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(Vingt heures vingt et une minutes)
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Si le secrétaire veut constater le quorum.
Le secrétaire: II y a quorum, M. le Président.
Est-ce que je dois annoncer immédiatement les remplacements?
Le Président (M. Théorêt): Oui, voulez-vous
vous enquérir s'il y a des remplacements?
Le secrétaire: Oui. M. Fortin (Marguerite-Bourgeoys) est
remplacé par M. Forget (Prévost). M. Lefebvre (Frontenac) est
remplacé par M. Gardner (Arthabaska).
Le Président (M. Théorêt): Merci. Je
déclare la séance ouverte. Je vous rappelle que nous sommes
réunis ce soir pour procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 35, Loi modifiant la Loi sur la
Société de développement industriel du Québec. Je
vous rappelle également que le temps des discussions est de vingt
minutes chacun, pour chaque intervention, et que le ministre, dans ces cas-ci,
a un droit de réplique de cinq minutes après chaque intervenant.
Je vous rappelle qu'après la loi 35, nous procéderons à
l'étude du projet de loi privé 212.
M. le ministre, est-ce que vous avez des déclarations
préliminaires à faire"?
Projet de loi 35
Remarques préliminaires
M. Daniel Johnson
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Pas vraiment, M. le
Président, sauf pour rappeler qu'on a déjà eu à
l'Assemblée nationale le débat sur l'adoption du principe de ce
projet de loi qui a pour objet d'aligner les dispositions qu'on retrouve
à la Loi sur la SDI, en matière de conflits
d'intérêts, avec celles qu'on retrouve dans la Loi sur
l'Assemblée nationale de 1983.
La présentation que j'ai faite visait à démontrer
qu'en matière de conflits d'intérêts, en ce qui regarde les
députés, la Loi sur l'Assemblée nationale et les avis du
jurisconsulte, en cas de besoin, constituent le cadre qui nous régit.
L'Opposition, si j'ai bien compris hier, a fait valoir, dans ses interventions,
qu'à l'égard de l'article 38 de la Loi sur la SDI, les
dispositions du projet de loi 35 semblaient acceptables. C'est le moins qu'on
puisse dire. J'ai cru saisir au passage que l'article 37 de la Loi sur la SOI,
au dire de l'Opposition, devrait être conservé.
J'ai également cru comprendre qu'en cette fin de session, avec
les délais qui nous sont impartis par le règlement, il ne
semblerait peut-être pas tout à fait possible - ce sont les termes
que je vais employer -d'adopter avant la fin de la session le projet de loi 35,
si d'aventure, l'Opposition persistait à s'opposer, comme elle l'a
manifesté hier, à l'article 1 du projet de loi 35. J'aimerais,
à ce moment-ci, voir quel est l'état du dossier, vingt-quatre
heures plus tard, dans l'esprit du député de Bertrand, afin que
nous puissions nous assurer qu'à tout le moins, nous aurons, à
mon sens, fait un progrès avant la fin de la session, afin d'aligner les
dispositions en matière de conflits d'intérêts sur celles
qui existent dans la Loi sur l'Assemblée nationale, étant
donné que nous nous rejoignons sur le caractère exorbitant de
l'extension que donne l'article 38 de la Loi sur la Société de
développement industriel du Québec aux dispositions qui
régissent par ailleurs les députés eux-mêmes dans la
Loi sur l'Assemblée nationale, sachant que l'article 38 de la loi sur la
SDI étend à la belle-famille, à la limite, certaines
interdictions, certaines prescriptions, devrais-je plutôt dire, qui
apparaissent dans la Loi sur l'Assemblée nationale. C'est là
l'état du dossier, quant à moi, M. le Président. Nous
avons tous hâte d'entendre le député de Bertrand.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. M. le député de Bertrand, pour vos remarques
préliminaires.
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Pour donner
suite aux remarques du ministre de l'Industrie et du Commerce, effectivement,
hier, j'ai plaidé que l'article 37 de la loi de la SDI et qui est
l'article 1 du projet de loi 35 était inacceptable pour les raisons
suivantes. Et je dois dire que la nuit porte conseil. Il n'y a pas eu de
changement au cours de cette nuit, malheureusement. Le but n'est pas,
veuillez
me croire, de faire de l'opposition systématique. On sait que le
projet de loi 35 vise essentiellement à faire la coordination et une
bonne cohésion entre la Loi sur l'Assemblée nationale et la loi
sur la SOL La loi sur la SDI date de 1971 et depuis 15 ans ont passé des
députés et tous les gens qui avaient à travailler avec
cette loi et tout le monde s'y est conformé. C'est vrai que c'est
exigeant. Je le reconnais. Surtout en tant que député maintenant,
en tant qu'ex-membre du conseil de la SDI, je trouve qu'il y aurait lieu,
éventuellement - et je fais une ouverture dans ce sens au ministre de
l'Industrie et du Commerce, qui est le ministre tuteur de la SDI - de
réviser toute cette dimension de conflits d'intérêts parce
que, effectivement, il y a beaucoup d'ambiguïté.
Le projet de loi 35 qui a été apporté de bonne foi
a fait en sorte qu'on a dit qu'on va faire la concordance avec l'article 65 de
la Loi sur l'Assemblée nationale qui permet ceci essentiellement - et
cette loi a été adoptée au cours d'avril ou de mai 1985 -
dans le sens large du mot, et qui dit que toutefois un député
peut recevoir un remboursement, un prêt, une subvention, du gouvernement,
d'un ministère ou d'un organisme public. Effectivement, la Loi sur
l'Assemblée nationale plaide - et cela a été adopté
à l'unanimité, comme l'a souligné le ministre de
l'Industrie et du Commerce -pour dire qu'il y a une ouverture de ce
côté-là, sauf que je pense que ce qui était dans
l'esprit, ce qui était derrière tout cela, je n'étais pas
là... J'ai mis en garde le gouvernement parce que je pense qu'on doit
s'immuniser, se protéger en tant que députés pour ne pas
ouvrir de flanc.
Je ferai une parenthèse très rapide par rapport au dernier
plaidoyer du ministre de l'Industrie et du Commerce, hier soir, alors qu'il
disait qu'il voyait mal, dans tout le processus, comment cela fonctionne
à la SDI pour qu'un député puisse intervenir. Vous savez,
ce n'est pas tellement l'intervention physique d'un député: d'un
bord ou de l'autre de la Chambre, personne n'est de mauvaise foi, sauf que ce
sont des êtres humains qui analysent les dossiers et la journée
où il y aura un dossier de l'entreprise appartenant à M. le
député de tel comté, on peut s'imaginer dans quel
état cela peut placer un analyste de la SDI de voir, de refuser ou
d'accepter, qu'on aime ou qu'on n'aime pas et même qu'on se sente
au-dessus de cela, un député. (20 h 30)
II faut dire qu'en tant que député on se ramasse un peu
avec la lumière et tout le "focus" de la population qui juge les gens
qui sont à l'Assemblée nationale comme étant des gens
impartiaux. Le fait que nous, en tant que membres de l'Assemblée
nationale, nous devenions un peu juge et partie... On devient ceux qui adoptent
les lois pour le gouvernement du Québec, ceux qui autorisent ou
n'autorisent pas telle ou telle fonction. Je pense que, dans ce sens, un
député qui est administrateur d'une entreprise ou qui est
propriétaire d'une entreprise qui fait application à la SDI, ne
le peut pas, c'est dommage, mais ne le peut pas dans les circonstances. Si on
veut changer quelque chose, je pense qu'on devra changer plusieurs articles de
concordance par rapport à toute la nation de conflits
d'intérêts. Mais actuellement, il est excessivement dangereux de
dire: Nous ouvrons la loi de la SDI. Il ne faut pas oublier que la
Société de développement industriel du Québec est
l'organisme par lequel passent la plupart, pour ne pas dire toutes les aides
gouvernementales aux entreprises du Québec. Je trouve cela très
bien que, jusqu'alors, cette situation ait été
préservée et que les députés n'aient pas pu y avoir
accès. Je le maintiens. L'article 37 de la loi de la SDI, est,
relativement au droit et en tant que tel, un article qui protège de tout
ce danger de conflits d'intérêt.
Je terminerai en disant que, si l'article 37 était abrogé,
comme cela est proposé dans le projet de loi 35, cela ouvrirait toutes
sortes de portes et un député, qui qu'il soit, de n'importe quel
parti qu'il soit,-pourrait dire: En 1986, on a compris et on a permis
dorénavant qu'un député qui a son entreprise, demain
matin, s'adresse à la SDI et ait le droit à toutes ces
subventions. C'est pénalisant, je l'ai reconnu et je le reconnais. Je
pense qu'il devra y avoir, pour les députés,
éventuellement, une refonte complète, mais cela ne touche pas que
cela. J'ai passé en revue la loi de la SDI et je dois vous dire qu'il y
a d'autres articles qui viennent toucher à cela. La loi de
l'Assemblée nationale, relativement aux conflits d'intérêt,
celle qui a été passée en 1983, n'est pas tellement
spécifique sur ce sujet. Ce qui fait que toute notion qu'a chacun des
individus qui siègent à l'Assemblée nationale, les
députés, les ministres entre en ligne de compte, avec aussi les
règles qui sont émises par le premier ministre, en ce qui touche
particulièrement le côté ministériel.
Encore là, je pense qu'on ne doit pas confirmer, aujourd'hui, en
1986, cette position, juste pour pouvoir dire que c'est pour des fins de
concordance. J'ai la profonde conviction que, de part et d'autre, on va avancer
si on est capable de reprendre la discussion au cours de la prochaine session -
j'aurai une ouverture de ce côté-la - que ce soit par rapport
à l'article 65 de la Loi sur l'Assemblée nationale qu'on devra
spécifier ou que ce soit par rapport à l'article 37 de la loi sur
la SDI et à d'autres articles y renvoyant juste pour qu'on ne dise pas
aujourd'hui, on fait une loi de
concordance, c'est de la technicité. Il s'agit beaucoup plus du
danger de tous les conflits d'intérêts et cela vaut autant pour
les députés ministériels que pour les
députés de notre côté.
Vous savez, toutes les fois qu'un député enfreint la
notion de conflit d'intérêts, cela entache dans la population
toute la crédibilité que les élus doivent avoir. C'est
ingrat. Je le dis et je le répète, mais je pense que, pour
l'instant, c'est le prix qu'il faut payer, en attendant qu'on puisse trouver
une autre formule qui soit étanche. On pourrait alors dire, par exemple,
un député aura éventuellement accès, autant qu'il
puisse effectivement déclarer tel genre de chose, de telle façon,
devant l'Assemblée nationale. Pour prendre un exemple précis de
ce que j'avance, la modification qui a été faite l'année
dernière à la loi de la SDI, à l'article 39, si je ne
m'abuse, a permis aux membres qui sont à temps partiel, qui sont
occasionnels, aux membres du conseil d'administration de la SDI, que leur
entreprise puisse avoir accès aux subventions, parce que les membres du
conseil d'administration ne sont la qu'occasionnellement, une fois par semaine
ou une fois par mois, selon qu'ils siègent au conseil d'administration
ou au comité exécutif. Comme ce sont essentiellement des gens
d'affaires, parce qu'on veut des gens d'affaires qui siègent à la
SDI, par le fait-même, chaque membre du conseil d'administration entrait
en conflit d'intérêts.
On devra éventuellement corriger certaines situations. Je suis
prêt à apporter des correctifs à l'article 38, même
à l'adopter tel qu'il se présente, parce que, comme l'a si bien
expliqué le ministre, et je le reconnais, j'adhère à ses
arguments concernant l'article 38, c'est-à-dire que les personnes
liées... Et on sait à quel point cela peut amener toute la
dimension. Je pense que c'est la principale partie qu'il s'agit de corriger
à ce moment-ci.
Il serait beaucoup trop lourd et, comme l'a mentionné le
ministre, il faudrait que nous ayons devant nous plusieurs jours ou plusieurs
semaines pour être en mesure d'apporter des correctifs à l'article
37 pour faire ce que j'appelle un bon ouvrage de ce côté-là
et pour être capable de corriger les lacunes qui existent actuellement.
Dans les circonstances, je continue à plaider qu'on doit, pour
l'instant, ignorer l'article 37 et donc l'article 1 du projet de loi 35, et
tout simplement les oublier. On aimerait, si le ministre veut bien donner suite
- et je dis bien dans les circonstances très particulières qui
nous animent en cette fin de session -que le projet de loi 35 puisse être
adopté, avec l'article 38 qui apporte une souplesse impartante et qui
touche à plusieurs personnes par rapport à toutes les personnes
liées à nous en tant que députés,
c'est-à-dire nos frères et soeurs et toutes les personnes
liées par le sang et tout cela. Par la suite, on pourra revenir
éventuellement avec des corrections, mais beaucoup plus en profondeur,
et on pourra voir à bien agencer et la Loi sur l'Assemblée
nationale et la Loi sur la SDI, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Bertrand. M. le député de La Peltrie.
M. Lawrence Cannon
M. Cannon: Merci, M. le Président. Je pourrais
peut-être reprendre quelques commentaires que le député de
Bertrand a faits, il y a quelques instants. Il a laissé présager
un doute. Ce n'est peut-être pas un doute. Il a dit que l'intention de la
loi était de faire en sorte que, au moment où un
député ferait une demande d'aide quelconque - il en a
donné l'impression - en fin de compte, il allait obtenir cette aide,
cette subvention ou ce prêt.
Ce n'est pas tout à fait le cas. Je rappellerai simplement au
député, lui qui a siégé au conseil
d'administration, qu'il existe à la SDI un certain nombre de niveaux
d'approbation, à partir de l'analyste financier qui fait et qui scrute
les états financiers du client, qui analyse le fonds de roulement, qui
regarde la performance de l'entreprise depuis les cinq dernières
années, qui regarde le ratio dette/avoir des actionnaires et qui est
aussi appelé à demander aux services connexes de la
société, notamment au service économique, de faire des
études pour déterminer si le projet présenté est un
projet viable. Dans ce sens, il attend les réponses du service
économique. Il demande la même chose au service d'assistance
technique pour voir s'il y a moyen d'acquérir les biens que l'entreprise
désire obtenir. Dans le projet d'immobilisations, ici au Québec,
cela peut se faire.
Il y a une foule de choses, au départ, relativement à
l'analyse, et probablement que la plus importante est de voir si le projet
présenté par l'industriel correspond exactement aux
règlements de la SDI en ce qui concerne tel type de programme. Alors,
qu'il s'agisse d'un programme de modernisation des entreprises, au moment
où j'étais à la SDI, ces programmes existaient, il y avait
des programmes de fusion et de regroupement. En fait, l'industriel qui faisait
une demande chez nous, à l'époque, devait se conformer à
l'esprit de la réglementation et du programme qui était
là. Une fois que nous admettions ce programme ou, tout au moins,
l'industriel dans le programme, nous procédions à l'analyse
systématique de son dossier, après quoi le dossier, comme vous le
savez, était approuvé par le directeur régional. Ensuite,
le directeur régional le
soumettait au conseil d'administration.
