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(Onze heures quarante-huit minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Je déclare la séance de la commission de l'économie
et du travail ouverte. La commision de l'économie et du travail est
réunie afin de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 119, Loi modifiant la Loi sur les
relations du travail dans l'industrie de la construction.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements.
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente.
M. Cusano: J'aimerais apporter une petite correction à ce
que j'ai annoncé au secrétaire de la commission en ce qui
concerne les remplacements: M. Bélisle (Mille-Îles) remplacerait
M. Fortin (Marguerite-Bourgeoys).
Le Secrétaire: Les remplacements seraient les suivants; on
va les...
Une voix: II n'est pas consentant. Ha! Ha! Ha!
Le Secrétaire: Les remplacements seraient les suivants: M.
Fortin (Marguerite-Bourgeoys) est remplacé par M. Bélisle
(Mille-Îles); M. Gobé (Lafontaine) est remplacé par M.
Lemire (Saint-Maurice) et M. Paré (Shefford) est remplacé par Mme
Juneau (Johnson).
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
ministre, avez-vous des remarques préliminaires? À l'ordre, s'il
vous plaîtl
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): J'ai dit: À
l'ordrel M. le ministre, avez-vous des remarques préliminaires?
Remarques préliminaires M. Pierre
Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Elles seront très
brèves, Mme la Présidente, simplement pour rappeler aux membres
de cette commission que les principes du projet de loi ont déjà
été adoptés en deuxième lecture et que ces
principes consistent essentiellement en l'abolition de la carte de
classification et en son remplacement par un certificat de compétence.
Ces principes visent également à impliquer les parties tant
patronales que syndicales dans la formation de la main-d'oeuvre dans
l'industrie de la construction.
Je pourrais ajouter, Mme la Présidente, qu'à l'occasion
des auditions que la commission a tenues la semaine dernière pour
entendre les parties patronales et les parties syndicales ainsi que l'Office de
la construction du Québec, j'ai annoncé l'intention du
gouvernement de déposer des amendements importants quant à un
moratoire qui affecterait les manoeuvres dans l'industrie de la construction et
qui feraient en sorte de décréter un moratoire d'une
période de quatre mois quant à l'entrée de nouveaux
manoeuvres. J'ai également annoncé les intentions du gouvernement
de déposer des modifications pour donner, sur le plan
réglementaire, l'initiative à la commission et non pas au
gouvernement. J'ai également indiqué l'intention du gouvernement
d'apporter des amendements quant à l'épuration des listes de
travailleurs qui nous proviennent actuellement de l'Office de la construction
du Québec et du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
Je vous préviens également qu'il y aura, strictement sur
le plan technique, des amendements à d'autres articles, mais ce ne sont
pas des amendements de fond comme tels, il s'agit strictement d'amendements
techniques. C'est là où nous en sommes dans notre approche.
Je tiens à souligner que, depuis le dépôt du projet
de loi, l'attitude de l'Opposition, sauf - je tiens à le souligner -
peut-être au moment de l'audition des parties, a été une
attitude d'obstruction systématique. Je pense que le projet de loi est
suffisamment important pour que je fasse appel à la
responsabilité des parlementaires présents à cette table.
Je crois qu'il y a des bonifications à apporter à ce projet de
loi quant aux modalités et je compte sur la collaboration de tous et de
toutes, de chacun et de chacune, pour faire en sorte que nous
procédions, article par article, de façon que ces bonifications
puissent être apportées aux articles visés. Je vous
remercie de votre attention, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Joliette.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Oui, Mme la Présidente. Je me permettrai
tout d'abord de rappeler les points fondamentaux qui nous apparaissent
très faibles dans cette loi, points sur lesquels nous aurons des
amendements à apporter sans doute, parce que nous voulons permettre tout
d'abord au ministre d'être absolument cohérent envers les
objectifs et les énoncés de principe qu'il a soulignés, en
particulier à la deuxième lecture de ce projet de loi. Nous
aurons des amendements majeurs, bien sûr, qui iront en ce sens-là.
Il est bien évident que nous craignons en tout cas et toujours que tel
que libellé présentement, ce projet de loi comporte des dangers
immenses face à la réinstallation du climat ou à la
réinstallation de la loi de la jungle dans ce secteur névralgique
des relations du travail au Québec.
Nous savons très bien qu'il y a des objectifs qui ne sont pas
touchés par la loi. D'autre part, j'espère qu'on aura l'occasion
au cours des jours qui viendront d'introduire des amendements qui nous
permettront d'éviter, autant que faire se peut, le fameux travail au
noir qui, à notre avis, dans le libellé actuel de la loi,
constitue une plaie réelle. On sait que le gouvernement perd
annuellement 500 000 000 $, au moment où on se parle, à chaque
année; 500 000 000 $ qui, d'autre part, sont payés par les
contribuables québécois. S'ils ne sont pas payés par ceux
qui travaillent au noir, il faut bien reconnaître que ce sont d'autres
personnes qui les paient à ce moment-là, ce sont les
contribuables qu'on dit les plus surtaxés du Canada.
Eh bien, je pense que nous allons tenter par des amendements
précis, au moment où les articles seront appelés, de
présenter quelque chose de valable, ce qui permettra au ministre, donc,
d'être tout à fait cohérent avec son discours et sa
recherche des objectifs qu'il a.
Nous sommes très inquiets à ce stade, M. le
Président, face à l'éventualité ou, en tout cas,
à la possibilité, à la fois théorique et pratique,
quand on regarde surtout les mesures transitoires du projet de loi. Nous sommes
très sensibles au fait que ce projet loi en arrivera par ses conclusions
à baisser, bien sûr, le revenu moyen des salariés de la
construction. Cela nous apparaît un danger imminent -qu'il nous faut
contrer au moment de l'étude article par article. Parce qu'il faut bien
le dire, de la façon dont les mesures transitoires sont faites et de la
façon dont le libellé du projet de loi le dit, il n'y a pas de
contingentement, il n'y a pas de mesures de contingentement. On les verra dans
combien de mois? Je ne le sais pas, mais, au moment où on se parle, en
abolissant le certificat de classification, en ne mettant pas de
mécanisme d'épuration...
Le ministre vient de nous annoncer une intention mais, au moment
où on se parle, il n'y a pas de mesures comme telles et on est
obligé de conclure qu'il n'y a pas de contingentement à
portée de vue, en tout cas.
L'avenir nous dira, lorsque nous aurons terminé l'étude
article par article, si le ministre veut véritablement assurer la
stabilité dans l'industrie de la construction, s'il veut
véritablement faire en sorte qu'on ne soit pas un nombre
démesuré à partaqer ce type d'emploi, si le ministre est
sérieux et qu'il ne veut pas, par exemple, que des pompiers, des
enseignants, d'autres catégories de personnes qui ont des emplois
présentement viennent, par mesure de précaution, grossir le
nombre de certifiés. Ils détiennent déjà des cartes
de compétence et, déjà, la loi prévoit que s'ils en
font la demande ils vont être automatiquement cotés pour la
construction, mais est-ce que cela ne risque pas de venir assombrir le climat
des relations du travail dans l'industrie de la construction?
Je préviens le ministre tout de suite, nous allons discuter
très longuement des consensus qui se sont dégagés des
tables de travail. Il est bien évident que, s'il y a un point sur lequel
l'unanimité s'est faite par les audiences en commission parlementaire,
c'est bien celui de la structure même de la CCQ. Il y a une
volonté très ferme des parties d'être les seuls
maîtres à bord. Elles ne veulent pas de tutelle
déguisée; elles ne veulent pas de tiers avec droit de vote. Il y
a un consensus, bien sûr, sur la présence des ministères
comme observateurs, mais il m'est apparu assez clair qu'il y avait au moins une
volonté ferme, autant de la part de la partie patronale que de la partie
syndicale, d'assumer pleinement. leurs responsabilités face à
l'industrie. Il faut bien reconnaître d'abord qu'elles ont un
passé qui leur donne l'expertise pour bien gérer cette structure,
mais, plus encore, on leur a enlevé, d'une certaine façon, les
arguments voulant que le gouvernement soit présent à la table.
Dorénavant, ce sont elles qui vont payer la note. Je pense qu'à 1
% au lieu de 0,05 %, maintenant, elles sont en droit de réclamer la
gérance même de leur structure et qu'on le précise d'une
façon très claire, sans équivoque, leur permettant de
prendre leurs responsabilités, quitte à ce que l'on introduise
des amendements qui pourraient régir les cas d'impasse.
À mon point de vue, on doit se rendre à ce consensus
vraiment généralisé. À l'exception d'un ou de deux,
je pense, tous les groupes qui ont témoigné devant nous
désiraient véritablement être les seuls maîtres
à bord dans l'industrie de la construction, dans leur industrie. Ils
connaissent leurs besoins. Il sont capables d'apprécier ces besoins. Ils
sont capables de
décider, je pense, d'une façon assez précise les
besoins de formation, les besoins quantitatifs et qualitatifs de l'industrie de
la construction. Je pense qu'on doit leur donner cette responsabilité et
que le gouvernement devrait beaucoup plus être là pour arbitrer
les différends que pour être codécideur. La
codécision doit plutôt s'établir entre le patronat et les
parties syndicales comme telles.
Je vous avoue que c'était assez intéressant d'entendre le
ministre en audition publique parce qu'il parlait comme s'il connaissait tous
les règlements, comme s'il connaissait tous les programmes de formation
à venir, alors qu'il disait aux parties, dans un même souffle:
C'est vous qui allez les établir. C'était tout à fait
contradictoire. Je comprends que le ministre a des idées, mais, si c'est
vrai que ce sont les parties qui connaissent leur secteur, comment le ministre
peut-il présumer d'un cadre ou du résultat d'un cadre exclusif?
C'est un cadre qui est dans le projet de loi; ce n'est pas autre chose. C'est
plus tard que l'on connaîtra les programmes. C'est plus tard que l'on
saura si, véritablement, il y a contingentement ou non. Ce n'est pas
aujourd'hui. Ce n'est pas pour rien que l'on a prétendu depuis le
début du dépôt de ce projet de loi qu'il n'y avait pas de
contingentement. Ce n'est pas pour rien que l'on a dit qu'il n'y avait pas de
mécanisme d'épuration. D'ailleurs, le ministre le reconnaît
d'une certaine façon ce matin en disant: II y aura sans doute des
mesures d'épuration.
Plus encore, le ministre nous dit que c'est vrai que c'est plus tard que
l'on saura s'il y a contingentement ou pas. Mais ce n'est sûrement pas
aujourd'hui que l'on peut Je déterminer. Ce n'est pas aujourd'hui que
l'on peut affirmer qu'il y aura contingentement ou pas. Ce sont des
présomptions, mais on doit partir toujours du texte de loi que l'on nous
présente et c'est ce texte-là, jusqu'à preuve du
contraire, que l'Opposition doit étudier, sur lequel l'Opposition doit
se baser pour en arriver à faire des suggestions d'amendement ou des
amendements formels au texte que nous avons devant nous.
J'ignore si le ministre déposera ses amendements d'une
façon globale, évitant peut-être même que
l'Opposition n'en dépose a priori ou en même temps. II y a une
coutume au Parlement: lorsque le ministre est prêt, il dépose.
C'est arrivé à plusieurs reprises qu'on dépose l'ensemble.
On en a eu une preuve ce matin en Chambre pour d'autres motifs, mais on a quand
même vu une preuve...
Une voix: Vous étiez contre.
M. Chevrette: On n'a pas été contre, on
était d'accord avec le dépôt des documents. Cela ne veut
pas dire qu'on est nécessairement d'accord avec les amendements, mais
cela nous donne une perspective globale de là où veut aller le
ministre et, selon les visées du ministre, l'Opposition pourra
s'ajuster. Il y a peut-être même des propositions quant au
fonctionnement que l'on pourrait proposer, si on avait l'ensemble des
données du ministre. Cela nous permettrait peut-être - on verra en
temps et lieu -d'aller à ce qu'il y a de plus important dans le projet
de loi. On ne le sait pas, mais on verra, selon l'acceptation ou le refus du
ministre de déposer globalement ses orientations, quelle sera notre
attitude à ce moment-là.
Je vous avoue que la boîte telle que suggérée, si
vous me permettez l'expression -quand je dis boîte, je veux dire la
structure - m'apparaît assez lourde, d'autant plus que j'ai senti une
volonté, peut-être pas unanime, mais au moins majoritaire, des
parties de ne pas alourdir les mécanismes. Plusieurs groupes nous
demandaient de ne pas avoir de comité, mais d'avoir plus
d'autorité au niveau du conseil, avec le pouvoir, pour ce dernier, de
créer des sous-comités ou pas, mais de ne pas diluer
l'autorité. Dans le projet de loi, on reconnaîtra assez facilement
qu'il y a de l'autorité déléguée à des
comités, alors que dans la ligne hiérarchique, dans la ligne
d'autorité demandée par les parties, il m'est apparu clair qu'on
voulait que le conseil d'administration prenne les décisions ultimes,
avec la possibilité de créer, ses comités qui, eux,
pourraient être consultatifs, mais en vue de leur prise de
décision. Cela m'est apparu important dans le débat en commission
parlementaire.
Je pense également qu'il y a eu une volonté, je ne dirais
pas encore unanime, mais majoritaire de voir le représentant
dûment nommé par eux-mêmes, et non pas nommé par le
ministre, après consultation des organismes. Cela a été
une volonté qui m'apparaît assez intéressante, puisque la
représentation directe, on le sait, responsabilise les qens et engage
les structures. Si l'association des tuyauteurs ou l'association des
maîtres électriciens nomme elle-même ses
représentants, cela a, à mon point de vue, un poids politique
plus important au niveau du fonctionnement, parce que ce sont ces associations
qui ont nommé leur bonhomme, ce sont elles qui ont fait confiance en
leur bonhomme, alors que dans une consultation ordinairement, c'est à
peu près la coutume, on dit: Donnez-nous deux ou trois noms pour qu'il y
ait un certain choix à faire. Je ne pense pas que l'on ait agi
différemment depuis 20 ou 25 ans dans tous les gouvernements qui se sont
succédé. Quand ils se gardent l'autorité pour nommer des
individus, la majorité du temps, ce sont des choix multiples qu'on leur
demande et, par la suite, le ministre en
choisit un parmi les suggestions faites par les structures, que le
ministre entérine.
Là-dessus, on aura sans doute des propositions à faire au
ministre pour aller dans le sens des consensus tout au moins majoritaires qui
se sont dégagés de cette commission parlementaire.
Quant aux mesures transitoires, je vous avoue que, pour moi, les
participants, plus particulièrement les participants syndicaux, bien
sûr, car le monde patronal est complètement divisé sur ce
point avec le monde syndical... Je n'ai pas saisi que les patrons voulaient les
mesures transitoires, qu'ils ne voulaient pas autre chose que les mesures
transitoires qui étaient dans le projet de loi, alors que les parties
syndicales - et cette fois-ci, c'est unanime - demandent des mesures
transitoires et, bien sûr, un moratoire. Nous allons parler sur ces
points très sérieusement. Nous avons préparé des
amendements et nous croyons important que ce moratoire soit aligné sur
la mise sur pied effective des modes et des formes de contingentement qui
pourraient être conçus dans des programmes ou dans des structures
qui nous permettraient d'épurer même par la suite.
Il est évident qu'on aura des amendements précis. Je vous
dis tout de suite que je serais beaucoup plus prêt à lier le
moratoire à la production de programmes concrets et de mise sur pied de
mécanismes qui fonctionnent, plutôt que de le lier dans le temps.
J'irais même plus loin et je laisserais au ministre le soin de le lever
par décret au moment où tout cela est en place, pour bien
s'assurer qu'il n'y a pas de vide ou de. trou. Si cela prend trois mois, tant
mieux. Si cela en prend sept, tant pis. Mais, au moment où cela sera sur
pied, il y aurait levée du moratoire automatiquement par décret,
et, là-dessus, j'ai l'intention de vous soumettre des amendements
plutôt que de jouer sur des mois, sur une notion de temps, d'autant plus
qu'on est dans une période de l'année, particulièrement en
janvier, qui n'est pas un mois très propice à la mise sur pied de
programmes concrets, même si vous me dites que ce n'est sans doute pas
comme durant l'été. C'est vrai, mais je pense que, si on se lie
dans le temps, on risque d'avoir du travail "botché" plutôt que du
travail fini qui correspondrait aux consensus qui se sont dégagés
entre les parties.
Sur ce point précis, nous aurons des suggestions et des
propositions à faire au ministre, des amendements très
précis non seulement pour les manoeuvres, mais aussi pour la
main-d'oeuvre qualifiée. Nous poserons certaines conditions.
À ce sujet, je demanderais au ministre son attention. Quant aux
mesures transitoires, au lieu d'ouvrir "at large", si on veut
véritablement ne pas être envahis par des gens qui cherchent une
ceinture et une bretelle en même temps, on pourrait aménager des
conditions, en particulier pour ceux qui ont des emplois permanents et pour
ceux qui sont au travail au moment où l'on se parle. II
m'apparaîtrait important de ne pas ouvrir ad infinitum. C'est beaucoup
plus sécurisant pour les salariés de la construction et ce n'est
pas pénalisant pour le salarié qui se verrait refuser quelque
chose parce qu'il détient un job.
Quand on vise le plein emploi au Québec, il m'apparaît
intéressant de regarder cela avec un oeil très ouvert. Je
comprends que cette discussion ne peut être très courte. Elle va
demander des textes. On va probablement devoir suspendre certains articles pour
s'entendre sur des libellés, mais, à mon point de vue, il y a
quelque chose de positif à faire pour la main-d'oeuvre permanente de la
construction. Et pour considérer ceux qui pourraient être une
main-d'oeuvre potentielle, mais qui viendraient probablement
"insécuriser" inutilement le bassin actuel, on pourrait exiger des
preuves concrètes de besoin de travail. Â ce moment-là, il
n'est pas dit que ces gens ne quitteront pas leur travail un jour ou l'autre et
qu'ils ne seront pas disponibles, mais il m'apparaît qu'ils viendraient
à ce moment-là pour autant qu'il y ait des possibilités
dans l'industrie, pour autant que cela réponde à des mesures de
contingentement qu'on aurait mises sur pied par des mécanismes
précis.
En tout cas, je . pense que mes remarques se veulent des plus positives
pour essayer d'arriver à sauvegarder les objectifs tout en recherchant,
d'autre part, à sécuriser le personnel qui oeuvre d'une
façon professionnelle et à temps plein dans l'industrie de la
construction et ce, même pour la main-d'oeuvre qualifiée.
Une voix: ...
M. Chevrette: Oui. Toute la question des jeunes entre en fonction
du discours cohérent dont je parlais tantôt.
Un point aussi que je veux traiter, c'est le tribunal de la
construction. Je voudrais dire au ministre que j'ai...
Une voix: On fait quoi là.
M. Chevrette: Oui, mais je pense qu'on peut s'entendre s'il y a
consentement unanime. On peut introduire ce que l'on veut si l'Assemblée
nationale est consentante.
J'ai vécu, M. le ministre, le conseil d'arbitrage dans
l'enseignement et je trouve que c'est une formule extrêmement
intéressante parce que cela permet deux choses.
Premièrement, cela permet de dégaqer une jurisprudence
propre au secteur plutôt que de faire des procès à
l'emporte-pièce
devant des juges qui, entre vous et moi, souvent ne connaissent pas un
iota des lois du travail. Il faut l'admettre, ils ne sont pas plus intelligents
que nous et il y a des secteurs qu'on ne veut pas toucher. Ce sont des gens
comme nous autres. Il se dégage, quand c'est un tribunal, une
cohérence dans les décisions et on ne fait pas face à des
aberrations du jour au lendemain qui viennent changer le cours des choses. Cela
est très important dans un secteur aussi névralgique que la
construction.
Deuxièmement, l'accumulation de griefs permet bien souvent,
à un moment donné, autant à un ministre du Travail qu'aux
parties, de constater l'accumulation.
La Présidente (Mme Bélanger): La conclusion, M. le
député.
M. Chevrette: L'amoncellement des griefs dans un secteur serait
probablement tout réglé s'il y avait une interprétation
bipartite, où les deux parties tireraient une conclusion. Cela viendrait
éliminer 700, 800, 900 griefs. Cela s'est fait dans le domaine de
l'enseignement, cela se fait dans le secteur des hôpitaux. Ce n'est pas
une négociation permanente, mais c'est un mécanisme qui peut,
à l'occasion, épurer un ensemble, un grand nombre de griefs.
Donc, c'est dans cet esprit, M. le Président, que nous allons travailler
fort sur les amendements pour faire en sorte que ce projet de loi soit
adopté d'une façon potable.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre, vous
avez un droit de réplique. Oui. Vous avez cinq minutes pour la
réplique.
M. Pierre Paradis (réplique)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, je vais peut-être
reprendre, de façon qu'on ne se perde pas, quelques-uns des arguments en
ce qui a trait au tribunal de la construction, si je peux utiliser
l'expression, et une demande que l'ensemble des parties a
répétée au moment des audiences. C'est un engagement qui
fait partie également de notre programme électoral. Je ne sais
pas s'il vous est familier. C'est une demande qui va dans le sens que vous
dites, d'une unification des décisions, de la jurisprudence, etc.
À ce sujet, nous demeurons commis mais la question que l'on se pose est
la suivante: Est-ce que l'on est dans le cadre de la bonne loi pour
créer un tribunal qui va décider non seulement des litiges qui
pourraient découler de l'application de la présente loi, mais
également des litiges qui pourraient découler de l'application de
l'ensemble de la législation qui affecte la construction. Le sujet est
tellement important que, pour le moment, je privilégierais une approche
plus globale qui vise l'ensemble des lois de la construction plutôt que
de retrouver la création d'un tribunal dans une loi qui affecte la
construction.
Je tiens compte du consensus apparent, de la volonté des parties
à ce sujet et cela fait également partie des engagements du parti
libéral.
Vous avez parlé d'aménaqer le maximum de garanties en
fonction des travailleurs qui sont actuellement à l'ouvrage, si je peux
utiliser l'expression, que vous avez qualifiés de main-d'oeuvre
permanente; nous sommes ouverts à cela. Je vous dirai que nous
insisterons quand même pour que les jeunes qui "graduent" à chaque
année - et c'est à peu près 1500, je vous donne le chiffre
car j'ai les chiffres exacts, mais on en discutera à l'étude des
articles -aient quand même, pour être des apprentis, leur corridor
d'entrée. Il entre, au moment où on se parle, environ 1500
personnes par année, non pas à partir de critères de
compétence, non pas à partir du critère que vous auriez
dans le système scolaire suivi les cours nécessaires. (12 h
15)
Vous avez parlé du dépôt global des amendements. Je
vous ai indiqué qu'essentiellement, en ce qui a trait aux principes,
nous en avions trois et, sur le plan technique, nous en avions quelques autres.
Pour ma part, il n'est pas question de simplement relancer ta balle. Mais si
c'est pour accélérer et bonifier le déroulement de nos
travaux, je vais, à l'heure du midi, jeter un dernier coup d'oeil -
parce que ces amendements ont été préparés à
la suite d'auditions que nous avons eues - auxdits amendements. Si on pouvait
avoir une entente afin que, de part et d'autre, on puisse déposer au
début l'ensemble des amendements que l'on suggère cela ne
lierait, je tiens à l'indiquer, aucune des formations politiques quant
au dépôt d'autres amendements qui pourraient suivre les
discussions que nous aurons autour de la table. On n'est pas pour se figer dans
le ciment, de façon à ne pas être capables de bonifier si
on tombe conjointement sur une bonne idée. Si on pouvait au moins avoir
l'essentiel des amendements qui seront déposés de part et
d'autre, je pense que cela pourrait situer le cadre du déroulement de
nos travaux dans une atmosphère encore plus positive et pour vous et
pour nous.
Sur le plan des faits, quant au financement, vous avez touché le
sujet en corrélation avec la composition du conseil d'administration de
la Commission de la construction du Québec. 0,05 %, c'était le
maximum que le conseil d'administration de la commission pouvait fixer. Ce qui
est suggéré dans le projet de loi, c'est que le maximum que la
commission pourrait fixer à l'avenir serait de 1 %. On se rend
compte
également que toute la vocation de la commission a un volet
nouveau qui va devenir aussi important, sinon plus important, que le volet
traditionnel qu'avait l'Office de la construction du Québec, c'est toute
la question de la formation, sur laquelle il y a unanimité des parties.
Je pense qu'il faut le dégager, ce consensus, également. Il est
faux de dire que ce fardeau financier additionnel qui va découler de
cette nouvelle vocation va être assumé pleinement et
entièrement par les partenaires de l'industrie de la construction. On
sait bien que tout ce qui se fait au niveau secondaire, à
l'école, va être assumé par l'ensemble des contribuables,
des "payeurs" de taxe, à partir des crédits qui seront
dévolus au ministère de l'Éducation et qui devront
être, je vous le souligne, plus importants pour effectuer la
période de rattrapage qui se doit d'être effectuée à
ce niveau,
II y a également tout l'aspect des crédits qui sont
dévolus par le ministère de la Main-d'Oeuvre dans le cadre des
programmes de subvention. J'ai déjà indiqué que la
commission aurait accès à l'ensemble de ces programmes et que,
comme gouvernement, nous avons l'intention même d'y donner
priorité. Si ce partenariat avec l'industrie fonctionne bien, si la
formation, autant en institution que sur le chantier, est vraiment bien
arrimée avec les besoins du marché, c'est un projet que je
pourrais qualifier de pilote et qui pourrait peut-être s'appliquer...
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente. Et
il pourra peut-être s'appliquer également dans d'autres domaines.
Je ne veux surtout pas qu'on m'accuse de m'"autofilibuster" en ce début
de commission parlementaire. Je vais tout simplement indiquer que, si
l'ensemble de nos travaux se déroule sur le ton avec lequel ils ont
commencé ce matin, ce sera au bénéfice de l'ensemble de
l'industrie de la construction et de la société
québécoise.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. Est-ce qu'il y a un intervenant du côté
ministériel? M. le député de Verchères.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: Merci, Mme la Présidente. Je voudrais
d'abord relever une remarque qu'a faite le ministre au départ quand il
nous a indiqué qu'à son avis, à l'exception des deux
journées où on a entendu les organismes ou les parties
concernées, l'Opposition s'était prêtée au jeu de
l'obstruction systématique. Je dois dire au ministre que, d'une certaine
façon, c'est exact et qu'il connaît très .bien les
règles parlementaires pour savoir que quand l'Opposition a des raisons
de croire qu'un projet de loi est un travail mal fait, qu'il est un brouillon,
un projet de loi qui risque de poser des problèmes considérables
plutôt qu'uniquement en régler, c'est évident qu'à
ce moment-là, pour l'Opposition, il n'y a pas 56 façons d'amener
le ministre à entendre raison. Il y a l'utilisation des règles
parlementaires qui nous amène à ralentir les travaux et à
utiliser le temps pour faire en sorte que le message qu'on a à livrer,
qui n'est pas uniquement le message de l'Opposition, porte. Le ministre sait
très bien qu'une Opposition, quelle qu'elle soit, ne peut pas faire
longtemps une bataille d'obstruction en utilisant les règles
parlementaires si dans l'opinion publique, il n'y a pas une certaine
résonance de ce combat politique. Dans la mesure où il n'y aurait
personne, dans l'opinion publique - en particulier parmi les gens qui sont au
premier chef concernés par le projet de loi - qui trouverait juste,
légitime et bien fondé le combat parlementaire que livre
l'Opposition, c'est évident que ce combat perdrait de la valeur, de la
crédibilité et de la pertinence. Le ministre reconnaîtra
que le combat que l'on livre, c'est aussi le combat de beaucoup de gens, en
particulier le combat des gens qui gagnent leur vie actuellement dans
l'industrie de la construction.
Leurs représentants sont venus nous dire en commission
parlementaire, vendredi, que, tel quel, le projet de loi était
fondamentalement inacceptable. Pour répondre à cela, le ministre
nous a indiqué: Écoutez, je suis ouvert à des
modalités; sur les principes, j'ai fait mon lit. Le problème,
c'est que c'est un discours qui peut souvent prêter à confusion.
Dans la mesure où les modalités, d'une certaine façon,
sont la traduction des principes, il y a des modalités qui, parfois,
mettent en cause les principes eux-mêmes et finissent par les
dénaturer au point où les principes ne veulent plus rien
dire.
À mon sens, il y a deux questions majeures que tente de
régler le projet de lois le problème du système de
formation professionnelle, d'une part, donc, l'amélioration du processus
de formation professionnelle des gens qui ont à oeuvrer dans la
construction et, d'autre part, la question du contingentement de la
main-d'oeuvre, de l'accès de cette industrie à des gens qui
voudraient y travailler. Or, c'est clair que sur ces questions fondamentales,
et en particulier sur la question de l'accès à l'industrie, il y
a des résistances énormes et des craintes considérables.
La manifestation dont on a eu connaissance vendredi est un signe tangible de
cette attitude.
Je pourrais prendre l'exemple de
quelqu'un de ma famille qui est un travailleur de la construction, que
je ne connais pas comme étant quelqu'un de particulièrement
intéressé à participer à ce genre
d'activités - je me demande d'ailleurs si ce n'était pas la
première fois qu'il participait à une manifestation quelconque
-qui s'est retrouvé ici, vendredi, devant le parlement. Je l'ai
rencontré par hasard et je me suis dit: Si lui est ici, c'est parce
qu'il y a bien des gens qui sont inquiets.
Je veux bien que l'on me rassure, mais, dans la mesure où
j'aborde l'étude d'un projet de loi, je veux le faire d'une façon
correcte. Le ministre me dit: Vous savez, ces modalités, je suis
prêt à les regarder. Je trouve que c'est important, finalement,
que l'on ait l'heure juste en commençant, que l'on n'ait pas les
modifications que le gouvernement a déjà consenti à
apporter, dans sa tête, au compte-gouttes. Le ministre nous a dit
tantôt: Je suis prêt à regarder cela pendant l'heure du
dîner. Je ne le sais pas, on n'en a pas parlé, c'est le leader de
l'Opposition qui est le responsable du dossier, mais je vous dirais qu'il y a
une sacrée différence entre demander à un ministre
responsable d'un projet de loi de présenter en vrac ou en bloc ses
amendements et demander à l'Opposition de présenter en vrac ses
amendements. Je pense que nous sommes invités à étudier un
projet de loi et que c'est l'initiative gouvernementale qui nous amène
à étudier ce projet de loi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si le député de
Verchères y consent, je tiendrais à lui dire que j'ai
déjà été dans l'Opposition. Ce qu'il vient
d'affirmer, à savoir qu'il y a une différence entre le fait que
le ministre présente ses amendements en vrac et le fait que l'Opposition
les présente en vrac - on n'a pas les mêmes équipes
techniques, entre autres, etc. - je le conçois aisément. C'est
une invitation que je lançais; ce n'est pas une obligation que j'impose
à l'Opposition. Si vos amendements sont prêts, je vous invite
à les déposer, mais je n'en fais pas un...
M. Charbonneau: Je suis content d'entendre le ministre nous
indiquer que ce n'est pas une condition sine qua non parce que je crois - il Je
reconnaît lui-même - que ce n'est pas de la même nature. Pour
nous, c'est important de savoir où l'on va. On ne parle pas
d'amendements mineurs; on parle d'un projet de loi qui a fait l'objet d'une
consultation publique bien que rapide et, à mon avis, trop
limitée, qui a permis d'entendre des organismes qui ont émis des
réserves sérieuses sur des questions qui sont fondamentales et
qui touchent le principe même du projet de loi.
Écoutez, la question du contingentement, c'est une des questions
les plus abordées dans les deux jours de nos discussions. C'est une des
questions que nous avons abordée le plus, mes différents
collègues de l'Opposition et moi, lors de nos interventions sur
l'étude des principes. Je ne dis pas que la formation professionnelle
n'est pas importante. Ce que je dis, c'est que la question du contingentement,
en particulier, est une des questions ayant soulevé le plus de craintes,
le plus de protestations, le plus d'inquiétudes, ayant amené
l'Opposition à dénoncer le plus vigoureusement le projet de
loi.
Dans la mesure où on veut faire un travail constructif et
efficace, c'est évident qu'on a besoin de savoir où le ministre
s'en va maintenant, à la suite de cette consultation, à
l'égard des modalités. D'autant plus que, normalement, si on
avait voulu faire un travail sérieux, on aurait d'abord pris un peu plus
de temps pour faire cette consultation et, en toute bonne foi, les
collègues qui ont le moins d'expérience reconnaissent que la
demande que les députés de l'Opposition formulaient lors de la
séance de travail d'avoir un temps plus long pour un certain nombre
d'organismes était fondée.
On a peut-être fini avant le temps, mais on a
dépassé le temps qu'on s'était normalement donné en
séance de travail. Il y a des organismes dont on est obligé
finalement de reconnaître qu'ils représentaient suffisamment de
personnes pour devoir prolonger la séance de travail. Donc, cela veut
dire que ce travail ayant été fait, normalement, on se serait
attendu, dans une approche très professionnelle, à ce que le
ministre prenne un peu plus de temps qu'une fin de semaine pour rebrasser les
idées et les suggestions. J'imagine que les groupes aussi qui sont venus
en commission parlementaire auraient convenu et pensent que finalement, dans la
mesure où on voudrait évaluer au mérite leurs opinions,
leurs commentaires et leurs suggestions, on ne l'aurait pas fait de cette
façon si précipitée et en catastrophe. Dans ce
sens-là, Mme la Présidente, je regrette que le ministre soit
obligé de s'abstenter quelques instants. Je pourrais quasiment proposer
une suspension, mais je vais continuer.
Néanmoins, quand le ministre nous parle d'un moratoire de quatre
mois et quand des organismes lui demandent un moratoire d'un an, il y aurait eu
moyen de s'entendre sur quelque chose de plus raisonnable. Lorsqu'on a entendu
certains groupes vendredi dernier, j'ai indiqué qu'un délai qui
nous aurait amenés à vouloir adopter le projet de loi, par
exemple, avant le 24 juin prochain, aurait été un délai
plus correct et aurait permis au ministre d'avoir un échéancier.
Il y a des organismes... Je pense, entre autres, à la CSN qui demandait
un an et même plus. En fait, on nous disait: Quand on sera prêt, on
sera prêt. Puis, un moratoire un peu serré. Je pense qu'il aurait
été raisonnable
d'envisager un moratoire qui aurait amené un
échéancier... On dirait, en termes journalistiques, un "deadline"
pour l'adoption du projet de loi et du nouveau mécanisme de placement
dans l'industrie de la construction, de contingentement et de formation
professionnelle, qui aurait pu être en place au cours de
l'été.
J'invite le ministre à y repenser très
sérieusement. J'invite mes collègues ministériels à
y repenser très sérieusement, dans la mesure où finalement
on a fait la démonstration, dans les deux jours de consultation, qu'il y
aurait des conséquences importantes pour la vie des gens qui travaillent
dans cette industrie, pour leur sécurité financière et
leur sécurité matérielle. Il y a des milliers de familles
qui actuellement vivent dans l'insécurité - à l'approche
de Noël, ce n'est pas un cadeau -et qui se demandent ce qui va leur
arriver avec l'implantation de ce système.
Le ministre a réussi, par l'action qu'il a entreprise depuis
quelques mois autour de ce projet de loi, à amener les parties à
d'abord énoncer des consensus, formuler des consensus et à lui
dire: Si on avait un peu plus de temps, on pourrait arriver à bonifier
votre proposition initiale qui est votre projet de loi, de telle façon
que l'on puisse trouver un autre système de contingentement que celui
des heures travaillées et de la carte de classification.
Le député de Joliette l'a dit la semaine dernière,
on 'n'a pas fait la bataille pour préserver, dans quelque circonstance
que ce soit et à n'importe quel prix, un système qui est le
permis de travail en fonction du nombre d'heures travaillées. Ce que
l'on a dit au ministre, c'est ce que l'on pense: d'abord, il faut qu'il y ait
un contingentement réel de la main-d'oeuvre et un système
efficace et correct à l'égard des vrais travailleurs de la
construction, s'il veut faire en sorte que son contingentement existe. (12 h
30)
D'autre part, on ne peut pas tolérer dans cette industrie ce que
l'on ne tolère pas ailleurs. À cet égard, un minimum de
reconnaissance du droit à l'ancienneté ou à la
priorité d'embauche doit être reconnu. Les mesures transitoires
que le ministre nous propose, le critique de l'Opposition et
député de Joliette l'a dit, on l'a répété
à plusieurs reprises et on va vous le répéter tant qu'on
ne sera pas satisfaits, constituent des portes ouvertes pour grossir
démesurément le bassin de la main-d'oeuvre. C'est ce qui
"insécurise" les gens et c'est ce qui occasionnera des situations
inacceptables, qui amènera les gens à voir leurs revenus diminuer
considérablement, à voir, dans certains cas, leur emploi
disparaître et leurs possibilités de travailler
régulièrement et de façon honnête dans l'industrie
s'estomper.
Le ministre ne nous a d'aucune façon rassurés par ses
interventions jusqu'à maintenant, ni par les réponses qu'il a
données aux organismes qui sont venus en commission parlementaire, sur
la réalité du travail au noir et sur le fait que ce projet de loi
apporterait des solutions tangibles et efficaces à la
réalité du travail au noir. Le ministre me fait signe qu'un petit
peu, mais je pense honnêtement que, d'aucune façon, le projet de
loi actuel ne peut rassurer les gens préoccupés par la
réalité du travail au noir a l'égard du fait que cette
réalité diminuerait. Rien ne nous indique qu'on n'obligera pas
des gens qui travaillent honnêtement et qui paient leurs taxes et leurs
impôts, à avoir recours à l'illégalité et
à la clandestinité pour aller se chercher un revenu acceptable,
car, finalement, le ministre va les placer dans une telle situation avec
l'ouverture toute grande du bassin de main-d'oeuvre.
Cette question est déjà suffisamment grave et importante
pour que le ministre accepte la proposition - maintenant qu'il est revenu
à son siège, je la reformule devant lui - à savoir
qu'entre un moratoire illimité demandé par certains groupes et un
moratoire de quatre mois, ce qui serait raisonnable serait qu'il procède
à un moratoire pour qu'on puisse adopter le projet de loi au mois de
juin. À ce moment-là, on n'"insécurise" pas les
travailleurs. Vous n'avez qu'à poursuivre le moratoire que vous avez
prolongé jusqu'au 31 décembre. Rien ne vous oblige à
procéder précipitamment. On aurait pu penser que 30 000 personnes
qui sont des interdits de la construction vous poussaient dans le dos, mais on
a entendu l'Office de la construction du Québec nous dire qu'il y avait
environ 3000 personnes, pas plus, et que la plupart des interdits de la
construction sont des qens qui avaient été exclus de l'industrie
ou du bassin de main-d'oeuvre ou qui avaient perdu leur permis de travail en
1982. La très grande majorité a, à nouveau, obtenu son
permis de travail par la suite. Donc, on leur a donné toutes les
occasions de revenir légalement dans l'industrie.
Une voix: ...les jeunes.
M. Charbonneau: Je vais vous parler des jeunes. Attendez une
seconde.
Une voix: ...au mois d'août...
M. Charbonneau: Non, non. La réalité, c'est que,
dans la mesure où votre système sera accepté par les
parties, vous éviterez toute une série de problèmes, vous
éviterez d'"insécuriser" les gens et vous éviterez surtout
de détériorer un climat de travail. Les gens ont souvent
oublié de signaler - et nous avons essayé de le faire à
quelques reprises - que détériorer le climat sur les chantiers de
construction, c'est détériorer le
climat économique et la possibilité d'intéresser
les entreprises à investir ici, et c'est finalement créer des
conditions qui joueront contre le développement économique.
On veut vous donner l'occasion de remplir vos engagements
électoraux à l'égard de l'emploi et de la création
d'emplois. Déjà, vous serez incapables de livrer la marchandise
la première année. Le minimum qu'on pourrait vous offrir de
faire, c'est de vous donner toute la collaboration pour éviter de
créer de l'insécurité dans l'industrie et pour qu'une
réforme majeure ne perturbe pas cette industrie, ne la bouleverse pas et
ne crée pas des tensions qui iront à l'encontre de
l'intérêt économique du Québec, de
l'intérêt des gens qui gagnent leur vie dans cette industrie et de
l'intérêt des gens d'affaires qui sont propriétaires
d'entreprises dans l'industrie de la construction. Je pense que c'est le
minimum.
D'autre part, Mme la Présidente, une autre question nous
préoccupe beaucoup. C'est toute la question concernant la volonté
de faire plus de place aux jeunes. Le problème, c'est que, dans ce
projet de loi, rien ne nous indique que les jeunes seront
privilégiés. Les mesures transitoires que le ministre a
préparées et dont il était prêt, comme il nous l'a
indiqué, à reconsidérer la rédaction sont des
mesures qui ouvrent la porte à tout le monde: 16 ans et plus, sans
limite d'âge. Il n'y a pas de discrimination positive à l'endroit
des jeunes. Il n'y a pas d'action qui privilégie les jeunes. Il n'y a
qu'un projet de loi qui, finalement, permet au ministre et à ses
collègues ministériels de tenir un discours, mais, dans les
faits, de faire autre chose. On se retrouve, encore une fois, pris avec un
problème* de double langage.
On le dit sur un ton amical au ministre ce matin. On est prêt
à collaborer, mais on pense que le ministre devrait considérer
très sérieusement l'offre qu'on lui fait d'avoir un moratoire qui
donne un échéancier à tout le monde, mais, qui, en
même temps, permet de faire un travail efficace, permet que la
consultation qui a eu lieu la semaine dernière soit une consultation
véritable et qu'on évalue au mérite les arguments, les
commentaires et les suggestions qui nous ont été faites, et
permet surtout aux parties qui ont commencé à faire des consensus
de poursuivre ce travail jusqu'à la fin. Je pense que c'est un acquis
pour le ministre. Probablement qu'en un an, c'est sa principale
réalisation; le problème, c'est qu'il n'a pas été
capable de protéger cette réalisation.
D'un point de vue strictement de combat politique, on pouvait
s'inquiéter de notre côté, en se disant: Si le ministre
réussit à nous présenter un projet de loi qui fait le
consensus des parties, on va avoir l'air fin comme Opposition. Qu'est-ce qu'on
va faire? Le ministre va pouvoir dire qu'il a rempli son engagement
électoral et nous serons pris. Le problème, c'est que le ministre
n'a pas été assez habile pour préserver ces consensus.
Alors qu'il avait réussi à faire travailler les parties ensemble,
il se retrouve maintenant avec des parties qui lui disent que son projet de
loi, tel qu'il est, est inacceptable. Même le Conseil provincial des
métiers de la construction est obligé de reconnaître
qu'à part le discours -sans doute son président est-il un bon
militant libéral - mais à part le fait qu'en deux lignes, on dise
que ce projet de loi correspond à nos demandes, quand on regarde et
quand on lui a fait préciser sur quels éléments il
était d'accord et sur quels éléments il n'était pas
d'accord, on s'est rendu compte, finalement, qu'il y avait plus
d'éléments avec lesquels il n'était pas d'accord et
surtout que les éléments avec lesquels il n'était pas
d'accord sont des éléments fondamentaux.
Que le ministre nous dépose...
La Présidente (Mme Bélanger): La conclusion, M. le
député.
M. Charbonneau: En conclusion, Mme la Présidente, que le
ministre nous dépose la totalité de son projet de loi pour qu'on
puisse voir si, finalement, les modalités n'ont pas substantiellement
changé, d'une part, et, deuxièmement, qu'il considère
très sérieusement la possibilité - il a la majorité
parlementaire - de fixer un échéancier au mois de juin. Il sait
qu'il peut le respecter. En même temps, il permettrait aux parties de
reprendre, dans le fond, le travail là où elles l'ont
laissé, c'est-à-dire un travail basé sur des consensus. Il
pourrait préserver un climat propice au développement de
l'industrie de la construction et au développement des
réalisations dans l'industrie de la construction.
Le ministre admettra que si on veut créer de l'emploi - et je
termine avec cela, Mme la Présidente - ce n'est pas avec le projet de
loi 119, c'est par la mise en chantier de plus grands travaux de construction.
Or, c'est comme cela qu'on va créer plus d'emplois et qu'on va
résoudre le problème de la construction actuel.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Concernant le délai, je
tiens à rassurer le député de Verchères que sa
demande, quant au temps, peut apparaître très raisonnable. Au mois
de février, l'an passé, lorsque, comme ministre, j'ai eu à
faire face à une demande de renouvellement des permis de travail, des
cartes de classification dans l'industrie de la construction, on m'avait
demandé à l'époque de renouveler pour un an. On
s'était finalement entendu sur un renouvellement et il s'agissait d'une
entente je n'ose pas dire unanime, mais qui provenait, en tout cas, du conseil
d'administration de l'Office de la construction du Québec, de renouveler
jusqu'au 31 décembre de cette année.
J'ai donc donné suite immédiatement à cette
demande. Les parties ont alors dit: Nous allons prendre toute l'année
que nous avons devant nous pour nous asseoir à des tables et faire en
sorte de dégager le maximum de consensus pour remplacer le permis de
travail comme tel par un système de contingentement basé sur la
compétence, qui donne accès à l'industrie de la
construction, et pour nous entendre ensemble sur des éléments de
la formation. J'ai eu une seule surprise dans le fonctionnement des tables de
travail, c'est qu'elles ont très bien fonctionné.
