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(Onze heures quarante-quatre minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Je déclare ouverte la commission parlementaire de
l'économie et du travail qui se réunit afin de procéder
à l'étude détaillée du projet de loi 119, Loi
modifiant la Loi sur les relations du travail dans l'industrie de la
construction.
M. le secrétaire, je vous demanderais d'annoncer les
remplacements des membres de la commission, s'il vous plaît.
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. M.
Gobé (Lafontaine) est remplacé par M. Lemire (Saint-Maurice). M.
Lefebvre (Frontenac) est remplacé par M. Bélisle
(Mille-Îles) et M. Paré (Shefford) est remplacé par Mme
Juneau (Johnson).
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
secrétaire. Je désire premièrement faire une mise au point
concernant la fin de nos travaux d'hier soir. En effet, considérant les
dispositions du règlement, je tiens à mentionner qu'il n'y avait
qu'une seule motion devant la commission au moment de l'ajournement d'hier,
soit celle du député de Joliette. Cette motion se lisait comme
suit: "Que cette commission débute l'étude
détaillée du projet de loi 119, Loi modifiant la Loi sur les
relations du travail dans l'industrie de la construction, en commençant
tout d'abord par l'article 61." Lors de l'ajournement, la commission discutait
de la recevabilité de cette motion.
Ce matin, je suis maintenant prête à rendre ma
décision concernant la recevabilité de cette motion. La motion du
député de Joliette est irrecevable. En effet, l'article 564 du
code Geoffrion stipule que les articles d'un projet de loi doivent être
étudiés selon l'ordre dans lequel ils apparaissent au projet de
loi. Toutefois, de consentement, une commission peut modifier l'ordre
d'étude des articles d'un projet de loi. Or, dans le présent cas,
le parti ministériel semble refuser son consentement, ce qui a
entraîné d'ailleurs la présentation de la motion par le
député de Joliette. Cette motion est de plus
prématurée car il est nécessaire de procéder
à l'étude et à l'adoption des articles du projet de loi
pour conclure à la nécessité de modifier l'article 61 qui
concerne la date d'entrée en vigueur de la loi. Est-ce qu'il y a
d'autres motions?
Oui, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Je vais demander au ministre s'il me permet
quelques questions avant de faire une motion.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Un nombre limité, Mme la
Présidente.
M. Chevrette: Oui, deux petites questions.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord.
La Présidente (Mme Bélanger): Une question et non
pas une motion.
M. Chevrette: Est-ce que le ministre accepterait de travailler
par bloc? Par exemple, de travailler sur la constitution de la commission et,
ensuite, de travailler sur le moratoire.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À moins que je ne me
trompe, il y a quelques articles au début qui traitent du titre et,
ensuite, à l'article 2, on tombe dans la constitution de la commission.
Les articles qui suivent sont des articles de constitution. On les traite
automatiquement par bloc, car ils apparaissent tels quels. Vous pouvez
peut-être me demander d'inverser car, après avoir traité de
la composition, de la fonction et des pouvoirs de la commission, on traite de
la formation. Après cela, on traite des articles de contingentement et
de réémission des cartes.
Il y a peut-être possibilité de s'entendre sur des
inversements, si cela vous apparaît prioritaire, mais les modifications
dans la loi, je vous le soumets respectueusement, sont déjà par
bloc.
M. Chevrette: Je vous donne un exemple.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Chevrette: Si vous tenez à travailler article par
article, prenons l'exemple des définitions.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Laquelle?Excusez-moi.
M. Chevrette: Pas les définitions. Je vous donne un
exemple: la commission. Je peux bien commencer à discuter à
savoir si l'on garde l'OCQ ou si l'on garde la commission mais...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Chevrette: ...je pense que le noeud du problème, c'est
beaucoup plus la composition, si l'on se fie aux audiences publiques qu'on a
tenues.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, et les pouvoirs.
M. Chevrette: Et les pouvoirs de la commission, exactement. La
constitution et les pouvoirs de la commission.
Si le ministre me dit qu'on peut attendre» par exemple, sur le
titre de la loi, on verra si on change la composition de l'office ou non
après, ou si on met la dimension... Si je prends le mémoire de la
CSD, on y donne une définition beaucoup plus précise de ce qu'est
la formation. II se pourrait que, dans le titre de la loi, à ce
moment-là, j'ajoute la dimension recyclage. Mais, c'est selon votre
volonté. Si vous me dites non, on commencera article par article. Cela
ne me dérange pas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, M. le député.
Je vais vous l'indiquer clairement. On est déjà allé au
devant de vos plus grands désirs. Le titre de la loi modifié tel
qu'on le suggère se lirait la Loi sur les relations du travail et la
formation professionnelle dans l'industrie de la construction. Ce serait le
nouveau titre pour inclure vraiment, dans son appellation, la double vocation,
si je peux utiliser l'expression, ou la vocation à double volet du
projet de loi. Je ne pense pas que cela amène à discuter et c'est
par bloc. Il y a une suite logique.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Dernière petite question. Est-ce que le
ministre accepterait prioritairement de parler du moratoire?
Une voix: Les députés ne sont pas couverts par la
CSST.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai l'impression qu'à la
suite de la journée d'hier j'ai encore besoin d'être convaincu
qu'on n'est pas - je ne fais pas d'accusation et je ne prête d'intention
à personne - embarqués dans une procédure qu'on appelle
communément, en jargon parlementaire, et qui est tout à fait
légitime et prévue par nos règlements, ce sont les droits
de parole utilisés par les parlementaires. Je voudrais être
convaincu de cela. Il y a un bon moment pour s'en convaincre, c'est lorsqu'on
va discuter du nom de la commission, du titre du projet de loi. Ce sont de
petits articles qui nous permettent de dénoter une attitude, un
comportement, etc. C'est tout à fait légitime. Je le dis et je ne
m'inscris pas en faux contre le comportement de l'Opposition. Mais à
partir de ce moment, lorsqu'on aura passé l'étape de la
commission comme telle, est-ce qu'on choisira d'en venir à la formation
professionnelle? Là, je vous fais une ouverture. Est-ce qu'on parlera du
chapitre qui concerne la formation professionnelle et sur lequel il n'y aura
pas de moratoire, soit dit en passant...
M. Chevrette: Non. D'ailleurs, on ne vous en a pas demandé
là-dessus.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...ou est-ce qu'on passera
directement aux dispositions diverses et transitoires sur lesquelles les
parties se sont prononcées généralement pour le moratoire?
Car il y a moyen d'inverser cela. Je garde une ouverture, on verra comment cela
ira dans le premier chapitre. Je ne veux pas faire cela pour faire des
pressions indues - je vous le dis en termes parlementaires - sur les membres de
l'Assemblée nationale qui, en vertu de notre règlement, ont des
droits de parole qu'ils utilisent à cette commission.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'il y a
encore des motions ou si j'appelle l'article 1?
M. Chevrette: Quant à nous, Mme la Présidente, on a
fait une seule motion jusqu'ici. Elle est amendée mais c'est une seule
motion,
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Une seule recevable.
M. Chevrette: Une seule que vous avez jugée recevable et
dont on a discuté, oui. Je proposerais que l'on passe maintenant
à l'article 1, Mme la Présidente.
Étude détaillée
La Présidente (Mme Bélanger): Article l? M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente. Il
s'agit tout simplement de proposer un titre ou de changer le titre du projet de
loi. Le nouveau titre se lirait la Loi sur les relations du travail et la
formation professionnelle dans l'industrie de
la construction. Le titre proposé reflète, à notre
avis, l'introduction du volet de la formation professionnelle dans ce projet de
loi en lieu et place de la Loi sur la formation et la qualification
professionnelles de la main-d'oeuvre, quant à l'industrie de la
construction. Le titre reflète également, comme je viens de
l'indiquer, les deux mandats que les parties généreront par
l'intermédiaire de la Commission de la construction du
Québec.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Verchères.
Motion proposant de modifier le titre de la
loi
M. Charbonneau: À ce stade-ci, on aurait une proposition
d'amendement pour que ce soit plus conforme à la réalité
du projet de loi, finalement. Vous pourriez l'accepter. On proposerait que Je
titre qui est Loi modifiant la Loi sur les relations du travail dans
l'industrie de la construction soit modifié en remplaçant le
deuxième alinéa par le suivant: "Loi sur les relations de
travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans
l'industrie de la construction."
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement est
recevable.
M. Charbonneau: Merci, Mme la Présidente. Quel est le
temps imparti au droit de parole? C'est 20 minutes, je crois.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, 20 minutes.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: Bon. C'est ça. Je veux le savoir pour ne
pas être obligé de... Cela va aussi dépendre dans quelle
mesure le ministre va se montrer réceptif. C'est à deux niveaux,
la collaboration.
Je crois que la proposition que l'on formule ce matin est plus
cohérente et elle ferait en sorte qu'on aurait un titre plus conforme
à la réalité du projet de loi, parce que ce projet de loi
n'est pas uniquement un projet de loi sur les relations du travail. D'ailleurs,
à mon avis, même le titre précédent n'était
pas correct. Le titre était Loi sur les relations du travail dans
l'industrie de la construction, alors qu'on y parlait de la gestion de la
main-d'oeuvre. Quand on parle du placement dans l'industrie de la construction,
ce n'est pas uniquement un problème de relations du travail, c'est un
problème de politique de la main-d'oeuvre, de gestion d'un bassin de
main-d'oeuvre et de gestion d'un bassin de main-d'oeuvre particulier.
Maintenant, on ajoute Loi sur les relations du travail et la formation
professionnelle dans l'industrie de la construction. Nous ne sommes pas contre
cet ajout mais nous pensons qu'il y a un autre ajout, qui devrait se faire et
qui devrait rendre le titre du projet de loi plus cohérent. Pour les
législateurs, dans la mesure où on est plus conscient qu'il y a
une espèce de portée pédagogique dans le vocabulaire qu'on
utilise, il est important que le vocabulaire cerne bien les
réalités qu'il prétend expliciter. Or, si nous avons un
projet de loi qui dans son titre passe sous silence une partie importante de sa
réalité et de ses conséquences, finalement on ne fait pas
oeuvre utile dans la mesure où le titre devrait normalement très
bien cerner en peu de mots le contenu du projet de loi.
Le titre d'un projet de loi, c'est un peu comme le titre d'un article de
journal. Si nous avions eu l'occasion d'en parler avec le ministre de
l'Éducation, il aurait pu l'expliquer au ministre du Travail. En termes
journalistiques, Mme la Présidente, le titre, c'est un peu le "lead".
Autrement dit, dans la nouvelle, il y a une espèce de premier paragraphe
qui résume l'essentiel de l'élément nouveau qui fait
l'objet du développement de l'argumentation par la suite ou des propos
ou des écrits qui se retrouvent à la suite de ce premier
paragraphe. Le titre, généralement quand c'est bien fait, vient,
en peu de mots, identifier aux lecteurs le contenu, à la fois de la
nouvelle et de l'information en général. Alors, on vous rappelle
bien amicalement que le projet de loi comportait déjà une faille
à notre point de vue. C'est l'occasion ou jamais de corriger cette
faille. Quant à la corriger, corrigeons-la complètement et
correctement. Comme je l'indiquais, en lisant Loi sur les relations du travail
dans l'industrie de la construction, on a l'impression que c'est finalement et
uniquement une loi qui concerne les rapports entre les syndicats et les
patrons, et les relations qui existent entre ces deux forces
économiques. C'est une loi qui concerne les mécanismes de
relation pour délimiter les conventions collectives ou les
décrets, donc régir les conditions du travail et finalement
encadrer d'une certaine façon les mécanismes, les ententes et les
éléments contractuels qui peuvent lier une partie patronale et
une partie ouvrière ou syndicale. C'est évident que le ministre
lui-même reconnaît que c'est une loi qui dépasse ce cadre.
Les amendements apportés introduisent l'élément de
formation professionnelle dans l'industrie de la construction. Je crois que
cela correspond aux ajouts et aux précisions qu'apporte le projet de loi
à l'égard de cette dimension importante.
Il y a une troisième dimension qu'il ne faut pas négliger,
c'est toute la question de la main-d'oeuvre. D'ailleurs, on retrouve dans
le projet de loi, entre autres, au chapitre sur la formation
professionnelle, des références au ministre de la Main-d'Oeuvre
et de la Sécurité du revenu et pas uniquement au ministre du
Travail. À cet égard, il y a la réalité de la
main-d'oeuvre qui doit être présente. Elle l'est dans le projet de
loi, mais cette réalité doit se refléter également
dans le titre. C'est pour cela que l'amendement que nous proposons, c'est
d'ajouter aux deux éléments que le ministre propose. Le ministre
propose un ajout et nous en proposons un deuxième. Les trois ajouts
qu'on retrouverait dans le titre en feraient peut-être un titre un peu
long, mais souvent on utilise le numéro. Nous n'avons qu'à penser
à la loi. Nous n'avons même plus besoin de parler de la Charte de
la langue française. Les gens savent que la loi 101 porte sur la
question linguistique. Le projet de loi 119 est en voie de devenir et va
devenir au cours des prochaines années la loi 119. Pour les gens qui
seront dans l'industrie de la construction, cela va vouloir dire ce que cela va
vouloir dire, mais éventuellement pour les gens qui vont se
référer à la loi 119, en présumant que celle-ci
soit adoptée éventuellement d'ici deux semaines ou plus tard, je
crois qu'il est normal que les législateurs s'intéressent
à la justesse du vocabulaire utilisé. À plusieurs
endroits, cependant, lorsqu'on se réfère au ministère de
la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, d'une part, et
lorsqu'on se réfère aux articles qui concernent le
contingentement de la main-d'oeuvre et qui concernent les mécanismes
d'accès à l'industrie de la construction, on n'est plus dans les
relations du travail uniquement. On est aussi dans une dynamique et une
problématique de gestion de la main-d'oeuvre. Ce n'est pas un hasard si,
jusqu'à maintenant, le regroupement du ministère du Travail et du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
sous le chapeau d'un même ministre n'a pas donné lieu, à
moins que je ne me trompe, à la fusion des deux ministères. (12
heures)
Quand on était au pouvoir, on avait fait la division entre le
ministère du Travail et le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu parce que les questions sont
différentes. Souvent, dans le public, on est trop porté à
associer toutes les questions de main-d'oeuvre et, d'une certaine façon,
les faire passer sous le tapis ou au second ordre parce qu'on met tout le
"focus" sur la dimension des relations du travail. Les problèmes que vit
l'industrie de la construction ne sont pas uniquement des problèmes de
relations du travail, ce sont des problèmes de formation
professionnelle, ce sont aussi des problèmes de gestion et
d'organisation de la main-d'oeuvre, d'accès d'une partie de la
main-d'oeuvre à une industrie et, donc, des mécanismes pour
gérer le mouvement, les déplacements, la formation et la
répartition de la main-d'oeuvre. Ce sont exactement des
réalités et des actions qu'on retrouve, Mme la Présidente,
dans l'expression, dans le vocable "gestion de la main-d'oeuvre",
Ai-je besoin de plaider plus longtemps, Mme la Présidente? Je ne
le sais pas. Si le ministre nous donnait des indications précises de ses
intentions, peut-être que cela nous limiterait dans notre volonté
de le convaincre, mais il ne semble pas puisque je n'ai aucun signe à ce
moment-ci qu'on a bien compris le message; je vais donc être
obligé de continuer de plaider.
Mme Juneau: L'étoile de Bethléem.
M. Charbonneau: Mme la Présidente, je siège
à l'Assemblée nationale depuis dix ans. J'ai souvent eu à
déplorer publiquement ou privément les problèmes de
vocabulaire. Le vocabulaire qu'on utilise crée des problèmes de
compréhension et de cohérence et ne rend pas service.
Déjà, la technique législative est compliquée;
déjà, il est difficile de lire un projet de loi;
déjà il est difficile de comprendre la portée d'un projet
de loi. Pour résoudre ce genre de problème, il y a
différentes façons, mais l'une des façons les plus
simples, les plus adéquates, c'est que le vocabulaire qu'on utilise pour
identifier et décrire la portée d'un projet de loi dise
exactement ce qu'on veut qu'il dise et ce que le projet de loi dit surtout. Je
ne verrais pas en vertu de quelle logique on refuserait cet amendement alors
que, finalement, ce qu'on fait, c'est qu'on précise la portée du
projet de loi. Quelqu'un qui n'aurait pas suivi les débats autour de ce
projet de loi et à qui, dans un an ou deux, parce qu'il serait un nouvel
entrepreneur, un nouvel employé dans l'industrie de la construction ou
encore parce qu'il serait un nouveau fonctionnaire dans un service qui
concernerait l'application directe ou indirecte de ce projet de loi, on
présenterait ce projet de loi, déjà, en lisant le titre,
il saurait de quoi on parle. Il saurait que, dans ce projet de loi qu'on lui
présente et auquel il doit faire référence, on parle de
relations du travail, de la formation professionnelle et de gestion de la
main-d'oeuvre.
À notre connaissance, voilà les trois dimensions, les
trois problématiques qu'on retrouve dans ce projet de loi. À
certains égards, même si je ne suis pas un spécialiste,
j'ai l'impression que souvent des éléments de relations du
travail passent en second plan par rapport à d'autres
éléments qui sont la gestion de la main-d'oeuvre et la formation
professionnelle. Donc, nous sommes d'accord avec l'article 1. Le ministre a
raison d'introduire une modification qui rende le projet de loi plus conforme,
plus juste à l'égard du titre qu'il utilise. On se dit que si
le ministre a fait ce constat, pourquoi ne profitons-nous pas de
l'occasion pour aller jusqu'au bout du constat qui doit être fait,
c'est-à-dire que le titre du projet de loi identifie exactement les
différentes réalités qu'on retrouve dans le projet de loi
et les différents objets qui sont contenus dans ce projet de loi pour
que l'on puisse finalement faire oeuvre utile? Dans la mesure où plus
souvent qu'autrement on va, comme législateurs, accorder de l'importance
au vocabulaire qu'on utilise, on va éviter des confusions inutiles, on
va éviter des incompréhensions et on va éviter aussi des
mauvaises évaluations de la portée de certains projets de loi. Je
suis convaincu qu'il y a des gens qui, actuellement, regardent de loin les
débats à l'Assemblée nationale et qui se disent: II y a un
projet de loi sur la construction. Ils ne savent pas trop. Ils ont vu qu'il y a
eu des conflits de travail cet été. En tout cas, les relations de
travail ont été pour le moins tendues au cours des derniers mois
dans l'industrie de la construction, et en particulier durant
l'été. Les gens se demandent si c'est parce qu'ils veulent faire
une autre grève: ils sont venus manifester devant le parlement.
Dans la mesure où on a projet de loi qui utilise un vocabulaire
qui permet aux gens de bien saisir la portée d'un projet de loi, le
public va être mieux informé. À certains égards,
cela va aussi permettre aux journalistes de faire un travail plus
adéquat à l'égard de l'information à donner au
public.
Je sais comment cela se passe souvent dans les salles de
rédaction. Il y a parfois des journalistes spécialisés qui
sont appelés à couvrir un secteur d'activités, un
événement ou encore à suivre l'action gouvernementale dans
un domaine particulier. II est fort possible, par exemple, que parmi les
journalistes qui suivent actuellement les travaux de notre commission il y ait
des journalistes qui aient été affectés en dernier recours
ou en dernière heure à l'étude, à
l'évaluation et au suivi de ces travaux-là. Ce sont des
journalistes qui ne connaissent peut-être pas tellement bien le secteur
de la construction et qui se demandent un peu quelle est la portée de ce
projet de loi, que dit ce projet de loi. Dans la mesure où on aurait un
projet de loi qui porterait un titre plus conforme à son contenu ou un
titre qui préciserait la portée réelle du projet de loi
qui ferait en sorte que, finalement, le vocabulaire utilisé serait
à la fois un vocabulaire exact, exhaustif et pertinent, je ne vois pas
pourquoi on pourrait s'opposer à un tel effort de vulgarisation,
d'information et d'exactitude.
J'espère sincèrement qu'on n'aura pas à recourir
à tous nos droits de parole pour amener le ministre à entendre
raison. Dans la mesure où il reconnaît qu'au fond on suit sa
logique, on le suit sur les traces qu'il a décidé de tracer,
c'est-à-dire de faire en sorte que le titre du projet de loi soit plus
conforme, on se dit alors: Allons au bout de la logique, allons au bout du
parcours qui nous est proposé et faisons en sorte qu'on ait un titre
complet, adéquat et qui traduise bien la portée et la
réalité du projet de loi.
Mme la Présidente, est-ce qu'il est nécessaire de plaider
encore longtemps? Je ne crois pas. J'imagine que les propos que je viens de
tenir sont des propos clairs, posés, positifs et qui appellent le
ministre à une certaine" collaboration. Je vais lui offrir à ce
stade-ci la possibilité de nous indiquer quel niveau de collaboration il
entend nous fournir.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Verchères. M. le ministre.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brorne-Missisquoi): Mme la Présidente, le
niveau de collaboration dont le ministre est prêt à faire preuve
est illimité dans cette commission. La loi que l'on a toujours, avant
qu'elle soit modifiée, s'intitule la Loi sur les relations du travail
dans l'industrie de la construction. Elle a un aspect qui concerne le
contingentement de la main-d'oeuvre par le biais d'heures travaillées,
par l'émission de cartes de classification, de permis de travail et les
législateurs de l'époque ont jugé le titre adéquat.
Nous ajoutons un aspect très important, réclamé
unanimement de tous les intervenants, réclamé au présent
gouvernement comme réclamé à l'ancien gouvernement en ce
qui a trait à l'aspect de la formation professionnelle, nous l'ajoutons
dans le titre. Je ne sais pas ce que vous recherchez avec l'amendement lorsque
vous souhaitez qu'on ajoute "et la gestion de la main-d'oeuvre". Si vous
recherchez un titre complet, vous manquez votre objectif. Il faudrait que vous
inscriviez "et la qestion de la main-d'oeuvre" et que vous changiez -c'est un
autre objet - le nom de CSN par CSN-Construction. Il faudrait également,
dans le titre, changer les procureurs privés par les procureurs de la
couronne, dans le cas de plaintes. Je ne sais pas quel est l'objectif que vous
recherchez. Si c'est simplement pour accélérer nos travaux,
étant donné que cela ne va pas à l'encontre de l'esprit du
projet de loi, que cela précise, en partie sans les atteindre, tous les
objectifs que vous semblez rechercher, je n'ai pas d'objection à ce que
cet amendement soit adopté. Je pourrais l'appuyer. Maintenant, quant
à la forme, on nous suggère de modifier le deuxième
alinéa au complet. Je ne sais pas si la forme vous va. Habituellement,
on suggère des modifications, d'ajouter après un mot, etc., mais
je ne veux pas en faire une question de principe. Je n'en fais pas une
question formelle, je vous le souligne. Si cela peut
accélérer nos travaux qu'on l'accepte comme cela, je suis
prêt à l'accepter comme cela.
M. Charbonneau: On peut toujours modifier une motion pour la
rendre plus conforme.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, ce n'est pas pour son rejet,
comprenez-moi bien. Ne Voyez pas un ministre mal intentionné assis
devant vous ce matin.
La Présidente (Mme Bélanger): Je pense que les deux
sont acceptables.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À ce moment
là...
M. Chevrette; Je suis d'accord avec le ministre, sauf que les
motifs qu'il impute à la motion, à mon point de vue, ne sont pas
corrects. C'est quand même sérieux.
La Présidente (Mme Bélanger): De toute
façon, elle est acceptée telle que présentée.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Au procès-verbal, Mme la Présidente,
il n'en demeure pas moins que le ministre se demande où l'on va. Ce
projet de loi ne reflète pas exclusivement la formation professionnelle.
Les parties nous ont demandé qu'il y ait de l'épuration et qu'il
y ait du contingentement. Les parties nous ont dit: II faut que ce soit un tout
et que nous soyons capables de contrôler notre industrie. C'est pour cela
qu'on parle effectivement dans le projet de loi de gestion de main-d'oeuvre.
Cela va jusque-là. Ce n'est pas seulement de s'occuper de donner un avis
au ministre de l'Éducation pour la formation, cela va bien plus loin que
cela. Quand on contrôle son industrie, on veut gérer l'ensemble de
la main-d'oeuvre comme telle. Je pense que cela a de l'importance. Si on
n'écrit que "formation professionnelle" avec le statut qu'on lui donne
dans un avis au ministre, à l'article 85.4, pour être
cohérents avec les mémoires qui nous ont été
présentés, nous prétendons que c'est beaucoup plus que
cela. Il y a une dimension nouvelle qui s'en va à l'organisme qu'on
appellera "office" ou qu'on appellera "commission", peu importe. Il y a une
dimension complètement nouvelle. On veut que l'industrie gère
l'ensemble de la politique de la main-d'oeuvre y compris la formation, y
compris le placement et y compris l'épuration du bassin. Je pense que
cela a une importance très grande d'avoir une loi qui reflète
dès le départ... C'est le ministre qui nous a obligés
à procéder article par article, parce que nous voulions lui
parler de sujets prioritaires. Par exemple, nous voulions commencer par le
moratoire. Ce n'était pas pour rien. C'était parce que les
parties nous l'avaient demandé. Le ministre préfère nous
faire commencer par les définitions. Nous devons donc, dans les
circonstances, faire nos amendements. On sait que les amendements n'ont pas
l'importance à ce stade de la définition que cela aura lorsqu'on
arrivera à la composition ou aux pouvoirs de la commission. C'est
évident, on sait tout cela. Vu que le ministre nous force à
examiner les articles 1, 2, 5, il faut faire nos travaux en fonction de cela.
Nous nous sommes préparés sur l'ensemble du projet de loi. Nous
pensons que cette motion présentée par le député de
Verchères vise expressément à avoir une véritable
vision de ce que doit être ce projet de loi. Nous ne voudrions pas qu'au
procès-verbal le ministre dise: J'accepte mais je ne sais pas pourquoi
et je ne sais pas où l'Opposition s'en va. Le ministre doit comprendre
que l'objectif fondamental de l'Opposition, c'est d'avoir un tout
cohérent et un tout qui se tienne, puisqu'on va parler ensuite
d'épuration, qu'on va parler de contingentement et qu'on va parler de
mécanismes de formation. Quand on met tout cela ensemble dans une loi
qu'il y aura une forme de contingentement, qu'il y aura un mécanisme
d'épuration et qu'il y aura des mécanismes qui donneront des
pouvoirs à un organisme face à la formation, on appelle cela une
politique de main-d'oeuvre. Dans une politique de main-d'oeuvre, il n'y a pas
seulement l'administration, il y a la gestion complète de la
main-d'oeuvre, comme telle. (12 h 15)
Je pense que vous avez eu des mémoires très
éloquents. Je pense, entre autres, au vaste consensus des parties en ce
qui regarde leurs rôles et les droits qu'elles exigent ou la
participation qu'elles exigent sur le plan de la formation professionnelle
comme telle. Il y en a même qui sont allés jusqu'au recyclage dans
leur définition de ce qu'était la gestion de la main-d'oeuvre
dans le domaine de la construction.
À mon point de vue, c'est là une façon claire et
précise de faire en sorte que notre projet de loi, dès le
départ, vise précisément à toucher à
l'ensemble des facettes et non pas à toucher à un seul aspect,
qui est la formation professionnelle, parce qu'on pourrait former à la
tonne. Il n'y a aucune gestion de main-d'oeuvre dans cela. On pourrait dire que
le ministre de l'Éducation prend avis qu'on ne veut pas trop
d'électriciens, mais il pourra en former quand même 10 000 par
année, par exemple. Cela va donner quoi en gestion de main-d'oeuvre, par
la suite, si on n'arrive pas à dire qu'il y a une gérance de la
main-d'oeuvre, comme telle?
Cela veut dire qu'à chaque année on se
retrouvera avec des bassins gonflés, parce que le ministre de
l'Éducation, la seule obligation qu'il a, c'est de recevoir des avis. On
ne fait pas...
Une voix: Cela ne fait pas des enfants forts.
M. Chevrette: On ne fait pas des enfants forts avec cela. Le
ministre pourra envoyer paître n'importe quelle centrale, n'importe quand
ou n'importe quel avis de la commission. D'autant plus - je le
répète, je l'ai dit hier, mais je pense qu'on va marteler le clou
jusqu'à ce que le ministre comprenne que dans ce projet de loi, si on
prend un article isolé, cela peut sembler bénin. Mais, quand on
regarde la composition même de l'office qui nous est
suggérée dans les articles qui suivent, le ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu a trois
représentants. Le ministre de l'Éducation en a un. Cela fait
quatre.
Automatiquement, il peut présenter, en tout temps,
l'élément principal de décision. C'est clair. À
partir de là, on envoie des avis, en plus, au ministre de
l'Éducation qui peut en faire ce qu'il veut, sans pouvoir réel de
refuser, de s'expliquer sur un avis qu'il refuserait, par exemple.
Cela m'apparaît être très faible dans le projet de
loi du ministre du Travail. Il aura beau dire qu'il s'est débattu comme
un diable dans l'eau bénite pour faire évoluer le
ministère de l'Éducation, pour le faire avancer jusqu'au point
qu'il accepte au moins de recevoir des avis, je vous dis que cela ne donne pas
grand contrôle sur l'arrivée et le départ de la
main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction. Cela ne donne pas grand
contrôle à l'office ou à. la commission sur le nombre
à former.
Personnellement, Mme la Présidente, je considère que cet
amendement est tout à fait cohérent par rapport aux amendements
qu'on va apporter par la suite, à la fois sur la composition, à
la fois sur les pouvoirs de la commission ou de l'Office de la construction et
également à la fois sur la perspective que l'on veut
dégager de ce projet de loi.
On ne veut pas que ce soit du trompe-l'oeil qui vienne farder purement
et simplement un beau discours du ministre en ce sens qu'on ouvre cela aux
jeunes et qu'on veut des gens compétents. Mais on ne se soucie pas des
répercussions. On ne se soucie pas de l'impact que pourrait avoir, par
exemple, le refus du ministre de l'Éducation d'obtempérer aux
besoins de formation et, à mon point de vue, c'est oublier toute une
dimension quand on parle de gestion de main-d'oeuvre.
Vous savez qu'en main-d'oeuvre, normalement, quand un tout est
cohérent, on ne forme pas dans des secteurs où les besoins n'y
sont pas. On en a des preuves évidentes dans la construction. Le
ministre nous donnait comme exemple à plusieurs reprises, la semaine
passée, qu'il n'y a pas de briqueteurs. Mais on a eu des années
complètes où la brique, malheureusement, était peu ou pas
utilisée dans l'industrie de la construction. Cela a été
l'ère des panneaux.
À ce moment, les écoles, par voie naturelle, en ont peu ou
pas formé. C'est évident. Mais, dans nos polyvalentes, on aurait
pu se retrouver avec une avalanche de briqueteurs. qu'arrivera-t-il si on n'a
pas le contrôle sur la formation de la main-d'oeuvre, si on n'a pas
l'autorité, un pouvoir de décision pour dire! Holà!
Arrête d'en former, on en a trop. Ou bien: Force dans telle branche car
il en manque? Qui va nous dire cela mieux que les parties en cause? II faut
absolument que ce soient les parties représentatives, les employeurs et
le monde syndical, les représentants des salariés qui nous
dictent leurs besoins, les besoins de l'industrie et qu'ils fassent en sorte
que l'on puisse véritablement en arriver à quelque chose de
cohérent, à quelque chose qui se tienne debout, à quelque
chose qui ressemble à une volonté politique, à un
début d'en arriver dans ce secteur névralgique à une
véritable politique de main-d'oeuvre où tous les aspects sont
retenus et où on peut véritablement du début à la
fin contrôler toutes les étapes dans la gestion, la
préparation, la formation et le contrôle des effectifs
nécessaires à l'industrie.
C'est là une façon, à mon point de vue, de regarder
les choses. Le ministre ne devrait pas prendre cela à la
léqère et dire: On a écrit "formation professionnelle". On
le sait qu'il a écrit "formation professionnelle", mais, avec les
pouvoirs qui y sont reliés dans les articles qui vont suivre, vous allez
voir que cela ne veut rien dire. Cela permet de faire un beau discours; cela
n'assure aucun contrôle, cela n'assure aucun contingentement logique,
cela n'assure aucun système d'épuration et cela ouvre la porte
à toutes sortes de choses, par exemple, à des gens qui vont aller
chercher des certificats de compétence ou des certificats d'apprenti ou
des certificats de manoeuvre uniquement au cas où. Il n'y a à peu
près pas de contrôle là-dessus et sur les bassins
gonflés artificiellement. On aura encore des gens... Le
député de Roberval a fait la démonstration que le ministre
lui-même pourrait entrer dans l'industrie de la construction de trois
façons différentes avec le projet de loi qu'il nous propose. Si
le ministre peut le faire, d'autres personnes vont aussi y penser dans la
société.
On discutera plus à fond de chacun des articles 32, 33 et
suivants, mais à mon point de vue, par rapport au discours qu'il a
prononcé en deuxième lecture, aux belles
envolées qu'il a faites un peu partout, il devrait au moins
être d'accord avec une véritable politique de main-d'oeuvre dans
l'industrie de la construction. Après tout, il est ministre de la
Main-d'oeuvre. Il doit se soucier un peu de la gestion de la main-d'oeuvre et
non pas exclusivement de la formation professionnelle. On peut former à
la tonne et sans avoir de cohérence sur ce qu'est une politique de
main-d'oeuvre.
Donc, le ministre, par son propre titre, par sa propre vocation ou par
les propres obligations fondamentales qu'il a vis-à-vis de la
main-d'oeuvre québécoise, devrait se soucier du tout et non pas
exclusivement d'un aspect dans une politique de main-d'oeuvre. Il doit avoir
une vision globale, cohérente et qui ne se démente pas entre le
discours et les textes qu'il nous présente. On lui fournit donc
l'occasion d'être très cohérent. On lui fournit l'occasion
de passer du verbe ou du discours au geste concret en acceptant
spontanément un amendement qui se veut tout à fait logique.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Verchères. M. le ministre.
M. Chevrette: De Joliette, madame.
La Présidente (Mme Bélanger): Je m'excuse. M. le
député de Joliette.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, je
constate qu'on s'excuse quasiment d'avoir pris l'Opposition par surprise en
commençant par l'article 1. Ils nous ont suggéré de
commencer par le dernier article. C'est une constatation bien simple
aujourd'hui.
Quant au titre du projet de loi comme tel, nos experts nous disent que
les relations du travail incluent oui, gestion de main-d'oeuvre oui,
priorité régionale; que la création d'une commission est
un aspect important dans le projet de loi également; qu'on ne peut pas
tout mettre dans le titre. Pour qu'on s'entende bien, j'avais, après
l'intervention du député de Verchères, indiqué
l'accord gouvernemental pour incorporer votre amendement au projet de loi.
J'indique à nouveau l'accord gouvernemental d'incorporer votre
amendement.
M. Chevrette: Oui, mais vous essayez de faire comprendre à
la population, en même temps que vous dites cela...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Chevrette.
Une voix: Elle est bonne celle-là.
M. Chevrette: M. Joliette de Chevrette?
Une voix: C'est seulement quand il va être mort qu'on va
appeler son comté ainsi.
M. Chevrette: Mme la Présidente, le ministre cherche
à en diminuer la portée et c'est ce qui m'enrage un peu. Le
ministre ne semble pas comprendre pourquoi. Serait-ce parce que son lit est
fait sur d'autres articles et qu'il a peur? Quand on en arrive à
l'argumentation, il dit: Oui, oui; on va l'accepter. Il me restait huit
minutes, M. le ministre; à votre grande déception!
Mme la Présidente, je disais donc que le ministre dit que les
relations du travail, cela contient la gestion de la main-d'oeuvre. Comment se
fait-il qu'il enlève même, par une loi, le seul article concernant
les relations du travail qui pouvait protéger la priorité
d'emploi des employés? Si c'est vrai que c'est laissé aux
relations du travail, pourquoi met-il des articles de loi les enlevant
nommément? Je vais laisser d'autres collègues s'exprimer
là-dessus, Mme la Présidente, parce qu'il est possible que je
revienne, selon l'humeur du ministre.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis de bonne humeur et
prêt à voter sur l'amendement.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
député de Mille-Îles, vous m'aviez demandé la
parole.
M. Bélisle: Mme la Présidente, Dieu sait que je ne
veux pas allonqer les débats de la commission et, si l'Opposition est
prête à voter sur l'amendement, je n'utiliserai pas mon droit de
parole, je le conserverai. Si quelqu'un d'autre de l'Opposition veut
intervenir, je ferai les distinctions qui s'imposent.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Mille-Îles. M. le député de
Roberval.
M. Michel Gauthier
M. Gauthier: Mme la Présidente, je veux rassurer le
ministre. Je n'ai pas l'intention de faire une intervention de vingt minutes ni
même de dix minutes. Je veux simplement indiquer au ministre que ce que
mon collègue de Joliette essayait de lui expliquer tout à l'heure
- c'est là-dessus qu'on en a, je voudrais bien qu'il comprenne cela -
c'est la désinvolture avec laquelle il traite cet amendement et
finalement ce refus implicite, au nom d'un meilleur fonctionnement de nos
travaux, ce refus, par le titre du projet de loi, de couvrir la
véritable matière qui est dans le projet de
loi. C'est d'ailleurs le reproche que je réitère à
l'endroit du ministre. Il a été fait par les centrales syndicales
et par tous ceux qui s'inquiétaient de la venue de ce projet de loi 119
devant l'Assemblée nationale. Le reproche était que le ministre
laissait de côté, dans le fond, tous les aspects importants de la
gestion de la main-d'oeuvre, toute la question du contingentement. Le ministre
a l'air de traiter un peu à la légère la question de la
formation professionnelle. Or, hier, dans toute la journée, Mme la
Présidente, l'essentiel des arguments du ministre a tourné autour
de la formation professionnelle. On a même discuté longuement de
la nécessité de faire venir ici le ministre de
l'Éducation. Cela a été accepté et j'en suis
reconnaissant au ministre parce qu'il me semble que c'est important.
Mais quand on sait qu'un projet de loi a comme élément
central toute la question de la formation de la main-d'oeuvre et que cette
formation fera foi du contingentement à l'avenir dans l'industrie de la
construction, contingentement qui est le problème majeur qui a
été soulevé par tous les intervenants qui sont venus en
commission parlementaire, je ne comprends pas la légèreté
avec laquelle le ministre traite un amendement qui propose que le projet de loi
s'appelle Loi sur les relations du travail - c'est une chose - la formation
professionnelle - c'est une autre chose - et la gestion de la main-d'oeuvre
dans l'industrie de la construction. Je ne prendrai pas plus de temps - que le
ministre se rassure - quelques minutes seulement. Mais sa façon
désintéressée de dire qu'il va finalement appuyer la
motion puisque c'est un mal nécessaire pour éviter que nos
travaux se prolongent, je trouve que c'est faire preuve de mauvaise foi. Que le
ministre parle contre la motion si elle ne lui semble pas satisfaisante ou
qu'il se dise pour et qu'il se dise prêt à l'appuyer dans l'esprit
où elle a été présentée par mon
collègue, mais qu'il ne joue pas à l'enfant martyr, Mme la
Présidente, en disant: Pour éviter que l'Opposition me
traîne de longues heures sur le sujet, je suis bien prêt à
faire adopter cet amendement qui n'est pas intéressant et qui n'est pas
important. Ou bien c'est intéressant et important et on le met dans le
projet de loi comme titre du projet de loi et on vote pour, ou bien cela n'a
pas d'intérêt et que le ministre nous le démontre. Mais
qu'il ne joue pas une espèce d'attitude à chacun des amendements
qui sera apporté, parce qu'il y en aura probablement plusieurs qui
seront apportés. Que le ministre ne joue pas à l'enfant martyr en
disant que c'était mieux de la manière que c'était
écrit, mais je suis bien prêt à faire cette concession
étant donné que je suis un bon ministre et que je ne voudrais pas
que cela prenne trop de temps et je suis tanné d'être en
commission parlementaire. Ce n'est pas une attitude de parlementaire
responsable et encore moins une attitude responsable d'un membre de
l'exécutif. Un ministre qui assume deux lourdes tâches dans ce
cabinet devrait faire preuve d'un peu plus de sérieux, de
détermination et d'intérêt pour les discussions sur les
principes fondamentaux, qui se passent ici en commission parlementaire. Je
voterai pour cet amendement, Mme la Présidente. Je souhaite que le
ministre, qui a l'air d'indiquer qu'il va voter pour cet amendement, le fasse
pour d'excellentes raisons et non pas pour se débarrasser de cette
lourde tâche que représente la commission parlementaire. (12 h
30)
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Roberval. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, quant
aux principes, nous en avons discuté longuement de jour et He nuit
à l'Assemblée nationale. Nous discutons ici des
modalités.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M, le député de La Peltrie.
M. Cannon: Comme mon collègue de Roberval, j'essaierai
d'être très bref pour indiquer évidemment, et je pense que
le ministre l'a indiqué, que, oui, nous allons appuyer cette motion, cet
amendement. Nous avons effectivement l'unanimité autour de la table, si
je ne m'abuse, à moins qu'il y ait des gens du côté de
l'Opposition qui veuillent changer d'idée et ajouter quelque chose.
Tantôt j'ai écouté avec beaucoup
d'intérêt les arguments qui étaient évoqués
par le député de Verchères et....
Une voix: Le président Charbonneau.
M. Cannon: ...président de la commission, merci, qui a dit
que le titre n'était pas conforme à la réalité. Il
faudrait que ce soit cohérent, qu'il y ait une portée
pédagogique, le titre devrait cerner le contenu du projet de loi, il
fallait ajouter des éléments, un troisième qui tienne
compte de la gestion. Je rappellerai simplement au député que je
pense que, de la façon que l'article est présenté, oui,
effectivement, quand on parle de la Loi sur les relations du travail, le terme
"relations du travail" englobe la gestion. C'est un terme dont la portée
est relativement exhaustive et qui englobe évidemment toutes les
facettes, tous les éléments de ce projet de loi. Sinon,
voyez-vous l'espèce de capharnaüm dans lequel on pourrait se
retrouver si, à chaque fois, nous étions obligés de faire
une nomenclature, à l'intérieur même d'un titre de projet
de loi, de tous les éléments qui reviennent dans ce type de
projet de loi?
Je pense, notamment, à la Loi sur la fonction publique qui
régit et qui réglemente tout ce qui touche les relations du
travail à l'intérieur de la fonction publique
québécoise. Voyez-vous tous ces éléments si nous
devions les inclure à l'intérieur du titre d'un projet de
loi?
Ici, le titre est suffisamment explicite pour déterminer quelle
est la mission de ce projet de loi. Les sous-objectifs et les objectifs qui y
sont contenus découlent normalement du titre de la mission de ce projet
de loi et, par conséquent, je pense que c'est la raison pour laquelle
nous allons appuyer cette proposition. Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de La Peltrie. M. Le ministre, non? M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, Mme la Présidente. C'est avec beaucoup
d'intérêt que je viens d'écouter l'éloquent discours
du député de La Peltrie qui est parmi ceux qui ont compris que
l'Opposition pouvait, à l'occasion, avoir des interventions
bénéfiques et constructives pour assurer que même le titre
de la loi représente ce qu'elle dit en réalité.
À partir du moment où on s'entend sur un titre qui, comme
l'a si bien expliqué le député de La Peltrie, est
très représentatif du contenu de la loi, je crois que cela nous
ouvre la possibilité d'un débat très fructifiant à
l'intérieur du projet de loi pour faire en sorte que maintenant des
articles s'appliquent au titre. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député d'Ungava. M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Mme la Présidente, j'écoute tout
le monde depuis tantôt. Bien entendu, je veux juste rappeler à mon
collègue de Roberval que le terme "gestion" dans le titre d'un projet de
loi, à ma connaissance, c'est pour cela que je posais la question
tantôt, n'existe dans aucune autre loi au Québec, dans le titre
lui-même. Je ne suis pas en désaccord avec la proposition qui est
faite, au contraire. C'est peut-être une excellente proposition que
d'ajouter ce terme, mais il faut penser que la réaction du ministre
n'est pas une réaction de légèreté par rapport au
propos et à l'amendement lui-même et au contenu de
l'amendement.
Vous avez la loi sur l'extension des décrets des conventions
collectives, vous avez la loi sur la qualification professionnelle, qui sont
deux lois qui contiennent des règles de gestion de marché en
termes de main-d'oeuvre et vous n'avez pas, dans ces titres de loi, un des buts
principaux visés par ces lois, qui sont la gestion de la main-d'oeuvre,
le contrôle de l'offre et de la demande en fonction du nombre de places
qu'on peut avoir dans une industrie.
Je pense qu'on devrait peut-être... Une petite remarque sur la
légèreté et tout le reste. Ce n'est pas une question de
légèreté, c'est une bonne idée, il s'agit qu'on
vote là-dessus et qu'on passe à un autre article. C'est vrai que
cela représente... Mais il faudrait peut-être par ailleurs
à d'autres moments corriger le titre d'autres lois. On est en train
d'établir un principe et ce principe, il faudrait peut-être le
suivre ailleurs.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Mille-Îles. M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Le titre de la loi, si cela avait été
"Relations du travail et politique de main-d'oeuvre", nous n'aurions pas
apporté une modification et dit "gestion de main-d'oeuvre". Cela, c'est
clair.
Le problème a été le suivant. C'est qu'on n'a rien
sur le contrôle de la main-d'oeuvre et les parties nous le demandent;
c'était pour refléter les consensus établis devant nous.
Quant à nous, on est heureux de voir que le gouvernement adhère
à cette position et on espère que cette adhésion à
notre position se reflétera tout au cours des amendements qui viendront
ensuite sur d'autres articles qui viennent justement cadrer avec ce qu'est la
gestion de main-d'oeuvre. Ce n'est pas pour rien qu'on le met dans le titre,
c'est parce qu'on veut être cohérent avec les amendements qu'on va
apporter.
