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(Dix heures seize minutes)
Le Président (M. Charbonneau): La commission permanente de
l'économie et du travail reprend l'étude des crédits
budgétaires du ministère de l'Énergie et des Ressources
pour l'année financière 1986-1987. Est-ce qu'il y a des
remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, il y a un seul
remplacement: M. Filion (Taillon) est remplacé par M. Perron
(Duplessis).
Secteur des forêts
Le Président (M. Charbonneau): Bon! Je pense que nous
avions abordé l'étude du programme 4. La parole était au
député de Duplessis. Avant de lui céder la parole, je
voudrais m'excuser auprès des membres de la commission, du ministre et
de ses fonctionnaires du retard que je leur ai imposé à tous. M.
le député de Duplessis.
Utilisation de la forêt (suite)
M. Perron: Merci, M. le Président. Au programme 4,
élément 1, Planification de l'utilisation, le sujet que je
voudrais aborder brièvement, c'est la révocation des concessions
forestières qui est recommandée à l'intérieur de la
politique forestière. Je voudrais toucher spécifiquement le cas
de la Commonwealth Plywood. La révocation des concessions
forestières est l'un des principaux outils de gestion pour assurer une
allocation de la matière ligneuse. En vertu du décret 2516-84, du
14 novembre 1984, le ministère de l'Énergie et des Ressources
était autorisé à verser à la Commonwealth Plywood
Cie Ltée une indemnité à la suite de la révocation
de ses concessions forestières couvrant une superficie de 54
kilomètres carrés. Mais, à ma connaissance, il n'y a pas
eu d'entente avec le ministère de l'Énergie et des Ressources car
la compagnie cherche à obtenir indirectement ce qui lui a
été enlevé, c'est-à-dire l'exclusivité de
coupe sur à peu près le même territoire. Je vais poser ma
question au ministre immédiatement. Est-ce que le ministre est
disposé à accorder à la compagnie Commonwealth
l'exclusivité des essences sur les anciens territoires
rétrocédés ou encore sur d'autres territoires que la
compagnie demande?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, non, je n'ai pas l'intention d'accorder l'exclusivité
à la Commonwealth Plywood, dans le Témiscamingue, sur... C'est
cela.
M. Perron: M. le Président, je ne sais pas ce qui arrive.
On entend difficilement les réponses.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Des fois,
ça bourdonne.
M. Perron: Cela bourdonne, oui.
Le Président (M. Charbonneau): Je ne sais pas si le son
peut être levé un peu. On me fait signe que oui.
M. Perron: Parfait.
Le Président (M. Charbonneau): Si le ministre peut
reprendre ses explications.
Une voix: Les députés pourraient baisser le leur,
M. le Président.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, je n'ai pas
l'intention de concéder l'exclusivité à la Commonwealth
Plywood, dans le Témiscamingue, sur les terrains d'anciennes concessions
de cette compagnie. Est-ce que cela répond à votre question?
M. Perron: En partie, M. le ministre. Est-ce que vous pourriez me
dire si vous avez l'intention d'émettre une ou des concessions à
la Commonwealth Plywood dans d'autres territoires'?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, nous avons déjà proposé des garanties
d'approvisionnement à ce concessionnaire, à cet exploitant
forestier. C'est en discussion à l'heure actuelle. De même, nous
avons évalué, suivant ce qui avait été
décidé en 1972 dans le rachat des concessions, la valeur des
actifs monnayables.
M. Perron: Merci, M. le Président. Je voudrais toucher
à un autre dossier maintenant.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Duplessis, M. le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue
me fait signe qu'il a des questions sur le même sujet avant de
changer de dossier.
M. Perron: Je ne change pas d'élément,
M. le Président. Est-ce sur le même sujet?
M. Baril: Non, ce n'est pas sur le même sujet.
Le Président (M. Charbonneau): Ah bon. Dans ce cas, si
c'est sur le même élément, allez-y.
M. Perron: Toujours au programme 4, élément 1,
concernant la politique d'allocation des poteaux, on sait qu'au Québec
les poteaux ont une grande valeur commerciale et qu'ils sont fabriqués
principalement à partir du pin rouge et du pin gris. Le Québec
est aussi divisé en quatre grands secteurs répartis entre autant
d'exploitants. Les exploitants sont les suivants: CE. Gauthier, de Senneterre,
Poteaux de bois de rivière du Lièvre, Domtar Inc. par le biais du
Groupe de produits chimiques Delson et les Industries de bois Saint-Raymond de
Portneuf. Une cinquième usine de tournage, c'est-à-dire Guy
McCulIough, de la Beauce, ne possède pas de garantie d'approvisionnement
au Québec prenant tout son bois aux États-Unis, en particulier,
dans le Maine.
Est-ce que le ministre délégué aux Forêts a
l'intention de modifier Ja politique d'allocation des poteaux et a-t-il
reçu des représentations en ce sens?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui. J'ai
reçu des représentations en ce sens et cela me fait penser
à la question qui a été posée en Chambre à
mon collègue des Mines, Tout de même, je vous dirai que Guy
McCulIough est mon beau-frère et que je suis en conflit
d'intérêts dans ce dossier et que je l'ai transféré
à un autre ministre sans droit de regard.
M. Perron: Je remercie le ministre. Je ne voulais pas lui poser
la question en ce sens, malgré que j'étais informé que
c'était le beau-frère du ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je l'ai compris
comme cela, M. le député de Duplessis.
M. Perron: Moi, je ne la posais pas comme cela. Est-ce qu'il y a
des intervenants autres que McCulIough qui ont fait une demande en rapport avec
un permis se rapportant à l'allocation de poteaux?
M. Côté (Rivière-du-Loup): À ma
connaissance, je n'ai pas eu d'autres demandes en ce sens.
M. Perron: C'est la seule demande que vous avez eue.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est laseule, celle de mon beau-frère.
M. Perron: Merci. Toujours au programme 4, élément
1. Pardon. Non, j'ai terminé sur l'élément 1. Je voudrais
revenir tout à l'heure sur l'élément 3.
Le Président (M. Charbonneau): Pas de problème. M.
le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, sur
l'élément 1.
M. Baril: Hier, j'écoutais M. le député de
Laviolette qui est venu nous faire certaines déclarations en tant
qu'ancien ministre délégué aux Forêts. Il me
semblait, comme mot je l'ai compris, en tout cas, qu'il avait l'air de se
péter un peu les bretelles quant à la façon dont il avait
réglé certains cas dans ma région, entre autres le cas de
Forex. On disait que lui-même avait eu des difficultés à se
faire réélire dans son comté à cause des
difficultés forestières qu'il y a eu. Je peux peut-être
dire qu'en Abitibi-Est la façon dont l'ancien gouvernement a
réglé pour Forex a peut-être coûté le poste de
M. Bordeleau. Remarquez bien que je n'ai absolument rien contre la compagnie
Forex. D'ailleurs, c'est une bonne industrie. Ils ont négocié.
Lors des rencontres que j'ai souvent eues à mon bureau de comté,
on a porté à mon attention, entre autres, que le
précédent gouvernement a favorisé un règlement dans
le cas de Forex qui m'apparaît plus qu'avantageux. Je vous le
répète, je n'ai rien contre Forex, au contraire. Ainsi, cette
firme a pu bénéficier d'un prêt sans intérêt
de 3 500 000 $, remboursable à partir de 1994. Est-ce pratique courante,
M. le ministre, de favoriser de pareils règlements à votre
ministère? Est-ce que ceci ne s'apparente plus à une subvention
déguisée qui m'apparaît plus qu'alléchante pour
l'industrie bénéficiaire plutôt qu'au résultat d'une
franche négociation entre deux parties?Pensez-vous
réellement, M. le ministre, que le contribuable québécois
peut avoir la certitude que les intérêts de son gouvernement ont
été scrupuleusement protégés dans ce
règlement?
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'étais de
bonne humeur ce matin, mais la deuxième question me fait perdre ma bonne
humeur. Je pensais qu'un ministre c'était toujours de bonne humeur. Dans
le cas du règlement de Forex, à mon avis, c'est pratiquement un
scandale. Je m'explique. Du point de vue forestier, dans l'unité de
gestion de Val-d'Or on a loué 524 000 mètres cubes de sapin,
épinette et pin gris alors que la possibilité, sur la base des
coupes actuelles, sur la base de nos activités actuelles, n'est que de
300 000 mètres cubes.
Pour régler Forex, on a ajouté dans cette unité de
gestion 93 000 mètres cubes, alors qu'on savait déjà que
cela dépassait. Quand on a l'intention d'appliquer une politique
forestière, même si ce n'est pas écrit dans la loi,
même si ce n'est pas statué dans une loi, même si c'est
seulement un projet, un livre blanc, je pense qu'on ne doit pas agir
contrairement à ce qu'on a écrit.
Le deuxième point qui m'agace et qui m'agace fort, c'est qu'on a
"patenté", on a camouflé une espèce de vente de garantie
d'approvisionnement en inventant une filiale de Scierie Landrienne qui
s'appelle Filifor ou quelque chose comme cela. En tout cas, c'est une
invention. Cette vente de garantie d'approvisionnement a coûté 2
500 000 $.
Le troisième, c'est ce que vous mentionnez, M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue. On a fait un
prêt avantageux de façon que le groupe Saucier puisse augmenter
son offre d'achat à la banque. Ce sont les trois points qui me chicotent
dans ce dossier. Évidemment, il y en a plusieurs qui sont
mécontents dont moi.
M. Baril: J'aurais aussi une autre petite question en ce qui
concerne...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je veux dire
à ceux qui ont bénéficié de tout cela, tant
mieux.
M. Baril: C'était un peu mon opinion également,
mais je dis que c'était peut-être réglé un peu
cavalièrement en ce sens qu'après un an ou plus on a
été régler cela à la dernière minute. On
aurait pu faire la même chose un an avant, et il y aurait peut-être
eu 1200 travailleurs dans la région de Val-d'Or qui auraient pu
reprendre le travail. Cela aurait été réglé de la
même façon.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On a
manqué une occasion en or de tenter de commencer à
rétablir les allocations, les autorisations de coupes et tout cela, du
point de vue forestier.
M. Baril: M. le ministre, en feuilletant ce livre, en cours de
route, je ne croyais pas que c'était la pratique courante du
gouvernement de régler... On a porté à mon attention un
exemple, la compagnie Howard-Bienvenu Inc. qui a bénéficié
d'une réduction par décret gouvernemental de ses droits de coupe
l'an passé. Est-ce la politique de votre ministère, si c'est une
grosse compagnie -vous le remarquez bien, encore une fois, je n'ai rien contre
la compagnie, tant mieux -de régler des coupes de bois dans ce
sens?Parce que j'ai d'autres petites compagnies dans ma
région qui ont de la difficulté à payer. Elles paient
quand même.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Là encore,
c'est la politique du gouvernement, du ministère, d'accorder des
réductions de droits de coupe pour des raisons de catastrophe, comme des
chablis, des épidémies, de la récupération de bois
qui a été attaqué, qui est renversé, etc. Dans le
cas de l'entreprise que vous mentionnez, cela n'a pas été tout
à fait ça. C'est pourquoi je l'ai examiné, parce que
plusieurs commissionnaires ont également demandé des
réductions de droits de coupe, à la suite de l'apparition de
cette réduction de fin novembre dernier à l'avantage de
Howard-Bienvenu dans la Gazette officielle.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va, M. le
député de Duplessis? Cela va sur l'élément 1?
M. Perron: Oui, cela va sur l'élément 1, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): On va procéder
à l'élément 3 ou 4.
M. Perron: Élément 3.
Le Président (M. Charbonneau): Élément
3.
M. Perron: La voirie forestière. Le 11 mars dernier, le
journal Le Droit rapportait les propos du député de Gatineau en
ce sens: "II n'y avait rien de prévu pour la route
Maniwaki-Témiscamingue lors de la première affectation des
crédits, mais le budget a été réorganisé et
j'ai eu l'assurance que le Conseil du trésor en accepterait la nouvelle
répartition."
Je crois que le gouvernement profitera sûrement de la situation
d'attente créée par le retard de l'application du nouveau
programme de voirie forestière prévu dans la politique
forestière. Dans le cas de la route Maniwaki-Témiscamingue,
est-ce que le ministre, si je tiens compte des dires du député de
Gatineau dans un article du Droit du 11 mars 1986, peut faire le point
concernant les crédits alloués pour ce cas spécifique dans
les crédits de l'année budgétaire 1986-1987?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Dans le cas de la
route Maniwaki-Témiscamingue, il s'agissait d'y faire une ouverture,
parce que c'est une route qui n'avait pas d'ouverture. Sur un programme de
trois ans, j'ai convenu qu'on ferait ce travail et qu'il devrait coûter,
au total, 3 500 000 $ dont 1 200 000 $ cet année.
M. Perron: 1 200 000 $ cette année? M.
Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela. M. Perron:
Sur un programme de trois
ans, mais pour débloquer la route, pour la faire
déboucher? (10 h 30)
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela.
M. Perron: Après cela, il va sûrement y avoir la
finition de la route.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Après cela,
M. le député de Duplessis... Il y a des demandes pour la
finition, mais c'est seulement à ce stage, ce n'est pas accordé.
Ce n'est pas prévu, non plus.
M. Perron: D'accord. Merci, M. le Président. Je n'ai plus
d'autres questions se rapportant au programme 4.
Le Président (M. Charbonneau): Y a-t-il d'autres questions
sur le programme 4? Le programme 4 est-il adopté?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. On va passer
maintenant au programme 6.
M. Perron: Je n'ai aucune question sur le programme 6, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): Dans ce cas-là, le
programme 6 est-il adopté?
M. Perron: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Programme 7,
Développement de l'industrie forestière.
M. Perron: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Duplessis.
M. Perron: M. le Président, je m'excuse, même si le
programme 4 est adopté, je voudrais y revenir, à
l'élément 1. Me permettrait-on de le faire?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je pense bien
qu'il n'y a pas de problème. Oui.
M. Perron: C'est dans le cas de Causapscal.
M. Théorêt: Je m'excuse, M. le Président,
seulement une question courte parce que le programme 4 a déjà
été adopté.
M. Perron: Oui, oui, d'accord. C'est une question au ministre.
Considérant qu'il existait plusieurs demandes soit à Causapscal
ou à Pointe-à-la-Croix et qu'il y a eu des engagements au cours
de la campagne électorale de la part des deux partis, autant de la part
de candidats libéraux que des candidats péquistes, le ministre
pourrait-il nous dire si, à la suite de l'élection du 2
décembre dernier, il a délivré des permis
d'approvisionnement dans le Bas-Saint-Laurent-Gaspésie en rapport avec
Poînte-è-Ia-Croix ou avec Causapscal?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, encore là, l'ancien gouvernement avait fait des
promesses pour installer l'usine de Matériaux Blanchet à
Causapscal en lui promettant 227 000 mètres cubes de bois et en
réservant aussi 57 000 mètres cubes de bois à
Pointe-à-la-Croix. Il est évident qu'il y a eu une grande
publicité autour de ces deux volumes et cela a suscité des
appétits. J'ai eu des demandes pour les deux endroits et rien n'a
été accordé.
M. Perron: D'accord. Je m'excuse, M. le Président. Je
voudrais apporter ici une rectification, a savoir qu'il y a eu effectivement
des promesses se rapportant à l'un de ces deux dossiers au cours de
1981, je crois, mais à la suite des recommandations qui avaient
été faites par la région et appuyées par le
ministère de l'Énergie et des Ressources, à la division
des forêts, ici a Québec, par certains fonctionnaires, le
gouvernement de l'époque s'est rendu à la demande expresse des
deux instances afin qu'il n'y ait pas de permis d'approvisionnement de
délivrés, justement, à cause du dossier de Matane qui s'en
venait à ce moment-là.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ah! Je m'excuse,
M. le député de Duplessis, ce n'est pas comme cela que ça
s'est passé. On a tenté de faire oublier le dossier de la
papeterie de la Vallée de la Matapédia en implantant d'abord
PanVal, ce â quoi j'ai contribué; en proposant l'usine de
Matériaux Blanchet à Causapscal, on a essayé de faire
oublier à la population les promesses qui avaient été
faites concernant la papeterie de la Vallée de la Matapédia.
C'est comme cela que ça s'est passé.
M. Perron: On peut être en désaccord, M. le
Président. J'ai posé une question au ministre lui-même. Je
veux bien comprendre qu'il veut remettre la faute sur l'ancien gouvernement,
mais je veux savoir si, depuis le 2 décembre dernier, on a
délivré des permis d'approvisionnement dans le
Bas-5aint-Laurent-Gaspésie en particulier dans l'un des deux dossiers
concernés.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je vous ai
répondu non, tout à l'heure. Je vous ai dit que j'ai eu beaucoup
de demandes parce que beaucoup de publicité a été faite en
rapport avec ces deux volumes disponibles du temps.
Le Président (M. Charbonneau): M. le
député de Vimont.
M. Théorêt: Cela va. Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que cela va, M. le
député de Duplessis? On revient au programme 7.
M. Perron: II n'y a pas heu de faire un grand historique sur
7.
Développement de l'industrie
forestière
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non. Le programme
7 vise à favoriser la connaissance, l'approvisionnement, l'implantation,
la modernisation, la consolidation des usines de transformation en leur offrant
les moyens techniques, souvent administratifs et financiers pour le faire. On
met l'accent surtout sur le développement et la fabrication de nouveaux
produits. Cela résume les activités ou les objectifs du programme
7, M. le Président.
M. Perron: Une question, peut-être une ou deux
additionnelles, M. le Président, concernant le dossier du projet de
scierie de Les Produits de bois Tannit Inc., de Baie-Comeau. Au début
d'avril 1983, la compagnie que je viens de nommer, composée
d'investisseurs européens, surtout des Autrichiens, était
désireuse d'implanter au Québec une importante scierie dont la
production serait à 80 % destinée à l'exportation
outre-mer. Cela représentait une scierie très moderne, m'a-t-on
dit, de conception européenne et munie de ligne de production
fabriquée par une compagnie allemande et opérant selon une
nouvelle technologie qui était développée par cette
même compagnie, soit la technique de profilage. Dans une recommandation
qui a été faite par les fonctionnaires du ministère de
l'Énergie et des Ressources, ce projet avait été
recommandé positivement de la part des instances au cours du mois de
septembre 1985, je crois. Est-ce que le ministre a pris connaissance du dossier
et peut-il nous dire s'il a répondu positivement ou négativement
aux représentants de la compagnie Les Produits de bois Tannit Inc?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, j'ai connu le représentant du projet Tannit bien avant
que le gouvernement en soit saisi; cela doit faire trois ou quatre ans. Je l'ai
rencontré à plusieurs reprises. C'est un projet de transformation
qui, sur le plan technique, a une philosophie différente de celle du
Québec. Les volumes demandés par cette entreprise étaient
de 600 000 mètres cubes par année en provenance de la partie nord
de la rivière aux Outardes, la forêt domaniale des Outardes. Ce
projet aurait procuré 285 emplois directs et 146 à l'usine, le
reste en forêt évidemment. C'est un projet qui ne m'a jamais
impressionné à cause de sa faiblesse financière et de sa
méconnaissance des marchés et de nos habitudes, à savoir
ce que le promoteur voulait faire avec les bois courts en pensant qu'il
pourrait les exporter en Europe alors qu'il sait très bien que c'est
impossible à cause des coûts et des différences d'argent.
C'est un projet où le promoteur demandait également de financer
les études. Quand on veut mettre sur la table un projet de 84 000 000 $
ou 60 000 000 $, selon les jours, je pense que les études, on est
capable de les faire soi-même sans que le gouvernement, soit
fédéral ou provincial, soit obligé de nous subventionner.
De plus, les promoteurs de Tannit demandaient une subvention de 50 %. C'est un
projet qui a été refusé au comité de gestion de
l'entente auxiliaire Canada-Québec sur le développement
industriel en raison également de l'absence de marchés pour les
copeaux. Il y avait une foule de raisons pour que ce projet ne se
réalise pas actuellement, dans le contexte économique actuel, et
la garantie, la réserve forestière qui lui était
attribuée, a pris fin le 1er février 1986.
M. Perron: Une question additionnelle au ministre. Le ministre a
mentionné tout à l'heure qu'il connaissait très bien
Tannit. Est-ce qu'il était consultant à l'époque pour
Tannit?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je l'ai connu
quand j'étais président de la Scierie des Outardes.
M. Perron: Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Comme consultant,
il m'a demandé de lui faire une proposition pour son projet, ce que je
n'ai pas recommandé a mes associés, mais on l'a fait quand
même et cela n'a pas été plus loin. Je ne l'ai pas revu
après.
M. Perron: C'est lorsque vous travailliez pour Darveau...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Darveau, Grenier
et Routhier, oui.
M. Perron: ... Grenier et Routhier.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Soit dit en
passant...
M. Perron: Si je comprends bien, vous avez répondu
négativement à Tannit en tenant compte de l'évaluation du
dossier.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est le
comité de gestion de l'entente Canada-Québec qui a analysé
le dossier et qui a
refusé d'y souscrire.
M. Perron: Le ministre n'a rien signé en rapport avec le
dossier Tannit.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non.
M. Perron: Aucun refus, aucune recommandation?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non. J'ai dit
à M. Blackcheck de faire ses devoirs et que, s'il avait un projet -
mettons qu'il aurait quelque chose de sérieux sur la table - je
m'occuperais de lui.
M. Perron: D'accord, M. le Président. Quant à moi,
j'ai terminé sur le programme 7.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur le programme 7? Est-ce que le programme 7 est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M Charbonneau): Nous allons étudier,
tel que convenu, les crédits du ministère de l'Énergie et
des Ressources. Le critique, le député de Roberval, m'a
indiqué qu'il quittait quelques instants. Il sera ici dans trois
minutes, tel que convenu. Nous allons suspendre les travaux de la commission
pour quatre minutes.
(Suspension de la séance à 10 h 42)
(Reprise à 10 h 43)
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, s'il
vous plaît'
Nous entreprenons l'étude des programmes concernant le
ministère de l'Énergie et des Ressources. À l'ordre! Je
vais céder la parole au député de Roberval.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que vous aviez des
remarques préliminaires, M. le ministre?
Secteur des terres
M. Ciaccia: ...si vous me le permettez, je pourrais faire
quelques remarques préliminaires sur le secteur des terres.
Le Président (M. Charbonneau): D'accord.
Remarques préliminaires M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Dans mon discours d'ouverture, j'ai fait allusion au
fait que les activités rattachées au secteur terres
étaient méconnues du ministère. J'aimerais prendre
quelques instants pour présenter aux membres de cette commission ce
secteur pour lequel nous allons dépenser en 1986-1987 quelque 20 000 000
$. Je désire préciser, en premier lieu, que l'appellation terres
recouvre deux missions gouvernementales, soit la gestion des terres publiques
et la connaissance géographique du territoire. Par mission
gouvernementale, j'entends les fonctions exercées par le
ministère de l'Énergie et des Ressources pour les fins
générales de l'administration publique et non pas seulement pour
la clientèle spécifique du ministère.
Le ministère de l'Énergie et des Ressources est un des
plus importants gestionnaires fonciers au monde, puisqu'il a la
responsabilité d'un territoire qui constitue plus de 90 % de la
superficie du Québec. C'est sur ce territoire que se retrouvent en
majeure partie les ressources qui ont contribué à notre essor
économique: forêts, mines, énergie hydroélectrique.
C'est ce même territoire qui supporte également une importante
industrie de la chasse, de la pêche et du loisir de plein air. La demande
pour ces ressources est évidemment en progression constante. Par
ailleurs, tous les gestionnaires des ressources, de même que le pubic en
général ont bien pris conscience des limites et de la
fragilité de ce territoire immense.
Cette situation se traduit par la présence de nombreux
intervenants, chacun véhiculant des préoccupations de milieux
différents. Le cadre juridique et administratif reflète,
d'ailleurs, par sa complexité l'augmentation des intervenants et la
diversité de leurs intérêts. De nouvelles politiques
concernant la forêt, la villégiature, la protection des rives, les
pourvoiries, les réserves fauniques, les ZEC s'y ajouteront à
brève échéance.
Les responsabilités actuelles du ministre de l'Énergie et
des Ressources consistent à gérer et à octroyer tous les
droits de propriété et d'usage des terres du domaine public,
è procéder à la préparation des plans d'affectation
des terres publiques, à tenir les registres des droits
concédés et a assumer le contrôle de l'utilisation des
terres publiques.
Il va sans dire que, dans le contexte que je viens de décrire, la
gestion des terres publiques devient plus exigeante et doit être
adaptée. C'est pourquoi j'ai l'intention, lors de la refonte de la Loi
sur les terres et forêts, de proposer d'importantes modifications
législatives qui viseront à établir un
cadre de référence clair pour la connaissance,
l'aménagement et l'utilisation optimale des terres publiques. Ce cadre
de référence créera les conditions favorables au partage
des connaissances, à la solution des conflits d'usage, à la
constitution des grands outils de gestion des terres publiques. Il permettra
également de transmettre aux utilisateurs, que ce soit des citoyens ou
des corporations, une information précise et simple sur les usages
autorisés, les normes à respecter, les modalités
d'acquisition de droits.
L'autre mission gouvernementale dont le ministre de l'Énergie et
des Ressources est chargé concerne la connaissance géographique
du territoire. C'est le ministre de l'Énergie et des Ressources, en
effet, qui est responsable de produire, de stocker et de diffuser toutes les
informations géographiques et foncières de base requises pour
supporter de nombreux programmes gouvernementaux, les travaux de grandes
sociétés d'État, les activités des
municipalités, des compagnies de services publics et du grand public en
général. Les activités de ce programme sont de trois
types. Tout d'abord, il y a les activités de base qui consistent
à implanter sur le territoire le système des
références géographiques officielles - il s'agit des
réseaux géodésiques - établir un système de
représentation du territoire - ce sont les couvertures cartographiques
de base - et, finalement, à établir et tenir à jour un
système d'identification et de description du morcellement foncier tant
sur les terres privées que sur les terres publiques. Il faut dire que la
demande pour ces informations et ces documents de base est toujours croissante
et que le ministère travaille à y répondre de façon
accélérée, notamment par le biais du programme de
réforme du système cadastral pour lequel nous dépenserons
en 1986-1987 10 000 000 $.
Le deuxième type d'activités consiste à offrir des
services spécialisés. Il s'agit de produire des informations
géographiques et foncières à la demande des
différents ministères. C'est ainsi, par exemple, que nous sommes
responsables de toutes les prises de vue aériennes pour les fins
gouvernementales, de la production de nombreuses cartes thématiques
officielles, de l'arpentage des terres publiques, des activités de
télédétection, de la cartographie de nos frontières
et de la préparation des dossiers du Québec en matière
d'intégrité du territoire.
Enfin, ce programme comprend des activités de type commercial
puisqu'il s'agit de vendre de la façon la plus efficace possible toutes
les informations et tous les documents géographiques produits dans le
cadre de ce programme. Cela est fait par le biais d'un centre d'information
géographique dont le chiffre d'affaires sera environ 1 500 000 $.
En terminant, je voudrais mentionner que le domaine de l'information
géographique connaît actuellement au Québec une mutation
technologique profonde par l'introduction de l'informatique, l'utilisation de
satellites et l'emploi massif d'équipements électroniques pour la
saisie, le traitement et la diffusion de ce type d'information. Cette mutation
technologique a été initiée par mon ministère et
elle est présentement exploitée par l'entreprise privée
qui profite des efforts de recherche et de développement
déployés par le ministère de l'Energie et des Ressources.
Nous avons contribué en 1985-1986, par l'octroi de contrats de l'ordre
de 5 600 000 $, à compléter le programme de reconversion
technologique des industries québécoises oeuvrant dans le domaine
de la cartographie. Pour aider ces entreprises à demeurer à la
fine pointe du développement technologique, nous poursuivons nos
recherches en matière de géodésie par satellites et de
bases de données géographiques. Nous entendons enfin supporter
les entreprises dans leurs efforts d'exportation des technologies et des
concepts développés au ministère.
J'inviterais, M. le Président, les membres de la commission
à visiter le secteur des terres pour voir le développement et la
façon dont le personnel de ce ministère travaille et a
amorcé vraiment de nouvelles méthodes, de nouvelles technologies
dans l'administration des terres publiques.
Secteur de l'énergie
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Roberval.
Remarques préliminaires M Michel
Gauthier
M. Gauthier: Merci, M. le Président. Hier, le ministre a
eu l'occasion de faire certaines remarques préliminaires compte tenu de
l'organisation des travaux qui a été privilégiée
par lui et par ses collègues ministres délégués.
Bien entendu, je pense que cela va toujours que je puisse faire certaines
remarques préliminaires concernant, évidemment, le secteur qui
nous intéresse particulièrement.
J'ai l'intention d'aborder, avec l'accord du ministre, je
l'espère, l'étude de nos crédits à partir de
grandes thématiques parce que le ministère de l'Énergie et
des Ressources est un des quatre ou cinq ministères les plus importants
du gouvernement du Québec par l'impact économique, par les
impacts aussi pour les années futures que les décisions qui y
sont prises peuvent avoir.
Le ministre, conscient de cette énorme responsabilité qui
l'amène en plus à encadrer en quelque sorte les deux autres
secteurs qui sont assumés par des ministres
délégués, touche dans le fond par son action à
énormément de sujets d'importance. Quand on fait le total des
crédits qui sont dans les programmes qui relèvent normalement de
l'étude de cette partie de la commission, outre le programme 5 et
l'administration générale, cela totalise aux environs, si mes
calculs sont exacts, de 5 %, 4,2 % à peu près des crédits
totaux du ministère. C'est bien sûr que dans les faits cela ne
traduit pas l'importance réelle de ce secteur. À preuve, je pense
que le ministre conviendra que les grands dossiers sur lesquels on a eu
l'occasion de s'interroger et de répondre, selon le point de vue
où l'on se place à l'Assemblée nationale, ne faisaient pas
état nécessairement de programmes qui sont dans ces
crédits-là même s'il y a quelques questions
intéressantes à poser, mais faisaient état davantage de
grands problèmes comme celui de la vente d'électricité aux
États-Unis. C'est certainement un sujet qu'on va aborder encore pour
plusieurs minutes dans cette commission.
Il y a la question de la hausse des tarifs d'Hydro-Québec. Je
n'ai pas eu l'occasion de vider cette question avec mon collègue du
ministère de l'Énergie et des Ressources et j'aurais aimé
partager un certain nombre de points de vue avec lui là-dessus. Je suis
certain qu'il sera heureux qu'on le fasse aujourd'hui en commission.
Également, il y a un dossier très important qu'il
conviendra, je pense, de replacer un peu dans l'actualité parce qu'il y
est toujours même si cela ne fait pas les manchettes tous les matins dans
les journaux. C'est le dossier de la raffinerie Gulf sur lequel travaille
encore très activement le ministre, selon mes informations et selon ce
qu'il en dit, d'ailleurs. Je crois que personne ne conteste cela.
Il y aura également des dossiers comme le prix de l'essence que
nous allons aborder. J'ai des questions à poser au ministre
là-dessus concernant ses efforts pour faire en sorte que le consommateur
québécois profite du meilleur prix possible pour l'essence
à la pompe. Il y a le dossier du gaz naturel aussi qui a donné
lieu à une annonce importante du ministre voilà quelques jours
concernant Soligaz. Je pense qu'on aura avantage à échanger
là-dessus, un peu. On parlera, bien sûr, dans le cas
d'Hydro-Québec, du tracé de la fameuse ligne dans le secteur
au-dessus du fleuve Saint-Laurent. On va être obligé d'aborder ce
sujet-là parce que je pense qu'actuellement cela préoccupe une
partie importante de la population du secteur concerné.
