanger): Ah boni M. Savoie:
Cela fait 36 minutes.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela fait 32
minutes.
M. Savoie: À compter de quand?
La Présidente (Mme Bélanger):
Immédiatement.
M. Savoie: Merci, Mme la Présidente. Je crois que M.
Awashish ne parle pas français et je voudrais communiquer avec lui.
Étant donné qu'il a lu son mémoire en anglais, je voudrais
également prendre la parole en anglais afin qu'on puisse discuter. Il
n'y a pas d'objection de la part du...
La Présidente (Mme Bélanger): II n'y a aucun
problème, M. le ministre. Vous avez le droit de parler en chinois, si
vous le voulez.
M. Savoie: Je pourrais parler en chinois, Mme la
Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
M. Savoie: Vous m'investissez de ce pouvoir? Merci, Mme la
Présidente.
I would like to thank Chief Awashish for taking a time out of his busy
schedule to come to this hearing on the proposed Mining Act, Bill 161. It is
certainly interesting. We spent a qreat deal of time discussing the
propositions presented to us by the CRA and the Grand Council of the Crees.
There are effectively several points that we would like to discuss with him on
an exchange basis, if possible. I think that there are several major concerns,
one of them... 1 think it begins on page 8, Chief Awashish. We could
perhaps
look at those and then finish off on some general notes regarding the
discretionary powers which you had brought up.
I am sure that, as a Chief, you recognize that the JBNQ agreement
stipulates and indicates quite clearly that mineral rights remain the property
of the Government of Québec. It is a fairly safe assumption to say yes
on that one, I think. There is no doubt as to who owns the mineral rights.
However, ownership of mineral rights is one thing and, perhaps, cooperation and
exchanges with native leaders and cooperation and respect of native rights are
certainly another thing. It is another issue. We would want to be as open and
as generous as possible giving the context of the principle that as far as the
Québec Government is concerned, mineral rights are its exclusive
property and, on the other hand, that cooperation is always the better part of
valour in most cases.
If we look at some of the objections that you have raised regarding
section 29 of the proposed Mining Act, on the top of page 6, where you began to
stipulate in brief form modifications which should be presented to the Mining
Act, you state that the law should contain references to the JBNQ for reasons
of clarity, I believe. We have discussed this issue and we came to the
conclusion that it is not necessary to make specific reference to the
agreement, because the Act respecting the land regime in the James Bay and New
Québec territories contains specific mentions, specific orientations and
also because the mineral rights are openly recognized as being under the
control and domination of the Québec Government. I was wondering if, in
fact... You state that section 29 must be amended so that the minister's
authorization is not required. If the minister states that he does not have
that authority, then should there be an agreement between a developer and a
Cree community, the minister would want to accord that mining right or that
claim and it would prevent him from doing so. I was wondering if you could
comment on that.
La Présidente (Mme Bélanger): M.
Awashish.
M. Awashish: Yes, there were two points that we brought out in
our brief concerning section 29 of the bill. It seems to be the only reference
to category I lands in the Mining Act as it is proposed.
The first point that we have stressed is the fact that the minister's
authorization is required for any prospecting, staking or designation on a map
of any land in category I lands. Our objection is to the fact that the bill
does not refer to the fact or to the right of the Crees to have their consent
required before any exploration and development of minerals takes place within
their own category I lands.
M. Savoie: And what do you think would happen if the minister
authorized prospecting or claims on category I lands without the authorization
of the Crees?
M. Awashish: Then we would have a serious problem of
incompatibility of laws. We have to determine which law supersedes.
M. Savoie: And which law do you think supersedes in this
case?
M. Awashish: We have proposed that the James Bay Agreement and
the legislation that had put the James Bay Agreement into force prevail over
all other laws of general application.
M. Savoie: That is what we feel as well.
M. Awashish: And that includes the Mining Act.
M. Savoie: That would include the Mining Act, yes. So it is just
a question of wording, Chief Awashish. What we have stated is that it is
forbidden, without the authorization of the minister, to prospect, to claim and
to "jalonner sur carte" property situated on an Indian reserve or a property
situated on category I lands. And so the only time that it would be legal would
be with the authorization of the minister and the ministry must obtain the
consent of the Crees.
M. Awashish: We state that the consent of the Crees is required,
yes. And the minister would then authorize any developer to proceed with the
development of mineral rights within category I lands. However, we have stated
in our brief that, when the developer is a Cree community, we do not feel that
we should have to get a permit or an authorization from the minister and that
point is not mentioned in the agreement itself.
M. Savoie: No. That is another point. We could come back to that
in just a second. I am just trying to make sure that... I think we see eye to
eye on most of the issues, in reality.
So should the minister then decide to authorize a claim, for example, on
category I lands without the consent of the Crees, then by virtue of the JBNQ
Agreement, the decision of the ministry could be annulled? Do we see that? That
is a pretty good statement, I think...
M. Awashish: Yes.
(16 h 15)
M. Savoie: ...of a fact. Okay'? So, technically, what we are
saying is that we are taking the same attitude towards the JBNQ as we do to all
other legislation concerning all other situations in Québec, in the
sense that we are dealing with the Mining Act. So, we say that unless it is
authorized by the minister, you cannot claim on category I lands. We make a
reference to the Cree Act, indirectly by siding article in the law R-13. So, if
a minister was to authorize staking on category I lands, without the
authorization of the proper Cree authority, then, that decision could be
cancelled. And I imagine damages...
M. Awashish: Yes, it could be...
M. Savoie: ...if they were and they could be accorded.
M. Awashish: It would be abreach of the agreement also of the Act
respecting land regime.
M. Savoie: That is right. So, technically, article 29 does not
contitute a major problem. Let us go now to... Oui?
M. Dionne: Je voudrais juste intervenir ici. C'est la position
que l'on prendrait bien sûr...
M. Savoie: Oui.
M. Dionne: ...si jamais le ministre accordait un droit en vertu
de l'article 29 sans d'abord s'assurer que la communauté crie
intéressée a donné son consentement. C'est bien sûr
la position qu'on prendrait si cela va à l'encontre de la convention et
par conséquent, que le droit peut être annulé.
M. Savoie: Oui.
M. Dionne: Cependant, je présume qu'à ce
moment-là, le ministère et le gouvernement prendraient la
position inverse. En tout cas, c'est à prévoir. Pourquoi,
à ce moment-là, ne pas être clair? La clause de
prépondérance à laquelle vous faites
référence et qui se trouve dans la loi qui approuve la Convention
de la Baie James et qui la met en vigueur, on prétend qu'elle s'applique
aux lois qui en découlent. Mais, on est d'avis en même temps que
c'est sujet à diverses interprétations et que d'aucuns pourraient
prétendre qu'une loi particulière, comme par exemple...
M. Savoie: II n'y a pas d'autre interprétation
possible.
M. Dionne: ...la Loi sur le régime des terres dans les
territoires de la Baie James et du Nouveau-Québec n'a pas
prépondérance sur les autres lois qui entrent en conflit.
M. Savoie: Oui.
M. Dionne: Alors, de façon à éviter les
conflits et les contestations, pourquoi ne pas faire comme vous l'avez fait
dans le cas de la Loi sur la conservation de la faune, alors que vous avez
spécifiquement inclus une clause de prépondérance à
l'égard de la Loi sur les droits de chasse et pêche dans le
territoire de la Baie James'?
M. Savoie: Oui.
M. Dionne: Premièrement, je pense que c'est une question
de clarté, une question d'éviter les contestations qui pourraient
naître.
M. Savoie: On dit que cette loi créait des
problèmes très spécifiques et qui ne se retrouvent pas
à l'intérieur de la Loi sur les mines. En conséquence, on
n'est pas pour... Ce qu'on prétend, c'est qu'en vertu de là Loi
sur les mines, cette mention n'est pas nécessaire, qu'il existe de plein
droit et qu'il n'y a pas de doute sur la prépondérance, et que
cette question est claire.
M. Dionne: Enfin, on ne partage pas cet avis. On croit que ce
n'est pas clair parce que la loi qui approuve la Convention de la Baie James ne
mentionne pas spécifiquement que les autres lois qui découlent de
la convention ont aussi prépondérance. Ce qui est dit dans la loi
qui approuve la Convention de la Baie James, c'est ceci: "Cette loi a
prépondérance sur les autres lois qui entrent en conflit."
M. Savoie: Oui, c'est cela.
M. Dionne: Vous avez peut-être douze ou treize autres lois
qui découlent de la convention. Est-ce qu'on peut en déduire que,
oui, les autres lois ont aussi prépondérance sur les lois
d'application générale au Québec? Nous, c'est la position
qu'on prendrait, mais on admet qu'il y a une possibilité de soutenir
l'interprétation contraire.
M. Savoie: Hum!
M. Dionne: Voilà. C'est simplement une clarification qu'on
croit utile ici.
M. Savoie: Je vous lis l'article 6 de la Convention de la Baie
James: "En cas de conflit ou d'incompatibilité, la présente loi
-c'est-à-dire la Loi sur la Convention de la Baie James - l'emporte sur
toute autre loi qui s'applique au territoire décrit dans la convention
dans la mesure nécessaire pour résoudre le conflit ou
l'incompatibilité." Si je
comprends bien, la Loi sur les mines constitue toute autre loi. En cas
de conflit ou d'incompatibilité, la présente loi l'emporte sur
toute autre loi. Cela me semble particulièrement clair qu'en combinant
les deux articles, l'article 29.2 avec l'article 6, je pense qu'il n'y a pas de
doute.
M. Dionne: On soutient l'interprétation selon laquelle il
est possible que ce genre d'attitude donne lieu à des conflits et
à des litiges. Il se trouve que ce serait beaucoup plus facile de les
éviter en incluant une clause de prépondérance dans
chacune des lois qui visent le territoire. C'est d'ailleurs une demande qu'on a
faite à deux reprises, tout récemment.
M. Savoie: Mon Dieu! il ne nous reste que deux minutes et il y a
tellement de choses à discuter.
Vous avez également parlé - si je comprends bien - de la
question des graviers et des "soap stones". On m'avise que, en vertu des
articles 53, 55 et 56 de la loi R-13, les droits sont relativement bien
reconnus. On dit que l'administration locale intéressée doit
obtenir du ministre de l'Énergie les permis nécessaires à
l'utilisation du gravier et des autres matériaux analogues
généralement employés dans les travaux à des fins
personnelles ou communautaires.
M. Dionne: De quelle loi parlez-vous présentement?
M. Savoie: De la Loi sur le régime des terres dans les
territoires de la Baie James et du Nouveau-Québec.
M. Dionne: Oui. Est-ce que le principe sur lequel on
s'était entendu dans la convention ne pourrait pas être
reflété dans la Loi sur les mines?
M. Savoie: On me dit que ce n'est pas nécessaire. On
alourdirait sérieusement le texte s'il fallait tenir compte de chacune
de ces interventions, non seulement de la part des Cris, mais provenant
également d'autres groupes.
M. Dionne: Si vous me le permettez, est-ce que je peux revenir
à l'article 29, une seconde?
M. Savoie: Je pense qu'il nous reste une minute. I will have to
conclude. We began to exchange briefly. I think that, at large the principle
and our respect for the James Bay Northern Québec Agreement are more
than evident on our part. We would wish to comply as much as possible with
several of the recommendations contained within the brief presented to us.
However, time is short and it is just a question of presenting a brief and we
can only exchange on some of the principles thoughts because time has run out.
I would wish to advise chief Awashish that, as interesting as these discussions
may be, we feel that the value of the brief and some of the recommendations
will certainly interest us and give us pause for reflexion. As far as it is
possible or suitable within the structure of the Mining Act, we will try to
uphold the representations made in your brief.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. Est-ce que vous voulez argumenter sur ce point? Vous pouvez.
M. Dionne: J'aimerais faire simplement une remarque en ce qui
concerne l'article 29. J'aimerais revenir sur cet article brièvement. Il
y a deux autres points qui se greffent à cela. D'abord, il y a la
possibilité, pour un agent de la couronne, de jalonner pour le compte de
la couronne. D'après le projet de loi, encore là, aucune
permission ne semble être requise pour cette personne. On dit
spécifiquement que, pour l'employé de la couronne, l'article 29
ne s'applique pas. Or, dans la convention et les lois qui en découlent -
la loi sur le régime des terres -il n'y a pas d'exception de faite. La
permission de la bande de la corporation foncière est requise pour tout
le monde, y compris les agents de la couronne. Ceci n'est pas
reflété dans l'article 29. Je crois que c'est un point important
et on l'a mentionné.
Philip Awashish a mentionné un autre point, tout à
l'heure, sur lequel j'aimerais insister. Lorsque la bande elle-même ou la
corporation foncière veut mener des activités minières sur
son territoire, selon l'article 29, tel qu'il est rédigé
présentement, on serait porté à croire que la corporation
foncière ou la bande doit demander la permission au ministre. Or, encore
là, si on se réfère à la convention, ce n'est
clairement pas le cas. Il y a des problèmes graves à l'article
29. C'est sans doute le point le plus important du mémoire qu'on a
soulevé. J'aimerais donc qu'on prenne en considération ces
commentaires.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. Dionne...
je pense?
M. Dionne: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, Mme la Présidente. Il me fait plaisir
d'accueillir ici, aujourd'hui, les représentants du Grand conseil des
Cris du Québec, en l'occurrence M. Phil Awashish et M. Dionne, qui ont
commencé, d'ailleurs, à nous exprimer les préoccupations
des Cris du territoire de la Baie James quant à
l'application de certains articles de ce projet de loi. En ce qui me
concerne, j'aimerais revenir sur deux ou trois choses pour lesquelles
j'aimerais peut-être avoir certains éclaircissements ou savoir
d'une façon plus précise la philosophie qui sous-tend votre
argumentation.
Par exemple, à l'article 228, on fait référence
à l'obligation de demander le consentement du locataire pour
l'exploitation ou le paiement d'une indemnité de ce dernier. Dans le
projet de loi sur les forêts, on a reconnu que les terres de
catégorie I, que les forêts en terres de catégorie I
avaient, à toutes fins utiles, le même statut qu'un boisé
privé et qu'on ne pouvait les considérer comme étant des
terres de la couronne au sens de la Loi sur les forêts. Est-ce que le
fait de reconnaître à peu près la même chose
concernant la Loi sur les mines voudrait dire, entre autres, qu'en appliquant
l'article 228, une bande crie, une municipalité crie serait en mesure
d'empêcher un prospecteur d'avoir accès à un territoire si
l'accès à ce territoire - qui pourrait être en terres de
catégorie III -devrait se faire à travers un chemin en terres de
catégorie I? Est-ce qu'on peut imaginer, à ce moment-là,
que la bande puisse utiliser cet article pour empêcher un prospecteur ou
une compagnie minière d'avoir accès à ses territoires ou
lui imposer des conditions qui les mettrait dans l'impossibilité d'avoir
accès à ces territoires?
La Présidente (Mme Bélanger): M. Dionne.
M. Dionne: C'est une question qui... Si je comprends bien, vous
demandez si un village cri, une bande ou une corporation foncière
pourrait s'opposer ou s'opposerait, en fait, à la construction d'une
route à travers ses terres de catégorie I pour aller rejoindre un
droit minier qui se trouve à l'extérieur sur les terres de
catégorie III. La réponse est difficile à donner. Je pense
que si vous me demandez si, légalement, il pourrait s'opposer, je crois
que oui. Mais si, effectivement, il peut le faire, cela dépend des
circonstances. Mais légalement, je pense qu'il pourrait s'y opposer
puisque les seules personnes qui ont le droit d'exproprier des servitudes sur
les terres de catégorie I pour fins minières sont celles qui
possédaient des droits miniers à l'intérieur ou en
périphérie des terres de catégorie I au moment de la
convention. (16 h 30)
Alors, tout dépend de votre question. Si vous vous
référez à une personne qui avait des droits miniers
validement enregistrés et qui demeurent valides entre le 11 novembre
1975 et le moment où la route projetée est construite, à
ce moment-là, cette personne a le droit, en vertu de la convention,
d'exproprier des servitudes. Mais si vous parlez d'une personne qui a des
droits miniers nouvellement acquis, nous croyons que les Cris pourraient
s'opposer. Maintenant, est-ce qu'ils le feraient? Tout dépend des
circonstances.
M. Claveau: C'est cela. On va toujours vers l'hypothèse
afin d'essayer de cerner tout le problème. Ils ne s'opposeraient pas
nécessairement, mais ils pourraient s'opposer.
M. Dionne: Pour une personne qui a des droits miniers
nouvellement acquis, oui.
M. Claveau: De nouveaux droits, d'accord.
L'autre question concerne le problème qu'on a souvent lorsqu'on
parle de la Convention de la Baie James et du Nord québécois.
Jusqu'à quel point y a-t-il, dans la convention, des droits
spécifiques pour les terres de catégorie III? On parle souvent
des terres de catégorie I et des terres de catégorie II qui sont
beaucoup plus rattachées ou spécifiquement reliées
à l'existence d'une réserve et on a tendance à oublier les
terres de catégorie III. Ce sont toutes les terres qui réunissent
ou qui font le pont entre les différentes réserves et qui sont
localisées entre le 49e et le 55e parrallèle de latitude nord.
Cela veut dire que c'est quand même un territoire immense, soit environ
350 000 kilomètres carrés. Sur ces terres, on a continuellement
des débats à savoir s'il y a des droits d'accès et si les
droits d'accès sont totaux pour les compagnies. Il y a aussi la
préservation des lignes de trappage et toute la question de
l'environnement. On sait que même si les terres de catégorie I et
les terres de catégorie II protègent, garantissent un certain
nombre de droits au peuple cri, il n'en demeure pas moins que la plus grande
partie des interventions, des activités de chasse et de pêche des
Cris se font sur des terres de catégorie III, entre autres sur les
lignes de trappage qui sont distribuées traditionnellement entre les
familles cries.
Alors, j'aimerais savoir, dans cette optique, lorsque vous dites en page
9 des notes de la présentation orale que nous a faite M. Awashish tout
à l'heure, quand il est question de refaire l'article 29 afin que
l'autorisation du ministre ne soit pas requise lorsque c'est la
communauté crie elle-même qui désire prospecter ou jalonner
sur ses propres terres, si cette revendication, dans l'esprit du Grand Conseil
des Cris, s'élargit à un trappeur cri à l'intérieur
de sa propre limite de trappage même si elle est constituée de
terres de catégorie III ou si elle s'élargit à tout le
réseau des liqnes de trappage qui sont reliées ou
rattachées à une même réserve. Je prends l'exemple
des limites entre les lignes de trappage de
Waswanipi et de Mistassini qui se trouvent à la hauteur de la
ville de Chapais. Or, lorsqu'on parle du territoire qui appartient à une
bande, est-ce que c'est uniquement la catégorie I ou si c'est l'ensemble
du contexte géographique des lignes de trappage qu'il y a autour de
cette bande, de cette réserve?
La Présidente (Mme Bélanger): M.
Dionne.
M. Dionne: La réponse à votre question, c'est que
lorsqu'on... Ce à quoi vous faites référence est à
la page 9 de la présentation orale. Lorsqu'on demande que les bandes et
les corporations foncières soient exemptes de l'autorisation du ministre
pour explorer et pour exploiter des minéraux sur leurs terres, on vise,
bien sûr, les terres de catégorie I. IA dans le cas des bandes, IB
dans le cas des corporations foncières.
Cependant, sur les terres de catégorie III, il y a quand
même l'obligation de tout entrepreneur de respecter le régime
particulier de protection de l'environnement prévu pour la région
de la Baie James, régime qui lui-même tient compte des
activités de chasse, de pêche et de piégeage.
M. Claveau: Admettons qu'une famille qui a ses lignes de trappe
dans le secteur du lac Waswanipi - pour prendre celui-ci -décide ou
veuille faire de l'exploration minière sur ces lignes de trappe.
À ce moment-là, les Cris n'ont aucune revendication
particulière pour que cette famille échappe à la
réglementation.
M. Dionne: Non. La réglementation minière? Non.
M. Claveau: D'accord. Dans l'application concrète, dans le
quotidien, cela peut parfois créer des problèmes, de la
même façon d'ailleurs... Là où j'aimerais
peut-être aussi avoir quelques éclaircissements, c'est sur votre
point de vue en ce qui concerne la question légale de la convention de
la Baie James, mais, en plus, le point de vue de la jurisprudence locale en ce
qui a trait à l'application de la loi sur les terres de catégorie
II.
Comment voyez-vous les droits miniers sur les terres de catégorie
II?
M. Dionne: Dans les terres de catégorie II, il faut
distinguer la phase d'exploration de la phase d'exploitation. En ce qui
concerne la phase d'exploration, elle peut se faire, je crois, sans
indemnisation, sauf qu'elle est assujettie au régime de protection de
l'environnement et elle doit se faire selon les termes mêmes de la
convention en respectant les droits de chasse, de pêche et de
piégeage qui existent sur ces terres.