S'il n'y a pas d'autres intervenants, je vous demanderais, Mme la
Présidente, d'appeler le vote.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article
1 tel qu'amendé est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
2. M. le ministre.
Définitions
M. Paradis (Brome-Missisquoi): "L'article 1 de cette loi est
modifié: 1 par l'insertion, après le paragraphe ,c, du suivant:
cl) "associations d'entrepreneurs": - et on les liste l'Association provinciale
des constructeurs d'habitations du Québec Inc., l'Association de la
construction de Montréal et du Québec, la
Fédération de la construction du Québec,
l'Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec,
la Corporation des maîtres électriciens du Québec et la
Corporation des maîtres mécaniciens en tuyauterie du
Québec; "2° par le remplacement du paragraphe d par le suivant: "d)
"Commission": la Commission de la construction du Québec;" "3° par
l'insertion, après le paragraphe e, du suivant: "e.1) "Comité sur
la formation": le Comité sur la formation professionnelle dans
l'industrie de la construction;" "4° par l'insertion, après le
paragraphe p, du suivant: "p.1) "occupation": une activité qui n'est pas
comprise dans un métier au sens d'un règlement adopté en
vertu du paragraphe 2° de l'article 123.1".
M. Chevrette: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: J'aurais d'abord une question au ministre du
Travail. Si ces définitions sont insérées, c'est qu'on
retrouvait exclusivement l'AECQ comme définition dans l'ancienne Loi sur
les relations du travail dans l'industrie de la construction. Est-ce que le
ministre pourrait me dire s'il sent le besoin d'inclure l'ensemble des
associations patronales? Est-ce que c'est pour fins de concordance avec son
comité sur la formation professionnelle où il les mentionne
nommément ou si c'est pour d'autres motifs?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a les fins, naturellement,
que vous venez de souligner. Il pourrait également y avoir des motifs en
ce qui concerne des membres du conseil d'administration comme tels qui
pourraient siéger et qui seraient en provenance de ces associations
d'entrepreneurs. Cela touche la composition du conseil d'administration.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Roberval. Est-ce que vous avez terminé?
M. Gauthier: Non, je vais laisser terminer mon collègue.
Il n'y a pas de problème.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Ma deuxième question dans ce cas-là
sur l'association: À supposer, M. le ministre - c'est pour cela que je
vous pose la question parce que je vais peut-être demander la suspension
de l'article - à supposer qu'on en arrive, par exemple, à la
composition de l'actuel comité mixte dans l'industrie de la
construction. Les parties comme telles ne sont pas identifiées. À
supposer, toujours, qu'on arrive au niveau du comité de formation
professionnelle et qu'on dise que le comité de formation
professionnelle, il y en aura un si le conseil d'administration de l'office ou
de la commission veut bien décider de s'en faire un. Ou bien ils
pourraient bien s'approprier cela comme fonction, eux-mêmes du conseil
d'administration. Est-ce qu'à ce moment-là cet article ne serait
pas superfétatoire aux fins juridiques?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas, entre autres, quelle que
soit la conclusion à laquelle on pourrait arriver, sur le plan de la
formation. Je présume peut-être des intentions de l'Opposition,
mais je ne pense pas que l'Opposition voudrait priver le ministre, quel qu'il
soit, d'une possibilité de consultation formelle des associations.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Cela entre dans la période des 20 minutes,
de toute façon.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, d'accord.
M. Chevrette: C'est parce que je veux voir clair
là-dedans.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, cela va. C'est un
échange. Je ne suis pas...
M. Chevrette: Si on ne leur donne pas le pouvoir réel, le
pouvoir de consulter du ministre n'est pas, en tout cas tel que je le lis dans
le projet de loi, à moins que le ministre ne me l'indique
immédiatement, je pensais que c'était uniquement pour le
comité de formation professionnelle, parce que je ne vois pas autre
chose... Bien sûr, on peut présumer que cela peut être autre
chose. Mais, comme le législateur ne parle pas pour rien dire, est-ce
que c'est exclusivement en fonction du comité de formation
professionnelle?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, il s'agit d'une
définition. On est à un article qui comprend des
définitions. On définit "association d'entrepreneurs" parce que
ce n'était pas défini dans l'ancienne loi. Ce qu'on indique,
entre autres, pour vous donner un exemple d'application pratique
relativement à la formation du conseil d'administration - cela
s'applique également à ce que vous dites - mais en ce qui a trait
à l'exemple que je vous ai donné, la commission est
composée d'un conseil d'administration de tant de membres. Les membres
sont nommés de la façon suivante: après consultation de
l'association d'employeurs, qui est l'AECQ, finalement...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît:
M. Chevrette: Je m'excuse, M. le ministre, mais je...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, après consultation de
l'association d'employeurs et on sait qui elle est. Je vous
réfère, pour la discussion, à l'article 3.2 du projet de
loi.
M. Chevrette: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a l'association d'employeurs
qui est l'AECQ et les associations d'entrepreneurs. Si je ne définis pas
les associations d'entrepreneurs dans le projet de loi, je peux peut-être
aller consulter en dehors du cadre que je fixe au ministre du Travail actuel et
au prochain. Non? Je vous le suggère bien respectueusement. Il s'agit,
là où nous en sommes, expressément d'un article de
définition. On définit ce qu'on entend, lorsqu'on les utilise
dans le projet de loi, par les termes "associations d'entrepreneurs". Je pense
qu'on s'entend sur ce que cela représente aujourd'hui au Québec.
Je les ai énumérées. Elles sont là. Ce sont les six
associations qui sont généralement reconnues par tout le
monde.
M. Chevrette: C'est parce qu'au moment où j'en ai fait la
lecture je voyais le rôle des associations d'entrepreneurs exclusivement
relié au comité de formation professionnelle prévu dans la
loi, alors que, en plus, à l'article 3.2, si je comprends bien le
ministre dans les explications qu'il vient de donner, il se donne un pouvoir de
consultation auprès des entrepreneurs. C'est pourquoi il l'insère
d'abord dans la définition et aussi en fonction du comité de
formation professionnelle, où elles sont là nommément.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans l'ancienne loi, tout ce qu'il
y avait de défini, c'était...
M. Chevrette: C'est l'AECQ.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...c'était l'AECQ. Ce qu'on
fait, c'est qu'on donne une ouverture, finalement, sur le plan des
définitions. Lorsqu'on le retrouvera n'importe où dans la loi,
lorsqu'on retrouvera l'expression "associations d'entrepreneurs", c'est
à ça que sert un article de définition, pour que l'on
s'entende sur ce que cela veut dire. Est-ce qu'il y en a deux, trois, quatre,
cinq ou six, et quelles sont-elles? C'est tout ce que cela fait au moment
où on se parle.
Maintenant, sur le fond, est-ce que l'article 3 est important? Est-ce
que les articles 4, 5 et 6 sont importants? À ce moment-là, on
pourra en discuter. Mais, si vous avez des objections sur la façon dont
nous avons défini "associations d'entrepre-neurs", je suis prêt
à les entendre.
M. Chevrette: Non. Au contraire, M. le ministre. Je vais essayer
d'expliquer pourquoi je pose ces questions. Il y a un but bien précis.
C'est que vous avez mis sur pied un comité pour réévaluer
les structures des négociations dans la construction. À partir du
fait que vous mettez sur pied un comité, il n'est pas certain que l'AECQ
soit un organisme, sans présumer de rien, qui y sera ou n'y sera pas. Je
me disais ceci: Premièrement, le ministre reconnaît implicitement
que l'AECQ n'est pas nécessairement l'association unique à
représenter, à l'Office de la construction ou à la
Commission de la construction, l'ensemble des employeurs
québécois. En fait, je trouve cela sage. Ce n'est pas une
critique négative que je veux faire. Je trouve sage que ce soient les
employeurs qui représentent particulièrement certains secteurs
précis des travaux, car ils sont sûrement plus habilités -
par exemple, prenons les constructeurs d'habitations ou encore les tuyauteurs
ou les maîtres électriciens - à donner leur point de vue
sur la formation professionnelle, à mon avis, que l'AECQ, comme
structures de relations du travail.
Je serais allé plus loin que ça, M. le ministre, dans
notre cohérence dans l'étude du projet de loi, car j'aurais
carrément mis exclusivement les associations d'entrepreneurs qui
regroupent l'ensemble des travailleurs québécois. Je me disais
qu'on retrouverait l'AECQ au chapitre des relations du travail, si le ministre
veut bien lui faire jouer un rôle. (12 h 45)
C'est le comité mixte qui reste, je le comprends. Mais il
pourrait être retouché lors de la prochaine révision. On
pourrait en arriver, dans la révision de cette même loi sur les
structures de négociations, à chambarder le rôle du
comité mixte à l'OCQ. Après les fêtes, si je
comprends bien votre logique, vous pourriez être amené, mais pas
nécessairement, à dire: Dorénavant dans la construction,
je tolérerai ou j'accepterai tes négociations sectorielles. Cela
pourrait être ainsi, et il y aurait une structure d'entrepreneurs
exclusivement pour
négocier des avantages sociaux qui, eux, touchent à
l'ensemble. Mais pour toutes les spécificités de métier,
pour toutes les conditions de travail propres à chacun des genres de
travaux à être conduits, je ne sais pas si on ne devrait pas
l'essayer un jour. D'après ce que j'ai entendu ici, et ce n'était
pas à propos des négociations, ce n'est pas le bonheur parfait
entre les "boss" non plus.
De temps en temps, on est porté à dire: Ce ne sont que les
syndicats qui se chicanent. Mais j'ai vu des lettres du 27 juin signées
unanimement, j'ai vu des consensus aux tables qui ne ressemblaient pas trop
à l'AECQ. Il faut quand même être réaliste quand on
veut étudier un projet de loi du genre. Quelquefois même cela
détonne. Quand une association qui représente environ 7000 des 15
000 membres d'un groupement dit qu'elle ne se sent même pas
représentée, il doit y avoir un fond de vérité dans
cela puisqu'elle a eu le courage de venir le dire, assise au bout d'une table.
Elle représente quasiment 50 % en effectifs, peut-être pas en
cotisants, parce que j'ai compris que les gros paient plus que les petits; mais
ce n'est pas parce qu'on a moins d'argent dans le portefeuille ou que l'on
cotise moins qu'on n'a pas un droit de parole. Quand on va devant
l'électorat, le vote du millionnaire ou du bénéficiaire
d'aide sociale c'est un vote. Je m'excuse, mais cela doit avoir de l'importance
à un moment donné dans l'étude des dossiers qu'on a
à faire. C'est pour cette raison, sachant que vous avez mis sur pied un
comité, que vous avez demandé un rapport après les
fêtes, que vous pourriez peut-être me dire si vous avez consenti
à repousser l'échéance qu'on vous avait
demandée.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est en dehors de notre sujet. Je
ne sais pas si c'est public, mais j'avais demandé qu'on tienne compte de
la période du temps des fêtes. Ce sont les fêtes pour tout
le monde: les employeurs ou les travailleurs et peut-être pour les
députés aussi.
M. Chevrette: Mme la Présidente, voici ma conclusion face
aux questions. Ce ne serait pas une mauvaise idée de faire une
commission parlementaire avec les membres de la commission pour que l'on puisse
entendre les parties lorsqu'elles auront établi de beaux consensus aux
"sous-tables". Il faudrait peut-être les revoir avant que vous
écriviez votre projet de loi cette fois-ci. Cela nous permettrait de
faire refléter ces consensus dans votre projet de loi et être
exempt d'amender un projet de loi qui, à mon point de vue, est
arrivé d'une façon prématurée ou qui n'a pas tenu
compte des consensus qui s'étaient dégagés aux tables de
travail.
Mme la Présidente, dans ce contexte-là, je
considère qu'effectivement il y a une relation, mais bien sûr que
cette relation peut être amendée par rapport au pouvoir que le
ministre leur donnait. On verra à l'article 3, etc., le mode de
composition de l'office et le mode de composition du comité si jamais on
décidait de maintenir un comité de formation professionnelle au
lieu de le laisser à la commission. On verra à ce
moment-là. Je considère que c'est un pas à ce stade-ci. En
apportant la définition c'est au moins reconnaître juridiquement
qu'il existe des parties.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Joliette. M. le député de Roberval.
M. Gauthier: Mme la Présidente, j'ai une question à
poser au ministre. Il ne faudrait pas que le ministre fasse comme si je lui
demandais de me donner sa paye, Mme la Présidente. Voici ce que je veux
savoir de la part du ministre. C'est la première occasion que j'ai de
soulever la question -puisque c'est la première fois qu'on le mentionne
- du changement de nom de l'Office de la construction du Québec par
commission, au deuxième alinéa: d) Commission de la construction
du Québec. Dans le projet de loi initial, on change l'Office de la
construction du Québec par Commission de la construction du
Québec. J'aimerais savoir les raisons de cela. Je ne sais pas si vous
préférez que je vous le demande ailleurs, mais il me semble que
c'est approprié à ce stade-ci.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pourrais y répondre tout
de suite, mais je vous réfère au projet de loi comme tel, et je
sais que vous avez également hâte d'y arriver, lorsqu'on dira:
"Est instituée la "Commission de la construction du Québec". Si
on vide le sujet tout de suite, on n'aura plus rien à se dire à
ce moment-là. Je vous suggérerais d'attendre d'arriver là
et je vous fournirai à ce moment-là toutes les explications.
Est-ce que cela va?
M. Gauthier: Non mais, écoutez!, je pose la question au
ministre; je ne sais pas si c'est compliqué d'y répondre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, mais c'est une
définition. Il faudrait que ce soit recevable. Il ne s'agit pas de
changer l'office. On définit le mot "commission" comme étant la
Commission de la construction du Québec. En tout cas, dans son essence
et dans sa substance, lorsque vous arriverez tantôt à l'article
3.2 qui se lit: "Est instituée la "Commission de la construction du
Québec", vous pourrez nous demander pourquoi on institue une commission
et qu'on n'institue pas un office,
etc.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Roberval.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous voiulez faire le
débat tout de suite, je ne veux pas vous nuire. Alors faites votre
argumentation.
M. Gauthier: Non, c'est parce que je veux simplement porter
à l'attention du ministre l'élément suivant. Je ne veux
pas faire un débat qui n'en finit plus.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaîtl
Une voix: Nommez-les.
La Présidente (Mme Bélanger): La prochaine fois, je
vais les nommer.
Mme Juneau: C'est à votre droite, madame.
M. Gauthier: Est-ce que vous me redonnez la parole, Mme la
Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Roberval.
M. Gauthier: Je vous remercie, j'étais resté
suspendu à vos lèvres.
Mme la Présidente, j'aimerais que le ministre nous donne
peut-être tout de suite les explications sur le fait suivant, d'autant
plus que je ne crois pas que ce soit très long. Si on accepte, si on
vote des articles dans lesquels on retrouve le terme "commission", et là
c'est le cas: "Commission de la construction du Québec", et que
d'aventure il nous arrivait de convaincre le ministre de changer ce nom si les
raisons ne nous apparaissaient pas valables, il faudrait revenir en
arrière à ce moment-là sur des articles déjà
approuvés. Est-ce que le ministre ne pourrait pas vider cette question
tout de suite?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Essentiellement, c'est qu'un
nouvel organisme est institué en vertu de cette loi, tel organisme
devant remplir de nouveaux mandats, notamment celui de la formation
professionnel. Par conséquent, il sera structuré
différemment.
M. Gauthier: M. le ministre, les différences de structures
au sein de l'organisme ou même des mandats modifiés,
améliorés ou complétés, est-ce que cela justifie de
changer le nom? Je vous dis bien franchement que cela ne serait pas la
première fois qu'un organisme conserve son nom et vote son mandat
modifié par le gouvernement. Est-ce que c'est si nécessaire que
cela?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous savez, les avis peuvent
être partagés. Il y a des gens qui peuvent être d'accord,
d'autres en désaccord. Les mandats sont profondément
changés - je pense que vous êtes convaincu de l'importance
qu'acquerra la formation professionnelle - entre autres lorsque le conseil
d'administration n'est plus un conseil d'administration nommé
exclusivement par le gouvernement mais qu'il devient tripartite. Cela c'est
tout à fait nouveau parce que sous l'ancienne loi le conseil
d'administration était entièrement nommé par le
gouvernement. D'ailleurs, jusqu'au mois de novembre, c'était un conseil
d'administration composé majoritairement de représentants du
gouvernement et non des parties.
Lorsqu'on chanqe le critère d'accès à l'industrie
de la construction, qui ne sera plus basé sur un permis de travail mais
sur une carte de compétence, on fait ce qu'on appelle des changements
intrinsèquement importants qui font en sorte que ces changements
méritent d'être soulignés. En plus, les gens me disent - et
ce sont des experts dans le domaine - qu'étant donné la nouvelle
structure avec les nouveaux mandats le terme "commission", sur le plan
étymologique, - je sais que vous et le député d'Ungava
serez intéressés par la question -est plus approprié au
type d'organisme qui est créé en vertu de la loi.
M. Gauthier: J'imagine que ce changement de nom amène
très certainement des opérations assez coûteuses, comme
celle de changer toutes les dénominations, les inscriptions partout, les
formulaires, etc. J'en passe. En tout cas, je vous avoue que les arguments du
ministre ne me convainquent pas que le fait qu'on change le mandat nous oblige
à chanqer le nom de l'organisme. Est-ce que le ministre est conscient
que cela entraîne des coûts importants?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'en étais tellement
conscient que l'organisme concerné qui était là avant et
qui s'appelait Office de la construction du Québec, dont la composition
du conseil était différente, dont les mandats étaient
différents, a été prévenu. J'ai demandé - je
ne sais pas si on a suivi la directive, elle était verbale -qu'on
épuise les formules, le papier à lettres, etc., de façon
à ne pas avoir de doubles coûts, comme vous le mentionnez.
M. Gauthier: Si je comprends bien, le ministre avait le
même souci que. celui que je soulève ici, sauf que la Commission
de la construction du Québec fonctionnera avec de la paperasse de
l'Office de la construction du Québec. C'est ce que vous me dites?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non. Je pense que ce n'est
pas quelque chose de nouveau comme tel. Je pense qu'à l'occasion de son
intervention le président de l'office a dit qu'il a participé aux
tables et même à la préparation du projet de loi, etc.
M. Gauthier: Ah! Il savait qu'un changement de nom s'en
venait.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'imagine qu'il ne peut le tenir
pour acquis tant que ce n'est pas adopté par l'Assemblée
nationale du Québec, car cela va se faire. Mais il y a, sur le plan
administratif, ce qu'on appelle des mesures raisonnables: tu ne commandes pas
en surplus, tu tiens tes inventaires le plus bas possible, tu gères les
deniers qui proviennent essentiellement des travailleurs, des employeurs et, en
partie très minimes au moment où l'on se parle, du gouvernement
de la façon la plus saine possible.
M. Gauthier: Merci, M. le ministre.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Pour faire suite à la question que vient de
poser le député de Roberval, je suis un peu surpris car on ne
peut isoler cette définition de l'article 3 qui traite de la Commission
de la construction, du Comité mixte de la construction, du Comité
sur la formation professionnelle dans l'industrie de la construction et de
comités administratifs.
Si on fait le lien, ces comités seront formés de la
nouvelle commission qui est définie là. Je vous avoue que je suis
un peu surpris, parce que le Parti libéral est arrivé au pouvoir
le 2 décembre dernier en préconisant la non-multiplicité
des organismes. Il propose des lois visant surtout à réduire le
nombre d'organismes, mais il institue des comités formels, alors que les
représentations qui lui ont été faites par les groupes qui
sont passés devant nous visaient beaucoup plus à nous dire ceci:
Maintenez l'office, créez votre commission si vous le voulez et si vous
tenez absolument à changer le nom, mais on trouve que l'office comme tel
ne représente pas un problème. Mais, de grâce, laissez-nous
donc le pouvoir de décider s'il y aura des comités à
l'intérieur!
Je n'ai pas senti une volonté féroce de la part des
intervenants qui ont déambulé devant nous sur...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai eu l'impression de ressentir
une double demande. Je ne sais pas si vous l'avez également ressentie.
Des gens nous ont dit! Donnez à vos comités le maximum de
pouvoirs possible aussi. On a eu une demande en deux sens, selon les parties,
et c'était partagé sur le sujet. À moins que vous puissiez
me contredire là-dessus.
M. Chevrette: Quelques groupes vous ont effectivement
demandé d'avoir plus de pouvoirs à certains comités. C'est
un fait et on se demandait à un moment donné si ce n'était
pas une demande de plusieurs commissions. Mais je pense que ce qui est ressorti
d'une façon précise et majoritaire, c'était plutôt
de leur laisser des pouvoirs assez entiers, jusqu'à créer leurs
propres comités, s'ils en voulaient bien. Cette partie m'a paru plus
évidente. Vous aurez remarqué que ce sont surtout des
corporations d'employeurs qui en ont fait la demande et une association
syndicale - si ma mémoire est fidèle et je ne cherche pas
à contredire -sur la création de structures plus formelles et
plus reconnues juridiquement. C'est venu d'un ou de deux groupes patronaux et
d'un syndicat, mais, dans l'ensemble, j'ai cru ressentir, au niveau syndical
majoritairement le besoin plus fort de former leurs propres structures. Je l'ai
très bien ressenti. Même l'AECQ, je pense, appuyait les syndicats
là-dessus.
Je ne suis pas trop surpris quand je regarde la définition qui
existait dans la loi 290, antérieurement, alors que l'AECQ était
le seul organisme patronal reconnu d'office, et qu'il était normal que
certaines associations d'entrepreneurs ou de fédérations
veuillent voir un peu... Ah! c'est fini. Je reviendrai peut-être avec une
question là-dessus. Il est 13 heures.
La Présidente (Mme Bélanger): Étant
donné qu'il est 13 heures, la commission suspend ses travaux
jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise à 15 h 15)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission de
l'économie et du travail poursuit ses travaux afin d'étudier le
projet de loi 119, Loi modifiant la Loi sur les relations du travail dans
l'industrie de la construction. Au moment de suspendre nos travaux nous
étions rendus à l'article 2 et la parole était au
député de Joliette à qui il restait sept minutes.
M. Chevrette: C'est le deuxième paragraphe sur lequel on
parlait, Mme la Présidente.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que je peux demander le
consentement du député de Joliette et porte-parole de
l'Opposition pour que l'on dépose immédiatement les amendements
de substance que nous avions annoncés? Peut-être qu'à ce
moment-
là l'Opposition pourrait en prendre connaissance et changer sa
tactique d'obstruction systématique en une opposition constructive dans
le cadre du projet de loi.
M. Chevrette: Mme la Présidente, nous allons donner notre
consentement, d'autant plus que nous allons également commenter ces
amendements et si le ministre avait des réponses plus intelligentes
à donner, on évoluerait plus vite.
La Présidente (Mme Bélanger): Ce n'est pas un
dépôt, c'est une distribution.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est une distribution, Mme la
Présidente, et j'indique immédiatement aux députés
de l'Opposition que, conformément aux engagements que nous avions pris,
il y a trois grands thèmes ou schèmes sur lesquels nous proposons
des amendements. Une série d'amendements que nous vous distribuons
présentement vise à transférer le pouvoir d'initiative en
matière réglementaire du gouvernement à la commission qui
est formée majoritairement de partenaires de l'industrie de la
construction, c'est-à-dire de représentants des employeurs et des
travailleurs. Une deuxième série d'amendements vise à
enclencher le mécanisme d'épuration des listes de travailleurs de
!a construction, ce qui fera en sorte que le renouvellement automatique ne
touchera pas 120 000 travailleurs comme actuellement, mais touchera
plutôt 90 000 travailleurs, laissant aux autres, quand même, la
possibilité de venir s'identifier pour ne pas brimer les droits acquis
des vrais travailleurs de la construction. Il y a une troisième
série de mesures qui gèle complètement l'entrée de
nouveaux travailleurs dans l'industrie de la construction en ce qui concerne
les gens qu'on appelle communément les manoeuvres et les apprentis pour
une période minimum de quatre mois à compter du 1er janvier, tout
en laissant la possibilité aux jeunes qui détiennent des
diplômes d'études secondaires de pouvoir entrer dans l'industrie
de la construction.
M. Chevrette: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, à
la suite du dépôt desdits amendements, pour donner le temps
à l'Opposition d'en prendre connaissance parce que je pense que cela
peut vraiment changer - je peux me tromper, je l'admets - mais cela peut
changer le ton de nos discussions, l'allure que ces discussions ont prise
depuis hier matin, est-ce que je peux suggérer une suspension de dix ou
quinze minutes, si vous étiez d'accord?
M. Chevrette: Mme la Présidente, nous allons accepter une
suspension, d'autant plus que nous avons nous-mêmes suggéré
au ministre hier soir d'aborder la notion de moratoire. Ils se sont fait
eux-mêmes obstruction et le fait qu'on ait les amendements en main va
nous permettre de les regarder. Si jamais cela concordait avec les amendements
que nous projetons, nous le dirons. Si jamais cela ne correspond pas aux
consensus qui se sont dégagés, nous le dirons également.
Donc, nous pourrons avoir un minimum de quinze minutes pour lire, Mme la
Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord. La
séance est suspendue.
(Suspension de la séance à 15 h 17)
(Reprise à 16 h 20)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! La commission permanente de l'économie et du
travail reprend ses travaux. Nous sommes à l'étude de l'article
2.
M. Chevrette: Mme la Présidente, si vous me permettez, je
pense que le ministre acceptera que je réagisse puisqu'il a
exposé lui-même ses amendements, durant à peine...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans la même période
de temps que j'ai prise, Mme la Présidente, pour m'exprimer, je pense
que ce serait équitable. J'ai pris environ dix minutes au maximum, cinq
à dix minutes pour ne pas...
M. Chevrette: Environ. Je ne veux pas être formel moi non
plus.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela va!
M. Chevrette: Je pense qu'on peut au moins avoir une
réaction, ce qui permettrait peut-être au ministre lui-même
de puiser du bon. Je vais terminer mon exposé par un dépôt
d'amendements dont il pourra prendre connaissance lui-même. C'est sur le
moratoire. Cela lui permettra, par la suite...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette, on vous accorde dix minutes.
M. Chevrette: Merci. Mme la Présidente, nous avons
reçu neuf amendements que nous avons étudiés dans le temps
qui nous a été imparti. Au premier abord, au premier coup d'oeil,
à la première
analyse, l'article 24, qui est déposé par le ministre,
confie, aux fins que je qualifierai de consultation, le pouvoir
réglementaire à la commission.
On se rend compte, cependant, qu'il manque des parties importantes ou au
moins un pouvoir important, c'est celui d'identifier le nombre de travailleurs
à former. Cela, à mon point de vue, c'est un manque majeur
actuellement dans ce pouvoir réglementaire puisque, n'ayant pas la
possibilité d'afficher sa volonté sur la notion du quantitatif...
Je pense que c'est un manque auquel il nous faudra remédier par un
amendement bien précis.
Deuxièmement, je remarque cependant à l'article 122, et
c'est peut-être intéressant à l'article 123.2, que le
ministre, en donnant l'illusion qu'il vient de confier les pouvoirs de
règlement aux parties... Il faudrait peut-être rapidement voir ce
que dit l'article 123.2: "Un règlement de la commission visé
à l'article 123.1 est soumis à l'approbation du gouvernement qui
peut alors le modifier." Le deuxième paragraphe est aussi fort
important: "À défaut pour la commission d'adopter un
règlement visé à l'article 123.1 dans un délai que
le gouvernement juge raisonnable, ce dernier peut adopter lui-même ce
règlement".
Donc, c'est le ministre qui fixe le délai, c'est le ministre qui
consulte et c'est le ministre qui décide d'approuver ou c'est lui qui
peut décider de modifier. C'est une simple illusion de pouvoir qu'on
confie à la Commission de la construction du Québec.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...sur votre temps, si vous me le
permettez, juste pour vous rappeler les interventions qu'on a eues avec les
gens qui sont venus nous rencontrer la semaine dernière. Chaque fois que
quelqu'un a comparu, j'avais demandé de réserver, en cas
d'impasse, parce qu'il y a une obligation que cette industrie fonctionne, un
pouvoir d'initiative. Et si vous avez une meilleure formulation pour que le
gouvernement puisse conserver un pouvoir d'initiative, que le gouvernement ne
soit pas paralysé au cas où les deux parties s'entendraient, et
je le suggère avec tout le respect que j'ai pour les parties, contre
l'intérêt commun ou contre le consommateur. À un moment
donné, cela se peut que les entrepreneurs et les travailleurs
s'entendent contre les consommateurs. Il faut conserver un pouvoir.
C'est la meilleure façon que nous avons trouvée de le
rédiger. Maintenant, si l'Opposition, tout en conservant ce pouvoir
d'initiative qui assure au gouvernement une garantie de conserver le
bien-être commun... On est ouvert à des amendements.
Une voix: Tous les intervenants étaient d'accord
là-dessus.
M. Chevrette: II y aura sans doute des amendements.
À l'article 25, il est bien évident que le pouvoir de
former les comités que vous avez là, c'est toujours conditionnel
pour nous au pouvoir qu'on voulait laisser aux parties de former leurs propres
comités. Donc, en ce qui nous concerne, on aura des amendements dans le
sens du consensus qui s'est dégagé, à mon sens, à
tout le moins majoritairement lors des audiences publiques, selon lequel
c'étaient les parties qui voulaient se garder le privilège de
former leurs propres comités, à l'exception, je vous dirai, de ce
qui regarde le comité mixte, qui, en ce qui nous concerne, n'aurait pas
d'amendement parce qu'il doit demeurer.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...pas sur votre temps encore, je
n'aimerais pas qu'on...
M. Chevrette: On est là pour clarifier les choses.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que vous dites pour le
comité mixte, est-ce que vous seriez prêt à le
répéter pour le comité consultatif en formation pour qu'il
y ait un équilibre entre... Et je vous explique pourquoi.
M. Chevrette: Pas nécessairement parce que nous, si on
vise à ce que les parties soient paritaires et décisionnelles
à la commission, on n'est pas nécessairement favorable à
la multiplication des comités à ce moment. C'est la
représentation directe dont on va parler. C'est pour cela, c'est parce
qu'on n'a pas tout le contexte de nos amendements, je comprends.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je veux peut-être vous le
présenter parce que j'ai eu des entretiens, et je le dis ouvertement, il
y a des parties qui sont ici représentées et que vous consultez,
que je consulte, etc. Il y a le conseil d'administration en haut, les deux
comités administratifs, les deux comités, si je peux utiliser
l'expression, consultatifs, sauf que le comité mixte, en fonction de
certaines parties, n'est pas consultatif, il a des pouvoirs légaux,
etc.
M. Chevrette: ...en vertu de la loi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quant au comité
administratif, j'ai des représentations dans le sens que cette
création ne devrait pas être obligatoire. Elle devrait être
discrétionnaire par le conseil d'administration.
M. Chevrette: Par le conseil. On aura des amendements dans ce
sens.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les
parties me disent de changer, "doit" par "peut".
M. Chevrette: Cela peut être la façon de
procéder.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On pourrait être satisfait.
Quant au comité mixte et au comité consultatif, cela devrait
être une obligation pour s'assurer que les deux missions qui sont
confiées à l'organisme sont effectuées. Je vous donne cela
spontanément.
M. Chevrette: Oui. La raison pour laquelle je ne suis pas
allé dans le type d'arguments que vous proposez - cela peut être
une façon de régler finalement - c'est que cela dépend de
comment nous voyons la composition. C'est parce qu'on voit la composition
même du conseil d'administration différemment du projet de loi.
C'est pourquoi je n'embarquais pas dans les technicités.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela va,
M. Chevrette: À l'article 32, l'épuration de deux
ans nous paraît quelque chose d'intéressant à regarder. On
doit vous dire tout de suite qu'aux articles 32, 33 et suivants, il faudrait
ajouter partout - on va le faire par des amendements - au moins la notion
d'accident et de maladie comme preuve. Il faudrait l'ajouter à toutes
les catégories de travailleurs. Ou bien il y a des omissions, mais,
à notre avis, on ne retrouve pas cette possibilité pour le
travailleur de faire la preuve de l'accident et de la maladie dans les
catégories de travailleurs.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...sur le coeur.
M. Chevrette: Peut-être. Ensuite, ce qui est
peut-être intéressant à regarder maintenant, c'est la
façon dont le ministre épure. Dans un premier paragraphe des
articles 32 et 33, le ministre dit dans un premier temps: On épure pour
ceux qui n'ont pas travaillé une heure pendant les deux dernières
années et, dans le deuxième paragraphe, les mêmes gars
"épurés" peuvent revenir. C'est cocasse dans les articles 32 et
33. II épure dans le premier et il donne la permission, dans le
deuxième, à ces mêmes gars de revenir. Il va falloir qu'on
nous explique le mécanisme. Comment peut-on épurer dans un
premier temps et, dans un deuxième temps, permettre au même
salarié, parce qu'on dit que celui qui détient une carte il peut
avoir une carte de compétence ou un carnet d'apprenti, ne pas avoir
travaillé une seule heure au cours des deux dernières
années; le deuxième paragraphe permet à celui ou à
tous ceux qui détiennent une carte ou un carnet de revenir.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous permettez, je pourrais
vous donner une piste de réflexion. La réflexion par laquelle
nous sommes nous-mêmes passés, si cela peut
accélérer le débat, nous avions l'intention
d'épurer complètement et de dire: Les autres reprendront le
processus comme tout nouvel inscrit dans le processus. Ce sera le
critère de compétence qui s'appliquera avec les mêmes
critères. Sauf qu'au niveau des contentieux du ministère du
Travail et du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, on nous indique qu'à partir du moment
où un organisme gouvernemental, ministère, etc., a reconnu sur le
plan juridique la compétence d'un individu dans un domaine
d'activités - on parle de la construction, mais cela pourrait être
tout autre domaine ...
M. Chevrette: Mais je pense, M. le ministre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, je vous parle d'un argument
juridique. Vous le vérifierez auprès de vos conseillers
juridiques au Parti québécois. Si on enlève ce droit
à une personne, on touche à des droits acquis et l'article ne
résisterait pas devant les tribunaux.
M. Chevrette: Mais, M. le ministre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce qu'on fait, dans un premier
temps, c'est qu'on dit que, pour les travailleurs qui ont inscrit une heure en
1985 et 1986, ce sont les deux grosses années dans la construction, on
ne peut pas s'y opposer parce qu'ils sont qualifiés et
classifiés. Il n'y a aucun problème. Ceux qui sont
qualifiés et que l'on cherche, c'est bizarre, mais c'est d'un chiffre
approximatif de 30 000 dont il s'agit. Je vais vous le dire. On a nos calculs.
Cela donne environ 30 000. On parlait de 40 000 la semaine dernière,
mais il y en a 10 000 d'entre eux qui sont explicables parce que ce sont des
artisans ou des employeurs qui détiennent les deux cartes et qui
travaillent sur des chantiers, etc. Mais cela tombe à 30 000 tout
à fait par hasard. On leur dit: Venez au moins vous identifier. On leur
demande: Qu'est-ce que vous avez fait au cours des années
passées? etc.
Mais si on avait une rédaction qui les excluait - et je vous le
soumets respectueusement et je suis prêt à considérer les
avis juridiques que vos conseillers pourront vous donner là-dessus - si
on les excluait à partir de critères où leur
compétence a déjà été reconnue par un
organisme gouvernemental ou un ministère du gouvernement du
Québec, sous quelque gouvernement que ce soit, on nous indique que la
théorie des droits acquis s'appliquerait et que nous pourrions
être responsables du
non-accès de cette personne et des dommages et
intérêts qui pourraient s'ensuivre.
M. Chevrette: Je pense qu'il n'y a aucun droit acquis à
travailler. Ce n'était pas un droit acquis de travailler dans la
construction.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est le droit acquis à sa
compétence.
M. Chevrette: À sa compétence, oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À partir du moment
où la compétence est le critère d'accès à
l'industrie de la construction, vous devez le reconnaître. Ce principe a
déjà été adopté par l'Assemblée
nationale.
M. Chevrette: En tout cas, on pourrait en discuter, mais,
à mon point de vue, tel que libellé, cela fait un petit peu
drôle, pour ne pas dire plus. On les sort et on leur dit: Si vous voulez
revenir, vous avez seulement ça à faire. C'est quasiment une
incitation au retour du même monde, parce que, dans le cas des compagnons
et des apprentis, quand on est pur et que l'on dit que, dès qu'on a un
certificat de compétence, un carnet d'apprenti, on peut rentrer sans
aucune garantie, d'heures, à mon point de vue, on défait par le
deuxième paragraphe l'intention du premier paragraphe. (16 h 30)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vous donner l'exemple
typique. Si vous avez la solution juridique, je vous prierais de nous la
communiquer. Le cas typique serait quelqu'un qui a une carte de
compétence, un certificat de qualification émis par le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
en électricité dans la construction, parce qu'il y a ce qu'on
appelle du R-3 et du R-4, il y a l'électricité dans la
construction et l'électricité hors construction, qui l'a en
électricité dans la construction qui travaille au moment
où on se parle dans une usine et on ne permettrait pas à cette
personne de revenir sur les chantiers de construction. Légalement mes
gens me disent que nous sommes dans une impasse si on retient le critère
de la compétence quant à ces gens-là. Si vous pouvez
l'obtenir de vos conseillers juridiques, je vous fais une ouverture. C'est
l'objectif que l'on visait au début.
Nos gens nous disent que, sur le plan de la reconnaissance des droits
acquis des individus en fonction de la compétence, c'est impossible
à faire. Vous avez peut-être des ressources qu'on n'a pas au
gouvernement.
M. Chevrette: M. le ministre, je vous dirai qu'il y a du monde
très compétent dans plusieurs secteurs, et qu'il y a des moyens
de priorité à l'emploi. Ceci n'enlève pas la
compétence ou la reconnaissance juridique de la compétence du
ministère du Travail. II n'y a pas un secteur de l'activité
économique qui ne peut pas décider d'établir des
priorités d'embauche. Cela ne veut pas dire de ne pas être reconnu
comme compétent. Les universités reconnaissent annuellement des
centaines de psychologues et de pédagogues, Ils ne peuvent pas entrer
dans la profession parce qu'il n'y a pas de place.
Il n'y a rien qui empêche le secteur de la construction de limiter
le nombre de places de travail et ce n'est pas juridiquement une
hérésie d'admettre cela. Il y a un moyen par des listes
d'attente.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous avez un moyen, vous nous
le communiquez, n'est-ce pas?
M. Chevrette: On va vous proposer un moyen.
M. Paradis (Brome-Missisquoï): D'accord. Légal?
Vérifiez.
M. Chevrette: Oui, il sera sans doute légal.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On est ouvert.
M. Chevrette: Je vous dirai qu'à l'article 35, pour ce qui
est des jeunes manoeuvres, compétence et occupation, il n'y a rien de
changé. Le mot preuve est ajouté, mais quelle différence y
a-t-il entre une garantie de 500 heures et fournir une preuve? Je n'ai pas
l'impression qu'il y a quelque chose de majeur dans cet article, à moins
que vous ne nous disiez la trouvaille que vous avez faite pour dire que le
texte nouveau remplace l'ancien. On a beau le gratter...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux peut-être vous
éclairer.
M. Chevrette: On accepte toutes les miettes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que vous n'avez pas saisi,
c'est le gel pour une période minimum de quatre mois à
l'exclusion des jeunes diplômés des écoles secondaires.
M. Chevrette: C'est l'article 61.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais il y a une interrelation
entre les deux. Après les quatre mois, il y a deux possibilités
quant au fonctionnement mécanique. Le gouvernement par décret, si
la commission où les parties sont
majoritaires n'a pas établi ces critères d'entrée
basés sur la compétence, devant cette inaction a deux choix:
Appliquer les critères d'autrefois: 500 heures, etc., ou fixer
lui-même ses propres critères d'accès par la
compétence. Mais il y a un gel de quatre mois.
M. Chevrette: L'article 61, on en reparlera.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais je veux que vous compreniez
la mécanique.
M. Chevrette: C'est la notion de preuve. Vous disiez: Garantie
de 500 heures.
Là, vous pariez de preuve. Quelle est la différence?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est au bout de quatre mois.
M. Chevrette: Non, non.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Chevrette: Je m'excuse.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Regardez votre recherchiste. Il
dit oui.
M. Chevrette: Dans le texte que vous présentez, je vous
dis: Qu'est-ce que le mot preuve vient faire par rapport à la garantie
qu'il y avait avant? C'est la question que je vous pose.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quatre mois de gel.
M. Chevrette: Je sais que vos quatre mois c'est le 1er mai. J'ai
tout compris cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord. Vous vous interrogez
pour après le 1er mai? Vous voulez savoir exactement quoi? Après
le 1er mai?
M. Chevrette: La différence. Vous n'aviez pas avant: doit
fournir la preuve à la commission. C'est l'article 35.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord. Cela va. Je suis
à l'article 35. Pourquoi la preuve a-t-elle été
changée pour la garantie?
M. Chevrette: Quel est le poids du mot preuve par rapport
à la garantie?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vous fournir mon opinion.
C'est le contentieux qui a changé le mot preuve pour garantie.
M. Gauthier: Non, cela n'a pas été changé
l'un pour l'autre, M. !e ministre. Je m'excuse. On va vous le lire: "...d'une
durée d'au moins 500 heures échelonnées sur une
période d'au plus une année..." Il faut amener à ta
commission une preuve de cette garantie. Dans le projet qu'on avait, M. le
ministre, sauf erreur, on parlait d'une garantie de 500 heures d'un employeur
et là on parle de fournir la preuve d'une garantie. Quelle est la notion
de preuve?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est là que je veux vous
répondre. Si cela a été changé, c'est pour des fins
légales. Je ne vous dirai pas légaliste. Je vais vous fournir la
réponse du contentieux là-dessus. Je prends note de votre
question.
M. Gauthier: On pensait que c'était pour se rapprocher de
l'exigence qui était faite aux entrepreneurs.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, c'est une question de
s'assurer que cette garantie n'équivaut pas présentement à
ce qui se passe, les fameuses 150 heures...
M. Gauthier: Un papier.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le papier et salut, bonjour. Ce
n'est pas l'objectif que l'on recherche et j'ai demandé au contentieux
de le rédiger de façon que ce soit sérieux, même
très sérieux, J'ai même rencontré les associations
d'employeurs concernant ces 500 heures et elles m'ont dit que les
pénalités prévues leur semblaient sévères,
au moment où l'on se parle. Je leur ai répondu que, pour ceux qui
s'y conforment, c'est comme le Code de la route. Celui qui respecte la limite
de vitesse, si la pénalité est - vous me permettrez d'utiliser
une expression à l'absurde ou un exemple à l'absurde - la peine
de mort, cela ne le dérange pas.
M. Gauthier: La demande qui avait été
formulée d'avoir...
Une voix: Je ne comprends pas.
M. Chevrette: Mais, là, il va falloir que je finisse mon
affaire.
La Présidente (Mme Bélanger): Je pense que la
parole est au député de Joliette.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On m'indique spontanément,
M. le député de Joliette, que c'est pour avoir un meilleur
élément de recours. Je vous l'expliquerai techniquement avec un
avis.
M. Chevrette: D'accord. En fait, si je résume, Mme la
Présidente, je remarque qu'il n'y a pas de moratoire, dans la
présente loi,
pour les qualifier dans quelque secteur d'activité
économique qui existe présentement. Est-ce clair? Il n'y aura pas
de moratoire en ce qui regarde les jeunes diplômés tant et aussi
longtemps que... Le seul moratoire qui existe est au niveau des manoeuvres.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Et des apprentis, si vous
n'êtes pas un jeune diplômé.
M. Chevrette: Et des apprentis, oui, je le reconnais. C'est le
seul moratoire qui existe.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les deux seuls.
M. Chevrette: Plus encore, si le 1er mai les parties n'ont pas
fourni toute la substance, c'est le ministre qui décidera, seul.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vous expliquer pourquoi le
1er mai.
M. Chevrette: Est-ce que je pourrais résumer, quand
même?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais je vais vous expliquer
peut-être pourquoi le 1er mai. Janvier, février, mars et avril
sont des mois où l'activité dans le domaine de la construction
n'est pas à son plus haut niveau. En gelant cela pour les apprentis ou
pour les manoeuvres, on ne risque pas de créer de pénurie
anticipée ou réelle. On ne risque pas de ralentir
l'activité économique. Si on gèle cela pour plus
longtemps, il y a des risques importants sur le plan économique.
M. Chevrette: Mme la Présidente, je résumerais en
quelques phrases. À notre point de vue, en ce qui regarde les pouvoirs
réglementaires, cela ne reflète pas les consensus. En ce qui
regarde le moratoire, cela ne touche qu'une infime partie des demandes qui sont
faites. En ce qui regarde l'épuration, je dirai que c'est un point
positif qu'on est prêt à regarder, mais avec des propositions
d'amendement. Il faut bien comprendre que, quand on sort par en avant, on ne
rentre pas par en arrière. C'est évident. C'est malheureusement
ce que dit le projet de loi.
En ce qui regarde le moratoire comme tel, nous allons déposer cet
après-midi notre proposition à votre conseiller juridique.
Celle-ci constitue un véritable moratoire; de laisser le temps aux
parties à l'intérieur des quatre mois. D'autant plus que le
ministre dit lui-même - je trouve intéressant que le ministre ait
parlé tout au cours de mon analyse - que janvier, février, mars
et avril sont quatre mois à activités très faibles dans la
construction. Donc, si ce sont quatre mois à activités
très faibles dans la construction, cela ne pénalise pas grand
monde de faire un véritable moratoire et de s'assurer qu'on ne gonfle
pas indûment les effectifs dans quelque groupe que ce soit.
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: À partir de là, Mme la
Présidente, nous aurons des amendements très substantiels, parce
que cela nous apparaît être environ 10 % de ce à quoi on
s'attendait.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Joliette. Nous revenons à l'article ?. La parole
est à M. Chevrette.,. Pardon, à M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Je ne hais pas cela. Cela rime bien avec
Chevrette.
Des voix: Ha! Ha!
M. Chevrette: Mme la Présidente, nous en étions
à l'article 2. Il me restait sept minutes quand vous m'avez dit que je
pouvais parler. Je demande au ministre s'il est consentant, pour montrer notre
bonne volonté à travailler, à suspendre la notion de
définition du mot "commission" pour qu'on puisse aller tantôt,
quand viendra le temps, à des propositions sur la constitution
même. Est-ce qu'il accéderait à ce voeu?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je serais d'accord pour suspendre
non seulement l'article 2, car le même argument va reprendre...
M. Chevrette: II vaut pour le titre, en haut...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II vaut pour le titre... C'est
parce que je voudrais éviter qu'on perde du temps à parler de
cela. On pourrait passer immédiatement à l'article 3.2 "Est
instituée la Commission de la construction du Québec" et tomber
dans la substance. Une fois qu'on se sera entendu ou qu'on aura voté sur
la substance, si le vote est positif sur la substance en ce qui concerne 3.2,
on pourrait considérer immédiatement comme adoptés le
titre et la définition. Il me semble que cela pourrait aller
rapidement.