On posera également des questions sur différents
programmes parce que le ministre a des augmentations de crédit
importantes dans deux programmes, si ma mémoire est exacte, à la
suite de l'entente fédérale-provinciale qui a été
signée. Je vais certainement poser au ministre un certain nombre de
questions là-dessus pour qu'il puisse profiter de la commission afin
d'informer l'ensemble des députés et la population sur le contenu
de ces choses-là.
Mais avant de procéder comme tel à la période de
questions, M. le Président, j'aimerais dans l'intérêt de
tout le monde, peut-être resituer un peu le mandat du ministre de
l'Énergie et des Ressources et l'action qui a été
menée à ce jour dans ce ministère concernant toute la
question énergétique québécoise, celle qui nous
préoccupe davantage aujourd'hui. Le ministre intervient et a un
rôle majeur dans les secteurs du pétrole, de
l'électricité, du gaz, des énergies nouvelles; il a une
très grande responsabilité concernant le développement de
ces secteurs, concernant la pénétration des marchés,
concernant aussi une espèce de répartition des sources
d'énergie. Il doit s'assurer que toutes les Québécoises et
tous les Québécois profitent d'une certaine
sécurité d'approvisionnement. Son rôle est d'abord et avant
tout de s'assurer que les citoyens du Québec bénéficient,
et au meilleur coût possible, d'une sécurité
d'approvisionnement énergétique en jouant sur les
différents tableaux qui sont à sa disposition. Il a le
privilège, il le sait, d'entamer des actions qui sont susceptibles de
favoriser à court ou à moyen terme et, dans certains cas,
à long terme davantage l'utilisation d'une énergie plutôt
que d'une autre. Il a également le rôle et la possibilité
d'intervenir via différents mécanismes et via différentes
actions sur le prix des énergies.
À la suite de la crise énergétique du milieu des
années soixante-dix, le précédent gouvernement avait
publié en 1978 un livre blanc qui énonçait les principaux
axes de développement, les principales orientations de la politique
québécoise de l'énergie. Mes premières questions au
ministre porteront sur ces orientations fondamentales dans le secteur de
l'énergie. C'est pour cela que je me permets de faire un peu
l'historique de ce qu'on a vécu avant que le ministre accède
à ce poste de responsabilité. Les objectifs étaient, bien
sûr, d'accroître l'autonomie énergétique du
Québec par une utilisation plus efficace de l'énergie. Cela nous
a permis de connaître un certain nombre de programmes, principalement en
collaboration avec Hydro-Québec, programmes qui ont sensibilisé
les Québécois, qui ont forcé les Québécois,
qui ont supporté les Québécois dans leurs efforts pour
économiser l'énergie.
L'objectif de la politique québécoise de l'énergie
était à l'époque de doubler, pour les années
quatre-vingt-dix - on les approche
grandement, d'ailleurs les objectifs sont atteints - la présence
des sources d'énergie québécoise et facilement accessibles
pour les Québécois dans le bilan énergétique
global. Et, enfin, un autre objectif était de renforcer la
sécurité - j'en parlais tout à l'heure - des
approvisionnements principalement en ayant recours au gaz naturel qui est une
source d'énergie, comme tout le monde le sait, largement disponible et
facilement accessible pour nous.
Également, la politique québécoise de
l'énergie devait tenir compte des impacts économiques que cela
pouvait avoir au Québec. On devait faire en sorte que l'impact au niveau
de l'emploi de toutes ces actions prises dans le domaine de l'énergie
soit au maximum pour les Québécois, en d'autres termes que la
construction de barrages, la pénétration du gaz et d'autres
activités de recherche d'énergies nouvelles ou d'implantation
d'usines, aient des retombées économiques importantes,
principalement dans le secteur de l'emploi.
Une politique de l'énergie, cela ne peut pas, non plus,
s'articuler et se mettre en place sans une implication très grande et
très profonde des Québécois dans les gestes qu'ils doivent
poser quotidiennement pour supporter le gouvernement dans ses orientations. La
politique de l'énergie tenait compte de cette nécessité de
former en quelque sorte l'opinion publique dans le domaine
énergétique, de rendre tous les citoyens conscients des grands
enjeux qui étaient sur la table et qui avaient amené le
gouvernement à se doter d'une politique de l'énergie.
Également, la dimension énergétique devait
être intégrée dans toutes les grandes décisions
socio-économiques prises par le gouvernement puisque, je l'ai dit tout
à l'heure et je le répète, c'est là un secteur
extrêmement important. (11 heures)
Depuis 1978 jusqu'à décembre dernier, je dois dire que le
ministre a continué dans la même veine et loin de moi
l'idée d'être partisan à ce moment-ci. Des gestes
importants ont été posés, de nombreuses mesures ont
été prises dans le domaine de l'hydroélectricité,
du gaz et des énergies nouvelles. Des annonces ont été
faites - je le répétais tout à l'heure - par le ministre.
Il y a des dossiers en marche. Il y avait énormément de dossiers
qui avaient été mis sur pied par l'ancien gouvernement et qui
connaissent maintenant des aboutissements et d'autres sur lesquels le ministre
doit travailler encore un bout de temps, parce que la résolution des
problèmes dans ce secteur n'est jamais aussi simple qu'on le voudrait ou
qu'on voudrait le croire de toute façon.
Enfin, je dois dire que cette politique québécoise de
l'énergie a eu des impacts considérables. L'évolution du
marché de l'énergie s'est effectuée véritablement
dans le sens des orientations définies dans le livre blanc et même
- le ministre pourra le confirmer probablement - à un rythme plus rapide
que cela était prévu initialement.
Il y a eu, bien sûr, une cassure dans la croissance de la demande
globale d'énergie dans les années 1976 à 1984. La demande
énergétique globale a décru annuellement de 1,5 %, de
telle sorte qu'en 1984 la consommation totale d'énergie en tonnes
équivalant le pétrole était relativement la même
qu'en 1971, si mes chiffres sont exacts.
C'est donc dire qu'il y a les programmes de conservation de
l'énergie... La crise économique aidant, il y a eu un
réalignement des habitudes des Québécois sur le plan de la
consommation énergétique. Au profit et au même moment, il
s'est fait un réajustement dans l'approvisionnement, de telle sorte que
la politique du livre blanc a connu et connaît encore tous ses
effets.
Au cours des dernières années - à titre d'exemple
pour illustrer ce que je viens de décrire - on a vu une
pénétration extrêmement importante de
l'électricité, de l'apport de l'électricité, dans
le bilan énergétique. En 1976, la part de
l'électricité dans le bilan énergétique du
Québec, c'était 22 %; 22 % de l'ensemble de l'énergie
utilisée par les Québécois était de
l'électricité. En 1984, on est rendu à 37 %.
C'était là un des objectifs du livre blanc, parce que la
sécurité de l'approvisionnement est assurée et que c'est
une source d'énergie purement de chez nous.
Il y a également la pénétration rapide du gaz. En
1976, la part du gaz naturel dans le bilan énergétique,
c'était 6 %; 6 % de toute l'énergie que les
Québécois utilisaient était du gaz naturel. En 1984, sauf
erreur, on est aux alentours de 13 %, ce qui a fait plus que doubler la part du
marché accaparé par le gaz naturel qui est également une
source d'approvisionnement très accessible. Dans les énergies non
conventionnelles, on me dit que maintenant c'est environ 8 % du bilan
énergétique global qui serait occupé par tout ce
secteur.
Donc, la place du pétrole, en 1976, était de 70 % environ
dans l'utilisation et dans la fourniture d'énergie au Québec.
Elle est passée à 45 % en 1985, ce qui est extrêmement
important. C'est donc dire que la politique de l'énergie a porté
ses fruits.
Maintenant, on a un nouveau contexte et le ministre doit composer avec
cela. Là, j'en arrive à quelques questions pour le ministre. On
assiste actuellement - c'est heureux pour tout le monde, même si cela
peut, à certains moments déséquilibrer certaines
prévisions d'experts - à une baisse considérable du prix
du pétrole qui est avantageuse pour les consommateurs, il faut bien le
dire. Il y a également la pénétration du gaz naturel
qui
est très avancée, sinon complétée pour
l'essentiel. Enfin, il y a un accroissement des exportations
d'électricité assez significatif qui s'est fait également
depuis 1976. On reviendra tout à l'heure sur les chiffres. Le ministre
nous dit tellement souvent que c'est là sa priorité qu'on a
l'impression que cela va continuer dans le même sens.
J'aimerais savoir de la part du ministre, puisqu'on homme sage, comme on
le connaît... Lorsqu'il a pris les guides de son ministère,
j'imagine qu'il a révisé cette politique
énergétique. J'ai l'impression que le ministre a relu tout cela
attentivement et j'imagine qu'il a bien sûr vérifié
l'ensemble des chiffres que j'ai eu l'occasion de donner ici et même bien
d'autres. J'ai l'impression qu'il a ajusté ou qu'il va ajuster la
politique énergétique québécoise. Dans un premier
temps, c'est une question très générale, mais cela
permettra au ministre de situer le contexte et, par la suite, j'aurai des
questions plus particulières là-dessus - est-ce que le ministre
peut nous dire quelles sont ses orientations fondamentales dans le domaine de
l'énergie? Est-ce que le ministre a l'intention de poursuivre dans la
même foulée que l'avait fait le précédent
gouvernement au niveau de la politique énergétique ou est-ce que
le ministre a l'intention d'apporter des changements, importants ou mineurs,
à la politique énergétique québécoise?
Est-ce que le ministre peut nous donner, relativement brièvement, ses
grandes orientations, ses lignes directrices, les changements majeurs qu'il
prévoit s'il y en a?
M. John Ciaccia (réplique)
M. Ciaccia: M. le Président, je n'ai pas relu la
politique, le livre blanc de M. Joron, de 1978, mais je me souviens du document
de M. Joron. C'était un document ambitieux. Il y avait certains chiffres
qui avaient été donnés. Je me souviens qu'il se fondait
sur la croissance de l'hydroélectricité.
Avant de commencer mes remarques, je voudrais seulement faire remarquer
au député de Roberval que nous sommes maintenant en train de
discuter le programme Énergie. Les fonctionnaires du ministère
devaient venir cet après-midi parce que, à l'ordre du jour, on
discutait terres ce matin et énergie cet après-midi. De toute
façon, je vais commencer à essayer de répondre un peu aux
remarques que le député a faites. Peut-être pourrons-nous
essayer d'avoir les gens de mon ministère ici pour répondre sur
des questions plus précises.
À l'époque, le livre blanc de M. Joron était
fondé sur certaines prémisses. Premièrement, il
était fondé sur l'hydroélectricité sur le
développement de la Baie James. Je me souviens, à cette
époque, quand le Parti québécois était venu au
pouvoir, il se demandait: Est-ce qu'on va arrêter ou suspendre certains
travaux de la Baie James? Finalement, en consultation avec la SEBJ, avec
Hydro-Québec, ils se sont aperçus qu'ils ne pouvaient pas si
facilement arrêter les travaux sans qu'il y ait des coûts
considérables aux Québécois. Alors, la SEBJ et
Hydro-Québec ont persuadé le ministre de l'Énergie et des
Ressources de l'époque de continuer les travaux de la Baie James.
Heureusement que cette décision a été prise, parce que
cela a permis à M. Joron de parler dans son livre blanc de doubler la
part de l'électricité au Québec. Il n'aurait pas pu faire
cela si le projet de la Baie James n'avait pas été construit.
C'était là un des premiers éléments de son livre
blanc.
Le deuxième élément de son livre blanc
c'était qu'il s'était fondé un peu sur une notion - et
cela était la philosophie de M. Joron; on respecte son point de vue -
sur la philosophie de "Small is beautiful". Vous savez, il donnait l'impression
qu'on était pour gérer la décroissance économique
du Québec dans les années prochaines. C'était axé
plutôt sur ce qui était pour arriver au Québec et un peu en
négligeant - sauf certains éléments, sauf
l'élément du gaz naturel - l'aspect fédéral,
l'aspect des ententes avec le gouvernement fédéral, l'aspect
d'essayer de coordonner un peu nos politiques avec les politiques
fédérales. Je remarque que ce n'est pas toujours facile. On a
beaucoup de difficultés à certains... Oui, je peux vous en
parler. Mais, au moins, on peut essayer de faire cet effort.
D'autres aspects du livre blanc. On ne touchait pas du tout à la
question des tarifs. Qu'est-ce qui devait arriver aux tarifs? Quelles
étaient les conséquences possibles sur les tarifs
d'Hydro-Québec en augmentant la part de 22 % de
l'électricité, en la doublant? C'était un peu ce dont je
me souviens de cette époque, du livre blanc de M. Joron.
Effectivement, aujourd'hui, la part d'Hydro-Québec,
d'hydroélectricité dans le bilan énergétique du
Québec est de 38 %. La part du gaz naturel es.t à peu près
de 14 %. La part des énergies non conventionnelles, vous avez
mentionné 8 %; les chiffres sont de 7 %. Vous êtes un peu dans le
même ordre d'idées.
L'autre aspect qui manquait dans le livre blanc, c'étaient les
exportations aux États-Unis. Une politique d'exportation
d'énergie ferme, on n'en parlait pas; cela ne faisait pas partie de la
politique énergétique du Québec. C'est évident,
c'est vrai qu'il y a eu des contrats d'exportation, mais pas de même
nature, pas du même genre que ceux que le présent gouvernement
veut signer avec les Américains et que le premier ministre actuel, M.
Bourassa, avait préconisés depuis plusieurs années.
Même dans la Loi sur Hydro-Québec, il y avait un autre aspect
un peu inquiétant du livre blanc, parce qu'on ne semblait pas
adopter deux principes. Premièrement, la question de fournir
l'électricité au plus bas prix possible aux
Québécois. La loi a été amendée pour enlever
un peu cette obligation d'Hydro-Québec. Le projet de loi qui a
été déposé par l'ancien gouvernement dans les
années qui ont suivi le dépôt du livre blanc a
amendé non seulement la commission d'Hydro-Québec en instituant,
en créant un conseil d'administration, mais a changé aussi les
orientations, les objectifs et le mandat d'Hydro-Québec. Le mandat
d'Hydro-Québec de fournir l'électricité au plus bas prix
possible, cela a été changé. Si vous vous rappelez, ils
ont aussi introduit la notion de paiement de dividendes. Alors, toute
l'orientation d'Hydro-Québec a été vraiment changée
par le gouvernement précédent dans ces deux secteurs, le secteur
des tarifs, la fourniture d'électricité au plus bas prix
possible, et le secteur d'Hydro-Québec comme outil de
développement économique. On disait qu'Hydro-Québec
était un outil de développement économique, mais, dans les
faits, en ralentissant le développement de la Baie James, en ne
poursuivant pas les contrats à énergie ferme aux
États-Unis, on a vraiment réduit et arrêté,
jusqu'à maintenant, les travaux majeurs de la Baie James. Nous avons
fait certaines critiques à cette époque et je pense que les
années ont démontré que ces critiques étaient bien
fondées.
Un autre élément qui démontre que le gouvernement
n'avait pas comme politique d'exporter l'hydroélectricité aux
États-Unis, c'est que la Loi sur Hydro-Québec n'a
été amendée qu'en 1983 pour légaliser les
exportations. Dans la refonte de la Loi sur Hydro-Québec, quand on a
introduit la notion de dividendes, quand on a enlevé un des mandats
principaux d'Hydro-Québec de fournir l'électricité au plus
bas prix possible, quand on a changé la commission pour le conseil
d'administration, on n'a pas amendé la loi pour permettre les
exportations. Cela a été fait en 1983 pour légaliser,
parce qu'il y avait à ce moment-là une question: Est-ce
qu'Hydro-Québec avait le droit, légalement, d'exporter de
l'hydroélectricité? Même dans les contrats pour le surplus
d'électricité, l'électricité excédentaire,
qui avaient été négociés entre le gouvernement du
Québec, Hydro-Québec et les États américains, il y
avait quelques doutes sur la légalité. En 1983, on a
amendé la loi pour rendre légal cet aspect des travaux
d'Hydro-Québec. (11 h 15)
II y a quelques différences entre notre approche et celle
contenue dans le livre blanc. Premièrement, je pourrais souligner les
hausses de tarif durant les années qui ont suivi le livre blanc. Je
pense que le député de Roberval, maintenant, connaît les
montants. En 1978, la hausse de tarif a été de 18 %. Cela a
varié entre 18 %, 13 % -le plus bas cela a été en 1981, 10
% -16 % et après cela a baissé. Est-ce que c'était la
conséquence de la politique énergétique"? Pas
nécessairement. Il y avait certainement d'autres facteurs. Est-ce que
c'était la conséquence du paiement des dividendes par
Hydro-Québec au gouvernement? Payer des dividendes au gouvernement,
c'est une autre façon de taxer la population. Jusqu'à ce moment,
le but principal d'Hydro, c'était de fournir l'électricité
au plus bas prix possible.
Ces choses sont arrivées. Il y a eu ces augmentations de tarif.
Il y a eu une décroissance. Dans un certain sens, la hausse de 6 % par
année qu'Hydro-Québec avait prévue en 1973, cela a
changé. Ces chiffres ne se sont pas maintenus. Cela a baissé
à 3 %. Maintenant, les prévisions pour les années à
venir sont de 3,2 % avec une augmentation à 4 % pour certaines
années.
Il y a des différences un peu marquées entre l'approche de
M. Joron, du gouvernement précédent et notre approche.
Premièrement, c'est dans les exportations. Nous voulons signer des
contrats à énergie ferme à long terme pour exporter
l'électricité. Ceci, pour deux raisons. Premièrement,
Hydro-Québec n'est pas seulement un outil de développement
économique pour attirer les industries au Québec telle Norsk
Hydro, tels d'autres grands consommateurs d'énergie. C'est un outil de
développement économique pour les travaux qu'Hydro-Québec
elle-même met en oeuvre. S'il n'y avait pas eu de Baie James, on n'aurait
pas pu développer cette technologie. Les grands bureaux de
génie-conseil, tous ceux qui fournissent les équipements ont
développé une expertise ici au Québec à savoir que,
maintenant, on peut exporter. Il y a des gens dans les bureaux de
génie-conseil qui travaillent en Chine, qui font des propositions pour
des grands projets dans le monde entier. Cela a été rendu
possible par le développement de la Baie James, par le
développement de la technologie d'Hydro-Québec. Nous voulons
accentuer le développement économique par Hydro-Québec de
deux façons: premièrement, en attirant les industries grandes
consommatrices d'hydroélectricité au Québec, mais,
deuxièmement, par la construction, par le devancement de la phase II de
la Baie James et ce devancement peut avoir lieu si nous signons des contrats
pour de l'énergie ferme à long terme avec les
États-Unis.
En ce qui concerne le gaz naturel, je crois que c'est bon pour le
Québec de pouvoir en fournir aux utilisateurs, de leur donner des
solutions de rechange, cela aide un peu la concurrence, cela peut attirer
d'autres sortes d'industries. Que le gaz naturel soit à 14 % maintenant
au Québec, en général, cela aide le
développement
économique du Québec.
Les grandes lignes que nous allons voir, nous sommes en train de les
développer. Nous voulons accentuer le développement
économique, nous voulons accentuer les exportations et nous voulons
maintenir les tarifs le plus bas possible pour les consommateurs
québécois. L'accent pour nous, ce n'est pas nécessairement
d'aller chercher le plus d'argent possible par HydroQuébec pour payer
des dividendes. Si les dividendes sont payables, il est certain que cela va
aider à réduire... Dans le contexte actuel, on
préfère avoir des dividendes pour nous aider à
réduire le déficit qui s'est accumulé au cours des
années.
L'accent devrait être mis sur deux aspects: le
développement économique, attirer des industries au
Québec, et développer la Baie James pour créer des
emplois, pour accroître le développement économique. Nous
croyons aussi qu'en signant des contrats, en développant la
deuxième phase de la Baie James cela aidera à maintenir un bas
niveau de tarifs pour les Québécois parce que ces revenus seront
utilisés au bénéfice d'Hydro-Québec, au
bénéfice de la population québécoise. Le profit de
ces contrats aidera certainement à réduire les augmentations
possibles d'Hydro-Québec.
En général ce sont nos orientations. Au fur et à
mesure, nous développerons certains aspects plus en détails, mais
ce sont nos orientations générales.
Discussion générale
M. Gauthier: Je remercie le ministre. II a fait allusion une
couple de fois aux hausses de tarifs d'Hydro-Québec dans les
années 1978-1979.
M. Ciaccia: Est-ce que je pourrais demander au
député s'il était possible de finir le secteur terre
jusqu'à...
M. Gauthier: Vous aimeriez qu'on laisse le secteur énergie
et qu'on regarde...
M. Ciaccia: Non, continuez. S'il y a des informations que je n'ai
pas ici je pourrai toujours vous les fournir cet après-midi.
M. Gauthier: D'accord. Je m'excuse auprès du ministre et
des fonctionnaires. On ne m'avait pas informé de cet ordre-là,
j'avais plutôt l'inverse. C'est un problème de communication et je
m'en excuse. Je ne m'étais pas préparé de cette
manière.
On pourrait peut-être revenir brièvement sur ce que vous
avez donné comme différence entre les politiques des deux
gouvernements. D'abord dans sa réponse le ministre s'est
référé beaucoup, bien sûr, au livre blanc du
ministre Joron à telle enseigne qu'à un moment donné je me
demandais s'il avait iui-même des orientations. On a fini par
dégager. Le ministre nous a dit: Nous voulons exporter davantage. Cette
chanson revient fréquemment depuis un certain nombre de mois. On sait
pourquoi aussi et on s'intéressera davantage à cela un petit peu
plus tard.
J'aimerais revenir sur la question de la hausse des tarifs
d'Hydro-Québec. Est-ce que le ministre conviendrait avec moi que la
hausse des tarifs d'Hydro-Québec est toujours discutée en
commission parlementaire? Elle est justifiée par Hydro-Québec
à partir très souvent de sa situation financière. Le
ministre nous a dit: J'autorise cette année une hausse de 2 %
supérieure à l'inflation parce que je ne voudrais pas que la
situation financière d'Hydro-Québec se détériore.
Il sait donc que les hausses de tarif accordées sont, en
général, très liées à la santé
financière d'Hydro-Québec, aux investissements qu'elle fait et
aux paiements qu'elle doit assumer, de même que cela est très
lié aux emprunts qu'elle doit faire pour payer, bien sûr, ce qu'il
reste à payer de ses projets.
Est-ce que le ministre conviendrait que la hausse importante des tarifs
consentie à Hydro-Québec au cours de ces années-là
coïncide étrangement, avec un léger décalage
compréhensible, avec la hausse des investissements importants qui ont
été faits par Hydro-Québec à la Baie James? Est-ce
qu'il n'accepterait pas une fois pour toutes d'admettre que lorsqu'on force
Hydro-Québec à investir à un rythme très rapide il
faut s'attendre - pour la bonne santé financière de celle-ci,
à partir des barèmes qu'on lui a fixés, à partir
des critères qu'elle a à respecter pour sa santé
financière automatiquement, dans la structure actuelle des choses,
à ce qu'elle augmente ses revenus de façon appéciable et
que la manière de le faire c'est souvent à partir des ajustements
de tarifs? Est-ce qu'il n'admettrait pas cela au moins? Je veux bien croire
qu'il veut faire un petit peu de politique avec cela en disant: C'est 5,4 %,
ils ont déjà fait une année à 18 % - je ne sais
trop quel chiffre il a utilisé - ils ont déjà fait des
années à 10 %, à 7 %. Il y a évidemment l'inflation
qui joue là-dedans. Les quelques années où la hausse de
tarifs autorisée s'est démarquée davantage de l'inflation
ce sont des années où HydroQuébec a dû le faire pour
maintenir sa santé financière à cause des emprunts qu'elle
devait contracter pour payer des travaux qu'on lui avait demandé de
faire assez rapidement. Est-ce que le ministre n'accepterait pas cela au
moins?
M. Ciaccia: Moi, je croyais que le but de l'exercice aujourd'hui
était d'examiner les crédits pour l'année à venir,
l'année
prochaine. Maintenant, si vous voulez refaire l'historique
d'Hydro-Québec et savoir pourquoi cela a augmenté, ]e pourrais
vous dire qu'il y a eu des manques d'investissements au Québec dans les
neuf dernières années. Il y a eu des problèmes
économiques. Peut-être que si Hydro-Québec avait vendu,
à ce moment, avec une politique du gouvernement, s'il y avait eu une
vraie politique d'exportation, cela ne serait pas arrivé de cette
façon. Écoutez, si vous voulez faire un débat
là-dessus, je ne pense pas que ce soit le temps ici, mais je peux bien
passer le temps et échanger différentes vues, je n'ai pas
d'objection.
Vous allez me donner votre point de vue, je vais vous donner le
mien.
M. Gauthier: Je ferais remarquer au ministre...
M. Ciaccia: On peut le demander aux autres parlementaires et on
peut faire une petite discussion sur les avantages ou les désavantages
de l'exportation, sur ce qui s'est produit durant les dernières
années au point de vue économique et sur l'augmentation du
déficit pour lequel il fallait aller chercher des revenus. C'est clair
que c'est un ensemble. Vous ne pouvez pas discuter seulement
d'Hydro-Ouébec dans un vacuum. Hydro-Québec fait partie de
l'économie du Québec et, quand l'économie du Québec
va mal, Hydro-Québec est obligée de poser des gestes et d'aller
chercher des revenus. Si de gros investissements avaient été
faits par Hydro-Québec, avec Hydro-Québec, dans ces
années, peut-être qu'on n'aurait pas eu besoin... Écoutez,
ce sont des théories. C'est un point de vue. Nous avons notre point de
vue. Vous avez le vôtre. Je ne pense pas qu'on va régler toute la
problématique aujourd'hui, mais si c'est cela que vous voulez faire au
cours des prochaines heures on va inviter les autres députés
à nous donner eux aussi leur point de vue et on va voir. Cela serait une
discussion intéressante. Je ne sais pas si cela va aboutir à
grand-chose. Finalement, il va falloir examiner les crédits et les
adopter, mais je suis à votre disposition pour faire ces
discussions.
M. Gauthier: M. le Président...
M. Ciaccta: Je ne veux pas vous empêcher...
M. Gauthier: Merci.
M. Ciaccia: Je ne veux pas invoquer la procédure. Si c'est
cela qu'on veut faire, moi je suis prêt.
M. Gauthier: Je voudrais bien m'assurer que je suis encore
à la même commission parlementaire où j'étais
voilà à peu près quinze minutes. Je pose une question. Je
fais état au ministre de la politique énergétique
québécoise des années qui ont immédiatement
précédé son entrée en fonction. Cela fait quelques
mois seulement. Je ferai remarquer, d'ailleurs, qu'à chaque fois qu'on
pose une question au gouvernement on nous ramène constamment sur ce qui
s'est fait dans les années précédentes. Aujourd'hui, parce
que je...
Une voix: ...
M. Gauthier: Vous pouvez toujours demander le droit de parole,
monsieur, si vous voulez. Aujourd'hui, parce que je situe dans le contexte du
développement énergétique québécois la
commission parlementaire et les questions que je veux poser au ministre, le
ministre me répond sur la hausse des tarifs d'Hydro-Québec qui a
été accordée sous un de nos mandats comme gouvernement.
Parce que je lui fais un commentaire de cet ordre, il me dit: Si vous voulez
perdre votre temps, on peut bien s'amuser. Je voudrais savoir si le ministre,
ici, peut dire n'importe quoi et si l'Opposition est astreinte à poser
des questions sur des choses très particulières.
Je n'ai pas l'impression de ... Je ne comprends pas l'attitude du
ministre. C'est lui qui a évoqué cela et là, parce que je
reviens là-dessus, il me dit qu'on perd notre temps. Tout de même,
M. le ministre, si vous voulez faire une commission de ce genre, on va en faire
une. Je suis capable de vous en promettre une belle. On peut avoir du "fun"
tous les deux. Sauf que je pense que mes questions ont été
responsables depuis le début. J'ai ouvert le débat sur la
politique énergétique québécoise dans les
années qui ont précédé l'arrivée en poste du
ministre. Je lui ai posé une question très sérieuse sur
ses orientations. Que le ministre ait de la misère à les
définir parce qu'il ne l'a pas fait, c'est bien possible. Remarquez bien
que je ne porterai pas de jugement là-dessus. Mais je voudrais bien que
le ministre, au moins, s'il prend la peine de faire référence
à des éléments qui ont touché l'ancien
gouvernement, à des hausses de tarifs ou è des choses comme
celles-là, me permette au moins - pour l'information de ses
collègues qui semblaient se réjouir de chiffres lancés en
l'air, comme cela - de lui poser des questions sur ce qu'il me donne comme
réponse. (11 h 30)
Si ses réponses sont tellement hors contexte que je ne puis pas
lui poser de questions s'y rattachant sans être moi-même hors
contexte, à ce moment, il faudrait peut-être que le ministre
rajuste ses réponses. Cela dépend du genre de commission
parlementaire qu'il veut. J'aimerais qu'on s'ajuste tout de suite, M. le
ministre. Si vous voulez une commission parlementaire sérieuse,
il faut le dire; si vous voulez une commission parlementaire du genre de celle
que vous semblez être en train de vouloir lancer depuis quelques minutes,
on peut en faire une.
M. Ciaccia: M. le Président, est-ce que je pourrais
assurer le député que je suis ici pour répondre à
ses questions? Si vos questions portent sur les années soixante-dix-huit
et soixante-dix-neuf, je vais faire de mon mieux pour y répondre. Je ne
veux pas faire de procédure, je ne veux pas vous limiter ou vous
empêcher de poser les questions que vous voulez. Même je suis assez
accommodant. On devait discuter le secteur terres ce matin; vous commencez avec
l'énergie, très bien je n'ai aucune objection. Je voudrais juste
vous faire remarquer que les questions hypothétiques que vous avez
posées dans le passé ça ne peut pas se répondre par
oui ou par non. Il y a d'autres éléments. Le but, en vous
répondant de cette façon, ce n'est pas de vous empêcher de
poser des questions ou de faire le tour de tous les problèmes
d'Hydro-Québec et de l'énergie. C'était juste pour porter
ces faits à votre attention. Maintenant, je suis prêt à
répondre aux questions que vous voulez.
M. Gauthier: D'accord.
M. Ciaccia: Je peux vous assurer que je veux être aussi
accommodant que possible.
La part de l'électricité et du gaz au
Québec
M. Gauthier: C'est parfait, M. le ministre, moi également.
Je vais revenir au sujet qui nous intéresse. J'aimerais savoir s'il est
de l'intention du ministre de poursuivre par des actions ou par des programmes
particuliers l'augmentation de la part du bilan énergétique en ce
qui concerne l'électricité et le gaz. Est-ce que le ministre a
l'intention dans les prochaines années de poser des gestes susceptibles
de faire augmenter cette part du marché ou est-ce qu'il considère
que la part occupée actuellement est suffisante?
M. Ciaccia: Écoutez, comprenons-nous. Ce n'est pas le
livre blanc de M. Joron qui a inventé l'augmentation de la part...
