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(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de l'économie et du travail reprend, ce
matin, l'étude de la proposition tarifaire d'Hydro-Québec pour
l'année 1987.
Je vous rappelle, que tel que je l'avais indiqué hier, l'ordre du
jour nous amènera à étudier, jusqu'à 12 h 30, le
plan d'équipement d'abord, puis la question de l'environnement. Cet
après-midi, de 14 heures jusqu'à la fin, c'est-à-dire 18
heures, nous parlerons de la situation financière et des tarifs. On
avait laissé en suspens un point qui s'intitule "varia".
Est-ce qu'il y a des remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Lefebvre
(Frontenac) est remplacé par M. Camden (Lotbinière).
Le Président (M. Charbonneau): Sans plus tarder, nous
allons aborder la question du plan d'équipement. Nous allons d'abord
demander au ministre s'il veut intervenir à ce moment-ci.
M. Ciaccia: Non, pas pour le moment, M. le Président. Je
demanderais que mon collègue, le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, M. Baril...
Le Président (M. Charbonneau): Oui, M. Baril.
M. Baril: M. Coulombe.
M. Coulombe (Guy): Je voudrais apporter, pour les membres de la
commission, une information. Hier matin, on a discuté de la question des
entrepreneurs et des emplois reliés aux entrepreneurs. Je voudrais
apporter l'information suivante: En 1986, Hydro-Québec a engagé
61 monteurs. Sur ces 61 monteurs, il y en a 31 qui venaient du groupe des
entrepreneurs. Cela ne veut pas dire que c'est nécessairement notre
politique de prendre tous les monteurs chez les entrepreneurs; mais, ce que je
veux dire, c'est que l'an passé, 31 personnes ont été
engagées par Hydro-Québec et venaient du syndicat des
entrepreneurs, tout en respectant notre convention collective,
c'est-à-dire toute la liste des gens qu'il faut passer avec les listes
de rappel, ainsi de suite. Mais il y en a 31 quand même qui ont
trouvé un emploi à Hydro-Québec. C'est l'information que
je voulais fournir aux membres de la commission.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. Coulombe.
M. le député de Rouyn-Noranda-Témiscarningue.
Plan d'équipement
M. Baril: Merci, M. le Président. Bonjour, M. Coulombe et
les membres. Je pense que c'est moi qui casse la glace, ce matin, en parlant
d'équipement. Principalement, vous avez parlé hier, M. Coulombe,
des devancements que vous allez avoir dans vos projets de la Baie James. Je
suis principalement intéressé, vu que je viens d'une
région où, normalement, le chemin de la Baie James passe. Je
parlerai un peu, aujourd'hui, au nom des entreprises, au nom des travailleurs
et au nom, peut-être, de la ville de Matagami. Mon confrère est le
député de cette réqion et je suis directement
impliqué dans ma région, à savoir que les gens de
là région de l'Abitibi... Et en même temps aussi, les
questions que je vous poserai impliquent, j'ai bien l'impression, toutes les
compagnies, les fournisseurs de biens et de services de la province de
Québec. J'aimerais que vous donniez des détails. J'aurais
différentes questions à vous poser. La première est
celle-ci. Je me souviens de la phase I de la Baie James lorsque votre
système ou votre bureau d'achat à Montréal était
centralisé dans votre cour de transbordement. À cet effet, les
fournisseurs de biens et de services étaient un peu
pénalisés dans la province de Québec, dans le sens que si
l'on prend quelqu'un de la Gaspésie, de Sherbrooke ou d'Abitibi, il
devait vous fournir des biens et il était censé vous faire des
prix FOB Montréal ou FOB Matagami. Si l'on parle seulement de l'Abitibi,
les fournisseurs de biens et de services avaient 400 milles de chemin à
faire comparé à... Alors, vous savez que c'était un peu
une inéquité et vous, vous payiez le transport FOB
Montréal dans ce temps et vous payiez le transport à Matagami et
au chantier. Dans cette catégorie, au sujet des achats, pour tout de
suite, est-ce que vous auriez quelque chose à dire?
Politique d'achat de la SEBJ
M. Coulombe: Je voudrais vous présenter M. Tremblay,
directeur général à la Société
d'énergie de la Baie James, M. Dubeau, directeur de l'environnement, M.
Mercier, vice-président à la planification des équipements
et M. Laflamme, vice-président à l'ingénierie des
constructions.
Avant de donner la parole à M. Tremblay, au nom de la SEBJ, afin
qu'il explique plus clairement la politique d'achats de la SEBJ, je voudrais
simplement faire deux remarques. La première, c'est que vous savez que
la politique générale d'Hydro-Québec concernant les
travaux n'a pas changé, c'est-à-dire que la Société
d'énergie de la Baie James va être responsable sur mandat
d'Hydro-Québec et dans le cadre des politiques générales
d'Hydro-Québec d'exécuter ce qu'on appelle les grands travaux,
donc, les grands barrages qui vont être exécutés au cours
des prochaines années. Cela n'a pas changé, cela va continuer
ainsi. La Société d'énergie de la Bale James a
extrêmement bien rempli ses fonctions tout simplement parce que les
travaux de la phase I ont été réalisés. Cela a
suivi l'évolution prévue, c'est-à-dire qu'il y a eu une
baisse considérable des effectifs de la Société
d'énergie de la Baie James, ce qui était d'ailleurs l'esprit de
la filiale. À ce moment, l'effectif est peut-être au plus bas,
mais à partir de cette année et de l'année prochaine, il
va y avoir une reconstitution des équipes pour la construction de LG 2 A
qui commence l'an prochain et éventuellement de LG 1 et les autres
projets. Donc, la politique de base n'a pas changé sur cela. Maintenant,
il va falloir des ajustements, évidemment, compte tenu des travaux
projetés. Là-dessus, je voudrais peut-être demander
à M. Tremblay de préciser un peu plus.
M. Tremblay (Paul-F.): Évidemment, je voudrais faire la
différence entre la phase I et LG 2 A. Les projets n'ont pas la
même ampleur. Dans la phase I c'est évident que la
Société d'énergie de la Baie James s'est impliquée
davantage. Nous avons fait notre propre transport de troupes. Les gens qui
montaient au chantier étaient transportés par nos propres avions.
Nous avions cinq Convair. Aujourd'hui, ce système de transport n'existe
plus. Les gens vont voyager à bord des transporteurs commerciaux.
À l'époque, la société d'énergie
s'est aussi impliquée dans l'achat de plusieurs biens et services pour
des raisons économiques et probablement des questions de rareté.
On est passé par des périodes où même le
pétrole pouvait être rare. Alors, à ce moment-là, on
s'est impliqué dans l'achat de pétrole. On a fait des
réserves un peu partout sur les chantiers. On s'est impliqué dans
l'achat de la nourriture, dans l'achat de l'acier d'armature, du ciment et dans
le transport.
Aujourd'hui, notre philosophie est différente face à un
projet qui est beaucoup plus petit proportionnellement. Nous avons l'intention
de confier tous les achats par l'entremise de nos contrats. Cela dit, nous
avons examiné la possibilité d'avoir une politique
préférentielle vis-à-vis de la région. En ce sens,
nous avons trois étapes dont une est déjà en cours. Il
s'agit de nous consulter à l'interne, nous de la société
de l'énergie et les gens de la région de l'Abitibi, pour faire
une liste assez exhaustive des biens et services qui pourraient être
fournis par la région.
Dans les semaines qui vont venir, cette liste va être
préparée. À partir de cette liste, nous allons aller dans
votre région rencontrer les corps organisés, comme les chambres
de commerce, les associations de professionnels, de commerçants et faire
un exposé complet du projet. Puis ces derniers vont nous donner une
liste des produits qu'ils veulent bien ou qu'ils sont capables de nous fournir.
C'est la deuxième étape.
Une fois cette étape franchie, nous allons soumettre
respectivement à nos conseils d'administration une politique
préférentielle d'achat local. Voilà, dans les grandes
lignes, ce que nous avons l'intention de faire.
M. Baril: D'accord, je vous remercie, mais j'aimerais aller un
peu plus loin. Je ne pose pas nécessairement la question juste pour
l'Abitibi. Je veux juste prendre un point bien précis dont je vous ai
parlé et qui concerne les soumissions publiques qui paraissent dans le
journal. Peu importent les produits, et peu importe l'endroit de la province
d'où venait la personne - et pas nécessairement de
Montréal - il y avait, avant cela, un FOB Montréal.
Une compaqnie de Montréal prenait le journal - je vais nommer un
article: le bois de sciage - et transportait du bois de sciage sur une distance
de dix milles et l'apportait à la cour de transbordement. Alors, il n'y
avait personne, même si elle avait vu votre annonce publique dans le
journal pour le transport de x mille pieds de bois de sciage, qui pouvait faire
de prix à la SEBJ parce que, même si c'était une personne
de la Gaspésie, de la région de Sherbrooke ou du Lac Saint-Jean,
il y avait toujours la FOB Montréal...
Je vous demande ceci aujourd'hui. Est-ce que vous pourriez faire votre
nouvelle politique d'achat soit FOB chantier ou FOB Matagami? De cette
façon, tous les fournisseurs de biens et services de la province de
Québec pourraient vous faire un prix équitable et vous auriez un
prix peut-être plus juste. Je ne veux pas parler juste
pour l'Abitibi, c'est un problème général dont on a
souvent entendu parler. On a eu de nombreuses plaintes dans les années
soixante-dix. À cette époque, même s'il y avait des
réunions d'entrepreneurs et de fournisseurs de biens - je me souviens,
entre autres, d'un cas à Amos - cela ne changeait pas le problème
parce que c'était toujours FOB Montréal. Les gens étaient
toujours pénalisés lorsqu'ils présentaient une soumission,
même si leur prix étaient plus bas. Si vous demandiez vos prix FOB
Matagami, tous les gens de la province de Québec auraient au moins le
loisir de présenter une soumission.
M. Tremblay (Paul-F.): C'est une bonne suggestion, j'en prends
note et cela fera partie des sujets dont nous allons discuter quand nous
préparerons notre politique d'achat pour les entrepreneurs.
Logement des travailleurs à la Baie
James
M. Baril: Merci. Deuxièmement, j'aimerais qu'on revienne
aux travailleurs. Vous avez dit tout à l'heure qu'au cours des
dernières années, vous aviez cinq Convair et que vous
transportiez la personne à partir de sa maison privée, peu
importe où elle résidait. Je pense que c'était une bonne
chose, je n'ai rien contre cela. Sauf que je me demande ceci. Cette
année, étant donné que le projet est moins vaste, vous
avez mentionné que le transport ne se ferait plus de la même
façon. Est-ce à dire que les entrepreneurs ou les gens de la
SEBJ, lorsque vous embaucherez du personnel, devront se rendre sur le chantier
à leurs frais?
M. Tremblay (Paul-F.): Non. Cela veut dire que c'est
l'entrepreneur qui doit prendre l'employé où il demeure et
l'amener au chantier plutôt que nous. Il n'y a pas de différence,
le service doit être le même. Qu'il soit rendu par la
société ou par l'entrepreneur, le service sera le même.
Toutes les contraintes qu'on peut s'imposer, on peut les imposer aux
entrepreneurs par le biais de l'appel d'offres. Lorsqu'on prépare
l'appel d'offres, dans les clauses particulières, on lui dit exactement
ce qu'on veut. Lorsqu'il soumissionne... Je vais vous donner un exemple. Si on
lui dit: Tu vas prendre ton bois dans la région de l'Abitibi; lorsqu'il
soumissionne, il doit donner le nom de son fournisseur. À ce
moment-là, il est engagé contractuellement, il ne peut pas s'en
sortir. Cela va?
M. Baril: Concernant les travailleurs, on sait que dans le
passé - c'est vrai que c'était considérable et qu'il y
avait beaucoup de monde - vous engagiez votre personnel et tous les gens
logeaient dans - excusez l'expression - des "bunkhouses", On appelle cela
comment en français? Une voix: Des roulottes.
M. Baril: Des roulottes.
Est-ce que cette année ou dans le nouveau projet, vous avez de
nouvelles attitudes envers les travailleurs qui voudront amener leur famille
lorsqu'ils vont travailler vous avez... sur le chantier? Est-ce que vous y avez
réfléchi, et est-ce que les travailleurs, encore une fois,
resteront dans des roulottes?
M. Tremblay (Paul-F.): Pour répondre à votre
question, le travailleur va demeurer dans un campement de roulottes, où
il y a des chambres à deux lits, confortables, assez spacieuses. On n'a
jamais eu de plaintes là-dessus jusqu'à maintenant. Pour le
travailleur qui veut emmener sa famille, il est libre de le faire. La ville de
Radisson est maintenant une ville ouverte. Il y a des terrains disponibles
où le travailleur pourra monter sa maison mobile, s'installer avec armes
et bagages et sa famille; il n'y a pas de problème.
M. Baril: Et il pourra voyager avec son auto de LG...
M. Tremblay (Paul-F.): Il pourra voyager de Radisson...
M. Baril: À Matagami.
M. Tremblay (Paul-F.): ...au chantier. Nous avons même
prévu à cet effet, à l'extérieur du chantier, pour
des mesures sécuritaires, un stationnement où les qens pourront
mettre leur véhicule.
M. Baril: D'accord.
En ce qui concerne Matagami... J'ai été impliqué un
peu la semaine dernière dans les nouvelles, à savoir que j'avais
affaire à cela, naturellement. Ce n'était pas du tout
l'idée, j'ai simplement fait les commentaires que je pensais
qu'Hydro-Québec, dans son plan de la phase II de la Baie James,
changeait un peu sa nouvelle politique en ce qui concerne Matagami. Le maire de
Matagami était un peu inquiet de savoir ce qu'on était pour faire
à Matagami dans l'ouverture de cette nouvelle Baie James II. Dans ce
sens, on se rappelle que dans les années soixante-dix, les gens ont mis
beaucoup d'infrastructures dans cette ville qui, aujourd'hui, malheureusement,
éprouve de très grandes difficultés. Est-ce que vous avez
déjà un petit plan d'établi au sujet de ce que vous allez
faire à Mataqami en ce qui concerne la cour de transbordement, etc.?
M. Tremblay (Paul-F.): J'ai une réponse précise.
Nous gardons la cour de transbordement en opération. Nous faisons des
appels
d'offres aux entreprises locales pour faire la manutention et
l'entretien de l'équipement qui est là. Je ne peux pas vous
donner les noms parce que la soumission n'est pas encore sortie de mon bureau,
mais nous faisons des appels d'offres restreints à des entrepreneurs de
la région pour la cour de manutention.
M. Baril: Un dernier commentaire, M. Tremblay. Vous savez, moi
aussi, j'ai eu à vivre, comme député de ma région,
les problèmes que vous avez soulevés tout à l'heure, M.
Coulombe. J'avais une remarque à vous faire en ce qui concerne les
emplois possibles à Hydro-Québec. Ne parlons pas de la Baie
James, parlons d'Hydro-Québec. J'ai souvent, peut-être comme
d'autres députés, des personnes qui viennent me voir à mon
bureau me disant combien c'est difficile d'entrer à Hydro-Québec.
Ce que je peux vous dire en plus, c'est que, chez nous, à Rouyn-Noranda,
le bureau de Travail Canada ne s'occupe plus des cas d'Hydro-Québec
parce que, finalement, les gens d'Hydro-Québec s'engagent à
l'interne, et même si le bureau de Travail Canada avait une entente avec
vous autres dans le but de recevoir la clientèle de gens qui veulent
postuler un emploi à Hydro-Québec, je me faisais dire la semaine
dernière par un responsable de Travail Canada qu'ils ne s'occupent plus
des cas parce que, finalement, c'est tellement gros et tellement difficile
d'obtenir un emploi à Hydro-Québec qu'ils ne s'en occupent plus.
Je trouve cela un peu difficile, dans le fond.
Embauche
M. Coulombe: Oui. On pourra peut-être vous préciser
les mécanismes d'embauché à Hydro-Québec, mais il y
a une réalité fondamentale, c'est que, depuis cinq ans, on
n'engage quasiment personne à Hydro-Québec. Cela a
été partie de l'effort de rationalisation. Il y en a 2000 qui
sont partis et, en 1987, on ne fait que recommencer l'embauchage d'une
façon un peu plus vigoureuse. Il est évident que durant les cinq
dernières années ce devait être extrêmement difficile
d'entrer à Hydro-Québec puisqu'on n'embauchait pas de monde. Il
en partait plus qu'on en embauchait. Cela a été une politique
volontaire de couper nos coûts, de rationaliser nos opérations. La
preuve, vous avez des chiffres dans le plan, on est à un niveau d'emploi
inférieur à celui de 1981-1982; il y a moins de monde à
Hydro-Québec qu'il y a cinq ou six ans, en dépit d'une
augmentation de notre clientèle et des grands travaux qui sont venus en
exploitation et des milliers de kilomètres de lignes qu'on a eus de
plus.
Donc, il y a eu un effort de productivité immense qui s'est
traduit, malheureusement, par du non-embauchaqe. Maintenant, si vous regardez
le plan, à partir de l'an prochain, on recommencera un embauchage non
pas au rythme des années soixante-dix, mais vous avez quand même
dans le plan au-delà de 1200 à 1300 emplois qui seront
créés à Hydro-Québec au cours des trois prochaines
années. Si on soustrait les départs volontaires ou les retraites
qui arrivent toujours de façon normale, on arrive à
au-delà de 1000 emplois nouveaux nets créés à
Hydro-Québec pour les trois prochaines années.
Donc, il y aura un renouveau de l'embauche. Il faut toujours se rappeler
aussi que l'embauche se fait à partir de règles extrêmement
strictes. Non seulement vous avez les employés permanents, mais, quand
un emploi se libère, vous avez des règles extrêmement
strictes dans les conventions qui obligent à aller dans d'autres
régions, même dans d'autres syndicats après toute une
série d'étapes. Ensuite, ce sont les listes d'employés
temporaires qui sont prioritaires, ceux qui ont déjà
travaillé à Hydro-Québec pendant quelques semaines,
quelques mois ou même pour quelques années des fois. Ce n'est
qu'après tout ce processus que quelqu'un de complètement nouveau,
qui n'a jamais travaillé à Hydro-Québec, peut y entrer.
C'est donc un processus très complexe qui a été rendu
encore plus complexe du fait qu'on n'engageait pas de monde. Mais, à
partir de 1987 et pour les trois prochaines années, on prévoit un
qain net d'à peu près 1000 à 1200 nouveaux emplois
créés à Hydro-Québec. II faudra reprendre le bassin
- le bassin non seulement à l'intérieur de l'entreprise, tout en
respectant intégralement les règles des conventions - des
employés temporaires et les listes de rappel. Cela représente des
milliers de personnes. C'est ce qui va se produire dans les trois prochaines
années.
M. Baril: Une dernière question, M. Tremblay. Tout
à l'heure, on a parlé des offres de biens et services qu'on va
vous faire et de la petite remarque à propos de FOB Matagami ou FOB
chantier. Est-ce que vous allez rendre publique cette décision quand ce
sera le temps dans le but de donner une chance égale à tout le
monde ou si elle sera explicitée dans vos futures offres que nous lirons
dans les journaux lorsque vous les rendrez publiques?
M. Tremblay (Paul-F.): La meilleure manière de l'annoncer,
c'est de le faire par le truchement des appels d'offres et on peut faire un peu
de publicité dans votre région. (10 h 30)
M. Baril: Cela me satisfait. Merci.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. J'aurai
également quelques questions dans le même ordre d'idées que
le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue étant
donné que c'est une préoccupation dans le milieu que je
représente et aussi parce que c'est très pertinent en fonction de
votre plan d'équipement. Dans le plan d'équipement, à
l'exception du projet de la rivière Sainte-Marguerite et,
éventuellement, comme on l'a dit hier, à l'exception de quelques
projets de puissance additionnelle au complexe Manic-Outardes, la grande
partie, je dirais, l'ensemble des travaux réalisés par
HydroQuébec au moins jusqu'en l'an 2000, va se faire au complexe La
Grande, enfin sur le territoire de la Baie James et Grande Baleine. Tout cela
risque de passer par le même chemin, la route que tout le monde
connaît sous le nom de Matagami-Radisson. Donc, on peut prévoir
que vous aurez, pendant les 15 ou 20 prochaines années, des
activités continues sur ce territoire qui risquent d'affecter l'ensemble
de l'économie des villes et municipalités les plus
rapprochées, y compris la région de
l'Abitibi-Témiscamingue d'une façon plus globale.
Or, j'ai des questions là-dessus, particulièrement en ce
qui concerne la politique d'achat. Vous en avez parlé tout à
l'heure, M. Tremblay; vous avez fait référence au fait que ce
sont les entrepreneurs qui, à l'avenir, auront la responsabilité
des achats, etc. J'aimerais simplement avoir une précision
là-dessus. Vous parlez de régions. Quand vous dites: On va aller
rencontrer les chambres de commerce, les différents intervenants, les
commerçants du milieu, est-ce que vous incluez là-dedans aussi -
je m'explique, je veux avoir une réponse très précise
parce que ce n'est pas toujours clair - les gens qui vivent dans les
villes-enclaves au territoire de la Baie James, au territoire
conventionné, les commerçants, les fournisseurs des villes de
Chibougamau, Chapais, Lebel-sur-Quévillon et Matagami en
particulier?
M. Tremblay (Paul-F.): Je dois vous signaler que je suis
vice-président de la Société d'énergie de la Baie
James et mon mandat est de bâtir LG 2 A. Je ne pense pas devoir sortir de
mon territoire. Cette fonction reviendrait plutôt à
Hydro-Québec. Cela ne veut pas dire que je ne collaborerai pas et que
notre politique ne sera pas coercitive, qu'il n'y aura pas de collaboration
entre les deux sociétés. Personnellement, je ne me vois pas dans
cette région.
M. Claveau: Je vous remercie.
M. Coulombe: Dans le cas des travaux à l'extérieur,
lorsque vous mentionnez "à l'extérieur du territoire de la
Baie-James", il ne faut pas sous-estimer les travaux qui vont être faits
dans le complexe de Manic. On parle quand même d'une somme de 1 600 000
000 $ à 2 000 000 000 $ pour ces projets de suréquipement pour de
l'énergie de pointe. Cela reste quand même très important
comme travaux qui vont se faire. Je vous ai dit tantôt que la philosophie
de base d'Hydro-Québec, là-dessus, était de confier
à sa filiale, la SEBJ, ce genre de grands travaux. C'est évident
qu'il faut prévoir que pour la SEBJ - et je comprends M. Tremblay de le
dire - son mandat immédiat, c'est LG 2 A. Mais pour Hydro-Québec,
il faut prévoir l'élargissement du mandat de la SERJ qui va avoir
des responsabilités dans d'autres régions pour ces grands
travaux.
Est-ce que cela va impliquer un changement de nom ou de loi ou ainsi de
suite? Je ne me prononce pas là-dessus. Mais on veut élargir son
mandat pour les grands travaux. Les techniques de travail et l'encadrement des
achats - les questions que vous posez - il va nécessairement falloir
élargir ces mêmes techniques et ces mêmes approches dans la
mesure où elles auront été un succès dans la phase
que M. Tremblay a expliquée. On les élargira aux autres
régions lorsque les travaux seront rendus là. Cela va être
le mandat de la SEBJ de faire en sorte que ces politiques, si elles ont eu du
succès sur le territoire de la Raie James, soient élargies
à d'autres territoires en tenant compte des populations qui y
vivent.
M. Claveau: Je vous remercie. Mais je pense que ma question a
peut-être été mal comprise. Je ne sais pas qui peut y
répondre. Pour nous, au nord du 49e parallèle, les premiers
intéressés, ce ne sont pas les gens de
l'Abitibi-Témiscamingue en général. Ce sont les gens qui
vivent sur le territoire conventionné au nord du 49e et les
municipalités auxquelles j'ai fait référence font partie
de ces municipalités. On aimerait, un jour ou l'autre,
qu'Hydro-Québec, ou SD ou SE, appelez-cela comme vous voudrez, tous ceux
qui interviennent sur le territoire de la Baie-James finissent par comprendre
qu'il y aurait probablement un grand avantage autant pour eux que pour les
populations concernées à travailler d'une façon plus
étroite pour l'embauche de main-d'oeuvre, ou enfin, pour les politiques
d'achat, etc., en utilisant au maximum les aéroports qui sont
déjà sur le territoire, qui sont les plus proches finalement pour
avoir accès au grand chantier.
M. Coulombe: Je vais répondre. Évidemment, il ne
faut pas trop compliquer la situation. Éliminons la SEBJ parce qu'elle
n'a rien à voir dans ce cadre. Quant à la SEBJ plus
spécifiquement, par rapport à votre question, pour les travaux
qui s'en viennent, nous allons lui demander de
regarder cela dans la perspective que vous mentionnez et pour
élargir les consultations si possible qui vont avoir lieu dans le cadre
que M. Tremblay a expliqué. On va le demander à la SEBJ.
M. Claveau: Une autre question plus spécifique dans la
politique d'embauche. Peut-être que le représentant
d'Hydro-Québec pourrait y répondre. M. Coulombe, est-ce
qu'Hydro-Québec ou SE va avoir des centres d'embauche plus locaux que ce
qui s'est fait au moment de la première phase du complexe La Grande?
Est-ce que, par exemple, un ouvrier de la construction de Chibougamau va devoir
aller à Montréal pour être embauché ou s'il peut
être embauché directement sur place?
M. Tremblay (Paul-F.): Ma réponse, c'est que cela se fait
sur place. Il n'aura pas à venir à Montréal. L'examen
médical et toutes ces choses-là peuvent se faire très bien
sur place. Je ne vais pas la raison pour laquelle il viendrait à
Montréal.
M. Claveau: Est-ce que cela va se faire par les bureaux de
Travail-Québec ou d'autres bureaux ou si vous allez avoir vos centres
d'embauche spécifiques?
M. Tremblay (Paul-F.): Non, nous n'avons pas nos centres
d'embauche. Nous sommes régis par le décret et nous allons suivre
les modalités stipulées dans le décret.
M. Claveau: Je suppose que des informations seront données
en ce sens aux entrepreneurs, aux gens intéressés, à ceux
qui sont intéressés comme vous le disiez tout à l'heure et
qui ont la possibilité que quelqu'un monte avec sa famille et sa
roulotte à Radisson pour voir là-bas. Est-ce qu'il va pouvoir
aussi se déplacer sur le territoire pour aller voir sur place s'il y a
du travail? J'entends, par exemple, un individu qui, je ne sais pas, peut
être un comptable, un magasinier ou quelqu'un d'autre et qui pourrait
tout simplement prendre la route et se rendre à Radisson et dire: Je
m'en vais voir sur place si on peut m'engager.
M. Tremblay (Paul-F.): Ce ne serait pas une manoeuvre que
j'encouragerais parce que c'est très coûteux tout de même de
se déplacer, disons de Matagami où d'ailleurs pour monter
à Radisson voir s'il y a du travail. Il y a des bureaux dans toutes les
villes de la région où les gens peuvent consulter la liste des
demandes de travail.
Quant à indiquer aux gens ce qu'ils peuvent faire sur le
territoire - par exemple, amener leur famille - nous avons l'intention de
publier des renseignements de la société d'énergie qui
seront inclus dans les appels d'offres, qui vont indiquer aux entrepreneurs
toutes les possibilités qu'ils peuvent offrir à leurs
travailleurs. Tout cela va être décrit de façon très
précise et les renseignements vont être transmis de façon
que tout le monde soit au courant.
M. Claveau: D'accord. Dans un autre ordre d'idées, en ce
qui concerne la sécurité publique sur le territoire de la Baie
James, c'est une question très importante sur laquelle on va devoir
statuer un jour ou l'autre d'une façon un peu plus définitive.
Est-ce que dans l'esprit d'Hydro-Québec, il est question de remettre les
services de sécurité publique à la municipalité de
la Baie-James où si vous croyez qu'il ne serait pas
préférable que ce soit la Sûreté du Québec
qui ait la responsabilité de l'ensemble des questions de
sécurité publique au nord de la barrière de Matagami?
M. Tremblay (Paul-F.): Les meilleurs renseignements que je peux
vous donner à ce jour, c'est que ce sera la Sûreté du
Québec qui sera présente. L'entente n'est pas finale, mais on
s'achemine vers la présence de la Sûreté du Québec
sur le territoire.
M. Claveau: D'accord. Si je comprends bien, peut-être que
je déborde un peu, mais vous êtes quand même placé
pour me répondre. Il n'est pas question de mettre en place une
super-police régionale dont la responsabilité ou l'administration
courante relèverait de la municipalité de la Baie-James?
M. Tremblay (Paul-F.): À venir jusqu'à maintenant,
cela ne s'est pas orienté de cette façon.
M. Claveau: D'accord. Une question à trente sous. Est-ce
que la route de la Baie-James sera une route publique ou une route
privée?
M. Tremblay (Paul-F.): Actuellement, la route Matagami-LG 2
appartient à la SDBJ et je crois qu'elle va demeurer à la SDBJ
pour quelques années encore. Pour qu'elle devienne publique, il s'aqira
de négocier avec le ministère des Transports. Ce sera une
procédure assez longue à cause de la question des coûts
d'entretien. Actuellement, c'est la société d'énergie qui
paie les coûts d'entretien et c'est la SDBJ qui fait l'acte d'entretenir
la route par l'entremise de contrats.
M. Claveau: D'accord. En ce qui concerne le fonds de terrain de
la route même si cela est une propriété SE comme vous le
dites, est-ce que ce ne sera pas, selon l'accès et l'utilité, en
fonction de la gestion du Code de la route, considéré
comme une route publique au sens large?
M. Tremblay (Paul-F.): Oui, à cet effet nous allons
essayer de faire régir la route par les mêmes règlements
qui existent dans la province de Québec.
M. Claveau: D'accord. Cela veut donc dire qu'il n'y aura pas de
problèmes d'accès, par exemple, pour les touristes et pour les
visiteurs jusqu'à la rivière de Rupert et puis, dans un
deuxième temps, jusqu'à Radisson pour les groupes qui veulent
aller visiter LG 2, comme cela se fait déjà depuis l'an
dernier.
M. Tremblay (Paul-F.): La route est ouverte à 100 %. Tout
ce qu'il y a, c'est une barrière de renseignements à Matagami. En
somme, c'est pour protéger les gens. On leur demande s'ils ont du
carburant pour se rendre jusqu'à tel point, etc. C'est une question de
protection. La route est ouverte. C'est un peu comme anciennement où il
y avait des barrières à l'intérieur de la province, par
exemple, entre Québec et Chicoutimi. La route est ouverte aux touristes,
aux chasseurs, aux travailleurs. Si un travailleur veut monter avec sa propre
voiture au lieu de prendre le transport aérien, il est libre de le
faire.
M. Claveau: D'accord. Une dernière question pour savoir si
Hydro-Québec ou la SEBJ envisage une utilisation maximale des
aéroports qui sont sur le territoire régi par la convention de la
Baie James. J'entends en particulier les aéroports de Matagami, de
Chibougamau-Chapais.
M. Tremblay (Paul-F.): Pour ce qui est de l'utilisation maximale,
je ne peux pas vous répondre. C'est évident que nous allons nous
en servir à l'occasion. S'il y a des gens qui viennent travailler
à partir de Matagami, s'il y a même des victuailles qui sont
achetées à Matagami, c'est évident que les avions peuvent
arrêter faire le plein.
M. Claveau: D'accord. Mais, par exemple, lorsqu'on parle du
transport des troupes - excusez le terme - vers le haut, pour faciliter encore
là l'embauche locale, prévoyez-vous que l'avion qui fera le
transport viendra chercher les gens à l'aéroport de
Chapais-Chibougamau ou à l'aéroport de Matagami si le nombre est
justifié,
M. Tremblay (Paul-F.): Si le volume justifie un arrêt
à ces endroits, il n'y a pas de problème. C'est une question qui
pourrait être discutée avec les transporteurs commerciaux. Il
s'agit de volume. J'ai bon espoir que le volume va venir de ces régions.
À titre de renseignement supplémentaire, le projet LG 2 A est un
projet souterrain à 100 %.
M. Claveau: Oui.
M. Tremblay (Paul-F.): Cela veut dire des mineurs, des foreurs,
des boutefeux. Ce sont des métiers qui viennent de ces régions.
Vous habitez dans les régions minières. Historiquement, à
la phase I, un bon pourcentage de notre personnel ouvrier venait effectivement
de ces régions. Nous allons continuer de la même façon.
M. Claveau: Je vous remercie.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va. M. le
député de Saguenay. (10 h 45)
M. Maltais: Merci, M. le Président. Bonjour, M. Coulombe;
bonjour, messieurs. M. Coulombe pourra -poser les questions que j'ai à
poser aux bonnes personnes. Dans un premier temps, j'aimerais revenir sur la
question de l'embauche. Comme vous pouvez le voir, cela fait partie des
préoccupations des députés des deux côtés de
la table. Moi, je suis de la région de la Manicouaqan-Outardes. Il se
fait présentement des travaux importants à Manic 5. II y a les
mêmes problèmes que mes collègues d'Abitibi et d'Ungava
soulevaient tout à l'heure. Ils sont encore plus aiqus chez moi.
On sait qu'Hydro-Québec a donné des sous-contrats à
plusieurs petites entreprises là. Elles-mêmes effectuent des
travaux. Ce qu'on rencontre dans la réqion, ce sont des problèmes
d'embauché parce que, finalement, on se pose la question: Est-ce que
c'est une "loto-embauche" ou est-ce que cela se fait par l'intérieur?
Finalement, comme homme politique, on n'a pas de réponse à donner
à nos concitoyens qui viennent nous voir, parce qu'on se perd en
conjectures et dans les dédales administratifs et, finalement, on n'a
jamais de réponse.
Je pense qu'aujourd'hui, M. Coulombe, vous êtes certainement en
mesure de donner des réponses bien claires qu'on pourra transmettre
à la population et lui dire: Écoutez, la politique
d'embauché d'Hydro, c'est la suivante, cela se fait dans tout le
Québec et cela va se faire éqalement lors des travaux de
parachèvement de Manic 5.
M. Coulombe: Embauche dans le domaine de la construction ou dans
le domaine de l'exploitation?
M. Maltais: Dans le domaine de la construction.
M. Coulombe: La construction. Voici M. Laflamme, qui est
vice-président à l'ingénierie.
M. Laflamme (Marcel-G.): La politique d'Hydro-Québec dans
le domaine de la construction, c'est que l'embauche se fait par les bureaux de
placement régionaux.
M. Maltais: Les bureaux du centre de la main-d'oeuvre du
Canada?
M. Laflamme: Le centre de la main-d'oeuvre du Canada.
M. Maltais: Malheureusement, je suis obligé de vous dire
qu'on appelle le centre de la main-d'oeuvre du Canada et on dit: Hydro ne fait
pas affaire avec nous autres. Je vous donne la réponse que les gens du
centre de la main-d'oeuvre du Canada nous disent. Nous envoyons des ouvriers.
Nous disons: Écoutez, cela passe par le centre de la main-d'oeuvre.
Allez faire une demande au bureau d'Hydro. Allez au centre de la main-d'oeuvre.
C'est la dernière fois qu'ils ont des nouvelles de ces personnes, parce
qu'on nous dit: Cela ne passe pas par nous autres.
Alors, il y a une anomalie quelque part. Il y a quelque chose qui
accroche, je ne sais pas où. Mais, il faut quand même avoir un
endroit où on puisse guider ces travailleurs qui viennent nous demander
conseil. C'est notre travail de député de leur dire:
Écoutez, allez à telle place, inscrivez-vous sur la liste et
attendez. Mais là, on se fait dire par le centre de la main-d'oeuvre:
Hydro-Québec ne passe pas par nous autres.
M. Laflamme: Ce qui arrive dans ce cas, c'est que la plupart des
travailleurs sont embauchés par les entrepreneurs, parce qu'on donne
tous nos travaux à contrat à des entrepreneurs. C'est entendu
qu'ils sont censés passer par ces bureaux. En ce qui concerne
Hydro-Québec, on embauche quelques cadres pour la gérance.
À ce moment-là, c'est entendu qu'on ne passe par le bureau
local.
M. Maltais: Je suis bien content de la réponse que vous me
donnez, mais cela ne me satisfait pas, parce que je vais dire quoi aux gens de
chez-moi? Je vais dire: Écoutez, allez au centre de la main-d'oeuvre,
alors que le centre de la main-d'oeuvre leur dit: Ne venez pas ici pour rien,
cela ne passe pas par nous autres. C'est bien beau, ce que vous nous dites.
C'est peut-être votre procédure qui est écrite dans le
livre, mais dans la pratique, ce n'est pas cela qui se passe.
Ce que j'aimerais savoir, c'est comment cela se passe et à quel
endroit on peut guider ces travailleurs. On peut leur dire: Allez là et
ils vont prendre votre nom.
M. Laflamme: C'est exactement la façon dont c'est
censé se passer. Il est légal que l'embauche se fasse par le
bureau régional. Les entrepreneurs sont censés respecter ces
règlements. Je peux prendre votre commentaire et le vérifier.
Disons que c'est la première fois que j'entends dire qu'ils ne
respectent pas les règlements.
M. Maltais: On a l'impression, savez-vous, que c'est une
"loto-embauche", cela s'embauche par l'intérieur. C'est l'impression la
plus répandue, et je pense que ce n'est pas normal, parce que ce n'est
pas équitable pour l'ensemble des travailleurs. C'est l'impression qu'on
a, et il faudrait, à un moment donné, qu'Hydro-Québec
émette des directives claires pour l'ensemble des citoyens du
Québec et nous dise: La procédure d'embauche, c'est la suivante
et elle est appliquée pareillement partout. Si on nous dit dans un
centre de la main-d'oeuvre: Ne venez pas ici, à ce moment-là, je
pense qu'Hydro devra appeler le centre de la main-d'oeuvre et dire: Tu ne fais
pas ton job. Il y a quelque chose qui ne marche pas quelque part.
Vous me dites que la politique générale est inscrite dans
le livre d'Hydro-Québec, mais, dans la pratique, ce n'est pas
celle-là. Je regrette, mais ce n'est pas celle-là.
M. Coulombe: On va prendre quelques minutes tantôt,
peut-être, pour apporter une réponse plus précise. Mais, je
pense qu'il faut se rappeler que ce sont les entrepreneurs qui engagent les
gens. HydroQuébec ne fait plus de construction comme elle le faisait il
y a plusieurs années. On élimine tranquillement cet
élément pour laisser de la place aux entrepreneurs. Ce sont eux
qui ont leurs politiques d'embauche encadrées par le décret de la
construction.
Mais après avoir répondu d'une façon
générale, de même, donc, ce n'est pas une politique
d'Hydro-Québec d'interpréter le décret, que je sache. Le
décret est respecté par les entrepreneurs. Maintenant, on va
fouiller cela un peu plus et on va vous apporter une réponse un peu plus
articulée au cours de la journée.
M. Maltais: La seule chance qu'ont les gens des régions,
c'est lorsqu'on crée des emplois bien spécifiques pour lesquels
il n'existe qu'un candidat par région, un type de travail
spécialisé qu'on ne trouve nulle part. On entend une petite
annonce à la radio ou à la télévision ou on la voit
dans les journaux. S'il y a quelqu'un de tel métier, appelez telle
personne. Mais pour cela, il y a une seule personne sur mille.
M. Coulombe: On va vous donner une réponse claire et
précise avant la fin de la journée.
M. Maltais: Dans un deuxième temps, je voudrais parler de
la route 369 de Baie-
Comeau à Manic 5. Elle a été construite et
asphaltée dans les années soixante, et avec l'avènement de
Manic 5 PA, elle a nécessité beaucoup de transport lourd. Il y a
eu beaucoup de circulation dessus. Les employés y circulent
régulièrement et on a beaucoup de plaintes de la part des
employés qui disent que cette route n'est pas sécuritaire. Elle
ne vous appartient plus, elle a été cédée au
ministère des Transports. Le ministère des Transports nous dit
toujours: Si Hydro-Québec veut qu'elle soit mieux entretenue, qu'elle
paie. Est-ce que c'est une politique d'Hydro-Québec de s'assurer qu'il y
ait un maintien sécuritaire, convenable et qu'on l'entretienne? Est-ce
qu'il y a des coûts partagés entre vous et le ministère des
Transports? Comment est-ce que cela fonctionne?
M. Coulombe: Cela, c'est une autre zone de tension ou
d'ambiguïté. On parlait de la route de Matagami tantôt. On a
également des discussions avec le ministère des Transports.
Lorsqu'on dit que la route appartient au gouvernement, c'est un peu comme nos
relations avec les syndicats, les entrepreneurs et ainsi de suite. La tendance
du gouvernement est de dire qu'Hydro-Québec doit payer et notre tendance
est de dire: Si cela appartient au gouvernement, qu'il paie! Je vous avoue que
cela donne toujours lieu à des discussions où chacun -c'est
normal - a ses intérêts. Le ministère des Transports a des
problèmes budgétaires et nous, nous voulons couper nos
dépenses. On s'affronte dans des discussions pénibles et longues.
C'est normal.
Pour le cas précis de la route de Baie-Comeau, je ne peux pas
vous dire s'il y a des travaux prévus ou non, je ne le sais pas.
Dossier Manic 5
M. Maltais: En tout cas. Dans un autre ordre d'idées, ma
dernière question en est une que je ramène depuis 1983. Elle fait
surface tous les six mois; il s'agit de la solidité de Manic 5. Tous les
six mois, il y a une espèce de sage au Québec qui dit que Manic 5
va descendre à Baie-Comeau, et trois mois plus tard, un rapport dit que
Manic 5 va remonter à Baie-Comeau et qu'il n'y a pas de problème.
Cela dure quand même depuis quatre ans et il y a toujours une
espèce de remous dans la population à chaque fois. J'aimerais
savoir si, en 1987, on a trouvé la solution et si vous êtes en
mesure, aujourd'hui, de me dire que Manic 5 n'est plus un danger pour la
population et qu'on peut dormir tranquille, cela va rester là.
M. Coulombe: Nous ferons le point sur ce dossier de Manic 5.
M. Laflamme: D'abord, disons que la sécurité n'est
pas mise en doute à court terme. On prévoit faire un
confortement. Au printemps 1986, on a fait le point sur les études en
cours. Étant donné différents éléments que
je vais vous mentionner, une décision a été prise pour
prolonger le programme d'études de l'automne 1986 au printemps 1987.