Je ne pense pas que, au moment où vous étiez au conseil
d'administration, vous ayez vu des dossiers qui n'avaient pas obtenu
préalablement l'autorisation du directeur régional. Une fois que
c'est terminé et que le conseil d'administration l'a approuvé,
voilà déjà trois paliers d'approbation. Cela commence
à être drôlement difficile de faire de l'ingérence
politique, en tout cas. J'ai passé trois ans à la SOI comme
analyste financier, et, jamais au grand jamais, il n'y a eu d'ingérence
politique. Quand vous donnez l'impression qu'un député,
dès le moment où il présente un projet, automatiquement,
parce que c'est un député, va l'obtenir, ce n'est pas vrai. Ce
n'est pas l'intention de la loi. L'intention de la loi, c'est effectivement
d'aligner la loi de la SDI sur la loi de l'Assemblée nationale.
Une fois que l'approbation - je reviens aux niveaux d'approbation - une
fois que ces niveaux d'approbation sont terminés, cela va ensuite au
ministre. Le ministre est le dernier signataire de la fiche d'approbation,
mais, préalablement, il y a un paquet de gens qui sont passés
là-dessus et c'est simplement dans ce sens-là, M. le
Président, que j'ai voulu faire une intervention pour indiquer que la
SDI est un organisme professionnel. C'est un organisme qui, effectivement,
n'est pas assujetti à ce genre d'intervention politique.
Personnellement, pour y avoir passé trois ans, jamais je n'ai vu une
ingérence politique au niveau de l'analyste financier pour modifier une
appréciation que lui ou elle pourrait avoir sur un dossier quelconque.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Théôret): Merci, M. le
député de La Peltrie. M. le député de Bertrand.
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Je pense que
les points qui sont apportés par le député de La Peltrie
sont exacts. Il relève le grand professionnalisme qui existe à la
SDI et peut-être me suis-je mal exprimé, mais je ne voudrais
surtout pas, parce que j'ai beaucoup d'estime pour la SDI... J'ai passé
tout près de cinq ans au conseil et au comité exécutif
pour savoir que ce que le député de La Peltrie dit est exact. Il
n'y a pas lieu de penser que les gens sont nécessairement, à
quelque niveau que ce soit, à partir de l'analyse de départ, du
service d'accueil, en passant par tous les stades pour aller jusqu'au directeur
régional et au conseil d'administration, et même au ministre.
Cependant, il ne s'agit pas, nonobstant qui fait une demande à la SDI...
Un dossier doit être traité en toute équité, peu
importe qui fait une demande et, là-dessus, je reconnais au
député de La Peltrie, je sais qu'il savait de quoi il parlait, et
je vais dans le même sens, sauf qu'il faut être conscient qu'il est
arrivé des cas - et j'en ai vu plusieurs - où le conseil
d'administration a refusé tel dossier pour différents
critères. Les analystes n'étaient pas nécessairement
d'accord; parfois, c'était l'avis sectoriel qui disait: Ce marché
est assez bien rempli. Il y a eu à la SDI aussi un volet qui s'appelait
le plan Biron I, qui était l'aide au fonds de roulement pendant la
période de crise de 1981-1982 et qui, essentiellement, donnait un
pouvoir discrétionnaire au ministre de l'Industrie et du Commerce
d'alors; l'article 36 lui permettait de déroger.
Alors, tenant pour acquis que tout le monde est de bonne foi, j'en suis
sûr, il reste quand même qu'on est tous des êtres humains,
qu'on soit à n'importe quel stade de l'analyse et qu'on soit au conseil
d'administration, et il faut être conscient que cela pourra jouer un jour
ou l'autre et, peu importe, même si cela ne jouait pas, même si
cela ne jouait pas, il faudrait un jour être capable d'expliquer
pourquoi, dans un domaine précis, une entreprise qui appartient à
un député a ou n'a pas obtenu telle ou telle subvention. On sait
que la dimension des subventions d'aide gouvernementale, de quelque forme que
ce soit, on sait qu'aujourd'hui elle prend toutes sortes de formes: garantie de
prêts, aide à l'exportation, recherche et développement.
Donc, elle touche à tout l'éventail d'une entreprise et il n'est
pas vrai qu'à l'intérieur de tout ce processus, de par tous les
gens qui touchent à un dossier, un jour ou l'autre, et je peux vous dire
par expérience qu'il est arrivé des dossiers... Il n'est pas
arrivé des dossiers d'entreprises appartenant à des
députés parce que la loi prévoyait, dès le
départ, qu'ils n'étaient pas admissibles, et ce depuis la
fondation, depuis 1971, de la loi de la SDI. Sauf qu'il est arrivé des
dossiers qui étaient des cas d'entreprises, de gens qui
siégeaient au conseil d'administration. (20 h 45)
Donc, je l'ai vécu et on peut voir à quel point tout le
monde s'est senti mal à l'aise et je peux vous dire que, jusqu'en 1985,
il y a eu des cas - et je pourrais citer des noms ici - d'entreprises
importantes. Le président siégeait au conseil d'administration
et, je regrette, mais les portes ont été fermées et je
peux vous dire que cela a causé des frustrations. J'ai expliqué
pourquoi on l'avait amendé de ce côté-là, parce que
ces gens sont là. Il faut que la personne puisse se retirer, puisse
déclarer ses intérêts, et c'est fait au grand jour. La
façon dont vont les choses, au rythme où vont les choses, il
faudrait essentiellement qu'on puisse dire et commencer... Je vous dis qu'il
faudra un jour en arriver là parce que ce n'est pas vrai que des
députés à l'Assemblée nationale doivent être
complètement exclus de tout ce qui reste autour. Je sais qu'on
devrait en arriver là. J'espère dans les prochaines
années. Sauf qu'au moment où cela se présente, je ne suis
pas prêt en tant qu'Opposition, pas pour faire de l'opposition mais pour
préserver essentiellement tout ce danger qui court après nous,
qui fait que nous sommes des personnes publiques. On est des
députés à l'Assemblée nationale donc on
représente et on légifère pour le Québec. Il faudra
éventuellement - je l'ai dit au ministre et je le répète -
apporter une certaine forme de souplesse. Je ne sais pas sous quelle forme,
mais il faudra qu'elle soit bien balisée afin que quand un
député à l'Assemblée nationale voit son entreprise
bénéficier d'une aide gouvernementale et d'une subvention, cela
ne soit pas fait en catimini, que ce soit dévoilé au grand jour
et qu'on puisse dire: Je regrette mais voilà ce qui se passe, au
même titre que toute la notion de conflits d'intérêts par
rapport au ministre! On ne peut pas s'imaginer le nombre de demandes qui
pourraient arriver. Sur 122 députés, il y en aurait juste 5 qui
pourraient être touchés. Imaginez-vous que l'Assemblée
nationale n'a pas le temps d'être saisie de tout ce qui se passe dans ce
brouhaha.
En terminant, ceci ne met en doute d'aucune façon
l'objectivité et le pro-fessionalisme des analystes à la SDI, des
directeurs régionaux, des cadres et du conseil d'administration.
Effectivement, on ne peut pas être étanche à ce stade-ci
quand on sait la façon dont cela fonctionne et quand on sait de quelle
façon les députés de l'Assemblée nationale doivent
être le plus possible à l'abri de cette notion de conflit
d'intérêts. Je trouve extrêmement dangereux qu'à ce
stade on fasse une concordance avec l'article 65 de la Loi sur
l'Assemblée nationale... Je ne comprends pas dans quel esprit elle a
été faite. Aussi loin que j'ai pu pousser de ce
côté, on m'a expliqué que c'était dans un autre
esprit, sauf que ce n'est pas écrit. Quand le ministre apporte un tel
projet de loi - je lui donne raison, je pense qu'il faut être assez
honnête dans ce sens, c'est ma façon à moi de faire de la
politique - on dit: On fait de la concordance et c'est technique, on s'en va
avec ça et on ajuste. Sauf que si on fait ça, il faut juste
être conscient qu'on fait une concordance par rapport à la Loi sur
l'Assemblée nationale et là on prête le flanc. Il va
arriver par la suite d'autres concordances qui sont à l'intérieur
de la loi de la SDI ou de la loi des conflits d'intérêts, et on va
dire: Maintenant que c'est permis, ça c'est permis. C'est ça la
lumière rouge que j'ai allumée, c'était pour
préserver tous les députés de l'Assemblée
nationale, M. le Président.
M. Jean-Paul Théorêt
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Bertrand, vous me permettrez à ce moment de
prendre juste quelques instants pour peut-être soulever deux points,
à tout le moins deux commentaires. D'une part, je n'ai pas
siégé au conseil d'administration de la SDI, mais j'ai eu la
possibilité de préparer plusieurs dossiers, même d'en
piloter pour des gens d'affaires au sein de la SDI. Je ne vous cacherai pas, M.
le député de Bertrand, que connaître le bon fonctionnaire
ou connaître les gens du conseil d'administration de ta SDI était,
je pense, beaucoup plus important que de connaître des
députés parce que dans tous les dossiers que j'ai pilotés,
je n'ai pas vu l'implication des députés ou l'intervention de
l'Opposition. Je pense que connaître les procédures,
connaître les gens qui ont à décider au sein de ce conseil
d'administration était un moyen beaucoup plus intéressant que
celui d'un député. D'autre part, vous-même hier et vous
l'avez mentionné à nouveau ce soir, faisiez remarquer que les
membres du conseil d'administration qui ont des entreprises peuvent maintenant
demander un prêt ou une subvention à la SDI. Or, même s'il
est vrai que ce membre, lorsque son dossier vient à l'étude, doit
se retirer des discussions et bien sûr du vote, il n'en demeure pas moins
et vous admettrez avec moi que connaissant très bien tous les autres
membres du conseil d'administration, connaissant très bien toutes les
étapes qu'il avait à franchir, connaissant très bien tous
les intervenants, tous les fonctionnaires qui sont impliqués dans son
dossier personnel, les chances d'intervention sont beaucoup plus vraies et
existent beaucoup plus qu'un député qui pourrait intervenir dans
son dossier.
Ce sont les seules remarques que je voulais faire pour la simple raison
que, pour moi, les conflits d'intérêts possibles me semblent
beaucoup plus ouverts avec certains membres des conseils d'administration qui
ont des entreprises que pour un député qui pourrait en avoir une
et qui, lui, parce qu'il est justement un personnage public, sait la sentence
qu'il aurait à subir si jamais il intervenait. C'était le
commentaire que je voulais faire, et je donne la parole à M. le
ministre. Excusez-moi, est-ce que M. le député de Bertrand veut
répliquer à cela?
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): Brièvement, là-dessus, je
comprends, M. le Président, vos propos mais je ne partage pas votre
opinion parce que la différence entre ce que j'ai mentionné et ce
que vous mentionnez est que les pressions ne sont pas faites sur les
députés pour quelqu'un qui a un dossier. Là-dessus, je
vous donne effectivement raison, et cela vaut d'ailleurs dans tout le
système qu'on connaît. Quand il s'agit d'essayer d'influencer, on
influence les décideurs et les
décideurs sont les membres du conseil d'administration. Vous avez
raison là-dessus. Cela a pris tout près de deux ans de
discussions pour changer l'article 39 de la Loi sur la Société de
développement industriel du Québec parce que plus cela allait,
plus il y avait des gens qui se retrouvaient dans des situations où ils
ne voulaient plus siéger parce que pour eux siéger douze, quinze
ou vingt fois par année privait leur entreprise de toute aide
gouvernementale et on sait que le milieu des affaires doit être
représenté à la SDI. C'est 80 % du conseil
d'administration. Alors, il y a eu un amendement, l'article 39.1 qui,
après deux ans de discussions, a été très
balisé comme vous pouvez le lire selon la divulgation des membres.
Sur le point que vous apportez selon lequel oui, ils sont plus
influençables ou normalement on influence plus les membres du conseil
d'administration donc ils sont plus éligibles à des condamnations
de conflits d'intérêts - vous avez raison; sauf que de la
façon dont a été rédigé l'article 39.1,
effectivement, on les a drôlement balisés et cela met
drôlement en garde les membres du conseil d'administration. Sinon,
à courte échéance, on se rendait compte que, à
cause du mandat élargi de la SDI, tout le monde était à
peu près touché. On ne pourrait plus avoir de gens de moindrement
de calibre, propriétaires d'entreprises, qui pourraient siéger
à la SDI. Quant aux députés, je ne reviendrai pas
là-dessus. On sait à quel point la notion de conflit
d'intérêts est importante pour un homme public. Ce n'est pas
tellement en tant que personne qui viendrait s'interposer dans un dossier, mais
beaucoup plus en tant que personne qui siège à l'Assemblée
nationale, elle ne peut pas porter ces espèces de double chapeau. Je
trouve cela dommage. Je pense que vous êtes vous-même une personne
du milieu des affaires. Vous avez mentionné hier que vous trouviez cela
possiblement très difficile. Je le conçois. C'est ce qui fait
toute la notion qu'il faudra éventuellement réviser certaines
choses, sinon on va se priver, entre autres, des gens du milieu des affaires et
on se plaint que l'Assemblée nationale n'est pas suffisamment
représentée par le milieu des affaires. Mais la solution,
actuellement, n'est pas arrivée pour venir abroger l'article 37.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Bertrand. Je vous rappelle qu'on en est encore aux
remarques préliminaires. Est-ce qu'il y a d'autres interventions
à ce chapitre?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Réplique.
Le Président (M. Théorêt): Réplique,
M. le ministre.
M. Daniel Johnson (réplique)
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Merci, M. le Président.
J'ai bien noté les commentaires du député de Bertrand qui,
malgré que la nuit porte conseil, on pourrait dire que les conseils ont
été dans le même sens que ses interventions d'hier. Le
député parle du danger, dans son esprit, d'adopter l'article 1 du
projet de loi qui abrogerait l'article 37 de la Loi sur la SDI. Il nous invite
à plus de réflexion avant de poser ce geste. Je dois avouer, je
dois confirmer, M. le Président, que j'avais réfléchi
avant de présenter le projet de loi 35 et à mon sens les
observations que j'ai fait valoir hier et un peu plus tôt en
soirée, ici, sont toujours en ce sens qu'il y a quand même un
aspect de caractère un peu exorbitant dans cette disposition, que la
sanction est essentiellement une sanction politique qui guette les
députés dans tous leurs faits et gestes. Quelles que soient les
lois ou les interdictions il n'en reste pas moins, comme le
député l'a souligné, que nous sommes sous les feux de la
rampe en tout temps, que nos moindres gestes sont scrutés et qu'à
la lumière - si on peut dire, en continuant l'image - de cette
situation, il y a bien d'autres choses que des lois et des écrits qui
nécessairement définissent le cadre qui doit guider notre
comportement.
Ceci dit, le député concluait sur ce premier point en
disant qu'il avait allumé -je le cite - "une lumière rouge". La
lumière rouge, cela veut dire "arrêt", en l'occurrence. J'ai
interprété les propos du député de Bertrand comme
signifiant que, compte tenu des délais qui nous sont impartis par le
règlement, il n'y avait pas possibilité, dans le cas où la
lumière rouge est toujours allumée, d'adopter ce projet de loi
avant la fin de la session.