M. Gauthier: Ce n'est pas cela que je vous ai demandé.
M. Ciaccia: ...non, non mais laissez-moi parler - de
l'électricité au Québec. Je ne suis pas le livre blanc
dans ce sens. M. Joron est arrivé dans une situation où il y
avait le projet de la Baie James, qui avait été commencé
par le Parti libéral, par le gouvernement libéral. Alors,
c'était évident que l'intention du gouvernement libéral
était d'accroître la part de l'électricité au
Québec. C'est évident ça, et nous allons poursuivre
ça. C'était une de nos politiques. Si on n'avait pas voulu
augmenter la part de l'électricité au Québec de 22 %
à un chiffre plus élevé on n'aurait jamais lancé le
projet de la Baie James. Alors, c'est certain que nous continuons les
politiques qui existaient de 1970 à 1976, d'augmenter la part de
l'électricité au Québec.
J'essayais de vous donner un peu la distinction entre notre approche et
l'approche de M. Joron, l'approche du gouvernement précédent. Les
différences se traduisaient dans la façon d'utiliser nos
ressources hydroélectriques pour le développement
économique. Il ne s'agit pas seulement de dire: Bon, écoutez, on
va accroître la part de l'électricité au Québec.
Oui, on veut l'accroître. C'est 38 % maintenant. HydroQuébec a des
programmes de biénergie, Hydro-Québec a des programmes pour
l'industrie, Hydro-Québec fait des programmes spéciaux pour
toutes sortes de secteurs. C'est quoi le but de cela? Le but c'est d'augmenter
la part de l'hydroélectricité au Québec, ça c'est
certain. Mais en plus de ça, en plus d'utiliser les surplus,
l'excédent - maintenant je pense qu'il n'y en a plus d'excédent,
parce que les surplus font partie des contrats - en plus de faire cela, nous
disons: On veut aussi devancer si possible les constructions de la phase II de
la Baie James. Et pour ce faire nous allons donner une priorité - sans
exclure l'augmentation au Québec - à l'obtention de contrats dans
les États américains pour recommencer les travaux à la
Baie James.
M. Gauthier: Le ministre a fini par me répondre
qu'effectivement un de ses objectifs était d'augmenter la part de
l'hydroélectricité dans le bilan énergétique du
Québec. Est-ce que le ministre s'est fixé un objectif
quantifiable ou c'est un voeu qui est là et il n'y a pas de chiffres? La
deuxième partie de ma question portait, je vous le rappelle, sur le gaz.
Est-ce que le ministre a l'intention de mettre en place des programmes, des
mécanismes et de poser des gestes pour augmenter encore l'utilisation du
gaz au Québec?
M. Ciaccia: Je voudrais faire remarquer au député
qu'il y a un problème. Si on ne veut pas s'occuper des tarifs, on
pourrait augmenter la part de l'électricité au Québec
beaucoup plus vite, mais on a à prendre en considération le
consommateur québécois et c'est ce qu'on disait en 1978: C'est
beau et c'est bon d'augmenter la part de l'électricité, mais il
faut le faire d'une telle manière que les tarifs n'augmenteront pas
d'une façon vertigineuse.
Si on voulait augmenter la part de l'électricité de 38 %
à 48 % dans un court espace de temps, on pourrait le faire, mais on ne
maintiendrait plus les tarifs les plus bas au Canada, sauf le Manitoba. On
n'aurait pas un tarif de 21 % à 30 % meilleur qu'à Toronto pour
concurrencer les autres, pour obtenir les industries ici. On ne pourrait pas
dire aux Américains: On peut construire à un prix plus bas et on
peut vous fournir l'électricité à un prix plus bas.
Nous avons ces choix à faire et ce sont des décisions
à prendre. Oui, nous voulons augmenter, mais on ne peut pas fixer et
dire, par exemple: On va aller à 48 %. C'était cela que je
trouvais qui était un peu l'erreur en 1978. On fixait le chiffre et on
essayait de le faire dans un temps très restreint, ce qui, en soi, veut
dire qu'il faut augmenter les tarifs.
Ce que nous voulons faire, et c'est un des buts de notre politique
énergétique aussi, c'est donner un cadre qui permette
l'établissement au Québec d'un marché concurrentiel entre
les différentes formes d'énergie. Il faut aussi considérer
le consommateur. Si, pour considérer le consommateur, il faut avoir une
concurrence entre Hydro-Québec, le gaz naturel et le pétrole
d'une autre façon - parce qu'il y a des questions de
sécurité d'approvisionnement, il y a d'autres problèmes
auxquels nous devons faire face, nous devons maintenir l'équilibre -
peut-être cela veut-il dire qu'on n'augmentera pas la part de
l'hydroélectricité si vite parce que, si on le fait, on va perdre
l'avantage que nous avons et nous allons pénaliser le contribuable.
C'est pour cela que je ne peux pas vous dire quel est le pourcentage. Je
sais qu'Hydro-Québec prévoit une croissance de 3 % par
année. Si nous sommes à 38 % aujourd'hui, nous allons
augmenter... Les 3 % ne sont pas ajoutés aux 38 %.
M. Gauthier: Cela n'a rien à voir avec cela.
M. Ciaccia: La croissance de l'électricité,
éventuellement, peut ou ne peut pas augmenter les 38 %. Nous devons
tenir compte du prix de l'énergie au consommateur tout en tenant compte
du développement d'Hydro-Québec.
M. Gauthier: Je comprends bien cela, M. le ministre. Je comprends
tellement bien cela que c'est exactement pour cela que je vous pose la
question. Je vous demande si vous vous êtes fixé un objectif; plus
lent, moins lent, peu importe, fixez-le comme vous voudrez. En essayant de
découvrir quelles sont vos orientations dans le domaine de
l'énergie au Québec - il me semble que c'est légitime de
le faire en commission parlementaire - je vous demande si vous vous êtes
fixé un objectif. Vous me répondez: Cela peut être plus
lent, cela peut être moins lent, cela peut ne pas l'augmenter du tout,
cela peut l'augmenter beaucoup, cela dépend des prix. Je sais que cela
dépend des prix. Je sais que cela dépend d'un paquet de facteurs.
Je sais que cela a de l'influence sur les tarifs, je vous l'ai donné en
réponse tout à l'heure. Je sais que cela a des influences de
toute nature. Le ministre, dans sa vision claire qu'il doit avoir des objectifs
poursuivis... J'imagine qu'il va mettre des programmes en place, il va
probablement nous en annoncer un cet après-midi ou il va nous donner des
explications sur un nouveau programme en collaboration avec
HydroQuébec.
Je veux savoir du ministre... On ne met pas des programmes comme cela en
place, en n'ayant pas de chiffres, en disant: De temps en temps il faut aller
plus vite et de temps en temps il faut aller moins vite. J'imagine que le
ministre doit avoir une idée où il s'en va. Ce que je lui
demande, c'est cela. Il a commencé à me dire dans sa
réponse: On ira moins vite que l'ancien gouvernement. C'est
déjà une orientation.
M. Ciaccia: Je n'ai pas dit cela.
M. Gauthier: Ce n'est pas cela non plus?
M. Ciaccia: Je n'ai pas dit qu'on ira moins vite.
M. Gauthier: Je m'excuse, je vous laisse répondre
là-dessus.
M. Ciaccia: Nous sommes maintenant en discussion avec
Hydro-Québec. HydroQuébec a préparé un plan de
développement pour les années à venir. Vous allez me
permettre après quatre mois de dire: Je veux m'asseoir avec
Hydro-Québec et examiner ce plan de développement, voir
exactement les conséquences au point de vue économique, au point
de vue de la pénétration, au point de vue de la tarification. Je
suis en train de faire cela. Je ne suis pas en mesure de vous dire aujourd'hui,
M. le député, cela va être X pourcentage. Non.
J'espère qu'à la suite de l'examen du plan d'Hydro-Québec
on va pouvoir dégager certains plans de développement, certaines
orientations et vous donner une meilleure idée exactement de la part que
l'hydroélectricité va aller chercher parce que, je vais vous
donner un exemple, HydroQuébec propose - et vous étiez à
la commission parlementaire - la gestion de la demande, la gestion de
l'offre.
Cela implique, nécessairement, une réduction de la
croissance hydroélectrique au Québec. Cela implique qu'au lieu,
par exemple, d'avoir besoin de 4000 mégawatts
de plus on aurait peut-être besoin de 1200 mégawatts parce
qu'ils vont réduire l'offre et la demande. Je vais examiner quelles sont
les conséquences. Est-ce qu'on devrait prendre cette direction? Est-ce
que les bénéfices qu'Hydro prévoit en proposant une telle
politique, cela va avoir d'autres conséquences négatives?
Autrement dit, est-ce qu'on peut prendre cette approche ou est-ce qu'on devrait
dire: La gestion de l'offre et de la demande on va l'amoindrir, on va laisser
l'offre et la demande accroître parce que cela va permettre la
construction d'autres développements? On ne gérera pas l'offre et
la demande de la même façon qu'Hydro le demande. On va la laisser
augmenter. Cela va nous permettre de construire. Là, il faut
évaluer. Est-ce qu'on va avoir des bénéfices de l'un ou
l'autre? C'est à ce point que j'en suis aujourd'hui, M. le
député.
M. Gauthier: D'accord. Je remercie le ministre. C'est un peu ce
que je voulais savoir, finalement, où il en était rendu dans ce
cheminement qu'il doit faire. Il en est bien conscient. Je l'ai d'ailleurs
mentionné au début de mon intervention d'ouverture.
M. Ciaccia: Je voudrais ajouter un autre point. C'est le fait
qu'il existe au Québec un marché énergétique
véritable, autrement dit il y a de la concurrence. La
pénétration de l'électricité va être en
fonction de l'évolution du prix des autres ressources d'énergie.
Vous avez vous-même mentionné que le prix du pétrole a
baissé. Vous savez que cela affecte le programme biénergie
d'Hydro-Québec parce qu'Hydro-Québec a un programme de
biénergie où elle va remplacer le mazout par
l'électricité. Si la température baisse à un
certain point, c'est interruptible. Là, on utilise le mazout. Si la
température est au-dessus d'un certain degré, cela va être
l'électricité. Quand le prix du mazout était à 26 $
le baril - c'est un bon programme - il y avait beaucoup de gens qui prenaient
avantage de ce programme mais, quand le mazout est à 10 $ le baril, les
gens sont plus hésitants pour ce programme parce que le prix de
l'énergie est basé sur 80 % du prix du mazout entre octobre et
décembre de l'année.
L'année dernière, entre octobre et décembre, le
prix moyen du mazout était beaucoup plus élevé
qu'aujourd'hui. Les consommateurs qui pourraient prendre avantage de ce
programme hésitent et attendent. C'est pour cela qu'on dit: On doit
prendre en considération le prix des autres énergies dans les
plans de développement et dans les programmes qu'Hydro peut offrir pour
accroître la demande hydroélectrique au Québec.
M. Gauthier: Il y a quelques points sur lesquels je veux revenir.
Je demanderais au ministre, à la suite de ce que je lui demandais tout
à l'heure: Puisque le ministre me dit qu'il est à regarder - cela
ne fait que quelques mois, cinq mois qu'il est ministre - avec
Hydro-Québec cette question des objectifs fixés pour les
prochaines années, tenant aussi compte des programmes de la gestion de
la demande qu'Hydro-Québec nous a expliqués en commission
parlementaire, est-ce que le ministre veut me dire également par
là, puisque cela a des conséquences directes sur les programmes
qui sont mis en place, qu'il ne détient pas à ce moment-ci cette
information très claire et qu'il n'a pas eu le temps de compléter
tous les échanges avec Hydro? Les programmes nouveaux qui s'en viennent,
que le ministre va annoncer, cela fait finalement suite à ce qu'Hydro
prévoyait comme programmes. Le ministre a accepté de fait ces
programmes puisque lui-même n'avait pas de point de vue sur la
pénétration du marché québécois par
l'électricité. Il n'avait pas de point de vue très clair.
Il avait des choses à évaluer. C'est donc dire, j'imagine,
qu'avant de mettre en place des programmes il s'est fié davantage
à Hydro-Québec qu'à ses propres ressources. (11 h 45)
M. Ciaccia: Non, il ne faut pas que vous m'attribuiez des paroles
que je n'ai pas dites. Il ne faut pas dire que je n'ai pas de point de vue et
que je ne sais pas où on veut aller. L'exercice que j'ai demandé
à Hydro-Québec de faire, c'est de me donner d'autres
possibilités, d'autres scénarios pour voir les
conséquences. C'est certain qu'on veut augmenter la part
d'Hydro-Québec, si possible, en tenant compte des tarifs, mais je dois
vous dire que la planification énergétique ne relève pas
du dogme. Ce n'est pas une question de dogme, mais cela relève de
l'analyse d'une situation énergétique qui est en évolution
rapide. Personne n'aurait pu prévoir, l'an dernier, que les prix du
pétrole chuteraient de la façon dont cela s'est fait. Ce n'est
pas qu'on ne sait pas où on veut aller, qu'on ne sait pas où on
va et qu'on n'approuvera pas les programmes actuels d'Hydro-Québec.
C'est clair que ces programmes en marche sont approuvés et
qu'Hydro-Québec les met en marche, mais il faut examiner d'autres
scénarios pour l'avenir. C'est sur cela qu'Hydro-Québec se penche
maintenant.
M. Gauthier: Est-ce que le ministre pourrait me dire, concernant
le marché du gaz... On a fait le point sur
l'hydroélectricité. En tout cas le ministre, sans vouloir lui
attribuer des propos, m'a dit: J'ai demandé d'autres scénarios,
j'ai des choses à évaluer encore, mon point de vue n'est pas
arrêté sur le sujet. C'est à peu
près ce que j'ai compris. Je ne veux pas charrier; je veux
simplement bien comprendre. Dans le domaine du gaz, est-ce que le ministre a
fait ou projette de faire le même exercice pour être capable
d'évaluer d'éventuels programmes, de mettre en place
d'éventuels programmes de pénétration du gaz?
M. Ciaccia: Oui, M. le député. Nous allons faire le
même exercice et nous allons même demander un rapport pour
réévaluer le rôle de la Régie de
l'électricité et du gaz, parce qu'il y a eu une
déréglementation. Â la suite de cette
déréglementation, le rôle de la Régie de
l'électricité et du gaz peut changer. Je sais que des
représentations nous ont été faites par Gaz
Métropolitain. Ils ont un certain point de vue. Ils trouvent que la
réglementation est maintenant trop restrictive, parce qu'il y a eu cette
déréglementation au niveau fédéral et parce
qu'à la suite de cette déréglementation, non seulement Gaz
Métropolitain, mais l'ensemble des usagers du gaz naturel au
Québec a pu bénéficier d'une épargne de quelque 26
000 000 $. Cela nous oblige à réévaluer le rôle de
la régie et à réévaluer le rôle et l'avenir
du secteur du gaz naturel au Québec.
M. Gauthier: Je remercie le ministre. Dans la même veine,
puisqu'on aborde ce sujet, il y a un problème qui doit être
soulevé et j'aimerais avoir l'avis du ministre. L'Hydro-Québec a
mentionné, si ma mémoire est exacte, en commission parlementaire,
qu'évidemment une éventuelle taxe de vente de 9 % sur le gaz lui
permettrait d'être plus compétitive, mettrait
l'électricité et le gaz sur un même pied. Je vois le
ministre qui sourit, probablement qu'il a une réponse bien prête
là-dessus. Est-ce que je pourrais connaître l'avis du ministre
concernant ce voeu d'Hydro-Québec de rendre la tarification du gaz
sujette à une taxe de 9 %?
M. Ciaccia: Parfois, je me sens comme un arbitre entre
Hydro-Québec et Gaz Métropolitain, parce qu'il y a une
concurrence farouche entre les deux. Dans le secteur institutionnel, par
exemple, Gaz Métropolitain concurrence Hydro-Québec et
Hydro-Québec concurrence Gaz Métropolitain. Alors,
j'écoute, j'examine et j'évalue. Mais le sujet que vous abordez,
c'est plutôt une question de finance. On évalue.
M. Gauthier: Ce n'est pas le temps aujourd'hui de poser des
questions là-dessus, M. le ministre.
M. Ciaccia: Non, ce n'est pas vraiment le temps. Je vous
suggérerais d'attendre à 20 heures ce soir.
M. Gauthier: D'accord, je comprends la situation. On pourra
peut-être en reparler éventuellement à une autre commission
parlementaire.
M. Ciaccia: Oui, après ce soir.
M. Gauthier: Je comprends votre position à ce moment-ci.
Je dois vous dire d'ailleurs que c'est à escient que je le faisais. Je
soupçonnais le ministre des Finances d'avoir envie de jouer sur cette
taxe de 9 %. Je ne vous demande pas de réponse là-dessus, M. le
ministre.
M. Ciaccia: Oui, le ministre des Finances a aussi un rôle
à jouer dans ce domaine.
M. Gauthier: Je vous remercie beaucoup M. le ministre. J'aimerais
passer davantage à un autre sujet qu'on a abordé tout à
l'heure. À moins qu'il y ait des questions sur ce sujet de façon
générale. Je voudrais passer sur le sujet de l'exportation de
l'électricité.
Le Président (M. Charbonneau): Sur le même sujet,
monsieur...
M. Gobé: Peut-être sur le gaz. M. le ministre, la
semaine dernière ou au début de cette semaine, dans une
conférence de presse conjointe avec le président de SOQUIP, vous
annonciez...
M. Gauthier: Je m'excuse, je voulais aborder le problème
de Soligaz.
M. Gobé: Oui.
M. Gauthier: D'accord. Si on y va, je le ferai tout de suite.
J'attendais les fonctionnaires.
Formation d'un consortium sur le gaz
M. Gobé: Cela ne dérange pas? Vous annonciez donc
la création d'un consortium qui regroupait entre autres SOQUÎP, la
Société albertaine de gaz naturel - c'est comme cela qu'on
l'appelle en français - et SNC. Pourriez-vous nous expliquer si
c'était un voeu pieux ou un projet à l'état
d'étude, ou si c'était simplement la première phase de la
réalisation de ce concept et de ce projet?
M. Ciaccia: C'est plus qu'au stade de l'étude. Cela a
dépassé le stade de l'étude. Les partenaires du consortium
sont Alberta Natural Gas, qui vient du secteur privé et qui s'est jointe
à SOQUIP, à SNC et à Gaz Métropolitain pour le
projet Soligaz. Cela comprend la transformation de la ligne de Sarnia à
Montréal pour permettre aux liquides de gaz naturel d'arriver à
Montréal.
Ce serait vraiment, comme on l'a expliqué, la troisième
phase d'une politique globale. On avait la sécurité
d'approvisionnement, on avait le pétrole de l'Ouest. Maintenant cela
prend les liquides de gaz naturel pour venir au Québec. C'est un projet
qui doit franchir une autre étape, l'étape de l'étude
technique et l'obtention des permis de l'Office national de l'énergie.
Quant à la rentabilité, à la volonté de
procéder avec le projet, le consortium est prêt à y aller.
Ils ont fait leur propre étude. Il s'agit maintenant de faire
l'étude technique pour aller devant l'Office national de
l'énergie afin de dire: Nous avons fait l'étude technique, c'est
faisable, nous voulons la permission d'aller de l'avant avec le projet.
M. Gobé: Quels produits sortiront?
M. Ciaccia: Le propane, et aussi le butane pour Pétromont.
Une partie de ce projet alimentera Pétromont. Celle-ci est
désavantagée parce qu'elle doit obtenir cette matière
première et les coûts de transport de Sarnia à l'usine sont
à peu près de 4 $ le baril. Cela rend les coûts
d'exploitation de Pétromont très difficilement rentables. Avec le
pipeline, les coûts seront réduits à 1,25 $ ou 1,50 $. Ce
sera compétitif avec le prix des hydrocarbures dans tout le Canada.
C'est un engagement que nous avons obtenu du gouvernement
fédéral. Le produit de l'usine de fractionnement sera
utilisé pour le marché du gaz propane au Québec, aux
Maritimes, même dans des sections de l'Ontario et dans le Nord-Est
américain et une partie alimentera Pétromont. C'est maintenant un
marché de gaz propane existant, mais c'est plus élevé pour
les consommateurs. Ce projet fera réduire le prix aux consommateurs, et
l'économie en général en bénéficiera.
M. Gobé: Lorsqu'on parle de Pétromont vous
mentionnez que le baril, qui coûte actuellement 4 $ pour le rendre
à l'usine, reviendrait à 1,50 $...
M. Ciaccia: 1,25 $ ou 1,50 $.
M. Gobé: ...ce qui représente une
économie...
M. Ciaccia: Ce sont les coûts du transport.
M. Gobé: Non, non, le coût du transport. Cela peut
être une économie de combien dans le coût de fonctionnement
de Pétromont?
M. Ciaccia: Ils prennent, je pense, 5000 barils par jour. Alors,
si vous ajoutez, je pense que cela fait...
M. Gobé: Quelques millions.
M. Ciaccia: Je pense que Pétromont c'est 5000 barils-jour
de normal butane à Pétromont. L'usine de fractionnement aura une
capacité de 36 000 barils-jour. Vous voyez, cela n'est pas seulement
pour Pétromont. De ces 36 000, elle va vendre 5000 barils-jour de normal
butane à Pétromont; les autres produits seront, comme vous l'avez
mentionné, divisés entre d'autres distributeurs de propane, aux
grossistes qui alimenteront les marchés de la chauffe et des carburants.
Ce sera une épargne assez considérable pour Pétromont.
M. Gobé: En termes de développement...
M. Ciaccia: Je pense que c'est un projet essentiel pour la
rentabilité de Pétromont. C'est pour cela que nous l'avons
poussé, que nous avons demandé à SOQUIP de vraiment faire
tout le nécessaire pour obtenir le consortium et les partenaires
nécessaires pour aller de l'avant avec le projet.
M. Gobé: En ce qui concerne l'usine comme telle, est-ce
que nous allons avoir affaire à une nouvelle technologie où
est-ce que c'est quelque chose qui existe déjà, le processus de
fractionnement?
M. Ciaccia: L'usine de fractionnement qui sera construite dans
l'est de Montréal représente un investissement de 110 000 000 $
et va créer 70 emplois directs. À ma connaissance, ce n'est pas
une nouvelle technologie, c'est quelque chose d'existant.
M. Gobé: C'est quelque chose qui existe
déjà.
M. Ciaccia: Oui.
M. Gobé: Je pense que cela suffit en ce qui me concerne.
Merci, M. le ministre.
M. Gauthier: M. le ministre, sur le même dossier,
j'aimerais que vous nous indiquiez, à tout le moins, à quel
moment le ministère a commencé à travailler ce
dossier-là?
M. Ciaccia: II a commencé avant que j'arrive au
ministère. Est-ce que c'est ça le but de votre question?
M. Gauthier: Non, ce que je voulais savoir, c'est à quelle
période les... Parce qu'il faut bien le dire, cela règle
effectivement le problème de la pétrochimie à
Montréal. À quel moment, ils se sont...
M. Ciaccia: On m'informe que cela fait plusieurs années
que cela est en cours, mais le moment où cela s'est cristallisé,
c'est au mois de décembre 1985, quand nous avons rencontré le
gouvernement fédéral pour une raison très très
simple et une condition fondamentale au projet. Ce projet ne pouvait pas
être construit si les coûts de la conversion du pipeline
étaient, comme on dit, "added on". Autrement dit, si le coût de la
conversion devait être absorbé strictement à
Montréal, le projet devenait non rentable.
Nous avons négocié avec le gouvernement
fédéral, nous l'avons par écrit, et cela a
été des négociations très dures parce que le
principe de faire accepter que ce serait un prix "rolled in", cela veut dire
que le coût de la conversion va être ajouté à tous
les utilisateurs d'Edmonton jusqu'à Montréal. Alors, cela veut
dire que le prix à Montréal va être le même que le
prix à Sarnia, puis à Toronto. Si on n'avait pas eu cette
condition du gouvernement fédéral, tous les pourparlers des deux
années précédentes n'auraient pas abouti, parce que ce qui
rend le projet possible c'est cette condition. Autrement, on n'aurait pas pu
avoir le consortium. Alberta Natural Gas s'est jointe à ce projet quand
cette condition-là a été obtenue.
M. Gauthier: Ce que vous venez de dire a été
accepté au mois de décembre?
M. Ciaccia: Les conditions, oui.
M. Gauthier: J'aimerais savoir, M. le ministre... Là
c'est une question; je ne sais pas comment vous allez la prendre, mais je vous
la pose quand même... Étant donné que SOQUIP est
impliquée là-dedans comme société, bien sûr,
sur laquelle vous avez une bonne influence - je n'en doute pas - est-ce que
cela veut dire que cela écarte pour le moment les menaces de
privatisation de SOQUIP? Est-ce que vous avez mis au pas votre collègue,
le ministre délégué à la Privatisation, pour lui
dire qu'on avait encore besoin, à l'occasion, de sociétés
d'État dans des dossiers de fond comme celui-là? (12 heures)
M. Ciaccia: Cela ne menace ni ne consacre SOQUIP comme
société d'État. Je sais qu'il y a eu une manchette - je
pense que c'est ce matin - dans le journal Les Affaires, à savoir que je
songe à vendre SOQUIP à Gaz Métropolitain. C'est la
manchette.
M. Gauthier: Ce n'est pas nécessairement la
vérité.
M. Ciaccia:Le journaliste, ce n'est pas lui qui a écrit la
manchette, m'a posé la question: Le gouvernement pourrait-il vendre
éventuellement SOQUIP à Gaz Métropolitain? J'ai dit: Je
n'exclus pas cette possibilité. Au moment où on se parle des
études sont en cours. Nous voulons voir vraiment le rôle de SOQUIP
et les actifs. La décision finale n'a pas été prise en ce
qui concerne SOQUIP. Je vous le dis en toute honnêteté et
franchise, la décision finale n'a pas été prise. Nous
examinons, par exemple - je vais être encore ouvert et franc avec vous -
plusieurs solutions. Quand nous aurons tout vu, examiné,
vérifié les rapports, considéré les avantages et
les désavantages, à ce moment-là ce ne sera pas la
décision du ministre, ce sera la décision du gouvernement de
procéder à la privatisation ou de garder SOQUIP, ou cela peut
être des parties de SOQUIP.
M. Gauthier: Je... Oui.
M. Ciaccia: Excusez-moi. Un autre élément
était essentiel pour la décision du consortium, ce sont les
investissements de 55 000 000 $ dans Pétromont. Cette décision a
été prise par le gouvernement fédéral, comme vous
le savez, au mois de décembre aussi, non seulement la décision du
"rolled in", de distribuer le prix, le coût, pour tous les utilisateurs
de la ligne, mais le montant de 55 000 000 $. C'est pour assurer l'avenir de la
pétrochimie, parce que, si vous amenez le pipeline et que
Pétromont ferme ses portes, cela ne deviendrait pas un projet
rentable.
M. Gauthier: Non, non, c'est très lié.
Je pense que tous ceux qui sont un peu connaissants dans ce domaine
savent que c'est...
M. Ciaccia: Oui, je voulais seulement le préciser.
M. Gauthier: ...une condition essentielle qui a
été poursuivie par tout le monde, de toute manière. Je
dois vous rendre hommage d'avoir complété ce dossier.
Effectivement, c'était fondamental et essentiel.
M. Ciaccia:Merci.
M. Gauthier: Vous voyez comment l'Opposition est capable de
reconnaître les gestes intéressants qui ont été
posés, comme le ministre a reconnu, d'ailleurs, que le gouvernement
précédent avait travaillé très fort dans ce
dossier.
M. Ciaccia: Oui.
M. Gauthier: C'est un exemple de dossiers au-dessus de la
politique.
M. Ciaccia: Oui, c'est vrai, ce que souligne le
député, pour certains dossiers. Quand j'étais, par
exemple, à Boston, le président...
M. Gauthier: On en reparlera.
M. Ciaccia: Oui, on en reparlera. Il y a certaines approches,
comme on dit en américain, "by-partisan". Il y a des choses au-dessus de
la partisanerie parce que c'est pour le bénéfice... Vous avez les
mêmes intérêts que nous dans !a pétrochimie et dans
les projets économiques. Alors, je suis d'accord avec vous.
M. Gauthier: Pour clore là-dessus, je ne doute pas, non
plus, de l'influence du ministre qui disait que ce sera une décision
gouvernementale de privatiser ou non SOQUIP. Je ne doute pas de l'influence
très grande du ministre de l'Énergie et des Ressources au Conseil
des ministres, qui ne manquera certainement pas de dire à ses
collègues comment cette société d'État a
été un instrument de premier plan dans la réalisation de
ce dossier.
M. Ciaccia: Je vais certainement avoir des recommandations
à faire au conseil.
M. Gauthier: Je l'imagine, M. le ministre. En ce qui me concerne,
ce dossier est terminé. Peut-être que M. le
député...
M. Gobé: Une petite précision, M. le ministre.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Lafontaine.
M. Gobé: Cela va seulement frôler un autre sujet
qu'on abordera plus tard. Je sais, M. le ministre, que depuis votre
arrivée au pouvoir et comme ministre vous avez fait beaucoup pour
sauvegarder des emplois dans l'est de Montréal, particulièrement
ceux de la raffinerie Gulf, dont on parlera peut-être plus tard.
J'aimerais que vous m'indiquiez si, dans cette nouvelle usine, il y aurait
possibilité que, concernant les employés non reclassés de
la raffinerie qui ont une expérience dans une usine pétrochimique
ou dans une usine de raffinage - c'est peut-être assez semblable dans
certaines opérations -l'on puisse inciter l'entreprise à les
considérer peut-être d'une manière plus prioritaire dans
leur engagement. Je sais que cela peut prendre un an ou deux.
M. Ciaccia: Je ferais cette recommandation très
volontiers. Les échéanciers sont que l'application doit
être faite à l'Office national de l'énergie au mois
d'octobre et, si tout va bien, on prévoit le commencement de la
construction en 1987. C'est un problème pour les travailleurs actuels.
J'espère - parce que l'usine ouvrira seulement en 1989 - qu'ils ne
seront pas en chômage d'ici à 1989. J'espère qu'on aura pu
faire d'autre chose et qu'ils auront pu trouver d'autre travail d'ici à
1989. En effet, ce serait vraiment désastreux si ces gens devraient
rester toutes ces années sans travail, parce que l'usine sera en
exploitation seulement vers la fin de 1989.
M. Gobé: Je l'espère, moi aussi, M. le ministre, et
je suis certain qu'ils auront des emplois avant, parce que vous en aurez
créé d'autres.
M. Ciaccia: D'ailleurs, il y a d'autres projets qui seront
peut-être annoncés dans un avenir plus immédiat et ces gens
pourraient être accommodés en allant travailler dans d'autres
projets.
M. Gobé: Est-ce que je pourrais vous questionner sur ces
projets, M. le ministre?
M. Ciaccia: Comme vous voulez.
M. Gobé: Est-ce que vous pourriez nous indiquer quels
autres projets on entend mettre en oeuvre dans le domaine de la
pétrochimie pour recycler ces gens?
M. Ciaccia: Comme vous le savez, la transaction pour l'usine de
phénol a déjà été annoncée. Les
mêmes opérateurs de l'usine de phénol, Lavalin, sont en
négociations avec Ultramar pour l'usine de cumène de l'autre
côté de la rue. Les négociations se poursuivent maintenant
et j'espère qu'elles pourront être terminées dans un avenir
très rapproché pour que l'usine de cumène soit remise en
opération.
Cela pourrait impliquer un bon nombre d'emplois. En plus des 100
d'emplois de l'usine de phénol, cela pourrait créer de 50
à 100 emplois de plus.