Quant à la phase d'exploitation et de développement, elle
ne peut se faire que contre indemnisation, c'est-à-dire indemnisation en
nature par un remplacement d'une quantité égale de terre ou
indemnisation en argent. C'est la convention qui prévoit cela.
M. Claveau: II me reste à peine le temps de conclure. Cela
me fait plaisir, au nom de l'Opposition, de remercier les représentants
du Grand Conseil des Cris du Québec pour leur excellente
présentation et pour les éclaircissements qu'ils nous ont
donnés. Je tiens aussi à leur garantir que nous allons prendre en
sérieuse considération leurs revendications et leur approche
quant à la gestion minière sur les terres de catégories I,
II et III de la Convention de la Baie James et du Nord
québécois.
Nous allons, en tant qu'Opposition, nous assurer que le ministre ne fera
pas la sourde oreille à vos demandes. Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député d'Ungava. M. le ministre, en conclusion.
M. Savoie: En conclusion, I can only regret, Chief Awashish, that
we did not have enouqh time to exchange more fully on the subject of article 29
and the various implications with respect to laws originating from the JBNQ
Agreement. There are several things which we find of interest in the brief and,
as I have stated earlier, if it is in the interests of the Mining Act, we will
consider most seriously some of the recommendations that you have made, but it
would be very difficult for us to make exception of principle which would open
the door to whole series of other modifications, by various other legislations,
that would seriously hamper the facility of reading of the text. Perhaps, it
will be agreeable that we discuss some of the recommendations that you have
made at a convenient time where we would not be hampered by the rules of the
present commission.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. Awashish, pour le mot de la fin.
M. Awashish: Je dois vous dire... We certainly appreciate the
hearing we are getting. If I was to summarize our concerns, these two major
concerns would be the fact that the Mining Act must conform to change the terms
so that in the James Bay and Northern Agreement and its legislation that there
would be incompatibility clause inserted in the Act itself. The second point is
the major concern of course of the application of the Bill to category I lands.
We are concerned about the possible mining
activities within category I lands. It is important that the Cree
communities, the Cree Vitlage Corporations or the Cree Band Corporations
exercize their rights, and their consent must be required before any minerals
explored or extracted from category I lands. These have been the two major
concerns to the Cree, although, there are other points that we brought out in
the brief.
La Présidente (Mme Bélanger): Thank you very
much.
Nous allons maintenant entendre la Société Makivik. Je
demanderais aux représentants de cette société de bien
vouloir prendre place.
Je m'excuse, nous allons attendre le ministre quelques minutes... Je
demanderais au député de Saguenay d'éteindre sa cigarette,
s'il vous plaît. (16 h 45)
Une voix: ...carrément.
La Présidente (Mme Bélanger): Je vous rappelle que
vous avez 20 minutes pour exposer votre mémoire et il y aura une
période de discussion de 20 minutes avec le côté
ministériel et de 20 minutes avec l'Opposition. Par contre, il y a aussi
un autre choix. Si vous voulez, tout en présentant votre mémoire,
avoir les commentaires du ministre et commencer à discuter avec le
ministre, c'est votre choix. Alors, désirez-vous faire l'exposé
de votre mémoire?
Société Makivik
M. Bussières (Paul): Oui, s'il vous plaît.
J'aimerais vous présenter M. Willie Makiuk qui représente la
Société Makivik et les corporations détentrices des terres
inuit. Moi-même, Paul Bussières, je travaille avec lui.
Je pense que l'on opterait pour la solution d'une introduction rapide,
très brève, d'à peine cinq minutes. On pourra
peut-être répondre du mieux possible aux questions.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est très
bien, M. Bussières.
M. Bussières: Alors, Willie Makiuk.
M. Makiuk (Willie): Thank you. We are grateful to the commission
for the opportunity that is given to us, the Inuits, to present our views on
Bill 161. We have already tabled the brief before the commission which, we
think, is quite clear and I would just like to highlight our important
concerns.
We would like to insist on the fact that, like Bill 102 on the question
of public lands, the project on the Mining Act almost does not say a word about
Northern Québec while it should take into consideration all the special
regimes established for that territory: hunting, fishinq and trapping regime,
environmental regime, land regime. The Inuits are concerned with this silence
because it could potentially create an interpretation problem. The bill should
include an incompatibility clause stating that the James Bay and Northern
Québec Agreement, and legislations adopted pursuant to the agreement,
have priority over any new law applying to Inuit territory.
The actual text of Bill 161 does not really take into account the land
regime established by the James Bay Agreement, more particularly ownership
rights of category I lands by land holding corporations and all the hunting,
fishing and trapping regimes.
The question of environmental protection is not sufficiently addressed
in Bill 161 as presently drafted.
In practice, since two or three years, hunters have noticed an increase
in exploration activities in certain areas, more particularly around Salluit,
Ivujivik, Akulivik and Kangiqsujuaq.
An evident lack of communication, actually, is taking place between
these communities and the organizations or companies working in the territory.
It seems evident from informations received within the last year that the
mining activities in Northern Québec will increase between now and the
1990's.
Environment and wild-life protection should be a priority of the
governement at least as much as development. Two examples in the recent past
are not too reassurinq regarding these fundamental questions. Airstrip
construction in the area of lac Brisson, near the border of Labrador, and road
construction in the Southern portion of territory North of Schefferville are
two examples of infrastructure built in connexion with mining activities
without the proper process established by the James Bay Agreement regarding
environmental protection.
In conclusion, throughout the brief, we have pointed out potential
problems in applying the futur Mininq Act unless major modifications are made
to the present wording. Despite legal provisions which may even be clear, we
too often have had to defend the integrity of our territory with promoters who,
voluntarily or not, have failed to respect our rights. With the prospect of
increased mining development North of the 55th Parallel over the coming years,
we cannot remain indifferent to a bill that is so silent when it comes to
discussing mining development within our territory.
Prospecting has increased considerably over the last few years and it is
likely to continue. At no time have we been informed
through official channels of the prospecting. Our sources have been
Inuit hunters and fishermen who have come across teams in the field. We have a
suggestion for you. We believe that Bill 161 should be modified to contain
chapters concerning mining development North of the 55th Parallel. À
passing reference every so often in a section here or there is not enough,
considering the diversity and the complexity of the problems that could arise
in the territory.
Environmental protection is still a key concern and too little is said
about it in the bill. We cannot accept the text as submitted. It must be
revised with care and in consultation with us. Such an effort should ensure
that, at the drafting and adoption of the new Mining Act, many potential
sources of conflict be eliminated and our rights respected. Thank you.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. Makiuk, M.
le ministre.
M. Savoie: Thank you very much for your presentation. I am
particularly pleased that the Makivik took the time and the effort to prepare a
brief for this important piece of legislation. As the chief concern of Makivik
is the protection of Inuit rights resulting from the JBNQA, I think that most
of our discussions should bear immediately on section 29 which I think is the
major problem. A secondary problem, if we could discuss it for a few minutes,
would certainly be the question of the environment and notification as to
mining works North of the 55th Parallel.
As you probably heard, since you were sitting in this hall when I was
speaking with Chief Awashish, I think I made it clear to him that what we are
trying to do with section 29 of the proposed Bill 161 is to protect rights
which originate from the JBNQA. We have stated it in such a way as to give the
greatest flexibility possible to not only your rights, but also to a possible
joint venture perhaps between an Inuit Community and a mining company or even a
Native company. We have not stated a firm and categorical principle, what we
have stated is that the Minister may authorize, and if he does not authorize,
it is forbidden. However, it is subject at all times to rights coming from the
JRNQ. JBNQ has precedence over the Mining Act and has precedence, therefore,
over section 29. What we are just stating is that within that precedence, if
the minister so decides... We presume that the minister must obtain permission
from the municipality involved and we presume also that it is with the consent
of the representative; otherwise, it will be most easy for the community
involved to obtain the annulment of that decision.
What we see in your representation is that you contest the form. There
is no real discussion as to the fact. It is only a question as to the form of
section 29, and we feel that the way it is written out, section 29 permits the
greatest flexibility, but that flexibility does not affect, in any way, Inuit
rights.
M. Makiuk: Fine. Mr. Minister, I think you are right in saying
that your concern is clear, but the Inuit feel that there should be a section
within Bill 161 stating at the act applies to the James Bay and Northern Quebec
Agreement and to any legislation adopted pursuant to the said agreement.
M. Savoie: We don't want to say that specifically in the law, but
what we do state is that it is subject to that, and that is an inherent
principle. It is not like stipulating a principle. We want to keep the law as
clear and as flexible as possible, and so we have chosen this form in order to
respect those principles. We know it is an established fact that the Mining Act
cannot override the James Bay and Northern Quebec Agreement regarding Inuit
rights. There is no doubt about that in anyone's mind, and we feel that, if we
were to repeat specifically that fact within the structure of section 29, we
would have to make several other exceptions. The overall effect would be that,
instead of having a law with so many articles, we would have to increase it by
several dozen more if we were to take into consideration that type, that
structure of argument.
This is why we are a little hesitant, therefore, to make specific
recommendations of that nature. We feel, however, that it is possible and that
it would be more in the interest of the community to include that authorisation
of the minister, because the minister may wish to include additional conditions
to that granting of the lease; he may wish to stipulate conditions which could
be in the interest of the Inuit community, which the Inuit community may wish
to propose to the promoter. Therefore, the community as a whole would benefit
from this kind of form as to the declaration of section 29. (17 heures)
M. Makiuk: Mr Minister, I think that our concern is still that
you are right in the way that we should not make a repetitious mention of the
agreement. What happens when a mineral company or a mining company does not
understand the James Bay Agreement and he or they go ahead with the
development.
M. Savoie: What we say in the law is it is forbidden to prospect
or to claim a piece of property within category I lands. We say subject to,
however, the minister's
approval. And the minister will only approve if he respects the JBNO.
And perhaps it would be even more interesting if that authorization that is
required from the minister, if perhaps the community would sit down with the
minister and say: We want you to approve this claim, but subject to certain
conditions.
M. Makiuk: Our biggest concern is that the James Bay Agreement
takes precedence over any act that may apply to the territory. This is what we
want to make sure that it is mentionned in the act.
M. Savoie: We firmly believe that the James Bay and Northern
Québec Agreement has precedence over the present law. There is no doubt
about that as article 6 within JBNQ clearly states that the JBNQ Act as
precedence over all other legislation in Québec.
M. Makiuk: We just want to avoid any conflict that may arise down
the road when development is taking place.
M. Savoie: Yes. This is where we get into the repetition
argument. We feel that this is repetitious to state it.
M. Makiuk: Wouldn't it be simpler to take our concern in to
consideration when you are going to...
M. Savoie: We certainly do not feel that it is sinful to take
your comments in to consideration. To the contrary, we will and we are taking
your comments into consideration and we will continue to take all of your
comments regarding the Mining Act into consideration. But as we are exposing,
you have exposed your positions, and now we are exposing ours. And after this
commission has ended, we will continue to think about your recommendations. If
it is possible, without loading down the text of Bill 161, we will certainly
try to give you full satisfaction on that mesure. But you see, we feel that
that stipulation is for the moment repetitious. It is like killing a bird
twice. Once suffices and we think that you got that once in 1975 where this
skill is stated in article 6 that JBNQ has priority, has precedence over other
legislation and so you have precedence over this legislation. It is like within
another law of Québec where it is stated that...- I only have the french
text - it is stated that Inuit communities must obtain from the minister a
permit necessary for the utilization of gravel, gravel pits and other related
materials. We do not feel that we have to put it in the law, but you can
exploit soap-stone and soap-stone quarries without any authorization from us.
We do not feel that we would have to put it this law because it exists in a law
specific for your purposes. And so, we do not repeat it. It says that
soap-stone deposits and other similar or related materials used by the
beneficiaries Inuits are granted in all ownership and so we do not repeat it
here because it is not necessary for us to repeat ourselves constantly.
Attorneys, people who are knowledgeable in the law, know that these conditions
exist and have priority over this law. We do not state in this law that you can
use soap-stone without asking for permission and that you can exploit
soap-stone quarries without askinq permission of the minister. We do not state
this because it is written here and that has priority over our law. And so, it
is not repetitious. Do you see our point?
M. Makiuk: Yes, I do, but we already have it in the James Bay and
Northern Quebec Agreement, and in the past, since the signing of it, there has
been some cases where a developer has not consulted the community concerned and
went ahead and dug his own quarrie to get gravel for himself, so it is...
M. Savoie: On category I lands?
M. Makiuk: Whithin category I lands.
M. Savoie: They may have been abuses and I would certainly
apologize for them, but you do have legal remedies for that sort of things.
M. Makiuk: This is why we want to include this section in the
Act. It would insure that there would be no misunderstanding between the
parties concerned when it comes to conflicts down the road.
M. Savoie: We will certainly try to work out something which will
be acceptable to both of the side. I will sit down and review what we are
saying in the law with your comments that were presented in the brief and I
will certainly reconsider it.
Finally, as regard to your comments regarding the protection of the
environment, as you know, I was up there last August and I saw hav fragile the
northern environment is and I fully agree with you that there must be stronger
measures taken to protect the environment north of the 55th. It however cannot
be the object of enunciation within the Mining Act. I certainly feel very
sympathetic towards that position and I will certainly do all in my power to
make sure that necessary steps are taken to protect the northern environment
and that the rules will be fully respected by mininq companies. What we may do,
we may to present a folder to all communities operating north of
the 55th stipulating the various laws and regulations that are
applicable, not only regarding mining rights, but also in regard to
environmental and other concerns. They would be given a copy of this folder
which would make sure that they are knowledgeable on the various regulations
applying north of the 55th.
I would not want to take up much more of your time. I would like to
thank you for the presenting of the brief and I would like to assure you that
we do not consider your recommendations sinful. We consider them most helpful
and we will take very serious note of the other recommendations that you have
made in your brief and that, in the measure of so doing, we will give action on
the major recommendations of your brief.
M. Makiuk: Thank you, Mr Minister. The Inuit are not trying to be
anti-development, but we want to be sure that concerns are always considered
when it comes to projects that will eventually protect or touch upon wild life
environment and the well being of the citizens within Northern
Québec.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci. M. le
ministre. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, Mme la Présidente. C'est avec plaisir,
qu'au nom de l'Opposition officielle, j'accueille les représentants de
la Société Makivik. Je tiens à les remercier de la
qualité du travail qu'ils nous ont présenté, de la
qualité de leur réflexion quant aux modalités
d'application du projet de loi 161 sur les territoires de l'extrême nord
du Québec.
Je m'attarderai, dans mes propos, à deux ou trois
éléments sur lesquels j'aimerais avoir des
éclaircissements, pour me faire une idée plus précise. En
page 14 de votre mémoire, vous discourez sur toute la
délimitation du 52e parallèle. Il en a été question
brièvement tout à l'heure. J'ai un certain nombre
d'interrogations là-dessus. Entre autres, on parle de 52e
parallèle qui, à mon sens, est une limite très très
arbitraire, plus qu'arbitraire, d'autant plus qu'elle vient couper en plein
territoire cri. Donc, il y a une partie du territoire entre le 49e et le 55e
qui serait régie d'une façon et l'autre partie, d'une autre
façon. En plus, vous vous référez à l'article 18 et
vous dites, entre autres: "Nous tenons à être consultés et
à donner notre accord avant qu'aucune portion de notre territoire ne
fasse l'objet d'un décret en vertu de l'article 18." Mais vous dites que
l'article 18 peut avoir des incidences à l'intérieur de l'article
27 qui coupe au 52e parallèle, comme je le disais, qui coupe en
territoire cri. On sait, par ailleurs que, traditionnellement, on entend comme
le début du territoire inuit la limite des arbres ou toute la bande ou
la limite des arbres entre, à toutes fins utiles, le 55e et le 56e. Il y
a toute une zone encore un peu nébuleuse entre les territoires cris et
les territoires inuits. J'aimerais avoir votre position par rapport à
cela, là où, d'après vous, en ce qui concerne
l'application d'une loi comme celle des mines, se termine vos revendications,
et ce que vous pensez carrément de cette histoire de changer la loi au
52e parallèle. C'est tout cela. J'aimerais avoir une réflexion
là-dessus.
M. Makiuk: The question that you ask concerning the size of the
territories, it is a territory north 55th Parallel. It covers the community
from Poste-de-la-Baleine, Great-Whale over to Ungava Bay all around Northern
Québec to Ungava Bay close to George-River and even up to Port Burwell.
It is an enormous territory. When you live in it, you do not think it is that
great, but when you look at it, it an enormous size of territory. (17 h 15)
M. Claveau: Oui, mais par rapport à l'article 27 qui parle
du 52e parallèle comme étant une limite au-delà de
laquelle on va avoir besoin d'un permis spécial ou d'une autorisation du
ministre pour aller faire de l'exploration, est-ce que, par exemple, vous ne
croyez pas qu'il serait un peu moins arbitraire de fixer cette limite a la
hauteur, par exemple, de la limite des terres, comme vous le dites, à la
hauteur de Poste-de-la-Baleine ou, enfin, à la hauteur de la limite des
arbres entre Kuujjuarapik et Whapmagoostui?
M. Bussières: Si vous permettez, est-ce qu'il serait
possible d'utiliser la même définition des terres que celle
utilisée dans la Convention de la Baie James, pour fins de clarification
et pour répondre à votre question? Je pense qu'il y a une
très longue définition qui pourrait être utilisée.
J'imagine que cela pourrait clarifier plus que de déterminer le
territoire à partir du 52e parallèle.
M. Claveau: II nous semble que le ministre introduit dans son
projet de loi une division du territoire à partir du 52e
parallèle et c'est un peu sur cela, finalement, que... Je ne sais pas
si, en ce qui concerne la Loi sur les mines, le Nord va commencer au 52e et
dans d'autres lois il va commencer ailleurs.
M. Bussières: Bien, quant à nous,
l'intérêt qu'on a, encore une fois si vous me permettez, c'est de
faire en sorte qu'on se réfère dans ce projet de loi, d'une
façon précise, au régime qui a été
prévu à la Convention de la Baie James et qui
s'applique dans notre cas, généralement parlant au nord du
55e parallèle, en ajoutant soit des clauses ou même un chapitre,
comme on le suggère. Est-ce que cela répond à votre
question?
M. Claveau: D'accord. Non, je comprends. En fait, ce sont des
éclaircissements peut-être que cela semble anodin, mais quand on
est sur le territoire, cela devient assez compliqué d'application et je
pense qu'il est bon, pour le bénéfice de l'ensemble des
intervenants, que des notions soient éclaircies dans les transcriptions
de cette commission. Je pense qu'il faut donner... En ce qui concerne la limite
du 52e, à l'article 27, c'est impartant dans la pratique; même si
dans le projet de loi, sur les 300 et quelques articles, cela peut sembler un
trait tout à fait anodin sur la carte du Québec, dans la pratique
cela aura des répercussions. En ce qui me concerne, en tout cas, je veux
savoir justement comment vous vous situez par rapport à cela. Vous
demandez déjà le maximum de protection sur les territoires au
nord, particulièrement à partir du 55e ou 56e. Il y a toute cette
bande entre le 52e et le 56e qui, finalement, à mon avis, reste assez
floue dans la loi si on garde un permis spécial à partir du 52e
parallèle.
À part cela, les droits d'accès au territoire, bon, on en
a traité un peu. En ce qui me concerne, je pense que cela pourrait...
Dans le fond, ce que vous dites dans votre mémoire regroupe
énormément ce dont on a discuté tout à l'heure avec
le Grand Conseil des Cris; ce sont les mêmes principes, c'est dans la
même convention, même si les territoires sont plus au nord. J'ai
l'impression que vos revendications sont très semblables à celles
du Grand Conseil des Cris à bien des égards.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député d'Ungava.
M. Makiuk: Mr. Claveau, thank you. Our presentation is merely to
say what the Crees were saying earlier, but we are saying, in shorter terms
than previously, that our concerns should be considered and should be taken
into account. The James Bay Agreement that the Inuit people got, we hope to
respect. I'm sure that the government will do the same thing in return.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
Alors, je vous remercie d'avoir présenté votre mémoire et
je vous souhaite un bon retour.
Je demanderais maintenant aux représentants de l'Ordre des
ingénieurs du Québec de bien vouloir prendre place.
À l'ordre, s'il vous plaît! Nous devons attendre une minute
pour le député d'Ungava.
Je souhaite la bienvenue aux représentants de l'Ordre des
ingénieurs du Québec. Je vous rappelle que vous avez 20 minutes
pour présenter votre mémoire. II y aura une période de
discussion de 20 minutes avec les membres du gouvernement et une autre
période de 20 minutes avec les membres de l'Opposition. Par contre, si
vous préférez synthétiser votre mémoire pour avoir
une discussion plus longue, c'est à votre choix.