Le deuxième point également souligné par le
député de Bertrand traite de l'article 2 du projet de loi 35 qui
modifie l'article 38 de la Loi sur la Société de
développement industriel du Québec. J'ai senti que des deux
côtés de la Chambre, quant à cette disposition, soit
l'article 2, il y avait unanimité. Dans la mesure où il y a
unanimité, on pourrait prétendre et prévoir que le projet
de loi, à l'égard de son article 2, pourrait être
adopté d'ici la fin de la session de juin. Devant ces faits, soyons
pratiques et assurons-nous, à tout le moins, que s'il y a un voeu
unanime de l'Assemblée nationale, on puisse y donner suite.
Motion proposant de biffer l'article 1
Je ferais, à ce moment-ci, si c'est dans les formes - M. le
Président, vous me l'indiquerez - motion pour retrancher l'article
1 du projet de loi 35 qui est devant nous.
Le Président (M- Théorêt); Est-ce que vous
avez une réplique à faire sur la motion du ministre, M. le
député de Bertrand?
M. Parent (Bertrand): Je pense que...
Le Président (M. Théorêt): Excusez-moi.
II y a une motion qui est présentée. Est-ce qu'il y a un
secondeur pour la motion?
M. Cannon: Je seconde.
Le Président (M. Théorêt): J'appelle
l'article 1. M. le ministre, vous avez présenté une motion.
Est-elle textuelle, telle que vous l'avez mentionnée? Est-ce le texte de
votre motion, ce que vous venez de lire?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je pourrais l'écrire,
à moins que le secrétaire ne l'ait prise en note. Le
secrétaire va nous lire le texte, je pense.
Le Président (M. Théorêt): J'appelle
l'article 1 qui se lit comme suit: "L'article 37 de la Loi sur la
Société de développement industriel du Québec
(L.R.Q., chapitre S-11.01) est abrogé." Et la motion...
Le Secrétaire: La motion d'amendement du ministre est la
suivante: "Biffer l'article 1 du projet de loi".
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que la
motion est adoptée?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Adopté.
Le Président (M. Théorêt): L'article 1 est
donc retiré. Nous passons maintenant à l'article 2. M. le
ministre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je propose l'adoption de
l'article 2.
M. Parent (Bertrand): Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
L'article 2 est maintenant adopté. J'appelle l'article 3. "La
présente loi entre en vigueur le..." Il s'agit d'indiquer la date de la
sanction de la présente loi.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
Est-ce que le titre du projet de loi 35, Loi modifiant la Loi sur la
Société de développement industriel du Québec, est
adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Adopté.
Adoption
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
Est-ce que l'ensemble du projet de loi tel qu'amendé est
adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Adopté avec une motion de renumérotation, M. le
secrétaire.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que la
motion est adoptée?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
Nous allons maintenant suspendre les travaux pour quelques instants. M. le
député de Bertrand, en remarque finale.
M. Parent (Bertrand): Un dernier commentaire. Je voudrais assurer
le ministre et les membres de cette commission que nous ferons tout notre
possible pour que dans les heures qui suivent, toutes les étapes soient
franchies et que le projet de loi 35 soit adopté dans les meilleurs
délais, avant la fin de cette session. Je m'y engage.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. te
député de Bertrand. M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je remercie le
député de Bertrand d'avoir formulé ainsi son engagement.
Je crois que nous avons fait des progrès. Nous sommes tous deux, ainsi
que tout le monde à l'Assemblée nationale, soucieux de conserver
le caractère de plus haute probité des membres de l'institution
qu'est l'Assemblée nationale. Il y a manifestement une divergence sur la
ligne non tracée qui doit exister quant au cadre qui peut régir,
dans nos lois, le comportement des députés. Je persiste à
croire que le cadre qui le régit, en pratique, est essentiellement
illimité, quelles que soient les lois que nous pourrions avoir,
soi-disant pour nous guider.
De toute façon, le débat, à mon sens, s'est
déroulé dans la plus grande sérénité, comme
il se devait. J'en sais gré au député de Bertrand et
à ses collègues, ainsi qu'à tous mes collègues de
ce côté-ci de la Chambre, ou de la table, en l'occurrence, M. le
Président. Je réitère donc à l'endroit du
député de Bertrand que nous partageons, enfin, son souci de faire
en sorte que l'Assemblée nationale et ses membres jouissent du plus
grand respect de toute la population, compte tenu du comportement des membres
de l'Assemblée.
Le Président (M. Théorêt); Merci, M. le
ministre. Maintenant, je suspends les travaux de la commission de
l'économie et du travail pour quelques minutes, afin de permettre
l'arrivée des gens impliqués par le projet de loi 212.
(Suspension de la séance à 21 h 1)
(Reprise à 21 h 11)
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Projet de loi 212
Je déclare la séance ouverte. Je vous rappelle que, selon
son mandat, la commission permanente de l'économie et du travail se
réunit ce soir pour étudier le projet de loi 212, Loi modifiant
la Loi refondant la charte de la Société coopérative
fédérée des agriculteurs de la province de Québec.
À ce moment-ci, je souhaite la bienvenue aux représentants de la
coopérative et je cède la parole au parrain, le
député de Prévost.
Remarques préliminaires
M. Forget: M. le Président, pour moi, c'est une loi
très importante pour les agriculteurs de la province de Québec.
Comme vous le savez, la coopérative fédérée est une
entreprise qui date de plusieurs années, Depuis 1913, elle s'est
occupée de la mise en marché des produits agricoles et,
naturellement, de beaucoup d'autres choses pour les agriculteurs du
Québec, ce qui a permis aux agriculteurs du Québec et au
Québec même de devenir, au niveau de l'agriculture, une province
très importante. Alors, que ce soit pour les producteurs de lait, pour
la vente des produits, la coopérative fédérée a
joué un rôle nécessaire.
Ce soir, nous avons des représentants de la coopérative
fédérée qui vont venir nous expliquer le projet de loi 212
qu'ils ont demandé. Je présente Me Alain Garneau et M. Mario
Dumais.
Le Président (M. Théorêt): M. le
ministre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président,
à moins que M. le député de Prévost ne veuille
continuer avec une présentation plus longue, je crois, toutefois, qu'il
serait de mise que le parrain du projet de loi nous fasse un exposé sur
ce qui l'a amené à s'intéresser à cela et au projet
de loi.
M. Forget: Je peux quand même donner les explications. J'ai
été moi-même président d'une coopérative
agricole dans les Laurentides. Naturellement, la coopérative
fédérée est la coopérative mère de toutes
les coopératives affiliées à elle. Dans ce projet de loi,
tout simplement, il faut à tout prix que la coopérative
fédérée fasse affaire au moins à 50 % avec ses
membres, donc les coopératives locales. Naturellement, avec l'expansion
que la coopérative fédérée connaît
présentement, que ce soit dans le domaine des viandes, que ce soit dans
le domaine de tout, elle est amenée à faire affaires avec les
producteurs eux-mêmes. Ces producteurs ne sont pas
considérés comme des membres de la coopérative
fédérée. Alors, automatiquement, la Coopérative
fédérée fait affaires avec des non-membres. En
réalité, ceux-ci sont membres des coopératives locales.
Alors, ceci risque d'amener automatiquement la coopérative
fédérée, dans les années très propices qui
s'en viennent - peut-être dans les années très tôt
où elle va faire affaires avec le gouvernement - à ne plus
être reconnue comme une coopérative. Alors, elle va être
appelée è disparaître.
Comme c'est un rôle très important, il faut à tout
prix que le projet de loi 212 soit adopté. Ceci va permettre à la
coopérative fédérée de continuer. Nos experts sont
en mesure beaucoup plus que moi d'expliquer à fond tous ces
règlements.
Le Président (M. Théorêt): Je vous remercie.
Peut-être qu'avant les remarques préliminaires du ministre et du
député de Bertrand, je donnerai la parole effectivement aux
demandeurs pour qu'ils puissent expliciter leurs besoins. Si vous êtes
d'accord, M. le député de Bertrand, on reviendra après
à vos remarques préliminaires et à celles du ministre.
Je ne sais pas qui de Me Mario Dumais ou de M. Alain Garneau voudrait
prendre la parole en premier mais je vous cède la parole, Messieurs.
Lequel intervient en premier, s'il vous plaît?
M. Dumais (Mario): M. te Président, il est peut-être
bon de signaler que notre société a contacté, par voie du
courrier, tous les membres de cette commission. On a expédié un
certain nombre de documents qui permettaient d'éclairer un peu mieux le
projet de loi. Entre autres, on a expédié un document qui
développait l'argumentation des raisons pour lesquelles, selon nous, la
règle des 50 % qu'une coopérative doit faire avec ses membres
était mal adaptée à la réalité de notre
fédération. On rappelle que, essentiellement, l'objet du projet
de loi est, au-delà de cette question de la règle des 50 %,
premièrement, de modifier le mode de représentation au sein des
assemblées générales et spéciales de la
société que
constitue la Coopérative fédérée de
Québec, d'accorder à la Coopérative
fédérée de Québec tous les droits et pouvoirs
dévolus à une fédération par la Loi sur les
coopératives.
Au fond, il y a les trois éléments fondamentaux suivants
au-delà des questions de concordance de terminologie.
Premièrement donc, modifier le mode de représentation à
l'assemblée générale et prévoir qu'à
l'avenir l'assemblée générale sera elle-même
maîtresse de modifier ses règles de représentation à
l'intérieur de certaines balises contenues dans la loi. Accorder donc de
fait à la Coopérative fédérée de
Québec les pouvoirs normalement dévolus à une
fédération de coopératives dans la Loi sur les
coopératives en général et, finalement, dispenser la
Coopérative fédérée de Québec de
l'obligation d'effectuer plus de 50 % de ses affaires avec ses membres.
Sur ce dernier point, je pense que M. Forget, le député de
Prévost, dans sa présentation, est allé au coeur du
problème, à savoir qu'en tant que fédération de
coopératives, la Coopérative fédérée de
Québec a comme membres normalement des coopératives locales.
Cependant, l'évolution des choses a amené de plus en plus la
Coopérative fédérée de Québec à faire
des affaires directement avec des agriculteurs. Pourquoi? Parce que des
établissements, comme un établissement moderne d'abattage dans le
porc, dépassent le territoire naturel d'une coopérative
locale.
Autrefois, chacune des coopératives avait ses petites
installations d'abattage. Aujourd'hui, il faut aller sur un territoire plus
grand. Cela nous oblige nous-mêmes, la Coopérative
fédérée de Québec, à faire des affaires dans
ces cas directement avec nos membres. Et là, on est dans la situation un
peu absurde que la fédération, lorsqu'elle achète un porc
d'un agriculteur qui est membre d'une coopérative locale, est
réputée ne pas faire des affaires avec ses membres.
C'est au fond un peu une subtilité qui fait que la règle
est mal adaptée à la réalité actuelle de
l'économie agricole et à notre réalité de
fédération de coopératives.
D'autre part, il y a d'autres secteurs où on a des
activités. Prenons comme exemple le secteur du pétrole où,
pour être présent, il faut avoir un volume minimal. Du
côté du pétrole, on a un chiffre d'affaires qui avoisine
les 200 000 000 $ pour évidemment, au départ, approvisionner les
agriculteurs pour leurs machines aratoires, pour le chauffage de leur
résidence comme tout le monde, et il est bien évident que,
lorsqu'on a un poste de distribution de pétrole dans une région
et qu'on vend de l'huile à chauffage aux agriculteurs pour chauffer leur
résidence, on ne refusera pas, et évidemment on va le souhaiter,
d'essayer d'approvisionner les gens du village voisin.
Donc, il y a des activités comme celle-là où, pour
être présent, il faut un volume minimal. Comme le nombre
d'agriculteurs diminue, même si le volume de l'activité agricole
demeure constant, pour avoir le seuil minimal qu'il nous faut pour être
présent dans le secteur, là aussi il faut faire des affaires avec
des non-membres.
Donc, sur cette question assez importante dans le projet qu'on
présente, à savoir la proposition qu'on échappe à
la règle de la nécessité de faire des affaires à
plus de 50 % avec nos membres, l'idée n'est pas de changer en aucune
façon le caractère coopératif de notre entreprise,
l'idée n'est pas en aucune façon non plus que le contrôle
échappe aux mains des agriculteurs puisque la loi prévoit que
seuls des agriculteurs ou des coopératives agricoles peuvent être
membres de la Coopérative fédérée; donc, on a une
garantie juridique que le contrôle va toujours demeurer entre les
agriculteurs, mais c'est, au fond, pour nous permettre de continuer à
nous développer. Il n'est peut-être pas mauvais de rappeler -
beaucoup de gens l'ignorent - que la coopération agricole est un secteur
d'excellence du mouvement coopératif au Québec. Pourquoi? Ne
prenons que son chiffre d'affaires. L'ensemble de la coopération
agricole a un chiffre d'affaires de 3 000 000 000 $ et l'ensemble de la
coopération agricole emploie 8500 personnes. La Coopérative
fédérée, à elle seule, qui est la
fédération des 120 coopératives agricoles, a, à
elle seule, un chiffre d'affaires de 1 200 000 000 $ et emploie 3000 personnes.
Pour continuer dans l'avenir à exercer une activité aussi
dynamique, comme on a dû le faire dans le passé pour atteindre la
taille qu'on a aujourd'hui, il faut nous enlever ce qui pourrait, à
l'avenir, être un frein à notre expansion, soit cette règle
des 50 %.
Je pense que c'est la présentation de l'esprit
général des modifications qu'on propose d'apporter. Je me demande
si mon collègue, à ce moment-ci, a des choses à ajouter ou
s'il veut intervenir plus tard, au cours de la discussion.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que Me
Garneau veut intervenir?
M. Garneau (Alain): J'imagine que vous allez procéder
article par article. Je pense que M. Dumais a bien expliqué l'ensemble
de notre projet et, au fur et à mesure, au besoin, je répondrai,
je serai à votre disposition pour répondre à vos
questions.
Le Président (M. Théorêt); Merci, M. Garneau.
M. le ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Merci. D'abord, je veux
souhaiter la bienvenue à MM. Garneau et Dumais. J'ai eu l'occasion,
notamment, de rencontrer M. Durnais qui accompagnait à ce
moment-là plusieurs dirigeants et membres du conseil d'administration de
la Coopérative fédérée à mes bureaux,
à leur demande, afin de faire le tour des dossiers qui pouvaient
intéresser la Coopérative fédérée. J'avais
été frappé, à ce moment, et on m'avait
présenté, on en a profité pour me présenter le
rapport annuel de la coopérative qui fait état des belles et
grandes choses que, de ses activités traditionnelles, la
coopérative est devenue. M. Dumais vient de nous expliquer et on peut
voir, illustrée par des chiffres très significatifs, l'envergure
des activités, la variété des activités de la
coopérative et, à partir de ce moment, on a prévu qu'il y
aura un empêchement de nature juridique pour que la coopérative
continue sur la lancée que M. Dumais vient de décrire. C'est
évidemment de mon ressort et c'est ma responsabilité, à
mon sens, de faire en sorte que les activités de la coopérative
ne soient pas aussi étouffées ou contraintes qu'elles pourraient
le devenir si nous n'adoptions pas les quelques amendements qui ont
été demandés par le député de Prévost
pour et au nom de la Coopérative fédérée.