M. Gobé: Si je comprends bien, l'usine de cumène de
Montréal-Est serait prête à rouvrir. Est-ce que cela veut
dire qu'on reprendrait notre place de seul et unique fournisseur de ces
produits au Canada?
M. Ciaccia: Oui. Est-ce qu'il y a une autre usine de
phénol? Je ne pense pas qu'il y en ait une autre au Canada.
M. Gobé: Non, il n'y en a pas d'autres ailleurs, monsieur.
C'est parce qu'il avait été question que Petro-Canada en ouvre
une en Ontario. Cela veut dire qu'on reprendrait la place et le marché
que nous avions?
M. Ciaccia: C'est possible. Je l'espère. Certainement pour
le phénol. Je ne suis pas au courant pour le cumène. Je ne sais
pas s'ils produisent du cumène ailleurs. Je ne pourrais pas vous le
dire, mais certainement pour le phénol, oui. Je pense que l'autre usine
de phénol se trouve aux États-Unis.
M. Gobé: C'est aux États-Unis, oui. Donc, vous
pensez qu'on pourrait, dans un laps de temps raisonnable, avoir des
développements positifs dans cette usine?
M. Ciaccia: Je l'espère bien. Je travaille à ce
dossier. Justement, cette semaine, un de mes représentants rencontre la
compagnie Ultramar pour essayer d'accélérer les
négociations avec Lavalin.
M. Gobé: J'apprécie beaucoup votre
détermination à défendre nos intérêts dans le
domaine pétrolier, M. le ministre, et je vous en remercie au nom de mes
électeurs et de tous les Québécois également, parce
que je pense tout le monde est concerné par ces questions.
M. Ciaccia: Oui, parce que c'est une industrie de base. C'est
très important, parce que chaque emploi direct dans l'industrie de la
pétrochimie amène cinq emplois indirects. Quand vous dites qu'on
va créer ou redonner 200 emplois dans l'industrie du phénol et du
cumène, vous pariez vraiment indirectement de 1000 emplois.
M. Gobé: En terminant, j'aimerais dire qu'il me semble que
vous êtes le ministre économique le plus important de l'est de
Montréal!
M. Ciaccia: Je ne pense pas qu'il y ait des ministres
économiques dans l'est de Montréal.
M. Gobé: C'est pour cela que je vous dis ça.
M. Ciaccia: Non, ce n'est pas exact de dire cela, parce que mon
collègue de l'Industrie et du Commerce travaille dans le secteur de la
pétrochimie...
M. Gobé: C'était une boutade, M. le ministre.
M. Ciaccia: ...et nous travaillons en étroite
collaboration.
M. Gauthier: Vous comprenez, M. le ministre, que notre...
M. Ciaccia: Ce que je voulais dire, c'est qu'il n'y avait pas un
ministre dans l'est de Montréal... En tout cas, ce n'est pas cela.
M. Gauthier: ...collègue de Lafontaine, voulant vous
rendre pleinement hommage, a peut-être exagéré un peu dans
ses félicitations. Cela étant dit, effectivement, le
ministère de l'Énergie et des Ressources est extrêmement
important pour le développement de l'est de Montréal et pour
toute l'économie québécoise. J'y faisais allusion au
début et on en est profondément convaincu. Si vous avez...
M. Ciaccia: Excusez. Nous avons travaillé avec le ministre
de l'Industrie et du Commerce pour le problème de Pétromont et
les négociations pour l'obtention du montant de 55 800 000 $ avec le
gouvernement fédéral. Je ne voudrais pas vous créer la
fausse impression que je suis le seul à travailler à ces
dossiers.
M. Gauthier: J'avoue, M. le ministre, que votre performance
m'impressionne plus que celle de votre collègue. Vous n'êtes pas
obligé de commenter là-dessus.
Cela étant dit, si vous n'y avez pas d'objection, M. le ministre,
nous pourrions parler d'exportation d'électricité.
M. Ciaccia: Oui.
L'exportation d'électricité
M. Gauthier: Je sais que cela vous intéresse beaucoup.
Vous en parlez abondamment. Parfois même, je trouve que vous en parlez
trop, mais sur cela, évidemment, je suis certain que vous ne m'obligerez
pas à avoir le même point de vue que vous.
M. Ciaccia: Si on veut être vendeur, il faut prendre notre
produit et il faut en parler. Autrement, on ne pourra pas le vendre.
M. Gauthier: Vous allez comprendre, M. le ministre, que nous
sommes d'accord sur un certain nombre de points en ce qui concerne
l'exportation d'électricité. Je vais tenter de le
démontrer en quelques minutes. J'aurai certainement des questions
à vous poser sur ce domaine qui vous tient beaucoup à coeur.
Nous connaissons tous l'intention - c'est peut-être là
qu'est le problème, d'ailleurs -un peu... M. le Président, vous
me dérangez un peu.
Le Président (M, Charbonneau): Oh! M. le
député de Roberval, je vous prie d'accepter toutes mes
excuses.
M. Gauthier: Je les accepte, M. le Président, en
espérant que vous ne recommencerez pas. Cela étant dit, c'est
également une boutade.
Le Président (M. Charbonneau): Pour les fins du Journal
des débats.
M. Gauthier: Je voulais simplement dire qu'on connaît le
côté un peu mégalomane de votre premier ministre sur les
ventes d'électricité. J'ai l'impression, M. le
ministre, et vous aurez l'occasion de répondre là-dessus,
que cela vous cause, à certaines occasions, des problèmes. Cela
vous oblige à un effort particulier pour concilier certains chiffres
énoncés dans "L'énergie du Nord" où l'on parle
d'une vente de 12 000 mégawatts aux Américains. J'ai l'impression
que vous êtes assez souvent mal pris avec ce chiffre et que vous faites
des efforts considérables pour concilier des chiffres, pour rapprocher
les chiffres réels, les chiffres d'Hydro-Québec, les chiffres des
marchés accessibles et non pas seulement des marchés potentiels.
Vous faites un effort remarquable pour justifier votre chef là-dessus
qui, comme bien d'autres auteurs au Québec, aura probablement reconnu
à ce moment-ci qu'il a écrit beaucoup sur le sujet,
peut-être un peu trop à certaines occasions.
Je voudrais simplement rappeler que le gouvernement
précédent a toujours eu une politique d'exportation aux
États-Unis. Mais il y a des conditions à l'exportation. Je sais
que vous devez en avoir également. Je vais vous demander tout à
l'heure quand j'aurai fini mon intervention, de nous les faire connaître.
D'abord, tout le monde convient que des exportations
d'électricité, cela doit être rentable. Les revenus qu'on
en tire doivent excéder les coûts de production,
c'est-à-dire ce que cela nous coûte pour produire cette
électricité. Cela implique la construction des barrages. Cela
implique également la demande interne puisqu'il ne faut pas que les
meilleurs barrages servent à vendre de l'électricité aux
États-Unis alors que les Québécois devraient payer
davantage pour leur électricité en exploitant des barrages moins
intéressants.
J'ai posé des questions là-dessus à
Hydro-Québec, Elle a des mécanismes de sécurité qui
permettent de pallier ce problème. Il faut que les exportations soient
rentables. Il faut également que les exportations n'augmentent pas le
coût de l'électricité des Québécois. Je pense
que vous avez déjà abordé cette question; peut-être
que vous pourrez tout à l'heure nous donner un peu plus de
détails sur la manière dont on pourrait financer
d'éventuels projets à la suite de contrats en énergie
ferme avec nos voisins du Sud. II faut regarder les questions de financement
avec beaucoup d'intérêt pour éviter, justement, que des
immobilisations trop rapides faites par Hydro-Québec, comme cela a
été le cas déjà, n'amènent des hausses de
tarifs considérables.
Également, ces devancements de projets doivent être faits
strictement - là-dessus, je pense qu'on s'entend très bien - avec
des contrats de vente signés. Il n'est pas question que les
Québécois s'embarquent dans une aventure en produisant quelque
chose qu'on n'est pas sûr de vendre. Là-dessus, l'ancien
gouvernement était entièrement d'accord avec vous. (12 h 15)
L'ensemble des contrats signés actuellement avait un objectif
bien précis, c'était celui d'écouler des surplus
d'électricité, on s'en souviendra. L'orientation nouvelle
d'Hydro-Québec, maintenant que cette question est à peu
près réglée, se tourne davantage vers son produit de haut
de gamme et veut offrir aux Américains quelque chose qui, en termes de
sécurité d'approvisionnement et en termes de quantité
d'énergie, répondrait davantage à leurs attentes. Les
contrats actuellement signés avaient essentiellement pour but
d'écouler les surplus qui étaient occasionnés par le
projet de la Baie James, phase I, et c'est maintenant chose
réalisée.
Le gouvernement précédent - je vous le rappelle, M. le
ministre - a fait, je pense, un bon travail. Il vous a tracé une voie
intéressante au niveau de l'exportation d'électricité.
Qu'il me suffise de rappeler -cela intéressera sûrement nos
collègues d'en face, non pas que je veuille les empêcher
d'échanger des propos entre eux, mais il y a des chiffres qu'il est bon
d'avoir quelquefois et qui seront certainement intéressants pour eux -
que les capacités d'interconnexion, par exemple, entre 1976 et 1990,
c'est-à-dire ce qui est planifié par Hydro-Québec, ce qui
était prévu - on ne se chicanera pas là-dessus - ont
été ou seront, dans un avenir immédiat, multipliées
par 20. Depuis 1976 jusqu'à 1990, les capacités d'interconnexion
auront été multipliées par 20. Il s'est passé des
choses au Québec qui font en sorte que nous puissions maintenant penser
exporter de l'électricité peut-être d'une façon
différente de ce qui se faisait auparavant. On sera
intéressé de savoir aussi que les exportations
d'électricité entre 1976 et 1988, compte tenu des contrats
déjà signés, ont été multipliées par
20 également. Alors, des efforts considérables ont
été faits au cours des dernières années à ce
sujet. En argent, M. le ministre, peut-être avez-vous les chiffres mais,
sauf erreur, je pense que les Québécois retirent maintenant 65
fois plus d'argent des ventes d'électricité aux États-Unis
qu'ils n'en retiraient en 1976. C'est donc dire que, de 1976 à 1985,
autant du côté des interconnexions, du côté des
contrats signés que du côté des sommes d'argent que cela
rapporte aux Québécois, il y a eu des efforts
considérables qui ont été faits.
J'ai eu l'occasion d'assister au colloque sur l'énergie des
années quatre-vingt-dix organisé récemment ici à
Québec et tenu par le Comité international du nord-est sur
l'énergie, créé en 1978. J'ai retenu un certain nombre de
points de ce colloque. L'un des points, c'est que la grande
préoccupation des Américains est, bien sûr, de diversifier
leurs sources d'approvisionnement. On a fait état du charbon, du
pétrole,
du nucléaire, du gaz et de l'électricité.
Là-dessus, je me permettrai une parenthèse concernant le
nucléaire. On faisait mention - d'ailleurs, je pense que c'est dans un
journal de ce matin ou des derniers jours - que la tragédie qui se passe
actuellement en Russie est susceptible de faire réfléchir
davantage les Américains sur le nucléaire. Un journaliste a
mentionné qu'Hydro-Québec pourrait être avantagée
éventuellement - c'est sûr qu'on déplore tous cette chose -
du fait qu'on pourrait craindre davantage le nucléaire. J'imagine que
cela sera certainement un élément dont le ministre profitera pour
accentuer les négociations avec nos voisins du Sud à ce niveau.
Les Américains nous ont quand même fait connaître leur souci
de diversifier leurs sources d'énergie. Je pense qu'on doit tenir compte
de cet élément. Également, ils nous ont dit qu'ils ne
voulaient pas dépendre massivement de l'électricité du
Québec. Je pense qu'on doit souhaiter, comme Québécois,
signer les meilleurs contrats possible. Là-dessus, on se rejoint. Mais
il faut aussi être réaliste et considérer qu'ils ne veulent
pas dépendre d'une seule source d'approvisionnement. Je pense que c'est
exprimé assez clairement pour qu'on accepte cet énoncé.
Enfin, j'ai retenu de ce qu'ils nous ont dit qu'ils recherchaient des contrats
à long terme, sécuritaires et souples qui leur permettraient de
faire une bonne planification à ce niveau.
Je demeure convaincu, M. le ministre, et ma formation politique
également, qu'il est possible de s'entendre avec les Américains.
On pense qu'il y a là un marché exploitable. On est d'accord avec
cela; on a tracé la voie; on a fait... J'entends rire mon
collègue de Rouyn-Noranda-Témiscamingue. Devrai-je lui rappeler
qu'on a multiplié par 20 les interconnexions, qu'on a multiplié
par 20 les ventes d'électricité, qu'on a multiplié par 65
les revenus tirés des ventes d'électricité? Il ne faudrait
pas qu'il rie de façon aussi superficielle d'un dossier qu'il ne
connaît pas. Il s'est fait des choses et il va continuer de s'en
faire.
Je suis en train de dire au ministre, pour qu'il comprenne bien le sens
de mon intervention, que le gouvernement précédent croyait aux
exportations d'électricité et que mon parti politique y croit
toujours. Il continue de suivre les activités dans le domaine
énergétique, mais il veut bien avoir une position réaliste
dans le domaine des exportations. Mais il y a une chose sur laquelle je ne suis
pas d'accord avec le gouvernement actuel, sur laquelle vous devriez
réfléchir un peu également, c'est sur la quantité
d'électricité. Je disais au ministre tout à l'heure qu'il
faisait un effort remarquable et considérable pour concilier les
chiffres de son chef avec ceux d'Hydro-Québec et ceux qui proviennent
des différents intervenants autorisés aux États-Unis.
Hydro-Québec parle de 3500 mégawatts, possiblement de 4500
mégawatts pour lesquels il sera possible de signer des contrats d'ici
à l'an 2000.
Hydro-Québec est consciente qu'il y a un marché important
aux États-Unis, mais elle est consciente aussi qu'elle doit faire face
à des difficultés assez appréciables au niveau du lobby du
charbon, par exemple, ou d'autres sources d'énergie. Hydro-Québec
est consciente également du fait que la baisse du prix du
pétrole, si elle devait durer, ne facilite pas son travail
d'exportation. HydroQuébec est aussi consciente du fait que, pour aller
vendre de l'électricité ailleurs que dans les États
limitrophes, il y a un travail considérable à faire au niveau de
l'environnement et des autorisations juridiques à obtenir des
différents États américains qu'on devra traverser parce
qu'on ne peut pas, à cause de la nature même du réseau
électrique de nos voisins du Sud, se brancher à la
frontière d'une façon aussi simple qu'on l'envisagerait ici au
Québec. Ce sont des réseaux différents, des réseaux
qui n'ont pas tous la même capacité, qui ne répondent pas
tous aux critères nécessaires à une telle
opération. Il faudra passer des lignes électriques dans certains
cas. On n'a qu'à regarder les problèmes causés par le
passage de la sixième ligne, ici même au Québec, pour
constater qu'aux États-Unis, dans un État qui ne serait pas
directement concerné par ces lignes électriques, il y aura, bien
sûr, des obstacles extrêmement importants à surmonter.
Si je dis tout cela, ce n'est pas pour être rabat-joie et
empêcher le ministre de poursuivre ses efforts. Au contraire, nous y
souscrivons entièrement. La seule chose, c'est que je vaudrais bien que
le ministre soit un peu plus réaliste dans ses propos. Je voudrais qu'il
cesse de vouloir à tout prix justifier le chiffre magique de 12 000
mégawatts. C'est là-dessus que ma formation politique ne suit pas
le ministre. Cette espèce de manie qui est en train d'être
créée. Chaque fois qu'on parle d'énergie et des efforts
sérieux faits par le précédent gouvernement et le
gouvernement actuel pour vendre de l'énergie aux États-Unis,
cette espèce de chiffre magique de 12 000 mégawatts qui vient
toujours brouiller les cartes et faire croire aux Québécois que,
dans quelques mois, d'immenses travaux seront entrepris à la Baie James
et que ces travaux donneront lieu à une production
d'électricité de 12 000 mégawatts qui sera vendue
automatiquement aux Américains.
Le ministre sait très bien, parce qu'Hydro-Québec l'a
prévenu, qu'il faut faire attention quand on parle d'exportation
d'électricité. II faut éviter également de
créer une situation qui fasse en sorte qu'on n'ait qu'un marché
de vendeurs, c'est-à-dire
qu'on dise tellement qu'on a de l'électricité en trop que,
finalement, nos voisins du Sud prennent là un élément de
négociation qui ne serait pas à notre avantage. Je pense qu'il
faut être prudent lorsqu'on parle d'hydroélectricité
québécoise. Il faut avoir une attitude agressive, je pense,
auprès des marchés américains. Soit, on souscrit à
cela. Mais il faut éviter de démontrer une abondance qui, dans
les faits, n'existe pas puisque les barrages sont à construire et qu'il
y a des coûts liés à ça, des coûts qui font
que l'électricité dans une certaine mesure peut être assez
chère.
Également, il y a la question des prix qui doivent être
renégociés. La base actuelle ne permet pas de s'engager, je
pense, à long terme. On voit ce qui s'est passé avec la
fluctuation du prix du pétrole et le lien de l'un avec l'autre fait en
sorte qu'on ne peut pas se lancer aveuglément dans des projets ou dans
des contrats de fourniture d'énergie garantie et de puissance ferme avec
nos voisins du Sud. On ne peut pas s'engager sur une base comme celle qu'on
connaît actuellement. Je crois qu'il faut négocier. Le ministre,
d'ailleurs, en a déjà fait état. Le ministre pourra en
parler tout à l'heure. Il va falloir qu'on trouve une nouvelle
manière de négocier ces prix.
Enfin, je soulignerai au ministre ce avec quoi je suis en
désaccord. C'est quand il essaie de concilier les chiffres. Je prends
pour exemple l'article qui a été écrit par Normand Girard
qui a bien voulu se prêter au désir du ministre pour traduire dans
une pleine page du journal ses propos extrêmement optimistes à la
suite de rencontres informelles ou plus formelles qu'il a eues, de discussions
sur des possibilités de demandes d'électricité
supérieures à ce qui est déjà prévu. Je
ferai remarquer au ministre que je souhaite, cependant, que ce qui est
écrit dans cet article soit exact; on le souhaite tous sauf que je pense
qu'il faut éviter de faire croire à l'ensemble des citoyens du
Québec par des titres comme ceux-là, un peu ronflants, que
l'affaire est dans le sac, finalement, qu'on a 7000 ou 9000 mégawatts.
On parle de 9000 mégawatts, on dit que c'est presque fait. Il va y avoir
des besoins. II y a des marchés de disponibles, c'est vrai. Mais le
ministre devrait toujours avoir ce grand souci d'honnêteté que je
lui concède, d'ailleurs, dans bien des dossiers. On a parlé
tantôt de la raffinerie; je pense que dans cela il a fait un bon travail
et je l'ai souligné. Il devrait toujours avoir ce même souci de
l'honnêteté et parler de marchés potentiels, oui, mais de
marchés accessibles à Hydro. Lorsque le ministre laisse aux
Québécois l'impression qu'il est en train de boucler la vente du
siècle, il devrait toujours avoir cette espèce
d'honnêteté, de sens commun qui lui permettrait de dire: Oui, mais
il y a des obstacles considérables, il ne faut pas l'oublier. Il faut
éviter de paniquer. Le ministre aurait pu dire, je pense, à M.
Girard: II faut éviter, M. Girard, de paniquer avec ça. N'allez
pas indiquer qu'on est en train de bâcler une vente de 9000
mégawatts mais on vient de découvrir que peut-être les
besoins seront plus grands que ce qu'on prévoyait, ce qui est une
nouvelle intéressante.
Enfin, M. le ministre, je termine...
M. Ciaccia: Je ne peux pas contrôler le zèle de M.
Girard, moi, là!
M. Gauthier: M. le ministre, votre influence est très
grande au Conseil des ministres et je pense qu'auprès de M. Girard vous
en avez une bonne également. Cela étant dit, M. le ministre, et
je termine sur cela, je voudrais simplement vous dire que je sais que vous
êtes mal pris, dans le fond, avec le chiffre lancé par votre chef.
Vous ne me le direz pas ici, M. le ministre. Mais, dans vos efforts de
conciliation des chiffres, pourriez-vous, s'il vous plaît - c'est juste
ça que je vous demande et pour le reste je vous appuie à 100 % -
toujours donner aux Québécoises et aux Québécois
les véritables données de problème? Leur faire partager
votre optimisme, soit mais, grand Dieu évitez de créer des
illusions, de les bercer d'illusions, comme on a essayé de le faire
avant la période électorale dans le livre que votre chef a
écrit, "L'énergie du Nord". Je sais qu'il regrette d'avoir commis
cet ouvrage au moment où on se parle et je sais que vous faîtes
des efforts pour le récupérer, mais, de grâce, M. le
ministre, je vous demanderais d'être un peu moins - comment dire? -
extravagant dans vos déclarations. Je vous remercie et je vous
écouterai.
M. Ciaccia: M. le Président, avant de suspendre nos
travaux...
Le Président (M. Charbonneau): C'est cela.
M. Ciaccia: ...non seulement je ne suis pas mal pris, mais je
pense que le premier ministre était même prudent dans ses
prévisions. Si j'ai d'autres Boston...
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordrel À
l'ordrel
M. Gauthier: M. le ministre, est-ce que la mégalomanie,
ça s'attrape?
M. Ciaccia: Bien, écoutezl
M. Gauthier: J'espère que je ne serai pas assez longtemps
en commission parlementaire!
M. Ciaccia: On va préciser cela à la
continuation de nos travaux cet après-midi.
Le Président (M. Charbonneau): Si le ministre me le
permet et tous les membres de la commission, devant cet élan
d'exubérance qui s'est manifesté il y a quelques instants de part
et d'autre, en particulier du côté droit, je dois le
reconnaître sans nécessairement le déplorer ou le
condamner, je suis obligé de suspendre les travaux jusqu'à la fin
des...
M. Gauthier: Je m'excuse. J'ai pris tout le temps qui
m'était imparti, mais je ne voulais pas, non plus, empêcher le
ministre de répondre à ce moment. Je suis prêt à
donner des consentements, si le ministre le veut.
M. Ciaccia: Est-ce que les travaux de la commission continuent
cet après-midi?
Le Président (M. Charbonneau): Oui.
M. Ciaccia: Alors, vous me permettrez de répondre cet
après-midi à tous les points que vous avez soulevés.
M. Gauthier: II n'y a aucun problème. Le
Président (M- Charbonneau): Oui.
M. Gauthier: J'aurai d'autres questions, M. le ministre.
Le Président (M. Charbonneau): Les travaux sont
suspendus.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
(Reprise à 15 h 16)
Le Président (M. Théorêt): La commission de
l'économie et du travail reprend ses travaux sur l'étude des
crédits du ministère de l'Énergie et des Ressources et la
parole est au ministre de l'Énergie et des Ressources pour la
réplique.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Ce matin, le
député de Roberval a soulevé plusieurs points
intéressants en ce qui concerne la vente d'électricité aux
États-Unis. C'est évident que les montants des exportations ont
augmenté sensiblement depuis 1976. En 1976, la totalité des
exportations, je crois, était de 10 000 000 $. En 1985, je crois que
c'était 670 000 000 $ incluant les exportations aux États-Unis de
350 000 000 $ ou 370 000 000 $, je n'ai pas les chiffres exacts devant moi.
Cela inclut aussi les exportations sur les marchés canadiens.
Ce que nous voulons faire, c'est que nous ne voulons pas limiter les
exportations seulement aux surplus d'énergie, à l'énergie
excédentaire, mais nous tentons de signer des contrats fermes à
long terme. C'est cela la différence entre les contrats existant
actuellement et ceux que nous voulons signer avec les Américains. Les 10
000 000 $ en 1976 étaient les exportations aux États-Unis. Le
total des exportations en 1976 était de 88 600 000 $. Les exportations
pour 1984 aux États-Unis étaient de 387 900 000 $ et le total des
exportations incluant les exportations en Ontario et au Nouveau-Brunswick
était de 645 200 000 $.
Quand le député de Roberval a mentionné - je sais
bien qu'il rigolait un peu - que j'étais trop optimiste, mon optimisme
et mes propos ne découlent pas de la pure imagination. Ils ne
découlent pas du tout de l'imagination. Ils sont basés sur les
chiffres qui nous sont donnés et sur les propos qui ont
été tenus par les représentants américains à
la "Northeastern International Conference on Energy" qui a eu lieu au
Québec. C'est vrai que les intervenants n'étaient pas tous
tellement optimistes. Quand je suis allé à Boston - cela avait
été souligné par le gouverneur de New Hampshire - les
prévisions et la réalité étaient deux choses
différentes.
Le plan de développement d'Hydro-Québec, qui
prévoit, pour la fin des années quatre-vingt-dix, le chiffre de
5150 mégawatts pour combler le déficit en énergie aux
États-Unis, est basé sur les prévisions de 2,1 % de
croissance dans ces États. Il s'avère que la
réalité de l'augmentation a dépassé les
prévisions. Au lieu que ce soit seulement 2,1 %, c'est 4 %. Cela veut
dire que 5150 était déjà un chiffre plutôt
modéré. Si la croissance avait été plus
élevée, même Hydro-Québec avait admis que le
marché pouvait atteindre 11 000 mégawatts. HydroQuébec
avait admis cela avec les prévisions actuelles. Mais avec la demande
actuelle de 4 %, ces 5000 peuvent facilement excéder les 11 000 parce
que, si vous doublez les 5000, de 2,1 % à 4 %, vous arrivez à 11
300. C'est cela qui existe aujourd'hui. Ce n'est pas sur un scénario
très libéral, très élargi.
Comprenez-vous? À des journalistes qui me l'ont demandé,
j'ai donné des prévisions d'après ce que les
Américains nous ont dit à Boston. Je dois simplement souligner
que, dans l'article, j'avais mentionné que les 9000 étaient pour
l'ensemble des Etats nord-américains; ce n'était pas
limité strictement à un État, évidemment. Quand on
parle des possibilités de marchés, elles sont basées sur
les chiffres que les Américains eux-mêmes nous donnent. Ce ne sont
pas nos évaluations. Ici, nous avons des prévisions faites par
Hydro-Québec, mais nous avons aussi un secteur de l'énergie au
ministère qui fait ces prévisions. Alors, le gouvernement
travaille avec la société d'État. Aux États-Unis,
ils se
sont fiés à des renseignements que les "public utilities"
leur ont donnés. Le rôle du gouvernement, jusqu'à
maintenant, a été très différent du rôle du
gouvernement du Québec. Ils se sont fiés à l'entreprise
privée. Si l'entreprise privée faisait des prévisions de
tel pourcentage, les commissaires s'arrangeaient ou obligeaient ces "public
utilities" à fournir l'électricité sur la base de leurs
prévisions. Puisqu'ils ont eu certains problèmes, les
prévisions de ces entreprises, les "public utilities", sont plutôt
prudentes parce que, si elles étaient plus élevées, elles
se verraient dans l'obligation d'augmenter leurs investissements et de fournir
les installations nécessaires.
Alors, il y a une tendance à être plutôt prudent dans
la prévision de la demande, à tel point que New York a
décidé de former un comité. Si les "public utilities"
disent que c'est 2 % et qu'en réalité, c'est 4 %,
qu'arrivera-t-il dans cinq, six ou huit ans? Il peut y avoir une
pénurie. Alors, l'État de New York a décidé de
former un comité auquel nous avons été invités
à participer pour évaluer la demande. Selon l'expertise que nous
avons, je pense qu'un organisme gouvernemental peut être plus objectif
dans l'évaluation de la demande. L'intérêt est vraiment de
s'assurer qu'il va y avoir assez d'énergie disponible pour la
population. Un gouvernement n'a pas intérêt à dire: Est-ce
qu'on va construire plus ou moins? Il n'a pas le problème de la
profitabilité, comme les "public utilities". Dans ce sens, cela peut
être plus objectif d'avoir un organisme gouvernemental pour
évaluer la demande. NEPOOL, pour le secteur de la Nouvelle-Angleterre,
va faire la même chose. Les gouvernements des États de la
Nouvelle-Angleterre vont aussi former un comité pour évaluer la
demande. C'est pour cela que j'ai toutes les raisons de croire que la demande
sera plus élevée que ce qui a déjà
été annoncé officiellement dans certains plans de
développement.
Incdemment, je tiens aussi à souligner que je ne dis pas qu'il y
a trop d'énergie disponible au Québec, mais je crois que les
besoins de nos voisins américains sont supérieurs aux
hypothèses considérées jusqu'à présent.
Cette démarche ne peut qu'améliorer notre position, de
négociation. Vous avez dit: Si vous dites aux Américains qu'on a
tellement d'énergie, on réduit notre position de
négociation. Si on disait cela, vous auriez raison. Il faut faire la
distinction entre deux aspects de la question énergétique: la
disponibilité du surplus et les ressources disponibles pour le
développement futur. C'est évident que, si on dit aux
Américains qu'on a beaucoup de surplus d'énergie,
d'électricité, on réduit notre pouvoir de
négociation. Mais ce n'est pas ce qu'on fait, on fait même
l'inverse. On dit aux Américains: À partir de 1995, on n'aura
plus de surplus. Les contrats qui ont été signés
jusqu'à maintenant étaient signés sur une base de surplus
d'électricité dont on n'avait pas besoin au Québec. Les
prévisions d'Hydro-Québec nous démontrent que, pour 1995,
toute l'électricité produite au Québec le sera pour
satisfaire les besoins du Québec. Donc, il n'y aura plus de surplus
à vendre aux Américains. Ils auront donc une décision
à prendre. Il devront se dire: On ne peut plus dépendre des
surplus du Québec. Il faudra négocier pour de l'énergie
ferme sur le deuxième aspect. C'est là qu'on peut dire aux
Américains: Nous avons le potentiel pour développer 30 000
mégawatts, si on prend toutes les rivières qui ne sont pas
développées. Sur ces 30 000, 14 000 peuvent être
développés de façon économique et
concurrentielle.
Je pense donc qu'on augmente notre pouvoir de négociation en
disant: On n'a plus de surplus à vendre, mais si vous voulez signer des
contrats pour de l'énergie ferme, on a 14 000 mégawatts qui
pourraient être disponibles si on les développe et on les
développera seulement si vous nous donnez des contrats. Je pense que,
dans ce sens, on se place dans une bonne situation de négociation. C'est
important de dire aux Américains qu'on a eu beaucoup à
développer parce qu'il y a la question de l'équilibre et de la
sécurité d'approvisionnement. Il ne faut pas qu'ils pensent que
ce que nous avons, on en aura besoin pour nos besoins internes et que s'ils
signent un contrat et qu'il y a un conflit entre nos besoins internes et leurs
besoins, on coupera la chantepleure ou on fermera la "switch" et on reprendra
l'électricité. Il faut donc assurer les Américains que
cette crainte n'existe pas et la façon de les en assurer, c'est de leur
dire: On en a plus que pour nos besoins de développement. On n'aura
jamais besoin, pour les besoins internes du Québec au cours des 15 ou 20
prochaines années, de 14 000 mégawatts, c'est impossible. Alors,
on les développera pour les vendre aux États-Unis. Dans ce
sens-là, on améliore notre position de négociation.