Certains éléments ont conduit à la décision de
prolonger le programme d'études plutôt que d'entrer
immédiatement dans des travaux de confortement: il n'y avait pas eu
d'évolution appréciable des fissures de 1985 à 1986. Des
mesures ont été prises sur le site. Elles ont donné des
résultats quelque peu différents des calculs faits par un
modèle mathématique. Des abris avaient été
érigés pour couvrir le bas des voûtes et ces abris sont
chauffés en hiver et constituent, en quelque sorte, un confortement
thermique tant que les abris sont là. Les abris avaient
été faits pour nous permettre de nettoyer le bas des voûtes
en vue de la préparation des travaux et en même temps, cela
constitue un confortement thermique.
Selon l'avis de nos spécialistes et de nos experts, il n'y avait
pas lieu de s'embarquer immédiatement dans un confortement lourd,
principalement un confortement mécanique. Et non seulement pouvait-on se
le permettre mais on se devait de prolonger de l'automne 1986 au printemps 1987
notre programme d'études pour nous permettre de mieux définir
l'influence des différents paramètres sur le barrage. C'est ce
qui a été fait et, en même temps, il s'agissait d'ajuster
notre modèle mathématique pour qu'il corresponde davantage aux
mesures qui avaient été prises sur le site. Il y avait certains
ajustements à faire. Le modèle étant ajusté, il
s'agissait de repréciser l'influence, de refaire l'étude
paramétrique et de repréciser l'influence des différents
paramètres sur le confortement. Le paramètre qui ressort
présentement comme étant l'influence majeure, c'est le thermique.
Maintenant, en plus de ces études, pour mieux définir les
contraintes, on avait décidé de faire valider par une firme ayant
de l'expérience dans les barrages et, en particulier, dans la validation
d'études, d'abord nos hypothèses, les techniques d'étude,
les modèles utilisés et les résultats. C'est ce qui a
été fait et on attend au mois de mai les résultats de
cette étude de la coentreprise qui travaille pour nous sur le dossier et
la validation. À ce moment-là, on va avoir une meilleure
appréciation des différentes contraintes et cela va nous
permettre d'optimiser le confortement, le point de vue technique et celui des
coûts.
M. Maltais: Est-ce qu'on est en mesure, aujourd'hui, d'affirmer
que Manic 5 n'est pas en danger et n'est pas une menace pour la
population dans l'immédiat, comme vous l'avez dit au
début?
M. Laflamme: Oui, monsieur. Manic 5, présentement, selon
les avis de nos experts, n'est pas en danger à court terme.
M. Maltais: Dans votre esprit, à court terme, cela veut
dire quoi? Est-ce que cela veut dire un an, deux ans, dix ans?
M. Laflamme: C'est au moins le temps de faire le confortement
qu'on aura à faire.
M. Maltais: Étant donné que cela a une grande
importance pour les 45 000 habitants qui vivent aux confluents de la
rivière Manicouagan et du bassin de la rivière Outardes - c'est
quand même très important pour eux, parce que si cela part, adieu
tout le monde! - est-ce qu'il n'y aurait pas possiblité, lorsque
Hydro-Québec parle de la solidité ou du confortement de Manic 5,
que ce soit une autorité d'Hydro-Québec qui émette des
communiqués ou qui en donne l'état? Ce qui arrive en
région, c'est qu'un journaliste quelconque va appeler M. X
d'Hydro-Québec et va lui parler: Monsieur Y, qui est sur le barrage,
nous a dit que ce n'était pas si pire mais que cela pouvait être
pire la semaine prochaine; là, cela ameute tout le monde. Est-ce qu'il y
aurait possibilité que soit le président ou un
vice-président dise: Voici l'état de la situation. On rassure la
population - il y a deux possibilités, si ce n'est pas bon, il faut que
tout le monde déménage ou renforcer... mais que ce soit une
autorité d'Hydro-Québec qui rassure la population. Ce qu'il
arrive, c'est que la population, si c'est Monsieur W qui parle, pense que cela
n'est pas aussi sérieux que cela. Mais il faudrait que ce soit
l'autorité d'Hydro-Québec qui rassure la population. Quand je
parle d'une personne en autorité, je ne parle pas d'un chef de service,
je parle du conseil d'administration d'Hydro-Québec, ou de la personne
qui a la responsabilité de ce confortement.
M. Coulombe: Je dois vous dire que je suis complètement
d'accord avec vous sur cette perspective de travail. M. Hébert peut en
témoigner, ce dossier de Manic 5 a été discuté
très souvent, parce que le conseil d'administration, à la suite
de certains rapports internes, s'est inquiété et a exigé
des rencontres. Vous savez qu'au conseil d'administration, il y a un
comité plus particulièrement orienté vers les aspects
technologiques, etc. Il y a eu plusieurs réunions là-dessus. Les
experts sont venus donner des explications. Mais il faut comprendre qu'il
s'agit d'un phénomène nouveau dans une structure unique. Je vous
avoue que, lorsque les experts se mettent à s'obstiner sur certains
paramètres thermiques comme le chaud, le froid, l'apesanteur, ainsi de
suite, cela donne lieu à des discussions internes passablement
complexes. (11 heures)
Le conseil d'administration et moi-même, nous avons toujours
exigé d'être tenus à point sur ce problème
extrêmement important. Dans l'évolution de ce dossier, il y a eu
au début un élément normal de panique, même interne,
en disant les fissures, etc., comme c'est un élément nouveau.
Mais je dois vous dire que, graduellement, avec le comité d'experts
internationaux qu'on a mis sur pied, plus les études de consultants,
plus l'ingénierie interne, la compréhension du
phénomène s'est faite de plus en plus claire. Aujourd'hui, comme
M. Laflamme vient de le dire, je pense qu'il y a une quasi-certitude au niveau
supérieur d'Hydro-Québec qu'à court terme les dangers sont
éliminés. Cela est confirmé par des rapports d'experts et
de consultants et la décision et la nature du confortement... À
un moment donné, on était entre des solutions qui variaient de 50
000 000 $ à 400 000 000 $. On s'est dit: II faut certainement y penser
d'un peu plus près. C'est l'évolution du dossier. Je pense que
toutes choses étant égales, à moins que les experts ne
trouvent de nouvelles bibites dans les modèles mathématiques, je
suppose que, d'ici à la fin de l'année, il y aura une
décision finale sur le style ou la façon de conforter le barrage
et que les travaux suivraient immédiatement après, donc, en 19B8
ou 1989, lorsque l'ingénierie sera faite.
Quant aux communications, vous savez qu'Hydro-Québec est une cage
de verre. Tout le monde sait tout. Il y a certaines époques où
les renseignements sortent plus qu'à d'autres époques à
cause de différents phénomènes. On n'empêchera
jamais les honorables journalistes de rencontrer d'honorables personnes
d'Hydro-Québec, d'avoir des conversations, etc. Je vous avoue que, si
vous me demandiez d'arrêter tout cela, je vous demanderais de m'indiquer
les moyens pour arrêter tout cela. C'est un problème, encore une
fois, un peu classique à Hydro-Québec. Il y a beaucoup de gens
qui parlent, et les journalistes aiment cela.
M. Maltais: M. Coulombe, j'aimerais que vous ou la personne
responsable de Manic 5 veniez dans la région de Baie-Comeau pour faire
le point, pour ne pas ameuter la population, bien sûr, mais pour la
sécuriser. Une personne en autorité, que ce soit vous ou un de
vos vice-présidents responsables. Je vous lance une invitation, et j'y
tiens parce qu'il y a quand même 45 000 personnes qui vivent à la
portée de ces barrages. C'est inquiétant pour la population. On
nous demande des routes de secours, on nous demande ci, on nous demande
ça, et nous ne sommes pas sûrs s'il partira ou non.
On ne veut pas investir d'argent pour rien, on est comme vous
là-dessus.
M. Coulombe: Considérez cela comme accepté et
réglé. Fixons la date, et quelqu'un en autorité ira faire
le point exact sur le dossier.
M. Maltais: On vous attend avec plaisir. Merci.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Roberval.
M. Gauthier: Merci, M. le Président.
M. Coulombe: J'aimerais souligner que ce ne sera pas
nécessairement moi. Il y a beaucoup de gens en autorité à
HydroQuébec, mais il me ferait plaisir d'y aller.
M. Maltais: On vous invite.
M. Gauthier: II y a une confusion qui risque de subsister, et,
à mon avis, il serait important à ce moment-ci, alors qu'on
commence à étudier le plan d'équipement
d'Hydro-Québec, d'avoir des éclaircissements. Je me permettrai de
me référer à la revue Chantier de novembre 1986
où il y avait une entrevue avec M. Laurent Hamel qui précisait de
façon assez juste, je pense, je n'ai pas de raison d'en douter à
ce moment-ci, qu'il ne fallait pas conclure que nous verrons sous peu la mise
en chantier d'un nouveau mégaprojet de l'ampleur du complexe La Grande.
Il y a des raisons à cela, vous en avez parlé déjà.
J'aimerais savoir, M. Coulombe, si, à l'aide du graphique 25 du plan de
développement, vous pourriez nous donner une explication. Vous avez
parlé, hier, de phase de construction. Je sais que cela dépend
des contrats qu'on signera mais est-ce que vous pourriez nous expliquer,
à l'aide de ce graphique, quels sont les découpages possibles
dans la perspective que vous avez actuellement? C'est à la page 56 du
plan. Si la diapositive pouvait être projetée sur les tableaux,
vous pourriez nous expliquer un peu le découpage que vous entrevoyez
pour l'avenir jusqu'à NBR.
Mégaprojets
M. Coulombe: Sur la question des mégaprojets, je pense que
M. Hamel avait parfaitement raison. Il exprimait la position de la...
Une voix: Le 21, s'il vous plaît!
M. Coulombe: Mais pas dans la boîte d'exportations.
M. Gauthier: C'est de plus en plus sophistiqué. Vous avez
maintenant deux boîtes.
M. Coulombe: C'est cela.
Une voix: Vos désirs sont exaucés.
M. Coulombe: Comme je le disais, la position qu'on exprime dans
le plan de développement depuis 1983-1984, c'est qu'à l'avenir,
Hydro-Québec va essayer d'avoir une formule souple de construction
d'équipement. Une formule souple, cela veut tout simplement dire qu'on
va essayer de faire les projets les uns après les autres plutôt
que de commencer un mégaprojet, tout en même temps, et de
s'embarquer là-dedans pour que, rendu à la moitié ou aux
trois quarts, si les conditions économiques changent, on ne puisse plus
revenir sur nos pas. Cela a été exprimé depuis au moins
quatre ans dans les plans de développement comme philosophie de
base.
Cela s'exprime de façon très concrète par ce
graphique. Lorsqu'on parle, par exemple, des besoins globaux, y compris
l'exportation, vous vous rappelez qu'on a noté hier que le plan cible
supposait 3500 mégawatts de contrat d'électricité. Si on
admet que c'est possible de faire cela, vous avez le rythme de construction qui
est prévu et vous remarquerez que j'élimine Manic 5 et LG 2 A,
qui sont décidés, qui commencent ou qui sont en construction. On
arrive à LG 1, Brisay, et le début de la construction de LG 1, si
tout se passe bien, cela pourrait être en 1989. Ce sera un projet
particulier, mais cela ne veut pas nécessairement dire qu'on va
commencer en même temps les autres projets que vous voyez là. Ce
sera l'un après l'autre. Quand on parle de LG 1, c'est 1300
mégawatts et plus. Donc, la construction de LG 1, comme il y a
déjà des infrastructures, une fois qu'elle sera commencée,
cela pourrait difficilement être retardé; mais, si les conditions
économiques changent, si la problématique change ou si les
exportations ont moins de succès que prévu, cela veut dire que
les autres projets devront être retardés. Donc, au lieu de
s'engager dans des dépenses de plusieurs milliards de dollars, on va
fragmenter les projets qui sont "fragmentables". Cela va très bien dans
le cas de LG 1, cela va bien dans le cas de Brisay et LA 1 parce que ce sont
des projets qui sont quand même de taille...
Une voix: Réduite.
M. Coulombe: ...plus modeste que, par exemple, LG 2, qui a 5000
mégawatts, ou Churchill. Par contre, quand vous arrivez à Grande
Baleine et à NBR, les études se poursuivent - M. Mercier pourrait
peut-être en donner plus de détails - pour décomposer
ces grands projets en phases. Je reviens à LG 2 A. On est
même allé à LG 2 A et il s'est ajouté, je pense, six
groupes ou...
Des voix: Six groupes.
M. Coulombe: ...six groupes de plus à LG 2. On a mis deux
phases. On peut faire les trois premiers groupes et, dans le plan, vous voyez
qu'on dit: Est-ce que la deuxième phase va être en même
temps ou après? On pourrait se permettre d'arrêter après
les trois premiers groupes et d'attendre un an ou deux ans pour les trois
derniers groupes. Vous voyez le degré de plus grande sophistication pour
tenir compte des aléas économiques, de la conjoncture, du
financement, etc., pour ne pas s'engager de façon irréversible et
irrémédiable dans des projets de plusieurs milliards de dollars.
Les deux meilleurs exemples qu'on puisse donner, ce sont Grande Baleine et NBR,
pour lesquels les études ne sont pas terminées, mais on pourra
peut-être vous donner quelques détails sur la fragmentation des
travaux.
M. Mercier (André): Pour confirmer ce qu'a dit M.
Coulombe, la diapositive 22, s'il vous plaît. On illustre ici à
peu près la même présentation que
précédemment, et c'est pour montrer que si on enlevait les 3500
mégawatts d'exportation... La souplesse ici est illustrée en
indiquant que si les premiers projets qui étaient prévus dans
l'autre diapositive, dans l'autre image, ils seraient retardés par la
courbe en vert que vous pouvez observer. C'est cette souplesse qu'on a voulu se
donner. On a voulu insister beaucoup sur cette souplesse, sur l'ensemble du
programme d'équipement. C'est illustré ici pour un retard sur
l'ensemble de la programmation. On a fait la même chose en termes
d'accélération du programme et on a même envisagé
d'accélérer l'ensemble des études et des approbations pour
les projets de LG 1, LA 1, Laforge et Brisay pour être certain qu'on
pourrait soit accélérer, soit retarder l'ensemble des projets.
Effectivement, c'est aussi le cas pour les projets de Grande Baleine et NBR,
qu'on essaie de scinder en différentes phases, au moins en quatre
parties pour le projet de NBR, pour être capable de s'adapter le mieux
possible. Le commentaire que vous apportiez au départ, c'était:
Est-ce qu'on va faire encore des mégaprojets? On fera sans doute des
projets qui sont aussi importants, mais on va les faire par phases, par petits
projets qui vont nous permettre d'avoir toute cette souplesse, tant pour
accélérer le programme que pour le retarder au besoin.
M. Coulombe: Si vous regardez cela sur une période de
quinze ans, on peut appeler cela un gigantesque mégaprojet. Maintenant,
on ne sait pas si cela va se terminer dans 15 ans, dans 18 ans ou dans 20 ans.
C'est la souplesse qu'on veut se donner pour faire face aux aléas.
M. Gauthier: D'accord. Cet élément de souplesse, je
le comprends comme diminuant, bien sûr, le risque pour
Hydro-Québec. Cela permet une certaine latitude. Je voudrais revenir
à la diapositive précédente, celle qu'on avait tout
à l'heure, celle du graphique 25.
Une voix: 21.
M. Gauthier: Je voudrais vous demander, M. Coulombe ou M. Mercier
- de toute façon cela ne me fait rien - si on peut, à partir des
tranches qui sont exprimées là de façon très claire
pour tout le monde, avoir pour chacune le montant total d'investissements et le
nombre d'emplois en hommes-années que cela représente pour
chacune des marches d'escalier qu'il y a là, en tout cas, en montant le
plus loin possible.
M. Mercier: Je pense qu'on peut vous donner l'ensemble de cette
information, mais pour une raison technique, ce serait plus simple si on vous
remettait cela par écrit. Actuellement, on peut vous la présenter
en donnant chacune des informations.
Une voix: On pourrait peut-être donner quelques
exemples.
M. Gauthier: Je comprends bien, M. Mercier. Je sais que vous
pouvez nous la fournir mais cela serait tellement clair, il me semble, si vous
pouviez nous indiquer, par exemple, si vous l'avez sous forme écrite: LG
1, équipement de pointe, c'est une marche d'escalier que je vois
là; ou LG 1 Brisay, prenons cette première, cela
représente des investissements de 3 000 000 000 $ et en
hommes-années on a comme chiffre, je ne sais pas, 2000 hommes ou peu
importe le chiffre que cela donne. Il me semble que cela pourrait se faire
assez facilement à partir du tableau.
M. Gauthier: On peut vous donner l'exemple à partir de LG
1, si vous le voulez, avec M. Laflamme.
M. Gauthier:Oui. D'accord.
M. Laflamme: Alors, pour ce tableau, si on commence avec LG 1 -
il est en service en 1995, oui - je dois vous dire que les effectifs en
personnes-années que je vais vous donner, c'est sur la même base
que les données que vous avez eues en avril 1986. Après la
commission parlementaire, vous aviez reçu des données. C'est sur
la même base. Maintenant, je vais vous donner les
personnes-années, la main-d'oeuvre directe, mais cela comprend
l'ingénierie, la gérance et les chantiers.
M. Gauthier: D'accord.
M. Laflamme: Pour LG 1, ce serait 6800 environ. Les
investissements pour la centrale, c'est 6800 personnes-années. C'est
environ 3 500 000 000 $.
M. Gauthier: LG 1, c'est 3 500 000 000 $ d'investissements et
c'est 6800 personnes, mais pour combien de temps? Est-ce sur trois ou quatre
ans? Est-ce une pointe, 6800?
M. Laflamme: C'est un début d'études, disons, de
1988, en ce qui concerne le projet, ce sera terminé en 1996.
M. Gauthier: Sur huit ans, vous cumulez...
M. Laflamme: Ce sont 6800 personnes-années.
M. Gauthier: Personnes-années. D'accord, on peut
continuer. C'est cela qu'on veut comme information.
M. Laflamme: Brisay, ce serait 3300 personnes-années au
total. En ce qui concerne les investissements ou le coût global de
réalisation, c'est 1 030 000 000 $.
M. Gauthier: Brisay, 1 030 000 000 $, 3300
personnes-années. C'est sur une période de sept ou huit ans
aussi, j'imagine. (11 h 15)
M. Laflamme: Oui. La période varie un peu, mais c'est
toujours de six à huit ans, soit six ou sept ans.
M. Gauthier: C'est toujours à peu près cela.
D'accord.
M. Laflamme: Ensuite Laforge? M. Gauthier: Oui,
Laforge.
M. Laflamme: Laforge 1, c'est 5800 personnes-années pour
un investissement de l'ordre de réalisation de 2 066 000 000 $
M. Gauthier: Laforge: 2 066 000 000 $ et le nombre de
personnes-années?
M. Laflamme: Le nombre de personnes-années, c'est 5800,
toujours pour la main-d'oeuvre directe.
Sainte-Marguerite. À Sainte-Marguerite on a 5900
personnes-années débutant en 1991, d'après le
scénario. Je dois dire que La date, c'est d'après le
scénario cible, mais disons que cela ne change pas le nombre de
personnes-années. Pour Sainte-Marguerite, incluant le transport, en
fait, c'est une ligne 735 kV d'Arnaud à Micoua, 2 536 000 000 $.
M. Gauthier: 2 536 000 000 $ d'investissements pour
Sainte-Marguerite, d'accord.
M. Laflamme: Grande Baleine. Pour Grande Baleine on a 23 900
personnes-années de main-d'oeuvre directe. Le complexe Grande Baleine
incluant... En fait, il y a trois centrales à Grande Baleine et cela
inclut toutes les infrastructures et le transport si on inclut une ligne de 735
kV, cela fait 11 469 000 000 $.
La suivante, c'est Ashuapmushuan. Pour Ashuapmushuan c'est 6500
personnes-années. Les investissements en dollars de réalisation,
c'est 3 468 000 000 $.
On a le début de NBR. Maintenant, à NBR cela comprend 11
centrales pour un potentiel de 8700 mégawatts. Globalement, cela
donnerait 86 000 personnes-années en main-d'oeuvre directe. Là,
nous sommes obligés de faire des hypothèses parce qu'on est rendu
pas mal loin. L'hypothèse, je ne sais pas si M. Mercier, va être
d'accord avec cela jusqu'à un certain point, c'est que le réseau
de transport n'est pas... On a dit que le plan de transport était pour
être déposé un peu plus tard. Avec ce potentiel de 8700
mégawatts, on a supposé quatre lignes. Alors, incluant le
transport, on aurait un global comme estimation préliminaire de 62 534
000 000 $.
M. Mercier: J'aimerais rappeler ici pour la compréhension
que l'ensemble des projets qui viennent d'être décrits, lorsque
vous faites la corrélation avec le plan de développement, vous
avez seulement la période de dix ans. L'ensemble des projets entre 1987,
aujourd'hui, et 1996 représente sur cette période environ 30 000
000 000 $. Il y a, évidemment, des montants plus élevés
parce que les dépenses vont être faites après cette
période. On parle ici d'un ensemble qui s'élève environ
à 30 000 000 000 $ pour des centrales et pour le transport.
M. Coulombe: Maintenant, je voudrais aussi ajouter qu'il faudrait
que ces chiffres soient examinés avec la plus grande prudence.
M. Mercier: Oui, d'accord.
M. Coulombe: Non pas que je ne fasse pas confiance aux
ingénieurs, loin de là, mais on est loin dans le temps.
Deuxièmement, ce sont des chiffres qui vont être
vérifiés et revérifiés au fil des années qui
viennent. Troisièmement, il ne faudrait pas que ceux avec qui on
négocie les contrats
d'exportation tiennent ces chiffres pour acquis.
M. Mercier: D'accord.
M. Coulombe: Donc, il faut examiner cela avec des ordres de
grandeur vraiment pouvant varier de 10 %, 15 % ou 20 % à la baisse ou
à la hausse. Il ne faudrait pas se fixer sur ces chiffres de
façon définitive. C'est pour cela que nous avons un peu
d'hésitation à les rendre publics, et il faut savoir les
interpréter.
M. Mercier: D'accord.
M. Coulombe: Surtout dans le cadre des négociations
où - je vous l'ai dit hier - nous allons arriver dans une phase de
négociations, où nous allons discuter à partir des
coûts, il ne faudrait pas que ces chiffres soient perçus comme
étant les coûts réels définitifs pour les 20
prochaines années. Alors, cela va nous prendre plus de temps à
expliquer pourquoi les chiffres ont changé plus que d'autre chose.
M. Gauthier: Si je comprends bien au-delà de Laforge et
aller jusqu'à Laforge, c'est pas mal, là, on parle de choses
qu'on connaît.
M. Coulombe: C'est cela.
M. Gauthier: Au-delà de Laforge, déjà
Sainte-Marguerite, c'est...
M. Coulombe: C'est-à-dire qu'on continue à parler
de choses qu'on connaît, mais qu'on connaît avec moins de
précision.
M. Gauthier: Je veux dire avec une fiabilité disons plus
grande.
M. Coulombe: C'est cela.
M. Gauthier: Quand je dis une chose qu'on connaît, je ne
doute pas que vous connaissiez cela très bien jusqu'à NBR,
même si cela est loin dans le temps.
M. Coulombe: Le degré d'imprécision
s'élargit...
M. Gauthier: D'accord, il augmente.
M. Coulombe: ...à mesure qu'on quitte les premiers
projets.
M. Gauthier: D'accord. Puisqu'on parle de chiffres d'emploi
relativement important, on sait qu'il y a un problème d'emploi, on en a
parlé ce matin. On sait qu'il y a un problème d'emploi chez les
jeunes et que plusieurs d'entre eux, bien légitimement, misent sur ces
grands chantiers qu'Hydro-
Québec va mettre en branle pour se trouver un emploi. Est-ce
qu'Hydro-Québec a l'intention ou a déjà prévu une
politique particulière d'embauche qui pourrait comporter une proportion
comme effort à la collectivité pour aider à régler
ce problème chez les jeunes? Est-ce qu'il y a quelque chose de
spécial ou si c'est ouvert et on prend ceux qui se présentent
selon leur compétence?
M. Coulombe: II faut quand même qu'Hydro-Québec
respecte tous les encadrements législatifs, que ce soit le décret
de la construction, que ce soit les règlements généraux,
etc. Maintenant, un des avantaqes d'avoir un développement graduel et
non pas avec un "peak" énorme et après cela que ça
retombe, d'avoir continuellement de l'activité, c'est évident que
cela devrait permettre une meilleure planification des types de main-d'oeuvre
qui seraient dans cela. On parle quand même de travaux qui vont
s'échelonner, avec des arrêts et des recommencements sur 20, 25 ou
30 ans. C'est quand même une génération complète qui
pourrait en profiter. Je vous avoue que cette dimension devrait être plus
poussée à Hydro-Québec et plus raffinée, mais nous
sommes vite limités dans notre possibilité tout simplement par le
marché du travail tel qu'il existe et l'encadrement législatif
sur cela. Je vous avoue que c'est une dimension qu'on devrait et qu'on devra
approfondir de plus en plus à mesure que le réalisme de ces
projections va devenir de plus en plus grand. Je pense que c'est une
réflexion qu'on devrait poursuivre, et on pourra peut-être innover
dans ce domaine non seulement sur l'angle des travaux de construction, mais ce
que M. Laflamme nous a donné ce sont des emplois directs mais les
emplois indirects, sont extrêmement importants dans cela aussi. Que l'on
pense à des industries dont le chiffre d'affaires est assez grand et qui
produisent des biens et des services pour Hydro-Québec, et ce genre de
travaux. II ne faut pas oublier que, derrière tous ces investissements,
il y a des lignes qui vont venir et il y a de la distribution qui va venir.
C'est là que les dépenses que nous avons vues tantôt... Et
c'est une raison pour laquelle il ne faut pas s'imaginer que les barrages ce
sont les seules dépenses. Il y a beaucoup d'autres dépenses qui
viennent, et beaucoup d'autres biens et services qui sont produits à
Hydro-Québec. À ce sujet, la réflexion est
déjà commencée, pour les biens et les services, pour voir
comment on pourrait avoir un rythme qui pourrait permettre à l'industrie
du Québec d'en profiter au maximum. Que l'on pense aux turbiniers, aux
appareils électriques et à tous les "gadgets" qui se mettent sur
les lignes de distribution, etc. Il y a là un marché immense. Si
l'on peut stabiliser cette
croissance et la prévoir de mieux en mieux non pas par à
coups mais d'une façon graduelle, je pense que pour l'industrie du
Québec... À ce sujet, on est un peu plus avancés parce que
les cadres législatifs sont peut-être moins contraignants. C'est
plus l'entreprise privée qui agit là-dedans. Mais, on a
déjà eu des rencontres. Je mentionne les turbiniers parce que
c'est assez important; c'est beaucoup de main-d'oeuvre dans les usines de
Marine ou de Dominion Engineering, General Electric et ainsi de suite. Ce sont
des milliers d'emplois, et aussi une technologie, parce qu'il se fait de moins
en moins de turbines ailleurs au Canada et en Amérique du Nord.
C'est évidemment intéressant de s'asseoir avec eux pour
voir un peu la gradation, tout en conservant l'"incentive" d'avoir les
coûts les plus bas. Je pense qu'il ne faut pas perdre cela de vue. Alors,
c'est toujours un mélange de favoriser l'industrie du Québec en
ne créant pas non plus de monopoles qui font augmenter nos coûts
d'une façon exagérée. Là-dessus, on est en
communication très étroite avec les entreprises.
Barrage sur l'Ashuapmushuan
M. Gauthier: Je peux vous dire, en tout cas, pour notre part, de
l'Opposition, que nous considérons que si Hydro faisait des efforts dans
le sens d'une politique favorisant les jeunes, nous serions fort aises de
l'appuyer en ce sens.
M. le Président, j'aimerais avoir quelques détails sur le
phénomène de l'Ashuapmushuan. L'Ashuapmushuan, en plus, c'est
dans le comté de Roberval, que j'ai l'honneur de représenter.
Donc, vous comprendrez que cela me préoccupe un peu. L'Ashuapmushuan a
été de beaucoup devancé par rapport au plan de
l'année passée. C'est la construction qui a le plus bougé
dans le plan.
J'aimerais savoir ce qui explique ce phénomène, d'une
part, et, d'autre part, j'aurai des questions qui me préoccupent
relativement aux problèmes qu'on peut rencontrer de construire un
barrage dans un milieu urbain - je veux bien croire que ce n'est pas la
première fois - ou tout près d'un milieu urbain. Il y a des
problèmes sociaux qui peuvent en découler. D'ailleurs, vous
preniez certaines mesures lorsque vous construisiez dans le Nord du
Québec.
Quand on tombe dans le coeur d'une région comme le
Lac-Saint-Jean, j'imagine qu'Hydro a déjà commencé
à penser à des mesures particulières, parce qu'il y a des
coûts pour les villes qui sont là. 11 y a des coûts sociaux
aussi d'avoir 3000, 4000 ou 5000 travailleurs dans un milieu urbain qui
arrivent tout à coup comme cela. J'aimerais que vous me parliez de ce
phénomène-là.
M. Mercier: Effectivement, comme vous l'observez, dans le plan de
cette année, il y a un changement majeur en termes des projets
principaux, et particulièrement pour la Chamushuan, ou Ashuapmushuan,
comme on appelle ce projet maintenant avec l'appellation indienne. C'est un
projet qui a été ramené, en fait, en termes
économiques et il semble beaucoup plus intéressant qu'il ne
l'était auparavant.
Effectivement, il a même remplacé le projet de La Romaine
et devancé finalement ce projet et NBR aussi. Ce qui s'est passé,
cela fait partie de l'ensemble des révisions qu'on fait,
révisions, réoptimisation de l'ensemble des différents
projets. À ce sujet, on a trouvé que ce projet de l'Ashuapmushuan
était un projet extrêmement intéressant, pour autant qu'on
a modifié certains paramètres des différentes centrales
que l'on considérait sur l'Ashuapmushuan.
En particulier, auparavant, on considérait quatre centrales,
comme telles, sur cette rivière. On s'est aperçu finalement qu'il
y avait, entre autres, parmi différents problèmes qui ont
été considérés analysés... On a retenu deux
des sites des centrales, soit les sites 2 et 3. Quatre sites avaient
été prévus, et on envisage plutôt de retenir les
sites 2 et 3 le long de la rivière.
Ce qui est intéressant, en particulier, c'est qu'à cause
de problèmes d'environnement aussi, on semble pouvoir combiner
l'intérêt économique qu'on peut avoir pour ces projets en
même temps que régler certains problèmes d'environnement.
Je demanderais peut-être à M. Daniel Dubeau, le directeur de
l'environnement, de vous préciser un peu ces problèmes.
II faut se rappeler aussi, concernant toute cette approche sur la
rivière Ashuapmushuan, qu'on en est encore à des études
sommaires, et même pas encore à des études
préliminaires, pour analyser l'intérêt qu'on a pour ce
genre de projet. Effectivement, c'est une étape préliminaire
encore, et beaucoup de choses vont sans doute être discutées avant
qu'on puisse en faire un projet acceptable, tant du point de vue
économique et du point de vue technique pour Hydro-Québec que du
point de vue de l'acceptation par l'ensemble de la population. Daniel.
M. Dubeau (Daniel): II faut d'abord préciser que la
première centrale serait à environ 100 kilomètres de
Saint-Félicien. Donc, en termes d'organisation de chantier, il est
évident que la cité ouvrière va être près du
chantier et non pas près du village de Saint-Félicien, au nom de
la logique, en tout cas, de l'opération comme telle.
Cela dit, cela va nécessiter une concertation avec les compagnies
forestières qui sont très présentes sur le territoire,
entre autres, concernant les camps, les
routes d'accès et également les travaux de
déboisement qui vont devoir être faits. On espère
synchroniser, bien sûr, les travaux de déboisement des compagnies
forestières en fonction des travaux à faire sur les terrains qui
seront inondés lors de la création des réservoirs. (11 h
30)
En ce qui a trait à la ouananiche, effectivement,
l'évaluation environnementale qui a été faite dans le
cadre de l'étude préliminaire a fait ressortir l'importance de
cette ressource pour la région et également le fait qu'elle
était devenue extrêmement fragile. Vous savez sans doute, M. le
député, que cette ressource a été très
exploitée jusqu'à maintenant. C'est sûr que le projet, avec
quatre centrales, aurait grandement hypothéqué la ressource. La
solution que nous regardons présentement - et qui reste à
être optimisée, bien sûr - permettra, d'une part,
d'éviter que la zone de frai actuelle soit affectée puisque nous
serons au nord de la chute Barrière où s'arrête
actuellement la ouananiche dans sa période de frai. Donc, cela n'aura
pas d'impact sur l'endroit où la ouananiche est actuellement.
Par ailleurs, il serait possible - nous allons l'étudier plus en
détail - d'établir un programme de mise en valeur des tributaires
qui sont au nord de la chute Barrière et qui seront, si vous voulez, en
amont de nos centrales. À ce moment-là, on pourra
développer davantage la ouananiche dans la région. C'est une
solution qui paraît tout à fait logique et qui sera faisable comme
mesure de mise en valeur lors de la réalisation du projet.
M. Gauthier: J'aimerais m'adresser au président-directeur
général, M. Coulombe. On sait que la compagnie Alcan a des droits
sur le lac Saint-Jean et contrôle certaines rivières qui
nourissent le lac Saint-Jean. Est-ce qu'Hydro-Québec a
déjà entrepris des négociations avec Alcan advenant la
possibilité de harnacher la rivière Ashuapmushuan ou si on est
à un stade trop préliminaire pour que ces discussions puissent
être entreprises?
M. Dubeau: C'est effectivement trop préliminaire.
M. Gauthier: C'est trop préliminaire. M. Dubeau:
Oui.
M. Gauthier: Je pourrai revenir quand on discutera
d'environnement comme tel, mais concernant la rivière Ashuapmushuan...
Peut-être que je peux poser la question tout de suite. Il y a un
problème quand on inonde une partie de territoire. Je voulais soulever
la question cet après-midi, mais je vais le faire tout de suite, si le
ministre n'a pas d'objection. Je me suis laissé dire que dans le Nord,
quand Hydro-Québec inondait de vastes étendues de terrain, il y
avait une réaction qui faisait que le taux de mercure s'élevait
considérablement. Est-ce que, dans le cas de la rivière
Ashuapmushuan, l'inondation des terrains serait susceptible de produire le
même effet quant à la hausse du niveau de mercure? À ce
moment-là, tout en préservant la ouananiche, est-ce qu'elle ne
deviendrait pas, en quelque sorte, pour une période... Vous m'avez
déjà expliqué l'année dernière, en
commission parlementaire, que pendant vingt ans, il y avait une courbe
croissante et descendante qui faisait en sorte qu'à un moment
donné, semble-t-il, cela disparaît ou ça s'amenuise, mais
je ne voudrais pas m'avancer techniquement. Dans le cas de la rivière
Ashuapmushuan, est-ce que le problème se pose également?
M. Dubeau: Les études sur cet aspect n'ont pas
été entreprises concernant la rivière Ashuapmushuan.
Cependant, si on regarde les expériences avec les réservoirs
existants, toutes choses étant égales, il y a des risques,
évidemment.
Par ailleurs, nous sommes actuellement à démarrer un
programme d'études extrêmement élaboré sur le
mercure à la Baie James, qui vient d'être sanctionné par un
décret du gouvernement du Québec où le gouvernement, le
Grand conseil des Cris et Hydro-Québec vont entreprendre un programme de
dix ans d'études et de recherches en vue d'évaluer l'ensemble du
problème du mercure à la Baie James non seulement pour les
rivières aménagées, mais sur l'ensemble du territoire, et
également voir des solutions alternatives au niveau de l'alimentation et
éqalement peut-être au niveau environnemental sur le
phénomène du mercure sur le poisson.
II faut se rappeler que dans tout le bouclier canadien, la
quantité de mercure à l'état naturel dans les
végétaux et les minéraux est extrêmement
élevée. Elle est même plus élevée que la
norme de commercialisation adoptée par le gouvernement du Canada. Donc
déjà, au niveau naturel, on ne peut pas consommer ce qu'il a
parce que cela dépasse la norme telle qu'elle est édictée.
Ou bien on change la norme, ou bien... En tout cas, il y aura différents
scénarios à discuter là-dessus, mais il reste que le
problème est naturel, et partout sur notre territoire.
M. Gauthier: D'accord.
M. Ciaccia: Si vous me le permettez, M. le député,
c'est juste pour apporter une précision concernant l'entente sur le
mercure. Vous avez mentionné qu'il y a une entente pour faire des
études, mais est-ce que l'entente ne prévoit pas aussi des
mesures "remédiatrices"? L'entente qui a été
signée par le gouvernement du Québec, Hydro-Québec et les
Cris, en plus des études, concerne des mesures "remédiatrices"...
Je crois que c'est une première mondiale où on prend des mesures
pour remédier aux effets du mercure.
M. Dubeau: Actuellement, M. le ministre, ce sont des mesures
alternatives qui sont envisagées au niveau de l'alimentation. Il y a des
types de poisson qui demeurent consommables, il n'y a aucun problème.
D'ailleurs, plus ils sont petits, plus on peut en manger sans aucun
problème. C'est quand ils sont gros qu'ils contiennent du mercure. Cela
dit, il y a des solutions alternatives dans le domaine de l'alimentation. C'est
ce que prévoit le programme, entre autres sous cet aspect, à
savoir définir quels seront les aliments ne comportant aucun danger pour
la population.
M. Gauthier: Cela va, M. le ministre? D'accord.
Remarquez que je souris parce que vous parlez de la taille des poissons
et de la quantité de mercure et je pense également à la
taille de l'appétit. Alors, proportionnellement...
M. Dubeau: On peut se consoler, il y a beaucoup de petits
poissons.
Churchill Falls
M. Gauthier: Un point demeure obscur et j'aimerais... Je ne sais
pas si M. Coulombe souhaite parler - je reviens aux équipements - de la
question de Churchill Falls. J'ai l'impression qu'il pourrait y avoir de
l'aménagement possible à bon prix dans le complexe de Churchill
Falls. M. Coulombe, je ne sais pas si vous pouvez m'en parler ou si vous
souhaitez m'en parler, parce que je ne voudrais pas interférer dans le
débat qui existe actuellement. Mais, est-ce qu'on pourrait savoir ce
qu'il reste de disponible à Churchill Falls en termes de puissance et
d'énergie et à quel coût par rapport au projet qu'on a
à aménager?
M. Coulombe: M. Jean Bernier, qui est secrétaire
général et responsable de toute notre approche du dossier de
Churchill Falls, peut peut-être répondre spécifiquement
à cette question.
M. Bernier (Jean): Oui, effectivement, sur la rivière
Churchill et en aval de la centrale actuelle de Churchill Falls, une centrale
d'une puissance installée d'au-delà de 5000 mégawatts, il
existe deux sites qui, selon les experts et selon les études
préliminaires faites à ce jour, paraissent intéressants.
C'est le site de Gull Island qui pourrait recevoir une puissance
installée de l'ordre de ]700 mégawatts et, un peu plus en aval,
le site de Muskrat qui pourrait recevoir une puissance installée de
quelque 700 mégawatts, donc au total 2400 mégawatts.
Actuellement, ces sites sont sous le contrôle d'une entreprise qui
s'appelle LCDC, Lower Churchill Falls Development Corporation, dont les
intérêts sont partagés entre la province de Terre-Neuve
pour 51 % et le gouvernement fédéral pour 49 %. D'une
façon générale, on peut retenir que ces sites paraissent
économiquement intéressants et se situeraient en termes globaux
quelque part au-delà de ce qu'on prévoit dans nos programmes
après l'achèvement du complexe La Grande. Il y a encore beaucoup
de chemin à faire pour que nous puissions considérer ces sites
dans nos programmes. Vous connaissez sans doute, pour en avoir entendu parler,
l'état de nos relations avec Terre-Neuve concernant Churchill Falls, le
contrat que nous avons actuellement qui se terminera vers l'an 2045 et toute
une série de rencontres et de discussions avec les représentants
de Churchill Falls et de la province de Terre-Neuve à propos de ce
contrat et d'autres éléments qui s'y rapportent. Donc, pour ces
deux sites, nous sommes encore, je dirais, assez loin d'une orientation
précise. Nous savons qu'ils existent, nous savons qu'ils seront
intéressants et, dans la mesure où, sur une base
économique, nous pouvons les considérer, sans doute les
considérerons-nous, tenant compte par ailleurs du contexte politique, du
contexte juridique, du contexte constitutionnel, du contexte économique
et, évidemment, de tout un ensemble de conventions que nous pourrions
éventuellement établir avec la province de Terre-Neuve pour,
peut-être, si les choses tournent bien pour les deux parties, mettre en
valeur au bénéfice commun du Québec,
d'Hydro-Québec, de Terre-Neuve de CFL Co et de LCDC, ces deux sites qui
existent.
Lignes aériennes ou sous-fluviales
M. Gauthier: Je vous remercie beaucoup. Un autre sujet que
j'aimerais aborder, M. Coulombe, c'est celui de la traversée du fleuve
Saint-Laurent par la sixième ligne. La décision qui a
été prise de faire deux lignes, l'une aérienne et l'autre
sous-fluviale m'apparaît pour le moins discutable, à ce
moment-ci.
M. Coulombe, j'aimerais que vous me disiez si, techniquement,
l'état actuel d'ingénierie et de vos connaissances vous permet de
vous engager vers une traverse sous-fluviale.
M. Coulombe: Notre recommandation
qui est devant le BAPE et qui a été devant les
différents comités ministériels...
M. Ciaccia: Vous me permettrez de faire une mise en garde en ce
qui concerne les questions pour la ligne 6. Vous savez que cela est le sujet
d'un litige. Des procédures légales ont été prises.
Je crois qu'il faudrait être prudents dans les questions et aussi, sans
vouloir dire aux représentants d'Hydro-Québec, je sais qu'ils
sont conscients du problème, je crois que les réponses qui seront
données tiendront compte du fait qu'il y a un litige et que c'est sub
judice. Sous réserve de ces remarques...
M. Gauthier: Les questions sont strictement sur le plan
technique, M. le ministre.
M. Ciaccia: Des fois, même les réponses techniques
peuvent être utilisées d'une façon ou d'une autre par des
avocats très habiles. Je crois que les réponses qui vous seront
données tiendront compte du fait qu'il y a un litige et que c'est sub
judice. C'est donc sous réserve de cette mise en garde.
M. Gauthier: On en tient compte, et je ne doute pas que le
secrétaire général d'Hydro-Québec veille au
grain.
M. Ciaccia: Même les réponses techniques tiendront
compte de cet aspect du problème.