J'aurai peut-être l'occasion, lors de l'étude article par
article, de revenir sur certaines dimensions des activités de la
coopérative, mais je voudrais dire tout de suite qu'à mon sens il
ne s'agît pas ici de remettre en cause tout ce qu'on appelle
l'authenticité de la formule coopérative. Il faut bien savoir que
la coopérative fédérée se distingue des autres
coopératives du fait -cela a été expliqué et c'est
comme cela que je le comprends et que je l'accepte - qu'elle transigera, par la
nature même de ses activités quotidiennes, très
bientôt, majoritairement, avec des gens qui ne sont pas membres de la
fédération, étant entendu que ce sont des
coopératives locales qui sont les membres et que ce ne sont pas les
partenaires d'affaires immédiats qui lient dans le monde de tous les
jours la coopérative à ses clients ou fournisseurs ou autres
intervenants avec lesquels elle est réputée faire une partie de
son chiffre d'affaires. C'est donc pour des raisons très pratiques,
à ce moment-ci, que nous sommes réunis et que, quant à
nous, de ce côté-ci, nous entendons appuyer, évidemment, le
projet de loi 212 qui a été présenté par le
député de Prévost.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. À
titre de remarques préliminaires, dans un premier temps, j'aimerais
souhaiter la bienvenue aux gens de la Coopérative
fédérée. J'aimerais leur dire que le rôle de
l'Opposition est souvent le rôle du gros méchant qui empêche
que les choses se passent, mais je veux vous rassurer: ce soir, on n'est pas
dans cet état d'âme.
Le projet de loi 212, si j'en ai bien saisi l'essence, veut
essentiellement apporter de la concordance beaucoup plus d'actualité
à la nouvelle loi puisque la Loi sur les coopératives qui date de
1968 est mal adaptée.
Je pense qu'en 1985, le chiffre d'affaires des coopératives
fédérées qui ont transigé avec leurs membres s'est
élevé è environ 58,5 % tandis que le seuil par rapport au
seuil acceptable du 50 % fait en sorte que cela risque de causer des
problèmes dans un avenir prochain. Il semble que la loi qui vous
régit actuellement est mat adaptée par rapport aux nouvelles lois
et par rapport aux nouvelles conjonctures et particulièrement à
la tournure que prend les coopératives
fédérées.
Je ne sais pas si le député de Prévost se
spécialise dans les projets de loi privés -j'ai l'occasion depuis
quelques semaines d'étudier deux projets de loi - mais le
député de Prévost semble vouloir promouvoir des
intérêts qui lui tiennent à coeur. Je l'en félicite.
Quant à nous de l'Opposition, nous allons, au cours de l'étude
article par article, tenter tout simplement de nous assurer que les
modifications qui sont apportées sont les bonnes.
Une chose me préoccupe dans les remarques préliminaires,
M. le Président, c'est de m'assurer au départ, de la part des
intervenants qui représentent ici la Coopérative
fédérée, qu'ils puissent nous confirmer qu'à la
suite de l'assemblée générale de l'ensemble des membres,
ils auront, si on veut, le feu vert ou les autorisations nécessaires
pour aller dans ce sens. On sait à quel point il est important pour une
coopérative, avec le nombre de ses membres, lorsque vous apportez des
modifications comme telles à la loi qui vous régit, que vous ayez
et puissiez assurer cette commission que vous avez ce que j'appelle toutes les
autorisations nécessaires. Vous comprendrez qu'on ne peut pas
vérifier ces choses-là, mais j'aimerais avoir, avant de
débuter, la confirmation en ce sens que de la part de votre
assemblée générale, vous avez le feu vert pour les
modifications.
L'expérience vécue est très brève, mais
lorsque dans une association, une fédération, une corporation, on
se retrouve dans la situation où le président ou les principaux
porte-parole viennent faire amender une loi ou leur charte, ne connaisant pas
les opérations on veut bien donner suite à ces demandes. Il faut
s'assurer que leur "membership" a donné le feu vert et je suis
persuadé que vous avez ces informations. À l'intention des
membres de cette commission, si vous pouviez nous confirmer que vous avez
effectivement un mandat très clair de la part de
l'assemblée générale de vos membres.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Bertrand. M. Dumais, est-ce que vous voulez
répondre aux questions du député de Bertrand?
M. Dumais: Oui. Évidemment, on n'a pas ici en main les
procès-verbaux, c'est ce qu'on regardait rapidement. Tout ce qu'on peut
vous dire, c'est que les démarches et les représentations qu'on
fait ici font suite à des mandats répétés qui ont
été votés par notre assemblée
générale annuelle et en particulier la dernière qui s'est
tenue au mois de février et à laquelle ont participé des
délégués élus de l'ensemble de nos membres qui sont
les coopératives agricoles locales. Cette assemblée qui est
très représentative, qui élit des
délégués sur une base régionale, dans un premier
temps, et qui regroupe plusieurs centaines de personnes, a voté un
mandat nous demandant de modifier le mode de représentation à
l'assemblée générale et nous demandant de modifier la loi
de telle sorte qu'à l'avenir, comme les autres assemblées
générales de fédérations, elles aient
elles-mêmes la juridiction sur les modes de représentation.
D'autre part le conseil d'administration de notre organisme a pris connaissance
du libellé détaillé sur lequel on a travaillé pour
mettre à exécution ce mandat qui provenait de notre
assemblée générale qui s'était prononcée sur
cette question à plusieurs reprises au cours des dernières
années. (21 h 30)
Le Président (M. Théorêt): J'imagine, M.
Dumais, que vous pourriez ultérieurement fournir toutes ces
résolutions.
M. Garneau: Avec votre permission. D'ailleurs, j'aimerais vous
référer à un extrait du procès-verbal d'une
réunion du conseil d'administration de la Coopérative
fédérée de Québec les 26 et 27 mars 1986 qui
d'ailleurs fait référence à la décision de
l'assemblée générale. Si vous me le permettez, je vais la
lire: "Sur proposition de M. Lemire et appuyé par M. Théberge, il
est unanimement résolu d'autoriser la direction générale
à prendre les mesures nécessaires pour obtenir dans les plus
brefs délais possible les amendements à la loi constitutive de la
Coopérative fédérée de Québec
demandés à l'assemblée générale annuelle de
1984 et ceux demandés à l'assemblée générale
annuelle de 1986 qui s'avéraient nécessaires pour permettre
notamment à la Coopérative fédérée de
Québec de voir sa loi adaptée à la Loi sur les
coopératives en ce qui concerne les pouvoirs accordés à
une fédération ainsi que tout autre amendement technique que l'on
jugerait nécessaire pour rendre plus faciles certains changements,
notamment ceux relatifs à la représentation des
coopératives sociétaires au conseil d'administration."
J'ai une autre résolution plus récente dans laquelle le
conseil d'administration a été saisi du projet de loi
définitif dans la forme qui vous est soumise et par laquelle il se
déclare satisfait et comme quoi ce projet de loi représente
exactement les attentes de la Coopérative fédérée
de Québec et qu'il est souhaitable que l'Assemblée nationale
adopte ce projet de loi dans l'intérêt de ses membres. Je peux
déposer ces deux résolutions.
Le Président (M. Théorêt): Pouvez-vous
mentionner la date de ce dernier procès-verbal?
M. Garneau: Ce dernier procès-verbal est de ce matin.
Le Président (M. Théorêt): De ce matin?
M. Garneau: Oui.
Le Président (M. Théorêt): Donc, le 18
juin.
M. Garneau: Le conseil d'administration...
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Bertrand, est-ce que ces informations vous satisfont en
ce qui concerne les procès-verbaux, les autorisations et les mandats
accordés aux représentants de la coopérative?
M. Parent (Bertrand): Cela va pourvu que, tel que convenu, les
documents non disponibles puissent être fournis éventuellement aux
membres de cette commission pour que nous ayons un dossier complet. Alors, cela
va, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Si vous voulez,
MM. Dumais et Garneau, vous voudrez bien faire parvenir au secrétaire de
la commission les documents demandés par le député de
Bertrand. Je vous remercie. Y a-t-il d'autres interventions aux remarques
préliminaires avant que l'on passe au projet de loi 212? Il n'y a pas
d'autres intervenants.
Étude détaillée
Avant de passer à l'article 1 du projet de loi privé 212,
Loi modifiant la Loi refondant la charte de la Société
coopérative fédérée des agriculteurs de la province
de Québec, il y a un attendu que l'on doit adopter et je vous lis
l'attendu: "Attendu
qu'il est de l'intérêt de la Coopérative
fédérée de Québec et de ses membres que sa charte,
le chapitre 116 des lois de 1968 tel que modifié par le chapitre 93 des
lois de 1973, le chapitre 109 des lois de 1977 et par l'article 324 du chapitre
C-67.2 des Lois refondues du Québec soit modifiée afin de
l'harmoniser avec les dispositions de la Loi sur les coopératives
(L.R.Q., chapitre C-67.2) et de permettre une meilleure représentation
aux assemblées générales;" Est-ce que l'attendu est
adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté. M.
le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Alors j'appelle
maintenant l'article 1. M. le ministre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, j'ai simplement une
question à poser sur l'article 1. Évidemment c'est le changement
de nom officiellement. Cela m'intriguait qu'on utilise le mot "de" plutôt
que "du", dans la mesure où je présume que le nom ancien
reflétait la réalité, une Société
coopérative fédérée des agriculteurs de la province
de Québec - tout le territoire n'est-ce pas - et que là
évidemment la société prenne officiellement le nom, dans
le texte de loi, dans la charte, de "Coopérative
fédérée de Québec" plutôt que "du
Québec". D'ailleurs, j'ai remarqué que le siège social
était à Montréal et cela m'intriguait.
M. Garneau: Sur cette question, on est conscient, effectivement,
que cela peut poser des problèmes. Le problème est le suivant:
C'est que, maintenant, la Coopérative fédérée de
Québec est connue depuis plusieurs années, plusieurs
décennies, sous ce nom. D'ailleurs, dans la Loi sur les
coopératives... On remarquera que, dans notre loi actuelle, on parle du
nom exact -effectivement, c'est la Société coopérative
fédérée des agriculteurs de la province de Québec -
mais elle prévoyait, du moins, qu'on puisse l'appeler
"Coopérative fédérée de Québec". D'ailleurs,
cette appellation a été consacrée dans la Loi sur les
coopératives. Il y a eu un article spécifique qui a
été fait lors de la refonte. C'est l'article 324 où on dit
nommément: "La dénomination sociale de la Société
coopérative fédérée des agriculteurs de la province
de Québec est remplacée par "Coopérative
fédérée de Québec". La seule raison qui motive
cela, c'est que, effectivement, on est connu sous ce nom depuis maintenant 60
ans et que c'est difficile de faire un virage.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je veux bien reconnaître
cela, mais je voudrais ajouter que cela m'intriguait depuis quelques courtes
semaines, moment où j'avais vu cela pour la première fois.
Cependant, cela aurait dû m'intriguer il y a 60 ans, à savoir
comment il se faisait qu'une coopérative du Québec se
dénommait une coopérative de Québec.
M. Garneau: D'ailleurs, M. le ministre, si vous me permettez,
avec le mot "de", effectivement, le problème est entier. On peut
également se demander si, dans l'expression "Coopérative
fédérale", l'utilisation du mot "fédérée"
est adéquate au point de vue linguistique ou du français. Ce sont
habituellement des coopératives qui sont fédérées.
Le nom est tellement consacré qu'on ne peut pas modifier cette chose,
avec votre permission.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Quant à moi, M. le
Président, ces explications étant énoncées, sinon
comprises, je proposerais l'adoption de l'article 1.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): J'avais les mêmes
préoccupations que le ministre, mais ces explications vont dans le bon
sens. À toutes fins utiles, on va venir consacrer quelque chose qui
existe dans les faits, actuellement. Est-ce exact?
M. Garneau: Oui.
M. Parent (Bertrand): Alors, je n'ai pas d'autres questions.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que
l'article 1 est adopté?
M. Parent (Bertrand): Adopté.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
J'appelle maintenant l'article 2 qui se lit comme suit; "L'article 3 de cette
loi est remplacé par le suivant:". Alors ceci est l'article 2. Avez-vous
des commentaires sur l'article 2, M. le ministre?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je n'ai pas de commentaires,
mais j'aimerais donner l'occasion à MM. Dumais et
Garneau, s'ils le croient utile, de nous apporter des explications.
M. Garneau: Sur cette question, encore
là, c'est une situation historique qui existe. De fait, nous
sommes la fédération. Avec les lois actuelles, nous ne sommes une
fédération que de fait, c'est-à-dire le lien
fédératif est que les coopératives agricoles sont membres
de la Coopérative fédérée de Québec. Nos
lois actuelles ne nous permettent pas d'être consacrée comme la
fédération. D'ailleurs, sous l'ancienne loi, nous étions
régis, avant la nouvelle Loi sur les coopératives, par la Loi sur
les sociétés coopératives agricoles, laquelle est disparue
dans le cadre de la nouvelle Loi sur les coopératives. II n'y avait
aucune section, aucun article en regard d'une fédération. Alors,
dans le fond, par le biais de l'article 3, donc de l'article 2, on vise
essentiellement à consacrer le caractère de
fédération de la Coopérative fédérée
de Québec dans le domaine de la coopération agricole.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela est vrai pour le premier
paragraphe...
M. Garneau: Oui.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ...du nouvel article 3.
M. Garneau: Effectivement.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Quant au deuxième, il
s'agit présumément de la règle qui traite du volume
d'affaires qui est transigé avec des non-membres.
M. Dumais: Oui, effectivement. C'est dans le deuxième
paragraphe que se retrouve la disposition qui, à l'avenir, dispenserait
la Coopérative fédérée de Québec de
transiger à plus de 50 % des affaires avec ses membres. Alors, tout
à l'heure, j'ai donné certaines explications à ce propos.
Les deux partis de l'Assemblée nationale présents à cette
commission semblaient connaître assez bien nos arguments. Peut-être
que je peux y revenir brièvement, vu que c'est peut-être la chose
la plus centrale.
Comme le député de Bertrand le signalait, effectivement,
au cours de la dernière année, les affaires que nous avons
transigées avec nos membres respectaient encore la règle. Dans
une brève période de temps, à court terme, à
l'avenir, sans doute continuerons-nous à avoir un pourcentage encore
supérieur à 50 %. À l'heure actuelle, on est à 58,5
%. Cependant, l'avenir de notre développement fait en sorte que, si l'on
veut occuper toute la place qu'il est possible à une entreprise de notre
envergure d'occuper, à l'avenir on pourrait être amené
à ne pas s'engager dans des opérations dans lesquelles il serait
logique, commercialement et économiquement, qu'on s'engage et qu'on soit
freiné par cette règle.