Vous avez mentionné aussi les différentes conditions,
à savoir que cela doit être rentable. C'est vrai. Quelles sont les
approches que nous allons prendre? On ne veut pas signer un contrat qu'on
regrettera dans l'avenir parce que cela ne tient pas compte des augmentations
et des différences de situation. Pour ce faire, nous avons
différentes formules. La formule qu'Hydro-Québec favorise, c'est
celle des coûts évités. Autrement dit, tous les projets que
nous avons à la Baie James peuvent être développés
à un coût moindre que la compétition du charbon ou des
centrales nucléaires. Hydro-Québec dit aux Américains:
Nous vous vendrons notre électricité sur la base des coûts
que vous évitez dans vos
États, à un pourcentage de cela. En plus, ce n'est pas un
contrat à prix fixe parce qu'il y a des formules d'augmentation qui
tiennent compte...
M. Gauthier: Un instant, M. le ministre! M. Ciaccia:
Oui.
M. Gauthier: M. le Président, je ne veux pas offusquer mes
collègues, mais j'aimerais bien entendre la réponse du ministre
et j'ai beaucoup de difficulté parce qu'on cause pas mal à gauche
et à droite. Je m'excuse, M. le ministre. (15 h 30)
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaît! Voulez-vous laisser le ministre répondre.
M. Ciaccia: Même dans cette formule des coûts
évités, ce n'est pas un prix qui est fixé, aujourd'hui,
pour vingt ans. Il y a des formules d'augmentation: en ce qui concerne les taux
d'intérêt, en ce qui concerne le coût de la vie, en ce qui
concerne une variété de facteurs qui vont à la hausse.
Alors, cela veut dire que, même si nous signons un contrat aujourd'hui
pour X centaines de millions de dollars, c'est un prix de base sur la vie du
contrat de quinze ans ou vingt ans, dépendant du terme. Il y a des
formules qui sont incluses pour augmenter le revenu. Nous ne serons pas pris
dans une situation où on va trouver que le prix a été
fixé aujourd'hui et qu'il y a eu tellement d'augmentation dans d'autres
formes d'énergie qu'on va être désavantagé.
Il y a une autre formule, aussi, qu'Hydro-Québec a mise de
l'avant - je ne sais pas si les Américains l'accepteraient, mais c'est
possible - c'est le coût de production à l'acheteur. Autrement
dit, si aujourd'hui, cela coûte X dollars pour nous, on fixe ce
prix-là, plus un profit, mais au fur et à mesure qu'on a besoin
d'électricité additionnelle et qu'il faut développer
d'autres barrages, si les coûts augmentent, cela veut dire que le
coût du contrat va augmenter pour ne pas pénaliser le consommateur
québécois. Cela, c'est une autre formule. La formule
qu'Hydro-Québec semble préférer, c'est la formule des
coûts évités et elle est en négociation avec deux
acheteurs potentiels sur cette formule.
Notre stratégie de pénétration du marché
américain, c'est, premièrement, un marketing efficace, une
formule des prix adaptée à nos nouveaux produits et aussi des
formules de financement que nous explorons. Quand j'étais à
Boston, il y a un représentant qui est venu me voir et a dit:
Écoutez, est-ce que vous pouvez accepter une formule, par exemple, de
"joint venture" pour la durée du contrat"? Je n'ai pas exclu cela. J'ai
dit: Bien, ça dépend des conditions, des termes, si c'est
avantageux pour nous. Je pense que ce qu'on va regarder, c'est, comme on a dit
le "bottom line". Si on peut trouver toutes sortes de formules innovatrices qui
peuvent permettre la conclusion de la transaction, je pense que nous sommes
ouverts à cela pourvu qu'on soit protégé, pour le
consommateur québécois et pour l'avenir.
Vous avez parlé de diversification, en disant que les
Américains ne veulent pas avoir toute leur énergie provenant du
Québec ou seulement d'une source. Je ne pense pas que
présentement, même avec les contrats que nous voulons signer, il y
ait ce danger, parce que, è New York, on ne fournit que 5 % de
l'énergie électrique. Même si on va à 15 % ou
à 20 %, cela serait un chiffre qui serait acceptable pour l'État
de New York, mais cela nous permet, à nous, de tripler ou de quadrupler
le montant d'énergie qu'on peut leur vendre. Les mêmes conditions
s'appliquent aux autres États dans le Nord-Est américain.
Je pense que j'ai couvert tous les points. Si je n'ai pas couvert tous
les points, vous pouvez me poser d'autres questions et cela me fera plaisir d'y
répondre.
Le Président (M. Théorêt): M. le ministre,
juste une petite question additionnelle. Est-ce que les gens de votre
ministère ont des indications sur le déroulement des
négociations entre les pays producteurs de pétrole dans les mois
à venir? On sait bien l'effet que le prix du baril de pétrole
peut avoir sur les ventes, en tout cas, sur l'intéressement
énergétique électrique. Est-ce qu'il y a des indications?
Il semble que les commentaires des deux derniers mois étaient une
entente possible en vue d'un redressement du prix du baril de pétrole,
à la hausse, bien sûr.
M. Ciaccia: Je pense que personne ne peut faire une
prédiction quant au prix du pétrole. L'année
dernière, personne ne pouvait prévoir que, cette année, il
y aurait une chute dans le prix aussi spectaculaire qu'il y en a eu une.
Cependant, au colloque de NICE, ici à Québec, certains experts
ont fait des évaluations et ils en sont venus à la conclusion
que, le prix du pétrole étant si bas, cela va écarter,
éliminer les nouvelles découvertes. On le voit parce que,
même dans l'Ouest canadien et au Texas, l'exploration a été
sensiblement réduite. C'était leur opinion que ceci va travailler
en faveur des pays qui ont des réserves connues. En ne découvrant
pas de nouvelles réserves, ceux qui en ont vont pouvoir
éventuellement augmenter les prix et même eux faisaient des
prédictions à savoir que les prix devaient augmenter encore plus
que l'année dernière. C'était la façon dont ils
voyaient les choses.
Quant au prix exact, je pense que personne ne peut le prédire,
sauf que le consensus est que le prix à un niveau aussi bas qu'il est
maintenant, même s'il peut être réduit encore, c'est quelque
chose à court terme, ce n'est pas quelque chose à long terme.
Il est vrai que la baisse du prix du pétrole affecte les contrats
d'Hydro-Québec parce que les contrats existants sont reliés au
prix du pétrole et elle affecterait aussi le marché
qu'Hydro-Québec veut remplacer, le mazout; c'est évalué
à 40 000 000 000 de kilowattheures pour le remplacement de la production
à partir du mazout. Ce marché est affecté et va continuer
de l'être, mais cela n'affecte pas le marché que nous visons qui
est de remplacer les nouvelles centrales qui seront soit au charbon ou
nucléaires. Même avec le prix du pétrole si bas, aucun des
États du Nord-Est américain ne préconise que les nouvelles
centrales soient à base de mazout parce qu'ils ne peuvent pas prendre ce
risque pour deux raisons: le prix peut augmenter et, deuxièmement, ce
qui est encore plus important, il y a la sécurité
d'approvisionnement parce qu'ils dépendent -ils ne sont pas
autosuffisants en pétrole aux États-Unis - de pays qui, pour des
raisons politiques quelquefois, pourraient avoir des motifs de ne pas les
approvisionner les États-Unis. Quoique les négociations peuvent
être affectées, le prix du pétrole n'affecte pas vraiment
le remplacement des nouvelles installations qui seront nécessaires
à ces États américains.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. M. le député de La Peltrie.
M. Cannon: Si vous le permettez, M. le ministre, seulement une
petite question. Je sais que vous avez touché à cette
chose-là lorsque vous avez parlé des éventuelles
négociations avec les Américains au sujet de l'exportation
d'électricité aux États-Unis. Lorsque la commission s'est
déplacée aux États-Unis avec vous, nous avons eu
l'occasion de rencontrer les législateurs américains, de
même qu'un certain nombre d'experts dans le domaine
énergétique. Je fais référence à un
commentaire qui avait été fait, je crois que c'est par M.
Stevens, du Boston Power Authority, qui parlait de la notion de "cost based
product" à savoir qu'il y aurait nécessité d'arrimer,
d'une part, notre prix à leur notion de "cost based product" selon
laquelle, évidemment, à cause des agences de
régularisation, il y aurait à faire ce
complément-là. Pourriez-vous expliquer ou développer cette
notion de façon que nous puissions très bien la saisir?
M. Ciaccia: Oui. Le vice-président de Boston Edison, M.
Stevens, a dit, premièrement, que sa compagnie aurait même besoin
d'approvisionnements additionnels aussi tôt que l'année prochaine.
Il a aussi affirmé qu'il préfère acheter lui-même,
ou sa compagnie, plutôt que de construire de nouvelles installations.
Le "costbased product", c'est le coût... J'avais donné une
formule sur le coût au vendeur, c'est une des formules
qu'Hydro-Québec avait développées. Le coût au
vendeur serait le coût de l'électricité, le coût du
produit du Québec, mais qui serait changé et qui pourrait
augmenter au fur et à mesure que des nouvelles installations seraient
mises en place. Ce serait très difficile pour les Américains,
parce qu'ils ne sauraient jamais à quel moment le coût pourrait
augmenter. Ce serait un gros risque à prendre pour eux, parce que cela
pourrait commencer à 6 "mills" le kilowattheure et cela pourrait
augmenter à 15, 18 ou 20. Alors, ils n'auraient pas de contrôle,
parce que le contrôle serait totalement entre nos mains au fur et
à mesure qu'on développerait d'autres centrales.
Je pense que le "costbased product", c'est le revers de cette formule.
Au lieu que ce soit le prix du vendeur, c'est le prix à l'acheteur
d'autres combustibles. Qu'est-ce que cela coûterait à Boston
Edison d'obtenir de l'énergie pour satisfaire les besoins de ses
clients? Ce serait les coûts - de la façon que je comprenais cette
formule - des différentes formes d'énergie dans ces
États.
Naturellement, ces coûts peuvent être différents d'un
État à l'autre, parce qu'il se peut que le New Hampshire ait un
certain coût en raison de certains développements. Il se peut que,
dans le Maine, it y ait un coût différent. Je pense que c'est une
autre formule qui est possible dans les négociations pour les contrats
d'énergie fermes.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Roberval.
M. Gauthier: Le ministre a peut-être fait allusion à
cela tout à l'heure, je n'ai pas bien saisi. Hydro, actuellement, que je
sache, participe à des évaluations de marchés aux
États-Unis avec différentes organisations. Est-ce que le ministre
peut nous dire depuis quand Hydro y participe? Est-ce que c'est tout
récent ou si cela fait déjà quelques années et dans
quels comités, à partir de quels groupes de travail Hydro
participe-t-elle? J'imagine que ce n'est pas juste dans un seul comité
de travail. C'est avec plusieurs intervenants, je pense.
M. Ciaccia: Oui, c'est très récent. Dans le plan de
développement que vous avez étudié à la commission
parlementaire, ses prévisions étaient basées strictement
sur les prévisions fournies par les Américains. Dans le cas de
New York, on a eu une rencontre il y a à peu près trois semaines
où les représentants du New York Power
Authority sont venus au Québec et on a discuté de la
coopération et de la collaboration ensemble à différents
comités pour différents problèmes, non seulement sur la
question de la demande, mais sur les nouvelles formes d'énergie. Ils ont
certains problèmes quant à la réduction des coûts,
aux économies d'énergie spécialement pour la climatisation
et ils ont certains problèmes environnementaux. Dans le cas de New York,
cela va être un comité... Je pense que cela a déjà a
été annoncé, mais ce sera annoncé officiellement
par le premier ministre et le gouverneur Mario Cuomo, quand il va venir au
Québec au mois de mai.
Dans le cas de NEPOOL, à ma connaissance, je pense que ce
comité est en train de se former. C'est quelque chose de très
nouveau, très récent et c'est bon pour nous, parce que cela nous
implique. C'est une preuve qu'ils travaillent vraiment avec le Québec et
cela ne peut qu'ajouter au processus de négociation et à
l'implication d'Hydro-Québec et du Québec dans la fourniture de
l'énergie pour ces différents États. (15 h 45)
M. Gauthier: Est-ce qu'on peut légitimement tirer la
conclusion que, si Hydro-Québec participe à ces comités
d'évaluation, les chiffres qu'elle nous fournira déjà l'an
prochain dans son plan d'équipement sur les estimations de besoins
américains seront probablement plus sérieux ou donneront une
bonne image de la réalité. On peut tirer cette conclusion, M. le
ministre, n'est-ce pas?
M. Ciaccia: Oui, je crois qu'ils seront plus précis. Ce ne
sera pas quelque chose qui viendra des compagnies, comme les "public
utilities", mais ce sera une chose à laquelle Hydro-Québec aura
participé. Je pense qu'ils seront plus précis en ce qui nous
concerne. C'est possible qu'ils soient plus élevés que les
chiffres que nous avons eus jusqu'à présent.
M. Gauthier: Vous avez fait état de deux secteurs. Est-ce
qu'il n'y a pas d'autres projets pour impliquer Hydro-Québec dans ces
études de marchés? Il y a plus de deux secteurs, quand
même, qui sont concernés.
M. Ciaccia: Oui, mais ces deux secteurs couvrent plusieurs
États. Ils couvrent New York avec New York Power Authority et ils
couvrent le Massachusetts, le Connecticut, le New Hampshire, le Maine et le
Vermont dans le cas de NEPOOL.
M. Gauthier: D'accord. Est-ce que le ministre voudrait nous
parler un peu du financement des projets? Tout à l'heure, si ma
mémoire est bonne, vous avez dit à peu près ceci: Faire en
sorte que le consommateur québécois ne soit pas
pénalisé. Je pense que vous faisiez allusion au financement des
projets. La structure, l'organisation financière d'Hydro-Québec,
les critères auxquels elle doit répondre font en sorte que des
immobilisations accélérées, même s'il y a un bon
contrat de vente au bout, peuvent avoir des effets extrêmement
négatifs sur les tarifs. Est-ce que le ministre a commencé
à imaginer de nouvelles hypothèses de financement pour ces
éventuels projets?
M. Ciaccia: Quand j'ai fait référence au fait que
nous ne voulions pas que les consommateurs soient pénalisés, je
pensais aux termes et aux conditions du contrat pour l'énergie ferme.
Sur une base de quinze ans, nous voulons nous assurer que le consommateur
québécois soit protégé s'il y a des hausses dans
les coûts de l'énergie et qu'on ne subventionne pas dans dix ans
l'énergie qu'on vend aux Américains. C'est en ce sens que j'ai
parlé de ne pas pénaliser les consommateurs. En ce qui concerne
le financement, je pense que c'est très exploratoire maintenant. Nous
sommes au début; nous n'avons pas avancé davantage dans
différentes formules de financement, sauf que le premier ministre est
allé à New York pour discuter de financement, pour voir la
réaction des institutions financières en ce qui concerne la
disponibilité des fonds. On lui a assuré qu'avec des contrats il
n'y aurait pas de problème pour financer les nouveaux projets.
Hydro-Québec, avec sa crédibilité, avec sa performance,
n'a pas eu de problèmes de financement, mais elle n'avait pas de
contrat. Maintenant, en ajoutant les contrats fermes signés par des
clients américains, les institutions financières ont
indiqué que, pour elles, il n'y aura pas de problèmes de
financement. Mais en ce qui concerne les formules exactes, nous sommes trop au
début de ces projets pour avoir complété notre
approche.
M. Gauthier: Quant à la possibilité pour
Hydro-Québec d'obtenir du financement sur le marché
américain, je pense que tout le monde conviendra que n'importe quel
prêteur, même à une échelle bien différente,
lorsqu'il y a des contrats de ce genre, est prêt è prêter
sur la foi de ces contrats et des revenus, bien sûr, qui en
découlent. Ma question était plutôt d'un autre ordre:
Est-ce que vous avez envisagé des possibilités - je pense qu'il
faudrait modifier la Loi sur Hydro-Québec pour ce faire - de modifier la
loi ou, par un mécanisme quelconque, de faire en sorte que les
emprunts... Les emprunts, même s'ils sont assurés aux
États-Unis, même si on accepte de les faire, Hydro-Québec
est obligée de les entrer dans ses chiffres et il se produirait
probablement pour des emprunts de cette importance une
espèce de déséquilibre au niveau des états
financiers. Est-ce que vous avez prévu soit une modification à la
loi, une nouvelle façon de procéder ou je sais pas quoi qui
puisse faire une espèce d'aparté avec ces immobilisations faites
expressément pour le marché américain? Vous me corrigerez
si je me trompe, j'essaie de vous faire état de mes connaissances dans
le domaine, qui sont bien limitées, parce que c'est assez
compliqué. Est-ce que les consommateurs québécois peuvent
être assurés, d'ores et déjà, par le ministre qui
travaille à ce dossier, qu'une mécanique quelconque sera mise en
place pour faire en sorte qu'Hydro-Québec ne soit pas obligée de
hausser les tarifs de 15 %, 18 %, 20 %, au Québec, pour s'assurer des
entrées de fonds lui permettant de garder un certain ratio
d'équité? Est-ce que le ministre a songé à quelque
chose dans ce sens? Est-ce que des formules s'élaborent? Est-ce qu'il y
a un état d'avancement des travaux à ce niveau?
M. Ciaccia: Non, les travaux ne sont pas avancés à
ce niveau. Quand vous parlez de déséquilibre, je ne pense pas
qu'il va y en avoir parce que les emprunts seront compensés par les
revenus augmentés. Il pourrait y avoir déséquilibre si,
par exemple, on construisait un projet de 1 500 000 000 $. Prenons le projet de
LG1, approximativement au coût de 1 200 000 000 $ ou 1 500 000 000 $, si
on n'a pas le revenu pour ces 1 500 000 000 $, on augmente la dette et le
revenu n'est pas augmenté. Si on fait cela pour d'autres projets, cela
peut causer des problèmes. Mais si, au fur et à mesure qu'on
obtient les contrats, on obtient du financement, il n'y a pas de
déséquilibre parce que, pour 1 500 000 000 $, on ne commencera
pas la construction, on n'ira pas emprunter à moins qu'on soit
assuré d'un revenu de X $ pour non seulement l'équivalent du
remboursement des 1 500 000 000 $, mais avec un profit additionnel. Cela
devrait être le revers du déséquilibre. Cela devrait et
cela va sûrement améliorer la situation financière
d'Hydro-Québec parce que nous allons faire des profits sur ces
contrats.
M. Gauthier: Je remercie le ministre. En ce qui concerne ce
dossier, pour ma part, ce serait clos. S'il y a d'autres questions...
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingùe.
M. Baril: J'aimerais, M. le ministre, si c'est possible, revenir
un peu aux discussions, je devrais dire au cours que le député de
Roberval a bien voulu nous donner ce matin en ce qui concerne
Hydro-Québec. C'est sûr que je l'en remercie parce que, comme
nouveau, j'en avais beaucoup à apprendre, sauf que j'aurais aimé
s'il avait pu continuer et nous rappeler le temps où ce parti politique
nous parlait un peu contre la Baie James et béatifiait surtout le
nucléaire. Il ne nous a pas parlé de ce temps. Il a
préféré nous parler du temps après
qu'Hydro-Québec a été bâtie pour mettre un peu de
fleurs à sa boutonnière.
Il a aussi essayé de nous expliquer certaines choses. Il y a une
chose qui est certaine; la différence qu'il y a entre eux et nous, c'est
que nous sommes des vendeurs d'électricité et qu'eux,
c'était des preneurs de commandes, dans le sens qu'ils n'ont pas
négocié grand-chose avec les gens des États-Unis.
C'était les Américains qui venaient chercher
l'électricité ici. C'était seulement des preneurs de
commandes. Aujourd'hui, M. le ministre, vous êtes un bon vendeur et vous
allez en vendre encore de l'électricité. Je vous
félicite.
Cela me rappelle un peu le voyage que nous avons fait à Boston.
J'ai été chanceux, je remercie la commission de m'avoir
invité. Cela m'a fait plaisir d'aller écouter un peu le sentiment
des Américains, à Boston, l'autre jour. Nous étions une
nouvelle formation politique et, tout bonnement, ces gens se sentaient
sécurisés tout d'un coup, à savoir si on était pour
couper la valve ou non, chose dont ils avaient peur un peu anciennement, si
j'ai bien compris leurs explications.
Aussi, on essaie toujours, par mesquinerie ou je ne sais pas trop quoi,
de nous faire accroire que ce n'est pas vrai que les Américains ont
besoin d'électricité, que ce sont des faussetés, des
nuages. Pourtant, si j'ai bien compris un nouveau représentant qui
était invité d'une compagnie du New Jersey, il disait, en faisant
son petit discours à Boston: Si vous étiez capables de me les
transporter par camion, j'en achèterais 10 000 mégawatts de plus.
Si des gens ont tellement besoin d'électricité, c'est sûr
que nous aurons peut-être des problèmes en cours de route pour
acheminer cette électricité, M. le ministre, mais je me dis qu'on
n'est plus au temps des éteignoirs. Vous avez dit tout à l'heure:
"Small is beautiful". Si on veut prendre de l'expansion et donner du travail
à nos générations futures, je pense que c'est, justement,
le temps de prendre de l'expansion, et c'est avec Hydro-Québec que nous
allons le faire.
Ma question est: Où sont nos possibilités ou quel est le
temps que nous avons, ou quelles sont les instructions qu'ont les
Américains concernant les nouvelles lignes qu'ils peuvent construire? On
sait que c'est difficile, mais c'est ce que j'ai cru comprendre.
M. Ciaccia: En ce qui concerne les lignes, c'est exact que, pour
arriver à certains marchés, par exemple au
Massachusetts, il faut passer par d'autres États. Il se peut que
ces États où les Américains doivent faire passer les
lignes n'aient pas besoin à ce moment-là
d'électricité. Quel intérêt ont-ils à donner
le droit de passage et la permission pour faire passer ces lignes? On a
discuté de cela avec les commissaires du Massachusetts pour voir leur
réaction et voir si les règlements permettraient une compensation
ou d'autres formules pour inciter ces États à laisser construire
des lignes, des interconnexions? Apparemment les règlements permettent
ce genre de formules et c'est quelque chose qu'on peut envisager.
Le gouvernement a accueilli avec plaisir le désir des membres,
des deux partis de la commission parlementaire du travail de venir à
Boston pour voir sur place exactement l'état d'esprit de ces
gens-là. Je pense que cela a permis à tout le monde d'avoir une
autre perception assez réaliste, des besoins des Américains.
On parlait tantôt de la chute du prix du pétrole, mais les
Américains déclarent publiquement qu'il ne faut pas miser sur la
chute du prix du pétrole pour écarter l'électricité
du Québec parce que c'est trop risqué. Je pense que ce voyage a
permis aux parlementaires d'avoir un assez bon aperçu et de
l'information sur les besoins, l'approche et la volonté des
Américains de conclure des ententes et d'obtenir l'énergie du
Québec.
Vous avez parlé du New Jersey. C'est un autre marché, ce
sont les Mid-Atlantic States. C'est très très
préliminaire. Il y a certainement des besoins et des
possibilités, mais il faudrait passer par d'autres États et il y
a des problèmes d'interconnexion. Le monsieur qui vous a dit cela
devrait peut-être attendre qu'on continue le développement de
l'hydrogène. On pourra alors stocker l'électricité, la
livrer à des endroits où on ne pourrait pas arriver par les
lignes. Même, Hydro-Québec IREQ a un projet pilote de 10
mégawatts pour produire de l'électricité par
l'hydrogène. L'avantage pour nous c'est que la façon la plus
efficace, la moins coûteuse de produire l'hydrogène liquide, c'est
par l'entremise de nos ressources hydroélectriques. En produisant
l'hydrogène liquide, on peut produire, par l'entremise des piles, de
l'électricité. Donc, le Conseil de l'hydrogène a beaucoup
d'études et on a des projets pilotes pour essayer d'avancer ce dossier.
(16 heures)
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Roberval.
M. Gauthier: M. le Président, ce sera juste un court
commentaire à l'endroit du député de Rouyn-Noranda qui a
cru bon, malgré que j'essaie de dégager ce débat de toute
partisanerie, eu égard à l'intérêt du sujet, essayer
de lancer ses flèches à l'endroit de ma formation politique, du
gouvernement qui l'a précédé.
Je veux simplement lui dire ceci: M. le député,
l'organisation du NICE dont on fait grand état et qui a donné
lieu à un colloque intéressant la semaine dernière a
été créée en 1978. Je pense que de là
à accuser le gouvernement précédent d'être un
vendeur d'électricité quand on vient la chercher, ce ne serait
pas raisonnable, compte tenu des chiffres que j'ai donnés ce matin. Les
efforts considérables, je pensais l'avoir démontré... Il
faudrait éviter comme cela les clichés, dans la vie publique, si
vous voulez faire une longue carrière, M. le député; il
faut éviter les images à peu près qui ne résistent
pas à l'analyse.
Alors, le gouvernement précédent a posé des gestes
extrêmement importants. Vos propos sont peu appropriés à
l'endroit des gens d'Hydro-Québec qui ont travaillé avec le
précédent gouvernement. On sait qu'Hydro-Québec a une
autonomie très grande dans ses travaux, que les gouvernements sont
là pour surveiller l'administration d'Hydro-Québec, pour soutenir
Hydro-Québec, pour donner des orientations à Hydro-Québec,
soit. Mais Hydro-Québec a toujours fait et continue de faire...
J'imagine que le ministre n'osera pas dire que c'est lui qui dirige
Hydro-Québec. Je pense que c'est le ministre de tutelle. Je suis
sûr qu'il a compris ce rôle depuis fort longtemps. Il accompagne
Hydro-Québec dans ses démarches, il favorise des orientations. Il
ne s'est pas passé, le 2 décembre au matin, un changement de cap
à 90 degrés dans ce domaine, M. le député. Il ne
faudrait quand même pas être déraisonnable.
Quant à la question du développement économique,
puisque vous l'avez abordée, le développement économique,
il faut faire attention... Je ne suis pas sûr que l'élément
le plus important dans le développement économique soit de
créer - Pardon? Ah! Excusez-moi, je pensais que vous me parliez - de
faire un chantier où, pendant cinq, six, sept ans, des milliers de
travailleurs se retrouvent et qu'après cela ils retourneront tous chez
eux, inondant le marché de la construction puisque ce sont là des
gens de la construction.
Je pense que, quand on parle de développement économique -
si vous voulez aborder le sujet je suis sûr que le ministre pourra vous
répondre longuement - il faut parler de toutes les formes
d'énergie, il faut parler également d'une planification d'emplois
et il faut dire d'éviter le plus possible des pointes absolument
fantastiques qui retombent au bout de trois ou quatre ans. Cela a des effets
souvent plus négatifs sur l'économie qu'autrement, principalement
dans le domaine de la main-d'oeuvre. Il faut parler des retombées des
autres formes d'énergie. Il faut parler des milliers
d'emplois dans le gaz qui sont toujours là, des emplois
reliés à l'entretien et à la fourniture du réseau.
Il faut parler également du pétrole dans cet esprit.
Alors, évitez, de grâce, M. le député, quand
vous parlez de développement économique, de véhiculer un
cliché, de dire que le Klondike va retomber sur le Québec pendant
quatre ans parce qu'on va bâtir tout à coup pour plusieurs
milliards de dollars de centrales. Il y a des données beaucoup plus
sérieuses que cela, des données beaucoup plus profondes. Il y a
d'autres éléments à regarder. Il y a aussi les
énergies nouvelles qui sont extrêmement créatrices
d'emplois. Puis vous vous êtes réjoui, et à juste titre,
quand le ministre annonce que des dossiers débloquent, que ce soit dans
le domaine de l'hydrogène liquide ou dans d'autres domaines.
Je pense qu'il faut être prudent et éviter ce genre de
choses. Il faut l'éviter. C'est un bon conseil que je vous donne si vous
voulez que votre carrière se prolonge un peu plus longtemps.
M. Cannon: C'est du paternalisme.
M. Gauthier: Je suis très ouvert à l'endroit du
député de Rouyn-Noranda.
M. Baril: Cela a dû être dur chez vous.
M. Gauthier: M. le Président, je vaudrais aborder avec le
ministre...
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaît! Sur le même sujet.
M. Gauthier: Oui. Évidemment, on va être
obligé, peut-être, de passer à... C'est parce que le temps
s'écoute assez rapidement. J'ai été très ouvert. Je
m'excuse auprès du député de Taschereau.
Une voix: Je n'ai pas abusé de mon droit de parole.
M. Gauthier: Non. Je comprends. Mais j'ai été
très ouvert, dès que cela a été demandé aux
députés de l'Opposition, pour permettre des questions.
Maintenant, évidemment, je sais qu'il y a une entente qui ne fait
peut-être pas votre affaire ou la mienne. Peu importe, elle est
là. M. le Président, si le député de Taschereau
m'indique que c'est une question qui ne sera pas énormément
longue...
M. Leclerc: Trois minutes, si vous permettez.
M. Gauthier: Bon. Alors, je consens fort bien à laisser la
chance au député.
M. Leclerc: C'est parce que je ne voudrais pas trop reporter mes
propos.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Roberval. M. le député de Taschereau.
M. Gauthier: J'indiquerai que j'ai été longtemps
député de la majorité ministérielle et que je
comprends l'impatience des députés qui sont là de l'autre
côté. On a souvent des questions intéressantes à
poser.
M. Leclerc: Nous trépignons d'impatience.
M. Gauthier: Malheureusement, trop souvent on nous empêche
de le faire.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Roberval. M. le député de Taschereau.
M. Leclerc: Cela s'inscrit dans la même ligne de discussion
que celle que vous venez de tenir et de celles de mon collègue de Rouyn.
Vous semblez dire qu'il n'y a pas de changement de cap depuis le 2
décembre quant aux efforts que nous voulons faire comme gouvernement en
collaboration avec Hydro pour vendre de l'électricité. Mon
collègue faisait une nuance que je trouve intéressante.
Évidemment, vous allez dire que c'est un cliché, mais c'est' une
nuance intéressante. Je dois vous dire...
M. Gauthier: Est-ce à moi que vous posez la question?
M. Leclerc: Non, ce sont mes commentaires préliminaires
juste avant la question. Ceux de mes collègues qui ont assisté
avec moi à la rencontre que nous avons eue à Boston -
malheureusement, vous n'étiez pas là, ce n'est sans doute pas
votre faute, vous étiez retenu ailleurs - ont senti vraiment à
cette réunion un changement de cap. C'est ce que je veux vous faire
valoir. Je pense que le ministre sera d'accord avec moi. On a tellement senti
ce changement de cap que même le président de notre commission, M.
Charbonneau, qui est de votre formation politique, a terminé la session,
l'exposé en disant, et je cite de mémoire évidemment: "It
is a great day for Québec. It is the beginning of a new Québec".
Je suis obligé de le féliciter de ces remarques qui
étaient tout a fait non partisanes et qui étaient un constat de
ce qui s'était discuté au cours de la journée et de
l'atmosphère qui régnait lors de ces discussions.
J'ai senti qu'il y avait un changement de cap. Je pense que nos
interlocuteurs là-bas avaient senti qu'il y avait un changement de cap
et je pense que le président de la commission, dans son rôle tout
à fait non
partisan, a lui aussi senti qu'il y avait un changement de cap. Je
propose à mon collègue de Roberval de s'enquérir
auprès du président de notre commission afin d'avoir un certain
rapport de ce qui s'est dit et de ce qui s'est fait lors de cette
rencontre.
