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(Quinze heures vingt-deux minutes)
Le Président (M. Baril): À l'ordre, s'il vous
plaît?
Commerce extérieur
La commission permanente de l'économie et du travail est
réunie afin de procéder à l'étude des
crédits budgétaires du ministère du Commerce
extérieur pour l'année financière 1986-1987.
M. le secrétaire, pourriez-vous annoncer les remplacements pour
cette séance?
Le Secrétaire: M. le Président, il n'y a pas de
remplacement pour cette séance.
Le Président (M. Baril): Y a-t-il des propositions
concernant l'organisation des travaux de la commission?
Une voix: TVB: tout va bien.
Le Président (M. Baril): Alors, M. le ministre MacDonald.
Oui?
M. Parent (Bertrand): M. le Président, il y a entente avec
le ministre pour que l'on puisse passer à travers les sept
différentes directions. Et ensuite, j'aurais peut-être quelques
dossiers qui touchent la représentation à l'étranger, puis
le libre-échange. On pourra compléter et adopter, si le ministre
est d'accord, l'ensemble des crédits financiers à la toute fin
des cinq heures qui nous sont allouées.
M. MacDonald: D'accord.
Le Président (M. Baril): Alors, M. MacDonald,
député de Robert Baldwin, ministre du Commerce extérieur
et du Développement technologique, vos remarques préliminaires,
s'il vous plaît.
Remarques préliminaires
M. Pierre
MacDonald
M. MacDonald: Merci, M. le Président. J'ai le plaisir,
à titre de ministre responsable du Commerce extérieur et du
Développement technologique, d'amorcer la discussion sur les
crédits de mon ministère pour 1986-1987. En premier lieu, je veux
vous présenter les personnes qui m'accompagnent et qui pourront
préciser ce qui a été fait en 1985-1986. Elles
m'assisteront pour expliciter comment, dans chaque unité nous
réaliserons nos priorités pour 1986-1987.
À ma droite, vous retrouvez M. Roger Pruneau, le sous-ministre;
M. Marcel Bergeron, le sous-ministre adjoint, et M. Cossette, conseiller
économique. À l'arrière, j'ai également des
collègues qui pourront, si vous avez des questions particulières
dans un secteur précis, nous aider à vous fournir une
réponse.
Deuxièmement, je crois important de vous indiquer mon souhait que
les travaux de cette commission soient constructifs et qu'ils m'aident à
réaliser le mandat que m'a confié le premier ministre le 12
décembre dernier. Par conséquent, vous pouvez être
assurés que j'aurai une attitude sereine pour que le dialogue que nous
entreprenons soit positif et nous aide à mieux cerner la
problématique de notre ministère.
Aujourd'hui, nos travaux porteront sur le volet Commerce
extérieur du mandat du ministère. Je limiterai donc mon
intervention quasi exclusivement à cet aspect. "Le Québec
dépend de ses marchés extérieurs pour plus de 40 % de sa
production." Ce constat, reconnu par l'ensemble des intervenants, doit
être à la base de notre réflexion sur les actions que nous
voulons prendre face à notre commerce extérieur. Quand vous avez
atteint une telle proportion de vente à l'étranger, vous devez
nécessairement regarder particulièrement l'environnement
extérieur pour évaluer vos possibilités d'améliorer
votre performance. Dans cette optique, au chapitre de la
compétitivité de nos entreprises, il faut créer au
Québec un climat propice au développement économique qui
se compare à celui de nos concurrents en favorisant le
développement du secteur privé et ce, grâce à une
stimulation de l'esprit d'entrepreneurship. Si nous ne pouvons produire de
façon concurrentielle il faudra accepter d'en payer le prix,
c'est-à-dire vendre moins, avec les conséquences qui
s'ensuivent.
Notre gouvernement croit que le commerce extérieur sera la pierre
angulaire de la croissance économique et de la prospérité
de la collectivité québécoise au cours de la
décennie qui vient. Ceci est d'autant plus évident lorsqu'on
considère
l'internationalisation croissante des économies et te fait que le
Québec exporte près de 40 % de son produit intérieur brut,
ce qui en fait l'une des économies les plus ouvertes du monde.
On voit donc l'importance et le caractère crucial d'une meilleure
planification de notre politique de commerce extérieur afin de faciliter
l'expansion des entreprises sur les marchés extérieurs.
À ce contexte général, il faut ajouter la situation
budgétaire présentement connue au gouvernement et qui nous
obligera à vivre selon nos moyens. Toutefois, je crois que nous pourrons
maintenir et même améliorer les services que nous offrons, comme
ministère, à notre clientèle.
Pour réaliser cet objectif, je compte mettre l'accent sur le
service à la clientèle, au cours de la prochaine année et
ce, dans tout le ministère. Depuis mon entrée en fonction, j'ai
rencontré tout le personnel du ministère. Ensemble nous voulons
implanter cette notion de service à la clientèle comme base de
travail dans le ministère.
De plus, je veux mobiliser l'ensemble des intervenants
intéressés de notre société pour faire la promotion
des biens québécois. Ces personnes qui vivent au Québec ou
à l'extérieur peuvent devenir nos promoteurs pour autant qu'ils
sont sensibilisés à nos objectifs.
Enfin, je crois possible d'inciter les industriels
québécois à se prévaloir des sommes disponibles
à d'autres paliers de gouvernement. À cette fin, notre personnel
informera les industriels des possibilités fédérales,
particulièrement, et fournira les formulaires s'il y a lieu.
Après ce premier tour d'horizon, j'aimerais vous indiquer les
grandes orientations de mon ministère sous le volet Commerce
extérieur. En premier lieu, une sensibilisation de toutes les
entreprises du Québec au défi que constitue le commerce
extérieur. Il est bien connu qu'il y a une concentration industrielle au
Québec, et c'est pourquoi le ministre du Commerce extérieur et du
Développement technologique concentre la majorité de ses
activités dans les agglomérations urbaines de Montréal et
de Québec. Mais il faut que le ministère soit plus présent
dans l'ensemble des régions. Par une présence accrue il est
possible d'amener les entreprises à envisager les marchés
extérieurs comme faisant partie de leurs marchés naturels. Donc,
de développer une attitude agressive et surtout d'avoir la conviction
qu'ils peuvent vendre avec profit à l'extérieur du Québec.
Nous sommes à évaluer comment réaliser cette
présence en régions s'ans occasionner une duplication des
services ou sans introduire de nouveaux intervenants qui produiraient un
coût supplémentaire tant pour le gouvernement que pour
l'entreprise. Je suis d'accord avec une intervention gouvernementale
concertée avec les associations industrielles qui ont des
répondants régionaux. De même il faut utiliser les services
gouvernementaux déjà installés en régions. Je pense
principalement aux bureaux régionaux du ministère de l'Industrie
et du Commerce qui ont déjà des contacts fréquents avec
les industriels, ou encore même aux bureaux de
Communication-Québec qui pourraient faire la promotion de nos services
auprès de ces industriels.
Comme je l'ai déjà indiqué publiquement, je veux
que notre ministère soit présent en régions pour que ces
industriels contribuent plus à notre enrichissement collectif par la
voie des exportations. (15 h 30)
Mobilisation de toutes les forces québécoises et
canadiennes. Pour vendre à l'étranger, il faut offrir un produit
compétitif mais aussi avoir une bonne visibilité. Combien de
Québécois ou de Canadiens qui ne connaissent bien nos produits
sont établis à l'étranger? Plusieurs centaines. Selon moi,
ces personnes sont des promoteurs qui s'ignorent et que nous ignorons. De
même, il faut sensibiliser le personnel des ambassades et des consulats
canadiens et les convaincre de faire notre promotion à
l'étranger. Toutes ces personnes à l'étranger doivent
devenir des promoteurs. Pour cela, je compte faire des efforts majeurs pour les
sensibiliser et les aider à s'organiser. Mon objectif est de faire de
toute personne qui a des contacts avec l'étranger, qu'elle soit
fonctionnaire, professeur, industriel, un vrai promoteur des
intérêts du Québec.
Rationalisation de notre personne! en poste à l'étranger.
Mon collègue, M. Rémillard, a déjà donné des
indications sur une façon de rationaliser la présence
québécoise à l'étranger. De notre
côté, nous sommes à compléter un plan d'allocation
des ressources qui, sans pour le moment augmenter le nombre des personnes
à l'étranger, devrait nous permettre de faire plus, tout en
économisant sur certains frais tels les loyers, en considérant
les endroits où le gouvernement canadien pourrait nous accommoder
à moindre coût. Ceci n'est qu'un exemple.
Cette opération d'une meilleure utilisation de nos effectifs
à l'étranger a pour objectif d'être plus présents
sur les marchés prometteurs. Comme vous avez pu vous en rendre compte
dans la synthèse des crédits du ministère, nous avons
prévu les sommes nécessaires pour maintenir le même nombre
d'attachés commerciaux en poste à l'étranger et ce,
même si nous prévoyons que les fluctuations monétaires nous
occasionneront des déboursés supplémentaires d'environ 600
000 $.
Aussi, je voudrais revenir sur la
possibilité de partager certains services des ambassades
canadiennes. Je crois que la présence du Québec sur les
marchés internationaux est nécessaire mais ses formes peuvent
être améliorées dans sa dimension économique. Nous
devons pouvoir avoir accès à l'infrastructure canadienne à
l'étranger et dans les endroits où le Québec n'a pas de
personnel en poste. Il est vital que nous sensibilisions l'ensemble des
intervenants aux services disponibles en place. Aussi, il faut publiciser notre
savoir-faire dans les ambassades, sans pour autant viser à dicter une
ligne de conduite à ces personnes. Trop souvent, on a tendance à
ignorer les ressources qui ne sont pas directement sous notre contrôle -
cela a été trop fait dans le passé - alors que ces gens
pourraient être conquis facilement à notre cause en faisant preuve
de considération pour ce qu'ils peuvent réaliser pour nous.
Sans entrer dans les détails, comme nous aurons l'occasion de le
faire bientôt, je voudrais rappeler que notre gouvernement part du
principe que, pour améliorer le niveau de vie des
Québécois, il faut exporter et que, lorsque l'on parle de
libéralisation des échanges, on parle bien sûr d'un plus
grand accès aux marchés internationaux. Nous considérons,
de plus, qu'une entente sur la libéralisation des échanges serait
un excellent moyen de contrer le protectionnisme croissant des
Américains, de faire du Québec une société plus
productive et plus compétitive face a la concurrence internationale, de
développer un climat d'encouragement à l'investissement et de
renforcer notre base technologique.
Ceci dit, nous sommes pleinement conscients de l'impact que pourrait
avoir une entente entre nos deux pays et nous avons l'intention de tout mettre
en oeuvre pour nous assurer que notre point de vue sera respecté et
qu'une éventuelle entente sera profitable pour le Québec.
C'est pourquoi, dans les négociations, le Québec exigera,
tout en exerçant son influence sur toutes les questions qui peuvent
affecter son avenir économique, le respect intégral du cadre
constitutionnel et le partage des compétences législatives des
gouvernements. En deuxième lieu, il défendra
l'intégralité des lois, programmes et politiques qui sont dans
les domaines de la politique sociale, des communications et de la culture en
générai et qui contribuent à la spécificité
de la société québécoise. Troisièmement, il
s'assurera de conserver en matière d'intervention gouvernementale la
marge de manoeuvre suffisante pour travailler au renforcement de son tissu
industriel et de sa base technologique en accordant une attention
particulière aux PME qui, précisément en raison de leur
taille ou de leur éloignement géographique, sont
particulièrement vulnérables. Quatrièmement, il fera
connaître, en raison de la disparité de taille et de
productivité des deux économies, la nécessité
absolue de périodes de transition et de programmes d'assistance en
conséquence, pour minimiser les coûts des ajustements
supportés par des régions en particulier et par les entrepreneurs
et les travailleurs des milieux concernés.
Le Québec est donc conscient que l'impact d'une
libéralisation significative des échanges avec les
États-Unis va varier selon la nature et le degré de concurrence
des différents secteurs de l'économie québécoise et
qu'il pourra y avoir des impacts indirects sur d'autres éléments
de la société québécoise. Il faudra
nécessairement tenir compte de ces dimensions et donc nous assurer de
mesures internes pour faciliter les ajustements nécessaires.
Le Québec offre donc sa collaboration pour que ces
négociations avec les États-Unis et celles qui seront conduites
sous les auspices du GATT soient un succès pour le Canada et le
Québec et amènent ainsi une plus grande prospérité
pour tous.
Cette collaboration sera d'autant acquise et le succès d'autant
assuré que les mécanismes du processus de négociations
permettront au gouvernement du Québec de défendre pleinement ses
objectifs et lui assureront la pleine participation dont il a été
convenu lors de la réunion des premiers ministres à Halifax.
À ces grandes orientations je voudrais vous exposer ma vision du
rôle du ministère sous deux aspects: la position concurrentielle
de nos entreprises et les formes d'assistance que devrait dispenser le
ministère.
Comme je l'indiquais en introduction, l'importance de la part de nos
exportations dans notre économie doit nous faire prendre conscience de
la réalité industrielle de nos compétiteurs. À
cette fin, je veux que notre ministère soit capable de définir et
prévoir les répercussions de toute mesure gouvernementale sur
notre percée sur les marchés étrangers. Il est important
que nos politiques tiennent compte de façon systématique de cet
aspect. Ceci est vrai pour les politiques ayant une incidence financière
directe mais quasi dans tous les secteurs de notre société. Par
exemple, la maîtrise de cette langue du commerce qu'est l'anglais et
même l'apprentissage d'une troisième et d'une quatrième
langue sont des moyens de favoriser notre ouverture sur l'étranger. Les
programmes de formation professionnelle en entreprise peuvent être une
façon d'améliorer notre position concurrentielle, etc.
En résumé, le ministre du Commerce extérieur et du
Développement technologique doit être le promoteur gouvernemental
d'une nouvelle philosophie d'intervention qui tienne toujours compte de la
variable Commerce extérieur.
La rareté des ressources financières implique que l'aide
gouvernementale doit être accordée judicieusement et
prioritairement aux types d'entreprises où le Québec a un
avantage comparatif. L'appui gouvernemental doit nécessairement
être dirigé davantage vers les entreprises qui sont
réellement nécessiteuses et qui représentent le plus de
potentiel en termes de création d'emplois, d'expansion des
marchés, d'amélioration de notre balance commerciale et
d'augmentation du contenu québécois. Notre mission et notre
rôle ne doivent pas être d'entreprendre à la place du
secteur privé mats plutôt de stimuler l'émergence et le
développement d'activités commerciales à
l'étranger, de coordonner les actions des organismes gouvernementaux et
privés dans ce domaine, de catalyser les efforts de tous les
intervenants et d'agir en complémentarité avec le secteur
privé et le palier fédéral à partir des
critères d'efficacité et de rationalisation.
Le ministère continuera d'offrir des subventions par ses deux
programmes APEX mais il devra être plus sélectif afin
d'éviter de subventionner des entreprises qui pourraient
vraisemblablement effectuer les mêmes activités sans l'aide
gouvernementale. Le ministère sera de moins en moins un distributeur de
subventions et de plus en plus un agent qui crée les conditions
nécessaires à la croissance des exportations.
J'ai aussi l'intention de faire en sorte que notre ministère
intervienne comme catalyseur pour encourager la création de
véhicules permettant aux PME d'exporter plus facilement. Je pense en
particulier aux maisons de commerce, aux "trading houses" qui existent
déjà au Québec et qui devront se développer plus
rapidement.
Il faudra aussi trouver le moyen d'utiliser la grande entreprise comme
incubateur d'exportateurs, c'est-à-dire comme moteur pour les PME
sous-traitantes afin de les aider à percer à
l'étranger.
Nous allons aussi mettre l'accent sur la formation des
Québécois à l'exportation. Nous sommes à
développer un intéressant programme de cours de prospection des
investissements qui servira à sensibiliser les intervenants potentiels.
Mais il faut aussi améliorer la formation des jeunes
Québécois afin de créer une véritable armée
d'entrepreneurs prêts à envahir les marchés
extérieurs. Nous allons donc mettre en marche une communication beaucoup
plus intense avec les universités québécoises pour
qu'ensemble nous propagions la nouvelle.
En terminant, je voudrais rappeler que, depuis sa création, le
ministère a oeuvré dans le domaine du transfert technologique. La
présence de personnel à l'étranger et la connaissance des
marchés étrangers expliquaient cette activité.
Connaître les nouveaux produits et leur technologie est une variable
majeure pour développer le commerce extérieur.
Sans entrer dans les détails qui seront discutés demain
soir en commission parlementaire, je crois qu'il est important que nous ayons
tous à l'esprit cette nouvelle réalité organisationnelle
du ministère du Commerce extérieur et du Développement
technologique pour en discuter plus tard les orientations. Je partage l'avis du
député de Bertrand dans le sens que le développement
technologique est un facteur clé dans la croissance de nos entreprises.
II sera d'accord avec moi pour dire que c'est un facteur moteur pour le
développement de nos exportations.
Regrouper le développement technologique et le commerce
extérieur s'explique par la réalité suivante: Le
Québec est présentement un faibîe producteur de technologie
- moins de 1 % sur le plan mondial. Par conséquent, notre
stratégie face à ce secteur doit être
réalisée par une combinaison de développement
technologique autochtone et une importation de technologie existante,
activité déjà réalisée au ministère.
Deuxièmement, il faut orienter notre approche face au
développement technologique en fonction des besoins des industriels -
c'est-à-dire la forme dite "Market pull" par rapport à
"Technology push" - et en tenant compte des avantages comparatifs de nos
compétiteurs étrangers. Troisièmement, la technologie
québécoise doit être exportée rapidement afin de
générer des fonds pour continuer son développement. Enfin,
si nous pouvons stimuler le développement technologique autour de nos
secteurs de pointe à l'exportation via les grandes entreprises, nous
nous assurons d'un marché suffisamment vaste pour en assumer les
coûts de développement.
Voilà, tracées très rapidement, mes
premières réflexions sur ce que sera la prochaine année au
ministère. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le ministre.
Maintenant, je vais donner la parole au porte-parole de l'Opposition
officielle, M. Parent, du comté de Bertrand.
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. M. le
ministre, M. le sous-ministre et M. le sous-ministre adjoint, de même que
tous les hauts fonctionnaires, messieurs mes collègues les
députés, il me fait plaisir d'être ici présent pour
essayer de travailler dans une forme, comme l'a mentionné M. le
ministre, il y a quelques minutes, des plus positives et constructives. Soyez
dès lors rassuré de ma collaboration en ce sens. Je pense que
nous avons déjà eu, en dehors de cette enceinte, la chance de
travailler
ensemble. Je pense que vous connaissez un peu mon style.
Au double titre d'immédiat prédécesseur de l'actuel
ministre du Commerce extérieur et de porte-parole officiel de
l'Opposition en matière de politique commerciale et internationale, ma
participation ici aujourd'hui à cet exercice de l'étude des
crédits s'inscrit dans une perspective ou à l'essentiel concours
de critique et de surveillance des actions et des hésitations du
gouvernement se joint aussi un très grand souci de collaboration, une
collaboration des plus positives.
Cet outil privilégié, dont vous avez ajourd'hui à
charge les destinées, M. le ministre, doit permettre que se poursuive,
sinon que s'accentue le processus de conquête des marchés
extérieurs dont les entreprises québécoises,
particulièrement toutes nos PME, qui sont ambitieuses et
déterminées, ont déjà pris goût,
particulièrement, ces trois dernières années.
À cet effet, à l'appui des crédits que le Conseil
du trésor a cru justifié de vous accorder pour le prochain
exercice financier, j'inscris un peu ma dissidence- Les mandats que vous
détenez sont nombreux. Une rapide et partielle nomenclature permet d'en
mesurer l'importance et les impacts, soit faciliter l'accès des biens et
services québécois au marché extérieur par des
opérations promotionnelles, la conclusion d'ententes ou
l'établissement de relations économiques et commerciales;
élaborer et mettre en oeuvre des programmes favorisant ces objectifs;
coordonner les activités économiques gouvernementales à
l'étranger; effectuer des recherches, fournir le soutien logistique
requis, et j'en passe.
Bref, M. le ministre, et ici le bât blesse, toutes ces ambitions
sont désormais hypothéquées par une série de
réductions, sinon de cessations d'activités, ainsi que de
"rationalisations internes", comme aime à les qualifier votre
collègue du Conseil du trésor. (15 h 45)
Déjà, comparativement à ses crédits initiaux
votés pour l'année 1985-1986, le ministère du Commerce
extérieur est victime d'une ponction de l'ordre de 8 %, tel qu'on l'a
dans le détail des crédits. Aussi si aucune somme additionnelle,
telle que celle dont on a bénéficié l'an dernier, ne
devait s'ajouter lors du dépôt du prochain budget ou en cours
d'exercice, la réduction des crédits se chiffrerait alors
à rien d'autre que 21 %.
Au même moment, M. le Président, les dépenses
gouvernementales progressent, quant à elles, de l'ordre de 3,8 %.
L'exercice, vous en conviendrez, est périlleux et les
conséquences risquent, à mon avis, d'être des plus
fâcheuses. Les performances du commerce extérieur du Québec
pour les neuf premiers mois de 1985, soulignées sans aucune
partisanerie, interdisent tout frein à leur dynamique. Les recensions de
la
Direction des études et des analyses du Bureau de la statistique
du Québec affichent quand même toute une éloquence.
Ainsi, les exportations internationales du Québec ont
augmenté de 9,7 % en septembre 1985 par rapport au mois correspondant de
l'année précédente, pour totaliser 1 633 000 000 $.
L'excellente performance mensuelle des expéditions
québécoises vers l'étranger a contribué à
leur accroissement de 7,8 % depuis le mois de janvier, progressant de 12 756
000 000 $ en 1984 à 13 754 000 000 $ en 1985.
Les exportations vers les États-Unis ont totalisé 10 404
000 000 $ pour les neuf premiers mois de l'année 1985, en progression de
7,8 % par rapport à la période correspondante de l'année
antérieure ou l'année précédente. Quant aux
expéditions vers la Communauté économique
européenne, elles ont connu pour la même période une
ascension de 16,5 %, pour totaliser 1 447 000 000 $.
Précisons enfin, M. le Président, et je termine ici cet
exercice comptable, que, pour les neuf premiers mois de 1985 toujours, les
exportations en direction du Japon et de la Chine ont connu respectivement par
rapport à la même période l'année
précédente des augmentations de l'ordre de 19,5 % et de 209
%.
M. le Président, ce bilan témoigne par lui-même.
Pour rééditer le coup avec sa maigre pitance de 23 000 000 $ de
budget, le ministère du Commerce extérieur, et avant tout son
ministre, devra certainement au cours de la prochaine année multiplier
ses exploits, autant que faire se peut.
Vos prédécesseurs, et j'en suis, même si cela a
été pour une très courte période, avaient pu
bénéficier quant à eux d'une progression annuelle
constante de leur budget. Peuvent-ils donc aujourd'hui se créditer de
réalisations enviables. Parmi celles-ci se comptent l'ouverture de
nouveaux marchés en Asie, en Afrique et en Amérique latine, la
multiplication des emplois reliés à l'exportation, l'augmentation
de la part des exportations québécoises à
l'intérieur de celles du Canada, tout en y affichant un taux de
croissance annuel moyen supérieur. Par exemple, de 1982 à 1986,
le budget dévolu au programme d'aide à la promotion des
exportations, soit le programme APEX, est passé de 4 700 000 $ à
9 000 000 $. Aujourd'hui, chaque Québécois en moyenne exporte
davantage qu'un Japonais. Mais s'il est par ailleurs une ressource, un moyen,
un outil efficace dont peut bénéficier l'économie
exportatrice du Québec et que nulle justification n'y permette
quelconque "rationalisation interne", expression passepartout témoin de
peu d'imagination, il s'agit du réseau des conseillers
économiques en poste dans les différentes
délégations du Québec.
On peut craindre à juste titre le démantèlement
partiel, mais déjà inacceptable parce que inopérant, de ce
fleuron de l'exportation au moment où le ministre parle d'un
réaménagement des ressources et que son collègue des
Relations internationales confirme la réduction des budgets, sinon la
fermeture complète et définitive de certaines
délégations du Québec.
M. le Président, comment concilier des objectifs de
développement du commerce international avec de sombres, malheureuses et
gratuites coupures d'effectifs à l'étranger? Comment
rétablir à cet endroit l'équilibre du commerce
bilatéral alors que nul représentant du Québec ne peut y
défendre les intérêts? Comment menacer la
délégation de Dallas alors qu'elle constitue le pivot central du
commerce du Sud-Ouest américain où, en 1985, les exportations
québécoises se sont établies à 646 000 000 $?
Comment une rationalisation des effectifs ne peut-elle pas hypothéquer
l'efficacité du travail des attachés commerciaux alors que leur
territoire d'affectation gagnera en ampleur et en complexité?
Parallèlement et concurrement, M. le Président, l'Ontario, la
Colombie britannique et l'Alberta multiplient, eux, leurs représentants
économiques à l'étranger. À tout le moins, le souci
de rationalisation du ministre me semble un peu irrationnel.
Je ne pourrais, M. le Président, terminer ce bref exposé
sans souligner l'énorme défi que les prochaines
négociations sur le libre-échange entre le Canada et les
États-Unis impose au Québec. Hors de tout doute et cela, en
conformité propre avec un engagement pris par le Parti libéral au
cours de la dernière campagne électorale, le Québec doit
participer de façon pleine et entière au processus qui devra
fixer les objectifs de cette négociation. Toutefois, des signaux se font
menaçants devant cette volonté. Non seulement le ministre a
déjà parlé de concessions nécessaires pouvant se
traduire par la perte assurée de nombreux emplois au Québec, mais
son désir de faire respecter certaines conditions préalables,
malheureusement non encore définies, marque le pas.
Ainsi, vendredi dernier, le premier ministre du Canada affirmait sans
ambages qu'il n'y avait aucune utilité à ce qu'il rencontre ses
homologues provinciaux pour discuter des modalités et
particularités des négociations avec les Américains. Le
rôle des provinces ne sera jamais de décider de ce qui est bon ou
non pour le Canada, avait ajouté M. Mulroney. Rien n'est moins
rassurant, vous en conviendrez, au moment où toute la dynamique de la
politique commerciale internationale et de l'équilibre économique
interne du Québec est en jeu. Le libre-échange avec les
États-Unis doit s'articuler en fonction des besoins,
intérêts et particularités du Québec et, parce que
ce projet peut se transformer en spectre, parce que le Québec peut
être victime d'arbitrages, le gouvernement doit exiger de participer
à la définition des mandats, des objectifs et des
stratégies, et d'être représenté à ces
négociations. Les compétences, prérogatives et droits du
Québec ne doivent pas être bradés et leur défense
appelle la même énergie pour les prochaines négociations
commerciales multilatérales du GATT.
Le gouvernement du Québec a senti, depuis plus de trois ans, la
nécessité de placer l'élaboration et la conduite de sa
politique commerciale extérieure sous l'autorité d'un
ministère que vous dirigez, M. le ministre, aujourd'hui. Le
Québec dans le monde ou le défi de l'interdépendance, pour
paraphraser le titre de l'énoncé de politique internationale
qu'avait publié le précédent gouvernement, soit en juin
1985, vous est donc offert, M. le ministre. Croyez d'abord et avant tout
à ma collaboration, mais aussi et surtout aux hautes exigences et
attentes de l'Opposition.
En prenant connaissance, M. le ministre, de votre exposé, je dois
avouer que je le trouve fort intéressant tant au contenu qu'aux
idées qui y sont émises et, vous connaissant, je pense que ma
préoccupation n'est pas celle de savoir si le ministre du Commerce
extérieur et du Développement technologique peut faire "la job",
mais je suis beaucoup plus préoccupé de savoir si vous avez les
outils nécessaires pour être capable de mener à bon terme
les intentions, les idées que vous avez. Étant issu du milieu des
affaires et connaissant bien le monde de la PME comme vous, je puis vous dire
que j'ai des préoccupations très grandes par rapport au coffre
d'outils qui vous est accordé.
Je comprends bien toutes ces mesures de coupures auxquelles a pu avoir
à faire face le gouvernement, te ministre vis-à-vis de son
président du Conseil du trésor. Cependant, vous conviendrez qu'un
ministère aussi important que le ministère du Commerce
extérieur se doit d'avoir, surtout que les prochaines années
seront déterminantes, le maximum de chances de réussite.
En terminant, je vous dirai que toute cette préoccupation de voir
nos PME exporter est une de mes premières préoccupations, et vous
le savez. Tout au cours de la prochaine année, tout en faisant mon
travail d'opposition et ce travail d'étude des crédits,
j'essaierai de voir, même si les documents qui ont été
préparés - j'en félicite les fonctionnaires - nous donnent
quand même des informations, mais beaucoup d'informations manquent... Il
va falloir au cours des prochaines heures qui nous seront accordées
essayer de décortiquer, de voir un petit peu plus là où
sont accordés réellement
Jes crédits
J'espère, M. le ministre, que vous pourrez avec ce coffre
d'outils mener à bon terme ce que vous avez émis dans votre
communiqué de départ, qui était très bien à
mon avis.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M, Baril): Je vous remercie, M. le
député de Bertrand, M. le ministre veut-il intervenir?
M. MacDonald: Eh bien, je pense que beaucoup des soucis que vous
avez témoignés ont reçu réponse dans ce texte que
je vous ai présenté au départ. Je me soumettrais
plutôt aux questions que vous pourriez avoir. Si j'ai bien compris ta
façon dont vous voulez procéder... Nous aurons l'occasion de
relever ce qui vous inquiète et de commenter. Alors, je suis à
votre disposition pour répondre aux questions.
Le Président (M. Baril): Alors on s'entend pour M, le
porte-parole, le député de Bertrand, ait 20 minutes. Alors,
à partir de maintenant, nous prenons le temps et nous allons
alterner...
M. Cannon: Alors, si effectivement les députés
ministériels ont des questions à poser, ils les poseront
après le député de Bertrand
M. Parent (Bertrand): En fait, M. le Président,
j'aimerais, comme je l'ai mentionné avant le début à M. le
ministre, et il m'a donné son accord, que l'on suive un petit peu le
cheminement qui est présenté dans le cahier qui nous a
été remis. Dans ce cahier explicatif, à la page 39, on
retrouve en neuf points les différentes directions avec les budgets
comparatifs de l'année passée et de cette année et avec le
pourcentage de compression ou d'addition. On va aller un petit peu dans les
détails, de façon que je puisse avoir, pour ma gouverne et celle
de l'Opposition, le maximum de renseignements.
D'abord, concernant... Je ne pense pas, soit dit en passant, M. le
Président, que j'aie nécessairement à prendre les 20
minutes, cela va être plutôt quelques minutes ici et là,
pour aller de l'avant.
M. Cannon: De la même façon que nous l'avions fait
dans le cas de l'Industrie et du Commerce.
Une voix: C'est exact, cela va, parfait.
M. Parent (Bertrand): Alors, pour ce qui est du cabinet du
ministre, je passerai rapidement parce que je pense que l'on a beaucoup de
temps à mettre sur des choses importantes Pour le cabinet du ministre,
il y a une légère augmentation de 7 %. Je ne pense pas qu'il y
ait d'explications, du moins pour ''instant, qui me semblent
nécessaires.