On a donné des exemples, en particulier l'exemple du porc et du
poulet. Il est peut-être bon de signaler que, sur un chiffre d'affaires
de presque 2 000 000 000 $ en 1965, les opérations dans le secteur du
porc représentaient 260 000 000 $ et celles dans le secteur de
l'aviculture représentaient 185 000 000 $. Dans ces deux secteurs
extrêmement importants, les transactions avec nos membres ne
représentaient que 28,5 % du chiffre d'affaires. Pour la raison que je
vous ai signalée antérieurement, à savoir que ce sont des
agriculteurs qui approvisionnent directement nos entreprises d'abattage et de
transformation et, aux fins de la loi et du mode de calcul de la proportion
transigée avec les membres, un agriculteur qui livre du porc ou dupoulet à la coopérative fédérée,
même s'il est membre d'une coopérative agricole locale, est
réputé ne pas être un membre de la coopérative
fédérée. Donc, il y a là une situation un peu
incongrue quant à ce type d'opération.
On vous a mentionné d'autres secteurs comme celui du
pétrole, où je pense qu'il est absolument nécessaire, si
l'on veut être présent dans ce domaine, qu'on saisisse toutes les
occasions d'affaires qui se présentent, même lorsqu'il s'agit de
transiger avec une personne, une entreprise ou une institution qui n'est pas
membre du secteur coopératif agricole. D'autre part, si on pense
à l'avenir, si on pense à des secteurs où, de plus en
plus, cela bouge dans le domaine agro-alimentaire, on sait que l'industrie
agroalimentaire est une industrie relativement stable par le volume global de
production. Donc, il faut saisir les occasions d'affaires qui se
présentent dans les transformations qui ont lieu à
l'intérieur de ce marché.
Parmi les évolutions les plus évidentes, l'une d'entre
elles concerne les opérations primaires de transformation des viandes en
particulier, c'est-à-dire surtout les opérations d'abattage. De
plus en plus, on devra les continuer dans des opérations de
deuxième et de troisième transformation des viandes. À ce
moment-là, on sera certainement amené à faire effectuer
des achats auprès d'entreprises ou de personnes qui ne sont ni des
coopératives locales, ni des agriculteurs. Il faudra alors transiger
avec des restaurants a succursales d'alimentation rapide; par exemple, il
faudra vendre du poulet à des restaurants comme McDonald, pour ne pas le
nommer. À ce moment-là, c'est certain qu'on ne transige pas avec
nos membres, mais je pense qu'il est très légitime, dans
l'intérêt de nos membres, qu'on soit présent dans des
domaines comme ceux-là.
Également, si on pense à un autre domaine d'avenir,
l'application de la biotechnologie dans le domaine agroalimentaire, supposons
qu'on décide d'entrer dans le développement de nouvelles
variétés de semences, pour ne prendre qu'un exemple
- il est sûr que, à l'heure actuelle, on commerce beaucoup
de semences, on en achète, on en fait produire une certaine
quantité, mais on ne va pas jusqu'à développer de
nouvelles variétés de semences - si on décidait de
s'orienter dans cette direction à l'avenir, les investissements qu'il
faut réaliser pour développer de nouveaux produits dans des
secteurs comme ceux-là sont tellement gigantesques qu'il faut essayer de
pénétrer des marchés plus vastes que le seul marché
du Québec.
(21 h 45)
Prenons un dernier exemple. On pourrait en énumérer
plusieurs, mais je ne veux pas gruger indéfiniment votre temps.
Supposons que, dans certains secteurs spécifiques de la machinerie
agricole, au lieu de ne faire, encore une fois, qu'écouler des produits
fabriqués par d'autres, on décide nous-mêmes de
pénétrer dans la fabrication de machines agricoles, normalement,
on essaiera, pour les distribuer, d'aller sur tous les secteurs du
marché où on le pourrait. Supposons qu'un distributeur
d'équipement agricole ontarien décidait de distribuer pour notre
compte une boîte fourragère qu'on aurait fabriquée au
Québec, on serait encore une fois réputé ne pas transiger
avec nos membres et, encore une fois, on risquerait de s'éloigner
davantage du seuil de 50 %.
Dans toutes ces choses-là, il s'agit, d'une part, de ne pas
freiner notre développement. 11 s'agit aussi de ne pas mettre en
péril la stabilité financière et la
pérénité, la durée, de notre institution
vis-à-vis de nos bâilleurs de fonds. Vous imaginez que, lorsqu'on
fait un chiffre d'affaires de 1 200 000 000 $, on a pas mal de gens qui nous
aident par du crédit à supporter financièrement les
inventaires qu'on doit garder. Je ne vous cacherai pas qu'il est bien sûr
qu'on transige sur les marchés financiers avec des institutions qui sont
proches de nous, comme les banques qu'on connaît ici, comme le Mouvement
Desjardins, mais on doit aller aussi du côté de plusieurs
bâilleurs de fonds. On a même une grande banque européenne
avec laquelle on transige. C'est bien sûr que, si le siège social
de cette entreprise-là qui n'est pas sur place, qui ne connaît pas
nos réalités, apprend qu'on est menacé de dissolution, ce
n'est pas une chose qui favorise l'obtention de la qualité de
crédit qu'on mérite, compte tenu de notre solidité
financière.
Tout ceci pour dire que, si on veut que la Société
coopérative fédérée des agriculteurs de la province
de Québec continue sur sa lancée, continue à servir les
intérêts des agriculteurs, comme elle a toujours tenté de
le faire jusqu'à maintenant, il ne faut pas mettre de freins artificiels
à son exploitation et à son développement. Cette
règle d'une façon générale, est souhaitable pour
les coopératives, soit de les encourager à faire des affaires le
plus possible avec leurs membres. Elle est facile à respecter pour une
institution financière, par exemple. Il est simple pour une caisse
populaire qui transige avec une nouvelle personne, étant donné
que toutes les personnes peuvent en devenir membres, de lui vendre une part
sociale à prix tout à fait minime et de faire en sorte que
quelqu'un avec qui elle transige devienne automatiquement membre de
l'institution, tandis que nous, par notre charte - nous souhaitons que cela
continue d'être comme ceci - nous ne sommes pas une coopérative
à vocation générale, mais une coopérative à
vocation professionnelle orientée vers le secteur agricole, et personne
d'autre que des agriculteurs et des coopératives agricoles ne peut
être membre chez nous. On ne peut pas recruter comme une
coopérative à vocation générale, automatiquement,
toute personne qui fait affaire avec nous. Donc, c'est une règle, comme
on le dit, qui est mal adaptée à notre réalité de
coopérative professionnelle, de fédération
coopérative dont les agriculteurs ne sont pas, normalement, directement
membres.
Toutes ces raisons, sont celles que nous vous soumettons pour justifier
la demande qu'on fait de dispenser la Société coopérative
fédérée des agriculteurs de la province de Québec
d'appliquer cette règle.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. Dumais.
Je pense que vous avez éclairé d'une façon très
éloquente les points majeurs du projet de loi et de votre demande. Je
cède maintenant la parole au député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Je dois dire que l'article 2 et,
particulièrement, son deuxième paragraphe, est essentiellement
pour moi, dans tout ce projet de loi 212, le coeur et le noyau des
modifications que vous êtes en train de nous demander. Voici ma
préoccupation et, là aussi, je m'adresse au ministre responsable,
au ministre de l'Industrie et du Commerce. Je vous avouerai qu'à la
suite des déclarations que vous avez faites avec beaucoup
d'éloquence, quant à la visée et au chemin que les
coopératives sont en train de suivre, je dois dire que c'est, dans notre
jargon, des PME qui ont fait un bon bout de chemin, et, avec 1 200 000 000 $,
on ne peut que se réjouir de la tournure des coopératives et des
coopératives fédérées.
Sauf que, lorsque vous demandez que votre loi constitutive et que, dans
le projet de loi 212, on puisse vous soustraire au paragraphe 6° de
l'article 186, je dis attention, M. le ministre, parce que est-ce qu'on n'ouvre
pas là justement une brèche, quelque chose qui va faire que
d'autres coopératives voudront éventuellement se
soustraire à ces 50 %? Les 50 % d'affaires que les
coopératives doivent faire avec leurs membres coopératifs
sous-tendent, et vous le comprendrez, tout le mouvement des coopératives
et font en sorte qu'une Loi sur les coopératives est ajustée en
fonction très spéciale pour permettre justement une certaine
flexibilité.
Pourquoi ne pas vous constituer en compagnie? II est prévu,
è l'article 186, paragraphe 6 , de la Loi sur les coopératives,
que le ministre a le pouvoir de vous dissoudre, d'amener la dissolution de la
coopérative à partir du moment où vous ne respectez plus
ces normes. Vous nous faites un excellent plaidoyer quant à ce qui s'est
passé au cours des dernières années et vers quoi vous vous
en allez, ce que je comprends fort bien. Et je pense qu'il est important qu'on
mette les choses très claires sur la table de façon qu'on se
comprenne.
Si le ministre responsable est pleinement conscient qu'on donne un feu
vert et qu'on lève une espèce d'épée de
Damoclès qui vous pend au-dessus de la tête, il faut voir les
choses telles qu'elles sont, qui font en sorte que vous êtes
régis, et, à partir du moment où vous traverserez le mur
ou le cap des 50 %, si je comprends bien, vous serez en dehors des normes et
vous ne serez plus considérés... À la limite, le ministre
pourrait, en vertu de ses pouvoirs de l'article 186, dissoudre. Et vous ne
voulez pas, puis vous nous dites qu'on s'en va vers cela.
Alors, je dis que je veux bien donner toute la latitude à une
coopérative comme la vôtre, mais, attention, d'autres voudront
suivre le même chemin et où va-t-on s'arrêter? On va
s'arrêter à 45 %, 40 %, 30 %. Je ne sais pas, mais est-ce qu'on
aura vraiment, dans le plein sens que l'a voulu la loi dans le passé,
qu'une coopérative est une coopérative et que son essence
même c'est de faire des affaires au niveau de ses membres.
Je pose la question parce que cela me fatigue un peu cette partie du
deuxième paragraphe de l'article 2 qui fait en sorte que vous nous
demandez tout simplement de vous donner une bénédiction:
Laissez-nous aller! Et on n'a plus de contrôle, ni le ministre qui devra
après vivre avec la loi 212 qui vous régira, et, vous autres, je
comprends que vous en fassiez la demande, mais je vous dis que j'ai beaucoup de
réticences et je me demande de quelle façon on va pouvoir la
baliser et surtout de quelle façon on va pouvoir être capable de
tenir face à d'autres demandes qui nous arriveront d'autres
coopératives parce que» si on déroge pour une, il faudra
être capable de déroger pour d'autres.
Ceci, veuillez me croire, ne provient pas du fait que je veuille freiner
l'excellente expansion, le travail accompli et les retombées
économiques et tout cela que je reconnais. Je pense que, M. le directeur
des affaires professionnelles et institutionnelles de la Coopérative
fédérée de Québec, vous avez très bien
exposé, très bien défendu... Si j'étais membre de
la coopérative, je serais fort heureux de votre performance, mais je
peux vous dire qu'en fonction du gouvernement et è titre d'Opposition,
j'ai de la misère à être capable de vivre avec cela, parce
que nous vous donnerons, è la Coopérative
fédérée de Québec, un droit particulier, un
privilège particulier, a moins qu'on m'en indique le contraire, qui fera
en sorte que lorsque vous dérogerez du seuil des 50 %, il faudra qu'on
vous oublie et que vous demeuriez, peu importe le type d'activité que
vous ferez dans dix ou quinze ans en pourcentage par rapport à ce qui
est prévu dans la Loi sur les coopératives, ce qui voudrait dire,
poussé à la limite... vous pourriez devenir essentiellement une
entreprise qui n'est plus régie comme telle par cette dimension. Donc,
à cause de la nature de certaines transactions, comme vous l'avez
expliqué, je pense à l'huile à chauffage, aux semences,
etc., vous devenez une entreprise au plein sens du mot et vous
bénéficiez de tous les avantages des coopératives sans
avoir le handicap des 50 %. J'aimerais que le ministre me rassure ou que l'on
ait des explications additionnelles, parce que je pense que l'on risque de
créer un dangereux précédent. À moins que l'on ait
des informations allant dans le sens contraire qui puissent nous rassurer...
Moi, en tout cas, dans tout ce que j'ai pu voir, c'est cette partie qui me fait
le plus peur et qui me préoccupe par rapport à l'avenir et par
rapport à l'ouverture que l'on ferait de ce côté, M. le
Président.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Bertrand. M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, au
point de vue des principes, on peut partager les inquiétudes qu'a
exprimées le député de Bertrand, sauf que, comme je le
disais tout à l'heure et de ce que j'ai cru remarquer de ce que la
fédérée nous dit, elle se distingue dans le sens que c'est
la seule fédération dont les membres sont des coopératives
locales, mais que, à des fins d'efficacité quotidienne, elle fait
affaires avec les membres des sections locales. Donc, ce ne sont pas des
membres de la fédérée comme telle. Dans ce sens, c'est un
cas un peu particulier. On peut, par ailleurs, y voir une espèce de
preuve de l'essor considérable que connaît la formule
coopérative, de l'ouverture dont font preuve les coopérants, en
l'occurrence, et de la place grandissante qu'elle désire occuper au
point de vue économique à partir de la formule coopérative
qui est sa marque de commerce.
C'est pour cela qu'il y a une loi spéciale, parce que c'est un
cas spécial... une loi d'intérêt privé, devrais-je
plutôt dire, dans la mesure où il s'agît d'un cas
spécial et où il y a un volume d'affaires considérable qui
ne se compare pas à quelque autre coopérative à laquelle
on pourrait penser. À mon avis, elle est fortement distincte du cas
d'une coopérative de consommation; par exemple, d'un magasin de fer -
comme on dit - ou d'une quincaillerie qui pourrait être fondée sur
une formule coopérative, mais qui ferait affaires, je vous le garantis,
majoritairement avec des gens qui sont de simples clients et qui ne sont pas
nécessairement membres de la coopérative. Qu'est-ce qu'on fait
avec ces gens-là? On reconnaît la réalité, on ne les
dissout pas pour autant. La formule coopérative a été
retenue afin de former une entreprise, d'assurer sa pérennité, sa
durabilité. Dans beaucoup de cas, la réalité quotidienne
fait que les gens ne sont peut-être pas effectivement conformes au
sixième paragraphe de l'article 186, mais il ne m'apparaît pas,
à mesure que l'on montre du dynamisme et à mesure que l'on montre
qu'on a la capacité de croissance qu'on réalise, que l'on devrait
être sous le poids constant, l'épée de Damoclès,
comme l'a dit le député de Bertrand, d'une dissolution par
décret du ministre.