Ordre des ingénieurs du Québec
M. Boucher (RÉal): Je vous remercie, Mme la
Présidente. Ce sera relativement court, nous n'avons pas de territoire
à convoiter ni à circonscrire.
La Présidente (Mme Bélanger): Avant de commencer,
voudriez-vous présenter les personnes qui vous accompagnent.
M. Boucher: J'y arrive, Mme la Présidente. La
présentation vous sera faite par M. Marcel Vallée,
ingénieur-conseil en mines et en géologie. Le groupe est aussi
accompagné de M. René Dufour qui est professeur à
l'École polytechnique de Montréal et président élu
de l'Institut canadien des mines et de la métallurgie.
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant, monsieur!
Vous pouvez vous asseoir, on va peut-être mieux entendre à cause
du micro.
M. Boucher: Merci, Mme la Présidente. En plus, nous avons
le directeur de l'inspection professionnelle de l'Ordre des ingénieurs
du Québec et je me présente, Réal Boucher,
ingénieur-conseil et vice-président de l'Ordre des
ingénieurs du Québec.
Nous aimerions tout d'abord vous remercier et remercier la commission de
l'invitation à venir présenter un mémoire et surtout de
nous recevoir, même à une heure aussi tardive. Je passe la parole
à M. Vallée.
M. Vallée (Marcel): Madame et messieurs de la
présidence, mesdames et messieurs de la commission. L'Ordre des
ingénieurs du Québec qui représente plus de 28 000
inqénieurs oeuvrant au Québec dans les diverses disciplines du
génie est heureux de vous présenter son mémoire concernant
le projet de loi sur les mines et les * deux projets de règlement qui en
découlent.
Notre mémoire est bref et traite surtout de la reconnaissance du
rôle des divers professionnels du domaine des mines. L'Ordre des
inqénieurs a jugé à propos de s'en tenir à peu
près exclusivement à cet aspect du projet puisque d'autres
associations
spécialisées dans les activités auxquelles
plusieurs de nos membres participent se chargent d'en commenter les aspects
techniques.
Notre présence à votre consultation particulière
sur le projet de loi 161 se veut positive et constructive, mais critique
également. Nos commentaires seront positifs et constructifs, parce que
le projet de loi tel que soumis nous apparaît dans l'ensemble
représenter un effort considérable et sérieux pour
répondre à des besoins de mise à jour. De même, le
Projet de règlement sur les substances minérales et le Projet de
règlement sur le prétrole, le gaz naturel... représentent
un effort valable pour mieux définir et préciser nombre de
modalités essentielles de l'application de la loi.
Nos commentaires seront également critiques parce que le projet
de loi ainsi que les projets de règlement nous apparaissent contenir
certaines modalités discutables auxquelles nous nous permettons de
suggérer constructivement des alternatives.
Nous traiterons d'abord du rôle du professionnel dans le secteur
minéral. L'Ordre des ingénieurs est constitué en vertu du
Code des professions et selon sa propre loi constituante pour
réglementer la pratique du génie au Québec dans une
optique de protection du public. La Loi sur les ingénieurs touche plus
spécifiquement au secteur minéral par l'implication de
l'ingénieur dans les disciplines du génie géologique, du
génie minier et du génie métallurgique et également
par la participation des ingénieurs des autres disciplines aux
activités de l'industrie minière. De plus, il convient de
souligner que la Loi sur les ingénieurs reconnaît dans l'article
5f le droit à la pratique professionnelle d'autres disciplines
scientifiques dont, en particulier, la géologie, en parallèle
à la pratique du génie. Elle reconnaît également le
droit du prospecteur de faire de la recherche de minerai.
De fait, le chevauchement présent entre les champs de pratique de
l'ingénieur géologue, du géologue ou du
géophysicien empêche l'Ordre des ingénieurs du
Québec de se désintéresser de la pratique de la
géologie et de la géophysique, puisque ces champs de pratique
recoupent celui du génie géologique et qu'il a mandat, de par sa
loi constituante, de réglementer. C'est donc d'une façon large et
éclairée, tenant compte des multiples intervenants professionnels
présents dans le domaine minéral, que nous voulons situer notre
intervention. A titre d'ingénieurs, nous souhaiterions d'abord commenter
plusieurs modalités de la nouvelle loi qui touchent le rôle des
professionnels des disciplines du génie et des sciences de la terre dans
ce secteur minéral.
Nous repasserons donc, dans cette perspective, diverses dispositions du
projet de loi et des projets de règlement concernant les fonctions des
professionnels dans l'exploration, la mise en valeur et l'exploitation des
gisements minéraux et également dans le secteur du pétrole
et du gaz naturel. Nous discuterons ensuite de quelques modalités du
projet de loi qui sont d'un intérêt particulier pour les membres
de l'OIQ qui sont actifs dans le secteur minéral.
Comme nous le mentionnions au début, la majeure partie de notre
mémoire est consacrée à l'évaluation de la place
faite aux divers professionnels, dont les ingénieurs, dans le projet de
loi et dans les deux règlements à l'étude. Je vous ferai
grâce des détails et vous référerai aux pages 2
à 12 de notre mémoire qui contient seize recommandations visant
à clarifier les intentions du législateur au sujet du rôle
des professionnels spécialisés actifs dans le domaine
minéral. Nous croyons qu'il serait d'intérêt public de
réviser les textes sous cet angle puisque, selon nous, il y a place
à amélioration.
Soulignons d'abord que le Projet de règlement sur le
pétrole, le gaz naturel, la saumure et les eaux souterraines - que nous
appelons le règlement 2 - ignore à peu près
complètement le rôle des professionnels. Au contraire, le projet
de règlement sur les autres substances minérales,
règlement 1, utilise tour à tour les expressions "géologue
qualifié" "professionnel qualifié", "personne qualifiée",
pour désigner les spécialistes du domaine.
Ce traitement différent d'un règlement à l'autre
est une première source de confusion. Il y a plus, cependant, puisque le
règlement 1 manque d'uniformité d'un article à l'autre
lorsqu'il parle des responsabilités des divers intervenants.
Nous croyons qu'un article du projet de loi devrait spécifier,
probablement dans le chapitre IV, section II, que tous les plans, rapports et
autres documents soumis au ministère de l'Énergie et des
Ressources, conformément aux exigences de la loi et des
règlements qui en découlent, devront être
préparés par un professionnel des disciplines concernées.
C'est là notre première et notre principale recommandation. Elle
n'a pas pour but d'exclure les autres intervenants du domaine, mais de
s'assurer que ce qui appartient aux professionnels soit rendu aux
professionnels, en paraphrase d'une parole célèbre. (17 h 30)
Au-delà de cette recommandation globale et fondamentale, notre
mémoire poursuit l'étude des deux projets de règlement
article par article, en relevant les discordances que nous avons cru y
discerner. Nous nous contenterons ici de souligner les principales: À
l'article 16 du règlement 1 sur les substances minérales, la
définition d'une personne qualifiée prête à
confusion et est
redondante puisqu'on y confond le professionnel et le technologue. Nous
suggérons également de modifier la définition d'un
professionnel qualifié pour d'abord y inclure le géophysicien et
également pour tenir compte du fait qu'au Québec, selon la Loi
sur les ingénieurs, seuls les membres de l'OIQ peuvent pratiquer le
génie. En effet, il ne suffit pas d'être un diplômé
en génie comme le projet de règlement le laisse entendre. Ceci
est la recommandation 3.
Nous recommandons également que la question du râle du
professionnel qualifié, dans la préparation et la
présentation des rapports, soit traitée de façon identique
dans les deux règlements et que les définitions incluses dans le
règlement 1 se retrouvent, après révision, dans le
règlement 2.
Nous suggérons, à la recommandation 16, que les
législateurs pourraient s'inspirer de la façon dont la question
du rôle des divers professionnels a été traitée par
les autorités albertaines qui bénéficient d'une longue
expérience en la matière. Rappelons ici que les trois professions
d'ingénieur, de géologue et de géophysicien sont
regroupées en Alberta au sein de la même corporation
professionnelle.
Le but de ces représentations n'est pas de causer des
difficultés, d'exclure des intervenants ou de réduire la
concurrence. Au contraire, la concurrence est un fait inévitable et, je
dirais, un des enrichissements du domaine minier, de la profession de
géologue en exploration en particulier. Au contraire, c'est dans une
optique d'améliorer l'efficacité de l'exploration
minérale, d'améliorer la qualité des rapports et travaux
que nous faisons ces interventions. Nous notons que plusieurs articles du
projet de loi traitent justement de la nécessité d'avoir des
rapports complets, efficaces, qui ne soient pas erronés,
falsifiés, etc. C'est d'autant plus important, à ce moment, de
s'assurer qu'ils soient faits par des professionnels qualifiés.
Nous en arrivons maintenant à la troisième partie de notre
mémoire qui débute à la page 12 et que je me permettrais
de lire de façon un peu plus suivie.
Le premier sujet est l'acquisition de claims par désignation sur
carte. Nous ne sommes pas opposés, en principe, à ce nouveau mode
de revendication de droits miniers, mais nous aimerions faire les commentaires
suivants sur la formulation du projet de loi actuel.
Le premier commentaire. Mode d'acquisition par claim
réfère à une tradition historique illégale de prise
de possession sur le terrain après une découverte. Sa
caractéristique fondamentale est la localisation réelle sur le
terrain par rapport à une découverte. Par contre, la
désignation sur carte n'établit pas de localisation physique des
limites du territoire dont on revendique les droits miniers, ce qui peut
présenter dans la pratique des problèmes quand on travaille en
terrains non arpentés.
Ce mode d'acquisition étant fondamentalement différent du
piquetage de claim, il nous semble qu'un nouveau nom serait requis et des
nouvelles modalités également quant à la dimension. En
terrains non arpentés, les seize hectares du claim traditionnel n'ont
pas de justification pour la désignation sur carte. On a souvent fait
des représentations à savoir que les seize hectares
étaient une surface trop restreinte et entraînaient des
coûts excessifs.
L'utilisation de ce mode d'acquisition de droits miniers, dans le cas de
contestation de claims déjà établis nous apparaît
fort discutable et de nature à encourager des activités de
nuisance. Si les limites de claims déjà établies sur le
terrain sont erronées, c'est là qu'elles devraient être
contestées et rajustées par des gens qui font les
vérifications sur place et qui ont fait les frais de se déplacer.
Cette révision du mode d'acquisition de claim est si radicale qu'il nous
semble qu'il ne devrait pas être possible pour le ministre de
l'étendre par décret à l'ensemble de la province.
Il nous semble que d'autres alternatives au piquetage traditionnel sont
possibles; je mentionnerais les permis spéciaux qui sont
déjà en vigueur. La formule du permis spécial avec les
obligations qui s'y rattachent a l'avantage de peut-être mieux
contrôler l'acquisition de territoires de façon
systématique et sur une très grande échelle; certains
individus pourraient entreprendre une promotion immobilière de
claims.
Nous aimerions souligner que la procédure pour régler les
conflits dans le cas du piquetage de claims nous apparaît assez
discutable. Le tirage au sort nous semble de nature à encourager les
contestations, la nature humaine étant ce qu'elle est, puisque tout
contestataire potentiel se verra récompensé par une place dans le
tirage au sort.
Le dernier commentaire que je mentionnerais ici, c'est l'article 227, la
récupération optimale des substances minérales.
Dans un but louable, en principe, d'optimiser la
récupération des substances minérales, la loi attribue au
ministre et à ses mandataires un droit de regard et d'implication dans
la gestion des opérations minières.
On semble oublier, cependant, le contexte d'ingénierie et de
décision pratique de gestion d'exploitation soumis aux lois de la
rentabilité, dans lequel les entreprises minières fonctionnent.
Dans un tel contexte, les politiques d'extraction et les décisions de
l'entreprise doivent concilier la survie à court terme avec l'objectif
de continuité de l'entreprise à plus long terme.
Sans aucunement contester l'objectif
d'optimisation de la récupération des substances
minérales et le devoir du ministre d'en promouvoir l'application et le
respect, il nous semble que le pouvoir ainsi attribué au ministre
dépasse les normes habituelles de notre société de libre
entreprise.
C'est un pouvoir de gestion des sociétés privées,
à toutes fins utiles, que le ministre s'attribuerait ici, puisque
l'objectif de récupération optimale est large, très large,
et qu'il pourrait servir d'entrée pour de l'ingérence dans de
nombreuses circonstances à un gouvernement moins bien
disposé.
Nous considérons donc que si le ministre croit nécessaire,
au nom de cet objectif de récupération optimale, d'avoir un droit
d'intervention dans la gestion des sociétés privées, il
sera nécessaire d'établir dans la loi des modalités plus
conformes aux modes d'action de notre société de libre
entreprise.
Dans une telle optique, par exemple, un comité d'arbitrage
constitué d'experts de l'industrie pourrait servir au ministre pour
confirmer les avis de ses fonctionnaires avant d'engager le ministère
dans une intervention directe dans la gestion d'une société.
Un autre point que nous aimerions mentionner ici dans cette optique,
c'est que plusieurs interventions ou commentaires ont été faits
dans le sens d'éviter les contrôles et les rapports inutiles.
D'autre part, nous aimerions souligner que nous encourageons le
ministère à recueillir toute l'information qui peut être
obtenue sur les travaux exécutés puisque, particulièrement
dans le cas des actions accréditives, le gouvernement défraye de
70 % à 80 % des frais des travaux. Il y a encore du travail à
faire sur cela. Nous encourageons le ministère sur ce point. Je vous
remercie.
La Présidente (Mme Bélanger): Je vous remercie, M.
Vallée. M. le ministre.
M. Savoie: Je vous remercie pour votre exposé. Je voudrais
que vous vous présentiez encore une fois pour les fins de mon annotation
parce que j'ai M. Boucher, M. Vallée, M. Dufour et...
M. Dagenais (Jean-Paul): M. Jean-Paul Dagenais.
M. Savoie: ...M. Dagenais, qui est inspecteur.
M. Dagenais: À l'inspection professionnelle.
M. Savoie: D'accord, M. Dagenais. Je n'étais pas
sûr, je croyais que c'était quelqu'un d'autre.
Cela me fait plaisir de vous saluer et de vous souhaiter la bienvenue,
et de vous remercier également pour la présentation de votre
mémoire. On sait que faire l'analyse, préparer un mémoire,
cela demande beaucoup de temps et d'efforts. C'est nécessaire à
notre processus démocratique et on est toujours content de voir que cela
continue à intéresser l'Ordre des ingénieurs,
particulièrement sur une loi si importante. On apprécie beaucoup
votre grande coopération.
Je voudrais reprendre cinq points, et s'il y avait d'autres choses, on
pourrait peut-être y revenir. Vous pouvez intervenir en tout temps.
Sentez-vous entièrement libres. Vous avez dit qu'il y avait une tendance
dans le règlement 2, par exemple, à iqnorer les professionnels.
Évidemment, nous sommes très sensibles aux revendications de
cette nature et, bien sûr, votre suggestion mérite d'être
étudiée en détail.
Toutefois, vous comprendrez qu'il nous faut traiter ce genre
d'intervention avec beaucoup de délicatesse. On pourrait brimer le droit
d'exercice de techniciens en ressources minérales, de prospecteurs
reconnus pour leur expérience. Alors, il est difficile de penser que
tous les documents doivent être signés par des
diplômés. II faut tenir compte également, un peu, du
contexte du milieu. Ce travail se fait souvent dans les régions
périphériques où il y a un grand nombre de gens qui ont
acquis des capacités fort élevées. Également, dans
la loi on a tendance à minimiser un peu le nombre de fois que le terme
"ingénieur" apparaît puisque, finalement, une partie des
conditions de renouvellement ont été transposées dans les
règlements et, en conséquence, ne font pas partie du projet de
loi comme autrefois. C'est un élément. Le règlement 2, je
le signale, porte sur le gaz et le pétrole. Il y a peut-être
quelque chose en ce domaine. Deuxièmement, en ce qui concerne les
règlements, rien n'est coulé dans le béton encore. Il y a
toujours une possibilité de révision. Après que le
règlement est publié on a un délai de 45 jours pour qu'il
entre en vigueur et on a toujours une période de 45 jours pour apporter
les modifications nécessaires.
M. Vallée: Si vous me permettez de reprendre ici, pour
répondre à votre préoccupation que je pense saine pour
clarifier les lois, pour que le nom d'ingénieur ou de géologue
n'ait pas à apparaître à tous les articles, c'est dans ce
sens que nous avons fait la suggestion et la recommandation que, quelque part
entre les articles 215 à 220, dans la section II, chapitre IV, il y ait
un rappel de principe parce que cela est déjà couvert pour les
ingénieurs par une loi, mais cela ne l'est pas dans le cas des
géologues. C'est un rappel de principe que les rapports professionnels
doivent être faits par des professionnels. Dans le cas de la Loi sur les
ingénieurs, il
faut partir des faits légaux et il faut se rappeler - j'ai 30 ans
de carrière dans l'industrie minière et j'apprécie le
travail de tous les intervenants à tous les niveaux, quel que soit leur
niveau de scolarité - que la pratique du génie, donc, incluant le
génie géologique, est régie par la loi de
l'ingénieur. L'article 5 dit: "Rien dans la présente loi ne doit:
f) empêcher... un géologue de pratiquer sa profession ou toute
autre personne de... faire un acte relatif à la recherche du minerai".
Alors, vous voyez la distinction très nette entre la profession du
géologue et, par extension, du géophysicien d'un
côté et l'acte que n'importe qui peut poser. Un rapport
professionnel, c'est plus qu'un acte, c'est un acte professionnel, ce n'est pas
un acte d'exécution de recherche. C'est dans cet esprit que nous faisons
cette intervention.
D'autre part, en ce qui concerne les règlements, il reste que le
règlement, c'est le manuel d'action du fonctionnaire. Alors, il est
important que les choses soient bien clarifiées et que le rôle des
professionnels soit établi clairement. Traditionnellement, dans le
secteur minéral, étant donné le chevauchement des deux
professions d'ingénieur et de géologue... Une partie des
géologues sont dans le domaine théorique, ils ne touchent pas
à l'exploration minière, mais un bon nombre de géologues
oeuvrant dans la géologie appliquée et font un travail similaire
à celui des ingénieurs géologues. Ce chevauchement est
associé au fait que la profession de géologue n'est pas une
profession réglementée et cela n'aide pas à clarifier les
situations. Il y a aussi l'échange continuel qui se fait d'une province
à l'autre en ce qui concerne les ingénieurs et les
géologues; le financement minier se faisant à Vancouver, à
Toronto, les compagnies québécoises allant explorer à
l'extérieur du Québec et les personnels des compagnies actives au
Québec, je dirais... Cet hiver, j'ai rencontré plus d'anglophones
actifs au Québec en exploration minière que de francophones. Il
est important à ce moment qu'un certain contrôle soit
exercé quelque part.
M. Savoie: D'accord. Vous entamez mes 20 minutes.
M. Vallée: Je m'excuse!
M. Savoie: II faut quand même être bref. D'accord.
Pour ce qui est du tirage au sort, il faut bien comprendre que le tirage au
sort n'a lieu que lorsque les faits ne sont pas contestés,
c'est-à-dire qu'à ce moment il faut que les deux prospecteurs se
présentent sur le terrain, à la même heure et au même
point, pour commencer leur jalonnement. Il faut qu'ils commencent dans un coin
et ensuite qu'ils fassent le tour. Il ne faut pas qu'il y ait de contestations
de part et d'autre quant au fait critique pour faire le jalonnement. Il faut
qu'ils arrivent à la même heure et avec la même intention.
Alors, le tirage au sort se fait seulement lorsque, effectivement, un
problème se pose, les deux sont là, à la même heure,
au même point. Ce n'est pas le fait que l'un soit arrivé à
18 h 45 et l'autre à 18 h 50 qui change quoi que ce soit. Comme me le
souligne M. Lebuis, on ne peut pas non plus questionner la qualité du
jalonnement. Il faut que les deux soient dans une position égale
juridiquement. À ce moment, on a le tirage au sort qu'on utilise
déjà pour les permis spéciaux et que j'ai utilisé -
nous avons déjà rencontré ce processus - lorsqu'il y a
entente à ce sujet. (17 h 45)
M. Dufour (René): Cela n'implique-t-il pas qu'il faille
que les deux prospecteurs soient consentants pour qu'il y ait tirage au
sort?
M. Savoie: Oui, il faut que les deux soient consentants,
évidemment.
M. Dufour (René): C'est une protection.
M. Savoie: S'il y en a un qui n'est pas consentant, c'est parce
qu'il s'oppose aux droits de l'autre. À ce moment-là, c'est un
autre problème. On ne peut pas forcer des gens à... Quelquefois
même, il y en a quatre ou cinq quand c'est un claim qui est chaud. Les
quatre sont là et se disent: Qu'est-ce qu'on fait? Bien, on va le faire
ensemble, on va jalonner ensemble et après cela, on ira au tirage au
sort. Cela permet... Sur le terrain, il ne faut pas qu'on se tire dessus
à coup de carabine. On n'est pas au PDA, après tout, quand on est
dans le bois.