Quant à votre bureau, M. le sous-ministre, il se voit couper 7000
$. Je ne crois pas que cela vous affecte énormément.
Alors, je m'attarderai là où il commence à y avoir
un peu de viande, si vous me passez l'expression, soit au bureau du
sous-ministre adjoint. Là, effectivement, !e budget passe de 4 929 000 $
à 5 196 000 $, soit une augmentation de 5 % ou de 267 000 $.
Pourrait-on avoir une explication globale? J'aurai des questions, par la
suite, à propos de cette augmentation de 5,4 %.
M. MacDonald: Vous comprenez qu'à ce poste sont
incorporés nécessairement les quelques services auxiliaires que
le sous-ministre adjoint a, mais également l'ensemble des crédits
alloués à nos délégations commerciales à
l'extérieur pour la responsabilité que nous avons en ce qui a
trait aux délégués commerciaux et aux attachés
commerciaux.
La légère augmentation que vous voyez ne comble pas, en
fait, cette provision que j'ai mentionnée de 600 000 $ qui
prévoit cet impact possible des taux de change sur le coût des
contrats des attachés commerciaux et qui représente, en fait, une
légère diminution qui vient de la rationalisation des
dépenses que nous pourrons effectuer dans le réseau.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le ministre.
Toutefois, au tableau de la ventilation des crédits qui nous a
été remis, dans les super-catégories et les
catégories, on remarque pour la catégorie Communications et pour
Fonctionnement et autres dépenses, des crédits de l'ordre de 3
310 900 $ soit 666 500 $ de plus que l'année passée. C'est une
augmentation, seulement à ce chapitre-là, de 25 %. Par ailleurs -
je le mentionne, juste pour être sûr que l'on a les mêmes
chiffres et les mêmes données - il s'agit de la ventilation qui
nous avait été remise au niveau des super-catégories et ou
on retrouvait certains points comme Fonctionnement et autres
dépenses.
M. MacDonald: À quelle page êtes-vous, Monsieur?
M. Parent (Bertrand): Cela ne se retrouve pas dans ce
document-là, M. le ministre. Cela se retrouve davantage dans les. . Moi
j'ai travaillé avec des photocopies, je n'ai pas la page exacte,
c'était dans le livre des crédits initiaux
M. MacDonald: Quelle en-tête avez-vous? (16 heures)
M. Parent (Bertrand): Le livre des crédits initiaux.
M. MacDonald: Là, on ne compare pas les oignons avec les
oignons.
Direction des communications
M. Parent (Bertrand); En fait, je me réfère, ici,
aux crédits 1986-1987 du ministère du Commerce extérieur,
où on avait une ventilation par catégories et
supercatégories. C'est parce que j'ai un peu de misère à
concilier les chiffres.
M. MacDonald: D'accord. Je n'ai pas ce volume-là avec moi
pour le moment, mais si vous me donniez une catégorie en particulier,
peut-être qu'à partir des documents que j'ai, ici je pourrais vous
donner les explications.
M. Parent (Bertrand): II y a 5 196 000 $ au bureau du
sous-ministre adjoint dans cette catégorie.
M. MacDonald: Qui sont prévus, oui.
M. Parent (Bertrand): 3 300 000 $ sont dévolus à la
Direction des communications. Ceia signifie qu'il reste, en
réalité, pour la Direction de la coordination géographique
et surtout pour la représentation à l'étranger, de la
façon dont je fais le calcul, 1 886 000 $. Je voudrais juste m'assurer
que j'ai les mêmes données par rapport à la Direction des
communications qui se trouve sous l'égide du sous-ministre adjoint.
M. MacDonald: Je regrette parce que je n'ai pas ces
chiffres-là. Peut-être que M. Pruneau pourrait vous donner
quelques commentaires explicatifs sur tout cela.
M. Pruneau (Roger): Si je comprends bien, M, le
député, ce dont vous nous parlez, c'est, dans le bureau du
sous-ministre adjoint, la partie qui est affectée aux dépenses de
communications?
M. Parent (Bertrand): C'est exact. Ce que je déduis de
cette analyse, c'est qu'il y aurait, dans une enveloppe de 5 196 000 $, 3 300
000 $ qui seraient affectés aux communications.
M. Pruneau: Non, le problème de conciliation qu'on a,
c'est que vous avez les crédits votés en début de
période, l'an passé, et ces crédits-là ont
été modifiés durant l'année à la suite des
modifications qu'on a apportées à la structure du
ministère. Donc, les budgets qui étaient à l'origine
à un poste budgétaire donné dans le cahier des
crédits ont été réalloués à un autre
poste budgétaire; ce qui fait que l'ensemble des dépenses qui
sont faites en communications n'apparaissent pas au poste du bureau du
sous-ministre adjoint. Vous avez à Traitement 555 000 $ - donc, des
salaires à des fonctionnaires - et vous avez un budget de
dépenses pour des communications de l'ordre de 600 000 $, dont 200 000 $
pour la revue Québec économique international. Donc, la grande
partie va à cette publication du ministère, qui est
distribuée à l'étranger en huit langues.
M. Parent (Bertrand): Pour bien comprendre les chiffres qui
apparaissent, ici, dans le volume qui a été publié sur les
crédits 1986-1987, les regroupements qui ont été faits
n'ont pas tenu compte - je trouve cela un petit peu curieux - des partages
parce que l'enveloppe comme telle des communications... Je ne sais pas de
quelle façon on a pu le faire, je voudrais juste comprendre - il ne
s'agit pas de s'embêter dans les chiffres - comment il se fait qu'on a pu
regrouper, à l'élément Communications, 3 300 000 $ par
rapport au 2 600 000 $ de l'an passé pour faire le joint, car je sais
qu'il y a eu des changements à l'intérieur du
ministère.
M. Pruneau: Écoutez, si vous parlez de la classification
"Communications" - je le demanderais peut-être aux gens de
l'administration - ma compréhension, c'est...
Une voix: Ce n'est pas la Direction des communications.
M. Pruneau: Ce n'est pas la Direction des communications, c'est
une super...
Une voix: C'est une dépense de communications: frais de
voyage, etc.
M. Pruneau: Cela comprend les frais de voyage à
l'étranger, cela comprend une définition un peu différente
de celle que vous entendez au niveau de la Direction des communications.
M. Parent (Bertrand): Si je comprends bien...
M. MacDonald: Si vous n'avez pas d'objection, M. le
député, je pourrais peut-être demander au directeur de
l'administration de venir prendre place.
M. Parent (Bertrand): C'est parce que...
Le Président (M. Baril): Un instant, s'il vous
plaît! Pourriez-vous vous identifier?
M. Brulotte (Raynald): Je suis Raynald Brulotte, directeur
général de l'administration.
M. le Président, la ventilation des crédits de 5 196 000 $
auxquels fait
référence le député de Bertrand se
répartit comme suit: le bureau du sous-ministre adjoint est une
entité administrative qui regroupe effectivement trois
catégories: les représentants à l'étranger, la
Direction des communications et ce qui est appelé, chez nous, la
Direction de la coordination géographique. Sommairement, ces
crédits se répartissent comme suit: pour les représentants
à l'étranger, il y a une somme de 3 125 000 $; pour la Direction
des communications, 1 170 000 $, et, pour la Direction de la coordination
géographique, 734 000 $. Maintenant, la répartition sous-jacente
de ces crédits. Pour la représentation à
l'étranger, les 3 125 000 $ se répartissent ainsi: 905 000 $ pour
le traitement des conseillers économiques à l'étranger et
2 219 000 $ pour la gestion des contrats des attachés commerciaux.
À !a Direction des communications, le 1 170 000 $ se répartit
ainsi: 600 000 $ au budget de fonctionnement - publications, etc. - et 555 000
$ aux traitements du personnel. Les 734 000 $ de la Direction de la
coordination géographique, c'est essentiellement un budget de
traitements. C'est 668 000 $ en traitements.
M. Parent (Bertrand): Alors, cela répond très
clairement à la question que je me posais: Où était la
ventilation par rapport à ce que j'avais. Je n'ai qu'une question par
rapport à la représentation a l'étranger: Les 2 219 000 $
que vous avez mentionnés, est-ce qu'ils incluent les 600 000 $ dont
faisait mention tantôt le ministre concernant les ajustements? Ils sont
inclus dans ces 2 000 000 $?
M. Brulotte: Oui, M. le Président.
M. Parent (Bertrand): Alors, on va essayer, si vous me donnez
quelques instants, de se retrouver parce que j'avais plusieurs questions qui
touchaient à cela, mais je trouve un peu curieux que ceci ait
été regroupé sous différents titres, ce qui nous a
induits en erreur.
M. Brulotte: Si vous me le permettez, M. le Président,
effectivement, la comptabilité gouvernementale a de ces exigences, si je
peux dire, qui, pour les personnes qui ne sont pas familières avec cela,
risquent de comporter certaines ambiguïtés, mais c'est la
façon de faire. Le livre des crédits, de façon
familière, est publié en identifiant ce que l'on appelle les
catégories de dépenses du gouvernement du Québec, mais les
catégories de dépenses peuvent vous jouer un tour parce qu'il y a
matière à interprétation. Par exemple, la catégorie
3, Communications, n'a rien à voir avec ce que l'on appelle le
fonctionnement d'une direction des communications. Une direction des
communications va donner essentiellement des contrats de services. Vous allez
retrouver cela dans vos livres des crédits à la catégorie
4, Services, par exemple. Alors, il n'y a pas de lien, si je peux dire, entre
la catégorie Communications et une direction des communications.
M. Parent (Bertrand): Je comprends un peu mieux, tout en
comprenant que parfois il y en a qui s'y perdent. Alors, je vais axer surtout
mes questions sur les chiffres que vous venez de me donner, la ventilation. Si
on prend d'abord la Direction des communications, M. le ministre ou un de vos
adjoints, les 600 000 $ prévus à des fins de publications, est-ce
qu'on pourrait juste nous les ventiler? II s'agit de la revue Québec
économique, j'imagine, entre autres.
M. MacDonald: Le principal montant, le montant le plus important,
c'est Québec économique international, que vous aviez en main,
qui est un montant de 200 000 $; l'accuei! des journalistes étrangers,
qui est une excellente façon de se faire connaître, 40 000 $; une
documentation à la clientèle étrangère de 25 000 $;
publicité à l'étranger même, 70 000 $; un autre
grand volet, le programme d'expositions Québec, 80 000 $; un centre de
documentation, 45 000 $; de la publicité ici au Québec
d'incitation à l'exportation, la réalité du
ministère du Commerce extérieur, montant prévu de 70 000
$; la documentation de la clientèle québécoise, 20 000 $,
et d'autres postes un peu moins importants. Le total est de 615 000 $.
M. Parent (Bertrand): Alors, c'est pour les publications. Est-ce
que cette ventilation, de même que d'autres ventilations que j'aimerais
avoir, pourraient nous être remises pour nos fins à nous?
M. MacDonald: Aucune objection. Certainement.
M. Parent (Bertrand): Merci. Alors, tout en tenant pour acquis
qu'on...
M. MacDonald: On va prendre note des demandes semblables que vous
pourriez avoir et on verra à vous les faire parvenir.
M. Parent (Bertrand): D'accord. Étant donné que je
n'ai pas de secrétaire avec moi, je ne vais pas toutes les prendre en
note.
M. MacDonald: Je comprends. On va vous aider.
M. Parent (Bertrand): Toujours à la Direction des
communications...
Le Président (M. Baril): Un instantl M. le ministre,
j'aimerais que les documents que l'on vous demande parviennent aussi au
secrétaire de la commission.
M. MacDonald: Certainement.
M. Parent (Bertrand): Merci. Est-ce que je peux continuer, M. le
Président?
Le Président (M. Baril): Oui.
M. Parent (Bertrand): Au poste des traitements, toujours dans la
Direction des communications, comment se compare le montant de 555 000 $ par
rapport à l'année dernière? Est-ce le statu quo ou
s'agit-il d'une augmentation ou d'une diminution? C'est parce que je n'ai plus
les coordonnées.
M. MacDonald: C'est exactement le même personnel que
l'année dernière à cette direction. Les coûts
ajoutés sont des coûts d'indexation et de compensation.
M. Parent (Bertrand): Merci. Juste avant de passer au poste de la
coordination géographique, dans Les communications, pour le document qui
a été préparé et publié l'an dernier, soit
le fameux document de très grand prestige, "Le savoir-faire
québécois", de même que "Québec économique
international" - on en a déjà un inventaire suffisant - est-ce
qu'une diffusion assez large est prévue? Parce que c'est un document
qui, soit dit en passant, devient un outil très bien fait. J'aimerais
savoir de quelle façon le ministre entend utiliser ce document fait au
cours de l'année précédente.
M. MacDonald: C'est un excellent document. On en prévoit
une diffusion plus large que restreinte. Au besoin, avec les plaques
existantes, on ira à une réimpression.
M. Parent (Bertrand): À ce moment, on pourrait prendre le
budget à l'intérieur du montant de 600 000 $; c'est cela?
M. MacDonald: C'est la politique du gouvernement, à
l'heure actuelle, et de son Conseil du trésor, comme vous le
mentionniez, d'essayer de faire des choses, mais de les faire à
l'intérieur des contraintes budgétaires que nous connaissons.
M. Parent (Bertrand): Merci. Toujours à l'intérieur
de cette enveloppe, vous avez mentionné une somme de 40 000 $ environ,
si j'ai bien compris, pour l'accueil des...
M. MacDonald: ...journalistes étrangers.
M. Parent (Bertrand): ...journalistes, etc. Quelle va être
votre politique par rapport à cela? Est-ce que vous procéderez de
façon systématique envers les groupes qui se présentent?
Est-ce que vous allez provoquer les occasions? Comment allez-vous utiliser
cette approche ou cette dynamique?
M. MacDonald: Dans le processus de révision des effectifs
et des efforts de commercialisation à l'étranger,
nécessairement, le critère no 1 est de pouvoir identifier les
marchés cibles. Donc, la venue de journalistes sera faite en
parallèle avec cet exercice, à savoir de diffuser des
informations dans les milieux où on est le plus certain d'être
capable d'améliorer nos marchés.
Dtrection de la coordination
géographique
M. Parent (Bertrand): Je parlerai maintenant de l'autre enveloppe
qui concerne la coordination géographique. Dans sa fonction de mise en
place et de fonctionnement de l'infrastructure du processus de planification
des priorités, la Direction de la coordination géographique doit,
entre autres, rationaliser et expliquer les attentes du ministre sur son
réseau de conseillers économiques à l'étranger,
ainsi qu'étudier les meilleures façons d'utiliser leur action.
Dans cette perspective d'une rationalisation, M. le ministre, ou
peut-être plus précisément d'une réduction des
effectifs - vous semblez me dire que vous allez garder les mêmes
effectifs - quel rôle la DCG jouera-t-elle au sein de votre
ministère?
M. MacDonald: Elle est à effectuer à l'heure
actuelle une étude en profondeur de notre présence à
l'étranger des marchés tels qu'on les a vus, tels qu'on les voit,
les perspectives qui nous sont signalées par les gens en poste plus les
constatations des pupitres de cet organisme localement.
Je dois recevoir et étudier avec l'ensemble du comité de
gestion du ministère, le 9 mai prochain, cette étude parmi bien
d'autres. C'est justement cette optimisation de l'utilisation des effectifs
dans des marchés donnés qui doit être identifée par
ces personnes et qui va diriger notre action.
M. Parent (Bertrand): Je vous remercie. Le montant de 734 000 $,
dont 668 000 $ pour les traitements, se compare comment par rapport à
l'année dernière?
M. MacDonald: Encore une fois, ce sont sensiblement les
mêmes effectifs, avec indexation.
M. Parent (Bertrand): Donc, le nombre n'est pas réduit
à ce chapitre?
M. MacDonald: Non.
(16 h 15)
M. Parent (Bertrand): Je vous remercie. Dans le cadre de la
représentation à l'étranger, qui est le troisième
volet, dans le montant de 3 125 000 $, on retrouve là aussi, en deux
volets, la question des traitements. Comment cela se compare-t-il par rapport
à l'année dernière, M. le ministre?
M. MacDonald: Comment cela se compare-t-il à
l'année dernière?
M. Parent (Bertrand): Les 3 125 000 $ à ce volet de la
représentation à l'étranger.
M. MacDonald: Encore là, je vous donne sensiblement la
même réponse. C'est un montant légèrement
supérieur parce qu'il inclut les 600 000 $ de variation de taux de
change.
M. Parent (Bertrand): Alors, j'aurai l'occasion dans un volet
spécial à la fin, comme je l'avais mentionné au tout
début, M. le ministre, de revenir sur toute la question...
M. MacDonald: D'accord.
M. Parent (Bertrand): ...du rôle de la
représentation à l'étranger.
M. MacDonald: Parfait.
Direction de la prospection des
investissements
M. Parent (Bertrand): Alors, ce premier volet pour moi est
complété. Je passerai à la Direction de la prospection des
investissements, si vous me le permettez, M. le Président. À ce
volet, on retrouve un pourcentage d'augmentation de 208 % ou un écart
positif de 441 000 $ par rapport aux chiffres de l'année passée.
J'ai cru comprendre que c'était parce que cette direction avait
été créée en juin 1985 qu'on avait un peu des
demi-budgets. C'est ce qui fait principalement cette augmentation. Mais encore
là, toutes proportions gardées, il semble y avoir un
accroissement intéressant sur le plan des chiffres. Est-ce que le
ministre pourrait nous dire en quoi vont consister les nouvelles actions avec
les budgets additionnels?
M. MacDonald: Essentiellement, c'est de fonctionner à
l'étranger plutôt que de fonctionner ici. C'est également
de faire cette liaison avec nos délégués commerciaux et
les attachés commerciaux. Nous voulons qu'ils soient des pointeurs qui
permettront aux membres de l'équipe de M. Labonté et à M.
Labonté lui-même, qui est le directeur général de
cette section, de s'occuper des projets d'investissements étrangers.
C'était, comme vous le disiez, à toutes fins utiles,
inexistant l'année dernière. Cela va de pair avec cette
volonté de se servir d'effectifs déjà en poste et dans le
milieu pour faire plus d'une chose. La sollicitation et la recherche
d'investissements étrangers, pour être amenés ici au
Québec, fait partie de l'ensemble de la mission du ministère du
Commerce extérieur. Cette année, c'est un budget que
j'appellerais modeste dans ce domaine, et que je voudrais voir augmenter. Si
c'était possible en cours d'année, par réaffectation de
crédits, je verrais à augmenter les crédits dans ce
domaine.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le ministre. Je suis content de
vous l'entendre dire. Cette action dans le champ - pour prendre l'expression -
avec des gens dynamiques tels que M. Labonté et les gens qui
l'entourent... Mais vous parlez, en cours d'année, d'essayer d'aller
chercher des crédits. Cela n'aurait-il pas été plus facile
d'essayer de couler dans le béton, dès le départ, les
outils nécessaires, ou de donner les outils nécessaires à
ces gens? Votre approche ou la dynamique que vous avez exposée
précédemment, et à laquelle j'ai dit souscrire, me semble
intéressante et remplie de bonne volonté. Les 650 000 $ cette
année sont beaucoup mieux que tes 211 000 $, même s'ils sont
répartis sur six mois, mais, encore là, ce sera bien peu pour
aller créer toute cette dynamique de pointeurs et essayer d'attirer des
nouveaux investisseurs.
M. MacDonald: Vous avez fait mention que nos relations d'affaires
ne commençaient pas aujourd'hui. Nous avons vécu ensemble des
périodes qui nous ont fait constater qu'en bons hommes d'affaires il
faut vivre selon nos moyens. Dans la préparation du budget du
ministère, c'est exactement la philosophie qui a primé. Nous
avons cherché à allouer des ressources aux endroits où
nous croyions que c'était prioritaire et que l'on pourrait avoir le
maximum d'efficacité. Mais nous avons alloué les quelques
ressources dont nous pouvions disposer selon nos moyens.
M. Parent (Bertrand): Cependant, si en cours d'année cette
Direction de la prospection semble vouloir vraiment aller de l'avant et porter
des fruits, vous vous engagez, M. le ministre, à aller chercher les
crédits nécessaires?
M. MacDonald: Vous allez comprendre, sans vouloir souligner les
politiques d'un gouvernement ou d'un autre, prenons cela à
l'échelle canadienne, qu'avec le changement de FIRA, l'agence de
tamisage des investissements étrangers, pour tout simplement l'appeler
Investissement Canada, il y a
une perception à l'étranger d'un accueil plus chaleureux
en terre canadienne pour les investisseurs, d'une part. D'autre part, il y a
également une efficacité qui est perçue a
l'étranger comme un signe de la façon dont le gouvernement
québécois entend mener les affaires maintenant. Ceci ouvre de
nouvelles portes et nous donne l'impression que nous devrions exploiter ce
créneau.
M. Parent (Bertrand): Lorsque, dans votre exposé initial
et dans le cahier explicatif, il est fait mention de la formation des gens, si
j'ai bien compris, qui sont en place ou en position, quels sont les outils que
vous allez prendre et quel genre de sensibilisation allez-vous faire pour
créer cette dynamique et faire jouer ce nouveau rôle aux gens en
place à l'étranger?
M. MacDonald: II y a plusieurs outils à utiliser. Il y a
des formats. Il y a des informations que nous possédons, par exemple,
sur des secteurs particuliers que nous connaissons comme pouvant être
hospitaliers à de l'investissement. Si vous vouliez aller dans les
détails précis d'un programme, j'aimerais demander à M.
Labonté, qui est le responsable de cette unité, de
répondre plus précisément à votre question.
Une voix: Il va prendre la place d'un député.
Une voix: Sûrement pas.
M. Labonté (Jean): Jean Labonté, prospection des
investissements étrangers.
M. Cannon: Un député ministériel.
M. Labonté: Merci, M. Cannon. M. le Président, il
s'agit tout simplement d'un cours de formation qui a été
créé de toutes pièces avec l'ensemble des intervenants
dans le domaine de la prospection internationale au Québec. Il y a une
table de concertation de la prospection internationale autour de laquelle on
retrouve maintenant les gens de l'Association des commissaires industriels, le
groupe d'Investissement Canada, les gens d'Hydro-Québec, les gens du CN,
les gens du CP, la Communauté urbaine de Montréal et un certain
nombre de commissaires.
Ensemble, depuis l'automne, on a tenté de créer de toutes
pièces un nouveau cours de prospection internationale qui est un cours
d'immersion totale, qui dure quelques jours et auquel participeront, dans les
quatre a six prochains mois - c'est-à-dire qu'il y a deux cours au
printemps et deux à l'automne -une centaine d'intervenants dans le
secteur de la prospection internationale, c'est-à-dire les bons
commissaires industriels, les préposés au développement ou
à la promotion industrielle des ministères de l'Industrie et du
Commerce, du Commerce extérieur, d'Hydro-Québec, du CN, du CP,
etc., pour que tous soient un peu sur la même longueur d'onde pour
concerter leurs efforts en termes de prospection internationale.
Ce cours a réellement été créé
à même des outils qui existaient à l'échelle
américaine, à l'échelle canadienne et avec un groupe de
consultants et un certain nombre de gens qui ont déjà une
expérience de plusieurs années dans le domaine. C'est un cours
qui sera donné à tous nos conseillers économiques à
l'étranger dans le cadre du ministère du Commerce
extérieur.
M. Parent (Bertrand): Si vous me le permettez, M. Labonté,
peut-être une ou deux questions par rapport à cela parce que je
trouve cela intéressant. Est-ce que des grandes entreprises
privées telles que Lavalin - SNC feront partie de ces gens qui pourront
embarquer dans le cours?
M. Labonté: À ce stade-!à, non, mais le
cours sera disponible éventuellement à n'importe qui qui pourrait
s'y intéresser, à un prix, évidemment.
M. Parent (Bertrand): Environ 100 intervenants auront la chance
de se prévaloir de cela.
M. Labonté: Jusqu'à maintenant, on a 87 personnes
d'inscrites au cours pour les quatre prochaines sessions, des différents
ministères, aussi bien du fédéral que du provincial, et
des différents organismes qui font de la prospection internationale.
M. Parent (Bertrand): Est-ce que, essentiellement, le cours a
pour but de créer une nouvelle approche, une nouvelle dynamique? Vous
appelez cela une approche "market pull". Est-ce que c'est cela,
essentiellement, le but du cours ou si c'est de donner tout un bagage ou un
"background" pour que ces gens soient mieux informé??
M. Labonté: C'est à la fois un cours d'information
et un cours qui a une certaine synergie parce qu'il y a beaucoup de travaux en
atelier. Il s'agit d'enseigner, jusqu'à un certain point, aux
prospecteurs comment cibler tes entreprises à l'étranger qui
peuvent être intéressées au marché du Québec,
comment détruire ou bâtir les mythes et réalités du
Québec, comment se présenter et comment faire le suivi des
dossiers, comment concerter ses efforts quand on est à
l'étranger, c'est-à-dire tenter de travailler ensemble sur les
territoires étrangers avec Investissement Canada. On suit,
jusqu'à un certain point, le sillage d'Investissement Canada qui a des
moyens énormes et qui fait de Sa prospection à l'échelle
internationale.
Ce sont tous ces éléments qui sont mis ensemble durant
quatre jours de sessions très intensives, de huit heures à
minuit, pour tenter de développer chez nos gens cette capacité
d'aller à l'étranger et de travailler de façon efficace
à une prospection.
M. Parent (Bertrand): Merci, cela répond à ma
question. Cela me convainc davantage que vous allez avoir besoin de
crédits additionnels.
M. MacDonald: ...converti!
M. Parent (Bertrand): Est-ce que vous pourriez établir, M.
le ministre, à ce stade-ci, quelles sont les priorités de zones
géographiques par rapport à la prospection qui sera faite? Sans
avoir un plan détaillé d'attaque, vous avez certainement des
zones géographiques que vous voulez cibler davantage: Est-ce qu'on
pourrait avoir un aperçu de cela?
M. MacDonald: De façon générale, on vise les
États-Unis et l'Europe, dans certains pays où nous avons plus de
facilité et où, maintenant, nous avons à dépasser
ce que j'appellerais le stade de l'adolescence dans nos relations. Je pense
particulièrement à la France et à la Belgique et
possiblement, même, à l'Allemagne. Finalement, pour le moment,
nous visons à embrasser le marché asiatique par Hong Kong, et
cela s'adresse au volet que vous voulez discuter plus tard. Mais, chose
certaine, nous regardons avec un grand sérieux la Chine continentale et,
j'ouvrirais peut-être même une petite parenthèse, sous
certains aspects, la Corée.
M. Parent (Bertrand): Vous avez mentionné Hong Kong. Du
côté des pays asiatiques, je n'ai pas eu la chance de faire cette
visite où il y avait une mission commerciale qui s'est organisée
l'automne dernier. Je discutais, pas plus tard qu'hier soir, avec le
président de RO-NA, M. Dion, qui en revient et qui veut y retourner. Il
me mentionnait toutes les possibilités qu'on pouvait avoir à
Shanghaï même. Est-ce que vous avez des actions précises?
M. MacDonald: À Shanghaï? M. Parent
(Bertrand): Oui.
M. MacDonald: À Shanghaï même, il faut dire
qu'il y a des interventions canadiennes et québécoises qui se
sont faites depuis un certain nombre d'années; par exemple,
Montréal a un protocole d'entente, un jumelage si vous voulez, avec
Shanghaï. L'Institut Armand-Frappier est intervenu avec une
université et certains laboratoires sur des échanges
d'informations et des possibilités de transactions commerciales
également.
Je n'ai pas à vous faire l'histoire de ce phénomène
qui se présente à nous. C'est 1 000 000 000 de personnes et plus,
c'est un quart de la population de l'univers qui ouvre ses portes et qui est
très réceptif. Il faut être, comme vous le savez,
très patient. II ne faudra pas s'attendre, comme certains l'ont fait,
à des résultats immédiats et à des transactions
majeures. Mais c'est un marché où nous avons un accueil
sympathique et qu'on se doit d'exploiter.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Pour cette
direction-là, cela complète mes questions.
Direction du secrétariat
Je passerais à une autre des directions qui est le
secrétariat. On passe d'un budget de 1 035 000 $ à 480 000 $,
soit une baisse de plus de 500 000 $ et, en pourcentage, c'est assez
impressionnant: 53 %. Si le cahier explicatif des crédits du
ministère donne cette diminution de 53 % des crédits de
secrétariat par la non-reconduction, entre autres, si j'ai bien compris,
de l'aide financière accordée à la SEREQ en 1985-1986,
est-ce que je pourrais savoir quels étaient, au cours de l'an
passé, les crédits qui étaient dévolus à la
SEREQ de ce montant?
M. Paradis (François): Les montants étaient de 651
200 $ et ont été alloués en deux versements.
M. Parent (Bertrand): Donc, l'année passée, on
avait, si je comprends bien M. Paradis, 651 000 $ qui étaient
versés à la SEREQ.
M. Paradis (François): 651 200 $ qui ont été
versés en fonction des CT. (16 h 30)
M. Parent (Bertrand): Si je comprends bien, cette année,
avec l'écart de 551 000 $, on se retrouve avec des coupures de
crédits additionnelles au niveau du secrétariat.
M. Paradis (François): C'est que la grande partie des
coupures provient effectivement... Si vous ajoutez 651 200 $ au montant de 480
000 $, vous revenez à peu près au même budget que l'an
dernier. Dans le cas de la SEREQ, le CT, dans sa décision rendue le 3
septembre 1985 - le CT 158219 - autorisait des crédits de cet ordre et
prévoyait, au bout d'un an, une réévaluation des besoins
financiers au niveau de la SEREQ. Donc, pour le moment, les budgets ne sont pas
prévus; ce sont des budgets non récurrents à
l'intérieur du ministère.
M. Parent (Bertrand): Pourrait-on, à ce stage-ci, nous
dire ce qui advient de la SEREQ?
M. MacDonald: Oui, nous avons demandé à nos
collègues de remettre en question la réalité de la SEREQ.
La SEREQ, comme vous le savez, a été formée en vue
d'inventorier les ressources pédagogiques québécoises et
de les mettre à la disposition des consultants et conseillers
québécois oeuvrant à l'étranger qui pourraient
avoir besoin, dans l'exécution d'un mandat, de compétences
particulières et non pas d'être, comme la SEREQ, a
été perçue par certains de ces consultants, comme un
compétiteur.
La raison d'être de la SEREQ, comme entité appartenant au
gouvernement du Québec, vient de la nécessité d'être
capable de compétitionner un organisme français qui s'appelle la
Société française d'exportation des ressources
éducatives et un organisme belge qui s'appelle Centre de
coopération en formation. Ces deux organismes étrangers ont
réellement très bien supporté, et ce, depuis très
longtemps, des organismes privés ou semi-privés de leur pays et
leur ont permis d'obtenir, particulièrement en pays en voie de
développement, des contrats très importants. Donc, l'idée
de créer la SEREQ était excellente, mais la façon dont on
a voulu l'orienter, du moins dans les mois ou les temps qui ont
précédé notre venue à ce ministère,
était perçue, comme je l'ai mentionné auparavant, comme de
la compétition à des organismes qui pouvaient, eux,
réellement organiser et dispenser des contrats, mais se servir des
services de la SEREQ.