M. Gauthier: Oui, M. le ministre. On est conscient, on est
très prudent et on a des experts qui s'arrêteront certainement
là où il faudra s'arrêter.
M. Ciaccia: II faudra tenir compte qu'il y a un litige sur des
choses, que c'est sujet à une "contestension".
M. Gauthier: On en tient compte, M. le ministre. Ma question est
toujours sur le plan technique dans l'état actuel.
M. Coulombe: Dans l'état actuel du dossier, notre
recommandation reste une traversée aérienne. Quant à la
traversée sous-fluviale, les études sont en cours à
l'heure actuelle et suivront leur cheminement normal. C'est évident
qu'à moyen ou à long terme - les termes étant
définis en années -Hydro-Québec a un grand
intérêt à régler ce problème-là
à long terme et à tout faire, à tout mettre en oeuvre pour
éliminer les traversées aériennes sur le fleuve dans la
mesure où c'est techniquement possible et économiquement
faisable, ou le contraire, techniquement faisable et économiquement
possible. C'est donc notre stratégie générale. À
cette fin, je pense qu'il y a un élément extrêmement
technique. M. Mercier pourra peut-être aborder le problème de la
traversée sous-fluviale en termes très techniques dans le cadre
de l'orientation que je viens de donner qui est celle
d'Hydro-Québec.
M. Mercier: Si on veut parler de la traversée
sous-fluviale, je pense que, pour Hydro-Québec, on a indiqué
qu'on considérait que c'est un risque inacceptable actuellement de
l'envisager; c'est-à-dire l'utilisation de câbles installés
dans un tunnel ou dans une tranchée pour traverser le fleuve. Tout cela
vient finalement du fait que les câbles à 450 kV à courant
continu constituent une innovation technoloqique majeure. Personne dans le
monde n'utilise ce type de câble à courant continu. La plus haute
tension utilisée actuellement est a 280 kV. Il s'agit du projet entre
Vancouver et l'île de Victoria. Dans le monde, les travaux se font sur
cet ensemble de câbles à courant continu. On peut dire qu'un
manufacturier, en particulier, a peut-être fait les approches ou les
travaux les plus avancés qui consistaient surtout à faire l'essai
d'un câble à 600 kV, c'est la firme Pirelli qui a finalement fait
ces essais. Ces gens n'ont pas testé de façon complète
l'ensemble de l'installation du câble, mais ils ont fait cela dans un
laboratoire. Comme promoteur, comme manufacturier, ils avaient
intérêt à prouver que cela pouvait se faire. On les a
rencontrés directement et ils ont admis finalement qu'ils n'avaient pas
fait un test complet. Par exemple, ils n'ont pas testé les terminaisons.
Ils n'ont pas testé les conditions d'exploitation de ce genre de
câble. Donc, cela reste un domaine qui est une innovation technologique
majeure et, pour nous, dans ce sens - je vais vous expliquer pourquoi par la
suite - cela demeure un risque qu'on ne peut pas prendre à
HydroQuébec. (11 h 45)
II faut savoir aussi ce qu'est un câble. Si vous pensez à
des conducteurs électriques ou à des lignes de transport
normales, on parle de lignes aériennes avec un conducteur suspendu par
des isolateurs. Je pense qu'il faut bien comprendre ce qu'on veut dire par
câble. C'est un conducteur entouré d'un isolant et entouré
d'une gaine et d'un revêtement. Autrement dit, au lieu de traverser, de
transmettre l'électricité par des fils aériens soutenus
par des isolateurs, on la transmet par un câble, c'est-à-dire un
conducteur entouré d'un isolant. Tout ce processus de fabrication est
une technologie extrêmement spécialisée.
Plusieurs de ces installations ont été faites dans le
monde, sauf que, dans le cas du courant continu, cela présente des
problèmes très particuliers, des problèmes reliés
à l'exploitation même du système. Ce
qu'a fait Pirelli, ce sont des essais sur un bout de câble
d'environ six pieds - deux mètres - et qui ne confirment pas la
faisabilité d'une réalisation d'un câble de trois
kilomètres qui devrait être utilisé pour traverser le
fleuve.
Je dois vous dire aussi qu'ailleurs dans le monde, on considère
ce genre d'installation. En particulier entre la Suède et la Finlande,
on considère l'installation de câbles à entre 350 et 450
kV. C'est pour montrer que, dans l'ensemble du monde, partout ailleurs, c'est
l'installation de ces câbles, mais cela demeure un pas en avant. Il reste
tout de même qu'on peut dire: À Hydro-Québec, ce n'est pas
la première fois qu'on fait une innovation technologique. Pourquoi
celle-ci vous dérange-t-elle tant que cela? La réponse, c'est
parce que, dans le cas particulier de la sixième ligne, on n'a pas de
relève; ce n'est pas à cause d'un phénomène qui est
particulier. C'est surtout un phénomène particulier à la
ligne à courant continu. Pourquoi cela arrive-t-il comme cela? C'est
parce que, lorsqu'on a considéré...
Je devrais vous dire d'abord que la façon de construire un
réseau électrique, c'est qu'on le fait généralement
par des lignes à 735 kV avec des sections d'environ 200 à 250
kilomètres. Toutes ces sections sont mises en parallèle. S'il
arrive un problème sur une des sections, on peut tout de suite passer
l'énergie sur les autres sections. Par exemple, sur un réseau
électrique, la foudre pourrait tomber sur une des sections de 200
à 250 kilomètres. On interrompt cette section, et tout de suite
l'énergie sera transmise par les autres sections en parallèle.
C'est de cette façon que cela se fait. La foudre tombe
régulièrement sur nos lignes électriques. Nos clients ne
perçoivent absolument pas ce qui se passe parce que, effectivement, on
peut se servir, en relève, des autres sections de ligne.
Dans le cas de la ligne à courant continu, la ligne n'est pas
relevée. II n'y a aucune relève qui permette de transiter la
même puissance, la même énergie. C'est arrivé
lorsqu'on a considéré" l'exportation du contrat de NEPOOL. Le
contrat de NEPOOL, on a expliqué hier qu'avec tous les problèmes
de fiabilité du réseau américain, on avait des
problèmes à convaincre les Américains d'accepter de
dépasser la limite de 2200 mégawatts. Rappelons-nous que le
contrat avec NEPOOL, c'est un contrat qui, par lui-même, est un contrat
d'énergie, mais qui demandait une interconnexion additionnelle de 2000
mégawatts. Cette interconnexion par elle-même atteignait
pratiquement la limite qui est actuellement acceptée comme pouvant
être reliée directement au réseau d'Hydro-Québec.
Pour cette raison, parce qu'on a voulu considérer l'alimentation du
contrat de NEPOOL, on a dit: Imaginez une solution qui permettrait d'isoler
l'alimentation de NEPOOL. Pour essayer de vous faire comprendre, je demanderais
la diapositive du transport 71, s'il vous plaît.
Pour l'ensemble de la ligne à courant continu, la solution qui a
été adoptée, c'est d'utiliser une ligne qui était
déjà prévue pour les besoins du Québec. On a ici
l'ensemble du projet, et je m'excuse d'avoir une seule diapositive; alors, vous
avez seulement une image d'un côté. Vous avez ici la ligne qui
part de Radisson - je ne sais pas si on peut le voir avec la flèche -
à l'extrémité supérieure ici, qui est aux environs
de Radisson, près de LG 2. Cette ligne, finalement, va partir et se
rendre jusqu'à Nicolet pour être réintégrée
au réseau d'Hydro-Québec et, par la suite, passer par les postes
des Cantons et Commerford et descendre vers la région de Boston au poste
Sandy Pond. La solution qu'on a finalement retenue pour l'alimentation du
contrat de NEPOOL, c'est de se servir d'une ligne qui était
prévue pour les besoins du Québec. La ligne était
prévue entre Radisson et Nicolet. Elle devait être construite
à 735 kV à courant alternatif.
Maintenant, pour les besoins d'alimentation et d'exportation, je me dis
que cela serait intéressant, parce que la ligne était
prévue avec l'arrivée de LG 2 A, soit la centrale de
suréquipement qui serait installée à LG 2. Elle devait
être installée initialement en 1994 mais elle a été
devancée pour le programme en 1992. Pour l'alimentation du contrat, je
me dis: II serait intéressant finalement de la devancer en 1990, de la
construire à courant continu pour permettre de l'isoler du reste du
réseau d'Hydro-Québec. Lorsqu'on parle d'isoler l'ensemble de la
ligne, cela veut dire que s'il arrivait un pépin sur l'ensemble du
réseau d'Hydro-Québec, on veut être certain, finalement,
que la ligne à courant continu ou l'alimentation de la ligne à
courant continu ne tombe pas en même temps, qu'il ne survienne pas une
panne générale. Si on avait voulu construire cela à
courant alternatif, en termes techniques, ce n'est pas possible. On ne peut pas
transmettre cela sur 1500 kilomètres parce qu'entre Radisson et Nicolet,
il y a 1000 kilomètres et entre Nicolet et Sandy Pond, cela nous donne
500 kilomètres additionnels. Sur cette distance, on ne peut pas utiliser
du courant alternatif.
Pour une ligne isolée de cette longueur de 1500
kilomètres, cela nous permettait, finalement, d'isoler l'ensemble de
cette génération et de permettre à la fois d'alimenter le
contrat de NEPOOL vers Boston et en même temps de récupérer
l'énergie, la puissance de pointe qui venait de LG 2 A pour les besoins
du Québec. C'était possible à cause du contrat. La nature
même du contrat nous permettait de faire cela parce que le contrat de
NEPOOL
est un contrat d'énergie. En ce sens, finalement, ce qu'on peut
faire, c'est qu'à la pointe du réseau - le contrat permet cela
-on peut couper l'alimentation du NEPOOL et récupérer l'ensemble
de la puissance par le truchement du poste Nicolet vers le réseau du
Québec.
La diapositive suivante, s'il vous plaît, la 72. Ici, je montre
l'ensemble du réseau. À partir de LG 2, on voit le poste Radisson
dans la partie du haut qui descend vers le poste Nicolet au bas, ici. Il faut
comprendre maintenant que tout l'ensemble de ce réseau est
complètement isolé - cela va être isolé, ce n'est
pas construit, évidemment - du reste du réseau. C'est en ce sens,
finalement - c'est un principe de base - qu'il faut que ce soit isolé du
reste du réseau, pour permettre l'alimentation du contrat d'exportation.
On veut s'en servir en même temps pour l'alimentation des besoins du
Québec à la pointe du réseau, pointe qui peut durer 100 ou
200 heures par année.
Le reste du temps, cela nous permet d'alimenter le contrat
d'alimentation de NEPOOL. Cela nous fait une utilisation d'une ligne, la
sixième ligne à courant continu tel qu'on l'a appelée, qui
permet de satisfaire à la fois les besoins du Québec et les
besoins d'exportation vers NEPOOL.
Est-ce que je pourrais avoir maintenant la diapositive 70? Tout
l'ensemble de ce système a été possible grâce
à l'utilisation d'un système à plusieurs terminaux. On
voit ici la même représentation de façon schématique
où on part du poste Radisson qui est près de la centrale de LG 2.
On s'en vient pour satisfaire les besoins du Québec en temps de pointe
en ramenant un terminal vers le poste Nicolet et desservir en
extrémité l'alimentation du contrat de NEPOOL à Boston
avec le poste Sandy Pond.
Le contrat, enfin, les postes intermédiaires des Cantons et
Commerford constituent la première phase du contrat avec
l'interconnexion de NEPOOL, contrat qui avait été prévu
à 700 mégawatts qui devait être augmenté à
partir de 1990 à 2000 mégawatts. La solution qu'on vous montre
ici, finalement, c'est une solution où on a combiné, pour des
raisons de contrainte de fiabilité du réseau américain,
l'alimentation du réseau du Québec et l'alimentation du contrat
de NEPOOL vers Boston. Dans ce sens, tout ce réseau que vous voyez,
c'est un réseau qui est isolé du reste du réseau
d'Hydro-Québec. On devrait avoir recours à cette solution pour
être capable de faire accepter par les Américains l'alimentation
de NEPOOL. On sait, et on a vu cela hier, que lors de l'acceptation d'un tel
contrat du côté américain - il faut qu'il soit
accepté par différents organismes de fiabilité et pour
qu'il soit acceptable - c'est la solution qui a été
proposée. Tout l'ensemble du contrat est conditionnel à
l'utilisation de ce système. Ce système, pour qu'il fonctionne,
il faut qu'on fonctionne à plusieurs terminaux. Plusieurs terminaux pour
un système à courant continu - c'est un terme technique - mais
normalement dans un système à courant continu vous avez un poste
émetteur et vous avez un poste récepteur. Dans ce cas-ci, le
poste émetteur sera le poste Radisson et il y aura plusieurs postes
récepteurs dont Nicolet, Sandy Pond, et possiblement Comerford. Il se
peut également que des Cantons soient enlevés ou gardés en
service sur cette ligne.
Tout cela pour dire que l'ensemble de l'installation représente
une innovation technologique en soi. Ce système à courant continu
de 1500 kilomètres, de 2000 mégawatts et qui contient au moins
quatre terminaux, si ce n'est pas cinq si on conserve des Cantons sur
l'installation, en soi, cela constitue une innovation technologique majeure.
À cause de ce multiterminal, ce système à plusieurs
terminaux, des contraintes d'exploitation, des contraintes de surtension
additionnelle qu'on connaît encore assez mal et qui ont été
étudiées durant ces dernières années, vous ne
pouvez imaginer la batterie d'études qu'on a pu effectuer sur
simulateur, sur ordinateur pour simuler le fonctionnement et l'exploitation
d'un tel système.
Il reste tout de même lorsqu'on revient à l'utilisation
d'un câble, et le câble pour la traversée sous-fluviale
serait juste au nord du poste Nicolet dans ce réseau... Ce réseau
est isolé, il n'y a aucune relève, et le câble vient
s'insérer sur l'ensemble. Cela implique une section de trois
kilomètres qui pourrait venir affecter l'ensemble de l'installation de
1500 kilomètres. Effectivement, si on avait des problèmes avec
l'installation du câble, ce qu'on met en danger, c'est l'ensemble du
réseau à courant continu.
Effectivement, un câble à courant continu - parce que j'ai
parlé tout à l'heure d'innovation technologique - lorsqu'on parle
d'un conducteur qui est entouré d'un papier isolant qui lui sert
d'isolant ce n'est pas comme dans l'air, à ce moment-là, il est
particulièrement sensible aux surtensions pouvant survenir et
particulièrement dans l'exploitation d'un système à
plusieurs terminaux comme on voit ici. Il y a des risques additionnels, des
risques surtout inconnus qu'il faut étudier beaucoup plus en profondeur,
de façon plus intense pour être capable de comprendre comment ce
système en détail va fonctionner. C'est tout cela qui est
derrière cette trame.
Il faut se rappeler aussi que s'il survenait un problème avec le
câble, s'il y avait un bris électrique à l'intérieur
du câble, le temps de réparation se compte en semaines, sinon en
mois et, à ce moment-là, il faut se rappeler que comme
l'installation est assez... C'est le seul moyen qu'on ait
pour desservir et le contrat d'exportation et pour amener la puissance
de LG 2 vers Montréal à partir de 1992. En ce sens, si on avait
un problème avec le câble et si on avait un bris, il faudrait
absolument retirer le câble. Il faudrait le sortir. À ce
moment-là, cela veut dire que, et le contrat d'exportation et
l'alimentation à partir de 1992 seraient mis en danger. C'est dans ce
sens qu'à Hydro-Québec on a convenu que c'était un risque
qui n'était pas acceptable parce que, d'une part, c'est une innovation
technologique majeure et parce qu'on est plus vulnérable étant
donné qu'on n'a pas de relève, d'autre part, parce qu'un
réseau à courant continu à plusieurs terminaux impose des
contraintes additionnelles.
On a parlé d'alimenter les îles-de-la-Madeleine par un
câble. Dans d'autres pays, aussi, on a parlé d'autres
installations avec utilisation de câbles. Je pense qu'il faut comprendre
que comme dans le cas des îles-de-la-Madeleine, on parle ici d'un
câble de 220 kilomètres. Il s'agit toujours de remplacer le
pétrole. Effectivement, ce n'est pas le même problème qu'on
a ici avec la ligne à courant continu. Si vous avez un avantage
économique et si le câble des îles-de-la-Madeleine
fonctionne - si on en vient un jour à décider de l'installer - il
faudra tout de même comprendre que tant que cela fonctionne, cela nous
permet d'économiser du pétrole sur les îles. Sauf, que si
cela ne fonctionne pas, on a toujours en relève les installations diesel
qui peuvent nous permettre de fonctionner et d'alimenter les îles. (12
heures)
C'est exactement le même arrangement aussi pour l'interconnection
entre la France et l'Angleterre où ils ont utilisé un câble
à 270 kV d'une longueur d'à peu près une cinquantaine de
kilomètres et qui est un avantage économique. Maintenant, si cela
ne fonctionne pas, il n'y a pas de problème majeur. Chacun des pays est
capable de s'alimenter, mais ils ont des pertes et ils perdent certains
avantages économiques. C'est la même chose pour les
îles-de-!a-Madeleine. En passant pour les îles-de-Ia-Madeleine, ce
sera un câble à 150 kV, donc, toujours pas dans un ordre de
grandeur aussi élevé que pour la ligne à courant continu.
C'est pour cette raison, finalement, que c'est totalement différent du
contexte que nous avons avec la ligne à courant continu. C'est pour cela
que dans cet esprit, on s'est opposé. On a considéré
surtout que c'était un risque inacceptable pour Hydro-Québec pour
être capable d'alimenter le contrat de NEPOOL et, en même temps,
les besoins de pointe du réseau à partir de 1992, l'utilisation
d'un câble sous-marin, donc d'une traversée sous-fluviale.
M. Coulombe: M. Mercier vient de vous indiquer l'argumentation
technoloqique qui est à la base de l'orientation qu'on a prise. Depuis
ce temps, nous nous sommes mis d'accord avec le gouvernement pour
accélérer les études surtout en ce qui concerne les
ordinateurs et les simulateurs. C'est un programme d'études qui devrait
se terminer dans le courant de 1988. Les problèmes d'environnement
causés par la traversée aérienne, nous en sommes
parfaitement conscients. Je vous le répète, les efforts vont se
poursuivre de façon très intensive pour trouver
définitivement une solution à l'équilibre entre les
risques technologiques et financiers, et l'équilibre environnemental. On
espère arriver avec des solutions à ce sujet, le plus rapidement
possible, mais il faut traverser l'étape d'études
accélérées entreprise à l'heure actuelle.
Maintenant, pour ne pas laisser une impression un peu confuse, il ne faut pas
penser que... La traversée du fleuve par le courant alternatif
présente aussi certaines limites. Pour ne pas opposer la sixième
liqne à courant continu en fonction de l'exportation et des besoins du
Québec et les autres lignes à courant continu, il y a aussi un
problème technologique de traversée en courant alternatif.
Le Président (M. Charbonneau): MM. les
députés et MM. les représentants d'Hydro-Québec ont
a un petit problème. 11 est presque midi cinq, et nous n'avons pas
encore abordé les questions reliées à l'environnement. Par
ailleurs, le député de Lotbinière m'a indiqué qu'il
voulait lui aussi poser des questions sur le sujet actuellement en discussion.
De deux choses l'une, ou on met fin à la discussion sur le plan
d'équipement pour aborder maintenant les questions d'environnement, ou
on continue sur les questions d'équipement et on décale un peu
cet après-midi. Nous avons de 14 heures à 18 heures, donc c'est
quatre heures. Qu'on décale un peu cet après-midi afin qu'on
puisse prendre une certaine période de temps pour parler des questions
de l'environnement. M. le ministre, vous aviez un commentaire.
M. Ciaccia: J'ai seulement une question à ajouter sur le
plan de l'équipement. Peut-être qu'on pourrait terminer avec cela
et aller à l'environnement tout de suite après.
Le Président (M. Charbonneau): Oui. Le seul
problème, c'est que le député de Lotbinière qui
semble particulièrement intéressé par la question aurait
aussi...
M. Ciaccia: C'est une question d'environnement. Il pourra la
poser sur l'aspect de l'environnement. Ce n'est pas seulement sur
l'équipement.
Le Président (M. Charbonneau): Remar-
quez qu'on est un peu dedans.
M. Ciaccia: Là, maintenant, on est vraiment dans la
question environnementale. J'aurais une question à poser sur le plan de
l'équipement. Pour maintenir autant que possible
l'échéancier puisqu'on doit terminer à 18 heures...
Le Président (M. Charbonneau): C'est cela.
M. Ciaccia: ...on pourrait continuer, après ma question
sur le plan de l'équipement, sur la question environnementale. Nous
sommes vraiment dedans et nous avons vraiment commencé cet aspect.
Le Président (M. Charbormeau): Cela va.
M. Ciaccia: D'accord?
Le Président (M. Charbonneau): D'accord. Donc, je vais
permettre au ministre de poser une question strictement sur le plan de
l'équipement et, après cela, je permettrai au
député de Lotbinière de revenir.
M. Gauthier: C'est simplement une précision.
Le Président (M. Charbonneau): Oui.
M. Gauthier: Si je comprends bien mon temps de parole
était écoulé et épuisé complètement.
Là, vous faites l'alternance? C'est parce que mon temps de parole
était épuisé.
Le Président (M. Charbonneau): C'est cela. Je voudrais
qu'on m'indique...
M. Gauthier: Ce n'est pas que je veuille empêcher le
ministre, mais je veux savoir...
Le Président (M. Charbonneau): II vous restait deux
minutes.
M. Gauthier: D'accord. Je n'ai aucune objection à faire
preuve d'une certaine largeur de vue à ce sujet et permettre au ministre
de poser une question, mais je voudrais bien qu'on tienne compte qu'il me reste
effectivement du temps si j'ai à revenir.
Le Président (M. Charbonneau): Je voudrais juste clarifier
deux choses aussi. Le député de La Peltrie et le
député d'Ungava avaient également demandé la
parole. Est-ce que c'est sur le plan de l'équipement ou si c'est sur les
problèmes environnementaux, bien qu'il puisse y avoir des
interrelations?
M. Gauthier: Je reviendrai au sujet de l'environnement.
Le Président (M. Charbonneau): M. îe
député de La Peltrie?
M. Cannon: C'était sur l'équipement, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que le
député de Roberval veut continuer?
M. Gauthier: J'ai une question à poser directement
reliée à cela.
Le Président (M. Charbonneau): Posez votre question.
Après cela, je reviendrai au ministre et au député de La
Peltrie; par la suite, au député de Lotbinière et au
député d'Ungava qui peuvent plutôt relier leurs questions
sur l'environnement.
M. Gauthier: D'accord. Strictement sur le plan de
l'équipement - je ne pense pas que cela nécessite une
réponse très élaborée - à la suite des
explications techniques qui nous ont été données, à
ce moment-ci, il est donc difficile d'avoir autre chose qu'une prévision
de coûts très sommaire concernant cette possibilité de
faire une traversée sous-fluviale.
Si j'ai bien compris ce que vous me disiez, c'est-à-dire que
technologiquement, il y avait des défis à relever et qu'on
accélérait les études et tout cela, je conclus que toute
prévision de coûts pour ce projet-là, à ce
moment-ci, est très sommaire et est fonction de ce qu'on
découvrira.
M. Coulombe: Vous avez parfaitement raison. Les coûts
actuellement sont très aléatoires, surtout si on ajoute certaines
dimensions qui n'ont pas encore été étudiées comme
les questions de santé et de sécurité pour les
travailleurs qui devront parcourir ce tunnel pour les réparations et
ainsi de suite. Cela va poser des problèmes extrêmement complexes
et cela va peut-être changer les dimensions. Il ne faut pas penser que
c'est un tunnel où il y a un câble et que cela finit là. Il
va falloir avoir des aménagements là-dedans. Je parle
d'aménagement d'espaces. Il faut regarder les coûts avec une
extrême prudence. On peut dire effectivement que le véritable
coût n'existe pas à l'heure actuelle.
M. Gauthier: D'accord, je vous remercie.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? Alors, je vais
donner l'ordre des prochains intervenants. D'abord le ministre et, par la
suite, le député d'Unqava, le député de La Peltrie,
un autre député du côté de l'Opposition, le
député de Lotbinière et un autre député de
l'Opposition, s'il y en
a un, et, par la suite, le député de Rosemont. Cela va? M.
le ministre.
M. Ciaccia: Juste un commentaire sur la ligne de
Lotbinière. Nous espérions pouvoir intégrer dans les plans
d'Hydro-Québec les préoccupations des populations qui auront
à vivre les problèmes existants. C'est le sens de notre
intervention, d'intégrer dans les plans d'Hydro-Québec, à
la suite des études d'Hydro-Québec, les préoccupations des
gens de cette région.
Je voudrais revenir sur le plan de l'équipement. On vient de voir
l'ampleur des équipements qui vont devoir être ajoutés au
parc actuel pour faire face à la croissance de la demande interne et aux
exportations. On a fait état de tous les devancements de construction de
certains barrages. Cependant, Hydro-Québec possède
déjà un parc important d'équipements.
Pourriez-vous, M. Coulombe, m'indiquer comment Hydro-Québec
s'assure qu'elle tire le maximum de production de ces équipements
actuels?
M. Coulombe: L'augmentation de la productivité du parc
actuel est une de nos préoccupations majeures. Peut-être que
Jean-Claude Roy pourrait en donner quelques exemples. D'une façon
générale, pour l'ensemble du parc, les études sont
continuelles sur l'état de ce parc. On a, à titre d'exemple, un
programme majeur de plusieurs centaines de millions de dollars pour
améliorer le rendement des centrales déjà existantes.
On remplace des roues de turbines; on augmente la production à
même les mêmes barrages, le même plan d'eau et ainsi de suite
et on augmente la productivité de ces centrales. En plus - je ne parle
même pas de la maintenance normale de ces équipements -il y a des
travaux très spécifiques. Il y a aussi l'utilisation plus
intensive des réservoirs. Pour ces deux exemples, Jean-Claude Roy
pourrait peut-être donner des éléments un peu plus
concrets.
M. Roy (Jean-Claude): Pour la gestion des réservoirs, on
simule toute notre gestion de réservoirs, toute notre ressource sur une
période d'au moins dix ans pour savoir quelles sont les
possibilités d'hydraulicité, les possibilités de demandes
faibles ou fortes. On fait toute une simulation de cela, sur une période
de dix ans, année par année, même mensuellement,
jusqu'à la dernière période annuelle où, là,
on va à même jusqu'à une simulation de semaine en semaine
très poussée.
Ensuite, à très court terme - c'est là qu'on parle
maintenant d'une optimisation; c'est ce qu'on voit dans le plan de
développement aussi - sur une période même horaire, on veut
automatiser cette gestion-là.
Alors, on est en train de mettre actuellement en place des centres de
répartition. On développe des logiciels pour pouvoir optimiser
cette production d'heure en heure dans chaque centrale.
M. Ciaccia: Si je comprends bien, le plan de développement
actuel tient compte de toutes ces mesures. Autrement dit, la construction de
nouveaux barrages, c'est vraiment une mesure utile pour augmenter son
efficacité après avoir utilisé le réseau à
son maximum. À ce moment-là, vous allez vers les constructions
additionnelles.
M. Lavoie (André): On construit autre chose.
Effectivement, en rénovant le parc des installations physiques, on va
aller chercher environ 400 mégawatts, c'est de l'ordre de 1,1
térawattheure. On en a déjà réalisé et on a
encore un programme qui doit se terminer vers 1992. Cela, c'est sur les
installations physiques. Dans la gestion, on veut réaliser un autre
térawattheure d'optimisation de toute notre gestion.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Ungava.
Environnement
M. Claveau: Merci, M. le Président. J'ai une question
d'ordre environnemental. J'aimerais qu'on revienne à la diapositive 72
qu'on a montrée tout à l'heure et qui me semble très
intéressante. Est-ce qu'il serait possible de la regarder pour se faire
une image de la situation"? C'est celle où on avait la ligne au complet
avec les réservoirs, y compris la rivière Ashuapmushuan. De toute
façon, on voit bien là-dessus, aussi. Non, on va reprendre
l'autre, la diapositive 72, c'est cela.
Je pense que cela vaut la peine de visualier comme il faut. Vous voyez
tout le complexe hydrographique que cela crée sur l'ensemble de ces
réservoirs. Le lac Mistassini double de grandeur, le nouveau
réservoir au sud-est du poste Albanel, le réservoir relié
au projet NBR du côté de Matagami, le réservoir de
l'Ashuapmushuan. Cela commence à faire pas mal d'eau. Vous voyez aussi
le secteur de Chapais, Chibougamau et Mistassini, les réserves de
Waswanipi et Oujé-Bougoumou qui se situent à peu près
vis-à-vis des deux postes d'Abitibi et de Chibougamau avec la ligne 6
qui passe au milieu de cela et qui passe juste à la limite de la ville
de Chapais.
Ne croyez-vous pas qu'on risque de se retrouver, à un moment
donné, dans tout ce secteur, avec un genre de microclimat un peu
spécial? II y a beaucoup de préoccupations. Tout à
l'heure, le député de Saguenay nous a parlé des
préoccupations des gens de chez lui qui ont peur de sortir leur
canot en vitesse si jamais le barrage cède. Dans mon milieu, je
vous assure qu'on entend beaucoup parler du problème concernant les
changements météorologiques qui pourraient survenir d'une telle
masse d'eau qui nous met pratiquement dans un climat maritime à partir
d'un climat continental auquel on est habitué. Il y a aussi la question
de la concentration de mercure dans tout ce secteur, qui risque de nous amener
à avoir des taux un peu élevés. On dit souvent, en farce,
qu'on aura l'air de thermomètre avant longtemps. Entre autres, toute la
question dont on entend parler régulièrement, je ne sais pas si
ce sont des hypothèses ou des qu'en-dira-t-on. On entend beaucoup parler
des interférences des ondes qui sont reliées au transport
d'énergie sous forme de courant continu. Il y a là tout un
complexe écologique, biologique qui risque d'être
créé dans ce secteur, du moins qui est très
préoccupant pour les habitants de ce secteur. Est-ce que vous auriez
quelques paroles qui pourraient nous rassurer? (12 h 15)
M. Dubeau: Dans le plan de développement - on retrouve
cela à la page 65, au point 4 - il est écritî Identifier
les paramètres environnementaux susceptibles d'être
affectés par l'aménagement global d'une région, par
exemple les régions du Nord-Ouest et de la Côte-Nord;
établir un programme de recherche pour mieux connaître les
phénomènes en cause; définir des pratiques
appropriées de gestion des ressources du milieu et les intégrer
dans la prise de décision. Cela veut dire qu'Hydro-Ouébec est
rendue suffisamment à maturité pour entreprendre un nouveau type
d'évaluation environnementale. Depuis 14 ans, effectivement,
l'entreprise a fait des études d'impact projet par projet. Maintenant,
je pense qu'on a acquis suffisamment de connaissances - non seulement
Hydro-Québec, mais les firmes de consultants qui se sont
développées en environnement avec nous; je crois que cela fait un
bassin de scientifiques assez imposant au Québec - qu'on est
suffisamment avancé pour examiner ces questions d'amont et pour
réfléchir sur des solutions qu'il faudra trouver.
En termes de conséquences, vous parlez par exemple des
microclimats. La planète entière est en train de changer. Par
exemple, l'effet de serre, qui n'a rien à voir avec nos
activités, mais avec l'ensemble des activités industrielles sur
la planète, est en train, en soi, de modifier notre environnement. Je ne
veux pas être alarmiste; il y en a qui disent que ce sera mieux pour le
Canada; d'autres disent que ce sera pire. Il y en a qui disent qu'il va y avoir
plus d'hydraulicité; d'autres disent qu'il va y en avoir moins. La
connaissance scientifique actuelle ne permet pas de prédire exactement
ce qui va se produire, mais chose certaine, c'est que les scientifiques ont
maintenant en main au moins des données de base et suffisamment de
perspectives pour être capables d'analyser ces choses. Donc, on s'inscrit
Hydro-Québec, et il faut se rappeler que, comme promoteurs, nous sommes
ceux qui ont fait le plus d'études d'impact sur l'environnement au
Québec depuis l'adoption de la Loi sur la qualité de
l'environnement. Donc, on a suffisamment d'assises pour pouvoir penser que ces
questions vont être regardées très sérieusement et
pour voir dans quelle mesure on peut penser, en termes d'environnement, que
l'on ne va pas empirer notre situation, maïs qu'on va
l'améliorer.
Quant à la question du mercure, je l'ai dit tantôt, il y a
un programme extrêmement imposant qui va durer dix ans et qui implique
des ressources financières de l'ordre de 18 000 000 $, dont 12 000 000 $
vont être financés par Hydro-Québec. Si au bout du compte
on n'a pas trouvé des réponses aux questions, et certaines
solutions, on ne pourra pas dire qu'il n'y a pas eu d'effort suffisant de fait.
L'objectif est de trouver des réponses aux questions, comme le
soulignait d'ailleurs très justement le ministre concernant les
questions d'alimentation.
Pour ce qui est des risques de bris de barrage, le vice-président
de production et transport pourrait vous en parler plus que moi, mais
Hydro-Québec a un programme en place sur la surveillance de ces
installations et qui visent donc à assurer la sécurité des
installations, mais également celle de l'environnement, parce que,
advenant le départ d'un barrage, il est évident qu'il y a des
conséquences écologiques. Il faut connaître, prédire
et évaluer.
Cela dit, l'entreprise s'est donné une politique là-dessus
et est en train de définir des encadrements très précis
concernant toute la question de la sécurité des barrages. Il faut
voir aussi que le problème des barrages à Hydro-Québec
sous l'angle de la sécurité des installations existantes, c'est
un nouveau problème parce qu'on commence à assister au
vieillissement de nos installations. Hydro-Québec existe depuis environ
45 ans et, tenant compte du genre de technologie utilisée, c'est
évident que maintenant, on est rendu au point où il faut se
donner une telle politique et définir des encadrements précis qui
tiennent compte des questions environnementales.
Finalement, sur les interférences radio, comme je ne suis pas un
spécialiste en la matière, M. Mercier pourrait peut-être
faire quelques commentaires.
M. Mercier: Là-dessus, j'aimerais peut-être
préciser qu'en ce qui concerne les interférences, ce qu'on peut
appeler l'environnement technique ou de télécommunications, les
relations entre Hydro-Québec
et les compagnies de télécommunications, comme Bell
Canada, Québec Téléphone et les autres et aussi avec les
compagnies de pipelines, on a des comités de consultation qui nous
permettent de résoudre l'ensemble des problèmes qui apparaissent
entre nos lignes électriques et leurs installations de
télécommunications, téléphoniques ou radio et les
installations de pipelines. Ces comités fonctionnent normalement.
Particulièrement pour la sixième ligne, ils sont à
considérer les problèmes particuliers causés par une ligne
à courant continu.
Je dois aussi dire que dans le cas d'une ligne à courant continu,
dans un axe comme cela, vous avez parlé tout à l'heure
d'interférences en termes peut-être plus macroscopiques sur
l'environnement technique comme les transmissions radio, etc. Il faut rappeler
aussi qu'il y a un projet à peu près similaire au Manitoba
où il y a des lignes à courant continu avec à peu
près une longueur équivalente. Donc, en cette matière, on
n'est pas les premiers à implanter ce genre de système. On peut
dire que jusqu'à maintenant, on n'a pas observé de
problèmes particuliers avec l'installation de telles lignes. Il y a tout
de même une coordination assez intense qui doit être faite et
effectuée avec les compagnies de télécommunications et les
compagnies de pipelines et c'est en marche.
M. Coulombe: Le problème global que vous posez, je peux
vous affirmer qu'on pense qu'il devrait être examiné à
fond. Nous sommes prêts à faire le maximum d'efforts dans le cadre
de nos responsabilités. Je pense que cela se réfère
à une discussion publique alimentée par des études
très précises qui devraient être amorcées. Le
problème que vous soulevez, c'est pour deux ou trois lignes, mais dans
quelques mois, quand on présentera notre plan directeur de transport, ce
problème-là se posera pour l'ensemble. Vous parlez des
régions nordiques, mais il y a les régions du Sud aussi où
il y aura un enchevêtrement de lignes et ainsi de suite. En ce qui nous
concerne, à HydroQuébec, on favoriserait n'importe quel forum
pour pouvoir présenter le matériel dans le cadre de nos
responsabilités. Mais c'est vraiment une discussion collective qu'il
devrait y avoir - parce que c'est l'utilisation du territoire et d'une richesse
de base au Québec - sur la façon de maximiser les effets de cette
richesse-là en minimisant les coûts ou les conséquences
environnementales. Là-dessus, on est ouvert à n'importe quelle
formule et dans n'importe quel cadre pour en discuter.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre.
M. Ciaccia: M. le Président, au moment où
était lancée la phase I du développement de la Baie James,
des prédictions funestes et très négatives étaient
faites sur les impacts que cela pouvait avoir sur l'environnement. Aujourd'hui,
certains prétendent que la Baie James est maintenant un des endroits au
Canada où l'environnement est des mieux étudiés et des
mieux connus. Avez-vous procédé, à Hydro-Québec,
à un bilan environnemental de la phase I de la Baie James et pouvez-vous
nous indiquer comment l'expérience que vous avez acquise a amené
Hydro-Québec à adopter ces méthodes de travail sur le
terrain?
M. Coulombe: M. Dubeau.
M. Dubeau: Je pense que c'est une très bonne question
puisque, depuis fort longtemps, plusieurs groupes écologiques
aidés, je dirais, par certains honorables journalistes, comme disait M.
Coulombe, laissent entendre à l'opinion publique qu'il n'y a pas eu
d'étude d'impact pour la phase I de la Baie James et qu'il n'y a pas de
bilan environnemental. Je voudrais d'abord rappeler que les travaux de la Baie
James, comme vous le savez, ont débuté en 1972. La Loi sur la
qualité de l'environnement a été adoptée en 1978 et
elle prévoit deux régîmes: le régime au nord du 49e
parallèle et le régime au sud. À l'époque,
c'était sur une base volontaire, mais je pense - tout à fait un
raisonnement intelligent - que la SEBJ et Hydro-Québec ont
décidé de tenir compte que, sur le territoire, il y avait 7000
utilisateurs, majoritairement des autochtones, qui avaient des activités
de pêche, de chasse et de piégeage et qu'il était donc
impensable de réaliser un tel projet sans mesurer les
conséquences sur les activités traditionnelles des autochtones.
Donc, Hydro-Québec et la SEBJ ont réalisé, tout au cours
de la réalisation du projet, son évaluation environnementale et,
aujourd'hui, si cela avait été fait dans le cadre de la loi, il y
aurait eu deux couverts et, dessus, cela aurait été écrit
"étude d'impact". Mais, à l'époque, la loi n'existait pas
et cela s'est fait autour des tables à dessin au moment de la conception
et de l'optimisation du projet. C'est là que s'est fait et s'est pris en
compte l'environnement à la Baie James.
Concrètement, par rapport au coût total du projet, les
mesures d'environnement ont représenté 3 %. Un montant de 250 000
000 $ a donc été consacré: 65 % des 250 000 000 $ pour des
mesures de mitigation et 35 % pour des initiatives de mise en valeur du
territoire. Des mesures de mitigation, je pense que cela vaut la peine, M. le
ministre, d'établir clairement, pour que tout le monde comprenne bien,
ce que cela veut dire dans le vocabulaire assez hermétique du domaine de
l'environnement.
Au complexe La Grande, la création de
cinq grands réservoirs et le détournement des eaux
d'importantes rivières ne pouvaient se faire sans causer des
répercussions. Dès le début du projet, l'équipe de
l'environnement comptait 50 personnes au siège social, 50
spécialistes internes à la SEBJ. Je pense qu'il y a peu de
projets... d'ailleurs, c'était le premier projet au monde qui avait une
telle équipe d'écologistes regroupés, d'experts en
environnement, pour procéder à une évaluation
environnementale. Donc, cette équipe, secondée par de nombreux
spécialistes et des chercheurs universitaires, a conçu et mis en
oeuvre des mesures de mitigation ayant pour objectifs principaux d'assurer la
qualité biologique et la productivité du milieu, de permettre
l'utilisation des réservoirs pour la pratique des activités
traditionnelles et récréatives et, finalement, d'obtenir un
milieu visuellement acceptable à proximité des sites
fréquentés. Ces objectifs ont été atteints par des
travaux de déboisement et de récupération des
débris en vue de rendre sécuritaires la navigation et
l'utilisation des portions facilement accessibles des nouveaux plans d'eau, de
dégager l'embouchure de tributeurs favorables aux fraies des
poissons.
Deuxièmement, la création d'alevinières et de
frayères, sur certaines portions des berges des réservoirs et la
construction de passes migratoires.
Troisièmement, la revégétation des berges pour
contrer l'érosion et reconstituer les habitats fauniques riverains.
Quatrièmement, la mise en place de digues et l'excavation de
canaux dans les zones de détournement en vue de contrôler
l'écoulement des eaux et de restreindre significativement les
phénomènes d'inondation.
Cinquièmement, la construction de seuils dans les rivières
à débit réduit afin de ramener les plans d'eau à un
niveau comparable à celui prévalant aux conditions naturelles et
réduire les phénomènes d'érosion.
Finalement, la plantation de 9 000 000 d'arbres et arbustes et
l'ensemencement de végétaux dans les aires utilisées lors
de la réalisation des travaux dans le but de provoquer une
renaturalisation rapide.
Enfin, le groupe environnement de la SEBJ à l'époque a
préparé des manuels d'exploitation précis dans lesquels il
édicté des consignes et directives précises de protection
de l'environnement quant à l'exploitation des ouvrages,
c'est-à-dire les évacuateurs de crues, les ouvrages de
contrôle, etc., à la surveillance et à l'entretien des
mesures de mitigation mises en place.
Voilà donc ce qu'ont représenté les 150 000 000 $
en mesures de mitigation et l'héritage qui a été
donné à l'exploitation et qui, aujourd'hui, utilise le complexe
La
Grande, mais selon les prescriptions environnementales qui ont
été données à la suite de la réalisation du
complexe.