Si l'on place ensemble, à la même table, cinq associations
syndicales qui ont des points de vue différents souvent et qui sont en
compétition sur le plan du maraudage, on ne s'attend pas
nécessairement que cela dure pendant plusieurs réunions. Placer
ensemble sept associations patronales - je pense que vous avez
été à même de le constater - qui ne dégagent
pas exclusivement l'unanimité dans chacun des discours, ce n'est pas
facile non plus. Placer tout cela ensemble et tenter de faire en sorte qu'on
arrive à des consensus absolus, c'est rêver un petit peu en
couleur.
J'ai été agréablement surpris de la maturité
dont a fait preuve l'ensemble des participants à ces tables, avec la
participation, je tiens à le souligner, des sou3-ministres du Travail,
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu et de
l'Éducation et la présence du président-directeur
général et de certains permanents de l'Office de la construction
du Québec. Simplement de faire en sorte que chacun puisse avoir la
possibilité de livrer en toute liberté son message autour d'une
table de travail, c'est un pas important dans la construction d'un
système d'accès à l'industrie de la construction
basé sur la compétence. S'attendre que cela devienne unanime, en
définitive, j'aimerais cela. Je pense que personne ne l'a encore
réussi au Québec. Je ne me suis pas pris pour un autre en
lançant le défi. Ce que j'avais... Je souhaitais qu'on en arrive
à cela, mais j'ai été content de voir la maturité
dont ont fait preuve les parties quand elles ont tout simplement livré,
dans une phase constructive, leur message de façon à pouvoir
éclairer le gouvernement dans la préparation de la
rédaction d'un projet de loi.
Présentement, c'est vrai qu'il y a des travailleurs qui se
sentent "insécures", etc. Imaginez-vous l'insécurité qui
s'emparerait de tous ces travailleurs pendant les mois de janvier,
février, mars et avril, les mois qui sont les plus bas
traditionnellement dans le domaine de la construction, s'ils ne savaient ou
s'ils ne connaissaient pas le contenu de la loi que l'Assemblée
nationale s'apprêterait peut-être à adopter, s'il fallait
donner suite à votre demande au mois de juin. Ces gens passeraient
Noël, janvier, février, mars et avril dans un climat
d'inquiétude et d'insécurité, parce qu'ils ne
connaîtraient pas le contenu du projet de loi sur lequel nous sommes
appelés à nous prononcer.
M. le député de Verchères, il y a également
toute la question des jeunes. Je pensais que vous étiez au moins pour y
porter, au cours de vos remarques préliminaires, une attention
particulière. Les jeunes qui sont à l'école ou qui
s'apprêtent à entrer dans des métiers ont besoin de savoir,
non pas l'été prochain, ils ont besoin de savoir
immédiatement sur quel pied le gouvernement va danser et quelles vont
être les rèqles du jeu qui vont s'appliquer à eux. Accepter
votre solution, cela serait remettre d'une autre année, pas de six mois,
d'une autre année au moins, l'avenir de ces jeunes. Ils ont attendu une
possibilité de connaître leur sort pendant les neuf longues
années qu'a duré le Parti québécois au
gouvernement. Présentement, ils nous pressent d'agir, ils veulent savoir
quelles sont les règles du jeu. Oui, je pense que c'est la raison pour
laquelle nous sommes réunis pour l'étude article par article, en
prenant toutes les précautions nécessaires pour ne pas
"insécuriser" inutilement ceux et celles qui sont ce qu'on appelle les
vrais travailleurs de la construction qui y gagnent leur vie continuellement,
mais en n'oubliant pas ce facteur des jeunes. Je suis surpris que, dans votre
demande, vous négligiez complètement cet aspect. Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Roberval.
M. Michel Gauthier
M. Gauthier: Je vous remercie, Mme la Présidente. Le
ministre, qui a l'air d'être mû par d'excellentes intentions ce
matin, s'inquiète du fait que les travailleurs de la construction soient
inquiets. Avant d'aborder davantage le fond du projet de loi, je dirai
simplement que, dans le contexte où nous faisons cette étude en
deuxième lecture et surtout dans le contexte où nous avons fait
les auditions de groupes la semaine dernière en commission
parlementaire, il est tout à fait normal que les gens de la construction
soient inquiets. Pendant deux, trois, quatre ans peut-être, on a entendu
claironner les ténors de l'Opposition d'alors qui constituent
aujourd'hui le gouvernement et dont l'objectif très clairement
avoué en Chambre dans les
discours - et vous savez, Mme la Présidente, que je dis vrai -
était carrément l'abolition, la disparition du règlement
de placement dans l'industrie de la construction. À de multiples
reprises, on a entendu les ténors de l'autre côté dirent:
Le règlement de placement empêche les gens de travailler. La
construction, cela doit être ouvert à tout le monde. La
construction, c'est un secteur qui doit permettre à tous ceux qui ont
des compétences et qui en ont le goût d'y travailler. On nous a
reproché, à l'époque, ce règlement de placement, en
disant que le gouvernement voulait empêcher les gens d'accéder
à cette industrie. (12 h 45)
Mme la Présidente, dans un contexte comme celui-là, il est
normal, je pense, que les travailleurs de la construction soient inquiets. Je
vous avoue que les députés de l'Opposition sont aussi très
inquiets, d'autant plus que le ministre, dans une position un peu plus
mitigée maintenant - je ne parle pas du projet de loi parce que c'est
l'ouverture "at large" de l'industrie de la construction à n'importe qui
- à la suite des auditions de la semaine dernière et, je pense,
à la suite de menaces réelles de chaos dans le domaine de la
construction, devrait s'assurer que même ses collègues, dont son
adjoint parlementaire, le député de Saint-Maurice, sont
entièrement d'accord avec lui. Quand on les entend s'exprimer, on
s'aperçoit qu'il n'y a pas juste une tendance au gouvernement. Je sais
que c'est le ministre qui est autorisé à parler "pour et au nom
de". Cependant, on sait que plusieurs de ses collègues, non pas tous,
mais ceux qui connaissent véritablement la construction et qui ont
étudié la question, par intérêt, parce qu'on leur a
fait des pressions peut-être, ou parce que ce sont d'anciens
entrepreneurs, comme le député de Saint-Maurice, ont des points
de vue - j'oserais dire - passablement élargis de la notion de
réserve dans la construction, de la notion de bassin de
main-d'oeuvre.
Mme la Présidente, je voudrais simplement vous dire que j'ai
l'impression que le ministre, s'il veut que l'Opposition et que le monde de la
construction soient un peu rassurés, s'il veut que la collaboration soit
pleine et entière et qu'il n'y ait pas de blocage systématique de
ce projet de loi, devra premièrement rétablir les faits quant
à ce que ses collègues ont toujours déclaré depuis
quelques années à ce sujet, d'une part. D'autre part, il devra
prévenir les députés libéraux que ce n'est pas
vrai, le lendemain matin de l'adoption de son projet de loi, que les
députés libéraux, par entrepreneur interposé, vont
pouvoir faire la distribution des prix, c'est-à-dire la distribution des
cartes de compétence à tous ceux qui en font la demande, à
tous ceux qui se présentent à leur bureau.
Mme la Présidente, on sait que ce projet de loi est né de
pressions politiques assez fortes qui ont été faites par des
citoyens qui ne sont pas de l'industrie de la construction, auprès de
leur député. Il pourrait très bien y avoir des pressions
faites auprès de députés pour d'autres industries ou
d'autres groupements de la société qui ont la
sécurité d'emploi et auxquels des jeunes diplômés ne
peuvent pas accéder.
Prenons l'exemple de l'enseignement. Est-ce que c'est sous
prétexte que 5000 jeunes enseignants qui ont fait un cours universitaire
ne travaillent pas que, demain matin, on va ouvrir l'enseignement et que l'on
va dire aux commissions scolaires: À chaque premier jour du mois, vous
allez engager de nouveaux professeurs ou les professeurs qui font votre affaire
pour donner des cours? Personne ne serait d'accord avec une chose comme
celle-là. Il ne faudrait pas que, dans l'industrie de la construction,
cela devienne ainsi.
Je me souviens, Mme la Présidente, avoir mentionné ce
point lors de la deuxième lecture à l'Assemblée nationale.
Les députés libéraux disaient: Non, ce n'est pas vrai. Ce
n'est pas une ouverture aussi grande que vous le dites. Ce n'est pas exact que
l'on veut que tout le monde vienne faire partie de l'industrie de la
construction, noyant par le fait même la main-d'oeuvre des jeunes qui
accéderaient à cette industrie légitimement; principe avec
lequel d'ailleurs on concourt depuis le début. On se bat même pour
qu'il en soit ainsi. Ce n'est pas vrai que le bassin de main-d'oeuvre viendra
noyauter les jeunes et qu'il y aura trop de gens dans l'industrie de la
construction.
J'ai fait un essai, Mme la Présidente. J'ai essayé de
faire, en représentant du peuple que je suis, une lecture du projet de
loi qui est devant nous et, particulièrement, des mesures transitoires.
Je me réjouis que le ministre ait décidé que, pour les
manoeuvres, il y aurait certaines nuances d'apportées. J'aimerais que
mes collèques d'en face réalisent bien que ce que je dis
là est vrai parce que c'est écrit dans le projet de loi. Je me
suis aperçu que le ministre, tout avocat qu'il soit, malqré le
fait qu'il n'ait jamais eu d'expérience dans l'industrie de la
construction, avec ses mesures transitoires, si jamais il décide de
démissionner de son poste - ce qui n'est pas impossible, compte tenu du
tollé de protestations qu'il a soulevé par ce projet de loi -
pourrait lui-même entrer dans l'industrie de la construction de trois
manières différentes, M. le Président. N'est-ce pas
là "une ouverture extraordinaire du monde de la construction pour une
période donnée?
Mme la Présidente, en effet, en vertu de l'article 33,2°, on
sait que le ministre a au moins 16 ans. Il n'y a pas de problème
là-dessus, on sait que le ministre connaît plusieurs
entrepreneurs et pourrait très bien aller voir un de ses amis
entrepreneurs pour lui dire: Promets-tu de m'engager pendant 500 heures? Le
ministre obtiendrait un accord de la part de bien des entrepreneurs au
Québec. Enfin...
Une voix: Ce n'est pas sûr.
M. Gauthier: Mme la Présidente, le ministre pourrait
revendiquer auprès de l'industrie de la construction une carte
d'apprenti. Voyez-vous cela, le ministre du Travail, avocat, décidant de
s'en aller dans la construction? Il pourrait, en vertu des mesures
transitoires, 33,2 , devenir un apprenti de l'industrie de la construction.
M. Chevrette: II aurait de la misère à se trouver
un métier.
M. Gauthier: Mme la Présidente, on pourrait penser que
c'est là un trou dans la loi que le ministre va corriger, mais si on
continue la lecture des mesures transitoires, le ministre a vraiment
pensé à son cas ou à ceux qui pourraient être dans
son cas. À l'article 35, le ministre a mis une nuance là-dessus:
La commission de la construction délivre un certificat d'occupation. Le
ministre pourrait devenir un journalier, parce qu'il a 16 ans et plus, parce
qu'il veut travailler dans l'industrie de la construction, parce qu'un
entrepreneur de ses amis lui fournit un certificat de 500 heures sans
obligation aucune et en plus, il devra suivre un cours de
sécurité de 24 heures. J'imagine que le ministre, à 24
heures d'avis, pourrait devenir un journalier dans la construction du
Québec. Deux trous dans un même projet de loi, Mme la
Présidente, vous admettrez que c'est beaucoup.
J'ai continué la lecture et je me suis aperçu qu'il y
avait une troisième façon pour le ministre avocat de faire partie
de la construction au Québec. C'est bien écrit à l'article
37,3°: "cette personne démontre qu'elle veut exécuter des
travaux de construction dans le cadre d'une entente interprovinciale ou
internationale relative à un programme d'échange en
matière de formation professionnelle de la main-d'oeuvre".
Mme la Présidente, après avoir décidé de
quitter la politique, pour se faire oublier quelque peu, le ministre
décide d'aller travailler dans un programme d'échange avec un
pays étranger ou avec une province étrangère et s'il
faisait la demande d'une carte de construction: il l'obtiendrait. Un
règlement de placement. Vous comprendrez que c'est un projet de loi qui
permettrait au ministre avocat ou à n'importe quel député
ici présent, à plus forte raison le député de
Saint-Maurice, parce qu'il connaît déjà la construction
comme entrepreneur, qui permettrait à tous les députés ici
présents d'accéder de trois manières possibles à
l'industrie de la construction. Mme la Présidente, on s'étonne
après cela que les gens de la construction soient inquiets. II y a trois
manières pour le ministre avocat d'entrer dans l'industrie de la
construction. Vous ne pouvez pas rester indifférente à un projet
de loi comme celui-là.
Mme Juneau: Cela ne lui fait rien!
M. Gauthier: II est évident que des mesures
extrêmement sérieuses de redressement devront être
apportées, si le ministre veut que l'on concourt à l'adoption de
ce projet de loi. Je mets le ministre au défi de m'indiquer si ce que
j'ai dit - lui qui est avocat, il doit savoir interpréter les lois qu'il
écrit ou qu'il présente - de me démontrer s'il ne lui est
pas possible d'entrer de trois façons dans La construction avec cela.
Après cela, on viendra nous dire: Non, ce n'est pas un
élargissement complet de la construction. Il y a un contingentement.
C'est un consensus, Mme la Présidente. Tout le monde est d'avis et est
d'accord pour que, dans le monde de la construction, il y ait une forme de
contingentement, pour assurer un minimum de dignité et de
sécurité à ces travailleurs de la construction. Qu'on y
ajoute des jeunes diplômés, nous en sommes, mais qu'on
élargisse de façon aussi exagérée la "sale"
industrie de la construction, cela nous apparaît absolument anormal.
Mme la Présidente, le ministre fait état des tables de
concertation qui ont été mises sur pied. Il a fait l'éloge
de ces" tables. Mais ce que je ne comprends pas, Mme la Présidente,
c'est une question que j'adresse au ministre et j'espère qu'il va lui
répondre dans son droit de réplique. Pourquoi le ministre, s'il
est si fier des consensus établis, n'en a-t-il pas tenu compte dans la
rédaction de son projet de loi? À moins que celui-ci ne puisse
nous dire que ce sont des technocrates qui ont écrit son projet de loi
et que, voyant que les travaux étaient mal faits et n'ayant pas
l'occasion de reprendre dans le délai qui lui était imparti la
totalité du projet de loi - je le vois sourire, parce que je vise
probablement juste, Mme la Présidente - il aura décidé
d'apporter son projet de loi comme cela et de nous proposer une série
d'amendements susceptibles de le transformer complètement. Cela pourrait
être une deuxième hypothèse, Mme la Présidente, et
il y en a une troisième.
La troisième hypothèse serait que le ministre, à
l'image de son gouvernement, depuis le début que ces gens ont
commencé à gérer le Québec, aurait à
présenter au monde de l'industrie de la construction l'apocalypse. C'est
l'apocalypse dans
l'industrie de la construction, de telle sorte qu'avec des ajustements,
après que tous ont cru qu'ils allaient perdre leur emploi et qu'ils
allaient mal se situer maintenant dans l'industrie de la construction, le
ministre leur dit: Fidèles à notre habitude, on a
présenté aux gens de la construction l'apocalypse et, maintenant,
on adoucit quelque peu. Réjouissez-vous. J'ai écouté
quelques-unes de vos doléances et j'ai décidé
d'atténuer ce projet de loi.
Mme la Présidente, il va falloir que le ministre soit
honnête et qu'il nous dise clairement ce qui se passe. Il nous a dit
qu'il était d'accord avec les consensus et il n'en a pas tenu compte.
Est-ce parce qu'il ne nous dit pas, à ce moment-là,
l'entière vérité et qu'il n'est pas si fier que cela des
consensus qui ont été atteints? Est-ce parce que son projet de
loi a été écrit par des technocrates, qu'il n'a pas eu le
temps de le refaire et qu'il se propose qu'on le refasse en commission
parlementaire? Ou est-ce parce que, fidèle à la stratégie
de son gouvernement, il nous présente l'apocalypse maintenant pour
adoucir après cela et pour mieux faire passer la pilule?
L'un des éléments qui a également fait consensus
chez l'ensemble des travailleurs et la plupart des parlementaires était
le fait que les entrepreneurs, pour éviter les certificats de
complaisance, aient une pénalité, une restriction dans
l'attribution des certificats de 500 heures de travail. Cela a fait l'affaire
de tout le monde, sauf, évidemment, celle des entrepreneurs. Certains
sont même venus en commission parlementaire, dans cette même salle,
Mme la Présidente, voilà à peine quelques jours, nous dire
qu'un projet de loi de plus représentait un challenge pour
l'entrepreneur et que, de toute façon, les lois de la construction
étaient faites pour être contournées. Dans cette
perspective, ne croyez-vous pas que les députés, autant de
l'Opposition que du pouvoir, devraient s'inquiéter d'une pareille
attitude de la part d'une association d'entrepreneurs censément
représentative de l'ensemble des autres entrepreneurs? Ces gens disent
fonctionner allègrement dans l'illégalité dans le monde de
la construction et qu'un projet de loi n'est qu'un défi
supplémentaire de trouver les moyens de le contourner. Est-ce que le
ministre et ses collègues - je sais que ces gens
réfléchissent à la question - ne devraient pas
prévoir, de façon importante, des amendes ou un cadre quelconque
pour éviter de donner à gauche et à droite des certificats
de complaisance?
Le ministre devra également bien saisir que les gens de la
construction ont tous demandé d'avoir le contrôle de ce nouvel
organisme. Ils sont d'accord pour s'entendre entre eux sur ce que devra
être la formation professionnelle. Je pense que le ministre ne pourra
faire autrement, dans ses amendements, que de tenir compte de tous ces
éléments. Nous concourons...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Roberval, il vous reste quatre minutes dans votre
intervention.
M. Gauthier: J'ai fini, si je comprends bien?
La Présidente (Mme Bélanger): II est 13 heures,
mais il vous reste quatre minutes.
M. Gauthier: Alors, Mme la Présidente, je vous annonce que
j'utiliserai mes quatre minutes cet après-midi.
Une voix: ...un amendement...
La Présidente (Mme Bélanger): Oui. Nous suspendons
nos travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 7)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission de l'économie et du travail poursuit ses travaux
pour l'étude du projet de loi 119, Loi modifiant la Loi sur les
relations de travail dans l'industrie de la construction. La parole est au
député de Roberval. Il vous reste quatre minutes, M. le
député.
M. Gauthier: Merci, Mme la Présidente. Je suis certain
que, si je n'ai pas terminé ma démonstration, vous allez
m'accorder avec plaisir une prolongation.
La Présidente (Mme Bélanger): Quatre minutes!
M. Gauthier: Mme ta Présidente, j'étais simplement
à dire cet avant-midi, très brièvement pour se resituer,
que le ministre avait, d'abord, laissé au moins trois gros trous dans
son projet de loi qui faisaient en sorte que celui-ci comme avocat pourrait
postuler un emploi dans la construction. C'est la démonstration, dans le
fond, que le projet de loi est inacceptable pour les ouvriers de la
construction.
Également, j'ai démontré, ce matin, que le ministre
avait pris l'une ou l'autre -j'espère qu'il va nous éclairer
là-dessus, je le lui rappelle pour qu'il puisse le faire - des trois
approches: ou bien il disait faux quand il disait que les tables de
concertation avaient été intéressantes et avaient
donné lieu à des consensus intéressants puisqu'il n'en
tenait pas compte dans son projet de
loi; ou bien son projet avait été écrit par des
technocrates et le ministre n'avait pas eu le temps de le revoir compte tenu
des délais et il se proposait de le faire maintenant; ou bien il se
référait à la stratégie globale de son
gouvernement: l'apocalypse maintenant, puis des adoucissements pour rendre
l'inacceptable acceptable ou tolérable par les centrales syndicales et
par les travailleurs de la construction.
En terminant, Mme la Présidente, je voudrais vous dire que j'ai
essayé de comprendre davantage les mesures transitoires dans la loi en
schématisant en quelque sorte, à partir d'un dessin, ce que cela
pouvait représenter, ce tamis des mesures transitoires dans le projet du
ministre. Je me suis dit: Figurons-nous une allée, Mme la
Présidente, dans laquelle devraient rouler un certain nombre de billes
de différentes grosseurs. Le premier trou est d'une certaine grandeur,
d'une certaine dimension, c'est l'article 32 permettant à tous ceux qui
ont déjà un certificat d'en avoir un nouveau automatiquement. Il
y a un certain nombre de billes qui tomberaient, Mme la Présidente, les
autres, plus grosses, continuant à rouler dans l'allée pour aller
vers un deuxième trou encore plus grand, qui fait allusion aux jeunes de
16 ans qui ont un cours dans une spécialité de la construction et
qui deviennent apprentis. Une autre quantité de billes pourraient
tomber, Mme la Présidente, avec cet article. Enfin, les billes qui n'ont
pas pu tomber continueraient à rouler dans l'allée vers un trou
encore plus grand qui s'ouvre, si on a 16 ans, si on a un cours de
sécurité de 24 heures et si on a une promesse de 500 heures de
travail sans pénalité pour l'entrepreneur pour les certificats de
complaisance. C'est un trou beaucoup plus grand dans lequel une autre
quantité de billes pourraient tomber. Enfin, Mme la Présidente,
dans la même allée, les salariés de plus de 16 ans, les
certificats pour ceux qui ont 500 heures qui demandent un permis de journalier,
qui suivent un cours de sécurité. Là, c'est à peu
près tout le monde qui est compris là-dedans.
Si, d'aventure, il restait des gens qui ne pourraient pas aller dans
l'une ou l'autre de ces cases, en bout d'allée - pour continuer l'image
avec laquelle j'ai commencé - il y a un trou béant. Il y a tous
ceux qui ont déjà, de près ou le loin, frayé avec
la construction, à l'extérieur du pays, à
l'extérieur du Québec ou encore qui, à partir du
Québec, ont le goût d'aller travailler à l'extérieur
du pays. Il y aurait des permis de travail temporaires s'appliquant à
ces gens.
En fin de compte, comme si ce n'était pas déjà
complet, au cas où il y aurait quelqu'un qui ne pourrait pas entrer dans
l'industrie de la construction au Québec, on ajoute un dernier article
dans lequel on met: À moins qu'un travailleur ne soit jugé
indispensable par son entrepreneur. À ce moment-là, on ne lui
donnerait pas l'autorisation d'être dans la construction, mais
l'autorisation de faire certains travaux.
Mme la Présidente, les mesures transitoires de ce projet de loi
119, c'est en quelque sorte une passoire dont l'utilité serait
probablement de permettre aux députés libéraux dans leurs
bureaux, je le disais ce matin...
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
député de Roberval.
M. Gauthier: Oui, Mme la Présidente, j'allais conclure
là-dessus. Elle permettrait probablement aux députés
libéraux de recevoir dans leurs bureaux tous ceux à qui ils ont
fait la promesse d'abolir la carte de construction, pendant la campagne
électorale, de s'organiser pour leur indiquer le mécanisme qu'il
faut suivre pour entrer dans le domaine de la construction et après
cela, au bout de quelques mois, refermer la passoire et dire: Maintenant que
nous, libéraux, avons placé tous ceux à qui on a fait
injustement des promesses, à l'avenir, ce sera la compétence dans
l'industrie de la construction. En conclusion, voilà pourquoi c'est
inacceptable pour l'Opposition, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Roberval. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Très rapidement, Mme la
Présidente. Contrairement au député de Roberval, j'avais
cru que les arguments des députés de Joliette et de
Verchères avaient été suffisamment clairs, qu'ils avaient
fait un tour d'horizon dans leurs remarques préliminaires. Maintenant,
le député de Roberval a tenté à sa façon de
nous expliquer ce que les députés de Joliette et de
Verchères avaient dit, pensant sans doute que les propos de ces derniers
n'avaient pas été clairs. C'est son strict privilège comme
parlementaire.
En ce qui concerne ses arguments sur les articles du projet de loi comme
tels, je suis sûr que, tout comme moi, il a hâte que l'on arrive
à ces articles. Je réserverai mes commentaires sur ces articles
lorsque nous y serons arrivés. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente {Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. Mme la députée de Johnson.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci beaucoup, Mme la Présidente. À
mon tour, j'aimerais revivre ou entendre à nouveau certaines choses qui
ont été dites soit à l'Assemblée nationale,
soit
dans les journaux et un peu partout concernant le projet de loi 119. Mme
la Présidente, si vous me le permettez, j'aimerais lire un extrait du
discours qui avait été écrit pour le député
d'Hull, le ministre des Approvisionnements et Services.
Une voix: "Dull"?
Mme Juneau: De Hull.
Une voix: Je pensais qu'il était "dull".
Une voix: II est "dull" aussi.
Mme Juneau: II est "dull". Le ministre des Approvisionnements et
des Services a fait cet éminent discours sur le projet de loi 119, le 2
décembre. J'ai l'impression qu'il voulait fêter quelque chose, le
2 décembre. Il est parti en grande et il se pétait les bretelles
avec cela. Il a dit, contrairement à ce que le ministre a toujours
affirmé, que les pressions venaient d'en dehors et que ce sont les gens
du milieu qui voulaient absolument qu'il y ait une réforme dans
l'industrie de la construction. Le ministre, son collègue, je ne sais
pas s'il était d'accord. Au cours de cette intervention de pétage
de bretelles, il a dit: "Ce sont nos engagements électoraux. Au cours de
la dernière campagne électorale, le Parti libéral du
Québec a pris un bon nombre d'engagements touchant l'industrie de la
construction du Québec."
J'aimerais vous rappeler quelques autres extraits. Il a dit: "Notre
formation politique proposait l'élimination des irritants nuisibles
à l'accès aux emplois pour les jeunes, ainsi que l'incitation
à l'embauche des jeunes." Une promesse électoralel "De plus, afin
que la formation de la main-d'oeuvre réponde aux véritables
besoins du marché, nous affirmions que les programmes de formation
devaient être élaborés avec les gens du milieu de la
construction."
Le ministre ne parle que du programme libéral, et non des
demandes provenant du milieu. Il dit: "Le programme libéral indiquait
clairement que le marché de la construction doit être ouvert aux
professionnels de la construction et que la compétence doit être
le principal critère d'entrée sur le marché de la
construction, autant à l'égard des entrepreneurs que des
salariés." C'est ce que son collègue disait à notre
ministre du Travail dans son intervention et il a félicité son
ministre du Travail de l'excellent travail qu'il accomplissait et de la loi.
C'est ce que le ministre nous a dit. Le ministre n'a pas dit que
c'étaient des promesses électorales. II a dit que
c'étaient des pressions venant du milieu. C'est ce qu'il a dit. Je l'ai
entendu à plusieurs reprises, comme bien d'autres.
Le ministre se rend compte, quant à son projet de loi,
contrairement à ce qu'il avait cru - avec tout le flattage qu'il a mis
autour, en pensant que tout le monde tomberait dans le panneau - tout le monde
n'est pas tombé dans le panneau. Bien des gens se sont
présentés à la commission parlementaire en audiences
publiques la semaine dernière. Ils n'étaient pas tout à
fait favorables, et parlons-en!
Quelques-uns, bien sûr, ont encensé le ministre à
certains égards, mais, par contre, une grande partie de ces gens est
venue dire au ministre que certains articles ne leur convenaient pas du tout.
Dans une entrevue que le ministre a accordée au Soleil, à
Georges Angers, d'après ce que je peux voir, le 5 décembre - j'ai
ici une copie de l'article du Soleil - on peut lire: Pendant que les
syndicats sont sceptiques et qu'ils se méfient de l'actuel ministre du
Travail... Ce n'est pas moi qui le dis, je le lis.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Mme Juneau: Ils sont sceptiques, mais le ministre dit qu'il
"envisage très sérieusement l'idée d'adoucir les
dispositions de son projet de loi" et "l'épuration du bassin de
main-d'oeuvre". II dit aussi: "Le ministre a dit examiner très
sérieusement la possibilité d'établir un moratoire". Il
est conciliant, cela n'a pas d'allure! Ensuite, "le ministre a dit comprendre
l'inquiétude des travailleurs non qualifiés" et il a dit que "la
possibilité d'une arrivée massive de nouveaux travailleurs non
qualifiés" l'inquiète. Aïe! Le ministre en prend-il pour son
rhume?
II dit également qu'il est "sensible à l'idée
d'épurer" et qu'il a été "mis en lumière". C'est un
ministre illuminé qu'on a eu, après les audiences publiques de la
commission parlementaire!
Une voix: II est rendu au paradis. Mme Juneau: II est rendu au
paradis. Des voix: Ha! Ha! Ha! Mme Juneau: Un ministre
illuminé! Une voix: C'est toujours pareil.
Mme Juneau: J'ai eu l'impression qu'il y avait des ouvertures de
part et d'autre, à la suite des audiences publiques de la commission
parlementaire. Ecoutez-moi bien! Il dit aussi qu'un "appui conditionnel" a
cependant été répété par Maurice Pouliot.
Aïe! Il faut le faire, un appui conditionnel! Le ministre pensait qu'il
arriverait ici et, pouf, que cela passerait comme du beurre dans la
poêle: On sait ce qu'on veut dire. Même lui a apporté des
conditions. Est-ce possible? Le ministre, en fin de compte, est cependant
très heureux de voir les parties
intéressées à son projet de loi.
Nous avons un ministre éclairé, heureux et disposé
à examiner sérieusement certaines choses qui ont
été apportées et mises en lumière par les parties
syndicales et patronales. Nous avons un ministre tout à fait
disposé à faire la lumière et nous avons des syndicats
sceptiques.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît, M. le député de Rouyn!
Mme Juneau: Je vous remercie, Mme la Présidente. Vous
faites un bon travail. Merci beaucoup. On devrait vous remettre une carte de
qualification.
Une voix: Ouais!
Mme Juneau: Vous faites un bon travail. Tout cela pour vous dire
que le ministre, s'il est aussi bien disposé qu'il le dit, s'il a
été éclairé d'une façon spéciale sur
tous les sens, sera aussi disposé à apporter des amendements
à sa loi, sinon à la retarder à un peu plus tard pour
être capable d'avoir le plus de lumière possible sur son projet de
loi.
Je pense, tout comme les gens qui travaillent dans la construction, que
le ministre, si cela n'avait pas été d'accomplir une promesse
électorale tel que son collègue l'a dit, auraient tout
intérêt à retarder son projet de loi après les
fêtes. On connaît la cohue, je dis bien la cohue, de tout ce
dépôt de projets de loi du 15 novembre dernier. Je pense que le
ministre aurait tout intérêt à pouvoir discuter de son
projet de loi après les fêtes. Qu'il nous laisse la chance de
l'éclairer davantage pour qu'il soit encore plus heureux de faire des
ouvertures face au monde patronal et syndical.
Les gens qui travaillent dans la construction sont inquiets. Je vais
prendre la formation, entre autres, aux articles 85.2 et 85.3. Quand on parle
de formation, M. le ministre, vous savez très bien que le monde-de la
construction n'est pas très heureux de la façon dont vous avez
fait écrire ou écrit les articles 85.2, 85.3 et 85.4. Les gens du
milieu sont très inquiets parce qu'ils ont vécu une situation.
J'aimerais juste vous rapporter un petit extrait du rapport Cliche. Vous allez
voir à quoi je veux en venir. Il faut que je vous dise que les gens du
milieu sont inquiets parce qu'ils pensent que c'est le ministre qui va diriger
tout cela au-dessus et ils veulent avoir leur mot à dire.
Écoutez bien ce qui s'est passé à l'époque.
Une lettre émanant d'un sous-ministre du travail disait que le
gouvernement confiait, le 27 juin 1972, à nul autre qu'à un
nommé M. Baxter, qui était directeur général du
local des mécaniciens d'ascenseur à l'époque, le soin de
dispenser des cours et de faire subir leurs examens de qualification aux futurs
mécaniciens d'ascenseur. Le geste, en plus d'être illégal,
constituait à l'époque une abdication pour le moins complaisante
du pouvoir ministériel en faveur du dernier homme à pouvoir les
exercer honnêtement. Cela ne vous ouvre pas une petite lumière, M.
le ministre? Ce n'est pas un peu inquiétant d'entendre des choses comme
cela? Je me dis que, comme aujourd'hui on est supposé avoir plus de
connaissances, plus d'expérience dans le monde du travail, il ne faut
pas qu'on laisse une possibilité à l'intérieur du
comité formé qu'une chose comme celle qui s'est passée en
1972 puisse se passer encore en 1986 et 1987. C'étaient les
inquiétudes du milieux, M. le ministre. Ils ont peur qu'il y ait un
dirigisme outrancier provenant d'en haut qui puisse faire la même chose
qu'on a faîte à l'époque. Les gens du milieu sont inquiets
et ils ont raison de l'être.
Vous devriez comprendre que ces gens qui ont toujours travaillé
dans la construction - je ne veux pas offenser le ministre par ce que je vais
dire - sont peut-être plus au courant de ce qui se passe que certaines
personnes ici autour de la table, moi, la première. Je suis d'accord
avec cela, je ne nie pas cela. Mais je pense que le ministre, qui a la
responsabilité, la charge de mener à bien les lois qui vont
provenir de son ministère, devrait avoir une écoute attentive aux
directives qui viendront des gens du milieu. À mon point de vue, te
ministre aurait des intérêts très importants à ce
qu'il y ait des ouvertures de ce côté.
Aussi, M. le ministre, vous avez écouté comme mot toutes
les personnes qui sont venues présenter des mémoires. Vous avez
remarqué que là structure des conseils d'administration ne fait
pas un consensus très large. On ne peut pas dire cela parce que tout le
monde est inquiet. Si on jette de l'insécurité parmi ces gens,
vous allez avoir ce que vous avez eu vendredi, mais peut-être en plus
grand format. Vendredi, vous avez eu une manifestation ici pour vous dire que
les gens n'étaient pas d'accord. Les gens sont venus en avant, ils sont
venus vous dire que le projet de loi 119 les inquiétait.
Le ministre n'a pas l'air de savoir ce que je dis. Il n'est pas
allé voir dehors. Il était trop pressé. Oui, vendredi
après-midi, il y a eu des gens qui sont venus ici manifester.
C'était pour vous sonner les cloches un peu, pour vous dire que cela
n'avait pas de bon sens. On en a eu un petit exemple avec les mémoires
qui ont été présentés ici à la commission
parlementaire. On en a eu un dans la rue et on va en avoir d'autres si vous
continuez à vous entêter à vouloir faire voter le projet
à la vapeur. On veut avoir une sécurisation dans le monde du
travail qu'eux aussi vont avoir leur mot à dire, et dans la structure et
dans la
formation, et qu'ils ne seront pas à la merci des gens du
gouvernement.
Vous savez, vendredi, je me souviens très bien, M. le ministre,
de ce que vous avez dit, dans une intervention, à l'endroit de M.
Laberge. Vous avez dit: On veut faire les choses comme il faut parce que,
probablement, d'ici quelque temps, je ne serai plus là et vous, M.
Laberge, vous allez être là. Il a dit: Oui, je l'espère;
oui, je le souhaite. C'est cela que l'on souhaite, nous aussi. C'est
drôle! Nous aussi, on espère que la loi va être en mesure
d'aider vraiment les gens de la construction et que ce ne sera pas, tel que le
ministre le décrit, pour que cela paraisse bien dans la population,
parce qu'il lui faut absolument cette loi pour faire des ouvertures pour les
jeunes. M. le ministre, ce n'est pas moi qui vais vous apprendre que vous
auriez pu agir autrement et que cela aurait fait la même saprée
affaire! Vous auriez eu des ouvertures pour les jeunes, vous n'aviez pas besoin
de faire cette loi.
Regardez chez nous, le dossier Domtar, M. le ministre. On va s'en parler
de cela. Je connais le dossier un peu, pas plus que vous, mais je le connais un
peu. M. le ministre, la loi 119 n'était pas déposée
à l'Assemblée nationale. Pourtant, j'ai beaucoup de jeunes de mon
comté et de la région de l'Estrie qui ont trouvé un emploi
dans la construction de Domtar parce qu'il a manqué, à un moment
donné, de gens dans le bassin et que les jeunes se sont
présentés à l'OCQ et ont pu avoir un permis pour
être capables de travailler. Ils n'avaient pas la loi 119 et, pourtant,
les jeunes sont entrés sur le marché du travail. Il y avait un
gros contrat, un gros dossier. Ils sont entrés. Ne venez pas me faire
croire que c'est le projet de loi 119 qui va changer quelque chose à ce
qui se passe dans la vraie vie, ce qui se passe sur le marché du
travail, ce qui se passe dans la construction. Ce n'est pas votre projet de loi
qui va changer quelque chose.
Pour que cela paraisse bien dans le public, vous avez dit: On fait cela
pour que les jeunes puissent entrer sur le marché du travail. Vous
auriez pu réussir la même chose, M. le ministre, tout en acceptant
de changer le ratio compagnons-apprentis. Cela aurait fait la même chose.
Vous auriez laissé toute l'ouverture possible pour nos jeunes. Vous
n'aviez pas besoin de mettre le projet de loi 119 sur la table et de le pousser
de la façon dont vous le poussez. Vous poussez drôlement parce
qu'une journée, c'est le projet de loi et le lendemain, vous
écoutez tout le monde et vous reculez. C'est comme la
valse-hésitation: deux petits pas en avant, un petit pas en
arrière, deux petits pas en avant, un petit pas en arrière. Tout
ce que je souhaite, c'est que vous trouviez le bon pas pour être capable
d'aider les travailleurs de la construction. Si vraiment vous avez le
goût que ce soit nos jeunes qui en profitent, non pas au détriment
des plus âgés de la construction, non pas au détriment des
pères de famille, mais si vous avez réellement l'idée, au
plus profond de vous-même, qu'il y ait des jeunes qui entrent sur le
marché du travail, je pense que vous allez être très ouvert
à faire certains amendements. Sinon, retirez la loi et changez, comme je
vous l'ai sugqéré tout à l'heure et comme d'autres
personnes vous l'ont suggéré. Vous allez avoir le même
résultat et il va y avoir des jeunes qui vont entrer sur le
marché du travail.
M. le Président, jeudi et vendredi, on a été
témoins, tous et chacun des membres de la commission, qu'il y avait
d'autres choses à faire. D'autres résolutions ou d'autres
propositions ont été apportées à la table et...
Une voix: M. le ministre vous offre un café.
Mme Juneau: Merci beaucoup. Je ne travaille pas sur la
construction, mais merci. C'est l'heure de la pause?
M. le ministre, je pense que vous auriez tout intérêt
à écouter les résolutions qui vous ont été
proposées par les gens de la construction.
Il y a une autre chose dont j'aimerais vous parler, M. le ministre. Il y
a eu des questions qui ont été posées à votre
endroit concernant le rapport Forget. Le rapport Forget dit que, pour
être admissible à l'assurance-chômaqe, il faut avoir
travaillé dix semaines et, après cela, on va évaluer
à 60 % sur les 50 semaines travaillées. Le ministre ne se rend-il
pas compte qu'à ce moment-là les gars de la construction qui
travaillent en moyenne six mois par année vont être
pénalisés davantaqe parce qu'ils ne travaillent pas 50 semaines?
Ils travaillent en moyenne six mois par année.
Le ministre ne se rend-ii pas compte que, selon le rapport Forget, les
gars de la construction vont être pénalisés? Je pense que
ce serait important que le ministre puisse voir clair dans cela afin qu'il ne
se passe pas ce qu'on ne voudrait pas, c'est-à-dire qu'on les
pénalise davantage. Connaissez-vous beaucoup de qars d'usine qui sont en
chômage tout de suite après avoir accompli un certain travail dans
une usine? Non. Mais les gars de la construction sont toujours en chômage
quand ils ont terminé un contrat.
Bon, il faut faire attention à cela, M. le ministre. Si vous
voulez vraiment aider les gars de la construction il faudrait peut-être
envisager de réévaluer l'ensemble du projet de loi. Je me
répète, je n'en disconviens pas, mais ce qui serait important,
c'est que le ministre puisse attendre après la période des
fêtes et on pourrait en discuter davantage. Pour tout cela, M. le
Président, je souhaite que le ministre se range à certaines
résolutions et à certaines propositions non seulement du
monde du travail, mais aussi de l'Opposition et des jeunes en particulier parce
que, si vous voulez les aider, ce sont eux que vous devez écouter. Je
vous remercie, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Je vous remercie, Mme
la députée.
M. Chevrette: Je voudrais faire une proposition au ministre. Je
croyais que c'était à 4 heures, les deux chefs parlaient, mais
déjà le chef de l'Opposition a parlé, c'est le premier
ministre et je parle immédiatement après. Une demi-heure tout de
suite ou une demi-heure à 16 heures, de 16 heures à 16 h 30, cela
revient au même. Entre leaders, nous nous sommes parlé et,
immédiatement après mon exposé en Chambre, on reprendrait
ici, si vous êtes d'accord.
M. Gauthier: Est-ce que c'est une invitation pour aller vous
écouter, monsieur?
M. Chevrette: C'est une invitation pour aller écouter
votre chef et, si vous avez la patience de m'entendre, vous allez voir que cela
va sortir.
La Présidente (Mme Bélanger): Les travaux sont
suspendus jusqu'à la fin de l'intervention du député de
Juliette en Chambre.
(Suspension de la séance à 15 h 32)
(Reprise à 16 h 17)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission
poursuit ses travaux et la parole est à M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, très
brièvement. Je regrette qu'elle soit absente et je ne lui en tiens par
rigueur. Je voulais dire à ma bonne amie, Mme la députée
de Johnson, qu'elle aussi a repris essentiellement les thèmes
développés - et qui réapparaissaient très clairs
par le député de Joliette et par le député de
Verchères. Elle ne les a pas repris de la même façon que le
député de Roberval les avait repris. S'ils ont un concours entre
eux, j'aimerais en être informé de façon à pouvoir
mettre mon vote à la fin sur celui qui aura repris les arguments du
député de Joliette et du député de Verchères
de la meilleure façon.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Merci, Mme ta Présidente. Pour faire plaisir
au ministre, on va essayer de reprendre les choses en les situant dans leur
contexte de façon qu'on finisse par faire entendre raison aux qens de
bonne foi qui sont nos collègues.
J'aimerais faire mon intervention en resituant certaines choses dans le
vécu, dans le quotidien de la construction et des gens qui ont des
cartes de la construction ou des cartes de compétence, de qualification
dans différents domaines.
Plus je lis, le projet de loi, plus il me déçoit parce que
plus on l'approfondit, plus on se rend compte qu'un article défait
l'autre, qu'il y a toutes sortes d'exceptions qui y apparaissent ou toutes
sortes d'entourloupettes qui peuvent être prises pour arriver à
faire en sorte quo, finalement, au bout de la ligne, il n'y ait pas de projet
de loi. Le ministre serait aussi bien de nous dire: Écoutez, on retire
le décret de la construction et le diable est aux vaches, n'importe qui
fait ce qu'il veut dans ce domaine. Cela reviendrait à peu près
au même qu'avec le projet de loi qu'il nous présente
actuellement.
Je pense que, de toute façon, à l'étude article par
article, on sera capable, effectivement, de démontrer un certain nombre
de contradictions entre différents articles. Cela vous
intéresse?
Une voix: L'étude article par article, oui.
M. Claveau: C'est parce qu'il y a des choses sur lesquelles il
faut s'entendre avant de faire l'étude article par article. Si le
ministre en veut un exemple, je pourrais lui en servir un tout de suite. Je
vais me permettre de lui servir un petit exemple qui va illustrer exactement ce
que je dis. À l'article 22 qui modifie l'article 119.1, au
troisième paragraphe, on dit: "Quiconque utilise les services d'un
salarié ou l'affecte à des travaux de construction sans que ce
dernier soit titulaire soit d'un certificat de compétence, soit d'un
certificat d'occupation, soit d'un certificat d'apprentissage..."
On utilise le terme "quiconque". Quiconque signifie que n'importe qui,
finalement, qui a besoin d'un travailleur peut l'utiliser pour autant qu'il ait
un certificat d'occupation, entre autres. Il parle à ce moment-là
du certificat d'occupation. Le certificat d'occupation, si je comprends bien -
à moins que le ministre ne me dise que je suis dans l'erreur - c'est le
certificat qui atteste que tu as un certain temps d'ouvrage à donner
à quelqu'un, en l'occurrence 500 heures.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est la garantie de travail.
Une voix: II est dans l'erreur.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous êtes dans l'erreur en
partant, mais si vous voulez continuer, vous le pouvez.