Nous avons donc l'intention, actuellement, basés sur les
données qui nous ont été remises par nos collègues,
de conserver SEREQ, de conserver probablement l'entité juridique, le
corps corporatif SEREQ, de nous assurer par les véhicules existants et
d'autres dont nous avons pris connaissance de posséder un inventaire des
ressources pédagogiques, particulièrement les ressources
spécialisées que le Québec pourrait avoir et pourrait
mettre à la disposition de contractants à l'extérieur, de
garder, dis-je bien, l'entité, l'inventaire et de nous assurer que
ladite entité et l'inventaire sont connus de ceux qui pourraient les
utiliser.
M. Parent (Bertrand): Quand devrait-on connaître la vraie
ou la nouvelle mission de la SEREQ? Avez-vous une période...?
M. MacDonald: C'est l'un des dossiers qui doivent être
étudiés le 9 mai, comme je l'ai mentionné. Il doit
être déposé par ceux qui en avaient la
responsabilité spécifique. Quant aux modalités qui
entoureront les principes généraux que je vous ai
mentionnés, il n'y a pas de raison que, au cours des mois qui vont
suivre, cela ne soit pas mis en pratique et on pourrait vous communiquer
facilement la décision finale sur le sujet.
M. Parent (Bertrand): Merci. La SEREQ est-elle toujours
dirigée, si je puis dire, actuellement par un conseil d'administration
même avec sa réorientation?
M. MacDonald: Oui, il y a un conseil d'orientation qui est
formé effectivement de quatre membres, ce qui est une réduction
des sept qui existaient auparavant. Les quatre membres sont gardés en
fonction des règlements de la constitution, si vous voulez, ou des
règlements de la compagnie dite SEREQ. Le président de la
compagnie est M. Pruneau, le sous-ministre.
M. Parent (Bertrand): Avez-vous l'intention de garder ce conseil
d'administration à quatre membres au lieu de sept ou si...
M. MacDonald: C'est possible et il est possible que je me serve
des sept. Je vais attendre justement le document qui présente un certain
nombre de scénarios et qu'on doit recevoir le 9 mai. Il me fera plaisir
de répondre à cette question lorsqu'on aura pris connaissance des
recommandations.
M. Parent (Bertrand): Je vous remercie beaucoup, M. le ministre.
Cela répond, en ce qui me concerne, à l'aspect
secrétariat.
Le Président (M. Baril): Est-ce qu'il y a des
questions?
Une voix: Non.
Le Président (M. Baril): Suivant.
M. Parent (Bertrand): Si vous me permettez 30 secondes.
Le Président (M. Baril): Oui.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Alors,
peut-on poursuivre, M. le ministre?
M. MacDonald: Certainement.
M. Parent (Bertrand): Cela va? Ce n'est pas trop douloureux?
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Parent (Bertrand): Avec la permission du président,
j'aborderais... Ah! il y a changement de président...
M. Cannon: Changement de président.
Direction générale de
l'administration
M. Parent (Bertrand): À la Direction
générale de l'administration, on a une augmentation de 9 %,
passant de 4 300 000 $ à 4 700 000 $, soit un écart favorable de
392 000 $. Â combien se chiffrent les crédits qui devaient
justifier ces 9 % d'augmentation, selon le cahier explicatif des
crédits, d'une part, concernant le développement du
système d'informatisation, l'informatique, et, d'autre part, les
paiements qui doivent aller à la SIQ? Est-ce qu'on peut avoir la
ventilation à ce sujet?
M. MacDonald: Oui, c'est, grosso modo, environ 500 000 $ pour
l'informatique et 200 000 $ à la SIQ.
M. Parent (Bertrand): Environ 200 000 $ à la SIQ et...
M. MacDonald: 500 000 $, filière informatique.
M. Parent (Bertrand): J'aimerais savoir si le Conseil du
trésor a levé l'autorisation qu'il avait accordée l'an
dernier pour procéder à l'implantation du système
d'information, de gestion et d'acquisition des équipements requis.
M. MacDonald: Oui.
M. Parent (Bertrand): Cela a été levé?
M. MacDonald: Cela a passé par le processus dont on vous
avait informé à ce moment-là: retour au Bureau central de
l'informatique, appréciation du programme suggéré, etc.,
retour au secrétariat du Conseil du trésor et, finalement,
approbation.
M. Parent (Bertrand): Dans le cas de la SIQ, si ma mémoire
est bonne, on avait l'an dernier des crédits additionnels de 1 200 000
$. Cette année, vous parlez de 200 000 $. Ces 200 000 $ sont-ils en
addition?
M. MacDonald: En addition.
M. Parent (Bertrand): Alors, j'imagine que ces espaces serviront
à des bureaux additionnels à Montréal, à
Québec? À quel endroit, M. le ministre?
M. MacDonald: Ce ne sont pas des bureaux additionnels.
D'ailleurs, le seul changement qu'on fait au point de vue des bureaux, c'est
d'essayer de reconcentrer les différents éléments du
ministère. Mais les 200 000 $ que vous voyez ici sont des augmentations
de factures, si vous voulez, de tarifications provenant de la SIQ.
M. Parent (Bertrand): Pour bien comprendre le 1 200 000 $ qui est
venu en crédits additionnels l'an dernier...
M. MacDonald: 1 400 000 $, je crois.
M. Parent (Bertrand): ...c'était 1 200 000 $. Comment ce
montant va-t-il réapparaître cette année? Est-il
traité à part?
M. MacDonald: Non. Allez-y, monsieur.
M. Paradis (François): Le 1 400 000 $ de loyers pour
l'année 1986-1987 est dans les crédits de 23 604 000 $ qui
apparaissent à la page 39 du cahier qui vous a été
remis.
M. Parent (Bertrand): D'accord, pour l'enveloppe des 23 000 000
$, sauf qu'il ne se retrouve pas entièrement dans l'enveloppe des 4 700
000 $, si je comprends bien.
M. Paradis (François): Si, il se retrouve
entièrement dans l'enveloppe des 4 700 000 $.
M- Parent (Bertrand): D'accord. Alors, si on fait le calcul,
à toutes fins utiles, ce n'est pas une augmentation, parce que, quand je
prenais le budget de l'année passée, j'excluais ce montant de 1
200 000 $ qui était, si on veut, traité à part, parce
qu'il est venu en addition...
M. Paradis (François): Effectivement.
M. Parent (Bertrand): ...il est venu pardessus ie montant de 24
000 000 $ initial. Cette année, vous me dites que la somme de 1 200 000
$, plus 200 000 $, 1 400 000 $ de la SIQ, les loyers et tout cela, entre dans
l'enveloppe de vos 4 700 000 $. Donc, à toutes fins utiles, vous avez
environ 800 000 $ de réduction, si on prend les mêmes points de
comparaison. Vous avez 400 000 $ en plus, parce que les chiffres apparaissent,
vous avez 1 200 000 $ qui n'étaient pas là dans les mêmes
chiffres comparatifs l'année passée. Donc, vous avez à
cette Direction générale de l'administration, chiffres arrondis,
environ 800 000 $ de moins pour manoeuvrer. Est-ce exact?
M. Paradis (François): Non.
M. Parent (Bertrand): Non? Bien, expliquez-moi cela.
M. Paradis (François): Non. C'est que le montant de 1 200
000 $ est incorporé dans les 4 345 000 $ de 1985-1986. Donc, c'est un
écart de 200 000 $ qu'il faut voir. Voyez-vous, on passe de 4 345 000 $
à 4 738 000 $. Il y a 200 000 $ de loyer additionnel, alors qu'il y a un
écart de
400 000 $ à expliquer, voyez-vous?
M. Parent (Bertrand): Oui, cela va. Vous avez raison. Les
comparaisons faites, c'est avec les 29 000 000 $. Les 4 300 000 $
étaient dans les 29 000 000 $, et non dans les 24 000 000 $. Merci.
M. Paradis (François): C'est cela.
M. Parent (Bertrand): Le ministre pourrait-il dire s'il a
maintenu, en matière de développement des ressources humaines, le
plan qu'avait élaboré le ministère l'année
dernière, notamment en ce qui concerne l'apprentissage des langues
étrangères?
M. MacDonald: Oui, certainement et...
M. Parent (Bertrand): Vous en avez fait un peu mention, mais
j'aimerais savoir un peu plus vers quoi cela se dirige et quelle enveloppe
budgétaire sera affectée à cette dimension.
M. MacDonald: Le programme se continue et j'y prends part. S'il y
avait certaines modifications à apporter à l'heure actuelle, en
cherchant le montant, ce serait peut-être de laisser un peu moins de
liberté - je fais attention à ce que je dis - mais plutôt
chercher à orienter ou à encourager les gens vers des langues qui
pourraient être plus utiles plutôt que vers des langues plus
agréables ou plus faciles à apprendre. Mais c'est un excellent
programme qui va continuer. Le montant prévu: environ 50 000 $ par
rapport à 60 000 $. Le montant est nécessaire, compte tenu de
l'enthousiasme et de l'intérêt qu'il y a, et, de plus, des
équipements ont été achetés.
M. Parent (Bertrand): Pourrait-on savoir, M. le ministre, vers
quelle langue vous vous dirigez?
M. MacDonald: J'apprends l'espagnol et je devrais apprendre le
chinois. Cela répond aux deux volets.
M. Parent (Bertrand): Si jamais on se rencontre ici même
l'année prochaine, j'espère que vous ne me parlerez pas en
chinois lors de l'étude des crédits.
J'aimerais savoir ce que signifie dans le cahier explicatif des
crédits, toujours la même référence, l'expression
"rationalisation des procédés administratifs de gestion" qui est
utilisée?
M. MacDonald: J'ai une définition, mais je vais laisser M.
Paradis parler sur ce plan technique.
M. Paradis (François): Où est-ce que vous retrouvez
cette...
M. Parent (Bertrand): L'avant-dernier article.
M. Paradis (François): Alors, effectivement, dans le cadre
du développement du système d'information et de gestion du
ministère, qui essentiellement consiste à doter le
ministère de l'informatique mais de façon intégrée,
il est évident - le député le comprendra - qu'ilfaut absolument procéder à une révision des
procédés administratifs qui supportent actuellement le
fonctionnement du ministère, pour passer, si je peux dire, d'un mode
manuel traditionnel à un mode informatique. Alors, comme il est d'usage
en pareille situation, l'ensemble des procédés qui
régissent le fonctionnement du ministère devront être
revus; que ce soit les procédés qui ont trait au traitement des
demandes d'aide adressées au ministère comme les
procédés administratifs au sens pur, j'ai l'impression que tout
va y passer. C'est une des priorités, d'ailleurs, de la Direction
générale de l'administration dans le domaine de l'informatisation
du ministère en 1986-1987. (16 h 45)
M. Parent (Bertrand): Merci. En terminant sur cette
direction-là, est-ce que vous pourriez un peu expliquer les 500 000 $
qui vont au développement du système? En quoi cela va-t-il
consister?
M. Paradis (François): Le développement du
système, ce sont essentiellement des honoraires, des contrats de
services qui doivent être négociés avec des entreprises
privées, les firmes de consultants pour développer nos
systèmes.
M. Parent (Bertrand): Ce sont strictement des honoraires.
M. Paradis (François): Ce ne sont pas strictement des
honoraires, mais au moins 75 % de cela, ce sont des honoraires. Il y a
évidemment, à côté de cela, des crédits
prévus pour la formation de nos différents fonctionnaires, leur
initiation à l'informatique et, aussi, aux subtilités du
système qui va être implanté.
M. Parent (Bertrand): Je vous remercie. C'est tout pour cette
direction.
Direction générale des programmes
d'aide
On va passer à l'autre direction, qui est la Direction
générale des programmes d'aide, où l'on retrouve un
morcellement d'environ 3 000 000 $. Plus exactement, c'est 2 800 000 $,
soît une coupure de 30 %. On a, à l'intérieur de la
Direction générale des programmes d'aide, trois
directions, trois services: la Direction de l'aide financière, le
Service aux industries culturelles et la Direction des services aux
entreprises. Ma question serait la suivante. Dans cette diminution de 30,6 %
des crédits à cette Direction générale des
programmes d'aide, selon le cahier des crédits, l'explication qu'on en a
c'est que ce sont des crédits non récurrents de 1 800 000 $
autorisés au cours de la dernière année pour des
programmes APEX. J'aimerais savoir un peu plus ce qui arrive, d'une part,
à propos de l'autre million et comment cela est imputé par
rapport aux crédits actuels.
M. Mayotte (Harold): Mon nom est
Harold Mayotte. Je suis directeur général des programmes
d'aide.
Lorsqu'on regarde les chiffres qui sont avancés ici, il faut
comprendre que c'était par rapport au budget, si vous voulez, ce que
nous avions budgétisé en 1985-1986, à toutes fins utiles.
Ce qui est arrivé, c'est que nous n'avons pas dépensé, au
niveau de nos budgets d'aide, les montants qui avaient été
budgétisés pour les APEX.
Donc, si on regarde les montants dépensés en 1985-1986 et
effectivement payés, nous en arrivons à des subventions
accordées de 3 016 403 $ par rapport, cette année, à un
budget accordé de 2 998 000 $. Â toutes fins utiles, on peut
parler, au niveau du budget APEX, d'aide à l'entreprise, d'à peu
près les mêmes budgets qui sont accordés. Cela va?
Trois raisons expliquent pourquoi, l'an dernier, nous n'avons pas
dépensé les budgets qui avaient été avancés.
D'une part - il faut reculer un peu dans le temps - en 1984-1985, il y avait eu
dépassement budgétaire, à toutes fins utiles, au niveau du
budget APEX. C'est-à-dire que nous avions, à ce moment-là,
promis de payer, si vous voulez, des subventions qui, finalement, nous ont
amenés au début de 1985-1986 à ralentir le rythme des
engagements puisqu'on avait des dépassements budgétaires qui nous
arrivaient de 1984-1985. Première raison. Donc, durant les trois
premiers mois de 1985-1986, ralentissement, sélectivité beaucoup
plus forte au niveau des gens qui ont fait une demande financière chez
nous.
Deuxième raison, les entreprises n'ont pas dépensé
100 %, nécessairement, des budgets ou des montants qu'elles se
proposaient de dépenser. Donc, forcément, cela affectait les
montants que le ministère versait, puisque nous versons un pourcentage
des budgets dépensés.
Troisièmement, dans le cadre du programme APEX - marketing, qui
est un projet qui se déroule sur une période de 12 mots,
l'Industrielle nous présente un projet, maintenant, avec lequel on est
d'accord. C'est évident que c'est un projet qu'on remboursera pendant
les 12 prochains mois.
Donc, encore une fois c'est un programme qui, bien qu'engagé en
1985-1986, sera probablement payé en 1986-1987. Lorsqu'on regarde la
diminution effective du budget, c'est par rapport aux engagements des
années dernières et non par rapport aux montants versés.
Cela va?
M. Parent (Bertrand): Cela va. D'après les chiffres que
j'ai, du 1er avril 1985 -donc de l'année financière qui
était en cours encore - au 28 février 1986, sur une
période de 9 ou 10 mois, il y aurait eu...
M. Mayotte: 11 mois.
M. Parent (Bertrand): Février, mars, avril, alors 10 mois.
Avril à février?D'accord, 11 mois, vous avez raison.
Excusez-moi. Il y aurait eu 778 demandes adressées à APEX, dont
seulement 400 auraient été approuvées. Est-ce que c'est
exact ces données-là?
M. Mayotte: C'est exact.
M. Parent (Bertrand): C'est exact. À ce que vous semblez
dire, les 378 autres demandes qui sont dans la machine vont arriver finalement,
ou ont-elles été refusées?
M. Mayotte: Elles ont été refusées.
M. Parent (Bertrand): Si je comprends bien, vous avez
accepté environ 50 %, grosso modo, des demandes?
M. Mayotte: 400 sur 778, à peu près, oui.
M. Parent (Bertrand): Les critères que le ministre a
mentionnés précédemment, voulant être plus
sélectifs... Est-ce qu'il y a moyen de savoir un peu vers quoi on se
dirige pour rendre moins ouvert cet outil qu'est l'APEX, et qui est bien
apprécié des gens d'affaires? Peut-être que dans certains
cas il est mal utilisé, mais, quels vont être les critères
de sélection qui font que ça semble se resserrer de ce
côté-là?
M. MacDonald: J'ai mentionné dans le discours d'ouverture,
si on peut employer ce terme pour l'exposé que j'ai fait,
qu'effectivement nous allions resserrer. Je pense que vous avez
été à même de constater qu'un bon nombre
d'entreprises qui ont atteint un degré de maturité et de
rentabilité qui fait qu'elles n'ont plus besoin, pour percer les
marchés étrangers, et d'une façon rentable, de ces
programmes d'introduction que sont ces programmes APEX. Je ne voudrais pas
nommer des entreprises, mais vous en connaissez très bien, comme moi,
qui, il y a cinq ans, devaient être aidées sous
différentes
formes par le gouvernement du Québec et, depuis quelques
années, par le ministère du Commerce extérieur pour
pénétrer ces marchés. Aujourd'hui leur rentabilité
fait qu'elles sont capables de se payer les présences aux expositions,
les recherches de marché qu'elles peuvent faire, en "joint venture" ou
seules, etc., les explorations de milieu, sans que nous soyons obligés
de leur consacrer des montants d'argent. Elles ont les moyens de le faire,
elles sont rentables et elles peuvent continuer d'être rentables. Les
quelques ressources que nous avons, nous voulons les consacrer à des
nouveaux venus, à des consortiums qui pourraient se former, de plus
petits, mais qui, ensemble, offriraient suffisamment de
crédibilité financière et de capacité de production
pour pouvoir s'adresser à des marchés, mais qui auraient besoin
de ce coup de pouce additionnel que représentent les programmes
APEX.
M. Parent (Bertrand): M. le ministre, le critère de
rentabilité d'une entreprise ne sera pas le critère de base pour
accepter ou refuser une entreprise sous le volet APEX?
M. MacDonald: Cela ne sera pas le seul critère. Cela
pourrait être un critère. Je n'ai pas de formule
définitive. Tout ce que je sais, c'est que les montants disponibles sont
limités et qu'il y en a qui en ont plus besoin que d'autres À
l'heure actuelle, c'est un programme que j'appellerais universel,
nécessairement à l'intérieur de certains paramètres
et je prétends qu'il y a un certain nombre d'entreprises qui se sont
prévalues des programmes et qui pourraient actuellement s'en
prévaloir mais qui en ont beaucoup moins besoin que d'autres. Â
l'intérieur de ceci il faut chercher, en toute justice et en toute
équité, à pouvoir aider ceux qui en ont réellement
besoin pour les lancer. Si vous voulez que je prenne un exemple, M. Pruneau
m'en suggère un, Hydro-Québec International avait droit, à
ma connaissance, de se prévaloir du programme APEX. Je pense
qu'Hydro-Québec International a les ressources nécessaires pour
financer sa démarche à l'extérieur du pays. Ce n'est pas
vrai de plusieurs petites entreprises que vous connaissez.
M. Parent (Bertrand): Je suis d'accord avec ce que vous
mentionnez, sauf que ma préoccupation, M. le ministre, même si une
entreprise est en bonne situation financière, même si c'est une
PME en croissance, est qu'il faudrait s'assurer, et ma recommandation irait
dans ce sens, qu'une entreprise qui veut vraiment percer pour une
première fois un marché, tant qu'elle n'a pas réussi
à faire sa percée, pourrait y avoir droit lorsqu'elle a, comme on
dit, ses premiers ancrages. Il y en a qui reviennent pour aller un peu plus
loin; là, cela pourrait peut-être être plus sélectif,
mais il ne faudrait pas que, sur la base de la rentabilité, parce que
l'effet du programme APEX vécu est très incitatif, des
entreprises qui sont en bonne santé financière mais que
l'exportation pour aller faire des foires, pour aller faire des voyages, des
missions, n'intéresse pas parce qu'il faut qu'elles mettent la main dans
leur poche... Le fait qu'il y ait un incitatif chez APEX, je pense, peut les
amener finalement à franchir cette première barrière et
voir qu'il y a une possibilité pour leurs produits de
pénétrer ces marchés-là. Le critère d'abord
et avant tout d'entreprises dans le domaine des PME, et non pas
nécessairement des grandes ou des multinationales parce qu'elles ont
sauvent des moyens et des enveloppes budgétaires nécessaires, le
critère incitatif pour la PME en général, peu importe son
état financier, devrait à mon avis primer.
M, MacDonald: Bien, j'épouse facilement tout ce que vous
avez dit, et je reprends, en fait, quelques mots que vous avez utilisés,
à savoir que les programmes doivent être incitatifs mais pas une
récompense.
M. Parent (Bertrand): D'accord; alors, c'est de moins en moins la
formule subvention, cadeau. Est-ce que, dans ce cadre, toujours, des programmes
APEX, il y aura dps limitations quant aux zones géographiques dont on a
parlé tantôt ou si, peu importe le marché ou la
démarche qui veut être faite de la part de l'entrepreneur ou d'un
chef d'entreprise d'aller dans tel ou tel marché... Est-ce que vous
allez être sélectif au point de ne pas accorder un programme APEX,
si c'est dans une région où vous pensez, vous autres au
ministère et avec l'expertise, qu'il n'y a pas de possibilité
mais ou lui pense qu'il y en a? Est-ce que cela peut aller
jusque-là?
M. MacDonald: Ce n'est pas seulement une question de
possibilité, non plus. Les programmes APEX à l'heure actuelle se
qualifient très bien à l'intérieur du Canada. Je doute que
nous continuions à accorder des crédits sous le programme APEX
pour de la prospection en Ontario, pour vous donner un exemple, et
peut-être dans certaines autres régions du Canada. Je doute
également de ce que j'appellerais en bons termes français des
"very long shot deals" dans un pays quelconque. Il faudrait réellement
le peser. Il faut absolument, compte tenu des ressources de toutes sortes qui
sont limitées, concentrer à des endroits ou la rentabilité
sera au maximum, pas nécessairement une rentabilité à
court terme. Il va falloir faire des investissements, vous le savez comme moi,
qui produiront peut-être à moyen ou à long terme, mais il
va falloir réellement viser des endroits où on peut
espérer la plus grande
rentabilité,
M. Parent (Bertrand): Est-ce qu'on peut avoir l'assurance du
ministre et de son ministère quant à la rapidité qu'on
doit apporter sur ces programmes, c'est-à-dire entre le moment de la
demande d'aide et le moment où on peut donner l'approbation parce que,
souvent, les PME ne planifient pas leurs voyages six ou douze mois d'avance? Je
pense que cette rapidité ou cette flexibilité pour être
capable de dire: Oui, vous êtes admissible, pour que les
déboursés se fassent assez rapidement... Est-ce qu'on peut
être assuré que cela va aller -je pense que cela allait
relativement bien -même en s'améliorant? C'est important. Le
découragement des dirigeants d'entreprise d'aller vers des programmes
d'aide, surtout lorsqu'on parle d'exportation... Ils disent: C'est complexe,
cela me prend trop de temps et je les laisse tomber, finalement. Je pense que
la rapidité d'exécution est importante, je ne sais s'il y a
quelque chose de mis en marche de ce côté-là. (17
heures)
M. MacDonald: J'ai dit dans mon exposé du début que
l'ensemble de l'activité du ministère serait placé sous le
titre de "service à la clientèle". C'est un objectif. C'est une
devise. C'est une réalité que nous voulons présente. C'est
une entente que nous avons avec la direction du ministère. Cela va nous
caractériser. Le ministère du Commerce extérieur et du
Développement technologique, lorsqu'il sera organisé de la
façon que nous le voulons et doté des outils qui seront
implantés, sera un ministère qui sera connu pour la
qualité de son service.
M. Parent (Bertrand): Excellent. On a mentionné
tantôt le programme APEX, la dimension APEX-marketing. Est-ce qu'il y
aura des changements ou des modifications? Parce que, si j'ai bien compris,
c'est une espèce de programme sur douze mois. Est-ce qu'il y a des
modifications ou une nouvelle orientation quant à APEX-marketing ou si
ce sont sensiblement les mêmes règles d'opération que
celles de l'année dernière?
M. MacDonald: Je peux le demander à M. Pruneau, mais,
auparavant, j'aimerais faire une déclaration d'ordre
général. Dans mon optique, tous les programmes sont
continuellement en révision, si je peux employer le terme. Pas
quotidiennement, même pas mensuellement, mais périodiquement, on
se doit de revenir à la base et de se demander quelle est la pertinence
d'un programme dans la forme où il est dispensé.
Plus spécifiquement, sur la question du marketing, allez-y
donc.
M. Pruneau: Nous avions ramené le programme APEX-marketing
à une période de douze mois parce que le programme qu'il y avait
au début n'avait pas de clause de fin de subvention et cela nous a
causé plusieurs problèmes. Il y a des compagnies qui sont
revenues trois ou quatre ans après avec des programmes de mise en
marché très changés, mais elles étaient toujours
admissibles au remboursement de leurs factures. Donc, pour faciliter la
compréhension du programme par les entreprises et aussi pour
expédier de façon plus rapide les remboursements de frais, nous
avons demandé aux entreprises de prévoir leur percée de
marché sur douze mois.
Pour l'instant, je pense que nous allons continuer, à la suite de
ce que le ministre a dit en termes de révision des programmes, à
garder une période de douze mois comme étant ta période
maximale dont l'entreprise peut bénéficier pour mettre son
produit en marché.
M. Parent (Bertrand): Je vous remercie. Dans le cadre de la
coopération franco-québécoise, j'aimerais, M. le ministre,
que vous nous entreteniez quelque peu sur le programme ACTIM, soit le programme
d'aide à l'industrie.
M. MacDonald: Je dois vous avouer que je ne suis pas aussi
familier que certains de mes collègues avec ce programme en particulier,
malgré que j'en aie discuté récemment avec le ministre du
Commerce extérieur français, M. Michel Noir. Mais je pense que
j'aimerais mieux demander à M. Mayotte de commenter avec plus de
précision.
M. Mayotte: Ce programme, que vous connaissez bien,
prévoit des échanges entre les entreprises françaises et
les entreprises québécoises et vise surtout la conclusion
d'accords industriels. C'est un programme pour lequel, l'année
dernière, nous avons dépensé 196 000 $ du
côté québécois et autant du côté
français, puisque c'est un programme à frais partagés,
50-50. Nous avons généré 90 dossiers, à peu
près moitié-moitié du côté français et
du côté québécois, à toutes fins utiles. Il
s'agit donc de mettre des sociétés en relation l'une avec
l'autre. Une société québécoise recherche, par
exemple, des partenaires ou, en tout cas, en termes de technologie, un accord
industriel, un accord de fabrication ou un accord de technologie comme tel.
Elle va nous faire une demande. Elle va nous demander quelles sont les
sociétés qui sont dans son domaine, au Québec ou en
France, dans le cas inverse, et qu'elle pourrait rencontrer.
Ce sont donc des missions individuelles, pour la plupart, que nous
subventionnons chez les entreprises. Nous payons le billet d'avion et une
partie des frais de séjour de ces gens-là. Cela peut aller
jusqu'à trois
personnes par compagnie, au besoin, si la personne a besoin de se faire
assister parfois par son comptable ou par son avocat, peu importe.
Comme résultat, cela a créé 91 emplois que l'on
peut répertorier à l'heure actuelle au Québec. Donc, c'est
un petit programme qui, somme toute, n'est pas très dispendieux et qui,
en regard de l'argent investi, nous rapporte passablement d'argent et
passablement de bénéfices puisque nous avons créé,
M. le député, 91 emplois, en 1984-1985, avec ce programme.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, comment se comporte
cette enveloppe, cette année, comparativement à celle de 196 000
$ de l'année dernière?
M. Mayotte: Cette année, c'est essentiellement le
même budget, è toutes fins utiles. Nous avons prévu 212 000
$, je pense. Mais c'est un programme qu'on est en train de relancer, cette
année, et nous essayons d'en faire la promotion parce que ce programme
est un peu moins connu des industriels québécois et il comporte
des avantages évidents. Cette année, on a l'intention d'en faire
davantage la promotion, de sorte qu'il soit davantage utilisé. Mais le
budget est sensiblement le même.
M. Parent (Bertrand): Je vous remercie. Pour bien le
circonscrire, son but particulier est d'en venir à des accords
industriels entre les deux parties.
M. Mayotte: Le but avoué est celui-là. Accords de
fabrication ou transferts de technologie.
M. Parent (Bertrand): Je vous remercie. Je fais peut-être,
ici, une petite digression, M. le ministre, mais cela a un lien et c'est une
chose qui me préoccupe quelque peu. Dans la présentation du
cahier, on retrouve à la page 2, au paragraphe "Selon l'article 8",
toute la mission du ministère du Commerce extérieur et, à
la page 3, on dit essentiellement que le mandat du ministère du Commerce
extérieur, c'est sous quatre thèmes: la promotion des biens, le
développement technologique, la prospection des nouveaux investissements
et la coordination gouvernementale. Ma préoccupation est que,
l'année dernière - pour faire référence, d'une
part, au rapport annuel du ministère du Commerce extérieur - on
avait cette même présentation à l'exception que, dans les
quatre thèmes mentionnés comme étant la synthèse du
mandat du ministère du Commerce extérieur, il y avait un
élément qui s'appelait la conclusion d'accords industriels. Je
voudrais savoir pourquoi cela a sauté. On l'a remplacé par le
développement technologique, et je le comprends, parce que c'est
l'élargissement du mandat, mais on aurait dû, au moins
prévoir que, dans la mission et dans le mandat du ministère du
Commerce extérieur, se retrouve ce point aussi fondamental qui est la
conclusion d'accords industriels et qu'on a fait littéralement sauter
dans la présentation.
M. MacDonald: C'est là, c'est explicite, c'est notre
mission. Cela pourrait être ajouté facilement.
M. Parent (Bertrand): Donc, cela a été...
M. MacDonald: II n'y a aucune volonté d'exclure, au
contraire.
M. Parent (Bertrand): Donc, cela fait encore partie de vos
priorités...
M. MacDonald: Certainement.
M. Parent (Bertrand): ...cette conlusion d'accords industriels
qui se retrouvait la synthèse...
M. MacDonald: Oui.
M. Cannon: D'habitude, sous l'ancien gouvernement, il n'y en
avait pas beaucoup; alors, c'est peut-être pour cela que
c'était...
M. Parent (Bertrand): M. le député...
Le Président (M. Baril): À l'ardre, s'il vous
plaît!
M. Parent (Bertrand): Cela complète les questions que j'ai
à cet élément-là. Je continue avec le
deuxième volet toujours dans la Direction générale des
programmes d'aide, si vous le permettez, M. le ministre, le Service des
industries culturelles. Avec une réduction des crédits, tel qu'on
la voit à la Direction générale des programmes d'aide, le
ministère pourra-t-il toujours collaborer à la promotion
d'industries culturelles québécoises dans des manifestations
d'envergure, comme il l'a fait dans le passé? En bref, je voudrais
savoir si le ministère va continuer d'être présent, entre
autres, au Marché international des programmes de
télévision, aux festivals cinématographiques de Cannes ou
de Berlin, aux foires internationales du livre, aux marchés du disque.
Ceci revêt-il un caractère important dans le mandat ou dans la
mission du ministre?
M. MacDonald: Cela revêt un caractère très
important et je suis content que vous m'ouvriez la porte au domaine culturel.