Pour ce qui est du jalonnement sur carte, c'est toujours sur un
territoire qui est arpenté. Ce n'est jamais autre chose que cela. Il
faut que le territoire soit arpenté et actuellement le territoire est
très restreint.
L'article 227 a évidemment suscité beaucoup
d'intérêt de part et d'autre. L'unique but - il n'y en a pas
d'autres - de l'article 227 est l'écrémage. Certains
ingénieurs m'ont dit que c'était, en réalité, la
spoliation d'un site minier. C'est ce qu'on appelle communément
"écrémage". C'est pour empêcher cela parce que,
actuellement, on me dit qu'on n'a aucun texte de loi qui peut empêcher
l'écrémage d'un site minier. Il y a eu, dans le passé,
quelques cas d'écrémage et on n'avait rien. On était
devant un vide juridique et, en conséquence, il fallait introduire une
mesure qui nous permettrait d'intervenir dans un cas d'écrémage.
Cela a suscité beaucoup d'intérêt de la part de ceux qui
ont déposé des mémoires et plusieurs des
représentants trouvaient que le texte n'était
pas suffisamment balisé. Plusieurs disaient qu'il fallait le
baliser davantage. J'imagine que, dans ce contexte, nous allons l'examiner de
nouveau. Nous avions cru que, dans sa rédaction actuelle, il
était suffisamment balisé, mais l'ensemble des mémoires
aidant, on va certainement reconsidérer notre position à ce
sujet-là.
Pour ce qui est de l'obtention des travaux résultant du programme
d'actions accréditives, on se demandait de quelle façon vous
vouliez... Avez-vous des recommandations quant au mode, au processus ou aux
méthodes qu'on pourrait utiliser pour aller chercher cette
information?
M. Dufour (René): Je peux répondre. J'agis comme
conseiller technique pour la Commission des valeurs mobilières depuis le
mois d'août dernier et j'ai revu 35 prospectus depuis ce temps. Alors,
j'ai vu beaucoup de rapports car un prospectus peut comprendre dix rapports
techniques. J'ai suggéré à la commission que l'on demande
à tous les gens qui ont un prospectus, qui ont une émission
publique, de soumettre un rapport au plus tard deux mois après avoir
terminé leurs travaux. Présentement, cela ne se fait pas. Je sais
qu'ils doivent rapporter leurs travaux pour obtenir leurs travaux statutaires
auprès du ministère, mais je pense qu'on pourrait être
beaucoup plus sévère là-dessus parce qu'il se gaspille
beaucoup d'information qui n'est pas disponible après coup à
d'autres intervenants, disons quelques années après. Souvent, ce
sont les mêmes propriétés qui sont reprises. Si vous
regardez toutes les propriétés, à tous les dix ans, il y a
une vague d'exploration pour une raison quelconque. Présentement, ce
sont les actions accréditives. On devrait demander, je pense, deux mois
après - si on laisse trop de temps, les informations se perdent - qu'on
soumette un rapport complet soit au ministère ou à la commission.
Je pense que la commission présentement n'a pas de contrôle du
tout sur les sommes dépensées après coup. Avant coup, elle
peut intervenir sur les programmes suggérés, mais après
coup il n'y a aucun contrôle.
M. Lebuis: Si vous me permettez une courte intervention. Je suis
Jacques Lebuis du ministère de l'Énergie et des Ressources. Vous
êtes quand même conscients qu'on a augmenté les exigences,
pour ce qui est des travaux d'exploration qu'il faut remettre au
ministère. Dans le règlement, vous avez remarqué que les
montants sont multipliés par un facteur de l'ordre de 2,5 % à 3 %
par rapport à la situation de la loi actuelle. Dans ce sens, on
espère aller chercher évidemment beaucoup plus de travaux
d'exploration qui font ensuite partie du domaine public et qui peuvent
être utilisés par l'ensemble des intervenants miniers pour
favoriser la découverte de gisements.
M. Dufour (René): Mais il n'a pas de
vérification... J'agis aussi comme conseiller dans une cause d'un grand
organisme québécois et il y a eu des travaux statutaires qui ont
été rapportés pour des milliers de dollars. Je suis
convaincu que si vous alliez sur le terrain, vous ne trouveriez pas
grand-chose. Alors, le ministère ne vérifie pas sur le terrain
quels sont les travaux.
Les grandes sociétés, on peut leur faire confiance -
même les moyennes - mais parfois il y a certains intervenants dont les
travaux rapportés, si vous alliez voir sur le terrain, vous n'en verriez
pas beaucoup.
M. Lebuis: D'où l'importance d'exiger dans certains cas
des rapports signés par des professionnels.
M. Dufour (René): Au moins quelqu'un engage sa
réputation professionnelle.
M. Savoie: Je pourrais peut-être céder la parole
à mon confrère, le député d'Ungava.
M. Claveau: Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, Mme la Présidente. Je vais commencer
par souhaiter la bienvenue aux membres de l'Ordre des ingénieurs du
Québec et les féliciter pour leur excellente présentation
qui nous amène un nouvel éclairage ou des compléments
d'information sur certains points de vue qu'on a eus à débattre
depuis déjà presque trois jours en cette commission
parlementaire.
On a dit tout à l'heure... M. le ministre vous a posé des
questions, aussi, concernant la précision à donner quand on dit:
Ingénieur géologue, membre de l'ordre. Voulez-vous nous dire par
là que, d'après vous, le fait de faire un rapport
géologique, c'est un acte réservé?
M. Vallée: L'acte géologique n'est pas
réservé comme tel, il est réservé de façon
-excusez-moi, je ne voudrais pas qu'on m'accuse de pratique illégale du
droit -indirecte, en ce sens que l'acte de l'ingénieur géologue
ne lui est pas exclusif, parce que la loi reconnaît également au
géologue le droit de pratiquer dans ce secteur-là. Puis, dans le
champ de la géologie appliquée, le champ d'action du
géologue recoupe souvent ou est en superposition partielle et presque
totale avec
celui de l'ingénieur géologue. Alors, ce n'est pas un acte
réservé; mais de là à dire que, parce que ce n'est
pas un acte exclusivement réservé, cela peut être fait par
n'importe quel prospecteur, il y a des limites. L'Ordre des ingénieurs
ici ne prend justement pas une attitude rigoriste, puisqu'on reconnaît
l'existence de professions non réglementées et leur pratique en
parallèle à celle du génie, mais il ne faut quand
même pas ouvrir les vannes à tout.
M. Dufour (René): Je pourrais ajouter que même dans
la pratique on ne voit pas de rapport soumis par des prospecteurs. Ils seront
soumis soit par des géologues, soit par des ingénieurs
géologues, et s'ils portent le terme "ingénieur", automatiquement
ils doivent faire partie de l'ordre. Ils ne peuvent pas employer le terme
"ingénieur" s'ils ne sont pas membres de l'ordre. Alors, c'est
normalement soumis par des ingénieurs miniers, des ingénieurs
géologues ou des géologues ou des géophysiciens. Je n'ai
vu aucun rapport parmi les 150 que j'ai étudiés depuis quelques
mois qui était soumis par des personnes autres que celles que je viens
de mentionner.
M. Claveau: Alors, vous êtes en train de dire:
ingénieur géologue membre de l'ordre. C'est une certaine
redondance, parce que, s'il est ingénieur géologue, il est
nécessairement membre de l'ordre pour pratiquer.
M. Dufour (René): C'est exactement cela. Pour prendre le
terme d'ingénieur, pour dire qu'on est ingénieur, il faut
être membre de l'ordre. C'est la loi qui le dit, ce n'est certainement
pas moi.
M. Claveau: Merci. Vous avez aussi parlé, à
l'instar de beaucoup d'autres intervenants, d'ailleurs, à la page 12,
paragraphe 4, de la nécessité d'inclure dans la loi les limites
d'où se ferait la désignation sur carte pour enlever au ministre
la possibilité de pouvoir jongler avec ces limites, même s'il a
souvent tendance à dire: Étant donné qu'on a 30 jours de
délai ou 45 jours après la publication à la Gazette
officielle, on peut toujours se rajuster. Mais il reste que cela me semble
assez mince comme possibilité de se rajuster, parce qu'à partir
du moment où on est rendu au stade de publication d'un décret,
cela veut dire qu'on n'a pas trop envie de changer d'idée. On est mieux
de consulter avant qu'après; généralement, c'est plus
pratique. J'aimerais savoir pourquoi vous tenez tellement à faire en
sorte que ce soit vraiment quelque chose d'inclus dans la loi.
M. Vallée: L'argument est que cela traduit une
réticence - dans un domaine où il y a tant d'aléas, tant
d'aspects compétitifs, tant de modifications des modes d'action ou des
types d'exploration qui se font - à voir changer un processus
fondamental qu'on connaît contre un qui présente beaucoup
d'incertitude et qui pourrait présenter toutes sortes de
difficultés de contrôle, en ce sens que je pourrais partir demain
matin et piqueter tous les Cantons de l'Est, tout le territoire
désigné et, une fois que j'aurais piqueté sur carte et que
j'aurais ces choses-là, bien là, faire de la promotion
immobilière de claims, de droit minier. Le mode de piquetage sur carte
est vraiment en conflit avec le mode de piquetage sur le terrain. Il reste que
l'exploration est un sport d'extérieur.
M. Claveau: Vous êtes en train de me dire qu'étant
donné qu'il n'y a plus l'obligation d'aller sur le terrain avec sa poche
de "tags" et d'aller équarrir ces arbres à la hache, physiquement
parlant, il serait possible pour le premier arrivant, lundi matin suivant
l'adoption de la loi, de s'asseoir dans le bureau régional du
ministère à Thetford-Mines, de faire le tour de la carte et de
pointer tous les claims qui restent disponibles.
M. Vallée: Selon les modalités et les frais
encourus, évidemment, et le compte en banque.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Savoie: Cela clarifierait énormément votre
discussion si vous examiniez l'article 34.
M. Claveau: "Deux cents claims par période de trente
jours". Cela laisse encore quand même pas mal de latitude à
quelqu'un qui veut prendre le contrôle d'une région.
M. Savoie: Si vous voulez entreprendre un débat
là-dessus, un prospecteur peut, à ce moment-là, jalonner
toute l'Estrie si le coeur lui en dit, si cela lui semble bon.
M. Claveau: Le fait d'aller sur le terrain avec ses "tags" et sa
hache, cela ralentit un peu le mouvement, n'est-ce pas?
M. Savoie: Un prospecteur peut très facilement jalonner
200 claims en une journée,
M. Claveau: Oui, mais c'est parce que...
M. Savoie: S'il décide de s'embarquer et de jalonner la
région de l'Abitibi, si elle est ouverte, qu'est-ce qui l'en
empêche?
M. Claveau: II faudrait demander à un prospecteur,
M. Savoie: Que ce soit un prospecteur ou un jalonneur sur carte,
cela ne joue pas.
Une voix: 200 claims, c'est 200 milles?
M. Dufour (René): S'il suit la loi et qu'il fait le tour
du claim, il ne pourra pas faire ses 200 claims dans la journée.
M. Claveau: Cela va lui prendre un peu plus d'une journée,
il va finir tard le soir.
M. Savoie: Je parle de quelqu'un de l'Abitibi, je ne parle pas
de...
M. Claveau: Un bon marcheur. M. Savoie: Des gens
vaillants.
M. Claveau: Sans s'éterniser là-dessus... Cela fait
une bonne marche dans une journée, en plein bois à travers les
fardoches, comme on dît. À la page 13 de votre mémoire,
peut-être une dernière question: Ne trouvez-vous pas que 500
tonnes métriques d'échantillons sur un claim, cela fait pas mal
de roches? Je ne sais pas, mais jusqu'à maintenant, en tout cas,
l'ensemble des intervenants nous ont parlé de 15, 20 ou 30 tonnes. Le
ministre nous disait qu'il était prêt à faire des
ajustements de l'ordre d'une vingtaine de tonnes. L'un des intervenants, si je
ne m'abuse, nous disait: À la limite, 200 tonnes, ce serait suffisant,
dans l'extrême limite. Vous nous arrivez avec 500 tonnes.
M. Vallée: Je serais d'accord sur 200 tonnes. Mais il
reste qu'il faut que le chiffre soit tel qu'il n'entraîne pas de perte de
temps ni de procédurite; il faut savoir à quel moment on
dépasse la loi, si c'est dix ou vingt tonnes. Simplement en tonnage de
carottes, cela fait des quantités assez importantes, les carottes qu'on
extrait et qu'on emporte. Déjà, on viole la loi actuellement.
Parlant de carottes, il y a un point... Quand on a parlé tout
à l'heure, si vous me permettez, de travaux qu'il fallait conserver, la
majorité de l'argent, plus de 50 % de l'argent dépensé
actuellement l'est en forage. Il est important, étant donné les
coûts des forages, que des mesures soient prises pour préserver le
plus possible des carottes de sondage pour s'en servir dans les années
futures. Quand on voit la façon dont les camps... Comme exemple, je vais
prendre un territoire qui est dans votre circonscription: les efforts pour la
reconnaissance du platine dans la fosse de l'Ungava. Bon nombre de ces
territoires ont déjà été explorés pour les
métaux de base, si on prend la ceinture de Raglan Nickel. Une partie de
ces carottes n'ont pas été analysées à ce
moment-là pour le platine, parce que l'intérêt
économique n'y était pas, parce que les méthodes
analytiques n'étaient pas précises ou ne se décelaient
pas. On perd l'utilisation et l'usufruit éventuel de sommes
astronomiques en ne préservant pas l'investissement qu'on fait dans des
carottes de sondage.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Unqava, étant donné l'heure cela me prend
le consentement des membres de la commission pour continuer.
Une voix: II y a consentement.
La Présidente (Mme Bélanger): II y a
consentement?
M. Claveau: Écoutez, juste deux ou trois minutes,
finalement, parce qu'il y a quand même quelque chose
d'intéressant. On vient de parler d'une notion tout à fait
nouvelle, d'ailleurs, la préservation des données
antérieures; sur feuille, les notes informatisées, c'est facile,
mais les carottes et tout cela, on commence déjà à parler
de quelque chose d'intéressant. On pourra peut-être en parler
à un autre moment.
Je voulais conclure en remerciant les représentants de l'Ordre
des ingénieurs pour leur excellente présentation, pour leurs
points de vue dynamiques, j'oserais dire, sur un projet de loi
nécessitant un rajeunissement, un rafraîchissement. Vous tenez, en
tant qu'organisme professionnel, à vous ménager une part
respectable du gâteau à l'intérieur de la prochaine loi, ce
qui, d'ailleurs, est tout à fait légitime en ce qui vous
concerne, c'est évident.
Je vous remercie donc de votre présentation au nom de
l'Opposition.
La Présidente (Mme Bélanger): Je vous remercie. M.
le ministre, pour le mot de ta fin.
M. Savoie: II y avait l'histoire du jonglage avec le
règlement par le ministre, mais je vais le prendre avec un grain
d'humour, une carotte d'humour, c'est encore mieux.
Je voudrais vous remercier pour votre présentation, j'ai bien
apprécié le mémoire que vous nous avez
présenté. Il y avait des points intéressants qui nous ont
fait réfléchir. J'espère que vous ne sentez pas que la
présente Loi sur les mines visait particulièrement, d'une
façon consciente ou inconsciente, les ingénieurs. C'est tout
simplement le résultat du hasard. Nous comptons beaucoup sur l'appui des
professionnels et très spécifiquement les ingénieurs pour
notre exploitation minière, cela va de soi. Pour ce qui est de l'article
227, nous constatons qu'avec l'ensemble de
vos remarques, effectivement, il y a lieu d'y réfléchir
davantage et j'espère que nos explications concernant le tirage au sort,
le permis spécial et le jalonnement sur carte vous ont été
utiles.
Pour ce qui est des travaux additionnels, nous en avons pris bonne note
et nous y donnerons suite dans la mesure du possible.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. Vallée, est-ce que...
M. Vallée: Avant de passer la parole à M. Boucher,
j'aimerais souligner que, dans le cas des ingénieurs et des
géologues, il ne s'agit pas seulement de prendre la part du
gâteau. II s'agit de s'assurer qu'on est en bonne position pour
collaborer efficacement au travail.
Je peux vous dire cela après 30 ans de carrière, une
participation à plusieurs entreprises minières, plusieurs
découvertes minières et j'espère que cela continuera.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci. M.
Boucher.
M. Boucher: Mme la Présidente, je vous remercie. En fait,
au nom de l'Ordre des ingénieurs du Québec et de ses 28 000
membres nous vous remercions de nous avoir donné l'occasion de nous
exprimer et j'espère que les quelques notes que nous vous avons
livrées vous aideront à compléter un document efficace
pour notre société. Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Boucher, au nom
des membres de la commission de l'économie et du travail... Pardon?
M. Claveau: J'aimerais, Mme la Présidente, rassurer M.
Vallée en disant que sa dernière intervention va justement dans
le sens de ma boutade.
La Présidente (Mme Bélanger): Au nom des membres de
la commission, je tiens à vous remercier de la présentation de
votre mémoire et à vous souhaiter un bon retour. Alors, la
commission de l'économie et du travail suspend ses travaux
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 5)
(Reprise à 20 h 7)
Le Président (M. Cannon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'économie et du travail est réunie pour
procéder à une consultation particulière sur le projet de
loi 161, Loi sur les mines. Avant de procéder, je demanderais le
consentement pour que le député de Dubuc remplace le
député de Shefford. Consentement?
Une voix: Unanime.
SOQUIP
Le Président (M. Cannon): Nous entendrons maintenant les
représentants de la Société québécoise
d'initiatives pétrolières la SOQUIP. Avant de procéder,
messieurs, j'aimerais vous rappeler que le temps alloué à chaque
organisme est d'une heure répartie ainsi: 20 minutes pour
présenter votre mémoire, 20 minutes pour discuter avec les
membres du gouvernement et 20 minutes pour discuter avec les membres de
l'Opposition. Avant de débuter, auriez-vous l'amabilité de
présenter les gens qui vous accompagnent, s'il vous plaît!
M. Pouliot (Richard): M. le Président, mon nom est Richard
Pouliot. Je suis le président de SOQUIP. J'aimerais, si vous me le
permettez, messieurs les membres de la commission de l'économie et du
travail, vous présenter mes collègues. À ma gauche M.
Jacques Plante, vice-président exploration et production chez SOQUIP, et
à ma droite Me Pierre S. Boivin, qui est directeur des affaires
juridiques et du domaine minier, ainsi que M. Jacques Perron qui est chef des
titres chez SOQUIP.
M. le Président, messieurs les membres de la commission, je tiens
d'abord à vous remercier de nous avoir invités à
participer aux travaux de la commission et à émettre notre
opinion sur le projet de loi 161, Loi sur les mines.
Comme vous le savez, au cours des 15 premières années de
son existence, soit durant les années 1970 et le début des
années 1980, SOQUIP a été particulièrement active
dans le domaine de l'exploration pétrolière au Québec. En
association avec les principales sociétés
pétrolières, nous avons participé à plusieurs
programmes d'exploration au Québec, notamment dans les basses terres du
Saint-Laurent, la péninsule gaspésienne ainsi que dans l'estuaire
et le golfe du Saint-Laurent. Notre personnel a ainsi pu acquérir une
bonne connaissance du territoire québécois. Nous sommes donc
heureux d'avoir l'occasion de partager une partie de cette expérience
avec vous ce soir dans le cadre de l'étude du projet de loi 161.
J'espère, en tout cas, que les commentaires que nous pourrons faire au
cours des prochaines minutes, ajoutés au texte de notre mémoire,
seront utiles aux membres de la commission.
Tel qu'il a été mentionné en préambule dans
notre mémoire, notre intervention se limitera exclusivement aux secteurs
gaz, pétrole et réservoir souterrain. Notre objectif consiste
donc à apporter des suggestions et à
émettre des commentaires susceptibles d'aider à la
rédaction de la loi.
Notre mémoire souligne, entre autres, en guise de commentaire
général, cinq éléments du projet de loi qui, de
notre point de vue, représentent un apport particulièrement
important par rapport à la loi existante: premièrement,
l'intégration des concepts pétrole et gaz naturel, saumure et
réservoir souterrain à l'intérieur des sections XI et XIII
traitant des permis de recherche et des baux d'exploitation;
deuxièmement, l'extraction de la loi de toutes les mesures au exigences
statutaires à incidence financière et l'intégration de
celles-ci à l'intérieur d'une nouvelle réglementation;
troisièmement, l'enregistrement obligatoire des baux d'exploitation de
gaz et de pétrole, de saumure et de réservoir souterrain;
quatrièmement, les nouveaux articles 170 et 173 concernant la
présentation des rapports techniques et statutaires et le groupement des
permis de recherche; cinquièmement, la question de la révocation
des droits aux réservoirs souterrains n'appartenant pas
déjà à la couronne. Il s'agit ici en particulier d'une
amélioration importante de la loi qui permettra de favoriser la
poursuite des projets de réservoirs souterrains au Québec.