M. Claveau: Ce que je veux dire, de toute façon - on s'en
reparlera à ce moment-là, puisque le ministre essaie de me dire
que je divague - c'est qu'on utilise le terme "quiconque" à deux ou
trois endroits. Ceci vient défaire ce qu'on retrouve à l'article
33 et à l'article 35 où on parle spécifiquement
d'employeur enregistré à la Commission de la construction du
Québec. À ce moment-là, il faudrait identifier qui est ce
quiconque. Cela veut dire qu'on peut avoir des employeurs qui ne sont pas
inscrits à la Commission de la construction du Québec et qui vont
pouvoir jouer dans les plates-bandes des gens qui y sont inscrits et qui sont
de véritables employeurs. À ce que je sache, "quiconque" - le
ministre vient de le confirmer - s'adresse à n'importe qui qui pourrait
avoir besoin d'un travailleur, pour quelque raison que ce soit, pour travailler
sur sa galerie, son parterre, faire son terrassement ou à une entreprise
qui pourrait avoir besoin d'employés pour travailler à ses
bâtiments ou autrement. Il y a déjà là quelque chose
qui, à mon avis, entre en contradiction avec un article bien
spécifique du projet de loi, qui dit plus loin qu'il va falloir que ce
soit un employeur ou une entreprise enregistré à la Commission de
la construction du Québec.
Des éléments comme cela qui amènent à des
contradictions ou qui amènent, tout au moins, à des débats
d'ordre juridique, il y en a assez, dans la loi pour dire qu'au bout de la
ligne tout le monde peut faire n'importe quoi, comme cela lui plaît, il
trouvera toujours le moyen de justifier l'engagement de telle ou telle personne
plutôt que de telle autre. D'autant plus qu'à l'article 37,
quatrième paragraphe, le ministre se donne la plus belle
échappatoire qu'on puisse imaginer en l'occurrence. En fait, l'article
37, comme on le sait, traite de tous ceux qui sont exempts des
différentes mesures qui sont dans la loi. Entre autres, on dit: Quand
"un employeur démontre que sans les services de cette personne - donc,
une personne en particulier - il ne pourra convenablement faire exécuter
un travail de construction particulier." Il y a tout un tas de critères,
de jugements qui entrent en ligne de compte. Qui va juger de cela? Comment cela
va-t-il s'établir? Quels vont être les normes et les
critères qui vont faire en sorte qu'on puisse démontrer que, dans
une situation donnée, pour des raisons de région, de
localité, de style de chantier de construction ou pour un travail bien
précis, on a besoin de tel travailleur plutôt que de tel autre? Je
pense que, là, on fait appel à l'arbitraire et on justifie dans
une loi l'application excessivement arbitraire d'un principe qui devrait, au
contraire, être très restrictif et très serré,
concernant la garantie de travail et d'emploi aux véritables
travailleurs de la construction, à ceux qui ont toutes les raisons de
croire qu'ils devraient être protégés par la loi en
question. Un article comme le quatrième paragraphe de l'article 37
vient, à toutes fins utiles, annuler, dans la mesure où on est
capable de le justifier en prenant tous tes vices de forme possibles et
imaginables, pratiquement l'ensemble des mesures qui sont actuellement
déposées ou qui sont discutées dans le projet de loi
119.
Ce sont des choses semblables qui me font croire qu'au bout de la ligne
le ministre aurait pu dire: Écoutez, la construction, c'est un monde qui
est très complexe, on aime autant ne pas s'en mêler, on va
remettre cela entre les mains du public en général et chacun fera
ce qu'il voudra. À ce moment-là, le ministre aurait
été probablement plus logique dans son approche que de faire ce
qu'il nous fait là, en nous faisant accroire qu'à travers un
projet de loi il se donne un certain nombre de balises, mais il s'empresse de
les démolir à mesure; en nous faisant croire qu'on est en train
de réglementer de façon différente quelque chose qui, soit
dit en passant, n'allait quand même pas si mal en ce qui concerne la
réglementation, même s'il y avait des correctifs à y
ajouter. Certes, il y a des correctifs à faire et c'est dans ce sens,
d'ailleurs, qu'il faut comprendre l'intervention de ma collègue de
Johnson qui a très bien précisé, entre autres, les
possibilités de faire des améliorations à
l'intérieur des cadres existants, entre autres quand elle parlait de
l'épuration des bassins.
Je vais travailler à partir - je vais vous expliquer le
phénomène pour ceux qui ne l'auraient pas compris - d'une
réalité bien vécue qui, dans mon milieu, dans le milieu
que je représente ici à l'Assemblée nationale, me permet
de tirer un certain nombre de conclusions. Vous savez que, dans les
années 1970, ce ne sont pas les chantiers de construction qui ont
manqué au Québec, c'est clair. À ce moment, pour un
certain nombre de gens, effectivement, il y avait des ouvertures. Il y avait
les grands chantiers de la Baie James qui sont célèbres. Il y a
toute une époque où, au Québec, on a construit et on a
construit largement. À partir de la Révolution tranquille, on a
construit des hôpitaux, on a construit des polyvalentes, on a construit
les barrages de la Manic. On a construit le barrage des chutes Churchill,
même si ce n'est pas directement sur le territoire du Québec. On a
construit partout. On a construit des ponts. Tout était à
construire, tout était à bâtir. Alors, pendant une bonne
quizaine d'années, effectivement, il y a eu une effervescence
énorme dans le domaine de la construction. Sauf qu'à un
moment donné, le goulot de l'entonnoir étant ce qu'il est,
on s'est retrouvé dans une impasse. La plupart des grands travaux
étant réalisés, la base de l'infrastructure normale pour
le fonctionnement de notre pays étant, à toutes fins utiles,
complétée, à ce moment, il y a un certain nombre de
personnes, il y a un bassin de main-d'oeuvre qui se retrouvait du jour au
lendemain sans occupation directe dans le domaine de la construction.
Que s'est-il passé? Avec l'avènement de l'Office de la
construction du Québec, il y a eu la mise en place de nouvelles lois de
fonctionnement qui sont venues normaliser, justement, l'espèce de
débandade sociale qui émanait de ce désengagement
progressif du monde de la construction. Étant donné la diminution
des chantiers importants, il a donc fallu réglementer, à un
moment donné, pour régler tout le problème qui
était causé par cela et qui a amené un certain nombre de
conflits sociaux importants dans le domaine dont on parle. Et c'est dans ce
sens que l'Office de la construction du Québec est venu, vers la fin des
années 1970, mettre de l'ordre dans cela. Finalement, il a
commencé à permettre d'aborder le monde de la construction avec
un certain civisme, en tant qu'entreprise et industrie qui, comme les autres
industries, a son rôle. Ce n'est plus une industrie comme on l'imaginait
avant, avec une élasticité à l'infini, donc une industrie
qui est par rapport à un besoin précis au niveau du
fonctionnement. Actuellement, depuis les dix dernières années, il
faut être clair, la construction au Québec, c'est plutôt du
fonctionnement et de la rénovation. On fait marcher la machine qu'on a
mise en place. Mais concernant les grands travaux, concernant
l'émancipation possible, cela ne sera plus comme cela a
été. Cela ne sera plus jamais comme cela a été
parce qu'on a construit la base de ce dont on avait besoin pour assurer
l'ensemble des biens et services à donner à notre
collectivité.
On a le problème. Qu'est-il arrivé avec un certain nombre
de gens? À mesure qu'on se désengageait et à mesure que
l'industrie de la construction devenait de plus en plus routinière et
s'attaquait beaucoup plus aux besoins d'entretien et de réparations
qu'aux besoins de mise en place de nouvelles structures ou de nouveaux
équipements, les anciens travailleurs de la construction ont dû
aussi se recycler dans d'autres choses. On se retrouve actuellement dans
l'industrie, règle générale, avec énormément
de gens qui ont fait de la construction. Des anciens de la construction qui
sont tout aussi compétents aujourd'hui qu'ils l'étaient il y a
dix ans ou quinze ans. Ils se retrouvent dans le domaine minier ou dans le
domaine forestier. Ils sont dans le camionnage, ne sont recyclés dans
l'agriculture, dans l'industrie lourde en général.
Éventuellement, ils seraient peut-être encore inscrits dans le
domaine de !a construction. Et là, il y a peut-être quelques-uns
des 40 000 individus que le ministre cherche. On pourrait retrouver, en allant
gratter dans les compagnies minières et les compagnies
forestières, dans Hydro-Québec, dans les compagnies de camionnage
et d'entretien, et de services en général, des gens qui sont
toujours inscrits comme employés de la construction et qui ont une carte
qui est toujours valide. Il y a un certain nombre d'années - il y a deux
ans, entre autres - qui doivent s'écouler une fois que les 2000 heures
sont complétées. Il a deux ans pour compléter les autres
2000 heures qui vont lui permettre de rester dans le circuit.
Alors, ces gens, s'ils n'ont pas de travail pendant un an ou un an et
demi et s'ils sont compétents et qualifiés, ils ne resteront pas
à attendre indûment que quelqu'un vienne leur offrir un petit
emploi de quelques heures ou de quelques jours sur un petit chantier bien
précis. Au contraire, on les retrouve dans l'industrie lourde,
règle générale, dans l'industrie primaire. Si jamais,
à l'occasion, il se présente une chance d'aller faire un gain de
capital important et rapide, par exemple, sur un chantier qui pourrait
être très payant, à ce moment, ils vont êtres
disponibles, ils vont y aller. Quand ils l'auront fait, ils vont revenir
s'inscrire comme travailleurs dans l'industrie primaire, l'industrie lourde. De
cette façon, ils vont être à la fois travailleurs de
l'industrie et travailleurs de la construction. C'est certain que ces gens ne
seront pas disponibles pour des travaux d'une semaine ou deux semaines ou
même d'un mois à des horaires fixes de 40 heures par semaine. (16
h 30)
Par contre, si vous leur offrez un chantier de huit mois à
soixante heures par semaine, à ce moment-là, il est possible
qu'ils redeviennent du jour au lendemain des travailleurs de la
construction.
Alors, il y a là quelque chose qui fait partie de la
problématique et que l'on oublie carrément quand on en parle.
L'important pour réussir, entre autres, à ouvrir des portes dans
la construction pour les jeunes, c'est de faire une épuration des
bassins et cela peut très bien se faire à l'intérieur des
cadres actuels de la construction en identifiant ces gens-là qui ne sont
plus, à toutes fins utiles, des travailleurs de la construction, mais
qui se gardent juste les beaux rôles au cas où il y aurait, un
jour ou l'autre, des contrats intéressants à accepter en tant que
travailleurs de la construction.
M. le ministre, vous ne pourrez pas me démentir quand je vous dis
que c'est une situation qui existe et c'est une situation qui est même
relativement fréquente parmi les travailleurs de l'industrie lourde, qui
sont
souvent même arrivés à l'industrie lourde par le
biais de la construction, parce qu'ils ont pu travailler à un moment
où la construction était ouverte à tout le monde,
où il y en avait pour tout le monde au Québec, où il n'y
avait pas de problème de main-d'oeuvre, parce qu'on construisait
partout, dans tous les azimuts et à tout vent. À ce
moment-là, ces gens ont pris une expérience et après ils
sont revenus appliquer cette expérience dans l'industrie lourde ou
l'industrie que l'on appelle généralement primaire qui vise,
essentiellement, à l'extraction des ressources naturelles.
D'ailleurs, on sait que le Québec est très riche en
ressources naturelles et a besoin de beaucoup de main-d'oeuvre pour
réussir à l'exploiter à bon escient.
Si on veut, donc, ouvrir la construction aux jeunes, il va falloir s'y
prendre autrement, M. le ministre, parce que là vous avez un double
problème qui va se poser. En plus de ne pas épurer les bassins,
donc, de garder toujours disponibles ces gens, vous allez même inciter
ceux qui sont déjà sortis du bassin à venir le
réintégrer parce que leur compétence est toujours
là.
Les centaines, les milliers d'électriciens qualifiés qui
travaillent à l'intérieur des entreprises au Québec, les
milliers de soudeurs qui travaillent un peu partout dans l'entreprise
privée, les milliers de mécaniciens, les milliers de
charpentiers, de menuisiers, de plombiers, de couvreurs, de poseurs de
tôle, de tout ce que vous voulez qui travaillent dans l'industrie
primaire et secondaire au Québec, qui sont tous des ouvriers
qualifiés et compétents, vont tous pouvoir, à partir du 2
janvier au matin, après s'être relevés de leurs vacances
des fêtes, aller s'inscrire et obtenir des cartes pour travailler en
construction par temps perdu, à temps partiel, les soirs. Vous savez que
ce ne sont pas des gens qui ont peur de l'ouvrage, ils vont le faire en plus de
leur travail. Advenant la fermeture d'une usine ou quelque chose, ils pourront
se recycler. J'en suis content pour eux, je ne leur en veux pas pour cela.
C'est probablement une des plus belles ouvertures qui pourraient leur
être faites pour leur permettre de se recycler en cas de la fermeture de
leur usine, mais il faut l'avouer tout de suite, M. le ministre, ce n'est pas
comme cela qu'on va créer des emplois pour les jeunes. Bien au
contraire, parce que ces gens-là qui vont arriver du jour au lendemain
sur le marché de la construction et qui vont être
compétents, qualifiés et expérimentés, qui vont en
avoir vu d'autres, comme on dit souvent dans le milieu, vont être
beaucoup plus alléchants à engager, au même salaire et au
même taux, par les entrepreneurs que va pouvoir l'être un jeune
nouvellement qualifié, sortant d'une école
spécialisée, habitué à travailler dans un milieu
aseptisé, sans contrainte et, donc, pas prêt pour le marché
du travail.
Oui, en parlant de milieu aseptisé, je peux vous donner des
exemples. Vous savez, quand vous apprenez à souder dans les
écoles de formation professionnelle, qui ne sont pas
nécessairement mauvaises, mais quand vous apprenez à souder sur
des morceaux qui vous sont livrés par l'usine tout propres et où
il n'y a aucun microbe, ce n'est pas la même chose que de souder sur un
bloc moteur en fonte, plein d'huile. C'est l'expérience qui permet
d'être compétent dans ce domaine. Je vous dis, M. le ministre,
j'en ai déjà parlé, je vous l'ai déjà dit,
il y a une différence entre qualification et compétence.
La qualification permet peut-être d'acquérir la
compétence, mais ne la donne pas. Quand on sort de l'école, c'est
la même chose pour tout le monde. Vous savez, M. le ministre, à
votre premier discours en politique, vous étiez probablement
qualifié pour le faire, mais vous n'aviez probablement pas la
compétence que vous avez aujourd'hui après plusieurs
années pour être capable de jouer allègrement avec les
mots.
Ce qui se vérifie dans votre cas doit se vérifier aussi au
sujet d'un travailleur de la construction ou d'un étudiant
fraîchement qualifié, bien intentionné certes, mais qui ne
sera sûrement pas aussi alléchant à engager sur le
marché du travail par un constructeur qui n'a pas de temps à
perdre parce qu'il n'est pas là pour faire l'école. Ce n'est pas
la maternelle qui l'intéresse, c'est son profit en fin de compte. C'est
d'être le plus compétitif et le plus productif possible. À
ce moment-là, il va s'organiser pour prendre toutes les chances qui lui
auront été données à l'intérieur du projet
de loi que vous déposez pour aller chercher la personne qui, à
son choix, va être la plus compétente, la plus efficace par
rapport à un rendement qu'il y a à donner et sans se
préoccuper pour autant de créer de l'ouvrage à un jeune
qui va être bien intentionné, certes, mais qui n'aura pas
l'efficacité, la vitesse et toutes les qualités que donnent
l'expérience et de nombreuses années de vie sur les chantiers
dans l'industrie, M. le ministre.
Si vous voulez effectivement amener les gens sur le marché du
travail comme on l'a fait dans certains coins dont je pourrais vous donner des
exemples, c'est de procéder systématiquement à une
épuration des bassins actuels en éliminant tous les gens qui
travaillent dans d'autres secteurs et qui restent, à toutes fins utiles,
greffés sur le monde de la construction un peu en parasites en attendant
éventuellement d'avoir une possibilité si... Vous savez? Si on
s'organise pour sortir tous ces gens et faire en sorte que ne restent inscrits
dans les ordinateurs de l'OCQ que les véritables travailleurs de la
construction, à ce moment-là, M. le ministre, vous aurez toute la
place possible et imaginable pour entrer tous les qualifiés que
Débats de l'Assemblée nationale 8 décembre
1986 vont sortir des écoles et qui vont pouvoir entrer dans l'industrie
tranquillement et avec la même machine et la même loi sans avoir
à phraser, à broder toutes sortes de choses, à nous faire
même miroiter l'hypothèse de travailleurs qui auraient
éventuellement pris un cours ailleurs au Canada ou à
l'étranger, on ne le sait pas - on ne parle même pas de la
Confédération, on parle de partout - et qui viendraient postuler
du travail au Québec. Je veux bien croire qu'il y a des problèmes
d'embauche ailleurs, que les jeunes, dans l'ensemble de la
Confédération canadienne, ont des problèmes de travail,
mais je pense que ce n'est pas...
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: ...au gouvernement du Québec de régler
les problèmes de tous les Québécois et de tous les
Canadiens en général. Je pense qu'on devrait commencer par
régler nos problèmes à nous...
La Présidente (Mme Bélanger): Votre conclusion, M.
le député d'Ungava.
M. Claveau: ...et, après, on pensera d'ouvrir à
d'autres, si jamais il reste de la place. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, comme
moi, vous avez pu constater que le député d'Ungava a lui aussi
repris les propos du député de Joliette et du
député de Verchères, qui, pourtant, m'apparaissaient
tellement clairs ce matin. Il leur a donné une couleur un peu
différente que celle que le député de Roberval et la
députée de Johnson ont donnée. Dans le concours,
j'éliminerais le député d'Ungava et mon coeur balance
entre le député de Roberval et la députée de
Johnson.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Une voix: On peut bien pencher...
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Bertrand.
Une voix: Je n'ai pas été élu pour gagner le
concours du ministre.
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): Merci, Mme la Présidente. Je
voudrais aviser immédiatement le ministre que mes propos vont être
dans le même sens que ceux de mes collègues, et ce, afin que le
ministre ne reste pas surpris parce que vous comprendrez que, de ce
côté- ci, on a une même ligne de conduite et on a une
même façon de voir les choses.
Je suis un peu surpris, Mme la Présidente, de l'acharnement et de
l'entêtement, devrais-je dire, du ministre que je pense être un
ministre responsable, un ministre qui, habituellement, fait foi d'une
très grande intelligence, d'une très grande ouverture d'esprit.
Comme le dit si bien mon collègue, le numéro deux, qui aspire,
qui a aspiré et qui aspirera à être numéro un...
Une voix: II aspire comme toujours.
M. Parent (Bertrand): Dans ee sens-là, je comprends mal
qu'à la suite des propos que l'Opposition a tenus à
l'Assemblée nationale lorsque le projet de loi 119 a été
déposé, de même que des propos qui ont été
tenus lors de la commission parlementaire, qui a été très
brève et où quelques intervenants ont pu se faire entendre dans
un temps limité et où les messages étaient clairs, je
pense... Le ministre disait en Chambre qu'il était un peu surpris de
voir que l'Opposition se montait contre le projet de loi 119. J'espère
que le ministre a pris un peu connaissance de l'opposition du milieu, à
savoir les travailleurs qui sont concernés, les gens qui font partie de
certaines centrales syndicales. J'espère que le ministre, qui a
habituellement une compréhension des faits, saura réagir s'il ne
veut pas donner suite à la demande qui a été faite par
l'Opposition, c'est-à-dire un moratoire et retourner faire le travail
qui saura, article par article, comme on aura l'occasion de le voir, apporter
certainement des modifications en profondeur.
J'aimerais rappeler, Mme la Présidente, à ce moment, les
engagements du Parti libéral, parce qu'on nous en fait souvent mention,
et qu'en campagne électorale quelques députés, pour n'en
citer que quelques-uns, des députés qui étaient candidats
dans Chambly, dans Portneuf, dans Pontiac et dans Joliette, le 22 novembre
1985, s'exprimaient de la façon suivante: Le certificat de
classification ou l'attestation de début d'apprentissage deviendront le
seul critère d'embauche et, en conséquence, le règlement
de placement sera aboli pour permettre l'entrée des jeunes.
Alors, on se souviendra que c'est le genre de discours qui s'est tenu.
Je me demande même comment le ministre a réussi, à travers
tout cela, à s'entendre avec tous ses collègues
députés et plusieurs de l'autre côté n'ont pas fait
valoir leur point de vue. Je comprends qu'ils ne veulent pas allonger le temps
de cette commission. Je comprends qu'ils auront d'autres occasions, mais je
comprends qu'ils ne veulent pas se "filibuster" eux-mêmes, mais on va
s'occuper de mettre en lumière tout ce côté. Je trouve cela
un peu dommage, pour le
principe de ne pas vouloir dépenser trop de temps, que le
ministre leur ait demandé de ne pas parler. Il y en a plusieurs, je
pense, qui auraient des choses à dire de ce côté.
Deuxièmement, M. le ministre, j'aimerais savoir quelle est la
position du ministre en regard du rapport Scowen. Le rapport Scowen, c'est un
rapport qui a paru quelque part au mois de juin ou de juillet, et qui, dans un
premier temps, disait ce qui suit: Que soit mis en application un régime
de qualification avec les cartes de compétence provinciales, que ce
régime reconnaisse des spécialités par métier, mais
que le nombre en soit limité au maximum et qu'aucune autre exigence ne
soit apportée, et qu'en conséquence le règlement de
placement soit aboli.
Alors, il faut dire que le député Scowen a parrainé
ce rapport, qui est un des trois mémorables rapports, mais dont on
n'entend plus parler dorénavant et au sujet duquel les membres de
l'autre côté se tiennent bien tranquilles. J'aimerais savoir de la
part du ministre ce qu'il entend au sujet du rapport Scowen et quelle est sa
position, parce que c'est un rapport qui faisait foi d'une position du Parti
libéral, même si on a voulu prendre des distances de ce
côté. Je me permets à ce stade-ci de le rappeler au
ministre dans sa réflexion, avant qu'il ne prenne de décisions
face à nos demandes.
J'aimerais rappeler quelques autres faits, dont la déclaration du
ministre, le 21 mars 1985, où il mentionnait qu'il allait abolir le
certificat de classification avant janvier ou d'ici le 1er janvier 1987, et
où il annonçait une réforme du cadre de formation. Plus
récemment, le 23 octobre, on pouvait lire dans la Voix de l'Est,
qui est un journal qui suit de très près le ministre dans son
comté, que le ministre lui-même prenait l'engagement qu'il y
aurait abolition du règlement de placement. Même s'il l'a
nié, c'est bel et bien rapporté. Le ministre parlait de la
création de deux secteurs distincts, l'industriel et le
résidentiel, et aussi, de l'élimination de la carte de
classification.
Entre-temps, pour n'en citer qu'un autre dans toute cette confusion de
la part des différents députés ou ministres de ce
gouvernement, le 24 septembre, l'actuel leader du gouvernement
annonçait, lui, avec emphase, l'abolition du règlement de
placement.
Je me demande, Mme la Présidente, comment le ministre se sent
à l'aise face à tous ces engagements du rapport Scowen, des
députés de son propre parti et de lui-même, face à
ses déclarations, face à l'abolition du règlement de
placement comme il l'avait dit ou rectifié, comme on veut le
présenter.
Je reconnais que la situation dans le monde de la construction n'est
peut-être pas le meilleur des mondes et je reconnais qu'il y a lieu
d'apporter des modifications. Sauf que la façon dont s'y prend le
ministre avec le projet de loi 119, c'est de régler le problème
en ne le solutionnant pas en tant que tel. Plus grave que cela, Mme la
Présidente, le ministre ouvre la porte pour créer plusieurs
autres problèmes.
Je ne suis pas le seul à le mentionner, mes autres
collègues l'ont fait et je pense que le député de Roberval
l'a même fait avec un dessin très clair, afin de faire comprendre
au ministre qu'il y avait des trous dans ce projet de loi... (16 h 45)
Mais, à toutes fins utiles, ce que l'on peut dire, Mme la
Présidente, c'est que dès que ce projet de loi entrera en vigueur
un jeune de 16 ans qui peut consacrer 24 heures pour suivre un petit cours sur
la sécurité et avoir quelqu'un qui le connaît pour pouvoir
lui assurer 500 heures d'ouvrage dans la prochaine année se retrouvera
les portes ouvertes dans la construction, et cela, Mme la Présidente,
vous conviendrez avec moi que c'est peut-être résumer de
façon très succinte l'essentiel du projet de loi, mais c'est
cela. Je ne pense pas qu'on puisse être d'accord sur l'ouverture si
grande de ce marché qu'est le marché de la construction puisque
déjà il y a des problèmes, puisque déjà il y
a eu des gestes de posés au cours des dernières années. Si
on recule dans les années soixante-dix, on se souviendra de la situation
qui prévalait dans le monde de la construction. Et on se souviendra, Mme
la Présidente, du chaos et d'une situation qui était pour le
moins non enviable par rapport à la situation que l'on connaît
actuellement.
Alors, je m'explique mal pourquoi le ministre s'entête à
vouloir faire voter ce projet de loi et cela, une semaine et demie avant la
période des fêtes. Beaucoup de gens se posent des questions. La
semaine passée, vendredi particulièrement, j'ai eu la chance de
rencontrer certains travailleurs qui étaient venus manifester ici au
parlement. Le ministre les a sûrement croisés quelque part parce
qu'il y en avait un peu partout, il y en avait 5000 et, avec son courage, il
les a sûrement rencontrés, sauf que je pense que le ministre n'a
pas compris.
Mme la Présidente, j'ai de la difficulté à
m'entendre tellement il y a du bruit.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Parent (Bertrand): Alors, je mentionnais que vendredi dernier
le ministre a eu à faire face et à rencontrer des travailleurs
qui n'étaient pas satisfaits. Je pense que c'est normal, à
l'occasion, qu'il y ait des gens qui viennent manifester au parlement quand ils
ne sont pas contents, pour laisser entendre des choses, mais là je pense
que cela commence à être des
Débats de l'Assemblée nationale 8 décembre 1986
manifestations qui sortent un peu de l'ordinaire. Ce n'est pas tous les jours
et ce n'est pas arrivé depuis un an, M. le ministre, que de 4500
à 5000 travailleurs, un fort contingentement de travailleurs, soient
venus manifester et dire au ministre: Voici, nous voulons vous servir un
avertissement. Je pense que la société québécoise,
M. le ministre, n'est pas actuellement chambardée au point où les
travailleurs se déplacent à coup de milliers, mais là je
pense que c'est un signe avant-coureur et qu'il faut faire attention.
Je pense que le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on devra apporter
beaucoup d'améliorations à la suite de la consultation des gens
qui sont venus ici; des messages ont été passés. Le
ministre a une idée bien arrêtée qui est celle de dire:
Nous allons voter ce projet de loi puisqu'il répond à un besoin
et qu'il va résoudre des problèmes, mais je mets en garde le
ministre contre l'ouverture si grande qu'il crée avec son projet de loi.
Et on attirera beaucoup plus notre attention sur les points particuliers -je
pense aux articles 32, 33, 35, 37 et 41 -qui font l'objet ou qui feront
certainement l'objet de longues discussions. Je pense que le ministre sait que
le 19 décembre est peut-être une heure de tombée pour
l'Assemblée nationale et les travaux ici, mais je doute fort, en cette
date du 8 décembre, qu'on puisse réussir à franchir toutes
ces étapes avant le 19 décembre. Tout ce que je souhaite, c'est
qu'il y aura de la part du ministre une ouverture de ce
côté-là parce que cela me semble important.
Cela me semble important parce que le ministre nous a dit, ce matin, en
réponse à mon collègue, le leader de l'Opposition, qu'il
était très heureux et très satisfait des tables de
concertation qui ont eu lieu le printemps dernier; il était même
surpris. Finalement, les gens ont réussi à s'asseoir à la
même table, à discuter et à faire, j'imagine,
d'après ce qu'on a pu voir, certains consensus sur certains points, mais
là où le ministre n'a pas daigné donner suite, c'est que
plusieurs de ces ententes ou de ces consensus à ces tables ne se
retrouvent pas à l'intérieur du projet de loi. Là-dessus,
le ministre se dit très heureux d'avoir peut-être
créé une certaine forme de précédent parce que des
gens ont réussi à se parler; cela faisait longtemps qu'ils ne se
parlaient pas. Je dis: Bravo! Sauf que, si des gens réussissent à
se parler et réussissent à s'entendre et à faire des
consensus et qu'on ne donne pas suite à cela, c'est ce que j'appelle un
danger qu'on court, ces gens auront l'impression, M. le ministre, qu'on se paie
un peu leur tête.
Je ne pense pas que ce soit ce que le ministre veuille faire, sauf que
dans les faits, par ce qui nous est déposé sur la table
actuellement, l'outil qu'on a, c'est le projet de loi 119. Le ministre nous a
laissé entendre ce matin qu'il avait plusieurs propositions à
faire pour apporter des modifications. J'ai bien hâte de voir vers quoi
on se dirige parce que cela me paraît de toute évidence des
amendements qui semblent être mineurs. L'aspect des jeunes, ce n'est pas
quelque chose de nouveau, sauf que c'est un élément principal,
c'était le morceau ou la moëlle épinière de son
projet de loi; le ministre a semblé dire, au départ, que nous
allons . créer une ouverture pour donner l'accessibilité aux
jeunes au marché de la construction. Je l'ai dit et je le
répète: L'idée recherchée par le ministre, à
mon avis, est excellente. Sauf que les moyens qu'il prend et la façon
dont il ouvre la porte me semblent" très dangereux. On s'entend sur le
fait qu'on veut aider les jeunes. On veut ouvrir des marchés. Entre cela
et aller vers le projet de loi tel qu'il est conçu actuellement, c'est
différent. Je dis au ministre, et je pense que mes collègues de
ce côté-ci ont les mêmes préoccupations, qu'on ne
peut pas avoir ainsi les ouvertures telles qu'on les a faites: tout jeune de
seize ans, ou toute personne capable de travailler, de seize ans et plus,
après 24 heures de formation et un engagement pour 500 heures de
travail, pourra avoir accès à ce marché.
Le ministre sait que, s'il n'y a pas de contingentement, s'il laisse les
portes toutes grandes ouvertes, cela va être une situation très
pénible que lui-même aura à endosser comme ministre du
Travail dans six mois et dans un an d'ici, parce qu'à ce moment il aura
réglé quelques petits problèmes, mais en aura aussi
créé, par le fait même, tellement d'autres que je pense
qu'il se retrouvera dans une situation intenable.
Je terminerai en disant que la demande qui avait été faite
par l'Opposition a aussi été appuyée, M. le ministre, par
différentes centrales syndicales, entre autres les gens de la FTQ, les
gens de la CSN, qui ont fait front commun, les gens de la CSD, qui demandaient
un moratoire. On demandait tout simplement de prendre le temps et de reporter
tout cela à six mois, ou du moins de trois à six mois, de
façon qu'on ait le temps d'apporter les corrections nécessaires.
Je demande au ministre où est l'urgence. Je comprends qu'on a pris des
engagements. Je pense que c'est mon collègue, le député de
Verchères, qui disait ce matin: Cela s'enlignait pour être un des
bons coups que le ministre allait faire dans cette première
année. Sauf qu'on a un peu l'impression, et vous me permettrez de faire
le parallèle, M. le ministre, qu'il s'agit du rouleau compresseur qu'on
connaît dans le domaine de la privatisation, où il y a des mandats
précis et on s'en va... On ne prend pas assez le temps, pas seulement le
ministre, mais les députés et l'ensemble des gens de
l'Assemblée nationale, et on s'en mordra les pouces dans six
mois, dans un an, dans deux ans d'ici parce qu'on sera allé trop
rapidement.
Je comprends qu'un gouvernement, M. le ministre, doit agir. Je comprends
qu'un ministre du Travail doit poser des gestes parce qu'il a pris les
commandes. Mais, entre cela et ne pas prendre le temps de faire les choses
comme il faut, il y a une différence. Je pense qu'il va être
difficile, si vous allez dans le sens proposé actuellement au projet de
loi 119, de réparer les pots cassés. Je pense que c'est notre
travail dans l'Opposition. Ce n'est pas seulement de dire: On chiâle, on
critique, on est contre ce qui se propose de l'autre côté. On
essaie de faire un travail d'Opposition, mais pratique et aussi constructif.
À propos des mises en garde qu'on sert au ministre, c'est bien sûr
qu'à la limite les gens pourraient nous dire: De toute façon,
cela vous donne quoi? Vous êtes 23, ils sont 99. Ils peuvent adopter ce
qu'ils veulent. Ce qu'on vous dit, c'est: Attention, c'est une arme à
deux tranchants. Notre travail de ce côté-ci on entend le faire
jusqu'au bout et sérieusement.
De la façon que cela a été abordé ce matin
et je pense que cela a été abordé de façon
très positive, avec ouverture d'esprit, j'ai la profonde conviction
qu'on doit apporter des modifications par rapport aux préoccupations. On
n'a pas là-dessus le monopole de la vérité mais, par
rapport à la consultation qui a eu lieu, on pense, M. le ministre, que
vous devrez prendre en considération les amendements que nous pourrons
suggérer. Si vous ne voulez pas reconsidérer cette question de
moratoire ou qu'on puisse reporter le projet de loi 119 après la
période des fêtes, je vous dirai que cette forme de rouleau
compresseur est excessivement dangereuse, puisqu'on devra vivre avec par
après et vous pourrez vous en mordre les pouces et vous dire: Je suis le
parrain de cette loi. Oui, bravo! Il y a des parrains aujourd'hui qui sont
peut-être des parrains malheureux de certaines lois. Oue l'on retourne en
arrière de dix, quinze ou vingt ans, il y a des parrains, M. le
ministre, qui regrettent énormément de lois qu'ils ont fait
voter.
Si ce projet de loi, M. le ministre -oui, je termine - veut être
la fierté du ministre du Travail, je pense qu'il devrait refléter
les correctifs à apporter par rapport à la situation actuelle. La
situation actuelle mérite, comme n'importe quelle situation dans
n'importe quel domaine, M. le ministre, qu'on y apporte des correctifs, mais la
solution, elle n'est pas actuellement telle que celle formulée dans le
projet de loi 119. J'espère que vous et vos collègues, vous
pourrez prendre cela en considération afin qu'on puisse, M. le ministre,
ici comme députés de l'Assemblée nationale, ici comme
membres de cette commission de l'économie et du travail, apporter le
maximum d'éclairage pour que ce projet de loi, si jamais il devait
passer, devienne une loi acceptable.
Je vous remercie, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Bertrand. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, je
remercie le député de Bertrand de son intervention. Le
député d'Ungava ayant été éliminé,
les députés de Roberval et de Johnson méritent sans doute
un pointage ex aequo pour des interventions de qualité qui ont repris,
essentiellement, les propos du député de Verchères et du
député de Joliette.
Le député de Bertrand gagne la palme parce qu'il a
été assez honnête - il a fait preuve de transparence au
début de son exposé de même qu'à la fin - de
répéter qu'essentiellement il reprenait ce qu'avaient dit le
député de Joliette et le député de Verchères
dans ses mots à lui, à sa façon à lui. Il
comprendra, quant à la réponse que j'ai à lui apporter,
que je le réfère aux réponses - aux longues
réponses - que j'ai apportées et au député de
Joliette et au député de Verchères. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanqer): Merci, M. le
ministre. M. le député de Vimont.
M. Théorêt: Oui, Mme la Présidente. Juste une
remarque au député de Bertrand. Même s'il a remporté
la palme oratoire de la part du ministre du Travail, je suis très
déçu de son intervention étant donné, lui un homme
qui provient du monde des affaires et qui, jusqu'à ce jour, avait quand
même démontré un sérieux assez important dans ses
interventions à l'Assemblée nationale, qu'il participe à
cette obstruction strictement dans le but de retarder l'étude du projet
de loi article par article. Il démontre qu'il devient beaucoup plus
politicien que vraiment un intervenant sérieux. Alors, j'en suis
très déçu, Mme la Présidente, et j'espère
qu'il ne participera pas à nouveau pour contribuer à retarder
indûment ce qui est le vrai objectif de cette commission qui est de
vraiment apporter des solutions concrètes aux problèmes de la
construction, en passant à l'étude article par article du projet
de loi.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Vimont. M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Merci, Mme la Présidente. Je
présume que l'intervention du député de Vimont, qui est
vice-président de
Débats de l'Assemblée nationale 8 décembre
1986 la commission, met fin à l'étape première de
l'étude détaillée, c'est-à-dire à
l'étape des remarques préliminaires. Je vous demande la parole
pour intervenir à la seconde étape, c'est-à-dire à
l'étape des motions préliminaires. S'il n'y a pas d'autres
remarques préliminaires...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...sur une question de
règlement. Je comprends que le député de Verchères
nous annonce son intention de présenter une motion, mais pour
présenter une motion il faut avoir le droit de parole. Son droit de
parole...
Une voix: Non, il retourne à sa chaise.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, il
intervenait sur une question de directive ou de règlement, à ce
moment-là. Son temps de parole étant épuisé, je ne
peux pas voir en vertu de quel article de notre règlement il peut
présenter une motion.
M. Charbonneau: Sur une question de règlement, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Je pense, Mme la Présidente, qu'il y a eu
des décisions qui ont été rendues - et encore
récemment - pour spécifier très clairement...
Une voix: La décision, vous l'avez rendue. (17 heures)
M. Charbonneau: Justement, la décision que j'ai rendue,
c'était qu'il y avait trois étapes à l'étude
détaillée. La première étape, c'est l'étape
des remarques préliminaires. La deuxième étape, c'est
l'étape des motions préliminaires, ce qui nous donne un autre
droit de parole. La troisième étape, c'est l'étape de
l'étude détaillée, lorsque les motions
préliminaires sont terminées.
Mme la Présidente, ayant utilisé mon droit de parole pour
la première étape, c'est-à-dire l'étape des
remarques préliminaires, je vous ai demandé la parole maintenant
pour la deuxième étape, c'est-à-dire l'étape des
motions préliminaires. J'ai une motion à présenter et je
vais la faire en bonne et due forme, Mme la Présidente.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si une incertitude demeure dans
votre esprit, je vous demande de prendre cela en délibéré
rapidement, si cela vous convient. Je prétends que pour pouvoir
présenter une motion il faut le faire lorsque notre temps de parole
arrive à sa fin ou que l'on a la parole. À ce moment-là,
on présente une motion et on entre dans ce que l'on appelle le volet
deux - si on veut l'appeler ainsi -de notre procédure parlementaire. On
ne peut pas présenter une motion lorsqu'on n'a pas le droit de parole.
On exerce notre droit de parole au moment de nos remarques
préliminaires- À ce moment-là, on introduit notre motion
et ensuite on enclenche le débat sur la motion. Mon collègue de
Verchères le sait très bien, d'ailleurs il sourit.
M. Chevrette: Sur une question de règlement, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: J'ai pris, personnellement, la précaution
d'aller voir le secrétaire de la commission avant le début de
cette séance, ce matin. J'ai pris cette précaution. On m'a
précisément montré la décision. J'ai dit: Vous
m'arrêterez à quinze minutes -pour vous montrer qu'il y a un "fair
play" dans cela - parce que je veux avoir le temps de proposer une motion. On
nous a dit: Non. Les remarques préliminaires, ce ne sont pas des motions
préliminaires, on disjoint les deux. Si, à ce stade-ci, le
gouvernement voulait nous empêcher de le faire, alors que l'on a
été induit en erreur après avoir fait nos démarches
personnelles, je ne le prendrais pas. J'ai pris la précaution claire et
nette...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le leader de l'Opposition,
là-dessus, je pense que j'ai toujours eu...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaîtï M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, j'ai
toujours eu le sens du "fair play". Je n'ai induit personne en erreur. Je
demande à Mme la présidente l'application du règlement. Si
vous demandez quelque chose d'autre que l'application du règlement et
que vous venez remettre en question notre "fair play", de ce
côté-ci, je ne fonctionne pas. On n'a pas fait partie des
ententes, s'il y a eu entente ou quoi que ce soit. Je demande à Mme la
présidente d'appliquer le règlement et nos traditions
parlementaires. J'insiste pour dire que, dans ces traditions
parlementaires et dans l'interprétation de ce règlement, pour
pouvoir présenter une motion, il faut avoir le droit de parole et que ce
droit de parole s'utilise au moment où l'on fait nos remarques
préliminaires ou vers la fin de l'exposé de nos remarques
préliminaires. Ou bien j'ai raison ou bien j'ai tort. La jurisprudence
à cet effet existe. Je demande à Mme la présidente de le
prendre en délibéré, s'il subsiste un doute dans son
esprit.
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant, s'il
vous plaît. La parole est au député de Vimont.
M. Théorêt: Mme la Présidente, je vous ferai
remarquer qu'à l'étude du projet de loi 150, effectivement,
l'Opposition attendait dans les trente dernières secondes ou à la
dernière minute pour présenter une motion, un amendement ou un
sous-amendement lors des remarques préliminaires. Elle savait fort bien,
à ce moment-là, que c'était la tradition, que cela
répondait au règlement. Si vous ne pouvez rendre votre
décision maintenant, je vous demande de suspendre les travaux de la
commission afin que l'on s'assure que les règlements sont vraiment
suivis. Je ne pense pas que ce soit le cas à la suite de l'intervention
du député de Verchères.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci. M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Mme la Présidente, je vous rappelle une
décision - en faisant cela, je ne pense pas être en conflit
d'intérêt -que j'ai rendue comme président de la commission
et qui n'a pas été contestée la semaine dernière.
Mme la Présidente, les remarques préliminaires se font en vertu
de l'article 180 et de la tradition parce qu'il n'y a pas d'article qui
prévoit... Il y une tradition qui a été reconnue. D'une
certaine façon, j'ai accrédité encore plus cette tradition
en rendant une décision qui doit faire jurisprudence. Il y a d'abord une
étape des remarques préliminaires. Cette étape se fait en
vertu de l'article 180. Il y a une deuxième étape qui se fait en
vertu d'un autre article, c'est l'article 244, qui prévoit qu'il y a,
avant l'étude détaillée, possibilité de
présenter des motions préliminaires, entre autres, pour de la
consultation. C'est évident que ces deux étapes se font en vertu
d'articles différents. On ne peut pas penser que le droit de parole qui
serait alloué à un député, en vertu de l'article
180, serait le même que le droit de parole qui est donné, à
un député en vertu de l'article 244. Il y a un droit de parole
rattaché à l'article 180, qui est l'étape des remarques
préliminaires, et un second droit de parole rattaché, pour chaque
député, à l'étape des motions préliminaires.
Par la suite, il y a les droits de parole qui viennent lorsque nous faisons
l'étude détaillée article par article.
La décision que j'ai rendue ici d'ailleurs, la semaine
dernière, n'a pas été contestée. Je tiens à
le souligner, parce que les collègues qui sont ici ne l'ont pas
contestée, et c'était une décision importante. Je me
rappelle d'ailleurs, à ce moment-là, m'être retiré
après avoir suspendu les travaux durant presque une heure et avoir
repris à 15 heures pour rendre ma décision, justement pour
être certain que la décision soit fondée en droit. J'ai
fait des vérifications auprès des légistes et je crois que
la décision, maintenant, fait jurisprudence, c'est-à-dire qu'il y
a trois étapes distinctes et qu'à chaque étape il y a des
droits de parole distincts. Je crois que j'ai, par exemple, comme.-. Je prends
mon cas, mais c'est la même chose pour mes collègues qui ont
utilisé - bien que le petit manège ne servira pas, Mme la
Présidente, puisqu'il restait du temps à au moins un de nos
collègues - leur temps de parole en vertu de l'étape des
remarques préliminaires, selon l'article 180.
Nous demandons et je demande maintenant, car c'est moi qui suis
intervenu pour faire la première motion, la parole en vertu de l'article
244. Je pense, Mme la Présidente, que le droit de parole que j'ai
déjà utilisé ne peut être confondu avec celui que
j'ai le droit d'avoir maintenant en vertu de l'article 244.
La Présidente (Mme Bélanger): Avant de vous
reconnaître sur ce droit de parole, j'aimerais entendre le
député de Saguenay.
M. Gauthier: Mme la Présidente, est-ce que vous avez
toujours mon nom?
La Présidente (Mme Bélanger): J'ai toujours votre
nom, mais c'est l'alternance, M. le député de Roberval.
Une voix: ...un "filibuster" sur la question de
règlement...
Une voix: Tu vas être correct. Des voix: Ha! Ha!
Ha!
Une voix: Tu vas pouvoir ramasser Ghislain.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! M. le député de Saguenay.
M. Maltais: Mme la Présidente, sur la question de
règlement, j'ai écouté attentivement le
député de Verchères. Même s'il avait rendu une
décision, cela ne voulait pas
Débats de l'Assemblée nationale 8 décembre 1986
nécessairement dire que la décision... It y a deux facteurs
à considérer. Il y a d'abord le facteur habitude parlementaire
qui, en tout cas, à moins qu'on ait changé le règlement et
les habitudes parlementaires dernièrement... Bien sûr, ceux qui
commencent à siéger dans l'Opposition n'ont pas tout à
fait l'expérience requise, et je leur pardonne... Cependant, l'habitude
parlementaire, Mme la Présidente... C'est vrai. L'habitude parlementaire
veut que, lors des remarques préliminaires, le dernier
député qui prend la parole a à présenter une motion
si c'en est le temps. C'est l'habitude parlementaire. Comme le leader disait
qu'il avait pris des ententes avec le secrétaire, soit! il a le droit de
s'informer, il n'y a pas de problème. Malheureusement, ce n'est pas
nécessairement ce qui fait foi de nos règlements ici. C'est le
règlement et ce ne sont pas les ententes particulières.