Du côté des mesures de mise en valeur, il est bien
évident que, malgré la réalisation de cet important
programme de mesures de mitigation, certains impacts résiduels
demeurent, et c'est par l'intermédiaire de mesures de mise en valeur
qu'elles peuvent être atténuées. Une de ces mesures a
été la création d'une société sans but
lucratif qui avait pour objet d'atténuer les répercussions sur
les activités de chasse, de pêche, de trappage des
Amérindiens cris. Cette société appelée la SOTRAC a
été entièrement financée par Hydro-Québec et
la SEBJ et gérée conjointement par le promoteur, toujours SEBJ et
Hydro-Québec, et la population crie. C'est un montant de 30 000 000 $
qui a été versé par Hydro-Québec et la SEBJ et que
la SOTRAC a investi afin de s'assurer que le trappage intensif dans les
réservoirs soit fait avant leur mise en eau et la relocalisation des
castors, la réorganisation des terrains de trappage, des programmes
destinés à augmenter l'efficacité de l'exploitation
à des fins de subsistance, des programmes de formation pour les
activités connexes à la chasse, à la pêche et au
trappage, des travaux d'amélioration des habitats et d'augmentation de
la productivité sur l'environnement, et, finalement, un ensemble de
travaux particuliers, tant dans les communautés cries que sur l'ensemble
du territoire touché par le complexe La Grande. De nombreux quais et
rampes d'accès ont été aménagés, des sites
de pêche intensive et des couloirs de naviqation ont été
préparés et les abords des ouvrages ont été
complètement réaménagés.
Ajoutons que des montants importants ont également
été consentis pour améliorer les conditions de vie des
populations autochtones. Ainsi 16 000 000 $ étaient prévus pour
construire une route d'accès à un des villages autochtones et 40
000 000 $ ont été versés pour le relogement de la
communauté crie de Chisasibi qui était installée sur une
île à l'embouchure de la rivière La Grande.
C'est ainsi qu'au complexe La Grande, pour faire de nouveaux milieux
aquatiques, des systèmes biologiquement productifs et
intégrés dans un nouveau et harmonieux patron d'utilisation du
territoire, on a investi près de 3 % du coût du projet, soit 250
000 000 $. Parallèlement à cela, et ce depuis 1978, la SEBJ et
Hydro-Québec ont créé le réseau de surveillance
écologique du complexe La Grande. C'est-à-dire qu'après
avoir défini des mesures de mitigation et ayant évalué des
impacts et des mesures de mise en valeur, nous nous sommes mis à suivre,
année après année, l'évolution de l'ensemble du
comportement écologique du
complexe, Ce programme n'est pas terminé. Il existe encore
aujourd'hui et avec l'arrivée du projet LG 2 A, il va même nous
amener jusqu'à l'horizon 1996. Donc, de 1978 à 1996, au moins je
ne connais pas un projet d'hydroélectricité dans le monde qui ait
mis un tel soin en ce qui a trait à l'environnement.
Le Président (M. Charbonneau): Sur cette réponse,
nous allons suspendre les travaux jusqu'à 14 heures et nous reprendrons
cet après-midi pour quinze, ou vingt minutes, d'un commun accord, sur
les questions d'environnement, ce qui permettra aux collègues qui
veulent intervenir sur cette question de le faire.
Les travaux sont suspendus jusqu'à 14 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 28)
(Reprise à 14 h 8 )
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre s'il vous
plaît! La commission de l'économie et du travail reprend, cet
après-midi, l'étude de la consultation particulière sur la
proposition tarifaire d'Hydro-Québec pour l'année 1987. Nous
avions convenu, ce matin, à l'ajournement, que nous poursuivrions, cet
après-midi, pendant quelques minutes sur les questions de
l'environnement et de l'équipement. Je vais maintenant céder la
parole au ministre, qui devait compléter.
Impact des lignes électriques
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. J'ai eu l'occasion, au
début de la commission, de faire part de l'importance que j'attache et
que le gouvernement attache à la consultation, en temps utile, des
citoyens quand il s'agit d'implanter de nouvelles lignes de transport. Par
ailleurs, Hydro-Québec nous avait indiqué, au cours des derniers
jours, son intention de rendre publique prochainement sa planification des
futurs réseaux de transport d'électricité. Si je comprends
bien, le sens de la démarche d'Hydro-Québec pourrait s'inscrire
à l'intérieur d'un processus global qui répondrait
à l'ensemble des préoccupations gouvernementales sur la question.
Maintenant, je crois qu'il serait utile que M. Coulombe, d'Hydro-Québec,
puisse expliquer à cette commission le sens de sa démarche et ce
qu'il en attend.
M. Coulombe: En fait, dans le plan de développement, nous
avons vu abondamment, ce matin, la hiérarchie des projets qui vont faire
l'objet de développement. Nous avons aussi l'ensemble des données
concernant la demande d'électricité, nos hypothèses
d'exportation et nos programmes commerciaux et industriels. Il y a, en quelque
sorte, un lien qui manque dans le plan de développement, c'est celui du
transport. Nous avons la liste des projets de centrales, nous avons les grands
problèmes de charges et de demandes de la province ou pour
l'exportation, mais comment le transport va-t-il s'articuler?
Évidemment, les travaux n'ont pas commencé hier. Depuis des
années, il y a des hypothèses sur ces lignes de transport.
Devant le débat général qui semble surgir au
Québec concernant le problème de l'utilisation du territoire par
ces grandes infrastructures, nous pensons que le dossier concernant les
hypothèses de l'avenir devait être présenté au
gouvernement et à la population. Ce qu'il y a de plus spectaculaire, ce
sont les grands barrages et les grandes centrales, mais on s'aperçoit de
plus en plus que la véritable utilisation du territoire est
affectée par le passage des grandes lignes de transport. Donc, ce que
nous nous proposons de rendre public dans deux mois, c'est justement de
présenter ce lien qui manque à l'intérieur du plan de
développement.
On a demandé tantôt: Pourquoi ne pas l'avoir
présenté dans le plan? Ce n'était pas prêt et ce
n'était pas mûr. À toutes fins utiles, le plan est
terminé depuis le mots de décembre ou de janvier. Nous ne voulons
pas attendre au prochain plan de développement dans un an. Nous pensons
que le débat est déjà enclenché. Nous voulons
montrer la perspective d'avenir de ces grandes infrastructures dans un contexte
qui va permettre à la population non pas d'avoir le nez buté sur
un tracé précis, parce que la ligne doit être prête
dans trois semaines, dans un mois, dans un an ou dans deux ans, mais d'avoir
une perspective de moyen et de long termes. Nous pensons que cela peut
être important, parce que c'est vraiment une utilisation assez
considérable du territoire québécois. C'est l'utilisation
d'une richesse collective qui a des implications sur l'environnement et
l'utilisation du territoire.
M. Ciaccia: Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va?
M. Gauthier: J'aurais une question à poser au ministre
directement sur ce sujet. Ce ne sera pas très long. Étant
donné qu'il va y avoir la publication de ce document sur l'impact des
lignes électriques sur le territoire et étant donné que
vous avez indiqué votre intention d'ouvrir davantage la consultation aux
citoyens, est-ce que vous accepteriez que la commission parlementaire ici
présente puisse se réunir aux fins d'étudier pendant une
journée ou deux, le
temps nécessaire, ce document d'Hydro-Québec et même
entendre les groupes environnementaux, les intervenants sur le sujet? Est-ce
que ce ne serait pas une bonne façon pour vous de commencer cette
nouvelle vie de consultation avec le milieu concernant les lignes
électriques?
M. Ciaccia: Je n'exclus pas cette possibilité, mais je
préfère pour le moment attendre qu'Hydro-Québec
dépose et rende public son plan de développement. Par la suite,
je pense qu'on pourra étudier les moyens à prendre pour consulter
la population. C'est une suggestion intéressante que vous nous faites et
on va y penser sérieusement. Merci.
M. Gauthier: Merci.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de La Peltrie.
M. Cannon: Merci, M. le Président. M. Coulombe, je reviens
au plan d'équipement. Le député de Roberval vous a
posé ce matin des questions et je crois que c'est M. Laflamme qui nous a
répondu. Cela concernait la hiérarchisation des différents
projets et les emplois directs qui étaient créés de
même que les investissements. J'aimerais bien comprendre la situation et
le scénario. Je comprends aussi les mises en garde que vous avez faites
ce matin en ce qui concerne les différents types de prévisions et
les sommes impliquées, mais pour 3500 mégawatts - effectivement,
c'est ce qui semble être prévu dans le scénario
d'exportation - j'aimerais que vous puissiez me quantifier les effets ou que
vous me parliez des études économiques qui ont été
faites tant du côté de l'emploi direct qui pourrait être
créé, mais aussi de l'emploi indirect. J'imagine qu'avec les
modèles de prévisions économétriques que vous
faites chez vous, vous êtes peut-être en mesure de nous brosser un
tableau pour ces 3500 mégawatts d'exportation. Alors, j'aimerais vous
entendre là-dessus soit vous-même ou M. Laflamme. (14 h 15)
M. Coulombe: Je voudrais juste rectifier votre question.
L'objectif de 3500 mégawatts, ce n'est pas notre objectif final
d'exportation. C'est l'objectif de la phase II qu'on prévoit dans
l'exportation. La phase I, les surplus, est terminée. La phase II, c'est
un bloc de 3500 mégawatts. La phase III, on ne l'a pas quantifiée
encore. Est-ce que ce sera 2000, 4000, 5000 ou 6000 mégawatts"? Je n'en
sais rien. Ce n'est donc pas un objectif unique. On n'a pas
procédé à une quantification pour les 3500
mégawatts tout simplement parce que la base de ce développement
va être le devancement d'équipement.
Pour répondre de façon très précise à
votre question - on peut vous répondre là-dessus dans quelques
jours - il faudrait vous donner, dans le cas, par exemple, de Central Maine,
les devancements d'équipement. C'est quantifié, il y a tant de
centaines de millions ou de milliards sur une période assez longue et on
a par le même modèle auquel vous faîtes
référence, le nombre d'emplois qui en découlent. On pourra
le faire pour les 3500, mais je n'ai pas de réponse précise
à vous donner sur le fait que 3500... On sait, par exemple, et vous
l'avez vu dans les tableaux du plan ou on peut vous le montrer, dans le cas de
Central Maine, on sait exactement combien d'années de devancement cela
exige à LG 1 d'après toute la série de rapports. Comme on
connaît leurs coûts, on sait que deux ans plus tôt, cela
devance en fait des effets d'investissements et des effets d'emplois. Cela
correspond aux chiffres que M. Laflamme vous a donnés, sauf qu'il faut
les devancer si le programme se réalise. C'est cela qu'il faut
comprendre dans notre stratégie de 3500 mégawatts, c'est du
devancement d'équipement.
M. Cannon: Non, je voudrais faire bien attention
d'interpréter et de dire que LC 1, c'est 6800 emplois qui sont
créés par année, 3 500 000 000 $, etc. Je ne voudrais pas
faire le total et conclure que c'est 3500 qui sont destinés comme
marché cible, si telle est l'enveloppe. Au fait, j'aimerais être
très précis quant aux informations que moi, comme
député, je pourrais retransmettre. Donc, je retiens votre
suggestion, à la suite de la question que je vous ai posée, de
faire suivre au secrétaire de la commission ces renseignements, ces
informations. Merci, M. Coulombe.
Embauche (suite)
M. Coulombe: C'est exact. M. le Président, j'aurais juste
un point. Ce matin, j'ai promis à je ne me souviens plus exactement quel
député sur la question de l'embauche... Est-ce qu'avec votre
permission on pourrait prendre deux minutes pour clarifier ce point de
l'embauche dans la construction? Je vais demander au vice-président des
ressources humaines, M. Jean Houde, de résumer la situation. Cela vous
permettra, lorsque vous aurez des questions dans vos bureaux, de
répondre exactement à la situation telle que nous la
percevons.
M. Houde (Jean): En matière de construction, la situation
concernant la question qui a été posée par le
député de Saguenay plus spécifiquement sur le complexe
Manic-Outardes est la suivante. Comme on vous l'a dit ce matin, la plupart des
travaux de construction sont confiés à des entrepreneurs. Les
entrepreneurs sont
responsables de leur embauche. Habituellement, les entrepreneurs ont
déjà à leur emploi un certain nombre d'employés
qu'ils rappellent pour effectuer des travaux. C'est la règle pour les
entrepreneurs. Celui qui veut avoir un emploi chez un entrepreneur doit
s'adresser à l'entrepreneur, soit au siège social de
l'entrepreneur ou encore sur les lieux de chantiers où l'entrepreneur a
un bureau. Par contre, il faut se rappeler qu'historiquement, c'est
Hydro-Québec qui a été responsable de la construction du
complexe Manic-Outardes. Pour ce qui est des emplois non régis par le
décret de la construction, on est encore responsable de l'embauche des
employés à l'intérieur de conventions collectives qui
existent encore et nous avons des listes de rappel pour les emplois non
régis par le décret de la construction. C'est à partir de
ces listes de rappel que nous rappelons les employés. Une fois les
listes de rappel épuisées, nous nous adressons aux Centres de
main-d'oeuvre du Québec dans la région de Manicouagan. Cela,
c'est pour la construction.
Par ailleurs, il serait peut-être utile que je vous informe de
notre façon de procéder pour l'embauche des employés dans
le secteur de l'exploitation. Dans l'ensemble du territoire, nous donnons
priorité à nos employés temporaires à
Hydro-Québec. Nous avons, en plus de notre personnel permanent, 2600
employés temporaires qui ont de l'ancienneté. C'est à
partir de cette liste que nous embauchons. Lorsque nous avons
épuisé notre liste d'employés temporaires ou que nous ne
trouvons pas dans cette liste quelqu'un qui correspond aux exigences de
l'emploi, nous nous adressons aux Centres de main-d'oeuvre du Québec qui
veulent bien remplir cette responsabilité pour nous. Dans d'autres cas,
ce sont les centres de main-d'oeuvre du fédéral.
Pour ce qui est de la région de Montréal, nous avons un
bureau d'emploi au siège social d'Hydro-Québec, qui répond
aux demandes d'emploi et qui fait l'embauche des employés dont nous
avons besoin, mais toujours une fois que nous avons épuisé notre
liste de rappel.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que cela va?
M. le député de Roberval.
Processus de la consultation
M. Gauthier: Sur l'environnement.
Le Président (M. Charbonneau): Le député de
Lotbinière doit encore parler sur l'environnement. Je sais que le
député de Rosemont a également demandé la parole.
Je vous signale que nous avons commencé à 14 h 10 et qu'il
faudrait peut-être s'entendre pour ne pas aller jusqu'à 16 heures
sur l'environnement, si on veut aborder les deux autres questions cet
après-midi, c'est-à-dire la situation financière et les
tarifs.
M. Gauthier: Oui.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va.
M. Gauthier: J'aimerais savoir tout simplement ce qui suit, et
ce, pour mieux comprendre. Jusqu'à présent, dans le domaine
environnemental, il y a un processus: Hydro-Québec fait des
consultations, des études, des choses dans ce domaine. Dans un processus
de décision pour construire un barrage, une ligne électrique ou
n'importe quoi, quelle est la place réservée aux consultations
environnementales? Où cela se situe-t-il dans le processus
jusqu'à présent? Je sais qu'on prévoit des changements
dans la façon de faire. Jusqu'à présent, à quel
moment faisait-on cela? Quel type d'études faisait-on pour cela. Bref,
j'aimerais comprendre comment cela fonctionnait et comment cela va fonctionner
si on prévoit des modifications dans ce secteur.
M. Coulombe: M. Dubeau va résumer le processus actuel
décisionnel qui conduit jusqu'au début de la construction de
l'équipement.
M. Dubeau: Dans un premier temps, la consultation du public a
lieu durant la phase que nous appelons avant-projet. II faut dire qu'un projet
d'importance à Hydro-Québec, un équipement de production
ou une ligne de transport, passe d'abord par une étape dite
d'études préliminaires.
Une fois que ces études préliminaires sont
complétées, l'entreprise décide si elle franchit
l'étape de l'étude de l'avant-projet. C'est là qu'elle va
regarder en détails toutes les conditions techniques, économiques
et environnementales qui vont devoir exister si on veut un jour recommander la
réalisation du projet.
Donc, durant cette phase d'avant-projet, il se fait des études
techniques, économiques et environnementales. Au moment où les
études sont suffisamment avancées pour que nous soyons capables
de faire connaître les variantes de tracés ou d'aménagement
et les accommodements que nous pouvons réaliser -il faut comprendre
qu'on ne déplace pas les centrales n'importe où sur une
rivière, mais pour les lignes, il est plus facile, dans un corridor
donné, de faire des variantes - donc, au moment où les
études sont suffisamment avancées, nous consultons les
populations, les MRC, les municipalités, l'Union des producteurs
aqricoles lorsque nous sommes en territoire agricole, pour obtenir leur avis et
leurs commentaires sur ce que nous appelons
la variante privilégiée par Hydro-Québec, alors que
nous donnons aux populations le résultat des études faites
jusqu'à ce moment-là.
Il faut comprendre qu'une bonne part des études d'environnement
sont d'abord des inventaires. L'objet même de la consultation, c'est de
vérifier si Hydro-Québec a bien inventorié ce qu'il y
avait dans le milieu. Si l'on tient compte des résultats de cette
consultation, il y a, évidemment, des ajustements à faire. Les
gens font ressortir des dimensions que nous n'avons pas vues. C'est à ce
moment, par exemple, que nous apprenons qu'il y a des projets concrets dans une
région donnée et que les inventaires ne nous ont pas
révélés. Donc, tous les résultats de ce brassage
d'idées lors de la consultation sert à compléter
l'étape de l'avant-projet.
Si le projet est techniquement faisable, économiquement rentable
et acceptable au point de vue de l'environnement, ayant défini les
mesures de mitigation et de mise en valeur qui devraient l'accompagner, on fait
une recommandation à la haute direction d'Hydro-Québec et, par la
suite, au gouvernement.
M. Gauthier: Est-ce qu'il y a des changements prévus dans
ce processus ou est-ce que ce sera encore le processus que vous m'avez
expliqué?
M. Dubeau: Je pense que ce processus comme tel, avec ce qu'a
annoncé M. Coulombe, va se continuer projet par projet. J'espère
même qu'on pourrait là aussi apporter des améliorations
à tous les points de vue, tant technique et économique,
qu'environnemental. Ce qu'on propose à l'étape du plan directeur
se situe beaucoup plus en amont que les études d'avant-projet. On n'aura
pas, au plan de l'information disponible, le détail que nous pouvons
avoir lorsqu'on est rendus à cette étape d'un avant-projet.
M. Coulombe: En fait, ce qu'il faut aussi comprendre, c'est que
nous sommes régis par des lois très précises. Lorsque
l'avant-projet a été accepté par le conseil
d'administration, il s'en va au gouvernement. Là, il y a toute la
question des permis. Le ministère de l'Environnement nous envoie des
directives. On est obligés de les suivre, de poursuivre les
études et, ensuite, selon les types de projets, le BAPE intervient ou
n'intervient pas. Il y a tout le processus, législatif et
réglementaire qu'on suit à la lettre. Il faut aussi se rappeler
que ce processus de consultation concerne des projets précis. Notre plan
directeur de transport ou nos orientations dans le domaine du transport, ce ne
sera pas nécessairement des projets précis pour lesquels on va
demander un permis de construction la semaine suivante, dans deux mois ou dans
trois mois.
Cela va être l'équivalent du grand "pattern" que vous avez
vu au niveau des équipements de production. On va leur accoler des
équipements de transport. On va dire: Dans les 15 ou 20 prochaines
années, voici comment le territoire pourrait être affecté
compte tenu des équipements à mettre en place. Donc, on ne
présentera pas de tracés précis en disant que la ligne no
9 ou la ligne no 12 va passer dans un ravage de chevreuil en particulier, etc.
Cela ne sera pas à ce niveau puisqu'il va s'écouler un laps de
temps. Cela va donc présenter ce que j'appelle l'utilisation du
territoire québécois pour ces infrastructures. Cela va poser le
genre de questions que vos collègues ont posées ce matin dans
toute leur grande dimension.
IREQ
M. Gauthier: Concernant toute la question environnementale outre
la direction de l'environnement d'Hydro-Québec, qui, je ne doute pas,
fait son boulot dans le mandat qui lui est confié, est-ce que l'IREQ est
mis à contribution dans la recherche de nouvelles technologies ou de
moyens de minimiser les impacts environnementaux?
M. Dubeau: Oui. Entre autres, je prends un exemple. Dans le
dossier des effets électrobiologiques, la direction de l'environnement
travaille de concert avec l'Institut de recherche d'Hydro-Québec pour
faire de la recherche carrément dans le domaine environnemental sur les
effets des lignes.
M. Coulombe: Ces interrelations, là aussi, se multiplient
dans l'entreprise, dans le cas des travaux concernant les effets des grandes
lignes sur les animaux et les êtres humains. Non seulement l'IREQ est
impliqué, mais toute la direction des relations de santé et de
sécurité est directement impliquée avec la direction de
l'environnement dans des groupes de travail multidisciplinaires.
M. Gauthier: Sauf erreur, M. Coulombe, puisque vous soulevez ce
sujet. Les experts travaillent sur la préparation de ce rapport depuis
1984. Je ne veux pas entrer dans le secret des dieux, mais si l'information est
disponible, est-ce qu'il y a une date prévisible où l'on pourra
prendre connaissance de ce rapport?
M. Dubeau: Je m'excuse, M. le député, je ne
comprends pas. Quel rapport?
M. Gauthier: II y a un comité de travail qui essaie
d'évaluer l'impact des champs électromagnétiques sur
l'environne-
ment.
M. Dubeau: Oui, d'accord. L'année dernière,
l'entreprise, après dix ans d'études dans le domaine des effets
électrobiologiques, a décidé de se donner un plan d'action
précis d'une portée de quatre ans et qui représente des
dépenses de l'ordre de près de 5 000 000 $. Ce que nous avons
tenté de faire dans la définition de notre plan, c'est d'abord
d'être original et au niveau de la communauté scientifique
internationale, de fournir un apport particulier. (14 h 30)
D'autre part, au lieu de faire des recherches, seuls, entre nous au
Québec, on tente également - il y a des pourparlers qui ont
été réussis avec la Bonneville Power Authority entre
autres pour une étude sur les conséquences des lignes sur les
vaches à viande - de s'associer à d'autres grandes compagnies
d'électricité, à d'autres organismes qui font
également de la recherche dans ce domaine pour donner une dimension
beaucoup plus globale, je dirais et traiter d'un ensemble de questions à
l'intérieur de ce dossier qui est extrêmement complexe. Il y a
beaucoup de voies qui ont été étudiées
jusqu'à maintenant dans beaucoup de compagnies
d'électricité et dans beaucoup de pays. Malheureusement,
jusqu'à maintenant, on peut dire peut-être, heureusement aussi
qu'on n'a pas trouvé d'effets significatifs.
Cela étant dit, on vient de se donner un plan pour quatre ans qui
comprend un programme d'une dizaine d'études particulières,
menées au Québec ou à l'extérieur du Québec.
On compte, bien sûr, comme cela, avoir davantage accès aux
résultats au niveau international.
Entente avec l'UPA
M. Gauthier: Merci. Il y a un autre dossier d'ordre
général, avant peut-être un dossier plus particulier. De
façon générale, il y a eu avec les agriculteurs, avec
l'UPA, la signature d'une entente globale sur l'utilisation du territoire par
Hydro-Québec, les modes de compensation et la façon de se
comporter avec les agriculteurs en place. Est-ce que cette politique qui a
été signée, finalement, a servi jusqu'à
présent - je sais que cela ne fait pas tellement longtemps -dans des
négociations ou dans des règlements de dossiers? Si oui, est-ce
qu'elle semble satisfaire les deux parties, c'est-à-dire Hydro et
l'Union des producteurs agricoles de même que les propriétaires en
cause.
M. Dubeau: Effectivement, depuis sa signature l'été
dernier, elle est en application et selon ce qui nous a été
communiqué jusqu'à maintenant, à la très grande
satisfaction des agriculteurs. Du côté d'Hydro-Québec, je
crois que cela rend la tâche beaucoup plus agréable aux gens qui
ont à faire ces travaux puisque, enfin, avec les agriculteurs, on a
défini les balises selon lesquelles Hydro-Québec devait
réaliser ses travaux en milieu agricole. Comme vous le savez, l'entente
couvre cinq points. D'abord, on a défini quels étaient les
impacts des équipements électriques en milieu agricole. Donc, on
a bien défini chacun des types d'impact. D'autre part, on a bien
expliqué comment Hydro-Québec procédait à la
localisation d'un équipement en milieu agricole et selon quels
critères. Par exemple, au trécarré et non pas en plein
milieu de la terre. Troisièmement, les mesures de mitigation à
réaliser au moment de la construction, donc, entre autres la remise en
culture, les activités d'entretien du réseau de transport et de
répartition en milieu agricole. Comment l'entreprise procède pour
venir faire des modifications de l'entretien sur les lignes une fois qu'elles
sont construites, Finalement - je pense que c'était une grande question
- la compensation relative à l'implantation d'équipements
d'Hydro-Québec en milieu agricole et forestier. Je pense qu'on est
arrivé à une entente où ce qui est donné aux
producteurs agricoles en matière d'indemnisation, est beaucoup plus
généreux que ce qui existait auparavant.
M. Coulombe: Maintenant, il faut bien signifier que c'est une
entente avec l'UPA provinciale.
M. Gauthier: D'accord.
M. Coulombe: Cela ne veut pas nécessairement dire que
toutes les sections régionales et locales sont toutes d'accord. Mais
c'est un problème interne à l'UPA.
M. Dubeau: II y a une fédération qui n'est pas tout
à fait d'accord, c'est celle de Sherbrooke. Les autres ont toutes
signalé à l'UPA nationale qu'elles étaient d'accord avec
l'entente avant qu'elle soit signée.
Incident à l'Anse Saint-Jean
M. Gauthier: D'accord. J'ai maintenant une question à
poser sur un dossier plus particulier qui a trait à ma région au
sens large du terme, le Saguenay. Il y a eu tout un problème avec le
fait qu'on a asséché à un moment donné le lit de la
rivière Saint-Jean par erreur, probablement, ou je ne sais trop. Je sais
qu'il y a eu une étude de faite dont le rapport aurait été
rendu public. Je vous avoue ne pas être très au fait du dossier,
mais j'aimerais que vous nous expliquiez: premièrement, ce qui s'est
passé; deuxièmement, les conclusions du rapport et
troisièmement, si un incident comme celui-là
a des chances de se reproduire à un moment donné, compte
tenu de la mécanique décisionnelle qui fait en sorte que l'on
décide de fermer ou d'ouvrir les vannes.
M. Dubeau: Je vais d'abord commencer par répondre à
votre dernière question. Le directeur de l'environnement à
Hydro-Québec espère que non. Cela dit, les mesures internes, pour
qu'à l'exploitation, on tienne compte dorénavant de ce type de
paramètre, ont soulevé une très bonne discussion de fond.
Des mesures seront prises effectivement pour éviter ce type d'erreur
à l'avenir. De plus, voici ce qui s'est produit: les 1er et 2
décembre dernier, des événements de nature hydrologique
sont survenus sur le rivière Saint-Jean au Saguenay. D'abord,
l'ouverture d'une vanne du barrage d'Hydro-Québec situé à
une quinzaine de kilomètres en amont de l'embouchure a amené
comme conséquence dans ce cours d'eau une crue subite d'une durée
de dix heures et d'un débit comparable à 15 % du débit
d'une crue printanière.
Par la suite, la fermeture de cette même vanne pendant environ
quinze heures a provoqué un abaissement du niveau de l'eau dans la
rivière. Un débit normal d'approxirnativement trois mètres
cubes-seconde, finalement, a été rétabli
conformément aux conditions habituellement observées en
périodes hivernales. Ces variations de débit et de niveau qui se
sont produites en l'espace de 25 heures ont inquiété les
résidents de l'Anse Saint-Jean et les exploitants de la ressource
saumon. Cette inquiétude résidait dans le fait qu'il était
plausible de penser que ces modifications auraient pu avoir des impacts sur les
oeufs, les alevins et les tacons de saumons présents dans la
rivière.
Conformément à la démarche convenue conjointement
le 8 décembre 1986 entre Hydro-Québec et la direction
régionale du Saguenay-Lac-Saint-Jean du ministère du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche, Hydro-Québec a
dépêché sur les lieux une équipe dont la mission
était de faire un premier constat de l'état des frayères,
des oeufs et des alevins de saumons de la rivière. Les connaissances
acquises, bien qu'insuffisantes pour permettre une estimation de la
mortalité causée par les événements du début
de décembre, permettent toutefois d'écarter l'hypothèse
pessimiste d'une perte totale.
Par conséquent, Hydro-Québec a proposé et convenu,
avec le comité regroupant les divers intervenants du milieu, le plan
d'action qui a été proposé au comité et
précisé dans un document qui a été
déposé et accepté au mois de décembre dernier.
Si cela vous intéresse, je peux vous dire quels sont tous les
éléments du plan d'action, mais il est prévu des actions
pendant toute l'année 1987 et qui vont nous amenés à avoir
une évaluation très globale de la valeur de la rivière
l'Anse Saint-Jean par rapport à la ressource saumon et les impacts
réels qui ont été causés à la ressource, la
définition des mesures de mitiqation pour corriger cela dans les
meilleures conditions possible et le plus rapidement possible.
M. Gauthier: Si je comprends bien -c'est peut-être le bout
qui me manquait, parce que je suis un peu au courant de ce qui est sorti - dans
le courant de cette année qui vient et principalement au cours de la
saison estivale, l'expertise se poursuivra et on sera plus en mesure
d'évaluer le résultat réel de ce malheureux incident et
à ce moment-là, on pourra aviser. C'est ce que vous nous
dites?
M. Dubeau: C'est cela. À l'été 1987, ce sera
très clair, et si la situation demande des mesures précises de
mitigation, HydroQuébec va certainement les appliquer.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va. M. le
député de Lotbinière.
M. Camden: M. le Président, on nous a parlé de
consultation. Pendant la phase de l'avant-projet, sur combien de semaines, de
mois ou d'années s'étendra cette période de
consultation?
M. Dubeau: Tout est en fonction de l'importance du projet; c'est
en fonction de la longueur de la ligne, du nombre de municipalités, de
MRC et d'organismes à contacter dans le milieu. Cela peut aller d'une
période de quelques semaines à quelques mois.
M. Camden: Dans le cadre de ce qu'on a visionné ce matin,
combien de temps dure la période de consultation pour la sixième
ligne, pour un avant-projet semblable?
M. Dubeau: Si on fait la comparaison avec Radisson-Nicolet-Des
Cantons, on peut dire qu'il y a eu un bloc de six à neuf mois pendant
lesquels il y a eu de la consultation dans le milieu sur la localisation de la
ligne.
M. Camden: Est-ce que la période de consultation a
été modifiée dans le cadre de ce projet?
M. Dubeau: Non. Les organismes qu'Hydro-Québec consulte
dans ce type de consultation ont tous été consultés.
M. Camden: C'est votre point de vue, mais je vous avouerai que je
ne le partage pas nécessairement.
Dans le cadre d'un éventuel projet de la même importance
que celui de la sixième ligne, dans le cadre d'une septième ou
d'une huitième ligne, pendant combien de temps y aurait-il des
consultations? Pendant six à neuf mois?
M. Dubeau: À partir des choses qu'on a aujourd'hui,
oui.
Construction de lignes
M. Camden: Dans cet esprit, à quel moment entendez-vous
aller de l'avant avec un projet d'une telle envergure en vue de l'exportation
d'hydroélectricité, plus particulièrement pour une seconde
ligne qui serait, elle aussi, à courant continu?
M. Coulombe: Si on se réfère plus
particulièrement aux 3500 mégawatts, vous vous souviendrez qu'une
des caractéristiques de cette phase d'exportation, consiste à se
servir au maximum des interconnexions qui existent actuellement, qui sont
construites ou qui seront construites jusqu'en 1990. À moins de
changements majeurs dans la conjoncture, on prévoit l'utilisation de ce
qui existe déjà, sauf évidemment certains bouts de ligne
qui ne pourront être utilisés selon les marchés; mais on ne
parlera pas des grandes lignes de transport, sauf les exceptions qu'on ne
prévoit pas à l'heure actuelle. Selon les plans actuels
d'Hydro-Québec, toutes les nouvelles lignes de transport seront, sauf
exception -on parle d'une période de quinze ou vingt ans - à
courant alternatif et la sixième ligne à courant continu
demeurera une exception dans le cadre du réseau global.
M. Camden: Est-ce que vous pouvez préciser, en fonction du
plan de développement qui nous a été
présenté, à quel moment vous prévoyez la
construction d'une prochaine ligne, en tenant compte de tous les
éléments dont vous nous avez fait part?
M. Coulombe: Dans le plan, on en a indiqué deux. Il y en a
une qui va être nécessaire pour LG 1 et l'autre pour la ligne sur
la Côte-Nord sur le suréquipement de tout le complexe de Manic.
Les dates sont en comparaison avec la date de construction de ces centrales si
on tient pour acquis que LG 1 doit être prête en 1995-1996, donc la
ligne numéro... On l'appelle encore la sixième ligne, c'est une
autre sixième ligne. Enfin, cette ligne nécessaire pour LG 1
devrait être prête au moment où la centrale sera
prête, c'est-à-dire vers 1995-1996. Sur la Côte-Nord, c'est
la même année?
M. Mercier: Même année.
M. Coulombe: Donc, il y a deux grandes lignes de transport qui
devront être construites d'ici à huit ans.
M. Camden: Est-ce que le processus sommaire des études
concernant d'éventuelles lignes est déjà
engagé?
M. Mercier: Dans les tableaux à la page 64 ou plutôt
à la page 60, au graphique 27, les deux lignes de transport dont on
vient de parler sont mentionnées, soit la sixième ligne à
courant alternatif du réseau de la Baie James et la ligne de la
Côte-Nord. Les deux lignes peuvent être construites pour une mise
en service vers 1995. On entreprend actuellement l'ensemble du processus pour
élaborer l'avant-projet de ces deux lignes.
M. Coulombe: L'une des raisons pour lesquelles on veut rendre
publiques nos orientations générales de transport, c'est
justement pour reprendre ce grand processus, et ce seront les deux
premières lignes qui seront mentionnées. Si on regarde cet
échéancier, la décision finale devrait être prise
entre 1990 et 1991 pour ces deux lignes. Les études commencent
actuellement.
M. Camden: Est-ce que vous avez trouvé le processus de
consultation de la population et de l'ensemble des organismes, incluant l'UPA,
satisfaisant dans la façon et la forme selon lesquelles il a
été fait et mené?
M. Coulombe: Dans le cas de la sixième ligne?
M. Camden: Oui.
M. Coulombe: Écoutez, je serais mal venu de dire que c'est
un succès monstre avec les problèmes qu'on rencontre. Toutefois,
je pense que, là aussi, il ne faut pas non plus dramatiser dans la
mesure où cette ligne... M. Mercier vous a expliqué ce matin
qu'on avait affaire à une ligne de 1200 kilomètres. On peut dire
qu'actuellement il y a 590 kilomètres qui sont réglés, et
quant à la consultation et quant à la décision
gouvernementale. Donc, il y a 590 kilomètres dont on n'entend pas parler
dans les journaux, parce que cela s'est réglé selon un processus
normalisé de discussions, de consultations et d'approbation
gouvernementale. Je fais référence au territoire
conventionné de Radisson jusqu'au 49e parallèle - vous avez 590
kilomètres"- où tout est réglé. Certains travaux
préliminaires, certains contrats ont été donnés
à des compagnies cries. Du 49e parallèle à
Hervey-Jonction, on a un tronçon de 290 kilomètres. Cela traverse
six municipalités et les avis des six municipalités son
favorables. Le gouvernement du Québec est impliqué parce qu'il
a
des concessions de compagnies, des propriétaires privés et
tous sont d'accord pour les droits d'accès dans ce territoire-là.
(14 h 45)
De Hervey-Jonction à des Cantons, on a un autre tronçon de
240 kilomètres. C'est là que se situe le coeur du
problème, c'est-à-dire que c'est dans ce tronçon qu'on
doit traverser le fleuve. On a 29 municipalités qui ont émis des
avis favorables. On a sept municipalités sans résolution ou
contre. Évidemment, vous savez fort bien où se situent ces sept
municipalités, c'est-à-dire au niveau de la traversée du
fleuve.
Chez les propriétaires privés, on en a à peu
près 521 qui sont d'accord pour les droits d'accès. Je
spécifie bien que ce ne sont pas nécessairement 520
propriétaires qui ont signé pour régler les
problèmes de redevance ou d'indemnisation, mais ce sont 521
propriétaires qui ont signé pour permettre à
Hydro-Québec de faire les études d'arpentage pour le tracé
de la ligne; 19 ont refusé, 30 ne se sont pas prononcés ou sont
en suspens.
On traverse 10 MRC et 40 municipalités. Je vous ai donné
le nombre de municipalités où cela était
réglé, c'est à peu près les trois
cinquièmes.
Quant à la Commission de protection du territoire agricole, elle
a suivi le processus dans le cadre législatif et a remis un rapport
préliminaire sur lequel elle a reçu l'accord des
municipalités dont je viens de vous parler.
J'aimerais vous citer quelques extraits du rapport de la Commission de
protection du territoire agricole: "Par instinct, tous les producteurs
agricoles et forestiers de la région souhaitent que cette ligne passe
ailleurs que chez eux. Cependant, ils savent que l'envoyer chez le voisin est
une solution simpliste. En citoyens responsables, ils reconnaissent qu'elle
doit passer quelque part." Ce n'est pas Hydro-Québec qui parle.
"Hydro-Québec a fait preuve d'ouverture d'esprit à l'égard
des commentaires que lui ont formulés les producteurs agricoles et
forestiers. Il semble que dans bien des cas, elle n'a pas hésité
à déplacer son tracé initial et/ou ses pylônes afin
de les accommoder, d'apaiser leurs craintes et de satisfaire leurs
préoccupations. Jusqu'à maintenant, Hydro-Québec a dans ce
dossier fait preuve de bonne foi et de bonne volonté. Si cette attitude
se poursuit et que les personnes qui réaliseront les travaux prennent
les précautions nécessaires pour minimiser les dommages
causés à nos producteurs agricoles et forestiers, nous ne croyons
pas que ceux-ci lui en feront du trouble." C'est un mémoire qui a
été présenté à la Commission de protection
du territoire agricole.
Je ne veux pas conclure, de ce que je viens de dire, qu'il n'y a de
problèmes nulle part. Il y en a un, c'est la traversée du fleuve
et les municipalités environnant ce secteur-là. Le processus dans
lequel on est engagé est un processus réglementaire et
législatif. Je viens de parler de la Commission de protection du
territoire agricole; elle a joué son rôle. Il y a le RAPE qui est
en train de le jouer. Il y a eu des audiences; des commentaires ont
été faits à ces audiences, très nombreux, de tout
ordre et de toutes sortes. Hydro-Québec était là un peu
comme à la barre de l'accusé pour essayer tant bien que mal de se
démêler dans des questions qui venaient de toutes parts et sous
toutes formes. Cette étape a été traversée. Des
mémoires ont été présentés au BAPE et cette
étape-là est terminée. On attend le rapport du BAPE pour
le 8 avril. Lorsqu'il sera pubtié, on verra les commentaires de cet
organisme à caractère public qui a un mandat précis. On
verra ce qui se passera à partir du 7 ou du 8 avril. C'est à peu
près l'état de la situation concernant la sixième
ligne,
M. Camden: Voulez-vous me rappeler le nom de l'organisme qui a
fait...
M. Coulombe: C'est contenu dans un rapport de la Commission de
protection du territoire agricole publié la semaine dernière.
Date de la décision de la Commission de protection du territoire
agricole: 87-02-3 3; pour 38 municipalités. C'est un document officiel
de ladite commission.
Processus de la consultation (suite)
M. Camden: M. le président-directeur
général, je dois vous dire que je n'ai pas à critiquer la
position de la commission, mais quand on dit que c'est par instinct que les
propriétaires préfèrent le passage ailleurs, en tout cas,
pour ma part, lorsque je me "positionne", j'ai plutôt l'impression que
c'est par intérêt que les gens préfèrent que cela
passe ailleurs.
Forts de l'expérience et de tout ce processus que vous avez
vécu comme organisme et que les gens ont vécu, est-ce que vous
proposez, dans le cadre de construction de prochaines lignes, de modifier de
manière fort importante votre façon de procéder: Avez-vous
l'intention de proposer que la consultation se fasse d'une façon
différente, ou d'avoir des contacts plus étroits et plus directs,
d'une part, avec les gens qui sont visés ou les gens qui seront
peut-être visés dans le cadre du corridor envisagé?
Croyez-vous que le processus devra se faire à la fois avec les MRC ou
l'Union des municipalités régionales de comté, l'UPA, les
fédérations à la base, les syndicats de base, les
municipalités?
Je dois vous dire - j'ai d'ailleurs déjà
eu l'occasion de vous en faire part - que la façon dont la
consultation a été menée et les gens consultés me
laisse un peu perplexe. Cela n'a pas satisfait pleinement la population de mon
comté et les municipalités visées par le projet. On aurait
intérêt à modifier la façon de fonctionner et
à y aller plus directement auprès des gens, entendre leurs
doléances, ce qui éviterait probablement, pour une bonne part,
cette levée de boucliers, cette constitution de groupes qui n'ont
d'autre choix que de se réunir, de constituer une force pour que leurs
intérêts soient protégés, que leurs voix soient
entendues et que cela ait aussi un impact sur l'ensemble du processus. C'est le
voeu que je fais.
M. Coulombe: Je partage un voeu avec vous: il y a moyen
d'améliorer ces mécanismes. M. Dubeau pourra en dire quelques
mots tantôt. Tout ce que je voudrais ajouter, c'est qu'il faut quand
même comprendre qu'Hydro-Québec est aux prises avec toute une
série de lois, qu'il faut respecter, qu'on a toujours respectées
et qu'on a l'intention de continuer à respecter. Il y a des
mécanismes au gouvernement; ces mécanismes sont issus de lois
gouvernementales, avec lesquels il faut jouer le jeu et dont il faut respecter
les mandats. Traverser une infrastructure de lignes dans le territoire du
Québec est une course à obstacles. Quels sont ces obstacles?
C'est tout le zonage du territoire québécois: zonage qui a
été fait à partir de groupes d'intérêts
particuliers tout à fait légitimes, les agriculteurs et ceux qui
valorisent les biens culturels, la faune, les animaux, les rivières ou
les arbres. Tout cela est représenté par des groupes
d'intérêts qui, tôt ou tard, ont convaincu les gouvernements
successifs d'avoir des lois pour protéger ces zones-là.
Hydro-Québec, avec le ministère des Transports quand il construit
des autoroutes - il y en a de moins en moins d'autoroutes au Québec -
est le seul organisme qui a des équipements linéaires.