À ce sujet, cependant, M. le Président, je voudrais mentionner
une préoccupation que nous avons et qui, à mon sens,
mériterait peut-être d'être regardée par les
juristes. Nous avons constaté, chose qui n'est pas indiquée dans
notre mémoire, que l'article 356 du projet de loi n'inclut pas un des
types de réservoirs artificiels prévus à l'article 1 du
projet de loi, soit "les réservoirs souterrains désignés
comme tels par arrêtés du ministre de l'Énergie et des
Ressources". À mon sens, il y aurait peut-être lieu de clarifier
ce point pour que cette situation soit claire pour l'avenir.
En ce qui concerne les recommandations de SOQUIP, son mémoire
renferme cinq recommandations reliées, en fait, aux articles 158, 187,
190, 208 et 357 du projet de loi. Il s'agit là, M. le Président,
de l'essentiel de l'intervention de SOQUIP. J'aimerais maintenant commenter
brièvement chacune des modifications que nous proposons.
En ce qui concerne l'article 158, cet article concerne l'abandon d'un
puits. Notre recommandation vise à rendre obligatoire l'enregistrement
d'une déclaration faisant état de l'existence et de la
localisation d'un puits abandonné, ce qui a pour effet de mieux informer
tout propriétaire actuel ou éventuel de la surface de la
présence d'un tel puits abandonné. Même si à notre
connaissance cette obligation n'existe pas dans d'autres juridictions, en tout
cas au Canada, nous croyons qu'il s'agirait là d'une mesure de
sécurité additionnelle utile et facile d'application.
J'aimerais cependant apporter ici une toute petite correction technique
au deuxième paragraphe de la page 5 de notre mémoire. Le texte
devrait se lire: "..le coffrage est sectionné à quelque deux
mètres de la surface", et non pas "la tête de puits", comme c'est
indiqué dans le mémoire.
En ce qui concerne l'article 187, les deux modifications que nous
proposons cherchent à réparer le déséquilibre qui
existe en faveur du détenteur de permis de recherche de pétrole
et de gaz naturel au détriment du détenteur de permis de
recherche d'un réservoir souterrain. II s'agit d'une question
d'équité visant à mettre les deux détenteurs de
permis sur un même pied.
Dans un premier temps, la modification proposée au second
alinéa du troisième paragraphe de cet article accorde simplement
la même protection au détenteur du permis de recherche de
réservoir souterrain que celle dont bénéficie
déjà le détenteur du permis de recherche de pétrole
et de gaz.
Dans un deuxième temps, l'ajout d'un nouvel article permettrait
au ministre de prolonger la durée de validité du permis de
recherche d'un réservoir souterrain et de suspendre l'exécution
des travaux de ce détenteur, protégeant celui-ci dans le cas
où il aurait découvert un gisement qui, par la suite, serait
exploité par le détenteur du permis de recherche de
pétrole et de gaz.
Nous sommes d'avis que ces deux propositions reflètent la
philosophie sous-jacente à la dualité de permis, soit qu'un
détenteur doit accepter de s'en tenir à son choix de permis
initial. Par ailleurs, à ce sujet, SOQUIP désire soumettre une
proposition additionnelle qui n'est pas contenue dans notre mémoire.
Afin de respecter les efforts d'exploration effectués par le premier
détenteur d'un permis de recherche quelconque sur un territoire
donné, un droit de premier refus pourrait lui être accordé
dans l'éventualité où un intervenant subséquent
désirerait obtenir un permis de recherche d'un autre type sur le
territoire qui fait l'objet du premier permis. Ce premier détenteur
pourrait alors prendre la décision d'orienter également ses
travaux dans un deuxième domaine. S'il n'exerce pas ce droit de premier
refus, le permis de recherche serait alors accordé au deuxième
intervenant.
Nous proposons ce droit de premier refus en pensant, en particulier, au
détenteur du permis de recherche d'un réservoir qui
découvre, en fait, du pétrole ou du gaz naturel et qui se verrait
frustré pendant plusieurs années de la possiblité de
pouvoir jouir de son droit. (20 h 15)
En ce qui concerne l'article 190, cet article a pour but de limiter
structurellement un réservoir souterrain en s'appuyant sur des
unités ou encore des horizons géologiques. Notre proposition de
remplacer le mot "imperméables" dans l'article par "stratigraphiques"
permettrait mieux, selon nous, d'atteindre l'objectif visé par le
législateur. Il s'agit d'une question technique que nous pourrions en
fait expliciter davantage durant la période de questions si les membres
de la commission le désiraient. Nous comprenons que si le
législateur introduit dans le cas particulier du bail de
réservoir souterrain la notion d'horizons déterminés,
c'est afin de permettre la possibilité qu'un bail d'exploitation de
pétrole et de gaz naturel puisse être accordé à
l'intérieur d'horizons situés au-dessus ou au-dessous du bail de
réservoir souterrain. La superposition de ces deux types de baux est un
nouveau concept avec lequel nous n'avons pas de difficulté de principe,
pourvu qu'une grande prudence soit exercée dans son application. En
effet, nous sommes d'avis que tous forage, sondage ou excavation majeurs
au-dessus du réservoir souterrain ou à proximité de
celui-ci pourraient mettre sérieusement en péril le bon
fonctionnement du réservoir en exploitation, en plus de porter atteinte
à la sécurité de l'ouvrage en général.
D'ailleurs, nous vous soulignons que dans la province de l'Ontario, où
de nombreux réservoirs souterrains sont en exploitation, une grande
préoccupation existe à l'égard d'éventuels forages
dans un rayon de 1,6 kilomètre du réservoir souterrain existant.
En Colombie britannique, le périmètre de protection est
même étendu à trois kilomètres.
Conséquemment, nous désirons sensibiliser les membres de la
commission à la problématique entourant d'éventuels
forages au-dessus, au-dessous ou à proximité d'un
réservoir souterrain en exploitation, d'où la
nécessité de bien identifier la responsabilité qui
incomberait à celui dont les travaux pourraient causer des dommages
à ce réservoir souterrain.
Au sujet de l'article 208, nos recommandations visent à assurer
la confidentialité des informations détaillées contenues
dans les rapports des travaux de levé géophysique et de forage.
Le caractère confidentiel de l'information doit être assuré
afin, notamment, entre autres, d'empêcher qu'un compétiteur puisse
obtenir gratuitement, en tout cas sans compensation et sans effort, des
rapports qui lui permettraient de concurrencer le détenteur
d'informations qui a encouru, quant à lui, des déboursés
très importants lors de certains travaux. D'ailleurs, tel que nous
l'avons mentionné dans notre mémoire, ces recommandations nous
apparaissent particulièrement justifiées dans un contexte de
dualité de permis.
Enfin, quant à l'article 357, le principe de base de cet article
est de prévoir qu'une indemnité représentant 50 % du loyer
annuel payable au ministre, soit versée au propriétaire
révoqué. La modification que nous proposons à
l'alinéa 4 de cet article vise essentiellement à permettre
à tous les propriétaires révoqués, et ce même
si la superficie de leurs terrains est supérieure à 40 hectares,
la possibilité de pouvoir négocier avec le titulaire du bail le
paiement d'un montant forfaitaire plutôt que d'une redevance annuelle.
Dans l'éventualité où les parties ne s'entendraient pas
sur le montant forfaitaire à verser, le titulaire du bail verserait au
propriétaire révoqué la redevance annuelle prévue
au premier alinéa de l'article.
En conclusion, M. le Président, voici en fait ce qui me semble
compléter, dans les grandes lignes tout au moins, l'intervention de
SOQUIP. Mes collègues et moi tenons à vous remercier de nouveau
et à remercier les membres de la commission de nous avoir fourni
l'occasion d'exprimer notre point de vue sur ce projet de loi. Nous sommes
évidemment à la disposition des membres de la commission pour
répondre aux questions que notre intervention ou notre mémoire
ont pu susciter.
Le Président (M. Cannon): Merci beaucoup, M. Pouliot. Je
cède maintenant la parole au ministre.
M. Savoie: Merci. Étant donné que nous sommes dans
le secteur de l'énergie, je voudrais céder la parole à mon
bon ami le ministre de l'Énergie et des Ressources et
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le ministre, pour votre bienveillance.
Est-ce que vous pourriez expliciter un peu les commentaires que vous avez faits
sur le droit de premier refus? Exactement, qu'est-ce que cela comporterait et
quelles modifications devraient être apportées au projet de
loi?
M. Pouliot: M. le ministre, la loi prévoit, en
réalité, la dualité de permis, c'est-à-dire
qu'essentiellement, le ministre peut délivrer un permis de recherche de
pétrole et de gaz et un permis de recherche de réservoir
souterrain. Si en réalité le détenteur d'un permis - et je
vais prendre l'exemple que je citais dans mon introduction - de recherche de
réservoir découvre du pétrole et du gaz naturel, en vertu
de la loi actuelle, il doit céder la place à celui qui
détient le permis de recherche de pétrole et de gaz.
Ce qu'il doit faire essentiellement c'est d'attendre que celui qui
détient le permis de recherche en pétrole et gaz ait finalement
abandonné son permis. Ce qui peut prendre effectivement plusieurs
années, si les
réserves de pétrole et de gaz sont commercialement
rentables et que le puits vient en production, avant de pouvoir jouir de son
droit d'exploiter un réservoir souterrain.
Cependant, pour éviter cette situation, surtout, comme je le
disais tout à l'heure, si c'est grâce aux efforts et à
l'investissement fait par le détenteur du permis de réservoir que
le gisement de pétrole et de gaz a été trouvé et
qu'il se retrouve dans la situation où il n'a pas le droit à une
compensation pour l'investissement qu'il a fait, nous proposons, pour
éviter en fait ce type de problème, de permettre à l'un
des détenteurs de pouvoir exercer un droit de premier refus si jamais un
tiers demandait au gouvernement la possibilité d'obtenir un permis de
recherche, après que lui ait obtenu son permis de recherche de
réservoir, et de lui permettre d'exercer son option pendant un certain
temps. S'il désire ne pas l'exercer, c'est son droit. À ce
moment-là il devra évidemment suivre les règles du jeu
prévues dans la loi. Ce sera le détenteur du permis de recherche
de pétrole et de gaz qui pourra exploiter le gisement tant et aussi
longtemps que ce gisement produira. Mais au moins, cela permettrait au premier
détenteur d'avoir la possibilité de profiter, de tirer avantage
des investissements qu'il aura faits en vertu de son propre permis. C'est
essentiellement l'idée.
Sur le plan technique des modalités, je vous avouerai qu'à
ce moment-ci nous n'avons pas regardé quel serait le type de
modalités spécifiques. Mais, M. le ministre, on serait
certainement en mesure de faire des suggestions au gouvernement si ce principe
était accepté.
M. Ciaccia: Est-ce que vous seriez satisfaits si cette
recommandation était dans les règlements ou si vous
suggérez que ce soit inclus dans le projet de loi lui-même
d'accorder ce droit de premier refus?
M. Pouliot: Ce serait plus clair à mon sens si
c'était dans le projet de loi plutôt que dans le règlement,
dans la mesure où ce serait un droit, en fait, qu'un détenteur de
permis pourrait exercer. Il serait probablement plus satisfaisant que ce droit
soit prévu dans la loi plutôt que dans un règlement.
M. Ciaccia: Vous avez discuté de l'article 356.
Pouvez-vous préciser sur le problème que vous voyez dans
l'article 356?
M. Pouliot: M. le ministre, ma préoccupation est un peu
théorique dans la mesure où nous ne l'avons pas inclus dans notre
mémoire. En revoyant le texte à l'article 356 du projet de loi
tel qu'il existe présentement - à condition que je puisse le
retrouver moi-même - on lit que "sont révoqués en faveur de
la couronne... les droits aux réservoirs souterrains naturels et
artificiels créés par l'extraction de pétrole, de gaz
naturel, de saumure ou d'eau..."
L'article 1 du projet de loi prévoit deux types de
réservoirs artificiels: "les réservoirs souterrains artificiels
créés par l'extraction de pétrole, de gaz naturel, de
saumure ou d'eau et tes réservoirs souterrains désignés
comme tels par arrêté du ministre de l'Énergie et des
Ressources." Ce deuxième type de réservoir artificiel n'est pas
prévu dans l'article 356. Je voudrais savoir simplement si, même
si ce n'est pas spécifiquement prévu dans l'article 356, la
révocation s'applique à ce type de réservoir? Les juristes
que j'ai consultés superficiellement se posent eux-mêmes ta
question et c'est pour cela que je me suis permis de la soulever dans la
présentation.
M. Ciaccia: Votre objectif pour l'article 356 est-il que l'on
révoque les droits de tout genre de réservoir?
M. Pouliot: C'est effectivement notre recommandation afin de
clarifier une situation qui demeure assez ambiguë jusqu'ici dans la
législation au Québec en ce qui concerne les droits sur les
réservoirs souterrains. Nous avons recommandé que la
révocation s'exerce sur tous les réservoirs. Ma
préoccupation, M. le ministre, est qu'alors que l'article 1
prévoit deux types de réservoirs artificiels, l'article 356 ne
fait référence qu'à un seul des deux.
M. Ciaccia: Cela aurait-il un effet, par exemple, sur le projet
de Soligaz? Est-ce que cet article...
M. Pouliot: Je ne vous cacherai pas que quand j'ai regardé
le projet de loi, je l'ai regardé en fonction des intérêts
que SOQUIP pouvait avoir dans certains projets. Je craindrais, quant à
moi, si la modification n'était pas apportée, que nous ayons
éventuellement des problèmes de cette nature.
M. Ciaccia: Pour l'alternance, je vais céder la parole
à l'Opposition.
Le Président (M. Baril): Oui, nous allons appliquer
l'alternance. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Dans un premier temps,
je voudrais, au nom de l'Opposition, remercier les qens de SOQUIP pour le
travail qu'ils ont fait et la présentation fort intéressante
qu'ils nous font de leur interprétation ou de leur point de vue
concernant certains articles du projet de loi.
D'abord, j'espère que vous allez
m'excuser d'être arrivé un peu en retard. J'ai
été retenu en Chambre. On m'avait averti qu'un autre projet de
loi serait appelé ce soir - sur lequel j'avais à intervenir -mais
il semble que ce ne sera pas le cas. Alors, tant mieux, cela va me permettre de
passer la soirée avec vous.
Dans un premier temps, j'ai de la difficulté à
m'expliquer... En page 7 de votre mémoire, pourquoi croyez-vous que le
texte de l'article 187 est susceptible de vous poser des problèmes? On
dit: "...problèmes d'équité entre les intervenenants et
que certains mécanismes devraient être prévus pour mieux
encadrer les diverses conséquences reliées à l'application
dudit article."
Excusez-moi, vous l'avez peut-être traité tout à
l'heure lors de votre présentation, mais je n'étais
malheureusement pas présent.
M. Pouliot: M. le Président, je ne suis pas entré
dans le détail de l'explication de nos préoccupations. Cela tient
essentiellement à la rédaction du texte du projet, notamment en
ce qui concerne le deuxième alinéa à la page 7. Ce que
l'article dit, c'est que le ministre refuse de conclure - c'est-à-dire
qu'il n'émettra pas de permis ou de bail - sauf avec le consentement du
tiers, dans le cas d'un "bail d'exploitation de réservoir souterrain
lorsque le réservoir souterrain fait l'objet, en faveur d'un tiers, d'un
tel bail ou d'une demande en vue de la conclusion d'un tel bail". En d'autres
termes, la différence qu'il y a entre le premier et le deuxième
cas, c'est que dans le deuxième, on ne prévoit que le cas
où il y a un bail, alors que dans le premier cas, on prévoit le
cas où il y a un permis existant, si bien que celui qui détient
un permis d'exploitation de réservoir pourrait être
frustré. Tout ce que nous disons, c'est de mettre les deux
détenteurs de permis sur le même pied de telle façon que
l'un ne soit pas plus avantagé que l'autre dans l'administration, dans
l'application des règles du jeu. Si vous me le permettez, je vais
demander à Me Pierre S. Boivin, techniquement, de vous expliquer, sur le
plan juridique, le problème que cela peut représenter si ma
réponse ne vous satisfait pas.
M. Claveau: Si vous avez un complément de
réponse.
M. Boivin (Pierre S.): Effectivement, je pense que l'explication
était assez claire. Peut-être que lorsqu'on regarde la
problématique de l'article 187, il faut se situer dans un contexte de
dualité de permis, ce qui implique que sur un même territoire vous
allez avoir deux détenteurs de droits différents: par exemple un
détenteur d'un permis de recherche de réservoir souterrain et
également un détenteur de permis de gaz et de pétrole. (20
h 50)
Notre intervention vise â clarifier les règles du jeu
lorsqu'un des détenteurs de permis veut passer au bail d'exploitation.
Essentiellement, pour respecter ce que nous croyons être une solution
équitable au niveau du choix, cela revient à dire que si
quelqu'un prend un permis dans une substance ou dans un domaine
spécifique, par exemple, le domaine du réservoir souterrain, et
découvre un gisement de pétrole qui fait l'objet d'un permis d'un
autre détenteur, d'un tiers, le détenteur de ce permis devra
laisser le chemin libre à l'autre détenteur parce qu'il a
découvert le gisement, et c'est lui qui possède le permis en ce
qui concerne le gisement. Nous voulons simplement que la même
règle s'applique a contrario, à savoir que lorsque le
détenteur d'un permis de gaz et de pétrole découvre un
réservoir souterrain, il laisse la place également à
l'autre. C'est donc une question de respecter son choix initial, et de la
façon dont l'article 187 est rédigé, c'est vrai dans un
cas et non pas dans l'autre.
M. Claveau: Mais dans le cas hypothétique où une
telle chose arriverait, mettons que quelqu'un avec un permis de recherche de
réservoir souterrain trouve du pétrole, actuellement, dans le
projet de loi, y a-t-il une mécanique qui fait en sorte d'assurer le
transfert du droit de propriété sur cette nouvelle
découverte? Je suppose que le détenteur du mauvais permis doit
s'assurer que ses frais soient remboursés -enfin un tas de choses - pour
que l'autre puisse exercer ses droits? Non?
M. Boivin: Je crois effectivement que l'article est
rédigé de façon à permettre la négociation
entre les parties. On voit d'ailleurs, au début de la dernière
partie de l'article que le ministre refuse de conclure, "sauf consentement du
tiers". Je crois qu'en pratique, si on reprend l'hypothèse que le
détenteur du permis de recherche de réservoir souterrain
découvre un gisement -il a effectivement investi des coûts pour
faire sa découverte - le détenteur du permis de gaz et de
pétrole, qui, lui, peut demander un bail d'exploitation de
pétrole et de gaz naturel, a deux choix: il peut effectivement
décider lui-même de recommencer les travaux, c'est-à-dire
d'aller faire un forage lui-même pour exploiter la substance ou, s'il
veut bénéficier de la structure déjà existante que
le détenteur du permis de recherche de réservoir souterrain a mis
en place, il pourra alors négocier avec lui. Je pense que la porte est
ouverte à une négociation et, en pratique, j'ai l'impression que
c'est ce qui se produirait.
M. Claveau: D'accord. Tout à l'heure,
on a parlé du droit de refus et de toutes sortes de choses par
rapport à l'occupation, au premier droit d'occupation, si vous voulez,
sur un site donné, mais dans la pratique du quotidien supposons par
exemple qu'un individu, un prospecteur ou une société investisse
quelques centaines de milliers de dollars pour faire de la recherche de
pétrole ou de gaz naturel qu'il abandonne ses droits et que, quelques
semaines ou quelques années plus tard, quelqu'un d'autre revienne sur le
même site et y trouve quelque chose, cela se passe comme dans le domaine
minier, je suppose. Quand on abandonne ses droits, on abandonne tout ce qu'on a
fait. II n'y aucune possibilité de recours de ce côté de la
part de...
M. Boivin: Non. Lorsque, quelqu'un abandonne son permis, comme
dans le cas du domaine du gaz et du pétrole, par exemple, effectivement,
la tête de puits est retirée, ensuite on abandonne le puits selon
la procédure qui est prévue dans la réglementation de la
loi. Alors, il y a un contrôle par le ministère du processus
d'abandon et, par la suite, effectivement, le tout n'appartient plus à
la personne qui a abandonné les lieux.