En réponse directement à votre question, à savoir si nous
allons participer encore à des événements importants, la
réponse est oui. Mais nous allons pousser notre action plus
loin en cherchant à avoir une complicité avec le
ministère des Affaires culturelles et ses représentants, directs
ou indirects, que nous retrouvons dans les délégations
québécoises à l'étranger, de façon que la
présence culturelle à Paris, à Bruxelles, à Londres
ou à New York, pour citer quelques exemples, se traduise à ta
fois par l'expression de la réalité culturelle
québécoise dans ce milieu et aussi par la vente de produits
culturels québécois.
Nous aimerions être capables de mobiliser les gens qui font
certainement un excellent travail de présentation de films, d'exposition
de peintures et de présentation de nos artistes dans ce milieu, avec
également une idée mercantile quant aux produits de culture
québécoise qui sont de première qualité et qui
méritent de recevoir notre appui total, non seulement celui du
ministère des Affaires culturelles, mais également celui du
ministère du Commerce extérieur travaillant avec le
ministère des Affaires culturelles.
M. Parent (Bertrand): Est-ce que je pourrais savoir quel est le
montant dévolu à ce Service des industries culturelles cette
année, par rapport à l'an dernier? Est-ce qu'on pourrait avoir
les chiffres? Soit-dit en passant, j'aimerais l'avoir, car j'ai oublié
de vous le demander au début, pour fins d'analyse.
M. MacDonald: Le chiffre de l'année dernière
était de 418 516 $. Cette année, vous y retrouvez une
augmentation de presque 10 %, c'est-à-dire qu'il sera de 460 241 $.
M. Parent (Bertrand): C'est pour les industries culturelles.
M. MacDonald: Le Service des industries culturelles.
M. Parent (Bertrand): Cela passe de 418 000 $ à 460 000 $
à ce chapitre. Est-ce que vous pourriez, M. le ministre, me donner,
pendant qu'on y est, la comparaison aussi quant aux deux autres, soit la
Direction de l'aide financière...
M. MacDonald: Oui. À l'aide financière, vous vous
rappellerez que, pour des raisons qui ont d'ailleurs été
mentionnées par M. Mayotte, il y avait dans le budget 1985-1986, de
façon non récurrente, des montants pour finalement retrouver un
total qui avait été planifié de 7 815 000 $. Cette
année, le budget est de 4 196 000 $.
M. Parent (Bertrand): 4 196 000 $ cette année à
l'aide financière par rapport à quelle enveloppe de l'an
passée?
M. MacDonald: De 7 800 000 $, mais qui était assortie des
particularités qui vous ont été expliquées.
M. Parent (Bertrand): Dans la troisième, Direction des
services aux entreprises, le comparatif?
M. MacDonald: Là, il y a une augmentation sensible. Vous
aviez, en 1985-1986, 1 384 000 $ et vous allez retrouver cette année, en
1986-1987, 1 520 000 $, encore là une augmentation d'un peu plus de 10
%.
M. Parent (Bertrand): Je vous remercie, M. le ministre. Cela
répond à mes questions sur ce point. Il me reste toujours dans
cette direction, si vous le permettez, M. le Président, la Direction des
services aux entreprises où vous venez de me fournir des informations
quant à l'augmentation par rapport à l'an dernier.
Est-ce que le ministère, à la suite de ces crédits
pour la Direction des services aux entreprises, pourra poursuivre son
rôle de formation en organisant des cours ou des séminaires
à l'exportation? Je crois qu'il y en a eu environ 26 l'an passé.
Aurez-vous tous les outils nécessaires pour poursuivre?Garderez-vous la même approche face à l'expérience de
l'année passée?
M. MacDonald: La réponse est oui. J'aimerais penser qu'on
sera capable d'accentuer le nombre de cours. Mais j'aimerais penser
également qu'on pourra faire une certaine pénétration
à l'intérieur des universités et des écoles de
sciences de l'administration, et, en collaboration avec les professeurs de ces
universités, peut-être leur permettre d'accentuer la
réalité internationale chez leurs étudiants.
Il y a, comme vous le savez très bien, quelques véhicules
privilégiés tels que l'AlESEC. Dans le contexte d'une
école telle l'École des hautes études commerciales, si
l'on tient compte de ce que nous considérons être la pierre
angulaire du développement de l'économie du Québec au
cours des années à venir, c'est-à-dire le commerce
extérieur, il est un peu étrange de retrouver à peine 25
ou 30 étudiants dans le contexte de l'AIESEC par rapport aux 800 que
nous retrouvons dans la première année ou aux 1500 qu'on pourrait
considérer comme des candidats. (17 h 15)
Avec mes collègues et également probablement avec d'autres
intervenants, que ce soit l'Association des manufacturiers canadiens, que ce
soit la Chambre de commerce de la province ou la Chambre de commerce de
Montréal, revenant à ce thème que nous mentionnions
auparavant, à savoir que le ministère n'est pas là
seulement pour Montréal, mais qu'il doit également rayonner
en régions, nous aimerions accentuer la sensibilisation de tous
les milieux à la réalité exportation.
M. Parent (Bertrand): À ce chapitre, est-ce que les
montants sont les mêmes ou s'il y a une augmentation strictement pour
l'aspect formation?
M. MacDonald: Là, vous tombez dans un détail que,
personnellement, je n'ai pas devant mou Je peux le demander à M.
Mayotte.
M. Mayotte: Effectivement, si nous incluons dans la formation le
programme COMEX, qui est le programme de formation en entreprise des finissants
universitaires en commerce international, en 1985-1986, nous avions 34 982 $,
plus le programme COMEX comme tel, donc 35 000 $, plus 261 000 $, ce qui
faisait une somme, grosso modo, de 350 000 $, Cette année, on y
dépense la même chose, soit 261 000 $ pour le paiement des
salaires, si vous voulez, des gens qui font partie de COMEX. Je pense à
un montant d'environ 40 000 $ pour les frais inhérents à ce cours
et, au niveau formation, je pense que nous sommes autour de 70 000 $, à
toutes fins utiles, cette année.
M. Parent (Bertrand): Le programme COMEX-50, enfin, vise comme
tel l'intégration des finissants universitaires au niveau de
l'entreprise. Face aux résultats que l'on obtient avec cela et face
à la volonté de vouloir de plus en plus faire à nos jeunes
finissants universitaires une place dans l'entreprise, est-ce que ce
créneau ne mériterait pas, M. le ministre, d'être
accentué non seulement par la promotion que vous pourriez en faire par
l'entremise des organismes dans les milieux universitaires, mais aussi avec les
outils financiers? En effet, il y a peu de gens qui sont conscients du fait
que, si on réussit à sensibiliser et à intégrer ces
gens-là aux entreprises et à les amener à la dimension ou
à la préoccupation exportation, on sème une
génération nouvelle de gens qui pensent à cela.
M. MacDonald: Je crois qu'à l'heure actuelle on utilise au
maximum les ressources pédagogiques. Egalement, nous avons réussi
à dispenser les cours en régions. Tout ceci pour dire que, oui,
je serais d'accord avec vous que, si nous disposions de ressources diverses,
nous aimerions accentuer ce programme. Dans l'établissement des
priorités de l'aide à l'entreprise, certainement que la formation
de personnel se sentant familier avec la réalité exportation doit
primer et, si on faisait des réallocations ou dans la planification
future, oui, je verrais à y accorder une priorité.
M. Parent (Bertrand): Merci. Dans le cadre du nouveau mandat - je
sais qu'on aura la chance de revenir demain soir à la dimension du
développement technologique -comme on nous l'explique dans le cahier des
crédits, M. le ministre, il y a un accroissement des activités
visant à favoriser l'accès des entreprises
québécoises aux technologies étrangères et
l'exportation de technologies québécoises. Sans augmentation -
parce qu'il y a une diminution globale de 2,8 %, mais on sait qu'elle vient
particulièrement d'un secteur - avec ces nouvelles activités du
développement technologique qui vous sont conférées et qui
vous sont données, comment serez-vous capable de manoeuvrer avec des
responsabilités additionnelles, mais sans enveloppe budgétaire
additionnelle?
M. MacDonald: II y a deux éléments importants.
D'abord, les crédits que vous avez devant vous sont affectés au
Commerce extérieur et non pas au Développement technologique. Ces
crédits-là ne sont pas encore transférés du
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science, d'une
part; d'autre part, une fois ces crédits transférés, il va
falloir, assurément, procéder par rationalisation.
Permettez-moi de vous donner un exemple. La semaine dernière,
à différentes réunions - ils en ont eu trois avec le
président ministre de la région de la Wallonie, région
où nous avions conclu, vous vous le rappelez probablement, en 1985, une
entente de coopération et d'échanges technique et
économique, ils ont effectivement identifié des secteurs de
coopération à privilégier. Déjà, à
l'intérieur de ceci et compte tenu de la présence du
Québec à la Foire de Liège, il y a eu des rencontres. Dans
les discussions spécifiques avec M. Wathelet, tenant compte de son
préjugé favorable à concentrer principalement nos
relations sur le développement technologique, il est allé plus
loin et il a dit: J'aimerais effectivement que nous privilégiions le
secteur de la biotechnologie.
Il y a déjà des organismes en place, il y a
déjà des rencontres qui sont prévues. Cela veut dire
qu'à l'intérieur de ces rencontres ils vont préparer des
dossiers, sensibiliser les gens, de part et d'autre, du côté
wallon ou du côté québécois, faire l'inventaire
d'entreprises qui auraient avantage à faire des échanges
technologiques, à se parler et à chercher le plus rapidement
possible à produire des "joint ventures".
Je donnais hier un exemple. Je vais vous le mentionner parce que c'est
un organisme connu. L'Institut Armand-Frappier, qui possède une
expertise reconnue mondialement dans la fabrication de vaccins pour
l'hépatite, doit s'adresser à des marchés qui demandent
des vaccins composés. Ils ont, par l'entremise de rencontres qui ont
été
provoquées dans ces contextes, rencontré avec des
manufacturiers belges qui, eux, avaient une expertise plus poussée dans
le domaine. Je ne voudrais pas que le Dr Rivard me corrige sur le plan
technique et vous ne m'en tiendrez pas rigueur, mats j'ai compris que
c'était une spécialisation dans la fabrication de vaccins contre
la rougeole et la rubéole. À toutes fins utiles, il en est
résulté que les scientifiques, ensemble, en sont venus à
la conclusion que, s'ils mariaient leurs connaissances particulières et
l'excellence qu'ils ont chacun dans son domaine, ils pouvaient faire une
association qui pourrait fabriquer ces produits au Canada et en Belgique, et
même ensemble les vendre à des pays tiers qui, à l'heure
actuelle, demandent ce genre de produits composés.
Ce sont des gestes concrets de "joint venture" qui vont se traduire par
ce que nous recherchons tous, c'est-à-dire des "jobs" qui ne peuvent pas
venir du jour au lendemain, mais qui sont certainement amorcées par ces
rencontres multiples. Si on décide, dans un secteur donné, de
viser l'excellence ou de viser un domaine en particulier, je pense qu'on peut
accélérer le processus de transfert de technologie et,
éventuellement, de création de "jobs".
M. Parent (Bertrand): Je vous remercie, M. le ministre de ces
explications. M. le Président, cela complète les questions que
j'avais à poser sur cette Direction générale des
programmes d'aide. Je ne sais pas s'il y a des questions de l'autre
côté ou si cela va.
Le Président (M. Baril): Non.
Direction générale des relations
économiques avec l'extérieur
M. Parent (Bertrand): Alors, avec votre permission, je vais
passer, M. le Président, à la Direction générale
des relations économiques avec l'extérieur, qui est une
direction, pour ne pas dire malade, amputée: 57 %, 3 900 000 $ de
coupures. Comparaison faite: 6 839 000 $, l'année passée à
ce chapitre et on retrouve 2 900 000 $ cette année. Il y a une coupure
de tout près de 4 000 000 $ à l'intérieur de cette
Direction générale des relations économiques avec
l'extérieur. Étant donné qu'il y a trois directions ou
sous-directions, la Direction de la politique commerciale, la Direction des
études et analyses et la Direction de la coopération
économique, j'aimerais, M. le ministre, que vous puissiez nous dire, sur
une base comparative, cette année, pour chacune de ces directions, quels
sont les chiffres comparatifs afin qu'on puisse les analyser.
M. MacDonald: M. le député, vous avez
remarqué dès le départ, un écart majeur qui
s'explique assez bien compte tenu de subventions non récurrentes qui
étaient incluses dans les chiffres de 1985-1986, à savoir, entre
autres, les 3 000 000 $ qui ont été la contribution du
ministère à l'offre de Bombardier pour la vente au gouvernement
belge de véhicules militaires Iltis. Il y a eu également des
projets de BG Checo, en Malaisie et BG Checo en Équateur. Vous avez une
intervention de Cegelec qui lui a permis de faire des ventes en Chine. Vous
avez également une intervention d'ASEA en Chine et, finalement, un
projet de Tecsult pour 100 000 $. Si on fait rapidement l'addition de tout
ceci, vous avez un montant de 4 200 000 $ inclus dans ces chiffres de 1985-1986
qui sont non récurrents.
M. Parent (Bertrand): C'est donc dire, M. le ministre, que si de
pareilles demandes sont faites à nouveau, on devra aller chercher des
crédits supplémentaires.
M. MacDonald: Oui, certainement. II faudrait les soumettre au
Conseil du trésor et peut-être aller au fonds de suppléance
pour des projets spéciaux.
M. Parent (Bertrand): Dans ce fonds de suppléance auquel
on a fait appel au dernier exercice, comme vous l'avez mentionné, pour
tout près de 4 000 000 $, pour aider différentes entreprises et,
à ce que je sache, dans certains cas, cela a porté fruit, est-ce
qu'il y a une limite? Si jamais on doit revenir à ce fonds de
suppléance pour aller chercher ces crédits, on pourra le faire,
je ne dis pas sans limite, mais avez-vous un plafond? Avez-vous des balises de
ce côté ou si c'est totalement ouvert?
M. MacDonald: Non, je ne crois pas qu'il y ait de plafond comme
tel. Cela dépend précisément des retombées
économiques d'un tel projet» Le montant que vous remarquez pour
Bombardier, 3 000 000 $, était une aide apportée à un
contrat de 68 000 000 $ et avait pu susciter des questions si nous avions
pensé strictement à un seul et unique marché. Mais il y
avait la possibilité d'entrer dans le marché belge, à un
moment où on percevait que tout était perdu, que le contrat
appartenait à Mercedes et que Bombardier n'y était pas. Il n'y
aucun doute que la part du gouvernement du Québec a permis d'obtenir ce
premier contrat.
Maintenant qu'il y a cette entente avec Volkswagen Belgique, entre
autres, nous pouvons voir que Bombardier, sans nécessairement avoir
besoin de notre aide, se prépare à soumissionner probablement
pour 2500 ou 3000 véhicules additionnels pour l'armée hollandaise
à partir des infrastructures et de la base qu'il a pu établir en
Belgique grâce
à cette aide. C'était un montant très important et
je ne vois pas de dossiers de 3 000 000 $ se présenter à tous les
jours. Mais je crois que cela valait la peine à ce moment et que les 3
000 000 $ ont des chances d'être amortis sur un nombre de
véhicules beaucoup plus grand que strictement le contrat belge.
Je vous réponds en vous disant: II y a les limites du bon sens,
mais vis-à-vis des dossiers qui représenteraient des
retombées économiques valables pour le Québec, je
regarderais en premier heu l'ensemble du dossier et des retombées
économiques avant de cerner le montant à l'intérieur de
certaines limites.
M. Parent (Bertrand): Je vous remercie, M. le ministre, pour ces
explications et particulièrement pour celles ayant trait à
Bombardier. Je pense que cela est important parce qu'il y avait une
décision à ce moment-là de l'ex-gouvernement d'accorder
sur une aide substantielle qui risque, je pense, si on a une vision non
seulement à court terme, mais à long terme, d'avoir des
retombées importantes. Je suis content de vous entendre dire aujourd'hui
que ce sont non seulement des gestes qu'il fallait faire, mais que, s'il se
présente des dossiers similaires, vous agirez dans le même
sens.
Très brièvement, est-il possible d'avoir des
renseignements, M. le ministre, sur BG Checo? Quels sont les
développements de ce dossier-là? Ce sont des dossiers que j'ai eu
moi-même à approuver et non sans difficulté parce qu'ils
représentaient certains éléments de risques. Y aurait-il
une possibilité de savoir ce qui arrive?
M. MacDonald: Dans les détails... Jacques,
peut-être?
M. Brind'Amour (Jacques): Jacques Brin-d'Amour, directeur
général des relations économiques avec l'extérieur.
En fait, il y a deux ans, il avait été convenu avec BG Checo de
la possibilité de réaliser six projets à
l'étranger, basés sur la technique du fil de garde.
Jusqu'à maintenant, effectivement, il y a deux projets: un en
Équateur et un en Malaisie, pour lesquels les contrats ont
été signés. Vous pouvez remarquer que, dans le
crédits périmés, certaines sommes touchent
particulièrement ces contrats, vous avez cela dans l'autre cahier. C'est
tout simplement les modalités des contrats qui font qu'on verse une
première tranche à la signature du contrat et des tranches
ultérieures lorsque les équipements sont livrés et
lorsqu'on reçoit les rapports et, bien sûr; cela ne tient pas
compte de l'année financière du gouvernement. (17 h 30)
Nous avons également deux autres projets avec Checo dans deux
autres pays, dont un en Amérique latine et un en Asie pour les
mêmes fins. Pour ce qui est des sommes qui devaient être
prévues pour d'autres projets, j'imagine qu'il faudra voir avec le temps
si la technologie du fil de garde conserve toujours l'avance qu'elle avait il y
a 2 ans.
M. Parent (Bertrand): Est-ce qu'il est possible, une fois les
explications données sur les 4 000 000 $ spéciaux de
modifications de cours d'année, de donner, sur une base comparative, les
3 directions? Est-ce qu'on peut avoir les sommes allouées à la
Direction de la politique commerciale l'année passée et cette
année, sur des bases comparatives?
M. MacDonald: Oui, je pourrais vous les donner comme je vous
l'avais donné pour la direction générale
précédente. Si on regarde la Direction de la coopération
économique comme telle, vous aviez, en 1985-1986, un montant de 1 135
000 $ qui se compare, cette année, à 1 439 000 $. À la
Direction de la politique commerciale, vous aviez, l'année
dernière, 425 000 $ qui se comparent, cette année, à 385
000 $. Finalement, à la Direction des études et analyses, en
1985-1986, c'était 403 000 $ et, cette année, c'est 622 000 $. Il
s'agit d'une augmentation assez substantielle. Cela veut dire que, pour
l'ensemble de la direction générale, vous retrouvez un total,
cette année, de 2 900 000 $ qui se comparent à 2 568 000 $ pour
l'année dernière, ce qui représente une augmentation de 13
%.
M. Parent (Bertrand): Je vous remercie pour ces données.
Toujours à l'intérieur du premier volet, Direction de la
politique commerciale, j'aimerais savoir du ministre s'il remet ou non en
question le rôle, sinon l'existence même du secrétariat au
CMPDE chargé de la coordination interministérielle du dossier des
négociations commerciales et internationales.
M. MacDonald: Non, pas du tout. Je ne le remets pas en question.
Il y a une interrelation entre le CMPDE et la Direction des relations
économiques et il n'y a pas, à ma connaissance, de
dédoublement.
M. Parent (Bertrand): Relativement aux conditions d'accès
au marché québécois pour les exportateurs, quelles sont
vos orientations, entre autres, quant aux obstacles au commerce entre les
provinces et quant à la levée des quotas pour les importations de
chaussures? On va les prendre un après l'autre. Quels sont les obstacles
au commerce mterprovincial?
M. MacDonald: C'est un aspect des relations intergouvemementales
canadiennes
qui relève de mon collègue, M. Johnson, de l'Industrie et
Commerce. Je peux vous en parler dans le contexte plus spécifique de
notre responsabilité eu égard aux négociations
bilatérales ou multilatérales d'échanges commerciaux qui
s'en viennent. Le premier défi, sans aucun doute, pour les gouvernements
canadiens - je parle des gouvernements provinciaux - c'est de diminuer ces
barrières tarifaires ou - elles sont plutôt non tarifaires, mais
il y en a certaines que j'appellerais tarifaires qui existent entre les
provinces. Les préférences d'achats sont souvent
accentuées pour développer une ou des compagnies, ou un ou des
secteurs. Si nous ouvrons nos yeux plus grands et acceptons le fait que
l'économie canadienne ne vit pas et ne peut pas vivre en vase clos et
que des alliances, que j'appellerais canadiennes plutôt que purement
régionales et provinciales, ne peuvent plus être laissées
comme elles sont, il faut donc que nous profitions de ce défi qui nous
est présenté de faire bloc canadien ensemble vis-à-vis des
États-Unis et vis-à-vis des 98 autres partenaires commerciaux
avec lesquels nous aurons à négocier au GATT. Il faut absolument
que l'on profite de cette occasion pour avoir une bien meilleure
coopération entre les provinces et un mouvement beaucoup plus libre des
biens, des services et des personnes à l'intérieur de
l'économie canadienne.
C'est ma philosophie générale. Elle présente
énormément de difficultés, mais je crois que nous avons
une occasion en or - je le répète - dans le contexte de la venue
de ces négociations commerciales d'améliorer la situation.
M. Parent (Bertrand): Nous aurons la chance d'y revenir beaucoup
plus longuement ce soir lorsqu'on parlera du libre-échange, mais je
comprends très bien vos propos, M, le ministre. Cependant, je pense que
ce ne sont pas vos collègues ici, ni moi, qu'il faut convaincre.
Peut-être que le travail sera à faire auprès de vos
collègues des autres provinces, afin qu'ils puissent penser dans un
bloc, comme vous le dites.
M. MacDonald: Je pense qu'on a tous un effort à faire
là-dedans.
M. Parent (Bertrand): J'aimerais connaître vos orientations
quant à la récente levée des quotas annoncée au
chapitre des importations de chaussures et qui risque déjà, en
tout cas, selon les premiers chiffres qui m'ont été remis,
vraiment d'avoir des conséquences très néfastes. Quelle
est l'orientation de votre ministère quant à la levée des
quotas sur les importations de chaussures?
M. MacDonald: Je pense que vous avez là un exemple parfait
pour signifier que nous ne pouvons pas garder indéfiniment des
protections artificielles de certains secteurs de l'industrie. Lorsqu'un pays
comme le nôtre impose des quotas d'importation ou une forme quelconque de
contrôle des importations, c'est également un signal aux
entreprises qui sont dans le même domaine qu'il faut absolument se
moderniser. Que vous regardiez des périodes de cinq, sept ou de dix ans
et même de quinze ans, il est certain - c'est un axiome - qu'un jour on
devra se moderniser si on veut être capables de concurrencer. Le petit
marché local ne restera pas un petit marché local, si on veut
penser expansion et exportation. Je reviens toujours aux mêmes termes.
D'aucune façon, nous ne pouvons espérer maintenir à
l'intérieur du Québec et du Canada le niveau de vie que nous
avons sans élargir considérablement notre capacité
d'exporter. Il faut, lorsqu'on reçoit des signaux semblables, prendre
les mesures nécessaires de transition, mais quand même prendre les
mesures nécessaires à l'intérieur des industries et les
aider, s'il le faut, par des programmes gouvernementaux, à se mettre
à la page avec le reste du monde afin de concurrencer. J'admets avec
vous qu'il y a des domaines où le coût de la main-d'oeuvre et une
disponibilité des matières premières à des
coûts considérablement inférieurs à ceux qu'on
connaît ici peuvent rendre les choses plus difficiles. Mais vous savez
comme moi -et j'ai pu l'observer plus particulièrement dans les derniers
mois - qu'il y a des entreprises québécoises dans le domaine de
la chaussure qui ont réalisé que, dans un style particulier, tant
dans le design que dans la fabrication, un pays, pour n'en nommer qu'un,
l'Italie, pouvait prétendre à l'excellence et que, localement, on
ne pouvait le concurrencer. Certains manufacturiers ont tout simplement
observé leur marché, changé leur type de fabrication et se
sont concentrés dans d'autres domaines où ils pouvaient
être rentables. Ils sont aujourd'hui très rentables et très
concurrentiels. Ils ont compris le signal. Il y en a d'autres qui ont
été plus lents. Les ressources n'étaient pas disponibles,
non plus que la capacité de former des "joint ventures", ou appelez-les
comme vous le voudrez. Mais il y a une chose certaine et je le
répète: II ne faut absolument pas se cacher et penser que nous
pouvons conserver éternellement une industrie à l'abri des quotas
d'importation ou d'une tarification douanière et ce, pendant très
longtemps.
M. Parent (Bertrand): Je vous remercie de vos propos. Je ne peux
pas les partager entièrement, mais je suis d'accord avec vous sur
plusieurs points. Il faut que nos entreprises de ce secteur mou, comme on
l'appelle, réagissent et abordent peut-être
leur marché d'une façon différente.
Cependant, vous disiez tantôt qu'à la suite de cela il y a
une réaction qui se produit actuellement parce qu'ils sont placés
devant les faits accomplis. Il y a des soubresauts importants dans l'industrie
de la chaussure manufacturière actuellement. Vous avez mentionné
que le gouvernement devrait peut-être, de façon temporaire ou
intermédiaire, intervenir. Est-ce que vous avez l'intention d'intervenir
de façon spécifique pour apporter une aide pendant cette
période de transition et à la suite de cet état de choc
qui se produit actuellement? C'est un exemple, mais il y aura d'autres domaines
qui vont aussi avoir des levées de quotas. Est-ce qu'il va y avoir des
actions précises de posées vis-à-vis de certains
manufacturiers qui sont affectés actuellement?
M. MacDonald: Je crois que c'est une action qui, si elle doit
être prise, doit être prise par le ministère de l'Industrie
et du Commerce. Si l'action dudit ministère permet d'améliorer la
compétitivité de ces entreprises, à ce moment-là
notre ministère interviendra pour leur permettre d'exporter.
M. Parent (Bertrand): Toujours à propos des quotas et des
importations, M. le ministre, vous savez sans doute, mais j'aimerais
peut-être le porter une fois de plus à votre attention, qu'il y a
actuellement certaines entreprises qui connaissent très bien le
roulement ou le fonctionnement de ce qui peut être passé à
côté des quotas. Actuellement, on réussit à rentrer
des souliers et des bottes qui, parce qu'ils ont une finition intérieure
d'une telle façon, passent à côté des quotas et ne
sont pas considérés comme étant un produit fini de telle
ou telle façon. Alors quelques personnes connaissent, comme on dit, les
trucs du métier. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu d'avoir un
resserrement? J'ai discuté pas plus tard que la semaine passée
avec un manufacturier dans ce domaine-là. Il disait qu'il y a tellement
peu de différence que c'est rendu une vraie risée, que beaucoup
d'importateurs passent totalement à côté des balises et des
normes qui sont établies autant pour les quotas que pour les tarifs
douaniers.
M. MacDonald: Je n'aime pas passer, comme on dit en "canayen", le
"bucket" aux autres, mais c'est vraiment un dossier qui relève de la
compétence fédérale. C'est à eux que devraient se
faire les remarques et les observations.
M. Parent (Bertrand): En tant que ministre, vous aurez
certainement à les véhiculer auprès du gouvernement
fédéral.
M. MacDonald: C'est très probable.
M. Parent (Bertrand): J'aimerais connaître les orientations
que le ministre entend prendre lors de la renégociation des accords de
Multifibres qui viennent à échéance en juillet 1986.
M. MacDonald: Je vais vous répondre de la façon
suivante: Je n'ai pas de position définitive. Nous sommes à
réviser le contexte et nous nous servons des avis de M. Warren et
d'autres avis demandés aux ministères responsables. Nous sommes
à formuler une position définitive. Cela ne sert à rien de
broder sur le sujet. Dès que nous aurons une position, soyez
assuré que je vous informerai de la position du ministère.
M. Parent (Bertrand): J'apprécierais, M. le ministre. Dans
le prochain "round" de négociations sur les accords du GATT, à
l'automne prochain, quelles sont les représentations que vous ferez
auprès des autorités fédérales pour assurer la voix
et les intérêts du Québec?
M. MacDonald: Vous avez sûrement pris connaissance des
documents que nous avons distribués concernant les organisations en
place, du gouvernement du Québec, prenant part à ces
négociations bilatérales et multilatérales.
Ce que nous entendons faire... J'ai bien compris que vous faisiez
allusion aux bilatérales Canada-États-Unis. Vous faites
particulièrement allusion aussi à ce que pourrait être une
définition de la pleine participation du Québec à ces
négociations. Notre interprétation est claire, je crois qu'elle
l'a été, et cela me fait plaisir de la répéter.
Nous voulons être présents et partie des discussions
interprovinciales et fédérales sur la formulation des mandats
à être donnés à l'ambassadeur canadien, M. Riesman,
pour qu'il ait une fourchette, un mandat dis-je bien, une position à
laquelle nous aurons contribué pleinement pour aller discuter des
secteurs un par un et de l'ensemble de la position canadienne. (17 h 45)
Nous voulons également être informés
régulièrement, en tout temps, de l'évolution des
négociations, tant sur les parties, ou groupes de parties, que sur
l'ensemble. Nous voulons être présents à l'approbation des
ententes qui pourront intervenir, tant dans les parties, que l'ensemble des
parties et la totalité de l'entente. Nous avons dit et nous
répétons qu'être en pleine participation dans ces
négociations ne signifie pas être assis à la table à
Washington, quel que soit l'endroit où se tiendront ces réunions.
C'est plutôt, et sans que j'aie besoin de le répéter,
exactement ce que je vous ai mentionné aux différentes
étapes des négociations.
II y a lieu de réaliser que le gouvernement canadien ne peut pas
se présenter à la table de négociations avec onze parties
à table, pour la simple et unique raison que les Américains ont
eux-mêmes mentionné qu'ils n'avaient pas l'intention de se
présenter avec l'ambassadeur Yeutter ou son collègue, M. Murphy,
et 50 représentants des États américains. C'est un
non-sens. Cela ne se négocie pas de cette façon. Les
Américains ont rajouté, c'est extrêmement important de se
le rappeler, je crois que M. Reagan, cette semaine, dans une lettre
adressée à M. Yeutter, a mentionné - non, je crois que
c'était au sénateur Packwood - que, dans son optique à
lui, il faudrait absolument qu'une entente intervenue entre le gouvernement
canadien et le gouvernement américain signifie explicitement que cette
entente lie les provinces.
Je reviens donc à une déclaration déjà faite
et que nous aurons probablement à refaire très souvent, le
défi numéro un, c'est l'établissement du mandat canadien.
Ce sont les provinces et le gouvernement fédéral qui doivent
comprendre que, contrairement à la majorité des différends
que nous avons eus, que nous aurons et qui étaient une certaine
contemplation ombilicale pour des problèmes purement canadiens, il y a
à l'heure actuelle une tierce partie de l'autre côté de la
frontière et que ce ne sont pas les règlements de comptes entre
nous qui sont importants, ce sont des règlements d'une position
canadienne pour faire face à une tierce partie.