Lorsqu'une entreprise privée ou une municipalité veut
faire un plan industriel, une usine, etc., c'est dans un endroit précis.
On est les seuls à avoir des infrastructures aussi gigantesques. Quand
je dis que c'est une course à obstacles, c'est la façon
d'exprimer le fait que c'est un ensemble d'éléments très
bien "légifèrés", qui représentent les valeurs de
la collectivité et il faut en tenir compte. Donc, c'est essentiellement
une série de compromis entre des objectifs, parfois divergents, de
plusieurs groupes qui occupent le territoire. Hydro-Québec est aux
prises avec cette course à obstacles ou slalom, appelez-le comme vous
voudrez. C'est essentiellement le travail qu'on fait. La consultation a alors
un sens tout à fait particulier auquel on attache beaucoup de
valeur.
Un dernier point. Ce sont les valeurs qui se modifient dans la
société. Il n'y pas de loi au Québec concernant la
traversée du fleuve parce qu'il n'y a pas eu de groupes
d'intérêts qui, depuis 20 ans ou 30 ans, se sont regroupés
et ont dit: Le fleuve, on va le protéger de telle ou telle façon.
Il n'y en a pas eu. Il n'y a pas de loi.
On ne peut pas reprocher à Hydro-Québec d'aller au-devant
- on le fait souvent dans beaucoup de nos actions - de toutes les valeurs qui
vont émerger dans les 30 prochaines années. C'est pour cela que
le débat public auquel on fait référence, auquel le
ministre a fait référence, peut être extrêmement
intéressant pour voir comment ces nouvelles valeurs vont émerqer
pour l'occupation du territoire. Dans le cas précis de la
traversée du fleuve, il n'y a pas de loi, comme il y en a une pour le
territoire agricole, pour les biens culturels pour le territoire municipal ou
pour tout ce que vous voudrez ce qui explique l'ambiguïté dans
laquelle on se trouve. Là, on retrouve des valeurs qui sont tout
à fait respectables, de pollution visuelle, de beauté du site,
mais qui ne sont pas encadrées ni dans un règlement ni dans une
loi qui permette à Hydro-Québec de se donner un cadre de
référence très précis.
Je suis rempli d'admiration devant les personnes prestigieuses qui ont
dit que le site était beau, qui ont signé le papier sur la
traversée du fleuve. Je suis d'accord pour dire que c'est un site
magnifique, mais tous les éléments contenus là-dedans,
proviennent de la perception qu'en ont de très petits groupes, soit des
personnes isolées, etc. À Hydro-Québec il faut quand
même qu'il y ait un encadrement. C'est là un exemple précis
d'absence de règlement ou de loi. Il n'y en a pas pour le fleuve. Est-ce
qu'il en faudra une? Probablement qu'avec tout ce qui se passe, le gouvernement
va finir par dire: On va mettre de l'ordre dans les traversiers du fleuve ou
dans la façon de traiter le fleuve. Mais cela n'existe pas.
Il y aura peut-être d'autres valeurs qui vont émerger
demain, d'autres choses qui devront être protégées, dont il
faudra tenir compte. C'est pour cela qu'il faut séparer le processus de
consultation en deux: un premier pas qui respecte intégralement toutes
les lois - on a la conviction de les avoir respectées - et une
deuxième partie de consultation qui tient compte des valeurs qui ne sont
pas encadrées, qui ne sont par réglementées, qui ne sont
pas organisées comme réactions opérationnelles et
techniques qu'on devrait avoir.
Cela forme un problème assez complexe, indépendamment du
problème de la multiplicité des organismes gouvernementaux qui
ont des mandats, Commission de protection du territoire agricole, le BAPE
et
indépendamment du fait que le BAPE a un mandat et des techniques
de travail qui ne sont pas toujours d'une clarté fulgurante. C'est tout
cela qui amène le débat qui est extrêmement simple et qu'il
est valable d'avoir sur l'utilisation du territoire avec des grandes
infrastructures comme des lignes de transport.
M. Camden: M. le Président, je terminerai peut-être
là-dessus. Ce que je souhaite, c'est que pour un prochain projet, la
société d'État procède à des consultations
plus poussées dans le cadre de la phase des avant-projets de
façon à solliciter les populations locales qui l'aideront
sûrement. C'aurait été sûrement le cas chez nous, les
gens auraient apporté leur collaboration à identifier des sites
ou des endroits qu'ils voulaient voir protégés si le choix avait
été fait d'une façon plus rationnelle et peut-être
davantage cérébral, faisant en sorte que des
éléments favorables dans le cadre d'un site ou d'un autre aient
pu être compilés et être présents.
Je pense que la collaboration des gens nous aurait été
assurée pour identifier ces sites et ce qu'ils tenaient fortement
à protéger. On aurait probablement, peut-être pas
évité, mais atténué considérablement tout le
processus et la façon dont cela a été mené, les
faits qui ont eu lieu, les gestes et la position des gens. Je pense que tout le
monde serait peut-être moins cantonné dans sa position propre. Les
échanges seraient peut-être d'autant plus faciles aujourd'hui,
d'autant plus faciles pour la société d'État, pour le
gouvernement, pour les gens. C'est le voeu que je fais.
Je dois vous dire que des situations semblables ne sont pas
nécessairement faciles à vivre pour une population. Dans
l'échange, il pourrait peut-être avoir un respect plus grand des
positions des gens dans leur localité, même si on sait que, de
toute façon, on doit traverser le territoire quelque part en
créant le moins d'impact possible. Cependant, vous savez que les sites
comparés ont des chances égales d'être mesurés,
évalués en fonction de critères qui sont
déjà établis. Les éléments devraient se
retrouver dans la grille d'analyse au moment de la prise de décision,
parce que j'ai là-dessus, vous savez, des réserves que j'ai
déjà manifestées à maintes occasions. Merci. (15
heures)
M. Dubeau: II y a peut-être un point d'information qui me
semble tout à fait aller dans votre ligne de pensée, M. le
député. Effectivement, il va y avoir un changement fondamental
dans la façon de faire d'Hydro-Québec pour les grands projets
à venir. On a pris cet engagement à l'intérieur de la
convention que nous avons signée avec l'UPA. Nous nous sommes
engagés, dorénavant, à consulter l'UPA et les
fédérations régionales sur le choix des corridors. Donc,
si on a signé cet engagement avec l'UPA, il est évident que par
le fait même, on va le faire avec les MRC, les municipalités. Cela
étant dit, il faut comprendre qu'Hydro-Québec, dans ses
études d'avant-projet, procède par réduction de l'espace.
On part d'une zone d'étude très large, on définit des
corridors - je ne répéterai pas tout ce que le président
vient d'expliquer sur les contraintes qu'on doit considérer pour
définir un corridor acceptable - et après cela, on fait le choix
des variantes de tracés à l'intérieur du corridor
retenu.
Il y aura consultation à l'étape du choix des corridors et
je pense qu'on va très bien rejoindre votre préoccupation. Il y
aura des choses comparables qui pourront être discutées à
ce moment, donc, au bon moment, avant de faire le choix des corridors et par la
suite élaborer les variantes des tracés. En ce qui a trait aux
individus, aux propriétaires qui seraient éventuellement
affectés par une ligne, il faut comprendre que ce n'est qu'au moment
où on a fait les variantes des tracés qu'on peut carrément
les identifier et qu'à l'étape du corridor où on a 100 ou
150 kilomètres de large à considérer, c'est sur des choses
beaucoup plus macroscopiques qu'il faut faire porter les jugements et non pas
sur un détail comme la localisation d'un pylône. Je ne pense pas
qu'il serait physiquement et intellectuellement possible de consulter tous ceux
qui peut-être pourraient être affectés. Je pense que les
organismes qui les représentent auront l'occasion, à
l'étape du choix des corridors, de faire valoir leur point de vue et
d'influencer la prise de décision d'Hydro-Québec. Par la suite,
nous espérons, dans un consensus bien établi sur un corridor,
pouvoir permettre la génération de variantes de tracés et,
finalement, réaliser le projet.
M. Camden: Je peux vous dire ce que les gens de ma région
ont ressenti. Ils ont été mis devant un fait accompli le 5 juin
1985 par un décret du Conseil des ministres. Jamais avant, ils n'ont eu
l'impression qu'ils auraient pu avoir de l'influence, vous savez, pour
identifier les sites, les endroits qui n'appartenaient pas à des
particuliers mais qui étaient, au sens de l'appartenance de la
région, leur fierté. C'est sur le choix entre les deux grands
corridors ou couloirs, peu importe, que le débat a été
centré. Après, quand il s'agit de savoir où on installe le
pylône, cela incommode inévitablement et cela dérange
toujours quelqu'un. Je pense que c'est un peu inévitable. C'est la
désignation du corridor principal qui est la principale source de
doléances là-dessus de la part des gens.
M. Coulombe: Je partage votre opinion
là-dessus. On a vécu, dans le bout de Sherbrooke, une
situation un peu semblable, mats qui était peut-être un peu
à l'opposé. C'est qu'à un moment donné, on s'est
trouvé avec trois gigantesques corridors et c'était devenu
tellement incompréhensible pour tout le monde qu'il a fallu - je m'en
souviens fort bien - pendant quelques mois, en 1983 et en 1984, multiplier les
réunions. Les gens étaient complètement mêlés
par la multiplicité des corridors. Évidemment, c'est un
excès par rapport au fait d'en avoir un seul, mais la ligne exacte de
consultation... Je suis à peu près convaincu que si on a deux
corridors, il va y avoir des antagonismes très considérables
parce que ce sont les mêmes intérêts pour tous les
corridors. C'est à peu près la même population et les
mêmes groupes qui sont représentés.
Donc, il va falloir être extrêmement prudent et voir les
limites de cette consultation qu'il faut absolument faire. Il ne faut pas se
faire d'illusions; si vous avez deux corridors, vous allez avoir deux groupes
l'un contre l'autre. Si vous en avez trois, vous allez avoir trois groupes les
uns contre les autres qui sont presque toujours composés des mêmes
structures Cela va s'affronter. C'est un peu normal. C'est pour cela que le
débat général, permettant à la population de
comprendre pourquoi ces infrastructures doivent passer sur un territoire, ne
sera pas inutile, j'ai l'impression.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Rosemont.
Consultation avec les autochtones
M. Rivard: M. le Président, depuis la fin de la
matinée, nous avons des échanges de vue sur les questions
environnementales qui démontrent, d'une façon évidente,
à la fois les préoccupations de la députation et vos
préoccupations propres. J'aimerais souligner en passant que votre plan
de développement est passablement muet sur la question. Compte tenu de
ce qui a été dit ce matin sur l'évaluation d'impacts que
vous avez faite par rapport à la phase I de la Baie James, ce que vous
avez fait et vos préoccupations mériteraient d'être ou bien
racontées, si elles ne l'ont pas déjà été,
ou bien publicisées davantage.
J'aimerais aborder deux dossiers: le premier concerne les nations
autochtones et le deuxième est dans un tout autre domaine, mais toujours
dans l'environnement, celui des BPC. C'est une question sur laquelle, à
mon avis, il faudra revenir chaque année tant qu'elle n'aura pas
été réglée.
Les nations autochtones ont des préoccupations qui sont justes et
elles ont des droits. Ma question est très simple: Qu'est-ce
qu'Hydro-Québec a comme approche, comme comportement qui puisse nous
rassurer quant au développement dans les échéanciers
prévus par Hydro-Québec, parmi tout ce qui nous a
été exposé depuis une journée et demie?
M. Coulombe: Pour votre première remarque, je partage
votre impression et je vais m'organiser pour éliminer toute fausse
modestie qu'il pourrait y avoir à Hydro. On va fournir beaucoup plus
d'information concernant les réalisations concrètes en
matière d'environnement. C'est peut-être parce que les gens sont
plus portés vers l'avenir que vers le passé. On va
éliminer ces obstacles de fausse modestie et on va faire connaître
un peu plus clairement les réalisations d'Hydro dans ce domaine. Je
crois qu'elles valent la peine d'être mises sur la place publique. Encore
une fois, sans fausse modestie, je pense qu'Hydro-Québec peut se vanter
d'avoir une approche moderne de l'environnement, qui, se compare non seulement
avantageusement, mais très avantageusement à l'approche de
l'ensemble des autres entreprises. On va s'organiser pour que cela soit plus
explicite à l'avenir.
M. Rivard: Remarquez bien, M. le Président, que le
passé est aussi porteur de leçons. Si certaines décisions
n'avaient pas été prises par un gouvernement libéral
précédent, nous serions peut-être obligés de
discuter aujourd'hui d'un Tchernobyl québécois.
Une voix: C'est venu sans pilule.
M. Coulombe: Sur la deuxième question concernant notre
approche vis-à-vis des populations autochtones, je vais laisser M.
Bernier vous expliquer l'encadrement de nos relations. Il y a eu une
modification assez majeure dans cet encadrement, il y a maintenant un an, avec
la nomination - je pense qu'il n'est pas ici aujourd'hui - d'un
vice-président chargé des affaires autochtones. On a
concentré la coordination dans le bureau d'un individu, soit le
vice-président qui coordonne l'ensemble des activités
d'Hydro-Québec et de la Société d'énergie de la
Baie James concernant l'approche, l'encadrement de nos relations. C'est une
nouveauté à Hydro et on doit dire que cela fonctionne très
bien. Ce vice-président se rapporte au secrétaire
général. Je vais lui laisser le soin de définir
l'encadrement.
M. Bernier: On a senti dans l'application de la Convention de la
Baie James le besoin d'avoir, au niveau corporatif, une structure d'accueil
forte, représentative, pour recevoir et être à
l'écoute des représentations que les diverses communautés
autochtones font à Hydro-Québec. Nous avons
donc mis sur pied cette structure qui nous permet également
d'assurer une présence d'Hydro-Québec auprès d'autres
intervenants qui existent un peu partout dans les ministères. Vous savez
que les ministères du gouvernement du Québec ont un ou deux
représentants qui s'occupent d'affaires autochtones, dans le domaine des
affaires sociales, dans le domaine des affaires municipales ou autres, et qui
tiennent des séances de travail régulières sous
l'égide de ce qui était le SAGMAI et qui se continue maintenant
sous un ministre délégué aux Affaires autochtones. Ce
représentant doit donc garder cette vision globale de nos relations avec
les autochtones tout en développant des réflexes de
préoccupation auprès des communautés dans nos
opérations.
La Convention de la Baie James a été pour la
Société d'énergie de la Baie James et Hydro-Québec
une très bonne expérience. Nous avons vécu cette
convention et nous l'avons appliquée, il y a un an et demi. Dans le
cadre d'une espèce d'analyse "post mortem" des réalisations, nous
avons pu constater que très substantiellement toutes les obligations
d'Hydro-Québec et de la Société d'énergie de la
Baie James en vertu de la Convention de la Baie James avaient été
assumées correctement et à la satisfaction de nos
vis-à-vis, particulièrement les Cris. Dans le cadre de
négociations qui se sont déroulées au cours de
l'été dernier, et qui se sont terminées au mois
d'août, nous avons eu l'occasion de reprendre certains
éléments de la Convention de la Baie James et de préparer
avec les Cris une entente globale relative à l'aménagement de LG
2 A, de LG 1, de Brisay, de Laforge et de la sixième ligne.
Effectivement, nous avons conclu une entente avec eux, qui s'appelle Convention
La Grande (1986). Ceci nous a permis concurremment d'établir aussi une
entente sur le mercure dont traitait M. Dubeau ce matin et qui est à la
base même de tout ce programme dont il a fait état.
Je peux dire, devant la commission, que nos relations avec les Cris sont
harmonieuses, efficaces et satisfaisantes, de part et d'autre. Nous avons
été en vertu de la Convention de la Baie James, partenaires dans
SOTRAC, la société des travaux de correction, et nous serons
également partenaires avec les Cris dans la nouvelle
Société Eeyou qui est constituée pour succéder
à SOTRAC et pour poursuivre des mesures de mitigation relative à
nos nouveaux projets, pour compléter celles déjà
entreprises pour le complexe La Grande, phase I, et pour également
pourvoir au développement du milieu cri en matière culturelle,
économique et en matière d'avancement général des
communautés.
L'autre volet de nos relations avec les autochtones, et nous sommes
présentement à l'orée de ces relations un peu plus
suivies, ce sont les relations avec les Attikameks-Montagnais.
Évidemment, contrairement à ce qui s'est passé pour les
Cris, alors que les revendications territoriales et les grands patterns
d'entente avec cette communauté ont été établis
dans la Convention de la Baie James, cela n'est pas encore le cas pour les
Attikameks-Montagnais. Évidemment, les revendications territoriales -
elles sont de taille de la part des Attikameks - sont soumises au gouvernement
qui est le gardien et le responsable des valeurs patrimoniales du
Québec. Nous participons à ces discussions. Il y a des
comités, qui ont été constitués déjà
depuis plusieurs mois, qui tentent d'établir et de régler ces
revendications territoriales.
Cependant, cela ne nous empêche pas, dans le cadre
particulièrement de la sixième ligne, d'avoir établi,
d'établir et de poursuivre des relations avec cette communauté ou
les communautés attikameks-montagnaises parce que ces gens ont, de toute
évidence, certains droits, par exemple, au piégeage en vertu
d'une loi de 1922. Ces gens pourraient commodément, et avec profit pour
eux et pour nous, participer à certains aspects de la construction de la
sixième ligne, et je souligne particulièrement le
déboisement des emprises pour passer la ligne. Donc, ce sont des deux
exemples les plus importants que je mentionne.
Je pourrais parler également des autochtones de Kahnawake, je
pourrais parler d'autres groupes d'autochtones dans le parc de La
Vérendrye. C'est de la même façon. Nous avons la structure
d'accueil et nous tentons du mieux possible d'en arriver avec ces gens à
des solutions satisfaisantes, en tenant compte aussi d'un autre
paramètre assez important. Dans ces dossiers, il y a un troisième
acteur ou un troisième partenaire, le gouvernement fédéral
avec lequel nous devons aussi transiger de façon constante tout comme
les autochtones doivent le faire. (15 h 15)
M. Coulombe: D'ailleurs, toujours concernant les autochtones, la
Société d'énergie de la Baie James a annoncé, il y
a quelques jours, le plus important contrat donné à la Compagnie
de construction crie, après un appel d'offres public, un contrat de 11
700 000 $ pour les travaux d'aménagement pour la construction de la
première phase du campement de LG 2 A, qui va abriter 400 travailleurs.
C'est un contrat de 11 000 000 $ à la Compagnie de construction crie, et
c'est une première dans ce cadre.
Dossier des BPC
M. Rivard: Je comprends que vous êtes satisfaits de votre
façon de procéder actuellement et que vous êtes
optimistes
quant aux résultats des négociations avec les
différentes nations autochtones.
M. Bernier: Substantiellement, c'est cela.
M. Rivard: Le deuxième dossier - je pense que c'est le
dernier dossier sur l'environnement - c'est celui des BPC. Encore une fois,
c'est un dossier à suivre d'année en année, à cause
de la visibilité de la substance en question, à cause du fait que
vous êtes des utilisateurs majeurs et que, en toute probabilité,
vous aurez à dépenser des sommes quand même assez
considérables pour apporter une solution aussi définitive que
possible à ce problème. Quelle est votre stratégie sur
cette question environnementale?
M. Coulombe: En espérant que le directeur de
l'environnement n'a pas un gros texte, je lut demanderai de résumer la
situation.
M. Rivard: Mes questions sont courtes.
M. Dubeau: On doit éliminer beaucoup de BPC. Cela dit,
Hydro-Québec s'est donné un plan d'action concernant ses BPC au
mois de mars 1985 et l'a révisé au mois de novembre 1986. Notre
plan d'action porte sur un horizon de dix ans et comporte seize
activités. Je vous ferai grâce de la lecture de tout cela.
Cependant, il est important de saisir que la première activité
stratégique pour nous, c'est de détruire les équipements
contenant des BPC à l'intérieur des postes, des centrales, des
bâtiments, des laboratoires, pour éliminer tout risque d'incendie
à l'intérieur des bâtiments d'Hydro-Québec sur le
réseau. Cette étape sera complétée au mois de juin
1988. Pour le reste des équipements contenant des BPC, ceux à
l'extérieur, mais dans nos cours gardiennées,
clôturées, non accessibles au public, on se donne un programme de
dix ans. Au total, cette opération de destruction des BPC
représente pour Hydro-Québec un investissement de l'ordre de 100
000 000 $. Cela n'inclut pas les coûts d'entreposage et,
éventuellement, les coûts de destruction.
Concernant les quantités, Hydro-Québec possède 20 %
des BPC liquides au Québec; 80 % sont chez d'autres utilisateurs. C'est
pour cela qu'Hydro-Québec a été l'instigatrice de la
création du comité des utilisateurs de BPC afin que toutes les
industries concernées, parce qu'elles en utilisent, se concertent,
développent des connaissances et passent ensemble à l'action afin
d'arriver à des solutions de destruction.
Cela étant dit, le gros problème qui se pose maintenant au
Québec, c'est qu'il n'y a pas de technologie de destruction actuellement
acceptée et en état de fonctionner. Si on regarde du
côté économique le problème que représentent
les BPC pour Hydro-Québec - je viens de vous dire 20 % des volumes en
liquide - étant donné que nous avons la majorité des
solides, 50 % du coûts devraient être payés par
Hydro-Québec pour détruire les BPC et les équipements
ayant contenu des BPC au Québec. Comme on a la moitié de la
facture à payer, Hydro-Québec s'est lancée dans un
programme de recherche, d'évaluation de l'ensemble des technologies
existantes au niveau international. Elle a lancé elle-même un
programme de recherche d'un procédé qui s'appelle PYRAL, et elle
a développé un prototype avec des chercheurs de
l'Université de Sherbrooke.
D'ici à quelques mois, quand l'évaluation
technico-économique et environnementale sera complétée,
l'entreprise sera en mesure de cédier ce qu'elle fera avec le
procédé PYRAL et si elle a intérêt à le
commercialiser. Pour l'instant, strictement du point de vue environnemental,
d'après nous, c'est le procédé le plus performant. Il
atteint le critère de 99,99999: aucune émanation de dioxyne ou de
furanne dans l'atmosphère, aucun rejet dans l'environnement. Quant
à nous, c'est extrêmement prometteur du côté de
l'environnement; restent les évaluations économiques.
Concernant les autres technologies, nous avons appris par les
médias d'information que l'entreprise Sanivan, qui est une filiale de
Sanexen International, vient d'obtenir du ministre de l'Environnement
l'autorisation d'avoir un site d'entreposage. Elle proposerait au gouvernement
la construction d'un four de destruction, une solution estimée à
10 000 000 $. Étant donné nos études actuelles,
Hydro-Québec pense que son procédé, si tant est qu'il
franchit toutes les étapes dont j'ai parlé
précédemment, devrait arriver à des résultats
beaucoup moins élevés en coûts d'investissement et
étant donné, encore une fois, qu'on assume 50 % de la facture,
nous nous sentons très concernés par le problème.
M. Coulombe: Alors, vous voyez, M. le député, quand
vous nous avez dit de donner plus d'information au sujet de l'environnement,
vous avez ouvert une digue d'où va couler un flot ininterrompu pendant
les...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Situation financière
Le Président (M. Charbonneau): II faudrait, à ce
moment-ci, fermer la digue pour vous permettre d'aborder les autres questions,
notamment l'objet principal du mandat de la commission, c'est-à-dire la
proposition tarifaire proprement dite. Donc,
nous allons aborder la situation financière.
Une voix: Est-ce que le député avait
terminé?
Le Président (M. Charbonneau): J'ai pensé qu'il
était temps de fermer la digue. Donc, nous allons aborder la question de
la situation financière qui s'enchaînera à la discussion
sur les tarifs proprement dits. M. le député de Roberval et, par
la suite, je présume, M. le ministre.
M. Ciaccia: Sur la situation financière?
Le Président (M. Charbonneau): Oui, et le tarif en
même temps. On fait les deux en même temps: situation
financière et tarif.
M. Ciaccia: Bien. Est-ce qu'on peut faire la situation
financière avant et, ensuite...
Le Président (M. Charbonneau): Oui, oui, c'est cela.
M. Ciaccia: Oui, après cela, le tarif.
Le Président (M. Charbonneau): Je vous signale qu'il est
15 h 20. On termine à 18 heures et je demande aux membres de la
commission, de part et d'autre, si vous voulez qu'on aborde correctement les
deux questions, de s'organiser pour que vos questions n'ouvrent pas de
nouvelles digues. A un moment donné, il faudra m'indiquer aussi si vous
voulez qu'on change de sujet, quand cela sera le temps d'en fermer une pour en
ouvrir une autre.
M. Gauthier: Je ne voudrais pas fermer votre digue trop vite,
mais on a compris votre message. Je vous remercie.
Le Président (M. Charbonneau): C'est une façon
très directe de...
Une voix: Vous vous êtes fait...
M. Gauthier: Non, non, je m'entends très bien avec le
président de même qu'avec le ministre. Vous voyez, l'accord est
extraordinaire à cette commission parlementaire. Je m'entends aussi bien
avec les gens d'Hydro-Québec. Concernant la gestion financière,
il y a quelque chose qui me préoccupe: à la page 77 du Plan de
développement d'Hydro-Québec 1987-1989 où on aborde la
question de la gestion financière, on parle de stratégies
qu'Hydro-Québec compte utiliser dans les prochaines années parmi
lesquelles d'aucunes, à mon avis, ont une influence positive sur le
risque que doit assumer Hydro-Québec. Par exemple, comme on met l'accent
sur des ventes d'énergie à l'extérieur, j'ai toujours
pensé qu'en diversifiant sa clientèle, une entreprise diminuait
son risque mais ne l'accroissait pas.
De même, quand on parle d'un programme de partage de
responsabilités, de risques financiers pour certains équipements,
j'ai l'impression que c'est un élément positif quant au risque.
Je pense, M. Coulombe, qu'on se comprend bien là-dessus. Le premier
paragraphe - je me permets de vous en faire la lecture - de la troisième
colonne à la page 77 dit: "Globalement, l'ensemble des stratégies
de développement proposées modifiera la composition du risque
global d'Hydro-Québec et en augmentera l'ampleur par rapport au
passé." Cette phrase me fait un peu sursauter et j'aimerais, M.
Coulombe, que vous nous expliquiez: il y a comme une espèce de balance
là-dedans, il y a des éléments positifs, quand on parle de
risques de la compagnie, et il y a des éléments plus
négatifs, même si c'est utile de les envisager comme
stratégie. Est-ce que vous pourriez nous brosser un tableau?
M. Coulombe: En fait, tous les risques dont on parle concernent
les marchés internes. J'exclus les risques normaux associés
à un contrat que j'ai expliqués ce matin, le contrat de long
terme. J'ai expliqué qu'on exigeait un rendement de ces contrats; donc,
j'élimine les questions d'exportation. Je me tiens au risque interne au
Québec. Ce qu'on veut dire par là, c'est qu'on a des
stratégies - on l'a dit au début de la commission - un peu plus
actives, un peu plus interventionnistes. Je vais donner deux exemples
précis: la question du partage des risques avec des compagnies. Nous
savons que, dans le cas de Norsk Hydro - M. Boivin a expliqué les six ou
sept autres dossiers qui étaient réglés, les six ou sept
autres qui étaient en marche - cela va être
bénéfique pour l'implantation, au Québec, d'entreprises
à forte consommation d'électricité. Voilà un impact
positif sur l'emploi au Québec quant à la consommation
d'électricité et à la rentabilité de ces
investissements.
Par contre, il y a un risque associé à cela, puisqu'on
l'appelle partage de risques et de bénéfices. Il peut y avoir une
mauvaise conjoncture internationale. Vous savez ce qui s'est passé dans
le cas de l'aluminium dernièrement, qui a baissé, le
magnésium étant un produit nouveau. Donc, il y a des
éléments de risque associés à cela. Le
bénéfice global, le risque qu'on prend est avantageux pour le
Québec. Toutefois, il ne faut pas éliminer le fait, vu qu'on
parle de partage de risques, qu'il peut y avoir des éléments
risqués là-dedans. En d'autres mots, si l'entreprise ne venait
pas s'installer, on n'aurait pas de risques, mais on n'aurait pas d'emplois non
plus, on n'aurait pas d'activités économiques. On l'attire avec
un programme précis en disant: On va partager les risques
et aussi les bénéfices; on va rabaisser nos tarifs, mais
à la condition que vous les remboursiez si votre entreprise va bien,
mais si elle va mal, il y a un problème. Donc, voici une activité
bénéfique pour le Québec, qui attire des industries, qui
crée de l'emploi, mais à laquelle sont associés des
risques.
Les risques, c'est que l'entreprise aille mal. Cela n'a rien à
voir avec Hydro-Québec, cela peut avoir quelque chose à voir avec
la perspective internationale du pétrole, le prix mondial de
l'aluminium, etc. Si l'entreprise ne fait pas de bonnes affaires, nos rabais
tarifaires ne nous seront pas remboursés. C'est ce qu'on appelle les
éléments du risque. L'autre possibilité, c'est de dire: On
ne touche pas à ça, on n'attire pas d'industrie. Je pense que le
Québec serait perdant. Donc, il y a un risque là.
Un deuxième exemple de risque qu'on va prendre. Quand M. Roy vous
a expliqué ce matin qu'une gestion plus serrée des
réservoirs nécessitera... Cela revient à dire une
meilleure utilisation, une utilisation plus forte de l'eau qu'on a dans nos
réservoirs, plutôt que de garder la cote à X pieds, on va
essayer d'aller plus proche de la cote d'alerte. Cela va très bien sur
une grande période, on est convaincu que c'est payant parce que cela
peut éviter de la construction de mégawatts. Donc, en soi, on va
en retirer des bénéfices, mais il peut arriver, et M. Roy l'a
expliqué ce matin, qu'on puisse avoir une hydraulicité pendant
trois ou quatre ans inférieure à la moyenne. On va faire des
bénéfices pendant 25 ou 30 ans, mais pendant les deux ou trois
ans où il y a moins d'hydraulicité - n'appelons pas cela
sécheresse, pour ne pas employer de gros mots - il faudra
peut-être prendre d'autres mesures et produire de
l'électricité, par exemple, à partir de la centrale Tracy.
Pour cette année-là, cela augmentera nos coûts, même
si pendant une période de 25 ans, on a fait beaucoup plus de profits et
qu'on a diminué nos dépenses.
La dette à taux flottant est un autre exemple. M. Dubuc pourra en
parler. On a fait des études depuis deux ans et on s'aperçoit
qu'en haussant la proportion de dette à taux flottant qu'on a dans notre
structure globale de dette, plutôt que d'avoir des dettes toujours
à 20, 30, 10, 15 ou 20 ans, si on augmente, on passe de 6 % ou 7 %
à 10 %, 12 % ou 15 %, le pourcentage de dette à taux flottant.
Les études historiques qu'on a faites nous ont démontré
que c'était payant pour l'entreprise. Donc, on va hausser le niveau de
dette à taux flottant.
Il est arrivé un an ou deux, comme on l'a vécu en
1982-1983, où les taux d'intérêt ont bondi à 17 %.
C'est évident que, pendant cette année-là ou pendant deux
ans, on a pris un risque. Comprenez-vous? À long terme, c'est payant
pour l'entreprise, donc c'est payant pour les consommateurs
d'électricité, mais il peut arriver que les risques que l'on
prend pendant un, deux ou trois ans, nous fassent un peu plus mal. Et ce qu'on
ne veut pas, c'est aller devant la commission parlementaire ou devant la
population et dire: Les taux d'intérêt sont rendus à 17 %,
on a eu une "bad luck"; est-ce qu'on peut doubler l'augmentation des tarifs? On
ne veut pas jouer ce genre de jeu-là, et, pour ça, il faut, ce
qu'on appelle - c'est le reste de la page - reconstituer ta marge de manoeuvre
financière d'Hydro-Québec. Et c'est exactement dans cette
perspective-là.
M. Gauthier: L'élément qui me préoccupe le
plus dans l'adoption de cette stratégie financière que je
comprends bien, par ailleurs, M. Coulombe, et les explications sont claires
à ce sujet-là, est le suivant. Quand une entreprise utilise une
stratégie financière comme celle dont vous parlez, avec un
certain accroissement de risque, il y a un bénéficiaire au bout
de cet accroissement de risque quand cela s'avère positif, et, dans ce
cas-ci, cela se traduit par des dividendes au gouvernement. S'il y a des
problèmes reliés à cette stratégie-là et que
l'entreprise doit, par ailleurs, se préparer un coussin, il me semble
que le désavantage doit aller également à l'actionnaire et
se traduire par une baisse substantielle des dividendes. Il y en a de
prévus dans deux ans. Quand on parle de ça, on sait bien que
ça n'aura pas nécessairement un impact l'année prochaine.
(15 h 30)
Je me pose la question suivante: Est-ce que ce n'est pas, par ailleurs,
un peu injuste - vous me direz qu'à long terme ça va revenir aux
consommateurs - que les avantages associés aux risques que
HydroQuébec prend et avec lesquels, dans une certaine mesure, je peux
être d'accord, se traduisent par un avantage au gouvernement et que le
désavantage qui peut découler d'une augmentation des risques se
traduise, par ailleurs, immédiatement, non par un gros
désavantage quand on prend les cas individuellement, ce ne sont pas des
montants astronomiques, mais par désavantage global aux consommateurs
qui doivent faire les frais d'un coussin plutôt que se traduire par une
espèce de provisions au chapitre des dividendes que vous pensez verser
au gouvernement dans deux ans.
M. Coulombe: Je pense qu'il faut être très clair sur
ce point. Dans notre esprit, les risques supplémentaires qu'on prend et
dont je viens d'expliquer la nature - il y en a plusieurs autres aussi - se
reflètent carrément sur la tarification générale.
Notre hypothèse, c'est que cela va garder les tarifs
bas au Québec. Ils sont déjà bas. Ils sont
déjà parmi les plus bas en Amérique du Nord et on va
conserver cette tendance à garder les tarifs bas au Québec. Donc,
cela va profiter aux consommateurs d'électricité,
fondamentalement. Je vous donne l'exemple des taux d'intérêt. S'il
y a une flambée, s'il y a une récession et si cela brise le
pattern d'avoir des tarifs bas au Québec, on veut éviter les
pointes. Une année, c'est 4 %; une autre année, c'est 12 %, sous
prétexte qu'il est arrivé quelque chose. Pour cela, il faut,
comme dans n'importe quelle entreprise, avoir cette marge de manoeuvre.
Quant aux dividendes, c'est un choix carrément politique.
Hydro-Québec n'a pas décidé de donner des dividendes au
gouvernement. Le gouvernement a dit: Écoutez, on va adopter une loi et
des dividendes vont être donnés. On n'a aucune objection au
concept des dividendes, mais sur la façon dont les dividendes sont
versés, on n'a pas un mot à dire. La formule est
mathématique dans la loi. La première ligne de défense,
évidemment, dans les aléas dont on parle, ce sont les dividendes
qui disparaissent. Ce n'est pas le consommateur qui voit ses tarifs augmenter.
Ce sont les dividendes qui disparaissent. C'est la première ligne de
défense, enfin de défense, de contre-attaque, si on peut dire,
contre les risques qu'on a. Donc, la première ligne, c'est le
gouvernement qui paie en n'ayant pas de dividendes.
M. Gauthier: D'accord.
M. Coulombe: Après, on tombe dans d'autres types de
financement. La première ligne, ce sont les dividendes et on l'a vu dans
les dernières années. La marge de manoeuvre est disparue et le
gouvernement n'a pas eu un cent en dividendes pendant les deux ou trois
dernières années et il n'en aura pas l'année prochaine,
toutes choses étant égales, et l'autre année
après.
M. Gauthier: D'accord.
M. Coulombe: C'est cela qui est disparu. Non seulement le
consommateur n'a pas été pénalisé, mais il a eu des
tarifs en bas de l'inflation.
M. Gauthier: Une chose me préoccupe un peu, M. Coulombe.
À la page 80 de la stratégie du cadre financier, dans le plan de
développement, on a le tableau des grands paramètres du cadre
financier. Au chapitre de la hausse de l'indice des prix à la
consommation, on voit apparaître "Hausse de l'indice des prix à la
consommation-Montréal", ce qui est différent dans les
prévisions et dans le comportement, au cours des dernières
années, de la hausse canadienne moyenne. J'aimerais savoir, M. Coulombe,
pour quelles raisons on utilise maintenant l'indice de Montréal de
façon plus spécifique.
M. Coulombe: Je vais demander à M. Maillé, qui est
économiste à la planification générale et
responsable de ces encadrements, de dire quelques mots là-dessus.
M. Maillé (Éric): Nous avons présenté
l'indice des prix à Montréal parce que nous pensons que c'est un
indice plus approprié â partir duquel le consommateur peut juger
si le prix de l'électricité augmente beaucoup plus rapidement que
les autres biens qu'il achète. Disons que le panier de biens le plus
approprié est celui de Montréal, en tout cas pour la
majorité des consommateurs d'électricité qui se trouvent
donc dans cette région. C'est pour cela que nous avons choisi
Montréal. Il y a des écarts entre l'indice des prix canadien et
l'indice des prix de Montréal. Nous pensons que celui de Montréal
est plus représentatif de ce que les consommateurs
d'électricité d'Hydro-Québec subissent comme augmentation
pour les biens autres que l'électricité qu'ils doivent
acheter.
M. Gauthier: Je comprends bien que l'indice de Montréal
est plus proche des consommateurs de Montréal et du Québec. Mais
le résultat net, M. l'économiste? L'indice de Montréal par
rapport à l'indice canadien, c'est une différence de 0,5 à
1 %. Je ne veux pas aller à l'encontre des éléments qui
vous ont fait choisir cet indice, mais je veux simplement constater que le
résultat net - puisque Hydro-Québec aliqne, disons, sa hausse de
prix sur l'inflation ou sur un peu plus - il me semble que cela donne 1,5 % ou
1 % et, sauf erreur, 1 %, c'est 23 000 000 $ de plus. Cela donne un avantage au
départ. Comment dire, les intentions sont peut-être nobles, mais
ta base reste qu'elle est défavorable pour les citoyens d'autant plus
que, l'année dernière, c'était le taux canadien qu'on
utilisait. Et pour compléter ma question, l'ensemble des
prévisionnistes, l'année dernière, étaient
tombés pile sur le taux d'inflation. Cette année, la moyenne est
à peu près 4,2 %, de l'ensemble des gens qui normalement sont
spécialisés dans la prévision du taux d'inflation. Ne
croyez-vous pas que partir d'un taux comme celui-là, qui est
déjà, malheureusement je dois le dire, supérieur, cela
pénalise? Je trouve que cela pénalise le consommateur
québécois.
M. Maillé: II y a deux éléments à
votre question. Premièrement, c'est vrai que, l'année
dernière, ce qui a été présenté,
c'était l'indice du Canada, mais ce n'était pas
présenté afin de faire des comparaisons avec l'augmentation des
tarifs. C'était présenté dans le cadre économique
général, dans les premières parties du plan de
développement.
Maintenant, i! s'adonne justement que la hausse
d'électricité qui a été mise en application
l'année dernière se compare quand même favorablement
à la hausse des prix qui a eu lieu à Montréal. La
comparaison n'a pas été faite, mais elle révélerait
encore un comportement favorable de l'électricité.
La deuxième question concerne la prévision moyenne
à l'heure actuelle. Celle-ci est effectivement de 4,2%. Je pense que
notre taux de 4,4 % est quand même tout à fait à
l'intérieur du bruit qui pourrait se produire à ce niveau. Il
faut quand même mentionner que les derniers chiffres disponibles pour
l'inflation à Montréal, par exemple, démontrent, pour la
période de janvier 1986 à janvier 1987, des hausses, si je nem'abuse, de l'ordre de 5,7 %. Donc, on est encore à un régime
d'augmentation des prix qui est quand même assez élevé: 5,7
% comparativement à notre prévision de 4,4 %. Je pense qu'on
reflète quand même correctement un chiffre assez raisonnable par
rapport même à la situation qu'on vit à l'heure actuelle.
Il se pourrait très bien que l'inflation soit supérieure à
4,4 %. Le régime actuel est plutôt de l'ordre de 5,7 %.
M. Gauthier: D'accord. Mon commentaire suivant s'adressera
probablement au ministre. Peut-être le ministre pourrait-il
suggérer à ses collègues du Conseil des ministres, quand
il ajustera les conventions collectives, de prendre le taux de Montréal
aussi, étant donné que le taux de Montréal a l'impact
beaucoup plus direct sur les Québécois que le taux canadien,
parce qu'il est plus élevé. Ce serait plus avantageux.
M. Ciaccia: Puisque vous avez soulevé la question, je
voudrais signaler au député de Roberval que les
négociations des conventions collectives pour cette année n'ont
pas été faites en fonction du taux d'inflation. Ce n'était
pas sur cette base que les négociations ont eu lieu. En fait il y a eu
des augmentations de 3,5 % qui sont inférieures à l'inflation, si
vous voulez les comparer à celle-ci. Ce n'était pas la base des
négociations.
M. Gauthier: Ah bon! Je vous remercie. Je continuerai donc sur le
cadre financier d'Hydro-Québec. M. Coulombe, vous avez parlé
à maintes reprises d'augmenter le rendement sur l'avoir propre d'environ
13 %. Cela semblerait être un taux décent et intéressant.
À la page 82 au tableau 28, je m'aperçois qu'en 1989 - je ne sais
pas si on peut établir une relation entre les deux, je pense que oui -
le rendement sur l'avoir propre n'est que de 9,35 % comme prévision et
que cela a comme conséquence de faire verser des dividendes au
gouvernement de 292 000 000 $. Vous me disiez que vous les avez corrigés
à 250 000 000 $. J'imagine également que le rendement sur l'avoir
propre doit varier peut-être un peu dans la même proportion.
M. Coulombe: Il va baisser.
M. Gauthier: Je m'interroqe, M. Coulombe. Quand vous aurez
atteint un rendement sur l'avoir propre de 13 %, combien cela pourra-t-il
représenter normalement, si toutes choses sont égales par
ailleurs, combien cela pourra-t-il représenter de dividendes au
gouvernement quand on aura atteint le taux de 13 % qu'on vise?
M. Coulombe: Je vais demander à M. André Dubuc de
donner des précisions là-dessus. Le problème, c'est que la
méthode de versement des dividendes n'est pas reliée au taux de
rendement, ni aux profits non plus. Peut-être qu'André Dubuc
pourra expliquer la méthode utilisée pour verser les dividendes,
pour qu'elle soit claire un peu pour tout le monde, mais elle est inscrite dans
la loi. Je vais vous donner un exemple. En 1982, on a fait 800 000 000 $ de
profits. On a versé 7 000 000 $ de dividendes. En 1984, on a
versé 156 000 000 $ de dividendes, et on avait fait combien de
profits?