M. Claveau: Que pensez-vous du fait de soustraire dans la loi, en
partant d'une loi sectorielle sur les mines, une certaine quantité de
territoire, par exemple toutes les rivières de plus de 225 kilowatts de
potentiel, d'autres territoires comme les réserves fauniques, les ZEC,
tous les territoires qui, pour des raisons d'intérêt commun...
Enfin, il y a toute une série de restrictions... Dans votre cas cela
semble-t-il être une entrave au développement de vos
activités d'exploration?
M. Pouliot:Je ne suis pas sûr, M. le député,
que je comprenne votre préoccupation. Extraire un territoire de quoi? De
l'application de la loi?
M. Claveau: De la possibilité de "claimer". Il y a des
articles dans la loi qui prévoient que certains territoires ne seront
pas accessibles à moins de permis spécial, par exemple, le nord
du 52e parallèle; dans d'autres cas, le fond de certaines
rivières et, éventuellement de futurs bassins
hydroélectriques. Il y a toute une gamme de raisons qui font en sorte
que des territoires peuvent être soustraits à l'exploration.
M. Pouliot: J'ai l'impression que ce sont des problèmes
plus spécifiques au domaine minier. Je vais demander à M. Plante
d'essayer de répondre à votre question en ce qui concerne les
hydrocarbures. Déjà, en tout cas, le territoire est assez
précis en ce qui concerne le potentiel en matière
d'hydrocarbures, alors, c'est déjà limité par l'aspect,
par la géologie du territoire. Mais, est-ce qu'il y a lieu de le
restreindre davantage? Je ne sais pas. Il y a sans doute des contraintes. M.
Plante.
M. Plante (Jacques): M. le député, je ne sais pas
exactement à quel article vous vous référez. Toutefois, si
je peux me permettre d'énoncer... Les principes d'exploration ou de
production pétrolière dans la majorité des cas, sinon
tous, ne touchent pas à la surface, réellement. Si on faisait un
forage qui irait exploiter une nappe de pétrole ou de gaz naturel sous
une rivière, on n'implanterait pas l'infrastructure de forage en plein
centre d'une rivière qui pourrait être soustraite à la
chose.
Dans le cas d'une mine, naturellement, les infrastructures ne sont pas
similaires et je comprends le point de la soustraction de certains territoires
pour la faune, ou de rivières où vous voulez produire de
l'électricité.
Dans le cas du pétrole, je connais des réservoirs
exploités sous des parcs nationaux, par exemple, et les infrastructures
pour l'exploitation des réserves qui se situent sous un parc national
ont été faites à l'extérieur de la bordure du parc.
L'exploitation de tels gisements peut se faire à distance; il n'est pas
obligatoire de faire des installations de surface exactement au-dessus de la
nappe en question.
M. Claveau: Si vous avez accès aux territoires pour faire
le travail de base, de préparation, après cela vous pouvez le
transporter sur une certaine distance avant de faire le traitement.
M. Plante: Oui, tant qu'on a accès au domaine minier sous
surface, qui est, normalement, situé sinon à des centaines de
mètres, du moins à des milliers de mètres en-dessous de la
surface et qui n'endommage pas la surface.
M. Claveau: Vous excuserez mon ignorance dans le domaine, mais
est-ce que vous faites de l'exploration aussi dans le lit du fleuve et du golfe
Saint-Laurent?
M. Plante: II y a eu une exploration de faite à partir du
lac Saint-Pierre, de Québec jusqu'à Rivière-du-Loup, de
Rivière-du-Loup jusque dans tout l'estuaire, dans la continuation du
fleuve, et aussi dans le golfe Saint-Laurent. À ce moment-là, on
fait des travaux avec bateaux, des travaux sismiques. On a fait des travaux de
forage dans le golfe. Naturellement, il y a des règlements précis
qui ont trait à la préservation de l'environnement, aux
éruptions possibles. Il y a tout ce que comprennent la
législation ou les règlements qu'on trouve tant pour la mer
du Nord que pour la côte est canadienne, etc., mais cela a
été fait, oui.
M. Claveau: Mais quand vous parlez de territoires restreints, si
je comprends bien, les possibilités dans le domaine des hydrocarbures
sont vraiment limitées à la vallée du Saint-Laurent?
M. Plante: Les bassins à potentiel d'hydrocarbures se
situent à partir de la bordure américaine du lac Champlain; ils
font le triangle en montant vers Montréal, s'étendent sur le nord
du Saint-Laurent et sont limités au sud par les Appalaches. En gros,
donc, le territoire proportionnellement comparé au domaine
réellement minier québécois, n'est pas tellement
énorme et cela ne s'exerce pas, par le fait des choses, là
où vous avez des aménagements hydroélectriques. Je prends
de cas de M. le député d'Ungava, donc, je comprends un peu votre
question dans ce sens. On n'a pas les mêmes problèmes. On n'est
pas dans des régions qui ont les mêmes problèmes.
M. Claveau: Vous pourriez éventuellement en avoir, un
jour, si jamais il y avait des aménagements dans la baie d'Hudson ou des
trucs semblables.
M. Plante: Dans le territoire de la baie d'Hudson, M. le
député, la région sédimentaire se situe
plutôt vers le centre de la baie et non pas...
M. Claveau: Du côté des Territoires du
Nord-Ouest.
M. Plante: Surtout. Et du Manitoba, en fait, et de l'Ontario.
M. Claveau: Et du Manitoba? M. Plante: Oui.
M. Claveau: Je vous remercie. En ce qui me concerne, je crois
que...
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Ciaccia: Vous parlez de la confidentialité. Le projet
de loi prévoit une période de six mois de confidentialité,
plus une certaine période pour accepter le rapport, et vous
suggérez une période beaucoup plus longue. Dans d'autres
provinces, par exemple en Alberta, la confidentialité varie - elle est
beaucoup moindre que ce que vous demandez - de un à douze mois.
Pourriez-vous nous expliquer pourquoi vous faites cette recommandation, quelles
sont les raisons, exactement, pour lesquelles vous demandez une période
de confidentialité aussi longue que celle que vous précisez dans
votre mémoire?
M. Pouliot: M. le ministre, essentiellement, je répondrais
de la façon suivante. Le projet de loi vise, par rapport à la
législation existante, a améliorer ou à accentuer la
publicité ou la publication d'informations sur les forages, sur les
activités d'exploration en général.
Notre préoccupation, c'est qu'un permis dure dix ans et les
rapports en question faisant l'objet d'une publication peuvent être
publicisés, si je peux dire, immédiatement après qu'une
entreprise comme la nôtre a déposé des rapports au
ministre. Dès qu'un forage a été complété,
six mois après - ou, enfin, un peu plus de six mois - ces rapports
deviennent publics.
Ce que nous disons - et ce n'est pas seulement en pensant à
SOQUIP, c'est en pensant aussi, en fait, aux investisseurs du secteur
privé qui font des travaux - c'est qu'il y a peut-être lieu de
protéger davantage les investissements et les connaissances acquises
dans le domaine. Ce que nous proposons, effectivement, est beaucoup plus long,
puisque nous proposons que ces informations demeurent confidentielles tant et
aussi longtemps que le permis n'a pas été abandonné.
En Alberta, effectivement, les règles sont un peu
différentes. Certaines informations demeurent confidentielles aux
compagnies et ce sont ces informations qui demeurent le privilège de
chacune des compagnies qui fait l'investissement. Par exemple, les informations
touchant la géologie, les informations sur les travaux sismiques qu'on
peut faire en Alberta demeurent la propriété de la compagnie. Si,
éventuellement, une entreprise abandonne ses droits sur un territoire,
elle conserve l'information qu'elle détient et celui qui reprend ces
droits doit, à nouveau, en principe, réinvestir pour obtenir les
connaissances. Ce n'est pas rendu public. Ce qui est rendu public, ce sont les
rapports techniques des forages après un an. Je pense que le
délai est d'à peu près un an en Alberta. Il y a
peut-être des éléments d'information additionnels qu'on
pourrait ajouter. Dans le cas du projet de loi, notre sentiment est que le type
d'information "publicisable", si je peux employer ce néologisme, va
beaucoup plus loin que ce que l'on retrouve, en fait, en Alberta.
Peut-être que Me Boivin aimerait ajouter des commentaires à ce que
je viens de dire?
M. Boivin: En fait, la situation, en Alberta... Je vais prendre
les deux genres ou types d'informations qui nous préoccupent
particulièrement, qui sont les informations qui peuvent découler
d'un permis de levés géophysiques et les informations qui peuvent
découler d'un permis de forage.
En Alberta, en ce qui concerne les permis de levés
géophysiques, ces
informations ne sont jamais rendues publiques. De cette façon, la
modification que nous suggérons est même inférieure, en ce
qui a trait à la protection, à ce qui existe en Alberta. Je dois
préciser que c'est dans le cas des levés géophysiques qui
n'ont pas fait l'objet d'une subvention par le gouvernement.
En ce qui concerne les permis de forage, par contre, les informations
sont maintenues confidentielles de un à deux ans, me dit-on. Cette
fois-ci, la modification que nous suggérons est que la période
soit un peu plus longue. En fait, je crois, M. le ministre, pour
répondre à votre question, qu'effectivement ce que SOQUIP
suggère, dans un cas, est plus court et, dans l'autre, plus long.
Cependant, nous avons rattaché cela à une formule qui est facile
d'application et qui se justifie, je crois, très bien, soit la
durée d'un permis. Tant que quelqu'un a pris un permis de recherche et
qu'il est en train d'effectuer des travaux pour lesquels il dépense des
sommes assez importantes, cela me semble être une très bonne norme
que de rattacher la confidentialité à la vie de ce permis, parce
que tant qu'il est en train de faire des travaux en vertu de ce permis de
recherche et qu'il dépense des sommes importantes je pense qu'il est en
train de démontrer une volonté d'aller au bout de l'exploration.
(20 h 45)
M. Ciaccia: Je pense que pour atteindre l'objectif de maximiser
l'information disponible au public tout en protégeant les
intérêts particuliers, un élément de solution serait
peut-être de changer le règlement pour prévoir que, selon
la nature de l'information, certaines informations pourraient être
soustraites de l'obligation de les divulguer après six mois ou un
an.
M. Pouliot: Oui, en effet, M. le ministre. Remarquez bien, quand
on nous a invités, nous avons regardé non seulement notre
situation mais celle que nous connaissons chez certaines entreprises du secteur
privé et nous nous permettons d'en demander le plus possible. Là,
évidemment, le législateur décidera. Ceci dit, il y a
probablement un certain type d'informations différent en termes de
qualité et même en termes de la nécessité de les
garder confidentielles. Sans aucun doute le règlement pourrait faire des
distinctions entre les types d'informations sans que cela ne nuise ou ne vienne
créer des difficultés dans le secteur privé.
Il y a un élément, M. le ministre, que je n'ai pas
mentionné et qui fait partie de notre préoccupation. C'est qu'il
y a des investisseurs, même étrangers, qui peuvent
éventuellement être intéressés à venir
participer à l'exploration, au Québec, pour le pétrole et
pour le gaz naturel. Nous avons eu souvent l'occasion de recevoir des gens qui
étaient intéressés à le faire.
II est évident que, d'une certaine façon, il y a de
l'information que vous pouvez leur donner, sans aucun doute, mais il y a
peut-être aussi de l'information que nous n'avons pas ou que vous n'avez
pas ou qu'un détenteur de permis n'a pas nécessairement
intérêt à livrer parce que cela pourrait, à la
rigueur, même décourager l'investissement d'un partenaire, d'un
tiers. Cela est aussi important à conserver à l'esprit.
L'histoire de l'exploration au Québec est loin d'être
terminée. Sur la base des informations qui ont été
accumulées depuis maintenant une centaine d'années et même
davantage, on ne peut pas tirer la ligne et dire: C'est définitivement
terminé. Il y a des gens du secteur privé au Québec qui
continuent à s'y intéresser et il peut y avoir aussi des qens de
l'extérieur qui peuvent s'y intéresser. Mais il est important de
conserver leur intérêt et aussi, parfois, il est mieux de ne pas
rendre publiques certaines informations parce que cela pourrait
décourager certaines personnes.
M. Ciaccia: Je ne voudrais pas interpréter ce commentaire
mais comment pourrais-je comprendre cela'? Vous dites que certaines
informations pourraient décourager. Vous ne suggérez pas que le
gouvernement cache certaines choses.
M. Pouliot: Non.
M. Ciaccia: Peut-être pourriez-vous préciser cela un
peu? De quel genre d'informations s'agit-il? Comment pourrions-nous ne pas les
divulguer tout en maintenant... Il faut toujours maintenir une certaine
ouverture, une certaine transparence...
M. Pouliot: C'est un fait. En ce qui concerne les permis qui ont
été abandonnés ou certains types d'informations,
même pendant la période où ces permis sont valables, il n'y
a aucun problème, à mon sens, à divulguer ouvertement et
à publiciser l'information. On pense surtout à de l'analyse,
à des levés géophysiques qui ont pu être
effectuées. Il ne s'agit pas de cacher cela, mais chaque entreprise a sa
propre méthodologie dans ce domaine, a fait ses propres analyses et est
arrivée à ses propres conclusions. Si SOQUIP émet un
rapport qui, selon notre analyse, pourrait être négatif, cela peut
décourager un investisseur éventuel de reprendre l'analyse
à son compte, de faire l'investissement et d'arriver, lui, à des
conclusions diamétralement opposées. L'histoire de Saint-Flavien
est à peu près celle que je décris. Shell a
abandonné dans une certaine mesure l'exploration à Saint-Flavien
et SOQUIP l'a reprise sur la base d'une analyse différente des
informations
géologiques qu'elle a pu obtenir. Tout ce que je dis, c'est
simplement qu'il ne s'agit pas de les cacher, mais quelquefois quelqu'un de
l'extérieur qui ne connaît pas la géologie du territoire du
Québec pourrait être découragé avant même de
faire l'exercice que nous aurions pu, comme société, faire
auparavant. Alors, il y a peut-être une période pendant laquelle
ce serait souhaitable de garder certains types d'informations
privilégiées. En Alberta, comme je le disais, ces informations
font partie en fait de la concurrence entre entreprises et demeurent leur
privilège et, comme le disait Me Boivin, elles ne sont jamais rendues
publiques. Elles le sont dans la mesure où il s'agirait d'informations
acquises à la suite de subventions gouvernementales ou par le voeu des
entreprises. Au Québec, on ne recommande pas de faire la même
chose mais on demande quand même de les protéger pendant un
certain temps.
M. Ciaccia: Alors, plutôt que d'amender le projet de loi en
proposant que la confidentialité soit pour une période aussi
longue que vous le proposez, on pourrait -même si on a
étudié la possibilité que ce soit plus de six mois -
arriver à l'objectif que vous cherchez par une réglementation qui
la soustrairait du domaine public ou qui donnerait le droit de maintenir la
nature de l'information spécifiée à l'intérieur du
règlement: ce qui peut être divulgué et ce qui ne peut pas
être divulgué. Est-ce que je comprends bien? Cela pourrait
être une formule que nous pourrions adopter.
M. Pouliot: M. le ministre, je n'ai aucun problème avec
cela. D'ailleurs, je dirais que c'est peut-être un avantage qui
permettrait au gouvernement de mieux apprécier par la suite et d'adapter
son règlement en fonction de l'évolution du contexte.
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Ungava, s'il vous plaît!
M. Claveau: Cela va. À ce moment-là on peut
conclure, oui?
Une voix: Oui. Vous pouvez conclure.
M. Claveau: Je tiens à remercier, au nom de l'Opposition,
les gens de SOQUIP pour leur présentation et les assurer qu'en ce qui
nous concerne, nous prendrons bonne note de leurs recommandations et de la
discussion que l'on vient d'avoir, tout le monde ensemble, pour faire en sorte
que les intérêts de l'ensemble des gens qui travaillent et qui
investissent dans le domaine des énergies, soit gaz, pétrole,
etc., au Québec, soient protégés et faire en sorte que
cela demeure le stimulant économique que ce doit être. Merci.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le député
d'Ungava. M. le ministre.
M. Ciaccia: Je veux remercier M. Pouliot et les membres de SOQUIP
pour leur présentation. Vous avez souligné que plusieurs
éléments du projet de loi représentaient une
amélioration à la loi actuelle et vous nous avez fait plusieurs
recommandations. Nous allons les étudier et nous verrons si nous pouvons
les accepter. Nous allons les étudier avec attention et dans la mesure
du possible nous allons certainement prendre en considération les
suggestions que vous nous avez faites. Merci,
M. Pouliot: Merci.
Le Président (M. Baril): Merci beaucoup, M. le ministre.
Messieurs les représentants et M. le président de SOQUIP, M.
Pouliot, je vous remercie beaucoup pour votre mémoire et je vous
souhaite un bon retour chez vous. Je vous remercie.
M. Pouliot: Je vous remercie, M. le Président.
Les Ressources naturelles Jaltin Inc.
Le Président (M. Baril): Alors, j'appelle les
représentants des Ressources naturelles Jaltin Inc., s'il vous
plaît!
Bienvenue. Je vous rappelle, avant de débuter, que vous avez une
heure, dont 20 minutes pour la présentation de votre mémoire, 20
minutes pour la partie du gouvernement et 20 minutes pour la partie de
l'Opposition.
M. Lavoie (Jean-Yves): Merci.
Le Président (M. Baril): J'aimerais que vous vous
présentiez, ainsi que vos invités.
M. Savoie: Avec l'indulgence de l'Opposition, celui qui est
responsable de l'énergie et des domaines y relatifs, c'est M. John
Ciaccia. Il est sorti pour voir à l'Assemblée nationale s'il se
passait quelque chose. Je demanderais qu'on attende que le ministre soit de
retour. Cela peut prendre seulement deux minutes; il y a une histoire de projet
de loi et il est parti s'informer, il doit revenir. Je pense que ce serait plus
opportun que M. John Ciaccia écoute vos commentaires plutôt
que...
Le Président (M. Baril): Est-ce que nous avons le
consentement?
Une voix: II y a consentement.
Le Président (M. Baril): Alors, nous avons le
consentement, on peut commencer. Pourriez-vous vous présenter, s'il vous
plaît?
M. Lavoie: Oui, M. le Président. Je me présente,
mon nom est Jean-Yves Lavoie, je suis président des Ressources
naturelles Jaltin Inc., et Mme Agathe Fortin, qui m'accompagne, est
ingénieure associée à cette entreprise.
Le Président (M. Baril): Alors, vous pouvez
procéder.
M. Lavoie: Merci. Les Ressources naturelles Jaltin Inc., ont
offert depuis 1983 des services de consultation dans le domaine de
l'exploration pétrolière et gazière. Les mandats qui lui
ont été confiés ont couvert divers champs d'application:
ébauche d'un projet de réglementation pour le ministère de
l'Énergie et des Ressources, supervision de forages pétroliers,
études de faisabilité technique et économique de
réservoirs souterrains pour SOQUIP, implantation d'un projet
expérimental de réservoir souterrain à Pointe-du-Lac avec
Gaz Métropolitain. Cependant, dès 1984, à la suite de la
décision de SOQUÏP d'abandonner l'exploration
pétrolière au Québec, Jaltin s'est elle-même
impliquée dans des programmes d'exploration au Québec. Les
objectifs de forage recherchés sont pour la plupart inférieurs
à 1000 mètres de profondeur et sont situés près des
gazoducs et des marchés potentiels. Consciente du manque d'outil de
travail pour l'exploration de ce domaine géologique, Jaltin s'est
efforcée avec l'aide d'entrepreneurs québécois de se doter
d'instruments de travail. Il existe actuellement au Québec des
travailleurs spécialisés dans ce type de forage, des appareils de
forage équipés pour l'exécuter et des instruments
géophysiques capables d'évaluer les formations.
Nous tenons à remercier les membres du groupe énergie, du
ministère de l'Énergie et des Ressources, de nous avoir
invités à donner notre opinion concernant la section
pétrole, gaz naturel, réservoir souterrain et saumure de ce
projet de loi 161.
Comme je viens de le mentionner, notre intervention dans le cadre de ce
projet de loi sera limitée à la section pétrole, gaz
naturel, réservoir souterrain et saumure. Avant de soumettre à
votre attention le problème qui nous préoccupe et qui, à
notre avis, est un problème de fond, nous aimerions vous brosser
rapidement un tableau de l'exploration des hydrocarbures au Québec. J'ai
apporté avec moi certains panneaux qui seront plus explicatifs et aussi
une copie de chacun de ces panneaux-là. Donc, vous pourrez suivre plus
facilement.
Le Président (M. Baril): M. Lavoie, pourriez-vous tasser
le pot à eau, s'il vous plaît?
M. Lavoie: Ah! excusez-moi. On va parler de saumure tout à
l'heure. Ici, sur ce premier panneau, j'ai représenté le
territoire prospectif pétrolier. Comme le mentionnait tout à
l'heure M. Plante dans son allocution, c'est quand même une petite bande
lorsqu'on le compare au reste du territoire québécois comme tel.