M. Chevrette: Exactement. Cependant, cela ne dispose pas du
paragraphe 3 de l'article 2.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le paragraphe 3 de l'article 2. Le
titre?
M. Chevrette: Le comité sur la formation: "par
l'insertion, après le paragraphe e, du suivant..." En page 1 de votre
projet de loi...
M. Paradis (Brome-Mîssisquoi): Vous avez techniquement
raison. Ce qu'on pourrait faire à ce moment-là, ce serait
"d'aller à l'article 3.2, adopter l'article 3.2 si c'est le voeu de la
commission, considérer, si 3.2 est adopté, que 2 est
adopté comme tel, revenir par la suite strictement sur ce qui
intéresse plus particulièrement l'Opposition, le Comité
sur la formation professionnelle dans l'industrie de la construction, parce que
j'ai cru dégager que sur le comité mixte il y avait un accord et
quant à la Commission de la construction comme telle il y aura gain ou
perte d'un côté comme de l'autre sur le nom.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, il est entendu
que nous suspendons l'article 2 du projet de loi 119 et l'article 3 et 3.1 pour
revenir à l'article 3.2.
M. Chevrette: Donc, nous allons au principe même de la
commission.
M. Paradis (Brame-Missisquoi): "Est instituée la
"Commission de la construction du Québec". On va au nom, si je peux
utiliser l'expression, parce que la formation vient par la suite, les pouvoirs
et les fonctions viennent également par la suite. Donc, on est sur le
nom. C'est comme un baptême.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Mme la Présidente, l'article 3.2: "Est
instituée la "Commission de la construction du Québec". Est-ce
que le ministre tient mordicus à changer le nom ou la structure qui est
quand même un symbole connu maintenant au Québec? L'Office de la
construction du Québec est un symbole qui est connu, c'est une
terminologie qui est acceptée, je pense, autant par les salariés
que par les patrons. On n'a pas eu de chicane sur les termes. Est-ce que le
ministre réagirait négativement à une formule comme "Est
institué l'Office de la construction du Québec" ou "Est maintenu
l'Office de la construction du Québec"?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas si nous n'ajoutions pas de
mandat. Pas s'il n'y avait pas des changements profonds et majeurs qui
étaient effectués. Si nous voulions présenter le
présent projet de loi comme une continuité quant au rôle et
à la composition du conseil d'administration, quant aux fonctions qui
sont dévolues à l'organisme, on pourrait tout garder: le
rôle, la fonction, la composition du conseil d'administration. On ne
pourrait que chanqer le critère d'accès au permis de travail,
à la compétence À ce moment-là, je pense qu'on
pourrait signifier à la population québécoise qu'on garde
le nom, parce que Ies changements ne toucheraient que le critère
d'accès. Étant donné tout l'aspect de la formation que
l'on souhaite, je pense, d'un côté comme de l'autre de la table,
voir s'imprégner, étant donné que l'on veut chanqer le
conseil d'administration, qui était un conseil d'administration
gouvernemental, si je peux utiliser l'expression, parce que, jusqu'au mois de
novembre, le gouvernement avait le pouvoir de nommer les cinq membres du
conseil d'administration et nommait majoritairement des fonctionnaires... C'est
avec l'arrivée du Parti libéral que les parties ont vraiment pu
occuper une place prédominante et majoritaire au conseil
d'administration. Si on veut signifier tout cela... Les gens m'indiquent que,
sur le plan gouvernemental, commission ou office, le terme qui répond le
plus exactement à ce que représente, de par sa composition et de
par ses fonctions, l'organisme, c'est le terme "commission". (16 h 45)
Si on veut s'éloigner de cette transparence et de cette
vérité, on pourra toujours présenter des arguments en sens
contraire.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Roberval.
M. Gauthier: Mme la Présidente, c'est à mes
questions que le ministre, ce matin, a répondu quand il a avancé
ces arguments, à savoir qu'il y a un changement de structures et de
vocation... Non, pas vraiment, parce que, dans le fond, la...
Une voix: ...
M. Gauthier: Non, non. La vocation comme telle n'est pas
changée, sinon que des mandats sont précisés et sont
peut-être plus développés. Il y a le mandat de la
formation...
Une voix: ...
M. Gauthier: Bien oui, d'accord, mais ce que je dis au ministre,
c'est que le mandat de l'Office de la construction du Québec a
été changé. Il a été modifié,
perfectionné et étendu. On s'entend là-dessus. Dans l'un
et l'autre cas, il y a une gestion du monde de la construction qui se fait.
Je vais le dire au ministre comme je le pense. J'ai l'impression que le
ministre est préoccupé, sans être très convaincant,
du changement de nom de l'Office de la
construction du Québec, pour une raison tout autre que celle
qu'il avance. À mon avis, le ministre est préoccupé par le
changement de nom, parce qu'il a déjà pris un engagement
électoral qui consistait à abolir l'OCQ et il est obligé
de vivre avec les discours que ses collègues, les ténors du
parti, ont faits un peu partout.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, je vais
demander une précision si le député m'y autorise. Les
engagements électoraux du Parti libéral sont contenus dans un
document qui s'appelle Maîtriser l'avenir. J'aimerais que le
député, lorsqu'il avance que c'est inscrit d'abolir l'OCQ dans
les engagements électoraux, nous cite cela à partir du programme
du Parti libéral. C'est peut-être dans le programme du Parti
québécois, je l'ignore, je ne l'ai pas lu au complet.
M. Gauthier: Le ministre a-t-il fini?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais je vous pose la
question. Est-ce vraiment dans le programme du Parti libéral?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Roberval.
M. Gauthier: Pour répondre à la question du
ministre, s'il fallait que les gens de ce parti n'aient parlé que de ce
qu'ils ont dans leur programme en campagne électorale, ce serait
déjà fort satisfaisant. J'ai bien dit que le ministre
était pris avec des discours que lui ou, plutôt, certains de ses
collègues ont tenus, à savoir qu'on abolit l'OCQ, parce l'OCQ
faisait symbole au Québec de la protection des ouvriers de la
construction et faisait symbole de l'organisme, non seulement faisait-il
symbole, mais il était en quelque sorte l'organisme qui régissait
l'entrée des travailleurs dans le monde de la construction pour
protéger ceux qui avaient déjà un droit acquis.
J'ai l'impression que le ministre tient tellement à ce changement
qui, en soi, n'est pas nécessaire... Je vais vous le dire franchement,
il n'est pas nécessaire et le ministre ne m'a pas convaincu, même
si l'on dit: II est préférable que et on souhaite, étant
donné qu'on a changé des affaires... L'Office de la construction
du Québec est principalement le symbole auquel le ministre veut
s'attaquer, comme dans son projet de loi, où il s'attaque à des
choses admises depuis longtemps dans l'industrie de la construction.
Évidemment, il va l'amoindrir par des amendements, il va faire en
sorte qu'on retrouve peut-être une certaine protection pour les
travailleurs de la construction, il va essayer de se rapprocher graduellement
des demandes qui ont été faites ici, avec le concours de
l'Opposition, d'ailleurs, qui suit le ministre à un cheveu près
en arrière pour surveiller ses moindres faits et gestes dans ce domaine.
Le ministre ne se sent pas très à l'aise, on en convient. Mais
j'ai l'impression que c'est plus contre le symbole que le ministre en a, pour
pouvoir dire... Et je vois ses collègues dans leur bureau de
comté et dans les conférences de presse régionale dire:
Enfin, le gouvernement et le ministre Paradis ont eu la tête de l'OCQ! Il
n'y a plus d'OCQ au Québec. Il y a une commission de la construction qui
va faire de la formation. Et, là, on va axer cela sur les nouveaux
rôles avec lesquels on est d'accord, il faut bien le dire, mais qui vont
tenter - cela va être plus facile, je pense -de faire voir aux citoyens
qu'on se serait approché d'une espèce de promesse officieuse ou
officielle, une promesse électorale faite par presque tous et chacun de
ces gens d'en face. L'adjoint parlementaire du ministre est, d'ailleurs, un de
ceux qui véhiculent allègrement ce concept-là dans le
décor. Mme la Présidente, on ne fera pas un plat de cela parce
que je ne veux pas bloquer systématiquement le projet de loi pour une
chose comme celle-là. Je tiens à ce qu'on sache que le ministre,
quand il change le nom de l'OCQ, s'attaque au symbole de l'OCQ, et il le fait,
à mon avis, strictement par préoccupation électorale et
pour essayer d'être un peu cohérent avec des promesses qui ont
été faites un peu vite. Le ministre s'en est aperçu en
commission parlementaire l'autre jour, quand on a entendu les parties. Des
promesses qui ont été faites un peu vite et qui ont
été un peu audacieuses par rapport aux véritables
problèmes dans l'industrie de la construction.
D'ailleurs, les amendements qu'il a déposés aujourd'hui,
qui sont, il faut bien le dire, un pas dans la bonne direction, ont tendance
à montrer que les centrales syndicales et l'Opposition ont eu un peu
raison de la résistance du ministre dans ce domaine. Voilà le
commentaire que j'avais à faire là-dessus. Le ministre ne m'a pas
convaincu, en tout cas, de la nécessité de tout ce changement,
d'enlever ce symbole qui est connu dans tout le Québec, d'enlever aux
travailleurs, dans le fond, l'OCQ qu'on connaissait bien et avec lequel on
était familier, et d'enlever surtout du langage et du discours publics
le terme d'Office de la construction du Québec ou, mieux encore, le
terme d'OCQ.
Voilà pourquoi il ne faut pas se cacher non plus les intentions
du ministre. Il ne faudrait pas que le ministre, en ayant l'air de vouloir
bonifier le projet de loi et se rapprocher de ce qu'il sait être un
minimum... S'il n'est pas.offert, les centrales syndicales vont faire tout un
plat dans le monde de la construction. Le ministre se rapproche d'un minimum,
mais veut sauver la face, à mon point de vue, et je ne voudrais
pas qu'il pense qu'on le croit angélique, qu'on pense tout
à coup que ce ministre du Travail qui, avec ses collègues,
pendant des années, a déblatéré sur l'OCQ, sur la
protection de l'emploi pour les gens de la construction... Je ne voudrais pas
qu'il croit qu'on pense aujourd'hui que tout à coup son plus grand souci
est celui de protéger cette sécurité d'emploi, cette
garantie d'emploi des gens de la construction. On ne croit pas, M, le ministre,
à vos allures angéliques. Tout ce qu'on sait, c'est que vous avez
besoin d'être cohérent avec le discours politique de vos
collègues et que surtout, ils vous ont probablement dit dans un caucus:
M. le ministre, vous êtes en train de faire en sorte que nous ne pourrons
plus sauver la face publiquement. Parce que si vous redonniez par hasard... et
si vous continuez à faire des concesssions à l'Opposition et aux
centrales syndicales, on va être encore pris avec l'OCQ dans nos bureaux
de comté; an ne pourra pas dire aux groupes de citoyens qui sont venus
nous rencontrer qu'on a fait la job à l'OCQ, qu'il y a maintenant une
nouvelle commission qui est bien différente. C'est pour cela que le
ministre veut changer le titre, mais on n'est pas dupe.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Roberval. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, je
remercie le député de Roberval pour ses commentaires
élogieux quant à mon allure.
M. Chevrette: Votre allure!
Mme Juneau: Une allure angélique.
M. Chevrette: Ah! Il y en a qui en ont, il y en a qui n'en ont
pas.
Mme Juneau: C'est parce qu'il est au paradis!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je n'ai pas parlé du
député de Roberval.
Une voix: C'est parce qu'il doit être voisin du
comté de la députée de Johnson.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! Qui prend la parole?
M. Chevrette: Mme la Présidente, on va faire plaisir au
ministre. On va accepter la motion 3.2.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 3.2 de
l'article 3 est-il adopté?
Une voix: Adopté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne veux présumer de
rien, est-il exact que, je ne dirais pas automatiquement, mais
parallèlement...
M, Chevrette: On dispose de 2,2°.
M. Paradis (Brome-Missisquoi); Est-ce qu'on avait disposé
de 2,1°?
M. Chevrette: On avait disposé de 2,1°.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce qu'on revient à 2
s'il reste des questions sur 2?
M. Chevrette: Non. Le comité de formation va revenir
ailleurs.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord, Ça va. On
retourne donc au titre. Tout ce qui est avant le titre est adopté, plus
3.2 qui est adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant!
M. Gauthier: M. le ministre, n'allez pas plus vite que la
présidente. Parce qu'elle va devoir reprendre ses fonctions.
Une voix: Ses fonctions?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que mon allure est trop
rapide?
La Présidente (Mme Bélanger): Très rapide.
M. le ministre, vous voulez maintenant revenir à l'article 2?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je tiens à m'assurer, pour
qu'on se comprenne bien, que le titre est adopté, l'article 1 et
l'article 2 sont adoptés.
M. Chevrette: Un instant!
Une voix: Le titre, on adopte cela à la fin.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela n'avait pas
été...
M. Chevrette: À l'article 2, il y a des choses en suspens,
M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Alors, qu'on revienne à
l'article 2 qui a été suspendu.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 2 est
suspendu.
M. Chevrette: On avait dit qu'il y avait l'article 2,1 qui ne
créait pas de problème. La discussion a eu lieu ce matin sur
les
associations patronales.
La Présidente (Mme Bélanger): On n'a pas
confirmé que l'article 2,1° était adopté.
M. Chevrette: L'article 2,2°, on lui avait demandé de
le suspendre.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que vous
confirmez, M. le député de Joliette?
M. Chevrette: L'article 2,3° était suspendu
également, on voulait en parler au moment où on parlerait du
comité de formation professionnelle plus loin.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour être clair, peut-on
s'entendre que l'article 2,1° est adopté?
M. Chevrette: L'article 2,1° est adopté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Peut-on s'entendre que l'article
2,2° est adopté?
M. Chevrette: L'article 2,2° est adopté puisqu'on
vient d'accepter l'article 3.2.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 2,3° est-il
adopté?
M. Chevrette: L'article 2,3° est en suspens.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 2,4° est-il
adopté?
M. Chevrette: Un instant. D'abord, on n'est pas rendu
là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais on pourrait en parler
pour l'adopter ou le suspendre. Si vous avez des motifs à
suspension.
M. Chevrette: Si vous voulez qu'on en parle, on va en parler.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est une question de
procéder dans l'ordre.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 2,4 . Mme
la députée de Johnson.
Occupation
Mme Juneau: M. le ministre, on retrouve partout dans le nouveau
projet de loi le mot "occupation" pour remplacer le mot "manoeuvre". Je
voudrais bien savoir le motif qui vous a amené à changer cela.
C'étaient des manoeuvres avant qui étaient utilisés sur
les chantiers ou partout dans les textes de loi. Pourriez-vous nous
expliquer?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On a créé le
certificat de compétence pour les manoeuvres, si je peux utiliser
l'expression, qu'on a appelé certificat de compétence occupation.
C'est l'appellation nouvelle dans l'industrie de la construction. Il n'y avait
pas de compétence reconnue pour les gens qui étaient manoeuvres
dans l'industrie de la construction et sur le plan des travailleurs
qualifiés de manoeuvres, c'était une revendication qui existait
depuis longtemps.
Bien qu'on n'ait pas défini la juridiction de métier, on
ne l'a pas considéré comme métier, on a parlé d'une
compétence de manoeuvre qu'on a appelé occupation.
M. Gauthier: Mme la Présidente, une question au
ministre.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Roberval.
M. Gauthier: Oui, en vertu de la logique dont le ministre parlait
tantôt concernant le nom de commission plutôt qu'office , le
ministre a l'air préoccupé par ces questions de logique. On parle
de certificat de compétence pour un électricien, un menuisier, un
plombier, un plâtrier, un peintre et pour une occupation.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous pourriez nommer 23
métiers.
M. Gauthier: D'accord. Je vous en nomme un certain nombre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Gauthier: Vous avez compris la logique qu'il y a
là-dedans? On parle d'un certificat de compétence.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On va parler de trois certificats
de compétence pour vous mettre cela clair: compagnon, apprenti et
occupation.
M. Gauthier: Compagnon, apprenti et occupation.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quand on a compris cela, cela va
mieux pour discuter du projet de loi.
M. Gauthier: Vous voulez qu'on jase, on va jaser. J'essaie
d'être positif et de démontrer au ministre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je m'excuse, M. le
député, la remarque était peut-être incisive, je ne
l'ai pas voulue ainsi, je l'ai voulue...
M. Gauthier: Mme la Présidente, j'aimerais que le ministre
m'explique cela.
Au moment où on faisait des remarques préliminaires sur le
projet de loi, le ministre nous accusait de vouloir ralentir la marche de ses
travaux. Maintenant qu'on essaie d'avoir des explications pour faire en sorte
que le projet de loi soit bien fait et qu'on a commencé à
procéder dans le projet de loi, c'est lui qui nous arrête
constamment pour provoquer l'Opposition et pour donner des explications qu'on
n'a pas demandées et il refuse d'écouter les questions.
Je voudrais savoir ce qu'est, au juste, son affaire. Est-ce parce que le
ministre ne veut pas se rendre plus loin dans l'étude du projet de loi,
veut bloquer lui-même les travaux, imposer le baîllon et
éviter de discuter des sujets de fond, ou si c'est parce qu'il fait cela
avec tellement de légèreté qu'on ne pourrait pas
s'attendre à ce qu'il puisse agir ainsi?
Je voudrais savoir de sa part s'il veut bloquer les travaux
lui-même parce qu'il ne veut pas qu'on aille au fond du projet; est-ce le
problème, M. le ministre?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ces questions sont venues
tellement spontanément dans la tête du député de
Roberval avec une telle éloquence que je suis certain qu'il pense
à cela depuis au moins deux jours.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le député
de Roberval.
M. Gauthier: Mme la Présidente, j'ai de la
difficulté à saisir la réponse du ministre, c'est
plutôt clair obscur son affaire. (17 heures)
De toute façon, ce que je saisis mal de la part du ministre et
j'aimerais qu'il me l'explique, que cela lui fasse plaisir ou non...
Mme la Présidente, j'opposais la notion de manoeuvre à
celle, par exemple, de plâtrier, de peintre ou d'ouvrier ou
d'électricien. Il arrive avec une notion qui est différente,
celle de l'occupation. Tout à l'heure il a fait un parallèle. Je
voudrais comprendre la logique de cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vous donner une
explication.
M. Gauthier: S'il peut être assez condescendant pour
daigner me l'expliquer, Mme la Présidente.
M. Paradis (Brame-Missisquoi): Je ne veux pas être
condescendant, je veux simplement que le député prenne bonne note
de ce qui suit. Dans la Loi sur la formation et la qualification
professionnelles de la main-d'oeuvre, il n'y avait pas de
référence aux manoeuvres. Dans le règlement sur la
formation et la qualification de la main-d'oeuvre de l'industrie de la
construction, on ne qualifiait que ceux exerçant, comme vous l'avez
souligné par quelques exemples, un des 23 métiers
réglementés.
De plus, dans le décret relatif à l'industrie de la
construction dans la province de Québec, on réfère aux
métiers, aux emplois et aux occupations. Les emplois et occupations
notamment, étant occupés par les journaliers et les manoeuvres,
le mot "occupation" englobe les emplois. Par conséquent, le terme
"occupation" est celui qui comprend l'ensemble des tâches non
réglementées pour les métiers.
M. Gauthier: Merci. Cela aurait été tellement plus
simple si le ministre s'était servi des notes que ses fonctionnaires lui
ont préparées pour donner les réponses qu'il faut. Cela
aurait été beaucoup plus simple, Mme la Présidente, on
aurait évité des pertes de temps. Je remercie le ministre ou le
fonctionnaire qui a préparé une explication aussi claire.
La Présidente (Mme Bélanqer): Merci, M. le
député de Roberval. M. le député de Bertrand.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente,
j'indique au député de Roberval que la prochaine fois je peux
peut-être me limiter aux notes après tout!
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Mme la Présidente, c'est un point
très technique. Pour des fins de compréhension et de bonne
procédure, je mentionne que lorsque vous avez appelé 2.1, 2.2.
2.3 et 2.4, il s'agissait de l'article 2, 1 , 2 et 3°. C'est bien
différent par rapport au point lorsqu'on arrivera à l'article 3
et 3.1. Cela me semble important à noter parce que jusqu'à
maintenant on a appelé l'article 2.4 et il n'y a pas d'article 2.4.
C'est l'article 2, 4°.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous avez raison, M.
le député de Bertrand. Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau: Une autre question, M. le ministre. Selon la
réponse que vous m'avez faite tout à l'heure à propos du
certificat compétence-occupation et du certificat
compétence-apprenti, est-ce que cela voudrait dire que, quand il y aura
moins de travail dans la construction, la compétence-apprenti pourrait
aller occuper, comme cela se fait aujourd'hui, la
compétence-occupation?
Voici ce que je veux dire. Est-ce que le fait que vous reconnaissiez
compétence-
occupation pour un nombre donné d'ouvriers de la construction
leur donnerait la sécurité? Est-ce que les apprentis n'iraient
pas occuper la place?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À ce moment, il faudrait,
pour en arriver à ce que vous dites, avoir ce qu'on appelle une
juridiction équivalente à une juridiction de métier.
Mme Juneau: Ce n'est pas cela que vous voulez dire
là-dedans.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, on n'a pas touché
à cela parce que toucher à cela dans l'industrie de la
construction, c'est entrer dans un débat majeur entre les partenaires
patronaux et les partenaires syndicaux. Je vais vous donner un autre exemple de
débat majeur: on n'a pas touché au ratio compagnon-apprenti,
etc.
Le député de Joliette a indiqué au début
qu'il y avait beaucoup de "dispositions-cadres," - si je peux reprendre une de
ses expressions - fin de la citation du député de Joliette - qui
retournaient les parties à un processus d'échanges, je pourrais
utiliser de négociation, quant aux ratios, quant aux juridictions de
métiers, quant au nombre d'heures par semaine, qui a fait partie de ta
dernière négociation etc. Le gouvernement n'a pas voulu imposer
de changement aux conditions de travail, aux juridictions de métier,
etc., par ce projet de loi.
Mme Juneau: C'est seulement l'appellation dans le fond qui est
changée, si je comprends bien.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est plus que l'appellation parce
que, pour entrer comme manoeuvre, et c'est ce qui nous permet de parler de
compétence...
M. Gauthier: Lisez donc la réponse des fonctionnaires,
elle va mieux comprendre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. Il n'y en a pas. Je vais
tenter de le lui faire comprendre.
Pour entrer dans une occupation, aujourd'hui vous avez besoin d'un cours
de sécurité de 24 heures. Vous en avez entendu parler. On pense
que ce cours de sécurité mérite d'être
amélioré. C'est surtout chez les jeunes travailleurs que l'on
retrouve un nombre élevé d'accidents. Il faut
l'améliorer.
Les accidents sont également dus à la
non-compréhension du fonctionnement de l'ensemble du chantier par le
manoeuvre. On se dit que le manoeuvre a besoin d'un cours en fonctionnement de
chantier. Cela ne vient pas du ministre, cela vient des parties au niveau des
tables. Cela prend également un cours en fonction des droits et
obligations d'un travailleur de la construction. II y a l'obligation
d'être syndiqué, il y a des droits également. Quels sont
ces droits? Il a le droit de les savoir quand il entre là-dedans. Les
parties ont voulu se réserver la possibilité d'ajouter à
ces trois critères d'autres critères pour établir, si je
peux dire, la compétence du manoeuvre pour que le manoeuvre ne soit pas
quelqu'un qu'on ramasse... si j'étais au village, chez nous, à
Bedford, je dirais au coin du monument et qu'on amène travailler sur un
chantier et qui commence à travailler sur la construction. C'est pour
que ce ne soit pas ouvert à n'importe qui, sans critères.
Mme Juneau: Mais cela ne lui donne pas de juridiction de
métier.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est juste pour vous indiquer,
par exemple - on me l'indique - que l'apprenti a strictement le droit, en vertu
de la réglementation, d'accomplir les tâches qui sont relatives
à son métier. C'est tout.
Mme Juneau: D'un apprenti. C'est cela, c'est
là-dessus...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais le compagnon peut accomplir
des tâches qui sont...
Mme Juneau: Les tâches réservées à
l'apprenti, le compagnon peut les faire, mais l'apprenti ne peut pas devenir
compagnon.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II peut faire à peu
près toutes les tâches dans sa juridiction, mais à
condition que cela reste dans sa juridiction. Il ne peut pas aller faire le
compagnon dans d'autres juridictions de métier.
Mme Juneau: Le compagnon peut descendre de classe, mais
l'apprenti ne peut pas monter.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'apprenti monte automatiquement
parce qu'avec ses heures d'apprentissage, il finit par être
compagnon.
Mme Juneau: Oui, au bout du temps. Mais je veux dire que, du jour
au lendemain, il ne peut pas remplacer un compagnon tout comme "l'occupation"
ne peut pas remplacer l'apprenti et l'apprenti peut aller comme
"occupation".
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Au moment où on se parle,
pour arriver comme apprenti, vous devez avoir votre carte de classification,
votre permis de travail et un carnet d'apprentissage du ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
Si vous n'avez pas ce carnet d'apprentissage, vous ne pouvez pas passer
du jour au lendemain d'une catégorie à l'autre.
M. Chevrette: Mais un compagnon - si Mme la députée
me le permet - pourrait aller chercher son carnet d'apprenti.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans un autre métier.
M. Chevrette: Dans un autre métier.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans un autre métier, oui.
On a des gens qui ont cinq cartes de qualification.
M. Chevrette: Et ce que vous introduisez aujourd'hui dans un de
vos amendements - j'ignore lequel - c'est que l'apprenti peut devenir
"occupation". C'est inscrit dans un de vos amendements. Je ne me souviens pas
duquel.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À ce moment-là, il
ne peut pas conserver les deux statuts. Il faut qu'il remette son carnet
d'apprentissage.
M. Chevrette: Ce que je veux dire, c'est que c'est un des
éléments nouveaux dans vos amendements aujourd'hui. L'inverse
n'existait pas avant.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Exact.
M. Chevrette: L'apprenti peut maintenant devenir
"occupation".
M. Paradis (Brome-Missisquoi): S'il remet son carnet
d'apprentissage.
Mme Juneau: Puis-je poser une sous-question là-dessus?
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Quel avantage, M. le ministre, un apprenti aurait-il
à remettre son carnet d'apprenti pour aller à "l'occupation"?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II peut arriver dans la vie de
chacun des individus des événements qui sont, soit connexes
è la "job" qu'il fait - si vous me passez l'expression - soit externes
à la "job" qu'il fait. Dans sa région, quelqu'un peut choisir de
travailler près de chez lui plutôt que de continuer son
apprentissage. Prenez quelqu'un qui vient de chez vous, Mme la
députée. Il est apprenti, il est au chantier de Windsor. Je sais
que ce ne sera pas le cas parce que je connais un peu l'avenir dans la
région. Supposons qu'il n'y aurait pas d'autres chantiers importants qui
démarreraient dans la région au cours des prochaines
années, il n'a pas fini son apprentissage, mais il ne veut pas aller
poursuivre son apprentissage à l'extérieur de la région
parce qu'il est installé là avec une femme, des enfants, etc.
À ce moment-là, il peut choisir de dire: Je retourne
"occupation". Voici mon carnet d'apprentissage, etc. Il peut y avoir un paquet
de facteurs. On a voulu laisser...
Mme Juneau: La liberté de choix.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Au maximum. On n'a pas
l'impression de pénaliser une catégorie de gens ou certains
individus en faisant cela. On a l'impression d'avoir plus de
flexibilité. Maintenant, si vous voulez qu'on enlève de la
flexibilité, dites-le-nous.
Mme Juneau: Supposons qu'une personne, un apprenti, a
décidé de laisser tomber son carnet d'apprenti pour être
"occupation" parce qu'il ne veut pas, comme vous le dites, changer de ville.
À ce moment-là, au bout d'un certain temps, peut-il revenir?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui et il peut revenir plus
rapidement.
Mme Juneau: De quelle façon?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'apprentissage va fonctionner en
fonction des modules d'apprentissage qui vont être plus ou moins longs
selon la capacité d'absorber l'apprentissage de l'individu. Dans la
société, il y a des qens qui apprennent plus vite et il y a des
gens qui apprennent moins vite, selon qu'ils sont dans leur domaine ou qu'ils
ne sont pas dans leur domaine...
Mme Juneau: Je comprends.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...ou s'ils sont plus habiles,
etc. À ce moment-là, s'il a complété deux ou trois
modules et que la période n'a pas été trop longue... Si
elle a été trop longue, il se peut qu'il soit obligé de
reprendre un module avant. Cela va être modulaire et personnalisé
au maximum en fonction des talents de l'individu pour apprendre. Ce ne sera
plus déterminé en fonction de dire: Cela prend neuf ans pour
arriver à tel métier. Si quelqu'un a la compétence de
subir et de passer avec succès les examens plus rapidement, il pourra le
faire.
Mme Juneau: Je vous remercie, M. le ministre.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Oui, une explication de la part du ministre
concernant les fameuses 24 heures nécessaires au niveau de la formation
santé et sécurité. D'abord, d'où vient le
critère des 24 heures et est-ce qu'il s'applique indépendamment
des sortes de métiers?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Présentement, c'est pour
les manoeuvres. Cela vient de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail qui l'a exigé. C'est donné par
les centrales syndicales.
M. Parent (Bertrand); Donc, c'est un espèce de cours de
formation standard, peu importe...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est assez vite fait. On
s'entend, au moment où l'on se parle, que c'est assez vite fait, pour ne
pas dire davantage.
M. Parent (Bertrand): De la manière dont répond le
ministre, on va lui donner sa carte de ministre à la fin de la
commission. Il commence à être pas mal, il apprend.
Une voix: Ça marche, ça marche.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette. Je m'excuse, M. le député
de...
M. Parent (Bertrand): Je m'excuse, Mme la Présidente.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En tout cas, si je ne l'ai pas en
fonction de la compétence, je vais l'avoir en fonction des heures de la
manière dont cela fonctionne.
Des voixs Ha! Ha! Ha! Une voix: Elle est bonne.
M. Parent (Bertrand): Le ministre vient de comprendre pourquoi on
travaille si fort pour lui faire gagner des heures. On pourrait même lui
garantir 500 heures.
Mais en fonction de la réponse que le ministre apporte sur cette
chose qui est faite très rapidement, peut-être trop rapidement,
est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de réviser cette dimension ou cet
aspect des 24 heures et s'assurer du minimum peut-être, parce que je
pense que cela a des répercussions sur toute l'industrie comme telle et
sur le taux d'accidents? Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de réviser
cela?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le gel de quatre mois va
empêcher les nouvelles entrées de manoeuvres. Pendant ces quatre
mois, c'est justement un des rôles de la commission de mettre sur pied
des cours de formation en santé et sécurité sur les
chantiers, en droits et obligations du travailleur, en fonctionnement dans les
chantiers et tout autre cours qu'ils jugeront approprié et opportun et
que le manoeuvre devrait posséder avant d'avoir sa carte de
compétence. C'est exactement dans la bonne voie et dans la bonne
direction.
M. Parent (Bertrand): La période de quatre mois que vous
mentionnez et qui est la portion moratoire, est-ce que c'est suffisant?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que c'est suffisant?
M. Parent (Bertrand): Mais est-ce qu'on va être
capable...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'an passé, quand j'ai
été placé... Cela va peut-être vous arriver un jour.
Vous avez peut-être passé près d'être placé
dans une situation où vous aviez une décision rapide à
prendre. J'ai été assermenté...
M. Parent (Bertrand): Ce n'est pas arrivé dans mon cas.
C'est arrivé à mon adversaire dans Bertrand.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela vous est peut-être
déjà arrivé aussi.
M. Parent (Bertrand): II ne faut pas m'ouvrir la porte.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, Laporte, c'est un autre qui
est là.
J'avais à prendre une décision quant au renouvellement
automatique d'environ 120 000 permis de travail, cartes de classification. Je
soupçonnais, à l'époque, que, sur l'automatisme, je
renouvellerais sans faire d'épuration, etc. La première demande
des parties a été de les renouveler pour deux ans,
c'est-à-dire le renouvellement traditionnel. J'ai indiqué aux
parties que ce n'était pas l'intention du nouveau gouvernement, que le
nouveau critère d'accès devait être la compétence,
etc. À ce moment-là, on m'a demandé de les renouveler
jusqu'au 31 décembre, ce que j'ai fait. J'ai demandé au Conseil
des ministres, à la demande de l'Office de la construction du
Québec et des parties qui y siégeaient, de les renouveler
jusqu'au 31 décembre, en sachant très bien qu'il faudrait, au
cours de cette année, travailler fort, tenter de rechercher le maximum
de consensus pour avoir un système alternatif qui serait basé sur
la compétence et qui, au maximum, garantirait un arrimaqe entre les
droits acquis des vrais travailleurs, ceux qui travaillent dans la
construction,
ceux qui ont inscrit des heures en 1985-1986, et également un
accès possible pour les jeunes qui sortaient de nos écoles.
On a passé Tannée, pas tout seul, car les parties
patronales et syndicales ont travaillé et elles ont travaillé
fort. On se retrouve au moment où on se parle et vous me demandez quatre
mois. Si on arrivait avec un concept nouveau, quatre mois ne serait
peut-être pas assez. Si les parties n'avaient pas eu le temps d'y
réfléchir, de se pencher là-dessus, si on prenait les
fonctionnaires du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, du ministère du Travail, de l'Office
de la construction, par surprise, si on prenait les parties syndicales et les
parties patronales par surprise, cela prendrait peut-être cinq mois. Mais
le préavis a été suffisamment long pour que ces
gens-là mettent leur matière grise à contribution, dans la
bonne direction. Vous savez, préparer des cours que j'appellerais de
qualification pour des manoeuvres, ces gens-là connaissent cela. En
somme, c'est comme si on vous demandait, dans votre secteur d'activités,
d'établir des critères et des cours, cela ne vous prendrait pas
quatre mois. Dans d'autres secteurs peut-être, mais pas dans le secteur
d'activités d'où vous venez et que vous connaissez bien. (17 h
15)
M. Chevrette: Je vous pose une question, M. le ministre. Prenons
un gars qui est manoeuvre ou "occupation". On va avoir de la difficulté
à s'habituer à la terminologie. Qu'est-ce que tu fais? Je suis
occupation. Il va dire plutôt: Je suis occupé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le député, si je
peux vous rassurer sur la terminologie dans le domaine de la construction, je
vais, si la loi est adoptée, mettre à la poste pour le 1er
janvier des certificats de compétence. Les travailleurs vont recevoir
des cartes de compétence. La terminologie, c'est le terme qu'on
utilise.
M. Chevrette: Je le sais. C'est parce que, juste dans la
façon de poser la question, un type qui occupe une occupation ou le
poste d'"occupation", qu'est-ce qu'il fait?
Une voix: II est bien occupé.
M. Chevrette: II est, par exemple, manoeuvre - je vais utiliser
le mot manoeuvre parce que je me comprends bien -dans la menuiserie. Il n'est
pas apprenti, il n'est pas compagnon nécessairement, il est manoeuvre.
Il y a un délégué qui m'est arrivé avec cela. Il
m'a dit: Vous donnez la chance à quelqu'un qui sort de l'école
d'être manoeuvre ou apprenti. Cela fait quatre ou cinq ans que je suis
journalier ou manoeuvre dans la construction, est-ce que j'ai la
possibilité ou une priorité, moi aussi, ou une
automaticité comme le jeune diplômé*? Cela fait cinq, six
ans que je suis manoeuvre dans la construction en menuiserie, je n'ai pas la
possibilité de passer comme apprenti. Qu'est-ce que vous répondez
à ce jeune?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous remercie de votre
question. C'est une des principales questions que je me suis posées et
c'est facile de comprendre pourquoi vous vous la posez; je me l'étais
posée. Traditionnellement, c'est comme cela que cela se faisait dans
l'industrie de la construction. Quelqu'un commençait comme manoeuvre, il
travaillait avec quelqu'un dans un métier et, au bout de quatre ou cinq
ans, il devenait apprenti, il graduait dans le métier et cela faisait
une personne très compétente dans son métier. J'en ai dans
mon comté, vous en avez dans le vôtre. Ils sont déjà
là. La décision de se baser sur le critère de la
compétence, c'est une décision très importante et
très sérieuse, et je me suis dit: II faut reconnaître une
équivalence pour les adultes. Cette équivalence pour les adultes,
elle n'est pas définie, je vous le dis, comme telle dans le projet de
loi; elle est mentionnée comme étant une équivalence pour
les adultes. Une équivalence pour les adultes, j'étais inquiet de
cela au début, parce que je me suis dit: Est-ce qu'on va demander un
cours de mathématiques secondaire V à cet individu - ce sont
généralement des hommes, je pourrais dire: ce bonhomme - qui a
fini au primaire III, qui fait un bon manoeuvre dans la construction et qui
pourrait peut-être faire, même, à cause de ses
habiletés physiques et autres, un bon charpentier-menuisier au bout de
la ligne?
J'ai été un peu rassuré quand j'ai pris
connaissance du programme du ministère de l'Éducation. J'ai bien
dit pas totalement, mais j'ai été pas mal rassuré: sur le
plan des CEP et des DEP, comme on les appelle dans le nouveau programme, des
certificats d'études professionnelles et des diplômes
d'études professionnelles, on n'insiste pas beaucoup sur ce qu'on
appelait traditionnellement les matières de base, mais on insiste
beaucoup sur l'aspect professionnel de cette formation. Ce qui va arriver,
c'est que, si cet individu - c'est possible que ce soit quelqu'un qui a
déjà une équivalence sur le plan scolaire - il y aura
accès s'il a l'équivalence pour les adultes. S'il n'a pas
l'équivalence pour les adultes, on va l'évaluer, on va trouver,
sur le plan de son CEP ou DEP, la partie qui lui manque et on va lui offrir les
cours de façon qu'il puisse y avoir accès, de façon que ce
ne lui soit pas interdit. Mais cela ne sera pas dans le respect de la plus pure
des traditions, si je peux utiliser l'expression, parce qu'on a choisi le
critère de la compétence dans l'industrie de la construction et
que cela
pose des exigences à partir du moment où ce choix a
été effectué.
M. Chevrette: Je pense que le ministre répond bien
à la question pour la partie adulte.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pensais que j'avais saisi cet
aspect.
M. Chevrette: Oui, mais je vais vous souligner un cas qui peut
être un adulte, mais qui a déjà les deux pieds dans la
construction, non pas qui est en dehors de la construction. Pour celui qui est
en dehors de la construction, vous allez chercher des équivalences au
point de vue de la formation. Mais celui qui a les deux pieds dans la
construction, c'est là que ma question porte le plus. Je suis manoeuvre
depuis cinq ou six ans, j'ai connu à la fois le domiciliaire,
l'industriel, quelle est ma porte, quelle est ma chance de devenir apprenti et
compagnon?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pensais avoir répondu.
Je vais tenter d'être un peu plus clair.
M. Chevrette: C'est parce que j'avais compris que c'était
de l'extérieur pour l'entrée. Le critère de
compétence, je ne le nie pas, ce n'est pas cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est l'équivalence du CEP
ou du DEP, pour adultes.
M. Chevrette: Même pour celui qui est à
l'Intérieur?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Même pour celui qui est
à l'intérieur. Mais là, je me suis posé la
question, je me suis dit: Le bonhomme, il n'a peut-être pas le temps
d'aller à l'école, il travaille, il a une famille à
nourrir 52 semaines par année, cela n'arrête pas.
Généralement parlant, ces gens travaillent - je pense que les
centrales syndicales nous l'ont indiqué - une partie de l'année;
l'autre partie, ils sont au chômage. Il s'agit d'avoir des agencements de
nos cours qui nous permettront de rattraper la partie qui nous manque. C'est
possible qu'il ait une équivalence. Celui qui a une équivalence,
il n'y a pas de problème, apprenti automatiquement. Celui qui n'a pas
l'équivalence et qui est déjà là, il lui en manque,
selon l'individu, un peu, moyennement, beaucoup, et il faut qu'il le
rattrape.
M. Chevrette: M. le ministre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II peut rester manoeuvre, s'il le
veut.
M. Chevrette: ...au niveau scolaire et dans nos commissions de
formation professionnelle, pour déterminer l'équivalence de la
scolarité des individus, il y a ce qu'on appelle des tests
ligondés: l'expression, c'est tests ligondés.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On va demander au
député d'Ungava.
M. Chevrette: On va chercher l'équivalence... Non, c'est
une terminologie qui permet à un individu qui pourrait être
autodidacte, par exemple, de dire: Je vais passer mon secondaire V...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Reconnaissance d'expérience
pratique.
M. Chevrette: ...même si je n'ai qu'un secondaire II. C'est
une équivalence, mais le vrai terme, c'est tests ligondés. Ce que
je voudrais savoir, c'est quant à la dimension expérience. Je
pense que, dans la construction, un individu pourrait ne pas avoir
l'équivalence d'un CEP ou d'un DEP, mais son expérience pratique
compenserait. II y en a qui disent, par exemple, attestation
d'expérience ou analyse de compétence à partir de
l'expérience. L'expérience devient un critère discriminant
pour établir la compétence. Cela se fait dans plusieurs secteurs.
Est-ce envisageable au moins si je pense aux acquis des bonshommes qui,
à l'intérieur de l'industrie de la construction, ne pourraient
avoir... Cela ne me paraît pas clair, c'est pour cela que je vous pose la
question.
M, Paradis (Brome-Missisquoi): C'est prévu. Je vous le
dis: Moi, j'y ai pensé, on y a pensé et on a prévu la
possibilité. On est également conscient que tes
développements technologiques dans l'industrie de la construction sont
aussi rapides que dans d'autres secteurs de pointe. Et, même si on
reconnaît les équivalences à ces gens, il faut demeurer
conscient qu'une formation théorique de base va devenir, avec le temps,
de plus en plus importante pour s'ajuster aux développements
technologiques qui sont rapides dans certains métiers. Il y a d'autres
métiers qui vont faire en sorte que l'autodidacte peut avoir une
équivalence beaucoup plus facilement reconnaissable et, pour d'autres
métiers qui évoluent plus rapidement et qui demandent une
formation en calcul, etc., de base plus serrée, cela va être plus
difficile. Mais il y a une possibilité sur le plan de la
réglementation, et la loi le prévoit clairement, de
reconnaître les équivalences.
Mme Juneau: Moi, j'ai une autre question concernant la
formation.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Merci beaucoup, madame. M. le ministre, vous savez,
dans nos bureaux de comté, souvent on a eu des gens qui sont venus et
ont dit: C'est impossible pour nous d'aller réussir un examen, parce que
les termes qui sont employés - vous savez comme moi qu'on en a eu
souvent - on n'est pas capables, on ne les comprend pas. Nous comprenons les
termes qu'on utilise sur le chantier de construction, mais on n'est pas en
mesure de réussir le "sacré" examen qu'on nous présente.
Quand même, ce sont des gars de métier qui connaissent leur
métier et qui sont en mesure de l'accomplir comme il le faut. Par
contre, ils sont incapables de passer ce "mautadit" test, parce qu'ils
n'utilisent pas les mêmes termes que sur le chantier de construction.
À ce moment, quel avantage ou quelle aide le comité ou la
commission pourra fournir à ces gens, des gens capables, mais incapables
quand même de passer l'examen? Qu'allez-vous...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais peut-être vous
parler de l'exemple typique, vous en avez sans doute d'autres. L'exemple
typique, c'est au ministère dont je suis responsable,
présentement, qui s'appelle le ministère de la Main-d'Oeuvre,
pour avoir une carte, un certificat de classification comme opérateur de
pelle mécanique, ils vous font passer des examens écrits qui
traitent des "pelles à câble", au moment où on se parle.
Essayez d'en trouver une dans le comté de Johnson, une "pelle à
câble". En tout cas, dans Brome-Missisquoi, on les a vendues quelque
part, on n'en a plus. Vu que les parties à travers la commission vont
être impliquées dans le design des cours, des examens, des
estimations de besoins, j'espère - je ne peux pas vous donner de
garantie, je vais me fier aux parties - qu'elles ne feront pas les examens en
fonction des "pelles à câble"...
Dans le passé; on s'est fié à un autre
système, mais il n'a pas fonctionné, ce qui a amené, dans
nos bureaux de comté, les problèmes dont on discute
présentement et les exemples que l'on cite. J'espère qu'avec les
parties impliquées on n'aura plus ce problème d'anachronisme - si
je peux utiliser l'expression - que l'on vit et que les travailleurs
vivent.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava.
Mme Juneau: M. le ministre, vous n'avez aucune garantie, en
fait?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je me fie aux parties, madame. Je
ne peux décider des examens moi-même, ce serait pire qu'à
l'heure actuelle.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On peut faire un vote
là-dessus.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, Mme la Présidente. Effectivement, il y
a là un noeud qu'il va falloir dénouer à un moment
donné. Je ne sais si le ministre en est conscient, mais dans l'industrie
de la construction comme à peu près dans tous les domaines de
l'industrie lourde en général, il y a énormément de
gens qui n'ont pas la possibilité, je dirais même la
capacité de passer de tels examens. Je pourrais vous citer des exemples
de jeunes. Vous savez, je vis dans un milieu où le taux
d'analphabétisme chez les jeunes est élevé pour toutes
sortes de raisons. Vous avez beau avoir terminé votre 10e année,
si vous êtes sept ou huit ans sans lever le crayon, à ce
moment-là, cela devient difficile.
Je pourrais vous donner des exemples concrets de jeunes qui sont partis
d'à peu près zéro, mais qui avaient certaines aptitudes.
Des aptitudes au travail, cela se développe dans un milieu. C'est un peu
comme dans l'agriculture. Ce n'est pas sorcier pour un jeune
élevé dans le milieu agricole d'apprendre à conduire un
tracteur et à se servir d'une trayeuse, alors que quelqu'un de
très compétent et qualifié qui n'a jamais vu un tracteur
de sa vie peut avoir de la difficulté à arriver à le
conduire. À ce moment-là, il y a une espèce
d'apprentissaqe spontané qui se fait dans ces milieux et qui fait que
l'on devrait prévoir des mécanismes pour des équivalences
de compétence qui sont faciles à acquérir.