Ce n'est que précurseur et il faut s'habituer à
travailler. Je dois dire que ie gouvernement canadien, !ors des
dernières négociations du GATT, Tokyo Round, a pris -ce qu'il
n'avait pas fait au préalable - l'avis des provinces. Au
ministère du Commerce extérieur et du Développement
technologique, il y a des collègues qui ont expliqué et
participé à soumettre la position du Québec aux
négociateurs fédéraux dont, en passant, dans ce
temps-là, M. Warren, qui était le chef de la
délégation canadienne et qui est maintenant le principal
conseiller du gouvernement du Québec en matière de
libéralisation des échanges.
Il y a déjà un précédent, et le point que je
veux démontrer est le suivant. Tout cet exercice que nous devons faire
eu égard aux négociations bilatérales qui pourraient
commencer au cours des prochains mois est un excellent préambule
à l'exercice qui suivra, c'est-à-dire les négociations du
GATT, la ronde Punta Del Este qui va se négocier à Genève
sûrement durant trois ou quatre ans.
M. Parent (Bertrand): Je vous remercie. Dans le cadre des
rencontres fédérales-provinciales qui traitent
particulièrement des questions d'expansion des exportations, comment le
Quebec se situera-t-il par rapport à la stratégie nationale des
exportations du gouvernement canadien?
M. MacDonald: C'est une question intéressante sur laquelle
on pourrait spéculer ou faire de la politique. Il est certain que les
Québécois sont représentés à Ottawa par, si
je ne me trompe pas, 58 députés chez les ministériels et
un certain nombre de ministres. De plus, nous nous servons de tous les
véhicules qui nous sont offerts pour présenter
régulièrement ce que nous considérons être dans
l'intérêt du Québec, sans pour autant exprimer un esprit de
clocher.
Nous avons l'intention de continuer à nous assurer que l'on prend
en considération la réalité québécoise et ce
que nous avons à offrir dans le contexte canadien. Je pense qu'il ne
faut pas se leurrer. Nous avons des disparités régionales qui
existent et qui existeront toujours. Je vais même employer une expression
qui n'est peut-être pas parlementaire, on est dans un monde de "preneux"
et non pas dans un monde de "donneux". Il va donc falloir être certain
d'être toujours présent aux discussions, de bien
représenter le Québec et d'avoir l'assurance des retombées
qu'on mérite.
M. Parent (Bertrand): Cela complète, pour l'instant, ce
premier volet de la Direction de la politique commerciale. Toujours à la
Direction générale des relations économiques avec
l'extérieur, quel rôle sera dévolu à la Direction
des études et analyses, communément appelée la DEA,
à l'amorce des négociations sur le libre-échange?
M. MacDonald: M. Brind'Amour, vous pouvez répondre.
M. Brind'Amour: La direction va apporter un soutien en termes
d'identification de secteurs à haut potentiel, en termes
d'identification d'impact sectoriel en collaboration avec d'autres
ministères sur certains secteurs à la suite de l'évolution
de la négociation. Il s'agit d'un soutien qu'on va offrir comme tous les
ministères qui ont une boîte d'études et analyses. C'est
tout.
M. MacDonald: Je peux rajouter, M. le député de
Bertrand, que le directeur de la politique commerciale, M. Carl Grenier, est
une de ces personnes qui avaient participé à représenter
le Québec et les intérêts du Québec dans cette ronde
de Tokyo. M. Grenier fait partie du secrétariat que nous avons mis en
place dans toute cette histoire de libéralisation des échanges.
Ce sont quelques personnes seulement, mais ce sont des personnes
compétentes et expérimentées qui vont puiser, aux endroits
où elles le doivent, les renseignements dont elles ont
besoin.
M. Parent (Bertrand): Est-ce qu'il y a eu des commandes
très spécifiques qui ont été faites au plan des
recherches concernant...
M. MacDonald: Oui, il y en a eu plusieurs. Je peux vous dire que
nous avons demandé au ministère de l'Industrie et du Commerce,
nécessairement, au ministère des Finances - quand je dis "nous",
je parle du sous-comité ministériel que je préside, qui a
la responsabilité eu égard au dossier sur le libre-
échange et c'est ce secrétariat qui le supporte - et
également au ministère du Commerce extérieur, pour
certains créneaux, leurs positions eu égard aux
négociations qui doivent venir. Nous avons également
demandé à des ministères directement impliqués dans
tout ceci, à savoir le ministère des Affaires culturelles, te
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, le
ministère des Affaires intergouvernementales canadiennes
nécessairement, le ministère de l'Énergie et des
Ressources sous ses trois volets: énergie, forêts et mines, au
ministère des Finances et au ministère des Communications de bien
vouloir nous présenter leur point de vue concernant les secteurs qui les
intéressent plus particulièrement.
M. Parent (Bertrand): Face à ces commandes, M. le
ministre, il y a un dossier que vous connaissez bien; c'est le rapport de
quelque 600 pages, qui est entre les mains du ministre de l'Industrie et du
Commerce et qui n'a pas été rendu public. J'imagine que, en tant
que collègue, vous en avez pris connaissance. Je comprends difficilement
qu'à ce stade-ci, même si le ministre n'est pas d'accord, au point
où on en est rendus, en avril 1986, ce rapport ne soit pas rendu public
et que, finalement, on apprenne les principaux éléments de ce
rapport par la revue L'Actualité des derniers jours.
Quelle est votre position par rapport à cela? Est-ce que vous ne
pensez pas qu'il serait normal que votre collègue ou que vous-même
déposiez ce rapport?
M. MacDonald: Je sympathise avec votre question, mais,
connaissant votre grande expérience en matière de
négociations, vous savez très bien qu'il y a des
subtilités, parfois, qui ne doivent pas être rendues publiques
avant que vous soyez à la fin ou à la toute fin des
négociations. Je vais également rajouter que, dans ces
études, il y en avait qui étaient valables, il y en a d'autres
qui étaient passables et il y en a d'autres, je crois, pour être
poli et gentil, qui nécessitaient que le domaine soit
revisité.
Ceci étant dit, je suis certain, à un moment donné,
que les études pourront être rendues publiques. Je suis d'avis et
je crois que vous partagez également mon avis que, tant et aussi
longtemps qu'on ne sera pas engagés dans les négociations et que
nous n'aurons pas conclu une entente à l'avantage du Québec, il y
a lieu de ne pas semer, à tous les vents, ce qui pourrait être des
éléments de stratégie ou de tactique dans notre
négociation.
M. Parent (Bertrand): Je comprends, M. le ministre, sauf que ce
qui peut faire peur actuellement, c'est justement qu'il y a des bribes qui sont
sorties dans la revue L'Actualité. Vous pourrez les lire, si vous ne
l'avez pas fait. Même si le rapport n'est pas rendu public, il reste que
tout le monde risque d'être alarmé parce qu'on passe par le club
des gagnants, celui des perdants; toutes les industries y passent. Les pertes
d'emplois, on peut s'imaginer... Je comprends très bien la position du
ministre du Commerce extérieur et du Développement technologique
quand il dit qu'on ne peut pas dévoiler tout cela. Vous savez, quand on
fait face à la situation à laquelle on fait face ces jours-ci, un
sujet aussi chaud que celui du libre-échange, je pense qu'il est
important qu'il y ait au moins des déclarations pour faire certaines
mises au point. Sinon, vous aurez des journalistes des médias qui vont
broder cela à leur façon ou qui vont faire de la
spéculation.
Je trouve cela un peu dommage parce que le but que vous recherchez, que
vous défendez et que je comprends très bien... Si j'étais
à votre place, j'imagine que j'agirais de la même façon,
sauf qu'à partir du moment où il se passe un
événement comme celui-là on n'a pas tellement d'autre
choix que de livrer les morceaux, à mon avis.
M. MacDonald; II est certain que vous et moi apprenons, depuis
quelques mois, la réalité d'être cités hors contexte
- pour moi, c'est encore plus vivace, c'est d'aujourd'hui -et de voir les
interprétations données à des rapports qui peuvent
même être pris intégralement...
Il y a aussi un autre aspect important dans tout ceci, c'est que ces
études, dont vous avez probablement entendu parler ou pris connaissance
indirectement, ne concernent qu'un aspect négatif, si je peux employer
le terme, c'est-à-dire une analyse étroite de ce que pourrait
être un scénario tragique dans un secteur industriel donné
qui ne regarde en aucune façon, par contre, comment, dans d'autres
secteurs une plus grande libéralisation des échanges avec les
Etats-Unis ou avec d'autres pays pourrait signifier expansion de nos affaires,
création d'emplois, recherche et atteinte d'excellence dans d'autres
domaines, etc.
Nous ne pouvons pas spéculer sur les
résultats ou les concessions que nous pourrions obtenir des
États-Unis. Je vais prendre un exemple. S'il y avait un
relâchement aux États-Unis du "Buy America", qui permettait - un
autre exemple - aux entrepreneurs canadiens d'intervenir dans toute cette
révision ou ce réaménagement de la structure
routière américaine, qu'est-ce que cela pourrait signifier chez
nous comme retombées? Mais on fait de la spéculation à ce
moment-ci et c'est en négociations qu'on réussira peut-être
à faire quelque chose. Si vous n'êtes pas capable d'expliquer ou
de parler en termes de centaines ou de milliers d'emplois qui pourraient
être générés par une plus grande
libéralisation et que vous dites, dans une étude ponctuelle, dans
un secteur donné qu'il y aura perte de 1293 emplois si telle chose
arrive, là, ce n'est pas équilibré. C'est fausser la
perspective de l'ensemble du dossier de la libéralisation des
échanges. Ce n'est qu'une autre raison pour ne pas livrer ces dossiers
à l'interprétation de qui voudra les interpréter sans en
regarder l'autre facette.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, j'imagine qu'on
doit suspendre les travaux à 18 heures. Peut-être une
dernière question sur ce point. Je me permettrais de suggérer
ceci au ministre - il pourrait faire de même avec son collègue -
il faudrait au moins que le milieu des affaires soit calmé
temporairement à la suite des explications que vous donnez, parce que je
vous assure, pour avoir reçu quelques appels
téléphoniques, que les gens s'inquiètent beaucoup, et
c'est tout à fait normal quand on apprend des bribes de cette
façon. Ils ont l'impression que cela cache un tas d'autres choses.
M. MacDonald: II n'y a aucun doute, M. le député de
Bertrand, que nous avons une grande responsabilité, comme gouvernement,
et peut-être encore plus comme ministre du Commerce extérieur et
du Développement technologique, d'informer le public. Je vais vous
donner un petit exemple en quelques secondes. Je possède actuellement
deux études, relativement brèves - je parle d'un certain nombre
de pages - dans le domaine de la mode et de la fabrication de vêtements.
Ce sont des études signées par des personnes reconnues dans leur
milieu comme étant très compétentes et crédibles.
Dans ces deux documents, j'ai constaté les deux extrêmes, les deux
antipodes: d'une part, la très grande tragédie et la disparition
de l'ensemble de l'industrie, et, d'autre part, la panacée par
excellence et l'ouverture des marchés. C'est même la confirmation
que le Québec, à l'heure actuelle, excelle dans sa
capacité et dans sa réalisation d'exportation de mode vers les
États-Unis. C'est pour vous dire que je suis sensible aux
représentations qui vous ont été faites, parce qu'elles me
sont faites régulièrement également.
Le Président (M. Baril): Merci. Il est 18 heures et la
commission suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 3)
Le Président (M. Baril): La commission reprend ses
audiences et poursuit l'étude des crédits du ministère du
Commerce extérieur et du Développement technologique. Je m'en
viens bien.
M. MacDonald: Entendu.
Le Président (M. Baril): Est-ce qu'on parle de temps? Si
on a à prendre tout notre temps pour compléter nos cinq heures,
on devra se rendre à 22 h 20. La parole est à vous. M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): M. le Président. Je pense que c'est
un soir où le sport national est plus à la mode que la politique,
mais le devoir oblige. Veuillez croire qu'on ne retardera pas les choses pour
rien, sauf qu'on va essayer de passer rapidement à travers les
différents dossiers. Nous en étions donc à la Direction
générale des relations économiques avec
l'extérieur, la deuxième section, la Direction des études
et analyses. Il restait deux ou trois questions à ce volet-là,
à la suite des derniers énoncés avant qu'on ajourne.
J'aimerais que le ministre puisse nous dire rapidement, à ce
volet de la Direction des études et analyses, à quoi
l'augmentation de 219 000 $, faisant passer le budget de l'année
passée, toutes proportions gardées à ce sujet, de 403 000
$ à 622 000 $, va-t-elle être attribuée principalement.
M. MacDonald: Essentiellement, ce sont des montants d'argent
consacrés à développer des logiciels pour avoir
accès à des banques de données et ainsi permettre
d'optimiser le travail de ce service. C'est un montant non
récurrent.
M. Parent (Bertrand): Je vous remercie. Toujours dans le cadre du
fameux document auquel j'ai fait allusion juste avant le souper, soit le
document d'étude non rendu public, mais rendu public maintenant par la
revue L'Actualité, est-ce qu'il est pensable qu'au moins, en tant
qu'Opposition officielle, on puisse en avoir une copie pour fins de
travail?
M. MacDonald: Je pense que je suis obligé de vous
référer à M. Johnson, mon collègue du MIC, qui est
le propriétaire des documents et qui sûrement pourra donner une
réponse à votre question, je vais l'informer que vous allez lui
en parler.
Maisons de commerce
M. Parent (Bertrand): Vous avez l'air d'un gars très
heureux de ne pas être propriétaire dudit document. Dans vos
orientations pour 19B6-1987, vous indiquez que des analyses seront entreprises
sur différents sujets. Entre autres, vous parlez beaucoup des maisons de
commerce, communément appelées les "trading houses". J'aimerais
savoir de quelle façon vous envisagez de mettre l'accent
là-dessus puisque cette formule des "trading houses", dont j'avais
moi-même fait la promotion en octobre et novembre dernier, est une
formule qui risque de répondre à la demande. Alors, j'aimerais
vous entendre un peu là-dessus, M. le ministre.
M. MacDonald: II y aurait deux volets à discuter ou
à mentionner. En premier, regardons particulièrement les grandes
maisons dites "trading houses", par exemple les japonaises. Les japonaises dans
plusieurs cas sont devenues des "trading houses", à partir d'entreprises
manufacturières qui ont commencé à exporter à la
fin des années 1950, début des années I960 et qui se sont
aperçues que, éventuellement, pour vendre leurs produits, elles
étaient obligées de s'engager dans une forme ou une autre de troc
et elles se sont aperçues que, même si au début cela
pouvait sembler un embarras, éventuellement il y avait là
possibilité de trouver une rentabilité, tant sur le produit
primaire qu'elles vendaient que sur les biens qu'elles étaient
obligées d'accepter sous forme d'échanges, pour être
certaines de pénétrer un marché.
Au Québec, à l'heure actuelle, Nous avons des
sociétés qui, depuis un certain nombre d'années, ont fait
leur marque sur les marchés étrangers et qui, elles aussi, font
face maintenant à l'obligation - et je prends des exemples qui ne
s'appliquent pas nécessairement et spécifiquement à un cas
-de vendre des services d'ingénierie et de construction en
échange de certaines quantités de fruits, de légumes, de
vins, de pétrole, etc.
J'aimerais penser d'abord... En fait, cela devrait être le second
volet et j'aurais dû le traiter en second lieu, mais j'aimerais penser
que nous allons être capables de convaincre. Nous avons commencé
à discuter avec quelques-unes de ces maisons que vous connaissez bien,
de cette possibilité pour elles d'établir des "trading houses"
d'importance. Elles ont les réseaux d'information, elles ont les
réseaux de bureaux à travers le monde maintenant, elles ont les
contacts nécessaires et elles ont besoin pour la poursuite de leurs
affaires de s'engager dans une forme ou une autre de "trading". Elles
pourraient, autant pour leurs fins propres mais en extensionnant leurs services
pour inclure des produits d'autres manufacturiers québécois,
quelquefois petits manufacturiers incapables de s'ouvrir des marchés
internationaux directement, le faire par l'entremise de l'une de ces "trading
houses".
Il existe un certain nombre de "trading houses" que j'appellerais
québécoises mais qui sont de petites organisations de quelques
personnes, les plus grosses peut-être de sept ou huit personnes, etc.,
mais tout de même assez nombreuses pour avoir senti le besoin de se
regrouper en association. Nous leur avons demandé des conseils, des
recommandations sur la façon de procéder orientée vers la
question suivante: Que pouvons-nous faire pour vous aider à faire un
meilleur travail, un travail plus efficace. Nous attendons des réponses.
Cela prend de l'argent, cela prend de la patience et cela prend surtout de la
connaissance. Et il y a chez nous très peu de "traders"
entraînés, expérimentés qui sont capables de jouer
sur commodité, produit manufacturier, matière première,
etc. avec une certaine confiance qui garantissant la rentabilité
à leur entreprise. Mais il y a un besoin. Et généralement
comme vous le savez très bien, lorsqu'il y a un besoin, lorsqu'il y a un
marché, il se trouve quelqu'un ou quelques-uns qui répondent
à ces demandes de marché. Nous, ce que nous aimerions faire,
c'est aider ceux qui veulent ou qui peuvent répondre, à entrer en
action le plus rapidement possible et à devenir efficaces.
M. Parent (Bertrand): M. le ministre, est-ce que vous
privilégiez de faire cette promotion à travers des organisations
qui existent déjà, telles les chambres de commerce - je pense
à celle de Montréal que vous connaissez bien aussi - qui ont
déjà des valets et des développements à
l'exportation et essayez de bâtir des choses autour de ces organisations
ou au Groupement québécois d'entreprises qui regroupe plusieurs
petits manufacturiers à travers tout le Québec?
M. MacDonald: Par l'association des maisons de commerce,
justement, on essaie de les piloter, si vous voulez, de leur offrir notre salle
de conférences, notre réseau d'information, notre base de
données pour regrouper dans une spécialité ou dans des
spécialités des entreprises qui, comme je vous le mentionnais,
sont peut-être trop petites seules ou ont une certaine timidité,
n'ayant pas tellement sorti de leur marché
traditionnel, de les regrouper, de les regrouper peut-être avec
d'autres spécialités, mais dans le but d'entrer en contact avec
des gens qui, eux, sentent qu'ils ont la compétence et la
capacité d'agir comme maison de commerce, "trading house", et bouger.
C'est indispensable si on veut réellement mobiliser les manufacturiers
québécois à la réalité de l'exportation,
tout en étant parfaitement conscients de la limite de leurs ressources
financières et humaines. C'est absolument essentiel d'avoir des "trading
houses". Ce n'est pas l'intention -peut-être que je devrais le
préciser - du gouvernement du Québec de se créer une
société de la couronne qui serait une "trading house", mais nous
allons tout faire ce que nous pouvons, par contre, pour faire rencontrer les
gens qui ont un intérêt commun pour qu'il y ait des "trading
houses" en opération le plus rapidement possible.
M. Parent (Bertrand): En plus de jouer son rôle de
catalyseur et de stimulateur comme tel pour la mise sur pied de ces "trading
houses", si j'ai bien compris, votre approche et celle du gouvernement en est
davantage une pour aider les gens à s'organiser, pour les informer. Mais
est-ce que dans ce volet il y aura une aide financière pour
l'opération de "trading house" ou du moins pour la lancer afin qu'elle
soit sur roues parce que, finalement, on aura beau donner le "know-how", si on
ne donne pas dans certains cas tes outils... Je pense surtout à des
petites maisons qui pourraient être mises sur pied.
M. MacDonald: Au moment où l'on se parle la réponse
est non. Je n'ai pas l'intention et on n'a pas discuté d'apporter une
aide financière à la formation de ces maisons. Ce que nous
pourrions cependant faire et ce qui m'a semblé le plus évident et
que je vous ai déjà mentionné, qui est rare et qui est
essentiel, c'est les "traders"... Est-ce que nous pourrions faire quelque chose
pour aider à en identifier, les encourager à venir chez nous,
leur faciliter la venue chez nous pour s'associer à ces maisons? Oui,
c'est le genre d'aide que je verrais très bien.
M. Parent (Bertrand): D'accord. Pour terminer sur les "trading
houses", vous me permettrez de vous suggérer qu'il y aurait lieu, en
tant que ministre du Commerce extérieur, que vous puissiez
véhiculer cela auprès des dirigeants d'entreprises sur toutes les
tribunes qui peuvent vous être offertes pour le démystifier, parce
que ce type de langage fait peur aux dirigeants de PME et pourtant ce sont eux
qui sont le plus à la recherche des marchés. Il y a tout un
travail de démystification, parce qu'il y a une peur par rapport
à cela et pourtant c'est une formule expérimentée et
très avantageuse.
M. MacDonald: Vous avez absolument raison. Je prends votre
conseil.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, cela
complète la Direction des études et des analyses et, toujours
dans la Direction générale des relations économiques, je
passerai au dernier volet qui est la Direction de la coopération
économique.
Le Président (M. Baril): Est-ce qu'on a d'autres
questions?
Direction de la coopération
économique
M. Parent (Bertrand): À ce chapitre, M. le ministre, il y
a une augmentation, toutes comparaisons faites avec les chiffres
redistribués, de 1 135 000 $ à 1 439 000 $, si mes chiffres sont
exacts. Il y a donc environ 300 000 $ d'augmentation. Est-ce que vous pourriez
nous indiquer à quoi seront attribuées ces sommes d'argent sur la
base comparative de l'année passée?
M. MacDonald: Si vous n'avez pas d'objection, je demanderai
à M. Brind'Amour de répondre à votre question. (20 h
15)
M. Brind'Amour: Oui. Essentiellement les budgets de l'an dernier
ont été reportés, sauf pour un volet qui est la gestion
des ententes de coopération. À la suite d'un protocole convenu
entre le ministère des Relations internationales et le ministère
du Commerce extérieur et du Développement technologique, nous
allons maintenant assurer la gestion du volet économique de certaines
ententes de coopération, particulièrement avec la Belgique et la
France, tant et si bien qu'il y a eu un transfert de budgets d'un
ministère à l'autre dans ce sens.
M. Parent (Bertrand): Ces budgets, si vous le permettez,
étaient à quel ministère ou à quel endroit
avant?
M. Brind'Arnour: Au ministère des Relations
internationales.
M. Parent (Bertrand): Au MR1, d'accord. Dans le cadre des
missions ministérielles que vous avez déjà, si j'ai bien
compris, commencé à entreprendre, est-ce que vous avez un
objectif particulier en termes de cible géographique et en termes de
nombre par rapport à ce que vous voulez faire cette année, que
vous vous êtes tracés comme programme en tant que ministre?
M. MacDonald: Je dois recevoir, encore dans le contexte de cette
réunion du 9 mai, ce que j'ai demandé comme étant un
calendrier de 24 mois, un calendrier qui va m'indiquer les expositions
auxquelles le
Québec participe ou aide des exposants à participer.
Normalement, nous en avons environ une quarantaine par année. Des
missions sont déjà décidées et d'autres sont
planifiées à l'intérieur de certains morceaux de
calendrier. Également, des intentions nous ont été
formulées par des gens. Je prends un exemple. Plusieurs
sociétés, actives actuellement en Chine, nous ont indiqué
que la présence d'un ministre du Québec parmi elles, à un
moment donné - ce moment semble être l'automne de 1986 - aiderait
grandement leur démarche.
Je pourrai donc vous donner facilement une indication d'ici à
quelques semaines de ce qu'est, de façon générale, un
calendrier qui sera plus ou moins fiable des voyages que nous allons
entreprendre sur une base ministérielle. Les critères premiers,
et le seut critère, à toutes fins utiles... Pour autant que je
suis concerné, tes exceptions qui pourront confirmer la règle
seront des voyages qui seront entrepris afin d'aider des industriels ou des
dispensateurs de services québécois à compléter des
ententes le plus rapidement possible et de la façon la plus rentable
possible.
Il semble y avoir des marchés privilégiés à
l'heure actuelle. Un que je n'ai pas mentionné cet après-midi,
parce que vous me demandiez où je pensais concentrer nos efforts, est un
pays d'Afrique, le Cameroun. Le Cameroun est un pays, comme vous te savez, M.
Parent, qui jouit probablement de la meilleure cote de
crédibilité financière; il semble être capable de
faire face à ses engagements et peut considérer des projets
additionnels.
Il y a donc au dernier compte, si je me rappelle, M. Pruneau, treize
projets pour approximativement, un maximum possible de 1 200 000 000 $. Quatre
de ces projets sont rendus à l'étape où il y a des
signatures de lettres d'intention du ministre et, même dans un ou deux
des cas, une lettre de permission du président de poursuivre les
discussions en vue de la conclusion d'une entente.
À ce titre, par exemple, des gens m'on invité et je me
retrouverai probablement au Cameroun à la fin du mois de mai dans
l'espoir de signer une poursuite à ces ententes et d'aider d'autres
à avancer.
C'est donc une politique qui prend en considération ce que j'ai
déjà dit publiquement et que je me permets de
répéter, M. Parent, à savoir que je ne considère
pas le job du ministre du Commerce extérieur et du Développement
technologique comme en étant un dont le but est de voyager, mais
plutôt de faire voyager et d'accompagner, s'il y a lieu, des gens qui
sentent le besoin ou la nécessité ou l'avantage d'être
accompagnés par le ministre dans leurs démarches.
Un dernier point que je devrais mentionner: pourquoi est-ce que j'ai
demandé un programme de deux ans? Compte tenu des
délégations que nous avons à l'étranger, je crois
que je voudrais, dans cet espace de temps maximum, avoir la chance de visiter
les délégations, rencontrer nos délégués et
nos attachés sur place et mieux comprendre les marchés
locaux.
M. Parent (Bertrand): M. le ministre, vous avez fait allusion aux
nombreuses missions et expositions qui se tiennent un peu partout. C'est
dommage que le milieu des affaires - encore une fois, je reviens à la
clientèle cible, les PME manufacturières
québécoises - c'est dommage qu'elles soient plus ou moins au
courant de toute cette activité qui se passe dans leur secteur parfois.
Pour avoir eu de longues discussions avec les gens de la Chambre de commerce de
la rive sud au cours des derniers jours, il serait intéressant que le
ministère puisse acheminer ces listes aux organismes dynamiques
représentatifs du milieu et leur demande d'en faire la promotion
auprès de leurs membres ou, du moins, trouve un moyen de rejoindre les
entreprises au niveau sectoriel. Des entreprises, dans tel ou tel secteur, ne
savent pas qu'il se brasse actuellement des choses et des expositions
importantes à tel ou tel endroit.
Je pense qu'il y a certainement un manque de communication, mats il y a
davantage . Sans aller dans de la publicité "at large", car je suis
pleinement conscient qu'on vise des clientèles cibles et que cela peut
toucher 10, 15, 20 ou 25 entreprises dans un secteur donné, il faudrait
absolument "cibler" et bien informer ces entreprises par quelque moyen que ce
soit, puisqu'elles sont très mal informées.
M. MacDonald: Oui, je suis d'accord avec vous qu'on pourrait
s'améliorer. Je dois vous dire, par contre, qu'il y a beaucoup qui se
fait. On a un bulletin qui s'appelle Commerce extérieur et qui est
différent de la revue économique que vous aviez. Il est
adressé à tous les exportateurs et exportateurs potentiels que
nous connaissons ainsi qu'aux organismes qui représentent des
associations des secteurs de l'activité économique ou de la
fabrication. Dans ce bulletin, nous annonçons
régulièrement les missions qui sont en voie de planification et
les expositions à l'étranger.
Ceci dit, cela résulte en plusieurs demandes d'information. Cela
résulte aussi en voyages réguliers à l'extérieur
pour chacune des 40 ou 45 missions que j'ai mentionnées, de n'importe
quoi... J'ai vu 12, 13 et 14, divers manufacturiers dans un secteur de
spécialisation donné.
Mais vous avez raison, il y a encore des organismes qu'on pourrait
approcher et mieux informer. Si je pouvais me permettre d'exprimer une opinion,
je crois que ces
organismes pourraient parfois faire un meilleur travail d'information
auprès de leurs membres. Si on fait tous les deux un meilleur job, je
pense que cela devrait amener beaucoup plus d'intérêt et de
participants.
M. Parent (Bertrand): Je vous remercie sur ce point. M. le
ministre, est-ce que les études de préfaisabilité qui ont
été mises sur pied l'an dernier pour appuyer
financièrement les firmes québécoises dans leur tentative
de décrocher des contrats internationaux vont se poursuivre?
M. MacDonald: Oui. Les budgets sont légèrement
réduits cette année. Je pense que, l'année
dernière, 400 000 $ avaient été mis au budget; cette
année, c'est 295 000 $. Nous avons tout de même obtenu, ce matin
même, une autorisation du Conseil du trésor nous accordant une
certaine flexibilité, de pouvoir interchanger différents postes
budgétaires. Comme, cet après-midi, je vous parlais du dossier
Bombardier qui avait été traité de façon
particulière, il pourra probablement se présenter des
études de pré-faisabilité qui pourraient demander des
crédits additionnels aux 295 000 $. Soyez assuré qu'on ne mettra
de côté aucun dossier qui mérite attention à cause
de ce budget qui, pour le moment, est planifié à 295 000 $.
M. Parent (Bertrand): De quelle façon, M. le ministre,
coordonnez-vous votre travail ou vos sorties? Selon ce que vous avez
exprimé tantôt, vous avez l'intention de faire voyager les autres
et pas nécessairement d'être le commis-voyageur. De quelle
façon allez-vous coordonner votre travail, quant à certains
objectifs particuliers, avec un autre de vos collègues, ie ministre de
l'Industrie et du Commerce, relativement aux démarches qui doivent
être faites sur d'importants dossiers d'implantation? Je fais allusion,
bien sûr, au dossier actuel de l'automobile. Est-ce qu'il y a
coordination des efforts de ce côté ou est-ce que ce travail
relève particulièrement du ministre de l'Industrie et du
Commerce? Je pense que cela fait partie de cette mission que vous avez
d'attirer ici les entreprises et j'ai eu un petit peu l'impression
jusqu'à maintenant que ce travail a été fait par le
ministre de l'Industrie et du Commerce. De quelle façon tout cela
sera-t-il coordonné, afin qu'il n'y ait pas de dédoublement, mais
surtout des résultats positifs?
M. MacDonald: Plusieurs ministres de l'Industrie et du Commerce
et moi-même avons discuté, justement, à plusieurs reprises
en fait et on est en voie d'ajouter à ces discussions, parce qu'on l'a
déjà fait, et de continuer avec notre collègue, M. Gil
Rémillard, de façon à coordonner notre
présence à l'étranger, si je peux employer le terme.
M. Johnson garde, dans son ministère, et je trouverais tout
à fait naturel qu'il puisse continuer à garder et à
traiter les dossiers de l'industrie de l'automobile. J'irais même
jusqu'à dire que, étant incapable de couvrir le monde et,
à l'heure actuelle, couvrir le monde, comme vous le savez très
bien, ce n'est pas un terme exégéré, si on regarde
l'action grandissante des exportateurs québécois, la fonction de
faire la promotion du commerce extérieur du Québec à
l'étranger pourrait prendre les efforts de plus de deux ministres.
Nous allons trouver un moyen, M. Johnson et moi-même, de faire non
seulement une répartition sectorielle quant aux démarches, mais
j'irais même jusqu'à dire à l'occasion une
répartition, peut-être même géographique.