On couvre, en fait, la vallée du Saint-Laurent, la Gaspésie,
l'estuaire et le golfe du Saint-Laurent. J'ai ici le même tableau que
tout à l'heure, mais un peu agrandi où on peut voir un peu mieux
le domaine terrestre et le domaine marin de ce territoire prospectif.
Donc, si on récapitule un peu l'exploration qu'il y a eu au
Québec, disons que dès la fin du XIXe siècle les premiers
explorateurs se sont intéressés à la production d'huile et
de gaz sur le territoire québécois. Dès les années
1860, des puits sont déjà forés en Gaspésie
près des suintements de surface. Vers 1905, dans le secteur de
Louiseville, près de Trois-Rivières, on utilise du gaz naturel
provenant de puits peu profonds. Vers le début des années 1950,
des pétrolières, telle Impériale, fortes de leurs
récents succès du côté ontarien, viennent tenter
leur chance dans le prolongement naturel des formations géologiques au
Québec. En 1955, accidentellement, un particulier découvre le
champ de gaz naturel de Pointe-du-Lac qui sera en production de 1961 à
1976. Durant toute cette période antérieure à 1960, les
méthodes d'exploration utilisées pour le positionnement des
forages sont basées presque uniquement sur des interprétations
géologiques et des suintements de surface. Les gisements
recherchés sont, en général, inférieurs à
1500 mètres. (21 heures)
En 1963, la venue de la pétrolière Shell au Québec
va annoncer un changement dans cette philosophie d'exploration. La compagnie
Shell s'était spécialisée dans le forage des structures
géantes dans le piedmont des Rocheuses. Cette pétrolière
allait, dans un domaine géologique identique, mener une campagne
d'exploration, qui allait la mener, en fait, du lac Champlain jusque
pratiquement en Gaspésie, dans le secteur de Rimouski et
Rivière-du-Loup. Donc, ce qu'on recherchait à l'époque,
c'étaient des structures où Shell avait fait son nom du
côté des Rocheuses, des structures immenses.
Les structures géologiques profondes les plus prometteuses,
définies par des levés de sismique-réflexion, sont
forées. Les résultats de cette offensive se résument
à des venues de gaz intéressantes sur certains puits forés
dans les régions de Saint-Flavien, de Villeroy et de Saint-Simon de
Drummondville. Aucun puits n'est mis en production. Si on retourne à la
fin des années 1960, on n'avait pas à ce moment de réseau
de distribution au Québec. Donc, le secteur économique
était quand même moins viable.
De 1969 à 1984, SOQUIP allait
continuer cet effort entrepris par Shell en améliorant la
couverture sismique, en forant des structures déjà forées
par Shell et des structures profondes non évaluées. En 1984,
après avoir remis un mémoire au gouvernement, SOQUIP
décidait d'abandonner à son tour l'exploration du pétrole
et du gaz naturel sur le territoire québécois. Les
résultats de cet effort d'exploration se résument à la
mise en production du champ de Saint-Flavien en 1980. Actuellement, des travaux
expérimentaux visant à utiliser l'ancien gisement de
Pointe-du-Lac comme réservoir souterrain sont en cours. Des
études de faisabilité ont également été
effectuées sur le gisement de Saint-Flavien. À la suite de
l'abandon de SOQUIP de ses permis d'exploration au Québec, plusieurs
petites sociétés ont amorcé des programmes d'exploration
dans les régions les plus prometteuses.
C'était un peu pour vous brosser un tableau d'ensemble.
Maintenant, je vais en venir aux problèmes qui nous intéressent
plus particulièrement. C'est une question - comme SOQUIP le soulevait
tout à l'heure - de coexistence de permis. Selon le projet de loi
actuel, le projet de loi 161, il pourrait y avoir coexistence des permis de
recherche, donc, à mon avis, de droits immobiliers. Il serait donc
possible, suivant ce projet de loi, d'observer la coexistence de trois permis
de recherche, soit celui de pétrole et de gaz naturel, de saumure et de
réservoir souterrain, sous-jacents à un même territoire en
surface et détenus par trois titulaires différents.
Dans le projet de loi actuel, la recherche de saumure, de
réservoirs souterrains, de pétrole et de gaz naturel se
retrouvent sur un pied d'égalité. Cependant, dans la
réalité, il n'y a pas eu et il n'y aura pas d'organismes
privés ou publics qui iront forer à la recherche de saumure ou de
réservoirs souterrains sans auparavant s'être assurés des
droits de pétrole et de gaz naturel. Même SOQUIP, dans son projet
de Pointe-du-Lac, a dû assurer ce droit avant d'entreprendre un programme
d'évaluation de réservoirs souterrains. La première
demande d'exploitation de saumure au Québec est venue à la suite
d'un forage pour la recherche de pétrole et de gaz naturel.
Actuellement, les deux seuls projets de réservoirs souterrains qui
offrent un certain potentiel sont ceux de Pointe-du-Lac et de Saint-Flavien qui
sont reliés à d'anciens gisements ou à des gisements
actuellement en opération. Ce phénomène n'est pas unique
au Québec. Si on regarde du côté du Canada et du
c6té des États-Unis, par exemple, les réservoirs
souterrains aquifères sont en presque totalité liés
à d'anciens gisements d'hydrocarbure. II en existe d'ailleurs deux en
Ontario dont les services ont déjà été
utilisés depuis plusieurs années par Gaz
Métropolitain. Cette situation fixe quand même les prix du
marché.
Ce que nous proposons à l'heure actuelle pour remédier
à ce problème, c'est l'existence d'un seul et unique permis de
recherche pour le pétrole et le gaz naturel. À ce stade,
j'aimerais ouvrir une brève parenthèse afin d'énoncer les
principes de base qui régissent les mécanismes de fonctionnement
et l'interdépendance qui existe entre un gisement de pétrole et
de gaz, de saumure et de réservoir souterrain dans une même nappe
aquifère, afin de clarifier un peu tous ces termes.
Ici, j'ai une coupe schématique d'un champ de gaz naturel.
Lorsque je parle, par exemple, d'aquifère, je fais
référence à une roche qui contient quand même un peu
de porosité dans son ensemble. Ce n'est pas un vide comme tel ou une
cavité qui existe dans la nature. J'ai apporté ici un petit
échantillon de ce qu'on peut appeler une roche réservoir. Si vous
êtes intéressés, vous pourrez tout à l'heure
regarder un peu cette roche. C'est une roche qui est quand même assez
dense et qui comporte quelque vide à l'intérieur. Ici, on parle
d'un volume de vide par rapport à son ensemble d'environ 15 %.
Dans la nature, ce volume de vide sera rempli par un fluide qui, ici,
dans le cas présent, s'il n'y a pas de gaz, par exemple, sera de l'eau.
À cette profondeur, lorsqu'on va en profondeur et que l'eau est assez
stagnante, on observera un enrichissement dans cette eau. On va donc l'appeler
saumure. Dans les termes de la loi, on appelle saumure quelque chose qui est
équivalent à environ 1,5 fois l'eau de mer. J'explique un peu le
terme saumure pour en venir plus tard à la notion de gaz. Il y a quatre
critères que l'on doit observer dans l'accumulation d'un champ de qaz.
Pour commencer, il y a le dôme où le gaz étant plus
léger pourra s'accumuler; par la suite, une roche couverture capable de
retenir ce gaz qui ira s'accumuler. Ici, il y a une roche mère capable
de générer ces hydrocarbures et enfin, la roche réservoir
qui - ici, je l'ai représentée, on peut, par exemple, penser
à un sable en surface - avec la profondeur, devient indurée.
C'est ce qu'on appelle, dans le cas présent, un grès. Donc, il y
a quand même une certaine cimentation et cette cimentation a
laissé un certain volume de vide.
C'est quand même un phénomène important lorsqu'on
parle de réservoir souterrain et de gaz naturel. Tout à l'heure,
je mentionnais que la roche mère pouvait générer, sous
l'effet de la pesanteur, sous l'effet des pressions, le gaz naturel. Lui, en
s'échappant, ira se coincer ici dans la roche réservoir, donc,
sur le sommet du dôme et au fil des années - c'est un processus
qui est assez lent - va remplir la structure jusqu'à un certain point.
Par la suite, lors de
l'exploration, on peut trouver le gaz naturel piégé dans
le sommet de la structure. À ce moment, il y a découverte d'un
champ de gaz. Il peut y avoir exploitation, comme dans le cas du champ de
Pointe-du-Lac, pendant un certain nombre d'années. Il y a donc baisse de
la pression et aussi baisse de la quantité de gaz naturel.
Je mentionnais tout à l'heure que les réservoirs
souterrains sont pratiquement, la plupart du temps, toujours liés
à d'anciens gisements de gaz. Cela s'explique d'une façon
économique aussi. Un réservoir souterrain de gaz naturel
fonctionne en fait à la façon d'un poumon, entre une pression
maximale et une pression minimale. À ce moment, il demeure toujours dans
la structure, spécialement dans le cas d'un aquifère, environ 50
% du gaz qui ne sera jamais utilisé. On appelle cela le gaz coussin.
Cette valeur de gaz, si on n'a pas de gaz dans la structure, il faudra
l'injecter et créer artificiellement ce cap de gaz, ce qui peut
résulter en un investissement de plusieurs dizaines, voire plusieurs
centaines de millions de dollars dans le cas de gisements très vastes.
II n'y a aucune certitude à ce moment de la fermeture ou s'il n'y aura
pas, par exemple, par un système de failles, échappement à
la longue. C'est quand même un processus qui est très
risqué et qui n'est employé, par exemple, qu'en France où
vraiment il y a une situation particulière et où il y avait un
besoin. À l'heure actuelle, au Canada, de par la situation avec
l'Ontario, je ne crois pas qu'il y ait un projet qui puisse se faire dans un
gisement où il n'y aura pas au préalable une certaine
quantité de gaz naturel ou de pétrole et qui peut être
économique, à ce moment. C'est vraiment un facteur
économique.
Ce qu'on recherche avant tout, avant de faire un réservoir
souterrain, c'est un gisement de pétrole ou de gaz naturel ici au
Québec. Les deux cas que je vous mentionnais tout à l'heure
parlent d'eux-mêmes. Les deux gisements qui existent à l'heure
actuelle, celui de Pointe-du-Lac qui a déjà produit et celui de
Saint-Flavien qui est actuellement en production, sont, à mon avis, les
deux seuls cas potentiels. S'il n'y a pas découverte de champs de gaz ou
de pétrole dans les prochaines années, je ne pense pas qu'il y
ait d'autres gisements, d'autres réservoirs souterrains en nappe
aquifère. Il peut y avoir des cavités minées, mais,
lorsqu'on parle ici de gisements en nappe aquifère, c'est quand
même une question très importante.
La proposition que nous faisions était que l'existence d'un
unique permis de recherche pour le pétrole et le gaz naturel aurait une
portée incitative sur l'exploration des hydrocarbures. Comme je voulais
vous le démontrer tout à l'heure, à notre avis, la
condition sine qua non pour avoir, un jour, un réservoir souterrain,
c'est d'avoir, au préalable, un qisement de gaz naturel. Donc, il faut
vraiment encouraqer ce côté-là avec une loi simple et
claire, une loi où, par exemple, les droits immobiliers dont je parlais
tout à l'heure soient vraiment des droits distincts, tel qu'on le
mentionne à l'article 10 du projet de loi. En ce sens, si je me
réfère à des jugements qu'on a déjà eus dans
le passé, le jugement La Duboro, où le juge des mines a
tranché clairement en décrétant que le réservoir
souterrain était un accessoire du droit des mines, en ce sens que la
cavité qui est créée, l'espace qui est créé
appartient à celui qui l'a créé.
Je pourrais faire un parallèle avec la Loi sur les mines. Je ne
pense pas que dans la Loi sur les mines il y ait des endroits, lorsqu'on parle
de claims, où il puisse y avoir, par exemple, juxtaposition, coexistence
de deux permis. Par exemple, je ne verrais pas qu'on ait un permis pour la
recherche du platine et un autre pour la recherche du nickel. Ce sont deux
phases qui sont quand même interreliées. La seule
différence que je vois d'avec le modèle que je montrais tout
à l'heure ici, qui est quand même un modèle assez simple,
c'est que, dans un premier cas, on parle de substances minérales en
phase solide et dans un deuxième temps, on parle de substances
minérales en phase liquide.
Pour terminer, je pense qu'un amendement au projet de loi en ce sens
pourrait augmenter le nombre d'intervenants dans ce secteur de l'exploration et
aussi faciliter certains programmes d'exploration. Je m'explique. À
l'heure actuelle, il existe quand même certaines petites compagnies qui
sont intéressées à faire de l'exploration au
Québec. Ces compagnies sont habituées au genre de risque que
comporte l'exploration. Il peut se créer une dynamique
intéressante si la loi est favorable et si les règles du jeu sont
quand même bien jetées. Les forces du marché vont jouer en
faveur d'une exploration qui sera plus rentable. Je pense que cela peut
être favorable à tous les points de vue. Même ceux qui
recherchent le réservoir souterrain - ce sont quelques intervenants,
souvent des compagnies d'utilité publique qui ne sont pas
habituées à ce genre de risque - pourront s'associer dès
le départ dans un projet et, à ce moment-là,
négocier avec celui qui possède les droits au pétrole et
au qaz naturel une option sur le réservoir souterrain futur et,
dès le départ, avoir accès à cette information.
C'était le sens de mon intervention.
Le Président (M. Baril): Merci, M. Lavoie. M. le
ministre.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Je vous remercie, M.
Lavoie, pour la présentation de votre mémoire. Vous dites
à la page 2 de votre mémoire que "toute
recherche de réservoir souterrain en nappe aquifère au
Québec sera conditionnelle à la présence de pétrole
et de gaz naturel". Autrement dit, vous semblez dire que, s'il y a recherche
d'un réservoir souterrain, il va y avoir, en même temps, recherche
de la présence de pétrole. Est-ce que c'est vraiment la
réalité? Est-ce que ce ne sont pas deux différentes
opérations?Est-ce que les deux sont vraiment toujours liées dans
la réalité?
M. Lavoie: Comme je l'expliquais tout à l'heure, dans la
réalité, lorsqu'on parle d'une nappe aquifère comme telle,
on entend une certaine roche. Le gaz va être relié à la
partie haute de la structure, mais, pour être capable de produire ce gaz,
il faudra quand même abaisser la pression. Je pense que je réponds
mal à votre question, le sens de votre question... (21 h 15)
M. Ciaccia: Peut-être que j'ai mal formulé ma
question. Est-ce que ce n'est pas possible que, dans la réalité,
quelqu'un qui va faire de l'exploration pour trouver du gaz ou du
pétrole ne s'occupe pas de faire un réservoir souterrain? Il se
peut aussi qu'une société ou un individu fasse de l'exploration
pour trouver un réservoir souterrain sans s'occuper d'explorer pour
trouver du pétrole?
M. Lavoie: Oui, disons que la chose est possible. À ce
moment-là, qu'est-ce qui peut arriver? Dans la nature, il peut y avoir
quand même un certain nombre de structures qui existent et un certain
nombre qui peuvent avoir une accumulation de pétrole et de gaz naturel.
Si une société, par exemple, fait la recherche uniquement de
réservoirs souterrains au sens que le veut la loi, c'est vraiment une
recherche dans un aquifère comme tel, où il y aura injection au
sommet avec déplacements sur les flancs. Comme je l'ai expliqué
tout à l'heure, ce phénomène, dû justement au
mécanisme de fonctionnement du réservoir souterrain, d'injecter
au sommet et de créer, en fait, un gaz coussin demande des frais
très élevés. C'est toujours quand même de l'argent
de risque. Ce que je dis, c'est que, s'il y a possibilité de trouver,
ici, au Québec, des réservoirs souterrains avec
déjà du gaz à l'intérieur, à ce
moment-là, on est capable de faire un projet rentable, donc, une
situation qui va être concurrentielle, par rapport par exemple, aux
réservoirs qui existent en Ontario et qui ont été
équipés il y a pratiquement une trentaine d'années, donc,
à des coûts très bas.
M. Ciaccia: Dans votre mémoire, vous ouvrez la porte
à un droit de premier refus. Dans les graphiques que vous nous avez
montrés, la solution que vous proposez semble être l'existence
d'un seul et unique permis. Quelle est la position que vous prenez? Est-ce que
vous acceptez la possibilité d'un droit de premier refus ou si vous
suggérez qu'il y ait un seul et unique permis?
M. Lavoie: La position que je maintenais dans ce carton-ci, c'est
la position idéale, à mon sens, pour favoriser l'exploration au
Québec à l'heure actuelle. D'après mon expérience
dans le domaine, on va rechercher avant tout un gisement de pétrole et
de gaz naturel avant de faire un réservoir souterrain. Je
préfère cette solution à celle d'un droit de premier
refus. Le sens que j'ai voulu apporter dans le mémoire, c'est d'avoir
auparavant un permis de pétrole et de gaz naturel, donc, de
posséder ce droit de mine que j'appelle un accessoire du droit de mine,
en raison du fait justement d'avoir créé cet espace, ce vide.
À ce moment-là, il y a possibilité d'intéresser
quelqu'un et cela a quand même une valeur commerciale.
M. Ciaccia: Les gens de SOQUIP, les intervenants qui ont comparu
avant vous, n'insistaient pas sur un seul et unique permis. Leur recommandation
était d'avoir un droit de premier refus.
M. Lavoie: Ce qu'on demande ici, c'est le droit de pétrole
et de qaz naturel et, en même temps, le droit de premier refus au
réservoir souterrain, pour être capable, justement, dès le
départ d'un projet, si une compagnie est intéressée,
d'avoir au moins la possibilité d'échanger cette option contre
des considérations futures ou contre un investissement a priori. Par
exemple, au lieu d'exploiter un gisement pendant 30 ans ou 20 ans pour l'amener
à son point minimum et, à ce moment-là, d'avoir de la
difficulté à repressuriser le gisement, donc, dès le
départ, dès la première ou la deuxième année
de son exploitation, tout de suite, on sera capable de le convertir en stockage
souterrain de gaz naturel, ce qui ne serait pas possible dans le cas où,
par exemple, un individu posséderait le pétrole et le gaz naturel
et un autre individu le réservoir souterrain. Qu'est-ce qui va se
produire dans la réalité? S'il n'y a pas d'entente entre les
deux, l'individu qui possède le pétrole et le gaz naturel va
épuiser son gisement pendant peut-être une vingtaine
d'années et il n'y aura pas possibilité de le convertir en
stockage souterrain avant la fin de cette période.
M. Ciaccia: Avec un droit de premier refus, on pourrait
remédier à cette situation d'une certaine façon.
M. Lavoie: Disons qu'il y a possibilité, mais je crois
quand même beaucoup dans les forces du marché et dans les
intervenants qui peuvent venir à ce moment-là. S'il y a
vraiment un intérêt du côté économique,
je pense que les forces du marché vont être suffisantes et qu'on
n'a pas vraiment besoin de l'inclure dans le projet de loi comme tel.
M. Ciaccia: Vous mentionnez les droits immobiliers. Vous semblez
voir des problèmes dans le fait qu'il y a un permis pour le gaz ou le
pétrole et un autre permis pour le réservoir. À l'article
10, quelles sont les difficultés que vous voyez dans l'octroi des ces
deux droits?
M. Lavoie: Dans l'article 10, on mentionne que les droits, ce
sont des droits immobiliers distincts. J'insiste seulement sur le terme
"distincts". Si, dans le cas présent, on parlait d'un réservoir
souterrain, par exemple, d'une cavité minée en surface et d'une
exploration ou d'une exploitation d'un gisement de gaz naturel, ce sont deux
choses vraiment distinctes. On n'a pas de difficulté. Mais, à
l'heure actuelle, lorsqu'on parle d'un champ de gaz, lorsqu'on parle d'un
réservoir souterrain, lorsqu'on parle de saumure, c'est un
mécanisme qui est très lié. Dans ce domaine, je pense
qu'il est assez difficile de séparer ces choses.
M. Ciaccia: Vous voyez un genre de confusion des droits
immobiliers.
M. Lavoie: II y a possibilité, je le pense. Disons qu'il y
a déjà eu...
M. Ciaccia: Vous ne croyez pas qu'il soit possible de
reconnaître un droit immobilier pour l'exploration du gaz et un autre
droit immobilier sur les réservoirs? Vous croyez que cela
pourrait...
M. Lavoie: Ce qui va se produire dans la... Excusez!
M. Ciaccia: ...avoir le même espace? Est-ce que c'est cela
votre...
M. Lavoie: Ce sont deux choses qui vont se faire dans des temps
séparés: l'exploitation du gisement et, ensuite, le
réservoir souterrain. Ce n'est pas quelque chose qui va être fait
en même temps. C'est vraiment séparé dans le temps.