Je pense qu'il pourra, à ce moment, nuancer un peu ses
affirmations et prendre en considération ce que mon collègue lui
a dit tout à l'heure. Je vous remercie.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Roberval.
M. Gauthier: Étant donné que ce n'était pas
une question, c'était une remarque, je vais être obligé de
dire deux mots seulement au député. Je vais être
obligé de dire au député simplement que la remarque de mon
collègue de Verchères qui disait que c'est un grand jour pour le
Québec, que c'est le début d'un nouveau Québec
démontre à quel point ce que je disais ce matin est
fondamentalement réel et vrai dans notre formation politique. On se
réjouit - il faut bien se comprendre, quand on vend de
l'électricité aux États-Unis - tellement que cela fait dix
ans qu'on y travaille. C'est ce que j'ai démontré ce matin. Je ne
vois pas en quoi les propos de mon collègue Charbonneau étonnent
le député.
M. Leclerc: Ils ne m'étonnent pas, ils me
réjouissent.
M. Gauthier: Au contraire, cher ami, ils vous
réjouissent...
M. Leclerc: Je n'ai jamais dit qu'ils m'étonnaient. Je
n'ai jamais dit cela.
M. Gauthier: Cela ne tend pas à démontrer que je
suis dans l'erreur. C'est ce que vous vouliez dire. Votre collègue
disait qu'il y avait eu un changement de cap, il n'y a pas eu de changement de
cap au Québec. Tous les politiciens au Québec se
réjouissent quand on réussit à pénétrer les
marchés américains. Je veux que ce soit clair. On se comprend
tous là-dessus. Ce que vous avez dit, ce que le ministre a dît et
ce que j'ai dit, on est d'accord là-dessus. On n'y reviendra pas. Quant
au...
M. Ciaccia: M. le député, au lieu d'avoir le PLQ et
le PQ, on va avoir le PU, le parti unique, parce qu'on semble être
d'accord.
M. Gauthier: Évidemment, il y a des différences
fondamentales sur des éléments de politique sur lesquels nous ne
reviendrons pas. Je pense que les négociations seraient encore plus
ardues, M. le ministre, que celles que vous menez avec les États
américains les plus éloignés et les plus
réfractaires à vos projets.
M. Ciaccia: Je pense que... La tarification
d'Hydro-Québec
M. Gauthier: Cela étant dit, M. le ministre, je la trouve
bonne. J'aimerais qu'on aborde un peu, M. le ministre, pas pour très
longtemps, la question de l'augmentation accordée, consentie à
Hydro-Québec sur les tarifs d'électricité. M. le ministre,
j'ai eu l'occasion l'autre jour en Chambre de vous demander pour quelle raison
vous n'avez pas accepté que la commission parlementaire termine ses
travaux. Évidemment, vous m'avez répondu, je vous cite de
mémoire: De fait, le député de Roberval avait
essayé, avait pris beaucoup de temps, il avait même mis plus de
temps, il avait essayé d'étirer le temps, bref, vous m'avez
qualifié en cette Chambre d'à peu près tous les titre3
inimaginables. Je voulais simplement vous dire...
M. Ciaccia: Cela fait partie des règles
parlementaires.
M. Gauthier: M. le ministre, je voudrais simplement vous dire que
n'ayant pas eu l'occasion, à cause des règles parlementaires, de
vous poser d'autres sous-questions, j'avais idée qu'un de ces jours on
se retrouverait dans un forum où vous seriez un peu plus sérieux
et plus disposé à répondre aux questions qu'à
l'Assemblée nationale et où vous finiriez par me donner la raison
pour laquelle cela aurait été dérangeant pour vous que ta
commission puisse - j'en conviens, cela a été un peu plus long
que prévu et, l'année prochaine, on essaiera de s'entendre pour
prendre le temps qu'il faut - à partir des données qui ont
été fournies à la commission au cours du dernier
avant-midi, dans les deux dernières heures, sauf erreur, étudier
à la lumière de ces renseignements la tarification. Vous allez
pouvoir me répondre tout à l'heure, M. le ministre. Si vous
permettez, je voudrais compléter.
Je me permets de vous dire qu'il ne nous paraissait pas essentiel,
à ce moment-ci, compte tenu des sommes importantes qui sont en jeu dans
la baisse du prix du baril de pétrole, dans le baisse du dollar canadien
par rapport au dollar US, d'apporter ce qu'on pourrait appeler ou ce que vous
vouliez appeler des correctifs pour garder Hydro-Québec en situation
financière saine. Il nous semblait, tous ces éléments
étant plus ou moins stables au moment où on se parle, qu'une
hausse de 2 % au-delà de l'inflation apportant 40 000 000 $ à
Hydro-Québec, si mes chiffres sont exacts, n'était pas opportune
à ce moment-ci et ne corrigeait en rien les problèmes auxquels
Hydro-Québec doit faire face. D'autant plus que - là-
dessus, j'aimerais vous entendre - sauf erreur, si ma connaissance des
conventions comptables est bonne, j'ai l'impression qu'Hydro-Québec est
soumise a des conventions comptables discutables, il faut bien le dire, et qui
sont discutées par des sociétés d'importance
équivalente à HydroQuébec et qui font des affaires sur le
plan international. Les conventions comptables obligent Hydro-Québec
à inscrire au titre des pertes la totalité des pertes de change
sur sa dette en dollars américains au moment de la fermeture de ses
livres. Une convention comptable beaucoup plus raisonnable commence à
être reconnue dans d'autres milieux comme étant moins
pénalisante. Elle pourrait faire en sorte que l'image financière
d'Hydro-Québec puisse se retrouver drôlement
améliorée et cela sans faire de finasseries -vous me passerez le
terme - avec les conventions. Il y a peut-être une autre manière
d'envisager toute cette problématique. Alors, puisqu'il peut y avoir
autant de différence dans les chiffres à partir de simples
conventions comptables ou qu'il peut y avoir des jeux d'argent importants
à partir d'un dollar qui se promène curieusement ces temps-ci, il
ne nous paraissait pas opportun de penser à ce moment-ci a
réajuster à partir de la tarification ia structure
financière d'Hydro-Québec. C'est pour cela qu'on aurait
aimé avoir l'occasion de s'exprimer. C'était le sens de ma
résolution; ce n'était pas un mauvais coup que je voulais vous
jouer. Vous me connaissez mal, vous allez mieux me connaître avec le
temps. Jamais, je n'essaie de vous jouer de mauvais tours, M. le ministre. Je
voulais simplement qu'on termine la commission parlementaire et qu'on finisse
le travail pour lequel on s'était réuni. J'aimerais vous entendre
là-dessus, M. le ministre.
M. Ciaccia: Dans certaines situations, il y a la perception des
choses et la réalité des choses. La perception que j'avais de
votre résolution, c'était vraiment et honnêtement que
c'était une manoeuvre parlementaire. On l'a fait dans l'Opposition,
arriver à la dernière minute avec des résolutions sur
lesquelles on ne veut pas vraiment voir toute la discussion, toute la
lumière se faire. On le fait dans le but d'embarrasser le gouvernement
et j'accepte ces règles du jeu, parce que pendant neuf ans et onze mois
je l'ai fait. La réalité, vous me dites, est différente.
La réalité est que vous vouliez vraiment discuter des hausses de
tarifs. Je vais prendre votre parole. Mais ce n'est pas cette
réalité que vous m'avez fait voir le jour de la commission
parlementaire. Je vais vous expliquer pourquoi j'ai eu cette perception. La
commission parlementaire devait avoir lieu seulement pendant une
journée, Nous avons eu de petites discussions le soir mais, à
votre demande, nous avons accepté de continuer le lendemain. Alors,
lorsque vous êtes venu avec la résolution à 12 heures ou 12
h 15, je me suis immédiatement dit: Si vraiment le député
de Roberval était intéressé à discuter des tarifs,
pourquoi n'a-t-il pas présenté sa résolution à 10
heures ou à 11 heures? (16 h 15)
M. Gauthier: Sauf erreur...
M. Ciaccia: Peut-être aviez-vous des raisons, mais...
M. Gauthier: Non, non. M. le ministre, je m'excuse. Je l'ai
déposée effectivement à 11 h 5, je pense, très
précisément. Je me suis même empressé de couper la
parole a mes collègues pour la déposer mais c'est le
président qui a pris énormément...
M. Ciaccia: Un peu de temps.
M. Gauthier: ...de temps à trancher. Je n'y suis pour
rien, M. le ministre.
M. Ciaccia: Au lieu d'être au début, c'était
plutôt vers la fin. Alors, peut-être -je vais prendre votre parole
- que vous étiez de bonne foi et que vous vouliez discuter. Moi, je
pense que cela aurait été beaucoup plus facile pour le
gouvernement et pour moi-même de laisser la discussion de la
résolution avoir lieu, parce que c'est HydroQuébec qui doit
justifier ses 5,4 %, ce n'est pas moi. Ce n'est pas moi qui ai demandé
ces 5,4 %. Cela aurait été très facile pour
Hydro-Québec de les justifier. Alors, si, par la force des choses, on a
mis fin à la commission à 12 h 15 ou 12 h 30, c'était un
ordre de la Chambre; elle devait se terminer à 12 h 30. L'impression que
vous m'avez laissée, c'était que vous n'étiez pas
vraiment... Et d'avoir commencé la discussion à 12 h 15, cela
n'aurait vraiment pas... Avoir un vote à 12 h 15 sans une vraie
discussion... Obliger le gouvernement à voter à une commission
parlementaire sur une hausse, ce n'est pas vraiment "fair" pour les
députés de la commission parlementaire qui sont obligés de
dire: On n'a pas tous les éléments. Alors, on n'a pas voté
sur cette motion et on ne l'a pas discutée. Je dois vous avouer que cela
aurait été beaucoup plus facile pour moi si vous aviez
présenté votre résolution la veille. Le lendemain,
Hydro-Québec vous aurait donné tous les chiffres à
l'appui, comme elle a été obligée de le faire pour nous.
On n'est pas plus intéressé que vous d'augmenter les tarifs. On a
les mêmes intérêts, on a le même public qui est devant
nous. Alors, il est dans notre intérêt comme gouvernement de dire:
On va garder les tarifs les plus bas possible. Si on a accepté la
demande d'Hydro-Québec de
5,4 %, c'est parce que, vraiment, il y avait des raisons valables et
qu'on n'avait pas vraiment le choix de dire à Hydro-Québec: Vous
avez demandé une hausse de 5,4 % que vous avez justifiée avec
tous vos chiffres mais, pour des raisons électorales, pour plaire
à notre public, on ne vous accordera pas 5,4 %. Je pense que cela
n'aurait pas été responsable. Cela aurait été
beaucoup plus facile pour nous de dire: On va donner seulement
l'équivalent du taux d'inflation. Ne pensez-vous pas que cela aurait
été plus facile? Les ministres qui sont en train de
négocier les conventions collectives, pensez-vous qu'ils n'auraient pas
préféré qu'on donne à Hydro-Québec 3,9 % ou
4,1 %? Du point de vue du public et de certaines autres démarches, cela
aurait été plus facile, mais il faut qu'on prenne nos
responsabilités. On ne peut pas permettre qu'Hydro-Québec soit
mise dans une situation qui puisse affecter sa santé financière.
C'est pour ces raisons qu'on a accepté la recommandation
d'Hydro-Québec à 5,4 %. Il y a des éléments qui
échappent au contrôle d'Hydro-Québec ou du gouvernement. La
chute du dollar canadien a aussi affecté Hydro-Québec, pas
seulement le prix du pétrole. Chaque fois que le dollar canadien baisse
d'un sou, c'est 21 000 000 $ américains plus 8 000 000 $
supplémentaires sur... Pardon?
M. Gauthier: L'équivalent de 1 %.
M. Ciaccia: D'accord. Alors, tout de suite, c'est 30 000 000 $.
La baisse de 1 $ du prix du pétrole brut, c'est 15 000 000 $ en pertes
de revenus pour Hydro-Québec. Les règles comptables ont
obligé Hydro-Québec, comme vous l'avez souligné, à
inclure dans les réserves, comme un montant qui était
déduit du bénéfice net, les montants payables à
l'avenir. On n'avait pas assez d'exportations en dollars américains pour
équilibrer ces sommes. Vous avez raison de dire que, cette année,
ils sont en train de revoir les méthodes de comptabilité. Mais ce
n'est pas leur décision à eux. Il faut qu'on satisfasse aux
exigences de la loi. Il y a la question de "ledging". Ils peuvent inclure dans
leurs revenus les montants des contrats pour la vente en dollars
américains pour l'avenir. C'est seulement normal parce que, si on inclut
dans les pertes les déboursés sur les obligations pour l'avenir,
je pense que ce serait juste, équitable et normal d'inclure dans l'actif
les ventes.
Si je voulais vraiment faire de la politique je pourrais vous dire: Si
vous aviez pu avoir des contrats fermes d'énergie en dollars
américains on n'aurait pas ce problème-là. Au lieu d'avoir
350 000 000 $ de dollars américains, si on avait eu 1 000 000 000 $ ou 2
000 000 000 $ de revenus en dollars américains, le
bénéfice net d'Hydro-Québec n'aurait pas été
le même. On aurait pu le faire avec une politique différente.
C'est pour ces raisons. Ce n'est pas parce qu'on ne veut pas discuter, qu'on a
quelque chose à cacher sur la décision de 5,4 ce n'était
pas la nôtre, c'était celle d'Hydro-Québec. Il m'aurait
fait grand plaisir de voir Hydro-Québec justifier pour vous son
augmentation de 5,4 %, de la même façon qu'elle a
été obligée de le faire pour le Conseil des ministres.
M. Gauthier; Je vous remercie de cette réponse, M. le
ministre, et j'ose croire que la prochaine fois vous ne me prêterez pas
ces intentions. Je veux simplement vous dire pourquoi je n'ai pas
déposé ma résolution la veille: c'est que je l'ai
modifiée jusqu'à 10 heures du matin à la lumière
des renseignements qui nous étaient donnés, aussi vrai que je
suis ici, vous avez ma parole de parlementaire.
M. Ciaccia: Je prends votre parole.
M. Gauthier: On l'a modifiée jusqu'au matin même,
compte tenu, et c'était très sérieux, de ce qui se
disait.
Avant de passer la parole à mes deux collègues qui ont
chacun une question, avant qu'on n'aborde le dossier des terres, si cela vous
agrée, je voulais simplement vous dire que dans le domaine des contrats
en énergie ferme il faudrait éviter de faire penser à vos
collègues, par des réponses qui ne seraient pas complètes
ou pas très précises, que vous êtes le père des
contrats en énergie ferme aux États-Unis. Il faudrait tout de
même se comprendre là-dessus, c'est une orientation qui
était déjà prise, je pense que vous collègues
doivent le savoir, qui était relativement récente, j'en conviens.
Je pense que vous m'accorderez cette nuance, M. le ministre.
M. Ciaccia: Si cela doit faire avancer la cause et les projets
énergétiques que le gouvernement a, je vous l'accorde
volontiers.
M. Gauthier: Merci, M. le ministre. Si vous me le permettez, mes
deux collègues auraient deux questions sur l'énergie, et ensuite
je voudrais aborder...
M. Ciaccia: Oui. Je vous ai accordé cela, mais je voudrais
seulement faire une précision.
M. Gauthier: II me semblait que c'était complet, M. le
ministre.
M. Ciaccia: Quand vous parliez de développement
économique, vous disiez qu'on n'aurait que des emplois temporaires pour
la construction des barrages, que ce n'est pas le vrai développement
économique. Si le développement de la Baie James avait pour
conséquences seulement la création d'emplois temporaires
pour la construction des barrages, je pense qu'il faudrait revoir cela et je
serais peut-être d'accord avec vous, mais ce ne sont pas les
conséquences. En construisant des projets comme la Baie James on ne se
limite pas à la création d'emplois temporaires, même s'ils
sont très importants. Quand on dit "temporaires", la construction d'un
barrage est étendue sur six ans ou huit ans, ce n'est pas 30 jours ou
six mois. Il y a d'autres conséquences cependant: tout le
développement des technologies, le développement du secteur
manufacturier, les équipements, les bureaux de génie-conseil, le
développement de main-d'oeuvre. Quand il y a eu l'ouragan Gloria aux
États-Unis et que 600 pièces d'équipement
d'Hydro-Québec se sont rendues immédiatement... Les gens ont fait
un travail absolument formidable; la réaction favorable que nous avons
eue dans ces endroits, on n'aurait pas pu l'acheter par de la publicité.
Ces gens-là ont été formés parce qu'il y a eu une
Baie James, sinon on n'aurait jamais pu envoyer cet équipement, ces
experts qui ont fait une "job" fantastique.
Il y a donc plus que juste la création d'emplois temporaires. Si,
par exemple, le bureau de Lavalin est en Chine maintenant pour faire des
propositions sur trois projets, si cette compagnie obtient le contrat pour les
projets en Chine, cela voudra dire pour nous au Québec 3 000 000 000 $
en termes d'équipement, de fournitures, de matériaux, etc. Je
pense que le développement de la Baie James c'est plus que la
création d'emplois temporaires.
M. Gauthier: Je pense que vous aviez compris, M. le ministre, que
mes propos étaient nuancés. Je ne voulais pas exclure cela.
C'était beaucoup plus nuancé que ce que vous me dites là.
Je comprends qu'il y a aussi des nuances à faire dans certaines choses
que vous dites. Maintenant, on n'embarquera pas sur ce sujet. Cela me ferait
plaisir de le faire avec vous, par exemple, mais beaucoup plus longuement, avec
une préparation adéquate. Disons qu'on s'entend sur
l'essentiel.
M. Ciaccia: Et l'autre petite différence que je voulais
souligner...
M. Gauthier: Vous voulez absolument trouver des
différences, M. le ministre, n'est-ce pas?
M. Ciaccia: Non, non.
M. Gauthier: Cela vous chicote que je sois d'accord avec vous sur
des choses.
M. Ciaccia: Non, non. C'est parce que je ne voudrais pas que,
dans trois mois, six mois, vous veniez me dire: Regardez, vous avez admis en
commission parlementaire telle et telle chose.
M. Gauthier: Ah! Vous savez bien que je ne ferais pas cela.
M. Ciaccia: II faut nuancer. Comme vous le faites, je dois
nuancer aussi. Je pense que vous avez dit que le gouvernement
précédent a aussi négocié des contrats pour la
vente d'électricité. C'est vrai. Je vous ai donné les
chiffres. Cela a monté de 86 000 000 $ à 670 000 000 $.
Cependant, la différence, c'est que les contrats que vous avez
signés n'étaient pas des contrats de puissance à long
terme. Cela est une orientation toute différente. Je ne pense pas que le
gouvernement... Bien, je sais que le gouvernement précédent
n'avait pas comme orientation le développement de projets pour la vente
de puissance et d'énergie ferme à long terme. C'est cela la
distinction entre la vente par le gouvernement précédent et ce
que nous essayons de faire. Nous essayons non seulement d'écouler les
surplus jusqu'à 1995 - là, il n'y en aura plus - mais, en plus,
nous voulons signer des contrats de puissance qui vont nécessiter la
construction d'autres barrages.
M. Gauthier: Ce que vous venez de dire amène quand
même une question: Admettrez-vous, M. le ministre, que dans l'histoire il
se passe des choses à un moment donné? Il ne faut pas y rester
accroché. C'est normal. On appelle cela l'évolution. Jusqu'en
1976 on ne vendait pas d'électricité. De 1976 à 19B5,
parce qu'on avait des surplus à l'époque, on a pensé les
écouler. Cela a ouvert des marchés américains, cela a
ouvert une discussion. Il s'est créé des organisations. Les
échanges se faisant, graduellement, l'évolution des choses a fait
en sorte qu'Hydro-Québec a pu offrir en partant de son produit de bas de
gamme, soit les surplus occasionnels qu'on avait occasionnels sur une
période relativement longue - son produit de haut de gamme, en passant
par la vente d'énergie ferme et, après cela, de puissance et on
est rendu au maximum de ce qu'Hydro-Québec peut offrir. C'est
là-dessus qu'on négocie.
Il faudrait quand même que vous acceptiez, M. le ministre, que de
1976 à maintenant - et j'espère que cela va continuer, que ce
soient vous autres ou nous autres, j'espère qu'il va continuer à
y avoir de l'évolution au Québec - il y a eu une évolution
dans le domaine de l'hydroélectricité, de ce qu'on faisait avec
et que, dans cette évolution, s'est inscrit notre formation politique,
notre gouvernement, le gouvernement formé de notre parti, et qu'on a
contribué largement à ouvrir les voies de ce qu'on peut faire
aujourd'hui et de ce qu'on
peut espérer faire demain dans ce domaine.
II faudrait quand même que vous acceptiez, M. le ministre, que de
1976 à maintenant - et j'espère que cela va continuer, que ce
soient vous autres ou nous autres, j'espère qu'il va continuer à
y avoir de l'évolution au Québec - il y a eu une évolution
dans le domaine de l'hydroélectricité, de ce qu'on faisait avec
et que, dans cette évolution, s'est inscrit notre formation politique,
notre gouvernement, le gouvernement formé de notre parti, et qu'on a
contribué largement à ouvrir les voies de ce qu'on peut faire
aujourd'hui et de ce qu'on peut espérer faire demain dans ce
domaine.
Il faudrait quand même qu'on soit assez honnêtes, vous et
moi, pour accepter qu'il y a eu une évolution depuis un certain nombre
d'années au Québec, qu'elle va continuer et que nous nous sommes
inscrits là-dedans de façon fort intéressante. Cela vous a
permis, d'ailleurs, de continuer ce travail. Quand on vous succédera
dans quatre ans, j'espère que vous nous aurez mis en place tout ce qu'il
faudra.
M. Baril: Je ne suis pas d'accord là-dessus.
M. Gauthier: J'espère que vous nous aurez mis en place des
jalons nouveaux qui nous permettront d'aller plus loin. C'est l'histoire qui
est comme cela. Cela n'est pas une nouveauté parce que vous êtes
là.
M. Baril: Vous étiez contre la Baie James.
M. Ciaccia: J'admets que votre parti a évolué
beaucoup, et spécialement durant les six derniers mois. Vous avez encore
beaucoup à faire pour évoluer encore. Je vous le souhaite.
M. Gauthier: M. le ministre, c'est le propre des gens
intelligents d'évoluer. (16 h 30)
M. Ciaccia: Je ne veux pas recommencer le débat, mais le
fait demeure que -et je ne pense pas que vous étiez là à
l'époque - votre parti s'opposait à la Baie James. Votre parti
voulait douze centrales nucléaires le long du Saint-Laurent. Même,
j'utilisais cet argument quand je négociais avec les autochtones qui ne
voulaient pas du projet de la Baie James. J'ai dit: Écoutezl La solution
que nous avons, c'est de construire douze centrales nucléaires le long
du Saint-Laurent et je ne pense pas qu'on puisse le faire. Il y a eu des
différences dans l'orientation et, l'orientation d'Hydro-Québec,
c'est le gouvernement qui la lui donne. Hydro-Québec, je ne pense pas
que d'elle-même elle définirait la vente d'énergie ferme de
puissance pour exportation sans l'orientation qui lui est donnée ou
consentie par le gouvernement. Je pense que cet aspect nous a distingués
dans le passé. Je suis heureux de voir que vous avez
évolué au point que maintenant vous acceptez notre orientation.
Si nous pouvons travailler ensemble dans cette voie, je pense
qu'Hydro-Québec et les Québécois vont en
bénéficier.
M. Gauthier: J'aurais espéré, M. le ministre - en
boutade, bien sûr - que vous ne remontiez pas si loin...
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Gauthier: ...parce que vous allez m'obliger à parler
des annonces de 1972 faites par M. Bourassa qui s'était trompé de
projet dans un "party" politique du Parti libéral. Je n'aurais pas voulu
être indélicat à ce point.
M. Ciaccia: Mais c'est le principe qui compte. Le projet a
changé de place, mais c'est le principe.
M. Gauthier: Disons, M. le ministre, que cela fait partie d'un
échange de bons procédés et si, vous le permettez...
M. Ciaccia: Changer de rivière...
M. Gauthier: ...on va passer à d'autres questions que mes
collègues voudraient vous poser. Si vous le permettez...
M. Ciaccia: ...c'était de l'eau quand même.
M. Gauthier: ...M. le Président, le député
d'Ungava.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Roberval. Je reconnais M. le député
d'Ungava, M. le député de Labelle et M. le député
de Duplessis. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. J'ai une intervention
à trois volets qui se veut en même temps, d'une certaine
façon, un complément de commentaires sur la dernière
partie du débat à laquelle je viens d'assister. En ce qui
concerne les ventes d'énergie, j'ai été un peu surpris par
les connaissances maritimes de nos collègues. On a parlé beaucoup
de virement de cap. Je continuerai dans la même ligne en disant que, dans
le fond, tout ce qu'il y a derrière cela, c'est que les surplus
d'énergie, cela ne date pas d'il y a longtemps. Cela date du
début des années quatre-vingt avec la mise en service des
centrales hydroélectriques de la Baie James. À ce
moment-là...
Des voix: ...les libéraux...
M. Claveau: Oui, évidemment. À ce moment-là,
on s'est retrouvé dans une situation où, comme mon
collègue disait, il y avait de l'énergie à vendre. On
était au port, le bateau était arrêté au port avec
de l'énergie à vendre. Notre gouvernement a manoeuvré
pendant un certain temps pour sortir le bateau du port, pour lui donner une
orientation pour le mettre en haute mer. Vous arrivez au moment où le
bateau est en haute mer et vous n'avez qu'à prendre une vitesse de
croisière. C'est tout.
Des voix: ...
Le Président (M. Théorêt): S'il vous
plaît!
M. Claveau: Concernant les ventes d'énergie, les
négociations de ce style-là se situent toujours dans des
perspectives historiques qui sont longues. On peut imaginer que cela n'a quand
même pas été tellement long en ce qui nous concerne pour en
arriver à prendre la haute mer avec notre bateau puisqu'on a...
Une voix: Le 2 décembre.
M. Claveau: Oui, mais il était là. Il était
à la bouée qui lui permettait... Le difficile, c'était de
le sortir du port. On entend toujours que le difficile en navigation, c'est de
sortir du port. Il faut croire que le bateau était sorti du port sur un
bon pied puisqu'il pouvait prendre une vitesse de croisière
tranquillement.
M. Perron: Surtout lorsqu'il y a des courants marins.
M. Claveau: Surtout lorsqu'il y a... Une voix: 23
rescapés.
Une voix: C'est vous autres qui avez construit le bateau.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Une voix: Cela devient un problème de capitaine.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Claveau: Non, au contraire.
M. Ciaccia: Puisque le bateau a changé de capitaine
pendant quelques années.
M. Claveau: Au contraire, puisqu'en...
Une voix: Le capitaine a débarqué du bateau cet
après-midi. L'avez-vous vu?
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Claveau: Vous comprendrez que le bateau était bel et
bien en poste...
Une voix: Pierre Marc est sorti. Quand est venu le temps de la
dernière question, il s'est levé et il s'en est allé de la
Chambre.
M. Claveau: ...le vent dans les voiles, la proue au vent,
prêt à prendre la haute mer. Alors, il était
prêt.
Ce que j'aimerais...
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Une voix: Qu'est-ce qu'il dit?
Une voix: II ne sait plus quoi dire.
M. Claveau: J'aimerais parler d'un autre élément
qui pourrait Être intéressant. On parlait tout à l'heure de
l'impact économique d'Hydro-Québec en termes de
développement. M. le ministre a tout à fait raison et je pense
que, quelque formation que ce soit, on est à même de constater
d'une façon rapide qu'effectivement dans l'ensemble de l'économie
québécoise les interventions d'Hydro-Québec, le
développement des centrales hydroélectriques ont un impact
très intéressant et en auront un, disons, à long terme
à mesure qu'on va se spécialiser et devenir, à toutes fins
utiles, la figure de proue mondiale en termes d'hydroélectricité.
Dans l'ensemble de notre économie, comme je le disais, c'est excellent.
Sauf que, là où il y a un problème et un problème
qui est réel, c'est par rapport aux communautés qui sont proches,
qui habitent près des lieux des travaux. Je pense que je ne surprendrai
personne en parlant, entre autres, de l'exempte de Matagami qui vit depuis la
fin des travaux de la Baie James un désengagement dramatique, drastique
par rapport à l'économie locale. La population est passée
de 7000 habitants à 2500.
Au moment du fort des travaux, les gens de Matagami furent
obligés de prendre des décisions d'investissements importants
pour pouvoir créer des infrastructures d'accueil pour les gens qui
travaillaient là. La population a monté en flèche; la
petite ville minière tranquille et calme qu'était Matagami avant
se retrouvait tout à coup en pleine effervescence économique
avec, disait-on, des garanties de présence pendant au moins vingt ans
sur notre territoire. Tout à coup, avec la fin des travaux, il y aun désengagement total, on revient à zéro. Qui paie la
note? Malheureusement pas ceux qui en ont profité, pas ceux qui
étaient là temporairement, mais les résidents
enracinés, les résidents à long terme de la place qui se
retrouvent pris avec des taux de taxation énormes, qui se retrouvent
pris dans une situation qui rend pratiquement invivable, non
viable, l'économie locale, la structure municipale, avec tous les
troubles sociaux que cela peut comporter.
Je pense que c'est en ce sens qu'il faut faire excessivement attention
quand on parle de l'impact économique des travaux de la Baie James,
entre autres, et de tous travaux hydroélectriques qui peuvent se
développer. Au moment où les travaux se font, sur le site il y a
une avalanche, une effervescence d'activités économiques qui fait
miroiter des possibilités de développement local et
régional qui en réalité ne sont pas là. Il est tout
à fait temporaire. Avec la fin de ces travaux dans les régions
qui ont reçu la manne temporairement on se retrouve dans des situations
vraiment précaires et difficiles. J'ai l'impression, quand mon
collègue parlait des problèmes économiques liés
à la construction des centrales hydroélectriques, qu'on se
référait à des exemples comme celui de Matagami.
La troisième partie de mon intervention, le troisième
volet, concerne la tarification dont il a été question tout
à l'heure. En fait, durant la commission parlementaire avec Hydro, on a
écouté. Il y en a qui posaient des questions, d'autres
écoutaient. À première vue, si je me souviens bien - le
ministre me corrigera si je me trompe - Hydro-Québec nous a dit lors de
la commission qu'en ce qui concerne les prévisions de revenus pour
l'année 1986 au moment où la commission s'est tenue ils
étaient déjà en avance sur les prévisions. Donc,
possibilité de faire des excédents de revenus par rapport
à ce qui était budgétisé.
Hydro-Québec nous a aussi dit, à la suite de questions de
mon collègue qui l'ont amenée à éclaircir certains
points des prévisions, que les revenus avaient été
fixés selon le bas de l'échelle dans laquelle on pouvait jouer en
termes de revenus, mais, par contre, que les dépenses avaient
été fixées au haut de l'échelle, ce qui permet
encore d'accentuer la possibilité de faire des revenus
supplémentaires en fin d'année, si les dépenses se
retrouvent au bas de l'échelle en fin d'année alors que les
revenus sont en haut. Déjà là, Hydro-Québec
s'était, à mon avis, gardé une marge de manoeuvre
intéressante. Dans les états financiers d'Hydro-Québec, il
y a un élément qui s'appelle: "les profits non
redistribués" qui se situe au-delà de 2 000 000 000 $
actuellement.