J'aimerais souligner, à cet égard, la mention que je
faisais, à savoir que ce n'est pas mon rôle de voyager. Ce n'est
pas non plus très efficace, à mon avis, de voyager un peu partout
et une seule fois en quatre ans. Les liens que vous pouvez établir lors
d'une première visite, il y en a toujours qui sont plus chaleureux et
qui sont plus faciles. C'est malheureux de ne pas les poursuivre par une
deuxième, une troisième, une quatrième rencontre, ce qui
est beaucoup plus efficace que d'envoyer un de nos collègues qui, lui
aussi, recommence à zéro pour être suivi par un
troisième qui recommence à zéro. Sans être capable,
en fait, de vous donner une matrice définie, une façon de
procéder, je peux vous dire, tout de même, que mes
collègues et moi-même allons chercher à exploiter ce qui
est tout simplement le fait de la nature humaine et de la recherche de la plus
grande efficacité dans nos sorties à l'extérieur du
Québec.
M. Parent (Bertrand): J'aimerais beaucoup, M. le ministre, que
vous puissiez, dès que les responsabilités seront
arrêtées par rapport aux dossiers ou par rapport aux
régions géographiques, en tant que critique officiel, m'en
informer afin de bien cibler mon action et de mettre les efforts au bon endroit
par rapport à vous, votre collègue ministre de l'Industrie et du
Commerce, ou tout autre ministre, peut-être le ministre des Affaires
intergouvernementales, M. Rémillard. J'aimerais beaucoup en être
informé de quelque façon. Parce que vous conviendrez
qu'actuellement ça bouge beaucoup et on parle du dossier automobile,
c'est un dossier où je pense qu'on n'est pas trop de l'ensemble du
gouvernement, de l'ensemble de l'Opposition, en tant que représentants
de la population du Québec, à mettre des efforts, des
énergies pour essayer de ramer dans le même sens. J'aimerais, si
vous
voulez en prendre une forme d'engagement, en être
informé.
M. MacDonald: Je me sens très à l'a1se. C'est vous
qui ouvrez le créneau. Je ne voudrais pas être accusé
d'essayer de vous soudoyer, mais c'était mon intention, tout ceci
étant terminé, de vous dire qu'effectivement, compte tenu de
votre expérience dans le secteur privé, plus l'expérience
que vous avez prise et que vous prenez au gouvernement, je verrais très
bien, je me permets de mentionner à nouveau que c'est vous qui avez
ouvert la porte à la participation de l'Opposition ou de
vous-même... Oui, effectivement, les intérêts du
Québec dépassent strictement et purement les confins d'un
ministère ou de quelque ministère ou d'un parti.
Dans le même ordre d'idées, j'aimerais vous mentionner
quelque chose qui, pour moi, est extrêmement important et valable. Le
premier ministre m'a fait le privilège de m'accorder deux adjoints
parlementaires. Voilà, là encore, dans leurs
spécialités respectives, le Dr Rivard, qui est une personne du
monde scientifique et reconnu dans ce milieu, et M. Cannon, qui a
l'expérience à la fois du secteur public, du secteur privé
et de la PME. J'ai l'intention de me servir de leurs talents et de leur
disponibilité pour représenter aux endroits appropriés et
en temps et lieu les intérêts du Québec en accompagnant nos
dispensateurs de services ou nos manufacturiers à l'étranger.
Sans aucun doute, vous allez l'admettre - vous avez déjà
occupé le poste - la représentation commerciale du Québec
à l'extérieur est une responsabilité du ministère
du Commerce extérieur et du Développement technologique. On en
est pleinement conscients et on l'assume entièrement. Cependant, les
marchés sont tellement vastes et le travail à faire est si
énorme qu'on veut se prévaloir de la disponibilité de
toutes les ressources que le Québec veut avoir pour faire le meilleur
job possible. (20 h 30)
M. Parent (Bertrand): J'apprécie votre
réceptivité. Je vous assure, à ce stade-ci, de toute ma
collaboration. Je voudrais aussi mentionner que, lorsqu'il y a des
délégations importantes qui viennent nous rendre visite, le
même jeu se prête. J'ai eu l'occasion, ces dernières
semaines, d'assister à des dîners -j'en ai un autre demain, de
votre collègue M. Rémillard - où on a la chance de se
mettre coude à coude et d'essayer de faire valoir le plus possible les
points positifs du Québec. Je trouve cela drôlement constructif et
je vous offre ma collaboration dans ce domaine.
M. MacDonald: II me semble me rappeler, M. Parent, vous avoir
invité a ma table à plusieurs reprises. Je ne vois pas pourquoi
je ne recommencerais pas.
M. Parent (Bertrand): Cela complète ce volet, M. le
Président.
Le Président (M. Baril): Est-ce qu'on a des questions?
Alors, on continue, M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): II y en a qui m'appellent M. Bertrand.
Une voix: C'est moins pire que de dire Mme Bertrand!
Direction générale des opérations
promotionnelles
M. Parent (Bertrand): Alors, pour continuer au même rythme,
à la Direction générale des opérations
promotionnelles, qui est le dernier volet des directions, nous avons des
coupures d'environ 5,2 % pour un montant net de 123 000 $, c'est-à-dire
qu'on passe de 2 400 000 $ à 2 281 000 $ cette année. Cette
direction se compose de deux sous-directions, si je peux m'exprimer ainsi, soit
celle des foires et expositions et celle des missions. J'aimerais, dans un
premier temps, que le ministre nous donne, de façon globale, quelques
éclaircissements sur cette coupure.
M. MacDonald: Est-ce que vous voulez commencer par un en
particulier?
M. Parent (Bertrand): Non. En fait, vous avez 123 000 $ de
coupures à ce chapitre. Je vais reposer ma question autrement. Dans le
cahier explicatif des crédits, M. le ministre - et je cite - c'est
écrit que cette diminution de 5,2 % traduit le choix des
priorités du ministère et les contraintes budgétaires que
vous avez mentionnées au niveau des crédits disponibles. Je me
demande à partir de quoi on a fait des priorités et sur quoi on
s'est basé pour faire ces priorités, pour faire des coupures dans
cette direction.
M. MacDonald: Si je prends les foires et les expositions, il y a
des manufacturiers québécois qui assistent à des foires et
à des expositions depuis la deuxième, la troisième ou la
quatrième... Nous les avons introduits à ces foires. Ils y
retournent parce qu'il y trouvent de la rentabilité. Ils y sont
déjà acclimatés et la rentabilité leur permet de
payer une beaucoup plus grande partie des frais desdites expositions ou des
foires. Première réduction: bon nombre de ceux assistant à
ces foires y vont à leurs propres frais ou grâce à des
contributions du ministère, qui sont considérablement
diminuées, mais tout de même, ils continuent à venir. En
deuxième lieu, c'est exactement la même chose chez les missions.
Dans les missions, il y a des entreprises qui sont
capables de fournir un pourcentage du coût supérieur
à ce que nous avons pu avoir fourni à différentes
occasions. Que ce soit dans le "split" de n'importe quelles dépenses,
avion, gîte, couvert, etc., c'est amener une beaucoup plus grande
utilisation de l'argent des gens qui y participent. En troisième lieu,
sur le plan encore des missions, comme les foires, comme les expositions, nous
utiliserons beaucoup plus les facilités du gouvernement
fédéral qui va organiser et organise des kiosques où nous
n'allions pas auparavant, ou des missions où pour une raison ou pour une
autre il était décidé d'y aller en quasiconcurrence ou en
dédoublement d'effort. Nous croyons sincèrement être
capable non seulement de réaliser les mêmes objectifs mais
même d'améliorer, tout en réduisant sensiblement le
coût des budgets de cette direction générale.
M. Parent (Bertrand): Vous semblez très optimiste, M. le
ministre quant à cette collaboration avec le gouvernement
fédéral et je la souhaite, soit dit en passant, sauf que je suis
loin d'être sûr. L'expérience passée, et pas
seulement à ce ministère, des participations à des
expositions et à des foires, pour y avoir travaillé, se
révèle très difficile, puisque chacun essayait de garder
un petit peu son bébé. J'espère, et je pourrai en juger
l'année prochaine à l'étude des crédits,
j'espère que l'optimisme qui vous envahit va se traduire dans les faits,
parce que, effectivement, il faut éviter des dédoublements, il
faut apprendre où est sa place, mais je me permets à ce stade de
douter beaucoup des résultats.
Est-ce que vous pourriez me donner pour 1985-1986 et 1986-1987 pour les
deux directions, les chiffres comparatifs, M. le ministre.
M. MacOonald: Certainement. Au niveau de la Direction des foires
et des expositions, 1985-1986 se chiffrait à 1 223 000 $ et le budget de
1986-1987 est de 50 000 $ de moins, soit 1 173 000 $. À la direction des
missions, la coupure est pius importante: 1 163 000 $ par rapport à 998
000 $ cette année, enfin 999 000 $, si on veut jouer avec les chiffres
et arrondir.
M. Parent (Bertrand); Je vous remercie-Le bilan de 1985-1986 au
chapitre des foires et expositions, d'après mon analyse, et je pense que
vous en conviendrez, est assez impressionnant, puisqu'il y a eu participation
à quelques trente expositions commerciales. Il y a eu quelque chose
comme 218 entreprises participantes et il y a eu des ventes sur place de
l'ordre d'environ 1 800 000 $ et des ventes projetées sur les douze
prochains mois d'environ 35 000 000 $. Je pense que ce sont des
résultats positifs et même si les coupures ne sont pas
astronomiques elles sont là, alors qu'on aurait peut-être dû
accentuer. Je me demande si de la façon dont vous allez vous y prendre,
vous serez capable d'avoir une croissance des résultats cette
année par rapport à 1985 des chiffres que je viens de citer.
Ma question c'est de savoir si, même avec des coupures, vous vous
attendez, M. le ministre, à être capable d'avoir une performance
aussi bonne en termes de résultats de ventes nettes.
M. MacDonald: Sans fausse prétention, je dirais meilleure,
tout simplement parce que le réseau, si je peux employer le terme, est
plus mature, plus expérimenté, se sent plus à l'aise aux
expositions et a eu le bénéfice, pour ceux qui y retournent,
d'une année de travail avec les intéressés.
M. Parent (Bertrand): Est-ce que dans le cadre très
particulier des foires et expositions, il y aura un marché
géographique de ciblé où vous allez favoriser plus...
M. MacDonald: Sûrement.
M. Parent (Bertrand): ...par exemple, le côté
américain ou il semble se développer des affaires.
M. MacDonald: Evidemment.
M. Parent (Bertrand): Alors, quant à moi, cela va pour la
Direction des foires. Du côté des différentes missions,
là aussi le tableau que j'en ai est assez révélateur quant
aux performances Vous avez mentionné tantôt que si l'occasion s'y
prête ou si vous en sentez te besoin, vous vous déplacerez avec
des gens des milieux d'affaires, particulièrement au moment où on
semble prêt à influencer ou à conclure une entente.
L'exemple du Cameroun en est un intéressant. Je voudrais mentionner,
à ce stade, que je trouve très important que le ministre puisse
être présent, pas nécessairement à toutes les
missions, mais lorsqu'il y a vraiment augure qu'on met au point des ententes.
La présence sur le plan international du ministre est une sorte de - si
vous me permettez l'expression - cautionnement, et elle est aussi très
revalorisante pour les gens d'affaires. Pour avoir reçu plusieurs
commentaires du milieu des affaires, lorsqu'il y avait présence
ministérielle, cela venait cautionner et cela a certainement permis de
faire avancer des dossiers. Je pense que c'est important. Même si elle
n'est pas planifiée, elle peut se produire. On citait tantôt le
cas de Bombardier. Il y aura certainement d'autres cas comme celui de
Bombardier, peut-être pas de la même envergure, mais des contrats
semblables, et cela pourrait être un peu partout. Je
voudrais passer comme message qu'il serait important, dans ces cas, que
le ministre puisse nous représenter.
M. MacDonald: Je suis totalement d'accord.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, quant à moi,
en ce qui a trait à ces directions, pour l'instant, cela complète
les questions que j'avais.
Le Président (M. Baril): Merci. Est-ce qu'on a d'autres
questions à ajouter?
M. Cannon: Est-ce qu'on peut procéder à l'adoption
des crédits des éléments 1 à 9? Ou est-ce que vous
réservez votre...
M. Parent (Bertrand): Je préférerais, M. le
Président, comme je l'avais convenu avec le ministre au tout
début, qu'à la toute fin, lorsque j'aurai terminé les
différents dossiers, on puisse les adopter en bloc, comme on l'a fait
pour l'exercice du ministère de l'Industrie et du Commerce.
Le Président (M. Baril): D'accord.
M. Parent (Bertrand): Une autre question concernant les chiffres.
Nous avions, dans des tableaux qui nous ont été remis et qui ne
sont pas dans ces livres, mais dans des études de crédits... Et
c'est une information parce que je ne sais pas si... Le montant de compressions
pour la prochaine année est paru dans un de ces documents qui s'appelait
Annulation de certains projets au développement scientifique et
technologique. C'est un montant de 5 400 000 $ qui apparaissait dans les
compressions.
Est-ce que ceci relève du volet strictement technologique qu'on
couvrira demain soir?
M. MacDonald: C'est cela. M. Ryan traitera de cela demain
soir.
M. Parent (Bertrand): Alors, c'est lui qui devra s'expliquer
là-dessus. Lors du discours sur le budget qui sera prononcé au
cours des prochaines heures, j'aimerais savoir si le ministre s'attend qu'il y
ait de nouvelles annonces concernant des crédits additionnels, des voies
ou des filons, qui toucheraient son ministère et qui pourraient donner
un peu plus d'envol par rapport... J'imagine que vous avez eu des discussions
avec vos autres collègues du Conseil des ministres.
M. MacDonald: J'imagine que vous connaissez également ce
qui lie les ministres qui peuvent avoir eu des discussions. J'attends avec
vous, avec grand intérêt, le discours sur le budget jeudi
soir.
M. Parent (Bertrand): Pouvez-vous au moins me confirmer que vous
avez fait les démarches pour tenter d'avoir quelque chose?
M. MacDonald: Ah! Vous pouvez être certain que je n'ai pas
l'habitude de laisser passer la parade sans essayer d'avoir ma partie.
M. Parent (Bertrand): Nous jugerons, selon ce qu'on verra, si
vous êtes dans la parade.
M. MacDonald: C'est cela.
Représentations à
l'étranger
M. Parent (Bertrand): M. le Président, cela règle
le volet concernant les chiffres. Il reste deux volets que j'aimerais traiter,
comme je l'ai indiqué au tout début. Il s'agit des
représentations à l'étranger. J'aurais des questions
à poser là-dessus et je voudrais garder le libre-échange
pour dessert. (20 h 45)
On revient aux représentations à l'étranger et je
pense que cela relève comme tel du bureau du sous-ministre. Le mandat
des conseillers économiques du ministère du Commerce
extérieur et du Développement technologique dans les
différentes délégations du Québec couvre plus d'un
volet: développer des liens institutionnels et intergouvernementaux avec
les gouvernements et organismes et leur territoire d'affectation, faciliter
l'exportation des biens et services, assurer la prospection d'investissements
étrangers et favoriser la conclusion d'accords industriels susceptibles
de renforcer la capacité concurrentielle du Québec. Alors,
j'aimerais savoir, dans ce bref exposé, quels sont les ordres de
priorité que le ministre ou la direction de ce ministère entend
donner par rapport à ces différents points?
M. MacDonald: Je m'excuse, mais pourriez-vous reprendre cela?
M. Parent (Bertrand): Oui, d'accord. Je mentionnais qu'il y a des
mandats qui sont donnés aux conseillers économiques dans les
différentes délégations du Québec, avec quatre
différents volets: développer les liens institutionnels,
faciliter l'exportation des biens, assurer la prospection et favoriser la
conclusion d'accords industriels. Je voudrais savoir s'il y a, dans ta
stratégie de développement de ta prochaine année, des
ordres de priorités, là où on mettra d'abord et avant tout
l'accent.
M. MacDonald: Nous commençons à avoir un bien
meilleur inventaire de nos capacités d'exportation des produits qui sont
effectivement concurrentiels. Conclusion à ceci: la mission
première des délégations à
l'étranger, c'est d'être capable d'identifier des
marchés pour lesdits produits, biens et services. Alors, l'idée,
c'est réellement, si vous voulez le mettre sous l'en-tête,
faciliter les exportations ou développer des liens institutionnels qui
faciliteraient ces exportations. L'objectif premier est assurément
d'identifier des marchés pour les biens et les services
québécois. De quelle façon procéder?Cela peut varter, comme vous le savez très bien, selon les
territoires où oeuvrent nos délégués commerciaux et
nos attachés commerciaux. Mais, nous avons dépassé, dans
la plupart des endroits où nous sommes, le besoin initiai de se faire
connaître ou de faire connaître notre présence. Les
premières portes connues ont reçu visite de nos gens. Il faut
maintenant passer outre à ce que j'appellerais les civilités et
aller aux affaires. Ceci est particulièrement vrai et je vous
rappellerai le message ou l'essence du message que j'ai essayé de livrer
lorsqu'on m'en a donné l'occasion à Paris et à Bruxelles
dernièrement. Dans ces marchés particulièrement, la
réalité des affinités culturelles et linguistiques est et
sera toujours. On a, avec la France par exemple, 25 ans de relations
renouées. Nous avons donc passé l'adolescence et on est au
début de notre état adulte. J'ai donc souhaité - et
c'était également le souhait de mon collègue du
côté du gouvernement français - que réellement,
maintenant, l'accent soit porté sur des relations économiques,
rentables et profitables pour les deux parties et que l'aspect purement de "let
us get acquainted", plaisant, trouvant très agréable ce que je
mentionnais, l'affinité culturelle et linguistique, allait demeurer,
mais qu'il fallait maintenant que l'emphase soit portée sur
l'économique avec un gros "é". C'est le même message qu'on
passait en Belgique.
J'aimerais ajouter que nous alions chercher cette année et je
n'ai pas de formule magique... J'aimerais effectivement vous entendre et
discuter avec vous sur le sujet, si vous pensez qu'on pourrait ensemble trouver
quelque chose de mieux. Nous aimerions faire une tentative, cette année,
pour chercher à trouver des normes quantitatives et être capables
d'évaluer adéquatement la performance des
délégations et du personnel de la délégation dans
leur démarche vers la réalisation de leur mandat, que vous avez
mentionné, sous grand handicap, grandes en-têtes, mais qui peut
être plus spécifique, dépendant de l'endroit ou du
territoire où ils sont.
Les délégations
M. Parent (Bertrand): Alors, là-dedans comme dans autre
chose, M. le ministre, il me fera plaisir d'en discuter avec vous parce que
j'ai aussi certaines idées et si elles peuvent servir à
promouvoir le Québec, cela me fera plaisir.
Dans le cadre des réaménagements des différentes
délégations, le 27 février dernier, vous annonciez que
vous alliez sabrer dans certaines délégations à
l'étranger et, je vous cite: "Des décisions seront prises pour
réaménager nos ressources". Vous étiez alors devant les
membres du Centre de commerce mondial de Montréal. J'aimerais savoir, de
façon plus précise, M. le ministre - je fais
référence à un article de la Presse paru le lendemain, le
vendredi 28 février - à quoi vous faisiez allusion
particulièrement, ce que vous avez en tête et qui cela va
toucher.
M. MacDonald: Tout d'abord, le terme "sabrer" est celui du
journaliste. J'utilise rarement, sinon jamais, ce terme.
M. Parent (Bertrand): On vous a mal interprété une
fois de plus.
M. MacDonald: C'est cela, oui. On s'habitue. J'ai dit,
effectivement, que nous allions certainement apporter des changements à
nos délégations. Soit - et la gamme complète y est -
possibilité de fermeture, possibilité d'ouverture de nouvelles et
possibilité de réaménagement dans celles qui vont demeurer
ouvertes, c'est-à-dire diminution ou augmentation des effectifs. Par
contre, il ne s'agissait pas de le faire à l'aveuglette. J'ai donc
demandé au sous-ministre adjoint, M. Bergeron, de procéder
à une étude en profondeur avec ses collègues pour chercher
même si elle n'existait pas -il n'en existe pas encore de façon
satisfaisante - cette matrice que j'ai mentionnée qui permet
d'évaluer, sous plusieurs aspects, la vrai rentabilité de nos
délégations. Avec les outils et les connaissances que les
collègues ont, il s'agit de faire une évaluation des
délégations, de leur efficacité et de me faire des
recommandations quant à ces réaffectations.
En parallèle, mais pas de façon isolée, mon
collègue, M. Rémillard, faisait une même évaluation
des délégations et m'a tenu informé, comme je l'ai tenu
informé, du progrès de ses travaux. En commission parlementaire,
récemment, il a mentionné un certain nombre de changements qu'il
entendait apporter dans le réseau des délégations,
délégations, soit dit en passant, comme vous le savez très
bien, qui sont sa responsabilité. La responsabilité du
ministère du Commerce extérieur est les
délégués commerciaux et les attachés commerciaux
qui sont dans ces délégations. Je suis d'accord,
généralement parlant, avec ce qu'il a dit. Je ne devrais pas dire
"généralement" pour ne pas vous ouvrir la porte à
demander: Dans quoi n'êtes-vous pas d'accord? J'ajouterais cependant une
dimension à certaines annonces ou certaines hypothèses que M.
Rémillard a présentées à savoir que,
oui, à certains endroits. Je crois qu'il a mentionné qu'il
considérait fermer ou plutôt déplacer la
délégation et le personnel qui a une responsabilité
politique, culturelle et sociale vers la délégation de Belgique,
i'utilisant pour servir le même territoire, mais laissant à
Düsseldorf la délégation dite commerciale. Le point que je
veux exposer dans cela est qu'il est possible que vous retrouviez à
certains endroits, effectivement, non pas un préposé à un
bureau du Québec, mais un délégué dont la mission,
pour un territoire donné, sera, à toutes fins utiles,
entièrement commerciale. L'aspect politique, socioculturel,
responsabilité du MRI, serait desservi à partir d'une
délégation ou d'une délégation
générale dans un pays voisin qui peut bien ou mieux le faire.
C'est un concept que M. Rémillard approuve. On n'a aucun problème
là-dessus. Il s'agit de s'entendre et de parachever les annonces qu'il
vous a faites. Attenant à cela sont les gestes que nous poserons
relativement aux délégations commerciales. Je vous mentionne
à nouveau que j'ai demandé cette étude, que je dois la
recevoir dans les prochains dix jours et que je pourrai, dans les semaines qui
suivront, annoncer des gestes et des changements.
Vous m'ouvrez la porte sur ceci. J'en profite pour vous dire que, oui,
non seulement nous voudrions utiliser les services et obtenir un rendement pour
nos dollars investis en taxes au gouvernement fédéral mais nous
voulons tirer profit des services des délégués commerciaux
du gouvernement fédéral dans les ambassades ou dans les
consulats, et nous voulons également peut-être loger notre
personnel dans leurs bâtisses. Il y a là des occasions dont
d'autres provinces se sont prévalues - et pas seulement l'Ontario - et
cela amènerait des réductions considérables de
coûts. J'oserais même vous suggérer - quelques cas
hypothétiques, avec lesquels on jouait, où nous pourrions, dans
un pays donné, avoir peut-être 3 personnes-ressources qui font la
promotion active des intérêts du Québec au lieu d'une ou
une et demie ou deux, à l'heure actuelle, en réussissant -
"rationalisation", c'est le terme qu'on utilise - à diminuer les
"overhead" ou les frais généraux et à s'assurer d'avoir
plus de personnes faisant le travail de promotion.
M. Parent (Bertrand): Vous mentionnez, M. le ministre, que vous
aurez de la part de votre sous-ministre adjoint, M. Bergeron, d'ici une dizaine
de jours, le rapport, si j'ai bien compris, de l'analyse de toutes les
différentes délégations. Des explications que vous me
donnez, je comprends qu'il pourrait y avoir dans un même endroit, dans un
même pays, dans une même ville une scission de la dimension ou de
l'aspect politique avec des gens qui relèvent du ministère
des
Relations internationales, dans le sens que vous aurez deux types de
représentation à l'intérieur de...
M. MacDonald: Pas une scission, non. Ce que j'ai dit fait suite a
la déclaration de M. Rémillard. M. Rémillard veut que le
Québec conserve des liens politiques et socioculturels avec l'Allemagne
de l'Ouest. Cependant, il entend être capable de maintenir ces relations
à partir de la délégation générale de
Bruxelles. Donc, une partie du personnel de la délégation du
Québec actuellement à Düsseldorf et s'occupant
précisément de cette fonction, serait ramenée à
Bruxelles. Mais le personnel commercial demeurerait à Düsseldorf.
Pour ajouter à la confusion ou, plutôt; pour ouvrir le
sérieux de l'étude que nous avons entreprise, j'ai posé la
question, et j'aimerais avoir une réponse, sur ce qu'on discutera:
est-ce que Düsseldorf est encore, en 1986, l'endroit où nous devons
être en Allemagne? À cette question, certains m'ont répondu
spontanément: Non, ça devrait être Francfort. Or cette
remise en cause des délégations ne se fait pas seulement sur le
plan du personnel qui est affecté ou du rôle de la
délégation, mais elle se fait également sur la situation
géographique.
M. Parent (Bertrand): Cela m'éclaire un peu plus. Je vous
remercie, M. Je ministre, de ces explications et j'ai bien hâte de voir
la tournure. Là aussi, j'aimerais en être informé avec les
différents critères qui vont motiver cette décision, soit
d'affaires, de lieu géographique ou autres parce qu'il y a eu vous en
conviendrez, beaucoup d'ambiguïté autour de cela à la suite
des déclarations de votre collègue, M. Rémillard. J'ai
suivi les travaux en commission parlementaire et M. Rémillard semblait
être beaucoup plus catégorique que vous l'êtes et il
semblait savoir où il s'en va, pas dans te sens que vous ne savez pas
où vous allez, mais dans le sens où vous n'avez pas encore eu
votre rapport et vous n'avez pris aucune décision. II me semblait un peu
inopportun de ne pas avoir coordonné cette action et avant d'annoncer
quoi que ce soit - parce que c'est l'image du Québec à
l'étranger. Lorsqu'on voit dans les journaux et les médias que le
Québec sera déplacé... La représentation du
Québec la maison du Québec ou la délégation, les
gens ne font pas tous la différence à ce sujet. Je pense qu'il
serait bon, au moins, de sortir une image ou un son de cloche qui serait assez
unique par rapport au réaménagement de ce qu'on fait à
l'étranger et, sur cela, je peux vous dire que, ce qui est sorti
jusqu'à présent... Vous venez de me confirmer que, de votre
côté, vous n'avez pris absolument aucune décision et je
conviens qu'il faut prendre le temps de les étudier, sauf qu'il ne
faudrait que vous soyez
en désaccord avec ce que votre collègue, M.
Rémillard, a annoncé. (21 heures)
M. MacDonald: Je ne voudrais pas, par contre, vous laisser
l'impression, qu'il n'y a pas eu coordination parce que, comme je vous l'ai
mentionné auparavant, M. Rémiilard m'a consulté tout au
long. Il m'a tenu informé, il m'a même
téléphoné lorsque j'étais en Europe, la semaine
dernière, pour me confirmer qu'elles étaient ses dernières
décisions quant au mouvement des opérations qui étaient de
sa responsabilité. Je crois aussi que ses impératifs à
lui, dans le contexte de la mission du MRI, étaient plus pressants que
ceux du ministère du Commerce extérieur et qu'il était
obligé de bouger plus rapidement.
M. Parent (Bertrand): Si on prend des cas particuliers, et
j'enchaîne avec les déclarations de M. Rémiilard, entre
autres il a parlé de la fermeture de délégations à
Caracas, au Venezuela, à Port-au-Prince, à Haïti. À
Lafayette, la présence du Québec ne sera assurée que par
un artifice. La Louisiane offre au gouvernement un bureau; un seul
fonctionnaire y sera délégué. Je pense qu'il y a plusieurs
délégations, actuellement, qui sont marquées du sceau de
l'incertitude et qui sont dans l'attente. Je pense particulièrement
à Atlanta, à Dallas, à Buenos Aires, à Stockholm,
à Lisbonne et d'autres. Par rapport à ce qui a été
annoncé, dans un premier temps, au niveau de Caracas et Port-au-Prince,
est-ce que vous êtes d'accord avec ce qui a été
annoncé? Est-ce que les décisions que vous prendrez ne viendront
pas contrecarrer cela ou si, là où il y a de l'incertitude - je
pense particulièrement au côté américain, Atlanta et
Dallas - vous pourriez un peu nous éclairer, faire la lumière
là-dessus?
M. MacDonald: Je n'ai pas à commenter sur une base
qualitative les décisions de M. Rémiilard. Je vous ai
mentionné qu'il m'en avait parlé et je suis d'accord avec ses
décisions. Cependant, je vous rappelle que l'aspect commercial des
délégations qui ont été mentionnées comme
allant subir des changements en ce qui a trait à la
responsabilité du MRI n'a pas été traité par M.
Rémillard. Nos gens, c'est-à-dire les gens dont nous sommes
responsables, délégués commerciaux, attachés
commerciaux et ainsi de suite, connaissent nos intentions, connaissent notre
orientation à l'heure actuelle et savent que nous pouvons arriver avec
des changements, mais, à ma connaissance, ne se sentent pas
insécures.
Il y a eu, malheureusement, et vous avez raison, des gens qui ont
sauté aux conclusions et qui ont dit ou déclaré, à
la presse écrite ou autrement, que certaines délégations
allaient être fermées du jour au lendemain. Je peux vous dire que
l'aspect commercial de la représentation du Québec à
l'étranger, à l'heure actuelle, est ce qu'elle est actuellement.
Lorsqu'il y aura des modifications, on les annoncera et les
délégations commerciales, aujourd'hui, ne sont pas
touchées, au moment où on se parle.
M. Parent (Bertrand): D'accord. Toujours sur ce point, M. le
ministre. Je prends le Devoir du 12 avril où on parle des
délégations qui sont charcutées et on vous cite;
peut-être mal encore, mais moi cela m'inquiète, et je voudrais
avoir des éclaircissements de votre part. Le ministre responsable, M.
Pierre MacDonald, parle allègrement - on vous cite - de faire le
ménage. Vous conviendrez que, même si vous vous défendez
bien de ne pas avoir dit ces choses-là, c'est ce qui se véhicule
actuellement. Je voudrais au moins que cette dimension de faire le
ménage soit remise dans les faits.
M. MacDonald: Je dois vous dire que, généralement
parlant, je suis très satisfait de ce que j'ai lu sur les personnes qui
sont à l'étranger ou de celles que j'ai rencontrées. Je
dis généralement. Mais il y a tout de même dans le
réseau certaines aberrations, certaines séquelles... Je vais
faire attention à mes qualificatifs, mais je vais vous donner certaines
de ces aberrations. Envoyer dans un pays quelconque quelqu'un qui n'est pas
capable de parler ni la langue première, ni la langue seconde du pays,
pour moi, c'est une aberration, pour ensuite lui demander d'aller faire la
promotion des intérêts du Québec dans ledit pays. Envoyer
dans un pays quelqu'un avec une mission commerciale et lui demander d'aller
faire de la représentation commerciale, alors que ses
antécédents professionnels sont aux antipodes d'une telle
mission, cela, c'est encore, à mon avis, une certaine aberration. Comme
vous le savez très bien, M. le député de Bertrand, parce
que vous avez été à même de le vérifier et de
le constater, ce sont des choses et cela fait partie, si vous voulez, du
ménage que nous voulons faire. Il y a - je le répète -
généralement parlant, du très bon personnel, on a
l'intention de le garder et l'on espère qu'il va vouloir rester.