Par exemple, comme je vous le disais, des jeunes qui sont
habitués à jouer dans la machinerie, on les engage et,
après un an, cela vous fait de très bons opérateurs de
"grader", de machinerie et d'un peu toutes sortes de choses. D'ailleurs,
l'industrie minière fonctionne avec des gens comme cela et, que je
sache, elle n'est pas handicapée pour autant. Vous savez que, dans
l'industrie minière, quiconque entre comme journalier peut, après
quelques mois, un an ou deux, se retrouver dans toutes sortes de
compétences, soit mécanicien, électricien,
opérateur de "loader", de "crank", de jumbo sur les "drills", de toutes
sortes de choses. Pourtant, c'est un domaine dangereux où il faut
vraiment de la précision dans le travail. Je vous assure que ces jeunes
ont une grande capacité d'emmagasiner visuellement des connaissances par
le biais du contact individu à individu. Par contre, ils ne
sont pas capables de schématiser dans leur tête ou de
saisir le sens d'un paragraphe écrit. Je ne sais pas de quelle
façon le ministre entend faire face à ce problème.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le député
d'Ungava, je vais tenter de vous répondre le plus simplement et le plus
honnêtement possible. Que le débat que nous avons
présentement ait lieu en la présence de parties qui seront
peut-être appelées à jouer un certain rôle à
la Commission de la construction du Québec, je pense que c'est
très positif. Je vous le dis comme tel. Ce sont des
préoccupations qui m'animent et qui animent l'ensemble des
parlementaires autour de la table et peut-être ceux qui siègent
à d'autres commissions présentement ou au salon bleu. On a
déjà tenté dans le passé de prendre cette
responsabilité sur les épaules gouvernementales, de la
transférer dans un ministère, dans deux ministères ou de
la partager entre les ministères. Cela a été un
échec de l'aveu de tout le monde, de. toutes les parties
impliquées. Ce que l'on dit aujourd'hui aux parties, c'est:
Décidez cela majoritairement. Essayez d'améliorer le
système que vous avez décrié de droit. Essayez de
l'améliorer où l'on a failli. Si vous me demandez une garantie
absolue, la seule que je peux vous donner, c'est ma confiance en la
compétence des parties qui auront à accueillir ces gens, à
les former et à en faire des travailleurs les plus compétents
possible. (17 h 30)
M. Claveau: La garantie que je vous demande, M. le ministre, pour
les gens de mon milieu, que je connais bien, qui ne sont pas dans un milieu
toujours facile pour l'accès à l'information et à la
formation, c'est que je voudrais être certain que, par exemple, parce que
tu es un jeune de Matagami qui vit dans un endroit où il y a 4000
habitants et qui est à une centaine de milles de la ville la plus
proche, où il y a des écoles techniques un peu importantes, tu ne
seras pas pénalisé pour autant et que tu pourras, en tant que
jeune de Matagami, arriver dans l'industrie de la construction à partir
de tes connaissances acquises sur le terrain, et que le fait d'être loin
d'une école où l'on retrouve toutes les formations dans tous les
domaines ne sera pas un handicap pour toi. C'est une grosse
préoccupation que j'ai pour les jeunes de mon milieu, entre autres.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je la comprends, mais je n'ai pas
de solution miracle à votre préoccupation. Je suis
député de Brome-Missisquoi. Ce n'est pas aussi
périphérique, si je puis utiliser l'expression, qu'Ungava. Je
suis le ministre responsable de ce que vous appelez les commissions de
formation professionnelle. Je vous dirai que, avant mon assermentation comme
ministre de la Main-d'Oeuvre, le ministre responsable des commissions de
formation professionnelle ne mettait pas tellement les pieds dans
Brome-Missisquoi. Ce n'est pas parce que c'est tellement loin, le bureau le
plus proche est à Saint-Hyacinthe, mais, c'est à trois quarts
d'heure de Brome-Missisquoi. Les entreprises, autant pour ce qui est des
travailleurs que des employeurs, ne recevaient pas tellement la visite des
fonctionnaires de la Commission de formation professionnelle. C'est vrai.
Je n'ai pas non plus dans mon comté de Brome-Missisquoi, de
bureau de Communication-Québec, etc. À ce moment-là, on a,
en tant que député, un fardeau peut-être un peu plus lourd
que les députés qui ont tous ces services gouvernementaux. Nos
bureaux de comté deviennent des bureaux de Communication-Québec,
des bureaux d'information de la Commission de la construction du Québec,
des bureaux d'aide sociale, des bureaux de la CSST.
Je vous dis que je comprends votre problème. Je ne suis pas aussi
périphérique que vous, mais je n'ai pas tellement plus de
services gouvernementaux dans mon comté.
M. Claveau: M. le ministre, ils sont peut-être plus
accessibles. Si vous étiez un travailleur de Chapais, un milieu
où l'industrie est déjà hautement handicapée, entre
autres par les taux d'accidents de travail dans le milieu forestier ou minier,
et que le premier agent ou le premier bureau de la CSST était à
251 kilomètres de chez vous, cela commencerait à être un
handicap majeur. C'est pour des travailleurs qui sont déjà sur le
marché du travail et dans des industries reconnues comme telles avec
leur fonctionnement. Imaginez-vous, quand on parle d'un jeune qui doit entrer
dans le milieu de la construction à partir d'un certaine
compétence, comme vous le dites, si on ne lui donne aucune
possibilité de se former sur place ou tout près, à ce
moment-là, on en fait encore un marginal par rapport à la loi et
par rapport à la possibilité d'embauche locale. Je vous dirai,
à titre d'exemple, au risque de déborder un peu, que
c'était toute une guerre, entre autres, de réussir à
trouver le moyen de faire passer, chez nous, tout près, des permis pour
conduire des motocyclettes. Personne ne voulait venir, car il n'y avait pas
suffisamment de monde et les jeunes n'avaient pas l'argent pour aller passer
leur permis ailleurs, parce qu'ils étaient sans travail. Ce sont des
détails.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce ne sont pas seulement des
détails, M. le député. Je les comprends. Chez nous dans
mon comté - comprenez-moi bien - je n'ai pas de cégep, ni
d'université, ni de formation professionnelle. Aussitôt que les
jeunes ont
fini leur secondaire, ils n'ont pas les mêmes distances à
parcourir, à partir de chez nous, pour aller dans les centres où
cela s'offre, qu'à partir de chez vous, mais, quant au dénouement
de ces choses ils ont les mêmes problèmes et je les comprends.
Toutefois, ces problèmes ne sont pas apparus le 2 décembre
dernier, je vous le soumets bien respectueusement. Ce sont des problèmes
inhérents à notre société.
Ce que vous tentez de défendre, et je le comprends, c'est une
chance d'accès égale pour les jeunes qui viennent au monde
à Chapais ou à Chibougamau, dans le comté que vous
représentez à l'Assemblée nationale. Cette chance
d'accès doit venir par l'information, si l'on veut qu'il y ait de la
formation.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Je voudrais ajouter là-dessus.
M. Claveau: Je voudrais encore dire un petit quelque chose.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: On sait, M. le ministre, que ces problèmes 'ne
datent pas d'hier, mais à partir du moment où le gouvernement
actuel dit: Nous allons nous attaquer au problème et nous allons essayer
de le réqler, ce que je demande pour ces gens, c'est qu'on travaille
vraiment pour le régler et qu'on n'essaie pas de trouver d'autres
échappatoires pour dire qu'en somme on n'a pas de solution à ce
problème et qu'on verra plus tard, si jamais il y a des
possibilités.
Je demande qu'on prenne sérieusement en considération le
problème de régions comme la mienne, qui n'est pas la seule
d'ailleurs, le problème de la Côte-Nord, le problème de la
Gaspésie, le problème des régions qui sont vraiment
marginalisées sur le plan de l'information; les agents d'information -
comme vous le dites, à partir de l'information, on va régler le
problème -sont très peu nombreux aussi dans les rues de chez
nous. Il faut qu'une ouverture soit faite tout de suite, immédiatement,
au moment où l'on se parle, avant de refondre quelque chose de nouveau
dans une loi qui va nous amener encore un autre encadrement qu'il va falloir
défoncer un jour. La porte est ouverte. Alors, profitons-en pour trouver
tout de suite, au moment où l'on se parle, des possibilités pour
que les gens qui vivent là et, entre autres, les jeunes qui habitent ces
milieux ne soient pas défavorisés ou handicapés par le
seul fait, comme vous l'avez dit tout à l'heure, qu'ils ne sont pas
venus au monde dans la région de Québec ou de Montréal. Ce
n'est toujours pas de leur faute.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis tellement d'accord avec
vous, M. le député, que si vous jugez que les dispositions
législatives sur lesquelles on vous demande de vous prononcer - et je
pense qu'elles sont imprégnées de ce souci - ne sont pas
complètes, dans cette étude article par article, si vous avez des
amendements dans le sens où vous l'indiquer, je vous invite à
nous en faire part et nous les accueillerons positivement.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: J'allais dire au ministre que j'ai comme
l'impression que, s'il s'ouvrait un chantier d'envergure dans l'Ungava, il
n'aurait pas de misère à avoir de la main-d'oeuvre qui monterait.
Pour un chantier d'envergurel Le problème dans une région aussi
éloignée, c'est pour un chantier de courte durée. C'est
évident que ce n'est pas n'importe qui qui va vouloir y aller pour
quinze jours. Un entrepreneur ou un sous-entrepreneur va avoir plus de
difficultés à faire monter ses hommes pour une quinzaine de
jours. Ce n'est pas tout le monde qui est intéressé. Le
problème, dans ces endroits, c'est quand il arrive une "jobine" et qu'il
y a un taux de chômage assez élevé, plus
particulièrement chez les journaliers. Imaginez-vous l'impact que cela a
quand on leur dit que, s'ils n'ont pas leur carte de compétence pour
être manoeuvres, dans un endroit comme l'Ungava, où le qars est
dans les mines...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est presque aussi grave que de
leur dire qu'ils n'ont pas leur carte de classification.
M. Chevrette: Ce serait aussi grave, effectivement. Je pense que
c'est un cas assez spécial. Il ne faut peut-être pas
généraliser non plus, mais je pense qu'on pourrait faire un
amendement. On va essayer de le localiser au bon endroit, par exemple.
Mme Juneau: Spécifique.
M. Chevrette: Vous comprendrez qu'il faudrait quasiment le mettre
à deux ou trois places, faire un amendement à chacun des articles
disant: Nonobstant les dispositions générales de cette loi. Je ne
sais pas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux vous assurer de toute la
collaboration du ministre des Finances sur ce point. Il m'en a fait part, le
député de Bonaventure.
Mme Juneau: Ah oui? C'est rare.
Comment est-ce qu'il a fait pour "poigner" le Trésor, lui?
M. Chevrette: Donc, on essaiera de le placer dans un amendement
de portée générale.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Ce n'est peut-être pas tout à fait en
rapport avec l'article, mais comme c'est le principe général qui
nous intéresse avant tout et que c'est le grand problème à
régler, je voudrais dire que la clause des 500 heures n'a à peu
près aucune valeur chez nous et ne règle en rien le
problème du travail au noir, entre autres, parce qu'il n'y a à
peu près pas un entrepreneur local qui est capable de prouver qu'il a
besoin de main-d'oeuvre pour plus qu'une centaine d'heures dans un secteur
donné. Vous savez que, quand vous bâtissez dix maisons, dans
l'été, à trois entrepreneurs, c'est difficile de prouver
500 heures pour tout le monde.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que je peux vous
interrompre?
M. Claveau: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux vous dire que le ministre
des Finances est intervenu de tout son poids, si je peux utiliser
l'expression!
Mme Juneau: Pas deux fois de suite!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah, deux ou trois fois de suite et
il surveille l'évolution du projet de loi de très près
parce qu'il vit, dans son comté, des situations je ne dirais pas
identiques, mais semblables à ce que vous vivez. De ce
côté-ci - et je l'ai indiqué au ministre des Finances -
nous sommes prêts à faire des ouvertures pour les régions
qui rempliraient un certain nombre de critères, comme un taux de
chômage supérieur à 24 % ou 25 %, un certain
éloi-gnement des grands centres, etc. À partir du moment
où on crée des exceptions, je vous le dis, il faut se justifier
en fonction de la région voisine. C'est ce qu'on appelle prendre des
décisions politiques et en prendre les responsabilités. Je n'ai
pas dit non au ministre des Finances et je ne vous dis pas non.
M. Claveau: Mme la Présidente, je suis en train de me
demander s'il ne serait pas intéressant de faire témoigner le
ministre des Finances devant la commission.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Je vous avoue que je l'échangerais facilement
contre le ministre des Communications. Pour lui, les régions n'ont pas
d'importance.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne suis pas prêt à
dire cela, Mme !a députée. Ce n'est pas dans le sujet. Je connais
mon collègue, le ministre des Communications, qui a une grande
préoccupation pour ma région, entre autres.
M. Chevrette: Êtes-vous en train de dire qu'il fait du
patronage?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je viens de vous indiquer qu'il
n'y avait pas de bureau de Communication-Québec dans
Brome-Missisquoi.
M. Chevrette: Bon!
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! Est-ce que l'article 2...
M. Chevrette: Quatrième alinéa.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que le
quatrième alinéa de l'article 2 est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 2
demeure suspendu parce que le troisième alinéa n'est pas
adopté. À l'ordre, s'il vous plaît, M. le
vice-président de la commission! Je disais donc que l'article 2 n'est
pas adopté parce que l'alinéa 3 est encore suspendu. J'appelle
l'article 3 à 3.3.
Commission de la construction du Québec
M. Chevrette: À l'article 3, les titres sont en
suspens.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
M. Chevrette: Le deuxième alinéa de l'article 3,
c'est: "Est instituée la "Commission de la construction du
Québec." Vous êtes rendu à "La Commission est une
corporation."
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On revient à l'article 3
concernant le titre, ce qui avait été mis en suspens. Vous me
reprendrez si je vous interprète mal, "Commission de la construction du
Québec", cela allait; "Comité mixte de la construction", cela
allait; ce qui posait un problème à l'Opposition c'était
"Comité sur la formation professionnelle dans l'industrie de la
construction". On est prêt à en
discuter.
M. Chevrette: On attend au comité.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous voulez attendre.
M. Chevrette: II est en suspens par rapport à l'article
2.3.
La Présidente (Mme Bélanger): Les articles 2, 3 et
3.1 sont encore suspendus. On s'en va à l'article 3.3?
M. Chevrette: À l'article 3, madame.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'article 3
juste. On revient maintenant à l'article 3.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
3.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, "la
Commission est une corporation."
Mme Juneau: C'est cela.
M. Chevrette: Au sens de la troisième partie de la Loi sur
les compagnies.
M. Paradis (Brome-Mîssisquoi): Non, au sens de la loi qui
la crée.
La Présidente (Mme Bélanger): Nous sommes à
l'article 3.3. "La Commission est une corporation."
M. Chevrette: C'est l'article 3 tout court. Ah oui, l'article
3.3. Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Adopté.
J'appelle l'article 3.4.
M. Chevrette: À l'article 3.1, Mme la Présidente,
j'ai quelque chose.
La Présidente (Mme Bélanger): C'était
suspendu tout à l'heure.
M. Chevrette: Non, c'est l'article 3.1. Il y avait trois
alinéas. Tel que numéroté, après "la Commission est
une corporation", c'est 3.1.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est l'article
3.1.
Mme Juneau: C'est cela.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 3.1.
Motion proposant que la
commission décide elle-même
où sera son siège social
M. Chevrette: Étant donné qu'on a accepté
l'institution et que "la Commission a son siège social à
l'endroit déterminé par le gouvernement", je voudrais proposer un
amendement, Mme la Présidente, qui se lit comme suit. Je ne vous le
lirai pas, cela va être trop long. Je vais simplifier. Changer le mot
"gouvernement" par les mots "la commission". Il m'apparaît que, dans
notre logique et notre cohérence, on veut donner aux parties le pouvoir
de décider de leurs "bebelles". Je ne vois pas pourquoi on leur
imposerait des endroits. Cela s'enchaîne. Quand on fait notre lit
à partir d'un objectif fondamental en disant que ce sont les parties qui
décident, je ne vois pas pourquoi, par la loi, on les obligerait
à établir leur siège social à quelque endroit.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux peut-être tenter de
vous convaincre.
M. Chevrette: Je vous ai déposé cela. C'est
recevable, Mme la Présidente?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Avant que vous le déposiez,
peut-être que je pourrais vous convaincre de ne pas le déposer, vu
que vous m'avez donné un préavis.
M. Chevrette: Vous pouvez toujours vous essayer, mais il est
rendu loin, il est entre les mains de la présidente.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Avant que vous le déclariez
recevable, votre argumentation sur le plan de la logique et prise
isolément se tient parfaitement. À partir du moment où on
fait confiance aux parties, elles peuvent déterminer où elles ont
leur siège social.
Il y a quand même la responsabilité gouvernementale - comme
politiciens, je pense qu'on en est conscient - de répartir les
sièges sociaux des organismes gouvernementaux et paragouvernementaux;
entre autres, dans Brome-Missisquoi, je n'en ai pas; Québec et
Montréal, cela fait partie de cette répartition, c'est la raison
pour laquelle cela a été inclus.
Maintenant, si on laisse décider chaque organisme, on peut se
retrouver, et je vous l'indique, quel que soit le gouvernement, avec tous les
sièges sociaux qui auront quitté la capitale qui est
Québec pour aller dans la métropole qui est Montréal ou
l'inverse. II y aura un gouvernement, un jour, qui aura des réponses
à fournir sur cela.
M. Chevrette; Avoir su votre réaction d'avance, j'aurais
convoqué les maires, le
maire Pelletier de Québec.
Blague à part, je pense que cet amendement, je vais le justifier.
Mme la Présidente, vous jugerez s'il est recevable.
La Présidente (Mme Bélanger): II est
recevable.
M. Chevrette: Je vous remercie beaucoup.
Je vais essayer de donner mon argumentation au complet. (17 h 45)
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que vous
voulez que je le lise?
Des voix: Oui, oui.
M. Chevrette: Je pense que je l'ai résumé en ce
sens qu'on change "le gouvernement" par les mots "la commission".
Une voix: Est-ce qu'il est recevable?
La Présidente (Mme Bélanger): II est
recevable.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On est pris pour l'entendre, Mme
la Présidente.
Une voix: Est-ce que je peux voir le texte, quand même?
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Mme la Présidente, l'argumentation
fondamentale s'inscrit purement dans la logique suivante. Je pense avoir
entendu comme il faut et compris le message que nous ont passé les
parties, non seulement les parties syndicales, mais les parties patronales
aussi. Cela arrive, me dit-on, si peu souvent qu'il y ait des consensus
unanimes que, lorsqu'il y a des consensus sur le fait que ces gens veulent se
prendre en main, qu'ils veulent administrer leurs affaires, qu'ils nous disent:
Laissez-nous donc aller, on va peut-être se débrouiller et
être capables de décider des choses qui nous regardent, c'est nous
qui connaissons l'industrie. Je leur fais confiance au point de leur donner la
responsabilité de définir où ils ont leur
pied-à-terre, où ils ont leurs autres bureaux. Il me semble que
cela va de soi. Je ne vois pas en quoi l'autorité ministérielle
peut jouer jusque-là.
J'avoue que je ne suis pas surpris, d'autre part. Le siège social
est à Montréal, mais on vous donne le pouvoir. Ce n'est pas parce
que je suis contre Montréal. Ils peuvent peut-être opter
unanimement pour Montréal. Mais la cohérence d'une volonté
de transmettre les pouvoirs aux parties, nous voulons l'assumer pleinement,
d'autant plus que les parties ne nous avaient pas parlé exclusivement de
prendre leurs décisions générales et administratives, mais
elles sont allées beaucoup plus loin que cela. J'ai entendu les parties
nous dire qu'elles voulaient être maîtresses de l'administration
complète de l'OCQ. Elles ont dit: On ne hait pas les gars du
ministère; qu'ils nous observent et qu'ils nous conseillent au besoin,
mais qu'ils nous regardent aller non seulement sur l'administration de notre
boîte, non seulement sur la supervision de l'application du
décret, mais éqalement sur l'établissement des
critères de formation, sur les programmes de formation. C'est comme cela
que j'ai compris les intervenants qu'on a eus en commission parlementaire et
ce, pendant deux jours.
Je vous avoue que, de ce côté-ci, en tout cas, mes
collègues pourront le corroborer, en ce qui nous regarde, en ce qui
regarde l'Opposition, on a épousé ce consensus unanime des
parties. On s'est dit, en toute logique, par la suite: II faut donner aux
parties... C'est une volonté qui se manifeste depuis longtemps. On leur
impose un petit pourcentage de plus à payer qui est seulement du simple
au double. Il me semble que cela commence à faire quelque chose
d'important, étant les payeurs, en particulier, sur le plan
administratif pour tout, sauf, bien sûr, pour les programmes de
formation. Je conçois que cela restera toujours d'État et plus
que cela, car cela implique même le fédérai si on regarde
les négociations qu'a à mener le ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu au niveau de la
formation professionnelle. C'est bien évident que je ne nie pas cette
partie, mais qui mieux que les gens de la construction pour établir un
peu leur façon de procéder? Ils se connaissent. Ils ne
s'enfargent pas dans la "comitomanie" comme on peut s'enfarger au gouvernement.
Ils ne s'enfargent pas dans les fleurs du tapis des structures comme peut
s'enfarger facilement un gouvernement ou un ministère. C'est assez
intéressant de regarder cela. Il y a de ces modes ou de ces vagues qui
se développent. À un moment donné, on est pour l'abolition
de tout comité. Le lendemain, on est pour la création d'un paquet
de comités.
J'ai vu des lois qui étaient supposées contenir un seul
sujet et on arrive à l'Assemblée nationale, hier... Prenons le
projet de loi 142, par exemple. Il parle de la langue, il parle des conflits
d'intérêts des conseils d'administration d'hôpitaux et dans
la même loi on donne un pouvoir au Conseil du trésor sur la
ministre de la Santé et des Services sociaux. Ce sont trois objets
complètement différents dans un projet de loi. Ils voulaient
mieux légiférer. Une journée, ils privatisent et, le
lendemain, ils étatisent. Des vagues et des modes!
II me semble que, lorsqu'on a une occasion, on s'arrête sur un
projet de loi. On
se définit des objectifs et, à partir de nos objectifs, on
bâtit une cohérence dans l'action sur papier. On ne peut pas
être pour la compétence dans un article et pour
l'incompétence dans l'autre. On ne peut être pour la vertu
à l'article 1 et être pour le mal à l'article 3, ou bien
être pour la sortie de travailleurs dans le premier paragraphe et pour
leur entrée dans le deuxième. C'est de l'incohérence.
C'est la "job" du législateur d'assurer la cohérence dans ses
textes législatifs.
Donc, je vous disais que, de notre côté, nous avons
épousé le fait suivant. Nous sommes d'accord avec le fait que les
parties aient l'entière responsabilité de cette industrie, aient
le mot tout à fait final sur les grandes orientations de formation, sur
l'administration - j'espère que je ne vous endors pas trop, M. le
ministre - sur la gestion interne, sur l'application du décret. À
partir de ce fait, on veut démontrer cette cohérence même
quant au choix de leur siège social. Il me semble que c'est de
l'autoritarisme indu de la part du ministre, de la part du gouvernement, de la
part de l'Assemblée nationale. Cela m'apparaît quelque chose de
complètement aberrant dès le moment où vous acceptez que
les parties soient roi et maître. C'est donc dans un souci de
cohérence que l'on présente cet amendement sur lequel, bien
sûr, le ministre va nous faire un brillant exposé.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, en
parlant de cohérence, le gouvernement qui nous a
précédés, dans chacune des lois qu'il a adoptées,
même s'il impliquait les parties dans certains cas, a toujours
conservé cette initiative de pouvoir choisir le siège social d'un
organisme. À titre d'exemple, est-ce que vous pensez vraiment, M. le
député de Joliette, que le siège social de l'Office des
personnes handicapées du Québec se situerait à
Drummondville si vous n'aviez pas, comme gouvernement, conservé cette
initiative?
M. Chevrette: Bonne questionl L'Office des personnes
handicapées est une structure payée entièrement par le
gouvernement. Les seuls sous qu'il reçoit viennent du gouvernement. Vous
comparez un cheval avec un lapin.
Dans le cas de l'Office de la construction, de la Commission de
l'industrie de la construction ou de la Commission de la construction du
Québec - on aura connu trois, quatre sigles, OCQ, CIC et CCQ - ce n'est
pas cela qui arrive. C'est vraiment l'employeur et le syndicat qui sont
impliqués. Vous-même, par la loi, vous taxez du simple au double
pour démontrer que ce sont eux qui paient la facture. C'est sur la
question de main-d'oeuvre et ce ne sont que des programmes que vous offririez
de toute façon si c'était un autre mode de formation. Vous
comparez l'Office des personnes handicapées. Voyons! L'Office des
personnes handicapées, c'est un conseil d'administration...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La CSST,
M. Chevrette: La CSST, oui, en voilà un bel exemple!
J'aurais le qoût de vous faire un bon discours sur la CSST. Vous ne
trouverez sûrement pas une directrice générale qui
prendrait la part du ministre. Elle serait supposée chercher à
appliquer ce que les deux parties veulent... C'est supposé être un
comité paritaire des deux parties, la CSST. Elle ne doit pas avoir le
mandat de démolir une structure par l'intérieur; elle doit venir
par le courage politique du ministre. Si vous voulez que l'on s'en parle, on va
s'en parler longtemps. Vous m'ouvrez la porte, Mme la Présidente,
allez-vous me rappeler à l'ordre si je lui en parle?
M. Paradis (Brome-Missîsquoi): Non, dans le même
désordre.
La Présidente (Mme Bélanger): On verra, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Cela ne me fait rien de parler de la CSST, mais
vous comprendrez...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous indique que l'on est sur
un article quant au siège social.
La Présidente (Mme Bélanger): Je pense, M. le
député, que vous enfreignez le règlement en parlant de la
CSST à ce moment-ci.
M. Chevrette: Donc, vous venez de conclure que la question du
ministre allait tout à fait à l'encontre du règlement?
La Présidente (Mme Bélanger): II a parlé du
siège social.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour vous empêcher de
conclure, Mme la Présidente, je vais retirer ma question.
M. Chevrette: Vous aviez peur d'être qualifié?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): "Apprenti".
Mme Juneau: Non, classifié. M. Chevrette:
"Occupation".
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, sur le
siège social, le ministre a dit pourquoi il souhaitait que le
gouvernement conserve l'initiative. Le député de Joliette,
porte-parole de l'Opposition en la matière, a exposé ses
arguments. Au moment où l'on se parle, je vous dirai qu'il ne m'a pas
convaincu.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: II ne me convainc pas, non plus. La
répartition des sièges sociaux...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'appelle donc le vote.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Roberval.
M. Chevrette: II me reste encore dix-sept minutes.
La Présidente (Mme Bélanger): Douze minutes, M. le
député de Joliette. M. le député de Roberval.
M. Michel Gauthier
M. Gauthier: Mme la Présidente, l'amendement du
député de Joliette qui semble un peu anodin en soi ne l'est pas
du tout quand on regarde toutes les implications. C'est une question d'esprit,
dans le fond. Est-ce que la commission, la fameuse Commission de la
construction que le ministre a décidé de mettre sur pied...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! Nous n'entendons pas l'intervention du
député de Roberval.
M. Gauthier: Je vous le dis, le ministre manque quelque chose
parce que je voulais lui parler de l'autonomie de cette commission qui,
payée par les deux parties, devrait normalement être en mesure de
choisir elle-même son siège social. Le ministre n'est certainement
pas de mauvaise foi à ce point qu'il...
On va attendre. C'est un peu comme dans le temps. J'ai
déjà enseigné quelques années, Mme la
Présidente, et mes élèves qui avaient de la
difficulté à comprendre en classe, en général, se
comportaient comme certaines de ces gens-là, c'est-à-dire que dix
minutes avant la fin, ils commençaient à ramasser leurs papiers
et à faire du brouillon.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Étiez-vous aussi
intéressant comme professeur que comme parlementaire?
M. Gauthier: Oui, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Roberval, étant donné l'heure et que les
esprits commencent à être fatigués, je pense qu'il serait
préférable, si on- veut bien entendre votre intervention, de
suspendre...
M. Gauthier: Vous me demandez, Mme la Présidente, de faire
mon intervention ce soir?
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, cela va
être plus intéressant après une période de repos.
Les travaux sont suspendus jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
(Reprise à 20 h 8)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission de
l'économie et du travail reprend ses travaux pour l'étude du
projet de loi 119, Loi modifiant la Loi sur les relations du travail dans
l'industrie de La construction. Lors de la suspension, nous en étions au
débat sur l'amendement et la parole était au député
de Roberval.
M. Gauthier: Oui, Mme la Présidente, je vous remercie. On
était à discuter de la pertinence ou de l'importance,
plutôt,- de permettre à la commission de déterminer
elle-même l'endroit où elle doit établir son siège
social. Il y a plusieurs raisons à cela, bien sûr. Je n'avais pas
eu le temps de beaucoup parler sur le sujet. Je voudrais simplement dire que la
commission est, à mon avis, d'abord composée de personnes qui
paient, des employés, des syndicats et des patrons, pour administrer, en
quelque sorte, toute cette réglementation qui régit le monde de
la construction. Le ministre, dans son projet de loi, tout au long des
débats, nous a présenté sa position comme étant
celle d'un homme qui faisait confiance aux parties, un homme qui avait le
goût de laisser faire des choses par la nouvelle commission. Cela faisait
partie des voeux. On avait l'impression que le ministre était
honnête, était sincère quand il disait cela. Cependant,
dès qu'on arrive au premier élément, à la
première décision que va prendre cette commission, celle de
s'établir quelque part, déjà, le ministre dit: C'est le
gouvernement qui décide. Mme la Présidente, on voit là
que, derrière les voeux exprimés, derrière les intentions
du ministre, derrière les belles paroles, derrière une foule
d'amendements, derrière beaucoup de consultations, derrière aussi
des informations informelles qu'il nous donne... C'est comme quand il est
arrivé à cette commission. Il jase, semble-t-il, avec des
centaines de travailleurs de la construction qui se disent
tous heureux de ce projet de loi. C'est curieux, mais, quand on fait le
tour des véritables travailleurs de la construction, peu de gens sont
heureux de cette situation. On a vu cet après-midi des milliers de
billets de pétitionnaires qui ont été
déposés, remis au ministre par des représentants
syndicaux; ils l'ont fait de façon civilisée, de façon
correcte, de façon respectueuse, comme ils doivent le faire. J'en suis,
mais ces milliers de personnes qui ont pris la peine de renvoyer un
coupon-réponse et de dire au ministre du Travail: Ne touchez pas
à ma carte, M. le ministre, sont très certainement insatisfaites
de certains aspects du projet de loi. Mais le ministre - c'est de la
désinformation, comme j'appelle cela - sous prétexte de
rencontres informelles, sous prétexte de nombreuses consultations,
essaie de nous faire croire que les gens sont satisfaits de son projet. Il ne
saurait en être autrement, Mme la Présidente, du fait que, entre
les voeux exprimés par le ministre, entre les bonnes intentions
exprimées par le ministre à cette table et la
réalité des choses, il y a un monde.
Je sais que le député de La Peltrie, qui est un homme
généralement éclairé dans ce genre de choses, est
d'accord avec ce que je dis. Il y a un monde entre le discours du ministre et
ses gestes concrets, et à la première chance qu'on a, à la
première chance que le ministre aurait de démontrer cette
ouverture vers les autres, il dit non. C'est une fin de non-recevoir. Mme la
Présidente, c'est ce qui m'inquiète dans cela.
J'étais à dire, à 17 h 55, quand on a suspendu le
débat, qu'il s'agissait là du coeur même du projet de loi,
de la prise en main. On sait que dans une négociation, normalement, de
façon générale, on laisse les parties s'entendre. Le
ministre est de ceux, probablement, qui, comme le ministre du Travail,
comprennent l'importance des discussions, des franches discussions, des
franches négociations entre deux parties pour en arriver à des
solutions qui, en général, sont les meilleures, les plus durables
dans le temps, celles aussi qui sont respectées par les parties.
Or, dans ce gouvernement, Mme la Présidente - et je me permets
d'élargir pour quelques instants le sens de mon propos - on s'est fait
élire à un moment donné en prônant la philosophie du
laisser-faire, de la liberté des gens. On a critiqué ouvertement
toutes les actions de l'ancien gouvernement qui avaient comme
conséquence, comme certaines modalités, d'interférer dans
un processus de discussions entre deux parties. Ce gouvernement s'est fait
élire sous la bannière, semble-t-it, de la remise en main des
responsabilités aux personnes qui doivent les assumer. Or, on
s'aperçoit que c'est bon pour une catégorie de personnes
seulement. Quand il s'agit du monde des affaires, on dit que le gouvernement se
passe du monde des affaires. Qu'il laisse donc les hommes d'affaires faire la
"business" et qu'il laisse les lois du marché jouer,
Le gouvernement se fait un malin plaisir d'aller jusqu'à
sacrifier - le député de Mille-Îles sera certainement de
mon avis -des outils importants dans le développement économique
du Québec, Mme la Présidente. Il le fait en dilapidant nos
sociétés d'État qui ont toujours été les
outils - enfin, depuis les années 1960 - qu'on s'est bâtis comme
collectivité et grâce auxquels on pouvait intervenir efficacement
dans le monde économique. Je sais que le député de
Mille-Îles, qui est un économiste, ne peut pas ne pas être
d'accord avec cet énoncé, Mme la Présidente.
Dans le monde, des affaires, pour être fidèle à sa
philosophie, ce gouvernement dit: Nous ne nous mêlons pas de cela.
Laissons donc les hommes d'affaires parler entre eux, laissons jouer les lois
du marché. Que le gouvernement ne s'en mêle pas et on ne s'en
portera que mieux. Quand arrive le temps, Mme la Présidente, de faire
confiance à des syndiqués qui doivent discuter avec des patrons -
les patrons, on leur fait confiance, traditionnellement, dans ce gouvernement
-et que l'autre partie, ce sont des syndiqués, curieusement le
gouvernement n'a plus la même confiance. Il sent le besoin d'intervenir
à tout bout de champ. Il sent le besoin de garder partout dans le projet
de loi: s'il n'y a pas entente, le gouvernement décidera et il fixera
lui-même ses délais. Je voyais les amendements du ministre, les
délais sont discrétionnaires. Si, après un certain temps
jugé suffisamment long par le ministre, les parties ne se sont pas
entendues, soit!, nous prendrons une décision.
Voilà ce que le ministre essaie de passer dans ce texte de loi,
Mme la Présidente. C'est là que je trouve cela incorrect pour le
monde syndical en général. Un peu comme si les syndicats, les
syndiqués et les personnes qui dirigent ces organisations, Mme la
Présidente, n'étaient pas capables d'assumer des
responsabilités. C'est comme si on ne pouvait pas laisser jouer les lois
de la franche discussion et de la négociation. Je vois mon
collèque de Joliette qui rit. C'est un ancien syndicaliste, un homme en
qui ces gens n'auraient pas eu confiance à l'époque. Pourtant,
c'est un homme qui a réussi à gérer les choses de
l'État de façon remarquable, et j'en profite pour lui rendre
hommage aujourd'hui, Mme la Présidente.
Alors, cela dit, je voudrais simplement ajouter que cette simple
décision du ministre, ce refus d'accepter l'amendement pouvant permettre
aux patrons et aux syndiqués de s'entendre et de fixer eux-mêmes
l'endroit où ils vont siéger, l'endroit qui sera le plus
approprié pour
donner des services aux citoyens du Québec, qui sont du monde de
la construction, et aux entrepreneurs du Québec, qui sont le coeur
même du monde de la construction, le fait qu'on refuse ce simple droit,
Mme la Présidente, c'est nier la capacité de ces gens de
s'entendre. C'est nier que les lois de la libre négociation, que les
lois du marché, comme on les appelle au sens large, dans ce
gouvernement, puissent jouer favorablement et puissent permettre à ces
parties de s'entendre réellement sur des choses qui font leur affaire,
qui font consensus et qui leur permettront de mieux servir les concitoyens. Ce
qui est bon pour les patrons, Mme la Présidente, ce qui est bon pour les
lois générales du marché dans le domaine
économique, cela devrait être bon aussi pour les ouvriers, cela
devrait être bon aussi pour les syndicats, cela devrait être bon
aussi pour le monde de la construction, d'une certaine façon.
Pour ces raisons, Mme la Présidente, je voterai bien sûr en
faveur de l'amendement du député de Joliette qui, lui, a compris
le véritable sens d'un projet de loi comme celui-là, projet de
loi qui devrait être celui de la responsabilisation. Je voterai pour avec
plaisir et je peux dire au ministre qu'on reconnaît, à travers un
simple article comme celui-là, ses intentions véritables. Je vous
remercie.
La Présidente (Mme Bélanger): Effectivement, M. le
député de Roberval, votre période de repos a
été très bénéfique. Votre performance a
amené...
M. Théorêt: N'en mettez pas trop, Mme la
Présidente, ce n'est pas nécessaire.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, tout
comme vous, je vaudrais souligner le brio de la performance du
député de Roberval quant à la forme. Quant au fond, je lui
rappellerai qu'on était supposé parler de l'endroit où
serait établi le siège social et par qui ce serait
décidé. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de La Peltrie.
M. Cannon: Je passe mon droit de parole à ma
collègue.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Johnson.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Juste quelques mots. Je ne veux pas utiliser le temps
de la commission indûment, mais il me semble important d'ajouter quelques
notes à ce que mes deux collèques ont dit tout à
l'heure.
Je trouve intéressant qu'on dise la commission au lieu du
gouvernement. Quand on paie, on veut décider. Quand on paie, on veut
être le formateur. C'est normal. C'est comme quand je donne de l'argent
à quelqu'un pour aller faire mon épicerie, je lui demande ce que
je veux bien lui demander. Donc, quand vraiment on est le bailleur de fonds le
plus important, il faut qu'on soit quand même en mesure de décider
de certaines choses. L'optique de la proposition d'amendement, c'est vraiment
pour qu'on remette à César ce qui est à César.
Donc, si c'est la commission qui fait les frais, je pense qu'il pourrait
revenir à la commission aussi de décider si elle désire
être à Québec, à Montréal ou à
Sherbrooke, dans notre région, M. le ministre. Je pense que ce serait
important. Je vous entendais, avant le souper, dire que dans votre
comté, tout comme dans le comté d'Ungava, tout comme dans le
comté de Johnson, nous n'avions ni universités, ni services
gouvernementaux, ni Communication-Québec, que nous n'avions pas le
plaisir d'avoir à l'intérieur de nos comtés respectifs les
services qu'on pourrait offrir.
Donc, il me semble que, si la commission décide elle-même
d'implanter son siège social à Montréal, à
Québec, à Sherbrooke ou ailleurs, c'est à elle de prendre
cette décision et, à mon point de vue, le ministre ne devrait pas
attacher la patte de la commission. On attache quelqu'un et si ensuite il
arrive des choses, c'est le ministre qui va en ressentir les contrecoups aussi.
Il me semble que l'autorité doit revenir à celui qui en fait les
frais et l'autorité doit être aussi libre de toute contrainte,
jusqu'à un certain point. Il me semble que si nous échangions le
mot "gouvernement" pour le mot "commission", ce serait faire confiance à
cette commission, dont le ministre a fait grand état quant à la ,
responsabilisation, et il me semble aussi que des personnes qui se sentent en
confiance ne peuvent faire autrement que performer. M. le ministre, le but que
nous recherchons tous, c'est de faire des ouvertures pour nos jeunes dans la
construction. Donc, si la confiance que nous mettons en cette commission peut
se sentir dans le milieu de travail, nous allons probablement atteindre le but
que nous visons tous, c'est-à-dîre donner le meilleur pour que les
jeunes puissent entrer sur le marché de la construction.
À mon point de vue, l'amendement de mon collègue de
Joliette est tout à fait envisageable et je souhaite que le ministre
puisse conserver une écoute attentive aux
amendements que nous allons apporter ici à la commission. C'est
bien sûr que nous ne faisons pas ces amendements dans le but de nuire
à qui que ce soit, bien au contraire. Nous avons, par le passé,
démontré que le travail que nous faisions avait pour but que les
gens se sentent mieux et aient un meilleur environnement. Je pense que,
même si nous avons traversé le parquet de la Chambre, les buts
ultimes pour lesquels nous faisons certaines inverventions, un certain travail,
c'est toujours dans le meilleur intérêt de la population en
général et, dans ce cas, le but visé par le ministre est
de faire entrer sur le marché de la construction des jeunes. Je ne
disconviens pas de cela. Comme partout ailleurs, il y a beaucoup de jeunes dans
mon comté, il y a beaucoup de jeunes qui souhaiteraient entrer sur le
marché du travail. Donc, qu'on fasse confiance à la commission et
qu'on lui laisse le plaisir et l'autorité de décider si
éventuellement elle veut s'installer à Montréal,
Québec ou Sherbrooke. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, Mme la
députée de Johnson. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je remercie beaucoup Mme la
députée de Johnson.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de La Peltrie.
M. Cannon: Simplement pour résumer, je pense que notre
collègue, la députée, a parlé effectivement contre
sa motion en limitant les endroits où la commission pourrait
établir son siège social. Elle dit Québec, Montréal
et Sherbrooke. Je pense que, visiblement, du côté de l'Opposition,
il y a un manque de cohérence quant aux amendements qui sont
présentés. Je cède sans plus tarder ta parole au
député de Joliette pour qu'il puisse clarifier la situation.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Un instant, Mme la Présidente! J'ai
été quand même un peu plus ouverte que le ministre tout
à l'heure, quand il a dit: Québec, Montréal; j'ai
ajouté Sherbrooke. S'il veut d'autres amendements, on va en faire. Je
n'ai rien contre cela, ouvrir...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Mme Juneau: C'était un exemple et il n'a pas
été capable de le comprendre.
Une voix: Trois-Rivières.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Je pense que vous pouvez appeler le vote sur notre
amendement.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement est adopté?
Mme Juneau: Adopté.
M. Chevrette: Adopté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'amendement
est adopté sur division.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, rejeté.
La Présidente (Mme Bélanger): Rejeté sur
division. Est-ce que l'article 3.1 introduit par l'article 3 est
adopté?
M. Chevrette: Sur division.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté sur division.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 3.1,
introduit par l'article 3, est adopté sur division. J'aimerais faire une
petite mise au point. Il y a eu une petite ambiguïté cet
après-midi sur l'article 3.2 introduit par l'article 3.
M. Théorêt: II a été adopté.
M. Chevrette: Non, non.
La Présidente (Mme Bélanger): Je pense qu'il y a eu
ambiguïté et que, quand on a adopté 3, c'était 2.
M. Chevrette: Oui, vous avez raison: 3.2, l'article 3, la
deuxième bébelle qu'il y a là.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 2 introduit
dans l'article 3...
M. Chevrette: C'est la numérotation qui est ainsi
faite.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
M. Chevrette: Le ministre l'a même lu, si vous reprenez le
procès-verbal. Il a dit: "3.2. Est instituée la Commission de la
construction du Québec." On ne fera pas de chichi avec cela.
M. Théorêt: Je lisais le procès-verbal
tantôt.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors,
l'article...
M. Chevrette: D'accord, je dis que cela serait incohérent
par rapport à ce qu'on a adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est pour cela que
je veux faire une mise au point pour le procès-verbal.
M. Gauthier: Vous faites bien, Mme la Présidente, cela
vous honore.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 2,
introduit par l'article 3, est adopté. L'article 3, introduit par
l'article 3, est adopté. L'article 3.1, introduit par l'article 3, est
adopté tel qu'amendé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, pas amendé, Mme la
Présidente, il est adopté.
M. Chevrette: II est adopté sur division. On a
rejeté l'amendement.
La Présidente (Mme Bélanger): On a rejeté
l'amendement.
M. Gauthier: Mme la Présidente, je m'excuse. Vous n'avez
pas le droit d'être partiale, même si vous trouvez que nos
arguments étaient intéressants, vous êtes obligée de
respecter la décision de cette commission.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord. L'article
3.1 est adopté sur division. J'appelle l'article 3.2. M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente,
l'article 3.2 se lit comme suit: "La commission est composée d'un
conseil d'administration formé de treize membres dont un
président. "Sauf le président, les membres sont nommés de
la façon suivante: "1° quatre, après consultation de
l'association d'employeurs et des associations d'entrepreneurs; "2° quatre,
après consultation des associations représentatives; "3°
deux, recommandés par le ministre du Travail; "4° un,
recommandé par le ministre de la Main-d'oeuvre et de la
Sécurité du revenu; "5° un, recommandé par le ministre
de l'Éducation."
En gros, cette disposition vise à élargir le conseil
d'administration de la nouvelle Commission de la construction du Québec
où seront représentés un plus grand nombre de gens de
l'industrie de la construction. Avant, faut-il le rappeler, le conseil
d'administration de l'office était composé de cinq membres.
L'article se lisait - et c'est peut-être bon de le rappeler - "L'office
est formé de cinq membres, dont un président, nommés pour
au plus cinq ans par le gouvernement qui fixe leur traitement et leurs
conditions de travail. Le président exerce ses fonctions à plein
temps. Il est également le directeur général de
l'office."
Je répète devant cette commission que, jusqu'à la
dernière nomination que l'actuel gouvernement a effectuée
à l'Office de la construction du Québec, le gouvernement, par le
biais de ses représentants, occupait la majorité des
sièges à l'office. La loi actuelle ne prévoyait aucune
représentativité des gens du milieu de la construction au sein du
conseil d'administration. Le projet de loi assure la présence de huit
personnes issues de l'industrie sur treize membres ayant !e droit de vote. De
plus, la loi établit que le gouvernement devra consulter tous les
principaux intervenants avant de procéder aux nominations, ce qui
n'existait pas dans l'ancienne loi. De plus, cette disposition vise à
permettre la représentation des membres du gouvernement qui ont un
rôle en matière de relations du travail et de formation
professionnelle. Ainsi, deux membres sont recommandés par le ministre du
Travail et deux autres sont respectivement recommandés par le ministre
de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu et par le
ministre de l'Éducation. La présence d'un représentant
recommandé par le ministre de la Main-d'oeuvre et de la
Sécurité du revenu et par le ministre de l'Éducation
assurera l'adoption de programmes par les gens du milieu, en conformité
avec les politiques gouvernementales, et facilitera leur réalisation.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Mme la Présidente, je voudrais annoncer ici
des amendements, globalement, même s'il y en aura plusieurs, pour
permettre au ministre de voir le portrait de l'article 3.2. Plutôt que de
discuter chaque parcelle, chaque partie ou chaque ligne, je voudrais lui
indiquer un peu le sens de nos amendements qui viennent là-dessus.