Je reviens à la situation particulière qui est devant
nous, ayant fait ces distinctions entre ce que le député
exprimait et ce que je viens d'exprimer. Je rejoins quand même le
député quant à savoir, au point de vue des
précédents, quelle serait l'attitude de la
fédérée si des coopératives locales commencent
à arriver ici par autobus pleins, sous prétexte qu'elles sont en
train de faire affaires, quant à la moitié de leur chiffre
d'affaires, avec des gens qui ne sont pas membres et, donc,
littéralement... C'est le nombre qui va ouvrir la brèche. Je ne
pense pas que le cas spécial qui est devant nous crée, comme tel,
un précédent. Je pense que l'on reconnaît une situation de
fait. Ce n'est pas une indication que le gouvernement est en train de changer
d'attitude ou que notre Parlement remet en cause la formule coopérative
et est prêt à ouvrir les vannes pour que la coopération
pure disparaisse avec le temps. Ce n'est pas cela, mais j'aimerais quand
même savoir si les porte-parole de la fédérée ont
une opinion quant à leur attitude à venir si on avait d'autres
demandes de cette nature.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. M. Dumais, je vous cède la parole pour répondre, bien
sûr, aux inquiétudes exprimées par le député
de Bertrand et le ministre de l'Industrie et du Commerce. (22 heures)
M. Dumais: Peut-être que je pourrais commencer, dans un
premier temps, par une tentative de réponse à la question
pourquoi est-ce qu'on ne se transforme pas en compagnie, purement et
simplement, si on désire échapper à la règle de
faire plus de 50 % de nos affaires avec nos membres? Je pense que les
agriculteurs répondraient à cela, très spontanément
que, quant à eux, le caractère coopératif de l'entreprise
n'est pas simplement lié à cette règle. Pour eux, le
caractère coopératif est également bien lié au fait
que, dans une coopérative, - et c'est toujours la règle dans la
Coopérative fédérée - en tout cas è la base
de la pyramide, le principe démocratique: un homme un vote
prévaut sans égard au capital investi dans l'entreprise. C'est un
élément central de toute philosophie coopérative et je
pense que les agriculteurs tiennent à cette réalité.
D'autre part, comme vous le savez, dans une coopérative, les
surplus d'administration sont redistribués aux sociétaires de la
coopérative sur la base du volume des affaires transigées entre
les membres de la coopérative. C'est, à l'heure actuelle, la
règle qui prévaut tant dans les coopératives locales que
dans la fédération. Je pense que les agriculteurs tiennent
à cela aussi.
Troisièmement, les coopératives agricoles ayant
été créées par les agriculteurs pour les
agriculteurs, une autre disposition qui fait qu'ils ne voudraient pas se
transformer en compagnie c'est que le capital è ce moment-là
étant achetable par n'importe qui, le contrôle de l'entreprise
pourrait fort bien échapper aux agriculteurs. Donc, eu égard aux
faits, le principe coopératif: un homme un vote, distribution des
surplus sous forme de ristournes et contrôle garanti par les agriculteurs
qui sont les seuls habilités à voter dans les assemblées
et à participer au conseil d'administration, toutes ces raisons militent
pour conclure que les agriculteurs n'ont aucune intention de transformer ni les
coopératives locales ni la Coopérative
fédérée en des institutions de type corporatif ordinaire
plutôt que dans des institutions coopératives comme c'est le cas
présentement.
De plus, qu'est-ce qui garantit que cette demande ne fera pas parvenir
à l'Assemblée nationale une avalanche de demandes dans le
même sens? Effectivement, je pense qu'on ne peut pas contourner cela.
C'est le caractère particulier de la Coopérative
fédérée qui nous fait dire que ce n'est pas une
philosophie générale qu'on prône, mais une façon de
régler le problème particulier qu'on vit. Le problème
particulier qu'on vit est de deux ordres. Premièrement, je connais peu
de coopératives placées dans une situation comme la nôtre
qui, faisant affaire avec un agriculteur, seraient réputées ne
pas faire affaire avec un membre. En réalité, c'est cela.
Étant donné que,
formellement, ce sont les coopératives locales qui sont nos
membres, lorsqu'on transige avec un agriculteur, on n'est pas
réputés faire affaire avec nos membres. Cela nous place donc dans
une situation tout à fait particulière.
Un autre élément qui est particulier à notre
situation, c'est qu'on ne peut pas recruter des membres ailleurs que chez les
coopératives locales ou les agriculteurs. S'il s'agit d'une
coopérative autre qu'une coopérative agricole qui dirait avoir
des problèmes à réaliser 50 % d'affaires avec ses membres,
la réponse bien simple à lui faire serait: Recrutez chez vos
clients, vous n'avez pas d'obstacles à le faire. Tandis que nous, par
définition, étant donné le caractère agricole de la
coopérative, nous ne pouvons pas le faire. Ceci démontre que nous
sommes vraiment en présence d'un cas tout à fait particulier.
Si vous nous demandez, advenant qu'une autre coopérative demande
à échapper à la règle des 50 %, M. le ministre,
quelle serait notre attitude, j'imagine qu'à ce moment-là vous
avez en tête des coopératives agricoles locales et non pas
d'autres sortes de coopératives. Du côté des
coopératives agricoles locales, il est sûr qu'on peut dire
qu'avant de recourir à une mesure aussi draconienne que de modifier une
loi ou de modifier la Loi sur les coopératives qui les régissent,
les coopératives locales ont, par rapport à la Coopérative
fédérée, l'immense avantage de pouvoir recruter elles
aussi chez leurs clients. Le problème pour nous est que quelqu'un qui
nous livre du porc n'est pas un de nos membres, tandis qu'une
coopérative locale qui vend de la moulée à un producteur
de porc qui n'est pas membre chez elle, on peut toujours lui dire: Si tu as un
problème à rencontrer tes 50 %, va recruter des agriculteurs.
Toi, tu peux le faire. C'est dans ton mandat de recruter tous les agriculteurs.
C'est bien sûr qu'il y a un certain nombre de coopératives
agricoles locales qui ont aussi des problèmes avec cette règle
des 50 %. Cependant, il y a des assouplissements qui ont pu être
apportés à la façon d'interpréter la
modalité de calcul des 50 %. On peut en prendre un exemple avec le
nouveau plan conjoint du lait. Il arrive que du lait soit livré à
une usine coopérative par la Fédération des producteurs de
lait du Québec plutôt que par un producteur individuel.
Autrefois, quand cette chose est apparue, c'était
réputé que la coopérative ne faisait pas affaires avec des
agriculteurs, là non plus, quand elle recevait des livraisons de lait
provenant de la Fédération des producteurs de lait du
Québec. Or, la réglementation dans ce sens a été
modifiée pour tenir compte que même lorsque le lait passe par la
fédération, il provient en fin de compte des agriculteurs. La
réglementation a été modifiée pour faire en sorte
que les règles de calcul permettent de comptabiliser ces
activités comme faisant partie des activités avec les membres.
Donc, il y a toutes sortes d'avenues pour régler des problèmes
que pourrait avoir une coopérative agricole locale avec cette
règle, autre que de modifier des lois. Donc, c'est parce que vraiment la
Coopérative fédérée est dans une situation tout
à fait particulière qu'on demande cette modification et comme on
le signale dans notre document, on ne nous dit pas qu'il semble souhaitable
qu'en général les coopératives soient dispensées de
cela étant donné qu'elles, elles peuvent régler le
problème en recrutant de nouveaux membres. C'est vraiment parce qu'on
est dans une situation particulière qu'il faut faire en sorte qu'on
continue d'être de moins en moins une PME avec notre 1 200 000 000 $ de
chiffres d'affaires.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Bertrand.
M. Gameau: Avec votre permission.
Le Président (M. Charbonneau): M.
Garneau, vous auriez quelque chose à ajouter?
M. Garneau: Avec votre permission, j'aimerais ajouter deux points
aux propos de M. Dumais. C'est qu'à ma connaissance, étant
moi-même conseiller juridique du mouvement coopératif depuis dix
ans et ayant travaillé de près au projet de loi, et à la
Loi sur les coopératives comme telle, je pense qu'il y a quand
même un principe que toutes les coopératives reconnaissent: les 50
%, je ne suis pas du tout inquiet que des coopératives... Les
coopératives ne remettent pas en question les 50 %. Je pense que ce
qu'ils peuvent discuter parfois c'est ce qui concerne la définition du
mot "opération"; je pense qu'il n'est pas question pour les
coopératives agricoles de remettre en cause cette disposition permettant
au ministre de dissoudre éventuellement une coopérative qui ne
ferait pas 50 % de son chiffre d'affaires. Quelques-unes ont peut-être
parfois des dispositions ou peuvent, à un moment donné, poser des
questions sur la définition du mot "opération" qui demeure quand
même sous le contrôle du gouvernement par une voie
réglementaire puisqu'il est prévu que la définition du mot
"opération" est déterminée par règlement.
En principe, je pense qu'il n'y a aucune coopérative agricole qui
remette en cause le principe des 50 %. Il pourrait arriver à un moment
donné que certaines représentations soient faites pour savoir, -
c'est là un très bon exemple, avec les nouveaux arrangements avec
les plans conjoints dans le domaine du
lait où par fiction les fédérations, les
producteurs... le lait est fourni aux coopératives par la
fédération - et on peut se poser la question, est-ce que le lait
est vraiment fourni, est-ce qu'il s'agit de transactions faites avec des
membres de coopératives? Il s'agit essentiellement de questions sur le
sens du mot "opération". On se rappellera qu'en vertu de la Loi sur les
coopératives, c'est le lieutenant-gouverneur en conseil qui peut
déterminer et préciser ce que sont les opérations avec les
membres sur lesquelles la coopérative doit faire au moins 50 %.
Autre point que j'aimerais ajouter là-dessus. Il ne faut pas
oublier que nous sommes - avec votre permission - dans le cadre d'un projet de
loi privé, pour amender un projet de loi privé qui est la Loi sur
les coopératives, la Loi modifiant la Loi refondant la charte de la
Société coopérative fédérée des
agriculteurs de la province de Québec. Anciennement nous étions
régis en vertu de l'article 3 où on disait: à moins de
dispositions contraires de notre loi privée, c'est la Loi des
sociétés coopératives agricoles qui régit la
Coopérative fédérée de Québec.
À l'intérieur de cette Loi des sociétés
coopératives agricoles, il n'existe aucune disposition quant aux 50 %.
Je ne croîs pas que, dans notre demande, en tant que requérant, il
s'agisse d'une exemption. C'est plutôt la continuation de ce qui nous est
reconnu dans les lois actuelles qui nous régissent. Quant à moi,
le paragraphe 6 de l'article 186 ne s'applique pas à la
Coopérative fédérée de Québec actuellement.
Nous sommes très intéressés à nous adapter et je
pense que la refonte de la loi sur les coopératives agricoles est
très intéressante et très adaptée à la
réalité. On essaie de s'y insérer, mais tout en conservant
vraiment notre caractère particulier.
En conclusion, je crois que notre demande d'être exemptés
du paragraphe 6 de l'article 186 ne résulte que d'un cas particulier
qu'est la Coopérative fédérée de Québec au
sein du mouvement coopératif.
Le Président (M. Charbonneau): Merci. M. le ministre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, M. le Président.
J'allais précisément intervenir dans le même sens que les
dernières remarques de M. Garneau. Le conseiller juridique me faisait
remarquer qu'effectivement, è ma question à savoir si, dans le
fond, vous aviez besoin de venir ici pour échapper à la
règle du 50 %, la réponse est non.
En ne venant pas devant nous traiter de cet aspect, vous demeurez,
à cause de votre statut et de l'époque à laquelle vous
avez été incorporés, sujets à l'ancienne loi qui
n'avait pas cette règle du 50 %. Sauf que, à l'occasion de cette
loi privée, afin de pouvoir s'harmoniser avec les dipositions de la
nouvelle loi, la fédérée en profite pour continuer et pour
reconduire le pouvoir qu'elle a de faire affaire avec des gens pour
au-delà de 50 % de son chiffre d'affaires, conformément à
sa charte originale et à la loi qui pourrait continuer à la
régir. Elle a choisi, si je comprends bien, d'être maintenant
régie par la nouvelle loi, à bien des égards, et d'en
profiter pour, malgré tout, se protéger, si on veut, ou pour
protéger la situation de fait à laquelle elle était
déjà habilitée en vertu de sa loi constitutive ou de sa
charte spéciale. Dans un sens, c'est un précédent qui n'en
est pas un, finalement.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, je comprends
très bien les explications qui sont données et je n'ai pas
l'intention de m'étendre plus longuement sur le sujet. Toutefois, vous
comprendrez que les propos du ministre supposent que la coopérative a
des droits acquis et que, un peu en fonction de ces droits acquis, elle veut
les voir reconfirmés dans le projet de loi 212.
Moi, je veux bien et je pense que c'est une situation à laquelle
on doit faire face. Il ne s'agit pas de vous enlever quoi que ce soit. Il
s'agit, face à l'avenir, de prémunir contre... Je souhaiterais
qu'on puisse prévenir que d'autres types de coopératives puissent
se retrouver dans une situation semblable, car les règles du
marché ou les règles du jeu changent avec tout ce qui se passe
actuellement dans l'évolution du marché. Cela fait en sorte que,
par la formule de membre associé, vous vous retrouvez dans une situation
qui n'était pas nécessairement prévisible.
À la suite des explications que le ministre et vous-mêmes
nous avez données, et que j'accepte fort bien, pour ce qui est de fermer
la porte à d'autres coopératives pour ne pas nous faire dire, un
jour ou l'autre: De toute façon, vous avez accordé un
privilège particulier en faisant sauter le sixième paragraphe de
l'article 186 de la Loi sur les coopératives, je proposerais - et je
n'en fais pas un amendement à ce stade-ci -pour fins de discussion
finale sur cet article, qu'on essaie de parapher quelque chose au paragraphe 6
qui viendrait bien circonscrire votre situation. On pourrait dire un peu
ceci... Pour autant que, après le dernier paragraphe, on fasse sauter le
paragraphe sixième de l'article 186, la Loi sur les coopératives
ne s'applique pas à la société dont on parle, pour autant
qu'on respecte tel genre... Je ne sais pas de quelle façon on pourrait
le formuler, mais ce dont je
voudrais m'assurer, c'est qu'on ferme la porte pour que ce qui est le
cas unique actuellement et qu'on ne se ramasse pas dans une situation de fait
où on devra ouvrir la porte à d'autres. C'est juste cela. (22 h
15)
Si de la façon dont c'est mentionné, c'est suffisamment
sécuritaire, je dis "procédons"; c'est une mise en garde, une
préoccupation. Si on est capable d'introduire quelques mots additionnels
qui viendraient confirmer... Ce que j'avais particulièrement en
tête, cela aurait été cette dimension de coopérative
affiliée que vous avez et qui fait en sorte que, lorsqu'une
coopérative locale fait affaire avec un agriculteur, il ne faut pas
nécessairement passer par la fédérée ou être
membre de la fédérée. Alors, il y a toutes ces
coopératives dites de dimension des coopératives
affiliées. 3e me demande, à cause de votre statut très
particulier, s'il n'y aurait pas lieu de spécifier pourquoi on fait
sauter le paragraphe 6 de l'article 186 dans votre cas, pour autant qu'on
respecte tel genre de norme, ce qui fermerait la porte à d'autres.
J'en fais une suggestion, sans pour autant en faire un amendement, pour
nous assurer face à l'avenir. Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que cela va? Est-ce
qu'il y a d'autres commentaires sur l'article 2?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II y aura des commentaires sur
les commentaires du député de Bertrand.