Hydro-Québec nous a aussi dit que lorsqu'ils prévoyaient
des investissements ils devaient s'assurer de pouvoir en fournir au minimum 25
% à partir de leurs propres fonds. Je me demande et je pose la question
au ministre sans vouloir faire de partisanerie, quitte à me faire taxer,
comme cela fut le cas pour un de mes collègues déjà, de
politicien apolitique... Je demande au ministre si Hydro-Québec - qui
à notre avis n'est quand même pas dans une situation
financière catastrophique d'après les différents
éléments dévoilés lors de la commission
parlementaire - n'a pas intérêt à augmenter ses revenus ou
ses profits non redistribués. Dans l'hypothèse où elle
aurait à investir 25 000 000 000 $, un chiffre qui a déjà
été avancé pour le nouveau projet, le projet NBR, si elle
se voyait dans l'obligation un jour ou l'autre de mettre à court terme
25 000 000 000 $ - d'après ce qu'on peut voir des habitudes
d'Hydro-Québec, elle devrait avoir 5 000 000 000 $ à 6 000 000
000 $ de liquidité pour permettre d'aller chercher du financement pour
le reste est-ce qu'Hydro-Québec n'aurait pas effectivement
intérêt à majorer ses tarifs d'électricité,
actuellement, dans le but d'améliorer ses provisions?
M. Ciaccia: Avant d'en venir au troisième volet de votre
question, je vais prendre les deux premiers. La question du bateau, on l'a
réglée.
Pour la question de Matagami, si je comprends bien le
député, il aimerait que les travaux de la phase II commencent
rapidement. C'est aussi notre intention.
M. Claveau: Ce n'est pas ce que j'ai dit.
M. Ciaccia: Bien oui, vous avez dit que les travaux sont
arrêtés et que les gens n'ont plus de travail. Alors, il serait
normal, si les travaux recommencent, que les gens aient plus d'ouvrage.
M. Claveau: Écoutez, M. le ministre. L'exemple de la
première phase est loin d'être une garantie d'avenir, avec une
deuxième phase, parce qu'effectivement on sait très bien - et les
gens de Matagami le savent très bien - que ça va être
encore une manne temporaire de trois ou quatre ans. Même si cela durait
dix ans, il reste que ce n'est pas une question de pérennité.
Cela ne permet pas de pouvoir établir des bases économiques
solides. C'est toujours temporaire. Le problème, c'est qu'on oblige les
gens, les populations, à construire des infrastructures temporaires
parce que c'est nécessaire si on veut accueillir les compagnies et les
gens qui sont là de passage, etc. On se doit de créer une
inflation des infrastructures et, après, qui paie la note quand les
travaux sont terminés? Ce sont les populations qui restent
là.
M. Ciaccia: Écoutez, on a une façon
différente de voir les choses.
M. Claveau: Sûrement.
M. Ciaccia: Sûrement, oui. Vous dites
que c'est temporaire mais, si la phase II du projet de la Baie James se
poursuit en étapes de six ans à six ans pour encore 18 ou 20 ans,
ce n'est plus temporaire cela. Ce n'est plus temporaire, d'accord?
M. Claveau: M. le ministre, là vous nous parlez...
M. Ciaccia: Là, ce n'est plus temporaire. Vous pouvez
passer d'une génération à l'autre. Nous prévoyons
que, pour construire... Et cela m'amène au troisième volet de
votre question. Quand vous parlez de 25 000 000 000 $ ou quand le chiffre de 24
000 000 000 $ a été avancé par le premier ministre, ce ne
sont pas des déboursés de la première année ou dans
une année ou même dans deux années. Le développement
de la phase II de la Baie James va être échelonné sur un
nombre d'années et, au fur et à mesure que le
développement se fera, les revenus augmenteront. Les 25 % se
maintiennent, comme vous le dites. Même Hydro-Québec s'est
autofinancée à plus que ça, l'année
dernière, je crois que c'était à 36 %. Je ne pense pas que
le phénomène que vous décrivez dans la
réalité des choses puisse se produire, parce que ce n'est pas de
cette façon que le développement se fait. Si vous avez lu les
chiffres d'Hydro-Québec à la commission parlementaire, les
déboursés et les différentes phases de
développement y sont échelonnés sur un certain nombre
d'années et les 25 % doivent être reliés aux revenus
qu'Hydro-Québec perçoit. Si nous, nous allons construire par
exemple 4500 mégawatts, nous espérons que dans les deux
prochaînes années nous pourrons avoir des contrats pour nous
permettre de construire ces 4500 mégawatts. Les revenus vont nous
permettre de faire les emprunts nécessaires et vont améliorer
-comme je le disais tantôt à votre collègue, le
député de Roverval - le portrait financier d'Hydro-Québec.
Je ne pense pas que la situation que vous avez décrite puisse se
produire.
M. Claveau: M. le ministre, vous nous dites effectivement que
vous vous ralliez au plan de développement d'Hydro-Québec et,
à ce moment, vous endossez... (16 h 45)
M. Ciaccia: Non, ce n'est pas ça que j'ai dit.
Excusez-moi, mais ne m'attribuez pas des mots que je n'ai pas dits. J'ai dit,
par exemple, qu'on examine le plan de développement, qu'on va le
réexaminer et étudier différents scénarios.
Même en construisant la phase II de la Baie James, on ne construira pas
12 000 mégawatts dans un an. Physiquement, je ne pense pas que ce soit
vraiment possible, ce qui veut dire que 25 % de 24 000 000 000 $, environ 5 000
000 000 $, qu'Hydro-Québec va injecter là-dedans, cela ne peut
pas se produire, ce n'est pas comme cela que ça se fait.
Une voix: Des projets de cette envergure, cela se planifie.
M. Claveau: D'accord. La planification d'Hydro-Québec ne
date pas du 2 décembre. On avait beaucoup d'éléments en
main bien avant, en tant qu'intéressés au développement de
la Baie James, étant donné que cela se trouve dans le
comté d'Ungava. Je vous assure que déjà bien avant le 2
décembre on avait pratiquement tous les éléments en main
sur le développement d'Hydro-Québec, à partir même
de la phase LG 1, de la Baleine, de la rivière Laforge,
Sainte-Marguerite et tout cela. C'étaient tous des
éléments qui étaient connus avant.
Ce que je veux dire dans le fond, c'est que la philosophie que vous nous
présentez, quand on parle de développement
hydroélectrique, je pense que notre parti était tout à
fait d'accord avec cela. D'ailleurs, M. Johnson l'avait exprimé en
campagne électorale en disant: "Je préfère le plan de
développement d'Hydro-Québec à celui de M. Bourassa." On
ne discute pas là-dessus. Ce sur quoi on discute et ce que je vous pose
comme question: Ne se pourrait-il pas que la crainte d'Hydro-Québec soit
que, en vous servant de la loi même, vous puissiez remettre en cause le
plan de développement qu'elle a actuellement pour l'amener à
investir globalement sur un projet qui a été annoncé, dans
le fond, politiquement, il y a quelques mois, comme pouvant se réaliser
tout d'une claque? Excusez l'expression.
M. Ciaccia: Cela n'a jamais été annoncé
comme cela. Je m'excuseï Vous n'avez pas vraiment suivi le dossier. Quand
vous dites que votre gouvernement a toujours été d'accord avec la
phase II de la Baie James, je regrette! Ce n'est pas la réalité
des choses. Aussi récemment que l'automne dernier, mon
prédécesseur, le ministre de l'Énergie et des Ressources
et député de Vimont à cette époque, ne disait pas
ces choses-là. Il a même essayé de montrer qu'il
était impossible de réaliser la phase II de la Baie James. Tous
les arguments possibles contre ont été donnés. Je me
réjouis que vous ayez vu la lumière et qu'aujourd'hui vous
êtes d'accord. Mais ce que vous dites aujourd'hui et ce que votre
parti... Vous n'étiez pas là et peut-être vous n'avez pas
suivi cela. Je ne le sais pas. Ce que votre parti disait l'automne dernier, ce
n'est pas tout à fait la même chose.
M. Claveau: En tout cas...
M. Ciaccia: L'autre aspect. Je vais
essayer de vous faire comprendre que les 24 000 000 000 $, ce n'est pas
quelque chose qui va se produire, et cela n'a jamais été
conçu de cette façon et, physiquement, financièrement, ce
n'est pas possible. Ce n'est pas quelque chose qu'on va dépenser dans
une année. Hydro-Québec devrait soudainement prendre 6 000 000
000 $ de ses fonds et emprunter les trois quarts qui manquent. Ce n'est pas de
cette façon que cela se fait; ce n'est pas de cette façon que la
phase I de la Baie James s'est faite. Cela s'est échelonné sur un
nombre d'années, les emprunts se sont faits sur un nombre
d'années; on n'a pas emprunté 12 000 000 000 $ dans un an, cela
s'est fait de 1970 jusqu'aux années quatre-vingt.
M. Claveau: On pourrait éterniser la discussion
là-dessus mais, si le président est d'accord, je vais
céder la parole à mon collègue.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Labelle.
M. Hétu: M. le Président, M. le ministre, j'ai
écouté le député de Roberval dire qu'il
était inquiet des augmentations de tarifs. Il en a parlé l'autre
jour, il a même fait une motion à cet effet. Mais je me demande
pour quelle raison il ne s'est pas inquiété avant, sous le
gouvernement dont il faisait partie, puisque de 1975 à 1985 on a eu des
augmentations d'environ 30 %.
Je veux revenir à cela... Laissez-moi terminer. On a eu des
augmentations de 30 %, c'est assez volumineux. Je voudrais savoir, M. le
ministre, concernant les taxes et les dividendes imposés par le
gouvernement antérieur, les déboursés qui ont
été faits par Hydro-Québec au profit du gouvernement, quel
pourcentage a été dû aux augmentations
d'Hydro-Québec, ce qui a empêché davantage le
développement d'Hydro-Québec, pour financer le gouvernement
péquiste qui était à court de revenus.
M. Cannon: C'est cela, c'est exactement cela.
M. Ciaccia: Si vous me demandez le montant des divendes qui ont
été payés...
M. Hétu: Des taxes et redevances.
M. Ciaccia: Les impôts et les taxes, par exemple.
M. Hétu: Exactement, tous les montants.
M. Ciaccia: En 1983, les impôts et taxes étaient de
209 000 000 $, les dividendes étaient de 60 000 000 $, pour un total de
269 000 000 $ qui ont été versés par Hydro au
gouvernement. En 1984, les impôts et les taxes étaient de 224 000
000 $, les dividendes étaient de 156 000 000 $, pour un total de 380 000
000 $ qui ont été versés au gouvernement. En 1985,
l'année dernière, les impôts et les taxes étaient de
246 000 000 $ et aucun dividende n'a été payé. Le total
qui a été payé au gouvernement en 1985, c'est 246 000 000
$.
Les prévisions pour l'avenir, c'est qu'on ne prévoit pas
de dividendes pour 1986. Hydro fait une estimation de 3 000 000 $ de dividendes
pour 1987 et de 10 000 000 $ pour l'année 1988. Ce sont des estimations
qu'Hydro a faîtes et qui sont incluses dans le plan de
développement qu'elle a déposé à la commission
parlementaire.
M. Hétu: L'effet direct sur les augmentations de tarifs a
été pour une cause à Hydro-Québec.
M. Ciaccia: Cela dépend comment on l'interprète. Je
pense que sur des revenus globaux de 4 000 000 000 $ - les revenus sont de
quelque 4 000 000 000 $ par année - les sommes que je vous ai
données ont été déboursées au
gouvernement.
M. Hétu: Alors, pour cette année, il n'y a pas
de...
M. Ciaccia: Pas de dividendes, mais il y a des taxes. Il y a des
impôts et des taxes. Ils continuent à payer leurs impôts de
265 000 000 $. Il y a la taxe de vente de 9 %.
M. Hétu: Les 9 % augmentaient aussi pour les
consommateurs.
M. Ciaccia: Ils vont augmenter au fur à mesure que les
revenus augmentent.
M. Hétu: Automatiquement, c'est cela. Je vous remercie, M.
le ministre.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Duplessis.
M. Perron: M. le Président, je vaudrais d'abord faire une
ou deux mises au point et, par la suite, passer à deux questions au
ministre de l'Énergie et des Ressources. D'abord, il faut dire que - je
pense que tout le monde est d'accord là-dessus... Un petit peu en
réponse à ce que vient de soulever le député de
Labelle se rapportant aux taxes, aux impôts, ainsi qu'aux dividendes
payés par Hydro-Québec, il ne faut pas oublier qu'à ce
moment cela a deux effets d'entraînement.
Cela a un effet d'entraînement négatif sur le consommateur,
c'est vrai - tout le monde le sait - sur le plan de la taxe de vente ainsi que
sur le plan de la modifica-
tion de la tarification elle-même- Mais cela a aussi un autre
effet. Là-dessus, je pense que le ministre ne peut pas être en
désaccord avec moi, ni personne à cette commission.
Les taxes, les impôts, les dividendes donnent des revenus
addionnels au gouvernement du Québec. Je pense que c'est clair. Ils
donnent également des revenus, dans certains cas, aux
municipalités concernées, ce qui les aide financièrement.
C'est une mise au point que je voulais faire et je pense que tout le monde est
d'accord là-dessus.
Les deux questions que j'aurais à poser au ministre se rapportent
à l'énergie. Est-ce que la Loi sur Hydro-Québec permet au
gouvernement - peu importe lequel - de donner des mandats spécifiques
à HydroQuébec concernant le plan d'aménagement?
M. Ciaccia: Je crois que le...
M. Perron: Par décret, par exemple.
M. Ciaccia: ...plan d'aménagement, le plan de
développement doit être approuvé par le gouvernement.
M. Perron: Ce que je veux dire, M. te ministre, c'est: Est-ce que
le gouvernement, le Conseil des ministres peut imposer, en vertu de la loi
actuelle, par décret, à Hydro-Québec de faire tel
aménagement au lieu de tel autre aménagement? C'est ce que je
voulais savoir.
M. Ciaccia: Je n'ai pas examiné de près cette
question que vous venez de poser, excepté que ma réaction serait
la suivante: Si le gouvernement doit approuver le plan d'aménagement, je
pense qu'il y a une certaine...
M. Perron: L'inverse peut se faire.
M. Ciaccia: En n'approuvant pas un certain plan
d'aménagement, il va falloir qu'Hydro-Québec vienne avec un autre
plan d'aménagement.
M. Perron: M. le Président, je ne demande pas au ministre
de me répondre. Peut-être qu'il pourrait me répondre en
Chambre au par téléphone ou quoi que ce soit.
M. Ciaccia: Je vais m'informer pour voir si on a le pouvoir
spécifique de dire à Hydro-Québec: Allez là! Faites
ceci! Est-ce que vous voulez savoir cela concernant des projets
spécifiques? Je sais que sur le plan d'aménagement les
décisions d'Hydro-Québec doivent être approuvées par
le gouvernement. Supposons qu'Hydro-Québec nous arrive avec un plan de
développement et qu'on n'est pas d'accord; il va falloir
qu'Hydro-Québec change son plan et te modifie. Le gouvernement doit
approuver deux choses: le plan d'aménagement et les immobilisations
annuelles.
M. Perron: D'accord. Pour le reste, on pourra s'en reparler.
M. Ciaccia: Je pourrai m'informer et vous donner
l'information.
M. Perron: Je voudrais soulever la question d'une ville. Je vais
citer en exemple la ville de Fermont, dans le Nord québécois, et
d'autres endroits dans le Québec, dans le Moyen-Nord et dans le
Grand-Nord, où les résidents vivent des expériences qui
sont assez néfastes au niveau de la tarification parce que tout le monde
sait que, dans l'ensemble du Québec, on a une tarification qui est
uniforme. Dans la ville de Fermont, l'électricité arrive du poste
Montagnais qui, lui, ta prend de CFL Co, Churchill Falls, sur une ligne de 735
kV. Au poste Montagnais, cela se tranforme en 300 kV pour s'en aller au poste
Normand à Fermont. À partir du poste Normand se fait la
distribution autant à la Compagnie minière Québec Cartier
qu'à la petite industrie ainsi qu'aux résidents.
Comme l'hiver dans cette région est assez prononcé par
rapport à Québec, Montréal, Havre-Saint-Pierre ou
Sept-Îles ou Rouyn-Noranda, il y a des demandes qui ont été
faîtes depuis plusieurs années et en particulier depuis 1973, sous
l'ancien gouvernement de M. Bourassa, sous le gouvernement du Parti
québécois, et là il y a encore des demandes qui vont
être faites au nouveau gouvernement du Québec. Ce que les gens
demandent - à cause de la longueur de l'hiver, à cause du
coût énormément élevé pour
l'électricité consommée parce que les maisons sont
préfabriquées, où il n'y pas d'isolation nécessaire
- c'est une de ces deux choses, soit qu'Hydro-Québec approuve, pour la
ville de Fermont, un plan d'isolation subventionné au une baisse de
tarif d'électricité pour cet endroit spécifique pour les
raisons que je vous ai mentionnées. Est-ce que le ministre a entendu
parler de ce cas précis? Sinon, a-t-il l'intention d'aller regarder, sur
le fond, ce fameux dossier qui existe depuis quelques années?
M. Ciaccia: Non, je n'ai pas entendu parler de cela et je n'avais
pas l'intention de regarder cela non plus pour le moment parce que cela n'a pas
été porté à mon attention. Blague à part, je
peux comprendre les préoccupations des gens de ce milieu, de cette
région, mais Hydro-Québec a un principe, et je pense que c'est un
des principes qui ont motivé la nationalisation du pouvoir
hydroélectrique au Québec, c'est d'avoir un tarif égal
pour tous les Québécois.
Une fois que vous faites une exception dans un endroit, et je ne
minimise pas les problèmes que vous venez de soulever à Fermont
et sur la Côte-Nord, mais je peux vous dire que d'autres endroits vont
donner d'autres arguments aussi valables. Une fois qu'on déroge du
principe de l'uniformité, on ouvre la porte à ce qui existait
avant 1962, qu'on a rectifié, car cela causait des problèmes
beaucoup plus sérieux. Prenez un cas comme les
Îles-de-la-Madeleine: s'il fallait fournir l'électricité au
prix courant, je pense qu'ils s'éclaireraient à la chandelle. Le
prix serait énorme. (17 heures)
II y a une raison d'équité, une raison pour les
intérêts de toute la population d'avoir ces tarifs uniformes dans
le Québec. Je ne pense pas que le présent gouvernement, que ce
soit moi, que ce soit d'autres ministres, ou que ce soit Hydro-Québec,
soit prêt à déroger à ce principe.
Est-ce qu'il y a d'autres programmes qui pourraient être
envisagés pour venir en aide à ces cas particuliers? Je ne le
sais pas. Au début, c'est malheureux que les maisons aient
été construites dans ces endroits de cette façon. Je ne
sais pas quelles autres mesures pourraient être prises. Peut-être
que cela vaudrait la peine d'examiner cela, mais pour le moment cela n'a pas
été porté à mon attention.
M. Perron: Je remercie énormément le ministre pour
avoir donné exactement l'heure juste se rapportant à la
tarification universelle. Je pense que là-dessus nous avons eu une
réponse très claire.
Est-ce que le ministre, maintenant, serait prêt à regarder
le cas de la ville de Fermont, quitte à en faire un projet pilote, la
question de l'isolation des maisons, mais subventionnée par une entente
Canada-Québec ou encore par le gouvernement du Québec
lui-même?
M. Ciaccia: Oui, vous posez une question là!
M. Perron: Regardez au moins.
M. Ciaccia: On va attendre au budget ce soir, pour voir si on va
avoir les moyens de donner d'autres subventions.
Une voix: On va finir par le savoir. M. Ciaccia: De voir
ce que... Une voix: C'est au huis clos.
M. Ciaccia: Il y a eu pendant des années des programmes de
subventions qui ont été payés par le gouvernement
fédéral, par Hydro et par le gouvernement du Québec. La
question que je me pose c'est:
Pourquoi n'ont-ils pas profité de ces programmes à ce
moment-là?
M. Perron: Je vais vous donner la réponse, M. le ministre.
C'est parce que pour les programmes qui étaient en place à ce
moment-là et dont certains sont toujours en place - par le gouvernement
fédéral et le gouvernement du Québec - un des
critères est que la maison soit construite avant telle date. Ces maisons
furent construites en 1972, 1973, 1974 et les propriétaires ne sont pas
admissibles. C'est la raison pour laquelle il faudrait que ce soit un programme
spécifique.
M. Ciaccia: En toute équité, je ne pense pas que ce
soit le problème d'Hydro. je pense que cela peut être un
problème social, un problème économique, un
problème d'autres programmes. Mais ce n'est pas le problème
d'Hydro-Québec que d'avoir la responsabilité de s'occuper de ce
problème spécifique dans cette région. Je pense qu'il y a
d'autres éléments, d'autres secteurs...
M. Perron: Votre ministère pourrait quand même le
faire en modifiant certains programmes qui existent ou en mettant en place un
programme nouveau qui s'accrocherait à cette réalité. En
tout cas, je soulève la question et on pourra s'en reparler
éventuellement.
J'ai terminé en ce qui a trait au programme 13.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de RobervaL
M. Perron: Comme j'ai un engagement, je demanderais aux membres
de la commission, M. le Président, s'il est possible que je pose deux ou
trois questions sur le dossier de Norsk Hydro qui fait partie du programme
14?
Le Président (M. Charbonneau): Je n'ai pas d'objection. Si
les membres n'en ont pas et à la condition que le critique dans le
dossier...
M. Ciaccia: Moi, je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va.
M. Gauthier: ...quelques questions en faisant vite?
Le Président (M. Charbonneau): Bien sûr.
M. Perron: Merci, M. le Président. Je remercie les membres
de la commission, peu importe leur fonction politique.
Norsk Hydro
Concernant Norsk Hydro, on sait que la compagnie norvégienne
étudie actuellement la possibilité d'exploiter une mine de
dolomite, un minerai de magnésium, à Havre-Saint-Pierre ou
ailleurs sur la Côte-Nord. Cela serait un projet de l'ordre d'environ 100
000 000 $ à 150 000 000 $. Il y a un problème de concentrateur.
La compagnie trouverait qu'il ne peut être construit à
Bécancour à cause de l'absence d'eau de mer que nous avons en
passant - je pense que le ministre est très informé - sur la
Côte-Nord. I! y a une étude de faisabilité qui a
été...
M. Ciaccia: Cela n'a rien à faire avec le fait qu'il fait
froid? Cela n'a rien à faire avec la température?
M. Perron: C'est une autre affaire. Non, cela n'a rien à
faire avec la température. Il y a une étude de faisabilité
d'environ 2 000 000 $ à laquelle participent le gouvernement
fédéral et le gouvernement du Québec et la compagnie
dépense également plusieurs millions de dollars pour des
études de marché. La décision devrait être prise
vers l'automne prochain en rapport avec l'implantation de Norsk Hydro à
Bécancour en amont et, la partie aval, c'est-à-dire possiblement
sur la Côte-Nord ou ailleurs, peut-être dans la région de
Thetford-Mines.
Je voudrais demander au ministre - je sais qu'il se doit comme ministre
de respecter la confidentialité, qu'il ne doit pas mettre sur la place
publique certains chiffres et certaines informations à cause de la
concurrence, je comprends très bien cet aspect - s'il peut dire aux
membres de la commission s'il a eu des informations quant à
l'implantation sur la Côte-Nord ou ailleurs de l'usine de dolomite.
M. Ciaccia: II y a des projets de mines de dolo... Dolomite?
M. Perron: Oui, de dolomite ou de dolomie. Il y en a qui
emploient les deux mots.
M. Ciaccia: II y a deux projets: l'usine de dolomie et l'usine
d'oxyde de magnésium, À ce stade, c'est au niveau de
l'étude. C'est à l'étude maintenant. Nous contribuons
à faire faire ces études avec Norsk Hydro.
M. Perron: En aval et en amont? M. Ciaccia: Oui. M.
Perron: D'accord.
M. Ciaccia: Le projet le plus avancé, c'est le projet de
Bécancour.
M. Perron: Oui, c'est ...
M. Ciaccia: En termes de négociation.
M. Perron: Cela, c'est le magnésium.
M. Ciaccia: Oui.
M. Perron: D'accord.
M. Ciaccia: Mais le projet...
M. Perron: Mais quant à l'autre?
M. Ciaccia: Quant à l'autre, c'est encore au niveau des
études.
M. Perron: On sait très bien... M. Ciaccia: Au
stade des études.
M. Perron: ...qu'à ce niveau, quant au projet en aval dont
on parle actuellement il y a toujours des possibilités d'importation, au
Québec, de ce produit dont on parle qui viendrait de la Scandinavie.
D'autre part, si le gouvernement du Québec, face aux négociations
avec Norsk Hydro, peut amener Norsk Hydro à se construire une entreprise
-je crois que c'est cela qu'il essaie de faire actuellement - en aval, pour
permettre la création d'emplois, puisque cela crée
énormément d'emplois, je pense que le ministre n'aurait rien
contre ça, c'est sûr et certain?
M. Ciaccia: Certainement que c'est le but de nos
négociations. Nous espérons que cela puisse déboucher sur
un développement à la Côte-Nord. Nous avons
contribué à deux études pour la Côte-Nord: une de
250 000 $ du ministère de l'Énergie et des Ressources sur le
projet de dolomie et l'autre de 500 000 $ pour une autre usine d'oxyde de
magnésium. Le premier projet créerait 25 emplois et le
deuxième créerait 90 emplois. Nous payons 25 % des coûts de
cette étude. Cela fait partie de nos négociations avec Norsk
Hydro. Nous allons essayer de marier les deux projets à celui de
Bécancour et d'intéresser Norsk Hydro à aller sur la
Côte-Nord, puisqu'ils ont assurément un intérêt.
C'est certainement le but que nous poursuivons.
M. Perron: Une dernière question additionnelle sur le
dossier de Norsk Hydro. On sait déjà quels sont les besoins en
kilowattheures de Norsk Hydro en rapport avec Bécancour. Est-ce que le
ministre peut me dire quels seraient les besoins de Norsk Hydro pour un ou les
deux dossiers en aval? On sait que les deux prennent de
l'électricité.
M. Ciaccia: Je n'ai pas ces chiffres,
malheureusement. On n'a pas les chiffres sur les besoins
énergétiques pour ces deux projets.
M. Perron: D'accord. Est-ce que le ministre peut regarder et,
s'il a l'information, il pourra peut-être me la transmettre...
M. Ciaccia: Certainement, cela me fera plaisir.
M. Perron: ...soit par lettre ou verbalement. Merci, M. le
Président, et merci aux membres de la commission.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le
député de Duplessis. M. le député de Roberval.
Secteur des terres (suite)
M. Gauthier: Merci, M. le Président. J'aimerais aborder,
avec le ministre, la question des terres qui relèvent évidemment
de...
M. Ciaccia: Est-ce qu'on peut alors adopter le programme de
l'énergie ou on va le faire après?
M. Gauthier: Si ça ne fait rien au ministre, cela pourrait
être à la fin, parce que j'ai...
M. Ciaccia: Certainement.
M. Gauthier: ...quelques petites questions.
Le Président (M. Charbonneau): Je pense qu'on pourra faire
cela en vrac à la fin.
M. Gauthier: Oui, en bloc à la fin. Cela va-t-il?
M. Ciaccia: Cela va.
Plans d'affectation des terres publiques
M. Gauthier: M. le ministre, selon les informations que je
détiens, en vertu de l'article 16 de la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme, Le gouvernement doit, dans les 90 jours qui suivent la
réception d'une proposition d'aménagement, transmettre à
la MRC un avis sur les orientations, sur les projets d'aménagement que
lui, ses ministères et organismes entendent poursuivre sur le territoire
de la MRC et, s'il y a lieu, bien sûr, les objections du gouvernement
à l'égard du contenu des propositions d'aménagement.
Dans sa décision du 28 mai 1985, le comité
ministériel permanent de l'aménagement et du développement
recommandait ce qui suit: Que le ministère de l'Énergie et
des
Ressources prépare, dans les meilleurs délais, les plans
d'affectation des terres publiques, afin que le ministre des Affaires
municipales puisse les transmettre aux MRC, dès l'automne 1985, de
manière qu'elles en tiennent compte dans l'élaboration de leurs
schémas d'aménagement respectifs.
J'aimerais savoir de la part du ministre - je sais que c'est une
opération assez importante - où est rendue cette opération
à son ministère.
M. Ciaccia: II n'y a aucun doute qu'entre la Loi sur
l'aménagement et les fonctions de la section Terres du ministère
de l'Énergie et des Ressources il pouvait avoir quelque
ambiguïté. Car la Loi sur l'aménagement donne certains
pouvoirs aux MRC, mais, d'autre part, le ministère de l'Énergie
et des Ressources, section Terres, est chargé par la loi d'administrer
les terres publiques, 90 % du territoire québécois.
La loi n'a jamais été vraiment claire. Je ne sais pas si
cela a été un oubli ou si cette question n'a pas
été soulevée. En tout cas, ce n'est pas clair entre tes
deux lois, la loi sur l'aménagement ou la loi sur les terres et la Loi
sur le ministère de l'Énergie et des Ressources, qui a vraiment
le contrôle, la décision finale.
Alors, nous avons eu des discussions avec le ministère des
Affaires municipales. C'est certain que la section Terres a une certaine
responsabilité. Mais comment, dans les plans d'affectation, peut-on
impliquer les MRC? Qui devrait avoir la décision finale? Comment marier
les deux fonctions et les responsabilités, celle des MRC et celle de la
section Terres?
Nous sommes en train, maintenant, de développer un processus, un
genre de coopération entre le ministère des Affaires municipales
et le ministère de l'Énergie et des Ressources pour arriver
à un consensus sur la manière dont ce problème devrait
être abordé et de quelle façon nous devons arriver à
une conclusion.
Moi, je peux voir le problème que notre section, la section
Terres, peut envisager. Il faut avoir la collaboration et voir les
responsabilités et les besoins de différents ministères.
On peut voir également le rôle que les MRC veulent se donner.
Alors, il s'agit maintenant de voir si on peut, de gré à
gré, arriver à un modus vivendi, sans la nécessité
d'amender un seule loi, mais en disant: Voici la façon avec laquelle les
plans d'affectation seront préparés, soumis et
complétés.
M. Gauthier: Si je comprends bien, le ministère
négocie avec je ne sais trop qui...
M. Ciaccia: Ce n'est pas vraiment une négociation. Il y a
le ministère des Affaires municipales qui est impliqué et il y a
le
ministère de l'Énergie et des Ressources. Ce n'est pas
vraiment une négociation; ce sont des discussions pour voir comment nous
allons arriver à résoudre ce problème. On veut
éviter un problème entre le ministère, et les MRC. Mais on
est conscient des responsabilités qu'a le ministère et on est
également conscient que les MRC ont leur mot à dire et ont
certaines responsabilités sur leur territoire. (17 h 15)
Mais je ne pense pas qu'on puisse dire: On va donner toute la
responsabilité des terres publiques, totalement, aux MRC. Je ne pense
pas que c'était l'intention de la loi 125, de la Loi sur
l'aménagement, parce que si cela avait été l'intention la
loi aurait dit clairement que ce sont les MRC qui ont juridiction et que le
ministère de l'Energie et des Ressources n'a plus rien à faire
sur ces terres. Si ce n'était pas l'intention, cela ne devrait pas se
traduire dans les faits non plus. La presque-totalité des plans
d'affectation a été transmis aux MRC pour la confection de leur
schéma d'aménagement. Maintenant, on est en discussion avec elles
et avec le ministère des Affaires municipales pour voir l'acheminement
et les décisions finales.