Deuxièmement, il y a des cas de jurisprudence,
particulièrement par le député de Verchères, qui
nous donnent raison, à cette étape-ci, sur le règlement,
et, Mme la Présidente, j'aimerais que vous citiez cette
jurisprudence.
La Présidente (Mme Bélanger): On va entendre le
député de Roberval.
M. Gauthier: Mme la Présidente, je voudrais simplement que
cette commission parlementaire et la décision que vous allez rendre
soient justes, d'abord à l'endroit de celui qui vous parle et à
l'endroit de l'ensemble des collègues qui sont ici. Je me permettrai de
vous rappeler un cas qui s'est passé à cette même
commission parlementaire il y a quelques jours. Mes collègues s'en
souviendront, j'en suis certain, et ils acquiesceront dans le sens dans lequel
je vais intervenir.
Nous voulions discuter d'une motion, à un moment donné,
alors que le député de Duplessis avait fait son intervention.
J'étais allé m'enquérir auprès de la
présidence de la nécessité de déposer la motion
tout de suite... Mme la Présidente, il faudrait peut-être que vous
écoutiez, si vous voulez saisir toute la dimension de ce que je vais
dire!
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Gauthier: Je suis allé m'enquérir auprès
de...
La Présidente (Mme Bélanger): Je vous écoute
religieusement, M. le député de Roberval.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Gauthier: ...la présidence de la possibilité
d'intervenir sur les remarques générales après que le
député de Duplessis eut annoncé son intention de
déposer une motion à cette commission parlementaire. On m'avait
indiqué que cela pouvait aller. Quand est arrivé le temps
où le député de Duplessis a signifié son intention
de déposer une motion, on m'a refusé le droit d'intervenir sur
les remarques préliminaires tant que le député de
Duplessis n'aurait pas le consentement unanime de la commission, d'une part, de
retirer sa motion et, d'autre part, de laisser aux députés de
cette commission le temps d'intervenir, pour après cela déposer
de nouveau sa motion à l'étape des motions.
Mme la Présidente j'ai été, en quelque sorte, je le
dis, victime de cette décision de la présidence et cette
décision de la présidence a été cautionnée
à 100 %, non seulement par le vice-président de la commission qui
est le député de Vimont, mais aussi par l'ensemble des
députés de cette commission, puisqu'on a retiré de plein
consentement la motion pour que le député de Duplessis la
dépose à l'étape des motions.
Mme la Présidente, en toute honnêteté, je comprends
que le secrétaire ait pu donner l'information au député de
Joliette, parce que, dans le fond, le secrétaire ne fait qu'informer les
députés de la jurisprudence qui existe et des décisions
qui ont été prises dans cette commission. Or, le
secrétaire a été témoin, je l'avais même
à ce moment pris un peu à partie pour cette chose, de cette
décision rendue par la présidence, et il a, aujourd'hui,
répété fidèlement, je le félicite, la
jurisprudence qui existe depuis ce temps, et qui a été
cautionnée, je le rappelle, par tous les députés de cette
commission.
Je regrette, aujourd'hui, on ne peut pas, Mme la Présidente,
parce que cela ne fait pas l'affaire du gouvernement, revenir sur une
décision qu'on appuyait il y a trois jours. Alors, je vous demande, Mme
la Présidente, de maintenir, à tout le moins pour cet instant, la
jurisprudence, quitte à revoir peut-être avec des conseillers
toute cette question et à rendre à un moment donné un
jugement plus complet sur la question, et tenant compte de plus
d'éléments.
On ne peut pas dans cette commission m'avoir interdit une chose, la
semaine dernière, qu'aujourd'hui on permettrait, ou l'inverse, m'obliger
à faire une chose, la semaine dernière, qu'aujourd'hui on
interdirait. C'est absolument impensable et ce serait bafouer non seulement les
usages qu'on a développés au cours de cette commission, mais
aussi bafouer la jurisprudence qui a été rendue par le
président de l'époque, cautionnée par le
vice-président, député de Vimont, et acceptée par
l'ensemble des parlementaires de cette commission.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Roberval. M. le député de
Vimont.
M. Théorêt: Oui, Mme là Présidente, je
voudrais rappeler que le cas d'aujourd'hui n'est pas le même du tout,
contrairement à ce que le député de Roberval vient de
dire. C'est que, premièrement, quand le député de
Duplessis a voulu présenter sa motion, je vous ferai remarquer, Mme la
Présidente, qu'il lui restait du temps sur les vingt minutes auxquelles
il avait droit...
Une voix: ...
M. Théorêt: Bien, cela a rapport certainement...
pour présenter une motion ou un amendement. Effectivement, le
président, je lis bien le compte rendu de sa décision, a
jugé cette motion recevable, parce que le député de
Duplessis l'a présentée dans le temps de parole qui lui
était accordé, alors que le député de Roberval
n'avait plus le droit de parole lorsqu'il a voulu intervenir. Je vous demande,
Mme la Présidente, de surseoir...
La Présidente (Mme Bélanger): Là, j'entends
encore un intervenant et nous allons suspendre cette partie de la discussion,
et nous allons suspendre quelques instants pour rendre la décision. Un
de chaque côté.
M. Claveau: ...jurisprudence, oui. Au moment de la
commission...
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, c'est vous qui
prenez le droit de parole ou si c'est le député de Joliette?
Une voix: La parole est au député d'Ungava.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava, le député de Joliette avait
demandé la parole.
M. Chevrette: Mme la Présidente, le cas qui nous confronte
présentement est très grave, dans le sens suivant. Et la preuve
de la sagesse de la décision de la semaine dernière ressort
davantage, et je vais vous expliquer pourquoi. Si, par mesure dilatoire, un
député, en tout temps, propose une motion, il vient donc
empêcher des collègues de faire des remarques
préliminaires. C'est cela qui est l'objectif de la décision de la
semaine dernière fondamentalement. À ce moment, le
député de Verchères a eu la prudence de vous demander: Je
vous demande la parole, mais est-ce qu'il y en a qui veulent faire encore des
remarques préliminaires? Il a eu cette décence de vous le
demander, Mme la Présidente, avant de dire qu'il avait une motion,
précisément pour ne pas brimer le droit de parole des
parlementaires sur les remarques préliminaires.
Cela s'inscrit en toute logique avec la décision de la
dernière fois. (17 h 15)
Je pense que le député de Verchères aurait pu
prendre par surprise les membres de la commission, s'il y en avait deux ou
trois qui voulaient parler de leur côté, et faire sa motion, et
là les gens auraient fait comme ils ont fait la semaine dernière.
Ils auraient dit: Écoutez, vous allez attendre, si vous n'avez pas
prévenu, au moment des motions parce qu'il reste quatre ou cinq
collègues - excusez-moi si je vous dérange -parce qu'il pourrait
y avoir deux députés de leur côté qui voulaient
s'exprimer généralement sur l'ensemble du projet de loi avant
qu'on ne passe à l'étape de la motion préliminaire, et,
à ce moment-là, Mme la Présidente, je pense qu'on
brimerait des droits fondamentaux.
À mon point de vue - et je pense que le député de
Roberval l'a très bien expliqué - la logique est que vous n'avez
pas le droit d'enlever la possibilité à des parlementaires, dans
un premier temps, d'exprimer leurs visions globales sur un projet de loi. C'est
une première étape. La deuxième étape avant
l'étude, maintenant, il se peut qu'on ait des demandes de consultations
particulières et cela, dans un deuxième temps, sans brimer les
droits de parole sur la vision globale qu'on a. Et le député de
Verchères, je vous le rappelle, Mme la Présidente, a
demandé, il a dit: Je comprends bien qu'il n'y a plus personne qui veut
intervenir d'une façon globale au début, parce que j'ai une
motion à faire. Et là même le député de
Saguenay, qui a quitté temporairement pour une minute, disait: Non, non,
j'ai quelque chose à dire, moi. Il aurait pu s'exprimer avant que le
député passe à sa motion préliminaire. Mme la
Présidente, je vais plus loin que cela. Fort de la décision de la
semaine dernière, j'ai personnellement fait la démarche, ce
matin, parce que je me suis dit: Si jamais la présidence changeait
d'idée, au lieu de me rendre à 20 minutes, je vais
m'arrêter à 15 pour faire mes motions préliminaires. Non,
ont-ils dit, il n'y a pas de danger, on m'a même montré la
décision et on a dit: Parle 20 minutes. C'est la décision de la
semaine dernière, Mme la Présidente, on ne peut pas changer les
règles du jeu chaque jour. À mon point de vue, vous devez rendre
une décision qui est conforme, d'abord, à la jurisprudence
développée dans cette commission et au fait, également,
qu'on n'a pas voulu brimer le droit des parlementaires, loin de là, on a
voulu le respecter.
Le Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Joliette. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour poursuivre l'argumentation du
député de
Joliette, parce que je pense qu'il n'y a pas de différence, cela
va se compléter, vous allez être capable de nous donner raison
à tous les deux en appliquant le règlement. La question qui se
posait la semaine dernière était la suivante: M. Perron, de
Duplessis, formule une demande de directive afin de savoir si ses
collègues de l'Opposition peuvent faire des remarques
préliminaires, en dépit du fait qu'il vient de faire une motion
préliminaire. La décision du président, M. Charbonneau,
était de s'assurer que tous les membres avaient le droit de parole avant
de pouvoir les priver sur les remarques préliminaires.
Ce qu'on vous dit, aujourd'hui, c'est que tous ceux qui veulent
s'exprimer sur les remarques préliminaires peuvent le faire, sauf que,
pour pouvoir présenter une motion, il faut qu'il nous reste du temps de
parole, et c'est le sens, Mme la Présidente, je vous l'affirme
respectueusement, d'une décision, et je vous réfère, pour
vous aider, faciliter votre décision au Journal des débats du 3
juin 1986, voir pages 718 à 720...
La Présidente (Mme Bélanger): Quelle est la page de
votre jurisprudence, M. le ministre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est 244/8.1, une décision
qui a été rendue par M. Claude Trudel è la commission de
la culture à l'époque. La question était la suivante: Lors
de l'étude d'un article d'un projet de loi, le règlement
permet-il aux membres de la commission de proposer un amendement à cet
article, même lorsque leur temps de parole sur cet article est
écoulé? Qu'en est-il des sous-amendements? "Bien que le droit
d'amendement existe tant qu'une commission ne s'est pas prononcée..."
Excusez je vais faire la distinction qui s'impose là, mais il y a des
principes qui sous-tendent... Je suis d'accord que ce n'est pas le même
article, mais c'est le même principe. "Bien que le droit d'amendement
existe tant qu'une commission ne s'est pas prononcée
définitivement sur une motion, il n'en demeure pas moins que pour
proposer un amendement un membre doit avoir le droit de parler sur cette
motion." C'est aussi simple que cela. "S'il a déjè
épuisé son temps de parole sur la motion qu'il désire
amender, il ne peut demander la parole de nouveau pour proposer un tel
amendement." Bien que le droit d'amendement appartienne à d'autres de
ses collègues... "Un membre de la commission peut également
proposer de sous-amender un amendement s'il dispose du droit de parole sur
l'amendement, et ce, même s'il a épuisé son droit de parole
sur la motion originale."
J'entends dire, de l'autre côté, qu'il n'y a aucun rapport.
Mme la Présidente, le rapport, c'est que pour pouvoir proposer un
amendement ou une motion ou quelque chose, il faut avoir le temps de parole.
J'ai été dans l'Opposition pendant six ans et on se
ménageait toujours cinq minutes, dix minutes ou quinze minutes pour
pouvoir revenir avec nos motions, pour avoir le droit de parole. La semaine
dernière, dans la décision qui. a été rendue par le
député Charbonneau, de Verchères, qui agissait comme
président à ce moment, ce qui a permis au député de
Duplessis de revenir, c'est parce qu'il lui restait du temps. II n'avait pas
épuisé son temps et il avait le droit de parole. Il s'agit, je
vous le soumets respectueusement, Mme la Présidente, d'une
décision très importante pour la conduite de nos travaux et non
seulement pour cette commission-ci mais aussi sur le plan parlementaire. Si
vous vous croyez en mesure de la rendre, rendez votre décision. Mais, si
vous croyez que des consultations devraient avoir lieu avec jurisconsulte,
etc., vous seriez peut-être bien avisée de prendre ces
consultations parce que votre décision ne s'appliquera pas - et je vous
le dis comme cela - seulement aux travaux qui se déroulent ici
présentement, elle va s'appliquer à l'ensemble des travaux de nos
commissions parlementaires. Ce que je prétends en résumé,
c'est simplement que, pour pouvoir présenter un amendement, pour pouvoir
présenter un sous-amendement ou pour pouvoir présenter une motion
dans une commission parlementaire, il faut, en vertu de notre règlement,
avoir le droit de parole, et le député de Verchères, de
toute évidence, avait épuisé son droit de parole et il
n'avait pas le droit de parole. Donc, sans droit de parole, il ne pouvait pas
passer à l'accessoire, c'est-à-dire proposer quelque chose.
M. Charbonneau: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant! J'avais
décidé qu'il y avait un intervenant de chaque côté.
Les deux intervenants se sont faits entendre, nous allons suspendre pour
prendre la décision.
M. Charbanneau: Mme la Présidente, avant que vous ne
suspendiez...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, on va
résister parce que j'ai l'impression qu'on est dans une procédure
de "filibuster" et qu'on utilise un point de règlement pour faire du
"filibuster", Mme la Présidente.
M. Charbonneau: Un instant! C'est une question de
règlement. Écoutez, ce n'est pas nous qui avons commencé
cela.
M. Chevrette: Vous vous "filibustez" vous-même.
M. Charbonneau: Mme la Présidente...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez rendu une
décision.
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant!
M. Charbonneau: ...je demande cette possibilité, parce que
le ministre est arrivé avec des faits. Il a cité un article de
jurisprudence et on n'a eu d'aucune façon ici l'occasion de vous donner
notre point de vue. Donc, je pense qu'en toute équité vous
devriez nous donner la possibilité de vous donner notre version de
l'interprétation que le ministre a faite. Alors, je vous demande, Mme la
Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Verchères, je crois que j'ai eu assez
d'explications de part et d'autre et je pense que nous allons suspendre...
Une voix: Mais, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Charbonneau: J'en appelle de la décision de la
présidente. J'insiste sur le fait que quand un président ou une
présidente va rendre une décision importante,..
Une voix: À ce compte-là, s'il lui donne...
M. Charbonneau: Cela ne me dérange pas que le ministre
veuille répliquer par la suite...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Verchères, j'aimerais vous faire remarquer que
j'ai assez de renseignements pour le moment. Nous allons suspendre pour
quelques minutes et après nous rendrons notre décision.
Une voix: II y a un autre renseignement qui vous manque, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est dommage, mais
je vais me passer de celui-là. Les travaux sont suspendus pour quelques
instants.
(Suspension de la séance à 17 h 23)
(Reprise à 17 h 38)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaîti
Étant donné qu'il y a un vote en
Chambre et que nous n'avons pas fini de délibérer, nous
rendrons la décision à 20 heures.
Nous suspendons les travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 40)
(Reprise à 20 h 12)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Je déclare la séance de la commission de l'économie
et du travail ouverte. À la fin de nos travaux, des questions de
règlement ont été soulevées et je suis prête
à rendre ma décision à ce moment-ci.
Décision de la présidente
Lorsqu'un projet de loi est déféré en commission
pour étude article par article, il est d'usage qu'on procède
d'abord aux remarques préliminaires. Les remarques préliminaires
étant terminées, et après vérification avec les
conseillers en procédure parlementaire, il appert que la commission est
présentement rendue à l'étape de la présentation
des motions pour procéder à des consultations
particulières, conformément à l'article 244 qui se lit
comme suit: "La commission saisie étudie chaque article du projet de loi
et les débats portent sur les détails du projet. Les amendements
doivent se rapporter à son objet et être conformes à son
esprit et à la fin qu'il vise. Avant d'entreprendre l'étude
détaillée, la commission peut décider de tenir des
consultations particulières dans le cadre de son mandat."
Vous constaterez que le seul moment prévu pour présenter
des motions pour consultations particulières - il y a beaucoup de
barbots - c'est avant d'entreprendre l'étude article par article du
projet de loi.
Ainsi, l'article 244 précise deux étapes distinctes d'un
projet de loi en commission. Tel que mentionné au début, l'usage
permet une première étape, celle des remarques
préliminaires, qui est, à mon sens, une étape tout
à fait différente des deux autres prévues par le
règlement. Le temps de parole des députés à chacune
des étapes est indépendant du temps de parole applicable à
l'étape suivante. Ainsi, le temps de parole des motions pour
consultations particulières est prévu à l'article 209,
alors que le temps de parole pour l'étude détaillée est
prévu aux articles 245 et 246.
En terminant, je vous réfère au Journal des
débats de la commission de l'éducation du 6 juin 1986 et du 9
juin 1986 relativement au projet de loi 58 sur l'admissibilité à
l'enseignement à l'anglais de certains enfants. Â ces
séances, nous remarquons qu'un député qui avait
épuisé son temps de parole aux remarques préliminaires
a
Débats de l'Assemblée nationale 8 décembre 1986
présenté une motion pour consultation particulière en
vertu de l'article 244 et que le président a alors déclaré
cette motion recevable. Peu importe le temps utilisé par un
député lors des remarques préliminaires, il peut à
ce moment-ci présenter une motion en vertu de l'article 244. Le
président a alors déclaré cette motion recevable. Peu
importe le temps utilisé par un député lors des remarques
préliminaires, il peut, à ce moment-ci, présenter une
motion, en vertu de l'article 244. Par conséquent, j'accorde la parole
au député de Verchères.
M. Charbonneau: Merci, Mme la Présidente. Est-ce que le
ministre peut payer ses dettes?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Strictement sur une question de
directive. Est-ce que les motions qui peuvent être
présentées au moment où on est dans nos travaux ne peuvent
que toucher ce qui est prévu à l'article 244, soit les
consultations particulières?
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'objet des motions ne peut que
concerner les consultations particulières.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui. Je l'ai dit dans
ma décision, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je voulais simplement avoir une
précision.
Une voix: II devra changer sa motion car ne n'est pas celle qu'il
avait préparée.
Motion proposant d'entendre
le ministre de l'Éducation sur la formation
professionnelle
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: Mme la Présidente, je pense que vous avez
rendu une sage décision qui vous honore. Conformément à la
décision que vous avez rendue, je voudrais maintenant, à cette
étape-ci, présenter la motion suivante: "Que, conformément
à l'article 244 de nos règles de procédure, la commission
de l'économie et du travail invite le ministre de l'Éducation
pour entendre ses commentaires sur les articles concernant la formation
professionnelle et notamment les articles 85.2 et 85.3 introduits par l'article
16 du projet de loi et ce, avant que la commission n'aborde l'étude
détaillée du projet de loi."
M. Théorêt: "Que la commission invite le ministre",
est-ce que j'ai bien compris?
M. Charbonneau: Oui. Conformément à l'article 244,
la motion est que, comme commission, nous invitions le ministre.
M. Chevrette: Mme la Présidente, est-ce que la motion est
recevable?
La Présidente (Mme Bélanger): Conformément
à une décision rendue par Jean-Guy Lemieux, la motion du
député de Verchères est recevable.
M. Charbonneau: Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Mais, naturellement,
le ministre peut refuser de participer.
M. Chevrette: La majorité peut refuser, non pas le
ministre.
M. Charbonneau: Je vais essayer d'abord de convaincre mes
collègues. Dans la mesure où l'on pourrait faire
l'unanimité de la commission, j'imagine que l'invitation serait sans
doute plus pressante auprès du ministre.
Vous vous rappellerez sans doute, chers collègues, que la semaine
dernière, lorsque nous avons entendu Ses organismes, à un moment
donné, j'ai pris la parole pour poser une question au ministre.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Verchères, avant que vous ne commenciez,
j'aimerais vous signaler qu'en vertu de l'article 209 vous avez droit à
un temps de parole de 30 minutes, le ministre, 30 minutes et Ies autres membres
de la commission, 10 minutes.
M. Charbonneau: Merci, Mme la Présidente. Je vous
rappelais ainsi qu'à mes collègues, que la semaine
dernière, lorsque nous avons entendu les organismes dans notre
consultation particulière, à un moment donné, j'ai
posé une question au ministre du Travail pour lui demander s'il
accepterait de demander à son collègue, le ministre de
l'Éducation, de se présenter devant la commission. Je l'ai
indiqué tantôt dans mes remarques préliminaires, une des
deux facettes du projet de loi concerne la formation professionnelle. Le
ministre a mis beaucoup d'importance, beaucoup d'accent sur cette dimension du
projet de loi et è quelques reprises, il s'est vanté -
j'espère que c'était à bon droit; je ne veux pas faire de
procès d'intention - tant à l'étape de l'étude du
principe du projet de loi que la semaine dernière lors de la
consultation particulière, qu'il avait, lui, réussi ce que ses
prédécesseurs n'avaient pas réussi à faire,
c'est-à-dire développer une harmonie extraordinaire avec son
collègue de
l'Éducation et développer des ententes très
particulières avec ce dernier afin que tout le secteur de la formation
professionnelle et en particulier dans l'industrie de la construction... Pas
exclusivement, mais en ce qui nous concerne à ce moment-ci, c'est
l'industrie de la construction. Donc, cette entente ou cette harmonie lui avait
permis et avait permis aux deux ministres d'en arriver à...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Une collaboration.
M. Charbonneau: ...une collaboration et à un mode de
fonctionnement - je remercie le ministre - intéressant. Cependant,
beaucoup d'organismes sont venus poser des questions sur certains
éléments de cette formation professionnelle, sont venus nous
interroger sur la façon dont le ministère de l'Éducation
fonctionnerait avec eux afin de savoir quelle serait l'autonomie
véritable des parties à l'égard du système de
formation professionnelle dans la mesure où le ministère de
l'Éducation aurait un rôle assez important à jouer dans ce
secteur.
Il m'apparaît et il apparaît à mes collègues
de ce côté-ci de la table que le minimum qu'on pourrait faire,
avant d'entreprendre l'étude de certains des articles du projet de loi -
et en particulier l'article 16 qui, finalement, introduit un nouveau chapitre
dans la Loi sur les relations du travail dans l'industrie de la construction -
qui introduit un chapitre sur la formation professionnelle, que nous devrions
raisonnablement avoir une discussion avec le ministre de l'Éducation
à la fois pour vérifier la solidité du consensus et
l'état de collaboration qui peut exister avec le ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, mais également
afin de voir dans quelle mesure le ministre de l'Éducation envisage le
fonctionnement du système qui est mis en place par le projet de loi et
dans quelle mesure, finalement, on peut penser que le ministère de
l'Éducation fonctionnera dans le sens souhaité par ' les
différentes parties concernées dans l'industrie de la
construction.
Je ne sais pas, Mme la Présidente, si je dois plaider longtemps
sur cette demande. Si on avait l'indication, par exemple, que nos
collègues ministériels partagent notre point de vue et sont
d'accord, cela pourrait écourter notre intervention. Si le ministre,
aujourd'hui, nous disait qu'il est, lui aussi, d'accord pour faire cette
invitation et qu'on peut avoir l'assurance que le ministre de
l'Éducation viendra, je pense que ce serait important... On est dans la
période de fin de session, je crois que les ministres sont tous sur le
qui-vive et que cela ne devrait pas être tellement difficile ce soir ou
demain matin, avant qu'on entame l'étude détaillée du
projet de loi, qu'on puisse avoir... On pourrait s'entendre par la suite sur le
temps qu'on pourrait prendre pour faire cette discussion avec le ministre de
l'Éducation. On pourrait facilement s'entendre sur une période de
temps raisonnable qui nous permettrait de faire un travail sérieux, un
travail en profondeur et de faire le tour de la question avec le ministre de
l'Éducation.
Le ministre du Travail devrait considérer sérieusement
cette motion, d'autant plus que, finalement, dans la mesure où on aurait
clarifié plusieurs des questions qui sont litigieuses ou tout au moins
inquiétantes ou interrogatives à l'égard du chapitre sur
la formation professionnelle dans le projet de loi, ce serait pour lui et pour
l'ensemble de la commission autant de temps de gagné, finalement. On
pourrait se rendre compte que le temps que l'on consacrerait à
rencontrer le ministre de l'Éducation et à faire une discussion
sérieuse avec lui serait du temps qu'on économiserait,
finalement, à l'étude détaillée. Cela nous
éviterait sans doute des débats inutiles. Cela nous
éviterait sans doute de faire des interprétations abusives ou
erronnées des intentions du gouvernement à l'égard de la
formation professionnelle. Cela permettrait sans doute aux différentes
parties dans l'industrie de la construction qui sont inquiètes et qui
s'interrogent sur la façon dont tout cela va fonctionner d'avoir un
meilleur éclairage.
D'ailleurs, à mon point de vue, il aurait été
souhaitable que la consultation particulière eût permis,
dès la semaine dernière, au ministre de l'Éducation
d'être lui aussi présent à cette consultation
particulière afin, dès ce moment-là, de donner des
informations, de rassurer les parties et, finalement, de nous éclairer
plus adéquatement sur la portée des articles qui sont introduits
dans la Loi modifiant la Loi sur les relations du travail dans l'industrie de
la construction.
Mme la Présidente, cette motion est raisonnable. Cette motion est
faite dans un esprit de collaboration et elle ne prend par surprise ni le
ministre, ni ses collègues ministériels; nous en avions
indiqué notre intention dès la semaine dernière. On avait
dit publiquement qu'on pensait à propros et appropriées une telle
démarche et une telle demande. Ce qui nous a encouragés dans
cette voie, Mme la Présidente, c'est que le ministre nous a donné
des espoirs. II nous a indiqué qu'a priori, il trouverait cela
très correct, très légitime et même très
normal qu'on ait une bonne discussion. J'oserais presque dire que cela pourrait
même l'aider dans la dynamique de ses négociations avec le
ministère de l'Éducation. Il a dit: Écoutez, je pense que
le problème ne se pose pas - je pense qu'il a dit cela à un
organisme qui est venu devant nous - entre mon collègue de
l'Éducation et moi, mais le problème peut
Débats de l'Assemblée nationale 8 décembre
1986 peut-être se poser au niveau des fonctionnaires des deux
ministères. Alors, c'est la meilleure façon d'y voir plus clair,
de voir vraiment où se situe le problème. Le député
de La Peltrie me suggère des mots, j'en prendrai d'autres, s'il n'a pas
d'objection. Notre objectif est qu'on puisse s'assurer de l'état
d'avancement et de la collaboration qui peut exister actuellement entre le
ministère de l'Éducation et le ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
On l'a fait, Mme la Présidente, parce que...
M. Chevrette: Chut! Un peu moins fort, s'il vous plaît!
M. Charbonneau: ...le ministre...
M. Théorêt: ...cartes de Noël en silence.
M. Charbonneau: Merci, M. le député de Vimont. On
l'a fait parce que le ministre a mis, non seulement beaucoup d'importance
à l'égard de la formation professionnelle, mais il a
également mis beaucoup d'importance à l'égard d'un nouveau
critère qui servirait maintenant à baliser le contingentement ou
à structurer le mécanisme de contingentement dans cette
industrie, c'est-à-dire un critère de compétence.
Dans la mesure où on arrivera à la compétence par
la formation professionnelle, c'est presque un lieu commun de dire cela, dans
la mesure où le critère de la compétence sera atteint par
une formation professionnelle adéquate et par un système qui
fonctionnera avec une collaboration réelle, fructueuse, efficace et de
bonne foi de la part, non seulement des deux ministres, mais, oserions-nous
dire, dès fonctionnaires également de ces ministères, je
pense que le moins qu'on puisse demander, c'est qu'avant de s'engager dans
l'étude détaillée du projet de loi, on puisse avoir une
discussion avec le ministre de l'Éducation.
Je ne me rappelle pas - le ministre du Travail pourra peut-être me
corriger - que le ministre de l'Éducation soit intervenu sur
l'étude des principes du projet de loi. Mon collègue, le
député de Joliette, me confirme qu'effectivement le ministre de
l'Éducation n'est pas intervenu. C'est déjà, à mon
point de vue, une lacune importante...
Une voix: Un manque.
M. Charbonneau: ...oui, sans doute un manque, que le ministre de
l'Éducation n'ait pas cru bon intervenir dans la nuit de travail
intensif de lundi dernier, alors qu'on a étudié très
sérieusement, tout au moins de notre côté, les principes du
projet de loi.
Mme la Présidente, dans la mesure où ce projet de loi
concerne le ministre de l'Éducation, quand je pense entre autres
à l'article qui dit: La commission donne au ministre de
l'Éducation des avis sur toute question relative à la formation
professionnelle dispensée dans des établissements d'enseignement,
après consultation du comité sur la formation, dans la mesure
où, très spécifiquement dans le projet de loi, on fait
référence au ministre de l'Éducation, il est
évident que le système de formation professionnelle sera mis en
place avec la collaboration du ministère de l'Éducation et,
certains le craignent peut-être, sous la tutelle du ministère de
l'Éducation. Donc, on pense qu'il est judicieux d'en avoir le coeur net
avant même de commencer l'étude détaillée. (20 h
30)
On aurait pu, Mme la Présidente, choisir de présenter
cette motion quand on serait arrivé à l'article 16. Mais, on
pense plutôt que... Et peut-être même à l'article 3,
mais je ne suis pas... Oui, peut-être... Parce qu'on dit effectivement;
La commission est composée d'un conseil d'administration formé de
treize membres, dont un président. Il y a un des membres qui est
recommandé par le ministre de l'Éducation. Le
député de Joliette me fait remarquer qu'il y a 1'article 6 aussi.
On aurait pu, autrement dit, attendre qu'on arrive à certain nombre
d'articles spécifiques. Nous, on se dit: Le ministre de
l'Éducation n'a pas eu l'occasion de se faire entendre encore à
ce moment, il est préférable qu'on y voie clair. Dans la
même logique, d'une certaine façon, ce matin on a demandé
au ministre si, éventuellement, il serait disposé à nous
livrer en vrac et en bloc l'ensemble des amendements pour qu'on puisse voir
dans quelle mesure le ministre a modifié ses modalités, a
changé son fusil d'épaule, a corrigé son tir, a
amélioré son travail. Dans la même logique, il nous
apparaît normal, Mme la Présidente, que le ministre de
l'Éducation puisse également venir nous apporter cet
éclairage avant qu'on s'attarde et qu'on s'attelle, si on me permet
cette expression, à la tâche de faire une étude exhaustive
du projet de loi, article par article.
Mme la Présidente, si le ministre du Travail me disait à
ce moment-ci, d'une façon très précise, qu'il accepte
notre proposition et qu'il accepte notre demande, je pense qu'on pourrait
considérer que cela ne vaut pas la peine de plaider plus longtemps.
Mon problème, Mme la Présidente, c'est que je ne sais pas
encore jusqu'où vont les ouvertures qu'a faites le ministre du Travail
la semaine dernière. La sympathie qu'on peut lire sur son visage ce soir
se traduit, effectivement, par une réelle réception, une
réception positive de cette proposition et finalement l'ouverture
d'esprit qui nous
amènerait à faire un consensus solide, ici, autour de la
table et présenter au ministre de l'Éducation une proposition qui
soit non pas uniquement celle d'une majorité de membres de la commission
mais celle de l'ensemble des membres de la commission.
Je suis convaincu que les nouveaux députés, ceux qui ont
moins d'expérience parlementaire, ou encore tous ceux qui sont moins
familiers avec toutes ces questions de formation professionnelle, ces
politiques de main-d'oeuvre, ces questions qui concernent l'industrie de la
construction... Tous n'ont pas l'expérience du député de
Saint-Maurice qui a été entrepreneur en construction et qui
était même disposé à offrir des cours gratuits
à certains des membres de la commission sur le fonctionnement de
l'industrie de la construction. Mais, comme tous n'ont pas cette même
expérience, je suis convaincu que la plupart des collègues
seraient heureux, intéressés et profiteraient sûrement de
la présence du ministre de l'Éducation. Je suis convaincu, Mme la
Présidente, que même le député de Saint-Maurice
trouverait profit dans une discussion ouverte, franche, comme sait en faire le
ministre de l'Éducation, et dans un tel exercice. En tout cas, nous, on
le formule bien sincèrement, Mme la Présidente. Bien franchement,
on pense que c'est à propos et légitime. C'est même
nécessaire qu'à ce stade, on puisse donner au ministre de
l'Éducation l'occasion de venir nous donner son point de vue, de venir
nous éclairer sur la portée des articles et de venir nous dire si
oui ou non il considère que le ministère de l'Éducation a
un rôle qui le place dans une situation d'autorité par rapport aux
différentes parties ou s'il voit plutôt son rôle comme un
rôle de soutien, en laissant aux parties concernées le soin de
diriger, de mettre en place et d'organiser le système de formation
professionnelle.
Le problème, actuellement, c'est qu'on ne sait pas tellement
quelle est l'orientation du gouvernement ou quelle est l'orientation du
ministre du Travail. Ce dernier a beau tenter de nous rassurer, il admettra que
c'est un peu inusité que, sur un projet de loi de cette nature, alors
que l'on fait continuellement référence à la formation
professionnelle, de l'autre côté, alors que l'on fait
continuellement référence au critère de la
compétence, l'on n'ait eu, à ce moment-ci, aucune intervention du
ministre de l'Éducation, que l'on n'ait eu, à ce moment-ci, aucun
éclairage particulier du ministre de l'Éducation. Je pense que
c'est anormal que le ministre de l'Éducation n'ait pas compris qu'il
devait intervenir sur les principes du projet de loi.
Je vais vous dire, Mme la Présidente, que, depuis dix ans de vie
parlementaire, dans ce genre de projet de loi qui amène des ministres
à collaborer, qui met en place des structures qui vont appeler une
collaboration interministérielle, de plusieurs ministères, de
fonctionnaires qui ont des approches parfois contradictoires, en tout cas, tout
au moins différentes, il est de coutume, il est d'usage que, d'une
certaine façon, les ministres qui sont concernés portent
solidairement le fardeau de la démonstration du bien-fondé des
projets de loi en question. Je trouve que le ministre du Travail, à ce
moment-ci, fait un peu figure d'orphelin. On a l'impression que le ministre de
l'Éducation qui est un ministre senior le laisse se débrouiller
tout seul, le laisse aller au front. On voudrait être convaincu et
rassuré quant à l'affirmation que le ministre nous a faite,
disant qu'il y a une harmonie comme il n'y en a jamais eue, semble-t-il, entre
un ministre de l'Éducation et un ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
Vous savez, c'est le ministre de l'Éducation lui-même qui,
lorsque j'étais journaliste au Devoir et qu'il était mon patron,
m'a enseigné à être sceptique et à vérifier
deux fois plutôt qu'une, sinon trois fois plutôt qu'une. À
cet égard, le scepticisme dont je fais preuve aujourd'hui, le ministre
du Travail devra en tenir rigueur au ministre de l'Éducation qui m'a
judicieusement fait cet enseignement qui, aujourd'hui, me sert souvent, surtout
dans ce métier délicat et difficile qu'est le métier de
politicien, de personne politique. On a à évaluer
l'honnêteté des propos qui nous sont tenus. On a à
évaluer la sincérité des engagements politiques
d'adversaires qui n'ont pas la même vision des choses. À un moment
donné, il faut tirer la ligne entre la partisanerie et la collaboration,
dans l'intérêt public. Vous admettrez que pour aller dans une
franche collaboration à l'égard de l'intérêt public,
encore faut-il être convaincu de la portée des actions que le
gouvernement entreprend, la portée des projets de loi qu'il
présente et leur répercussion. Surtout, faut-il être
convaincu que des déclarations mettant en évidence une harmonie
jamais vécue, jamais expérimentée jusqu'alors, soient
exactes.
Le ministre du Travail qui a fait ses classes dans l'Opposition a appris
lui aussi à être sceptique et a appris à vérifier
deux fois plutôt qu'une. D'ailleurs, lui aussi, d'une certaine
façon, nous donne des enseignements. On se rappelle très bien
comment le ministre du Travail d'aujourd'hui agissait quand il était de
ce côté-ci de la table. On se rappelle bien avec quelle prudence
il agissait dans un certain nombre de dossiers, quelle insistance il mettait
pour prendre toutes les garanties. Dans un projet de loi litigieux, dans un
projet de loi majeur, dans un projet de loi qui soulève des
interrogations dans ta société, qui amène même des
gens à venir manifester devant le parlement, il voulait que l'on
s'assure que
Débats de l'Assemblée nationale 8 décembre 1986
tout était bien correct, que tout était bien conforme, que tout
était bien comme on voulait le prétendre, qu'il n'y avait pas de
choses cachées et que l'on pouvait vraiment faire confiance à la
parole des ministres en question. Sans doute, aujourd'hui, serait-il bien mal
placé de venir nous le reprocher. Je sais qu'il ne l'a pas encore fait,
mais j'anticipe un peu, le connaissant.
Au fond, je voudrais lui éviter d'utiliser cet argument qui
serait un peu inutile et un peu curieux de sa part, d'avoir finalement suivi
son exemple de prudence et de lui demander de concourir à cette motion
qui vise à nous permettre, de ce côté-ci de la table, et
à permettre à ses collègues ministériels de
s'assurer que le ministère de l'Éducation fera un travail
correct, qu'il fonctionnera bien dans le système qui nous est
proposé, que les parties collaboreront bien également avec le
ministère de l'Éducation et qu'il y aura, finalement, une
harmonie correcte non seulement entre le ministère de la Main-d'Oeuvre
et de la Sécurité du revenu et le ministère de
l'Éducation mais également avec les parties
concernées.
Le ministre admettra que des interrogations ont été
soulevées en commission parlementaire la semaine dernière lors de
la consultation particulière. II admettra que, quand ces gens avaient
terminé leur temps de présentation, ils repartaient de la
commission avec encore les mêmes interrogations. Il n'a pas
réussi, sans doute le reconnaîtra-t-il, à dissiper
totalement les doutes. Une bonne façon pour nous qu'il puisse dissiper
les doutes, c'est qu'il soit côte à côte avec le ministre de
l'Éducation et que, là, on ait non pas deux ministres qui, quand
on leur parle individuellement, nous disent des choses qui ont l'air bien
harmonieuses, mais deux ministres qui nous disent la même chose, à
la même table, en même temps. Ainsi, tout le monde verrait qui dit
la vérité. On aurait l'heure juste. Les parties pourraient
évaluer au mérite la portée des engagements politiques que
les deux ministres prennent au nom du gouvernement et la volonté
politique, parce qu'elle est importante également.
Le ministre du Travail nous a dit: Vous savez, ce n'est pas sur le plan
politique que les problèmes se posent, c'est plutôt au niveau de
l'appareil administratif. Très bien, mais quand des problèmes
d'harmonisation et de collaboration se posent au niveau des fonctionnaires,
pour que ces problèmes se règlent - sans doute le
député de Joliette qui a été ministre pourrait-il
en parler - il faut encore que, sur le plan politique, on ait la volonté
de les régler. II faut qu'on soit convaincu, sur le plan politique, que
ces questions sont importantes et il faut qu'on ait la volonté politique
de signifier à la partie administrative du ministère:
Voilà la volonté politique et voilà la direction dans
laquelle il faut aller. Voici les objectifs qu'on veut atteindre et on a le
mandat de les rechercher.
Nous disons: Très bien. Mais pour ce faire, il faut qu'on ait
l'assurance de la part du ministre de l'Éducation qu'il dit bien la
même chose que le ministre du Travail. On veut également avoir
l'assurance du ministre de l'Éducation que les engagements qui ont
été pris en son nom par le ministre du Travail seront
respectés par lui et par ses fonctionnaires. Il n'y a pas 56
façons d'atteindre cet objectif, Mme la Présidente, il y en a une
seule: demander au ministre de l'Éducation de se présenter ici,
en commission, avant qu'on étudie article par article le projet de loi
et qu'on ait une discussion franche et ouverte avec lui.
On n'est pas obligé de s'engager à discuter pendant trois
semaines. Quelques heures suffiraient sans doute à clarifier la
question. Je pense qu'on pourrait s'entendre. Je ne sais pas si mes
collègues voudront préciser un peu la portée de la
proposition que je fais, mais j'imagine que deux ou trois heures au maximum
pourraient suffire à faire te tour des questions. Je suis convaincu, je
l'ai dit tantôt et je le répète, Mme la Présidente,
que le temps que le ministre accepterait de consacrer à cet exercice
serait du temps gagné par la suite quand on fera l'étude
détaillée du projet de loi, en particulier celle de l'article
16.
Si on regarde l'article 16, il introduit tout un chapitre dans la Loi
sur les relations du travail dans l'industrie de la construction. Je crois,
à cet égard, qu'on peut penser qu'en ayant deux ou trois heures
devant nous et si le ministre de l'Éducation pouvait clarifier toutes
les questions qui peuvent être litigieuses ou paraître
ambiguës, on pourra être plus à l'aise par la suite, Mme la
Présidente, et peut-être concourir avec le ministre du Travail
à l'adoption du projet de loi.
Quand on voit le genre de réactions qu'ont manifesté les
organismes qui sont venus nous rencontrer la semaine dernière, vous
comprendrez qu'on soit prudents et qu'il est de notre devoir, du
côté de l'Opposition, de nous assurer que les
représentations qui ont été faites soient prises au
sérieux, qu'elles soient bien évaluées et qu'on ait des
réponses précises et des assurances très formelles de la
part des ministres concernés. Si personne n'avait parlé de la
formation professionnelle, si le ministre du Travail n'avait pas insisté
lui-même sur cet aspect, si le nouveau critère de contingentement
n'était pas la compétence, peut-être qu'on n'insisterait
pas aujourd'hui pour présenter cette motion. (20 h 45)
Mais, Mme la Présidente, je réitère mon invitation,
et je le fais au nom de tous
mes collègues de l'Opposition, pour qu'unanimement, ou
majoritairement tout au moins, on accepte d'inviter le ministre de
l'Éducation à se présenter ce soir ou demain et à
venir nous donner toutes les informations pertinentes à l'égard
du dossier de la formation professionnelle dans l'industrie de la
construction.
Mme la Présidente, je ne serai pas plus long à ce
moment-ci. Je sais que le ministre aimerait que je poursuive, mais comme on ne
fait pas de l'obstruction systématique juste pour le plaisir de faire de
l'obstruction systématique, mais qu'on formule une proposition
très correcte, une proposition sérieuse - le député
de La Peltrie a raison -d'autant plus que c'est une proposition, comme je l'ai
indiqué tantôt, qu'on avait formulée la semaine
dernière publiquement... On n'a pas joué à cache-cache, on
n'a pas pris le ministre par surprise, on a fait cela très ouvertement
et on a fait cela très correctement et d'une façon très
cohérente également, très cohérente. Je ne pense
pas qu'on puisse nous reprocher quoi que ce soit à l'égard de
cette motion et si la partie ministérielle de la commission en doute, je
l'invite simplement, Mme la Présidente, à nous appuyer. On mettra
fin, à ce moment-là, à la discussion et on pourra
transmettre notre invitation et prendre les arrangements le plus rapidement
possible avec le ministre de l'Éducation. Cela ferait l'affaire de tout
le monde et cela nous permettrait de faire un travail sérieux,
constructif et un travail qui, finalement, correspond aussi à ce qui est
notre devoir, Mme la Présidente, c'est-à-dire l'adoption d'un
projet de loi qui ne détériorera pas une situation, un projet de
loi qui n'aggravera pas une situation dans une industrie majeure au
Québec, un projet de loi qui va contribuer à améliorer la
vie et l'efficacité d'une industrie importante du Québec.
Voilà, Mme la Présidente, ce que j'avais à dire en
faveur de la motion que je vous ai soumise et que je soumets à tous nos
collègues de la commission.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Verchères. M. le ministre.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Comme je l'avais indiqué,
Mme la Présidente, à notre collègue de Verchères,
il m'avait convaincu la semaine passée. Qu'il reprenne trente minutes ce
soir pour me convaincre de nouveau, c'est sans doute qu'il avait des doutes sur
ma conviction profonde. Je ne peux pas voir d'autres motifs qui l'auraient
suscité à parler pendant une demi-heure sur une telle motion.
Sur le principe, Mme la Présidente, je ne prendrai pas trente
minutes pour vous signifier notre accord. L'importance de la formation dans ce
projet de loi est tellement grande, comme je l'ai indiqué la semaine
dernière, qu'il serait, à notre avis, également important
que le ministre de l'Éducation soit entendu par cette commission.
Maintenant, vous me permettrez, Mme la Présidente, de vous
suggérer une légère modification qui ne touche en rien au
principe que vise à atteindre le député de
Verchères, mais qui fera en sorte que l'on pourra s'assurer de
l'intérêt véritable de nos amis d'en face d'aborder un de
ces jours l'article 1 du projet de loi qui est devant nous.
Motion d'amendement
L'amendement que j'aurais à proposer se lirait comme suit: Que la
motion en discussion soit modifiée en remplaçant les mots "et ce,
avant que la commission n'aborde l'étude détaillée du
projet de loi" par les mots "au moment où la commission étudiera
l'article 16 et ce, pour une durée d'une heure et trente minutes".