Une voix: En 1984?
M. Coulombe: En 1984 ou 1985. En tout cas, au moins 200 000 000 $
ou 300 000 000 $ de moins de profits, et on a versé 50 fois plus de
dividendes. Donc, il n'y a pas de relation...
M. Gauthier: II n'y a pas de relation. M. Coulombe: IIn'y a pas de relation... M. Gauthier: D'accord.
M. Coulombe: ...entre l'état de nos profits, notre
rendement et les dividendes. Les dividendes ont été basées
sur une autre philosophie qui était: lorsque vous avez vos
critères financiers de 25 et de 1, ce qui dépasse cela, le
gouvernement en prend 75 %.
M. Gauthier: D'accord.
M. Coulombe: II n'y a pas de relation directe avec le profit.
Évidemment, il y a toujours une interrelation financière. Si on
perd de l'argent, il serait surprenant que nos critères fonctionnent,
mais il n'y a pas de relation directe.
M. Gauthier: Forcément, oui. D'accord. Cela va comme
explication. Je voulais savoir s'il y avait un lien direct entre les deux. Par
voie de conséquence, comme je comprends
bien, il y en a un éventuellement, mais il n'est pas direct.
M. Coulombe: II n'est pas direct. La preuve, 800 000 000 $ de
profit, 7 000 000 $ de dividendes, 400 000 000 $ ou 500 000 000 $ de profit,
156 000 000 $ de dividendes.
M. Gauthier: D'accord. J'aimerais, M. Coulombe, vous interroger
sur ce qu'on appelle les changements aux conventions comptables concernant
l'appariement de la dette avec ce que vous retirez comme
bénéfices en dollars américains. Cela a amené des
changements considérables, c'est 303 000 000 $, sauf erreur. C'est 165
000 000 $ de plus que ce qui était prévu au plan l'année
passée, ce changement aux conventions comptables. Dites-moi, M.
Coulombe, - je sais que c'est l'Institut canadien des CA qui a proposé
cela - est-ce que beaucoup d'entreprises de services publics ont utilisé
la même formule? Est-ce qu'Hydro Ontario, par exemple, ou d'autres
compagnies d'électricité ont fait le même changement?
M. Coulombe: Je vais demander à André Dubuc. Il y a
deux gros changements comptables qui ont été faits. Les deux
viennent de l'Institut canadien des comptables agréés. Le
premier, c'est la façon de calculer le fonds de retraite. Le
deuxième, c'est celui auquel vous faites allusion. Il y a une
caractéristique de cet ajustement dont on est à peu près
les seuls à pouvoir profiter, parce qu'on est à peu près
les seuls à pouvoir prévoir des rentrées de fonds
américains pendant les 20 ou 25 prochaines années. En Colombie
britannique, par exemple, ils ont tari leur source de rentrées de fonds
américains parce que les exportations ont été
arrêtées depuis un an. L'Ontario n'a pas de contrat à long
terme. Elle n'est pas capable d'avoir la même chose.
Indépendamment de cet aspect, je vais demander à M. Dubuc ou
à Mme Lamoureux, qui est directrice de la comptabilité, de vous
expliquer ces deux changements comptables en espérant qu'on n'ouvre pas
une autre digue parce que c'est à la fois compliqué, aride et
tout ce que vous voudrez.
M. Dubuc (André): Essentiellement, on a dît dans le
plan de développement de l'an passé, vous vous en souviendrez,
qu'Hydro-Québec étudiait la possibilité de
considérer ses ventes d'énergie aux États-Unis comme une
couverture de son service de la dette ou ses échéances de la
dette dans cette devise, en dollars américains. Ce qui nous a mis la
puce à l'oreille, je dois le dire honnêtement, c'est que d'autres
entreprises l'ont fait. En l'occurrence, la première fois qu'on s'en est
rendu compte, c'est quand CDC a décidé de faire la même
chose, parce qu'elle aussi a des revenus en dollars américains
considérables.
Le principe est très simple. Les comptables nous disaient: Vous
avez une perte sur votre dette en devises étrangères, perte
éventuelle, mais quand même vous devez la reconnaître
maintenant et l'inscrire au bilan dans vos livres comme étant une perte
que vous allez avoir à subir éventuellement. Si vous n'avez pas
de couverture pour cette perte, vous devez prendre des provisions chaque
année pour amortir la perte, de telle sorte que, lorsque viendra
l'échéance de la dette, vous n'aurez pas un gros coup qui va vous
frapper. Vous aurez reconnu dans le temps cette perte et vous en aurez subi les
conséquences.
Naturellement, on disait: Si vous n'avez pas de couverture pour cette
dette. Or, à l'époque, en 1984, on voulait vraiment dire par
là: Est-ce que vous avez des contrats de change pour vous couvrir
à terme sur chacun des montants que vous allez verser. L'intention des
comptables allait plus loin. Il s'agissait de savoir si on avait des
rentrées futures justifiables, assurées pour l'avenir qui
couvraient donc ce service de la dette. Ce qu'on dit, c'est qu'avec nos
contrats déjà signés - c'est encore plus vrai avec celui
de Central Maine Power maintenant - on a, à toutes fins utiles, pour
toutes les années, des montants substantiels d'entrées de dollars
américains qui vont couvrir le service de la dette, les paiements de la
dette lorsque les échéances arriveront.
Par conséquent, on a modifié en 1986, au troisième
trimestre, la façon dont on comptabilise ou dont on amortit notre perte
de change pour dire: En ce qui concerne la dette en dollars américains,
la perte sera reconnue à échéance et elle sera
compensée par des entrées de fonds en dollars américains
qui viennent de nos ventes. Naturellement, sur les autres dettes qui sont en
deutschemark ou en francs suisses pardon - on n'a pas d'entrées futures
certaines de devises et on continue à utiliser la même
méthode, c'est-à-dire que la perte éventuelle - ici, il ne
s'agit pas de quelque chose qui va se produire tout d'un coup - est reconnue,
mais elle continue à être amortie sur la vie de la dette en
question. C'est ce qui est arrivé et c'est ce qui explique en bonne
mesure que, oui, la perte de change selon l'ancienne méthode aurait
été plus élevée. Mais, nous nous pensons fortement
que la méthode actuelle représente beaucoup plus la
réalité d'Hydro-Québec que l'ancienne. (15 h 45)
M. Gauthier: En réalité pour bien se comprendre -
je veux bien vous suivre -cela ne donne pas un cent de plus à Hydro, au
fond, mais cela présente une image plus fidèle de la
réalité des choses. C'est ce que
vous êtes en train de nVexpliquer.
M. Dubuc: C'est tout à fait cela. Je dirais aussi que
l'autre méthode donnait une image fausse de la
réalité.
M. Gauthier: Oui, je comprends cette chose-là. Ce que je
vais dire maintenant ne s'adresse pas aux gens d'Hydro. Compte tenu de la
nouvelle comptabilité du ministre des Finances, cette simple
écriture comptable est évidemment dans l'intérêt de
l'image financière d'Hydro-Québec; elle fait disparaître
à toutes fins utiles, dans le budget gouvernemental, l'équivalent
du budget total du ministère des Affaires culturelles, soit 163 000 000
$. Sur le plan des écritures pour le gouvernement, sans changer rien
dans la situation réelle d'Hydro-Québec, cela représente
un bilan positif de 165 000 000 $. Je ne sais pas si le ministre en est
conscient. J'aurais certainement des questions à poser au ministre des
Finances, à l'Assemblée nationale, à ce sujet.
Je comprends, par ailleurs, que, pour Hydro-Québec, cela soit un
élément positif. C'est une meilleure image de la
réalité et ce qu'on veut, dans le fond, c'est la vraie image de
la réalité.
Avant de poser la question suivante, je me permets de dire à M.
Coulombe que je me réjouis de voir l'arrivée de madame, à
la table de la haute direction d'Hydro-Québec. Je suis fort heureux de
voir que les femmes occupent des postes importants à Hydro et
j'aimerais, un peu plus tard dans le varia si on a le temps, vous entendre
concernant les efforts - la présence de madame me fait songer à
cela - d'Hydro-Québec pour permettre aux femmes de...
Le Président (M. Cannon): M. le député, je
m'excuse. Vous avez justement excédé le temps de parole de dix
minutes qui vous était alloué.
M. Gauthier: Voyezl Voyez! On m'empêche de parler de la
cause des femmes. On y reviendra, M. le Président.
Le Président (M. Cannon): Je ne voudrais pas couper votre
droit de parole. Bien sûr, vous pourrez revenir un peu plus tard.
M. Coulombe: M. le Président, depuis hier matin, je
cherche désespérément le moyen de faire parler une autre
dame qui est ici dans la salle et qui est notre vérificatrice
générale. Elle occupe un poste dans l'entreprise. Tantôt,
lorsque nous discuterons des tarifs, vous allez probablement entendre Mme
Bertrand, qui est aussi directrice de l'entreprise à un niveau
supérieur.
M. Gauthier: Et si, d'aventure, mes questions ne font pas appel
à ses talents, je compte sur vous pour m'en suggérer, M.
Coulombe.
M. Coulombe: Parfait! Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président CM. Cannon): Merci, M. le
député de Roberval. M. le ministre.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. En ce qui concerne la
remarque du député de Roberval pour les 163 000 000 $ ou 165 000
000 $ ajoutés par le revenu "edginq", la perte de change, ce dernier a
mentionné que cela ajoute aux revenus du gouvernement d'après les
nouvelles règles comptables. Il a mentionné que c'est
l'équivalent du budget total d'un des ministères. Je dois vous
dire que cette décision est venue par suite d'une demande du
Vérificateur général. Le Vérificateur
général a demandé que les règles du nouveau partage
des revenus soient faites de cette façon. C'est pour cette raison que le
ministre des Finances...
M. Gauthier: Ce n'est pas un reproche.
M. Ciaccia: Non, non, ce n'est pas un reproche, mais...
M. Gauthier: C'est une constatation.
M. Ciaccia: ...plutôt que de vous le faire dire par le
ministre des Finances, je vous dis d'avance ce qu'il va vous dire.
M. Gauthier: Non, mais à lui, je poserai d'autres sortes
de questions.
M. Ciaccia: Très bien. Pour revenir là-dessus, je
pense que vous l'avez dit, mais je veux le confirmer et clarifier un point: si
on n'inclut pas, dans le revenu d'Hydro-Québec, les revenus possibles,
le revenu "edging", cela veut dire que c'est une distorsion de la
réalité parce qu'on vous force à inclure les pertes
possibles. Par exempte, avec les obligations que vous payez pour vos emprunts,
même si vous ne les payez pas aujourd'hui, s'ils sont dus dans cinq,
sept, huit ou dix ans, on vous force à créer une réserve
aujourd'hui. Ce n'est pas de l'argent que vous sortez. Alors, en faisant cela,
ce n'est pas un portrait réel de la situation financière
d'Hydro-Québec. Si on vous force à mettre un débit pour
des pertes possibles, je pense que c'est seulement naturel, équitable et
plus réaliste d'inclure aussi les revenus possibles en contrepartie de
ces pertes possibles.
M. Coulombe: C'est ce que nous
croyons aussi.
M. Ciaccia: Ce n'est pas une distorsion. L'autre situation aurait
plutôt été une distorsion de la réalité
financière d'Hydro-Québec.
M. Coulombe: C'est exact. C'est ce que nous disions tantôt.
L'ancienne situation reflétait mal l'image réelle
d'Hydro-Québec, alors que maintenant, c'est mieux.
M. Ciaccia: Je voudrais revenir un instant sur l'indexation du
coût de la vie. On prend le chiffre de Montréal. Dans le cas
d'Hydro-Québec, je crois que pour la majorité, sinon pour la
totalité des opérations d'Hydro-Québec, des
dépenses, des achats et certainement pour tous les frais d'exploitation,
Hydro-Québec fait affaire au Québec. Elle ne fait pas affaire
dans le reste du Canada. Alors, c'est réaliste de direr On va regarder
le taux d'inflation du Québec pour ajuster nos opérations
financières. C'est une approche pas mal réaliste et
équitable. Je voulais juste porter à l'attention du
député de Roberval que le Conference Board, au mois de janvier, a
fait des prévisions pour l'année 1987. Pour le Canada, les
prévisions du Conference Board sont de 4,6 % et pour Montréal, il
devrait être encore supérieur à 4,6 %. Je remarque que dans
les tableaux d'Hydro-Québec, on a 4,4 % pour Montréal. Je voulais
juste porter à l'attention de la commission que même le Conference
Board prévoit une indexation supérieure à 4,6 %. C'est 4,6
% pour tout le Canada. L'année dernière, naturellement, pour
Montréal, il était à 4,9 %.
Je voudrais revenir un instant au rendement sur l'avoir propre. Vous
montrez que pour l'année 1989, vous allez avoir 9,35 %. Depuis le
début des travaux de la commission, nous avons eu l'occasion de discuter
de certains aspects reliés à la situation financière
d'Hydro-Québec et au taux de rendement. Je n'ai pas l'intention de
revenir sur tous les facteurs qui influent sur les finances de l'entreprise. Je
voudrais m'attarder plus particulièrement sur un point qui
m'apparaît très important, soit l'objectif que vous vous
êtes fixé comme entreprise d'atteindre un taux de rendement de 13
%; ce qui est comparable à ce qui existe dans des services publics
similaires à HydroQuébec. Si je comprends bien votre plan de
développement, vous voulez obtenir votre objectif en maintenant grosso
modo les tarifs au même niveau que l'inflation, plus ou moins. Votre plan
de développement prévoit que si, en un certain nombre
d'années, les augmentations sont plus ou moins équivalentes au
taux d'inflation, vous allez pouvoir atteindre ce taux de rendement de 13 %. En
1989, vous estimez qu'il sera à 9,35 %. Pourriez-vous nous indiquer si
la stratégie que vous présentez dans le plan triennal est
à long terme et à quel moment Hydro-Québec compte
atteindre son objectif de 13 %?
M. Coulombe: Si les variables présentées dans le
plan se comportent à peu près comme prévues, nous estimons
que nous allons atteindre le rendement souhaité en 1993. Donc, avec cet
objectif, on respecte encore notre principe fondamental. Nous n'avons pas
présenté au gouvernement et à la population un objectif
irréaliste. On n'a pas dit: II faut atteindre les 13 % dans deux ans, ce
qui aurait nécessité des hausses de tarif de 10 %, 12 % ou 15 %.
Pour respecter notre objectif fondamental d'éviter des chocs, on a dit:
On va prendre six à sept ans pour atteindre un rendement qui, au moment
où on se parle, est dans la basse moyenne des entreprises canadiennes.
On prend sept ans, mais à la condition que les variables qu'on
présente se comportent à peu près comme prévu, et
ce sans augmentation réelle des prix d'électricité. Encore
une fois, j'insiste là-dessus, la marge de manoeuvre dont on parle, ce
ne sont pas les consommateurs qui vont surtout la payer dans les prochaines
années, ce sont fondamentalement nos surplus qui vont se résorber
et qui vont devenir de l'excédentaire, de l'électricité
régulière. C'est ce qui va reconstituer notre marge de
manoeuvre.
Quant au reste, il faut hélas! faire face aux dépenses de
l'entreprise, et vous en avez eu de multiples exemples depuis deux jours. Cela
prend sept ans pour reconstituer le rendement sur l'équité,
toutes choses étant égales, si on n'a pas de récession
d'ici à ce temps, si on n'a pas ceci ou cela.
M. Ciaccia: On parlait de prévisions de dividendes pour
1989. Est-ce qu'il n'existait pas des prévisions - je ne sais pas si
c'étaient des prévisions d'Hydro-Québec ou du gouvernement
- ou un scénario d'Hydro-Québec selon lequel il pourrait y avoir
des dividendes de près de 1 000 000 000 $? N'y avait-il pas eu des
prévisions basées sur un certain scénario?
M. Coulombe: C'est assez simple à expliquer.
D'après les prévisions de la fin de 1981, on estimait que cette
année, il y aurait des dividendes de l'ordre de 1 000 000 000 $.
C'étaient des documents informels d'Hydro-Québec qui
étaient basés strictement sur l'hypothèse suivante. Vous
vous souvenez que, jusqu'en 1980-1981, te taux de croissance de la demande
s'est maintenu à 6 %. Si le plan d'équipement prévu en
1981, dont vous avez un exemple au début du plan à la paqe 5
s'était réalisé et que la demande était
restée à 6 %, étant donné que les immobilisations
ne sont pas
des dépenses d'exploitation et que toutes les constructions
auraient été immobilisées, c'était plausible de
penser que les profits auraient été énormes; si tout cela
avait été vrai. Sauf qu'en 1982-1983, il est arrivé la
récession, la chute de la demande, du prix du pétrole et du
dollar; tout est arrivé en même temps.
Aujourd'hui, on regarde cela en souriant, mais les prévisions du
moment, d'après les données du moment telles que perçues
par les équipes du moment, étaient parfaitement logiques: une
croissance de 6 %, un programme de construction Y et le dollar qui restait
à 0,82 $, le prix du baril de pétrole qui montait à 30 $,
40 $ et même, comme le prévoyait l'Office national de
l'énergie à ce moment-là, à 50 $, dans les
années 1985-1988. Si toutes ces variables s'étaient
réalisées, ces chiffres auraient eu du sens,
évidemment.
C'est une des raisons qui nous incitent à dire souvent que ce
sont des aléas. On ne peut pas dire que c'est ta faute de
l'équipe d'Hydro-Québec s'il y a eu une récession en 1982,
si le dollar est tombé de 0,82 $ à 0,69 $ en février 1986
et si le prix du baril de pétrole, plutôt qu'être à
50 $, est descendu à 10 $ il y a huit mois. Ce sont des aléas qui
ont éliminé, à toutes fins utiles, la marge de manoeuvre
qu'Hydro-Québec avait reconstituée dans les quinze
dernières années. Il nous faudra douze ans pour reconstituer la
marge de manoeuvre qu'Hydro-Québec a pris quinze ans à
bâtir, à cause de la chute brutale de tous les
phénomènes que j'ai mentionnés.
M. Ciaccia: Donc, je ne dirai pas au ministre des Finances qu'il
peut mettre les 292 000 000 $ en banque demain.
M. Coulombe: II faudrait qu'on soit prudent à propos de
ces chiffres, comme les chiffres qu'on a cités ce matin sur le
coût de nos équipements.
M. Ciaccia: Si on regarde le plan de développement,
à la page 81, on constate que les pertes de change augmentent de 46,6 %
en 1987 pour diminuer par la suite. Cela semble un mouvement important par
rapport aux hypothèses de taux de change de la page 80. Pourriez-vous
nous expliquer ce phénomène?
M. Coulombe: M. Dubuc.
M. Dubuc: Oui. Je pense que le député de Bertrand a
posé une question un peu analogue hier. En fait, il y a deux grandes
composantes, c'est le dollar américain et les dettes en d'autres devises
qui nous affectent, en l'occurrence, de deux façons différentes;
c'est pour cela que je les distingue. (16 heures)
En ce qui touche les dettes en dollar américain, comme je l'ai
mentionné, à cause de la nouvelle façon de traiter la
perte de change, on la reconnaît lorsque les échéances se
produisent. Or, en 1987, les échéances de dettes en dollars
américains sont particulièrement lourdes, soit au-delà de
400 000 000 $, plus une centaine de millions de fonds d'amortissement,
comparativement à 22 000 000 $ en 1986 seulement. Il y a donc une perte
qui porte sur un montant élevé, et la perte en dollars
américains double presque: elle est d'environ 75 000 000 $. Pour ce qui
est des dettes en d'autres devises, toujours en 1987, c'est l'effet de la
détérioration du dollar canadien survenue surtout à la fin
de 1986 qui nous affecte vraiment, pendant toute l'année 1987, sur les
dettes qui viennent à échéance, sur les dettes en devises
étrangères, dont certaines viennent à
échéance et où l'amortissement est plus lourd. Tout cela
pour dire que les pertes sont plus lourdes dans les deux cas pour des raisons
essentiellement d'échéances et d'effets de taux de change
adverses, même si ces taux de change se sont produits à la fin de
l'an passé.
M. Coulombe: II faut expliquer que ces échéances -
M. Dubuc me corrigera - les échéances lourdes de 1987-1988 se
réfèrent à la discussion qu'on vient d'avoir. Ce sont des
échéances très courtes qui ont été prises au
faîte des taux d'intérêt de 1982-1983. Hydro-Québec a
alors été obliqé de faire des emprunts à beaucoup
plus court terme, ce qui était extrêmement sage. Des emprunts
à 17 % pendant 20 ans auraient été une catastrophe. C'est
cela, aujourd'hui. C'est un des résultats de la récession qu'on
paie aujourd'hui dans ces remboursements.
M. Ciaccia: Quand le taux de chanqe pour la devise
américaine, ou le dollar canadien augmente vis-à-vis du dollar
américain, est-ce que le dollar canadien augmente vis-à-vis des
autres devises? On se fait dire que le dollar canadien augmente
vis-à-vis du dollar américain. Cela devrait réduire les
pertes d'Hydro-Québec, parce qu'au lieu d'être 0,71 $, c'est 0,75
%. Mais est-ce qu'il y a d'autres emprunts en d'autres devises qui viennent
affecter cette augmentation?
M. Dubuc: Ce qui se produit à l'heure actuelle, c'est que
la perte sur notre dette en dollars américains baisse en valeur à
cause de l'appréciation du dollar canadien. Mais comme le dollar
américain baisse encore plus vite que les autres devises, nous aussi, on
baisse vis-à-vis de ces autres devises. Effectivement, même depuis
le début de l'année, on a eu des baisses additionnelles
comparativement au taux de change qu'on
utilisait. Donc, on a un effet positif sur la dette en dollars
américains, mais on a encore un effet négatif sur toutes les
autres dettes, sans exception.
M. Ciaccia: En ce qui concerne la devise américaine,
est-ce que le fait d'augmenter nos revenus d'exportation aura pour effet de
réduire l'impact des taux de change sur Hydro-Québec?
M. Dubuc: Oui, il est certain qu'il y a un effet
économique évident pour tout le monde. On va recevoir des dollars
américains, alors qu'on doit enregistrer de très fortes sorties
en dollars américains. Effectivement, l'effet est favorable, à la
fois à cause du volume de vente additionnel que ces ventes créent
et à cause du dollar, qui limite l'impact de la perte de change qui peut
résulter des sorties reliées à la dette. C'est un impact
extrêmement favorable. Il est certain que des contrats comme celui de
Central Maine Power ont une justification financière. Mais, de plus, ils
ont une justification économique essentielle pour Hydro-Québec
parce qu'ils créent ces entrées de fonds dont on a absolument
besoin.
M. Ciaccia: C'est tout pour le moment, M. le
Président.
Le Président (M. Cannon): Merci, M. le ministre.
M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. J'ai
quelques questions concernant la situation financière. D'abord, des
commentaires par rapport aux propos du ministre tantôt et à ceux
de M. le Président, à savoir qu'il y a de fortes chances que les
prévisions telles que conçues cette année soient
facilement confirmées. J'ai dénombré, depuis hier,
plusieurs postes - je pense que vous en conviendrez, M. le Président -
où on a établi, cette année, par stratégie - et je
pense que c'est correct - beaucoup plus de coussins - c'est l'expression que
j'ai utilisée - pour les dépenses - quand on pense à
1988-1989 où vous avez vous-même avoué avoir fait certaines
prévisions de ce côté-là - pour les revenus
où on essaie de demeurer très conservateurs, et pour l'indice des
prix à la consommation. Donc, un peu partout dans le scénario, il
y a une marge de manoeuvre qui fait en sorte qu'on est beaucoup plus
coussinés cette année et dans les prévisions des
prochaines années; ce qui me fait dire, M. Coulombe, que votre marge de
manoeuvre devrait sûrement se réaliser en deçà des
sept prochaines années. Je pense que c'est sain, mais c'est
peut-être beaucoup plus ancré maintenant dans la volonté
que vous laissez transpirer cette année dans votre plan. C'était
un commentaire d'ordre général.
Concernant les dépenses d'exploitation qu'on retrouve au tableau
de la page 84, au cours des dernières années, vous aviez
décidé volontairement, dans les mesures de compressions
budgétaires, de couper au service d'entretien des équipements
comme tels et cette année vous décidez d'y aller avec, comme vous
le mentionnez, 2 % de majoration de l'enveloppe. Comment se traduisent en
dollars absolus ces 2 % pour l'entretien des équipements? Combien de
millions de dollars prévoit-on pour 1987 puisqu'on avait laissé
tomber l'entretien au cours des dernières années?
M. Coulombe: Pouvez-vous nous référer d'une
façon plus précise au tableau en question?
M. Parent (Bertrand): On est au tableau de la page 84 et aux
commentaires explicatifs, à la page 85, des dépenses
d'exploitation. Il est question de 2 % de l'enveloppe budgétaire pour
faire du rattrapage cette année dans le domaine des programmes
d'entretien des lignes.
M. Coulombe: Ces 2 % se trouvent à la page 84 dans les
frais d'exploitation. Pour vous donner le chiffre exact, il faudrait que je
demande à quelqu'un. Qu'est-ce que cela représente exactement? 21
000 000 $.
M. Parent (Bertrand): Les 21 000 000 $ que l'on met cette
année pour l'entretien représentent quel pourcentage par rapport
au programme? J'imagine qu'on a établi un plan quinquennal ou un plan de
dix ans pour le programme. Je voudrais savoir à quel rythme on sera
capable de faire la récupération qu'on a laissé tomber au
cours des dernières années en ce qui regarde le programme
d'entretien. J'imagine que c'est mesuré. Pourquoi a-t-on
décidé d'y aller finalement avec une enveloppe de 2 % cette
année?
M. Coulombe: Lorsqu'on fait référence à ce
rattrapage, il ne faut pas le confondre avec ce que j'ai expliqué, hier,
sur les investissements beaucoup plus considérables qu'on a faits pour
l'amélioration de la qualité du service, bouclage
d'artères, remplacement de poteaux, etc. C'est un programme
différent.
Celui dont on parle ici concerne surtout les questions
d'émondage, d'entretien de l'appareillage, etc. Je ne sais pas si on
fait référence à un programme quinquennal. Ce sont des
décisions annuelles. Par exemple, dans telle région,
l'émondage est un problème. Vous savez qu'il y a beaucoup de
pannes, le verglas, etc. Ce sont des programmes réguliers
d'émondage. Des fois on accélère et des fois on
décélère. C'est une soupape qu'on a pour mettre plus
d'argent si, à un moment donné, on sent
qu'il y a des retards un peu plus précis dans certaines
régions.
Il y a évidemment un programme régulier d'émondage.
Les 2 % représentent une augmentation de 21 000 000 $, mais on n'a pas
de programme rigoureux pour indiquer qu'il faut absolument mettre tant d'argent
là-dedans. On a le personnel nécessaire, on a les montants pour
les entrepreneurs et on joue sur la marge selon les perspectives
budgétaires qu'on a. Chaque année, on prend la décision
d'en mettre un peu plus ou un peu moins selon les circonstances et selon les
caractéristiques budgétaires. Ce sont des programmes
réguliers à longueur d'année qui demeureront toujours,
soit de couper les branches, d'entretenir les appareils, etc.
Selon les perspectives budgétaires, selon le personnel disponible
et selon d'autres caractéristiques, on en met un peu plus ou un peu
moins.
M. Parent (Bertrand): Je vous remercie. Toujours dans les
dépenses d'exploitation, à propos de l'amortissement de la
radiation des frais d'études du projet NBR, on mentionne que la
dernière tranche était de 79 000 000 $ et qu'elle s'est
terminée en 1986. Quel était le montant global...
M. Coulombe: 246 000 000 $ divisé par trois. On l'a
radié en trois ans.
M. Parent (Bertrand): Le principe est la radiation sur trois ans.
On fait la même chose pour les autres études du projet de
l'année?
M. Coulombe: C'est cela.
M. Parent (Bertrand): C'est donc une politique de radier les
études sur trois ans.
M. Coulombe: Je ne voudrais pas m'aventurer dans une
théorie comptable. Je demanderais à Mme Lamoureux de l'expliquer
un peu plus. Je pense qu'il faut distinguer les grandes radiations des petites
radiations. Je pense qu'il y a deux systèmes.
Mme Lamoureux (Carole): Je peux tenter de vous l'expliquer.
Hydro-Québec a comme politique, normalement, de radier des projets dont
on ne prévoit pas la réalisation dans l'année courante.
Lorsqu'il s'agit d'études préliminaires qui ont eu cours il y a
quelques années - Hydro-Québec a, en cours de route,
changé sa politique en ce qui concerne les études
préliminaires également -les anciennes dettes qui étaient
encore aux livres et dont les projets sont retardés pour des
périodes indéterminées, sont amorties sur trois ans;
Delaney en est une.
M. Parent (Bertrand): Est-ce qu'il y en a d'autres, à part
celles que l'on prévoit cette année? On enclenche un processus
pour 44 000 000 $ qu'on va répartir sur trois ans. Est-ce qu'il y en a
d'autres à radier et qu'on devra passer"?
Mme Lamoureux: II y en a d'autres aux livres, oui, mais pas
d'autres qui, dans un avenir assez rapproché, seront radiées. Ce
n'est pas prévisible aujourd'hui. On n'en prévoit pas à
court terme.
M. Parent (Bertrand): Merci. Au chapitre des dépenses
d'intérêts, on mentionne que, cette année, elles ont
été de 43 000 000 $ supérieures aux prévisions.
Quel taux utilisait-on dans les prévisions de 1986 pour arriver à
cet écart de 43 000 000 $?
M. Dubuc: Comme le texte le dit, la différence vient
à peu près exclusivement plus qu'à concurrence de 43 000
000 $ de perte de change additionnelle sur les paiements
d'intérêts.
M. Parent (Bertrand): Est-ce qu'on n'aurait pas dû le
retrouver au chapitre de la perte de change?
M. Dubuc: Non.
M. Parent (Bertrand): Non.
M. Dubuc: Cela porte sur la dépense
d'intérêts. La dépense d'intérêts est une
dépense courante. Donc, sa valeur en dollars canadiens est reconnue au
taux où c'est payé. Cela n'entre pas dans la perte de change.
C'est vraiment le vrai taux d'intérêt qu'on paie.
M. Parent (Bertrand): C'est la différence sur le change,
mais dans les intérêts.
M. Dubuc: C'est cela.
M. Parent (Bertrand): Ce qui est différent de la perte de
change...
M. Dubuc: Qui porte sur le capital.
M. Parent (Bertrand): D'accord. Par rapport aux emprunts totaux
d'Hydro-Québec, est-ce possible de décortiquer en pourcentage le
montant de la dette en dollars américains par rapport aux deutsche Mark,
aux francs suisses et aux yens? On fait souvent référence
à l'importance du dollar américain, mais j'aimerais savoir
comment cela se répartit à peu près pour les autres
monnaies.
M. Dubuc: II faut faire une distinction et j'aimerais
préciser. On a parlé, dans le texte des états financiers.
On a fait
beaucoup de "swaps", c'est-à-dire des transactions pour convertir
la dette en devises étrangères, ce qui est, en fait, la dette en
dollars canadiens. Cela n'apparaît pas dans nos états financiers,
mais c'est une transaction qui a cet effet. Il faut donc distinguer, avant les
"swaps" et après les "swaps", quelles sont les proportions. À
toutes fins utiles, la dette en dollars américains, à la fin de
1986, était de l'ordre de 46 %; la dette en dollars canadiens, de
l'ordre de 41 %; la dette en devises européennes, de l'ordre de 11,1 %;
et la dette en yens, de l'ordre de 1,6 %. Mais c'est avant les "swaps".
Après les "swaps", de mémoire, les proportions sont à peu
près les suivantes: 51 % en dollars canadiens; à peu près
38 %, je pense, en dollars américains; et à peu près 11 %
en d'autres devises.
M. Parent (Bertrand): Cette proportion par rapport à la
diversification dans les emprunts futurs, est-ce qu'on a l'intention de la
garder ou de l'orienter davantage?
M. Dubuc: Je dois vous faire un peu l'historique. En 1978, on
avait environ 62 % de notre dette en dollars américains. Après
les "swaps", c'est à peu près 38 % ou 39 %. On avait à peu
près 30 % de dette en dollars canadiens et, maintenant, on parle de 51
%. On s'est efforcé, depuis 1980, d'emprunter le plus possible en
dollars canadiens de façon à ne pas encourir d'autres pertes
à l'avenir sur des dettes en devises étrangères.
À votre question, la réponse, c'est que notre politique
est d'emprunter le plus possible en dollars canadiens. Cela ne veut pas dire
qu'on n'empruntera pas en d'autres devises, parce qu'il est peut-être
logique d'emprunter en dollars américains lorsqu'il s'agit de remplacer
la dette qui vient à échéance puisque, ce faisant, la
proportion n'augmente pas. Mais la politique générale est donc
d'emprunter le plus passible en dollars canadiens. (16 h 15)
M. Parent (Bertrand): Merci. Pour les investissements, vous avez
révisé à la baisse de quelque 300 000 000 $ certains
investissements. Vous mentionnez que la principale raison est le rapport des
projets de confortement des barrages Daniel-Johnson, Robertson, Chelsea et
Rapides Farmers, tout cela parce que vous voulez faire d'autres études
plus à fond. Quel va être l'échéancier nouveau que
vous aurez face au rapport des 300 000 000 $, pour ne pas faire des
immobilisations pour les confortements?
M. Coulombe: Vous avez eu, ce matin, l'explication concernant le
barrage Daniel-Johnson. On prévoit que, si les experts finissent par
s'entendre en 1987, il y aura des travaux en 1988. Ce sont là des plans
d'immobilisation annuels. Cela va être reporté.
Les autres centrales, ce sont tout simplement des reports pour
complément d'études. Ce ne sont pas des priorités
fondamentales à Hydro-Québec. Les études se poursuivent.
Les gens responsables des immobilisations ont tout simplement
décidé de le mettre une autre année.
C'est l'explication de base. Lorsqu'on prévoit les
immobilisations pour des périodes de trois ou quatre ans - c'est
historique - il y a toujours des mouvements de projets qui se produisent de
façon semblable. La plupart du temps, c'est à la baisse que cela
se produit. Lorsque les grands ensembles sont faits, tous les projets y sont
inclus et, lorsqu'on se demande si le projet sera vraiment prêt ou non,
on le met dans une année, mais cela arrive très souvent qu'il
balance d'une année à l'autre. On ne parle pas de plan
d'immobilisation de dix ans. C'est annuel et, historiquement, les
immobilisations, pour différentes raisons, sont presque toujours
inférieures aux prévisions.
M. Parent (Bertrand): D'accord. Mes dernières questions
porteront sur la dette. Il est assez impressionnant de voir que la dette
d'Hydro-Québec est rendue à 22 000 000 000 $. Elle a quand
même quadruplé depuis les dix ou onze dernières
années.
On a vu ce matin, toujours en parallèle - mon collègue,
député de Roberval a posé des questions sur les
coûts à encourir concernant LG 1 Brisay et Laforge - que, pour les
dix prochaines années, à cause des coûts d'immobilisation,
strictement dans les nouveaux équipements de base et des lignes de
transport jusqu'à Sainte-Marguerite, on se retrouvait avec un autre
montant de 10 000 000 000 $.
Cette dette est devenue considérable, comme vous le mentionnez
dans le rapport. On peut dire, à propos du rapport que vous avez fait,
en 1980-1981: Une chance qu'il a été fait, parce qu'on se
retrouverait avec une dette d'autant plus augmentée, mais aussi, si on
l'a reportée à ce moment et si on s'en va avec des
échéanciers beaucoup plus serrés, à savoir que, si
on construit la mise en service, on s'assure qu'on va avoir la clientèle
au bout. Face encore à un autre montant de 9 000 000 000 $, 10 000 000
000 $, 11 000 000 000 $ qu'on devra ajouter les prochaines années,
comment peut-on essayer de voir le portrait d'Hydro-Québec dans dix ans
par rapport à la dette? Autrement dit, quel pourcentage va-t-on
atteindre? Si on est passé de 5 000 000 000 $ à 22 000 000 000 $,
de 1975 à 1986, je me demande que! sera le portrait de 1986 à
1996, en chiffres absolus et en pourcentage du service de la dette?
J'imagine que vous avez cela, mais juste sur la vision des dix ans,
autrement dit, après la fin des principaux travaux de Brisay, de LG 1 et
de Laforge.
M. Dubuc: Bon. Il s'agit de nuancer, comme l'a fait André
Mercier ce matin. C'est qu'on va construire, mais on a beaucoup de
flexibilité par rapport à la période de dix ans qui vient
de se terminer. On va pouvoir adapter nos programmes d'investissements en
fonction de ce qu'on perçoit comme, à chaque année, des
modifications de la demande et ce qu'on perçoit comme étant aussi
des modifications à la demande venant des réseaux voisins. Cela
veut dire aussi que, comme M. Coulombe l'a mentionné, plus on avance
dans le temps, plus l'image est incertaine. Il est bien certain qu'on a
parlé de la dette, je pense, pour la première fois dans le plan
de développement. C'est parce que pour nous qui en sommes responsables,
c'est un sujet important. On a presque une responsabilité de nature
fiduciaire vis-à-vis de ceux qui la détiennent. Vous pouvez
être sûrs qu'on n'emprunte pas pour rien.
Tout cela étant dit, il est certain que les projets qu'on
entrevoit vont faire augmenter la dette de façon relativement
importante. Par ailleurs, le taux de croissance va être substantiellement
moindre que les taux de croissance qu'on a eus de 1972 à 1986, par
exemple, où on partait d'une base de pratiquement rien, de 3 000 000 000
$, puisqu'on aboutit maintenant avec au-delà de 20 000 000 000 $ de
dette. Ce sont toutes des nuances. J'ai toujours la crainte de mentionner des
chiffres absolus qui font les manchettes et que les gens craignent, parce que
ce sont des chiffres absolus qui semblent importants. Il est certain que, dans
un horizon d'une dizaine d'années, la dette va augmenter d'une
façon substantielle. Elle doublera presque, mais pas tout à
fait.
M. Parent (Bertrand): Je comprends vos précautions. Il ne
s'agît pas de faire peur à personne. Je pense
qu'Hydro-Québec est quand même en excellente condition. Par
contre, si on regarde le développement, vous y allez avec
modération par rapport aux besoins. Je pense que c'est sage de cette
façon. Pour prendre un critère, j'aimerais savoir le point
critique pour une société. Il doit y avoir des bases de
comparaison pour une société dans le domaine du
développement de l'énergie, comme vous le faites dans le domaine
de l'électricité avec des sociétés telles qu'Hydro
Ontario ou d'autres. Quel est le point critique, à savoir le pourcentage
du service de la dette? Par exemple, je ne sais pas, au niveau d'une
municipalité, lorsque le service de la dette est rendu à35 % ou à 36 %, on commence à dire que c'est important. C'est
un danger d'être trop endetté. Dans ce domaine, on est rendu
à 51 % par rapport aux revenus et je me dis: Si on monte à 70 %
ou à 75 %, est-ce qu'on ne se retrouve pas dans une situation où
vous avez un point critique à surveiller?
M. Dubuc: En fait, ce qui se produit, lorsque les ventes
augmentent rapidement, le ratio demeure stable autour de 50 % et graduellement,
quand la mesure de rentabilité augmente, le ratio est abaissé. En
1996, on atteint à peu près 46 %. Théoriquement, il est
bien sûr qu'à mesure que l'entreprise devient plus profitable, la
proportion de la dette a tendance à baisser sur l'ensemble du capital,
et le service de la dette devrait avoir tendance à baisser par rapport
aux revenus. C'est ce qu'on projette sur une période de dix ans. Je dis:
Cela baisse d'environ 50 % à 46 %. C'est une tendance qui se poursuit
par la suite dans le temps. Naturellement, ce ne sont pas des chiffres qui sont
publiés dans le plan de développement.
M. Parent (Bertrand): Ce que vous me dites, à toutes fins
utiles, c'est qu'au moins sur un horizon de dix ans, d'après votre
planification, cela va même baisser un peu.
M. Dubuc: Oui.
M. Parent (Bertrand): Donc, on est déjà à un
point important en haut de 50 %.
M. Dubuc: En fait, j'ai l'impression qu'on frappe le creux de la
vague. M. Coulombe a parlé de tous les facteurs qui nous ont
affectés de 1982 à 1985. En fait, 1985 et 1986 sont les pires
années. Dès maintenant, la proportion d'autofinancement, par
exemple, à Hydro-Québec se met à augmenter de façon
assez importante. Cela est surtout vrai à partir du milieu des
années quatre-vingt-dix.
M. Coulombe: Je tiens à vous dire aussi que,
comparativement aux autres entreprises d'électricité du Canada,
nous sommes dans une position meilleure que toutes les autres. En termes de
ratios - il y a quelques chiffres que je vais vous donner là-dessus
-cela montre que même si on est dans le creux de la vague on est dans une
position beaucoup plus confortable que toutes les autres sociétés
d'électricité au Canada. Maintenant, il ne faut pas comparer ces
ratios à ceux d'une compagnie privée qui, au point de vue de la
dette, a d'autres ratios dette équité qu'une
société d'État. Mais, à l'intérieur des
sociétés d'État, nous sommes dans une position plus que
confortable. Si je retrouve les chiffres, je vous les fournirai.
M. Parent (Bertrand): En terminant, je
suis content de le voir apparaître là. Je pense que cela
fait partie du souci... Mais on ne retrouve pas, dans les critères que
vous avez à respecter par rapport à un ensemble d'autres
critères, celui sur l'endettement. Vous n'avez pas de critères
à respecter par rapport aux autres critères qu'on a
mentionnés précédemment, que ce soit le taux de
capitalisation ou le rendement sur l'avoir propre.
M. Coulombe: Vous avez raison de dire qu'on ne s'est pas
donné de critères de façon officielle, comme les quatre
qui sont mentionnés dans le plan de développement. Mais vous
remarquerez que, dans les quatre qui sont mentionnés dans le plan de
développement, il y en a deux qui font référence à
la loi. Il ne faut pas dire que la loi nous y oblige, mais c'est une
référence qui existe dans la loi pour ces deux-là. Les
deux autres, on les a ajoutés depuis quelques années comme
d'égale importance. C'est évident qu'on pourrait aussi,
éventuellement, avoir des ratios au point de vue de l'endettement et
même des ratios de croissance du bénéfice d'exploitation et
de "cash flow". Quant au bénéfice d'exploitation, malgré
la crise qu'on a traversée, il a continué d'augmenter. Au point
de vue de l'argent comptant, notre position est extrêmement
confortable.