M. Ciaccia: Dans votre mémoire, à la page 3, vous
dites que l'exploration, actuellement, est entretenue par de petits
explorateurs. Est-ce que vous pourriez nous préciser les termes "petits
explorateurs"?
M. Lavoie: Ici, quand je mentionne les termes "petits
explorateurs", je parle de PME québécoises ou de compagnies
juniors d'exploration dont je représente une fraction. Ce qu'on essaie
de faire, à l'heure actuelle, c'est d'aller dans des régions - la
plupart des petits explorateurs, comme je le mentionne» vont suivre un
peu cette politique - où il y a un potentiel gazier, un potentiel
pétrolier et, à ce moment, on s'attarde sur des structures de
moins de 1000 mètres ou de moins de 1500 mètres.
Donc, là où on est capable, avec des outils de
géophysique, des outils de forage adaptés à ces
formations... Actuellement, on a équipé une foreuse capable de
forer jusqu'à des profondeurs d'environ 5000 pieds. C'est dans ce sens
quand je parle de petits explorateurs. On essaie d'arriver à des
coûts raisonnables. Donc, on connaît le potentiel pétrolier,
le potentiel gazier du Québec et, ce qu'il faut essayer de corriger,
c'est le côté coûts pour finalement arriver à une
production qui soit économiquement rentable.
M. Ciaccia: Quand vous dites que cela doit être soutenu par
une politique incitative, est-ce que vous vous référez
strictement à la question d'un permis unique?
M. Lavoie: Personnellement, la firme que je représente, je
ne demande pas au gouvernement des subventions ou une aide financière.
Tout ce que je demande, ce sont les règles claires du jeu et qu'on
puisse investir et amener d'autres investisseurs ici au Québec.
M. Ciaccia: Merci. M. Lavoie: Merci.
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Je voudrais commencer
par féliciter les gens de Jaltin pour leur présentation et leur
souhaiter la bienvenue parmi nous pour discuter de leurs préoccupations
quant au projet de loi 161. J'aurais quelques réflexions d'ordre
général ainsi que quelques questions un peu plus
générales dans le domaine de la recherche sur les
hydrocarbures.
Vous dites, au début de votre mémoire, que, à la
suite de la décision de SOQUIP d'abandonner l'exploration
pétrolière au Québec, en 1984, vous avez converti le
rôle de votre société pour faire de l'exploration
vous-même. Est-ce que je comprends bien?
M. Lavoie: Le rôle premier de ma société
était quand même un rôle de consultation et, pour faire de
la consultation, cela prend quand même du travail. Lorsque l'employeur
n'est pas là, il faut quand même essayer de créer
soi-même le travail et c'est ce que j'ai fait.
M. Claveau: D'accord. Est-ce que vous avez vous-même pu
bénéficier ou pu récupérer d'anciens claims de
SOQUIP?
M. Lavoie: Lorsque SOQUIP a abandonné ses permis, il y a
eu une mise aux enchères publique et j'ai récupéré
un ancien claim de SOQUIP.
M. Claveau: Pour le reste, vous avez identifié vos propres
claims ailleurs. Tantôt, vous nous avez parlé d'une zone assez
vaste, mais est-ce que vous intervenez sur l'ensemble de la zone ou si vos
activités sont plutôt réduites autour...
M. Lavoie: Disons qu'actuellement nous concentrons nos
activités à proximité du gazoduc qui a été
bâti par le fédéral, où il y a possibilité
d'avoir certaines structures d'une profondeur de moins de 1000 pieds et qui, du
point de vue économique, peuvent être favorables, même avec
des productions assez faibles, étant donné la proximité
d'un réseau. Cela a été la base de cette phase
d'exploration.
M. Claveau: Permettez-moi de vous dire, à ce stade-ci, que
j'admire votre ténacité, si on considère tous les risques
que représentent l'exploration pétrolière et l'exploration
des champs de gaz. Je pense qu'il faut vraiment y croire pour continuer
à explorer là-dedans au Québec après tout ce qui
s'est fait depuis de nombreuses années.
Je serais porté à vous demander si, sans dévoiler
quoi que ce soit qui puisse vous être néfaste, d'après
vous, il y a vraiment place au développement de la recherche des
hydrocarbures au Québec, qui pourrait se faire par l'émergence de
diverses compagnies juniors, comme vous avez vous-même utilisé le
mot tout à l'heure.
M. Lavoie: Je pense personnellement qu'il y a place pour une
certaine industrie, ici, au Québec. Disons que cette industrie devra
quand même être faite, comme je le mentionne, avec des compagnies
d'ici, des compagnies juniors d'ici, avec des gens d'ici qui nous permettront
d'arriver à des coûts concurrentiels. Comme je le mentionnais, il
faudrait se limiter quand même à des forages d'environ 1000
mètres de profondeur. Si on est vraiment capable de travailler comme il
faut l'aspect des coûts, on pourra arriver à des productions qui
peuvent paraître ridicules aux yeux des grosses sociétés,
mais qui, quand même, seront très intéressantes pour des
sociétés qui n'auront pas investi des tonnes. C'est un aspect de
l'exploration intéressant qui, à la longue, peut faire boule de
neige.
Je ne crois pas ce que soit une bonne solution de cesser toute forme
d'exploration au Québec. C'est quand même très difficile de
relancer l'exploration dans un domaine. On mentionnait tout à l'heure,
par exemple, que SOQUIP avait abandonné l'exploration, comme Shell l'a
fait au début des années soixante-dix. On se rappellera, par
exemple, que la pétrolière Shell a aussi abandonné
l'exploration en Alberta avant la découverte du champ de Leduc. Elle a
aussi abandonné l'exploration en Libye. Ce sont aujourd'hui des
provinces pétrolières qui sont assez attrayantes. Je ne pense pas
qu'une génération d'explorateurs puisse donner le mot final sur
l'exploration. C'est mon domaine, et, la journée où ce ne sera
plus mon domaine, j'espère que je serai capable de me retirer, a
l'aise.
M. Claveau: Vous parlez beaucoup d'exploration, mais, pour que
l'exploration soit attrayante, pour qu'il se forme des compagnies ou des
entreprises intéressées à y investir un peu de sous, il
faut quand même qu'il y ait des découvertes à l'occasion.
Il y a des indices solides. Est-ce qu'on peut compter actuellement, au
Québec, depuis un quart de siècle, alors qu'il se fait une
exploration un peu plus suivie, sur des indices suffisamment solides qui
puissent être attrayants pour des investisseurs? (21 h 30)
M. Lavoie: Disons qu'à l'heure actuelle, en 1987,
quelqu'un qui prend l'exploration au Québec ne part pas à
zéro. Il y a eu tous les travaux faits par la compagnie Shell, qui ont
été de très bonne qualité; ceux faits par SOQUIP
ont été d'excellente qualité aussi. On a quand même
résumé un peu le problème, mais on n'ira pas chercher
à gauche et à droite. Il y a certains endroits qui peuvent
être propices, il y a certains puits qui ont été faits,
où certains indices ont été découverts. Il y a
moyen de retravailler cela avec des yeux d'aujourd'hui et avec des
méthodes appropriées. Je pense qu'il y a possibilité d'en
arriver à quelque chose d'ici quatre ou cinq ans. Ce ne serait quand
même pas une exploration sur six mois ou un an. Je regarde, par exemple,
les sommes dépensées en Abitibi. Dans le seul canton de
Casa-Berardi, on va peut-être trouver une mine ou deux. Ici, si on
regarde l'exploration au Québec, SOQUIP a dépensé environ
57 000 000 $ sur la période. Pour les années antérieures,
on avait dépensé autour de 80 000 000 $. Ce ne sont quand
même pas des sommes astronomiques dans le domaine pétrolier pour
la grandeur du bassin qu'il y a à couvrir.
M. Claveau: Dans le domaine de l'or, par contre, pour reprendre
votre exemple de Casa-Berardi, on est capable d'identifier continuellement,
à mesure qu'on avance dans la roche, des indices, des teneurs et,
finalement, on finit par cerner le potentiel. C'est palpable, c'est visible
immédiatement alors que, dans le cas du pétrole... Quand je dis
que c'est visible immédiatement, il faut s'entendre. Ce ne sont pas des
feuilles d'or qui pendent au bout des fils, mais on peut
l'analyser en laboratoire et sortir les teneurs pied par pied, à
mesure qu'on sort les carottes de forage. Dans le cas du pétrole, on en
a les indices juste au moment où on tombe dessus.
M. Lavoie: C'est le forage qui va nous donner l'indice, comme
dans le cas de l'or. Pour la mise en exploitation, on est souvent relié
à la qualité du réservoir, qui est un des problèmes
ici au Québec. La société que je représente s'est
vraiment attaquée à ce problème-là. Il y a quand
même présence de gaz et d'huile au Québec dans beaucoup de
formations. C'est souvent un problème de mise en production qui est
relié à la qualité du réservoir, qui est souvent
composé de fractures. À ce moment-là, il faut essayer de
comprendre ce système et d'arriver à des techniques de production
adaptées au type de réservoir qu'on possède. II ne faut
pas adapter carrément nos techniques pétrolières à
celles utilisées, par exemple, dans l'Ouest canadien, où les
types de réservoirs sont beaucoup plus conventionnels. Je pense qu'il y
a possibilité, de ce côté-là, d'arriver à des
résultats à moyen terme.
M. Claveau: Vous êtes en train de me dire qu'au moment
où on se parle on sait qu'il y a du pétrole au Québec, on
sait à peu près où il est, mais qu'on n'est pas capable de
l'exploiter pour toutes sortes de raisons?
M. Lavoie: C'est beaucoup un problème d'exploitation.
Souvent, on a production de gaz naturel, mais les quantités ne
permettent pas ou ne justifient pas un programme d'ensemble souvent
exécuté par une grosse compagnie. Il y a possibilité,
lorsque les coûts sont quand même réduits, d'en faire une
opération commerciale, si, par exemple, on se fixe un taux de
rentabilité un peu moins élevé au départ.
M. Claveau: Pouvez-vous me dire, à titre indicatif,
à combien vous évaluez l'argent investi en exploration
minière par mètre cube de réserve prouvée en
pétrole ou en gaz naturel jusqu'à maintenant?
M. Lavoie: À l'heure actuelle, comme je l'ai
mentionné tout à l'heure, les deux champs découverts au
Québec sont ceux de Saint-Flavien et de Pointe-du-Lac. Ces deux champs
totalisent environ 13 000 000 000 de pieds cubes, ce qui veut dire environ 400
000 000 de mètres cubes de gaz naturel. Pour un investissement, de 1950
à aujourd'hui, on peut parler facilement - ce ne sont quand même
pas des sommes d'aujourd'hui - d'environ 140 000 000 $.
M. Claveau: 140 000 000 $ pour 400 000 000 de mètres cubes
de gaz.
Qu'est-ce que cela veut dire? Autour de 0,25 $ ou 0,30 $ le mètre
cube?
M. Lavoie: À peu près, oui.
M. Claveau: Pouvez-vous nous donner une idée de la valeur
marchande de cela?
M. Lavoie: Je n'ai pas les chiffres au mètre cube. Au pied
cube, on va parler de... Je n'ai pas la valeur exacte parce que je n'ai pas le
facteur exact et je ne voudrais pas vous induire en erreur.
M. Claveau: Ce que j'aimerais vous entendre dire, finalement,
c'est que c'est rentable, que cela peut être intéressant pour des
investisseurs québécois de mettre de l'argent là-dedans.
Dans ce sens-là, on fait bien d'avoir une loi qui soit un stimulant pour
l'entreprise et qui puisse faire en sorte de valoriser au maximum les
investissements dans les hydrocarbures au Québec.
M. Lavoie: Je pourrais répondre un peu dans ce
sens-là. La province de Québec n'est pas une province
pétrolière à proprement parler. Comme beaucoup d'individus
de ma génération, j'ai été formé du
côté minier. Mon expérience pétrolière a
été prise à SOQUIP et aussi à l'extérieur,
dans l'Ouest canadien et dans d'autres pays. Aujourd'hui, on revient au
Québec avec certaines idées, certaines expériences. Il y a
certains individus qui, aujourd'hui, ont cette expertise et ils sont capables
de voir certaines possibilités qui peuvent être en place. On a
quand même certaines idées, mais, ce qui manque à l'heure
actuelle, ce sont des instruments de travail qu'on appelle des foreuses, des
instruments de géophysique qui soient adaptés. C'est ce dont on
est en train de se doter à l'heure actuelle pour être capable
d'aller voir les investisseurs, arriver avec des prix, prospect par prospect,
quelque chose qui ait du sens, qui respecte les règles de l'art dans le
domaine pétrolier.
M. Claveau: Je vous remercie pour les informations que vous
m'avez données. Pour moi, en tout cas, c'est très
intéressant et cela m'apprend pas mal de choses nouvelles dans le
domaine des hydrocarbures au Québec.
M. Lavoie: Merci.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le
député. M. le ministre.
M. Ciaccia: M. Lavoie, vous avez mentionné que SOQUIP a
déjà dépensé quelque 57 000 000 % pour
l'exploration pétrolière au Québec. Elle n'en a pas
découvert en quantité suffisante pour que cela soit exploitable.
La technique de
SOQUIP, c'était de procéder par puits verticaux.
Aujourd'hui, certains nous disent qu'il y a une autre technique, la technique
des drains horizontaux. Apparemment, la théorie qu'ils proposent, c'est
qu'avec le puits vertical il n'y avait pas assez de pétrole pour chaque
puits, tandis qu'avec le drain horizontal on peut aller chercher un bassin de
pétrole. Est-ce que vous avez eu l'occasion d'étudier ou
êtes-vous un peu au courant de cette nouvelle technique? Est-ce que je
pourrais avoir vos commentaires sur les possibilités d'une telle
technique?
M. Lavoie: Oui. Comme je le mentionnais tout à l'heure, un
des problèmes ici au Québec est relié à la
qualité même du réservoir qu'on a. Ce n'est pas un
réservoir de type conventionnel. On est quand même dans une
région où les roches sont très indurées, donc
facilement fracturables le long des zones de fractures. Bien souvent, le gaz
comme tel ou l'huile sont reliés à ces réseaux de
fractures. Lorsqu'on atteint une certaine profondeur, par exemple qu'on
dépasse 1000 mètres en profondeur, les fractures - c'est
simplement une question de compression - sont verticales au lieu d'être
horizontales, comme on va les retrouver en surface. Lorsqu'on fore un puits
standard, un puits conventionnel vertical, à ce moment-là on va
intercepter peut-être un ou deux réseaux de fractures. Donc, on a
une production qui est limitée à ce réseau et qui va
baisser quand même très rapidement. Si on est capable, par
exemple, rendu à cette profondeur, d'aller intercepter ces
réseaux de fractures, on est capable d'atteindre des taux qui peuvent
décupler la production initiale. J'ai mis de l'avant un projet en
Gaspésie où on essaie justement cette technique. On veut
atteindre une profondeur de 3000 pieds environ et, une fois à cette
profondeur, si les objectifs sont atteints, on est capable de prouver la
présence initiale de pétrole. On veut essayer de mettre de
l'avant cette technique, ce qui pourrait être intéressant dans une
région comme la Gaspésie, même avec des débits.
Donc, on travaille beaucoup le côté forage pour arriver à
des coûts qui soient raisonnables à l'heure actuelle. On met un
peu d'espoir en ce projet, et même de bons espoirs.
M. Ciaccia: Quand vous mentionnez que vous avez mis de l'avant un
tel projet en Gaspésie, est-ce que vous l'avez commencé?Est-ce qu'il est en marche ou s'il est encore au stade de
l'étude?
M. Lavoie: C'est un projet qui est en marche. Le forage est en
cours et on devrait atteindre la profondeur finale d'ici à quelque deux
ou trois semaines. La partie horizontale sera faite par la suite selon les
résultats de l'évaluation du trou vertical comme tel.
M. Ciaccia: Quand on voit les sommes d'argent énormes qui
sont dépensées par les pétrolières pour
l'exploration, est-ce que c'est vraiment réaliste ou si c'est possible
de dire qu'on va avoir de petits explorateurs, comme vous le mentionnez dans
votre mémoire? Est-ce que c'est possible de dire: Les petits
explorateurs vont pouvoir trouver des puits d'huile rentables, quand on voit
les énormes sommes d'argent dépensées ailleurs?J'essaie d'évaluer parce qu'on a souvent des demandes. On doit
convaincre aussi nos collègues parce qu'on n'est pas seuls à
prendre ces décisions. Comment puis-je convaincre mes collègues
et dire: Allons de l'avant avec tel et tel projet, qui est quasiment un projet
artisanal, dans un certain sens, quand on le compare à l'exploration
pétrolière ailleurs? Quel argument puis-je utiliser avec mes
collègues pour les convaincre qu'on devrait appuyer
financièrement un tel projet?
M. Lavoie: Vous avez mentionné tout à l'heure, M.
le ministre, que cela fait un projet un peu artisanal. J'aimerais quand
même souligner...
M. Ciaccia: Je ne le dis pas dans le sens péjoratif ou
pour insulter.
M. Lavoie: Non, non. Je comprends.
M. Ciaccia: C'est juste une comparaison entre les sommes d'argent
en jeu pour le petit projet et celles investies pour les autres grands projets
qu'on connaît.
M. Lavoie: Oui, je comprends. La technique qu'on va utiliser dans
ce forage en particulier a été développée aux
États-Unis par les Américains. Lorsqu'on va faire du forage
horizontal il sera, en fait, effectué par des experts dans le domaine,
c'est-à-dire des gens qui ont quand même déjà
à leur actif plusieurs forages de ce genre. Ils viennent avec leur
expertise et avec leur équipement. C'est une première ici au
Québec dans ce sens et cela peut quand même donner de bons
résultats, même dans des régions, comme les basses terres
du Saint-Laurent, où on a en fait le même problème du
côté du gaz naturel.
Donc, je pense que cette technologie vaut la peine d'être
développée ici au Québec. Notre projet, à l'heure
actuelle, dans la région de Gaspé représente
peut-être un fer de lance dans ce domaine. Dans certains forages, on a
rencontré, à des profondeurs atteignant presque 2000 pieds, la
présence d'huile. Donc, on est dans un domaine quand même assez
connu. On veut rester dans ce domaine connu et a partir de quelque chose... Une
fois le trou foré à la profondeur espérée, disons
à 3000 pieds, on va faire une évaluation, et, ensuite, des
essais de soutirage pour voir justement si cela vaut la peine de faire
un essai horizontal. Ce n'est pas quelque chose qui est scellé dans le
béton, à l'heure actuelle. Cela dépend vraiment des
résultats qu'on va obtenir.
M. Ciaccia: Merci.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le ministre. Est-ce que
vous avez d'autres choses à ajouter, messieurs? Alors, le mot de la fin,
M. le député d'Ungava.
M. Claveau: En ce qui me concerne, en tout cas, je suis
agréablement surpris de tout ce dont vous nous parlez dans le domaine
des hydrocarbures québécois. Le ministre
délégué aux Mines est venu les yeux ronds quand vous lui
avez parlé de la possibilité de changer de direction à
3000 pieds sous terre pour forer horizontalement.
Je voudrais tout simplement dire que je crois que vous avez là
l'exemple d'une compagnie très dynamique et que Jaltin, comme
entreprise, pourrait être un modèle pour beaucoup de petites
entreprises québécoises d'exploration. Dans ce sens, je pense que
vos remarques et vos revendications par rapport au projet de loi valent
d'être écoutées et prises en considération avec
beaucoup d'attention. Nous, de l'Opposition, allons voir à ce que l'on
n'oublie pas le domaine des hydrocarbures dans le développement qu'on
appelle minier en général au Québec. Je vous remercie de
votre intervention, en vous souhaitant bonne chance dans vos forages et,
peut-être, pour le meilleur en Gaspésie, pour les gens de la
Gaspésie.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le député
d'Ungava. M. le ministre.
M. Ciaccia: Je vous remercie, M. La-voie, pour votre
mémoire, vos commentaires, vos suggestions, votre présentation et
pour les informations que vous nous avez données en ce qui concerne
spécialement les possibilités d'exploration, au Québec.
Nous allons certainement prendre en considération les suggestions que
vous nous avez faites et les étudier attentivement. Dans la mesure du
possible, nous verrons si nous pouvons les prendre en considération dans
la version finale de notre projet de loi. Je vous remercie.
Le Président (M. Baril): Merci beaucoup. M. Lavoie, Mme
Fortin, je vous remercie de votre présentation et je vous souhaite un
bon retour chez vous.
La commission ajourne ses travaux jusqu'au mardi 24 mars 1987, à
10 heures. Messieurs, je vous souhaite une bonne fin de semaine! Bonjour!
(Fin de la séance à 21 h 50)