Je vais faire circuler le texte qui est un manuscrit de la même
façon que le député de Verchères l'avait fait en
vous invitant, Mme la Présidente - c'est pour s'assurer que mes
amendements sont recevables - à corriger la motion principale comme vous
avez le droit de le faire, en modifiant "nos règles de procédure"
par "du règlement de l'Assemblée nationale". Vous avez le droit
de le faire. On n'a pas insisté sur celle du député de
Verchères, mais on concourt tellement à l'objectif qui est
poursuivi que nous vous suggérons de modifier de votre propre chef la
motion principale et d'accepter notre amendement.
La Présidente (Mme Bélanger): Effectivement, en
vertu de l'article 193, je peux modifier la motion principale pour remplacer
les mots "nos règles de procédure" par "du règlement de
l'Assemblée nationale".
M. Chevrette: II y a un amendement quand même.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, mais, en
même temps, il y a cette...
M. Chevrette: C'est cette partie que vous corrigez pour la rendre
conforme.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, pour la
forme.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, parce que si la
première partie n'est pas conforme, l'amendement ne peut s'attacher
à une première partie non conforme.
M. Chevrette: Oui, d'accord. Ce que je
Débats de l'Assemblée nationale 8 décembre
1986 veux dire, c'est que d'autorité elle rend conforme aux
règlements la motion principale, et vous amendez la motion
principale.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous proposons l'amendement.
M. Chevrette: J'aimerais avoir le texte avant de parler pour et
au nom de ma formation politique.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis sûr qu'avec ou sans
texte, vous allez parler.
M. Chevrette: Je vais parler parce que je vais essayer de vous
démontrer qu'elle est restrictive par rapport à l'objectif
recherché et peut-être que vous allez vous rendre à mon
sous-amendement. En tout cas, j'aimerais avoir le texte.
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant! Nous
avons juste une copie et nous sommes en train de la lire. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que sur la
recevabilité cela cause des problèmes?
La Présidente (Mme Bélanger): Non, Alors, M. le
ministre, votre motion est recevable.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente,
brièvement, l'amendement...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,s'il vous plaît!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...vise à resituer dans le
temps et par rapport aux articles l'élément principal. Il
s'inspire de la motion principale qui nous disait, essentiellement, qu'il est
important d'en traiter à l'article 16 du projet de loi.
J'ai cru saisir dans les propos du député de
Verchères qu'il aurait peut-être souhaité en traiter en
tout début avant que l'on n'entreprenne l'étude article par
article et à ce moment-là il a insisté sur l'article 3.2
du projet de loi, c'est-à-dire, la composition du conseil
d'administration et l'effet direct ou indirect que cela pourrait avoir. Je lui
dirais tout. simplement - même s'il est absent pour les fins d'aller
parler au salon bleu - que plus il sera convaincu de la nécessité
de l'intervention du ministère de l'Éducation plus il sera
convaincu que ces gens doivent être représentés au conseil
d'administration; c'était en sens contraire que les
représentations de l'Opposition allaient jusqu'à maintenant. Je
ne crois pas qu'il y ait de portée.
Ce qui intéresse les qens de la construction, de façon
pratico-pratique, c'est de savoir si le ministère de l'Éducation
va conserver le rôle qu'il a présentement, c'est-à-dire,
que la commission ne sera que consultative vis-à-vis du ministère
de l'Éducation. Est-ce que le ministère de l'Éducation
pourra suivre les avis ou ne pas suivre les avis parce qu'il sera
décideur ou est-ce que le rôle du ministère de
l'Éducation sera parallèle à celui du ministère de
la Main-d'oeuvre, c'est-à-dire un rôle d'homologation; la
commission décide et le ministère de la Main-d'oeuvre homologue,
appose son sceau sur les programmes de formation? La question est aussi simple
que celle-là. C'est celle que j'ai perçue et de la partie
patronale et de la partie syndicale au moment des comparutions la semaine
dernière. C'est celle que j'ai perçue de mes collègues de
l'Opposition.
Le ministre de l'Éducation, avec qui je me suis entretenu ce
soir, est prêt à venir discuter avec la commission de la
rédaction de cet article. Je dis tout simplement aux membres: Cependant,
vous avez besoin de nous convaincre d'ici là que vous êtes
vraiment sérieux, que vous n'êtes pas en train de faire ce que
l'on appelle de l'obstruction systématique et que cela vous
intéresse sur le fond. A ce moment-là, en le plaçant
où on l'a placé, on sera quand même rendu à
l'article 16, on aura passé à travers une quinzaine d'articles
qui nous auront convaincus, nous, la population ainsi que les travailleurs et
employeurs dans le domaine de la construction, du sérieux ou du manque
de sérieux de l'Opposition quant à l'étude article par
article de ce projet de loi.
Mme la Présidente, nous vous suggérons une durée
d'une heure trente minutes. C'est la durée qui a été
accordée aux organismes principaux qui sont venus comparaître
devant cette commission la semaine dernière: l'Office de la construction
du Québec, la FTQ-Construction, l'AECQ, etc. Nous vous soumettons que,
lorsque requis, nous avons débordé, de consentement, des deux
côtés de la Chambre, pour quinze, vingt minutes, si le besoin s'en
faisait sentir, consentement qui honore les parlementaires qui siègent
d'un côté comme de l'autre de cette table.
Je vous indiquerai également que c'est la première fois
que l'Opposition demande la comparution du ministre de l'Éducation, sauf
la semaine dernière, au moment des auditions publiques. J'étais
absent, mais on me dit qu'au moment où la commission s'est
penchée sur la préparation de ces travaux, les membres de
l'Opposition avaient demandé la comparution des représentants de
l'Office de la construction du Québec mais n'avaient pas demandé
la comparution du ministre de l'Éducation lui-même.
Quant aux reproches que l'on a adressés
ou aux remarques que l'on a faites à l'endroit du ministre de
l'Éducation parce qu'il n'avait pas pris la parole lors de l'adoption du
principe du projet de loi, je vous dirai qu'il était disponible
jusqu'à une certaine heure. Considérant l'heure à laquelle
le projet de loi a été appelé, le ministre de
l'Éducation qui a une tâche lourde - il s'agit d'un
ministère très important, comme quelqu'un l'a souligné de
l'autre côté -n'était pas disponible à ce
moment-là. Ce soir, il m'a indiqué qu'il serait disponible pour
venir expliquer aux parlementaires la participation et l'implication de son
ministère. J'en profite pour souligner - cela dira peut-être plus
de choses aux deux anciens ministres qu'aux députés, de l'autre
côté - que le mémoire au Conseil des ministres, quant aux
objectifs fondamentaux de ce projet de loi, était signé par le
ministre de l'Éducation, par le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu et par le ministre du Travail. Donc, il y
avait, comme je l'ai indiqué, une collaboration pleine et
entière. Connaissant ceci, l'Opposition peut nous dire maintenant
qu'elle apprécie que nous donnions notre accord et également
qu'elle a hâte que l'on arrive à l'article 16, de façon
à pouvoir entendre le ministre de l'Éducation. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Guy Chevrette
M» Chevrette: Mme la Présidente, je vais commencer
par parler de l'amendement. J'ai l'intention d'apporter un sous-amendement
à la fin de mon intervention, pour les motifs suivants. Je vais le
justifier en même temps au ministre. Peut-être qu'il l'acceptera
dans son propre amendement. Je n'ai pas d'objection, il évitera ainsi
que l'on parle sur un sous-amendement.
Voici pourquoi, personnellement, je préférerais qu'il
intervienne à l'article 3.2. C'est vraiment à l'article 3.2 du
projet de loi que le ministre de l'Éducation commence à
être impliqué, parce qu'on le nomme d'office au conseil
d'administration de l'office. Je pense qu'on lui fait même jouer un
rôle de votant au conseil. Je pense que le ministre devrait
réviser sa position. Je l'écoutais tantôt et si j'avais eu
la chance d'intervenir après mon collègue, j'aurais sans doute
évité qu'il y ait un amendement de la part du ministre.
Regardons les faits. Que dit le projet de loi concrètement?
À l'article 3.2, on dit: "La commission est composée d'un conseil
d'administration formé de treize membres dont un président." Si
vous remarquez, à l'article 3.2, 5°, c'est indiqué: "un,
recommandé par le ministre de l'Éducation".
Il joue un rôle clairement établi à l'article 3.2,
5°. Si on continue à reqarder !e projet de loi, au chapitre de la
formation, à l'article 6 - c'est un argument additionnel pour dire que
je voulais qu'il intervienne à l'article 3.2 - c'est: "Comité sur
la formation professionnelle dans l'industrie de la construction". On a des
décisions à prendre à ce sujet. Il y a eu des consensus
majoritaires des parties autant patronale que syndicale, il faut se le dire. Ce
sont des gens qui sont venus devant nous et qui nous ont dit: Laissez-nous donc
travailler. Laissez-nous donc mener notre barque. Laissez-nous donc conduire
notre bateau. La formation, cela devrait être l'apanage non pas du
ministère de l'Éducation, ni du ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, mais des deux parties.
(21 heures)
Donc, à l'article 6, vous commencez à faire jouer un
rôle concret à un comité dont les parties ne veulent
même pas. Elles disent: Au besoin, on formera notre comité s'il le
faut. Mais c'est vraiment le conseil d'administration de la commission qui
devrait décider ou non de ces comités. Et là,
déjà, on a un pied dans l'étrier.
Le deuxième endroit formel où l'on fait intervenir le
ministre de l'Éducation et sur lequel on pourrait lui demander ce qu'il
pense des consensus des parties, du résultat des tables de travail que
le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu a
créées, des consensus qui se sont dégagés au plan
de la formation professionnelle entre les parties...
Attendre à l'article 16 seulement, c'est dire qu'on limiterait
l'intervention du ministre exclusivement à l'aspect suivant: que la
commission donne des avis au ministre. On ferait venir le ministre ici
exclusivement pour lui demander s'il est d'accord que ce soit plus fort qu'un
avis, alors qu'il y a toute une philosophie entourant la formation
professionnelle dans l'industrie de la construction qui va même
jusqu'à demander l'exclusivité de la compétence à
gérer la formation par l'industrie elle-même, patrons et
syndicats. Cela m'apparaît restrictif. Je ne dis pas que c'est ce que le
ministre a recherché par l'amendement, mais je constate que le ministre
devrait - il le dira à la fin de mon intervention - reconsidérer
son amendement; sinon, je me verrai forcé de présenter un
sous-amendement que je lirai tantôt et qui n'a pas pour objectif de
perdre du temps.
Je vais confier tout de suite mon objectif au ministre, quand on aura
terminé cette motion précise. Mon objectif, c'est d'aller aux
points cruciaux du projet de loi et non pas de s'aligner
précisément sur des petits points, telle la définition du
mot "corporation" ou "commission", d'aller directement au noeud des
problèmes:
Débats de l'Assemblée nationale 8 décembre 1986
premièrement, le moratoire, c'est un point majeur dans la loi et,
deuxièmement, la composition de la commission. C'est un autre point
majeur.
Je n'ai pas l'intention de discuter en fou, est-ce clair? Je veux
attaquer les vrais problèmes et j'ai fait une motion à ce sujet,
M. le ministre. Je vous la Us tout de suite seulement pour vous montrer
l'esprit avec lequel on veut travailler en commission: "Que cette commission
entreprenne l'étude détaillée du projet de loi, Loi
modifiant la Loi sur les relations du travail dans l'industrie de la
construction, en commençant tout d'abord par l'article 61", parce qu'il
parle de l'entrée en vigueur et c'est là qu'on peut introduire le
moratoire, selon les articles 28 à 37. C'est là qu'on verra de
quel bois le ministre va se chauffer sur le moratoire lui-même. On verra
l'entrée en vigueur des lois. On spécifiera les lois qui
entreront en vigueur ou non. Si ce n'est pas le bon numéro, on le
corrigera.
L'objectif qu'on recherche, c'est d'aller immédiatement voir ce
qu'il a dans les tripes sur le moratoire. On veut aller voir ce qu'il a dans
les tripes sur la composition. Ce n'est pas de niaiser avec ce projet de loi.
On a même préparé des amendements, si... C'est vrai qu'on a
préparé des amendements sur certains articles, selon, bien
sûr, ce qu'il nous dira, s'il est prêt ou non à aborder les
points cruciaux. S'il nous oblige à suivre article par article, cela va
être bien sûr beaucoup plus décousu, car on sera
obligé d'y aller continuellement par concordance, tandis que, si on y va
par blocs représentant des consensus ou des demandes expresses des
parties, on risque de toucher, à très court terme, au noeud
même du problème, on risque de toucher au fondement même des
consensus qui se sont dégagés et au fruit de la consultation.
On a dit qu'on était à l'écoute, qu'on voulait
écouter sérieusement les parties. On a dit cela durant deux
jours. Donc, notre intention est de voir si on les a vraiment
écoutées. Pour ce faire, il faudra toucher les problèmes.
Il ne faudrait pas toucher l'accessoire. II faudrait d'abord regarder les
problèmes majeurs. Si jamais le ministre ne se rendait pas à
certains consensus qui se sont dégagés, on serait au moins
arrivé avec des amendements article par article beaucoup plus
sérieux.
Je donne un exemple. Je suppose que le ministre accepte notre motion sur
le moratoire, tel que l'Opposition le voit, sur les apprentis et sur les
manoeuvres. Cela éviterait automatiquement un paquet d'amendements sur
les articles 32, 33, 34, 35 et 37. C'est évident. S'il accepte le
moratoire, on n'a plus à faire d'amendement sur ces articles. C'est
autant d'acquis et cela va d'autant plus vite. On peut les amender quand
même, mais ils n'ont pas la même portée, vous le savez,
parce que la mise en vigueur des mesures de contlngenternent et des mesures de
formation viendrait lorsque les structures et les programmes seraient connus.
C'est très différent comme approche. Entre-temps, on
sécurise les travailleurs de la construction et on dit: Personne ne peut
venir indûment gonfler les effectifs ou le bassin.
C'est très différent comme approche. On a voulu l'aborder
dans la préparation de nos amendements d'une façon
extrêmement positive pour qu'on puisse faire un travail qui, bien
sûr, sera peut-être un travail de moine, mais il faut le faire,
c'est notre rôle. En abordant cette question, via l'éducation, on
s'est dit: On n'est pas pour faire venir le ministre de l'Éducation
lorsqu'on aura décidé qu'il siège d'office parce qu'il
siégera d'office au conseil d'administration, c'est à l'article
3.2; à l'article 16, on va lui avoir donné le pouvoir
d'être membre de l'exécutif alors que les parties ont
demandé qu'il ne soit pas là. Il me semble qu'en toute logique,
l'argument suivant se défend bien: ce n'est pas à l'article 16
qu'il faut le faire venir. Il faut lui faire comprendre tout de suite que ce
que les parties ont demandé, pas seulement les syndicats, mais aussi les
patrons, c'est de gérer eux-mêmes leur affaire et que le ministre
de l'Éducation donne son point de vue. Est-il prêt à
s'assujettir aux mêmes devoirs que le ministre du Travail lui-même
s'assujettit à 65.4?
Je vous donne un exemple, M. le ministre, vous allez le comprendre
rapidement. Quand à l'article 85.3, vous dites que vous êtes
prêt à estampiller, à toutes fins utiles, le
résultat de ce que les syndicats et les patrons vont vous donner ou tout
au moins à justifier votre refus, si jamais vous le faisiez, est-ce que
le ministre de l'Éducation est prêt à faire de même,
ou si on va lui laisser exclusivement le pouvoir'? Cela vient vite. Je pense
que c'est un tout, il faut voir quel rôle il veut jouer dans cette
structure. Va-t-il accepter le consensus des parties? C'est à cela
qu'est convié le ministre de l'Éducation.
Autrement, si on le fait venir uniquement sur l'avis, je pense qu'on
manque le bateau. Après cela, on sera obligé de défaire ce
qu'on a fait. Tout d'un coup que le ministre de l'Éducation accepte la
formule qu'on lui proposera, qu'on lui suggérera? Tout d'un coup que le
ministre de l'Éducation nous dit: Savez-vous, je trouve que cela a de
l'allure, il y a deux parties qui veulent se prendre en main, qui veulent
bâtir quelque chose qui leur est propre, qui veulent véritablement
avoir l'aide d'un observateur du ministère, mais à titre
d'observateur, mais non pas à titre de codécideur. Cela faussera
les règles du jeu, on va lui expliquer le danqer de sa présence
sur l'exécutif, de fausser les règles du jeu,
d'aller sur un bord plutôt que de rester en observateur et de
dire: Si vous faites cela, il y a tel danger. Jouer un rôle de
conseil.
Quand les parties acceptent de se prendre en main, cela n'arrive pas
assez souvent, il me semble qu'on devrait se réjouir et se
féliciter et on devrait leur donner une chance, en tout cas, de faire
leurs preuves. Et jusqu'à preuve du contraire, pourquoi n'accorderait-on
pas crédibilité aux propositions que les parties nous font sur
lesquelles elles sont unanimes? Même les patrons sont venus nous dire
cela.
J'estime qu'on a là une belle occasion d'agir; avant l'article 3,
avant d'entamer tout le processus qui fige le législateur dans des
structures, avant même de geler dans une structure un ministère.
La logique serait d'entendre ce ministre nous dire ce qu'il en pense. On verra
par la suite.
Il me semble qu'on a là l'occasion rêvée de se
montrer pleinement ouverts. Si on attend à l'article 16 - j'en suis
convaincu - cela voudra dire qu'on pourra discuter seulement sur les avis. Cela
voudra dire, au moment où le ministre de l'Éducation viendra
devant nous, que le conseil d'administration de la nouvelle commission est
formé, qu'il est membre d'office. Cela voudra dire qu'il aura
renié, à ce moment-là, le consensus des parties qui
veulent gérer leur commission bipartite et non pas avec les
ministères. Cela voudra dire que le comité sur la formation
professionnelle sera dans la loi parce qu'on n'aura pas pu faire comprendre au
ministre de l'Éducation, avant, que ce n'est pas nécessaire de
figer dans un texte légal un comité. Je pense qu'un conseil
d'administration peut créer les comités qu'il veut quand il le
veut.
C'est pour cela que je soutiens fermement que le ministre de la
Main-d'Oeuvre, de la Sécurité du revenu et du Travail devrait
véritablement repenser son amendement. S'il me signifie qu'il n'est pas
d'accord. Je devrai à ce moment, proposer la motion suivante que je
déposerai à la fin de mon intervention, Mme la Présidente,
mais qui, en substance, se lira comme suit: Que la motion d'amendement en
discussion soit modifiée en remplaçant les mots "au moment
où la commission étudiera l'article 16 et cela, pour une
durée d'une heure et demie" par les mots "au moment où la
commission étudiera l'article 3 et ce, pour une durée de 2
heures".
Je pense que si on veut faire le tour de tout le concept
d'autorité de la commission avec la présence des
ministères, si on veut étudier véritablement le rôle
d'un comité à l'intérieur d'une structure politique, si on
veut étudier, bien sûr, le rôle du ministre face à
d'éventuels règlements qui arriveraient de la Commission de la
construction du Québec ou de l'Office de la construction, selon que l'on
en change ou non le nom, peu m'importe à ce stade-ci, je pense qu'il
faut être sérieux et se donner les chances d'avoir un excellent
dialogue avec le ministre de l'Éducation.
Je soutiens que mon argumentation, à ce moment-là, Mme la
Présidente, est tout à fait cohérente et logique par
rapport au texte du projet de loi lui-même. Je comprends que le ministre
a dit l'article 16 parce qu'il y voyait un rôle particulier
d'autorité au ministre de l'Éducation dans ce cas-ci, parce que
les centrales syndicales ou encore la Commission de la construction du
Québec, en vertu du projet de loi, ont seulement un rôle d'avis.
À mon point de vue, il y a beaucoup plus que cela dans le projet de loi.
Quand on en est rendu à asseoir l'autorité du ministre de
l'Éducation à l'Office de la construction, à lui donner un
rôle décisionnel à l'article 3.2, à lui créer
un comité et, plus que cela, après l'avoir assis
d'autorité au conseil, il se fait envoyer des avis - imaginez-vous -
à l'autre bout. Pensez-y trente secondes, c'est fou comme balai, celai
Cela n'a ni queue ni têteî Le ministre siège. Il
représente la balance du pouvoir, dans bien des cas, dès qu'il y
a divergence d'opinions et il s'envoie des avis. Si ce n'est pas un conflit
d'intérêts, qu'est-ce que c'est? II ne peut pas s'écrire,
j'espère. On n'en est pas rendu encore au point où le ministre
s'écrit à lui-même. Ce serait peut-être mieux qu'on
lui écrive et qu'il puisse répondre, à ce
moment-là.
C'est un peu une discussion de fond que l'on devra faire par rapport au
contenu même de la loi. Je comprends que vous pouvez peut-être
penser que je caricature, mais, dans les faits, chaque fois que le patron et le
syndicat vont être en désaccord, qu'est-ce qui va arriver? Qui va
trancher?
Une voix: Le gouvernement.
M. Chevrette: Oui, le gouvernement. Deux ministres et ils vont
s'écrire, en plus de cela, pour se donner un avis sur la formation.
Voyons! Il me semble que c'est un non-sens. Il me semble que l'on a l'occasion
rêvée, par ce projet de loi, de faire confiance aux parties. En
relations du travail d'ailleurs, dans l'économie des relations du
travail, au Québec et même dans le monde, que se passe-t-il? Le
patron et le syndicat s'entendent. S'ils ne s'entendent pas, il y a des
mécanismes de règlement, mais il n'y a pas d'ingérence au
moment des prises de décision. Il y a des règles juridiques qui
régissent les relations du travail.
Dans la construction, on est en train de briser le pattern des relations
du travail, carrément. On est en train d'introduire un pouvoir de
codécision à celui qui est ordinairement l'arbitre; c'est juge et
partie.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...les
relations du travail.
M. Chevrette: Je m'excuse! Du contingentement, cela peut devenir
un objet négocié si les centrales syndicales voulaient le
négocier et si le patron voulait le négocier. Dans leur affaire,
il pourrait y avoir une priorité d'emploi qui vienne modifier ce que
l'on veut faire présentement. Ce n'est pas incompatible pour deux
parties qui veulent s'entendre. Je vous avoue que tout cela m'effraie. On se
retrouverait encore devant des culs-de-sac plutôt que de laisser aux
parties l'initiative de se parier. Si encore ce n'étaient que des
centrales qui avaient demandé cela, vous pourriez dire: Moi, je prends
partie pour le patron. Ce n'est pas cela dans le cas présent. Ce sont
les deux parties, patron et syndicat, qui demandent la même chose.
Pourquoi ne pas se rendre au consensus? Pourquoi ne pas expliquer cela au
ministre de l'Éducation avant de se mouiller?
J'ai fait des relations du travail pendant 17 ans et j'ai
négocié au-delà de 700 à 800 conventions
collectives. Je trouve que l'on s'en va de plus en plus vers l'ingérence
dans le domaine de la construction. Je suis convaincu que si on était
moins intervenu... Pour cela, je blâme tous les gouvernements. Si on
intervenait moins souvent, on forcerait beaucoup plus les parties à
s'entendre. Si on laissait jouer les rapports de forces entre les parties... Je
ne parle pas d'intervenir quand il y a le fiasco le plus complet. C'est le
propre d'un gouvernement d'établir des règles du jeu quand c'est
bordélique au point que personne ne mène. En relations du
travail, tant que l'on ne responsabilisera pas les parties, je vous certifie
que l'on ne fait plus de millage. On habitue les parties à être
dépendantes du tiers qui tranche. Cela devient un réflexe et cela
devient un vice autant pour le syndicat que pour le patron. Si on
responsabilise les parties, par exemple, si elles sont placées devant
l'éventualité de prendre des décisions, je vous avoue que
l'on se réfère de moins en moins au ministre, à ce
moment-là. Lui, il s'en porte mieux. Je ne comprends pas pourquoi, dans
la construction, on a toujours ce réflexe de s'en remettre aux parties.
(21 h 15)
Je pourrais vous lire des recommandations et des textes complets qui
disent que les parties devraient négocier des priorités d'emploi.
Ce n'est pas moi qui l'ai inventé tout seul. On est en train de
légiférer pour enlever une forme de priorité d'emploi,
alors que cela devrait être un objet de négociation. Il y a
toujours des limites! Je pense qu'on s'ingère même dans la notion
fondamentale de ce qu'est le syndicalisme par cette loi, mais on ne le dit pas.
Je vous avoue très honnêtement que je suis passable- ment inquiet
et par expérience; ce n'est pas pour faire le "fafouin". Je certifie que
ce projet de loi empiète sur la notion même de la vie syndicale;
On devrait responsabiliser les parties à fond. Comme gouvernement et
comme législateur nous devrions prévoir les mécanismes en
cas d'impasse. C'est cela notre rôle. II faut donner la chance le plus
possible aux parties de s'entendre, de tirer des consensus et d'en arriver
à des conclusions heureuses entre elles. C'est cela qu'il faut faire. Il
y a bien assez qu'on est pris toujours dans le statut d'État employeur,
d'État législateur quand il s'agit de nos propres employés
d'État, au moins ne jouons pas ce rôle vis-à-vis du secteur
privé. 11 me semble qu'on manque le bateau sur cela.
J'y ai réfléchi longuement. J'ai vécu une
expérience pendant un an à la commission Cliche et cela m'a
amené par la suite à contacter des centaines de personnes pour en
arriver à la conclusion que, si on avait laissé faire les
parties, non pas ce qu'elles voulaient à l'époque, et les forcer
d'une certaine façon à s'entendre sur des objets de
négociation, je vous certifie qu'elles auraient peut-être
trouvé la formule la plus heureuse autant pour l'un que pour l'autre.
Cela ne se joue pas seulement à sens unique. J'ai été
scandalisé, quand le président de l'AECQ est venu
témoigner ici dans cette salle, des aveux qu'il a faits. C'est
automatiquement biaiser tout le processus des relations du travail. Il signe
n'importe quoi et il dit: Je ne le respecterai pas après. C'est un peu
cela qu'il nous a dit comme message. C'est épatant en maudit cela! Je
comprends qu'il y ait des syndicats qui veulent négocier avec d'autre
monde que cela. C'est clair.
Personnellement, je demeure convaincu, M. le Président, et
j'espère que le ministre va adhérer à cette conclusion -
Mme la Présidente, je m'excuse - qu'on a là une occasion de
responsabiliser les parties. On a là une occasion de laisser jouer les
rapports de forces entre les parties. On a là l'occasion de leur
remettre en main les objets sur lesquels ils sont capables de s'entendre et
comme législateur nous n'avons qu'à nous garder le super
contrôle, mais avec justification si on refusait des choses. J'ai des
amendements en ce sens, M. le ministre, qui vont au moins d'une façon
intelligente nous obliger comme législateur à ne pas dire non
pour le plaisir de dire non; en disant non ou en disant oui. Si on dit oui, le
problème est réglé et c'est que les parties l'auront
réglé. Si le gouvernement s'avisait de dire non, il faudrait au
moins qu'il le justifie et qu'il le justifie par écrit. Il me semble que
ce serait une formule intelligente de responsabiliser à la fois le
législateur et tout le monde dans cela.
Motion de sous-amendement
Je dépose donc mon sous-amendement. Si jamais le ministre a
l'intention de l'intégrer à son amendement, je ne parlerai que
dix minutes sur son amendement. S'il n'a pas l'intention de l'intégrer,
j'aurai donc ma demi-heure sur mon sous-amendement.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! Disons que, dans la forme, nous pourrions dire qu'on
remplace le chiffre 16 par le chiffre 3.2 et à la ligne suivante
remplacer l'expression une heure trente par deux heures.
M. Chevrette: J'ai repris les mots textuels du ministre pour les
changer.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela veut dire que tel que
présenté c'est irrecevable, si je comprends bien.
La Présidente (Mme Bélanger): Sur le fond c'est
recevable mais dans la forme il y aurait...
M. Chevrette: En vertu de l'article 193, si elle a eu le moyen de
corriger un amendement, elle doit avoir le droit pour l'autre.
La Présidente (Mme Bélanger): Quant au fond, il est
recevable, mais pour la forme, il y aurait...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous le corrigez encore, vous
là!
Une voix: Sauf qu'elle vient de lui donner une chance...
Une voix: Respectez la présidente.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je le dis avec tout le respect que
je vous dois, Mme la Présidente. Pour la deuxième fois, vous le
corrigez.
M. Chevrette: Cela va bien.
La Présidente (Mme Bélanger): Quant au fond, la
motion est recevable mais pour la forme, on pourrait la lire comme suit:
Remplacer le chiffre 16 par le chiffre 3.2 et è la ligne suivante,
remplacer l'expression "une heure trente" par "deux heures".
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Une fois corrigé par vous,
c'est...
M. Chevrette: II va falloir le corriger par le mot "article",
parce que "chiffre" ne se réfère à rien, alors que
l'article se réfère à...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que c'est vous ou lui qui
le corrigez, Mme la Présidente? Travaillez-vous ensemble?
Des voix: Ha! Ha! Ha!
La Présidente (Mme Bélanger): On travaille en
collaboration.
M. Chevrette: Mme la Présidente, je vous ferais remarquer
que le ministre est contre toutes les personnes qui travaillent ensemble. Quand
il se dégage des consensus, il est contre.
Ne m'ouvrez pas trop de portes, à cette heure, M. le ministre,
parce que je saisirai l'occasion.
La Présidente (Mme Bélanger): La motion, telle que
modifiée, est recevable.
M. Chevrette: Je vais poser la question, sinon vous allez nous
reprocher de perdre du temps. L'intégrez-vous à votre
proposition? Vous allez épargner du temps.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si on pouvait constater que ce que
vous faites est autre chose que de l'obstruction systématique, nous
serions tentés... Le test que nous vous posons, c'est de se rendre
à l'article 16, là où est le noeud du problème et
vous aurez toute la latitude possible, à l'article 3.1, de parler de la
composition du conseil d'administration. Je ne voudrais pas vous limiter, quant
à la composition, à parler du rôle du ministre de
l'Éducation. Cela semble être le seul point qui vous
intéresse. Si c'était le seul point, j'accepterais.
Mais, à l'article 16, on parle du rôle du ministère
de l'Éducation dans les programmes de formation. Nous disons et nous
répétons ce que nous avons dit la semaine dernière. Votre
sous-amendement, si vous y tenez absolument, vous pouvez parler dessus. Je vous
préviens que nous voterons dessus et que je suis en train de convaincre
mes collègues de ce côté-ci de la table de le
défaire, ce qui nous amènera à l'amendement que nous avons
soumis et nous vérifierons si vous êtes sincères, si vous
voulez vraiment voir le ministre de l'Éducation devant cette
commission.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Joliette.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Je vais tenter à nouveau d'expliquer au
ministre que, s'il n'attend que l'article 16 et qu'il ne saute pas sur notre
amendement, c'est donc dire qu'il fait absolument fi d'amendements possibles et
du rôle du ministre de l'Éducation dans la composition même
du conseil, puisqu'à l'article 3 - je vais le lire, M. le
Président -3.2...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous avez dit "M. le
Président". Que je sache...
M. Chevrette: Vous avez l'épi derme très sensible,
mon cher collègue.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce n'est quand même pas sa
nouvelle coiffure.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous êtes plus
sensible que moi. Je n'avais pas compris, M. le Président.
Une voix; M. le Président?
La Présidente (Mme Bélanger): Pardon! M. le...
M. Chevrette: L'article 3.2, je vais en lire au moins la
première ligne. "La commission est composée d'un conseil
d'administration formé de treize membres dont un président".
Après cela, on dit: Quatre, après consultation de syndicats;
quatre aussi par les patrons, deux recommandés par le ministre du
Travail; un recommandé par le ministre de la Main-d'Oeuvre - c'est la
même personne, mais il en présente trois d'un coup sec - et 5 , un
recommandé par le ministre de l'Éducation.
Donc, à l'article 3.2, au moment où le ministre viendra,
le ministre aura fait son lit. Comment voulez-vous que des parlementaires lui
expliquent les consensus qu'il y aura eu entre les parties quand ce sera
adopté? Est-ce que le ministre est prêt à revenir en
arrière pour changer la constitution du conseil d'administation? Est-ce
que c'est parce que le lit du ministre est déjà fait qu'il ne
voit pas une commission formée par le patron et le syndicat? C'est
cela?
C'est aussi simple que cela. En refusant le sous-amendement, en donnant
la chance d'entendre le ministre à l'article 3.2, c'est évident
qu'on cherche à savoir ce qu'en pense le ministre et à lui
expliquer ce qu'on a entendu pendant deux jours. Le ministre était
à l'écoute. Son collègue n'était pas ici. S'il
accepte de venir nous rencontrer et qu'on lui explique le rôle que les
parties en présence dans le domaine de la construction veulent voir
jouer au ministre de l'Éducation, ce serait à lui à nous
l'expliquer.
Quelle différence cela peut-il faire pour le ministre du Travail
que le ministre de l'Éducation, qui se dit prêt, vienne à
l'article 3.2 ou a l'article 16?
Mme Blackburn: C'est cela.
M. Chevrette: Ce n'est pas l'obstruction que l'on recherche. Cela
fait deux fois que je lui offre de l'intégrer dans sa motion pour ne pas
avoir à délibérer, justement. Il nous oblige
carrément à délibérer. On voit bien que
l'obstruction ne vient pas nécessairement du bord qu'il pense qu'elle
vient, elle vient carrément de son côté. Il me semble que
le ministre devrait aussi comprendre qu'à l'article 6 du même
projet de loi, où c'est intitulé "Comité sur la formation
professionnelle dans l'industrie de la construction"... Qui va nous dire si le
ministre de l'Éducation est d'accord avec les consensus qui se
dégageaient des parties, autant patronale que syndicale? Est-ce que le
ministre de l'Éducation pense que ce serait une bonne chose de voir la
formation professionnelle telle que l'a décrite la CSD, par exemple,
dans son mémoire? On y parle aussi de la notion de recyclage, de la
formation et de l'apprentissage. C'est le rôle du ministre de
l'Éducation, ça, Est-ce qu'il pense que la Commission de la
construction du Québec peut s'occuper de toutes ces facettes, de toutes
ces dimensions? Est-ce qu'il trouverait raisonnable de nous répondre,
par exemple, à la question qui pourrait être la suivante:
Croyez-vous que les parties pourraient vous présenter des programmes et
que vous pourriez avoir non pas les pouvoirs que vous vous accordez en vertu de
l'article 85.4, mais les pouvoirs qui sont accordés au ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, en vertu de l'article
85.3? Si je n'ai pas la chance de lui demander en vertu de l'article 6, il va
me parler seulement de son avis. Parce qu'à l'article 85.4, il est
question des avis.
C'est tout un esprit qui entoure ça. Je ne comprends vraiment
pas. Le ministre aura beau faire des grandes démonstrations en
troisième lecture pour essayer de dire qu'il s'est montré ouvert
et à l'écoute, il me semble qu'on lui offre l'occasion
concrète, correcte d'entendre le ministre de l'Éducation sur tout
ce qui peut concerner le ministère de l'Éducation à partir
de l'article 3.2, sur tous ceux qui concernent le ministère de
l'Éducation là-dedans. Ce serait de mise. Ce serait normal, avant
que les parlementaires ne figent un article dans le béton. Où
sera la concordance dans l'esprit par la suite? Tenez pour acquis que l'on
décide que le ministère n'est pas à la commission. Cela ne
changerait pas grand-chose par rapport à l'article 16, j'en conviens. Je
suis assez honnête pour le dire. Mais tant et aussi longtemps que le
ministre ne viendra pas nous dire qu'il accepterait cette philosophie de ne pas
siéger comme membre codécideur, mais plutôt comme membre
observateur jouant un rôle conseil, se gardant le pouvoir d'estampiller,
si cela fait son affaire, et de justifier par écrit, si cela ne fait pas
son affaire, exactement comme à l'article 85.3... Je comprendrais, je
commencerais à comprendre à ce moment-là que le
gouverne-
ment est sérieux et qu'il veut véritablement
responsabiliser les gens de la construction.
Je répète que ce n'est pas l'apanage des syndicats
exclusivement, ce qui est demandé là. Ce sont les deux parties.
Que je sache, il n'y a qu'un seul groupe qui ne s'est pas mouillé pour
que la composition de la Commission de la construction ne relève pas des
parties. Il y a un seul groupe qui ne s'est pas mouillé
là-dessus. Il me semble, quand on dit qu'on écoute le monde,
qu'on les entend et qu'on veut essayer de tenir compte dans la mesure du
possible de leur argumentation... Il manquait une pièce. Le ministre
reconnaît que le ministre de l'Éducation est une pièce
impartante au dossier. Il reconnaît que la commission a le droit de
l'interroger. Si on a le droit de l'interroger, il me semble qu'on doit le
faire au moment jugé le plus opportun. Je ne dis pas qu'il faut
l'entendre durant deux jours. Je limite la proposition à deux heures,
précisément pour faire le tour au moins des trois facettes dans
lesquelles est impliqué le ministre de l'Éducation. Ce serait
intéressant. S'il vient nous dire que ce que le syndicat et la partie
patronale demandent n'a ni queue ni tête, il viendra ie dire. La
politique, c'est aussi d'avoir le courage d'assumer ses décisions et
d'être capable de le dire. Les gens en jugeront en temps et lieu. Mais il
faut, au moins lui donner l'occasion de le dire.
Je trouve que vous manquez là une belle occasion, M. le ministre,
de prouver toute la transparence que vous avez essayé de
démontrer dans votre discours de deuxième lecture et aussi dans
le discours que vous avez fait à l'ouverture de la commission
parlementaire. À l'ouverture de la commission parlementaire, vous vous
disiez tout ouvert: Parlez, messieurs, je vous écoute. Il aurait
peut-être été mieux de dire: Je vous écoute, mais je
ne vous entends pas, parce qu'au moment où on lui tend la perche il ne
saute pas dessus. (21 h 30)
Deuxièmement, oui, ce serait une "mosus" de bonne idée
d'entendre le ministre de l'Éducation - c'est le ministre du Travail qui
parle - c'est une excellente idée d'entendre le ministre de
l'Éducation, sauf que, si cela ne vous fait rien, je vais faire mon lit
avant et vous lui parlerez de son avis. C'est un peu ce qu'il nous dit quand il
nous refuse d'ouvrir la discussion avant sur les articles 3.2 et 6. Il dit:
Gardons-nous cela pour les avis à la fin. Pourtant, vous souvenez-vous
comment il était pratiquement attristé et chagriné? Il
s'est vanté d'avoir fait un travail phénoménal pour amener
le ministre de l'Éducation à ce petit article 85.4. Il a dit:
C'est vrai que ce n'est pas gros. Je me souviens, c'est moi-même qui lui
ai posé la question. J'ai dit au ministre du Travail: Allez-vous me dire
que la Commission de la construction n'est pas seulement consultative? Ce sont
des avis et on sait ce que cela vaut. Ne pensez-vous pas que cela pourrait
être un peu plus fort? II s'est redressé sur sa chaise, il ne
dormait pas à ce moment-là, puis...
Une voix: Parce que son lit n'était pas encore fait.
M. Chevrette: ...il a dit: Avant que j'arrive, il ne se faisait
rien. C'est grâce à moi si le ministère a écrit
cette phrase dans ce projet de loi. Une grosse victoire. Et s'il ne veut pas
être tout seul, on peut être là nous aussi pour le
convaincre. On peut dire au ministre de l'Éducation qu'il y a du monde
qui a parlé. Cela ne doit pas être tous des fous. Même ceux
qui sont exclusivement patronaux, ils l'ont demandé aussi autant que les
syndicats. Puis, on ne leur donnerait pas la chance de le dire ouvertement au
ministre de l'Éducation que son article 85.4 est très faible?
Cela ne donne même pas aux parties les explications en cas de refus. Cela
n'assure même pas qu'on tiendra compte de leur avis d'aucune
façon. Il me semble que s'il y a une formation politique qui est
sérieuse un tant soit peu, qui se dit à l'écoute, eh bien,
quand on écoute, normalement on comprend, puis quand on comprend, on
donne des démonstrations de notre compréhension. Mais quand on
dit au monde qu'on écoute et qu'on ne lui offre même pas
l'opportunité, cela va loin. Il dit qu'il écoute et là il
n'entend plus. On ne veut même pas nous faire entendre le ministre de
l'Éducation.
Personnellement, sur l'ensemble... Est-ce que je peux finir ma phrase?
Vous demanderez le droit de parole. Vous avez droit à dix minutes. Ce
n'est pas moi, c'est lui qui a parlé.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Chevrette: Je suis loin de provoquer. Je suis tellement
déçu que je ne vous comprends pas. Je répète donc,
Mme la Présidente, que cette formation politique qui se dit être
à l'écoute du monde, qui se dit ouverte, qui se dit
complètement compréhensive devant les situations, ne veut
même pas offrir l'occasion au ministre de l'Éducation de venir se
faire entendre sur l'ensemble du projet de loi le touchant. Le touchant, cela
veut dire l'impliquant comme pouvoir codécisionnel dans la formation
même ou la composition même de la Commission de la construction du
Québec.
On lui donne un siège d'office. Il pourrait être celui qui
détient la balance du pouvoir dans les décisions de la commission
puisqu'il a un siège d'office. Que va-t-il faire? Il va s'écrire
des avis. Il pourrait
même s'envoyer un avis qu'il n'aime pas. Cela va loin. Si on veut
sombrer dans le ridicule, il me semble qu'au moins on peut lui faire valoir ces
arguments et dire: M. le ministre, vous siégez à un comité
et vous vous envoyez des avis potentiellement. II y a des patrons qui sont
d'accord avec les syndicats sur la formation. II y a des patrons qui sont
pleinement d'accord avec les syndicats ou les associations
représentatives sur le type de formation. Vous allez envoyer des avis.
Imaginez-vous si c'est forti
Si vous dites au ministre: Formez donc seulement 100 électriciens
par année et qu'il en forme 300, et leur donne un certificat de
compétence automatique, c'est un drôle de contingentement. Vous
êtes-vous imaginé ce que représentent les pouvoirs qu'il y
a dans cela? Vous lui dites: Ne forme plus de tuyauteurs, on en a 8000 en
chômage. Il en forme quand même. Vous lui dites: Un tantinet mollo
sur les menuisiers. Il en forme quand même. Le certificat de
compétence automatique. Il va aider la construction! Il va aider ie
salarié à maintenir un salaire moyen qui a de l'allure, n'est-ce
pas? Il va aider "en mosus" à maintenir un équilibre normal qui
correspond aux besoins de la construction en main-d'oeuvre. C'est ce que veut
dire l'article 85.4. Lisez-le comme il faut. Ce sont des avis et j'ai toujours
cru qu'on faisait ce que l'on voulait d'un avis. On peut en prendre bonne note
et aller au classeur 13 avec, c'est clair cela. Mais, si, par exemple, il y a
des obligations, parce que j'ai l'intention de demander au ministre de
l'Éducation: Vous qui avez beaucoup de rigueur, vous qui avez
écrit des éditoriaux, qui avez pontifié, qui avez fait la
morale à à peu près tout le monde au Québec pendant
des années, êtes-vous prêt à accepter au moins de
vous justifier quand vous allez refuser quelque chose? Je ne suis pas sûr
qu'avec la rigueur d'un Claude Ryan, ministre de l'Éducation, il
n'acceptera pas cela. Pourquoi ne lui offre-t-on pas l'occasion de venir le
dire?
Qu'est-ce que cela enlève au ministre du Travail d'entendre le
ministre de l'Éducation à l'article 3.2, avant l'article 6 aussi?
Qu'est-ce que cela lui enlève? A-t-il peur d'être
relégué au second rang dans le processus de l'adoption de cette
loi? A-t-il peur que le ministre de l'Éducation vienne donner son appui
aux consensus qui se sont dégagés des parties et qui nous ont
été soumis, ici, en commission parlementaire pendant deux jours?
Je ne vois pas les motifs. D'autant plus qu'il nous prête le motif de
vouloir tuer le temps pour rien. Je lui ai même offert de
l'intégrer à ma motion et je lui ai offert plus que cela, je lui
ai télégraphié les intentions de l'Opposition quant au
fait d'aller directement aux gros morceaux du projet de loi. Lui, il va venir
nous dire en troisième lecture qu'on a essayé de bousiller tout
cela. Écoutez une minute, une chance qu'il y a au moins quelques
observateurs qui vont être capables de révéler ce qui s'est
passé ici, les occasions qu'on lui a données... Qu'avez-vous
à rire, cher monsieur, avez-vous compris quelque chose dans cela? Bon,
tant mieux. Parce que je pensais que vous étiez remplacé par le
député de Mille-Îles à l'ordre du jour depuis le
matin.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! M. le député de Joliette, à
l'ordre.
M. Chevrette: ...vous irez voir sur la feuille... Non, non, j'ai
dit: Le député de Marguerite-Bourgeoys, il n'est pas censé
être à la commission seulement, il est remplacé par le
député de Mille-Îles depuis ce matin, mais il ne le sait
pas, c'est pour cela que je doutais de sa compréhension.
Ceci dit, Mme la Présidente, pour conclure, je dirai ceci...