D'abord, j'hésite tout de suite, et je le dis au ministre.
J'aurais le goût de garder 13 sans présenter d'amendement, mais,
comme je donne un statut d'observateur aux membres du ministère, je
devrai changer, dans un premier temps, le nombre de membres du conseil. Ce sera
plutôt quelque chose comme neuf. Je lui expliquerai que la raison en est
que les membres des ministères ne sont que des observateurs dans nos
amendements et non pas des membres actifs votants. C'était le
premier point.
Le deuxième point est que le président sera nommé
par les parties, et, à défaut d'entente, après un
délai de x jours, il sera nommé par le ministre à
même une liste produite par les parties prenantes.
Les autres amendements de cet article, ce serait que le ministre nomme,
après désignation, ou quelque chose du genre dans le
libellé - oublions le libellé, je veux lui donner l'esprit global
de l'article - après désignation par les associations
représentatives qui ont plus de 5 %.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour le patronal, comment cela
va-t-il marcher?
M. Chevrette: Pour le patronal, c'est après consultation
des parties, des associations d'entrepreneurs et les groupes. Ce n'est pas la
même chose.
Mme Juneau: Pas de pourcentage?
M. Chevrette: Non. Les autres amendements, ce seraient trois
observateurs, un du ministre du Travail, un de la Main-d'oeuvre et de la
Sécurité du revenu et un de l'Éducation. Mais trois
"observateurs", sans droit de vote. Cela ferait à peu près
l'objet des amendements à cet article, qui ont d'ailleurs
été annoncés. Le ministre ne doit pas être surpris
de ces amendements. (20 h 30)
L'objectif de ces amendements - vous parlez sur l'article avant de
présenter le premier - vise carrément, vous l'avez
remarqué, à remettre aux parties le pouvoir de décision -
c'est clair - y compris le choix de leur président. En cas d'impasse, on
prévoit le dénouement de tout cela. Je pense que c'est là
une façon de répondre au voeu majoritaire que nous ont
exprimé presque toutes les parties durant la phase de consultation.
Même les patrons allaient dans ce sens. Ils veulent être
maîtres de leurs structures. Ils veulent carrément être ceux
qui dirigent cet organisme national. Ils veulent prendre leurs propres
décisions. Bien sûr, par la suite, lorsqu'on arrivera dans les
pouvoirs, on tiendra également compte des amendements du ministre qui
nous a ouvert une porte cet après-midi entre l'obligation de
créer certains comités et le pouvoir d'en faire. Il y aura des
amendements, à moins qu'il n'en présente lui-même, on verra
à ce moment-là. Purement et simplement, je ne suis pas
arrivé à comprendre le pourquoi d'un tel article, car je
considère que, tel que présenté par le ministre...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour qu'on s'entende quant
à la procédure, est-ce que, au moment où l'on se parle,
vous parlez sur...
M. Chevrette: Sur la proposition qu'il y a là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous ne parlez pas sur vos
amendements.
M. Chevrette: Non. Je vais vous...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord, cela va.
M. Chevrette: J'ai voulu vous les annoncer...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, cela va. C'était
seulement pour préciser.
M. Chevrette: ...pour que vous ne pensiez pas... J'ai
changé moi-même le sens de certains amendements.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pourrais vous suggérer
de les déposer tout de suite. Vous pourriez parler immédiatement,
puisque vous avez l'intention assez manifeste et claire de les
présenter. Cela pourrait épargner du temps à la
commission. C'est une suggestion.
M. Chevrette: Oui, mais je veux comprendre une chose bien
précise avant, à moins que le ministre me dise que ce
n'était pas son objectif. Vous vous êtes montré ouvert,
durant la commission parlementaire, à reconnaître, je ne dirais
pas la parité de gestion, mais le fait que ces deux agents principaux de
gestion étaient vraiment le patronat et le syndicat. Entre autres, je
pense que M. Louis Laberge a caricaturé votre proposition 3.2,
d'ailleurs, d'une façon assez imagée.
Personnellement, je pense que, si le ministre nous disait
immédiatement qu'il entend retirer en particulier les quatrième
et cinquième paragraphes, on pourrait travailler conjointement à
l'élaboration d'une proposition beaucoup plus correcte. Si le chiffre ne
lui allait pas, ce n'est pas pour moi une question de prolonger le débat
pour un chiffre. Je vais en lancer un pour les besoins de la cause, mais, si le
ministre me dit: D'accord, j'achète le fait que mes gens deviennent des
observateurs, on va travailler différemment immédiatement.
J'aimerais l'entendre là-dessus, car c'est quand même une motion
de fond.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous ai indiqué
clairement, M. le député, que j'ai
écouté attentivement les représentants de
l'ensemble des groupements qui sont venus devant nous cette semaine. J'ai eu
des discussions avec eux, tout comme vous avez pu en avoir avec l'ensemble des
parties, et ils m'ont formulé des demandes de modifications dans presque
tous les sens de la composition du conseil d'administration de la
commission.
Je vous avoue que je serais naturellement porté à dire:
Qu'est-ce que les fonctionnaires ont à faire là? Ce serait ma
propension naturelle. Je regarde l'ensemble du dossier, je regarde l'ensemble
de la problématique, je regarde l'ensemble de l'importance du projet de
loi et je me pose la question sérieusement: est-ce que je pense
être capable d'intéresser le ministère de
l'Éducation, entre autres, de façon sérieuse, si je
n'offre pas à un représentant du ministère de l'Education
un poste plein et entier à la commission?
Je regarde l'un des ministères que je dirige, celui de la
Main-d'Oeuvre, et je me pose sérieusement la question. Je me dis: Est-ce
que, sérieusement, je suis capable d'intéresser le
ministère - et n'oubliez pas que les ministres et même les
formations politiques passent - quelqu'un du ministère de la
Main-d'oeuvre, de façon sérieuse, à envoyer un
décideur strictement à titre d'observateur? Voyez-vous, je me dis
que deux du ministère du Travail c'est peut-être trop. Je passe
une réflexion. Je serais peut-être capable de les
intéresser sans en avoir du ministère du Travail parce qu'ils ont
été plus près de l'organisme qui était dans le
passé l'OCQ, les intéresser en ce qui concerne le volet relations
du travail. Mais dans l'ensemble, est-ce que je suis réellement capable
de les intéresser sans leur donner un statut plein et entier? Ma
réponse est bien personnelle. Je vous la livre. Elle est
imprégnée de mes convictions. C'est non. Je ne serai pas capable
de les intéresser suffisamment.
À partir du moment où j'ai atteint honnêtement cette
conclusion et que je regarde le rôle de la commission quant à la
formation, je me dis: Est-ce que cela a des chances de réussir si le
ministère de l'Education ne se sent pas impliqué? Est-ce que cela
a des chances de réussir si le ministère de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu ne se sent pas impliqué? Est-ce
que cela a des chances de réussir si le ministère du Travail ne
se sent pas impliqué? Je réponds non. D'un autre
côté, je me dis: Oui, mais la philosophie qui sous-tend la
commission est de remettre la responsabilité ou les
responsabilités aux parties. Je me dis: Est-ce que les parties qui, dans
l'ancienne loi, il faut le souligner, étaient minoritaires
jusqu'à la dernière nomination du mois de novembre, peuvent, de
fait, numériquement, exercer le contrôle de la commission? Et la
réponse est oui. Partie patronale, partie syndicale, cela fait huit
représentants sur treize. Si les représentants des parties
patronales et des parties syndicales à la commission font preuve de
suffisamment de sagesse, de maturité, de clairvoyance et d'ouverture
d'esprit, je vous indique bien clairement que les votes des fonctionnaires -si
je peux utiliser l'expression - compteront pour absolument rien. En cas
d'impasse, les votes vont devenir importants. Je peux même vous dire,
quels que soient les observateurs ou les perssonnes intéressées
avec qui j'ai traité du sujet, qu'ils ont tenu pour acquis qu'il y
aurait des votes en bloc des fonctionnaires, comme ils tiennent pour acquis
qu'il pourrait y avoir des votes en bloc des parties syndicales et des parties
patronales.
J'ai vu, dans ma brève expérience de ministre du Travail,
les centrales syndicales avoir des avis différents sur certains sujets.
J'ai vu dans ma courte expérience des associations patronales avoir des
avis différents. J'ai vu dans ma courte expérience des
fonctionnaires de divers ministères avoir des avis différents. La
chimie est là pour qu'elle fonctionne. Je comprendrais l'intervention et
l'importance qu'attache à cet article l'Opposition si les parties se
retrouvaient en situation minoritaire à la commission. Je comprendrais
cela. Mais si les parties font preuve de bonne volonté, si les parties
veulent s'entendre, veulent faire preuve de maturité, de sagesse, la
possibilité pour les parties existe. J'ai même insisté
personnellement sur le vote du président, parce qu'il y a un
cinquième représentant. C'est 4-4-4, comme on dit toujours, mais
il y a le président comme tel. Le président ne vote pas, sauf en
cas d'égalité des voix pour qu'il ne soit pas taxé,
à un moment donné, d'être soit gouvernemental, soit
patronal, soit syndical, pour qu'il ne se prononce pas sur chacune des
décisions. Je l'ai pesé, je l'ai soupesé. J'ai
étudié le scénario que vous me proposez. J'ai
étudié le scénario que m'ont proposé des gens dans
la salle ici. J'ai étudié les scénarios que m'ont
proposés tous et chacun des individus qui sont venus. Je ne dis pas que
le scénario que vous retrouvez dans le projet de loi est la perfection,
mais je vous dis, au moment où on se parle - je n'ai pas encore
fermé la porte - que j'ai la conviction très profonde qu'il
s'agit du meilleur des pires scénarios.
M. Chevrette: Mme la Présidente, ce qu'il y a de pire,
c'est qu'il a l'air de croire ce qu'il dit.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je le crois.
M. Chevrette: Dans les circonstances, je vais essayer de faire la
démonstration que
cela ne tient pas debout. Cela ne tient pas debout. Partir de
l'intérêt des fonctionnaires à un conseil d'administration
pour dire que sans droit de vote ils ne seraient pas intéressés,
imaginez-vous qu'il faut aller loin pour trouver la logique de cela. C'est leur
"job": mandatés par un ministre pour aller siéger à un
conseil d'administration. Imaginez-vous! Partir de l'intérêt des
fonctionnaires, je ne trouve pas que c'est fort comme argumentation. On
n'envoie ordinairement pas un fonctionnaire non intéressé
à un secteur. On en prend un qui connaît un peu les choses et qui
est intéressé à suivre cela de plus près; c'est sa
carrière. L'intérêt - imaginez-vous - à suivre les
débats d'un conseil d'administration, premièrement.
Deuxièmement, le ministre se donne un droit de vote au conseil
par quatre fonctionnaires et plus. Lisez l'amendement qu'il a
déposé cet après-midi, 123.2. Il ne fait même pas
confiance à ses fonctionnaires à ce moment-là. Il dit: Sur
quoi allez-vous vous entendre pour voter? "Les règlements que la
commission visait à l'article 123.1 -vous savez qu'il y en a un joli
paquet - sont soumis à l'approbation du gouvernement qui peut alors les
modifier." Non seulement les gars vont voter, mais, si jamais il arrive trop
souvent que les "boss" soient d'accord avec les syndiqués, il change
d'idée quand même. Le ministre se garde une porte de sortie, avec
l'article 123.2, pour battre les propres règlements qui auraient
été décidés par la commission.
Pire que cela, il fixe le délai qu'il veut; c'est lui qui fixe le
délai raisonnable. Quinze jours, cela peut être raisonnable pour
lui. Vous n'avez pas le temps de produire, c'est lui qui fait même le
règlement. Il invoque l'intérêt des fonctionnaires pour
justifier une telle structure. Je vous avoue très honnêtement que
cela ne résiste pas à l'analyse. On rend les parties
responsables» les forçant précisément à
s'entendre, sinon, le ministre, en vertu de l'article 123 qu'il a
lui-même déposé, a le moyen de trancher tout seul,
unilatéralement. C'est la bretelle et la ceinture. Je pense que cela va
prendre toutes sortes de noeuds de la manière dont c'est parti.
Il me semble que cela ne résiste pas quand on l'analyse
très sérieusement. Si c'était cela le but du ministre,
s'il croyait fondamentalement à ce qu'il dit, il entérinerait
tout ce qui vient de son conseil. Il ne se garderait pas le pouvoir d'amender.
Il dirait: Entendez-vous et je suis obligé d'entériner. Il dirait
cela au moins. Il y avait au moins une logique. Il aurait
intéressé des fonctionnaires parce qu'ils ont un droit de vote!
Je connais même des fonctionnaires qui ont intérêt à
ne pas voter; je peux vous dire cela. Leur plus grand intérêt, ce
serait plutôt de donner des conseils et de faire des observations sur des
dangers, mais surtout pas de voter. Ils vont dire: Si on est trop
identifié au "boss" de temps en temps et si on est trop identifié
au syndicat de temps en temps, on va être assis sur quelle chaise? C'est
bien plus un danger, quand on regarde le vécu concret, le quotidien des
choses. Écoutez, que l'on ne vienne pas me faire croire - en tout cas,
pas à moi - que les fonctionnaires seraient intéressés
exclusivement parce qu'ils ont un droit de vote à la commission. Au
contraire! Je suis persuadé que si l'on parlait sérieusement
à des fonctionnaires, ils nous diraient exactement ce que je viens de
dire au ministre.
Le ministre ne veut pas reconnaître que les parties veulent se
prendre en main; c'est aussi clair que cela. Qu'il accepte donc que les parties
prennent leurs responsabilités. Qu'il se garde un rèqlement en
cas d'impasse, je n'en disconviens pas avec le ministre. Il me semble que
d'essayer de nous donner des arguments... À moins que je ne sois le seul
dans cette salle à penser que ces arguments ont un poids
épouvantable sur le fond, sur la rationalité, il a hesoin de me
sortir d'autres arquments. Je connais un paquet de fonctionnaires qui aiment
bien mieux sortir au moment d'un vote, quand ils sont pris pour voter. Ils ne
veulent pas être identifiés à un groupe ou à un
autre. Je connais des fonctionnaires qui vont préférer vous
rencontrer seul rien que pour vous donner un conseil, pour ne pas vous le dire
devant les autres. Ils vont dire: Sur telle chose, je vous conseille de ne pas
aller trop loin parce que, je ne suis pas sûr, mais mon ministre est mal
pris avec tel autre ministère. Je ne pourrai peut-être pas vous le
dire en réunion. Vous savez comment cela marche! N'essayons pas de jouer
aux "plorines". Le gros vécu quotidien, le gros concret, c'est quoi? Il
y a des parties qui brassent des idées entre elles et qui ne sont pas
toujours d'accord. Si l'on veut atteindre une maturité dans les
relations patronales-syndicales, dans le domaine de la construction, ce n'est
pas en essayant de se garder une ceinture et une bretelle comme on le fait
là.
Si le ministre m'avait dit: J'embarque quatre fonctionnaires parce que
je veux me départir de mon pouvoir d'amendement, je veux vraiment qu'il
se prenne des décisions là. Avec quatre fonctionnaires, les
décisions vont peut-être se prendre dans le sens du
ministère. S'ils se collent sur les patrons et que c'est dans le sens du
ministère, le syndicat ne peut pas m'avoir. S'ils se collent sur le
syndicat, parce que les patrons ont essayé de m'avoîr, ils ne
m'auront pas. Donc, je suis assuré de cela. J'aurais compris
l'argumentation. Il ne l'aurait peut-être pas dit aussi brutalement que
cela. (20 h 45)
II me semble que le véritable consensus
qui s'est dégagé ici dans cette commission pendant deux
jours, ce fut véritablement un consensus où les parties
acceptaient la parité de décision avec le patronat et acceptaient
cependant qu'il y ait des observateurs des ministères - cela ne
créait pas de problème. Si le ministre est très
cohérent avec lui-même, il va au moins admettre qu'il s'est
gardé, par l'article 123.2, qu'il a déposé lui-même
- ce n'est pas moi qui l'ai déposé cet après-midi, c'est
lui...
Nous, nous disons: Si nous acceptons que les parties prennent leurs
responsabilités, nous allons l'accepter de a à z. En cas
d'impasse, nous prévoirons des mécanismes. Jusqu'à ce
qu'il y ait impasse, c'est aux parties à se brasser entre elles,
à tirer des consensus et à prendre des décisions. Je vous
prie de relire, pour les syndiqués qui sont dans la salle, l'article
123.2, les deux petits paragraphes de la deuxième page. Au cas où
le ministre les aurait oubliés, je vais les lui relire: Un
règlement de la construction, visé à l'article 123.1, est
soumis à l'approbation du gouvernement, qui peut alors le modifier.
Qu'est-ce qui est visé à l'article 123. l? Allons voir s'il y a
beaucoup de décisions à prendre qui ne sont pas changeables.
Cela commence à l'article 123.1. Il y a quatorze sujets qui
peuvent changer en tout temps, lorsque vous avez présenté vos
positions. Je pense que le ministre, véritablement, devrait
reconsidérer immédiatement sa position là-dessus, accepter
qu'il y ait des observateurs, accepter de responsabiliser les parties. Regardez
ce que lui-même a proposé cet après-midi pour
démontrer que c'est vraiment du trompe-l'oeil. Quand il vous remet cet
après-midi... Et cela va plus loin que cela parce que je lis
l'amendement que le ministre a proposé par rapport à ce qu'il y a
dans la loi.
Dans la loi, il y avait au moins de la sagesse, il y avait de la
franchise; c'était le gouvernement qui réglementait. Dans le
projet, c'était clair. Maintenant, on vous donne l'illusion, on dit:
C'est aux parties à réglementer. Pour ne pas prendre de chance,
c'est aux parties à réglementer, mais avec quatre fonctionnaires
qui votent. Pour ne pas prendre de chance, les règlements que vous allez
faire, en plus de cela, je peux les amender. Pour ne pas prendre de chance, je
vais vous fixer un délai assez court, si je veux, pour pouvoir les faire
seul. C'est quoi, cela? Faites dire le contraire de ce que je dis à ce
texte, je l'accepterai et je voterai pour. Ce n'est pas ce que ce texte dit et
ce n'est pas ce qu'il reflète.
J'ai la conviction profonde que cela n'a pas de bon sens. C'est un peu
pire que c'était, à part cela. Plus on l'analyse, plus cela donne
l'illusion de pouvoir, alors qu'on enlève ce pouvoir de deux
manières. À mon point de vue, c'est inacceptable.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je répondrai aux arguments
du député de Joliette concernant l'article 123.1 lorsque nous y
serons rendus.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Roberval.
M. Gauthier: Mme la Présidente, je ne sais pas, j'ai
l'impression qu'il se produit quelque chose. Je ne sais pas si c'est au cabinet
du ministre ou dans son bureau avec son chef de cabinet ou avec son
collaborateur immédiat, mais êtes-vous capable de me l'expliquer?
Mon collèque de Joliette a parlé de l'intérêt des
fonctionnaires. J'appuie entièrement ce qu'il a dit, bien sûr,
mais je veux juste le renforcer ou appuyer ce qu'il a dit davantage.
Les fonctionnaires, par carrière, sont souvent perçus, et
à juste titre, comme des experts-conseils pour les élus. De
façon générale, c'est cela. Les fonctionnaires ont cette
habitude de participer à plein de tables de travail partout et, s'il
fallait qu'ils ne soient pas motivés à travailler quand ils n'ont
pas le droit de vote, Mme la Présidente, on ne serait pas très
bien servi dans beaucoup de choses au gouvernement, puisque tout fonctionne par
des comités d'élus, la plupart du temps, appuyés par des
fonctionnaires qui donnent leurs conseils les plus judicieux ou qui permettent
aux élus de prendre de meilleures décisions à partir des
éclairages que leur apportent ces gens, qui ont souvent une
expérience ou une formation qui peut être supérieure ou
plus spécialisée que celui qui est appelé à prendre
la décision.
Comme argument, je vous avoue que c'est assez étonnant. Je suis
persuadé... La situation est la suivante - et si le ministre veut faire
preuve de bonne foi, c'est le temps ou jamais: il y a d'un côté,
on en est persuadé, les fonctionnaires qui ont, par habitude, ce
défi de conseiller, de prendre part à des discussions, de
soumettre des idées, de soumettre des choses et de laisser les parties
concernées, que ce soient les partis politiques, le gouvernement et
l'Opposition, la partie syndicale, la partie patronale ou autrement,
décider entre elles.
Alors, les fonctionnaires, on en est convaincu par la définition
même de leur carrière, seraient bien plus intéressés
à ne pas se mêler de ces problèmes délicats qu'on
peut retrouver à la Commission de la construction du Québec.
Mais, par contre, je pense bien qu'on trouvera au ministère de
l'Éducation, certainement, un professionnel ou un cadre qui
s'intéresse à la problématique de la formation des gens
dans le domaine de
l'industrie de la construction, qui voudra que son ministère
"performe", que son ministre puisse prendre les bonnes décisions et qui
voudra rendre service à la société parce que cela existe
encore et très majoritairement des fonctionnaires qui ont le goût
de rendre service è la société dans leur champ de
spécialité. Les fonctionnaires, on en est persuadé,
accepteraient de bon gré de ne pas être partie votante è la
commission. On a les syndicats qui nous disent en bloc, majoritairement... Je
n'en ai pas entendu un, à moins que ma mémoire ne me fasse
défaut, pas un seul qui ait dit au ministre: On n'est pas capables de
prendre nos décisions. Tous les syndicats ont revendiqué cela.
Tout le monde a dit: On paie, c'est la formation de nos membres, c'est notre
industrie, finalement, on est responsables, on a des gens qualifiés, on
a des études, on connaît cela mieux que n'importe quel
député autour de la table et n'importe quelle personne qui
pourrait venir de l'extérieur. On voudrait être capables de
prendre des décisions et, en plus, ils nous disent: On voudrait les
prendre avec les patrons.
On serait capables de parler avec les patrons. Laissez-nous donc leur
parler de temps en temps. Il me semble qu'on réussirait à
s'entendre. Les syndiqués sont unanimes là-dessus, il n'y en a
pas un qui n'est pas d'accord avec cela. Je n'ai pas vu un patron qui est venu
nous dire: Mettez-nous des fonctionnaires pour baliser nos décisions.
Mettez-nous des fonctionnaires pour venir établir un juste
équilibre et donnez-leur du pouvoir pour qu'ils soient
intéressés à nos débats. Pas un syndicat, j'oserais
dire pas un syndiqué ne souhaite cela. Pas un patron, pas une
association patronale ne souhaite cela. Les deux parties qui paient sont
prêtes à s'asseoir et à s'entendre. Ces gens sont
prêts à accepter, ils l'ont suggéré - je ne me
souviens plus quelle association particulièrement, cela m'avait
frappé - ils ont suggéré la présence des
fonctionnaires. Ce sont des experts-conseils, on les voudrait là comme
observateurs, on a besoin de leur éclairage, on a besoin de leur
lumière, on a besoin de leurs précieux conseils, mais on ne
voudrait pas qu'ils viennent décider à notre place. Eux,
finalement, ils ne sont pas intéressés au même chef parce
qu'ils ont à nous faire comprendre des réalités qui sont
celles des ministères, mais les ministères, que je sache, ne
paient pas dans cette affaire. Ceux qui paient s'entendent. Et les
fonctionnaires, eux... Disons que le ministre me parlera du président,
d'accord, d'un certain nombre de choses. Pour l'essentiel, cela provient de ces
milieux.
Mme la Présidente, pour une fois que les patrons, les
employés, les députés de l'Opposition, et, j'en suis
certain, plusieurs députés du gouvernement si le ministre ne
s'entendait pas, et les fonctionnaires, je suis convaincu qu'ils sont d'accord
avec cela, pour une fois que tout le monde serait d'accord avec quelque chose
et que cela fonctionnerait mieux, pourquoi le ministre dirait-il non? Qu'il
nous donne une bonne raison, meilleure que celle qu'il nous a donnée: Je
voudrais bien intéresser les ministères. Bon sang, s'il n'est pas
capable de trouver un fonctionnaire intéressé dans son
ministère à participer à cela, il y a quelque chose qui ne
va pas!
Mme la Présidente, tout le monde s'entend, tout le monde veut,
tout le monde est d'accord. En plus, le ministre se réserve, au cas
où les syndicats et les patrons, sous les conseils des fonctionnaires,
au cas où ces gens prendraient une décision qui n'aurait vraiment
pas d'allure, le ministre a toujours la possibilité... Il les attend
dans le détour, de toute façon.
Est-ce que ce n'est pas suffisant? Pourquoi ne pas leur donner ce qu'ils
demandent unanimement? II n'y a pas grand chose dans toute cette paperasse qui
est demandée unanimement par toutes les parties, il n'y a pas grand
chose, mais il y a cela. Pourquoi est-ce qu'on ne le leur donne pas?
Que le ministre nous trouve une meilleure raison que celle de dire qu'il
veut motiver ses fonctionnaires. S'il n'est pas capable de les motiver, il doit
y avoir des ministres qui sont capables de le faire, parce qu'on a
déjà vu cela dans les ministère's, on voit cela à
l'Assemblée nationale régulièrement,, Je ne vois pas que
ce soit nouveau, tout à coup, cette dimension.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Roberval. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a deux points que j'aimerais
relever. Le député de Roberval a confiance que ta partie
patronale et la partie syndicale peuvent s'asseoir et s'entendre. Moi aussi, je
partage la même confiance. Et lorsqu'elles se seront assises, qu'elles se
seront entendues, qu'elles auront la majorité des voix, que les
fonctionnaires votent pour ou contre ou s'abstiennent, cela ne changera
absolument pas le résultat de la décision. Quant à qui
ramasse la facture, si je peux utiliser l'expression, c'est vrai que, de
façon majoritaire, les parties patronales et syndicales ramassent la
facture. Elles sont donc majoritaires au conseil d'administration. Il faut
tenir compte, sur le plan des deniers publics, que, pour l'éducation
faite en établissements, au niveau des écoles, le
ministère de l'Éducation - quand je dis le ministère de
l'Éducation, c'est la population du Québec, il ne faut pas se
conter de mensonges - a certains coûts qu'il devra absorber. Quant au
programme de formation
proprement dit, j'ai déjà indiqué que les
programmes de formation au ministère de la Main-d'Oeuvre seront
accessibles en toute priorité à ladite commission, et, à
ce moment, sur le plan des deniers publics, le ministère de la
Main-d'Oeuvre participera également. Là où votre argument
m'impressionne sur le plan financier, c'est quant au ministère du
Travail.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de...
M. Gauthier: Je m'excuse, peut-être juste une question
supplémentaire au ministre. La question fondamentale, c'est: Pourquoi
pas, finalement? L'argument que vous nous avez donné, il n'y a personne
qui y croit ici. Et pourquoi pas?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous pouvez y croire ou ne pas y
croire, vous n'avez pas été là pendant tout ce temps.
Votre gouvernement a été là pendant neuf ans de temps.
Vous deviez manquer de conviction ou de croyance en quelque chose, parce que
vous n'avez pas changé le système pendant tout ce temps où
vous étiez là. Pendant que vous étiez là - non, non
-pendant que vous étiez là, vous deviez manquer de conviction ou
de croyance, vous étiez convaincus que l'Office de la construction
devait être composé de cinq membres nommés par le
gouvernement, et les gens que vous avez nommés étaient en
majorité des fonctionnaires. Donc, vos actions sont complètement
contraires à votre langage. Il y a des limites.
M. Gauthier: Le gouvernement n'est plus là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, je sais qu'il n'est plus
là, mais assumez donc vos décisions..,
M. Gauthier: Gela fait déjà au-delà d'un an,
M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous nous demandez de les assumer?
Nous les prenons et nous les assumons.
M. Chevrette: Répondez au moins d'une façon
intelligente. La cassette d'en haut aux questions, cela n'a pas sa place
ici.
Une voix: Wo! Wo!
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Chevrette: II n'y a pas de Wo! Wo! Qui les a prises les
décisions? Arrêtez de nous parler de l'ancien gouvernement.
Chaussez vos pantalons du pouvoir!
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Une voix: Vous n'aviez pas confiance aux syndicats dans le
passé, vous les aviez nommés vous-mêmes, les cinq membres.
Ne venez pas chialer aujourd'hui. Voyons donc!
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Chevrette: II y avait une législation existante et
là vous avez voulu la changer, vous avez voulu consulter les
parties.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! À l'ordre!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, j'ai mon
droit de parole. Je tiendrais à dire au leader de l'Opposition qu'il y
avait une législation existante qui vous aurait permis de faire
confiance aux parties par vos nominations et vous avez refusé pendant
neuf ans de faire confiance aux parties.
M. Chevrette: Vous nous l'avez reproché. Qu'attendez-vous
pour faire mieux?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La différence, M. le
député de Joliette, et je vais répondre à votre
question. Ce qu'on attend pour faire mieux? Vous autres, vous vous êtes
refusés de donner la majorité des sièges aux parties.
Nous, ce que nous faisons, c'est que nous donnons la majorité des
sièges aux parties.
M. Théorêt: On a confiance, nous, en eux.
M. Chevrette: Ah! Sacrifice! Sépulcres blanchis! Bretelles
et ceintures, à part cela!
M. Gauthier: ... C'est seulement vous qui êtes de cet avis,
M. le ministre.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Roberval.
M. Gauthier: On pourrait faire voter les gens qui sont...
La Présidente (Mme Bélanger): Le
député qui désire faire une intervention doit demander
l'autorisation à la présidente. Alors, je demanderais la
collaboration de la commission, s'il vous plaît! Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Je pense que, pour être cohérent, Mme la
Présidente, avec ce qu'on a apporté hier et ce qui nous a
été refusé, à toutes fins utiles, c'est que, hier
soir, lors des audiences de la commission, notre formation politique a
plaidé pendant plusieurs minutes, si vous vous souvenez bien. Nous avons
plaidé pour que le ministre de l'Éducation soit entendu à
partir de l'article 3, parce qu'on dit à 5 de l'article 3 qu'une
personne doit être recommandée par le ministre de
l'Éducation, et, en ce sens, nous aurions eu besoin de ses avis, non
seulement pour la nomination d'une personne à la commission, mais aussi
pour répondre à d'autres questions. Et cela nous a
été refusé, si vous vous souvenez bien. (21 heures)
Tout ce qu'on a prétendu, de notre côté, c'est qu'on
nous accorde le droit qu'il soit là pendant une heure et demie, mais
seulement à l'article 16. Je n'ai pas demandé à mon leader
si je devais proposer cela, mais je pense que, si on veut être
cohérent, on devrait suspendre cet article en attendant que le ministre
de l'Éducation soit présent. Peut-être que le ministre de
l'Éducation ne sera pas du même avis que le ministre de ta
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu? Peut-être
sera-t-il d'accord que la personne qui doit être nommée par son
ministère le soit, mais comme observatrice? À ce
moment-là, on aura peut-être un avis contraire à celui que
le ministre insiste pour faire ce soir.
À mon avis, il serait important de suspendre cet article
étant donné qu'il requiert les éclairages du ministre de
l'Éducation qui est intimement lié à l'un des points
particuliers de cet article et dont on a discuté ou plaidé durant
une heure et demie, hier soir, concernant la présence ou non du ministre
de l'Éducation, iI me semble que, pour être cohérent avec
soi-même, on pourrait suspendre cet article en attendant que le ministre
de l'Éducation soit présent pour répondre lui-même,
sinon la même chose que le ministre, et, à ce moment, ils nous
battront au vote.
Par contre, si le ministre de l'Éducation avait un avis contraire
à celui du ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, je pense qu'il serait important qu'on ait les
deux côtés de la médaille. Dans ce sens, Mme la
Présidente, je souhaiterais... Je ne sais pas si mon leader est
d'accord, il n'est peut-être pas d'accord, mais il va me le dire s'il ne
l'est pas. Il me semble qu'il serait important, puisqu'il ne semble pas y avoir
tellement de consensus au moment où l'on se parle, en attendant d'avoir
un éclairage supplémentaire, qu'on attende le ministre de
l'Éducation et là on verra. Je vous remercie, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que vous en
faîtes une demande?
Une voix: Non, elle n'a pas dit cela.
Mme Juneau: Je vais demander à mon leader s'il est
d'accord avec ma proposition.
M. Chevrette: ...
Mme Juneau: Oui? Je vais en faire une demande, Mme la
Présidente. Je vais proposer de suspendre l'article 3 jusqu'à ce
qu'on ait les avis du ministre de l'Éducation.
La Présidente (Mme Bélanger): Bon. Vous constatez
qu'il n'y a pas consentement. Alors, il faudra que vous en fassiez une
motion.
Mme Juneau: Je fais motion, d'abord, pour suspendre l'article 3
jusqu'à ce que nous ayons eu le plaisir et l'avantage d'entendre le
ministre de l'Éducation.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que vous
pouvez la rédiger?
Mme Juneau: Oh! Je peux bien le faire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On a déjà
décidé qu'on recevrait le ministre de l'Éducation à
un tel niveau. Voyons donc! Qu'est-ce que c'est?
M. Chevrette: C'est une motion de suspension d'un article.
Une voix: ...
M. Chevrette: En quoi n'est-elle pas recevable?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Jusqu'à temps que... On a
déjà décidé qu'on le recevrait. On peut suspendre
conditionnellement.
M. Chevrette: On le suspend jusqu'à l'étude de
l'article 16, c'est ce qu'elle a dit. On pourrait le faire à chaque
proposition si vous le voulez.
M. Théorêt: À chaque virqule aussi.
Allez-y!
M. Chevrette: Bien oui, et, pour être certain que vous
compreniez, on le ferait en double pour vous.
M. Cannon: Une directive, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le
député de La Peltrie.
M. Cannon: Franchement, je ne comprends pas l'Opposition dans ce
dossier. Il y a à peine cinq minutes, le leader de l'Opposition, celui
qui représente l'Opposition ici, nous a annoncé, à grande
envolée oratoire, qu'il était prêt à
présenter des motions relativement à cela et des amendements.
Là, on passe le droit de parole, on s'en va à la
députée de Johnson et, tout à coup, la
députée de Johnson, sans obtenir l'avis de son leader,
décide d'elle-même, de son propre chef, de présenter une
motion de suspension, alors que son leader était prêt à
discuter de cette chose, mais, là, on veut suspendre.
Il y a un manque de planification et un manque de transparence de la
part des gens de l'Opposition, On voit carrément à nouveau des
gestes qui sont posés pour faire systématiquement de
l'obstruction à discuter des choses de fond, alors que je pensais que
nous allions, de bonne foi, ce soir, à 21 h 5, discuter d'une partie de
ce projet de loi extrêmement important. Déjà, le
député de Joliette a mentionné que cet aspect du projet de
loi était majeur. Là, tout à coup, on ne veut plus
affronter cette question-là, on veut adopter ici une motion qui va
suspendre cette chose. Moi, franchement, je ne les comprends pas.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de La Peltrie, je pense que la parole est à la
députée de Johnson et elle a le droit de déposer une
motion à titre de députée comme tout membre de la
commission. Elle n'avait pas besoin de l'autorisation de son leader. Alors, on
va regarder si la motion est recevable.
Une voix: Elle ne fait de faveur à personne.
M. Cannon: On a vu cela avec le député de
Lévis!
M. Chevrette: On ne se présente pas en commission du
travail sans aucun mandat ou seulement avec le mandat du ministre.
Une voix: Mme la présidente, question de
règlement.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! Je pense, M. le député de Roberval, que
j'ai répondu à la question de règlement du
député de La Peltrie.
M. Gauthier: Mme la Présidente, selon nos règles
parlementaires, - et je ne voudrais pas vous causer de problème, au
contraire, je suis de ceux qui voudraient vous aider le plus possible dans
l'exercice de votre difficile mandat - il est prévu que, lorsqu'un
député soulève une question de règlement, comme l'a
fait le député de La Peltrie à bon droit, il est possible
pour un député de l'Opposition de répliquer aux arguments
fournis. Comme présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord, M. le
député de Roberval, je suis d'accord que vous aviez le
droit...
M. Gauthier: Pourriez-vous me laisser finir? Je n'ai pas
terminé.
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant, s'il
vous plaît! Je suis d'accord que vous auriez eu le droit de
réplique si je n'avais pas répondu à la question de
règlement du député de La Peltrie. J'ai répondu que
Mme la députée de Johnson avait le droit de présenter une
motion sans l'autorisation de son leader. Alors, nous allons voir si la motion
de Mme la députée de Johnson est recevable. Nous sommes rendus
à l'étape de la recevabilité de la motion.
M. Gauthier: Puis-je vous demander une directive?
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
M. Gauthier: Mme la Présidente, je veux simplement vous
demander une directive. Vous venez d'établir là un curieux
précédent. Je voudrais savoir quelle est la ressource qui reste
à l'Opposition pour intervenir et faire valoir ses arguments lorsque
nous avons - cela se présente fréquemment - un point de vue
différent des ministériels sur des questions comme celles qui
viennent d'être soulevées par le député de La
Peltrie. Si le président décide d'aventure de rendre une
décision chaque fois, même s'il pense que sa décision peut
être en faveur de l'Opposition, quel est l'outil qui reste à un
député de l'Opposition pour faire valoir ses arguments dans une
situation comme celle-là? S'il fallait que le président de
l'Assemblée nationale et les présidents des commissions - vous
êtes un prolongement du président de l'Assemblée nationale
- refusent d'écouter les arguments de l'Opposition pouvez-vous
m'expliquer où, dans notre règlement, il est possible de puiser
des ressources pour pouvoir réagir, Mme la Présidente, à
des choses comme celle-là? Pouvez-vous ajouter à la demande, de
directive - il y aura deux choses à me dire - si vous avez l'intention
à l'avenir de répondre comme cela du tac au tac à chacune
des questions de rèqlement ou des demandes de directives
soulevées par le gouvernement ou l'Opposition, sans permettre à
l'autre parti de faire valoir ses droits? J'aimerais avoir une réponse
là-dessus, Mme la Présidente, c'est une demande de directive.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Roberval, je ne crois pas que j'empêche qui que
ce soit de parler, Sur la demande de directive du député de La
Peltrie, j'ai dit - et je pense que j'ai donné raison à
l'Opposition - que Mme la députée de Johnson...
Une voix: C'est cela, il n'a pas compris.
M. Gauthier: Mais ce n'est pas ce que je vous demande.
La Présidente (Mme Bélanger): ...avait le droit de
déposer une motion sans l'autorisation de son leader. Après, vous
avez voulu argumenter sur le sujet et j'ai dit que la décision
était prise et que le sujet était clos.
M. Gauthier: Ce que je vous demande, Mme la Présidente,
c'est quelle ressource il reste, d'après le règlement, à
un député qui n'est pas d'accord avec l'argumentation
présentée et qui veut fournir une argumentation contraire, avant
que la présidence rende une décision.
La Présidente (Mme Bélanger): Je suis d'accord.
Vous avez le droit de vous opposer à la directive qu'il a
demandée, mais, par contre, étant donné que j'avais
donné une réponse, en votre faveur, j'ai pensé que vous
pouviez accepter mes arguments.
M. le député d'Ungava.
Une voix: C'est cela. Il les accepte.
M. Gauthier: Je vais laisser cette question-là pour ne pas
vous embêter inutilement, mais il me semble qu'il s'agit là d'une
façon particulière de procéder.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava sur une question de...
M. Claveau: Sur une question de règlement ou une question
personnelle, appelez cela comme vous le voudrez.
Une voix: Quel article?
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Claveau: Je prétends que le député de La
Peltrie nous a prêté des intentions - à ses dépens,
c'est bien évident - mais on n'a pas à les encaisser.
Personnellement, en tout cas, je me sens l'obligation de répondre
là-dessus.
Si le ministre n'avait rien à cacher, il aurait acquiescé
de bonne foi et d'emblée à la demande que l'Opposition lui
formulait et on n'aurait pas eu besoin de passer par une motion. À
partir du moment où on nous coupe ia parole, où on ne respecte
pas notre point de vue, à nous de l'Opposition, où on nous oblige
à procéder...
M. Théorêt: Question de règlement, Mme la
Présidente.
M. Claveau: On va utiliser le règlement, s'il n'y a pas
d'autre moyen de faire comprendre notre point de vue, Mme la
Présidente.
M. Théorêt: Mme la Présidente, une question
de règlement. Le député d'Ungava discute sur le fond de la
motion qui est présentée par sa collègue de Johnson, alors
que vous avez déjà accordé la recevabilité.
Qu'est-ce que c'est que cette affaire?
La Présidente (Mme Bélanger): Je n'ai pas encore
accordé la recevabilité.
M. Claveau: C'est sur les intentions que nous a
prêtées le député de La Peltrie que je discute.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! C'est assez. Nous allons lire la motion de la
députée de Johnson pour savoir si elle est recevable ou non.
Nous allons suspendre pour cinq minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 14)
(Reprise à 21 h 18)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plattl
La commission de l'économie et du travail reprend ses travaux. Je
vais vous faire la lecture de la motion rédiqée par Mme la
députée de Mégantîc-Compton.
Mme Juneau: Non. C'est Johnson, madame.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Johnson.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Je fais motion pour suspendre l'étude de l'article 3.2
jusqu'à ce que nous ayons entendu le ministre de l'Éducation dont
la présence est prévue à l'étude de l'article 16,
ceci pendant une heure et trente minutes. Est-ce qu'il y a des interventions
sur la recevabilité de cette motion? Je demande s'il y a des
interventions avant que je me prononce.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, je serai
très bref. Je ne sais pas si une motion qui est sujette, dans son
libellé, à plusieurs interprétations est recevable.
Mme Juneau: Dans quel sens, M. le ministre?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Je prétends que c'est très recevable,
Mme la Présidente, d'autant plus que le ministre se rappellera qu'hier,
quand il a fait sa motion pour entendre le ministre de l'Éducation
exclusivement à l'article 16, on lui avait dit que nécessairement
le ministre de l'Éducation était impliqué à
l'article 3.2. On lui avait dit aussi qu'à l'article 6 il était
possible qu'on ait besoin du ministre de l'Éducation. Il a
préféré attendre à l'article 16. La suspension d'un
article ici, Mme la Présidente, n'a pas pour effet d'arrêter les
travaux de la commission. Elle n'a pour effet temporaire que de suspendre cet
article, pour qu'il soit l'objet de la consultation lorsque le ministre viendra
à l'article 16, tel que cela a été proposé par le
ministre lui-même. C'est tout à fait recevable. C'est dans les
normes.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres intervenants?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, je
maintiens ma question. Je ne sais pas si vous acceptez qu'elle est sujette
à plusieurs interprétations, parce que, si vous ne l'acceptez
pas, je peux peut-être vous donner quelques interprétations
à titre d'exemple. Il me semble qu'il faut qu'une motion soit claire et
sujette à une interprétation.
La Présidente (Mme Bélanger): Disons que, dans le
libellé actuel... Il faut changer la forme de la motion.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous allez en changer la
forme.
La Présidente (Mme Bélanger): On va changer la
forme de la motion sans changer le fond.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II faudrait la revoir.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est l'article 193
du règlement qui permet de changer la forme sans changer le fond.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On pourrait peut-être se
prononcer sur la recevabilité quant à la forme, si on voyait les
changements.
Une voix: D'après moi, elle est non recevable.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que je peux
vous lire le changement qui a été apporté à la
motion originale?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Certainement, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Nous avons rédigé ainsi la motion: "Que l'étude de
l'article 3.2, introduit par l'article 3 du projet de loi, soit suspendue
jusqu'à ce que la commission entende, à l'article 16, et ce pour
une durée d'une heure et trente, le ministre de l'Éducation,
conformément à une motion adoptée hier par cette
commission."
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, est-ce
que vous avez le libellé de la motion d'hier? Parce que, de
mémoire, dans la motion d'hier...
Une voix: Deux motions de même nature.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...on semble avoir
décidé d'interpeller le ministre de l'Éducation sur un
principe du projet de la loi, sur la formation et non sur la composition, si ma
mémoire me sert correctement. J'aimerais qu'on se réfère
au texte pour être certain. À ce moment-là il faudrait
changer la motion que nous avons adoptée hier. Je ne pense pas que notre
règlement nous le permette, ce qui rendrait la motion de Mme la
députée de Johnson irrecevable. Mais je voudrais qu'on
réfère au texte.
Mme Juneau: Ce n'est pas dans le texte.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais attendre de voir le
texte.
Mme Juneau: Cela n'y est pas du tout.
Une voix: Est-ce qu'il est possible de lire la motion qui a
été adoptée?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est ce que j'ai
demandé.
La Présidente (Mme Bélanger): La motion qui a
été adoptée hier, c'est "que, conformément à
l'article 244 du règlement de l'Assemblée nationale, la
commission invite le ministre de l'Éducation pour entendre ses
commentaires sur les articles concernant la formation professionnelle et
notamment les articles 85.2 et 85.3,
introduits par l'article 16 du projet, au moment où la commission
étudiera l'article 16 et ce, pour une durée d'une heure et trente
minutes."
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les deux motions sont en parfaite
contradiction, Mme la Présidente. Je vous dis qu'elle est
irrecevable.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre.
M. Chevrette: Une question de règlement et une demande de
directive. Étant donné que le ministre semble vouloir se
"filibuster" lui-même...
Une voix: Non, non.
M. Chevrette: Mme la Présidente, j'ai la parole?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: ...on pense que, à toutes fins utiles, le
ministre ne veut pas attaquer les propositions de fond. On a voulu
carrément, par la motion de ma collègue de Johnson, Mme la
Présidente, démontrer au ministre qu'hier on lui avait fait
comprendre qu'il aurait été intéressant d'avoir le
ministre de l'Éducation avant l'article 3.2. Cela a été
notre argument de fond. Si on peut aller au plus vite pour permettre au
ministre de discuter sur le principe même de la parité des groupes
devant la Commission de la construction du Québec, de deux choses l'une:
on est prêts à le retirer ou à voter tout de suite pour
qu'on puisse passer véritablement à un débat de fond.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Question de règlement. Il y
a une motion qui est déposée, on est en train de discuter de la
recevabilité de ladite motion. S'il veut la retirer, qu'il la retire et
qu'on passe à autre chose. Ou, si vous la déclarez recevable,
qu'il parle sur la recevabilité ou non. Je pense que c'est clairement,
à sa face même, une motion qui est irrecevable. Je ne la
qualifierai pas de dilatoire, parce que je connais trop bien Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Mme la Présidente, je pense que ce qui est
important, c'est, d'une part, de reconnaître que vous rédigez
mieux les articles que j'ai pu le faire. D'autre part, je pense qu'il faut
reconnaître aussi que, si j'ai fait cette motion, c'est parce qu'hier on
avait insisté pour que le ministre de l'Éducation soit là
dès l'article 3 du projet de loi; il me semblait important de l'entendre
sur cet article et je n'ai pas changé d'idée sur cela.