M. Parent (Bertrand): Vous me rassurez sur certains aspects mais
sur d'autres nous allons devoir attendre que vous posiez des gestes.
Le 15 avril dernier, lors d'un séminaire tenu à
Montréal et organisé par le MCE et l'Association des
manufacturiers canadiens, des invités du Texas ont soutenu que les
entreprises québécoises pouvaient réaliser d'excellentes
affaires sur le marché du Sud-Ouest américain. À cette
constatation
s'ajoutait même une invitation pressante, on le voyait dans le
Devoir le lendemain. M. le ministre, il s'agit d'un exemple, direz-vous. Mais
pourquoi projeter la fermeture d'une délégation à Dallas
alors que dans cinq États du Sud-Ouest américain qu'elle dessert,
soit l'Arkansas, la Louistanne, le Texas, le Nouveau-Mexique et l'Oklahoma, les
exportations québécoises ont, au cours de 1985, été
de quelque 646 000 000 $ dont plus de 300 000 000 $ au Texas directement? Face
à ces chiffres assez éloquents, face à ces
délégations d'hommes d'affaires qui ont le goût de faire
des affaires là-bas, j'essaie de concilier les actions qui ne sont pas
posées mais qui semblent être dans l'air actuellement. J'aimerais
que vous nous donniez un peu votre attitude face particulièrement
à la délégation de Dallas.
M. MacDonald: D'abord, on n'a pas annoncé, M. Parent, la
fermeture de la partie commerciale à Dallas. Je crois qu'il a
été mentionné que M. Rémillard, sur le plan du
ministère des Relations internationales, voulait faire un certain choix
aux Etats-Unis. Oui, vous avez raison, le Texas a été un
marché où il s'est fait des affaires. Je n'ai pas les chiffres
précis, M. Bergeron va me les donner. Mais j'aimerais vous mentionner
que cela va de pair avec cette flexibilité que l'on doit garder lorsque
l'on considère la mission de nos délégations.
Le Texas d'il y a un an et demi et le Texas d'aujourd'hui est une
situation dramatiquement changée. Vous pouvez demander facilement
à n'importe quel de nos exportateurs actuels et vous allez parler d'un
État américain qui avait un chômage dans les environs de 6
% ou 7 %, ce qui veut dire à toutes fins utiles pas de chômage, et
qui ce mois-ci se promène entre 22 % et 24 %. Et si le prix du
pétrole continue à se maintenir au niveau qu'il est actuellement,
ce ne sera certainement pas "the land of the opportunity" pour quelque
exportateur que ce soit. Alors, je précise que nous n'avons pris aucune
décision quelconque sur le plan commercial. M. Rémillard regarde
et confronte la réalité Atlanta-Dallas; quant à moi je
regarde les deux également en vous disant que le marché
particulièrement du Texas et du Sud des États-Unis a
changé.
Voici un autre aspect, par contre, que je vais vous mentionner. La
délégation d'Atlanta, pour nous, représente un
intérêt commercial mais représente également un
intérêt scientifique et technologique. Le "Triangular Science
Park", que mon adjoint parlementaire, le Dr Rivard, connaît encore
beaucoup mieux que moi, représente une concentration d'industries dans
le domaine des technologies avancées. Je dirais que, toujours dans ce
contexte de flexibilité, je verrais très bien dans cette
région un représentant technologique ou science- technologie qui
nous permettrait, pas nécessairement au départ, de vendre de nos
technologies, mais d'identifier sur place des créneaux d'excellence avec
lesquels on pourrait coopérer.
M. Parent (Bertrand): Je conviens, M. le ministre, que le Texas
d'aujourd'hui est quelque peu différent, sauf que vous conviendrez aussi
que c'est une conjoncture assez spéciale qui peut être
replacée par une montée des prix du pétrole qu'on ne
contrôle pas de part et d'autre. Aussi le fait que je vous apporte n'est
pas un fait qui remonte à six mois ou un an; ce sont des choses qui se
sont passées il y a quelques jours, il y a quelques semaines, ce qui
montre une préoccupation des gens du milieu là-bas. Je voudrais
juste m'assurer que, dans toutes les décisions qui seront prises, le
sous-ministre adjoint, dans ses recommandations, en prendra bonne note.
Un autre exemple - je passe assez rapidement - qui semble tout aussi
important est celui de Caracas au Venezuela. En fait, l'équilibre du
commerce bilatéral entre le Québec et le Venezuela ne risque pas
de se réaliser avant longtemps, puisque votre collègue du
ministère des Relations internationales, M. Rémillard, a
décidé de fermer la délégation de Caracas. Je pense
que l'axe du commerce Québec-Canada-Venezuela... Les exportations
canadiennes au Venezuela ont chuté de 62 % depuis cinq ans. La
participation des Québécois par rapport à l'ensemble
canadien a toutefois augmenté pour atteindre 16,5 % en 1984, contre 8,2
% en 1982.
Je veux souligner que la participation québécoise augmente
d'année en année selon les chiffres qui nous sont donnés
et il semble y avoir un mouvement à contre-courant qui risque de
remettre en question tout le travail fait au cours des dernières
années.
M. MacDonald: Oui, je pense que vous savez aussi que dans mes
discussions avec M. Rémillard, qui me faisait part de son intention de
fermer la partie que j'appelle nécessairement politique, culturelle et
sociale, je lui ai indiqué que je n'avais pas du tout pris de
décision concernant l'avenir de la délégation commerciale.
Cependant, je dois vous dire - et vous êtes au courant -qu'encore
là, pour différentes raisons, que ce soit l'ampleur des projets,
le prix du pétrole ou la combinaison des deux, la
crédibilité ou la capacité financière du Venezuela
n'est plus ce qu'elle était et cela ne représente plus, pour les
exportateurs canadiens, le marché relativement facile qu'il a
déjà été.
M. Parent (Bertrand): Je vous remercie, M. le ministre. Vous avez
mentionné la collaboration, dans le cas des foires et des expositions,
du gouvernement canadien. Je vous ai dit que j'étais quelque peu
sceptique,
mais l'expérience va nous prouver si vous faites un bon coup et
si vous allez avoir de la collaboration. Je pourrai juger de cela au cours de
la prochaine année.
Cependant, dans le cadre des déclarations ou des
allégations que vous avez faites, dans lesquelles vous dites que vous
voulez faire appel aux délégués commerciaux des ambassades
canadiennes, il me semble que, là aussi, il va falloir que vous
éclaircissiez bien votre position. Le ministre est certainement
conscient, dans un premier temps, qu'au fil des années et aussi selon
son expertise il a pu voir, au cours des 20 dernières années,
dans le milieu des affaires, que la représentation commerciale du
Québec à l'étranger a tissé des liens personnels et
privilégiés dans plus d'une région. Cet état de
choses risque d'être remis en question, si on commence à compter -
si j'ai bien interprété - sur une représentation, parfois,
à certains endroits, par l'entremise des ambassades canadiennes.
J'aimerais que vous puissiez clarifier cette dimension car, en raison de tout
le travail fait jusqu'à maintenant et qui commence à porter ses
fruits par notre présence, il me semble absolument essentiel et
nécessaire qu'on compte sur nous-mêmes.
M. MacDonald: C'est évident, c'est
élémentaire. Il n'est pas question de remettre en cause les
endroits où on a en place des infrastructures et du personnel
entraîné et efficace. Il y a cependant le fait que, les ressources
étant limitées, nous ne pouvons songer à doubler ou
à tripler les effectifs travaillant pour le Québec, du jour au
lendemain, ou encore même dans un délai convenable. (21 h 15)
J'aimerais vous signaler que, strictement et purement sur une base de
rentabilité d'affaires, je vous ai mentionné que nous payons, en
tant que Québécois et Canadiens, ce réseau d'ambassades et
de consulats. Il est également vrai que, dans certains pays, la
majorité, sinon la totalité, est francophone et vient
généralement du Québec. Dans presque toutes les ambassades
et les consulats, vous allez retrouver également d'anciens
Québécois à qui, au cours des dernières
années - des neufs dernières années, s'il faut mettre le
doigt dessus, et peut-être même avant dans certains cas - on n'a
pas fait appel. Au contraire, on est allé même, dans certaines
circonstances qu'on me relatait, à donner des instructions
précises disant qu'il ne devait y avoir aucune communication entre les
deux parties. De cet état de choses qui est... Je n'ai pas besoin de le
qualifier, je vous laisse venir aux conclusions vous-même. Espérer
que, du jour au lendemain, l'ensemble des effectifs des ambassades vont devenir
tous des ardents défenseurs des intérêts du Québec
seulement, je ne suis pas dupe. Ce que je dis, c'est qu'il y a là des
ressources qui sont les nôtres - nous sommes des Canadiens - à qui
on peut demander de noun rendre service, de collaborer. Il me fait plaisir de
dire - et vous le savez probablement - ayant été indirectement
impliqué dans le dossier - que les représentants de l'ambassade
canadienne à Bruxelles ont été partie et partie
intéressée et partie très utile à l'entente
Bombardier-Iltis avec le gouvernement belge. Alors, c'est tout simplement se
servir de ressources qui sont les nôtres et à qui on a à
voir, à les approcher, à leur demander de travailler avec nous et
de servir les intérêts de tous les Canadiens dont nous sommes.
Dans un même ordre d'idées - et vu que vous m'ouvrez la
porte à ces ressources nouvelles que nous voulons utiliser - vous savez
également qu'il y a cette réalité qui est relativement
récente de Québécois établis à
l'étranger. Il y a dans toutes les grandes villes du monde et dans
plusieurs pays, un bon nombre de Québécois qui occupent des
positions en vue, qui ont une zone d'influence certaine et qui sont capables de
devenir des collègues précieux auprès de nos
délégués commerciaux et de nos attachés
commerciaux.
J'ai annoncé mon intention de créer un organisme semblable
à celui que les Français ont, que la France a,
c'est-à-dire de conseillers du commerce extérieur. J'ai
rencontré à Paris, il y a dix jours, le président et le
secrétaire de cet organisme de bénévoles, même plus
que des bénévoles, puisqu'ils paient de leurs propres deniers
l'appartenance à cette association, mais tout de même
nommés par le président de la France. Il y a actuellement - cet
organisme existe maintenant depuis au moins une cinquantaine d'années,
sinon plus, je crois que c'est plus que cela, c'est environ 80 années -
au service de la France et de son commerce extérieur, 2600 conseillers
du commerce extérieur qui deviennent dans leur pays d'adoption des
agents additionnels servant les intérêts de la France. Nous avons,
comme Québécois et comme Canadiens, de ces personnes
également à l'étranger. J'ai donc l'intention d'organiser,
appelez-le un organisme parralèle ou identique, là où il y
a possibilité de coopération dans certains pays. Il faut
s'assurer, une fois de plus, d'utiliser le maximum des ressources disponibles
pour faire la promotion des biens et des services du Québec à
l'étranger.
M. Parent (Bertrand): M. le ministre, je pense que vous avez
l'intention et c'est certainement très louable de penser à
utiliser toutes les ressources en poste, sauf qu'il ne faudrait pas perdre de
vue... Je pense, vous l'avez mentionné tantôt, que vous
n'êtes pas dupe et je ne l'ai jamais pensé non plus.
Mais le fait de compter parfois sur certaines personnes, qu'elles soient
de l'ambassade canadienne, et je n'ai rien contre, parce que parfois cela
pourrait être même des Québécois qui sont là,
peu importe... Mais, ce qu'il ne faudrait pas perdre de vue, c'est que les gens
que nous allons former sont les meilleurs ambassadeurs et ceux sur lesquels on
peut le mieux compter. Inutile de vous dire que certaines de ces ambassades et
certains de leurs représentants, pour quelles que soient les raisons,
ont des préjugés et cela peut être des raisons qui
s'expliquent de leur part, mais nous risquons d'en être les victimes. Ils
ont des préjugés plutôt favorables à diriger des
choses vers l'Ontario, la Colombie britannique ou ailleurs et il ne faut
certainement pas tenir pour acquis, parce qu'on a de bonnes ententes ou de
bannes relations avec le réseau des ambassades canadiennes, qu'il faille
compter sur eux comme étant nécessairement nos meilleures
ambassadeurs. Ce que je veux souligner, c'est d'abord et avant tout de compter
sur nos gens et mettre l'accent là-dessus, ce qui n'empêche pas
que, si l'ouverture que vous en faites rapporte des petits, ce sera tant mieux!
Mais il n'y a rien de tel que nos gens, sur lesquels on peut compter. Je pense
que vous serez d'accord avec moi là-dessus.
M. MacOonald: Je suis totalement d'accord et vous réalisez
que je suis d'accord du simple fait que je conserve, à toutes fins
utiles, la délégation commerciale québécoise
à l'étranger intacte quant au nombre et à l'importance
qu'elle a. Je ne fais qu'ajouter des ressources additionnelles qui ne
coûtent rien de plus et desquelles on n'a pas encore cherché
à ressortir les services maximaux. Bien au contraire, même.
M. Parent (Bertrand): Alors, j'aimerais aborder deux autres
petits points pour compléter ce secteur des représentations
à l'étranger et sauter dans le libre-échange, puisque le
temps file rapidement, M. le Président. Ça va? Votre job n'est
pas trop dur"?
Le Président (M. Baril): On vous écoute!
M. Parent (Bertrand): Le 15 avril dernier, votre collègue
du ministère de l'Énergie et des Ressources inaugurait à
Milan le bureau de la promotion des industries du bois destiné a
représenter les producteurs québécois et encourager les
exportations du bois d'oeuvre sur le marché européen. J'aimerais
savoir si ce genre d'initiative sera répétée par vous dans
d'autres pays ou dans d'autres secteurs ou si c'est une initiative pure et
simple du ministre de l'Énergie et des Ressources.
M. MacDonald: C'est intéressant que vous mentionniez ceci.
Premièrement, vous savez que c'est une initiative du gouvernement
fédéral et du gouvernement provincial se partageant, chacun
à un tiers et l'autre tiers avec l'Association des manufacturiers de
bois de sciage, les coûts d'implantation et de fonctionnement, pour les
trois prochaines années, de ce bureau à Milan. C'est un bureau
qui doit couvrir l'Afrique, le Moyen-Orient et la partie sud de l'Europe. Nous
ne pouvions être présents; c'est M. Ciaccia qui y est allé
et l'affinité culturelle qu'il a avec le milieu a fait de cette
ouverture un succès qui a été merveilleusement bien
couvert et bien reçu dans le coin. Je dois cependant ajouter qu'au
lendemain de cette ouverture Mme Saucier, qui est la présidente de
l'Association des manufacturiers de bois de sciage et la présidente
désignée de la Chambre de commerce de la province de
Québec, est venue rejoindre notre délégation à
Bruxelles avec une intention ferme et entamant, dès son arrivée,
des démarches pour savoir quelles pouvaient être les
possibilités d'ouvrir un bureau de l'Association des manufacturiers de
bois de sciage pour couvrir cette partie du nord et plus vers l'est de
l'Europe. C'est une initiative dans laquelle on a mis des fonds
intéressants. C'est une initiative qui, je vous le mentionne, est
québécoise et canadienne, mais qui implique l'industrie Oui,
certainement, si on est capables de démontrer la rentabilité
possible d'autres milieux, on sera partie pour les aider à
s'installer.
M. Parent (Bertrand): Est-ce que le ministre peut me dire quelle
sera la relation ou quel rôle jouera le bureau de Milan avec le bureau
commercial du Québec à Milan et la délégation de
Rome?
M. MacDonald: Quel rôle jouera le bureau de...?
M. Parent (Bertrand): Quelle relation aura le bureau de Milan
avec le bureau commercial du Québec à Milan et la
délégation de Rome?
M. MacDonald: Pour le moment, il n'y a rien de prévu
au-delà de ce que je vous ai mentionné tantôt. J'attends le
rapport que je pourrais qualifier de rapport Bergeron sur l'avenir de cette
délégation. J'aimerais vous mentionner, par contre - et je ne
veux pas que vous préjugiez du rapport Bergeron en ce sens - que,
même si nous avons eu comme résultat de notre
représentation à Milan, sur le plan commercial, dans les
années soixante-dix, un certain nombre d'implantations, d'installations
d'entreprises manufacturières au Québec - et quelques-unes sont
encore en activité - nous n'avons effectivement rien eu de Milan depuis
à peu près six ou sept ans.
D'où, malgré qu'on me dise, qu'on vous dise et qu'on
constate que l'industrie italienne est concentrée dans ce triangle de
Gênes, Trieste et Milan, la réalité est que, pour une
raison ou pour une autre, on n'a pas réussi à y faire des
affaires dans les six ou sept dernières années. Quel est
l'avenir? Est-ce parce que nous n'avons pas agi de la bonne façon?
Est-ce qu'on aurait plus de succès en s'arrangeant différemment
avec d'autres personnes ou d'autres organismes? C'est cette remise en cause que
j'ai demandée et dont j'ai hâte de voir les résultats.
M. Parent (Bertrand): Le bureau des industries du bois à
Milan est financé comment?
M. MacDonald: Un tiers, un tiers, un tiers: par le
fédéral, par le provincial et par l'Association des
manufacturiers de bois de sciage.
M. Parent (Bertrand): Et cela implique quelle sorte de coût
concernant le tiers...
M. MacDonald: Le montant total est important. Pour nous, c'est
195 000 $ pendant trois ans ou, si vous voulez, trois fois 195 000 $.
M. Parent (Bertrand): C'est un montant annuel, ces 195 000 $?
M. MacDonald: Oui, c'est cela. Nous nous sommes engagés
pour trois ans.
M. Parent (Bertrand): D'accord. Merci. Un dernier point
concernant ce volet-là. En début d'année, une quinzaine de
délégués commerciaux du Canada rappelés des quatre
coins du monde participaient, pour le projet Carrefour-Export 86, à une
tournée pancanadienne de rencontres avec des gens d'affaires pour les
informer des possibilités d'exploiter ou de percer les marchés
internationaux. Si le ministre tentait de rééditer
l'expérience, facilitant ainsi les contacts entre les milieux des
entreprises et les délégués commerciaux du Québec
à l'étranger, est-ce qu'il ne croit pas que tous confirmeraient
la pertinence du travail des attachés commerciaux et qu'ils
n'accepteraient pas la moindre coupure dans leurs effectifs, par rapport au
rôle qu'ils auraient à jouer dans une approche similaire?
M. MacDonald: C'est intéressant que vous mentionniez ceci,
parce que j'ai rencontré cette délégation de
délégués commerciaux des ambassades canadiennes. Ce qui
est remarquable, c'est que la majorité, sinon la totalité,
était bilingue. Et plusieurs étaient des francophones. Cette
conviction que j'avais de vouloir me servir des ressources canadiennes à
l'étranger pour la bonification des actions québécoises a
été confirmée ce matin-là par la rencontre avec ces
gens. En ce qui a trait à ce que vous suggérez,
c'est-à-dire de présenter ou de faire connaître un peu
mieux et un peu plus les délégués commerciaux
québécois à l'étranger, je trouve que c'est une
excellente suggestion. Il y a un problème, comme vous le savez
très bien, par contre, les faire revenir coûte très cher.
Ils sont répartis un peu partout. Nous avons un programme, à
l'heure actuelle, qui les rappelle au Québec une fois par année.
Cette fois par année sera le 12 mai. Effectivement, il y aura quelques
rencontres, mais il n'y a pas les rencontres que vous auriez aimé voir
et je présume que vous me mentionnez être capable de circuler en
province et de rencontrer plus de monde. Je trouve que c'est excellent comme
suggestion et, pour autant que les ressources le permettent, on devrait en
faire la promotion.
M. Parent (Bertrand): Je vous remercie, M. le ministre. M. le
Président, sur ce volet, pour moi, c'est complet. Avant de passer au
dernier volet que je voulais aborder, celui du libre-échange, je ne sais
pas s'il y en a qui ont des questions?
Le Président (M. Baril): Est-ce qu'on a des questions?
Libre-échange
M. Parent (Bertrand): M. le Président, je vais aborder le
dernier vo!et qui est celui du libre-échange. Il est bien sûr, M.
le ministre, qu'on aurait voulu passer beaucoup plus de temps seulement sur cet
aspect qui risque de marquer, finalement, le Québec et le rôle que
votre ministère aura à jouer. Cependant, je vais essayer d'y
aller d'une façon très succinte et j'ai essayé de
regrouper les questions par rapport aux différents problèmes qui
se passent actuellement.
D'abord, concernant ce que j'ai appelé les barrières
provinciales, le code d'éthique, le premier ministre, M. Bourassa,
déclarait le 20 avril dernier, donc il y a à peine une dizaine de
jours, que le Québec serait disposé à abolir les mesures
restreignant la libre circulation des biens et des personnes sur le territoire,
de façon à permettre une négociation plus
dégagée avec les États-Unis sur le libre-échange et
cela, selon un souhait formulé une semaine plus tôt par le premier
ministre Mulroney. (21 h 30)
Au cours de la dernière campagne électorale, le Parti
libéral s'était engagé à établir, avec les
autres provinces canadiennes, un code d'éthique pour abolir les
restrictions imposées au commerce interprovincial. Dans un document
électoral
intitulé "Pour résorber Le sous-emploi", le Parti
libéral écrivait, et je cite, M. le Président: "initier de
façon prioritaire, au début de son mandat, des
négociations avec les autres gouvernements provinciaux afin
d'établir le plus tôt possible un code d'éthique
commerciale avec les autres provinces". Dans ce même document du Parti
libéral, on apportait une précision supplémentaire et,
à nouveau, je cite: "Dans le cadre de cette démarche, être
prêt à réviser, et sans délai, l'application de la
politique d'achat en fonction des nouvelles réalités
économiques tel le développement d'industries à
caractère mondial". Enfin, le premier ministre précisait, le 20
avril dernier, que les provinces ne sont pas prêtes à faire cette
concession d'éliminer leurs mesures protectionnistes, du moins pas avant
que les négociations avec les Américains soient en marche. Face
à cette toile de fond de l'état de la situation concernant le
volet du libre-échange au niveau de la circulation de biens et de
personnes sur le territoire interprovincial, cette volonté
manifestée par M. Bourassa d'abolir les mesures protectionnistes du
Québec n'est-elle pas la réponse à un souhait de M.
Mulroney? Qu'en pensez-vous, M. le ministre?
M. MacDonald: Ce que j'en pense, c'est que, effectivement, il y a
beaucoup trop de barrières empêchant le transport ou le
déplacement de personnes, de biens ou de services entre les provinces
canadiennes. Toutes les provinces - l'exception peut-être confirmant la
règle - le réalisent très bien. Avant de regarder
l'incidence que ceci peut avoir lors des prochaines négociations
bilatérales avec tes États-Unis, le fait a été
constaté par les provinces et par le gouvernement fédéral
et, depuis l'automne dernier, il y a un comité de fonctionnaires des
provinces qui discute de ce sujet avec le gouvernement fédéral.
Il y a eu des rencontres, si je me rappelle bien - et vous pourriez questionner
mon collègue, M. Johnson - à Jasper ou à Banff,
dernièrement, où ce sujet-là a été
abordé et où toutes les provinces ont démontré leur
bonne volonté d'avancer. Mon collègue M. Grenier, qui est en
tête de la Direction de la politique commerciale, était
présent pour représenter le Québec, avec l'expertise qui
est la sienne dans ce domaine.
Il y a également le comité Reisman qui se doit de se
pencher sur ce sujet. Vous avez sûrement lu les commentaires des
différents intervenants américains qui ont suggéré
que, avant d'aller discuter avec eux, peut-être - qu'on devrait s'assurer
une plus grande libéralisation des échanges à
l'intérieur même du Canada. Il est évident que, dans le
processus de discussions pour une plus grande libéralisation des
échanges dans un secteur ou dans un autre, les
Américains vont vouloir faire face à une politique
canadienne et non pas à une politique d'une, de deux ou trois provinces
éparpillées dans la géographie canadienne. Qu'on le
veuille ou qu'on ne le veuille pas, nous avons d'abord à réaliser
la nécessité d'une plus grande liberté de mouvement
poussée et moussée par le besoin des discussions
bilatérales et poussée également par la
réalité du GATT, qui se fait encore de plus en plus pressant avec
un plus grand nombre de pays intervenants et qui n'aime pas non plus voir une
entente, conclue avec le Canada, mise de côté ou rendue
pratiquement nulle dans un certain nombre de provinces à cause des
barrières interprovinciales.
Je crois que tout le monde est conscient du problème. Je crois
qu'il y a beaucoup de bonne volonté. Cela ne veut pas dire que ça
va se régler du jour au lendemain, bien au contraire, mais je crois que
les tendances vont dans la bonne direction.
M. Parent (Bertrand): Comment jugez-vous qu'une réduction
des mesures protectionnistes entre les provinces va favoriser positivement
l'économie du Québec de façon très succincte?
M. MacDonald: Au même titre que je juge qu'une plus grande
libéralisation des échanges avec un ou des pays en particulier va
ouvrir des marchés aux exportateurs québécois qui seront
capables d'être concurrentiels, tant en qualité qu'en prix.
M. Parent (Bertrand): S'agit-il, à votre avis, M. le
ministre, d'une concession nécessaire aux négociations
canado-améncaines sur le libre-échange?
M. MacDonald: Excusez-moi.
M. Parent (Bertrand): S'agit-il, à votre avis, d'une
concession nécessaire aux négociations canado-américaines
sur le libre-échange? On a appelé cela une concession.
M. MacDonald: Je n'appelle pas cela une concession, je n'appelle
pas cela du tout une concession. J'appelle cela une négociation
intelligente entre partenaires qui cherchent à améliorer une
situation qui est influencée par des mesures qui ont été
prises à un moment où c'était peut-être
nécessaire. Mais je vous ai mentionné cet après-midi, et
je me permets de le mentionner de nouveau, qu'on ne peut pas se protéger
derrière des barrières tarifaires ou non tarifaires pendant des
années et des années sans se moderniser et sans s'assurer
d'être capables de devenir compétitifs. Nous ne pouvons pas nous
satisfaire d'un marché interne, purement. Si on veut améliorer le
bien-être de nos
citoyens - déjà, le maintenir au niveau où il est
actuellement, c'est un gros travail - il faut absolument élargir le
nombre et l'importance de nos marchés à l'exportation. C'est une
formule très simple.
M. Parent (Bertrand): Sur le plan de la théorie, vous avez
raison, M. le ministre, sauf que vous savez aussi bien que moi que cette
approche, que cette philosophie est loin de susciter l'accord de nos voisins de
l'Ontario, qui ont des mesures protectionnistes qu'on sera loin d'abolir demain
matin. Quand vous dites cela dans un élan que, j'appelle un élan
du coeur, je pense que vous êtes rempli de bonne volonté, mais,
dans les faits, il va se passer autre chose.
M. MacDonald: Dans les faits, M. Parent, si on ne fait rien, il
ne se passera rien. Si on essaie, comme cela se fait actuellement... Pans ne se
construira pas ou l'entente ne se fera pas en un jour et même pas en un
an, mais, comme je vous l'ai mentionné, les tendances vont dans la bonne
direction.
M. Parent (Bertrand): On pourra en juger au cours de la prochaine
année.
M. MacDonald: On regardera les résultats ensemble.
M. Parent (Bertrand): Exactement et je vous souhaite bonne
chance. Je pense qu'il faut amorcer aujourd'hui quelque chose si on veut avoir
des résultats, sauf que je pense que vous êtes conscient qu'on a
des barrières de ce côté-là.
Conformément aux engagements électoraux, j'ai fait
allusion tantôt à la négociation d'un code d'éthique
et ce, à très court terme, j'aimerais savoir ce que le ministre
ou ce que le Parti libéral entendait par cette négociation d'un
code d'éthique commerciale entre les provinces. Jusqu'où cela
voulait-il aller? Est-ce clair?
M. MacDonald: Vous savez comme moi qu'il y a des pratiques
déclarées et qu'il y en a qui ne sont pas
déclarées, mais qui sont tout aussi restrictives. L'exemple que
je pourrais vous donner, la politique préférentielle d'achat
d'Hydro-Québec, est déclarée, avec pourcentages à
l'appui, et la pratique réelle préférentielle d'Hydro
Ontario sur le nombre des années. Alors, ce n'est qu'un exemple pour
vous démontrer qu'il serait intéressant de pouvoir faire
intervenir entre les parties intéressées un code qui permettrait
de ne pas camoufler une pratique telle que celle que j'ai mentionnée
chez nos voisins vers l'ouest par rapport à celle qui, chez nous,
n'était pas camouflée.
M. Parent (Bertrand): Le Parti libéral s'était
engagé, lors de la dernière campagne, à réviser
sans délai cette politique d'achat préférentielle, qui a
été instituée en 1977 par le précédent
gouvernement. Est-ce que, M. le ministre, vous entendez toujours réviser
cette politique qui a permis quand même à de nombreuses
entreprises québécoises de faire des affaires avec le
gouvernement et qui a favorisé, je pense, beaucoup le
développement économique du Québec?
M. MacDonald: C'est très vrai, vous avez absolument
raison, que ces entreprises ont maintenant "gradué". Je dois vous dire,
par contre, que la recherche d'un code d'éthique ou la recherche de
l'abaissement de barrières entre les provinces ne se fera pas
unilatéralement. Vous ne pouvez pas vous désarmer
unilatéralement. Alors, il n'est absolument pas question pour nous de
penser à des concessions ou à des mises de côté de
pratiques unilatéralement. Mais, si on retrouve chez nos
confrères ou dans les provinces voisines, une volonté de
discuter, de trouver les moyens d'élargir et de libéraliser, nous
serions très mal placés de ne pas poursuivre.
M. Parent (Bertrand): Actuellement, vous montrez une bonne
volonté de collaboration...
M. MacDonald: C'est cela et on fait des suggestions.
M. Parent (Bertrand): ...et vous ne bougerez pas si les autres ne
bougent pas.
M. MacDonald: Non, il n'est pas question de...
M. Parent (Bertrand): On ne se désarme pas si les
autres...
M. MacDonald: Non, absolument pas.
M. Parent (Bertrand): Est-ce que le Québec sera le seul
à faire ces concessions?À ce stade-ci, ce qui est un
peu surprenant, c'est que le premier ministre ait pris certaines positions ou
ait déjà pris les devants là-dessus. On a un peu
l'impression qu'on est la seule province, selon les échos que j'ai,
à vouloir bouger en termes de concessions, en disant: Nous sommes
prêts à faire tel genre de chose pour obtenir cette coordination
canadienne ou interprovinciale afin que la négociation avance au niveau
du libre-échange.
M. MacDonald: Je pourrais prendre, à titre d'exemple,
votre carrière. Très facilement, dans plusieurs domaines, je vous
dirais tout simplement que M. Bourassa prend le
leadership d'un domaine où tous réalisent qu'il faut qu'il
y ait des améliorations, mais où, comme dans n'importe quelle
circonstance, cela prend un leader pour amorcer les discussions. C'est le
rôle que je l'ai vu jouer.
M. Parent (Bertrand): Je vous remercie, M. le ministre. Pour
continuer dans le dossier du libre-échange, le 9 février dernier,
vous déclariez et je cite: "Si l'on veut avoir accès au
marché des États-Unis, nous allons devoir faire des concessions.