Une voix: ...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! La parole est au député de Joliette.
M. Chevrette: Je t'écouterai, si tu as le courage d'ouvrir
la trappe.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette, si vous voulez conclure.
M. Chevrette: Ce n'est pas moi qui ai commencé, s'il te
plaît.
Donc, à titre de conclusion, Mme la Présidente, je dirai
ceci: Le ministre - a vraiment des idées bien arrêtées, il
ne veut absolument pas qu'on entende le ministre de l'Éducation au
moment le plus propice pour vraiment influencer les décisions qu'on aura
è prendre par la suite. Le ministre du Travail désire absolument
donner l'impression, et malheureusement, il est démasqué et cela
n'a pas pris trop de temps, cela n'aura pas pris une journée pour le
démasquer, son lit est fait, il ne veut rien savoir des amendements
substantiels qui pourraient être apportés, sinon il
écouterait carrément le ministre de l'Éducation et on
pourrait tenter de le convaincre, tout le monde ensemble, parce que,
lui-même, s'il disait que cela avait déjà été
un défi de rendre le ministre de l'Éducation en accord avec
l'article 85.4, ou le ministère, peu importe, c'est le ministre qui a
l'autorité sur le ministère, que je sache, si, lui-même, il
trouve que cela a été un défi, on pourra le constater. On
pourra nous-mêmes lui expliquer ce que les gens en pensent. On pourra
aussi lut dire que cela fait l'objet de consensus.
Je vois le député de Saint-Maurice qui
dit oui. li faudrait au moins qu'il se rappelle des consensus que les
patrons ont fait sur cela, il était patron, avant. Il me semble qu'il ne
doit toujours pas nier que l'association des électriciens est venue dire
qu'elle était d'accord avec les syndicats sur cela. Il ne viendra
toujours pas me dire que les tuyauteurs n'étaient pas d'accord avec
cela. Il ne viendra toujours pas me dire que tous les patrons qui ont
défilé, l'AECQ y compris, avec leur belle philosophie de
relations du travail, ils sont même venus dire qu'ils étaient
d'accord avec les syndicats sur la formation professionnelle. Tout le monde est
venu.nous dire que la nouvelle structure, le ministre ne devait pas y compter.
 l'exception d'un groupe, tout le monde est venu nous dire cela. Vous
représentez qui? Dites-le. Ayez au moins le courage de le dire. Essayez
de défier les groupes qui sont passés ici et relisez vos
mémoires, vous allez vous rendre compte qu'il y a un très large
consensus pour que la Commission de la construction du Québec soit
gérée par les deux parties en présence. Dites-moi donc le
contraire. On n'a pas assisté aux mêmes deux jours. Vous avez
écouté et vous n'avez rien compris.
Les mémoires étaient clairs sur deux aspects. Le premier
aspect, c'était sur la composition même de la commission et le
deuxième consensus, fortement majoritaire, c'était sur
l'autorité face à la formation. Ils voulaient que cela
relève du syndicat. Â mon point de vue, ces deux consensus ne sont
pas retenus par le simple fait que le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu refuse d'entendre au
moment le plus opportun le ministre de l'Éducation pour qu'on puisse
l'amener lui-même à respecter ces consensus des parties. Je
regrette personnellement que le ministre ait cette attitude. Il aura
accepté qu'on entende le ministre et, contrairement a ce qu'il pense, on
va le recevoir, bien sûr, à seize s'ils nous battent, mais il
m'apparaît très important que le ministre change d'opinion. Ce
n'est pas une question de mesquinerie, ni une question de changer. Je lui ai
offert. Je le lui rappelle et je lui offre encore. Ce n'est pas par
mesquinerie. Je ne veux pas attaquer personnellement l'article 3 sans que le
ministre soit venu. Qu'est-ce que cela va changer, deux heures avant l'article
3 ou deux heures avant l'article 16? Cela ne changera rien. Mais on aura au
moins une vision globale avant de partir et d'attaquer, et avant que le
ministre ait fait son lit sur des articles proprement dits. H me semble que ce
n'est pas un mystère. Le ministre joue présentement à je
ne sais quoi.
Si on ne le lui avait pas offert, je comprendrais qu'il ait pu nous
taxer de vouloir étirer indûment les débats. Mais on lui a
offert d'intégrer ce sous-amendement à son amendement et de ne
faire qu'un seul débat. Je vais plus loin maintenant dans ma conclusion.
On est même prêt à recevoir l'article 16. Nous n'aurons pas
le choix. C'est le poids de la majorité qui va nous battre. Mais, quand
on lui demande logiquement, qu'on lui explique les raisons fondamentales, qu'on
lui donne la preuve à partir des textes quant à la composition
même à l'article 3.2 et qu'on parle d'un comité de
formation professionnelle à l'article 6, pourquoi s'obstine-t-il
à vouloir exclusivement l'article 16? J'aimerais qu'il utilise son droit
de réplique et qu'il nous donne au moins un motif. Jusqu'à
maintenant, aucune raison ne fut évoquée pour refuser ce
sous-amendement qui m'apparaît très logique, Mme la
Présidente-Dans les circonstances je le maintiens, bien sûr.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Joliette. M. le ministre.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, je vais
tenter de vous expliquer brièvement pourquoi nous ne pouvons collaborer
avec l'Opposition, comme c'est tellement notre habitude de le faire, dans le
cadre de cet amendement. Pour ce faire, je reprendrai très
brièvement le début de nos travaux de cet avant-midi alors que le
député de Joliette et le député de Verchères
ont très bien résumé la problématique dans leurs
remarques préliminaires. Nous avons répliqué très
sérieusement à ces remarques préliminaires et ensuite les
députés de Roberval, de Johnson, d'Ungava et de Bertrand ont
consommé, à la seconde près, tout le temps mis à
leur disposition par le règlement de l'Assemblée nationale pour
nous expliquer à nouveau, chacun à sa façon, ce que les
députés de Joliette et de Verchères avaient dit et qu'on
avait très bien compris de ce côté-ci de la Chambre.
Donc, l'horloge a continué à fonctionner. Le temps de
parole a continué à s'écouler. Par la suite, nous nous
sommes rendus, après les remarques préliminaires, dans une autre
série de motions avant d'attaquer les articles. Les propos que nous
adresse le député de Joliette, à l'article 3, sont des
propos auxquels nous répondrons lorsque nous serons rendus à
l'article 3.
Ces gens veulent - et je pense que cela faisait une sorte de consensus
la semaine dernière - discuter avec le ministre de l'Éducation.
C'est le consensus que j'ai perçu la semaine dernière. Je peux me
tromper, ma perception est peut-être complètement faussée,
Mme la Présidente, mais ils veulent discuter avec le ministre de
l'Éducation de la différence entre le rôle qu'aura à
jouer le ministère de l'Éducation et le ministère de
la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, quant
à l'homologation ou à là décision quant au contenu
des cours, à l'estimation des besoins, etc. J'avais senti que les
parties disaient: est-ce possible que le ministère de l'Éducation
ait le même rôle que celui de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, c'est-à-dire qu'il laisse la
commission décider de l'estimation des besoins et tout cela, qu'il
homologue et, s'il n'est pas d'accord, qu'il nous dise pourquoi. Il m'avait
semblé que c'était cela. On a proposé d'inviter
unanimement le ministre de l'Éducation à venir nous expliquer
cela au moment où on étudiera l'article 16. Parce qu'on n'est pas
persuadé qu'on va se rendre, Mme la Présidente, à
l'article 16. C'est drôle, on a une espèce d'impression qui est
sans doute fausse - comme l'autre côté va nous le dire - qu'on va
avoir de la difficulté à se rendre, d'ici les fêtes,
à l'article 16, lors de cette commission parlementaire. (21 h 45)
Sans doute que le député de Roberval, Mme la
députée de Johnson, ma bonne amie et voisine de comté, M.
le député de Bertrand et M. le député d'Ungava vont
prendre chacun la période maximale qui leur est allouée pour nous
expliquer comment le député de Joliette a raison dans ce qu'il
nous demande. Si l'objet de la demande c'est de recevoir M. le ministre de
l'Éducation, si l'objet de la demande c'est de communiquer à M.
le ministre de l'Éducation la volonté des parties telle
qu'exprimée, que ce soit la commission qui décide et que le
ministère de l'Éducation homologue.
J'ai rencontré le ministre de l'Éducation ce soir et il
m'a dit: Je suis à votre disposition. Convoquez-moi, je vais aller vous
expliquer cela. On leur a dit oui, mais là, ce n'est pas pendant 1 h 30
qu'il devrait être ici, c'est pendant 2 heures. Si on avait dit 2 heures,
je serais prêt à mettre ma main au feu qu'on aurait dit 2 h 30 de
l'autre côté pour pouvoir parler une demi-heure ou dix minutes
chacun sur les 2 h 30.
Cela va. Je comprends où vous vous allez, il n'y a aucun
problème, continuez!
M. Théorêt: On est témoin.
La Présidente (Mme Bélanger): Ce qui veut dire que
le sous-amendement... Mme la députée de Johnson.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je suis
vraiment très surprise de la réaction du ministre, je ne le
connaissais pas comme cela et il n'y a pas à dire...
Une voix: Vous l'aviez surestimé.
Mme Juneau: Je viens de la même région que lui, il
vient de le dire, son comté et le mien se touchent. J'avais nettement
l'impression que je le connaissais peut-être plus que pas mal de gens
ici. Je l'ai toujours connu comme un homme qui sait écouter et quand
cela a de l'allure, il accède à la demande.
Là, il me surprend et il nVa fait mentir. Je n'aime pas cela
parce que ce n'est pas dans mes cordes de mentir. Il me fait mentir en ce sens
que j'ai déjà parlé du ministre, mais jamais en mal. J'ai
toujours dit que le ministre était très compréhensif et
quand il y avait des articles, des choses importantes, le ministre faisait des
ouvertures. On a la preuve, dans la copie de presse que je vous ai
mentionnée tout à l'heure, que le ministre a fait beaucoup
d'ouverture à la suite de représentations des gens.
Ce qu'on demande, M, le ministre, ce n'est pas une chose qui est
irréalisable, bien au contraire. On ne fait pas la mauvaise tête
et on ne manque pas de sérieux en faisant cela, M. le ministre. On
voulait simplement vous demander que le ministre de l'Éducation, qui est
étroitement lié à la formation des personnes qui vont
aller sur la construction, soit là au même titre que vous,
même si lui il n'aura qu'un représentant à recommander et
que vous, en portant deux chapeaux, devez nommer trois personnes.
Même si le ministre de l'Éducation ne doit nommer qu'une
seule personne, je pense qu'il est tout à fait dans les notes et dans
les cordes de la commission parlementaire qu'on puisse recevoir le ministre de
l'Éducation afin de pouvoir lui poser des questions sur le rôle
qu'il doit jouer, à l'intérieur de la commission
parlementaire.
Nous n'avons, à aucun instant, M. le ministre, essayé de
faire de l'obstruction pour faire de l'obstruction. Absolument pas! On voulait
avoir des éclairages supplémentaires. Le ministre ne serait pas
correct de dire que, à toutes les fois que quelqu'un apporte des choses
valables, il n'a pas accédé à Ieurs demandes. C'est
écrit en toute lettre dans le journal. Le ministre a été
ouvert. Pourquoi? Je ne comprends pas son entêtement. Je n'aime pas qu'il
me fasse mentir à son endroit. Je n'aime pas cela.
Je pense que le ministre est réellement sérieux. Je pense
cela. Et il est capable de faire des ouvertures quand c'est le temps. Je
comprends: soit qu'il est fatigué ou qu'il ne veut plus rien savoir; il
a décidé qu'il matraquait et qu'il faisait adopter sa loi. Je ne
sais pas. Je ne comprends pas son attitude. J'espère que, avec les
interventions que ce côté-ci de la Chambre va faire, on va
être capable de faire comprendre au ministre l'importance que nous
attachons et que d'autres personnes dans le public attachent au fait que le
ministre de
l'Éducation soit sur place pour répondre aux questions que
nous avons à poser.
Il serait important aussi, non seulement pour le ministre parce qu'il a
dû faire le tour de la question maintes et maintes fois pour ne pas se
faire attraper... Il a dû, avec les gens qui l'entourent, essayer de
penser à tout pour ne pas être obligé de reculer et, en
fait, de perdre la face, mais nous lui donnons une chance supplémentaire
en voulant bien recevoir le ministre de l'Éducation. Mon collègue
de Joliette a entièrement raison quand il dit que ce n'est pas à
l'article 16 parce que, déjà, on va avoir un bon bout de
consommé. H faudrait, comme mon collègue l'a dit...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Mme Juneau: Nous ne sommes pas dans les communications, on peut
finir notre... Ne me ramenez pas à l'ordre, c'est lui qui mène le
diable. Je suis en train de faire mon intervention, ce n'est pas moi qui ai
dérangé les gens, là.
M. Chevrette: Allez chercher votre politique dans les
poubelles.
Mme Juneau: Dans les médias communautaires.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Chevrette: Bon, on a la paix, on peut continuer.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Merci, madame. Je vous trouve, à certains
égards, pas mal dure avec l'Opposition. Ce n'était pas moi,
madame, qui dérangeais tout le monde. Je m'excuse! Si vous voulez
être honnête, ce n'était pas moi, j'étais en train
d'intervenir et dans le poulailler ça piaillait l'autre
côté.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Une voix: ...chanter...
Mme Juneau: Je n'ai pas du tout l'intention de faire chanter qui
que ce soit. Je ne fais pas chanter, je chante.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Johnson, vous perdez du temps précieux dans
votre intervention.
Mme Juneau: Je ne disconviens pas de cela, madame, mais si les
gens de l'autre côté étaient tranquilles je pense qu'on en
perdrait pas mal moins. Si le ministre était plus ouvert à une
proposition qui est tout à fait en accord avec ce qui est inscrit dans
le projet de loi on perdrait encore moins de temps, parce qu'on aurait fini de
discuter sur ce sous-amendement de mon collègue. On aurait coupé
court à toutes nos interventions. Je ne comprends pas la mauvaise
tête du ministre au moment où on se parle. Ce n'est pas dans son
style. Je le répète, il est fatigué ou je ne sais quoi ou
il a eu des ordres d'en haut pour dire non, non, non. C'est cela, cela va
passer et on va les matraquer, s'il le faut. Savez-vous à quoi cela me
fait penser? Cela me fait penser à la même ouverture que le
premier ministre a eue concernant Dofor. Le premier ministre a dit: Oui...
Une voix: Une question de règlement, Mme la
Présidente.
Mme Juneau: Je vous l'ai dit que ça piaillait.
Une voix: On est rendu à Dofor, qu'elle revienne à
la commission.
Une voix: Une question de règlement, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Johnson, si vous voulez revenir.
Mme Juneau: Une minute, je suis en train de faire une image avec
une autre.
M. Chevrette: Une question de règlement. Mme la
Présidente, j'aimerais que ce soit vous qui présidiez,
premièrement. Deuxièmement, n'importe quel parlementaire a le
droit de faire des parallèles pour démontrer ce qu'il veut
prouver. Je m'excuse, c'est tout à fait dans l'ordre et qu'on la laisse
parler si on ne veut pas entendre parler l'autre bord quand ce sera leur
tour.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord, continuez,
Mme la députée de Johnson, et on verra...
Mme Juneau: Le parallèle que j'étais en train
de...
La Présidente (Mme Bélanger): On va laisser
continuer Mme la députée de Johnson et...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur la question de
règlement, madame, je n'ai pas l'intention d'arrêter Mme la
députée de Johnson, c'est simplement que je vous demande
d'être vigilante quant à la pertinence. Parfois, lorsqu'on
s'applique...
M. Chevrette: Ce n'est pas une
question de règlement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...à faire de l'obstruction
systématique on manque de sujets et on va en chercher en dehors du sujet
qui est en discussion.
M. Chevrette: Sur la question de règlement, je m'excuse.
Mme la Présidente, que je sache, ce n'est pas une question de
règlement que d'attirer l'attention et de demander à un
président d'être vigilant. C'est dans le rôle propre du
président d'être vigilant. C'est une question de perte de temps,
encore une fois, et il nous accusera d'en faire perdre.
M. Maltais: Mme la Présidente, sur la question de
règlement, j'aimerais faire remarquer, s'il vous plaît, au leader
de l'Opposition que c'est d'abord la députée de Johnson qui a
interrompu son allocution en saluant d'une façon particulière
quelqu'un qui passait dans les couloirs ici. Or, Mme la Présidente, je
pense que la députée de Johnson doit d'abord et avant tout
pendant son allocution qui est très importante s'adresser à la
présidence et non aux gens qui circulent dans les allées.
Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Johnson.
M. Chevrette: Quelle richesse au débat.
Mme Juneau: Cela ne mérite même pas qu'on
réponde.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Johnson, si vous vouiez continuer votre
intervention.
Mme Juneau: C'est effrayant! C'est lui qui entre quand les votes
sont commencés. Vous en jugerez après. Mme la Présidente,
si les gens d'en face...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Mme Juneau: ..pouvaient me permettre de continuer mon
intervention, cela me satisferait beaucoup.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous avez la
parole.
Mme Juneau: Le parallèle que j'étais en train de
faire tout à l'heure était simplement pour dire aux membres de la
commission que le premier ministre a dit: Oui, nous allons tenir une commission
parlementaire sur un autre sujet, un autre dossier que j'ai nommé tout
à l'heure et qui s'appelle Dofor. Mais cela ne nous empêchera pas
de continuer à faire la privatisation en ce sens. C'est simplement pour
vous dire que le ministre a accepté de faire des audiences publiques. Il
accepte certaines dispositions mais il a dans son idée de passer
à travers d'ici les fêtes. C'était simplement pour faire ce
parallèle-là.
Est-ce à croire qu'il nous écoute simplement parce qu'il
n'a pas le choix de nous écouter et qu'il n'acceptera en aucune
façon de nous laisser faire des amendements qui sont valables autant
pour lui que pour nous et les membres de cette commission pour avoir des
éclaircissements importants et de qualité? Non seulement l'actuel
ministre de l'Éducation n'en est pas à ses premières armes
en politique, mais il ne faut jamais perdre de vue que l'actuel ministre de
l'Éducation a déjà été le chef de cette
formation politique. En ce sens, l'actuel ministre de l'Éducation doit
avoir plusieurs dossiers en tête qui font que ce même ministre
pourrait nous aider énormément à trouver des dispositions
qui pourraient, si c'est vraiment l'intention du ministre, aider les gens de la
construction. Je suis persuadée qu'avec le ministre de
l'Éducation, avec toutes ses connaissances et comme il le disait si bien
en réponse à une question qui lui avait été
posée en Chambre, avec son approche "circonvolutoire", on aurait
peut-être entendu des choses.
Des voix: C'était bon, ça.
Mme Juneau: À ce moment-là, quelle que soit
l'approche du ministre de l'Éducation...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaîtl
M. Théorêt: Mme la Présidente...
Mme Juneau: ...je pense que le ministre de l'Éducation, en
tant que titulaire...
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant, Mme la
députée de Johnson.
M. Théorêt: Question de règlement, Mme la
Présidente. Du côté ministériel, nous sommes
prêts à écouter très attentivement et religieusement
la députée de Johnson, mais il faudrait qu'elle arrête de
nous faire rire.
La Présidente (Mme Bélanger): Ce n'est pas une
question de règlement. Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: Aie! II n'est pas fort, hein! Sac! II ne me reste que
quelques minutes parce que les membres ministériels
m'ont interrompue à plusieurs reprises, Mme la Présidente,
cela me désole d'ailleurs. J'ai l'impression que d'ici à la fin
des travaux de la commission parlementaire, j'aurai le plaisir de revenir pour
essayer de faire réfléchir davantage le ministre sur certains
amendements que nous apportons et qui l'aideront autant que les gens de la
construction, parce que ce sont ces gens que l'on doit protéger. C'est
avec ces gens que l'on doit travailler. C'est pour eux qu'on le fait. On doit
donc le faire en ce sens que tout ce qu'on va dire et faire...
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, Mme
la députée.
Mme Juneau: Oui, Mme la Présidente, je vous remercie
beaucoup.
Une voix: Sur le fond...
Mme Juneau: Tout ce qu'on va faire ici, c'est en vue de donner le
meilleur de nous-mêmes à ces gens qu'on veut bien aider, soit les
gens de la construction. Je vous remercie, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, Mme la
députée de Johnson. M. le député de Saguenay.
Une voix: Joyeux Noël, à vous aussi!
M. Maltais:Quoi?
Une voix: Vous l'avez réveillé.
M. Maltais: Mme la Présidente, je pense qu'il y a eu
confusion.
La Présidente (Mme Bélanger): Je m'excuse, M. le
député de Saguenay, mais je pensais que vous m'aviez
demandé la parole.
M. Maltais:Je regrette infiniment, mais j'aimerais d'abord, avant
mon intervention, que le député de Roberval retire ses
paroles.
M. Gauthier: Vous avez raison. C'était de l'humour, comme
il s'en fait ici, à cette commission, depuis tout à l'heure. Avec
plaisir, je m'excuse auprès de mon cher collègue. Il ne dormait
pas. Il était seulement étendu.
M. Maltais: J'apprécie la bonne grâce du
député de Roberval, de même que son sens de l'humour que je
respecte et que j'apprécie à l'occasion. Mon intervention
était la dernière du côté des députés
ministériels. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous ne l'aviez pas
mentionné, M. le député de Saguenay.
M. Maltais: Je ne l'avais pas dit, Mme la Présidente. (22
heures)
La Présidente (Mme Bélanger): Je procédais
par alternance. Nous passons alors...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, en
vertu de l'alternance, je remercie Mme la députée de Johnson
d'avoir repris les propos du député de Joliette.
M. Chevrette: Ils vont passer à l'histoire avec ce
vote-là.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Bertrand.
Une voix: Pas encore! Le gagnant, le grand qagnant.
Une voix: Vos recherchistes n'ont pas eu trop de travail.
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): Mme la Présidente, je vais prouver
au ministre que nous sommes de bonne foi. En ce qui me concerne, je ne prendrai
pas mes dix minutes.
Une voix: II va en prendre neuf et demie.
M. Parent (Bertrand): II faudrait me laisser parler, par
exemple.
La Présidente (Mme Bélanger): Je demanderais la
collaboration de toute la commission. La parole est au député de
Bertrand et j'aimerais qu'on l'entende.
M. Parent (Bertrand): Mme la Présidente, ce que je
mentionnais, c'est que je trouve un peu curieux que le ministre et certains
députés ministériels fassent déjà part
depuis une couple d'heures à cette commission que nous voulons retarder
les travaux. Si le ministre avait vraiment accepté la proposition
d'amendement qui a été faite pour que le ministre vienne à
la période qui était prévue et pour le temps qui
était prévu, je pense qu'on n'aurait pas eu toute cette
discussion.
J'aimerais juste ajouter un élément nouveau. Tantôt,
dans mes propos, j'avais apporté de nouveaux éléments.
D'ailleurs, c'est ce qui m'a valu de gagner la palme du concours au grand
désarroi de mon collègue de Roberval. Ce que je voudrais dire au
ministre, c'est que la raison pour laquelle on demande que le ministre de
l'Éducation vienne comparaître devant cette commission avant
l'article 16, comme je le disais, c'est qu'en plus des deux articles
mentionnés par
mon collègue, le député de Joliette, qui sont
très importants, soit l'article 3,2 et l'article 6 - je ne reviendrai
pas là-dessus - il y a aussi les articles 3.10 et 3.12 où
vraiment on aura aussi besoin de l'éclairage et de l'apport du ministre.
C'est lorsqu'on dit que le conseil d'administration forme deux comités
administratifs et que le deuxième de ces comités est celui sur la
formation professionnelle. À l'article 3.12, on définit comme tel
le comité administratif sur la formation professionnelle, et je
demanderais au ministre de bien comprendre qu'à mon point de vue c'est
là qu'on aura besoin de l'éclairage du ministre. Je vois mal
qu'on adopte les articles 3.10 et 3.12, qui sont des éléments
fort importants qui touchent le ministre de l'Éducation, sans qu'il
puisse en dire un mot.
Je termine mon plaidoyer là-dessus. J'avais dit que je ne
prendrais pas dix minutes. Je crois sincèrement qu'on doit, Mme la
Présidente, faire intervenir au point 3, comme le mentionnait le
député de Joliette, le ministre de l'Éducation. Qu'on
arrête cette longue discussion de part et d'autre parce que je pense
qu'on est en train, justement, de perdre beaucoup plus de temps que cela n'en
aurait pris. Je pense que, si on est de bonne volonté de part et
d'autre, M, le ministre, vous conviendrez avec moi qu'avec les arguments que
j'apporte on se doit de faire venir le ministre pour 3.10, 3.12. Nous, on pense
que c'est sérieux. On n'a pas l'intention de perdre notre temps. Le
député de Joliette l'a très bien dit. Vous me sembliez
sérieux au départ. Je réitère cette demande et la
proposition qui a été faite. Je vous remercie, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M, le
député de Bertrand. M. le ministre.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, dans une
brève réplique, le député de Bertrand avait
mérité tantôt le prix des interventions parce qu'il avait
eu la transparence ou même l'honnêteté d'admettre au
début de son intervention qu'il reprenait essentiellement les propos du
député de Joliette et du député de
Verchères. Il risque fort de se voir encore décerner le prix
cette fois-ci.
Mais, j'attirerais son attention sur la motion présentée
par son collègue. La motion présentée par son
collègue, la motion originale, n'avait aucune limite dans le temps. Elle
voulait convoquer le ministre de l'Éducation avant d'entreprendre
l'étude article par article et on ne fixait aucune limite dans le temps.
C'est sans doute par oubli, par négligence. Moi, je prête toujours
de la bonne foi aux gens. Ce qu'on a voulu faire de ce côté-ci,
c'est fixer une limite dans le temps. Avec une heure et trente minutes, on
pense qu'on en a assez. On a même dit: S'il manque dix minutes, je pense
qu'on a fait preuve au moment des auditions publiques d'un côté
comme de l'autre de la table qu'on pouvait avoir une certaine souplesse.
On a également indiqué qu'on voulait l'entendre à
l'article 16 parce que c'était cela qui touchait le coeur des
représentations et de la partie syndicale et de la partie patronale
lorsqu'elles se sont présentées devant nous et qu'on pourrait
vérifier, une fois rendus à l'article 16, si vraiment les
députés - je ne peux pas en douter, moi - de l'autre
côté de la table veulent étudier article par article le
projet de loi qui est devant nous. Cela nous permettrait de vérifier
cela parce qu'une fois rendus à l'article 16 nous serons suffisamment
engagés dans ce processus législatif pour que vous ayez
dissipé...
Je m'en confesse, je n'impute aucun motif, mais j'ai des doutes
strictement sur la bonne volonté qu'affichent les parlementaires de
l'autre côté de vraiment entreprendre à fond le projet de
loi. Même ce que m'a annoncé tantôt le député
de Joliette me crée un doute additionnel. II dit: On va commencer par le
dernier article, l'article 61 de la loi. Ce serait un précédent
dans l'histoire parlementaire. On n'aurait jamais commencé un projet de
loi par le dernier article. Je suis sûr qu'il a des bons motifs, qu'il a
des bonnes raisons dont il va nous entretenir tantôt, mais, comme mesure
dilatoire, ce serait de la création. C'est tout à l'honneur du
sens créatif du député de Joliette, "leader du
gouvernement" en Chambre, qui a une imagination qui déborde et qui va
créer des processus dilatoires.
Une voix: De l'Opposition.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En neuf ans, celle-là, on
ne l'avait pas trouvée.
M. Chevrette; Je ne suis pas encore le leader du
gouvernement.
M, Paradis (Brome-Missisquoi): Excusez-moi, leader de
l'Opposition, mais il a déjà été leader du
gouvernement.
Mme la Présidente, je remercie le député de sa
franchise, de ne pas avoir utilisé tout son temps; ce qui nous a
donné un peu plus de temps pour répliquer et je préviens
ses collègues qu'encore une fois il risque de se voir décerner la
palme pour son intervention, parce que jusqu'à maintenant c'est
solide.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plattl
Mme Juneau: C'est votre préféré, n'est-
ce pas, M. le ministre?
M. Chevrette: À vous voir aller, vous avez... zéro
en maudit par exemple!
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Une voix: C'est le plus sérieux.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre! M.
le député de Roberval.
M. Michel Gauthier
M. Gauthier: Mme la Présidente, à l'instar des
députés ministériels, je ne m'intéresse pas aux
palmes que pourrait me décerner le ministre du Travail. Je veux
simplement dire que je trouve étonnant de la part d'un parlementaire de
cette expérience qu'il nous accuse de vouloir retarder indûment
son projet de loi. Si l'on regarde bien le débat qu'on a eu
jusqu'à présent, on a fait essentiellement deux choses ici depuis
cet après-midi. Premièrement chacun des députés a
cru bon, à la suite des auditions en commission parlementaire, de
s'exprimer sur l'ensemble du projet de loi en indiquant, chacun à sa
façon, ce qu'il lui apparaissait important d'éviter ou de voir
respecté par le ministre. Deuxièmement, on a
présenté -avec le concours du ministre, d'ailleurs, qui a
lui-même présenté une motion - un projet d'amendement qu'on
a* offert d'intégrer à la motion du ministre. Du fait que quatre
parlementaires s'expriment sur les principes généraux d'un projet
de loi en remarques préliminaires et que l'on propose une motion pour
entendre le ministre de l'Éducation à cette commission
parlementaire puisqu'il est directement impliqué dans le processus, dans
la mise en application en quelque sorte du projet de loi, je ne vois pas
là matière pour le ministre à parler d'un
"filibuster".
Mme !a Présidente, puisqu'il tient absolument à faire
adopter son projet de loi, qu'il tient surtout à ne pas justifier
article par article un certain nombre d'amendements ou qu'il ne tient pas
à soulever de débat sur chacun des articles, probablement que le
ministre est en train de se préparer avec son leader à passer le
bulldozer sur cette commission. Cela fait bien, après chacune des
interventions, de dire - et cela a commencé dès le début
de la commission - : Cela va, vous avez répété la
même chose, vous "filibustez". Or, depuis le début, sa
stratégie est de renoter cette chose-là, alors qu'il sait
très bien que ce n'est pas cela, un "filibuster". Je l'ai
déjà vu faire un "filibuster". Lui et ses collègues
avaient pris deux jours pour nommer un rapporteur à la commission, ce
qui se faisait normalement en deux minutes. Cela, c'est un "filibuster" de
passer deux jours pour nommer un rapporteur et de dire: Est-ce que le
député de tel endroit est apte à déposer le rapport
à l'Assemblée nationale. Et là de disserter pendant de
longues minutes sur le sujet pour finir par changer de député. On
les a déjà vus faire des "filibusters". Je ne sais pas comment le
ministre peut associer les gestes plutôt ridicules qui se posaient dans
ce temps-là pour bloquer systématiquement un projet de loi
à la démarche qu'on a entreprise pour s'exprimer tout simplement
pendant 20 minutes sur le projet de loi et, deuxièmement, pour inviter
le ministre de l'Éducation.
Quant à la présence du ministre de l'Éducation, Mme
la Présidente, je crois qu'elle est hautement justifiée. Mon
collègue de Joliette s'est efforcé pendant près de 30
minutes, si ma mémoire est exacte, à justifier la présence
de ce ministre, se reposant là-dessus sur les demandes qui nous ont
été faites tout simplement. Le ministre le sait, son projet de
loi ne nous plaît pas du tout, pas plus, d'ailleurs, qu'il ne plaît
aux gens de la construction. Le ministre sait très bien que l'Opposition
est soucieuse de faire en sorte que le monde de ta construction ne retombe pas
dans ce qu'il a déjà été, un chaos pour cette
industrie importante chez nous.
Le ministre sait très bien que l'Opposition est
préoccupée par le fait que son projet de loi puisse
répondre à des règles minimales de fonctionnement pour le
monde de la construction au Québec. Le coeur de son projet de loi,
lui-même l'indiquait, c'est le contingentement par la compétence.
Mme la Présidente, le contingentement par la compétence, cela
doit être le critère, mais personne, soit dit en passant, n'a
réussi en commission à définir ta compétence de
façon complète et totale. D'aucuns s'entendent pour dire que la
compétence, c'est à partir de l'expérience, d'autres pour
dire que la compétence, c'est à partir de la formation. Quoi
qu'il en soit, Mme la Présidente, qu'on parle de formation sur le tas ou
de formation dans des écoles polyvalentes, dans des écoles
où on enseigne des métiers, un fait demeure, c'est que toutes les
centrales syndicales et tout le monde ont énoncé l'importance
d'une formation professionnelle pour la construction qui soit plus
adéquate que celle qui a été faite jusqu'à
présent dans ce domaine. On concourt avec le ministre à
l'objectif de faire, en sorte que cette formation soit plus appropriée,
plus adéquate et qu'elle réponde mieux à ce que les
parties attendent, finalement, d'une telle formation.
II s'agit, Mme la Présidente, du seul élément de
contingentement qu'on retrouve dans ce projet de loi. Quand on connaît
les dangers - et on les exprimait cet après-midi - d'une ouverture
très large du bassin de la construction, je me demande, Mme la
Présidente, en quoi ce serait une mesure
dilatoire de demander au ministre, de le prier instamment
d'accéder à sa propre motion, amendée par le
député de Joliette, qui veut faire en sorte que, dès le
début de l'étude du projet de loi, dès le tout
début, puisqu'il est impliqué è toutes les étapes,
le ministre de l'Éducation puisse venir discuter avec nous. Est-ce qu'on
peut retrouver, Mme la Présidente, dans le désir de l'Opposition
d'entendre le ministre de l'Éducation...
Je le regrette, mais nous n'avons pas eu l'occasion de souper avec lui.
Nous n'avons pas eu l'occasion de dire au ministre de l'Éducation toutes
les appréhensions qu'on avait. On n'a pas eu l'occasion, non plus, de
dire au ministre de l'Éducation que les gens en commission parlementaire
nous ont demandé des choses. Ils nous ont demandé, comme
Opposition représentant aussi une faction des citoyens, un certain
groupe de personnes dans la société, de voir à ce que le
travail du ministre de l'Éducation soit très intimement
associé à celui du ministre du Travail, de voir à ce que
le ministre de l'Éducation, Mme la Présidente, ne soit pas un
décideur ou, pis encore, un fauteur de troubles dans la formation
professionnelle. Bien au contraire, ce qu'il pourrait être, je pense, si
on peut avoir la chance de lui en parler, c'est un "facilitateur", quelqu'un
qui mettra les ressources de son ministère au service de la formation
professionnelle dans le monde de la construction.
Est-ce qu'on nous reprochera de faire un " "filibuster" parce qu'on veut
que le ministre de l'Éducation, qui est au coeur même du projet de
loi, vienne nous rencontrer pour qu'on puisse lui transmettre ce que les
groupes nous ont dit? Si c'est cela, faire un "filibuster", Mme la
Présidente, j'en conviens et probablement qu'on fera des "filibusters"
sur tous les projets de loi, puisque l'Opposition, par définition,
essaie de bonifier les projets de loi, essaie de représenter cette
proportion de la population qui n'est pas représentée dans les
projets de loi, qui n'est pas représentée par les
intérêts que sert le ministre. Cela ne m'apparaît pas, Mme
la Présidente, être au-delà de la normale des choses.
Je me permettrai tout è l'heure d'en parler davantage - on
m'indique qu'il me reste deux minutes - puisque j'aurai l'occasion de parler
sur la première motion pour dire au ministre comment il est important...
Je vois que le ministre prend avec un sourire, Mme la Présidente, les
reproches que je lui fais. J'apprécie qu'il se conduise ainsi en
gentleman. Mais c'est important, Mme la Présidente, au coeur même
du projet de loi, qui est le contingentement par la compétence, de
comprendre le mot "compétence". Un des gros aspects de la
compétence, c'est la formation professionnelle. Qu'on puisse avoir ce
ministre pour qu'on puisse dire ce qu'on attend de lui, qu'on puisse enfin
faire en sorte que le continqentement qui a été
réclamé par tout le monde, qui a fait des consensus à
toutes les tables, soit vraiment encadré, soit véritablement
défini par une formation professionnelle qu'on voudrait la meilleure
possible. (22 h 15)
Ce n'est pas "filibuster" de faire cela, Mme la Présidente. C'est
simplement vouloir bonifier un projet de loi, vouloir ramener le ministre
à ta raison et, surtout, vouloir lui faire comprendre, je le
répète encore une fois, que, s'il a l'occasion de dîner
avec le ministre à tous les jours, les citoyens n'ont pas l'occasion,
eux, de dîner avec le ministre de l'Éducation, l'Opposition n'a
pas l'occasion de dîner avec le ministre de l'Éducation. On
voudrait donc l'avoir ici pour lui redire de façon officielle - et que
cela soit inscrit dans le rapport de la commission - ce que la population du
Québec et ce que les gens veulent concernant ce projet de loi. Ce n'est
pas sorcier et ce n'est pas "filibuster" de vouloir une telle chose. Je vous
remercie, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Roberval. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le député de
Roberval a fait allusion à des comportements qu'auraient pu avoir
certains parlementaires dans d'autres fonctions, à une autre
époque de notre société quant à un rôle qui
était jadis, avant notre nouveau règlement, celui de choisir un
rapporteur dans les commissions parlementaires, et il évoquait certains
événements.
C'est parce que le règlement est changé et que c'est
maintenant vous, Mme la Présidente, qui agissez d'office comme
rapporteur que cette discussion n'a heureusement pas eu lieu aujourd'hui, et
j'en sais gré à ceux et celles qui ont vu à amender le
règlement dans ce sens. J'indiquerai au député de Roberval
que j'ai été fort impressionné par la forme de sa
présentation. Merci.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Merci. Mme la Présidente. Il y a de
l'écho.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est à votre
tour, M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Merci.
Une voix: Donne-moi le 2 $ que je t'ai donné tout à
l'heure.
M. Claveau: Le ministre devrait continuer sa sieste.
M. Théorêt: Hé! C'est lui imputer des motifs.
Un député de l'Opposition m'a arrêté l'autre jour
quand j'ai dit cela.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! M. le député d'Ungava.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, je sais
que mon collègue est suffisamment gentilhomme pour retirer les paroles
qu'il vient de prononcer.
M. Claveau: II me fera plaisir de retirer mes paroles.
Une voix: Ah!
M. Claveau: En espérant, toutefois, que j'aurai la chance
de parler sans les murmures lointains.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est quoi, là? Il faut
dormir ou murmurer!
M. Claveau: Je pense qu'il faut être clair.
Une voix: II s'en va pour la journée.
La Présidente (Mme Bélanger): Les membres de la
commission commencent à être fatigués. Je vous demanderais
votre collaboration, s'il vous plaît! La parole est au
député d'Ungava.
M. Claveau: Je ne suis pas pressé, Mme la
Présidente. Je peux attendre tout le temps qu'il faut pour avoir le
silence.
Une voix: Oh!
Une voix: Ah! Mon Dieu Seigneur!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si c'est sur votre temps, cinq
minutes!
Des voix: Hal Ha! Ha!
Une voix: Votre temps court.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Christian Claveau
M. Claveau: Merci, Mme la Présidente. Je pense que ce
n'est pas sorcier. Au risque de me voir fustiger par le ministre, je reprendrai
les paroles de mon collègue de Laviolette qui avait tout à fait
raison de dire que, si on en est encore, à cette heure, à
débattre cette question, c'est tout simplement par "un manque de
mauvaise foi évident" du ministre qui, dans les circonstances actuelles,
étant donné notre intérêt évident à
rencontrer le ministre de l'Éducation en cette commission parlementaire,
autour de cette table, pour discuter avec lui d'un problème fondamental,
concret dans lequel il se voit impliqué de A à Z à toutes
les étapes de l'application du projet de loi qui nous est
présenté, aurait dû d'emblée accepter la proposition
qui lui était faite d'intégrer le sous-amendement à son
amendement. De cette façon, on aurait réglé le
problème et la discussion n'aurait pas eu lieu. Mais, puisque le
ministre nous a provoqués comme il provoque la population depuis un an
déjà, nous allons répondre à sa provocation et nous
allons faire valoir nos points de vue au maximum de nos possibilités. Si
le ministre avait voulu être honnête et franc et s'il avait voulu
ne pas...
M. Théorêt: II a dit "honnête".
M. Chevrette: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Chevrette: Pas à l'ordre, je vais poser une question de
règlement. Vous avez l'épiderme trop sensible, M. le
député Théorêt. De grâce, Seigneur, sortez de
la salle!
M. Théorêt: Mme La Présidente...
M. Chevrette: II a dit: Si le ministre avait voulu être
honnête. II n'a pas dit qu'il était malhonnête. C'est ce
qu'on n'a pas le droit de dire. De grâce, laissez-le donc parler!
La Présidente (Mme Bélanger): Je pense que ce n'est
pas une question de règlement. La parole est au député
d'Ungava.
M. Chevrette: C'est cela. Qu'on le laisse tranquille un peu.
M. Théorêt: Question de règlement, Mme la
Présidente.
M. Chevrette: II y a des limites! La Présidente (Mme
Bélanger): Bon!
M. Théorêt: Ce n'est pas la première fois que
le leader de l'Opposition et député de Joliette m'appelle le
député Théorêt. Je suis le député de
Vimont.
M. Chevrette: C'est une bonne question de règlement,
M. Théorêt: Merci.
M. Chevrette: Si voua en faisiez d'aussi intelligentes que
celle-là, on vous sacrerait la paix.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Théorêt: Merci.
M. Chevrette: Mais, entre-temps, laissez donc parler notre
monde.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! La parole est au député d'Ungava.
M. Claveau: II semble y avoir plusieurs députés
d'Ungava, autour de la table Mme la Présidente. Vous me donnez la
parole, mais tout le monde parle.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! Je demanderais la collaboration de la commission. M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, Mme la Présidente. Je disais donc que,
si le ministre refuse systématiquement de recevoir le ministre de
l'Éducation au tout début de son projet de loi, nous sommes en
plein droit de nous poser la question et de nous demander s'il n'y a pas,
effectivement, anguille sous roche. Si le ministre avait voulu collaborer un
peu plus, il aurait, dès le début, avant même qu'on le
demande ici, à cette commission, avant même qu'on dépose
une motion pour entendre le ministre de l'Éducation, dû aller voir
le ministre de l'Éducation et l'inviter à venir nous proposer
lui-même de l'entendre ici, parce que, de toute façon, le ministre
de l'Éducation a quelque chose a voir dans cela. On verra plus loin
pourquoi il a quelque chose à voir dans cela, lorsqu'il sera question,
par exemple, de l'application concrète de ce que le ministre nous avance
comme principes. Des beaux principes, oui, mais des principes qui ne sont pas
encore passés devant le président du Conseil du trésor,
s'il faut en croire les discours que celui-ci nous a tenus depuis un an. Le
ministre du Travail n'est probablement pas conscient de tous les impacts
qu'aura en termes budgétaires, entre autres, l'application par le
ministère de l'Éducation de ce qu'il avance dans ce projet de
loi.
J'ai hâte de demander au ministre ce qu'il fera, par exemple, pour
s'assurer que, dans l'ensemble du Québec, tous les jeunes, quels qu'ils
soient, peu importe où ils demeurent, aient droit aux mêmes
services, aux mêmes compétences, comme il dit, sur le plan
professionnel, aux mêmes genres de cours, avec les mêmes
équipements, partout, dans tous les domaines précis et
donnés, sans être obligés de se déplacer sur des
centaines et des centaines de kilomètres et d'aller se loger à
l'extérieur de leur famille pour pouvoir étudier.
J'ai hâte de voir quand il sera le temps d'appliquer ce qu'il dit
à. la polyvalente de Matagami ou à la polyvalente de Radisson ou
à celle de Chibougamau ou à celle de Sept-Îles, s'il sera
capable d'offrir tous les programmes, comme cela devrait être le cas et
comme il devrait normalement les offrir ailleurs, avec des équipements
rajeunis, des équipements plus adaptés, au point avec ce qui se
fait actuellement dans la technologie du travail. J'ai hâte de pouvoir
questionner le ministre sur cela.
Avant de pouvoir le questionner honnêtement sur cela, par exemple,
il faut qu'on sache ce que le ministre de l'Education en pense, si le ministre
de l'Éducation est prêt à faire son bout de chemin. Si le
ministre de l'Éducation nous dit, tout de suite en partant: Non, je ne
suis pas intéressé à faire un bout de chemin dans cela,
c'est bien dommage, je n'aurai pas les budgets pour rendre applicables les
beaux rêves du ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre, il serait bon
de le savoir dès le départ avant même de voter sur un
article de loi qui fait que le ministre de l'Éducation aurait son
représentant à une table ou au niveau même du conseil
d'administration de la Commission de la construction qu'il nous propose,
anciennement l'Office de la construction. Il faudrait savoir de quoi il est
question, où le ministre crèche quand il parle ici de cela. Le
terme "crécher" n'est pas antiparlementaire, à ce que je
sache.
Des voix: Non. On est dans le temps des fêtes.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! M. le député d'Ungava, vous avez la
parole.