Étant donné que j'ai fait cette motion de mon propre chef et que
mon leader avait aussi un amendement à cet article, je suis consentante
à retirer ma motion afin de suspendre l'article 5,2.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, Mme la
députée de Johnson, en vertu de l'article 195, vous avez le droit
de retirer votre motion, sans qu'elle soit débattue.
Mme Juneau: Je le fais, chère madame.
La Présidente (Mme Bélanger): Motion
retirée. M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Mme la Présidente, je voudrais
présenter un amendement à l'article 3.2, même si j'avais
des collègues qui sont prêts à intervenir sur le fond, on
garde toujours notre privilège.
M. Cannon: Excusez, Mme la Présidente. Une question de
règlement. Selon le phénomène de l'alternance, tout
à l'heure, lorsque la députée de Johnson a terminé,
si j'ai bien saisi...
La Présidente (Mme Bélanger): Vous auriez dû
demander la parole, M. le député de La Peltrie. Je m'excuse, M.
le député de Joliette.
M. Cannon: ...cela revient à nous, est-ce exact?
M. Chevrette: Oui, mais ce n'est pas moi qui préside.
M. Cannon: Je sais très bien, M. le député,
que ce n'est pas vous, c'est tout simplement pour préciser un peu. Je
reviens un peu sur ce que j'ai indiqué: c'est de valeur, c'est
regrettable que nous ayons à nouveau perdu une vingtaine de minutes
à discuter sur des choses qui étaient carrément
irrecevables et incohérentes à leur face même, irrecevables
et enfin... Ce que je souhaiterais ardemment, Mme la Présidente, c'est
que...
Une voix: ...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Cannon: ...lorsque le député, pas de
Laviolette...
Une voix: Joliette.
M. Cannon: ...de Joliette, pardon - je vais l'écrire pour
pouvoir me le rappeler -reprendra la parole, nous puissions réellement
et d'une façon très sincère commencer à discuter de
l'article 3.2, lui qui a même,
tout à l'heure, annoncé à grand éclat son
intention de présenter une motion qui discuterait de cette chose. Cette
fois-ci, j'espère qu'on va discuter de cette chose à fond.
Une voix: J'ai très confiance, M. le député
de La Peltrie.
M. Cannon: Bon, c'est bien. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de La Peltrie. M. le député de Joliette.
Motion proposant que 8 membres soient
désignés par les associations
M. Chevrette: Avec une minute et demie à deux minutes de
retard, à la suite des propos dilatoires du député de La
Peltrie, Mme la Présidente, je présenterais l'amendement suivant:
L'article 3 du projet de loi 119, Loi modifiant la Loi sur les relations du
travail dans l'industrie de la construction, est modifié en ajoutant
à la fin du premier paragraphe qui se lit comme suit, pour vous situer:
"La commission est composée d'un conseil d'administration formé
de treize membres dont un président. Sauf le président, les
membres sont nommés de la façon suivante: 1° quatre,
après consultation de l'association d'employeurs et des associations
d'entrepreneurs..." les mots suivants, Mme la Présidente, "si les
associations consultées s'entendent pour désigner quatre
personnes, ces dernières deviennent membres. Si elles ne s'entendent
pas, le ministre nomme les membres", bien sûr, après consultation,
conformément au premier paragraphe.
En d'autres termes, que vise-t-on par l'amendement? C'est la
représentation directe et le choix par les entrepreneurs. Le
député de Saint-Maurice nous disait tantôt qu'il n'y avait
pas souvent un mot pour les entrepreneurs. Alors, on veut qu'ils soient
représentés directement, eux aussi, tout comme on va le faire
dans le paragraphe suivant.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je n'ai pas d'objection... Non,
non, c'est juste pour qu'on suive un peu mieux. (21 h 30)
M. Chevrette: Pas de problème, je suis très docile
aux règles.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce soir?
M. Chevrette: Je l'ai toujours été depuis le
début de la commission.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaîtï Est-ce que vous voulez parler avant, M. le
ministre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce qu'on pourrait le voir?
La Présidente (Mme Bélanger): Je vais vous le lire.
L'article 3 du projet de loi 119, Loi modifiant la Loi sur les relations du
travail dans l'industrie de la construction, en ajoutant, à la fin du
premier paragraphe...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En ajoutant "est
modifié".
M. Chevrette: Non, non, il est modifié.
La Présidente (Mme Bélanger): ...est modifié
en ajoutant, à la fin du premier paragraphe du nouvel article 3.2 les
mots: "Si les associations consultées s'entendent pour désigner
quatre personnes, ces dernières deviennent membres. Si elles ne
s'entendent pas, le ministre nomme les membres."
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II ne faudrait pas écrire
- je vous le suggère à titre constructif - "à la fin du
premier paragraphe", car le premier paragraphe, c'est "La commission est
composée..."
M. Chevrette: C'est parce qu'il y a un numéro formel.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais il faudrait qu'on
l'indique.
M. Chevrette: Du premièrement? II y a un numéro un,
c'est pour cela qu'on a utilisé le premièrement.
Une voix: Du paragraphe premier, je pense, serait très
clair. Pas du premier paragraphe, du paragraphe premier.
M. Chevrette: Du paragraphe premier, peut-être.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nos gens se reconnaissent.
M. Chevrette: Ce serait plus précis.
La Présidente (Mme Bélanger): Du paragraphe
premier du nouvel article 3.2, les mots...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le député de
Joliette, vous nous avez indiqué que vous aviez, quant à cet
article, plusieurs amendements. Comme un conseil d'administration d'un
organisme est un ensemble, de façon à accélérer nos
travaux, est-ce que vous pourriez les déposer en bloc pour qu'on puisse
les traiter en bloc?
M. Chevrette: Je n'ai pas d'objection. Vous les traiteriez en
bloc?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Chevrette: Je ne peux les traiter en bloc et je vais vous
expliquer pourquoi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dites-moi pourquoi.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: À cause du nombre d'employeurs. Je vais
l'expliquer, il y a sept associations d'entrepreneurs et je veux garder un
conseil d'administration paritaire. Donc, je ne peux pas faire la même
procédure pour les syndicats que pour les patrons.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II faut que cela demeure
paritaire.
M. Chevrette: Non, cela va être paritaire quand même,
quatre, quatre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si l'on avait un portrait
d'ensemble. Je vous suggère, un par un...
M. Chevrette: J'ai pris la peine tantôt, M. le ministre,
d'essayer de le faire, mais je peux le reprendre. Comme deuxième
amendement...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais en déposant les
amendements.
M. Chevrette: ...qui va suivre, pour être logique au
deuxième paragraphe, ce sera d'amender le paragraphe de la façon
suivante: "quatre, désignés par - il s'agit des syndicats -
chacune des associations représentatives à un degré de
plus de 5 %"," ce qui vient donc cadrer le quatre quatre. Par la suite, il y
aura un amendement: L'article 3 du projet de loi 119 modifiant la Loi sur les
relations du travail dans l'industrie de la construction est modifié en
ajoutant, après le cinquième paragraphe, l'alinéa suivant
- on ajouterait l'alinéa suivant - "les membres nommés selon les
paragraphes 3°, 4° et 5° ne votent pas. Ils participent cependant
aux délibérations et le mandat des membres se termine à la
date d'expiration du décret". Le portrait peut changer, vous le
comprendrez, à cause des périodes de maraudage dans l'industrie
de la construction.
Il y aura un autre amendement qui se lirait comme suit: "...est
modifié en ajoutant un nouvel article 3.2.1 se lisant comme suit: "Le
président est nommé par les membres du conseil d'administration,
dans les 60 jours d'un avis du gouvernement à cet effet, et son mandat
est d'une durée d'au plus cinq ans. Pour valoir, la nomination du
président doit être entérinée par une
majorité syndicale et une majorité patronale", pour bien
prévoir la double majorité. À défaut, par les
parties, de nommer un président dans le délai imparti - dans les
60 jours - c'est le gouvernement qui nomme le président parce qu'on veut
prévoir aussi un mécanisme. Donc, la formule serait
complète à partir de là. Il y en aura d'autres à
l'article parce qu'on â des concordances à vous présenter,
bien sûr, par ces changements. Il y aura d'autres amendements qu'on vous
présentera aussi plus tard.
Une voix: Quel article?
M. Chevrette: À l'article 3.2. Bien, écoutez, vous
m'avez demandé...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, j'essaie de comprendre.
M. Chevrette: ...de vous présenter le cadre. Le cadre
juridique, je pense que vous l'avez. Vous avez le président, vous avez
le statut des fonctionnaires et vous avez la façon de nommer les deux
parties. Je pense que cela devient complet. Ceux-là, si vous voulez les
imprimer pour les présenter, mais je les présenterai l'un
après l'autre parce que ce sont des amendements qui, à mon point
de vue, nécessitent une argumentation différente de l'un à
l'autre, parce que cela change les modes, mais je peux les remettre.
M. Charbonneau: À moins que le ministre nous dise
maintenant qu'il est prêt à se rendre à cette approche?
La Présidente (Mme Bélanger): II faut discuter
l'amendement un à un.
M. Charbonneau: Autrement, on va être obligé de
prendre la parole.
M. Chevrette: Oui. C'est pour cela que je les ai
présentés ainsi, mais je comprends que le ministre me demande une
vision globale; il veut voir comment on s'en va. C'est vrai, pourquoi
arriverait-on avec des patrons, pourquoi arriverait-on avec des syndicats
à un conseil d'administration? Je vous comprends.
M. Cannon: Est-ce que le député de Joliette me
permettrait une petite question?
M. Chevrette: Oui.
M. Cannon: À l'article 3.2, vous dites que la commission
est composée d'un conseil d'administration. Ce n'est plus, donc,
formé de treize membres.
M. Chevrette: J'ai laissé treize quand même parce
que je donne un statut d'observateur à ceux qui avaient un droit de
vote. Cela ne change pas le nombre. C'est
un pouvoir que je leur enlève à l'intérieur du
conseil, celui de voter. C'est pour cela que tantôt j'ai dit que
j'hésitais entre neuf et treize. Mais en changeant le statut, je peux
laisser treize sans amender. On sauve un amendement.
La Présidente (Mme Bélanger); L'amendement est
recevable, M. le député de Jo-liette. M. le ministre.
M. Chevrette: Je vais présenter la première et
j'espère qu'on va remettre des copies à tout le monde. La
première, c'est à propos des patrons. Étant donné
qu'ils sont sept, le ministre comprendra que, parce qu'ils sont sept, on leur
demande, dans un premier temps, de faire un effort de concertation. S'ils
veulent avoir une représentation directe, ils n'ont qu'à
s'entendre. On leur dit: Entendez-vous et, si on s'entend, vous êtes
d'office désignés. Si vous ne vous entendez pas, il y a le
mécanisme de nomination par le ministre après consultation des
organismes impliqués. On ne voulait pas qu'il y ait une impasse, c'est
tout. On prévoit même le mécanisme pour trancher, pour
éviter précisément qu'on soit dans un cul-de-sac. À
mon point de vue, et d'après ce que j'ai vu aussi - le ministre en
conviendra avec moi - on demande beaucoup aux parties patronales et syndicales
de s'entendre, mais ce ne serait peut-être pas bête de faire appel
aux ententes entre parties patronales aussi. Après ce qu'on a
vécu et les résultats qu'on connaît, je pense que c'est une
façon de responsabiliser les parties et je la présente en
laissant à mes collègues le soin d'expliciter. Je reviendrai
plutôt à la fin de mon droit de parole. Pour le moment, je vais
permettre à mes confrères de parler sur cette motion. Mais le
ministre peut avoir une réaction d'abord.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai écouté
attentivement le député de Joliette et il ne m'a pas convaincu de
l'à-propos de la modification suggérée.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Verchères.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: Mme la Présidente, on va mettre les
choses...
M. Chevrette: C'est de la désinvolture.
M. Charbonneau: ...au point dès maintenant. De deux choses
l'une. Ou bien le ministre accepte de collaborer et de faire en sorte que cet
exercice soit constructif et sérieux, ou bien il décide qu'il
nous prend pour des gens qui sont là pour la galerie, qu'il est
obligé de nous endurer pendant un certain nombre de jours et qu'il n'a
d'aucune façon l'intention de considérer la contribution de
l'Opposition. Auquel cas, qu'il nous le dise maintenant. On sait ce que l'on a
à faire et on va s'aligner en conséquence.
Je trouve profondément choquant et profondément vexant, et
inacceptable, le comportement du ministre à ce moment-ci. Le
député de Joliette a fait une proposition sérieuse, une
proposition qui fait suite aux demandes qui nous ont été
formulées lors de la consultation particulière de la semaine
dernière. On a présenté la motion sérieusement. Non
seulement on a présenté la motion sérieusement, Mme la
Présidente, mais on a également ouvert notre jeu et dit au
ministre: Voici comment l'on conçoit l'ensemble de l'article. On aurait
pu éviter de faire cela. Si l'on voulait faire un "filibuster", si l'on
voulait faire de l'obstruction systématique et surtout si l'on voulait
laisser le ministre présenter son projet de loi et s'en aller avec sa
façon de concevoir les choses, sans vouloir apporter aucune contribution
positive, ce n'est pas de cette façon que l'on se comporterait. Le
ministre le sait très bien puisqu'il a été de ce
côté-ci de la table assez longtemps. Il a utilisé les
techniques d'obstruction systématique plus souvent qu'à son tour
pour ne pas savoir de quoi je parle.
Mme la Présidente, la motion qui a été
présentée, non seulement elle est sérieuse, mais elle est
logique. Notre point de vue et le point de vue des organismes qui sont venus
témoigner en commission parlementaire, quel est-il? Le point de vue est
le suivant: On a le choix d'avoir un orqanisme qui est laissé aux
parties et dont le pouvoir appartient aux parties. Si l'on accepte ce principe,
la cohérence veut que ce soient les parties qui désignent leurs
représentants au sein de l'organisme. C'est évident que, si l'on
ne veut pas laisser aux parties le soin d'assumer leurs responsabilités
et que l'on décide de les chapeauter ou de - je cherche
l'expression...
Une voix: C'est de la mise en tutelle.
M. Charbonneau: C'est de la mise en tutelle, oui, mais c'est les
chaperonner -voilà l'expression que je cherchais - non seulement on va
nommer des gens au conseil d'administration et on va leur donner un pouvoir
qu'ils n'ont pas, mais en plus on va se garder le pouvoir de désigner
les gens des parties syndicales et patronales. De deux choses l'une: ou l'on
fait confiance aux parties, ou on ne leur fait pas confiance.
Je me rappelle très bien l'engagement électoral que vous
avez pris lors de la campagne. Ce n'est pas nous qui l'avions
pris. Pour toutes sortes de raisons, sans doute, a posteriori, on
pourrait dire que nous on a commis un certain nombre d'erreurs; on n'a pas
été parfaits. C'est vous qui, lors de la campagne
électorale, vous êtes engagés à remettre, entre
autres, tout l'aspect de la formation professionnelle et de l'Office de la
construction entre les mains des parties; ce n'est pas nous qui avions pris cet
engagement. Pendant la campagne électorale, les parties, vous les
considériez mûres. Vous n'avez pas eu le front d'aller dire aux
associations d'entrepreneurs et aux syndicats de la construction qu'ils
n'étaient pas assez mûrs pour assumer leurs
responsabilités. Ce n'est pas cela que vous leur avez dit. Vous leur
avez dit: On va remettre aux parties tout cet aspect de l'industrie de la
construction. On dit: Très bien, c'est cela que vous avez promis?
Faites-le aujourd'hui. Ne venez pas reculer aujourd'hui.
Je me rappelle très bien certains discours, la semaine
dernière, à l'Assemblée nationale, au salon bleu, à
l'occasion du débat sur les principes du projet de loi. Je me demande si
ce n'est pas le député de Milles-Îles qui, très
candidement, non pas prétentieusement - je n'oserais pas dire que le
député de Milles-Îles est prétentieux -disait:
Écoutez, les parties, si elles font preuve de maturité,
peut-être que cette formule sera transitoire et que,
éventuellement, l'on acceptera de leur remettre la responsabilité
totale. Elles étaient mûres en campagne électorale;
maintenant, elles ne sont plus mûres. Elles ont besoin d'un temps de
parrainage, de "chaperonnage", pour devenir mûres dans un an ou deux. Ce
n'est pas clair. Sont-elles mûres ou ne le sont-elles pas? Sont-elles
dignes d'assumer leurs responsabilités ou ne le sont-elles pas?
Sont-elles prêtes à assumer ces responsabilités ou ne le
sont-elles pas?
C'est cela que les gens veulent savoir et c'est cela qu'ils sont venus
nous dire en commission parlementaire: On est prêts. On est prêts
à assumer les conséquences de cela. On est prêts à
assumer les difficultés que cela suppose. Effectivement, ils ne nous ont
pas caché que ce n'est pas un cadeau de s'entendre. D'abord, dans le
monde syndical, ils ne s'entendent pas tous et dans le monde patronal non plus.
On n'a pas eu besoin de grandes explications; on avait juste à voir
comment cela s'est présenté pendant ces deux jours, la semaine
dernière, pour bien comprendre cela. Tout ceux qui sont un peu au
courant, dans l'industrie de la construction, savent cela. (21 h 45)
Malgré cela, tous les représentants syndicaux et patronaux
sont venus nous dire: Écoutez, la tutelle dans notre industrie, cela
suffit. Ils nous auraient dit la même chose si nous avions repris le
pouvoir. Ils vous le disent à vous et vous le disent d'autant plus que,
vous, vous êtes allés jusqu'à prendre un engagement
politique en campagne électorale à l'égard de cette
demande. Or, cet engagement, Mme la Présidente, c'était de
considérer que les parties sont capables d'assumer leurs
responsabilités et qu'elles doivent le faire. Alors, on dit: Très
bien, mais le problème, c'est que ce n'est pas ce. qu'on retrouve dans
le projet de loi.
Donc, compte tenu de l'engagement électoral, d'une part, compte
tenu de ce que les parties nous ont demandé, syndicales et patronales,
eh bien, on présente des amendements qui pourraient amener le
gouvernement à respecter sa parole. On sait que, depuis un an, le
gouvernement ne nous a pas tellement habitués au respect de la parole.
Ce n'est pas, particulièrement, la pratique libérale de respecter
sa parole. Ce n'est pas, particulièrement, la façon
libérale de faire les choses, depuis un an, que de considérer que
ta parole donnée, c'est une parole impartante, qu'une parole
libérale, c'est une parole d'honneur. Ce n'est pas,
particulièrement, ce qu'on constate depuis un an. Mais ce n'est pas
notre problème, c'est le vôtre. Remarquez que c'est un peu notre
problème, parce que, lorsque vous ne tenez pas votre parole, les gens
disent que l'ensemble des gens qui font de la politique sont des menteurs, et
des gens qui n'ont pas de parole. Ils ne font pas de distinction, à
savoir qui est responsable. On est tous dans le même paquet, mais la
réalité, c'est que cela dévalue la politique et, d'autre
part, cela amène les gens à devenir très cyniques par
rapport à ce qu'on fait ici à l'Assemblée nationale,
è ce qu'on fait au Parlement.
Mme la Présidente, l'engagement politique du Parti libéral
était clair: On va remettre aux parties la responsabilité qui
est, actuellement, celle que le gouvernement accapare à
l'intérieur du pouvoir qu'à le gouvernement au sein de l'Office
de la construction.
Écoutez, ce qu'on demande, ce n'est pas la fin du monde, c'est
que le gouvernement respecte sa parole, qu'on lui donne l'occasion de le faire.
On dit: Écoutez, d'abord, au niveau des entrepreneurs, du milieu
patronal, ils sont sept. Alors qu'ils s'entendent entre eux pour
désigner quatre personnes. Et ces quatre personnes-là seront les
membres et, s'il y a un problème, s'ils ne s'entendent pas entre eux, le
ministre interviendra. Il nous a dit que, dans l'intérêt public,
à un moment donné, il faut que le ministre intervienne. On est
d'accord avec cela. Mais que le ministre intervienne quand c'est le temps. Si
les parties s'entendent sur quatre représentants, pourquoi le ministre
se donnerait-il le pouvoir de ne pas choisir ces personnes?
Le ministre va nous dire: Écoutez, vous savez bien que je ne
ferai pas cela, politiquement, ce serait aberrant, je me
ferais crucifier, mais allons au bout de la logique si on accepte que
les parties sont matures et qu'elles doivent assumer leurs
responsabilités, très bien, alors, qu'elles les assument et qu'on
leur dise: Non seulement vous allez avoir le contrôle de l'organisme,
mais vous allez avoir la responsabilité de désigner vos membres.
Si je suis membre d'une association et si on me dit que mon association
siège à un conseil d'administration d'une
confédération ou d'une fédération quelconque, parce
que c'est cela finalement, un organisme où les associations sont
représentées, c'est une espèce de système
fédéral ou confédéral, à ce
moment-là, si l'organisme dans lequel j'oeuvre a le droit d'être
représenté, ce que je dis, c'est que c'est à moi à
choisir mon représentant, c'est à moi à désigner
mon représentant. Et cela, on le dit pour les patrons et on va le dire
ensuite pour les syndicats. C'est à eux à décider qui va
les représenter. Mais, s'ils ne s'entendent pas, le ministre,
très bien, tranchera. Il aura consulté, il aura fait le constat
que les parties ne s'entendent pas. Ils n'ont peut-être pas suffisamment
de maturité ou de volonté, mais alors, il se donnera la
poignée nécessaire pour intervenir.
Quel est le problème, Mme la Présidente, qui fait que le
ministre se "bocque", actuellement, dans son siège et sur ses positions?
Qu'est-ce qui peut faire que le ministre ne comprenne pas cet argument? Dans
quelle mesure le ministre veut-il vraiment bonifier son projet de loi? Dans
quelle mesure le ministre considère-t-il qu'il n'a pas la
vérité absolue et qu'il est possible que l'Opposition lui apporte
des suggestions qui soient valables? Dans quelle mesure le' ministre, Mme la
Présidente, considère-t-il que le travail qu'il a fait pendant
cinq ou six ans, quand il était de ce côté-ci de la table,
n'était que du travail de tactiques et de stratégies pour planter
le PQ et pour prendre sa place au plus sacrant? Le ministre n'a-t-il pas
été sincère à des moments donnés pendant ses
interventions aux commissions parlementaires, quand il était dans
l'Opposition? Ne considère-t-il pas qu'à certains moments il a
apporté une contribution intéressante qui a bonifié des
projets de loi? S'il pense qu'il a fait cela dans l'Opposition, peut-il nous
prêter au moins autant d'intelligence, de bonne foi et
d'honnêteté qu'il en a eu?
Quelle est son objection, Mme la Présidente, surtout quand on
pense que, finalement, ce que l'on propose, c'est de faire en sorte que le
ministre respecte sa parole? Le ministre s'est engagé pendant la
campagne électorale à avoir une attitude... Pourquoi revenir par
la suite sur cette position? Cela aurait été si simple et ce
serait si simple si les libéraux, Mme la Présidente, prenaient
l'habitude de respecter leur parole. C'est tellement choquant de voir les
libéraux ne pas respecter leurs engagements depuis un ani C'est cela,
Mme la Présidente, on dit au ministre: C'est vous qui vous êtes
engagé, en campagne électorale, à reconnaître que
les parties sont suffisamment matures pour assumer leurs
responsabilités. Très bien, mais, dans ce cas, Mme la
Présidente, que le ministre passe de la parole aux actes, et les actes,
cela veut dire à ce moment-ci arrêter de se "bocquer", de se
retrancher sur des positions qui sont indéfendables et contraires
à ses engagements électoraux et qu'il nous dise: Très
bien, on accepte cela. S'il veut qu'on fasse un travail constructif, qu'il
commence à nous le prouver. Cela fait une journée et demie qu'on
est en commission parlementaire et on a vraiment l'impression, Mme la
Présidente, que c'est le gouvernement qui a décidé de
faire de l'obstruction systématique à son projet de loi. Je vais
vous dire une chose, Mme la Présidente, je ne serais pas intervenu si,
après le député de Joliette, le ministre avait dit: Je
pense que, finalement, j'achète cela. Si le ministre nous disait,
après mon intervention: Écoutez, je pense que, finalement, vous
avez un point, non seulement on dirait: D'accord, on va arrêter de
parler, mais, en plus de cela, on lui dirait: Bien, écoutez, l'attitude
va peut-être changer et on va peut-être commencer à pouvoir
travailler d'une façon constructive autour de la table.
Mme la Présidente, je ne suis pas intéressé, comme
député, à avoir des gens qui vont venir dans mon bureau de
comté parce que le ministre va avoir mal fait ses devoirs et parce que
le ministre n'aura pas respecté ses engagements. Je ne suis pas
intéressé à avoir des gens qui vont venir dans mon bureau
de comté vivre les problèmes que le ministre va créer
parce qu'à un moment donné il ne veut pas comprendre. Qu'est-ce
qu'on demande de si exagéré, Mme la Présidente? On demande
que le gouvernement, que le ministre respecte sa parole. C'est tout ce qu'on
demande, pas plus, pas moins. Et on l'aide, à part cela, à faire
la "job". On lui dit: Ecoutez, ce n'est pas compliqué: Plutôt que
de donner à des fonctionnaires un pouvoir qu'ils ne devraient pas avoir,
dans la mesure où l'on pense que c'est aux parties syndicale et
patronale à régler leurs affaires, remettons à ces deux
parties la responsabilité en faisant en sorte que les fonctionnaires
n'aient pas le droit de vote. Ils peuvent apporter un éclairage
suffisant et, ce qui est important pour les deux ministères
concernés, Mme la Présidente, qu'est-ce que c'est? C'est d'avoir
l'information, c'est de pouvoir influencer les discussions, c'est finalement de
pouvoir s'insérer dans une dynamique d'influence, de discussion,
d'évolution des gens et des opinions. C'est cela qui est important.
C'est cela que le ministre nous a dit: De toute
façon, ils sont minoritaires. S'ils sont minoritaires, soyons
cohérents. Laissons leurs responsabilités aux parties qui paient,
aux parties qui sont prêtes à assumer leurs responsabilités
et faisons en sorte que ces parties désignent leurs
représentants. Si cela ne marche pas, Mme la Présidente, le
ministre a toujours le pouvoir d'intervenir, d'une part, et, d'autre part, il y
a d'autres articles qui permettent au ministre, lorsque la commission ne fait
pas sa "job" d'intervenir aussi. On est d'accord avec cela. Quand il y a une
impasse à un moment donné, quelqu'un doit trancher.
Je sais que le député de Saint-Maurice comprend
l'argument. Je sais qu'il est sensible à ce que je dis. Il se rend
compte que je ne charrie pas actuellement, il se rend compte que ce que je dis,
c'est en fonction de ce qu'il a entendu durant deux jours en commission
parlementaire, lors des consultations. Il sait très bien, étant
entrepreneur en construction, en congé sans solde ou en congé
sabbatique, que, s'il avait été battu aux dernières
élections, il aurait probablement été l'un de ceux qui ont
témoigné en commission parlementaire la semaine dernière
pour nous dire exactement ce qu'on a entendu de la part des associations
patronales. Voyons donc! Il était tellement convaincu de cela qu'ils en
ont fait un engagement électoral, lui et ses collègues. C'est
cela, Mme la Présidente.
Nous disons au ministre et aux collègues ministériels,
surtout aux nouveaux qui n'ont pas d'expérience et qui s'imaginent que,
dans ce Parlement, on fait juste jouer la partie stratégique qui est
de...
Une voix: "Filibuster".
M. Charbonneau: Pas seulement "filibuster", jamais dire
sincèrement ce qu'on pense. Je vous dirai une chose. On peut très
bien "filibuster" sur ce projet de loi tout en étant très
sincère et, actuellement, on ne "filibuste" même pas. On dit au
ministre: Si vous êtes d'accord et si vous vous rangez à cette
opinion, on va arrêter de parler et on va passer au vote sur les
amendements que le député de Joliette a annoncés, entre
autres celui qu'il a déjà déposé, et on passera
à un autre article. C'est ce qu'on dit au ministre.
Mme la Présidente, il me semble que c'est le bon sens. Il me
semble que c'est une ouverture de collaboration et il me semble que le ministre
devrait reconsidérer son attitude. On peut jouer toute la semaine ici,
s'amuser à se faire des clins d'oeil, mais on peut aussi, tout en se
faisant des clins d'oeil, faire un travail constructif pour que les gens qui
sont venus en commission parlementaire la semaine dernière ne soient pas
venus seulement pour la frime, mais parce qu'il fallait qu'à un moment
donné, au moins, le gouvernement dise: On les a entendus. Cela aurait
été carrément inacceptable dans une industrie majeure au
Québec, une des industries importantes dans le développement
économique du Québec, qu'on ne puisse entendre les parties en
cause.
Quand on entend du monde et qu'on veut être sérieux, on
entend ce monde en se disant: II se peut qu'ils nous influencent. C'est la
"game", la partie. On entend des gens en prenant le risque que leurs arguments
portent et qu'on leur donne raison et, a fortiori, si, au départ, quand
ces gens ont été appelés à voter lors d'une
élection, ils se sont prononcés en se disant: Ils nous promettent
cela. C'est différent de ce qu'on a connu depuis neuf ans. Très
bien, on va les essayer.
Maintenant, livrez la marchandise. Indiquez-nous et faites-nous la
démonstration que vous avez compris que ce projet de toi peut être
bonifié substantiellement, entre autres, par une collaboration positive
de l'Opposition et faites-nous la démonstration que ce n'est pas vous
qui avez décidé de faire de l'obstruction
systématique.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brorne-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente.
Pour ceux et celles qui n'auraient pas eu l'avantage de suivre nos travaux
depuis hier matin et qui viennent d'écouter le discours du
député de Verchères, s'ils ne considéraient pas,
premièrement, qu'il a épuisé ses 20 minutes pour nous le
dire, ils auraient peut-être l'impression qu'il fait autre chose que de
l'obstruction systématique. Il n'a même pas eu l'habileté
hier, Mme la Présidente, de camoufler, sur une de ses motions, un
amendement qui venait du député de Joliette. Il a
télégraphié le terme "obstruction systématique".
Hier soir, il en était un peu gêné et un peu honteux. C'est
son droit de parlementaire, je l'ai déjà indiqué, le plus
strict d'utiliser ses droits, de parole au maximum, mais il ne fait pas
tellement avancer les débats.
Quand il dit: Qu'est-ce que le ministre a à s'entêter, etc.
Mme la Présidente, je vous dis bien respectueusement qu'on a un article
qui est adopté. Et devinez donc quoi? Il y a un amendement de
l'Opposition qu'on a accepté. C'est tout un entêtement! On
sièqe depuis hier matin. On est rendu à l'article 3. On a
suspendu l'article 2. On a adopté l'article 1 avec amendement. Et on va
tenter de faire croire aux gens qui nous écoutent qu'on n'est pas en
train de faire de l'obstruction systématique de l'autre
côté?
Une voix: Ils vont perdre toute crédibilité. (22
heures)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la
Présidente, je vous le dis, cela me renverse, cette attitude,
quand on utilise ses 20 minutes surtout pour essayer de passer un message en le
criant bien fort et en s'imaginent que, plus on va crier fort, plus il va
passer. C'est une attitude d'obstruction systématique de début de
mandat. Avec l'expérience...
M. Chevrette: Mme la Présidente, question de
règlement.
La Présidente (Mme Bélanger); M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Je veux bien que le ministre prenne 20 minutes s'il
le veut, mais il va répondre sur le fond de l'amendement qui est sur la
table. On n'a pas fait appel souvent au règlement ni à la
pertinence du débat. Le ministre est en train d'éviter encore de
répondre sur le fond, purement et simplement. La question de
règlement est la suivante: Quand on lui présente des amendements
qui vont dans le sens des consensus, il trouve le moyen de dire que l'on
niaise. Qu'il réponde donc sur le fond, s'il est si rapide que cela.
J'ai parlé deux minutes sur mon amendement pour lui donner la
chance...
M. Cannon: Question de règlement, Mme la
Présidente.
M. Chevrette: II ne peut y en avoir deux à la fois, M. le
député de La Peltrie. Je continue, Mme la Présidente. Le
ministre lui-même avait l'occasion, dès mon amendement, sans que
je parle, de traiter du fond. Il aété désinvolte,
à part cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, ce n'est
pas une question de règlement.
M. Cannon: Mme la Présidente.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II "s'autofilibuste" pour aider
son collègue en prenant un peu plus de temps pour faire tourner
l'horloge. Voyons donc!
La Présidente (Mme Bélanger): M. ie
député de La Peltrie.
M. Cannon: Sur la question de règlement, je me souviens
très bien avoir entendu les propos du député de
Verchères disant: Mais le ministre est en train de se "filibuster"
lui-même. Alors, que le ministre prenne le temps qui lui est
consacré pour réfuter ses arguments, on n'a même pas permis
au ministre de compléter son argumentation. Le député de
Joliette s'est levé, a sauté sur le micro pour prendre la parole
et expliquer une question de règle- ment. Donnez donc la chance au
ministre de faire valoir son opinion. On a écouté pendant une
journée et demie les arguments de l'Opposition. Le député
de Verchères lui-même a dit que le ministre se "filibustait". Il
réfute ses arguments. Alors, que l'on donne la chance au ministre de
pouvoir répondre.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, il y a
un point sur lequel le député de Verchères avait raison,
c'est que l'on s'était engagé envers les parties à leur
remettre plus de responsabilités et de contrôle. Je m'excuse!
La Présidente (Mme Bélanger): La parole est au
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le député de
Verchères peut se choquer s'il le veut, cela peut étirer un peu
le temps.
Nous remettons le pouvoir décisionnel aux parties. Lorsque les
parties s'entendront, elles pourront prendre la décision qu'elles
voudront bien prendre. Cela résume les commentaires que j'avais à
faire, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Vimont.
M, Théorêt: Mme la Présidente, je vaudrais
juste relever une remarque du député de Verchères qui nous
accusait...
Mme Juneau: L'alternance.
La Présidente (Mme Bélanger): Le ministre a le
droit de répondre à chacune des interventions.
Mme Juneau: Oui, mais, après cela, c'est une personne
de...
La Présidente (Mme Bélanger): Non. Ensuite, c'est
le parti ministériel.
Mme Juneau: Minute!
La Présidente (Mme Bélanger): L'alternance, c'est
cela Mme la députée de Johnson.
M. Théorêt: Mme la députée de Johnson,
on vous a laissée parler pendant dix-huit heures. Est-ce que l'on peut
prendre deux minutes? Mme la Présidente, juste pour relever les
remarques...
La Présidente (Mme Bélanger): En vertu de l'article
246: "Le ministre ou le député qui présente un projet de
loi, outre le temps
de parole dont il dispose au même titre que les autres
intervenants, a droit à un temps de parole de cinq minutes après
chaque intervention."
Mme Juneau: ...mon collègue de Vimont, Mme la
Présidente.
M. Théorêt: Mme la Présidente, je ne prendrai
pas 20 minutes. Je veux juste prendre une minute - c'est mon droit - pour
relever les paroles et les accusations du député de
Verchères qui accusait notre formation de ne pas avoir tenu parole.
Mme la Présidente, il faut avoir un front de boeuf pour dire que
les libéraux ne tiennent pas leurs engagements alors que les gens de
cette formation politique, pendant neuf ans, non seulement n'ont pas tenu leur
parole et leurs engagements, mais ils ont même renié leur
signature au bas d'une convention collective et coupé d'une façon
sauvage les salaires des employés. lis viennent nous dire aujourd'hui,
ces gens purs: Vous ne respectez pas votre parole. Mme la Présidente,
c'est une farce monumentale. Ils n'auront, par ces interventions, aucune
crédibilité.
Mme Juneau: Pertinence!
M. Théorêt: C'est pertinent aux propos du
député de Verchères, Mme la députée de
Johnson.
M. Chevrette: Si cela prend un front de boeuf pour parler, cela
prend une cervelle de moineau pour dire ce qu'il vient de dire.
M. Théorêt: M. le député de
Joliette...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Théorêt: ...ma cervelle...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordrel M.
le député de Vimont.
M. Théorêt: ...est pas mal plus en ordre que la
vôtre.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Vimont.
M. Cannon: En parlant de cervelle d'oiseau, c'est vous qui avez
taxé la nourriture d'oiseau.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de La Peltrie, À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le député d'Ungava.
Mme Juneau: II y a des canaris.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre, M.
le député Vimont! M. le député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Mme ta Présidente, j'ai la parole et j'entends
bien faire valoir quelques points de vue même si cela n'intéresse
pas le ministre, d'après ce que l'on a pu voir. Depuis hier matin -
justement, s'il veut en parler, il nous a ouvert une porte - le ministre s'est
opposé systématiquement à tout ce que l'on a fait,
à tout ce que l'on a présenta. Le ministre s'est organisé
pour faire reculer l'Opposition derrière des mesures de procédure
afin de faire perdre le temps de l'Opposition, le sien et celui de l'ensemble
de cette commission. Le ministre a eu une véritable attitude de
provocation. Vous l'avez remarqué comme mot, Mme ta Présidente,
Presque à toutes les fois qu'on est intervenu sur des questions
fondamentales et on est intervenu très souvent ainsi, vous êtes en
mesure de le croire et de le savoir, si vous n'y croyez pas, du moins y a-t-il
des gens qui nous écoutent qui y croient, que faisait le ministre? II se
reculait dans sa chaise, il se fermait les yeux et faisait voir qu'il prenait
sa détente absolue. Le ministre était en méditation. On
l'a vu faire. Vous l'avez vu faire autant que moi ici, depuis hier matin. C'est
cela qu'il a fait à chaque fois qu'on apportait des arguments et qu'on a
voulu parler sur des questions fondamentales. Le ministre n'a pas cessé
de provoquer. Le ministre a fait en sorte qu'on ne puisse arriver à des
questions fondamentales et je suis personnellement convaincu d'après
l'attitude du ministre depuis deux jours, je suis profondément convaincu
qu'il est en train de faire tout en son pouvoir pour éviter le
débat fondamental et pour obliger...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Claveau: S'il faut que je me lève et que je crie
à pleine tête, Mme la Présidente, je vais le faire!
Des voix: Bravo!
La Présidente (Mme Bélanger): Bon. Étant
donné que les esprits sont très échauffés, je
suspens la séance pour quelques instants afin de calmer les esprits.
(Suspension de la séance à 22 h 7)
(Reprise à 22 h 14)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission reprend
ses travaux. Je demanderais la collaboration des membres de
la commission afin de respecter le droit de parole du
député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, Mme la Présidente. Je suis certain que
mes collègues vont acquiescer d'emblée à votre
recommandation. Au moment où vous avez suspendu, Mme la
Présidente, j'étais en train de démontrer, hors de tout
doute, que ce qui se passe actuellement, c'est que le ministre est en train
d'amener l'Opposition à se réfugier derrière une barricade
de procédures. La seule porte qu'il nous laisse pour s'exprimer, c'est
de se réfugier derrière la procédure. Ce jeu fait
l'affaire du ministre, j'en suis profondément convaicu, Mme la
Présidente.
En effet, on en a eu la preuve avec la réponse que le ministre a
donnée à la motion d'amendement de mon collègue de
Joliette. Tout ce que le ministre a trouvé à dire à une
motion qui se voulait honnête et sincère et qui a
été préparée en connaissance de cause, il a tout
simplement répondu avec son je-m'en-foutisme proverbial. Le
député ne m'a pas convaincu. C'est ce que j'appelle obliger
l'Opposition à se réfugier derrière la procédure
pour faire valoir son point de vue et c'est un jeu qui fait bien l'affaire du
ministre parce que celui-ci nous a démontré, depuis hier matin,
qu'il n'avait absolument pas l'intention de discuter sur le fond du projet de
loi. Il a essayé, par tous les moyens que cela pouvait lui permettre, en
nous mettant la faute sur le dos, évidemment... Alors qu'on a
proposé des consensus, alors qu'on a dit qu'on était prêt
à accepter son argumentation d'emblée sans pour autant profiter
de tous les droits de parole que la procédure nous aurait permis, alors
qu'on est allé au-devant des coups pour essayer d'amener le ministre
à être raisonnable et à travailler de concert avec
l'Opposition, le ministre a toujours trouvé le moyen de nous reculer
derrière une "procédurite" qui sert ses fins et qui sert la cause
qu'il défend actuellement. Le ministre n'a pas l'intention - il vient de
nous le démontrer encore une fois - de discuter sur le fond. Il essaie
de se trouver un moyen de nous mettre le bâillon sans qu'on ait eu le
temps de parler du projet de loi comme tel, Mme la Présidente. C'est ce
qui est la véritable situation.
Si le ministre avait voulu collaborer, on serait rendu beaucoup plus
loin que cela dans le projet de loi. On aurait avancé honnêtement,
systématiquement. Au lieu de se fermer les yeux pour ses envolées
"méditatoires" au moment où on avait à parler, il aurait
mieux fait de prendre son crayon et de noter sérieusement ce qu'on avait
à dire, probablement qu'on serait rendu plus loin qu'on ne l'est
là, Mme la Présidente. Cela étant dit, je voudrais revenir
sur le fond de l'amendement proposé par mon collègue de Joiiette,
qui est excessivement honnête en soi et qui mérite toute
l'attention qu'il faudrait de la part du ministre, si le ministre veut vraiment
faire un travail de parlementaire consciencieux, de parlementaire responsable
devant les gens qui l'ont élu. J'ai l'impression que ce n'est pas
là la raison de sa présence en Chambre, ce soir. Le ministre a
plutôt l'intention de nous embarquer dans tout un cheminement de basse
politicaillerie afin de faire un travail de bras, comme on pourrait dire et
essayer de démontrer à l'opinion publique que nous sommes des
farceurs, alors que c'est lui qui est le dindon de la farce.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député d'Ungava. M. le ministre.
M. Claveau: Je n'ai pas fini, Mme la Présidente.
Une voix: C'était un paragraphe.
La Présidente (Mme Bélanger): Je pensais que votre
intervention se concluait avec le dindon de la farce.
M. Claveau: Je reprenais mon souffle, Mme la Présidente.
C'est permis dans le règlement?
Une voix: II reprenait son souffle. Ha! Ha!
Une voix: Ah non! on ne rit pas de lui, on rit avec lui.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! La parole est au député d'Ungava.
M. Claveau: La façon honteuse, Mme la Présidente,
dont nos collègues ministériels ont abordé le projet de
loi depuis hier matin est très caractéristique de la façon
dont ils ont agi depuis un an, en se foutant de l'opinion publique et en
ridiculisant en Chambre par toutes sortes de réponses inacceptables les
différents problèmes auxquels on a à se buter en tant que
collectivité et auxquels ils auraient à trouver des
réponses plutôt que de rire du monde. On en a un bel exemple ici
ce soir et la façon dont nos collègues d'en face se comportent
depuis hier est vraiment un très bel exemple qui mériterait
d'être publicise sur le sérieux qu'ils mettent à leur
travail de parlementaires. Plutôt que de nous accuser indûment et
de nous prêter des intentions qui ne sont pas les nôtres, ils
devraient se regarder eux-mêmes et voir de quelle façon ils
travaillent et de quelle façon ils sont en train - comme le disait mon
collègue tout à l'heure - de ridiculiser l'ensemble du
parlementarisme au Québec par leur attitude désinvolte.
Je veux travailler avec mes collègues de l'Opposition pour qu'on
avance dans ce projet de loi et qu'on fasse un projet de loi le plus
honnête possible, qu'on fasse un projet de loi qui, effectivement, comme
le disait le ministre, s'attaque aux véritables problèmes. On
sait qu'il y en a, il y a des affaires à modifier, il y a des choses
à arranger, mais on ne doit pas le faire de façon à
camoufler leurs véritables intérêts qu'ils n'ont jamais
osé nous dévoiler ici, mais qu'on peut lire, par contre, dans les
entrelignes du projet de loi. D'ailleurs, le ministre nous a donné un
bel exemple en commission parlementaire qu'il était beaucoup plus
capable d'interpréter les entrelignes du projet de loi que les lignes
elles-mêmes. Cela étant dit, j'inciterais le ministre à
s'attarder un peu plus longuement, les yeux ouverts cette fois-ci, sur les
amendements que mon collègue a déposés et que je me
permettrai de lui relire, afin qu'il puisse s'en faire une idée plus
complète que celle qu'il a eue au moment du dépôt: À
l'article 3.2 ce que mon collègue proposait, qu'il propose toujours et
que nous proposons comme formation politique, c'est d'ajouter vraiment que si
tes associations consultées s'entendent pour désigner quatre
personnes -que peut-il y avoir de mal dans cela, M. le ministre? Dites-le-moi
tout de suite - ces dernières deviennent membres. C'est tout simplement
honnête envers ces gens qui auront à payer la note comme c'est dit
partout à l'intérieur du projet de loi, ce sont eux qui vont
payer. Si ce sont eux qui vont payer, c'est à eux de nommer qui ils
veulent et non pas qui le ministre voudrait voir siéger là.
Une voix: ...
M. Claveau: Je suis sur l'amendement, monsieur. Et si jamais
elles ne s'entendaient pas, à ce moment, le ministre pourrait imposer sa
vision de ministre responsable. C'est très honnête aussi d'avoir
proposé cela et je pense que le ministre devrait se rendre compte que si
ce n'est pas sa "gang" de "chums" qu'il veut voir là, hé bien, il
devrait laisser aux parties le soin de nommer les gens qu'elles veulent bien,
et si jamais elles ne s'entendaient pas sur les gens à nommer du
côté, entre autres, des associations d'entrepreneurs et de
constructeurs, à ce moment, il pourra toujours intervenir pour mettre de
l'ordre dans cela. Mais qu'il commence par laisser la chance aux coureurs et
laisser les payeurs pouvoir nommer eux-mêmes les gens qu'ils veulent voir
là et non pas ceux que le ministre voudrait bien voir siéger
là, pour être certain d'en avoir la tutelle, d'avoir la mainmise
dessus et de les écraser comme il le faut pour faire ce que lui
veut.