On ne pourra pas seulement recevoir, il va falloir donner." Là,
concernant ce libre-échange avec les États-Unis, vous aviez
certainement des choses très précises derrière la
tête à ce moment ou était-ce plutôt une
ouverture?
M. MacDonald: C'était une ouverture. Vous savez comme moi,
monsieur, que dans n'importe quelle négociation il y a du "give and
take" et cela ne peut pas être à voie unique. Dans une
négociation aussi importante que celle-ci, où il y a tant
d'intérêts en jeu, on devra certainement faire, si on est pour en
venir à une entente quelconque, des concessions. Lesquelles? Je n'en
présupposerais aucune, à l'heure actuelle, dans aucun dossier,
car le Québec n'a arrêté dans aucun dossier une position
qui sera la nôtre.
Tous les dossiers de micro-économique sont à
l'étude. Certains ont été produits et, à partir de
là, on pourra formuler des positions et des fourchettes de
négociation qui nous seraient acceptables.
M. Parent (Bertrand): On a parlé cet après-midi ou
en début de soirée, M. le ministre, de certains secteurs -
j'avais cité celui de la chaussure ou celui du textile -dits secteurs
mous pour nous au Québec. Quelle est votre approche ou votre philosophie
à ce stade-ci? Si j'ai bien compris, tout n'est pas arrêté
quant à la position du gouvernement et à votre position
concernant le libre-échange et les différents secteurs qui
peuvent être touchés, surtout concernant le rapport qui a
été déposé dont on n'a pas encore reçu
copie, mais dont nous sommes au courant. Quelle est votre position quant
à toute cette approche du libre-échange et aux différents
secteurs? Est-ce que vous la voyez de façon globale et sectorielle dans
le temps? Quelle est votre approche à ce stade-ci?
M. MacDonald: Ce n'est pas a moi de décider de quelle
façon cela sera discuté et de la séquence que MM. Yeutter
et Murphy voudront prendre avec M. Reisman. Mais, je peux prétendre,
ayant suivi des négociations semblables dans le contexte du GATT, que,
oui, effectivement, cela va se faire secteur par secteur.
(21 h 45)
II y a des domaines dans lesquels nous avons déjà une
position de libre-échange et il y en a d'autres où nous allons
souhaiter une libéralisation. Il y en a où ce sont les
partenaires américains qui vont souhaiter une plus grande
libéralisation. Vous parliez tantôt des secteurs mous. Un secteur
qui subirait une transformation plus ou moins importante, selon le secteur
considéré. À ce moment-là, il est évident -
et nous l'avons déclaré - que nous allons exiger des programmes
de transition, des programmes qui vont impliquer l'aide des gouvernements, le
gouvernement fédéral et le gouvernement provincial, des
programmes qui vont s'échelonner sur des périodes aussi courtes,
peut-être, qu'un an, mais peut-être aussi longues que sept ans,
neuf ans, dix ans ou douze ans, permettant à une industrie, avec l'aide
des programmes gouvernementaux dits de transition, de se moderniser, permettant
à l'industrie comme telle de connaître des consolidations qui vont
lui permettre de devenir compétitive, dans un contexte de marchés
où il n'existerait pas, ou à peu près pas, de
barrières tarifaires.
En résumé, vous vous référez au programme de
M. Bourassa; vous me permettrez de me référer à ce
qu'était la position de votre gouvernement avant les élections.
La position de votre gouvernement en était une d'ouverture totale et
entière sur le libre-échange. La différence
immédiate que nous y faisons, c'est que nous sommes réceptifs
à la libéralisation des échanges. Nous ne le ferons pas
sans posséder la totalité des études
micro-économiques et macro-économiques qui nous permettront
d'avoir une vue d'ensemble et de connaître le mieux possible les
répercussions que pourrait avoir une plus grande libéralisation
dans des secteurs particuliers ou dans un ensemble de secteurs.
Je pense que cette position et cette façon de faire, qui est
notre façon d'approcher le problème, nous différencie
considérablement de l'approche, qui était celle de vos
collègues, qui les empêchait de se jeter dans cette
libéralisation parce qu'elle rencontrait rapidement une des abjections
que vous considériez comme majeure à l'article 1 du programme du
parti,
M. Parent (Bertrand): Vous me permettrez de faire une petite
correction. Je ne pense pas que la position soit aussi catégorique et
aussi claire, autant de votre formation politique, M. le ministre, que de la
nôtre. Le 16 octobre dernier, au ministère du Commerce
extérieur, j'avais eu à participer à des discussions et
à la préparation d'un document sur notre position. Je pense que
les approches du Parti québécois étaient loin d'être
aussi catégoriques que vous le dites et étaient loin de faire
tant de différence par
rapport à l'approche qui est prise actuellement. On ne sait pas
exactement où le gouvernement actuel s'en va. Je pense que vous avez
vous-même formé un comité et on en reparlera dans quelques
minutes. Vous avez vous-même dit qu'il fallait le prendre pratiquement
morceau par morceau, avec une ouverture d'esprit. En tout cas, quant à
moi, c'était certainement aussi une approche que je privilégiais.
Là où l'on va se différencier, ce sera peut-être
dans la façon de faire et d'aborder toute cette libéralisation
des échanges. Vous me permettrez de dire que ce n'est pas aussi
catégorique que cela.
M. MacDonald: Je pense que je vous dois...
M. Parent (Bertrand): Vous vous êtes échappé
un peu.
M. MacDonald: ...peut-être certaines excuses parce que je
crois que votre position, je la retrouve facilement. Je vous suggérerais
de lire les textes de notre prédécesseur, M. Landry, ou des
déclarations de M. Parizeau sur le sujet et cela varie
considérablement de ce que je perçois être votre position
ou la mienne.
M. Parent (Bertrand): Je vous ferais remarquer que je suis
présentement le représentant et le critique officiel de
l'Opposition. Nous aurons la chance, certainement, d'en discuter.
M. MacDonald: Sûrement, sûrement.
M. Parent (Bertrand): Je pense qu'il ne faudrait pas remonter
à Mathusalem.
M. Philibert: Ah! Un nouveau programme.
M. Cannon: J'aurais simplement un point d'information. Depuis 15
h 20, nous sommes en commission parlementaire à discuter les
crédits du ministère et, que je sache, le temps des
députés ministériels n'a pas été
utilisé. Je me demande si le député de Bertrand a encore
plusieurs questions à formuler sur ce sujet. Sinon, je sais que, de
notre côté, le député de Saint-Louis a des questions
à poser et le temps, effectivement...
Le Président (M. Baril): J'attendais seulement que le
député de Bertrand termine. Je m'apprêtais à donner
la parole au député de Saint-Louis.
M. Parent (Bertrand): Écoutez, je n'ai pas terminé,
c'est bien sûr. C'est pour cela que au fur et à mesure qu'on
avançait... Enfin, je sais que vous avez droit à du temps. Je ne
veux pas... Je reconnais que, jusqu'à présent, j'ai eu tout le
temps voulu. C'est bien sûr qu'il me reste des questions importantes. Je
n'ai pas d'objection, à ce stade-ci, à ce qu'on pose quelques
questions. Je pense qu'on peut essayer d'utiliser le temps au maximum et de
libérer les questions. Il est bien sûr que, si le
député de Saint-Louis ou qui que ce soit d'autre veut poser des
questions... Je voudrais seulement qu'on essaie de vider les sujets. Il me
reste certainement une vingtaine de questions à poser et j'avais...
Le Président (M. Baril): Nous allons finir à 22 h
15.
M. Parent (Bertrand): ...planifié être capable de
terminer à temps. Comme vous voyez, on n'a pas perdu de temps, on a
commencé à l'heure juste.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Bertrand, nous devrons nous limiter à cinq heures, nous devrons terminer
à 22 h 15. Peut-être que, à ce stade-ci, on pourrait donner
la parole au député de Saint-Louis.
M. Chagnon: Pour compléter dans la même veine que le
député de Bertrand, il semble qu'on entre dans la
libéralisation des échanges comme on entre en religion. Le
dossier fait couler énormément d'encre et amène beaucoup
de partisans, d'un côté comme de l'autre, à s'exprimer sur
cette question. Vous avez mentionné que vous vouliez bâtir une
stratégie proprement québécoise dans l'approche globale de
la libéralisation des échanges. Est-ce que vous avez l'intention,
M. le ministre, d'impliquer les délégués commerciaux du
Québec aux États-Unis dans l'élaboration de cette approche
gouvernementale, de cette stratégie que pourrait avoir le gouvernement
du Québec en matière de préparation à une
éventuelle négociation libre-échangiste avec les
États-Unis et avec le gouvernement canadien, il va de soi,
vis-à-vis des États-Unis?
M. MacDonald: Il n'y a pas de doute que nos
délégués aux États-Unis peuvent nous aider.
D'ailleurs ils nous aident - c'est leur travail - à identifier chez les
Américains des secteurs commerciaux où nous pouvons
espérer faire des affaires. À partir des informations qu'ils nous
donnent sur la tarification qui peut exister ou sur les barrières non
tarifaires qui nous empêcheraient d'exploiter ces créneaux, ceci
nous aide certainement à nous positionner. Cependant, je vous mentionne
qu'il n'y a pas encore, aux Etats-Unis, un engouement général sur
la réalité de discussions bilatérales
Canada-États-Unis. Certains sénateurs, certains membres du
Congrès, qui ont des intérêts particuliers dans leurs
milieux à ce qu'une telle entente intervienne ou n'intervienne
pas, sont plus présents dans les milieux du Congrès et du
Sénat. En dehors de leur région respective et du district de
Columbia, il y a encore très peu d'intérêt aux
États-Unis. Alors, nos délégués commerciaux, dans
le but de ramasser ce que nous pourrions appeler des informations utiles
à la négociation, ne peuvent pas ramasser grand-chose pour le
moment.
M. Chagnon: Quand je disais, M. le Président, qu'on entre
en religion, je pensais à cette néo-religion de ta capitale
fédérale où la discussion sur le libre-échange
semble être, entre autres dans les propos du premier ministre du Canada,
d'une actualité constante. Pour le Québec, il y a certainement
des objets qui risquent d'être fortement touchés par
d'éventuelles discussions libre-échangistes. Est-ce qu'on peut
penser que, même s'il y a à peu près 80 % des produits
canadiens exportés aux États-Unis qui ne sont pas sujets à
des quotas, à des limites d'importation ou d'exportation, les autres 20
%... Le député de Bertrand le mentionnait, il parlait des
secteurs mous, il parlait du textile. Mais on sait aussi, comment au
Québec, l'industrie du meuble risque d'être affectée
éventuellement par une libéralisation trop rapide des
échanges canado-améncains. Or, l'industrie du meuble, M. le
Président, bon an mai an, fait vivre à peu près 15 000
à 18 000 Québécois. Je présume que la
stratégie - et je demanderais au ministre de préciser cela -
devrait en être une de spécification d'éléments de
négociation, de strates, de types d'industries, qui ferait en sorte de
nous amener dans une négociation de type sectoriel dans chacun des
éléments de cet éventuel libre-échange.
Par exemple, dans l'industrie du meuble, je pense que cela nous prendra
sérieusement, peut-être, plusieurs années de discussions et
de négociations pour arriver à s'entendre avec les Etats-Unis qui
ont aussi un potentiel d'exportation vis-à-vis du Canada qui est
énorme.
M. MacDonald: Oui, c'est intéressant, ce que vous dites.
C'est intéressant aussi d'observer que, dans l'industrie du meuble comme
dans d'autres industries, on entend des prophètes de malheur comme des
gens qui accueillent avec enthousiasme la libéralisation des
échanges. Je peux vous dire que j'ai rencontré des manufacturiers
qui ne demandent pas mieux que de voir une plus grande libéralisation
des échanges pour introduire encore plus profondément, parce
qu'ils sont déjà sur place, leurs produits. Mais ce sont des gens
qui, généralement - et je ne voudrais pas employer le terme - se
sont robotisés, c'est-à-dire ont optimisé leur
rentabilité, la compétitivité de leur entreprise au
maximum, même à l'intérieur de ce qu'ils
considéraient être un marché privilégié ou un
marché protégé, etc. Il y en a d'autres qui ne l'ont pas
fait, pour différentes raisons, je n'accuse personne, je ne fais que
constater. Mais je vous mentionne tout de même que pour l'un ou pour
l'autre le défi de la croissance réside dans l'accès de
plus en plus facile à des marchés additionnels et, pour ce faire,
ils devront continuellement chercher à améliorer leur
compétitivité, et c'est là le grand défi.
M. Chagnon: Dernière question: Est-ce que l'approche du
ministère du Commerce extérieur dans cette question en est une,
sur le plan de la stratégie de l'approche, en est une, dis-je, de
négociation sur une base sectorielle? Vous avez mentionné, entre
autres, certains membres du Congrès ou certains sénateurs en
Oregon qui ont des réticences majeures aux États-Unis dans tout
le dossier de la vente du bois. Dans l'Est, on a des réticences
énormes aux États-Unis dans les dossiers d'échange sur le
plan des pêcheries, par exemple. Est-ce que l'approche du
ministère en serait une de négociation sur une base sectorielle'?
II y a l'agriculture; la députée de Mégantic-Compton
mentionne l'agriculture, c'est aussi exact. Est-ce que l'approche du
ministère en sera une, pour la préparation de ces dossiers en vue
d'une préparation probablement fédérale-provinciale, de
négociations sur une base sectorielle des produits
québécois manufacturés?
M. MacDonald: Encore là, ce n'est pas nous qui au
départ allons tabler les propositions de procédure, c'est
plutôt l'ambassadeur Reisman et son équipe. Cependant, on semble
comprendre à l'heure actuelle que, justement, cela va s'étudier
secteur par secteur. Cela nous va d'étudier ça et de chercher
à établir des mandats de négociation secteur par secteur.
Il est évident que nous ne pouvons pas attendre d'avoir
réglé tous les secteurs de la négociation. Rappelez-vous
que, dans les catégories qui peuvent être négociées,
au départ, si je me rappelle bien - M. Grenier, corrigez-moi - on avait
parlé de 44 grands secteurs réduits à 15, englobant un
certain nombre... Il y en a qui veulent étendre cela encore. Des
secteurs, il y en a plusieurs.
Vous avez mentionné une chose; vous avez dit 80 %. À la
fin de la réalisation des ententes du GATT, à la fin de 1987,
"Tokyo Round", effectivement, à peu près 80 % de nos exportations
vers les États-Unis vont y aller sans tarif. Il y en a 10 % où la
tarification va être à l'intérieur de 5 % ou 6 % de droits
de douane. Cela en laisse très peu. Mais ce ne sont pas les tarifs
douaniers qui représentent, à notre avis, le problème
majeur dans ces négociations, ce sont les mêmes barrières
que M. le député de Bertrand mentionnait, à savoir ces
barrières qui au Canada sont interprovinciales et qui
sont aux États-Unis des barrières soit nationales, je
pense à "Buy America", ou des barrières en ce qui concerne les
États ou même en ce qui concerne les comtés à
l'intérieur des États, qui empêchent nos gens d'aller faire
concurrence.
M. Chagnon: Est-ce que le ministre du Commerce extérieur a
l'intention de rencontrer M. Reisman, peut-être, dans des délais
relativement raisonnables pour discuter de l'ensemble de cette question avec
lui? (22 heures)
M. MacDonald: Comme vous le savez, on a le privilège
d'avoir réussi à s'associer M. Jack H. Warren comme principal
conseiller du gouvernement du Québec en matière de
libéralisation des échanges. M. Warren est également le
négociateur du Québec au comité Reisman.
Je ne m'attends pas personnellement à siéger au
comité Reisman. J'ai déjà eu, par contre, l'occasion
d'avoir une rencontre avec les ministres provinciaux responsables du dossier
libéralisation des échanges dans leurs provinces respectives. Je
serais porté à croire que de telles réunions vont avoir
lieu encore dans l'avenir, mais je répète qu'au niveau du
comité Reisman M. Warren, probablement à l'occasion
accompagné par Mme Wilhelmy qui est la secrétaire
générale adjointe aux Affaires intergouvernementales canadiennes,
devraient être les représentants du Québec. Ils sont
accompagnés, pour votre information, généralement, par M,
Grenier qui est à côté de moi et qui a une vaste
expérience du domaine et par M. Pomerleau, du ministère de
l'Industrie et du Commerce qui, également, est un expert en la
matière.
M. Chagnon: M. le Président, je ne voudrais pas accaparer
plus du temps de cette commission. Je vous remercie.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Lafontaine.
M. Gobé: Merci, M. le Président. M. le ministre,
vous mentionniez vers la fin de cet après-midi, en réponse
à une question du député de Bertrand, que vous entendiez
être tenu au courant de toutes les étapes de la négociation
lorsque l'ambassadeur canadien va rencontrer son homologue
américain.
Je me pose une question. Advenant que les informations qui vont nous
être transmises à ce moment-là ne fassent pas notre
affaire, quels moyens pensez-vous employer afin de défendre nos
intérêts et de faire respecter les droits du Québec? Comme
la négociation sera déjà engagée, je me demande,
dans le processus, qu'est-ce que...
M. MacDonald: Je n'aime pas jouer sur des hypothèses et
spéculer, mais je vous dis que je me sentirais parfaitement à
l'aise de recommander à M. Bourassa - peut-être que je n'aurai pas
besoin de le lui recommander d'intervenir directement auprès de M.
Mulroney pour respecter les ententes qui auront été prises autour
de la définition de pleine participation.
M. Gobé: Donc, vous entendez réellement exercer une
vigilance de tous les instants au moment de cette négociation.
M. MacDonald: Absolument. C'est essentiel.
M. Gobé: Dans un autre ordre d'idées, je
m'interrogeais un peu plus tôt à savoir si l'avènement du
libre-échange aurait des incidences aussi au niveau des cerveaux,
c'est-à-dire au niveau des gens de chez nous qui sont qualifiés,
qui sont des ingénieurs ou des gens qui sont amenés à la
recherche. Ces gens-là ne seraient-ils pas tentés ou
n'auraient-ils pas plus de facilités pour aller s'établir dans
des endroits plus attirants au niveau fiscal ou au niveau de l'environnement du
fait de cette libéralisation? En d'autres termes, est-ce que cela ne
peut pas créer ou encourager une migration de nos principaux cerveaux,
comme on l'a vue dans certains pays européens?
M. MacDonald: Ce que nous recherchons, c'est une entente
commerciale et non pas une union douanière ou un marché commun
comme on a pu l'établir en Europe.
La question que vous posez sur le plan des intellectuels, si je peux
employer le terme, pourrait être également regardée sous
deux volets, c'est-à-dire les personnes elles-mêmes et/ou tout un
autre créneau qui, tout de même, s'apparente et qui s'appelle la
propriété intellectuelle. En soi, c'est un domaine vaste qui va
faire l'objet, justement, de discussions à l'intérieur de la
libéralisation des échanges.
J'aimerais revenir sur le premier élément de ma
réponse. Non, ce n'est pas ceI que nous cherchons. L'ouverture dont vous
parlez est beaucoup plus propre à cette entité qui serait un
grand marché commun. Ne cherchons pas à interpréter les
négociations bilatérales avec les États-Unis en dehors de
ce qui doit être une négociation purement commerciale.
M. Gobé: Mais, j'avais cru lire aussi bien dans des revues
d'information américaines que canadiennes ou entendre lors
d'émissions télévisées d'affaires publiques que le
rêve de M. Reagan était de faire une Amérique, du nord
jusqu'au sud. Est-ce qu'on ne se dirige pas, tranquillement, à petit
pas, dans cette direction-là? Tôt ou tard, ne se rendra-t-on pas
compte qu'on a enclenché un processus irréversible qui va nous
amener à connaître ce genre de choses-là?
M. MacDonald: La semaine dernière, en Europe, je
constatais, malheureusement, que les disparités régionales,
ethniques ou culturelles étaient tellement vives dans certaines
régions de l'Europe que cela fait paraître nos petits
problèmes canadiens et québécois quasi insignifiants.
M. Monnet et certains de ses collaborateurs à la création
du Marché commun européen ont soulevé cette
possibilité d'une Europe intégrée, d'un seul peuple, en
quelque sorte. Or, depuis les nombreuses années que le Marché
commun européen est en fonction, aucun des ces peuples n'a
sacrifié un iota de sa spécificité. Je pense
personnellement que le Canada et particulièrement le Québec a ce
genre de maturité qui ne serait pas mise en danger en aucune
façon par la réalisation d'une libéralisation des
échanges dans une entente avec les États-Unis.
M. Gobé: J'ai une dernière petite question. Merci,
M. le Président.
En terminant, on remarque qu'il arrive quelquefois que le Canada et le
Québec aussi, mais surtout le Canada, se dissocient de certains
programmes américains à titre militaire, par exemple. On fait
allusion à la fameuse "guerre des étoiles". Est-ce que le fait de
négocier le libre-échange ne nous amènerait pas à
être impliqué, malgré nous, dans ces programmes et à
nous mettre en porte-à-faux avec des attitudes politiques nationales que
nous n'accepterions pas forcément au niveau international?
M. MacDonald: II est possible que cela accentuerait un accord,
qui existe déjà, d'échanges commerciaux et
d'échanges scientifiques entre le Canada et les États-Unis dans
le domaine du matériel de défense. Vous faites allusion au
"Strategic Defence Initiative", SDI ou "Star Wars" mis de l'avant par M.
Reagan, vous avez remarqué que le gouvernement canadien avait
décidé de ne pas y participer comme gouvernement et a, cependant,
laissé la liberté totale et entière aux entreprises
canadiennes d'y participer. À ma connaissance, certaines ont
déjà des participations et d'autres sont en démarche pour
en obtenir.
M. Gobé: Merci, M. le ministre. J'ai terminé, M. le
Président.
Le Président (M. Baril): D'accord.
M. Cannon: Très brièvement, M. le ministre.
Le Président (M. Baril): M. le député de La
Peltrie.
M. Cannon: J'aurais quelques questions à formuler, M. le
Président, si vous le permettez.
D'abord, M. le ministre, j'aimerais connaître l'attitude du
gouvernement du Québec et du gouvernement fédéral
notamment en ce qui concerne le respect des parties dans un éventuel
accord. Je réfère plus spécifiquement aux
négociations du GATT, les négociations multilatérales,
notamment dans le domaine de l'importation des vins. Je pense que cela a
été un irritant pour les Américains de voir que le
gouvernement antérieur, le gouvernement du Parti
québécois, n'avait pas nécessairement respecté ses
engagements à l'égard de ce dossier-là. Cela a
soulevé un certain nombre de revendications de la part des
Américains. Quelle est l'assurance que vous pouvez nous donner,
aujourd'hui, en tant que ministre responsable de ce dossier, que, advenant un
éventuel accord avec les Américains, la parole donnée du
Québec sera respectée?
M. MacDonald: Dans toute entente commerciale bilatérale ou
multilatérale, il y a des mécanismes qui prévoient des
possibilités de mésentente, des mécanismes qui
prévoient que les parties, pour une raison ou pour une autre, pourraient
se retrouver dans des circonstances particulières qui justifieraient des
actions unilatérales et qui mettraient l'entente caduque dans un domaine
en particulier. Il y a, dans ces ententes, des provisions qui autorisent un tel
geste de ta part d'un partenaire pour un certain temps. C'est la
réalité à l'intérieur des ententes du GATT. Il y a
également des mécanismes qui prévoient que, si cela va
au-delà de la période spécifiée ou des termes
spécifiés, il y a, en quelque sorte, un certain tribunal, si vous
voulez, qui pourrait siéger ou un certain comité pour chercher
à réconcilier les parties avec ce qui était dans l'entente
originale.
Je vous donne des généralités, mais des
généralités qui font partie de toute entente commerciale
complexe. Celle dont on parle avec les Etats-Unis sera sûrement, si elle
se réalise, une entente très complexe et sûrement qu'on
retrouvera, à l'intérieur de ladite entente, les
mécanismes que je mentionne.
M. Cannon: Une dernière question, M. le ministre.
Tantôt, dans vos notes du début, au sujet notamment de la
libéralisation des échanges, à la page 8, vous avez
rappelé et je vous cite: "Ceci dit, nous sommes pleinement conscients de
l'impact que pourrait avoir une entente entre nos deux pays et nous avons
l'intention de tout mettre en oeuvre pour nous assurer que notre point de vue
sera respecté et qu'une éventuelle entente sera profitable pour
le Québec. C'est pourquoi, dans les négociations, le
Québec exigera, tout en exerçant son influence sur toutes les
questions qui peuvent affecter son
avenir économique, le respect intégral du cadre
constitutionnel et le partage des compétences législatives des
gouvernements." Êtes-vous en mesure de nous donner l'assurance, M. le
ministre, que, spécifiquement sur ces questions, lorsqu'il s'agit d'un
domaine qui relève de la juridiction québécoise, vous
allez soumettre à la commission parlementaire ou à
l'Assemblée nationale une proposition selon laquelle les
Québécois pourront entériner les décisions qui
seront prises dans le cadre de cet éventuel accord?
M. MacDonald: M. le député de La Peltrie, je trouve
votre question très intéressante, mais je me demande de quel
côté de la table vous devriez être assis. Il est
évident que le gouvernement du Québec, qui, soit dit en passant,
pour me référer à votre première question, sous son
gouvernement actuel, respectera sûrement les ententes intervenues, ii est
entendu, dis-je, que nous devrons soumettre, sous une forme ou sous une autre,
à la démocratie qui existe chez nous l'approbation d'une entente.
Quelle formule cela prendra-t-il? On m'a attribué, à un moment
donné... Encore là, le député de Bertrand va dire
qu'on a mal interprété mes propos, mais on m'avait posé la
question, à savoir si le référendum pourrait être
une façon d'approuver une entente qui pourrait intervenir entre le
Canada et les États-Unis et à laquelle te Québec
participerait. J'ai dit que, oui, le référendum pourrait
être un véhicule. Un vote au Parlement pourrait être un
autre véhicule, etc. Mais il est certain que le gouvernement du
Québec n'agira pas en vase clos et verra a faire entériner les
décisions qu'on prendra d'une façon très
démocratique.
M. Cannon: Merci, M. le ministre. J'ai terminé, M. le
Président.
Le Président (M. Baril): Merci. Alors, M. le
député de Bertrand, je vais vous laisser la dernière
question.
M. Parent (Bertrand): C'est clair, une dernière
question.,. Il m'en restait une trentaine. Une chance que le
député de La Peltrie... J'en ai trouvé d'autres par
rapport à toutes ces réponses. De toute façon, je pense
que la dernière question posée par le député de La
Peltrie faisait partie de mes priorités pour savoir ce que le ministre
entendait faire et ce que j'en conclus très clairement, c'est que vous
reviendrez par un processus quelconque, avant d'aller vers quelque
décision que ce soit, devant l'Assemblée nationale, afin d'avoir
les autorisations nécessaires, et je pense que c'est un engagement bien
important.
J'aimerais juste connaître votre réaction par rapport
à ce qui est sorti dans les journaux hier ou ces dernières heures
au sujet de la position du CTC qui est unanimement contre le
libre-échange et dont fait partie la FTQ. J'aimerais connaître
brièvement vos réactions par rapport à la position du
Congrès du travail du Canada.
M. MacDonald: Je pense qu'il y a lieu de se rappeler, M. le
député de Bertrand, que le même organisme était
unanimement, et violemment, contre le pacte de l'automobile au moment où
celui-ci se négociait. Je ne suis pas surpris du tout de l'attitude
prise par le CTC ou son leadership. Cependant, j'ose espérer qu'en cours
de développement du dossier "reason will prevail" et que nous serons
capables de nous acheminer vers une entente où la majorité des
intervenants seront favorables et réaliseront les bienfaits à
moyen et à long terme qui dépasseront sûrement, et de
beaucoup, ce qui pourraient être des inconvénients d'ajustement
à court terme.
M. Parent (Bertrand): Merci. J'aimerais, en terminant - ce n'est
pas une question -apporter certains commentaires, si vous me le permettez, M.
le Président.
Le Président (M. Baril): En guise de conclusion?
M. Parent (Bertrand): En guise de conclusion. M. le ministre,
vous aviez manifesté, en ce début d'étude des
crédits de votre ministère, le désir d'avoir un dialogue
positif et constructif, et un climat serein. Quant à moi, je m'en dis
très satisfait et je tiens à remercier votre sous-ministre et vos
principaux collaborateurs pour la clarté des réponses. Je dois
dire, pour avoir assisté à d'autres commissions parlementaires,
que cela ne se passe pas toujours dans les mêmes règles.
Cependant, je voudrais vous laisser, M. le ministre, en vous disant que ma
façon, à moi, de voir les choses comme critique est de bien faire
mon travail mais d'essayer d'être constructif en même temps, tout
en offrant notre collaboration. Je pense que c'est très important. Je
voudrais que vous sachiez qu'avec cette approche on pourra juger dans un an si
c'est une approche payante, mais quant à moi - je l'ai dit publiquement
- ce n'est pas à se batailler sur de la petite réglementation et
à faire des guerres de tranchées sur la façon dont on doit
poser les questions que l'on vide des questions de fond.
Je tiens à remercier tous vos collaborateurs, vos sous-ministres
et les gens qui vous ont accompagné. Je vous remercie pour votre
clairvoyance dans la façon de répondre aux questions. Quant aux
députés ministériels, effectivement, j'allais conclure en
disant que j'ai apprécié que l'on n'ait pas joué non plus
sur le partage du temps, 90-10,
et je pense que cela fait partie, peut-être, de cette nouvelle
approche que plusieurs nouveaux élus ont le goût d'avoir. C'est
l'esprit qui m'anime. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Baril); Est-ce que vous avez,
désirez-vous aussi...?
M. MacDonald: J'aimerais, M. le Président, remercier le
député de Bertrand, les députés ministériels
et vous-même de m'avoir donné l'occasion de présenter nos
crédits et de répondre à vos questions. Je profite de
l'occasion, peut-être en dernier lieu mais cela se devait dans les
circonstances, pour suggérer que l'intérêt que vous portez
à la réalité commerce extérieur du Québec me
permettra, tant M. Bertrand -M. Bertrand, je l'ai fait, cela a marchél
-tant M. Parent que les collègues d'en face, de vous demander à
l'occasion de vous joindre à moi dans une ou plusieurs de ces missions
que nous devons conduire ainsi que ces rencontres que nous avons ici au
Québec, avec nos collègues, nos partenaires commerciaux, afin
qu'ensemble on puisse faire la promotion du Québec pour le meilleur des
mondes. Merci et bonsoir.
Le Président (M. Baril): Est-ce qu'avant de terminer... un
instant.,.
Est-ce que le programme 1 est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Baril): Adopté. Est-ce que
l'ensemble des crédits budgétaires du ministère du
Commerce extérieur et du Développement technologique sont
adoptés, a l'exception des crédits du Développement
technologique qui seront étudiés demain?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Baril): Alors, en terminant, M. le
ministre, M. le porte-parole de l'Opposition, mesdames et messieurs, je vous
remercie beaucoup de votre bonne collaboration à cette journée de
cinq heures. Moi, en ce qui me concerne, c'était ma première
expérience comme président de séance et je vous remercie
de ne pas trop m'avoir cuit. Merci beaucoup.
On ajourne cette séance jusqu'à demain 10 heures.
(Fin de la séance à 22 h 19)