Le Président (M. Charbonneau): Allons-y, nous sommes bien
partis.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Compte tenu de tout ce qui a été exprimé quant aux
raisons très précises pour lesquelles l'article 2 de la loi 212
est requis dans l'esprit et dans les faits de la Coopérative
fédérée, je vois qu'on a circonscrit, d'une façon
assez extraordinaire, le "précédent" - entre guillemets - que
semble évoquer le député de Bertrand.
J'ai cru comprendre, à un moment donné, qu'il souhaitait
qu'à l'occasion de l'étude de ce projet de loi 212 on amende la
Loi sur les coopératives, chapitre C-67.2. Je ne pense pas - je
surveille les conseillers juridiques de l'oeil - qu'à l'occasion de
l'étude d'un projet de loi privé l'on puisse ajouter des
dispositions qui iraient amender une loi d'ordre général. Alors,
je pense que le temps, le règlement, l'horaire de la session et tout ce
que vous voulez nous empêcheraient de nous rendre au voeu exprimé
par le député de Bertrand.
Je reviens à ma remarque initiale. Il n'y a pas
précédent dans ce cas-ci, parce que nous reconduisons, je dirais
de façon un peu, par analogie, mot à mot, les dispositions qui
régissent déjà et depuis 60 ans ou à peu
près - depuis fort longtemps, de toute façon - la
Coopérative fédérée de Québec. Dans ce sens,
le deuxième paragraphe du nouvel article 3 de la Loi refondant la charte
de la Société coopérative fédérée des
agriculteurs de la province de Québec n'est pas exorbitant, bien au
contraire; c'est un article, M. le député de Bertrand - vous avez
entendu le terme depuis 24 heures - de concordance.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que cela va? I! n'y
a plus de commentaires sur l'article 2? Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Adopté.
M. Parent (Bertrand): C'est adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Bon, il y a deux articles
d'adoptésl
Le Président (M. Charbonneau):
L'article 3, ce qui va nous permettre d'aller à l'autre page. Il
se lit de la façon suivante: "L'article 4 de cette loi est
remplacé par le suivant... Le nouvel article 4 se lirait ainsi: "La
société a son siège social dans la ville de
Montréal ou à tout autre endroit au Québec que
prévoit le règlement de l'assemblée
générale. "Toutefois, la société peut, dans les
limites du district judiciaire de Montréal, changer l'adresse de son
siège social par règlement du conseil d'administration." Est-ce
que cela va? M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): C'est peut-être très
technique, sauf que je me demande pourquoi on n'a pas dit tout simplement: La
société aura son siège social au Québec. On
spécifie que c'est dans la ville de Montréal ou n'importe
où ailleurs au Québec. J'imagine qu'il y a une raison très
particulière, mais, habituellement, ce qu'on retrouve, c'est un article
conventionnel qui dit que la société aura son siège social
au Québec.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je vais me risquer à
répondre à ce moment-ci. C'est qu'on doit fixer comme
siège social un endroit, une ville, une municipalité
particulière. En tout cas, de mémoire, c'est ce qu'on doit faire
dans la loi qui régit les corporations commerciales. Par analogie ou par
concordance, encore une fois, on doit le faire ici une fois pour toutes. S'il y
a changement de siège social, cela prend, en
général, un règlement d'une assemblée
générale. Donc, les statuts de la compagnie fixent la
municipalité où se trouve le siège social. Par ailleurs,
pour changer l'adresse civique, le numéro de la rue, si on
déménage à l'intérieur de la même
municipalité, la règle est plus souple et permet un
règlement du conseil d'administration, finalement, une simple
résolution comme on l'entend dans le droit des sociétés
commerciales. C'est la réponse que je risque à ce moment-ci et
qui est appelée par les analogies qu'on peut tirer du droit qui
régit les sociétés commerciales.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que cette
explication convient au député de Bertrand?
M. Parent (Bertrand): Si l'explication est exacte, j'y
adhère.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que l'éminent
juriste pourrait ajouter quelque chose?
M. Parent (Bertrand): Vous pouvez contredire le ministre. Ne vous
gênez pas.
M. Garneau: La raison de cela. Encore là, il faut se
rappeler l'historique de la Coopérative fédérée de
Québec. La loi date de 1922. À l'époque, je n'étais
pas là, mais on m'a dit que c'était une loi qui était
très politique. Cette loi regroupait trois fédérations qui
existaient. Ces fédérations avaient comme aumôniers des
congrégations différentes. Le ministre de l'Agriculture de
l'époque assistait régulièrement aux assemblées
générales. On avait donc prévu dans cette loi des
règles très précises. Entre autres, notre article actuel
prévoit que le siège social de la Coopérative
fédérée de Québec, par loi, est à
Montréal. Ce que j'ai voulu faire, c'est d'apporter des modifications.
Le seul but est d'adapter cet article à l'actuelle Loi sur les
coopératives pour s'y conformer. Les articles 33 et 34 de cette loi
prévoient, à quelques mots près, que le district
judiciaire peut être déterminé par l'assemblée
générale, mais qu'à l'intérieur du district
judiciaire, le conseil d'administration peut décider de l'adresse. Le
seul but recherché, c'est d'avoir une législation précise
sur ces matières, relativement à la loi actuelle sur les
coopératives.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, je note
que la réponse que j'ai risquée était presque
entièrement vraie.
M. Parent (Bertrand): Je dois noter qu'on doit prendre la parole
des procureurs. Ni le ministre, ni moi-même n'étions
présents en 1922. Nous y adhérons.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je présume que
l'éminent juriste qui vient de nous conseiller ne devait pas être
là, non plus, en 1922.
Sur ce, est-ce que l'article 3 est adopté?
M. Parent (Bertrand): Adopté.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien. Article
4. L'article 4 se lit de la façon suivante: "Cette loi est
modifiée par l'insertion, après l'article 18, du suivant: 18a: La
société peut, par règlement du conseil d'administration,
prévoir une ou plusieurs catégories de membres auxiliaires,
déterminer les conditions d'admission de ces membres, ainsi que leurs
droits et obligations et les rattacher à une section. "Les membres
auxiliaires n'ont pas droit de vote et ne sont éligibles à aucune
fonction et ils sont exclus du calcul du nombre de
délégués auquel a droit une section."
M. Parent (Bertrand): M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va?
M. Parent (Bertrand): J'imagine que cette notion de nouvelle
catégorie de membre est acceptée aussi par l'assemblée
générale ou par tous les membres qui sont d'accord avec cette
formule? Est-ce exact? Je n'ai pas d'autre question, M. le
Président.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est seulement pour savoir. Je
ne suis pas un spécialiste de tous les détails de la Loi sur les
coopératives. Est-ce que cela existe pour les coopératives
ordinaires ou locales?
M. Garneau: Effectivement, cela existe. Le problème, c'est
qu'en demandant le statut de fédération, au sens de la Loi sur
les coopératives, selon les juristes et les légistes, une
fédération ne peut pas avoir de membres auxiliaires. Cet article
est à peu près la reproduction conforme de l'article 52 de la Loi
sur les coopératives, qui prévoit qu'une coopérative peut
avoir des membres auxiliaires.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Très bien.
Le Président (M, Charbonneau): Cela va? L'article 4 est-il
adopté?
M. Parent (Bertrand): Adopté.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Adopté.
Le Président (M. Charbonneau):
L'article 5. L'article 5 se lit de la façon suivante. "L'article
19 de cette loi est modifié: 1° par le remplacement de la partie qui
précède le paragraphe a par ce qui suit: "19. En outre des
pouvoirs que peut exercer une fédération régie par la Loi
sur les coopératives, la société peut notamment: "2°
par le remplacement du paragraphe o par les suivants: "o) retenir, pour le
remboursement de toute créance qu'elle détient contre une
personne, les sommes qu'elle peut lui devoir et en opérer compensation;
"p) fusionner avec une ou plusieurs coopératives ou absorber une ou
plusieurs coopératives, conformément à la Loi sur les
coopératives."
M. Parent (Bertrand): Est-ce qu'on pourrait avoir un peu
d'explications parce que c'est assez technique?
M. Garneau: La première explication, c'est que le
préambule de l'article auquel on fait référence, c'est
simplement pour l'adapter. Le préambule en question dit: "En outre des
pouvoirs qui lui sont conférés par la Loi des
sociétés coopératives agricoles, la société
peut...". Il s'agit d'adapter ce préambule, maintenant qu'on demande
d'être régis par la nouvelle Loi sur les coopératives.
Alors, "En outre des pouvoirs que peut exercer une fédération
régie par la Loi sur les coopératives, la société
peut notamment...". Dans notre loi actuelle, il existe une série de
pouvoirs nommément désignés. Il y a effectivement,
jusqu'à o, peut-être une vingtaine de pouvoirs précis qui
sont désignés, et on vaudrait conserver ces pouvoirs qui sont
actuellement dans notre loi. La première partie de l'amendement vise
simplement à adapter le préambule.
Au paragraphe 2, en remplacement du paragraphe o, encore là il
s'agit simplement d'un amendement de concordance puisqu'il existe dans notre
loi la disposition actuelle: "Une coopérative peut, entre autres - la
coopérative fédérée - ...retenir pour le
recouvrement de toute créance qu'elle détient contre un de ses
sociétaires ou usagers, à quelque titre que ce soit, les deniers
qu'elle peut devoir à titre d'intérêts, de ristournes ou
pour toute autre considération." Ce pouvoir, comme il est
consacré également dans la Loi sur les coopératives dans
une version un peu différente, mais qui, à mon sens, est à
peu près identique dans l'esprit, nous avons simplement" voulu
reproduire le texte intégral de la Loi sur les coopératives,
à ce sujet. En fait, le nouveau paragraphe 2 suggéré,
c'est le texte, à la virgule près, de la Loi sur les
coopératives. Il s'agit de l'article 27, paragraphe 6 , de la Loi sur
les coopératives actuelle.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va, M. le
député de Bertrand?
M. Parent (Bertrand): Vous remplacez le paragraphe o de l'article
19 actuel et la dimension que l'on retrouvait dans l'original de votre loi
était: "...retenir pour le recouvrement de toute créance qu'elle
détient contre un de ses sociétaires..." Alors, toute la
dimension de "sociétaires" que vous retrouvez d'ailleurs dans d'autres
articles, toujours l'article 19, pour prendre un exemple, à o, vous la
sautez par esprit de concordance, sauf que vous conviendrez avec moi que,
toujours à l'article 19 de votre présente loi, vous demeurez avec
la notion de "sociétaires" que vous gardez.
M. Gameau: Je m'excuse. J'aimerais peut-être vous relire le
texte. Il y a la notion de "sociétaires" qu'on emploie dans notre loi.
C'est pour cela que l'on dit: "...retenir pour le recouvrement de toute
créance qu'elle détient contre un de ses sociétaires ou
usagers...". Je pense que le mot "usagers", dans notre loi actuelle, comprend
à peu près toute personne avec qui l'on fait affaire. C'est pour
cela que, quant à moi, je considère qu'utiliser "contre une
personne". Je pense que le terme "usagers" signifie toute personne autre qu'un
sociétaire avec qui on fait affaire ou avec qui on est en relation
d'affaires. On a tout simplement voulu se coller à la loi actuelle. Je
le répète, je pense qu'à notre article 19.0, on dit:
"Retenir pour le recouvrement de toute créance qu'elle détient
contre un de ses sociétaires ou usagers...".
M. Parent (Bertrand): Alors, vous remplacez "sociétaires
et usagers" par "personne".
M. Garneau: C'est simplement le texte de la nouvelle Loi sur les
coopératives.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va?
M. Parent (Bertrand): Oui, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que l'article 5 est
adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. Garneau voulait
peut-être ajouter quelque chose sur p.
M. Garneau: Quant à la troisième question:
"...fusionner avec une ou plusieurs coopératives ou absorber...", encore
là, au sens de l'actuelle Loi sur les coopératives,
une fédération ne pourrait pas fusionner ou absorber une
coopérative. Dans la réalité, il se peut que cela arrive
à l'occasion. Nous l'avons fait à certaines occasions, mais nous
avons fait un achat d'actifs très compliqué et on demande que,
même si nous sommes une fédération, nous puissions avoir le
pouvoir de fusionner avec une ou plusieurs coopératives, ou utiliser la
fusion par absorption. (22 h 30)
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? Est-ce que
l'article 5 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. L'article 6.
On me signalait qu'il n'était pas nécessaire de procéder
à la lecture, à moins qu'il y ait des demandes
particulières. Est-ce qu'il y a des questions à l'égard de
l'article 6?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): J'aurais juste une question. Le
mot "actions" m'a frappé. Dans les coopératives, j'avais toujours
compris que ce n'étaient pas des actions, mais plutôt des parts
sociales qu'on avait.
M. Garneau: Disons que, là-dessus, c'est toujours le
problème. On fonctionne avec notre loi, qui est une loi privée,
et toute l'utilisation... On ne parle pas de parts; dans toute la loi, on parle
d'actions. Notre charte, actuellement...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Dans votre cas, c'est cela.
C'est vraiment un cas spécial, M. le député de Bertrand,
ne trouvez-vous pas?
M. Parent (Bertrand): Tout est spécial ce soir, M. le
ministre.
Le Président (M. Charbonneau): Même l'heure est
spéciale. C'est vrai qu'il est de bonne heure. Cela va?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela va. On me fait remarquer
que, pour corriger le fait que depuis mille neuf cent tranquille, dit-on,
depuis 60, 70 ou 80 ans, lorsque la première loi sur les
coopératives a été adoptée, il était
question d'actions et que depuis, on a évolué. Maintenant, on
parle de parts sociales. Dans le cas qui nous préoccupe, il aurait
fallu, à l'occasion de la loi 212, reprendre partout où le mot
"actions" apparaît dans la charte de la fédérée,
faire un amendement pour changer le mot "actions" par les mots "parts
sociales", alors qu'il était beaucoup plus simple - cela se produit
rarement, je l'ai vu juste à un endroit, peut-être à un
deuxième - de se conformer à l'usage que ces gens-là
vivent depuis 1922, en utilisant le mot actions là où on doit
parler de la participation ou de la forme de participation du sociétaire
à la Coopérative fédérée. Pragmatisme!
Le Président (M. Charbonneau): Sur cette belle phrase,
est-ce que l'article 6 est adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Adopté.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. À
l'article 7, il y a un amendement.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Que je propose, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): Que le ministre propose.
L'amendement est le suivant: À la dernière ligne de
l'alinéa a du paragraphe 1° de l'article 7, insérer,
après le mot "assemblée" le mot "générale", ce qui
ferait, je présume, assemblée générale.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je n'ai pas de question, M. le
Président.
M. Parent (Bertrand): Je m'excuse, M. le Président.
L'amendement prévoyait les mots "assemblée
générale" au lieu d'"assemblée". C'est exact?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est cela.
Le Président (M. Charbonneau): C'est cela.
M. Parent (Bertrand): Cela va pour l'article 7.
Le Président (M. Charbonneau):
L'amendement et l'article?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
L'amendement, d'abord, adopté.
M. Parent (Bertrand): Adopté.
Le Président (M. Charbonneau):
L'article 7 tel qu'amendé?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Adopté.