En ce qui concerne les associations repésentatives, c'est encore
là la moindre des choses, Mme la Présidente, que les associations
représentatives puissent nommer elles aussi qui elles veulent voir
là. Ce sont les associations représentatives qui sont
représentées et non pas le ministre qui a deux ou trois
représentants qui font son affaire. Le ministre aura déjà
la chance d'avoir ses représentants, d'ailleurs, par les personnes qui
sont nommées en provenance des ministères. Alors, les
associations représentatives ont tout aussi droit, en tant que payeurs
et partenaires dans la discussion, et dans l'évolution de l'ensemble des
projets de la construction, de pouvoir elles-mêmes être
responsables des qens qu'elles vont nommer là. C'est tout simplement la
moindre des choses, Mme la Présidente.
Quant aux membres nommés qui viennent des différents
ministères, enfin, des deux ministères concernés - des
trois ministères, excusez-moi - il nous semble très important que
ces gens puissent participer à la discussion, mais ce ne sont pas eux
qui vont modifier les résultats d'un vote. Si jamais cela devient
nécessaire, si on a à trancher entre le 4-4 qui pourrait
s'établir éventuellement, advenant le vote, un vote
séparé, un vote divisé des associations
représentatives et des associations patronales, à ce moment, le
ministre aura toujours te loisir d'intervenir lui-même ou de trouver,
enfin, un moyen de dénouer l'impasse. Mais il n'est pas
nécessaire de fausser le vote et de fausser la volonté de ceux
qui vont avoir à payer la note, en imposant, à toutes fins
utiles, à ces gens un vote de ces représentants en provenance des
ministères. Que ceux-ci fassent partie de la discussion, soit! Que
ceux-ci aient leur mot à dire, aient des orientations à donner,
soient dans l'équipe, il n'y a pas de problème à ce
niveau. Mais, par exemple, qu'on laisse la décision finale, la
décision du vote à ceux qui paient et aux parties vraiment
impliquées et qui vivent le quotidien de la construction, qui ne le
vivent pas par personnes interposées. Cela aussi, c'est honnête.
Cela aussi, c'est franc comme démarche. Le ministre aura toujours, de
toute façon, à la limite la possibilité de dénouer
quelque impasse que ce soit.
Enfin, en ce qui concerne la nomination du président, il y a
encore là toute raison de croire que, si on veut améliorer le
système, si on veut faire en sorte que le système soit à
la limite des possibilités de perfection, en termes de fonctionnement et
en termes de représentation efficace des intérêts, il est
tout à fait honnête, il est tout à fait franc et
transparent de permettre que ce soit sur la base d'une double majorité,
majorité des représentants patronaux et majorité des
représentants syndicaux, que l'on nomme un président qui pourra,
par la suite, être "étampé", "tamponné" et
approuvé par le
ministre.
Une voix: Accrédité.
M. Claveau: Accrédité, si on veut l'appeler comme
cela. Mais c'est là le seul devoir que devrait avoir le ministre parce
que, encore là, des associations responsables nous ont prouvé par
le passé, tant du côté patronal que du côté
syndical, qu'elles étaient capables de s'entendre quand on leur en
donnait les moyens. On a des associations qui ont l'habitude de fonctionner
d'elles-mêmes, qui ont l'habitude d'être capables de
déterminer leur représentation et qui sont sûrement
capables, à l'intérieur d'un processus hautement
démocratique, de nommer celui qui devrait être à leur
présidence.
Encore là, si le ministre veut être clair et s'il veut
vraiment dire le fond de sa pensée, pourquoi rejetterait-il une telle
proposition? On est en droit de se demander si c'est vraiment
l'intérêt des parties ou si ce sont peut-être des
intérêts à d'autres fins qu'il voudrait avoir
lui-même en nommant le président d'une telle corporation.
Le ministre se doit de regarder honnêtement, avec toute l'emphase
et l'ampleur nécessaire, la proposition qu'on lui présente
aujourd'hui afin d'éviter de se mettre lui-même dans des conflits
d'intérêts et d'éviter des situations qui le mettraient
éventuellement vraiment diamétralement opposé aux
intérêts des intervenants directs dans le domaine de la
construction. Ce sont leurs problèmes qu'on veut régler. Le
ministre l'a dit, il l'a répété, il l'a dit en campagne
électorale avec tous ses collègues, que c'étaient les
problèmes de la construction. Si ce sont les problèmes de la
construction, qu'on laisse donc les gens de la construction prendre les moyens,
et qu'on leur donne les éléments, les moyens et les outils pour
qu'ils puissent eux-mêmes arriver à prendre les meilleures
décisions par des consensus qui feront l'affaire de tout le monde.
Si le ministre veut régler d'autres problèmes, s'il veut
régler les problèmes de tous ses collègues qui, dans leur
bureau de comté, ne savent pas quoi faire avec les gens qui viennent
leur demander des cartes pour entrer dans la construction, à ce
moment-là, il n'a qu'à le dire et à faire un projet de loi
en conséquence. Qu'il n'essaie pas de camoufler les choses s'il a
quelque chose à camoufler. S'il n'a rien à camoufler et s'il est
vraiment aussi honnête qu'il le prétend en déposant son
projet de loi, à ce moment-là, il devrait accepter une telle
proposition qui, nous en sommes convaincus, a, d'ores et déjà,
l'assentiment et l'appui de toutes les parties en présence.
C'est dans ce sens, Mme la Présidente, que je terminerai en
disant au ministre que, s'il veut vraiment discuter des questions de fond, s'il
veut vraiment regarder les choses en face, s'il veut vraiment collaborer afin
que le projet de loi qu'il propose soit un véritable projet de loi qui
règle un problème ou des problèmes dans une industrie, en
particulier celle de la construction, à ce moment-là, qu'il
agisse en conséquence et qu'il essaie, qu'il arrête lui-même
le premier de créer de l'obstruction systématique à tout
ce qu'on pourra apporter. Qu'il cesse d'obliger l'Opposition à se
réfugier derrière les barricades de la réglementation et
de la "procédurite", qu'il accepte les consensus qu'on est prêt
à lui offrir et, enfin, qu'il ouvre les yeux sur les lacunes qu'il y a
dans son projet de loi, lacunes qu'on lui démontre ouvertement et qu'on
est capable de lui prouver.
C'est peut-être cette preuve qui lui fait mal. Mais on est capable
de lui démontrer que ce projet de loi est plein de lacunes, et nous
avons, entre autres, entre les mains, au moment où l'on se parle, une
proposition pour régler une des lacunes que le ministre a
lui-même, volontairement ou non, introduite dans son projet de loi. Et il
serait tout à son avantage et tout à son honneur de la regarder
honnêtement et sérieusement, et non d'essayer de la ridiculiser,
de faire de la bouffonnerie et de la basse politicaillerie à partir
d'une motion qui est excessivement valable en soi. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député d'Ungava. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, je
constate que le député d'Ungava a bel et bien pris tout son temps
pour reprendre essentiellement les propos du député de Joliette
complétés par le député de Verchères.
M. Chevrette: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Je suis surpris que le ministre dise que le
député d'Ungava a tout pris son temps pour répéter
mes propos. Sur mon propre amendement, je n'ai pas parlé deux minutes
pour permettre au ministre de l'accepter et pour éviter de parler. Il y
a une cohérence au moins?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, mais j'ai dit, M. le
député de Joliette, "complétés par le
député de Verchères".
M. Chevrette: Je n'ai presque pas parlé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est
pour cela que le député de Verchères a
complété vos propos. C'est pour cela que j'ai indiqué les
deux. La participation des deux faisait un tout qui a été repris
par le député d'Ungava.
M. Chevrette: C'est à qui à parler?
M, Claveau: Mme la Présidente, il me reste encore du
temps. De toute façon, je n'ai pas pris tout mon temps.
La Présidente (Mme Bélanger): II vous reste quatre
minutes, M. le député. (22 h 30)
M. Claveau: Voilà. Si le ministre avait
écouté l'intervention du député de Verchères
au lieu de méditer, il aurait probablement compris que le
député de Verchères n'a pas repris point par point, tel
que je l'ai fait, chacun des éléments qui sont dans la
motion.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député d'Ungava. M. le député de La Peltrie.
M. Cannon: Je voudrais simplement souligner, Mme la
Présidente, qu'il est maintenant 22 h 30. Après tout près
de seize heures de débat en cette commission parlementaire, la seule
chose que l'on a réussie, c'est d'adopter l'article 1, avec un
amendement qui a été suggéré par les gens de
l'Opposition. Donc, on a acquiescé à cette demande. À
l'article 2, on a adopté un certain nombre d'éléments, on
en a suspendu d'autres. L'article 3.2, on l'a adopté. L'article 3.3, on
l'a adopté. L'article 3.3.1 a été adopté sur
division.
Nous sommes maintenant rendus à l'article 3.2 et, effectivement,
on a vu un certain nombre d'amendements. Tout au moins, le député
de Joliette nous a présenté un amendement. Je l'en remercie parce
qu'il nous a quand même donné la totalité de ce qui devait
être présenté, de façon que l'on puisse avoir une
image complète. Tout à l'heure, il a accusé le ministre de
ne pas vouloir discuter sur le fond. Je dirai que, quant à moi, il y a
des choses qui, dans ce document, présentent des interrogations,
notamment: Pour valoir, la nomination d'un président doit être
entérinée par une majorité syndicale et une
majorité patronale. On n'a pas précisé ces
éléments. Je reprends ce qui a été dit ici.
Après seize heures de débat, franchement, même si les
membres de l'Opposition veulent bien nous faire croire qu'ils travaillent d'une
façon constructive, qu'ils travaillent pour l'ensemble des travailleurs
et des travailleuses au Québec pour que l'on puisse adopter ce projet de
loi, vous comprendrez, Mme la Présidente, que je reste un peu sur mon
appétit et que je suis très sceptique quant à l'intention
de l'Opposition de vouloir livrer la marchandise.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de La Peltrie.
M. Claveau: Question de règlement. Une voix: Le
temps.
M. Claveau: II court un peu. Je le prends sur mon temps, si vous
voulez.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, mais, cette
fois, pour une question de règlement.
M. Claveau: Tout ce que j'ai à dire là-dessus, Mme
la Présidente, c'est que le député de La Peltrie est
exactement en train d'accréditer la thèse que ce sont eux qui
s'organisent pour perdre du temps- Ce qu'il vient de nous dire là,
c'était le travail du secrétaire de la commission.
La Présidente (Mme Bélanger): Ce n'est pas une
question de règlement, M. le député d'Ungava. M. le
député de Joliette.
M. Cannon: Mme la Présidente, je m'excuse. Si j'ai bien
compris, c'est le député de Verchères qui, au tout
début, alors qu'il était président de la commission, a
quand même indiqué qu'il y avait un phénomène
d'alternance à cette commission. J'ai écouté patiemment
les propos tenus par le député d'Ungava. Que je sache,
c'était mon droit de parole. Donc, je me suis prévalu de mon
droit de parole, M. le député d'Ungava.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Mme la Présidente, nous avons
présenté au moins cinq amendements au ministre. Que l'on ne
vienne pas me dire que ce n'est pas cohérent par rapport à
l'objectif fondamental de remettre entre les mains des parties les pouvoirs de
décision de la nouvelle corporation qui s'appelle la Commission de la
construction du Québec. Je comprends que le député de La
Peltrie commence à fredonner son refrain pour se préparer en
fonction du bâillon. Je vous avoue très honnêtement...
On offre au ministre, s'il veut, de ne pas parler, aucun, de notre
côté. On est cinq ici et personne ne parlera. Dites-nous que vous
acceptez ces amendements qui sont dans le sens des consensus entre les parties.
Dites-nous que vous acceptez de remettre aux parties les
responsabilités, comme vous l'avez dit dans votre discours de
deuxième lecture, comme vous en avez pris l'engagement pendant la
campagne électorale. Dites-nous que vous êtes prêt à
présenter des
amendements dans ce sens. On arrête de discuter
immédiatement et l'on attend vos amendements. Si notre libellé ne
vous plaît pas, proposez-nous des libellés immédiats qui
vont dans le sens de votre propre discours de la campagne électorale sur
votre confiance envers les travailleurs.
Vous vouliez accorder aux employeurs et aux salariés de la
construction la responsabilité de la formation et de la main-d'oeuvre.
On vous offre l'occasion de nous présenter des amendements qui vont dans
le sens de vos discours, non pas les fameux articles de loi que vous avez
présentement qui vous assurent une bretelle et une ceinture et où
vous gardez tous les pouvoirs. Ce n'est que de la consultation que vous leur
laissez et, encore là, vous ne les consultez pas. Après cela,
vous faites ce que vous voulez.
Ce que l'on vous dit, c'est: Êtes-vous prêt tout de suite -
prenons l'article 3.2 - à remettre cela aux parties? On va y aller par
questions, si vous voulez. Si vous êtes prêt à remettre cela
aux parties, nous, on vous écoute.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente,
conformément à nos engagements en période
électorale et conformément au discours que j'ai prononcé
et à ceux que les autres députés ont prononcés
à la deuxième lecture... Ceux qui ont été
prononcés la nuit, je m'en souviens. Je n'en fais pas un blâme,
sans doute cela lui a-t-il été rapporté exactement, mais
je pense que le député de Joliette n'était pas là
tout au cours de la nuit où les discours ont été
prononcés. Sans doute ses collègues lui ont-ils rapporté
l'essentiel.
M. Chevrette: Je vous ai tous écoutés, pour votre
information.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela va. Je ne vous adressais pas
un blâme. Vous avez d'autres responsabilités, vous êtes
leader, etc.
M. Chevrette: J'étais devant la
télévision.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Tout ce que je dis, c'est que cela
est conforme aux discours qui ont été prononcés. Si
j'analyse l'article 3.2, on a une formation d'un conseil d'administration et
c'est conforme au programme. On a une formation d'un conseil d'administration
où les parties sont majoritairement représentées, huit sur
treize. Donc, lorsque la partie syndicale et la partie patronale s'entendent,
les parties prennent les décisions dans le sens de leurs
intérêts.
On leur remet, à ce moment-là - et c'est conforme aux
engagements que nous avions dans le programme du Parti libéral à
l'occasion de la dernière campagne électorale - en pratique, la
responsabilité de leurs programmes de formation. On n'a pas pris
l'engagement à la légère, Mme la Présidente. C'est
parce qu'on sentait une lacune dans ce domaine, on sentait que le gouvernement
précédent avait négligé tout cet aspect de la
formation et on sentait que le gouvernement précédent qui, tout
à coup, semble avoir une confiance envers les parties n'a jamais eu,
pendant ses neuf ans de pouvoir, la moindre confiance aux parties. Ils avaient
la possibilité de nommer au conseil d'administration de l'Office de ta
construction du Québec - Mme la Présidente, je vous le soumets -
une majorité de partenaires de l'industrie, patronaux ou syndicaux. Ils
n'ont même pas fait cela. Ils ont choisi de nommer des
représentants gouvernementaux de façon majoritaire, de
façon à avoir un contrôle absolu. Au moment où, de
de côté-ci, le gouvernement dit: On est prêt à faire
confiance aux parties, à leur donner le contrôle par la voix de la
majorité au conseil d'administration de la Commission de la construction
du Québec, avec les anciens pouvoirs de l'OCQ, en ajoutant tous les
pouvoirs en matière de formation, on se retrouve - et je vous le soumets
bien respectueusement, Mme la Présidente, sans prêter d'intentions
et en vous disant que c'est exact qu'ils ont ces droits de parole -devant de
l'obstruction systématique à l'entrée en vigueur d'un tel
projet.
Mme la Présidente, c'est le député de Joliette qui
avouait - je pense que c'est hier en commission parlementaire ou au cours de la
semaine dernière, lorsqu'on a entendu les parties - qu'au niveau du
dépôt du projet de loi, habituellement, une formation politique ne
vote pas contre, mais que lui, il avait voté contre en ayant à
l'esprit un mémoire du mois de septembre qui avait coulé.
À la deuxième lecture, à l'adoption des principes, Mme la
Présidente, les principes de ce projet de loi qui sont l'abolition du
permis de travail et son remplacement par un certificat de compétence,
le fait de remettre entre les mains des parties - c'était un principe,
toute la question de la formation - Mme la Présidente, ces gens ont
voté contre. Ce matin, nous sommes arrivés ici en commission
parlementaire et ils nous ont télégraphié de l'obstruction
systématique. Ce soir, ils tentent de nous convaincre que tout à
coup, ils sont de bonne foi.
Mme la Présidente, ce que je dis, c'est qu'avec la formation d'un
tel conseil d'administration les parties sont majoritaires. Vous me retournez
à l'article 123.1 et vous dites: Le ministre a un pouvoir d'intervention
et d'initiative. À chaque fois qu'une partie en a fait mention - en tout
cas, quasiment à
chaque fois, je ne veux pas jurer de cela - à l'occasion de sa
présentation, j'ai indiqué aux parties ou je leur ai
demandé quelle serait leur réaction si le gouvernement, en cas de
désaccord, se conservait un pouvoir d'initiative. Il est possible... Je
ne souhaite pas que cela arrive, mais on peut imaginer une situation où
les employeurs et les travailleurs s'entendent sur un règlement qui
serait au désavantage du consommateur. Est-ce que le gouvernement peut
sanctionner une telle entente les yeux fermés? Est-ce que le
gouvernement doit renoncer à son pouvoir d'initiative? Les parties sont
venues nous dire que non, que le gouvernement se doit de conserver un pouvoir
d'initiative. Dans les amendements soumis aujourd'hui, nous avons
retourné le pouvoir réglementaire à la commission, Mme la
Présidente, le pouvoir de faire les règlements. Oui, nous lui
avons conservé, tel que nous l'avions indiqué aux parties, un
pouvoir d'homologation de ladite réglementation et oui nous avons...
Une voix: Article 85.3.
M. Chevrette: ...et c'est mensonger à part cela. C'est
épouvantable! Si on avait le droit de dire "menteur", je le crierais.
Cela n'a pas de bon sens de parler comme cela.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, c'est
exactement ce qui a été fait,, Si le député de
Joiiette a des problèmes d'interprétation, je lui ai dit
l'objectif qu'on vise. Lorsqu'on arrivera à 123, il reprendra le mot
à mot. II discutera, il se rendra compte effectivement que ce que nous
avons fait, c'est de remettre les pouvoirs de réglementation dans les
mains de la commission, qui est majoritairement formée des parties,
comme le prévoit l'article 3.2, Mme la Présidente, mais que le
gouvernement s'est conservé - parce qu'il est le gardien de
l'intérêt public, ce n'est pas pour le plaisir de se conserver un
pouvoir -le pouvoir d'homologuer un règlement. Si les parties ne bougent
pas, on ne peut pas paralyser une industrie aussi importante que l'industrie de
la construction, oui, le gouvernement, tel qu'il l'a indiqué, à
tous les intervenants qui se sont prononcés sur ce sujet la semaine
dernière, lors des auditions, a conservé un pouvoir d'initiative.
Le député veut que le gouvernement renonce à son pouvoir
d'initiative, renonce à son rôle de gardien de
l'intérêt public. Le gouvernement fait confiance aux parties qui
décideront, qui réglementeront. Nous homologuerons et lorsque
cela sera dans l'intérêt public, cela se fera rapidement, sinon,
on sera obligé de se justifier comme gouvernement et d'utiliser un
pouvoir d'initiative.
Nous sommes allés, Mme la Présidente, dans ce projet de
loi, dans une direction diamétralement opposée. C'est sans doute
ce qui choque et ce qui blesse les parlementaires de l'autre côté,
par rapport à ce que te gouvernement précédent avait fait.
Le gouvernement précédent avait imposé des permis de
travail dans l'industrie de la construction de façon à bloquer
l'accès aux jeunes dans cette industrie. Mme la Présidente, le
gouvernement avait délaissé la formation dans l'industrie de la
construction, complètement délaissé la formation dans
l'industrie de la construction, ignoré les besoins et des syndicats et
des organismes patronaux et des travailleurs et des employeurs dans l'industrie
de la construction.
C'est certain, aujourd'hui, ils voient le gouvernement en place donner
suite à ses engagements électoraux, donner suite...donner
suite...
Des voix: ...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! À l'ordre!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...donner suite à ses
engagements électoraux... Ils voient le gouvernement donner suite aux
discours de deuxième lecture, tenter le mieux possible d'appliquer les
principes qui ont été adoptés. Qu'ils fassent de
l'obstruction systématique, cela fait partie des règles du jeu
parlementaire, Mme la Présidente, mais qu'ils ne viennent pas dire que
de ce côté on n'a pas fait preuve de souplesse, au moment
où on se parle. Qu'ils ne viennent pas dire que, de ce
côté, nous avons abusé - je pense que c'est peut-être
la première fois que je parle aussi - de nos droits de parole. Nous les
avons laissé faire toute la journée hier, toute la journée
aujourd'hui, Mme la Présidente. On nous propose amendement après
amendement, à chaque ligne de ce projet de loi. On les discute, on en
parle, mais l'attitude de ces gens, c'est, lorsqu'on n'accepte pas un
amendement qui vient de l'Opposition, lorsqu'on n'accepte pas
spontanément un amendement qui vient de l'Opposition, on ne fait pas
notre devoir de ce côté. Vous savez, moi, j'ai vécu...
M. Chevrette: Cela va faire. C'est correct.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, est-ce
que vous pourriez...
M. Chevrette: Cela va faire.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! M. le député de Joiiette et. M. le
député de Saint-Maurice.
M. Chevrette: Cela va faire, j'ai été patient
depuis le matin, cela va faire.
Une voix: Cela fait deux jours qu'on est patient...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! M. le député de Saint-Maurice. M. le
député de Saint-Maurice... M. le député de
Saint-Maurice et M. le député de Joliette, à l'ordre, s'il
vous plaît! M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, je vais
conclure cette intervention en disant que cette confiance...
M. Théorêt: ...à l'ordre. Il faut que ce soit
des deux côtés, à l'ordre. Il commence à parler et
la députée de Johnson intervient.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Vimont. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente, je
terminerai cette intervention en disant que la confiance que le gouvernement
met dans les parties c'est de leur donner une position majoritaire ou de leur
attribuer une position majoritaire à la Commission de la construction du
Québec, une confiance que les parties ont su se gagner, en participant
avec sagesse, maturité et sérieux à des tables de travail
qui ont été mises sur pied, confiance que les parties ont su se
gagner en négociant de façon sérieuse et avec
maturité au cours de l'été dernier. Mme la
Présidente, ce pas géant que nous faisons constitue une brisure
avec le passé où les jeunes n'avaient pas de place, en tout cas,
pas de place majoritaire dans un conseil d'administration de l'Office de la
construction du Québec. Je constate que cela blesse les gens de l'autre
côté. Je leur demande, eux aussi, de rompre avec le passé,
d'envisager l'avenir d'une façon positive, en faisant confiance
majoritairement aux parties qui siégeront à la Commission de la
construction du Québec et en souhaitant que tout l'aspect de la
formation avec la participation des parties soit bonifié dans le
meilleur intérêt de l'ensemble des participants de l'industrie de
la construction et de l'ensemble de l'économie au Québec. (22 h
45)
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Mme la Présidente, ce qui blesse, c'est le
mensonge. Ce qui blesse, c'est quand on dit le contraire des faits, c'est de
vouloir emplir des gens et leur donner des impressions qui sont fausses. Le
ministre dit qu'il se donne un rôle d'homologation; homologuer,
savez-vous ce que cela veut dire, Mme la Présidente? Cela veut dire:
prendre les règlements et les confirmer. Est-ce qu'il écrit qu'il
homologue les règlements qu'il donne à la construction? C'est
faux, Mme la Présidente. C'est contraire à la
vérité. Il se donne même le pouvoir de les modifier
lui-même. Ce n'est pas un pouvoir d'initiative en disant: Révisez
votre règlement parce que je ne l'accepte pas. Cela, encore, serait au
moins différent! Non, il se garde le pouvoir, même, de les
modifier, il se garde les pouvoirs de fixer des délais qu'il juge
lui-même raisonnables et après cela il fait les règlements
lui-même et vient dire aux parties: Je vous fais confiance, je vous
remets tout entre les mains. Mon oeil! Ce sont des mensonges, Mme la
Présidente, éhontés à part de cela. Il dit cela
avec le plus grand sérieux.
Depuis le matin qu'on essaie de lui passer des propositions d'amendement
qui vont dans le sens des consensus, ce n'est toujours pas nous qui nous sommes
assis au bout de la table et qui sommes venus dire au ministre que ces gens
voulaient avoir le contrôle de leurs structures. Ce n'est pas nous, c'est
vous autres qui avez écouté. Vous avez dit: On écoute. On
écoute, mais on n'entend rien et on ne comprend rien. C'est cela, la
réalité. Il y a toujours des limites!
Mme la Présidente, ce n'est pas une question; je pense que, dans
le Parlement, la vérité a ses droits. Bon Dieu! Il y a toujours
des limites pour continuer à essayer d'emplir le monde quand on dit: On
vous donne la majorité. Imaginez-vous, on vous donne la majorité.
Pour être bien sûrs que vous ne l'aurez pas, on met quatre
fonctionnaires avec droit de vote. Et, plus que cela, on vous donne un pouvoir
consultatif. C'est cela, la réalité, c'est cela la
vérité. Et ce n'est pas ce que les textes disent, je vous
défie... Vous êtes un avocat, je prendrais n'importe quel avocat
au Québec qui connaît un peu les relations du travail et qui
lirait cela et il dirait: Les p'tits gars, vous êtes consultatifs, vous
êtes même minoritaires, si on se base sur le passé. Vous
êtes même minoritaires quand il va parler d'une partie à une
autre partie et vous le savez très bien.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez le droit à votre
opinion, même si elle est contraire à la loi.
M. Chevrette: Oui, et je ne vous ai pas dérangé le
temps que vous avez parlé, moi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Excusez-moi, c'est vrai.
M. Chevrette: C'est correct? Les "grognages", cela va faire ce
soir. Hier soir,-on a entendu toutes sortes de choses, mais ce soir, à
compter de 10 h 50 je n'entendrai pas, personnellement, ce que j'ai entendu
dans cette Assemblée. C'est clair, Mme la
Présidente? Je vous promets que vous allez faire respecter un
décorum. Vous allez faire respecter un décorum complet ce
soir.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, question
de règlement.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II n'y a pas, de la part d'aucun
des parlementaires autour de la table, d'ordre à donner à la
présidence.
M. Chevrette: Mme la présidente sait très bien se
défendre toute seule parce qu'elle a un "coach" permanent à
côté d'elle qui chauffe tout le monde depuis le début de la
veillée. Mme la Présidente, je ne tolérerai pas...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette, je crois que, depuis le début, je
tente...
M. Chevrette: Qui, vous avez bien dit "je tente".
La Présidente (Mme Bélanger): ...de faire respecter
le règlement. Vous avez enfreint le règlement vous-même et
j'ai été oligée de crier pour vous ramener à
l'ordre et vous avez la parole, prenez-la...
M. Chevrette: En réponse à l'agression. On ne se
laissera pas agresser, est-ce clair?
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, un
député doit demander à la présidente de prendre la
parole et vous avez la parole, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Du respect.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Chevrette: Que le ministre commence donc par respecter ceux
qui sont venus lui dire quelque chose! II essaie de les remplir en leur disant
qu'il respecte ses engagements. Il y a toujours des limites à
l'indécence, Mme la Présidente. Le ministre essaie d'emplir tout
le monde, est-ce clair? Le ministre charrie n'importe quoi, il affirme des
choses en disant... "Je le mets au défi de faire venir son "chum", M.
Maurice Pouliot, au bout de la table ici et de l'asseoir devant le micro et de
lui demander à cette heure-.ci. Le ministre répond-il à
vos consensus et à vos demandes? Je le défie de faire cela. Je
vais donner tout mon droit de parole et tous ceux de mes collègues
à M. Maurice Pouliot pour lui parler de sa commission pour voir si cela
répond...
Ce ne sera pas toujours un péquiste bien identifié qui va
venir lui dire qu'il est dans les carottes et que cela ne répond pas du
tout à ce que les centrales syndicales leur demandent. Je suis
prêt à faire cela, moi, je suis prêt à suspendre mon
droit de parole et à demander à mes collègues de ne pas
dire un mot - personne ici - et on va le laisser s'organiser avec son "chum"
pour voir s'il livre la marchandise. Pour l'information du ministre, - je ne
suis pas encore rendu là - quand an parle du deuxième amendement
sur la représentation syndicale, c'est le fruit d'un consensus entre les
quatre centrales qui ont un minimum de 5 %, ce qu'on vous a
présenté. Est-ce que c'est le PQ qui invente cela? Est-ce que ce
sont les membres de l'Opposition qui inventent cela? Ce sont eux, en
séance de travail, qui sont arrivés au consensus sur la
représentation du côté syndical. Et qu'on leur demande
donc! On va essayer de nous faire dire qu'on ne parle pas au nom de quelqu'un?
Qu'on ne parle pas pour correspondre à des consensus? C'est le
rôle de l'Opposition de répondre à des gens qui demandent
de faire un travail positif en fonction des objectifs qu'ils se sont
fixés. La CSN, la FTQ, le Conseil des métiers de la construction
et la CSD acceptent cette formule. Ils sont unanimes là-dessus. Et c'est
le deuxième amendement qui vient. Le ministre va essayer de dire qu'on
fait des amendements pour faire perdre du temps ici? Donc, ce seraient les
centrales syndicales qui nous feraient perdre notre temps? Voyons!
Arrêtez de vouloir remplir le monde, cela n'a pas de bon sens. Les
petites taquineries vont cesser, quant à moi. On ne les tolérera
plus comme Opposition, est-ce clair?
M. Théorêt: On vous a compris.
M. Chevrette: Ce n'est pas grave. Toi, tu as de la misère
à te battre un oeuf, ce n'est pas dangereux.
M. Théorêt: Attention! Attention que je ne te prenne
pas pour un oeuf!
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! M. le ministre.
M. Théorêt: C'est lui qui m'a provoqué, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Vimontl
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, je
pense que le ton sur lequel le député de Joliette vient de faire
son intervention...
M. Théorêt: Hé! Hé! J'en ai assez de
me faire baver.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette, vous avez demandé qu'on ne marmotte
pas tout à l'heure. Je pense que c'est à votre tour de ne pas
marmotter.
M. Chevrette: Oui, mais vous l'arrêterez de
répliquer à chacun.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Vimont, je demande la collaboration de cette
commission, s'il vous plaît!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme !a Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais tenter à nouveau
calmement de convaincre le député de Joiiette que, dans le
présent projet de loi, tel que rédigé, son article 3.2
accorde la majorité votante au conseil d'administration de la Commission
de la construction du Québec aux partenaires de l'industrie de la
construction, soit les parties patronales et syndicales. Je vais tenter de
convaincre le député de Joliette, malgré qu'il
interprète l'article 123 - on y arrivera plus tard, à un moment
donné - comme étant une sorte de mise en tutelle de l'organisme
par le gouvernement ou par le ministre, que cet article vise à donner
l'initiative réglementaire à l'organisme qu'est la Commission de
la construction du Québec et que, oui, le ministre se conserve, dans
l'intérêt public et non pour sa satisfaction personnelle - il a
l'air de vouloir insinuer que c'est par satisfaction personnelle - un pouvoir
d'homologation dans le but de garantir l'intérêt public, oui, un
pouvoir de modification, toujours dans le but de garantir
l'intérêt public et, oui, un pouvoir d'initiative dans le but
d'éviter la paralysie d'une industrie au cas où il y aurait
blocage ou braquage entre les parties.
C'est à la demande des parties qui se sont
présentées en commission, que l'article a été
réécrit, car, dans l'article initial - et j'en prends à
témoin le député de Joliette qui cherchera n'importe quel
avocat dans la province - le pouvoir réglementaire appartenait
d'initiative au gouvernement dans le projet de loi tel que rédigé
sans qu'on y fasse des amendements. Merci, Mme la Présidente.
M. Chevrette: Mme la Présidente, je demande le vote sur
l'amendement.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
M. Théorêt: Non.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement est
rejeté.
Une voix: Adopté sur division.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, rejeté sur
division.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement est
rejeté sur division.
Motion proposant que chacune des
associations représentatives le
soit à plus de 5 %
M. Chevrette: Mme la Présidente, je présente un
autre amendement qui se lit comme suit: L'article 3 du projet de loi 119, Loi
modifiant la Loi sur les relations du travail dans l'industrie de la
construction, est modifié en remplaçant le paragraphe 2 du nouvel
article 3.2 par le suivant: "quatre désignés par chacune des
associations représentatives à un degré de plus de 5
%."
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement est
recevable.
M. Chevrette: Merci, Mme la Présidente. Je vais
l'expliquer si vous me le permettez.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le
député de Joliette.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Cet amendement, je le répète, est le
fruit d'un consensus entre les groupes, les associations représentatives
de la construction qui, à la suite d'une réunion,
considèrent que ce serait une excellente façon d'avoir une
représentation directe. Entre les centrales, l'on s'entend pour cette
formulation. Donc, l'Opposition se fait le véhicule de cet amendement
parce qu'il constitue, bien sûr, l'un des objectifs qui ont
été réclamés autant pas le Conseil des
métiers de la construction que par la CSN-Construction, la
FTQ-Construction et la CSD. Je laisserai à mes collègues le soin
de parler sur l'amendement. Je reviendrai plus tard.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, il nous
est apparu important de conserver, quant au mode de nomination et quant au
nombre, un équilibre entre les parties patronales et les parties
syndicales dans l'industrie de la construction. Les associations
représentatives qui sont au nombre de cinq dans l'industrie de la
construction seront consultées avant que les nominations ne
soient effectuées. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Roberval.
M. Michel Gauthier
M. Gauthier: Mme la Présidente, depuis quelque temps
déjà, l'on discute de cet article 3. On y va de façon
générale et, ensuite, avec des amendements. Tout à
l'heure, avant de devoir quitter pour quelques instants, j'écoutais le
député de La Peltrie qui se préparait, qui pavait la voie
à son leader pour nous amener une motion de clôture sur ce projet
de loi en disant: Manifestement, l'Opposition veut bloquer
systématiquement le projet de loi. II ne se discute rien - disait-il -
d'important autour de cette table, sinon des détails, des choses sans
importance, des blocages, des plaidoyers à n'en plus finir sur des
petits bouts de phrase, Voilà, à peu près, quel
était l'essentiel de son message.
Mme la Présidente, faudra-t-il constater, à notre grand
déplaisir d'ailleurs, que ces deux jours de commission n'auront servi,
pour le député de La Peltrie et certains de ses collègues,
qu'à discuter vaguement d'un certain nombre de modifications sans
importance et n'auront pas abordé l'essentiel?
Nous n'avons vu que trois articles, c'est vrai. Mais, dans ces trois
articles, l'on a abordé le fond du problème et le coeur du projet
de loi. On est en mesure de dire au ministre du Travail, dans un premier temps,
que les centrales ouvrières et les ouvriers de la construction ne
voulaient pas de son projet de loi. On est en mesure de dire aussi au ministre
du Travail, puisqu'il présente ce projet de loi, à défaut
d'écouter les centrales syndicales, d'essayer au moins de faire preuve
de bonne foi et de faire un peu confiance aux parties de la construction, tel
que le précisait d'ailleurs l'illustre programme du Parti libéral
du Québec. Depuis le temps qu'on nous en parle, c'est vrai que l'on a
appris, en Chambre, que tout ce qui est écrit dans le programme du Parti
libéral, en général, ne s'est pas réalisé.
Au contraire, l'on fuit.
Vous me permettrez de lire ce programme. À un certain endroit, on
dit que les interventions - je passe un grand bout -des représentants du
milieu de la construction doivent se faire dans un cadre institutionnel
approprié. Mme la Présidente, je ne sais pas si le
député de La Peltrie ou d'autres de ses collègues
considèrent que nous n'abordons pas, par des amendements comme ceux que
s'efforcent de déposer et de plaider le député de Joliette
et chacun de mes collègues... Je me demande si l'on n'est pas en train
de faire comprendre au ministre, c'est là une question fondamentale,
qu'un cadre approprié, tel que le précise son programme
électoral... Je vois les collègues du gouvernement qui ont l'air
de s'en foutre éperdument. On le sait, qu'ils s'en foutent, Mme la
Présidente. On devrait au moins leur dire que dans leur programme, dans
ce programme que, même vous, vous connaissez, Mme la Présidente,
malgré votre objectivité, il est écrit qu'"un gouvernement
du Parti libéral ferait en sorte de fournir un cadre institutionnel
approprié pour le fonctionnement de la commission de l'industrie de la
construction." (23 heures)
Mme la Présidente, quand on réclame du ministre d'abord de
laisser le pouvoir aux parties, c'est fondamental. Je ne reviendrai pas
là-dessus. Que fait-on, sinon de proposer un cadre de travail qui soit
satisfaisant, ce qui est dans le programme du Parti libéral?C'est, en plus, un consensus des parties. On propose que les
représentants soient désignés, non pas par le ministre,
mais par les associations qui sont représentatives des ouvriers de la
construction. Mais, Mme la Présidente, en quoi un ministre peut-il se
bocquer, refuser systématiquement d'écouter les parties? On lui a
dit qu'on n'en voulait pas de son projet de loi, il a décidé
quand même de le présenter. On s'est fait les porte-parole des
gens qui sont venus nous rencontrer en commission pour lui dire de laisser cela
au moins au monde que cela regardait. Il n'a pas voulu nous écouter.
On a dit au ministre, Mme la Présidente, de laisser au moins
l'administration du conseil de la Commission de la construction, de laisser
cela à un groupe plus restreint, formé de façon paritaire,
avec un président et des fonctionnaires consultatifs. Il n'a pas voulu
encore, Mme la Présidente. On lui demande, au moins, de respecter que
les syndicats puissent désigner, à partir de leur
représentativité, leurs personnes les représentant. On
soupçonne encore qu'il ne voudra pas. Mme la Présidente, on a
beau essayer de prendre ce projet de loi, d'une façon ou de l'autre, on
a beau essayer de lui parler de moratoire, qui était la demande
principale des syndicats, le ministre ne veut rien savoir. On a beau essayer de
lui parler de l'importance et de la nécessité du contingentement
pour protéger, bon sang! les travailleurs les plus vulnérables de
la société, parce qu'ils n'ont pas la chance d'évoluer
dans un cadre entre quatre murs, comme les autres travailleurs des autres
industries au Québec, le ministre ne veut rien entendre, Mme la
Présidente.
On essaie de lui faire comprendre que cela ne lui appartient pas de se
mêler avec des fonctionnaires ou par le biais de fonctionnaires, dans le
fonctionnement de la
commission de l'industrie de la construction, il ne veut rien entendre,
Mme la Présidente. Si ce n'est pas aborder des débats de fond que
d'aborder des problèmes comme ceux-là, qui sont le coeur du
projet de loi, le coeur des revendications des travailleurs du Québec,
des miliers de travailleurs de la construction, si ce n'est pas important, ce
qu'on aborde là, et si cela ne devrait pas faire pencher le ministre un
peu, lui faire penser qu'avant de penser d'aller au bâillon il
réfléchisse donc cinq minutes... Ce n'est pas avec un
bâillon qu'il va réussir à faire l'unité dans
l'industrie de la construction au Québec. Ce n'est pas avec un
bâillon et une loi imposée par 99 députés contre 23
députés qui représentent, quand même, une partie
importante de la population, mais qui représentent aussi et surtout les
gens qui sont venus, qui nous ont fait l'honneur et le plaisir de venir dire
ici en commission parlementaire ce qu'ils voulaient de ce projet de loi.
Même si le ministre nous passe cette loi avec le bâillon,
nous aurons pu, Mme la Présidente, influencer convenablement les
amendements qu'il a apportés. Nous aurons pu le faire à partir
des grands principes et en amenant le ministre sur un terrain sur lequel il ne
pouvait plus retraiter, parce qu'il y a des éléments - et il le
sait très bien, ce n'est d'ailleurs pas l'Opposition qui l'a fait -sur
lesquels, s'il n'avait pas retraité, il n'y aurait plus de construction
au Québec, parce que les travailleurs de la construction ont aussi les
moyens de faire respecter leurs droits, eux qui n'ont pas l'organisation
"facilitante", comme dans d'autres industries. Ils sont quand même
capables, ils ont été capables dans le passé de
démontrer qu'ils pouvaient exiger des ministres qu'ils les
écoutent. J'ai l'impression qu'ils l'auraient fait.
Le ministre a donc retraité sur des choses essentielles. Il a
retraité sur ce qu'il pensait être - comment dire? - explosif dans
le monde de la construction. Mais il y a encore bien des éléments
dans cela. Les onze milliers ou les quelques dizaines de milliers de
travailleurs qui ont déposé leur pétition par leurs
représentants après-midi, c'est ce qu'ils sont venus dire au
ministre du Travail.
Comment fera-t-on, Mme la Présidente, pour infléchir cet
homme qui ne veut rien entendre? Comment fera-t-on pour lui expliquer ou pour
expliquer à ses collègues qu'il y a des gens qui veulent
être écoutés dans ce domaine? Comment fera-t-on pour dire
au ministre qu'on n'en veut pas de ce projet de loi? On veut quelque chose qui,
au moins, réponde à des consensus dans l'industrie de la
construction. Y a-t-il un moyen parlementaire pour faire cela? Je ne sais pas
si mes collègues qui ont plus d'expérience pourraient
m'éclairer, mais, Mme la Présidente, comment le ministre
pense-t-il être capable de faire réqner l'harmonie dans
l'industrie de la construction, de protéger ces gens, en nous
présentant un projet de loi comme celui-là, où il se
réserve tous les pouvoirs en définitive, où il partage
toutes les nominations en cours de route et où, en plus, il vient mettre
ses fonctionnaires dans le décor pour tâcher d'influencer les
décisions? Quel est son but poursuivi? Je ne le sais pas. Je me le
demande, Mme la Présidente.
On voudrait bien que les gens sachent... Peut-être qu'on va
l'avoir, le bâillon, je le dis pour le député de La Peltrie
qui semble préparer le terrain pour son leader. Oui, vous nous ferez le
bâillon, mais vous ne nous empêcherez pas de dire, par exemple,
qu'à chaque fois qu'on a voulu à cette commission aborder un
problème de fond, quelque chose de fondamental, d'important et de
revendiqué non pas par l'Opposition, mais par des milliers de
travailleurs au Québec, et souvent par des dizaines et des centaines de
patrons, vous avez toujours opposé une fin de non-recevoir. J'ai
l'impression que vous allez vivre avec les problèmes qui surviendront
dans l'industrie de la construction, les troubles, manifestement, qui ne
manqueront pas de découler d'un bouleversement aussi grand du monde de
la construction. Que le ministre ne pense pas que c'est avec un moratoire de
quatre mois... Je vois le député de Vimont qui fait signe que
non. S'il ne sait pas comment cela se passe dans l'industrie de la
construction, il risque de le voir avant longtemps. S'il pense que c'est avec
un moratoire de quatre mois qu'on va réussir à définir ce
qu'il y a à définir dans ce projet de loi, qu'on va
réussir à mettre sur pied les structures qu'on a besoin de mettre
sur pied pour que cela fonctionne bien, qu'on va réussir à faire
expliquer, à expliquer à tout le monde dan9 le domaine de la
construction que c'est comme cela qu'il faut que cela marche à l'avenir,
et qu'on va réussir à mettre sur pied ces belles tables de
concertation qui ont tellement l'air d'intéresser le ministre
malgré le fait qu'il se foute du résultat quand il arrive en bout
de course... On le voit là-dedans. Mme la Présidente, si le
ministre pense que c'est avec un moratoire de quatre mois, quelques guidis par
ci et par là dans le projet de loi qu'il va réussir à
faire avaler sa salade à tout le monde, ce n'est pas vrai. Il passera le
bâillon, s'il veut le passer, et on fera en troisième lecture les
discours qui s'imposeront. Ce n'est pas vrai que ces gens vont venir nous dire
ce soir qu'on n'a pas été capables, au cours de cette
étude en commission parlementaire, d'aborder les problèmes de
fond. J'admets, Mme la Présidente, qu'il y a eu à un certain
moment des méthodes parlementaires qui ont été
utilisées pour essayer de raisonner le ministre mais, à chaque
fois que cela a été
possible de le faire - je mets ces gens au défi de me dire que ce
n'est pas exact - et qu'on s'est aperçu que le ministre était
inflexible, on a cédé. On a cédé sur des choses
importantes et on s'est dit: On va aller plus loin. On va essayer, un peu plus
loin, de reprendre le ministre et d'infléchir sa décision parce
qu'on voudrait bonifier le plus possible ce qu'il y a là, malgré
le fait que personne n'en veut. On ne veut laisser personne mal pris avec un
devoir mal fait car ces gens vont vivre des années avec cela. Mais non,
à chaque fois... On a beau jeter du lest, Mme la Présidente, on a
beau dire au ministre: D'accord, on ferme les livres, on vote et on va passer
à autre chose; acceptez-vous au moins tel principe ou
reconnaîtriez-vous telle chose? C'est toujours: Non, Mme la
Présidente, je ne peux pas faire cela, je ne peux pas... Le ministre a
toujours de bonnes raisons... Il a toujours des raisons, finalement, qui se
démolissent assez bien. Il a des raisons qui ne résistent pas
à l'analyse. Une chose est certaine: Si on se fait conduire à un
bâillon à cette commission parlementaire, cela ne sera pas parce
qu'on n'aura pas essayé d'infléchir le ministre sur un certain
nombre de choses. Je sais que par certains amendements qu'il va apporter il se
rapproche d'une certaine façon d'éléments qui ont
été revendiqués par tout le monde. Il fallait bien qu'il
le fasse. S'il avait fallu qu'il ne le fasse pas, Mme la Présidente...
Encore là, je vous le dis, personne ne peut vivre avec cela, d'autant
plus que c'est très mal fait. Je lui ai démontré, hier,
qu'il y avait trois manières, s'il n'avait pas amendé son projet
de loi - et les amendements, on ne les a pas encore étudiés...