Le taux de capitalisation, par exemple, à Hydro-Québec,
est autour de 24,4 % à l'heure actuelle. Au Manitoba, il est à
4,5 %. Le ratio dette-équité est de 4,5 % au Manitoba, 13,9 % au
Nouveau-Brunswick, 16,2 % en Ontario, 5,2 % à B.C. Hydro et environ 24,4
% à Hydro-Québec. Donc, on est largement... Et on a des
méthodes de calcul de ratio dette équité qui ne sont pas
parmi les plus aventureuses, c'est-à-dire des méthodes
conservatrices. On ne joue pas sur les échéances et ainsi de
suite. C'est la méthode la plus conservatrice. En dépit de cela,
on est à 24 % alors que le meilleur, après, c'est l'Ontario avec
16 %, le Nouveau-Brunswick à 13 %, le Manitoba à 4 % et B.C.
Hydro, 5 %.
M. Parent (Bertrand): Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de La Peltrie.
M. Cannon: Merci, M. le Président. M. Coulombe, j'aimerais
possiblement revenir sur un élément qu'évoquait tout
à l'heure le député de Bertrand, c'est-à-dire la
politique d'amortissement de vos études.
J'aimerais que vous puissiez me rappeler tout au moins les grands
principes qui sous-tendent cette politique d'amortissement. Par exemple, on
parlait du projet NBR qui est amorti sur une période de trois ans
plutôt que sur cinq, six, ou huit ans. J'aimerais connaître la
raison qui...
M. Coulombe: Vous voulez parler de la politique de radiation.
M. Cannon: De radiation.
M. Coulombe: Pour ce cas-là, je vais laisser Mme Lamoureux
donner les principes de base. Mais en deux mots, le plus rapidement possible,
lorsque nous avons arrêté le programme de construction en
1982-1983... Et si vous vous référez à la page 5, vous
allez voir qu'il y a un tableau très éloquent, toute la partie
jaune. Cela, c'était le plan de développement de 1981 qui devait
être exécuté. En d'autres mots, à ce moment-ci ou
d'ici à 1992, tous ces projets auraient été faits. LG 1,
Brisay et Grande-Baleine auraient été faits et, en 1992, on
aurait commencé la réfection de turbines et du thermique ou du
nucléaire. Donc, il y avait tout un ensemble de projets à faire.
Ces projets, comme ils étaient prévus très rapidement, les
permis pour Grande-Baleine étaient demandés et devaient
être reçus à l'automne 1982. Lorsqu'on a
arrêté tout cela pour demander le permis, tous les avant-projets
étaient faits, toutes les études et même, dans certains
cas, une partie des infrastructures. À LG 1, par exemple, il y a
au-delà de 250 000 000 $ qui sont déjà
dépensés depuis les années 1970-1975. Il s'agissait de
projets complets qui étaient remis à des dates très
indéterminées.
Dans le plan de 1982-1983, je pense que pour Grande-Baleine et NBR, cela
allait au-delà de l'an 2000. Là, il y a des règles
comptables assez simples: on ne pouvait plus conserver cela et capitaliser les
intérêts. Indépendamment des principes comptables, il y
avait une question de bon sens. Si on avait gardé cela, par exemple NBR
où on a radié 246 000 000 $ de nos livres, si les comptables nous
avaient permis de le garder, on se serait retrouvé en 1995 avec un
projet NBR dans lequel on aurait déjà investi 2 000 000 000 $ et
il n'y aurait pas eu une pelletée de terre. Donc, il fallait agir, il
fallait radier ces études. C'est ce qu'on a fait. On a dit: trois ans.
On a profité en même temps de l'assainissement financier et de
toutes les autres mesures qu'on a prises et on a dit: On va mettre de l'ordre
dans ces affaires et on a radié pour au-delà de 400 000 000 $ de
ces études, avant-projets... (16 h 30)
M. Cannon: M. Coulombe, c'est précisément la nature
de ma question. Pourquoi trois ans?
M. Coulombe: Nous voulions réqler ce problème le
plus rapidement possible parce que nous nous sommes dit: Lorsque la crise va
être terminée, nous allons recommencer
la construction. Deuxièmement, nous nous sommes dit: Le plus vite
nous allons le faire, le plus vite nous allons épargner de
l'intérêt. Il ne faut pas se faire d'illusions. Ces projets
étaient immobilisés et, à chaque année, ils
généraient leurs propres intérêts. Si on avait
laissé les 250 000 000 $ là, il y aurait eu 25 000 000 $ de plus
de dépenses d'intérêts sans aucune espèce de
relation avec l'activité concrète. Donc, le plus vite on le
faisait, mieux c'était pour la santé financière de
l'entreprise. Nous ne pouvions pas le faire dans un an parce que, là, il
aurait fallu dire - je reviens toujours aux mêmes exemples de la
santé financière d'Hydro-Québec - aux consommateurs:
Écoutez, il faut le radier, et si on fait cela, dans un an, il faudra
augmenter les tarifs. Donc, nous l'avons étalé, tout en
conservant les tarifs au-dessous de l'inflation. Nous sommes au maximum de ce
que la santé financière de l'entreprise pouvait nous
permettre.
Il y a eu d'autres cas aussi où les projets n'ont pas
été abandonnés: les projets de LG 1, LA 1 et Brisay. On
savait que tôt ou tard, et assez rapidement, ils allaient être en
construction. Donc, on n'a pas radié les dépenses de ces projets,
sauf que les dépenses d'intérêts, au lieu d'être
capitalisées ont été mises à l'exploitation.
C'était 30 000 000 $ ou 35 000 000 $ par année d'exploitation,
mais nous avons gelé les montants déjà accumulés
pour ces projets parce que nous savions que dans quatre, cinq ou sept ans, les
études et les infrastructures seraient encore valables pour
réaliser les projets. C'est un autre assainissement que nous avons fait
dans ce cas.
Il y a une troisième étape qui a été faite.
Toutes les études préliminaires, auparavant, étaient
capitalisées. Nous avons dit: Cela n'a pas de bon sens de capitaliser
cela, cela augmente trop les coûts des projets. Dans un esprit de
rigueur, nous allons les mettre annuellement dans les dépenses
d'exploitation. C'est une troisième mesure que nous avons prise qui a
augmenté les dépenses d'exploitation, mais qui a donné une
santé financière beaucoup plus rigoureuse à
l'entreprise.
M. Cannon: Je serais presque tenté de vous dire -
évidemment, vous pourrez démolir mon argumentation - ceci: Bon,
il y a donc des études qui, normalement, seraient immobilisées
à même le projet et qui ont été passées aux
dépenses ou aux frais d'exploitation, mais qui ne se sont pas
réalisées. Donc, quand on parle de hausses de tarification
d'Hydro-Québec, est-ce qu'on peut dire que, normalement, il y en a une
partie d'imputée aux frais d'exploitation, bien sûr, sur ces
projets'?
M. Coulombe: Écoutez, c'est rigoureusement vrai, ce que
vous dites.
J'espère qu'Hydro-Québec ne se retrouvera jamais dans la
position où on s'est trouvé d'être obligés de faire
des radiations aussi énormes à cause de la crise
économique, à cause du dollar, du pétrole, etc.; on
revient toujours à cela. Ces quatre facteurs sont mis ensemble.
Pourquoi, dans le plan de développement, veut-on être si prudents
et si flexibles dans notre façon de procéder et pourquoi veut-on
refaire la marge de manoeuvre financière? Non pas qu'on avoue avoir des
coussins, mais on dit avoir des coussins. Je n'ai pas avoué avoir des
coussins, j'ai dit qu'on en avait.
M. Cannon: Oui.
M. Coulombe: Pourquoi tout cela? Tout simplement pour ne pas se
retrouver dans le même contexte économique où, à un
moment donné, on est contraint à faire des gestes semblables. Je
souhaite qu'on ne se retrouve jamais dans cette situation.
M. Cannon: Peut-être seulement une autre question. À
quel moment, par exemple, décide-t-on chez vous de dire: On passe aux
dépenses, aux frais d'exploitation, les frais d'intérêt
jusqu'à concurrence de tel montant cette année et au-delà
de cela on va les passer aux frais d'immobilisation ou dans les
dépenses?
M. Coulombe: Dans le cas des projets que je vous ai
mentionnés, ce n'était pas une décision où nous
avions le choix. Lorsqu'on a décidé de dire que le projet LG 1 ne
serait pas construit dans l'échéancier précis, mais qu'il
serait construit dans un échéancier raisonnable, on n'avait plus
le choix. Automatiquement, toutes les dépenses d'intérêts
étaient mises à l'exploitation. On n'avait pas le choix de dire:
On va en mettre un peu. On a tout mis. Lorsqu'on a radié Grande Baleine,
on n'a pas dit: On va en radier une partie parce qu'il y a peut-être une
étude géologique qui va nous servir dans dix ans. On a pris le
paquet et on l'a radié. Évidemment, ce ne sont pas des
déboursés de fonds.
M. Cannon: Non, je conviens de cela avec vous: Ce n'est pas un
déboursé de fonds, sauf qu'évidemment, ce sont des
dépenses.
M. Coulombe: Ce sont des dépenses d'intérêts
considérables.
M. Cannon: Si, évidemment, les dépenses sont moins
élevées, cela veut dire que les profits sont un peu plus
élevés. Ce qui veut dire que les quelque 13 % que vous visez
comme rendement sur une période de sept ans, si vous décidiez
d'amortir sur une période de quatre ans ou de cinq ans, nous
pourrions voir ce taux de rendement devancé peut-être de
deux ans ou de trois ans. Je n'ai pas fait les calculs financiers.
M. Coulombe: Oui, mais on n'a pas d'intérêt à
faire cela tout simplement. Pourquoi systématiquement allonger la
période et tout simplement prendre des 25 000 000 $ ou des 50 000 000 $
et les donner aux prêteurs sans aucune activité économique
correspondante? Plus vite on fait cela, mieux ça va.
M. Cannon: Juste une dernière question, M. Coulombe.
Est-ce que vous pouvez me dire s'il y a eu des situations analogues à
celle-là où on a radié...
M. Coulombe: La politique de radiation est...
M. Cannon: ...concocté la période de trois ans.
M. Coulombe: La technique de radiation est continuelle à
Hydro-Québec. Il y a toujours quelques millions d'investis pour des
projets. Je vais vous donner un exemple. Pour étudier le projet Delaney
et pour le rendre au stade de l'avant-projet, on a examiné huit sites de
stations de pompage au Québec. Ces huit sites n'ont pas
été étudiés en détail comme Delaney l'a
été, mais il a fallu dépenser de l'argent pour savoir quel
était le site le plus avantageux, et ainsi de suite. Des équipes
se sont rendues là, un certain nombre de travaux d'ingénierie,
des études de base, de géologie ont été faites sur
les huit sites.
Au bout de deux, trois ou quatre ans d'études, les
ingénieurs se branchent sur un site en disant: Celui-là, c'est le
meilleur, le plus économique. Les sept autres sites, il faut les radier.
Il y a toujours des radiations. Lorsque, par exemple, on parlait des corridors
de ligne, c'est évident que l'argent dépensé pour examiner
des solutions de rechange, à un moment donné, cela peut
être capitalisé dans le grand projet, mais il faut radier cela
parce que ce ne sont plus des choses utiles. Ce sont des choses normales
à Hydro-Québec. Ce qui est anormal, c'est l'ampleur des
radiations qu'on a faites. Mais il y a toujours, chaque année, pour
quelques millions de dollars de radiations à l'étude.
M. Cannon: Dans le cas du projet Archipel, par exemple, on a
radié combien?
M. Coulombe: Archipel, 11 000 000 $ de radiations, en 1985.
M. Cannon: Sur quelle période? M. Coulombe: Dans
l'année.
M. Cannon: Après cela, c'est fini. M. Coulombe:
C'est terminé. M. Cannon: Merci.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Je ne voudrais pas
éterniser le débat là-dessus, mais je voudrais quand
même me permettre une réflexion pour résumer tout ce qui
s'est dit depuis quelque temps. C'est une réflexion populaire et facile,
comme on en entend souvent, de bonne foi, d'ailleurs, de la part de nos
commettants. En regardant le résumé, au chapitre 8, Gestion
financière, on a tout de suite l'impression qu'il y a une faille, une
coupure entre 1983 et 1984 dans les habitudes financières
d'Hydro-Québec. Entre la colonne de 1983 et la colonne de 1984, tous les
chiffres sont bouleversés.
Au premier paragraphe, on dit: "Si Hydro-Québec a pu jusqu'en
1984 préserver une solide position financière tout en demeurant
concurrentielle sur les marchés, c'est qu'elle était dans une
situation financière saine qui lui assurait une marge de manoeuvre."
Déjà là, on peut conclure -vous direz que c'est une
réflexion facile, une réflexion comme on en entend un peu partout
- que si on dit qu'elle était dans une situation saine et que ça
allait bien, actuellement, ça va mal, donc elle est dans une situation
moins saine qu'auparavant, C'est facile à déduire comme
interprétation de ce texte.
Face à cela, j'essaie de voir pourquoi cette situation est
devenue moins saine. Je me réfère au plan de
développement, à la page 6, et je regarde l'évolution des
colonnes de dépense de 1978-1982 et de 1982-1986. Je constate qu'entre
1982 et 1986 les coûts fixes ont très peu bougé - on a
juste une petite marge - alors que les dépenses d'intérêts
et d'amortissements ont augmenté énormément.
Parallèlement à cela, au niveau des revenus, en comparant les
deux périodes, on constate qu'il y a eu une hausse des tarifs à
peu près deux fois et demie inférieure dans la deuxième
période. En fait, le montant total des revenus d'Hydro-Québec
s'est quand même relativement maintenu.
Je me dis: Comment se fait-il que cette colonne soit là?
D'où viennent tous ces intérêts, ces amortissements?
À la réflexion, connaissant un peu ce qui se passe dans
l'histoire, je me dis: Tiens, tiens, il est fort possible que ce soit une mise
en marche ou que la mise en activité de tous les chantiers de la Baie
James soit responsable de cela. Pourquoi pas, finalement, puisqu'on a, tout
à coup, beaucoup d'intérêts et d'amortissements à
payer. À partir de là, je continue ma réflexion facile et
je me dis: Si tel est le
cas, quoi qu'on nous dise aujourd'hui, par rapport à des
investissements futurs, un jour ou l'autre, le service de la dette de ces
investissements sur des choses qu'on va faire pour vendre à
l'étranger, entre autres, va se répercuter dans mes coûts.
Un jour, HydroQuébec arrivera devant la commission et dira:
Écoutez, on est dans une situation financière difficile parce
qu'on a des intérêts supplémentaires à payer et il
va falloir la rajuster en faisant ce qui nous semble le plus facile,
c'est-à-dire augmenter les tarifs. Je peux dire: Oui, c'est bien beau
tout cela mais, finalement, même si je ne le paie pas dans ma note
l'année prochaine, peut-être que, dans cinq ans, je vais payer les
investissements qui auront été faits pour exporter
l'électricité. C'est ma réflexion, réflexion
très populaire, réflexion facile à faire sur le terrain
parmi les gens qui ont très peu d'information. Est-ce que vous pouvez
confirmer ou infirmer mon interprétation à partir de choses
faciles, comme je le vois?
M. Coulombe: L'interprétation que vous venez de donner,
c'est exactement l'interprétation qu'on donne. C'est assez curieux. On a
fait les mêmes réflexions que vous faites, que la population peut
faire. On a construit des ouvrages, il est arrivé une crise
économique, un effondrement du dollar, après une hausse
spectaculaire des prix du pétrole, une hausse des taux
d'intérêt. L'entreprise a été frappée de
plein fouet avec des équipements qu'on ne pouvait plus arrêter de
construire parce qu'il était rendu à 80 % ou 90 %
d'achèvement. Arrive la crise. L'eau ne s'emmagasine pas au-delà
des barrages. On fait de l'énergie avec de l'eau, on ne peut pas
l'emmagasiner comme l'huile avec laquelle on peut dire, à un moment
donné: Le marché s'effondre, on ferme le puits et on garde cela
pour les prochaines années. L'eau est dans les barrages.
L'énergie produite par cette eau, à cause de la situation
économique, n'a pas été vendue au même rythme
qu'elle était produite. Non seulement elle n'a pas été
vendue dans la même proportion mais elle n'a pas été vendue
au même prix. Au pire de la crise, il a fallu déverser - c'est de
commune connaissance, tout le monde est au courant de cela - parce qu'on
n'était pas capable d'entreposer plus que ce qu'il y avait dans les
barrages.
Dans une deuxième étape, on a été
obligé de vendre de l'excédentaire. Depuis quelques
années, il y a des prix d'excédentaire. Dans nos
chaudières, on vend 0,009 $ de l'énergie qui a coûté
0,02 $ à produire. Ce sont des choses connues, qu'on a
répétées chaque année. L'analyse est exacte. Ce que
l'entreprise a fait, elle s'est rajustée à partir de là et
on est passé au travers. Cela a été une crise majeure. Ce
qu'on vous dit, c'est que les kilowattheures qu'on vend à rabais
à l'heure actuelle, lorsqu'ils seront vendus dans
l'électricité régulière sans construction, parce
qu'on a arrêté la construction depuis cinq, six ou sept ans... Le
début d'une construction d'une centrale de base à
Hydro-Québec, la dernière fois, date de 1979. LG 4 a
commencé en 1979 à peu près. La prochaine centrale de base
va commencer en 1989 si tout va bien - cela fait donc une dizaine
d'années sans début de construction - et elle va être
prête en 1995. Donc, de 1979 à 1995 s'étalent quinze ans
où la crise est arrivée, l'entreprise s'est rajustée et
les kilowattheures qu'on vend à rabais à l'heure actuelle, sans
construction, vont tomber dans la colonne des kilowattheures qu'on vend un peu
plus cher sans augmentation de tarif. Ce sont des tarifs réguliers.
Donc, la marge de manoeuvre va se reproduire demain. Maintenant, pour
répondre à votre question: Ce qui s'est passé une fois
devrait-il se passer deux fois? Les mesures qu'on vous a expliquées,
sans être capable de vous le jurer - je ne me prendrai pas pour un autre
en disant que cela ne se reproduira jamais - je souhaite que cela ne se
reproduise pas. Quelle mesures a-t-on prises? On vous a expliqué ce
matin comment on ne voulait plus construire de mégaprojets tout d'un
bloc, parce qu'on pense que c'est plus sage de fragmenter les projets, d'y
aller et, surtout dans le cadre de l'exportation, d'y aller en fonction des
contrats. C'est la politique tant gouvernementale que celle
d'Hydro-Québec qui est adoptée. C'est une mesure... Cela limite
nos risques. On dit: On ne bâtira pas si on n'a pas de contrat et on fait
tous les efforts pour en avoir. Cela vaut pour l'exportation. Pour l'interne,
la validité de nos analyses peut très bien être remise en
question. Nous, on est prêt à en discuter avec n'importe qui, dans
n'importe quel forum. On met nos chiffres sur la table. Comme je vous l'ai dit,
la transparence existe dans le plan. On n'a aucun problème à
donner toutes nos bases de calculs, nos bases de coûts, tout en admettant
qu'on peut fort bien se tromper. Mais on a quand même pris certaines
mesures qui empêcheraient la répétition de cet état
de crise. Je ne vous dis pas comment l'entreprise réagirait si on
tombait dans une crise économique majeure, si le dollar canadien
s'effondrait. Vous savez aussi bien que moi qu'on retomberait dans une autre
crise. Mais toutes choses étant égales, toutes les mesures qu'on
a proposées dans le plan tendent à éviter la
répétition de tels événements. Ceux qui ne croient
pas au type d'analyse qu'on fait, on est prêt à les rencontrer et
à en discuter n'importe quand.
M. Ciaccia: M. le Président, si vous le permettez, j'ai
une question sur... (16 h 45)
Le Président (M. Charbonneau): Vous allez terminer et on
passera ensuite la parole au député. Je vous signale qu'il est 16
h 45 et qu'on est obligé de terminer à 18 heures à cause
de l'ordre de la Chambre.
M. Ciaccia: Ce ne sera pas long. Je voudrais juste revenir sur la
question de la dette d'Hydro-Québec. Certaines personnes, dans la
population, ont peur des questions de dette. Cela semble les effrayer; elles
croient qu'Hydro-Québee ne devrait pas s'endetter, qu'on ne devrait pas
augmenter la dette. Elles semblent avoir une perception de la dette
d'Hydro-Québec qui n'est pas conforme aux opérations
d'Hydro-Québec ni aux opérations commerciales en
général. Pour vulgariser un peu, on peut bien dire que quelqu'un
qui a une dette de 1000 $ et qui n'a pas de revenu n'est pas dans une bonne
situation financière. Mais quelqu'un peut avoir une dette de 1 000 000 $
et avoir des revenus de 150 000 $ ou 200 000 $ par année.
Premièrement, ce n'est pas le montant de la dette qui devrait effrayer
ou donner des arguments pour ne pas faire le développement
d'Hydro-Québec. Il y a deux choses. Même si on exclut pour le
moment la question des exportations et même les demandes internes, on a
le choix: soit qu'on n'utilise plus d'électricité, et on va
brûler des chandelles, ou il faudra aller au nucléaire - et je
pense bien que ce n'est pas la volonté de la population - ou bien il y
aura des développements hydroélectriques et pour faire des
développements hydroélectriques, ça prend des
emprunts.
Parlons du développement des demandes internes. Je crois que ce
n'est pas nécessairement la dette qui est importante, mais le coût
de la dette et les ratios pour y faire face. Je voudrais que vous nous
expliquiez brièvement, M. Coulombe, le ratio, la couverture des
intérêts. Que représente ce chiffre?
M. Dubuc: II est certain que la couverture des
intérêts telle que définie par Hydro-Québec est la
définition la plus élémentaire possible qu'on puisse en
faire. Il existe beaucoup de définitions, mais en clair, c'est: De
quelle façon couvre-t-on avec les revenus d'exploitation l'ensemble des
coûts d'intérêts que l'on doit payer, tous les
déboursés d'intérêts qu'on doit faire? C'est cette
mesure-là qu'Hydro-Québec a utilisée depuis toujours. Cela
remonte à au moins quinze ans, je pense. Depuis, mes
prédécesseurs ont promu l'idée de dire: Est-ce qu'on est
capable de couvrir tous les intérêts qu'on débourse chaque
année? À toutes fins utiles, il s'agit de savoir si on paie ou
non l'épicerie avec des emprunts. Si on dépasse un taux de
couverture de 1, cela veut dire qu'on a plus de revenus que tout ce qu'on sort
comme intérêt. Pour nous, c'est une mesure de santé
financière lorsqu'on dépasse 1. C'est dans ce sens-là que
le taux est utilisé. Il est certain que plus on a de marge de manoeuvre
au-dessus du 1, plus les prêteurs sont rassurés par le fait qu'on
est capable, avec les revenus qu'on génère à partir de
l'opération qu'est Hydro-Québec, d'assurer le service de ces
intérêts. C'est pour ça que là aussi, lorsqu'on dit
que notre objectif est de 1, c'est un critère minimal et on veut que ce
soit plus que ça.
M. Ciaccia: Alors, depuis 1980, la couverture des
intérêts a toujours été en excédent de 1.
C'était 1,8 et lors de la crise économique, cela a baissé
à 1,01, 1,04. Et là, cela a commencé à monter
à 1,10, 1,12, 1,15. D'après vos prévisions, cela ira en
augmentant d'ici à 1989. Pour ce qui est de l'historique, même
quand vous aviez moins de dettes, votre taux de couverture était pas mal
stable et il est demeuré relativement stable même dans les
périodes creuses. Il n'y a pas eu de changement majeur. C'est ce taux de
couverture des intérêts qui est important quant à
l'endettement, ce n'est pas le montant de la dette, que ce soit 5 000 000 000
$, 10 000 000 000 $, 20 000 000 000 $ ou 30 000 000 000 $, mais c'est le
coût de cette dette et la capacité de rembourser
d'Hydro-Québec.
M. Coulombe: Vous avez parfaitement raison, surtout qu'on parle
quand même d'actifs qui sont connus, qui ne sont pas inquiétants
au point de vue technologique, comme, par exemple, le nucléaire,
où il n'y a pas grand monde qui sache exactement ce qui va se passer au
bout de 25 ou 30 ans d'utilisation, ne serait-ce que pour les déchets
nucléaires. Mais, entre-temps, on a vu en Ontario ce qui est
arrivé avec les barres, etc. Donc, c'est une technologie qui est
parfaitement connue. Notre horizon est de 50 ans en termes d'amortissement,
etc., alors qu'on a des turbines ou des centrales qui, dans quelques
années, auront dépassé largement, avec les mesures
d'entretien nécessaires, cette période de vie utile. Donc, il y a
des actifs extrêmement considérables dans une technologie,
à moins de catastrophes, qui offre peu de risque comparativement aux
autres technologies, qu'elle soient des énergies douces ou qu'elles
soient nucléaires, ou même le gaz et le pétrole, qui sont
soumis à d'autres aléas beaucoup plus considérables.
M. Ciaccia: Non seulement les technologies non dangereuses, mais
même en termes de coûts. En commission parlementaire, le ministre
de l'Énerqie de l'époque, M. Guy Joron, en 1978, je crois, avait
cité une étude de The First Boston
Corporation, des États-Unis, où on démontrait que
le prix du nucléaire était de 44 % plus élevé que
le prix de l'hydroélectricité, Même en termes de
coûts, les projets d'Hydro-Québec sont les plus
compétitifs, les moins coûteux, en plus de l'aspect technologique
et de l'aspect écologique.
Le Président (M. Charbonneau): Nous allons maintenant
aborder la dernière partie, l'étude des tarifs, de la proposition
tarifaire proprement dite.
M. le député de Roberval.
Étude des tarifs
M. Gauthier: M. le Président, j'aimerais poser à M.
Coulombe, qui laissera à ses adjoints le soin de répondre s'il le
juge à propos, une première question d'ordre très
général avant d'aborder directement la question de la
tarification telle que proposée.
M. Coulombe, à la page 81 du plan de développement, il y a
un tableau nous présentant le cadre financier du scénario cible.
Puisque vous avez certainement fait des projections avec différentes
hypothèses de tarifs, afin d'appliquer différentes
hypothèses de hausse de tarifs, toujours à la colonne
"dividendes", à laquelle apparaît un chiffre corrigé de 250
000 000 $ en 1989, afin d'avoir une idée de ce que cela
représente, M. Coulombe, est-ce que vous pourriez me dire ce que cela
voudrait dire comme influence sur les dividendes à verser au
gouvernement en 1989 si le gouvernement demandait à Hydro-Québec
de s'en tenir, comme hausse de tarifs, à l'inflation ou aux
prévisions de l'inflation? Quel serait l'impact sur les 250 000 000 $ de
dividendes au bout? Comment peut-on le calculer?
Je vais être plus clair dans ma question et vous aider à
mieux la comprendre. J'ai cru voir déjà que 1 % amène 23
000 000 $ dans les coffres d'Hydro-Québec, mais je me méfie un
peu du calcul simpliste qui consisterait a dire: 0,5 % par année de plus
que l'inflation - parce que c'est à peu près votre proposition
tarifaire - donc, si on l'enlevait, cela enlèverait peut-être 23
000 000 $ sur les dividendes au bout. Mais j'ai l'impression que ce n'est pas
si simple que ça comme calcul.
M. Coulombe: Non.
M. Gauthier: Est-ce que vous avez fait une hypothèse de
tarification à l'inflation et de ce que cela a comme répercussion
dans le tableau au chapitre des dividendes, pour la troisième
année, bien sûr?
M. Coulombe: Votre question précise, c'est: Si on tarifait
aux prévisions de l'inflation qui sont là-dedans, strictement
cela, quel serait l'impact sur les 289 000 000 $?
M. Gauthier: Voilà.
M. Coulombe: D'accord? Est-ce que vous pouvez calculer cela? On
va calculer cela et on va vous le donner.
M. Gauthier: Vous avez fait appel aux talents de Mme la
directrice de la tarification, j'ai l'impression.
M. Coulombe: Elle a tous les talents. Des voix: Ha! Ha!
Ha!
M. Gauthier: Je savais que je finirais par poser...
M. Coulombe: On va faire un chiffre moyen après.
M. Gauthier: M. Coulombe, pendant qu'on fait ce calcul - je ne le
voudrais pas trop onéreux, remarquez bien, c'est plus par
curiosité qu'autrement que j'ai posé la question - j'ai deux
questions sur les tarifs. À la page 23 du mémoire sur la
tarification, à l'élément 5.1.1, "Secteur unifamilial",
j'aimerais savoir ce que cela représente. On a parlé beaucoup des
maisons unifamiliales, de la bi-énergie, et de la possibilité de
faire des économies. Mais il y a aussi au Québec, beaucoup de
bungalows ou de maisons unifamiliales qui sont chauffées uniquement
à l'électricité.
Je voudrais savoir, dans le cas d'une consommation moyenne pour le
bungalow moyen, ce que cela représente en chiffres absolus. J'ai
entendu, selon les différentes sources, des montants plus ou moins
élevés dans certains cas. J'aimerais que vous nous le disiez de
façon claire.
M. Coulombe: Vous parlez de l'augmentation qu'on propose,
c'est-à-dire 4,9 % pour le domestique?
M. Gauthier: Oui. Votre client type moyen, tout à
l'électricité, avec l'augmentation proposée, quelle est la
différence sur sa facture?
M. Boivin (Claude): Pour cela, je vous référerai
à la page 28 du Mémoire sur la tarification proposée pour
1987. Au tableau 12, les calculs indiquent l'effet de la révision
tarifaire pour des factures types. Vous me parlez de la facture type ou du
client moyen dont la seule source d'énergie est
l'électricité.
M. Gauthier: Bungalow moyen.
M. Boivin: Ce client consomme en
moyenne 2000 kilowattheures par mois. Je parle de moyenne parce qu'il
est évident qu'en hiver il va consommer plus de kilowattheures, mais
moins en été. Sur une base de moyenne mensuelle, l'augmentation
inscrite à l'avant-dernière colonne, à droite, est de 4,03
$ par mois, ce qui voudrait dire, grosso modo, 48 $, 50 $ par année
d'augmentation.
M. Coulombe: Et la différence entre ce qu'on demande dans
notre recommandation, entre 4,6 % et 4,9 %, d'après les mêmes
chiffres, vaudrait exactement... Le différence de 0,3 % qu'on demande
vaudrait combien?
M. Boivin: C'est 0,28 $ par mois. D'ailleurs, à ce sujet,
je vous réfère au tableau 6 de la page 13, où on indique
en fait que la différence entre la hausse... On demande une hausse
moyenne des tarifs de 4,6 %, mais elle se traduit par une hausse de 4,9 % au
secteur résidentiel.
Une demande additionnelle de 0,3 % au secteur résidentiel, pour
notre client moyen consommant uniquement de l'électricité dont on
parlait tantôt, se traduit par une augmentation additionnelle par mois de
0,28 $
M. Gauthier: D'accord. C'est toujours intéressant de
l'avoir en chiffres comme cela. Cela donne une meilleure idée de
l'impact. J'aimerais savoir, à la page... Donnez-moi deux secondes.
À la page 31 du mémoire, on parle du "prix mensuel du kilowatt de
puissance appelée excédant 50 kilowatts par logement en
période d'hiver" et le pourcentage d'augmentation qui est là fait
un peu sursauter. C'est écrit 20 %. Pourriez-vous nous expliquer ce que
cela veut dire? Qu'est-ce que c'est, la puissance au-delà de 50
kilowatts? À qui cela s'applique-t-il, parce que l'augmentation de 20 %
m'apparaît un peu élevée? Je sais qu'il doit y avoir une
explication logique à ce chiffre.
M. Boivin: En fait, cette prime de puissance mensuelle pour les
clients domestiques, ce n'est pas quelque chose qu'on a introduit dans le
règlement tarifaire, cette année. On a cela depuis une dizaine
d'années pour les très gros clients résidentiels. Les
clients résidentiels dont l'appel de puissance est de plus de 50
kilowatts - vous pouvez vous imaginer ce que cela représente - ne sont
pas nombreux.
Pour ces clients, il y a une prime de puissance additionnelle au tarif
de 0,75 $ par mois. On propose de majorer à 0,90 $ par mois tout
simplement parce que, même là, chez ces très gros clients
domestiques qui taxent de façon très importante notre
réseau de distribution les 0,90 $ qu'on propose sont nettement
inférieurs à ce que cela nous coûte pour les alimenter.
Alors, on propose de redresser cela par 20 %.
Maintenant, cela va toucher une infime partie. Je me risquerais à
dire qu'il y a peut-être environ 500 clients résidentiels au
Québec qui ont des appels de puissance.
M. Gauthier: D'accord.
M. Boivin: À titre d'exemple, je vais vous faire remarquer
la prime de puissance pour le petit abonné commercial qui est là
encore pour tenir compte du prix que cela nous coûte pour alimenter la
puissance. Chez le petit abonné commercial, le petit client commercial,
présentement, la prime de puissance est de 6,66 $ par mois. Là,
on demande 0,90 % au client résidentiel, ce qui est nettement...
Même à 0,90 $, c'est encore en bas de nos coûts. (17
heures)
M. Gauthier: M. Boivin, les exploitations agricoles entrent dans
quel tarif? On dit: "...notamment des exploitations agricoles, la hausse
maximale peut atteindre 5,3 %." Est-ce que les exploitations aqricoles entrent
dans le tarif DM? Ce dont vous me parliez.
M. Boivin: Les exploitations agricoles, règle
générale, en très grande majorité, sont au tarif
domestique, c'est-à-dire au tarif résidentiel. Maintenant, il y a
un certain nombre d'exploitations agricoles qui sont, en fait, de taille
industrielle et qui sont au tarif d'usage général, soit au tarif
G ou au tarif M si elles appellent plus de 100 kilowatts. Mais la très
grande majorité de nos clients agricoles sont tarifés au tarif
domestique. Les proportions exactes sont disponibles: en 1986, nous avions 57
000 clients classés dans la catégorie agricole, dont 52 300, soit
91,2 %, étaient facturés au tarif domestique, et 5043, donc, 8,8
%, étaient facturés au tarif d'usage général, soit
petite ou moyenne puissance, selon qu'ils appellent plus ou moins de 100
kilowatts.
M. Gauthier: D'accord. M. Coulombe, est-ce que vous avez la
réponse de tout à l'heure, à la première
question?
M. Coulombe: Au lieu de 289 000 000 $, ce serait environ 200 000
000 $, si on tarifait selon l'inflation tel que prévu dans le plan.
M. Gauthier: D'accord. M. le Président, à ce
moment-ci, j'aimerais déposer une motion sur la tarification puisqu'on
étudie les tarifs. Je pense qu'on pourrait discuter autour de cette
motion. Je vous rappellerai simplement que, l'an dernier, l'Opposition
s'était permis, à partir de ses analyses, de déposer
devant cette commission une suggestion à faire au Conseil
exécutif, au gouvernement, concernant la tarification.
Est-ce que vous accepteriez, à ce stade-ci, que je propose une
motion et qu'on puisse discuter de cette motion?
Le Président (M. Charbonneau): Je voudrais voir le texte
de la motion. Le problème, M. le député de Roberval, c'est
que, pour qu'une motion... Je vais lire le texte.
M. Gauthier: Vous suspendez quelques instants, si je comprends
bien.
Le Président (M. Charbonneau): Non. Je veux juste lire le
texte. Bon. Compte tenu d'un certain nombre de motifs qu'on pourra lire
tantôt, vous dites: Que la commission souhaite que le gouvernement
rejette la proposition tarifaire d'Hydro-Québec et que le gouvernement y
substitue une majoration inférieure ou égale à l'inflation
prévue pour 1986 et que la hausse tarifaire soit uniforme pour
l'ensemble des usagers. J'aimerais mieux qu'on continue la discussion sur les
tarifs proprement dits...
M. Gauthier: et qu'on discute après...
Le Président (M. Charbonneau): ...et qu'on revienne plus
tard sur la motion parce que, finalement, comment peut-on demander, comme
commission, que le gouvernement rejette une proposition tarifaire? Je peux bien
comprendre que, depuis deux jours, on discute autour et tout ce dont on a
parlé a une incidence directe ou indirecte sur les tarifs, sauf qu'on
vient d'aborder la question des tarifs et qu'il serait peut-être
préférable d'aller un peu plus loin dans la discussion sur les
tarifs, quitte à ce que, par la suite, la commission se saisisse...
M. Gauthier: Remarquez que ce n'est pas de mauvaise foi que je le
fais, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Non, non, je comprends.
M. Gauthier: L'an passé, le ministre est resté un
peu surpris. J'étais arrivé à la fin avec ma motion. Il
avait utilisé l'argument suivant: Ce n'est pas très fair-play de
ne pas pouvoir en discuter. Comme mes arguments sont inclus dans le fond de la
motion et que, de toute manière, mes questions m'amèneraient
à reprendre ces arguments, j'ai pensé indiquer tout de suite au
ministre que j'ai l'intention - je pense qu'il s'y attendait - de
déposer une proposition.
M. Ciaccia: Disons que je n'utiliserai pas cet argument, cette
année. Je pense que ce serait plus juste et équitable et dans
l'esprit du mandat de continuer, au moins de ce côté-ci de la
table, à poser certaines questions, suivant l'alternance, quitte
à présenter cette motion tout de suite après.
Le Président (M. Charbonneau): Disons-nous une chose.
À moins que cette motion ne recueille rapidement l'adhésion des
membres de la commission, je peux bien présumer que d'un
côté on peut être convaincu que l'adhésion se fera
facilement. Le problème, c'est qu'il reste moins d'une heure et, de
toute façon, il serait peut-être préférable qu'on
aille plus loin dans la discussion des tarifs. De deux choses l'une: ou la
motion sera sur la table et on n'aura pas le temps de l'adopter. De toute
façon, son effet sera évident dans l'opinion publique. D'autre
part, si tout le monde, après la discussion, était d'accord avec
la motion, cela ne prendrait pas beaucoup de temps pour l'adopter.
M. Ciaccia: Et les questions que nous-mêmes allons poser
pourront éclairer le proposeur de la motion. Notre droit de parole est
assez limité. J'ai seulement dix minutes, alors cela va vous donner
amplement le temps de revenir avec votre motion. Peut-être même
voudrez-vous l'amender après qu'on aura posé certaines questions
à Hydro-Québec.
Une voix: II ne faut pas présumer de nos intentions.
M. Gauthier: Juste une question de précision, cependant,
avant de poursuivre. Je n'ai pas saisi une chose. Le ministre dit: On va
prendre notre tour de parole et après cela, vous allez pouvoir reprendre
votre tour de parole et déposer votre motion. 5i je comprends bien, il
va y avoir dix minutes pour poser des questions de votre côté et,
après cela, vous allez m'autoriser à discuter sur cette motion
parce que...
M. Ciaccia: Après cela, je pense que ce serait le temps de
présenter la motion. Je ne crois pas que ce soit le temps de la
présenter maintenant. Je suis d'accord avec le président.
M. Gauthier: D'accord. Non, l'argument... Je comprends, M. le
ministre.
M. Ciaccia: Et je n'utiliserai pas comme argument que vous venez
trop tard pour la présenter.
M. Gauthier: D'accord. Mais l'argument...
M. Ciaccia: Mais il ne faut pas présumer non plus qu'on
l'adoptera dans sa forme présente.
M. Gauthier: Non, je comprends bien
cela. On va d'ailleurs la débattre en toute objectivité,
M. le ministre. Ce que je voudrais savoir, c'est: Vous refusez qu'on
dépose la motion maintenant. En tout cas, vous souhaitez qu'on la
dépose plus tard, mettons, parce que vous voulez utiliser le droit de
questionner les représentants d'Hydro-Québec. Vous voulez juste
après qu'on... Est-ce bien cela?
Le Président (M. Charbormeau): De toute façon, il
pourrait y avoir consentement. Je vous dis tout de suite que je trouverais un
peu délicat d'adopter comme précédent l'acceptation d'une
motion comme celle-là alors que, finalement, on commence à parler
des tarifs. Je comprends que, depuis deux jours, on en a parlé
directement et indirectement, mais il serait préférable
que...
M. Gauthier: Je ne vous en tiens pas rigueur, M. le
Président, mais je voudrais juste m'expliquer. L'année
dernière, on a fait tout le débat sur les tarifs. J'ai
présenté une motion et tout le monde a dit: II est trop tard.
Vous auriez pu le dire avant. Cette année, on commence le débat.
Je présente la motion et on me dit: II est trop tôt;
présentez-la après. Est-ce qu'il y aurait moyen qu'on se branche,
à cette commission, et que je le sache? L'année prochaine, je le
présenterai au milieu de la commission, s'il le faut.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Ciaccia: II y a un juste milieu, M. le
député.
Le Président (M. Charbonneau): Je voudrais vous signaler,
M. le ministre et M. le député de Roberval, que c'est vous, d'un
commun accord, qui avez convenu que la question des tarifs serait le dernier
point avant le varia. Si vous m'aviez proposé un ordre du jour
différent et qui nous aurait amené à discuter la question
proprement dite, des tarifs, par exemple, ce matin, c'est évident qu'il
aurait resté suffisamment de temps à la commission. Le choix des
membres de la commission aurait pu être de laisser tomber certains sujets
pour, effectivement, après avoir parlé des tarifs, dire: On
étudie une motion spécifique. Voilà juste le
problème. Je pense que, si on veut avoir le temps d'aller un peu plus
loin, on pourrait peut-être mettre fin à cet échange.
M. Gauthier: D'accord. Mais pensez-y pour me donner un avis pour
l'année prochaine. Je voudrais la déposer au bon moment.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Charbonneau): Je vous donne cet avis:
Organisez vos accords quant à l'ordre du jour de telle façon
qu'on ne se retrouve pas une troisième année de suite à
discuter des tarifs une heure avant la fin des travaux de la commission qui ont
duré deux jours. Une suggestion pourrait être faite en ce sens. Le
leader du gouvernement et même, je pense, des collègues du
côté ministériel pourraient être d'accord pour
reconnaître que, quand on regarde l'importance des sujets, on aurait
peut-être pu avoir quelques heures additionnelles - ce qui n'aurait pas
nui à quelques députés de part et d'autre - pour aller
plus au fond de certaines questions, dont l'environnement qui a fait
l'objet...