M. Claveau: Voilà pourquoi, Mme la Présidente, en
toute honnêteté, sincèrement, même si le ministre
nous accuse probablement de certaines tactiques qu'il a lui-même
utilisées lorsqu'il était dans l'Opposition, des choses qu'il
semble connaître à fond, puisqu'il nous les décrit avant
même que nous y ayons pensé, même si le ministre essaie de
nous taxer de vouloir éventuellement, hypothétiquement, recourir
à des pratiques qu'il a lui-même utilisées et qu'il semble
connaître d'une façon très articulée, devrais-je
dire, avant même qu'on fasse une proposition, il aurait dû
lui-même venir devant de cette commission et dire: Moi, je suis d'accord,
je vous propose qu'on écoute le ministre de l'Éducation qui aura
son mot à dire tout au long de l'application du projet de loi dont on
discute aujourd'hui le principe et l'application réelle, les
capacités qu'il aura pour l'appliquer sur le
terrain, le moment venu.
C'est cela, la base du problème, aujourd'hui. C'est pour cela
qu'à l'heure qu'il est, on est encore à en discuter. C'est parce
que le ministre a voulu se camoufler derrière quelques
considérations qui nous sont encore obscures pour faire en sorte
d'éviter que le ministre de l'Éducation ne vienne se
présenter Ici. Y aurait-il quelque chose derrière cela? On est en
droit de se le demander. Quelles sont les consultations qu'il nous dit avoir
faites avec le ministre de l'Éducation et son personnel jusqu'à
maintenant? Nous, on aimerait bien que le ministre de l'Éducation vienne
nous le confirmer.
C'est cela qu'on demande, honnêtement, pour le bien-être de
l'ensemble des travailleurs de la construction, pour se donner des chances
maximales que le projet de loi sur lequel on va nous demander de voter dans
quelques jours va être vraiment conforme à ce que le ministre
lui-même veut, à ce qu'il a annoncé, à ce qu'il ne
cesse de nous dire depuis quelques jours.
On veut être certains de cela et, en tant que parlementaires, on
est en droit de prendre toutes les mesures possibles afin de faire en sorte que
l'on sache sur quoi on va voter, que l'on connaisse les véritables
intentions du ministre du Travail et de son collègue, le ministre de
l'Éducation, qui doit faire la "team" avec lui, qui doit faire la paire
tout au long de l'application de ce projet de loi.
Une voix: La "steam"? Des voix: Ha! Ha! Ha!
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! M. le député d'Ungava. À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Claveau: Est-ce que je peux continuer, Mme la
Présidente? Je ne voudrais surtout pas abuser du précieux temps
de ces messieurs.
Une voix: Ce n'est pas de notre faute!
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Si on en est rendu là, comme je le disais,
c'est parce que le ministre n'a pas voulu, d'emblée, ouvrir la porte et
permettre au ministre de l'Éducation...
Des voix: Ha! Ha! Ha! Ce n'est pas nous autres!
La Présidente (Mme Bélanger): Franchement, je
trouve que vous êtes pas mal indisciplinés et je demande votre
collaboration. La parole est au député d'Ungava. Je vous
demanderais de respecter le droit de parole du collègue d'Ungava.
M. Claveau: Enfin, Mme la Présidente, tout le monde a
dû comprendre que ce qui nous intéresse, c'est que les deux
ministres tirent dans le même sens. Il n'y a rien qui nous dit, au moment
où on se parle, s'il n'y en a pas un qui tire à hue et l'autre
à dia.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Une voix: J'ai mal au ventre.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Claveau: Le sujet est très sérieux même si
cela ne semble pas être apprécié de la même
façon de tous les parlementaires qui sont autour de cette table. Je
crois que tout le monde a bien compris le pourquoi de notre intervention. Les
raisons...
La Présidente (Mme Bélanger): Ceux qui ne peuvent
pas retenir leurs rires pourraient peut-être sortir rire dans le
corridor. II y en a d'autres qui pourraient faire la même chose. M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Je peux conclure, si vous voulez, en disant qu'en
tant que parlementaire je suis particulièrement déçu du
peu de sérieux que nos collègues ministériels attachent
aux principes même qui soustendent le projet de loi en question et que
leur attitude me fait de plus en plus croire que nous avons toutes les raisons
de nous poser des questions et de faire en sorte d'amener devant cette table
tous les arguments nécessaires afin de pouvoir nous faire une
idée parce qu'il semble qu'eux n'en ont pas. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député d'Ungava. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Très brièvement. Mme
la Présidente, il faut apprécier, cette fois-ci, la transparence
du député d'Ungava qui nous a admis, dès le début
de son intervention, reprendre essentiellement les propos du
député de Joliette. C'est tout à son honneur. Il a
parlé au cours de son intervention de la bonne foi du ministre en
parlant du manque évident de mauvaise foi du ministre. Je pense qu'il
revient dans le giron d'un débat beaucoup plus positif. C'est tout
à son honneur et cela lui évite, cette fois-ci,
l'élimination.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Verchères.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: Mme la Présidente, je n'ai pas fait la
motion principale et je n'ai pas enclenché ce débat pour savoir
quelles sont les opinions du ministre sur nos performances oratoires ou autres.
Je l'ai fait parce que je pensais que le ministre était sérieux
quand on a ouvert la porte en commission parlementaire la semaine
dernière et qu'il nous avait dit: Oui, je pense que vous avez raison de
penser que le ministre de l'Éducation devrait participer à nos
travaux et qu'il devrait, à un moment donné, être
invité à nous apporter un éclairage. C'est pour cela que
j'ai fait la proposition, Mme la Présidente. Je n'ai pas fait une
proposition qui était aussi compliquée que cela à
comprendre. Si on n'avait pas voulu finasser, cette affaire serait
déjà réglée. (22 h 30)
Où est la différence fondamentale - qui fait que le
ministre "filibuste" lui-même -entre le fait qu'on entendrait le ministre
à l'article 16 quand on serait rendu là ou à l'article 3
comme le propose le sous-amendement de mon collègue de Joliette ou comme
je le proposais au début de tout? C'est quoi, la différence?
Franchement, je suis allé en haut, Mme la Présidente, faire un
discours sur un autre sujet et je me retrouve ici avec l'impression que
finalement le ministre n'a rien compris.
Il disait tantôt, quand j'ai terminé mon intervention d'une
demi-heure, que j'avais probablement pris trop de temps pour le convaincre de
quelque chose dont il était déjà convaincu. Mais, à
l'entendre une heure et demie après, j'ai l'impression que j'aurais
dû parler une heure et demie pour être sûr qu'il ait bien
compris parce qu'il n'a rien compris. Si je comprends bien la façon dont
le débat s'est déroulé depuis ce temps, le ministre a
choisi de "financer". Nous avions choisi de lui faire une proposition
sérieuse.
Une voix: Financer?
M. Charbonneau: Finasser, finasser! Vous savez ce que cela veut
dire. On avait présenté une proposition sérieuse. On a dit
au ministre; Comme il y a différents articles dans le projet de loi, le
plus important étant l'article 16 - mais il y en a d'autres, le
député de Joliette en a mentionné un - au lieu de
commencer à identifier un moment ou un autre où on pourrait faire
venir le ministre de l'Éducation, faisons le venir au départ.
Mais non, ce n'était pas assez simple à comprendre. Ce
n'était pas une oeuvre de collaboration assez limpide. Il fallait que le
ministre, lui, "s'enfarge" dans les fleurs du tapis et qu'il propose un
amendement qui renvoie cela à l'article 16. C'est évident que,
dans cette dynamique, il nous a obligés, nous, et a obligé le
député de Joliette à arriver à un sous-amendement
qui essaie de ramener la discussion avec le ministre de l'Éducation le
plus près possible du début de l'étude du projet de
loi.
Si le ministre avait connu nos intentions quant au reste, il se serait
rendu compte que ce qu'on avait décidé de faire à
l'égard de ce projet de loi, c'était une étude
sérieuse, Mme la Présidente, une étude qui voulait
s'attaquer aux questions importantes du projet de loi, pas aux "guidis guidis"
niaiseux, aux petits articles qui ne veulent rien dire. Je n'ai pas le
goût de perdre 2, 3, 4, 5 jours sur des articles qui ne veulent rien dire
et de faire un "filibuster" pour le plaisir d'en faire un, Mme la
Présidente. Il y a des gens qui sont venus devant le Parlement la
semaine dernière parce qu'ils considèrent que ce projet de loi,
dans sa forme actuelle, est inacceptable et dangereux. Nous avons une
responsabilité comme Opposition, c'est de faire en sorte qu'on se
retrouve avec un projet de loi qui soit le moins mauvais possible. Dans ce
sens, une des façons pour qu'on se retrouve avec un projet de loi qui
soit le moins mauvais possible, c'est d'associer le ministre de
l'Éducation qui ne s'est pas pointé le nez une seule fois lors de
la consultation particulière et qui n'est pas venu nous indiquer ce
qu'il entendait faire lors de l'étude du principe du projet de loi.
Comme je l'ai indiqué tantôt, c'est inacceptable que le ministre
de l'Éducation ne soit pas venu à une étape ou l'autre
jusqu'à maintenant. Ce qu'on voulait et ce qu'on veut toujours, c'est
que le ministre de l'Éducation se présente à la commission
et nous accorde le temps raisonnable pour travailler avec lui afin
d'éclaircir un certain nombre de questions importantes soulevées
par les organismes qu'on a entendus.
La consultation particulière qu'on a faite, est-ce une
consultation bidon? Est-ce que c'est une farce ou est-ce que le gouvernement
était sérieux quand il a ouvert la consultation? Dans la mesure
où on a une consultation sérieuse et que les gens... Je vois, M.
Pouliot qui est assis au bout et qui nous regarde aller. Il fume son cigare.
Lui, il est venu passer presque une heure et demie en commission parlementaire.
Est-ce qu'il est venu juste pouf les beaux yeux du ministre ou pour faire un
spectacle? Il avait un message à dire, un message qu'il a livré
publiquement. J'imagine qu'il espérait, que son message et les
commentaires qu'il a faits soient entendus, soient pris en
considération, évalués à leur mérite.
Il a parlé de la formation professionnelle, M. Pouliot, comme la
plupart des gens qui sont venus avant et après lui. Le minimum, Mme la
Présidente, qu'on
pourrait faire, c'est de faire venir le ministre de l'Éducation,
le plus rapidement possible. Si le ministre du Travail voulait comprendre qu'on
ne veut pas nécessairement l'empêcher de faire un travail
constructif, il reconnaîtrait que la proposition qu'on a faite
initialement, c'est une proposition correcte. C'est une proposition, je le
rappelle, qu'on a faite avec fair-play. On l'avait annoncée
publiquement, il y a quelques jours. J'avais même fait une demande au
ministre publiquement. Je lui avais posé une question. Je ne sais pas si
vous vous le rappelez, Mme la Présidente. Nous avions annoncé nos
couleurs. On n'a pas pris le ministre par surprise. On ne l'a pas
embarqué dans un jeu d'obstruction juste parce qu'il fallait trouver une
bonne raison pour s'opposer.
Le ministre était d'accord avec l'intervention, vendredi, et il
l'a qualifiée de sérieuse et qui méritait une haute
considération. S'il est sérieux, Mme la Présidente, encore
aujourd'hui, pourquoi n'arrête-t-il pas ces petits jeux de cache-cache et
n'arrête-t-il pas, finalement, de se "filibuster" lui-même?
Après cela, il va venir faire des discours et, à un moment
donné, parce que son leader aura décidé qu'on aura assez
"taponné" ici, on imposera la guillotine et là il ira se
péter un discours à l'Assemblée nationale pour dire qu'on
a perdu notre temps et que l'Opposition ne veut pas travailler.
Mme la Présidente, je prends à témoin les gens qui
sont dans la salle et les gens qui nous écoutent. Ceux qui ne veulent
pas travailler depuis ce soir, c'est le ministre et ses collègues,
malheureusement. Ils ne prennent pas au sérieux la proposition qu'on
leur fait. Ce n'est pa3 si compliqué cela: entre une heure et une heure
et demie, imaginez-vous! On a proposé au ministre un temps
indéterminé et lui est arrivé avec une proposition: une
heure et demie. Le député de Joliette a ajouté: deux
heures. Pourquoi a-t-on mis deux heures? J'aurais pu le faire, mais j'avais
indiqué qu'un de mes collègues préciserait le temps.
Pourquoi?
Finalement, les députés d'en face se rappellent bien la
séance de travail. Nous n'avons pas essayé de leur jouer dans les
pattes. Nous leur avions dit: Écoutez, en particulier les nouveaux qui
n'ont pas d'expérience, rendez-vous donc compte que le genre de
discussions qu'on doit avoir et le genre de consultations qu'on fait sur ce
genre de projet de loi, cela ne se fait pas en quinze minutes. Il y a des
organismes avec lesquels il faut prendre le temps d'avoir une discussion
sérieuse. II y a des organismes qui soulèvent suffisamment de
questions importantes et qui sont suffisamment représentatifs pour qu'on
prenne le temps de les écouter. Je me rappelle très bien
l'intervention de M. Pouliot - qui est ici et qui nous écoute - qui
considérait qu'il n'avait pas assez de temps, lui qui
représentait une forte proportion des travailleurs dans l'industrie de
la construction. On aurait voulu qu'il y ait plus de temps. Maintenant, on
voudrait au moins avoir la garantie d'avoir assez de temps pour faire le tour
des questions avec le ministre de l'Éducation.
On connaît tous le ministre de l'Éducation. Je le connais
aussi bien, sinon mieux que le ministre du Travail qui, depuis quelques
années, est un de ses collègues. Avant que le ministre du Travail
travaille avec lui, j'ai travaillé avec le ministre actuel de
l'Éducation. Je sais très bien, premièrement, que le
ministre de l'Éducation est particulièrement volubile;
deuxièmement, qu'il aime mettre les points sur les "i" et,
troisièmement, qu'il aime aller au fond des choses. Tout cela prend du
temps. On ne fait pas cela en quinze minutes. On a besoin d'au moins deux
heures avec lui.
On l'a dit au ministre tantôt, très honnêtement. On
pense que, si le ministre de l'Éducation venait, cela pourrait sans
doute accélérer le travail pour la suite. Mais non, on ne prend
pas cela au sérieux. On ne nous croit pas. On a l'impression qu'on veut
jouer dans les pattes du ministre. Ce n'est pas nous qui avons
présenté d'abord ce projet de loi sur le volet de la formation et
qui avons tellement insisté sur l'importance de la formation et de la
compétence, sur le virage vers la compétence qu'on prenait. Si on
est sérieux dans cette approche, il y a un intervenant majeur dans ce
dossier qui -n'a pas été entendu et qui n'a pas fait entendre sa
voix encore depuis le début du projet de loi, c'est le ministre de
l'Éducation. Cela n'a pas de bon sens. Ce qu'on demande, c'est qu'il
soit entendu le plus vite possible afin qu'on éclairasse un certain
nombre de choses avec lui. Cela va nous donner un peu le ton et cela va nous
aligner, nous de l'Opposition, pour savoir comment on doit se comporter pour la
suite.
Si le ministre de l'Éducation vient nous rassurer sur un certain
nombre de choses qui nous préoccupent beaucoup, on va avoir une attitude
différente et on va peut-être décider que ce n'est pas un
secteur ou un certain nombre d'articles sur lesquels cela vaut la peine de
mettre beaucoup de temps. On aura obtenu peut-être des précisions.
On aura peut-être réussi à amener le ministre aussi
à considérer certaines modifications de son point de vue. Tout
cela pourra nous permettre de mettre plus d'énergie et plus de temps sur
un certain nombre d'autres questions importantes qui ont été
soulevées par les organismes qui sont venus témoigner en
commission.
Il me semble que tout cela est plein de bon sens, que tout cela appelle
des considérations sérieuses et que tout cela devrait amener le
ministre à cesser de finasser, comme je le disais tantôt, et
à
cesser de se "filibuster" lui-même. Après tout, je n'ai
jamais vu cela, un ministre qui a décidé d'entreprendre son
propre "filibuster" pour, après cela, accuser l'Opposition de ne pas
faire son travail. C'est le bout! Je savais qu'il était rusé,
mais là,.. J'en apprends à tous les jours. Je pensais
qu'après un an de questions sans réponse à
l'Assemblée nationale, au moins en commission parlementaire il
n'essaierait pas de finasser à ce point. Je me rends compte que le
ministre du Travail est rusé partout et qu'il finasse partout. Il ne
répond aux questions nulle part. En plus de cela, il essaie de toujours
tirer son épingle du jeu à son avantage. Mme la
Présidente, on lui offrait de collaborer. On n'est pas d'accord et on
n'a pas caché nos couleurs sur les choses importantes dans son projet de
loi, mais "poignés" avec ce projet de loi...
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: ..."poignés" avec les gens qu'on
reçoit dans nos bureaux de comté et ayant la
responsabilité comme Opposition, parce qu'après tout on ne
représente pas 2 % de la population...
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion.
M. Charbonneau: En conclusion, Mme la Présidente, on
représente assez de gens du Québec dans ce Parlement pour avoir
la responsabilité de dire au ministre de travailler comme du monde. On
pense que travailler comme du monde à l'égard d'un projet de loi
qui parle de formation professionnelle et qui s'aligne maintenant vers le
contingentement de la compétence, c'est faire venir le ministre de
l'Éducation "au plus sacrant" pour qu'on en discute avec lui.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Verchères. M, le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Très brièvement, Mme
la Présidente...
M. Charbonneau: C'est ça, il va me donner zéro.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, je ne vous donnerai pas
zéro, je vais vous donner beaucoup, à vous, parce que vous avez,
à l'occasion de cette intervention, souligné quelque chose qui
peut convaincre ceux qui doutaient encore que vous étiez en train de
faire un "filibuster". J'ai déjà entendu des parlementaires,
à l'époque, dire que, lorsque vous faisiez une motion, que vous
vouliez parler sur votre motion et que vous ne pouviez pas épuiser
suffisamment de temps à parler simplement sur votre motion, vous
annonciez qu'un de vos collègues allait faire un amendement à
votre propre motion. C'est ce que vous nous avez dit bien candidement: J'ai
annoncé que le député de Joliette aurait un amendement
à ma motion. Vous ne vous êtes pas entendus ensemble pour faire
une seule motion, parce qu'en la divisant ainsi vous pouviez étirer
votre droit de parole et le doubler.
Je vous remercie de votre aveu fait bien candidement. Vous l'avez fait
vers 22 h 35. Vous nous avez signifié tout bonnement que ce qui vous
intéressait, c'était de faire tourner l'horloge, que vous aviez
un amendement, mais que vous ne l'aviez pas inclus dans votre motion
principale. Je ne suis pas prêt à croire, non plus, que c'est par
erreur, que c'est parce que vous n'êtes pas un parlementaire expert, M.
le député de Verchères, que vous n'avez pas mis de limite
de temps à la comparution du ministre de l'Éducation. Vous l'avez
sans doute fait de bonne foi, mais vous saviez que votre collègue avait
un amendement à présenter et que vous pourriez y revenir. Je vous
félicite, en l'espace de presque un an de vie parlementaire dans
l'Opposition, d'avoir appris tous ces trucs de l'Opposition.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le ministre. M. le
député de Saguenay.
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: Merci, Mme la Présidente. Depuis 11 h 30, nous
sommes en commission parlementaire pour étudier le projet de loi 119
article par article. Je pense qu'on a observé attentivement, depuis 11 h
30 ce matin, le jeu de l'Opposition. Permettez-moi d'intervenir sur la question
et de le faire d'une façon bien sereine, bien calme, sans envolée
oratoire, sans crier après personne. J'ai écouté
attentivement particulièrement le député de Joliette qui,
tout à l'heure, nous indiquait d'une façon très claire
qu'il était en service commandé puisque, déjà, au
dernier conseil général du Parti québécois, les
membres du parti avaient commandé aux députés de
l'Opposition de "filibuster" le projet de loi 119, de tout faire, de prendre
toutes les procédures parlementaires pour que ce projet de loi ne soit
pas adopté avant le 19 décembre.
Bien sûr, il faut reconnaître qu'ils font bien leur travail
de ce côté-là et qu'ils obéissent bien aux
directives émanant du conseil général. Il faut bien
reconnaître aussi qu'ils avaient des dettes électorales à
payer à certaines personnes. J'ai l'impression qu'elles n'en demandaient
pas tant. On a vu le député de Joliette, lors de son allocution
de 30 minutes, s'adresser non pas à vous,
Mme la Présidente, mais è une certaine partie de
l'auditoire, puisque c'est envers eux qu'il avait une dette électorale.
Bien sûr, il a bien fait et je l'en félicite. Écoutez, on
est en démocratie et il faut reconnaître à César ce
qui est à César.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Une dette envers Maurice
Pouliot?
M. Maltais: Non, ce n'était pas juste lui qui était
là tantôt.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Maltais: J'ai écouté attentivement les propos de
tous les parlementaires. J'aimerais bien avoir la même occasion de
m'exprimer. Vous savez que je suis très calme et très docile. Je
suis reconnu pour cela.
Des voix: Ha! Ha!
M. Maltais: Bien sûr, lorsqu'on a une dette, on doit la
payer. Je pense que la dette, maintenant, après le "filibuster", est
réglée de ce côté-là. Quand on est rendu
qu'on mobilise une vingtaine de parlementaires autour d'une table pendant dix
heures pour une chicane d'une demi-heure, cela ne fait pas très
sérieux, parce que l'essentiel du projet de loi n'est pas tout à
fait cela. Le ministre offre une période d'une heure et demie et
l'Opposition veut deux heures. (22 h 45)
On a vu le projet de loi 150 qui a pris deux jours, trois jours.
J'entends aujourd'hui le député de Verchères qui,
finalement, a fait la même chose à l'Assemblée nationale
tout à l'heure, parce que j'ai pris le temps d'aller l'écouter,
et qui revient ici faire la même motion. À ce moment-là, on
perd une crédibilité de fonction et cette
crédibilité-là, on la doit d'abord et avant tout à
ses électeurs. Mais au lieu de dire que le ministre fait des
emballements, des niaiseries, comme on l'a dit tout à l'heure, on
devrait remplir cette fonction de parlementaire et d'abord et avant tout avoir
la certitude qu'on sert bien ses électeurs en agissant de telle
façon.
Mme la Présidente, il est de bonne guerre que l'Opposition use de
tous les moyens parlementaires et elle les a tous employés aujourd'hui.
Bien sûr, c'est de bonne guerre et on le reconnaît. On n'en fera
pas un plat. Maintenant que l'heure des propos folichons, des débats
inutiles, des débats perdus dans la brume, est passée, que les
dettes électorales et les commandes du conseil national du Parti
québécois sont remplies, passons à l'action, Mme la
Présidente. Je vous invite dans le plus bref délai possible
à appeler l'article 1; qu'on expédie les votes sur les motions,
les amendements et les sous-amendements et qu'on passe finalement à une
décision qui va servir l'ensemble des Québécois et des
Québécoises au Québec. Et cela presse, Mme la
Présidente.
Le ministre a démontré sa bonne volonté. Il a
annoncé des amendements après une commission parlementaire. On
est accusé de n'écouter personne. Au contraire, dans deux projets
de loi majeurs qui ont été présentés à
l'Assemblée nationale, après les commissions parlementaires, on a
fait des modifications parce qu'on voulait avoir le pouls de la population et
c'est le but essentiel d'une commission parlementaire.
Pendant trois ans et demi, Mme la Présidente, j'ai connu des
commissions parlementaires qui ont duré des semaines et des semaines
où pas un iota, ni une virgule, ni un point d'interrogation n'ont
été changés dans des projets de loi pilotés par
l'ancien gouvernement. Pour une fois qu'un gouvernement est à
l'écoute, est prêt - déjà il l'annonce - à
faire des modifications à certains amendements aux articles du projet de
loi, il est grand temps de passer à l'action et d'arrêter les
balivernes, car l'intérêt des Québécois et des
Québécoises, ce n'est pas de retarder indûment par des
procédures parlementaires l'adoption des projets de loi qui sont
essentiels pour nos régions.
Le député de Verchères a peut-être eu depuis
une semaine des personnes qui sont venues dans son bureau de comté lui
dire qu'elles étaient contre le projet de loi, mais permettez-moi de lui
rappeler que, depuis quelques années, il y a des centaines de personnes
qui nous demandent d'apporter, ce projet de loi sur l'Office de la construction
du Québec. Je le mets au défi de venir n'importe quand à
mon bureau de comté et j'aimerais bien qu'il m'invite à son
bureau. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Saguenay. Est-ce que le sous-amendement: Remplacer dans
la motion d'amendement l'expression "l'article 16" par l'expression "l'article
3.2" et l'expression "d'une heure et trente minutes" par l'expression "de deux
heures", est adopté?
M. Chevrette: Vote par appel nominal. Des voix:
Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
secrétaire, si vous voulez faire l'appel.
Le Secrétaire: M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue)?
M. Baril: Contre.
Le Secrétaires Mme Bélanger
(Mégantic-Compton)?
Mme Bélanger: Contre.
Le Secrétaire: M. Cannon (La Peltrie)? M. Charbonneau
(Verchères)?
M. Charbonneau: Pour.
Le Secrétaire: M. Chevrette (Joliette)?
M. Chevrette: Pour.
Le Secrétaire: M. Claveau (Ungava)?
M. Claveau: Pour.
Le Secrétaire: M. Cusano (Viau)?
M. Cusano: Contre.
Le Secrétaire: M. Bélisle (Mille-Îles)?
M. Bélisle: Contre.
Le Secrétaire: M. Gauthier (Roberval)?
M. Gauthier: Pour.
Le Secrétaire: M. Lemire (Saint-Maurice)?
M. Lemire: Contre.
Le Secrétaire: M. Hétu (Labelle)?
M. Hétu: Coptre.
Le Secrétaire: M. Leclerc (Taschereau)?
M. Leclerc: Contre.
Le Secrétaire: M. Maltais (Saguenay)?
M. Maltais: Contre.
Le Secrétaire: Mme Juneau (Johnson)?
Mme Juneau: Pour.
Le Secrétaire: M. Parent (Bertrand)?
M. Parent: Pour.
Le Secrétaire: M. Philibert (Trois-Rivières)?
M. Philibert: Contre.
Le Secrétaire: M. Rivard (Rosemont)?
M. Rivard: Contre.
Le Secrétaire: M. Théorêt (Vimont)?
M. Théorêt: Contre.
Le Secrétaire: M. Paradis (Brome-Missisquoi)?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Contre.
La Présidente (Mme Bélanger): Pour: 6 Contre: 12.
Motion rejetée.
Noua revenons à l'amendement. Y a-t-il des interventions sur
l'amendement?
Reprise du débat sur la motion
d'amendement
M, Chevrette: Mme la Présidente, est-ce que je peux faire
une question d'interprétation à ce stade-ci pour permettre au
débat d'évoluer? On n'a plus de sous-amendement. On pourrait
continuer, parce qu'on a un droit de parole sur l'amendement. Je demanderais
à mes collègues de se rallier à l'amendement dans les
circonstances pour qu'on puisse au moins entendre le ministre de
l'Éducation, tout en disant, cependant, aux centrales syndicales et au
patronat qui ont demandé d'avoir un organisme bipartite
"codécisionnel" que cela vient de s'enfuir avec la disparition du
sous-amendement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, je pense
que le député peut faire une question de règlement et
demander ce qu'il veut à ses troupes. Quant à ses
interprétations des articles qui n'ont pas encore fait l'objet de
discussions, il aura tout le loisir de faire les représentations qu'il
voudra au moment où les articles seront appelés. Je pense qu'on
n'a pas le droit de dire qu'il n'y a plus de droit de parole à exercer
sur ces articles.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'il y a des
intervenants sur l'amendement?
M, Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: Mme la Présidente, comme je l'ai
indiqué tantôt, je pense qu'il est opportun à ce moment-ci
de rappeler, d'abord, la motion principale, puis de situer l'amendement que le
ministre a présenté. La motion que j'ai présentée
demandait, avant qu'on commence l'étude détaillée du
projet de loi, de procéder à une consultation du ministre de
l'Éducation sur les articles qui concernaient la formation
professionnelle. On a cité, notamment, l'article 16 du projet de loi
parce que c'était l'article le plus pertinent à cet égard,
mais ce n'était pas exclusif.
Le ministre a finalement compris de la proposition principale que
c'était exclusif et, en conséquence, il pensait qu'il valait la
peine d'indiquer que cette consultation se ferait au moment où on serait
rendu à
l'étude de l'article 16. On lui a indiqué notre objection
à l'égard de cette approche, pensant qu'il était
préférable d'entendre le plus rapidement possible le ministre de
l'Éducation ou, tout au moins, de l'entendre dès le moment
où un article spécifique ferait allusion au râle du
ministre de l'Éducation dans le processus qui sera mis en place et dans
Ies organismes qui seront réaménagés.
Le ministre n'a pas voulu entendre raisonî il a organisé
lui-même son "filibuster" et les ministériels viennent,
finalement, de battre la motion de sous-amendement qu'avait
présentée le député de Joliette. On se retrouve
maintenant avec une proposition d'amendement qui n'est pas idéale pour
nous et qui ne nous amène pas à travailler correctement. Elle va
nous obliger à adopter des projets de loi qui font allusion au ministre
de l'Éducation sans qu'on ait eu l'opinion du ministre de
l'Éducation. En tout cas, si on nous oblige à procéder
à l'étude article par article, de deux choses l'une, ou on n'aura
pas un éclairage suffisant ou on sera obligé de proposer de
suspendre l'étude de certains articles, pour qu'on ait un
éclairage adéquat du ministre de l'Éducation.
Il me semble que c'était logique. Mais de la façon dont a
procédé la majorité ministérielle, on se retrouve
avec un amendement qui ne dénature pas l'essentiel de la proposition.
Non seulement est-il recevable, mais, à tout prendre, on va l'accepter,
Mme la Présidente. On pourrait très bie'n, finalement, s'opposer
toute la soirée et encore au fait que le ministre de l'Éducation
vienne à l'article 16. Je pense qu'en fin de compte, Mme la
Présidente, comme l'a un peu indiqué le député de
Joliette, l'important pour nous, c'est que le ministre de l'Éducation
soit entendu. Il est évident que, en une heure et demie, on a moins de
temps pour aborder les questions importantes qu'en deux heures, mais si on
regarde seulement ce qui s'est déroulé lorsqu'on a
procédé à la consultation particulière la semaine
dernière, tous les organismes avec lesquels on appréhendait
d'avoir besoin de plus de temps ont effectivement pris plus de temps.
Ce soir, on a pris beaucoup de temps pour se chicaner pour savoir s'il
était approprié de lui donner plus ou moins de temps. On va sans
doute se retrouver avec le ministre de l'Éducation et je vous parie
qu'on prendra plus qu'une heure et demie pour discuter avec lui des questions.
Pourquoi ne pas avoir ce soir concouru au sous-amendement qui avait
été présenté par le député de
Joliette? Cela nous aurait évité tout ce "fling flang" inutile.
C'est cela. On a perdu une heure et demie ce soir à cause de cela.
Mme la Présidente, plutôt que de tout perdre, on va
accepter la proposition d'amendement du ministre, parce qu'au moins on aura la
garantie... Mais on lui dit immédiatement qu'il y a des articles qu'on
n'acceptera pas d'étudier; on sera obligé de suspendre
l'étude de certains articles parce que l'on y parle du ministre de
l'Éducation, Comment voulez-vous qu'on accepte sérieusement
l'article 3.2, Mme la Présidente? À l'article 3, on introduit un
nouveau chapitre, celui qui change l'Office de la construction par une
commission. On dit qu'un des membres doit être recommandé par le
ministre de l'Éducation; un peu plus loin, on parle d'autres
responsabilités du ministre de l'Éducation. C'est évident
que, sur toutes les questions qui vont être abordées lorsqu'on va
arriver à cet article, qui est un des premiers articles du projet de
loi, si on veut faire un travail sérieux, on n'est pas pour voter
à l'étude détaillée l'article 3 sans avoir eu
l'opinion du ministre de l'Éducation. Donc, on peut bien dire que le
ministre de l'Éducation va venir quand on sera rendu à l'article
16, parce que l'article 16 introduit un chapitre spécifique à la
formation professionnelle, mais il me semble que c'était le bon sens de
se rendre compte que, là où on parle du ministre de
l'Éducation, ce n'est pas uniquement à l'article 16; cela
commence à l'article 3.
Alors, Mme la Présidente, je pourrais parler dix minutes pour
utiliser du temps. Notre objectif, ce n'est pas de faire perdre le temps de la
commission inutilement. Ce que l'on veut, c'est entendre le ministre de
l'Éducation assez lonqtemps pour qu'on ait un éclairage
adéquat et pour qu'on puisse s'assurer que l'étude
détaillée qu'on va entreprendre soit la plus correcte possible et
soit la plus - comment pourrais-je dire? -branchée sur les vrais
problèmes et les vrais enjeux. À cet égard, on pense que
cela nous prend l'éclairage du ministre de l'Éducation.
Personnellement, Mme la Présidente, je ne m'opposerai pas,
même si je trouve que ce n'est pas la meilleure des solutions, au projet
d'amendement du ministre, parce qu'au moins, par ce projet d'amendement, le
ministre du Travail reconnaît que la motion principale est fondée.
Je voudrais avoir juste une assurance du ministre du Travail. Cela va
probablement intéresser mes collègues et peut-être aussi
guider leur attitude pour la suite de la discussion sur cet amendement. Si on'
accepte cet amendement, est-ce que le ministre s'engage à accepter la
proposition principale amendée? Est-ce qu'on discute pour rien? Est-ce
que le ministre nous fait un amendement pour, par la suite, battre la
proposition principale? Cela veut dire: Est-ce qu'on a l'assurance que, si l'on
concourait à l'adoption de l'amendement, la proposition principale
amendée serait acceptée à l'unanimité et que le
ministre, honnêtement, ferait la demarche auprès de son
collègue de l'Éducation pour s'assurer qu'il sera présent?
C'est cela, Mme la Présidente, et c'est
important pour nous. Je sais que le ministre a un droit de
réplique de cinq minutes après chaque intervention.
J'espère qu'il va utiliser son droit de réplique pour nous
indiquer clairement où il loge et ce que l'on peut attendre de lui par
la suite.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Verchères. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, je tiens
à rassurer le député de Verchères.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Roberval.
M. Charbonneau: Une minute. Qu'a-t-il dit? Je n'ai pas
compris.
La Présidente (Mme Bélanger): II tient à
vous rassurer.
M. Charbonneau: Rassurer, dans quel sens?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans le sens que, sur la motion
que vous avez présentée, telle que nous vous proposons de
l'amender, nous sommes prêts à voter. (23 heures)
M. Charbonneau: Êtes-vous prêts à voter
pour?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour autant que je suis
concerné. Je ne peux pas garantir les votes de l'autre
côté.
Une voix: Je me méfie.
M. Chevrette: Garantissez-nous les vôtres et on s'arrangera
bien avec les nôtres.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Roberval.
M. Michel Gauthier
M. Gauthier: Mme la Présidente, je pense que ce dont on
veut faire prendre conscience au ministre, par tout ce débat autour de
la présence ou non du ministre de l'Éducation ici, c'est
simplement que le ministre signe tout un bail en s'engageant, en quelque sorte,
à faire en sorte que le ministre de l'Éducation, comme je pense
que c'est l'intention du ministre du Travail, collabore, suive les conseils,
prenne les avis et les respecte.
C'est tout un contrat parce que, dans le fond - je ne sais pas quel
député tout à l'heure l'a soulevé de ce
côté-ci - quand il va arriver à faire un contingentement et
à dire dans telle ou telle option professionnelle... D'abord, la
formation devra changer. On touche à des syllabus de cours.
On touche à des enseignants qui ont une sécurité
d'emploi. On touche aussi à des écoles qui ont des
équipements vétustes parfois - dans ce cas, cela fera moins mal
au coeur de les remplacer - mais, dans d'autres cas, des équipements qui
ont été achetés récemment ne seraient plus
adéquats pour la formation jugée nécessaire pour les gens
de la construction.
C'est pour cela, dans le fond, que l'Opposition tient tant à ce
que le ministre de l'Éducation soit associé immédiatement,
à ce moment-ci, à la préparation de cette loi. Nous
aurions aimé lui dire toutes ces choses. Je ne doute pas, pour ma part,
de la bonne foi du ministre du Travail concernant cet aspect spécifique
quand il nous parle de la collaboration du ministre de l'Éducation. Je
crois que sa bonne foi sera vite ébranlée par la lourdeur du
système et par les contingences auxquelles doit faire face le ministre
de l'Éducation.
Également, peut-être la nature des demandes qui seront
présentées, la nature des recommandations qui seront faites au
ministre de l'Éducation, si elles n'ont pas un caractère
contraignant pour le ministre de l'Éducation et suffisamment fort pour
infléchir certaines de ses décisions, nous craignons,
malheureusement, que le ministre de l'Éducation ne les laisse pour
compte ou qu'à partir d'une série de bons voeux le ministre de
l'Éducation les applique tellement lentement dans sa machine que,
finalement, la formation professionnelle je dirais "nouvelle vague" qu'on
souhaite voir se réaliser après l'adoption de ce projet de loi
-s'il se rend à la dernière étape, à l'adoption
définitive - ne soit reléguée aux oubliettes.
Ce contrat que le ministre du Travail s'est donné, cet engagement
qu'il a formulé à l'endroit des centrales syndicales, à
l'endroit des patrons aussi qui, je le rappelle, réclamaient, pour une
fois, la même chose concernant la formation professionnelle, je crains
que le ministre du Travail n'ait pris là un trop gros contrat et que sa
mauvaise volonté, concernant la visite immédiate du ministre de
l'Éducation, un jour ne lui joue de très mauvais tours.
C'est simplement le commentaire que j'avais à faire. Comment le
ministre compte-t-il - et j'espère que lors de l'étude article
par article il va avoir l'occasion de nous l'expliquer - véritablement
faire un contingentement dans le monde de la construction par la formation
professionnelle, par la qualification des personnes, si te ministre de
l'Éducation suit plus ou moins ses recommandations, si le ministre de
l'Éducation les prend avec, peut-être, beaucoup de bonne
volonté, mais peu de moyens pour faire fonctionner sa machine dans le
sens où il devrait la faire fonctionner?
Il s'agit simplement de ce souci. Je pense que nos interventions
procédaient de
ce souci. Je ne veux pas non plus prolonger le débat
indûment. On a tout fait pour expliquer cela au ministre. On a tout fait
pour essayer de convaincre ses collègues et il ne semble pas que ce soit
possible.
En désespoir de cause, personnellement en tout cas... Je suis
certain que les collègues de ma formation politique vont se rallier
à une visite du ministre de l'Éducation, même
peut-être un peu trop tardive à notre point de vue et nous
reprendrons - je pense que le ministre va comprendre à ce moment et sera
tolérant envers les députés de l'Opposition - avec le
ministre de l'Éducation certaines discussions qui auront
été faites à moitié parce que en son absence. Comme
on sera rendu un peu plus loin dans l'étude du projet de loi,
j'espère que le ministre manifestera un peu de bonne volonté.
J'espère qu'il manifestera de la coopération pour permettre aux
députés de l'Opposition de revenir au début du projet de
loi sur certains éléments qui auront déjà fait
l'objet d'une étude afin, je le rappelle, que le ministre ne soit pas
déçu et surtout qu'il ne déçoive pas tous ceux et
celles qui nous ont fait l'honneur, dans le fond, de venir nous
présenter leur point de vue et nous faire leurs revendications et ceci,
de façon bien légitime.
La Présidente (Mme Bélanger): Je vous remercie, M.
le député de Roberval. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, au
député de Roberval: pris è leur face même, vos
soucis vous honorent.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous avez
terminé, M. le ministre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Johnson.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci beaucoup, Mme la Présidente. Moi aussi,
je veux simplement dire au ministre à la suite de ses affirmations, tout
à l'heure, que, si ces gens-là sont sérieux, on va le voir
à la façon dont ils vont réagir, si la proposition qu'on
soumet est acceptée ou pas. Cela démontre bien que l'Opposition
est très sérieuse dans le fait qu'elle avait demandé que
le ministre de l'Éducation soit présent.
En ce sens, même si c'est regrettable que le ministre ne se soit
pas rendu à notre demande qui était de recevoir le ministre de
l'Éducation au tout début de l'étude du projet de loi et
de pouvoir l'entendre deux heures au lieu d'une heure et demie, le
sérieux de notre demande fait en sorte que nous acceptons la proposition
d'amendement du ministre même si, comme je l'ai dit tout à
l'heure, on aurait préféré avoir plus de temps; sur le
fait aussi qu'on sera obligé probablement d'accepter ou de laisser en
suspens certains articles du projet de loi qui sont étroitement
reliés au ministre de l'Éducation... À ce
moment-là, le ministre bon gré mal gré sera bien
obligé de nous donner la chance d'intervenir sur cet article en
particulier qui regarde le ministre de l'Éducation. Bien sûr, on
est content quand même de cette ouverture parce que le sérieux de
notre demande ne fait aucun doute.
Nous voulions et nous voulons encore avoir la possibilité
d'interroger le ministre de l'Éducation, étant donné que
la formation professionnelle dans te projet de loi occupe tout le chapitre
VII.1. Nous aurions préféré dès le début de
l'étude du projet de loi, étant donné que le ministre aura
à recommander une personne qui viendra principalement du
ministère de l'Éducation, avoir la possibilité d'avoir
sous la rnain cet homme qui est titulaire du ministère de
l'Éducation et qui aurait été en mesure de pouvoir
répondre à plusieurs de nos questions.
Je pense que nous devons quand même être heureux du fait que
cela n'a pas été un non catégorique. Probablement que,
lorsque le ministre de l'Éducation sera là, bon gré mal
gré, on sera obligé d'allonger le temps que le ministre nous
refuse aujourd'hui. Cela aurait évité bien des pertes de temps
ici ce soir à l'étude du projet de loi. Nous aurions
épargné ce temps précieux qui aurait, en
définitive, pu être accordé au ministre lors de son
passage. Mais non, le ministre n'accepte pas qu'une petite demi-heure
supplémentaire soit allouée au ministre de l'Éducation
qui, à notre point de vue et au point de vue, pratiquement, de
l'ensemble des gens, syndicats et patrons, qui sont venus la semaine
dernière... Ils ont fait un consensus sur le fait que l'apport du
ministre de l'Éducation ou la formation était une part
très importante à l'intérieur du projet de loi.
Je vais prendre, entre autres, un mémoire tout à fait par
hasard que j'ai conservé et où l'on parle justement de
l'expérience qu'on vit en ce qui concerne la formation scolaire de ces
jeunes et futurs travailleurs de la construction. À bien des
égards, lorsque les gens sont venus en audience publique, on nous a fait
part que l'outillage dans les écoles présentement est vraiment
désuet pour ces jeunes lorsqu'ils entrent sur le marché du
travail dans l'industrie de la construction. Ces jeunes comprennent des
mécaniciens qui étudient et qui font des expériences sur
d'anciens moteurs et sur d'anciens outils qui ne sont même plus
utilisés par les gens de la construction. Je pense que tous ces
mémoires ont pratiquement la même définition de ce
que peut représenter l'éducation ou la formation de ces
jeunes en ce qui a trait aux commissions scolaires et en ce qui concerne les
cours qu'ils prennent pour évidemment aller dans les métiers de
la construction.
Même si nous regrettons que ce ne soit pas le temps que nous ayons
demandé et le moment précis, je pense qu'il faut quand même
être satisfait de cette ouverture. Cela montre au ministre et à sa
formation politique le sérieux avec lequel notre formation politique
avait fait la demande de rencontrer le ministre de l'Éducation. Je tiens
quand même à remercier le ministre de cette ouverture. Si,
éventuellement, lorsque nous aurons commencé à
étudier les articles, nous sommes obligés de mettre de
côté certains d'entre eux à cause d'un éclairage que
nous ne pouvons avoir au moment où nous l'aurions voulu, je souhaite que
le ministre soit aussi compréhensif et nous permette à ce moment
de suspendre cet article en particulier qui pourra être expliqué
par le ministre de l'Education. Même si le temps qui m'est alloué
n'est pas terminé, je tiens à dire au ministre que je suis
contente de l'ouverture, même si ce n'est pas exactement ce que nous
aurions souhaité.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: C'est mon voisin.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente.
J'assure ma voisine, Mme la députée de Johnson, de toute ma
compréhension, Je la remercie des remerciements qu'elle m'a
adressés.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député d'Ungava. M. le député de
Bertrand, je m'excuse.
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): Je m'excuse de vous décevoir. Soyez
patients, il va parler après. Mme la Présidente, en deux minutes,
je veux dire rapidement que c'est un peu l'aberration du système qui
fait en sorte qu'on a dû plaider pendant deux heures. Si le ministre
avait fait les calculs, il se serait aperçu que la demi-heure, cela fait
longtemps qu'on l'aurait gagnée. Ceci étant dit, je veux
seulement mettre en garde le ministre concernant les articles dont il a
été fait mention et qui touchent les fonctions et qui concernent
directement le ministre de l'Éducation, soit les articles 3.2, 5 , 3.10,
2 3.12 et 3.6. Ces articles devront être suspendus de quelque
façon que ce soit ou du moins avoir un éclairage de la part du
ministre.