Dans ce projet de loi, j'ai démontré au ministre-avocat que s'il
décidait de quitter la politique il pourrait rentrer de trois
façons dans la construction au Québec. Pensez-vous que cela a du
bon sens, Mme la Présidente, que le ministre-avocat puisse entrer comme
apprenti, comme journalier et comme travailleur qui décide d'aller
travailler en dehors du Québec? C'est pour vous montrer que c'est un
devoir mal fait. Ou bien le ministre a voulu nous présenter l'apocalypse
pour, après cela, bonifier un peu et dire: Comptez-vous chanceux, vous
avez sauvé les meubles, ou bien le ministre a fait faire son projet de
loi par des technocrates, il ne s'en est pas aperçu et, à la
dernière minute, il s'est aperçu que cela n'avait pas d'allure et
il l'a amendé. Une chose est certaine, c'est inacceptable pour tout le
monde. On espère que le ministre va inclure ces amendements parce que
pour la plupart, ils bonifient ce que j'appelle - je ne sais pas si on peut
appeler cela un projet de loi, Mme la Présidente - un texte
improvisé de quelqu'un qui s'est adonné à philosopher sur
le monde de l'industrie de la construction. Ce n'est pas mieux que cela, ce
qu'il y a là- dedans. On espère, on souhaite, il nous reste
encore quelques heures, demain est encore là. On pourrait, si le
ministre voulait, il me semble, s'entendre sur les grands principes. On lui a
dit, cela fait douze fois qu'on lui répète, Mme la
Présidente, le ministre accepterait-il qu'on puisse lui donner de
grandes orientations? Ensuite il légiférera tout seul dans son
bureau, s'il le veut, mais au moins qu'il nous écoute parce que ce qu'on
lui demande, on ne l'a pas inventé. Il y a des gens qui, pendant deux
jours, sont venus nous le demander, jour après jour, minute après
minute, groupe après groupe, dans certains cas, associations patronales
à côté d'associations ouvrières. Mais non, fin de
non-recevoir. Le ministre devra vivre avec son monument. Je vous le dis, Mme la
Présidente, et en attendant on n'accepte pas que déjà on
évoque et on prépare le bâillon de ce côté. On
est en train de nous dire qu'on n'a rien abordé. J'ai suffisamment
parlé pour démontrer à ceux qui nous écoutent et
qui veulent entendre raison que non seulement il est faux de dire que nous
n'avons rien abordé dans ce projet de loi, mais on a essayé
d'aller sur les sujets de fond. Globalement, jamais le ministre n'a voulu les
aborder. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Roberval. Mme la députée de Johnson.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci beaucoup, Mme la Présidente. J'aurais
bien aimé que le ministre soit là pour entendre mon intervention,
étant donné que cela aurait été, à mon point
de vue, peut-être un éclairage supplémentaire, à la
suite du dernier amendement que mon collègue, le député de
Joliette, vient d'apporter sur la table.
Vous comprendrez, Mme la Présidente, que, lorsque mon
collègue a déposé ce nouvel amendement, il a
signifié à tous les membres de la commission et à ceux qui
sont ici que cet amendement faisait consensus dans toutes les parties
syndicales du monde de la construction. Si mon collègue est
arrivé avec cet amendement qu'il dit faire le consensus, ne pensez-vous
pas que, s'il contait des histoires, les gens qui sont là seraient en
mesure de dire que ce qu'il dit est faux? Je pense que, s'il a
déposé cet amendement qui représente la volonté des
gens de la construction, le ministre aurait tout intérêt au moins
à l'évaluer.
L'amendement dit "quatre, désignés par chacune des
associations représentatives à un degré de plus de 5 %;"
Si ces associations souhaitent que cela soit ainsi, le ministre et les membres
de sa formation politique devraient aussi l'évaluer. Que chacun puisse
intervenir sur cet amendement, oublier qu'il
a peut-être une ligne de parti, et penser que chacun, dans son
comté respectif, a aussi à défendre les
intérêts des travailleurs. Si on dit que cet amendement
représente exactement les intérêts des travailleurs qui
souhaitent qu'il soit adopté par le ministre, il me semble qu'il
pourrait y avoir une ouverture de la part du ministre.
Hier, au début de la commission parlementaire, on a fait aussi
une demande très explicite à la présidence, madame, vous
vous souvenez? On a demandé d'aller aux articles de fond qui ne
faisaient pas consensus dans tous les mémoires qui nous avaient
été présentés. On a demandé à la
présidence de discuter et d'adopter si possible les articles qui, dans
le monde de la construction, ne faisaient pas exactement ce qu'ils auraient
souhaité et qui n'atteignaient pas leurs objectifs. Cela nous a
été refusé parce que le règlement dit qu'il faut
étudier le projet de loi article par article et on s'y est
conformé.
Tout à l'heure, on nous a dit: Vous faites de l'obstruction
systématique, on est seulement rendu à l'article 3. Si le
ministre et sa formation politique avaient accepté qu'on discute les
monuments à l'intérieur de la loi qui ne sont vraiment pas ce que
le monde de la construction désire, je pense qu'on aurait adopté
beaucoup plus d'articles. Si je me réfère, Mme la
Présidente, à ce qui s'est passé à l'ouverture de
la commission cet après-midi, alors qu'une pétition de 19 000
personnes a été déposée ici à la commission,
je pense que le ministre n'est pas sans savoir que cela n'a pas de bon sens. Si
19 000 personnes souhaitent qu'il y ait des ouvertures - et mon collègue
vient de m'en apporter une qui fait le consensus à l'intérieur de
tout le monde de la construction - à ce moment-là, je ne peux pas
comprendre que le ministre refuse cela.
Une voix: Moi, je le comprends. (23 h 15)
Mme Juneau: Cela représente vraiment la volonté du
monde de la construction. Le ministre et sa formation politique auraient
intérêt à faire des ouvertures dans le sens que le monde de
la construction veut avoir. Vous savez, M. le ministre, on vous a entendu
à plusieurs reprises dire que le projet de loi 119 était pour
bonifier, je dis bien bonifier, le travail du monde de la construction. Il
voulait le bonifier, en ce sens qu'il y aurait de l'épuration. On
prétend qu'il y a 20 000 personnes qui ont des cartes et qu'elles n'ont
pas travaillé une heure dans la construction; bonifier, en ce sens que
l'on pourrait contingenter de façon que les jeunes aient leur place dans
le monde de la construction; bonifier, en ce sens qu'il y avait un
laisser-aller du côté de la formation et que l'on voulait
reprendre les cordeaux et pouvoir former notre relève dans le monde de
la construction. Si c'étaient les gros morceaux du projet de loi, nous
aurions souhaité - les gens qui vivent dans le milieu nous avaient fait
des représentations en ce sens - que le ministre puisse évaluer
au moins les amendements que l'on venait d'apporter.
Tout à l'heure, mon collègue a dit: L'amendement que nous
apportons fait exactement, entre tous les gens représentés ou qui
sont venus présenter un mémoire, une entente. Tout à
l'heure, vous avez aussi dit: Le député de Joliette a ses
renseignements, est allé voir telle ou telle personne. J'en ai
rencontré aussi de mon côté. Nous avons tous
rencontré des gens de chez nous qui travaillent dans ce secteur. Si,
éventuellement, tout le monde en vient à dire que cela devrait
être ainsi, je pense que le ministre aurait tout intérêt
à écouter ces gens-là.
Je souhaite que l'amendement présenté par mon
collègue de Joliette puisse passer la rampe - si je puis m'exprimer
ainsi - et être accepté par le ministre et sa formation politique.
Je vous remercie beaucoup, madame.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, Mme la
députée de Johnson. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Très brièvement,
juste sur un point que vous avez soulevé, Mme la députée
de Johnson, lorsque vous avez parlé de la pétition, des 19 000
pétitionnaires. C'est vrai qu'il y a une pétition de 19 000 noms.
J'ai demandé à celui qui l'a présentée à
partir de quelle date on avait demandé aux gens de signer. Cette
personne m'a dit que c'est avant le dépôt du projet de loi comme
tel. Je n'ai pas de raison de mettre cela en doute. Mais, si le projet de loi
n'était pas déposé, je tiens pour acquis que le contenu
n'en était pas connu. Donc, globalement, la pétition
répond à une lettre ou à un communiqué qui est
vaste, qui est large, mais qui ne fait pas référence au contenu
du projet de loi parce qu'il ne le pouvait pas, au moment où il a
été rédigé. Il ne fait surtout pas
référence aux amendements qui ont été
déposés cet après-midi. J'ai lu le communiqué et la
lettre, etc. Les gens, peut-être qu'ils auraient répondu la
même chose à partir des explications sur le contenu du projet de
loi, mais ce n'est pas le cas. On a fait une espèce de pétition
sur un document qui avait coulé du ministère du Travail au mois
de septembre et qui parlait même d'abolir l'obligation d'appartenance
syndicale, à cette époque, Mme la députée de
Johnson, si ma mémoire est fidèle. C'est un document qui avait
coulé du ministère du Travail. Lorsque l'on met tout cela
ensemble, on peut aller chercher une pétition. Mais, lorsqu'on explique
aux gens que les travailleurs qui ont enregistré des heures au
cours des deux dernières années, 1985 et 1986, auront un
certificat de compétence, leur acquis sera reconnu à cet effet,
on n'obtient pas toujours la même réaction. C'est important,
l'information que l'on donne lorsque l'on veut susciter une réaction.
Lorsque l'on donne l'information avant le dépôt d'un projet de loi
et avant le dépôt de ses amendements, on peut avoir une
réaction qui, en partie - je ne dis pas en totalité, je ne veux
pas dire cela - n'est pas complète.
Mme Juneau: Est-ce que vous me permettez de répondre, Mme
la Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, vous avez encore
du temps, Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: M. le ministre, vous avez dit que la pétition
a été préparée avant que le projet de loi soit
déposé. Je m'explique difficilement cette remarque du ministre,
car on disait même que les article de 32 à 37 sont inacceptables.
En terminant, on disait: II faut que ce soit l'industrie qui contrôle la
formation, la qualification et le contingentement. Comment pensez-vous, M. le
ministre, que ces gens auraient pu mettre à l'intérieur d'un
communiqué des points se rapportant à un projet de loi qui
n'avait pas été déposé et dont ils ne connaissaient
pas les articles?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que tout se concilie. Le
bulletin qui a été déposé était
accompagné d'une lettre qui n'est pas le communiqué que vous me
lisez. Le communiqué que vous me lisez a été
rédigé après, c'est clair, mais lorsqu'on a
suscité, qu'on a demandé aux gens de signer le coupon, si je peux
utiliser l'expression, à ce moment-là, c'était
accompagné d'une lettre qui, on m'a dit, a été
rédigée et envoyée avant le dépôt, ce qui
fait en sorte que nous avons tous deux raison. Mais le communiqué, lui,
est après le projet de loi.
Mme Juneau: Tout ce que je veux plaider, M. le ministre, c'est
qu'il semblerait que le dernier article apporté a véritablement
reçu l'aval de tous ces gens. Et, à mon point de vue, cela serait
une façon de considérer avec beaucoup de
sérénité l'amendement qui a été
présenté par mon collègue de Joliette.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si on avait pensé, Mme la
député de Johnson, qu'il n'y avait pas des inquiétudes, on
n'aurait pas pris le temps, on n'aurait pas consacré les énergies
à entendre les parties, à les écouter. On n'aurait pas
pris le temps ni dépensé l'énergie à
présenter des amendements importants aujourd'hui quant à
l'épuration des bassins, quant à un gel pour une période
de quatre mois. On n'aurait pas pris toutes ces mesures si on avait
pensé que tout était parfait, que cela ne nécessitait pas
certaines corrections.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre, M. le député de la Peltrie.
M. Cannon: Merci, Mme la Présidente. Tout à
l'heure, avant d'entendre l'introduction des motions d'amendements que le
député de Joliette a déposées, lequel travail
était extrêmement sérieux, disait-il, je lui ai
demandé si le conseil d'administration allait être modifié
à l'article 3.2 et je lui ai lu Le texte. J'ai dit: "La commission est
composée d'un conseil d'administration formée de treize membres
dont un président." Là-dessus, le député de
Joliette m'a répondu: Non, nous ne modifions pas le conseil
d'administration, au contraire, nous conservons un nombre de treize, et il m'a
dit qu'on avait songé peut-être à en nommer neuf mais qu'on
a décidé de continuer avec treize.
J'ai écouté la plaidoirie du député de
Roberval qui a dit: Le député de La Peltrie prépare le
terrain pour le bâillon, cela n'a pas de bon sens le travail
sérieux qui a été fait par les députés de
l'Opposition, le travail extrêmement important, nous avons
écouté les intervenants depuis les deux derniers jours,
ceux-là mêmes qui représentent l'industrie et qui
représentent le côté patronal. Il y a des consensus qui ont
été formés. Nous avons préparé nos
amendements d'une façon très sérieuse.
Nous avons écouté, nous, de notre côté de
cette table, pendant tout près de 17 heures maintenant, les gens de
l'Opposition nous faire valoir leur point, exprimer leurs points de vue. Le
député d'Ungava a fait la même chose, a accusé le
ministre de vouloir bâillonner, de forcer un certain nombre de choses.
Tout cela pour nous indiquer que, oui, du côté de l'Opposition, on
avait fait un travail très sérieux,
J'ai indiqué tout à l'heure que, du côté de
l'Opposition, il y avait carrément un manque de planification, qu'il y
avait carrément un manque de cohérence dans la
présentation de leur amendement. Si vous me permettez, Mme la
Présidente, je vais relire l'amendement qu'on vient de déposer.
On dit: L'article 3 du projet de loi 119, Loi modifiant la Loi sur les
relations du travail dans l'industrie de la construction, est modifié en
remplaçant le paragraphe 2 du nouvel article 3.2 par le suivant: "2°
quatre, désignés par chacune des associations
représentatives à un degré de plus de 5 %." Il y a cinq
associations, cinq associations représentatives. Cinq multiplié
par quatre, quant à moi, cela fait 20. On parlerait effectivement de 20
personnes. Alors, quatre désignées par chacune des associations,
cela donne effectivement 20 personnes. Le député
de Joliette nous dit: Nous ne modifions pas le total, nous ne modifions
en rien le nombre de membres du conseil d'administration, Je mets au
défi le député de Joliette de me prouver, effectivement,
qu'il va y avoir quatre personnes et que ce n'est pas - un instant, je vais
terminer - le nombre dont on a parlé. C'est cela.
M. Chevrette: Quel âge a le député, Mme la
Présidente, y a-t-il un âge minimal sur le plan...
M. Cannon: Je vais compléter, Mme la Présidente. Je
dirai au député de Joliette qu'effectivement il y a quatre
associations et non pas cinq, mais quatre qui, au moment où on se parle,
ont un degré de plus de 5 %, ce qui fait 16 personnes.
Une voix: Bien, voyons donc, vous ne savez pas lire.
M. Chevrette: Mme la Présidente, je vous l'avoue
franchement...
Une voix: C'est le bout.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais c'est ça.
M. Chevrette: Et dire qu'il a été élu
député! Ce sera mon seul commentaire. Ce n'est pas croyable.
C'est épouvantable.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! M. le député d'Ungava.
Une voix: Un par association.
M. Claveau: Mme la Présidente, est-ce que j'ai la
parole?
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Bon. Cela me fait plaisir. Je vais essayer lors de
cette intervention de démontrer... Je vais profiter, Mme la
Présidente, si quelqu'un daigne m'écouter évidemment.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! M. le député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: II me semble y avoir des perturbations techniques de
ce côté-là de la salle. Il y a un problème
d'antenne; il y a du "grichage". Tout le monde est sur la même longueur
d'ondes? Tout le monde est ajusté? Oui? D'accord.
Mme la Présidente, je veux profiter de mon intervention pour
démontrer très pratiquement au ministre et à ses
collègues qui, semble-t-il, n'ont pas encore compris la raison de nos
interventions, quelles sont les préoccupations qui motivent les parties
autant patronales que syndicales.
Voulez-vous couper mon temps de parole, s'il vous plaît! Je vais
attendre que le caucus soit terminé.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Claveau: Merci. Enfin, on me donne raison. C'est quelque
chose. Merci bien. Alors je recommence. Là ce n'est pas ma faute si vous
me demandez de prendre plus de temps que je le devrais pour ma
démonstration. Vous m'obligez à recommencer à chaque
fois.
Je veux simplement dire que ce que je veux démontrer noir sur
blanc, facile à comprendre par tout le monde, même par le
député de La Peltrie, c'est qu'une des préoccupations
fondamentales des partenaires tant patronaux que syndicaux assis à la
même table est d'être les seuls à pouvoir nommer, identifier
les personnes qui vont les représenter à cette table. La
composition même de la table, avec la distribution des votes, est
à l'origine de cette préoccupation qui est tout à fait
légitime. Si on s'amuse à faire un jeu de blocs avec la
distribution des votes à la table... Je suis certain qu'à partir
de cette démonstration le ministre va comprendre la préoccupation
et va éventuellement changer son optique quant à la
manière de nommer les gens.
Il y a trois blocs essentiels qui sont représentés
à la table. Le ministre ne cesse de dire: II y a deux parties qui sont
là à part égale, mais en réalité il y a
trois parties qui sont là. Il y a douze personnes, en faisant
abstraction du président qui, lui, ne vote pas à moins de votes
nez à nez. Alors, il y a trois blocs homogènes et
différents et qui ont tendance à se tenir entre eux. Oui, oui,
qui ont une certain nombre d'affinités et de la cohésion qui
permettent de croire qu'ils vont tendre à s'autoprotéger à
l'intérieur d'un même bloc. Oui, oui, cela s'autoprotège,
des gens qui sont ensemble et qui défendent un même point de
vue.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Claveau: Je pourrai toujours demander au député
de Rouyn-Noranda-Témiscaminque de se référer au petit
Robert.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Claveau: II y a un bloc de quatre du côté
patronal. Ils vont nécessairement avoir des intérêts
communs et facilement identifiables, une approche relativement semblable face
à un problème donné. À côté, il y a
des représentants du monde des travailleurs, du monde syndical, qui eux
aussi vont avoir une certaine tendance à une approche homogène,
puis il y a la partie fonctionnariat, la partie représentative du
gouvernement qui va agir, non pas en fonction de l'approche ou des
critères que chacun d'eux pourrait avoir, maïs en fonction des
mandats qui leur seront donnés par leur ministère respectif et en
fonction, entre autres, des décisions qui vont découler
éventuellement du Conseil des ministres où les ministres vont
avoir à se parler et à prendre certaines positions conjointes sur
un problème donné. (23 h 30)
Mme la Présidente, c'est là une hypothèse qui est
loin d'être à rejeter a priori. Il y a un danger imminent de
cohésion ou d'approche similaire et d'approche concertée entre
chacun des ministères représentés pour faire en sorte que
la machine gouvernementale ne perde pas la face dans la discussion. Qu'est-ce
qui va se passer? Comme c'est emmanché là, les parties n'auront
plus à se parler. Les parties n'auront plus à se parler parce que
la balance du pouvoir va être entre les mains des fonctionnaires votant.
Quel va être alors le rôle des parties? Cela me fait penser aux
gens qui sont habiles, jongleurs, etc., qui travaillent dans des cirques ou
ailleurs et qui jouent avec des blocs, deux blocs dans une main et un bloc qui
vole. Ils le "poignent" d'un bord et de l'autre, de toutes sortes de
façons, par en dessous de la table, par-dessus la tête.Cela me fait penser à cela. Il y a toujours un des blocs qui va
être au vol dans les airs et qui va dépendre de ce que les autres
ne l'accrochent pas pour qu'il ne se casse pas la gueule. C'est ainsi que cela
va se passer. Cela va être un jeu de jongleur. En réalité,
la logique de tout cela, c'est que le travail, quant à la
répartition et à la discussion sur les votes à la table du
conseil d'administration, va se faire en fonction du lobby que l'un ou l'autre
des groupes représentatifs des travailleurs ou du patronat va être
capable d'exercer face au gouvernement ou face aux représentants de ce
gouvernement qui vont voter avec eux à la table. La préoccupation
majeure des deux principaux représentants du milieu des travailleurs va
être de s'assurer d'avoir le maximum d'appui au gouvernement qui lui, va
disposer du reste du pouvoir. Ce sera alors carrément une table de gens
qui font du lobby, où chacun va mettre à l'épreuve ses
capacités et sa cote d'écoute face au gouvernement et aux
différents ministères qui vont être
représentés là. C'est comme cela ou'on s'enligne, cela
fait partie de la préoccupation et c'est pour ces raisons que les
parties, autant patronales que syndicales, n'ont absolument pas
intérêt qu'en plus de cela ce soit le ministre qui nomme le
représentant. On peut s'imaginer alors le drôle de fouillis dans
lequel on va se trouver au moment de discuter des priorités qui devront
être décidées à cette table. Qu'est-ce qui arrive
à la fin, quand on fait la somme de tout cela? C'est le
téléphone qui ne cessera pas de dérougir au bureau du
ministre. Le ministre va avoir besoin d'engager du personnel
supplémentaire pour répondre à tous les appels qui vont
arriver à son bureau. C'est à la limite son pouvoir
discrétionnaire qui va s'exercer continuellement, dans n'importe quelle
décision qu'il va avoir à prendre, parce qu'en plus il se
réserve deux des quatre fonctionnaires qui vont siéger à
la table. Il s'en réserve deux.
Une voix: ...
M. Claveau: Oui, oui, c'est écrit ici au troisième
alinéa de l'article 3.2: deux, recommandés par le ministre du
Travail, un, par le ministre de la Main-d'Oeuvre et un, par celui de
l'Éducation. Travail, Main-d'Oeuvre et Sécurité du revenu,
c'est pas mal tout le même monde. Cela en fait trois. Deux
ministères, mais avec un chapeau qui se ressemble. Ce sont les deux
parties du même panache, il ne faut pas s'en faire. Cela fait juste un
trophé.
Des voix: Ah! Ah!
M. Claveau: Elle est bonne celle-là, elle est
réaliste surtout. On peut imaginer alors que les trois
représentants, les trois pointes du panache en question, qui seront
assis à la table de négociation, à la table du conseil
d'administration, auront des directives, vont dépendre de quelqu'un dans
leurs interprétations et dans leur approche face à un
problème précis. Le pouvoir discrétionnaire du ministre va
donc continuellement s'exercer pour savoir de quel côté la balance
du pouvoir va pencher. C'est la préoccupation qui fait dire à
tout ce monde qu'en fin de compte tout ce qu'il leur reste à faire c'est
de payer, parce que de toute façon, de la manière qu'on est en
train d'organiser la mosaïque décisionnelle dans cette commission,
les parties n'auront plus à se parler. Elles n'auront qu'à
exercer des pressions sur le ministre pour que la commande de haut en bas, vers
les fonctionnaires qui siégeront là, aille d'un côté
ou de l'autre. C'est le jeu du pendule. Il peut arriver que cela aille une fois
d'un bord et une fois de l'autre, mais il peut arriver aussi que cela y aille
bing, bing, bing, plus souvent sur le même bord.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Claveau: Je crois que mon exemple a été
très bien compris. Voilà l'une des raisons fondamentales,
à notre avis, pour lesquelles le ministre se doit de réviser
à la fois la composition et la distribution du vote à sa table et
la façon de nommer et de mettre en place les différentes
composantes de cette table pour que, effectivement, malgré les beaux
discours et les intentions probablement très honnêtes du ministre,
le pouvoir décisionnel soit là où le veut le ministre et
ne soit pas là où il va s'exercer par ta pratique, car on sait
que la pratique est souvent très différente de la théorie
dans ces matières. Si le ministre ne veut pas avoir l'air, sans que cela
paraisse, de jouer tout le temps en fin de compte le rôle
décisionnel et ultime, il devra mettre en place un mécanisme ou
une distribution de vote efficace qui permettra à chacune des parties de
se sentir vraiment responsabilisée dans le processus. En fin de compte,
les décisions qui seront prises par la Commission de la construction du
Québec ne seront pas, à toutes fins utiles, des décisions
qui viennent d'en haut, directement du bureau du ministre.
Je suis convaincu que le ministre entrevoit d'ores et déjà
les lacunes et les drôles de situations complexes dans lesquelles il
risque de se retrouver et qu'il est déjà disposé à
accepter les recommandations franches et honnêtes que l'Opposition lui
fait pour que des situations semblables ne se présentent pas. Il devrait
voir, dans notre approche et dans nos recommandations, vraiment toute la
sincérité de l'Opposition pour que son projet de loi devienne un
outil de travail efficace et pour qu'il ne se transforme pas en une
épine dans le pied ou en une épée de Damoclès.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député d'Ungava. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, j'ai
indiqué au député d'Ungava que, dans le projet de loi tel
que présenté, si nous avions inclus une représentation
avec droit de vote de quatre personnes désignées par les
ministres, deux du ministère du Travail, un du ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu et un du
ministère de l'Éducation, c'est parce qu'il m'apparaît
important de s'assurer de l'implication pleine et entière des gens du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
et du ministère du Travail.
Vous m'apportez des arguments qui, en partie, ne me laissent pas
insensible quant au fonctionnement de la commission...
Une voix: Enfin!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis ainsi depuis le
début. Je suis ouvert. Je vous ai écouté sur ce sujet. Il
vous reste un peu de temps... Non, non. C'est un argument que vous avez mis de
l'avant et qui a du poids. Est-ce que c'est le ministre ou les ministres qui
auront à prendre les décisions? Ce n'est pas l'objet visé
par le projet de loi.
Le projet de loi vise à ce que les parties prennent l'ensemble
des décisions et le gouvernement se doit d'intervenir lorsqu'il y a
impasse ou lorsque l'intérêt public le justifie tout simplement,
dans ces cas. Je vous dis bien sincèrement qu'au moment où l'on
se parle je pèse les propos que vous m'avez adressés quant au
droit de vote, pas la participation, car au niveau de la participation je pense
que les parties qui sont venues se faire entendre n'étaient pas
unanimes, mais elles étaient dans l'ensemble d'accord pour une
participation de fonctionnaires issus des ministères concernés.
Quant au droit de vote comme tel, je le considère au moment où
l'on se parle.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le ministre. M. le
député de Verchères.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: Mme la Présidente, il aura fallu 17 heures
au ministre pour commencer à témoigner d'une attitude
constructive. Il n'est jamais trop tard pour bien faire. Je vous rappellerai
que ce que le député d'Ungava, notre collègue, a
indiqué, il y en d'autres qui ont parlé dans ce sens. On aurait
pu avoir les mêmes remarques du ministre bien plus tût dans la
soirée. Je prends les remarques du ministre et je dis: Allez-donc un peu
plus loin, dans le même esprit d'évaluation positive dont vous
commencez à peine à témoigner. Vous dites: Je suis
prêt à reconsidérer le fait que les fonctionnaires auraient
te droit de vote. On dit: C'est ce qu'on vous demande. On vous l'a
annoncé tantôt. Le député de Joliette a
présenté en vrac l'ensemble de ses amendements et c'était
dedans. C'était dedans et vous vous rappelez très bien quelle
attitude vous avez eue quand le député de Joliette est intervenu.
Vous avez eu l'attitude que vous avez souvent en Chambre, laconique, trois mots
pour répondre, fini, bang, bang, "next". Vous savez que c'est ce cela
que vous faites souvent, sauf que cela vous dessert. Vous perdez de la
crédibilité en faisant cela. Vous le savez, vous vous en
êtes rendu compte. Il y a des collègues qui vous l'ont dit. Il y a
sans doute quelqu'un du bureau du premier ministre qui est venu vous dire:
Arrêtez cela, vous perdez la face. Je vous dis: Allez un peu plus loin,
allez un peu plus loin et regardez maintenant la portée de
l'amendement que le député de Joliette vous a
présenté. Ce sont les parties qui prennent la décision, on
dit: Très bien, c'est ce qu'on veut. C'est ce qu'elles veulent. Pourquoi
les parties ne désigneraient pas elles-mêmes leur porte-parole?
Ont-elles la responsabilité ou ne l'ont-elles pas?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que je peux juste...
M. Charbonneau: Oui, allez-y.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans ce qui est proposé,
tel que déposé, par le projet de loi, les parties ont quand
même la majorité et peuvent décider. Ce qu'on demande
présentement, lorsqu'on parle du droit de vote des fonctionnaires comme
tels, c'est le paritarisme quasi total. Il y a neuf droits de vote, si je peux
dire, et le président vote seulement en cas d'égalité. Si
vous enleviez dans la structure actuelle le droit de vote au président,
cela ferait quatre votes patronaux, quatre syndicaux, si je peux utiliser
l'expression, et, en cas d'égalité et seulement en cas
d'égalité, un vote présidentiel. Ce serait alors un vote
totalement entre les parties, sauf en cas d'égalité. Ce qu'on
propose dans le projet de loi tel que libellé, c'est un vote majoritaire
des parties, c'est-à-dire, si les parties s'entendent, les partenaires
de l'industrie de la construction ont, avec une telle présentation du
projet de loi, la majorité des votes.
M. Charbonneau: Ce que vous venez de nous dire, c'est que vous
considérez les arguments qui ont été
présentés par le député d'Ungava, et il nous a dit
que cette formule fait en sorte que le gouvernement va se prêter à
un jeu de lobby ou du monde patronal ou du monde syndical, selon les questions
qui sont en jeu. Ce n'est pas vrai que ce sont les parties qui vont avoir la
majorité, c'est le gouvernement qui va être pris à
s'insérer dans un processus qui devrait être un processus de
négociation et de discussion entre les deux parties concernées.
C'est ce qu'on vous dit et vous dites que vous êtes prêt à
reconsidérer cela. C'est à partir de cette ouverture que je vous
dis: Dans ce cas, regardez donc la portée et la teneur de l'amendement
qui est sur la table. Qu'est-ce qu'il dit? Il dit: Si les parties sont assez
responsables pour prendre leurs décisions - et, même dans
l'argumentation que le ministre nous sert jusqu'à maintenant, elles
devraient être assez responsables pour au moins désigner leurs
porte-parole. Pourquoi le ministre tient-il absolument à les nommer
lui-même? Nous disons au ministre! Écoutez! laisssez-les les
nommer, et si elles ne s'entendent pas, mettez leur un
échéancier, un cadre dans lequel elles doivent vous livrer la
marchandise. Quand elles n'arrivent pas à vous livrer la marchandise
dans le cadre prédéterminé, vous embarquez et vous les -
désignez après consultation. Il me semble que c'est
cohérent avec le discours que vous nous avez tenu, c'est cohérent
aussi avec les engagements électoraux d'accorder aux employeurs, aux
salariés de la construction la responsabilité...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, j'ai un
problème...
M. Charbonneau: La responsabilité, cela veut dire...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le député de
Verchères, est-ce que vous me permettez?
M. Charbonneau: Oui, allez-y.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai un problème avec
l'enqagement électoral à ce sujet. Je vous le souligne, et ce
n'est pas parce qu'il y a un engaqement électoral qu'il faut s'en tenir
au iota...
M. Charbonneau: On sait que vous avez pas mal de problèmes
avec vos engagements électoraux.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non. De la façon dont
on le présente, libellé comme il est, je n'ai pas de
problème. La façon dont je considère les propos du
député d'Ungava me pose un problème. Je vous lis
l'engagement 6 du programme: "Les représentants des travailleurs et des
salariés géreront, avec des préposés du
gouvernement, des institutions de formation professionnelle pour
répondre aux besoins du marché." C'était clair, il y avait
une implication complète des préposés du gouvernement. Je
ne veux pas m'en tenir au texte comme tel.
M. Claveau: Pour sortir le ministre de l'impasse, on pourrait
prendre la phrase célèbre qui a été dite par le
ministre de l'Éducation au moment de la consultation publique sur le
financement des universités...
M. Charbonneau: Oui était d'ailleurs... (23 h 45)
M. Claveau: II disait, à toutes fins utiles, que
c'était perpétuer l'erreur s'il y avait eu, au départ, une
mauvaise interprétation.
M. Charbonneau: J'ajouterais, M. le ministre, que ce qu'on vous
dit à l'amendement, indépendamment de ce qu'on fera à
l'égard de la motion qu'on a déjà annoncée sur le
droit de vote à propos duquel a, d'une certaine façon,
commencé à parler le député d'Ungava, c'est:
Permettez donc aux parties
de désigner elles-mêmes leurs porte-parole. Pourquoi ne pas
leur laisser cette responsabilité?
Je suis convaincu que vous devriez demander aux représentants de
la FTQ qui sont assis là depuis le début ou aux gens de la CSN
qui sont aussi là - d'ailleurs, les gens du Conseil provincial du
Québec des métiers de la construction et M. Pouliot viennent
d'arriver - s'ils considèrent qu'ils sont capables de désigner
eux-mêmes leurs représentants. Pourquoi tenez-vous absolument -
c'est ce qu'on ne comprend pas - pourquoi vous retranchez-vous tellement
derrière vos positions, alors que, dans le fond, ce qu'on vous indique
par cette motion, c'est: Si vous voulez être cohérent, allez donc
jusqu'au bout? Les parties prennent des décisions? Très bien.
Mais qu'elles désignent aussi leurs représentants. Gardez-vous la
poignée de sécurité que vous devez vous garder; il n'y a
pas de problème avec cela, mais donnez aux parties le moyen de
désigner elles-mêmes leurs porte-parole. C'est finalement cela, la
responsabilité, quand on la reconnaît à une partie.
Mme la Présidente, mon collègue de Joliette voudrait poser
une question et je n'ai aucune objection.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Je voudrais demander au ministre,
concrètement, si les centrales syndicales vous envoient quatre noms, un
de chaque association représentative, est-il exact que, en fonction de
votre projet de loi, vous pouvez leur en refuser deux et enréclamer deux autres?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, la consultation incluse dans
ce projet de loi est la même consultation qui était incluse dans
l'ensemble des projets de loi lorsqu'il y a des nominations à faire
à d'autres commissions, offices ou organismes gouvernementaux. Il s'agit
d'un processus de consultation, et consultation veut dire consultation et non
pas décision.
M. Chevrette: Est-ce que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous dirai que l'ouverture que
j'ai faite est une ouverture sérieuse, mais elle va à l'encontre
- je vous le dis comme tel et vous devez vous en souvenir - de certaines
recommandations et de certains exposés du rapport de la commission
Cliche. C'est pour cela que je la soupèse avec tellement d'importance et
de sérieux.
Des gens nous disent: Laissez tout aux parties, c'est beaucoup plus
paritaire, cela va fonctionner beaucoup mieux. Ce sont des gens
d'expérience qui nous disent également:
Faites attention lorsque vous parlez d'autre chose que du régime
de sécurité sociale. Vous pouvez avoir du paritarisme parfait,
mais, dans les autres choses, faites attention avant de laisser cela à
l'état de paritarisme pur. C'est en fonction de tous ces critères
que nous devons prendre nos responsabilités et en arriver à une
décision.
M. Chevrette: Mais, M. le ministre, en relations de travail, la
CSN vous délègue M. Gauthier, le Conseil des métiers vous
délègue M. Pouliot, la FTQ-Construction vous
délègue M. Lavallée et la CSD vous délègue
M. Carey. Vous dites: M. Pouliot, cela va, c'est mon chum.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...
M. Chevrette: Non, non. Je parle des associations
représentatives et j'essaie d'être cohérent.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord.
M. Chevrette: Vous dites: M. Pouliot, cela va, c'est mon chum. M.
Carey, cela va. M. Gauthier, c'est un maudit fatigant. Je n'en veux pas. M.
Lavallée est trop identifié, on le biffe. Donc, je vais prendre
Ambroise Picard, du Syndicat de la Côte-Nord, et je vais prendre...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Chevrette: Je m'excuse. Ce n'est pas une farce, c'est une
question sérieuse.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Chevrettes Hey! Je ne vous ai pas dérangé, s'il
vous plaît! Vous dérangez tout le temps. S'il vous
plaît!
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! M. le député de Joliette, vous avez la
parole.
M. Chevrette: Merci. Donc, Mme la Présidente, plus encore,
en plus de la démonstration faite pas mon collègue d'Ungava, le
ministre peut même aller chercher quelqu'un pour représenter le
monde syndical à qui il veut confier les responsabilités. Il peut
même les désigner lui-même, s'il le veut. Il soutient, dans
son discours de deuxième lecture, qu'il veut donner aux parties... Il me
semble que, quand on veut des parties représentatives, on accepte leur
choix de représentants. Est-ce remettre aux parties la
responsabilité quand vous imposez vos propres représentants? Les
syndicats se réunissent et disent: C'est bien mieux si c'est nous qui
déléguons nos propres représentants. Cela va vraiment
représenter
notre monde. Nous aurons des délégués par notre
monde.
Ce n'est pas cela qui se passe. La vérité - est-ce que le
ministre peut me contredire là-dessus ou confirmer que j'ai raison dans
mon allégation? C'est qu'il peut même choisir lui-même des
représentants du monde syndical pour siéger sur sa structure hors
la liste exacte?
M. Charbonneau: Hors la liste des gens qui auraient
été proposés.
M. Chevrette: Est-ce que le ministre peut me confirmer cela?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente,
l'article se lit ainsi: "après consultation - dans le cas où on
se parle -des associations représentatives". Il y a donc obligation
légale d'imposer au ministre, qui qu'il soit, de consulter les
associations représentatives.
M. Chevrette: Ce n'est pas cela que je vous demande. M. le
ministre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est cela que la loi... Je
m'excuse. Entre ce que vous dites...
M. Chevrette: Ce n'est pas cela que je vous demande.
M. Charbonneau: Ce n'est pas ce qu'on dit. Ne jouez pas avec le
courant. Soyons sérieux.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous ai répondu sur ce
que la loi disait. Vous me posez une question...
M. Chevrette: Je vous pose une question précise On sait
que la loi dit cela. Est-il exact, M. le ministre, que vous avez le pouvoir de
refuser les représentants des associations représentatives qui
vous sont suggérés en vertu d'une obligation qui vous est faite
par la loi? Je vais vous répéter la question.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je m'en tiens, au moment où
on se parle, au texte de la loi qui est très clair. Il n'y a pas de
nominations qui peuvent se faire sans consultation des associations
représentatives lorsqu'on traite du deuxième alinéa.
M. Charbonneau: Ce n'est pas cela qu'on dit.
M. Chevrette: Mme la Présidente, l'obligation qui est
faite par la loi c'est de consulter. Je répète: Si vous consultez
les associations et qu'elles vous suggèrent les quatre noms que je vous
ai donnés tantôt, êtes-vous obligé de les
prendre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, un
processus de consultation est un processus de consultation. Il n'y a pas de
nominations qui peuvent être effectuées...
M. Charbonneau: Câlinel
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Charbonneau: Mme la Présidente, ce n'est pas ce qu'on
demande ' au ministre. Il va arrêter de jouer avec nous, on n'est pas des
enfants d'école.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est mon droit de parole.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Verchères...
M. Charbonneau: Ce qu'on vous demande... Confirmez donc ce que le
projet de loi dit.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Verchères.
Une voix: Une question de règlement, Mme la
Présidente.
M. Charbonneau: Ce n'est pas sorcier, cela. Franchement!
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Charbonneau: II y a toujours des limites.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre, la
parole est au ministre et vous ne m'avez pas demandé le droit de parole,
M. le député de Verchères.
M. Charbonneau: Mme la Présidente, je vous rappelle que
j'étais sur mon droit de parole.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous l'avez
cédé au député de Joliette.
M. Charbonneau: J'ai permis au député de Joliette
d'intervenir, il l'a fait sur le temps qui lui est imparti. J'ai toujours mon
droit de parole.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, vous avez encore
votre droit de parole, mais dans le moment la parole est au ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu et du Travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui,
Mme la Présidente, avant que le député de
Verchères fasse sa petite crise, j'étais en train de dire qu'il
n'y a pas de nominations, suivant la rédaction, actuelle, qui peuvent
s'effectuer sans consultation auprès des associations
représentatives.
M. Charbonneau: Est-ce que le ministre convient que ce qu'il
vient de nous dire, c'est qu'une fois qu'il a consulté il n'a pas
l'obligation de retenir les noms qui lui sont suggérés par les
gens qu'il aura consultés? Est-ce cela que cela veut dire, oui ou
non?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II peut l'interpréter ou le
regarder de la façon dont il veut. Ce que cela veut dire, Mme la
Présidente, c'est que le ministre ne peut pas nommer sans consultation
auprès des associations représentatives.
M. Charbonneau: Si vous voulez jouer ce petit jeu, on va jouer
cette "game". Cela ne nous dérange pas, on est capable de la jouer. On
est capable de jouer ce jeu.
Il me semble que, quand on veut être responsable et qu'on veut
faire un travail constructif, on répond de bonne foi. Quel est le
problème du ministre quand il faut répondre sincèrement?
Arrêtez donc de finasser! Vous finassez depuis le début de cette
commission. Cela fait un an que vous finassez sur l'aide sociale. Qu'est-ce que
vous attendez pour répondre clairement? Ce que vous nous dites et que
vous ne voulez pas dire, vous avez beau être un brillant avocat, bon
plaideur, rusé parlementaire, cela n'empêche pas que la
réalité, c'est ce que le député de Joliette vient
de dire.
Autrement dit, une fois que vous avez consulté, les propositions
qui vous sont faites ne sont pas nécessairement celles que vous allez
retenir. Cela veut dire que les parties pourraient vous dire: Ce sont ces gens
qu'on veut comme représentants, et vous vous allez dire: Non, moi ce
n'est pas ceux-là que je veux, j'en veux d'autres. Je vous ai
consultées, maintenant je fais mes choix. C'est cela que dit le projet
de loi et c'est pour cela qu'on n'est pas d'accord. C'est pour cela qu'on
présente un amendement. Cela n'est pas compliqué à
comprendre. Ce n'est pas compliqué à dire non plus aux
députés et aux gens qui nous écoutent et aux gens qui sont
présents: Oui, c'est cela que veut dire le projet de loi. Assumez vos
choix. Assumez vos écrits. Assumez votre projet de loi. Vous
n'êtes même pas capable de dire ce que le projet de loi dit.
Pourquoi? Je ne le sais pas. Juste pour finasser, juste pour faire le fin
finaud.
Le résultat, c'est que vous ne voulez pas donner aux parties la
responsabilité de choisir leurs représentants et leurs
porte-parole et cela, c'est contraire à votre discours. C'est contraire
à vos engagements électoraux et c'est contraire à
l'idée que les parties prennent les décisions et assument leurs
responsabilités.
Il me semble que ce soir on a essayé, de toutes les
façons, de faire comprendre au ministre ce point de vue. Ce n'est pas un
point de vue farfelu. C'est un point de vue fondamental. Comme l'a
expliqué le député d'Ungava, qu'est-ce qui va arriver si
non seulement vous maintenez le fait que les fonctionnaires vont rester
là et qu'ils vont avoir un droit de vote, mais qu'en plus de cela vous
choisissiez les représentants de la partie patronale? Je vais vous dire
une chose, vous allez choisir tout le monde. La partie va se jouer comme vous
le voulez, parce que vous allez choisir tout le monde. La FTQ ou le Conseil
provincial pourraient même choisir un péquiste - dans le cas du
Conseil provincial, ce n'est pas pour demain matin - mais ils pourraient
choisir de proposer un péquiste, cela ne ferait pas votre affaire.
Alors, vous allez décider que non seulement ce n'est pas assez, mais
vous allez choisir maintenant des libéraux ou des militants
libéraux. Il faut avoir la carte de membre du Parti libéral du
Québec pour être désigné porte-parole syndical pour
siéger à la Commission de la construction du Québec,
franchement, voyons-donc! Je dois vous dire, Mme la Présidente, que
c'est scandaleux parce que le ministre prétend le contraire. Le ministre
prétend donner la responsabilité aux parties. Quand je donne la
responsabilité à quelqu'un, je la lui donne toute. Ou bien je lui
dis: Écoutez, je vous donne une partie de la responsabilité. Ce
que vous vous réservez, c'est le droit de choisir à votre guise
qui va faire partie. Vous ne vous donnez même pas l'obligation - c'est le
bout - de prendre les gens parmi la liste qui vous serait soumise par les
syndicats. Vous ne vous donnez même pas la restriction de dire: Je
m'impose au moins le choix parmi les gens qui vont m'être
suggérés. Vous ne donnez même pas le choix et la garantie
aux centrales syndicales, pas plus que vous la donnez d'ailleurs aux
représenants patronaux. Écoutez, vous auriez pu dire: Je vais me
réserver le choix final, mais je vais faire ce choix dans une liste qui
me sera soumise. Chaque association syndicale aura la possibilité de me
soumettre trois noms et je vais choisir dans cela. Ce n'est même pas ce
que vous faites. Vous vous gardez toute la lattitude de choisir qui vous voulez
et de rejeter les gens qui auront été désignés
comme les représentants. Franchement, c'est le bout.
Mme la Présidente, on a essayé de faire un travail
constructif ce soir et tout ce qu'on a eu de la part du ministre, c'est une
attitude cavalière qui finalement dévalue le travail qu'on fait
ici en commission parlementaire. Il me semble que le député
d'Ungava a apporté des arguments sérieux.
Le député de Joliette a apporté des arguments
sérieux et j'ai apporté des arguments sérieux. Si vous
n'êtes pas convaincu, je vous mets au défi - les
représentants des associations syndicales sont là - demain de
vous présenter devant les journalistes, de soutenir votre position et
d'aller la confronter avec la position des organismes, de leur demander et
d'essayer de soutenir devant Ies médias d'information ce que vous
présentez: la possibilité pour les parties d'assumer totalement
leurs responsabilités. Je vous mets au défi de faire cela. Vous
ne le ferez pas, parce que vous savez très bien que vous allez perdre la
face et que vous allez compter dans vos buts. Arrêtez donc de jouer au
fin finaud et acceptez donc finalement des amendements de bon sens. On serait
rendu bien plus avant dans le projet de loi si vous aviez reconnu que
finalement... Si le ministre a des raisons de ne pas acquiescer à notre
demande, qu'il nous le dise maintenant, ici, publiquement. Y a-t-il des
méfiances particulières et quelles sont-elles ces
méfiances?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Verchères, en conclusion.
M. Charbonneau: En conclusion, Mme la Présidente. Si le
ministre n'est pas encore convaincu, qu'il nous explique pourquoi. Ce qui est
encore le plus choquant ce soir, c'est que non seulement il n'ait pas voulu
entendre raison, mais il ne nous a donné aucune raison pour justifier
son point de vue et aucune raison pour soutenir sa thèse.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Verchères, la commission de l'économie et
du travail ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à minuit)