M. le ministre.
M. Ciaccia: Merci, M. te Président. Je voudrais dire au
début, avant mes questions, que j'ai peut-être été
aussi surpris qu'Hydro-Québec a pu l'être de voir certaines
manchettes dans les journaux de ce matin en ce qui concerne les
décisions gouvernementales. Je crois qu'on ne peut pas tenir les
journalistes responsables des manchettes. C'est évident
qu'effectivement, j'ai exprimé un préjugé favorable pour
le petit consommateur. La demande d'Hydro-Québec pour 4,6 %, je la
trouvais raisonnable parce qu'elle était même en bas du taux
d'inflation de l'année dernière pour le Québec et
même peut-être plus basse que le taux d'inflation pour
l'année à venir. Il est évident que la décision
finale sur les tarifs, le taux d'augmentation, s'ils veulent en avoir une et
les différents secteurs, appartient au Conseil des ministres. Ce n'est
ni un ministre ni une commission parlementaire qui peut prendre cette
décision.
Cela revient à une remarque que M. Coulombe a faite ce matin
lorsqu'une question lui a été posée qui pouvait affecter
les négociations avec d'autres clients d'Hydro-Québec. M.
Coulombe a mentionné qu'il fallait être prudents dans les
déclarations qu'on faisait en commission parlementaire parce que, de
l'autre côté de la frontière, cela pourrait attirer leur
attention et affecter les négociations; alors, il fallait être
assez prudents. Effectivement, quand je suis allé dans l'état du
Maine rencontrer le comité d'énergie du Sénat du Maine et
du "State Assembly", il y avait un type qui avait la responsabilité de
prendre toutes les coupures des journaux au Québec qui font mention
d'Hydro-Québec ou des sujets d'intérêt pour la population
du Maine, de les traduire dans certains cas, lorsque nécessaire - non
pas dans tous les cas, puisqu'il y a beaucoup de francophones qui
siègent à l'Assemblée et au Sénat du Maine - pour
les membres de l'Assemblée afin qu'ils puissent être au courant
quotidiennement de ce qui se dit et de ce qui se fait au Québec. Alors,
c'est une
raison de plus d'être assez prudents dans nos propos. Ce que nous
disons ici non seulement est rapporté à la population du
Québec, mais est rapporté aussi à la population des
États avoisinants avec lesquels nous faisons affaire. En ce qui concerne
la question des tarifs, un peu plus tôt il a été question
de l'objectif d'Hydro-Québec d'un taux de rendement de 13 %. Ici je
pense tout de suite à une question. Vous avez mentionné que le
taux de rendement de 13 % pourrait être atteint en 1993 si toutes les
variables étaient en place, ce qui apparaît raisonnable si l'on
compare le taux de 13 % à la situation d'autres services publics
comparables. Par ailleurs, vous voulez aussi que le taux de rendement soit le
même pour chacune des catégories d'usagers. C'est ici que j'ai
certaines interrogations et je me pose certaines questions.
Premièrement, si le taux de rendement maintenant pour l'usager
domestique, le petit consommateur, est inférieur au taux de rendement
des autres utilisateurs, si vous appliquez votre politique de rattrapage - je
pourrais la libeller ainsi -et que cette année vous allez chercher 0,5 %
de plus, combien de temps cela va-t-il prendre pour que le taux de rendement
pour l'usager domestique arrive au même niveau que le taux de rendement
de 13 %?
M. Coulombe: M. le ministre, j'ose à peine vous donner la
réponse. Je suis très gêné de donner cette
réponse parce que cela va sembler contradictoire à tout ce qu'on
a développé avant. Cela prendrait 40 ans au rythme qu'on
suggère pour en arriver à des taux de rendement
équivalents par catégories. Je dis que j'ai un peu honte tout
simplement parce que ce n'est pas très vigoureux comme redressement et
ce n'est pas très dynamique. On conçoit parfaitement les
inquiétudes sous-jacentes à toutes les questions des membres de
la commission. Cela nous semble très modeste et très peu
aventureux de proposer une stratégie de 40 ans de rattrapage. Cela a
pris exactement 40 ans pour nous rendre là où nous en sommes. On
propose 40 ans de plus pour redresser la situation. 11 me semble que, pour une
stratégie globale de 80 ans, ce n'est pas si aventureux. Cette question
nous semble importante. (17 h 15)
C'est le Conseil des ministres qui va décider et, lorsqu'il aura
décidé, sa décision sera là; c'est aussi simple que
cela. Au point de vue financier, ce n'est pas une question d'un an. Au point de
vue financier, c'est 6 000 000 $. 6 000 000 $, c'est deux grosses
tempêtes de verglas ou trois ou quatre transformateurs. Ce n'est pas,
pour nous, une question de revenus à Hydro-Québec. Je vous ai
expliqué que la marge de manoeuvre n'était pas
reconstituée surtout par les tarifs, mais par les kilowattheures qui
changent de catégorie. Nos surplus vont devenir du régulier.
Ce n'est pas une question de revenus pour Hydro-Québec, cela nous
semble très important dans la facette globale de l'énergie. Si on
n'imprime pas une tendance selon laquelle les catégories de
consommateurs, qui sont quand même extrêmement importantes au plan
de la création d'emplois, la petite entreprise, etc. Si on continue
d'augmenter l'écart, à mon avis, on fera tort à
l'économie du Québec, tout simplement parce qu'on va mettre ces
petites entreprises, non pas demain matin... Cela n'a pas d'importance, 0,3 %
ou 0,1 % comme c'est le cas de notre proposition parce que c'est 4,5% au lieu
de 4,6%, c'est vraiment insignifiant comme résultat. Ce qui compte,
c'est la tendance, et c'est pour cela qu'on y va de façon si modeste,
c'est-à-dire 0,3 %, 6 000 000 $ pour l'ensemble et 0,25 $ ou 0,50 $ par
mois pour un consommateur. On ne peut pas accuser Hydro-Québec
d'être très aventureuse dans ses propositions.
C'est la tendance qui nous semble importante; 0,3 %, c'est important
comme tendance. C'est pour cela qu'on y attache tellement d'importance. Je ne
veux pas qu'on se trompe sur le sujet de la conversation qu'on a, cela n'a
nullement rapport avec les bénéfices, les dividendes et les
ratios d'Hydro-Québec, l'an prochain, puisque les 4,6% de moyenne, cela
va donner le même résultat. Que ce soit 4,9 % au domestique ou 4,5
% à l'industrie et 4,4 % à d'autres, le montant total sera le
même. Donc, cela n'a aucun rapport avec l'aspect financier. C'est
vraiment la situation stratégique des utilisateurs
d'électricité où on pense que ce serait malsain, à
moyen et à long termes, de laisser s'accroître cette
différenciation et cet interfinancement. C'est notre hypothèse et
notre vision de base. On tente de la rendre la plus claire possible; on ne
pense pas être nécessairement capable de convaincre tout le monde
là-dessus, mais c'est notre position de base.
Si vous permettez, on pourrait peut-être prendre cinq ou six
minutes pour donner quelques réponses et, surtout, pour répondre
à certains arguments selon lesquels le domestique est toujours au bout
de la ligne, les autres ont des taxes... Je pense que ce serait peut-être
bon de reprendre certains éléments clés de la
démonstration qu'on voudrait vous faire et on voudrait être le
plus convaincant possible, après vous avoir dit que ce qu'on vous
présente n'est certainement pas l'aventure du siècle. Avoir une
stratégie de 40 ans, ce n'est vraiment pas bousculer les gens.
M. Ciaccia: ...l'emploi d'une stratégie de 40 ans cela
veut dire que, vraiment, ce n'est pas absolument nécessaire
d'éliminer
l'interfinancement par catégories d'usagers. Dans 40 ans, il y en
a certains en cette Chambre qui ne seront plus ici - ne me regardez pas - ce
n'est pas une nécessité pour éliminer... Si vous dites que
c'est une stratégie sur 40 ans, beaucoup de choses peuvent arriver d'ici
à 40 ans, pour les retrouver 40 ans plus tard.
M. Coulombe: Si on ne le fait pas, la tendance s'élargira
sur la même période et cela va créer d'autres types de
problèmes. Si on le fait, on peut le faire lentement, mais si on ne le
fait pas, ça va se détériorer lentement aussi.
M. Ciaccia: D'accord. Je vais laisser M. Boivin faire sa
présentation.
M. Boivin: En fait, il y aurait peut-être lieu de faire un
bref rappel des principes de la politique tarifaire qu'on a
déposée, l'an dernier, et dont le premier principe indiquait, en
fait, qu'on avait l'intention de maintenir l'uniformisation territoriale des
prix et de traiter de la même façon les clients qui
présentent des caractéristiques de consommation semblables.
J'insiste là-dessus parce qu'il y en a qui ont interprété,
quand on parle de réduire l'interfinancement, qu'on voulait laisser
tomber la politique d'uniformité territoriale des prix. Cette politique
était à la base de la création d'Hydro-Québec et de
la nationalisation de l'électricité en 1962 afin d'uniformiser
par catégories de clients. Par exemple, que tous les clients domestiques
du Québec paient le même tarif.
Notre objectif ne va pas à l'encontre de ce principe et il est
clairement indiqué dans notre politique tarifaire. On disait, comme
deuxième principe, qu'il nous fallait refléter autant que
possible et graduellement dans la tarification les coûts de fourniture
associés aux différents produits livrés aux
différentes catégories de consommateurs. Comme l'a dit M.
Coulombe tantôt, quand on dit autant que possible et graduellement, le
"graduellement" se traduirait, si le rythme qu'on propose aujourd'hui pour 1987
devait se maintenir dans l'avenir, par une période de 40 ans.
On parlait ensuite de faciliter l'application et la compréhension
des tarifs et de prendre en considération les modes d'opération
des clients. Dans ce qu'on propose, aujourd'hui, on n'a pas changé
d'orientation par rapport à notre politique tarifaire
déposée l'an dernier. Quand on parle d'interfinancement, il y
aurait peut-être lieu de revenir à la diapositive no 30 qu'on
avait hier. On voit, dans cette diapositive, que le rendement global
généré par les clients à qui on vend notre
énergie régulière au Québec est de 11,4 % alors
que, chez nos clients au tarif domestique, il est de 1,9 % présente-
ment versus près de 30 % pour les clients des petites et moyennes
entreprises. Quand on indique que notre objectif est de réduire
l'interfinancement, je ne pense pas qu'on ait exprimé clairement que
l'objectif était que tout le monde, nécessairement, devait,
à long terme, générer exactement le même taux de
rendement, soit l'objectif ultime de 13 %.
On vous a donné, dans la dernière ligne du bas, à
titre indicatif, les montants d'interfinancement qui sont alimentés du
côté domestique, soit 220 000 000 $ si le client domestique devait
générer le même taux de rendement. On n'a pas fixé
cet objectif pour le moment en nous disant que, comme l'a dit M. Coulombe,
comme on parle d'un horizon d'une quarantaine d'années, ce serait
peut-être un débat prématuré, aujourd'hui, de tenter
de dire que l'objectif ultime est un taux de rendement absolument uniforme
parce que, effectivement, il peut y avoir de bonnes discussions avec de bons
fondements à savoir si la clientèle domestique devrait
générer exactement le même taux de rendement que la
clientèle d'usage qénéral. Je serais porté à
dire: Peut-être pas nécessairement compte tenu que les risques
associés à la clientèle résidentielle sont
probablement moins grands que ceux associés à la clientèle
industrielle.
On sait que notre volume de vente annuel peut varier de façon
assez importante selon les cycles économiques. Il est peut-être
logique de penser que, dans 15, 20 ou 30 ans, quand on approchera de l'objectif
d'uniformisation, il y aura lieu d'avoir une bonne discussion et
d'établir une politique à savoir si c'est 13 % pour tout le monde
ou si cela devrait être 14,5 % pour les clients d'usage
général et 11 %, par exemple, pour les clients
résidentiels pour obtenir une moyenne de 13 %. Mais on n'est pas
allé jusque-là à ce stade-ci dans le sens que le moment
où cette question va se poser est tellement lointain que cela ne
vaudrait probablement pas la peine de débattre la question
aujourd'hui.
On remarque qu'il y a quand même un écart très
important entre 1,9 % et 30 % chez nos clients des petites et moyennes
entreprises. On pourrait peut-être reqarder rapidement la diapositive no
32 pour voir, en pratique, comment se traduit, pour des petits clients,
l'écart dans la facture mensuelle. On a ici une comparaison pour des
clients qui font une utilisation identique. Dans le secteur résidentiel,
un client qui a une consommation de 1000 kilowattheures par mois paie 42,20 $.
Un client commercial qui consomme également 1000 kilowattheures par mois
- le même type de produit, à peu près le même patron
de consommation, et également alimenté en basse tension sur notre
réseau de distribution - nous paie 61,20 $ par mois, soit 45 % de plus
pour le même produit. C'est là qu'on dit qu'on croit que
l'écart de l'interfinancement est tellement grand qu'il faut
effectivement amorcer un redressement. On voit également l'écart
qui est de 40 %, soit de 81,30 $ par mois à 114 $ par mois pour un
client qui consomme 2000 kilowattheures par mois.
Au niveau de l'historique, i! est peut-être bon de se rappeler
très rapidement - je demanderais la diapositive no 34 - ce qui s'est
passé dans les années passées. Ce qu'on demande
aujourd'hui sous une forme claire et précise et à partir de
coûts qui sont bien établis, c'est quelque chose qu'on avait
amorcé. Mais dans les années soixante-dix, comme nos
études de coûts n'étaient pas complètement à
point, on l'a fait sans tenter de l'instaurer en politique. Ce graphique
arc-en-ciel indique simplement l'historique des hausses de tarifs dans chacune
des catégories de clientèles que nous avons pour les
années 1975 à 1986. Vous remarquerez qu'au cours des
dernières années, de 1983 à 1986 - en fait, en 1983 et en
1986 - il n'y a eu aucune différenciation. En 1984 et en 1985, il y en
avait eu une très légère. Si on va à des
années antérieures, en 1982 par exemple, le bâtonnet vert
que j'ai ici indique le montant de la hausse de tarifs que nous avions eue au
domestique en relation avec ce que nous avions appliqué chez le petit
client commercial et industriel équivalent. Donc, il y a eu une hausse
plus forte au domestique.
Si vous regardez cela, à peu près à tous les ans au
cours des derniers huit ou neuf ans, à l'exception des années
1983 et 1986, nous avons effectué de fait un redressement. Ce
redressement a été très important, notamment chez nos
grands clients industriels. La raison pour laquelle nos grands clients
industriels font leurs frais aujourd'hui et génèrent un taux de
rendement à peu près équivalent au taux moyen, c'est parce
qu'au cours des années 1978 à 1982 nous avons appliqué des
hausses de tarifs importantes. Cela va aller pour les diapositives.
J'aimerais également, à ce stade-ci, faire remarquer que
nous ne sommes pas la seule entreprise au Canada à proposer des
redressements dans sa tarification. On pourrait en parler longuement dans des
secteurs autres que l'électricité, notamment dans le domaine des
télécommunications. À titre d'exemple, si on prend la
dernière hausse tarifaire que Gaz Métropolitain a fait approuver
par la Régie de l'électricité et du gaz - et la
régie insiste normalement de façon très importante pour
limiter l'interfinancement - on s'aperçoit que les clients domestiques
du gaz ont subi en octobre 1986 une hausse de 2,5 % alors que chez les clients
industriels, selon leur grosseur, cette hausse était de l'ordre de 0.6 %
à 2,2 % et chez les clients commerciaux, de 1,33 %. Si on allait dans le
détail de l'argumentation, on s'apercevrait effectivement que dans la
partie des frais du distributeur lui-même - parce que dans le cas du gaz
il y a une très forte partie des frais qui proviennent de l'achat et du
transport par Trans-Canada PipeLines dans les frais
générés par Gaz Métropolitain lui-même, il y
avait des écarts de l'ordre de 10 % qui ont conduit, une fois
intégrés dans l'ensemble, aux hausses que je viens de vous
mentionner.
On se rend également compte, si on regarde ce qui se passe
présentement dans les autres provinces canadiennes, par exemple,
qu'Hydro-Ontario, en janvier dernier, a décrété une hausse
de tarifs moyenne de 5,5 %, dont 5,6 % aux clients résidentiels, donc,
une hausse plus forte du côté des clients résidentiels. Si
on allait à Saskatchewan Power, en février dernier, une hausse de
tarifs a été décrétée de 7 % en moyenne.
Cette hausse se traduisait par une hausse de 9,5 % chez les clients
domestiques, soit 2,5 % de plus que la hausse moyenne.
Du côté du Manitoba, même chose, une hausse moyenne
de 5 % qui viendra en avril prochain et qui se traduira par une hausse de 5,2 %
chez les clients résidentiels. On remarque donc partout une tendance
à redresser la situation des grilles tarifaires. (17 h 30)
J'aimerais mentionner un dernier argument. Dans notre structure globale
de coûts présentement à Hydro-Québec, on a
mentionné, à plusieurs reprises, le programme
d'amélioration de la qualité du service et des investissements de
l'ordre de 1 000 000 000 % qu'on a faits, dont 300 000 000 $ en distribution.
Ces investissements changent un peu la répartition de nos coûts
entre la production, le transport et la distribution. L'augmentation de nos
coûts de distribution présentement, donc des coûts de
fourniture à nos clients résidentiels, est plus rapide que celle
pour nos grands clients qu'on alimente directement du réseau de
transport. Fondamentalement, avec la différenciation qu'on propose cette
année - comme on l'indiquait, cela prendrait 40 ans à ce rythme -
on marque un peu le pas. On évite au moins qu'il y ait la
détérioration - appelons plutôt cela, d'une façon
positive, une augmentation de l'écart -qu'on connaît
présentement entre nos coûts de fourniture et nos tarifs au
secteur résidentiel par rapport aux secteurs commercial et
industriel.
Cela résume, je pense, l'argumentation. On pourrait parler de
l'importance du signal de prix à long terme dans l'économie,
etc., mais je vous fais grâce de cette partie-là, compte tenu du
temps qu'il nous reste.
M. Ciaccia: M. Coulombe, M. Boivin, d'après les tableaux
que vous nous avez montrés, il semble y avoir un problème
dans
les écarts pour le petit utilisateur du tarif G. Ce serait le
petit dépanneur, le petit utilisateur commercial. Au lieu de la
politique que vous suggérez maintenant, avez-vous envisagé une
politique où vous pourriez avoir des changements ou faire quelque chose
dans l'approche pour les petits utilisateurs du tarif G?
M. Boivin: C'est-à-dire que rien ne se perd, rien ne se
crée. Nous avons des besoins de revenus qui sont indiqués; par
exemple dans le cadre financier, on prévoit des revenus de 5 000 000 000
$ l'an prochain. Effectivement, si on voulait corriger la situation, cela
voudrait dire, comme on pouvait le voir facilement, des hausses très
importantes de tarifs du côté domestique et des baisses de tarifs
du côté de l'usage général. Je pense qu'on ne peut
pas le faire rapidement et d'une façon draconienne. Cela fait partie
également des objectifs qu'on a énoncés très
clairement. On veut éviter des chocs à l'avenir. Donc, si on veut
les éviter à l'avenir, je pense qu'on serait malvenu d'en
créer un immédiatement en haussant, d'une façon
très importante, les tarifs du secteur domestique et en baissant les
tarifs à l'usage général. On envisage plutôt un
redressement graduel de nos grilles tarifaires. À titre d'exemple, cette
année on vous propose une hausse de 4,9 % au secteur domestique par
rapport à une moyenne de 4,6 %, mais nos petits clients d'usage
général, ce sont eux qui auraient la hausse la plus faible, soit
4,3 %. Donc, un léger redressement dans le sens où on veut
aller.
M. Ciaccia: Quel pourcentage peuvent représenter les
petits utilisateurs du tarif G? Le tarif D représente approximativement
40 %. Le tarif G représente combien?
M. Boivin: M. le ministre, nous avons à la page 9 du
mémoire tarifaire un tableau qui répartit justement les ventes
d'électricité en térawattheures, ou en énergie, en
pourcentage. On s'aperçoit que le secteur domestique consomme 37,6 % de
notre énergie au Québec; le secteur de la petite puissance, donc
les petits utilisateurs dont vous faites mention, 9,5 %; la moyenne puissance,
100 à 5000 kilowatts, 15,7 %; et la grande puissance, 21 %. Donc, les
petits utilisateurs que vous mentionnez représentent 9.5 % de nos ventes
régulières au Québec.
M. Ciaccia: Le montant additionnel de 4.6 % à 4,9 %
représente combien en chiffre global?
M. Coulombe: 6 000 000 $.
M. Ciaccia: Six? 6 000 000 $.
M. Coulombe: Au secteur résidentiel.
M. Ciaccia: Oui, oui. Au secteur résidentiel.
M. Coulombe: À raison de 0,28 $ par mois, cela en prend
plusieurs pour faire 6 000 000 $.
M. Ciaccia: Cela n'est pas un chiffre qui va vraiment faire une
grosse différence en termes de performance financière
d'Hydro-Québec.
M. Coulombe: Non. Comme on vous l'a dit tantôt, l'argument
fondamental, ce n'est pas la question des revenus d'Hydro-Québec en
1987, c'est toute la problématique dont M. Boivin vous a parlé
tantôt. Ce n'est certainement pas 6 000 000 $ qui vont faire la
différence dans les revenus de 5 000 000 000 $.
M. Ciaccia: Est-ce que ces 6 000 000 $ peuvent affecter, toutes
autres choses restant les mêmes, les dividendes prévus en...?
M. Coulombe: Ils vont les affecter de 30 000 000 $ en moins.
M. Ciaccia: Cela veut dire que, si nous n'accordons pas, cette
année, ce montant additionnel aux usagers domestiques, le tarif D, cela
veut dire que le gouvernement va avoir 30 000 000 $ de moins de dividendes en
1989.
M. Boivin: C'est-à-dire que si la hausse de tarif est
accordée à... On vous demande une hausse moyenne de 6,6 %... de
4,6 %. Excusez-moi.
M. Ciaccia: C'est ce que vous vouliez faire, mais...
M. Boivin: Un heureux lapsus. C'est peut-être ce qu'on
aurait dû demander comme tarif domestique. On vous demande une hausse
moyenne de 4,6 %. Or, si la hausse moyenne est accordée, elle est
accordée de façon uniforme à toute la clientèle.
Effectivement, on va quand même aller chercher une augmentation de 4,6 %
et on va aller chercher les mêmes revenus.
M. Ciaccia: Alors, cela n'affectera pas le dividende.
M. Coulombe: Non. C'est exact. Si la hausse de 4,6 % est uniforme
partout, cela ne change rien.
M. Ciaccia: Si c'est uniforme, 4,6 %. Alors, pour avoir...
M. Coulombe: Si on garde la même structure, sauf au
domestique, là, c'est
6 000 000 $.
M. Ciaccia: Mais, pour avoir un dividende de 30 000 000 $ de
moins, quel scénario... Vous avez donné un chiffre de...
M. Boivin: Ce serait dans le scénario où vous
accordez des hausses de 4,3 %, 4,4 % et 4,5 % pour les autres catégories
de clientèle et 4,6 % au domestique, au lieu de 4,9 %.
M. Coulombe: Ce qui ferait une hausse moyenne de...
M. Boivin: Ce qui ferait une hausse moyenne de 4,4 %.
M. Coulombe: Une hausse de 4,3 %, 4,4 %.
M. Boivin: 4,4 %, 4,5 %. M. Ciaccia: Cela va.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Roberval.
M. Gauthier: M. le Président, est-ce que je peux ou
non?
Le Président (M. Charbonneau):
Maintenant, je pense que vous pouvez.
M. Gauthier: Je remercie le ministre de me laisser 20
minutes...
M. Ciaccia: ...de temps que vous aviez l'année
dernière.
Motion proposant de recommander
le rejet de la proposition tarifaire
d'Hydro-Québec
M. Gauthier: Je remercie le ministre de nous permettre de
déposer cette motion. J'en ferai une explication rapide, compte tenu du
fait qu'il est 17 h 40. Je n'ai pas l'intention de faire une très longue
plaidoirie à ce sujet.
M. Cannon: M. le Président, sur une question de
règlement, une directive tout au moins. J'aimerais savoir si la motion
est recevable puisque mon collègue de Roberval semble commencer en
disant: Voici la motion, je viens de la déposer, mais j'aimerais
l'expliquer.
Comme membres de la commission, bien sûr, nous avons tous eu
l'occasion de lire ses propos. De vous, j'aimerais savoir si vous
considérez cette motion comme recevable. Si vous la jugez recevable,
j'aimerais vous éclairer pour que vous jugiez qu'elle est irrecevable.
Mon collègue de Roberval, bien sûr, va faire de même en
apportant ses commentaires pour que vous le jugiez recevable.
Le Président (M. Charbonneau): Je m'attendais bien, d'une
part, à une éventuelle motion et, d'autre part, à des
discussions sur la recevabilité. Vous comprendrez que j'ai
demandé qu'on me prépare en conséquence. Je vais vous dire
que je ne pense pas, à ce moment-ci, que je vais entendre
d'argumentation sur la recevabilité, ni d'un côté ni de
l'autre, étant donné que c'est moi-même qui, l'an dernier,
ai rendu une décision sur une motion semblable.
J'avais même pris la peine, l'an dernier, dans la décision
que j'ai rendue le 27 mars, de corriger la motion qui avait été
présentée pour qu'elle puisse être plus recevable en regard
de l'interprétation qu'on devait faire du règlement parce qu'il y
avait deux articles en cause, l'article 192 et l'article 176. Ces
décisions ont été d'ailleurs à ce point,
semble-t-il, jugées intéressantes, sinon pertinentes et valables
qu'on les retrouve au Recueil des décisions concernant la
procédure parlementaire. Vous m'en voyez très honoré.
En conséquence, je vais vous dire, dès maintenant, que la
motion est recevable, notamment parce que, contrairement à celle de l'an
dernier, elle ne crée pas de problème à l'égard de
l'article 192, je crois, et qu'elle utilise le terme "souhaite" plutôt
que "recommande". Dans la mesure où elle utilise ce vocabulaire, je dois
vous dire que je ne vois pas beaucoup d'arguments qui m'empêcheraient de
la déclarer irrecevable. D'autant plus aussi qu'à l'article 192,
on dit: "Cette règle ne s'applique pas à une motion n'exprimant
qu'une idée générale ou une opinion sur les
matières énumérées ci-dessus." Je vous dirai
d'ailleurs qu'à ce moment-ci, si on veut être un peu raisonnable -
le temps qu'il nous reste, de toute façon, étant fort
limité - je ne vois pas tellement bien quelle serait l'utilité de
continuer longtemps sur une question de procédure.
De toute façon, il est évident que la motion, même
si elle est recevable, sera difficilement mise aux voix étant
donné que chaque membre de la commission, normalement, selon le
règlement, a le droit de s'exprimer sur la motion. Ce n'est pas parce
que la motion serait recevable qu'automatiquement, à 18 heures, le
président la mettrait aux voix. C'est évident qu'à ce
moment-ci la motion ne pourra pas être ou va, d'une certaine
façon, tomber d'elle-même. Je pense qu'il y a deux choses qu'on
doit distinguer: le sort de la motion et la recevabilité de la motion.
À ce moment-ci, la motion est recevable. Je vais permettre au
député de Roberval de l'expliquer, de la justifier, mais je ne
pense
pas qu'on puisse dépasser 18 heures étant donné que
l'ordre de la Chambre est impératif. Donc, la motion tombera
d'elle-même. Je pense que les uns et les autres auront eu les effets
voulus.
M. Cannon: Juste pour compléter, M. le Président,
parce que je ne veux pas abuser, évidemment, compte tenu de la
décision que vous avez prise...
Le Président (M. Charbonneau): Vous connaissant, je ne me
méfie pas encore de vous.
M. Cannon: Cependant, je suis très heureux de constater
que votre décision rendue le 27 mars de l'an passé fait
maintenant partie des pratiques et des coutumes de cette auguste
Assemblée. Je trouve regrettable, par contre, que vous vous priviez
d'arguments qui pourraient probablement éclairer et qui pourraient
mettre à l'épreuve même cette décision que vous avez
rendue. Il me semble que c'est tout à fait normal qu'annuellement on
puisse contester ou reprendre quelques arguments qui ont été
rendus. Je me souviens que, l'an passé, nous n'avions pas trop eu
à débattre cette question. J'aimerais très rapidement
évidemment, je ne veux pas en abuser -invoquer l'article 146 et
l'article 179, paragraphe 3. Et je sais que mon collègue... Je pense
que, finalement, on a des arguments.
Le Président (M. Charbonneau): Je comprends, mais M. le
député...
M. Cannon: Je crois aussi que c'est la première fois, M.
le Président, que vous interdisez - en tout cas, depuis le temps que je
siège à vos côtés - aux membres gouvernementaux et
même aux membres de l'Opposition de se faire valoir sur une question
aussi importante que la recevabilité d'une motion...
Le Président (M. Charbonneau): L'objectif de la commission
n'est pas de permettre aux députés de se faire valoir....
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Charbonneau): ...mais plutôt de
permettre aux membres de la commission d'entendre les gens
d'Hydro-Québec et d'apprécier au mérite la proposition
tarifaire. L'an dernier, certains députés avaient eu l'occasion
de se faire valoir en termes de procédure et de nous expliquer comment
ils avaient rapidement appris les techniques parlementaires. Je crois que
depuis ce temps-là vous êtes un de ceux ayant rapidement appris un
certain nombre de choses, mais je ne pense pas que je vais vous donner
l'occasion aujourd'hui de nous indiquer, de nous prouver comment vous avez
été un habile élève à l'égard de
l'apprentissage de la procédure parlementaire. La décision que je
rends est conforme à la décision que j'ai rendue l'an dernier
qui, elle-même, avait fait suite à un débat, à deux
suspensions et à toutes sortes de choses. Donc, il nous reste quinze
minutes. Je pense que le député de Roberval aura droit à
ses dix minutes et cela vous permettra même de répliquer aux
arquments qui sont présentés par le député de
Roberval.
M. Ciaccia: M. le Président, sans faire de
procédure, je voudrais porter à votre attention que le
deuxième alinéa de la motion, à moins que le
député ne veuille l'amender: "que le gouvernement y substitue une
majoration inférieure ou égale à l'inflation...". Je ne
crois pas que c'est légal parce que la seule chose que le gouvernement
peut faire, c'est accepter ou rejeter la proposition d'Hydro-Québec.
Cela veut dire que si le gouvernement ne l'accepte pas, Hydro-Québec
doit retourner à son conseil d'administration et présenter une
autre proposition tarifaire. Je ne crois pas qu'on puisse substituer une
décision gouvernementale à la proposition d'Hydro-Québec.
(17 h 45)
Le Président (M. Charbonneau): Vous, vous êtes un
habile procédurier et un vieux parlementaire.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Gauthier: M. le Président, M. le
Président...
M. Ciaccia: Je ne veux pas faire de procédure, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): Non, non. Je crois, M. le
ministre, qu'effectivement le premier alinéa de la proposition du
député de Roberval est acceptable, c'est-à-dire: "souhaite
que le gouvernement rejette la proposition tarifaire". Vous posez le
problème: "que le gouvernement y substitue une majoration
inférieure ou égale à l'inflation prévue pour
1986". Là, il faudrait savoir si effectivement, selon le
règlement, cette partie-là est recevable. Le troisième
élément de la motion, c'est que la hausse tarifaire soit uniforme
pour l'ensemble des usagers. J'interprète cela comme un souhait,
également. Je crois qu'à sa face même les
éléments un et trois de la motion du député de
Roberval sont recevables. D'autre part...
M. Gauthier: M. le Président, je voudrais alléger
votre problème. Permettez-moi de m'exprimer à ce stade-ci. J'ai
remarqué - et c'est vrai - que le ministre est un habile
procédurier. C'est un homme à
qui j'ai reconnu toujours toutes ces qualités. J'aimerais
cependant qu'il ait la même habileté pour protéger le petit
consommateur québécois.
M. Ciaccia: Absolument.
M. Gauthier: Je voudrais simplement dire qu'étant
donné l'heure, vous le savez bien et les membres du gouvernement le
savent également, ce débat de procédure, malgré mes
bonnes intentions du début de présenter cette motion suffisamment
rapidement pour qu'on puisse la débattre, n'aura pas porté
fruits. Manifestement, on ne veut pas discuter du principe même qui est
défendu par cette motion, que l'Opposition voulait défendre par
cette motion.
C'est vrai, M. le Président, qu'en ce qui concerne la formulation
nous avons peut-être fait, disons-le, une erreur. Nous aurions
peut-être dû la formuler autrement. Ce qui est important, c'est
l'intention de l'Opposition, l'intention de présenter une motion et que
cette commission puisse demander au gouvernement... Je pense que cela se fait.
On a fait le travail assez sérieusement depuis deux jours. Notre
intention était de demander au gouvernement - on voulait l'aider - de
suggérer cela à Hydro-Québec. Ils s'appellent souvent, le
ministre l'a dit. Il n'y a pas de politique écrite, mais il appelle
souvent chez Hydro et il explique ses affaires. On voulait que le ministre
indique à Hydro-Québec l'intention gouvernementale d'avoir une
hausse égale à l'inflation ou inférieure à
l'inflation compte tenu que les paramètres économiques nous
indiquent clairement que la situation financière est bonne et que les
coussins sont nombreux et substantiels. Il ne nous apparaît pas, à
ce moment-ci, qu'une hausse, même pas très importante, parce que
la différence qu'on exige n'est pas très importante... Il y a
là une question de principe que nous voulions tout simplement
défendre compte tenu de ces éléments. Manifestement, la
partie ministérielle ne veut pas nous permettre de faire ces
recommandations de façon formelle au gouvernement. II sera quand
même inscrit dans le procès-verbal que nous avions cette
intention. Nous voulions défendre ces principes. À cet
égard, disons que la procédure nous aura empêchés de
le faire. Les choses sont ce qu'elles sont, tout de même.
Retrait de la motion
Compte tenu de l'heure et pour être réaliste, je retirerai
tout simplement la motion, mais en tenant compte du fait que - je sais que cela
va être inscrit dans les galées de la commission - l'Opposition
partait d'une excellente intention pour suggérer au gouvernement, a ta
lumière des études qu'on avait faites, une façon
d'indiquer à Hydro-Québec que nous voulions protéger le
petit consommateur québécois. Ce n'était pas plus malin
que cela. Je pense que le ministre en prend bonne note. J'ose croire qu'il y
donnera suite dans ses discussions avec ses collègues et qu'il pourra
transmettre notre point de vue de parlementaires à ses collègues.
Nous acceptons les choses telles qu'elles sont.
Je sais que le ministre, tout comme je voudrais le faire, voudrait
peut-être remercier les gens d'Hydro-Québec. Je voudrais garder un
peu de temps pour cela. Si le ministre préfère que je le fasse
tout de suite et qu'il le fasse après ou vice versa...
M. Ciaccia: J'apprécie le geste que vous venez de poser en
ce sens que vous retirez votre motion parce que certains éléments
nous apparaissent, certainement le deuxième alinéa, comme quelque
chose de pas tout à fait recevable. Je comprends votre
préoccupation de vouloir protéger le petit consommateur; vous
avez souligné ce point. À plusieurs reprises devant la
commission, vous avez donné des arguments pour maintenir les tarifs le
plus bas possible et aussi pour les maintenir uniformes pour tous les usagers.
Je pense que vous avez fait valoir votre point. J'apprécie le geste que
vous avez posé de la retirer et d'éviter un débat de
procédure devant nos invités. Je crois que notre temps sera mieux
utilisé maintenant pour faire les remarques usuelles de la fin et pour
remercier les membres d'Hydro-Québec.
Le Président (M. Charbonneau): Je voudrais simplement
vous indiquez que, néanmoins, pour l'utilité du
député de Roberval et pour l'ensemble des membres de la
commission, je vais faire faire des vérifications et,
éventuellement, je vous en donnerai le résultat dans une autre
séance. Je dois vous dire, M. le ministre, que je continue de penser que
la motion pourrait être recevable, étant donné que...
Une voix: Cela ne se peut pas!
M. Gauthier: M. le Président, vous écrirez dans le
code après cette séance, je vous prie. On vient de s'entendre, M.
le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Comme il ne reste pas grand
temps, je vous expliquerai une autre fois pourquoi je pense que la motion est
recevable, néanmoins.
Une voix: En séance de travail.
Le Président (M. Charbonneau): Cela dit, est-ce que vous
vous êtes entendus sur celui qui va prendre la parole le premier et
le dernier?
M. Gauthier: D'accord.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Roberval.
Conclusions M. Michel Gauthier
M. Gauthier: Je remercie le ministre de me permettre de
présenter mes remerciements aux gens d'Hydro-Québec, à M.
le président du conseil, à M. le président-directeur
général et également à tous les cadres
supérieurs d'Hydro-Québec. D'abord, je les remercie de
s'être déplacés et d'avoir été patients face
à cette commission parlementaire un peu longue, c'est vrai, laquelle,
à certains égards, demande un exercice de patience et d'attention
un peu spécial, on en convient. Pour notre formation politique, les
parlementaires ont été impressionnés par la
qualité, particulièrement cette année, de la documentation
qui nous a été fournie. Je vous rappelle que, si les dates de
commission avaient coïncidé, on aurait préféré
avoir un peu plus de temps pour gratter tout ce matériel. La
qualité et la richesse des informations qu'on y trouve sont tout
à l'honneur de l'équipe de direction et du personnel
professionnel et technique d'Hydro-Québec qui ont mis, je pense, toutes
leurs énergies à préparer ces choses. Nous les utiliserons
en cours d'année, bien sûr.
Mes remerciements vont à tous ces gens, à toute
l'équipe, même à ceux qui ne sont pas ici et qui ont
contribué à une telle chose. Mes remerciements s'adressent
également à l'équipe de direction supérieure, ceux
et celles qui ont répondu à nos questions avec le souci ' de
donner aux parlementaires cette qualité d'information nécessaire
et qui est un principe. Hydro-Québec est la fierté des
Québécois; c'est une énorme société
d'État et c'est agréable pour des parlementaires et des citoyens
de savoir que les parlementaires peuvent encore poser des questions sur les
orientations, exprimer des points de vue, même s'ils sont divergents de
ceux exprimés dans les documents. C'est notre travail et j'ose croire
que nous aurons encore l'occasion, dans les prochaines années, de
travailler sur des choses aussi bien faites.
En terminant, je voudrais inviter M. Coulombe, même si nous
n'avons pas eu l'occasion d'en parler beaucoup - j'aurais aimé le faire,
cependant - étant donné que le 8 mars est la journée
internationale de la femme... J'aurais aimé poser des questions sur la
politique d'intégration des femmes et d'accession des femmes aux postes
de direction supérieure d'Hydro-Québec. C'est déjà
entrepris, on vous en félicite. On voudrait aussi que vous fassiez un
effort particulier, au cours de cette année, pour faire en sorte que les
femmes puissent accéder à des métiers non traditionnels.
Il y a, à Hydro-Québec, de ces métiers. Nous
souhaiterions, pour notre part, même si on n'a pas pu vous poser de
questions sur l'efficacité des programmes que vous avez mis de l'avant,
que vous mettiez toutes les énergies, dans le cours de la prochaine
année, pour que les femmes puissent prendre véritablement leur
place dans tous ces métiers non traditionnels. Ce serait à
l'honneur d'Hydro-Québec.
J'espère avoir l'occasion, l'an prochain, si je suis encore ici,
de vous poser des questions et je souhaite que votre performance fasse rougir
d'envie d'autres sociétés d'État et des entreprises dans
le secteur privé. Je vous remercie infiniment de tout ce travail, de ces
discussions intéressantes que nous avons eues au cours des derniers
jours.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le
député de Roberval. M. le ministre.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Premièrement,
je voudrais remercier mes collègues de la commission parlementaire de
leur participation et leur collaboration. Je veux surtout remercier les membres
de l'Opposition qui, je crois, ont eu une approche très positive en ce
qui concerne la présentation par Hydro-Québec de son plan de
développement. La qualité des questions a été assez
remarquable et on a tenté d'obtenir le plus de renseignements possible
sur l'orientation d'Hydro-Québec et les raisons pour lesquelles elle
posait certains gestes et les conséquences de ses politiques.
Je veux remercier les fonctionnaires du ministère pour tous les
documents préparés. Ce n'est pas toujours ordonné, c'est
ma faute, mais tous ces documents, ce n'est pas moi qui les prépare,
c'est le ministère qui me fournit toutes les informations et je veux
remercier les personnes qui ont participé de leur collaboration. Je veux
remercier HydroQuébec aussi, comme on l'a déjà
mentionné, pour la qualité de sa présentation, pour la
qualité de la documentation et pour la pertinence de ses
réponses. J'ai surtout remarqué une préoccupation
d'Hydro-Québec non seulement pour les questions strictement
économiques, comme la gestion de l'offre et de la demande, la gestion
financière d'Hydro-Québec pour avoir une santé
financière, mais aussi sa préoccupation pour les questions
environnementales. Je suis persuadé que cela va continuer à
être une des grandes préoccupations d'Hydro-Québec dans les
mois et les années à venir.
Je crois que cette présentation a été très
positive. Les questions et les réponses
ont éclairé non seulement les membres de la commission,
mais ont apporté des informations essentielles à la population en
ce qui concerne l'orientation d'Hydro-Québec, son souci de s'engager et
d'être consciente de l'importance du développement
économique non seulement en ce qui concerne ses travaux à elle,
mais en ce qui concerne aussi l'attrait de sa politique pour des
investissements au Québec. Je suis confiant que, dans les mois et les
années à venir, nous allons pouvoir bénéficier de
l'ensemble des conséquences du plan de développement et que cela
va être un atout et un apport important pour l'entière population
du Québec. Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le ministre.
Personnellement et au nom des membres de la commission, je voudrais profiter de
l'occasion, M. Coulombe, pour vous remercier ainsi que vos collègues, de
l'accueil que vous nous avez accordé lors de notre visite à la
Baie James l'été dernier, ainsi que de la collaboration que les
membres d'Hydro-Québec nous ont accordée lorsque nous avons
rencontré les parlementaires américains à Boston et
à Montréal plus récemment. Je crois qu'à ces trois
occasions les membres de la commission ont pu avantageusement discuter avec
beaucoup de liberté avec les dirigeants d'Hydro-Québec qui
étaient présents ou avec des cadres de différents niveaux.
Je pense que les membres de la commission ont tous apprécié les
contacts qu'ils ont eus avec les gens d'Hydro-Québec.
Sur ce, je vous remercie. J'imagine que la prochaine, ce sera sans doute
l'an prochain. Les travaux de la commission sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 17 h 59)