En terminant, puisque j'ai dit que je prenais la parole deux minutes, je
peux dire que c'est la force du nombre qui a eu raison de nous et non pas la
force de nos convictions puisque je pense que le ministre a été
convaincu par nos arguments. Je vous remercie, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Bertrand. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, Mme la Présidente. Je serai très
bref pour ne pas abuser...
La Présidente (Mme Bélanger): Je m'excuse, c'est M.
le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela va, Mme la
Présidente.
M. Claveau: II va nous répondre les deux en même
temps.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Je serai bref pour ne pas abuser du temps qui m'est
imparti au risque de décevoir mes collègues. Je voudrais
seulement dire que je suis tout de même satisfait, comme mes
collègues de l'Opposition, que l'on puisse malgré tout rencontrer
le ministre de l'Éducation et lui poser nos questions. Toutefois, je ne
comprends toujours pas l'obstination du ministre à
préférer le voir intervenir en cours de processus plutôt
qu'au début, ce qui nous aurait semblé beaucoup plus logique.
Merci, Mme la Présidente. (23 h 15)
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député d'Ungava.
M. Chevrette: Mme la Présidente, je vous demanderais
d'appeler le vote nominal sur l'amendement du ministre.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est parce qu'il
reste des intervenants, M. le député de Joliette.
M, Chevrette: Ah! Excusez-moi. C'est parce que de notre
côté, sur l'amendement...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Vimont.
M. Jean-Paul Théorêt
M. Théorêt:: Seulement quelques minutes pour donner
trois exemples bien concrets
comme quoi les députés de l'Opposition avaient
décidé de faire de l'obstruction systématique. Le
député de Verchères, tantôt, mentionnait qu'il
était inacceptable et intolérable que le ministre de
l'Éducation n'ait pas déjà été
convoqué devant les membres de cette commission, alors qu'il sait fort
bien qu'il n'en avait jamais été question lors des travaux
préparatoires aux deux jours de consultation; les deux journées
étaient remplies au complet et on n'avait jamais demandé la
présence du ministre de l'Éducation.
Des voix: Ah!
M. Théorêt: Deuxièmement, Mme la
Présidente, puisque je vous ai dit que je serais très bref,
à 20 h 50, ce soir, déjà le ministre avait
présenté un amendement pour dire aux gens de l'Opposition: Je
suis d'accord pour que l'on convoque le ministre de l'Éducation et que
l'on puisse ainsi passer aux questions que vous voulez bien lui poser. De 20 h
50 à 23 h 17, tous sont intervenus réclamer encore une fois ce
que le ministre leur avait déjà accordé. Ils ont
démontré encore clairement et d'une façon...
M. Chevrette: ...
M. Théorêt: Je le comprends très bien, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: ...tantôt.
M. Théorêt: Troisièmement, Mme la
Présidente, à 22 h 45, le...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Théorêt: ...député de Joliette
avertissait le ministre en disant: On n'utilisera pas le temps sur les
amendements et on va se rallier à l'amendement du ministre. Vous
comprendrez que les gens sauront en juger. Il a dit cela à 22 h 45, et
ils viennent de terminer leurs interventions à 23 h 15, alors qu'ils
avaient dit qu'ils n'interviendraient pas. C'est tout ce que je voulais dire,
Mme la Présidente. Je pense que j'ai fait la preuve qu'ils avaient
d'ores et déjà décidé de faire de l'obstruction
systématique sur ce projet de loi.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Vimont. Un instant!
M. Gauthier: J'aurais une demande de directive, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
M. Gauthier: J'aimerais savoir comment vous interprétez
ceci. Est-ce que le fait que des députés d'une formation
politique discutent à partir d'un amendement qu'ils ont
présenté, voient cet amendement rejeté par la
majorité, se rallient de bonne foi à un amendement proposé
par le ministre, lequel est un pis-aller, est-ce que c'est faire un
"filibuster" que de faire ça?
Une voix: Le ministre ou l'amendement?
Une voix: Le pis-aller...
M. Gauthier: J'aimerais avoir votre avis.
La Présidente (Mme Bélanger): Je pense que ce n'est
pas une demande de directive, M. le député de Roberval.
Mme Juneau: Non, c'est quoi?
M. Gauthier: Ce n'est pas une demande de directive? Non?
La Présidente (Mme Bélanger): Je considère
plutôt cela comme un commentaire.
M. Gauthier: Ah bon!
La Présidente (Mme Bélanger): Votre message est
passé.
M. Gauthier: Ce n'était pas un message, je vous demandais
quelque chose.
La Présidente (Mme Bélanger): Votre message est
passé et vous avez fait vos commentaires. Ce n'était pas une
demande de directive. M. le ministre, avez-vous quelque chose à ajouter,
après l'intervention du député de Vimont? Non. M. le
député de Saguenay.
Une voix: Encore. Mme Juneau: II nous aide. M. Ghislain
Maltais
M. Maltais: On doit se rendre à l'évidence que
l'Opposition, finalement, fait perdre énormément de temps
à la commission. Ce qui m'a surpris le plus là-dedans, c'est
qu'après avoir eu d'anciens commissaires au travail, des membres de la
commission Cliche, des enseignants qui ont négocié des centaines
de conventions collectives, le député de Verchères, qui
prêche au monument de Saint-François sur le Richelieu à
chaque année, n'ait pas demandé à entendre une personne
très intéressante à cette commission. Cette personne
s'appelle le Procureur général, puisque c'est lui qui devra
débattre les pénalités.
Une voix: Elle est bonne! Elle est bonne! Elle est bonnel
M. Maltais: Cependant, étant donné que l'heure des
motions est passée...
Une voix: Non, elle n'est pas passée.
M. Maltais: Non, c'est passé, c'est terminé. Vous
avez épuisé tout votre temps. J'aurais une proposition...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! Je ne comprends rien de l'intervention du
député de Saguenay.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
La Présidente (Mme Bélanger): C'est-à-dire
que je n'entends rien.
Une voix: La présidente est partiale.
Une voix: Le ministre ne comprend rien,
M. Gauthier: II est en train de faire une motion pour entendre le
Procureur général.
Une voix: Question de règlement. Est-ce que la
présidente serait partiale?
La Présidente (Mme Bélanger): Il y avait tellement
de bruit dans la salle que je n'entendais pas - j'ai fait un lapsus - ce que le
député de Saguenay disait.
Une voix: Demandez à la présidente si elle est
partiale.
M. Charbonneau: Mme la Présidente, question de
règlement.
M. Maltais: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant, M. le
député de Saguenay! II y a une question de règlement.
M. Charbonneau: Mme la Présidente, j'aimerais que vous
rappeliez au député de Saguenay que, contrairement à ce
qu'il vient d'affirmer, l'étape des motions préliminaires n'est
pas terminée. On va disposer de cette motion et, s'il veut
présenter sa motion, on va la discuter.
M. Maltais: Mme la Présidente, je suis en train de la
présenter.
M. Charbonneau: Toujours sur la question de règlement, il
n'est pas dans l'ordre de présenter une autre motion. Il faudrait qu'on
lui indique qu'il est actuellement sur l'amendement présenté par
son collègue, te ministre du Travail, et de bien vouloir cesser de se
"filibuster" lui-même.
M. Maltais: Mme la Présidente, question de
règlement.
M. Charbonneau: Je suis sur une question de règlement.
M. Maltais: Mme la Présidente, je suis sur la question de
règlement. Je demanderais au député de Verchères
d'attendre son tour.
M. Charbonneau: Non, non, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Mais le
député de Verchères a soulevé une question de
règlement. On va finir.
M. Charbonneau: C'est cela.
M. Maltais: Je suis sur la question de règlement. Je vous
ai interpellé sur une question de règlement. Il faudrait quand
même...
M. Charbonneau: Le député de Saguenay est un peu
mêlé.
M. Maltais: ...qu'on se comprenne dans ce bordel-là.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saguenay, vous étiez sur votre intervention et
M. le député de Verchères a soulevé une question de
règlement. Alors, on va finir d'entendre la question de règlement
du député de Verchères.
M. Maltais: En vertu de quel règlement?
M. Charbonneau: ...qui nous régit.
M. Maltais: Non, non, je veux savoir en vertu de quel article du
règlement, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): En vertu de quel
article, M. le député de Verchères?
M. Charbonneau: Mme la Présidente, en vertu de l'article
qui fait en sorte que...
M. Maltais: Non, non, je veux le numéro, Mme la
Présidente.
M. Charbormeau: Mme la Présidente, selon la
jurisprudence...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Maltais: Je veux le numéro. Le député de
Verchères le sait très bien, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordrel
M. Maltais: ...pour être un président de commission
fort rémunéré.
Des voix: Wow! Wow!
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Charbonneau: Mme la Présidente, sur la question de
règlement que j'étais en train de terminer, c'est sérieux.
Est-ce que quelqu'un pourrait expliquer au député de Saguenay
qu'il intervient actuellement sur une motion d'amendement
présentée par son collègue, le ministre du Travail? Est-ce
qu'on est tous d'accord, et on lui dit d'arrêter de se "filibuster", pour
qu'on puisse voter sur l'amendement du ministre, voter par la suite sur la
proposition principale amendée. Après, le député de
Saguenay pourra arriver avec une proposition. S'il veut entendre le Procureur
général ou le Solliciteur général ou qui il voudra,
il le fera.
Sans doute que le ministre du Travail, puisqu'il a choisi de se
"filibuster" lui aussi, fera une proposition d'amendement à sa
proposition, c'est votre problème. Mais, à ce moment-ci, le
député de Saguenay enfreint le règlement, parce qu'il ne
peut pas actuellement parler sur autre chose que sur la motion
d'amendement.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saguenay, tant et aussi longtemps que l'amendement n'a
pas été voté et la motion telle qu'amendée
votée, vous ne pouvez présenter une autre motion.
M. Maltais: Mme la Présidente, j'ai annoncé que
j'aurais probablement une autre motion, mais on m'a immédiatement
interrompu sur la question de règlement. Si on m'avait laissé
terminer mon intervention, ensuite, on aurait pu la présenter. Tout le
monde a présenté des sous-amendements et des "contre-amendements"
ce soir. On a quand même été dociles et doux; quand ce sera
l'heure, on présentera les nôtres.
Est-ce que cela va sur la question de règlement? On peut
continuer sur l'intervention?
La Présidente (Mme Bélanger): Continuez votre
intervention.
M. Maltais: Merci, Mme la Présidente. On a
démontré - et le ministre l'a souligné tout à
l'heure d'une façon bien directe - que même en annonçant
qu'ils étaient tous d'accord on a quand même pris une quarantaine
de minutes pour dire que l'on était d'accord sur la motion du
ministre.
Mme la Présidente, vous conviendrez avec moi que c'est une mesure
tout à fait dilatoire et qui permet de retarder d'une façon
vraiment exceptionnelle les démarches de la commission.
Mme la Présidente, pour reconnaître de bonne foi les
membres de l'Opposition, dès que l'appel au vote sera fait sur cette
motion, puisqu'ils ont tous écoulé leur temps, nous allons faire
une proposition pour gérer les travaux de la commission à partir
de ce soir. J'annonce déjà que j'aurai une proposition à
faire.
La Présidente (Mme Bélanger): On va commencer
par...
M. Maltais: ...la proposition du ministre, Mme la
Présidente. Le vote.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement est adopté?
M. Chevrette: Mme la Présidente, vote nominal.
Le Secrétaire: M. Baril
(Rouyn-Noranda--Témiscamingue)?
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue): Pour.
M. Bélisle: Mme la Présidente, est-ce que vous
pourriez faire la lecture de l'amendement, s'il vous plaît?
La Présidente (Mme Bélanger): Sur la motion? Sur
l'amendement.
Des voix: Sur l'amendement.
Une voix: Je voudrais quand même que ce soit lu.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement se lit
comme suit: Que la motion en discussion soit modifiée en
remplaçant les mots "et ce, avant que la commission n'aborde
l'étude détaillée du projet" par les mots "au moment
où la commission étudiera l'article 16 et ce, pour une
durée d'une heure et trente minutes".
M. Charbonneau: Mme la Présidente, dans la même
veine, pour qu'on se comprenne bien. Si on adoptait cet amendement, j'aimerais
que vous lisiez la proposition telle qu'elle serait formulée une fois
qu'elle serait amendée. Ce serait plus clair.
M. Bélisle: Ce serait le deuxième vote. La
Présidente (Mme Bélanger): Est-ce
que je dois la lire tout de suite?
M. Chevrette: Non, l'amendement d'abord.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, appelez le
vote, M. le secrétaire.
Le Secrétaire: M. Baril
(Rouyn-Noranda--Témiscamîngue)?
M. Baril: Pour.
Le Secrétaire: Mme Bélanger
(Mégantic-Compton)?
La Présidente (Mme Bélanger): Pour. Le
Secrétaire: M. Cannon (La Peltrie)? M. Cannon: Pour.
Le Secrétaire: M. Charbonneau (Verchè-res)?
M. Charbonneau: Pour.
Le Secrétaire: M. Chevrette (Joliette)?
M. Chevrette: Pour.
Le Secrétaire: M. Claveau (Ungava)?
M. Claveau: Pour.
Le Secrétaire: M. Cusano (Viau)?
M. Cusano: Cela va être un plaisir d'écouter le
ministre de l'Éducation, cela va être pour.
Le Secrétaire: M. Bélisle (Mille-Îles)?
M. Bélisle: Pour.
Le Secrétaire: M. Gauthier (Roberval)? M. Gauthier:
Pour.
Le Secrétaire: M. Lemire (Saint-Maurice)?
M. Lemire: Pour.
Le Secrétaire: M. Hétu (Labelle)?
M. Hétu: Pour.
Le Secrétaires M. Leclerc (Taschereau)?
M. Leclerc: Pour.
Le Secrétaire: M. Maltais (Saguenay)?
M. Maltais: Pour.
Le Secrétaire: Mme Juneau (Johnson)? Mme Juneau: Pour.
Le Secrétaire: M. Parent (Bertrand)? M. Parent (Bertrand):
Pour.
Le Secrétaire: M. Philibert (Trois-Rivières)?
M. Philibert: Pour.
Le Secrétaire: M. Rivard (Rosemont)? Il est sorti? M.
Théorêt (Vimont)?
M. Théorêt: Pour.
Le Secrétaire: M. Paradis (Brome-Missisquoi)?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour.
La Présidente (Mme Bélanger): Pour, 18; contre,
aucun.
M. Chevrette: On a donc une proposition principale
amendée, Mme la Présidente.
M. Maltais: Question de règlement. J'ai déjà
annoncé une proposition, Mme la Présidente.
M. Chevrette: Mme la Présidente, il reste la motion
principale amendée.
La Présidente (Mme Bélanger): Pour finir, il faut
voter la motion principale amendée.
M. Chevrette: II y en a cinq de notre côté qui n'ont
pas parlé. Je pense qu'on va suivre l'ordre, Mme la Présidente.
Je comprends l'empressement du député de Saguenay, mais qu'il
suive au moins un minimum de procédure et de décorum, s'il vous
plaît!
Reprise du débat sur la motion
principale
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, la motion
telle qu'amendée se lit comme suit: que, conformément è
l'article 244 du Règlement de l'Assemblée nationale, la
commission invite le ministre de l'Education pour entendre ses commentaires sur
les articles concernant ta formation professionnelle et notamment les articles
85.2 et 85.3 introduits par l'article 16 du projet, au moment où la
commission étudiera l'article 16 et ce, pour une durée d'une
heure et trente minutes.
M. Guy Chevrette M. Chevrette: Mme la Présidente, sur
la motion principale, nous pourrions être cinq à
intervenir, mais je vais être le seul de. notre formation à
intervenir pour dire au ministre que ce sont les deux seules motions
préliminaires que nous avions et nous voulons, immédiatement
après, parler sur le moratoire. On veut procéder sur le fond. Les
parties vous ont demandé carrément un moratoire. Je vous dis tout
de suite que je serai le seul à parler sur la motion principale
amendée pour nous permettre de passer à la question du moratoire.
Il y a une motion qui va nous permettre de parler du moratoire tout de suite
après.
Donc, Mme la Présidente, la motion principale amendée ne
nous satisfait pas pleinement mais au moins on entendra le ministre. Je pense
que le ministre a quand même encore l'occasion, s'il le veut, de
suspendre des articles et de permettre au ministre de l'Éducation de
venir parler au moment le plus opportun avant qu'on fasse le débat de
fond sur la constitution de la commission, avec la présence du ministre
de l'Éducation, ainsi que de suspendre toute la question de la formation
professionnelle avant que le ministre ne vienne. C'est vrai que la motion ne
l'empêche pas de faire cela. Mais je pense et, dans un geste de bonne
foi, même avec la proposition qui est faite présentement d'inviter
le ministre, j'ose espérer que le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre va inviter le ministre de l'Éducation au moment le plus
opportun pour les membres de la commission. Je demeure convaincu que le moment
le plus opportun pour les membres de la commission serait avant d'aborder la
constitution même de la commission parce que le ministre y a un
représentant direct et ce serait également avant de parler de la
commission de formation professionnelle ou du comité de formation
professionnelle. Le ministre a encore cette possibilité. Cela pourrait
être purement et simplement demain matin après la période
de questions, par exemple, puisqu'il a proposé une heure et demie et
qu'on s'y est rallié. La période de questions finit vers 11 h 15
demain. À 11 h 30, demain, le ministre du Travail pourrait inviter le
ministre de l'Éducation et faire en sorte qu'il soit entendu avant
même qu'on touche au fond.
C'est la brève explication que je voulais donner, Mme la
Présidente, en vous rappelant que nous aurions pu prendre 50 minutes
pour vous dire la même chose. Cela démontre qu'on veut seulement
aborder le fond tout de suite. Je pense que le ministre va comprendre
tantôt, quand nous déposerons deux papiers, qu'on veut vraiment
aborder le fond, la question du moratoire. (23 h 30)
C'est l'un des points majeurs que les parties, au moins les parties
syndicales, nous ont présentés. Il y a eu une forme d'ouverture
par le ministre en ce qui regarde au moins les manoeuvres. Notre position est
plus large, mais, au moins, c'est sur le fond du moratoire lui-même qu'on
voudrait parler. On ose espérer qu'un moratoire réel
réduirait énormément les discussions sur toutes les
questions de mesures transitoires. À ce moment-là, il y a un
paquet d'articles du projet de loi qui ne sont pas touchés dès
qu'on décide d'un moratoire. Je suis convaincu que ces douze ou quinze
articles -j'en ferai la nomenclature au moment où je pourrai les
présenter - pourraient être un sujet fort intéressant
à aborder, car c'est l'un des points majeurs du projet de loi sur lequel
l'ensemble des groupes syndicaux ont fait des revendications.
Mme la Présidente, en ce qui nous concerne, vous pouvez appeler
le vote nominal sur la motion principale telle qu'amendée.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'on peut
dire que c'est le même vote?
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoï): Brièvement, Mme la
Présidente, sur la motion. Je tente de comprendre l'Opposition. Elle
nous présente et nous demande d'adopter une motion visant à
inviter le ministre de l'Éducation pour entendre ses commentaires sur
les articles concernant la formation professionnelle, notamment sur les
articles 85.2 et 85.3. D'ailleurs, le titre VII.l du projet de loi, c'est:
Formation professionnelle.
On nous fait toute une argumentation par la suite pour l'entendre sur
autre chose, sur la - composition du conseil d'administration, etc., ce qui
n'était pas visé par la motion telle que présentée
par le député de Verchères. Tout ce que nous avons
ajouté, c'est le moment, avant d'entreprendre l'article 16, et la
durée pour laquelle nous voulions l'entendre. J'ai de la
difficulté è comprendre toute l'argumentation de l'autre
côté qui n'allait pas dans le sens de la proposition d'un de leurs
collègues, le député de Verchères, qui disait que,
quant à lui, c'était sur la formation professionnelle qu'il
voulait l'entendre.
D'ailleurs, il avait bien décodé le message des
intervenants syndicaux et patronaux en commission parlementaire, la semaine
dernière, qui nous ont dit que, là-dessus, ils aimeraient aussi
avoir des éclaircissements de la part du ministre de l'Éducation.
Comme ministre du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité
du revenu et ministre responsable de la présente loi, j'ai
indiqué une ouverture à ce chapitre et vous l'aviez bien saisie,
M. le député de Verchères. Il aurait été si
simple de s'entendre rapidement pour entendre le
ministre de l'Éducation durant une heure et demie quant à
la formation professionnelle qui est contenue dans le projet de loi! Et
c'était l'objet de votre motion.
Mme la Présidente, je vous prie d'appeler le vote.
M. Théorêt: II vous a demandé d'appeler le
vote.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. J'appelle le vote.
Le Secrétaire: M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue)?
M. Baril: Pour.
Le Secrétaire: Mme Bélanger
(Mégantic-Compton)?
La Présidente (Mme Bélanger): Pour. Le
Secrétaire: M. Cannon (La Peltrie)? M. Cannon: Pour.
Le Secrétaire: M. Charbonneau (Verchères)?
M. Charbonneau: Pour.
Le Secrétaire: M. Chevrette (Joliette)?
M. Chevrette: Pour.
Le Secrétaire: M. Claveau (Ungava)?
M. Claveau: Pour.
Le Secrétaire: M. Cusano (Viau)?
M. Cusano: Pour.
Le Secrétaire: M. Béltsle (Mille-Îles)?
M. Bélisle: Pour.
Le Secrétaire: M. Gauthier (Roberval)?
M. Gauthier: Pour.
Le Secrétaire: M. Lemire (Saint-Maurice)?
M. Lemire: Pour.
Le Secrétaire: M. Hétu (Labelle)?
M. Hétu: Pour.
Le Secrétaire: M. Leclerc (Taschereau)?
M. Leclerc: Pour.
Le Secrétaire: M. Maltais (Saguenay)?
M. Maltais: Voyons donc! Pour, bien sûr!
Le Secrétaire: Mme Juneau (Johnson)? Mme Juneau:
Pour, M. le secrétaire. Le Secrétaire: M. Parent
(Bertrand)? M. Parent (Bertrand): Pour.
Le Secrétaire: M. Philibert (Trois-Rivières)?
M. Philibert: Pour.
Le Secrétaire: M. Rivard (Rosemont)? M.
Théorêt (Vimont)?
M. Théorêt: Pour.
Le Secrétaire: M. Paradis (Brome-Missisquoi)?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour.
La Présidente (Mme Bélanger): Pour, 18; aucun
contre.
M. Chevrette: Mme la Présidente, est-ce que vous me
permettez de poser une question au ministre?
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que le
ministre accepte?
M, Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Chevrette: Si c'est pour clarifier ce que je dis.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est pour accélérer
le déroulement de nos travaux.
M. Chevrette: Oui et je vais essayer de vous le démontrer
vraiment. De la façon dont nos procédures sont faites, toutes les
questions ou tous les articles relatifs au moratoire qui sont les articles 7 -
je vous les donne car je sais qu'il faudra en faire une analyse - 9, 10, 11,
13, 14, 22, 28 à 37 plus spécifiquement, 39, 40 et 42... Je vous
nomme les articles pour les motifs suivants, c'est que la façon de
procéder pour passer à l'étude sur la question du
moratoire, il n'y en a pas 40, selon nos règles de procédure. Si
vous me dites que vous êtes d'accord pour passer à la discussion
de fond sur le moratoire, je ferai la motion sans aucune discussion. Si le
ministre veut véritablement discuter du moratoire d'une façon
correcte, nous proposons de promulguer l'ensemble des articles qu'on aura
étudiés article par article, mais de ne pas promulguer les
articles que je lui ai énumérés qui visent
précisément à accorder un moratoire. La motion que
je ferais est qu'on passe à l'article 61 pour qu'il promulgue sa loi,
mais pas les articles suivants afin d'accorder un moratoire. Cela vise à
garder au moins les mécanismes qu'il y a présentement. Je me pose
la question...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vous
répondre...
M. Chevrette: ...sans discussion.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vous répondre en
vertu de notre règlement. Avant de suspendre l'application de quelque
article que ce soit, il faut avoir commencé l'étude article par
article et avoir appelé l'article 1. Je vous le soumets bien
respectueusement.
M. Chevrette: ...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Deuxièmement, en ce qui
concerne les moratoires, que cela concerne les gens des métiers, les
apprentis ou les occupations, je vous soumets respectueusement que lesdits
moratoires peuvent être incorporés dans le libellé des
articles 32 et suivants.
M. Chevrette: Mme la Présidente, je fais donc motion pour
que cette commission commence l'étude détaillée du projet
de loi 119, Loi modifiant la Loi sur les relations du travail dans l'industrie
de la construction, en commençant tout d'abord par l'article 61. Et
dès qu'on aurait adopté cette motion, je proposerais la motion
suivante: L'article 61 du projet de loi 119, Loi modifiant la Loi sur les
relations du travail dans l'industrie de la construction, est modifié en
ajoutant les mots "sauf quant aux articles 7, 9, 10, 11, 13, 14, 22, 28
à 37, 39, 40 et 42", qui entreraient en vigueur sur proclamation du
gouvernement, après que les politiques et mesures relatives à la
main-d'oeuvre et les programmes relatifs à la formation professionnelle
prévus aux articles 85.2 et 85.3 introduits par l'article 3 du
présent projet auront été préparés,
adoptés et mis en vigueur. Ceci répondrait exactement à la
demande du Conseil provincial des métiers de la construction, de la
FTQ-Construction, de la CSN, de la CSD et de tout le mouvement syndical qui
vous a demandé un moratoire réel, véridique. J'accepterais
que la première motion ne soit pas discutée pour qu'on puisse
commencer la discussion de fond sur le moratoire.
Une voix: ...
M. Chevrette: Je voulais formuler l'autre motion pour montrer ce
qu'il y avait après. Il n'y a pas de cachette. Elle m'ouvre la porte
pour parler de moratoire et j'accepterais de ne pas en discuter.
La Présidente (Mme Bélanger): D'abord, M. le
député...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Excusez. Je pourrais vous
présenter une motion sur l'article 32 ou l'article 33 qui ouvre la porte
pour des moratoires. Ce n'est pas une façon de procéder, Mme la
Présidente, on doit commencer par l'article 1.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On ne peut pas commencer par
l'article 61 qui dit "la présente loi entre en vigueur" sans avoir
étudié un seul de ses articles. Voyons doncl L'accessoire suit le
principal. Il n'y a pas de principal et il veut qu'on traite de l'accessoire.
C'est le monde a l'envers!
M. Chevrette: Je veux parler du moratoire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On veut parler du moratoire...
M. Chevrette: Vous voulez parler du fond, on va parler du fond.
On est d'accord pour parler du moratoire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II veut parler de l'entrée
en vigueur d'une loi dont on n'a parlé d'aucun article.
M. Maltais: Question de règlement, Mme la
Présidente, sur la recevabilité de la motion.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous parlez en péquistes,
là!
La Présidente (Mme Bélanger): Sur la
recevabilité de la motion, dans le livre des règlements de
Geoffrion, on dit que les articles sont considérés un à un
et ligne par ligne, suivant l'ordre dans lequel ils se lisent. C'est l'article
564.
M. Charbonneau: Question de règlement. Ce que vous venez
de dire ne rend pas irrecevable la motion du député de Joliette.
C'est évident que la procédure normale et
régulière...
M. Maltais: Sur la question de règlement, je pense que
j'avais une priorité, tout de même.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord. Avant de
rendre ma décision sur la recevabilité, je vais revenir à
vous, M. le député de Saguenay.
M. Charbonneau: Je vais finir sur la question de
règlement, c'est-à-dire sur la recevabilité. Si je
comprends bien, il reviendra après.
Mme la Présidente, la recevabilité de la motion du
député de Joiiette ne fait aucun doute. C'est évident que,
selon la pratique régulière - et c'est ce que confirme la
règle que vous avez citée - normalement, on commence
l'étude d'un projet de loi par l'article 1 et on continue, sauf que, de
consentement... Et c'est cela que la motion appelle, la motion appelle un
consentement pour que, compte tenu d'un certain nombre de problèmes...
Et la façon dont le député de Joiiette propose de
procéder, c'est que, plutôt que de commencer à l'article 1,
on aborde l'étude du projet de loi selon une certaine thématique
et selon une certaine logique. Le projet de loi a certaines
conséquences. Ces conséquences sont identifiées dans
certains articles. Et le ministre lui-même s'est montré ouvert
à l'idée d'un moratoire pour faire en sorte que certaines
conséquences du projet de loi n'entrent pas en vigueur
immédiatement.
Nous, ce qu'on dit au ministre, c'est qu'autour du thème
moratoire on veut intervenir sur un certain nombre de questions, sur un certain
nombre de conséquences du projet de loi, mais on veut amener une
discussion par une approche thématique plutôt que par une approche
linéaire, article par article.
En faisant cela, non seulement la motion du député de
Joliette est-elle recevable... Dans le fond, dans la mesure où un
consentement nous permettrait de faire autre chose que la technique
régulière, ce que rappelle l'arrêt que vous avez
cité, dans la mesure où il y aurait un consentement pour utiliser
une autre approche, cela nous permettrait, de bonne foi, d'avoir une discussion
et une étude détaillée du projet de loi qui est en
fonction d'un certain nombre de questions plus importantes qui sont
soulevées par ce projet de loi et qui ont été
soulevées par les gens qui ont participé à la consultation
particulière.
On ne fait pas de cachette, on ne joue pas au "filibuster", on met les
cartes sur la table et le député de Joliette dit: Si vous
êtes d'accord, on ne fera même pas de débat sur cela. Un
"filibuster", c'est qu'on utilise tous nos droits de parole et on peut amender,
sous-amender, etc.
M. Théorèt: Mme la Présidente, sur une
question de règlement. Il est en train de plaider...
M. Chevrette: Il est en train de plaider sur la
recevabilité.
M. Charbonneau: Je plaide sur la recevabilité, Mme...
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant, s'il vous
platti D'abord, je ferai remarquer à l'Opposition que le
député de Saguenay avait dit, lors de son intervention, qu'il
présenterait une motion. Sî on va par alternance, je pense
qu'avant que vous présentiez votre motion le député de
Saguenay en aurait une à proposer.
M. Chevrette: Comment pouvez-vous faire, Mme la
Présidente... Vous allez m'expliquer quelque chose sur une question de
règlement. Comment pouvez-vous vous interroger sur la
recevabilité d'une motion que vous avez entre les mains et essayer de
l'enlever pour la donner à un autre. Expliquez-moi cela?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette, c'est parce qu'au départ vous m'avez
demandé de poser une question au ministre. Vous ne m'avez pas
parlé immédiatement de votre motion.
M. Chevrette: Mme la Présidente, sur ma question de
règlement, vous avez dit vous-même: Je vous entends sur la
recevabilité. Vous avez commencé le débat sur la
recevabilité et vous êtes en train de me dire que, là, vous
changez d'idée. Cela ne se fait pas en droit parlementaire, je
m'excuse.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est qu'au
départ, M. le député de Joiiette, vous m'avez
demandé de poser une question au ministre. Le ministre vous a
répondu plus ou moins, et vous avez commencé à parler de
la motion et, là, cela parlait de tout bord et de tout
côté. On voulait entendre... Je ne pensais pas que vous
proposeriez la motion tout de suite. Le député de Saguenay avait
proposé de présenter une motion.
M. Chevrette: Excusez, trente secondes, Mme la Présidente.
Vous avez même cité de la jurisprudence dans votre argumentation
sur la recevabilité...
La Présidente (Mme Bélanger): Sur une question de
règlement du député de La Peltrie.
M. Chevrette: Oui, mais sur quoi avez-vous cité votre
jurisprudence?
M. Cannon: Simplement pour compléter ma...
M. Chevrette: Si cela ne vous dérange pas, je vais finir
mon argumentation et vous pourrez répondre après.
Vous avez reçu la proposition. Le député de La
Peltrie a dit: Ce n'est pas recevable. C'est vous-même qui avez, comme
présidente, argumenté sur la non-recevabilité.
Vous avez passé la parole après au député de
Verchères qui, lui, s'est mis à argumenter sur la
recevabilité.
La Présidente (Mme Bélanger):
C'étaient toujours des questions de règlement.
M, Chevrette: Je n'ai pas fini, Mme la Présidente. Vous
avez permis au député de Verchères d'entreprendre la
discussion sur la recevabilité, et, là, vous venez de dire: Je ne
la reçois plus parce que ce n'est plus l'ordre. Je m'excuse, mais vous
ne pouvez pas accepter une question de règlement sur la
recevabilité, que vous répondiez sur la recevabilité, que
vous laissiez un député parler sur la recevabilité et, par
la suite, dire: Tabula rasa. Cela n'a pas d'allure, cela ne se fait pas en
droit parlementaire.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux tenter de dénouer
l'imbroglio dans lequel semble pris le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Ce n'est pas un imbroglio. Si vous étiez
avocat, vous plaideriez cela toute la nuit.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le leader de l'Opposition nous
demande un consentement pour présenter une motion. Si le parti
ministériel donne son consentement, est-ce que ma motion sera recevable?
Il y a un a priori qui n'existe pas. On n'a pas donné de consentement.
C'est aussi simple que cela. Donc, il n'y a pas de motion.
M. Cannon: Si vous me permettez, sur la question de
règlement.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de La Peltrie.
M. Cannon: Le leader de l'Opposition m'a cité un peu
là-dessus. C'est exact. La question que j'ai posée était
à savoir si, effectivement...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! Je ne comprends rien.
M. Cannon: ...la motion qui avait été
présentée...
La Présidente (Mme Bélanger): Je n'entends
rien!
Des voix: Ha! Ha! Ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Je ne comprends pas
et je n'entends pas.
M. Cannon: Je suis très proche de la présidence. La
question qui a été posée, si vous me permettez, je suis un
peu la logique du leader de l'Opposition. D'une part, il a
présenté une motion et je vous ai demandé, par une
question de règlement, si cette motion était recevable. À
la suite de cette intervention, vous avez cité le texte de M. Geoffrion;
après quoi le député de Verchères a
enchaîné, invoquant évidemment les raisons pour lesquelles
il voulait que la motion soit recevable. Nous sommes toujours sur la
"reçavibi... la reciviba..." En tout cas!
M. Chevrette: La recevabilité. M. Cannon: Merci, M.
le député. M. Chevrette: On va vous aider.
M. Cannon: ...de cette question.
Si vous me permettez, à la suite de son intervention, je pourrai
intervenir à nouveau.
M. Chevrette: "Réintervenir".
M. Cannon: Non. Intervenir à nouveau, parce que
"réintervenir", ce n'est pas français,
M. Chevrette: Oh boy!
M. Charbonneau: Mme la Présidente, sur l'intervention du
député de La Peltrie...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député...
M. Maltais: Je m'excuse. Allez-vous me donner la parole, oui ou
non?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Verchères, cela fait longtemps que le
député de Saguenay demande la parole.
M. Charbonneau: Mme la Présidente, le député
de Saguenay essaie de mêler les cartes.
M. Maltais: Je regrette, Mme la Présidente, tout de
même!
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre! M.
le député de Verchères, voulez-vous laisser la parole au
député de Saguenay? Il a demandé la parole avant vous.
M. Charbonneau: Non, mais pas pour faire la même chose,
écoutez! S'il veut présenter une autre motion... Le
député de La Peltrie vient d'indiquer qu'on parle sur la
recevabilité. On va régler cela, et il parlera par la suite! On
va régler cela et il parlera après. Il y a toujours des limites!
Arrêtez-le un peu et on va faire cela comme il faut.
M. Maltais: Mme la Présidente, vous ne pouvez pas
m'arrêter, je n'ai rien fait encore. Cela fait une demi-heure que le
député de Verchères nous engueule à propos de tout
et de rien. C'est à moi la parole, et je la prends.
M. Charbonneau: Mme la Présidente, le député
de La Peltrie a raison...
M. Maltais: C'est cela? Merci, M. le leader de l'Opposition.
Mme Juneau: Qu'est-ce qu'il essaie de prouver?
M. Maltais: Mme la Présidente, voulez-vous demander
à la députée de Johnson de s'asseoir et d'arrêter de
marmonner à la suite de vos interventions, de respecter la
présidence?
M. Charbonneau: Question de règlement.
La Présidente (Mme Bélanger): Question de
règlement, M. le député de Verchères.
M. Charbonneau: Mme la Présidente, sur une question de
règlement. Je vous demande de statuer à ce moment-ci, en vertu du
règlement, que, dans la mesure où vous avez accepté
d'entreprendre, par les propos que vous avez tenus et par le fait que vous avez
laissé te député de La Peltrie intervenir dans le sens
où il l'a fait et que vous m'avez laissé intervenir... Dans la
mesure où ces choses se sont produites, je regrette pour le
député de Saguenay, mais la résultante est que,
maintenant, nous sommes à l'étude de la recevabilité d'une
proposition qui a été présentée par le
député de Joliette. Si cette proposition est recevable, nous
allons la débattre. Si elle n'est pas recevable, nous passerons à
une autre motion.
M. Maltais: Question de règlement, Mme la
Présidente.
M. Charbonneau: Mme la Présidente, j'ai soulevé une
question de règlement, il ne peut pas y en avoir deux en même
temps.
M. Maltais: Moi aussi, je l'ai fait et vous m'avez enlevé
la parole.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaîtl M. le député de Saguenay.
M. Maltais: Mme la Présidente, je demande justice.
M. Chevrette: Mme la Présidente, question de
règlement. Cette fois-ci, je serai sérieux.
M. Maltais: Moi aussi, je suis sérieux. Je m'excuse, M. le
député, mais nous aussi, de temps en temps, avons le droit de
parole.
La Présidente (Mme Bélanger): Pendant que tout le
monde crie, je tente d'écouter une question de règlement du
député de Verchères.
M. Maltais: Cela fait vingt minutes qu'on l'entend.
La Présidente (Mme Bélanger): Quand il aura fini,
vous aurez la parole.
M. Chevrette: ..les folies, c'est assez, parce que je vais...
M. Charbonneau: Mme la Présidente, je vous demande de
statuer et si pour le faire, vous devez vous retirer, je vous conseille de le
faire. Je pense que votre attitude, que je ne condamne pas d'ailleurs, et les
propos et interventions du député de La Peltrie et, par la suite
mes propos, que vous avez autorisés, ont tous porté sur la
recevabilité. Or, pour engager une discussion sur la
recevabilité, il faut d'abord se rendre compte qu'il y a une motion sur
la table.
Ce qu'a fait le député de Joliette, c'est présenter
une motion. Vous avez commencé par nous rappeler une certaine
jurisprudence sur la recevabilité; Le député de La Peltrie
est intervenu sur la recevabilité et je le fais. De deux choses l'une,
Mme la Présidente: si cette motion de recevabilité est
acceptée, cela veut dire qu'on passe maintenant à la discussion;
si la motion n'est pas acceptée, on passera à une autre. Mais ce
que je vous signifie par la question de règlement, c'est que c'est
dommage pour le député de Saguenay à ce moment-ci, car le
droit de parole a été accordé, pour présenter une
seconde motion en vertu de l'étape des motions préliminaires, au
député de Joliette. C'est "strike two" pour lui, c'est dommage
pour lui, mais c'est cela pareil.
La Présidente (Mme Bélanger): Je suis assez
informée pour rendre ma décision. Nous allons rester sur la
recevabilité, mais je pense que la recevabilité est
conditionnelle au consentement de la commission.
M. Chevrette: Bien, voyons donc!
La Présidente (Mme Bélanger): C'est ce que vous
avez dit: qu'elle était conditionnelle au consentement.
M. Chevrette: J'ai une demande de directive à
formuler.
M. Maltais: Écoutez, on peut...
M. Chevrette: Je veux demander une directive, Mme la
Présidente.
M. Maltais: Mme la Présidente, directive,
règlement, n'importe quoi, quand allons-nous pouvoir prendre la parole
ici?
La Présidente (Mme Bélanger): Le
député de Joliette désire faire un commentaire sur ce que
je viens d'affirmer.
M. Chevrette: Je vous demande, Mme la Présidente, depuis
quand la recevabilité qui doit être jugée par la
présidence est conditionnelle à un consentement? Depuis quand
dans nos règlements? J'aimerais que vous m'indiquiez l'article?
La Présidente (Mme Bélanger): C'est votre motion
qui était conditionnelle au consentement.
M. Chevrette: Bien, voyons donc!
La Présidente (Mme Bélanger): Vous l'avez dit
vous-même, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Je m'excuse, Mme la Présidente, vous avez
répété ce que le ministre a dit et je vais vous dire
pourquoi. J'ai dit au ministre que, s'il l'acceptait, je le ferais sans
discussion. Il m'a dit qu'il n'acceptait pas. Donc, j'ai fait ma motion. Je
m'excuse, mais relevez les galées, Mme la Présidente. On n'est
quand même pas tous sourds ici. Il y en a qui comprennent un peu. On ne
s'entend pas toujours. Entendre et comprendre! J'ai pris la peine de demander
au ministre s'il acceptait que je le fasse. La condition, c'est que je ne
dirais pas un mot sur la proposition s'il acceptait de passer tout de suite au
moratoire. Le ministre m'a dit non. Ce sont les faits. Dans ce cas-là,
je fais ma motion. Il me semble que c'était clair, Mme la
Présidente.
Là, on s'interroge sur la recevabilité. Il n'y a pas de
"conditionnelle". La condition, c'était que je n'argumente pas d'un mot
et personne de ma formation politique n'allait dire un mot sur la motion si le
ministre acceptait de passer à la discussion sur le moratoire. Il me
semble que c'était clair.
La Présidente (Mme Bélanger): Je suis d'accord, M.
le député de Joliette. Vous conviendrez avec moi qu'avec le
vacarme qui se passe ici, c'est assez difficile d'entendre.
M. Chevrette: Ce n'est pas une attaque à la
présidence que j'ai faite.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, je vais
entendre le député de Saguenay.
M. Maltais: Mme la Présidente, je vous remercie.
J'aimerais faire juste deux secondes d'histoire. Tout à l'heure, le
député de Joliette a bien dit - et s'il veut faire relever les
"galets", qu'il le fasse - et j'ai noté...
Une voix: Les "galets". Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Maltais: La transcription pour ton information, mon noiraud!
II a dit la motion. La Présidente (Mme Bélanger):
À l'ordre, s'il vous plaît! Je demanderais un peu de
décorum dans cette salle.
M. Maltais: Moi, je ne l'ai pas interrompu, En tout cas, j'ai
essayé et je n'ai pas été capable.
Mme la Présidente, je m'excuse, mais il me semble que le
député de Joliette devrait convenir qu'on n'a pas abusé de
son temps. Il a dit, il a bien dit: La motion que je ferais. Qu'on
relève la transcription, Mme la Présidente. À ce
stade-là, tout à l'heure sur le conseil du député
de Joliette, vous avez dit: On va disposer de la proposition et, M. le
député de Saguenay, vous reviendrez immédiatement. On a
disposé de la motion. Je pense que c'est à mon tour parce que,
moi, j'avais une motion et je l'avais annoncée. On appelle cela une
motion annoncée en commission parlementaire. Je l'avais annoncée.
La motion que j'avais annoncée précisément, c'était
qu'on commence à étudier le projet de loi article par article et
qu'on continue après minuit. C'est la proposition que je fais
présentement. Elle est très recevable, Mme la Présidente
et je vous prierais, s'il n'y a pas de débat, d'appeler le vote.
M. Charbonneau: Question de règlement, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Mme la Présidente, le député
de Saguenay, je l'ai indiqué... Il est 23 h 58. Prenez cela en
délibéré si vous le voulez. Le député de
Saguenay, je m'excuse et c'est bien dommage pour lui, mais là, avant de
discuter et de disposer de sa motion et qu'on ait même parlé sur
la recevabilité ou non, avant de pouvoir disposer de la motion du
député de Saguenay... Maintenant, il est arrivé
deuxième. On va d'abord...
M. Maltais: II ne l'a jamais faite sa proposition, Mme la
Présidente. Je regrette, mais il ne l'a jamais faite. Voyons donc!
La Présidente (Mme Bélanger): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Charbonneau: Le député de Joliette a fait une
motion...
M. Maltais: II ne l'a jamais faite.
M. Charbonneau: ...et on en a même la preuve, Mme la
Présidente. Il y a au moins trois personnes, dont vous, qui ont
commencé à discuter de la recevabilité de la motion. Il
n'y a jamais de discussion sur la recevabilité d'une motion, si la
motion n'est même pas présentée. On ne peut pas discuter
sur la recevabilité d'une motion qui n'existe pas. D'abord, on
présente une motion et après cela, la deuxième
étape, c'est qu'on discute de la recevabilité. Le
député de Joliette a présenté sa motion et,
deuxièmement, on est en train de discuter de la recevabilité.
C'est bien de valeur pour le député de Saguenay. S'il
était un peu plus sérieux, ce soir, il serait arrivé plus
vite, il aurait suivi ses affaires. Tant pis pour lui!
M. Maltais: Je regrette, Mme la Présidente, mais sur la
question de règlement le député de Verchères erre
en fait et en droit. Il n'était même pas ici, il était
à l'Assemblée nationale. Il ne faut quand même pas
charrier. Mme la Présidente, la motion du député de
Joliette...
La Présidente (Mme Bélanger): Monsieur, j'ajourne
les travaux.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 58)