M. Gauthier: Je remercie le ministre. Dans des documents auxquels
j'ai pu avoir accès, il y a un dossier peut-être un peu
délicat au ministère puisqu'il risque de faire école,
c'est le dossier de la MRC de L'Or-Blanc. Il semblerait que ce schéma va
être le premier à être adopté pour un territoire
comprenant des terres publiques, après la production du plan
d'affectation gouvernemental. Il devrait servir de référence aux
autres MRC. Les décisions qui seront prises dans ce dossier, si j'ai
bien compris la problématique, devraient donner des lignes directrices,
devraient servir de modèle pour les autres; donc, cela a des
conséquences extrêmement importantes pour l'avenir.
Le ministre voudrait-il rapidement brosser le tableau pour montrer
où c'en est rendu dans ce dossier? Est-il complété? Des
orientations ont-elles été données là-dedans?
M. Ciaccia: Le dossier n'est pas terminé, c'est encore en
discussion. Peut-être pourrais-je demander au sous-ministre
associé aux terres de détailler un peu plus l'état actuel
du dossier?
M. Gauthier: Oui, d'accord.
M. Paradis (Michel): Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre,
pourriez-vous identifier la personne qui va maintenant prendre la parole, pour
le Journal des débats? Je pense que c'est le sous-ministre.
M. Paradis (Michel): Michel Paradis, sous-ministre associé
aux terres.
Le Président (M. Charbonneau): Parfait. Merci beaucoup, M.
Paradis.
M. Paradis (Michel) Je disais donc que la MRC de
L'Or-Blanc a été l'une des premières MRC à
déposer son schéma d'aménagement, conformément
à la loi 125. Est apparue avec le dépôt de ce schéma
d'aménagement l'ambiguïté à laquelle M. le ministre
faisait allusion tout à l'heure, à savoir que la loi 125 donne
des responsabilités à la MRC en matière
d'aménagement, mais elle n'a modifié en aucune façon la
Loi sur les terres et forêts qui stipule que le ministre de
l'Énergie et des Ressources est responsable de l'aménagement des
terres publiques. Or, il se trouve que, dans le cas auquel vous faites
allusion, c'est-à-dire L'Or-Blanc, il y a des petits problèmes du
fait que la proposition d'affectation des terres publiques de L'Or-Blanc ne
correspond pas en tous points aux intentions gouvernementales. Nous sommes
actuellement en discussion avec ladite MRC et, bien sûr, il y a de
nombreuses rencontres qui ont lieu entre les fonctionnaires et de la MRC et de
notre ministère en expliquant ce qu'est le plan d'affectation des terres
publiques préparé par le ministère de l'Énergie et
des Ressources.
Chemins d'accès aux lacs
M. Gauthier: Je ne sais pas si la question suivante est
appropriée dans les circonstances, parce que je vous avoue que j'ai un
peu de misère à démêler le ministre
délégué aux Forêts et le sous-ministre aux terres.
Peut-être que ma question, qui est d'un tout autre ordre que
celle-là, pourrait trouver réponse. M. le ministre, on sait que
le ministère de l'Énergie et des Ressources met à la
disposition des villégiateurs des sites, des secteurs près de
lacs, en forêt. Je ne sais si vous pouvez accepter une question
là-dessus. C'est un problème beaucoup plus restreint, mais
j'aimerais vous faire état de choses qu'on a portées à mon
attention depuis déjà quelques années et pour lesquelles
je vous avoue qu'il est difficile de trouver une solution. Il y a
peut-être lieu de s'y pencher. Vous savez que les villégiateurs
à qui on concède des lots en forêt, sur le bord de cours
d'eau d'importance, ont des problèmes énormes avec les chemins
d'accès. Très souvent, on a soulevé ce problème, on
a, disons, 20 propriétaires de terrains concédés par le
ministère sur le bord d'un lac quelque part. On sait que le
ministère n'investit pas d'argent sur la route. Il fait une
première fois le chemin d'accès et,
après cela, il ne touche plus à cela. On sait qu'il arrive
des litiges importants entre les propriétaires, entre le
ministère et les propriétaires, entre ceux qui font de la coupe
de bois et qui utilisent le chemin qui, à toutes fins utiles, devient un
chemin presque privé puisque l'utilisation et l'entretien reviennent
à ces propriétaires. Est-ce que le ministre ou le sous-ministre
-je ne sais pas à qui adresser ma question exactement - a songé
à une façon de procéder qui permettrait de régler
un problème comme celui-là? Il y a des conflits actuellement sur
l'entretien du chemin entre des propriétaires de lots
concédés par le ministère qui font, entre autres, de la
villégiature. Le ministère dit ne pas avoir d'argent à
mettre dans cela. Par conséquent, les propriétaires doivent payer
de leurs deniers pour entretenir les chemins. Il y a des permis de coupe de
bois qui sont accordés dans ces secteurs et qui font que des
utilisateurs en camion brisent les routes et ne sont pas tenus de payer quoi
que ce soit.
Je comprends que cela fait juste cinq mois qu'il est au ministère
et qu'il n'a peut-être pas eu le temps de faire le tour de tous ces
petits dossiers, mais est-ce que c'est une chose dont se préoccupe le
ministre?
M. Ciaccia: Ce qui a été porté à mon
attention, c'est la question des occupations qui ne sont pas
régularisées. Il y en a un certain pourcentage de ces occupations
qui ont été régularisées, mais il y a un bon nombre
encore qui ne le sont pas.
Le problème que vous mentionnez est spécifique. Je peux
peut-être demander au sous-ministre associé, M. Paradis...
M. Paradis (Michel): M. le député de Roberval fait
allusion aux gens qui détiennent des baux de villégiature du
ministère. Dans ce cas-ci, on parle de gens qui occupent, avec l'accord
du ministère, puiqu'on a émis un bail.
Sans entrer dans tous les détails de la villégiature sur
les terres publiques, puisqu'il y a quand même passablement de nuances
à faire, disons tout simplement qu'on a deux types de projet de
villégiature sur les terres publiques. Il y a, ce qu'on appelle la
villégiature dispersée. On retrouve cela notamment au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, dans le Nord-Ouest, en Gaspésie et sur la
Côte-Nord, des gens qui occupent des bords de lac ou de rivière,
mais vraiment le chalet unique, un petit abri pour la chasse et la pêche
et pour lequel on émet des permis, jamais de titres de
propriété, remarquez; dans le cas des baux, d'ailleurs, il ne
s'agit pas de titres de propriété.
Le deuxième type, c'est ce qu'on appelle la villégiature
concentrée. Après étude, on s'aperçoit qu'il y a un
bassin de population qui réclame la possibilité d'avoir
accès à un lac pour y faire de la chasse et de la pêche,
mais la plupart du temps des activités de plein air ou de nautisme. Dans
ce cas, le ministère prépare, en consultation avec les
administrations locales, notamment les MRC, un plan d'aménagement du
lac, établit la capacité de support du lac et détermine le
nombre de lots qu'on peut y émettre. La façon d'attribuer des
lots parce qu'il existe une très grande demande pour ce genre de
villégiature - je pense à des cas récents, par exemple,
où on ne pouvait émettre que 40 baux de villégiature sur
un lac assez considérable et où on avait 900 demandes, 900
preneurs - c'est de recourir au tirage au sort.
Pour répondre plus spécifiquement à votre question
et aux problèmes auxquels vous faisiez allusion, dans ces baux, il est
manifestement mentionné que les chemins de pourtour des lacs... On
désenclave le lac lui-même par un accès au lac, mais il y a
effectivement des gens qui souhaiteraient que le ministère, à
partir de ses fonds, fasse des routes de ceinture. Il est bien
mentionné, dès le début, quand on négocie avec
chacun des individus, que les chemins d'accès sont à leurs frais.
Ils doivent être construits en conformité avec la
réglementation qui est en vigueur dans les municipalités.
M. Gauthier: Ce que vous dites, M. le sous-ministre, est
très juste. Je fais état d'un problème qu'on peut
identifier plus précisément. Je sais que le ministère -
c'est, justement, ce qui fait le problème - demande aux
villégiateurs de s'occuper de ce chemin qui fait le pourtour du lac. Le
ministère est un utilisateur de ce chemin, par les hommes qui vont en
forêt, qui vérifient des choses. Il est un utilisateur indirect
dans le sens qu'il accorde des permis de coupe à des personnes qui
utilisent ces chemins-là sans payer un sou aux propriétaires.
J'ai vu des situations, moi, où quinze propriétaires sur
trente-cinq devaient payer parce que les autres ne voulaient pas et qu'il n'y
avait aucun moyen légal de les y obliger. Quinze propriétaires
devaient organiser le chemin pour que ça passe et que les camions se
promènent allègrement avec des permis pour transporter le bois,
des permis de coupe qui ont été donnés dans ce
secteur-là à des petits entrepreneurs ou à des
cultivateurs privés, à des petits fermiers pour quelques milliers
de pieds de bois.
Ces personnes-la n'ont aucun moyen de se défendre, aucun moyen
d'exiger un droit de passage, d'exiger des frais, d'exiger quoi que ce soit.
Quinze personnes se voient dans l'obligation, par leur bail, d'entretenir les
chemins pour une cinquantaine de personnes et pour d'autres utilisateurs
autorisés par le ministère. En d'autres termes, tu as des
gars
qui paient pour faire voyager des cannions et les propriétaires
de camions se disent: Moi, je n'ai rien à payer, c'est un chemin public.
C'est un chemin privé et ce sont les propriétaires qui paient ou
c'est un chemin public et le gouvernement aide dans certains cas.
Je vais vous donner, en terminant, une hypothèse que j'avais
commencée à échafauder quand le problème a
été soumis. Est-ce qu'on ne pourrait pas donner aux associations
de propriétaires quand il y a lieu d'en former, quand il y a quarante
chalets ou trente chalets autour d'un lac, le droit, par une loi, de cotiser
tous les utilisateurs du chemin à partir d'une base qui pourrait
être déterminée avec le ministère? Actuellement, ces
gens-là n'ont aucun moyen de se défendre.
M. Ciaccia: Le problème que le député vient
de soulever, c'est vrai que cela peut causer des problèmes à ceux
qui ont un droit sur ces chemins s'il y en a d'autres qui les utilisent, ce
n'est pas tout à fait juste et équitable. Je pense que ce qu'on
peut faire, c'est examiner les situations où cela existe.
Est-ce que la formule que vous nous proposez est la seule?
Peut-être qu'il y en a d'autres. Je peux assurer le député
que je vais demander aux gens du ministère d'examiner ces endroits. Si
vous en avez spécifiquement que vous voulez porter à notre
attention pour qu'on puisse les examiner, on va le faire volontiers.
M. Gauthier: Je sais que, dans mon coin, les unités de
gestion sont bien au fait de ce genre de problème. Cela arrive partout
où il y a dix, douze ou quinze propriétaires. Quand il y a deux
chalets, en général, les gars s'organisent, mais dès qu'il
y a dix, douze, quinze chalets ou davantage, le problème existe.
M. Ciaccia: C'est un problème réel. On va examiner
cela et on va voir quels moyens on peut prendre pour le résoudre.
M. Gauthier: II y a une autre question, mais j'ai l'impression
que j'aurais dû la poser ce matin alors que le ministre
délégué aux Forêts était là. Je ne
sais plus, finalement, de qui cela relève. Je pense bien que cela
relève de vous, M. le ministre. C'est concernant l'unité de
gestion de Saint-Félicien. Dans mon comté, il y a l'unité
de gestion de Roberval et l'unité de gestion de Saint-Félicien
qui sont dans le sud du Lac-Saint-Jean.
L'unité de gestion de Saint-Félicien, pour faire une
histoire courte, a une partie de ses effectifs à la
pépinière de Normandin dans des locaux temporaires et une partie
de ses effectifs dans des locaux à Roberval, avec l'unité de
gestion de Roberval. Il avait été prévu et
décidé depuis déjà un bon bout de temps et à
la suite des recommandations du ministère, du directeur régional,
je pense, de relocaliser l'unité de gestion de Saint-Félicien
à Saint-Félicien puisque c'est une anomalie que l'unité de
gestion de Saint-Félicien se retrouve en partie à Roberval et
à Normandin, Saint-Félicien étant située entre les
deux, Actuellement, ce déménagement est prévu. Il y a eu,
je pense, avec la Société immobilière du Québec,
une recherche de locaux à Saint-Félicien.
Je sais, en tout cas, qu'il y a des gens, pour une raison ou pour une
autre, qui bougent beaucoup dans ce dossier en essayant de différentes
manières de faire stopper cette décision qui, sur le plan
administratif, j'en suis sûr, comme à l'époque où on
était au gouvernement, vous en conviendrez, est une bonne
décision, une décision de gestion. Il n'y a rien de politique
dans cette décision-là; c'est vraiment la logique des choses.
On m'a informé récemment que certaines pressions auraient
pu faire stopper ce déménagement, mettre un frein à la
relocalisation à Saint-Félicien même de cette unité
de gestion de Saint-Félicien, des employés de l'unité de
gestion de Saint-Félicien qui sont à Normandin et à
Roberval. Est-ce que le ministre - je sais bien qu'il n'a peut-être pas
la réponse immédiate - peut soit me donner la réponse s'il
l'a ou prendre avis de ma question et s'engager à me donner, un de ces
jours prochains, je l'espère, la couleur du temps?(17 h
30)
M. Ciaccia: Certainement. Je vais demander à mon
ministère d'examiner cette situation que vous avez portée
à mon attention, et je vous donnerai des informations aussitôt que
je le pourrai.
M. Gauthier: Étant donné que le temps nous presse
un peu, j'aurais eu bien d'autres dossiers à aborder, mais on va aller
aux programmes, quitte s'il nous reste un peu de temps... Il reste quinze
minutes, M. le Président?
Le Président (M. Charbonneau): À peu
près.
M. Gauthier: On pourrait peut-être adopter les programmes.
J'ai quelques questions, ce ne sera pas très long. D'ailleurs, je
remercie le ministre de sa souplesse: il me suit par monts et par vaux, je
l'apprécie beaucoup. M. le Président, on part?
Le Président (M. Charbonneau): Cela va.
Gestion interne et soutien
M. Gauthier: Dans le programme 5, qui
dépend de notre commission, qu'on doit approuver aujourd'hui -
c'est l'administration générale du ministère, sauf erreur
j'aimerais vous demander ceci, M. le ministre. Dans le document du
président du Conseil du trésor concernant les coupures
budgétaires et la rationalisation interne, il y avait un
élément inscrit à votre ministère qui était
de 10 800 000 $. On intitulait cela: "Rationalisation interne et autres
mesures." J'aimerais que vous m'identifiiez, si c'est possible, quelle est la
part du secteur de l'énergie dans ces coupures. Est-ce que vous avez
fait une ventilation de ça? Est-ce possible de nous éclairer sur
cela?
M. Ciaccia: Oui, je peux vous donner une ventilation de ces 10
800 000 $.
M. Gauthier: 10 800 000 $.
M. Ciaccia: II y des réductions des dépenses
conséquentes aux compressions d'effectifs qui totalisent 3 800 000 $. Il
y a une budgétisation plus serrée de certains programmes, 2 150
000 $. Dans le secteur des forêts, on a déjà fait allusion
à une partie de ces coupures. Il y a l'étalement du plan d'achat
d'équipement de bureau et d'ameublement, 500 000 $. Il y a
l'étalement des immobilisations, 1 500 000 $. La participation accrue de
l'industrie à certains programmes, 1 100 000 $. Je ne sais pas si vous
étiez ici quand ils ont discuté des montants de l'aspect incendie
forestier. L'accélération moindre des programmes, car certains
programmes vont accélérer moins vite, 830 000 $. La
réduction d'activités dans certains autres programmes, 900 000
$.
M. Gauthier: M. le Président, je n'ai pas d'autres
questions sur ce programme. Je voulais savoir un peu ce qu'il en était.
Je suis prêt à l'adopter.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que le programme 5
est adopté?
M. Gauthier: Adopté.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté.
M. Gauthier: Sur le programme 8.
Le Président (M. Charbonneau): Le programme 8?
M. Gauthier: Ce ne sera pas long, M. le Président, je vais
me retrouver dans mes notes.
Connaissance géographique du territoire
Le Président (M. Charbonneau): C'est un programme qui
s'intitule: Connaissance géographique du territoire.
M. Gauthier: D'accord. Dans le programme 8, à la
ventilation des crédits, M. le ministre, dans le bas, à
l'élément Fonctionnement et autres dépenses, je vois
"services": il y a un chiffre qui m'a un peu sauté aux yeux: de 4 000
000 $ à 2 000 000 $. Je sais que c'est dans le domaine des levées
et de la cartographie. L'intégrité du territoire, on en a
parlé tantôt comme étant une chose importante. Est-ce que
vous pouvez me clarifier cette coupure dans les services? De quels services
s'agit-il, M. le ministre?
M. Ciaccia: Un instant. M. Gauthier: Oui, bien
sûr.
M. Ciaccia: Je vais demander au sous-ministre associé de
vous répondre.
M. Paradis (Michel) Cette réduction n'est qu'apparente, M.
le député de Roberval, puisqu'il s'agit dans ce cas-ci de
contrats de services en matière, principalement, de cartographie
photogrammétrique et de levées d'arpentage, et de
géodésie aussi, effectuées exclusivement pour les fins du
programme de réforme cadastrale. Or, il s'agit d'un transfert. Je
devrais peut-être commencer par expliquer que le financement du programme
de réforme cadastrale se fait par un fonds, et il y a transfert de
budget du ministère de l'Énergie et des Ressources ou de sa
contribution au fonds. C'est de cela qu'on parle dans ce cas-ci.
M. Gauthier: Cela va, M. le Président, pas d'autres
questions.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va. Le programme 8
est-il adopté?
M. Baril: Adopté.
M. Gauthier: Au programme 9.
Le Préaident (M. Charbonneau): Le programme 9?
Gestion des terres publiques
M. Gauthier: Ce programme vise à effectuer les diverses
transactions relatives à l'aliénation ou à la location de
certaines parties du domaine public et à contrôler l'utilisation
des terres publiques. C'est donc à partir des crédits qu'on a
dans ce programme que s'effectuent les opérations de disposition des
lots intramunicipaux. Est-ce bien exact?
M. Ciaccia: Oui.
M. Gauthier: C'est là-dedans. M. Ciaccia: Oui.
M. Gauthier: Du ministre ou du sous-ministre, parce que ma
question est plutôt technique, j'aimerais savoir sur cette
opération qui est enclenchée au moment où on se parle, si
on peut avoir un échéancier, une prévision. Le
ministère veut finir par finir cette opération, j'ai
l'impression. Y a-t-il un échéancier quelconque qui existe?
Est-on rendu à 50 % de l'échéancier? L'opération
va-t-elle rondement en d'autres termes?
M. Ciaccia: On m'informe que la portion qu'on fait cette
année, c'est une première tranche des lots publics
intramunicipaux. C'est approximativement 200 lots. Cela se fait cette
année.
M. Gauthier: Par rapport au nombre total, avez-vous des
données?
M. Ciaccia: Cela représente approximativement 50 %. S'il
y en a 200, cela veut dire qu'il va y en avoir 400.
M. Gauthier: Quand on parle de cette opération, on ne
parle que de 400 lots?
M. Ciaccia: Pour cette opération, dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean.
M. Gauthier: D'accord.
M. Ciaccia: II y a d'autres régions.
M. Gauthier: Ah bon!
M. Ciaccia: Évidemment.
M. Gauthier: M. le ministre sait bien que je m'intéresse
à tout le Québec, bien sûr.
M. Ciaccia: Non, non, mais pour le Lac-Saint-Jean...
M. Gauthier: Oui, d'accord.
M. Ciaccia: ...c'est votre intérêt, c'est 400.
M. Gauthier: Tant qu'à être sur le Lac-Saint-Jean,
M. le ministre, je vais en profiter.
M. Théorêt: II a une autre demande à
faire.
M. Gauthier: Cela veut dire, M. le ministre - non, c'est
très sérieux - avec 200 lots pour cette année et 200 pour
l'année prochaine, selon vos prévisions, que dans deux ans, cela
devrait être...
M. Ciaccia: Oui, dans deux ans, ce sera complètement
terminé.
M. Gauthier: ...nettoyé. D'accord. Ailleurs, au
Québec, est-ce que cette opération est plus ou moins
avancée? Peut-on avoir un état général? Je ne veux
pas nécessairement avoir les chiffres par région.
M. Ciaccia: Voulez-vous que je vous dise que c'est plus
avancé dans votre région que dans toutes les autres? Cela vous
plairait-il d'entendre cela?
M. Gauthier: M. le ministre, vous n'avez pas l'habitude de
répondre ce qui me fait plaisir.
M. Ciaccia: Non, non.
M. Gauthier: Vous avez l'habitude de répondre ce que vous
pensez. Faites donc comme cela.
M. Ciaccia: C'est terminé en Gaspésie. La
réalisation de l'étape finale du programme en Estrie et...
M. Gauthier: D'accord. M. Ciaccia: ...c'est tout.
M. Tessier (Robert): Vous en avez en Estrie, en Gaspésie,
Saguenay-Lac-Saint-Jean. C'est terminé en Gaspésie, à
moitié chemin au Saguenay avec cette année et terminé en
Estrie.
M. Gauthier: D'accord. L'Abitibi est-elle concernée aussi
là-dedans?
M. Ciaccia: Cela n'a pas l'air.
M. Gauthier: II n'y a pas le même problème,
quoi?
M. Ciaccia: Non.
M. Gauthier: D'accord. Vous avez de beaux blocs en Abitibi
contrairement aux morceaux chez nous. Cela se fait toujours par le même
processus qui a été prévu, d'appels d'offres publics selon
les critères que les propriétaires de lots adjacents ont la
priorité, etc. Est-ce toujours le même processus?
M. Ciaccia: Généralement, oui, avec certaines
nuances, à ce qu'on me dit, dans la Gaspésie.
M. Paradis (Michel): Oui. Dans les critères, il y avait
une certaine pondération pour les propriétaires de boisés
privés se faisant consolider des exploitations forestières.
M. Gauthier: D'accord. C'est vraiment dans le sens où
c'était prévu initialement, II n'y a pas eu de changement de
direction.
M. Paradis (Michel): Même chose. M. Ciaccia:
Oui.
M. Gauthier: Cela va pour ce programme, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? Est-ce que le
programme 9 est adopté?
Des voix: Adopté.
Régie de l'électricité et du
gaz
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. J'appelle le
programme 13. Il reste quelques minutes.
M. Gauthier: II n'y a pas de problème au programme 13.
Le Président (M. Charbonneau): Programme 13, pas de
problème. Est-ce qu'il est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. J'appelle le
programme 14.
Études, recherches et interventions concernant
l'énergie
M. Gauthier: M. le Président, dans le programme 14, il y a
des augmentations intéressantes sur lesquelles j'aimerais permettre au
ministre de nous donner quelques bons tuyaux ou quelques bonnes informations.
Il y a l'élément 3 - on est toujours dans le programme 14, M. le
ministre - Développement des économies d'énergie. Le
budget est augmenté également de façon intéressante
à l'élément 4: Développement des énergies
nouvelles.
Je sais que le ministre nous a parlé de la signature d'une
entente fédérale-provinciale. Au moment de la commission sur
Hydro-Québec, on avait parlé également d'un programme de
contrôle à distance pour la rive sud de biénergie. Est-ce
que le ministre voudrait nous dire où cela se situe? Quant à
l'élément 3, Développement des économies
d'énergie, est-ce le programme prévu pour la rive sud dont on a
parlé à la commission sur Hydro-Québec?
M. Ciaccia: Non, ce n'est pas la même chose.
M. Gauthier: Ce n'est pas la même chose. Voulez-vous
m'éclairer, s'il vous plaît, là-dessus?
M. Ciaccia: Sur le programme des économies
d'énergie, l'entente à laquelle vous vous reportez a
été signée le 28 février. Elle prévoit
consacrer 31 000 000 $ à ce programme de février 1986 à
mars 1988. Du montant de 31 000 000 $, il y a approximativement 18 000 000 $
qui vient du gouvernement fédéral et le reste vient du
gouvernement du Québec.
Il y avait des activités conjointes. La part du gouvernement
fédéral était de 9 000 000 $ et celle du gouvernement du
Québec, de 4 900 000 $. Aux activités conjointes, il y avait 14
700 000 $. Il y avait des activités complémentaires où le
gouvernement fédéral fournissait 9 000 000 $ et nous fournissions
7 800 000 $. La totalité, comme je l'ai dit, c'était 31 500 000
$. C'est une acceptation que le maître d'oeuvre est vraiment le
gouvernement du Québec pour éviter les dédoublements et
que c'est nous qui le mettons en pratique.
M. Gauthier: Les 31 000 000 $ vont être utilisés
dans des programmes à venir, si je comprends bien?
M. Ciaccia: Le développement des technologies, c'est dans
les secteurs industriel, commercial et résidentiel. Ce ne sont pas des
subventions, par exemple, comme les programmes d'isolation de maison ou des
subventions à l'industrie. Ce sont des technologies qui sont
développées et mises à la disposition du public. Par
exemple, dans le secteur de la nouvelle construction, de la construction
existante, même dans le domaine du transport, ce sont des programmes
développés par le Bureau des économies d'énergie
qui vont être mis à la disposition du public pour
économiser des énergies dans tous ces différents
secteurs.
M. Gauthier: On parlait de l'élément 3,
Développement des économies d'énergie. À
l'élément 4, Développement des énergies nouvelles,
est-ce que le ministre voudrait nous expliquer un peu la différence
appréciable qu'il y a entre les crédits 1985-1986 et
1986-1987?
M. Ciaccia: L'entente Canada-Québec en matière
d'économies d'énergie et d'énergie de remplacement
entraîne une augmentation des crédits de 2 600 000 $ au niveau du
développement des énergies nouvelles. L'augmentation des
crédits du Bureau des économies d'énergie est due
principalement, aux termes de cette entente, à l'injection de fonds du
gouvernement fédéral. Le ministère accentuera ainsi les
études et les analyses dans chacune des filières
énergétiques et technologiques les plus prometteuses à
court et à moyen termes. Une attention particulière sera
portée sur les
carburants de substitution, la biomasse urbaine et forestière,
les nouvelles technologies électriques et gazières, ainsi que sur
l'énergie solaire. L'aspect de vulgarisation scientifique, la
concertation et le regroupement d'intervenants qui poursuivent les mêmes
objectifs dans certaines filières énergétiques fera
également l'objet d'efforts soutenus. Comme vous le savez, les
énergies non conventionnelles dans le bilan énergétique du
Québec représentent 7 %. Nous allons poursuivre nos études
pour faire développer possiblement d'autres substituts -c'est dans le
bilan énergétique - pour qu'on puisse avoir des alternatives et
pour qu'on puisse avoir un bilan qui est plus distribué parmi les
différentes formes d'énergies.
M. Théorêt: M. le Président, je sais que les
questions du député de Roberval sont très
intéressantes et elles l'ont été la plupart du temps
aujourd'hui.
M. Gauthier: II y a eu consentement pour cinq minutes seulement.
Il y a juste une petite question que je voudrais poser au ministre.
M. Théorêt: D'accord, ça va.
M. Gauthier: Deux minutes. Je veux simplement savoir, M. le
ministre, avant d'adopter les crédits - c'est ma dernière
question - à quel endroit on retrouverait dans vos crédits
l'impact - parce qu'il doit y en avoir un - financier du programme
d'Hydro-Québec, le programme de contrôle à distance de la
biénergie. Est-ce qu'il y a un impact financier dans cela?
M. Ciaccia: Non, cela, c'est dans le programme
d'Hydro-Québec. On a discuté beaucoup d'Hydro cet
après-midi. Si j'avais voulu faire de la procédure, j'aurais dit:
Écoutez, toutes les questions d'exportation et tout le reste, cela se
discute en commission parlementaire avec Hydro-Québec parce que dans les
crédits du ministère Hydro-Québec n'est pas incluse. Le
programme auquel vous faites référence se trouve dans les budgets
d'Hydro-Québec.
M. Gauthier: Je comprends bien, M. le ministre. D'ailleurs, je
comprends mal votre intervention de dernière minute...
M. Ciaccia: Non, mais c'est juste pour vous donner raison. Vous
avez dit que je suis souple, je voulais vous dire que votre affirmation...
M. Gauthier: Vous vouliez que je le redise, M. le ministre: Vous
avez été d'une souplese remarquable.
M. Ciaccia: Non, non, je voulais que...
M. Gauthier: Vous avez été d'une souplesse
remarquable, M. le ministre. D'ailleurs, j'ai apprécié beaucoup
cette collaboration. Puisqu'on termine et qu'on adoptera dans quelques secondes
le dernier programme et les crédits dans leur ensemble, je voulais
simplement vous dire, M. le ministre, que cette souplesse que vous avez
manifestée, j'espère que vous la reconnaissez également
chez le critique de l'Opposition en matière d'énergie. On a eu,
je pense, d'excellentes discussions, les réponses ont été
bien fondées pour l'ensemble. Je dois vous dire que nous aurons
certainement l'occasion de poursuivre ces échanges fort
intéressants et, je l'espère, dans un climat tout à fait
dégagé, dans la perspective qui est la nôtre de faire en
sorte que les citoyens du Québec soient éclairés sur ce
qui se passe au ministère. C'est pour cela, je pense, que vous avez
accepté de bon gré qu'on chevauche d'un sujet à
l'autre.
À la prochaine commission parlementaire, je dis simplement au
ministre que je ferai diligence pour me discipliner davantage, aborder les
sujets les uns derrière les autres et ne jamais me permettre des
chevauchements de l'un sur l'autre. Je le remercie de sa
compréhension.
M. Ciaccia: Vous présenterez vos résolutions en
bonne et due forme et à temps pour qu'elles puissent être
discutées en commission.
M. Gauthier: Elle est bonne!
M. Ciaccia: Je veux remercier le personnel du ministère et
les membres de la commission. J'espère qu'on a pu...
Le Président (M- Charbonneau): M. le ministre, je veux
demander si le programme 14 - j'imagine que cela vous intéresse -
...
M. Ciaccia: Pardon?
Le Président (M. Charbonneau): ...est adopté.
M. Ciaccia: Oui. M. Baril: Adopté. M.
Théorêt: Adopté.
Adoption des crédits
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que l'ensemble des
crédits du ministère de l'Énergie et des Ressources est
adopté? Sur division ou sans division?
M. Baril: Adopté.
M. Gauthier: Ah! mon cher M. le
Président, si vous saviez comment j'ai envie de dire sans
division, mais il y a des éléments sur lesquels nous ne sommes
pas d'accord à 100 % avec le ministre; donc, j'inscrirai une certaine
forme de dissidence.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien.
Adopté sur division.
Écoutez, je pense que la commission a complété le
mandat qui lui avait été confié. Je remercie le ministre,
les collaborateurs du ministère, ainsi que les membres de la commission
pour le travail qui a été effectué.
M. Ciaccia: Je remercie les membres de la commission en mon nom
et au nom de mes collègues, le ministre délégué
aux
Forêts, le ministre délégué aux Mines. Je
remercie également les membres de la commission, ainsi que le personnel
du ministère.
Le Président (M. Charbonneau): À la prochaine,
parce que j'imagine, M. le ministre, qu'an aura sans doute l'occasion de se
revoir, ici, à cette commission.
Les travaux de la commission sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 17 h 50)