M. Parent (Bertrand): Adopté. Vous n'allez pas assez vite,
M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Je peux régler votre
problème rapidement. L'article 8. Pas d'objection? Adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Adopté.
M. Parent (Bertrand): Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien. L'article
9. Adopté?
M. Parent (Bertrand): Si vous avez des commentaires particuliers,
il ne faut pas vous gêner.
Le Président (M. Charbonneau): On est en famille.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela me va, M. le
Président, de constater qu'on ne peut pas dépasser 100 % des
unités auxquelles une association ou une section a droit d'après
le nombre de ses sociétaires quoique présumément on se
donne la peine d'insérer cela parce qu'il y a des modes de calcul qui
pourraient laisser soupçonner qu'on excéderait 100 % par le jeu
du nombre de sociétaires alors qu'il est évident qu'on doit
rétablir l'équilibre d'une véritable participation aux
affaires pour déterminer le nombre d'unités. C'est finalement le
chiffre d'affaires qui fait foi du nombre d'unités.
C'est adopté quant à moi, M. le Président.
M. Parent (Bertrand): C'est adopté.
Le Président (M. Charbonneau):
L'article B est adopté. Article 9?
Une voix: C'est celui-là qu'on vient d'adopter.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est ce qu'on vient de faire,
M. le Président. On va trop vite pour vous.
Le Président (M. Charbonneau): Vous êtes plus vite
que moi, très bien. Adopté.
Article 10. Il y a un amendement qui se lit comme suit...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Que je propose, M. le
Président.
Le Président (M- Charbonneau): Que vous proposez dans
votre grande générosité, M. le ministre. À la
deuxième ligne du premier alinéa de l'article 37b, insérer
après le mot "règlement", les mots "de l'assemblée
générale".
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est plein de bon sens, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): C'est en toute logique, je
présume.
M. Parent (Bertrand): C'est plus clair.
Le Président (M. Charbonneau): C'est plus clair.
M. Parent (Bertrand): L'amendement est adopté.
Le Président (M. Charbonneau):
L'amendement est adopté.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est plus clair parce que le
règlement pouvait faire référence... On l'a vu dans
l'article 4, où il peut également y avoir des règlements
du conseil d'administration. Alors, il fallait savoir de quel règlement
il s'agissait, je présume.
Le Président (M. Charbonneau):
L'article 10 tel qu'amendé est-il adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Adopté.
M. Parent (Bertrand): Adopté.
Le Président (M. Charbonneau):
L'article 11 qui modifie l'article 65 de la loi. Oui, M. Garneau.
M. Garneau: Avec votre permission, il s'agit simplement des
articles textuels à l'intérieur de notre loi actuelle. C'est
simplement d'adapter aux membres la notion de membres auxiliaires. Dans le
fond, ce qu'on ajoute, c'est simplement de pouvoir inclure maintenant le membre
auxiliaire.
Le Président (M. Charbonneau): Avec ce qu'on a fait
tantôt.
M. Garneau: C'est une concordance avec ce que la commission a
fait tout à l'heure.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? L'article 11
est-il adopté?
M. Parent (Bertrand): Adopté.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Article 12? Même type
de concordance?
M. Garneau: Oui.
Le Président (M. Charbonneau): L'article 12 est-il
adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On voit le mot "actions"
revenir, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Cela n'a pas l'air de vous
troubler trop.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, pas du tout.
M. Parent (Bertrand): C'est adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): L'article 12 est
adopté. Article 13? Article de concordance.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): L'article 13 est-il
adopté?
M. Parent (Bertrand): Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Article 14?
M. Parent (Bertrand): Pourquoi insère-ton l'article
68a?
M. Garneau: Pour la raison suivante: Encore là, si on
prend la nouvelle loi sur les coopératives, incluant les
fédérations, seules les coopératives agricoles ont droit
à ce que j'appellerais une liquidation intéressée,
c'est-à-dire que si jamais il y a surplus après paiement des
dettes et après remboursement des parts sociales, le surplus est
distribué aux membres. Seules les coopératives agricoles ont ce
droit à l'intérieur de la Loi sur les coopératives
actuelle. Comme nous sommes à caractère agricole, nous demandons
qu'à titre de fédération, nous ayons le même
pouvoir, pouvoir également que nous avons. Il ne s'agit pas quant
à nous d'un précédent, puisque si on se rappelle à
l'article 3 de notre loi actuelle, on dit qu'à moins de dispositions
contraires, c'est l'ancienne loi sur les coopératives agricoles qui
s'applique et dans le cadre de cette loi sur les coopératives agricoles,
était prévue la liquidation intéressée. C'est
à quelques mots près.
Quant au texte de l'article 68a, c'est le texte même, avec
quelques adaptations nécessaires du fait de la société, de
la fédération, qu'on retrouve dans la section des
coopératives agricoles à l'article 208 de l'actuelle Loi sur les
coopératives. Encore là, il s'agit d'une demande, quant à
nous, de conserver cette notion que nous avons dans la loi actuelle.
M. Parent (Bertrand): Quand vous mentionnez, au deuxième
paragraphe de l'article 68a, que les sociétaires peuvent toutefois
décider d'en remettre le tout ou une partie, est-ce que cela prendrait
une résolution techniquement parlant? Comment les sociétaires
pourraient-ils décider d'en remettre autant à la
fédération qu'à une coopérative? Est-ce que cela se
ferait par voie de résolution ou comment cela pourrait-il se faire?
M. Garneau: Quand à moi, si on retourne a la Loi sur les
coopératives, c'est le texte identique... On a prévu la
formulation. Si on prend l'article 208 de l'actuelle Loi sur les
coopératives, effectivement on a la même disposition; au
deuxième paragraphe on dit que les membres peuvent toutefois
décider d'en remettre le tout ou une partie à une autre
coopérative agricole ou à la Coopérative
fédérée de Québec, Selon les règles
d'interprétation, je pense qu'il s'agirait d'une résolution de
l'assemblée générale de la coopérative en
liquidation qui déciderait, à ce moment-là, si elle
partage les surplus entre ses membres ou si elle les donne à une autre
coopérative ou à une autre fédération.
M. Parait (Bertrand): Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va pour vous?
Est-ce que l'article 68... l'article 14, pardon...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vous allez vraiment vite, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): 68... mon oeil...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cinq fois trop vite.
Le Président (M. Charbonneau): ...mon oeil a sauté
rapidement aux conclusions que l'article 14 avait bien...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vous avez l'oeil vagabond, M.
le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Si peu. Cela va? L'article
14 est-il adopté?
M. Parent (Bertrand): Adopté.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Ce qui fait en sorte qu'on
ajoute un paragraphe 68a à l'article 68 de la loi.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Voilà! Le
Président (M. Charbonneau): Voilà:
Le Président (M. Charbonneau): Article 15?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté? On ne fera
pas de discussion sur la clause "nonobstant".
Le Président (M. Charbonneau): II n'y en a pas.
Le Président (M. Charbonneau): Dommage.
M. Johnson (Vaudreuii-Soulanges): Vous êtes un romantique,
un nostalgique, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que le titre du
projet de loi...
M. Parent (Bertrand): M. le Président? Le
Président (M. Charbonneau): Oui?
M. Parent (Bertrand): Est-ce qu'il serait possible d'avoir des
commentaires additionnels?
M. Johnson (Vaudreuii-Soulanges): Oui, oui.
M. Dumais: Vous avez peut-être autre chose à
compléter. On croyait que c'était terminé. On voulait
profiter de l'occasion pour remercier tous les membres de la commission
parlementaire du sérieux et de l'application avec lesquels vous avez
compte tenu des charges importantes que vous avez - étudié les
modifications qu'on vous demandait. On veut aussi en particulier remercier le
député de Prévost, M. Forget, qui est lui-même un
agriculteur et un artisan qui a longuement oeuvré au sein du mouvement
coopératif et qui a continué de manifester, même dans ses
nouvelles fonctions, l'attention qu'il portait au mouvement. On veut
évidemment remercier tant le parti au pouvoir que l'Opposition. L'un et
l'autre, d'après la perception qu'on en a, ont approché
l'étude de cette question d'une façon tout à fait non
partisane et, je pense, en ayant en tête les intérêts
généraux de l'ensemble du Québec et des agriculteurs du
Québec en particulier. Au nom de tout le mouvement coopératif -
vous comprendrez que dans de courts délais, on n'ait pas pu mobiliser
autant de monde pour assister à la commission parlementaire qu'on aurait
voulu - soyez assurés que les agriculteurs dirigeants de la
Coopérative fédérée suivaient de très
près cette commission et on vous remercie du travail que vous avez
fait.
Le Président (M. Charbonneau): Le secrétaire de la
commission me signale -avant que je cède la parole au ministre et au
député de Bertrand - que vous- avez répondu à une
invitation dans un délai assez rapide. Je crois qu'on a
communiqué avec vous à 17 heures ce soir pour vous demander
d'être ici à 21 heures. J'espère que vous avez
respecté les limites de vitesse. Nous présumons que cela a
été fait dans les règles. Nous constatons également
que votre lobby a été très efficace et très
instructif pour tout le monde.
Avant de donner la parole aux deux collègues, il reste deux
adoptions à faire. On est aussi bien de les faire maintenant,
après cela, je pourrai vous laisser la parole. (22 h 45)
D'abord, le titre du projet de loi, Loi modifiant la Loi refondant la
charte de la Société coopérative
fédérée des agriculteurs de la province de Québec,
est-il adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. Est-ce que
le projet de loi 212, projet de loi privé, est adopté tel
qu'amendé?
M. Johnson (Vaudreuii-Soulanges): Adopté.
M. Parent (Bertrand): Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien. M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Je reçois de la part des gens de la
coopérative de bons commentaires, à savoir que tout ceci s'est
passé dans l'ordre, sans partisanerie. Je vous dirai que lorsqu'il
s'agit des intérêts du Québec, des intérêts de
nos entreprises et de nos coopératives, je pense et je profite de
l'occasion pour dire qu'il faut que cela se fasse au-dessus de la partisanerie.
Le ministre est un peu animé de cette même philosophie, ce qui
fait en sorte que l'on pourrait être capable de progresser et de faire
avancer les choses. Je peux vous assurer que c'est la vision des choses de ce
côté-ci en ce qui regarde ces
éléments-là.
Autant qu'au nombre de personnes qui devaient être
présentes, on m'avait parlé de 200 à 250 personnes de la
coopérative. Vous comprendrez qu'on va avoir un surplus de café
et de champagne plus tard, mais on va inviter les autres membres de la
commission à se joindre à nous.
Cela m'a fait plaisir que vous puissiez nous donner les explications
nécessaires, parce que vous comprendrez que parfois, surtout lorsqu'on
arrive dans ces genres de projets de loi privés, c'est très
difficile pour nous d'avoir toute l'information nécessaire. Lorsque les
gens se présentent, ils nous la fournissent au fur et à mesure de
cette consultation qui se veut formelle par ses lois mais, autrement,
informelle. Cela nous permet de procéder assez rapidement dans
les projets de loi qui, autrement, pourraient s'allonger sur plusieurs
heures, voire plusieurs jours.
Alors, cela m'a fait plaisir d'y participer et j'espère qu'on
aura d'autres bonnes occasions de se rencontrer. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le
député de Bertrand. M. le ministre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, je
vaudrais remercier M. Dumais et M. Garneau d'avoir répondu si
rapidement, d'avoir fait preuve de tant de disponibilité, mais il faut
savoir que c'est une disponibilité intéressée, M. le
Président, dont il est ici question. Je remercie le député
de Bertrand de sa coopération. Il a souligné que tout s'est fait
sans partisanerie.
M. le Président, je fais un effort d'imagination
considérable pour attacher le grelot partisan à l'un quelconque
des articles du projet de loi 212 et je n'y arrive pas. C'est un de ces cas
où nous répondons à une demande finalement de nos
commettants, d'un groupement intéressé, un organisme, une
institution qui tente de régulariser et de moderniser sa situation. J'y
avais déjà été sensibilisé lors de ma
rencontre avec notamment M. Dumais et les gens, comme je le disais tout
à l'heure, qui l'accompagnaient, soit les dirigeants et les membres du
conseil d'administration de la Coopérative fédérée.
J'avais déjà à ce moment-là compris quel genre de
contrainte semblait peser dans un avenir passablement rapproché sur les
opérations ordinaires de cette extraordinaire coopérative qu'est
la fédérée.
En terminant, je dirai en reprenant ce que M. Dumais a dit tout à
l'heure en nous remerciant nous, les parlementaires, malgré nos charges
importantes, d'avoir pris le temps de parler du projet de loi 212: Remarquez,
bien honnêtement au nom de tous mes collègues qui sont ici des
deux côtés, que cela fait partie de nos charges importantes
précisément que d'être ici pour répondre aux
demandes que vous pouvez avoir dans la mesure où nos pouvoirs et
attributions se retrouvent ici en commission, ou autrement pour donner suite et
donner effet à vos demandes qui sont fort légitimes. C'est
précisément pour cela, M. Dumais et M. Garneau, que nous sommes
élus et on vous remercie de votre compréhension malgré
l'heure tardive et nous sommes heureux de vous permettre de retourner chez vous
avec la bonne nouvelle.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre, je vais
laisser le mot de la fin à notre collègue, le
député de Prévost, qui a parrainé avec tant de
douceur ce projet de loi.
M. Forget: Moi aussi je remercie M. Garneau et M. Dumais d'avoir
bien voulu défendre les intérêts des agriculteurs. Cela me
touche beaucoup. Mais il y a une chose qui n'a pas été
soulevée ce soir et pour laquelle la coopérative joue un
rôle immense, c'est concernant le marché extérieur. Vous
savez que la Coopérative fédérée est
impliquée dans le marché extérieur pour la vente des
produits des agriculteurs du Québec depuis 1949 et je peux vous dire que
l'an passé cela a représenté plusieurs millions de
dollars, entre autres des contrats avec le Japon. Cela, c'est au niveau du porc
abattu et également au niveau des fromages et de la poudre de lait. Pour
toutes les coopératives de la province de Québec qui fabriquent
de la poudre de lait ou des fromages, c'est la Coopérative
fédérée de Québec qui s'occupe du marché
extérieur.
Également, on a développé le marché à
l'intérieur du Canada. Je pense que la Coopérative
fédérée de Québec a commencé, si ma
mémoire est bonne, à vendre des produits à Toronto,
à Calgary et, je pense, à Vancouver. La Coopérative
fédérée de Québec continue à prendre de la
place au Canada et à l'étranger. Alors, c'est quand même
une entreprise qui est en place. Je suis très heureux que le projet de
loi ait été accepté. Je remercie le ministre- et le
député de Bertrand de leur appui. Je vous encourage fortement
à continuer au niveau de la coopération. Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Sur ce, à titre de
député d'une des plus belles régions agricoles du
Québec - j'ai probablement la plus prospère, la vallée du
Richelieu - la région de Richelieu-Yamaska, je vais ajourner les travaux
de la commission parlementaire de l'économie et du travail sine die. Bon
retour.
(Fin de la séance à 22 h 52)